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English Pages 1416 [1434]
CORRESPONDANCE
DE PIERRE SIMON
LAPLACE
(1749-1827)
DE DIVERSIS ARTIBUS COLLECTION DE TRAVAUX
COLLECTION OF STUDIES
DE L’ACADÉMIE INTERNATIONALE
FROM THE INTERNATIONAL ACADEMY
D’HISTOIRE DES SCIENCES
OF THE HISTORY OF SCIENCE
DIRECTION EDITORS
EMMANUEL
POULLE (†)
ROBERT
HALLEUX
TOME 90, 1 (N.S. 53, 1)
F
CORRESPONDANCE
DE PIERRE SIMON
LAPLACE
(1749-1827)
Publiée et annotée par
Roger HAHN
TOME I ANNÉES 1769-1802
Texte préparé pour la publication par Patricia Radelet de Grave, Jan Vandersmissen, Thierry Mozdziej
F
Publié avec le soutien de la Région Wallonne
© 2013 Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher
D/2013/0095/35 ISBN 978-2-503-54129-7 (2volumes) Printed on acid-free paper
Roger HAHN (1932-2011)
FOREWORD/AVANT-PROPOS
ELLEN HAHN
With singular focus and determination, Roger Hahn spent over 50 years collecting and documenting letters and correspondence of Pierre Simon Laplace. The life and work of Laplace had interested him from his student days and he never stopped being intrigued by this amazing and creative genius. Previously, very little historical research had been devoted to the work and life of Laplace whose library and papers had been mostly destroyed in a fire at his family estate in the early 20th century. Roger was always fascinated by the development and diffusion of science during the great Enlightenment period of European history, especially in France, the land of his own birth. The explosion of ideas, particularly in the developing fields of chemistry, physics, astronomy, and mathematics held Roger’s interest for his entire life. He himself had an unusually broad range of knowledge in all those areas. The search for correspondence of Laplace with other scientists and thinkers throughout Europe was like a treasure hunt for him. He loved being a scholarly detective, constantly seeking to find these previously unpublished letters and documents. Wherever he traveled in Europe his first stop would be the local archives where he might find traces of Laplace ! And of course, he very often did find more letters and documents, which only encouraged him to keep on searching. When Roger died suddenly, in May of 2011, the publication of his annotated correspondence of Laplace was in its last phase. Thus the final proofreading and preparation for publication of Roger’s original manuscript was left in the capable hands of the International Academy of the History of Science. My daughters and I are extremely grateful to everyone who helped make this publication possible, and I want to thank, in particular, the International Academy of the History of Science, its Permanent Secretary Robert Halleux, Brepols Publishers, Professor Patricia Radelet de Grave, Doctor Jan Vandermissen, and Mister Thierry Mozdziej for their patience and dedication to this project. Because of them, Roger’s important work was brought to publication.
VIII
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
In addition, I wish to thank our long-time personal friend and my husband’s devoted colleague, John Heilbron, for his important counsel and support in helping to move this project forward after Roger’s death. Berkeley, december 2012.
PRÉFACE
Ce nouveau volume de la Collection de travaux est exceptionnel. C’est l’œuvre d’une vie, car pendant cinquante ans, jusqu’à sa mort en 2011, Roger Hahn a patiemment rassemblé les lettres de Laplace éparses dans les collections publiques et privées. Il a toujours été un membre actif et fidèle de l’Académie internationale d’Histoire des Sciences. Élu membre correspondant le 1er décembre 1969, puis membre effectif le 15 avril 1983, il a servi comme vice-président au Conseil de l’Académie au cours de deux périodes : la première fois de 2005 à 2009 ; son second mandat, de 2009 à 2013, a été brutalement interrompu par sa mort prématurée, survenue à New York le 30 mai 2011. Profondément attaché à l’Académie, à son œuvre ainsi qu’à ses confrères et consœurs, Roger Hahn proposa en 2010 à ses collègues du Conseil de faire paraître son édition de la correspondance de Pierre Simon Laplace dans la série De Diversis Artibus. Collection de travaux de l’Académie internationale d’Histoire des Sciences – Collection of Studies from the International Academy of the History of Science. Il estimait que l’Académie était seule à avoir encore le temps, la force intellectuelle et les ressources nécessaires à la réalisation de cette œuvre grandiose. Le projet fut accueilli avec enthousiasme par le Conseil de l’Académie réuni à Liège le 4 décembre 2010. L’Académie forma une équipe qui avait comme mission de préparer pour la publication le texte définitivement établi par Roger Hahn. Composée du Professeur Patricia Radelet de Grave (Université Catholique de Louvain), du Docteur Jan Vandersmissen (Université de Liège) et de Monsieur Thierry Mozdziej (Comité Sluse), elle commença immédiatement la numérisation et la composition typographique du texte laissé en version papier. La mort soudaine de Roger Hahn fut un grand malheur pour tous, mais l’Académie confirma sa volonté de mener l’œuvre à bien avec l’appui constant de Madame Ellen Hahn et de ses filles. Heureusement le projet était déjà fort avancé. L’équipe avait reçu de la part de Roger Hahn toute une série d’instructions précises pour la finition. Ainsi la présente édition reproduit scrupuleusement le manuscrit original tel que notre regretté confrère l’avait préparé. Les documents sont classés selon un système de numérotation qui a reçu son consentement. L’index des noms propres est fait sur base d’un projet détaillé qu’il avait lui-même élaboré.
X
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
L’équipe qui a préparé le corpus à la publication a néanmoins été obligée d’apporter quelques modifications : les pièces déplacées vers un nouveau lieu de conservation depuis le temps où Roger Hahn les avait consultées ont reçu une référence actualisée ; les archives ou bibliothèques dont le nom a changé depuis la visite de Roger Hahn figurent dans le texte sous leur nom actuel ; là où on ne pouvait pas recomposer certaines formules ou diagrammes pour des raisons techniques, on a choisi d’insérer des passages scannés provenant du manuscrit original de Roger Hahn1. Ainsi s’achève une œuvre qu’on peut considérer comme appartenant pleinement à Roger Hahn et à lui seul. Il s’agit sans aucun doute d’un outil indispensable pour tout chercheur qui s’intéresse à l’histoire des mathématiques, de l’astronomie, de la physique, des probabilités et de l’organisation de la science en France et en Europe depuis l’Ancien Régime jusqu’à la Restauration. Enfin, la correspondance apporte un témoignage de première main, souvent émouvant, sur la vie personnelle et sur l’évolution philosophique du « doyen des athées ». C’est notre vœu que cette édition puisse inciter les historiens des sciences à approfondir les « études laplaciennes », initiées, développées et enrichies avec tant de passion, d’amour et de sagesse par notre collègue regretté Roger Hahn. Robert Halleux Secrétaire perpétuel de l’Académie internationale d’Histoire des Sciences.
Patricia Radelet de Grave Jan Vandersmissen Thierry Mozdziej Membres de l’équipe éditoriale.
1. D’où une légère différence de police, voir les pages 4, 5, 40, 88, 137.
INTRODUCTION
PAR
ROGER HAHN
Il est certain qu’une façon directe de percevoir la vie d’un personnage disparu est d’analyser sa correspondance. Avant l’avènement de techniques électroniques disponibles aujourd’hui, c’est un des meilleurs moyens de saisir dans son vif le parcours de ses années. Cette analyse vaut autant pour l’homme commun que pour un savant de l’envergure de Pierre Simon Laplace (1749-1827). Ce recueil comporte à la fois moins et plus que son titre ne l’indique. D’une part, la correspondance de ce savant présentée ici est bien loin d’être complète, ainsi que le témoignent les citations de lettres signalées dans des catalogues d’autographes qui n’ont pas été retrouvées. Certaines d’entre elles se trouvent certainement chez des collectionneurs particuliers. Mais la plus grande lacune provient des lettres scientifiques reçues par Laplace qui ont été détruites au moment de l’incendie du Château de Mailloc près de Lisieux (Calvados) en 1925 où elles étaient déposées avec la bibliothèque personnelle de Laplace. Heureusement l’importante correspondance avec Lagrange avait déjà été communiquée aux éditeurs de ses Œuvres au XIXe siècle et d’autres furent copiées avant leur disparition, telles que ses échanges épistolaires avec Gauss. D’autre part, j’ai voulu ajouter à la correspondance connue une quantité de documents touchant Laplace et sa famille qui avaient échappé aux flammes, ayant heureusement été déposés dans l’orangerie du Château qui ne fut pas touchée par la conflagration. Ces rescapés m’avaient été communiqués par les descendants de Laplace, à qui je suis très reconnaissant. Le petit-fils de la petite-fille de Laplace, le Comte Jean-Baptiste Auguste Simon de ColbertLaplace, m’avait ouvert ces trésors à partir de 1954, et son fils le Marquis Jean de Colbert-Laplace a continué cet acte de générosité au cours des années. La plupart de ces archives que je nomme (Arch. CL) ont été vendues en 1989, et ont échoué à ma bibliothèque universitaire à Berkeley, grâce à l’aide financière de la Fondation Hewlett Packard. Elles sont aujourd’hui déposées à la Bancroft Library, détentrice de livres anciens et manuscrits. Malheureusement, certaines lettres ont disparu lors du transport, et il ne m’en reste que les notes prises quand elles étaient chez les Colbert-Laplace.
XII
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J’ai choisi d’inclure dans cette publication certaines lettres échangées entre l’épouse de Laplace et son fils Charles Emile qui donnent des aperçus de leur vie familiale et des occupations du savant. Les lettres échangées entre Madame Laplace et Elisa, sœur de Bonaparte, donnent aussi une idée du réseau que la famille avait tissé pendant l’époque napoléonienne. Il m’a semblé important afin de bien saisir les activités de Laplace d’ajouter ces lettres aux autres documents. Il existe aussi un carnet d’invités à leur maison de campagne, située à Arcueil aux alentours de Paris, qui permet de voir comment s’est constituée leur société, mais trop long pour être copié ici. J’ai indiqué ces lettres qui touchent la vie du savant comme étant des « lettres complémentaires ». La collection déposée à la Bancroft contient d’autres documents, tels que les comptes du ménage et du cuisinier et plusieurs actes touchant à leurs propriétés en Normandie que j’ai choisi de ne pas inclure dans ce recueil. J’ai cependant ajouté quelques documents tel que des contrats de mariages et le testament du savant, puisés à d’autres sources. Mon but en faisant ces choix, est de faire connaître en détail la vie d’un des plus importants savants de son époque. Ceci justifiera la publication d’un nombre de reçus et autres transactions financières qui répondent aux questions posées sur l’ampleur de sa fortune, et l’usage qu’il en fit. Je n’ai pourtant pas voulu publier tous les reçus qui se trouvent dans la collection à la Bancroft, laissant de côté ceux qui traitent de ses achats de vêtements, de pharmacie, de fournitures pour ses logements, et les devis de travaux d’amélioration de ses propriétés. La plupart sont indiqués dans mon catalogue de sa correspondance, The New Calendar of the Correspondence of Pierre Simon Laplace (Berkeley, 1994). Pour en comprendre davantage, on peut se reporter aux études et biographies qui offrent le contexte dans lequel on doit placer ces documents1. En préparant cette édition, je me suis permis de moderniser l’orthographe et de rétablir quelques noms propres que Laplace avait estropiés. J’ai eu soin, autant que possible, d’identifier les personnes mentionnées dans les lettres et documents, et de reléguer leurs noms propres à l’index. Autant que possible, j’ai identifié les mémoires et ouvrages cités dans la correspondance. Il me serait difficile de citer individuellement tous ceux qui m’ont aidé pendant la longue et laborieuse récolte de cette documentation, qui a commencé il y a plus d’une cinquantaine d’années. J’ai profité de conseils et des secours de douzaines d’étudiants, collègues, archivistes et collectionneurs des quatre coins du monde. Qu’ils soient chacun remerciés ! Berkeley, mai 2011. 1. Henri Andoyer, L’Œuvre scientifique de Laplace (Paris, 1922) ; Boris A. Vorontsov-Veliaminov, Laplas (Moscou, 1985) ; Colette et Guy Héraud, La Normandie des savants. Pierre Simon Laplace (Condé-sur-Noireau, 1999) ; Serge Sochon, Pierre Simon de Laplace : un savant issu des Lumières (Condé-sur-Noireau, 2004) ; Roger Hahn, Le système du monde. Pierre Simon Laplace, un itinéraire dans la science (Paris, 2004) ; Roger Hahn, Pierre Simon Laplace 1749-1827. A Determined Scientist (Cambridge, Mass., 2005).
LISTE DES ABRÉVIATIONS
A.N. Arch. Ac. Sc. Arch. CL Arch. R. Hahn Bancroft B.GE. B.H.V.P. B.I. B.N. C.I.P.C.N.
C.N.A.M. E.P. H.A.R.S. Laplace, O.C. Lagrange, O. Lavoisier, O. Lavoisier, C. P.V. Institut
Phil. Trans. Recueil
Archives Nationales, Paris Archives de l’Académie des Sciences, Paris Archives de la famille Colbert-Laplace, Orbec ; dispersées Archives de Roger Hahn, Berkeley, California Bancroft Library, Laplace Papers, Berkeley, California Bibliothèque de Genève, Genève Bibliothèque Historique de la Ville de Paris Bibliothèque de l’Institut, Paris Bibliothèque Nationale, Paris Guillaume, James, Procès-verbaux du Comité d’Instruction Publique de la Convention Nationale, Paris, 1891-1907, 7 vols. Conservatoire National des Arts et Métiers, Paris Archives de l’Ecole Polytechnique, Palaiseau Histoire et Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de Paris, 1666-1793 Œuvres Complètes, Paris, 1878-1912, 14 vols. Œuvres de Lagrange, Paris, 1867-1892, 14 vols. Œuvres de Lavoisier, Paris, 1864-1893, 6 vols. Correspondance, Paris, 1955Procès-verbaux des séances de l’Académie tenues depuis la fondation de l’Institut, jusqu’au mois d’août 1835, Hendaye, 1910-1922, 10 vols. Philosophical Transactions of the Royal Society of London Recueil des lettres circulaires, instructions, arrêtés et discours publiés émanés des Cens Quinette, Laplace, Lucien, Bonaparte et Chaptal, Ministres de l’Intérieur, Paris, an X [1802]
XIV
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Rev. Hist. Sci. S.H.D.
Revue d’Histoire des Sciences Service Historique de la Défense, Vincennes
# s d s.a. s.d.
le signe de la livre, unité monétaire le signe du sol, unité monétaire le signe du denier, unité monétaire sans année sans date précise
1. d’Alembert à Le Canu, 25 août 1769
A Monsieur Monsieur Le Canu, docteur en médecine, et professeur de philosophie à l’Université de Caen, A Caen A Paris, ce 25 août 1769 Monsieur, Il est juste de vous laisser la satisfaction d’annoncer à Monsieur l’abbé de Laplace sa bonne fortune. Vous pouvez lui dire qu’il est sûr d’une place de professeur de mathématique à l’Ecole Militaire ; et lui répéter les conditions : logé, meublé, 6 voies de bois, 1800 livres d’appointements, dont 1400 livres de net, parce qu’on retient 400 livres pour la nourriture. Si ces conditions lui conviennent, il faut : 1°. qu’il me l’écrive sur-lechamp, car je pars le 7 septembre pour la campagne, où je resterai trois semaines. 2°. qu’il écrive aussi sur-le-champ à Monsieur Bizot, rue du Temple, près la rue des Gravilliers, à Paris. Ce Monsieur Bizot doit être le Directeur des études au 1er octobre. Il mandera donc à Monsieur Bizot qu’il peut compter sur lui, et il y ajoutera les expressions d’honnêteté et de reconnaissance convenables. 3°. Il faudra qu’il se rende à Paris, le 20 septembre, au plus tard, et même, s’il le peut, quelques jours avant, et qu’en arrivant, il aille trouver Monsieur Bizot, qu’il pourra voir tous les jours, rue St Louis au Marais, chez Monsieur Paris-Duverney, le matin, depuis 10 heures jusqu’à 2, et le soir, depuis 5 jusqu’à 8. J’espère que Monsieur l’abbé de Laplace, par son zèle, son assiduité et sa bonne conduite, fera honneur à ma recommandation. J’oublie de vous dire qu’il n’aura que 3 à 4 heures à donner, tous les matins, à sa classe, et que le reste du temps sera à lui.
2
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J’ai l’honneur d’être, avec un respectueux attachement, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. d’Alembert P.S. La condition du petit collet à bas est encore nécessaire ; ainsi, Monsieur, prévenez-en Monsieur l’abbé de Laplace. Il entrera à l’Ecole Militaire du 25 au 27 septembre. lettre complémentaire Rouen, Musée National de l’Education, 1979.30755 ; copie dans Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
2. Laplace à [Condorcet], 23 décembre 1771
A l’Ecole Militaire, ce 23 décembre 1771 Monsieur, En repassant sur les différents mémoires que j’ai présentés jusqu’ici à l’Académie, j’en ai extrait les remarques suivantes qui sont relatives à un objet dont vous vous êtes occupé dans le troisième volume des Mémoires de Turin1 ; et je prends la liberté de les soumettre à votre examen. Vous et Monsieur de Lagrange avez démontré dans ces mémoires d’une manière fort élégante que si l’on sait intégrer l’équation n
dy ddy n– 1 d y -------- , 0 = y + H ------ + Hc --------2- } } + H n dx dx dx
(1)
dx, étant constant, et H, H' etc., étant des fonctions de x, on pourra toujours intégrer celle-ci n n– 1 d y ddy dy -------- , (2) X = y + H ------ + Hc --------2- } } + H n dx
dx
dx
X étant une fonction de x. Je suis parvenu par une méthode assez singulière, non seulement à démontrer ce théorème, mais encore à la règle suivante. Soit
y = Cu + Ccuc + Csus } } + C
n– 1
u
n–1
1. En fait, il s’agit du quatrième volume. « Solution générale et analytique de ce problème. Une équation différentielle aux différences infiniment petites et qui admet une solution générale, étant donnée, trouver l’intégrale » et « Observations sur la théorie des équations différentielles », Miscellanea Taurinensia, 4, 1-43.
4
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
l’intégrale complète de l’équation (1), u, u', u", etc. étant des intégrales particulières de cette équation, et C, C', C", etc. étant des constantes arbitraires, on fera . . . .
1 jusqu’à ce que l’on parvienne à former --- ; soit alors u
§ 1· ¨ ---¸ d ¨ 1¸ ¨ ---¸ © u¹ n–1 ------------ = z dx
(n n’étant pas ici exposant, mais indiquant seulement le rang de z dans la suite des z). Si, dans l’expression de zn – 1, on change un – 1 en un – 2 , etc., réciproquement, on formera zn – 2 ; si dans la même expression de zn – 1, on change un – 1 en un – 3, etc., réciproquement, on formera zn – 3 ; et ainsi de suite, on aura
½
¯
¿
y = u ® C + ³ zX dx¾
½
¯
¿
+ uc ® Cc + ³ zcX dx ¾
½
¯
¿
+ us ® Cs + ³ zsX dx ¾ … + u
n – 1
®C ¯
n– 1
+³z
n–1
½ X dx ¾ ¿
pour l’intégrale complète de l’équation (2). Il résulte encore de cette méthode que l’intégrale de l’équation (2) dépend toujours de l’intégration de deux autres du degré n – 1, et dont il n’est même nécessaire que de trouver un nombre n – 2 d’intégrales particulières. La même méthode s’étend encore aux différences finies.
ANNÉE 1771
5
Soit l’équation différentio-différentielle aux différences finies x
x
x x+1
X = y +H y
x x+2
+ cH y
} + n – 1H xy x + n
(3)
Xx, Hx, 1Hx etc., étant des fonctions de x, et Xx, yx, Hx etc., ne désignant pas des puissances de X, y, H etc., mais le xième terme de la série des X, des y etc. ; que l’on désigne par la caractéristique ' les différences finies et par la caractéristique 6 les intégrales finies. Cela posé, soit x
u
u
x
x x+1
y = A + cA + sAsu } +
n–1 n–1
A
u
l’intégrale de 0 = y +H y
} + n – 1H xy x + n
(4)
u, 'u, "u, etc., étant des intégrales particulières de l’équation (4), et A, 'A, etc. étant des constantes arbitraires. Que l’on fasse
etc. n–1 1 jusqu’à ce qu’on parvienne à former --- ; que l’on fasse 1--- = z . Si dans u n–2 u n–1 cette expression on change u en u , et réciproquement, on formera n–2 z , et ainsi de suite, l’intégrale de l’équation (3) sera
x
½ z ¿
X yx = u ® A r ¦ ----¾ ¯
x
½ cz ¿
X + cu ® cA r ¦ ----¾ ¯
+
n–1
x n – 1 X -½ u® A r ¦ ---------¾ n–1 ¯ z¿
6
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
le signe + ayant lieu si n est impair, et le signe –, s’il est pair. Je suis parvenu, par cette méthode, non seulement à sommer très directement les suites récurrentes, mais de plus une espèce de suites fort générale, dont celles-ci ne sont qu’un cas particulier. Toutes ces choses sont développées dans un mémoire que Monsieur de Fouchy m’a promis de faire imprimer au plus tôt1. J’aurais bien désiré que vos occupations vous eussent permis d’y jeter un coup d’œil ; mais je sais le peu de temps qu’elles vous laissent. Je crains même d’avoir abusé par cette lettre de votre complaisance, mais j’espère que vous me pardonnerez aisément cette importunité, que je vous prie d’imputer au désir que j’ai de mériter votre amitié. Je suis avec estime et respect, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.I., MS 876, fols 4-5 ; et publiée par Charles Henry dans Bullettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze Matematiche e Fisiche, 19, 156-158 ; et Laplace O.C., 14, 341345. En publiant cette lettre, Henry fit quelques erreurs de transcription que nous avons cru bon de rectifier. Dans Laplace, O.C., la lettre est indiquée comme étant du 3 décembre au lieu du 23 décembre.
1. Probablement « Mémoire sur les suites récurro-récurrentes et sur leurs usages dans la théorie des hasards », Mémoires de Mathématique et de Physique Présentés à l’Académie Royale des Sciences, par Divers Savans, 6 (1774), 367-371 ; Laplace, O.C., 8, 5 et 20-24.
ANNÉE 1771
7
3. Laplace à Condorcet, [1771 ?]
[1771 ?] A Monsieur Monsieur le Marquis de Condorcet, Secrétaire de l’Académie des Sciences, rue Louis le Grand, à Paris J’ai reçu, Monsieur, la note que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Elle me paraît très juste, et vous observez avec raison que toutes les fois que l’intégrale sera possible en termes finis, vous la trouverez par votre méthode, qui me paraît fort ingénieuse. Quand mon travail sera fini sur cet objet, je me propose de vous le communiquer. Du reste, on vous doit, et je vous rendrai la justice d’observer que vous êtes le premier qui ayez donné une méthode générale sur ces intégrations, car il me semble qu’une des raisons pour lesquelles on n’a point avancé cette partie de l’analyse autant qu’elle pouvait l’être, est que l’on s’est borné à des méthodes de transformations nécessairement limitées. Je vous prie de me croire avec toute l’estime et toute l’amitié possible, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.I., MS 876, fols 6-7 ; et publiée dans Bullettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze Matematiche e Fisiche, 19, 13 ; et Laplace, O.C., 14, 345.
4. Laplace à [Euler], 30 mai 1772
A Paris, ce 30 mai 17721 Monsieur, Monsieur de Lalande m’a fait espérer que vous voudrez bien faire imprimer dans les Mémoires de Pétersbourg, quelques-unes de mes faibles productions qui, destinées par l’Académie des Sciences de France à paraître dans le Recueil des Savants Etrangers2, ne peuvent être publiées que fort tard par cette voie. J’ai accepté avec d’autant plus d’empressement son offre obligeante, qu’elle me donne le moyen de vous faire parvenir mon admiration pour votre génie et vos ouvrages. Je n’entreprendrai point ici de tracer votre éloge ; il est trop audessus de mes forces, et d’ailleurs ma faible voix ne serait point entendue au milieu des acclamations de toute l’Europe savante. Mais j’ose me flatter, Monsieur, que vous voudrez bien recevoir les assurances de mon estime et de ma reconnaissance, sentiments qui me sont communs avec tous ceux qui sont à portée de connaître les grandes obligations que les sciences vous ont dans presque tous les genres. Les deux mémoires que j’ai l’honneur de vous présenter, sont en quelque sorte mes premiers essais dans les mathématiques. Je dois à un homme du plus profond génie, et non moins estimable par les qualités de son cœur, à Monsieur d’Alembert, l’heureux loisir qui me permet de me livrer à mon goût pour elles ; l’amitié dont il m’honore, me soutient et m’anime dans la carrière. Quel bonheur ne serait-ce pas pour moi, si comme lui, vous daignez encourager mes efforts ? Je vous prie d’être persuadé du désir sincère que j’ai de mériter et
1. En haut de la page, et d’une autre main, « reçu ce 24 juin 1772, et lu à l’Académie ce 25 du même ». 2. Il s’agit des Mémoires de Mathématique et de Physique Présentés à l’Académie Royale des Sciences, par Divers Savans, et Lûs dans ses Assemblées, 6 (1774), 353-371 ; Laplace, O.C., 8, 5-24.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
d’obtenir votre amitié, de mon admiration pour votre personne, et des sentiments respectueux avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Professeur de mathématiques à l’Ecole royale Militaire à Paris Saint-Pétersbourg, Archiv Akademii Nauk, Ɏ 1, Ɉɉ 3, n° 58 ; citée dans Ina Ivanova Lubimenko, ed., Uchenaia Korrespondentsiia Akademii Nauk XVIII veka, 1766-1782 (Moscou, 1937), p. 223, n° 1041 ; et partiellement publiée par Akademii nauk, CCCP, Leonard Euler (1707-1783) (Moscou, Léningrad, 1935), p. 124.
5. Lagrange à Laplace, 15 mars 1773
A Monsieur de Laplace Professeur de Mathématiques à l’Ecole royale militaire (fides) A Paris A Berlin, ce 15 mars 1773 Monsieur, J’ai reçu votre mémoire manuscrit « Sur l’intégration des équations, etc. »1 et je l’ai présenté à notre Académie qui m’a d’abord chargé de vous faire ses remerciements. Comme ce n’est point l’usage chez nous de faire examiner par des commissaires les ouvrages et les pièces présentés, et encore moins d’en délivrer aux auteurs des rapports authentiques, comme cela se pratique à l’Académie des Sciences de Paris, je ne puis vous satisfaire à cet égard ; mais il me semble que vous n’y devez avoir aucun regret. Les personnes de votre mérite n’ont pas besoin de se faire valoir par ces sortes de moyens ; d’ailleurs le suffrage de Monsieur d’Alembert ne doit rien vous laisser à désirer, et je suis très persuadé que l’Académie des Sciences ne manquera pas de vous rendre la justice qui vous est due, à moins que des raisons étrangères ne l’en empêchent, auquel cas je ne vois pas de quelle influence pourrait être l’approbation de l’Académie de Berlin. Je suis charmé de voir par votre lettre que vous conserviez le dessein de venir ici2 ; je souhaite de tout mon cœur que vous puissiez l’exécuter, et je serais très flatté de pouvoir y contribuer en quelque chose ; mais, ayant de nouveau réfléchi sur cette affaire, je suis de plus en plus convaincu que le meilleur et peut-être le seul moyen de la faire réussir est celui que j’ai conseillé à Monsieur d’Alembert. Le Roi vient d’assigner une pension de 500 écus sur la 1. Mémoires de Mathématique et de Physique Présentés à l’Académie Royale des Sciences, par Divers Savans, 7 (1773), 37-232 ; Laplace, O.C., 8, 69-197. 2. Au commencement de l’année, Laplace avait songé à entrer à l’Académie de Berlin « avec une pension suffisante » (Lagrange, O., 13, 254 et 260).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
caisse de l’Académie à un Monsieur Pilati, qui est l’auteur d’un ouvrage italien intitulé : Della riforma d’Italia1, mais il ne l’a point mis de l’Académie, en sorte qu’elle doit regarder cela comme une perte ; c’est pourquoi, en faisant votre acquisition, elle aura doublement sujet de se féliciter. De mon côté, je serai enchanté de pouvoir lier avec vous une connaissance plus intime, et votre amitié sera pour moi un avantage auquel je serai toujours infiniment sensible. Je n’ai pas eu encore le loisir de lire votre mémoire d’un bout à l’autre ; mais ce que j’en ai lu suffit pour me donner la plus haute idée de vos talents. Votre théorie de l’intégration des équations linéaires à différences finies est très belle et ne laisse, ce me semble, rien à désirer. Je ne sais si vous avez lu ce que j’ai donné autrefois sur cette matière dans le 1er volume des Mélanges, de Turin2 ; je n’avais fait alors que l’effleurer, et je me proposais toujours de l’approfondir davantage ; mais vous venez de l’épuiser, et je suis charmé que vous ayez si bien rempli les engagements que j’avais contractés, à cette occasion, avec les géomètres. J’ai vu surtout, avec beaucoup de plaisir, l’application heureuse que vous avez faite à ces sortes d’équations de mon théorème sur la manière de trouver les intégrales complètes à l’aide des particulières. Quant aux séries récurro-récurrentes à deux ou plusieurs indices variables, c’est une matière toute neuve que vous avez l’honneur d’avoir défrichée le premier ; cependant il me semble que vous ne l’avez pas envisagée avec toute la généralité dont elle est susceptible ; car les équations de ce genre sont parmi les équations à différences finies ce que les équations à différences partielles sont parmi les équations différentielles ordinaires. Si l’on a, par exemple, l’équation nyx
= Ky n – 1 x – 1 ,
K étant une constante, il est visible que son intégrale complète sera n yx
n
= K In – x ,
I désignant une fonction arbitraire ; d’où l’on voit que, pour résoudre ces sortes d’équations, il n’est pas nécessaire, comme vous paraissez le croire, d’avoir une solution particulière pour lé cas de n = 1 ; qu’au contraire, cette solution particulière empêche qu’on ne parvienne à la solution générale. Comme notre Académie ne peut faire aucun usage de votre mémoire, puisqu’elle ne fait pas imprimer les mémoires présentés, je vous le renverrai par la première occasion que je pourrai trouver. Monsieur d’Alembert pourra facilement vous procurer un libraire qui se charge de l’imprimer avec les autres dont vous me parlez et dont j’ai d’avance une grande idée. 1. Carlo Antonio Pilati, Di una Riforma d’Italia, (Villafranca, 1767). 2. « Sur l’intégration d’une équation différentielle à différences finies, qui contient la théorie des suites récurrentes », Miscellanea Taurinensia, 1 (1759), 2e partie, 33-42 ; et Lagrange, O., 1, 23-36.
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A l’égard de ma théorie de Jupiter et de Saturne, comme ce n’est qu’un essai, il se peut que les équations séculaires que j’en ai déduites ne soient pas exactes faute de n’avoir pas poussé l’approximation assez loin ; c’est aussi une des matières que je me proposais de discuter de nouveau lorsque je serais débarrassé de quelques autres travaux ; je me féliciterai d’avoir été prévenu par vous si vos recherches ne me laissent plus rien à faire sur ce sujet. Il est vrai que les équations séculaires doivent être indépendantes de la position du plan de projection, comme le sont les mouvements moyens ; mais cela ne doit proprement avoir lieu, ce me semble, que pour les équations séculaires vrais qui augmentent toujours avec le temps, et non pour celles qui ne sont qu’apparentes, et qui dépendent de sinus et de cosinus d’angles ; or celles que j’ai trouvées par ma théorie sont de cette dernière espèce. J’ai l’honneur d’être, avec la plus parfaite considération, Monsieur, Votre très humble et très respectueux serviteur. De Lagrange Le manuscrit de cette lettre ainsi que d’autres lettres échangées entre Lagrange et Laplace a probablement disparu en 1925 dans l’incendie du Château de Mailloc ; publiée dans Lagrange, O., 14, 55-58.
6. Buffon à Laplace, 21 avril 1774
A Monsieur de la Place, de l’Académie des Sciences, A l’Ecole Royale Militaire, A Paris Montbard, 21 avril 1774 J’ai reçu, Monsieur, et parcouru avec grand plaisir votre savant « Mémoire sur la probabilité des causes par les événements »1, et, sans avoir le talent, que vous avez la bonté de m’accorder, de savoir remonter aux causes par les événements, du moins par des voies aussi sûres que les vôtres, j’ai senti la beauté de votre travail et je ne puis que vous exhorter, Monsieur, à continuer vos recherches en ce genre, où il faut plus de délicatesse et d’esprit pur que dans aucune autre partie des mathématiques. J’ai trouvé vos idées d’accord avec les miennes jusqu’à l’endroit où vous parlez du jeu de croix et pile : la différence matérielle de la pièce doit en effet influer à la longue sur le nombre des événements pour ou contre, mais ce n’est pas là la vraie cause qui fait qu’une probabilité, qui dans la spéculation est infinie, devient néanmoins finie dans la pratique, et qui, au lieu d’un équivalent infini d’écus ou de demi-écus, fait qu’on se ruinerait si l’on donnait seulement six ou sept écus ou demi-écus toutes les fois qu’on voudra jouer ce jeu. Plusieurs géomètres, et entre autres Monsieur Fontaine2, qui ont voulu résoudre ce problème, en ont tous manqué la solution, faute d’un principe métaphysique et moral qui se combine ici avec le calcul mathématique ; ce principe est que, toutes les fois qu’une probabilité 1 excède ------------ , elle est relativement à nous, parfaitement égale à zéro. Quelque 1000 contradictoire que cette proposition paraisse dans son énoncé, je puis néanmoins la démontrer à n’en pouvoir douter ; mais nous causerons de cette matière lorsque j’aurai le plaisir de vous revoir. 1. Mémoires de Mathématique et de Physique Présentés à l’Académie Royale des Sciences, par Divers Savants, 6 (1774), 621-656 ; Laplace, O.C., 8, 27-68. 2. Alexis Fontaine des Bertins, Traité de Calcul Différentiel et Intégral (Paris, 1770).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J’ai l’honneur d’être avec beaucoup d’estime et toute considération, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Buffon Publiée dans le Journal Officiel, 24 mai 1879, p. 4262 ; et Comptes Rendus hebdomadaires des Séances de l’Académie des Sciences, 88 (janvier-juin 1879), p. 10191.
1. La lettre était à cette époque dans les archives de la famille Laplace. Elle fut communiquée par Madame la Marquise de Colbert-Chabanais, et semble depuis avoir disparu.
7. La Vrillière à [Buffon], 2 janvier 1775
A Versailles, le 2 janvier 1775 Sur le compte que j’ai, Monsieur, rendu au Roy qu’il y avait à l’Académie des Sciences une petite pension vacante par la promotion de M. Morand à la charge de pensionnaire, Sa Majesté a jugé à propos d’accorder cette pension de 500 livres à M. de la Place, adjoint géomètre1 pour en jouir à commencer du premier de ce mois. On ne peut être plus parfaitement que je le suis, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Le Duc de Lavrillière lettre complémentaire Arch. Ac. Sc., dossier 1775.
8. Lagrange à [Laplace], 13 janvier 1775
Berlin, 13 janvier 1775 Je suis bien honteux, Monsieur et très illustre confrère, d’avoir gardé avec vous un si long silence ; je vous prie de vouloir bien en recevoir mes très hum1. Il avait été élu adjoint mécanicien en 1773, quoique connu comme mathématicien.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
bles excuses, et d’être persuadé que, pour vous écrire rarement, je ne vous conserve pas moins inviolablement les vifs sentiments d’estime et d’amitié que je vous ai voués. Votre « Mémoire sur la probabilités des causes par les événements »1 m’a beaucoup plu ; je suis assuré qu’il ne peut manquer d’obtenir le suffrage de tous les géomètres, non seulement par la nouveauté de la matière, mais surtout par la dextérité singulière avec laquelle vous maniez ce genre d’analyse. Les remarques que vous faites sur l’aberration de la théorie ordinaire, lorsqu’on veut tenir compte de l’inégale possibilité des événements qu’on regarde communément comme également probables, m’ont paru aussi justes qu’ingénieuses ; c’est une nouvelle branche très importante que vous ajoutez à la théorie des hasards, et qui était nécessaire pour mettre cette théorie à l’abri de toute atteinte ; on voit par là que les conclusions que la théorie ordinaire donne ne peuvent être regardées, pour ainsi dire, que comme les asymptotes de celles qui ont véritablement lieu dans la nature, de la même manière que les vérités géométriques ne sont que les asymptotes des vérités physiques ; et il est très important de pouvoir connaître, dans chaque cas, la loi dont ces conclusions peuvent s’éloigner ou s’approcher de leurs asymptotes. Ce que j’ai écrit sur la méthode de déterminer le milieu que l’on doit prendre entre plusieurs observations sera imprimé dans le Ve volume des Mélanges de Turin2 ; ce mémoire, qui est assez long, était composé depuis quelques années ; voyant qu’il me serait difficile de le placer dans nos Mémoires, j’ai pris le parti, il y a un an, de l’envoyer à la Société de Turin. Il ne me reste qu’une idée confuse de la manière dont j’ai traité la question, de sorte que je ne puis vous dire jusqu’à quel point il peut y avoir de la conformité entre nos recherches ; quant à celles de Monsieur Daniel Bernoulli, c’était très peu de chose, du moins autant que je puis me le rappeler, le manuscrit étant entre les mains de son neveu qui est actuellement absent. Je suis bien curieux de voir la démonstration de vos théorèmes de calcul intégral, et la suite de vos recherches sur cette matière. Quoique tous les cas des équations aux différences partielles linéaires qu’on a résolus jusqu’ici soient réductibles à votre théorème I, je vous avoue que j’ai peine à comprendre qu’on puisse le démontrer d’une manière générale et rigoureuse ; si vous avez réussi, vous pouvez vous flatter à juste titre d’avoir fait un grand pas dans cette matière. Je ne vous ai pas renvoyé la copie de votre grand mémoire, parce que vous m’avez marqué que vous n’en aviez pas besoin ; je vous la renverrai néanmoins à la première occasion qui se présentera, parce qu’il me semble qu’elle peut ne pas vous être inutile. Je me proposais toujours de me remettre à étudier 1. Mémoires de Mathématique et de Physique Présentés à l’Académie Royale des Sciences, par Divers savans, 6 (1774), 621-656 ; Laplace, O.C., 8, 27-65. 2. « Mémoire sur l’utilité de la méthode de prendre le milieu entre les résultats de plusieurs observations, dans lequel on examine les avantages de cette méthode par le calcul des probabilités et où l’on résout différents problèmes relatifs à cette matière », Miscellanea Taurinensia, 5, années 1770-1773, 167-232 ; et Lagrange, O., 2, 173-234.
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toute la matière des hasards dont je me suis autrefois un peu occupé ; mais j’ai toujours été distrait par d’autres objets ; j’attendrai maintenant que vous ayez publié vos excellentes recherches par lesquelles cette théorie a pris une face nouvelle et est devenue une nouvelle science. Je vous prie de faire bien mes compliments très humbles à Monsieur du Séjour, et de lui dire combien j’ai pris de part à ce qui le regarde dans la révolution qui vient d’arriver1. J’ai l’honneur d’être avec la plus parfaite considération, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange Lagrange, O., 14, 58-60.
9. Laplace à [Condorcet], 19 février 1775
Ce 19 février 17752 Monsieur de Condorcet m’a remis le mémoire de M. de Lagrange sur le mouvement des nœuds des planètes3. Laplace B.I., MS 876, fol. 8 ; publiée dans le Bullettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze Matematiche e Fisiche, 19, 13 ; et Laplace, O.C., 14, 346.
1. Il s’agit du rappel du Parlement, prononcé dans le lit de justice tenu le 12 novembre 1774. Dionis du Séjour était alors conseiller à la troisième Chambre des Enquêtes. 2. Les éditeurs de Laplace, O.C. donnent la date comme 15 février 1775. 3. « Sur le mouvement des nœuds des orbites planétaires », Nouveaux Mémoires de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin (1774), 276-307 ; et Lagrange, O., 4, 111-147.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
10. Lagrange à [Laplace], 10 avril 1775
Berlin, 10 avril 1775 Monsieur et très illustre confrère, j’ai reçu vos mémoires, et je vous suis obligé de m’avoir anticipé le plaisir de les lire. Je me hâte de vous en remercier, et de vous marquer la satisfaction que leur lecture m’a donnée. Ce qui m’a le plus intéressé, ce sont vos recherches sur les inégalités séculaires1. Je m’étais proposé depuis longtemps de reprendre mon ancien travail sur la théorie de Jupiter et de Saturne, de le pousser plus loin et de l’appliquer aux autres planètes ; j’avais même dessein d’envoyer à l’Académie un deuxième mémoire sur les inégalités séculaires du mouvement de l’aphélie et de l’excentricité des planètes, dans lequel cette matière serait traitée d’une manière analogue à celle dont j’ai déterminé les inégalités du mouvement du nœud et des inclinaisons, et j’en avais déjà préparé les matériaux ; mais, comme je vois que vous avez entrepris vous-même cette recherche, j’y renonce volontiers, et je vous sais même très bon gré de me dispenser de ce travail, persuadé que les sciences ne pourront qu’y gagner beaucoup. Votre manière de parvenir aux équations différentielles en x et en y est très belle ; voici comment on peut trouver directement celles des excentricités et des aphélies. Je prends la solution du problème des trois corps de Clairaut (Théorie de la Lune, p. 6) et j’observe que, puisque 2
f - = I – sin u g – : cos u du – cos u c + : sin u du , ------³ ³ Mr
si l’on fait
g – ³ : cos u du = e sin I , c + ³ : sin u du = e cos I ,
on a 2
f - = 1 – e cos u – I , ------Mr
en sorte que e sera l’excentricité, et I le lieu de l’aphélie, et il est remarquable que les quantités e et I peuvent être regardées comme constantes pendant que les quantités r et u varient de dr et de du ; car comme 1. « Mémoires sur les solutions particulières des équations différentielles et sur les inégalités séculaires des planètes », H.A.R.S., 74 (1772), 343-377 ; Laplace, O.C., 8, 325-366.
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2
f - = 1 – e sin I sin u – e cos I cos u , ------Mr
il suffit de démontrer que la différentielle de cette équation est nulle, en ne faisant varier que les deux quantités e sin I, e cos I, c’est-à-dire que sin u d e sin I + cos u d e cos I = 0 ;
mais d e sin I = – : cos u du , d e cos I = : sin u du ;
donc, etc. Je fais donc x = e sin I , y = e cos I ,
j’ai 2
f -------- = 1 – x sin u – y cos u , Mr
et ensuite j’ai, en différentiant, les équations dx = – : cos u du , dy = : sin u du ;
si l’on substitue dans ces équations et dans les autres semblables les valeurs de r et de u, en x, y et t, et que l’on ne conserve que les termes où x, y, x', y', . . . seront linéaires et multipliés par des coefficients constants, on aura les équations cherchées. Il faut seulement avoir soin de ne pas rejeter dans la quantité : les termes de la forme
³ x sin u dx , ³ x cos u du , ³ y sin u du , ³ y cos u du , et les autres semblables, car ces termes, étant transformés en – x cos u + ³ cos u dx ,} ,
produiront dans les équations différentielles des termes de la forme demandée ; à l’égard des quantités ³ cos u dx , …, on pourra les négliger entièrement, à cause que dx est déjà très petit, de l’ordre des masses des planètes perturbatrices. Si vous jugez à propos de dire un mot de cette méthode dans vos nouvelles recherches sur les inégalités séculaires, je vous en serai infiniment obligé, ayant résolu de vous abandonner entièrement cette matière. Je crois que vous avez raison à l’égard des équations du moyen mouvement : le vice de ma solution consiste, ce me semble, en ce que, n’ayant eu
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
égard, dans les équations de y et z, qu’aux termes où ces quantités sont linéaires, je n’aurais pas dû employer dans la valeur de I leurs carrés. Quant à l’équation séculaire de la Lune, les anciennes observations sont rapportées dans l’Almageste d’une manière si vague que je m’étonne que les astronomes en fassent cas de bonne foi ; au reste, je souhaiterais que vous engageassiez quelqu’un à refaire le calcul de ces observations. Votre méthode de faire disparaître les arcs de cercle m’a paru très élégante ; j’en avais depuis longtemps imaginé une qui y a quelque rapport : ayant l’équation 2
d-------y- + y + : = 0 , 2 dt
où y est supposé très petit et où : est une fonction rationnelle et entière de y et de sin t, cos t etc., j’observe que les deux premiers termes donnent y = p sin t + q cos t ,
p et q étant des constantes. Je fais maintenant y = p sin t + q cos t + z + }
et je regarde en même temps p et q comme variables ; j’ai la transformée 2 2 § d2 q dq· dp· d-------z- + z + § -------d p ¨ 2 – 2 ------¸ sin t + ¨ --------2 + 2 ------¸ cos t + : = 0 . 2 dt dt ¹ © dt ¹ © dt dt
Je fais = 0 les termes affectés de sin t et cos t, et d’où résulteraient des arcs de cercle dans l’intégrale ; j’ai deux équations qui serviront à déterminer p et q. On peut étendre cette méthode à tant d’équations qu’on voudra et lui donner toute l’exactitude qu’on désirera. Vous avez bien nettoyé la matière des intégrales particulières ; je n’ai encore eu le temps que de parcourir votre beau mémoire sur ce sujet, ainsi que celui sur la théorie des hasards ; je me propose d’y revenir et de les étudier à fond. Ils me paraissent très propres à soutenir la haute opinion que vos autres ouvrages ont déjà donnée de votre génie. Je vous prie de remercier, de ma part, Monsieur du Séjour du beau présent dont il m’a honoré1 ; j’ai lu son ouvrage avec le plus grand plaisir et le plus grand intérêt, et j’ai beaucoup admiré l’élégance et la simplicité des méthodes qu’il a employées pour résoudre des questions d’ailleurs très compliquées ; les applications numériques qu’il en a faites continuellement sont une des parties 1. Essai sur les Comètes en Général, et Particulièrement sur Celles qui Peuvent Approcher de l’Orbite de la Terre (Paris, 1775).
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de son travail qui mérite le plus la reconnaissance des savants et du public : je vous prie de l’assurer de la mienne en particulier, pour le plaisir que la lecture de cet ouvrage m’a fait. Je me réserve à lui écrire directement lorsque j’aurai reçu son mémoire sur les racines imaginaires, dont j’ai d’avance une grande opinion. Je finis, Monsieur, en vous assurant que personne ne saurait être plus flatté que je ne le suis de votre amitié, ni plus jaloux de la mériter et de l’augmenter ; je vous prie de compter sur la mienne à jamais, Monsieur et très cher confrère. Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange Lagrange, O., 14, 60-63.
11. Lagrange à [Laplace], 10 mai 1776
Berlin, 10 mai 1776 Monsieur, Les deux mémoires ci-joints font partie du volume qui est sous presse et qui paraîtra dans peu ; comme ils roulent sur des matières sur lesquelles vous vous êtes déjà exercé avec tant de succès, j’ai cru devoir vous en faire hommage ; je vous demande comme une marque d’amitié à laquelle je serai infiniment sensible de me dire votre avis sur ces mémoires, et surtout sur le premier qui concerne les intégrales particulières1. Il m’a paru qu’on pouvait encore glaner après vous, et je serai bien flatté d’avoir pu ajouter quelque chose à votre travail. Je n’ai pu avoir les figures du deuxième mémoire, mais je crois qu’elles sont très faciles à suppléer ; d’ailleurs, j’aurai soin de vous les envoyer dès que je pourrai les avoir ; je ne veux pas manquer pour cela cette occasion de vous envoyer le mémoire, parce que je ne sais pas quand je pourrai en retrouver une. Je vous fais mille remerciements de ce que vous avez bien voulu faire imprimer ma méthode de trouver les équations différentielles des variations des éléments des planètes ; il me semble que vous lui avez fait beaucoup trop d’honneur, et ma reconnaissance n’en est que plus vive. J’ai deux grands mémoires sur cette matière que j’ai lus l’année passée à l’Académie, mais je doute que je les fasse jamais imprimer, surtout sachant que vous vous en occupez ; d’ailleurs j’ai déjà traité ce sujet, quoique d’une autre manière, dans une pièce sur les satellites de Jupiter. En appliquant aux planètes les formules que j’ai données pour les satellites, on aura les variations des quatre éléments, excentricité, aphélie, inclinaison, nœud, en vertu de leur attraction mutuelle. Je me suis toujours proposé de faire cette application, mais je compte que votre travail le rendrait maintenant inutile.
1. « Sur les intégrales particulières des équations différentielles », Nouveaux Mémoires de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin (1774), 197-275 ; et Lagrange, O., 4, 5-108.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Je viens de lire à l’Académie deux mémoires sur l’intégration des équations linéaires à différences partielles et sur leur usage dans la théorie des hasards1 : Vous jugez bien que c’est votre beau travail sur cette matière qui m’a engagé à m’en occuper ; je me flatte d’avoir aussi été assez heureux pour y ajouter quelque chose ; au reste, mon ouvrage sur cette matière diffère autant du vôtre que celui sur les intégrales particulières diffère du vôtre sur le même sujet ; il n’y a guère entre eux que le sujet de commun. Je ferai imprimer ces mémoires dans le volume prochain, et je vous en enverrai aussitôt un exemplaire pour en savoir votre jugement dont je connais tout le prix. Les changements qui sont arrivés à l’Ecole Militaire doivent en avoir aussi apporté à votre situation2 ; je serais charmé, pour la part que je prends à tout ce qui vous regarde, de savoir jusqu’à quel point ces changements ont pu influer sur votre sort. J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments d’estime, d’amitié et de reconnaissance que vous m’avez inspirés et que je conserverai toute ma vie, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange Lagrange, O., 14, 64-65.
12. reçu, [24 juillet 1776]
[24 juillet 1776] Je soussigné, reconnais avoir reçu de Monsieur le Comte de Buffon, trésorier perpétuel de l’Académie royale des Sciences, la somme de 500 livres,
1. « Recherches sur les suites récurrentes dont les termes varient de plusieurs manières différentes ou sur l’intégration des équations linéaires aux différences finies et partielles, et sur l’usage de ces équations dans la théorie des hazards », Nouveaux Mémoires de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin (1775), 183-272 ; Lagrange, O., 4, 151-251. 2. Dans la nouvelle organisation de l’Ecole Militaire, Laplace quittait son poste de professeur de mathématiques.
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pour laquelle je dois être porté sur l’état des dépenses de ladite Académie, année 1775 ; dont quittance à Paris, ce 24 juillet 1776. Laplace reçu Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
13. Lagrange à [Laplace], 30 décembre 1776
Berlin, 30 décembre 1776 Monsieur et très illustre confrère, Je comptais attendre pour vous écrire que je puisse vous envoyer en même temps un exemplaire de mes recherches « Sur l’intégration des équations linéaires aux différences finies partielles », dont l’impression est presque achevée. Mais votre dernière lettre me détermine à ne pas différer davantage ma réponse. Il est vrai que j’ai eu autrefois l’idée de donner une traduction de l’ouvrage de Moivre, accompagnée de notes et d’additions de ma façon1, et j’avais même déjà traduit une partie de cet ouvrage ; mais j’ai depuis longtemps renoncé à ce projet, et je suis enchanté d’apprendre que vous en avez entrepris l’exécution, persuadé qu’elle répondra à la haute idée qu’on a de tout ce qui sort de votre plume. Je vous exhorte donc aussi de mon côté à continuer ce travail, et j’applaudis d’avance à vos succès de tout mon cœur. Comme mon mémoire sur les équations finies contient la solution analytique de quelques problèmes de Moivre qui ne sont résolus dans son traité que par des voies indirectes et quelquefois sans démonstration, vous jugerez si vous pouvez en faire quelque usage. Je vous assure que je n’ai aucune prétention à cet égard, et je ne vous demande d’employer le peu que j’ai fait que lorsque vous n’aurez rien de mieux à y substituer. 1. Abraham de Moivre, The Doctrine of Chances, or a Method of Calculating the Probabilities of Events in Play (London, 1716) ; 2e éd., 1738 ; 3e éd., 1756.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J’ai lu tous vos mémoires avec autant de plaisir que d’admiration : ils n’ont fait qu’augmenter en moi l’opinion que j’ai depuis longtemps de votre génie. Votre méthode pour faire disparaître les arcs de cercle est des plus ingénieuses ; elle paraît seulement n’avoir pas toute la simplicité qu’on pourrait désirer, et dont je ne doute pas qu’elle ne soit susceptible ; mais vous êtes mieux en état d’en juger que moi. Votre théorème sur les sphéroïdes homogènes en équilibre est très exact et très beau ; je m’en suis assuré par une méthode différente de la vôtre, laquelle m’a conduit à le généraliser un peu. J’attends avec impatience la suite de vos recherches sur ce sujet, ainsi que sur l’intégration des équations aux différences partielles ; personne ne lit vos ouvrages avec plus de plaisir que moi, et n’en fait mieux son profit ; aussi personne ne vous rend peut-être plus de justice que moi, ni avec plus de sincérité. Votre démonstration du théorème de Fermat sur les nombres premiers de la forme 8n + 3 est ingénieuse ; je démontre aussi ce théorème ainsi qu’un grand nombre d’autres dans mon mémoire sur ce sujet, que, faute de place, je suis aussi obligé de renvoyer à un autre volume. C’est une grande satisfaction pour moi de voir que vous avez pris goût à ces sortes de recherches ; je crois que vous êtes le seul qui ayez lu mon dernier bavardage sur ce sujet ; mais votre suffrage me suffit, et je croirai toujours avoir travaillé utilement lorsque je pourrai le mériter. Je suis charmé que mon travail sur les intégrales particulières vous ait plu, et je suis très sensible à ce que vous me dites de flatteur sur ce sujet ; je vous en remercie de tout mon cœur. Votre objection contre la méthode du Père Boscovich me paraît très fondée. J’ai fait des remarques semblables sur l’insuffisance de la méthode proposée par Bouguer dans les Mémoires de 17331, à laquelle celle du Père Boscovich a peut-être beaucoup de rapport. Cette méthode de Bouguer est très belle et réduit le problème au premier degré ; mais, comme les inconnues s’y trouvent déterminées par des expressions dont le numérateur et le dénominateur sont très petits du second ordre, en supposant les observations peu éloignées entre elles, et la portion d’orbite rectiligne, il s’ensuit qu’une très petite erreur dans les observations doit en causer une très grande dans les résultats. Je crois qu’en général cet inconvénient doit avoir lieu dans toutes les méthodes où l’on veut déterminer des inconnues finies et différentes entre elles par des quantités finies, d’après des données dont les différences sont très petites. Je lirai avec bien du plaisir vos réflexions sur la détermination de l’orbite des comètes ; j’ai aussi donné, il y a deux ans, à l’Académie, un mémoire sur ce sujet qui n’a pu, comme bien d’autres, être imprimé jusqu’ici, faute de place. 1. « De la détermination de l’orbite des comètes », H.A.R.S., 35 (1733), 331-350 ; voir aussi Lagrange, O., 4, 439-534.
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Recevez tous les vœux que je fais pour vous dans ce renouvellement d’année, ainsi que les assurances de la haute estime et du parfait dévouement avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange Lagrange, O., 14, 66-68.
14. [Lagrange] à [Laplace], 1er septembre 1777
Berlin, 1er septembre 1777 Monsieur et très illustre confrère, J’ai reçu, il y a deux mois, votre beau mémoire sur l’intégration des équations aux différences partielles1 ; je ne vous en ai pas remercié d’abord, parce que j’ai voulu auparavant le lire et l’étudier, afin d’être en état de vous en dire mon avis ; de plus, j’ai voulu attendre que je puisse vous envoyer en même temps le mémoire sur les équations aux différences finies et partielles que je vous avais annoncé, et que vous paraissiez désirer. Je joins à ce mémoire la suite de mes recherches d’arithmétique, que je ne me suis hâté de faire paraître que parce que vous m’y avez encouragé par votre suffrage. Je soumets le tout à votre jugement, et je vous aurai une véritable obligation de me dire sincèrement ce que vous en pensez. Je suis surtout impatient de savoir votre sentiment sur la manière dont je traite les équations aux différences finies et partielles, ainsi que sur les autres objets contenus dans le même mémoire. Je vous prie de faire mille compliments de ma part à Monsieur Messier, et de lui dire que son mémoire sur l’anneau de Saturne n’a pu être imprimé dans le volume qui est sous presse à cause de la planche2 ; le libraire qui publiait nos Mémoires vient d’y renoncer, et cela a causé des délais et quelques disputes qui sont maintenant terminées. L’Académie a résolu de publier dorénavant ses Mémoires pour son propre compte, et l’on va mettre sous presse le volume de 1777, qui paraîtra infailliblement à Pâques prochain ; le mémoire de Monsieur Messier y est destiné inévitablement. C’est avec le plus grand plaisir que j’ai lu votre mémoire sur le calcul intégral aux différences partielles ; j’en suis content au delà de tout ce que je 1. « Recherches sur le calcul intégral aux différences partielles », H.A.R.S., 76 (1773), 341402 ; Laplace, O.C., 9, 5- 68. 2. « Observation d’une bande obscure qui paraît sur le globe de Saturne », Nouveaux Mémoires de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin (1776), 312-336.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
puis vous dire. Les articles IV, VII, X et XIII renferment autant de découvertes qui font le plus grand honneur à votre génie ; je vous en félicite, et j’y applaudis de tout mon cœur. Vous jugez bien que je n’ai pu lire ces recherches sans faire plusieurs remarques tendant à les généraliser et à les simplifier ; par exemple, il me semble qu’on peut démontrer, en général, que l’intégrale de toute équation linéaire aux différences partielles doit contenir au moins une fonction arbitraire délivrée du signe ³ ; car, si l’expression de l’intégrale contient un terme de la forme ³ p I T dT où p soit une fonction donnée de T seul, il n’y a qu’à faire
³pI
T dT = \ T ,
et l’on fera disparaître le signe ³ ; mais, si p contient deux variables, x et y, T étant une fonction donnée des mêmes variables, alors je remarque que l’intégrale ³ p I T dT ne peut avoir une valeur déterminée, à moins qu’on ne suppose que cette intégrale doive être prise en regardant comme constante une fonction donnée de x et de y ; et, pour lors, il est clair qu’en nommant I cette fonction, on pourra ajouter à l’intégrale ³ p I T dT la quantité \ U , c’est-à-dire une fonction quelconque de U . En général, il me semble que c’est un principe qu’on doit nécessairement admettre dans le calcul intégral, que toute expression intégrale simple qui contient plus d’une variable sous le signe suppose qu’il y ait autant de fonctions données des mêmes variables qu’il y a de ces variables moins une, lesquelles demeurent constantes pendant l’intégration, et alors il est visible qu’on peut ajouter à l’intégrale une fonction quelconque de ces fonctions données. J’ai voulu étendre la méthode de l’article VII aux équations d’un ordre supérieur au second ; mais, après plusieurs tentatives, je me suis convaincu qu’elle ne s’applique avec succès qu’aux équations de la forme 2
2
3
wz wz w z w z w z- D --------------+ + Ez + J ----- + H -------2- + G -------3- + } = 0 ; wx wy wxwy wy wy
il est vrai aussi que j’ai remarqué que toute intégrale de la forme 2
dX d X G = AX + B ------- + C --------2- + } , dx dx
X étant une fonction indéterminée de x, conduit nécessairement à une équation différentielle de la forme précédente ; d’où il semble qu’on pourrait conclure, en général, que toute équation aux différences partielles linéaires qui est susceptible d’une intégrale finie, de quelque ordre que l’équation soit, est nécessairement réductible à une forme plus simple, dans laquelle la différence d’une des variables ne passera pas le premier degré, et ne se trouvera que dans deux termes. J’ai fait beaucoup d’autres remarques relatives à
ANNÉE 1777
33
l’intégration des équations d’un ordre supérieur au second ; elles pourront me fournir la matière d’un mémoire, si je ne suis pas prévenu sur ce sujet par vous ou par quelque autre. Si vous voyez Monsieur du Séjour, je vous prie de lui renouveler l’assurance des vifs sentiments d’estime et d’amitié que je lui ai voués : je viens de lire ses recherches sur les racines imaginaires1, et j’en suis extrêmement content ; si sa méthode s’applique avec autant de succès aux équations du cinquième degré, je la regarde comme une des plus belles découvertes qu’on ait faites : c’est pourquoi je suis impatient de voir la suite de ses recherches. Je le suis également de lire celles que vous m’annoncez sur les oscillations des fluides qui recouvrent les planètes, et sur l’équilibre des sphéroïdes hétérogènes et non de révolution ; je compte de supprimer ce que j’ai trouvé sur ce dernier sujet, jusqu’à ce que j’aie vu le résultat de votre travail, et j’en ferai de même à l’égard d’un mémoire sur les racines imaginaires, que j’ai composé depuis longtemps ; je serai charmé que l’ouvrage de Monsieur du Séjour le rende inutile. Adieu, mon cher et illustre confrère ; je vous prie de me regarder comme un de ceux qui vous aiment et vous admirent le plus, et qui sont le plus portés à vous rendre toute la justice que vous méritez. J’ai toujours envisagé la géométrie comme un objet d’amusement plutôt que d’ambition, et je puis vous assurer que je jouis beaucoup plus des travaux des autres que des miens, dont je suis toujours mécontent ; vous voyez par là que, si vous êtes exempt de jalousie par vos propres succès, je ne le suis pas moins par mon caractère. Le plaisir de m’entretenir avec vous m’a entraîné, et il ne me reste de papier que pour vous embrasser. [Lagrange] Lagrange, O., 14, 68-71.
1. « Mémoire dans lequel on propose une méthode pour déterminer le nombre des racines réelles et des racines imaginaires des équations », H.A.R.S., 75 (1772), 377-456.
34
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
15. Laplace à Condorcet, 2 novembre 1777
A Monsieur Monsieur le Marquis de Condorcet Secrétaire Perpétuel de l’Académie des Sciences à l’Hôtel de la Monnaie A Paris A Paris, ce 2 novembre 17771 Monsieur et cher confrère, Je viens de lire dans l’histoire de l’Académie pour l’année 1773, l’extrait que vous avez fait de mon mémoire « Sur les différences partielles »2, et j’ai vu avec peine que vos occupations ne vous ont pas permis de le lire avec attention. Vous croyez, par exemple, qu’on peut prouver a priori qu’il est toujours possible de supposer que les deux fonctions obtenues de l’intégrale d’une équation linéaire aux différences partielles du second ordre, les deux fonctions arbitraires sont à la fois délivrées du signe ³ tandis que le contraire est rigoureusement démontré dans mon mémoire. J’y fais voir que pour cela, il faut deux équations de condition très distinctes, et dont l’une peut être satisfaite sans l’autre. L’exemple le plus simple que je puisse vous en donner est celui de l’équation c2 ww2 - + a -----w2- e w + T + b -----w2- e w + T + -------------------0 = ------------+T 2 wwwT ww ww w + T
a, b, c étant des coefficients constants, et T une fonction quelconque de w , et de T . J’ai fait voir page 380 que pour que l’expression de 2, soit débarrassée du signe ³ par rapport à la fonction arbitraire T w , il faut que l’une ou l’autre 2 2 des deux quantités b – a – 1 + a + b – 1 – 4c , ou b – a – 1 – a + b – 1 – 4c soit zéro, ou un nombre entier positif, et que pour qu’elle soit délivrée du signe ³ , par rapport à la fonction arbitraire \ T , il faut que l’une ou l’autre des quantités 1. Au crayon : « lu le ler décembre 1773 ». 2. Les remarques de Condorcet se trouvent dans l’Histoire de l’Académie Royale des Sciences, année 1773, premier paragraphe de la page 46. Elles résument un article intitulé « Recherches sur le calcul intégral aux différences partielles », H.A.R.S., 76 (1773), 341-402 ; Laplace, O.C., 9, 5-68.
ANNÉE 1777
2
35
2
b----------------------------------------------------------------------– a – 1 + a + b – 1 – 4cb – a – 1 – a + b – 1 – 4c ou -----------------------------------------------------------------------2 2
soit zéro, ou un nombre entier positif, et que pour qu’elle soit délivrée du signe ³ , par rapport à la fonction arbitraire \ T , il faut que l’une ou l’autre des deux quantités 2
a – b – 1 + a + b – 1 – 4c ------------------------------------------------------------------------ ou 2
2
a – b – 1 – a + b – 1 – 4c -----------------------------------------------------------------------2
soit zéro, ou un nombre entier positif ; or, il est très possible, et cela d’une infinité de manières, de remplir cette condition pour l’une ou l’autre des deux premières quantités, sans qu’elle le soit pour aucune des deux dernières. Si vous vous donnez la peine d’examiner mes formules, vous verrez que dans ce cas l’intégrale renferme des termes de la forme P N ³ w + T 2T \ T ; or, cette quantité ne peut être délivrés du signe ³ tant que \ T reste arbitraire, que dans le cas où P est zéro ou un nombre entier positif. Vous avez raison d’observer que Monsieur Euler s’est occupé de l’intégrale de l’équation précédente ; mais ce grand géomètre n’a considéré que le cas de b = 0, et de T = 0, (voyez le Tome III de son Calcul Intégral, page 267) ; j’avoue que sa méthode peut s’étendre au cas où T étant toujours supposé nul, et b n’étant plus égal à a, les fonctions arbitraires sont toutes deux délivrées du signe ³ ; mais sa méthode ne peut donner le cas où l’une des fonctions arbitraires est nécessairement enveloppée sous le signe ³ , ni celui où T est quelconque. Il est encore vrai que Monsieur Euler a transformé avant moi l’équation générale et linéaire aux différences partielles du second ordre dans une autre où la différence des deux variables ne font qu’au premier degré ; (voyez la page 258 du Tome III de son Calcul Intégral) ; mais je ne sache pas que ni lui ni personne ayant remarqué avant moi, que dans les cas où l’équation différentielle ; elle se refuse à cette transformation. On était conduit à une équation aux différences ordinaires du second ordre, ou à une équation aux différences partielles dont l’intégrale est impossible en termes finis. Si sur tous les objets que j’ai traités après Monsieur Euler et les autres géomètres qui m’ont précédé, je n’avais pas cru ajouter quelque chose à ce qui était déjà connu, je me respecte assez pour avoir entièrement supprimé mes recherches. Leur mérite (si elles en ont quelques), consiste à présenter une méthode aussi simple que générale, pour trouver tout à la fois, et les conditions d’intégrabilité, et les intégrales, lorsqu’elles sont possibles, qu’il y ait ou non un dernier terme et que l’une des fonctions arbitraires soit, ou ne soit pas enveloppée sous le signe ³ ; or, je ne crois pas qu’aucune des métho-
36
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
des publiées avant la mienne puisse résoudre ce problème inportantes ; aussi ai-je eu la satisfaction de voir que ma méthode n’a point déplu à Monsieur de Lagrange, qui a bien voulu l’examiner avec attention, et qui l’a jugée assez utile, pour chercher à l’étendre aux équations des ordres supérieurs au second. Je crois vous avoir fait part des remarques fines et intéressantes qu’il m’a envoyées, et qu’il se propose de donner avec beaucoup d’autres dans un mémoire sur cet objet. J’aurais bien souhaité pouvoir joindre votre suffrage à celui de cet illustre ami ; mais j’espère être plus heureux une autre fois. Je vous prie d’être persuadé que j’en ferai toujours le plus grand cas, parce que personne ne vous estime plus véritablement et ne désire plus sincèrement votre amitié que moi. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, Mon cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace J’ai lu avec le plus grand plaisir votre éloge du Chancellier de l’Hôpital1 ; le contraste de ses grandes qualités, de ses vertus, de son courage, de sa tolérance, de son amour pour le pays et le bien public, avec les préjugés barbares de son siècle et les crimes d’une cour abominable divisée en factions puissantes pour que rien n’était sacré, ce contraste, dis-je, était digne d’excéder votre plume, et vous l’avez présenté de la manière la plus intéressante. Je suis entièrement de votre avis sur l’abus funeste de la vénalité des charges. Montesquieu me paraît avoir traité cette question ainsi que beaucoup d’autres avec plus de finesse que d’exactitude. C’est surtout dans ces matières importantes qu’il serait bien à désirer qu’on put faire usage de la méthode des géomètres. Malheureusement les deux sciences les plus utiles à l’humanité, la médecine et la morale sont les plus incertaines et les moins susceptibles d’être traitées par une méthode rigoureuse. Un des endroits qui m’ont le plus intéressé dans cet éloge, est la peinture que vous faites d’un ministre vertueux et bienfaiteur des hommes dans sa retraite : cela ne m’a point surpris, vous aviez l’original sous les yeux. Bancroft, box 7, dossier 12 (brouillon)2 ; Arch. Ac. Sc., dossier 15 novembre 1777.
1. Eloge de Michel de l’Hôpital (Paris, 1777). 2. Le brouillon diffère un peu dans les expressions employées par Laplace, mais le sens est le même.
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16. Laplace à [d’Alembert], 15 novembre 1777
A Paris, ce samedi 15 novembre 1777 Monsieur et très illustre confrère, Au lieu d’aller demain vous importuner comme je me l’étais proposé, j’ai cru plus à propos de vous envoyer l’addition dont nous sommes convenus ; d’ailleurs je n’aurai plus demain mon mémoire, parce que je dois le remettre ce soir à l’Académie, à Monsieur le marquis de Condorcet1. Après cette phrase : « C’est donc à proprement parler à Monsieur d’Alembert qu’il faut rapporter les premières recherches exactes qui aient paru sur cet important objet. Cet illustre auteur s’étant proposé dans son excellent ouvrage qui a pour titre : Réflexions sur la Cause des Vents2, de calculer les effets de l’action du Soleil et de la Lune sur notre atmosphère, y détermine d’une manière synthétique et fort belle, les oscillations d’un fluide de peu de profondeur qui recouvre une planète immobile au dessus de laquelle répond un astre immobile ; il cherche ensuite à déterminer ces oscillations, dans le cas où la planète étant toujours supposée immobile, l’astre se meut uniformément sur un parallèle à l’équateur, et il parvient par une analyse aussi savante qu’ingénieuse aux véritables équations de ce problème, mais la difficulté de les intégrer, le force de recourir à des suppositions qui en rendent la solution incertaine. On trouvera dans ces recherches la solution rigoureuse de ce même problème, quelque soient la densité du fluide et le mouvement de l’astre attirant dans l’espace ». J’ai ajouté ce qui suit3 : « Au reste, je dois à M. d’Alembert la justice d’observer que si j’ai été assez heureux pour ajouter quelque chose à cet égard à ses excellentes Réflexions sur la Cause des Vents, j’en suis principalement redevable à ces Réflexions elles-mêmes, et aux belles découvertes de ce grand géomètre sur la théorie des fluides et sur le calcul intégral aux différences partielles dont on voit les premières traces dans l’ouvrage que je viens de citer. Si l’on considère combien les premiers pas sont difficiles en tout genre, et surtout dans une matière aussi compliquée, si l’on fait attention aux progrès immenses de l’analyse depuis l’impression de son ouvrage, on ne sera pas surpris qu’il nous ait laissé quelque chose à faire encore, et qu’aidés par des théories 1. Il s’agit des « Recherches sur plusieurs points du système du Monde », H.A.R.S., 78 (1775), 75-182 ; Laplace, O.C., 9, 71-183. 2. (Paris, 1747). 3. Cette addition se trouve p. 91 du volume précité.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
que nous tenons de lui presque toutes entières, nous soyons en état d’avancer plus loin dans une carrière qu’il a le premier ouverte ». J’espère, mon cher confrère, que vous serez content de cette addition ; je suis très enchanté d’avoir cette occasion de vous témoigner publiquement mon estime et ma reconnaissance. Je vous devais d’ailleurs cette justice à tous égards, puisqu’il est vrai de dire que sans votre travail et sans les belles recherches que vous avez publiées dans votre excellent Essai sur la Résistance des Fluides, et que Monsieur Euler a depuis présentées d’une manière fort simple et fort générale dans les Mémoires de Berlin et de Pétersbourg, je n’aurais jamais osé entreprendre de traiter la matière qui fait l’objet de mes recherches. J’ai toujours cultivé les mathématiques par goût plutôt que par le désir d’une vaine réputation, dont je ne fais aucun cas. Mon plus grand amusement est d’étudier la marche des inventeurs, et de voir leur génie aux prises avec les obstacles qu’ils ont rencontrés et qu’ils ont su franchir ; je me mets alors à leur place et je me demande comment je m’y serais pris pour surmonter ces mêmes obstacles, et quoique cette substitution n’ait le plus souvent rien que d’humiliant pour mon amour propre, cependant le plaisir de jouir de leur succès me dédommage amplement de cette petite humiliation. Si je suis assez heureux pour ajouter quelque chose à leurs travaux, j’en attribue tout le mérite à leurs premiers efforts, bien persuadé que dans ma position ils auraient été beaucoup plus loin que moi. Vous voyez par là, mon cher confrère, que personne ne lit vos ouvrages avec plus d’attention, et ne cherche mieux à en faire son profit que moi ; aussi personne n’est plus disposé à vous rendre une justice plus entière, et je vous prie de me regarder comme un de ceux qui vous aiment et qui vous admirent le plus. C’est dans ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, Monsieur et illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.I., MS 876, fol. 9 ; publiée dans le Bullettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze Matematiche e Fisiche, 19, 159-161 ; et dans Laplace, O.C., 14, 346-348.
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17. [Laplace] à d’Alembert, [1777]
A Monsieur, Monsieur d’Alembert, de l’Académie des Sciences, et Secrétaire perpétuel de l’Académie Française Au Louvre [1777] Vous avez eu raison, mon très cher et très illustre confrère, de soupçonner que le problème de l’équilibre des sphéroïdes homogènes n’est susceptible que de deux solutions. En relisant vos belles remarques sur cet objet, je m’en suis assuré par la méthode suivante, qui est assez simple et que l’on peut employer avec avantage, pour déterminer le nombre des racines réelles des équations transcendantes. 2 3k + 9 arc tan k – 9k- , de la page 50 Je considère d’abord l’équation 2Z = ----------------------------------------------------k
3
du 6ème volume de vos Opuscules1 ; cette équation détermine par le nombre des valeurs réelles et positives de k, qui peuvent y satisfaire, les différentes figures elliptiques qui conviennent à l’équilibre ; mais il est assez difficile de reconnaître le nombre de ces racines à cause de la fonction transcendante qu’elle renferme. Pour la faire disparaître, je mets l’équation précédente sous cette forme 3
2Zk + 9k- – arc tan k = 0 -----------------------2 3k + 9
et je nomme I la fonction 1. Opuscules Mathématiques…, 6 (Paris, 1773). Z est un nombre connu qui dépend de la vitesse de rotation de la sphère homogène d’un de ses diamètres. Si a est le demi-axe de l’ellipse qui devient cette sphère en devenant fluide, ma le rayon de l’Equateur, l’attraction au pôle sera 2
2 2 2cm a P = ------------------------ § m – 1 – arc tan m – 1· ¹ 3© -2 2 m – 1 2 2ca k + 1 2 ou, en faisant k = m – 1 on a : P = ----------------------------- k – arc tan k 3 k
40
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE 3
2Zk + 9k ------------------------- – arc tan k ; 2 3k + 9
je différentie cette fonction, et toutes réductions faites, je trouve 2
4
2
wk ^ Zk + 10Z – 6 k + 9Z ` --------------------------------------------------------------------------------wI = 6k 2 2 2 3k + 9 1 + k
on aura donc I =
³ 6k
2
4
2
^ Zk + 10Z – 6 k + 9Z ` wk ----------------------------------------------------------------2 2 2 3k + 9 1 + k
l’intégrale étant supposée commencer avec k ; cela posé je construis la courbe AMNORT, de manière que l’abscisse AP étant k, l’ordonnée PM soit 2
4
2
6k ^ Zk + 10Z – 6 k + 9Z ` --------------------------------------------------------------------------2 2 2 3k + 9 1 + k
Il est clair 1° que les ordonnées commenceront et finiront par être positives ; 2° que, si du côté des valeurs positives de k, les seules que nous devions considérer ici, la courbe coupe l’axe des abscisses, elle le coupera en deux points N, et R, tels que les abscisses AN et AR seront déterminées par les deux racines positives de l’équation 4
2
0 = Zk + 10Z – 6 k + 9Z ;
cette équation donne 2 3- – 5 r k = --Z
3- – 5 --Z
2
–9 ;
3- – 5 Pour que k2 ait une valeur réelle et positive, il faut que --Z
2
soit plus grand
3- – 5 , soit positif ; dans ce cas les deux valeurs de k2 seront réelque 9, et que --Z les et positives, ce qui donnera pareillement pour k deux valeurs réelles et positives ; il suit de là que la courbe ne coupera point du tout son axe, ou qu’elle le coupera en deux points N et R ; il est bien clair qu’elle ne peut le couper qu’en ces deux points, du coté des abscisses positives.
ANNÉE 1777
41
Maintenant la fonction I représente l’aire de la courbe, et, pour que cette fonction puisse être nulle, il faut que la courbe coupe son axe et que l’aire négative NOR, excède, ou au moins soit égale à l’aire positive AMN ; il doit donc exister alors un point S, tel que l’aire NOS soit égale à l’aire AMN ; mais puisque la fonction I finit par être positive, il est clair qu’il existe un autre point V, tel que l’aire RTV est égale à l’aire RSO, en sorte que l’aire I de la courbe est nulle aux deux points S et V, et de plus, il est visible qu’elle ne peut être nulle qu’à ces deux points. Si l’aire AMN est égale à l’aire NOR, les deux points S et V se confondent avec le point R, et ce cas est celui où l’équation I = 0 cesse d’être possible. [Laplace]1 B.I., MS 876, fols 10-11 ; publiée dans le Bullettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze Matematiche e Fisiche, 19, 161-163 ; et Laplace, O.C., 14, 348-351.
1. Lettre non signée, mais bien de la main de Laplace.
18. Laplace à [Lagrange], 3 février 1778
3 février 1778 Monsieur et très illustre confrère, Je profite de l’occasion que m’offre le retour de Monsieur Bitaubé à Berlin pour vous faire part des vœux que je forme, au commencement de cette année, pour tout ce qui peut intéresser votre bonheur, et pour vous renouveler les sentiments profonds d’estime et d’amitié que vous m’avez inspirés. J’ai reçu les beaux mémoires que vous m’avez envoyés, et je les ai lus avec la plus grande satisfaction ; j’ai surtout admiré vos recherches sur le calcul intégral aux différences finies partielles, et les applications que vous en faites à l’analyse des hasards ; il me paraît difficile d’y rien ajouter qu’en faisant des recherches analogues sur les équations linéaires aux différences partielles dont les coefficients sont variables, mais vous nous promettez de les considérer dans un autre mémoire, et je l’attends avec la plus vive impatience. Avant que d’avoir reçu votre beau travail, j’avais commencé quelques recherches sur le cas où les coefficients sont constants, et je faisais usage d’une méthode analogue à celle dont on s’est servi pour les suites récurrentes. Je considérais, par exemple, l’équation 0 = Ay m ,n + By m – 1 ,n + Cy m ,n –1 + Dy m – 1 ,n – 1
(1)
comme résultante du développement de la fraction Ix ----------------------------------------------, A + Bx + Cz + Dzx I x étant une fonction arbitraire de x ; car il est clair que si l’on développe m n cette fraction et que l’on nomme y m ,n le coefficient du terme x z , on aura l’équation (1). Il ne s’agit donc que de déterminer ce coefficient pour avoir la valeur de y m ,n ; pour cela, je mets la fraction précédente sous cette forme
44
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
\x ----------------------------, C + Dx 1 + z ----------------A + Bx n
\ x étant une fonction arbitraire de x ; le coefficient de z sera donc n
–--------------------C – Dx \ x . A + Bx m
Il ne s’agit plus que d’avoir la valeur de x dans cette quantité ; pour cela, je développe
–--------------------C – Dx A + Bx
n
en série, et j’ai, au lieu de cette quantité, celle-ci 2
3
N + Ncx + Nccx + Ncccx + } ;
donc n
– C – Dx \ x = N\ x + Ncx\ x + Nccx 2 \ x + } . --------------------A + Bx m
Pour avoir le coefficient de x dans cette quantité, il faut connaître, dans le m m –1 m –2 développement de \ x , les coefficients de x , x , x ,... ; or, \ x étant m une fonction arbitraire, on peut représenter par * m le coefficient de x , * m étant une fonction arbitraire de m ; on aura donc, pour le coefficient de m C – Dx x , dans le développement de –--------------------A + Bx
m
\ x ,
N* m + Nc* m – 1 + Ncc* m – 2 + } ;
donc y m ,n = N* m + Nc* m – 1 + } ,
résultat entièrement conforme au vôtre. Je n’avais pas poussé plus loin ces recherches, sachant que vous vous occupiez du même objet, et persuadé que vous n’y laisseriez rien à désirer. Votre solution du problème des parties dans le cas de trois ou d’un plus grand nombre de joueurs est fort générale et fort simple ; celle que j’en ai donnée dans mes recherches est très compliquée : j’en ai donné une autre beaucoup plus simple dans l’errata des Mémoires des Savants Etrangers pour l’année 17731. Il s’y est glissé une légère faute d’impression en ce qu’on a 1. Voyez les Mémoires de Mathématique et de Physique Présentés à l’Académie Royale des Sciences, par Divers Savans, 6 (1774), 632 et seq, et H.A.R.S., 76 (1773), 341-402.
ANNÉE 1778
45
écrit ' au lieu de ; mais le problème le plus difficile de toute cette analyse est celui de la durée des parties en rabattant, et j’ai lu avec le plus grand plaisir la belle solution que vous en donnez. C’est avec le même plaisir que j’ai lu votre méthode pour intégrer les équations linéaires aux différences finies et aux différences infiniment petites, lorsqu’elles ont un dernier terme, et lorsqu’on sait les intégrer en supposant ce dernier terme nul. Cette manière de faire varier les constantes arbitraires me paraît être de la plus grande utilité dans l’analyse et surtout pour les approximations. Vous avez eu la bonté d’approuver l’usage que je crois en avoir fait le premier, pour faire disparaître les arcs de cercle des intégrales des équations du mouvement des corps célestes. Je ne doute pas que les applications que vous vous proposez d’en faire au système du monde ne répandent un très grand jour sur toute l’astronomie physique. Recevez encore, mon cher confrère, mes remerciements pour le plaisir que m’a causé la lecture de vos recherches arithmétiques ; votre travail est une des plus belles choses que l’on ait faites sur cette branche de l’analyse. Je m’attendais bien à y trouver la démonstration de ce théorème de Fermat, que le double de tout nombre premier de la forme 8n – 1 est la somme de trois carrés ; j’en ai autrefois cherché la démonstration, et j’avais réduit, comme vous, la difficulté à démontrer ce théorème pour les nombres premiers de la forme 24n – 1 ; mais j’y fus arrêté, et j’ai bien sujet de m’en consoler, puisque vous avez éprouvé le même sort. C’est en quelque sorte une tache pour la géométrie moderne que l’on n’ait pu retrouver encore les démonstrations des théorèmes que Fermat nous a laissés, et qu’il nous assure avoir démontrés. Si quelqu’un peut effacer cette tache, assurément c’est vous, et je ne doute point que vous ne nous rendiez un jour les démonstrations de Fermat avec un grand nombre d’autres théorèmes entièrement nouveaux. Le grand géomètre avait certainement une méthode toute particulière et peut-être fort simple qui l’a conduit aux différents théorèmes qu’il nous a laissés, et dont la démonstration ne nous paraît aussi difficile que parce que nous n’avons point encore retrouvé le fil de ses idées. Je ne me lasse point de lire votre excellent mémoire sur les intégrales particulières. Je le regarde comme un chef-d’œuvre d’analyse, par l’importance du sujet, par la beauté de la méthode et par la manière élégante dont vous le présentez. En généralisant le paradoxe qui a donné lieu aux premières recherches des géomètres sur cet objet, j’en ai tiré une méthode assez simple pour avoir les intégrales des équations algébriques toutes les fois qu’elles en sont susceptibles. Cette méthode est fondée sur ce que l’on peut toujours obtenir cette intégrale par des différentiations successives. Pour vous en donner une idée, considérons l’équation dy ------ = p , dx
p étant fonction de x et de y, et supposons que son intégrale soit de la forme
46
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
0 = a+a a, a
1
1
x+a
2
y + xy ,
2
, a étant des coefficients constants indéterminés ; en différentiant dy cette intégrale et substituant au lieu de ------ sa valeur p ou autre, dx
0 = a
1
+a
2
p + y + xp ;
différentiant encore, on aura 0 = a
wp wp wp ------ + p ------· + 2p + xp ------ + x ------ , © wx wy¹ wy wx
2 § wp
ce qui donne 0 = a
soit
et l’on aura, en différentiant,
2
2p ; + x + ---------------------wp wp ------ + p -----wy wx
2p , pc = ---------------------wp wp ------ + p -----wy wx wpc 0 = x + wpc -------- + p -------- . wy wx dy
Si cette équation est identique, l’équation en ------ aura pour intégrale une dx équation de la forme 1 2 0 = a + a x + a y + xy ; et, si pc + x est fonction de x et de y, l’intégrale sera 0 = a a
1
1
+ pc + x ,
étant l’arbitraire. L’équation wpc 0 = x + wpc -------- + p -------wy wx
est une équation aux différences partielles du second ordre entre x, y, p et ses différences partielles ; son intégrale renferme toutes les valeurs de p, telles que ------ = p est susceptible d’une intégrale de cette forme l’équation dy dx
0 = a+a
et soit a
1
= I a et a
2
1
x+a
2
y + xy ;
= \ a , on aura
0 = a + xI a + y\ a + xy ;
(1)
ANNÉE 1778
47
en différentiant, on aura dy I a – y------ = p = – -------------------dx \a + x
;
en éliminant a de cette valeur de p, au moyen de l’équation (2), on aura l’intégrale complète de l’équation précédente aux différences partielles du second ordre, puisque cette intégrale dépend des deux fonctions arbitraires I a et \ a ; on aura ensuite toutes les solutions particulières, au moyen des équations wx- = 0 et ----wy- = 0 . ----wa
wa
Vous voyez ainsi que toutes les équations différentielles dont l’intégrale est algébrique offrent des paradoxes analogues à celui qui fait l’objet du mémoire de Monsieur Clairaut1, et que l’on peut toujours déterminer ces intégrales par de simples différentiations, ce que vous trouverez, je crois, plus simple que la méthode que Monsieur Fontaine a donnée pour cet objet dans le recueil de ses mémoires. Le développement de cette idée fait l’objet d’un mémoire assez étendu, que je vais lire incessamment à l’Académie. Je suis infiniment sensible aux choses obligeantes que vous avez bien voulu m’écrire relativement à mes recherches sur le calcul intégral aux différences partielles ; vos remarques sont très fines et très intéressantes : le moyen que vous employez pour faire voir que l’une des fonctions arbitraires doit exister dans l’intégrale débarrassée du signe ³ s’était aussi présenté à moi, mais je vous avoue qu’il ne m’avait point paru assez rigoureux ; maintenant que j’y réfléchis de nouveau, il me semble, comme à vous, qu’il doit suffire. Dans l’extrait assez peu juste que Monsieur de Condorcet a fait de mon mémoire dans l’Histoire de l’Académie pour l’année 17732, ce géomètre croit qu’on peut prouver a priori que les deux fonctions arbitraires sont à la fois débarrassées du signe ³ , ce qui est évidemment faux, comme je le lui ai fait remarquer à luimême. C’est avec la plus grande impatience que j’attends le mémoire que vous m’annoncez sur les équations linéaires aux différences partielles des ordres supérieurs au second, et dont vos belles remarques me donnent d’avance la plus haute idée. Si je n’ai pas le mérite d’être utile à la géométrie par moimême, je me félicite au moins d’avoir donné occasion à plusieurs excellents mémoires dont vous l’avez enrichie, et, comme je la cultive sans prétention et uniquement pour elle-même, je vous assure que je jouis autant de vos succès que s’ils m’étaient propres. Si Monsieur Bitaubé eût resté quelques semaines de plus à Paris, je l’aurais prié de se charger pour vous d’un mémoire de moi sur le système du monde, 1. « Mémoire sur l’intégration ou la construction des équations différentielles du premier ordre », H.A.R.S., 42 (1740), 293-323. 2. Voir le volume de 1773, Histoire, p. 43 et seq.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
dont l’impression est déjà fort avancée. L’objet de ce mémoire est en grand partie le flux et le reflux de la mer, la précession des équinoxes et la nutation de l’axe de la Terre, qui résultent de ce phénomène ; car j’ai observé que l’attraction et la pression du fluide qui recouvre la Terre, et dont la figure est continuellement changée par l’action du Soleil et de la Lune, peuvent influer sensiblement sur le phénomène de la précession des équinoxes, et qu’il peut en résulter des quantités du même ordre que celles que produit immédiatement l’action de ces deux astres sur la partie solide de la Terre. Cette matière importante méritait sans doute d’être traitée par un géomètre plus habile, et je m’estimerais heureux si mes recherches peuvent vous engager à la considérer. Je vous les enverrai aussitôt qu’elles seront imprimées. Le plaisir de m’entretenir avec vous m’a entraîné, et je commence à m’apercevoir de la longueur de ma lettre ; je finis donc ici mon bavardage, en vous assurant que personne n’admire plus vos rares talents, ne vous aime plus véritablement et ne désire plus sincèrement votre amitié que moi ; c’est dans ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Lagrange, O., 14, 72-78.
19. Laplace à [Lagrange], 25 février 1778
Paris, 25 février 1778 Monsieur et très illustre confrère, Je vous envoie le premier exemplaire des recherches que je vous ai annoncées dans ma dernière lettre1. Je les soumets à votre jugement et je vous prie de me mander ce que vous en pensez ; elles roulent en grande partie sur le flux et le reflux de la mer, matière délicate et très compliquée ; je m’estimerais heureux si je pouvais avoir ajouté quelque chose à ce que l’on a fait avant moi, sur cette même matière. Vous y verrez la solution complète du problème qui 1. « Mémoire sur la précession des équinoxes », H.A.R.S., 80 (1777), 329-345 ; Laplace, O.C., 9, 339-354.
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fait l’objet du traité de la cause des vents de Monsieur d’Alembert1, et dont cet illustre auteur n’a donné la solution que dans le seul cas où l’astre qui attire un fluide qui recouvre une planète immobile est lui-même immobile ; mais il y a beaucoup de mérite à avoir résolu ce cas, quoique très particulier, et je pense qu’il ne doit pas avoir lieu d’être mécontent de la manière dont j’ai parlé de son travail. Je désire bien de savoir ce que vous pensez de ma deuxième méthode pour déterminer les oscillations de la mer ; il m’a paru qu’elle donnait, d’une manière assez simple, la partie des oscillations du fluide qui est indépendante de sa figure et de son mouvement primitifs ; or cette partie est la seule qu’il soit intéressant de connaître, puisque l’autre doit être détruite à la longue. Je serai fort aise surtout de savoir votre avis sur l’explication que je trouve, du peu de différence qui existe entre les deux marées d’un même jour, différence qui serait énorme, suivant les résultats de Newton, dans les grandes déclinaisons du Soleil et de la Lune. Je vous avoue que ce peu de conformité avec la théorie et les observations m’avait toujours frappé. Monsieur Daniel Bernoulli tâche à la vérité d’en rendre raison, dans sa pièce sur le flux et le reflux de la mer2, en disant que « les changements qui sont dus à la rotation de la Terre sont trop vite pour que les marées puissent s’y accommoder » ; mais vous verrez, je crois, par l’art. XIX de mes recherches, que cette raison est de peu de valeur, puisque la différence des deux marées d’un même jour pourrait être fort grande, malgré cette vitesse de rotation, dans une infinité d’hypothèses sur la profondeur de la mer, et que, dans les mêmes hypothèses où elle est très petite ou nulle, lorsqu’on a égard au mouvement de rotation de la Terre, elle serait très considérable, si l’on supposait la Terre immobile, en transportant en sens contraire à l’astre son mouvement angulaire de rotation ; on pourrait cependant dire alors avec Monsieur Bernoulli que « les changements qui sont dus au mouvement de l’astre sont trop vite pour que les marées puissent s’y accommoder ». La longueur de ces recherches m’a empêché d’insérer dans ce même volume ce qui est relatif à la précession des équinoxes et aux oscillations de l’atmosphère ; mais je ne crois pas que cette suite tarde à être imprimée, et je vous l’enverrai aussitôt. Je désirerais bien que ces faibles productions pussent m’acquitter de ce que je vous dois, par rapport aux excellents mémoires que vous me faites l’amitié de m’envoyer ; mais je sens que, malgré tous mes efforts, je ne pourrai jamais être dispensé de la reconnaissance. Au reste, ce sentiment, loin de m’être pénible, m’est extrêmement doux, parce que rien ne peut me flatter davantage que cette marque d’amitié de la part d’un des hommes pour lesquels j’ai le plus d’estime, et dont j’admire le plus les talents. Il ne paraît rien de nouveau, en géométrie, à Paris ; mais on imprime actuellement un ouvrage de Monsieur Bézout, dont l’objet est une théorie générale de l’élimination entre un nombre quelconque d’équations et d’inconnues, quel 1. Réflexions sur la Cause Générale des Vents (Paris, 1747). 2. Traité sur le flux et le reflux de la mer, mémoire couronné par l’Académie des Sciences en 1740. Il est imprimé au tome IV du Recueil des Prix.
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que soit le degré des équations1. Je ne connais cet ouvrage que par la lecture que l’auteur en a faite à l’Académie, et par le peu qu’il m’en a dit ; il m’a paru très bon, et d’autant plus intéressant qu’il me semble que les recherches des géomètres s’étaient jusqu’ici bornées à éliminer entre deux équations et deux inconnues. Monsieur du Séjour va faire imprimer incessamment une très belle théorie de l’inflexion des rayons de lumière, lorsqu’ils traversent les atmosphères des planètes et de leurs satellites ; il se propose de vous en envoyer un exemplaire, lorsqu’elle sera imprimée. Il me charge dans ce moment de vous renouveler les assurances des vifs sentiments d’estime et d’amitié que vous lui avez inspirés. Adieu, mon très cher et très illustre confrère, aimez-moi toujours un peu, et soyez persuadé que personne ne vous aime plus véritablement et n’attache plus de prix que moi à votre estime et à votre amitié. Je ferai tout mon possible pour mériter l’une et l’autre, et je les regarderai comme la plus précieuse récompense de mon travail, si je suis assez heureux pour y parvenir. J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que vous me connaissez, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Lagrange, O., 14, 78-81.
20. Laplace à [Lagrange], 19 novembre 1778
Paris, 19 novembre 1778 Monsieur et très illustre confrère, Voici le premier exemplaire de la suite de mes « Recherches sur plusieurs points du système du monde »2, et je m’empresse de vous l’envoyer, en vous priant de me marquer ce que vous en pensez. Je suis infiniment sensible aux 1. Théorie Générale des Equations Algébriques (Paris, 1779). 2. H.A.R.S., 79 (1776), 177-267 ; Laplace, O.C., 9, 187-280.
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choses flatteuses que vous avez bien voulu m’écrire, relativement à mes premières recherches, et je vous remercie surtout bien sincèrement du conseil que vous m’avez donné sur la précision et la clarté que tout lecteur est en droit d’attendre de ces sortes de matières ; je me propose aussi d’y donner une attention particulière, dans les recherches que je publierai par la suite ; vos mémoires, et principalement ceux que vous avez donnés en dernier lieu, sont des modèles parfaits en ce genre, et ils ne me paraissent pas moins recommandables par l’élégance que par les découvertes sublimes qu’ils renferment. Les remarques que vous m’avez envoyées sont très belles ; j’ai été surtout charmé de la manière dont vous ramenez à une seule équation aux différences partielles le cas de n = 0. Vous verrez dans l’art. XXIII qu’en employant la méthode de l’art. XIII je parviens à une équation différentielle d’une forme à peu près semblable. Quant à l’équation (5) de l’art. IV, que vous prétendez illusoire, il me paraît qu’elle est donnée par la nature même du problème, et qu’elle peut servir à faire connaître que, depuis la surface du sphéroïde jusqu’à celle du fluide, les vitesses horizontales sont très sensiblement les mêmes, et c’est uniquement sous ce point de vue que j’en ai fait usage dans l’art. VIII. Je serai fort aise de savoir votre avis sur la partie de mes recherches qui concerne l’équilibre ferme des planètes ; mes résultats sont bien contraires à ce que Monsieur l’abbé Boscovich a avancé à ce sujet ; mais, quoique j’aie eu lieu de me plaindre de ce savant, dans une dispute que j’ai eue autrefois avec lui sur les orbites des comètes, et dont je crois vous avoir rendu compte alors, je me suis cependant abstenu de le nommer, pour éloigner tout ce qui pourrait avoir l’air d’anciennes querelles, dont je suis autant l’ennemi par principe que par caractère. Vous trouverez à la fin de ce mémoire une nouvelle démonstration assez simple de mon théorème sur la loi de la pesanteur à la surface des sphéroïdes homogènes en équilibre ; comme je ne doute pas que vous n’y soyez parvenu d’une manière beaucoup plus générale, et que vous n’ayez embrassé un plus grand nombre d’objets, je verrai avec le plus grand plaisir vos recherches sur cette matière. J’attends avec une vive impatience le mémoire que vous m’avez annoncé, et je me fais d’avance une véritable fête de le recevoir. Personne ne vous lit avec plus de plaisir que moi, parce qu’aucun géomètre ne me paraît avoir porté à un aussi haut point que vous toutes les parties qui constituent le grand analyste ; permettez cet aveu à ma reconnaissance, puisque c’est principalement par une lecture assidue de vos excellents ouvrages que je me suis formé. Monsieur Bitaubé a pu vous dire que je lui ai parlé de vous dans ces termes, et c’est ce que je ne cesse de répéter à mes amis. Oserais-je vous prier de faire de ma part mille compliments à ce digne académicien, et de lui témoigner combien je suis sensible à son souvenir ? Monsieur le Marquis de Caracciolo, Ambassadeur de Naples à la Cour de France, nous fait espérer que vous ferez bientôt un voyage à Paris ; je désire bien vivement de vous y voir et de vous
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y embrasser ; en attendant ce plaisir, recevez de loin, je vous prie, l’assurance de l’estime profonde et de l’amitié sincère avec lesquelles je serai toute la vie, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Lagrange, O., 14, 81-83.
21. reçu, 20 mai 1779
Fait à Paris, ce 20 mai 1779 Je soussigné, déclare qu’à raison des services que j’ai rendus en qualité de professeur de mathématiques à l’Ecole royale Militaire, et pour me mettre à portée de suivre les travaux auxquels je me suis livré comme membre de l’Académie royale des Sciences, Sa Majesté a bien voulu m’accorder sur son Trésor Royal une pension de 600 livres, affranchie de retenues quelconques, présentes et à venir, payable à compter du 1er août 1776, et dont j’ai déjà reçu deux années. Pierre Simon Laplace de l’Académie royale des Sciences reçu A.N., 01679, 457.
22. Laplace à [Lagrange], 9 juin 1779
Paris, 9 juin 1779 Monsieur et très illustre confrère, Je profite de l’occasion que m’offre Monsieur le Marquis de Condorcet pour
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
vous remercier des excellents mémoires que vous avez eu la bonté de m’envoyer ; je ne saurais vous dire jusqu’à quel point, j’en ai été enchanté. La méthode directe et générale que vous substituez au parallélogramme de Newton, dans celui qui a pour objet l’usage des fractions dans le calcul intégral, est très ingénieuse, et ce mémoire, ainsi que celui sur les suites, est entièrement digne de votre génie ; mais ce qui m’a le plus intéressé, ce sont vos recherches sur l’altération du moyen mouvement des planètes. L’application heureuse de la belle méthode que vous avez exposée, au commencement de votre mémoire, sur les différences finies partielles, la formule extrêmement simple à laquelle vous parvenez pour la variation du grand axe, la remarque très fine que cette formule est intégrable en n’ayant égard qu’à la variation des coordonnées de la planète troublée, et la conséquence qui en résulte que, toutes les fois que les moyens mouvements des planètes sont incommensurables entre eux, les variations de leurs grands axes sont nécessairement périodiques ; tout cela, joint à l’élégance et à la simplicité de votre analyse, m’a causé un plaisir que je ne puis vous rendre. Lorsque je trouvai le grand axe constant, dans le cas des orbites peu excentriques, je pressentis que cela devait avoir lieu quelle que fût l’excentricité des orbites, et je me proposais d’en faire un jour l’objet de mes recherches ; mais je suis doublement charmé que vous m’ayez prévenu à cet égard, parce que vous avez exécuté ce travail infiniment mieux que je ne le puis faire, et que d’ailleurs votre autorité est bien propre à détruire le préjugé que les recherches antérieures et celles de Monsieur Euler pouvaient élever dans l’esprit des astronomes contre l’exactitude de mes résultats. Je souhaite que cela puisse déterminer quelques-uns d’entre eux à soumettre à un nouvel examen les observations d’après lesquelles on a cru reconnaître une inégalité dans les mouvements moyens de Jupiter et de Saturne, inégalité qui, si elle existe, ne peut être l’effet de leur action mutuelle, puisque, pour la trouver dans les termes proportionnels au carré des masses perturbatrices, il faudrait, comme je l’ai observé, avoir encore égard aux excentricités des orbites, ce qui ne produirait que des quantités absolument insensibles. J’ai su par Monsieur d’Alembert que vous avez reçu la suite de mes « Recherches sur le système du monde »1 ; si vos occupations vous laissent le loisir de les parcourir, vous m’obligerez infiniment de m’en dire votre avis, comme je crois vous en avoir déjà prié dans la lettre qui y était jointe ; je finis en vous assurant que rien ne peut ajouter aux vifs sentiments d’amitié, d’estime et de reconnaissance dont je suis pénétré pour vous, et avec lesquels je serai toute la vie, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Lagrange, O., 14, 83-84. 1. H.A.R.S., 79 (1776), 177-267 ; Laplace, O.C., 9, 187-280.
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23. Lagrange à [Laplace], 5 juillet 1779
Berlin, 5 juillet 1779 Monsieur et très illustre confrère, Les mémoires que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer me sont parvenus dans une conjoncture où j’étais occupé moi-même de quelques recherches que je ne pouvais interrompre, et dont je craignais que la lecture de votre ouvrage pût me distraire. Par cette raison, j’ai cru devoir remettre cette lecture au temps où je serais entièrement débarrassé de mon travail et il est arrivé que différentes circonstances, et surtout la malheureuse habitude que j’ai contractée de refaire plusieurs fois les mêmes choses jusqu’à ce que j’en sois passablement content, ont prolongé ce travail beaucoup au delà du temps que j’avais fixé. Voilà ce qui a retardé si longtemps ma réponse et mes remerciements. Je vous supplie de ne pas m’en savoir mauvais gré et de me pardonner ma négligence, qui a presque été involontaire et que je me suis souvent reprochée. Vos nouvelles recherches sur le flux et le reflux de la mer m’ont plu infiniment ; elles ne me paraissent laisser rien à désirer sur ce sujet, qu’on peut regarder comme un des plus difficiles et des plus importants du système du monde. La manière dont vous déterminez l’équilibre ferme des planètes est très ingénieuse, et me paraît la seule qu’on puisse employer pour avoir une solution générale et rigoureuse du problème. Je vous loue de n’avoir pas fait mention de votre querelle avec le Père Boscovich ; j’en aurais fait de même à votre place ; je regarde les disputes comme très inutiles à l’avancement des sciences et comme ne servant qu’à faire perdre le temps et le repos. J’ai beaucoup admiré votre solution du problème de la précession des équinoxes, et je regarde comme une découverte bien curieuse et bien importante la partie de cette solution qui concerne la réaction des eaux. Il est très remarquable qu’il n’en résulte que des termes de la même forme que ceux qui viennent de l’action des astres, et cela me fait croire qu’il doit y avoir un chemin direct de parvenir aux mêmes résultats, indépendamment de la détermination du mouvement des eaux. Je me propose de méditer cette matière à loisir, et, si je trouve quelque chose qui puisse mériter votre attention, je ne manquerai pas de vous en faire part. Je doute que ma démonstration de votre beau théorème sur la loi de la pesanteur soit plus simple que celle que vous venez de donner ; comme elle se trouve dans des paperasses que j’ai perdues depuis longtemps, je ne puis dans ce moment vous en rien dire ; je la chercherai, et si, après la vôtre, elle peut
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avoir encore quelque mérite (ce dont je doute fort), je vous la communiquerai, puisque vous paraissez le désirer. J’ai lu à l’Académie un assez long mémoire sur le problème de la détermination des orbites des comètes1, où j’ai non seulement vérifié et confirmé votre remarque sur l’insuffisance et sur l’illégitimité du mouvement uniforme et rectiligne dans l’intervalle des trois observations, quelque petit que soit cet intervalle ; mais je démontre rigoureusement que le problème ne peut jamais être abaissé au-dessous du septième degré, même en supposant les intervalles entre les trois observations infiniment petits, de sorte que ce degré est la véritable limite fixée par la nature même du problème, et au delà de laquelle on ne saurait aller sans renoncer à l’exactitude nécessaire. Je vais maintenant vous communiquer quelques remarques que j’ai faites sur votre méthode de faire disparaître les arcs de cercle, et qui pourront peutêtre contribuer à la rendre plus lumineuse et plus générale. Je considère la formule (5) de la page 281 (Mémoires de l’Académie, année 1772)2, et je fais les coefficients de sin t et de cos t égaux à s et à u, en sorte que 2 2 2 qt pl t - , s = p – Dlqt + D ----- 18l 2 + 5p 2 + 5q 2 – ----------12 2
2 2 2 pt ql t - ; u = q + Dlpt – D ----- 18l 2 + 5p 2 + 5q 2 + ----------12 2
la question est de réduire, s’il est possible, ces expressions de s et de u à une autre forme, où il n’y ait point d’arc de cercle t. Comme p et q sont des constantes arbitraires, je tire les valeurs de ces constantes pour pouvoir ensuite les faire disparaître par la différentiation ; j’ai, 2 en ne poussant l’approximation que jusqu’aux D , 2
2 ut2 2 2 2 st p = s + Dlut – D ---- 18l + 5s + 5u + l ------ , 2 12
2
2 st2 2 2 2 ut q = u – Dlst + D ---- 18l + 5s + 5u – l ------- . 12 2
ds du
Je différentie, et je dégage ensuite les différences ----- , ------ ; en divisant par dt dt 3 les quantités qui les multiplient, il me vient, en négligeant toujours les D , 2 u 2 2 2 ds ----- + Dlu – D ------ 18l + 5s + 5u = 0 , 12 dt
1. Lagrange, O., 4, 439-532. 2. « Recherches sur le calcul intégral et sur le système du Monde », H.A.R.S., 75 (1772), 267377 ; Laplace, O.C., 8, 369-477.
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2 s 2 2 2 du ------ – Dls + D ------ 18l + 5s + 5u = 0 , 12 dt
équations semblables à celles que vous trouvez entre p, q et T (p. 283), et qui, étant intégrées comme ces dernières, donneront des valeurs de s, u en t, sans arcs de cercle. Si maintenant on substitue les valeurs de p et q en s et u, dans 3 les autres termes de la formule (5), on a, en négligeant toujours les D , 1 2
2
2
2
y = l – ( --- – Dl) 2l + s + u + s sin t + u cos t
2 2 2 2 – s - + -------------------------Dl s – u - cos 2t + D su --------------- sin 2t + D u------------------- – 2Dsul
3
3
6
2
2
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48
3
D s 2 2 2 D u 2 + --------- 3u – s sin 3t + --------- u – 3s cos 3t .
On voit que les arcs t disparaissent d’eux-mêmes, non seulement dans les équations différentielles ds ----- + } = 0 , du ------ + } = 0 , dt dt
mais encore dans l’expression de y ; sans cette condition, l’élimination des arcs de cercle deviendrait impossible ; et, si l’on était assuré a priori que cette condition doit avoir lieu, on simplifierait beaucoup les calculs précédents, car il n’y aurait qu’à rejeter d’abord les termes affectés de t, dans les valeurs de ds du s, u, ----- , ------ , ce qui donnerait dt
dt
2 q 2 2 2 ----- = – Dlq + D ------ 18l + 5p + 5q , s = p , u = q , ds 12 dt 2
2 2 2 D p du ------ = Dlp – --------- 18l + 5p + 5q , 12 dt
y = l – } + p sin t + q cos t + D sin 2t pq ------ – 2Dpql --------------- + } ; 3 3
en sorte qu’il n’y aurait plus qu’à éliminer p et q, au moyen des deux premières équations p = s, q = u ; or, de ce que l’équation différentielle en y ne contient point t, mais seulement dt, il n’est pas difficile d’en conclure que l’expression de y, ainsi que les équations en s, u et t, ne doivent pas non plus contenir l’arc t.
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Il ne me reste de papier que pour vous embrasser et vous renouveler les assurances des sentiments que je vous ai voués pour la vie, et avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange Lagrange, O., 14, 85-88.
24. reçu, 12 juillet 1779
12 juillet 1779 J’ai reçu de Monsieur le Comte de Buffon, trésorier perpétuel de l’Académie royale des Sciences, la somme de 500 livres, pour laquelle je dois être porté sur l’état des dépenses de ladite Académie, pour l’année 1778 ; dont quittance à Paris, ce 12 juillet 1779. Laplace reçu Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
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25. Laplace à [Lagrange], 30 juillet 1779
Paris, 30 juillet 1779 Monsieur et très illustre confrère, J’ai l’honneur de vous envoyer la fin de mes recherches sur le système du monde et le premier exemplaire d’un mémoire sur les suites1, dans lequel j’ai eu pour objet de rassembler sous un seul point de vue les différents théorèmes que l’on a trouvés sur cette matière, et principalement ceux dont vous l’avez enrichie. Je suis bien charmé de voir que mes dernières recherches ont pu mériter votre suffrage ; je le regarderai toujours comme la récompense la plus flatteuse de mon travail, lorsque je serai assez heureux pour l’obtenir. Il me paraît certain, comme vous le croyez, que l’on peut déterminer les mouvements de l’axe de la Terre, indépendamment de la détermination du mouvement des eaux. C’est un des objets dont je me suis occupé depuis quelque temps, et j’ai fait sur cela plusieurs recherches que je me propose de rédiger et de donner au public, si je ne suis pas prévenu par vous. Je les aurais entièrement abandonnées en apprenant que vous avez le dessein d’autres objets qui me les ont fait entreprendre. Il est assez remarquable qu’en partant des suppositions que Newton a adoptées dans sa théorie de la figure de la Terre et du reflux de la mer, il ne peut y avoir ni précession ni nutation ; cette proposition, qui est un corollaire de mes formules générales, peut se démontrer très simplement par le raisonnement suivant, que j’ai inséré, en forme d’addition, dans l’errata de nos Mémoires. Si l’on conçoit une masse fluide homogène, tournant sur son axe et en équilibre en vertu de l’attraction réciproque de toutes ses parties, et de celles du Soleil et de la Lune, il est démontré que tout canal rentrant en lui-même, pris dans cette masse, sera en équilibre ; d’où il suit qu’il ne peut y avoir aucune tendance au mouvement dans l’axe même de rotation. Or il est clair que la même chose doit encore subsister, en supposant qu’une portion de la masse fluide vienne à se consolider et à former le sphéroïde de révolution que recouvre la mer. Vos remarques sur ma méthode de faire disparaître les arcs de cercle sont très belles et m’ont fait le plus grand plaisir. Cette matière est très délicate ; je l’ai envisagée d’une manière métaphysique et qui me paraît assez simple dans l’errata de nos Mémoires pour l’année 1772. Je ne sais si vous la connaissez ; 1. H.A.R.S, 79 (1776), 525-552 ; Laplace, O.C., 9, 283-310 ; H.A.R.S, 82 (1779), 207-309 ; Laplace, O.C., 10, 1-89.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
elle est fondée sur ce que les termes proportionnels aux puissances du temps dans les intégrales dont il s’agit, n’étant que le développement en séries de fonctions dont on ignore la nature, il faut, pour déterminer ces fonctions, égaler le coefficient du terme proportionnel au temps à la différence du terme tout constant, divisée par l’élément du temps. Je finis en vous renouvelant l’assurance des sentiments profonds d’estime et d’amitié avec lesquels je serai toute la vie, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Lagrange, O., 14, 88-90.
26. Laplace à [Lagrange], 4 novembre 1779
Paris, 4 novembre 1779 Monsieur et très illustre confrère, Voici les premiers exemplaires de deux mémoires que je viens de faire imprimer ; ces mémoires et celui « sur l’usage du calcul aux différences partielles dans la théorie des suites », que vous devez avoir reçu dans mon dernier envoi, paraîtront dans le volume de l’Académie pour l’année 17771. Vous m’obligerez infiniment de m’écrire ce que vous en pensez ; je ne sais si je serai assez heureux pour que la nouvelle manière dont je présente ma méthode de faire disparaître les arcs de cercle puisse obtenir votre suffrage ; c’est au moins dans cette vue que j’ai composé mon mémoire sur cet objet. Quant à celui sur la précession des équinoxes, il est extrait d’un plus grand travail sur les altérations du mouvement diurne, que j’avais entrepris dans le dessein de concourir pour le prix de l’Académie impériale de Pétersbourg ; mais, n’ayant pas été suffisamment content de mon travail, cette considération, jointe à quelques autres raisons particulières, m’a fait renoncer à ce dessein, et je me suis déter1. « Mémoire sur l’usage du calcul aux différences partielles dans la théorie des suites », H.A.R.S., 80 (1777), 99-122 ; Laplace, O.C., 9, 313-335 ; « Mémoire sur la précession des équinoxes », ibid., 329-345 ; Laplace, O.C., 9, 339-354 ; « Mémoire sur l’intégration des équations différentielles par approximation », ibid., 373-393 ; Laplace, O.C., 9, 357-380.
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miné à publier ce qui m’a paru le plus intéressant. Cette matière est très délicate et présente un grand nombre de questions importantes ; il en est une, entre autres, que je n’ai fait qu’énoncer à la fin de mes recherches, et dont la solution serait de la plus grande utilité dans l’histoire naturelle : elle se réduit à savoir si un corps recouvert d’un fluide de profondeur très irrégulière a toujours un axe de rotation autour duquel il puisse se mouvoir uniformément, le fluide étant d’ailleurs en équilibre, et s’il n’est pas possible d’imaginer une infinité d’hypothèses sur la profondeur et la densité du fluide, dans lesquelles l’axe réel de rotation doit parcourir un espace considérable sur la surface du sphéroïde. Je me propose de réfléchir sur cet important problème, mais je crains d’être arrêté par sa difficulté ; je désirerais bien qu’il pût exciter votre curiosité, parce que vous êtes plus en état que personne de la résoudre. Je viens de relire avec plus de soin que je ne l’avais encore fait vos deux excellents mémoires sur le mouvement d’un corps qui n’est sollicité par aucune force extérieure, et sur les pyramides triangulaires1 ; je ne saurais vous exprimer jusqu’à quel point j’ai été frappé et enchanté de la profondeur de vos combinaisons et de l’élégance de votre analyse ; il est impossible de manier cet instrument avec plus d’adresse et de généralité. La considération des trois axes principaux de rotation simplifie beaucoup la solution du problème qui fait l’objet du premier mémoire, et, par cette raison, celle que Monsieur Euler en a donnée dans le Chapitre XV de sa Mécanique des corps durs2 me paraît une des plus simples que l’on puisse imaginer ; mais, pour se passer de cette ressource, il ne fallait rien moins que les artifices nouveaux et ingénieux dont vous faites usage, et je regarde cette partie de votre mémoire comme un des plus grands efforts de l’analyse. L’équation différentielle à laquelle on parvient alors, quoique séparée, est embarrassée de radicaux ; mais il est assez remarquable que, en cherchant à l’en délivrer, vous soyez conduit à l’équation du troisième degré qui détermine la position des trois axes principaux, et que vous retombiez dans l’équation différentielle de Monsieur Euler. Le plaisir de m’entretenir avec vous m’entraîne, et je m’aperçois, peut-être un peu tard, de la longueur de ma lettre ; je finis en vous recommandant de m’aimer toujours un peu, et en vous renouvelant les sentiments profonds d’estime et d’amitié avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace P.S. Comme je présume que ce paquet vous parviendra aux environs du jour de l’an, je vous prie de recevoir les vœux sincères que je forme pour votre bon1. « Nouvelle solution du problème du mouvement de rotation d’un corps de figure quelconque qui n’est animé par aucune force accélératrice », Nouveaux Mémoires de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin (1773), 85-120 ; « Solutions analytiques de quelques problèmes sur les pyramides triangulaires », ibid., 149-176 ; Lagrange, O., 3, 579 et 661. 2. Theoria Motus Corporum Solidorum seu Rigidorum (Rostochii, 1765).
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heur ; puissiez-vous jouir longtemps de l’admiration et de la reconnaissance que vos heureux travaux inspirent à tous ceux qui cultivent les sciences ou qui s’intéressent à leurs progrès. Lagrange, O., 14, 90-92.
27. Lagrange à [Laplace], 12 novembre 1779
Berlin, 12 novembre 1779 Je commence par des excuses de n’avoir pas eu plus tôt l’honneur de vous répondre et de vous remercier des nouveaux présents que vous m’avez faits. Un de mes amis m’avait promis une occasion de vous faire parvenir un paquet contenant ce que j’ai donné dans notre dernier volume, et je comptais profiter de la même voie pour vous écrire ; mais cette occasion m’ayant manqué, et ayant passé d’ailleurs une partie de l’été à la campagne, où je me suis peu occupé de géométrie, je me flatte que vous voudrez bien ne pas me savoir mauvais gré d’avoir attendu jusqu’à présent à m’acquitter envers vous des devoirs que l’amitié et la reconnaissance m’imposent. J’ai reçu en son temps vos beaux mémoires sur la théorie des suites et sur le système du monde, et je les ai lus avec une satisfaction égale à leur mérite. Ce qui me vient de vous me cause toujours un plaisir nouveau, par les idées originales que j’y trouve. Celle d’employer les différences partielles, pour réduire ensuite la quantité x, dans l’équation x = t + D Ix
en est une, et la généralisation que vous avez obtenue, par ce moyen, de ma formule est une preuve de la fécondité de cette méthode. Vos recherches sur les oscillations de l’atmosphère et sur les ondes sont bien dignes de vous comme tout ce que vous avez déjà fait dans ce genre ; et, quelque incomplètes que soient ces recherches, je serais presque tenté de les regarder comme le non plus ultra dans cette matière, attendu l’impossibilité d’intégrer généralement les équations différentielles du problème. Je ne sais quand vous pourrez recevoir mes derniers mémoires ; je vais en remettre un exemplaire pour vous à Monsieur Bernoulli, qui doit envoyer une balle à Monsieur de Lalande ; mais elle sera peut être longtemps en chemin. Au reste, ces mémoires sont si peu de chose, que je n’ai nul empressement de
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vous les faire connaître. Je suis bien curieux de voir les nouvelles recherches que vous m’avez annoncées sur les intégrales particulières ; j’ai aussi lu moimême, cette année, quelque chose sur ce sujet à l’Académie ; j’y vais lire incessamment deux mémoires « Sur la construction des cartes géographiques »1, sujet qui a déjà été ébauché par Monsieur Lambert, dans un mémoire allemand, et sur lequel Monsieur Euler vient aussi de s’exercer, dans les Acta de Pétersbourg2, mais sans avoir presque rien ajouté à ce que Monsieur Lambert avait fait. Je me propose maintenant de refondre mes anciennes recherches sur la libration, en profitant de ce que Monsieur d’Alembert a fait depuis sur ce même sujet, et de quelques vues nouvelles que j’ai depuis longtemps ; mais je ne puis encore prévoir ce que cela deviendra. Si vous voyez MM. d’Alembert et de Condorcet, je vous prie de leur dire que j’ai reçu leurs réponses et que je leur récrirai avant la fin de l’année. Il ne me reste de papier que pour vous renouveler les assurances de tous les sentiments que vous m’avez inspirés, et avec lesquels je suis pour la vie, Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange Lagrange, O., 14, 92-94.
1. Ces deux mémoires sont insérés dans Nouveaux Mémoires de l’Académie Royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin (1779), 161-210 et dans Lagrange, O., 4, 637-692. 2. Voici les titres des mémoires d’Euler : « Representatione superficiei sphaericae super piano » ; « De projectione geographica superficiei sphaericae » ; « De projectione geographica Delisliana in mappa generali imperii russici usitata ». Voir : Acta Academiae Scientiarum imperialis petropolitanae pro anno MDCLXXVII, pars prior, 1777, 107-150.
28. reçu, 11 mai 1780
11 mai 1780 J’ai reçu de Monsieur le Comte de Buffon, trésorier perpétuel de l’Académie royale des Sciences, la somme de 500 livres, pour laquelle je dois être porté sur l’état des dépenses de ladite Académie, année 1779 ; dont quittance à Paris, ce 11 mai 1780. Laplace reçu Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
29. Laplace à [Lagrange], 11 août 1780
Paris, 11 août 1780 Monsieur et très illustre confrère, Je profite du retour de Monsieur Bitaubé à Berlin pour me rappeler à votre souvenir ; ce digne académicien, qui vient d’enrichir votre littérature d’une
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
excellente traduction d’Homère1, ne me paraît pas moins recommandable par les qualités du cœur que par ses talents littéraires ; votre amitié pour lui m’avait d’abord prévenu en sa faveur, et je n’ai pas tardé à reconnaître que ce même tact qui vous fait découvrir tant de belles choses en géométrie s’étend également à la connaissance des hommes. Je n’ai point encore reçu l’exemplaire de vos derniers mémoires, que Monsieur d’Alembert m’a promis de votre part ; mais Monsieur de Condorcet m’ayant prêté le sien, je les ai parcourus avec le plus grand plaisir. J’ai été surtout content au delà de ce que je puis vous dire de ceux qui ont pour objet la détermination des orbites des comètes. Ils m’ont fait naître quelques réflexions que je me proposais de vous communiquer ; mais cela m’est impossible, dans ce moment, n’ayant point pour me les rappeler votre mémoire sous les yeux. On va imprimer incessamment un mémoire de moi sur les probabilités2, dont l’objet principal est la manière de remonter des événements aux causes ; j’aurai l’honneur de vous en envoyer le premier exemplaire que j’aurai, et de le soumettre à votre jugement. Il m’a donné occasion de relire ce que vous avez fait imprimer dans le tome V des Mémoires de Turin3, sur le milieu qu’il faut choisir entre plusieurs observations, et, quoique les principes dont je fais usage pour cet objet soient un peu différents des vôtres, cela ne m’a pas empêché d’admirer la belle méthode que vous donnez page 221 pour déterminer ce milieu, lorsque le nombre des erreurs est infini. La propriété dont vous faites mention à la page 177, et qui consiste en ce que la somme des carrés des tern 1 3 5 } 2n – 1 n mes du binôme 1 + 1 est égale à -------------------------------------------- 2 , cette propriété, dis-je, 1 2 3}n
est très remarquable. Elle peut se démontrer facilement en cette manière : pour n n cela, je considère le produit 1 + a §© 1 + 1--- ·¹ , et j’observe que le terme de ce a produit indépendant de a est 2 nn – 1 1 + n + -------------------12
2
nn – 1 n – 2 + ------------------------------------123
2
+ }, n
ce qui se voit aisément en développant séparément les deux quantités 1 + a n et §© 1 + 1--- ·¹ , et en les multipliant l’une par l’autre ; or, en mettant le produit
a n n 1 2n 1 + a §© 1 + 1--- ·¹ sous cette forme ----n- 1 + a , le terme indépendant de a sera a a 2n visiblement égal au coefficient de an dans le développement de 1 + a ,
c’est-à-dire à
3 5 } 2n – 1 n 1 2 3 } 2n- = 1----------------------------------------------------------------------------2 ; 2 1 2 3}n 1 2 3}n
1. L’Iliade d’Homère (Paris, 1780). 2. « Mémoires sur les probabilités », H.A.R.S., 81 (1778), 227-332 ; Laplace, O.C., 9, 383-485. 3. « Mémoire sur l’utilité de la méthode de prendre le milieu entre les résultats de plusieurs observations, dans lequel on examine les avantages de cette méthode par le calcul des probabilités et où l’on résout différents problèmes relatifs à cette matière », Miscellanea Taurinensia, 5 (17701773), 167-267.
ANNÉE 1780
67
or on aura donc 2 n n – 1 1 + n + -------------------12
2
n n – 1 n – 2 + ------------------------------------123
2
1 3 5 } 2n – 1 n + } = -------------------------------------------- 2 . 1 2 3}n
On peut encore parvenir à cette équation au moyen de la propriété connue de la différence nieme du produit uy, car on a n
n
d uy = ud y + ndud
n –1
n n – 1 2 n – 2 y + -------------------- d ud y + }. 12
Soit yz = u = xn, et l’on aura n 2n
d x
n 2 nn – 1 nn – 1 n – 2 = 1 2 3 } nx ® 1 + n + -------------------- + ------------------------------------12 123 ¯
2
½ + }¾ = ¿
n
2n 2n – 1 } n + 1 x ,
ce qui donne, comme ci-dessus 2 nn – 1 1 + n + -------------------12
2
1 2 3 } 2n+ } = ---------------------------------2 1 2 3}n
On pourrait peut-être parvenir à des propriétés analogues sur les puissances n supérieures des termes du binôme 1 + 1 , mais je ne les ai point recherchées. Il n’y a rien de nouveau en géométrie à Paris, si ce n’est qu’il va paraître incessamment deux volumes d’Opuscules de Monsieur d’Alembert, et dont on a fait déjà le rapport à l’Académie1. Je crois que notre volume de 1777 ne tardera pas à paraître et qu’il sera publié avant les vacances ; mais, à l’exception des mémoires que j’ai l’honneur de vous envoyer, et de celui de Monsieur du Séjour sur les atmosphères des planètes2, je ne connais point les mémoires qu’il renferme ; je crois seulement qu’ils sont en petit nombre. Recevez de nouveau, Monsieur et très illustre confrère, l’assurance des sentiments profonds d’estime et d’amitié dont je suis pénétré pour vous, et avec lesquels je serai toute la vie, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace
1. Opuscules Mathématiques, ou Mémoires sur Différens Sujets…, vols 7 et 8 (Paris, 1780). 2. Peut-être Essais sur les Phénomènes Relatifs aux Dispositions Périodiques de l’Anneau de Saturne (Paris, 1776).
68
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
P.S. Monsieur le Marquis de Caracciolo, Ambassadeur de Naples à la Cour de France, va nous quitter ; il est nommé Vice-roi de Sicile, et il partira pour Naples au commencement de novembre ; il est généralement regretté de tous ceux qui avaient l’avantage de le connaître. Le génie d’Archimède rendra la Sicile à jamais célèbre, et, si ce grand homme vivait encore, je ne doute point que Monsieur le Marquis de Caracciolo, avec le goût que vous lui connaissez pour la géométrie, ne quittât Paris sans regret ; mais malheureusement les sciences sont très peu cultivées en Sicile, et je crains fort que, les ressources qu’il trouvait ici dans la société des savants et des gens de lettres venant à lui manquer, il ne s’ennuie un peu au milieu des grandeurs. Lagrange, O., 14, 94-97.
30. Lagrange à [Laplace], 8 septembre 1780
Berlin, 8 septembre 1780 Monsieur et très illustre confrère, Ce paquet vous sera rendu par Monsieur Lexell, dont vous connaissez déjà le mérite ; je crois que vous serez enchanté de connaître aussi sa personne. Comme il ne vient à Paris que pour voir les savants, votre connaissance est une de celles que doivent l’intéresser le plus, et je lui envie l’avantage qu’il aura de pouvoir s’entretenir avec vous et profiter de vos lumières. J’ai reçu tous vos mémoires, et je dois vous demander pardon de ne pas vous en avoir remercié plus tôt ; vous connaissez depuis longtemps ma négligence sur ce point ; c’est un défaut dont je ne puis me corriger, mais ce n’est chez mois qu’un défaut de formalités, et ma reconnaissance n’en est que plus forte et plus vraie. Je n’ai pas besoin de vous dire combien je suis content de vos dernières productions ; tant pis pour moi, si je ne sentais pas le prix de ce que vous faites ; mais, Dieu merci, je n’ai rien à me reprocher à cet égard, et je vous avoue que vos découvertes me donnent autant et peut-être plus de satisfaction que si elles venaient de moi. Aussi ne saurais-je vous exprimer le plaisir que m’a causé surtout la lecture du mémoire dans lequel vous parvenez, d’une manière si élégante et si
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ingénieuse, par le moyen du calcul différentiel aux différences partielles, aux théorèmes que je n’avais trouvés que par des voies indirectes et particulières. C’est un nouveau pas que vous avez fait dans la théorie des séries. Je m’occupe présentement de quelques recherches relatives à la rotation des corps, ce qui me fournira l’occasion d’étudier plus à fond que je n’ai encore pu le faire votre beau travail sur la précession des équinoxes. Si je trouve quelque chose qui puisse mériter votre attention, je me ferai un devoir de vous en faire part. Je vous envoie dans ce paquet un exemplaire des mémoires que vous avez déjà lus, et que vous souhaitez de relire ; je ne doute pas que vous ne poussiez beaucoup plus loin la théorie que je n’ai fait qu’ébaucher ; la matière est digne de vous occuper. La dernière feuille de ces mémoires est double, parce qu’elle manque dans l’exemplaire du marquis de Condorcet ; je vous prie de lui remettre cette feuille de ma part, en y joignant mes plus tendres compliments ; je vous prie aussi de lui présenter, ainsi qu’à MM. d’Alembert et du Séjour, Monsieur Lexell, qui me paraît bien digne de les connaître et d’en être connu. J’ai l’honneur d’être, avec toute sorte de considération et de tendresse, Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange Lagrange, O., 14, 97-99.
31. Laplace à [Lagrange], 23 novembre 1780
Paris, 23 novembre 1780 Monsieur et très illustre confrère, Monsieur Lexell m’a remis votre paquet et votre lettre, et je n’ai pas manqué de m’acquitter de l’agréable commission dont vous m’avez chargé, en présentant ce savant estimable à MM. d’Alembert et du Séjour. Je ne puis trop vous remercier des choses flatteuses que votre amitié vous dicte à mon égard. Je vous assure que rien ne m’est plus précieux que votre suffrage. Cultivant les sciences sans ambition, sans intrigue et seulement pour mon plaisir, le suffrage
70
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
de la multitude m’est entièrement indifférent, et il me suffit que vous daigniez vous occuper de mes bavardages. Je vous en envoie un nouveau « Sur les probabilités »1 ; la matière que j’y traite est fort délicate par les considérations métaphysiques qu’elle exige, et très compliquée par les difficultés d’analyse qu’elle présente. Vous trouverez, entre autres choses, dans ce mémoire, une méthode pour déterminer les intégrales des fonctions différentielles qui ont des facteurs élevés à de très grandes puissances ; telle est, part exemple, l’intégrale
³x
p
q
r
s
3 – x 1 – x 1 + 2x dx ,
p, q, r, s étant de très grands nombres qui surpassent 100000. Si l’on voulait avoir cette intégrale depuis x = 0 jusqu’à x = 1, je ne sache pas qu’aucune des méthodes connues puisse remplir cet objet ; je serai fort aise de savoir votre avis sur celle que je propose. J’attends avec bien de l’impatience vos nouvelles recherches sur la rotation des corps. C’est le problème le plus difficile de la mécanique. Il serait bien à désirer que l’on pût déterminer les changements dans la position de l’axe de la Terre, en ayant égard aux attractions du Soleil et de la Lune sur la mer, dont la profondeur est très irrégulière. Je crois avoir prouvé que les phénomènes de la précession et de la nutation sont alors sensiblement les mêmes que si la mer formait une masse solide avec la Terre ; mais je n’ai pu parvenir encore à m’assurer si la position de l’axe terrestre relativement à la surface du globe peut changer sensiblement en vertu de ces attractions, et répondre un jour à des points de la surface éloignés de ceux qui la déterminent aujourd’hui. Je suis bien tenté de croire que cela est possible. C’est une question très importante dans l’histoire naturelle, et qui me paraît digne à tous égards de vous occuper. Je n’ai pas encore eu le temps de relire votre beau mémoire sur les comètes ; mais je l’ai communiqué à mon ami Monsieur du Séjour, qui l’a lu avec beaucoup de soin et la plus grande satisfaction. Il lui a donné lieu de faire plusieurs remarques intéressantes sur cet objet. Il se propose de les réunir dans un mémoire et de les publier, et il ne manquera pas de vous en faire hommage aussitôt qu’elles paraîtront. Adieu, mon très cher confrère, vous connaissez depuis longtemps mes sentiments à votre l’égard. Je vous prie de croire qu’ils ne font qu’augmenter chaque jour, et que personne au monde ne vous aime et ne vous admire autant que, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Lagrange, O., 14, 99-100. 1. « Mémoire sur les probabilités », H.A.R.S., 81 (1778), 227-332 ; Laplace, O.C., 9, 383-485.
32. Laplace à [Lagrange], 21 mars 1781
Paris, 21 mars 1781 Monsieur et très illustre confrère, Permettez-moi de vous entretenir aujourd’hui du problème de la détermination des orbites des comètes, sur lequel j’ai fait quelques réflexions que m’a fait naître la lecture de vos deux excellents mémoires. J’en ai composé un petit mémoire que je vais lire incessamment à l’Académie ; mais, comme j’ignore dans quel temps il sera imprimé, et que les remarques que j’ai faites sur votre belle analyse y sont intimement liées, je vais vous en donner ici l’extrait, de la manière la plus concise qu’il me sera possible. J’observe d’abord que les méthodes d’approximation sont toutes fondées sur la supposition que les intervalles entre les observations auxquelles on cherche à satisfaire sont très petits ; or on peut, dans ce cas, faire tomber les approximations sur les résultats de l’analyse, comme on l’a pratiqué jusqu’ici ; on peut encore employer une analyse rigoureuse, et ne faire porter les approximations que sur les données de l’observation ; cette nouvelle manière de traiter le problème dont il s’agit m’a paru présenter plusieurs grands avantages, et, par cette raison, je l’expose avec tout le détail nécessaire. En nommant D la longitude de la comète à un instant quelconque, T sa latitude, et t le temps écoulé depuis cette époque, la longitude et la latitude après le temps t seront exprimées par les deux suites 2
2
2
2
3
3
dD t d D t d D D + t ------- + ---------- --------2- + ------------------ --------3- + }, dt 1 2 dt 1 2 3 dt 3
3
dT t d T t d T T + t ------ + ---------- --------2- + ------------------ --------3- + } ; dt 1 2 dt 1 2 3 dt
72
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE 2
dD d D dT on déterminera les valeurs de D , ------- , --------2- , } , T , ------ , } par la comparaison dt
dt
dt
de plusieurs observations ; mais, comme dans la solution du problème on n’a besoin que de connaître D , T et leurs premières et secondes différences, il suffira, à proprement parler, de trois observations, tant en longitude qu’en latitude ; mais, si l’on en a un plus grand nombre, on aura les valeurs de six 2
2
dD d D dT d T quantités, D , ------- , --------2- , T , ------ , et --------2- d’une manière d’autant plus exacte que dt
dt
dt
dt
les observations seront en plus grand nombre et faites avec plus de soin ; c’est là, si je ne me trompe, un grand avantage de cette méthode, puisque, en faisant ainsi concourir à la solution du problème un grand nombre d’observations voisines, on doit arriver à des résultats beaucoup plus précis. Je donne des formules très simples pour déterminer les six quantités précédentes par la comparaison d’un nombre quelconque d’observations, et il en résulte que, si l’on prend trois observations faites à des intervalles de temps égaux, et que D dD et T soient la longitude et la latitude moyennes, on aura les valeurs de D , ------- , dt 2 2 d-------DdT T------ , et d-------, , , aux quantités près du second ordre, l’intervalle qui sépare T 2 2 dt dt dt
les observations étant considéré comme une quantité très petite du premier ordre ; d’où il suit qu’il y a de l’avantage à choisir trois observations équidistantes. Vous êtes arrivé à ce même résultat, page 156 de votre second mémoire, mais par un calcul beaucoup plus composé, parce que, comme vous ne faites tomber les approximations que sur les résultats de l’analyse, vous n’avez dû le trouver qu’après la solution complète du problème. Les observations ne donnent immédiatement que l’ascension droite et la déclinaison de la comète, et leur réduction en longitude et en latitude demande des calculs pénibles par leur longueur, lorsque l’on considère un grand nombre d’observations. Pour obvier à cet inconvénient, au lieu d’opérer comme ci-dessus sur la longitude et sur la latitude, j’opère immédiatement sur l’ascension droite et sur la déclinaison, et en nommant b et v l’ascension droite et la déclinaison correspondantes à la longitude D , je représente cette ascension droite et cette déclinaison, après le temps t, par les deux séries 2
2
2
2
db t d b } b + t ------ + ---------- -------+ , dt 1 2 dt 2 dv t d v v + t ------ + ---------- -------2- + }. dt 1 2 dt 2
2
db d b dv d v Je détermine ensuite b, ------ , --------2 , v, ------ , -------2- par la comparaison des obserdt
dt
dt
dt 2 2 dD d D dT d T vations, et j’en conclus les valeurs de D , ------- , --------2- , T , ------ et --------2- au moyen dt dt dt dt
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des formules qui donnent la longitude et la latitude lorsque l’ascension droite et la déclinaison sont connues, et au moyen de leurs premières et secondes différentielles. On aura ainsi le procédé le plus simple pour déterminer ces valeurs, que je nomme les données de l’observation, et l’on peut en conclure que, s’il y a de l’incertitude sur la loi des différences secondes des observations, ce sera une marque qu’elles ne peuvent faire connaître les éléments de l’orbite. Cela fait, tout le reste de mon analyse est entièrement rigoureux. En nommant U la distance de la comète à la Terre, correspondante à la lonwU gitude D , je détermine par une analyse très simple : 1° le rapport de ------ à U ; wt 2° la valeur de U ; cette valeur m’est donnée par une équation du septième degré, quelle que soit l’excentricité de l’orbite terrestre, au lieu que vous parvenez à une équation du huitième degré. Ayant examiné d’où peut venir cette différence, j’ai trouvé qu’elle tenait à une légère méprise de calcul qui vous est échappée dans la détermination de la quantité G (art. 12 du second mémoire, p. 139). Au lieu de l’expression 2
m Tc + Ts TcTs- Rs sin D – As , G = – ---------------------------------------2
à laquelle vous parvenez, je trouve, par la théorie des forces centrales, Tc + Ts TsTcF- sin D – As , G = – -----------------------------------2 2Rs F ce qui revient à écrire --------3- au lieu de m 2 , moyennant quoi votre équation pour Rs
déterminer la distance de la comète à la Terre s’accorde avec la mienne, et n’est plus que du septième degré. Cette équation est entièrement indépendante de la nature de la section conique que décrit la comète, en sorte qu’elle aurait également lieu quand même cette section serait un cercle, une ellipse ou une hyperbole. On déterminera ainsi les éléments de cette section conique. Pour cela, soient x, y et z les trois coordonnées de la comète rapportées au centre du Soleil, ces coordonnées sont données en fonction de U et de quantités dx dy dz dU connues ; leurs différences ------ , ------ , et ----- sont données en fonction de U , -----dt
dt
dt
dt
et de quantités connues soit par les observations, soit par la théorie du mouvement de la Terre ; la valeur de U est supposée connue par ce qui précède, ainsi dU que le rapport de ------ à U ; on connaîtra donc ainsi les valeurs des six quantités dt
dx dy dz x, y, z, ------ , ------ et ----- ; or le mouvement de la comète est déterminé par trois dt
dt
dt
équations différentielles du second ordre, dont les intégrales renferment par conséquent six constantes arbitraires qui sont les éléments de l’orbite de la comète ; de plus, il est visible que ces six constantes sont données en fonction dx dy dz de x, y, z, ------ , ------ et ----- ; on connaîtra donc par là ces éléments. De ces considt
dt
dt
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
dérations je tire des formules très simples pour avoir l’inclinaison de l’orbite, la position du nœud, le paramètre de la section conique, la position de son périhélie, l’instant du passage de la comète par ce point, enfin le grand axe de son orbite. Si l’on nomme 2a ce grand axe, et que l’on prenne la masse de Soleil pour unité de masse, et sa moyenne distance à la Terre pour unité de distance, on aura 2 2 2 1- = 1 + dy + dz - ; ------------------------------------------------------------------------ – dx 2a
2
2
x +y +z
2
2dt
2
cette formule est celle dont vous avez fait usage dans votre beau mémoire « Sur l’altération des moyens mouvements des planètes ». Et, si l’on suppose que la comète se meut dans une parabole, on a
partant
1- = 0, a = f et ----2a 2
2
2
1 + dy + dz - . 0 = ------------------------------------------------------------------- – dx 2 2 2 2 2dt x +y +z dx
dy
dz
En substituant au lieu de x, y, z, ------ , ------ et ----- leurs valeurs en U et en quandt dt dt tités connues, je parviens à une équation fort simple du sixième degré en U , et cette équation est particulière à la parabole ; on peut donc en faire usage pour déterminer la distance de la comète à la Terre ; et elle me paraît avoir sur l’équation précédente du septième degré l’avantage d’emprunter beaucoup plus de la théorie et de s’appuyer moins sur les observations, ce qui doit la rendre plus exacte à cause des erreurs dont les observations sont toujours susceptibles, et de l’influence de ces erreurs lorsque l’on considère des observations voisines. Au reste, ces deux équations du sixième et du septième degré ayant lieu à la fois doivent avoir un dividende commun, et, en le cherchant par les méthodes connues, on parvient à déterminer U par une équation du premier degré, en sorte que le problème de la détermination des orbites paraboliques des comètes s’abaisse au premier degré. On a, de plus, une équation de condition entre les coefficients connus des deux équations et, par conséquent, entre les observations elles-mêmes ; or cette équation est celle qui doit exister entre elles pour qu’elles puissent satisfaire à un mouvement parabolique. Mais il me paraît plus simple et plus sûr, dans la pratique, de satisfaire immédiatement et par des essais à l’équation du sixième degré. Je soupçonne qu’elle a beaucoup d’analogie avec celle de Monsieur Lambert, dont vous parlez dans votre premier mémoire. Monsieur du Séjour est parvenu de son côté à une équation semblable, en faisant usage des rapports des trois distances de la comète à la Terre, que l’on tire des équations de l’article 12 de votre second mémoire. J’avais cru d’abord que ces rapports n’étaient pas assez exacts, pour l’usage qu’il en fait ; mais, en examinant avec soin votre analyse, je me suis assuré qu’ils ont tout le degré d’exactitude nécessaire, en sorte qu’il ne peut rester aucun doute sur la vérité de cette équation du sixième degré.
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Telles sont, monsieur et très illustre confrère, les réflexions que m’a suggérées la lecture de vos deux excellents mémoires sur la détermination des orbites des comètes ; et je les soumets entièrement à votre jugement. Je ne sais si vous avez reçu le mémoire que je vous ai envoyé, sur les probabilités ; on va en imprimer un nouveau de moi sur l’intégration des équations aux différences partielles finies et infiniment petites, et je ne manquerai pas de vous l’envoyer aussitôt qu’il sera imprimé. Je travaille présentement à la théorie de l’anneau de Saturne, mais je ne puis prévoir encore le résultat de mon travail. Monsieur d’Alembert m’a fait part de votre beau résultat sur l’égalité du mouvement des points équinoxiaux de la Lune et de celui des nœuds de l’orbite de ce satellite. J’attends avec la plus vive impatience vos belles recherches sur cette matière importante ; je vous prie d’être bien persuadé que personne n’en sent mieux que moi tout le prix, et n’a pour vous une admiration plus sincère. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, Monsieur et très illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace P.S. Oserais-je vous prier de faire mille compliments de ma part à Monsieur Bitaubé, et de lui dire que je suis bien fâché qu’il ne soit pas à Paris pour y entendre l’Iphigénie en Tauride, nouvel opéra de Monsieur Piccinni1. C’est sans contredit un des plus beaux ouvrages qui existent en musique, et peut-être n’en est-il aucun, même en Italie, qui puisse lui être comparé pour l’ensemble. Comme il me reste encore un peu de place, je vais joindre ici le calcul de la valeur précédente de G ; pour cela, je reprends l’équation G = TsRc sin D – Ac – Tc + Tcc Rcc sin D – Acc + TcRcc sin D – Accc ,
que vous trouvez dans l’article 11 de votre second mémoire, page 138, et j’observe que, si l’on prend pour axe des abscisses la droite qui forme l’angle D avec la ligne des équinoxes, et que l’on nomme y', y", y''' les ordonnées de la Terre correspondantes aux longitudes A', A" et A''', on aura yc = Rc sin D – Ac , ycc = Rcc sin D – Acc , yccc = Rccc sin D – Accc ,
ce qui donne G = Tc yccc – ycc – Ts ycc – yc .
Or, en regardant y', y", y''' comme fonctions du temps T , on aura, en négligeant les puissances supérieures au carré, 1. Cet opéra fut représenté le 23 janvier 1781.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
2 2
Tcc d ycc dycc- --------, yccc = ycc + Tcc -------+ - ----------2 dT 2 dT 2 2
Tc d ycc -. yc = ycc – Tc dycc --------- + ------- ----------2 dT 2 dT
En substituant ces valeurs dans l’expression de G , on aura, 2
TcTs Tc + Ts d yccG = --------------------------------- ----------; 2 2 dT
mais la théorie des forces centrales donne 2
d----------ycc- = – --------Fycc- . 2 3 dT Rcc
On a donc
TcTs Tc + Ts F sin D – Acc G = – --------------------------------. 2 2Rcc
Lagrange, O., 14, 100-107.
33. Lagrange à [Laplace], 15 mai 1781
Berlin, 15 mai 1781 Monsieur et très illustre confrère, J’ai reçu votre mémoire sur les probabilités, ainsi que la lettre dans laquelle vous avez la bonté de me rendre compte de vos recherches sur le problème des comètes. Je vous remercie de tout mon cœur de l’un et de l’autre. Votre ouvrage sur les probabilités a le double mérite de la nouveauté de la matière et de la sublimité de l’analyse ; et ces deux raisons m’ont empêché jusqu’à pré-
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sent de le lire avec toute l’attention nécessaire pour apprécier les découvertes qu’il contient. Ayant presque toujours été occupé de matières différentes dont je ne voulais, ni ne pouvais me distraire, je n’ai pu encore que flairer ces découvertes, et je remets à une autre fois à vous en parler en détail. Je ne vous entretiendrai aujourd’hui que du problème des comètes. Je n’ai pas eu de peine à comprendre la nature de votre solution, et j’en ai d’abord senti la simplicité et l’élégance ; j’ai senti également la justesse de vos remarques sur l’abaissement de l’équation en U au septième degré, quelle que soit l’excentricité du Soleil, et sur l’existence d’une seconde équation en U du sixième degré dans l’hypothèse de l’orbite parabolique ; c’est un défaut de mon analyse de ne m’avoir pas conduit directement à ces vérités, d’autant qu’elles peuvent se démontrer aussi a priori. Je conçois que votre méthode fournit, analytiquement parlant, la solution la plus simple du problème dont il s’agit ; mais je crains qu’elle ne soit pas aussi utile dans la pratique qu’elle est belle dans la théorie, à cause de la difficulté de déterminer, a posteriori, les différences premières et secondes des longitudes et des latitudes géocentriques. J’ai donné, dans mes Ephémérides allemandes de 1783, une méthode qui n’emploie que les différences premières, et par laquelle on trouve directement, moyennant la résolution d’une équation du septième degré, la position du plan de l’orbite et ensuite les autres éléments, en connaissant trois lieux géocentriques quelconques de la comète avec ses trois vitesses dans ces mêmes lieux, sans connaître d’ailleurs le temps de ces observations, qu’on peut considérer aussi distantes entre elles que l’on veut ; mais cette méthode, ayant été appliquée à la comète de 1774, n’a donné que des résultats peu exacts, comme on le voit dans les mêmes Ephémérides. La lecture de votre lettre m’ayant fait revenir sur ma première solution, j’ai trouvé qu’elle pouvait être beaucoup simplifiée et généralisée, et j’ai composé là-dessus un nouveau mémoire que je viens de lire à l’Académie1, et dont je me fais un devoir de vous rendre compte à mon tour ; c’est ce qui a retardé jusqu’ici ma réponse. En partant des équations différentielles 2
2
2
d-------x- + Sx ------ = 0, d-------y- + Sy ------ = 0 , d-------z- + Sz ----- = 0 , 2 3 2 3 2 3 dt r dt r dt r
et employant le théorème connu, sur les fonctions dont on suppose que la variable augmente d’une quantité assez petite, je trouve que les variables x, y, z, qui répondent au temps t, deviennent après le temps t + T de la forme dx dy dz px + q ------ , py + q ------ , pz + q ----- , dt dt dt
p et q étant des fonctions en séries de 0 et ayant pour coefficients des quantités 1. Lagrange, O., 5, 381-414.
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dr d rdr composées de r, ----- et --------------, qu’on doit regarder comme constantes par rap2 dt
dt
port à T . Je trouve une fonction semblable pour la valeur de r 2 après le temps t + T ; je fais, d’après ces expressions des coordonnées et du rayon vecteur, un calcul analogue à celui des articles 6 et 7 de mon second mémoire, et je parviens à trois équations finales en séries qui ne contiennent que les trois incondr d rdr nues r, ----- et --------------; en ne poussant la précision que jusqu’aux termes de 2 dt
dt
l’ordre de T 3 , l’une de ces équations ne renferme que l’inconnue r et monte au dr huitième degré, et les deux autres contiennent de plus les deux inconnues ----dt d-------------- rdr et , mais linéaires ; en poussant la précision plus loin, ces équations 2 dt
deviennent de plus en plus compliquées, mais la résolution approchée n’en devient pas plus difficile. Ces équations ont lieu, en général, quel que soit le mouvement de la Terre qu’on suppose connu ; mais, comme la Terre est mue autour du Soleil par la même force qui y fait mouvoir les comètes, il est visible que la comète peut aussi décrire le même orbite que la Terre, et coïncider même avec la Terre, auquel cas la direction des rayons visuels, qui est le seul élément qui soit donné par les observations, demeure indéterminée et arbitraire ; donc la solution générale doit aussi renfermer ce cas ; par conséquent l’équation en r doit avoir R, rayon vecteur de la Terre, pour une de ses racines, et l’équation en U doit avoir la racine U = 0 ; moyennant quoi, ces équations peuvent s’abaisser d’un degré. Cela suit aussi de l’analyse même, si l’on y exprime les coordonnées du Soleil par des formules semblables à celle de la comète. Pour rendre mon analyse plus générale, j’ai représenté les coordonnées de la comète autour de la Terre par DU, EU et JU , et celles du Soleil autour de la Terre par AR, BR et CR, les quantités D , E , J étant données par le lieu apparent de la comète et A, B, C par celui du Soleil ; et j’ai trouvé que les fonctions de ces six quantités contenues dans les équations finales peuvent s’exprimer assez simplement par les côtés et les angles des différents triangles formés sur la sphère par les trois lieux apparents de la comète, et par les trois lieux correspondants du Soleil, de sorte que ces équations, et par conséquent dr d rdr aussi les trois inconnues r, ----- , --------------, sont indépendantes du plan de projec2 dt
dt
tion et ne dépendent que de la position respective des lieux apparents de la comète et du Soleil. Ces lieux étant marqués sur le globe céleste, on peut trouver les valeurs des fonctions dont il s’agit mécaniquement et avec une exactitude suffisante du moins pour une première approximation. A l’égard des trois inconnues, elles servent à déterminer : 1° le grand axe 2a par l’équation 1--- = 1--- – --------------d rdr - ; 2 a r dt
2° le paramètre b, par l’équation 2
2
2
r – r-----------dr - ; b = 2r – ---2 a dt
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3° l’angle I du rayon, avec le périhélie, par l’équation b--b = 1 + 1 – --- cos I . r a
Pour que l’orbite soit parabolique, il faut que l’on ait a = f ;
on a alors
d-------------- rdr - = 1--- , 2 r dt
ce qui donne une seconde équation en r ; en effet, on sait que, dans ce cas, le problème est plus que déterminé par trois observations complètes. Voilà le précis de ma nouvelle méthode, que je dois en grande partie à vos remarques. Je vous prie d’en faire part à Monsieur du Séjour et de le remercier pour moi de la bonté qu’il a eue de s’occuper de mes recherches ; j’attends les siennes avec une impatience égale au plaisir que m’a toujours fait la lecture de ses ouvrages. Vous recevrez par Monsieur de Lalande un paquet contenant mes mémoires pour le volume de 1779. L’un traite des intégrales particulières, et les deux autres de la construction des cartes géographiques ; ceux-ci ne sont presque qu’un exercice d’analyse et de géométrie. Je n’ai pu avoir à temps la planche qui y appartient : je vous l’enverrai par une autre occasion. Votre paquet devait être accompagné d’un pour Monsieur de Condorcet et d’un autre pour Monsieur d’Alembert, mais Monsieur Bernoulli, à qui j’avais remis le tout pour l’adresser à Monsieur de Lalande, m’a dit depuis que, n’ayant pu joindre ces deux derniers paquets au premier, il avait pris le parti d’en faire un paquet séparé et de l’adresser directement à Monsieur de Condorcet. Je vous prie de vouloir bien en prévenir ce dernier ou Monsieur d’Alembert, à qui j’ai écrit depuis peu, mais avant l’envoi du paquet. Ayez la bonté de me dire si le Marquis de Caracciolo est parti, et si l’on a nouvelle de son installation en Sicile. Mes recherches sur la libration de la Lune paraîtront dans le volume de 1780, qu’on mettra sous presse à la Saint-Michel. Je m’occupe maintenant de la rotation de la Terre ; les matériaux sont prêts, et il ne me reste qu’à les mettre en œuvre. Adieu, mon cher et illustre confrère ; vous savez tous les sentiments par lesquels je vous suis attaché, et je compte sur les vôtres. Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange Lagrange, O., 14, 107-111.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
34. reçu, 27 août 1781
27 août 1781 Je soussigné, Louis-Achille Dionis du Séjour, Conseiller à la Cour des Aides, reconnais avoir reçu de Monsieur de Laplace la somme de 400#, sur laquelle ont été retenues les impositions pour deux années échues au 6 mars 1781, de la rente de 200# par an qu’il me doit. Fait à Paris, ce 27 août 1781 Dionis du Séjour reçu Bancroft, box 10, dossier 1.
35. Laplace à [Deluc]1, [octobre 1781]
Monsieur, Un examen plus attentif de la théorie de Monsieur [Le] Sage m’a fait voir que, pour l’assujettir à une analyse rigoureuse, il y fallait employer un temps que mes occupations ne me permettent pas d’y consacrer. Ainsi, avant que de prononcer sur cet objet, j’ai pris le parti d’attendre que Monsieur [Le] Sage ait 1. Au dos, de la main de Le Sage : « Billet de M. De Laplace à M. Deluc d’octobre 1781 (je crois) ; égaré pendant quelque temps ainsi que le brouillon du mien (lequel je n’ai pas encore retrouvé) ».
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publié ses idées, et alors je me propose de suivre quelques recherches analytiques qu’elles m’ont fait naître. Quand à l’objet particulier des équations séculaires du mouvement des planètes, il m’a paru que la petitesse de celle de la Terre, supposait dans le fluide gravifique, une vitesse incomparablement plus grande que celle de la lumière, et d’autant plus considérable que le Soleil et la Terre laissent un passage plus libre à ce fluide, ce qui est conforme au résultat de Monsieur [Le] Sage. Cette prodigieuse vitesse, l’espace immense que chaque molécule fluide parcourt seulement dans un siècle, sans savoir ni d’où elle vient, ni où elle va, ni la cause qui l’a mise en mouvement, tout cela est bien capable d’effrayer notre faible imagination. Mais enfin, si l’on veut absolument une cause mécanique de la pesanteur, il me paraît difficile d’en imaginer une qui l’explique plus heureusement que l’hypothèse de Monsieur [Le] Sage. Je suis bien fâché, Monsieur, de votre prochain départ. Je vous prie d’être persuadé du plaisir que j’aurais à cultiver votre connaissance, et des sentiments d’estime avec lesquels je serai toute la vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.GE., MS Suppl. 513, fol. 260.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
36. document, 1781
17811 Impositions Avertissement Pour l’année 1781
Ville de Paris VIe Département Rue du Sépulcre
Quartier Saint Germain-des-Près
Extrait des Rôles de Capitation arrêtés par le Roi en son Conseil Maison à M. M. Delaplace, bourgeois 4s p.l. ordonnés par l’Arrêt du Conseil du 23 Février 1777 6 ders p.l. ordonné être prélevés pour les réparations du Palais, par Arrêt du Conseil du 26 Juillet 1776
document Bancroft, box 10, dossier 23.
1. Imprimé sauf ce qui est en italique.
1#
16s
11
4s 0
6d 6
37. Laplace à [Lagrange], 14 février 1782
Paris, 14 février 1782 Monsieur et très illustre confrère, Voici le premier exemplaire d’un mémoire que je viens de faire imprimer dans notre volume de 17791. Si vous daignez y jeter les yeux dans vos moments de loisir, vous m’obligerez de m’écrire ce que vous en pensez. J’ai lu avec la plus grande satisfaction les trois mémoires que vous m’aviez envoyés ; l’extension que vous donnez à votre belle théorie des intégrales particulières, et les applications que vous en faites à la géométrie, soit relativement aux contacts des courbes, soit pour trouver des surfaces composées de lignes d’une nature donnée, m’ont singulièrement intéressé. Je ne sais cependant si les problèmes purement analytiques de cette théorie, tels que la recherches des intégrales particulières des équations différentielles, ou celle des équations différentielles qui ont une intégrale particulière donnée, ne sont pas résolubles d’une manière un peu plus simple par la méthode que j’ai donnée. J’ai fait sur cela quelques réflexions qui pourront me fournir la matière d’un petit mémoire, et que j’aurai l’honneur de vous communiquer si je trouve, en les approfondissant, qu’elles en valent la peine. Vos deux mémoires sur la construction des cartes géographiques ne m’ont pas fait moins de plaisir. J’ai surtout admiré la manière élégante dont vous tirez de la solution générale du problème le cas où le méridien et les parallèles sont représentés par des cercles. Votre analyse a d’ailleurs le mérite d’être utile dans la pratique pour la construction des cartes particulières, et j’ai engagé un de mes amis, qui vient d’annoncer un grand atlas, à en faire usage. J’ai reçu, dans son temps, l’extrait que vous avez eu la bonté de m’envoyer de votre troisième mémoire sur les comètes ; je suis très flatté que mes remarques aient pu y donner lieu ; je ne le suis pas moins de voir que vous confirmez 1. « Mémoire sur les suites », H.A.R.S., 82 (1779), 207-309 ; Laplace, O.C., 10, 1-89.
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mes résultats sur l’abaissement de l’équation du huitième degré et sur l’existence d’une seconde équation du sixième degré. Mon mémoire sur cet objet paraîtra dans notre volume de 17801 ; et j’ose croire, d’après les applications que vous y trouverez de ma méthode, qu’elle ne vous paraîtra pas moins exacte qu’aucune autre ; car, quoiqu’elle soit fondée sur la considération des différences infiniment petites, premières et secondes, de la longitude et de la latitude géocentriques de la comète ; cependant, comme on a des formules très simples pour avoir les différences infiniment petites en fonction des différences finies, il m’a paru que l’avantage qu’elle avait de pouvoir employer un grand nombre d’observations voisines la rendait préférable, à quelques égards, aux méthodes connues. Je l’ai appliquée à quelques comètes, et entre autres à l’astre découvert par Monsieur Herschel en Angleterre2, et j’ai trouvé deux paraboles qui satisfaisaient aux premières observations, mais que j’ai été forcé d’abandonner depuis ; et maintenant il me paraît extrêmement probable que cet astre se meut dans une orbite presque circulaire, et que c’est une petite planète, placée au delà de Saturne, et dont la moyenne distance au Soleil est environ dix-neuf fois plus grande que celle de la Terre. Je vous écris dans l’incertitude si ma lettre vous trouvera à Berlin ; quelqu’un m’a dit que vous êtes sollicité par la cour de Naples pour venir présider l’Académie de cette capitale ; en tout cas, j’espère qu’en allant en Italie vous passerez par Paris ; je vous prie de ne pas douter de tout le plaisir que j’aurais à vous y voir, ainsi que des sentiments profonds d’estime et d’amitié que vous me connaissez, et avec lesquels je serai toute la vie, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace P.S. MM. Bézout et du Séjour m’ont prié de les rappeler à votre souvenir ; ce dernier se propose de vous envoyer quelques-uns de ses mémoires et, entre autres, celui qu’il vient de faire imprimer sur les comètes3. Lagrange, O., 14, 111-113.
1. « Mémoire sur la détermination des orbites des comètes », H.A.R.S., 83 (1780), 13-72 ; Laplace, O.C., 10, 93-146. 2. Ce fut le 13 mars 1781 que William Herschel découvrit la planète Uranus, qu’il crut d’abord être une comète. 3. « Nouvelles méthodes analytiques pour résoudre différentes questions astronomiques. Quatorzième mémoire, dans lequel on applique l’analyse, à la détermination des orbites des comètes », H.A.R.S., 82 (1779), 51-168.
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38. Laplace à Lavoisier, 7 mars 1782
Ce jeudi, 7 mars 1782 A Monsieur Monsieur De Lavoisier, Fermier Général, et de l’Académie des Sciences A l’Hôtel des Poudres et Salpêtres A l’Arsenal Monsieur et très illustre confrère, Permettez moi de vous faire quelques observations sur l’engagement que j’ai pris, de faire avec vous une suite d’expériences et de recherches sur la dilatation, la chaleur et l’électricité des corps. Je commence par vous remercier de cette association qui ne peut être que très flatteuse pour mon amour propre, et très avantageuse à tous égards pour ma réputation. Il est impossible d’ailleurs d’y mettre plus de prévenance et d’honnêteté. Aussi je vous assure que si quelque chose pouvait m’entraîner vers la physique, ce serait le plaisir d’y travailler de concert avec vous. Mais je dois vous observer qu’un goût dominant me porte vers la géométrie, et que ce goût, joint à une paresse qui m’est naturelle, me laisse trop peu de liberté dans l’esprit pour m’occuper d’autres objets. Jusqu’ici j’ai cultivé la physique pour mon amusement et sans prétentions. J’ai lu très peu d’ouvrages sur cette science, et le peu que j’en sais, je l’ai principalement recueilli de vos conversations, et de celles de quelques autres excellents physiciens. Mais en voulant écrire sur ces objets, il me serait nécessaire d’étudier et de compulser tous les ouvrages de physique et de chimie qui ont paru en grand nombre, surtout dans ces derniers temps ; et vous savez qu’ils ne sont pas toujours écrits avec toute la concision que l’on peut désirer, et que souvent peu de vérités sont noyées dans de gros volumes. Or je ne me sens ni le courage, ni la volonté d’entreprendre une aussi prodigieuse lecture qui, d’ailleurs, me distrairait de mes travaux géométriques et de quelques ouvrages que j’ai dessein de publier sur l’analyse. Je vous prie donc, Monsieur, de ne pas trouver mauvais que je prenne le parti de me concentrer uniquement dans la géométrie, et de renoncer à une association qui vous serait trop désavantageuse, puisqu’outre la dépense
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qu’elle vous occasionnerait, vous y mettriez des soins, des connaissances, et des talents que je n’y puis apporter. Je jouirai de vos découvertes avec autant de plaisir que si je les partageais, je me ferai même un devoir de vous communiquer toutes les idées qui paraîtront mériter votre attention, et dans toutes les occasions où vous aurez besoin des secours de la géométrie, je vous demande en grâce de ne pas vous adresser à d’autres qu’à moi. Je serai très flatté de pouvoir vous donner par là une faible marque de mon estime, et de ma considération pour vous ; de ma reconnaissance pour vos bontés. C’est avec ces sentiments que j’ai l’honneur d’être Monsieur et très illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace [P.S.] Je vous suis à peu près inutile dans les expériences que vous faites sur la dilatation des corps. Mais je les calculerai avec un vrai plaisir. Ainsi je vous prie de me remettre à l’Académie, samedi prochain ou un autre jour, le journal de ces expériences, et je vous donnerai les dilatations correspondantes. Je crois qu’il ne serait pas inutile de prendre de nouveau les mesures des différents leviers de la machine, et même celles des deux bases de 100 et de 200 toises. Il est de plus nécessaire d’avoir la largeur des deux bandes de glace entre lesquelles les corps soumis à la dilatation sont compris, et la longueur précise de ces corps. Oserais-je vous prier de présenter mon respect à Madame De Lavoisier et de lui dire tout l’intérêt que je prends au succès de son inoculation ? Je la prie de me pardonner, à raison de cet intérêt, le conseil que je lui donnais hier de ne pas tenir assemblée samedi prochain chez Monsieur De Villers, conseil qu’elle n’a pas trouvé bon. Il me semblait cependant, et il me semble encore que dans la circonstance où elle se trouve, on ne peut user de trop de précautions. Publiée par Denis I. Duveen et Roger Hahn, « Deux lettres de Laplace à Lavoisier », Rev. Hist. Sci., 11 (octobre-décembre 1958), 338-339 ; et Lavoisier, C., fascicule III, pp. 712-714. Cette lettre faisait partie de la Collection Duveen, maintenant dispersée.
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39. Laplace à d’Alembert, 10 mars 1782
A Monsieur Monsieur d’Alembert de l’Académie des Sciences et Secrétaire perpétuel de l’Académie française au Louvre Ce dimanche, 10 mars 1782 Monsieur et très illustre confrère, Je suis très flatté que mes recherches sur les suites1 aient pu fixer quelques moments votre attention ; j’aurais bien désiré que vos occupations vous eussent permis de suivre l’analyse que j’y donne du problème des cordes vibrantes, au moyen du calcul intégral aux différences finies partielles. Car il me paraît évident, par cette analyse, que toute figure initiale de la corde, dans laquelle deux côtés contigus ne forment point entre eux un angle fini, peut être admise. Voici en peu de mots à quoi se réduit mon raisonnement. Si l’on nomme y x ,t l’ordonnée d’une corde vibrante dont l’abscisse est x, t désignant le temps ; il est clair que la force accélératrice du point de la corde placé à l’extrêmité de cette ordonnée sera proportionnelle à la différence seconde des trois ordonnées qui répondent à x – dx , x, et x + dx , c’est-à-dire proportionnelle à y x – dx ,t – 2y x ,t + y x + dx ,t ; de plus cette force sera par les prin2 cipes de dynamique proportionnelle à d y x ,t , cette différence seconde, étant prise ou ne faisant varier que le temps, t en le mettant donc, comme cela se peut, sous cette forme y x ,t – dt – 2y x ,t + y x ,t + dt , on aura pour déterminer le mouvement de la corde, l’équation 2
y x ,t + dt – 2y x ,t + y x ,t – dt = a ^ y x + dx ,t – 2y x ,t + y x – dx ,t ` ,
a² étant un coefficient constant. Cette équation convient incontestablement à tous les points de la corde, excepté aux deux extrêmes, dont le premier n’a point d’ordonnée antérieure, et le second, d’ordonnée postérieure ; mais ces deux points sont fixes par la condition du problème. J’observe cependant que 1. « Mémoire sur le suites », H.A.R.S., 82 (1779), 207-309 ; Laplace, O.C., 8, 5-24.
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pour que l’équation précédente subsiste, il est nécessaire que deux côtés contigus ne forment point entre eux un angle fini, car au sommet de cet angle, la force accélératrice, qui partout ailleurs est finie, serait infinie. La vitesse changerait donc brusquement à ce point, et l’on ne pourrait plus y supposer la force 2
d y
x ,t - , comme cela est nécessaire pour que l’équation accélératrice égale à -----------2
dx
générale du problème des cordes vibrantes puisse avoir lieu. Maintenant, au lieu d’intégrer l’équation précédente par la considération des infiniment petits, ce qui peut laisser des doutes sur la discontinuité des fonctions arbitraires auxquelles on parvient, je l’intègre comme une équation aux différences finies, et dans laquelle par conséquent dx et dt sont des quantités finies. Il est visible que rien n’étant négligé dans cette intégration. Les résultats que je trouve conviennent également au cas de dx et de dt, infiniment petits ; et comme dans le cas général, la valeur de y x t se construit en plaçant alternativement, au-dessus et au-dessous de l’axe des abscisses, le polygone qui représente la valeur de y x t lorsque t = 0, on doit en conclure que cette même construction a lieu, lorsque dx et dt sont infiniment petits, et qu’ainsi la construction que vous avez donnée dans votre mémoire sur les cordes vibrantes, relativement aux fonctions analytiques, est générale, quel que soit la figure initiale de la corde, pourvu qu’aucun de ses angles ne soit fini. Il ne me sera pas difficile présentement de répondre à la difficulté que vous me faisiez hier à l’Académie, sur la force accélératrice qui a lieu au point de contact de deux positions de courbes qui se touchent.
Pour cela, je considère deux arcs de cercle BA et B'A qui se touchent au point A, et dont les centres sont C et C'. La force accélératrice au point A est en raison inverse du rayon osculateur à ce point, et comme il appartient également aux deux arcs AB et AB', vous me demandiez lequel des deux rayons CA ou C'A, on doit choisir pour représenter la force accélératrice du point A. Pour répondre à cette difficulté, j’observerai que lorsqu’on suppose la force accélératrice inversement proportionnelle au rayon osculateur au point A, cela veut
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dire que si l’on prend deux points M et M', infiniment voisins et équidistants de A, et que l’on fasse passer un cercle par ces trois points, la force accélératrice au point A sera en raison inverse du rayon de ce cercle ; cela posé, je dis que cette force ne sera inversement proportionnelle ni à CA, ni à C'A, parce qu’aucun de ces deux rayons ne sera celui du cercle qui passe par les trois points M, A, M' ; mais si l’on prolonge M'C' jusqu’à ce qu’il rencontre MC, en O, O sera le centre de ce cercle et la force en A, sera réciproque au rayon AO ; or il est facile de prouver que AO est égal au produit des deux rayons CA et C'A, divisé par la moitié de leur somme. Il n’y a donc point d’ambiguïté relativement à la force accélératrice du point A, qui sera toujours proportionnelle à la différence seconde des trois ordonnées qui passent par les points M, A, et M'. Telles sont, Monsieur, les réflexions que j’ai l’honneur de vous présenter sur une question très délicate, que vous avez tant de fois agitée, et sur laquelle l’opinion dépend de la manière dont on envisage le problème ; il est naturel de transporter au résultat de la solution la continuité qu’exige la méthode dont on fait usage, et qui souvent restreint la généralité de cette solution ; aussi je ne suis point surpris que notre illustre ami, Monsieur de Lagrange, qui a traité ce problème dans le tome III des Mémoires de Turin1 par la méthode des suites infinies, ait cru la continuité nécessaire entre les différences quelconques des fonctions arbitraires ; mais la méthode des différences finies dans laquelle on ne néglige rien est exemptée de ces inconvénients. Il m’a toujours semblé que Monsieur Euler a été trop loin, en n’assujettissant à aucune condition les fonctions arbitraires ; mais je pense que vous avez été trop circonspect en les restreignant aux seules fonctions analytiques. Cette circonspection était bien naturelle dans l’inventeur d’un calcul qui offre des résultats aussi vastes et aussi inattendus ; mais vous ne devez pas trouver mauvais que l’on vous prouve que votre calcul a beaucoup plus d’étendue que vous ne lui en aviez soupçonné d’abord. Je vous prie de croire que personne ne sent mieux que moi l’importance et la beauté de cette précieuse découverte, et ne vous rend à cet égard une justice plus sincère, à laquelle je suis porté d’ailleurs par le sentiment de la reconnaissance pour vos premières bontés, que je n’oublierai jamais. J’ai l’honneur d’être avec toute l’estime et la considération possibles, Monsieur et très illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.I., MS 876, fols 12-13 ; publiée dans le Bullettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze Matematiche e Fisiche, 19 (1886), 163-165 ; et Laplace, O.C., 14, 351-354. 1. Probablement Miscellanea Taurinensia, 3 (1762-1765), 179 et seq.
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40. Laplace à Lavoisier, 14 mars 1782
A Monsieur Monsieur de Lavoisier de l’Académie des Sciences Ce jeudi, 14 mars 1782 Monsieur et très illustre confrère, Je commence par la chose qui nous intéresse le plus, savoir la santé de Madame de Lavoisier. Je crois que le moment de la fièvre approche. Mais elle n’a besoin ni de conseils ni d’encouragements, et d’ailleurs ses médecins et vous ne lui laissez rien à désirer à cet égard. Je vous prie seulement de lui présenter mon respect et lui dire que Madame Des Bostard a la petite vérole, qu’elle aurait bien fait sans doute de prévenir par l’inoculation. Je dois maintenant vous faire part de l’avancement de mon frère et vous remerciez en même temps de l’intérêt que vous avez bien voulu y prendre, et qui y a contribué plus que toute autre chose1. Ne pourriez vous pas me faire le plaisir de voir, ou d’écrire un mot à Monsieur Reculé à ce sujet ? Ce serait lui donner une preuve de plus de l’intérêt que vous prenez à mon frère. Je me propose de l’aller remercier moi même l’un de ces jours. Je suis bien fâché que vous ayez manqué hier l’Académie. La séance était intéressante, par le clavecin de Monsieur de La Borde2 que Monsieur l’abbé Roussier nous a présenté et surtout par les expériences intéressantes que Monsieur de Volta nous a faites sur l’électricité. Faites en sorte de prendre un jour au commencement de la semaine prochaine pour que nous puissions répéter avec cet excellent physicien, et à l’aide de sa machine nos expériences sur l’électricité des vapeurs3. Comme elles sont déjà répandues, et que la personne dont Monsieur Monge vous a parlé va publier incessamment ses recherches sur cet objet dans le journal de Monsieur l’abbé Rozier, je crois qu’il n’y a point de temps à perdre, et que le plus tôt que nous pourrons faire des expériences à 1. Olivier Laplace. 2. Jean Benjamin Laborde. Voir Roussier, Pierre Joseph, Mémoire sur le nouveau clavecin chromatique de M. de Laborde (Paris, 1782). 3. Ce travail est signalé dès le 2 mars 1782 dans P.V. ; voir « Mémoire sur l’électricité qu’absorbent les corps qui se réduisent en vapeurs », H.A.R.S., 84 (1781), 292-294 ; Laplace, O.C., 10, 203-205 ; et Lavoisier, O., 2, 374-376.
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ce sujet, ce sera le mieux, d’autant que l’appareil pour les faire est extrêmement simple. Je fini en renouvellant tous les sentiments d’amitié, d’estime et de reconnaissance avec lesquels je serai toute la vie, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 177.
41. Laplace à [?], 19 juillet 1782
A Paris, ce 19 juillet 1782 Monsieur et cher confrère, Je n’ai pas été moins étonné que vous, de la différence qui se trouve entre la table des perturbations de la Terre par l’action de Vénus, publiée par Monsieur Euler dans le tome XVI des Nouveaux Mémoires de Pétersbourg, et celle que l’on employe dans les Tables du Soleil. Ce grand géomètre est revenu sur le même objet dans la première partie des Mémoires de Pétersbourg pour l’année 1778. Il y rapporte de nouveau la Table, dont je viens de parler, et regarde comme fausse l’ancienne théorie, fondée sur la réduction en série du radical, qui exprime la distance de Vénus à la Terre, théorie dont on lui est redevable et qui me paraît être une des plus belles choses que l’on ait trouvées sur le système du monde. Je m’étais proposé, à la lecture de ce mémoire, d’examiner avec soin cette matière importante, lorsque d’autres occupations m’en auraient laissé le loisir ; mais puisque vous paraissez désirer mon avis sur cet objet, je m’empresse de vous satisfaire, en vous priant de communiquer à MM. Euler et Lexell les remarques suivantes, afin que, s’ils les trouvent justes, ils en fassent usage pour rectifier leur Table ; cette correction, venant de leur part, tranquilisera plus les astronomes, que si elle venait de toute autre part. J’entre en matière, et pour cela je transcris la formule
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
yc = 3 ³ dt ³ r dt + 2 ³ v dt
+ 2 cos t ³ dt ^ 2r sin t – v cos t ` – 2 sin t ³ dt ^ 2r cos t + v sin t ` , à laquelle Monsieur Euler parvient, page 441 du tome XVI des Nouveaux Commentaires de Pétersbourg. Les orbites des planètes étant supposées circulaires, t représente le moyen mouvement de la Terre, p la longitude héliocentrique de Vénus moins celle de la Terre ; 1, la distance moyenne de la Terre au Soleil ; b la moyenne distance de Vénus au Soleil ; w la distance de Vénus à 2
la Terre et qui est égale à
1 – 2b cos p + b ; 1 b sin pr = ----2- sin p – ------------3 b w 1 1 v = ----2- cos p + -----3- 1 – b cos p b w
y', multiplié par le rapport de la masse de Vénus à celle du Soleil, est la perturbation que cette planète occasionne dans le mouvement vrai de la Terre. Cette formule est très exacte et je l’ai pareillement tirée des formules que j’ai données dans la seconde partie de nos Mémoires pour l’année 1772. En ne considérant que les parties de r et de v, qui ne sont point multipliées 1 par -----3- , les termes de l’expression de y' s’intègrent facilement. Monsieur Euler w ------ = m on aura en vertu de ces termes seuls trouve que, si l’on fait dp dt
2 1 m – 2m + 3 ½ yc = ----2- ® ----------------------------¾ sin p 2 2 b ¯ m m – 1 ¿
ce qui est parfaitement juste. Il reste donc à considérer la valeur de y', lorsqu’on suppose b sin pr = – ------------3 w
1 – b cos p- ; v = ----------------------3 w
or voici le procédé de Monsieur Euler pour déterminer cette valeur. Il forme par des quadratures mécaniques les valeurs de ³ r dt , ou, ce qui revient au dp même, de ³ r------- qui répondent successivement à p = 0, p = 5°, p = 10°, p = m
15°, etc., jusqu’à p = 180° et à leur moyen il détermine les valeurs correspon-
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dantes de la double intégrale – 3 ³ dt ³ r dt ; il obtient de la même manière les valeurs successives des intégrales + 2 ³ v dt ; + 2 cos t ³ dt ^ 2r sin t – v cos t ` ; et
– 2 sin t ³ dt ^ 2r cos t + v sin t ` ;
ensuite, il ajoute les valeurs de ces quantités qui répondent au même angle ; et à cette somme il ajoute encore la valeur de 2 1- ----------------------------m – 2m + 3 ½ ---® ¾ sin p 2 2 2 b ¯ m m – 1 ¿
qui répond à ce même angle, ce qui lui donne la valeur correspondante de y'. Il a de cette manière une suite de valeurs successives de y', de 5 en 5 degrés, depuis p = 0 jusqu’à p = 180° ; or la valeur qui répond à p = 180°, n’étant pas nulle, comme cela devrait être, si y' n’était fonction que des sinus de p, et de ses multiples, Monsieur Euler observe que cela vient d’un terme proportionnel au temps, ou ce qui revient au même à l’angle p, que renferment ses intégrales ; en nommant donc M, la valeur de y', qui répond à p = 180°, ce terme sera Mp représenté par ------------ ; Monsieur Euler retranche conséquemment des valeurs 180 q Mp successives de y' les valeurs correspondantes de ------------ ; et par là, il croit 180 q n’avoir que la partie de y' dépendante des sinus de l’angle p, la seule dont on Mp doive tenir compte dans la table des perturbations, parce que le terme ------------ se 180 q confond avec le moyen mouvement de la Terre. Pour avoir ensuite les perturbations depuis p = 180°, jusqu’à p = 360° Monsieur Euler change le signe des perturbations calculées depuis p = 180° jusqu’à p = 0, parce que r étant un nombre entier et S la demi-circonférence, on a sin 2rS – rp = – sin rp . Telle est, si je ne me trompe, la méthode de Monsieur Euler. Voici présentement mes remarques sur cette méthode. De la manière dont Monsieur Euler intègre, la valeur de y' renferme non seulement un terme proportionnel à p, mais encore un terme de la forme sin t, car l’intégrale – 2 ³ dt ^ 2r cos t + v sin t ` , prise depuis t = 0 renferme un terme constant. En effet, si l’on développe en séries la quantité 2r cos t + v sin t et que p l’on y substitue, au lieu de t, sa valeur ---- , on aura une suite de termes de la m forme k sin qp ; or en faisant commencer l’intégrale lorsque p = 0, on a
³ k dt sin qp
k k = ---- ³ dp sin qp = ------- ^ 1 – cos qp `, m mq
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k ce qui produit le terme constant ------- ; on voit donc que chaque terme du dévemq
loppement de la quantité précédente introduit par l’intégration un terme constant dans la valeur de – 2 ³ dt ^ 2r cos t + v sin t `
et qu’ainsi cette intégrale en renferme un que je désigne par A ; d’ou il suit que la valeur de y' renferme un terme proportionnel à l’angle p, plus le terme A sin t. On s’assurera par un raisonnement semblable, qu’elle ne renferme point de terme de la forme B cos t parce que la quantité 2r sin t – v cos t , formant par son développement une suite de cosinus, l’intégrale
³ dt ^ 2r sin t – v cos t ` forme une suite de sinus qui s’évanouissent lorsque t = 0. La valeur de y', que donne la méthode de Monsieur Euler renferme donc : 1°. Des quantités périodiques uniquement relatives à l’angle p ; 2°. Un terme proportionnel à l’angle p ; 3°. Un terme de la forme A sin t ; ces deux derniers termes se confondent, le premier, avec le moyen mouvement de la Terre, et le second, avec l’équation du centre ; ainsi on ne doit point y avoir égard dans la table des perturbations. On aura facilement leur valeur, en observant que le terme, proportionnel à p, est uniquement produit par la quantité 3 ³ dt ³ v dt + 2 ³ v dt
et que sans lui cette quantité serait nulle, lorsque p = 180° ; soit donc N, la valeur de cette quantité qui répond à p = 180° ; le terme dont il s’agit sera Np ---------. 180q
Quant au terme de la forme A sin t, on observera que sans ce terme la quantité 2 cos t ³ dt ^ 2r sin t – v cos t `
– 2 sin t ³ dt ^ 2r cos t – v sin t `
serait nulle, lorsque p = 180° ; soit donc R, la valeur de cette quantité qui répond à p = 180°, et que q l’angle t, correspondant à p = 180°, et qui est d’environ 287° 46', on aura R . A sin q = R , ou A = ---------sin q
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Il faut donc retrancher des valeurs successives de y' les valeurs corresponNp- + R sin -t et ne tenir compte dans la table des perturbations que dantes de --------------------180q
sin q
des différences. Je m’étais proposé d’appliquer ces corrections à la table des valeurs y' que donne Monsieur Euler ; mais cette table ne me parait pas exacte, en ce qu’il suppose dans le calcul numérique r positif, tandis qu’il est négatif – b sin pet égal à ---------------. 3 w
Il serait utile que l’on recommençat le calcul de cette table, en y applicant les corrections que je viens d’indiquer ; on pourrait simplifier le calcul et se débarrasser de la double intégrale en observant que
3 3 ³ dt ³ r dt , ou ------2 ³ dp ³ r dp , m –1
1
- + ------------------------------------------³ r dp = ----------1–b 2 1 – 2b cos p + b
et qu’ainsi
3 dp 3 ³ dt ³ r dt = ------2 ³ -------------------------------------- , m 1 – 2b cos p + b 2 – 3t en rejetant le terme --------------------- , comme se confondant avec le moyen mouvement m1 – b
de la Terre. Je ne doute point qu’une table des perturbations, construite sur ces principes, ne s’accorde parfaitement avec celle de Monsieur l’abbé de Lacaille, à la différence près des suppositions sur la masse de Vénus. Car, en considérant avec attention les méthodes dont MM. Clairaut et Euler ont fait usage, le premier, dans nos Mémoires de 1754, et le second dans la lere partie des Mémoires de Pétersbourg pour l’année 1778, page 308, on voit qu’elles ont toutes la précision possible, et que les séries auxquelles elles conduisent, sont très convergentes ; on ne peut d’ailleurs soupçonner Monsieur l’abbé Lacaille de s’être trompé dans la formation de sa table ; car celle que Monsieur Euler a donnée d’après une semblable théorie, page 316 des Mémoires de Pétersbourg 1ere partie année 1778, n’en diffère qu’en ce que Monsieur Euler suppose la masse de Vénus plus petite dans le rapport de 111 à 151. Je vous prie, Monsieur, si vous écrivez à Monsieur Lexell, de me rappeler à son souvenir, et de lui faire mes plus tendres compliments. J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments d’estime et d’amitié que vous me connaissez. Monsieur et cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Saint-Pétersbourg, Archiv Akademii Nauk, 1, ɨɩ 3, n° 125 ; publiée dans Ina Ivanova Lubimenko, éd., Uchenaia Korrespondentsia Akademii Nauk XVIII veka, 1766-1782 (Moscou, 1937), pp. 533-545.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
42. Laplace à [Lagrange], 20 juillet 1782
Paris, 20 juillet 1782 Monsieur et très illustre confrère, La personne qui vous remettra cette lettre est Monsieur Brack, gouverneur du fils de Mgr le Garde des Sceaux de France1, et qui voyage avec lui en Allemagne. Monsieur Brack est infiniment estimable par les qualités du cœur et de l’esprit. Il aime avec transport les sciences et les lettres, et regarde comme le principal objet de son voyage l’avantage de connaître et de converser avec les savants distingués répandus dans les divers pays qu’il doit parcourir. Votre connaissance est, par cette raison, ce qui doit l’intéresser davantage, et je me fais un sensible plaisir de lui procurer l’occasion de vous voir, bien persuadé d’ailleurs que vous serez enchanté de le connaître ; je lui envie bien sincèrement l’avantage qu’il aura de jouir de votre conversation ; mais, s’il est vrai, comme quelques personnes me l’assurent, que votre souverain vous rappelle en Italie, j’espère que vous passerez par Paris, et que je pourrai embrasser l’homme du monde que j’honore le plus, et lui témoigner de vive voix les sentiments profonds de considération et d’estime qu’il a si bien su m’inspirer. Je ne sais si vous avez reçu le dernier mémoire que j’ai eu l’honneur de vous envoyer sur les suites ; on va en imprimer deux nouveaux de moi, l’un sur les comètes, et l’autre, fort étendu, sur les approximations des formules analytiques qui sont fonctions de très grands nombres2 ; tel est, par exemple, le coefficient du terme moyen du binôme ; c’est un objet d’analyse neuf et infiniment intéressant, parce que ces formules se rencontrent à chaque pas, surtout dans la théorie des hasards, et que l’application des nombres à ces formules est souvent impraticable. Je ne me flatte pas d’avoir épuisé ce sujet ; mais la théorie que je donne pourra mettre d’autres géomètres sur la voie, et je ne regarderai pas mon travail comme inutile s’il peut vous engager à traiter cette matière. J’attends tous les jours avec impatience vos recherches sur la libration de la
1. Armand Thomas Hue de Miromesnil. 2. « Mémoire sur la détermination des orbites des comètes », et « Mémoire sur les approximations des formules qui sont fonctions de très grands nombres », H.A.R.S., 83 (1780), 13-72 et 85 (1782), 1-88 ; Laplace, O.C., 10, 93-146 et 209-291.
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Lune, que vous avez bien voulu me promettre ; vous m’obligerez de me les envoyer si elles sont imprimées1. J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments d’estime et d’amitié que vous me connaissez depuis longtemps, Monsieur et très illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Lagrange, O., 14, 114-115.
43. Lagrange à [Laplace], 15 septembre 1782
Berlin, 15 septembre 1782 Monsieur et très cher confrère, Je n’ai pu vous faire passer plus tôt ce mémoire2, faute d’occasion ; mais, s’il n’obtient pas votre suffrage, il ne vous sera encore parvenu que trop tôt. C’est ce que vous n’avez pas à craindre pour ceux que vous me faites l’honneur de m’envoyer. J’ai reçu le dernier en son temps et je l’ai lu avec une vraie satisfaction. Parmi les belles choses que j’y ai trouvées, j’ai surtout admiré la construction générale que vous donnez des équations linéaires aux différences partielles du second ordre. J’avais eu autrefois des idées analogues, mais elles sont restées, ainsi que bien d’autres, dans mes paperasses ; je suis charmé que votre travail m’en ait entièrement débarrassé. Je viens de reprendre ce que j’avais commencé il y a quelques années, et ensuite abandonné, parce qu’il me paraissait que vous aviez dessein de vous occuper du même objet. C’est la détermination des variations séculaires des 1. « Théorie de la libration de la Lune et des autres phénomènes qui dépendent de la figure nonsphérique de cette planète », Nouveaux Mémoires de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin, année 1780, 203-309 ; et Lagrange, O., 5, 5-122. 2. « Théorie de la libration de la Lune et des autres phénomènes qui dépendent de la figure non-sphérique de cette planète », Nouveaux Mémoires de l’Académie royale des Sciences et BellesLettres de Berlin, année 1780, 203-309 ; Lagrange, O., 5, 5-122.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
aphélies et des excentricités de toutes les planètes, pour servir de pendant au mémoire que j’ai donné, en 1774, sur les nœuds et les inclinaisons. J’ai presque achevé un Traité de Mécanique Analytique, fondé uniquement sur le principe ou formule que j’expose dans la première section du mémoire ci-joint ; mais, comme j’ignore encore quand et où je pourrai le faire imprimer, je ne m’empresse pas d’y mettre la dernière main1. Connaissez-vous Monsieur Legendre ? Il vient de remporter notre prix sur la balistique2. Sa pièce m’a paru aussi bonne que le sujet peut le comporter, et elle annonce dans son auteur, s’il est jeune encore, des talents et des connaissances qui pourront le mener loin ; je vous prie de lui dire la part que je prends à son succès. Je suis absolument sensible au souvenir de MM. du Séjour et Bézout ; j’y réponds par toute la vivacité des sentiments d’estime et de reconnaissance que je leur conserve. Je recevrai ce que vous m’annoncez de leur part comme un nouveau gage de ceux dont ils veulent bien m’honorer. Ayez la bonté de remettre à MM. d’Alembert et de Condorcet les exemplaires de ce mémoire qui leur sont destinés, en y joignant mes plus tendres compliments. Le volume dont ils font partie n’a pas encore paru, et ne paraîtra peut-être que dans quelques mois. Si je n’avais craint de grossir trop le paquet, et de paraître attacher à une bagatelle beaucoup plus d’importance qu’elle ne mérite, j’aurais pris la liberté de vous adresser encore quelques autres exemplaires pour les distribuer à MM. du Séjour, Bézout, Bossut, etc., avec qui je suis véritablement honteux d’être si fort en reste. Si je fais jamais imprimer quelque ouvrage en forme, ce sera principalement pour pouvoir acquitter ces dettes. Permettez-moi d’ajouter quelques lignes pour Monsieur de Lalande, à qui je vous prie de vouloir bien les communiquer de ma part. J’ai examiné, à son invitation, la nouvelle théorie donnée dans le Tome XVI des Commentaires de Pétersbourg3, des perturbations de la terre dues à Vénus, et j’ai reconnu qu’elle pèche dans quelques endroits, et surtout parce que la quantité V, qui exprime la force perpendiculaire au rayon, y est prise avec un signe contraire à celui qu’elle doit avoir et qu’elle a effectivement dans les formules de la page 443. En corrigeant ces inadvertances, les résultats s’accordent avec ceux de Clairaut dans le Mémoire de 17544, et d’Euler dans le mémoire qui a remporté le prix en 17565. S’il souhaite plus de détails, je pourrai le satisfaire d’après le 1. La Mécanique Analytique ne fut publiée qu’en 1788. 2. Adrien Marie Legendre, Dissertation sur la question de balistique (Berlin, 1782). 3. « Réflexions sur les inégalités dans le mouvement de la Terre causées par l’action de Vénus », par L. Euler, p. 297. 4. « Mémoire sur l’orbite apparente du Soleil autour de la terre, en ayant égard aux perturbations produites par les actions de la Lune et des planètes principales », H.A.R.S., 56 (1754), 521564. 5. « Investigatio perturbationum quibus planetarum motus ob actionem eorum mutuam afficiuntur », Recueil des Pièces qui Ont Remportés les Prix de l’Académie Royale des Sciences, 8 (1771).
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mémoire que j’ai composé là-dessus, et que je vais lire à l’Académie pour boucher un trou, mais non pas pour le publier, parce qu’il y a peu d’honneur à avoir fait cette découverte. Recevez, mon cher et illustre confrère, l’assurance de tous les sentiments que vous m’avez inspirés et avec lesquels je suis pour la vie, Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange Lagrange, O., 14, 115-117.
44. [Laplace] à [Lexell], [10 novembre 1782]
[10 novembre 1782]1 J’ai lu dans quelques papiers publics que Madame la Princesse Askoff, que j’ai eu l’honneur de voir chez Monsieur l’abbé Raynal, était de retour à Pétersbourg. Si vous avez occasion de la voir et de me rappeler à son souvenir, j’ose vous prier de lui présenter mon respect. Son image me sera sans cesse présente, parce qu’il existe très peu de personnes douées d’une âme aussi forte et d’un aussi grand caractère. [Laplace] copie Bancroft, box 21, dossier 28.
1. De la main de Madame Laplace : « Passage d’une lettre de M. de Laplace à M. Lexell, le 10 novembre 1782 ».
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45. [Laplace] à Pingré, 18 novembre 1782
A Monsieur Monsieur Pingré chanoine régulier de Ste Geneviève, et de l’Académie des sciences A Ste Geneviève Ce lundi, 18 novembre 17821 Monsieur de Laplace a l’honneur de faire mille compliments à son confrère, Monsieur Pingré ; l’équation (4) avait été mal écrite ; la [voici] telle qu’elle doit être : 2 l - + ---------------------------a sin T cos T- ½ y = – x ®h tang T + ----¾ 2h 2h ¯ ¿ 1 1 R sin T cos T + --------------------------- cos A – D ----3 – -----3- . 2h
r
R
Monsieur de Laplace ne doute point qu’en en faisant usage, Monsieur Pingré ne trouve à peu près la même valeur de y que par l’équation (2). Comme elle ne diffère que fort peu de l’équation que Monsieur Pingré a déjà calculée, il lui sera facile de la vérifier et Monsieur de Laplace lui sera obligé de sa complaisance, s’il veut bien lui en apporter le calcul mercredi prochain à l’Académie. [Laplace] Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, MS 2334, fol. 12 ; publiée dans Bullettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze Matematiche e Fisiche, 19 (1886), 178 ; et Laplace, O.C., 14, 370.
1. Lettre de la main de Laplace, mais non signée.
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46. [Laplace] à Pingré, [1782 ?]
A Monsieur Monsieur Pingré, chanoine régulier de la Congrégation de France, et de l’Académie des sciences A Ste Geneviève [1782 ?] Monsieur de Laplace a l’honneur de faire mille compliments à son confrère, Monsieur Pingré. En examinant avec soin sa solution du problème des comètes, pour la faire imprimer, il s’est aperçu que les deux équations qui déterminent t et u ont été mal écrites. Les véritables sont : u (m – m') + t (m – m'') = m u (n – n') + t (n – n'') = n Monsieur de Laplace ne peut trop remercier Monsieur Pingré de la peine qu’il veut bien prendre d’appliquer sa solution et de l’honneur qu’il lui fait en l’insérant dans son bel ouvrage. [Laplace]1 Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, MS 2334, fol. 13 ; publiée dans Bullettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze Matematiche e Fisiche, 19 (1886), 178 ; et Laplace, O.C., 14, 370-371.
1. De la main de Laplace, mais non signée.
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47. Laplace à Pingré, [1782]
A Monsieur Monsieur Pingré chanoine régulier de la Congrégation de France A Ste Geneviève Ce jeudi [1782] Monsieur et cher confrère, Puisque vous voulez bien appliquer à un exemple ma méthode pour déterminer les orbites des comètes, il est très naturel que je cherche à vous en faciliter l’usage. Dans l’exemple que vous avez choisi, vous employez cinq observations équidistantes et vous fixez l’époque à la troisième observation ; ce cas étant beaucoup plus simple que le cas général, on peut parvenir plus aisément aux deux formules qui expriment l’ascension droite et la déclinaison de la comète après le petit nombre z de jours ; je vous envoie pour cela les deux formules suivantes, dont je vous prie de faire usage, de préférence aux formules générales qui se trouvent dans la méthode que je vous ai donnée1. Soient G , Gc , Gs , Gcs , GIV , les cinq ascensions droites successives observées de la comète ; i, le nombre des jours qui séparent chaque observation de sa voisine et qui, si je me le rappelle bien, dans votre exemple est +13 ; la formule qui exprimera l’ascension droite de la comète, après le petit nombre z, de jours comptés depuis l’époque, sera : Gcs – Gc G – 2Gc + 2Gcs – G IV ½ Gs + z ® ----------------+ ---------------------------------------------------- ¾ 12i ¯ 2i ¿ IV 2 – 2Gs + Gc- – -----------------------------------------------------------------G – 4Gcs + 6Gs – 4Gc + G - ½ + z ® Gcs -------------------------------¾
¯
2i
2
24i
2
¿
1. Laplace lui avait envoyé un mémoire de 7 pages intitulé « Méthode pour déterminer les orbites des comètes », qui se trouve à la Bibliothèque de Sainte-Geneviève, MS 2324, fols 2-8 ; Laplace, O.C., 14, 355-368.
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pareillement, si l’on nomme r, r', r'', r''', r IV , les cinq déclinaisons successives observées de la comète, son ascension droite après le petit nombre z de jours comptés depuis l’époque, sera : – rc r – 2rc + 2rcs – r IV ½ rs + z ® rcs ---------------- + ------------------------------------------------- ¾ 12i ¯ 2i ¿ IV 2 – 2rs + rc- – -------------------------------------------------------------- r – 4rcs + 6rs – 4rc + r - ½ + z ® rcs -----------------------------¾
¯
2i
2
24i
2
¿
Je n’ai point donné ces formules dans l’extrait que j’ai eu l’honneur de vous communiquer, pour ne pas le rendre trop long ; mais elles se trouvent dans le mémoire même. Quand vous chercherez à corriger l’orbite, il faudra employer la première, la moyenne et la dernière de toutes les observations ; mais je ne doute point que du premier abord vous ne trouviez à très peu près la véritable distance périhélie et le vrai moment du passage de la comète par ce point. J’ai retourné de toutes les manières possibles l’analyse de ce problème, pour parvenir à la solution la plus simple et la plus exacte, et ce n’est qu’après un grand nombre de combinaisons que je me suis enfin arrêté à celle que je vous ai donnée. Je ne puis trop vous remercier de l’honneur que vous lui faites, en voulant bien l’insérer dans votre bel ouvrage. J’ai l’honneur d’être avec toute l’estime et la considération possibles Monsieur et cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, MS 2334, fols 10-11 ; publiée dans Bullettino di Bibliografia e di Storia delle Scienze Matematiche e Fisiche, 19 (1886), 176-177 ; et Laplace, O.C., 14, 368-369.
48. Laplace à [Lagrange], 10 février 1783
Paris, 10 février 1783 Monsieur et très illustre confrère, Voici un exemplaire de mon mémoire sur les comètes, que vous connaissez en partie par l’extrait que j’ai eu l’honneur de vous en envoyer1. Cette bagatelle mérite à peine votre attention, et je m’empresse de faire imprimer des recherches qui m’en paraissent un peu plus dignes, du moins si j’en juge par la peine qu’elles m’ont coûtée. Elles ont pour objet la détermination de fonctions de très grands nombres, en séries très convergentes : tels sont les termes moyens du binôme, du trinôme, etc. ; les différences finies ou infiniment petites très élevées, ou une partie quelconque de ces expressions, etc. Ces recherches servent de base à un ouvrage, auquel je travaille, sur la théorie des hasards, et sans leur secours il m’eût été impossible d’avoir la solution numérique d’un grand nombre de problèmes intéressants dont la solution analytique est d’ailleurs assez simple. J’ai reçu votre bel ouvrage sur la libration de la Lune, et je l’ai lu avec toute l’attention dont je suis capable. Je ne saurais vous exprimer jusqu’à quel point il m’a enchanté. L’élégance et la généralité de votre analyse, le choix heureux de vos coordonnées, la manière dont vous traitez vos équations différentielles, surtout celles du mouvement des points équinoxiaux et de l’inclinaison de l’équateur lunaire, tout cela, joint à la sublimité de vos résultats, m’a rempli d’admiration, et j’ai parfaitement compris combien il vous a fallu d’adresse pour amener à ce degré de simplicité une théorie aussi compliquée. Voici une ou deux réflexions qu’elle m’a fait naître. L’égalité rigoureuse du mouvement moyen de la Lune dans son orbite et de son moyen mouvement de rotation étant infiniment peu probable, c’est une très 1. « Mémoire sur la détermination des orbites des comètes », H.A.R.S., 83 (1780), 13-72 ; Laplace, O.C., 10, 93-127.
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belle chose que d’avoir prouvé, comme vous l’aviez déjà fait dans votre première pièce, que ce phénomène peut subsister avec une légère différence entre ces mouvements à l’origine ; mais les limites de cette différence sont si étroites qu’il y a fortement lieu de soupçonner une cause primitive qui a déterminé le mouvement de rotation à s’éloigner aussi peu du moyen mouvement dans l’orbite ; peut-être dépend-elle de la fluidité originaire de ce satellite. Sur cet objet, comme sur les mouvements des planètes, nous ne pouvons former que des conjectures vagues et propres tout au plus à reposer l’imagination. Le principe de la proportionnalité des aires aux temps fournit une démonstration assez simple de l’inaltérabilité du mouvement moyen de la Lune, par la figure non sphérique de cet astre ; car si, pour plus de simplicité, on néglige avec vous l’excentricité et l’inclinaison de l’orbite lunaire ; que l’on nomme L la masse de la Lune, R sa distance à la Terre, I son mouvement angulaire, et t le temps ; que l’on désigne ensuite par x' et y' les coordonnées d’une molécule d L de la Lune, rapportées à son centre et au plan de l’écliptique ; le principe dont il s’agit donnera l’équation 2 dI yc dxc – xc dyc LR ------ + ³ ------------------------------ dL = C dt , dt dt
C étant une constante ; en désignant donc par G une variation quelconque et faisant yc dxc – xc dyc ³ ------------------------------ dL = V , dt
on aura
2 dI 0 = LG § R ------· + GV ; © dt ¹
or, T étant la masse de la Terre, on a dI 2 + L- , R § ------· + T -----------© dt ¹ 2 R
d’où il est facile de conclure 2 dI 1 2 dI G § R ------· = – --- R G ------ ; © dt ¹ dt 3
donc
3GV- . G d-----I- = --------dt R 2 L
La variation GV dépend de celle du mouvement de rotation de la Lune et des variations dans la position de son axe ; or il est facile de s’assurer qu’une très légère variation dans le mouvement moyen de la Lune en donnerait de très
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grandes, soit dans son mouvement de rotation, soit dans la position de son axe ; car, si l’on suppose, par exemple, que cet axe soit perpendiculaire à l’orbite, on aura 2 d\ V = LkZ ------- , dt
d\ ------- étant la vitesse angulaire de rotation, Z le demi-diamètre de la Lune, et k dt 1 - à peu près, on étant nécessairement moindre que 4 ; et, comme on a Z ---- = -------R 218
aura
k d\ G d-----I- = --------------- G ------- , dt 15841 dt
c’est-à-dire qu’une minute d’accélération dans le moyen mouvement de la Lune produirait au moins 66° d’accélération dans son mouvement de rotation ; ce qui est contraire à la théorie et aux observations. C’est par des considérations à peu près semblables que j’ai fait voir, dans mon mémoire sur la précession des équinoxes, que l’action des eaux de la mer n’a aucune influence sensible sur le mouvement de rotation de la Terre ; et l’on peut prouver de même que ni les vents, ni la chaleur solaire, ni aucune des causes qui troublent la surface de la Terre ne peuvent altérer sa rotation, à moins qu’elles ne produisent un dérangement permanent dans la masse. J’attends avec bien de l’impatience le traité de Mécanique analytique que vous m’annoncez1, et dont je me fais d’avance une grande idée, d’après votre exposé du principe général qui lui sert de base. Comme je me suis servi d’un principe analogue dans mes recherches sur le reflux de la mer, cela m’avait donné lieu de faire quelques réflexions sur cet objet, que je me proposais de développer dans un mémoire ; mais je suis charmé de voir que vous vous êtes occupé de ce travail que vous avez sûrement exécuté mieux que je n’aurais pu faire. L’incertitude où l’on est sur les masses des planètes, et les dérangements qu’elles éprouvent de la part des comètes m’ont fait renoncer au mémoire que je préparais sur les variations des excentricités et des aphélies, et je me suis contenté de présenter leurs variations différentielles sous une forme simple et commode pour le calcul ; mais je ne doute point que vous ne répandiez beaucoup de lumières sur une matière aussi intéressante. Puisque vous vous occupez actuellement de ce genre de recherches, je désirerais que vous démontrassiez un théorème que vous avez supposé dans les Mémoires de Berlin, et que vous tirerez probablement sans beaucoup de difficulté de votre belle méthode sur les moyens mouvements des planètes. Ce théorème est que si l’on suppose deux planètes dont les orbites soient inclinées l’une à l’autre d’une manière quelconque, leur inclinaison moyenne ne change pas en vertu de l’action réciproque des deux planètes. Je m’étais proposé d’en chercher la 1. La Mécanique analytique ne parut qu’en 1788 à Paris.
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démonstration, lorsque j’en aurais le loisir, en faisant usage de votre méthode ; mais il vaut mieux à tous égards qu’elle vienne de vous. J’ai fait part à Monsieur Legendre des choses obligeantes que vous me marquez sur son compte ; il y est infiniment sensible, et il m’a chargé de vous en témoigner toute sa reconnaissance ; c’est un jeune homme d’un rare mérite, et qui est avantageusement connu de l’Académie par plusieurs excellents mémoires dont j’ai été rapporteur ; j’espère que quelque jour cette compagnie lui rendra justice en l’admettant parmi ses membres. Je me suis encore acquitté de votre commission relativement à Monsieur de Lalande. Il me paraît que cet astronome avait un grand désir de savoir à laquelle des deux théories, ou de celle de Monsieur Clairaut, ou de celle de Monsieur Euler, il faut s’en tenir ; car, dès le mois de juillet dernier, sans me prévenir qu’il vous en eût écrit, il me pria d’examiner cette matière, ce que je fis dans un petit mémoire que je lus à l’Académie vers le milieu du même mois, sans intention de le faire imprimer. Je le remis à cet astronome pour le communiquer à MM. Euler et Lexell, afin qu’ils se corrigeassent eux-mêmes, s’ils trouvaient mes observations justes. J’y remarque comme vous la faute commise en prenant V avec un signe contraire à celui qu’il doit avoir ; mais il y a d’ailleurs dans l’analyse de Monsieur Euler une faute plus essentielle, qui ne vous sera pas sans doute échappée, et qui consiste en ce que la formule de ce grand géomètre pour déterminer les perturbations de la Terre par l’action de Vénus renferme non seulement des termes proportionnels au temps et aux sinus de l’angle d’élongation de Vénus à la Terre et des multiples de cet angle, mais encore un terme proportionnel au sinus du moyen mouvement de la Terre, et qui se confond par conséquent avec l’équation du centre. J’ai donné dans mon petit mémoire le moyen d’obtenir ce terme, et je n’ai point douté qu’en retranchant ses valeurs des perturbations correspondantes trouvées par la formule de Monsieur Euler, on ne parvint à un résultat conforme à celui de Monsieur Clairaut. Monsieur Lexell, à qui Monsieur Euler avait communiqué mon mémoire, a répondu, dans une lettre datée du 4 octobre, qu’ayant refait de nouveau, et conformément à mes remarques, tout le calcul des perturbations, il était parvenu à des résultats entièrement conformes à ceux de Monsieur Clairaut. Il se propose de publier ses calculs dans les Mémoires de Pétersbourg. J’admire en vérité la patience de cet habile géomètre, pour avoir entrepris des calculs aussi pénibles, dans la vue de constater une chose qui me parait évidente a priori. Nous commençons déjà à entrevoir ici l’ellipticité de l’orbite de la planète Herschel. Je me suis formé pour cet objet une méthode qui n’a de mérite que la simplicité du calcul ; et, pour l’appliquer aux observations, j’ai prié Monsieur Méchain de m’en donner quatre, excellentes et dépouillées des effets de l’aberration, de la précession et de la nutation, et qui embrassent à peu près tout l’intervalle de temps depuis lequel on observe cet astre. Voici les éléments que j’en ai tirés :
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Demi grand axe ……………………………………. 19,0818 la distance moyenne du Soleil à la Terre étant 1. Rapport de l’excentricité au demi grand axe ………. 0,047587 ce qui donne Equation du centre …………………………….. 5° 27' 12" Longitude de l’aphélie ………………………… 11sig 23° 22' 27" Anomalie vraie le 21 décembre 1781 à 18h ........ 5' 40" Temps moyen à Paris ………………………….. 97° 29' 19" Ces deux angles sont comptés sidéralement à partir du 11 mai 1781. Lieu de nœud …………… 2sig 9° 57' 17" Inclinaison de l’orbite …... 43' 16" Il n’est pas besoin de vous dire que ces déterminations sont grossières et ne peuvent tout au plus que donner un premier aperçu1 sur la nature de l’orbite. Oserais-je vous prier de me rappeler au souvenir de Monsieur l’abbé Raynal si vous avez l’occasion de le voir ?2 Nous nous entretenons souvent de lui, Monsieur et Madame de Lavoisier, Monsieur du Séjour et moi, et nous regrettons infiniment qu’il ne soit pas à Paris pour y jouir de la considération qu’il a si bien méritée. L’estime générale de la partie éclairée de la nation est bien propre à le dédommager du sort qu’il éprouve, si quelque chose cependant peut, dans un âge avancé, nous dédommager de la perte du repos et de l’éloignement de nos amis ; j’espère qu’un heureux changement le ramènera parmi nous. Quoi qu’il arrive, je conserverai toujours une vive reconnaissance des bontés qu’il m’a témoignées dans plusieurs occasions. Adieu, mon cher confrère, vous connaissez mes sentiments inviolables pour vous, et avec lesquels je serai toujours, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Lagrange, O., 14, 117-123.
1. Laplace a écrit « une première aperçue ». 2. Guillaume Thomas François Raynal.
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49. [Lavoisier] à Laplace, 20 juin [1783]
A Monsieur Monsieur de Laplace de l’Académie des Sciences rue du Sépulcre1 Ce 20 juin [1783] La quantité de cendres que fournit le charbon par sa combustion est entre 9 et 12 grains par once. Les variétés viennent du plus ou moins de dureté ou de densité du charbon. Celui que nous avons choisi de préférence pour nos expériences était léger, ainsi on peut s’en tenir à 10 grains par once. J’ai fait passer de l’air à travers les deux bouteilles d’alcali caustique. L’expérience a duré deux heures. La première bouteille n’a ni augmenté, ni diminué de poids, la seconde a diminué de 3 à 4 grains. [Lavoisier] Ce samedi à l’Académie minute Arch. Ac. Sc., Registre de laboratoire de Lavoisier, 7, R7G ; publiée dans Lavoisier, C., fascicule III, pp. 735-736.
1. De la main de Lavoisier, mais non signé.
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50. Laplace à Deluc, 28 juin 1783
Monsieur Deluc at Mr. Hutton’s Queen’s Row Pimlico London Angleterre1 Ce 28 juin 1783 Monsieur, Monsieur Blagden m’a remis la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire et je vous remercie doublement, pour vous être souvenu de moi, et pour m’avoir procuré la connaissance d’un savant aussi estimable que Monsieur Blagden. J’ai le plaisir de le voir quelquefois ici, et je suis enchanté de la justesse de son esprit et de l’étendue de ses connaissances. A la première annonce des expériences de Monsieur Priestley sur la conversion de l’eau en air, j’avais présumé que l’air qu’il obtenait ainsi passait à travers sa cornue. Quelques expériences que nous fîmes sur cet objet, Monsieur Berthollet et moi, me confirmèrent dans cette pensée, et maintenant la chose paraît hors de doute. D’après les nouvelles expériences du docteur, que Monsieur Blagden nous a exposées plus en détail, vous me paraissez, cependant, persister à croire que l’eau qui s’évapore dans l’atmosphère y forme un véritable air, et si je me le rappelle bien, vous appuyez cette assertion sur un fait fort singulier, savoir que l’air dans lequel il y a beaucoup d’eau en vapeurs, ne pèse pas à volume égal plus que l’air parfaitement sec ; mais ne peut-on pas supposer que les vapeurs de l’eau, en se dissolvant dans l’air, augmentent son volume à peu près dans le même rapport qu’elles augmentent sa masse ? Ce qui me persuade que cela est ainsi, c’est que les vapeurs ainsi répandues dans l’air, se condensent et redeviennent eau, lorsqu’on leur présente des substances qui ont avec elles plus d’affinité que l’air, telles que l’acide vitriolique ou la chaux vive ; tandis que ces mêmes substances, placées dans un air parfaitement sec, ne le résolvent point en eau. Mais je n’insiste pas davantage, dans la crainte de ne pas bien saisir votre pensée ; ainsi, j’attends, pour vous en entre1. De la main de Monsieur Deluc : « Paris, M. de Laplace, 1783 28 juin ».
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tenir plus au long, la lettre au Docteur Priestley, dont vous me faites l’honneur de me parler, et que je verrai avec le plus grand plaisir, bien persuadé que j’y trouverai votre justesse d’idées et votre rigueur de raisonnement ordinaires. Je n’attends pas avec moins d’impatience, vos nouvelles recherches sur l’électricité. Si je me suis gré de cultiver la physique, c’est principalement par le plaisir de lire et de m’entretenir avec ceux qui, comme vous, Monsieur, enrichissent les sciences sans d’autre prétention que celle de leur être utile, et qui mettent leur bonheur à les cultiver pour elles-mêmes. Un penchant irrésistible vers les mathématiques, et une paresse qui m’est naturelle, m’empêcheront toujours de contribuer aux progrès de la physique, et je ne cherche dans son étude que l’avantage de jouir des découvertes que l’on y fait chaque jour. Je ne sais comment je me suis laissé entraîner par Monsieur de Lavoisier à travailler avec lui sur la chaleur. Le résultat de ce travail est une petite dissertation sur cette matière intéressante, que nous venons de lire à l’Académie ; nous allons la faire imprimer incessamment, et vous êtes sur la première ligne de ceux auxquels nous nous proposons de l’envoyer aussitôt qu’elle paraîtra, trop flatté de pouvoir vous donner par là, une marque de mon estime et du cas que je fais de votre suffrage1. Peut-être ne serez-vous pas fâché d’avoir les éléments de l’orbite de la planète de Monsieur Herschel, que j’ai conclus par une petite méthode analytique qui n’a d’autre mérite que sa simplicité, et que j’ai appliquée à quatre excellentes observations de Monsieur Méchain. Le demi grand axe = 19,0818, le rapport de l’excentricité au demi grand axe = 0,047587, ce rapport réduit en secondes = 9816", ce qui donne 5° 27' 12" pour la plus grande équation du centre, en sorte que l’orbite de cette planète est presque semblable à celle de Jupiter. Longitude de l’aphélie, le 11 mai 1781 = 353° 22' 27", anomalie vraie le 21 décembre 1781 à 18h5'40", temps moyen à Paris = 102° 52' 7". Ces éléments ont été communiqués à l’Académie dans le mois de janvier. Depuis, on nous a fait parvenir la date d’une observation de Mayer sur une petite étoile que l’on ne retrouve plus dans le ciel, à la place indiquée dans son catalogue. Son observation a été faite le 25 septembre 1756, vers les dix heures du soir. En supposant que cette petite étoile soit la planète même de Monsieur Herschel, je trouve que les éléments précédents représentent à 10" près l’observation de Mayer. Ce qui me paraît établir ces deux choses - 1°) que l’étoile observée par Mayer était la petite planète elle-même, - 2°) que les éléments précédents sont fort approchés. Je me suis servi de cette observation de Mayer pour déterminer exactement la longitude du nœud, et l’inclinaison de l’orbite, et j’ai trouvé : 1. Mémoire sur la Chaleur (Paris, 1783).
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longitude du nœud le 11 mai 1781 = 2sig.12° 47' 20", inclinaison de l’orbite = 46' 13". Si vous avez l’occasion de communiquer ces déterminations à MM. Herschel et Maskelyne, vous m’obligerez de le faire, et de dire en même temps à Monsieur Maskelyne que j’aurai l’honneur de remettre pour lui à Monsieur Blagden, un petit mémoire imprimé parmi ceux de l’Académie, sur la détermination des orbites des comètes1. Quoique je n’aie pas l’honneur d’être connu de lui, j’ose espérer cependant qu’il voudra bien accepter ce témoignage de mon estime. J’ai cherché à présenter aux géomètres une analyse complète du problème, et aux astronomes une méthode sûre et facile pour calculer les orbites des comètes, et j’ai eu la satisfaction de voir que deux de nos meilleurs astronomes, MM. Méchain et Pingré, s’en sont servi avec succès. J’attends avec impatience le mémoire de Monsieur Herschel, sur les mouvements du Soleil et des étoiles. Tous ces grands corps doivent se mouvoir, soit en vertu de mouvements primitivement imprimés, soit par leur attraction mutuelle. Cette idée est si naturelle que l’on peut bien se dispenser de l’écrire. Mais ce qui mérite une grande attention est la comparaison des observations entre elles, pour déterminer autant qu’il est possible, la nature de ces mouvements, ce qui est l’objet du mémoire de Monsieur Herschel. Voici un théorème assez intéressant, dont j’ai donné la démonstration à l’Académie, et que vous pourrez, si vous le jugez à propos, communiquer aux géomètres de votre connaissance. « Que l’on imagine un sphéroïde quelconque dont toutes les coupes soient elliptiques, et qui attire un point placé hors de lui ; la loi de l’attraction étant en raison réciproque du carré de la distance ; que l’on imagine un second sphéroïde qui ait le même centre que le premier dont les trois axes ayant la même position, et dont les coupes elliptiques faites par les mêmes plans passant par deux axes, aient les mêmes foyers, et dont la surface passe par le point attiré ; l’attraction du premier sphéroïde sur le point dont il s’agit, sera à l’attraction du second sphéroïde sur le même point, comme la masse du premier sphéroïde, est à celle du second ». Engagez les géomètres que vous connaissez à en chercher la démonstration. Je m’assure qu’ils y trouveront quelques difficultés. Ce théorème peut mériter leur attention en ce qu’il complète toute la théorie des attractions de ce genre de solides, théorie si bien commencée par Maclaurin, et qui depuis a été étendue par MM. d’Alembert et de Lagrange. Nous avons répété, ces jours derniers, Monsieur de Lavoisier et moi, devant Monsieur Blagden et plusieurs autres personnes l’expérience de Monsieur Cavendish sur la conversion des airs déphlogistiqués et inflammables, par leur combustion ; avec cette différence que nous les avons fait brûler sans le secours de l’étincelle électrique, en faisant concourir deux courants l’un d’air 1. « Mémoire sur la détermination des comètes », H.A.R.S., 83 (1780), 13-72 ; Laplace, O.C., 10, 93-146.
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pur, l’autre d’air inflammable. Nous avons obtenu de cette manière plus de deux gros et demie d’eau pure ; ou du moins qui n’avait aucun caractère d’acidité et qui était insipide au goût ; mais nous ne savons pas encore si cette quantité d’eau représente le poids des airs consommés. C’est une expérience à recommencer avec toute l’attention possible, et qui me parait de la plus grande importance. Je finis ici mon bavardage en vous assurant de tous les sentiments d’estime et de considération avec lesquels je suis pour la vie, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn ; en partie publiée dans James Patrick Muirhead, ed. Correspondence of the Late James Watt on His Discovery of the Theory of the Composition of Water (London, 1846), pp. 41-42.
51. Laplace à Deluc, [juin 1783]
A Deluc [juin 1783]1 Monsieur, Voici quelques exemplaires du « Mémoire sur la chaleur », dont je crois vous avoir parlé dans ma dernière lettre2. Je vous prie d’en prendre un pour vous et de faire remettre les autres à leurs adresses respectives. Si vous aviez le loisir de vous occuper de cette lecture, je serais très charmé d’avoir votre 1. De la main de Deluc : « Paris, M. de Laplace, juin 1783. Demander à M. de Laplace, ce que c’est que ce Mémoire de M. Trembley dont parle M. de Saussure, dans une note, page 349 de son ouvrage ». 2. D’abord publié séparément, en ensuite dans H.A.R.S., 83 (1780), 355-408 ; Laplace, O.C., 10, 1-89.
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avis sur cet objet, et je vous prierais de me le faire connaître. C’est mon premier essai en physique, et je vous avoue que j’en suis si peu content, que je suis tenté d’abandonner cette carrière et de me restreindre uniquement à la géométrie. MM. le Marquis de Malespine et l’abbé Luynes qui veulent bien se charger de ce paquet, viennent à Londres dans l’intention de voir les savants de cette capitale et pour cette raison votre connaissance est une de celles qui doit les intéresser davantage. Trouvez bon que je vous les recommande, en vous priant de les présenter aux savants de votre connaissance. Je vous prie de me rappeler au souvenir de Monsieur Blagden, l’un des esprits les plus justes que je connaisse. On va répéter incessamment l’expérience de Monsieur Montgolfier relativement au globe plein d’air inflammable qui s’élève en l’air. Nous vous en ferons parvenir les résultats. Monsieur Monge a répété, avec un appareil fort commode pour cet objet, l’expérience de la combustion de l’air pur et de l’air inflammable, et il est parvenu à brûler environ 49 pintes d’air pur et 105 pintes d’air inflammable. Il en a retiré 2 onces 1 gros 59 grains d’eau, et 14 pintes environ d’air résidu qui était en partie de l’air inflammable et en partie de l’air méphitique. C’est à très peu près, poids pour poids, la quantité d’air consommée ; en sorte qu’il me parait incontestable que l’eau est un composé d’air inflammable et d’air pur combiné sous forme concrète. Monsieur Méchain vient de vérifier à Paris la période d’Algol. Je vous prie de dire à Monsieur Maskelyne, que par la comparaison de plusieurs observations, j’ai trouvé qu’il fallait un peu avancer le nœud de l’orbite de la planète Herschel et supposer sa longitude d’environ 73° 1'. Tous les autres éléments restent constants, et le mouvement de la planète en longitude se trouve représenté par ces éléments avec une précision singulière. Monsieur Méchain vient d’observer cette planète depuis qu’elle est dégagée des rayons du Soleil, et je n’ai trouvé que 5" de différence entre le lieu observé et le lieu calculé. Je finis mon bavardage en vous réitérant tous les sentiments d’estime et d’amitié avec lesquels je ne cesserai d’être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn ; publiée en partie par J.P. Muirhead, Correspondence of James Watt ..., pp. 41-42.
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52. [Lavoisier] à Laplace, 19 juillet 1783
A Monsieur de Laplace 19 juillet 1783 Sang de bœuf : son effet sur le gaz oxygène1. Gaz oxygène, le sang de bœuf en augmente le volume. J’ai été obligé, Monsieur mon cher confrère, de changer quelque chose à l’appareil de notre expérience avec le sang de bœuf, parce qu’il était extrêmement difficile de placer le thermomètre dans le vase qui contenait le sang de bœuf lorsqu’il était sous la cloche. J’ai, en conséquence, pris le parti de remplir ma cloche d’une nouvelle quantité d’air déphlogistiqué, et j’y ai introduit une couche de sang de bœuf de la même manière que nous introduisions de l’alcali caustique. Cette couche était assez épaisse pour que la boule du thermomètre pût y être plongée. Le mercure du bain était à 20° 1/3 du thermomètre ; le sang de bœuf, avant d’être introduit dans l’air fixe était à 20° ¾ ; deux ou trois minutes après que le sang a été introduit dans l’air déphlogistiqué, le thermomètre qui y était plongé s’est trouvé à 21° 1/3. J’ai retiré plusieurs fois le thermomètre de dessous la cloche, et il m’a semblé que le sang de bœuf conservait assez constamment une température d’un demi degré ou de ¾ de degrés plus fort que le bain de mercure. Comme la différence est très peu considérable, on ne peut pas prendre une confiance absolue dans le résultat de cette expérience. Il faudra la répéter sur une quantité de sang de bœuf moins considérable et disposer la chose de manière que la chaleur acquise ne se communique pas aussi facilement aux corps environnants. Une circonstance remarquable, et qui n’est nullement douteuse, c’est que le sang de bœuf, loin d’augmenter le volume d’air déphlogistiqué, le diminue d’une petite quantité. Cette diminution a lieu dans les premières minutes et le lendemain, elle n’était point plus grande. Vous voyez que Monsieur Fontana s’est trompé. Je pars à l’instant ; ainsi en voilà pour quinze jours sans avoir le plaisir de vous voir.
1. Le fait que le mot « oxygène » apparait sur cette copie indique bien qu’elle a été faite tardivement.
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J’ai ... [Lavoisier] minute-copie1 Arch. Ac. Sc., Registre de Laboratoire de Lavoisier, n° 8, fol. 59 ; publiée dans Lavoisier, C., fascicule III, pp. 738-739.
53. reçu, 21 juillet 1783
21 juillet 1783 J’ai reçu de Monsieur le Comte de Buffon, trésorier perpétuel de l’Académie royale des Sciences, la somme de 500 livres, pour laquelle je dois être porté sur l’état des dépenses de ladite Académie, pour l’année 1782 ; dont quittance à Paris, ce 21 juillet 1783. Laplace reçu Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
1. Cette minute n’est pas de la main de Lavoisier.
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54. Lagrange à [Laplace], 5 août 1783
Berlin, 5 août 1783 Monsieur et très illustre confrère, Voici les deux mémoires que j’ai fait imprimer cette année. Je suis redevable aux bontés de Monsieur de Brack, qui m’a rendu votre lettre, de l’occasion de vous les faire passer si promptement. Je vous prie de les accepter comme une faible marque des sentiments que je vous dois et que je suis bien flatté de vous devoir. Vous trouverez deux exemplaires de celui sur les fluides1. Ayez la bonté d’en présenter un de ma part à Monsieur d’Alembert, en lui faisant agréer en même temps tous mes hommages. La seconde partie de la théorie des variations séculaires est aussi achevée, mais ne peut paraître que l’année prochaine ; d’ailleurs, ne contenant que des applications numériques jointes à quelques discussions astronomiques relatives aux éléments, elle ne peut intéresser les géomètres que très faiblement. Je crains même que la première, quoique purement analytique, ne soit peu digne de leur attention, et je vous demande d’avance votre indulgence, tant pour ce mémoire que pour celui qui le précède. J’ai reçu et lu avec bien de la satisfaction le vôtre sur les orbites des comètes2. Ce que je vois de vous m’enchante de plus en plus par la finesse des idées et par l’élégance de l’analyse. Comme ce dernier point a souvent été négligé par les grands géomètres, je m’y suis principalement attaché depuis quelque temps, et je me réjouis infiniment que d’autres en fassent de même, surtout lorsqu’ils y réussissent aussi bien que vous. J’ai lu aussi avec le plus grand plaisir les recherches de Monsieur du Séjour sur le même sujet3 ; mais il a fait aux miennes un honneur qu’elles ne méritent pas, et il pouvait, en sûreté de conscience, garder le peu qu’il en a tiré. Je vous prie de vouloir bien lui dire mille choses de ma part. Je conserve toujours un doux souvenir des bontés dont il m’a honoré en 1764 et 1766.
1. « Mémoire sur la théorie du mouvement des fluides », Nouveaux Mémoires de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Berlin, année 1781, 151-198 ; et Lagrange, O., 4, 695-748. 2. « Mémoire sur la détermination des orbites des comètes », H.A.R.S., 83 (1780), 13-72 ; Laplace, O.C., 10, 93-146. 3. Essai sur les Comètes en Général ... (Paris, 1775).
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Je me sais bon gré d’avoir remis à une autre année l’impression des nouvelles recherches que je vous avais annoncées ; peut-être même les supprimeraije tout à fait, si je les trouve peu dignes de paraître après les vôtres et celles de Monsieur du Séjour. Monsieur Lexell vient de rectifier son calcul sur l’action de Vénus, dans le dernier volume de Pétersbourg1. Outre l’erreur du signe, j’avais aussi reconnu les termes étrangers qui s’étaient glissés dans le résultat de ce calcul, et j’avais trouvé, en suivant les procédés de MM. Euler ou Lexell, cette formule analytique –2'', 775p – 9'', 155sint – 10'', 626sinp – 0'', 151sin2p, pour représenter la table de la page 306 des Actes de 1778, p étant l’élongation moyenne de Vénus et t la longitude moyenne de la Terre : cette formule, trouvée a priori, représente assez bien la table en question, ce qui est d’autant plus singulier qu’elle est totalement différente de celle que Monsieur Euler a trouvée a posteriori dans le même endroit, et cela doit servir à nous mettre en garde contre les formules trouvées uniquement par cette dernière voie. C’est le seul avantage qui résulte maintenant de mon travail, dont je ne ferai plus usage. Vous me faites bien plus d’honneur que je ne mérite de me croire un objet digne de la curiosité des voyageurs ; je suis si persuadé du contraire, que j’évite autant que je peux d’en voir ; mais je vous suis très obligé de m’avoir procuré la connaissance de Monsieur de Brack, qui me paraît un homme très estimable à tous égards et dont le mérite est encore relevé à mes yeux par le titre de votre ami. Vous savez combien je l’ambitionne moi-même ; je désire ardemment de m’en rendre digne par les vifs sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Votre très humble et très obéissant serviteur. de Lagrange Lagrange, O., 14, 126-128.
1. « De perturbatione in motu Telluris ab actione Veneris oriunda », Acta Academiae Scientiarum Imperialis Petropolitanae, pars posterior pro anno 1779, 359.
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55. Laplace au [Comte de Saluces1], 13 août 1783
A Paris, ce 13 août 1783 Monsieur le Comte, J’ai reçu la lettre par laquelle vous voulez bien m’informer de l’honneur que m’a fait votre illustre Académie, en m’admettant parmi ses membres. Je ne puis vous exprimer toute la satisfaction que j’en ai ressentie. J’ose vous prier, Monsieur, de lui en témoigner ma reconnaissance. La faveur dont elle vient de m’honorer sera pour moi un nouveau motif d’émulation, en m’excitant à m’en rendre digne. C’est la seule manière dont je puisse la reconnaître ; et si mes faibles travaux peuvent être agréables à cette savante compagnie, je me ferai toujours un devoir de lui en présenter l’hommage. Si je ne craignais pas de me donner une importance que je ne mérite sous aucun rapport, je prendrais la liberté de vous prier de mettre aux pieds de Sa Majesté2 les sentiments profonds d’admiration et de respect dont je suis pénétré pour Elle, et que je partage avec ceux qui s’intéressent au bonheur des hommes, et au progrès des sciences dont Elle est un si digne protecteur. Tous les savants applaudiront au choix qu’elle a fait, en vous nommant pour présider l’Académie qu’elle vient de former. Daignez en recevoir mon compliment, et agréer l’assurance des sentiments de reconnaissance, d’estime, et de respect avec lesquels je suis, Monsieur le Comte, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Turin, Accademia delle Scienze, n° 32106.
1. Giuseppe Angelo Saluzzo di Monesiglio. 2. Vittorio Amadeo III de Savoie.
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56. Laplace à [Lagrange], 21 août 1783
Paris, 21 août 1783 Monsieur et très illustre confrère, Voici deux exemplaires d’un mémoire sur la chaleur, d’après quelques expériences que nous avons faites en commun, Monsieur de Lavoisier et moi, sur cette matière1. Vous voudrez bien en garder un pour vous, et remettre l’autre à Monsieur Achard. Je serais bien charmé d’avoir votre avis sur ce mémoire, si vos occupations vous laissent assez de loisir pour le parcourir. Je ne sais en vérité comment je me suis laissé entraîner à travailler sur la physique, et vous trouverez peut-être que j’aurais beaucoup mieux fait de m’en abstenir ; mais je n’ai pu me refuser aux instances de mon confrère Monsieur de Lavoisier, qui met dans ce travail commun toute la complaisance et toute la sagacité que je puis désirer. D’ailleurs, comme il est fort riche, il n’épargne rien pour donner aux expériences la précision qui est indispensable dans des recherches aussi délicates. Monsieur Legendre me dit que vous avez reçu l’exemplaire de mon mémoire sur les comètes, et que vous vous proposez de m’envoyer quelques nouveaux mémoires que vous faites maintenant imprimer. Je les attends avec la plus vive impatience. Cet académicien vous a fait part d’un fort beau théorème qu’il a trouvé sur les attractions des sphéroïdes elliptiques de révolution ; sa manière d’y parvenir, fondée sur la considération des suites, est fort ingénieuse2 ; mais malheureusement elle est bornée aux sphéroïdes elliptiques de révolution, et il a cherché inutilement à l’étendre à ceux qui ne le sont pas. Cela m’a donné la curiosité de voir s’il ne serait pas possible de ramener aux attractions à la surface les attractions de ces sphéroïdes sur un point quelconque situé au dehors ; et, après quelques tentatives infructueuses, je suis enfin parvenu à démontrer généralement que le théorème de Maclaurin3, que ce savant n’a énoncé que relativement aux points placés sur le prolongement des axes d’un sphéroïde elliptique, a lieu généralement pour les points situés sur le prolongement d’un rayon vecteur quelconque. J’ai communiqué cette démonstra1. « Mémoire sur la chaleur », H.A.R.S., 83 (1780), 355-408 ; et Laplace, O.C., 10, 149-200. 2. Mémoires de Mathématique et de Physique Présentés à l’Académie Royale des Sciences, par Divers Savans, 10, 411-434. 3. Lagrange, O., 13, 309.
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tion à l’Académie, le 24 mai dernier, et je compte la faire imprimer incessamment dans un petit ouvrage élémentaire sur l’astronomie physique, dont l’impression est déjà commencée1. Je vous ai communiqué dans ma dernière lettre les éléments que j’ai trouvés de l’orbite de la planète Herschel. Depuis cette époque, on nous a fait part d’une observation de cette planète faite par Monsieur Mayer le 25 septembre 1756 ; mais ce qui m’a beaucoup surpris, c’est que mes éléments représentent à quatre ou cinq secondes près cette observation. Je m’en suis servi pour corriger le lieu du nœud et l’inclinaison de l’orbite. Je vais vous donner ici ces mêmes éléments rapportés au 1er janvier 1782, à midi, temps moyen à Paris. Demi grand axe de l’orbite …………………………………… 19,0818 Rapport de l’excentricité au demi grand axe …………………. 0,047587 Ce rapport réduit en secondes ………………………………… 9815",5 Plus grande équation du centre ……………………………….. 5° 27' 11" Anomalie moyenne sur l’orbite, le 1er janvier 1782 à midi temps moyen à Paris …………………………………………………………… 102° 57' 31" Longitude de l’aphélie sur l’orbite à la même époque …………353° 22' 59" Longitude du nœud ascendant au même instant ……….………73° l' Inclinaison de l’orbite …………………. 46' 12" Logarithme du nombre des secondes que la planète décrit dans un jour par son moyen mouvement ………… 1,6290783 En nommant donc n le moyen mouvement de la planète sur l’orbite, compté de l’aphélie ; Z son anomalie excentrique et u son anomalie vraie ; enfin Q son rayon vecteur, on a les trois équations u = Z + 9815'', 5sin Z , tang½ X = 0,953493 tang½ Z , X = 19,0818 + 0,908045 cos Z .
Le mémoire de physique que je vous envoie a retardé l’impression du mémoire que je vous avais annoncé sur les approximations des formules qui sont fonctions de très grands nombres ; mais je pense qu’on l’imprimera bientôt2.
1. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784). 2. « Mémoire sur les approximations des formules qui sont fonctions de très grands nombres », H.A.R.S., 85 (1782), 1-88 ; Laplace, O.C., 10, 209-291.
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Adieu, mon cher confrère ; je vous prie de me croire, avec tous les sentiments d’estime et d’amitié que vous savez si bien m’inspirer et que personne ne ressent plus vivement que moi, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace P.S. J’oubliais de vous faire mon compliment sur la qualité de Président honoraire de l’Académie que le Roi de Sardaigne1 vient d’établir à Turin. Sa Majesté m’a fait l’honneur de m’y admettre comme Associé étranger. Ainsi me voilà sous votre présidence ; je suis seulement fâché que ce soit de si loin. Lagrange, O., 14, 123-126.
57. document, [octobre 1783]
[octobre 1783] Mémoire2 Monsieur Bézout, membre de l’Académie Royale des Sciences, examinateur des élèves de l’artillerie et des Gardes de la Marine, vient de mourir. Comme sa santé commençait à s’altérer depuis quelques années, il avait jetté les yeux pour lui succéder sur le Sieur de Laplace, géomètre de l’Académie des Sciences, et il l’avait désigné dans les bureaux des Ministres comme le plus propre à le remplacer. Il était au moment d’en faire la proposition au Ministre, lorsqu’une mort prématurée l’a empêché d’exécuter ce projet. Il serait d’autant plus intéressant pour la veuve et pour les enfants du Sieur Bézout que cet arrangement put avoir lieu, que la nomination du Sieur de
1. Vittorio Amedeo III de Savoie. 2. Préparé pour le Ministre de la Guerre, Philippe Henri de Ségur.
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Laplace donnerait lieu à des arrangements de famille qui entreraient encore dans les vues bienfaisantes du Ministre. Plusieurs membres de l’Académie des Sciences qui connaissent les talents supérieurs du Sieur de Laplace, et combien il conviendrait aux places qu’il sollicite, prennent la liberté d’appuyer cette demande auprès du Ministre. document S.H.D., Archives de la Guerre, Yh165, pièce 9.
58. Gribeauval à [Ségur], 11 octobre 1783
A Bovelles, le 11 octobre 1783 Monseigneur1, En perdant Monsieur Bézout, le Corps de l’artillerie se trouve privé d’un examinateur éclairé, impartial, de la plus grande honnêteté, enfin tel qu’il le fallait. Parmi ceux qui demandent à lui succéder, Monsieur de Laplace, de l’Académie des Sciences, est celui qui parait réunir les suffrages les plus déterminants à lui donner la préférence, et ce qui contribue encore à me persuader qu’il a les qualités convenables pour la mériter et pour bien remplir l’emploi d’examinateur, c’est qu’on m’assure que Monsieur Bézout, qui les lui avait reconnues et avec lequel il était très lié, avait même le projet de le proposer, par la suite, pour être son successeur. D’après cela, Monsieur le Maréchal, et s’il ne vous est revenu rien de contraire à ce que je viens d’avoir l’honneur de vous marquer concernant Monsieur de Laplace, je vous supplie de le nommer à l’emploi dont il est question. Par là, vous mettrez fin aux sollicitations importunes et aux effets de l’intrigue de beaucoup de gens peu fait[s] pour le remplir. Vous rétablirez le calme et le courage parmi nos jeunes gens, auxquels on essaie déjà d’inspirer que le nouvel examinateur fera admettre un autre Cours 1. Jean Baptiste Vaquette de Gribeauval était Premier Inspecteur de l’Artillerie, et Philippe Henri de Ségur Ministre de la Guerre et son supérieur. De la main de Ségur : « m’en parler ».
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de Mathématiques que celui adopté, ce qui serait d’autant plus contraire au bien du service de l’artillerie que le Cours actuel a été fait exprès pour la chose et que ceux des officiers généraux et supérieurs du Corps, ainsi que la plupart des professeurs de nos écoles en état de coopérer à sa composition, ont été consultés lorsqu’il s’est agi de le faire1. En nommant Monsieur de Laplace, qui suivrait et n’aurait rien de mieux à faire que de suivre ce Cours, vous rendriez aussi, Monsieur le Maréchal, un service important à la veuve et aux enfants du feu Monsieur Bézout, qu’il a laissé à peu près dans la détresse, celui de faciliter à leur profit, le débit de la nouvelle édition de ce Cours actuellement à l’impression, qui achevrait, sans cela, de les ruiner. Comme ces malheureux seraient d’ailleurs fort à plaindre, si vous n’aviez, Monsieur le Maréchal, la bonté de leur obtenir les bienfaits du Roi, je les réclame pour eux et avec d’autant plus de confiance que vous connaissez la justice et les égards dus au service de feu Monsieur Bézout. Je suis, avec respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Gribeauval P.S. Je vous demande en grâce, Monsieur le Maréchal, de nous délivrer des intrigues de Monsieur l’abbé Bossut qui dérangerait toute notre affaire ; elle va bien ; nous en sommes tous contents ; il nous faut un homme tranquille et surtout honnête pour successeur à Monsieur Bézout, et Monsieur de Laplace ferait notre affaire. Tout le monde me l’assure. lettre complémentaire S.H.D., Archives de la Guerre, Yh165, pièce 3 ; publiée par Denis I. Duveen et Roger Hahn, Isis, 48 (décembre 1957), 423.
1. Cours de Mathématiques, à l’Usage du Corps de l’Artillerie (Paris, 1784) en plusieurs volumes, et qui existe en nombreuses éditions.
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59. Laplace à Lavoisier, [octobre 1783]
A Monsieur Monsieur de Lavoisier, Fermier général, et de l’Académie des Sciences, A l’Arsenal Ce jeudi matin [octobre 1783] Monsieur et très cher confrère, Je ne vois encore rien de clair dans mon affaire. Monsieur Blouin m’a paru très disposé pour moi : il a mis sous les yeux du Ministre, le vœu de Monsieur Bézout et de sa famille, à mon égard, en y joignant un témoignage favorable, et il a bien voulu en écrire à des personnes puissantes, qui s’intéressaient beaucoup à Monsieur Bézout ; mais il ne m’a pas laissé ignorer que j’avais des rivaux à craindre et que dans une affaire de cette nature, les ministres se décideraient par des recommandations puissantes. Monsieur de Vaudreuil est très favorablement disposé et a dû parler de moi avec intérêt, à Monsieur le Maréchal de Ségur, mais j’ignore encore le succès de sa démarche. Tout ce que j’ai pu recueillir, c’est que Monsieur de Ségur est vivement sollicité par un abbé, que je soupçonne être l’abbé Marie, qui probablement porte Monsieur Legendre, et que, peut-être, on cherchera à diviser les deux places. Monsieur de Ségur doit être présentement à Paris, et Monsieur le Président de Saron m’a promis de lui parler à ce sujet. Je ferai en sorte de le voir et de me faire présenter à lui par Monsieur de Saron. Je viens d’écrire une lettre pressante à Monsieur le Duc d’Ayen, dans laquelle je le prie de m’appuyer fortement auprès de Madame la Comtesse de Lamarck, sa tante, qui peut tout sur Monsieur le Maréchal de Castries et qui est déjà prévenue du désir qu’a la famille de Monsieur Bézout de me voir lui succéder. Enfin, je me propose d’aller samedi à Versailles et de me faire présenter à Monsieur le Maréchal de Castries par Monsieur de Lassone. C’est l’avis de Monsieur Blouin, dont je suivrai les conseils dans cette affaire. Je crois que l’abbé Bossut n’est pas actuellement à Paris ; ainsi je suis, pour le moment, rassuré de ce côté. Voilà où en sont mes affaires, et vous voyez qu’il m’est impossible d’en prévoir le succès. Je suis d’ailleurs si peu accoutumé à ce genre de combinaisons nécessaires pour les
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faire réussir, que je crains leur peu de réussite. Quoiqu’il en soit, je n’oublierai jamais l’intérêt que vous voulez bien y prendre, et j’en conserverai toujours le plus doux souvenir et la plus vive reconnaissance. Je vous prie d’en être bien persuadé, ainsi que des sentiments d’estime et d’amitié avec lesquels je suis, pour la vie, Monsieur et très cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace La personne qui sollicite pour la Marine est de l’Académie des Sciences ; ce n’est ni l’abbé Bossut, ni l’abbé Rochon, ni Monsieur Vandermonde. Ainsi, je soupçonne que c’est Monsieur Legendre, ou plutôt l’abbé Marie, qui agit pour lui, dans l’espérance de lui faire obtenir une des deux places. Lettre publiée par Denis I. Duveen et Roger Hahn, Isis, 48 (décembre 1957), 418-419 ; et dans Lavoisier, C., fascicule III, pp. 750-752. Cette lettre faisait partie de la Collection Duveen, maintenant dispersée.
60. Laplace [à Castries], [octobre 1783]
[octobre 1783] Monseigneur1, Quoique les démarches que quelques personnes ont bien voulu faire, pour vous engager à me confier la place d’Examinateur des Gardes de la Marine et du Pavillon, n’aient pu avoir le succès dont j’ai osé un moment me flatter, je n’en conserve pas moins l’espoir d’être employé utilement sous vos ordres. La théorie de la construction des vaisseaux, fondée jusqu’à présent sur des hypothèses très précaires, est d’une faible utilité pour le constructeur qui n’a pour 1. Ministre de la Marine.
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se guider dans son art, que des observations isolées sur quelques formes avantageuses que le hasard a fait découvrir, et dont l’application est toujours incertaine. On ne peut douter cependant, que les lois du mouvement et de la résistance des fluides lorsqu’elles seront suffisamment approfondies, ne conduisent à des règles sûres et précises sur cette matière importante ; mais la détermination de ces lois ne peut être que le fruit d’une géométrie très délicate, éclairée par un grand nombre d’expériences. J’en ai fait, depuis longtemps, l’objet de mes recherches, et nous nous proposions, Monsieur Bézout et moi, de faire ensemble les diverses expériences qui y sont relatives. Si vous daignez, Monseigneur, favoriser ces travaux, je m’y livrerai par goût et par devoir, et je ferai en sorte de répondre à la confiance dont vous voudriez bien m’honorer. L’Ecole du Génie de la Marine est établie à Paris, d’où il me paraît important que les élèves ne sortent qu’avec une instruction très complète, pour être ensuite employés dans les ports. Je ne crois pas, Monseigneur, former une demande indiscrète, en vous suppliant de me charger particulièrement de l’examen des jeunes gens destinés à la construction des forces navales. Cette commission, pour laquelle je ne vous demande point de traitement me fournirait les moyens de vous donner des preuves de mon zèle, et l’agrément de diriger mes connaissances sur une partie qui me flatte autant qu’elle me parait utile pour l’état. Je suis, avec un très profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace S.H.D., Archives de la Marine, dossier personnel Laplace, CC7 Alpha 1371, pièce 1 ; publiée par Denis I. Duveen et Roger Hahn, Isis, 48 (décembre 1957), 425.
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61. Laplace à Deluc, 5 novembre 1783
A Monsieur Deluc at Mr Hutton’s Queen’s Row Pimlico à Londres1 A Paris, ce 5 novembre 1783 J’ai reçu, Monsieur, la lettre et le paquet que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser, et je vous remercie infiniment de l’un et de l’autre. Je suis très sensible à votre souvenir et j’accepte avec grand plaisir la correspondance dont vous voulez bien m’honorer. Je ne doute point que vous ne répandiez dans vos lettres un grand jour sur les objets les plus importants de la physique et de la météorologie ; et j’applaudirai de bon cœur à vos recherches. Malheureusement, je ne puis guère faire autre chose, étant distrait de l’étude de la physique, par mon goût pour la géométrie et par les fonctions d’une nouvelle place que le gouvernement vient de me confier, celle d’examinateur des élèves du Corps royal d’Artillerie. Je me bornerai donc à vous faire part de quelques idées que me suggéreront vos lettres, en vous demandant votre indulgence que je tâcherai de mériter par ma franchise. Vous voudrez bien me mander ce que je dois faire de la première lettre que vous m’avez adressée. L’opinion que Messieurs vos savants ont bien voulu prendre du mémoire sur la chaleur nous flatte extrêmement, Monsieur de Lavoisier et moi, et nous vous prions de leur témoigner combien nous y sommes sensibles. Monsieur Watt croit qu’il peut y avoir quelque erreur dans notre méthode pour mesurer la chaleur, à cause de l’eau qui adhère à la surface et dans les interstices de la glace pilée ; mais j’ai répondu à cette objection dans le mémoire en observant, 1°) que quand la glace est pressée, elle forme une croûte très dense et presque sans interstices ; 2°) que la glace au commencement de chaque expérience est déjà imbibée de toute la quantité d’eau qu’elle peut ainsi retenir ; et ce qui prouve qu’il n’en peut résulter aucune erreur sensible, c’est que les diverses expériences faites dans un temps favorable s’accordent entre elles avec une exactitude singulière. Le moyen de mesurer la chaleur par la condensation des vapeurs de l’eau
1. De la main de Deluc : « Paris, M. de Laplace, 1783 5 novembre ; Rep.[ondu] : fev[rier] 1784 ».
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bouillante, imaginé par Monsieur Watt me paraît fort ingénieux, je désire beaucoup qu’il le mette à exécution. Je vous prie de dire à Monsieur Herschel, que depuis quelque temps, des affaires très multipliées m’ont empêché de m’occuper de sa petite planète ; que cependant, je crois les éléments que j’en ai donnés, fort approchés, et qu’il faudra un temps assez considérable avant que de pouvoir les corriger d’une manière certaine. Maintenant que me voilà un peu libre, je vais reprendre mes travaux, et continuer l’impression d’un petit ouvrage sur le système du monde, dans lequel il est question de cette planète, et dont je me propose de vous envoyer des exemplaires à l’un et à l’autre1. Adieu, Monsieur, j’attends avec bien de l’impatience la suite de vos lettres, et je suis bien curieux de voir par quelles raisons vous prouvez la transmutation de l’eau en air, car je vous avoue que j’ai un fort penchant à croire qu’elle n’est qu’en dissolution dans l’atmosphère, mais je suis prêt à changer de sentiment, du moment où je verrai de fortes preuves en faveur de votre opinion. Je suis avec tous les sentiments d’estime et de considération que vous m’avez inspirés, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Vous aurez sans doute appris les pertes que l’Académie a faites dans Messieurs Euler, d’Alembert et Bézout ; cette année est funeste à la géométrie. Comme je suis fort pressé dans ce moment, et que vous me paraissez désirer une prompte réponse, je remets à une autre fois, à vous entretenir de ce qu’il y a de nouveau à Paris dans les sciences. Mille compliments, je vous prie, à Monsieur Blagden. Arch. R. Hahn.
1. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784).
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62. [?] à [Castries], 13 novembre 1783
13 novembre 1783 Monseigneur ayant accueillit la demande de M. de La Place, on a fait les lettres pour le charger de l’inspection de l’Ecole des Elèves-Ingénieurs de la Marine à Paris et de l’examen des élèves ; quelques uns attendent en ce moment cet examen. Approuvé1 lettre complémentaire S.H.D., Archives de la Marine, dossier personnel Laplace, CC7 Alpha 1371, pièce 3.
63. [Castries] à [Laplace], 13 novembre 1783
13 novembre 1783 L’offre que vous avez faite, Monsieur, de vos services pour l’inspection de l’Ecole des Elèves-Ingénieurs de la Marine à Paris, ainsi que pour l’examen de ces élèves, et le désintéressement que vous y avez mis n’ont pu être que très agréables au Roi. Sa Majesté approuve que vous soyez chargé de cette inspection et de cet examen. Je donne ordre au Sieur Dudin, gouverneur des élèves, de vous faire reconnaître en cette qualité. Vous en trouverez en ce moment quelques-uns à examiner. Je serai charmé que ce service vous donne des rela1. De la main du Maréchal de Castries.
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tions avec moi, et je suis persuadé que vos connaissances et vos recherches pourront être fort utiles aux progrès de l’art de la construction des vaisseaux. Je suis très parfaitement ... [Castries] copie S.H.D., Archives de la Marine, dossier personnel Laplace, CC7 Alpha 1371, pièce 2.
64. [Laplace] à [Castries], 15 novembre 1783
Au Ministre de la Marine1 15 novembre 1783 Remerciements de Laplace de la place qu’on vient de lui accorder. « Deux choses me paraissent mériter la plus sérieuse considération ; la première est la théorie de la construction des vaisseaux qui est à peine ébauchée ... ; la seconde est la forme d’instruction la plus avantageuse. Je me propose de méditer sur ces deux objets ». [Laplace] fragment Catalogue d’Autographes la Plupart du Temps de la Révolution et de l’Empire Provenant du Cabinet de Feu M. le Baron Desgenettes. Vente du 9 et 10 novembre 1846 (Paris, 1846), pp. 22-23, n° 128. 1. Charles Eugène Gabriel de La Croix, Marquis de Castries.
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65. reçu, 19 décembre 1783
19 décembre 17831
Impositions de la Ville de Paris VIe Département
Quittance de Capitation F° 670 N° 24 Année 1783
Je soussigné, Receveur des Impositions du VIe Département de la Ville de Paris, créé par Edit du mois de Janvier 1775, reconnais avoir reçu (en exécution des Déclarations du Roi, du 12 Mars 1701, 9 Juillet 1715, et Arrêts du Conseil rendus en conséquence) de M. De la Place, onze livres six deniers pour sa capitation de 1’année 1783. A Paris, ce 19 jour du mois de décembre 1783 Sangneud [?] reçu Bancroft, box 10, dossier 232.
1. Imprimé sauf ce qui est en italique. 2. Dans ce même dossier se trouve un autre reçu semblable pour l’année 1784.
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66. Laplace à Lavoisier, [décembre 1783]
A Monsieur Monsieur De Lavoisier De l’Académie des Sciences A l’Hôtel des Poudres et Salpêtres, A l’Arsenal Ce dimanche [décembre 1783] Monsieur et très cher confrère, Profitons du temps favorable qui se présente pour nos expériences. Faites brûler, je vous prie, du charbon dans une de nos machines et répétez deux fois l’expérience. Faites y respirer trois moineaux francs, ensuite un cochon d’Inde, et répétez ces expériences le plus grand nombre de fois qu’il sera possible. Je crois que si l’accord que nous avons trouvé dans nos premières expériences se soutient dans celles-ci, notre théorie de la respiration sera suffisamment établie. Dans notre autre machine, nous pouvons commencer par les métaux. Il sera bon de répéter l’expérience sur le mercure, ensuite sur le fer, sur le plomb, l’étain, etc. Après cela nous éprouverons les chaux métalliques. Ne perdons point de temps, je vous prie, et si vous avez besoin de moi, je serai à vous quand vous me le ferez savoir. Si vous pouviez avoir fait d’ici à mercredi les expériences sur le charbon et sur le cochon d’Inde, cela me ferait un grand plaisir, car je ne vous dissimule point que j’ai quelque inquiétude sur nos premières expériences. Je vais mettre par écrit quelques idées sur les affinités des substances salines avec l’eau, et j’aurai l’honneur de vous les communiquer afin que nous discutions ensemble cette matière intéressante. Mille respects, je vous prie, à Madame de Lavoisier que je remercie bien sincèrement de tout l’intérêt qu’elle veut bien prendre à moi. Dans l’incertitude où je suis relativement à l’affaire dont elle m’a fait l’honneur de me parler, je prends le parti de m’abandonner entièrement à vos conseils, et à l’amitié que vous voulez bien me témoigner l’un et l’autre. Vous connaissez toute la mienne pour vous, ainsi que les sentiments inviolables de l’estime avec lesquels je suis Monsieur et cher confrère,
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Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Publiée par Denis I. Duveen et Roger Hahn, « Deux lettres de Laplace à Lavoisier », Rev. Hist. Sci., 11 (octobre-décembre 1958), 340-341 ; et Lavoisier, C., fascicule III, pp. 757-758. Cette lettre faisait partie de la Collection Duveen, maintenant dispersée.
67. [Le Sage] à Laplace, 28 décembre 1783
A M. de Laplace de l’Académie des Sciences, rue du Sépulcre à Paris Genève, Grand-Rue, 28 décembre 1783 Monsieur, Monsieur Deluc m’a conseillé de vous présenter une formule que j’ai trouvée pour approcher très rapidement de la circonférence d’un cercle de diamètre donné : en m’assurant que vous l’accueilleriez avec bonté. Et je saisis cette occasion pour vous communiquer deux autres choses ; savoir une pensée relative à votre beau « Mémoire sur les probabilités » publié parmi ceux de l’Académie de Paris pour 17781, et quelques remarques sur un billet que vous écrivîtes à Monsieur Deluc il y a environ 20 mois. Lemme 1er Quand plusieurs boules égales dont les centres sont sur une même droite se touchent, la somme de leurs masses est les deux-tiers de celle du cylindre droit circonscrit à toute la file. Corollaire. Si donc une particule est placée sur le prolongement de l’axe de ce cylindre, la gravitation vers l’assemblage des boules sera à peu près les deux-tiers de la gravitation vers le cylindre. Savoir : d’autant moins inexactement ; que les distances de la particule aux deux bases du cylindre 1. H.A.R.S., 81 (1778), 227-332 ; Laplace, O.C., 9, 383-485.
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seront plus grandes relativement au diamètre commun : et surtout ; si l’une de ces distances est infinie. Lemme 2e Quand une même particule est placée à la surface d’une boule et au milieu de la base d’un cylindre droit, de même diamètre et volume que cette boule (et dont par conséquent, l’axe vaut les deux-tiers du diamètre), cette particule gravite également vers ces deux corps. Démonstration : Elle se déduit de la proposition 91e des Principia. Et ce lemme sert à comparer la gravitation d’une particule vers une sphère quelconque avec sa gravitation vers un cylindre droit quelconque (quand elle est placée sur le prolongement de l’axe). Au lieu que, le 2e corollaire de la 74e et le 1er corollaire de la 91e ne servent qu’à comparer séparément ou les gravitations vers diverses sphères, ou les gravitations vers divers cylindres. De sorte que ce lemme-là aurait dû (ce me semble) être énoncé directement ; pour dispenser les lecteurs de calculer eux-mêmes dans chaque occasion les comparaisons entre deux corps de formes si différentes. Lemme 3e La somme de tous les réciproques des quarrés des nombres naturels est six fois moindre que le carré de la circonférence d’un cercle dont le diamètre serait l’unité. Démonstration : Monsieur Euler l’a découvert et démontré (oui, 1- + etc = SS 1 + 1--- + 1--- + ---------- ) dans le tome VII des anciens Mémoires de 4 9 16 6 Pétersbourg (composés entre 1734 et 1735, quoique publié seulement en 1740). Monsieur Jean Bernoulli l’a démontré ensuite plus simplement et publié cette démonstration dans le tome IV de ses Œuvres (imprimées en 1742). Et Monsieur l’abbé Frisi a indiqué qu’il fallait rectifier cette dernière démonstration ; dans le 1er corollaire du problème 69e de son Algèbre (imprimée en 1782) ; en substituant, dit-il, la tangente au sinus. Corollaire. Quand donc on exprime par l’unité ; soit le diamètre d’une boule ; soit la gravitation d’une certaine particule vers cette boule quand sa distance au centre vaut un diamètre. La gravitation de cette particule vers une file rectiligne infinie de boules contiguës, égales à cette première, et celle-ci y SS étant comprise ; vaut ------. 6 2e Corollaire. Si l’on supprime les n premières boules : la gravitation sera 1-· SS 1- + } ----. ------ – § 1 + 1--- + 1--- + ----nn¹ 6 © 4 9 16
Or ce cas a lieu pour une file infinie quand la surface de la table de la 1ere boule effective est à la distance n + ½ de la particule. Lemme 4e Dans les mêmes hypothèses que ci-dessus. Quand une particule est placée, sur le prolongement de l’axe d’un cylindre infiniment long à la distance n + ½ de la base, sa gravitation vers le cylindre vaut 2
6 > 2n + 1 + 1 – 2n – 1 @
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Démonstration :
Par le 1er corollaire de la proposition 91e des Principia : cette gravitation, est à celle vers un cylindre contigu du même diamètre, mais dont l’axe ne vaudrait pas les 2/3 de ce diamètre ; comme AB – PE + PD, ou PD – AP est à PE – PH + PG ; 2 1 c’est-à-dire comme §© n + 1---·¹ + 1--- – n – 1--- est à 2--- – 1--- + 4--- + 1--- , ou --- ; 2
4
2
3
4
9
2
3
2
ou (multipliant tout par 12) comme 6 > 2n + 1 + 1 – 2n – 1 @ est à 4. Or : puisque la gravitation de notre particule, vers une boule dont le centre était éloignée d’elle d’un diamètre entier était exprimé par l’unité, sa gravitation vers une pareille boule éloignée d’un demi-diamètre seulement doit valoir 4 unités ; et (par le 2e lemme) il doit en être de même, de la gravitation vers un cylindre contigu, de même diamètre et volume ; laquelle égalera donc le conséquent du rapport ci-dessus. Donc dans les mêmes hypothèses ; la gravitation vers le cylindre infini, égalera l’antécédent du même rapport, savoir 2
6 > 2n + 1 + 1 – 2n – 1 @ . Théorème. SS 1- + } + ----1-· = 4 > 2n + 1 2 + 1 – 2n – 1 @ ------ – § 1 + 1--- + 1--- + ----6 © 4 9 16 nn¹
Démonstration : C’est le corollaire du lemme 1er aux deux membres duquel, on a substitué leurs valeurs ; tirées l’une du 2e corollaire du lemme 3e, et l’autre du lemme 4e. Porisme. S =
2 1- + } + ----1- · 24 2n + 1 + 1 – 2n – 1 + 6 §© 1 + 1--- + 1--- + ----4 9 16 nn ¹
Exemple : Soit n = 10, on aura S =
1968329 24 442 – 21 + 6n --------------------- = 1270080
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un peu plus de 24 u 0 ,023796041628 + 6 u 1 ,549767731166 = 0 ,571104999087 + 9 ,298606386996 =
9 ,86774386 = 3 1416096
1 Qui est plus grand que 3,1415926 et environ de la --------------- partie du total. 18480 Remarque : 2 2n + 1 + 1 – 2n – 1 = 1 - – ---------------------1 - + ---------------------2 - – ---------------------5 - + ---------------------14 - – -----------------------42 - + etc . -------------4n + 2 4n + 2 3 4n + 2 5 4n + 2 7 4n + 2 9 4n + 2 11
Où la loi des numérateurs, déduite de leur génération ; est : que chacun d’eux ; vaut la somme des produits, de chacun des numérateurs précédents, par celui qui est aussi éloigné que lui de leur milieu. Et cette série converge très rapidement pour peu que n soit grande. Dans votre « Mémoire sur les probabilités » remis le 19 juillet 1780 ; vous regardez, Monsieur, comme moralement certain « que la différence observée à Paris entre les naissances des garçons et celles des filles ; est due, à une plus grande possibilité dans la naissance des garçons ». C’est sur la source de cette « plus grande possibilité » que je vais hasarder une conjecture, aisée à vérifier par les registres des baptêmes. Les gens mariés de tout ordre ; désirent presque tous, d’avoir plus d’enfants mâles que de femelles et ils souhaitent fortement d’avoir au moins un de ces premiers, pour conserver le nom et soutenir la famille. En conséquence : quand des spéculations économiques, les engagent à balancer ; s’ils continueront de se livrer doucement au vœu de la nature, ou s’ils s’y refuseront. Ils font entrer pour beaucoup dans cette balance ; le désir d’avoir un héritier mâle, s’ils n’en ont point encore ; ou même le désir d’avoir un plus grand nombre de garçons, si (en ayant déjà) leur dernier enfant a été une fille (vu qu’il leur semble, qu’il doit régner une sorte d’alternation dans l’ordre des naissances). Et ils ne s’arrêtent tout de bon ; que quand ils ont enfin obtenu ce qu’ils désireraient, ou quand ils désespèrent de l’obtenir, à moins de se charger d’une progéniture trop nombreuse. En un mot : peut-être la différence observée ; découle toute entière, de celle qui a lieu entre les enfants cadets de chaque ménage : et que celle-ci ; découle uniquement des spéculations de leurs père et mère, d’après leur préférence pour notre sexe. Dans votre billet à Monsieur Deluc sur mes corpuscules gravifiques ; vous lui disiez entr’autres : « qu’on ne sait ni d’où ils viennent ni où ils vont ». Ils viennent, Monsieur, de l’espace immense qui entoure le monde visible ; et ils vont dans les régions opposées du même espace. Enfin ; leurs points de départ, sont d’autant plus éloignés ; qu’on voudra supposer plus d’ancienneté à la gra-
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vitation qu’elle servira. Voilà mes réponses ; dans l’hypothèse commune, qui porte : que l’univers est fini ; et qu’il serait même impossible qu’il existât une infinité actuelle de corps. Pour moi ; qui ne trouve absolument rien d’impossible, ni dans la supposition d’une infinité actuelle, ni même dans celle d’un mouvement sans fin : je croirais plus volontiers ; que le mélange de la matière et du vide, est infini selon ses trois dimensions ; et que si tous les mouvements, tant primitifs que dérivés, s’affaiblissent perpétuellement par la répétition des chocs, c’est selon une propagation qui n’a point de dernier terme. His ego nec metas rerum nec tempora pono : imperium sine fine dedi. Vous ajoutez qu’on ignore aussi, « quelle est la cause qui a mis ces corpuscules en mouvement ». Cette cause, Monsieur, est la même qui a mis en mouvement les comètes, à la même date, dans des plans et des sens tous différents aussi. Seulement : la grosseur et la lenteur de ces dernières les exposent davantage à l’impulsion de ces premiers, d’où il arrive, que leurs routes en sont sensiblement courbées. Et même si ce n’était que je veux me borner à l’explication de ce qui arrive de nos jours ; je pourrais prétendre ; que les comètes ont été engendrées à la longue, par le concours des atomes. Enfin vous paraissez vous être peu occupé jusqu’à présent de la question : s’il fallait absolument une cause mécanique de la pesanteur. Et je ne le trouve point étrange ; vu l’étendue inépuisable de vos autres recherches. Mais ; si vous vouliez vous en occuper une fois : j’ose vous promettre que vous pencheriez bientôt pour l’affirmative après certaines fois, j’ose vous promettre que vous pencheriez bientôt pour l’affirmative après certaines lectures que je pourrais vous indiquer. Peut-être que cette lettre vous sera présentée par un homme de beaucoup d’esprit et de savoir, Monsieur Reybaz ; qui était tout à la fois l’un de nos plus grands artistes et orateurs ; mais qui se délasse à présent, par une culture variée de sciences et des lettres, dont aucun genre ne lui est étranger. Je suis très respectueusement ... [Le Sage] brouillon de la main de Le Sage B.GE., MS Suppl. 518, fols 46-47.
68. Laplace à Lavoisier, [janvier 1784]
A Monsieur Monsieur de Lavoisier de l’Académie des Sciences à l’Hôtel des Poudres et Salpêtres à l’Arsenal Ce dimanche matin [janvier 1784] Monsieur et très cher confrère, Voilà un temps si favorable pour nos expériences et nous avons si peu lieu d’en attendre cette année, de semblables, qu’il est essentiel d’en profiter pour faire nos expériences sur la respiration des animaux1. Je vous prie, donc, si vous comptez assez sur l’exactitude de Monsieur Gengembre, de l’engager à faire ce soir l’expérience du cochon d’Inde. Pour cela, il faudra choisir un cochon d’Inde bien portant, et le placer dans le vase de tôle sur du coton, afin qu’il ne souffre point durant l’expérience. Il faudra même, s’il est possible, le garantir de l’eau qui peut tomber du couvercle, lorsqu’il sera dans la machine ; pour le retenir dans le vase, on pourra recouvrir ce vase d’un grillage de fer. On renouvellera l’air de temps en temps au moyen d’un soufflet ; mais seulement autant qu’il sera nécessaire pour entretenir la respiration de l’animal. Je crois qu’on pourra le laisser cinq ou six heures sans inconvénient dans la machine, par exemple depuis 6 ou 7 heures du soir jusqu’à minuit ; on le retirera ensuite du vase de tôle, qu’on laissera dans la machine jusqu’au lendemain matin. Après quoi on pèsera avec soin l’eau qui se sera écoulée. Il sera essentiel de répéter au moins deux fois cette expérience, et de conserver avec soin l’animal, pour déterminer ensuite la quantité d’air fixe que sa respiration produit à la température à peu près de zéro. Cette expérience bien faite fixera 1. Les expériences sur la respiration du cochon d’Inde se firent au début de février 1784 selon Lavoisier, C., fascicule IV, p. 6, note 1.
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d’une manière irrévocable la cause de la chaleur animale, sur laquelle les expériences de Monsieur Crawford, quoique fort ingénieuses, laissent encore quelque incertitude1. Je crois qu’il sera bon de répéter l’expérience de la combustion de la bougie lorsque la température sera d’un ou deux degrés, afin de pouvoir déterminer par là, la quantité de chaleur qui se dégage dans le changement d’air déphlogistiqué en air fixe. Mil respects, je vous prie, à Madame de Lavoisier. Je suis bien fâché que l’éloignement de l’Arsenal m’empêche de suivre ces expériences2. Cependant, si je suis bon à quelque chose, je puis être sur les six ou sept heures du soir à l’Arsenal. Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 175 ; publiée dans Lavoisier, C., fascicule IV, pp. 6-7.
69. Laplace à [Lagrange], 11 février 1784
Paris, 11 février 1784 Monsieur et très illustre confrère, Voilà six exemplaires d’un petit ouvrage que je viens de faire imprimer sur l’astronomie physique3. Je vous prie d’en accepter un, d’en donner un à MM. Tempelhoff et Bernoulli, et de donner les trois autres aux géomètres de votre connaissance à qui vous croyez que cela pourra faire plaisir. Comme on n’a tiré que 200 exemplaires de cette bagatelle et qu’ils ne seront point vendus, je les distribuerai tous en présents, et je désire que tous ceux qui s’occupent de ces matières veuillent bien en accepter un. Vous m’obligerez donc de m’indi1. Adair Crawford, Experiments and Observations on Animal Heat (London, 1779). 2. Laplace avait d’abord terminé la lettre et apposé sa signature à ce point ; puis il barra cette signature et ajouta la phrase suivante. 3. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784).
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quer les géomètres d’Allemagne que je n’ai point l’honneur de connaître, et la manière de leur faire parvenir cet ouvrage. Je vous demande pour lui toute votre indulgence, dont il a grand besoin. Je sens toute son imperfection, et il n’aurait jamais paru, si Monsieur le Président de Saron n’en avait fait imprimer, à mon insu, la première partie. Je vous remercie des deux mémoires que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer. Je les ai lus avec le plaisir que me causent toujours vos belles productions, et j’ai été charmé de voir l’accord de vos résultats sur les inégalités séculaires des planètes avec ceux que j’avais trouvés par d’autres méthodes1. Le Mémoire sur le mouvement des fluides ne m’a pas moins intéressé ; on ne peut rien ajouter à l’élégance et à la généralité de votre analyse. La théorie des ondes que vous donnez à la fin me paraît très belle ; je ne sais, cependant, si la supposition d’une profondeur infiniment petite du canal, dont vous faites usage et qui rend la solution du problème fort simple, peut être employée dans la théorie des ondes lorsque le canal a une profondeur quelconque. Vous croyez que, l’adhérence des parties fluides empêchant le mouvement de se communiquer à une profondeur sensible, on peut, dans tous les cas, regarder le canal comme très peu profond ; mais l’expérience paraît contraire à cette supposition, en ce que la vitesse des ondes n’est pas constante, quelle que soit la manière dont elles ont été produites. Les académiciens de Florence l’avaient déjà remarqué, et je l’ai observé moi-même plusieurs fois. C’est la raison pour laquelle, dans les recherches que j’ai données sur la théorie des ondes, j’ai supposé la profondeur du fluide quelconque, et, dans ce cas, il est hors de doute que la vitesse des ondes dépend de leur formation ; mais le problème devient alors très compliqué. La géométrie vient de faire de grandes pertes, par la mort de MM. Euler, d’Alembert et Bézout. Je regrette infiniment ce dernier auquel j’étais fort attaché, et qui a rendu un grand service à l’analyse par son dernier ouvrage sur la théorie de l’élimination2. Vous lui avez témoigné toute la satisfaction que la lecture de cet ouvrage vous avait causée ; et j’ai été témoin du plaisir que lui fit la lettre obligeante que vous lui écrivîtes à ce sujet. Il avait pour vous toute l’estime qui vous est due, et votre suffrage le consolait des injustices que quelques personnes, fort estimables d’ailleurs, n’ont cessé de lui faire. C’était un homme d’un caractère doux, paisible et fort obligeant. Il est généralement regretté dans les deux Corps de l’Artillerie et de la Marine, dont il était examinateur, et pour lesquels il a fait d’excellents éléments de mathématiques. Je lui succède comme Examinateur de l’Artillerie, ce qui augmente ma fortune, qui jusque-là avait été très bornée ; mais ce qui me fait un grand plaisir, c’est que les fonctions de cette place ne m’occupent que trois semaines ou un mois tout au plus, dans l’année. 1. « Mémoire sur les solutions particulières des équations différentielles et sur les inégalités séculaires des planètes », H.A.R.S., 74 (1772), 343-377 et 651-656 ; Laplace, O.C., 8, 325-366. 2. Théorie Générale des Equations Algébriques (Paris, 1779).
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Monsieur l’abbé Haüy, de l’Académie des Sciences, me prie de vous faire parvenir l’exemplaire ci-joint de son ouvrage sur la cristallisation1. J’ai lieu de croire que vous en serez content, si vous avez le loisir de la parcourir. Il renferme une application intéressante des mathématiques à la nature, et l’on ne peut trop désirer que le domaine de la géométrie s’étende. C’est dans cette vue que je me suis un peu livré à la physique, et je ne désespère pas de déterminer quelques nouveaux objets physiques, assez bien pour y appliquer l’analyse. Adieu, mon très cher et très illustre confrère, vous connaissez les vifs sentiments d’estime et d’amitié dont je suis pénétré pour vous, et avec lesquels je suis pour la vie, Monsieur et très illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace P.S. Mon ami Monsieur du Séjour me charge de vous remercier des choses obligeantes que vous m’avez écrites à son égard ; nous désirons beaucoup, lui et moi, de vous voir à Paris, et de vous témoigner de vive voix tout ce que nous sentons pour vous l’un et l’autre. Lagrange, O., 14, 128-131.
1. Essai d’une Théorie sur la Structure des Cristaux (Paris, 1784).
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70. document, 13 février 1784
13 février 1784 J’ai donné congé de l’appartement que j’occupais chez Monsieur Collot, pour le 8 avril 1784 et Monsieur Collot l’a accepté1. A Paris, ce 13 février 1784 Laplace Accepte ledit congé ci-dessus2, A Paris, 13 février 1784 Collot document Bancroft, box 10, dossier 1.
71. [Laplace] à Reybaz, 19 février 1784
A Monsieur Reybaz A Paris Ce jeudi 19 février 17843 M. Delaplace a l’honneur de présenter son respect à Monsieur Reybaz, il désire extrêmement d’avoir l’honneur de le voir et lui fait demander s’il sera 1. De la main de Laplace. 2. De la main de Collot. 3. De la main de Laplace, sans signature.
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chez lui après demain samedi matin, entre onze heures et midi. Si cette heure convient à Monsieur Reybaz, M. Delaplace aura l’honneur de se rendre chez lui, et de lui témoigner son estime et le désir qu’il a de le connaître plus particulièrement. [Laplace] B.GE., MS Fr. 916, fols 77-78.
72. Laplace à [Le Sage], 23 février 1784
A Paris, ce 23 février 1784 Monsieur, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et je vous remercie infiniment de votre souvenir et de l’occasion que vous m’avez procurée de connaître un homme aussi estimable que Monsieur Reybaz. Votre méthode d’approximation pour déterminer le rapport de la demi-circonférence au rayon m’a paru fort ingénieuse, mais elle est indirecte, et il me semble d’ailleurs que les formules connues donnent une approximation au moins aussi rapide. Quant à ce que vous me faites l’honneur de me dire, que les considérations morales peuvent influer sur le rapport des naissances de garçons à celles de filles, je ne puis être en cela de votre sentiment et je m’assure que vous en changerez. Si vous considérez qu’en prenant une urne qui renferme une infinité de billets blancs et noirs dans un rapport donné, et supposant qu’il y ait à peu près vingt mille billets qui sortent à chaque tirage, tous les raisonnements imaginables que pourront faire les personnes qui tireront ces billets n’auront aucune influence sur le rapport des blancs aux noirs, parmi ceux qui doivent sortir. Ces considérations peuvent faire qu’une personne qui avait tiré un billet au tirage précédent n’en tirera point au suivant, mais cela ne changera point le rapport des billets qui doivent sortir. Votre théorie sur la cause de la pesanteur m’a paru très ingénieuse et mérite d’être développée. Monsieur Deluc me marque que, dans ce moment, il s’en
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occupe. C’est une manière très heureuse d’expliquer mécaniquement un phénomène très important. Mais ce phénomène est la seule chose qui puisse intéresser les géomètres, puisque c’est lui seul qu’ils soumettent à l’analyse, et je vous avoue que je suis surtout très curieux dans la philosophie naturelle de ces phénomènes généraux, à l’aide desquels on peut assujettir au calcul tous les phénomènes particuliers, et qu’une fois parvenu à ces grands phénomènes, je suis à peu près content. Cela ne m’empêche pas de rendre à votre belle théorie toute la justice qui lui est due et de souhaiter de la voir exposée soit par vous, soit par Monsieur Deluc, avec toute l’étendue que mérite son importance. Je vous prie d’accepter l’exemplaire d’un petit ouvrage que je viens de publier1. Vous en trouverez trois autres dans le même paquet. Je vous prie de les donner à MM. Bertrand, Mallet, astronome, et Trembley. J’ai l’honneur d’être avec toute l’estime et la considération qui vous est due, et que personne ne vous rend plus que moi, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.GE., MS Suppl. 513, fol. 261.
73. Laplace à Deluc, 24 février 1784
A Monsieur Monsieur Deluc, at Mr Hutton’s Queen’s Row Pimlico A London2 A Paris, ce 24 février 1784 J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. J’attends avec bien de l’impatience, le travail que vous m’annoncez, et je ne 1. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784). 2. De la main de Deluc : « Paris, M. de Laplace, 1784, 24 fev[rier] 1784. Rep[onse] : 19 mars ».
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doute point qu’il ne contribue comme ceux que vous avez publiés jusqu’ici, aux progrès des branches les plus délicates de la physique. La marque de confiance que vous voulez bien me donner en me l’adressant, me flatte extrêmement, et je tâcherai d’y répondre en vous communiquant les réflexions qu’il me donnera occasion de faire. Quoiqu’en général, je sois beaucoup plus curieux en physique des lois des phénomènes, que de leurs causes, je verrai cependant avec grand plaisir, votre exposition des idées de votre ami Monsieur Le Sage sur la cause de la pesanteur. J’ai eu, cet hiver, occasion de me livrer un peu à la physique, et je ne désespère pas de déterminer assez bien quelques objets de cette science, pour y appliquer l’analyse, ce qui est le maximum de la perfection à laquelle elle puisse atteindre, car rien n’apprend mieux ce qu’il y a d’hypothétique et d’incertain dans une théorie que de chercher à l’assujettir à l’analyse dont l’usage exige des données claires et précises. Je vous remercie de l’extrait du Mémoire sur la chaleur que vous avez eu la bonté de m’envoyer ; il est très bien fait, et on ne peut lui reprocher que d’attacher trop de prix à une bagatelle : si vous en connaissez l’auteur, vous voudrez bien lui faire observer que nous n’avons pas sans raison compté l’évaporation de l’animal dans nos machines, et la quantité de glace qu’elle fait fondre, au nombre des causes qui peuvent augmenter la quantité de glace fondue par l’animal, sans qu’elle puisse être attribuée à la chaleur renouvelée par ses fonctions vitales ; car puisque l’animal est entré dans la machine avec ces vapeurs échauffées à 32 degrés et qu’il les y dépose, il est clair qu’il faut ôter leur effet de l’effet total observé, pour avoir celui qui est dû uniquement à la chaleur renouvelée. Nous avons fait, cet hiver, quelques nouvelles expériences sur cette matière ; elles confirment les résultats de notre mémoire. Nous avons déterminé les chaleurs spécifiques tant de l’air déphlogistiqué, que de celui de l’atmosphère, mais nos résultats sont bien éloignés de ceux de Monsieur Crawford1. Vous avez raison de rejeter la théorie des capacités comme cause unique de la chaleur qui se dégage dans les combinaisons. La simplicité de cette théorie avait quelque chose de séduisant, mais elle est contraire aux faits, et je doute qu’elle conserve longtemps des partisans. J’ai prié Monsieur Blagden de vous remettre un paquet qui renferme trois exemplaires d’un petit ouvrage que je viens de publier2 ; je vous prie d’en accepter un, vous ferez ce que vous voudrez des deux autres ; j’en ai envoyé quelques-uns à Genève, et entre autres à votre ami Monsieur Le Sage. Je désire qu’il puisse vous intéresser. Je finis en vous renouvelant tous les sentiments d’estime, de considération et d’amitié que vous m’avez inspirés et avec lesquels je suis pour la vie, 1. Adair Crawford, Experiments and Observations on Animal Heat (London, 1779). 2. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784).
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Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn.
74. Laplace à [Blagden], 24 février 1784
A Paris, ce 24 février 1784 J’ai reçu, Monsieur, les lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et je vous remercie infiniment de votre souvenir. Je vous prie d’être persuadé que j’attache un grand prix à votre estime et à votre amitié et que je désire très vivement mériter l’un et l’autre. Monsieur Joseph White, libraire à Londres, a bien voulu se charger d’un paquet que je prends la liberté de vous adresser ; il en referme un autre que je vous prie de faire remettre à Monsieur Deluc ; de plus, il contient onze exemplaires d’un petit ouvrage que je viens de publier sur l’astronomie physique1. Je vous prie d’en accepter un comme une marque de mon estime et de mon amitié, et d’en remettre un à MM. Banks, Cavendish, Herschel, Maskelyne, Waring, Kirwan, le docteur Price qui a écrit sur les probabilités, et les trois autres aux géomètres de la Société Royale, de votre connaissance, auxquels vous croirez que cela peut faire plaisir. Cette bagatelle mérite à peine leur attention, mais comme elle ne se vendra point et qu’on en a tiré très peu d’exemplaires, je désire qu’ils soient dans les mains de ceux qu’elle peut intéresser. Nous venons de perdre Monsieur Macquer, et cette perte, ajoutée à celles de MM. d’Alembert et Bézout, prive l’Académie de membres distingués et difficiles à remplacer. Il n’y a rien de nouveau dans les sciences à Paris. Nous avons fait cet hiver, Monsieur de Lavoisier et moi, quelques nouvelles expériences sur la chaleur, qui confirment ce que nous avons dit dans notre mémoi1. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784).
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re. Nous avons déterminé la chaleur spécifique tant de l’air déphlogistiqué que de celui de l’atmosphère, et je vous assure que le résultat de Monsieur Crawford est fort éloigné de la vérité1. Je finis en vous renouvelant les assurances de l’estime et de l’amitié avec lesquelles je suis pour la vie, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Londres, Royal Society, CB/1/4/220.
75. [Laplace] au [Comte de Saluces]2, 12 mars [mai] 1784
A Paris, ce 12 mars [mai]3 1784 Monsieur de Laplace a l’honneur de présenter son respect à Monsieur le Comte de Saluces. Il le prie d’accepter un des trois exemplaires ci-joints d’un petit ouvrage qu’il vient de publier, d’en présenter un autre à l’Académie royale des Sciences de Turin, et de faire remettre le troisième à Monsieur le Chevalier de Foncenex4. [Laplace]5 Turin, Accademia delle Scienze, n° 32196. 1. Adair Crawford, Experiments and Observations on Animal Heat (London, 1779). 2. Saluzzo di Monesiglio. 3. Au dos de la lettre une autre main indique qu’aux archives de l’Accademia, cette lettre a été classée au 12 mai 1784. La graphie ne permet cependant pas d’être certain de la date. Quant aux procès-verbaux de l’Accademia, ils signalent que la Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes fut présentée à la séance de l’Accademia du 18 juillet 1784 (« Registre des Propositions Faites à l’Académie et de ses Résolutions, 1783-1789 », I, 81). 4. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784). 5. De la main de Laplace, mais sans sa signature.
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76. [Le Sage] à [Laplace], 30 mars 1784
Genève, Grand’Rue, 30 mars 1784 Monsieur, Je sentais bien que ma formule S =
2 1-· 24 2n + 1 + 1 – 2n – 1 + 6 § 1 + 1--- + 1--- + } + ----© 4 9 nn¹
avait le double défaut d’être établie d’une façon assez compliquée, et sur un principe étranger à la géométrie pure. Et je n’ignorais pas non plus qu’on possédait déjà dans ce genre beaucoup plus de richesses qu’on en aurait jamais besoin. Mais j’ignorais entièrement qu’on eut des approximations autant ou plus rapides que celle-là ; et qui, par exemple, puissent fournir aussi prompte1 ment la circonférence, à --------------- près ; comme le fait 18480
S =
1968329 24 442 – 21 + 6 u --------------------1270080
;
qui a lieu dans la mienne quand on prend n = 10. Et puis quand on a jamais approfondi les mathématiques on est flatté d’y avoir découvert quelque petite chose surtout dans un âge et au concours d’infirmités où l’on se croyait hors d’état de ne rien produire. Réflexions : Je connais cette // dont vous me signalez, Monsieur, que nos raisonnements ne peuvent pas influer sur le rapport des billets blancs et noirs qui sortiront fortuitement d’une urne donnée. Mais elle ne m’avait pas détourné de ma conjecture sur la source de la multitude des enfants mâles. Parce que ce cas particulier ne me paraissait pas renfermé dans la réflexion générale sur nos raisonnements oisifs, vu qu’il y a dans ce cas-là, plusieurs urnes distinctes et un choix motivé entre celles où l’on s’arrêtera plutôt ou plus tard de puiser, et des actions ou omissions effectuées en conséquence de ce choix, ce qui m’empêchait d’apercevoir que cette réflexion y était applicable. Aussi ce n’est pas la simple lecture de ladite réflexion qui m’a fait revenir de mon erreur, mais l’entière confiance que j’ai en vous, Monsieur, m’en a inspiré pour votre décision, indépendamment du principe d’où vous m’assurez qu’elle découle. Cette décision m’a porté à examiner plus attentivement ma conjecture. Et cet examen m’a dévoilé distinctement de quel côté était la vérité. Voici comment :
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Pour réfuter plus complètement ma fausse conjecture, j’en ai examiné le cas le plus favorable : savoir celui où les conjoints continueraient toujours à se procurer des enfants tant qu’ils n’auraient point encore eu de garçons ; et où ils cesseraient absolument de se procurer des enfants dès qu’ils auraient eu quelque garçon. En partant toujours de cette hypothèse gratuite : que sans ces précautions, le rapport de filles aux garçons serait à peu près celui de l’égalité, au moins sur un grand nombre de mariages. Par exemple 32.000, que pour plus de clarté j’ai représenté par 32. Et j’ai supposé qu’en dépouillant les registres on a rangé tous les aînés sur une même ligne horizontale, tous les puînés sur une 2e ligne, etc. Enfin que dans chacune de ces lignes on a mis d’abord toutes les filles ensemble, puis tous les garçons ensemble. D’où est rempli le tableau suivant, dont la seule inspection a décidé la question contre moi. ffff ffff ffff ffff ffff ffff ffff ff f
gggg gggg gggg gggg gggg gggg gggg gg g
Quant à la gravitation universelle, vous me dites, Monsieur, que « le phénomène est la seule chose qui puisse intéresser les géomètres, puisque c’est lui seul qu’ils soumettent à l’analyse ». Et il est bien vrai que les conséquences du phénomène sont la seule chose qu’ils soumettent actuellement à l’analyse. Mais elles ne sont pas la seule qu’ils pourront y soumettre à l’avenir. De sorte que la question revient à ceci : « Y a-t-il apparence que les géomètres trouveront aussi dans le mécanisme de la gravité des choses équivalentes à celles qui les intéressent dans ses conséquences, savoir des beautés abstraites, et des applications utiles ? » Or j’ose répondre affirmativement aux deux parties de cette question. Mais vous, Monsieur, n’avez pas besoin que je vous motive cette affirmation quant à la première partie. Ainsi je me bornerai à vous développer un peu la seconde, je veux dire l’utilité qui résulterait pour les sciences naturelles d’une connaissance du mécanisme de la gravité. Cette connaissance servira beaucoup : à répandre du jour et à mettre de la liaison dans toute la physique et la chimie générale. En particulier sur la cohésion et les affinités, sur l’électricité des corps solides et l’expansibilité des fluides aériformes, sur la nature du feu et de la lumière, sur l’irritabilité et le mouvement musculaire. Elle suggérera aussi sur ces divers objets des vues, dont la vérification, exigeant des expériences déterminées nous enrichiront davantage que ne font celles qu’inspirent uniquement le vague désir de se livrer à la physique expérimentale, car ces expériences déterminées nous donneront des lumières dans les cas même où elles détermineraient les vues qu’ils les auront fait tenter. Cette même connaissance nous servira encore à faire un triage assez sûr entre une multitude
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assez embarrassante d’hypothèses dynamiques arbitraires, qui partageaient également notre loisir et nos efforts tant que nous ignorions quelles étaient (entr’elles toutes) celles qui jouissent de quelque réalité et celles de la nature (mieux connue) reprouve. Elle éclairera enfin un grand nombre de questions cosmologiques et elle nous aidera entre-autres à fixer les limites des départements de la physique et de la métaphysique si mal terminées jusqu’à ce jour. C’est à dire à distinguer les cas où l’on trouvera des ressources suffisantes dans les agents matériels d’avec ceux où l’on serait forcé de recourir enfin à des vertus immatérielles. J’ai reçu aussi, avec reconnaissance, votre Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes. Je l’ai parcouru avec empressement, et j’y ai remarqué plusieurs propositions belles et profondes, nouvelles pour le fond ou la forme. Mais je me bornerai à hasarder quelques petites remarques sur la Préface : page xii. Sur les lois des forces attractives qui semblent différer de la gravité. Comme ces lois dépendent sans doute autant de la figure des particules invisibles que de leur grandeur ; et que ces figures sont sans doute très variées, peut-être même dans les différentes particules d’une même partie intégrante, il y a toute apparence que ces lois sont trop compliquées pour devenir jamais l’objet de nos calculs. De sorte qu’il sera plus court de passer tout d’un coup à la recherche des agents d’après une partie seulement des phénomènes pour descendre ensuite aux autres phénomènes d’après des hypothèses plausibles sur les figures ; comme Huygens l’a pratiqué en météorologie. Cependant je serai très curieux de voir ce que vous nous apprenez qu’on a déjà tenté pour découvrir ces lois, au moyen de « l’équilibre entre les affinités des corps et la force répulsive de la chaleur ». page xiv. J’aime beaucoup vous voir dire : « Qu’on peut accroître la probabilité d’une théorie en diminuant le nombre d’hypothèses sur lesquelles elle est fondée ». Parce que je présume que vous pensez de la sorte quant au nombre des différents genres de suppositions encore plus que par rapport aux suppositions individuelles d’un même genre. Et que, par exemple, on aurait la probabilité du système dynamique de Newton composé de projections primitives et de gravitations perpétuelles ; en réduisant le tout à des propositions primitives seulement. page xvi. « Nous manquons de moyens pour remonter à la cause de la pesanteur ». Ou bien, Monsieur, en ne partant que de l’observation et de ses conséquences mathématiques, comme vous le remarquez fort bien. Mais non, en faisant usage de ce que je nomme l’analyse physique qui est une combinaison méthodique et scrupuleuse d’analogies d’exclusions, ainsi que du principe de la raison suffisante. Bien entendu qu’on part aussi de l’observation et qu’on emploie aussi les mathématiques en temps et lieu comme toute autre espèce d’argumentation. Vous serez étonné, Monsieur, de l’extrême évidence où l’on peut porter ce genre de recherches, si vous lisez un jour l’application que j’ai fait de ces moyens à la cause de la pesanteur.
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page xviii. En supposant au fluide gravifique une vitesse « sept millions de fois environ plus grande que celle de la lumière », vous venez à bout, Monsieur, d’expliquer l’équation séculaire de la Lune. Je fais cette vitesse de 14.000 millions de fois plus grande encore ; de pour que la Terre n’éprouve d’autres équations séculaires que celles qui proviennent de sa gravitation vers les autres planètes. Alors il est vrai, votre explication s’évanouit. Mais vous ne paraissez pas éloigné de croire que cette équation de la Lune « soit produite par d’autres causes ». Et il me semble qu’une argumentation proportionnelle à la masse du globe terrestre, serait propre à produire cet effet. Tout comme une diminution perpétuelle de la masse du Soleil pourrait me dispenser de donner tant de rapidité à mon fluide gravifique. A cette occasion, Monsieur, permettez-moi de vous demander ce que vous penseriez de l’explication suivante du changement des comètes en planètes, c’est à dire de l’aptitude du mécanisme suivant pour déterminer les grandes excentricités : A distances égales du périhélie les coups du fluide gravifique sont un peu plus forts dans la branche montante que dans la descendante, parce que la comète en élude une partie dans cette dernière branche. Ainsi à chaque révolution, l’aphélie est un peu plus rapprochée. On peut ajouter que le périhélie devient plus éloigné à chaque révolution aussi : parce que les coups du fluide gravifique sont plus forts sur la comète montante, que si elle se mouvait dans un cercle. MM. Bertrand, Mallet, et Trembley me chargent de vous remercier du beau cadeau que vous leur avez fait. Mais le premier n’applique les mathématiques qu’aux probabilités, et les deux autres n’ont lu jusqu’à présent que la première partie de votre Théorie ; qu’ils ont trouvée plus claire que vos autres écrits. Le dernier y a remarqué bien des choses neuves, par exemple sur l’interpolation des observations d’une comète. Monsieur Reybaz se loue entièrement de votre politesse et de votre conversation. Mais il ne pouvait rien m’apprendre là-dessus puisque Monsieur Deluc m’a toujours parlé sur le même ton, depuis qu’il a le bonheur de vous connaître. Ce dernier m’apprend que dans votre lettre du 24 février, vous lui paraissez toujours être plus curieux des lois que des agents. Cela m’inspire le désir d’essayer de vous réconcilier un peu avec ces derniers par l’envoi de ce que j’en disais il y a dix ans à un philosophe qui pensait comme vous. Je suis très respectueusement, Monsieur, ... [Le Sage]1 brouillon B.GE., MS Suppl. 518, fols 48-49. 1. De la main de Le Sage, sans signature.
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77. reçu, 4 avril 1784
4 avril 1784 Je reconnais avoir reçu de Monsieur de Laplace la somme de 68# pour son terme qui est échu du premier de ce mois des lieux qu’il occupait dans une maison, sise rue du Sépulcre Faubourg St Germain, dont quittance sans préjudice des réparations locatives s’il y en a. A Paris, ce 4 avril 1784
Collot reçu Bancroft, box 10, dossier 1.
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78. reçu, 8 avril 1784
8 avril 17841 M. Delaplace Rue Christine Maison du notaire A L’EMPEREUR DE LA CHINE Grand magasin de Papier, au coin du Boulevard et Porte Montmartre Robert, Marchand Papetier du Roi et des Princes, vend tout ce qui concerne l’écriture, tant en Papiers de France ... A Paris, ce 8 avril 1784 Vendu et livré à Mr delaplace
26 - de papier 5 - de lambris 4 - de bordure grise collée autour
Liv 19 3 4 26
Sols 10
10
Reconnais avoir reçu de Monsieur Delaplace la somme de 26# 10s, montant de son mémoire A Paris, ce 9 juillet 1784 pour Mr Robert Demarquette reçu Bancroft, box 1, dossier 14. 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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79. [Deluc] à [Laplace], 2 mai [1784]
P.S. du 2 May1 [1784] Encore un retard, mon cher Monsieur, il semble que je ne puisse jamais me mettre en train d’envoyer. Je fus en effet à Londres la semaine dernière, avec mon paquet. Mais en arrivant chez moi, j’y trouvai votre lettre du 18 mars, qu’y avait laissé Monsieur Anisson, avec son adresse. Je fus aussitôt le chercher, et contre toute règle de métropole, je le trouvai dès la première fois. Je voulais ajouter quelque chose à ma lettre particulière sur tout cela ; je n’en eu pas le temps à Londres ; et revenu ici, mon paquet ne partira que quand je retournerai à Londres cette semaine. Mais cela ne retarde rien pour le reste, et j’ai déjà commencé la copie du Traité de la Chaleur. Monsieur Anisson, recommandé par vous au Dr. Blagden, avait d’avance tout ce qui lui était nécessaire pour son but ; ainsi mon absence ne lui avait fait aucun préjudice. J’appris de lui avec plaisir les inventions aussi ingénieuses qu’utiles qu’il a faites pour l’imprimerie. Je fus à la Société Royale pour avoir le plaisir de l’y rencontrer, et je vis qu’on y rendait justice à ses découvertes. Je compte d’en présenter des échantillons au Roi cette semaine-ci. Ah ! Sûrement, si je pouvais aller passer quelques mois auprès de vous, j’en tirerais une bien grande utilité pour mon ouvrage ! Mais ! ... Je suis convaincu en général, que cet ouvrage est encore très imparfait ; mais je sens aussi que toute ma vie ne suffirait pas à lui donner la perfection dont j’ai l’idée. De sorte que j’aime mieux le donner tel qu’il est maintenant, que de tarder davantage à le publier, pour lui donner quelques degrés de perfection de plus. En publiant aujourd’hui ma manière d’envisager les phénomènes dont je traite, je puis espérer encore de voir ce qu’on en dira, et de lever peut-être quelques difficultés que je ne prévois pas ; quoique depuis le temps que je romps des lances en particulier, j’ai cru apercevoir que ma cuirasse était assez forte. Je pense tout comme vous de la forme hétéroclite de mon premier ouvrage [Recherches] sur les Modifications de l’Atmosphère2 ; mais je n’ai pas cru pouvoir y remédier aisément. Cette forme eut, à sa publication, un avantage qui n’est pas encore épuisé ; celui de tracer la marche de mes recherches, et d’y montrer déjà les bourgeons des branches que je vais développer maintenant. Si 1. De la main de Deluc. 2. (Genève, 1772).
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je n’avais pas vu que ces branches occuperaient le reste de ma vie, avec plus de plaisir et peut-être plus d’utilité, qu’en m’occupant à un nouveau travail sur ce même ouvrage ; ce n’eut pas été à une seconde édition que j’aurais songé ; mais à un ouvrage méthodique extrait de celui-là ; et ç’aurait été un assez grand travail. Au reste, cette seconde édition ne me regarde pas. Les mêmes considérations que vous faites m’auraient empêché d’y songer. Mais plusieurs libraires m’avaient demandé la permission d’en faire une, espérant que j’y ferais quelques changements et m’offrant pour cela une rétribution. Cela me fit songer à proposer à Madame Duchesne, si elle voulait en faire une pour son compte sans changements ; ce qu’elle accepta. Je souhaite qu’elle s’en trouve bien, ce sera tout ce que j’en tirerai, avec quelques exemplaires qu’elle m’a donné pour mes amis. J’espère que vous penserez un peu à vos amis qui traitent de la Physique mécanique, dans votre Grand Traité d’Astronomie Physique1. Car vous êtes leur champion, en montrant combien les considérations physiques doivent intéresser les astronomes et forcemm[ent] ainsi les mathématiciens à quitter l’oreiller de paresse sur lequel ils resteraient, sans des hommes comme vous, qui examinent de plus près qu’ils ne le font ordinairement, les données sur lesquelles ils calculent sans les connaître. Le 3 [mai] Je fus, hier au soir, faire une visite à Monsieur Herschel. Il avait eu une assez forte fièvre tierce ces temps passés, produite par tant de nuits passées en plein air dans un canton humide, qu’il fut obligé d’abandonner pour se remettre. Il est remis, et de retour à son grand télescope, continuerant sa revue des cieux. Il ne restera là que jusqu’au mois de juin ; mais heureusement je l’aurai encore dans mon voisinage, même un peu plus près de Windsor. Il ne sera qu’à 1 ¾ milles de chez moi. La nuit du 1er au 2nd de ce mois, il découvrit 40 nouvelles nébuleuses en 5h ½ ; et une nuit de la semaine passée, il en découvrit 69. Son catalogue de nouvelles nébuleuses se monte à près de 1.300. Je vous prie de dire cela à Monsieur de Lalande, qui, s’il a reçu ma lettre pour le Lord Elgin, vous aura aussi communiqué la découverte qu’a faite Monsieur Herschel de nouveaux corps célestes, qu’il nomme nébuleuses planétaires ; parce qu’ils n’ont que la lumière des nébuleuses, mais qu’ils ont un disque sensible et mesurable, sur lequel la lumière est également répandue. Toutefois, ces corps ne paraissent jusqu’ici [n’]avoir aucun mouvement. Je crois qu’ils sont déjà au nombre de 7. Voulez-vous bien avoir la bonté de dire à Monsieur le Comte de Thury [Cassini III], que je trouvai chez moi à Londres, il y a 15 jours, un paquet laissé par quelqu’un qui ne se nomma pas, qui m’a été adressé pour je ne sais qui, 1. Il s’agit du Traité de Mécanique Céleste déjà projeté par Laplace.
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contenant (avec des prospectus d’ouvrages de littérature, je ne sais à quel usage) une lettre de sa part adressée à Monsieur Herschel, qui l’a reçue, l’en remercie, et lui présente ses devoirs (ainsi qu’à vous) et qui lui répondra dès qu’il pourra lui envoyer un exemplaire d’un nouveau « Mémoire sur la construction des cieux », qui va être imprimé dans les Transactions Philosophiques1. [Deluc] copie sur papier pelure Arch. R. Hahn.
80. Blagden à Laplace, 28 mai 1784
A M. Delaplace, sent by Mr. Marsden A Londres, ce 28 mai 1784 Monsieur, Comme vous m’aviez marqué, dans votre faveur du 24 février que vous aviez remis à M. Joseph White un paquet de votre mémoire sur l’astronomie physique à mon adresse, je suis allé de temps en temps pour le chercher, mais il était encore à Paris. Enfin il est revenu, mais il n’a point apporté de paquet pour moi, et de plus, il me dit qu’il ne se souvient pas d’en avoir reçu aucun. Conséquemment j’ai peur qu’il ne l’ait perdu, ou bien la personne que vous aviez chargé de le lui apporter, doit avoir mal exécuté sa commission. Après vous avoir donné cet avis le plus tôt qu’il m’est possible, je prendrai la liberté d’écrire le reste de cette lettre en anglais parce que je me sens trop gêné quand 1. William Herschel, « Account of some observations tending to investigate the construction of the heavens », Phil. Trans., 74 (1784), 437-451.
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je tâche d’exprimer mes pensées en français, et je sais que vous avez commencé à apprendre notre langue. Of the subjects lately discussed among us, that which most interests you is an observation of Mr. Wedgwood, the great manufacturer of pottery ware, on a fallacy which occured to him in using your machine for measuring heat. He found that some of the water which had been actually melted from the ice by a hot body, instead of running off as he expected, froze again in the interstices of the ice, though the whole apparatus was in a room much above the freezing point. A porcelain cup being laid upon some pounded ice about ½ hour in a room whose temperature was 50° of Farenheit scale, it was found pretty firmly adhering, and when pulled off the ice, exhibited an exact impression of the fluted part of the cup which it had been in contact with, so that the ice must necessarily have liquified first, and afterwards congealed again. He made many other experiments to the same purpose and found the congelation to be very considerable. He also perceived a fallacy from the absorption of the melted water into the substance of the ice. Having heated some pieces of burnt clay and laid them upon entire masses of ice, they made cavities of considerable depth, but the water was always absorbed sometimes as fast as it was produced, leaving both the piece and the cavity dry. Probably you know that Mr. Wedgwood five years ago proposed a method of ascertaining great heats, by the contraction they produce in pieces of clay burnt in them. On this principle he has made several late experiments and having found a method of determining the relation of his scale to that of Farenheit (though perhaps in a manner not perfectly accurate) he fixes the following points of high degrees of heat : Mercury boils 600° ; the heat fully visible in the dark 947 ; the heat fully visible in daylight 1077 ; heat by which his enamel colors are burnt on 1857 ; brass melts 3807 ; Swedish copper melts 4587 ; prime silver melts 4717 ; [?] gold melts 5237 ; ancient Roman and Etruscan wares melted 5760 ; heat by which Delft wares is fired 6410 ; heat by which cream colored or Queen’s ware fired 12260 ; melting heat of iron, the least 12777, the greatest 13427 ; heat by which stoneware is fired 14335 ; Chinese porcelain softens 16600 ; greatest heat of a common smith’s forge 17327 ; cast iron melts 17977 ; heat among the fuel in the iron foundry 20973 ; Nankin stoneware not altered 21350 ; greatest heat of his small air furnace 21877. The melting of copper before silver agrees with experiments [?] by our [?] matter in Al [?] These numbers certainly open our views very much with regard to great heats (remember they are all of Farenheit’s scale). The ingenious author remarks that from freezing to vital heat is barely a 500th part of his scale ; approach so inconsiderable relatively to the whole that in the higher stages of ignition, ten times as much might be added or taken away without the least difference being discernible in any other appearances from which the intensity of fire has hitherto been judged of, and that the common means of estimating before of fire are utterly insufficient, as he has too often found differences
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astonishing when considered as a part of scale, in the heats of their own kilns and ovens, without being renewable by the workmen at the time, as tile the ware was left out of the kiln. The heat of different parts of the fire differs so much, that it is impracticable of a common furnace to obtain it [?] even though the content of a few inches he was therefore in the experiments obliged to have recourse to large bodies of makers of fire. Mr. Wilson of Glasgow has continued his experiments in the great degrees of cold which take place near the surface of bodies in cold weather. I think he has proved that it depends on the deposit of hoar frost. Having exposed several different bodies to the air with thermometers near them and at distance, he found that whenever the air was in a state to let hoar frost be formed the near thermometer always thawed, a greater degree of cold than those at a distance, and that those thermometers were the lowest which were placed near those bodies upon which greatest quantity of hoar frost collected. Another gentleman, Mr. Six of Canterbury, has also observed that during the late winter whenever the air was clear, at which time hoar frost most copious deposits. A thermometer at the top of a tower never sinks so low several degrees as another near the surface of the earth. It was one of Mr. [?] remarks that upon a change in the sky to a hazy or overcast state, the difference between one thermometer near a body and another raised in the air no longer took place. The cold was not so great near snow or near several other substances, which have none of the property to occasion and doubt of your part. [This account may not be perfectly accurate, as Mr. [?] has not yet sent any paper on the subject to the Society, but I believe there is no material…]1. Be assured I always recollect with the most [?] satisfaction the moments I spent in your company, I remain ever your very faithful friend. C. Blagden brouillon New Haven, Yale University, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, The James Marshall and Marie-Louise Osborn Collection, MS fc. 15.
1. Barré.
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81. Laplace à [Blagden], 8 juin 1784
A Paris, ce 8 juin 1784 Monsieur, Je vois avec peine que les exemplaires du petit ouvrage que je viens de publier sur l’astronomie physique, ne vous sont pas parvenus. Monsieur Le Barrois l’aîné, libraire de Paris, à qui je les ai remis dans le mois de février, m’avait promis de les faire passer à Londres par Monsieur Joseph White ; et m’étant informé à lui depuis la réception de votre lettre, si véritablement il les avait remis à Monsieur White, il me l’a positivement assuré, en me disant que ce dernier les trouverait, selon toute apparence, dans quelques-unes de ces caisses. Je vous prie donc de prendre sur cet objet les informations convenables, car je ne présume pas que ces exemplaires soient perdus. Je vous en adresse six autres, en vous priant d’en garder un pour vous, comme une marque de l’estime et de l’amitié que vous m’avez inspirées, d’en remettre un à mon ami Monsieur Deluc, en y joignant mes plus tendres compliments, un à Monsieur Cavendish, un autre à Monsieur Kirwan, et de disposer des deux autres comme vous le jugerez à propos. Si les anciens exemplaires se retrouvent, comme je l’espère, je vous prie d’en faire l’usage que je vous ai indiqué dans ma précédente lettre. L’observation de Monsieur Wedgwood dont vous me faites l’honneur de me parler dans votre lettre, ne me paraît explicable que dans le cas où la glace qu’il a employée n’était pas exactement au degré de la glace fondante ; or, nous avons prescrit dans le mémoire sur la chaleur de n’employer la glace qu’après s’être bien assuré qu’elle est dans cet état, et il me parait certain qu’en le renfermant alors de toutes parts dans un récipient dont la température intérieure ne soit pas au-dessous de zéro, elle ne pourra jamais se regeler, si par une cause quelconque elle vient à se fondre. Je crois être assez sûr de la précision de notre méthode pour mesurer la chaleur pour vous répondre que, si l’on répète nos expériences dans des machines semblables aux nôtres, et dont les dimensions soient un peu grandes, en employant de la glace fondante, et en ayant soin de l’imbiber de la quantité d’eau qu’elle peut retenir à sa surface, on parviendra à un quarantième près tout au plus, à des résultats conformes à ceux que nous avons trouvés. Quant à l’observation des charbons ardents placés sur de la glace et qui la fondent sans donner de l’humidité sensible, elle me
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parait analogue à la suivante, dont les enfants s’amusent, et qui consiste à faire traverser, dans un temps froid et sec, une boule de neige par une bougie allumée sans qu’il s’écoule d’eau de la neige, l’air échauffé par la bougie dissolvant l’eau à mesure qu’elle est produite par la fonte de la neige. Mais cela ne fait rien au résultat de nos expériences, dans lesquelles il ne s’établit point de courant d’air chaud de l’intérieur à l’extérieur de nos machines. Nous avons fait, cet hiver, quelques expériences sur la chaleur, et j’aurai l’honneur de vous en envoyer le résultat lorsqu’elles seront rédigées. Permettez-moi de vous entretenir de la décomposition de l’eau, qui me paraît extrêmement vraisemblable, et sur laquelle on a fait ici plusieurs expériences très intéressantes. En réfléchissant sur la nature de l’air inflammable qui se dégage des métaux par l’action des acides, je trouve de grandes difficultés à l’attribuer soit aux acides, soit aux métaux. Par exemple, si l’air inflammable que l’on retire de l’action de l’acide vitriolique sur le fer appartient à l’acide vitriolique, ce ne peut être que du soufre sous forme de gaz, et alors, par sa combustion, il doit produire ou de l’acide sulfureux volatil, ou de l’acide vitriolique, ce qui n’est pas. Si l’air inflammable appartient au fer, pourquoi le fer n’en donne-t-il point par l’action de l’acide nitreux ? Si l’on suppose que cet air entre alors dans la constitution de l’air vitreux qui se dégage, pourquoi, en recombinant cet air vitreux avec l’air déphlogistiqué, l’air inflammable ne reparaît- il pas ? Si, dans l’action de l’acide nitreux sur le mercure, l’air nitreux enlève au mercure un gaz inflammable, pourquoi la chaux de mercure se revivifie-t-elle sans l’addition de ce gaz et par l’action seule de la chaleur ? D’ailleurs, on sait que les acides ne dissolvent les métaux qu’en les réduisant à l’état de chaux, et que dans cet état ils contiennent de l’air déphlogistiqué. D’où leur vient cet air ? Si l’acide vitriolique le fournissait au fer, il devrait en résulter ou du soufre ou de l’acide sulfureux, puisqu’on sait aujourd’hui que l’acide vitriolique renferme environ deux parties de soufre et une partie d’air déphlogistiqué, et que l’acide sulfureux se change en acide vitriolique par une addition suffisante du même air. Mais lorsqu’on emploie un acide vitriolique affaibli, on n’a ni soufre, ni acide sulfureux, mais du gaz inflammable, et si l’acide est très concentré, on n’a point de gaz inflammable, mais de l’acide sulfureux ou du soufre. Ainsi, dans le premier cas, l’acide n’est pas décomposé. Ces considérations et plusieurs autres, me firent soupçonner que l’air inflammable était dû à la décomposition de l’eau, qui donne au fer l’air déphlogistiqué dont elle est composée, et qui se réduit par là en gaz inflammable. Ensuite, qu’en recombinant ce même gaz avec l’air déphlogistiqué, on doit retrouver l’eau qui s’est décomposée, ce qui est conforme à la belle expérience par laquelle on forme de l’eau par la combustion de l’air inflammable, comme Monsieur Macquer paraît l’avoir observé le premier dans son Dictionnaire de Chimie, tome II, page 314, édition in-8°1. 1. Pierre Joseph Macquer, Dictionnaire de Chimie (Paris, 1779) 2, 305-321.
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Je fis part de ces idées, dans l’automne dernier, à Monsieur de Lavoisier, et nous nous y confirmâmes par de nouvelles réflexions. On explique très bien, par exemple, pourquoi l’acide nitreux ne produit point d’air inflammable par son action sur le fer. L’air nitreux, qui est un des principes de cet acide, ayant moins d’affinité avec l’air déphlogistiqué que l’air inflammable de l’eau, c’est l’acide et non l’eau qui doit se décomposer. Dans l’acide vitriolique, au contraire, et dans l’acide marin, l’air déphlogistiqué a plus d’affinité avec les bases de cet acide qu’avec l’air inflammable, et dans ce cas, l’eau doit se décomposer et donner de l’air inflammable. Si l’on emploie un acide vitriolique très concentré, la forte adhérence de l’eau avec l’acide empêche la décomposition de l’eau ; l’acide alors se décompose et donne ou du soufre, ou de l’acide sulfureux. MM. de Lavoisier et Meusnier sont depuis parvenus à décomposer l’eau sans l’intermède des acides. Pour cela, ils ont mis du fer dans un tuyau de cuivre rougi au feu ; en y faisant passer de la vapeur d’eau bouillante, ils ont retiré une grande quantité d’air inflammable ; le fer s’est réduit en chaux et a augmenté de poids, de toute la quantité d’air déphlogistiqué qu’il a enlevé à l’eau ; l’augmentation du poids du fer s’est trouvée au poids de l’air inflammable environ dans le rapport de 5 à 1, et c’est à peu près le rapport de l’air déphlogistiqué à l’air inflammable dans la composition de l’eau. Lorsqu’ils ne faisaient point passer de vapeur aqueuse dans le tuyau, ils ne retiraient que de très petites quantités d’air inflammable. Le zinc a offert les mêmes résultats, et ils sont ainsi parvenus à retirer du charbon, une grande quantité d’air fixe et d’air inflammable. Toute cette théorie me paraît répandre un grand jour sur beaucoup de phénomènes chimiques. Je serais trop long si je voulais entrer dans les détails à ce sujet ; je me contenterai de vous faire observer que la décomposition de l’eau et les divers degrés d’affinité de l’air déphlogistiqué avec les différentes bases auxquelles il peut s’unir, expliquent merveilleusement un grand nombre de phénomènes qui sont inexplicables dans [les] hypothèses reçues, sans être d’ailleurs obligé de recourir à une substance incoercible dans les vaisseaux, et sur laquelle on ne peut faire aucune expérience directe, telle que le phlogistique. Je finis ici cette lettre déjà trop longue, en vous priant de me conserver votre amitié et en vous renouvelant les sentiments d’estime avec lesquels je suis, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Je vous prie de remettre à Monsieur Cavallo un exemplaire de mon ouvrage, en le priant de le remettre à Monsieur Zach, habile mathématicien que j’ai connu à Paris. J’aurai l’honneur de répondre à la lettre de Monsieur Zach, lorsque je le saurai de retour à Londres.
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Je vous remercie de m’avoir procuré la connaissance de Monsieur Marsden, qui me paraît avoir un fort bon esprit, mais son peu de séjour à Paris et la difficulté qu’il a d’entendre notre langue m’ont empêché de profiter autant que je l’aurais désiré de ses lumières. Londres, Royal Society, CB/1/4/221.
82. reçu, 17 juin 1784
A Paris, ce 17 juin 1784 J’ai reçu de Monsieur le Comte de Buffon, trésorier perpétuel de l’Académie royale des Sciences, la somme de 500 livres, pour laquelle je dois être porté sur l’état des dépenses de ladite Académie pour l’année 1783, dont quittance. Laplace reçu Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 178.
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83. [Blagden] à [Laplace], 29 juillet 1784
July 29, 1784 Dear Sir, This packet contains two copies of two papers printed in the Philosophical Transactions by Mr. Cavendish and myself, which we beg you and Monsieur Lavoisier to accept1. I have added for you the loose sheets of Mr. Michell’s paper on the probable diminution of the velocity of light in proportion as the [star] body emitting it is larger, which, though extremely speculative, we think very curious2. Your packet of memoirs by Mr. Marsden arrived safe. I am much obliged to you for them, and distributed them according to your directions. I have received none from Mr. White, but he says that perhaps they may be in one of his packages which will arrive by and by. Should they ever come you shall know it. Mr. Zach has long since returned to London, indeed he was absent but a few days. With regard to the decomposition of water, you will learn our sentiments upon that subject from Mr. Cavendish’s paper now sent you, the substance of which I had the honor of explaining to you and Monsieur Lavoisier as well as several other gentlemen of the Academy when we were drinking tea at Monsieur Lavoisier’s relations, the 21st of June last year. I have looked at your reference to the Dictionnaire de Chimie. It is the article « précipité per se », but I found nothing that seems applicable to this subject. In Mr. Wedgwoods’s experiments, where the water froze again in the ice after it had been melted care was previously taken that the ice should not be colder than the freezing point. But of this you be a better judge when the paper is printed, which I hope to get done in the month of October when I will certainly send it you. The vacation of the Royal Society commenced the first day of this month, consequently there is no philosophical news from that quarter. At present we are engaged in measuring the base, which is to serve as the foundation for joining the observatories of Paris and Greenwich by triangles. Some curious circumstances have occurred in this business relative to the expansion of teak by moisture after the base has gone over with rods of that wood, it is intended to repeat the whole operation with glass rods. 1. Probablement Henry Cavendish, « Experiments on air », Phil. Trans., 74 (1784), 119-153 ; et « Thoughts on the constituent parts of water and dephlogisticated air ... Letter from Mr. James Watt to Monsieur De Luc », Phil. Trans., 74 (1784), 329-357. 2. John Michell, « On the means of discovering the distance, magnitude, etc. of the fixed stars ... », Phil.Trans., 74 (1784), 35-57.
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I am extremely obliged to you and Monsieur Lavoisier for your civilities to Mr. Marsden, who is really an ingenious gentleman, as his History of Sumatra sufficiently testifies1. Be so good as to present my best to Monsieur Lavoisier, and believe me ever with the greatest respect your humble and very faithful servant. [Charles Blagden] brouillon2 New Haven, Yale University, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, The James Marshall and Marie-Louise Osborn Collection.
84. Laplace à [Ségur], 18 août 1784
[Au Ministre de la Guerre]3 A Paris, ce 18 août 1784 Monseigneur4, J’ai l’honneur de vous adresser le résultat de mes examens, tant de Metz que de l’Ecole Militaire de Paris. J’ai tâché de me rendre digne de la confiance dont vous m’avez honoré, en interrogeant les jeunes gens avec douceur, en les écoutant avec patience, et en pesant leur mérite respectif avec la plus scrupuleuse exactitude. Sur 114 sujets qui devaient se présenter à l’examen, 87 seulement ont été examinés. La liste n° 1 présente, suivant l’ordre de leur instruction, ceux des élèves et aspirants qui ont montré l’instruction suffisante pour être admis comme officiers. La liste n° 5 présente, dans le même ordre, 1. William Marsden, History of Sumatra (London, 1783). 2. Le brouillon est entièrement barré car Blagden envoya une lettre semblable le 3 septembre suivant. 3. Philippe Henri de Ségur. 4. De la main du Ministre : « m’en parler ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
les aspirants qui ont montré l’instruction suffisante pour être admis comme élèves. Les élèves indiqués dans la liste n° 2, ayant subi sans succès leur second examen d’élève, je les ai désignés, conformément à vos ordres, à Monsieur de Faultrier, Commandant de l’école de Metz, qui leur a signifié de se désister de toutes prétentions relativement au Corps Royal d’artillerie. Messieurs les chanoines réguliers du collège St Louis à Metz continuent, Monseigneur, de se livrer avec le même zèle et le même succès à l’instruction des élèves et aspirants du Corps Royal. Messieurs Plassiard et Thonin1, spécialement chargés de cette instruction dans ce collège, ne m’ont rien laissé à désirer à cet égard dans les sujets qu’ils ont présentés cette année à l’examen. Je dois rendre la même justice à Dom Enard, excellent professeur de mathématiques au collège des Bénédictins de Metz ; ainsi qu’à Monsieur Lebrun fils, professeur de l’école d’artillerie de Metz ; à Monsieur Alès [Allaize], répétiteur dans cette école ; et à Monsieur Mazurier, répétiteur de l’école de Verdun. Je dois enfin vous prier d’observer, Monseigneur, que l’Ecole Militaire de Paris a présenté cette année à l’examen un plus grand nombre de sujets qu’elle ne l’avait fait encore. Leur instruction, qui m’a paru bonne et solide, est due aux soins de MM. Monge2 et D’Agelet, chargés dans cette école d’instruire les jeunes gens qui se destinent au Corps Royal d’artillerie. Je prends la liberté, Monseigneur, de vous désigner les noms des professeurs qui se sont livrés avec succès à l’instruction des élèves et des aspirants, parce que les marques de satisfaction que vous voudrez bien leur donner, les exciteront à faire de nouveaux efforts pour s’en rendre de plus en plus dignes. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, I, 13.
1. Les noms de ces deux instructeurs sont parfois écrits Placiard et Thomin. 2. Louis Monge, frère de Gaspard Monge.
ANNÉE 1784
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85. document, 18 août 1784
A Paris, ce 18 août 1784 Corps Royal d’Artillerie, N° 1 Elèves et aspirants qui ont montré l’instruction suffisante pour être admis comme officiers : MM.
1. Brisson
17. [Mongenet de] Montaigu
2. de Barville
18. Le Fort de Carneville
3. le chevalier de Foucher [de Careil, Louis François]
19. Thirion de Vercly
4. Durlot de Grandjean
20. de Flavigny [Alexandre André]
5. Nacquart
21. de Romain
6. De Chevillon
22. de Libertat
7. Potier de Sergenou
23. de Chambon [de la Barthe]
8. de La Chambre
24. de Villegille
9. chevalier de Camas [Jean Edmond Filhol]
25. de Gallois
10. chevalier de Genisias
26. Pruvost
11. d’Astin
27. de Briaucourt
12. St Vincent
28. de Senneville
13. de Gouvion-Orly
29. de Foucault
14. d’Ablaincourt
30. de Taviel
15. de St Michel
31. de Menoir
16. d’Ivoley
32. Le Sart de Mouchin
Total : 32
N° 2 Elèves qui ont subi sans succès leur second examen d’élève : MM.
1. Vandeberg de Villiers
3. Baulard de Feur
2. Picoteau
4. Colin de Boishamon
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
N° 3 Elèves qui ont subi sans succès leur premier examen d’élève : MM.
1. Couessin de Kerande
4. de Hédouville
2. Rouyer des Brosses
5. Raymond de La Nougarède
3. D’Olard de Myon
N° 4 Elèves qui ne sont pas présentés à l’examen : M. Faure de Gière
N° 5 Aspirants qui ont montré l’instruction suffisante pour être admis comme élèves : 1. de Gomer [Antoine François]
22. Léonard de St Cyr [Jacques Martial]
2. d’Origny d’Agny [Adam Louis Marie]
23. Le Vicomte [Jean Louis]
t
3. de S Michel de Montrecourt [Joseph François Edmond de Limousin]
24. de La Lance de Villers [François]
4. Cousin de Dommartin [Elzéar Auguste]
25. Marie du Rocher de Collières [Jean René Yves]
5. Damey de St Bresson [Antoine Victor]
26. Cellier de Bouville [Jacques Thomas]
6. de Guerbert [de Bellefonds, Antoine Joseph André]
27. de Seyturier
7. [Lelieur] de Ville-sur-Arce [Léon Charles]
28. chevalier Le Sart [de Mouchin] [Bonaventure Charles Louis Joseph]
8. Le Maître d’Annoville [Charles Victor Amédée]
29. [Du] Bois Baudry l’aîné [Ange Hyacinthe Joseph]
9. de Sénarmont [Alexandre Antoine Hureau]
30. Marescot de La Noüe [Bernard François]
10. Dubois de Launay [Pierre Henry Guy]
31. La Prade
11. Law de Lauriston [Jacques Alexandre Bernard]
32. Passerat de La Chapelle [de Choisy] [Pierre Jacques Marie]
12. de Roquefeuil [Pierre]
33. de Laparra de Lieucamp de Salgues [Jean Philibert]
13. de Bellegarde [Jean Louis]
34. de Maussion [de Chaumeronde] [Thomas Urbain]
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14. Bigault de Grandrupt [Charles François Anne] 35. de Broglie [Elzéar Ferdinand François] 15. Suremain de Missery [Antoine Bénigne]
36. de Passac [de Pinchat] [Philippe Jérôme de Gaucher]
16. Le Moyne de Talhouet [Marie Joseph Yves Bernier]
37. Légier
17. [Barbier] La Serre
38. Le Blanc de Prébois
18. Duprat
39. de Braux [Jean Baptiste Nicolas]
19. Damoiseau l’aîné [Marie Charles Théodore]
40. [Marquis] d’Andelot [Gaspard Amédée Guyenard]
20. Le Rouyer de la Fosse
41. La Rochegirault
21. de Vaugrigneuse Total : 41
N° 6 Aspirants remis à second examen :
MM.
1. de Brucourt
4. de Vigier
2. Damoiseau le second
5. des Mazis
3. de Nadal
N° 7 Aspirants qui, ayant eu des lettres d’examen ne s’y sont pas présentés : MM.
1. Guérin (cet aspirant a déjà subi, sans suc- 14. du Hattoy cès, un premier examen) 2. Dupuy
15. du Castel
3. Vaumoret l’aîné
16. Rieunier
4. Vaumoret le cadet
17. Collard de Boutancourt
5. d’Ivoley
18. Victor des Forges
6. de Tigné
19. Gaillande
7. de la Boissière
20. La Terrière
8. Duplessis
21. Pillon de La Tillais [Charles de]
9. La Charpenterie
22. Luquet de Grangebeuve de Chantrans
10. Beausire
23. Louvel de Contrières
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
11. du Passage
24. de Picot de Peccaduc [Pierre Marie Auguste]
12. d’Aboville
25. De Roux d’Arbaud
13. Polleresky
26. d’Ivoley de l’Ecole Militaire
Total : 26
Laplace document S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, I, 14.
86. document, 29 août 1784
29 août 1784 Je reconnais que Monsieur de Laplace ne me doit rien et m’a payé tout ce qu’il me doit. En foi de quoi je lui ai donné cette quittance générale1. A Paris, ce 29 août 1784 [J’]approuve cette écriture Jeanne Michel document Bancroft, box 10, dossier 1.
1. De la main de Laplace.
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87. [Blagden] à [Laplace], 3 septembre 1784
September 3, 1784 Dear Sir, This packet of which Dr. Broussonet is so kind as to take charge contains two copies of a paper I just printed in the Philosophical Transactions on the fiery meteors seen last autumn1 ; one of which I beg you will do me the honor of accepting yourself, and request the same of Monsieur Lavoisier with respect to the other. I have added a memoir of Mr. Michell on the probable diminution of the velocity of light in proportion as the body emitting it is larger, which though almost purely speculative, we think extremely curious2. As particularly interesting to you and Monsieur Lavoisier, I send some loose sheets of the volume of Transactions now printing which contain Mr. Watt’s thoughts on the subject of water and dephlogisticated air ; and die experiments of Mr. Wedgwood mentioned to you in a former letter3. When you have perused these, should Monsieur Le Roy wish to have a sight of them, be so good as to send them to him. Your packet of memoirs to (see letter of July 29) but a few days. Two copies of Monsieur l’abbé Haüy’s work upon crystals from Mr. Deluc to myself were delivered to me a few days ago some not come [?] : unfortunately I did not see the gentleman who brought them, being then out of town4. That for Monsieur Deluc is sent. May I beg the favor of you to make my grateful [?] to the author both for the present, and his most obliging letter, sincerely as I feel myself mortified in so little deserving the good opinion he expresses. About a month since Monsieur Bertier de Sauvigny undertook to send by the post two copies of Mr. Cavendish’s experiments on air for you and Monsieur de Lavoisier, the substance of which I had the honor of laying before you both, as well as several gentlemen of the Academy, when we were drinking tea at Monsieur Lavoisier’s relations, the 21st of June last year5. How far Mr. Cav1. Charles Blagden, « An account of some late fiery meteors », Phil. Trans., 74 (1784), 201-232. 2. John Michell, « On the means of discovering the distance, magnitude, etc. of the fixed stars ... », Phil. Trans., 74 (1784), 35-57. 3. James Watt, « Thoughts on the constituent parts of water and of dephlogisticated air », et son « Sequel ... », Phil. Trans., 74 (1784), 329-357 ; et Josiah Wedgwood, « An attempt to compare and connect the thermometer for strong fire », ibid., 74 (1784), 358-384. 4. René Just Hauy, Essai d’une Théorie sur la Structure des Crystaux (Paris, 1784). 5. Henry Cavendish, « Experiments on air », Phil. Trans., 74 (1784), 119-153.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
endish’s explanation on the old system of phlogiston may be preferable to Mr. de Lavoisier’s theory, you will now be enabled to judge. I have looked at your reference etc. The Royal Society has now been adjourned more than 2 months, consequently there is no philosophical news from that quarter. Lately we have been much engaged in measuring the base for joining the observatories of Paris and Greenwich by a series of triangles which were finished last Monday. Some curious circumstances occurred in this business, relative to the expansion of different kinds of teak (bois de sapin) by moisture. As some ambiguity arose from this effect, we went over the ground again with glass rods upon a new construction, which answered remarkably well, and must have given us the real length very nearly indeed. In whole numbers we call it 9136 English yards. The exact computations are not yet finished. I was extremely obliged … testifies. [Charles Blagden] brouillon New Haven, Yale University, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, The James Marshall and Marie-Louise Osborn Collection, MS fc. 15.
88. [Lavoisier] à Laplace, [12 novembre 1784]
[A] Monsieur de Laplace de l’Académie des Sciences, Examinateur des élèves de la Marine, Rue Christine1 [12 novembre 1784] J’ai l’honneur, Monsieur mon cher confrère, de vous envoyer, comme exécuteur testamentaire de Monsieur le Comte de Milly, la copie de deux récépis1. Ecrit d’une autre main : « Expédié le 12 novembre 1784 ».
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sés, l’un du 6 septembre 1780, l’autre du 5 décembre 1782. Vous verrez par leur contenu qu’il existe dans le cabinet et dans le laboratoire de Monsieur le Comte de Milly divers vaisseaux qui appartiennent à l’Académie et qui doivent être distraits des effets qui lui appartiennent, afin qu’ils ne fassent pas partie de la vente. Je me suis chargé de les réclamer auprès de vous au nom de l’Académie. Il me semble que le temps presse, car j’ai vu la vente indiquée par une affiche. J’ai ... [Lavoisier]1 minute Archives de Chabrol, M ; publiée dans Lavoisier, C., fascicule IV, p. 50.
89. B[lagden] à [Laplace], 28 décembre 1784
December 28, 1784 I take the opportunity of a young gentleman who is just setting out for Paris to send you the loose sheets of the most respectable mathematical papers which are printed in the last number of the Philosophical Transactions. The former of them, Dr. Waring, obtained the prize medal which the Society commonly confers annually on the author of the best paper, and as far as I can presume to judge of the subject, I believe it will be thought by you not unworthy of that distinction, especially as I know you already think very highly of Dr. Waring’s mathematical character2. Another variable star whose light increases and diminishes at regular periods analogous to Algol, has been lately the subject of observation in Yorkshire. It is Antinoi ; its period comprehend a space of 7 days 4 ½ hours and the extent of its variation amounts to about one magnitude of star ; that is, it passes from 1. Sans signature, mais de la main de Lavoisier. 2. Edward Waring, « On the summation of series... », Phil. Trans., 74 (1784), 385-415.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
between a 3d and 4th magnitude, to between a 4 and 5th. The most remarkable circumstance is that it remains much longer in decreasing its light than in recovering it again. The former period, that is from the beginning of its diminution to its greatest obscurity being 64 hours, whereas from the beginning of its increase till it has again obtained its greatest brightness there are only 36 hours. It remains steady a considerable time both at its greatest and its least state of brighteness. Mr. Edward Pigott is the gentleman to whom we are indebted for this discovery, in which he was assisted by Mr. Goodricke who first observed the regular variation of Algol. I hear these two gentlemen have also found another star varying in the same manner, of which they mean to write an account when their observations shall be completed1. A book has been lately published here by Monsieur de Mirabeau in which are introduced some remarks by himself and the Duc de Chaulnes on balloons, that are not only totally false, but really a scandalous libel on the English nation2. The account of their accusation is that we have discovered balloons here as much as possible out of envy, because it was a French invention. As the work was originally printed, it also contained some false illiberal assertion respecting the President of the Society, which however, they have since thought proper to cancel. The real fact is that if any sensible proposal for the advancement of science by the means of ballons had been suggested here either by foreigners or our own countrymen, we should readily have embraced either individually or in a body would have effectively promoted it. But it [déchiré] become us to be the duty of adventurers whose only object is to [fill] their own pockets by making the vulgar [?]. Unfortunately those two gentlemen though of such distinguished rank [in their own country], chiefly associate here with characters which are very far from respectable and consequently are exposed to constant misrepresentation, and liable to imbibe the most unworthy prejudices. It gives me great pleasure to remark that the Academy of Sciences has adopted in this business the same prudent reserve as the Royal Society. CB [lagden] P.S. In my last letter to Mr. Berthollet of the 26th of November, I mentioned the arrival of your work on the motion of the planets and the different copies of which I have distributed according to your direction. I sent to Monsieur Delaplace in a parcel with Dr. Waring and Lord [?] paper, Dec 19 by Monsieur Desgenettes. brouillon New Haven, Yale University, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, The John Marshall and Marie-Louise Osborn Collection. 1. « Observations of the comet of 1783... », Phil. Trans., 74 (1784), 460-462. 2. Je n’ai pas pu trouver le texte en question.
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90. [Laplace] à [Madame Charpit], 30 décembre 1784
30 décembre 1784 Monsieur de Laplace a l’honneur de présenter ses respects à Madame Charpit et de l’assurer qu’il a pris la plus grande part au triste événement qui vient de lui arriver1. Il était tendrement attaché à son neveu, dans lequel il regrette un des meilleurs esprits qu’il ait jamais connu et qui annonçait les talents les plus décidés pour les sciences. Ce jeune homme inspirait d’ailleurs l’intérêt le plus vif par la douceur de son caractère, par la bonté de son cœur, et par une vraie modestie. Copie d’une partie d’une lettre à Arbogast du 12 janvier 1785. Florence, Biblioteca Medicea-Laurenziana, Ashburnham add. 1838, III, fol. 60v.
91. [Laplace] à [Reybaz], [1784]
[1784] Monsieur Delaplace a l’honneur de faire mil compliments à Monsieur Reybaz, et de lui envoyer quelques exemplaires de l’extrait de ses recherches ; il le prie de vouloir bien en garder un pour lui, et en envoyer un à Monsieur [Le] Sage et un autre à Monsieur Trembley2. [Laplace]3 B.GE., MS Fr. 916, fol. 79. 1. Charpit de Villecourt mourut soudainement, le 28 décembre 1784, à Paris. 2. Probablement écrite en 1784. 3. De la main de Laplace, mais sans signature.
92. reçu, 26 janvier 1785
26 janvier 1785 Je reconnais avoir reçu de Monsieur de Laplace, la somme de 250 livres pour les deux termes échus au 1er janvier 1785 du loyer d’un appartement qu’il occupe, rue Christine1. A Paris, ce 26 janvier 1785 Veuve Bézout reçu Bancroft, box 10, dossier 252.
1. De la main de Laplace. 2. Dans ce même dossier se trouve un autre reçu semblable pour la même année.
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93. Laplace à Blagden, 7 mars 1785
At Doctor Blagden Gower Street, Bedford Square London A Paris, ce 7 mars 1785 Monsieur, Monsieur Broussonet a bien voulu se charger de vous faire parvenir un paquet qui renferme plusieurs exemplaires d’un petit ouvrage que je viens de publier sur la figure des planètes, et qui doit paraître dans le volume des Mémoires de l’Académie pour l’année 17821. Je vous prie d’en vouloir bien garder deux qui vous sont destinés, et de remettre les autres à leurs adresses respectives. Ayez la bonté de me rappeler au souvenir de mon ami Monsieur Deluc, et de lui dire que j’aurai l’honneur de lui écrire bientôt, en lui faisant part de quelques expériences tirées au grand sur la formation de l’eau, qui se font maintenant à Paris. J’ai lu avec bien du plaisir celles de Monsieur Cavendish2. Je les regarde comme infiniment importantes, et elles me paraissent faites avec la précision et la finesse qui distinguent cet excellent physicien. J’attends avec bien d’impatience la suite que vous avez annoncée à Monsieur Berthollet. Je suis fort porté à croire que ces trois substances, l’acide nitreux, l’air nitreux, et l’eau, ne différent que par la proportion d’air déphlogistiqué qui y est combiné avec l’air inflammable, en sorte que l’eau combinée avec du nouvel air déphlogistiqué devient air nitreux, et l’air nitreux combiné encore avec le nouvel air déphlogistiqué devient acide nitreux. Toutes les expériences que je connais s’accordent parfaitement avec cette hypothèse. Ainsi, Monsieur Berthollet a cru par la distillation du nitre, convertir tout l’acide nitreux en air déphlogistiqué, et je crois qu’il ne faut qu’enlever à cet acide l’excès d’air déphlogistiqué qui le différencie d’avec l’eau, excès qui est une grande partie du poids de l’acide. Mais il faut de nouvelles expériences encore pour établir cette hypothèse qui, si elle est vraie, est une des plus belles découvertes que l’on ait jamais faites en chimie. Ayez la bonté de dire à Monsieur Zach qui demeure avec Monsieur Cavallo, que je le prie de m’envoyer ses observations sur la planète Herschel. Celles de Monsieur de Cassini, relatives à la dernière opposition, ne diffèrent de mes élé1. « Théorie des attractions des sphéroïdes et de la figure des planètes », H.A.R.S., 85 (1782), 113-196 ; Laplace, O.C., 10, 341-419. 2. « Experiments on air », Phil. Trans., 74 (1784), 119-153.
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ments que de -10" en longitude et de +4" en latitude. Ainsi, nous pourrons nous flatter de connaître à très peu près les éléments de cette planète. Monsieur Herschel a, dit-on, trouvé les axes de Mars, dans le rapport de 17 à 18, tandis que la durée de sa rotation est de 24 heures, ou à peu près égale à celle de la Terre. Cela me paraît impossible, car un aussi grand aplatissement ne peut pas, suivant la théorie de la pesanteur universelle, se concilier avec une rotation aussi lente, ou du moins, il faudrait pour cela faire des hypothèses infiniment peu probables. Je désirerais que cet astronome vérifiât ses mesures, d’autant plus que, dans les premières annonces qu’il nous fit de la découverte de sa planète, il nous parlait de grandes variations qu’il avait observées dans la grandeur de son disque, variations que l’on sait aujourd’hui n’avoir pas eu lieu. Je désirerais encore que Monsieur Herschel tournât ses télescopes vers l’anneau de Saturne et déterminât le nombre et la largeur des bandes noires qui paraissent à sa surface et que je regarde comme des discontinuités de l’anneau. Ayez la bonté de me conserver les sentiments d’amitié que vous avez bien voulu m’accorder, et auxquels j’attache un très grand prix, et de me croire toute l’estime et l’attachement que vous m’avez … Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Londres, Royal Society, CB/1/4/222.
94. Laplace à Deluc, 18 mars 1785
A Monsieur De Luc Lecteur de la Reine d’Angleterre de la Société Royale A Londres Ce 18 mars 17851 Monsieur, Il y a bien longtemps que je me proposais d’avoir l’honneur de vous écrire ; 1. Note au dos de la main de Deluc : « Rép 2 May ».
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mais n’ayant eu rien d’intéressant à vous mander, et d’ailleurs ayant été fort distrait par des occupations un peu étrangères aux sciences, j’ai voulu différer de vous entretenir jusqu’au moment où je trouverais pour cela une occasion favorable. Monsieur Anisson, directeur de l’Imprimerie Royale en France, veut bien me l’offrir, et je m’empresse d’autant plus volontiers d’en profiter que cela lui procurera l’avantage de vous connaître. Monsieur Anisson consacre une grande fortune aux progrès des arts et en particulier de l’imprimerie, et selon toute vraisemblance les excellents mémoires qu’il a lus sur cet objet à l’Académie et les relations intimes que son état lui donne avec nous, ne tarderont pas à le faire entrer dans cette savante compagnie. Il désire très vivement de connaître les savants distingués de la Société Royale, et par cette raison, votre connaissance est une de celles qui doivent le plus l’intéresser. J’ose me flatter que vous voudrez bien lui être utile à cet égard. Je vous en aurai l’obligation la plus sincère. J’attends avec bien de l’impatience l’ouvrage que vous m’avez annoncé depuis longtemps. Je vous prie de me mander s’il est fort avancé. Si vous persistez toujours dans le dessein de me l’adresser, je crois qu’il serait bon que nous en causassions ensemble1. Si vous pouviez venir passer quelques mois à Paris, nous pourrions beaucoup mieux discuter les matières intéressantes qui en font l’objet. Je gagnerais doublement à cela par le plaisir de vous voir et par celui de m’instruire en conversant avec vous. Je vous remercie de l’exemplaire de votre ouvrage Sur les Modifications de l’Atmosphère2. Je suis fâché que vous ne l’ayez pas un peu changé dans cette nouvelle édition, ce qui vous aurait été facile, soit en présentant certains objets avec plus de concision, soit en supprimant quelques détails intéressants à l’époque où vous les avez publiés et où, par leur nouveauté, ils pouvaient piquer la curiosité des lecteurs, mais qui, étant devenus depuis plus familiers, ont perdu de leur intérêt. Car tout ce que nous faisons dans les sciences n’est qu’un échafaudage qui devient inutile du moment où l’édifice est placé. Monsieur Blagden a dû vous remettre un exemplaire d’un petit ouvrage que je viens de publier, en y joignant mes compliments3. Je travaille actuellement à un grand traité d’astronomie physique ; mais j’ignore quand il sera fini. Je suis avec les sentiments de l’estime la plus distinguée et d’une vive amitié, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.GE., MS D.O. 1. Idées sur la Météorologie (Paris, 1787), 2 vols. Laplace refusa plus tard la dédicace, n’étant pas d’accord sur le fond avec son contenu. 2. Recherches sur les Modification de l’Atmosphère, 2e édition (Paris, 1784). La première édition est de 1772. 3. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784).
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95. [Blagden] à [Laplace], 5 avril 1785
April 5, 1785 Sir, The packet of your dissertations committed to the charge of Dr. Broussonet arrived safely and I have distributed them according to your directions. Accept my best thanks for the two designed for myself, one of which I gave to Mr. Herschel and at the same time delivered to him your message relative to the axis of Mars and Saturn’s ring. Of the latter object he has made frequent observations and sees one dark line very plain, but no more with certainty and suspects that when there seems to be traces of more, it is only an optical illusion. With regard to the differences between the two axes of Mars, he is as confident as one series of observations will authorize, that his measures are just ; but I think with you it will be most prudent to suspend our belief of anything that would be difficultly reconciled to the laws of gravitation, especially where the objections is of so very delicate a nature, till it shall be confirmed by future observations which cannot be made till the near opposition of the planet. As I think from various arguments of Mr. Cavendish’s late experiments, that the [?] of the nitrous acid in the phlogisticated part of our atmosphere, the hypothesis you mention, deriving it from dephlogisticated air added in a large proportion to inflammable, seems much less probable. As soon as Mr. Cavendish’s paper shall have been read before the Royal Society, I will send to you or M. Berthollet an abstract both of the reasoning and experiments. I would with pleasure have done it before, had M. Lavoisier’s conduct relative to Mr. Cavendish’s former discovery, of which you were yourself a witness from beginning to end, suggested a degree of caution which I had been accustomed to think unnecessary among gentlemen1. Dr. Nordyce and Dr. Crawford have lately announced to the Royal Society a set of experiments from which they conclude that heat diminishes the gravity of bodies. Dr. Nordyce has constructed a very fine balance by which he undertakes to weigh the 1800th part of a grain when scales are loaded with a pound. Though it may be doubtful whether this accuracy is always to be depended upon, yet the beam is certainly a very nice one. With this he finds that a piece of gold on being heated loses considerably more weight than he computes, and 1. Ce paragraphe a été entièrement barré.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
endeavors to show by experiment, can be ascribed to the current of air upwards produced by the heat. As this however may require too nice a discrimination, he relates a much more unexceptionable experiment, which is as follows. He enclosed in a glass vessel hermetically sealed 1700 grains of water : on freezing the weight of the whole was increased 1/16 of a grain, which was lost on thawing the water, though there was not a degree of difference in the temperature of the water and used in the experiment. This to be supposed that he took care nothing should adhere or be condensed upon the vessel during the process. Dr. Nordyce’s theory is that as the effect of heat is in general to lessen attractions, as in magnetism, chemistry, &tc. So it produces an analogous effect on the attraction of gravitation. I have not myself seen the experiment and it is certainly of too delicate a nature to gain implicit belief till it has been repeated by various persons1. A paper by Dr. Priestley has been lately read before the Royal Society containing many curious experiment, the tendency of which are to confirm Mr. Cavendish’s constitution of water and dephlogisticated air, to support the doctrine of phlogiston in opposition to the theory which excluded it, and to show that inflammable air is not pure phlogiston, but requires water for its composition2. As Dr. Priestley has correspondence in France, I suppose you have already received a more particular account of there experiments. If Mr. Cavendish’s opinion that the [?] of the nitrous acid in the phlogisticated part of the air of our atmosphere be found just, it will supersede the hypothesis you mention deriving it from dephlogisticated air. As soon as Mr. Cavendish’s paper that have been read before the Royal Society, I will send to you or M. Berthollet, whose letter on that subject I have now read an abstract both of the reasoning and of the experiments. I would with pleasure have done it before, had not such frank commentary been rendered improper by what happened relative to Mr. Cavendish’s former discovery on the production of water. [Charles Blagden] brouillon New Haven, Yale Library, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, The James Marshall and Marie-Louise Osborn Collection, MS fc. 15.
1. Cette dernière phrase a été barée. 2. Joseph Priestley, « Experiments and observations relating to air and water », Phil. Trans., 75 (1785), 279-309.
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96. Deluc à [Laplace], 27 avril 1785
Windsor, le 27 avril 1785 Qu’avez-vous pensé de moi, mon cher Monsieur ! Vous deviez me croire mort, ou passé aux Indes. Peut-être savez-vous maintenant quelque chose de ma vie, par Monsieur de Lalande à qui j’en ai parlé dans une lettre que je lui ai envoyée par un jeune seigneur anglais, le priant de vous en faire part. Ce n’est donc pas moi qui suis passé aux Indes ; mais j’y ai envoyé un de mes fils, qui pour cela vint d’Amsterdam, auprès de moi ; et pendant deux mois qu’il est resté, je n’ai pu m’occuper de philosophie. Avant cela, j’avais passé un mois à Birmingham, deux mois à Bath, avec deux dames et auprès d’un[e] autre qui m’intéressait fort. Avant cela encore, j’avais donné plusieurs mois à l’électricité ; et depuis tout cela, je suis retourné passer un autre mois à Bath, d’où je ramenai au mois de février, cette autre dame, mon amie depuis douze ans, qui est devenue ma femme, avec qui je suis maintenant fixé à Windsor. Vous comprenez bien, mon cher Monsieur, que durant tout ce temps-là, il n’y a pas eu moyen de songer à mettre la dernière main à ces Lettres dont vous avez eu la bonté d’accepter l’adresse, et dont la première fut datée de Birmingham, le 18 octobre 1783, et envoyée de là. Bientôt après cette première lettre, l’électricité me saisit de nouveau, et je ne pus me livrer à ces Lettres qu’en juin 1784. Je récrivis alors la première, pour y faire quelques petits changements, lui conservant néanmoins sa date1 ; puis j’en mis au net trois à quatre autres, dont la première fut datée de Windsor le 15 juin 1784 ; et ce fut alors que commença ce train des choses étrangères, qui ne m’a point laissé de liberté, jusqu’à mon dernier retour de Bath. Je n’en aurai plus autant que j’en avais autrefois : Qui a compagnon, a maître. Toutefois, j’espère que j’en demeurerai plus longtemps capable de travail, ce qui sera une compensation. Je commençais à m’apercevoir assez fortement, que je ne pouvais plus occuper entièrement de travail, ma vie domestique, et le besoin que j’avais néanmoins alors du travail pour la remplir, me fatiguant beaucoup. Quoique je reprenne si tard le fil de ces Lettres, je souhaite néanmoins de conserver les dates des premières, pour conserver au moins les traces de l’historique de cette publication. Il y a longtemps que je combats des préjugés, qui s’effacent peu à peu ; et si l’on ne voyait pas à quel temps j’écrivais, on ne 1. « Vous aurez donc la bonté de supprimer la première que vous reçûtes dans le temps ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
comprendrait plus pourquoi j’insiste sur certaines propositions, car il m’arrive déjà fréquemment de voir mes connaissances oubliées que nous avions contestés autrefois sur certains objets. Toutefois, par cette considération, où je suis obligé de retrancher beaucoup de mon premier jet de ces Lettres, fait en 1783, où déjà j’avais beaucoup retranché de ce que j’avais écrit à Paris en 1781 : car je n’ai plus besoin d’être armé de toute pièce à l’égard de certaines formations et destructions de fluides élastiques et de plusieurs autres de leurs modifications, que l’expérience établit mieux de jour en jour, que ne le faisaient mes raisonnements. Je viens d’achever de mettre au net la Première Partie de ces Lettres, renfermant une esquisse des systèmes de Monsieur Le Sage ; et je vous en envoie la moitié aujourd’hui, sous couvert de Monsieur Desvoyes, secrétaire de Monsieur Bertin (rue Neuve des Capucines). Ce sera par lui que je vous enverrai tout l’ouvrage successivement. Je porte mon paquet à Londres pour le mettre à la poste ; et comme j’y vais chaque semaine, j’espère de pouvoir en mettre un à la poste chaque fois ; le second étant déjà prêt, savoir le reste du système de Monsieur Le Sage. L’ouvrage consiste en cinq autres parties : la deuxième sur la chaleur ; la troisième sur l’évaporation ; la quatrième sur l’hygrométrie ; la cinquième sur quelques autres phénomènes météorologiques ; la sixième enfin, renfermera des considérations de météorologie générale. Le tout est prêt depuis longtemps ; mais je ne puis jamais me relire à quelque distance de temps sans tout bouleverser de nouveau. Et même, quand je me relis après avoir mis au net, je ne puis m’empêcher de faire de nouvelles ratures, et souvent fort considérables. Cette dernière circonstance m’inquiète un peu, faisant imprimer loin de moi, car quoique je tâche de rendre mes corrections intelligibles, les compositeurs n’entendront point la matière, peuvent faire d’étranges bévues, comme je le sais par expérience ; et si malheureusement, elles forment un sens quelque baroque qu’il soit, les correcteurs passent sur les fautes sans les apercevoir. Je ne suis point assez indiscret pour vous prier de lire les épreuves avant qu’elles aillent sous presse. J’espère bien que vous m’accorderez une lecture de ces Lettres à mesure qu’elles arriveront ; mais deux seraient trop ; et je préfère de beaucoup que cette une soit sur le manuscrit ; parce que j’espère que vous voudrez bien me faire la grâce, si vous y trouvez des erreurs, ou des choses contre lesquelles vous auriez des objections, de me les faire connaître avant que ces parties aillent à l’imprimeur. Il vous sera aisé de m’indiquer les passages sur lesquels tomberaient vos remarques ; car vous n’aurez qu’à me les indiquer par page et ligne, sans les transcrire ; ayant des empreintes de chaque feuille, faites avec la machine à copier de Monsieur Watt. Je tâcherai alors de satisfaire à vos remarques en vous envoyant s’il est nécessaire, ou un nouveau paragraphe à attacher sur l’ancien, ou une nouvelle feuille, s’il est nécessaire, et je vous en aurai une grande obligation. Je reviens à la révision des épreuves. N’osant donc me flatter que vous puissiez la faire vous-mêmes, ne pourrais-je point espérer, que parmi les jeunes
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physiciens qui doivent rechercher votre commerce, vous en trouveriez un, intelligent et véritable amateur de la physique, qui se ferait plaisir de lire cet ouvrage à sa naissance, en lisant ces épreuves et [en] les comparant à la copie, partout où il verrait dans celle-ci les ratures qui auraient pu occasionner des erreurs, où bien là où il ne saisirait pas sûrement le sens dans l’épreuve ? Un tel correcteur me tranquilliserait beaucoup plus qu’aucun[e] prot[e] d’imprimerie, après néanmoins que celui-ci aurait pourvu à la partie typographique. J’aurais une autre grâce à vous demander, mon cher Monsieur, c’est qu’en faisant votre lecture du manuscrit, vous veuillez bien avoir votre plume à la main, pour corriger chemin faisant, les fautes de la mienne. Je suis fautif, en écrivant, par inattention ; et quoique je me relise, je n’aperçois pas toutes mes fautes. Mais surtout, l’idiome suisse, enté sur l’anglais, peut quelquefois choquer les oreilles françaises. Lorsque vous apercevriez de ces défauts-là, qui puissent être corrigés aisément, je vous serai obligé de le faire. Je vous suis très obligé, mon cher Monsieur, de vos deux derniers mémoires astronomiques. Quoique je sois très éloigné de pouvoir vous suivre dans de si hautes spéculations, ce que j’en aperçois de loin m’intéresse beaucoup, et vous les verrez cités tous deux à l’occasion du système de Monsieur Le Sage. Mais ne verrons-nous rien paraître sur l’autre branche de recherches où je vous avais vu entrer avec tant de plaisir ? Ce long hiver, qui a fournit tant de glace, n’at-il point mis en jeu le bel appareil dont j’ai parlé avec tant de plaisir dans la première des Lettres ci-jointes ? Vous étiez en si beau train, qu’il serait bien dommage qu’on vous perdit dans la physique expérimentale, où l’œil du mathématicien, homme de génie, est d’une si grande importance ! Le Docteur Blagden a des choses de vous qu’il veut me communiquer ; mais mon séjour à Windsor et notre grande distance quand je suis à Londres (toujours occupé) m’ont empêché jusqu’ici de le joindre. Monsieur Herschel a malheureusement éprouvé ce que je craignais. Passer tant de nuits en plein air, dans un pays aussi humide que l’est Datchet dès l’automne, lui donna enfin le mois passé, une assez forte fièvre tierce, qui l’obligea de se retirer à Londres, où il se rétablit ; et la belle saison étant enfin venue, il est de retour à Datchet. Mais ses amis ne lui ont point conseillé d’y rester et il cherche un autre lieu. Je lui en ai indiqué un sur lequel il garde des vues jusqu’ici, et que je souhaite bien qu’il choisisse, ou du moins quelque lieu dont je ne sois pas plus éloigné que de Datchet. Car indépendamment de son génie, c’est un fort aimable homme. Le Docteur Priestley vient de donner un nouveau mémoire à la Société Royale, que je n’ai pas encore vu, mais dont je connais les matériaux, tirés d’expériences que j’ai vues en partie à Birmingham l’été dernier, ou qu’il m’a écrites1. Il y a de fort belles choses sur l’air inflammable, l’air déphlogistiqué, et la production de l’eau. 1. Joseph Priestley, « Experiments and observations relating to air and water », Phil. Trans., 75 (1785), 279-309.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Je vous serai bien obligé, mon cher Monsieur, de vouloir bien m’aviser dès la réception de ce premier paquet et de m’informer de vos idées, sur notre marche future ; après quoi j’écrirai à Madame Duchesne pour m’arranger avec elle. Je suis de bien bon cœur, mon cher Monsieur, Votre dévoué serviteur. J.A. Deluc copie sur papier pelure Arch. R. Hahn.
97. document, 29 avril 1785
29 avril 1785 La Place (de) Monseigneur1 a confirmé M. de Laplace dans les fonctions d’examinateur des élèves-ingénieurs de la Marine, et lui a pour cet effet accordé 1200# d’appointements. Cet examinateur en jouira à compter du 1er janvier 1784. Pour extrait Malezieu document S.H.D., Archives de la Marine, dossier personnel, CC7 Alpha 1371, pièce 10.
1. Le Ministre de la Marine, Marquis de Castries.
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98. Laplace à [Castries], 5 mai 1785
A Paris, ce 5 mai 1785 Monseigneur, Daignez agréer mes remerciements pour la faveur que vous venez de m’accorder. Elle m’est d’autant plus précieuse qu’elle m’assure que le zèle et les soins avec lesquels j’ai tâché de remplir les fonctions d’Examinateur-Inspecteur de l’Ecole du Génie de la Marine vous ont été agréables. La liaison int[ime]1 des fonctions de l’inspecteur de cette école avec celle de l’insp[ection] des constructions, les talents et les services de Monsieur le Chevalier de Borda vous ont paru exiger que ces deux pl[aces] fussent réunies. Borné maintenant à celle d’examinateur, je va[is] faire en sorte de la remplir de la manière la plus utile, et pour ê[tre] en état de vous rendre un compte très exact des dispositions et des connaissances des élèves, je me propose de suivre les prog[rès] de leur instruction, du moment de leur entrée à l’Ecole de la Marine, en leur faisant subir tous les trois mois des examens particuliers. Le petit nombre des élèves permet d’employer cette méthode qui est incontestablement la plus sûre et qui d’ailleurs est très propre à entretenir leur émulation. Attaché par vos bontés, Monseigneur, au Département de la Marine, je vais diriger mon travail vers l’art de la construction des vaisseaux en essayant, s’il est possible, d’en perfectionner la théorie et de la réduire à des règles moins précaires que celles qui sont en usage. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.N., MS, n.a.fr. 27264, fol. 131 (Rothschild A.XVIII, 374).
1. La lettre est rognée sur le bord, et une partie du texte a disparu.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
99. Laplace à Deluc, 26 mai 1785
A Monsieur Monsieur Deluc Lecteur de la Reine d’Angleterre, au Palais de StJames Pimlico, A Londres1 Ce 26 mai 1785 Monsieur, J’ai reçu les deux paquets de lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser, l’un par Monsieur Anisson, et l’autre sous le contreseing de Monsieur Bertier. Je n’ai eu encore que le temps de les parcourir fort à la hâte, ainsi je ne puis vous en dire bien positivement mon avis ; mais elles me paraissent renfermer un développement très clair et très bien fait des idées de Monsieur [Le] Sage. Un jeune homme d’un vrai mérite qui s’occupe de physique et de chimie avec succès, veut bien se charger d’en revoir les épreuves, lorsque vous aurez pris des arrangements pour les faire imprimer. Je vous remercie des choses nouvelles que vous voulez bien y dire de moi et de la préférence que vous avez bien voulu me donner en me les adressant. Je ne le mérite tout au plus que par l’estime particulière que je fais de vos talents et de vos connaissances. Veuillez bien recevoir mes remerciements pour l’accueil que vous avez bien voulu faire, sur ma recommandation, à Monsieur Anisson. Il se loue infiniment de vous et m’a chargé de le rappeler à votre souvenir, en vous témoignant toute sa reconnaissance. Lorsque je serai débarrassé de quelques affaires très pressées qui m’occupent dans ce moment, j’aurai l’honneur de vous écrire mon avis et mes remarques sur vos lettres, et pour cette raison je me borne ici à vous en accuser la réception et à vous renouveler les sentiments de l’estime et de la considération distinguée, avec lesquelles je suis, Monsieur, 1. De la main de Deluc : « Paris, M. de Laplace 1785 26 mai, Rep[onse] : 3 Juin ».
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Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn.
100. [Laplace] à [Le Sage], 27 mai [mars] 1785
Paris, 27 mai [mars] 1785 Il le prie de recevoir, comme un hommage de son estime, un exemplaire du petit ouvrage qu’il vient de publier sur la Figure des Planètes1. [Laplace] fragment Catalogue d’une Belle Collection de Lettres Autographes dont la Vente aura lieu le 3 février 1845 (Paris, 1845), p. 43, n° 270 ; et Catalogue de la Belle et Importante Collection de Lettres Autographes de feu M. de Lajarriette [Aristide Letorzec] (Paris, 1860), p. 194, n° 1678.
1. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
101. [Laplace] à [?], 2 juin 1785
sans description B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Etienne Charavay) (juin-juillet 1847), p. 4, n° 1043.
102. Laplace à [Delambre], 21 juin 1785
A Paris, ce 21 juin 1785 J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Je suis très sensible aux marques de confiance et d’amitié que vous voulez bien me donner. Je vous prie de croire que j’y réponds par l’estime et l’attachement le plus sincère. Vous ne devez pas douter du désir que j’ai, de vous voir de l’Académie. C’est le vœu de beaucoup de mes confrères, et nous n’attendons qu’une circonstance favorable pour le réaliser1. Vous savez par quelle raison celle que j’avais fait naître a manqué ; mais il ne me paraît pas impossible de revenir sur cela, et j’espère que le travail qui vous occupe, en secondant la nouvelle tentative que je me propose de faire à ce sujet, à la fin de cette année, pourra la faire réussir. J’attends avec impatience le résultat de vos éliminations. J’ai peine à croire qu’elles ne vous conduisent pas à des éléments qui représentent l’observation 1. Delambre ne fut élu qu’en 1792.
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de Flamsteed, car il me semble que les résultats tirés de la théorie sont très justes, et alors ils doivent représenter toutes les observations de la nouvelle planète, à moins qu’on ne la suppose dérangée par l’action des comètes, ou d’une planète encore plus éloignée, ce qui est peu probable. Voudriez-vous bien présenter mes respects à ces dames et me rappeler au souvenir de Monsieur Le Long ? J’aurai l’honneur de les voir avant mon départ pour Metz, où je dois aller dans le mois prochain pour mon examen de l’artillerie. Agréez, Monsieur et cher abbé, l’assurance de tous les sentiments d’amitié que je vous ai voué pour la vie, et avec lesquels, j’ai l’honneur d’être, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
103. reçu, 8 juillet 1785
8 juillet 1785 Mémoire de menuiserie fait et fourni à Monsieur de la Place en son appartement rue Mazarine, en avril 1785, par Gremon, maître menuisier, rue Jean St Denis1 Premièrement Fourni une cloison pour la chambre à coucher, et une autre pour la salle à manger en bois de sapin blanchi des deux côtés et assemblé à rainures et languette ; contient les deux parties de la chambre à coucher, 5pd en largeur et celle de l’antichambre de 8pd 9pc sur 11 pd d’hauteur 1. L’orthographe est d’une main peu instruite. Je l’ai parfois modernisée.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
2s
Ensemble produisent 4 toises 7pd à 16# la toise, valent
67#
Fourni les 4 poteaux montants pour recevoir les portes de bois de sapin de 3pd sur 4pd de gros, contient les 4 poteaux de chacun 11pd de hauteur. Les 2 traverses de chacune 4 pd, les coulisses pour recevoir les planches de 3 et 4pd de large, contient 35pd de court. Ensemble produit 14 toises 3pd à 2# la toise, valent
29
Fourni les portes vitrées en sapin de la plus forte qualité, contient chacune 4pd de large sur 7pd 7pc Ensemble produisent 2 toises de superficie, y compris le 1/6 pour le double parement à 24#, valent
48
Fourni pour former les chambranles autour des 40pd de moulures pour former chambranles de 2 pd en largeur sur 3/4 d’épaisseur à 3s le pied, valent
6
Avec des bois appartenant à Monsieur, façonné et posé les deux dessus de porte de chacune 4pd sur 3 de hauteur. Estimé pour façon et clous cy
4
Plus fourni dans la salle à manger une armoire ouverte de deux parties, continent 2pd en largeur sur 8pd de hauteur, valent
10
Avec des bois appartenant à Monsieur façonné et posé 7 tablettes, y compris les fonds à 10s pièce, valent
3
10
Fourni 14 supports pour les susdits à 2 , valent
1
8
Plus avoir ajusté et posé la glace dans le salon, fourni une frise au dessus de 4pd sur 16pd en largeur, valent posé en place
4
La fourniture des 2 portemanteaux dans l’alcove. L’ensemble de 7 fossettes tournées à 5s, valent
1
Plus, dans le cabinet, fourni une bibliothèque en bois de sapin blanchi des deux côtés divisé en 3 corps ; contient 8pd ensemble, produisent 3 toises 4pd à 8#, eu égard au choix du bois et garderont sur les susdit, valent
57
s
Fourni 42 supports pour les susdits Plus fourni dessus les montants des dites bibliothèques pour former le cadre, 5 montants de chacun 8pd de hauteur, 2 pd de profil et 11pd de corniche. Ensemble 51 pd de court à 4s le pied, valent
10
15
4
4
40
4
ANNÉE 1785
195
Plus fourni 2 arrière-corps à côté de la susdite de chacune 5pd sur 3 et 4pd, valent posé en place
2
Plus avoir ajusté et posé la glace dessus la cheminée du cabinet, avoir écarté le parquet et legis de rainure pour recevoir les arrière-corps, vaut
1
Plus fourni 2 arrière-corps pour la susdite de 3pd 6 lignes de large sur 7pd 9pc de hauteur à 1# 16 pièce, valent
3
Fourni un paneau au dessus de 3pd sur 3pd orné de moulure formant lembris et legis de platebande au pourtour, valent
6
Plus avoir rétabli une cloison de cave dans l’ancien logement, valent y compris les clous et portes
3
Plus la pose et ajustement des tablettes dans la cuisine et une partie de cloison, pour les clous et façon
3
Total
___ 265
12
__ 5s
reçu Bancroft, box 3, dossier 111.
1. Dans ce même dossier se trouvent aussi d’autres devis et récépissés des années 1785 à 1788 qui ne sont pas transcrits ici.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
104. reçu, 22 juillet 1785
A Paris, le 22 juillet 1785 J’ai reçu de Monsieur le Comte de Buffon, trésorier de l’Académie des Sciences, la somme de 500 livres pour laquelle je dois être porté sur l’état des dépenses pour l’année 1784. Laplace reçu Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 180.
105. Laplace à [Ségur], 12 septembre 1785
[Au Ministre de la Guerre]1 A Paris, ce 12 septembre 1785 Monseigneur2, J’ai l’honneur de mettre sous vos yeux le résultat de mon examen3. Sur 202 sujets appelés à l’examen, 136 se sont présentés. 58, tant élèves qu’aspirants, 1. Philippe Henri de Ségur. 2. De la main du Ministre : « m’en parler ». 3. Le Ministre de la Guerre accepta le classement fait par Laplace avec exactitude, comme l’indique l’Etat Militaire du Corps-royal de l’Artillerie de France pour l’Année 1786 (Paris : Didot, fils aîné, s.d.), in- 18°. Je me suis servi de cet Etat pour corriger l’orthographe des noms propres dans ce rapport et d’autres dans les années suivantes.
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ont fait preuve de l’instruction nécessaire pour être officiers, 49 aspirants ont montré l’instruction suffisante pour être élèves, 9 élèves ont subi leur examen sans succès, et comme 2 d’entre eux étaient à leur second examen, Monsieur de Faultrier leur a signifié l’article de l’ordonnance qui les exclut d’une troisième épreuve. J’ai rempli pareillement vos ordres, Monseigneur, en notifiant aux élèves et aux aspirants l’intention où vous êtes de maintenir dans toute sa rigueur cet article de l’ordonnance. 20 aspirants ont subi sans succès leur premier examen, et 66 ne se sont pas présentés. Enfin, j’ai examiné MM. de Saveux et de Morcourt, officiers au régiment colonial d’artillerie, et j’aurai l’honneur d’en rendre compte à Monseigneur le Maréchal de Castries. L’instruction m’a paru meilleure cette année que l’année dernière. Les sujets qui sont à la tête de la première liste m’ont répondu avec une précision et une clarté qui ne laissent rien à désirer. Je dois, Monseigneur, rendre à MM. l’abbé Plassiard et l’abbé Thonin, professeurs au collège de St Louis, la justice de dire qu’ils ont présenté à l’examen un grand nombre de sujets fort instruits ; les soins qu’ils se sont donnés pour cet objet méritent beaucoup d’éloges ; je vous supplie, Monseigneur, de leur en témoigner votre satisfaction. J’ose vous demander la même faveur pour Dom Enard, excellent professeur au collège des Bénédictins de Metz, pour Monsieur Lebrun, professeur de mathématiques à l’école d’artillerie de cette ville, pour Monsieur Alès [Allaize], répétiteur dans la même école, et pour MM. Labey et Prévost, professeurs à l’Ecole Militaire de Paris. L’enseignement est une chose si difficile et si importante, que ceux qui s’y livrent avec succès, méritent d’être encouragés ; et rien n’est plus propre à leur inspirer le zèle et la patience, qu’un état aussi pénible exige, que les marques de satisfaction que vous voudrez bien leur donner. Permettez-moi, Monseigneur, de vous [faire] observer que l’instruction à Metz est supérieure à celle des autres écoles d’artillerie ; cette supériorité tient aux causes suivantes. Le grand nombre de sujets qui se rassemblent à Metz excite entre eux et parmi leurs professeurs une vive émulation qui tourne toute entière au profit de l’instruction. D’ailleurs, en suivant avec assiduité les examens, MM. les professeurs perfectionnent leur manière d’instruire ; ils jouissent immédiatement du succès de leurs élèves et s’y intéressent par conséquent davantage. Il serait utile, d’après ces considérations, de réunir le plus d’élèves qu’il est possible à Metz, et surtout dans les deux collèges et dans le nouvel établissement que MM. les Bénédictins de St Clément viennent de former dans cette ville. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, I, 22.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
106. document, 12 septembre 1785
12 septembre 1785 Examen des élèves et aspirants du Corps royal d’artillerie pour l’année 1785 Elèves et aspirants qui ont fait preuve de l’instruction suffisante pour être officier : MM. Pillon de la Tillais [Charles de]
de la Chapelle de Choisy [Pierre Jacques Marie Passerat de]
d’Origny d’Agny [Adam Louis Marie]
de Braux [Jean Baptiste Nicolas de]
Dubois Baudry l’aîné [Ange Hyacinte Joseph]
Chevalier de Passac [de Pinchat, Philippe Jérôme de Gaucher]
chevalier de Menou [Louis François]
de Hédouville [Théodore Charles Joseph]
chevalier Dubois Baudry [Antoine François]
Raymond de La Nougarède [Jean François]
Suremain de Missery [Antoine Bénigne]
Léonard de St Cyr, élève [Jacques Martial]
Law de Lauriston [Jacques Alexandre Bernard]
Cousin de Dommartin [Elzéar Auguste]
de Gomer [Antoine François]
Tharade de Marthemond [François Sébastien]
Damoiseau l’aîné [Marie Charles Théodore]
L’Espagnol de Grimbry [André François Joseph Hyacinthe]
[Cassier] de Bellegarde [Jean Louis]
Picot de Peccaduc [Pierre Marie Auguste]
[Marquis] d’Andelot [Gaspard Amédée Guyenard]
Belly de Bussy [David Victor]
St Michel de Montrecourt [Joseph François Edmond de Limousin]
Le Picard de Phélipeaux [Louis Edmond]
de Faultier [Benjamin Simon François]
de Buonaparte [Napoléon]
Du Rivault [Elie François Le Comte]
Du Lac de Puydenat [Nicolas Charles]
de Brucourt [Alexandre Hector Amédée de]
Le Vicomte [Jean Louis]
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199
[Brumauld de Villeneuve] Desallées de [le Comte Elzéar Ferdinand François] De Montgazona [Pierre] Broglie Lalance de Villers [François de]
de Marescot de la Noüe [Bernard François]
de Roquefeuil [Pierre de]
d’Azémar de St Jean [Antoine Frédéric Louis]
de Bigault de Grandrupt [Charles François Anne]
Couessin de Kerande [Joseph Marie]
Duchaffault de Rié [Jacques Gabriel]
Le Moyne de Talhouet [Marie Joseph Yves Bernier]
Le Parra de Lieucamp de Salgues [Jean Philibert]
Le Maître d’Annoville [Charles Victor Amédée]
Dubois de Launay [Pierre Henry Guy]
chevalier Le Sart de Mouchin [Bonaventure Charles Louis Joseph]
Cellier de Bouville [Jacques Thomas]
[Barbier] de La Serre [Nicolas Marie Charles]
de Sénarmont [Alexandre Antoine Hureau de]
Faure de Gière [Chrétien François Antoine]
Collart de Ville [Anne Jean Baptiste]
de Maussion de Chaumeronde [Thomas Urbain]
Damey de St Bresson [Antoine Victor]
Le Noir de Rouvray [François de Paule]
[Lelieur] de la Ville-sur-Arce [Léon Charles]
des Mazis [Alexandre]
de Guerbert [de Bellefonds] [Antoine André Joseph]
Marie du Rocher de Collières [Jean René Yves]
Colin de Boishamon [Jean Marin]
Le Tellier de Montaure [Isidore Céleste]
Total : 58 a. Laplace s’est trompé de nom propre, que le service du Ministre a rectifié en mettant Brumauld de Villeneuve de Montgazon.
Aspirants qui ont fait preuve de l’instruction suffisante pour être élèves : MM.
du Pœrier de Portbail
chevalier de Nacquart
Léonard de St Cyr
Dalmas [Raymond Auguste de]
d’Anthouard [de Vraincourt, Charles Nicolas]
chevalier de Beausire
D’Ormay
de Beauvais
de L’Angle de Beaumanoir
De Farconet
200
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Mallard de la Varande
Morisson de La Bassetière
de Savary
Aubier
Rousseau de St Aignan
d’Andigné de St Gemme [Charles François]
de Vaumoret l’aîné
d’Ivoley de l’Ecole Militaire
de Gosson
Dubois de St Hilaire
du Solier d’Audouce
Tardif de Vauclair
Gondallier de Tugny [Nicolas François Thérèse]
de Montalard
de St Vincent
Amarithon de Montfleury [Jean Baptiste Louis]
de Comminges
Bouvier de Cachard [Jean Humbert]
de Maigret
de Najac
Souyn de Tincourt
de Chièvres d’Aujac [Pierre Jacques Nicolas Caspard]
de Vaumorel cadet [de Mouvant]
de Vigier de la Vergne
Richard de Castelnau [Charles Joseph Amable]
de Queux
Binet de Jasson
Potier de Raynan
de la Geneste
de la Charpenterie
Ourié
de Tigné
de Vauzlemont
de Nadal
de l’Angle
Guérin
Damoiseau cadet
de Vigni
de Beausire l’aîné Total : 49
Elèves qui ont subi sans succès leur second examen : MM.
Dolard de Myon Rouyer des Brosses Total : 2
ANNÉE 1785
201
Elèves qui ont subi sans succès leur premier examen : MM.
Duprat
de Seyturier
de Légier
Le Blanc de Prébois
Le Rouyer de La Fosse
de Vaugrigneuse de La Rochegirault
Total : 7
Elèves qui ont subi sans succès leur premier examen : MM.
de Sasselanges
Angot des Rotours [François Mathieu]
Pierrepont de Dodainville
de la Devaise
de Rieunier
Payan de la Valette
La Terrière
Livène de Rivière
Louvel de Contrières
de Pelley de la Housserie
Le Bègue
d’Audiffret de Beauchamp
d’Ivoley, appelé à l’examen de l’année der- Bouvet des Lozières nière de Rioux de Messimy de Navelet [de la Massonière]
de Venois d’Hottentot d’Anglars de Jacques de Gaches de Venzac de la Neuville
de Trémenjouls du Chayla, cadet Total : 20
Aspirants qui ayant eu des lettres d’examen ne se sont pas présentés : MM.
de La Boissière
d’Hozier
du Passage
d’Ancel de Breuilly
du Hattoy
Boileau de Castelnau
de Gailland
Le Chauff de Le Hélec
Baulard de Faur cadet
de Montmirail
d’Arberatz
Pelletier
202
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
chevalier de Légier
de Menars
Le Comte
d’Amboix
Malafosse de Couffour
de Vaux de Berne
Doudard de La Grée
Rapin de Thoyras
de Montaigu
Bernard de St Jean
Poulletier de Suzenet
Poux de Ste Croix
Durcot de Puitesson
Cappe
le chevalier Poulletier de Suzenet
Ausonne
d’Aboville [Augustin Marie]
du Bourget
La Rochegirault
de La Salle
du Puget
de Forno [Alexandre Jean Baptiste Joseph François]
de Campinet
de Fribois de Rupierre
de Sappel
Yvicquet de l’Escly
de Rozières
de Légier
d’Ivoley
Le Carruyer de Beauvais
de Fontenay [Hippolyte René Jean Cadet]
de Bigault de Grandrupt
Baucalis de Pruynes
de La Baulme
Guérin de Beaumont
de Roux d’Arbaux
chevalier de La Ville
de Lustrac
du Jay du Grand Rosoy
de Clinchamp
du Fretay
de Trémenjouls du Chayla l’aîné
Mallet de Trumilly
Morel de Beaucourt l’aîné
Renaud d’Avesne de Meloises de Fresnay
Moerl de Beaucourt cadet
Chamboduc de Magnieu
chevalier d’Andelot
Salmart de Monfort
Le Feron de La Heuze
Le Blanc de Ferrière
De Belot
du Fresne de Fontaine
Huon de Rosne
Total : 66
document S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, I, 25.
ANNÉE 1785
203
107. [Blagden] à [Laplace], 16 novembre 1785
16 novembre 1785 Dear Sir, Having an opportunity as my friend Mr. Woulfe who is off immediately for Paris, I send you a copy of several against his measurement of a box on Hounslow Heath, on which I imagine you will find many curious circumstances. I set the most value upon the experiments with the hypsometer, both on account of the intensive use to be made of tables giving the expansion of metals, and because the instrument with which it was executed being an invention of ... to be more perfect than any ... yet constituted, not excepting Mr. Smeaton’s whose results, however, are not materially different from those given by Mr. Ramsden. Since the long vacation, the Royal Society have held one meeting, which was entirely employed in the reading of a very ingenious paper by Mr. Smeaton proposing a new method of obtaining divisions on mathematical and astronomical instruments, more certain and more perfect than any hitherto practiced. Mr. Smeaton conceives that by his new method (the major principle of what was common to hear about 40 years ago by Mr. Hindley of York under the seal of survey) the divisions can be depended upon as true to the 400th of an inch, which he takes to be as great a degree of accuracy as can be applied to any useful purpose in practice, and therefore he recommends instruments not to exceed 3 or 4 feet in radius to avoid the error arising from their ..., but to be made complete circles, with the contrivances employed by Mr. Ramsden for rendering them light at the same time. Dr. Waring has delivered to the Society another paper on infinite series of which I will endeavor to send you a copy as soon as it is printed1. What further shall be done ... you will learn from time to time from Mr. Berthollet. I fear Mr. Cavendish will not soon have another paper ready. His apparatus having been deranged by moving to another house, where, however, he has conveniences for carrying out his experiments to greater perfection. My last letter to Mr. Berthollet gave an account of the great spec [?] lately cast by Mr. Herschel. How this will turn we do not yet know. But the Reverend Mr. Michell, much celebrated for his discoveries his ingenious thoughts on earthquakes and many other valuable things in the Phil. Trans. has actually 1. Paragraphe barré.
204
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
constructed a reflecting telescope of above 28 inches in aperture, more than double in power to any Mr. Herschel himself finished. Mr. Michell reads with that letter at ... inch at the distance of 858 feet, though he has not yet given to the figure the degree of accuracy that the extent of his machinery will ultimately produce. For the account of your experiments on polyhedra and ... which you were so good as to give me in the letter brought by Mr. Woulfe was received with great pleasure by the philosophical gentlemen to whom I commend it, as well as by myself. I am disappointed in not having yet seen the memoir at full length, but hope I shall not have to wait much longer. Mr. Cavendish and myself are extremely obliged to you for the copies of the paper you were so good as to send us ; be assured I shall omit no opportunity of communicating to you such discoveries made here as shall seem worthy of your attention. Your translation of Mr. Cavendish’s last paper is, like that of the former, very good in the main, though the sense of some passages has in both been mistaken. It was on that account and because of the essential typographical error, especially in the numbers, that a second translation of his former paper was published here that proofs of the numerical errors you have only to look at page 424 (Journal de Physique, tome 25) and page 427, line 26. The passages where the sense was more or less changed it would be too tedious for a letter to point out, especially as they may be seen to ... with the second translation, which … extremely bad French (being made by an Irishman) ... the sense with tolerable exactness. One or two instances, however, I will produce to convince you of the fact ... as M. De La Métherie had denied in his note tome 27, p. 107. Page 422, line 5, the sense is totally obscured by using the word cylindre instead of siphon. Page 429, line 7, from the words d’après leur nature to chaleur suffisante, the meaning is different from that given in the second translation inasmuch as Mr. Cavendish wished to co ... tred that when they were mixed in such proportions then the explosion was too weak. Journal de Physique, tome 26, p. 39, line 27, it is improper to call the process clyfus [?] of nitre which is really the produit ; when for the second translator has it « pour faire le clyphus de nitre ». Page 46, line 14, from the words en l’exposant to enfin saturé the meaning is not the saturation of the aether which was originally substrate, viz. with the phlogistenated ... ; and page 48, line 24, Mr. Cavendish meant to give fact that when vegetables burnt in the open air, they are reduced almost entirely into water, fixed air, and phlogistonated air, and thence to conclude that they consist of 2 airs, some water, and much phlogiston, ... part of the water they unite to the ... of their phlogiston with the d [?] part of the atmosphere. Page 51, line 17, Mr. Cavendish does not say that the acids lose none of their acidity by uniting to phlogiston (where ... the word) but that what Mr. Lavoisier states of the form oxygen amounts to nothing more than anouncing this fact that they do lose their acidity by this union. I could easily adduce many more instances of a similar oversight [kind], but it will be
ANNÉE 1785
205
more useful to proceed to the last paper, as no new translation of that has been made. The first take of consequence I remark in the translation of this paper occurs page 89 (Journal de Physique, tome 27) line 21, where in the words « il n’est pas nécessaire que le tube et le conducteur se communiquent », whereas the sense is that this they do not communicate. The want of experiment where with had the word to believe that the law [was] is ... with certainty, though a .. for which he has written a much modest paper in Phil. Trans. In the same page, line 29, the words « l’air se trouvant diminué dans les mêmes proportions etc. » [do not extend the truth]1 more than Mr. Cavendish says : it ... been only « comme l’a obtenue » le Dr. Priestley. In the same page, fine 35, instead of « ce qui est la plus grande diminution etc. » it should have been « ce qui est une plus grande diminution n’aurait pu souffrir par vraie phlogistification puisque celle-ci (i.e. la vraie phlogistification) ne peut être etc. », a very different you will preceive. Page 40, line 21, the English word either is not to be rendered by assez volontairement but by un peu. Same page 4 lines further, at the word that lies is rejected here (which agreed with it in the plural) becomes singular. But look lies in English is not at all equivalent ... purpose. ... have been fairly rendered by ... a favor or something like it with an explanatory note if you thought proper ; it would have avoided many awkward turns in the course of the translator. Same page line 27, it should have been « le plus promptement et la plus grande » … page 112, line 36 [instead of an effort to make the]2 to connect the economy, it should have been, instead of en effet etc. to conséquemment, il faut que l’air phlogistiqué soit réduit en acide nitreux en le combinant [?] liquemment avec l’air déphlogistiqué. Here it may be right to remark that sense is often obscured by the typographical error of phlogistique instead of phlogistiqué. Page 113, line 20, instead of et être réduit, it should be but réduit. Same page, line 29 to the end of that paragraph, to make the reasoning here obvious, an adverb such as car or parce que should be placed between ... and after line 29, and then in line 32, instead of et en effet, the words et conséquemment il n’est pas extraordinaire que l’air fasse la même chose (produise le même effet) quand il est aidé de la chaleur de ... Page 114, line 20, instead of cet air phlogistiqué which is assuming the matter in question, it should be an air doué des propriétés or to that purpose. Page 115, line 29, to capture the sense fully it should stand thus : au lieu que, si la diminution provient de la comb [?] de la matière inflammable, cette diminution doit être plus grande et plus prompte en proportion que l’air ... employé est plus .... Page 116, line 9, does the word blanche connote the idea of colorless, sans couleur limpide [?] Finally the last sentence from mais il n’y a rien connotes a different sense from Mr. Cavendish who meant actually to state that his experiment gave him no reason to think that the electric spark conserves any phlo1. Barré. 2. Barré.
206
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
giston whatever. Probably it acts simply by the heat it produces, and that is the answer to M. De La Métherie’s note on page 113. This sentence should therefore be translated I think in somewhat like the following words : Mais il n’y a rien dans aucune de ces expériences qui favorise l’opinion de ce que l’étincelle électrique communique à l’air du phlogistique (ou quel que ce soit de phlogistique) pour en produire la diminution. These Sir are the principal variations of the translations that I observed in looking over the translation of Mr. Cavendish’s paper. It is however too many other parts of the Journal de Physique disfigured by errors of the ... as page 109, line 18, d’un demi for d’un et demi ; page 111, line 30, x for à ; phlogistique for phlogistiqué in many places as I have already noted, etc. But notwithstanding such small blemishes the translation is upon the whole excellent. The sense being too many places rendered with peculiar felicity such as could not be obtained without much style in our language, as will … knowledge of the subject. And it is principally from my desire to facilitate any future translations you may undertake that I have submitted to the tedious labor of pointing out those lines ... in our language, with which you did not … so happily. This can not be fully known, but to a native, and therefore adopting to be defective in a few of them can be no disparagement to any foreigner. Be so good as to forward my best regards to M. Darcet and believe me, with great esteem, Sir, your most obedient … CB [Charles Blagden] brouillon New Haven, Yale University, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, The James Marshall and Marie-Louise Osborn Collection, Letterbook n° 1350.
ANNÉE 1785
207
108. [Laplace] à [?], 27 novembre 1785
27 novembre 1785 Laplace demande le payement de ses appointements d’examinateur des élèves ingénieurs-constructeurs de la Marine. [Laplace] description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Noël Charavay) (septembre 1905), n° 349, p. 15, n° 55055 et (novembre 1907), n° 375, p. 21, n° 60960.
109. Lagrange à [Laplace], [1785]
[1785]1 Je viens de recevoir, mon cher et illustre confrère, votre mémoire « Sur les approximations »2. Je n’ai pu encore le lire, mais il me parait bien profond, 1. Cette lettre a été publiée, en photolithographie, avec une autre en date du 25 nivôse an IX, que l’on trouvera plus loin, par le prince Boncompagni. La brochure est intitulée : Deux lettres inédites de Joseph-Louis Lagrange, tirées de la Bibliothèque royale de Berlin (collection Meusebach, portefeuille n° 21, et collection Radowitz n° 4952), et publiées par B. Boncompagni, Berlin, 1878, 8 pages in-4°. En haut de cette lettre on lit la note suivante de l’illustre auteur du Cosmos : « Lettre de M. de la Grange à M. Laplace, écrite de Berlin. Elle m’a été donnée par Mad. la marquise de Laplace (à Paris, janvier 1843). Al. Humboldt ». 2. On a deux mémoires de Laplace « Sur les approximations des formules qui sont fonctions de très grands nombres », H.A.R.S., 85 (1782), 1-88 ; Laplace, O.C., 10, 209-291 ; et la suite, H.A.R.S., 86 (1783), 423-467 ; Laplace, O.C., 10, 295-338.
208
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
comme tout ce que vous faites, et je me propose de l’étudier à loisir. Je voulais me dispenser de vous envoyer ce que j’ai fait imprimer cette année, comme ne contenant rien de piquant pour vous ; mais, puisque vous avez reçu la première partie de ce travail, je crois devoir vous en présenter aussi la seconde. Je ne vous offrirai désormais que ce que j’aurai de moins indigne de votre attention. Agréez en même temps les assurances de tous les sentiments que je vous ai voués et avec lesquels je serai toute ma vie, Votre très humble et très obéissant serviteur. De Lagrange P.S. Je joins à ce paquet les trois volumes de l’ouvrage allemand de Süsmilch sur les mortalités, dont Monsieur Brack n’avait pu se charger1. Lagrange, O., 14, 131-132.
1. Johann Peter Süssmilch, Die göttliche Ordnung in den Veranderungen des menschlichen Geschlechts (Berlin, 1775).
110. reçu, 5 janvier 1786
5 janvier 1786 Je soussigné, reconnais avoir reçu de Monsieur de Laplace la somme de 360 livres pour trois termes de loyer échus le 1er du courant, de l’appartement qu’il occupe dans la maison du Collège Mazarin, de laquelle je suis principal locataire. Dont quittance sans préjudice du courant. A Paris, le 5 janvier 1786 Ysabeau reçu Bancroft, box 10, dossier 25.
111. reçu, 31 mars 1786
31 mars 17861 Marine Exercise 1786 6 1ers mois 1786
Capitation Quatre sols pour livre Dixième en sus du principal Total
1. Imprimé sauf ce qui est en italique.
7# 1 9#
10s 10 15 15s
210
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Je soussigné Trésorier Général de la Marine et des Colonies, reconnais avoir reçu de Monsieur La Place Examinateur des Elèves Ingénieurs la somme de 9 livres 15 sols pour sa capitation, les 4 sols pour livre d’icelle, et le dixième en sus du principal, en sa dite qualité pendant les 6 1ers mois 1786, de laquelle somme de 9# 15s je le quitte et promets m’en charger en recette dans le compte de la Capitation de la dite année. Fait à Paris, le 31 mars 1786 Boutin reçu Bancroft, box 10, dossier 23.
112. Laplace à [Bouvet ?], 2 juin 1786
Ce 2 juin 1786 Monsieur le Comte1, J’ai l’honneur de vous envoyer une note que Monsieur Legendre, nommé par l’Académie commissaire avec moi, pour l’ouvrage de Monsieur Lombard, m’a remise2. Je vous prie de le faire parvenir à Monsieur Lombard, afin qu’il corrige d’après cela son ouvrage, qui d’ailleurs mérité beaucoup d’éloges. Nous attendons ces corrections pour faire notre rapport à l’Académie. Je suis très flatté que cela me procure les moyens de faire quelque chose qui vous soit agréable et d’avoir cette occasion de vous renouveler les sentiments de considération et de respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur le Comte, 1. Probablement M. le Comte Bouvet. 2. Jean Louis Lombard, Tables du Tir des Canons et Obusiers (s.l., 1787).
ANNÉE 1786
211
Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Le porteur de votre billet m’a remis les Tables de Monsieur Lombard. Arch. R. Hahn.
113. Laplace à [Bouvet], 3 juillet 1786
Ce 3 juillet 1786 Monsieur le Comte, Nous persistons toujours, Monsieur Legendre et moi, à dire que l’équation fondamentale du tir de but en blanc, que Monsieur Lombard donne dans son ouvrage n’est point exacte. Le raisonnement qui l’y conduit ne l’est pas davantage. Que l’auteur se donne la peine de calculer la courbe décrite par le projectile, en faisant usage des formules qui sont dans le cours de Monsieur Bézout, et en supposant que l’angle formé à chaque instant par les côtés de la courbe avec l’horizon, est très petit ; il parviendra à la véritable équation et il la trouvera différente de la sienne. Il nous est impossible de faire un rapport favorable de l’ouvrage, à moins que Monsieur Lombard ne se corrige à cet égard, et alors, nous serons très portés à en dire beaucoup de bien, parce que l’ouvrage est d’ailleurs fort bon, et peut être très utile. Je vous prie de vouloir bien en prévenir Monsieur Lombard. Je suis très flatté de voir cette occasion de me rappeler à votre souvenir et de vous renouveler les sentiments de considération et de respect avec lesquels je suis, Monsieur le Comte, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn.
212
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
114. Lalande à Laplace, 13 septembre 1786
A Monsieur A Monsieur de Laplace de l’Académie des Sciences Rue Mazarine près le Collège A Paris 13 septembre 1786 Je vous envoie, Monsieur et cher confrère, les 5 observations anciennes de Saturne, corrigées par les principes que j’ai établis dans mon Astronomie, art[icle] 918, et dans les Mémoires de 1766, p[age] 467 ; j’en ai conclu le mouvement annuel [étant donné celui de] Halley [celui de] Cassini et vous
12 13'
34",48' 21",3 36" 38"
mais je n’ai pu y appliquer votre grande équation, dont la période me paraît devoir être à peu près 797 ans. Si vous vouliez m’en envoyer l’argument, je déterminerais mieux le moyen mouvement. Temps moyen à Paris
Long[itude] observée
Long[itude] hélioc[entrique] moyenne
Aphélie supposée
Av. J.C. 228 1 mars
4h 23’
5s 9° 6’
536
7 12 35
Après
127 26 mars
4h 14’
6 2 14
5 27 31
7 21 5
133 3 juin
2h 8’
8 10 42
8 12 52
7 21 13
136 7 juillet
22h 9’
9 15 17
9 20 25
7 21 17
138 22 décembre
6h 11’
10 10 19
10 20 34
7 21 20
équation 6 23 19 supposée constante Je suis, avec la considération la plus distinguée,
ANNÉE 1786
213
Monsieur et cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Lalande Bancroft, box 18, dossier 18.
115. Laplace à [Ségur], 15 septembre 1786
[Au Ministre de la Guerre]1 A Paris, ce 15 septembre 1786 Monseigneur2, J’ai l’honneur de vous envoyer le résultat de mes examens, tant à Metz qu’à l’Ecole Militaire de Paris. Sur 201 sujets compris dans l’état que vous m’avez adressé, 140 se sont présentés à l’examen ; 61 ont fait preuve de l’instruction requise pour le grade d’officier ; 48 m’ont paru avoir l’instruction suffisante pour être admis comme élèves ; et 31 ont subi sans succès leur examen. Parmi ces derniers, 3 aspirants étaient à leur second examen, et il leur a été signifié, conformément à l’ordonnance, de ne plus se présenter dorénavant aux examens. Le grand nombre de sujets admis au concours m’a rendu plus difficile dans leur choix ; et en cela, Monseigneur, j’ai cru me conformer à vos intentions, puisque le but des examens est de choisir les sujets les plus intelligents et les plus instruits. J’ai observé, d’ailleurs, qu’en élevant les difficultés, les jeunes gens augmentaient en proportion leurs efforts pour réussir. Aussi, l’instruction m’a paru meilleure encore cette année que les années précédentes. Il y a eu à Metz une vive émulation entre les professeurs des collèges et ceux de la ville. C’est, Monseigneur, un spectacle tout à fait digne de votre 1. Philippe Henri de Ségur. 2. De la main du Ministre : « m’en parler ».
214
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
attention, que celui d’une nombreuse jeunesse, ardente à s’instruire et secondée par d’excellents maîtres ; il est bien important d’entretenir cette activité par des examens annuels, proportionnés aux besoins du Corps Royal. Les six lettres que vous avez accordées aux trois collèges n’ont pas eu, cette année, tout le succès qu’on doit en attendre, parce qu’elles n’ont pas été prévues, mais ce sera dans la suite un moyen sûr d’avoir six excellents sujets. Le collège de St Clément, formé sous vos auspices, a parfaitement réussi. Le Prieur et les professeurs de cet établissement méritent beaucoup d’éloges. Je dois pareillement, Monseigneur, recommander à votre bienveillance MM. Lebrun et Alès [Allaize], l’un professeur et l’autre répétiteur de l’école d’artillerie de Metz. MM. les professeurs des collèges de cette ville et de St Louis, ceux des écoles militaires de Paris et de Pont-à-Mousson, Monsieur Mazurier, répétiteur de l’école de Verdun, enfin, Monsieur Fabre, officier quartier maître du régiment de Toul et qui, par les soins éclairés qu’il a donnés à un grand nombre de jeunes gens, s’est rendu très utile. Les marques de satisfaction que vous voudrez bien leur donner exciteront de plus en plus leur zèle à remplir les fonctions pénibles et importantes de l’enseignement. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, I, 26.
116. document, 15 septembre 1786
15 septembre 1786 Elèves et aspirants qui ont fait preuve de l’instruction requise pour le grade d’officier : 1. Souyn de Tincourt
32. de Jousserand
2. Mallard de La Varande
33. de Maigret
3. de St Vincent
34. de Najac [Jean Pierre Antoine]
ANNÉE 1786
4. d’Anthouard [de Vraincourt, Charles Nicolas]
35. Duprat
5. de Gomer [Antoine François Gabriel]
36. de La Rochegirault
6. de Gosson
37. Richard de Castelnau [Charles Joseph Amable]
7. du Pœrier de Porbail
38. de Rioux de Messimy
8. de Légier
39. Ourié
9. Léonard de St Cyr cadet t
215
40. de L’Angle
10. Rousseau de S Aignan
41. de Vaumoret de Mouvant
11. de Balthazard
42. de Savary
12. Rapin de Thoyras
43. Huon de Rosne
13. Royer de Fontenay
44. de Chièvres d’Aujac [Pierre Jacques Auguste Nicolas Gaspard]
14. Pelletier de Monteran
45. Law de Lauriston [Jacques Alexandre Bernard]
15. de Rieunier
46. Diziers, présenté par le Collège de St Clément
16. de Baudrand [Marie François de]
47. de La Charpenterie
17. de Queux
48. de Trémenjouls du Chayla cadet
18. d’Andigné de St Gemme [Charles François] 49. Dalmas [Raymond Auguste de] 19. de Navelet [de la Massonière, Alexandre Pierre]
50. chevalier de Damoiseau
20. Tardif de Vauclair
51. d’Ormay
21. Bouvier de Cachard [Jean Humbert]
52. de Farconet
22. Morisson de La Bassetière
53. Binet de Jasson
23. de L’Angle de Beaumanoir
54. chevalier de Nacquart
24. de La Geneste
55. de Vaumoret, l’aîné
25. de Comminges
56. Boileau de Castelnau
26. d’ Audiffret de Beauchamp
57. le chevalier de Beausire
27. Aubier
58. le Rouyer de La Fosse
28. de Montalard
59. de Seyturier
29. Delpy de La Roche [Louis Henry]
60. Gondallier de Tugny [David François]
30. de Vauzlemont
61. Le Blanc de Prébois
31. de Vigny
216
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Aspirants qui font preuve de l’instruction suffisante pour être élèves : 1. de Guardia, présenté par le Collège de St 25. de Marionnetz Clément 2. Gaudron de Guimardière
26. de Beaufranchet [Henry Gilbert]
3. Morel de Boncour l’aîné
27. de Faultrier
4. Mauvise Dupeux
28. Angot des Rotours [François Mathieu]
5. Belchamp de Ste Ruffine
29. de Beauvoir
6. Poillove de Bierville de St Mars
30. Le Bègue
7. [chevalier Duprat] de La Devaise
31. Le Féron de La Heuze
8. du Fretay
32. Livenne des Rivières
9. chevalier de Légier
33. Le Carruyer de Beauvais
10. de Laclos, présenté par le Collège de St 34. des Roches Louis 11. de Gaultier de Montgaultier
35. le chevalier d’Ivoley
12. de Légier, de l’Ecole militaire d’Auxerre
36. de Sasselanges
13. de Folliot d’Argens
37. de Montagnac
14. Bernard de St Jean
38. de Fleyres
15. chevalier de Jaubert
39. de Comeau [de Charry, Sébastien Joseph]
16. Picquet de la Houssiette
40. de Laugier de Bellecour
17. Sanivet de Fauchecourt
41. le Chauff de Le Hélec
18. chevalier du Jay du Grand Rosoy, présenté 42. Pelletier par le Collège de St Symphorien 19. de Gaultier, chevalier de St Paulet
43. Mallet de Trumilly
20. Dubreuil, présenté par le Collège de St 44. d’Ambois Louis 21. Dubourget
45. Louvel de Contrières
22. de Cappy
46. Gondallier de Tugny [Nicolas François Thérèse], de l’Ecole militaire de Paris
23. Yvicquel de L’Escly
47. Potier de Raynan
24. Mareschal de Favreuse
48. le chevalier de La Chapelle, présenté par le Collège de St Symphorien
ANNÉE 1786
217
Elèves qui ont subi sans succès leur premier examen : MM.
1. de St Hilaire
5. de Beausire
2. de Tigné
6. de Beauvais
3. de Montfleury
7. d’Ivoley
4. Dusaulier
8. Potier de Raynan
Elèves qui ne se sont pas présentés à l’examen : MM.
1. de Vaugrigneuse 2. de Guérin 3. de Vigier de La Vergne
Aspirants qui ont subi sans succès leur premier examen : MM.
1. Dujay du Grand Rosoy
12. Renaud d’Avesnes de Meloises du Fresnoy
2. Salmart de Monfort
13. du Hattoy
3. d’Hozier
14. de Sappel
4. de Campinet
15. de Montmirail
5. de Gaillande
16. de Lustrac
6. Le Comte
17. de l’Allemant de Villiers
7. de Vigny du Tronchet
18. de Guerbal de Renneville
8. d’Arzac du Savel
19. de Villelongue de Novion
9. La Croix d’Hannestatt
20. de Neyon de Loisy
10. de Ménars 11. Durcot de Puitesson
Aspirants qui ont subi sans succès leur second examen : MM.
1. Pierrepont de Dodainville
218
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
2. Le Pelley de La Housserie 3. d’Anglars
Aspirants qui ne se sont pas présentés à l’examen : MM.
1. de La Ferrière
32. de St Mars
2. Payan de La Valette
33. Bazelaire l’aîné
3. Bouvet de Loziers
34. Le Bailly de Fresnay
4. de Venois d’Hottentot
35. chevalier Morisson de La Bassetière
5. de La Boissière
36. de Carbonnel
6. du Passage
37. Barthélémy
7. Baulard de Feur
38. Morigny de Montgazon
8. Malafosse du Chauffour
39. de l’Auvergnac
9. Montaigu
40. La Garrière
10. Poulletier de Suzenet
41. Faure de Gière
11. chevalier Poulletier de Suzenet
42. de Belzevries
12. chevalier de La Rochegirault
43. Le Gaucher
13. du Puget
44. Tardivy de Thoreuc
14. d’Ivoley
45. de Guiscard
15. Fontenay
46. chevalier du Puget
16. Beaucalis de Pruynes
47. de Ruffier
17. Guérin de Beaumont
48. Hüe de Grosbois
18. chevalier de La Ville
49. du Bouchet de La Forterie
19. Le Blanc de Ferrière
50. d’Aleyrac
20. du Fresne de Fontaine
51. chevalier Bigault de Grandrupt
21. d’Ancel de Breuilly
52. de La Baulme
22. de Vaux de Berne
53. Girard de Vorley
23. Roux de Ste Croix
54. de Jacques de Gaches de Venzac de La Neuville
24. Cappe
55. Dupont du Chambon de Mazillac
25. d’Aussone
56. Le Bienvenu du Busc
26. de La Salle
57. de Bellot
27. de Forno [Alexandre Jean Baptiste 58. de La Fosse Joseph] 28. de Trémenjouls du Chayla l’aîné
ANNÉE 1786
219
29. chevalier d’Andelot 30. de Rennepont 31. de la Goutte du Vivier
Résumé Elèves et aspirants qui ont fait preuve de l’instruction requise pour le grade d’officier .............. 61 Aspirants qui ont fait preuve de l’instruction suffisante pour être admis comme élèves ............. 48 Elèves qui ont subi sans succès leur premier examen...................................................................... 8 Elèves qui ne se sont pas présentés à l’examen ............................................................................... 3 Aspirants qui ont subi sans succès leur premier examen ............................................................... 20 Aspirants qui ont subi sans succès leur second examen .................................................................. 3 Aspirants qui ne se sont pas présentés à l’examen ........................................................................ 58 Total ............................................................................................................................................... 201
document S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, I, 26.
117. [Le Sage] à [Laplace], 3 octobre 1786
Genève, Grand-Rue, 3 octobre 1786 Monsieur, Je reçus il y a trois semaines les deux exemplaires de l’extrait que vous aviez chargé Monsieur Reybaz de me faire parvenir. Et j’envoyai à un savant professeur de Tubingue, celui que vous destiniez à Monsieur Trembley parce que ce dernier est en voyage ; qu’il sera auprès de vous dans peu ; et qu’il aura le bonheur d’y passer deux ou trois mois. J’ai été enchanté de la beauté de vos découvertes sur les moyens mouvements des planètes supérieures et de leurs satellites. Et je serais fâché qu’elles dépendissent en partie (comme quelqu’un
220
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
me l’a dit) du temps qu’emploie la gravité à transmettre son action d’un corps à un autre. Parce que ce temps est beaucoup moindre, selon moi, que celui dont vous parlâtes en 1773 pour expliquer l’accélération du moyen mouvement de la Lune1. On m’a remplacé, il y a plus de trois mois, l’exemplaire de votre important « Mémoire sur la chaleur » que vous aviez eu la bonté de me donner, que j’avais prêté tout de suite et qu’on avait gâté au point de n’oser me le laisser revoir. Mais j’étais enfoncé dans des matières si différentes de celles-là qu’afin de n’avoir pas besoin de les quitter deux ou trois fois pour ce même sujet, j’attendrai d’avoir entre les mains ce que MM. Deluc et Landriani vont aussi publier sur la chaleur. Cette lettre vous sera remise par Monsieur l’avocat Cramer, petit neveu du mathématicien de ce nom, qui cultive lui-même les mathématiques et qui se distingue par mille belles connaissances. Je suis très respectueusement. [P.S.] Ce 8 février 1787 J’envoie aujourd’hui une 2e copie de cette lettre ; dans une note à Monsieur Reybaz portée par Madame Barde née Mayor ; avec un préambule et deux notes. Le préambule porte : « que la 1ere copie avait été égarée par le jeune homme qui devait en être le porteur ; ce qu’il n’avait osé m’avouer, que l’un de ces derniers jours ». L’une des notes relatives à la parenthèse porte ces mots : « Je ne sais qu’en croire. Parce que d’un côté vous avez laissé dire à Monsieur Bailly (au milieu de la page 147e de son Traité de l’Astronomie Indienne et Orientale) que vous persistiez dans cette pensée, en doutant seulement le rapport de l’équation séculaire de la Lune à celle du Soleil. Tandis que d’un autre côté vous n’en faites aucune mention dans votre nouveau mémoire ‘Sur les inégalités séculaires des planètes et des satellites’ ». L’autre note relative au [?] Deluc porte ces mots : « Ce 8e mars 1787, nous n’avons point encore ici, ces Idées sur la Météorologie. Si elles contiennent une exposition de mes agents invisibles (comme l’auteur me l’annonçait il y a six mois) je désirerais beaucoup d’apprendre le jugement que vous aurez porté sur ce système ». [Le Sage] brouillon B.GE., MS Suppl. 518, fol. 50. 1. Mémoires de Mathématique et de Physique Présentés à l’Académie Royale des Sciences, par Divers Savans, année 1773, 37-232 et Laplace, O.C., 8, 198-275.
ANNÉE 1786
221
118. Lalande à [Laplace], 11 octobre 1786
11 octobre 1786 Je vous remercie, Monsieur et cher confrère, du mémoire intéressant que vous avez bien voulu m’envoyer, mais je n’y ai point trouvé ce que je vous avais prié de me donner, [à] savoir l’argument de votre grande équation, pour pouvoir en faire une table : car 46'50"sin(5n't – 2nt + 49°) ne suffit pas ce me semble, pour la disposer dans la forme ordinaire des tables astronomiques, l’appliquer aux observations et en conclure les longitudes qu’il faut substituer aux miennes. Comme il paraît que vous n’avez pas mes tables, je vous prie d’en accepter un exemplaire1. La différence entre les longitudes que je vous ai envoyées et celles que rapporte Monsieur Cassini vient de la correction que j’ai démontrée nécessaire dans les positions de Ptolémée ; il ne connaissait ni la précision, ni la durée de l’année, et cependant il s’en servait pour réduire le catalogue d’Hipparque à des époques différentes ; nous devons faire les réductions actuellement mieux que lui, et pour cela il faut appliquer à ses données les quantités suivantes (Mém. Acad., 1766, p. 467) au Soleil
aux étoiles
200 ans av. J.C.
-31’
-17’
100 ans après
+49
+54
Voilà pourquoi je suppose les cinq longitudes observées : de l’équinoxe de 1700
Ptolémée
6 5 58
5 9 30
6 2 14
6 24 9
6 1 13
8 10 42
9 2 32
8 9 40
9 15 17
10 7 5
9 14 14
10 10 19
11 2 5
10 9 15
5s
9° 6’
1. Joseph Jérôme Le François Lalande, Tables Astronomiques de M. Halley (Paris, 1759).
222
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Pour les réduire à l’équinoxe de 1700 j’ai supposé la précession 1. 23. 37 pour 100 ans. C’est à peu près le milieu entre celle qui a lieu à présent et celle qui devait avoir lieu du temps d’Hipparque. Comme je voulais avoir un aperçu du mouvement moyen de Saturne, j’ai calculé par mes tables la parallaxe annuelle pour réduire ces observations au Soleil et l’équation de l’orbite pour les réduire en longitudes moyennes. Parall[axe] ann[uelle]
équ[ation] orb[itale]
long[itude] moy[enne]
avec le mouvement 12 13 26,558
Differ. [ence]
- 0° 8’
- 5° 52’
5s 3° 6
5 7 19
4s 13’
Intervale Ajoutant (ans) au mouvement
1984
7" 65
+ 10
- 4 55
5 27 31
6 0 42
3 11
1629
7,07"
-4
+ 2 14
8 12 52
8 16 24
3 32
1623
7,84"
- 12
+ 3 20
9 20 25
9 24 16
3 51
1620
8,70"
+ 3 51
+ 6 24
10 20 34
10 24 19
3 45
1618
8,34" 7"92 milieu
Ainsi, le mouvement annuel moyen doit être augmenté de 7"92 et il devient 12° 13' 34" 48. Si vous avez besoin d’un plus grand détail, vous n’avez qu’à parler. Mais vous voyez qu’il y a une différence d’un degré entre les observations extrêmes ; nous en sauverons peut-être la plus grande partie avec votre équation de 47' ; c’est ce que je suis fort curieux de faire lorsque je saurai l’employer, mais non pas empiriquement et aveuglement et en employant des tables qui n’ont d’autre avantage sur les miennes que d’avoir été faites en Angleterre ; mais j’espère que ce ne sera pas pour vous un motif suffisant ; les Anglais mêmes les ont abandonnées. En 1579, la longitude de Saturne était plus avancée de 3 signes que celle de Jupiter ; est-ce dans cette position que le lieu de Saturne est moins avancé de 47' que ne le donné un mouvement uniforme. Rentrez-vous le soir chez vous ? J’irai parler de tout cela, pour ne pas vous donner la peine d’écrire. En attendant, je suis avec la considération la plus distinguée, Monsieur et cher confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Lalande Bancroft, box 18, dossier 13.
ANNÉE 1786
223
119. Laplace à [Deluc], 6 novembre 1786
A Paris, ce 6 novembre 17861 Monsieur, Monsieur Guyot m’a remis la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Je suis infiniment sensible à votre souvenir et je vous remercie des choses obligeantes que vous vouliez bien me dire. Je vous assure que personne n’est plus sensible que moi à votre amitié, et n’en sent mieux tout le prix. J’aurais fort désiré que dans vos courses, vous eussiez pu passer par Paris. Nous aurions causé ensemble des objets de votre ouvrage, et ces conversations auraient été pour moi aussi agréables qu’instructives. Mais n’ayant pu jouir de cet avantage, j’attends votre ouvrage avec la plus vive impatience, et je me fais d’avance une vraie fête de le lire2. J’ai l’honneur de vous adresser un mémoire que je viens de faire imprimer sur le système du monde3. Je vous prie de le parcourir, et de le communiquer aux astronomes de la Société Royale, en particulier à Monsieur Herschel, au souvenir duquel je vous prie de me rappeler. J’ose vous prier encore de faire mille compliments de ma part à Monsieur Blagden. Je finis, Monsieur, en vous renouvelant tous les sentiments d’estime et de reconnaissance que je vous dois à tous égards, et avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn.
1. Au dos de la main de Deluc : « Paris, M. de Laplace, 1786 6 Novembre. Rep[onse] 5 juin 1787 ». 2. Probablement Idées sur la Météorologie. 3. Peut-être « Mémoire sur la figure de la Terre », H.A.R.S., 86 (1783), 17-46 ; Laplace, O.C., 11, 3-32.
224
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
120. Ducrest à Laplace, 30 décembre 1786
Lettre de Monsieur le Marquis Ducrest, Chancelier de Son Altesse Sérénissime, Monseigneur le duc d’Orléans, à Monsieur de Laplace de l’Académie des Sciences Paris, le 30 décembre 1786 Monseigneur le Duc d’Orléans désirant, Monsieur, donner à plusieurs gens de lettres, savants et artistes, des marques de sa bienveillance et de sa protection, m’a chargé de vous faire part de cette intention. En conséquence, j’ai l’honneur de vous prévenir que vous êtes un de ceux que Son Altesse Sérénissime vient de choisir, et qu’elle m’a donné ordre de vous porter pour une somme annuelle de 800 livres, sur l’état de ses pensions que vous toucherez chez Monsieur Galli, son trésorier général, à raison de 400 livres tous les six mois, dont le premier semestre échouera demain 31 décembre de la présente année, votre pension courant du 1er juillet dernier. Je m’estime très heureux, Monsieur, d’être en ce moment l’organe des volontés de Monseigneur ; et je profite avec empressement de cette occasion, pour vous assurer de la haute estime et du sincère attachement, avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Marquis Ducrest Je certifie la présente copie conforme à l’original Laplace copie de la main de Laplace B.N., MS, n.a.fr. 22738, fol. 51.
121. document, 9 février 1787
N° 190 Souscription pour l’établissement de quatre nouveaux hôpitaux, annoncé dans le prospectus imprimé de l’ordre du Roi : Fait à Paris, ce 9 février 17871 Je, soussigné, De la Place de l’Académie des Sciences, demeurant rue Mazarine déclare que je remettrai à M. Vallet de Villeneuve, Trésorier de l’Hôtel-de-Ville de Paris, la somme de 600 livres payables en 6 années, à raison de 100 livres par an à commencer en juillet prochain et ainsi de suite pour être employée à la dépense de construction des quatre nouveaux hôpitaux. Laplace B.H.V.P., n.a. 479, fol. 202.
122. reçu, 23 février 1787
23 février 1787 Je, soussigné, reconnais avoir reçu de Monsieur de la Place la somme de 240 livres pour six mois de loyer échus le 31 décembre dernier de la location 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
226
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
de l’appartement qu’il occupe dans la maison que j’occupe à loyer du Collège Mazarin, dont quittance sans préjudice des temps courants. Fait à Paris, le 23 février 1787 Ysabeau reçu Bancroft, box 10, dossier 1.
123. reçu, 11 avril 1787
11 avril 17871 N° 190 Je soussigné Pierre-Armand VALLET DE VILLENEUVE Trésorier Général des Domaines, Dons, Octrois et Fortifications de la Ville de Paris, reconnais avoir reçu de Monsieur Laplace de l’Académie des Sciences, la somme de 100 livres à compte des 600 livres qu’il s’est obligé à payer en six paiements égaux de - la - par chacune des six années, pour être employée à la dépense de l’établissement de quatre nouveaux hôpitaux en cette ville, annoncé dans le prospectus imprimé de l’ordre du Roi : Dont quittance, à Paris, ce 11 avril 1787 Pour M. de Villeneuve Boyenvas reçu Bancroft, box 1, dossier 12. 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
ANNÉE 1787
227
124. Laplace à [Deluc], 27 avril 1787
A Paris, ce 27 avril 17871 Monsieur, La personne qui vous remettra cette lettre professe avec beaucoup de distinction les mathématiques sublimes dans l’Université de Cracovie2. J’ose me flatter que vous voudrez bien l’accueillir favorablement. Elle voyage en Angleterre pour s’instruire, et pour y jouir de la société des savants distingués qui y font leur séjour, et par cette raison, vous êtes un de ceux qu’elle doit le plus désirer de connaître. Je vous prie d’agréer mes remerciements pour l’exemplaire de votre dernier ouvrage que vous avez eu la bonté de m’envoyer3. Je l’ai lu avec autant de plaisir que d’intérêt. Vos idées sur l’évaporation et sur l’électricité m’ont paru fort ingénieuses. Elles m’ont donné lieu de faire quelques réflexions que malheureusement je ne puis vous communiquer à cause de la longueur des détails dans lesquels il me faudrait entrer. Peut-être, quelque jour, je trouverai une occasion favorable pour vous les faire parvenir, et surtout assez de loisir pour les rédiger. Car, dans ce moment, je suis occupé d’objets qui y sont tout à fait étrangers. Ayez la bonté de me faire mille compliments de ma part à Monsieur Blagden, et de me croire avec les sentiments distingués d’estime et de considération qui vous sont dûs, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn.
1. Au dos, de la main de Deluc : « Paris, M. de Laplace 1787 27 avr[il] - Rep[onse] 4 décembre ». En bas de lettre, de la main de Deluc : « Sniadecki ». 2. Jan Sniadecki. 3. Idées sur la Météorologie (Paris, 1787).
228
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
125. Laplace à [Deluc], 13 mai 1787
A Paris, ce 13 mai 17871 Monsieur, Cette lettre vous sera remise par un de mes plus estimables confrères, Monsieur Coulomb, qui voyage en Angleterre pour examiner les hôpitaux, et qui doit profiter de cette occasion pour voir les savants distingués de ce royaume. Il est un des membres de la commission de l’Académie, chargée par le gouvernement de l’affaire des hôpitaux ; et j’ose me flatter que vous voudrez bien lui procurer toutes les facilités nécessaires pour l’examen qu’il se propose de faire. Vous serez d’ailleurs très charmé de le connaître et de converser avec lui sur les objets de vos recherches sur lesquels il a fait de son côté des expériences aussi neuves qu’intéressantes. Je lui envie bien sincèrement l’avantage qu’il aura de vous voir ; mais ne reviendrez-vous pas quelque jour à Paris ? Vos occupations vous enchaînent-elles de manière à Londres, que vous ne puissiez vous en éloigner ? Ce serait pour moi une occasion de reprendre quelques anciennes idées sur la physique que j’ai presque entièrement oubliées ne m’étant occupé depuis longtemps que du système du monde. Mon travail sur Jupiter et Saturne, dont je crois avoir eu l’honneur de vous parler, est imprimé ; j’aurai l’honneur de vous en envoyer un exemplaire, aussitôt que j’en aurai [un]. Je serai très flatté d’avoir cette occasion de vous témoigner ma reconnaissance pour l’ouvrage que vous avez eu la bonté de m’envoyer, et de vous convaincre des sentiments d’estime et de considération avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn.
1. De la main de Deluc : « Paris, Monsieur de Laplace, 1787 23 May ».
ANNÉE 1787
229
126. [Blagden] à Laplace, 13 mai 1787
A Monsieur Laplace Rue Cambray May 13, 1787 I take the opportunity of a gentleman going to Paris to send you two papers printed for the volume of the Philosophical Transactions which will be published the first of next month. One is written by Dr. [?] and [?] researcher ; and the other a dissertation on the latitude and longitude of Greenwich in answer to the memoir of the late M. Cassini de Thury1. Mr. Sniadecki has [?] ed to me for the Royal Society Mr. Cousin’s Introduction à l’Etude de l’Astronomie Physique2. Permit me to congratulate you on the great progress that is making in your capital in the application of the higher mathematics to the explanation of natural phenomena, and in which you have so conspicuous a part. A curious old discovery has lately been announced here, of producing a great degree of cold sufficient to freeze quicksilver without using any ice whatever3. It consists in the [?] solution of different crystallized salts in water and dilute acids. The [?] of acid or weak [?] poured on powdered Glauber’s salt generate a degree of cold sufficient for all the property of cooling liquors be in the warmest of climates at little expense. The [?] there is proof by that sample such 40/50 degrees. The instrument making lighter than Ramsden to take the angles for the proposed junction of the two observatories of Greenwich and Paris [?] will soon be finished. It is upon a new construction in several [?] parts and promises to be a masterpiece of art. I am not certain but this measurement may afford me the opportunity of seeing you this summer in Paris, as there must be a cooperation between your mathematicians and ours to carry the [?] of triangles across the Straits of Dover. [?] be attended with this effort, I shall think myself fortunate in having taken a part in the business.
1. Nevil Maskelyne, « Concerning the latitude and longitude of the Royal Observatory at Greenwich », Phil. Trans., 77 (1787), 151-187. 2. (Paris, 1787). 3. Peut-être Thomas Beddoes, « An account of some new experiments on the production of artificial cold », Phil. Trans., 77 (1787), 282-287.
230
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
[I] remain always with great regard and esteem your faithful friend and obedient servant. CB Cet ouvrage de M. Kirwan m’est envoyé sur le moment1. Il n’est pas encore à vendre, de manière que je n’ai pas d’autre moyen de vous le faire parvenir qu’en expédiant l’exemplaire que M. Kirwan a bien voulu me présenter. C’est un livre qu’on a attendu avec impatience en Allemagne et ici. Comme notre ami M. Berthollet lit si bien l’anglais, et qu’il doit être fort intéressé dans le sujet, je crois qu’il vaut mieux lui remettre cet ouvrage sur le champ si vous aurez cette bonté là. CB [Charles Blagden] New Haven, Yale Library, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, The James Marshall and Marie-Louise Osborn Collection, MS. fc. 15.
127. [Laplace] à Oriani, 22 juillet [1787]
A Monsieur l’abbé Oriani, astronome de Milan, A Milan Ce 22 juillet [1787] J’ai l’honneur de faire mille compliments à Monsieur l’abbé Oriani et de lui envoyer un exemplaire de ma « Théorie de Jupiter et de Saturne »2. Je l’ai perfectionnée depuis l’impression de ce mémoire, et j’ose me flatter qu’il en résultera des tables exactes de ces deux planètes. Je désire que ces recherches 1. Richard Kirwan, An Essay on Phlogiston, and the Constitution of Acids (London, 1787). 2. H.A.R.S., 88 (1785), 33-160 ; et Laplace, O.C., 11, 95-207.
ANNÉE 1787
231
puissent intéresser Monsieur l’abbé Oriani. Je le prie de faire parvenir un des exemplaires que j’ai l’honneur de lui adresser au Père Fontana et un autre à Monsieur Lorgna. [Laplace]1 Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1787, 1787 07 22 PSL BO.
128. [Delambre] à Laplace, 13 août 1787
A Monsieur Monsieur de Laplace de l’Académie royale des Sciences rue Mazarine Lundi 13 août 17872 Monsieur, J’ai l’honneur de vous envoyer le résultat des nouveaux calculs sur Jupiter. Ils ont changé assez considérablement plusieurs des éléments déjà établis, mais les observations sont mieux représentées. Voici d’abord les nouvelles équations de condition. Le terme dont le coefficient est u, est la somme de toutes les perturbations y compris la grande équation de 21’. J’ai mis dans une colonne à part la somme des autres équations dont vous m’aviez dit qu’on pouvait se contenter. Mais comme il n’en coûtait pas davantage, j’ai préféré le procédé le plus exact et le plus rigoureux. Petites équations +202,7" 1786 0 = –2,0"+x+0,53783y–0,84308z+u1449,8" +258,0" 1785 0 = +15,3"+x–0,02247y–0,99975z+u1505,0" 1. Sans signature, mais de la main de Laplace. 2. De la main de Delambre, mais pas signé.
232
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
+235,3" 1784 0 = +10,0"+x–0,82156y–0,57011z+u1482,1"1 le z de 1783 est ici donné comme positif et il a été employé comme tel dans tous les calculs. C’est une erreur que je viens d’apercevoir et qui heureusement n’a pas du influer sensiblement sur les résultats car 0,37191z = 2,4". Les équations suivies du signe – ont été omises dans la formation de l’équation C. Les équations suivies du signe X ont été omises dans la formation de l’équation D. (A) 0 = –93,4"+24x+0,17244y–1,00887z+u. 31236,0" ... somme des 24 équations. (B) 0 = +3,4"–2,54202y+15,63833z-u. 1353,6" ... 12z positifs – 12z négatifs (C) 0 = 132,0"+14,71077y-2,30484z+u. 2657,4" ... 11y positifs – 11y négatifs (D) 0 = 212,0"+7,84183y-6,00650z+u. 3589,6" ... 9 sommes positives des petites équations moins 9 sommes négatives. Je divise B, C et D par le coefficient respectif de y, et j’obtiens (E) 0 = +1,33752"–y+6,15193z–u. 532,4900" (F) 0 = +8,97301"+y–0,15668z+u. 180,6431" (G) 0 = +27,0600"+y–0,76595z+u. 457,7503" (H) 0 = +10,31053"+5,99525z+u. 351,8439" = E + F (I) 0 = +18,08699"–0,60927z+u. 277,1072" = G – F Je divise H et I par les coefficients respectifs de z (L) 0 = +1,71978"+z–58,6876.u" (M) 0 = +29,6863"–z+454,8184.u" (N) 0 = +31,40608"+396,1308.u" = L + M – 31 40608 donc u = --------------------------- = – 0 079276 396 1308
Cette valeur de u portée dans les équations L et M donne z = –6,37115" avec ces valeurs de z et u les équations E, F et G donnent y = +4,0017" enfin, l’équation A donne x = +1'46,72" Toutes ces valeurs substituées dans les équations de condition les réduisent aux quantités suivantes : 1786 –2,8" 1773 –6,7" 1785 + 9,2" 1772 –22,8" 1784 + 2,4" 1771 –3,8" 1783 –0,3" 1770 –8,7" 1782 +19,7" 1769 –9,8" 1781 +11,5" 1768 –12,1" 1. Suivent deux pages de tables qui ne sont pas données ici.
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1780 +10,3" 1767 –23,9" 1779 +11,8" 1766 –14,7" 1778 +10,2" 1765 + 3,1" 1777 + 0,4" 1763 + 2,6" 1775 –7,9" 1762 + 9,7" 1774 –0,1" 1761 +19,4" La somme des erreurs positives est 110,3 Celle des négatives 113,6 Excès des négatives sur les positives 3,3 Somme totale sans distinction de signes 223,9" Erreur moyenne 9,33" On était loin d’espérer des Tables de Jupiter une pareille précision et si l’on songe à l’incertitude qui peut encore rester dans la position des étoiles, aux petites erreurs dont il est comme impossible de se garantir dans l’observation et même dans le calcul, on concevra difficilement que l’on puisse jamais obtenir un accord plus satisfaisant entre la théorie et l’observation. Je suis avec respect, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. [Delambre] P.S.1 Je trouve par une autre manière u = – 1--- , ainsi je m’en tiendrait à la précé7 dente. Car il ne paraît pas douteux qu’il ne faille diminuer la masse de Saturne. Cette nouvelle manière de déterminer u consiste à prendre la différence des équations de condition de douze en douze ans. Ce qui fait disparaître à peu près les quantités relatives aux corrections de l’époque du moyen mouvement de l’équation du centre et de l’apparition de l’aphélie. Ainsi on prend u = –0,79276, on prend a peu près une autre entre le deter ? de Monsieur de Lagrange. La dernière valeur de u. fragment de lettre Bancroft, box 18, dossier 17.
1. Ce qui suit est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
129. [Laplace] à [Le Sage], 31 août 1787
A Paris, ce 31 août 17871 Monsieur Delaplace a l’honneur de faire mille compliments à Monsieur [Le] Sage, et de lui envoyer un exemplaire de ses recherches sur la « Théorie de Jupiter et de Saturne »2. Il désire que Monsieur [Le] Sage veuille bien le regarder comme une marque de l’estime qu’il a pour lui, et du désir qu’il a de reconnaître ses bontés. Il le prie de vouloir bien remettre l’autre exemplaire à Monsieur Trembley, en lui faisant ses tendres compliments. Si Monsieur [Le] Sage avait occasion de voir Madame Necker-Saussure3, il le prie de vouloir bien lui présenter son respect. [Laplace]4 B.GE., MS Suppl. 513, fol. 263.
130. Laplace à Delambre, 2 octobre 1787
A Monsieur Monsieur l’abbé [De] Lambre, chez Madame Lelong A Bruyères-le-Châtel par Arpajon Ce 2 octobre 1787 J’ai reçu, Monsieur, les nouvelles équations de condition que vous avez bien voulu m’envoyer et j’ai l’honneur de vous en faire mes remerciements. Il me 1. De la main de Le Sage : « Reçu le 13me, par quelqu’un qui arrivait en poste ». 2. H.A.R.S., 88 (1785), 33-160 et 89 (1786), 201-234 ; et Laplace, O.C.., 11, 95-207 et 211-239. 3. Albertine Adrienne Necker de Saussure. 4. Sans signature, mais de la main de Laplace.
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semble qu’il y aura peu de chose à changer à la théorie de Saturne. Quant à celle de Jupiter, je suis étonné de l’erreur qu’elle donne pour l’observation de l’abbé de Lacaille en 1749 que j’ai peine à croire qu’il n’y ait point d’erreur, soit dans le calcul, soit dans l’observation elle-même. Les oppositions de 1750 et de 1751, rapportées dans l’astronomie de Monsieur de Lalande, ont été observées par la comparaison de Jupiter avec les étoiles et par cette raison, elles doivent être bonnes. Voudriez-vous avoir la complaisance de la vérifier de nouveau, si vous pouvez vous procurer les observations originales et de les comparer à ma formule ? Si vous pouviez encore y comparer les oppositions de 1747 et de 1748 observées par Monsieur Le Monnier, vous me feriez plaisir. Car, ayant fait mes calculs analytiques avec soin, je crois ma formule exacte. Si cependant les observations voisines de 1749 s’accordaient à donner des erreurs positives et aussi grandes que celle de l’observation de l’abbé de Lacaille, cela me donnerait quelques soupçons sur cette formule et me forcerait à une nouvelle révision de mes calculs. Je vous prie donc de m’envoyer les résultats de votre travail sur cet objet, le plus tôt qu’il vous sera possible. Je m’occupe dans ce moment de la théorie des satellites de Jupiter et j’ai lieu de penser que nous pourrons lui donner à peu près le degré d’exactitude que les observations comportent. Toutes les périodes observées dans les variations des inclinaisons des nœuds, des excentricités et des aphélies se déduisent admirablement de la théorie de la pesanteur et cette théorie fournit quelques nouvelles équations qui ne peuvent manquer de rapprocher considérablement les tables de l’observation. C’est un nouveau travail que je vous prépare. Je suis fort aise de vous procurer ainsi quelques moyens d’être utile au progrès d’une science qui par la sublimité des objets qu’elle embrasse, et par l’exactitude et la simplicité de ses théories m’a toujours paru devoir tenir le premier rang dans les sciences. J’ai l’honneur d’être avec les sentiments d’estime et d’amitié que vous m’avez inspirés, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
131. Laplace à [Delambre], 27 décembre [1787]
Ce jeudi 27 décembre [1787] J’ai l’honneur d’envoyer à Monsieur l’abbé de Lambre les parties périodiques des rayons vecteurs de Jupiter et de Saturne qui dépendent des perturbations. Pour les autres parties, nous attendons les observations d’Angleterre. Quand Monsieur l’abbé de Lambre aura réduit ces expressions en tables, je le prie de me faire l’amitié de me mander le jour qui lui conviendra, afin que nous puissions concerter ensemble notre marche relativement aux satellites de Jupiter. Je suis avec les sentiments d’estime et d’amitié qu’il m’a inspiré, Son très humble serviteur. Laplace Paris, Catalogue Librairie Thomas-Scheler et Librairie les Neuf Muses, Nouvelle série n° 16, 2001, n° 26.
132. [Laplace] à [Delambre], 27 décembre [1787]
Ce dimanche [1787] J’ai l’honneur de remercier Monsieur l’abbé Delambre, de ce qu’il a bien voulu m’envoyer. J’ai vu avec beaucoup de plaisir l’accord de la formule de Jupiter avec les observations. J’ai fait usage aussitôt des corrections de Monsieur l’abbé Delambre, pour calculer les parties elliptiques du mouvement en longitude et du rayon vecteur de Jupiter, et je suis parvenu aux résultats suivants :
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Partie elliptique du mouvement en longitude – 19827s ,3 + i 0s ,5536 sin I – Z + 595s ,4c sin 2 I – Z – 24s ,8c sin 3 I – Z + 1s2 sin 3 I – Z Partie elliptique du rayon vecteur 5 ,208741 + 0 ,249916 + i 0 ,000006982 cos I – Z
– 0 ,006004 cos 2 I – Z + 0 ,000217 cos 3 I – Z – 0 ,000009 cos 4 I – Z La constante de cette expression du rayon vecteur renferme une petite quantité dépendante des perturbations. Le demi grand axe de l’orbite elliptique est 5,202790. L’excentricité en 1750 était de 0,0480767. Mais les formules précédentes sont fort exactes, et peuvent être employées dans la formation des tables. Je n’ai rien à changer aux autres parties du mouvement en longitude et du rayon vecteur ; ainsi, Monsieur l’abbé Delambre a tout ce qui est nécessaire pour construire ses Tables de Jupiter. Je désirerais bien qu’il eut fini relativement à Saturne ; on me presse à l’Imprimerie Royale, pour donner mon mémoire. Si Monsieur l’abbé Delambre est content de ses équations de condition, il peut en faire usage pour la correction des éléments, et je lui serais fort obligé, s’il voulait bien me donner son résultat pour la fin de cette semaine. Je le prie de donner en même temps la position des nœuds des inclinaisons des orbites de Jupiter et de Saturne pour 1750. La correction de l’aphélie de Jupiter n’est pas –13",713, mais –17",55 très juste, en sorte que la position de cette aphélie en 1750 est 6S 10° 21’ 4". M. l’abbé Delambre a soustrait x de O y 2 a , tandis qu’il faut l’ajouter. Je ne puis trop reconnaître tous les soins qu’il veut bien donner à ce travail. Si mes recherches peuvent être utiles aux astronomes, c’est à lui qu’elles devront cet avantage, et c’est une justice que je lui rendrai avec grand plaisir dans le mémoire que je vais publier. N’aurais-je pas le plaisir de dîner lundi avec Monsieur l’abbé Delambre ? Dans ce cas nous causerons ensemble de tout cela. Je lui réitère tous mes sentiments d’estime et d’amitié. [Laplace]1 Paris, Bureau des Longitudes, MS Z106, fols 47r et v, déposé à l’Observatoire.
1. Sans signature, mais de la main de Laplace.
133. Laplace à Deluc, 11 janvier 1788
A Monsieur Monsieur Deluc1 Lecteur de la Reine d’Angleterre A Londres A Paris, ce 11 janvier 1788 Monsieur, J’ai reçu avec beaucoup de plaisir la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire et je vous remercie de votre souvenir et des choses obligeantes que vous voulez bien me dire. Je n’ai pu encore que parcourir à la hâte le bel ouvrage que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Il m’a paru rempli de vues ingénieuses, mais je suis hors d’état présentement de les approfondir. Je me suis retiré presque entièrement de la physique pour me livrer à la théorie des corps célestes, et je vois que d’ici à un ou deux ans, ce sera ma seule occupation scientifique. J’ai été assez heureux depuis peu, pour découvrir la véritable cause de l’équation séculaire de la Lune, que l’on avait désespéré d’expliquer par le principe de la pesanteur universelle, et pour laquelle on avait eu recours à différentes hypothèses, telle que la résistance de l’éther, la transmission successive de la gravité, l’action des comètes, etc. J’ai trouvé que cette équation dépend de l’action du Soleil sur la Lune, combinée avec la variation de l’excentricité de l’orbite terrestre, cette équation accélère le moyen mouvement de la Lune, quand l’excentricité diminue, comme cela a lieu depuis les observations anciennes, jusqu’à nous. Elle ralentit au contraire le mouvement de la 1. Au dos de la main de Deluc : « Paris, M. de Laplace, 1788 11 janvier. Rep[onse] en juin par M. Blagden ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Lune, quand l’excentricité augmente ; ainsi cette équation est périodique, mais sa période embrasse un très grand nombre de siècles. L’accord de la théorie avec les observations anciennes fournit une confirmation remarquable du principe de la gravitation universelle. J’ai vu, ces jours derniers, un de vos hygromètres chez Monsieur le Président de Saron. Il nous paraît très bon, fort simple et fort sensible. Monsieur l’abbé Ahui [Haüy] m’a dit que vous lui avez écrit une longue lettre sur l’électricité, à laquelle il se propose de répondre. Elle est relative à la théorie d’Aepinus. Cette théorie me paraît très ingénieuse ; elle explique le plus grand nombre des phénomènes. Il y en a cependant un ou deux dans lesquels elle m’a paru demander à être modifiée. Je suis bien fâché que vous ne soyez pas à Paris pour causer de tout cela avec vous. Votre conversation m’échaufferait sur ces matières, et elle me procurerait le double avantage de recevoir de vos lumières, et de m’exciter par votre exemple. Ayez la bonté de me rappeler au souvenir de Monsieur Herschel, en lui faisant mes compliments. MM. de Cassini, Méchain et Legendre m’ont paru satisfaits à tous égards, et de sa personne, et de ses télescopes. Je souhaiterais bien que mes occupations me permissent de vous aller voir l’un et l’autre à Londres. Du moment où je le pourrai, je ferai certainement le voyage avec l’empressement le plus vif. J’ai peu vu, à Paris, Monsieur Kuishnor [?] qui me paraît fort aimable. Mais vous connaissez la vie de Paris, surtout dans les derniers jours de l’année. Vous savez combien de devoirs en remplissent tous les moments. C’est ce qui m’a privé de l’avantage de voir Monsieur Kuishnor [?] aussi souvent que je l’aurais désiré. Je suis avec tous les sentiments d’estime et de reconnaissance que je vous dois, et que je suis bien flatté de vous devoir, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn.
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134. reçu, 22 janvier 1788
22 janvier 1788 Je soussigné reconnais avoir reçu, de Monsieur Delaplace la somme de 240# pour les six derniers mois de l’année 1787 du loyer que mon dit sieur de Laplace occupe dans la maison dont je suis principal locataire, rue Mazarine. Fait à Paris, le 22 janvier 1788 Ysabeau reçu Bancroft, box 10, dossier 1.
135. reçu, 27 janvier 1788
27 janvier 1788 J’ai reçu de Monsieur de Laplace la somme de 168#, pour l’année finie au 6 mars 1785, les trois vingtièmes et quatre sols déduits de la rente de 200# par an qu’il me doit. Fait à Paris, ce 27 janvier 1788 Dionis du Séjour reçu Bancroft, box 10, dossier 11. 1. Au dos de cette feuille se trouve une invitation non datée.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
136. [Delambre] à Laplace, 1er février [1788]
A Monsieur Monsieur de Laplace de l’Académie des Sciences rue Mazarine Vendredi 1er février [1788] J’ai l’honneur d’envoyer à Monsieur de Laplace les calculs que je lui avais promis pour la fin de cette semaine. Toutes les équations de condition ont été calculées de nouveau et directement sur les tables. Quoique j’aie trouvé très peu de choses à corriger, je ne regrette pas les trois jours employés à ce travail ; outre qu’il a servi de vérification aux tables, il doit ajouter à la confiance que peuvent mériter les équations. Leur nombre total est de 73. Elles sont toutes renfermées dans l’équation (A) ci-dessous. (B) est le résultat de 64 seulement et (C) de 70. (A) ….. 0 = 1521" + 73x + 5.09117y + 2.53601z (B) ….. 0 = 1635" + 0 + 42.31661y – 1.07554z (C) ….. 0 = 1270" + 0 + 1.42695y + 47.08703z J’en ai conclu z = – 25 78 " y = 39 292275 " x = 17 199673 " Ces valeurs substituées dans les équations ont donné pour [?] des longitudes calculées sur les longitudes observées, les quantités que l’on trouve dans la table ci-jointe sous le titre de second élément. J’appelle premiers éléments ceux que suppose la formule. Quand aux troisièmes, voici ce que c’est. En prenant le résultat moyen de toutes les observations, nous accordons aux observations de Flamsteed la même confiance qu’à celles de Monsieur Maskelyne et cela n’est pas juste. Les observations modernes, c’est-à-dire depuis 1753 jusqu’à 1787, nous avaient déjà donné les résultats suivants qui les représentaient presque toutes avec une très grande exactitude : z = – 23 6 " y = – 54 4 " x = 27 2 " J’ai trouvé qu’il serait plus convenable de prendre un milieu entre les éléments donnés par les observations modernes seules et ceux que fournit la totalité des observations. Ce sont ces éléments moyens que j’appelle troisième éléments et je pencherais fort pour les adopter de préférence aux autres. Au reste Monsieur de la Place en jugera. Ils me paraissent représenter les observations modernes avec toute la précision désirable ; ils s’accordent même fort passablement avec celles de Flamsteed, Monsieur Le Monnier et l’abbé De La
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Caille. Je n’ai point cherché de 3e éléments pour Jupiter parce que les seconds différaient peu des premiers ; il n’en était pas de même pour Saturne. Les seconds éléments représentaient mieux les observations de Flamsteed que celles de Monsieur Maskelyne et c’est ce qui m’a engagé à essayer les troisièmes éléments1. Il n’y a dans tout ceci d’erreur grave que celles de 1717, 1718 et 1741. Pour 1717 et 1718, j’observe que du jour au lendemain l’erreur des tables de Halley varie de 33" et 21". D’ailleurs, faute de mieux, je n’ai employé pour ces deux oppositions que deux petites étoiles qui ne se trouvent que dans le catalogue de Mayer. Et de plus ces grandes erreurs ne se soutiennent pas puisqu’en 1716 et 1719 elles se réduisent à 33" et 13". Nous en dirons autant de l’erreur de 59" en 1741, car de 1738 à 1751, l’erreur est assez constamment renfermée entre 20 et 30". Nœud de Jupiter en 1750 3S 7°54'22" inclinaison 1°19'2" Nœud de Saturne 3S21°30'22" inclinaison 2°29'55" Je vais m’occuper des Tables de Jupiter. Il n’y manque plus que les époques, l’équation du centre et le rayon vecteur. Aussitôt que Monsieur De La Place aura déterminé l’excentricité et le rayon de Saturne, je le prie de vouloir bien me communiquer ses résultats. J’ai l’honneur de l’assurer de mon respectueux et sincère attachement. [Delambre]2 fragment de lettre Bancroft, box 18, dossier 17.
137. document, [12 février 1788]
[12 février 1788] Par-devant Antoine Dufresne, notaire, tabellion royal au baillage d’Auge, pour le siège de Beaumont-en-Auge soussigné, au bourg dudit Beaumont, le mardi douzième jour de février 1788. 1. Suit une table qui n’est pas donnée ici. 2. De la main de Delambre, mais sans signature.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Fut présent le Sieur Pierre de Laplace, Procureur Syndic de l’Assemblée municipale et Syndic de la paroisse de Beaumont, demeurant au bourg dudit lieu, lequel a, par ces présentes, fait et constitué pour son procureur général et spécial, Monsieur Sabatier1, chirurgien major des Invalides de la Ville de Paris, y demeurant, auquel il donne pouvoir de pour lui et en son nom, assister et consentir tant à la célébration du mariage de Monsieur Pierre Simon de Laplace, fils du constituant, membre de l’Académie des Sciences, avec telle personne que mondit de Laplace, [fils du constituant]2, a choisi ou pourra choisir, qu’au contrat des conditions civiles du mariage et particulièrement assurer audit Sieur de Laplace fils, dans ce contrat, tous ses droits en la succession de mon dit Sieur constituant, et en conséquence renoncer à son profit à pouvoir disposer gratuitement de ses biens présents et à venir à aucun titre en faveur de qui que ce soit, déclarant ledit Sieur constituant qu’il a pourvu de mariage Demoiselle Marie Anne De La Place, sa fille, actuellement veuve du Sieur Henry Martinne et que par son contrat de mariage sa dot a été fixée à 200 livres de rente pour courir après son décès, à ce que l’effet de ce que dessus signer tous actes, élire domicile et généralement promettant etc. ce que le comparant a signé en présence des Sieurs Jacques Lefebvre, maître, demeurant au bourg de Beaumont, et Jacques Mabon demeurant en laditte paroisse, témoins, signés et nous, notaire. Lecture faite ainsi signée de Laplace, J. Lefebvre, Mabon et Dufresne, notaire, avec paraphe. « Il est ainsi audit Brevet de procuration contrôlé, dûement légalisé, certifié véritable, signé et paraphé, déposé pour minute à Maître Guillaume jeune, l’un des notaires à Paris soussignés. Par acte de ce jour d’hui 14 mars 1788 ». (rayés trois mots comme nuls). Farman Guillaume j. document Bancroft, box 28, dossier 5.
1. Raphaël Bienvenu Sabatier, membre de l’Académie des Sciences. 2. Barré.
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138. Laplace à Oriani, 5 mars 1788
A Monsieur l’abbé Oriani, A Milan A Paris, ce 5 mars 1788 Monsieur, J’ai reçu avec autant de plaisir que de reconnaissance l’ouvrage que vous avez bien voulu m’envoyer et la lettre qui y était jointe. Je vous fais mes remerciements de la manière dont vous osez parler de mes recherches, et de la peine que vous avez prise de réduire en tables les formules que j’avais eu l’honneur de vous communiquer sur les perturbations de Saturne. Depuis ce temps, j’ai beaucoup perfectionné ces objets : j’ai calculé quelques petites équations que j’avais négligées dans la théorie de Saturne ; j’ai pareillement déterminé les perturbations de Jupiter. Monsieur l’abbé Delambre, astronome aussi zélé qu’intelligent, a bien voulu me porter son secours. Il a calculé de nouveau par un travail immense plus de 150 oppositions tant de Jupiter que de Saturne, depuis Flamsteed jusqu’à nos jours, en les discutant avec beaucoup de sagacité. Enfin sur mes formules, il a dressé de nouvelles tables de ces deux planètes, et en les comparant à toutes les bonnes observations qu’il a pu se procurer, il a presque toujours trouvé les erreurs au-dessous de 30", et lorsqu’elles ont surpassé 40", la discussion de l’observation a fait voir qu’on pouvait lui en attribuer une partie. Ce travail paraîtra, je crois cette année, savoir la partie analytique dans les Mémoires de l’Académie pour 1786, et les Tables de Jupiter et de Saturne dans la prochaine Connaissance des Temps1. Lorsque cela paraîtra, j’aurai l’honneur de vous en adresser un exemplaire, très flatté de vous donner par là une marque de mon estime. Monsieur le chevalier Landriani, que je vois ici quelques fois avec le plus grand plaisir, a bien voulu se charger de vous faire parvenir un petit extrait d’un mémoire que j’ai lu à l’Académie « Sur l’équation séculaire de la Lune »2. Je désire que vous en soyez content. Je vais m’occuper présentement avec Monsieur l’abbé Delambre de la théorie des satellites de Jupiter, dont j’ai 1. « Théorie de Jupiter et de Saturne », H.A.R.S., 88 (1785), 33-160, et 89 (1786), 201-234 ; Laplace, O.C., 11, 95-239. Les Tables furent publiées séparément en 1789. 2. H.A.R.S., 89 (1786), 235-264 ; et Laplace, O.C., 11, 243-271.
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a peu près fini la partie analytique. C’est une chose véritablement admirable que de voir comment la loi de la pesanteur universelle explique toutes les variations de leurs orbites, que les observations ont fait entrevoir aux astronomes sans qu’ils aient pu encore en bien déterminer les lois. Voudriez-vous bien, Monsieur, me rappeler au souvenir du Père Fontana, en lui faisant mes tendres compliments. Je vois avec bien de la satisfaction que vos occupations astronomiques ne vous empêchent pas de suivre les recherches analytiques. En cela, vous avez un grand avantage sur la plupart des astronomes. Je vous félicite de tout mon cœur de vos travaux qui ne laissent rien à désirer soit du côté de l’exactitude de vos observations, soit du côté de l’élégance de vos recherches. Je vous prie de croire que je prends beaucoup de part à vos succès, et que je suis avec les sentiments d’une estime très distinguée, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1788, 1788 11 05 PSL BO.
139. document, 14 mars 1788
Copie du contrat de mariage de Pierre Simon Laplace et Marie Anne Charlotte Courty de Romange, du 14 mars 1788 Par devant les Conseillers du Roi, notaires au Châtelet de Paris, soussignés furent présents : M. Pierre Simon Delaplace, de l’Académie des Sciences, Examinateur des élèves et aspirants du Corps royal d’Artillerie et des élèves du Génie de la Marine, demeurant à Paris, rue Mazarine, paroisse St Sulpice, fils majeur de M. Pierre Delaplace, Procureur Syndic de l’Assemblée Municipale et Syndic de la paroisse de Beaumont, et représenté par M. Raphaël Bienvenu Sabatier, Chirurgien-major des Invalides de la Ville de Paris, y demeurant paroisse St Louis dudit Hôtel - à ce présent au nom et comme fondé de la procuration
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dudit sieur Delaplace père, spéciale entre autres choses à l’effet des présentes passée devant Maître Dufresne, Notaire Tabellion royal au baillage d’Auge, pour le siège de Beaumont-en-Auge, en présence de témoins le 12 février dernier, dont le brevet original dûment contrôlé et légalisé a été certifié véritable et déposé pour minute, à Maître Guillaume jeune, l’un des notaires soussignés, par acte de ce jour, d’une part, M. Jean Baptiste Joseph Courty, écuyer conseiller, Secrétaire du Roi, maison Couronne de France, audiencier en la Chancellerie près le Parlement de Besançon, Seigneur de Romange et autres lieux, et Dame Marie Hélène Angélique Molerat, son épouse d’avec lui séparée quant aux biens, et qu’il autorise à l’effet des présentes, demeurant en leur Château de Romange, baillage de Dôle en Franche-Comté, étant présentement à Paris, logé maison des Sieurs Arthur rue Louis-le-Grand, paroisse de la Madeleine de la Ville l’Evêque, stipulant pour Demoiselle Marie Anne Charlotte Courty de Romange, leur fille mineure, demeurant avec eux, étant à Paris logée avec eux - à ce présente de son consentement pour elle et en son nom d’autre part, M. François Charles Nicolas Molerat de Bréchainville, écuyer et seigneur de Poissons et autres lieux, Prêtre, Docteur en Sorbonne, Prieur de Cléray et Chanoine de la Cathédrale de Verdun, y demeurant ordinairement, étant a présent à Paris, logé avec lesdits sieur et dame Courty, rue Louis-le-Grand, paroisse de la Madeleine de la Ville l’Evêque, stipulant tant en son nom que comme procureur fondé de Demoiselle Marie Anne Brigitte Molerat, sa sœur, épouse de M. Marie Nicolas Louis Marquette de Fleury, écuyer commissaire des guerres à Joinville, de lui autorisée suivant la procuration de ladite Dame spéciale à l’effet des présentes passé devant Maître Persin et son confrère, notaires royaux à Joinville, le 11 février dernier dont le brevet original dûment contrôlé et légalisé a été certifié véritable et déposé pour minute audit Maître Guillaume par ledit acte du jour, encore d’autre part, Et M. Jean Baptiste Evre Molerat de Riaucourt, écuyer, seigneur de Poissons et autres lieux, demeurant audit lieu de Poissons, étant à présent logé avec lesdits sieur et dame Courty susdit, rue et paroisse susnommée, stipulant tant en son nom que comme procureur fondé de Dame Elisabeth Courty, épouse séparée de biens de Claude Joseph Amand Duber de Mirand, écuyer et Inspecteur Général du Commerce de la Province de Berry, suivant la procuration de ladite Dame spéciale à l’effet des présentes, passée devant Maître Bellamy et son confrère Conseillers du Roi, notaires à Besançon, le 9 du premier mois dont la minute a été contrôlée en ladite ville le 10 du même mois, à la minute delaquelle procuration est annexé le brevet original dûment contrôlé et légalisé de l’autorisation dudit Sieur de Mirand, par devant Maîtres Raveau et Thurot, notaires royaux en Berry résidants à Issoudun le 27 février dernier, l’expédition de laquelle procuration à la suite de laquelle ladite autorisation est transcrite, dûment légalisée, a été certifiée véritable et déposée pour minute audit Maître Guillaume par ledit acte de ce jour, aussi d’autre part.
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Lesquels, pour raison du mariage qui sera incessamment célébré entre ledit Sieur Pierre Simon Delaplace et ladite Demoiselle Marie Anne Charlotte Courty de Romange, sont convenus d’en régler les effets civils de la manière suivante : En la présence et de l’agrément de Son Altesse Sérénissime, Monsieur le Duc d’Orléans Et en la présence des parents et amis de la future, ci-après nommés, savoir : Madame de Fleury, ci-devant nommée, sans déroger sa procuration susénoncée, tante, et Louis Hercule Marie Timoléon Hortense Courty de Romange, frère et César Auguste Pierre Marie Courty de Romange, frère, M. Simon Philippe Albéric Auguste Henrion de St Amand, écuyer, avocat aux Conseil, oncle à la mode de Bretagne, et Dame Françoise Catherine Desroys, son épouse, M. Pierre Paul Nicolas Henrion de Pansey, avocat au Parlement, oncle à la mode de Bretagne, M. Pierre Molerat, Audiencier, Garde des Rôles de la Chancellerie de Son Altesse Sérénissime, Monseigneur le Duc d’Orléans, oncle à la mode de Bretagne, Madame Cécile Victoire de Germay, veuve de M. de Mathon, tante à la mode de Bretagne, Demoiselle Marie Françoise Augustine Marguerite Charlotte Paillette, cousine germaine, M. Philibert François Rouxel de Blanchelande, Brigadier des Armées du Roi, lieutenant-colonel du Colonel-Général Infanterie, ami, Edme Jean Antoine Dupuget, Colonel d’artillerie, Sous-gouverneur de Monseigneur le Dauphin, ami, M. Honoré François Dobignie, licencié en théologie, ami, M. Félix Vicq d’Azyr, Docteur régent de la Faculté de Médecine de Paris, de l’Académie des Sciences, Secrétaire Perpétuel de la Société royale de Médecine, ami, M. François Joseph Colin, avocat au Parlement et procureur au Châtelet de Paris, ami, Mademoiselle Barbe Colin, amie. Article 1er Lesdits sieur et demoiselle, futurs époux, seront communs en biens, suivant la coutume de Paris à laquelle ils se soumettent, avec dérogation à toutes autres dans lesquelles ils pourraient par la suite établir leur domicile et faire des acquisitions.
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Article 2 Ils ne seront néanmoins pas tenus des dettes en hypothèque l’un de l’autre, antérieur à la célébration de leur mariage, et s’il y en a, elles seront payées et acquittées par celui ou celle qui les aura contractées ou de qui elles procéderont sans que l’autre, ses biens, ni ceux de la dite communauté, puissent en être tenus. Article 3 Les biens dudit sieur futur époux consistent : 1° en la somme de 16.600 livres provenant de ses gains et épargnes, dont 12.600 livres qui lui sont dues par les Régisseurs des Poudres et Salpêtres, et 4.000 livres à quoi ont été évalués à l’amiable, ses habits, linge, hardes et bijoux, ses meubles meublants et sa bibliothèque. 2° et en 9.900 livres de pensions, traitements et appointements dont les arrérages lui sont dus depuis le premier janvier dernier, savoir : 600 livres de pension sur l’Ecole Militaire 600 livres de pension sur le Trésor Royal 800 livres de pension sur Son Altesse Sérénissime Monseigneur le Duc d’Orléans 1.200 livres de pension sur l’Académie des Sciences 1.200 livres d’appointements pour la place d’Examinateur des Elèves du Génie de la Marine et 5.500 livres de traitement pour la place d’Examinateur des Elèves et Aspirants du Corps royal d’Artillerie, dont 4.000 livres d’appointements et 1.500 livres pour les voyages. De plus, ledit sieur Sabatier, audit nom, assure audit sieur, futur époux, tous ses droits en la succession dudit sieur son père, pour lequel ledit sieur Sabatier renonce au profit dudit futur époux à pouvoir disposer gratuitement de ses biens présents et à venir à aucun titre et en faveur de qui que ce soit. Article 4 Les biens de ladite demoiselle, future épouse, consistent : 1° en la somme de 4.000 livres à quoi ont été évalués ses habits, linge, hardes et bijoux provenant de présents, à elle faits par ses parents, ainsi que lesdits sieur et dame ses père et mère, le déclarent. 2° en 150 livres de rente viagère sur le Roi provenant d’un bienfait de M. de Courcelles.
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3° en 200 livres de rente viagère, constitué par contrat passé devant ledit Maître Guillaume et son confrère, le 16 octobre dernier en vertu de l’édit de mai 1787, tant sur la tête dudit sieur Riaucourt qui a droit d’en jouir pendant sa vie, que sur celle de ladite demoiselle, future épouse. Reconnaissant ledit sieur futur époux que la remise des effets mobiliers lui a été faite par ladite demoiselle future épouse envers laquelle il s’en charge. Article 5 En considérant ledit mariage, le dit sieur Molerat de Bréchainville, tant en son nom que comme procureur fondé de ladite dame de Fleury, a par ces présentes fait donation entre vifs, et pure, simple et irrévocable, et en la meilleure forme qu’elle puisse valoir, à ladite demoiselle future épouse, ce accepté pour elle par lesdits sieur et dame ses père et mère de la somme de 60.000 livres, dont 30.000 livres de la part dudit sieur de Bréchainville et 30.000 livres de la part de ladite demoiselle de Fleury, que ledit sieur de Bréchainville s’oblige et qu’il oblige à ladite dame de Fleury, chacun pour ladite somme de 30.000 livres de payer auxdits sieur et demoiselle, futurs époux, sur les quittances dudit sieur, futur époux, dans 2 ans du jour de la célébration de leur mariage, avec les intérêts à compter du même jour sur le pied du dernier vingt, sans retenue d’aucune imposition royale, présente et future, lesquels intérêts seront payés en deux termes égaux de 6 en 6 mois au domicile des futurs époux, en cette ville. Il est stipulé que lors du paiement de ladite somme de 60.000 livres, il en sera fait emploi en biens-fonds ou en acquisition de rentes sur les revenus du Roi, Pays d’Etat, Corps ou Communautés, ou sur particulier avec privilège sur les biens-fonds, au profit de la dite demoiselle, future épouse, avec les déclarations et acceptations nécessaires pour que les objets qui proviendront de cet emploi appartiennent à la dite demoiselle, future épouse, et lui tiennent nature de propres à elle et aux siens de son côté et ligne, sans néanmoins préjudicier à la mise en communauté ci-après, pour raison de laquelle l’ameublissement desdits objets est dès à présent consenti jusqu’à due concurrence, pour ce qui concerne ladite demoiselle, future épouse. Comme aussi, en considération dudit mariage ledit sieur Molerat de Riaucourt, tant en son nom que comme procureur fondé de ladite dame de Mirand, a, par ces présentes, fait donation entre vifs, pure, simple et irrévocable et en la meilleure forme qu’il puisse valoir à ladite demoiselle, future épouse, a accepté pour elle par lesdits sieur et dame, ses père et mère, savoir ledit sieur de Riaucourt personnellement de la somme de 10.000 livres à prendre sur les plus clairs de ses biens, et ledit sieur de Riaucourt comme procureur fondé de ladite dame de Mirand, de la somme de 40.000 livres à prendre, sur les plus clairs des biens de ladite dame, et pour ce qui concerne ledit sieur de Riaucourt
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personnellement, sans préjudice de la rente viagère de 200 livres énoncé en l’article précédent. Il est expliqué que l’usufruit desdites sommes de 10.000 livres et de 40.000 livres demeurera réservé audit sieur de Riaucourt, et à ladite dame de Mirand chacun pour ce qui le concerne, et que le jour du décès de chacun d’eux un usufruit cessera et sera réuni à la propriété. De plus, ledit sieur de Riaucourt se réserve et réserve à ladite dame de Mirand le retour de la somme donnée par chacun d’eux, dans le cas seulement du pré-décès de ladite demoiselle, future épouse, sans postérité, et il est entendu que ce droit de retour n’aura lieu qu’en faveur dudit donateur personnellement ou de celui ou celle qui survivra ladite demoiselle, future épouse, si elle décède sans postérité. Ces donations de la part dudit sieur de Bréchainville et dame de Fleury, sont faites à la condition que la demoiselle, future épouse, ne pourra rien prendre dans la succession dudit sieur, son père, qu’après que chacun de ses frères ou le survivant d’eux aura trouvé dans cette succession et prélevé la somme de 60.000 livres, sans toutefois que cette condition puisse donner droit aux frères de ladite demoiselle, future épouse, ou au survivant d’eux, de se faire compléter par ladite demoiselle, future épouse, ladite somme de 60.000 livres, si la succession dudit sieur leur père, ne suffisait pas pour la fournir à chacun d’eux ou au survivant. Il est expliqué que lesdites donations faites par lesdits sieurs de Bréchainville et de Riaucourt et lesdites dames de Fleury et de Mirand auront leur exécution, sans confusion avec les droits particuliers ou universels que ladite demoiselle, future épouse, pourrait avoir à quelque titre que ce puisse être dans les successions desdits sieurs de Bréchainville et de Riaucourt et desdites dames de Fleury et de Mirand, auxquelles successions, dans ce cas, elle ne serait tenue de faire aucun rapport à raison desdites donations. Sous les charges, clauses et conditions ci-devant expliquées et pour d’autant plus assurer l’effet desdites donations, lesdits sieur de Bréchainville et de Riaucourt se déssaisissent et déssaisissent chacun à leur égard lesdites dames de Fleury et de Mirand de la propriété de tous leurs biens présents et futurs en faveur de ladite demoiselle, future épouse, jusqu’à due concurrence, voulant qu’elle en soit saisie et mise en possession par qui et ainsi qu’il appartiendra, par forme de tradition, constituant, à cet effet, procureur le porteur de l’expédition des présentes lui en donnant pouvoir. Et enfin, le sieur de Bréchainville en vertu de la procuration de ladite dame de Fleury et des pouvoirs que ladite dame de Fleury lui a donnés par celle-ci et par ces présentes, oblige ledit sieur de Fleury solidairement avec ladite dame son épouse, lui seul pour le tout sans les rénonciations requises aux bénéfices de droit ou paiement des 30.000 livres dont il vient d’être fait donation au nom
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de la dame de Fleury et des intérêts de celle-ci, le tout de la manière ci-devant expliquée. Article 6 Des biens des futurs époux, il restera de part et d’autre dans ladite communauté jusqu’à concurrence de la somme de 20.000 livres et le surplus, ainsi que ce qui leur échoira par succession, donation, legs ou autrement, en meubles et immeubles pendant leur mariage leur sera propre et aux leurs de chaque côté et ligne. Article 7 Les arrérages des rentes et des pensions viagères sur les têtes des futurs époux, qui leur appartiennent et leur appartiendront par suite, entreront aussi en entier dans ladite communauté tant qu’elle aura lieu et à compter du jour de la célébration dudit mariage. Article 8 Ladite demoiselle, future épouse, aura à titre de douaire sur les biens régis par la coutume de Normandie, ce que la coutume de cette province donne à ce titre et en outre et au pardessus dudit douaire Normand, elle aura au même titre une rente annuelle de 1.000 livres franche et exempte de la retenue des impositions royales présentes et futures, à prendre sur tous les biens dudit sieur futur époux, autres que ceux situés en Normandie, le principal de laquelle reste au dernier vingt, sera propre aux enfants à naître dudit mariage, desquels douairiers de ladite demoiselle future épouse jouira aussitôt qu’il seront sans être tenu d’en faire la demande en justice. Article 9 La survivance des futurs époux prendra par principe avant le partage de la communauté tels meubles d’icelle qu’il voudra choisir, jusqu’à la concurrence de la somme de 12.000 livres suivant la prise de l’inventaire et sans ..., ou cette somme en denier comptant, à son choix. Et en outre ledit survivant prendra à titre d’augmentation de principe tous les habits, linge et hardes à son usage, ses dentelles, bijoux et diamants, plus ladite demoiselle, future épouse, sa toilette avec l’argenterie de celle-ci et ses dépendances, et ledit sieur futur époux, sa bibliothèque, le tout à quelque somme qu’il puisse monter.
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Article 10 Le réemploi des progrès, si aucun sont aliénés, sera fait suivant la coutume de Paris, et l’action en sera de nature immobilière et demeurera propre à celui ou celle qui aura droit de l’exercer et aux sieurs de son côté et ligne. Article 11 Ladite demoiselle, future épouse, et à son défaut les enfants qui naîtront dudit mariage, pourront, en renonçant à la communauté, reprendre ce que ladite demoiselle, future épouse, apporte en mariage et ce qui lui échouera en meubles et immeubles par succession, donation, legs ou autrement, et si c’est ladite demoiselle, future épouse, qui renonce à la communauté, elle aura en outre son principe et son augmentation de principe, et jouira de son domaine, le tout franc et quitte de dettes et hypothèques de ladite communauté, encore qu’elle y fut obligée ou y est condamnée, desquelles en tout événement, ladite demoiselle, future épouse, ou ses enfants seront acquittés, garantis indemnisés, par ledit sieur, futur époux, et sur ses biens, sur lesquels il y aura hypothèque, à compter de ce jour, pour toutes les charges, clauses, et conditions stipulées par ces présentes. Article 12 Lesdits sieur et demoiselle, futurs époux, se sont faits par ces présentes, donation entre vifs, pure, simple et irrévocable en la meilleure forme qu’elle puisse valoir, pour et au profit des survivants d’eux, ce accepté par chacun d’eux pour le survivant et encore pour ladite demoiselle, future épouse, par lesdits sieur et dame ses père et mère, de la moitié qui se trouvera appartenir au premier mourant dans tous les biens, meubles et immeubles dépendants de ladite communauté. Pour par lesdits survivants en jouir en usufruit, sa vie durant, à sa simple action juratoire, sans être tenu d’en donner aucun autre. Cette donation n’aura pas lieu si lors du décès du premier mourant il y a des enfants vivants ou à naître dudit mariage. Mais s’ils viennent ensuite à décéder ou à faire profession en religion sans laisser de postérité légitime et sans avoir valablement disposé, alors ladite donation reprendra sa force et vertu, ce sera exécutée, comme s’il n’y avait point eu d’enfants dudit mariage. Si ladite demoiselle, future épouse, survit et profite de cette donation, elle ne fera aucune confusion des douaires ci-devant stipulés dont elle jouira intégralement. ***
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Ces présentes seront insinuées au besoin sera. Ce tout a été ainsi convenu et arrêté entre les parties qui pour l’exécution des présentes disant domicilié en [?] auxquels lieux nonobstant pour étant [?] faire à passer obligeance à l’égard de Son Altesse Sérénissime, Monseigneur le Duc d’Orléans, au Château de Raixey, où les notaires se sont transportés ce jour pour les parties contractables et les autres parties, en la demeure desdit sieur et dame Courty susdit, rue Louis-le-Grand, le 14 mars 1788. Et ont signé ces présentes où il a été raye 19 mots : [Signatures] L J d’Orléans Courty de Romange Laplace Molerat Courty Sabatier Lolotte Courty Molerat de Fleury M A C Courty de Romange Henrion de St Amand Molerat de Bréchainville Desroys de St Amand Molerat Riaucourt de Colin Blanchelande Paillette Dobignie Dupuget Henrion Hercule de Courty de Romange du Germay de Mathon Vicq d’Azyr Molerat Laroche Guillaume *** 22 septembre 1792 sont comparus devant les notaires à Paris soussignés ledit Sieur Pierre Simon Delaplace, qualifié au contrat de mariage dont la minute est des autres parts, et Dame Marie Anne Charlotte Courty, actuellement son épouse encore mineure et émancipée par son mariage et qui est autorisée à l’effet des présentes, demeurant à Paris, rue de Louis-le-Grand, maison des Sr Arthur, paroisse St Roch. Lesquels ont reconnus avoir reçu de Marie Anne Brigitte Molerat, épouse de Monsieur Marie Nicolas Louis Marquette de Fleury par les mains du Sieur Jean Baptiste Joseph Courty leur père et beau père qualifié et domicilié audit contrat de mariage étant de présent logé Grande rue et paroisse à ce présent et paroisse à ce présent qui des derniers [?] lui a reçu à cet effet par ladite Dame de Fleury ainsi qu’il le déclare, leur a payé à l’instant en assignats comptés nombrés [?] et réellement délivrés à la vue des notaires susdits [?] la somme de 30.000 livres, dont la Dame de Fleury a fait donation à ladite Dame Delaplace par son contrat de mariage d’autres part.
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Delaquelle somme de 30.000 livres et toutes choses ledit et ladite Delaplace quittent et déchargent la Dame de Fleury et ledit Sieur Courty. Déclare ledit Sieur Delaplace que pour satisfaire à la condition imposée par la Dame de Fleury à la donation, la somme de 30.000 livres doit servir et être employée au payement de biens nationaux par lui acquis dans le district de Pont-L’Evêque au Département du Calvados, s’obligeant de faire incessamment ces emplois et de déclarer la quittance qu’il en retirera que la somme par lui payée est la même que celle qu’il vient de recevoir afin de constater l’origine des deniers et pour que le moyen desdits emplois et déclarations, les biens appartiennent conformément à ce qui est stipulé au contrat de mariage à ladite Dame de Laplace qui accepte dès à présent les remplois et lui tiennent nature de propre à elle et au siens de son côté et ligne. Consentant les partis que mention des présentes soit faite même en leur absence sur toutes pièces nécessaires pour tous notaires ou autre officiers requis. Fait à Paris en demeure des partis ledit jour et an, et ont signés ces présentes, où trois mots sont rayés. Courty Laplace Courty de Laplace document A.N., Minutier Central des Archives Notariales, Etude LXXVIII, n° 933.
140. document, 1788
Préfecture du Département de la Seine Ville de Paris Extrait du registre des actes de mariage de l’an 1788, Paroisse Madeleine la Ville l’Evêque L’an 17871, le 15 mars, après la publication d’un ban en cette paroisse et en celle de St Sulpice à Paris, le 24 février dernier, dispense de deux accordée par Monseigneur l’Archevêque de Paris le 3 du courant, insinué et scellé le 4, 1. Il y a une erreur de transcription. Il s’agit de 1788.
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ensemble la permission de fiancer et marier les parties le même jour en ce temps prohibé, autre publication faite en l’église de Lavangeot, diocèse de Besançon, dispense de 2 accordée par Monseigneur l’Archevêque de Besançon, le 25 février dernier, vu les extraits baptistaires des époux et autres pièces nécessaires à cet effet, le tout en bonne forme et sans opposition par nous, premier vicaire de cette paroisse, ont été célébré les fiançailles et le mariage de Sieur Pierre Simon de Laplace, de l’Académie des Sciences, examinateur des élèves du Corps royal d’artillerie et des élèves du Génie de la Marine, fils majeur de Sieur Pierre de Laplace et de Marie Anne Sochon son épouse, âgé de près de 39 ans, demeurant de plusieurs années rue Mazarine, paroisse St Sulpice, avec Demoiselle Marie Anne Charlotte Courty de Romange, fille mineure de Maître Jean Baptiste Joseph Courty, écuyer, conseiller général du Roy, maison couronne de France et de ses finances, Sieur de Romange et autres lieux, et Dame Marie Hélène Angélique Molerat, ses père et mère, âgée de 18 ans et demi environ, de droit, ci-devant de Lavangeot, diocèse de Besançon et de fait de cette paroisse, et actuellement de droit et de fait rue Louis-leGrand en cette paroisse, en présence et du consentement des témoins ci-après nommés : Du côté de l’époux, le Sieur Claude Louis Berthollet, docteur en médecine de la Faculté de Paris, de l’Académie des Sciences, de Monsieur Alexandre François Bouton de Souville, avocat au Conseil du Roi ; du côté de l’épouse, de son père, de Maître François Joseph Colin, avocat en Parlement et Procureur au Châtelet de Paris, de Sieur Jean Baptiste Eyre Molerat de Riaucourt, écuyer, son oncle maternel, lesquels tous témoins nous ont affirmé du domicile, de la liberté et de la catholicité des parties. Signés : M.A.C. Courty de Romange, P.S. de Laplace, Courty de Romange, Berthollet, Colin, Bouton de Souville, Molerat de Riaucourt et Leleyard copie A.N., BB301044, dossier Laplace, Charles Emile Pierre Joseph, Canal de Loing.
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141. Laplace à Oriani, 8 mai 1788
A Paris, ce 8 mai 1788 J’ai l’honneur, Monsieur, de vous envoyer la suite de mes recherches sur Jupiter et Saturne, et mon « Mémoire sur l’équation séculaire de la Lune »1. Vous y verrez les formules d’après lesquelles Monsieur l’abbé Delambre a construit ses nouvelles Tables de Jupiter et de Saturne, qu’il a présentées à l’Académie des Sciences et que cette compagnie va faire imprimer incessamment pour mettre les astronomes à mesure d’en faire usage. Je désire que ces recherches puissent vous intéresser, et surtout que vous voyez dans l’envoi que j’ai l’honneur de vous en faire une preuve des sentiments de l’estime et de l’amitié sincères avec lesquels je suis, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Ayez la bonté de me rappeler au souvenir du Révérend Père Fontana en lui faisant mes plus tendres compliments. Je vous prie encore de vouloir bien lui communiquer les recherches ci-jointes, lorsque vous les aurez lues. Je désirerais en avoir un second exemplaire pour lui en faire hommage. Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1788, 1788 05 08 PSL BO.
142. reçu, 12 juillet 1788
Je reconnais avoir reçu du Sieur de La Porte, soit en argent, soit en quittances, la somme de tout ce qu’il me devait depuis l’époque de son contrat, jusque et y compris le terme de Noël de 1787, toutes les impositions royales ayant été 1. H.A.R.S., 89 (1786), 201-234 ; et 235-264 ; Laplace, O.C., 11, 211-239 et 243-271.
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diminuées ; à l’exception de 82 livres dont il me reste encore redevable pour l’année 1787. Le tout sans préjudice de l’année courante. A Beaumont, ce 12 juillet 1788 Laplace reçu Bancroft, box 7, dossier 7.
143. document, 13 juillet 1788
13 juillet 1788 Je reconnais devoir à Dame Marie-Anne de Laplace, veuve du sieur Henry Martine, ma sœur, la somme de 2.124 livres, [à] savoir 300 livres qu’elle est encore en droit d’exiger pour reste des meubles à elle promis jusqu’à concurrence de 1.500 livres, lors et par son contrat de mariage, passé devant Maître Féral, notaire à Beaumont, le 10 octobre 1769 ; les 1.200 livres de surplus lui ayant été payées précédemment suivant la quittance qui en a été expédiée devant notaire, et de laquelle je suis saisi ; 300 autres livres, dont feu mon père était redevable à la succession dudit sieur Martine ainsi qu’il résulte d’une délibération arrêtée le 6 octobre 1774 ; 1.000 livres dont feu mon père était demeuré saisi des deniers des mineurs dudit feu sieur Martine suivant sa reconnaissance du 12 février 1776 ; et 524 livres à quoi, diminution faite des impositions royales, se sont trouvés monter les intérêts dûs et exigibles jusqu’à ce jour de ladite somme de 1.000 livres : pour et au lieu de paiement de laquelle somme, sur la demande de ma sœur et pour l’obliger, je me constitue envers elle par le présent en 106 livres 4 sols de rente hypothèque au denier vingt, que je m’oblige lui faire payer, chaque année, en sa demeure au Bourg-de-Beaumont, la première fois dans un an de ce jour, et ainsi continuer à pareil terme, jusqu’à l’âge de majorité de son fils mineur, à laquelle époque je serai tenu, ce
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à quoi je m’oblige, de payer et rembourser du capital de la ditte rente jusqu’à concurrence de 1.824 livres, ce qui la réduira à 15 livres par an, que je pourrai acquitter toutes fois, et quant à ma volonté, en payant et remboursant la somme de 300 livres, avec en outre les arrérages et prorata qui pourraient être lors dus et échu. Au moyen de la présente constitution qui a été acceptée par ladite Dame Martine, cette Dame Martine renonce à me rien demander des objets qui en forment le capital, et en conséquence, elle m’a remis la reconnaissance du 12 février 1776 devant datée, et a consenti que mention soit faite tant en marge de son contrat de mariage que de la délibération du 6 octobre 1774, comme les 600 livres dues de résultant desdits actes, sont confondus dans la présente constitution ; fait double à Beaumont, ce 13 juillet 1788. Marie-Anne Laplace Laplace document Bancroft, box 10, dossier 20.
144. document, 31 juillet 1788
31 juillet 17881 aux moyens de seque le Sieur Lieutout au nom et comme fondé des pouvoirs de monsieur de Laplace tiendera conte sur les aubegets dont mon mary s’est randu adejudicquatere à la vente des moeubeles de feu Mr. de Laplace de la somme de 18# pour le prorata du loyer de la maison que feu Mr. De Laplace aucupet depuiee Pasques dernier jusquasejour et de sequil soblige peyer si feit na eté la rente de 55# duee dudit jour de Pasques dernier aux sieurs Le Roux ou representans, je tiens ledit Sieur de Laplace generalement quite de tous les fermages ou loyée de la dite maizon ainsi que des reparatsions d’iscelle, renoncens a luy rien demander a souget, reconnoissans avoir éte a l’instans servis 1. J’ai laissé ce document avec l’orthographe primitive de l’original.
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des clefs de ladite maizon, donc decharge par se que je je discpozeré de la ditte maizon ainsi que javizerée bien, sens par ledit Sieur de Laplace pouvoir en pretandere auxqunne jouance en plus outere. Fait en double, ce 31 juillet 1788 Marie Anne Mailly document Bancroft, box 7.
145. [Le Sage] à Laplace, 12 août 1788
Copie de la lettre à M. de Laplace, de l’Académie des Sciences, rue Mazarine, à Paris Genève, Grand-Rue, 12 août 1788 Monsieur, On vous aura sans doute assuré, dans le temps, de ma reconnaissance pour l’envoi des premières sections de votre belle « Théorie de Jupiter et de Saturne », et je n’en ai pas une moindre à vous témoigner présentement pour la suite de cette théorie, ainsi que pour l’important mémoire qui l’accompagne « Sur l’équation séculaire de la Lune »1. Non seulement il est bien flatteur pour moi de tenir ces mémoires de l’auteur-même, et bien agréable de les avoir lus avant le public, mais il se trouve, de plus, que je ne les aurais point possédés sans cette honnêteté de votre part, parce que je n’ai acheté de tout temps que l’édition in-12° du 1. « Théorie de Jupiter et de Saturne » et « Sur l’équation séculaire de la Lune », H.A.R.S., 88 (1785), 33-160 et 89 (1786), 201-234 et 235-264 ; Laplace, O.C. 11, 95-207, 211-239, et 243-271.
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recueil annuel de l’Académie, d’où (depuis quelques années) Pancoucke retranche précisément les mémoires les plus profonds. Votre nom, Monsieur, sera gravé en caractères ineffaçables dans les fastes de l’astronomie transcendante, pour avoir si fort étendu et si solidement assuré la durabilité du système solaire. Si vous vous rappelez un peu mon Mécanisme de la Gravité, et les éléments du calcul par lequel je détermine la moindre vitesse qu’on puisse assigner aux corpuscules gravifiques pour que leur résistance aux planètes soit imperceptible, vous comprendrez, Monsieur, que l’extension que vous venez de donner à la durabilité du système solaire m’obligera d’ajouter un zéro ou deux à la vitesse de ces corpuscules, déjà si énorme, ce qui effarouchera un peu plus les imaginations débiles, mais n’arrêtera pas un instant les esprits bien faits. Monsieur Deluc va publier ses réponses à MM. de Saussure et Trembley, après quoi, il mettra au jour un Recueil de diverses pièces (intitulé, je crois, Mélanges de Physique), où paraîtront enfin les Lettres qu’il vous a adressées sur mes mécanismes. Quand vous aurez vu, Monsieur, la dernière forme qu’il aura donnée à ces Lettres, je vous prierai instamment de me dire ce que vous aurez pensé de ces mécanismes. Quant à l’exposition que je me propose de donner moi-même un jour, de ces mêmes mécanismes, je ne veux absolument pas la publier avant que d’avoir rédigé et imprimé certains travaux préliminaires, auxquels les sottes préventions gratuites de cette génération inconsidérée m’ont forcé de sacrifier une très grande partie de mon temps, du temps, dis-je, que je destinais à aller en avant dans la recherche des agents naturels. Parce que, ayant une fois terminé ces discussions préliminaires assez solidement pour satisfaire les bons esprits, je pourrai, sans scrupule, laisser bavarder les esprits superficiels et clabauder les ferrailleurs, dont, (sans cela) les interpellations et les escarmouches irrégulières m’auraient détourné de la suite de mes occupations, et auraient peut-être fait perdre au public la vue distincte de l’ensemble. Car je me bornerai ensuite presqu’uniquement à renvoyer mes lecteurs aux susdits préliminaires. Ce n’est pas sur des conjectures hasardées a priori que je m’attends à tous ces bavardages, mais, c’est d’après l’expérience la plus constante des frivoles subterfuges que j’essuie depuis plus de vingt-cinq ans de la part d’un grand nombre d’académiciens et de professeurs à qui j’avais communiqué quelque exposition de mon mécanisme de la gravité, expositions plus que suffisantes pour le leur faire accueillir, s’ils avaient eu véritablement à cœur l’avancement des sciences, et qu’ils eussent dépouillé certaines préventions, au-devant desquelles aussi je me propose d’aller dans les ouvrages que je vous annonce. Vu la façon irrégulière dont notre correspondance a commencé, je crois, en vérité, ne vous avoir jamais fait remettre un exemplaire d’une ancienne bro-
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chure non-publique, intitulée Essai de Chymie Méchanique1, que j’envoyais cidevant aux personnes dont je désirais avoir les avis sur mes opinions. Je réparerai incessamment cette omission, à moins que vous ne me fassiez savoir que Monsieur Deluc vous avait remis un exemplaire de cette brochure. Monsieur Trembley me charge de vous dire « qu’il vous remercie infiniment de votre mémoire, qu’il le lira avec beaucoup d’avidité, et qu’il aura l’honneur de vous écrire ensuite ». J’ai celui d’être, Monsieur, avec beaucoup de reconnaissance et un profond respect. [Le Sage] copie B.GE., MS Suppl. 518, fol. 51.
1. Imprimé probablement en 1758.
146. document, 1er janvier 1789
1er janvier 1789
Nous soussignés, sommes convenus avoir loué à Monsieur de Laplace un appartement au quatrième, dans notre maison, rue de Louis-le-Grand, pour le prix et somme de 950# par année, à commencer le 1er janvier 1789 ; et par le présent nous nous engageons à faire jouir mon dit sieur de Laplace dudit appartement pendant le temps que doit durer le bail que nous avons passé à Monsieur de Bréchainville de l’appartement qu’il occupe au 3ème étage de ladite maison. Monsieur de Laplace, reconnaissant de son côté que rien ne lui appartient dans ledit appartement à l’exception des meubles meublants, et en outre une glace entre deux croisées dans une chambre donnant sur le boulevard, une petite cheminée de construction et ses accessoires dans ladite pièce et une bibliothèque dans une autre chambre donnant sur la rue de Louis-leGrand. Fait double sous nos seings A Paris, le 1er janvier 1789 Arthur et Grenard Nous nous engageons en outre à reprendre l’appartement tel qu’il est actuellement. Arthur et Grenard document Bancroft, box 10, dossier 1.
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147. reçu, 1er janvier 1789
1er janvier 17891 4 mois de loyer, à raison de 600# par an : 200# Nous avons reçu de Monsieur de Laplace la somme de 200#, pour quatre mois de loyer de son appartement commencés du 15 mars dernier, jusque et compris le 15 juillet suivant, dont quittance. A Paris, ce 1er janvier 1789 Arthur et Grenard reçu Bancroft, box 10, dossier 1.
148. [Delambre] à Laplace, 19 février [1789]
A Monsieur Monsieur de Laplace de l’Académie des Sciences rue de Louis-le-Grand, au Boulevard Jeudi 19 février [1789], à 8 heures du soir Monsieur, J’ai promis de vous donner des nouvelles du 3ème satellite aussitôt que j’en 1. Ce reçu est sur une feuille qui porte trois autres reçus semblables et un bordereau de fournitures.
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avais, et je m’empresse de tenir ma parole, quoique je ne sois pas encore aussi bien instruit que je le voudrais. Quand on me remit hier matin votre billet, je venais de faire mon petit plan qui ressemble presque entièrement à celui que vous me donniez. La seule difx y , ce férence est qu’au lieu de faire 2e = Vx + y je fais 2e = -------------= ------------2
2
cos Zc
sin Zc
qui me donne avec moins de peine deux valeurs de 2e au lieu d’une. Ce plan arrêté, j’ai commencé par les observations modernes dans lesquelles j’avais plus de confiance parce qu’elles sont en plus grand nombre, faites à des intervalles plus rapprochés et par plusieurs astronomes, et qu’enfin elles s’accordent beaucoup mieux entre elles. Il m’a semblé pourtant qu’il en fallait rejeter six qui se trouvaient contredites par celles qui les suivaient et les précédaient immédiatement. Par là, j’ai réduit mes équations à 28 dont j’ai fait trois parts, parce que j’avais trois inconnues, mettant dans la première part toutes les équations les plus propres à donner avec précision la première inconnue ; ainsi des autres, j’ai trouvé – 2e = – 6c52s
– 2f = + 5c19s
s
Zc = 0 0q23c8s en 1760
Je serais assez content de ces valeurs sans le signe de 2f qui est le contraire de ce que j’attendais. Cependant quand je réfléchis que pour déterminer ces trois inconnus je n’avais que des erreurs de un ou deux minutes pour le plus souvent, il était facile de voir que les deux inconnus devaient être aussi de peu de minutes à moins d’être de signe contraire, comme il est arrivé. Je vous prie de me mander ce que vous pensez du signe de cette seconde équation et s’il peut cadrer avec la théorie. Ce que vous venez de lire m’a occupé hier jusqu’à onze heures du soir. Voici le travail de ce matin. Il avait pour objet les anciennes observations dans lesquelles les erreurs suivent une marche si irrégulière et si fortes en comparaison des autres, que je n’avais aucun espoir d’en tirer un parti tant soit peu avantageux. Elles m’ont donné : – 2e = – 12c15s
– 2f = – 1c4s
s
Zc = 10 28q15c30s en 1700
Les deux valeurs de Zc à soixante ans d’intervalle ne donnant que 32' pour le mouvement annuel et c’est beaucoup moins qu’il ne faut ; mais j’ai déjà eu l’honneur de vous dire que je n’attendais rien des observations pour un élé-
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
ment aussi difficile à déterminer. L’excentricité est trop faible pour qu’on puisse jamais bien connaître la position de l’apside. La valeur de 2e est telle que je l’avais déduite de ces mêmes observations traitées d’une manière toute différente et que voici : l’argument de la 2e équation du centre est tout connu [que] j’ai choisi plusieurs observations dans lesquelles cette équation était ou nulle ou très petite, et supposant 2°44' pour le mouvement annuel de l’apside, il était facile d’avoir la valeur de 2a et j’avais obtenu plusieurs valeurs qui s’écartaient peu de 12'. Cette quantité dont j’ai eu l’honneur de vous parler lundi dernier vous a paru bien forte, elle me paraissait dès lors nécessaire pour représenter tant bien que mal les anciennes observations, et je n’ai pas changé d’avis depuis qu’un calcul plus direct et plus complet m’a ramené à cette même quantité. Au reste on pourrait prendre une valeur à peu près intermédiaire entre les résultats des observations modernes et anciennes, mais qui se rapprochât un peu plus des modernes et faire par exemple : 2e = 9c
La valeur de 2f est ici de signe convenable, mais la valeur en elle même est bien faible. Ces anciennes observations m’ont fait plus d’une fois tomber la plume des mains par leurs disparates fréquents ; je m’attendais bien à quelques écarts causés par la différence des anciennes lunettes et peut-être aussi par la négligence des observateurs, mais ce que j’ai éprouvé a passé mon espérance. L’erreur de l’époque et celle du mouvement moyen de longitude qui nous sont encore inconnues ont dû influer considérablement sur nos résultats et peuvent expliquer la différence que nous trouvons entre 1700 et 1760. Peut-on s’en tenir à 2°44' pour le mouvement de l’apside, faut-il introduire une indéterminée pour l’erreur du mouvement ? Nous en avons déjà cinq sans celle-là. D’ailleurs, sommes-nous assez avancés pour recourir au calcul différentiel ? J’ai relu tous mes calculs, cette révision fastidieuse s’est trouvée par l’événement à très peu près inutile ; je suis pourtant fort aise de l’avoir faite. J’attends votre réponse pour continuer. Agréez les assurances de mon sincère et respectueux attachement. [Delambre]1 Bancroft, box 18, dossier 17.
1. De la main de Delambre, mais sans sa signature.
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149. Laplace à [Lacroix], 7 mars 1789
A Paris, ce 7 mars 1789 J’ai l’honneur de vous envoyer le recueil des observations que Monsieur De Cassini a publiées, et que Monsieur Jeaurat m’a prié de vous faire remettre. J’imagine que vous jouissez d’une bonne santé à Besançon et que vous commencez à vous y accoutumer. Les officiers du Corps Royal sont en général très avides de connaissances ; et sans doute, ils profitent avec empressement des moyens d’instruction que vous leur présentez, et avec reconnaissance du zèle avec lequel vous cherchez à les instruire. Sous ce rapport, comme sous beaucoup d’autres, votre position me paraît plus avantageuse qu’à l’Ecole Militaire de Paris où vous aviez pour élèves des jeunes gens qui ne sentaient pas le prix de vos soins. La seule chose que vous puissiez regretter, est l’éloignement de Paris. Mais vous pouvez facilement compenser ce désavantage par le loisir que vous avez et qui vous permet de vous livrer sans distraction à vos recherches, et je suis tellement persuadé de cela, que sans les raisons qui me retiennent à Paris, je ne balancerais pas à me retirer à la campagne. Je vous engage, Monsieur, à profiter de ce loisir et à nous envoyer le résultat de vos travaux. Nous les accueillerons et nous vous rendrons la justice que vous méritez. Je vous prie de croire que j’y suis disposé plus que personne, et que je saisirai toujours avec un vif empressement, toutes les occasions de vous être utile, et de faire valoir vos talents et vos connaissances. Je vous prie de faire agréer mon respectueux hommage à Madame de Lacroix, et de me croire avec tous les sentiments d’estime et d’attachement que vous m’avez inspirés, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.I., MS 2396, fol. 128 ; publiée par René Taton dans « Laplace et Sylvestre-François Lacroix », Rev. Hist. Sci., 6 (octobre-décembre 1953), 351-352.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
150. [Delambre] à Laplace, 1er avril [1789]
A Monsieur Monsieur de Laplace de l’Académie des Sciences rue Louis-le-Grand au boulevard Mercredi 1er avril [1789] J’ai l’honneur d’envoyer à Monsieur de Laplace les résultats de mes calculs. Formule pour la latitude du troisième satellite : s = A sin u + B sin u + ig – O – 1c sin u + 24q + i 12q – 3c sin u + i 35c
valeurs à peu près
corrections
valeurs corrigées
A = 2°59’ B = 0.13’ O = 35°32’ g = 2°44 u = 10s14°30’
+5’35" –0.16 –1°46’09" +23.45 +59.37
3°4’35" 0.12.44 33.45.51 3.7.45 s 10 15°29’37"
J’ai peur que la correction de g ne soit un peu forte. Mais tous mes calculs sont bien d’accord. Ils ont demandé beaucoup plus de temps que je n’aurais cru. La formation des équations de condition a été fort longue et l’élimination des cinq inconnus a demandé seule 109 multiplications, sans parler des opérations préparatoires. Je vais m’occuper de la plus grande durée. Je présente à Monsieur de Laplace les assurances de mon respectueux attachement. [Delambre]1 Bancroft, box 18, dossier 17. 1. De la main de Delambre, mais sans sa signature.
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151. document, [6 avril 1789]
Préfecture du Département de la Seine Ville de Paris Paroisse de la Madeleine la Ville l’Evêque Extrait du Registre des Actes de Naissance de l’an 1789 [6 avril 1789] L’an 1789, le 6 avril, par nous soussigné, prêtre de cette paroisse, a été baptisé Charles Emile Pierre Joseph, né d’hier, fils de Pierre Simon de Laplace, de l’Académie des Sciences et examinateur des aspirants au Corps Royal d’artillerie et du Génie de la Marine, et de Marie Anne Charlotte Courty, son épouse, demeurant rue Louis-le-Grand, de cette paroisse. Le parrain M. Jean Baptiste Joseph Courty, écuyer, secrétaire du Roi, seigneur de Romanges et autres lieux, demeurant en son château de Romanges, en France-Comté, représenté par Gille Augustin Garnier, bourgeois de Paris, demeurant rue Louis-le-Grand, de cette paroisse ; la marraine Marie Anne Charlotte Vauthier, veuve de M. César Auguste Mollerat, seigneur de Brechainville et autres lieux, demeurant en son château de Poissons, représenté par Marguerite Denise Antoine, demeurant rue Louis-le-Grand, en cette paroisse, lesquels représentants munis de procuration en bonne forme et ont avec nous signé le père absent : Signé : Antoine, Garnier, Vernet prêtre copie A.N., BB301044 (dossier Charles Emile Pierre Joseph Laplace), Canal de Loing.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
152. document, 26 avril 1789
26 avril 1789 Mémoire des livres fournis à Monsieur de Laplace, par Barrois l’aîné # 14 3 2 93 2
1787 18 juin Lettres de Sévigné, 8 vol in-12° br. 3 juillet Lettres Péruviennes in-12° 31 juillet Livre de Poste in-12° 29 septembre Voltaire, 67 vol in-12° 1788 3 avril pour Marquis de Faultrier Méchanique de Lagrange in-4° 13 4 1 13 mai Métaphysique de l’Ame , 2 vols, in-12° 5 ______ 130 6 ______ 125#6s Soldé à Paris, ce 26 avril 1789 Barrois l’aîné document Bancroft, box 3, dossier 11.
1. Ce livre pourrait être Lelarge de Lignac, Elemens de Métaphysique Tirés de l’Expérience. Lettres à un Matérialiste sur la Nature de l’Ame (Paris, 1753). Dans le récépissé, cette ligne est barrée, ainsi que la première somme de 130# 6S.
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153. Laplace à [Delambre], 11 juin 1789
A Paris, ce 11 juin 1789 J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et les quatre exemplaires des Tables de Jupiter et de Saturne1. Je les ai envoyés à leur destination. Comme j’en avais fait demander trois à Monsieur Moutard, j’en ai disposé d’un pour Monsieur Zach, et Monsieur le baron de Grimm, ministre plénipotentiaire du Duc de Saxe-Gotha, a bien voulu se charger de le lui faire passer. J’en ai fait remettre un par Monsieur Herschel à Monsieur Blagden, et j’ai encore renouvelé auprès de ce dernier mes instances pour vous faire admettre à la Société Royale. Il me reste encore un exemplaire dont je vais disposer pour Monsieur l’abbé Oriani. Je vous fais ces détails afin que vous sachiez les astronomes auxquels il vous reste à faire parvenir des exemplaires de vos Tables. Je vois par votre lettre, que les observations modernes semblent exiger un moyen mouvement d’ [...] plus rapide qu’il ne convient à l’observation de Flamsteed, mais je vous prie d’observer que l’intervalle qu’embrassent ces observations est si peu considérable qu’il est bien délicat de déterminer, à leur seul moyen, ce mouvement. Il me semble qu’il serait plus sûr de faire usage de l’observation de Mayer comme d’une observation fondamentale, et de la combiner avec l’ensemble des observations modernes. Au reste, vous êtes plus à portée que moi de juger de cela, et je ne doute point que vous ne tiriez des observations le résultat le plus approché qu’elles puissent donner. Je serai fort aise de le connaître aussitôt que vous y serez parvenu, et je vous prie de vouloir bien m’en instruire. Je suis bien charmé que vous ayez pris de ma théorie une connaissance suffisante pour en faire usage ; c’est ce qui pouvait lui arriver de plus heureux, et je verrai avec autant de plaisir les résultats que vous tirerez que s’ils m’étaient propres. J’ai cultivé les sciences sans prétention, et uniquement pour l’amour d’elles, et j’ai toujours eu un profond mépris pour ceux qui, ne cherchant dans leur étude que la célébrité, ont affiché de vaines et de ridicules prétentions, au lieu d’avancer les sciences par des travaux utiles et durables. Vous avez trop d’intérêt, Monsieur, à être de mon avis, pour ne pas l’adopter, et soyez persuadé qu’en continuant de travailler comme vous le faites, tous les titres littéraires viendront vous chercher d’eux-mêmes. 1. Jean Baptiste Joseph Delambre, Tables de Jupiter et de Saturne (Paris, 1789).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Ayez la bonté de présenter mon respect à vos dames. J’aurai l’honneur de les voir aussitôt que je les saurai à Paris. Agréez l’assurance des sentiments d’estime et d’attachement bien sincères que je vous ai voués, et avec lesquels je suis, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Philadelphia, Historical Society of Pennsylvania, Gratz Collection 12-9.
154. Laplace à [Oriani], 2 juillet 1789
A Paris, ce 2 juillet 1789 Monsieur, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire en date du 28 décembre de l’année dernière et je vous remercie des choses extrêmement obligeantes que vous voulez bien me marquer. J’y suis sensible comme je le dois pour ce qui vient de la part d’un des savants les plus estimables qu’il y ait en Europe. Continuez, Monsieur, de cultiver l’astronomie comme vous le faites. Les services que vous rendrez à cette science sublime vous feront honneur, et à l’Italie. Je vous prie de croire que personne ne prend plus de part que moi à vos succès et ne vous estime davantage. Vos remarques sur les petites équations de Saturne me paraissent justes. Mon mémoire a été imprimé dans un temps où j’étais malade, et par conséquent peu en état de suivre ces recherches avec l’attention convenable. Mais j’aurai égard à ces légères corrections dans les nouvelles tentatives que je pourrai faire un jour pour perfectionner encore les Tables de Jupiter et de Saturne. Il y a même quelques termes dépendants des carrés et des produits des masses perturbatrices auxquels il sera nécessaire d’avoir égard. Je vois encore que la planète Uranus produit quelques inégalités sensibles dans le mouvement de Saturne. Toutes ces causes réunies pourront rendre encore plus parfaites les
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Tables de Saturne. J’ai l’honneur de vous envoyer un exemplaire de celles que Monsieur l’abbé Delambre a construites1. Monsieur de Lalande m’a communiqué les inégalités de la planète Mars que vous avez calculées. Mais je vois que vous n’avez eu égard qu’à celles qui dépendent des excentricités des orbites. Il y en a de très sensibles parmi celles qui dépendent des carrés et des produits des excentricités et qui sont analogues à celles que j’ai déterminées pour Jupiter et Saturne. Je les ai indiquées à Monsieur l’abbé Delambre qui les a calculées. Cet habile astronome a fait un travail très intéressant sur cet objet, et par la discussion rigoureuse d’un grand nombre d’observations modernes comparées à la théorie, il est parvenu à des éléments qui représentent toutes les observations aussi parfaitement que l’on peut désirer. Je ne sais quand ma théorie des satellites de Jupiter sera imprimée. La partie analytique en est entièrement achevée, mais les comparaisons avec les observations ne sont pas encore terminées. Quand à mon grand ouvrage sur l’astronomie physique, je m’en occupe constamment. Mais c’est un ouvrage de longue haleine que je veux faire avec soin et que par cette raison me demandera un temps considérable. Voudrez vous me rappeler au souvenir du Père Fontana et lui présenter mes tendres compliments. Je vous prie de me croire avec tous les sentiments d’estime et d’amitié que vous m’avez inspirés, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1789, 1789 07 02 PSL BO.
155. reçu, 2 juillet 1789
Beaumont, 2 juillet 1789 Je soussigné curé de Beaumont reconnais avoir reçu de Monsieur de Laplace par les mains de Monsieur Lieutout demeurant à Pont-l’Evêque la 1. Jean Baptiste Joseph Delambre, Tables de Jupiter et de Saturne (Paris, 1789).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
somme de 48 livres pour le soulagement des pauvres de la paroisse de Beaumont. Besnardi, curé de Beaumont reçu Bancroft, box 7, dossier 7.
156. Laplace à [Delambre], 5 juillet 1789
5 juillet 1789 Je suis bien sensible, Monsieur, à la bonté que vous avez eue de m’envoyer le résultat de vos calculs sur la nouvelle planète. Je vois avec peine que l’observation de Mayer ne peut pas s’accorder bien avec les observations modernes qui paraissent s’accorder très bien entre elles et avec l’observation de Flamsteed. Mais si cela ne se peut, il faudra bien enfin reconnaître quelque erreur dans l’observation de Mayer et il me parait que l’on doit avoir bien plus de confiance à un ensemble de 90 excellentes observations qu’à une observation isolée dont on ne connait pas les détails et qui n’a point été répété. Mes formules pour calculer les variations des étoiles en déclinaison et en ascension droite sont un peu différentes des vôtres. Je suis parti d’une diminution séculaire de 50" dans l’obliquité de l’écliptique et j’ai trouvé variation annuelle en déclinaison = 50",4349.sin 23°28'cos ascen. droite variation annuelle en ascension droite = 50",4349.cos 23°28'sin asc. dr. tang décl. -0",2016 Au reste cela suppose le mouvement annuel des équinoxes de 50"25 et cela aurait besoin d’être discuté de nouveau car il me paraît que dans la comparaison du catalogue de Flamsteed avec les catalogues modernes on n’a point eu égard à l’aberration et à la nutation. Ayez la bonté, Monsieur et cher abbé, de présenter mon respect à vos dames, et me rappeler au souvenir de Messieurs D’Assy et Lelong ; et croyez moi avec les sentiments de l’estime et de l’attachement le plus sincère.
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Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Je vais dîner aujourd’hui chez Monsieur le premier Président1 à qui je donnerai un exemplaire de vos Tables2. Je vous en préviens, afin de vous dispenser de lui en donner un ; et pour que cela le dispose bien pour vous je présenterai l’exemplaire de votre part. Je compte aller dîner demain à [?]. Aurai-je le plaisir de vous y voir ainsi que Monsieur Lelong ? Publiée par Guillaume Bigourdan, Histoire de l’Astronomie d’Observation et des Observatoires en France (Paris, 1930), 2e partie, pp. 169-170.
157. document, 7 juillet 1789
Artillerie 7 Juillet 1789 Examen de l’artillerie Mémoire3 Monseigneur4 ayant décidé qu’il y auroit au mois d’août prochain un examen d’artillerie, on propose d’en fixer l’ouverture au 1er du même mois, ainsi qu’il a été convenu avec M. de Laplace, afin qu’il puisse se terminer sans rien prendre sur le temps des vacances ordinaire des trois collèges de Metz qui fournissent la plus grande partie des concurrents.
1. 2. 3. 4.
Jean Baptiste Gaspard Bochart de Saron. Jean Baptiste Joseph Delambre, Tables de Jupiter et de Saturne (Paris, 1789). Préparé dans le bureau du Ministre. Louis Pierre de Chastenet, comte de Puységur.
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On met en conséquence sous les yeux de Monseigneur l’état des sujets qui se présentent pour cet examen. Ils consistent en : 50 élèves titulaires 6 élèves sans appointements 15 sujets examinés sans succès en 1786, et à qui l’ordonnance accorde une seconde et dernière épreuve 39 apellés à l’examen de 1786, et qui n’y sont pas présentés 186 nouveaux sujets, y compris les élèves des 2 écoles militaires et les enfants des officiers du Corps Total : 296 Ce nombre paraîtra bien fort, eu égard à 15 à 20 places de lieutenant qui pourront vaquer d’ici à l’époque de la promotion ; mais en considérant que vraisemblablement une grande partie ne se présentera point, ainsi qu’il arrive ordinairement, qu’il n’y a pas eu d’examens depuis 3 ans, que chacune de ces années, les aspirants en ont espéré un, que dans cet espoir, les familles les ont entretenus à grands frais dans les collèges, écoles ou pensions où ils s’instruisent, et que d’ailleurs il est question d’un concours auquel tout prétendant semble avoir droit d’être agréé lorsqu’il satisfait aux preuves exigées, Monseigneur trouvera sans doute d’autant plus juste de les appeler en totalité, qu’il les mettra par là tous également à portée de recueillir, suivant le degré de leur instruction, le fruit de leur travail et de leurs dépenses, et évitera en même temps, les réclamations auxquelles donnent lieu des préférences contraire à l’attente qu’ils ont eue jusqu’à présent. Il a été d’usage, lors des précédents examens, d’admettre à concourir pour être officier, non seulement les élèves qui n’ont que cet objet ; mais aussi les autres sujets, lorsqu’il s’en trouve d’assez forts pour présenter l’instruction prescrite. M. de Laplace estime qu’il serait convenable que cette facilité n’eut plus lieu, en restreignant aux seuls élèves les examens pour être officier, et en bornant ceux des autres sujets, aux remplacements qui se trouveront à faire de ceux des dits élèves promus à des lieutenances. Il observe qu’il y aurait de l’avantage à faire passer ceux-ci par l’état d’élève, parce qu’obligés de subir alors deux examens, leur choix serait plus sûr, et qu’en outre les aspirants apprennent avec rapidité ce qu’il faut savoir pour être susceptible du grade d’officier, et l’oublient de même ; au lieu qu’en restant une année élèves, leurs connaissances acquéreraient plus de maturité et leur instruction serait plus solide. Cette disposition paraît en effet bonne à adopter ; mais, comme elle n’a pas été annoncée, et que, dans la confiance qu’au prochain examen, il en serait usé, comme par le passé, les aspirants à ce concours, ont travaillé à se mettre en état de profiter du même avantage, il semble que l’on ne peut se dispenser
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de suivre encore cette année, l’ancienne méthode, sauf à la changer pour la suite, conformément à la proposition de M. de Laplace, et à en prévenir dès à présent, afin que le travail et les études postérieurs se dirigent en conséquence. Il est essentiel qu’il y ait à l’avenir un examen, chaque année, afin d’entretenir l’émulation et de présenter aux sujets qui se destinent pour l’artillerie, des occasions moins éloignées et plus fréquentes d’arriver à leur but. Il est reconnu que le retard de trois ans auquel on a été forcé n’est provenu que de ce que jusqu’ici, il n’y a rien eu de déterminé sur le nombre des places, soit d’officier, soit d’élève, dont il y aurait à disposer à chaque concours, ce qui a fait qu’en proposant indifféremment tous les sujets qui avaient justifié de l’instruction suffisante pour l’un ou l’autre avancement, il s’en est trouvé un beaucoup plus grand nombre qu’il n’en fallait effectivement, et de là l’engorgement inévitable dont on vient à peine de sortir. Pour éviter de retomber dans le même inconvénient, le parti le plus convenable à prendre paraît être celui de fixer à 25 le nombre des élèves qui pourront être promus au grade d’officier, et à pareil nombre, les sujets qui passeront à l’état d’élève, fixation qui restera la même, les années suivantes, à moins qu’il ne se présente des occasions où il vaquera des places de lieutenant en second au delà de ce nombre, auquel cas, la promotion sera augmentée d’autant, et pour qu’il ne résulte de cette disposition, aucune augmentation de dépense, dans les circonstances où il ne se trouvera pas 25 places d’officier vacantes, les sujets agréés pour l’être et excédant ce nombre, resteront dans l’état d’élève, en attendant les premières occasions successives de remplacement, et de même ceux des 25 désignés pour être élèves, qui ne pourront l’être, faute de places, à l’époque de la promotion, resteront surnuméraires et sans appointements, jusqu’à ce que l’avancement des premiers à l’état d’officier, les mette eux-mêmes dans le cas de devenir titulaires. Cependant, comme cette année seulement, les nouveaux 25 officiers seront pris, soit parmi les élèves, soit parmi les simples aspirants, le remplacement des élèves se bornera à ceux d’entr’eux qui deviendront lieutenants, de façon que le nombre reste à 50, ainsi qu’il est réglé. Propositions résultantes de cette feuille 1° ouverture de l’examen, au 1er août 2° admission des 296 sujets, élèves ou autres à concourir, soit pour être officiers, soit pour être élèves, mais cette année seulement, et en réglant qu’à l’avenir, les promotions des nouveaux officiers, porteront uniquement sur les élèves 3° fixation des places d’officier à 25, chaque année, sauf le cas où il en vaquera dans le Corps au delà de ce nombre 4° fixation des places d’élève à pareil nombre de 25 en remplacement de ceux devenus officiers.
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M. de Laplace désirerait en outre qu’en conséquence de cette fixation, le nombre des sujets à admettre aux examens successifs fut borné à environ 70, indépendamment des 50 élèves ; mais ainsi qu’il vient d’être observé à Monseigneur, cette réduction ne peut avoir lieu cette année, et pour la suite, on ne peut que se réserver à voir ce que les circonstances permettront. Approuvé1 document S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, II, 6.
158. [Puységur] à Laplace, 7 juillet 1789
[A] M. de Laplace, de l’Académie Royale des Sciences A Paris Avis à MM. de Laplace et Faultrier de l’examen qui doit s’ouvrir cette année au 1er août, et de diverses instructions à ce sujet Le 7 juillet 1789 Le Roi a fixé, Monsieur, au 1er août prochain l’ouverture de l’examen des élèves du Corps Royal de l’artillerie, ainsi que des autres sujets qui se destinent pour ce Corps. Je vous envoie en conséquence l’état des uns et des autres, lesquels se rassembleront tous à Metz, où cet examen aura lieu ; vous voudrez bien, de votre côté, vous y rendre pour l’époque indiquée. Le nombre des sujets compris dans l’état ci-joint est sans doute bien fort, eu égard au peu de places qui se trouvent actuellement et qui pourront vaquer d’ici à la promotion qui résultera du concours ; mais, outre qu’une partie ne s’y 1. Par le Ministre.
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présentera vraisemblablement pas, ainsi qu’il arrive ordinairement, le Roi a considéré qu’il n’y a pas eu d’examen depuis 3 ans, que chacune de ces années, les aspirants en ont espéré un, que, dans cet espoir, les familles ont supporté les frais de leur instruction, et que d’ailleurs, il est question d’un concours auquel tout prétendant semble avoir droit d’être agréé lorsqu’il satisfait aux preuves exigées. D’après ces motifs, Sa Majesté a trouvé d’autant plus juste de les y appeler en totalité qu’elle les met par là tous également à portée de recueillir, suivant le degré de leur instruction, le fruit de leur travail et de leurs dépenses, et qu’elle prévient en même temps les réclamations auxquelles donneraient lieu des préférences contraires à l’attente qu’ils ont eue jusqu’à présent. Il a été d’usage, lors des précédents examens, d’admettre à concourir pour être officier, non seulement les élèves qui n’ont que cet objet, mais aussi les autres sujets, lorsqu’il s’en est trouvé d’assez forts pour présenter l’instruction prescrite. Il a été observé sur cela, qu’il serait convenable de mettre un terme à cette facilité en restreignant aux seuls élèves les examens pour être officier et en bornant ceux des autres aux remplacements qu’il y aurait à faire de ceux desdits élèves promus à des lieutenances, attendu qu’il y aurait de l’avantage à faire passer ceux-ci par l’état d’élève, afin qu’obligés de subir alors deux examens, leur instruction fut plus solide et leur choix plus sûr. Mais, comme cette disposition n’a point été annoncée, et que, dans la confiance qu’au premier examen, il en serait usé comme par le passé, les aspirants à ce concours ont travaillé à se mettre en état de profiter du même avantage. Sa Majesté a arrêté qu’elle n’aurait lieu que l’année prochaine et les suivantes, et je charge Monsieur de Faultrier d’en prévenir, après l’examen qui va s’ouvrir, tous les sujets qui se réserveront pour ceux subséquents, afin qu’ils dirigent en conséquence leur travail et les études à l’égard de cette année. Vous pourrez encore admettre à concourir pour être officier avec les élèves, ceux des aspirants qui se présenteront à cet effet. L’intention de Sa Majesté est qu’il y ait, à l’avenir, un examen chaque année, afin d’entretenir l’émulation et d’offrir aux jeunes gens qui se destinent pour l’artillerie des occasions moins éloignées et plus fréquentes d’arriver à leur but ; elle a reconnu que le retard de 3 ans auquel on a été forcé, n’est provenu que de ce que, jusqu’ici, il n’y a rien eu de déterminé sur le nombre des places, soit d’officier, soit d’élève, dont il y aurait à disposer à chaque concours, ce qui a fait qu’en proposant indifféremment tous les sujets qui avaient justifié de l’instruction suffisante pour l’un et l’autre avancement, il s’en est trouvé un beaucoup plus grand nombre qu’il n’en fallait effectivement. Pour éviter de retomber dans l’inconvénient de l’engorgement inévitable qui en est résulté, elle a fixé à 25 le nombre des élèves qui pourront être promus au grade d’officier, et à pareil nombre les sujets qui passeront à l’état d’élève, fixation qui restera la même les années suivantes, à moins qu’il ne survienne des occasions où il vaquera des places de lieutenants en second au-delà de ce
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
nombre, auquel cas la promotion d’officiers et celle des élèves de remplacement seront augmentés d’autant. Pour que cette disposition n’occasionne aucune augmentation de dépense, dans les circonstances où il ne se trouvera pas 25 places d’officier vacantes, les sujets agréés pour l’être et excédant ce nombre, resteront dans l’état d’élèves en attendant les premières occasions successives de remplacement, et de même ceux des 25 désignés pour être élèves, qui ne pourront l’être faute de places, à l’époque de la promotion, resteront surnuméraires et sans appointements jusqu’à ce que l’avancement des premiers à des lieutenances les mette eux-mêmes dans le cas de devenir titulaires. Cependant, comme cette année seulement, les 25 officiers seront pris, soit parmi les élèves, soit parmi les simples aspirants, le remplacement des élèves se bornera à ceux d’entr’eux qui deviendront officiers titulaires, de façon que le nombre en reste fixé à 50, ainsi qu’il est réglé. Vous voudrez bien établir sur ce pied le compte que vous aurez à rendre du résultat du prochain concours, en ne proposant que les plus instruits de chaque classe. Tous ceux qui s’y présenteront devront être munis d’un certificat de bonne conduite et d’instruction, signé des supérieurs ou des maîtres particuliers chez lesquels ils auront étudié. Ils seront tenus de le remettre à Monsieur de Faultrier, Commandant en chef de l’école de Metz, que je charge à cet égard de l’exécution de l’ordonnance du 8 avril 1779 ; ainsi vous n’en appellerez aucun à l’examen qu’après vous être préalablement concerté avec lui. Si parmi les élèves ou autres qui ont subi un premier examen, dans l’une ou dans l’autre classe, il s’en trouve que vous ne jugiez pas en état d’être reçus officier ou élève, vous les désignerez sur le champ à Monsieur de Faultrier, afin qu’il leur signifie la disposition de l’ordonnance qui les exclut d’une troisième épreuve, et qu’ils ne prolongent pas inutilement leur séjour à Metz. Pour qu’ils n’ignorent point le risque auquel s’exposent ceux dans le cas de concourir pour la dernière fois, vous aurez attention de les en prévenir à l’avance et de leur annoncer que, faute de réussir, ils n’auront nul espoir de retour, quelques motifs ou prétextes qu’ils puissent essayer de faire valoir. Minute de lettre pour le Ministre de la Guerre1. S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, II, 5.
1. Louis Pierre de Chastenet, comte de Puységur.
ANNÉE 1789
281
159. document, 6 août 1789
Mémoires1 Artillerie 6 août 1789 Cadets-gentilshommes examinés à Pont-à-Mousson Il vient d’être ordonné un examen des sujets qui se destinent pour l’artillerie, et cet examen a commencé à Metz le premier de ce mois. Dans le nombre des jeunes gens agréés se trouvent compris 28 cadets-gentilshommes de l’école militaire de Pont-à-Mousson, lesquels ont eu ordre de se rendre à Metz pour y concourir avec les autres sujets. Lorsque l’Ecole militaire de Paris existait, et qu’il y avait lieu à un examen d’artillerie, les cadets-gentilshommes de cette école, qui y étaient appelés étaient dispensés de se rendre à Metz, et l’examinateur était autorisé à les examiner particulièrement à son retour de cette ville, en présence des officiers d’artillerie qui se trouvaient alors à Paris, afin de donner à cet examen particulier une authenticité qui suppléât, autant qu’il était possible, à la publicité du concours général de Metz. La proximité de Pont-à-Mousson à Metz a déterminé, cette année, la réunion de tous les concurrents dans cette dernière ville ; mais Monsieur le chevalier de Reynaud, sous-inspecteur des écoles militaires, représente qu’il y aurait des inconvénients au déplacement des 28 cadets-gentilshommes fournis par celle de Pont-à-Mousson et que, pour les éviter, il est convenu avec M. de Laplace que, si Monseigneur l’approuve, cet examinateur s’y transportera avec des officiers d’artillerie qui seront désignés par le Commandant de l’école de Metz, et en usera à leur égard comme il faisait précédemment à Paris. Les circonstances actuelles rendant effectivement cette disposition intéressante, on propose à Monseigneur de l’autoriser, et attendu qu’elle est pressante, de signer en conséquence les lettres ci-jointes. Approuvé2 document S.H.D., Archives de Guerre, XD249, II, 14. 1. Préparé par le bureau du Ministre. 2. Par Louis Pierre de Chastenet, comte de Puységur, Ministre de la Guerre.
282
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
160. [Delambre] à Laplace, 20 août 1789
20 août 1789 A Monsieur de Laplace, J’ai l’honneur de faire mille compliments à Monsieur de Laplace et de lui communiquer les résultats de mes derniers calculs au sujet de la planète qui m’occupe depuis plusieurs mois ; le succès a passé mon attente. Monsieur de Laplace a vu que je me proposais encore quelques combinaisons de mes équations de condition. L’une de ces combinaisons me donne les erreurs que voici. En 1690 +4" ; en 1756 +10" ; en 1769 –24". Depuis 1781, jusqu’à 1789, deux fois 8", une fois 6" ; 9 fois 5" ; 14 fois 4" ; cinquante fois audessous de 4". Ces erreurs sont géocentriques. Cet accord est trop beau pour durer longtemps à ce point. Il y a lieu de croire pourtant les éléments fort approchés. Les latitudes sont représentées aussi exactement. L’inclinaison n’est que de 46'16" ; le nœud en 1780 : 2s12°45'44" ; la longitude moyenne : 2s27°31'40,6" ; l’aphélie : 11s17°3'13" ; Mouvement sidéral pour 365 jours 4°16'53,9535" ; Distance moyenne : 19,18362. Excentrique : 0,0466837. La plus grande équation : 5°21'3¼". Je me suis assuré que les perturbations en latitudes sont nulles. J’ai calculé quatre petites équations nouvelles que je néglige, pourtant. ies voici : 1-· – 1 ,0s sin 2] – – + 1s4 sin §© ] – --¹ w
Monsieur Oriani Monsieur Duval
+1,4" +1,5"
1-· – 1 ,2s sin § 2] – – – w + 1 ,7s sin § ] – --© © w¹
–1,7" –1,1"
+1,5" +1,3"
– 11 ------· w¹
–2,5" –1,3"
Les mémoires sur les tables, tout est prêt et je vais l’abandonner à son sort. Je vais me reposer le reste du mois. Ce repos consiste à passer les nuits dans mon observatoire et le jour à calculer mes observations. Il faut profiter des belles nuits, elles sont rares. Je rassemble des observations des deux premiers satellites, mais je n’y pourrai travailler qu’en septembre. J’espère que les examens de Monsieur de Laplace seront bientôt terminés et qu’il va être rendu à sa famille, à ses amis et à la géométrie. Je le prie d’être
ANNÉE 1789
283
bien persuadé du plaisir que me fera son retour, ainsi que l’attachement sincère et respectueux que je lui ai voué pour la vie. [Delambre]1 [Plus bas, en post scriptum, note de la main de Laplace, comparant les éléments de « Lambre » et d’Oriani] : Lambre 4°17'44,2" 5°21'3" 2s27°31'40,6" 11s17°3'13" 2s12°45'44" 46'16"
Mouvement moyen Equation du centre Longitude en 1780 Longitude de l’aphélie en 1780 Longitude du nœud en 1780 Inclinaison
Oriani 4°17'45,9" 5°20'57" 2s27°31'34" 11s17°13'10" 2 s 12°51'32" 46'25"
Bancroft, box 18, dossier 17.
161. document, 15 octobre 1789
Mémoire Le 15 octobre 17892 Il a été fait pendant le mois d’août dernier un examen des élèves de l’artillerie, ainsi que des autres sujets qui se destinent pour ce Corps. Par la décision qui l’a ordonnée, il a été réglé que tous les sujets, élèves ou autres qui y ont été appelés, seraient admis, cette année comme les précédentes, à concourir soit pour être officier, soit pour être élève, mais qu’à 1. De la main de Delambre, mais sans sa signature. 2. Rapport présenté par Laplace, mais rédigé d’une autre main.
284
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
l’avenir les promotions des nouveaux officiers porteront uniquement sur les élèves. Il a été ordonné en outre qu’il y aurait tous les ans, le 1er août, un examen, et qu’il y aurait chaque année 25 sujets proposés pour être officiers et 25 autres pour être élèves en remplacement des premiers, sauf cependant les cas où il vaquerait dans le Corps plus de 25 places de lieutenants en second, auquel cas les promotions d’officiers et d’élèves seraient augmentées d’autant. Monsieur de Laplace qui a procédé au dernier examen en présente le rapport à Monseigneur1 ; il en résulte que de 286 sujets qui avaient été agréés pour ce concours, 112 seulement s’y sont présentés. De ces 112 concurrents, 41, dont 27 élèves et 14 aspirants, ont fait preuve de l’instruction nécessaire pour mériter d’être admis en qualité de lieutenant en second dans le Corps de l’artillerie, et 25 ont justifié mériter la préférence pour y être reçu élèves. A l’égard des 41 sujets jugés susceptibles d’être faits officiers, comme il ne vaque actuellement que 16 emplois de lieutenant en second dans le Corps, on propose d’y nommer les premiers d’entre eux, suivant l’ordre du rapport de Monsieur Laplace, savoir Les Sieurs
Elèves ou aspirants
Régiment auxquels ils seront attachés
1. De Guardia
Elève
Regt de Metz
2. d’Entraigues de Cabannère
Aspirant
Regt de La Fère
3. de Mauvise
de l’école de Pont-à-Mousson
Regt de Besançon
4. de Fouler d’Ecquebec
Aspirant
Regt de Besançon
5. de St Germain
id.
Regt de Strasbourg
6. Léonard de S Cyr
de l’école de Pont-à-Mousson
Regt d’Auxonne
7. de Beauvoir
Elève
Regt de Toul
8. du Fretay
id.
Regt de Besançon
9. Gaultier de Montgaultier
id.
Regt de Metz
10. de Comeau [de Charry, Sébastien id. Joseph]
Regt de Metz
11. de Breüille
id.
Corps des Mineurs
12. de Laclos
id.
Regt de La Fère
13. de Fleyres
id.
Corps des Mineurs
14. de Rostan de Verasque
Aspirant
Regt de Metz
t
1. Jean Frédéric Gouvernet de La Tour du Pin, Ministre de la Guerre.
ANNÉE 1789
285
15. de Bovet
de l’école de Pont-à-Mousson
Regt de Grenoble
16. de Carmejane [Charles Joseph]
id.
Regt de La Fère
Comme l’examinateur a été autorisé à proposer 25 sujets pour être officiers, les 9 autres qui ne peuvent pas être dans ce moment-ci pourvus de ce grade, faute d’emplois vaquants, occuperont pareil nombre de places d’élèves sur les 50 qui sont entretenus annuellement dans les écoles, et ils passeront aux lieutenances en second qui vaqueront successivement, sans pour cela être obligés de subir un nouvel examen. Ces 9 sujets seront en conséquence répartis dans les écoles ci-après, savoir : Les Sieurs
Elèves ou aspirants
Ecoles auxquelles ils seront attachés
17. Doudart de la Grée
Aspirant
Regt de Besançona
18. de Belle [Jean François Joseph]
id.
Regt d’Auxonneb
19. de Montagnac
Elève
école de Metz
20. Sanivet de Fouchecourt
Elève
école de Douai
21. de Blumenstein
Aspirant
école de Valence
22. Picquet de Houssiette
Elève
école de Metz
23. d’Anthouard de Vraincourt [Char- de l’école de Pont-à-Mousson les Nicolas] 24. Sarrasin de Chambonet
id.
école de Verdun
25. Le Noury de la Guimardière
id.
école de Douai
a. Le régiment a été mis à la place de « école de Valence », qui est rayé. b. Le régiment a été mis à la place de « école de Metz », qui est rayé. Une note marginale explique que « ces deux premiers sont dans le cas d’être portés dans la classe des officiers par la vacance de deux lieutenants de plus ».
Quant aux 16 autres qui restent pour compléter les 41 qui ont été jugés susceptibles d’être faits officiers, ils sont tous élèves depuis 1785 et 1786, qu’il n’y a point eu d’examen, et Monsieur de Laplace observe qu’ils ont été pendant ce temps dans l’espérance bien fondée qu’ils pourraient recueillir le fruit de leur long travail et de leur instruction, et qu’il serait dur pour eux, après avoir réussi, d’être encore assujettis à une nouvelle épreuve. Il propose donc de les en dispenser et de décider qu’en restant élèves, ils pourront après les 9 précédents, passer aux emplois de lieutenant dont il y aura successivement à disposer.
286
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Ces 16 élèves sont : Les Sieurs
Ecoles auxquelles ils seront attachés
26. Gaudrion de la Guimardière
école de Besançon
27. chevalier de Légier
école de Douai
28. Bellchamp de S te Ruffine
école de Besançon
29. Livenne des Rivières
école de Metz
30. Mallet de Trumilly
école de Metz
31. de Vaugrigneuse
école d’Auxonne
32. de Marrionetz
école de Metz
33. Angot des Retours [François Mathieu]
école de La Fère
34. Le Féron de la Heuze
école de Besançon
35. de Beauvais
école de Strasbourg
36. du Solier d’Audouce
école de Strasbourg t
37. Gaultier, chevalier de S Paulet
école de Strasbourg
38. Gondallier de Tugny [Nicolas François Thérèse]
école de Fère
39. de Beaufranchet [Henry Gilbert]
école de Strasbourg
40. Laugier de Bellecour
école de Metz
41. Amarithon de Montfleury [Jean Baptiste Louis]
école de Strasbourg
Comme de ces 41 sujets, 25 sont destinés à rester élèves jusqu’aux occasions successives de leur nomination à des emplois de lieutenants, il ne reste plus que 25 places pour compléter les 50 auxquelles le nombre d’élèves a été fixé ; ce nombre va même se trouver excéder de 2 par 14 anciens élèves qui ont subi, sans succès, le dernier examen, et 13 autres qui ne s’y sont pas présentés, et qui tous sont dans le cas d’être rappelés au concours de l’année prochaine, à l’exception seulement de deux d’entre eux, les sieurs d’Ivoley et Dubois de St Hilaire qui ayant subi deux examens en qualité d’élèves seraient à la rigueur dans le cas d’être exclus d’un troisième. Mais comme les matières sur lesquelles ils ont été examinés en dernier lieu avaient été considérablement augmentées et qu’ils n’en ont été prévenus que peu de mois avant l’examen, ils n’ont pas eu suffisamment le temps de les étudier pour que l’on puisse leur refuser un nouvel examen sur les objets qui ont été ajoutés au fonds de l’instruction précédemment exigée. Tel est effectivement l’avis de Monsieur de Laplace à leur égard.
ANNÉE 1789
287
Les 14 anciens élèves examinés sans succès sont ceux ci-après qui resteront dans les écoles jusqu’à l’examen de 1790. Les Sieurs
Ecoles auxquelles ils seront attachés
1. d’Ivoley 2. Dubois de
école de Metz St
Hilaire
id.
3. Morel de Beaucour
id.
4. Folliot d’Argence
id.
5. chevalier de Jay du Grand Rosoy
id.
6. L e B è g u e
id.
7. Yvicquel de l’Escly
id.
8. Potier de Raynau
id.
9. d e C a p p y
id.
10. chevalier de Jaubert
id.
11. Le Chauff de le Hélec
id.
12. Maréchal de Favreuse
id.
13. de Légier
id.
14. chevalier de la Chapelle
id.
Les 13 anciens élèves qui ne se sont pas présentés au concours et qui resteront également dans les écoles jusqu’à l’examen de 1790 sont : Les Sieurs
Ecoles auxquelles ils seront attachés
15. Guérin
école de Metz4
16. de Vigier de la Vergne
id.
17. Mauvise du Peux
id.
18. Poillove de Bierville de St Mars
id.
19. chevalier Duprat de la Devaise
id.
t
20. Bernard de S Jean de Marsillac
id.
21. Du Bourget
id.
22. de Faultrier (Alexandre)
id.
23. Carruyer de Beauvais
id.
24. Des Roches
id.
25. le chevalier d’Ivoley
id.
288
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
26. de Sasselanges
école de La Fère
27. Pelletier
id.
28. Louvel de Contrières
école de Metz
Ces 21 anciens élèves et les 25 précédemment désignés et qui doivent attendre en cette qualité le moment d’être promus à des lieutenances en second, excédant de 2 le nombre de 50, entretenus avec chacun 480 livres d’appointements, 8 d’entr’eux n’en jouiront pas et n’y passeront que lors des premiers remplacements qui surviendront. Ce sont les sieurs chevalier de la Chapelle et Louvel de Contrières qui étaient déjà surnuméraires avant l’ouverture de l’examen. Cette situation ne laisse aucune place d’élèves dont on puisse disposer en faveur des 25 sujets que Monsieur de Laplace a été autorisé à proposer pour cet avancement ; mais comme il a été convenu que dans ce cas, ceux désignés par lui seraient réservés pour monter aux premières places qui viendront à vaquer, lorsque les sieurs de la Chapelle et de Courtières seront devenus titulaires, les 25 sujets dont il s’agit le deviendront à leur tour, successivement suivant leur rang d’instruction, sans être assujettis à subir un nouvel examen. Ils dateront cependant en cette qualité du jour de la promotion, afin qu’ils ne perdent pas tout le fruit de leur instruction, et jusque là, ils seront distribués dans les différentes écoles, ainsi qu’il suit, savoir : Les Sieurs
Ecoles auxquelles ils seront attachés
1. Damey de St Bresson [Antoine Victor]
école de Metz
2. d’Aboville [Augustin Marie]
école de La Fère
3. de Lâtre de Misy
école de Metz
4. de la Renomière
école de Metz
5. Hureau de Sénarmont [Amédé]
école de Metz
6. d’Arbalestier de Montedec
école militaire de Pont-à-Mousson
7. de Gumpertz
école militaire de Pont-à-Mousson
8. de Gomer d’Eparmesinel
école de Metz
9. de Rémond de S t Loup
école de Pont-à-Mousson
10. de Sapel
école de La Fère
11. du Pin
école de Metz
12. Abbatucci
école de Metz
13. Clairambault de Gregy
école de Metz
ANNÉE 1789
14. Boyer de Moncel
289
école de Metz
15. chevalier d’Andigné [de Resteau, Guillaume Jean]
école de Metz
16. Angot [des Rotours, Jean Julien]
école militaire de Pont-à-Mousson
17. Jacquesson
école de Metz
18. d’Aleyrac
école de Metz
19. de Montmirel
école de Metz
20. de Quelo de Cadouzan
école de Pont-à-Mousson
21. la Volvenne
école de Metz
22. de l’Orme
école de Metz
23. de Rison
école de Pont-à-Mousson
24. du Rozier de la Varenne
école de Metz
25. Seigneur
école de Pont-à-Mousson
Il résulte du détail qui vient d’être présenté que, des 112 sujets qui ont subi le dernier examen de Monsieur de Laplace, il y en a de proposés, savoir : Pour lieutenants en second titulaires..........
16
Pour élèves, faute de lieutenances vacantes et avec la perspective de monter successivement à celles dont il y aura à disposer..........
25
Elèves restant de ceux des années précédentes..........
14
Pour la perspective des places d’élèves qui viendront à vaquer..........
25
Total.............................
80
A l’égard des 32 restants sur les 112 concurrents, comme ils ont paru pour la première fois, ils seront dans le cas d’être rappelés à l’examen de 1790. Ce sont les Sieurs 1. de Ménars 2. de Lampinet
3. de Saulx 4. de Villiers
Ils ont à la vérité subi deux examens, mais la même raison de l’augmentation des objets d’instructions exposée précédemment en faveur des deux élèves qui sont dans le même cas qu’eux les rend, suivant l’avis de Monsieur Laplace, susceptibles d’une troisième épreuve.
290
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
5. Miscault 6. de Cibon 7. Beaucalis de Pruynes, de l’école de Sorèze 8. de Fouquer 9. le Boullanger 10. chevalier Bigault de Grandrupt 11. Duteil 12. De Breuilly 13. La Chapelle de Bellegarde 14. Morigny de Montgazon 15. Casteras de Servières 16. Belly de Bussy 17. Gasté de La Pallu 18. Vincent de Panette 19. Tremereuc de Lehen 20. Ernault de Chantore 21. Lorgeril 22. de Forno [Alexandre Jean Baptiste Joseph François] 23. de Marassé 24. de Bouchet de la Forterie 25. La Tullaye [Jean Marie Henry Salomon] 26. chevalier Doudart Deshayes 27. Payand de la Valette 28. de Michel du Roc, de l’école de Pont-àMousson 29. d’Eschallard de Bourguigière, id. 30. de Mars, id. 31. de Virgille, id. 32. Huyn de Raville, id.
Monsieur de Laplace observe que plusieurs de ces 32 sujets eussent mérité d’être admis comme élèves, en ne s’en tenant à leur égard qu’à ce qui était précédemment exigé, mais qu’ayant été réduit à n’en proposer que 25, cette fixation les a mis dans le cas de la classe où ils se trouvent, qu’ils n’en sont par conséquent que plus intéressants et qu’ils n’en ont que plus de droits pour espérer de pouvoir se représenter l’année prochaine.
ANNÉE 1789
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Cet examinateur a remarqué, lors de son dernier examen et des précédents, que plusieurs élèves, sur le fondement qu’ils ont deux examens à subir en cette qualité, diffèrent de se présenter au second, faute de s’être appliqués, et pour se ménager par là, leur droit et éviter l’exclusion dont ils seraient susceptibles. Pour prévenir cet inconvénient et empêcher qu’ils conservent trop longtemps des places qui seraient mieux remplies, il propose de régler que les élèves, en général, ne pourront rester plus de 3 ans dans ce grade, en supposant qu’il y ait des examens chacune de ces années ; que, ce terme [ayant] expiré sans qu’ils aient justifié de l’instruction nécessaire pour être officiers, ils seront renvoyés à leurs familles, et que ceux des élèves qui seront actuellement dans ce cas seront prévenus de cette disposition, afin que l’examen de 1790 devienne pour eux le dernier. L’examen ayant été terminé le 2 septembre, les sujets qui se trouvent participer aux promotions d’officiers et d’élèves qui en résultent, attendent depuis ce temps la décision de leur sort. On croit devoir en conséquence proposer à Monseigneur de fixer comme il a été d’usage de le faire à la suite des examens précédents, la date générale de ceux deux promotions, au premier du même mois. Quelques uns de ces sujets ayant justifié à Monsieur de Faultrier, Commandant de l’école d’artillerie à Metz, avoir besoin de s’abstenir pendant l’hiver, on propose d’après la demande de cet officier général, de leur accorder des congés jusqu’au 1er juin 1790, savoir : Aux Sieurs d’Entraigues de Cabannère de Mauvise de St Germain Léonard de St Cyr du Fretay Gaultier de Montgaultier de Comeau [de Charry, Sébastien Joseph] de Breüille de Laclos de Fleyres de Rostan de Bovet de Carmejane [Charles Joseph]
désignés pour être admis en qualité de lieutenants en second titulaires
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
de Belle [Jean François Joseph] de Montagnac
désignés pour être élèves, faute de lieutenances vacantes
Sanivet de Fouchecourt de Blumenstein Picquet de Houssiette d’Anthouard de Vraincourt [Charles Nicolas] Sarrasin de Chambonet Le Noury de la Guimardière chevalier de Légier Livenne des Rivieres de Vaugrigneuse Marrionetz Angot des Retours [François Mathieu] Le Féron de la Heuze de Beauvais du Solier d’Audouce Gondallier de Tugny [Nicolas François Thérèse] Beaufranchet [Henry Gilbert] de Laugier de Bellecour Amarithon de Montfleury [Jean Baptiste Louis] Dubois de St Hilaire
anciens élèves
Folliot d’Argence Le Bègue Yvicquel de l’Escly Potier de Raynau Le Chauff de le Hélec Légier Mauvise du Peux Bernard de St Jean de Marsillac Des Roches chevalier d’Andigné
l’un des nouveaux élèves sans appointements
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Indépendamment des 112 sujets qui ont concouru à l’examen et des 13 élèves qui ne l’ont pas subi, 161 autres sujets y avaient été appelés et ne s’y sont pas présentés, savoir : Les Sieurs 1. Dujay du Grand Rosoy 2. Salmart de Montfort 3. Gaillande 4. Vigny du Tronchet 5. la Croix d’Hannonstatt 6. du Hattoy 7. Baulard de Feur 8. de Montaigu 9. du Puget l’aîné 10. de Fontenay [Hippolyte René Jean Cadet] 11. Guérin de Beaumont 12. de Vaux de Berne 13. de Cappe 14. d’Aussonne 15. de La Salle 16. de Rennepont 17. de la Goutte du Vivier 18. de S t Mars 19. Bazelaire, l’aîné 20. Le Bailly de Fresnay 21. le chevalier Morisson de la Bassetière 22. de Carbonnel 23. de Barthelemy 24. de Lauvergnac 25. La Garrière 26. Faure de Gière 27. de Belzevries 28. de Gaucher 29. Tardivy de Thoreuc 30. de Guiscard 31. chevalier du Puget
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
32. de Ruffier 33. Hüe de Grosbois 34. La Fosse de Rouville
Ces 34 sujets avaient été appelés à l’examen de 1786 et même aux précédents, à aucun desquels ils ne se sont présentés. Pour qu’ils ne surchargent pas plus longtemps l’état des admis aux examens subséquents, Monsieur de Faultrier, Commandant de l’école de Metz, sera chargé de prendre des mesures pour qu’on puisse les en retrancher, après s’être assuré si, comme il y a lieu de croire, ils ont pris d’autre parti que celui de l’artillerie. 35. Beranger 36. Berbys de Mayllis 37. Bernard de la Fortelle 38. Buissy, aîné 39. [Aney de Sainte] Busson de la Marrière 40. Brumault de Montgazon 41. Berthier 42. Belisle de S t Pierre 43. de Boynes 44. Buonaparte 45. Boutharel 46. Blanchard 47. Brondeault de Lée 48. Brondeault, chevalier de la Blouzière 49. Chausse Gros de Léry 50. Croquet de Beaubois 51. Chaunac de Lanzac, aîné 52. Chaunac de Lanzac, cadet 53. Clamorgan de Taillefer 54. Constantin de Langey 55. Caraffa 56. Cuzey, aîné 57. Coustin de Caumont de Bourzolles 58. de Coincy 59. de Contréglise
ANNÉE 1789
60. Du Lau 61. Dalainville 62. Desbassins 63. du Baudiez du Rest 64. d’Aoust de Jumelles, aîné 65. d’Aoust de Jumelles, cadet 66. du Jay de Grand Rosoy, troisième frère 67. du Bois de Launey 68. d’Urtubie de Garro 69. Du Rocher de Reville 70. d’Arquier de Baumelles 71. du Mans de St Germain des Fouilloux 72. De Gras 73. De l’Eau 74. d’Orsanne de Monlevis 75. chevalier d’Aboville 76. Deshous de Favols 77. Descourgeat de S t André 78. Duzer de Salut 79. Ferron de la Verrerie 80. Flottes de Beuzidon 81. Feriet d’Ecrevie 82. Frignan de la Houssaye 83. Ferron du Quinge 84. Fournier de la Gamélière 85. Foucault 86. Gaston de Guillemin 87. Gauldrée Boilleau, aîné 88. Gauldrée Boilleau, cadet 89. Giraud des Echerolles 90. Gallois [Michel Pierre Victor] 91. Girard de Vorley 92. de Goyer 93. Gaudrion de la Guimardière, cadet 94. Gazanyola 95. Grosset
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
96. Gueheneu de Boishüe 97. Jousselin 98. Joannis Nicou 99. La Panouse 100. La Tullaye [René Paulin] 101. La Planche de Mortière 102. La Croze 103. La Tour de Charlandière 104. Le Hautier 105. La Pastendry 106. La Chabotière 107. Lavier 108. Leinquesainy de la Prée 109. La Place 110. La Bourdonnais 111. La Borde 112. Le Bègue de Germiny 113. Moynier de Malherbe 114. Moucheron de Pennanec 115. Mahé de Berdouaré 116. Marallach de Tréouron 117. Marguerie de Montfort 118. Mangneville 119. Mignon de la Mignonière 120. Mosnier de Thouaré 121. Moulon 122. Marzy 123. Nison 124. Patissier de Forestille 125. Pousay 126. Ploeuc de Kerare 127. Pandin de Biarge 128. Pommereul 129. Picquot de Plédran 130. Poulpiquet de Halgouet 131. Possac-Génas
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132. de Polchet 133. de Rozières 134. Roux de S t e Croix 135. Roussel de Blancherande 136. Rohaut 137. Rissan [Bonnaventura] 138. Rissan [Alexis Jean François] 139. Rauchin de Burlas 140. Reynal 141. de Senneville 142. Siochan 143. Taillevis de Perigny 144. de Tourtier 145. Vallon de Boucheron 146. Warenghien de Flory 147. de Boucher d’Avançon, de l’école militaire de Pont-à-Mousson 148. Mac Mahon de Léadmon, id. 149. De Fabert, id. 150. Lurion de l’Egoutail, id. 151. Coustain de Richebourg, id. 152. d’Arbois de Jumainville, id. 153. Peytas de Montcabrie, id. 154. de Marzy, id. 155. de Breuilly, de l’école militaire de Brienne 156. de Buat 157. Belly de Bussy 158. de Merenvüe 159. Picot de Moras 160. Des Places 161. Philippe de Petriconny Pery
Ces 161 sujets n’ayant point paru à l’examen seront dans le cas de se représenter à celui de 1790, ou au moins ceux d’entre eux qui persisteront dans le projet de se destiner pour l’artillerie, ce dont on cherchera à s’assurer, afin de réduire l’état à ce qu’il devra effectivement comprendre, d’autant que ce fonds sera alors plus que suffisant pour fournir à un concours.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Monsieur de Laplace avait proposé d’établir à Metz pour les sujets qui ont été reconnus en état d’être faits officiers et qui excèdent le nombre de lieutenance en second actuellement vacantes, trois cours, l’un de physique, l’autre de chimie, et un troisième de mécanique pratique ou de construction ; mais cet établissement donnerait nécessairement lieu à quelque dépense que les circonstances semblent ne pas permettre. D’ailleurs, son objet ne se trouverait pas rempli, quant à présent, attendu que la plus grande partie des sujets dont il s’agit demandent, ainsi qu’il vient d’être rendu compte, des congés pour se rendre dans leurs familles jusqu’au 1er juin 1790, ce qu’il ne parait pas possible de leur refuser après trois ans d’étude et d’un séjour à Metz, qui leur a été nécessairement fort onéreux. Monsieur de Laplace rend les témoignages les plus avantageux du sieur Lebrun, professeur de mathématiques, du sieur Allais [Allaize], répétiteur de l’école de Metz, de l’abbé Placiard, Principal du Collège de St Louis, de Dom Enard, professeur du Collège de St Symphorien, de Dom Termonix, professeur de celui de St Clément, et du sieur Layette, professeur de l’école militaire de Pont-à-Mousson, qui tous lui ont présenté des sujets fort instruits, ainsi que du sieur Fabre, quartier maître, trésorier du régiment de Toul, dont les soins ont aussi beaucoup contribué au succès des élèves et aspirants qui étaient rassemblés à Metz. Il prie en conséquence, Monseigneur, de leur en marquer sa satisfaction, ce dont il pourra charger Monsieur de Faultrier, Commandant de l’école de cette ville. A l’égard du sieur Allais, comme il s’est particulièrement distingué en dirigeant personnellement l’instruction d’un grand nombre de sujets, il paraît susceptible d’une modique gratification de 300 livres, ainsi qu’elle lui a été accordée pour les mêmes motifs à la suite de l’examen de 1786, d’autant que ses appointements ne sont que de 900 livres par an. au sieur Allais trois cent livres au sieur Fabre deux cent livres Récapitulation des objets contenus dans ce rapport 1° Confirmation de la décision donnée avant l’examen et qui porte qu’il y aura tous les ans, le 1er août, un examen, sauf la possibilité des circonstances ; qu’à l’avenir les élèves seulement pourront concourir pour être officiers ; que chaque année 25 élèves seront proposés pour être officiers, et 25 aspirants pour être élèves en remplacement des premiers, sauf le cas où il vaquerait dans le Corps plus de 25 places de lieutenant en second, circonstances dans lesquelles les promotions d’officiers et d’élèves seront augmentées d’autant. 2° Proposition de 16 sujets pour des lieutenances en second titulaires. 3° De 25 pour être élèves, faute de lieutenances vacantes, avec la perspective de monter successivement à celles dont il y aura à disposer.
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4° 25 sujets proposés pour la perspective des places d’élèves qui viendront à vaquer, en restant jusques là sans appointements. 5° 2 élèves et 2 aspirants qui étaient à leur second et dernier examen proposés pour un troisième à cause des nouveaux objets qui ont été ajoutés à l’instruction précédemment exigée. 6° Proposition de décider que les élèves ne pourront rester plus de trois ans élèves, en supposant qu’il y ait des examens chacune de ces années, et que, ce terme expiré, ils seront renvoyés à leurs familles. 7° Proposition de 45 congés d’hiver pour autant de nouveaux officiers ou élèves. 8° Renvoi à un autre temps la proposition faite par Monsieur de Laplace de l’établissement de trois cours à Metz, l’un de physique, l’autre de chimie, et le troisième de mécanique pratique ou de construction. 9° Témoignage de satisfaction à faire par Monsieur de Faultrier de la part de Monseigneur aux professeurs de mathématiques de l’école de Metz, des trois collèges qui y sont établis, et de l’école militaire de Pont-à-Mousson. 10° Demande d’une gratification de 300 livres pour le sieur Allais, répétiteur de mathématiques de l’école de Metz. document S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, II, 41.
162. [La Tour du Pin-Gouvernet] à Laplace, 15 octobre 1789
[A] Monsieur de Laplace Diverses dispositions relatives aux examens A Paris, ce 15 octobre 1789 J’ai rendu compte au Roi du rapport que vous avez fait, Monsieur, de votre dernier examen des élèves de l’artillerie et des autres sujets qui avaient été appelés à concourir à l’effet d’être admis dans ce Corps.
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Comme il n’y vaquait que 18 places de lieutenants-en-second, elles ont été accordées aux 18 premiers des 25 que vous avez été autorisé à proposer pour être officiers. A l’égard des 7 autres, ils attendront en qualité d’élèves dans les écoles qu’il y ait lieu à des remplacements qui les mettent à portée d’arriver successivement à cet avancement, sans être obligés de subir pour cela un nouvel examen. Sa Majesté a bien voulu avoir égard à vos représentations en faveur des 16 élèves que vous avez en outre jugés susceptibles du grade de lieutenant ; elle a en conséquence approuvé qu’ils en fussent procurés à leur tour, après les 7 précédents, au fur et à mesure des nouvelles vacances qui surviendront. Ils seront également dispensés d’une nouvelle épreuve. Cependant, ceux d’entre eux qui ne se trouveront pas pourvus à l’époque du premier examen seront alors interrogés par vous, afin d’être assuré qu’ils se seront maintenus jusque-là au degré de l’instruction dont ils viennent de vous justifier. Ces 16 élèves, les 7 qui les précèdent et [les] 26, ou qui ont subi sans succès votre examen, ou [ne] s’y sont pas présentés, ne laissant à disposer que d’une seule place pour compléter le nombre de 50 auquel elles sont fixées, elle a été accordée au sieur Damey de St Bresson, le premier des 25 que vous avez désignés comme susceptibles d’en obtenir. Les 24 autres y parviendront successivement en remplacement de ceux destinés à monter aux lieutenances-ensecond qui vaqueront. Ils ne seront point tenus pour cela à subir un nouvel examen, mais il en sera usé à l’égard de ceux qui ne seront point encore élèves titulaires, lors du premier examen, de même que pour les élèves qui vont attendre le moment d’être faits officiers. Vous aviez proposé d’établir à Metz pour ces derniers trois cours, l’un de physique, l’autre de chimie, et un troisième de mécanique pratique ou de construction. Mais outre que les circonstances ne permettent point de se prêter à la dépense à laquelle cet établissement donneraient nécessairement lieu, son objet ne se trouverait pas rempli quant à présent, attendu que la plus grande partie des jeunes gens dont il s’agit ayant demandé des congés pour se rendre dans leurs familles jusqu’au premier juin 1790. Il n’a pas été possible de les leur refuser après trois ans d’études et d’un séjour à Metz qui a dû leur être fort onéreux. On ne peut donc que remettre à un autre temps à pourvoir à cet égard à ce que vous avez jugé devoir concourir au complément de l’instruction des sujets destinés au service de l’artillerie. Vous avez remarqué que, lors du dernier examen et des précédents, plusieurs élèves, sur le fondement qu’ils en ont deux à subir en cette qualité, diffèrent de se présenter au second, faute de s’être appliqués et pour se ménager par là leur droit et éviter l’exclusion dont ils seraient susceptibles. Sa Majesté, pour prévenir cet inconvénient et empêcher qu’ils [ne] conservent trop longtemps des places qui seraient mieux remplies, a décidé que les élèves en général ne pourront rester plus de trois ans dans ce grade, en supposant qu’il y ait
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des examens chacune de ces années ; que, ce terme expiré sans qu’ils aient justifié de l’instruction nécessaire pour être officiers, ils seront renvoyés à leurs familles, et qu’en conséquence de cette disposition, le premier examen sera le dernier que pourront espérer ceux des élèves actuels qui restent des promotions précédentes, lesquels se trouveront alors avoir eu au moins quatre ans pour acquérir les connaissances dont ils auront à faire preuve. Je fais au surplus les témoignages [de] ma satisfaction aux différents professeurs de mathématiques que vous m’avez désignés comme ayant le plus contribué au succès des sujets que vous avez examinés. J’ai même procuré en cette considération une gratification de 300 livres au sieur Alais [Allaize], répétiteur de l’école de Metz, et une de 200 livres au sieur Fabre, quartier-maître trésorier du régiment de Toul. minute préparé pour le Ministre de la Guerre1 S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, II, 40.
163. [La Tour du Pin-Gouvernet] à Laplace, 15 octobre 1789
A Paris, le 15 octobre 1789 M. De la Place, J’ai reçu a compte du Roy le rapport que vous m’avez fait de votre examen des élèves de l’Artillerie, et les autres sujets que vous avez été appelés à concourir à l’effet d’être admis dans ce Corps. Comme il n’y vaquait que 18 places de lieutenant en second, elles ont été accordées au 18 premiers des 25 que vous aviez été autorisé à proposer pour être officiers. A l’égard des 7 autres, ils attendront en qualité d’élèves dans les écoles qu’il y ait lieu des remplacements qui les mettent à portée d’arriver successivement à cet avancement, sans être obligés de subir pour cela un nouvel examen. 1. Jean Frédéric Gouvernet de La Tour du Pin.
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Sa Majesté a bien voulu avoir égard à vos représentations en faveur des élèves que vous avez en outre jugés susceptibles du grade de lieutenant ; elle a en conséquence approuvé qu’ils en seront pourvus à leur tour après les 7 précédents au fur et à mesure de nouvelles vacances qui surviendront. Ils seront également dispensés d’une nouvelle épreuve. Cependant ceux d’entre eux qui ne se trouveront pas promus à l’époque du premier examen seront alors interrogés par vous afin d’être assuré qu’ils se seront maintenus jusque là au degré d’instruction dont ils viennent de vous justifier. Ces 16 élèves, les 7 qui les précèdent, et 26, ou qui ont subi sans succès votre examen, ou qui ne s’y sont pas présentés, ne laissant à disposer que d’une seule place pour compléter le nombre de 50 auquel elles sont fixées. Elle a été accordée au premier examen au Sieur Brisson, le premier des 25 que vous avez désigné comme susceptibles d’en obtenir. Les 24 autres y parviendront successivement en remplacement de ceux destinés à monter aux lieutenances en second qui vaqueront. Ils ne seront point tenus pour cela à subir un nouveau examen, mais il en sera usé à l’égard de ceux qui ne seront point encore élèves titulaires, lors du premier examen, de même que pour les élèves qui vont attendre le moment d’être faits officiers. Vous aviez proposé d’établir à Metz pour ces derniers trois cours, l’un de physique, l’autre de chimie, et un troisième de mécanique pratique ou de construction, mais outre que les circonstances ne permettent point de se prêter à la dépense à laquelle cet établissement donnerait nécessairement lieu, son objet ne se trouverait pas rempli quant à présent, attendu que la plus grande partie des jeunes gens dont il s’agit, ayant demandé des congés pour se rendre dans leurs familles jusqu’au premier juin 1790. Il n’a pas été possible de leur refuser après trois ans d’étude et un séjour à Metz qui a du leur être fort onéreux. On ne peut donc que remettre à un autre temps à pourvoir à cet égard à ce que vous avez jugé devoir concourir au complément de l’instruction des sujets destinés au service de l’artillerie. Vous avez remarqué que lors du deuxième examen et des précédents, plusieurs élèves, sur le fondement qu’ils en ont deux à subir en cette qualité, diffèrent de se présenter au second, faute de s’être appliqués et pour se ménager par là leur droit et éviter l’exclusion dont ils seraient susceptibles. Sa Majesté pour prévenir cet inconvénient et empêcher qu’ils conservent trop longtemps des places qui seraient mieux remplies, a décidé que les élèves en général ne pourront rester plus de trois ans dans ce grade, en supposant qu’il y ait des examens chacune de ces années, que ce terme expire sans qu’ils aient justifié de l’instruction nécessaire pour être officier. Ils seront renvoyés à leur famille, et que en conséquence de cette disposition le premier examen sera le dernier que pourront espérer ceux des élèves actuels qui restent des promotions précédentes, lesquels se trouveront alors avoir eu au moins quatre ans pour acquérir les connaissances dont ils auront à faire preuve. Je vais au surplus témoigner ma satisfaction aux différents professeurs de mathématiques que vous m’avez désignés comme ayant le plus contribué au
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succès des sujets que vous avez examinés. J’ai même procuré en cette considération une gratification de 300 livres au Sieur Alais, répétiteur de l’école de Metz, et une de 200 livres au Sieur Fabre, quartier maître trésorier du Régiment de Toul. brouillon pour le Ministre de Guerre1 S.H.D., Archives de la Guerre, XD 249.
164. reçu, 16 octobre 1789
16 octobre 17892 District des Jacobins St Honoré Contribution Volontaire Monsieur de Laplace a versé à la Caisse Patriotique et Militaire de ce District la somme de 24 livres. A Paris, ce 16 octobre 1789 Seguin 1er N° 385 reçu Bancroft, box 2, dossier 27. 1. Jean Frédéric Gouvernet de La Tour du Pin. 2. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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165. Laplace à Faultrier, 20 octobre 1789
A Faultrier, commandant de l’Ecole d’artillerie à Metz Paris, 20 octobre 1789 De retour de Metz, il a fait un rapport au Ministre au sujet de l’école d’artillerie, des demandes des élèves à propos des examens. « J’avais demandé l’établissement à Metz de trois cours, l’un de physique, un autre de chimie et un troisième de construction ; mais les dépenses que ses cours peuvent occasionner obligent, vu les circonstances actuelles, de remettre à un autre temps leur établissement ». « [...] j’ai trouvé dans le Ministre les meilleures dispositions relativement à l’instruction des élèves et des officiers de l’artillerie ». Laplace parle ensuite de l’école de Strasbourg où deux professeurs enseigneront la physique et les mathématiques. Laplace description, fragment Paris, Thierry Bodin, Catalogue d’autographes (mars 1982), n° 295.
166. [Laplace] à [Deluc], 7 novembre 1789
Paris, ce 7 novembre 1789 Il recommande « Monsieur Schriner [Schurer], professeur de physique à l’école d’artillerie de Strasbourg qui voyage en Angleterre » et de le présenter à Monsieur Herschel. « Cet excellent astronome vient de faire des découvertes
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bien intéressantes sur le système de Saturne. Ayez la bonté de lui en faire mes sincères compliments ... Je désirerais bien qu’avec son grand télescope il suivit l’anneau de Saturne et qu’il déterminat de combien d’anneaux concentriques il est formé. J’ai fait sur cet objet quelques recherches de théorie qui me prouvent la nécessité de la division de l’anneau en plusieurs anneaux concentriques, mais c’est à l’observation seule à fixer leur nombre, et j’invite Monsieur Herschel à s’en occuper ». « Peu s’en est fallu que je n’aie été chercher en Angleterre la tranquillité que nous étions menacés de perdre en France ». « Je vous félicite de vivre dans un pais dont la constitution, peut-être la plus parfaite que l’on puisse imaginer, est affermie par un siècle de durée de bonheur ». « Je désire que les changements qu’éprouve la constitution française soient aussi avantageux à la nation que le pensent les partisans de la Révolution ... Nous n’avons rien de nouveau dans les sciences ; tous les esprits sont trop occupés de la chose publique ... ». « Je crains que les sciences ne souffrent beaucoup en France de tous ces changements ... ». [Laplace] description et fragment Genève, P.L. Bader, Catalogue 15, n° 175, n.d. ; Marburg, Catalog J.A. Stargardt, 24 (5 juin 1962), n° 29 ; et Paris, Catalogue Henri Saffroy, 33 (septembre-octobre 1962), n° 3450.
167. reçu, 21 décembre 1789
Beaumont, ce 21 décembre 1789 Je soussigné curé de Beaumont reconnais avoir reçu de Monsieur de Laplace par les mains de Monsieur Lieutout, secrétaire de la subdélégation de Pontl’Evêque la somme de 48 livres pour les pauvres de ma paroisse. Besnardi, curé de Beaumont reçu Bancroft, box 7, dossier 7.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
168. [Laplace] à [Delambre], [1789]
Ce vendredi [1789] M. De Laplace a l’honneur de faire mille compliments à Monsieur l’abbé Delambre et de le prier de vouloir bien lui communiquer les résultats de ses calculs relativement aux oppositions de Jupiter et surtout celles de Flamsteed. Il en a besoin dans ce moment parce qu’il rédige ses recherches sur cet objet. Il a presque fini la partie analytique de sa théorie des satellites de Jupiter, et si pour se distraire un peu, Monsieur l’abbé Delambre voulait commencer à s’en occuper, M. De Laplace peut lui indiquer la marche que la théorie présente à cet égard. [Laplace]1 Paris, Bureau des Longitudes, MS Z106, fol. 27, déposé à l’Observatoire.
169. [Laplace] à [Delambre], [1789 ?]
Ce dimanche2 J’ai l’honneur de remercier Monsieur l’abbé Delambre, de ce qu’il a bien voulu m’envoyer. J’ai vu avec beaucoup de plaisir, l’accord de la formule de Jupiter avec les observations. J’ai fait usage aussitôt, des corrections de Monsieur l’abbé Delambre, pour calculer les parties elliptiques du mouvement en longitude et du rayon vecteur de Jupiter, et je suis parvenu aux résultats suivants : 1. Sans signature, mais de la main de Laplace. 2. Sans signature, mais de la main de Laplace. Probablement en 1789.
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partie elliptique du mouvement en longitude – 19827 s ,3 + i 0 ,5536 sin T – Z + 595s ,4 sin 2 T – Z – 24s ,8 sin 3 T – Z + 1s ,2 sin 4 T – Z partie elliptique du rayon vecteur 5 ,208741 + ^ 0 ,249916 + i 0 ,000006982 ` cos T – Z
– 0 ,006006 cos 2 T – Z + 0 ,000217 cos 3 T – Z – 0 ,000009 cos 4 T – Z La constante de cette expression du rayon vecteur renferme une petite quantité dépendante des perturbations. Le demi-grand axe de l’orbite elliptique est 5,202790. L’excentricité en 1750 était 0,0480767. Mais les formules précédentes sont fort exactes, et peuvent être employées dans la formation des tables. Je n’ai rien à changer aux autres parties du mouvement en longitude et du rayon vecteur. Ainsi Monsieur l’abbé Delambre a tout ce qui est nécessaire pour construire ses Tables de Jupiter. Je désirerais bien qu’il eut fini relativement à Saturne ; on me presse à l’Imprimerie Royale, pour donner mon mémoire. Si Monsieur l’abbé Delambre est content de ses équations de condition, il peut en faire usage pour la correction des éléments, et je lui serais fort obligé, s’il voulait bien me donner son résultat pour la fin de cette semaine. Je le prie de me donner en même temps la position des nœuds et des inclinaisons des orbites de Jupiter et de Saturne pour 1750. La correction de l’aphélie de Jupiter n’est pas –13",713, mais –17",55 très juste, en sorte que la position de cette sphère en 1750 est 6s10°21'4". Monsieur l’abbé Delambre a soustrait x de ] /2e, tandis qu’il faut l’ajouter. Je ne puis trop reconnaître tous les soins qu’il a bien donner à ce travail. Si mes recherches peuvent être utiles aux astronomes, c’est à lui qu’elles devront cet avantage, et c’est une justice que je lui rendrai avec grand plaisir dans le mémoire que je vais publier. N’aurais-je pas le plaisir de dîner demain lundi avec Monsieur l’abbé Delambre ? Dans ce cas nous causerons ensemble de tout cela. Je lui réitérère tous mes sentiment d’estime et d’amitié. [Laplace] Paris, Bureau des Longitudes, MS Z106, fols 47 r et v, déposé à l’Observatoire.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
170. [Laplace] à [Delambre], s.d. [probablement 1789]
[A Delambre] sans date1 Sur leurs recherches sur Jupiter et Saturne. description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 628.
1. Probablement en 1789.
171. [Laplace] à [Faultrier], 1er janvier 1792 [1790]
Paris, 1er janvier 1792 [1790]1 Il lui annonce que le projet de Monsieur de La Tour du Pin, pour la reconstitution de l’armée, va être adopté. [Laplace] description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Etienne Charavay), (juillet 1893), n° 251, p. 8, n° 35805.
172. reçu, 7 janvier 1790
7 janvier 1790 J’ay soussigné Marie Anne de Laplace reconnais avoir reçu de mon frère par les mains du Sieur Lieutout 284# pour une année échue du mois de juillet 1. La date indiquée dans le catalogue est probablement en erreur. Le projet en question fut proposé le 9 juillet 1790 et adopté le 18 août 1790.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
dernier de deux rentes qu’il me fait dont une de 106# et l’autre de 200# sur laquelle je diminue les deniers royaux dont quitte sauf l’année courante, ce 7 janvier 1790. Marie Anne Laplace reçu Bancroft, box 7, dossier 7.
173. document, 24 mars 1790
24 mars 1790 Par devant Antoine Dufresne, notaire au baillage d’Auge pour le siège de Beaumont et dépendances soussigné : A Beaumont en l’étude le mercredi avant midi 24e jour de mars 1790. Fut présent le Sieur Jean Baptiste Desrues, fils de défunt Jean et son unique héritier, lequel était fils et en partie héritier de Pierre demeurant en la paroisse de Surville ; lequel a consenti l’extinction et [le] remboursement en faveur de M. Pierre Simon de Laplace de l’Académie Royale des Sciences à Paris, fils et unique héritier de feu Pierre qui de son chef l’était de feu Simon, le dit Sieur de Laplace stipulé et représenté par Maître Pierre Lieutout, huissier audiencier demeurant en la ville de Pont-l’Evèque en vertu de sa procuration passée devant Maître Jean Pierre Varin notaire à Pont-l’Evèque le 14 juillet 1788 duement en forme d’une partie, de 77# 16s 7d de rente foncière crée à cause de la fieffe [sic] qui fut faite par les Sieurs Antoine et Robert Fremont, bourgeois de la ville d’Honfleur audit Sieur Simon de Laplace de trois pièces de terre et maison située paroisse de Beaumont par contrat passé devant Elie le Jugeur et Louis Gamel, lors tabellions royaux au siège de Pont-l’Evèque le 7 mai 1708 duement controlé et insinué. La susdite rente fut transportée par Gilles Mesnard, Sieur Duboscage et Dame Françoise Fremont son épouse, héritière en partie en la succession de feu Robert Fremont son père, au Sieur Pierre
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Desrues de la paroisse St Victor de Cretienville par autre contrat passé devant Richard Pierre le Grip et son adjoint, lors notaires tabellions royaux à Pontl’Evèque le 28 octobre 1746 aussi en forme consentant le dit Sieur Desrues que la dite rente demeure amortie en conséquence du présent, renonçant à jamais en rien demander tant en capital, arrérages, que prorata échus et encourus jusqu’à ce jour. En conséquence de quoi il a présentement rendu les grosses en parchemin des deux actes ci-dessus vantés de nous emargés à la réquisition des comparants la minute desquelles actes sera toutefois et quantes émargée dudit présent amortissement à la réquisition du dit Sieur de Laplace sans que la présence dudit Sieur Desrues y soit nécessaire par tous notaires sur ce requis. Le présent amortissement fait au moyen de la somme de 1449# 18s pour principal et prorata encourues de la dite rente des derniers termes jusqu’à ce jour, prix convenu entre les contractants. Laquelle dite somme le dit Sieur Desrues a déclaré avoir touchée et reçue précédant ce jour sous convention de la passation des présentes des mains dudit Sieur Lieutout dont il a dit être content à ce moyen quittance et déchargé. Les frais et droits du présent seront payés toutesfois et quantes par le dit Sieur Lieutout au dit nom. C’est ainsi que les dites parties sont convenues et demeurées d’accord et ont signé [en] présence des Sieurs Jean Baptiste Trounelle et Jacques Baptiste Trounelle et Jacques Langlois, demeurant tous deux au bourg de Beaumont, témoins, et nous notaire après lecture faite. signés la minute des présentes controlée à Beaumont le 5 avril 1790 par le Sieur Lechevallier qui a reçu 11# 5s. Dufresne document Bancroft, box 7, dossier 8.
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174. reçu, 17 mai 1790
17 mai 1790 Nous avons reçu de Monsieur De la Place la somme de 237# 10s, pour le terme du loyer de l’appartement qu’il occupe dans notre maison. Echu 1er avril dernier, sans préjudice du courant. Dont quittance1. A Paris, le 17 mai 1790 Arthur et Robert reçu Bancroft, box 10, dossier 1.
175. reçu, 7 juin 1790
7 juin 1790 J’ai reçu de Monsieur de Laplace, mon gendre, la somme de 6.000 livres pour pension alimentaire, tant de lui que de son épouse et d’une garde d’enfant à compter du 15 mars de l’année 1788 jusqu’au 15 mars dernier. Fait à Paris, le 7 juin 1790 Approuvée la lecture, ci-dessus De Courty reçu Bancroft, box 10, dossier 20. 1. Dans ce même dossier se trouve un autre reçu semblable pour l’année 1793.
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176. Laplace à [Deluc], 5 juillet 1790
5 juillet 1790 Monsieur et illustre confrère, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et je vous remercie bien sincèrement de toutes les marques d’amitié que vous voulez bien me témoigner. J’y suis très sensible et je vous prie de croire que j’y réponds par un sincère attachement qui me laisse que le regret d’être éloigné de vous. Je vous envoie un petit extrait d’un long ouvrage que je viens de terminer sur la théorie des satellites de Jupiter1. Je vous prie d’en accepter un exemplaire et de faire remettre les autres aux personnes à qui ils sont destinés. En remettant à Monsieur Herschel son exemplaire, je vous prie de lui faire mille compliments de ma part sur ses découvertes auxquelles je prends un vif intérêt. Son mémoire sur l’anneau de Saturne et ses nouveaux satellites m’a fait le plus grand plaisir. On m’a dit qu’il était parvenu à déterminer la rotation de l’anneau. Cette rotation me paraît une suite nécessaire de la loi de pesanteur, et elle n’est vraiment pas la même pour les deux anneaux concentriques qui forment l’anneau de Saturne. Je serai très aise de connaître les résultats de Monsieur Herschel à cet égard, et si ce n’est point abuser de votre complaisance, vous m’obligeriez infiniment de me les envoyer. Je n’ai point encore pu me procurer les lettres que vous avez publiées dans le Journal de Physique. D’ailleurs il serait très long de discuter ces objets dans une correspondance écrite. La conversation est infiniment préférable et si le désir de conférer sur ces matières avec nos savants français pouvait vous déterminer à venir à Paris, je m’estimerai heureux de vous y voir et de m’entretenir avec vous de vos expériences et de vos résultats sur la météorologie. J’ai toujours regardé cette partie de la physique comme la plus difficile par la complication des causes qui influent sur les variations de l’atmosphère. Elle vous a déjà de grandes obligations et je ne doute point que vos nouvelles recherches donnent de nouveaux droits à la reconnaissance des philosophes. J’ai fait part à Madame Delaplace des choses que vous voulez bien me marquer à son égard. Elle me charge de vous dire qu’elle y est très sensible, et 1. « Sur la théorie des satellites de Jupiter », Connoissance des Tems, pour l’année 1792, 273286. Cet article fut incorporé dans un mémoire plus long portant le même titre et publié dans H.A.R.S., 91 (1788), 249-364 ; et Laplace, O.C., 11, 309-411.
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qu’elle désirerait être à portée de voir et de cultiver Madame Deluc qu’on lui a dit être infiniment intéressante sous tous les rapports. Je vous prie de l’assurer de mon respect quoique je n’aie pas l’avantage de la connaître, je me flatte que le titre de votre ami la lui fera agréer. Recevez pareillement l’assurance de tous les sentiments d’estime et d’amitié que vous ai voué pour la vie et avec lesquels je suis, Monsieur et illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Tous les esprits, toutes les pensées sont présentement dirigées en France vers les affaires publiques. Je vois avec douleur que les sciences souffrent de cette diversion. Je ne prononce point sur les grands changements qui s’opèrent dans notre constitution ; nous faisons une grande expérience et l’avenir nous apprendra si nos législateurs ont été heureux. Quoiqu’il en soit, je vous félicite de vivre sous un gouvernement qui depuis longtemps a acquis une grande consistance, et qui me paraît être une des plus belles combinaisons de l’esprit humain. C’est à peu près à la même époque, vers la fin du dernier siècle, que les anglais ont posés les vrais fondements du système du monde et du système social. Nous avons combattu le premier système en France, et nous avons fini par l’adopter. Peut-être sera-t-il aussi de leur système social. Boston, Boston Public Library, Department of Rare Books and Manuscripts, MS 2837.
177. Laplace à [Oriani], 10 juillet 1790
A Paris, ce 10 juillet 1790 Monsieur, J’ai reçu et lu avec le plus grand intérêt vos belles recherches sur le mouvement de la planète Herschel. Je suis très sensible aux choses honnêtes que vous y dites à mon égard. Venant de votre part, elles me flattent infiniment, à cause
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de l’estime sincère que j’ai pour vos talents et vos connaissances. Je vois avec la plus grande satisfaction un excellent observateur réunir au plus haut degré toutes les connaissances de la théorie, que la plupart des astronomes s’étaient jusqu’à présent dispensés d’acquérir, mais qui leur deviennent nécessaires dans l’état actuel de l’astronomie. Je pense que cette science sublime doit maintenant recevoir toute sa perfection de l’application de la théorie aux observations. Le grand objet des géomètres et des astronomes doit être de fonder toutes les tables des mouvements célestes sur les seules lois de la pesanteur universelle. C’est dans cette vue que j’ai entrepris un ouvrage considérable sur les satellites de Jupiter que je viens de terminer et que je vais donner à l’impression. En attendant qu’il paraisse, j’ai l’honneur de vous en envoyer un extrait imprimé dans les Connaissance des Temps1. Si vous croyez qu’il vaille la peine d’être communiqué au Père Fontana, vous m’obligerez de le faire en y joignant mes tendres compliments. Vous êtes bien heureux d’habiter un pays tranquille où vous pouvez vous occuper sans distractions de l’étude des sciences. Ici les affaires publiques tournent vers elles tous les esprits, et d’ici à quelque temps au moins, les sciences souffriront de cette diversion. Toute la part que j’ai prise jusqu’à présent aux affaires se réduit à peu près à former des vœux bien sincères pour le bonheur de ma patrie. Puisse-t-il résulter des grands changements que le gouvernement éprouve et nous dédommage des inquiétudes et des sacrifices que les circonstances obligent de faire dans ce moment de crise ! Recevez l’assurance des sentiments distingués d’estime et d’amitié avec lesquels je suis pour la vie, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1790, 1790 07 10 PSL BO.
1. « Sur la théorie des satellites de Jupiter », Connoissance des Tems, pour l’année 1792, 273286. Cet article fut incorporé dans un mémoire plus long portant le même titre et publié dans H.A.R.S., 91 (1788), 249-364 ; et Laplace, O.C., 11, 309-411.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
178. reçu, 16 novembre 1790
16 novembre 17901 Ville de Paris 2e arrondissement
Impositions Duplicata de Quittance F° 672 N° 7 Année 1790 Rue de Louis-le-Grand
Je soussigné, Receveur des Impositions du deuxième Arrondissement de la Ville de Paris, reconnais avoir reçu de M. Dela Place, 19# 11s 10d pour son imposition de l’année 1790, y compris les sous pour livre d’icelle. A Paris, ce 16e jour du mois de novembre 1790 Pour duplicata Pour M. Baron Duvermeule reçu Bancroft, box 10, dossier 23.
1. Imprimé sauf ce qui est en italique.
179. Laplace à Saussure, 17 janvier 1790[1]
A Monsieur Monsieur de Saussure, de l’Académie des Sciences, A Genève A Paris, ce 17 janvier 1790[1]1 J’ai reçu, Monsieur et illustre confrère, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et je suis infiniment sensible aux marques d’estime que vous voulez bien m’y donner et auxquelles j’attache un très grand prix de la part d’un savant aussi distingué. En parlant de vous à l’Académie des Sciences, je n’ai fait qu’acquitter une dette de la reconnaissance que je vous dois pour le plaisir que m’a causé la lecture de vos excellents ouvrages, et en particulier celle de votre Traité sur l’Hygrométrie2, qui brille autant par les vues fines et judicieuses dont il est rempli, que par l’exactitude et la délicatesse des expériences. Lorsque Madame de Montesson3 me parla du désir qu’elle avait de vous voir agrégé à notre Académie, je secondais ses vues de toutes mes forces et il me fût très facile de persuader mes confrères que votre réputation et vos talents avaient depuis longtemps prévenu en votre faveur, et qui désiraient tous de vous acquérir. J’ose me flatter, Monsieur, que le rapport de confraternité qui existe entre nous, me procurera quelquefois l’avantage de recevoir de vos nouvelles, et de savoir par vous-même, les découvertes dont les sciences physiques vous seront redevables. Quoique éloigné d’elles par des occupations différentes qui absorbent presque tout mon temps, j’y prends cependant le plus vif intérêt, et quand 1. Laplace écrit 1790, mais comme cette lettre suit l’élection de Saussure comme associé étranger à l’Académie des Sciences le 14 janvier 1791, il faut croire que Laplace s’est trompé. 2. Essais sur l’Hygrométrie (Neuchâtel, 1783). 3. Charlotte Jeanne Béraud de la Haye de Riou, marquise de Montesson, était la veuve de Louis Philippe d’Orléans et avait tenu un salon au Palais Royal.
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j’aurai terminé quelques ouvrages dont je suis présentement occupé, mon dessein est d’en faire l’objet principal de mes méditations. Je désire par cette raison, de suivre leurs progrès et j’applaudis de toute mon âme, à ceux qui comme vous, Monsieur, en reculent les bornes. Je ne sais si Madame votre fille se rappellera que j’ai eu l’honneur de la voir à Paris1. Veuillez bien lui faire agréer mon respectueux hommage, et recevoir l’assurance des sentiments distingués d’estime et de considération avec lesquels je suis, Monsieur et illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.GE., MS Saussure 9, fols 212-213.
180. [Deluc] à [Laplace], [janvier 1791]
Sur la nouvelle nomenclature chimique [janvier 1791]2 Monsieur, Je n’avais pas eu lieu de croire que vous prissiez un parti décidé sur les questions maintenant agitées en chimie. Vous me marquiez l’année dernière ; que depuis quelque temps, particulièrement occupé du système du monde vous aviez un peu perdu de vue la physique terrestre ; que la météorologie vous avait toujours paru une des parties les plus difficiles de cette physique, pour la 1. Albertine Adrienne Necker de Saussure. 2. Il existe deux brouillons de ce traité. Le deuxième porte les dates de 31 janvier 1791, barré, et remplacé par 14 février 1791. Ce deuxième brouillon est assez différent du premier, et beaucoup plus long.
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complication des causes qui agissent dans l’atmosphère ; que vous n’aviez pas pu lire encore mes Lettres à Monsieur de La Métherie1 ; que d’ailleurs il était difficile de traiter de ces sujets dans une correspondance ; que la conversation serait infiniment préférable, et que vous désireriez que je puisse aller à Paris m’en entretenir avec vos savants. Tout cela me parut très naturel ; je n’insistai plus sur le désir de vous voir occupé de ces matières ; j’aurais bien voulu pouvoir aller à Paris ; mais cela ne m’était pas possible : et je me reposais sur l’idée, que lorsque la cause serait une fois instruite il viendrait un temps où vous entreprendriez de former un jugement ; lorsque j’ai eu lieu de voir dans le VIIe volume des Annales de Chimie que vous la regardiez comme décidée en faveur de la Nouvelle Nomenclature2. Après la satisfaction que j’aurais éprouvée, si vous aviez employé votre étonnant pouvoir d’analyse, à montrer aux Néologues combien ils sont précipités dans leurs décisions, je n’aurais pu en recevoir une plus grande sur cet objet, qu’en vous voyant embrasser leur cause. Car si vous êtes réellement convaincu, personne ne saurait me convaincre mieux que vous ; mais en même temps vous ne refuserez pas l’examen. Celui d’entre les physico-mathématiciens, qui a donné les plus grands exemples, de la nécessité d’embrasser tout l’ensemble d’un même système, avant que de fixer les lois d’aucune de ses parties, ne croit sûrement pas pouvoir se fonder uniquement sur notre chimie pour la fixation de lois auxquelles la chimie de la nature est si fort intéressée. C’est donc à vous, Monsieur, que j’en appelle à cet égard : et comme votre assentiment, aujourd’hui connu doit ajouter un grand poids à l’opinion que vous paraissez avoir adoptée, vous approuverez sûrement, que nous la discutions en présence des physiciens : c’est pourquoi j’envoie à M. de La Métherie une copie de cette lettre destinée au Journal de Physique. Vous conviendrez sûrement, Monsieur, de cette proposition fondamentale. 1. J’ai dit dans une Lettre à M. de La Métherie, destinée à ce même Journal pour le cahier de février ; « que tandis que les Néologues considèrent leurs hypothèses comme étant l’expression simple des faits, il y a entr’elles et l’expression nue des faits, un intervalle qui renferme les plus grandes questions de la physique terrestre »3. Or vous-mêmes, Monsieur, m’en fournissez un exemple, et il n’y a personne avec qui je puisse entreprendre cette discussion avec plus de confiance qu’avec vous. Le rapport dont vous avez été le rédacteur, et qui est imprimé dans le VIIe volume des Annales de Chimie, a pour objet une belle expérience de MM. Fourcroy, Seguin et Vauquelin dans laquelle la combustion de 12 onces 4 gros 49 grains d’un mélange d’air déphlogistiqué et d’air inflammable a produit 12 onces 4 gros 45 grains d’eau, qui n’a manifesté aucun signe d’acidité : c’est là, 1. Journal de Physique, de Chimie et d’Histoire Naturelle, 36 (1790), 144 et seq. Sa dernière Lettre (28ème) parut dans le même Journal, 41 (1792), 414-431. 2. Annales de Chimie, 7 (1790), 215-217 et 257-262. 3. Dans le Journal de Physique pour le mois de mai se trouve une expression semblable : 38 (1791), 379-380.
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dis-je, une expérience de la plus grande importance, et dont les conséquences ne pourront qu’être un jour très grandes en physique ; mais suivant mon opinion, nous demeurerons longtemps à les découvrir. Cette opération, plus grande et plus précise qu’aucune de ce genre qui eût encore été faite, n’a cependant rien changé à l’état de nos connaissances ; puisque déjà on avait obtenu de l’eau sans acidité, et en poids presque égal à celui des airs. « M. Cavendish (dites-vous, Monsieur) paraît avoir remarqué le premier, que l’eau ainsi produite est le résultat de la combinaison des deux gaz, et qu’elle est d’un poids égal au leur. Plusieurs expériences faites en grand et d’une manière très précise par MM. Lavoisier, Laplace, Monge, Meusnier et par M. Lefèvre de Gineau ont confirmé cette découverte importante ». Voilà le fait, dans lequel je suppose aussi que l’eau produite ne donnait aucun signe d’acidité. Si donc, entièrement déprévenu [sic] vous n’aviez voulu tirer qu’une conséquence immédiate de ce fait, vous auriez dit : « En sorte qu’à ne considérer que les substances que nous pouvons peser et retenir dans des vaisseaux, on peut regarder la quantité d’eau produite, comme procédant de la décomposition des deux gaz ». Mais vous avez dit : « qu’on peut regarder l’eau, (en général) comme formée de la combinaison de ces gaz : » et en les nommant d’après les Néologues, vous avez décidé, que l’un est aquéfiant, et l’autre acidifiant. Je n’ai pas droit de m’étonner de votre expression puisque j’ai cru moimême un temps, que ce n’était que le fait sous une autre forme. Mais j’ai fort changé d’opinion ; et en vous en exposant les causes, je vous donnerai lieu d’entrer dans un examen où vous voudrez bien sûrement apporter votre précision ordinaire ; comme je tâcherai aussi d’être précis, vous me convaincrez, ou je vous convaincrai. Je ne crois pas devoir m’étendre sur ce premier point ; qu’au lieu de répéter le fait, savoir la conversion des deux airs en eau, vous y substituez une hypothèse par laquelle vous entreprenez de l’expliquer, savoir, que chacun des deux airs est une partie constituante de l’eau unie au feu, et que ces deux parties réunies forment l’eau. Ce prestige une fois détruit dans votre esprit, comme il l’a été dans le mien, vous sentirez la nécessité d’examiner l’hypothèse, qui, quelque simple qu’elle soit en apparence, englobe les plus grandes questions de la physique terrestre. Je ne puis pas vous répéter ici tout ce que j’en ai dit dans le Journal de Physique, mais j’en dirai du moins assez pour vous faire naître des doutes ; et si vos grandes occupations sur les phénomènes des cieux, ne vous permettent pas de considérer avec assez d’attention ce qui se passe dans notre atmosphère ; vous conviendrez du moins que vous ne pouvez prendre aucun parti. Je suis entièrement revenu de cette expression hypothétique du fait, malgré sa simplicité apparente : 1° Parce que l’apparence de simplicité n’est jamais un argument, jusqu’à ce qu’on eût embrassé tous les cas auxquels l’expression imaginée doit s’étendre.
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2° Parce que cette expression prétendue si simple, introduit facilement en physique, une première proposition très importante, savoir : que l’addition simple du feu, à une substance pondérable, peut produire un fluide aëriforme. Une telle proposition ne peut être admise sans preuve directe ; et l’on n’en donne pour preuve que l’hypothèse elle-même : car on dit, que les deux parties constituantes de l’eau, séparément unies au feu, forment deux airs différents ; tandis qu’il faudrait pour cela avoir prouvé la décomposition de l’eau. 3° Parce que la proposition même, que l’eau est composée de deux parties, est l’une des plus grandes qu’on puisse introduire dans la physique terrestre ; et que sûrement elle ne saurait y être légitimement introduite en ne l’appuyant que sur la Pétition de principe que je viens d’indiquer : il fallait donc attendre qu’elle eût parcouru tout l’ensemble des phénomènes terrestres dans lesquels l’eau joue quelque rôle, pour savoir si elle ne serait contredite par aucun d’eux ; et les Néologues sont bien loin d’avoir fait cet examen. 4° Parce que l’hypothèse particulière d’un principe acidifiant faisant partie de l’eau est aussi gratuite qu’inutile ; puisque aucun des phénomènes sur lesquels on l’appuie, ne montre que quelque acide contenu, ou dans de l’eau, ou dans une substance soluble dans l’eau : par où l’idée, en elle-même fort étrange, d’acidification, se réduit à ce principe si ancien en chimie, qu’aucune affinité chimique ne peut s’exercer que dans les liquides ; à quoi nous ajoutons aujourd’hui les fluides expansibles, par la même raison de liberté nécessaire dans les mouvements des radicales. [?] 5° Parce que la météorologie à laquelle toutes les hypothèses sur les fluides aëriformes doivent être comparées, s’oppose déjà à celle de la décomposition de l’eau en deux airs, l’air inflammable et l’air déphlogistiqué. Car toutes les hypothèses sur la formation de la pluie, par des vapeurs aqueuses existantes l’instant d’auparavant, n’ont rien de solide, et il faut en venir à trouver l’eau de ce météore sous la forme d’air : or dans les couches de l’atmosphère où il se forme il n’y a aucune quantité sensible de ce prétendu air aquéfiant, qu’on regarde comme une partie constituante de l’eau. Ce dernier point est le vrai critérium de l’hypothèse fondamentale des Néologues ; j’ai déjà publié beaucoup de remarques sur ce sujet ; assez, disje, pour que ces savants eussent dû entreprendre de me répondre, et je suis loin d’avoir fini sur cet important objet. Considérons maintenant l’hypothèse qu’on met en concurrence avec celles des Néologues. « Tout fluide aëriforme (dit-on) est la vapeur aqueuse, modifiée par une ou plusieurs substances impondérables, d’où résulte entre le feu et l’eau une union qui résiste à la pression et au refroidissement ». Je ne crains point, Monsieur, de vous parler de substances impondérables : vous savez que le feu, la lumière, le fluide électrique, reconnus pour substances impondérables, jouent les plus grands rôles dans la physique terrestre.
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Si vous considérez les raisons qui nous engagent à admettre ces substances, vous n’en trouverez aucune qui ne soit applicable à celles qu’on suppose ici ; car il s’agit toujours de phénomènes qui s’expliquent par l’admission de certaines substances inconnues en elles-mêmes. Si vous veniez une fois à vous rendre aussi familiers les phénomènes de la météorologie que ceux de l’astronomie, vous trouveriez partout dans les premiers, les traces des substances impondérables, comme vous trouvez dans les derniers celles de la gravité et de ses lois. Je n’ai aucun doute, dis-je, que vous ne vinssiez alors à reconnaître, que tant qu’on n’aura point franchi le pas sur l’admission de nombre [de] substances impondérables, on aura peu fait pour la physique, en s’occupant des airs et des vapeurs plus qu’on ne le faisait autrefois. On s’endort sur cette espèce [de] conquête dans la nature ; on y recueille une multitude de petits faits dans une même ornière ; tandis qu’elle n’est que l’entrée d’un pays fertile en découverte. Je vous l’ai déjà témoigné, Monsieur, je répète vivement pour la physique que des hommes de si grands talents que plusieurs des Néologues ne songent point à prendre un plus grand effort dans la nature, en s’occupant de météorologie et de géologie. L’hypothèse que je viens d’exprimer et que j’adopte, explique d’abord complètement le phénomène de la production de l’eau par la combustion des deux airs. Ces airs sont l’un et l’autre la vapeur aqueuse ; mais elle est unie au phlogistique dans l’air inflammable, et à une substance très avide du phlogistique dans l’air déphlogistiqué. Ces deux substances impondérables se réunissent à un certain degré de chaleur, et il ne reste plus que de la vapeur aqueuse, très chaude par la libération du feu, et qui se réduit en eau par le refroidissement. Cette même hypothèse rend inutile celle d’un principe acidifiable, et délivre ainsi l’esprit d’une idée fort étrange. Partout où l’air déphlogistiqué se décompose, son eau est libérée, et réunie aux particules des acides, soit immédiatement sous la forme d’un liquide, soit sous celle de quelque solide dont on peut l’extraire sous la forme de liquide chargé de l’acide. Cette même hypothèse explique encore un cas sur lequel vous vous appuyez beaucoup. « Toutes les circonstances (dites-vous) du développement du gaz inflammable dans la dissolution des métaux par les acides, nous prouvent encore, qu’il ne peut venir que de la décomposition de l’eau ». Mais il peut venir de l’eau elle-même, transformée en air inflammable par le phlogistique du métal et par le feu qui se dégage, en même temps que le métal se charge d’eau et des particules de l’acide. C’est ce que MM. de La Métherie, Kirwan, Priestley et plusieurs autres chimistes ont profondément discuté d’après tous les faits, et sans sortir de la chimie, ils ont donné la préférence au phlogistique sur la décomposition de l’eau. Et voyez, Monsieur, ce que M. Hassenfratz dit de M. de Morveau à la p. 25 du même volume des Annales de Chimie. « Tout ce que M. Morveau (dit-il) a fait imprimer dans la première partie (de son Dictionnaire de Chimie pour l’Encyclopédie par ordre de matières)1 porte le caractère du doute dans 1. Encyclopédie Méthodique. Chymie, Pharmacie et Métallurgie (Paris, 1786), article « Air ».
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lequel il flottait sur l’adoption du système des phlogisticiens ou de la doctrine des anti-phlogisticiens ; tous les phénomènes y sont expliqués d’après les deux manières ». Vous voyez donc que jusqu’ici, dans la chimie même, les deux systèmes se combattent sans avantage généralement reconnu. Chacun de ceux qui ont embrassé une hypothèse, y demeure, et explique par elle tous les faits, avec de l’avantage dans quelques uns : ce qui n’est certainement pas le caractère de l’évidence. J’ignore donc jusqu’à quand cette controverse pourrait subsister en ne tirant des faits que nos laboratoires ; mais je vois bien clairement, qu’on ne la décidera point d’une manière à réunir les physiciens à une même opinion, sans y faire intervenir les faits du laboratoire de la nature. Il ne conviendrait pas sans doute que chaque physicien porté aux recherches s’occupât de toutes les branches de la physique ; car il faut un travail soutenu sur un même objet, pour y faire des progrès importants. Mais les physiciens qui ne s’occupent que de branches particulières ne doivent pas s’ériger en législateurs dans la physique générale : or c’est ce qu’ont fait les Néologues, en entreprenant de changer des noms consacrés et entendus de tous les physiciens, pour y introduire leurs hypothèses. Permettez, Monsieur, que je vous traduise ici ce qu’en dit un chimiste, dont les lumières, l’expérience, et l’impartialité le rendent bien propre à faire impression. Je parle de M. Keir, qui vient de donner une nouvelle preuve de sa sagacité, dans un mémoire sur les effets des combinaisons d’acides pour la dissolution des métaux et leur précipitation, mémoire imprimé dans les Transactions Philosophiques pour l’année dernière1. M. Keir y emploie les termes usités, et voici les raisons qu’il en donne. « Comme j’aurais souvent occasion de parler de phlogistication et déphlogistication des acides, je dois dire d’entrée, que par ces termes je n’entends exprimer que certains états ou certaines qualités des acides, sans égard à aucune théorie. Ainsi, on peut dire de l’acide vitriolique, qu’il est phlogistiqué par l’addition du soufre ou de quelque autre matière inflammable par où il est changé en acide sulfureux sans déterminer pour cela avec une classe de physiciens, que ce soit l’effet d’une addition de phlogistique ; ni admettre comme d’autres le prétendent depuis peu, que cet état soit produit par l’action de la matière inflammable, qui sépare de l’acide une partie de son principe aëré et y fait dominer le soufre. Il serait bien à désirer que nous eussions des mots étrangers à toute théorie, pour que les chimistes qui diffèrent entr’eux sur des idées spéculatives, puissent néanmoins parler un même langage, et exposer leurs faits et observations, sans que notre attention en soit continuellement détournée par leurs idées systématiques. Mais tel est aujourd’hui l’état des choses, que [nous] avons seulement à choisir entre les mots dérivés l’ancienne théorie, et ceux qui ont été proposés depuis peu par les adversaires de cette théorie. Obligé donc de choisir, j’ai préféré l’emploi des anciens mots, non pour montrer 1. « Experiments and observations on the dissolution of metals in acids, and their precipitations », Phil. Trans., 80 (1790), 359-384.
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aucune prédilection pour l’une ou l’autre des deux théories, mais d’abord parce que ces mots, depuis longtemps en usage, sont entendus des deux classes de physiciens, et surtout parce que j’aurai la liberté de les définir, pour qu’ils n’expriment que des faits, ou des états intelligibles des substances ; au lieu que dans la méthode des chimistes anti-phlogisticiens, le langage et la théorie sont tellement entrelacés, que le premier ne saurait être dépouillé de son rapport avec l’autre, et que paraissant ainsi inapplicable à de simples expositions de faits, il devrait être réservé pour l’explication seule de la doctrine dont il dérive. Tel est mon motif dans le choix du langage : ainsi par la définition que j’ai donnée de la phlogistication, je n’entends point dire que ce mot indique la présence ou l’existence d’un principe hypothétique d’inflammabili-té ; mais seulement une certaine qualité, bien connue, des acides ou d’autres corps, qui leur est communiquée par l’addition de plusieurs sortes de substances inflammables comme par exemple, l’acide nitreux acquiert cette qualité, par l’addition d’un peu d’esprit de vin, ou lorsqu’il est distillé avec toute substance inflammable ». Voilà, Monsieur, ce que pensent, non seulement ceux qui n’ont pas adopté la nouvelle théorie, mais un grand nombre d’entre ceux qui la croient probable. Je crois que ceux qui la considèrent comme la découverte certaine des secrets de la nature, sont en bien petit nombre ; et rien même qu’une révélation à cet égard ne pourrait justifier l’embarras qu’on est venu jeter dans la physique par cette nouvelle nomenclature, puisque sans elle on aurait [pu] soutenir les mêmes hypothèses aussi longtemps qu’on en aurait été convaincu, sans avoir à se reprocher la confusion de langage qui existera dans les années les plus fécondes en faits, si l’expérience vient à prouver que les hypothèses sont sans fondement, comme je doute peu que cela n’arrive. Je vous ai dit, Monsieur, que je tire mon horoscope à cet égard de la météorologie, à laquelle sans doute on viendra enfin à penser, mais je vais vous faire voir, que la chimie seule a inspiré à des chimistes, ce que la météorologie m’a fait entrevoir. Vous aurez vu, à la p. 143 du même volume des Annales de Chimie qui contient votre rapport, cette proposition du Docteur Priestley en traite de son dernier ouvrage, et qui est le résumé de toutes ses longues expériences sur les différentes espèces d’airs ou de gaz : « Que la vapeur de l’eau est la base de tous les gaz, qu’ils lui doivent leur élasticité ; de manière qu’on peut considérer tout gaz comme cette vapeur, combinée avec une autre substance qui lui adhère d’une manière si intime, qu’elle empêche sa condensation à la température de l’atmosphère ». C’est là encore le résultat que M. de La Métherie a tiré de toutes ses expériences ; et sûrement les résultats sommaires de deux chimistes tels que lui et le Docteur Priestley doivent avoir beaucoup de poids ; d’autant qu’ils les avancent en opposition de la nouvelle doctrine, d’après les mêmes faits, qui leur sont bien connus : mais les termes dans lesquels M. de La Métherie exprime le sien, ont un avantage particulier dans ce qui me reste à dire. « Les différentes espèces d’air (dit-il page 541 du tome II de ses Essais sur l’air pur) contiennent beaucoup d’eau, et un poids presque
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égal au leur ». Ici donc, et dans toutes les explications que M. de La Métherie donne de son idée, les différents airs sont le feu, lié à une substance particulière aussi impondérable que lui, et c’est lorsqu’ils se sont chargés de toute l’eau qu’ils peuvent acquérir par une affinité qui ne cède ni au refroidissement ni à la compression, qu’ils sont coercibles et revêtent l’état aëriforme. Quand les Néologues voudront s’occuper véritablement de cette grande classe de phénomènes, ou leurs prétendus principes aquéfiants et acidifiants ni leur matière charbonneuse ne fournissent aucune ressource pour trouver dans l’atmosphère, ni l’eau de la pluie, ni le fluide électrique de la foudre, ni la cause des détonations d’où résulte le roulement du tonnerre, ni les secousses de l’air qui forment les orages ; ils reconnaîtront enfin combien leur jugement sur ces hypothèses a été précipité ; et ils verront au contraire dans l’idée de fluides expansibles impondérables, formés en certaines circonstances ; l’un susceptible de s’unir à l’eau des vapeurs, pour en former l’air atmosphérique, les autres capables de décomposer, celui-ci, en différentes manières, une lueur d’espérance, qu’enfin ces mystères pourront être expliqués par des hypothèses plus précises, et peut-être susceptibles d’être soumises à l’expérience. Nous ne faisons que commencer en météorologie ; et si la chimie qui devait l’y aider, veut faire ses hypothèses et peut les soutenir comme étant les lois de la nature sans avoir examiné attentivement son laboratoire, nous demeurerons bien longtemps, sans rien entendre de ses vraies lois. Ce serait là, Monsieur, un objet digne de votre étude approfondie, et il doit au moins vous laisser dans le doute. J’en ai déjà dit assez dans mes Lettres à Monsieur de La Métherie, pour que, si vous les aviez lues, elles vous eussent fait suspendre votre jugement sur la nature de l’eau. Mais comme la première introduction à la météorologie est l’hygrométrie, je n’ai rien voulu négliger pour l’amener à des principes incontestables. C’est-là l’objet d’un nombre très considérable d’expériences, dont tout l’essentiel est terminé ; j’en ai donné un résumé dans un mémoire à la Société Royale de Londres, qui s’imprime actuellement pour les Transactions Philosophiques de cette année1. Mais je me propose de m’étendre davantage à leur sujet dans quelques lettres futures à M. de La Métherie. J’espère, Monsieur, que vous reconnaîtrez dans le parti que j’ai pris de vous adresser cette lettre, combien j’attache d’importance à votre opinion. Si vous trouviez que ces objections contre la nouvelle nomenclature n’ont aucune force, je vous prie de me réfuter publiquement ; car c’est la vérité que je cherche, non pour moi seulement, mais pour tous ceux qui s’occupent de physique ; et j’ai déjà montré plus d’une fois, que je sais avouer mes erreurs. Voilà donc, mon cher Monsieur, ce que mon amour pour la physique m’engage à publier : me le pardonnez-vous ? Si cela est, comme j’ose l’espérer, dites le moi je vous prie par quelques lignes. Car quoique je tâche de 1. Le resumé annoncé ne parut pas, car Priestley publia « Farther experiments relating to the decomposition of dephlogisticated and inflammable air », Phil. Trans., 81 (1791), 213-222.
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m’acquitter de ce que je crois être mon devoir, je ne le fais pas toujours sans peine, et c’est ici fortement le cas. Nous aurions évité cette controverse publique, si vous aviez eu le loisir d’en soutenir avec moi une particulière, lorsque je vous dis mon opinion sur la nouvelle nomenclature, et vous indiquai le Journal de Physique, où je la discutais. Les auteurs de la nouvelle nomenclature l’auraient aussi évitée, si plusieurs d’entr’eux, ayant reçu de ma part, mes Idées sur la Météorologie, avaient bien voulu me faire des objections1. Mais loin de là, si je ne savais pas qu’elles leur ont été délivrées, j’ignorerais qu’ils les ont reçues. Ce n’est pas ainsi que j’en use avec ceux qui m’envoient leurs ouvrages, quand je ne suis pas de leur opinion ; et ce n’est pas ainsi qu’on en use quand on aime plus la vérité que les hypothèses. [Deluc] brouillon Arch. R. Hahn.
181. reçu, 13 février 1791
13 février 1791 J’ai soussignée Marie Anne La Place, veuve de Henry Martinne, reconnais avoir reçu du Sieur Lieutout la somme de 306# à la décharge de Mr Laplace dont je fais déduction des vingtièmes et suite des 200# due pour ma légitime. La dite rente échue du 29 juin dernier. Fait, ce 13 février 1791 Marie Anne Laplace J’ai payé 284#2 reçu Bancroft, box 8, dossier 22. 1. (Genève, 1786-1787), 2 vols. 2. De la main de Lieutout.
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182. [Deluc] à Laplace, 14 février 1791
A M. de Laplace Sur la nouvelle nomenclature chimique Windsor, le 14 février 17911 Monsieur, Je n’avais pas eu lieu de croire que vous prissiez un parti décidé sur les questions maintenant agitées en chimie. Vous me marquiez l’année dernière, que particulièrement occupé depuis quelque temps du système du monde, vous aviez un peu perdu de vue la physique terrestre ; que la météorologie vous avait toujours paru une des partis les plus difficiles de cette physique, par la complication des causes qui agissent dans l’atmosphère ; que vous n’aviez pu lire encore mes Lettres à M. de La Métherie sur ce sujet ; que d’ailleurs il était difficile d’en traiter dans une correspondance, et que vous désiriez que je puisse aller à Paris pour m’en entretenir avec vos savants. J’aurais certainement pris ce parti même sans cette invitation si j’eusse pu le faire. Mais ne le pouvant pas, je me repose au moins sur l’idée que lorsque ces questions qui concernaient ces objets auraient été suffisamment débattues, il viendrait un moment où vous pourriez embrasser leur ensemble pour en faire sortir la lumière ; lorsque j’ai vu dans le VIIe volume des Annales de Chimie que vous étiez décidé en faveur de la théorie de la nouvelle nomenclature, sans qu’il paraisse que vous ayez connaissance de ce qui y oppose la météorologie. Après la satisfaction que j’aurais eue, si vous aviez employé votre étonnant pouvoir d’analyse à montrer aux Néologues qu’ils ont décidé trop tôt de grandes questions de physique opposées partout aux expériences particulières, dont les résultats sont équivoques ; je n’aurais guère pu en recevoir une plus grande sur cet objet, qu’en vous voyant embrasser leur cause : car si vous êtes réellement convaincu, personne ne saurait me convaincre que vous, et je ne cherche qu’à voir clair. Mais celui d’entre les physico-mathématiciens qui a donné les plus grandes preuves de la nécessité d’embrasser tout l’ensemble d’un système 1. Il existe deux brouillons de ce texte. Le premier brouillon porte la date du 31 janvier 1791, barré, et remplacé par le 14 février. Je donne ici le texte du deuxième. Le 25 avril 1791, une autre version bien plus courte fut envoyée à Laplace.
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avant que de fixer les lois d’aucune de ses parties, ne croira pas pouvoir fixer d’après notre chimie, des lois qui intéressent la chimie de la nature, vous discuterez donc mes objections tirées de celle-ci ; ça sera pour vous, Monsieur, premièrement que je rassemblerai ici le sommaire de mes remarques. Mais puisque votre assentiment a des opinions que je ne puis admettre encore, est maintenant aussi public que mon dissentiment, je crois que nous pourront rendre service à la physique par la discussion publique des point dont jusqu’ici les Néologues ne se sont pas occupés, quoique toute leur théorie en dépende. Dans cette vue, j’aurais l’honneur de vous envoyer deux copies de cette lettre, vous priant d’en remettre une à MM. les auteurs des Annales de Chimie. Vous voyez par là, Monsieur, que je ne vous crois attaché à votre opinion, que comme je le suis à la mienne ; c’est-à-dire, à charge d’examens aux auteurs des Annales de Chimie, au nombre desquels est Monsieur Monge. J’ai lieu de reconnaître le même sentiment chez eux en général et chez Monsieur Monge en particulier ; puisqu’ils ont admis mes remarques sur un mémoire de cet habile académicien. 1. Vous acquiesserez sûrement, Monsieur, à ces propositions préliminaires qui détermineront la nature des objets que nous aurons à examiner. 1° Qu’une démonstration rigoureuse peut seule autoriser à fixer une loi dans quelque partie d’un système, malgré ce que d’autres de ses parties semblent lui opposer. 2° Qu’en pareil cas la probabilité ne suffit point ; surtout si quelque autre loi peut remplacer celle-là. 3° Que même une plus grande probabilité de l’une des lois n’équivaudrait pas à une plus grande probabilité de l’autre dans l’ensemble du système. 4° Enfin, qu’en pareil cas, alors on doit comparer sans relâche avec tout le système, les lois différentes conclues de cas particuliers, et en laisser indécis jusqu’à ce que la démonstration ressorte de quelque part. Telles seront mes règles, Monsieur, et je n’ai d’autre but que de les appliquer à la controverse actuelle. 1. Je ne pourrai donc choisir un meilleur juge. 2. J’ai dit dans une Lettre à Monsieur de la Métherie, destinée au Journal de Physique pour le mois prochain : « Que tandis que les Néologues considèrent leurs hypothèses comme n’étant que l’expression simple des faits, il n’y a entr’elles et l’expression nue des faits, un intervalle qui renferme les plus grandes questions de la physique terrestre ». Voilà qui serait bien contraire aux règles que je viens de poser, et cependant vos propres expressions seront mon texte. Ainsi, Monsieur, vous jugerez vous-même si, en les employant, vous aviez en vue toutes les questions qu’elles décident, et que j’exposerai.
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3. Le rapport des commissaires de votre Académie, inséré dans le VIIe volume des Annales de Chimie, et dont vous avez été le rédacteur, a pour objet une belle expérience de MM. Fourcroy, Seguin et Vauquelin, dans laquelle la combustion de 12 onces 4 gros 49 grains d’un mélange d’air déphlogistiqué et d’air inflammable, a produit 12 onces 4 gros 45 grains d’eau, qui n’a manifesté aucune acidité. C’est-là, dis-je, une expérience fort importante, et dont les conséquences ne pourront qu’être très grandes un jour en physique ; mais, suivant mon opinion, nous sommes loin encore de les découvrir précisément. Cette expérience au reste, plus grande sans doute et plus précise qu’aucune de celles qui avaient été faites auparavant, n’a rien changé au fond à l’état des questions pendantes : car on avait déjà obtenu de l’eau, sans acidité, et en poids presque égal à celui des deux airs, et j’étais parti de ce cas dans mes discussions au Journal de Physique. 4. « Monsieur Cavendish (dites-vous, Monsieur dans ce rapport) parait avoir remarqué le premier, que l’eau ainsi produite est le résultat de la combinaison des deux gaz, et qu’elle est d’un poids égal au leurs. Plusieurs expériences faites en grand et d’une manière très précise par MM. Lavoisier, Laplace, Monge et Meusnier et par Monsieur Lefèvre de Gineau, ont confirmé cette découverte importante, sur laquelle il ne doit maintenant rester aucun doute ; en sorte qu’à ne considérer que les substances que nous pouvons peser et contenir dans des vaisseaux, on peut regarder ... ». Je m’arrête ici un moment et je vous prie d’observer ce que je vais conclure de ces expériences, pour n’exprimer que le fait : « on peut regarder (dirai-je) la quantité d’eau ainsi produite, comme provenant de la décomposition mutuelle des deux gaz ». Observez maintenant, Monsieur, comment vous concluez : « On peut regarder l’eau (en général) comme formée de la combinaison de ces gaz » : et en nommant ceux-ci d’après les Néologues, vous décidez encore que l’un est aquéfiant et l’autre acidifiant. Il suffisait de vous engager à fixer votre attention sur les différences de ces deux manières de conclure en partant [des] mêmes faits, pour que vous vissiez d’un coup que la dernière renferme plusieurs hypothèses. Je n’ai pas droit cependant de m’étonner, que vous faites cette transition tacite des faits à des hypothèses ; puisque je la fis moi-même au commencement sans l’apercevoir. Mais je l’ai aperçu ensuite ; et en vous indiquant les raisons de mon changement ; c’est-à-dire, de ce que je doute beaucoup aujourd’hui, de ce dont je ne doutai point d’abord ; je vous conduirai à un examen où vous voudrez sûrement apporter votre précision ordinaire. 5. Mon motif en général de ne plus adopter cette expression hypothétique que vous employez, malgré l’apparence qu’elle a au premier coup d’œil d’être au moins une conséquence très prochaine est que sous cette apparence, elle décide les questions suivantes qui sont bien loin d’être décidées. 1° Elle suppose que la simple addition du feu à une substance pondérable, peut produire un fluide aëriforme. Proposition qui pourtant ne se glisse ainsi en
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physique, qu’avec l’hypothèse fondamentale elle-même ; car on y affirme que les deux parties constituantes supposées dans l’eau, étant séparément unies au feu, forment deux airs différents ; tandis que pour établir comme un fait cette formation des deux airs, il faudra avoir prouvé séparément une décomposition de l’eau. 2° Cette première proposition, d’abord particulière, en a entrainé et de même tacitement une plus générale qui obscurcit tout ce qu’il y a de lumière sûre, en hydrologie, aérologie et météorologie. Voici cette proposition : « que les fluides aériformes ne différent des vapeurs, que parce qu’ils ne sont détruits par aucun refroidissement connu sur notre planète ». Tandis qu’il est incontestablement établi que toute vapeur a un maximum fixe de densité dans une température donnée ; de sorte que plus de compression, avec même chaleur, en détruit une partie ; et que moins de chaleur, avec même compression, en détruit aussi une partie ; ce qui est entièrement inconnu à l’égard des fluides aëriformes. De sorte qu’au delà, tout est hypothèse gratuite ; or, Monsieur, songez un moment à ce que vous penseriez, si pour expliquer quelque mouvement particulier d’un satellite, on venait faire de nouvelles hypothèses sur les lois de la gravité, et vous examinerez de plus près les fondements d’introduction d’une telle hypothèse physique. 3° On admet encore au nombre de ces hypothèses l’existence d’un principe acidifiant faisant partie de l’eau ; supposition néanmoins aussi gratuite qu’inutile dès qu’on la sépare de sa souche. Car aucun des phénomènes sur lesquels on l’appuie, ne manifeste autre chose, sinon quelque acide dégagé contenu, ou dans de l’eau, ou dans une substance soluble par l’eau et qui elle-même contient de l’eau. De sorte que pour prouver l’existence de cet étrange principe acidifiant, c’est-à-dire, pour écarter l’explication bien plus naturelle en elle-même des phénomènes de cette classe, dans laquelle on suppose, que l’air déphlogistiqué qui s’y emploie fournit entièrement cette eau ; il faut encore nous démontrer par quelle voie directe il faut prouver la décomposition de l’eau. 4° Cette proposition fondamentale de la nouvelle théorie que l’eau est composée de deux substances distinctes étant l’une des plus grande qu’on puisse introduire dans la physique terrestre, ne saurait être légitimement introduite par des inductions aussi faibles que les précédentes, toutes affectées de pétitions de principe ; de sorte qu’avant de la poser comme partie fondamentale de tout l’édifice de cette physique, il fallait la comparer à tout l’ensemble des phénomènes terrestres où l’eau joue quelque rôle. Ou du moins laisser aux physiciens le temps de l’examiner, chacun dans les branches de phénomènes dont il a fait son étude particulière. Or les Néologues n’ont pris ni l’une ni l’autre de ces précautions avant que de se déterminer. 5° Enfin toutes ces propositions transportées dans la météorologie seulement, y éprouvent déjà les plus fortes contradictions, et c’est-là la classe des phénomènes qui me les a fait examiner avec plus d’attention que je ne l’avais
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fait d’abord. Car toutes les hypothèses sur la formation de la pluie, dans lesquelles on l’attribue à de l’eau simplement évaporée, n’ont aucune solidité ; tellement qu’il faut trouver de quelque autre manière l’eau qui constitue ce météore ; or dans les couches de l’atmosphère où se forme la pluie, il n’y a aucune quantité perceptible de ce prétendu air aquéfiant, qu’on regarde comme étant une partie constituante de l’eau. Cette dernière considération est jusqu’ici le criterium le plus immédiat de la doctrine des Néologues : jamais ils ne l’établiront, sans avoir levé mes objections météorologiques ; en expliquant clairement la pluie par l’eau simplement évaporée, soit d’après cette doctrine, soit d’une manière qui soit indépendante des controverses à cet égard. MM. Monge et Morveau ont essayé de le faire dans ce dernier plan en tenant l’un et l’autre d’expliquer la pluie par l’eau simplement évaporée ; mais ils l’ont fait d’après des hypothèses si différentes que cela seul prouvait que nous n’y entendons rien ; car il y a si longtemps que cela seul que l’on cherche à expliquer la pluie par cette route que si elle était sûre, deux physiciens tels que ces Messieurs qui y sont entrés pour soutenir la nomenclature qu’ils adoptent, auraient dû s’y rencontrer. J’ai exposé à Monsieur Monge, dans la première partie du VIIIe volume des Annales de Chimie les raisons que j’ai de croire qu’il se trompe ; et je ne tarderai pas à en faire de même à l’égard de Monsieur de Morveau. 6° [manque] 7° Je crois, Monsieur, avoir rempli la partie la plus essentielle de ma tâche ; elle était de vous démontrer « que tandis que les Néologues considèrent leurs hypothèses comme n’étant que l’expression simple des faits, il y a entr’elles, et l’expression nue des faits, un intervalle qui renferme les plus grandes questions de la physique terrestre ». Vous avez vu que je n’ai point entrepris de démontrer que ces questions soient décidées contr’eux ; ce n’était pas là mon but ; il était seulement de vous faire voir qu’elles sont loin d’être décidées en leur faveur, et je crois l’avoir rempli. C’est donc làdessus que je fonderai ce que je vais maintenant avoir l’honneur de vous exposer relativement à leur nomenclature qui est le but principal de cette lettre ; parce que je crois nécessaire de fixer fortement l’attention des physiciens sur ce point, je le ferai d’abord dans les termes d’un chimiste. 8° « Comme j’aurai souvent occasion (dit-il) de parler de phlogistication et déphlogistication des acides, je dois dire d’entrée, que par ces termes je n’entends exprimer que certains états, ou certaines qualités des acides, sans égard à aucune théorie. Ainsi on peut dire de l’acide vitriolique qu’il est phlogistiqué par l’addition du soufre ou de quelque autre matière inflammable, et changé ainsi en acide sulfureux ; sans déterminer avec une classe de physiciens, que ce soit là l’effet d’une addition de phlogistique ; ni admettre comme d’autres physiciens l’ont soutenu depuis peu, que c’était soit produit par l’action de la matière inflammable, qui sépare de l’acide une partie de son principe aëré et y fait dominer le soufre. Il serait bien à désirer que nous
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eussions des mots étranger à toute théorie pour que les chimistes qui différent entr’eux dans leurs idées spéculatives, puissent néanmoins parler un même langage, et exposer leurs faits et observations, sans que notre attention en fût continuellement détournée par leurs idées systématiques. Mais tel est aujourd’hui l’état des choses, que nous avons seulement le choix, entre les mots dérivés de l’ancienne théorie, et ceux qu’y ont substitué les adversaires de cette théorie. Dans cette alternative, j’ai préféré l’emploi des anciens mots ; non pour montrer aucune prédilection pour l’une ou l’autre des deux théories ; mais d’abord parce que ces mots, usités depuis longtemps, sont entendus par les deux classes de physiciens ; et surtout parce que j’aurai la liberté de les définir, pour qu’il n’expriment que des faits, ou des états intelligibles des substances ; au lieu que dans la méthode des chimistes anti-phlogisticiens, le langage et la théorie sont tellement entrelacés, que le premier ne saurait être dépouillé de son rapport avec l’autre ; tellement qu’il parait inapplicables à de simples expositions des faits, et devrait être réservé pour l’explication seule de la doctrine dont il dérive. Tel est mon motif dans le choix de langage ; et ainsi, par la définition que j’ai donnée de la phlogistication, il ne s’agira point là d’indiquer la présence ou l’existence d’un principe hypothétique d’inflammabilité, mais seulement une certaine qualité bien connue des acides, ou d’autres corps, qui leur est communiquée par l’addition de plusieurs sortes de substances inflammables : par exemple, l’acide nitreux acquiert cette qualité, par l’addition d’un peu d’esprit-de-vin ou par la distillation avec toute substance inflammable ». 9° Vous voyez, Monsieur, d’après le jugement d’un homme bien impartial et bien en état aussi d’appuyer ses opinions, que les Néologues n’ont que trop bien réussi dans l’une de leurs vues ; celle que leurs mots mêmes enseignassent leur physique qu’il regardaient déjà comme la physique ; ils ont, dis-je, si bien réussi qu’on ne peut lire leurs ouvrages, toujours remplis de faits intéressants, sans que l’attention ne soit perpétuellement mise à la torture par leurs hypothèses, lors même qu’ils ne décrivent que ces faits. Par là, ils ont entièrement renversé le premier plan de [la] nouvelle nomenclature formée par M. de Morveau, qui n’ayant en vue aucune hypothèse physique, mais voulant seulement donner des noms plus naturels à nombre de substances appartenant à la pharmacie ou à la minéralogie, ne pensant qu’à la chimie pratique ou probablement, après le temps nécessaire à l’examen, elle aurait pu devenir fort utile. Mais par la tournure qu’a pris ce projet de M. de Morveau à cause des hypothèses physiques de quelques autres chimistes, tous ceux d’entre les physiciens qui ont étudié l’histoire de la physique et qui, d’après l’obscurité qui y règne encore de toute part, sont bien sûrs que nous ne sommes pas au bout des grands changements d’hypothèses, voyent avec peine l’introduction d’un nouveau langage, qu’il faudra abandonner, si les nouvelles hypothèses ne sont pas solides, ce qui est déjà l’opinion de nombre d’entr’eux.
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10° Remarquez Monsieur, je vous prie, l’avantage des Noms usités dans une science aussi obscure encore et par-là encore changeante, que la physique des idées hypothétiques qui présidèrent à leur naissance, ces noms ne sont plus que des signes pour désigner des substances, parfaitement distinctes en elles-même, desquelles chaque physicien peut dire ce qu’il pense sans songer au nom à l’égard desquelles les hypothèses peuvent longtemps changer sans que le signe change, et par conséquent, sans embarras dans le langage. Voilà donc la circonstance précédente que, sans aucun motif solide on travaille à détruire. Il y a sans doute des motifs légitimes pour introduire de nouveaux noms dans un langage tout formé. Le physicien, par exemple, qui soupçonne l’existence de certaines substances inconnues par elles-mêmes ; telles que le phlogistique, la matière charbonneuse, la matière du feu, la matière électrique, le fluide déférent électrique ; et qui les nomme ne font aucun tort au langage ; car ceux qui n’admettent pas ces substances hypothétiques, n’ont que faire de leurs noms, à moins qu’ils veuillent réfuter l’inventeur. Ceux encore qui découvrent de nouvelles substances, distinctes par la manière dont elles sont produites, ou leur lieu, ou tel autre caractère connaissable par tout observateur, ont droit aussi de les nommer ; parce qu’ils augmentent réellement le catalogue des substances. Mais quant à ceux qui ne font qu’exposer de nouvelles opinions sur la nature de substances très distinctes et déjà nommées, ils ont tort d’en changer les noms, car ces opinions nouvelles, quelque vraisemblables qu’elles puissent être, demandent toujours l’examen du temps, si elles viennent à se trouver mal fondées, on a fait un grand mal au langage, en y introduisant la biggarure, tandis que si même elles se soutenaient comme vraies, le langage n’aurait rien gagné. 11° Les Néologues m’arrêteront ici, et ils répétront le motif qu’ils ont allégué à la page 12 de leur ouvrage : « Une langue bien faite (y disent-ils), une langue dans laquelle on aura saisi l’ordre successif et naturel des idées, entraînera une révolution nécessaire et même prompte dans la manière d’enseigner ; elle ne permettra pas à ceux qui professeront la chimie, de s’écarter de la marche de la nature ; il faudra, ou rejeter la nomenclature, ou suivre irrésistiblement la route qu’elle aura marquée ». Voilà qui, au lieu de produire l’effet que les Néologues en attendaient, a révolté les physiciens. Sans doute, en admettant cette nomenclature, il faux suivre irrésistiblement la route qu’elle a marqué, et pour nous y engager on assimile cette route à la marche de la nature. Les savants voudraient-ils donc qu’on les nommât les inspirés ? Car sans prétendre à une inspiration, personne n’a droit de nous dicter un langage au nom de la nature. Mais ce n’est pas là leur prétention ; ils ont cru voir que leur marche était tracée par la nature elle-même ; et à cet égard on ne saurait les blâmer ; car c’est le cas de tous ceux qui se forment des opinions d’après les duels. Mais il ne faut pas, pour des opinions si sujettes au changement, vu notre ignorance, changer le lan-
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gage de la physique, et y introduire ainsi cette confusion de nomenclature dont on se plaint si fort dans l’histoire naturelle où pourtant vu l’incertitude de nombre de descriptions, elle est bien plus excusable qu’elle ne le serait dans la physique. 12° Pour vous montrer Monsieur, par un exemple sensible, combien peu la doctrine des Néologues porte le caractère d’évidence qui accompagne la découverte des vraies routes de la nature, permettez que je vous transcrive une anecdote qui se trouve à la p. 25 du VIIe volume des Annales de Chimie. Monsieur Hassenfratz, en y rendant compte du travail de M. de Morveau pour l’Encyclopédie par ordre de matières, fait la remarque suivante : « Tout ce qu’il a fait imprimer dans la première partie, porte le caractère de doute dans lequel il flottait sur l’adoption du système des phlogisticiens ou de la doctrine des anti-phlogisticiens : tous les phénomènes y sont expliqués d’après les deux manières ». Quand on considère les lumières de M. de Morveau, on est forcé de convenir que ce n’est pas de là le caractère de certitude. On lit ensuite à la page 27 : « La seconde partie, imprimée depuis le voyage de M. Morveau à Paris, est entièrement écrite d’après les principes des antiphlogistiens, que ce savant parait avoir adopté. A la tête de cette partie M. Morveau a fait imprimer un avertissement, dans lequel il développe les raisons qui l’ont conduit et déterminé à changer de langage ». Ses raisons sont que les principes dont il s’agit lui paraissent mieux fondés que ceux des phlogisticiens, et je ne suis point surpris de la différence d’opinion sur ce point, vu l’ambigüité des résultats des expériences démontré par M. Morveau lui-même dans la première partie. Mais sûrement la préférence pour une des deux théories, de changer de langage n’était pas [une] raison solide de changer le langage de la physique dans un ouvrage destiné aux physiciens en général ; d’étendre dis-je ce changement jusqu’à ce qu’il nomme, depuis son association avec quelques savants de Paris, les substances simples ; dans lesquelles sont rangées, par décomposition hypothétiques, les ingrédients supposés de substances que d’autres physiciens considèrent comme simples ; et des substances qu’ils nomment simples, quoique d’autres les regardent comme des composés. Toutes ces substances appartiennent à la physique générale, et sont le grand objet de ses recherches. Or, fixer leurs noms en les liant à des hypothèses que les physiciens n’ont pas même eu le temps d’examiner ; sortir de leurs conférences avec un nouveau langage qu’ils ont ensuite engagé M. de Morveau à consacrer dans un ouvrage qu’ils nomm[ent] national et le donnent comme exprimant la marche de la nature ; c’est dicter la loi en physique, et fermer la porte aux recherches, en consacrant, s’ils en étaient crus, l’ignorance profonde où nous sommes encore sur la nature intrinsèque de ces premières substances et leurs fonctions dans la nature. 13° Tout ce que je viens de vous exposer, Monsieur, est indépendant de mes raisons de préférence pour une théorie différente de la doctrine des Néolo-
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gues ; de sorte que si l’on voulait, d’après cette théorie, changer les noms des mêmes substances dont il s’agit ici, pour leur faire exprimer les idées hypothétiques qui me paraissent aujourd’hui les plus vraisemblables, ces mêmes raisons me les feraient désapprouver. Nous sommes trop peu avancés dans la connaissance des éléments des substances qui jouent le premier rôle dans les phénomènes terrestres, pour regarder encore aucune de nos opinions à leur sujet comme la vérité elle-même. Nos idées à cet égard successivement plus claires et liées à plus de faits, ne sont que des échelons pour arriver à la vérité ; et sûrement il ne conviendrait pas de passer de nomenclature en nomenclature pour des substances toujours les mêmes, à mesure que nous passons d’idées en idées sur leur nature. Cela serait très fatiguant pour l’attention, sans rien faire pour la science. Outre que les physiciens différeront toujours entr’eux pour les termes dans ces passages d’idées en idées jusqu’à ce que la vérité elle-même se fasse jour ; ce qui ne paraît pas bien près. Telles sont mes idées sur les changements de nomenclature qui embarrassent la physique ; ce qui n’empêche pas que je crois avoir de fortes raisons à vous alléguer en faveur de mon opinion ; mais pour abréger ici : comme c’est principalement pour une détermination différente de la nature des fluides aëriformes que diffèrent les théories chimiques aujourd’hui rivales, je me bornerai à ce point. 14° La théorie que j’ai adoptée à l’égard de ces substances si importantes dans la physique terrestre est née aussi dans la chimie, et d’après les expériences d’individus qui y occupent un rang distingué. Vous aurez vu, Monsieur, cette théorie exprimée d’après le Dr. Priestley à la page 143 du VIIe volume des Annales de Chimie ; c’est celle-ci : « La vapeur aqueuse est la base de tous les gaz ; ils lui doivent leur expansibilité ; de manière qu’on peut considérer tout gaz, ou fluide aëriforme, comme cette vapeur, combinée avec quelque autre substance ». Ici donc, l’eau elle-même fait la partie sensiblement pondérable de tout air. Le feu en est une autre partie commune et d’autres substances produisent les différences spécifiques de ces fluides. Le Dr. Priestley a conclu cette définition des mêmes phénomènes qui en ont dicté une autre aux Néologues : cependant il avait admis avant eux l’idée de la composition de l’eau qui constitue la différence fondamentale entr’eux ; mais il eut bientôt à cet égard des doutes dans lesquels il a persisté. Cette idée sur les airs, distinctive de la théorie que j’adopte, s’est présentée en chimie à plusieurs physiciens par diverses routes. M. Volta a cru voir dans ses expériences, que l’air inflammable et l’air déphlogistiqué n’étaient que l’eau, modifiée de deux manières différentes. M. Ingenhousz, d’après le nombre et la variété de ses expériences sur la végétation, a été conduit à l’idée générale, que l’eau se changeait en différentes espèces d’airs. Newton, que vous vous cherchez à associer à votre théorie adoptive, comme vous êtes associé à la sienne, avait pensé, que l’eau se changeait peut-être en air. Enfin M. de la Métherie, qui, de même que le Dr. Priestley, a fait tou-
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tes les expériences sur lesquelles se fondent les Néologues, qui parait même les avoir plus variées plus qu’eux, les a toutes expliquées sans leur doctrine ; à laquelle même il a opposé depuis longtemps, nombre des faits, car il n’a jamais admis la décomposition de l’eau. Or voici comment il exprime (p. 541 du tome II de ses Essais sur l’air pur etc.) le résultat de toutes ses recherches : « Les différentes espèces d’airs contiennent beaucoup d’eau, et en poids presque égal au leur ». 15° Cette dernière expression ne diffère que par un concept particulier, de la manière dont les autres savants nommés ci-dessus ont envisagé les airs. M. de la Métherie donne ici le nom d’airs, à certains fluides qu’il conçoit formés de feu ou de lumière et de quelque autre substance sensiblement impondérable ; et il suppose qu’en cet état ils traversent nos vaisseaux. Si, dans la théorie du Dr. Priestley, l’on fait abstraction par la pensée de l’eau qui entre dans la composition des fluides aëriformes, il nous reste ces fluides de M. de la Métherie qui, seulement ajoute l’idée qu’ils peuvent exister seuls, et traverser alors nos vaisseaux. Il a tiré cette idée de la chimie, et elle peut avoir beaucoup de conséquences dans la météorologie, à laquelle je viendrais maintenant. 16° J’admets donc en général comme une des propositions jusqu’ici les plus applicables à la météorologie ; « que tout fluide aëriforme, est la vapeur aqueuse, modifiée par une ou plusieurs substances impondérables ; substances qui y produisent d’abord entre le feu et l’eau, cette union qui résiste à la pression et au refroidissement ; et qui de plus par leurs facultés de se combiner entr’elles d’air à air, et d’un air avec quelque autre fluide expansible, produisent de très grands phénomènes ». Je ne crains point, Monsieur, de vous parler de substances impondérables ; car le feu, la lumière, le fluide électrique, le fluide magnétique, qui jouent de si grands rôles dans la physique terrestre, sont déjà reçus au nombre de ces substances, par la nécessité de cette admission, pour expliquer les phénomènes. Or si la complication d’effets que vous avez aperçu vous-même dans la météorologie, eût aussi fortement attiré votre attention que celle qui règne dans les phénomènes astronomiques ; vous y auriez trouvé partout des indices de substances impondérables, comme dans ces derniers phénomènes, les indices des lois de la gravité. Mais sans doute que pour cela il faut étudier la météorologie, comme vous avez étudié l’astronomie. 17° Il semblerait, au petit champ qu’embrassent aujourd’hui dans leurs expériences quelques célèbres chimistes, que le peu de découvertes [qu’à] faites notre génération dans les airs manipulés eussent épuisé son génie. Ils s’endorment sur cette espèce de conquête dans la nature, ils s’amusent à recueillir une multitude de petits faits dans ce premier passage tracé, tandis qu’il ne devait servir que d’entrée dans le pays le plus fécond en grands objets. Je vous ai déjà témoigné, Monsieur, mon vif regret, que des hommes d’aussi grands talents que le sont les Néologues, occupé seulement d’hypo-
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thèses formées dans nos laboratoires, pour les défendre contre ceux qui n’y voient pas ce qu’ils croyent y voir, négligeant ainsi de prendre un plus grand essor dans la nature. Premièrement dans l’atmosphère, où se passent vraiment en grand, des phénomènes en eux-mêmes d’une importance si supérieure à ceux qu’ils ne voient qu’en petit. Là ils auraient à chercher, l’eau de la pluie, le fluide électrique de la foudre, la cause des explosions qui forment le roulement de tonnerre, celle du refroidissement subit d’où résulte la grêle, celle des secousses de l’air qui forment les vents orageux, celle de la chaleur qui produisent les rayons du Soleil, celle de l’influence de cet astre sur l’électricité aérienne et sur le magnétisme, et avant tout la cause qui fait disparaître, dans les intervalles des pluies, la plus grande partie de l’eau qui s’élève sans cesse dans l’air par l’évaporation. 18° Voilà des phénomènes chimiques qui éclipseront tous ceux de nos laboratoires, jusqu’à ce qu’il sorte de ceux-ci quelque lumière qui s’étende jusqu’à eux ; et même on ne l’y reconnaîtra pas quand elle y arriverât, si l’on a pas appris à les bien reconnaître. Aussi ne puis-je comprendre, qu’aussi scrupuleux comme le sont les Néologues, lorsqu’il s’agit, ou de décrire ce qui se passe dans leurs appareils, ou de scruter les hypothèses qu’on forme sur leur résultats, ils ne songent point à ces grands phénomènes qu’ils décrivent très vaguement, quand ils en parlent, qu’ils expliquent comme les anciens chimistes qu’ils critiquent avec raison, expliquaient leurs phénomènes confus. Cependant, aucune hypothèse sur l’essence de l’eau, des vapeurs et des fluides aëriformes, ne saurait être reçus par les physiciens sans que ces grandes opérations de la nature ne soient expliquées d’une manière claire et précise, et sûrement les hypothèses distinctives des Néologues, loin d’y répandre jusqu’ici aucune lumière, paraissent au contraire les couvrir d’un voile plus épais. Ce serait donc à eux à le lever ; et cependant ils semblent craindre de le tenter en forme. 19° Voici maintenant, Monsieur, mes motifs de préférence pour l’autre théorie. En considérant tout air, et par conséquent l’air atmosphérique, comme étant composé d’eau, de feu et de quelqu’autre substance ; et en admettant d’autres fluides composés de feu ou de lumière, et d’autres substances fort tenuées qui ont diverses affinités avec les substances distinctives des airs (théorie qui, comme je l’ai montré ci-dessus, a pris naissance dans notre chimie) ; on voit déjà quelque lumière s’étendre sur les phénomènes météorologiques, et l’on sent naître l’espérance d’y voir plus clair un jour. Car un de ces fluides subtils résidant constamment dans l’atmosphère durant la présence du Soleil, peut avoir la faculté de transformer la vapeur aqueuse en air atmosphérique ; et d’autres de ces fluides, formés ou détruits suivant certaines circonstances, peuvent avoir la faculté de faire ramener cet air à l’état de vapeur, mais avec différents phénomènes concomitants, suivant la nature de ceux de ces fluides qui opèrent ce retour. Il n’y a que peu de temps qu’on croyait tout savoir sur ces phénomènes, et l’on ne savait rien ; mais
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je crois voir dans les idées que je viens de rassembler ici, l’aurore de quelques connaissances réelles. 20° Ce serait là, Monsieur, un sujet digne de votre profond génie ; mais la physique céleste vous enlève à la physique terrestre ; et nous ne devons pas y avoir regret, parce que vous pouvez plus aisément être remplacé dans la dernière que dans la première. Je me suis donc borné à esquisser dans cette lettre un certain nombre d’objets que je crois suffisants, si vous leur accorder un peu d’attention, pour vous faire comprendre combien de choses doivent être considérées avant qu’on puisse décidemment prendre parti sur les questions chimiques agitées aujourd’hui. Je me suis plus étendu à ces divers égards dans mes Lettres à Monsieur de la Métherie, et si vous eussiez eu le temps de les lire, je crois qu’elles vous auraient engagé plus tôt à suspendre votre jugement. Mais j’irai plus loin dans la suite : car comme la première introduction à la météorologie est l’hygrométrie ; en ce qu’elle fixe nos idées sur la quantité d’eau simplement évaporée qui peut se trouver dans l’air, sur l’état hygroscopique de l’atmosphère en général des couches d’air dans lesquelles des nuages [?] bieux sont prêts à se former ; je n’ai rien négligé pour déterminer par de nouvelles expériences ce qui restait indécis sur ces points importants dans ce que nous en avons déjà publiés Monsieur de Saussure et moi. Le résumé de ces expériences et de leurs résultats fait l’objet d’un mémoire que j’ai présenté à la Société Royale de Londres, comme suite d’un premier mémoire que je lui avais présenté il y a près de 18 ans et il paraîtra dans la première partie des Transactions Philosophiques qui paraîtra cette année1. Mais je me propose d’en détailler les objets, dans quelques lettres futures à Monsieur de la Métherie. J’espère, Monsieur, que vous reconnaîtrez dans l’idée-même de vous adresser cette lettre, l’importance que j’attache à vos opinions. Si vous ne trouvez aucune force dans mes objections, ni contre la théorie de la nouvelle nomenclature, ni contre cette nomenclature elle-même, je vous prie de me montrer publiquement mes erreurs ; je songe plus à la physique qu’à mes idées, et j’ai fait voir plus d’une fois, que je ne me fais aucune peine d’en revenir, quoique je les aie soutenues, dès que je viens à découvrir que je me trompe. Mais d’un autre côté, si vous trouviez que j’ai raison dans mes remarques, votre approbation dans ce moment important pour la physique leur attacherait un poids qui ne me flatte pas de lui donner par moi-même. [Deluc] brouillon Arch. R. Hahn. 1. « A second paper on hygrometry », Phil. Trans., 81 (1791), 1-41 et 389-422.
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183. Laplace à Saussure, 18 février 1791
A Monsieur Monsieur de Saussure de l’Académie des Sciences A Genève A Paris, ce 18 février 1791 N’ayez aucune inquiétude, Monsieur, relativement à votre élection de l’Académie1. Elle a été faite très librement, et le vœu de l’Académie en votre faveur a été bien décidé, soit dans la présentation du comité qui vous a indiqué le premier, soit dans le scrutin, où vous avez réuni la majorité des suffrages. Je puis même vous dire que dans peu d’élections, le vœu de l’Académie a été aussi bien marqué. Ceux de mes confrères à qui j’ai fait part de vos inquiétudes, m’ont tous dit que vous deviez être parfaitement tranquille, et votre élection se serait passée aussi paisiblement que les autres, sans le refus que le Roi a fait à l’Académie de confirmer son élection, refus qui vous est entièrement étranger. Rassurez-vous donc, Monsieur, et que votre délicatesse ne s’alarme point de propos destitués de tout fondement. J’ai parlé à Monsieur de Condorcet sur ce qu’il ne vous a point écrit ; il m’a répondu que cela était entièrement inutile, et que souvent, il se contentait d’envoyer aux académiciens nommés par le Roi, la lettre du Ministre, sans y en joindre aucune de sa part. Il doit au surplus vous écrire lui-même. Ayez la bonté de me rappeler au souvenir de Madame votre fille2 et de lui faire agréer mon respect. Veuillez bien agréer vous-mêmes, l’assurance des sentiments de l’estime et de la considération respectueuse avec laquelle je suis, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.GE., MS Saussure 9, fol. 214.
1. Saussure fut élu le 14 janvier 1791 comme associé étranger. 2. Albertine Adrienne Necker de Saussure.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
184. [Delambre] à Laplace, 31 mars [1791]
A Monsieur Monsieur de Laplace de l’Académie des Sciences rue Louis-le-Grand, près le Boulevard Jeudi 31 mars [1791] Résultat de l’élimination pour la longitude du troisième satellite Correction du temps de la première conjonction moyenne de 1700 : +39,8" = IE Correction du changement annuel de la première conjonction –0,328" = IM Correction du coefficient de la seconde équation du centre : –53,034" en temps = y cette équation était 3'26",63, elle devient 2'33,6" en temps Correction du coefficient de la première équation du centre : +36",72 en temps = x L’équation du centre propre du troisième satellite était 3'44,26" elle devient 4'20,98" Correction de l’abside du troisième satellite en 1700 : –17'11,5" = ID La longitude de cette apside en 1700 était 11 25 0 0 Elle se change en 11 24 42 48,5 L’effet de cette correction ne passe jamais 1,1" de temps Correction du mouvement annuel de cette apside –934,6" = IP Ce mouvement était supposé de 10399,08. Il se réduit à 9464,48 L’effet de cette correction en 1787 était de 89" de temps. Les observations ne permettent guère de diminuer cette correction. Il est bien plus probable qu’il faudrait l’augmenter en mettant ces valeurs dans les 192 équations de condition. Elles donnent les quantités suivantes pour les erreurs combinées des tables et des observations :1 Le signe :: a été employé par Flamsteed pour désigner les observations douteuses, et ce signe a été adopté par tous les astronomes. ici.
1. Delambre suit avec des corrections, tables, et équations de condition qui ne sont pas données
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En supposant qu’une immersion marquée de ce signe ait été vue trop tôt et une émersion trop tard, on diminuera toujours l’erreur des tables. On trouve jusqu’à 3' de différence entre une immersion ou une émersion observée par plusieurs astronomes. Les différences de l' sont très fréquentes. Ainsi une erreur de l' dans le calcul quand elle ne se soutient pas dans plusieurs observations consécutives ne prouve rien contre les tables. Les observations –8,04 et –8,02 donnent une erreur de 69" et non de 133" et paraissent prouver un excès de 1½ environ dans le calcul. Pour la faire disparaître il faudrait augmenter toutes les corrections excepté celle de l’époque. Ces observations n’ont été faites qu’à Paris. En 15,59, l’erreur est –95", mais en 15,68 et 15,70 elle n’est que de –3", –15" En 17,08 et 17,10, les erreurs sont +70" et +95"". Il faudrait diminuer la correction de l’époque et augmenter celle de la seconde équation du centre, c’està-dire diminuer TE et augmenter y. En 22,29 erreur +91 il faudrait diminuer IE et y En 23,61 et 23,73 erreurs +102" et +143" diminuez IE et y. En 28,01 ; 28,03 ; 28,04 erreurs –16"+26"+87". Ces erreurs devraient être égales, la moyenne est +30"". En 74,55 ; 74,64 ; 74,67 ; 74,77 les erreurs sont constamment positives, la moyenne est +33" diminuez IE et augmentez IP . En 75,00 ; 75,09 ; 75,21 les erreurs sont négatives, la moyenne –44" augmentez IE et diminuez IP . Ainsi il est difficile d’accorder les observations de 74 et celle de 75. Heureusement les erreurs moyennes ne passent pas les limites des erreurs ordinaires des observations. En 76,88 et 76,90 erreurs +87 –44 moyenne +20" En 77,84 et 77,96 –110 –58 moyenne de –84" augmentez IE et diminuez y. En 79,02 et 79,04 erreur –107 –120 moyenne –113. Doublez IE et IEP et l’erreur sera encore –30". J’aimerais autant supposer que les erreurs tiennent aux observations. En 81,05 et 81,27, erreurs –046 –134 moyenne –90. Augmentez IE et IP . En 87,74 ; 87,75 ; 87,85 ; 87,87 erreurs positives, moyenne = +44", augmentez IE et diminuez IP . Tout considéré, il paraît difficile de toucher à IE . IP pourrait souffrir une augmentation, mais non à beaucoup près assez forte pour ne pas laisser des erreurs assez considérables en 79, 80 et 81. En 29,08 ; 29,11 ; 29,13 erreurs +106 +57 +90, moyenne +84". Diminuez IE , IP et y En 30,89 l’erreur est –209", l’immersion est de Pékin, l’émersion de Pétersbourg. S’il n’y a pas faute d’impression, il faut que l’émersion ait été vue trop tard.
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En 30,99 l’erreur n’est plus que de –109 en 31,01 –53", milieu entre ces deux derniers –81", il faudrait augmenter IE et x. En 48,80, l’immersion est de Pékin, l’émersion de Paris. L’immersion, paraît observée trop tôt, l’erreur est +113". Diminuez IE et augmentez IP . Dans l’immersion observée à Paris quelques jours après l’erreur de Wargentin est plus faible de 72" qu’à l’immersion de 48,80. En 54,24 l’erreur est –98" elle serait –57" par l’observation de Paris En 56,15 erreur –164", en 56,04 et 56,37, les erreurs sont –6", et –79" en 56,15 elle ne devrait être que –39" environ, il est évident que l’émersion a été mal observée. En 61,91 erreur +117 elle serait +88 par l’observation de Stockholm. Elle n’est que de 13" en 61,58 et ces deux erreurs devraient être égales d’après l’équation de condition. En 67,01 et 67,33 les erreurs qui devraient être égales pour –109 et –1". En 77,84 erreur –110 immersion de Genève, émersion de Paris, laquelle a probablement été vue trop tard. En 80,10 erreur –143". Elles seront –101" par l’observation de Bode et -80 par celle de Marseille. L’erreur de Wargentin dans l’immersion diffère de 3' de ce qu’elle est dans les éclipses du même mois. Il paraît très probable que toutes les erreurs qui passent 100" sont dues en grand partie aux observations. On pourrait même avancer avec quelque vraisemblance, que les erreurs des tables corrigées ne passent guère une minute, et c’est tout ce que l’on peut attendre. Reste à savoir si la théorie permettra de diminuer IP autant que je l’ai fait. Iu 1 1 Après tout, ------ ------ , et correction on à ------ près les masses des satellites u 10 10 Je vais former les équations de condition pour les éléments de la demidurée. J’ai l’honneur de faire mille compliments à Monsieur de Laplace. [Delambre]1 fragment Bancroft, box 18, dossier 17.
1. De la main de Delambre mais sans sa signature.
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185. Laplace à Deluc, 10 avril 1791
A Monsieur Monsieur De Luc1 Lecteur de la Reine d’Angleterre, au Palais de StJames, A Londres, London Queens House A Paris, ce 10 avril 1791 Monsieur et illustre confrère, J’ai lu avec attention les remarques que vous m’avez adressées sur le rapport que j’ai fait à l’Académie de l’expérience de MM. Fourcroy, Seguin et Vauquelin, relativement à la composition de l’eau. Malgré mon éloignement pour toute discussion polémique, votre nom justement célèbre dans les sciences, et l’amitié que vous me témoignez depuis longtemps, et dont je sens tout le prix, me déterminèrent à répondre conformément à votre désir, à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et à publier nos deux lettres si vous le jugez convenable, quoiqu’à ne consulter que mon goût particulier, je préfère que cette discussion soit pour nous seuls. Je commence par transcrire le passage de mon rapport que vous critiquez : « Monsieur Cavendish paraît avoir remarqué le premier, que l’eau produite dans la combustion des deux gaz oxygène et hydrogène, est le résultat de leur combinaison, et qu’elle est d’un poids égal au leur. Plusieurs expériences faites en grand, et d’une manière très précise ont confirmé cette découverte importante, en sorte qu’à ne considérer que les substances que nous pouvons peser et retenir dans des vaisseaux, on peut regarder l’eau comme formée de la combinaison de l’hydrogène avec l’oxygène ». En réfléchissant de nouveau sur ce passage, je n’y aperçois aucune inexactitude, et il me semble que la restriction qui consiste à n’avoir égard qu’aux parties sensiblement pesantes des deux gaz, la met à l’abri de tout reproche. Quelle que soit la cause qui donne aux corps l’état aëriforme, et qui je vous avoue m’est entièrement inconnue, il est certain qu’il existe une matière sensi1. Au dos, de la main de Deluc : « M. de Laplace, 1791 10 avril, Rep[onse] : 25è ».
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blement pesante, et qui, soit en vertu de modifications particulières, soit par la combinaison avec une matière extrêmement subtile perméable aux vaisseaux, forme le gaz oxygène. Je nomme avec les chimistes modernes cette matière oxygène, sans prétendre par là lui attribuer une propriété caractéristique, mais parce qu’il m’a fallu la désigner par un nom. Je nomme pareillement hydrogène la base du gaz hydrogène, ou la matière sensiblement pesante qu’il contient. Or il n’est pas douteux, et il me semble que vous [en] convenez vous-mêmes, que la réunion de ces deux matières forme l’eau que l’on obtient dans l’expérience dont j’ai fait le rapport. La seule difficulté que l’on peut faire, se réduit à ce que j’ai nommé combinaison, la réunion des bases des deux gaz, ce qui semble indiquer que ces bases sont d’une nature différente, au lieu que vous ne paraissez croire qu’elles ne sont chacune que de l’eau pure. Mais pour justifier le mot combinaison dont j’ai fait usage, il suffit que les bases des gaz hydrogène et oxygène présentent des résultats différents dans toutes leurs combinaisons, car alors elles sont, du moins par rapport à nous, deux substances distinctes, et nous sommes autorisés à les traiter comme telles jusqu’à ce que leur identité soit parfaitement reconnue. Il s’agit donc de savoir si les bases de l’hydrogène et de l’oxygène présentent dans leurs combinaisons des résultats différents. Cela me parait prouvé par un grand nombre de phénomènes ; ainsi par exemple la combinaison de l’oxygène avec l’azote produit l’acide nitreux, tandis que la combinaison de l’azote avec l’hydrogène produit l’alcali volatil. Les acides sulfurique, carbonique et phosphorique résultent des combinaisons de l’oxygène avec le soufre, le charbon et le phosphore, et ne résultent point des combinaisons de ces substances avec l’hydrogène. En général, si vous vous donnez la peine de suivre les combinaisons de l’hydrogène et de l’oxygène, vous trouverez constamment que ces bases forment avec une même substance des composées très différentes. Cela suffit pour m’autoriser à les distinguer l’une de l’autre, et c’est à celui qui les regarde comme identiques à me démontrer cette identité qui jusqu’ici paraît contraire à tous les phénomènes. Pour rendre ce que je viens de dire sensible par un exemple, je considère le muriat ammoniacal. On peut facilement obtenir sous forme de gaz ses deux principes, l’acide muriatique, et l’alcali volatil. Vous ne balancerez pas sans doute à dire que la combinaison des bases de ces gaz forme le muriat ammoniacal. On pourrait cependant objecter que chacun des gaz est le muriat ammoniacal réduit à l’état aëriforme. Mais vous répondriez que les bases de ces gaz paraissent différentes dans toutes leurs combinaisons chimiques, et que vous êtes fondé à les regarder comme distinctes, jusqu’à ce que l’on vous ait démontré leur identité. Vous feriez ainsi la même réponse que je viens de vous faire. Voilà, Monsieur et illustre confrère, ce que je crois devoir répondre à la partie de votre lettre qui concerne mon rapport. Quant à la critique que vous faites de la nouvelle nomenclature de nos chimistes, je me contenterai d’observer ici que cette nomenclature me paraît renfermer beaucoup d’avantages et qu’en
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l’adoptant avec de sages restrictions, elle ne présente point d’inconvénients. Ses avantages sont, 1°) de réduire au plus petit nombre possible les mots nécessaires pour exprimer les substances et leurs combinaisons ; 2°) d’exprimer les substances et les combinaisons chimiques par des noms qui en retracent les propriétés principales. J’avoue que cet avantage se changerait dans un inconvénient réel, si ces propriétés n’étaient qu’hypothétiques au lieu d’être le résultat de l’expérience. Mais il me semble que la nouvelle nomenclature est à l’abri de ce reproche, si on le restreint à n’exprimer que les propriétés manifestées souvent par les substances dénommées, sans prétendre par là qu’elles leur sont essentielles. Ainsi, quoique la base du gaz oxygène puisse ne pas être un des principes de l’acide marin, il suffit, pour la nommer oxygène, qu’elle forme des acides, dans un grand nombre de ses combinaisons, ce qui est incontestable. Je conviens que l’existence du calorique comme une substance particulière n’est pas prouvée, et qu’il l’est encore moins que les différents gaz sont le résultat des combinaisons de cette substance avec différents corps. Je ne vois dans tout cela, que des hypothèses plus ou moins vraisemblables. Mais si jamais on parvient à s’assurer que la chaleur n’est qu’une simple modification de la matière, il n’y aura rien à changer sur ce point à la nouvelle nomenclature, seulement le mot calorique au lieu d’exprimer une substance ne désignera qu’une modification. Je pense comme vous, que nous sommes encore loin de connaître les causes des phénomènes qui sont produits dans les vastes laboratoires de l’atmosphère et de la Terre ; ceux de la végétation, qui s’opèrent à la fois dans l’un et l’autre de ces laboratoires, sont presque entièrement ignorés. Nous saurons un jour quelque chose sur ces objets, et il est probable que ces connaissances rectifieront nos idées sur les choses que nous croyons le mieux savoir. Vous aurez sans doute appris par les nouvelles publiques que notre Assemblée Nationale vient, sur la proposition de l’Académie, de décréter la mesure de l’arc du méridien depuis Dunkerque jusqu’à Barcelone. C’est une très belle opération, et si le système des poids et des mesures, auquel elle servira de base, peut être un jour adopté dans toute l’Europe ; ce sera un des plus grands bienfaits des sciences. Voulez-vous bien faire agréer de ma part, mille sincères compliments à Monsieur Herschel. J’ai lu avec un grand intérêt son beau mémoire sur les satellites de Saturne1. Il y donne, entre autres choses, la mesure de la plus grande élongation du quatrième satellite à la planète, mesure importante en ce qu’elle sert à déterminer la masse de Saturne. Mais il faudrait l’avoir dans les deux points opposés de l’orbite du satellite, à cause de l’excentricité de cette orbite. J’ai de fortes raisons de croire qu’elle est sensiblement excentrique, et que Monsieur Herschel a mesuré la distance du satellite à Saturne, vers son 1. « On the satellites of the planet Saturn, and the rotation of its ring on an axis », Phil. Trans., 80 (1790), 427-495.
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aphélie. Voudriez-vous l’engager à mesurer la plus grande élongation du cinquième satellite dans les deux points opposés de son orbite ? Je préfère le cinquième à cause de sa plus grande distance à la planète. Je lui aurai, en mon particulier, une obligation sincère de ce travail, parce qu’il m’importe de bien connaître la masse de Saturne pour ajouter de nouveaux degrés de perfection aux Tables de Jupiter. Je finis cette lettre, déjà trop longue, en vous renouvelant les vifs sentiments d’estime et d’amitié que vous m’avez inspirés, et avec lesquels je suis pour la vie, Monsieur et illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn.
186. [Deluc] à [Laplace], 25 avril 1791
Windsor, le 25 avril 1791 Monsieur et très illustre confrère, A la réception de votre lettre bien obligeante du 10, j’ai eu regret d’avoir fait mention dans une lettre déjà partie pour le Journal de Physique de celle que je vous avais adressée ; car le peu que j’en ai dit se trouve trop lié avec le sujet, pour pouvoir le retrancher sans que la lettre ne me revînt : mais j’ai aussitôt envoyé un P.S. dans lequel j’ai fait mention de l’offre que vous m’avez faite de traiter ces objets entre nous dans une correspondance particulière et de mon acquiescement. C’est en effet avec beaucoup de plaisir que j’accepte cette offre, et je vous rendrai notre correspondance aussi peu incommode que le sujet pourra le permettre. « J’avoue (me dites-vous) que l’avantage de la nouvelle Nomenclature se changerait en inconvénient, si les propriétés admises n’étaient qu’hypothétiques ». Nous avons là ainsi un point fixe qui nous épargnera beaucoup de
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détails. Mais, mon cher Monsieur, soyons aussi rigides dans cet examen, que vous le seriez dans la vérification d’un très petit angle d’un triangle, dont on n’aurait mesuré que les deux côtés qui le comprennent, et dont le côté conclu se trouverait très différent d’une mesure particulière qui vous serait connue. « Monsieur Cavendish (disiez-vous dans le Rapport) parait avoir remarqué le premier, que l’eau produite dans la combustion des deux gaz (oxygène et hydrogène) est le résultat de leur combinaison, et qu’elle est d’un poids (sensiblement) égal au leur ». Voilà donc le fait ; mais remarquez s’il vous plaît, comme une clause sine quà non, que le pronom leur se rapporte aux gaz euxmêmes considérés comme tels. Votre conclusion était ensuite celle-ci. « En sorte que, à ne considérer que les substances que nous pouvons peser et retenir dans des vaisseaux, on peut regarder l’eau comme formée de la combinaison de l’hydrogène avec l’oxygène ». J’ai trouvé quatre hypothèses dans cette conclusion : 1° Le passage de l’eau produite par la combustion des deux gaz, à une conclusion sur l’eau en général. 2° L’interprétation du mot résultat, par formation. 3° La décision que l’un des gaz, supposé l’un des ingrédients de l’eau, est oxygène. 4° Enfin, que puisque l’un de ces ingrédients se trouvait déjà un nom dérivé d’une fonction spécifique, l’autre pouvait être nommé hydrogène. Ces objections déterminées, présentées à un logicien tel que vous, devaient au moins nous conduire bientôt au nœud de la question, et nous y sommes déjà par votre réponse. « Il me semble (dites-vous Monsieur) que la restriction qui consiste à n’avoir égard qu’aux parties sensiblement pesantes des gaz, met le passage cité à l’abri de tout reproche » : ce que vous expliquez ensuite. Par cette réponse la scène change : il ne s’agira plus des hypothèses de détail mentionnées ci-dessus, mais d’hypothèses plus reculées qui les acheminent : vous en faites une, Monsieur, et les Néologues en font une différente, et ce sont ces hypothèses fondamentales qui vous conduisent respectivement du fait à votre conclusion commune ; ce qui seul, si vous voulez bien y réfléchir, montre l’incertitude de cette conclusion : mais je ne m’arrêterai qu’à la manifestation des hypothèses elles-mêmes. L’hypothèse fondamentale pour laquelle vous inclinez, est celle-ci : « que l’état aëriforme peut n’être qu’une modification : par où il n’y aurait dans la nature que les substances pondérables ». Cette hypothèse étant posée comme base, voici votre raisonnement. « Chacun des gaz est une substance simple et distincte, jouissant comme gaz de la modification aëriforme, mais la perdant dans leur réunion ». De là, et du fait, vous concluez, que la réunion des deux gaz donne naissance à l’eau, ou la forme. Mais par quelle hypothèse arrivez-
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vous à cette conclusion ! Elle est telle que je crois pouvoir lui opposer toute la physique, et qu’il ne faudrait pas moins que toute la physique pour la juger. Les Néologues, qui admettent le feu et la lumière comme substances réelles, quoique impondérables, ont recours à une autre hypothèse. « L’état aëriforme (disent-ils) dépend simplement de l’union du feu (ou de leur calorique) à une substance pondérable ». Si nous leur accordons cette hypothèse, lorsque le feu des gaz s’est échappé, il nous reste leurs substances pondérables, qui ensemble forment l’eau. Mais je suis bien loin de leur accorder cette hypothèse et je lui opposerais toute la physique terrestre. Il n’est pas besoin d’aller plus loin pour notre objet particulier ; il suffit que vous vouliez bien répondre à ces deux questions. 1° Si, pour arriver à votre conclusion sur la nature de l’eau, tirée du résultat de la combustion des deux gaz, vous n’employez pas une certaine hypothèse et les Néologues une autre hypothèse ? 2° Si une conclusion tirée d’un fait par l’entremise d’une hypothèse, n’est pas elle-même hypothétique ? Pour répondre au reste de vos remarques, je me contenterai quant à présent, de mettre en concurrence avec les hypothèses ci-dessus la théorie suivante. « Tout gaz, ou fluide aëriforme, est composé d’eau, de feu et de quelque autre substance aussi impondérable que cette dernière ; et tout ce qui se passe dans les combinaisons des gaz, entr’eux et avec d’autres substances, n’a lieu que par ces substances impondérables, qui entr’autres, contribuent aux combinaisons de l’eau sous les trois formes de solide, de liquide, de fluide expansible, suivant la nature de ces combinaisons ». Je m’engage à l’égard de cette théorie : 1° De la défendre contre tout ce qui ne sera pas simple opposition d’hypothèse à hypothèse. 2° D’expliquer par elle tous les faits chimiques auxquels on applique la nouvelle doctrine. 3° De montrer qu’elle fait naître l’aurore d’une vraie lumière dans la physique terrestre ; tandis que la nouvelle doctrine nous y plonge dans la plus profonde nuit. Mais ce n’est pas là ce dont il s’agit maintenant : décidons d’abord, si cette doctrine est fondée sur des propriétés des substances, réelles ou hypothétiques. Vous voyez, Monsieur, que j’ai bien simplifié la question ; ainsi j’espère que nous ne tarderons pas à nous mettre d’accord à son sujet. J’ai envoyé au Dr. Herschel copie de l’article de votre lettre qui le concerne, et voici sa réponse. « Je vous prie de faire bien des compliments de ma part à
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Monsieur de Laplace, et de lui dire, que j’ai toujours en vue les mesures des élongations du 5ème et du 4ème satellites de Saturne, pour l’important objet dont il fait mention, et que je ne manquerai pas de lui faire part de mes mesures, dès que je serai content de leur justesse ». Je ne puis vous exprimer combien m’a fait de plaisir ce que vous mettez d’amical dans notre relation, et votre consentement à chercher entre nous la décision des questions pendantes : je ne cherche que la vérité, et ici nous devons l’atteindre : car il ne s’agit pas d’opinions, mais de conclusions logiques. Je suis, etc. [Deluc]1 copie Arch. R. Hahn.
187. [Delambre] à Laplace, 24 mai [1791]
A Monsieur Monsieur de Laplace de l’Académie des Sciences rue de Louis-le-Grand près le boulevard Mardi 24 mai [1791] Corrections pour les tables provisoires du second satellite de Jupiter. Correction de l’équation de 16'0" ; –43,5" Correction de l’époque des conjonctions moyennes en 1700 +1'40,4" Correction du mouvement séculaire –37,73" de temps. Ainsi d’après les observations, le mouvement séculaire corrigé 1. De la main de Deluc : « 11ème lettre à M. de Laplace 25 avril 1791 ».
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est 3s23°14'0.5" dont le triple 11s9°42'1,5" le mouvement séculaire du premier 7s25°29'11,4" le mouvement séculaire du troisième 1s22°6'42" donc le double 3s14°13'24" le mouvement séculaire du premier + deux fois celui du troisième 11s9°42'35,4" er e donc mouvement séculaire du l + 2 fois celui du 3 – 3 fois celui du second = 33,9" Pour satisfaire au théorème je retranche 5,4" du mouvement du ler ; il devient 7s25°29'6" j’ajoute 5,5" à celui du second qui devient 3s23°14'6" enfin je retranche 6" de celui du troisième et j’ai 1s22°6'36" er 6" de degré font de temps pour le l satellite 0,71" ; pour le second 1,4" ; pour le 3e 2,9". Ces quantités sont trop petites pour que l’on puisse s’en assurer par les observations. On peut donc affirmer que les observations démontrent le théorème autant qu’il est possible1. Il faudrait pour satisfaire au second théorème que cette quantité fut = 0. Pour cela il faudrait retrancher 18,67" de E' et de E''' et ajouter 18,67" à E", ou ce qui revient au même, ajouter 2,2" de temps à toutes les conjonctions moyennes du premier, 4,4" à toutes celles du second et retrancher 8,9" de toutes celles du troisième. On pourrait donc sans faire trop de violence aux observations assujettir les tables au second théorème. Voyons maintenant comment les nouveaux éléments s’accorderont avec les observations du second satellite2. De ces 112 erreurs, il y en a 46 de négatives et 64 de positives et deux nulles. Si l’on ajoutait 4,4" aux époques pour satisfaire au second théorème la somme des 112 erreurs augmenterait de 88". En l’an –10.35, l’erreur est –119". Avant l’élimination, j’avais envie de rejeter cette équation en +74.57. L’erreur tient à l’émersion vue trop tard l’opération est donnée comme très douteuse. Au reste il n’y a pas une erreur un peu considérable qu’on ne puisse avec beaucoup de vraisemblance attribuer aux observations et il paraît probable que les inégalités négligées et inconnues sont à peu près insensibles. Il ne reste donc plus qu’à corriger les éléments de la demi-durée. Je m’en occuperai dans quelques jours, car Monsieur de Lalande me presse pour avoir les tables du premier satellite et je vais y mettre la dernière main. 1. Suivent quatre paragraphes de corrections et de comparaisons de la théorie, et des observations qui ne sont pas données ici. 2. Suit une table qui n’est pas donnée ici.
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Si Monsieur de Laplace voit demain Monsieur de Lalande à l’Académie, je le prie de lui communiquer cette note et de lui demander les observations du premier satellite faites en 1791 et à la fin de 1790. [Delambre]1 fragment Bancroft, box 18, dossier 17.
188. [Laplace] à [Delambre], [mai 1791]
mardi [mai 1791] Il le félicite de son admission parmi les membres de la Société royale de Londres. description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 108.
1. De la main de Delambre, mais sans sa signature.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
189. reçu, 27 juin 1791
N° 2413 27 juin 1791 Duplicata de1 QUITTANCE DE CONTRIBUTION PATRIOTIQUE DEUXIEME ARRONDISSEMENT Maison de Monsieur Arthur Rue de Louis le Grand Je soussigné, Receveur des Contributions directes du deuxième Arrondissement de la Ville de Paris, reconnais avoir reçu de Monsieur Delaplace de l’Académie des Sciences, la somme de 250 livres pour le second tiers de celle de 750#, montant de sa Contribution Patriotique, conformément au Décret de l’Assemblée Nationale, du 6 octobre 1789, sanctionné par le Roi, le 9 du même mois, dont Quittance, A Paris, ce 27 juin 1791. Pour duplicata Baron reçu Bancroft, box 2, dossier 27.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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190. Nicander à Laplace, 18 novembre 1791
A Monsieur de Laplace de l’Académie royale des Sciences à Paris Stockholm, le 18 novembre 1791 Monsieur, Il vous est très connu, Monsieur, que l’Académie royale des Sciences de Suède, [en] l’année 1787, a proposé un prix de 50 ducats pour une théorie satisfaisante sur les équations séculaires de la Lune, de Jupiter et de Saturne, et que le terme fut fixé au 1er janvier 1791 pour les concurrents, terme d’une distance proportionnée au dénouement d’une matière si épineuse ; mais aucun concurrent ne s’est présenté. En conséquence, vos amis de la classe mathématique, qui ont déjà vu avec plaisir que votre excellente théorie publiée la même année, sur le même sujet répondait parfaitement à la question, concertaient la proposition à l’Académie de vous adjuger le prix. Monsieur Melanderhjelm, à la tête des concertants, fit un précis de votre ouvrage qui était souscrit par les autres, et [l’a] lu dans une assemblée publique, il y a quelques semaines. L’Académie en ayant entendu les sentiments, accédait très volontiers à la proposition et me chargeait de vous en avertir. Je le fais donc avec une joie extrême, d’avoir trouvé cette occasion de vous témoigner mon estime particulière. Vous avez résolu le plus difficile problème, qui restait dans l’astronomie physique, et qui commençait à paraître aujourd’hui presque inaccessible, comme attaqué auparavant par les plus grands géomètres ; aussi, l’Académie ne pouvait cacher son contentement, en voyant son but accompli, et en considérant les rares talents dont l’auteur avait besoin pour surmonter son sujet. Lorsqu’il vous plaît de donner votre certificat, les dits 50 ducats vous seront payés en espèces par MM. Le Leu et Cie, Banquiers à Paris sur les ordres de MM. Tottie et Arfvedson, Banquiers à Stockholm, de la part de l’Académie royale des Sciences de Suède. Je suis avec la plus grande considération, Monsieur, Votre très humble et obéissant serviteur. Henric Nicander Secrétaire de l’Académie royale des Sciences de Suède Bancroft, box 1, dossier 4.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
191. [Narbonne-Lara] à Laplace, 16 décembre 1791
A Monsieur Delaplace membre de l’Académie des Sciences 16 décembre 1791 L’ouverture de l’examen des élèves d’artillerie et des sujets qui se destinent à ce service vient d’être fixée, Monsieur, au 15 du mois prochain, époque à laquelle ils ont ordre de se rassembler à Châlons-sur-Marne où cet examen doit avoir lieu. Il est donc nécessaire que vous y soyez rendu vous même, pour ce moment, à l’effet d’y remplir les fonctions résultantes de votre emploi, suivant l’ancienne méthode, ainsi qu’il est prescrit par l’article 8 de la loi du 13 novembre dernier. Vous trouverez ci-joint l’état de ces jeunes gens divisé en deux classes, [à] savoir celle des sujets qui se trouvant élèves sont dans le cas d’être faits officiers, et celle des aspirants au service de l’artillerie qui ne peuvent concourir que pour devenir élèves. Les premiers sont seulement au nombre de 35 que l’on a lieu de croire convenablement instruits, mais c’est à vous qu’il appartient d’en juger, et quelque soit le besoin qu’on ait de sujets pour remplir des places vacantes, il y aurait cependant de l’inconvénient à procurer de l’avancement de ceux qui n’auraient pas un degré d’instruction suffisant. On ne peut sur cet objet que s’en rapporter à votre expérience. Après avoir fait l’examen des élèves, ce qui doit fournir le premier objet de votre travail, vous aurez à vous occuper de celui des aspirants. Ils sont pour le moment au nombre de --, et je n’ai pas lieu de penser qu’il s’en présentera beaucoup d’autres avant la fin du concours. Ils sont au surplus dans une quantité suffisante proportionnée à celle des places à leur donner. Vous savez qu’il y en aurait 42 si tous les élèves étaient faits officiers, mais le nombre est diminué de quelques uns de ceux-ci [qui] sont jugés devoir rester dans leur premier état. Dans tous les cas, je dois vous prévenir à l’avance qu’il ne doit plus y avoir de surnuméraires, ni dans la classe des officiers, ni dans celle des élèves, parce que la loi sur l’organisation de l’artillerie n’en comporte point. Vous voudrez donc bien établir sur ce pied le compte que vous aurez à rendre des résultats de cet examen en indiquant le premier conformément à l’article 4 de la loi du 23 septembre dernier, celui qui aura justifié du premier degré d’instruction, et ainsi de suite.
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Il me reste à vous prévenir que pendant votre séjour à Châlons, vous serez dans le cas d’examiner aussi le S. Rouyer géomètre qui a obtenu au mois d’octobre dernier la place de répétiteur d’artillerie de Metz sous la condition qu’il ne la conservait qu’autant que vous l’en jugerez susceptible après l’avoir examiné. Il va en conséquence recevoir l’ordre de se rendre à cet effet à Châlons. Lorsqu’il aura subi son examen vous voudrez bien me faire connaître votre opinion sur son compte. P.S. Lorsque vous aurez terminé l’examen des élèves, vous voudrez bien me faire part au plus tôt du résultat de ce premier travail. Je vous préviens au surplus que, depuis ma lettre écrite, il s’est présenté un nouvel aspirant, ce qui en porte le nombre à 105. [Ministre de la Guerre]1 brouillon S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
1. Louis Marie Narbonne-Lara.
192. Laplace à [Narbonne-Lara], 19 janvier 1792
[Au Ministre de la Guerre]1 A Châlons-sur-Marne, ce 19 janvier 1792 Monsieur, J’ai l’honneur de vous adresser le résultat de l’examen des élèves d’artillerie. Sur 35 qui devaient se présenter, 8 seulement se sont présentés. Leur instruction m’a paru généralement très bonne. Voici leurs noms, suivant l’ordre de l’instruction qu’ils ont montrée à leur examen : MM. De Sénarmont [Amédée Hureau] Abbatucci La Volvenne d’Aboville [Augustin Marie] de Gumpertz Jacquesson de Sappel Morel de Boncourt Je viens de commencer l’examen des aspirants, dont le nombre est assez considérable. Je désire d’en trouver 42 suffisamment instruits pour vous les proposer comme devant remplir les places d’élèves qui vont devenir vacantes. Je suis avec un profond respect, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, IV, 1. 1. Louis Marie Narbonne-Lara. L’inventaire indique que cette lettre fut adressée à Du Breton.
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193. [Lacroix] à Laplace, [avant le 28] janvier 1792
[avant le 28] janvier 1792 Monsieur, Je profite de l’occasion que m’offre le départ de Monsieur De Forno pour me rappeler à votre souvenir et pour vous remercier de l’intérêt que vous voulez bien continuer de prendre à mon sort. Mon beau-frère m’a fait part de vos desseins et des siens pour me rapprocher de la capitale, qui sera toujours le lieu le plus favorable aux sciences, soit par rapport aux encouragements et aux exemples de ceux qui, comme vous, les cultivent avec le plus grand succès, soit par rapport aux ressources qu’offrent la lecture de leurs ouvrages qu’on se procure difficilement dans certaines provinces. Celle que j’habite est dans ce cas : l’instruction y est on ne peut plus reculée ; lorsque j’y suis venu, les nouvelles découvertes physiques et chimiques n’y avaient point encore pénétré, et je suis le premier qui en ait parlé au petit nombre d’amateurs des sciences qui se trouvaient alors à Besançon. Les mathématiques pures, comme vous devez croire, y étaient encore plus négligées. L’éducation publique était absolument nulle de ce côté et, à part quelques éléments, tels que ceux de Bézout, et les ouvrages du Père Reynau, qu’on rencontre quelques fois, on n’y trouve rien sur les parties transcendantes de ces sciences. Mais aussi on y est inondé de vieux bouquins de théologie et de droit. La seule bibliothèque publique qu’il y ait ne possédait pas même les Mémoires de l’Académie des Sciences. Je crois avoir eu l’honneur de vous dire que je m’occupais à rassembler tous les matériaux qu’on a sur le calcul intégral dans les différentes collections académiques pour en faire un corps, et que j’avais été jeté dans cette carrière par la lecture d’un mémoire de Monsieur de Lagrange, imprimé dans le volume de Berlin pour l’année 1772, qui renferme une manière purement analytique de présenter ce calcul et des théorèmes sur l’analogie des puissances et des différences etc., que vous avez démontrés. Cet ouvrage, commencé lorsque j’étais à l’Ecole Militaire, n’a pu recevoir ici que de faibles accroissements, n’ayant pas à ma disposition les sources où il me faudrait puiser pour le continuer. Je n’ai les Mémoires de l’Académie que depuis 1784, il me manque par conséquent plusieurs mémoires dans lesquels vous avez traité avec beaucoup d’étendue la théorie des suites. Je désirerais qu’il vous en fut resté des exemplaires détachés et que vous voulussiez bien vous en défaire en ma faveur, ainsi que de ceux qui sont postérieurs aux Mémoires de 1787. Si vous pouviez m’accor-
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der cette demande, je prierai mon beau-frère de vous la rappeler lorsque vous serez de retour à Paris, et il me ferait passer cet objet. Quelque soit le succès de l’ouvrage que j’ai entrepris, j’en aurai au moins retiré pour moi beaucoup d’instruction et les connaissances des moyens que possède maintenant l’analyse pour résoudre les diverses questions qui peuvent se présenter. L’idée que je me suis formée de la manière dont il doit être exécuté ne me permettra pas de le terminer si tôt. En effet ce n’est pas une simple compilation que je croirais pouvoir être utile, il faut plus pour fixer l’étendue de nos connaissances et en présenter l’ensemble. Les mêmes découvertes s’étant présentées presqu’en même temps à plusieurs géomètres, mais sous divers points de vue qui tenaient à leur manière d’envisager les choses et au genre de questions qui les y avaient conduit, ont donné lieu à différentes méthodes entre lesquelles il faudrait choisir, ou qu’il faudrait lier entre elles et faire naître d’un même fonds. Il est aisé de voir que c’est encore avoir fait peu pour ces objets lorsqu’on a recueilli les matériaux ; qu’il faut de plus se les rendre propres, et en étudier tous les rapports pour donner au résultat une teinte uniforme qui peut seule faire le mérite d’un semblable ouvrage. J’ignore si je pourrai surmonter ces difficultés dont je sens fort bien toute l’étendue, mais le désir que j’ai d’épargner à ceux qui veulent connaître à fond l’analyse les peines qu’ils ont à suivre tous les pas dans les divers mémoires, tant à cause de l’embarras de se les procurer qu’à cause de leur diversité de style, me soutient et si je puis me rendre digne de vos conseils, ma tâche sera bien avancée. [Lacroix] brouillon B.I., MS 2397, fols 45-46 ; publiée par René Taton, dans « Laplace et SylvestreFrançois Lacroix », Rev. Hist. Sci., 6 (octobre-décembre 1953), 352-354.
194. Laplace à [Lacroix], 28 janvier 1792
A Châlons, ce 28 janvier 1792 J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire et qui m’a été remise par Monsieur De Forno. Je suis infiniment sensible à votre
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souvenir, et je vous en remercie. Je vois avec beaucoup de plaisir que vous travaillez à un grand ouvrage sur le calcul intégral. La manière dont vous envisagez ce travail et vos talents ne me laissent aucun doute que cet ouvrage ne soit très bon. C’est un ouvrage qui manque encore, malgré celui d’Euler qui commence déjà à vieillir. Le rapprochement des méthodes que vous comptez faire, sert à les éclairer mutuellement, et ce qu’elles ont de commun renferme le plus souvent leur vraie métaphysique : voilà pourquoi cette métaphysique est presque toujours la dernière des choses que l’on découvre. Le génie arrive, comme par instinct, aux résultats ; et ce n’est qu’en réfléchissant sur les routes que lui et d’autres ont suivies, qu’il parvient à généraliser les méthodes et à en découvrir la métaphysique. Lorsque je serai de retour à Paris, je verrai s’il me reste encore quelques exemplaires de mes recherches sur les suites. Je serai fort empressé de vous les faire parvenir, bien persuadé qu’elles ne peuvent être en de meilleures mains. Je vous demande seulement d’avance, votre indulgence pour elles. Je songe toujours aux projets dont j’ai eu l’honneur de faire part à Monsieur votre beaufrère. J’espère qu’ils pourront se réaliser, du moins, je le désire beaucoup, et si je puis y contribuer en quelque chose, j’en saisirai les occasions avec le plus vif empressement. Veuillez bien agréer l’assurance des sentiments de l’estime et de l’attachement sincères, avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.I., MS 2396, fol. 129 ; publiée par René Taton, dans « Laplace et Sylvestre-François Lacroix », Rev. Hist. Sci., 6 (octobre-décembre 1953), 355.
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195. Laplace à [Narbonne-Lara], 12 février 1792
[Au Ministre de la Guerre]1 A Châlons, ce 12 février 1792 Monsieur, L’examen des aspirants au corps royal d’artillerie vient d’être terminé. Sur le nombre total de ceux qui ont obtenu des lettres d’examen, 79 se sont présentés. Voici la liste des 42 le plus instruits, disposée suivant le degré de leur instruction : MM.
Lalance [Alexandre]
Bernard de La Fortelle [François Jean]
Maillot [Pierre Etienne François]
Forno [Alexandre Jean Baptiste Joseph François]
Sabatier de La Chadenède [Paul Joseph Jean Baptiste Charles]
[Passerat de] La Chapelle de Bellegarde [Antoine Catherine Félix]
Martin [Antoine]
Gaultier de Montgaultier [François Léonore]
Du Patural [Pierre Louis]
Griois [Charles Pierre Lubin]
Marionnetz [Jean Louis]
[Manche de] Broval [Charles François de Paul]
Belly de Bussy [Antoine François]
Guyenro [Pierre Joseph]
[Parfait] de Villiers [Jérôme Antoine]
Du Roc [Gérard Christophe Michel]
de [St] Mars [Charles François]
Desvaux [de Saint-Maurice, Jean Jacques]
Bertin [Alexandre François Jean de]
Boucher [Charles Louis le]
Bicquilley [Pierre Marie]
Foy [Maximilien Sébastien]
d’Aboville [Augustin Marie]
Viollet-le-Duc [Emmanuel Sigismond]
Gautier [Georges]
Bouchotte [Jean Baptiste Charles]
Mossel [Jean Louis Olivier]
Baril [René Charles François]
L’Oiseau de La Vesvre [François]
Aubry [de la Boucharderie, Claude Charles]
1. Louis Marie Narbonne-Lara. L’inventaire indique que cette lettre fut adressée à Du Breton.
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Tardy de Montravel, [Auguste Marie Alexandre]
Laffite l’aîné [Jean Louis]
Olivier de Corancez [Godefroy Eléonore] Morial [Louis Nicolas Grégoire] Folchéry [Henry Augustin]
Possac du Genas [Pons Simon]
Grosset [François Marie]
Taillefer [Ange Henry]
Viesse [de Marmont, Auguste Frédéric Louis]
Mengin cadet [François Louis]
Allix de Vaux [Jacques Alexandre François]
de Marçay [Marc Jean]
Comme il peut être utile, dans les circonstances présentes, de vous indiquer ceux qui, n’étant pas compris dans la liste précédente, ont cependant fait preuve d’une instruction suffisante pour être élèves ; voici leurs noms, disposés dans l’ordre de l’instruction : MM.
Virgille [Jean Arnoult Henry] Boulanger de Capelle [Achille Jean de] d’Arnouville [François Choppin Augustin] Barris [Marie Joseph] Muiron [Jean Baptiste]
L’instruction m’a paru bonne, et meilleure que je ne m’y étais attendu. J’ose me flatter que la sévérité des examens la perfectionnera de jour en jour, car l’instruction se règle à la fois sur ce que l’on exige et sur la manière dont on l’exige à l’examen. J’ai examiné, conformément à vos ordres Monsieur Rouyer, à qui la place de répétiteur de l’école d’artillerie de Metz a été accordée, sous la condition de subir un examen. Je l’ai trouvé faible sur les parties du Cours de Mathématiques, étrangères à l’instruction des aspirants, mais je dois observer que ce jeune homme, père de famille, a été forcé jusqu’ici de consacrer tout son temps à donner des leçons pour la faire subsister. Il paraît avoir de l’intelligence. J’ai l’honneur, Monsieur, de vous proposer de lui conserver sa place, en lui imposant la condition de se présenter dans un an, pour subir un nouvel examen sur la totalité du Cours. Je suis avec respect, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace S.H.D., Archives de la Guerre, XD249, IV, 1-2.
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196. document, [après le 12 février 1792]
[après le 12 février 1792] Rapport1 Le citoyen Laplace, examinateur de l’école d’artillerie établie à Châlonssur-Marne, vient d’adresser la liste des jeunes citoyens qui se sont présentés au concours pour être reçu élèves sous-lieutenants, d’où il résulte que les 42 qui ont le mieux satisfait à l’examen sont les citoyens : 1. Drouot [Antoine]
15. Verrier
29. Bechefer
2. Pelletier [Jean Baptiste]
16. Champeau
30. Doguereau [Jean Pierre]
3. Nacquart
17. Crespin
31. Braisson
4. Sirodot
18. Morel
32. Guérin
5. Baudart
19. Brouet [Charles Louis] 33. Feray
6. Boulart [Jean François]
20. Calet
34. Quillot
7. Lorian
21. Delort
35. Pron
8. Le Lorrain
22. Gerdy
36. Martin
9. Maizéares
23. La Lombardière
37. Charvet
10. Fleury-d’Heurtébize
24. Brossard
38. Bour
11. L’Estang
25. Dulac
39. Nicolas
12. Bougier
26. Damotte
40. Tremel
13. Bocquet
27. Perdreau
41. Berthier [de Grandy, François]
14. Sauvet
28. La Vigne
42. Jacobé
Ce nombre de 42 est celui déterminé par la loi pour être entretenu à l’école d’artillerie de Châlons-sur-Marne avec le grade d’élève sous-lieutenants. Chacun des citoyens compris dans cette liste est classé selon le degré d’instruction qu’il a montré à l’examen ; mais comme le besoin d’officiers d’artillerie est extrême, on propose au Ministre d’engager la Convention Nationale à l’autoriser de prendre les 10 premiers désignés sur cette liste comme étant les plus instruits avec le grade de seconds-lieutenants, et ils seraient remplacés à l’école des élèves par les dix qui, après ceux qu’on vient d’indiquer, ont montré le plus de connaissance dans le genre d’instruction exigé. En voici les noms : 1. Au Ministre de la Guerre, Louis Marie Narbonne-Lara.
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1. 2. 3. 4. 5.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Desroys Deschamps Vallier [Denys Auguste ?] Dupin de Vienne Trémolet-Lachessière
6. Blondel la Blossière 7. Le Maye 8. Combes 9. Julien 10. Bourdin
Le Ministre est prié de décider si la proposition d’admettre les dix premiers au grade de seconds-lieutenants doit être faite à la Convention Nationale, et si dans le cas il approuverait cette promotion, comme dans celui où elle serait agrée par la Convention, les 42 autres doivent être reçus à l’école des élèves de Châlons. document S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
197. [Narbonne-Lara] à [Laplace], [après le 12 février 1792]
[après le 12 février 1792] J’ai l’honneur de vous donner avis que le Roy vient d’agréer en qualité d’élèves de l’artillerie les 42 sujets que vous avez désignés comme les plus instruits dans le nombre de ceux que vous venez d’examiner. Je me propose en outre de demander un décret additionnel qui me mette dans le cas de recevoir en les mêmes qualités cinq autres jeunes gens non compris dans cette liste, mais qui néanmoins ont fait preuve d’après votre rapport d’une instruction suffisante pour être élèves. [Ministre de la Guerre]1 brouillon S.H.D., Archives de la Guerre, XD334. 1. Louis Marie Narbonne-Lara.
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198. reçu, 3 avril 1792
3 avril 17921 N° 2413 QUITTANCE DE CONTRIBUTION PATRIOTIQUE DEUXIEME ARRONDISSEMENT Pour solde - Maison de M. Arthur, rue Louis le Grand Je soussigné, Receveur des Contributions Directes du deuxième Arrondissement de la Ville de Paris, reconnais avoir reçu de Monsieur de Laplace, de l’Académie des Sciences la somme de 250 livres, pour le dernier tiers et solde de celle de 750#, montant de sa Contribution Patriotique, conformément au Décret de l’Assemblée Nationale du 6 octobre 1789, sanctionné par le Roi le 9 du même mois, dont Quittance, à Paris, le 3 avril 1792. Baron reçu Bancroft, box 2, dossier 1.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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199. document, 18 avril 1792
Extrait des Registres de la paroisse St Roch à Paris L’an 1792 le 18 avril a été baptisé par moi vicaire soussigné Sophie Susanne née du 15 avril, fille de Pierre Simon Laplace de l’Académie des Sciences et de Marie Anne Charlotte de Courty son épouse demeurant rue Louis le Grand en cette paroisse. Le parrain René Grenard, négociant rue Louis le Grand, paroisse susdite ; la marraine Marie Susanne Arthur, même rue maison et paroisse, lesquels ont signés avec le père présent. Les signatures suivent Collationné à l’original par moi vicaire dépositaire des registres et archives de la dite paroisse, et délivré à Paris, ce 18 avril 1792. Pichot document Bancroft, box 19, dossier 15.
200. [Narbonne-Lara] à Laplace, [s.d., mars/avril 1792]
Au Citoyen Laplace, membre de l’Académie des Sciences à Paris [s.d., mars/avril 1792] Je vous préviens, citoyen, que l’époque de l’examen tant des élèves de l’Artillerie que des jeunes citoyens qui se destinent à ce service a été fixée au
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1er mai prochain [1793]. Il a été délivré des lettres de concours aux sujets qui ont témoigné le désir d’entrer à ce service, vous trouverez ci-joint l’état de ceux qui, jusqu’à ce jour, en ont reçu. Cette disposition vous met dans le cas d’être rendu à Châlons pour l’époque susditte du 1er mai ; vous y ferez l’examen des élèves et des aspirants suivant la forme accoutumée. Comme j’ai lieu de croire qu’il pourra encore se présenter de nouveaux sujets, je vous les ferai connaître successivement. [Ministre de la Guerre]1 brouillon S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
201. document, 13 juillet 1792
13 juillet 1792 Extrait des pièces à fournir au Bureau des Ordonnances Certificat de résidence, Municipalité de Paris, délivré à la Section de la Place Vendôme, donné le 10 juin 1792. Signé Simon et Robert, témoins pour M. Delaplace, vu à la Municipalité le 18 juin, signé Dejoly. Quittance d’imposition de 1789 de la somme de 36.15 du [?] juillet 1789, signé Baron. Idem., année 1790 de la somme de 19.11.10, en date du 16 novembre 1790, signé Baron. Idem., d’acompte sur 1791 de la somme de 40. en date du 11 janvier 1792, signé Baron. Idem., de quittance de contribution patriotique, de la somme de 250. pour dernier tiers de la contribution en date du 3 avril 1792, signé Baron. 1. Louis Marie Narbonne-Lara.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Je certifie ce présent extrait sincère et véritable, à Paris, le 13 juillet 1792, l’an 4e de la Liberté. Laplace1 Padoue, Centro Internazionale A. Beltrame di Storia dello Spazio e del Tempo.
202. [Lajard] à Laplace, 22 [juillet] 1792
22 [juillet] 1792 En conséquence du décret qui détermine, Monsieur, que le 1er août prochain il sera ouvert à Châlons un examen des élèves et des aspirants de l’Artillerie, il a été délivré des lettres de concours aux sujets qui ont témoigné le désir d’entrer à ce service. Vous trouverez ci-joint l’état de ceux qui jusqu’à ce jour en ont reçu. Cette disposition vous met dans le cas d’être rendu à Châlons pour l’époque susditte du 1er août ; vous y ferez l’examen des élèves et des aspirants suivant la forme accoutumée et notamment celle de l’année dernière, à l’exception toutefois que vous n’êtes point chargé de celui relatif aux principes de la Constitution ; ce soin est réservé, comme vous le verrez par la copie cijointe d’un décret du 28 septembre dernier applicable à l’Artillerie en directoire des départements. J’ai lieu de croire qu’il se présentera encore de nouveaux aspirants. Je vous les ferait connaître successivement. [Ministre de la Guerre]2 brouillon S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. Pierre Auguste Lajard.
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203. [d’Abancourt] à Laplace, 2 août 1792
M. De la Place, membre de l’Académie des Sciences 2 août 1792 Vous avez connaissance, Monsieur, d’une délibération prise par le Directoire du Département de la Marne sur le mode d’examen du Corps de l’artillerie ; elle m’a paru formellement contraire à l’esprit de plusieurs décrets, et j’ai cru devoir m’en référer à l’Assemblée Nationale. Il en résulte que l’ouverture de ce concours qui devait avoir lieu le 1er de ce mois se trouve suspendu. Je vous invite en conséquence à différer votre départ jusqu’au moment où l’Assemblée Nationale aura prononcé d’une manière positive sur l’objet en question. Je vous ferait passer des ordres ultérieurement à cet égard. M. d’Agoult est prévenu de l’avis qui vous est donné de suspendre votre départ. [Ministre de la Guerre]1 brouillon S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
204. [Servan de Gerbey] à Laplace, 13 août 1792
M. De la Place, membre de l’Académie des Sciences 13 août 1792 Vous avez été prévenu Monsieur par une lettre du 2 de ce mois, qu’il était à propos que votre départ pour Châlons fut différé. Différentes circonstances 1. Charles Xavier Franqueville d’Abancourt.
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détaillées dans la copie ci-jointe de la lettre que j’écris au Directoire du Département de Marne, m’ont déterminé à faire faire l’examen de l’artillerie suivant les formes accoutumées et notamment celle du mois de février dernier. Vous voudrez bien en conséquence vous rendre à Châlons dans le plus court délai pour y faire l’opération qui vous concerne. Je joins ici l’état des sujets qui, depuis l’avis qui vous a été donné, ont reçu des lettres de concours. [Ministre de la Guerre]1 brouillon S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
205. [Servan de Gerbey] à Laplace, 25 septembre 1792
M. de la Place, membre de l’Académie des Sciences 25 septembre 1792 J’ai reçu, Monsieur, le résultat que vous m’avez fait passé en deux parties de l’examen que vous avez fait faire subir tant aux élèves de l’artillerie qu’aux autres sujets qui se destinent à ce service. J’y ai vu avec plaisir qu’en général vous aviez été satisfait du degré d’instruction dont ils ont justifié ; sur le témoignage de votre part, le Roy a bien voulu déjà agréer en qualité de lieutenants les huit élèves, ce qui me met dans le cas de les en informer aujourd’hui et de leur annoncer leur destination ultérieure. Quant aux aspirants, il se présente quelques difficultés qui ne me permettent pas encore de proposer à Sa Majesté une décision à leur égard, mais je préserverais ce rapport autant qu’il sera préférable.
1. Joseph Marie Servan de Gerbey.
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Je vous préviens, Monsieur, qu’à compter de ce jour, à la dépense [?] de vous présenter à la Trésorerie Nationale à l’effet d’y recevoir les 1.500# qui vous sont allouées pour vos frais de voyage et de séjour au lieu de l’exercice. [Ministre de la Guerre]1 brouillon S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
206. document, 27 septembre 1792
Le 27 septembre 1792 Mémoire2 Indépendamment des 4.000# de traitement dont jouit l’examinateur des élèves de l’artillerie, il lui est attribué ainsi qu’à l’examinateur du Génie une somme de 1.500# pour ses frais de voyage et de séjour au lieu de l’examen, qu’il ne reçoit point quand le concours est interrompu3. Comme il vient d’avoir lieu, on propose d’ordonner le paiement de cette somme. On observe qu’elle est comprise chaque année dans les projets de dépense de l’artillerie. brouillon S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
1. Joseph Marie Servan de Gerbey. 2. Préparé pour le Ministre de la Guerre, Joseph Marie Servan de Gerbey. 3. En vertu d’une décision du Roi du 23 octobre 1783.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
207. document, 2 octobre 1792
Mémoire Le 2 octobre 1792 Indépendamment du traitement de 4.000# dont jouit le citoyen Laplace en sa qualité d’examinateur des élèves et aspirants du Corps de l’artillerie, il lui est attribué, ainsi qu’à l’examinateur du Génie, une somme de 1.500# pour ses frais de voyage et de séjour au lieu de l’examen, qu’il ne reçoit point quand le concours n’a pas lieu. Comme il vient d’être exécuté, on propose d’ordonner le paiement de cette somme ; on observe qu’elle est comprise chaque année dans les projets de dépense de l’artillerie. Approuvé1 document S.H.D., Archives de la Guerre, Yh165, dossier Laplace.
1. Joseph Marie Servan de Gerbey.
ANNÉE 1792
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208. document, [avant le 6 octobre 1792]
Liste des citoyens élèves de l’école d’artillerie suivant le degré d’instruction qu’ils ont fait paraître à leur examen1 [avant le 6 octobre 1792] Citoyens 1. Ruty [Charles Etienne François]
19. Baud
2. [Blondel] La Blossière
20. Robineau
3. Michel
21. Courier [Paul Louis]
4. [Sagot] Duvauraux
22. Mangin
5. Revort
23. Charbonnel [Joseph Claude Marguerite]
6. Pierson
24. Evain [Louis Auguste Frédéric]
7. Floch
25. Hazard [Louis Marie Joseph]
8. Duroc [Géraud Christophe de Michel]
26. Mathieur
9. Demanelle
27. Bolot
10. Coulommiers
28. Abraham
11. Lafitte
29. Tamisier
12. Riverlieux
30. Lepin
13. Pelgrin
31. Monot
14. Fantin
32. Valée [Sylvain Charles]
15. Laurent
33. Haxo [François Nicolas Benoît]
16. Marcilly
34. Bonamy
17. Corda [Joseph]
35. Martin
18. Mangin
document S.H.D., Archives de la Guerre, XD334. 1. De la main de Laplace, sans signature.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
209. [Lebrun-Tondu] à Laplace, 6 octobre 1792
Au citoyen Laplace, examinateur des élèves et des aspirants du Corps d’artillerie Le 6 octobre 1792 J’ai reçu le résultat que vous m’avez fait passer en deux parties de l’examen que vous avez fait subir tant aux élèves de l’artillerie qu’aux autres sujets qui se destinent à ce service. J’ai lu avec plaisir qu’en général vous aviez été satisfait du degré d’instruction dont ils ont justifié ; sur ce témoignage de votre part, le Conseil Exécutif provisoire a bien voulu déjà agréer en qualité de lieutenant les 32 élèves qui ont été distribués dans les régiments de ce Corps. Quant aux 35 aspirants, ils ont été admis à l’état d’élèves sous-lieutenant, et je leur en donne avis aujourd’hui. J’ai trouvé que la proposition que vous avez faite de leur faire annoncer à l’avance l’époque du 1er examen, était en effet propre à exciter leur émulation, et à les engager à mettre les instants à profit, et je mande à M. d’Agoult de leur dire qu’il aura lieu au plus tard le 15 mai prochain. Je vous préviens, au surplus, citoyen, que j’autorise les commissaires de la Trésorerie Nationale à vous faire payer les 1.500# qui vous sont alloués pour vos frais de voyage et de séjour au lieu de l’examen. Je marque, d’après la demande que vous en avez faite, au Commandant d’artillerie à Metz d’admettre aux différentes salles d’instruction le canonnier Silbermann, pour se mettre en état de subir le 1er examen avec plus de succès que celui qui vient d’avoir lieu. [Ministre de la Guerre]1 brouillon S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
1. Pierre Henri Hélène Marie Lebrun-Tondu.
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210. document, 12 novembre 1792
12 novembre 1792 Nous, officiers municipaux de la Ville de Melun, District de Melun, chef-lieu du Département de Seine-et-Marne, Certifions et attestons que le citoyen Pierre Simon Delaplace de l’Académie des Sciences, Examinateur des élèves du Corps de l’artillerie, est actuellement et habituellement depuis le 1er octobre dernier sans interruption, domicilié en cette ville, et qu’il a fait le serment de maintenir la Liberté et l’Egalité, et de mourir à son poste en les défendant, et qu’il est inscrit sur le Registre de la Garde Nationale de cette commune. En foi de quoi, nous avons délivré le présent à Melun. Ce 12 novembre 1792 l’an 1er de la République. Gittard Parnieu Tarbé Vu au Directoire du District de Melun, le 12 novembre 1792, l’an 1er de la République. Métal, secrétaire Braunier document Bancroft, box 10, dossier 29.
211. lettre circulaire, 7 janvier 1793
Circulaire aux citoyens Guiraut, Vandermonde, Millin, Baumé, Leblanc, Lagrange, Parmentier, Brisson, Laplace Paris, le 7 janvier 1793 l’an 2d de la République Française Citoyen, le Bureau de Consultation m’a chargé de vous inviter, de la manière la plus pressante, à fréquenter assidûment ses assemblées, et à tenir prêt les rapports dont vous êtes chargés. Le décret du 4 de ce mois qui, en prorogeant la loi du 16 octobre 1791 nous continue dans nos fonctions, exige que nos travaux, trop longtemps ralentis, soient poussés avec toute l’activité possible. Le Bureau aime à croire que votre zèle ne le cèdra point au sien ; et que d’un commun effort ses membres atteindront le grand but d’utilité publique pour lequel il a été institué et confirmé. Le Président du Bureau de Consultation des Arts et Métiers copie C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 3.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
212. document, 2 pluviôse 1793 [21 janvier 1793]
2 pluviôse 17931 4ème Bataillon 4ème Légion Section Lepelletier Je certifie que le Citoyen Laporte a fait le service au poste des assignats le 1er pluviôse 1793, pour le Citoyen Laplace de la 9e Compagnie, qui y était convoqué, et qui est admis par la Loi au remplacement ; pour lequel service il doit lui payer 3 livres, dont le présent lui vaudra décharge. Paris, ce 2 pluviôse, 1793 l’an IIe de la République Pont caporal n° 816 [rue de la] Michodière document Bancroft, box 1, dossier 25.
213. Laplace à [Deluc], 1er février 1793
A Paris, ce 1er février 1793 Monsieur et illustre confrère, J’ai l’honneur de vous adresser un exemplaire de ma théorie des satellites de Jupiter en vous priant de l’agréer comme un témoignage de l’estime et de 1. 21 janvier 1793. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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l’attachement bien sincères que vos talents et vos vertus m’ont inspirés1. Je ne vous engage point à lire la totalité de cet ouvrage dont vous trouverez un court résumé dans la conclusion qui le termine. Les nouvelles Tables des satellites de Jupiter que Monsieur de Lalande a publiées dans la troisième édition de son Astronomie et dont Monsieur Delambre est auteur, sont fondées sur cette théorie2. Je désire beaucoup que les astronomes veuillent les comparer à leurs observations pour reconnaître d’une part leur supériorité sur les tables anciennes, et d’une autre part, pour nous mettre Monsieur Delambre et moi à portée de les perfectionner, car cette branche importante de l’astronomie ne sera pas de longtemps portée à sa perfection à cause de l’incertitude des observations et du grand nombre d’éléments qu’elle renferme. Mais enfin, la voilà soustraite à l’empirisme et fondée sur la loi de la pesanteur universelle, ce qui est le but que je me suis proposé. Je vous prie, mon cher confrère, de communiquer cette théorie à Messieurs Herschel et Maskelyne, en les priant d’y jeter leurs yeux, et en les assurant de toute l’estime que leurs travaux importants m’ont inspirés. Je regrette beaucoup de n’être pas à portée de les voir, ainsi que vous et plusieurs de mes confrères de la Société Royale. Un voyage en Angleterre a toujours été l’objet de mes désirs. Mais retenu par une femme et deux enfants dont l’attachement fait mon bonheur, je ne sais quand je pourrai me contenter à cet égard. Depuis quelques temps je me suis livré à des recherches sur les réfractions, à l’occasion des travaux de l’Académie des Sciences, sur la mesure universelle. Cela m’a donné lieu de relire votre bel ouvrage sur les modifications de l’atmosphère. Je le regarde comme un de ceux qui font le plus d’honneur à la physique. J’ai appliqué vos formules sur la mesure de la hauteur des montagnes par le baromètre, à la hauteur du Pic de Tenerife que Monsieur de Borda a mesuré trigonométriquement avec un grand soin, ainsi que je l’ai reconnu par les détails de l’opération trigonométrique qu’il a bien voulu me communiquer. La hauteur de la montagne au dessus du niveau de la mer, et corrigée de la réfraction s’est trouvée de 11.430 pieds,4. Je ne crois pas qu’il y ait une toise d’incertitude sur ce résultat. Votre formule donne 11.590p,3 et celle de Monsieur Shuckburgh donne 11.880p,2 ; et par conséquent la vôtre est beaucoup plus approchée de la vérité. Elle n’a pas d’ailleurs l’inconvénient qu’on lui a reproché, de donner des hauteurs trop petites. Jusqu’ici elle me parait être encore préférable aux autres. Elle a seulement besoin d’une légère correction relative à la diminution de la pesanteur à mesure que l’on approche de l’équateur. Vous avez observé à peu près à 46°, et je trouve qu’il faut, en vertu de cette correction, ajouter environ 3 toises au résultat de votre formule sur la hauteur du Pic de Tenerife ; ce qui l’éloigne encore plus de l’observation. Je termine cette lettre déjà trop longue en vous félicitant sur le bonheur que vous avez de cultiver paisiblement les sciences, auprès d’un prince et d’une 1. H.A.R.S., 91 (1788), 249-364 et 92 (1789), 237-296 ; Laplace, O.C., 11, 309-411 et 415-473. 2. Joseph Jérôme Le Français Lalande, Astronomie (Paris, 1792), 1, 2e partie.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
princesse qui les aiment et qui savent vous apprécier. Jouissez longtemps de ce bonheur, et conservez moi l’amitié que vous m’avez depuis longtemps témoigné, et à laquelle j’attache un grand prix. Soyez bien persuadé que j’y réponds par l’attachement et l’estime le plus sincère. Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Je vous prie d’engager Messieurs Herschel et Maskelyne à mesurer avec un grand soin la moyenne distance du cinquième dernier satellite de Saturne au centre de cette planète. C’est un élément très important pour déterminer la masse de Saturne, et pour perfectionner les tables de Jupiter. Veuillez bien leur recommander, très instamment, cet objet. Londres, Royal Astronomical Society, W.1/13 L.32, 1-2.
214. document, 24 février 1793
Au citoyen Laplace1 Rue des Piques n° 202 24 février 1793 Section Armée des Piques Garde Nationale 4ème Légion 7ème Section e 12 Compagnie Citoyen, cher camarade, Vous voudrez bien vous rendre au Quartier Général le mardi 26 février à 11 heures du matin, pour monter votre Garde de 24 heures au Poste du quartier général. 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. Au dos : « Garde montée : Mangin, officier de Garde ».
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Je suis, cher camarade, Votre concitoyen. Monnust Paris, ce 24 février 1793 Vous êtes averti que, conformément à la loi, ce service doit être fait personnellement et avec exactitude. document Bancroft, box 1, dossier 25.
215. document, 16 mars 1793
16 mars 1793 COMMUNE DE PARIS1 Section des Piques2 Certificat de l’Assemblée permanente de la Section sur la demande de passeport Nous, Président et Secrétaire de l’Assemblée permanente de la Section des Piques, certifions que [la] Citoyenne Marie-Anne Charlotte Courty, épouse du Citoyen Laplace de l’Académie des Sciences, native de Besançon, département du Mont-Jura, âgée de 23 ans, taille de 4 pieds 10 pouces, cheveux et sourcils brun foncé, yeux gris, nez bien fait, bouche moyenne, menton rond, front élevé, visage ovale, demeurant rue des Piques dans l’étendue de notre arrondisse1. Au dos, « passeport pour la citoyenne Laplace, 18 mars 1793 ». 2. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
ment, nous a déclaré qu’elle est dans l’intention d’aller à Melun, District de Melun, Département de Seine-et-Marne, qu’elle suivra la route ordinaire et que c’est pour aller à sa maison audit Melun, lieu de sa résidence. Et qu’elle emmène une petite fille de onze mois qu’elle nourrit, se soumettant aux peines portées par la loi, si elle s’écartait de ladite route ; et après discussion et sur l’attestation de MM. Jarousseau et Grenard, citoyens de cette Section, l’Assemblée a arrêté qu’il n’y avait nul inconvénient à lui délivrer un passeport, et ont signé avec nous : Courty-Laplace, Grenard, Jarousseau. Délivré en l’Assemblée permanente de la Section ce 16 mars 1793, an IV de la Liberté, et 1er de l’Egalité. Dussart Thomas Bailliet, Greffier document Bancroft, box 1, dossier 6.
216. reçu, 22 mars 1793
A Paris, ce 22 mars 1793, l’an 2e de la République1 Reçu de Monsieur de Laplace 237# 10s, pour son terme qui échouera le 1er avril prochain, de l’appartement qu’il occupe dans notre maison et qu’il quitte à cette époque. Dont quittance sans préjudice des réparations locatives. Arthur et Robert reçu Bancroft, box 10, dossier 1. 1. Epinglé avec trois autres reçus.
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217. document, 28 mars 1793
28 mars 1793 Registre destiné à recevoir la déclaration des citoyens non domiciliés ordinairement en cette commune et qui y résident actuellement Le 28 mars 1793, l’an 2 de la République, s’est présenté le citoyen Pierre Simon de Laplace, de l’Académie des Sciences, examinateur des élèves du Corps d’Artillerie, domicilié ordinairement à Paris, rue des Picques, section des Picques et depuis le 1er octobre dernier dans cette commune, maison appartenant au citoyen de Vaux1, lequel a déclaré, pour se conformer à la loi, qu’il se proposait de continuer sa résidence en cette ville, ainsi que la citoyenne Charlotte Courty, son épouse, et ses deux enfants, âgés de quatre ans et de onze mois ; et nous a représenté le certificat de résidence qui lui a été délivré en cette commune, le 22 décembre dernier, les quittances de ses contributions mobilières et patriotiques, et le passeport qui lui a été délivré à la section des Picques, visé de la commune de Paris, le 17 de ce mois. Et a signé la présente déclaration. Laplace document Melun, Archives de la Ville de Melun, Série 4-I-1, liasse 2, fol. 3v.
1. Etienne Roland Guérin de Vaux.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
218. Laplace à [Bouchotte], 19 avril 1793
[Au Ministre de la Guerre]1 Melun, ce 19 avril 1793, l’an 2e de la République Citoyen, J’ai reçu la liste que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser relativement au prochain examen des aspirants au Corps de l’artillerie. Je me rendrai à Châlons à l’époque indiquée pour cet examen. Je désire plus que je n’espère, de trouver un nombre suffisant de jeunes gens assez instruits pour remplir les places que la promotion des élèves au grade d’officier fera vaquer à l’école. Avant que d’envoyer au Ministre le résultat de mon examen, j’aurai l’honneur de vous consulter sur le degré d’indulgence que les circonstances et les besoins du Corps doivent réclamer en faveur des jeunes gens qui se seront présentés à l’examen. Agréez l’assurance des sentiments de considération avec lesquels je suis, citoyen, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Rouen, Bibliothèque municipale, MS Duputel 530.
1. Jean Baptiste Noël Bouchotte.
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219. reçu, 27 avril 1793
27 avril 1793 Je reconnais que le citoyen Laplace, m’a payé en entier le loyer de la maison qu’il tient de moi, ledit bail finit le 1er janvier 1794. Guérin de Vaux Melun, le 27 avril 1793, l’an 2e de la République reçu Bancroft, box 10, dossier 1.
220. reçu, 6 juin 1793
Artillerie Ecole des Elèves Châlons, 6e juin 1793 l’an 2e de la République Nous, membres composant le Conseil d’administration de l’Ecole des Elèves du Corps de l’artillerie, certifions que le citoyen Laplace de l’Académie des Sciences, Examinateur, est arrivé à Châlons le 29 avril 1793, qu’il a commencé son examen le 1er mai et qu’il l’a continué, sans aucune interruption,
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
jusqu’au 6 juin, qu’il en parti pour se rendre à son domicile à Melun, Département de Seine-et-Marne. Rousseau Baillet Martin Allaize Labey St Vincent Quintin document Bancroft, box 1, dossier 23 ; et box 10, dossier 1.
221. document, [6 juin 1793]
[6 juin 1793] Etat des Aspirans1 1. Drouot [Antoine]
27. Perdreau
2. Pelletier [Jean Baptiste]
28. La Vigne
3. Nacquart
29. Beschefer
4. Sirodot
30. Doguereau [Jean Pierre]
5. Baudart
31. Braisson
6. Boulart [Jean François]
32. Guérin
7. Lorian
33. Feray
8. Le Lorrain
34. Quillot
9. Maizière
35. Pron
10. Fleury d’Heurtébize
36. Martin
ANNÉE 1793
11. L’Estang
37. Charvet
12. Bougier
38. Bour
13. Bocquet
39. Nicolas
14. Sauvet
40. Tremel
15. Verrier
41. Berthier [de Grandy, François]
16. Champeau
42. Jacobé
17. Crespin
____________________________
18. Morel
1. Des Roys
19. Brouet [Charles Louis]
2. Deschamps
20. Calet
3. Vallier [Denys Auguste ?]
21. Delort
4. Dupin de Vienne
22. Gerdy
5. Tremolet de la Chessière
23. La Lombardière
6. Blondel de la Blossière
24. Brossard
7. Le Maye
25. Dulac
8. Combes
26. Damotte
9. Julien 10. Bourdin
document Bancroft, box 2, dossier 30.
1. Liste préparée pour le Ministère de la Guerre par Laplace, de sa main.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
222. document, [après 19 juin 1793]
Circulaire adressé aux membres du Bureau de Consultation, en vertu d’un arrêté du 19 juin Paris, ce ___1 juin 1793, l’an 2e de la République Française Citoyen, Le Bureau m’a chargé de vous envoyer l’extrait du procès-verbal des séances du 19 de ce mois : « Le Bureau arrête qu’aucun rapport sur les objets présentés en 1792 ne pourra être retardé de plus de six semaines et que tous ceux de cette date qui restent à faire lui seront présentés avant le premier août. En conséquence il sera écrit une circulaire pour inviter les différents commissaires à expédier ces rapports arriérés ». Après avoir exécuté les ordres du Bureau, je vous prierai en mon nom, cher collègue, de faire votre possible pour remplir ses vues. Plusieurs membres rejettent le retard où ils se trouvent, sur le manque de moyens nécessaires pour faire un rapport définitif. Dans ce cas, le vœu du Bureau est qu’ils aient à lui présenter provisoirement un exposé des causes qui les arrêtent. Jumelin secrétaire brouillon C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 60.
1. Après le 19.
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223. document, 1er juillet 1793
Donné à Paris, le 1er juillet 1793 l’an second de la République Française De Laplace Marine 1793 300# Au citoyen Delaplace, examinateur des élèves-ingénieurs de la Marine, pour ses appointements ... le 2e novembre 1793 à raison de 1200# par an Au nom de la République Il est ordonné au citoyen Charles Lavrillère, payeur général des dépenses du Département de la Marine, de payer et délivrer comptant des fonds destinés aux dépenses de ce Département, de l’exercise 1793 au citoyen Delaplace, examinateur des élèves-ingénieurs de la Marine la somme de 300 livres pour ses appointements, ... 2e novembre 1793 à raison de 1200# par an, en rapportant la présente ordonnance avec la quittance du citoyen Laplace. Ladite somme de 300# sera passée et allouée aux dépenses dans le compte dudit exercise. En vertu du décret du 10 août 1792 Le Ministre de l’Intérieur1 document S. H. D., Archives de la Marine, CC7-Alpha, 1371, pièce 13.
1. Dominique Joseph Garat.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
224. document, 3 août 1793
3 août 1793 Nous, président, vice président, secrétaire et trésorier de l’Académie des Sciences, certifions à tous ceux qu’il appartiendra, que le citoyen Laplace est un des commissaires nommés par l’Académie, en exécution des décrets de la Convention Nationale, pour s’occuper des opérations relatives à l’établissement des poids et mesures universels, suivre l’exécution des instruments et étalons, faire toutes les expériences arrêtées par l’Académie, et qu’il lui rend habituellement compte, concurremment avec les autres commissaires, des détails dont il est chargé. En foi de quoi nous avons signé le présent certificat. Fait à l’Académie des Sciences au Louvre, le 3 août 1793, l’an 2e de la République française D’Arcet, président Lavoisier, trésorier Le Roy Bory, vice-secrétaire1 document A.N., F171135, dossier 3, pièce 33 ; et publiée dans C.I.P.C.N., 5, 685-686.
1. Cette dernière signature ne se trouve pas sur la pièce originale, mais est notée comme étant inscrite par Guillaume dans sa publication.
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225. document, 28 septembre 1793
28 septembre 17931 Département de Seine et Marne District de Melun Municipalité du Mée Canton de Boissise la Bertrand Nous, Maire et officiers municipaux de la commune du Mée et témoins ciaprès nommés, certifions que le citoyen Pierre Simon Laplace, Examinateur des élèves de l’artillerie, est résident et domicilié en cette commune du Mée depuis le 1er juillet dernier sans interruption, en foi de quoi nous lui avons délivré le présent pour lui servir et valoir ainsi de raison, après avoir été affiché conformément à la loi. Fait en notre maison commune, [en] présence des citoyens Jacques Lantien et Jacques Gonin, tous deux domiciliés de cette commune, qui ont signé avec nous et ledit comparant, [le] 28 septembre 1793, l’an 2e de la République Française une et indivisible. Laplace Lantien, maire J. Lantien Jacques Gonin Bouillé, officier Leclerc, officier Codieu, secrétaire greffier [Au dos] Vu et vérifié par nous administrateurs du Directoire du District de Melun le 4 octobre 1793 l’an 2e de la République Française une et indivisible Marillier [signature illisible] document Bancroft, box 8, dossier 11. 1. Dans la marge à gauche : « envoyé le 29 ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
226. document, 18 septembre/12 octobre 1793
18 septembre/12 octobre 1793 Membres de la Commission des poids et mesures Lagrange, rue Froidmanteau, n° 33 Borda, rue de la Sourdière, n° 12 Laplace, chez le citoyen Berthollet, hôtel des Monnaies Monge, rue des Petits-Augustin, n° 28 Haüy, au collège Cardinal Lemoine, rue Saint-Victor Brisson, rue de Tournon, n° 17 Arbogast, député à la Convention Nationale, rue Caumartin, n° 3 Fourcroy, député à la Convention Nationale, rue des Bourdonnais, n° 354 Vous êtes prié, citoyen, de vous rappeler que la Commission des poids et mesures s’assemblera dorénavant les 2, 5 et 8 de chaque décade, à 7 heures décimales très précises (4 heures 48 minutes après-midi vieux style). Sa première assemblée, c’est-à-dire celle du 22 (dimanche 13 octobre vieux style), se tiendra dans le local précédemment occupé par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. [Lavoisier]1 brouillon Publiée dans C.I.P.C.N., 2, 387-388 ; et Lavoisier, C., 7.
1. Sans signature, mais de la main de Lavoisier.
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227. [Laplace] à Liger, brumaire an II [octobre/novembre 1793]
Au citoyen Liger Percepteur de la contribution civique brumaire an 21 Citoyens, Je vous envoie 1.000 livres, pour satisfaire autant qu’il m’est possible à la réquisition qui m’est faite, de subvenir aux besoins des pères des défenseurs de la patrie. Vous verrez par la quittance ci-jointe, de la municipalité du Mée, que je n’avais pas attendu cette nouvelle réquisition pour remplir ce devoir d’un bon citoyen. La somme de 100 livres que j’avais offerte, me paraissait convenir à la modicité de ma fortune, et j’étais loin de m’attendre à une taxe aussi forte que celle de 3.000 livres. La somme que je vous adresse est tout ce dont je puis disposer sans aliéner mon capital. Je la destinais à l’emprunt volontaire, car l’état de ma fortune m’exempte de l’emprunt forcé. Elle consiste dans un bien national affermé de 3.000 livres et sur lequel je paye environ 600 livres d’impositions ; dans 1.600 livres à peu près de rentes foncières ; dans ma maison du Mée, louée précédemment 400 livres et sur laquelle je dois 15.000 livres, prix total de l’acquisition dont je fais la rente à 5 %. Ainsi, je ne possède pas 4.000 livres de revenu foncier, et cependant, aux termes de la loi, comme mari et père de deux enfants, je devrais avoir 4.500 livres de revenu foncier pour être soumis à l’emprunt forcé. Je vous prie, citoyens, de juger si le père de famille que la loi exempte de cet impôt, doit être taxé à une somme de 3.000 livres et s’il doit aliéner un capital estimé nécessaire par la loi à l’entretien et à l’éducation de sa famille. J’ose espérer que d’après ces considérations, vous jugerez la somme que je vous envoie suffisante, surtout de la part d’un citoyen qui, dans ce moment, consacre tout son temps à un objet d’une grande importance, celui de l’établissement des nouveaux poids et des nouvelles mesures, et qui met tous ses soins à faire jouir au plus tôt la République et l’Europe entière de ce bienfait des sciences et de la Révolution. Le citoyen Dubouchet est trop juste pour n’avoir 1. Octobre/novembre 1793.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
pas égard à mes réclamations, que je vous prie de mettre sous ses yeux. Je suis. [Laplace1] brouillon Bancroft, box 8, dossier 7.
228. document, 12 décembre 1793
12 décembre 17932 LIBERTÉ ÉGALITÉ DEPARTEMENT DE SEINE ET MARNE CERTIFICAT ordonné par l’article premier de la loi du 15 mars 1793 Nous, Administrateurs du Directoire du Département de Seine et Marne, certifions que le Citoyen Pierre Simon Laplace, résident à Melun chef-lieu du District n’est pas compris dans la liste des Emigrés du Département, et que ses biens ne sont pas séquestrés quant à présent. A Melun, le 22 frimaire l’an deux3 de la République Française, une et indivisible Rataud Hervy, pour le secrétaire Vonnet document Bancroft, box 2, dossier 13. 1. Le Directoire du Département de Seine-et-Marne accepta de réduire la contribution civique de Laplace de 3.000 à 1.000 livres en suivant les conseils du Comité de Surveillance de Melun. (Archives Départementales de Seine-et-Marne, Inventaire de la Série L (Melun, 1904), p. 139, Registre L. 49). 2. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 3. 12 décembre 1793.
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229. document, 12 décembre 1793
12 décembre 17931 LIBERTÉ ÉGALITÉ DEPARTEMENT DE SEINE ET MARNE CERTIFICAT ordonné par l’article premier de la loi du 15 mars 1793 Nous, Administrateurs du Directoire du Département de Seine et Marne, certifions que le Citoyen Pierre Simon Laplace, résident au Mée, District de Melun n’est pas compris dans la liste des Emigrés du Département, et que ses biens ne sont pas séquestrés quant à présent. A Melun, le 22 frimaire l’an deux2de la République Française, une et indivisible Rataud Hervy, pour le secrétaire Vonnet document Bancroft, box 10, dossier 1.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. 12 décembre 1793.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
230. document, 6 nivôse an II [26 décembre 1793]
6 nivôse 17931 4ème Bataillon 4ème Légion Section Lepelletier Je certifie que le citoyen Arrouent2 a fait le service au poste des assignats le 5 [sans mois] 1793, pour le citoyen Laplace de la 9e Compagnie, qui y était convoqué, et qui est admis par la Loi au remplacement ; pour lequel service il doit lui payer 3 livres, dont le présent lui vaudra décharge. Paris, ce 6e nivôse 1793 l’an IIe de la République Levouchel N° 816, rue de la Michodière document Bancroft, box 1, dossier 25.
1. 26 décembre 1793. 2. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
ANNÉE 1793
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231. [Deluc] à [Laplace]1, [1793]
[1793] La lettre de M. de Laplace est du ler février 1793 NB. J’ai failli à n’avoir ni la lettre ni l’ouvrage qu’elle accompagnait de la « Théorie des satellites de Jupiter », etc. J’ai envoyé l’ouvrage à Monsieur Herschel, qui doit l’envoyer au Docteur Maskelyne. Il s’est livré aux Recherches sur les Réfractions. A-t-il vu mes lettres au Journal des Savants ? Il me donne le résultat des observations barométriques de M. de Borda au Pic de Ténériffe dont j’ai fait mention dans le 7e de mes Lettres. Par ce qu’il nomme diminution de pesanteur à mesure qu’on approche de l’Equateur, il faut suivant lui une correction additive de 3 toises sur la hauteur trouvée par la formule, pour la différence de latitude du Pic, à celle où j’ai observé (environ 46°). [Deluc] fragment Arch. R. Hahn.
1. Résumé d’une lettre envoyée, de la main de Deluc.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
232. [Laplace] à Madame Laplace, 24 thermidor [an ?] [11 août 1793/1806]
A la citoyenne Laplace Au Mée Ce 24 thermidor1 Je t’attends, ma bonne amie, sextidi prochain comme nous en sommes convenus. J’ai retrouvé la lettre du citoyen Quesnel. Ainsi, plus d’inquiétude à cet égard. Ta mère m’a paru se porter assez bien. Qu’Emile et Sophie travaillent bien. Je les embrasse ainsi que toi, ma bonne amie. [Laplace]2 Bancroft, box 14, dossier 23 ; voir aussi Catalogue de la Collection de Lettres Autographes, Manuscrits du Comte de Mirabeau, Documents Historiques sur la Ligue, la Fronde, la Révolution, etc. de feu M. Lucas de Montigny (Paris, 1860), p. 303, n° 1696.
1. 11 août. 2. Sans signature, mais de la main de Laplace.
233. Laplace à [Paré], 26 nivôse an II [15 janvier 1794]
Paris, 26 nivôse an II1 l’an 2e de la République Française, une et indivisible Le Vice-Président du Bureau de Consultation, des Arts et Métiers au Ministre de l’Intérieur2 Conformément à la lettre que tu as adressée au Bureau de Consultation, en date du 14 septembre 1793, des commissaires, nommés par ce Bureau, ont assisté aux expériences que le citoyen Zecchini a faites pour constater le résultat des procédés qu’il proposait à l’effet d’augmenter très avantageusement la quantité de pain que l’on retire ordinairement d’une quantité donnée de farine. Je joins ici copie du procès-verbal de ces expériences. Laplace, vice président A.N., F171138, dossier 1, pièce 1.
1. 15 janvier 1794. 2. Jules François Paré.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
234. reçu, 26 pluviôse an II [23 janvier 1794]
Fourni par Duprat à Monsieur Laplace 4 pluviôse an II1 1 Robinson2 1 Mille et une nuits3
2 vols in-12° br. 9 vols
5# 23 10s ______________ 28# 10s
J’ai reçu de Mr Laplace le montant de toutes les fournitures de livres que je lui ai faites jusqu’à ce jour. Paris, ce 4 pluviôse an II Duprat reçu Bancroft, box 3, dossier 12.
1. 23 janvier 1794. 2. Peut-être Robinson Crusoe, ed. M. Feutry (Paris, 1791), 2 vols. 3. Peut-être Mille et Une Nuits, tr. M. Galland (Paris, 1788), 6 vols.
ANNÉE 1794
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235. Laplace au Comité d’Instruction publique, 19 pluviôse an II [7 février 1794]
Le Président du Bureau de Consultation des Arts et Métiers au Comité d’Instruction Publique Paris, le 19 pluviôse l’an 2e1 de la République Française, une et indivisible Le Bureau de Consultation a reçu aujourd’hui, 19, la lettre en date du 13 pluviôse par laquelle le Comité d’Instruction Publique lui demande un exemplaire de la collection imprimée de ses rapports. Il n’y a jusqu’à présent d’imprimé d’une manière authentique que le Tableau des Récompenses distribuées depuis le 19 novembre 1791 jusqu’au 1er janvier 1793. Le Bureau s’empresse de l’envoyer au Comité. On travaille en ce moment à faire dresser aussi l’Etat des Récompenses accordées depuis le 1er janvier 1793 jusqu’au 1er vendémiaire de la 2e année de la République. Aussitôt qu’il le sera, le Comité en recevra un exemplaire. A l’égard de la collection que demande le Comité, le Bureau n’en a fait imprimer aucune, n’ayant aucun fonds destinés à cet objet. Il en est une fort incorrecte et très incomplète dont l’éditeur est le citoyen Chemin. Il ne l’est qu’en vertu de la permission générale donnée aux imprimeurs de prendre communication des rapports faits au Bureau. Ce citoyen n’a pas même présenté aux auteurs les épreuves de leurs rapports imprimés malgré l’invitation qui lui en avait été faite par plusieurs membres du Bureau. Certain rapports n’y sont imprimés que par extraits. Néanmoins, comme plusieurs exemplaires de cette collection incomplète ont été déposés au Secrétariat, le Bureau s’empresse d’en envoyer un au Comité d’Instruction Publique, en le priant d’observer qu’il ne se rend garant ni de l’exactitude de l’édition, ni de la justesse des réflexions qui y ont été ajoutées. On ne pourrait remédier à ces défauts qu’en affectant des fonds particuliers à l’impression d’une collection authentique surveillée par le Bureau lui-même, et qui pourrait remplir relativement aux arts un grand objet d’utilité. Le Bureau soumet cette réflexion à la sagesse du Comité. Si le Comité désire d’ailleurs avoir une idée exacte et complète des travaux du Bureau de Consultation, il lui propose d’en faire faire une copie entièrement 1. 7 février 1794.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
conforme aux rapports déposés au Secrétariat. Il attendra pour faire commencer ce travail la réponse du Comité. Laplace, vice-président1 A.N., F171331B, dossier 8, pièce 166 ; et publiée dans C.I.P.C.N., 3, 378, mais en provenance d’une autre source, et sans signature.
236. Servières à Laplace, 27 pluviôse an II [15 février 1794]
ÉGALITÉ
LIBERTÉ
Au Citoyen Laplace, président du Bureau de Consultation des Arts et Métiers Au Louvre Paris, le 27 pluviôse, l’an 2e2 de la République, une et indivisible Servières au citoyen Laplace, président du Bureau de Consultation des Arts et Métiers Salut et Fraternité Citoyen Président, Je m’étais chargé de faire, à la première séance, un rapport sur les demandes du citoyen Chemin. Obligé de faire un petit voyage, pour une mission dont je 1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. 15 février 1794.
ANNÉE 1794
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suis chargé, je crains de ne pouvoir arriver à temps pour me trouver à l’assemblée. Cette première inassiduité me sera pénible. Je prie les citoyens Hallé et Silvestre de vouloir faire le rapport sur le mémoire du citoyen Chemin, pour que cet objet n’éprouve aucun retard. brouillon C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 1.
237. [Narbonne-Lara] à [Laplace], [avant le 19 février 1794]
[avant le 19 février 1794] L’examen des aspirants devant avoir lieu, citoyen, du 1er ventôse au 15 pluviôse, tu voudras bien te rendre incésamment à Châlons, pour avoir le temps d’examiner les élèves, avant cette époque. Quelques observations en forme d’instruction que tu trouveras ci-jointe te mettront à même de remplir les intentions du Ministre1 sur l’examen qui va avoir lieu. Je t’invite à t’y conformer, et remplir les fonctions avec le zèle qui caractérise le vrai républicain. Salut et fraternité. brouillon pour le Ministre S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
1. Louis Marie Narbonne-Lara.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
238. [Narbonne-Lara] à [Laplace], [avant le 19 février 1794]
[avant le 19 février 1794] Tu donneras à l’examen la plus grande publicité, indépendamment des personnes qui s’y trouvent ordinairement, savoir les officiers et les professeurs de l’Ecole. Le Ministre1 invitera les autorités constituées et la Société populaire à nommer des commissaires qui assisteront à l’examen pour s’éclaircir sur les qualités civiques des individus qui se présenteront. Tu examineras et interrogeras les élèves et aspirants avec la plus scrupuleuse impartialité et tu rendras compte du résultat au Ministre de la manière suivante : Tu formeras une liste dans laquelle chaque sujet sera placé strictement suivant le rang qu’il aura pu mériter après son examen, et tu voudras à la suite de chaque nom avec note sur la manière dont l’individu aura satisfait sur ses connaissances, ses preuves de civisme, ses services et pour mettre le Ministre à même de les classer, tu auras soin avant tout de lui adresser en originaux les certificats de civisme et extraits de l’acte de naissance de chacun d’eux. Ce travail est le seul qui te soit confié, le Ministre se réservant de prononcer sur le sort des jeunes gens d’après leur mérite révolutionnaire et leur instructions mathématiques. Tu examineras les jeunes gens qui se présenteront sur l’arithmétique, la géométrie, l’algèbre et son application à la géométrie, n’importe d’après quel Cours et tu pourras regarder comme suffisamment instruits ceux qui répondent d’une manière satisfaisante sur l’arithmétique, la géométrie, et l’algèbre jusqu’au 2e degré inclusivement, avec son application à l’arithmétique. Le besoin des sujets engage dans le moment à se relâcher un peu quant aux élèves tous ceux qui satisferont sur les principes généraux de mécanique et leurs applications aux machines paraissant suffisamment instruits pour le présent. brouillon pour le Ministre S.H.D., Archives de la Guerre, XD334.
1. Louis Marie Narbonne-Lara.
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239. [Laplace] à Delambre, 13 ventôse an II [3 mars 1794]
Au citoyen Lambre, rue de Paradis, au Marais, n° 1 A Paris Ce 13 ventôse, l’an 2e1 de la République une et indivisible J’ai reçu, mon cher confrère, les résultats que vous avez bien voulu m’envoyer, et je vous en fais mes remerciements. J’ai été curieux de voir quelle était la longueur du mètre qui en résultait en considérant la distance des parallèles de Greenwich et de Montjoie. Je vous observerai d’abord que la figure de la Terre, du moins en la supposant un solide de révolution, n’influe point sur la longueur de la distance mesurée des parallèles de Dunkerque et de Greenwich, ni même sur la longueur de l’arc terrestre mesuré de la différence des longitudes des méridiens de ces deux lieux, comme il vous sera facile de le voir, en considérant que ces arcs sont déterminés dans l’hypothèse que la Terre est une sphère dont le centre et le rayon sont la même que ceux de la sphère osculatrice du sphéroïde terrestre dans la petite étendue des arcs mesurés. Mais la figure de la Terre influe sensiblement sur l’arc céleste en longitude, correspondant à l’arc terrestre mesuré en longitude, parce que la longueur de cet arc dépend du rayon du parallèle qui dépend de la figure de la Terre. C’est ce qui laisse encore un peu d’incertitude sur la différence des longitudes de Paris et de Greenwich conclue des observations géodésiques. Je ne sais si vous avez pris la différence des parallèles de Paris et de la tour de Dunkerque, telle qu’elle est dans l’ouvrage de la méridienne vérifiée. Je la crois un peu trop petite, parce que la base mesurée près de Dunkerque parait fautive. Ainsi, on ne doit point employer les corrections qui résultent de cette base, et alors la distance des parallèles de Paris et de la tour de Dunkerque est de 125.522T,19. A quoi, ajoutant 25.238T,6 pour la différence des parallèles de Dunkerque et de Greenwich, on aura 150.760T,8 pour la distances des parallèles de Paris et de Greenwich. J’ai supposé que vous avez employé la distance des parallèles de Paris et de Dunkerque telle qu’elle est dans la méridienne vérifiée, et alors le trouve 426.254T,75 pour la distance des parallèles de Paris 1. 3 mars 1794.
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et de Montjoie, ce qui donne 577.015T,5 pour la différence des parallèles de Greenwich et de Montjoie, distance qui répond à un arc céleste de 10° 6' 55". On a ainsi 57.044T,0 pour le degré du méridien sous la parallèle de 46° 25' 12". Ce que l’on peut faire de mieux pour avoir le degré qui, multiplié par 90, donne la longueur du quart du méridien, est de se servir du degré mesuré à l’Equateur, comparé au précédent, parce que les opérations de la mesure du degré qui ont été faites les plus en grand et avec le plus de précision sont celles de l’Equateur et de France ; on a alors 1/307 pour l’aplatissement de la Terre. Mais le degré qui multiplié par 90 donne le quart du méridien n’est pas exactement celui dont le milieu passe par 45°. Il faut lui ajouter une petite latitude dont le sinus est 5/8 de l’aplatissement de la Terre. Ainsi ce degré répond à 45° 7', et il est éloigné du précédent de 46° 18' 12". Il faut donc retrancher 12T,7 des 57.044T,0, à raison de 9T,77 de diminution que donne par degré l’aplatissement 1/307 ; on aura ainsi 57.031T,3 pour le degré qui multiplié par 90 donne la longueur du quart du méridien. La longueur du mètre qui en résulte est de 3pi 11li,475. C’est celle qui me paraît la plus vraisemblable. Je vous prie cependant de me marquer si j’ai supposé avec raison que vous avez employé la distance des parallèles de Paris et de Dunkerque telle qu’elle est dans la méridienne vérifiée ; ou plutôt [1°] de m’envoyer la distance des parallèles de Paris et de Montjoie ; 2° de m’envoyer la latitude de Montjoie, avec les fractions que vous avez négligées ; 3° de m’envoyer celle de Greenwich qui résulte du mémoire de Maskelyne. Je crois celle de Paris à très peu près de 48° 50' 14" et je ne pense pas que l’observation de Cassini doive balancer l’ensemble des observations de Lacaille. Agréez l’assurance de tous mes sentiments d’attachement et de fraternité. [Laplace]1 Ithaca, Cornell University, History of Science Collections.
1. Lettre de la main de Laplace mais sans sa signature.
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240. document, 23 ventôse an II [13 mars 1794]
23 ventôse an II1 Département de Seine et Marne District de Melun Municipalité du Mée Canton de District de Melun Nous, Maire et officiers municipaux de la commune du Mée, certifions que Pierre Simon Laplace, domicilié et propriétaire d’environ de deux arpents de terre en clos dans cette commune a besoin de vingt-quatre litrons d’haricots flageolets et de quatre litrons de pois, et nous a dit ne s’en pouvoir procurer qu’à Paris, en foi de quoi nous lui avons délivré le présent en notre commune au Mée, le 23 ventôse l’an II de la République Française, une et indivisible. Lantien, maire Codieu, secrétaire greffier Rousseau, agent national Visé, pour la sortie de Paris, le 26 ventôse l’an II2 Les administrateurs des subsistances [signature illisible] document Bancroft, box 8, dossier 11.
1. 13 mars 1794. 2. 16 mars 1794.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
241. document, 25 ventôse an II [15 mars 1794]
25 ventôse an 21 Section armée Le Pelletier 9e Compagnie Je soussigné, Capitaine de la 9e Compagnie, certifie que le citoyen Laplace, domicilié rue de la Michodière, n° 816, se trouve compris sur l’état de la collecte faite il y a environ 2 mois, pour subvenir au déficit de la caisse de la section, pour la somme de 30 livres, et qu’il vient en outre de donner à la Commission des Salpêtres de la Section, celle de 25 livres ; en foi de quoi, je lui ai délivré la présente pour lui valoir et servir ce que de raison. Paris, le 25 ventôse an II de l’ère républicaine J. A. Lebord Capitaine document Bancroft, box 2, dossier 28.
1. 15 mars 1794.
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242. Jance à Laplace, 28 ventôse an II [18 mars 1794]
6ème Division 1ère Section Ingénieurs Paris, le 28 ventôse an 2e1 de la République française, une et indivisible L’adjoint du Ministre de la Marine au citoyen Laplace, examinateur des Elèves Ingénieurs Constructeurs de la Marine au Mée, près Melun, par Melun Le Ministre2 me charge de t’annoncer, citoyen, que les 9 candidats que tu as jugé susceptibles d’être admis aux places d’Elèves Ingénieurs Constructeurs, ainsi que les 3 qui étaient à l’Ecole, ont été répartis dans les différents ports de la République comme il suit : Brest Legras, aîné Legras, cadet Parmentier Lamontagne Lafitte Bretocq [Louis Jean Baptiste] Garrigue Rochefort Coupry Jean Denaix Heurtin L’Orient Courreau 1. 18 mars 1794. 2. Jean Dalbarade.
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Bonnard Havre Marat Ronsart Le Ministre, d’après ta proposition, a décidé qu’il y aurait un examen dans quatre mois, et il en a fixé l’ouverture au 1er thermidor ; en conséquence, il ne sera plus expédié de lettre d’examen, afin de donner aux concurrents le temps de perfectionner leur instruction. En absence de l’Adjoint, Jance Bancroft, box 1, dossier 15.
243. lettre circulaire, 19 floréal [an II] [8 mai 1794]
Circulaire aux membres du Bureau de Consultation des Arts et Métiers Séance du 19 floréal [an 2]1 Citoyen, Le Bureau de Consultation, composé de trente membres suivant la loi, se trouve souvent dans ses séances réduit à un si petit nombre, soit par l’absence de ceux qui ont acceptés d’autres fonctions dans différentes administrations, soit par les places qui sont devenues vacantes, qu’il lui paraît impossible dans cette situation de continuer de donner ses avis motivés sur les récompenses nationales. Cet objet important ayant été mis en délibération, l’avis général a été que, pour satisfaire au vœu de la loi, il est du devoir du Bureau de s’occu1. 8 mai 1794.
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per définitivement, soit des moyens de se réunir d’une manière plus certaine en nombre suffisant pour pouvoir délibérer et prononcer sans compromettre sa responsabilité ; soit du mode de pourvoir aux remplacements nécessaires. En conséquence, citoyen, le Bureau a arrêté qu’il serait écrit à tous ses membres pour les inviter à se trouver sans faute, à la séance prochaine du quartidi 24 floréal à six heures précises, à l’effet de prendre une détermination sur les mesures qui lui paraissent indispensables pour assurer le service important auquel il est d’autant plus obligé, que c’est librement qu’il a accepté les fonctions honorables qui lui sont confiées. Vous êtes prévenus, citoyen, que jusqu’à présent, les invitations qui ont été adressées à plusieurs membres, étant demeurées sans réponse, quartidi prochain, leur silence sera regardé comme une adhésion à la délibération définitive qui sera prise à cet égard. Salut et fraternité. L’an 2. de la République Française brouillon C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 78.
244. document, 3 prairial an II [22 mai 1794]
3 prairial an II1 Département de Seine et Marne District de Melun Municipalité du Mée Canton de Boissise la Bertrand Certificat de Résidence Nous, Maire et officiers municipaux de la commune du Mée, certifions que le citoyen Pierre Simon Laplace, né à Beaumont en Auge, District de Pontl’Evêque, Département du Calvados, est domicilié dans cette commune et y a 1. 22 mai 1794.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
résidé sans interruption depuis le 30 ventôse dernier jusqu’à ce jour. En foi de quoi, nous lui avons délivré le présent, après avoir été affiché conformément à la loi pour lui servir et valoir ainsi que de raison. Fait en notre maison commune au Mée, le 3 prairial l’an II de la République Française, une et indivisible et ledit comparant a signé avec nous Laplace Lantien, maire Martin, notable Rousseau, agent national Codieu, secrétaire greffier [Au dos] Vu au Directoire du District de Melun le 4 prairial an second1 de l’ère républicaine Viarzot Jobart Guingaud Delautre V. Garnot document Bancroft, box 8, dossier 11.
1. 23 mai 1794.
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245. document, 16 prairial an II [4 juin 1794]
16 prairial an II1 Certificat de résidence pourvu en exécution de la loi rendue contre les émigrés Nous, soussignés maire, officier municipaux et membres du Conseil Général de la Commune de Boissise-la-Bertrand, sur la demande qui a été faite par le ci-après nommé certifions sur l’attestation des citoyens Benjamin Mercier, cultivateur, Philibert Chaigner, marchand, Charles Cousin, sans profession, François Jeuneux, maçon, Jacques Gonin, cultivateur, Deny Vyard, chaufournier, Charles Viard, cultivateur, Paul Gonin, vigneron, Louis Viard, cultivateur, tous domiciliés dans le canton de Boissise-la-Bertrand qu’est celui de l’arrondissement duquel est la résidence certifiée que Pierre Simon Laplace, citoyen français, âgé de 45 ans, taille de 5 pieds 2 pouces, cheveux et sourcils blonds châtains, yeux bleus, nez ordinaire, bouche moyenne, menton rond, front élevé, visage oval, né à Beaumont en Auge, district de Pont-l’Evêque, Département du Calvados demeure actuellement en la commune du Mée, maison a lui appartenant et qu’il y réside depuis le 30 ventôse dernier sans interruption jusqu’à ce jour ... Fait à la maison commune ce 7 prairial an II Laplace, Mercier, Jacques Gonin, Pierre, Paul Gonin, Cousin, Ch. Viard, Jean B. Viard, L. Viard, Chaigner document Dammarie-lès-Lys, Archives Départementales de Seine-et-Marne, L 706 b.
1. 4 juin 1794.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
246. document, 30 messidor an II [18 juillet 1794]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Bureau des Ingénieurs Constructeurs A Paris, le 30 messidor an 2ème1 de la République, une et indivisible La Commission de la Marine et des Colonies Au citoyen Laplace, Examinateur des Elèves Ingénieurs Constructeurs de la Marine, chez le citoyen Phys [Filz], Professeur des Elèves, rue Galion n° 12 à Paris. Citoyen, La Commission te fait passer la liste des citoyens auxquels il a été expédié des lettres d’examen pour le concours qui aura lieu au 1er thermidor, pour les places d’Elèves Ingénieurs Constructeurs2. David document Bancroft, box 1, dossier 16.
1. 18 juillet 1794. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. La liste est sur une feuille séparée.
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247. document, 30 messidor an II [18 juillet 1794]
30 messidor an II1 Liste des citoyens auxquels il a été expédié des lettres d’examen pour le concours qui aura lieu au 1er thermidor pour les places d’élèves ingénieurs constructeurs. Les citoyens : Louis Thérèse Menjaud
Charles Hamot
Armand Louis Arnoult
Jean François Minault
Henri Mendu
Gabriel Sauge Chenal
François Charles Letellier
Thomas Pothery
Claude Buisson
Jacques Rémy Hébert
Claude Philippe François
Alexandre J. Louis Teynier
Louis Florent Chéron
Gabriel Claude Druet
Jean François Maréchal Denis Husson
Jean Baptiste Omer Lavit
Alexandre J. Louis Navarre Granville
Pierre Desmarest
François Toussaint Grehan
Montmayeux
Jean Henry Chanu
Henry Durand
George Louis Auguste Dujourdain
Pierre Michel Petit
François Dosseur
Jean Baptiste Armand Massinot
Jean MacMahon
Charles Armand Leroi
Paul Stanislas Louis Edme Legoussat
François Marie Laurent Sionnet
Louis J. François Ducellier
Jacques Guillaume Latour
Louis Benjamin Francœur
Alexandre Charles Saffray
document Bancroft, box 1, dossier 16.
1. 18 juillet 1794.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
248. document, 6 fructidor an II [23 août 1794]
6 fructidor II1 Certificat de résidence fourni en exécution de la loi rendue contre les émigrés. Commune de Boissise la Bertrand Chef lieu du Canton, id. Extrait du registre des délibérations de la Commune de Boissise la Bertrand Nous soussignés, Maire, officiers municipaux et membres du Conseil Général de la commune de Boissise la Bertrand, sur la demande qui a été faite par le ci-après nommé, certifions sur l’attestation des citoyens Léger-Lefort, maçon, Jacques Paris, cultivateur, Jacques Herbeaux, serrurier, Anne Chartrette, vigneron, Joseph Dompard, cordonnier, René Paris, menuisier, Guillaume Goguet, menuisier, Alexandre Fleury, vigneron, Sébastien Joubert, vigneron, tous domiciliés dans le canton de Boissise le Bertrand qui est celui dans l’arrondissement duquel est la résidence du certifié, que Pierre Simon Laplace, citoyen français, âgé de quarante-cinq ans, taille de cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils châtains blonds, yeux bleus, nez ordinaire, bouche moyenne, menton rond, front élevé, visage ovale, demeurant actuellement en la commune du Mée, [dans une] maison à lui appartenante, et qui y réside depuis le 1er prairial dernier, sans interruption, jusqu’à ce jour. En foi de quoi, nous avons délivré le présent certificat qui a été donné en présence du certifié et des certifiants que nous avons admis en témoignage, lesquels certifiants ne sont, à notre connaissance et suivant l’affirmation qu’ils ont faite devant nous, [ni] parents, alliés, fermiers, domestiques, créanciers, débiteurs ni agents dudit certifié, ni d’aucun autre prévenu d’émigration ou émigré, et ledit a certifié. Signé tant sur le registre des délibérations et actes de la commune de Boissise la Bertrand que sur le présent extrait. Fait en la maison commune, 1. 23 août 1794.
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le 6 fructidor deuxième année républicaine1 Laplace Bertonne, maire Legrand, officier Bellequoy, notable Bertonne, notable Rosin [?], officier Gonin, greffier document Bancroft, box 8, dossier 11.
249. document, 18 fructidor an II [4 septembre 1794]
18 fructidor II2 Certificat de l’affiche du présent certificat Nous soussignés, Maire, officiers municipaux et membres des Conseils Généraux de la commune de Boissise la Bertrand, qui est celle du chef-lieu du canton de Boissise la Bertrand, et de la commune du Mée, qui est celle de la résidence du citoyen Pierre Simon Laplace, certifions que le certificat de résidence ci-dessus le 6 fructidor a été publié et affiché dans le chef-lieu du canton de Boissise la Bertrand et dans l’étendue de la commune du Mée, pendant huit jours consécutifs, aux termes de la loi. Fait à Boissise la Bertrand, 1. Au dos de la feuille se trouvent d’autres textes de certification et délivrance les jours suivants. 2. 4 septembre 1794. Ce certificat se trouve au dos d’un autre daté du 6 fructidor an 2.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
le 18 fructidor, deuxème année républicaine Bertonne, notable Bertonne, maire Le Grand, officier Rosin [?], officier Bellequin, notable Gouvion, greffier Et en la commune du Mée, publié et affiché les jours et an que dessus Lantien, maire Le Clerc, greffier Goulet, notable Rousseau, agent Bouillié, officier municipal Codieu, secrétaire greffier Délivrance du certificat Le certificat ci-dessus a été délivré audit citoyen Pierre Simon Laplace que les citoyens Léger-Lefort, Jacques Paris, Jacques Herbeaux, Anne Chartrette, Joseph Dompard, René Paris, Goguet, Fleury, Joubert reconnaissent pour être le même que celui dont ils ont attesté la résidence à la commune de Boissise la Bertrand le 18 fructidor, IIe année Républicaine. Le citoyen Goguet a déclaré ne savoir signer. Paris René Paris Lefort Dompard Herbeaux Joubert Fleury Chartrette Gonin, greffier Vu au Directoire du District de Melun, le 19 fructidor an deux1 de l’ère Républicaine 1. 5 septembre 1794.
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Guingaud Lauveras Métal, secrétaire Vu et certifié par nous, administrateurs du Département de Seine et Marne, à Melun, le 19 fructidor an deuxième de la République1. Boucher Rataud Girardot, secrétaire document Bancroft, box 8, dossier 11.
250. reçu, 14 brumaire an III [4 novembre 1794]
14 brumaire an III2 J’ai reçu du citoyen de Laplace, mon gendre, la somme de 750 livres pour le terme échu le 10 vendémiaire dernier des intérêts de la somme de 15.000 livres qu’il me doit pour la maison que j’ai acquise au Mée, des veuve, héritiers et créancier Palisaux, suivant la déclaration que j’en ai faite en sa faveur, le 23 février 1793, par devant Guillaume et son confrère notaires à Paris. Fait aux Fourneaux du Mée, le 14 brumaire l’an III de la République française, une et indivisible Courty reçu
[P.S.] Note du Général Emile Laplace. 1. Ecrit en marge : « Enregistré à Melun le 19 fructidor l’an deux, 20 sols ». [signature illisible] 2. 4 novembre 1794.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
D’après cet écrit, la petite maison située au Mée, dans une position charmante au-dessus de la Seine, d’où l’on découvrait la plus belle vue, bordée par la forêt de Fontainebleau avec des dépendances, cour, bâtiment de ferme, jardins, potager, bois, n’avait coûté que 15.000 livres dont Monsieur de Courty avait fait les avances. Monsieur de Laplace passa avec sa famille tout le temps de la Terreur dans cette habitation, dont il ne s’est défait que vers 1805, peu avant d’avoir acquis sa maison d’Arcueil. reçu Bancroft, box 10, dossier 20.
251. Tierzot à Laplace, 22 brumaire an III [12 novembre 1794]
Bureau d’Administration N° 2029 Melun, le 22 brumaire l’an III1 de la République Le Président du District de Melun, Au citoyen Laplace du Mée L’Administration, étant chargée par la loi dont tu trouveras copie ci-jointe, d’envoyer à l’Ecole Normale qui sera établie à Paris, des citoyens qui joignent à des mœurs pures un patriotisme éprouvé et les dispositions nécessaires pour recevoir et répandre l’instruction, a jeté les vues sur toi ; tu l’informeras sans délai de tes intentions, et dans le cas où tu te déciderais à entrer dans la carrière qui t’est offerte, tu voudras bien joindre à ton certificat de civisme, tes noms 1. 12 novembre 1794.
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et prénoms ainsi que l’indication des sciences que tu as professées ou étudiées. Elle te prévient que tes appointements sont de 1.200 livres. Salut et fraternité. Tierzot Bancroft, box 8, dossier 14.
252. Laplace [réponse à la lettre de Tierzot], après le 22 brumaire an III [après 12 novembre 1794] / [20 ou 21] novembre 1794
après le 22 brumaire an III1 [20 ou 21] novembre 17942
Citoyens, J’accepterais avec un grand plaisir, les fonctions honorables que vous m’appelez à remplir, si d’autres fonctions dont je suis chargé, n’y mettaient point obstacle. J’ai cru pendant quelque temps, que l’Ecole des Elèves Ingénieurs Constructeurs de la Marine dont je suis Examinateur était réunie à l’Ecole Centrale ; mais je viens d’être informé que cela n’est pas, et que d’un moment à l’autre, je puis être requis pour examiner les jeunes gens qui se destinent à la construction des vaisseaux. Les besoins de la République ayant rapproché ces examens, ils peuvent coïncider avec les cours que je serai tenu de suivre et de faire comme élève de l’Ecole Normale ; je me vois donc forcé de renoncer à la place que vous me proposez, malgré tout mon désir de concourir à l’instruction de mes concitoyens. Mais si le peu de connaissances que j’ai acquises dans les sciences mathématiques et physiques peut leur être utile, je m’offre bien volontiers à donner à Melun, dans les moments où je serai libre, 1. Après le 12 novembre 1794 2. Réponse à la lettre de Tierzot du 22 brumaire an III, le 12 novembre 1794.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
quelques leçons sur les objets relatifs à ces sciences, et à servir sous ce rapport, de suppléant à celui que vous destinez à les enseigner dans cette ville. Permettez-moi de vous offrir pour la bibliothèque du District, l’exemplaire ci-joint d’un ouvrage que j’ai publié, il y a plusieurs années, hors des mémoires des Académies1. Salut et fraternité. Laplace brouillon Bancroft, box 8, dossier 12.
253. document, 2 frimaire an III [22 novembre 1794]
2 frimaire an III2 Le citoyen Laplace, au Mée Extrait du Registre de Délibérations du Conseil du District de Melun Séance publique du premier frimaire de l’an 3e3 de la République Française, une et indivisible Vu la lettre écrite cejourd’hui à l’Administration par le citoyen Laplace, domicilié au Mée ; de laquelle il résulte, 1°) qu’il est forcé de refuser la place aux Ecoles Normales que lui proposait l’Administration, par la raison que, 1. Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes (Paris, 1784). 2. 22 novembre 1794. 3. 21 novembre 1794.
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comme l’Ecole des Elèves Ingénieurs Constructeurs de la Marine, dont il est Examinateur, est réunie à l’Ecole Centrale, il peut, d’un moment à l’autre, être requis pour examiner les jeunes gens qui se destinent à la construction des vaisseaux ; 2°) que si ses connaissances dans les sciences mathématiques et physiques peuvent être utiles à ses concitoyens, il s’offre à donner à Melun, dans les moments où il sera libre, quelques leçons sur les objets relatifs, et à servir, sous ce rapport, de suppléant à celui qui enseignera dans cette commune ; 3°) qu’il fait offrande pour la bibliothèque du District d’un exemplaire de l’ouvrage par lui publié en 1784, hors des mémoires des Académies, et ayant pour titre : Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes. Le Conseil, témoignant au citoyen Laplace, ses regrets sur ce qu’il ne peut se livrer, dans les Ecoles Normales, aux fonctions pour lesquelles l’Administration avait jeté les yeux vers lui comme capable de les remplir avec supériorité, non seulement accepte l’offre qu’il fait de donner, à titre de suppléant, quelques leçons de mathématiques et de physique, mais encore reçoit avec sensibilité l’exemplaire relié qu’il adresse pour la bibliothèque du District de son ouvrage intitulé : Théorie du Mouvement et de la Figure Elliptique des Planètes. Et en même temps arrête qu’il sera fait mention au procès-verbal tant de l’offrande du citoyen Laplace, que de ses offres relatives à l’instruction publique, comme aussi qu’il lui sera donné expédition du présent arrêté pour preuve des regrets et de la sensibilité de l’Administration. Pour extrait Métal secrétaire Je soussigné, agent national près le District de Melun, notifie au citoyen Laplace le présent arrêté à ce qu’il n’en ignore. Au Directoire, ce 2 frimaire an 3e de la République Française, une et indivisible Courtin document Bancroft, box 23, dossier 11.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
254. document, 23-25 frimaire an III [13-15 décembre 1794]
Au citoyen Laplace, au Mée 10è cahiers 23-25 frimaire III1 Extrait du Registre des délibérations du Conseil du District de Melun Séance publique du 23 frimaire an III de l’ère Républicaine Vu l’article premier, chapitre deux, de la loi du 27 brumaire dernier, relative aux écoles primaires, lequel article est conçu dans les termes suivants : « les instituteurs et les institutrices sont nommés par le peuple : néanmoins pendant la durée du gouvernement révolutionnaire, ils seront examinés, élus et surveillés par un Jury d’instruction composé de trois membres désignés par l’Administration du District et pris hors de son sein parmi les pères de famille ». Considérant l’importance de l’instruction des hommes libres et par conséquent la nécessité d’un bon choix pour les membres qui doivent examiner, élire et surveiller les instituteurs et institutrices ; L’agent national entendu, et après lecture de l’arrêté du Comité d’Instruction Publique, en date du 28 brumaire ainsi que l’adresse de la Commission Exécutive de l’Instruction Publique aux Directoires du District, Le Conseil permanent, pénétré des principes que renferme cette adresse, après avoir formé une liste des sujets qu’il croit devoir concourir à cette nomination et discuté chacun d’eux en particulier, a nommé comme membres du jury d’instruction les citoyens Marillier, de Beaulieu, commune Boissise la Bertrand, Laplace, de la commune du Mée, et Fontaine, de Moissy, tous trois pères de famille, et arrête que le partage des cantons se ferait concurremment avec les trois membres dessus nommés, auxquels expédition du présent arrêté sera adressé par l’agent national du District. Pour extrait Métal, secrétaire 1. 13-15 décembre 1794.
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Je soussigné, agent national par [sic] le District de Melun, notifie au citoyen Laplace, de la commune du Mée, l’arrêté dont expédition est ci-dessus, et de l’autre part, à ce qu’il n’en ignore [pas le contenu], Fait au Directoire, ce 25 frimaire l’an III1 de l’ère républicaine Courtin document Bancroft, box 8, dossier 8.
255. [Laplace] à [Lakanal], 27 frimaire an III [17 décembre 1794]
Ce 27 frimaire an III2 Le citoyen Laplace a reçu la lettre du citoyen Lakanal, relative à l’organisation des observatoires ; il est venu exprès à Paris, pour conférer avec lui sur cet objet très important au progrès des sciences. Il prie le citoyen Lakanal de vouloir bien lui indiquer un rendez-vous ; il viendra demain chercher sa réponse dans les bureaux du Comité d’Instruction Publique, d’où il lui écrit ce billet. [Laplace] Lakanal, Exposé Sommaire des Travaux de Joseph Lakanal (Paris, 1838), p. 207.
1. 15 décembre 1794. 2. 17 décembre 1794.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
256. [Laplace] à [Lakanal], 2 nivôse an III [22 décembre 1794]
Au Mée, par Melun, ce 2 nivôse an III1 Voici le résultat de mes réflexions sur l’organisation des observatoires. Je propose d’attacher à l’observatoire national trois astronomes, et à chacun d’eux un élève. Pour ne laisser échapper aucune observation importante, on peut conserver l’observatoire de la ci-devant Ecole militaire, et y attacher un astronome et un élève. Je pense qu’il suffit d’entretenir cinq observatoires choisis convenablement parmi ceux qui existent dans les Départements. Pour diriger ces observatoires, pour recueillir et publier les observations, en tirer le meilleur parti, et perfectionner les théories et les tables astronomiques, je propose de créer une commission d’astronomie, formée de trois géomètres et de quatre astronomes, attachés aux deux observatoires de Paris. Les membres de cette commission seraient nommés par la Convention Nationale, sur la présentation du Comité d’Instruction Publique. Avant de s’occuper des observatoires des Départements, on peut former d’abord cette commission, et la mettre sur-le-champ en possession des deux observatoires de Paris : par ce moyen simple et peu dispendieux, les travaux astronomiques reprendraient leur activité, et le Comité d’Instruction Publique trouverait dans les lumières de cette commission, les renseignements dont il aurait besoin pour organiser les observatoires, et pour accélérer les progrès de l’astronomie. Cette belle science mérite de fixer particulièrement l’attention des législateurs par la sublimité de ses découvertes, par leur importance dans la navigation et la géographie, et surtout par ses rapports essentiels avec le bonheur et la liberté de l’espèce humaine : les erreurs de l’astrologie, les vaines terreurs qui ont accompagné les éclipses, et l’apparition des comètes, assiègent encore, si je puis ainsi dire, l’entendement humaine, et n’attendent, pour y rentrer, que le retour de l’ignorance : observez, d’ailleurs, que partout la superstition a placé son point d’appui dans un ciel imaginaire, pour agiter et pour asservir la terre, et que rien n’est plus propre à garantir les hommes de ses honteux et
1. 22 décembre 1794.
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funestes effets, que la connaissance du vrai système du monde, et la considération de l’immensité de l’univers. Je vous renouvelle, Citoyen, ma reconnaissance de tout ce que vous avez fait pour les sciences : elles sauront transmettre à la postérité les noms de ceux qui, dans la crise qu’elles viennent d’éprouver, ont constamment lutté contre la barbarie, et le vôtre sera l’un des plus distingués, etc. [Laplace] Lakanal, Exposé Sommaire des Travaux de Joseph Lakanal (Paris, 1838), pp. 207-209.
257. lettre circulaire, [5-18 nivôse] an III [décembre 1794]
Circulaire [5-18 nivôse] an 3e1 Citoyen collègue, Le Bureau de Consultation a remis la délibération d’un objet qui intéresse les artistes à la séance du 19 nivôse afin qu’elle fût plus complète. Le motif est suffisant pour lui garantir ton exactitude. Il t’invite à t’y rendre de bonne heure afin de pouvoir consacrer plus de temps à la discussion et de ne rien perdre sur celui qui doit être éventuellement consacré dans ses rapports. Salut, etc. Signé : A. L. Millin Pour copie L. Guim copie C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 110. 1. Décembre 1794.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
258. document, [an III] [1794/95]
[an III]1 Le Bureau des Longitudes ayant représenté au Comité d’Instruction Publique que l’impression des Tables de logarithmes des sinus, cosinus et tangentes du quart du cercle, divisé en parties décimales, et celle des Tables des mouvements célestes réduites au même système de division décrété par la Convention Nationale, sont indispensables pour l’introduction de ce système, dans tous les calculs astronomiques et trigonométriques2. Le Comité d’Instruction Publique arrête que les Tables qui lui ont été présentées sur ces deux objets, par le Bureau des Longitudes, seront imprimées à l’Imprimerie de la République, sous la surveillance de ce Bureau, et qu’il sera tiré 3.000 exemplaires des Tables de logarithmes des sinus, et 1.000 exemplaires des Tables astronomiques. brouillon de la main de Laplace A.N., F171135, dossier 1, pièce 12.
1. [1794/95] en marge : adopté-voyez l’arrêté du 4 fructidor an 3 [21 août 1795]. Le langage proposé par Laplace fut adopté sans altérations (C.I.P.C.N., 6, 567-568). 2. Ces tables ne furent pas publiées comme le décret l’ordonna. Six ans plus tard Jean Charles Borda et Jean Baptiste Joseph Delambre sortirent des Tables Trigonométriques Décimales, ou Tables de Logarithmes des Sinus, Sécantes et Tangentes ... (Paris, an IX). Le Bureau des Longitudes publia une série de Tables Astronomiques en 1806.
259. lettre circulaire, 12 ventôse an III [2 mars 1795]
Circulaire à Pelletier, Bourru, Lagrange, Laplace, Desaudray, Reth, Fourcroy, Parmentier, Perier, Vandermonde Paris, le 12 ventôse l’an 3e de la République1 Citoyen, Le Bureau de Consultation des Arts et Métiers dans sa dernière séance, a arrêté que vous seriez invité à vous trouver, quartidi prochain, à la discussion qui doit avoir lieu sur le projet d’organisation qu’il se propose de présenter au Comité d’Instruction Publique. Le Bureau a également arrêté que vous seriez invité à assister assidument à toutes ses séances et à vous occuper sans délai des rapports dont vous êtes chargés. Salut et Fraternité. A. L. Millin ex-secrétaire copie C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 111.
1. 2 mars 1795.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
260. Comité d’Instruction publique à Laplace, [28 germinal] an III [17 avril 1795]
ÉGALITÉ
LIBERTÉ
FRATERNITÉ
Poids et Mesures Paris, le [28 germinal] l’an III1 de la République française une et indivisible COMITE D’INSTRUCTION PUBLIQUE Les Représentants du Peuple composant le Comité d’Instruction Publique, Au citoyen Laplace L’opération importante du renouvellement des poids et mesures n’a pas cessé d’être l’objet des sollicitudes de la Convention Nationale, quoique les circonstances aient paru y apporter quelque lenteur. Elle vient encore de manifester son vœu à cet égard de la manière la plus formelle par son décret du 18 germinal dont nous joignons ici un exemplaire. Vous y verrez qu’en rendant justice au zèle et aux travaux des membres de la Commission temporaire des Poids et Mesures, elle a pensé que les opérations d’arts et de sciences relatives à la détermination de l’unité des mesures déduite de la grandeur de la Terre marcheraient plus rapidement vers leur fin, si les savants qui en sont chargés étaient soulagés des fonctions administratives et si ces fonctions étaient confiées à une agence particulière. En conséquence, la Commission temporaire des Poids et Mesures est supprimée comme administration, mais l’intention de la Convention Nationale est que les membres qui ont concouru à ses travaux les conduisent à leur fin, et elle a chargé son Comité d’Instruction Publique d’en arrêter la liste2. C’est pour nous acquitter de ce devoir et pour attacher à la détermination des mesures de la République française des noms célèbres dans l’Europe que le Comité vous a compris, citoyen, dans la liste des savants chargés de terminer cette belle opération, et dont vous trouverez ci-joint une copie. Le Comité 1. 17 avril 1795. 2. La Commission Temporaire fut remplacée par 12 commissaires particuliers, tous membres de la ci-devant Académie des Sciences. Voir C.I.P.C.N., 6, 91-92.
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vous invite à vous concerter avec vos collègues pour y mettre autant de célérité possible. Vous trouverez dans les membres de l’agence temporaire le désir le plus vif d’agir de concert avec vous pour les objets [dont le] concours peut devenir nécessaire. Salut et fraternité. Curée Barailon Deleyre Daunou Lalande Massieu Plaichard Villar Bancroft, box 10, dossier 28 (chiffonné et déchiré).
261. lettre circulaire, 30 prairial an III [18 juin 1795]
Circulaire aux citoyens Lagrange, Brisson, Laplace, Le Roy, Trouville, Parmentier, Périer, Vandermonde, Millin 30 prairial an 3e1 Citoyen collègue, Le Bureau de Consultation des Arts et Métiers me charge de vous faire une invitation pressante et fraternelle pour vous réunir à ses travaux le plus fréquemment qu’il vous sera possible. Vous avez été souvent utile, nécessairemême, à ses délibérations. Vous ne le fûtes jamais davantage que dans ce moment où les circonstances l’ont privé de plusieurs membres qui n’ont point été remplacés et où le petit nombre de ceux qui assistent à ses travaux ne lui
1. 18 juin 1795.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
permettent quelquefois pas de tenir de séances, dont vous connaissez l’utilité publique pour les artistes. Salut et fraternité. Silvestre, secrétaire brouillon C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 121 ; autre copie n° 122.
262. lettre circulaire, 30 messidor an III [18 juillet 1795]
Circulaire à Lagrange, Parmentier, Cousin, Laplace, Brisson, Bourru, Millin, Jumelin, Pelletier, Vandermonde, Périer, Berthollet, Fourcroy Paris, le 30 messidor l’an 3ème1 Citoyen, Le Bureau de Consultation des Arts et Métiers a décidé, dans sa séance d’hier, qu’il serait écrit à tous ses membres pour les prévenir que duodi 2 thermidor à 8h précise du soir, il se réunirait au Comité d’Instruction Publique pour lui présenter une adresse sur la nécessité de renouveler les membres du Bureau et sur celle d’augmenter les récompenses des artistes en proportion du besoin des arts, et de la chèreté actuelle des denrées. Salut et fraternité. Lainne Guimis secrétaire greffier brouillon C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 127. 1. 18 juillet 1795.
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263. document, 8 thermidor an III [26 juillet 1795]
Bureau de l’Artillerie1 LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Paris, le 8 thermidor an 3e2 de la République Française, une et indivisible La Commission de l’Organisation et du Mouvement des Armées de Terre, Au Citoyen Laplace, Examinateur des Elèves de l’Artillerie, rue ci-devant Louis le Grand, près le boulevard, à Paris. La Commission vous donne avis, citoyen, que le Comité de Salut Public, par un arrêt du 6 du présent mois, vous réintègre dans vos fonctions d’Examinateur des Elèves de l’Artillerie. Ainsi vous reprendrez l’exercice de ces fonctions comme par le passé. C’est une justice rendue à vos talents et à vos lumières qui tourneront au profit de la République et de la jeunesse française destinée à servir dans l’arme de l’Artillerie, en n’y admettant que des sujets instruits et éclairés. Salut et fraternité. Le Commissaire chargé de l’Artillerie et du Génie Bénézech Bancroft, box 1, dossier 1.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. 26 juillet 1795.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
264. lettre circulaire, 21 thermidor an III [8 août 1795]
Circulaire aux citoyens Brisson, Fourcroy, Hallé, Lagrange, Laplace, Millin, Parmentier, Pelletier, Périer, Trouville, Vandermonde, et Jumelin 21 thermidor l’an 3ème1 Citoyen, Je m’empresse de vous prévenir que le Bureau de Consultation des Arts et Métiers a arrêté dans sa dernière séance qu’il s’assemblerait dorénavant à 7h précises. Salut et fraternité. Signé : Lainne Guimis brouillon C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 135.
265. Laplace à [?], 21 fructidor an III [21 août 1795]
Paris, ce 4 fructidor an 3ième2 de la République Citoyens, Je vous remercie de l’envoi que vous avez bien voulu me faire. Je vous prie d’agréer l’exemplaire ci-joint, d’une leçon que j’ai faite à l’Ecole Normale sur les poids et mesures, et qui est insérée dans le Journal de cette école. Vous y 1. 8 août 1795. 2. 21 août 1795.
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verrez que j’ai cherché à faire sentir, autant qu’il m’a été possible, les avantages de l’importante opération qui est confiée à vos soins. Quant à la base qui doit être mesurée entre Melun et Lieusaint, j’ai été chargé avec les citoyens Delambre et Prony de la reconnaître et d’en fixer les extrémités. Elle sera de plus de six mille toises et elle est avantageusement située relativement aux triangles de la méridienne. Vu la précision avec laquelle elle sera mesurée, cette partie de l’opération qui nous occupe dans ce moment sera l’une des plus exactes. Le Comité d’Instruction Publique a arrêté que l’on élèverait, cette année, deux pyramides d’environ trente pieds de hauteur à ses extrémités, et aussitôt que les citoyens Méchain et Delambre auront terminé leurs opérations géodésiques et astronomiques, ils mesureront cette base. Voilà tous les renseignements que je puis vous donner présentement sur cet objet. A mesure que l’opération avancera, je me ferai un vrai plaisir de vous informer de ses progrès. Agréez, citoyens, l’assurance des sentiments de fraternité avec lesquels je suis, Votre concitoyen. Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Laplace ; et facsimilé New York, Columbia University, Rare Book and Manuscript Library, D.E. Smith Historical Collection.
266. lettre circulaire, 5 vendémiaire an IV [27 septembre 1795]
Circulaire à Brisson, Cousin, Dumas, Hallé, Jumelin, Lagrange, Millin, Parmentier, Reth, Silvestre, Trouville, Laplace, Vandermonde 5 vendémiaire an 4e1 Deux séances s’étant passées, Citoyen, sans que le Bureau put délibérer à cause du petit nombre des membres présents, nous vous invitons à vous y rendre à la séance prochaine, le 9 de ce mois, d’autant plus qu’il sera question 1. 27 septembre 1795.
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d’une lettre adressée au Bureau, et sur laquelle il est important qu’il délibère et prenne un parti décisif. Salut et fraternité. Signé : J. B. Le Roy Vice-président copie C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 150.
267. lettre circulaire, 11 brumaire an IV [2 novembre 1795]
Circulaire aux citoyens Bourru, Brisson, Cousin, Hallé, Jumelin, Lagrange, Laplace, Parmentier, Pelletier, Périer, Vandermonde, Berthollet, Fourcroy Le 11 brumaire an 4e1 Citoyen, Je m’empresse de vous prévenir que le Bureau de Consultation des Arts et Métiers, conformément à son arrêté du 9 de ce mois, s’assemblera dorénavant à 6 heures précises. Salut et fraternité. Sans signature minute C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 157. 1. 2 novembre 1795.
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268. document, 15 brumaire an IV [6 novembre 1795]
Département de Seine-et-Marne Municipalité du Mée Canton de Boissise-la-Bertrand 15 brumaire an IV1 de la République Passeport Laissez passer librement le citoyen Pierre Simon Laplace, domicilié en cette commune, membre du Commissariat des Poids et Mesures, et du Bureau des Longitudes, et examinateur des Elèves de l’Artillerie, âgé de quarante-six ans, taille de cinq pieds deux pouces, cheveux et sourcils blonds, nez ordinaire, bouche moyenne, menton rond, visage long, lequel nous a déclaré avoir besoin [d’aller] à Paris pour ses affaires et revenir ; prêtez-lui aide et assistance en cas de besoin. Fait et délivré en notre maison commune au Mée, ce 15 brumaire l’an quatre de la République et a ledit comparant signé avec nous. Laplace Rousseau, agent Lantien, maire Leclerc, officier municipal Bouillé, officier municipal [au dos] Vu au Comité civil de la Butte des Moulins à Paris, le 29 brumaire l’an 4e de la République. Pour rester au terme de la loi, Registre 6e folio 24, N° 135. Duhenoy Collian Laurent, secrétaire
1. 6 novembre 1795.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Permis de rester à Paris six mois, comme membre du Bureau des Longitudes, ce 29 brumaire an 4e1. Pour le Commissaire de Police [signature illisible] Vu de nouveau pour le temps précédemment accordé le 28 ventôse an 4e2 Pour les membres du Bureau Central Davezon document Bancroft, box 1, dossier 24.
269. le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Bénézech], 8 frimaire an IV [29 novembre 1795]
Les membres du jury nommé pour classer les résultats des examens relatifs à l’Ecole Polytechnique, au Ministre de l’Intérieur3 Paris, le 8 frimaire an IV4 de la République Française Citoyen Ministre, Nous vous envoyons ci-joint le résultat de notre travail, dont l’objet est de classer par ordre de mérite les jeunes gens qui ont subi les examens nécessaires pour être admis à l’Ecole Polytechnique. 1. 2. 3. 4.
20 novembre 1795. 18 mars 1796. Pierre Bénézech. 29 novembre 1795.
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Nous avons apporté, dans la discussion des procès-verbaux, tous le soin et l’attention que méritent l’importance de l’objet et la confiance dont vous nous honorez. Mais nous ne devons pas vous dissimuler, citoyen Ministre, que le mode de concours ordonné par la loi ne nous paraît pas le plus propre à produire des résultats certains, et que la comparaison des examens faits par différentes personnes et présentées différemment, peut donner lieu à des erreurs dans le jugement du jury. Un seul examinateur, chargé de parcourir les différentes communes désignées pour le concours, et d’y examiner les jeunes gens, dispenserait de tout jury et prononcerait avec une plus grande connaissance de cause. C’est le moyen pratiqué jusqu’ici dans les examens de la Marine, et c’est celui qui nous paraît présenter le plus d’avantages. Vandermonde, Lacroix, Legendre Laplace, Cousin A.N., F171388, dossier 1, n° 100.
270. Laplace à [Lakanal], 12 frimaire an IV [3 décembre 1795]
Au Mée, ce 12 frimaire an IV1 de la République Citoyen Représentant, J’ai reçu avec sensibilité la lettre que vous avez l’amitié de m’écrire, et les détails que vous avez bien voulu me donner sur l’Institut National. J’ai lu, dans les journaux, la liste du tiers électeur. On peut regretter de n’y pas voir des hommes chers aux sciences et aux lettres, mais ils seront promptement appelés par leurs collègues, auxquels on a voulu, sans doute, réserver le plaisir de les nommer. Enfin, grâce à vos soins, à ceux du citoyen Grégoire, et de quelques 1. 3 décembre 1795.
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autres membres de la Représentation nationale, qui ont lutté avec autant de gloire que de courage contre les efforts du vandalisme, on voit s’élever de nouveaux établissements propres à répandre les sciences, et les accroître. Les voilà sauvées du naufrage dont elles étaient menacées et quand les écoles primaires et centrales seront organisées, aucun pays n’offrira une instruction aussi générale et aussi sûre que la France. C’était une idée véritablement grande que celle de l’Ecole Normale. Je regrette bien qu’elle n’ait pas subsisté plus longtemps. Malgré les circonstances d’un hiver très rigoureux et de la disette des subsistances, elle a produit d’heureux effets, qui se feront bientôt sentir dans les écoles centrales. Je serai, quintidi prochain, à Paris. Je chercherai l’occasion de vous y voir et de vous renouveler, de vive voix, l’assurance des sentiments bien sincères d’estime et d’amitié que vous m’avez inspiré, et avec lesquels je suis, pour la vie, votre concitoyen, Laplace New Orleans, Tulane University, Howard-Tilton Memorial Library Papiers Lakanal ; et publiée dans Osiris, 1 (1936), 181.
271. document, 23 frimaire an IV [14 décembre 1795]
BUREAU des Travaux Publics1 DEPARTEMENT DE La Seine Extrait du Registre des Délibérations Du 23 frimaire an quatrième2 L’Administration du Département, délibérant sur l’exécution de la loi du 3 brumaire concernant l’organisation de l’Instruction publique, en conséquence de l’article 2 portant établissement d’écoles centrales, 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. 14 décembre 1795.
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Le Commissaire du Directoire Exécutif entendu, Nomme pour composer le Jury qui doit examiner et élire les professeurs des cinq écoles centrales du Département les citoyens Laplace, Carat et Lagrange. Pour copie conforme Dupin Bancroft, box 1, dossier 5.
272. Laplace à Rœderer, 26 frimaire [an IV] [17 décembre 1795]
Au citoyen Rœderer, membre d l’Institut national A Paris, Aux bains d’Albert, quai d’Orsay Paris, ce 26 frimaire [an IV]1 Pour répondre, Monsieur, à la marque de confiance que vous me donnez, je vous indiquerai le citoyen Filz, professeur de mathématiques, demeurant rue de Gaillon, près de la rue de la Michodière. Il enseigne depuis longtemps et avec succès, les élèves Ingénieurs-Constructeurs de la Marine ; et je le crois en état de donner à Messieurs vos enfants, les connaissances élémentaires d’arithmétique et de géométrie dont vous désirez qu’ils soient instruits. Je suis entièrement de votre avis, relativement à la méthode analytique et comme l’algèbre est la plus heureuse application de cette méthode, je vous engage à le faire entrer jusqu’aux équations du second degré inclusivement dans l’éducation de Messieurs vos enfants. Le Cours de Bézout pour la Marine est encore un des meilleurs que je connaisse. 1. 17 décembre 1795.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J’ai concouru avec un grand plaisir à votre nomination à l’Institut National, et j’éprouve une vraie satisfaction à vous avoir pour confrère. Le Département de Paris vient de me nommer, avec MM. Lagrange et Garat, membre du jury d’Instruction Publique, chargé de l’organisation des cinq écoles centrales. Vous étiez nommé précédemment professeur de législation, et je pense que vous aviez accepté. Je désire que vous persistiez dans cette résolution, et que vous fassiez jouir la jeunesse de Paris des leçons intéressantes que vous donnez sur cet objet à Messieurs vos enfants. Agréez mon respectueux attachement. Laplace A.N., 29 AP 11.
273. le Jury d’Instruction publique à Nicoleau & Eymar, 9 nivôse [an IV] [30 décembre 1795]
Bureau des Etablissements Publics Paris, ce 9 nivôse an 2d1 de la République une et indivisible Le jury convaincu de la nécessité d’organiser promptement deux écoles centrales à Paris, propose au Département la liste suivante des professeurs qu’il a choisie : Pour le dessin Bachelier ; Moreau jeune Pour l’histoire naturelle Cuvier ; Brongniart jeune 1. 30 décembre 1795. De la main de Laplace.
ANNÉE 1795
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Pour les langues anciennes G[ué]rou[lt] l’aîné ; Binet Pour les mathématiques Lacroix ; Labey Pour la physique et la chimie expérimentale Brisson ; Vauquelin Pour la grammaire générale Domergue ; Duhamel Pour les belles-lettres Fontanes ; Selis Pour l’histoire Millin ; [La Porte] du Theil Pour la législation Dupont1 Grivel Laplace Garat Lagrange Aux Citoyens Nicoleau2, Eymar Nantes, Bibliothèque Municipale, MS 669, 146bis.
1. Rayé dans l’original. 2. Président du Département.
274. Laplace à [Petiet], 25 pluviôse an IV [14 février 1796]
Paris, le 25 pluviôse an 4e1 Le Président du Bureau de Consultation au citoyen Ministre de la Guerre2 Citoyen Ministre, Sur le rapport de ses commissaires, le Bureau de Consultation des Arts et Métiers accorda le 24 nivôse dernier au citoyen Henry le médium de la 1ère classe des récompenses nationales pour l’invention de deux fusils d’une nouvelle construction avec lesquels on peut tirer jusqu’à 10 coups de suite. Le Citoyen Henry vient d’ajouter à ces fusils divers perfectionnements indiqués par le rapport des commissaires. Il demande à faire de nouvelles expériences. Le Bureau me charge de vous demander pour cet artiste deux livres de poudre fine et trois livres de balles de calibre de 20 à la livre pour le mettre à portée de faire ces expériences. Salut et fraternité. Signé : Laplace minute C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 180.
1. 14 février 1796. 2. Caude Louis Petiet.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
275. le Jury d’Instruction publique à l’Administration centrale du Département de la Seine, 6 ventôse an IV [25 février 1796]
[A l’Administration Centrale du Département de la Seine] Paris, ce 6 ventôse an 41 de la République Le Jury d’Instruction Publique propose à l’Administration du Département le citoyen Lenoir de la Roche pour remplir la place de législation dans une des deux premières écoles centrales, et le citoyen Anquetil, membre de l’Institut National, pour remplir la place d’histoire, vacante par le démission du citoyen Du Theil. Le Jury propose encore à l’Administration, pour une troisième école centrale, les professeurs suivants : Le citoyen tique Le citoyen Le citoyen Le citoyen Le citoyen Le citoyen Le citoyen Le citoyen
Legendre, membre de l’Institut, pour les éléments de mathémaDe Parcieux, pour la physique et la chimie Ginguené, membre de l’Institut, pour les belles lettres Lakanal, membre de l’Institut, pour la législation Manuel, pour l’histoire naturelle Dumouchel pour les langues anciennes Daunou, membre de l’Institut, pour la grammaire générale Boullée, membre de l’Institut, pour le dessin Laplace Garat Lagrange
Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
1. 25 février 1796. Le texte est rédigé de la main de Laplace et signé par deux autres collègues.
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276. document, 6 ventôse an IV [25 février 1796]
A Paris, ce 6 ventôse an 4ème1 de la République Je cède aux conditions suivantes, au citoyen Nicolas Bonneville le manuscrit d’un ouvrage dont je suis l’auteur, ayant pour titre Exposition du Système du Monde : Premièrement – l’ouvrage sera imprimé sous quatre mois au plus tard, à dater de ce jour et il n’en sera tiré que 2.000 exemplaires Deuxièmement – il pourra dans l’intervalle de cinq années, à dater de ce jour faire s’il le juge convenable une nouvelle édition de l’ouvrage, tirée pareillement à 2.000 exemplaires Troisièmement – à chacune de ces deux éditions le citoyen Bonneville donnera 30 exemplaires à l’auteur Quatrièmement – il me paiera 4.000 francs valeur métallique aux quatre époques suivantes, [à] savoir 1.000 francs le 1er germinal l’an V de la République, 1.000 francs le 1er germinal de l’an VI et 1.000 francs le 1er germinal de l’an VII et 1.000 francs le 1er germinal de l’an VIII. Cinquièmement – au bout de cinq ans à dater de ce jour, je rentre dans la propriété de mon ouvrage pour en disposer moi ou mes héritiers comme bon nous en semblera. Pierre Simon Laplace J’accepte les conditions énoncées ci-dessus et je m’engage à les remplir. Fait double N. Bonneville document Bancroft, box 18, dossier 9.
1. 25 février 1796.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
277. Laplace à [Bénézech], 21 ventôse an IV [11 mars 1796]
Paris, le 21 ventôse an 4e1 Le Président du Bureau des Longitudes au Ministre de l’Intérieur2 Citoyen Ministre, Le Bureau de Consultation des Arts et Métiers établi par les lois du 12 septembre et 16 octobre 1791 et prorogé par un décret du 4 janvier 1793, est chargé de distribuer les récompenses aux artistes qui par leur travaux et leurs recherches dans les arts utiles, ont mérité d’avoir part à ces récompenses. Ce Bureau, qui fait parti de votre administration, me charge de vous demander, citoyen Ministre, un rendez-vous pour tridi soir 23 du courant, afin de venir m’entretenir des objets qui intéressent l’activité de ses travaux et l’intérêt des artistes. Salut et fraternité. Signé : Laplace Pour copie minute LG copie C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 174.
1. 11 mars 1796. 2. Pierre Bénézech.
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278. document, 21 ventôse an IV [11 mars 1796]
Extrait du Registre des Délibérations du Département de Seine et Marne Séance du 21 ventôse an IV1, du Département de Seine et Marne En exécution de la loi du 16 courant « qui en rapportant celle du 3 brumaire an IV qu’avait établi l’Ecole centrale du Département dans la commune de Provins, fixe définitivement cette école dans la commune de Fontainebleau, où l’avait originairement placée le décret du 18 germinal, etc. », Considérant que la gloire de la République commande la meilleure organisation des écoles centrales ; qu’il est d’autant plus instant de perfectionner cet établissement dès sa naissance, que les sciences et les arts ont ressenti par les fureurs du vandalisme des pertes immenses, qu’il est de l’honneur des citoyens du Département de Seine et Marne de contribuer à réparer le plus promptement possible. L’arrêté avait composé le jury d’examen ainsi : 1° Fontaine2, ex-administrateur du Département, propriétaire à Moi[ssy] ; 2° Dufour, Président de l’Administration municipale de Mormant, propriétaire à Campeau ; 3° Marrier-la-Gâtinerie3, ingénieur de la Marine, demeurant à Fontainebleau ; 4° Paulet4, médecin de l’hôpital militaire à Fontainebleau ; 5° Sédillez5, conservateur des hypothèques à Nemours. L’article 5 indique que le local du ci-devant château servira pour toutes les parties de l’enseignement. Aubin document Bancroft, box 1, dossier 8. 1. 2. 3. 4. 5.
11 mars 1796. Ce document fut envoyé avec la lettre du 28 germinal an IV. Jean Fontaine-Cramayel. Jacques Marie Marrier de la Gâtinerie. Jean-Jacques Paulet. Mathurin Louis Etienne Sédillez.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
279. Laplace à Reth, 26 ventôse an IV [16 mars 1796]
Le Président du Bureau de Consultation des Arts et Métiers Au Citoyen Reth, membre dudit Bureau Paris, le 26 ventôse l’an 4e1 de la République française, une et indivisible Citoyen collègue, Le citoyen Moutu, ayant réclamé au Comité des Finances, section des Assignats et Monnaies, sur la priorité de présentation d’un modèle de machine à numéroter les assignats, ce comité, par son arrêté du 25 frimaire an 3e, renvoya au Bureau les plans et modèles de cet artiste pour être examinés et statuer définitivement sur le fait d’invention. Les commissaires chargés par le Bureau de rendre compte de cet objet ont observé dans la dernière séance 1° que pour remplir le but de l’arrêté du Comité, il était nécessaire qu’ils eussent une communication de la machine à numéroter qui a déjà été exécutée, afin de pouvoir la comparer avec celle du citoyen Moutu. 2° que pour mettre le Bureau en état de se prononcer sur l’antériorité, il était également nécessaire de savoir la date de présentation de cette machine. 3° enfin qu’ils ont écrit à ce sujet et au Ministère des Finances2, et que ce Ministre a renvoyé la lettre au citoyen Frécine qui vous la transmise. Le Bureau en conséquence me charge de vous inviter de la manière la plus pressante à vous trouver à sa prochaine séance pour lui donner des renseignements à ce sujet. Salut et fraternité. Signé : Laplace Président brouillon C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 175. 1. 16 mars 1796. 2. Dominique Vincent Ramel-Nogaret.
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280. le Jury d’Instruction publique à l’Administration du Département de la Seine, 9 germinal an IV [29 mars 1796]
Bureau des Etablissements Publics 9 germinal an IV1 Le jury propose à l’Administration du Département les nominations suivantes de professeurs aux écoles centrales de Paris : pour pour pour pour
la grammaire : les citoyens Sieyès, et Thiébault la littérature : le citoyen StAnge l’histoire : le citoyen Laromiguière la législation : les citoyens Baudin des Ardennes, et StAubin. [signé] Laplace Garat Lagrange
[P.S.] L’Administration du Département de la Seine, ouï la Commission du Directoire Exécutif, confirme les nominations ci-dessus. A Paris, au Département, le 9 germinal an 4 de la République2, Nicoleau3 Panis Sotin [?] Remettre les lettres de nomination au citoyen Panis. Turin, Biblioteca Civica.
1. 29 mars 1796. 2. 29 mars 1796. Billet de la main de Laplace. Post-scriptum d’une autre main. 3. Président du Département.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
281. le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Bénézech], 19 germinal an IV [8 avril 1796]
Paris, le 19 germinal an 4e1 de la République Française Les membres du jury chargés de l’admission des élèves à l’Ecole Polytechnique, Au Ministre de l’Intérieur2 Chargés par vous, citoyen Ministre, de procéder à l’admissions des élèves de l’Ecole Polytechnique, nous nous sommes empressés de nous livrer à ce travail, et parmi les sujets qui se sont présentés tant aux examens particuliers, faits récemment à Paris, à Caen et à Dijon, qu’au dernier concours général, nous n’en avons trouvé que 24 qui fussent admissibles. Nous n’avons pas cru devoir les ranger dans la liste ci-jointe, selon l’ordre de leur mérite respectif, puisque leur nombre est fort inférieur à celui des places vacantes. A la suite du dernier concours, citoyen Ministre, nous vous avons soumis des objections d’une grande force contre le mode adopté pour la réception des élèves à l’Ecole Polytechnique. Notre nouveau travail n’a fait qu’ajouter à l’évidence de ces objections, et nous sommes plus que jamais convaincus de l’impossibilité de juger d’une manière sûre, du mérite des candidats examinés par différentes personnes, qui peuvent être ou trop sévères ou trop indulgentes. Comment d’ailleurs, établir des comparaisons entre des notes presque toujours rédigées en termes vagues, et le plus souvent insignifiantes, lorsqu’un même examinateur, qui a suivi toutes les réponses d’un petit nombre de candidats, avec l’attention la plus scrupuleuse, éprouve souvent une grande difficulté pour les classer selon l’ordre de leur mérite respectif. Enfin, osons le dire, n’est-il pas possible que, dans une commune du Département où il se présente peu de candidats, le désir de ne pas laisser échapper l’occasion d’envoyer un élève à une école aussi célèbre et aussi avantageuse pour ceux qui y sont admis, engage l’examinateur à se relâcher de la sévérité des principes ; et des considérations personnelles, toujours puissantes dans les lieux où les liens de la société sont plus resserrés, ne peuvent-elles pas agir fortement sur lui. 1. 8 avril 1796. 2. Pierre Bénézech.
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Nous espérons que ces observations vous paraîtront de quelque importance et que vous voudrez bien les renvoyer à celui de vos bureaux qui se trouve chargé du travail relatif à l’enseignement, afin qu’il vous présente un mode d’admission moins vicieux que celui qui a été suivi jusqu’à présent. Salut et fraternité. Laplace Cousin Legendre Labey Lacroix A.N., F171388, dossier 1, n° 191.
282. document, 28 germinal an IV [17 avril 1796]
Département de Seine et Marne
REPUBLIQUE
FRANCAISE
Bureau de Police Administrative
Extrait du Registre des délibérations du Département de Seine et Marne Séance du 28 germinal l’an 4e1 de la République, une et indivisible
Sur la démission donnée par le citoyen Marrier-la-Gâtinerie des fonctions de membre du jury d’instruction publique auxquelles il avait été appelé par arrêté du Département du 21 ventôse dernier, L’Administration centrale, ouï le Commissaire du Directoire Exécutif, nomme pour le remplacer, le citoyen Laplace demeurant au Mée, et arrête qu’il sera adressé à ce nouveau membre, avec copie du présent arrêté, une expédition de celui du 21 ventôse, et plusieurs exemplaires de celui du 18 germinal [du] présent mois. 1. 17 avril 1796. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Arrête en outre, l’Administration, que le citoyen Laplace sera invité par le Président à se trouver à Fontainebleau, décadi prochain, avec les quatre autres membres du jury, pour assister à une conférence relative à l’instruction publique. Pour extrait Luyt document Bancroft, box 1, dossier 8.
283. Prieur-Lacomble à Laplace, 28 germinal an IV [17 avril 1796]
Département de Seine et Marne Bureau de Police d’Administration Ecole Centrale1 LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Melun, le 28 germinal l’an 4e2 de la République Française, une et indivisible Les Administrateurs du Département de Seine et Marne, Au Citoyen Laplace, membre du jury d’instruction pour l’Ecole Centrale, au Mée Vous trouverez ci-joint, citoyen, plusieurs exemplaires de notre arrêté du 18 courant3, indicatif de l’époque de l’examen des professeurs de l’Ecole Centrale, et des quelques mesures concernant cette opération. Cet arrêté très répandu aura rempli notre but s’il nous procure plus de concurrents que de places. Mais d’ailleurs, nous ne pouvons pas être inquiets
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. 17 avril 1796. 3. Cet imprimé se trouve dans Bancroft, box 1, dossier 8.
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sur le choix à faire par le jury ; car tel qu’il est composé, il préférera le savant modeste qui se tient à l’écart à un concurrent plus hardi, mais moins méritant. Vous devez compter, citoyen, sur notre reconnaissance et sur celle de tous les administrés pour tous les soins, peines et démarches que vous occasionnera la mission du membre du jury : mais si vous en faites un devoir civique, il est juste au moins que vous soyez indemnisé de tous vos frais de déplacement et de séjour hors de votre domicile ; nous vous invitons, à cet effet, à vouloir bien en tenir état, et à nous mettre à même de vous en faire le remboursement, à fur et mesure de chaque dépense. Salut et fraternité. Prieur1 Bancroft, box 1, dossier 9.
284. Prieur-Lacomble à Laplace, 28 germinal an IV [17 avril 1796]
Département de SEINE et MARNE Bureau de Police Administrative LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Melun, le 28 germinal l’an 4e2 de la République Française, une et indivisible Le Président du Département de Seine et Marne, Au citoyen Laplace, propriétaire au Mée L’Administration centrale du Département vient de vous nommer, citoyen, pour l’un des membres du jury d’instruction chargé par la loi du 3 Brumaire 1. Eusèbe Prieur-Lacomble. 2. 17 avril 1796.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
an 4e de la nomination et de la surveillance des professeurs de l’Ecole centrale établie définitivement à Fontainebleau. Vous trouverez dans l’arrêté du 21 ventôse ci-joint les noms, qualités et demeures des cinq membres dont le Département a composé le jury ; vous y verrez sans doute un motif de plus pour consentir de consacrer vos talents, et vos vertus, à la meilleure organisation possible de l’Ecole centrale1. Je dois vous témoigner, Citoyen, au nom de l’Administration centrale, combien elle s’applaudit d’avance d’avoir à s’occuper du grand œuvre de l’instruction publique avec des hommes qui lui étaient indiqués par leurs principes moraux et civiques et par leur réputation acquise dans la carrière des sciences et des arts. Salut et fraternité. Prieur2 Bancroft, box 7, dossier 27.
285. Laplace aux membres du jury d’instruction de l’Ecole centrale de Fontainebleau, 19 floréal [an IV] [8 mai 1796]
Citoyens, membres du jury d’instruction de l’Ecole centrale de Fontainebleau Au Mée, ce 19 floréal [an 1V]3 J’ai lu le mémoire sur la résolution des équations, que vous m’avez adressé. Ce mémoire annonce des connaissances dans son auteur ; mais les nouvelles recherches sur la même théorie qui ont paru, soit dans les mémoires des académies, soit dans les Leçons de l’Ecole Normale, ne paraissent pas lui avoir été connues, et lui auraient été fort utiles. La comparaison qu’il a faite des équa1. Décret qui se trouve dans Bancroft, box 1, dossier 8. 2. Eusèbe Prieur-Lacomble. 3. 8 mai 1796.
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tions du premier et du second degré ne me semble pas juste. En général, je ne voudrais pas que toute cette théorie fût enseignée de cette manière dans les écoles centrales. Le citoyen Fontaine-Cramayel vous a rendu compte de quelques démarches que nous avons faites relativement à l’Ecole centrale de Fontainebleau. Je suis bien fâché que les circonstances ne m’aient pas permis de remplir avec vous les fonctions importantes dont vous êtes chargés ; mais je saisirai avec empressement toutes les occasions de vous prouver combien j’ai été flatté d’avoir été désigné par le Département pour vous être associé. Agréez, citoyens, l’assurance des sentiments d’estime et de fraternité avec lesquels je suis, Votre concitoyen. Laplace New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
286. Laplace à Oriani, 30 floréal [an IV] [19 mai 1796]
A l’astronome Oriani, A Milan Ce 30 floréal [an IV]1 Le citoyen Berthollet, l’un de mes intimes amis et de mes plus illustres confrères veut bien se charger de vous remettre cette lettre avec un exemplaire d’un ouvrage que je viens de publier sur le système du monde. Je vous prie de l’agréer comme un hommage de mon estime et de mon amitié pour vous. Je l’ai composé principalement dans la vue de répandre des connaissances utiles, surtout au moment de la formation des écoles centrales en France. 1. 19 mai 1796.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Je vous félicite bien sincèrement de vos intéressants travaux sur l’astronomie. J’ai lu avec autant de plaisir que d’intérêt ce que vous venez de publier dans vos éphémérides sur les perturbations de Mercure. Je vous engage à continuer vos belles recherches sur le système entier des planètes. C’est ainsi que l’on doit faire de l’astronomie. Je regrette bien que l’éloignement ne me permette pas de conférer avec vous sur ces objets. Vous trouverez, je crois, de la part du gouvernement français toute la protection que vous pouvez désirer et qu’un homme aussi distingué que vous mérite particulièrement. Jamais ses intentions n’ont été plus favorables aux sciences et à ceux qui s’y distinguent. Agréez l’assurance de tous les sentiments qui m’attachent à vous et que vos rares talents m’ont inspirés. Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 17971, 1797 05 20 PSL BO.
287. Lacroix à [Laplace], 6 prairial an IV [25 mai 1796]
Paris, le 6 prairial an 42 LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Lacroix professeur de mathématiques aux écoles centrales Au citoyen Président de la Classe des Sciences de l’Institut National3 Citoyen Président, L’avantage inappréciable d’être associé aux travaux des savants distingués qui composent l’Institut et le désir de pouvoir profiter de leurs conseils et des 1. Cette lettre a été classée en 1797 par erreur. 2. 25 mai 1796. Cette lettre fut lue à l’Institut National le même jour. Voir P.V., Institut, 1, 43. 3. Laplace.
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lumières qu’ils répandent autour d’eux ; tels sont le motif qui m’a dicté la démarche que je fais aujourd’hui et qui lui serviront d’excuse. J’ose donc me présenter pour l’une des places vacantes dans la section d’astronomie, comptant beaucoup moins sur mes faibles talents que sur l’indulgence de mes juges qui peuvent quelquefois céder au désir d’encourager ceux qui suivent avec zèle la carrière des sciences. Quoique depuis plusieurs années, je me soit occupé que des mathématiques pures et en particulier de l’analyse, je m’étais d’abord livré à des travaux astronomiques, persuadé que les Grands Géomètres de nos jours avaient reculé les bornes de l’analyse à ce point qui ne laissait point d’espoir de les franchir. Je pensais de bonne heure à me diriger vers des objets d’application et je ne cru pouvoir les mieux choisir que dans l’astronomie. La discussion des éléments sur la théorie des planètes d’après les bonnes observations me paru un point aussi délicat qu’important. J’avais remarqué que les Tables du Soleil dressées par Lacaille, quoique représentant assez bien ses propres observations, donnaient les longitudes de cet astre plus avancées que celles qui résultaient des observations du citoyen Le Monnier. Je résolu donc de discuter avec soin ces derniers et d’en faire usage conjointement avec les premières pour rectifier les éléments de la théorie du Soleil. Je formais ainsi des Tables qui furent présentées à mon ..., à la ci-devant Académie des Sciences le 15 janvier 1785. Des circonstances particulières firent différer ce rapport et je ne le sollicitât pas parce que j’étais occupé à un travail sur les assurances maritimes pour concourir au prix de la ci-devant Académie des Sciences que je partageais en 1787 d’une manière distinguée avec un de mes concurrents1. Cette année-même les commissaires firent le rapport de mes Tables du Soleil et des mémoires qui les accompagnaient. Voici comment ils s’expriment2 : « Monsieur Delambre s’est déjà livré à des recherches semblables ; il a dressé de nouvelles Tables du Soleil sur un très grand nombre d’observations et plusieurs de ses résultats sont d’accord avec ceux de Monsieur Lacroix. Mais quelque soit le mérite des travaux de Monsieur Delambre, la date de Monsieur Lacroix est antérieure et c’est lui qui le premier a éveillé l’attention des astronomes sur un point où ils avaient trop de sécurité. Nous concluons que l’Académie, en approuvant le travail de Monsieur Lacroix, doit engager l’auteur à lui procurer toute la perfection dont il est susceptible en faisant concourir la théorie à l’observation ».
1. « Essai sur la Théorie des Assurances Maritimes ». 2. Les commissaires nommés par l’Académie étaient Lalande, Le Monnier, Cousin, Monge et Bochart de Saron.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Mes résultats sont en effet bien approchés comme on peut le voir en les comparant à ceux trouvés par le citoyen Delambre dans le beau travail qui a paru en 1787 sur les excellentes observations de Maskelyne publiées en 17851. A l’égard des équations planétaires, je cru devoir comparer et discuter les travaux de Clairaut, d’Euler et de Fuss relativement aux ... de Terre éprouvé par l’action de Vénus sur laquelle il y avait quelques doutes. Je m’assurai aussi de la forme de l’équation lunaire : aussi les Tables que j’ai données de ces perturbations s’accordent-elles pour la forme avec celles du citoyen Delambre, et la différence dans la quantité ne s’élève qu’à 1",5 pour celle de Vénus, qui s’éloigne le plus. Enfin au commencement de 1787, j’ai recalculé les perturbations sur les formules que Monsieur Lagrange a données dans la première partie de sa théorie des variations périodiques et j’en communiquais le résultat au citoyen Lalande. J’ai répondu à l’invitation des commissaires de l’Académie. Je tâchai de perfectionner mon premier travail et je lu sur le même objet au mois de novembre 1787 un second mémoire que je joins ici. Les commissaires furent nommés pour en rendre compte, mais ne leur ayant pas remis mon mémoire sur-le-champ et ayant eu occasion de voir celui du citoyen Delambre, je reconnu qu’il n’y avait rien à ajouter à son travail et que ses résultats ne pourraient tout au plus que recevoir une confirmation de leur accord avec les miens fondés sur des observations différentes de celles dont il avait fait usage. Je perdis donc cet objet entièrement de vue. Les circonstances m’obligeant à m’éloigner de la capitale me privaient par là des secours dont j’avais besoin pour suivre mes travaux astronomiques, je ne m’en occupais plus qu’en récoltant des matériaux pour faire un traité de calcul différentiel et intégral qui présentât l’ensemble des méthodes et fit connaître l’état actuel de cette partie des mathématiques. Ce travail qui m’a été interrompu que par quelques recherches d’analyse et de géométrie que j’ai présentées en 1790 à la ci-devant Académie et par un Essai sur le plan et les surfaces courbes que j’ai publié en 17952, ne m’a point faire renoncer à une science qui offre des applications les plus heureuses et les plus importantes de l’analyse et qui doit être comptées parmi celle dont l’esprit humain s’honore le plus3. J’hésite d’autant moins à concourir pour une place dans la section d’astronomie quoique la plus grande partie de mes travaux ont eu pour objet les mathématiques parce que je vois le citoyen Delambre, géomètre distingué, mais qui cependant s’est consacré d’une manière spéciale à des recherches 1. « Les Tables, le mémoire et le rapport cité doivent se trouver dans les papiers de la ci-devant Académie. Je donne ici la comparaison des résultats du citoyen Delambre et des miens ». 2. Essais de Géométrie sur les Plans et les Surfaces Courbes (Paris : Fuchs, l’an IIIe, 1795). 3. « Je n’ai pas cru devoir parler d’un mémoire assez considérable dans lequel j’ai rassemblé ... lieu dans mon analyse de géométrie ».
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astronomiques, occupe une place dans la section de géométrie et qui existe entre la théorie de l’astronomie et les parties les plus délicates de l’analyse. Je vous prie, citoyen Président, de vouloir bien mettre ma demande sous les yeux de la classe des sciences de l’Institut National. Salut et respect. Lacroix B.I., MS 2397, fols 47-49.
288. Laplace à Saussure, 17 prairial [an IV] [5 juin 1796]
Au Citoyen Saussure, professeur de physique des écoles centrales de Paris A Genève Paris, ce 17 prairial [IV]1 Citoyen, La citoyenne Berthollet m’a communiqué une lettre que vous avez écrite à son mari, et par laquelle je vois avec un sensible plaisir que vous persistez dans l’intention de venir vous fixer à Paris. C’est avec une vive satisfaction que j’ai concouru à votre nomination à l’une des places de professeur de physique dans nos écoles centrales de Paris. Vos fonctions se réduisent à deux heures de leçons tous les deux jours ; vous serez logés dans l’école-même, et je ferai en sorte que vous soyez placé dans l’école la plus centrale et la plus voisine du Louvre, lieu des séances de l’Institut National, dont, suivant toute apparence, vous ne tarderez pas à être membre. Il y a présentement une place vacante dans la section de physique ; j’ai déjà annoncé à la première classe des sciences 1. 5 juin 1796. Reçu le 13.
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mathématiques et physiques que votre intention est de venir vous fixer parmi nous, et je juge par la manière dont cette annonce a été accueillie que le désir de la classe est de vous posséder parmi ses membres. Votre traitement comme professeur de l’école centrale est de 1.500 myriagrammes de blé ou de 3.000 livres, valeur de 1790 ; et celui de membre de l’Institut sera probablement fixé à 1.500 livres. Quant aux frais de voyage et de transport de vos effets à Paris, vous avez dû recevoir une lettre du Ministre de l’Intérieur1, qui vous invite à lui indiquer vos vues à cet égard, et je suis persuadé que l’on fera pour cela tout ce qui pourra vous convenir. Rien ne presse encore votre départ pour Paris, et vous aurez tout le loisir d’arranger vos préparatifs de voyage. Mais je vous préviendrai de l’époque à laquelle il sera bon que vous vous rendiez ici. Je serai bien flatté de vous y voir, de vous connaître personnellement, de vous témoigner de vive voix les sentiments d’estime que vos excellents ouvrages m’ont inspirés depuis longtemps, et de me retrouver votre confrère dans l’Institut National, après l’avoir été dans l’Académie des Sciences. Malgré les pertes que les sciences ont faites en France, vous verrez qu’elles y sont cultivées plus que dans tout autre pays. D’ailleurs, elles y sont encouragées par le gouvernement, qui s’empresse de réparer les maux affreux du régime de la Terreur. Votre arrivée parmi nous est bien propre à nous consoler des pertes que nous avons essuyées dans les sciences. Agréez l’assurance de tous les sentiments d’estime et d’attachement avec lesquels je suis Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace [P.S.] Je vous réponds pour le citoyen Berthollet, que le gouvernement vient d’envoyer en Italie pour des objets relatifs aux sciences et aux arts. Si vous me faites l’amitié de m’écrire, mon adresse est : au citoyen Laplace, de l’Institut National rue des Bons Enfants n° 1334, à Paris B.GE., MS Saussure 9, fol. 215.
1. Pierre Bénézech.
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289. document, [après] 22 prairial an IV [après 10 juin 1796]
[après] 22 prairial an 4e1 Laplace ÉGALITÉ
LIBERTÉ
Extrait des registres des délibérations du Directoire Exécutif du 6 prairial l’an 4e de la République française, une et indivisible2 adressé copie au citoyen Laplace le 22 prairial an 4 Le Directoire Exécutif considérant combien il importe de procurer le plus tôt possible des élèves ayant toute les connaissances préliminaires, indiquées par la loi, et voulant assumer et faciliter l’exécution de celle du 30 vendémiaire dernier3, concernant les dites écoles, Arrête ce qui suit Article ler Les citoyens Laplace, en qualité d’examinateur pour l’admission aux écoles d’artillerie, des ingénieurs des vaisseaux et des ingénieurs-géographes, et Bossut, comme examinateur pour celles des ingénieurs militaires des Ponts et Chaussées et des Mines se rendront à l’Ecole Polytechnique dans le mois de brumaire et y interrogeront les jeunes gens qui se destinent respectivement à chacune de ces branches de service. Pour expédition conforme Signé : Carnot, Président Par le Directoire Exécutif Le Secrétaire Général Signé : Lagarde document S. H. D., Archives de la Marine, CC7-Alpha, 1371, pièce 9. 1. 10 juin 1796. 2. 25 mai 1796. 3. 22 octobre 1795.
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290. Broussonet à Laplace, 25 prairial an IV [13 juin 1796]
Au Citoyen Laplace, Président de la Première Classe de l’Institut National A Paris Montpellier, 25 prairial an IV1 Lorsque l’Institut, citoyen et cher collègue, a bien voulu me nommer l’un de ses associés résidants, l’impossibilité où je me suis trouvé de me rendre à Paris et d’y faire mon séjour habituel, m’a forcé d’offrir ma démission d’une place à laquelle j’attachais le plus grand prix. Le délabrement total de ma fortune et l’incertitude où j’étais alors de rentrer dans mes propriétés, me commandaient ce sacrifice, qui n’était pas le moindre de ceux que j’ai faits depuis quelques temps. Dans ce moment, ma position se trouve changée à bien des égards ; je suis rentré dans la jouissance de mon bien ; je puis aller me fixer de nouveau à Paris et concourir ainsi en personne aux travaux de l’Institut. Oserai-je me flatter que mes collègues voudront bien, dans le cas où ma place n’aurait pas été remplie, regarder ma démission comme non-avenue et continuer à laisser mon nom parmi ceux des associés résidants ? Je les prie d’être convaincus que ma première démarche a été uniquement dictée par un motif de délicatesse et de ne voir, dans la demande que je fais aujourd’hui, que le désir d’être associé d’une manière plus immédiate à leurs utiles travaux. Je m’adresse avec confiance à vous, mon très honoré collègue, non pas seulement comme Président de notre classe, mais encore comme un ancien confrère, qui dans une occasion à peu près semblable à celle-ci, a bien voulu me rendre de bons offices dont j’ai toujours conservé précieusement le souvenir. Salut, estime et fraternité. Aug.[uste] Broussonet B.H.V.P., MS 813, fols 245-246. 1. 13 juin 1796. Note inscrite par Lacepède : « lue le 11 messidor an IV (29 juin 1796) b.g.e.l. Lacepède ». Voir P.V., Institut 1, 65.
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291. Laplace à [Deshautschamps], 27 prairial an IV [15 juin 1796]
[Au Directeur de l’Ecole Polytechnique]1 Paris, ce 27 prairial an 4 de la République2 Citoyen, J’ai reçu avec sensibilité, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et l’arrêt du Conseil de l’Ecole Polytechnique, par lequel il m’invite à assister à ses séances, et à prendre part à ses travaux. Je vous prie de vouloir bien être auprès de lui, l’interprète des sentiments de ma reconnaissance, et l’assurer de tout mon zèle à concourir à l’objet important de l’instruction dont il est chargé. Je suis extrêmement flatté des rapports que mes fonctions vont me donner avec vous, et avec les illustres professeurs de cette école, dont plusieurs sont mes collègues, et qui tous depuis longtemps m’ont inspiré la plus profonde estime. Salut et fraternité. Laplace E.P., III2 (1796).
1. Michel Vandebergues Deshautschamps. 2. 15 juin 1796.
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292. [Saussure] à [Laplace], 16 juin 1796
Genève, ce 16 juin 1796 Citoyen1, Je suis infiniment reconnaissant de ce que vous avez eu la bonté de me répondre à la place du citoyen Berthollet. Vous avez vu dans la lettre que je lui écrivais combien la connaissance des membres du jury qui m’avaient honoré de leur suffrage avait augmenté à mes yeux l’honneur de ce choix, et combien je désirais qu’il leur exprimât ma reconnaissance. Les bontés que vous me témoignez dans votre lettre, les détails dans lesquels vous voulez bien entrer sur ma situation future me prouvent un intérêt auquel je suis infiniment sensible. Je languis d’être à Paris pour vous témoigner, Monsieur, ma vive gratitude et pour cultiver une amitié qui me sera infiniment précieuse pour guider mes pas dans cette nouvelle carrière. Je dis nouvelle, car quoique j’ai enseigné la philosophie, et particulièrement la physique à Genève pendant 24 ans, il me reste beaucoup à apprendre de vous sur la manière de l’enseigner sur ce grand et nouveau théâtre. Je partirai donc pour Paris aussitôt que j’aurai reçu les 60 louis que j’ai demandés au Ministre, et qui me sont nécessaires pour ce voyage. Car je serai charmé d’arriver quelque temps avant le commencement de mes leçons, soit pour les préparer à l’avance, soit pour m’établir dans notre nouveau domicile et me reposer du voyage. En attendant le moment de partir, je fais le choix des livres, de quelques instruments et des minéraux dont j’aurai besoin à Paris, et j’achève de veiller à l’impression du 4e volume de mes Voyages2, me flattant bien que si vous avez eu la bonté d’être censeur du premier, ces deux derniers que j’emporterai à Paris ne changeront rien à vos heureuses préventions en faveur de leur auteur. J’espère aussi que dans cet intervalle vous vouliez bien vous intéresser à moi, soit pour mon admission dans l’Institut National où je serai fort heureux et fort honoré de vous avoir pour collègue, soit pour nous faire obtenir un logement commode que ma santé, éprouvée par mes courses sur les montagnes, et celle de ma femme éprouvée aussi par des maladies, et qui vous intéressera j’espère lorsqu’elle aura le bonheur d’être connu de vous, nous rendent néces1. Lettre non signée, mais de la main de Horace Bénédict de Saussure. 2. Voyage dans les Alpes (Neuchâtel, 1779-1796), 4 vols.
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saire à l’un et à l’autre. En un mot, Monsieur, nous nous mettons à tous égards sous la direction et sous la protection de votre amitié, bien persuadés que vous n’aurez jamais [de] regrets aux témoignages que vous nous en avez donnés et à ceux que nous en espérons encore. [H. B. de Saussure] brouillon B.GE., MS Saussure 237, fol. 34.
293. Crétin à Laplace, [après le 1er messidor an IV] [après le 19 juin 1796]
Au citoyen Laplace Président de l’Institut [après le 1er messidor an IV]1 Au citoyen Laplace membre de l’Institut National Citoyen Président, Le citoyen Cretin, attaché à la Bibliothèque de l’Arsenal, depuis le mois de décembre (v.[ieux] st.[yle]), nommé quelque temps après par la ci-devant Commission temporaire des Arts, à la place de garde et d’agent de confiance du citoyen Conservateur de ladite Bibliothèque2, n’a cessé d’y travailler et de lever les cartes des livres pour l’arrangement et la disposition du catalogue. Son assiduité au travail lui a mérité l’approbation du citoyen Conservateur. En conséquence, le Citoyen Cretin vous prie très instamment, citoyen Président, 1. Après le 19 juin 1796. 2. Claude Marin Saugrain.
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de vouloir bien vous intéresser à ce qu’il reste attaché à ladite Bibliothèque de l’Arsenal, devenue aujourd’hui celle de l’Institut National. Un mot de votre part, aux membres assemblés, lui donnera l’assurance de conserver sa place, qui est son seul moyen d’exister. Il ose espérer, citoyen Président, que vous voudrez bien lui accorder cette grâce. Cretin1 Paris, Archives de l’Institut, 4A1, dossier Lettres de particuliers, an IVe.
294. lettre circulaire, 3 messidor an IV [21 juin 1796]
Circulaire pour les citoyens Borda, Brisson, Coulomb, Cousin, Fourcroy, Hallé, Lagrange, Laplace, Leroy, Millin, Parmentier, Pelletier, Périer, Reth, Trouville, et Hassenfratz Paris, le 3 messidor an 4e2 Citoyen, Le Ministre de l’Intérieur3 a transmis au Bureau de Consultation, dans sa dernière séance, l’arrêté du Directoire Exécutif qui ordonne au Bureau de remettre à l’Institut National toutes les pièces et les mémoires dont il est pourvu.
1. Le nom donné à cet employé par Henry Martin dans son Histoire de la Bibliothèque de l’Arsenal, (Paris, 1900), p. 391 est Noël Crétin. 2. 21 juin 1796. 3. Pierre Bénézech
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La lettre qui accompagne cet arrêté entraîne des mesures d’exécution pour lesquelles il est nécessaire de réunir le plus grand nombre de membres possibles. Le Bureau m’a en conséquence chargé de vous inviter à vous rendre, pour la dernière fois, nonidi prochain, 9 du courant, dans le lieu de ses séances, afin de participer à ses dernières délibérations et de l’éclairer de vos conseils. Vous rendrez bien vous-mêmes les pièces dont vous êtes chargés. Salut et fraternité. Signé : LG brouillon C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, n° 193.
295. [Bénézech] à Laplace, 3 messidor an IV [21 juin 1796]
Le 3 messidor an 4e1 Le Ministre de l’Intérieur2 au citoyen Laplace, membre de l’Institut National, rue des Bons-Enfants, n° 1334 Le Directoire Exécutif, citoyen, jaloux d’assurer aux élèves de l’Ecole Polytechnique qui doivent passer aux différentes écoles de service public, des juges aussi intègres qu’éclairés, a dû jeter les yeux sur vous. Vous verrez, par l’arrêté dont je vous transmets la copie, qu’il vous charge d’examiner ceux qui se proposent pour les écoles d’artillerie, ainsi que pour celles des ingénieurs marins et géographes. 1. 21 juin 1796. 2. Pierre Bénézech.
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Ce nouvel hommage particulier rendu à la supériorité de vos talents, ne peut qu’ajouter à la considération publique dont vous jouissez depuis longtemps, et il m’est agréable d’être, auprès de vous, l’organe de l’un et l’autre. Salut et fraternité. brouillon A.N., F171386, dossier 5, pièce 123.
296. lettre circulaire, 16 messidor an IV [4 juillet 1796]
Circulaire aux citoyens Trouville, Millin, Parmentier, Lagrange, Fourcroy, Cousin, Borda, Laplace, Brisson et Pelletier 16 messidor an 4e1 Citoyen collègue, Le Bureau de Consultation de Arts et Métiers m’a chargé dans sa dernière séance de vous inviter à vous trouver octidi prochain, 18 du courant, dans le lieu ordinaire de ses assemblées pour y entendre la lecture d’un mémoire tendant : 1° à représenter, au Directoire Exécutif, l’utilité dont il serait, pour les arts, de conserver l’ancienne forme du Bureau et de la composer de membres choisis selon l’esprit de son établissement ; 2° à présenter l’état de ses travaux depuis son origine jusqu’à ce jour. Salut et fraternité. Signé : Charles Desaudray, secrétaire2 minute C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, sans n°. 1. 4 juillet 1796. 2. « pour minute, LG ».
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297. lettre circulaire, 21 messidor an IV [9 juillet 1796]
Circulaire aux citoyens Borda, Brisson, Cousin, Fourcroy, Hallé, Lagrange, Laplace, Millin, Leroy, Parmentier, Pelletier, Reth, Silvestre, Trouville Paris, le 21 messidor an 4e1 Citoyen collègue, Nous sommes chargés de vous inviter très instamment à vous trouver quintidi prochain, 25 du courant, dans le lieu ordinaire des séances du Bureau, pour prendre part à ses dernières délibérations et l’aider de vos conseils, relativement aux dernières démarches qu’il se propose de faire. Salut et fraternité. Signé : Bourru, président Charles Desaudray, secrétaire copie C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, sans n°.
1. 9 juillet 1796.
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298. lettre circulaire, 28 messidor an IV [16 juillet 1796]
Circulaire aux citoyens Borda, Brisson, Cousin, Fourcroy, Hallé, Lagrange, Laplace, Leroy, Millin, Parmentier, Pelletier, Reth, Silvestre, Trouville Paris, le 28 messidor an 4e1 Citoyen, Le Bureau des Arts et Métiers me charge de vous inviter très instamment à vous rendre le 1er thermidor à 11 heures précises du matin, chez son président (le citoyen Bourru), rue des Maçons, près de la Sorbonne, n° 444, pour affaires concernant le Bureau et qui intéressent aussi les membres qui le composait. Je vous préviens, en même temps, que le Bureau s’assemblera le lendemain à l’heure ordinaire, dans le lieu de ses séances. Salut et fraternité. [Sans signature] copie C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, sans n°.
1. 16 juillet 1796.
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299. lettre circulaire, 3 thermidor an IV [21 juillet 1796]
3 thermidor an 4e1 Circulaire au citoyens Borda, Bourru, Brisson, Cousin, Fourcroy, Hallé, Lagrange, Laplace, Leroy, Millin, Parmentier, Pelletier, Reth, Silvestre, Trouville et Périer Citoyen collègue, Le Bureau de Consultation des Arts et Métiers me charge de vous prévenir qu’il se rendra quintidi, 5 du courant, à cinq heures du soir, à l’assemblée de l’Institut National pour y satisfaire à l’arrêté du Directoire Exécutif du 9 prairial dernier. Vous êtes instamment invités à vous trouver au lieu ordinaire des séances du Bureau à l’heure indiquée. Salut et fraternité. Signé : Charles Desaudray, secrétaire copie C.N.A.M., Archives du Musée National des Techniques, sér. 10-409, sans n°.
1. 21 juillet 1796.
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300. Laplace à Saussure, 8 thermidor [an IV] [26 juillet 1796]
Au Citoyen Saussure naturaliste A Genève Paris, ce 8 thermidor [IV]1 Citoyen, J’ai reçu, ces jours derniers, la seconde lettre que vous m’avez fait l’amitié de m’écrire. J’imagine qu’une lettre du Ministre de l’Intérieur2 vous aura tiré de l’inquiétude que vous aviez. Je sais qu’il existe un arrêté du Directoire Exécutif pour vous accorder la somme que vous avez demandée ; ainsi, plus de difficultés sur ce point. Quant à votre arrivée à Paris, rien ne presse à cet égard ; et je pense que vous pouvez encore attendre un mois-et-demi à vous mettre en route. Le logement qui vous est destiné ne sera pas prêt pour cette époque, autant que j’en puis juger. J’ai demandé au Département que l’école centrale où vous serez professeur, soit celle de l’Assomption, située dans l’un des plus beaux quartiers de Paris, et qui touche au Jardin des Tuileries. Mais ce local n’est pas encore prêt à recevoir les professeurs. C’était un fort beau couvent, qui exige des changements pour ce nouvel usage, et vu la lenteur avec laquelle les travaux se font dans les circonstances présentes, il est possible que ceux-ci durent longtemps. Au reste, je presserai et ferai presser l’architecte à cet égard. Je désire bien vivement d’avoir l’honneur de vous voir à Paris, et de connaître personnellement un savant très distingué dont les ouvrages m’ont instruit et intéressé sous tous les rapports. Veuillez bien me rappeler au souvenir de Madame votre fille3, et lui offrir mes respectueux hommages, ainsi qu’à Madame de Saussure dont je serai honoré de faire la connaissance. Agréez l’assurance des sentiments d’estime et d’attachement, avec lesquels je suis 1. 26 juillet 1796. Au dos « reçu le 22 août ». 2. Pierre Bénézech. 3. Albertine Adrienne Necker de Saussure.
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Votre très humble et obéissant serviteur. Laplace B.GE., MS Saussure 9, fol. 216.
301. Laplace et Lagrange à l’Administration du Département de la Seine, [avant le 29 juillet 1796]
[avant le 29 juillet 1796] Les membres du jury pour les écoles centrales de Paris proposent à l’Administration du Département comme professeurs et bibliothécaires : pour les mathématiques, le citoyen Costaz pour la physique, le citoyen Libes pour les langues anciennes, le citoyen Villar, membre de l’Institut pour l’histoire le citoyen Maherault pour les deux bibliothèques des écoles centrales qui n’en ont point encore, les citoyens Nicoleau et Eymar Laplace1 Lagrange approuvé en séance du 11 thermidor an IV2 Pour Eymar, Place St Michel, n° 785 Pour les Jésuites Le citoyen St Ange, professeur de Belles Lettres rue St Apolline, n° 6 destiné pour l’abbaye St Martin des Champs (Cette maison ne devant pas servir à 1. Document écrit en grande partie par Laplace. 2. Quelques lignes ajoutées par l’Administration.
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l’école centrale, le citoyen St Ange demande à être destiné pour la première école qui ouvrira). Smith, David Eugene, A History of Mathematics (New york, 1923), I, 484 (facsimile) ; et Proceedings of the American Philosophical Society, 88 (1949), 494.
302. Broussonet à [Laplace], 25 fructidor an IV [11 septembre 1796]
Montpellier, ce 25 fructidor 41 Le Citoyen Président de l’Institut National2 Citoyen Président, J’ai été informé, que, d’après les règlements, l’Institut devait avoir un certain nombre de voyageurs, occupés à rassembler dans les pays étrangers, des faits relatifs aux sciences et à colliger les divers objets qui y ont rapport. Je serais très flatté que mes collègues me jugeassent propre à remplir une mission de ce genre et je vous prie de vouloir bien leur présenter ma demande à cet égard. Accoutumé, depuis longtemps, aux voyages et aux occupations du naturaliste, ce genre de vie ne serait pas nouveau pour moi. Je parle les langues européennes, qui me serviraient le plus dans les pays où je pourrais être envoyé. L’exercice de la médecine facilite beaucoup mes recherches. Mon zèle serait d’autant plus grand, que ce genre de travail a toujours été celui pour lequel j’ai eu le plus d’inclination et, que ma vie s’est passée à acquérir des connaissances pour les employer un jour de cette manière. Si l’Institut avait la bonté d’accueillir ma demande et que les pays où je devais être envoyé ne furent pas désignés, j’oserais lui proposer de me faire voyager dans le Maroc ; c’est le lieu où je pense que je pourrais faire le plus grand nombre d’observations et surtout dans la zoologie. Je pourrais m’y ren1. 11 septembre 1796. Lettre lue à l’Institut, P.V. 1, 123 et rapport, 127. 2. Laplace était Président de la Première Classe de l’Institut.
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dre par l’Espagne, dont la partie méridionale n’est guère plus connue des naturalistes que la Barbarie. Je joins ici un aperçu, fort imparfait à la vérité, mais tel que le peu de renseignements qu’on a sur le Maroc m’a permis de le faire, des travaux que je croirais pouvoir suivre dans ces contrées. Aug.[uste] Broussonet brouillon B.H.V.P., MS 813, fols 249-250.
303. Laplace à Pastoret, 1er jour complémentaire de l’an IV [17 septembre 1796]
Au citoyen Pastoret, Président du Conseil des Cinq-Cents Ce 1er jour complémentaire an IV1 Je commence, mon très cher confrère et vieux ami, par vous témoigner l’extrême plaisir que m’a fait votre réponse pleine des plus heureuses images. Quant à mon discours que je devrais déchirer, si je n’avais égard qu’à son peu de valeur, mais que je dois vous donner pour obéir à votre Conseil, je vous l’enverrai demain dans la matinée. Je vous prie, si vous voyez le citoyen Muraire, de lui dire de ne point le faire imprimer sur la copie que j’en ai laissée au Conseil des Anciens, parce qu’elle n’est pas nette, et que demain je lui enverrai une copie plus correcte. Je vous embrasse bien tendrement, et j’offre mes respectueuses amitiés à la citoyenne Pastoret. Laplace New York, Pierpont Morgan Library, Pastoret Collection, MA 907, n° 707. 1. 17 septembre 1796. Cette lettre ne figure pas dans la collection imprimée par Fernande Bassan, La Famille Pastoret d’après sa Correspondance (Paris, 1969).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
304. [Ginguené] à Laplace, 15 vendémiaire an V [6 octobre 1796]
Le Directeur Général de l’Instruction1 Au citoyen Laplace membre de l’Institut National, rue des Bons-Enfants, n° 1334 Le 15 vendémiaire an 5e2 Vous êtes sans doute instruit, citoyen, que le concours pour l’Ecole des Ingénieurs-Géographes doit s’ouvrir le 1er brumaire prochain. Le Directeur de l’Ecole Polytechnique3 m’a fait passer le nom des 35 élèves de son établissement qui se destinent à ce service. Je vous en transmets la liste, afin que vous puissiez les examiner aux termes de l’arrêté du Directoire Exécutif en date du 6 prairial dernier4. Salut et fraternité. [Ginguené] brouillon A.N., F171388, dossier 1.
1. 2. 3. 4.
Pierre Louis Ginguené. 6 octobre 1796. Michel Vandebergues Deshautschamps. 25 avril 1796.
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305. document, 17 vendémiaire an V [8 octobre 1796]
Paris, le 17 vendémiaire an 51 Etat des élèves de l’Ecole Polytechnique qui se destinent pour le service des géographes et qui se présentent à l’examen du citoyen Laplace le 1er brumaire an 5e Béraud [Jean Geneviève]
Roth [Charles Joseph]
Bontemps [Notaire Jean Marie Nicolas Sainte-Fare]
Bernard
Demarest [Pierre]
Chambette [André Benoît]
Bouteville [Jean Charles Fran- Malmontet [Antoine Henri] çois]
Conseil [Jacques Louis]
Cottu [Jean François]
St Père [Charles]
Dulion [Jacques Auguste]
Duboisravel [Louis]
Le Couteulx [Jacques Félix]
Hooke [Jean Paul Guillaume]
Valleteau [Thomas]
Pascal [Pierre Louis]
Pelletan [Pierre]
[Sainte Aulaire] Beaupoil [Louis] Gaudefroid [Abel]
Regnault [Joseph Sébastien]
Auguste
Corabœuf [Jean Baptiste]
Gelis [Jean Baptiste]
Meaume [dit Couperie]
Desormes [Charles Bernard]
Rougeot [Etienne François]
Miel [Edme François Antoine Marie]
Jomard [Edme François]
Souyn [André Jean Baptiste] Delahaye [Auguste Gilbert]
Loffical [Jacques]
Forceville [Louis de]
Pannellier [Jean Amable]
Viallet [Armand Jules]
Houssemaine [Louis]
[signé] Deshautschamps A.N., F171388, dossier 1.
1. 8 octobre 1796.
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306. [Le Sage] à Laplace, 15 octobre 1796
A M. Delaplace, membre de l’Institut national, à Paris1 Genève, Grand-Rue, 15 octobre 1796 Monsieur, Dans ma lettre du 30 mars 1784, il y avait près d’une page sur cette question « Y a-t-il apparence que les géomètres trouveront dans le mécanisme de la gravité des choses équivalentes à celles qui les intéressent dans ses conséquences : savoir des beautés abstraites et des applications utiles ? » Mais vous me répondiez rien là-dessus dans votre billet du 27 mars (ou mai) 1785. Ce qui m’enleva tout espoir de vous engager jamais à examiner ce mécanisme qui était cependant le sujet le plus important que nous puissions discuter ensemble, vue ma profonde ignorance des calculs supérieurs. Votre belle Exposition du Système du Monde que je lus il y a trois mois me ramena sur des matières analogues. Mais je ne me serais point hasardé à vous en entretenir, s’il ne venait pas de se présenter une occasion bien naturelle à vous écrire. Il s’agit de vous adresser un jeune mathématicien plein d’ardeur pour accroître ses connaissances, et auquel je m’intéresse beaucoup, dans l’espérance que vous, voudrez bien l’honorer de vos directions dont il profitera avec le plus grand empressement sans cependant vous importuner le moins du monde2. Je pense ajouter que Monsieur Maurice appartient à une famille distinguée à tous égards. Voici donc quelques-unes de mes remarques sur votre dite Exposition : I Tome 1er, p. 15 : « Les causes premières et la nature intime des êtres nous serons éternellement inconnues ». Il n’a tenu qu’à vous, Monsieur, de connaître déjà au moins une de ces causes premières. Mais surtout il ne fallait pas décourager par tout le poids important de votre autorité, les curieux qui auraient peut-être enhardi ou inspiré cette cause, lesquels s’en désisteront sans doute d’après la supposition suivante : qu’un philosophe tel que Monsieur Laplace ne peut l’avoir rejeté si impitoyablement qu’après un mûr 1. De la main de Le Sage : « porteur, M. Maurice fils ». 2. Jean Frédéric Théodore Maurice.
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examen. J’en dis autant des pages 190 et 196 du 2e tome où vous ôtez gratuitement à vos lecteurs tout espoir de répondre d’une manière satisfaisante aux questions de la nature du principe de la gravitation. V Tome 2d, p. 120 vous dites : « Que les inégalités de diverses parties de l’anneau de Saturne sont nécessaires pour le maintenir en équilibre ». Mais je crois dans la simple circulation de cet anneau (dans un temps égal à celui qui maintiendrait une satellite à la même distance de la planète) suffirait pour maintenir cet équilibre. Et j’avais déjà cette solution dans l’esprit en 1777, quand je fis proposer une question sur la cause de cet équilibre dans le Journal de Physique par un jeune homme dont je voulais exciter l’émulation. Voyez le Journal de janvier 17781. VI Tome 2d, pages 145 et 146 : « Plusieurs philosophes ont attribué le retard des phénomènes des marées par les phases de la Lune au temps que son action emploie à le transmettre à la Terre ». Je croyais qu’il n’y avait que vous, Monsieur, et Monsieur Daniel Bernoulli qui eussiez eu cette pensée. VII Tome 2d, page 191 : « Les géomètres sont partis des cinq suppositions suivantes : etc. ». Mon mécanisme de la gravitation satisfait pleinement ces cinq canons, non dans le sens comme je le mandais à M. Bossut le 26 octobre 1765 (gratuitement rigoureux) des géomètres ; mais dans le sens raisonnable des physiciens : c’est-à-dire entre les limites indiquées par les phénomènes2. Depuis cette date, j’ai écrit le précis de cette démonstration dans la marge de la page 82 de la plupart des exemplaires de mon Essai de Chymie Méchanique et j’ai collé le même précis vis-à-vis la page 76eme de l’exemplaire qui accompagne la présente lettre. Eussent-ils été observés avec mille fois plus de précision qu’il ne l’ont été jusqu’à présent, et eussent-ils cependant sensiblement présentés les mêmes canons. J’y ajoute une 6e condition plus difficile à remplir que ces 5 premières : c’est que la résistance du fluide qui opère toutes ces choses soit absolument imperceptible. Et il y a plus de 31 ans que j’y ai satisfait. VIII Tome 2d, page 281 : « Ce grand géomètre (Newton) avait trouvé en 1666 les principaux théorèmes sur la force centrifuge que Huygens publia que 6 ans après, à la fin de l’ouvrage De Horologio Oscillatorio ». En 1673 Huygens fit présent de cet ouvrage à Newton qui l’en fit remercier par Oldenburg3. Or dans cette lettre de remerciements Newton parait avoir des notions confuses de l’applicabilité de ces théorèmes à la physique céleste. A plus fortes raisons en 1666 malgré ce qu’il en dit à Pemberton et écrit à Halley pour étayer sa priorité. Ibid. « L’auteur de la méthode des fluxions ». 1. Observations sur la Physique, sur l’Histoire Naturelle et sur les Arts, 11 (1778), 77. 2. Dans la marge : « savoir, en démontrant que cette résistance suivait une certaine loi à laquelle je fais allusion dans une lettre à Monsieur Bossut du 26 octobre 1765 ». 3. Lettre du 27 juin 1673 à Huygens dans A. Rupert Hall et Marie Boas Hall, The Correspondence of Henry Oldenburg, éd. (London, 1975), 10, 61-66.
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Cette méthode n’était absolument point nécessaire pour démontrer les théorèmes en question, même très rigoureusement. III Tome 2d, page 145 : « Aucune planète n’a été primitivement une comète. Du moins si l’on n’a égard qu’à l’action mutuelle des corps du système planétaire ». Cette restriction se trouve être fort juste, car d’après mes corpuscules gravifiques, les comètes peuvent (et même doivent) devenir planètes (au moins quant à l’excentricité), et c’est là une des vérités philosophiques qui nous procurent la connaissance de ce mécanisme. Je m’aperçois dans ce moment que je vous ai spécifié la manière dont s’opérait cette conversion dans ma lettre du 30 mars 1784, en vous priant de m’en dire votre avis. II Tome 1er, pages 298 et 299 : « Pour expliquer le double mouvement (de rotation et de translation) de la Terre il suffit de supposer qu’elle a reçu primitivement une impulsion dont la direction a passé à une petite distance de son centre de gravité ». Si l’agent de cette impulsion est immatériel (et sans doute tout-puissant), il importe fort peu de lui épargner une deuxième impulsion. Mais s’il est matériel (et sans doute incapable d’agir sur un point intérieur de la Terre), il frappera la surface du globe perpendiculairement, de sorte qu’il ne le fera point tourner : à moins que ce globe ne soit hérissé de montagnes extrêmement adhérentes, ou que le corps frappant ne s’y enfonce à demeurer. Ainsi je préfère, ou deux impulsions du premier moteur, ou le résidu (très probablement inégal) des mouvements des particules dont le concours aurait formé la Terre. IV Tome 2d, page 81 : « Il eut suffit de mettre (à l’origine) la Lune en opposition avec le Soleil, etc. ». Verùm : « Istum casum comparari conveniet ; cum ejusmodi statu Aequilibrii, qui labilis seu caduens appellari solet ... Si motus huiusmodi Lunae, quam minime a motu illo regulari deficiat : subitò, maximè evadet irregularis ». Euler, De variis motum generibus qui in satellitibus planetarum locum habere possunt, prop. 41, Acta Ac. Petrop. ad annum 17801. Au cas que vous m’honoriez d’une réponse, veuillez-vous bien, Monsieur, m’apprendre si je vous avais déjà envoyé un exemplaire de ma vieille brochure ou si vous l’avez vue par quelque autre voie2. J’ai l’honneur d’être très respectueusement, etc. [Le Sage] brouillon B.GE., MS Suppl. 518, fols 52-53. 1. Acta Academiae Scientiarum Imperialis Petropolitanae, pro anno 1780, pars prior, 4, 279. 2. Essai de Chymie Méchanique (1758).
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307. [Deshautschamps] à Milet-Mureau, 8 brumaire an V [29 octobre 1796]
Le Directeur de l’Ecole Polytechnique1 au Général Milet-Mureau, directeur de l’artillerie et du génie au Ministère de la Guerre 8 brumaire an 52 Je m’empresse, citoyen Général, de vous prévenir que je viens d’avoir un second entretien avec le citoyen Laplace sur les observations qu’il m’a faites hier matin concernant l’examen de l’artillerie. Je ne pense pas qu’on puisse sans inconvénient opérer des changements à ce qui est prescrit par la loi à cet égard, et jeter le gouvernement dans une variabilité de décisions, en lui faisant rapporter des arrêtés sagement motivés. D’ailleurs, l’organisation de l’Ecole, longtemps discutée et approfondie ne doit gratuitement souffrir aucune altération dans la marche de son enseignement. Il vous a été, par exemple, proposé de renvoyer l’examen des aspirants de l’artillerie au mois de germinal ou de floréal pour leur donner la facilité de se renforcer sur les parties faibles. Je vous observe que ce délai ne remplirait pas même cet objet, puisqu’il faudrait donner à ces aspirants une instruction particulière analogue à leur art en les séparant des autres, ce qui n’entre pas dans le plan général. Ce serait entièrement dissoudre l’ensemble et l’uniformité adoptés dans l’Ecole ; ce serait encore priver les candidats actuels d’autant de places que la promotion de l’artillerie en ferait vaquer au milieu de l’année, parce qu’on ne pourrait à cette époque recevoir de nouveaux élèves qui se retrouveraient arriérés dans toutes les branches de l’enseignement. Le citoyen Laplace m’a de plus communiqué le projet de faire rester à Châlons les 19 élèves qui, par un arrêté spécial du Directoire, doivent se rendre à l’Ecole Polytechnique vers la fin de frimaire. Il me semble que cette rétrogradation d’une mesure jugée bonne ôterait à ces élèves une année d’une instruction beaucoup plus complète que celle qu’ils auraient en restant à Châlons. On peut, je pense, se permettre cette assertion sans attenter au mérite des instituteurs qui dirigent cette école d’application.
1. Michel Vandebergues Deshautschamps. 2. 29 octobre 1796.
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Quoiqu’il en soit, je vous soumets à la hâte toutes ces observations que je n’ai pu hier présenter au citoyen Laplace dans la première et rapide ouverture qu’il m’en a faite, et dont je donnerai même des développements au Directoire, s’il est nécessaire. Ne serait-il pas beaucoup plus simple de laisser aller les choses telles qu’elles sont constitutées par les lois et de suivre l’examen de l’artillerie, en quelque petit nombre que puissent se trouver les élèves. Si dans le cours de l’année, les besoins du service en exige un plus grand nombre, le Ministre saura toujours prendre les mesures qu’il lui paraîtront convenables. Mais dans ce moment-ci, je pense qu’il ne voudra solliciter aucune innovation sans consulter le Conseil de l’Ecole pour lui faire connaître si elle peut se concilier avec le régime intérieur de l’enseignement. Voilà, citoyen Général, ce que je prends plaisir à vous communiquer avec franchise. Je désire fort, pour le respect des lois, qu’aucun changement ultérieur ne vienne refroidir nos élèves qui sont prêts à l’examen, et qui attendent avec résignation leur sort. Si, au moment de notre entrevue, le citoyen Laplace a cru voir dans ma non-contrariété une espèce d’approbation, j’ai regret de l’avoir trompé, mais j’en étais pas moins prononcé sur une démarche que je n’avais ni le droit, ni même la volonté de consentir. lettre complémentaire E.P., X2C/11, registre de correspondance n° 2, fol. 127v.
308. Laplace à [Bénézech], 21 brumaire an V [11 novembre 1796]
Paris, ce 21 brumaire an V1 de la République Citoyen Ministre2, Sur 32 élèves de l’Ecole Polytechnique qui se sont présentés à mon examen, pour être admis à l’Ecole des Ingénieurs-Géographes, j’en ai trouvé à peine 6 1. 11 novembre 1796. 2. Pierre Bénézech, Ministre de l’Intérieur.
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suffisamment instruits. Voici leurs noms dans l’ordre de l’instruction qu’ils m’ont fait paraître : Les citoyens : Le Couteulx [Jacques Félix] Jomard [Edme François] [St Aulaire] Beaupoil [Louis] Du Lion [Jacques Auguste] Corabœuf [Jean Baptiste] Meaume [dit Couperie] L’instruction de ces élèves est généralement médiocre. Quant aux 26 autres que j’ai cru devoir remettre, ils n’avaient point sur l’analyse et la mécanique, et même sur la trigonométrie, les connaissances élémentaires qui leur sont indispensables. J’ai cru remarquer que la faiblesse de l’instruction de ces élèves tient en grande partie au mode d’admission des élèves à l’Ecole Polytechnique. Déjà, le jury chargé du choix de ces élèves, d’après les notes des examinateurs de Paris et des départements, vous a représenté les graves inconvénients de ce mode d’admission ; et l’examen que je viens de faire, les a pleinement confirmés, en sorte qu’il me paraît indispensable de le changer. Salut et respect. Laplace A.N., F171388, dossier Ecole Polytechnique, demandes relatives aux concours.
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309. Laplace à [Deshautschamps], 19 frimaire an V [5 décembre 1796]
[Au Directeur de l’Ecole Polytechnique]1 Paris, ce 19 frimaire an 5 de la République2 Citoyen, J’ai dû, conformément à l’arrêté du Directoire Exécutif, me concerter avec vous pour avoir sur la bonne conduite et sur l’assiduité des élèves qui se sont présentés à mon examen, les renseignements qui m’étaient nécessaires, afin de les classer suivant l’ordre de leur mérite. Je vous ai prié en conséquence, de me donner ces renseignements, et vous avez eu la bonté de me communiquer sur chacun d’eux des notes que j’ai consultées avec soin, pour former les listes que j’ai adressées aux Ministres. J’ai suivi dans cette circonstance la même marche que dans mes précédents examens. Cette marche est une suite de la confiance que le gouvernement a toujours eu dans les examinateurs. Elle est nécessaire au succès des examens et une heureuse expérience en a confirmé les avantages. J’aurais bien désiré de trouver un plus grand nombre de sujets suffisamment instruits pour le service de l’artillerie. Mais la connaissance de la mécanique est indispensable, et j’ai trouvé généralement les élèves peu versés dans cette partie importante des mathématiques. J’ai rendu compte aux Ministres, avec la plus exacte impartialité et sans indulgence, du résultat de mes examens, parce que je leur dois la pure vérité. Vous me faites l’honneur de m’écrire que le Conseil de l’Ecole Polytechnique est disposé à faire dans l’enseignement de l’Ecole, les changements qui seront jugés utiles. Veuillez bien lui faire part des observations suivantes, si elles vous paraissent mériter son attention. Le premier changement à faire est celui du mode d’admission à l’Ecole Polytechnique. Il est vicieux à tous égards. Comme le jury chargé de prononcer sur cette admission l’a fait connaître au Ministre de l’Intérieur, le meilleur mode à suivre serait un examen fait par un seul examinateur ; mais le concours est trop considérable, pour qu’une seule personne puisse se charger de cet examen. On a proposé d’en charger les deux examinateurs pour l’hydrographie, et un troisième examinateur qui se rendrait à des époques déterminées dans plusieurs villes de l’intérieur de la France. Ensuite, un jury formé de ces trois exa1. Michel Vandebergues Deshautschamps. 2. 5 décembre 1796.
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minateurs et des deux examinateurs de l’Ecole Polytechnique classerait les sujets examinés suivant l’ordre de leur mérite. Il n’est pas douteux que ce mode est beaucoup meilleur que le mode actuel. Pour que les examinateurs aient une mesure commune, je propose, non d’adopter un cours particulier pour ces examens, mais de faire imprimer une liste très détaillée des propositions sur lesquelles les élèves seraient interrogés. Ce serait une table de matières d’un cours de mathématiques que l’on pourrait de temps en temps modifier ou étendre. Les professeurs auraient la liberté d’y adapter les démonstrations qu’ils jugeraient les meilleures. Il me paraît inutile de s’enquérir, comme on le fait, des connaissances supplémentaires. Mais il faut être très sévère sur celles qui sont exigées. Quant à l’enseignement des mathématiques dans l’Ecole Polytechnique, je regarde comme indispensable qu’au moins de deux jours, l’un, les élèves aient une leçon d’environ deux heures sur l’analyse et la mécanique. La première moitié de la leçon serait employée à faire répéter aux élèves la leçon précédente ; la seconde moitié le serait à expliquer une nouvelle leçon. Il faut de plus que chaque jour les élèves puissent travailler par eux mêmes, deux heures au moins. L’instruction générale doit porter sur les principes élémentaires et fondamentaux des sciences mathématiques ; elle doit être proportionnée à l’intelligence du plus grand nombre des élèves, car dans une école de service public, il importe plus d’avoir beaucoup de sujets suffisamment instruits, qu’un petit nombre de sujets très forts. Cependant, il est à désirer que ceux qui ont beaucoup d’intelligence puissent trouver dans l’école les moyens de perfectionner leur instruction ; car c’est d’eux principalement que les arts auxquels ils sont destinés attendent leur progrès. Au moyen de ces changements, l’enseignement de l’Ecole Polytechnique aura toute la perfection que l’on peut désirer. Quoiqu’en général il ne se soit présenté à mes examens que des élèves peu instruits, cependant j’ai reconnu dans les réponses de quelques uns d’eux la méthode des grands maîtres qui dirigent leur instruction, méthode fondée sur les vrais principes des sciences qui réunissent à l’avantage d’embrasser un grand nombre de conséquences celui d’être facilement saisis, quand ils sont exposés d’une manière convenable. Il est fort à désirer que cette méthode soit généralement adoptée ; c’est le seul moyen de mettre l’instruction au niveau des connaissances acquises. Son introduction dans les écoles sera l’un des principaux bienfaits de votre établissement. Agréez, citoyen, l’assurance des sentiments sincères et respectueux d’estime et d’attachement avec lesquels je suis Votre concitoyen. Laplace E.P., III,3a ; publiée par Janis Langins « Sur l’enseignement et les examens à l’Ecole Polytechnique sous le Directoire : à propos d’une lettre inédite de Laplace », Rev. Hist. Sci., 40 (avril-juin 1987), 176-177.
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310. Laplace à Flaugergues, 1er messidor [an ?] [1796, 1797 ou 1798]
Au Citoyen Citoyen Flaugergues associé de l’Institut National A Viviers Département de l’Ardèche Au Mée par Melun, ce 1er messidor [1796, 1797 ou 1798] Je vous demande pardon, Citoyen confrère, de n’avoir pas répondu plus tôt à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, mais j’ai été distrait par diverses occupations qui ne m’en ont pas laissé le loisir. Un peu plus libre maintenant, je m’empresse de vous répondre. Je commence par vous observer que dans le calcul de l’aberration, lorsqu’on veut tenir compte de l’excentricité de l’orbe terrestre, il ne faut point négliger l’inclinaison du petit côté de cet orbe sur le rayon vecteur, puisqu’il en résulte une quantité du même ordre que celle à laquelle vous avez égard. Au reste, on peut facilement avoir égard à tout cela dans le calcul de l’aberration par la règle suivante, que j’ai communiquée au citoyen Lalande, il y a plus de deux mois : Calculez par les tables ordinaires, l’aberration d’une étoile, soit en longitude, soit en latitude, soit en ascension droite et en déclinaison, en employant la longitude moyenne du Soleil ; calculez cette même aberration en employant la longitude du Soleil augmentée de son anomalie moyenne ; changez dans cette seconde aberration les secondes en tierces, et retranchez-la ensuite de la première ; le reste sera l’aberration cherchée. Quant à la manière la plus simple d’envisager l’aberration, elle consiste suivant moi à rendre l’observateur immobile, au moyen de ce principe général de mécanique : « les apparences des mouvements d’un système de corps ne changent point en leur imprimant à tous ainsi qu’à l’observateur, un mouvement commun égal et contraire à celui de l’observateur ». Concevez donc qu’au moment où un rayon lumineux entre dans l’atmosphère terrestre, on lui imprime ainsi qu’à la Terre et à l’observateur, le mouvement dont cet observateur est animé, celui-ci réduit à l’état du repos, recevra le rayon lumineux sous un angle déterminé par la composition du mouvement de la lumière avec celui de la Terre, d’où résultent les règles connues de l’aberration. C’est ainsi que j’ai envisagé ce phénomène, dans mon ouvrage intitulé Exposition du Système
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du Monde. De là il résulte que l’aberration des étoiles est de la même nature que celle des planètes, puisqu’elles dépendent l’une et l’autre de la même loi de composition des mouvements. A la vérité, l’aberration des planètes peut se déterminer en ajoutant à la position apparente leur mouvement géocentrique supposé uniforme dans l’intervalle de temps que la lumière emploie à venir d’elle jusqu’à nous ; mais cela vient de ce que le mouvement de la lumière est uniforme dans cet intervalle ; car s’il n’était pas uniforme, si par exemple elle traversait pendant un long espace, un milieu dense, tel que le verre dans lequel sa vitesse serait accélérée et dont elle sortirait un peu avant d’entrer dans l’atmosphère, alors la règle précédente cesserait d’être exacte ; c’est-à-dire que l’on se tromperait en ajoutant le mouvement géocentrique de la planète dans l’intervalle de temps que la lumière emploie à venir d’elle jusqu’à nous, à sa position apparente. Mais la vitesse de la lumière étant uniforme, on peut calculer d’observation de la planète, en ajoutant à sa position apparente, son mouvement géocentrique dans l’intervalle de temps que la lumière emploie à venir de la planète jusqu’à nous, en supposant ce mouvement uniforme, ou ce qui revient au même, en ajoutant à sa position apparente son mouvement géocentrique. Dans un instant infiniment petit, et multiplié par le nombre de ces instants compris dans l’intervalle de temps que la lumière emploie à venir de la planète jusqu’à nous, et cette même règle peut être appliquée aux étoiles. Car leur mouvement géocentrique dans un instant infiniment petit, est la variation de leur parallaxe annuelle pendant cet instant, et en multipliant cette variation infiniment petite par le nombre des instants compris dans les temps que la lumière emploie à venir d’elle jusqu’à nous, on aura leur aberration telle que la donne la théorie ordinaire. Vous voyez par là que les deux aberrations des planètes et des étoiles sont du même genre et dépendent des mêmes règles, et qu’il est inutile de les distinguer par des noms différents. Agréez l’assurance des sentiments d’estime et d’attachement avec lesquels je suis Citoyen Votre concitoyen et confrère. Laplace [Note de la main de Laplace insérée dans la feuille :] Les formules de l’aberration des étoiles et les tables qui sont fondées sur ces formules me paraissent fautives. 1° parce que l’auteur confond la vitesse réelle de la Terre avec sa vitesse angulaire vue du centre du Soleil. Celle-ci est réciproque au carré du rayon vecteur, au lieu que la vitesse réelle n’est réciproque qu’à la première puissance de ce rayon, du moins si l’on néglige le carré de l’excentricité de l’orbite ;
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or c’est la vitesse réelle de la Terre qui dans l’aberration se combine avec celle de la lumière. 2° parce que l’auteur n’a point égard à l’inclinaison du petit côté de l’orbite et par conséquent du même ordre que celles auxquelles l’auteur à égard. Il faut l’engager à reprendre cette matière en ayant égard à ces diverses considérations. Je ne sais si ce travail qui n’a point de difficultés et qui d’ailleurs conduit à des formules très simples n’a pas été publié. J’engagerais encore l’auteur à supprimer sa nouvelle manière d’envisager l’aberration, et ses nouvelles dénominations. Paris, Observatoire, MS 1058 III, n° 151.
311. [Laplace] à [Bouvard], 2 ventôse [an V] [20 février 1797]
Paris, ce 2 ventôse [an V]1 Je prie le citoyen Bouvard de me faire l’amitié de venir dîner avec moi, quartidi prochain. De là, nous irons ensemble au Bureau des Longitudes. Je le prie de m’apporter le résultat de ses calculs, tant pour les dernières observations de Maskelyne, que pour celles de 1784, celles de Bradley et celles de La Hire, en distinguant les erreurs des tables en deux colonnes, l’une relative à l’apogée et l’autre relative au périgée. Il pourra au moyen des observations de Maskelyne, tant en 1784 qu’en 1794, déterminer la correction de l’époque du moyen mouvement et de l’apogée des tables lunaires pour le commencement de l’an 1 de la République ; ensuite au moyen de ces corrections, et en diminuant de 8' 49" la moyenne séculaire de l’apogée des tables, il pourra corriger les erreurs des tables relativement aux observations de Maskelyne. Je le prie de m’apporter le tableau de ces erreurs des tables ainsi corrigées, afin que l’on puisse voir d’un coup d’œil la précision des tables ainsi corrigées. [Laplace] Collection Yves Laissus ; et publiée par Y. Laissus dans la Rev. Hist. Sci., 14 (juilletdécembre 1961), 285-286.
1. 20 février 1797.
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312. Laplace à Oriani, 8 mars 1797
sans description Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Oriani, Carte Varie.
313. Laplace à [Marigner], 18 ventôse an V [8 mars 1797]
18 ventôse an V1 J’ai l’honneur de me rappeler au souvenir du citoyen Marigner, et de lui offrir mes respectueux compliments. Il m’obligera infiniment si en passant à Milan, il veut bien voir de ma part l’astronome Oriani qu’il sera fort aise de connaître ; et le prier de nous faire parvenir tout ce qu’il y a de nouveau en Italie, dans les sciences et en particulier dans l’astronomie, et dont les travaux de ce savant astronome sont sans doute la partie la plus intéressante. Si le citoyen Marigner veut se charger lui même de ces objets, en revenant à Paris je lui en conserverai une vive reconnaissance. Laplace Je suis venu 4 fois sans avoir le plaisir de trouver Monsieur Oriani. S’il peut m’indiquer son heure, je reviendrai et me chargerai de ses commissions pour Paris. Marigner Commissaire des guerres Casa Greppi Milan, Archivio di Stato, autografi n° 137. 1. 8 mars 1797.
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314. Laplace à Delambre, 25 ventôse an V [15 mars 1797]
Au citoyen Delambre de l’Institut National A Evaux Département de la Creuse Paris, ce 25 ventôse an 51 J’ai reçu, mon très cher confrère, la dernière lettre que vous m’avez fait l’amitié de m’écrire. Je vous remercie des résultats que vous m’avez communiqués sur les réfractions. La formule que je vous ai donnée ne peut pas s’étendre à 7°28' de hauteur apposante. En la comparant à la formule rigoureuse, j’ai trouvé qu’il fallait à cette hauteur, l’augmenter de 4",12 et je vois par vos tables que c’est à peu près la correction indiquée par les observations de Piazzi. Ma formule ainsi corrigée me paraît être celle de la nature, du moins si le coefficient constant que vous avez déterminé par les observations de Piazzi est exact. Autant que j’en puisse juger par vos résultats, je vois qu’il faudrait diminuer ce coefficient d’un quart de seconde environ, pour satisfaire à toutes les observations de Méchain. Au reste, la loi de la variation de la densité de l’air par la chaleur est-elle exactement connue ? La chaleur elle-même, à densités égales de l’air, n’influe-t-elle pas sur la réfraction ? L’état hygrométrique de l’air ne le fait-il pas varier ? Voilà autant de questions sur lesquelles on ne peut pas faire encore de réponses bien satisfaisantes. Puisqu’il ne s’agit plus maintenant que de très petites quantités, je crois qu’il devient nécessaire d’avoir égard à une petite équation de la nutation et de la précession, que l’on a négligée jusqu’à ce jour et qui dépend du double de la longitude moyenne du Soleil : soit T cette longitude, la précession des équinoxes sera 50",l.i–l" sin 2 T ; i étant le nombre d’années écoulées depuis l’époque. L’inclinaison de l’équateur à l’écliptique supposée fixe, sera augmentée de 0",434.cos 2 T . Je ne parle point ici de ce qui dépend des équations connues de la précession et de la nutation et auxquelles il faut toujours avoir égard. Je vous remercie de vos remarques sur mon ouvrage. Je vous prie de me les continuer ; j’en ferai usage dans une nouvelle édition, si elle a lieu. Alors elles me seront extrêmement utiles. Je vous observerai ici que relativement à une ère 1. 15 mars 1797.
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indépendante des révolutions morales et qu’il serait bien que l’on substituât aux ères qui sont en usage chez les différents peuples, il est absolument nécessaire de considérer à la fois les mouvements du Soleil et de la Lune. Le Soleil donne le principal phénomène qui sert d’époque et j’ai choisi pour cet objet l’année de la coïncidence du solstice avec l’apogée. Il eut été préférable de choisir la coïncidence de l’apogée avec l’équinoxe, mais il aurait fallu faire remonter trop haut l’époque. Ensuite l’année de la coïncidence de l’apogée avec le solstice étant incertaine, elle sera déterminée par la longitude moyenne de la Lune au moment de l’équinoxe et cette longitude étant donnée en même temps que la coïncidence du solstice et de l’équinoxe, il ne pourra jamais y avoir d’incertitude sur la véritable origine de l’ère. De plus, le mouvement de la Lune étant beaucoup plus rapide que celui du Soleil, cette longitude de la Lune fixera, avec une précision suffisante, la position du premier méridien qui comptait minuit à l’origine de l’ère. J’ai engagé Bouvard à calculer par les nouvelles tables de la Lune toutes les éclipses anciennes et celles des Arabes. Ce travail important n’a été fait encore que très imparfaitement, et cependant il est très utile pour déterminer les moyens mouvements de la Lune, de son apogée et de son nœud, ainsi que les équations séculaires de ces mouvements. Bouvard m’a déjà fait voir les résultats du calcul de 14 éclipses anciennes. Elles sont assez bien représentées par les tables. Cependant, elles me paraissent toutes indiquer un changement à faire dans le mouvement de l’apogée. Ce mouvement est assujetti à une équation séculaire plus grande que celle du moyen mouvement de la Lune. Je me suis déjà occupé de cette équation dans les mémoires de l’Académie ; mais je vais reprendre ce travail, et le déterminer avec plus de soin encore, tandis que de son côté, Bouvard continuera ses calculs. Tous ces grands changements que nous ne faisons qu’entrevoir dans les observations anciennes se développeront à l’avenir. Nous n’existons que d’hier, et nous nous imaginons que la nature est toujours la même, parce que nous ne la voyons point changer, à peu près comme un insecte qui ramperait sur l’élément d’une surface courbe, pourrait croire qu’elle est un plan, et tel a été l’homme sur la terre dans l’enfance de l’astronomie. Pour nous détromper, il importe de suivre avec une attention particulière les changements que le temps a déjà commencé à développer, mais qui ne seront bien sensibles qu’après une très longue suite de siècles. Relativement au système du monde, nous avons ce précieux avantage, que la théorie de la pesanteur universelle a devancé les observations et nous permet de lire dans l’avenir tous les grands changements qu’il doit subir, et dont le système des satellites de Jupiter nous offre un exemple frappant. Aussi, je ne vois rien de plus digne de nous occuper que le calcul de tous ces phénomènes et leur correspondance avec les observations. J’ai fait part de votre lettre à nos confrères du Bureau des Longitudes. Ils m’ont chargé de vous offrir leurs sincères compliments et de vous témoigner le désir qu’ils ont de vous revoir parmi eux. Nous nous occupons de vous pro-
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curer les fonds qui vous sont nécessaires. Le Ministre de l’Intérieur1 a signé une ordonnance de 8.000 livres, pour Méchain et vous, et l’Institut National a écrit au Ministre des Finances2, afin d’en faire expédier le paiement. Agréez, mon très cher confrère, les sentiments d’estime et d’amitié avec lesquels je suis pour la vie, Votre confrère et ami. Laplace Berlin, Staatsbibliothek, Slg. Darmstaedter J 1796.
315. [Le Sage] à Laplace, 31 mars 1797
A Mr. Delaplace, membre de l’Institut National, à Paris3 De Genève, Grand-Rue, 31 mars 1797 Monsieur Necker de Germany m’a rapporté que dans sa conversation avec vous sur mon mécanisme de la gravité, il était convenu que j’avais été précédé à cet égard par Monsieur Fatio de Duillier. Ce qui est très vrai, et depuis que j’en ai eu la moindre connaissance, (ce qui a pu commencer le 15 août 1749), je l’ai dit et écrit à cent personnes qui n’en savaient absolument rien. Mais comme il m’a dit n’avoir point ajouté ; que cependant je n’avais pas puisé mon mécanisme dans celui de ce célèbre mathématicien, ce qui pourrait vous porter à croire que je l’y ai puisé en effet. Je l’ai remis lui-même sur la voie de diverses circonstances que trente ans d’absences, et de fortes diversions, lui avait fait perdre de vue4. Et je me suis proposé de vous désabuser aussi (du moins par une simple négation) au cas que vous m’aviez soupçonné de cet emprunt. 1. Pierre Bénézech. 2. Dominique Vincent Ramel-Nogaret. 3. De la main de Le Sage : « porteur, M. Maurice père ». 4. Le reste du paragraphe porte des répétitions de phrases que Le Sage aura certainement enlevées dans la lettre qu’il envoya à Laplace.
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Ce qui suffira est surtout que je sache si vous vous souciez d’en savoir davantage. Et je me suis proposé de vous désabuser aussi en attendant que j’informe régulièrement le public, de ce qui en est, savoir dans un recueil de plusieurs autres anecdotes relatives à trois ou quatre écrits postérieurs à ceux de Fatio ; écritures que je ne connaissais pas non plus quand j’imaginais mon explication. J’attendais pour cela d’avoir reçu votre réponse à ma lettre du 15 octobre dernier, portée par Monsieur Maurice fils. Mais ne voyant pas encore venir cette réponse, je prie à Monsieur Maurice père de vous porter cette négation. Ce n’est pas que j’attache beaucoup d’importance à l’honneur d’avoir trouvé une chose qui m’est commune avec quatre ou cinq écrivains (en mettant beaucoup plus, aux choses qui me sont exclusivement propres). Mais c’est que je serai très fâché que vous, Monsieur, ou toute autre personne dont j’ambitionne l’estime, vous figurassiez le moins du monde que je me suis donné (ou laissé donner) pour inventeur d’un certain mécanisme tandis que je l’aurais puisé ailleurs que dans mon cerveau. Monsieur Maurice a mandé à son père que vous alliez vous occuper de la résistance que ma matière gravifique doit opposer au mouvement des corps célestes ; et vous le ferez sans doute d’après le précis de démonstration que j’avais collé vis-à-vis la page 76ème de la brochure qui accompagnait ma lettre du 15 octobre dernier. J’espère que vous aurez compris le motif qui m’a engagé à me borner à un précis si succinct : savoir de ne pas vous effaroucher d’entrée, parce que je vous voyais si prévenu contre mon mécanisme que vous ne voudriez pas consacrer plus d’une minute d’attention à en examiner la proposition, même la plus intéressante (et qui distingue si éminemment ce mécanisme-là de tous ceux qui ont été publiés avant lui). Vous aurez donc remarqué les mots « principalement » et « choses d’ailleurs égales » destinés à insinuer en passant qu’il entrerait dans l’énoncé complet de cette proposition d’autres éléments que ceux qui étaient énoncés dans ce précis succinct. Mais que ces éléments supprimés étaient ou détermineraient [sic] fort inférieurs aux éléments énoncés ; ou susceptibles d’une diminution presque arbitraire (c’est-àdire dépendante de certaines observations fort délicates, dont on ne s’est pas encore occupé). Et j’espère aussi, que vous aurez bien compris que quand même je n’aurais pas tenu compte de ces éléments-là, dès ma première découverte de cette loi des résistances (en 1765) ; et je l’aurais fait du moins dans le cours des 32 années suivantes. Monsieur Maurice a mandé à son père que les belles conséquences ultérieures de la gravitation, dont vous alliez publier les profonds calculs porteraient le nom de Mécanique Céleste. J’ose vous conseiller, Monsieur, d’y substituer celui de Dynamique Céleste parce que le mot « mécanique » (qui vient peutêtre de PFDgQZ non hisco [PFDQ
Z])1, a été presque toujours employé pour 1. Je crois que Le Sage voulait proposer cette étymologie.
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désigner des impulsions sans distance (comme le seraient celles de mes corpuscules) ; au lieu que le mot « dynamique » (qui vient de G¼QDPLM vis), a été expressément destiné à désigner des « forces » dont on s’abstient (du moins pour le moment) d’examiner la cause. Je n’ignore pas que Newton (dans la préface des Principia) a essayé d’étendre le sens ordinaire du mot « mécanique » jusqu’aux forces envisagées abstraitement pour ne pas trop effrayer d’emblée les cartésiens, tout puissants alors. Mais je sais aussi que partout ailleurs il a distingué soigneusement ces deux objets. J’avoue encore qu’en 1740 Euler, ne faisant attention qu’à cette préface, intitula son grand ouvrage Mechanica, et que quelques écrivains postérieurs se sont conformés à cette expression impropre, sans doute par la même inattention. Mais malgré ces autorités, je suis si éloigné d’admettre le mot « mécanique » dans le sens sous lequel vous allez traiter de la gravitation, que je trouverais beaucoup plus à propos que les auteurs qui envisagent la gravité comme vous annoncèrent au contraire franchement dès le titre qu’ils vont la traiter comme PKFDQ ou nonmécanique (c’est-à-dire sans agents, sans instruments, sans moyens). En attendant que vous ayez le loisir de répondre par écrit aux articles de ma présente lettre et de la précédente qui demanderaient quelques discussions, j’espère que vous voudrez bien répondre de bouche à Monsieur Maurice fils sur la simple question qui terminait cette lettre précédente, savoir « si je vous avais déjà envoyé un exemplaire de ma vieille brochure, ou si vous l’aviez vue par quelque autre voie ? »1. [Le Sage] brouillon B.GE., MS Suppl. 518, fols 54-55.
1. Probablement Essai de Chymie Méchanique (1758).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
316. Laplace à Le Sage, 17 germinal an V [6 avril 1797]
Au Citoyen Le Sage Correspondant de la ci-devant Académie des Sciences de Paris, Grand Rue, A Genève Paris, ce 17 germinal an 51 Je réponds, Monsieur, aux deux lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, la première en date du 15 octobre 1796, et la seconde en date du 31 mars 1797. Je commence par vous remercier des expressions obligeantes dont ces deux lettres sont remplies à mon égard, et qui me flattent infiniment de la part d’un savant aussi recommandable. L’ouvrage intitulé Exposition du Système du Monde est le fruit de ma retraite à la campagne pendant la durée de ce malheureux gouvernement révolutionnaire qui a coûté tant de larmes aux vrais amis de la France et de l’humanité. L’impression des tristes événements qui se succédaient rapidement lorsque je travaillais à cet ouvrage, a dû nécessairement influer sur mon travail, et c’est une des causes de son imperfection, que je me propose de corriger dans une nouvelle édition. Si j’en fais une alors, je profiterai avec grand plaisir des remarques que les savants voudront bien me communiquer. Si je n’ai point parlé dans mon ouvrage de votre explication du principe de la pesanteur universelle, c’est que j’ai voulu écarter tout ce qui aurait pu paraître systématique. Parmi les philosophes, plusieurs ne conçoivent l’action des corps les uns sur les autres que par le moyen de l’impulsion, et l’action ad distans leur semble impossible. Votre manière ingénieuse d’expliquer la gravitation universelle en raison des masses, et réciproque au carré des distances, doit satisfaire ces philosophes, et les porter à admettre cette grande loi de la nature qu’ils rejetteraient malgré les observations et tous les calculs des géomètres, s’il leur était bien démontré qu’elle ne peut résulter de l’impulsion. D’autres philosophes, au contraire, avouent leur ignorance sur la nature de la matière de l’espace, de la force, et de l’étendue, et s’inquiétant peu des causes premières, ne voyant dans l’attraction qu’un phénomène général qui, pouvant être assujetti à un calcul rigoureux, donne l’explication complète de tous les phénomènes célestes et les moyens de perfectionner les tables et la théorie du 1. 6 avril 1797. Note de la main de La Sage : « Reçue le 24 avril ».
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mouvement des astres. C’est uniquement sous ce point de vue que j’ai envisagé l’attraction dans mon ouvrage. Peut-être n’ai-je pas eu assez de condescendance pour les premiers philosophes dont je viens de parler, en ne leur présentant point votre manière aussi simple qu’ingénieuse de ramener le principe de la pesanteur aux lois de l’impulsion ; mais c’est une chose que vous avez faite de manière à ne laisser rien à désirer à cet égard. Cependant, je me propose, dans mon Traité de Mécanique Céleste, de calculer les altérations qui doivent résulter à la longue de vos hypothèses, dans les moyens mouvements et les orbites des planètes et des satellites. C’est un résultat très remarquable de la loi de la pesanteur, telle que les géomètres l’ont employée jusqu’ici, que tous les changements du système des planètes et des satellites sont nécessairement périodiques, si l’on n’a égard qu’à leur action mutuelle ; mais ce résultat cesse d’avoir lieu dans vos hypothèses, et comme elles sont dignes de toute l’attention des philosophes, il est intéressant d’examiner quelle est la plus petite vitesse que l’on puisse supposer à vos molécules pour ne pas contrarier les observations. On pouvait faire usage de ce moyen pour expliquer l’équation séculaire de la Lune, dans les temps où les géomètres les regardaient comme inexplicable par la loi de la pesanteur universelle ; mais cette équation ayant été ramenée à cette loi, il en résulte que la vitesse de vos molécules doit être considérablement augmentée, en sorte que l’imagination ne peut s’en former l’idée. Cette vitesse excessive, jointe à l’excessive porosité des molécules intégrantes de la matière et à l’homogénéité de ces molécules, pourra paraître au moins douteuse à quelques géomètres. Mais ce n’est point une raison décisive pour rejeter votre explication de la pesanteur, car nous sommes infiniment loin de connaître les limites des choses existantes, et il serait téméraire à nous de prendre les bornes de notre imagination pour celles de la nature. Si jamais il est donné aux hommes de connaître, par les observations la vérité de cette explication, ce doit être par les altérations qui doivent en résulter à la longue dans les mouvements célestes, et c’est une raison pour déterminer ces altérations par l’analyse. Mais jusqu’ici, la loi de la pesanteur universelle suffit à toutes les altérations observées ; elle y satisfait avec une précision admirable, et il faudra, sans doute, un temps immense avant que de la trouver en défaut à cet égard. Je viens encore, par une nouvelle discussion des éclipses anciennes, de la vérifier par rapport aux équations séculaires des mouvements des nœuds et de l’apogée de la Lune. Suivant cette loi, ces mouvements doivent se ralentir à mesure que le moyen mouvement de la Lune s’accélère. Je trouve que les équations séculaires des moyens mouvements de ce satellite, de ses nœuds, et de son apogée, sont dans le rapport constant des trois nombres 16, 11 et 36, et elles sont évidemment indiquées par les observations anciennes, ainsi que je le fais voir dans un mémoire que je vais lire à l’Institut National1. 1. « Sur les équations séculaires des mouvements de l’apogée et des nœuds de l’orbite lunaire », lu le 20 avril 1797 et publié dans la Connaissance des Temps pour l’an VIII, 362-370 ; Laplace, O.C., 13, 3-14.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Voudriez-vous bien me rappeler au souvenir de Monsieur de Saussure, et lui offrir mes plus tendres compliments. Je vous remercie de la connaissance que vous m’avez procurée de Monsieur Maurice. C’est un jeune homme intéressant sous tous les rapports, et qui réunit beaucoup d’intelligence à une vive ardeur pour les sciences. Agréez l’assurance des sentiments d’estime et de considération avec lesquels je suis, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace B.GE., MS D.O., Autographes.
317. [Laplace] à [?], 25 avril 1797
sans description Catalogue of the Collection of Interesting and Extremely Rare Autograph Letters and Manuscripts, the Collection of Professor Maunoir of Geneva ... sold by auction on Friday, Dec. 18th, 1846 ... (London, 1846), p. 17, n° 197.
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318. [Le Tourneur] à Laplace, 24 vendémiaire an VI [15 octobre 1797]
Le 24 vendémiaire an 6e1 Le Ministre de l’Intérieur2 au citoyen Laplace, membre de l’Institut National, rue des Bons-Enfants, n° 1334 Je vous transmets ci-jointe, citoyen, la liste des élèves de l’Ecole Polytechnique aspirants à l’Ecole des Ingénieurs-Géographes. Le Directoire Exécutif, par son arrêté du 6 prairial an 4, vous ayant nommé leur juge, je vous prie de vous transporter à l’Ecole Polytechnique, dans les premiers jours de brumaire prochain, pour y procéder à l’examen prescrit par la loi. Vous voudrez bien m’en faire connaître le résultat en m’indiquant, par ordre de mérite, ceux des candidats qui vous paraîtront admissibles. La manière, citoyen, dont vous avez déjà répondu à la confiance du gouvernement dans ces intéressantes fonctions est un sûr garant du zèle avec lequel vous continuerez de les remplir cette année. Salut et fraternité. brouillon de lettre portant la mention « Urgent ». A.N., F171388, dossier 2.
1. 15 octobre 1797. 2. Etienne François Le Tourneur.
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319. document, [24 vendémiaire an VI] [15 octobre 1797]
[24 vendémiaire an 6]1 Liste des élèves de l’Ecole Polytechnique qui se préparent à l’examen du citoyen Laplace pour leur admission à l’école spéciale de géographie Savoir Les citoyens
Varinot [Antoine]
Lasseret [Michel Adrien]
Picot [Louis Pierre César]
Mautier
Vallée [Philibert François Antoine]
Lelaidier [Henri Michel François]
Pierret [Pierre Rémi Alexandre]
Dujourdain [Georges Louis Auguste]
Laroche [François de]
Leduc [Nicolas Laurent]
Vallot [Simon]
Duplessis [Henri François Urbain]
Conseil [Jean Auguste]
Humbert [Nicolas]
certifié conforme Deshautschamps A.N., F171388, dossier 2.
320. Laplace à Bouvard, 24 vendémiaire [an VI] [15 octobre 1797]
Au Citoyen Bouvard, astronome à l’Observatoire de Paris Au Mée, ce 24 vendémiaire [VI]2 Le citoyen Caussin me mande, citoyen collègue, qu’il vous a envoyé la traduction de la partie du manuscrit du 16 juin relative à la conjonction de Jupiter 1. 15 octobre 1797. 2. 15 octobre 1797.
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et de Saturne, et dans laquelle il trouve des obscurités que le calcul suivant lui doit éclaircir. Je crois avoir déjà dit qu’il me parait que cette partie du manuscrit me paraît renfermer deux observations distinctes, l’une après la conjonction et dans laquelle les deux planètes ont été observées à 22' de distance, l’une de l’autre ; l’autre faite 7 jours auparavant et dans laquelle cette conjonction n’était pas encore arrivée, il y fallait environ cinq minutes de degré. Examinez, je vous prie, si cela est conforme à la traduction du citoyen Caussin. Il est fâcheux que nous n’ayons point le manuscrit entier, car vraisemblablement [on] y fait usage de cette observation, et cet usage éclaircirait ce que le passage dont il s’agit présente d’obscur. Je compte revenir à Paris le huit au soir ; si vos occupations vous permettaient de me venir voir le neuf au matin entre huit et neuf heures, nous causerions ensemble de cela, et dans [de] vos calculs sur la Lune. Je vous prie de revoir ces calculs que vous m’avez donnés relativement au mouvement de l’apogée déterminée par les observations de La Hire et de Flamsteed, comparée soit aux observations de Bradley, soit à celles de Maskelyne. Comme je vais faire imprimer l’analyse des équations séculaires de la Lune dans le second volume des Mémoires de l’Institut, je serai fier [?] d’avoir vos résultats sur cet objet, d’une manière très précise1. Je crois qu’il sera nécessaire que vous [calculiez ?] à cent les observations de Flamsteed, et si vous pouvez tirer 48 ou 50 observations des manuscrits de La Hire, ce sera une chose excellente, car les petites équations de la Lune influent tellement sur les résultats qu’il est bon de comparer autant qu’il est possible ces observations faites à de grandes distances. Pour cette raison les éclipses observées par Tycho vous seront très utiles. Il y en a quelques unes de Valtherus2, mais je ne sais si vous en tirerez une grande partie. Il sera bon encore de calculer le plus que vous pourrez d’occultations d’étoiles observées dans le dernier siècle. Il s’agit, mon cher collègue, dans ce pénible travail que vous avez entrepris, de confirmer un des résultats les plus délicats et les plus intéressants de la pesanteur universelle et de perfectionner la [connaissance] de l’astre dont les mouvements intéressent le plus la navigation et la géographie. Voilà deux grands motifs pour soutenir votre courage. Agréez, mon cher confrère, l’assurance de l’estime et de l’amitié bien sincère avec lesquelles je suis, Votre concitoyen. Laplace
1. « Mémoire sur les équations séculaires des mouvements de la lune, de son apogée et de ses nœuds », Mémoires de l’Institut National des Sciences et Arts. Sciences Mathématiques et Physiques, 2 (an VII, 1798-1799), 126-182 ; Laplace, O.C., 12, 191-234. 2. Bernard Walther.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Je vous prie de prévenir les citoyens Duprat et Bonnard de mon retour à Paris le 28 au soir pour qu’ils veuillent bien me communiquer les épreuves de mon ouvrage. J’ai prié le citoyen Bonnard de discuter les observations de Saturne par Valtherus. Je l’engage à s’occuper de cet objet qui nous sera utile lorsque nous ferons les Tables des planètes. Copie dactylographiée, Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A ; et B.N., n.a.fr. 28061 (106), n° 85.
321. le Jury des écoles centrales du Département de la Seine à l’Administration centrale du Département de la Seine, 26 brumaire an VI [16 novembre 1797]
Paris, ce 26 brumaire an six1 de la République Le jury des écoles centrales du Département de la Seine propose à l’Administration centrale du Département le citoyen Charbonnet, ci-devant professeur de rhétorique au Collège Mazarin, pour remplir la place de professeur de belles-lettres, vacante dans ces écoles. Laplace Garat Lagrange Turin, Biblioteca Civica.
1. 16 novembre 1797. Billet de la main de Laplace.
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322. le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Le Tourneur], [21] frimaire an VI [11 décembre 1797]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le [21] frimaire an 6e1 de la République, une et indivisible
Les membres composant le jury chargé du recensement des examens relatifs au concours de l’Ecole Polytechnique, Au Ministre de l’Intérieur2 Citoyen Ministre, Nous vous adressons, ci-jointe, la liste de 110 candidats, que d’après les notes d’examen qu’ils ont subi, nous avons jugé dignes d’être admis à l’Ecole Polytechnique. Tous ceux dont les noms sont compris sous une même accolade paraissent à peu près d’égale force. Salut et respect. Cousin Laplace Bossut Legendre Lacroix A.N., F171388, dossier 2.
1. 11 décembre 1797. 2. Etienne François Le Tourneur.
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323. [Laplace] à [William Herschel], 1er nivôse an VI [21 décembre 1797]
Paris, ce 1er nivôse an VI1 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Herschel, l’assurance des sentiments d’estime et de reconnaissance que m’ont inspirées ses nombreuses et brillantes découvertes. Je le prie d’agréer l’hommage d’un petit mémoire que je viens de faire imprimer dans notre Connaissance des Temps, sur les équations séculaires de la Lune2. Le progrès des sciences nous a procuré deux grands moyens de connaître les phénomènes célestes. L’un consiste à perfectionner les instruments d’observation, et personne n’a fait de ce moyen un plus heureux usage que Monsieur Herschel. L’autre consiste à approfondir la théorie de la pesanteur universelle, et c’est par ce moyen que j’ai reconnu les équations séculaires de la Lune, que l’ensemble des observations anciennes et modernes a pleinement confirmés. Monsieur Maurice m’a dit que Monsieur Herschel avait reconnu par les observations la rotation des satellites de Jupiter et qu’il s’était assuré que a cela [?], semblables à la Lune, la durée de leur rotation est la même que celle de leur révolution. Je prie Monsieur Herschel de vouloir bien m’instruire de ce résultat intéressant. Je le prie encore de vouloir bien me dire s’il a observé la rotation de l’anneau intérieur de Saturne ou celle de son anneau extérieur, et s’il a trouvé une différence entre les durées de rotation de ces anneaux, différence qui me paraît indiquée par la théorie. En général il me fera un grand plaisir de me mander tout ce qu’il a découvert de nouveau dans le ciel. Je le prie de vouloir bien me rappeler au souvenir de Messieurs Deluc et Blagden et de leur offrir mes plus tendres compliments. [Laplace]3 Londres, Royal Astronomical Society, W.1/13, L.33.
1. 21 décembre 1797. 2. « Sur les équations séculaires des mouvements de l’apogée et des nœuds de l’orbite lunaire », Connaissance des Temps pour l’an VIII, 362-370 ; Laplace, O.C., 13, 3-14. 3. Sans signature, mais de la main de Laplace.
324. [Monge] à Laplace et Bossut, 14 nivôse an VI [3 janvier 1798]
Le Directeur de l’Ecole Polytechnique1 aux citoyens Laplace et Bossut 14 nivôse an 72 [sic] Citoyens, Je vous adresse l’extrait de la séance du Conseil de l’Ecole Polytechnique dans laquelle a été fait lecture de la lettre du jury au Ministre de l’Intérieur3 accompagnant la liste des candidats admissibles. Vous verrez que tous les membres qui le composent ont unanimement reconnu, comme vous, la nécessité d’un programme qui puisse uniformiser la méthode d’enseignement à Paris et dans les Départements, déterminer les connaissances précisément exigibles et ramener le résultat des examens à la plus simple unité. Le Conseil de l’Ecole me charge, citoyens, de vous inviter à vouloir bien intervenir de tout votre pouvoir dans cette heureuse et indispensable mesure, en recommandant aux trois examinateurs des Départements la confection la plus prochaine de ce programme, lorsque vous leur aurez communiqué vos vues à cet égard. Il désire de plus que vous puissiez lui communiquer dans le plus court délai ce que vous avez arrêté sur cet objet, en vous déclarant que rien ne peut lui être plus agréable que de tenir de vous ce qui doit contribuer efficacement aux progrès de l’instruction et à la prospérité d’un établissement auquel l’importance de vos fonctions vous attache aussi intimement. 1. Gaspard Monge. 2. 3 janvier 1798. 3. Etienne François Le Tourneur.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Lorsque le Conseil aura reçu ce qu’il sollicite de votre complaisance, il procédera à l’approbation du Ministre, à l’impression et à l’envoi dans les Départements. E.P., X2C/11, registre de correspondance administrative, n° 2, fol. 185r.
325. [Laplace] à [Talleyrand-Périgord ?], 19 nivôse an VI [8 janvier 1798]
Au Ministre1 19 nivôse an VI2 Laplace demande l’envoi de la copie du manuscrit arabe d’Ibn Yünus que possède la bibliothèque de Leyde. « Mon objet est de tirer des manuscrits arabes toutes les observations et les lumières qu’ils peuvent fournir relativement à l’astronomie du Moyen Age. C’est la science que les Arabes ont le plus cultivée. Leurs observations peuvent seules remplir l’intervalle qui nous sépare des Grecs et des Chaldéens ... » [Laplace] description et fragment B.N., MS, Catalogue d’une Belle Collection de Lettres Autographes dont la Vente aura lieu le mercredi 11 mai 1845 (Paris, 1845), p. 28, n° 191 ; L’Amateur d’Autographes (août-septembre 1878), p. 144, n° 299-300 ; Catalogues de Lettres Autographes (Etienne Charavay) (juillet 1883), n° 212, p. 9, n° 30171 ; B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 134. 1. Probablement au Ministre des Relations Extérieures, Charles Maurice de Talleyrand-Périgord. 2. 8 janvier 1798.
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326. Laplace à [Delambre], 5 pluviôse an VI [24 janvier 1798]
Paris, ce 5 pluviôse an VI1 Comment vous portez-vous, mon très cher confrère ? Voyez-vous les deux échafauds, l’un de l’autre, au moyen des arbres éloignés ? Veuillez bien me répondre sur ces deux objets. Le citoyen Lucas a reçu les 2.000 livres qui restaient à toucher à la trésorerie sur les 10.000 accordés d’abord à la Commission des Poids et Mesures. Je crois qu’ils doivent être déjà remis pour vous au citoyen Buache. L’Institut National vient d’arrêter aujourd’hui dans sa séance générale d’inviter « le gouvernement à engager les puissances de l’Europe à nous envoyer des savants, qui de concert avec nous, fixeraient la longueur définitive du mètre », afin que cette mesure que nous désirons de faire adopter partout n’éprouve point d’obstacles des jalousies nationales et que tous les peuples puissent la regarder comme étant leur ouvrage. Ce sera une occasion pour Oriani, Fontana et quelques autres savants de venir à Paris, et nous serons enchantés de les voir. J’aurais bien désiré de pouvoir aller vous voir à Melun, mais quelques affaires que j’ai ici s’y opposent. Veuillez bien offrir mes tendres compliments au citoyen Rauchon, et me croire avec tout l’attachement possible, Votre confrère et ami. Laplace Si vous me faites l’amitié de m’écrire, veuillez bien faire remettre votre lettre à Monsieur Deheurles porteur de ce billet qui me le fera parvenir. New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
1. 24 janvier 1798.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
327. Laplace à Delambre, 10 pluviôse [an VI] [29 janvier 1798]
A Delambre à Melun Paris, ce 10 pluviôse [an VI]1 J’ai reçu hier au soir, mon très cher confrère, votre lettre datée du huit ; je vois avec plaisir que vous avez la presque certitude de voir vos deux signaux l’un de l’autre ; c’est une condition qu’il me paraît bien important de remplir et quoique l’on puisse y suppléer avec beaucoup d’exactitude par un signal intermédiaire. Cependant comme la chose paraît moins précise au premier coup d’œil, il est essentiel d’écarter cette prévention dans une opération dont nous voulons que l’exactitude soit à l’abri de toute objection. Je ne sais comment j’ai oublié dans ma dernière lettre de vous marquer que Cailhava a été élu à une très grande majorité ; il a atteint presque le maximum des voix tandis que son concurrent Palissot n’a presque eu que le minimum. Malheureusement pour lui, on se souvient de sa comédie des Philosophes. C’est un grand tort que de l’avoir faite, mais le temps doit un peu l’effacer. C’est d’ailleurs un homme de mérite et qui convenait à la place ; peut-être, si j’avais été membre de sa classe, je lui aurais donné ma voix, mais dans l’Institut j’ai été fidèle à mon principe de ne point m’écarter du choix des classes. Je suis fort aise que vous approuviez le parti qu’a pris l’Institut d’inviter les gouvernements à nous envoyer des savants pour fixer de concert avec nous l’unité fondamentale des poids et mesures. Vous sentez que tout cela n’est qu’une formalité, pour qu’ils puissent regarder cette mesure comme leur étant propre, et pour faire ainsi disparaître toute jalousie nationale et les déterminer à adopter ces mesures. Nous devions cela d’ailleurs à la République Cisalpine qui les a déjà adoptées ; nous aurons ainsi l’occasion de voir des savants qui seront bien aises eux-mêmes de venir à Paris. Il sera curieux de former un congrès scientifique à côté de celui de Rastadt et il y a grande apparence que ce qui sera arrêté dans le premier sera plus durable, et aura plus d’influence sur le bien-être de l’espèce humaine. C’est d’après ces vues que j’en ai fait la motion à la première classe de l’Institut qui l’a adoptée, et l’a présentée à l’Institut dans la dernière assemblée générale. Cela a été le sujet d’une discussion fort vive entre Borda et moi, mais le Général Bonaparte m’a appuyé et la chose 1. 29 janvier 1798.
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a été adoptée à la presque unanimité. Nous avons demandé les savants étrangers pour l’été prochain ; il sera donc nécessaire que toutes les opérations soient finies à cette époque, ainsi il n’y a point de temps à perdre. Veuillez bien l’écrire à Méchain et le presser afin de pouvoir présenter, à la fin de l’année républicaine, le mètre définitif au Corps législatif. Je dirai à Buache de garder l’argent qu’il a reçu pour vous. Je ne sais rien de nouveau, si ce n’est que le dernier volume des Observations de Maskelyne, l’Almanach nautique et les dernières Transactions philosophiques nous sont arrivées d’Angleterre. Il y a dans celles-ci un mémoire d’Herschel sur la rotation du premier et du quatrième satellite de Jupiter, que cet observateur trouve de même durée que la révolution de ces astres autour de la planète. Bouvard continue ses calculs sur la Lune ; trente observations de Maskelyne vers l’apogée, en 1794 et 1795, lui donnent 37",7 pour l’erreur moyenne des Tables dans ces points, ce qui confirme mes résultats sur cette matière. Je vous prie, mon cher confrère, de me rappeler au souvenir des citoyens Rauchon, d’Herbellot et Tarbé et d’offrir aux dames mes respectueux compliments. Agréez l’assurance de mon tendre et sincère attachement. Laplace Veuillez bien offrir mes compliments aux citoyens vos collègues. Collection Yves Laissus ; et publiée par Y. Laissus, dans la Rev. Hist. Sci., 14 (juilletdécembre 1961), 287-290.
328. [Cabanis] à [Laplace], 17 pluviôse an VI [5 février 1798]
Auteuil, 17 pluviôse an VI1 Il lui fait remettre un petit écrit qu’il vient de publier, intitulé : Du degré de certitude en médecine2. 1. 5 février 1798. 2. Pierre Jean Georges Cabanis, Du Degré de Certitude de la Médecine, Paris, an VI-1798.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
« Si ce n’était pas abuser de votre complaisance, je vous demanderais d’en offrir un de ma part à la première classe de l’Institut, comme un hommage de mon respect particulier1. Enfin, si vous aviez la bonté d’en présenter un au citoyen Lagrange et un autre au Général Bonaparte, auxquels je n’ai aucun droit de les présenter moi-même, je suis persuadé qu’ils les recevraient avec bienveillance de votre main ». [Cabanis] fragment B.N., MS, n.a.fr. 28061 (33), fol. 11, n° 18.
329. [Laplace] à [Talleyrand-Périgord], 6 ventôse an VI [24 février 1798]
Au Ministre2 6 ventôse an VI3 « Il lui rappelle la promesse qu’il a bien voulu lui faire de comprendre le citoyen Molerat dans la liste des personnes qu’il doit présenter au Directoire pour remplir la première place de Consul ou vice-Consul qui viendrait à vaquer dans les Etats-Unis ». [Laplace] fragment Catalogue d’une Belle Collection de Lettres Autographes dont la Vente Aura Lieu le jeudi 23 mars 1848 (Paris, 1848), n° 349 ; et Catalogue de la Belle et Importante Collection de Lettres Autographes de feu M. de la Jarriette [Aristide Letorzec] (Paris, 1860), p. 194, n° 1679. 1. P.V., Institut, 1, 343. 2. Charles Maurice de Talleyrand-Périgord. 3. 24 février 1798.
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330. le Jury des Ecoles centrales du Département de la Seine à l’Administration centrale du Département de la Seine, 7 ventôse an VI [25 février 1798]
7 ventôse VI1 « Le jury d’instruction des écoles centrales propose à l’administration du Département de Seine le citoyen Laromiguière, professeur d’histoire aux écoles centrales à la place de professeur de grammaire vacante par la démission du citoyen Daunou. Il propose en même temps le citoyen Coquebert pour remplacer le citoyen Laromiguière ». rédigé par Laplace, signé par lui, Garat et Lagrange. fragment Catalogue de la Collection de Lettres Autographes, Manuscrits du Comte de Mirabeau, Documents Historiques sur la Ligue, la Fronde, la Révolution, etc. de feu M. Lucas de Montigny (Paris, 1860), p. 295, n° 1651 ; et Revue des Autographes (mars 1909), n° 336, p. 7, n° 95.
331. William Herschel à [Laplace], 12 mars 1798
12 mars 1798 Monsieur, Acceptez le témoignage de ma reconnaissance pour la communication de vos belles découvertes touchant les mouvements de la Lune. L’utilité de ces 1. 25 février 1798.
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avancements dans la théorie de la pesanteur sera universelle, et tout le monde vous en sera redevable. J’espère que vous recevrez de grâce les mémoires que j’ai l’honneur de vous présenter comme venant de la part de votre plus sincère admirateur. Guillaume Herschel Slough près de Windsor copie Londres, Royal Astronomical Society, W.1, p. 228.
332. le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Le Tourneur], germinal an VI [mars/avril 1798]
Les membres composant le jury chargé de la classification des candidats examinés pour l’Ecole Polytechnique, Au Ministre de l’Intérieur1 germinal an VI2 Citoyen Ministre, Pour nous conformer aux dispositions que vous avez prises à l’égard des jeunes gens examinés à Caen pour l’Ecole Polytechnique, ce dont vous nous avez fait part dans vos lettres du 9 ventôse et du 7 germinal, nous avons comparé les résultats faits par le citoyen Costaz, et il nous a paru que des quatre sujets qui se sont présentés à lui, deux seulement étaient en état de profiter des leçons de l’Ecole Polytechnique, [à] savoir : les citoyens Jean-Baptiste Duval 1. Etienne François Le Tourneur. 2. mars/avril 1798.
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et Jean-Thomas Claston. Quant aux citoyens Gorgon-Loisel et Lhéricy, ils sont beaucoup trop faibles pour pouvoir être admis. Les deux premiers nous ont paru supérieurs à ceux que nous n’avons pas cru devoir porter sur la liste que nous vous avons présentée en brumaire dernier. Salut et respect. Bossut Laplace Cousin Lacroix Legendre A.N., F171388, dossier Ecole Polytechnique, Concours an 6e, élèves.
333. Laplace à [Delambre], 14 floréal [an VI] [3 mai 1798]
Paris, ce 14 floréal [VI]1 J’ai reçu avec beaucoup de plaisir, mon très cher confrère, la lettre que vous m’avez fait l’amitié de m’écrire. Je vous plains de la peine que vous donne la mesure de la base, qui vous tiendra plus longtemps que nous ne l’avions crû. Il est, cependant, bien important que toute l’opération de la mesure de l’arc soit terminée pour le temps que nous avons indiqué au Ministre des Relations Extérieures2, qui m’a dit avoir convoqué d’après cela les savants étrangers. Je vous engage donc à écrire à Méchain, afin qu’il n’apporte point de retard, et qu’immédiatement après la mesure de la base de Melun, vous puissiez faire celle de la base de Perpignan. Je vous annonce, au reste, que les 10.000 livres que nous avions demandées, ont été payées et sont dans les mains de Lucas, en sorte que l’opération n’éprouvera point de retard du côté des finances. Je me propose de vous aller voir à la fin de cette décade, et passer quelques jours à ma campagne, où je ne m’établirai définitivement que dans les premiers 1. 3 mai 1798. 2. Charles Maurice de Talleyrand-Périgord.
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jours de prairial ; mais vous serez encore dans nos cantons et Madame Laplace se fait d’avance un grand plaisir de vous recevoir au Mée1. Je n’ai des nouvelles de Borda que d’avant-hier ; il allait mieux, et j’espère qu’il est mieux encore aujourd’hui. Rien de nouveau à l’Institut et au Bureau des Longitudes. Vous savez que nous sommes en possession du grand quart de cercle de Le Monnier. Il est à l’Observatoire, mais il n’est pas encore placé. Il nous faut pour cela de l’argent ; il nous en faut encore pour achever l’établissement de la lunette méridienne. J’ai imaginé de lier cet objet à l’expédition savante qui se fait présentement et j’ai dit au Général Bonaparte, qu’il était indispensable de faire à l’Observatoire des observations correspondantes à celles des astronomes de l’expédition, et de nous donner, sur les fonds de l’expédition, 10 à 12.000 francs dont nous avons besoin pour mettre l’Observatoire en état. Il m’a paru goûter ce plan, et j’espère que nous aurons ces fonds. Agréez, mon cher confrère, l’assurance de mon tendre attachement. Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
334. le Jury des Ecoles centrales du Département de la Seine à l’Administration centrale du Département de la Seine, 21 floréal an VI [10 mai 1798]
Paris, ce 21 floréal an six2 Le jury des écoles centrales du Département de la Seine envoie à l’Administration du Département la démission du citoyen Lakanal de la place de professeur de législation dans les écoles centrales de ce Département. Le jury propose à l’Administration, le citoyen François Morand, ci-devant professeur à La Flèche, pour remplir la place vacante par la démission du citoyen Lakanal. Laplace Lagrange Chénier Turin, Biblioteca Civica. 1. Près de Melun. 2. 10 mai 1798. Billet de la main de Laplace.
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335. le Jury des Ecoles centrales du Département de la Seine à l’Administration centrale du Département de la Seine, 6 prairial an VI [25 mai 1798]
Paris, ce 6 prairial, an VI1 Le jury des écoles centrales du Département de la Seine propose à l’Administration centrale du Département pour remplir la place de professeur de physique dans une de ces écoles, vacante par la démission du citoyen Vauquelin, le citoyen Adet, que le jury avait proposé pour remplir la place de physique, qu’il avait crû que le citoyen Saussure laissait vacante, et qu’il a appris ensuite que ce savant se proposait de remplir. Le citoyen Lenoir-Laroche, nommé au Corps législatif, ayant proposé au jury pour le suppléer dans sa place de professeur de législation, le citoyen Perreau, le jury pense que ce savant est très en état de bien remplir ces fonctions. Laplace M. J. Chénier Lagrange Archives de Paris, 3AZ 148, pièce 4.
1. 25 mai 1798. Rédigé de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
336. [Madame Berthollet] à Madame Laplace, 26 messidor [an VI] [14 juillet 1798]
A la citoyenne Laplace au Mée près Melun Département de Seine et Marne Ce 26 messidor [an VI]1 Il y a longtemps aimable amie que je désire d’avoir de vos nouvelles et de celles de la chère Sophie. J’espérais que le citoyen Laplace viendrait à Paris pour la séance publique de l’Institut, qu’il viendrait dîner avec moi, et qu’il m’en donnerait. Il a trompé mon espoir. Le temps me paraît si long, ma chère amie, que je ne me souviens plus si je vous ai dit que j’avais eu des nouvelles de Monsieur Berthollet étant devant Malte la veille du jour où nous l’avons prise. Il me marque qu’il se portait bien et qu’il allait se recueillir dans des contrées plus lointaines pour y travailler ; il me semble que c’est aller bien loin se recueillir, j’en fais juge papa Lolo !2 On dit à Paris que nous allons avoir de la flotte des nouvelles très brillantes, je les attends avec avidité. Ne viendrez-vous donc pas bientôt l’un ou l’autre ? Comment pouvez-vous tenir en place si longtemps ? Pour moi, si mon activité n’était retenue par mon débiteur qui n’en finit pas, et dont je suis l’âme damnée, je serais déjà allée vous voir deux ou trois fois. Mais si le corps est ici, l’esprit et le cœur, quand je les maîtrise, sont souvent avec vous. Adieu, chère amie de vos nouvelles ! [Madame Berthollet] lettre complémentaire Bancroft, box 14, dossier 33.
1. 14 juillet 1798. 2. Pierre Simon Laplace.
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337. Laplace à Darquier, 9 thermidor an VI [27 juillet 1798]
A Darquier Au Mée, ce 9 thermidor an VI1 On m’a dit, citoyen collègue, que vous avez adressé au citoyen Lalande, un grand nombre d’observations de la Lune, toutes calculées et comparées aux tables. Je commence par vous féliciter de vos nombreux travaux et du zèle avec lequel vous contribuez aux progrès de l’astronomie. Pour rendre vos observations encore plus utiles, permettez-moi de vous adresser quelques réflexions. Les Tables de la Lune insérées dans la troisième édition de l’Astronomie du citoyen Lalande, me paraissent être d’une grande exactitude, quant aux inégalités périodiques, mais elles ont besoin de quelques corrections essentielles dans leurs moyens mouvements à leurs époques. Il paraît par la comparaison de ces tables à un grand nombre d’observations de Maskelyne faites dans ces dernières années et discutées avec soin, qu’il faut diminuer d’environ 19" l’époque actuelle de la longitude moyenne. Ce n’est pas tout encore. Vous avez pu voir dans la Connaissance des Temps pour l’an 8 de l’ère française2 que la théorie de la pesanteur, m’a donné dans le moyen mouvement de l’anomalie 43 de la Lune, une équation séculaire additive et égale à ------ de l’équation sécu10 laire du moyen mouvement et qu’en employant cette équation, l’ensemble des anciennes éclipses donnait une augmentation d’environ 8½' dans le moyen mouvement séculaire de l’anomalie des tables ; en supposant donc que l’époque de l’anomalie ait été bien fixée par Mayer pour 1756, d’après les observations de Bradley ; elle est maintenant trop peu avancée dans les tables de 3½', ce qui produit une erreur possible vers l’apogée ou le périgée de la Lune, et ces deux causes réunies peuvent écarter maintenant les tables des observations de 40" au moins dans l’apogée, il importe donc également à la théorie des longitudes et à celle de la Lune de rectifier, sous ce rapport, les tables. La comparaison d’un grand nombre d’observations de la Lune que vous avez faites et discutées, peut répandre un grand jour sur cette matière, et je vous aurais, en mon particulier, une grande obligation, si vous aviez la bonté 1. 27 juillet 1798. 2. « Sur les équations séculaires des mouvements de l’apogée et des nœuds de l’orbite lunaire », Connaissance des Temps pour l’an VIII (1799-1800), 362-370 ; et Laplace, O.C., 13, 314.
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de discuter les dernières que vous avez envoyées au citoyen Lalande, par cette méthode. Prenez parmi ces observations toutes celles dans lesquelles la Lune n’est pas à plus de 42° ou 43° de son apogée, elles seront d’autant plus avantageuses qu’elles seront plus près de l’apogée ; je suppose que le nombre en soit n . Déterminez pour chaque observation l’erreur des tables de l’Astronomie de Lalande, c’est-à-dire l’excès de la longitude observée sur la longitude calculée par ces tables ; soit E la somme de ces erreurs. Faites ensuite croître l’anomalie moyenne, de 3' dans chaque observation, déterminez la diminution qui en résulte dans la longitude calculée. Vous pouvez dans ce calcul, n’avoir égard qu’à l’argument de l’évection et à l’équation de l’orbite. Soit – h la somme de toutes les diminutions dans toutes les observations apogées que vous considérez et x le nombre par lequel il faut multiplier l’augmentation supposée de 3', pour avoir la véritable augmentation ; soit encore H , la correction de l’époque du moyen mouvement ; cela posé vous formez l’équation nH – hx = E .
Prenez ensuite dans le nombre des observations que vous avez envoyées au citoyen Lalande, toutes celles dans lesquelles la Lune n’était pas à plus 42° ou 43° de son périgée ; calculez-les de la même manière que les précédentes ; soit E’ la somme des erreurs des mêmes tables ; hc la somme des accroissements des longitudes calculées, en augmentant dans chaque observation, l’anomalie moyenne, de 3' ; enfin soit nc le nombre des observations ; vous formerez l’équation ncH – hcx = Ec ;
de ceux ces deux équations, on tire
– ncE- , x = nEc ---------------------nhc + nch + E + h – hc x- . H = Ec -----------------------------------------n + nc
Il faut pour plus d’exactitude, faire en sorte que n et nc soient les plus grands qu’il est possible, et égaux ou peu différents l’un de l’autre. Ainsi vous aurez à la fois, et la correction H , de l’époque de la longitude moyenne, et la correction se rapportant à l’époque moyenne entre les n + nc observations ; et pour la déterminer, il faudra faire la somme des jours écoulés depuis l’obser-
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vation la plus ancienne de toutes ces n + nc observations, jusqu’à chacune des autres observations, diviser cette somme par n + nc , et ajouter le quotient à l’époque de l’observation la plus ancienne. Je dois vous faire observer que nous négligeons maintenant à Paris, comme on le fait en Angleterre, l’équation 18 des Tables de la Lune, parce que cette équation n’est point dans la théorie. Vous savez que les tables de l’Astronomie de Lalande ne différent de celles de Mayer que par les époques de la longitude et par l’équation séculaire ; mais il importe peu de quelles tables vous vous serez servi ; pourvu que vous ayez employé toujours les mêmes. Voilà, citoyen collègue, les calculs que je vous prie de faire sur vos observations, et qui vous seront d’autant plus faciles, que j’imagine bien que vous aurez conservé tous les arguments de vos lieux calculés. Je n’ai pas besoin de dire à un astronome aussi exercé et aussi bon observateur, combien il est essentiel que les calculs soient répétés deux fois, pour être assuré de leur exactitude. J’ai engagé un de nos astronomes de Paris, à calculer suivant la méthode précédente les meilleures observations de la Lune de Maskelyne ; tous les calculs sont répétés deux fois par des calculateurs différents, et il sera très curieux de voir jusqu’à quel point les résultats tirés de ces observations qui me paraissent excellentes, s’accordent avec les vôtres. Si comme je n’en doute point, ils sont parfaitement d’accord, nous pourrons corriger avec assurance les Tables de la Lune et leur rendre la précision qu’elles ont pour les observations du milieu de ce siècle, mais qu’elles cessent d’avoir pour les observations actuelles ; nous aurons de plus une confirmation entière par les observations de l’équation séculaire de l’anomalie, que la théorie m’a donnée ; puisque la nécessité d’accélérer le mouvement de l’anomalie à laquelle l’introduction de cette équation conduit accessoirement pour satisfaire aux observations anciennes, sera mise hors de doute. Voilà, citoyen collègue, bien des motifs pour vous engager à entreprendre les calculs que je vous demande. Si vous aviez la bonté de vous en occuper, je vous prie de m’en envoyer les résultats à Paris, sous cette adresse : au citoyen Laplace de l’Institut National, rue des Grands-Augustins, n° 24, à Paris. Je me rappelle au plaisir d’avoir eu plusieurs fois l’honneur de vous voir à Paris, chez mon ami Dionis du Séjour ; et depuis ce temps je me suis informé souvent de vous, comme de l’un de nos astronomes les plus distingués, dont les travaux sont les plus utiles à l’avancement de la plus sublime de toutes les sciences. Agréez l’assurance des sentiments d’estime et de considération avec lesquels je suis, votre concitoyen et collègue. Laplace
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J’oubliais de vous prier de me dire de quel catalogue vous avez fait usage, pour réduire à l’époque de vos observations les étoiles auxquelles vous avez comparé la Lune et quelle précession vous avez employée pour cette réduction ; car vous n’ignorez pas que les astronomes ne sont pas d’accord sur 1 1 la précession annuelle que quelques uns portent à 50" --- d’autres à 50" --- , et que 3 4 Delambre et Zach réduisent à 50", ou même au-dessous, c’est ce qui répand beaucoup d’incertitude sur le moyen mouvement de la Lune. Vous savez que nous avons acquis à l’Observatoire le grand mural de Bird, du citoyen Le Monnier ; on y établit encore d’une manière très solide une excellente lunette méridienne, le premier usage que l’on fera de ces instruments sera pour observer la Lune. Annales de l’Observatoire de Toulouse, 12, (1936), 279-282. Original dans la collection Roques.
338. document, 17 thermidor an VI [4 août 1798]
17 thermidor an 61 Je lègue pour dix années à dater de la publication du dernier volume de l’ouvrage la propriété du Traité de Mécanique Céleste en quatre volumes au citoyen Duprat libraire, à la condition par lui d’imprimer sans délai et sans interruption les volumes de cet ouvrage successivement, sans que cependant il puisse réclamer d’indemnité, dans le cas où tous les volumes ne lui seraient pas livrés. Le citoyen Duprat s’engage à me donner autant d’épreuves que j’en demanderai, à imprimer l’ouvrage de format in-quarto sur beau papier et avec de bons caractères ; à ne donner communication à personne, pendant le cours de l’impression, ni du manuscrit, ni des épreuves, ni des bonnes feuilles, sans mon consentement exprès ; enfin, à me remettre à mesure que les volumes paraîtront et avant de les mettre en vente, 50 exemplaires de chacun, dont 10 reliés en veau et 40 brochés. 1. 4 août 1798.
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Le citoyen Duprat ne pourra pas vendre la première partie de l’ouvrage partiellement ; il est tenu de vendre à la fois les deux volumes qui la composent. Si dans l’intervalle des dix années pendant lesquelles le citoyen Duprat aura la jouissance de la propriété de mon ouvrage, il y avait lieu d’en faire une seconde édition, le citoyen Duprat ne pourrait l’entreprendre sans mon consentement et ma participation1. Il ne fera tirer de la première édition que 1500 exemplaires au plus. Fait double entre nous, à Paris, le 17 thermidor de l’an six Laplace Duprat document Bancroft, box 18, dossier 9.
339. Laplace à Bouvard, 15 fructidor [an VI] [1er septembre 1798]
Au Citoyen Bouvard Astronome à l’Observatoire A Paris Au Mée, ce 15 fructidor [VI]2 J’ai calculé, citoyen et cher collègue, les lieux excentriques de Jupiter et de Saturne par les tables pour le 8 novembre de l’an 1007. Je ne trouve point les mêmes résultats que vous. Je ne trouve qu’une distance de 12' environ, entre les deux planètes pour cet instant, au lieu de 59' que vous trouvez, autant qu’il m’en souvient. Peut-être cela tient-il à ce que vous n’avez point employé avec 1. Ajouté en écriture plus fine. 2. 1er septembre 1798.
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leur véritable signe les variations séculaires des équations du centre. Comme il s’agit d’un temps antérieur à l’époque de 1750, le signe de la table doit être changé. Je vous engage donc, si vous ne l’avez pas déjà fait, à revoir vos calculs. L’observation d’Ibn Yünus me paraît très importante, et me porte à croire que le moyen mouvement de Saturne a besoin d’une légère correction, ainsi que l’époque où la grande inégalité de Saturne est nulle. Le citoyen Burckhardt a calculé de nouveau cette inégalité par mes formules. J’ignore quelle est l’époque où il la trouve nulle. Je vous prie de l’engager de ma part à m’envoyer les résultats de ses calculs sur cet objet. Je lui offre mille tendres compliments, et je le prie de revoir avec une grande attention les épreuves de mon ouvrage. Peut-être sera-t-il très difficile de déterminer à cinq ou six années près par la théorie, l’époque où cette inégalité commence à cause des quantités négligées dans le calcul. L’observation d’Ibn Yünus est très favorablement située pour la déterminer, et lorsque je soumettrai à un nouvel examen la théorie de Jupiter et de Saturne, elle me sera très utile. Je vous engage donc, mon cher collègue, à prier le citoyen Caussin de traduire avec le plus grand soin cette partie du manuscrit arabe. Je soupçonne que l’époque de l’observation d’Ibn Yünus répond au 7 novembre et non au 8. C’est un point que vous pourrez vérifier par les ères d’Alexandre et de Dioclétien. Vous verrez d’ailleurs dans l’Astronomie de Lalande tome II, page 263 que dans L’Art de Vérifier les Dates, l’année de l’Hégire commence un jour plus tard que suivant Grævius, ce qui me donne lieu de croire que l’époque de l’observation dont il s’agit répond au 7 novembre, et alors les tables ne sont en défaut que d’environ neuf à dix minutes. Je désirerais que vous voulussiez bien calculer cette observation par les tables de Halley, et je vous prie de m’envoyer le résultat de ce calcul. Je parcours de temps à autre la Connaissance des Temps pour l’an IX. Il faudra y mettre quelques cartons, entre autre à la page 5 du calendrier dans laquelle il faut mettre [des] articles principaux du calendrier pour l’année IX ou pour l’année 1801, ancien style. Je crois qu’il convient de supprimer le nombre d’etc. Dans les additions, toutes les évaluations en pieds, pouces, etc. doivent être changées, excepté peut-être dans les observations du citoyen Messier qui sont tirées de son journal. Agréez, mon cher collègue, l’assurance de mon attachement inviolable. Laplace Vu les mouvements propres des étoiles, il me parait bon d’observer les conjonctions des planètes les unes avec les autres. Celles que renferment le manuscrit arabe sont très précieuses et nous seront très utiles quand nous formerons de nouvelles tables du système planétaire. Ce manuscrit est extrême-
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ment intéressant, et je remercie bien le citoyen Messier de nous l’avoir procuré. Je n’ai pas besoin de vous en recommander le calcul des éclipses. Leipzig, Universitätsbibliothek, Handschriftenabteilung.
340. Laplace à [Oriani], 15 vendémiaire [an VII] [6 octobre 1798]
Paris, ce 15 vendémiaire an 71 Citoyen, L’intérêt que vous avez bien voulu prendre à mes recherches me donne lieu de penser que vous ne serez pas fâché d’apprendre que l’on imprime dans ce moment un Traité de Mécanique Céleste, dans lequel j’ai refondu les divers mémoires que j’ai publiés sur le système du monde. Ce traité est divisé en deux parties, dont la première renferme toute la théorie des mouvements et de la figure des corps célestes ; la seconde partie renferme les applications de cette théorie aux planètes, aux satellites, et aux comètes. La première partie qui sera de deux volumes in-4° d’environ 400 pages chacun est la seule que je publie maintenant. Je compte qu’elle paraîtra dans un an, et je serai très empressé de vous en offrir un exemplaire, comme un gage de l’estime que vous m’avez depuis longtemps inspirée. J’aurai besoin pour la seconde partie de votre secours. Tout ce qui concerne la théorie des planètes sera fondé sur les formules que j’ai données dans ma théorie de Jupiter et de Saturne, formules dont vous avez déjà fait les plus heureuses applications. Je vous prie donc de vouloir bien déterminer par ces formules toutes les perturbations des mouvements planétaires depuis Mercure jusqu’à Uranus. Le citoyen Delambre m’a promis de son côté de faire les mêmes recherches. Par ce moyen vos calculs se vérifieraient réciproquement, et l’on serait assuré d’avoir des résultats d’une grande exactitude. Sans cela, il ne peut y avoir de bonne astronomie planétaire, et l’on ne peut savoir si des 1. 6 octobre 1798.
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attractions étrangères, telles que celles des comètes et des étoiles, ont une influence sensible sur les mouvements des planètes. Un jeune homme envoyée à Paris par la Duchesse de Saxe-Gotha, le Docteur Burckhardt, qui réunit beaucoup de zèle à beaucoup d’intelligence, s’occupe pareillement de ces calculs. Il a de nouveau calculé les perturbations de Jupiter et de Saturne, en employant des éléments encore plus exacts que ceux dont j’avais fait usage, et il a retrouvé à très peu de choses près mes résultats. Je vous observerai, relativement à ces deux planètes, que leur grande inégalité produit parmi les termes dépendants des carrés et des produits des forces perturbatrices une variation sensible dans les mouvements des aphélies et dans les excentricités qui s’ajoute aux variations à peu près proportionnelles au temps de ces quantités. J’en donne les formules dans mon ouvrage. Il est d’autant plus essentiel d’y avoir égard que, sans cela, on parviendrait à des valeurs fautives des masses de ces planètes, si l’on voulait les déterminer dans la suite par les variations séculaires des aphélies et des excentricités. Mais dans le système planétaire, Jupiter et Saturne sont les deux seules planètes où ces termes soient sensibles. Il y a encore parmi les termes dépendants du carré des forces perturbatrices quelques petites inégalités périodiques dont l’effet est sensible et dont vous trouverez les formules dans mon ouvrage. Le Docteur Burckhardt a calculé les perturbations de Mars. Il me prie de vous envoyer ses résultats pour les comparer aux vôtres, si vous vous êtes occupés de ces perturbations. Vous avez pu voir dans la Connaissance des Temps pour l’an 8 le résultat de mes recherches sur l’équation séculaire de la Lune1. J’en vais imprimer l’analyse qui paraîtra dans le second volume des Mémoires de l’Institut National2. Par un grand nombre d’observations de Maskelyne, Bradley, La Hire et Flamsteed comparées aux tables de l’Astronomie de Lalande, il paraît qu’il faut maintenant diminuer de 19" l’époque de la longitude moyenne de la Lune, et augmenter de 3'20" l’anomalie moyenne, au commencement de 1795. Le mouvement séculaire de l’anomalie des tables doit être augmenté de 8'½, et il faut lui appliquer à partir de 1700 une équation séculaire additive égale à 43/10 de celle du moyen mouvement. C’est d’après ces données reconnues indispensables par toutes les observations que l’on calcule présentement la Connaissance des Temps. Ces corrections des Tables de la Lune comparées aux observations de Maskelyne leur donne une précision véritablement surprenante. Nous supprimons maintenant, comme à Londres, l’équation XI de ces tables, dont l’argument est la longitude du nœud de la Lune. 1. « Sur les équations séculaires des mouvements de l’apogée et des nœuds de l’orbite lunaire », Connaissance des Temps pour l’an VIII, 362-370 ; Laplace, O.C,. 13, 3-14. 2. « Mémoires sur les équations séculaires des mouvements de la Lune, de son apogée et de ses nœuds », Mémoires de l’Institut National des Sciences et Arts. Sciences Mathématiques et Physiques, 2 (an VII), 126-182 ; Laplace, O.C., 12, 191-234.
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Voudriez-vous bien me rappeler au souvenir du citoyen Fontana et lui offrir mille tendres amitiés de ma part ? J’ai reçu sa lettre avec le plus grand plaisir, et je le remercie bien sincèrement de m’avoir procuré la connaissance d’un homme aussi recommandable à tous égards que le citoyen Mascheroni, que je me propose bien de cultiver particulièrement cet hiver. Les Citoyens Berthollet et Monge m’ont paru enchantés du citoyen Fontana, et j’ai bien véritablement envié l’avantage qu’ils ont eu de vous avoir l’un et l’autre. Mais la pensée que j’ai quelque part dans votre amitié me console un peu de votre éloignement, et je vous prie de croire que j’y réponds par l’attachement le plus vif et par la plus sincère estime. Veuillez bien tous les deux en agréer l’assurance de me donner de vos nouvelles et me faire part des résultats de vos travaux auxquels je prends le plus vif intérêt. Salut et tendre amitié. Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1798, 1798 10 06 PSL BO.
341. [Laplace] à [Caussin], 17 vendémiaire an VII [8 octobre 1798]
17 vendémiaire an VII1 Il lui prie de traduire des manuscrits arabes qui traitent de la conjoncture de Jupiter et Saturne. Dans la minute de sa réponse, Caussin explique que la traduction lui est peut-être plus difficile à lui-même qu’à Laplace. [Laplace] description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Noël Charavay) (février 1913), p. 13, n° 74859 ; et Paris, G. Morssen, Catalogue d’Autographes (hiver 1971-1972), n° 291. 1. 8 octobre 1798.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
342. Laplace à Bouvard, 23 vendémiaire an VII [14 octobre 1798]
sans description B.N., n.a.fr. 28061 (106), n° 273.
343. document, 21 brumaire an VII [11 novembre 1798]
Paris, 21 brumaire an VII1 Papier autographe signé de Laplace, qui consiste en une quittance de la somme de 500 francs, à lui soldée par Bonneville, comme à compte sur celle de 12.000 francs qu’il lui doit pour la cession de l’ouvrage intitulé : Exposition du système du monde. description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Etienne Charavay) (janvier-avril 1877), p. 4, n° 28053 ; et Inventaire des Autographes et des Documents Historiques Réunis par M. Benjamin Fillon, Séries I et II, Initiateurs-inventeurs, chefs de gouvernement (Paris, 1878), I, p. 19, n° 65 (Vente du 16 et 17 février 1877).
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344. Burckhardt à [Laplace], 21 brumaire an VII [11 novembre 1798]
Paris, le 21 brumaire an 71 Citoyen, J’ai l’honneur de vous adresser les résultats des calculs dont vous m’aviez chargé. J’aurais souhaité de trouver quelque chose de plus satisfaisant pour l’anomalie moyenne, mais il ne m’a pas été possible de deviner l’arrangement des tables, ce qui est pourtant nécessaire pour avoir la constante dont les époques de l’anomalie moyenne et de la Lune sont diminuées. Mais si vous croyez que cela vaille la peine, je demanderai le secours du citoyen Caussin. Les Tables de la Lune d’Oulug Beg donnent pour 1447 La longitude moyenne de la Lune moins avancée de 7°30'53" que nos tables (en ne faisant pas attention à l’équation séculaire). L’anomalie moyenne de la Lune moins avancée de 15°35'0" que par nos tables. La longitude du supplément du nœud est de 13'36" plus grande que par nos tables. Il m’a semblé que dans la Connaissance des Temps de l’an VIII vous supposez le mouvement séculaire du nœud 7",8, ce qui ferait, pour 3 1/10 siècles, 1'18" ce qui doit s’ôter de 13'36" restera 12'18" ou 3'58" par siècle dont on doit diminuer le mouvement séculaire du supplément du nœud de nos tables. Vous avez trouvé 3'20" par les Tables d’al-Battani et 2'20" par celles de Ptolémée. J’ai l’honneur d’y ajouter l’extrait des Tables d’Oulug Beg. L’équation de la 7ème table va jusqu’à 26°. Le maximum de la 8è table s’accorderait avec la double équation du centre de nos tables ; mais les autres termes de la table ne sont pas représentés par cette hypothèse. C’est tout ce que j’ai pu deviner jusqu’à présent. Si vous souhaitez que je demande le secours du citoyen Caussin pour ce qui reste, vous n’avez qu’à m’ordonner. Mes respects à Madame. Burckhardt Bancroft, box 18, dossier 17. 1. 11 novembre 1798.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
345. Laplace à Caussin, 9 frimaire an VII [29 novembre 1798]
Au Citoyen Caussin, professeur d’Arabe Au Collège de France Ce 9 frimaire an 71 Agréez, citoyen, mes sincères compliments sur la traduction extrêmement intéressante que vous venez de faire. Ayez la bonté, lorsqu’elle sera mise au net, de me la communiquer, et ensuite, vous la présenterez à l’Institut National, qui, je vous en réponds d’avance, la recevra avec le plus vif intérêt. J’espère que nous aurons l’ouvrage entier d’Ibn Yünus, qui nous donnera une idée juste de l’astronomie arabe, beaucoup plus parfaite qu’on ne le pense ordinairement. Je vous recommanderai ensuite les manuscrits de Näsir-al-Dïn et d’Oulug Beg2. Voilà les services importants que les sciences attendent des personnes versées, comme vous, dans les langues orientales. Agréez, en mon particulier, l’expression de ma vive reconnaissance. Laplace Berlin, Staatsbibliothek, Slg. Darmstaedter J 1796.
1. 29 novembre 1798. 2. Ulugh Beigh, Prolégomènes des Tables Astronomiques d’Ouloug-Beg, éd. Louis Amélie Sédillot (Paris, 1847).
ANNÉE 1798
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346. document, 12 frimaire an VII [2 décembre 1798]
Etat du principal de la contribution foncière du citoyen Laplace de l’institut National, et domicilié dans la commune du Mée, canton de Boissise la Bertrand 12 frimaire an 71 400 francs pour un bien situé dans les communes de Cambremer et d’Estrées, Département du Calvados. 122 francs 50 centimes pour un bien situé dans la commune de Vaux le Pénil. 41 francs 42 centimes, pour un bien situé dans la commune du Mée. Total : 563 francs 92 centimes. Je prie le jury de vouloir bien observer 1° que depuis près de deux ans, je ne suis point payé de mon fermier, dans le département du Calvados, [et] 2° que l’étude des sciences à laquelle je me suis exclusivement livré depuis mon enfance, et une famille assez considérable à élever et à entretenir, ne m’ont laissé d’autres moyens pour pouvoir déterminer ma fortune qu’une sévère économie, et le tout attaché à des fonctions que je rempli dans l’instruction publique, [avec un] traitement qui a subi une grande réduction, dont la paye est fort arriérée, et qui d’ailleurs m’a occasionné des dépenses lourdes et considérables du loyer. Ce 12 frimaire an 7 Laplace brouillon Bancroft, box 8, dossier 7.
1. 2 décembre 1798.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
347. [François de Neufchâteau] à Laplace, Bossut, Monge, Lévêque, Labey, [frimaire an VII] [novembre/décembre 1798]
Aux citoyens Laplace, Bossut, Monge, Lévêque et Labey1 [frimaire an VII]2 Citoyens, la loi du 15 frimaire an III3 ayant ordonnée que l’admission des candidats annuels pour l’Ecole Polytechnique serait prononcé par un jury composé de cinq membres, je vous nomme pour composer ce jury, conjointement avec les Cens ---. Vos lumières et votre impartialité me répondent de la bonté des choix que vous ferez et le mérite respectif des aspirants étant apprécié en même temps par ceux qui les ont interrogé et par ceux qui ont jugé les élèves, l’examen ne peut manquer d’offrir des résultats certains. Convaincu, par les observations réitérées du jury des années précédentes, de l’inconvénient d’avoir à prononcer sur des notes qui ne suppléent qu’imparfaitement à ce que peut dire l’examinateur lui-même, j’ai autorisé les citoyens Barruel et Garnier, adjoints cette année aux citoyens Lévêque et Labey, à assister à vos délibérations pour vous donner les renseignements dont vous pourrez avoir besoin relativement aux jeunes gens qu’ils ont examinés. Mais la loi ayant fixé à cinq le nombre des membres du jury, les citoyens Barruel et Garnier n’y pourront avoir que voix consultatives. Je vous invite, citoyens, à vous concerter entre vous dès que les examens seront terminés pour m’en présenter le résultat sous le plus court délai. Salut et fraternité. brouillon pour le Ministre de l’Intérieur4 A.N., F17 1386, dossier 5, pièce 150.
1. 2. 3. 4.
Marqué en haut « cinq lettres ». novembre/décembre 1798. 5 décembre 1794. François de Neufchâteau.
ANNÉE 1798
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348. [Laplace] à [?], s.d. [1798]
s.d. [1798] Il est persuadé qu’on peut tirer un grand parti des manuscrits arabes pour l’astronomie. [Laplace] description B.N., n.a.fr. 28061 (106), n° 699.
349. Laplace à Lacepède, an VII [1798/1799]
Sans description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Charavay) (janvier-février 1857), n° 84, p. 5, n° 8441.
350. [Laplace] à Caussin, 24 pluviôse [an VII] [12 février 1799]
Au Citoyen Caussin, Professeur d’arabe, au Collège de France Ce 24 pluviôse [an VII]1 J’ai l’honneur d’offrir mille compliments au citoyen Caussin, et de lui envoyer une lettre que j’ai reçue du Ministre des Relations Extérieures2. Il verra par cette lettre que nous ne pouvons pas espérer l’ouvrage entier d’Ibn Yünus, dont la bibliothèque de Leyde ne possède qu’un quart. Je le prie de traduire les titres de cette partie de l’ouvrage, et nous jugerons par là des chapitres dont il convient de demander la copie. Nous n’avons pas besoin des tables astronomiques ; il nous suffit de connaître les fondements de ces tables. Quant à l’ouvrage d’al-BattƗnƯ, il faudra faire une nouvelle tentative auprès du gouvernement espagnol. Notre ambassadeur, le citoyen Tranguet, m’a promis de s’y intéresser vivement. Il aura sans doute plus de crédit qu’un simple chargé d’affaires, et d’ailleurs, je prierai de nouveau le citoyen Talleyrand d’appuyer fortement la demande. [Laplace]3 Paris, Archives de l’Académie Française, Collection Moulin, dossier P.S. Laplace, 1G47.
1. 12 février 1799. 2. Charles Maurice de Talleyrand-Périgord. 3. Sans signature, mais de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
351. Laplace à Bouvard, 1 ventôse [an VII] [19 février 1799]
Au citoyen Bouvard astronome à l’Observatoire National à Paris Ce 1 ventôse [VII]1 Je ne sais, mon cher confrère, si en formant les équations de condition de vos éclipses, vous êtes parti de l’époque de 1756, époque à laquelle les corrections des époques de l’anomalie et de la longitude moyenne de la Lune sont nulles ou très petites. Si vous ne l’avez pas fait, je vous engage à le faire. La différence sera plus sensible pour les éclipses anciennes, mais elle l’est beaucoup pour celles de Tycho. Ainsi pour toutes les éclipses, il convient de partir, non de l’époque de 1700, mais du commencement de 1756. Je pense que les éclipses de Tycho s’accordent avec les autres. Au reste, venez, quartidi, dîner avec moi. Nous causerons ensemble de cela et ensuite nous irons au Bureau des Longitudes. Salut et attachement. Laplace B.N., MS, n.a.fr. 3282, fols 166r-167v.
1. 19 février 1799.
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352. le Jury des Ecoles centrales du Département de la Seine à [l’Administration centrale du Département de la Seine], 4 ventôse an VII [22 février 1799]
A Paris, 4 ventôse an VII1 Le jury des écoles centrales du Département de la Seine propose à l’Administration centrale du Département, le citoyen Bouillon-Lagrange, attaché à l’Ecole Polytechnique, pour remplir la place de professeur de physique vacante par la mort du citoyen Saussure. Il propose également à l’Administration centrale du Département, le citoyen Vincent, peintre, membre de l’Institut National, pour remplir la place de professeur de dessin, vacante par la mort du citoyen Boullée. Laplace Lagrange M.J. Chénier Séance du 6 ventôse2 adopté par l’Administration faire l’arrêté conforme New York, Columbia University, Rare Book and Manuscript Library, D.E. Smith Historical Collection ; et publiée par George Sarton, « Lagrange’s personality (17361813) », Proceedings of the American Philosophical Society, 88 (1944), 494.
1. 22 février 1799. Ce billet est rédigé de la main de Laplace. 2. Trois lignes d’une autre main sont ajoutées par l’Administration.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
353. [Le Sage] à Laplace, 1er mars 1799
Au célèbre citoyen Laplace, membre de l’Institut, etc., à Paris De Genève, Grand Rue, 1er mars 1799 Citoyen, Comme votre dernière lettre ne demandait aucune réponse, j’ai attendu pour vous en remercier et pour qu’il se présentât quelque occasion d’ami [pour] m’entretenir dans votre souvenir. Vous remarquez fort bien, Monsieur, que la connaissance du mécanisme de la gravité ne sera probablement pas de longtemps directement utile à l’astronomie. Aussi n’était-ce presque point cette utilité-là que je lui attribuais dans ma lettre du 30 mars 1784. Vous observez très judicieusement aussi qu’il me sera bien difficile d’établir la réalité de mon mécanisme par quelque altération observée dans les mouvements des astres – observés, dis-je ; et qui cependant ne découleraient pas de la gravité toute nue. Ainsi mes preuves de cette réalité sont-elles presque toutes d’un genre fort différentes de celle-là. Vous proposez de calculer dans votre Traité de Mécanique Céleste les altérations qui doivent résulter (à la longue) de ma théorie « dans les moyens mouvements et les orbites des planètes et des satellites ». Je serai charmé de la célébrité que votre nom et ces calculs donneront à la chose. Et je suis prêt à vous fournir les éclaircissements et déterminations que vous jugerez être nécessaires, nécessaires dis-je pour poser plus distinctement l’entrée des calculs que je ne le fis quand j’imprimais mon Essai de Chymie Mechanique1. Car vous devez bien présumer, Monsieur, que je ne suis pas resté oisif là-dessus pendant les 38 années qui se sont écoulées depuis cette impression. J’ai toujours recueilli soigneusement des différents journaux tout ce qui concernait vos belles et profondes découvertes. Celles qui roulent sur la théorie de la Lune serviront à en perfectionner les tables, et seront par conséquent d’une utilité palpable. Mais je prise aussi beaucoup celles qui démontrent que les dérangements des autres corps célestes sont périodiques-même. Parce que quoique ces découvertes-là ne soient guère intéressantes que pour les philoso1. En 1758.
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phes, cette classe du genre humain mérite qu’on fasse quelque chose pour elleseule. Ces deux espèces de démonstrations sont si étonnantes qu’elles me sollicitent importunément de joindre la plus grande admiration au respect que vos travaux précédents m’avaient déjà inspirés à [...] V. [Le Sage] brouillon B.GE., MS Suppl. 518, fol. 56.
354. le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Guyton-Morveau], 25 ventôse an VII [15 mars 1799]
Au citoyen Directeur de l’Ecole Polytechnique1 Paris Le jury des examinateurs de l’Ecole Polytechnique aux membres du Conseil de ladite école Ce 25 ventôse an VII2 Citoyens, Nous venons de terminer le programme des objets sur lesquels doivent être examinés les aspirants à l’Ecole Polytechnique. Nous nous proposons de vous le communiquer octidi prochain, à dix heures du matin, si ce jour vous 1. Guyton-Morveau. 2. 15 mars 1799. Ce billet n’est pas rédigé de la main de Laplace, mais il est signé par lui.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
convient. Nous nous rendrons en conséquence à l’Ecole Polytechnique. Salut et fraternité. Labey Bossut Laplace P. Lévêque Monge New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
355. [Laplace] à William Herschel, 7 germinal an VII [27 mars 1799]
A William Herschel 7 germinal an VII1 « Je prie Docteur Herschel d’agréer l’exemplaire ci-joint d’un de mes mémoires, comme une marque de ma reconnaissance pour ceux qu’il a eu la bonté de m’envoyer. Je lui serais extrêmement obligé s’il voulait se donner la peine de mesurer avec grand soin, la distance du dernier satellite de Saturne, à sa planète, et celle du dernier satellite de la planète Uranus à son centre. Ces déterminations sont très importantes pour avoir les masses de ces deux planètes et pour former de bonnes tables de Jupiter, de Saturne et d’Uranus. Je les recommande donc avec vive instance au docteur Herschel ; il serait bon de mesurer les distances des satellites dans deux points opposés de l’orbite, pour avoir des résultats indépendants de l’ellipticité de l’orbe. [...] » [Laplace] fragment Marburg, Catalog J.A. Stargardt, n° 623 (5-6 mars 1985), n° 543 ; et Paris, Catalogue Thierry Bodin (6-7 mars 2007, Salle Drouot). 1. 27 mars 1799.
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356. [Laplace] à Lacepède, 7 germinal an VII [27 mars 1799]
A Lacepède Paris, 7 germinal VII1 Il lui recommande le lieutenant Deheurles, invalide, qui doit passer dans les compagnies de vétérans, et qui « mérite le plus vif intérêt par ses qualités civiles et morales, et par les blessures honorables qu’il a reçues à l’armée ... « Je ne demande d’ailleurs pour lui, que la justice, c’est-à-dire qu’il soit placé au rang que lui assignent son grade et ses services ». Il fait dire à Madame Lacepède que « cette année tous les électeurs de Melun n’afficheront point le luxe des manchettes ». [Laplace] description et fragment Paris, Thierry Bodin, Catalogue d’autographes (juin 1981), n° 237.
1. 27 mars 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
357. Laplace à Bouvard, 25 germinal an VII [14 avril 1799]
Au Citoyen Bouvard1 astronome du Bureau des Longitudes A l’Observatoire National A Paris Au Mée, ce 25 germinal an 72 Voilà, mon cher confrère, de la bonne et importante astronomie. Je suis bien aise de l’accord que vous trouvez entre les anciennes éclipses, et les plus modernes ; je ne m’y attendais pas, vu leur imperfection ; mais le grand nombre en compense les erreurs. Faites encore une revue de vos calculs. Vous voyez combien il est facile de se tromper. Mais votre travail est si intéressant qu’il mérite d’être fait avec le plus grand soin et de manière à y compter pour toujours. Lentement et bien, voilà ma devise. C’est une chose admirable que cet accord de la théorie de la pesanteur, avec les observations, et je vous suis extrêmement reconnaissant du plaisir que vos calculs m’ont procuré à cet égard. Engagez le citoyen Caussin en lui offrant mes compliments à livrer son manuscrit le plus tôt possible au citoyen Duprat. Il convient que le public géomètre et astronome jouisse sans retard de vos travaux, qui répandent un si grand jour sur une des parties les plus utiles et les plus belles de l’astronomie. Je vous ai engagé dans ma dernière lettre à calculer les observations de La Hire et de Flamsteed pour les comparer à celles de Maskelyne. Je désirerais que vous fissiez cette comparaison, dans les deux suppositions de 17" et de 11",1 pour l’équation XVIII. Et il serait bon qu’à la fin de votre travail sur les éclipses anciennes vous annonçassiez le résultat de cette comparaison. Madame Laplace est très sensible à votre jeune vin et me charge de vous offrir mille compliments. Agréez l’assurance des sentiments d’estime et d’amitié avec lesquels je suis Votre concitoyen. Laplace 1. A la fin de cette lettre est ajoutée l’indication suivante : « Cette lettre est bien toute entière de l’écriture de l’auteur de la Mécanique Céleste. [signé] Bouvard ». 2. 14 avril 1799.
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Je compte toujours être nonidi au Bureau des Longitudes. Zürich, Zentralbibliothek, Autogr. Ott.
358. Laplace à [Biot], 30 germinal an VII [19 avril 1799]
Paris, ce 30 germinal an 71 C’est avec bien du plaisir, citoyen, que je vous ai envoyé un exemplaire du premier volume de ma Mécanique Céleste. J’accepte avec reconnaissance, l’offre que vous me faites, de le lire, de m’en indiquer les errata, et d’en faire l’analyse. Je désirerais que pour chaque chapitre, vous voulussiez bien indiquer les principaux résultats, pour les faire imprimer dans la table de l’ouvrage, à peu près comme cela a été fait relativement à la Théorie des fonctions analytiques du citoyen Lagrange. Peut-être le temps vous paraîtra-t-il court pour cela, car nous désirons, le citoyen Duprat et moi, que l’ouvrage paraisse au premier vendémiaire prochain. Alors si vous n’avez pas le loisir de lire l’ouvrage entier en faisant exactement tous les calculs, il faudrait d’ici à ce temps, vous contenter d’une lecture un peu rapide, sauf à y revenir dans la suite avec le soin convenable. Mille pardons, citoyen, de la peine que cela va vous causer. L’intérêt de l’objet peut seul vous en dédommager, et si ma reconnaissance peut y ajouter quelque chose, je vous prie d’y compter et de croire aux sentiments d’estime et d’attachement avec lesquels je suis, Votre concitoyen. Laplace Londres, Sotheby’s, Catalogue de vente du 17 et 18 novembre 1988, n° 250.
1. 19 avril 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
359. document, [mai-juin 1799]
[mai-juin 1799] Approbation par les membres du jury de l’Ecole Polytechnique à un projet de lettre du Directeur de l’Ecole1 au Ministre de l’Intérieur2 relativement au programme des examens. Signé par : Lagrange, Bossut, Laplace, Lévêque, Guyton-Morveau, Gayvernon, etc. description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Etienne Charavay) (janvier-février 1885), p. 9, n° 30995.
360. reçu, 20 messidor an VII [8 juillet 1799]
20 messidor an VII3 Je reconnais avoir reçu du citoyen Laplace, la somme de 13 livres 60 centimes sur le doublement et supplément de sa contribution sur les portes et fenêtres de l’an VII4. 1. 2. 3. 4.
Guyton-Morveau. François de Neufchâteau. 8 juillet 1799. De la main de Laplace.
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Reçu en outre la taxation du percepteur. Au Mée, ce 20 messidor an VII Martin, percepteur reçu Bancroft, box 10, dossier 20.
361. Laplace à Caussin, 4 thermidor an VII [22 juillet 1799]
Au Citoyen Caussin professeur d’arabe au Collège de France, rue Guénégaud n° 22 Ce 4 thermidor an 71 J’ai l’honneur d’offrir mille sincères compliments au citoyen Caussin et de le prier de vouloir bien remettre au citoyen Fabbroni le manuscrit grec que je lui avais fait remettre par le citoyen Bouvard. Le citoyen Fabbroni veut bien, à son retour à Florence, se charger de nous envoyer le manuscrit d’où sont tirées, les observations rapportées par Riccioli. Laplace Philadelphia, American Philosophical Society, B/F113.
1. 22 juillet 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
362. Billy à Madame Laplace, 29 thermidor an VII [16 août 1799]
A la citoyenne Delaplace en sa maison Au Mée Près Melun Fontainebleau, le 29 thermidor an 71 Madame, Comme je présume que M. de Laplace est actuellement à Paris, j’ose vous adresser un exemplaire du programme de nos exercices. En vérité, je suis honteux D’oser vous adresser, Madame, Un scientifique programme Vrai grimoire de songe-creux ; Mais qu’un si singulier hommage N’excite point votre courroux ; Songez que c’est le billet doux D’un algébriste un peu sauvage. Nos exercices commenceront demain dans l’après-midi et continueront les deux jours suivants. La distribution des prix se fera le 2 fructidor, dans la soirée. Je n’ose espérer vous y voir, ou vous, ou M. de Laplace ; il me reste à solliciter la permission d’aller vous présenter de nouveau mes respectueux hommages. C’est un de mes amis qui aura le plaisir de vous saluer. Il a singulièrement désiré être chargé d’une mission auprès de vous, Madame. Il sait que vous embellissez, par toutes les grâces de votre sexe, la gloire que s’est acquise M. de Laplace et qui rejaillit sur le nôtre. Si par un heureux hasard, M. de Laplace pouvait honorer nos essais de sa présence, combien nous en serions flattés. 1. 16 août 1799.
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Agréez, Madame, les sentiments de respect, de reconnaissance et de dévouement de l’apprenti mathématicien. A.L. Billy lettre complémentaire Bancroft, box 15, dossier 23.
363. Laplace, Lagrange et Chénier à [?], 5 fructidor an VII [22 août 1799]
Lettre signée aussi par Lagrange et M.J. Chénier. sans description B.N., n.a.fr. 28061 (106), n° 74.
364. Laplace à [Lacepède], 15 fructidor [an VII] [1er septembre 1799]
Paris, ce 15 fructidor [an VII]1 J’ai reçu, mon très cher confrère, les discours aussi éloquents qu’instructifs, que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Je n’ai encore eu le temps que de les 1. 1er septembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
parcourir. Je vais les emporter à la campagne pour les méditer à loisir, et y puiser la vraie philosophie de l’histoire naturelle. Je vous prie d’agréer, comme un hommage de ma profonde estime et de ma sincère amitié, l’exemplaire ci-joint d’une nouvelle édition de mon Exposition du Système du Monde, à laquelle j’ai fait quelques changements qui la rendront moins indigne, et du sujet, et du lecteur. Je prie Madame Lacepède d’agréer mes respectueuses amitiés, et de me juger avec indulgence, quoique électeur de Melun. J’espère vous offrir, la décade prochaine, un exemplaire de ma Mécanique Céleste. Salut et amitié. Laplace Berlin, Staatsbibliothek, Slg. Darmstaedter J 1796.
365. Laplace à Van Swinden, 23 fructidor an VII [9 septembre 1799]
Au Citoyen Van Swinden professeur de physique A Amsterdam Paris, ce 23 fructidor an 71 J’ai l’honneur d’offrir mille sincères compliments et amitiés au citoyen Van Swinden, et de lui offrir les exemplaires ci-joints de la nouvelle édition de mon Exposition du Système du Monde et de ma Mécanique Céleste. Je le prie de les agréer comme un hommage de mon estime et de la sincère amitié qu’il m’a inspiré pendant son séjour à Paris. Je regrette infiniment que l’intervalle qui nous sépare me prive du plaisir de le voir et de converser avec lui. Je le prie
1. 9 septembre 1799.
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de vouloir bien, si cela est possible, nous procurer la communication du manuscrit d’Ibn Yünus. Salut et amitié. Laplace1 Leiden, Universiteitsbibliotheek Leiden, BPL 755.
366. document, 23 fructidor an VII [9 septembre 1799]
A Paris, ce 23 fructidor an 7 de la République2 J’abandonne au citoyen Duprat, pour cinq années à dater du premier vendémiaire de l’an 8, la seconde édition de mon Exposition du Système du Monde qu’il vient de faire au nombre de 2.000 exemplaires, et la propriété dudit ouvrage dans le même intervalle, à la charge par lui : 1° de m’en donner 50 exemplaires dont 10 reliés ; 2° de me payer 2.000 francs, le 1er vendémiaire de l’an 9 ; 3° de ne point faire dans cet intervalle de nouvelle édition dudit ouvrage. Moyennant cet arrangement, l’engagement pris par le citoyen Bonneville à mon égard, et relatif à la première édition du même ouvrage, devient nul. Laplace J’accepte les conditions ci-dessus et promets de les remplir. Duprat document Bancroft, box 18, dossier 9. 1. En bas de page « rép. 6 octobre ». 2. 9 septembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
367. Billy à Madame Laplace, 25 fructidor an VII [11 septembre 1799]
A la citoyenne Laplace, en sa maison au Mée, près de Melun Fontainebleau, 25 fructidor an VII1 Madame, Vous m’avez fait espérer que j’aurais l’honneur de vous voir à Fontainebleau. Permettez-moi de vous rappeler que les géomètres ne donnent jamais de vaines espérances. J’ose vous prier aujourd’hui de vouloir bien m’indiquer ce jour, qui sera pour moi si beau. Alors je partirai la veille pour aller vous présenter mes hommages et accepter la cellule philosophique que vous m’avez offerte. S’il est vrai que M. de Laplace y ait médité, elle devient à mes yeux le sanctuaire d’Uranie. Puissé-je y recevoir une légère émanation des faveurs qu’elle a répandues avec tant de profusion sur son favori. Je vais passer la journée avec anxiété, en attendant votre réponse. C’est vous dire assez, Madame, combien je serais affligé qu’elle fût défavorable. Agréez mes respectueuses salutations. Je prie M. de Laplace de recevoir le tribut de la reconnaissance et de l’admiration de son élève indigne. A.L. Billy Mille jolies choses à vos aimables enfants, que je remercie de l’accueil qu’ils ont fait à mon petit voisin. lettre complémentaire Bancroft, box 15, dossier 23.
1. 11 septembre 1799.
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368. Laplace à [Hauff], 6 vendémiaire an VIII [28 septembre 1799]
Ce 6 vendémiaire an 81 J’ai l’honneur de prier Monsieur Hauf[f], de vouloir bien agréer les exemplaires ci-joints, de mon Exposition du Système du Monde et de ma Mécanique Céleste, comme une marque de mon estime et de ma reconnaissance pour la peine qu’il a bien voulu prendre de traduire la première édition du premier de ces ouvrages. Laplace Weimar, Klassik Stiftung Weimar, Goethe-Autographen-Slg., n° 1046.
369. Madame Berthollet à Madame Laplace, 22 vendémiaire an VIII [14 octobre 1799]
A la citoyenne Laplace, au Mée, près de Melun Département de Seine et Marne A Melun Ce 22 vendémiaire an 82 Je ne puis résister, chère amie, au désir que j’ai de vous apprendre le retour de mon mari. Il arrive avec Bonaparte, peut-être cette nuit, mais très probablement demain. Quel bonheur que j’aie ignoré la traversée, je n’en eusse point supporté les inquiétudes. J’ai eu le plaisir d’embrasser papa Lolo3, je suis toujours plus sensible à son attachement. Revenez donc promptement chère amie 1. 28 septembre 1799. 2. 14 octobre 1799. 3. Pierre Simon Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
que nous passions quelques soirées ensemble à faire causer notre Egyptien qui revient en bonne santé, et un petit bout du nez de moins, qu’il a perdu m’a-ton dit dans cette affaire où il s’est si bien battu. Il est bien heureux qu’il en soit quitte pour cela. J’éprouve enfin un moment de plaisir. Je me flatte que vous le partagez chère amie ; je vous en remercie et vous assure de ma tendre et constante amitié. [femme] Berthollet lettre complémentaire Bancroft, box 14, dossier 33.
370. Napoléon Bonaparte à Laplace, [27 vendémiaire an VIII] [19 octobre 1799]
Au citoyen Laplace, [Paris, 27 vendémiaire an VIII]1 Je reçois avec reconnaissance, Citoyen, l’exemplaire de votre bel ouvrage que vous venez de m’envoyer2. Les premiers six mois dont je pourrai disposer seront employés à le lire. Si vous n’avez rien de mieux à faire, faites-moi l’amitié de venir dîner demain à la maison. Mes respects à Madame Laplace. Bonaparte copie Bancroft, box 1, dossier 223 ; publiée dans Correspondance de Napoléon 1er (Paris, 1860), 6, 1 ; et Napoléon Bonaparte, Correspondance Générale (Paris, 2005), 2, 1090. 1. 19 octobre 1799. 2. La Mécanique Céleste. 3. La copie de cette lettre porte une note du fils de Laplace marquant que « cette note fut très probablement écrite au retour d’Egypte ». Elle fut communiquée aux éditeurs de la Correspondance de Napoléon, mais l’original ne semble plus exister.
ANNÉE 1799
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371. Laplace, Lagrange et Chénier à [?], 5 brumaire an VIII [27 octobre 1799]
Paris, 5 brumaire an VIII1 Pièce autographe signée de Laplace, portant aussi la signature de Lagrange et de M.J. Chénier. sans description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Etienne Charavay) (janvier-février 1897), p. 7, n° 39825 ; et B.N., n.a.fr. 28061 (106), n° 84.
372. reçu, 15 brumaire an VIII [6 novembre 1799]
15 brumaire an 82 J’ai reçu du citoyen Laplace la somme de 200 francs pour un quartier de la pension du citoyen son fils, commencé le 15 brumaire an 8. A Paris, ce 15 brumaire an 8 Dubois reçu Bancroft, box 28, dossier 13. 1. 27 octobre 1799. 2. 6 novembre 1799. 3. Dans ce même dossier se trouvent 13 autres reçus semblables pour les années VIII à XII.
554
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
373. [Quinette] à Laplace, 18 brumaire an VIII [9 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le 18 brumaire an 81 de la République française, une et indivisible
Le Ministre de l’Intérieur2 Au citoyen Laplace, membre du jury pour l’admission des élèves à l’Ecole Polytechnique La rentrée des cours de l’Ecole Polytechnique, citoyen, étant fixée aux premiers jours de frimaire prochain, je vous invite à vous réunir, le plus tôt possible, en jury, avec le citoyen Bossut votre collègue, et les citoyens Monge, Lévêque, Labey, Langlet et Biot examinateurs, pour, aux termes de la loi et suivant l’usage des années précédentes, désigner, par ordre de mérite, les candidats qui ont assez d’instruction pour être admis à ladite Ecole, en même nombre que celui des places vacantes. Je vous invite, citoyen, à vous entendre avec vos collègues, pour accélérer cette opération et m’en faire passer aussitôt le résultat. Salut et fraternité. copie A.N., F171388, dossier 3.
1. 9 novembre 1799. 2. Nicolas Marie Quinette.
ANNÉE 1799
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374. Moreton de Chabrillan à Laplace, 18 brumaire an VIII [9 novembre 1799]
Au citoyen Laplace A Paris Au Manet, Département de l’Indre par Châteauroux Ce 18 brumaire an 81 Permettez-vous, citoyen, que je réclame votre intérêt pour le citoyen Desjobert qui est inscrit pour concourir à une des places de l’Ecole Polytechnique. Je désire croire qu’il put mériter d’y être agréé par l’intérêt que je prends à lui, ainsi qu’à toute sa famille. Vous m’excuserez l’indiscrétion d’un ancien ami militaire qui a toujours eu pour vous des sentiments d’estime que vous lui avez inspirés. Salut et fraternité. J. Moreton [de] Chabrillan J’ai partagé tous les regrets sur la perte de mon ancien ami Le Monnier. Je crois me rappeler d’avoir eu le plaisir de passer une fois avec vous chez M. P[?]tait. Je regrette de n’être plus à portée de profiter des sextidi. A.N., F171388, dossier 2.
1. 9 novembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
375. les Consuls de la République à Quinette, 21 brumaire an VIII [12 novembre 1799]
Les Consuls de la République Au Citoyen Quinette Paris, le 21 brumaire an 81 Les Consuls de la République, citoyen, viennent de nommer le citoyen Laplace au Ministère de l’Intérieur. Vous voudrez bien, en conséquence, lui faire la remise du portefeuille. Il a ordre de se rendre de suite, à cet effet, à la maison de votre ministère. Les Consuls de la République, connaissant les services que vous avez constamment rendus, et se souvenant que votre dévouement, dans une circonstance difficile, vous a voulu d’honorables souffrances, saisiront toutes les occasions de faire quelque chose qui puisse vous convenir. Par les Consuls de la République Roger-Ducos, Bonaparte, Sieyès lettre complémentaire Moniteur Universel (24 brumaire an 8-novembre 1799), n° 54, p. 210.
1. 12 novembre 1799.
ANNÉE 1799
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376. Cailhava à [Laplace], 22 brumaire an VIII [13 novembre 1799]
Au Citoyen Ministre de l’Intérieur1 Paris, le 22 brumaire an VIII2 Citoyen Ministre3, Recevez, je vous prie, mon compliment sur votre nomination au Ministère. Votre collègue s’en applaudit, et l’auteur comique qui par état doit connaître les hommes félicite les savants, les artistes, la France entière. Salut, beaux arts, patrie. Cailhava de l’Institut A.N., AA63(144).
1. De la main de Cailhava : « pour le Ministre seul ». 2. 13 novembre 1799. 3. De la main d’un secrétaire : « remercier ».
558
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
377. Claret de Fleurieu à Laplace, 22 brumaire an VIII [13 novembre 1799]
Au citoyen Laplace de l’Institut National et du Bureau des Longitudes, Ministre de l’Intérieur A Paris Paris, 22 brumaire an VIII1 Je félicite les sciences, les lettres et les arts, plus que vous-mêmes, mon cher confrère, du choix applaudi qui a été fait de vous pour les diriger. Il vous restera peu de moments pour les cultiver, mais vous les aimerez toujours, vous les soutiendrez, vous favoriserez leurs progrès : ces enfants de la paix, qui ont résisté aux orages de la guerre, trouveront en vous un ami éclairé et digne d’eux. Agréez les vœux que forme un solitaire pour votre satisfaction personnelle : c’est en former pour la prospérité publique et le bonheur de tous. Salut, estime et attachement. Fleurieu2 A.N., AA 64(356).
1. 13 novembre 1799. 2. De la main d’un secrétaire : « Répondu ».
ANNÉE 1799
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378. Monge à [Laplace], 22 brumaire an VIII [13 novembre 1799]
A Paris, le 22 brumaire an 81 de la République une et indivisible Le Directeur de l’Ecole Polytechnique Au Ministre de l’Intérieur Citoyen Ministre, J’ai l’honneur de vous faire part que le citoyen Lagrange a donné sa démission d’instituteur. Sa mauvaise santé paraît le seul motif qui l’a porté à cette démarche affligeante sous tous les rapports pour le Conseil de l’Ecole. Le Conseil croit devoir vous proposer, suivant le vœu du citoyen Lagrange, de nommer à une 3e place d’instituteur d’analyse dont les fonctions sont régulières et journalières. Le citoyen Lacroix, membre de l’Institut, a réuni l’unanimité des suffrages dans la séance du Conseil de l’Ecole, dont je vous fais passer le procès-verbal. Je vous invite, citoyen Ministre, au nom de tous les membres du Conseil et au mien, de faire confirmer la nomination du citoyen Lacroix par la Commission Consulaire. Le Conseil se flatte que le choix qu’il a fait s’accorde avec vos vues et l’intérêt que vous prenez au succès de l’Ecole Polytechnique. Salut et respect. Monge A.N., AFIV1, plaquette 1, n° 8 (Actes du 24 frimaire an VIII).
1. 13 novembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
379. Laplace aux Consuls de la République, 23 brumaire an VIII [14 novembre 1799]
Rapport présenté aux Consuls de la République1 Française par le Ministre de l’Intérieur Paris, le 23 brumaire an 82 de la République française, une et indivisible La santé du citoyen Lagrange ne lui permettant plus de donner à l’Ecole Polytechnique ses leçons d’analyse, il a offert sa démission que le Conseil de l’Ecole n’a accepté qu’avec le plus vif regret. Le Conseil, suivant le vœu du citoyen Lagrange, a cru devoir proposer de nommer à une 3e place d’instituteur d’analyse dont les fonctions sont régulières et journalières. Le citoyen Lacroix, membre de l’Institut National, a réuni l’unanimité des suffrages dans la séance du Conseil du 21 brumaire. Le mérite et les talents connus du citoyen Lacroix ne peuvent que justifier un choix aussi honorable. Je propose en conséquence aux Consuls de la République Française le projet d’arrêté ci-joint. Laplace brouillon A.N., AFIV1, plaquette 1, n° 7 (Actes du 24 brumaire an VIII)3.
1. Sieyès, Ducos et Bonaparte. 2. 14 novembre 1799. 3. Une quantité d’autres rapports administratifs du Ministre de l’Intérieur (Laplace) sur des sujets particuliers n’ont pas été donnés ici. Ils se trouvent dans la suite de AFIV1.
ANNÉE 1799
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380. [Laplace] à Claret de Fleurieu, 23 brumaire an VIII [14 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Le Ministre de l’Intérieur Au Citoyen Fleurieu, membre de l’Institut National des Sciences et Arts Paris, le 23 brumaire an 81 de la République française, une et indivisible Je suis on ne peut pas plus sensible, mon cher confrère, aux félicitations que vous m’avez adressées sur ma nomination à l’un des plus importants ministères de la République. En acceptant le poste honorable qui m’est confié, j’ai cédé au désir d’être utile à mon pays. Espérons, d’après les grands événements dont nous venons d’être les témoins, que rien ne s’opposera plus à la marche de la philosophie et du véritable Républicanisme. Salut et attachement. [Laplace] minute2 A.N., AA 64(356).
1. 14 novembre 1799. 2. De la main d’un secrétaire : « expédié ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
381. Napoléon Bonaparte à Laplace, 24 brumaire an VIII [15 novembre 1799]
Au citoyen Laplace, Ministre de l’Intérieur Paris, 24 brumaire an VIII1 Les Consuls de la République me chargent, Citoyen Ministre, de vous inviter à vous occuper de suite des moyens de rassembler une troupe de comédiens pour l’Egypte. Il serait bon qu’il y eût quelques danseuses. Le Ministre de la Marine2 vous fournira des moyens de transport. Par ordre des Consuls Bonaparte Correspondance de Napoléon 1er (Paris, 1860), 6, 11-12 ; Napoléon Bonaparte, Correspondance Générale (Paris, 2005), 2, 1092.
1. 15 novembre 1799. 2. Marc Antoine Bourdon.
ANNÉE 1799
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382. Laplace à [Van Thol], 25 brumaire an VIII [16 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Le Ministre de l’Intérieur, au Conservateur du Dépôt littéraire de Louis-la-Culture1 Paris, le 25 brumaire an 82 de la République française, une et indivisible Citoyen, je vous autorise à délivrer, moyennant un récépissé, aux Conservateurs de la Bibliothèque du Panthéon, les livres dont le catalogue est ci-joint, pour le complément de ladite bibliothèque. Salut et fraternité. Laplace3 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, MS 6500, fol. 291.
1. Van Thol. 2. 16 novembre 1799. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
383. Lacuée à Laplace, 25 brumaire an VIII [16 novembre 1799]
Au Citoyen Laplace de l’Institut National Ministre de l’Intérieur A Paris Châteauroux, 25 brumaire an VIII1 J.G. Lacuée, membre de l’Institut National2 au citoyen Laplace, Ministre de l’Intérieur Vous voilà donc, mon cher confrère, obligé d’abandonner l’astronomie et les autres sciences mathématiques : ce sacrifice a dû vous coûter. Mais au lieu d’être émulateur, vous encouragerez, ne pouvant plus jouer votre rôle, vous jouerez celui de Colbert. Tout coup vaille. Je n’ai appris qu’ici les grands événements. Menant une femme malade et allant à pas de tortue, j’aurais félicité trop tard la France, vos commettants, et vous, et voilà pourquoi j’écris. J’ai fait dans mon voyage des observations qui ne sont pas sans intérêt ; je vous les transmettrai. Etre utile à la France a été ma première et sera ma dernière passion. Comme je crois que nos consuls l’ont aussi, ils peuvent être convaincus de mon empressement à les seconder. Salut et fraternité. J.G. Lacuée A.N., AA 65 (473).
1. 16 novembre 1799. 2. De la main de Laplace : « Remerciements et tendres amitiés ».
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384. [?] à Madame Laplace, 25 brumaire an VIII [16 novembre 1799]
A la citoyenne Delaplace à Paris Joinville, 25 brumaire an VIII1 Rép. J’apprends, ma chère filleule, avec la plus vive satisfaction la nomination de votre cher mari au Ministère de l’Intérieur. Il ne pouvait être mieux rempli. La justice réunie aux talents ne peut manquer de rendre le bonheur à la France. Veuillez, ma chère filleule, en recevoir mon sincère compliment, et être l’interprète de mes sentiments respectueux auprès de Monsieur Delaplace, auquel j’aurais l’honneur d’écrire, si je ne craignais de le distraire en ce moment de ses grandes occupations. Mon fils, porteur de la présente, étant sans état, réclame vos bontés ; permettez-moi de vous les demander tant pour lui que pour mes autres enfants. Je vous en aurais la plus grande obligation. Je vous prie de faire agréer mes devoirs à Monsieur et Madame Courty et de me croire avec un très sincère attachement, ma chère filleule, Votre très humble et obéissant serviteur. [Brig]itte [?]2 lettre complémentaire Bancroft, box 26, dossier 2.
1. 16 novembre 1799. 2. Probablement sa tante Marie Anne Brigitte Fleury, née Molerat.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
385. Laplace à l’Administration du Département de la Seine, [25 brumaire an VIII] [16 novembre 1799]
Laplace, Ministre de l’Intérieur à l’Administration du Département de la Seine 25 nivôse an VIII1 Il envoie sa démission de membre du jury des écoles centrales, sa présente fonction de Ministre de l’Intérieur étant incompatible avec celle-là. description Paris, Hôtel Drouot, 1er juillet 1968, n° 25, 1.
1. 15 janvier 1800. Il doit y avoir une erreur de date, car Laplace fut démis de son poste le 3 nivôse an VIII. Il serait plus raisonnable de croire que cette lettre date du 25 brumaire an VIII, le 16 novembre 1799, peu après son accession au ministère.
ANNÉE 1799
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386. Lefebvre à Laplace, 26 brumaire an VIII [17 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Etat-Major Général Au quartier général à Paris, le 26 brumaire l’an 81 de la République française, une et indivisible Lefebvre, Général, Commandant la [17e] Division2 Au citoyen Laplace, Ministre de l’Intérieur Citoyen Ministre, Votre prédécesseur m’avait déjà promis une place au Prytanée à mon neveu, le fils du citoyen Annequin, capitaine à la 11e brigade d’infanterie léger. Ce père est un ancien défenseur de la patrie sans fortune, et n’ayant par conséquent pas de moyens pour donner de l’éducation à ses enfants, que j’ai tous sur les bras depuis longtemps. Et comme je viens d’apprendre qu’il y avait quelques-unes des places vacantes, vous me rendrez infiniment de service, citoyen Ministre, en en donnant une à l’un de ses enfants, dont il restera encore quatre chez moi3. Salut et respect. Lefebvre A.N., AFIV1, 3 (Actes du 2 frimaire an VIII), pièce 14.
1. 17 novembre 1799. 2. François Joseph Lefebvre. 3. Laplace donne un rapport approuvant la nomination le 1er frimaire, A.N., AFIV1, 3, pièce 13.
568
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
387. Laplace à [Gaudin], 26 brumaire an VIII [17 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Paris, le 26 brumaire an 81 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur Au Ministre des Finances2 Citoyen Collègue, j’ai reçu la lettre de votre prédécesseur du 16 et celle que vous m’avez écrite le 22 de ce mois, par lesquelles je vois que d’après les rapports des régisseurs des douanes, les exportations de grains qui se font militairement à Marseille, semblent avoir plus d’activité depuis l’arrêté du 18 vendémiaire dernier qui a annulé toutes les permissions délivrées par les Généraux et les autorités administratives. Une infraction si manifeste aux ordres du Gouvernement doit exciter la plus sérieuse attention, surtout lorsque cette infraction tend à perpétuer les abus préjudiciables qu’il a voulu réprimer. Je m’empresse d’en donner connaissance aujourd’hui au Ministre de la Guerre3, en l’invitant à prendre les mesures les plus propres à assurer, de la part des Généraux, des Commissaires de Guerre et de tous les agents qui lui sont subordonnés, l’entière et pleine exécution de l’arrêté du 18 vendémiaire dernier et de celui qu’il a pris le 8 du courant mois de brumaire sur le même objet. Salut et fraternité. Laplace4 B.H.V.P., MS 3076, fols 251 r et v.
1. 2. 3. 4.
17 novembre 1799. Martin Michel Charles Gaudin. Louis Alexandre Berthier. Seule la signature est de la main de Laplace.
ANNÉE 1799
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388. Daubenton à Laplace, 26 brumaire an VIII [17 novembre 1799]
Au citoyen Laplace, Ministre de l’Intérieur, rue de Grenelle, A Paris1 Paris, 26 brumaire an VIII2 républicain Citoyen ministre, La science est le flambeau de l’esprit humain ; les affaires sont des problèmes ; votre ministère sera heureux ; vos succès réjouiront les dernières années de ma vieille vie. Je vous embrasse, mon cher confrère, avec les sentiments que j’ai depuis longtemps pour votre personne, et ceux que je dois à votre place, citoyen Ministre. Ma femme vous fait ses compliments et à la citoyenne votre épouse, que je vous prie d’assurer de mes respects. Salut et amitié sincère et respectueuse. Daubenton A.N., AA 64 (247).
1. De la main d’un secrétaire : « Remerciements tendres ». 2. 17 novembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
389. Percelat à Laplace, 27 brumaire an VIII [18 novembre 1799]
Percelat, professeur de mathématiques de l’Ecole d’artillerie de La Fère Au citoyen de Laplace, membre de l’Institut Ministre de l’Intérieur La Fère, 27 brumaire an 81 Citoyen Ministre, La pièce ci-jointe, la seule que j’aie voulu confier à la poste, vous prouve que depuis douze ans passés je suis employé d’une manière honorable dans les écoles d’artillerie. Je ne crains pas de dire que tant à Lorient qu’à Rennes et ici, j’ai toujours joui de l’estime des chefs de ce corps et de mes concitoyens. Mais les fatigues de l’enseignement qui m’affectent la poitrine, le goût que j’ai pris pour la partie administrative où j’ai été quelquefois, passagèrement, employé depuis le 9 thermidor, le désir surtout de concourir plus directement au maintien de l’heureux changement survenu dans notre situation politique, ont guidé ma démarche. Etant à Rennes, près le 8ème régiment d’artillerie, j’y fus après le 9 thermidor employé dans l’administration municipale. J’ai ensuite rempli deux missions de cette commune et de l’administration du Département d’Ille-etVilaine, près des anciens comités du gouvernement. J’ai quelques titres qui prouvent les suffrages que j’ai obtenus dans ces circonstances. Mais des raisons particulières m’ayant décidé à me rapprocher le plus possible de Strasbourg, lieu de ma naissance, je suis venu ici remplacer le citoyen Laurent que vous avez peut-être connu. Je me crois plus propre aux affaires administratives qu’à tout autre état, le désir de m’y employer me domine surtout depuis les derniers événements. Si la partie administrative, soit de l’instruction ou des travaux publics, pouvait offrir une occasion favorable, je m’en applaudirais d’autant plus que je m’y croirai plus propre. Le rôle de solliciteur m’a toujours déplu, et ma constance dans mon pénible état le prouve, je ne me cache pas même qu’en ce moment ma démarche peut 1. 18 novembre 1799.
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avoir quelque chose de singulier. Cependant j’espère, citoyen Ministre, qu’elle ne vous mettra pas dans le cas de me confondre avec des hommes qui n’ont pas, comme moi, l’avantage d’apporter en demandant de l’emploi, d’assez longs services antérieurs, même des talents, sinon bien distingués, du moins reconnus. J’ai trente cinq ans, je suis marié, et vous savez sans doute que nos places sont de 3.000 francs d’appointements. Vous voyez que je ne puis être regardé comme un homme qui n’ayant pas d’état, cherche à s’en faire un. J’appelle, au surplus, sur moi le témoignage de la majorité des citoyens de Rennes, des citoyens Petiet, Defermon, commissaires de la trésorerie, BigotPréameneu qui vous est peut-être connu, et plusieurs officiers généraux de l’artillerie tels que les citoyens d’Hennezel, d’Aboville, etc., mais dont la plupart sont absents de Paris. Si vous voulez bien, citoyen Ministre, me donner quelque espérance, soit dans votre propre administration, ou même dans toute autre éloignée de Paris, je m’y rendrai sur le champ auprès de vous, pour achever de vous donner sur mon compte des renseignements qui, j’ose le croire, vous satisferont. Salut et respect. [Antoine] Percelat Professeur de mathématique à l’Ecole de La Fère A.N., F171021B, dossier 7 (26).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
390. Laplace à Lacroix, 27 brumaire an VIII [18 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
5e Division Bureau de l’Enseignement Paris, le 27 brumaire an 81 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur au citoyen Lacroix, membre de l’Institut national Citoyen, je m’empresse de vous transmettre l’extrait de votre nomination à la place d’instituteur d’analyse près l’Ecole Polytechnique. Je désire que cette nomination, dans laquelle vous avez réuni les suffrages du Conseil de l’Ecole et ceux des Consuls de la République, vous paraisse une digne récompense de vos talents et des services que vous avez rendus constamment à l’instruction publique. Salut et fraternité. Laplace B.I., MS 2398, fol. 27.
1. 18 novembre 1799.
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391. Laplace aux ingénieurs-en-chef des Départements, 28 brumaire an VIII [19 novembre 1799]
3e. Division Ponts et Chaussées Paris, le 28 brumaire an VIII1 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur, aux ingénieurs-en-chef des Départements Citoyens, toute exécution de réparations de routes et d’embranchements qui n’aurait pas été approuvée par moi étant contraire au bon ordre du service des Ponts et Chaussées, j’invite l’Administration centrale de votre département, par ma circulaire de ce jour, dont vous trouverez ci-jointe une copie, à veiller à ce que ces réparations ne soient jamais entreprises qu’après que vous m’aurez démontré leur importance par un rapport et par un devis estimatif, et sans déroger à l’article XIII de l’Instruction du 26 floréal an IV. Je ne doute point qu’en vous pénétrant des mesures prescrites par cette circulaire, vous ne me mettiez à même de faire cesser les abus qui existent souvent dans la confection des travaux. Salut et fraternité. Laplace Recueil, 3, 102.
1. 19 novembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
392. Laplace aux administrateurs de département, 28 brumaire an VIII [19 novembre 1799]
3e Division Ponts et Chaussées Paris, le 28 brumaire an VIII1 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur, aux Administrateurs de département Citoyens, je suis informé que plusieurs Administrations centrales, soit de leur propre mouvement, soit sur la demande de quelques communes ou municipalités de canton, ordonnent, sous prétexte d’urgence, et pour éviter la lenteur des formes, différentes réparations de routes et d’embranchements, qu’elles font exécuter sans le concours des ingénieurs des Ponts et Chaussées, et dont elles imputent les frais sur les fonds de la taxe d’entretien. Vous devez sentir que de pareilles mesures sont contraires au bon ordre, et que les abus qui peuvent en résulter tendraient à désorganiser progressivement le service des Travaux Publics, en l’assujettissant à un régime arbitraire ; d’autant mieux que les ingénieurs ne peuvent certifier ou viser d’autres ouvrages que ceux qu’ils ont projetés, dirigés et surveillés, et que toute condescendance à cet égard qui les ferait transiger avec leurs devoirs, les exposerait à perdre votre estime et ma confiance. Je vous recommande donc de veiller exactement à ce qu’il ne soit entrepris aucune espèce d’ouvrages sur les communications nationales, avant que l’importance ne vous en ait été préalablement constatée par un rapport et par un devis estimatif de l’ingénieur en chef, et que j’en aie autorisé la dépense par une décision expresse, sans déroger à l’article XIII de l’instruction du 26 floréal an IV sur les cas d’urgence, et pourvu que vous m’en donniez connaissance sans délai. En transmettant copie de cette circulaire à l’ingénieur-en-chef de votre département, je lui prescris de se concerter avec vous sur tous les objets qui concernent l’exercice de ses fonctions, afin que vous vous teniez réciproque1. 19 novembre 1799.
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ment en garde contre toutes propositions de travaux que des considérations particulières ou des convenances locales font souvent prévaloir sur des constructions, réparations et entretiens d’intérêt général. Salut et Fraternité. Laplace Recueil, 3, 101-102.
393. Laplace à Verniquet, 28 brumaire an VIII [19 novembre 1799]
sans description Revue des Autographes (septembre 1896), p. 9, n° 143.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
394. Maret à [Laplace], 28 brumaire an VIII [19 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Paris, le 28 brumaire an VIII1 de la République française, une et indivisible Le Secrétaire-général des Consuls de la République Au citoyen Ministre de l’Intérieur2 Je ne puis, citoyen, me résoudre à vous laisser parvenir par un simple renvoi des bureaux la pétition ci-jointe. Elle intéresse l’ami de mon père, de ma famille, et le mien ; un savant recommandable, un citoyen pur et pauvre, et l’un des plus anciens amis de la liberté. Il demande à rentrer dans l’administration des postes et ses titres remontent à l’année 1774. Veuillez donner à sa pétition l’attention et l’intérêt auquel il a des droits. Vous ne me verrez point, citoyen Ministre, abuser de la bienveillance que j’espère obtenir de vous. J’ai cru dans cette circonstance avoir un devoir à remplir. Agréez, citoyen, l’hommage des sentiments que je vous avais déjà consacré avant que j’eusse l’honneur de vous connaître personnellement. Hugues B. Maret A.N., AA 65 (585).
1. 19 novembre 1799. 2. Note en marge d’un secrétaire : « Ecrit et envoyé ... la pétition du citoyen Bosc, avec avertissement que cela regarde le Ministre de l’Intérieur ».
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395. Dubois-Dubais à Laplace, 29 brumaire an VIII [20 novembre 1799]
Au citoyen Laplace Ministre de l’Intérieur A Paris Le représentant du peuple Dubois-Dubais Paris, ce 29 brumaire an VIII1 Le représentant du peuple Dubois-Dubais Au citoyen Laplace, Ministre de l’Intérieur2 Recevez, citoyen Ministre, l’assurance du plaisir que j’ai éprouvé, ainsi que mon épouse, en apprenant votre nomination au Ministère de l’Intérieur. Ce choix honore ceux qui l’ont fait, il est la récompense du talent, un hommage rendu à la vertu et je ne doute point qu’avec des qualités aussi essentielles, vous ne remplissiez d’une manière satisfaisante à tous les bons citoyens les importantes fonctions qui vous sont confiées. C’est donc autant pour l’intérêt de tous que pour celui de ma satisfaction particulière que j’ai applaudi à la marque de confiance et d’estime que vient de vous donner le gouvernement. Croyez, citoyen Ministre, à la sincérité de ces assurances. Voulez-vous bien faire agréer nos hommages à la citoyenne votre épouse. Salut et attachement. Dubois-Dubais A.N., AA 64 (302).
1. 20 novembre 1799. 2. De la main de Laplace : « remercier ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
396. Laplace à [Dambreville], 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
5e Division Etablissement Littéraire 4e Bureau Le Ministre de l’Intérieur au Conservateur du Dépôt littéraire des Cordeliers1 Paris, le 30 brumaire an VIII2 Citoyen, je vous autorise à délivrer au Conseil de Conservation les livres contenus dans la liste ci-jointe pour être remis au citoyen Langlès, en indemnité des poinçons et matrices des caractères Tatar-Mandchous qu’il doit remettre entre les mains du Directeur de l’Imprimerie Nationale. Salut et fraternité. Laplace3 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, MS 6488, fol. 58.
1. Etienne Dambreville. 2. 21 novembre 1799. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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397. Laplace à [Dambreville], 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799]
Le Ministre de l’Intérieur, au Conservateur du Dépôt littéraire des Cordeliers1 Paris, le 30 brumaire an 82 de la de la République française, une et indivisible Citoyen, je vous autorise à délivrer au Conseil de Conservation, pour l’administration centrale du Pas-de-Calais, les livres contenus dans la note cijointe, approuvée par le Conseil le 16 brumaire dernier. Salut et fraternité. Laplace3 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, MS 6509, fol. 240.
1. Etienne Dambreville. 2. 21 novembre 1799. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
398. Laplace aux Administrations centrales et municipales, 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799]
5.e Division Bureau des Beaux-Arts et Fêtes Nationales Le Ministre de l’Intérieur, aux Administrations centrales et municipales Paris, le 30 brumaire an VIII1 de la République française, une et indivisible Citoyens Administrateurs, je suis informé que la malveillance ose annoncer l’anéantissement prochain de toutes les institutions républicaines. Le serment qu’ont prononcé les Consuls de maintenir la République, leur conduite depuis qu’ils tiennent les rênes du Gouvernement, ont déjà dû détruire ce bruit calomnieux. Cependant ne négligez aucune occasion de prouver à vos concitoyens que la superstition n’aura pas plus à s’applaudir que le royalisme, des changements opérés le 18 brumaire. C’est en continuant à faire observer, avec la plus scrupuleuse exactitude, les lois qui instituent des fêtes nationales et décadaires, un calendrier républicain, un nouveau système de poids et mesures, etc., que vous justifierez la confiance du Gouvernement. Salut et fraternité. Laplace Moniteur Universel (6 frimaire an 8-27 novembre 1799), n° 66, p. 258 ; Recueil, 3, 103.
1. 21 novembre 1799.
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399. document, 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le 30 brumaire an 81 de la République une et indivisible
Rapport Présenté au Ministre de l’Intérieur Le Directeur de l’Ecole Polytechnique2 expose que le citoyen Henri François Godineau, élève de l’Ecole, demande à être autorisé à se démettre de cette place. Le Conseil de l’Ecole appuyant la demande, ne voit aucun motif d’intérêt public à retenir le pétitionnaire. On propose en conséquence au Ministre d’approuver la démission du citoyen Godineau de sa place d’élève à l’Ecole Polytechnique et de signer à cet effet le projet de lettre ci-joint. Laplace3 document A.N., F171388, dossier 3.
1. 21 novembre 1799. 2. Gaspard Monge. 3. Sa signature indique l’approbation du Ministre.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
400. document, 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ 30 brumaire an 81
Rapport Présenté au Ministre de l’Intérieur Le Directeur de l’Ecole Polytechnique2 expose que le citoyen Pelletret, homme de service attaché à l’Ecole a quitté sa place le 23 fructidor an 7 et a donné depuis sa démission. Le service de l’Ecole exigeant que cette place ne reste point vacante ; le Conseil dans sa séance du 8 vendémiaire dernier a nommé pour la remplir le citoyen Dumas qui a déjà servi à la satisfaction de ses supérieurs. On propose au Ministre d’approuver cette nomination et de signer à cet effet le projet de lettres ci-joint. Laplace3 A.N., F171388, dossier 3.
1. 21 novembre 1799. 2. Gaspard Monge. 3. Sa signature indique l’approbation du Ministre.
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401. Cassini à [Laplace], 3 frimaire an VIII [24 novembre 1799]
[Au Ministre de l’Intérieur]1 Ce 3 frimaire an VIII2 Citoyen Ministre, Ma plume en vous donnant ce titre n’empêche pas mon cœur de vous donner celui de, mon cher confrère. Au nom de l’intérêt que vous m’avez toujours témoigné, je vous prie de vouloir bien me faire l’amitié de remettre en main propre, au Général Buonaparte, la lettre ci-jointe dont il m’est très important qu’il lise le contenu pour me faire rendre enfin justice de mon interminable affaire de la Carte de la France. Je ne doute pas qu’en lui remettant cette lettre de ma part, vous n’y ajouterez quelques mots que votre amitié et votre estime pour moi, pourront vous inspirer. Salut et amitié. [Jean Dominique] Cassini A.N., AA 63 (162).
1. De la main d’un secrétaire : « Répondre : le Ministre fera la commission ». 2. 24 novembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
402. Laplace aux entrepreneurs de bâtiments et autres, employés par le département du Ministère de l’Intérieur, 3 frimaire an VIII [24 novembre 1799]
3.e Division Bureau des Bâtiments Civils Paris, le 3 frimaire an VIII1 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur, aux entrepreneurs de bâtiments et autres, employés par le département du Ministère de l’Intérieur Citoyens, je me suis aperçu que quelques entrepreneurs portent dans leurs mémoires, des ouvrages, des fournitures et des journées d’ouvriers à des prix beaucoup au-dessus de la valeur réelle et courante. Cette manière, dont les motifs ne peuvent être que blâmables, est très-gênante et très-embarrassante, tant pour les vérificateurs qui sont chargés de reconnaître et constater les quantités et les qualités des fournitures et des ouvrages, que pour les architectes qui sont chargés de régler et d’arrêter définitivement les comptes, parce que les uns et les autres flottent entre la crainte de blesser la justice envers les particuliers, et l’appréhension de compromettre les intérêts de la République. Comme c’est un abus grave qu’il est important d’arrêter dès le principe, j’ai résolu d’écrire à tous les entrepreneurs et fournisseurs employés par le Ministère de l’Intérieur, pour les prévenir que ceux qui produiront des mémoires enflés, cesseront de travailler dans les diverses parties dont la surveillance m’est confiée. Comme je n’ai l’intention d’inculper aucun de vous en particulier, je vous préviens encore que cette lettre est un simple avertissement, et que la seule réponse que vous ayez à y faire, est de produire des mémoires dont les prix soient renfermés entre les bornes de la justice et d’un gain légitime. Salut et fraternité. Laplace Recueil, 3, 103-104. 1. 24 novembre 1799.
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403. document, 3 [?] frimaire an VIII [24 novembre 1799]
Ministère de l’Intérieur 3.e Division Bureau des Ponts et Chaussées INSTRUCTION aux Administrations départementales, et aux Ingénieurs des Ponts et Chaussées. 3 [?] frimaire an VIII1 L’état de situation dont le nouveau modèle est joint à la présente instruction, est le compte à rendre des recettes et dépenses faites pour le service des Ponts et Chaussées pendant l’an VII. Ce compte, rectifié et adapté au nouveau régime de ce service depuis l’établissement de la taxe d’entretien, est divisé en deux parties, RECETTE et DEPENSE, et chacune de ces parties en trois chapitres qui se correspondent réciproquement. Le premier est relatif aux travaux des routes et ouvrages d’art non à la charge des fermiers de la taxe d’entretien ; le second, aux obligations imposées aux mêmes fermiers par leurs baux ; et enfin le troisième, aux charges du service. La récapitulation des résultats de ces différents chapitres, et la comparaison finale de la recette avec la dépense, donnent le résultat général de l’état de situation. Les recettes et dépenses relatives à l’établissement des barrières et au paiement des préposés à la perception du produit de la taxe d’entretien, devant faire l’objet d’un compte séparé, ne seront pas comprises dans cet état. DE LA RECETTE, Considérée sous le seul rapport des crédits ouverts par le Ministre de l’Intérieur pour le service des Ponts et Chaussées, et des paiements effectués en conséquence de ces crédits par le Receveur Général. 1. 24 novembre 1799.
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Les principes de l’administration ne permettant point d’appliquer les fonds d’un exercice aux dépenses d’un autre, et l’article II de la loi du 14 brumaire défendant aux receveurs généraux, sous peine de responsabilité et de forfaiture, d’acquitter aucune ordonnance que le paiement n’en ait été préalablement autorisé par les commissaires de la Trésorerie, l’ingénieur-en-chef observera de ne comprendre dans les trois chapitres de la recette, que les crédits ouverts par le Ministre, et revêtus de cette formalité pour le service spécial de l’année ; il aura également soin d’indiquer le numéro, la date, l’imputation et le montant de chaque ordonnance ; il se concertera avec le Receveur Général pour connaître ce qui aura été payé à compte, et il énoncera ce qui reste dû, afin que le Ministre puisse faire suppléer à l’insuffisance des fonds, s’il y a lieu. Le résultat de ces trois chapitres sera certifié par le Receveur Général. DE LA DEPENSE, considérée tant sous le rapport des ouvrages exécutés que des à-comptes payés, et de ce qui reste dû. Le chapitre 1er de la dépense, relatif, comme le 1er chapitre de la recette, aux travaux de routes et ouvrages d’art non à la charge des fermiers, se divise en trois sections : Continuation d’ouvrages ; Nouveaux ouvrages ; Ouvrages imprévus. Cette division étant déjà connue des ingénieurs, on n’entrera dans aucun nouveau détail à ce sujet. Le décompte de chaque entrepreneur, rédigé dans la forme indiquée au modèle pour les fermiers des barrières, sera signé et accepté par lui ; il sera signé aussi par l’ingénieur ordinaire qui aura eu la conduite des travaux. L’ingénieur-en-chef rappellera pour mémoire seulement, dans la première section, Continuation d’ouvrages, les dépenses faites et à-comptes payés antérieurement au 1er vendémiaire an VII, pour faire connaître ce qui restait à exécuter ou à payer à cette époque sur chaque adjudication ; il ne portera en dépense que le montant des ouvrages exécutés et des à-comptes payés pendant l’an VII, afin d’éviter tout double emploi. On joindra à l’appui des ouvrages exécutés par régie, des pièces en règle qui en constateront la dépense. Aucun ouvrage ne devant être exécuté sans l’approbation du Ministre, l’ingénieur-en-chef rappellera exactement à chaque article la date de cette approbation.
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Il indiquera également les raisons et la date des lettres qui auront autorisé les augmentations survenues dans le cours de l’année. Le total des sommes payées pour ouvrages exécutés d’après ce premier chapitre, devra cadrer exactement avec le total des sommes payées par le Receveur Général, suivant le premier chapitre de recette qui lui correspond. L’ingénieur-en-chef terminera ce chapitre par les observations qui lui paraîtront convenables. Le chapitre II de la dépense correspondant comme le premier à pareil chapitre de la recette, est relatif aux ouvrages exécutés et dépenses faites par les fermiers des barrières pour l’entretien et la réparation des routes, etc. Les ingénieurs mettront le plus grand soin à rendre compte de la situation de ces fermiers, en suivant le modèle prescrit pour chacun des différents cas où ils peuvent se trouver. Ensuite de ce chapitre est un résumé sommaire des ouvrages exécutés sur chaque route : les éléments de ce résumé se trouvent dans le décompte détaillé de chaque fermier. La récapitulation détaillée du deuxième chapitre offrira la situation de tous les fermiers tant en ouvrages qu’en argent : le total des sommes payées par le Gouvernement d’après cette récapitulation, devra cadrer avec celui des sommes payées d’après le chapitre II de la recette. Le chapitre III, divisé en cinq sections, comprendra toutes les dépenses faites pendant l’année, tant pour appointements d’ingénieurs, traitements d’employés, conducteurs, piqueurs, que frais de bureau, de voyages, tournées, levées de plans, etc. Le montant des traitements sera exprimé franc de toute retenue. Le salaire des cantonniers pendant l’an VII sera compris dans la cinquième section. L’ingénieur-en-chef n’omettra pas de rendre compte de toutes les mutations qui auront eu lieu dans le cours de l’année d’après l’approbation du Ministre ; il indiquera exactement celles qui auront entraîné des suspensions de traitements. Le résultat de ce chapitre offre, comme celui des deux autres, une comparaison à faire avec le chapitre correspondant de la recette. Tous ces détails bien conçus et bien exprimés, les récapitulations définitives qui terminent l’état de situation, n’offriront aucune difficulté. Leurs résultats devront cadrer parfaitement ensemble, et présenter, 1° le montant des ouvrages exécutés sur chaque route tant par les entrepreneurs au compte direct de la République, que par les fermiers des barrières en vertu de leurs baux ; 2° le total des dépenses faites tant pour les travaux que pour les charges ; 3° le montant des à-comptes payés sur ces dépenses et ce qui reste dû ; 4° enfin, la situation générale des crédits ouverts sur chaque nature de dépenses, ce qui reste de disponible sur ces crédits, ou ce qui reste à créditer pour solder l’exercice.
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Cet état devra être fourni pour l’an VII au prochain, au plus tard, et pour l’avenir, au 1er brumaire de chaque année. Comptes à rendre des paiements faits et à faire pour solder les dépenses arriérées des années V et VI. Le Gouvernement voulant définitivement connaître ce qui reste à payer pour solder les dépenses arriérées des exercices de l’an V et de l’an VI, l’ingénieuren-chef rédigera pour la même époque du ... le compte des recettes et paiements faits ; savoir, pour le service des Ponts et Chaussées et de la navigation de l’an V, depuis le 1er vendémiaire an VI jusqu’au dernier jour complémentaire an VII ; et pour le service de l’an VI, depuis le 1er vendémiaire an VII jusqu’au dernier jour complémentaire de la même année, le tout inclusivement. Le modèle coté A, relatif au service de l’an V, est divisé comme l’état de situation, en deux parties, RECETTE et DEPENSE ; et chacune de ces parties en deux chapitres, Travaux et Charges, qui se correspondent réciproquement. Pour payer les dépenses arriérées de l’an V, les administrations centrales ont eu à leur disposition, 1° ce qui restait à employer au 1er vendémiaire de l’an VI, des ordonnances expédiées pour le service de l’an V, et dont le montant n’avait pu être acquitté en totalité par les payeurs généraux ; 2° le montant des ordonnances expédiées spécialement par le Ministre de l’Intérieur, pour le même service pendant les années VI et VII. Il est donc essentiel de constater et ce qui restait à employer au 1er vendémiaire an VI des ordonnances expédiées en l’an V, et le montant des ordonnances expédiées en l’an VI et en l’an VII, pour le même service de l’an V. Mais l’arrêté du Directoire Exécutif du 21 messidor an V, en prescrivant un nouveau mode de paiement, ayant annulé toutes les ordonnances expédiées d’après des décisions antérieures, et dont l’objet n’était pas encore rempli à cette époque, on se bornera à opérer sur ce qui pouvait rester à employer des ordonnances expédiées depuis le 21 messidor, suivant les formalités prescrites par l’arrêté du Directoire. L’ingénieur-en-chef se concertera donc avec le payeur général, pour constater, dans les deux chapitres de recette, ce qui restait à employer au 1er vendémiaire de l’an VI, des ordonnances expédiées pour le service de l’an V, depuis et en vertu de l’arrêté du Directoire Exécutif du 21 messidor. Il établira ensuite ce qui a été payé pour le même service sur ce restant, depuis la même époque du 1er vendémiaire an VI jusqu’au dernier jour complémentaire de l’an VII inclusivement, et constatera ainsi ce qui en pouvait encore rester de disponible au 1er vendémiaire de l’an VIII. Pareille opération sera faite sur les nouvelles ordonnances expédiées par le Ministre, depuis le 1er vendémiaire an VI jusq’au dernier jour complémentaire de l’an VII. La récapitulation de ces deux chapitres de recette présentera ainsi, 1° le total des fonds qui ont dû servir à solder ce qui restait dû de l’an V au dernier jour
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complémentaire de la même année, suivant l’état de situation ; 2° le montant des sommes payées en conséquence par le payeur général ; 3° enfin, ce qui restait encore à employer de ces fonds au 1er vendémiaire de l’an VIII. Ce résultat devra être arrêté par l’ingénieur-en-chef, et certifié par le payeur général. La seconde partie de ce compte, divisée en deux chapitres correspondants à ceux de la recette, fera connaître la situation des entrepreneurs, des ingénieurs et autres agents du service des Ponts et Chaussées et de la navigation au 1er vendémiaire de l’an VIII, relativement au même exercice de l’an V. Pour y parvenir, l’ingénieur-en-chef rappellera, avec la plus grande exactitude, dans le chapitre 1er, ce qui restait dû, suivant l’état de situation de l’an V, pour travaux de routes et de navigation au dernier jour complémentaire de cette année ; il en déduira ensuite les sommes payées depuis le 1er vendémiaire an VI jusqu’au dernier jour complémentaire de l’an VII, 1° par le payeur général, d’après les ordonnances du Ministre ; 2° par les fermiers des barrières, conformément au paragraphe 7 du cahier des charges générales de la mise en ferme des barrières, pour matériaux approvisionnés sur les routes, et non employés à l’époque de cette mise en ferme. Il rendra compte de la même manière, dans le chapitre II, de tout ce qui sera relatif aux charges. La récapitulation de ces deux chapitres présentera, en conséquence, 1° le montant de ce qui restait dû de l’an V au 1er vendémiaire de l’an VI, tant aux entrepreneurs qu’aux ingénieurs, et autres agents du service des Ponts et Chaussées et de la navigation ; 2° le total des sommes payées en déduction depuis cette époque jusqu’au dernier jour complémentaire de l’an VII, tant par le payeur général que par les fermiers des barrières ; 3° le restant dû au 1er vendémiaire an VIII. Enfin la comparaison du restant à employer au 1er vendémiaire an VIII, des ordonnances expédiées pour l’exercice de l’an V, avec ce qui restait dû aux entrepreneurs et aux ingénieurs, etc. à la même époque du 1er vendémiaire an VIII, fera connaître au Ministre ce qu’il doit ordonnancer pour solder définitivement cet exercice, ou ce qui reste de disponible sur les ordonnances déjà expédiées. Le modèle coté B est relatif aux recettes et paiements faits depuis le 1er vendémiaire an VII, jusqu’au dernier jour complémentaire de la même année, pour solder les dépenses du service des Ponts et Chaussées de l’an VI. Ce modèle est généralement conçu dans le même esprit que celui destiné au service de l’an V ; l’ingénieur-en-chef observera seulement de séparer et de rendre un compte particulier des recettes et dépenses faites pour le service de la navigation. Aucun paiement ne devant être effectué sans une ordonnance spéciale du Ministre autorisée par la Trésorerie nationale, les avances faites sans cette for-
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malité par les payeurs ou receveurs, ne seront comprises dans les comptes et états de situation ci-dessus précités, que pour mémoire, et n’entreront point dans la colonne des sommes payées ; mais il en sera fait, pour cette fois seulement, un bordereau particulier à la fin de chaque compte ou état de situation, afin que le Ministre puisse en faire ordonner le remboursement par une ordonnance en forme. Les administrations centrales se rappelleront qu’elles ne doivent expédier aucun mandat de paiement que d’après les certificats de l’ingénieur-en-chef. Les administrations centrales et les ingénieurs ne cumuleront pas dans leurs mandats et certificats, les dépenses d’un exercice avec celles d’un autre. Indépendamment de tous ces états ; l’ingénieur-en-chef adressera dans la première décade de nivôse, et à l’avenir à l’expiration de chaque trimestre, le compte sommaire des ouvrages exécutés et dépenses faites pour la réparation et l’entretien des routes, ponts, etc. tant par les entrepreneurs au compte de la République, que par les fermiers des barrières, en vertu de leurs baux. Le modèle de ce compte, joint comme les autres à la présente instruction, étant rédigé d’après des principes déjà expliqués, on se dispensera d’entrer dans de nouveaux détails. L’administration centrale attendra de nouveaux ordres pour faire réimprimer tous ces états ; ceux à fournir sur-le-champ, seront rédigés à la main, et sur du papier de même format que celui des modèles. Le Ministre de l’Intérieur Laplace document Recueil, 3, 104-112.
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404. Laplace aux administrateurs du Département de la Meurthe, 4 frimaire an VIII [25 novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
4e Division Bureau d’Agriculture N° 1520, Registre 11 Subsistances pour le haras de Rosières Paris, le 4 frimaire an 8 de la République Française, une et indivisible1 Le Ministre de l’Intérieur Aux Administrateurs du Département de la Meurthe à Nancy Citoyens, j’approuve et je partage votre sollicitude pour le haras de Rosières. Je ne saurais cependant consentir à la mesure que vous me proposez. La vente des juments et poulins diminuerait l’utilité de cet établissement et serait une faible ressource pour le soutenir. Les chevaux se donnent à bas prix, dans ce moment, et la République les achèterait fort cher dans la suite. Puisque la voie des réquisitions ne vous paraît plus pratiquable, je ne vois de moyens de pourvoir à la subsistance des animaux de Rosières que dans la continuation des fournitures par le citoyen Brisac. Je vous fais passer une lettre pour lui. Je connais son zèle et son patriotisme. Je suis persuadé qu’il se rendra à mon invitation de continuer les fournitures encore un mois ou tout au plus deux. Si le prix des rations d’après son marché expiré vous paraît trop faible, dans les circonstances, je vous autorise à l’augmenter provisoirement pour ces deux mois de continuation, en vous invitant à consulter dans cette augmentation, si le cas y échouait, les intérêts de la République et ceux du fournisseur. Vous m’instruirez des mesures que vous aurez prises. Salut et Fraternité. Laplace2 Padoue, Centro Internazionale A. Beltrame di Storia dello Spazio e del Tempo. 1. 25 novembre 1799. 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
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405. document, 5 frimaire an VIII [26 novembre 1799]
Etat des paiements à faire pour les mois de prairial an VII aux professeurs du Collège de France 5 frimaire an VIII1 Document également signé par les professeurs, parmi lesquels : Lalande, Daubenton, Corvisart, Gail, D’Arcet. [Laplace] description B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Noël Charavay) (juin 1968), n° 729, n° 32521.
406. Duc de la Chapelle à Laplace, 5 frimaire an VIII [26 novembre 1799]
Au Citoyen Laplace Membre de l’Institut National, Ministre de l’Intérieur A Paris Montauban, 5 frimaire an VIII2 Citoyen Ministre, Les Consuls de la nation, en vous confiant les importantes fonctions du Ministère de l’Intérieur, ont pensé que, celui des hommes qui a le plus contri1. 26 novembre 1799. 2. 26 novembre 1799.
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bué à éclairer le monde, pouvait aussi le plus contribuer à amener et à assurer la félicité des français. Ils ont par cet illustre choix fait connaître leurs vues et leurs intentions, l’espérance renaît, et, pour cette fois, elle ne sera pas illusoire. Je n’ai pu résister citoyen Ministre, très cher et bien honoré confrère, au désir de vous témoigner la vive satisfaction que j’éprouve, en mon particulier, de voir le savant célèbre que je respecte et que j’aime tant, élevé au Ministère. Recevez avec indulgence l’expression de mes sentiments et soyez convaincu qu’il n’est personne qui vous souhaite plus de bonheur et plus de succès que moi. Salut et respect. Duc de Lachapelle brouillon Chicago, University of Chicago Special Collections, MS 1045, p. 98.
407. [Laplace] à Percelat, 5 frimaire an VIII [26 novembre 1799]
Lettre au citoyen Percelat, professeur de mathématiques de l’école d’artillerie à La Fère 5 frimaire an VIII1 Citoyen, par votre lettre du 27 brumaire vous m’exposez qu’après avoir été employé pendant douze ans d’une manière honorable dans les écoles d’artillerie, vous préféreriez d’être employé désormais dans la partie administrative, soit de l’instruction, soit des travaux publics. Je désirerais, citoyen, qu’il fût en mon pouvoir de vous satisfaire, mais je n’ai aucun emploi vacant dans ces deux parties, et les nombreuses réformes qui 1. 26 novembre 1799. En marge : « expédié le 15 frimaire an 8 ».
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viennent d’être faites dans mon ministère donnant lieu à beaucoup de réclamations, il ne me reste aucun moyen de vous procurer l’emploi que vous désirez. S[alut] et F[raternité]. [Laplace] brouillon de réponse A.N., F171021B, dossier 7 (26).
408. Bossut à Laplace, 5 frimaire an VIII [26 novembre 1799]
Au Citoyen Laplace, membre de l’Institut National, Ministre de l’Intérieur, rue de Grenelle Germain A Paris Paris, 5 frimaire, an 8è1 de la République Citoyen Ministre, Le jury d’admission des élèves à l’Ecole Polytechnique m’a chargé de vous représenter que le Citoyen Geoffrenet (grenadier près le Corps Législatif), quoique non compris dans la liste des candidats les plus instruits, paraît mériter d’être admis à cette école à la suite de ceux que vous recevrez. Ce jeune homme, qui se destine au service de l’artillerie, a cinq années de service de guerre. Il a subi, le 29 vendémiaire dernier, l’examen de concours de Paris. Il a passablement bien répondu aux questions qu’on lui a faites ; il a montré de l’intelligence. Il a étudié seul dans la Garonne, au milieu du bruit et dans les intervalles de temps que la lui laissait son service. 1. 26 novembre 1799.
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Le Citoyen Monge et tout le Conseil de l’Ecole Polytechnique appuient, Citoyen Ministre, la proposition que nous faisons d’après les motifs qui viennent d’être allégués. Le jury dont je suis en ce moment le secrétaire avec grand plaisir, vous prie de vouloir bien y avoir égard. Salut et respect. Bossut A.N., F171386, dossier 8, pièce 224.
409. Laplace à Van Swinden, 6 frimaire an VIII [27 novembre 1799]
Au Citoyen Van Swinden A Amsterdam en Hollande LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Paris, le 6 frimaire an 81 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur au citoyen Van Swinden A Amsterdam Je suis on ne peut pas plus sensible, mon cher confrère, aux marques d’estime et d’amitié que vous me témoignez par votre lettre de félicitations en date du 30 brumaire dernier. Les vœux que votre cœur vous dicte sont ceux d’un ami de la France ; ceux qui me concernent sont l’expression d’une amitié 1. 27 novembre 1799.
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qui m’honore et à laquelle je tiens beaucoup. Croyez à toute ma reconnaissance et au plus sincère retour. Je prends le plus vif intérêt à l’espoir que vous avez de réussir dans la recherche du manuscrit arabe dont vous me parlez. Ne perdez pas courage et redoublez d’efforts ; il s’agit d’une conquête qui intéresse les sciences. Rien de plus faux que tous les bruits qui ont couru sur la Société de Londres relativement à l’unité des mesures. Quant à moi, vous devez penser qu’appelé au Ministère des sciences et des arts, je n’ai rien tant à cœur que le succès général de cette belle institution. Nous pouvons espérer maintenant que rien n’entravera plus notre marche. Tous les amis de l’ordre ont applaudi aux événements des 18 et 19 brumaire. Tout nous promet le retour du bonheur et de la paix. Ma femme est sensible à votre souvenir et se joint à moi dans les vœux que je forme pour votre félicité particulière. Salut et estime. Laplace1 Leiden, Universiteitsbibliotheek, MS BPL 755.
410. Monge à [Laplace], 8 frimaire an VIII [29 novembre 1799]
Rapport Le Directeur de l’Ecole Polytechnique2 au Ministre de l’Intérieur Exposé 8 frimaire an 8e3 Le citoyen Labey, examinateur, ayant déclaré qu’il ne pouvait se rendre à Grenoble pour y examiner les candidats, le Ministre par sa lettre du 26 vendé1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. Gaspard Monge. 3. 29 novembre 1799.
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miaire dernier, invita le citoyen Dupuy, professeur de l’école centrale du Département de l’Isère, à faire un examen provisoire d’après lequel les candidats qu’il aurait jugés capables pourraient se rendre à Paris pour y subir un examen définitif et obtenir les places qu’ils mériteraient et qui seraient réservées à cet effet : le Ministre permettant d’ailleurs une indemnité à ceux d’entr’eux qui ne seraient pas admis. Conformément à ces dispositions, 5 candidats ont fait le voyage de Grenoble à Paris, ont été examinés avant la réunion du jury ; deux d’entr’eux sont compris sur la liste des admissibles : Le citoyen Charvet au 124e numéro Le citoyen Giely au 128e numéro Le Ministre ayant arrêté la liste des admis au 120e numéro, ces deux candidats n’y sont pas compris. Le citoyen Giely en était d’ailleurs exclu par son âge au dessus de 20 ans. Les choses étaient en cet état, lorsque le 6 frimaire, après la clôture de la liste par les jurés, s’est présenté le citoyen Brun avec les pièces nécessaires pour être admis au concours. Le Directeur de l’Ecole a pensé que ce candidat avait son droit acquis dans la lettre du Ministre, il a invité le citoyen Langlet à l’examiner. Le résultat de cet examen est ci-joint : il prononce que le citoyen Brun a l’instruction nécessaire pour être admis à l’Ecole, et fixe son rang immédiatement au dessus du citoyen Charvet. Il reste à décider : 1° Si quelqu’un des candidats venus de Grenoble sera admis à l’Ecole. 2° Quelle indemnité sera accordée à ceux qui ne seront pas admis, pour leur donner le moyen de retourner chez eux. Observations La lettre ci-jointe du Président de l’administration du Département de l’Isère, annonce que 11 candidats examinés par le citoyen Dupuy ont été jugés admissibles, étant généralement beaucoup plus instruits que ceux qui furent admis l’année dernière. On sent combien il serait pénible et décourageant pour ce département qu’aucun des 11 candidats qui ont fait le voyage de Grenoble à Paris, ne fut admis. Cette considération politique peut être fortifiée par celle de la position défavorable dans laquelle les a placés la non-arrivée de l’examinateur que la loi leur assurait à Grenoble à une époque fixe. Les inquiétudes d’esprit, les dépla-
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cements multipliés, la perte du temps, les fatigues du voyage, la plus grande partie étant arrivés à pied, la distraction forcée d’un premier voyage dans la capitale, enfin l’incertitude sur les moyens de retour en cas de non-réussite. Il paraît certain qu’il est dû quelque faveur à ceux d’entr’eux qui sont jugés capables, quoiqu’il soit également juste que cette faveur ne soit au détriment de leurs concurrents. Le moyen de remplir ce double but serait d’étendre la liste des admis jusqu’au 128, parce que les citoyens Charvet et Brun y seraient compris, et qu’aucun autre candidat n’aurait droit de se plaindre, non plus que l’administration, ni l’examinateur de Grenoble. Cette mesure ne serait pas contradictoire avec la demande du Conseil de l’Ecole Polytechnique pour le nombre des places vacantes parce que dans le calcul qui avait servi de base à cette demande était comprise la probabilité de 4 à 5 places à conserver pour les candidats de Grenoble. Quant à l’indemnité à accorder aux candidats non-reçus, on estime qu’elle ne peut être moindre de 100 francs chacun, payable sans aucun délai, puisqu’elle est destinée à leur donner les moyens de retourner dans leurs foyers. Proposition Le Ministre est invité à prolonger le nombre des admis à l’Ecole Polytechnique à 128 places, jusque et compris les citoyens Charvet et Brun. Il est également invité à accorder une somme de 100 francs à chacun des citoyens Cherminade, Giely, Lambert et Ducros, candidats examinés et nonadmis, pour leur donner le moyen de retourner dans leurs foyers. Monge Laplace1 A.N., F171386, dossier 7, pièce 195.
1. Probablement signé par lui pour indiquer son assentiment comme Ministre.
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411. Laplace aux administrateurs des Départements, 8 frimaire an VIII [29 novembre 1799]
Le Ministre de l’Intérieur, Aux Administrateurs des Départements 8 frimaire VIII1 Citoyens, je vous adresse différents modèles de comptes et d’états de situation à rédiger par les ingénieurs-en-chef des Départements pour les années 5, 6, et 7, ainsi qu’un modèle d’état de trimestre pour l’avenir. Je joins à ces différentes pièces une instruction dont vous voudrez bien prendre connaissance afin de vous y conformer sans restrictions pour ce qui vous concerne. Je fais passer aux ingénieurs-en-chef des doubles de ces modèles et de l’instruction en leur recommandant de m’adresser les comptes des années 5, 6, et 7 dans le courant de la [...] décade de [...] pour tout délai. Je vous invite à leur fournir tous les renseignements dont ils peuvent avoir besoin à cet égard. Salut et fraternité. Laplace2 Le chef de la 3è division Bon pour 150 exemplaires Leipzig, Universitätsbibliothek, Handschriftenabteilung ; et Recueil, 3, 112-113.
1. 29 novembre 1799. 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
600
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
412. Laplace aux ingénieurs-en-chef des Départements, 8 frimaire an VIII [29 novembre 1799]
3.e Division Ponts et Chaussées Mesures Générales Etat de situation de l’an 7 Compte sommaire de l’an 5 et de l’an 6 Etat de trimestre à fournir Paris, le 8 frimaire an 81 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur, aux Ingénieurs-en-chef des Départements Citoyens, je vous adresse, 1° un modèle d’état de situation de l’an 7 pour le service des Ponts et Chaussées ; 2° deux modèles pour régulariser la comptabilité des années 5 et 6 ; 3° un modèle d’état de situation sommaire à fournir à la fin de chaque trimestre. Vous voudrez donc bien, nonobstant tout compte que vous pourriez avoir déjà fait, vous conformer, pour la rédaction, aux modèles ci-joints ; l’instruction qui les accompagne vous expliquera suffisamment les motifs, et vous y verrez, d’une manière claire, les détails de leur composition. Vous aurez soin de rédiger un état à part pour le service de la navigation pendant l’an 7, d’après le modèle de celui des Ponts et Chaussées. Ces différents états pour les années 5, 6 et 7, devront m’être adressés dans le courant de la ... décade de ... pour tout délai. Je fais passer aux Administrations de Département, des doubles de ces états, en les invitant à vous fournir tous les renseignements dont vous pouvez avoir besoin.
1. 29 novembre 1799.
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Je vous recommande la plus grande célérité dans l’expédition de ces comptes, dont vous avez tous les éléments, ou que vous pouvez vous procurer dans les bureaux des Administrations centrales. Salut et Fraternité. Laplace Recueil, 3, 113-114.
413. Le Roy à Laplace, [brumaire an VIII] [octobre/novembre 1799]
[brumaire an VIII]1 Le citoyen J. B. Le Roy, Membre de l’Institut national Au citoyen Laplace, membre de l’Institut National et Ministre de l’Intérieur2 Citoyen Ministre, Vous êtes chargé de la nomination des commissaires du pouvoir exécutif auprès des municipalités de cette grande commune. Voulez-vous bien que je vous recommande, pour la première de ces municipalités où se trouvent ma Section qui est celle des Tuileries, le citoyen Brulart, qui aura l’honneur de vous remettre cette lettre. Je connais depuis longues années ses sentiments, et sa probité, et attaché à son pays, comme un franc Breton ; il a été un des premiers patriotes de 1789, l’ayant vu dès les premiers jours de cette grande époque à ma Section. Enfin, il a été souvent depuis membre de notre municipalité. Joignant beaucoup d’intelligence et d’activité à un grand amour pour la liberté,
1. Octobre/novembre 1799. 2. Note de réponse : « Prendre des renseignements. On fera volontiers ce qui sera agréable ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
j’ose vous assurer que vous ne pouvez pas faire un meilleur choix pour remplir cette place de commissaire du pouvoir exécutif auprès de notre municipalité. Salut et fraternité. J. B. Le Roy Je compte bien, au premier jour, avoir l’honneur de vous voir et de vous renouveler mon compliment sur votre nomination à une place que vous remplirez si bien. A.N., AA 65 (547).
414. Laplace à [Dambreville], brumaire an VIII [octobre/novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
5e Division Etablissement Littéraire 4e Bureau Le Ministre de l’Intérieur Au Conservateur du Dépôt littéraire des Cordeliers1 Paris, le ... brumaire an VIII2 Citoyen, je vous autorise à délivrer au citoyen Barbier, pour les citoyens Mandar et Poignée, les livres contenus en la note ci-jointe montant à la somme de 144 francs, en échange de deux autres ouvrages qui doivent être remis à la Bibliothèque du Directoire et dont l’un est un exemplaire en anglais de 1. Etienne Dambreville. 2. Octobre/novembre 1799.
ANNÉE 1799
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l’ouvrage de James Rennell et l’autre un exemplaire en papier vélin du Voyage en Hongrie imprimé par le citoyen Poignée. Salut et fraternité. Laplace1 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, MS 6488, fol. 56.
415. Laplace à [Dambreville], brumaire an VIII [octobre/novembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le ... brumaire an 82 de la République française, une et indivisible
Le Ministre de l’Intérieur, au Conservateur du Dépôt littéraire des Cordeliers3 Citoyen, je vous autorise à livrer, sous récépissé, au citoyen Leblond, les livres portés au catalogue ci-joint qui ont été choisis dans votre dépôt pour la Bibliothèque des Quatre-Nations. Salut et fraternité. Laplace4 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, MS 6502, fol. 411.
1. 2. 3. 4.
Seule la signature est de la main de Laplace. Octobre/novembre 1799. Etienne Dambreville. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
416. document, [novembre/décembre 1799]
A Laplace, Ministre de l’Intérieur Copie conforme de la dénonciation de Josse contre l’Administration centrale du Département de la Haute-Saône [novembre/décembre 1799] « La composition des membres du Département de la Haute-Saône est le fruit de la plus fatale anarchie, l’ordre et la justice sont pour eux, des prisons, et si un administré n’est pas porteur d’un diplôme bien jacobinisé, à coup sûr, il est éconduit ... Puisse la mémorable journée du 18 brumaire étendre sa bénigne influence jusqu’à nos contrées, qui depuis le 18 fructidor an V ont été la proie des anarchistes ». fragment B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Charavay) (mars 1968), n° 728, n° 32329.
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417. Laplace à [Dambreville], frimaire an VIII [novembre/décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
5e Division Etablissement Littéraire 4e Bureau Le Ministre de l’Intérieur au Conservateur du Dépôt littéraire des Cordeliers1 Paris, le ... frimaire an VIII2 Citoyen, je vous autorise à délivrer aux citoyens Barbier et Leblond les livres dont la liste est ci-jointe pour l’usage du Consul Sieyès. Salut et fraternité. Laplace3 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, MS 6503, fol. 289.
1. Etienne Dambreville. 2. Novembre/décembre 1799. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
418. Laplace au président de la Société des Amis des Arts, 10 frimaire an VIII [1er décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
5e Division Bureau des Beaux-Arts Paris, le 10 frimaire an 81 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur Au Président de la Société des Amis des Arts rue de Lille, n° 551 Citoyen, je vous préviens que j’ai consenti à faire réimprimer, munie de ma signature, la circulaire par laquelle mon prédécesseur invitait les administrations centrales à s’associer aux travaux de la Société, pour l’encouragement des arts. Vous voudrez bien payer, ainsi que vous le proposiez, les frais de cette impression au directeur de l’Imprimerie Nationale. Salut et fraternité. Laplace Paris, Hôtel Drouot, Catalogue d’autographes (17 mai 1955), n° 71 ; et Paris, G. Morssen, Livres et Autographes (octobre 1955), n° 191.
1. 1er décembre 1799.
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419. Laplace à la Commission des Hospices de Paris, 12 frimaire an VIII [3 décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
2e Division ni 1er Bureau 1ère Section Place dans un hospice pour le C. Grenon ancien garçon de Beau du Mtère de la Guerre Paris, le 12 frimaire an VIII1 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur à la Commission des Hospices de Paris Citoyens, le Ministre de la Guerre2 m’invite par sa lettre du 18 brumaire, à faire placer dans un hospice le nommé Louis Grenon, garçon de bureau âgé de 77 ans, infirme et ayant quatre enfants aux armées. Ces circonstances réunies vous détermineront, sans doute, à profiter des premières vacances pour l’admission de ce vieillard, dont les droits à la bienfaisance nationale sont aussi légitimement fondés. Le Ministre de la Guerre qui doit pourvoir à son remplacement m’invite à lui faire connaître promptement la détermination qui sera prise. Vous voudrez donc bien, citoyens, m’en rendre compte dans le plus bref délai. Salut et fraternité. Laplace3 New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection. 1. 3 décembre 1799. 2. Louis Alexandre Berthier. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
420. Delambre à [Laplace], 15 frimaire an VIII [6 décembre 1799]
Au citoyen Ministre de l’Intérieur Paris, 15 frimaire an VIII1 Le Président du Bureau des Longitudes Au Ministre de l’Intérieur2 Citoyen Ministre, D’après l’espérance qu’on leur avait donné de votre part, que vous viendriez hier à la séance du Bureau des Longitudes, les citoyens Dubois-Laverne et Laas, s’y étaient rendus avec la partie imprimée des Tables de Borda3 et la note de tout ce qui est fait et de tout ce qui reste à faire, de ce qui a été payé, et de ce qui reste à payer pour que l’édition appartienne à la famille. Le Bureau a tout examiné, mais il n’a pu rien arrêter parce que tout dépend d’une demande que le fondé de procuration, le citoyen Laas, se propose de vous faire. Il paraît disposé à faire tout ce qui dépendra de lui pour accélérer l’achèvement de ces Tables dont personne mieux que vous n’a senti et fait valoir l’indispensable nécessité. D’après ces motifs, j’ose vous prier, citoyen Ministre, de vouloir bien indiquer le jour où les citoyens Dubois-Laverne et Laas pourront vous trouver sûrement. Je leur en ferai passer l’avis, à moins que vous ne trouviez plus expédient de l’envoyer directement au citoyen Dubois-Laverne. Salut et respect. Delambre A.N., AA 64 (267).
1. 6 décembre 1799. 2. De la main de Laplace : « répondre que la chose est faite ». 3. Tables Trigonométriques Décimales ou Tables des Logarithmes des Sinus ... (Paris, an IX), revues et augmentées par J.B.J. Delambre.
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421. Joseph Bonaparte à [Laplace], 16 frimaire an VIII [7 décembre 1799]
Paris, le 16 frimaire an VIII1 Le citoyen Changarnier, ancien avocat, est digne par sa moralité et son habitude du travail, de fixer l’attention du Ministre pour la place qu’il indique dans la note ci-jointe. La connaissance personnelle que j’ai de sa bonne volonté et de ses talents me fait désirer que le citoyen Laplace, Ministre de l’Intérieur, l’emploie d’une manière utile. Ayant été élevé avec le citoyen Changarnier, j’ai eu occasion de le connaître. [Joseph] Bonaparte A.N., AA63 (106).
1. 7 décembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
422. Laplace à l’Administration centrale du Département de Seine-et-Oise, 17 frimaire an VIII [8 décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
1ere Division Bureau du Nord Seine-et-Oise en exécution de la loi du 7 septembre 1793 (v.s.) relative aux mineurs qui veulent contracter mariage Paris, le 17 frimaire an VIII1 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur, à l’Administration centrale du Département de Seine-et-Oise Citoyens, Le citoyen Legras, domicilié à Monfort-l’Amaury, chef-lieu de canton, désirant épouser la citoyenne Liénard, fit, attendu sa minorité, convoquer par l’agent municipal, en vertu de la loi du 7 septembre 1793, pour le 9 vendémiaire dernier, un conseil de famille suivant les indications qu’elle prescrit. Deux parents, seulement, s’étant rendus à l’assemblée au jour indiqué, l’agent municipal ordonna la convocation des mêmes parents pour le 1er brumaire. Cette seconde assemblée n’ayant pas été plus nombreuse que la précédente, l’on prit le parti de renvoyer la tenue du conseil de famille au 1er frimaire suivant. Trois parents se rendirent à cette dernière citation ; mais au lieu de délibérer sur la convenance, l’avantage ou le désavantage du mariage projeté, sur la question enfin du consentement demandé, seul objet de la convocation, l’un d’eux proposa des exceptions de forme et l’assemblée fut dissoute, non seulement sans aucune décision, mais même sans aucune délibération sur le fond. On a prétendu, dans cette dernière assemblée, que l’absence du père du mineur n’était pas légalement prouvée. Il m’a paru cependant qu’il ne pouvait 1. 8 décembre 1799.
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y avoir de doute légal que ce père ne soit absent de la République, soit comme émigré, puisque son nom est porté sur la liste, soit pour tout autre motif, puisque le fils produit un acte de tutelle du 3 ventôse an 2, qui lui donne un citoyen Morin, pour tuteur aux appointements de 1.800 francs par an, en remplacement de son aïeule, tutrice, décédée le mois précédent. Ainsi ce motif est inadmissible. Celui tiré de ce qu’un plus proche parent n’a pas été appelé, n’est pas non plus susceptible d’être accueilli, puisque ce plus proche parent, nommé Legras, est annoncé être cousin germain du père, et que celui appelé (le citoyen Bonneval) est cousin issu de germain du fils. Cependant, quoique le mineur ait fait tout ce qui était en son pouvoir pour se conformer à la loi, le vœu de cette loi n’a pas été véritablement rempli ; parce qu’au lieu de délibérer sur le consentement demandé, le conseil de famille s’est rejeté sur la forme, et tout est à recommencer dans cette affaire. Mais il est évident que l’agent municipal n’a pas fait son devoir dans aucune des trois assemblées ; il devait, dès la première, et au moins dans la seconde, requérir les parents présents de prononcer par oui ou par non, sur l’objet de la convocation. Ce devoir était encore bien plus pressant à la troisième assemblée, où se trouvaient réunis trois membres du conseil de famille, et s’ils avaient été requis de délibérer, ce que l’un d’eux annonçait même être prêt à faire, le mineur, un mois après, aurait exigé du conseil en cas de persévérance dans le refus de consentement, de se prononcer sur les mœurs de la future, et à défaut d’inculpation sur ce point, le mariage aurait pu avoir lieu immédiatement. Enfin, l’agent, aux termes de la loi, a voix délibérative dans ces assemblées, et rien n’annonce qu’il ait pris part à la délibération ; il s’est borné à faire, en quelque sorte, les fonctions de greffier du conseil. Je vous invite, citoyens, à faire sentir à ce fonctionnaire combien il a oublié, dans cette circonstance, ce que lui prescrit son devoir, et à le diriger dans la conduite qu’il doit tenir, afin qu’on ne puisse plus lui reprocher de nouvelles nullités d’actes aussi essentiels. Vous lui rappellerez également, que c’était d’abord à l’Administration municipale, puis à vous qu’il devait s’adresser en cas de difficultés et qu’un référé à l’Administration générale est à la fois contraire à l’ordre hiérarchique des pouvoirs et à la célérité des affaires. Salut et fraternité. Laplace1 Le Chef de la 1ère Division New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection. 1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
423. Laplace aux Administrations centrales de Département, [17] frimaire an VIII [8 décembre 1799]
3e Division Taxe d’entretien des routes Paris, le [17] frimaire, an 81 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur, aux Administrations centrales de Département Citoyens, la malveillance se plaît à publier que dans peu la taxe d’entretien des routes sera supprimée. Ce bruit, répété par quelques journaux, s’est répandu dans les Départements, et je suis instruit que plusieurs citoyens s’en sont prévalus pour refuser le paiement du droit qu’ils doivent acquitter en se présentant aux barrières. Il importe que vous détruisiez l’effet de ces perfides insinuations. Le gouvernement, plus convaincu que jamais de l’utilité de la taxe d’entretien des routes, est loin de songer à la supprimer : persuadé au contraire que cette institution salutaire, sagement mise en œuvre, peut seule lui assurer les moyens de pourvoir à la réparation qu’exige l’état actuel des routes, depuis si longtemps dégradées, il s’occupe du soin de la perfectionner et de faire disparaître les entraves qui, jusqu’à ce jour, ont empêché d’en ressentir les heureux effets. Hâtez-vous donc d’éclairer vos concitoyens sur les véritables intentions du gouvernement. Annoncez-leur que sa volonté bien prononcée est de faire refleurir le commerce et l’agriculture, en rendant bientôt les communications promptes et faciles ; et dites-leur que, pour parvenir à ce but, il compte beaucoup sur leur empressement à acquitter la taxe d’entretien des routes. Si, malgré ces sages représentations, quelques-uns de vos administrés persistaient dans leur résistance à l’exécution de la loi, je vous recommande particulièrement de veiller à ce qu’il leur soit fait l’application la plus sévère des
1. [8] décembre 1799.
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moyens coërcifs autorisés par les lois des 3 nivôse an 6 et 14 brumaire an 7, pour assurer le recouvrement de la taxe d’entretien des routes. Salut et Fraternité. Laplace Moniteur Universel (18 frimaire an 8-9 décembre 1799), pp. 307-308 ; et Recueil, 3, 114-115.
424. Laplace à [Van Thol], 20 frimaire an VIII [11 décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le 20 frimaire an 81 de la République française, une et indivisible
Le Ministre de l’Intérieur, au Conservateur du Dépôt littéraire de Louis-le-Grand2 Citoyen, l’Administration municipale du canton d’Aubusson désirant faire un recollement des livres extraits des dépôts de Paris et de Versailles pour la bibliothèque de l’Ecole Centrale de la Creuse, demande que je lui transmette des copies certifiées des catalogues d’après lesquels ces livres ont été délivrés. Je vous invite, en conséquence, à en faire faire des copies, et à me les envoyer dans le plus bref délai. Salut et fraternité. Laplace3 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, MS 6508, fol. 209. 1. 11 décembre 1799. 2. Van Thol. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
425. Laplace à [Dambreville], 20 frimaire an VIII [11 décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le 20 frimaire an 81 de la République, une et indivisible
Le Ministre de l’Intérieur, au Conservateur du Dépôt littéraire des Cordeliers2 Citoyen, je vous autorise à délivrer au Conseil de Conservation pour l’Administration centrale de l’Orne, les livres contenus dans la note ci-jointe, approuvée par le Conseil le 16 de ce mois. Salut et fraternité. Laplace3 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, MS 6509, fol. 206.
1. 11 décembre 1799. 2. Etienne Dambreville. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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426. Laplace à Lambrechts, 21 frimaire an VIII [12 décembre 1799]
Laplace, Ministre de l’Intérieur à Lambrechts, président du Conseil d’Administration du Département de Dyle Bruxelles Paris, 21 frimaire l’an VIII1 Il lui annonce la réception de remarques sur un procès. description Verzeichniss der von dem verstorbenen Preussischen General-Lieutenant J. von Radowitz hinterlassenen Autographen-Sammlung (Berlin, 1864), 2, 355, n° 4955.
427. Laplace à [Berthier], 21 frimaire an VIII [12 décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le 21 frimaire l’an 82 de la République française, une et indivisible
Le Ministre de l’Intérieur, Au Ministre de la Guerre3 Mon cher collègue, le Commissaire Central du Département des Ardennes m’informe que le Conseil de Guerre formé à Givet à l’effet de juger les préve1. 12 décembre 1799. 2. 12 décembre 1799. 3. Louis Alexandre Berthier.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
nus de l’assassinat commis le 15 fructidor dernier à Romerée sur la personne du citoyen Jussey, gendarme, a, sur 17 accusés, condamné 3 contumaces à la peine de mort, 3 présentés à 12 années de fer, et acquitté tous les autres. Le Commissaire Central ajoute que ce jugement où l’on trouve généralement plus que de l’indulgence, peut avoir les plus funestes suites par la confiance qu’il ne peut manquer d’inspirer aux malveillants dont ce Département recèle un très grand nombre. J’ai cru devoir, mon cher collègue, vous donner connaissance de ces réflexions, et je laisse à votre sagesse à en faire l’usage le plus convenable à l’intérêt général. Salut et fraternité. Laplace1 Le Chef de la 1ère Division Berlin, Staatsbibliothek, Handschriftenabteilung, Slg. Autograph Laplace.
428. Du Brueil à Laplace, 22 frimaire an VIII [13 décembre 1799]
Bordeaux, le 22 frimaire an 82 Du Brueil homme de loi rue Gemappe n° 19 Au Citoyen Laplace Ministre de l’Intérieur Citoyen, La lettre que vous avez la complaisance de m’écrire le 18 de ce mois en réponse à la dernière [que] j’avais adressée au Citoyen Quinette, votre prédécesseur, m’a fait bien augurer de votre bienveillance. Malgré l’impossibilité que j’ai reconnu d’obtenir une inspection dans les écoles centrales et celles que 1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. 13 décembre 1799.
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vous me faites envisager relativement aux emplois dans l’instruction publique, je me flatte de trouver en vous, citoyen, des dispositions favorables. Si le gouvernement, comme je le pense, a pour les français une bienfaisance paternelle, mais nous ne verrons plus les seuls intrigants à parvenir aux emplois de la République. Un infortuné avec quelque talent, et beaucoup de désir d’être utile à sa patrie, ne sera pas toujours repoussé dans les épines de l’indulgence. Cette idée constante adoucie d’amertume de ma situation, si vous voulez, citoyen, lui donner de la réalité. Dans cette espérance, je dois prier [?] votre opinion. Après avoir été notaire pendant 12 ans, j’embrasse la profession d’avocat. Les orages de la Révolution décroiront les seules ressources que j’avais pour vivre. Après une infinité de revers, je me trouve à Bordeaux avec un petit emploi dont les modiques appointements suffisent à peine à me donner du pain pour moi et mon épouse. Je voudrais ne plus demeurer à Bordeaux. Ce séjour n’est pas agréable pour un homme qui aime véritablement et paisiblement sa patrie. C’est à Paris que je désirerais obtenir un emploi quelconque, suffisant pour me faire vivre ; car c’est dans cette seule commune que je pourrais trouver la ressource de faire imprimer un poème que j’ai fait sur la Révolution, et d’autres ouvrages qui peut-être ne sont pas indignes de voir le jour. Si vous êtes véritablement porté à la bienfaisance, j’attends de vous, citoyen, les secours après lesquels j’aspire, et que je vous prie de ne me pas refuser. Salut et respect. Du Brueil A.N., FI71021B, dossier 7, pièce 28.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
429. Laplace à Beau, 23 frimaire an VIII [14 décembre 1799]
Citoyen Alexandre François Beau Ex-inspecteur de la taxe rue Honoré, n° 25 A Paris LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Le Ministre de l’Intérieur Au citoyen Alexandre-François Beau, ex-inspecteur de la taxe d’entretien de routes, rue Honoré, n° 25 Paris, le 23 frimaire an 81 de la République française, une et indivisible Citoyen, j’ai reçu votre lettre du 8 frimaire, par laquelle vous m’annoncez que vous cesserez vos fonctions d’inspecteur de la taxe pour passer au service des contributions. Je préviens, par lettre de ce jour, l’Administration centrale des Hautes-Alpes que votre place est vacante. Il sera procédé à votre remplacement. Je ne doute pas que vous n’ayez rendu un compte exact de votre service, et que vous n’ayez réglé avec l’Administration ce qui concerne la liquidation de vos traitements et remises. A ces conditions, votre démission est acceptée et vous pouvez vous occuper des nouvelles fonctions qui vous sont confiées. Salut et fraternité. Laplace2 New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
1. 14 décembre 1799. 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
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430. Laplace aux Administrations centrales de Département et aux Commissaires du Gouvernement près ces Administrations, 25 frimaire an VIII [16 décembre 1799]
1re Division Acceptation de la Constitution Le Ministre de l’Intérieur, aux Administrations centrales de Département, Et aux Commissaires du Gouvernement placés près ces Administrations Paris, le 25 frimaire an 81 de la République française, une et indivisible Citoyens, les événemens mémorables des 18 et 19 brumaire ont répandu dans toute la France l’allégresse, et fait naître les plus douces espérances. Si quelques factieux y ont vu le terme de leurs manœuvres criminelles, la masse imposante des bons citoyens a vu luire enfin l’aurore du bonheur qui lui est promis depuis si longtemps. De tous les points de la République, des adresses de félicitations ont manifesté, de la manière la plus solennelle, le vœu du peuple pour une constitution qui fit cesser tant d’agitations politiques. Citoyens, la confiance des français dans la sagesse et le génie des hommes célèbres qui ont été mis à la tête du gouvernement provisoire, n’a point été trompée. Cette constitution, qui était attendue avec tant d’impatience, va être mise sous les yeux de la nation entière ; et tous les hommes de bonne foi y apercevront le germe de la félicité publique. Les bases de l’association politique, la liberté civile, la sûreté des personnes et des propriétés, l’indépendance des pouvoirs respectifs, seront assises enfin sur des fondemens immuables. Les causes des convulsions qui, chaque année, tourmentaient la France et la menaçaient des plus imminents dangers, vont pour toujours disparaître. Tout nous promet désormais la tranquillité et la paisible jouissance des bienfaits inséparables d’un gouvernement libre heureusement organisé. Citoyens, la loi du 23 de ce mois, et l’arrêté des Consuls du 24, qui vous ont été transmis par le Ministre de la justice2, vous imposent des obligations qu’il vous sera sans-doute bien doux de remplir. Les autorités constituées sont 1. 16 décembre 1799. 2. Jean Jacques Régis de Cambacérès.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
appelées à concourir aux actes qui doivent constater le vœu du peuple pour l’acceptation de cette constitution ; toutes se rendront dignes, dans une circonstance aussi intéressante, des fonctions qui leur sont confiées. Je n’ai pas besoin sans doute, citoyens, d’exciter votre zèle et votre activité dans un objet de cette importance ; ce serait douter de votre patriotisme et de vos sentimens. Mais je vous recommande de veiller, d’une manière spéciale, à ce que les administrations municipales remplissent scrupuleusement les obligations que leur imposent les articles I, II, III, IV et V de l’arrêté des Consuls, du 24 de ce mois. Toutes les mesures doivent être prises pour que les citoyens soient avertis du dépôt des registres sur lesquels ils peuvent consigner leur vote. Ainsi, vous aurez soin de faire réimprimer en placards et afficher partout, cet arrêté, la loi du 23, ainsi que l’acte constitutionnel. Vous donnerez les instructions et les ordres nécessaires pour la clôture des registres dans le temps déterminé, le recensement des votes à la suite de l’arrêté de clôture ; de manière que d’un coup-d’œil on aperçoive le nombre des acceptants et celui des non acceptants. Vous prescrirez aux administrations municipales, de mettre ensuite, et sans perte de temps, au bureau de la poste le plus prochain, sous enveloppe cachetée, chaque registre ainsi arrêté et recensé. La suscription de l’enveloppe sera, Au Ministre de l’intérieur ; et plus bas, Acceptation de la constitution, Département d ... Vous ferez observer encore à administrations, qu’elles doivent m’envoyer tous les registres qui auront été ouverts dans leurs arrondissements, soit par elles, soit chez les notaires. Il n’y a que ceux ouverts par les tribunaux et les juges de paix, dont l’envoi ne doit pas occuper les administrations. Le gouvernement se repose sur vous, citoyens, de l’exécution scrupuleuse des dispositions de son arrêté du 24 de ce mois, et de la loi du 23 ; je me plais à croire que son attente ne sera pas trompée. Salut et Fraternité. Laplace Moniteur Universel (27 frimaire an 8-18 décembre 1799), pp. 343-344 ; et Recueil, 3, 115-117.
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431. Laplace à Meynet, 25 frimaire an VIII [16 décembre 1799]
Au Citoyen Meynet, Conservateur du Musée d’Avignon Département de Vaucluse LIBERTÉ
ÉGALITÉ
5e Division Bureau des beaux-arts et des fêtes nationales Le Ministre de l’Intérieur Au citoyen Meynet, Conservateur du Musée d’Avignon Paris, le 25 frimaire an VIII1 de la République française, une et indivisible Citoyen, L’un de mes prédécesseurs a fait réserver pour le Musée Central des Arts à Paris deux tableaux de Levieux faisant partie de la collection confiée à vos soins. Jusqu’à ce jour, différents obstacles en ont empêché l’envoi. Mais comme il doit partir incessamment d’Antibes un nouveau convoi d’objets d’art pour Paris, et qu’il est présumable qu’il passera par Avignon. Dès que vous serez informé de son arrivée dans cette commune, je vous invite à faire la remise des deux tableaux dont il s’agit au citoyen qui l’escortera. Vous aurez soin, je n’en doute pas, de prendre les précautions nécessaires pour que ce transport ne leur occasionne aucune dégradation. Salut et fraternité. Laplace2 Avignon, Musée Calvet, Collection Requien, 5511. 1. 16 décembre 1799. 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
432. [Laplace] à Visconti, 27 frimaire an VIII [18 décembre 1799]
A l’architecte Visconti 27 frimaire an VIII1 Relatif à sa nomination de surveillant du Musée des Antiquités. [Laplace] description Revue des Autographes (décembre 1898), n° 217, pp. 9-10, n° 132.
433. Laplace à l’Administration du Département de la Seine, 28 frimaire an VIII [19 décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
2e Division 3e Bureau Paris, le 28 frimaire an 82 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur, A l’Administration centrale du Département de la Seine Citoyens, vous voudrez bien me rendre compte, au reçu de la présente, des motifs qui s’opposent à la réintégration du citoyen Bochaux, ex-concierge de 1. 18 décembre 1799. 2. 19 décembre 1799.
ANNÉE 1799
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la maison d’arrêt de Pélagie, au sujet duquel je vous ai écrit, le 17 du présent mois. Je ne puis croire que vous hésitiez à remettre en place un homme dont la moralité, la vigilance et l’intégrité sont notoirement connus, pour la laisser à un individu destitué dans le Département de Seine-et-Oise, remplacé depuis, et destitué deux fois des fonctions de concierge de la maison d’arrêt de la Grande Force à Paris, et sur le compte duquel une foule de plaintes, que je vous ai communiquées, se sont élevées, sans que vous ayez pris sur son compte, ou que vous m’ayez communiqué les moindre renseignements. Salut et fraternité. Laplace1 New York, H.P. Kraus, Catalogue (1963) BWB67, n° 69 ; et New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
434. Monge à [Laplace], 28 frimaire an VIII [19 décembre 1799]
Rapport Le Directeur de l’Ecole Polytechnique Au Ministre de l’Intérieur 28 frimaire an 82 Exposé Le Ministre de l’Intérieur ayant invité le Conseil de Perfectionnement par sa lettre de ce jour de lui présenter le plus tôt possible le citoyen qui serait qu’il croira le plus capable de remplir la place de 4e professeur de mathématiques créée par la loi du 25 de ce mois, le Conseil a procédé au scrutin en la manière 1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. 19 décembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
accoutumée, et le citoyen Labey, ayant réuni la majorité des suffrages, il a été arrêté qu’il sera présenté à l’approbation du Ministre pour être nommé à la 4e place d’instituteur de mathématiques. Proposition Le Ministre de l’Intérieur est invité à approuver et faire confirmer la nomination du citoyen Labey à la place de 4e instituteur d’analyse pure à l’Ecole Polytechnique. Monge A.N., AFIV3, 12, pièce 11 (Actes du 28 frimaire an 8).
435. Laplace aux Consuls de la République, 29 frimaire an VIII [20 décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le 29 frimaire an 81 de la République une et indivisible
Rapport Présenté aux Consuls de la République par le Ministre de l’Intérieur Citoyens Consuls, Une loi du 25 de ce mois a créé une place de 4e professeur de mathématiques à l’Ecole Polytechnique. Conformément à cette même loi, j’ai invité le Conseil Général à l’Ecole à vouloir bien m’indiquer un candidat propre à remplir cette nouvelle place. 1. 20 décembre 1799.
ANNÉE 1799
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Le citoyen Labey a réuni la majorité des suffrages et le Conseil le présente à votre approbation pour être nommé à la 4e place d’instituteur de mathématiques. Je vous propose, en conséquence, citoyens Consuls, le projet d’arrêt ci-joint. Laplace A.N., AFIV3, 12, pièce 9 (Actes du 28 frimaire an 8)1.
436. Laplace à D’Aigrefeuille, 30 frimaire an VIII [21 décembre 1799]
Au citoyen D’Aigrefeuille, Administrateur des Dépôts Littéraires, rue Villedo, n° 7 A Paris Paris, le 30 frimaire an 82 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur, Au Conservateur du Dépôt littéraire de la rue Culture Catherine Citoyen, le surveillant de l’Ecole de Peinture et Sculpture m’informe qu’il se trouve au dépôt qui vous est confié plusieurs échelles de bibliothèque qui sont disponibles, et il demande que deux de ces échelles soient mises à sa disposition pour l’usage de l’Ecole. Je vous autorise à satisfaire à cette demande. Salut et fraternité. Laplace3 Paris, Bibliothèque de l’Arsenal, MS 6512, fols 78 r et v. 1. La minute d’arrêté se trouve à la même cote, pièce 8. 2. 21 décembre 1799. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
437. Laplace aux Administrations centrales de Département, 30 frimaire an VIII [21 décembre 1799]
5e Division Bureau d’Encouragement Le Ministre de l’Intérieur, aux Administrations centrales de Département Paris, le 30 frimaire an 81 de la République française, une et indivisible Citoyens Administrateurs, je ne doute pas que vous ne regardiez comme un de vos premiers devoirs, le soin de concourir à l’établissement des nouveaux poids et mesures, et que vous n’accueilliez avec empressement tous les moyens propres à en faciliter l’usage. Parmi les nombreux écrits composés dans cette vue, on doit distinguer celui que vient de mettre au jour le citoyen Brisson, membre de l’Institut national ; il est intitulé, Instruction sur les mesures et poids nouveaux, comparés aux mesures et poids anciens, et forme un volume de 130 pages, dont la vente est confiée aux citoyens Bossange et compagnie, libraires. Le but de l’auteur a été de donner, dans un petit espace, des comptes tout faits qui pussent résoudre toutes les questions relatives au nouveau système. Son travail, fondé sur les résultats arrêtés par la commission des poids et mesures, présente, à chaque page, des applications claires et usuelles, et peut servir très-efficacement à dissiper des préventions qui n’ont d’autre prétexte que le défaut d’habitude ou la prétendue difficulté des opérations. Je vous invite, en conséquence, à faire connaître et à recommander cet ouvrage aux citoyens de votre arrondissement ; ils y trouveront, à peu de frais, tous les développemens qui peuvent être nécessaires à l’inexpérience de la plupart d’entre eux. Salut et Fraternité. Laplace Recueil, 3, 118. 1. 21 décembre 1799.
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438. Laplace à l’Administration centrale du Département de Seine-et-Marne, 30 frimaire an VIII [21 décembre 1799]
sans description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Noël Charavay) (décembre 1926), n° 599, p. 15, n° 5361.
439. Laplace à [Monge], 1er nivôse an VIII [22 décembre 1799]
5e Division Bureau de l’Enseignement Archives n° 30 LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le 1er nivôse an 81 de la République française une et indivisible
Le Ministre de l’Intérieur Au Directeur de l’Ecole Polytechnique2 Citoyen, je vous transmets ci-jointe copie conforme de l’arrêté des Consuls de la République, en date du 28 frimaire, qui confirme la nomination du 1. 22 décembre 1799. 2. Gaspard Monge.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
citoyen Labey à la place de 4e professeur de mathématiques à l’Ecole Polytechnique. Je vous invite à m’en accuser la réception. Salut et Fraternité. Laplace E.P., VI 1b2 dossier personnel (1798).
440. Napoléon Bonaparte à Laplace, 2 nivôse an VIII [23 décembre 1799]
Au citoyen Laplace, Ministre de l’Intérieur Paris, 2 nivôse an VIII1 Les Consuls de la République me chargent, Citoyen, de vous inviter à préparer un travail sur les fêtes nationales. Ils désirent principalement que vous examiniez quelles sont les fêtes qui se rapportent à des événements sur lesquels l’opinion des citoyens s’est divisée, et que, pour résultat de cet examen, vous leur fassiez connaître celles qui, appartenant à des époques où les vœux furent unanimes, vous paraîtront devoir être consacrées. Par ordre du Consul Bonaparte Correspondance de Napoléon Ier (Paris, 1860), 6, 43. Cette lettre ne figure pas dans sa Correspondance Générale (Paris, 2005), vol. 2.
1. 23 décembre 1799.
ANNÉE 1799
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441. Laplace aux Administrateurs du Département de l’Aisne, 2 nivôse an VIII [23 décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
2e Division Baux Civils Annonce de rescriptions admissibles en payement de contribution Paris, le 2 nivôse 81 de la République française, une et indivisible Le Ministre de l’Intérieur, aux Administrateurs du Département de l’Aisne Citoyens, J’ai reconnu que les hospices dénommés ci-après sont redevables de 12.928 francs 18 centimes pour leurs contributions antérieures à celles de l’an 7. Savoir
A celui de St. Quentin A celui de La Fère A celui de Château-Chypre A celui de Soissons A celui de Roney A celui de Neuilly St. Front Somme pareille
1. 23 décembre 1799.
fr 3.299 802 5.030 2.992 220 582 12.928
cent 80 92 62 32 70 22 58
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Vous préviendrez les commissions administratives que, conformément à l’arrêté pris par l’ex-Directoire Exécutif le 3 floréal dernier, je viens de charger la Trésorerie Nationale de leur faire passer les sommes ci-dessus, en rescriptions admissibles en payement de contributions, et qu’elles leur seront envoyées incessamment. Salut et fraternité. Laplace1 pour le Chef de la 2e Division Lallemand Laon, Bibliothèque Municipale, 5CA18.
442. Laplace aux Consuls de la République, 3 nivôse an VIII [24 décembre 1799]
Rapport aux Consuls par le Ministre de l’Intérieur 3 nivôse an 82 L’institution des fêtes nationales est un des plus importants objets de l’attention du législateur. Pour qu’elles aient une utilité réelle, il faut qu’une grande idée politique ou morale ait présidé à leur création, et que, dans tous les lieux, et dans tous les temps, elles puissent être célébrées avec le même enthousiasme. D’après ces principes, il paraît convenable de faire quelques changements dans le système des fêtes commémoratives de divers événements de la révolution. De toutes ses époques, peut-être ne faudrait-il consacrer par des fêtes que celle où elle commença et celle qui aurait dû la terminer. Le 14 juillet sera tou1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. 24 décembre 1799.
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jours cher aux amis de la liberté : c’est dans ce jour que l’on porta le premier coup au despotisme héréditaire qui pesait sur la France. Le jour où la République française fut proclamée mérite encore plus nos hommages : c’est là que commence l’ère nouvelle des Français, illustrée par d’innombrables triomphes et des vertus sublimes. Je vous propose en conséquence, Citoyens Consuls, d’inviter par un message les commissions législatives à déclarer que toutes les fêtes commémoratives sont supprimées, excepté celles du 14 juillet et du 1er vendémiaire. Laplace Correspondance de Napoléon Ier (Paris, 1860), 6, 44.
443. Napoléon Bonaparte à Laplace, 3 nivôse an VIII [24 décembre 1799]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Paris, le 3 nivôse, an VIII1 de la République française une et indivisible Bonaparte, Consul de la République, Au citoyen Laplace, membre du Sénat-Conservateur Les services que vous êtes appelé à rendre à la République, Citoyen, dans les fonctions éminentes qui vous sont conférées diminuent mes regrets de vous voir éloigner d’un Ministère où vous vous êtes concilié tous les suffrages. J’ai l’honneur de vous prévenir que j’ai choisi le citoyen Lucien Bonaparte pour votre successeur. Je vous invite à lui faire immédiatement la remise du Portefeuille. Bonaparte minute, datée du 4 nivôse an 8 (25 décembre 1799), A.N., AFIV4, paquette 15, pièce 36 ; copie, A.N., 400AP 139 ; copie, Bancroft, box 1, dossier 22 ; publiée dans Napoléon Bonaparte, Correspondance Générale (Paris, 2005), 2, 1113. 1. 24 décembre 1799.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
444. Laplace à [Napoléon Bonaparte], [après le 3 nivôse an VIII] [après le 24 décembre 1799]
[après le 3 nivôse an VIII]1 Citoyen Consul, Je suis extrêmement sensible à l’honorable témoignage de votre estime et aux regrets dont vous avez la bonté de l’accompagner. Daignez agréer l’expression de ma vive reconnaissance et de mon respectueux dévouement. Signé : Laplace copie A.N., 400AP 139 (au dos de la copie de la lettre de Bonaparte à Laplace du 3 nivôse an VIII).
1. Après le 24 décembre 1799.
445. Laplace à von Zach, 26 ventôse an VIII [17 mars 1800]
Paris, den 26 ventôse VIII1 Ich schicke Ihnen hier einen besonderen Abdruck meiner Abhandlung über die mittleren Bewegungen des Mondes, seines Apogeums und seines Knotens2. Ich habe alle meine Resultate mit den Mondtafeln verglichen, welche in der dritten Ausgabe der Astronomie Lalandes befindlich sind3. Ich habe gefunden, dass man wenigstens um 8 min. die Sekularbewegung der Anomalie dieser Tafeln vermehren müsse. Es sind zwei sehr gute Preisschriften über den Mond bei dem Institut bisher eingegangen, von denen sich eine sehr groEe Verbesserung für die Mondtafeln erwarten lässt ; nach der Lateinischen wäre dies Sekularbewegung 7’14"4. Schon überstiegen die Bewegungen der Mason’schen Mondtafeln in Lalandes Astronomie die des Almagest um 12. min. Folglich ist die Sekularbewegung der Anomalie des Almagests 20. min. unter unserer gegenwärtigen Sekularbewegung, welches offenbar eine Akzeleration in dieser Bewegung anzeigt, welches auch der Theorie ganz gemäß ist, die ich davon gegeben habe. Die Sekulargleichungen der Bewegung des Mondes, seines Apogeums und seines Knotens sind demnach so genau bekannt, als irgend ein Datum in der Astronomie [...] Lettre traduite en allemand et partiellement publiée par Zach dans son Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 4 (août 1801), 113-118.
1. 17 mars 1800. 2. « Mémoire sur les équations séculaires des mouvemens de la lune, de son apogée et de ses nœuds », Mémoires des Sciences Mathématiques et Physiques de l’Institut National. Sciences Mathématiques et Physiques, 2 (an VII), 126-182 ; Laplace, O.C., 12, 191-234. 3. Joseph Jérôme Lalande, Astronomie, 3e éd. (Paris, 1792). 4. Ce mémoire en Latin fut rédigé par Johann Tobias Bürg.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
446. Laplace à Oriani, [avril 1800]
A Monsieur Oriani [avril 1800] J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Oriani mille affectueux compliments. Je le prie d’agréer l’exemplaire ci-joint de ma Mécanique Céleste. Il a bien voulu me promettre de calculer toutes les perturbations des mouvements planétaires. Je lui serai très obligé de m’envoyer les résultats de ses calculs. Je désire bien que des circonstances favorables le ramènent à Paris, et me procurent l’avantage de le revoir une seconde fois. Je le prie d’agréer l’assurance de mes sentiments de l’estime et de l’attachement sincères avec lesquels je suis Son serviteur. Laplace Je joins à l’ouvrage cité une nouvelle édition de mon Exposition du Système du Monde. Je la crois meilleure que la première ; c’est la seule que j’avais. Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1800, 1800 PSL BO.
447. Laplace à Van Swinden, 8 floréal an VIII [28 avril 1800]
Au citoyen Van Swinden Paris, ce 8 floréal an 81 Le citoyen Coquebert m’a écrit, citoyen, que vous aviez enfin obtenu de votre gouvernement la permission de nous envoyer le manuscrit d’Ibn Yünus, 1. 28 avril 1800. Réponse le 8 mai.
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que possède la bibliothèque de Leyde. Je vous remercie infiniment de tous les soins que vous avez pris pour cela. Nous tirerons enfin, de ce précieux manuscrit, tout ce qu’il renferme d’utile à l’astronomie. Vous avez déjà pu voir dans le second volume de l’Institut National pour les Sciences Physiques et Mathématiques, un grand nombre d’observations importantes que le citoyen Caussin en a extraites, et il est probable que le manuscrit en renferme beaucoup d’autres qui serviront à fixer avec beaucoup de précision plusieurs éléments importants de l’astronomie1. Le citoyen Coquebert me marque que vous aurez besoin de mon reçu et de celui d’un de mes confrères de l’Institut. Nous vous en donnerons un, le citoyen Delambre et moi. Vous pourriez donc adresser ce manuscrit à l’ambassadeur de votre République à Paris, et celui-ci nous le remettrait à Delambre et à moi, sur notre récépissé. Veuillez donc bien nous le faire parvenir le plus tôt possible. Delambre me charge de vous offrir mille compliments de sa part. Nous espérons que vous voulez bien vous occuper de l’introduction dans votre pays du nouveau système des poids et mesures. C’est un objet si important, et auquel vous avez contribué d’une manière si distinguée, que je suis persuadé que vous y mettrez tous vos soins. Rien de nouveau dans les sciences à Paris. Vous aurez seulement appris par les nouvelles publiques que notre Institut vient de couronner deux pièces très intéressantes sur les mouvements de la Lune, d’où il doit résulter un perfectionnement sensible des Tables de ce satellite, si utiles pour les longitudes2. Adieu citoyen. Agréez l’assurance de mon estime et de l’attachement bien sincère que vous m’avez inspiré. Je me rappelle toujours avec plaisir celui que j’ai eu à vous voir et à m’entretenir avec vous. Je regrette cet heureux temps et ne me console que dans l’espoir de vous revoir un jour. Laplace On imprime dans ce moment les observations de Delambre et Méchain sur la méridienne, et les expériences de Lefèvre-Gineau. Mais cette impression durera longtemps. Voudriez-vous bien me rappeler au souvenir du citoyen Coquebert et lui offrir de ma part mille compliments et mille remerciements des soins qu’il s’est donné pour le manuscrit d’Ibn Yünus ? Leiden, Universiteitsbibliotheek, BPL 755.
1. Le Livre de la Grande Table Hakémite, éd. Caussin [de Perceval] (Paris, 1804). 2. P.V. Institut, 2, 129.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
448. [Laplace] à [?], 18 floréal an VIII [8 mai 1800]
18 floréal an VIII1 « Daignez agréer ce faible hommage de ma reconnaissance pour le bel ouvrage que vous m’avez envoyé et pour le plaisir que m’a causé sa lecture ... » [Laplace] fragment Mélanges Curieux et Anecdotiques Tirés d’une Collection de Lettres Autographes et de Documents Historiques Ayant Appartenu à M. Fossé-Darcosse (Paris, 1861), p. 20, n° 44 ; B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Charavay) (janvier 1868), n° 153, p. 14, n° 22339 ; et (avril-mai 1869), n° 21567.
449. Laplace, Jussieu, Camus, Bougainville, Fleurieu, Dutheil et Lacepède à Banks, 26 floréal an VIII [16 mai 1800]
Paris, le 26 floréal an VIII2 Laplace, Jussieu, Camus, Bougainville, Fleurieu, Dutheil et Lacepède à Sir Joseph Banks. L’Institut National de France a désiré de voir commencer très promptement plusieurs voyages lointains utiles au progrès des connaissances humaines. Son vœu a été accueilli par notre Gouvernement, qui vient de donner les ordres 1. 8 mai 1800. 2. 16 mai 1800.
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nécessaires pour faire préparer le plus tôt possible des expéditions dirigées par d’habiles marins ainsi que par des savants éclairés et qui va faire auprès du Gouvernement de votre pays les démarches propres à obtenir pour nos bâtiments des passeports ou des sauf-conduits. L’Institut National a pensé que c’était précisément dans le moment où la guerre pèse encore sur le globe, que les amis de l’humanité devaient travailler pour elle, en reculant les limites des sciences et des arts utiles, par des entreprises semblables à celles qui ont immortalisé les grands navigateurs de nos deux nations et les savants illustres qui, Monsieur, on parcouru les terres ou les mers pour étudier la nature avec le plus de succès. Notre haute estime pour vous, Monsieur le Chevalier, et pour vos confrères, les membres de la Société Royale, ne nous a pas permis de douter que vous ne partageassiez nos sentiments à cet égard. Nous nous empressons donc de vous prier de vouloir bien, comme membre des plus distingués de la république des lettres, vous intéresser auprès de votre Gouvernement et avec le zèle que vous ont toujours inspiré les travaux utiles à l’espèce humaine, pour le renouvellement de ces marques de respect envers les sciences que nos deux nations ont données plus d’une fois et par conséquent pour la prompte expédition des passeports qui vont être demandés. Nous ne pouvons nous entretenir avec nous de sciences et d’humanité sans recommander de nouveau et le plus vivement possible à toute votre sollicitude, notre célèbre confrère Dolomieu, qui depuis plus d’un an languit, contre le droit des gens, dans une captivité d’autant plus affreuse qu’il est privé de tout moyen d’écrire, de lire, et de connaître le grand intérêt qu’il fait éprouver à l’Europe savante et à presque tous les gouvernements. Nous ne doutons pas que vous ne renouveliez vos instances en faveur de ce naturaliste si recommandable à tous égards, et nous attendons le plus heureux succès de la juste influence dont vous jouissez. Nous vous prions, Monsieur le Chevalier, d’agréer le témoignage de la haute considération et de tous les sentiments que vous inspirez. Laplace etc. Maindron, Ernest, L’Académie des Sciences (Paris, 1888), pp. 228-229 ; et Notes and Records of the Royal Society, 9 (1952), p. 268.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
450. Laplace à von Zach, 13 juin 1800
Paris, den 13 Junius 1800 Es gibt in der Mondbahn eine bisher ungekannte Nutationsbewegung, die der unseres Erd-Äquators ähnlich, und deren Periode der Bewegung der Mondknoten gleich ist. Das Erdsphäroid bringt durch seine Attraktion auf diesem Erdtrabanten eine Schwankung in der Mondbahn hervor, so wie die Attraktion des Mondes eine Schwankung des Äquators auf unserem Erdsphäroid hervorbringt. Die Größe derselben hängt von der Abplattung der Erde ab, und kann folglich auch über dieses wichtige Element ein großes Licht verbreiten. Hieraus entsteht in der Mondbreite eine Ungleichheit, welche im Verhältnis mit der mittleren Länge des Mondes steht, und deren Koeffizient – 6",5 ist, wenn die Erd-Abplattung zu 1/334 angenommen wird. Dieser Koeffizient nimmt zu, und wird – 13",5, wenn man diese Abplattung 1/230 setzt. Bürg, dieser ausgezeichnete deutsche Astronom, (astronome allemand très distingué) hat schon aus der Vergleichung einer großen Anzahl von Beobachtungen eine periodische Ungleichheit in der Bewegung der Mondknoten angedeutet. Das positive Maximum scheint ihm auf die Jahre 1778 und 1795, und das negative Maximum auf die Jahre 1768 und 1787 zu fallen, welches vollkommen dem Gang dieser Ungleichheit gemäß ist, welche ich gefunden habe. Allein Bürg hat das Gesetz dieser Ungleichheit, welche ihren Einfluss nicht nur auf die Lage der Mondknoten, sondern auch auf die Neigung der Bahn äußert, nicht bestimmt. Die Entdeckung dieses Gesetzes ist demnach eine Wohltat für die Theorie der allgemeinen Schwere, welche in diesem Punkt, so wie in vielen anderen der Beobachtung zuvorgekommen ist. Bürg hat mich durch seine schöne Preisschrift, welche bei unserem National-Institut gekrönt worden ist, veranlasst, die Ursache dieser Anomalie, welche er aus den Beobachtungen in der Bewegung der Mondknoten bemerkt hatte, aufzusuchen, und die Analogie hat mich auf das Resultat, das ich nun hier anzeige, geführt. Dieses Resultat gibt mir eine neue Bestimmung der Mondungleichheit, die von der Länge des Knotens abhängt. Die Beobachtungen hatten Tob[ias] Mayer schon veranlasst, diese Ungleichheit in seinen Mondtafeln einzuführen, ob sie gleich von keiner Mondtheorie angegeben wurde ; er hatte sie in ihrem Maximum auf 4" gesetzt, Mason, der die Mayer’schen Mondtafeln nach den Bradley’schen Beobachtungen verbessert hat, hatte sie 7",7 gefunden. Endlich hat Bürg aus einer groEen Zahl Greenwicher Beobachtungen von Maskelyne diese Ungleichheit auf 7",1 festgesetzt. Das Dasein dieser Ungleichheit ist
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demnach auEer allem Zweifel. Ich habe sie anfänglich aus der Theorie der Schwere nur 2" gefunden. Allein, nachdem ich nachher die Nutation der Mondbahn entdeckt hatte, so sah ich, dass sie einen sehr merklichen Einfluss auf diese Ungleichheit hat, und fand, dass deren Koeffizient sich zu dem der vorigen Ungleichheit der Bewegung in der Breite verhalte, wie 9½ mal die Tangente der Neigung der Mondbahn zur Einheit ; welches 5",6 für diesen Koeffizienten, in der Voraussetzung einer Erd-Abplattung von 1/334 gibt. Er würde bis auf 12" gehen, wenn diese Abplattung 1/230 wäre ; und da alle Beobachtungen diesen Koeffizienten kleiner geben, so folgt daraus, dass die Hypothese der Homogenität unserer Erde selbst von den Beobachtungen der Mondbewegungen ausgeschlossen und widerlegt wird. Lettre traduite en allemand et partiellement publiée par Zach dans son Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 2 (août 1800), 157-159.
451. Laplace à Oriani, 12 fructidor an VIII [30 août 1800]
A Oriani Paris, ce 12 fructidor an 81 Il y a bien longtemps, citoyen, que je me proposais d’avoir l’honneur de vous écrire. Des affaires qui se sont continuellement succédées m’en ont empêché jusqu’à ce jour. Vous aviez bien voulu me promettre de travailler à la théorie des planètes et d’en déterminer toutes les perturbations. C’est un travail dont je m’occupe de mon côté pour la suite de mon Traité de Mécanique Céleste. Le citoyen Bouvard m’est extrêmement utile pour ces calculs et j’espère avec son aide pouvoir donner une théorie complète et très exacte des perturbations planétaires. Mais si vous vouliez bien faire ce travail de votre côté, ce serait une vérification très importante, et qui doit vous coûter d’autant moins que déjà vous en avez publié une grande partie. Vous verrez par le premier volume de ma Mécanique Céleste qu’il est quelquefois nécessaire, surtout 1. 30 août 1800.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
dans la théorie de Jupiter et de Saturne, de porter l’approximation jusqu’au carré de la force perturbatrice, les termes dépendants de cette puissance et de la grande inégalité de ces deux planètes affectant sensiblement les mouvements de leurs aphélies et les variations de leurs excentricités. Mais je crois avoir donné pour en tenir compte la vraie méthode et les formules. Au reste, il me semble que toute l’astronomie des planètes dépend de la théorie de leurs perturbations mutuelles et par cette raison elle mérite toute l’attention des géomètres et des astronomes. Je suis encore occupé de la théorie de la Lune dont je me propose de donner dans le troisième volume de mon ouvrage une analyse plus complète et plus exacte que celles qui ont paru jusqu’à présent. Mais en y travaillant, je reconnais de plus en plus la difficulté des approximations et la nécessité d’une foule de considérations très délicates qui, pour n’avoir pas été employées, ont laissé très imparfaite la plupart des théories connues. Je vous envoie ci-joint l’extrait d’un mémoire que j’ai lu à l’Institut National sur cet objet, et qui est imprimé dans notre Connaissance des Temps pour l’an XI1. L’inégalité dont je donne l’analyse a cela de remarquable, qu’elle offre un des moyens les plus exacts pour connaître l’aplatissement de la Terre ; et il est digne d’attention que la théorie seule de la Lune eût pu faire connaître la grandeur de la Terre par la comparaison de sa parallaxe avec la longueur observée du pendule ; l’éllipticité de la Terre par l’inégalité dont je viens de parler ; et la parallaxe du Soleil par l’inégalité de la Lune dépendante de la simple élongation de la Lune au Soleil. J’ai mis un soin particulier à déterminer cette dernière inégalité par la théorie, et en la comparant à la valeur que Monsieur Bürg vient de lui assigner, au moyen d’un très grand nombre d’observations de Maskelyne. Je trouve à très peu près pour la parallaxe du Soleil le même résultat que par les observations du passage de Venus. Vous aurez sans doute connaissance du prix que le Bureau des Longitudes vient de proposer sur les tables de la Lune. Je pense que vous et vos collègues n’éprouverez aucun obstacle dans vos travaux. L’intention du premier Consul à qui j’en ai parlé est que cela soit ainsi ; et j’espère que les agents du gouvernement s’empresseront de les favoriser. Au reste, s’il s’élevait quelques difficultés à cet égard, veuillez bien m’en instruire et vous pouvez attendre toute protection de la part de notre gouvernement, essentiellement ami des sciences et en particulier de l’astronomie. Agréez l’assurance des sentiments distingués d’estime et d’attachement avec lesquels je suis pour la vie Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1800, 1800 08 30 PSL BO. 1. « Sur la théorie de la Lune », Connaissance des Temps pour l’an XI, 504-506.
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452. Madame Berthollet à Madame Laplace, 10 vendémiaire an IX [1er octobre 1800]
A Madame Laplace rue Christine n° 2, près de la rue des Grands Augustins St Cloud, ce 10 vendémiaire an 91 A peine arrivée à St Cloud, ma belle amie, je me suis empressée de mettre à profit les bons avis que vous nous avez donnés, je me suis transportée à la maison bleue. J’ai fait avertir le propriétaire, et après lui avoir dit la peine que j’avais eue à réunir mes fonds et leur intérêt exorbitant, je lui ai déclaré vouloir tout le jardin en large et en hauteur. Enfin tout, il m’a répondu que je lui en offrirais 6.000 livres qu’il ne s’en déférait jamais, qu’il prétendait que je fisse le mur en pierre jusqu’en haut, voulant réserver cette partie pour y lâcher ses vaches ; j’ai gardé mon quant-à-moi et lui ai dit que le lendemain mon architecte venait, verrait le tout et que je lui rendrais une dernière réponse. Ensuite il me dit, ce n’est pas tout, Madame, je me suis trompé l’autre jour en vous laissant ma petite maison de 3.000 livres. On m’en donne 5.000 livres, et vous pensez bien que je ne veux pas perdre les avantages qu’on m’offre. D’ailleurs, Madame, je viens d’apprendre par l’architecte du château, qu’il a ordre de le préparer pour y recevoir les Consuls ; vous sentez Madame, combien cela donne de valeur à ma maison ; mais désirant traiter avec vous, je ne vous l’augmente point, je vous la laisse suivant mon premier mot à 27.000 livres le tout, vous garantissant l’enchère, ne vous demandant rien qu’aux lettres. Seulement, ayant eu beaucoup de peine à déterminer ma femme à cette vente, elle exige une douzaine de gobelets d’argent pour boire, le poids à mon choix, et le reste comme vous le savez. Je pense, belle amie, que vous pressentez déjà, qu’ayant très envie que mon mari jouisse de cette propriété, 100 louis de plus ou de moins ne me feraient rien, et que je les ajouterais pour faire ma cour à mon mari, sans le lui dire, suivant le caractère prodigue que mes amis m’accordent et se plaisent à divulguer ... Eh bien, belle amie, il n’en n’est rien ; je suis revenue près du cher mari, pensant en chemin, à la facilité qu’auraient bien des gens qui viendraient à la cour, de venir ensuite dîner chez le sénateur B., croyant qu’il aurait toujours table ouverte, et à l’ennui que nous éprouverions 1. 1er octobre 1800.
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à recevoir tant de gens que nous fuyons. Enfin j’arrive et dis la chose au bon mari, qui dit tout de suite, nous n’en voulons plus, cela ne nous convient plus et nous voilà d’accord. Pendant ce temps arrivait Brongniart qui réfléchissant sur la position de l’objet et surtout ce que je lui avais dit qu’il restait à faire, venait, nous dit-il en arrivant, nous engager à y renoncer, et nous répétâmes, c’est fait, mais venez la voir ; il l’a vue comme nous, fort jolie, fort chère à finir, voulant tout le jardin ou rien, et nous fîmes dire au propriétaire qu’elle ne nous convenait plus, et c’est fini pour celle-là ; bonne amie, je vous prie donc instamment d’être l’interprète de ma reconnaissance au près de Madame Peyrard ; comme je ne sais quand il s’en présentera une autre maison, je ne crois pas devoir faire attendre Madame Peyrard pour prendre son argent, et n’ayant point de bienfonds, elle n’aurait pas autant de sûreté. Je la remercie donc, ainsi que vous, excellents amis, dont j’apprécie bien la vraie amitié, et qui, j’espère, avez su apprécier le zèle que je devais mettre à faire une acquisition qui paraissait plaire autant à mon mari ; il est aujourd’hui, ainsi que moi, très franchement content de n’avoir point de propriété dans un lieu qui par la suite sera plus bruyant que Paris ; nous chercherons quelqu’autre beau lieu où nous ne verrons que nos vrais amis, et où les amis Laplace et Chaptal trouveront toujours un petit appartement et des amis pour les recevoir. Agréez, mes bien bons amis, l’assurance bien sincère de mon tendre attachement. [femme] Berthollet Madame Praslin m’a beaucoup demandé de vos nouvelles. lettre complémentaire Bancroft, box 14, dossier 33.
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453. Fleury à Laplace, 25 vendémiaire an IX [17 octobre 1800]
Poissons, 25 vendémiaire an 91 Au Citoyen Laplace Sénateur Rue Christine n° 2 Faubourg Germain A Paris Je vous aurais remercié plus tôt, Monsieur, de votre aimable souvenir et du charmant présent que vous m’avez fait, si, depuis le retour de mon mari, je n’avais été très souffrante, et fort occupée des personnes qui ont eu la bonté de venir le voir. Vous avez comblé notre député des plus douces marques d’amitié et c’est en son nom et au mien, Monsieur, que je vous offre la plus tendre reconnaissance. Votre intéressante compagne, que je ne nommerai plus que ma chère fille, a prodigué à son oncle toutes les plus touchantes preuves de sensibilité. Nous devons donc au ménage toute notre tendresse, et c’est de tout notre cœur que nous la lui donnons. Recevez, Monsieur, avec amitié cette sincère assurance. Je n’ose encore entrevoir le temps où j’irai vous voir ; mais si vos affaires vous laissaient le maître de venir passer quelque temps dans notre solitude avec ma chère fille et l’excellente amie Madame Peyrard, je serais au comble de mes vœux. Au moins, s’ils ne peuvent être remplis en entier au printemps prochain, je me flatte que le voyage promis par ma chère Cocotte2 et Madame Peyrard aura lieu, puisque mon mari m’a dit que vous avez bien voulu y donner d’avance votre agrément. Je vous rends grâces Monsieur de cette marque d’amitié pour moi, qui m’est bien chère. Le coup affreux qui nous a accablé, il y a quelques mois, est encore une plaie qui a besoin de tous les secours de la tendre amitié, et qui m’en donnera de plus doux que ma chère fille et la précieuse amie de celle que j’aimais tant. Je n’oublierai pas mon cher neveu (permettez tout le vieux style de ma lettre) que vous me donnez l’espoir de vous posséder quelque jour ici. Je vous assure dans la vérité de mon cœur que ce sera pour nous tous une satisfaction des plus sensibles.
1. 17 octobre 1800. 2. Madame Laplace.
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Tout ce qui m’entoure, mari, frères, et ma malheureuse sœur vous prient, Monsieur, d’agréer leurs bien sincères compliments. Mon mari et moi y joignions le tendre attachement que nous vous avons voué pour toute la vie. Molerat Fleury1 [P.S.] J’ai encore, Monsieur, de nouveaux remerciements à vous faire sur l’intérêt que vous avez bien voulu prendre à mon cousin Mougeot ; ces braves parents sont dans l’ivresse du bonheur, de la justice qu’on leur a rendue, et ils ont le bien, de plus, de penser que c’est à vous et à ma chère fille qu’ils le doivent. Je ne vous quitterai pas, Monsieur, quoique ma lettre soit déjà fort longue, sans vous rappeler que j’ai chargé ma chère Cocotte de vous offrir ma plus tendre reconnaissance du cher et précieux don que vous m’avez fait ensembles. Je n’avais demandé que des cheveux, et vous avez voulu y joindre un ornement que je porte avec amour et sensibilité. J’embrasse bien tendrement Emile. Voulez vous bien envoyer ma lettre à ma fille. Le Comte de Toul, arrivé ici avant hier soir pour passer quelques jours avec nous, veut que j’offre nominativement ses tendres amitiés au Citoyen Sénateur, qui le traite si bien en toute occasion. Bancroft, box 25, dossier 5, #305.
454. [?] à Laplace, 12 brumaire an IX [3 novembre 1800]
12 brumaire an 92 Au citoyen Laplace, membre du Sénat-Conservateur Le Conseil d’Etat, citoyen Sénateur, a arrêté plusieurs articles sur la formation des listes de notabilité communale. Les Consuls, avant de prononcer sur 1. Marie Anne Brigitte Fleury. 2. 3 novembre 1800.
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leur adoption, désirent s’éclairer dans une conférence à laquelle se rendront les Citoyens Roederer, Crétet et Chaptal. Ils savent combien le concours de vos lumières a déjà été utile à la Section de l’Intérieur, et ils me chargent d’avoir l’honneur de vous inviter à vous trouver à la conférence, qui aura lieu demain à 2 heures, dans le cabinet des Consuls. minute A.N., AFIV*194, pp. 167-168, n° 500.
455. Laplace à Oriani, 20 brumaire an IX [11 novembre 1800]
Au Citoyen Oriani, astronome à Milan Paris, ce 20 brumaire an 91 J’ai reçu, citoyen, les deux lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire avec le mémoire sur les perturbations de Mars qui y était joint. Je vous remercie de l’empressement avec lequel vous avez appliqué des nombres aux formules de ma Mécanique Céleste. Mais j’ai lieu de croire que vous vous êtes trompés relativement aux équations dont l’argument est le double de celui de la grande inégalité de Saturne. Vous supposez le coefficient de cette équation pour Saturne de l'41",49, et il n’est que d’environ 30" et de douze ou treize secondes environ pour Jupiter, ainsi que je l’ai dit dans ma théorie de Jupiter et de Saturne imprimée dans les Mémoires de l’Académie2. Nous différons encore beaucoup l’un et l’autre sur l’inégalité de Saturne dépendante de 2y – 4tr , que vous ne trouvez que de 7'47",50, tandis qu’elle est selon moi de 10'51". J’ai lieu de penser qu’il y a encore ici erreur de votre part : 1° parcequ’une aussi grande différence entre nos formules aurait été reconnue par la comparaison que Delambre et moi nous avons faite des tables aux 1. 11 novembre 1800. 2. H.A.R.S., 88 (1785), 33-160 et 89 (1786), 201-234 ; Laplace, O.C., 11, 95-207 et 211-239.
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observations, et puisque jamais depuis un siècle les bonnes observations n’ont indiqué dans ces tables une minute d’erreur ; je suis persuadé que ma formule ne peut différer de 3' de la vérité ; 2° cette inégalité de Saturne est liée à celle de Jupiter qui dépend de l’angle 3y – 5tr , par un rapport que donne la théorie et qu’il serait trop long de vous exposer ici ; mes formules pour ces deux inégalités satisfont ce rapport et non pas les vôtres ; 3° enfin, le citoyen Burckhardt, adjoint du Bureau des Longitudes, a refait il y a plus d’un an tous les calculs numériques de la théorie de Jupiter et de Saturne, et il a trouvé les mêmes résultats que moi à très peu près. Je vous engage donc à revoir de nouveau, et avec soin, tous vos calculs à cet égard. Je vous engage encore, si vous ne l’avez pas fait, à revérifier de nouveau ma formule analytique de la grande inégalité de Saturne. Quoique je l’aie fait plusieurs fois avec beaucoup de soin, cependant je serais fort aise que vous vouliez bien le faire encore. Je dois vous dire que dans ma Mécanique Céleste j’ai compté 6 anomalies du périgée. Vous trouvez pour Jupiter une inégalité d’environ 17" à laquelle je n’ai point eu égard et qui dépend des carrés des excentricités. Cette inégalité mérite que vous en revoyez avec le plus grand soin tous les calculs, et je vous engage à le faire. J’ai lieu de penser que le mouvement annuel des Tables de Jupiter a besoin d’une correction sensible, et d’une demi seconde au moins : en la faisant et corrigeant l’époque on peut les rapprocher beaucoup des observations. Mais les astronomes discuteront cela quand les inégalités de la planète seront bien établies, ce que je me propose de faire dans la seconde partie de mon ouvrage, où je me propose de donner une théorie de la Lune aussi exacte que le comporte l’état actuel de l’analyse. J’ai lieu de croire que les différences entre les résultats de géomètres sur cet objet tiennent plutôt à des considérations très délicates qu’ils ont omises [prises ?] qu’a l’incertitude même inévitable des approximations. Mais je pourrai bientôt prononcer sur cette incertitude elle-même, lorsque j’aurai terminé quelques calculs numériques que j’ai commencés. Ce n’est que de cette manière, et par une théorie exacte des perturbations célestes, que nous parviendrons à former de bonnes tables astronomiques. Peut-être, malgré tous nos soins, ne représenterons-nous jamais exactement toutes les observations ; car l’attraction des comètes doit avoir quelque influence sur les mouvements planétaires. Mais on ne pourra prononcer sur cette influence qu’après avoir exactement déterminé l’effet des attractions mutuelles des planètes. Continuez donc, citoyen, à suivre cet objet avec constance. Le succès des recherches que vous avez déjà faites doit bien vous y encourager. Je regrette bien que mon ouvrage ne vous soit pas parvenu. J’aurais désiré que vous eussiez vu ma seconde édition du Système du Monde dont je suis un
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peu plus content que de la première, qui était forte imparfaite. Agréez l’assurance des sentiments d’estime et d’amitié que vous m’avez inspirés. Laplace Sans doute, le gouvernement actuel continue de favoriser votre Observatoire. Je suis persuadé que le Général Brune et le citoyen Petiet font tout ce qui dépend d’eux pour encourager les sciences, et ceux surtout qui les cultivent avec autant de succès que vous. Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1800, 1800 11 11 PSL BO.
456. [Laplace] à Caffarelli, 29 brumaire an IX [20 novembre 1800]
29 brumaire an 91 A Ca[f]farelli « Le véritable zéro de cette échelle me paraît être le point qui serait au niveau de la mer. Si l’action du Soleil et de la Lune venant à cesser la mer se fixait à son état d’équilibre, j’ai donné dans le 4e livre de ma Mécanique Céleste, le moyen de retrouver ce point au milieu des agitations continuelles que la mer éprouve par l’action de la mer et du Soleil ... la chose importante est de faire avec un soin particulier, des observations sur les marées et de les continuer pendant une période entière du mouvement des nœuds de la Lune ». [Laplace] fragment Autographes et Documents, Demarest (mars 2002). 1. 20 novembre 1800.
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457. document, 9 frimaire an IX [30 novembre 1800]
9 frimaire an 91 Bureau de Police Objets divers 3ème Matrice, N° 238 Devant nous, Maire et adjoints du 11e arrondissement de Paris, est comparu le citoyen Pierre Simon Laplace, membre du Sénat Conservateur, ci devant domicilié au Mée, Département de Seine-et-Marne, lequel a déclaré fixer son domicile à Paris sur cet arrondissement, rue Christine N° 2, Division du Théâtre Français, à l’effet de remplir les fonctions attachées à sa place. De laquelle déclaration nous avons donné acte audit citoyen Laplace, qui a signé avec nous, sur le registre. Paris, le 9 frimaire, an neuf de la République Boulard, Maire Lettoine, adjoint Rontreuil [?] [illisible] document Bancroft, box 2, dossier 14.
1. 30 novembre 1800.
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458. Forfait à Laplace, 23 frimaire an IX [14 décembre 1800]
Bureau particulier du Ministre LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le 23 frimaire an 91 de la République une et indivisible
Le Ministre de la Marine et des Colonies2 Au citoyen Delaplace, Président du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique Rue Christine, n° 2 A Paris Il m’a été rendu compte, citoyen Président, par l’inspecteur de l’Ecole d’Application des Ingénieurs de Vaisseaux, membre du Conseil de Perfectionnement, que ce Conseil avait émis le vœu d’un examen de sortie pour les élèves de cette école fait par un examinateur qui, avec deux officiers du Génie Maritime, formerait un jury, lequel déciderait de l’admission au service du classement de ceux suffisamment instruits. Par mon règlement, j’ai admis un plus grand nombre de savants de l’Institut, de l’Ecole Polytechnique, de la Marine, au Conseil d’examen. L’inspecteur, examinateur journalier des progrès, m’a paru devoir être l’examinateur définitif. Au surplus, un jury de trois peut être bon aussi. Quant à l’examinateur, il me paraît toujours devoir être choisi parmi les officiers du Génie Maritime. Les élèves sont entrés à l’Ecole d’application avec toutes les connaissances nécessaires en mathématiques, d’après l’examen d’un examinateur de mathématiques. Sur quoi roulerait le nouvel examen qu’il ferait ? J’ai formé le jury, de l’officier du Génie Maritime examinateur, d’un officier général ou supérieur de vaisseaux, d’un officier général ou supérieur d’artillerie. Cette composition offre toute la garantie nécessaire. 1. 14 décembre 1800. 2. Pierre Alexandre Laurent Forfait.
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Peut-être l’enseignement sur les mathématiques n’est pas complet à l’Ecole Polytechnique pour l’Ecole des Ingénieurs de Vaisseaux. Alors ce serait un défaut d’uniformité dans cette Ecole célèbre : c’est de quoi l’inspecteur de celle des Ingénieurs de Vaisseaux s’assurera dans le courant de cette année ; et par la correspondance qu’il a à cœur d’entretenir avec les instituteurs de la mère-Ecole, quelques formules nécessaires dans celle qu’il dirige, pourraient se démontrer dans celle-là : il leur a déjà remis des aperçus sur cet objet. Cet inspecteur m’a envoyé quelques observations sur la partie la plus intéressante de la théorie d’Euler, où il prétend prouver que ses formules sont fausses et dangereuses ; et il me paraît qu’il a raison : mais les affaires de mon Ministère ne me permettant pas d’y faire toute l’attention qu’il serait nécessaire, je vous les adresse, citoyen Président. Cet ouvrage étranger qui s’est introduit dans son Ecole, de préférence à de bons extraits d’auteurs français, ne se trouverait-il pas plus nuisible qu’utile ? Ne trouvent-on pas ici une confirmation de cette grande vérité, qu’il est dangereux pour les personnes même les plus habiles, de sortir de leur sphère ? L’Ecole des Ingénieurs de Vaisseaux étant très peu nombreuse, j’ai été obligé de cumuler sur une seule tête, les fonctions d’inspecteur et de directeur d’étude et d’examinateur. C’est un point d’économie nécessaire, et quelque arrangement qu’il y soit fait, ce qu’il y a de certain, c’est que ses dépenses ne peuvent s’augmenter. Je vous observe encore que dans les autres Corps, l’examen de sortie de l’Ecole d’application, n’est point fait par un professeur de géométrie ; mais par un ou plusieurs officiers du Corps. Cela du moins a lieu pour les Ponts et Chaussées, et je pense qu’il y aurait le plus grand inconvénient à introduire une autre manière d’opérer pour le Génie Maritime, où l’application de la théorie à la pratique est plus que dans tout autre service, soumise à des conditions peu connues même des savants les plus distingués. Je vous prie, citoyen Président, de communiquer cette lettre au Conseil de Perfectionnement. Je vous salue de tout mon cœur. Forfait E.P., III3b (1800).
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459. Laplace à Napoléon Bonaparte, [an IX] [1800/1801]
[an IX]1 Citoyen Premier Consul, [Vous m’avez fait l’honneur de me consulter sur ce qu’il convient de faire pour le citoyen Guyton de Morveau qui se plaint à vous]2 Le citoyen Guyton de Morveau vous a écrit pour se plaindre de n’avoir reçu aucune marque de bienveillance du premier magistrat de la République depuis le rapport du Ministre de l’Intérieur sur les moyens de désinfecter l’air. Vous m’avez renvoyé sa lettre en m’invitant à vous dire ce que l’on peut faire à son égard. Pour répondre à la confiance dont vous m’honorez, je vais d’abord rappeler en peu de mots l’historique d’une des plus importantes applications de la chimie moderne, au soulagement de l’humanité souffrante. Depuis très longtemps, on employait pour cet objet la combustion des aromates, et de la poudre, et l’expansion des acides végétaux. Mais l’action des acides minéraux est incomparablement plus puissante ; on en produisait un, sans s’en douter, par la combustion du soufre : l’acide sulfureux qui en résulte, [est très propre à désinfecter l’air] mais il a le grand inconvénient d’incommoder extrêmement les malades, et celui d’enlever à l’air une partie de son principe respirable, aux dépens duquel il se forme. En 1773, le citoyen Guyton y substitua avec succès l’acide muriatique, quoique sujet au premier de ces inconvénients. Depuis, le docteur Smith3, médecin anglais, a fait usage de l’acide nitrique dont la vapeur est très peu incommode les malades. D’heureuses expériences en ayant fait reconnaître les avantages pour désinfecter les vaisseaux, les prisons et les hôpitaux, et le Parlement anglais a donné 5.000 livres sterling de récompense à l’auteur de cet utile procédé. Enfin, les chimistes français ont proposé – et l’on a employé en Angleterre – l’acide muriatique oxygéné, le plus puissant de tous les acides pour cet objet. Il est peut-être plus incommode aux malades que l’acide nitrique, mais il paraît avoir éminemment la propriété de désinfecter l’air [des grands édifices] et les vêtements viciés. L’utilité de ces divers moyens pour arrêter la contagion dans les maladies épidémiques mérite toute l’attention du gouvernement. Il serait intéressant de 1. 1800/1801. 2. La partie entre crochets est rayée dans l’original. 3. James Carmichael Smyth.
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savoir si l’on en a fait dernièrement usage à St Domingue. J’ai l’honneur de vous proposer en conséquence de renvoyer cet objet et l’examen de l’ouvrage du citoyen Guyton à la première classe de l’Institut National1. Une commission formée des citoyens Berthollet, Vauquelin et Hallé, rédigerait une instruction très détaillée [et fondée] sur l’usage des acides minéraux pour désinfecter l’air, et ferait les nouvelles expériences qu’elle jugerait nécessaires. D’après le rapport de l’Institut, si, comme je le présume, il est favorable à l’ouvrage du citoyen Guyton, vous pourriez autoriser le Ministre de l’Intérieur à répandre un grand nombre d’exemplaires de cet ouvrage, en y joignant l’instruction des commissaires et en assujettissant les médecins à la suivre dans les hôpitaux, les prisons, les lazarets et sur les vaisseaux de la République. C’est à mon sens, la manière la plus avantageuse et la plus honorable de récompenser des travaux utiles à l’humanité. Le citoyen Guyton paraît craindre que l’on ait répandu quelques nuages sur sa conduite politique. Je ne le connais que sous le rapport d’un savant très zélé pour le progrès des sciences et qui, en remplissant avec distinction les fonctions d’Avocat Général au Parlement de Dijon, brava les préjugés de ses confrères en donnant avec un grand succès des leçons publiques de chimie ; et qui s’est acquis par ses travaux une réputation méritée dans l’Europe savante. Quant à ses opinions politiques, il invoque les témoignages du citoyen Consul Cambacérès et des Conseillers d’Etat Lacuée et Fourcroy, ses collègues dans les assemblées législatives, et plus à portée que moi de le connaître sous ce rapport. Il m’a fait part de son désir d’entrer au Sénat. C’est principalement à vous, citoyen Premier Consul, qu’il appartient d’apprécier ce qu’exige le besoin de ne porter à ce premier corps de l’Etat, que des hommes environnés de la considération et de la confiance publiques, sincèrement attachés aux principes actuels du gouvernement, et prêts à le seconder dans les circonstances difficiles et à se dévouer pour empêcher le retour de l’anarchie et [de] toutes les contagions les plus funestes. Salut et respect. Laplace brouillon Bancroft, box 8, dossier 18.
1. P.V. Institut, 2, 679-700.
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460. Joseph et Julie Bonaparte à Monsieur et Madame Laplace, 16 brumaire [entre 1800 et 1805]
16 brumaire [entre 1800 et 1805]1 J[oseph]. Bonaparte et Madame Julie Bonaparte prient le Sénateur Laplace et Madame Laplace de leur faire l’honneur de venir dîner chez eux vendredi prochain 19 du courant, à 7 heures. Bancroft, box 14, dossier 9.
461. Ramond à [Laplace], [entre 1800 et 1805]
[entre 1800 et 1815] [suite d’une lettre de Ramond dont le commencement est perdu]2 très étroite, car son fond est occupé presqu’en entier par le cours de son torrent. C’est dans cette vallée que j’ai fait en deux ans 400 observations. Sa hauteur relativement à Tarbes est parfaitement connue par le nivellement de Vidal ; elle est de 493 toises à compter du cabinet de Dangos au mien, et comme cette hauteur est comprise dans celle que Vidal a attribuée au Pic du Midi, hauteur que je viens de vérifier suffisamment par une observation barométrique ; comme les observations du Pic du Midi déposent en même temps en faveur de nos ins1. 7 ou 8 novembre 1800 à 1805. 2. Cette lettre est peut-être la même qu’une adressée au Bureau des Longitudes juste avant le mois de juillet 1800.
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truments et de l’emploi de la formule, il me semble que celles que j’ai faites à Barèges ont tous les caractères qui peuvent inspirer la confiance et autoriser les conséquences que j’en tire. Je me borne à vous présenter le tableau de celle de midi du mois de fructidor dernier, sans toutefois charger cette feuille des hauteurs barométriques et thermométriques. Il suffit d’en offrir ici les résultats. Hauteurs déduites : 2 fructidor XI à 0H
485 toises
20 fructidor 0H
488 toises
3
479 temps orageux
21
489
5
483
22
486
7
486
23
487
9
478 suite d’orage
24
487
10
480
26
486
11
478 temps orageux
27
484
12
483
28
480 suite d’orage
13
470 queue d’orage
29
485
14
484
30
484
15
487
ler complémentaire
485
16
485
5
483
18
484
19
484
moyenne
483.4
Cette moyenne est de 10 toises au-dessous de la hauteur réelle, et quand même on éliminerait les 6 observations des 3.9.10.11.13 et 28, qui sont évidemment mauvaises, la moyenne ne s’élèverait encore qu’à 485 toises et demeurerait encore de 8 toises ou de plus de 1/61ème au-dessous de la hauteur véritable. Deux choses sont à observer ici : 1° : La marche des instruments n’est rien moins qu’anomale et tous ces résultats sont assez bien suivis. 2° : L’erreur est constamment dans un sens : elle est toujours en moins, lorsque toutes les considérations que j’ai rapportées ci-dessus auraient dû faire présumer qu’à cette heure du jour, elle serait ordinairement en plus. Or, j’ai toujours eu les mêmes résultats, depuis que j’observe à Barèges, et sur 400 observations pas une seule n’a donné une hauteur qui atteigne la véritable. Si donc l’erreur ne peut être attribuée au thermomètre puisqu’il tend, au contraire, à donner une hauteur trop forte, il semble qu’on doive l’imputer
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au baromètre, et conclure qu’il se tient constamment plus haut, dans de pareilles vallées, que leur élévation relative ne le comporte, car je ne saurais en chercher la cause dans quelque distribution particulière de l’humidité, vu que l’observation de l’hygromètre ne m’a rien présenté qui s’écarte des règles ordinaires. Mais un autre agent n’interviendrait-il pas dans ce phénomène ? Une circonstance qui ne vous aura pas échappé, en parcourant le tableau que je viens de vous présenter, c’est que les observations les plus divergentes appartiennent à des temps orageux. Ce fait est l’un des plus constant que j’aie remarqué, et il ne peut s’expliquer par le trouble de l’atmosphère, car il a lieu par le plus beau temps, dans le calme le plus parfait, quand il précède ou suit l’orage, comme dans le moment même où il éclate avec le plus de furie, et toujours l’erreur est en moins, quelle que soit la position du foyer de la tempête à l’égard des deux observateurs. Ceci m’a trop souvent frappé pour que je ne sois pas tenté de croire que le fluide électrique a une forte influence sur la marche des instruments, et qu’il est pour beaucoup dans les fortes oscillations qu’on observe alors dans le baromètre, non qu’il agisse directement sur lui, mais par la manière dont il affecte les diverses couches de l’atmosphère. Mais comment apprécier cette influence et en faire entrer l’expression dans nos formules ? Voilà une question nouvelle qui ne peut être résolue que par une longue suite d’observations directes mises en œuvre par des têtes comme la vôtre. Quoiqu’il en soit, j’ai voulu voir si la cause quelconque, qui agit sur les instruments dans le fond des vallées, influerait encore sur eux à une certaine élévation au-dessus de ce même fond, lorsqu’ils seraient placés de manière qu’une partie de la colonne d’air, comprise entre les parois de la vallée, se prolongerait au-dessous de leur station. J’ai choisi deux points dont j’ai mesuré l’élévation relative : tous deux bien aérés et aussi isolés qu’une pareille situation le comporte. L’un est un rocher projeté en avant, l’autre l’embouchure d’un vallon formant une terrasse en corniche à 300 mètres, au-dessus du fond de la vallée principale. Je n’ai pu encore y multiplier beaucoup les observations, mais, jusqu’à présent, elles ont été affectées du même vice, et il m’a été aussi impossible d’obtenir ici des résultats justes que cela m’a été facile au haut du pic où j’ai porté mes instruments. Quand aux observations du matin et du soir, elles me donnent constamment des résultats misérables. L’erreur est toujours en moins et va d’un vingtième jusqu’à un dixième. De tout ce qui précède, je crois pouvoir conclure que les hauteurs déterminées dans des vallées, à l’aide du baromètre, méritent en général peu de confiance, quelque soit le nombre d’observations sur lesquelles cette détermination est fondée, et qu’elles en méritent d’autant moins que ces vallées sont plus étroites et plus profondes, et que l’on a fait entrer dans le calcul un plus grand nombre d’observations, du matin et du soir.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Je puis conclure encore, que la formule de Trembley, ainsi que la formule de Deluc corrigée par Schuckburgh, s’appliquent fort bien à la mesure des montagnes isolées, pourvu que les observations soient faites vers midi et dans des temps favorables. Je conclus enfin que pour rendre l’emploi du baromètre plus général et plus sûr, il reste à analyser les diverses influences dont l’action se confond dans le résultat de la condensation ou de la dilation de l’air, et qui sont représentés en gros par la correction de température, correction qui est réellement excessive dans la formule de Trembley parce qu’elle renferme, en outre, la moyenne de toutes les autres corrections. Ce beau résultat nous le devrons, j’espère, à l’important travail que Gay-Lussac a entrepris sous vos yeux et ceux du citoyen Berthollet, et c’est un présent tout à fait digne de vous, à faire à la science météorologique. Je profiterai encore de quelques beaux jours qui nous restent pour faire des excursions utiles. Comme je suis au moment de rédiger ma flore des HautesPyrénées, cette saison est propre à compléter mes collections de cryptogames, et le baromètre me suit et me suivra partout. Ensuite, je me hâterai de me rendre à l’Institut, puisqu’on assure que le corps législatif ne sera pas encore convoqué de sitôt. Je compte, dans l’intervalle, recevoir au moins indirectement des nouvelles de votre santé, car j’en demande à tout le monde, avec l’espérance que la campagne, les voyages et un peu de repos d’esprit durant ce bel été, auront rétabli votre estomac. Veuillez permettre que Madame de Laplace trouve ici mes très humbles hommages, et que je vous demande de me rappeler au bienveillant souvenir du citoyen Berthollet. Agréez pour vous-même, citoyen Sénateur, et illustre confrère, l’expression de mon dévouement très respectueux. Ramond Bancroft, box 18, dossier 17.
462. reçu, 12 nivôse an IX [2 janvier 1801]
12 nivôse an 91 Le Citoyen Emile Laplace Avances faites 1 paire de chaussons de Lizière avec semelles en frimaire an 8 1 paire de chaussures 1 coupe de cheveux le 2 frimaire an 8 2 paires de bas noirs en germinal an 8 1 coupe de cheveux le 18 messidor an 8 2 grammaires latines et 1 grammaire française Dictionnaire Français et Dictionnaire Latin Epitome, De viris, appendix, Boileau Portefeuille et porte crayon Un cadre pour les modèles de dessin 10 paires de souliers
2
1 12 1 3 10 4 3 13 50 102
75 75 50 50 40 50 10 20
70
J’ai reçu du citoyen Laplace la somme de 102 livres 70 centimes, montant des articles ci-dessus. A Paris, ce 12 nivôse an 9 Dubois reçu Bancroft, box 28, dossier 12. 1. 2 janvier 1801. 2. Dans ce même dossier se trouvent deux autres reçus semblables pour les années 1801 et 1803.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
463. Laplace à [Chaptal], 27 nivôse an IX [17 janvier 1801]
Paris, le 27 nivôse an 91 Le Président du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique Au Ministre de l’Intérieur2 Citoyen Ministre, Le Conseil de Perfectionnement dans sa séance de clôture du 3 courant a arrêté son rapport sur la situation de l’Ecole Polytechnique, pour vous être présenté, en conformité de l’article 34 de la loi du 25 frimaire an 8. Veuillez bien le recevoir et m’en accuser réception, ainsi que des pièces à l’appui, formant un recueil sous 21 numéros, et certifiée conforme au procèsverbal des séances. Veuillez aussi approuver que le procès-verbal des séances du Conseil, et pièces [qui] y [sont] relatives, restent déposées dans les archives de l’Ecole Polytechnique, pour y avoir recours au besoin, suivant le vœu exprimé par le Conseil dans sa dernière séance. Salut et respect. Laplace3 A.N., F171139, dossier 14 (169) ; et copie dans E.P., Procès-verbaux des séances du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, I, fols 82 r et v.
1. 17 janvier 1801. 2. Jean Antoine Claude Chaptal. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
ANNÉE 1801
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464. [Chaptal] à Laplace, 27 nivôse an IX [17 janvier 1801]
le 27 nivôse an 91 Le Ministre de l’Intérieur par intérim2 Au citoyen Laplace, Président du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique Conformément à votre lettre de ce jour, citoyen, j’ai reçu le rapport du Conseil de Perfectionnement sur la situation de l’Ecole Polytechnique, ainsi que les pièces à l’appui, certifiées conformes, et formant un recueil sous les 21 numéros ci-désignés. J’informe le Directeur de l’Ecole du dépôt qui doit être fait dans ses archives du procès-verbal du Conseil de Perfectionnement et pièces à l’appui, pour y avoir recours au besoin. Recevez, citoyen, pour tous les membres qui ont composé le Conseil, l’assurance que leurs travaux sont dignement appréciés par le gouvernement et que les dispositions seront faites, sans délai, pour en utiliser les résultats. Je vous salue. [Chaptal] brouillon A.N., F171386, dossier 18 (560) ; et copie dans E.P., Procès-verbaux du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, I, fol. 82v.
1. 17 janvier 1801. 2. Jean Antoine Claude Chaptal.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
465. Laplace à Prieur-Duvemois et Gassendi, 2 pluviôse an IX [22 janvier 1801]
le 2 pluviôse an 91 Laplace, Président dudit Conseil de Perfectionnement, Aux citoyens Prieur, Officier supérieur du Génie militaire, membre du Conseil de Perfectionnement, et Gassendi, Officier, Général d’artillerie, aussi membre du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique Conformément au vœu du Conseil, citoyen Général, je vous adresse les extraits du procès-verbal des séances du Conseil, qui concernent particulièrement l’arme – du Génie militaire – de l’Artillerie de Terre, afin de vous mettre à même de rendre compte au Ministre de la Guerre2 de la mission qui vous a été confiée. Salut et fraternité. Laplace copie E.P., Procès-verbaux des séances du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, I, fol. 83r.
1. 22 janvier 1801. 2. Louis Alexandre Berthier.
ANNÉE 1801
661
466. Laplace à [Chaptal], 3 pluviôse an IX [23 janvier 1801]
Paris, le 3 pluviôse 91 de la République une et indivisible Le Président du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique au Ministre de l’Intérieur2 Citoyen Ministre, Conformément à ce qui a été convenu avec vous pour terminer les opérations du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, je vous adresse ci-joint un projet de lettre et extraits du procès-verbal des séances concernant les écoles d’application dépendantes du Ministère de la Guerre. Je vous prie, citoyen Ministre, de revêtir ces pièces de votre signature et [de] les faire adresser au Ministre de la Guerre3. Salut et respect. Laplace4 A.N., F171386, dossier 18, pièce 5635 ; et copie dans E.P., Procès-verbaux des séances du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, I, fols 83 r et v.
1. 23 janvier 1801. 2. Jean Antoine Claude Chaptal. 3. Louis Alexandre Berthier. 4. Seule la signature est de la main de Laplace. 5. La minute du projet de lettre qui a été envoyée par le Ministre de l’Intérieur se trouve à A.N., F171386, dossier 18, pièce 564, datée du 7 pluviôse an IX.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
467. Laplace à Du Bouchage et Vial du Clairbois, 5 pluviôse an IX [25 janvier 1801]
Le 5 pluviôse an 91 Circulaire adressée aux citoyens Du Bouchage, Officier supérieur de l’artillerie de la Marine, [et] Vial, directeur de l’Ecole des Ingénieurs-Constructeurs de vaisseaux, membres du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, par le citoyen Laplace, Président dudit Conseil Conformément au vœu du Conseil, citoyen[s], je vous adresse les extraits du procès-verbal de ses séances, qui concernent particulièrement le service – de l’Artillerie de la Marine – des Ingénieurs-Constructeurs de vaisseaux, afin de vous mettre à même de rendre compte au Ministre de la Marine2, de la mission qui vous a été confiée. Salut et fraternité. Laplace copie
E.P., Procès-verbaux des séances du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, I, fols 83v et 84r.
1. 25 janvier 1801. 2. Pierre Alexandre Laurent Forfait.
ANNÉE 1801
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468. Laplace à [Chaptal], 5 pluviôse an IX [25 janvier 1801]
Paris, le 5 pluviôse an 91 de la République Le Président du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique au Ministre de l’Intérieur2 Citoyen Ministre, Conformément à ce qui a été convenu avec vous pour terminer les opérations du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, je vous adresse ci-joint un projet de lettre et extrait du procès-verbal des séances concernant les écoles d’application dépendantes du Ministère de la Marine. Je vous prie, citoyen Ministre, de revêtir ces pièces de votre signature et les faire adresser au Ministre de la Marine3. Salut et respect. Laplace4 A.N., F171386, dossier 18, pièce 5685.
1. 25 janvier 1801. 2. Jean Antoine Claude Chaptal. 3. Pierre Alexandre Laurent Forfait. 4. Seule la signature est de la main de Laplace. 5. La minute de cette lettre se trouve aux A.N., F171386, dossier 18, pièce 567, datée du 5 pluviôse IX.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
469. Berthier à [Laplace], 25 pluviôse an IX [14 février 1801]
Le 25 pluviôse an 91 Le Ministre de la Guerre2 au Président du Conseil de Perfectionnement3 de l’Ecole Polytechnique Les Consuls ont approuvé, citoyen, en totalité, les dispositions adoptées le 16 frimaire dernier, par le Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, pour l’enseignement des élèves de l’Ecole d’application d’artillerie, d’après le programme précédemment admis pour ceux du Génie, ainsi que celle particulière, relative au mode d’examen de sortie de l’une et l’autre école. Je vous envoie, en conséquence, une expédition de l’arrêté qu’ils ont pris à cet effet. Je vous salue. Alex[andre] Berthier Le Général de Brigade, adjoint au 1er Inspecteur Général de l’Artillerie Gassendi copie E.P., Procès-verbaux des séances du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, I, fols 84v et 85r.
1. 14 février 1801. 2. Louis Alexandre Berthier. 3. Laplace.
ANNÉE 1801
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470. Vial du Clairbois à [Laplace], 16 ventôse an IX [7 mars 1801]
Marine Ecole des Ingénieurs de Vaisseaux LIBERTÉ
ÉGALITÉ A Paris, le 16 ventôse de l’an 91 de la République française, une et indivisible
L’Inspecteur de l’Ecole des Ingénieurs de Vaisseaux2 Membre du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique Au Président du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique3 J’ai reçu, citoyen Président, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, le 4 du mois passé, les extraits du Conseil de Perfectionnement qui concernent particulièrement le service des ingénieurs de vaisseaux. Ils m’ont servi à rendre compte au Ministre de la Marine4 de la mission qu’il m’a confiée. Il en a résulté l’article du règlement additionnel, qu’il m’a adressé le 12 de ce mois, dont ci-joint copie. Salut et respect. Vial
E.P., III,2 ; et copie dans Procès-verbaux des séances du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, I, fol. 85v.
1. 2. 3. 4.
7 mars 1801. Honoré Sébastien Vial du Clairbois. Laplace. Pierre Alexandre Laurent Forfait.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
471. Laplace à Bouvard, 22 ventôse an IX [13 mars 1801]
Au Citoyen Bouvard astronome A l’Observatoire Ce 22 ventôse an 91 Je vous engage, mon cher ami, à venir dîner demain 23 avec moi. Nous causerons ensemble de nos calculs. Je vous embrasse. Laplace Philadelphia, American Philosophical Society, 509/L56.
472. reçu, 4 germinal an IX [25 mars 1801]
4 germinal an 92
Commandement Art 1121 du Rôle
Contribution personnelle, mobiliaire et somptuaire, an IX
--Préfecture du Département de la Seine Maison du citoyen Lignereux --1. 13 mars 1801. 2. 25 mars 1801. Imprimé sauf ce qui est en italique.
ANNÉE 1801
Ville de Paris --IIe arrondissement
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Le citoyen Laplace, dont l’habitation est évaluée à 1000 francs doit pour sa Contribution Personnelle, Mobiliaire et Somptuaire
Division d’ Rue Christine Savoir Cotte Personnelle et Mobiliaire
149,85
Taxes
Pour 3 domestiques
10,50
Somputaires
Centimes additionnels
29,75
Total
190,10
Taxation à 2 cent. par franc
3,81
Total général
193,91
Payé à compte
47,41
Reste à payer
146,50
Reçu par moi, Percepteur soussigné, la somme de 47 francs 41 centimes au compte dont quittance, sans préjudice des années antérieures. A Paris, ce 4 germinal an 9 de la République Chenié Percepteur du onzième Arrondissement [Au dos] J’ai reçu la somme de 99 francs 9 centimes pour solde, le 1er frimaire an 10. Chenié Controlé n° 44 La Forge reçu Bancroft, box 10, dossier 241. 1. Dans ce même dossier se trouve un autre reçu semblable pour la même année.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
473. Laplace à von Zach, 5 germinal an IX [26 mars 1801]
Den 5 Germinal an IX1 [...] Ich sehe mit vielem Leidwesen aus Ihrem Schreiben, dass Bürg’s Krankheit seine vortreffliche Arbeit so sehr verspätet. Ich hoffe und wünsche, dass eine Erholungsreise nach Gotha ihn herstellen, und ihm neue Kräfte geben wird, seine neuen Mondtafeln zu vollenden. Ich beschäftige mich gleichfalls sehr viel mit der Mondtheorie ; allein je mehr ich über diesen Gegenstand meditiere, je schwieriger scheint es mir, gute Tafeln der Bewegung des Mondes in der Länge aus der Theorie allein zu entwerfen, wegen der zu geringen Konvergenz und der zu großen Schwierigkeit der Approximationen. Indessen nähert sich meine Analyse mehr als irgend eine andere Beobachtung ; allein um ihr die Präzision zu geben, welche noch fehlt, so müsste man so mühsame Berechnungen machen, dass ich sie gar nicht unternehmen kann. Es scheint mir demnach das Einfachste und das Genauste zu sein, unsere Zuflucht zu den Beobachtungen zu nehmen. Allein ich bin nicht derselben Meinung in Betreff [Betrifft] der Mondbewegung in der Breite. Die Approximationen in diesem Punkt sind einfacher und genauer, so dass ich glaube, dass die Theorie hierin einen Vorzug vor den Beobachtungen hat, und da, so viel als möglich, die Tafeln von der Theorie abhängen müssen, so ist meine Meinung, dass man besser daran tun würde, wenn man die Breitentafeln bloss aus der Theorie berechnete, wie man es mit den Parallaxentafeln getan hat. Übrigens ist ein geringer Unterschied zwischen den Resultaten meiner Analyse und den gegenwärtigen Tafeln, dass man diese dafür annehmen kann, als waren sie unmittelbar durch die Theorie selbst gegeben. Inzwischen, wenn Sie an Bürg schreiben, so bereden Sie ihn doch, auch diesen Teil aus den Beobachtungen zu bestimmen. Ich habe aufs Neue mit äußerster Sorgfalt die Ungleichheiten bestimmt, welche die Kenntnis irgend eines wichtigen Elements einschließen. Ich habe vorerst die Berechnung der Sekulargleichungen des Mondes wieder vorgenommen. Bürg macht die der mittleren Bewegung in seiner Preisschrift nur 7" in diesem Jahrhundert. Ich glaube, man müsse sie auf 11" setzen, und sich sodann der Tafel bedienen, die in der dritten Ausgabe der Astronomie Lalandes befindlich ist. Diese Tafel setzt die Sekularabnahme der Schiefe der Ekliptik auf 50", und mir scheint, dass dies das wahrscheinlichste Resultat über diesen Punkt ist. 1. 26 mars 1801.
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Auf diese Art stimmt die mittlere Sekularbewegung des Mondes, die Bürg gefunden hat, auf das vollkommenste mit jener, die Bouvard in seiner Preisschrift bestimmt hat, und dessen Arbeit über die mittleren Bewegungen mir vorzüglich gut scheint. Übrigens geben die Bradley’schen Beobachtungen, mit den Maskelyne’schen verglichen, ein etwas verschiedenes Resultat von demjenigen, was aus dem Vergleich Maskelyne’schen Beobachtungen mit den Flamsteed’schen folgt. Ich wünschte daher sehr, dass sich Bürg die Mühe geben mochte, die Bradley’schen Mondbeobachtungen, welche jetzt herausgegeben worden [sind], in dieser Hinsicht zu berechnen. Ich finde an meinen ersten Bestimmungen der Sekulargleichungen eine kleine Änderung nötig. Die Sekulargleichung der mittleren Anomalie, welche ich zu 43/10 der mittleren Bewegung bestimmt hatte, finde ich jetzt nur 4 mal so groß. So finde ich die Sekulargleichung des Knotens statt 70/100 der mittleren Bewegung, wie ich vorher hatte, jetzt 725/1000. Diese Sekulargleichungen sind durch alle alte, von den Chaldäern, Griechen und Arabern beobachteten Finsternisse bestätigt. Ich sehe sie als eines der kostbarsten Resultate der Theorie der allgemeinen Schwere an. Wenn Sie an Bürg schreiben, so raten Sie ihm, diese Gleichungen nach diesen Verhältnissen in seine neuen Mondtafeln aufzunehmen. Es gibt in der Theorie des Mondes zwei sehr wichtige Gleichungen, weil sie beide von der Abplattung der Erde abhängen. Ich habe sie aus meiner Theorie mit großer Sorgfalt abgeleitet und bestimmt. Bitten Sie Bürg in meinem Namen, diese Koeffizienten mit großem Fleiß zu bestimmen. Die eine ist die Gleichung für die Länge, die von der Länge des Knotens abhängt, und die Bürg auf 6,"8 setzt ; die andere ist die Gleichung für die Breite, die vom Sinus der wahren Länge des Mondes abhängt, und welche ich –7,"5 finde. Die eine und die andere geben ungefähr 1/310 für die Abplattung der Erde. Sie haben zu diesem Behufe den Vorzug über die geodetischen Messungen, dass sie unabhängig von den Unregelmäßigkeiten der Erdgestalt sind. Es liegt also sehr viel daran, sie durch eine sehr große Anzahl von Beobachtungen zu bestimmen. Eine ebenso wichtige Gleichung ist die der Länge, welche vom Sinus des Abstandes des Mondes von der Sonne abhängt. Sie begreift in sich die Sonnenparallaxe. Ich habe bei ihrer Bestimmung die Approximationen sehr weit getrieben, so dass ich sie jetzt durch die Theorie sehr genau bestimmt glaube. Wenn ich den Koeffizienten dieser Gleichung zu 2’2,"1 annehme, so wie Sie mir schreiben, dass ihn Bürg gefunden habe, so finde ich daraus die Sonnenparallaxe 8",6. Schreiben Sie Bürg, ich ließe ihn bitten, diesen Koeffizienten nochmal sehr scharf zu bestimmen. Die Konstante der Mondparallaxe verdient gleichfalls große Aufmerksamkeit. Man muss diejenige, die in Lalande’s Astronomie vorkommt, beträchtlich vermindern, um sie mit der Theorie zu vereinbaren. Allein die Bestimmung dieser Konstante aus den beobachteten Abweichungen des Mondes hängt leider von der Strahlenbrechung ab. Das ist also ein eben so misslicher als wichtiger Punkt, den ich Bürgs bekannter Sorgfalt und Strenge bestens empfehle.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Was die Form der Tafeln betrifft, um welche Sie mich befragen, so ist diese ganz gleichgültig. Bürg scheint mir bis jetzt dem T. Mayer gefolgt zu sein. Dieser hat nach Newton das Apogeum und den Mondknoten durch die jährlichen Gleichungen verbessert. Dies erspart freilich die Ungleichheit, die vom Sinus der mittleren Mondlänge, mehr der mittleren Anomalie der Sonne, abhängt ; allein wäre es um der Gleichförmigkeit willen nicht besser, diese Ungleichheit einzuführen, und das Apogeum nicht zu verbessern ? Ebenso, wenn man bei der Breitenbewegung die Ungleichheit einführte, die vom Sinus des Arguments der Breite, mehr der mittleren Anomalie der Sonne, abhinge : so brauchte man ebenfalls die Länge des Knotens nicht zu verbessern. Auf diese Art würden die Argumente der Tafeln sämtlich von derselben Form sein. Übrigens, da alles dies zur Genauigkeit der Tafeln nichts beiträgt, so mag Bürg dieses so einrichten, wie es ihm am besten dünkt, und bei der alten Form bleiben, besonders da er die jetzigen Tafeln in dieser Form mit so vielen Beobachtungen verglichen hat. Was die Gleichung betrifft, die vom Sinus der Distanz des Mondes vom Apogeum abhängt, und welche Bürg nur ungefähr 11" findet, ich hingegen 17" gefunden hatte : so gebe ich gern zu, dass Bürg sich an dieses Resultat der Beobachtung halten mag ; denn ich sehe sehr wohl ein, dass die vernachlässigten Glieder in meinem Approximationen 5 bis 6 Sekunden betragen können. Ich habe Mühe zu glauben, dass in den Tafeln noch merkliche Gleichungen ausgelassen sind, besonders nachdem Bürg sie alle so sorgfältig unternacht hat. Allein es ist möglich, dass die Summe aller dieser kleinen vernachlässigten Gleichungen auf eine Viertelminute gehen können. Man muss dem Mason die Gerechtigkeit wiederfahren lassen, dass er aus Mayer’s Theorie, und aus den Bradley’schen Beobachtungen den größten Vorteil zu ziehen gewusst hat, und dass seine Verbesserung der Mondtafeln eine sehr schätzbare Arbeit war. Es war kein Wunder, dass unsere besten Sonnentafeln noch eine Viertelminute fehlen konnten. Ich habe gefunden, dass es noch viele kleine Gleichungen gibt, die man bisher vernachlässigt hat, und die von den Exzentrizititen der Venus, des Mars und des Jupiter abhängen, deren Summe bis auf 12" gehen kann. Ich zweifle nicht, dass, wenn man sie mitnimmt, die Sonnentafeln sich ungleich mehr den Beobachtungen nähern werden. Bouvard hat diese Gleichungen nach meinen Formeln bestimmt ; und Delambre will hiernach seine Sonnentafeln ganz umarbeiten. Alles dieses erscheint im dritten Bande meine Mécanique Céleste, welchen ich künftigen Winter dem Druck zu übergeben gedenke. Der Friede wird ohne Zweifel den Wissenschaften eine neue Wirkungskraft geben. Fahren Sie fort, Ihrerseits das Ihrige dazu beizutragen, und auf diese Art die Erkenntlichkeit der Freunde der Vernunft zu verdienen […] Lettre traduite en allemand et partiellement publiée par Zach dans son Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 4 (août 1801), 120-131.
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474. Charlotte de Saxe-Gotha à Laplace, 12 avril 1801
A Laplace Gotha, ce 12 avril 18011 Citoyen Sénateur, J’ai vue avec bien du plaisir par les lettres du citoyen Lalande à Monsieur le Baron de Zach, que vous demandez quelquefois de mes nouvelles. Je suis on ne pas peut plus flattée de cette marque de votre souvenir, et je saisis une occasion favorable qui se présente pour vous en témoigner ma reconnaissance, avec d’autant plus d’empressement que le porteur de cette lettre est un de vos compatriotes, homme de mérite que j’eus l’occasion de voir souvent pendant le séjour qu’il fit à Gotha. C’est le citoyen Henry, ci-devant astronome de l’Electeur Palatin à Mannheim, ensuite Astronome Impérial à St Pétersbourg. Il préfère comme de raison sa belle patrie au Palatinat et à la Russie, et il va rentrer en France. Si j’étais française, je ferais bien autant. Mais il y a douze ans que le citoyen Henry est absent de sa patrie ; elle lui est devenue presque étrangère ; mais il y apporte deux belles qualités, celle d’être français de nation et beaucoup de talent, et des connaissances comme notre ami le Baron de Zach me l’a assuré, avec lequel il a passé sept semaines dans son observatoire, et qui l’aime et l’estime infiniment. Les qualités et les mérites ne suffisent pas toujours dans ce bas monde, comme vous savez, citoyen Sénateur, et quoique la France actuelle soit le pays où cette monnaie ait le plus de cours, il faut toujours des amis et des protecteurs, surtout à un homme qui, dans un nouvel ordre des choses, se trouve dans sa propre patrie tout aussi isolé comme en pays étranger. Vous trouverez extrêmement ridicule qu’une femme se donne les airs de vouloir vous recommander un savant, un astronome et géomètre du mérite du citoyen Henry. Mais aussi, n’ai-je pas cette prétention. L’ami Zach m’a engagé de ne vous demander qu’une seule faveur pour le citoyen Henry, c’est de vous prier de faire attention à ce savant ; le Baron de Zach m’assure qu’il ne faut que cela pour reconnaître son mérite et que vous démêlerez bien le reste. Je peux donc, en toute conscience et avec d’autant plus de confiance, vous prier, citoyen Sénateur, de fixer vos regards sur le porteur de cette lettre ; 1. Le début de cette lettre porte la date du 12 avril 1801, mais la fin est datée par la Duchesse le 22 avril 1801.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
ce savant m’a intéressé par son honnêteté, sa douceur, son zèle et son activité avec laquelle il a travaillé avec notre ami à l’Observatoire, et surtout par le témoignage qu’il lui rend de son grand savoir et de son habileté. Effectivement, il me paraît qu’un savant, dont le mérite a été reconnu d’une manière aussi éclatante pour être admis dans un corps de savants aussi distingué que l’est l’Académie Impériale des Sciences de St Pétersbourg, qu’un étranger, sans recommandation, sans appui, dans un pays comme la Russie, y ait pu trouver des amis et des protecteurs, et s’élever par son seul mérite à une place aussi honorable que celle d’Astronome Impérial, ne peut pas manquer d’intéresser ses propres compatriotes qui sont à même de le juger. Cette réflexion de notre ami Zach m’a paru si juste que je me suis prêtée en toute confiance à cette démarche de vous parler du citoyen Henry. Au reste, c’est l’ami Zach qui reste responsable de l’idée qu’il a, et par laquelle il m’a entraînée, qu’un mot de ma part puisse quelque chose auprès de vous. Je vous avouerai ingénuement, citoyen Sénateur, que cette idée a quelque chose de si flatteur pour moi que je suis la première à vous avouer franchement que la démarche de vous écrire en faveur du citoyen Henry, et pour laquelle on me fait une si douce violence, n’est qu’un acte d’amour-propre de ma part. On n’a jamais honte de ses faiblesses vis-à-vis d’un grand homme, on reste toujours si loin au-dessous d’eux, qu’un peu plus ou un peu moins n’y fait rien. C’était une raison de plus qui m’a déterminée à vous écrire cette lettre, laquelle, j’ai beau dire le contraire, a effectivement l’air d’une lettre de recommandation. Mais vous m’avez donné tant de marques de votre amitié et de votre indulgence, citoyen Sénateur, que je suis même jalouse de ne mériter que celle-ci. J’ai appris avec bien de la sensibilité par Madame Lalande que vous vous êtes intéressé à la perte que je viens d’éprouver dans ma famille par le décès de ma belle-fille ; je suis très touchée de cette marque de votre bienveillance. Veuillez me la conserver et être bien persuadé des sentiments de la plus haute estime et reconnaissance avec lesquels je me fais gloire d’être, citoyen Sénateur, Votre très obéissante servante et amie. Charlotte Duchesse de Saxe-Gotha Bancroft, box 7, dossier 15.
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475. Laplace à Dieudonné, 28 germinal an IX [18 avril 1801]
Au citoyen Dieudonné, Préfet du Département du Nord, à Douai Paris, ce 28 germinal an 91 J’ai reçu, citoyen et ami, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Je suis extrêmement sensible à votre souvenir. J’ai remis au Ministre de l’Intérieur2 celle que vous m’aviez adressée pour lui. N’ayez aucune inquiétude relativement à votre inscription sur la liste nationale. Elle est de droit, et le Ministre m’a assuré qu’il ne l’oublierait pas. Je vois avec plaisir, ce dont je ne doutais pas auparavant, que votre Département est très content de vous voir à la tête de son administration. C’est l’un des plus importants de la France, soit par sa population, soit par son industrie, et par les travaux nécessaires pour lui donner encore plus d’activité3. Je désirerais bien de pouvoir vous y aller voir, et j’accepterais avec un grand plaisir les offres que vous voulez bien me faire ; mais occupé de travaux scientifiques que j’ai bien envie de terminer, je compte rester à Paris ou dans ses environs. Vous savez les nouvelles, soit du Nord, soit de l’Egypte. L’avenir nous en apprendra davantage. Je ne me mêle point de prédire en ce genre, non plus qu’en météorologie, car les événements du monde moral me semblent aussi difficiles à prévoir que ceux de notre atmosphère ; mais je me repose entièrement sur la sagesse et la prévoyance du gouvernement. Quoique l’on n’envisage qu’avec envie ceux qui gouvernent, j’ai assez reconnu de quel poids ils sont accablés. Aussi, loin d’envier leur sort, je suis plutôt porté à les plaindre ; et lorsqu’ils gouvernent bien, je leur voue la plus vive reconnaissance. Veuillez bien me donner souvent de vos nouvelles que je recevrai toujours avec un grand intérêt. Si je puis vous être bon ici à quelque chose, ne m’épargnez point et comptez que je saisirai avec empressement toutes les occasions 1. 18 avril 1801. 2. Jean Antoine Claude Chaptal. 3. Voir : Christophe Dieudonné, Statistique du Département du Nord (Douai, an XII-1804).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
de vous être utile. Agréez les sentiments d’estime et d’attachement avec lesquels je suis, Votre concitoyen. Laplace B.N., MS, n.a.fr. 1305, fols 99r-100v.
476. Laplace à von Zach, 9 prairial an IX [29 mai 1801]
9 Prairial an IX1 Ich habe nun verschiedene Rechnungen, die Mondtheorie betreffend, vollendet, und das Vergnügen gehabt zu sehen, dass der größte Unterschied zwischen meinen Koeffizienten und jenen der Tafeln nicht über 13" ging für die Länge, und 3" für die Breite. Unter den Ungleichheiten, welche beträchtlich sein können, habe ich noch zwei gefunden, welche Mayer in seiner Theorie nicht angegeben hat. Ich lasse Bürg recht sehr bitten, sie so genau als möglich aus den Beobachtungen zu bestimmen. Die erste dieser Gleichung hat zum Argument 2p – 2S – V ,
wo U die Mittlere Anomalie des Mondes, S der Abstand des Mondes von der Sonne, und V die mittlere Anomalie der Sonne ausdrückt. Diese Ungleichheit kann nach meiner Rechnung 9 bis 10 Sekunden betragen. Die zweite Gleichung hat zum Argument den Winkel 2p – 2S + V
1. 29 mai 1801.
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Ich halte sie für kleiner als die erste. Es ist überflussig zu sagen, dass diese Ungleichheiten dem Sinus dieser Winkel proportional sind. Indessen geschieht es nur mit der äußersten Vorsicht (extrême circonspection), dass ich diese zwei Ungleichheiten vortrage. Denn da ich meine Approximationen nur bis auf Glieder der vierten Ordnung getrieben habe, so ist es möglich, dass die der fünften Ordnung noch beträchliche Änderungen hervorbringen können. Deswegen ersuche ich Bürg, diese Koeffizienten mit großem Fleiß zu untersuchen, und aus einer großen Menge von Beobachtungen zu bestimmen. Ich lasse ihn auch bitten, die Ungleichheit in Betrachtung zu ziehen, die vom Winkel S + V – p abhängt ; es scheint mir ebenfalls, als ob sie von einiger Bedeutung sein könnte. Die Entdeckung irgend einer merklichen Gleichung ist eine wahre Eroberung in der Mondtheorie ; nur durch die Erörterung ihrer Koeffizienten aus den Beobachtungen lässt sich die Vervollkommnung der Mondtafeln erwarten. Ich hoffe, dass Bürg sich diese Mühe nicht wird verdrießen lassen, denn ich sehe seine Arbeit als eine der nützlichsten und wichtigsten an, die man in der Astronomie machen kann. Sagen Sie ihm, mit welcher Ungeduld wir seine treffliche Arbeit erwarten. Empfehlen Sie ihm aufs Neue die Bestimmung der Ungleichheit der Breitenbewegung, die vom Sinus der wahren Länge des Mondes abhängt, und dessen Koeffizient die Abplattung der Erde gibt ; er scheint mir –5,"5 zu sein. Diese Ungleichheit macht mir erklärbar, warum Bürg sowohl als Bouvard die Neigung der Mondbahn auf die Ekliptik 6 bis 7 Sekunden kleiner als Mason gefunden haben. Dieser letzte hat sich der Bradley’schen Beobachtungen von 1750 bis 1760 bedient. Im Mittel dieses Zeitraums war die Länge des Knotens sechs Zeichen ; in dieser Lage trägt diese Ungleichheit gerade dazu bei, die Neigung der Bahn um 7,"5 zu vermehren ; Mason musste folglich diese Neigung zu groß finden, dagegen Bürg und Bouvard Beobachtungen gebraucht haben, die in einem Zeitraum gemacht waren, der so groß, oder größer, als eine Periode der Knoten Bewegung war ; folglich mussten sie die wahre Neigung finden. Es folgt nun hieraus, dass, wenn die Länge des Knotens null, oder fast null ist, die Länge des Mondes II, III oder IV Zeichen, oder VIII, IX und X Zeichen, so müssen die Mason’schen Breitentafeln einen Fehler von 13 bis 14" geben. Was die übrigen Ungleichheiten dieser Tafeln betrifft, so scheinen sie mir alle sehr gut bestimmt, und der Theorie ganz gemäß zu sein. Ich habe Mühe zu glauben, dass die Masse der Venus größer als die Erde sei ; die Sekularabnahme der Schiefe der Ekliptik ist nicht über 50" ; aber sie ist gewiss größer als 35". Ich glaube daher, Bürg wird wohl daran tun, wenn er in seinen Tafeln die Sekulargleichung für den Mond so annimmt, wie sie in der dritten Ausgabe von Lalande’s Astronomie steht, wenn er die für die Anomalie viermal so groß als [die] der mittleren Bewegung, und die für den Knoten 0,74 von der mittleren Bewegung macht. Machen Sie Bürg viele Komplimente ; sagen Sie ihm, welchen lebhaften Anteil ich an der Herstellung seiner Gesundheit nehme, und wie sehr es mich
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gefreut hat, zu vernehmen, dass er sich besser befinde. Ich setze den größten Wert auf seine Arbeit, und erwarte ihre Beendigung mit der höchsten Ungeduld. Hierin liegt der wahre Ruhm (la vraie gloire). Seine Arbeiten vereinigen den doppelten Nutzen, dass sie das Gebiet der Ideen (le domaine de la pensée) erweitern, und der Menschheit nützen. Dr. Burckhardt wird Ihnen ohne Zweifel seine Berechnungen über Piazzis neues Gestirn mitgeteilt haben. Dieser Astronom hatte alle seine Beobachtungen Lalande geschickt, und Burckhardt hat daraus eine elliptische Bahn berechnet, deren Exzentrizität 36 tausendteil, die Umlaufzeit 4 ½ Jahr, und die Neigung ungefähr 11° ist. Allein bevor man über die Natur dieses Gestirns urteilen kann, muss man sehen, ob es wieder erscheint, wenn es aus den Sonnenstrahlen kommen wird. Es ist sehr verdrießlich, dass Piazzi die Astronomen nicht früher von dessen Erscheinung benachrichtiget hat ; man hätte es länger beobachten können [...] Lettre traduite en allemand et partiellement publiée par Zach dans son Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 4 (août 1801), 131-139.
477. Laplace à Maurice, 22 prairial [an IX] [11 juin 1801]
Au citoyen Maurice, professeur de mathématiques. A Genève Paris, ce 22 prairial [an IX]1 J’ai reçu, citoyen, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire et dans laquelle vous me parlez de quelques endroits de ma Mécanique Céleste qui vous ont causé de l’embarras dans le temps que je faisais imprimer cet ouvrage. Le citoyen Biot, actuellement professeur au Collège de France, voulut bien en revoir les épreuves et les lisait sous mes yeux. Il a fait tous les calculs des endroits que vous citez, dans le plus grand détail. Si vous désirez vous 1. 11 juin 1801.
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adresser à lui, il vous indiquera la route qu’il a suivie, pour vérifier mes résultats. Occupé dans ce moment de la rédaction du troisième volume de cet ouvrage, il m’est impossible de vous donner moi-même les renseignements que vous désirez, et que le citoyen Biot se fera un plaisir de vous donner. Voudriez-vous me rappeler au souvenir de votre Préfet, et de son aimable épouse et leur offrir mes respectueux compliments1 ? Veuillez bien agréer l’assurance des sentiments d’estime et d’attachement, avec lesquels j’ai l’honneur d’être Votre concitoyen. Laplace Genève, Archives Maurice.
478. von Zach à [Laplace], 24 juin 1801
Seeburg, le 24 juin 1801 Citoyen Sénateur, Je m’empresse de vous envoyer le résultat que mon ami Bürg vient de trouver tout[e] à l’heure, en déterminant le coefficient de la nouvelle inégalité de la latitude, que votre sagacité a découverte. Il est bien étonnant de voir combien vous avez déterminé au juste ce coefficient par votre théorie ; il n’y a que 2/10 de seconde de différence. Monsieur Bürg a quelque scrupule sur le signe de l’équation, mais je lui ai fait voir dans mon Journal, mois d’août 1800, p. 157, qu’il ne peut y avoir de doute ; peut-être, dans votre lettre, qu’il a oubliée à Vienne, vous rapportez cette équation à la latitude-même, au lieu à la distance au pôle de l’écliptique, et dans ce cas-là, il fallait le signe contraire2. 1. Frédéric Guillaume Maurice et son épouse, Rose née Vanière. 2. Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 2 (août 1800).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Monsieur Bürg va déterminer à présent ab ovo la longitude du nœud, ce qui lui donnera, avec une précision plus grande encore, la différentielle du supplément du nœud. Dès qu’il sera parvenu au résultat, nous [ne] manquerons pas de vous en faire incessamment le rapport. Nous attendons avec bien de l’empressement l’éclaircissement que nous avons pris la liberté de vous demander au sujet de la nouvelle équation ˜ rV. 2p – 2w
Si U est réellement la longitude moyenne de la Lune, elle n’ajoutera pas tant à la correction et perfection des tables. Le nouvel astre de Piazzi occupe tous les astronomes d’Allemagne. Je crois qu’il n’y a pas de doute qu’il ne soit la planète supposée exister entre Mars et Jupiter1. Les éléments elliptiques de son orbite, que Burckhardt vient de m’envoyer, contribueront au moins à en faciliter la recherche dès que cet astre sortira des rayons du Soleil. J’ai fait graver une petite carte pour le cahier du mois de juillet de mon Journal, sur laquelle j’ai tracé le chemin que cet astre parcourra dans les mois de juillet, août, septembre, selon ces éléments elliptiques, cela mettra les astronomes et les amateurs en campagne, peut-être cela nous donnera l’avantage d’une découverte plus prompte ; quoique je ne crois pas qu’on pourra l’apercevoir dans le crépuscule du matin avant le 15 août environ2. Je lui donnerai la chasse avec une bonne lunette parallactique, c’est le seul instrument avec lequel on pourra l’attraper de bonne heure, car pour les observations méridiennes, il faudra attendre au moins la fin du mois de novembre, et encore avoir une bien bonne lunette de passage, et supposer que jusqu’alors, les éléments de l’orbite seront un peu mieux connus. Les éléments de Burckhardt ne reposent que sur un mouvement de 42 jours, c’est bien peu pour une orbite de 4 ans. Si cette planète se montre effectivement telle, elle aura bien besoin de la main du maître pour la réduire. Comme j’ai tous les moyens de faire de bonnes observations, je prendrai la liberté, citoyen Sénateur, de vous les envoyer, quoiqu’elles ne vous manqueront pas à Paris, où il y a tant d’habiles astronomes, munis des meilleurs instruments. Mais comme j’ai la meilleure lunette de passage qui existe, j’espère voir cet astre au méridien, lorsque d’autres astronomes ne le pourront pas. C’est déjà mon cas avec Uranus, dans les deux quadratures. Madame la Duchesse de Saxe-Gotha me charge de bien des compliments pour vous et pour votre épouse. Vous avez, citoyen Sénateur, tout ce qu’un mortel peut désirer, honneur, gloire et prospérité ; on ne peut que vous souhaiter une santé parfaite et inal1. Il s’agit de l’astéroïde Cérès. 2. Monatliche Correspondenz…, 4 (juillet 1801), après p. 68.
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térable, et les années de Nestor. Quand il s’agit du premier savant de l’univers, on ne peut demander moins. Vous [n’]appartenez plus à une nation, mais à toute l’espèce humaine. Toutes les nations cultivées de ce globe doivent s’intéresser à votre conservation, mais personne ne peut faire des vœux plus ardents que celui qui a l’honneur d’être le plus grand de vos admirateurs. Zach Paris, Bibliothèque de l’Observatoire.
479. Laplace à von Zach, 20 messidor an IX [9 juillet 1801]
20 messidor an 91 « Les Tables de Mars du C. Le Français [de Lalande] ont besoin de quelques équations sensibles, dépendantes du carré des excentricités. Je les donnerai dans mon ouvrage, et j’espère que les tables se rapprocheront par là des observations autant qu’on peut le désirer ..., mais je porte ici plus loin les approximations » [...] Fragment de lettre publiée par Zach dans son Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 4 (septembre 1801), 258n.
1. 9 juillet 1801.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
480. Laplace à von Zach, 30 messidor an IX [19 juillet 1801]
Paris, 30 messidor an IX1 Laplace y parle des travaux de Bürg sur la théorie de la Lune. Longs détails et calculs à ce sujet. Puis il annonce qu’il s’occupe en ce moment des perturbations planétaires, dont Bouvard a fait tous les calculs numériques. « Je me flatte qu’il en résultera de nouvelles Tables des planètes, plus exactes encore que celles dont nous faisons usage. Cette théorie et celle de la Lune formeront le troisième volume de ma Mécanique Céleste, que je me propose de publier cet hiver »2. « Vous avez bien raison dans ce que vous m’écriviez sur Piazzi. Il est bien fâcheux qu’il n’ait pas prévenu à temps les astronomes. Car on aura quelque peine à retrouver cet astre. Son inclinaison plus grande que celle des autres planètes peut faire une légère difficulté contre l’opinion de ceux qui en font une planète, mais elle est encore moindre que l’excentricité de Mercure. Je ne suis donc point éloigné de croire que cet astre est une planète, et je vous engage bien à la chercher aussitôt qu’elle sera dégagée des rayons du soleil ». « Le nouvel astre observé par Piazzi, ne doit pas, vu son extrême petitesse, influer sensiblement sur les mouvements planétaires, mais si c’est une planète, j’espère que d’ici l’hiver prochain, son orbite sera suffisamment connue, pour que je puisse donner dans mon ouvrage les perturbations qu’il éprouve ». Il offre ses respectueux hommages à la Duchesse de Saxe-Gotha3, « qui, par ses rares connaissances et par son zèle pour la plus belle des sciences naturelles, fait honneur à son sexe ». description et fragment Lettre partiellement publiée par von Zach dans son Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 4 (août 1801), 159 ; Inventaire des Autographes et des Documents Historiques Réunis par M. Benjamin Filon, Séries I et II, Initiateurs-inventeurs, chefs de gouvernement (Paris : Charavay, 1877), I, 19, article 64 (Vente du 16 et 17 février 1877) ; B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 253 ; Paris, Archives de l’Académie Française, Collection Moulin, dossier Laplace, où il y a une description plus longue prise de Charavay, (12 mars 1872), n° 82, 1G47 ; et description encore plus longue dans Charavay, (19 juillet 1901). 1. 19 juillet 1801. 2. Traité de Mécanique Céleste (Paris, an XI - 1802), 3, 169-303. 3. Marie Charlotte Amalie.
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481. Laplace à von Zach pour Bürg, 14 fructidor [an IX] [1er septembre 1801]
A Monsieur Monsieur Zach Astronome A Gotha Paris, ce 14 fructidor [an IX]1 A Monsieur Zach pour remettre à Monsieur Bürg Je vous remercie, Monsieur, de la peine que vous en avez prise de calculer les inégalités que je vous avais prié de déterminer par les observations. Comme elles m’étaient données par des approximations très délicates, et dans lesquelles je ne puis pas répondre de 8 ou 10 secondes, je ne vous les ai présentées qu’avec une extrême circonspection, et seulement, comme méritant votre attention. Ainsi vous devez vous en rapporter plutôt à votre résultat qu’à celui de ma théorie ; et c’est une chose très utile que de vous être assuré qu’elles ne sont d’aucune importance. Il n’en est pas de même des équations qui dépendent soit de la longitude du nœud de la Lune, soit du mouvement vrai de la Lune, et qui renferment l’aplatissement de la Terre. Elles me sont données d’une manière certaine par la théorie, et je vois avec grand plaisir par vos lettres qu’elles coïncident à donner le même aplatissement de la Terre. J’en ai donné l’analyse dans le troisième volume de l’Institut, qui vient de paraître, et l’astronomie vous est très redevable de les avoir déterminées avec un grand soin par les observations, puisqu’il en résulte une grande lumière sur l’aplatissement du globe terrestre2. Veuillez bien encore examiner l’inégalité qui dépend du sinus du double de l’argument 10 et que vous portez à 62",0, tandis que Mason ne le faisait que de 57",4. Ma théorie me donne encore moins que Mason. Mais je le répète, il faut sur cela s’en rapporter aux observations à cause de l’incertitude des approximations. Je vois que vous diminuez considérablement le moyen mouvement de la Lune. Cela me paraît indiqué par les observations de Bradley, 1. 1er septembre 1801. 2. « Mémoire sur la théorie de la lune », Mémoires de l’Institut National des Sciences et Arts. Sciences Mathématiques et Physiques, 3 (1801), 198-206 ; Laplace, O.C., 12, 257-263.
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comparées à celles de Maskelyne. Mais celles de Flamsteed comparées à celles de Maskelyne semblent indiquer une diminution moindre. C’est un point très important à éclaircir. Le défaut de bonnes observations dans le dernier siècle et la proximité de celles de Bradley rendent incertain tout ce qui concerne les moyens mouvements, soit de précession, soit de la Lune, du Soleil et des planètes. Dans 50 ou 60 ans, d’ici, on sera mieux instruit à cet égard. Mais je pense qu’il sera difficile d’ajouter à la précision de vos Tables de la Lune, relativement aux inégalités, et je commence à croire que l’erreur qu’elles peuvent avoir encore tient à la somme de très petites inégalités qu’il sera difficile de déterminer. Je réponds maintenant aux questions que vous me faites. La correction de l’apogée de la Lune des Tables de Mayer a été introduite par cet astronome pour simplifier les tables. En effet, de cette manière quelques arguments deviennent très peu considérables, mais puisqu’il les a conservés, je ne vois pas trop ce qu’il a gagné à donner cette forme à ses tables, dont la marche sans cela eut été plus uniforme. Mais enfin cela n’influe point sur leur exactitude, et il n’y a aucun inconvénient à leur conserver cette forme. Quant à la réduction de la longitude dans l’orbite à l’écliptique, je vous observerai qu’elle est le résultat de plusieurs qualités dépendantes soit de l’inclinaison de l’orbite lunaire à l’écliptique, soit de la force perturbatrice du Soleil. Ce n’est donc qu’improprement qu’elle peut être appelée réduction, et je ne crois pas qu’à cet égard il y ait rien à changer aux tables. J’ai calculé les perturbations des planètes sur la Lune, et je me suis assuré que leur effet est insensible ; ainsi vous pouvez n’y avoir aucun égard. L’inégalité de la Lune en latitude, dépendante de l’aplatissement de la Terre, doit être supposée, pour plus d’exactitude, proportionnelle au sinus de la longitude vraie de la Lune, au lieu du sinus de la longitude moyenne. La différence est insensible, mais le calcul est aussi facile, en employant la longitude vraie, telle que la théorie la donne. Je m’occupe beaucoup dans ce moment de la théorie des planètes. J’espère qu’il en résultera de nouvelles tables plus précises encore que celles que nous avons. Je travaillerai ensuite la théorie des satellites de Jupiter, et Delambre retouchera ses Tables. En réunissant à tout cela vos nouvelles Tables de la Lune, il en résultera un ensemble de tables astronomiques plus parfaites que celles qui existent. Le Bureau des Longitudes de France se propose de les publier successivement. Veuillez bien offrir mille compliments de ma part à Monsieur Zach. J’attends avec bien de l’impatience le résultat de ses recherches sur l’astre de Piazzi, qui n’est pas excusable d’en avoir primitivement dérobé la connaissance aux astronomes. Voudriez-vous me rappeler au souvenir de Madame la Duchesse de Saxe-Gotha, et lui offrir mes respects ?
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Agréez l’assurance des sentiments d’estime et de considération avec lesquels je suis, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Vienne, Oesterreichische Nationalbibliothek, Autogr. 4/54-2.
482. Laplace à Bügge, 15 fructidor an IX [2 septembre 1801]
A Monsieur Monsieur Budge [Bügge] Secrétaire de l’Académie Royale des Sciences de Copenhague A Copenhague Paris, ce 15 fructidor an 91 Monsieur, J’ai reçu avec la plus vive satisfaction, la lettre par laquelle vous m’annoncez que votre illustre Académie a daigné me choisir pour un de ses membres étrangers. Veuillez bien lui faire agréer l’expression de ma reconnaissance, et lui dire que je regarde cette distinction honorable comme la plus flatteuse récompense de mes travaux. Les termes obligeants dans lesquels vous m’annoncez cette agréable nouvelle lui ajoutent, à mes yeux, un nouveau prix par l’estime singulière que vous m’avez inspirée. Les bontés que vous m’avez témoignées pendant votre séjour à Paris, me sont toujours présentes et me laissent le regret de vivre éloigné de vous. Je suis, Monsieur, avec les sentiments d’une considération très distinguée, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Copenhague, Kongelige Bibliotek, Ny kgl. Saml. 1304, f. IV, 8. 1. 2 septembre 1801.
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483. Laplace à [Chaptal], 25 fructidor an IX [12 septembre 1801]
Le 25 fructidor an 91 Le Président du Conseil de Perfectionnement au Ministre de l’Intérieur2 Citoyen Ministre, J’ai l’honneur de vous envoyer copie du procès-verbal de la séance du Conseil de Perfectionnement, qui vient d’être tenue conformément à votre lettre d’invitation du ... de ce mois3. Vous y verrez, citoyen Ministre, que son suffrage a porté sur le citoyen [Gardeur-] Le Brun (Claude), professeur d’artillerie à Metz. Je vous prie, citoyen Ministre, de vouloir bien sanctionner ce vœu, par la nomination du citoyen Le Brun à la place d’inspecteur [des] élèves et membre du Conseil de l’Ecole Polytechnique. Salut et respect. Laplace copie E.P., Procès-verbaux des séances du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, I, fol. 88r.
1. 12 septembre 1801. 2. Jean Antoine Claude Chaptal. 3. Il y eut une lettre d’invitation du Ministre de l’Intérieur, du ... fructidor an IX, qui s’est égarée avant qu’elle a pu être copiée sur les registres.
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484. Laplace à Perregaux, 2 vendémiaire an X [24 septembre 1801]
sans description Catalogue d’une Précieuse Collection de Lettres Autographes Formée par feu M. E. Griolet ... Vente des 5 et 6 avril 1910 (Genève, 1910), p. 44, n° 423.
485. reçu, 6 brumaire an X [28 octobre 1801]
6 brumaire an X1 J’ai reçu du citoyen Laplace la somme de 200 livres pour une pièce de vin ordinaire. A Paris, ce 6 brumaire an X Huart femme Monge
reçu Bancroft, box 10, dossier 20.
1. 28 octobre 1801.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
486. Leveillé et Laplace à Volta et Brugnatelli, 12 brumaire [an X] [3 novembre 1801]
A Volta et Brugnatelli 12 brumaire [an X]1 « Aimables épitres où ils expriment le désir de voir et d’embrasser ces deux savants ». Signé par : Jean Baptiste François Léveillé et Laplace description Revue des Autographes (mai 1897), p. 11, n° 170 ; et (1931), n° 44, p. 23, n° 370.
487. Laplace à Napoléon Bonaparte, 10 frimaire an X [1er décembre 1801]
A Bonaparte Paris, ce 10 frimaire an X2 Citoyen Premier Consul, Je viens d’examiner la description de la machine astronomique du citoyen Ghiesbreght, professeur de mathématiques à Bruxelles, que le citoyen Four1. 3 novembre 1801. 2. 1er décembre 1801.
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croy m’a remise de votre part. Cette machine ne me paraît offrir rien d’utile au progrès de l’astronomie, ni pour en faciliter l’étude. Elle est d’ailleurs incomplète ; la planète Uranus découverte, il y a vingt ans par Herschel, ne s’y trouvant point comprise. Comme pièce d’horlogerie, elle est inférieure à celles du même genre, qui sont déjà connues, et particulièrement à une machine semblable présentée à l’Institut, par le citoyen Janvier, habile horloger de Paris1. Le citoyen Delambre, commissaire de cette dernière machine, et que j’ai prié d’en faire la comparaison avec celle du citoyen Ghiesbreght la trouve fort supérieure à celle-ci. Je regrette toujours que d’habiles artistes tels que le citoyen Janvier, s’occupent de pareilles machines, au lieu de perfectionner les montres marines qui sont de la plus grande utilité pour la navigation et la géographie, et dont l’invention est une des choses qui honorent la fin du dernier siècle. Qu’il me soit permis de vous rappeler, à cette occasion, le nom du citoyen Louis Berthoud, le premier artiste peut-être, de l’Europe, en ce genre, et dont les montres ont singulièrement contribué aux progrès de la géographie nautique. La Commission chargée de l’examen de la théorie du citoyen Volta sur l’électricité galvanique, a répété hier avec un soin particulier, les expériences qui lui servent de fondement ; elle se propose de faire demain primidi, son rapport à l’Institut2. L’intérêt que vous avez pris à ces belles expériences, me fait croire que vous l’entendrez avec plaisir, si vos occupations vous permettent d’assister à la séance. Daignez, citoyen Premier Consul, agréer l’assurance de ma respectueuse considération et de mon entier dévouement. Laplace Londres, Wellcome Historical Medical Library, MS 8694.
1. Il présenta une « sphère mouvante » à l’Institut le 6 frimaire an VIII (27 novembre 1799). Voir P.V. Institut, 2, 43-44. 2. P.V. Institut, 2, 440.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
488. reçu, 18 frimaire an X [9 décembre 1801]
18 frimaire an 101 D’après l’arrêté de compte de ce jour, je reconnais qu’il ne m’est rien du par le citoyen Laplace. A Paris, ce 18 frimaire an 10 Duprat reçu Bancroft, box 3, dossier 12.
489. Laplace à Dieudonné, 30 frimaire an X [21 décembre 1801]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Le Sénateur Laplace au citoyen Dieudonné Paris, le 30 frimaire an X2 de la République J’ai reçu, citoyen Préfet, la lettre obligeante que vous m’avez fait l’amitié de m’écrire, avec le discours qui y était joint, et que j’ai lu avec beaucoup d’intérêt. Veuillez bien agréer tous mes remerciements de cet envoi. Votre sou1. 9 décembre 1801. 2. 21 décembre 1801.
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venir m’est toujours extrêmement agréable, j’ose me flatter qu’il est celui de l’amitié, et je vous prie de croire que je réponds à ce sentiment de votre part par un sentiment entièrement semblable. Je vous vois occupé sans cesse des objets de votre administration, mais je pense que maintenant qu’ils vous sont devenus familiers, votre travail est moins pénible. Je désire qu’il n’altère point votre santé. Tout est parfaitement tranquille à Paris. Le Premier Consul part vers la fin de la décade prochaine pour Lyon, mais je pense que son voyage ne sera pas long. Il sera précédé par les ministres des Relations Extérieures1, qui part demain, et par celui de l’Intérieur, qui partira le 5 nivôse. C’est un événement important qui marquera dans l’histoire des peuples. J’imagine que vous vous occupez d’envoyer au Ministre2 un état exact des naissances et des morts dans votre Département chaque année3. C’est un objet qui m’a toujours intéressé, et je vous serai très obligé de donner à cet état tout le soin possible, en distinguant les sexes de cette manière : Il est né cette année tant d’enfants dans le Département, savoir tant de garçons et tant de filles. Il est mort tant de personnes, savoir tant d’hommes et tant de femmes. Il y a eu tant de mariages et tant de divorces. Une réponse exacte à ces questions fort simples me paraît importante à beaucoup d’égards, et principalement pour juger de la population et de ses variations en différents temps. Je crois qu’il vous sera facile de le faire, en recommandant cet objet à l’attention des sous-Préfets, et il serait à désirer que l’on eut cet état pour toute la République. Veuillez bien, citoyen Préfet, agréer l’assurance des sentiments d’estime et d’amitié que je vous ai voués et avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Votre concitoyen. Laplace Madame Laplace qui partage mes sentiments d’amitié pour vous, me charge de la rappeler à votre souvenir. Philadelphia, Historical Society of Pennsylvania, Dreer Collection.
1. Charles Maurice de Talleyrand-Périgord. 2. de l’Intérieur, Jean Antoine Claude Chaptal. 3. Statistique du Département du Nord (Douai, 1804).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
490. Laplace à Bouvard, 6 nivôse [an X] [27 décembre 1801]
Au citoyen Bouvard A l’Observatoire 6 nivôse [an X]1 Nous n’avons point été heureux, mon cher ami ; votre concurrent a eu 253 votes, et vous seulement 242 ; nous serons plus heureux, je l’espère, une autre fois. Venez dîner aujourd’hui, sextidi, à la maison, où nous vous offrons les consolations de l’amitié. Laplace
New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
491. Laplace à Bouvard, an X [1801/1802]
sans description B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Charavay) (février 1864), n° 134, p. 7, n° 18617.
1. 27 décembre 1801.
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492. Laplace à Perregaux, an X [1801/1802]
sans description Catalogue de la Belle Collection de Lettres Autographes de Feu M. le Baron de Trémont (Paris, 1853), 2e et dernier supplément, p. 87, n° 591.
493. Laplace à Burckhardt, an X [1801/1802]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ Paris, le [...] an X1 de la République
Le Sénateur Laplace, Au Citoyen Burckhardt J’ai l’honneur d’offrir mille compliments au citoyen Burckhardt. Je le prie de me faire l’amitié de passer aujourd’hui vers midi et demi à la maison. Nous causerons ensemble de quelques objets. Laplace Amsterdam, Universiteitsbibliotheek, 49Bo 1.
1. 1801/1802. Imprimé sauf ce qui est en italique.
494. Laplace à Bouvard, 23 nivôse an X [13 janvier 1802]
Au Citoyen Bouvard, astronome A l’Observatoire LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Paris, le 23 nivôse an X1 de la République Le Sénateur Laplace, Au citoyen Bouvard Je vous attends à dîner, demain quartidi ; de là nous irons au Bureau des Longitudes. Je vous salue et vous embrasse. Laplace Boston, Boston Public Library, Department of Rare Books and Manuscripts, *Ch.I.5.37.
1. 13 janvier 1802. Imprimé sauf ce qui est en italique.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
495. Laplace à [Chaptal], 14 pluviôse an X [3 février 1802]
14 pluviôse an 101 Le Vice-président du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique au Ministre de l’Intérieur2 Citoyen Ministre, Le Conseil de Perfectionnement a nommé une commission, composée des citoyens Guyton, Bossut, Laplace, Général Andréossy, Prieur, Lelièvre, Lermina, chargée de vous soumettre un plan de réduction des dépenses de l’Ecole. Je vous prie de vouloir bien lui assigner un rendez-vous pour traiter cette affaire. Si votre réponse est adressée à ladite adresse de l’Ecole Polytechnique, elle me parviendra sur-le-champ. Salut et respect. Laplace copie E.P., Procès-verbaux des séances du Conseil de Perfectionnement de l’Ecole Polytechnique, I, fol. 117v.
1. 3 février 1802. 2. Jean Antoine Claude Chaptal.
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496. [Billy] à Madame Laplace, 24 ventôse an X [15 mars 1802]
A Madame Madame Laplace, rue Christine n° 2, Faubourg St. Germain A Paris 24 ventôse an 101 Madame, Je reçois à l’instant la lettre par laquelle le citoyen Deheurles m’accuse la réception de 12 pieds de chasselas en panier et de 6 en chevelu seulement. Les premiers sont d’un propriétaire dont les raisins ont beaucoup de réputation et la méritent : les derniers sont de la treille du château dont le fruit est avantageusement connu depuis longtemps. Le jardinier n’a pas paru désirer d’instruction et nous avons craint de l’affliger en lui en envoyant sans qu’il le demande. Heureusement, il ne faut d’autre attention que de bien choisir l’exposition, et le jardin offre sous ce rapport tout ce qu’on peut souhaiter ; à présent, attendons les heureux résultats de la culture et de la protection du Dieu des vendanges. Il a si souvent favorisé la licence des Bacchantes, qu’il voudra expier son sort, en souriant aux vœux de la Sagesse et des Grâces. Pour un sage et pour son amie, J’implore aujourd’hui tes faveurs ; Par là, Dieu des raisins, expie Tes dons prodigués aux buveurs. Ce sage, que partout on nomme, Bacchus, te surpasse en un point : Tu troubles la raison de l’homme Qu’il éclaire et ne trompe point. Je n’ose répondre, Madame, aux choses trop obligeantes que vous avez prodiguées dans votre lettre. Elles me font un bien sensible plaisir, car j’avoue que votre bienveillance et votre estime sont pour moi deux trésors. 1. 15 mars 1802.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Je m’estimerais trop heureux si jamais fixé à Paris par vos soins, Madame, je puis contribuer en quelque chose à l’instruction de votre cher et aimable Emile. Ses succès actuels ne m’étonnent point. Un aigle engendre un aigle. Quant à l’heureux et étonnant jeune homme, qui doit tant à l’amitié de Monsieur Laplace, je me félicite d’avoir pu de bonne heure prévoir ce qu’il deviendrait un jour et d’avoir enrôlé sous les drapeaux d’Uranie, ce trop intéressant transfuge d’Esculape1. Son amitié pour celui qui fut un moment son maître honore son cœur et m’est bien précieuse. Madame, veuillez agréer les hommages de mon respect et de ma reconnaissance et les faire agréer à Monsieur Laplace. [A. L. Billy] lettre complémentaire Bancroft, box 15, dossier 23.
497. [Laplace] à Millin, 25 ventôse an X [16 mars 1802]
A Millin, Conservateur du Cabinet des Médailles 25 ventôse an X2 Belle lettre relative à la publication d’un de ses écrits. [Laplace] description Paris, F. Roux-Devillas, Catalogue 52, n° 7683, s.d. 1. Siméon Denis Poisson. 2. 16 mars 1802.
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498. [Laplace] à Cagnoli, 20 germinal an X [10 avril 1802]
A Cagnoli Paris, 20 germinal an X1 La paix qui luit maintenant sur l’Europe entière va sans doute rendre aux sciences tout leur lustre ; il ne doute point que la République italienne, qui renferme tant de savants distingués, ne leur accorde une faveur toute spéciale. « Le premier Consul est entièrement dans ces heureuses dispositions ; il est persuadé que les sciences sont la plus belle conquête de l’homme, la seule qui ne coûte point de larmes, et dont les effets sont aussi durables qu’avantageux ». [Laplace] description et fragment Catalogue d’une Précieuse Collection de Lettres Autographes et Pièces Historiques Contenant des Correspondances du Marquis de Monti (Paris, 18 novembre 1882), p. 27, n° 144.
1. 10 avril 1802.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
499. Laplace à Oriani, 10 floréal an X [30 avril 1802]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Le Sénateur Laplace au Citoyen Oriani Paris, le 10 floréal an X de la République1 J’ai l’honneur de vous adresser la notice ci-jointe que j’ai fait imprimer dans un des numéros du Magasin Encyclopédique2. Il y a longtemps que j’avais remarqué l’existence d’une inégalité à longue période dans le mouvement de la Lune, et toutes les comparaisons que l’on a faites des tables avec les observations en ont fait sentir la nécessité. J’en ai cherché pendant bien longtemps la cause, soit dans l’action des planètes sur la Lune, soit dans la non-sphéricité de la Terre et de la Lune, soit enfin dans le mouvement de rotation de la Terre que je soupçonnais d’être assujetti à une inégalité de longue durée et qui ne se manifestait que pour le mouvement de la Lune. Car vous concevez que s’il existait une pareille inégalité dont la période surpassât un siècle et qui ne fit varier la durée du jour que de 40 à 50 secondes, il serait impossible de la reconnaître par le moyen des horloges. Mais un examen scrupuleux de l’action des planètes sur la Lune et des causes qui peuvent altérer la rotation de la Terre m’a convaincu que leur influence à cet égard est insensible. J’ai donc considéré de nouveau, et avec un soin tout particulier, l’action du Soleil sur la Lune, et j’ai reconnu enfin, par la théorie, la possibilité des deux inégalités dont je parle dans cette notice, et comme elles satisfont parfaitement à l’ensemble des observations je n’ai aucun doute sur leur existence, quoiqu’il me paraisse extrêmement difficile de les déterminer par la théorie. La somme de leurs coefficients pris avec le même signe est à fort peu près de 15". Voilà ce que les observations actuelles peuvent nous apprendre. Quand à la valeur de chacun d’eux en particulier, c’est aux siècles suivants à la déterminer. Bürg vient d’employer ces inégalités dans les nouvelles tables qu’il vient de nous envoyer et qui par leur exactitude surpassent celles de Mayer, le maximum de l’erreur ne passant pas 12", quand on les compare à de bonnes observations. Il y fait 1. 30 avril 1802. 2. Probablement « Sur la théorie lunaire », qu’il présenta à l’Institut le 12 mars 1802 (P.V. Institut, 2, 476), mais qui ne se trouve pas dans le Magasin Encyclopédique ou Journal des Sciences, des Lettres et des Arts, 7 (an IX-1801), 93 ou 145.
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usage de l’équation en longitude, dépendante du sinus de la longitude du nœud de la Lune et il l’a fixé à 6",8 et de l’équation en latitude proportionnelle au sinus de la longitude vraie de la Lune, et qu’il fait de –8",0. Ces deux inégalités dépendent de l’aplatissement de la Terre, comme je l’ai fait dans le tome III des Mémoires de l’Institut National1. Elles donnent toutes deux pour cet aplatissement 1/305. Je regarde ce résultat comme l’un des plus curieux de la théorie de la pesanteur universelle. Je fais imprimer dans ce moment le troisième volume de ma Mécanique Céleste, qui doit contenir la théorie de la Lune et celles des planètes2. Vous y trouverez de nouvelles formules sur les inégalités dépendantes des carrés et des puissances supérieures des excentricités et des inclinaisons et même du carré de la force perturbatrice, ce qui est indispensable dans la théorie de Jupiter et de Saturne. Bouvard a fait le calcul des substitutions numériques. C’est un travail immense qui lui a coûté un an et demi de peine. Il est bien à désirer que ces calculs soient vérifiés de nouveau. Si vous avez à cet égard quelque chose de plus que ce que vous m’avez envoyé, je vous prie de me le communiquer le plutôt possible afin qu’avant l’impression de ces calculs je puisse les comparer aux vôtres. Je crois que cela doit être le fondement de l’astronomie planétaire, et lorsque les masses des planètes seront bien connues on aura des tables très exactes, pourvu cependant que les comètes ne viennent point en troubler l’exactitude. On suit toujours ici l’astre découvert par Olbers3. Je le crois une comète. Mais la suite des observations nous apprendra bientôt ce que nous devons en penser. Agréez l’assurance des sentiments d’estime et d’attachement avec lesquels j’ai l’honneur d’être Monsieur, Votre serviteur. Laplace Veuillez bien m’adresser le plutôt possible vos résultats sur les planètes. J’aurai l’honneur de vous faire parvenir les miens aussitôt qu’ils seront imprimés. Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1802, 1802 04 30 PSL BO.
1. Mémoires de l’Institut National des Sciences et des Arts. Sciences Mathématiques et Physiques, 3 (1801), 198-206 ; Laplace, O.C., 12, 257-263. 2. Traité de Mécanique Céleste (Paris, an XI-1802), 3, 169-303. 3. Il s’agissait en fait de l’astéroïde nommé plus tard Pallas.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
500. [William Herschel] à Laplace, 22 mai 1802
A Laplace 22 mai 1802 « I sent letters to Mr. Delalande, de Laplace, Méchain, Bode, Zach, Dr. Gauss, Dr. Olbers, Mr. Seyffer, Mr. Schroeter and Mr. Piazzi, giving them an account of my paper on the asteroids Ceres and Pallas ». [William Herschel] description Londres, Royal Astronomical Society, W. 1, p. 249.
501. Laplace à Rœderer, 17 prairial an X [6 juin 1802]
A Rœderer Ce 17 prairial an X1 Je n’ai jamais eu, mon cher confrère, l’intention de vous desservir dans l’esprit du Premier Consul ; cela est trop loin de mon caractère et de mes sentiments pour vous ; et ma franchise à votre égard doit vous le prouver. Je ne lui ai parlé de mathématiques qu’au sujet d’un mémoire d’analyse dont il m’a 1. 6 juin 1802.
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renvoyé l’examen. Vous attachez, ce me semble, trop d’importance à ce que j’ai dit, et je ne puis croire qu’il en soit résulté contre vous quelque impression défavorable. Mais puisque vous paraissez le craindre, ne doutez point de mon empressement à réparer, à la première occasion, ce tort involontaire, en communiquant au Premier Consul l’explication satisfaisante que vous me donnez, et qui suffit pour me convaincre que vous avez été mal entendu. Veuillez bien agréer l’assurance de mon sincère attachement. Laplace A.N., 29AP 11.
502. Laplace à William Herschel, 17 juin 1802
A William Herschel Paris, 17 juin 1802 Monsieur et illustre confrère, Je suis très reconnaissant de la communication de vos observations sur les deux nouveaux astres. Je suis bien curieux de connaître votre moyen pour mesurer d’aussi petits diamètres, et les dépouiller de l’effet de l’irradiation. J’en ai donné un d’après Newton, dans mon Exposition du Système du Monde, mais j’ignore jusqu’à quel point le vôtre en diffère1. Quant au nom que vous donnez à ces astres, je ne vois pas encore de motif suffisant pour ne pas leur conserver le nom de planètes. La Cérès n’en diffère que par son inclinaison qui est un peu grande. Mais il s’en suit qu’il faut étendre la largeur du zodiaque, et même y comprendre la Pallas, si comme cela devient assez vraisemblable, son orbite est une ellipse dont l’excentricité n’est qu’un peu plus grande que celle de l’orbite de Mercure. 1. Exposition du Système du Monde, 2e éd. (Paris, an VII), 39-40.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Je vois avec beaucoup de plaisir que vous vous proposez de venir bientôt à Paris. Je serai bien enchanté de l’honneur de vous connaître personnellement et de vous témoigner de vive voix les sentiments d’estime que vos belles découvertes m’ont inspirées depuis longtemps pour vous. J’espère qu’à cette époque vous serez associé à l’Institut. La Classe des sciences physiques et mathématiques vient de vous nommer le premier des trois candidats qu’elle présente à l’Institut, et il y a toute apparence que l’Institut confirmera son choix, comme il l’a fait à l’égard de Messieurs Banks, Maskelyne, et Priestley. Monsieur Grégoire qui vous remettra cette lettre vous expliquera en détail le système de nos élections1. Vous connaissez sans doute les services importants que Monsieur Grégoire a rendus aux sciences et aux arts pendant les orages de notre révolution2. Il mérite par cette raison la reconnaissance des savants, et je vous prie de vouloir bien lui faire voir votre Observatoire et les curieux instruments qu’il renferme. Monsieur Grégoire est membre de l’Institut National et mon collègue au Sénat. Je lui suis attaché par tous ces motifs et par les sentiments d’estime et d’amitié que je lui ai voués depuis longtemps. Je désire infiniment que ma recommandation auprès de lui soit utile. Je joins ici une petite notice sur la théorie lunaire que j’ai fait imprimer dans le Magasin Encyclopédique. Je désire qu’elle puisse vous intéresser3. Veuillez bien agréer, Monsieur et illustre confrère, l’assurance des sentiments d’estime et de l’attachement avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Londres, Royal Astronomical Society, W 1/13, L.34.
1. P.V. Institut, 2, 480. Il fut élu le 6 fructidor an X (24 août 1802). 2. Henri Grégoire. 3. Probablement « Sur la théorie lunaire », qu’il présenta à l’Institut le 12 mars 1802 (P.V. Institut, 2, 476), mais qui ne se trouve pas dans le Magasin Encyclopédique ou Journal des Sciences, des Lettres et des Arts, 7 (an IX-1801), 93 ou 145.
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503. [Laplace] à William Herschel, juillet 1802
A William Herschel juillet 1802 Lettre autographe ayant trait aux dispositions prises pour un rendez-vous avec Napoléon Bonaparte1. [Laplace] description Londres, Sotheby Catalogue ; (Peter) Smithers, Printed Books, Autograph Letters, etc. With Properties from (...) the Library Papers of Sir William, Caroline and Sir John Herschel, the property of Mrs. E. D. Shorland, 3-4 mars 1958, n° 471.
504. Laplace à von Zach, 5 thermidor an X [24 juillet 1802]
Paris, den 5 Thermidor an X2 Aus den Briefen von Lalande haben Sie ersehen was der erste Konsul für den Prof. Bürg getan hat. Der erste Konsul bezeugt dadurch, wie sehr er die 1. C’est le 8 août 1802 que Herschel se rendit avec Laplace chez Bonaparte à la Malmaison, et que Laplace aurait prononcé la fameuse réplique au Premier Consul que Dieu n’était pas une hypothèse dont il avait besoin. 2. 24 juillet 1802.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
schöne Arbeit dieses vortrefflichen Astronomen schätzt, und es war seiner würdig, sich mit einer für die Menschheit so nützlichen Sache zu beschäftigen. Seit meinem letzten Brief habe ich wahrgenommen, dass von den beiden Ungleichheiten des Mondes in langen Perioden nur die erste bedeutend ist. Ich betrachtete die Mondtheorie aus einem ganz neuen Gesichtspunkt, und fand, dass die zweite Ungleichheit unmerklich wird. Dagegen überzeuge ich mich aber immer mehr von dem wirklichen Dasein der ersten Ungleichheit, d. i. derjenigen, die von der doppelten Länge des Mondsknotens, weniger der Länge des Apogaeums, weniger der dreifachen Länge des Apogaeums der Sonne abhängt, und dass sie die in der mittleren Bewegung des Mondes bemerkte Anomalie erzeugt. Ich trage daher kein Bedenken, den Astronomen diese Gleichung als das einzige Mittel zur Verbesserung jener Anomalien vorzuschlagen. Bei dem Gebrauch derselben vermeidet man zugleich die Unannehmlichkeit, stets die Epochen abzuändern. Die Vergleichung aller Beobachtungen gibt mir den Koeffizienten sehr nahe = 15". Hiernach haben wir die Tafeln dieser beiden Gleichungen umgeschmolzen. Delambre hat eine große Menge Sonnenbeobachtungen von Bradley und Maskelyne mit den Tafeln verglichen. Auf meine Bitte untersuchte er auf diesem Wege das Maximum der Störungen der Erde durch Venus und Mars. Er fand, dass die von mir in meiner Exposition du Système du Monde angenommene Masse der Venus in dem Verhältnisse wie 1,0743 zu 1 vermehrt werden muss. Die Beobachtungen Bradley’s und Maskelyne’s, man mag sie verbunden oder einzeln nehmen, geben dies nämliche Resultat. Diese Übereinstimmung zeigt, mit welcher Genauigkeit sich die Planetenmassen solchergestalt bestimmen lassen, sobald man nur eine große Anzahl guter Beobachtungen zu gründe legt. Daraus folgt, dass die Sekularabnahme der Schiefe der Ekliptik sehr nahe an 52" beträgt. Es folgt ferner : dass man diese Abnahme nicht nach Lalandes Behauptung bis auf 34" oder 35" vermindern darf, denn sonst müsste man die Masse der Venus bis auf die Hälfte verringern, welches offenbar mit den Sonnenbeobachtungen unverträglich ist. Ich habe Delambre gebeten, auf dem nämlichen Wege die Masse des Mars zu untersuchen. Wir kannten diese Masse bisher nur aus ungefähren ziemlich hypothetischen Schätzungen ; und doch war es wichtig, ihre Störung des Sonnenlaufs näher zu bestimmen. Aus einer großen Menge zu diesem Zwecke sehr tauglicher Sonnenbeobachtungen hat Delambre gefunden, dass die von mir in der Exposition du Système du Monde angenommene Masse sehr nahe in dem Verhältnis wie 0,725 zu 1 vermindert werden muss1. Merkwürdig ist es, dass hier abermals die Bradley’schen und Maskelyne’schen Beobachtungen, man mag sie zusammen, oder einzeln nehmen, diese Masse beinahe um dieselbe Größe vermindern2. 1. Exposition du Système du Monde, 2e éd. (Paris, an VII), p. 193. 2. Ibid.
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Endlich habe ich Delambre gebeten, auf die nämliche Weise die Masse des Mondes zu bestimmen. Es scheint, dass man die von mir aus Ebbe und Flut berechnete Masse um ungefähr 1/6 vermindern, und sie bis auf 1/68,5 der Masse der Erde herabsetzen muss. Ich habe im vierten Buch, n° 18 der Mécanique Céleste gezeigt, dass die Wirkung des Mondes auf die Ebbe und Flut sehr merklich durch Lokalumstände verstärkt werden könne1. Diese vorhin unbekannte Bemerkung macht die aus Ebbe und Flut bestimmte Masse des Mondes etwas ungewiss. Ich habe zwar in der angeführten Stelle einige Vorschläge getan, um diese Vermehrung zu finden ; allein die von mir angegebenen sehr delikaten Maßregeln erfordern viel genauere Beobachtungen, als in dem Brester Hafen angestellt worden [sind]. Ich bin also sehr geneigt zu glauben, dass man nach astronomischen Beobachtungen die von mir zu = 1/58,6 angenommene Masse bis auf = 1/68,5 vermindern müsse. Das gibt sehr nahe = 9°,6 für die Nutation. Ich finde folglich bis ungefähr auf eine Sekunde die von Bürg aus Maskelyne’s Beobachtungen bestimmte Konstante der Mondparallaxe. Ich muss diesem vortrefflichen Astronomen Gerechtigkeit widerfahren lassen, dass er in diesem Stück sich mehr als alle seine Vorgänger der Wahrheit genähert hat. Delambre hat bei seinen Rechnungen alle von mir theoretisch bestimmte Ungleichheiten der Erde angewendet. Mehrere bisher nicht bestimmte sind ziemlich bedeutend. Wir dürfen also hoffen, dass Delambres neue Sonnentafeln so genau sein werden, als man nur wünschen kann. Die neu bestimmten Massen der Venus und des Mars vermindern um etwa eine Sekunde die Sekulargleichung des Mondes, und bringen sie auf 10" für dieses Jahrhundert. Bouvard arbeitet deswegen die Tafel für die Sekulargleichungen um. Aber es folgt daraus : dass die mittleren Sekularbewegungen des Mondes und der Anomalie, die er aus den alten Finsternissen hergeleitet hat, vermindert werden müssen. Auf diese Weise nähern sie sich den aus neueren Beobachtungen von Bürg hergeleiteten Angaben. Bouvard geht von diesem neuen Gesichtspunkt bei einer abermaligen Berechnung dieser alten Finsternisse aus. Sie sehen, dass, so wie die Theorie durch neue Berichtigungen aufgeklärt wird, alle übrig gebliebene Ungewissheiten sich immer mehr und mehr vereinigen lassen, und wir jetzt der Wahrheit sehr nahe kommen. Ich statte dem Prof. Bürg meinen Dank ab, dass er seine Nachforschungen mit den meinigen vereinigt hat, um ein neues Licht über diesen wichtigen Gegenstand der Astronomie zu verbreiten. Da ich weiß, dass diese Nachrichten für Sie einiges Interesse haben, so säume ich daher nicht, sie Ihnen mitzuteilen. Ohne Zweifel haben Sie von den Steinen gehört, die vom Himmel gefallen sein sollen. Howard hat darüber einen weitläufigen Aufsatz gemacht, der in dem nächsten Band der Philosophical Transactions erscheinen wird2. Die 1. Traité de Mécanique Céleste (Paris, an VII), 2, 226. 2. Howard (Edward), « Experiments and observations on certain stony and metalline substances ... », Phil. Trans., 92 (1802), 168-212.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Gleichförmigkeit, welche sie bei Ihrer Zerlegung zeigen, ist sehr merkwürdig. Die in Indien, Italien, Frankreich, England, Amerika und Sibirien gefundenen Steine haben sämtlich dieselben Bestandteile, nämlich Eisen fast im gediegenen Zustand und Nickel. Waren sie vielleicht Produkte der Mondvulkane ? Ich finde, dass sie die Erde erreichen können, wenn sie mit einer fünf- bis sechsmahl größern Geschwindigkeit, als die einer Kanonenkugel geschleudert worden, und es scheint, dass unsere iridischen Vulkane ihre Auswürfe noch mit einer größern Geschwindigkeit verrichten. Die geringe Masse des Mondes, und die große Feinheit seiner Atmosphäre, (wenn er überhaupt eine hat,) machen die Sache nicht unmöglich, und es wäre sonderbar, wenn wir solchergestalt mit unserem Trabanten in Verbindung ständen. Ich äußere diesen Gedanken bloß als Vermutung. Ehe man ihn annimmt, müssen die Fakten sorgfältig geprüft, und alle übrige Erklärung, die man davon geben kann, genau untersucht werden1. Der erste Konsul hat einen neuen Beweis gegeben, wie warm er an den Fortschritten der Wissenschaften teilnimmt. Er hat einen Preis von sechzigtausend Franken demjenigen Gelehrten bestimmt, der in der Theorie der Elektrizität oder Galvanismus eine ähnliche Entdeckung und Fortschritt wie Franklin und Volta machen wird. Die jährlichen Interessen von 3000 Franken soll derjenige erhalten, der in diesem Jahr den interessantesten Versuch über diesen Gegenstand anstellt. Lettre traduite en allemand et partiellement publiée par Zach dans son Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 6 (septembre 1802), 272-278.
505. [Laplace] à von Zach, [24 juillet 1802]
Au Colonel Baron de Zach [24 juillet 1802] Delambre, qui vient de comparer aux tables un très grand nombre d’observations du Soleil de Bradley et de Maskelyne, a bien voulu, à ma prière, déter1. Voir : « Opinion du C. Laplace sur les substances minérales prétendues tombées du ciel », lue à la Société Philomatique de Paris, et imprimée dans le Magasin Encyclopédique ou Journal des Sciences, des Lettres et des Arts, 4 (an XI-1802), 526-529.
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miner par ce moyen le maximum des actions de Vénus et de Mars sur la Terre. Il a trouvé que la masse de Vénus, telle que je l’ai donnée dans mon Exposition du Système du Monde, doit être augmentée dans le rapport de 1,0743 à l’unité1. Les observations de Bradley et de Maskelyne prises soit ensemble, soit séparément, conduisent au même résultat. Cet accord montre avec combien de précision on peut par ce moyen, lorsque l’on emploie un très grand nombre de bonnes observations, déterminer les masses des planètes. De là il suit que la diminution séculaire actuelle de l’obliquité de l’écliptique est à très peu près de cinquante deux secondes. Il suit encore que cette diminution ne peut être abaissée à trente-quatre ou trente-cinq secondes comme Lalande l’a supposé. Il faudrait pour cela diminuer de moitié la masse de Vénus, et cela est évidemment incompatible avec les observations du Soleil. J’ai prié Delambre de déterminer par le même moyen la masse de Mars. Nous n’avions sur cette masse que des aperçus fort hypothétiques qu’il importait de reconnaître son influence sur le mouvement du Soleil. Il a trouvé par un grand nombre d’observations du Soleil très favorablement disposées pour cet objet, qu’il faut diminuer la masse que j’ai donnée dans mon Exposition du Système du Monde à très peu près dans le rapport de 0,725 à l’unité, et il est encore fort remarquable que les observations de Bradley et de Maskelyne, prises soit ensemble, soit séparément, conduisent à diminuer cette masse à peu près de la même quantité2. Enfin je l’ai prié de déterminer encore par le même moyen la masse de la Lune, et il paraît qu’il faut diminuer d’environ un sixième la masse que j’ai déterminée par les phénomènes des marées, et la réduire à 1/68,5 de celle de la Terre. J’ai fait voir dans le n° 18 du quatrième livre de ma Mécanique Céleste que l’action de la Lune sur les marées pouvait être augmentée sensiblement par les circonstances locales, et cette remarque, qui n’avait point été faite encore, rend incertaine la valeur de la masse de la Lune conclue de ces phénomènes3. J’ai donné à la vérité, dans le même livre, divers moyens pour reconnaître cette augmentation, mais ces moyens délicats supposent des observations beaucoup plus précises que celles qui ont été faites dans le port de Brest. Je suis donc très porté à croire d’après ces phénomènes astronomiques qu’il faut diminuer la masse 1/58,6 que j’avais adoptée, et la réduire à 1/ 68,5, ce qui donne 9",6 à fort peu près pour la nutation. Je retrouve ainsi à moins d’une seconde près la constante de la parallaxe lunaire, que Bürg a déterminée par les observations de Maskelyne, et je dois à cet excellent astronome la justice d’observer qu’il a beaucoup plus approché de la vérité sur ce point qu’on ne l’avait fait avant. Delambre a employé dans ses calculs toutes les inégalités du mouvement de la Lune que j’ai déterminées par la théorie, et il y en a plusieurs assez sensibles qui n’avaient point encore été déterminées, 1. Exposition du Système du Monde, 2e éd. (Paris, an VII), 193. 2. Ibid. 3. Traité de Mécanique Céleste (Paris, an VII) 2, 226.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
en sorte qu’il y a tout lieu d’espérer que les nouvelles tables du Soleil qu’il va donner eurent toute l’exactitude désirable. Les nouvelles données sur les masses de Vénus et de Mars diminuent d’une seconde environ l’équation séculaire de la Lune et la réduisent à peu près à 10" pour ce siècle. Bouvard refait en conséquence la table de l’équation séculaire. Mais il en rappelle cette conséquence, savoir que les mouvements séculaires de la Lune et de l’anomalie qu’il a conclus des anciennes éclipses doivent être diminués, et par ce moyen ils se rapprochent beaucoup de ceux que Bürg a conclu des observations modernes. Il reprend sous ce nouveau point de vue ses calculs des anciennes éclipses. Vous voyez ainsi qu’à mesure que des nouvelles lumières viennent éclairer ces divers points de la théorie, tout se concilie de plus en plus et que nous sommes maintenant fort près de la vérité. Je rends grâce à Monsieur Bürg de ce que ses recherches ont concouru avec les miennes pour répandre un nouveau jour sur cette branche importante de l’astronomie. J’ai cru que ces détails vous feraient quelque plaisir. Je me suis empressé de vous les communiquer. Vous avez sans doute entendu parler de ces pierres que l’on dit être tombées du ciel et sur lesquelles Howard vient de donner un mémoire fort étendu dans le volume ... des Transactions Philosophiques qui va paraître. L’uniformité qu’elles présentent dans leur analyse est très remarquable1. Celles que l’on a trouvées dans l’Inde, en Italie, en France, en Angleterre, en Amérique et en Sibérie offrent toutes les même compositions, savoir du fer presque dans l’état métallique et du nickel. Serait-il impossible qu’elles fussent des produits des volcans de la Lune ? Je trouve qu’il suffirait de supposer qu’elles fussent lancées avec une vitesse cinq ou six fois plus grandes que celle d’un boulet de canon pour pouvoir atteindre la Terre, et il paraît que nos volcans terrestres lancent des corps avec plus de vitesse encore. La petitesse de la masse de la Lune et l’extrême ténuité de son atmosphère (si elle en a une) rendent la chose possible. C’est une conjecture que je propose, mais il convient avant que de l’admettre d’examiner les faits avec soin et toutes les autres explications que l’on peut en donner2. [Laplace] copie-fragment3 Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1802, 1802 08 PSL FXZ. 1. Howard (Edward), « Experiments and observations on certain stony and metalline substances ... », Phil. Trans., 92 (1802), 168-212. 2. Voir : « Opinion du C. Laplace sur les substances minérales prétendues tombées du ciel », lue à la Société Philomatique de Paris, et imprimée dans le Magasin Encyclopédique ou Journal des Sciences, des Lettres et des Arts, 4 (an XI-1802), 526-529. 3. Cette lettre a été partiellement publiée par Zach dans son Journal traduite en allemand. Certains paragraphes copiés pour Oriani sont les mêmes, d’autres ne le sont pas.
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506. Laplace à Cetto, 7 fructidor an X [25 août 1802]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Paris, le 7 fructidor an X1 de la République Le Sénateur Laplace à Monsieur de Cetto J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur de Cetto mes respectueux compliments, et de le prévenir que l’Institut National dans la séance d’hier a nommé Monsieur le Comte de Rumford, associé dans la Classe des sciences morales et politiques. Je le prie de vouloir bien lui annoncer cette nouvelle qui lui fera sûrement plaisir, comme elle m’en a fait, ainsi qu’à l’Institut. Je prie Madame de Cetto d’agréer mes respectueux hommages. Laplace Paris, Hôtel Drouot, Catalogue d’autographes, 17 mai 1955, n° 71 ; et Paris, Thierry Bodin, Catalogue d’autographes (mars 1983), n° 306.
1. 25 août 1802.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
507. Laplace à Perregaux, 1er jour complémentaire de l’an X [18 septembre 1802]
LIBERTÉ
ÉGALITÉ
Le Sénateur Laplace Au citoyen Perregaux Paris, 1er jour complémentaire an X1 de la République J’ai l’honneur de vous adresser, mon cher collègue, la somme ci-jointe, composée de 2.000 francs et de 188 louis. Veuillez bien les placer de la manière que vous croyez la plus avantageuse. Agréez l’assurance de mes sentiments d’estime et d’attachement. Laplace Leipzig, Universitätsbibliothek, Handschriftenabteilung.
508. [Napoléon Bonaparte] à Laplace, 3 frimaire an XI [24 novembre 1802]
Citoyen Laplace, Saint-Cloud, 3 frimaire an 112 Je recevrai, Citoyen, avec un grand intérêt, le travail que vous aviez fait sur les monnaies, au Bureau des Poids et Mesures. Faites quelques recherches sur cette matière, et envoyez-moi un petit mémoire, le plus court et le plus clair 1. 18 septembre 1802. 2. 24 novembre 1802.
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possible. Faites-moi connaître également, d’une manière positive, ce qu’a fait Newton sur cet objet. [Bonaparte] minute A.N., AFIV863, frimaire an XI, n° 13 ; Correspondance de Napoléon I (Paris, 1861), 8, 140 ; et Napoléon Bonaparte, Correspondance Générale (Paris, 2006), 3, 1165-1166.
509. Napoléon Bonaparte à Laplace, 5 frimaire an XI [26 novembre 1802]
Saint-Cloud, le 5 frimaire an 111 Citoyen Laplace, Sénateur, tout ce que j’ai lu de votre ouvrage m’a paru si parfaitement clair, qu’il me tarde de pouvoir consacrer quelques semaines à en achever la lecture. J’éprouve le regret de ne pouvoir y donner le temps et y porter l’attention qu’il mérite. C’est pour moi une nouvelle occasion de m’affliger de la force des circonstances qui m’a dirigé dans une autre carrière, où je me trouve si loin de celle de la science. Je vous remercie de votre dédicace, que j’accepte avec grand plaisir, et je désire que les générations futures, en lisant votre Mécanique, n’oublient pas l’estime et l’amitié que j’ai portées à son auteur. Je vous salue. Bonaparte minute A.N., AFIV863, frimaire an XI, n° 22 ; copie dans Bancroft, box 22, dossier 1 et box 1, dossier 22 ; Correspondance de Napoléon I (Paris, 1861) 8, 1412 ; et Napoléon Bonaparte, Correspondance Générale (Paris, 2006), 3, 1167-1168. 1. 26 novembre 1802. 2. Cette lettre fut communiquée aux éditeurs de la Correspondance de Napoléon I par le fils de Laplace. L’original ne semble plus exister.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
510. [Laplace] à Chaptal, [1802]
A Chaptal [1802] Invitation à rendre visite à l’Observatoire. [Laplace] description Revue des Autographes (juin 1902), n° 259, p. 13 ; n° 250 ; et (février 1908), n° 323, p. 7, n° 125.
511. Laplace à Perregaux, an XI [1802/1803]
sans description Revue des Autographes (octobre 1896), p. 9, n° 139.
ANNÉE 1802
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512. Laplace à Lerebours, an XI [1802/1803]
sans description B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Charavay) (février 1864), n° 134, p. 7, n° 18618.
513. [Madame Laplace] à Daunou, 8 juin [1802 ou 1803]
A Monsieur Monsieur Daunou Bibliothécaire du Corps Législatif Au Palais du Corps Législatif Ce jeudi 8 juin [1802 ou 1803] Monsieur Daunou, voudriez bien se rendre chez Son Excellence le Ministre de Police à 4 heures pour partir avec lui pour Arcueil vendredi 9 juin, pour se rendre chez le Sénateur Berthollet. Monsieur de Laplace secrétaire offre tous ses compliments à Monsieur Daunou. [Madame Laplace]1 lettre complémentaire B.N., MS, n.a.fr. 21884, fols 310-311. 1. Sans signature, mais de la main de Madame Laplace.
CORRESPONDANCE
DE PIERRE SIMON
LAPLACE
(1749-1827)
DE DIVERSIS ARTIBUS COLLECTION DE TRAVAUX
COLLECTION OF STUDIES
DE L’ACADÉMIE INTERNATIONALE
FROM THE INTERNATIONAL ACADEMY
D’HISTOIRE DES SCIENCES
OF THE HISTORY OF SCIENCE
DIRECTION EDITORS
EMMANUEL
POULLE (†)
ROBERT
HALLEUX
TOME 90, 2 (N.S. 53, 2)
F
CORRESPONDANCE
DE PIERRE SIMON
LAPLACE
(1749-1827)
Publiée et annotée par
Roger HAHN
TOME II ANNÉES 1803-1827 ET LETTRES NON DATÉES
Texte préparé pour la publication par Patricia Radelet de Grave, Jan Vandersmissen, Thierry Mozdziej
F
Publié avec le soutien de la Région Wallonne
© 2013 Brepols Publishers n.v., Turnhout, Belgium All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise, without the prior permission of the publisher
D/2013/0095/35 ISBN 978-2-503-54129-7 (2 volumes) Printed on acid-free paper
514. Laplace à [Fuss ?], 7 janvier 1803
Paris, ce 7 janvier 18031 Monsieur2, Je suis extrêmement sensible à l’honneur que m’a fait votre illustre Académie en m’inscrivant sur la liste de ses associés étrangers. Veuillez bien être auprès d’elle l’interprète de ma vive reconnaissance. Il est très flatteur pour moi de recevoir la nouvelle de ma nomination par vous, Monsieur, qui m’avez depuis longtemps inspiré les sentiments d’une profonde estime. Daignez en agréer l’assurance, et me croire avec les sentiments d’une respectueuse considération, Monsieur Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Oserai-je vous prier d’offrir de ma part à votre illustre Académie l’exemplaire ci-joint du tome III de ma Mécanique Céleste. J’ose vous prier encore d’offrir mille compliments de ma part à Monsieur Schubert dont l’excellent ouvrage sur l’astronomie m’a donné une haute idée. Tartu, Estonie, Bibliothèque de l’Université d’Etat, Sch.[ardius] 1638 ; Catalogue Raisonné des Autographes Français (Tartu, 1989), p. 122, n° 379 ; et publiée par Peeter V. Müürsepp, Kuulsaid XVIII-XIX sajandi matemaatikuid (Tallinn, 1978).
1. Dans un des catalogues de l’Université de Tartu, la date est par erreur transcrite comme étant du 7 juillet. 2. Probablement adressée au Secrétaire de l’Académie de St Petersbourg, Nicolaus Fuss.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
515. [Laplace] à Perregaux, 30 nivôse an XI [20 janvier 1803]
A Perregaux Paris, 30 nivôse an XI1 Il le prie de faire mettre à la disposition de son mandataire à Caen, le citoyen Lamotte, la somme de 9.000 livres destinée à payer un immeuble qu’il a acheté à Beaumont2. [Laplace] description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 26 et 627 ; et B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Noël Charavay) (janvier 1905), n° 341, p. 22, n° 53320.
516. Maret à Laplace, 3 thermidor an XI [22 juillet 1803]
Le Secrétaire d’Etat Au citoyen Laplace, sénateur Bruxelles-Paris, le 3 thermidor an XI de la République3 J’ai l’honneur de vous adresser, citoyen Sénateur, l’arrêté par lequel le Premier Consul vous nomme Vice-Président du Sénat pour les séances relatives aux affaires intérieures pendant le cours du mois de thermidor. 1. 20 janvier 1803. 2. Probablement la ferme du Mérisier où il avait passé sa jeunesse. 3. 22 juillet 1803.
ANNÉE 1803
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Agréez, citoyen Sénateur, mes sentiments respectueux. Hugues Maret Bancroft, box 28, dossier 3.
517. document, 3 thermidor an XI [22 juillet 1803]
LIBERTÉ ÉGALITÉ Au nom du Peuple Français1. Bruxelles, du 3 thermidor, l’an XI2 de la République, une et indivisible Bonaparte, Premier Consul de la République, arrête ce qui suit : Le citoyen Laplace, Sénateur, est nommé Vice-président du Sénat-Conservateur pour les séances relatives aux affaires intérieures du Sénat pendant le cours du mois de thermidor. Bonaparte Pour le Premier Consul, le Secrétaire d’Etat Hugues Maret document Bancroft, box 28, dossier 3.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. 22 juillet 1803.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
518. Laplace à [Napoléon Bonaparte], 29 thermidor an XI [17 août 1803]
[17 août 1803] Le citoyen Laplace, Vice-président du Sénat Citoyen Premier Consul, Agréez nos félicitations sur votre heureux voyage. Nous avons toujours été près de vous par la pensée ; nous vous avons suivi dans les établissemens publics, dans les ateliers, dans les manufactures ; nous avons été présent à tous vos entretiens, et nous avons partagé les sentimens d’admiration et d’amour, dont vous avez reçu partout de si vrais et de si touchans témoignages. Les nouveaux comme les anciens départements se sont empressés à l’envie de vous les offrir. Votre présence a resserré les nœuds qui unissent les premiers à la France. Ils ont vu avec attendrissement le chef de l’Etat, environné de tout l’éclat de sa gloire, descendre dans les détails de leur administration intérieure, pour y chercher de nouvelles sources de prospérité. Mais si vous leur avez offert le plus intéressant des spectacles, celui d’un grand-homme voyageant pour connaître et soulager les besoins des peuples qu’il gouverne ; l’empressement des citoyens se précipitant en foule au-devant de vos pas, leurs transports d’enthousiasme et d’alégresse, et leurs bénédictions vous ont fait éprouver la plus douce et la plus pure des jouissances. Vous venez de voir, Citoyen Premier Consul, le pays le plus peuplé de l’Europe ; il doit cet avantage à de longues habitudes dirigées vers l’agriculture et l’industrie, et aux moyens nombreux de communication qu’une sage administration y a depuis longtemps établis. Ces moyens, étendus aux autres contrées de la France, peuvent doubler sa population et ses richesses. Après avoir reculé ses limites par vos victoires, et les avoir assurées par des traités, vous avez la noble ambition de lui procurer cette autre grandeur plus solide encore, et d’autant plus désirable, qu’elle n’est point achetée par le sang et les larmes des peuples. Depuis trois ans, nous avançons rapidement vers ce but, sous l’influence de votre génie. Voilà le secret motif de la jalousie de l’Angleterre. De toutes parts, vous avez entendu le cri d’indignation qu’a élevé contre son gouvernement la violation du traité le plus solennel, au moment presque où il venait d’être juré. L’Europe entiere a été révoltée de l’arrogance avec laquelle
ANNÉE 1803
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il a repoussé vos justes propositions pour maintenir la paix entre deux peuples dont l’union eût assuré le repos du Monde. La nation, se confiant dans votre destinée, vous remet le soin de venger ces outrages, et son attente sera bientôt remplie. Imprimé dans le Moniteur Universel (29 thermidor an 11) [17 août 1803], n° 329, p. 1457.
519. reçu, 30 thermidor an XI [18 août 1803]
30 thermidor an 111 J’ai reçu de mon collègue le citoyen Laplace, pour le compte du citoyen Marey mon gendre, la somme de 280 livres, valeur d’une pièce de vin de Bourgogne qui avait été livrée par ce dernier. Paris, le 30 thermidor an 11 Monge reçu Bancroft, box 10, dossier 20.
1. 18 août 1803.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
520. Laplace à Oriani, 24 vendémiaire an XII [17 octobre 1803]
SÉNAT-CONSERVATEUR LIBERTÉ ÉGALITÉ Le Chancelier du Sénat-Conservateur au citoyen Oriani Paris, le 24 vendémiaire an XII1 de la République française J’ai l’honneur d’offrir mille amitiés au citoyen Oriani et de lui envoyer la petite note suivante que j’ai fait imprimer dans la Connaissance des Temps2. Il y verra que les Tables de Jupiter sont sensiblement améliorées par la formule qu’elle contient, et ce qui me fait le plus de plaisir est la détermination très approchée de la masse de Saturne. J’espère que les calculs contenus dans le troisième volume de ma Mécanique Céleste ne seront pas inutiles à l’astronomie. J’engage toujours le citoyen Oriani à les vérifier car je pense que de là dépend la perfection de l’astronomie planétaire. Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1803, 1803 10 17 PSL BO.
1. 17 octobre 1803. 2. « Sur les tables de Jupiter et sur la masse de Saturne », Connaissance des Temps, pour l’an XIV, 435-440 ; Laplace, O.C., 13, 25-29.
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521. Laplace à Boniqueau, 27 vendémiaire an XII [20 octobre 1803]
SÉNAT-CONSERVATEUR LIBERTÉ ÉGALITÉ Paris, le 27 vendémiaire an XII de la République française1 Le Chancelier du Sénat-Conservateur Au Citoyen Boniqueau, Préfet du Département de la Roër [Ruhr] Un arrêté du gouvernement du 18 fructidor dernier, citoyen Préfet, affecte à la dotation du Sénat divers biens nationaux du revenu annuel d’un million, situés partie dans les départements de la Sarre, de la Roër, du Mont-Tonnerre et du Rhin-et-Moselle, parti dans ceux du Tanaro, de la Stura, de la Sésia, de la Doire et de Marengo. L’administration de ces biens doit à compter du 1er vendémiaire an XII, cesser de faire partie de l’Administration des Domaines Nationaux confiée à la Régie de l’Enregistrement et du Domaine, et être transmis au Sénat avec les titres, pièces, documents qui en dépendent. J’ai nommé pour prendre au nom du Sénat possession de ces biens, deux agents dont l’un est le citoyen Longuemare qui vous remettra ma lettre. Il est chargé de l’exécution de l’arrêté du 18 fructidor, en ce qui concerne les biens situés dans votre Département, et doit à cet égard se concerter avec vous et avec les préposés de la Régie des Domaines, suivant ses pouvoirs dont il aura l’honneur de vous donner connaissance. Je vous prie au nom du Sénat, citoyen Préfet, de vouloir bien procurer au citoyen Longuemare, pour l’exercice de sa mission toutes les facilités qui pourront dépendre de vous. Je vous salue. Laplace2 Wolfenbüttel, Herzog August Bibliothek, Briefsammlung Vieweg, nr. 982.
1. 20 octobre 1803. 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
522. Laplace à Vassalli-Eandi, 28 vendémiaire an XII [21 octobre 1803]
SÉNAT-CONSERVATEUR LIBERTÉ ÉGALITÉ Paris, le 28 vendémiaire an XII1 de la République française Le Chancelier du Sénat-Conservateur Au citoyen Vassalli[-Eandi] J’ai l’honneur d’offrir mille compliments et amitiés au citoyen Vassalli, et de lui adresser la petite note ci-jointe. Je me rappelle toujours avec plaisir et intérêt nos travaux communs de la Commission des Poids et Mesures. Laplace B.GE., MS Suppl. 359, fol. 105.
523. Chaptal à Laplace, [brumaire] an XII [octobre/novembre 1803, avant le 7 novembre]
A Laplace, Chancelier du Sénat-Conservateur [brumaire] an XII2 « Il a l’honneur de lui annoncer que le gouvernement a décidé que les deux tableaux du citoyen David qu’il désire placer dans la galerie du Sénat seront mis à sa disposition. Il en a avisé l’artiste, qui en est tres flatté, etc. ». Il s’agit 1. 21 octobre 1803. Imprimé sauf ce qui est en italique. 2. Octobre/novembre 1803, avant le 7 novembre.
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(mention dans le haut de la pièce à gauche) des célèbres tableaux « Le Serment des Horaces » et « Brutus », maintenant au Louvre. Chaptal1 fragment Paris, Damascène Morgand, Catalogue d’autographes (octobre 1957), n° 176.
524. Laplace à David, 15 brumaire an XII [7 novembre 1803]
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 15 brumaire an XII2 de la République Française Le Chancelier du Sénat-Conservateur Au citoyen David, Peintre, Membre de l’Institut National Le Ministre de l’Intérieur3 citoyen, me mande qu’il a été décidé par le Gouvernement que les deux tableaux du Serment des Horaces et de Brutus après la mort de ses fils, seraient mis à ma disposition pour être placés dans la Galerie du Sénat. Dès que j’ai été chargé de la surveillance de cette Galerie, je me suis empressé de demander au Ministre les deux tableaux dont il s’agit, bien fait pour ajouter aux richesses du Musée du Sénat et aux jouissances du public. Je me félicite de voir aujourd’hui cette demande accueillie par le Gouvernement, et je ne doute pas, citoyen, que vous n’ayez autant de plaisir à exécuter, que j’en ai eu à provoquer une décision, qui, en enrichissant la Galerie du Sénat de deux des plus belles productions de l’Ecole française, rapprochera de 1. Ministre de l’Intérieur. 2. 7 novembre 1803. 3. Jean Antoine Claude Chaptal.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
l’Hermite [Endormi] du Sénateur Vien1, les ouvrages distingués d’un élève qui l’honore. Pour compléter à cet égard, les jouissances du public, et ajouter au fruit que les élèves pourront retirer de l’étude de ces morceaux précieux, je vous invite à vous concerter, sur le lieu même, avec le citoyen Naigeon aîné, Conservateur du Musée, [sur] les moyens de placer, dans le jour le plus favorable, les deux tableaux qu’il est chargé de retirer. J’ai l’honneur de vous saluer. Laplace2 Paris, Ecole des Beaux-Arts, MS 318, pièce 433.
525. Laplace à Joseph Bonaparte, 20 brumaire an XII [12 novembre 1803]
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 20 brumaire an XII4 de la République française Le Chancelier du Sénat-Conservateur au Sénateur Joseph Bonaparte Je me suis empressé, citoyen collègue, de prendre les informations que vous avez désirées relativement à la situation du château du Prince de Salm-Salm, affecté comme maison d’habitation à la Sénatorerie de Bruxelles.
1. Joseph Marie Vien. 2. Seule la signature est de la main de Laplace. 3. Cette lettre sera publiée dans la Correspondance de Jacques Louis David en préparation par Philippe Bordes. 4. 12 novembre 1803.
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Il résulte des renseignements que je me suis procurés à cet égard que le château dont il s’agit est situé à Hoogstraten, Département des Deux-Nèthes, petite ville à 6 lieues d’Anvers et à 3 de Bréda. J’ai l’honneur de vous saluer. Laplace1 J’ose prier Madame Joseph Bonaparte d’agréer les salutations respectueuses des habitants du Luxembourg. New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
526. Laplace à Perregaux, 1er frimaire an XII [23 novembre 1803]
Au citoyen Perregaux, Membre du Sénat Conservateur Rue du Mont-Blanc, n° 5 SÉNAT-CONSERVATEUR
an
XII2
Paris, le 1er frimaire de la République française
Le Chancelier du Sénat-Conservateur Au Sénateur Perregaux, rue du Montblanc n° 5 Je vous serai très obligé, mon cher collègue, de me procurer les moyens de faire toucher au citoyen Baud, agent du Sénat, en ce moment à Turin, une somme de 2.000 francs, dont il a besoin pour ses frais de voyage. J’aurai soin 1. Seule la signature et le post-scriptum sont de la main de Laplace. 2. 23 novembre 1803. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
de vous faire rembourser de cette somme en un mandat de pareille valeur sur la caisse du Sénat. J’ai l’honneur de vous saluer. Laplace Boston, Boston Public Library, Department of Rare Books and Manuscripts, *Ch.I.5.37A.
527. Lucien Bonaparte à Laplace, 4 frimaire an XII [26 novembre 1803]
Paris1, le 4 frimaire an XII de la République française2 Le Sénateur Lucien Bonaparte, au citoyen Laplace, chancelier du Sénat Citoyen Chancelier, je vous prie de vouloir bien me faire expédier mon passeport de congé ; voici mon signalement que j’aurais cru inutile : visage long, front petit, nez aquilin, yeux bruns, bouche moyenne, menton pointu. J’ai l’honneur de vous assurer de tous les sentiments qui vous sont dus. L[ucien]. Bonaparte Bancroft, box 22, dossier 5.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. 26 novembre 1803.
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528. [Laplace] à Longuemare, 4 frimaire an XII [26 novembre 1803]
A Longuemare, agent du Sénat 4 frimaire an XII1 Au sujet du lever de la carte de la 26e division militaire. [Laplace] description Revue des Autographes (juillet 1900), n° 236, p. 9, n° 146.
529. [Laplace] à [?], 4 frimaire an XII [26 novembre 1803]
sans description Catalogue Alain Brieux, novembre 1985, n° 81.
1. 26 novembre 1803.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
530. Laplace à [Balguerie], 4 nivôse an XII [26 décembre 1803]
SÉNAT-CONSERVATEUR Au Préfet du Département du Gers A Auch inviter le directeur de la régie de me fournir tous les renseignements pour répondre à cette lettre Paris, le 4 nivôse an XII1 de la République française Le Chancelier du Sénat-Conservateur au Préfet du Département du Gers2 A Auch Le Sénatus-Consulte du 8 frimaire dernier, citoyen Préfet, charge le Chancelier du Sénat d’administrer, conformément aux règles prescrites pour la gestion des domaines du Sénat, les biens des Sénatoreries qui n’ont point encore de titulaires. Parmi les biens de ces Sénatoreries, dont la régie des domaines conserve l’administration provisoire en attendant qu’il puisse y être pourvu, il est plusieurs domaines dont les baux contiennent la clause d’une durée facultative de 3, 6 ou 9 années. L’exécution de cette clause, et sa restriction des baux dont il s’agit à leur plus courte durée, pouvant donner lieu à une amélioration de revenu, qu’il est de mon devoir de ne pas négliger dans l’administration qui m’est confiée, j’ai fait inviter la régie à notifier aux fermiers dont les baux renfermaient cette clause, que mon intention était que ces baux fussent restreints 1. 26 décembre 1803. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. Pierre Balguerie.
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à leur terme le plus court. Je vous prie, citoyen Préfet, de veiller à ce que cette notification ait lieu pour les biens situés dans votre Département. Je vous prie aussi de me donner avis des baux qui, soit par l’effet de cette mesure, soit par l’échéance de leurs plus longs termes, devraient être prochainement renouvelés. Les articles 15 et suivants jusqu’au 21 du Sénatus-Consulte du 8 frimaire, inséré au Bulletin des Lois sous le n° 3377, prescrivent les formes dans lesquelles ce renouvellement doit être fait. Je vous serai obligé de tenir la main à leur exacte observation et de me prévenir d’avance des renouvellements qui devront avoir lieu. Je vous salue. Laplace P.S. Je désire pareillement être informé des coupes et adjudications de bois qu’il y aurait lieu de faire.
New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
531. [Laplace] à [?], [1803]
[1803]1 Monsieur le Sénateur Laplace a l’honneur de prier Son Excellence de ne pas perdre de vue l’affaire de l’Institut. Il lui observe qu’il serait convenable que l’Empereur se réservât, pour la première promotion, la nomination de la moitié des membres de la section nouvelle. Angers, Bibliothèque Municipale, MS 1234 (1009), p. 22
1. Pas écrit de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
532. Laplace à Perregaux, an XII [1803/1804]
sans description Catalogue de la Belle Collection de Lettres Autographes de feu M. le Baron de Trémont (Paris, 1853), 2e et dernier supplément, p. 87, n° 591.
533. Laplace à [?], an XII [1803/1804]
sans description B.N., MS, Catalogue des Lettres Autographes (Charavay) (avril 1864), n° 135, p. 9, n° 18825.
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534. [Laplace] à Groslier, [1803/1815]
[1803/1815] A Groslier Je prie Monsieur Groslier de vouloir bien faire remettre aujourd’hui à la séance, cette lettre à Monsieur le Prince de Talleyrand1. Je désire beaucoup qu’elle soit remise aujourd’hui. [Laplace]2 Paris, Observatoire, MS 1001.
535. [Laplace] à Perregaux, [1803]
A Perregaux Paris, [1803] « Le Sénateur Laplace prie le Sénateur et banquier Perregaux de tenir une somme à sa disposition pour une acquisition qu’il fait en ce moment dans le département du Calvados ». [Laplace] fragment3 Paris, Alain Brieux (juillet 1996). 1. Charles Maurice Talleyrand-Périgord, Ministre des Relations Extérieures. 2. Sans signature, mais de la main de Laplace. 3. Cette lettre est à rapprocher de celle du 30 nivôse an XI [20 janvier 1803].
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
536. Laplace à Janvier, 1803
sans description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 460.
537. Laplace à Chaban, 4 pluviôse an XII [25 janvier 1804]
Paris, 4 pluviôse l’an XII1 Laplace, Chancelier du Sénat-Conservateur à Chaban, Préfet du Département de Rhin et Moselle Coblentz Sur des affaires du Sénat-Conservateur. description Verzeichniss der von dem verstorbenen Preussischen General-Lieutenant J. von Radowitz hinterlassenen Autographen-Sammlung (Berlin, 1864), 2, p. 355, n° 4956.
1. 25 janvier 1804.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
538. Laplace à [Napoléon Bonaparte], 6 pluviôse an XII [27 janvier 1804]
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 6 pluviôse an XII1 de la République Le Chancelier du Sénat-Conservateur Au Premier Consul de la République Citoyen Premier Consul, Vous avez jugé nécessaire de fixer par un Règlement précis, les attributions respectives des grands officiers du Sénat. Et vous avez bien voulu nous permettre de réunir pour cela, près de vous, quelques Sénateurs. J’ose rappeler, Citoyen Premier Consul, cet objet à votre souvenir, en vous priant de laisser subsister jusqu’à lors l’état actuel des choses. Salut et respect. Laplace2 A.N., AFIV1041, dossier 1, pièce 24.
539. Laplace à Chaptal, 13 pluviôse an XII [2 février 1804]
A Chaptal Ce 13 pluviôse an 123 Je vous envoie, mon cher ami, quelques observations sur les changements [que vous proposez] dans le système des poids et mesures dont vous m’avez 1. 27 janvier 1804. 2. Seule la signature est de la main de Laplace. 3. 2 février 1804.
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parlé [dernièrement] aux Tuileries. Vous m’avez affligé en m’apprenant que vous les aviez proposés aux Consuls. J’aurais désiré qu’auparavant, vous en eussiez conféré avec moi, ainsi qu’avec Berthollet, Delambre, et quelques autres de nos amis qui se sont particulièrement occupés de cet objet. Je ne verrais pas sans douleur notre beau système métrique altéré dans sa partie la plus essentielle. A la [sa] nomenclature près qui, comme vous le savez, ne fut point [pas] notre ouvrage, je le crois le plus parfait que l’on puisse imaginer. On a dû s’attendre aux difficultés qu’il éprouve, mais je vous engage au nom de l’amitié qui nous lie, à ne point vous laisser rebuter par elles, et à prendre les mesures que votre bon esprit vous suggérera pour les diminuer. Le temps achèvera de les faire disparaître [surmonter], et les [la] génération[s] future[s] vous seront [saura] gré de vos soins et de votre constance. Agréez, mon cher ami, les assurances de mon estime et de ma considération. Laplace brouillon Bancroft, box 10, dossier 18 (brouillon) ; publiée partiellement par Charles Emile Laplace, Notice sur le Système Métrique Décimal des Poids et Mesures (Paris, 1864), pp. 14-15 (voir Bancroft, box 12, dossier 6) ; et partiellement dans Arthur Jules Morin, « Notice historique sur le système métrique, sur ses développements, et sur sa propagation », Annales du Conservatoire des Arts et Métiers, 9 (1870), 697.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
540. Laplace à [Chaptal], [février/mars 1804]
Le Président du Bureau des Longitudes au Ministre de l’Intérieur1 [mars 1806]2 Citoyen Ministre, Le Bureau des Longitudes, consulté par la section de l’intérieur du Conseil d’Etat sur un projet d’arrêté relatif aux poids et mesures, a fait un rapport qu’il m’a chargé de vous transmettre. Persuadé que le système métrique décimal est un des plus grands bienfaits des sciences envers la société, il s’est éloigné avec peine des idées que le désir de propager ce système vous avait fait adopter, mais qui lui ont paru en altérer les bases principales. Il ose espérer que les raisons alléguées dans ce rapport vous détermineront à conserver ce système dans toute sa pureté, et à prendre les moyens les plus efficaces pour surmonter les obstacles que ses habitudes invétérées lui opposent. Veuillez bien, citoyen Ministre, agréer l’hommage de ma respectueuse considération. Le président3 Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
1. Jean Antoine Claude Chaptal. 2. Ajouté au crayon, mais pas de la main de Laplace. Il est plus probable que cette lettre fut écrite en février ou mars 1804. 3. Barré.
ANNÉE 1804
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541. [Laplace] à Perregaux, 1er ventôse an XII [21 février 1804]
A Perregaux 1er ventôse an XII1 Il le prie de bien vouloir faire compter au citoyen Drouin par MM. Négri et Cie de Turin la somme de 2.000 francs. [Laplace] description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Charavay) (septembre-octobre 1931), n° 657, p. 12, n° 11889.
542. Laplace à [?], 29 février an XII [29 février 1804]
sans description Catalogue de Livres et Manuscrits, la Plupart d’une Haute Antiquité, Rares, Précieux et Singuliers dont la Vente se Fera le Jeudi 2 mars 1843 (Paris, 1842), p. 210, n° 69.
1. 21 février 1804.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
543. Laplace à Balguerie, 25 ventôse an XII [16 mars 1804]
Le Chancelier du Sénat-Conservateur au citoyen Balguerie, Préfet du Département du Gers, à Auch Paris, le 25 ventôse an XII1 de la République Par ma lettre du 2 nivôse dernier, citoyen Préfet, relative à la gestion des biens affectés aux Sénatoreries qui n’ont point encore de titulaires, je vous avais prié de me donner avis des baux que vous jugeriez susceptibles d’être prochainement renouvelés. Votre silence me faisait penser qu’aucuns n’étaient dans ce cas. Mais la remise qui vient de m’être faite des procès-verbaux de prise de possession dressés par les receveurs de l’Administration du Domaine national, m’a mis à portée de remarquer que les baux de deux domaines, situés dans votre Département et affectés à la Sénatorerie d’Agen, sont près d’expirer. Ces deux domaines sont 1° les grandes terres labourables et vignes, situées commune de St. Elix, bureau de Mirande, et affermies à Pierre Chadel pour quatre ans qui expireront le 1er germinal prochain ; 2° la métairie de la Bordeneuve, située communes d’Esclignac, de Vivés et de Montfort, bureau de Mauvezin, et affermie à Pierre Duffaut, pour six ans qui expireront le 20 prairial aussi prochain. Le Sénatus-Consulte du 8 frimaire dernier veut, citoyen Préfet, que les biens des Sénatoreries non conférées, soient administrés conformément aux règles prescrites pour la gestion des domaines du Sénat ; et l’une de ces règles contenue dans l’article 16 est « que les baux soient passés au nom du Chancelier devant notaire et par adjudication, aux enchères précédées d’affiches ». Je vous prie en conséquence de faire procéder dans cette forme au renouvellement des baux dont il s’agit. J’ignore les conditions des baux actuels, qui sont restés entre les mains des receveurs. Je sais seulement que le prix annuel en est de 560 francs, pour le premier objet, et de 960, pour le second. 1. 16 mars 1804.
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D’après le Sénatus-Consulte du 8 frimaire, « l’obligation de payer sans répétition la contribution foncière et ses accessoires » doit faire partie du prix des baux. Quant aux autres clauses dont ils pourraient être susceptibles, je joins à ma lettre un extrait du cahier de charges, adopté pour les biens dotaux du Sénat, contenant les conditions qui ne se trouvent pas dans les baux ordinaires de l’Administration du Domaine national. Celles qui vous paraîtront convenir, soit à l’usage des lieux, soit à la nature de chaque objet, pourront servir à étendre ou à modifier le cahier de charges usité pour les biens nationaux. Ma lettre vous servira de procuration, ainsi qu’aux préposés du Domaine, pour la suite de ces deux affaires, auxquelles je vous prie, citoyen Préfet, de donner un soin tout particulier, en chargeant, si vous le jugez nécessaire, quelque personne de confiance de veiller à la conservation de l’intérêt du Sénat. J’ai l’honneur de vous saluer. Laplace1 New York, Columbia University, Rare Book and Manuscript Library, D.E. Smith Historical Collection.
544. Gauss à Laplace, 28 mars et 11 avril 1804
A Monsieur Laplace A Brunswick, ce 28 mars 18042 Je me hâte, Monsieur, de déclarer à l’Institut National, combien le titre dont cet illustre corps vient de m’honorer m’est flatteur, et combien je sais sentir le prix d’une telle distinction3. En effet, si ce ne sont que les suffrages des juges 1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. « La lettre autographe fait partie de la Collection de M. Dubrunfant. J’ai vérifié l’exactitude de la copie. L’adresse manque à cette lettre ». (signé) [Joseph] Bertrand. 3. P.V. Institut, 3, 59.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
éclairés que les esprits justes doivent ambitionner, le souhait de mériter l’approbation d’un tribunal aussi légitime que l’Institut National de France sera un encouragement de plus pour se livrer aux plus difficiles travaux. Veuillez bien, Monsieur, être l’interprète de mes sentiments de reconnaissance et de dévouement vers cette illustre société et des hommages parfaits que je rends de tout mon cœur aux mérites des grands savants qui la composent. Je viens d’achever une recherche sur les limites du mouvement géocentrique des planètes, dont les résultats, peut-être, ne seront pas sans intérêt pour l’Institut. Toutes les planètes et comètes qui se meuvent dans un plan incliné à l’écliptique n’y paraissent que deux fois pendant chaque révolution : pour le reste, elles paraissent tantôt s’en éloigner, vus de la Terre, tantôt s’y approcher. Cependant tous les lieux possibles qu’une planète peut occuper, vue de la Terre, sont renfermés dans une zone à limites définies : la détermination exacte des limites de cette zone, que j’appelle le zodiaque de la planète, est un problème assez curieux, lequel, même ayant égard à toutes les circonstances, admet une solution plus simple qu’on ne se serait attendu. Je développe celle qui s’est offerte à moi dans un mémoire qui sera imprimé dans le Journal Astronomique de Monsieur de Zach1. Une circonstance particulière m’a engagé d’en faire une application détaillée aux deux planètes récemment découvertes. J’ai le plaisir d’en joindre les résultats à cette lettre. C’est que Monsieur Harding, avantageusement connu par ses belles cartes du cours de Cérès et de Pallas, en 1803 et 1804, a formé le projet d’un atlas général pour les parties du ciel où ces deux planètes peuvent se trouver. Cette entreprise utile mérite d’autant plus toute sorte d’encouragement et de recommandation, que Monsieur Harding se propose de n’omettre sur ses nouvelles cartes aucune étoile de l’Histoire Céleste Française, et avant tout de s’assurer de ses propres yeux de l’existence de chaque étoile qu’il y admettra. Les astronomes qui ont observé ces nouvelles planètes savent combien il est difficile de démêler ces petits points étincelants des étoiles télescopiques qui les environnent : des bonnes cartes très détaillées leur sont indispensables pour cet effet ; et ils sauront gré à Monsieur Harding de son travail pénible, qui suppléera à un besoin que les cartes de Monsieur Bode n’ont pu remplir. J’ai vu pendant un quart d’heure la comète découverte par Monsieur Olbers, le 17 mars en 220½° d’ascension droite et 25½° de déclinaison boréale ; le mauvais temps, dès-alors m’a empêché de la revoir. Du 11 avril Ayant été empêché de faire partir cette lettre, je profite de ce délai pour y ajouter les observations de la dernière comète, que Monsieur Olbers m’a com1. « Einige Bemerkungen zur Vereinfachung der Rechnung für die geocentrischen Oerter der Planeten », Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 9 (juin 1804), 385-400 ; et « Über die Grenzen der geocentrischen Oerter der Planeten », Ibid., 10 (août 1804), 173-191.
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muniquées. Nous savons par les gazettes que Monsieur Bouvard l’a découverte deux jours avant Monsieur Olbers.
Temps moyen à Brême 1804 Mars
Avril
12 12h 56' 49"
Ascension droite apparente 220° 15' 43"
Déclinaison boréale apparente 7° 10'
13 11 40 5
19 47
11 19 43
14 12 22 26
22 7
15 32 33
15 8 54 10
23 51
18 54 37
20 9 22 10
16 29
34 10 53
22 8 59 13
3 12
38 34 23
27 8 59 43
219 17 11
46 43 27
28 8 28 2
6 10
57 52 44
29 8 45 41
218 54 26
49 0 29
15 37
51 51 36
1 9
1 52
Ces observations m’ont fourni les éléments paraboliques suivants, où j’ai tenu compte de la nutation, de l’aberration et même de la parallaxe, quoique les observations, dont les fautes semblent aller au-delà de 2', méritassent à peine une telle précision. Mais la parallaxe n’augmente guère le travail dans la méthode dont je me suis servi et que j’ai expliquée dans un mémoire que Monsieur de Zach publiera dans son Journal. Eléments de la Comète de 1804 Passage par le périhélie 1804 13 Février 14h 6' 16" temps moyen de Paris Logar[ithme] de la distance 0,0298575 1.07117 dans le périhélie Longitude du périhélie 148° 44' 51" Longitude du nœud ascendant 176 47 58 Inclinaison de l’orbite 56 28 40 Mouvement direct Monsieur Olbers n’a plus observé la comète depuis le 1er avril. Je l’ai vue encore assez distinctement les 5 et 6 avec une lunette de nuit, près de l’étoile
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
marquée 256 du Bouvier dans le Catalogue de Monsieur Bode. Mais à l’heure où le ciel a été serein pour la voir, elle était si haute que la situation de ma maison ne m’a pas permis d’en faire une observation. Depuis le 6, le ciel a été constamment couvert. Je ne sais jusqu’à présent qu’aucun autre astronome allemand ait observé cette comète. Agréez, Monsieur, l’assurance de ma haute estime. Charles Frédéric Gauss copie certifiée Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek, Gauss Briefe B : Laplace ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 84-86.
545. Laplace à Perregaux, 11 avril 1804
sans description Paris, Archives Gabriel Bertrand.
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546. Laplace à [Napoléon Bonaparte], floréal an XII [avril/mai 1804]
floréal an 121 A Sa Majesté Sire, Je viens de proclamer, aux acclamations du peuple, Empereur des Français, le héros à qui j’eus l’avantage, il y a vingt ans, d’ouvrir la carrière qu’il a parcourue avec tant de gloire et de bonheur pour la France. Puisse la Patrie que vous gouvernez avec tant de sagesse, après l’avoir retirée de l’abysse, jouir longtemps des fruits de votre génie ! Permettez moi, Sire, dans cet heureux jour, le plus honorable de ma vie, d’offrir à Votre Majesté, mes sentiments de fidélité, d’amour, de respect et de dévouement à votre auguste personne. Le Chancelier du Sénat2 Laplace A.N., AFIV1041, dossier 2, pièce 33 ; et publiée dans Nicole Dhombres, Quelques aspects des relations sciences-pouvoir dans l’Etat Napoléonien, thèse de 3e cycle, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 7 décembre 1982, p. 380.
1. Avril/mai 1804. 2. Seuls ce titre et la signature sont de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
547. Laplace à Desrosières, 17 floréal an XII [7 mai 1804]
Au Citoyen Desrosières, notaire A Melun SÉNAT-CONSERVATEUR Chancellerie Paris, le 17 floréal, an XII1 de la République J’ai l’honneur d’offrir mes compliments à Monsieur Desrosières. Le citoyen Longuemare, chargé de ma procuration, lui remettra les titres qui constituent ma propriété. Je prie Monsieur Desrosières de vouloir bien terminer promptement cette affaire. Je le prie encore de vouloir bien de se charger de ma procuration pour la régie de quelques terres que je possède à Vaux, et que je recommanderai à sa surveillance. Je serai fort aise des rapports que cela me donnera avec Monsieur Desrosières. Il voudra bien m’envoyer le modèle de la procuration que je dois lui adresser. Laplace Munich, Bayerische Staatsbibliothek.
1. 7 mai 1804.
ANNÉE 1804
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548. document, 28 floréal an XII [18 mai 1804]
Sénat-Conservateur Extrait des registres du Sénat-Conservateur du 28 floréal an XII de la République1 Le Sénat-Conservateur, réuni au nombre des membres prescrit par l’article 90 de la Constitution Décrète ce qui suit : Le Gouvernement de la République est confié à un Empereur, qui prend le titre de l’Empereur des Français Napoléon Bonaparte, Premier Consul actuel de la République, est Empereur des Français Signé : Cambacérès, second Consul Président Morard de Galles et Cornudet, Secrétaires
Vu et Scellé Le Chancelier du Sénat Laplace document A.N., CC 22 607, pièce 3.
1. 18 mai 1804. Voir aussi au même sujet l’adresse du Sénat à Napoléon le 5 floréal an XII imprimé dans sa Correspondance Générale (Paris, 2006), 4, 687-689.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
549. Cambacérès à Laplace, 1er prairial an XII [21 mai 1804]
M. de Laplace, Chancelier du Sénat-Conservateur, au Palais du Sénat Paris, le 1er prairial an XII1 Monsieur, J’ai reçu, avec votre lettre, le procès-verbal de la cérémonie qui a eu lieu hier pour la proclamation du Sénatus Consulte organique du 28 floréal. Ne doutez point de mon empressement à mettre cet acte sous les yeux de Sa Majesté l’Empereur. Veuillez aussi, Monsieur, recevoir les assurances de ma haute considération. L’Archichancelier de l’Empire Cambacérès A.N., CC 22, 607, pièce 1.
550. document, 11 prairial an XII [31 mai 1804]
Sénat-Conservateur L’an douze de la République, le jeudi onzième jour du mois de prairial2, à 1 heure après-midi. En exécution des ordres de Monsieur le Chancelier du Sénat relatifs à la prestation du serment prescrit par l’article 56 du Sénatus-Consulte organique du 28 floréal dernier se sont rendus au Palais du Sénat, dans le cabinet de Monsieur le Chancelier 1. 21 mai 1804. Seule la signature est de la main de Cambacérès. 2. 31 mai 1804.
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MM. Cauchy, garde des archives du Sénat, chef des bureaux de la chancellerie Castellan sous-chef du bureau des archives Marchand sous-chef du bureau des archives Longuemare, chef du bureau du contentieux Courty, sous-chef Le Gagneur, commis aux procès-verbaux Beauvernet, commis d’ordre et Valtier, expéditionnaire MM. Naigeon l’ainé, conservateur de la Galerie des tableaux Naigeon le jeune, conservateur-adjoint et Andrieux, bibliothécaire Lesquels ont individuellement prêté entre les mains de Monsieur le Chancelier du Sénat le serment suivant : « Je jure obéissance aux constitutions de l’Empire et fidélité à l’Empereur ». De laquelle prestation a été dressé le présent procès-verbal, qui sera déposé aux archives de la Chancellerie. Le Chancelier du Sénat Laplace Par le Chancelier du Sénat le garde des archives Cauchy document A.N., CC 21, 608, pièce 2
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
551. Laplace à Napoléon Bonaparte, [mai 1804]
A Napoléon [mai 1804] « Je jure d’être fidèle à l’Empereur, et à sa dynastie : je promets, sur mon honneur, de me dévouer au service de Sa Majesté, à la défense de sa personne, à la conservation du territoire de l’Empire dans son intégrité ; de n’assister à aucun conseil ou réunion contraires à la tranquillité de l’état ; de prévenir Sa Majesté de tout ce qui tramerait, à ma connaissance, contre son honneur, sa sûreté, ou de tout ce qui tendrait à troubler l’union ou le bien de l’Empire ». Laplace fragment Paris, G. Morssen, Catalogue d’autographes (septembre 1961), n° 152.
552. document, 19 prairial an XII [8 juin 1804]
19 prairial an XII1 Passeport pour Madame Laplace, signé aussi par Laplace. description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Charavay) (février 1926), p. 12, n° 987. 1. 8 juin 1804.
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553. Lacepède à Laplace, 26 prairial an XII [15 juin 1804]
Bureau des Dépêches Légion d’honneur Le Grand-Chevalier de la Légion d’honneur A Monsieur le Sénateur Laplace, Chancelier du Sénat, Grand-Officier de la Légion d’honneur Paris, le 26 prairial an XII1 L’Empereur, en Grand-Conseil, vient de vous nommer Grand-Officier de la Légion d’honneur. Je m’empresse d’avoir l’honneur de vous annoncer que la plus noble des palmes est le prix des grands services que vous avez rendus à la Patrie. B.G.E.L. Lacepède A.N., LH/1477/83.
1. 15 juin 1804.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
554. Laplace à Balguerie, 27 prairial an XII [16 juin 1804]
SÉNAT-CONSERVATEUR se faire rendre compte de l’état des choses pour la Bordeneuve et répondre Paris, le 27 prairial an XII1 de la République Le Chancelier du Sénat-Conservateur Monsieur Balguerie, Préfet du Département du Gers, a Auch J’ai reçu, Monsieur, avec votre lettre du 28 floréal, la copie qui y était jointe de la circulaire que vous avez adressée le 20 germinal aux sous-Préfets de votre Département, concernant le renouvellement des baux des biens affectés aux Sénatoreries non conférées. Des deux domaines à l’égard desquels j’avais autorisé cette mesure, celui dit les grandes terres, situé à St Elix, arrondissement de Mirande, n’a pu être adjugé, par les raisons dont vous m’avez informé le 8 floréal. Quant à la métairie de la Bordeneuve, située communes d’Esclignac, de Vivés et de Montfort, arrondissement de Lectoure, si le sous-Préfet n’avait pas reçu à temps le contre-ordre que vous m’annoncez lui avoir adressé d’aprês ma lettre du 3 du même mois, il n’en résulterait d’autre inconvénient que l’obligation pour le titulaire de la Sénatorerie d’Agen, d’entretenir le bail qui aurait ainsi été passé régulièrement en mon nom antérieurement à sa jouissance. Il ne serait donc nullement nécessaire de recourir à la mesure que vous proposez et qui consisterait à signifier au nouveau fermier que la validité de son bail est subordonnée à l’approbation du titulaire. Cette mesure d’ailleurs ne serait pas légale, et l’adjudicataire serait fondé à la frapper d’opposition. Ainsi je vous serai obligé de ne pas l’employer.
1. 16 juin 1804.
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Je vous remercie, Monsieur, des soins que vous avez donnés à cette affaire, et vous prie au surplus de vouloir bien encore m’instruire du véritable état des choses en ce qui concerne la métairie de la Bordeneuve. J’ai l’honneur de vous saluer. Laplace1 New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
555. [François de Neufchâteau] à Laplace, 20 messidor an XII [4 juillet 1804]
A Monsieur le Sénateur Laplace, Chancelier du Sénat 20 messidor an XII2 Monsieur et cher collègue, j’ai déjà eu l’honneur de vous parler de mon projet de réunir dans un dîner les membres du Sénat, et de fixer l’époque de cette fête de famille à quelque jour intéressant – comme celui de la naissance de Sa Majesté l’Empereur. L’embarras est de trouver un local assez grand pour contenir le nombre de couvert nécessaire. Vous verrez, par l’esquisse ci-jointe, que les salles de réunion et des gardes, dans le Grand Palais ne sont pas suffisantes. Il parait que l’on ne pourrait être placé commodément que dans la Galerie des tableaux. Je suppose que l’on peut prendre des prestations telles que les tableaux ne souffrent point du tout des suites de cette réunion, soit en les couvrant par des tentures, soit en éclairant la Galerie par des candélabres, etc. Comme ce local est soumis à votre administration, je vous supplie, Monsieur et cher collègue, de faire vérifier s’il est possible d’en faire l’emploi que je propose, sans y causer aucun dommage. Quant à l’époque du dîner, vous avez proposé vous-même de choisir le moment où le Sénat proclamera le recensement de votes pour l’hérédité du 1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. 4 juillet 1804.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Gouvernement Impérial. Ce moment paraît devoir être assez prochain. Son Excellence le Ministre de l’Intérieur1 m’a dit hier que nous recevrons les matériaux de recensement dans huit à dix jours. Si donc vous pensez toujours que la réunion des membres du Sénat ne puisse avoir lieu à une occasion plus convenable, je vous serai obligé d’accélérer la réponse que vous aurez la bonté de faire à ma demande. Je saisis avec empressement cette occasion de vous renouveler par écrit l’assurance de la considération que je vous ai vouée, Monsieur et cher collègue, et l’expression du sincère attachement avec lequel je vous salue. [François de Neufchâteau] minute A.N., 27AP1, dossier 1, 2e cahier.
556. [Laplace] à Chisson, 10 juillet 1804
A Charles Chisson, à Fontenay-le-Comte [Vendée] Paris, 10 juillet 1804 Très importante lettre à un jeune homme de dix-sept ans, fils d’un ébéniste de Fontenay, qui lui avait adressé des observations relatives à son « Mémoire sur la détermination d’un plan qui reste toujours parallèle à lui-même, dans le mouvement d’un système de corps agissant d’une manière quelconque les uns sur les autres, et libre de toute action étrangère ». L’illustre géomètre, frappé de la haute intelligence que révélait cette œuvre d’un adolescent, lui adresse des encouragements et lui propose de venir à Paris compléter ses études sous sa direction. (Malheureusement Charles Chisson ne pu profiter des offres généreuses de Laplace ; il succombait, le 24 septembre suivant, d’un accès de fièvre 1. Jean Antoine Claude Chaptal.
ANNÉE 1804
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pernicieuse, à peine entré dans sa dix-huitième année. En apprenant cette mort, Laplace fit recueillir avec soin les cahiers de notes du jeune mathématicien, qui lui furent envoyées par l’entremise de Cavoleau). [Laplace] description Inventaire des Autographes et des Documents Historiques Réunis par M. Benjamin Fillon (Paris, 1877), II, p. 79 n° 1132 (Vente du 16 et 17 février 1877).
557. [François de Neufchâteau] à Laplace, 2 thermidor an XII [21 juillet 1804]
A Monsieur le Sénateur Laplace, Chancelier du Sénat 2 thermidor an 121 Monsieur et cher collègue, j’ai reçu du Secrétariat d’Etat un extrait du décret impérial relatif aux ... des membres du Sénat dans la grande cérémonie. Je crois devoir vous transmettre sur le champ la copie ; j’en ai fait passer une autre à MM. les Préteurs, en les invitant à se procurer une connaissance détaillée, soit de la totalité du décret, soit des explications et modes nécessaires pour l’intelligence de l’article relatif au Sénat, afin que MM. les Préteurs puissent en rendre compte à la séance de mardi prochain. Agréez, Monsieur et cher collègue, les assurances de ma considération et de mon attachement. [François de Neufchâteau] minute A.N., 27AP1, dossier 1, 3e cahier. 1. 21 juillet 1804.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
558. Laplace à Balguerie, 13 thermidor an XII [1er août 1804]
SÉNAT-CONSERVATEUR LIBERTÉ ÉGALITÉ Il faut écrire au Sénateur titulaire dans le même sens qu’au Chancelier 4e Bureau Paris, 13 thermidor an XII1 de la République française Le Chancelier du Sénat-Conservateur A Monsieur Balguerie, Préfet du Département du Gers à Auch J’ai reçu, Monsieur, avec votre lettre du 29 messidor, la copie qui était jointe d’une lettre écrite le 10 du même mois par le receveur des domaines de Mauvezin à son directeur pour lui faire part de quelques prétentions élevées par le fermier de la métairie de Bordeneuve, dont le bail est récemment expiré. J’en ai fait part au Sénateur Lamartillière, actuellement titulaire de la Sénatorerie d’Agen, à laquelle est affectée la métairie dont il s’agit. C’est maintenant à lui qu’il appartient de régler cet objet. Je ne vous en remercie pas moins, Monsieur, du soin que vous avez pris de me le faire connaître. J’ai l’honneur de vous saluer. Laplace2 New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection. 1. 1er août 1804. 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
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559. Laplace à Lemercier, 19 thermidor an XII [7 août 1804]
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 19 thermidor an XII1 Le Chancelier du Sénat-Conservateur Au Sénateur Lemercier, titulaire de la Sénatorerie d’Angers Le Ministre des Finances2 vient de m’adresser, Monsieur et cher collègue, ampliation d’un décret impérial du 2 de ce mois, lequel désigne les maisons d’habitation de plusieurs sénatoreries. Je m’empresse de vous en envoyer un extrait pour ce qui concerne la Sénatorerie d’Angers dont vous êtes pourvu. L’Administration des Domaines est chargée de faire prendre possession, au nom du Sénat, de l’Abbaye des ci-devant bénédictins de St Florent, Département de Maine-et-Loire, désignée pour cette Sénatorerie. Dès qu’elle m’aura fait passer le procès-verbal de cette opération, je vous soumettrai les renseignements que je croirais propres à vous faire connaître, plus particulièrement votre habitation sénatoriale. Agréez, Monsieur et cher collègue, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Laplace3 Munich, Bayerische Staatsbibliothek.
1. 7 août 1804. 2. François Barbé-Marbois. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
560. [Madame Laplace] à Daunou, 30 août 1804
A Monsieur Monsieur Daunou Bibliothécaire du Corps Législatif Au Palais du Corps Législatif Ce 30 août 1804 Le Sénateur et Madame Laplace invitent Monsieur Daunou à leur faire le plaisir de venir dîner chez eux vendredi prochain 1er septembre à Arcueil. Le Sénateur de Sémonville prendra chez lui au Palais du Corps Législatif Monsieur Daunou pour avoir le plaisir de faire le voyage ensemble. [Madame Laplace]1 lettre complémentaire B.N., MS, n.a.fr. 21884, fols 303-304.
561. [Felice Baciocchi] à Laplace, 7 vendémiaire an XIII [29 septembre 1804]
A Laplace Lucques, ce 7 vendémiaire an 132 Madame de la Place s’en retourne à Paris, Monsieur, et emporte tous nos regrets. La douceur, l’amabilité, la prévenance qu’elle a mise dans l’exercice de ses fonctions, lui ont concilié ici l’affection des personnes attachées à la 1. Sans signature, mais de la main de Madame Laplace. 2. 29 septembre 1804.
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Cour. Si la tendresse qu’elle a pour son époux et ses enfants ne lui ont pas permis de rester plus longtemps avec nous, elle nous a donné au moins l’espoir de la revoir en Italie au retour de la belle saison. Nous aurons toujours le plus grand plaisir à lui renouveler l’assurance de notre attachement. Recevez, Monsieur, l’expression de l’estime la plus distinguée. Félix [Baciocchi] Bancroft, box 23, dossier 27.
562. Portiez à Laplace, 14 vendémiaire an XIII [6 octobre 1804]
Portiez (de l’Oise) ex-Tribun à son Excellence, Monseigneur de Laplace, Chancelier du Sénat Sèvres, 14 vendémiaire an 131 Monseigneur, J’ai l’honneur de faire part à Votre Excellence que j’ai mis en vente ma bibliothèque historique de la Révolution Française, dont j’ai eu l’honneur de lui parler une fois chez le Ministre, Grand-Juge2, avec le Sénateur [Henri] Grégoire. Cette collection me devient inutile et onéreuse, n’étant plus fonctionnaire depuis le 1er floréal dernier. Elle contient plusieurs manuscrits intéressants, et beaucoup d’objets que ne renfermait pas celle de Rondonneau perdue aujourd’hui pour le public. Elle comprend depuis la convocation des Notables, jusqu’à l’avènement de Napoléon à l’Empire.
1. 6 octobre 1804. 2. Claude Ambroise Regnier.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Si un étranger fait acquisition de cet objet, je n’aurai rien à me reprocher, puisque j’en aurais donné avis au premier corps de l’Etat dans la personne de son Chancelier. J’ai l’honneur d’être très respectueusement, Monseigneur. L. Portiez de l’Oise Ex-Tribun A Sèvres, au clos La Source, près Chaville P.S. Le défaut de fonds qu’on pourrait opposer, peut être suppléé par un échange de livres dont abondent les dépôts. Ainsi, le gouvernement échangerait en mobilier national inutile et surabondant contre un mobilier rare et impossible à remplacer.
Paris, Bibliothèque de l’Assemblée Nationale, MS 1463.
563. document, 21 vendémiaire an XIII [13 octobre 1804]
21 vendémiaire XIII1 Entre les soussignés Monsieur Pierre Simon de la Place, chancelier membre du Sénat Conservateur et de l’Institut National, Grand Officier de la Légion d’Honneur demeurant au Palais du Sénat d’une part Et Messieurs Martin Bossange, Joseph-René Masson, et Jean Marie Besson, copropriétaires d’une maison sise rue de Tournon, n° 1133 et demeurants dans la dite maison Est convenu ce qui suit Nous Martin Bossange, Joseph-René Masson et Jean-Marie Besson, donnons à bail à Monsieur de la Place pour trois années consécutives dont la jouis1. 13 octobre 1804.
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sance est réputée avoir commencée le 1er vendémiaire de l’an XIII, pour le prix et somme de 4.500 francs payables de six mois en six mois. Savoir Une partie de maison sise à Paris, rue de Tournon n° 1133 la dite partie de maison composée ainsi qu’il suit : Dans la grande cour, une remise pour une voiture Dans la petite, une écurie pour trois chevaux une souspente et le dessous d’une souspente qui pourra servir de remise à un cabriolet Une grand cuisine au dessous des rez de chaussées et ses dépendances, un caveau à l’entrée de cette cuisine, une petite cuisine et une cave communiquant dans cette cuisine ; la jouissance des eaux Un appartement complet au premier étage composé d’une antichambre divisée en deux par une cloison et dont la partie éclairée sur la cour sert de bibliothèque Une salle à manger, un salon, une chambre à coucher éclairée sur le jardin Une chambre à coucher sur la cour, garde robe et petit escalier dont le locataire aura seul la jouissance Un cabinet de toilette ou salle de bains Une chambre dite chinoise éclairée, sur la grande cour et communiquant dans la salle à manger et un escalier de dégagement Un petit appartement à l’entresol au dessus du premier étage de l’aile à droite, composé de quatre pièces dont deux à cheminée de quatre chambres de domestiques dont une sert de passage La jouissance entière et exclusive du jardin, à l’exception de la petite portion réservée pour la communication d’un perron à l’autre Et moi Pierre Simon de Laplace accepte tout ce qui a été dit ci-dessus et ce aux conditions suivantes : 1° que l’écriteau de la porte cochère de la cour et porte du magasin seront supprimés 2° qu’il n’y aura jamais dans le vestibule aucune espèce d’embarras de chaises 3° que l’escalier communiquant du vestibule aux cuisines ne sera commun à aucun locataire que pour descendre le vin en pièce 5° les deux armoires à linge qui sont dans l’antichambre, les deux buffets de la salle à manger, les rayons de bibliothèque et le coffre à bois qui est sur l’escalier resteront en ma jouissance pendant la durée du bail 6° que la cour et l’escalier continueront d’être éclairés comme ils le sont 7° Enfin que je jouirai en commun des passages de la rue Garantière
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Ces conditions étant acceptées de Messieurs Bossange, Masson et Besson, nous avons signé avec l’engagement de passer bail devant notaire à la réquisition de l’une des parties. Fait double entre nous ce 21 vendémiaire an XIII Approuvé l’écriture ci-dessus et d’autre part Bossange J.M. Besson J.R. Masson Laplace document Bancroft, box 10, dossier 1.
564. Laplace à von Zach, [novembre 1804]
[novembre 1804] Das beinahe kommensurable Verhältnis der mittleren Bewegungen des Jupiter und Saturn bringt, wie man in dem II und VI Buche meiner Mécanique Céleste gesehen hat, sehr beträchtliche Änderungen in den Elementen der Bahnen dieser beiden Planeten, hauptsächlich in ihren Exzentrizitäten und in ihren Perihelen hervor. Diese Variationen hängen von der fünffachen mittleren Sideral-Bewegung des Saturn weniger der zweifachen des Jupiter ab, und ihre Periode umfasst eine Zeitraum von mehr als neun Jahrhunderten. Man hat aus meinem VI Buch gesehen, dass die Exzentrizitäten dieser beiden Planetenbahnen sehr starke Ungleichheiten hervorbringen und davon eine für Saturn über 1300" der Dezimaleinteilung des Quadraten geht. Die vorab erwähnten Änderungen der Exzentrizitäten und Perihelen müssen demnach diese Ungleichheiten merklich offizieren und kleine Ungleichheiten hervorbringen, auf welche man Rücksicht nehmen muss ; dies habe ich auch getan, und dadurch hat sich die Theorie der Observation mehr genähert. Ich habe zugleich bemerkt, dass es viel besser und vorteilhafter ist, diese Variationen, deren Glieder in der wahren elliptischen Länge ausgedrückt sind, in Funktionen der mittleren Länge zu sub-
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stituieren, welche von den dritten Potenzen der Exzentrizitäten abhängen. Ich werde das Detail aller dieser Substitutionen in einem Supplement zur PlanetenTheorie auseinander setzen, welcher im IV Bande meine Mécanique Céleste erscheinen soll. Man hat im 17.Paragraph des VI Buches der Mécanique Céleste gesehen, dass, wenn t was immer für eine Anzahl Julianischer Jahre andeutet, und nivt + siv und nvt + sv die von einem fixen Äquinoktium gezählten mittleren Längen des Jupiter und Saturn sind, man allemal zu allen Argumenten des Jupiter und Saturn, in welchen der Koeffizient von t nicht 5nv – 2niv ist, oder für Jupiter nicht niv +/- (5nv – 2niv), oder für Saturn nicht nv +/- (5nv – 2niv) ist, man nivt + stv jederzeit um die große Ungleichheit des Jupiter und nvt + sv um diese große Ungleichheit des Saturn vermehren müsse. Wir wollen diese iv v also vermehrten Längen mit T und T bezeichnen ; man kann sie auch bei der Ungleichheit des Jupiter, welche von 3nivt – 5nvt abhängt, gebrauchen, und bei der Ungleichheit des Saturn, welche von 2nivt – 4nvt abhängig ist. Denn iv wenn man in diesen zwei Ungleichheiten anstatt nivt + siv substituiert T v v v weniger der großen Ungleichheiten des Jupiter, und statt n t + s setzt T weniger der großen Ungleichheit des Saturn, so erhält man, wenn man die Reihe entwickelt, statt der vorhergehenden zwei Ungleichheiten eine Reihe iv v von Ungleichheiten, welche nur von T und T abhängen werden, und dadurch werden alle Ungleichheiten des Jupiter und Saturn mit Ausnahme der iv v zwei großen Ungleichheiten bloss allein auf T und T zurückgebracht. Ich habe auf diese Art die Formeln für die wahre Länge des Jupiter und Saturn erhalten, um sie mit den Beobachtungen zu vergleichen ; hierzu hat Bouvard vorzüglich die von Bradley und Maskelyne beobachteten Gegenscheine dieser beiden Planeten gewählt, und in den letztern Jahren auch diejenigen hinzugefügt, welche auf unser National-Sternwarte beobachtet wurden. Da diese Beobachtungen mit vortrefflichen Mittags-Fernrühren und mit den besten MauerQuadraten gemacht wurden, und einen Zeitraum von mehr als einem halben Jahrhundert umfassen, so gewähren sie durch ihre Genauigkeit und ihre grolle Anzahl das sicherste Mittel, die Elemente der elliptischen Bewegung zu verbessern. Mehrere dieser Gegenscheine waren schon von Delambre berechnet ; Bouvard berechnete die übrigen, und er erhielt von 1747 bis inklusive 1803, 49 Gegenscheine des Jupiter und 53 des Saturn. Es hat mit ihrer Beihilfe eben so viele Bedingungsgleichungen für die Verbesserungen der elliptischen Elemente der beiden Planeten formiert ; allein da die Saturnmasse noch einiger Ungewissheit ausgesetzt war, so hat er auch ihre Verbesserung in diese Gleichungen hineingebracht, und er fand sehr leicht hieraus, dass er den Werth dieser Masse ungefähr noch um seinem zweiundzwanzigsten Teil vermindern und sie auf 1/3515,597 der Masse der Sonne herabsetzen müsse. Diese wesentliche Verbesserung, welche offenbar durch die Beobachtungen selbst angedeutet wird, ist eine der vorzüglichsten Vorteile unserer Formeln, ihre Genauigkeit, verbunden mit der großen Anzahl so sorgfältig und scharf beobachteter Gegen-
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
scheine, welche zu dieser Berechnung gebraucht wurden, muss diesem Resultat vor jenem den Vorzug geben, welches aus den beobachteten Elongationen des vorletzen Saturntrabanten abgeleitet worden [sind], um so mehr, da diese Elongationen äußers schwer zu beobachten sind, und wir überdies noch über die Elliptizität dieser Trabanten und über die Wirkung der Irradiation in vollkommner Unwissenheit sind. Die Vergleichung unserer Formeln mit den Gegenscheinen des Jupiter haben keine merkliche Verbesserung für den Wert dieser Planetenmasse angegeben. In der Tat, wenn man die Beobachtungen von Pound, welche Newton im III Buche seiner Mathematischen Prinzipien der natürlichen Philosophie anführt, näher betrachtet, so sieht man, dass sie mit Genauigkeit die Masse des Jupiter angeben, indessen sie jene des Saturn in Ungewissheit lassen. Unsere Formeln führen demnach auf dieselbe Masse des Jupiter, wie die beobachteten Elongationen seiner Satelliten, und es ist bemerkungswert zu sehen, wie ein und dasselbe Resultat aus zwei so verschiedenen Mitteln und Wegen hervorgeht. Ich hätte sehr gewünscht, die Verbesserung der Uranus-Masse auf dieselbe Art zu bestimmen, über welche eine noch viel größere Ungewissheit, als über die Saturnmass herrscht. Die Beobachtungen haben keine merkliche Verbesserung in dem Wert dieser Masse angezeigt, allein ihr Einfluss auf die Bewegung des Saturn ist nicht beträchtlich genug, um auf ein solches Resultat sicher zählen zu können. Die Gegenscheine, von welchen ich rede, sind sehr dazu geeignet, die mittlern Bewegungen des Jupiter und Saturn genau zu bestimmen. Denn da die zwei großen Ungleichheiten in dem Zwischenraum, welchen diese Gegenscheine umfassen, in ihrem Maximum waren, und folglich in dieser Zwischenzeit sich wenig geändert haben, so kann die Ungewissheit, welche über die Größe dieser Ungleichheiten noch übrig sein kann, noch keinen merklichen Einfluss aus die Bestimmung der mittlern Bewegungen haben, welche auf diesen Beobachtungen hergeleitet werden. Hier folgen die Formeln der Bewegungen des Jupiter und Saturn, welche aus der Theorie und aus den Verbesserungen hervorgehen, welche die Bedingungsgleichungen für die elliptischen Elemente und für die Masse des Saturn angegeben haben. Ich habe in diesen Formeln die Dezimaleinteilung des Quadranten angenommen, so wie ich es in der Mécanique Céleste getan habe ; diese Teilung wird mit der Zeit durch ihre Einfachheit doch die Oberhand behalten ; man muss daher die Astronomen unvermerkt [unmerklich] daran gewöhnen. Aus eben dieser Ursache wird auch Bouvard seine neuen Jupiterund Saturntafeln in dieser Gestalt herausgeben. Das Bureau des Longitudes, welches die astronomische Sprache mit der bürgerlichen zu vereinigen sucht, wenn dieses ohne Beschwerde geschehen kann, hat beschlossen, dass es den Tag von Mitternacht an, und das Jahr von Mitternacht des ersten Januar, wie im bürgerlichen Leben, zählen wird ; Es ist in der Tat viel natürlicher, die
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Gegenwart der Sonne über dem Horizont für die Dauer eines Tages zu nehmen, und man hat gar keinen Vorteil davon, den Anfang des Tages auf den Mittag zu setzen, wie es die Astronomen tun. Demzufolge drückt in den folgenden Formeln was immer für eine Zahl Julianischer Jahre von 365½ Tagen aus, welche seit Mitternacht des 1 Januar 1750 verflossen sind1. Alle diese Fehler sind sehr geringe, sie gehen nicht über 10" beim Saturn, und sie erheben sich nur ein einziges Mal auf 13" beim Jupiter. Die Fehler der letzten Tafeln (von Delambre) gehen bisher über 30", also haben die neuen Ungleichheiten, welche wir hier eingeführt, und die Genauigkeit, mit welcher wir die Berechnung der ältern Ungleichheiten ausgeführt haben, diese Tafeln ansehnlich verbessert. Die Beobachtungen Flamsteeds werden auch durch unsere jetzigen Formeln besser, als durch die Delambre’schen Tafeln dargestellt. Diese obgleich unvollkommenen Beobachtungen, auf welche aber die Verbesserung der Saturnmasse in Betracht der großen Ungleichheit einen größeren Einfluss hat, haben mir sehr nahe dieselbe Korrektur der Saturnmasse gegeben, welche ich aus den neueren Beobachtungen geschlossen hatte. Bouvard wird alle diese neuen Formeln in Tafeln bringen, welche einen Teil der Sammlung astronomischer Tafeln ausmachen werden, welche sich das Bureau des Longitudes herauszugeben vorgenommen hat. Es sind kaum 20 Jahre, dass die Fehler der Saturntafeln, welche gegenwärtig unter 10" herabgebracht sind, sich auf 22 Minuten beliefen, d. i. 150 mal mehr. Man hat die ausserordentliche Genauigkeit dieser neuen Tafeln den Fortschritten der Theorie der allgemeinen Schwere, der Vollkommenheit der neuern Beobachtungen, und den ungeheuern Berechnungen, welche Delambre und Bouvard über diese Beobachtungen angestellt haben, zu verdanken. Diese Genauigkeit ist zugleich eine auffallende Bestätigung des Prinzips der allgemeinen Schwere, und ein Beweis, dass die Wirkung fremder Ursachen, welche die Bewegungen unseres Planetensystems ändern könnten, bis jetzt unmerklich war ; denn ich werde anderswo zeigen, dass die älteren Beobachtungen durch unsere Formeln mit aller der Genauigkeit, deren sie fähig sind, dargestellt werden. Lettre traduite en allemand et partiellement publiée par Zach dans son Monatliche Correspondenz für Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 10 (novembre 1804), 449-463.
1. Ce paragraphe est suivi de plusieurs pages de formules et tables qui ne sont pas données ici.
565. Clément de Ris à Laplace, 9 ventôse an XIII [28 février 1805]
A Monsieur Laplace, chancelier Membre du Sénat-Conservateur, rue de Tournon A Paris Préture1 SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 9 ventôse XIII2 M. Laplace Monsieur et cher collègue, Nous avons l’honneur de vous adresser l’état des objets qui vous ont été fournis pour votre costume, et le compte de ce que vous devez à la caisse du Sénat pour chacun de ces objets. aulnes Velours Tissu d’or Satin
fr.c.l’aulne,
fr.c.
14 3/4 à 30,42
compris les frais de port
448,70
2 1/2 à 81,76
compris frais et escompte
204,40
compris frais et escompte
125,70
15
à
8,38
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. 28 février 1805.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
7,37
compris frais et escompte
22,11
Taffetas
3
à
Cravatte
1
à 480fr
Dragonne
-
à 48fr
Cordon de Manteau
1
à 12fr
12
Gance
1
à 12fr
12
Chapeau
-
à 96fr
480 -
-
Total
1304,91
Nous avons l’honneur de vous saluer. Le Préteur du Sénat Clément de Ris Bancroft, box 10, dossier 20.
566. Laplace à Lacepède, 4 germinal an XIII [25 mars 1805]
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 4 germinal an 131 Le Chancelier du Sénat-Conservateur A Monsieur Lacepède, Sénateur et Grand Chancelier de la Légion d’Honneur J’ai reçu, Monsieur et cher collègue, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 28 ventôse, celle du Ministre des Finances2 qui vous 1. 25 mars 1805. 2. Martin Michel Charles Gaudin.
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avait été adressée par erreur, puisqu’elle concerne les biens dotaux appartenant au Sénat dans les quatre départements de la rive gauche du Rhin. Les pièces annoncées par la lettre du Ministre se sont aussi trouvées jointes à la vôtre. Agréez, Monsieur et cher collègue, avec mes remerciements, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Laplace1 Munich, Deutsches Museum, Handschriften-Sammlung 1965-32 ; Collection d’autographes du Dr. Max Thorek, Chicago.
567. Laplace à Madame Laplace, 17 floréal [an XIII] [7 mai 1805]
A Madame Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame Elisa Princesse de Piombino, A Milan Ce jeudi 17 floréal [an XIII]2 J’ai déjà reçu, ma chère amie, trois lettres de toi, depuis ton départ ; mais elles me sont arrivées fort tard, par une cause que j’ai fait cesser ; en sorte que dorénavant, je recevrai tes lettres le plus tôt possible. Je vois avec un grand plaisir que le voyage réussit à merveille à Son Altesse Impériale3. Je me suis attendu à cet heureux effet et je regarde comme une [sic] très favorable à sa santé la nécessité où elle a été de faire ce voyage. Je vois avec autant de plaisir ma bonne amie, que tu n’en éprouves aucune incommodité. En me privant de 1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. 7 mai 1805. 3. Elisa Baciocchi.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
toi pendant un aussi long temps, je m’en suis consolé par le plaisir et les agréments que doivent te procurer, et le beau pays que tu vas parcourir, et les circonstances dans lesquelles tu vas te trouver. Ménage bien ta santé, ma chère amie ; je n’ai pas besoin de te recommander autre chose. Ton bon esprit, tes goûts et ton désir de conserver la bonne réputation que tu as si justement acquise me répondent de tout le reste. Offre mon respectueux hommage à Son Altesse Impériale. Si tu en as l’occasion, dis à Sa Majesté l’Empereur, que je vais incessamment déposer dans sa bibliothèque, le quatrième volume de ma Mécanique Céleste, et que je désire qu’il soit digne de l’honneur qu’il m’a fait en voulant bien accepter la dédicace de cet ouvrage. Rappelle-moi encore au souvenir de Sa Majesté l’Impératrice1 sur les bontés de laquelle j’ai toujours compté. Fais en sorte de voir Messieurs Oriani, Volta et Cagnoli. Dis-leur combien j’attache de prix à leurs souvenirs et à leur estime. Dis à Oriani que je compte lui envoyer incessamment le quatrième volume de ma Mécanique. Tes enfants, ma chère amie, se portent à merveille. Je te l’assure du moins pour Emile, car pour Sophie, je n’ai point reçu de ses nouvelles depuis ton départ. Je vais écrire pour cela à Madame de Fleury. Je ne t’envoie point le carton que tu me demandes. Fanchon m’assure qu’elle l’a emballé dans son sac de nuit. Monsieur Humboldt écrit à Biot que tu devrais bien aller à Rome où il aurait le plaisir de te voir. Tous nos amis se portent bien. Berthollet se dispose à partir mercredi prochain pour son grand voyage. Je suis allé hier à la séance de l’Académie Française pour la réception de Monsieur Dureau de La Malle. Son discours de réception est très bien fait, et a reçu de vifs applaudissements. Adieu, bonne amie ; souviens-toi de m’écrire le plus souvent que tu pourras, j’ai besoin de tes lettres pour me consoler de ton absence. Je t’embrasse bien tendrement. Ton mari Laplace Bancroft, box 21, dossier 26.
1. Marie Joseph Tascher de la Pagerie, dite Joséphine.
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568. Laplace à Madame Laplace, 8 prairial [an XIII] [28 mai 1805]
A Madame Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame Elisa, Princesse de Piombino A Milan Paris, ce 8 prairial [an XIII]1 Je pars demain, ma chère amie, pour la Normandie ; mais mon voyage ne sera pas long et tout au plus de quinze jours. J’ai reçu ta lettre datée du 26 floréal, par laquelle tu te plains de n’avoir reçu qu’une de mes lettres. Je t’en ai cependant écrit quatre ; mais tu dois maintenant en avoir reçu quelques-unes. Ton oncle Riaucourt2 est ici ; il n’a point voulu venir loger avec moi ; Sophie se porte bien ainsi qu’Emile. J’ai eu hier à dîner ton frère3, ton oncle, et Henrion4 ; ça été un dîner de famille. Nous nous sommes beaucoup entretenus de toi, et de tes plaisirs. Je commence à m’ennuyer de ton absence. On nous fait espérer bientôt l’Empereur à Paris, et, cela joint à quelques affaires, nous fait renoncer, Monsieur Lacepède et moi, au projet d’aller à Cherbourg. Reviendras-tu avec l’Empereur ou iras-tu à Rome et à Piombino ? J’espère que si tu le peux, tu m’en instruiras. Ton ménage va bien, tout le monde se porte bien. La famille Chaptal est à Chanteloup, et Berthollet est arrivé dans sa Sénatorerie. Adieu, bonne amie, offre mes respectueux hommages au Prince et à la Princesse Elisa. Continue de te bien porter et de t’amuser. Je t’embrasse comme je t’aime, bien tendrement. Laplace Bancroft, box 21, dossier 26. 1. 2. 3. 4.
28 mai 1805. Jean Baptiste Evre Molerat de Riaucourt. Probablement Louis Hercule Marie Thimoléon Hortense Courty. Pierre Paul Nicolas Henrion de Pansey.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
569. Napoléon Bonaparte à Laplace, 17 prairial an XIII [6 juin 1805]
A Milan, 17 prairial an XIII1 Monsieur Laplace, je verrai avec plaisir le quatrième volume de votre Mécanique Céleste, que vous avez remis à ma bibliothèque. Tout ce qui tend à étendre le domaine [des] sciences et à donner un nouvel éclat au siècle où nous vivons m’est agréable sous tous les points de vue. Vous savez que rien ne peut ajouter à l’estime que je vous porte. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa Sainte garde2. Napoléon minute A.N., AFIV866, n° 80 ; copie dans Bancroft, box 1, dossier 22 ; et Correspondance de Napoléon I (Paris, 1862), 10, 594.
570. Laplace à Madame Laplace, 21 prairial an XIII [10 juin 1805]
A Madame Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale Madame Elisa, Princesse de Piombino A Milan Paris, ce 21 prairial an XIII3 Me voilà, ma chère amie, de retour de mon voyage en Normandie. Il a été assez heureux, et j’ai revu avec plaisir ma famille et le bon pays qui m’a donné 1. 6 juin 1805. 2. Cette salutation ne se trouve pas dans la minute. 3. 10 juin 1805.
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naissance. Ma sœur1 se porte bien, mais ma nièce quoique bien rétablie relativement à sa vue, a une fièvre qui depuis quelque temps la tourmente. Elle digère très mal, et je crains bien les suites de cet état qui me paraît dépendre de la même cause qui a été sur le point de lui faire perdre la vue et qui probablement est une humeur qui s’est fixée sur les entrailles. Nos deux fermes sont en bon état et bien tenues par les fermiers. J’y ai fait faire des réparations considérables, mais elles étaient nécessaires. Je suis allé à Caen où j’ai vu le Préfet2 et l’Ingénieur en chef3, pour conférer avec eux de la grande route de Caen à Honfleur. Elle sera reprise au printemps prochain, et ne traversera point ma terre, mais elle passera à côté. J’ai demandé pareillement à l’Ingénieur, le plan de quelques routes secondaires les plus utiles, aboutissant soit à cette grande route, soit aux embouchures de deux rivières, la Dive et la Touques. En général, tout ce pays d’Auge est, peut-être, le plus riche pays de la France ; mais les routes y sont détestables, et le plus grand bienfait que l’on puisse faire à ce pays, est d’y pratiquer une demi-douzaine de routes pour faciliter le transport des productions. Je mets à cela le plus vif intérêt, et j’espère que j’en viendrais à bout. J’ai retrouvé ton ménage en bon état. Je vois, ma bonne amie, que tu te portes bien et que tu jouis des fêtes que l’on donne à Milan. Je partage bien sincèrement ton plaisir. Il me tarde cependant de te revoir. Je te prie d’offrir au Prince et à la Princesse mes respectueux hommages4. Oriani a du recevoir mon ouvrage. Rappelle-moi à son souvenir ; je suis fort aise qu’il ait été présenté à la Princesse, et qu’elle lui ait dit des choses aimables. Adieu ma bonne amie, je t’embrasse bien tendrement, comme je t’aime5. Ton mari Laplace Bancroft, box 21, dossier 26.
1. 2. 3. 4. 5.
Marie Anne Louize, née Laplace. Charles Ambroise Caffarelli du Falga. Probablement Joseph Marie François Cachin. Félix et Elisa Baciocchi. Cette missive continue avec une lettre d’Emile.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
571. Laplace à Madame Laplace, 24 prairial an XIII [13 juin 1805]
A Madame Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale Madame Elisa, Princesse de Piombino, à Milan Paris, ce jeudi 24 prairial an XIII1 Je profite, ma chère amie, avec grand plaisir de l’offre que Monsieur Obrail fils est venu me faire, de se charger de mes commissions pour Milan, où il se rend en qualité d’auditeur du Conseil d’Etat. Je te prie d’abord de lui en marquer ta reconnaissance. J’ai reçu ta lettre datée du 13 dans laquelle tu me parles de ta course à Brera, pour y voir les objets d’industrie. Je suis bien sensible aux soins de Monsieur Oriani qui t’a fait, dans cette occasion, les honneurs de son établissement. Dis-lui mille choses de ma part, et combien je suis touché des témoignages de son estime à laquelle j’attache un grand prix. Tâche de découvrir Monsieur Cagnoli, et offre lui mille sincères compliments de ma part. C’est un savant extrêmement recommandable, et je serai bien aise qu’il reçoive par toi des marques de mon attachement et de mon estime. Je remercie Monsieur de Prony des attentions qu’il a pour toi ; il trouvera à son retour d’Italie un exemplaire de mon ouvrage. Lagrange est venu hier m’inviter à dîner pour aujourd’hui avec Madame de Prony. J’ai reçu une lettre de Berthollet, tout-à-fait aimable. Il est fort content de son habitation et de son séjour à Narbonne. Il dit qu’il sera le mieux logé des sénateurs. Il loge en même temps, et la gendarmerie, et la justice de paix, et les tribunaux civils et criminels, et même une société d’agriculture. De tout cela, il retire 1.200 francs de loyer, qu’il emploie à former un établissement pour que les enfants puissent apprendre à lire, écrire et calculer, ce qui fait grand plaisir à la ville. Il n’est embarrassé que du cérémonial. Il nous propose, dit-il, un logement dans son palais. Au reste, Titi et Lolo te baisent les mains. Ton oncle se porte bien, il m’a dit que Sophie est bien portante et contente. Je te prie, bonne amie, d’offrir l’hommage de mon respect au Prince et à la Princesse. Tu me marques qu’elle a un peu de fièvre. J’en suis bien fâché, mais j’espère que cela n’aura pas de suite. J’avais écrit une phrase à Sa Majesté l’Empereur pour lui dire que je faisais déposer dans sa bibliothèque le quatrième volume de mon ouvrage. Il a eu 1. 13 juin 1805.
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la bonté de m’y répondre d’une manière très flatteuse. Adieu, bonne amie, je t’embrasse bien tendrement. Ton mari Laplace Henrion, qui vient de déjeuner avec moi, t’offre mille amitiés. Bancroft, box 21, dossier 15.
572. Laplace à Madame Laplace, 6 messidor [an XIII] [25 juin 1805]
A Madame Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame Elisa de Piombino A Milan Ce mardi 6 messidor [an XIII]1 Je commence, ma chère amie, à m’ennuyer de ton absence, et j’espère que tu feras ton possible pour la prolonger le moins que tu pourras. Tu me marquais, dans une de tes lettres, que la Princesse sentait bien que tu ne pouvais rester longtemps éloignée de ton ménage et de ta famille. Je reconnais là la bonté de son cœur. Je te prie de lui offrir, ainsi qu’au Prince, l’hommage de mon profond respect. Ton oncle est encore ici. Je compte le réunir demain mercredi à dîner avec Henrion. Lacepède ne m’a point parlé de la permission qu’il a reçue d’aller à Cherbourg. Comme j’ai renoncé au dessein d’y aller, je ne lui en ai point parlé non plus ; c’est une partie remise à une autre année ; et tu pourras en être. 1. 25 juin 1805. Cette lettre est écrite au dos d’une lettre d’Emile à sa mère.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Tout va bien dans ton ménage ; hommes et bêtes, tout se porte à merveille. On me demande de toutes parts de tes nouvelles. Mais comment se fait-il que je ne reçois tes lettres qu’au bout de quinze jours ? As-tu bien soin de les mettre sur le champ à la poste ? Marque-moi si je dois payer la pension de ton fils, ou attendre ton retour. Je n’ai point encore payé Monsieur Naigeon. Je vais le faire ces jours-ci. Adieu, ma bonne amie. Je t’embrasse bien tendrement comme je t’aime. Laplace Bancroft, box 21, dossier 26.
573. Laplace à Madame Laplace, 9 messidor [an XIII] [28 juin 1805]
A Madame Laplace Ce 9 messidor [an XIII]1 Je te vois toujours avec plaisir, ma chère amie, heureuse et contente de ton voyage. Je commence cependant à m’ennuyer de ton absence ; mais, enfin, j’ai compté sur trois mois d’absence, et ils ne sont pas encore écoulés. J’ai vu hier Madame Lacuée à sa campagne ; j’y ai conduit après dîner ton fils avec MM. Poisson et Lacuée qui avaient dîné à la maison. Je crois que ton fils subira son examen vers la fin de fructidor. J’espère qu’on en sera content. Je te prie, ma chère amie, de transmettre fidèlement à Oriani la feuille cijointe. Si tu n’étais pas à Milan lorsque tu recevras cette lettre, fais-lui parvenir cette feuille sous enveloppe et d’une manière sûre. Je suis bien aise que tu aies vu Volta ; j’aurais bien désiré que tu eusses vu Cagnoli. Je n’ai rien de nouveau à t’apprendre. On dit cependant ici que vous pourrez aller à Lucques. Tout le
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monde ici t’offre mille amitiés. Je t’embrasse bien tendrement comme je t’aime. Laplace Bancroft, box 21, dossier 26.
574. Laplace à Madame Laplace, 30 juin [1805]
A Madame Laplace Ce 30 juin [1805] J’ai reçu, ma chère amie, ta première lettre datée de Gênes, je te vois dans l’enthousiasme de cette superbe cité, et tu me donnes l’envie de la voir un jour. Tu m’annonces ton buste en cire et celui de la Princesse. Dis-lui, en lui offrant mon respectueux hommage, combien je suis sensible et reconnaissant de cette marque de son souvenir, et que je conserverai précieusement le don qu’elle veut bien me faire ; je n’en ai pas besoin pour me rappeler ses bontés, mais ce nouveau témoignage d’attachement et d’intérêt me flatte autant qu’il m’honore. On dit ici que la principauté de Lucques va être ajoutée à celle de Piombino ; ce qui pourra retarder ton retour. Je compte cependant te revoir d’ici six semaines ou deux mois au plus tard. Je te prie de m’écrire dans quel temps à peu près tu comptes revenir. Je t’envoie une feuille d’errata, que je te prie de faire parvenir à Oriani. Je t’en ai déjà envoyée une dans la dernière lettre que je t’ai adressée à Milan, mais j’en joins ici une nouvelle, ayant peur que l’autre ne soit égarée. Je te recommande de la faire parvenir sûrement. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse tendrement, comme je t’aime. Laplace Bancroft, box 21, dossier 14.
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575. Laplace à Madame Laplace, 14 messidor [an XIII] [3 juillet 1805]
A Madame Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale Madame Elisa Princesse de Piombino chez Monsieur Saliceti, Ministre de France A Gênes Ce mercredi 14 messidor [an XIII]1 J’apprends avec bien de la peine, ma chère amie, que tu as été incommodée ; mais, heureusement, je vois que cela n’a point eu de suites. Ménage bien ta santé ; les chaleurs du climat et la vie que tu mènes pourraient l’altérer, et faire dégénérer cette incommodité passagère dans une maladie considérable. Je t’avoue que ta lettre m’a fait sentir plus vivement encore l’ennui de ton éloignement. Il me serait impossible de te savoir malade aussi loin de moi, et ma première pensée serait de t’aller rejoindre. Tu ne me parles point de retour ; j’espère cependant que tu ne tarderas pas à revenir ; et je pense que ton voyage ne se prolongera pas au-delà d’un mois ou deux. Fais cependant ce qui convient. Si vous allez, comme on le dit ici, à Lucques, je prévois que tu pourras être utile à la Princesse ; et alors tu feras bien de l’accompagner. Marquemoi quelque chose à cet égard. J’ai reçu la boîte que tu m’as envoyée par une des femmes de la Princesse. Je te prie de lui renouveler tous les sentiments de reconnaissance et de respect dont je suis pénétré pour ses bontés. Je vais faire arranger le collier de Sophie d’après ton dessin. Je suis allé dimanche dernier, à la Malmaison, avec Monsieur et Madame Biot, Andrieux, Poisson et ton fils. Nous sommes revenus tous dîner à la Malmaison ; et nous t’avons beaucoup regretté. Henrion, qui vient de déjeuner avec moi, t’offre mille amitiés. Ton oncle Riaucourt part après demain vendredi. Ton ménage va bien. Mande-moi s’il faut payer la pension de ton fils. J’ai remis à Monsieur Naigeon les vingt louis qui lui sont dûs. Adieu ma bonne amie, je t’embrasse bien tendrement comme je t’aime. Laplace Bancroft, box 21, dossier 26. 1. 3 juillet 1805.
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576. Laplace à Madame Laplace, 18 messidor [an XIII] [7 juillet 1805]
A Madame Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale Madame Elisa Princesse de Lucques et de Piombino A Lucques Ce 18 messidor [an XIII]1 Je reçois toujours avec un vif plaisir de tes nouvelles, ma chère amie, et je te remercie de m’en donner le plus souvent possible ; mais cela ne me dédommage pas entièrement de ton absence. J’entends dire ici que la Princesse va définitivement se fixer dans sa principauté ; ce qui nous priverait de son séjour en France, et te rendrait impossible les fonctions que tu remplis auprès d’elle. Vu les bontés dont elle te comble, et l’attachement qu’elle porte depuis longtemps à notre famille, je t’avoue que j’en serais extrêmement fâché. Mais je ne peux croire qu’elle renonce entièrement à la France, et il me semble que, d’après les arrangements pris pour le gouvernement de Lucques, elle peut au moins venir passer à Paris les hivers. Mais ce que tu me marqueras à cet égard, ou ce que tu me diras à ton retour, réglera ce qu’il nous convient de faire dans cette circonstance ; et je suis disposé d’avance à te laisser toute la liberté de faire ce qui pourra se concilier avec l’attachement et la reconnaissance que nous devons aux bontés de la Princesse, et les devoirs que tu as à remplir comme épouse, et comme mère de famille. J’ai acquitté ce qui était dû à Monsieur Naigeon. Je vais payer la pension d’Emile, et j’ai vu hier Monsieur Dubois à ce sujet. Ta fille se porte bien ; Madame de Fleury m’a écrit pour la laisser aux eaux avec elle ; ce à quoi j’ai consenti. Pierre est parti de ce matin, il va comme conscrit à l’armée. Je ne le remplacerai qu’à ton retour. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse bien tendrement. Laplace Bancroft, box 21, dossier 26. 1. 7 juillet 1805. Cette lettre est écrite à la suite d’une autre d’Emile à sa mère.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
577. Laplace à Madame Laplace, 29 messidor [an XIII] [18 juillet 1805]
A Madame Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale Madame Elisa, Princesse de Lucques et de Piombino A Lucques Paris, ce 29 messidor [an XIII]1 J’ai vu, ma chère amie, dimanche dernier, l’Empereur et l’Impératrice qui ont eu la bonté de me donner de tes nouvelles. L’Impératrice m’a parlé avec intérêt de ce qui te concerne. J’ai toujours bien pensé que la Princesse se fixant à Lucques, il était convenable, sous tous les rapports, qu’elle composât sa cour de personnes du pays, dont tu aurais été mal vue, et qu’ainsi tes fonctions auprès d’elle devaient cesser. D’ailleurs, tu ne pouvais pas te séparer de ton mari et de tes enfants. Je sens combien tu dois être affligée de quitter la Princesse qui te comblait de bontés et je partage bien sincèrement ton affliction ; mais je ne doute point, d’après son cœur excellent, qu’elle ne conserve un doux souvenir du dévouement que tu lui as marqué. Je te prie de lui offrir, ainsi qu’au Prince, mes respectueux hommages. Je compte bien te revoir à la fin du mois prochain et il me tarde que ce moment arrive. Tous les arrivants d’Italie m’ont parlé de toi ; j’ai écouté, avec un grand plaisir tout ce qu’ils m’en ont dit. Car j’ai cru remarquer la bonne opinion que tu leur avais donnée par la manière dont tu t’es conduite dans ton voyage. Je reçois, dans le moment, une lettre de Sophie et de Madame de Fleury. Sophie se porte à merveille ; elle n’est point encore aux eaux, et Madame de Fleury est encore incertaine si elle ira. Adieu, bonne amie, je t’embrasse bien tendrement, comme je t’aime. Ton mari Laplace [P.S.] Madame Peyrard est revenue, et m’est venue voir2. Bancroft, box 21, dossier 26. 1. 18 juillet 1805. 2. Cette missive continue avec une lettre d’Emile à sa mère.
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578. Laplace à [?], 30 messidor an XIII [19 juillet 1805]
sans description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 101, 172 et 179 ; Revue des Autographes (juillet 1897), n° 200, p. 12, n° 179 ; et (septembre 1898), n° 214, p. 10, n° 172.
579. Laplace à Madame Laplace, 25 thermidor an XIII [13 août 1805]
A Madame Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame Elisa, Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce 25 thermidor an XIII1 J’ai reçu, ma chère amie, une réponse bien aimable de la Princesse, à la lettre que j’ai eu l’honneur de lui écrire. Tu peux juger d’après l’opinion que tu me connais de l’excellence de son esprit et de son caractère, combien j’ai été touché des choses flatteuses et honorables dont sa lettre est remplie, et surtout de l’expression de sa bienveillance à ton égard. Si tu en trouves l’occasion, dislui combien j’y suis sensible. Offre-lui ainsi qu’au Prince, l’hommage de mon respect et de mon dévouement. Je vois avec peine, par ta dernière lettre, que ton retour est encore différé. Je te croyais en route, et c’est ce qui m’a empêché depuis quelque temps de t’écrire. Tu as bien fait de donner à la Princesse une nouvelle marque de ton dévouement, en l’accompagnant à Lucques ; mais après toutes les cérémonies de l’installation, ne devais-tu pas être empressée de revoir ton mari et tes enfants, après une aussi longue absence ? J’ai su par Monsieur Lacuée que tes fonctions au près de la Princesse sont maintenant remplies par une nouvelle Dame d’honneur, que l’Empereur a désignée ; et j’ai toujours bien pensé que cela devait être ainsi, comme je te l’ai marqué dans ma dernière lettre. Alors, que te restait-il de mieux à faire que de revenir ? 1. 13 août 1805.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Tout le monde, ma chère amie, m’a parlé de toi, avec le plus grand intérêt, et j’ai éprouvé le plus sensible plaisir à entendre les éloges que l’on faisait de ta bonne conduite, de ton amabilité, de ton maintien à Milan et à Gênes. Au milieu de la légèreté française, on sait rendre justice aux femmes qui se comportent bien, et dans le nombre desquelles je te vois au premier rang. Continue, ma chère amie, de mériter ces éloges par ton attachement à ton ménage et à tes enfants. Je t’engage donc à revenir le plus tôt que tu pourras en priant à ses Altesses, de vouloir bien te donner leur agrément pour ton retour. Ce pauvre Othotel dont tu me demandes des nouvelles a cessé de vivre hier à une heure de l’après-midi. Ton cousin Henrion se porte bien. Il vient de déjeuner avec moi. Tes enfants sont pareillement bien portants. Emile se prépare à son examen pour l’Ecole Polytechnique et ses exercices de la fin de l’année. J’aurais bien désiré que tu y aies assisté. Mais vu l’éloignement de ton retour, cela me paraît impossible. Tout ton ménage va bien. J’ai reçu des nouvelles de Sophie ; elle n’est point encore aux eaux, mais elle ira avec Madame de Fleury, si elle peut trouver un logement. Adieu, ma bonne amie, reviens bientôt. Aime-moi comme je t’aime, c’est-à-dire bien tendrement. Ton mari Laplace Arch. CL.1
580. Laplace à Madame Laplace, 21 août 1805
A Madame Laplace, Lucques Ce 21 août 1805 Je vois toujours avec peine, ma chère amie, que tu diffères ton retour. Mais ton attachement à la Princesse est une excuse si légitime que malgré tout mon 1. Lettre copiée chez le Comte de Colbert-Laplace, mais perdue dans le déplacement de sa collection à la Bancroft Library. Toutes les autres lettres qui sont indiquées comme étant dans ces archives ont subi le même sort.
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désir de te revoir, je n’ai point encore balancé à sacrifier à ce sentiment mes propres goûts, et l’utilité dont tu me serais pour les soins de notre ménage, et de nos enfants. Je t’avoue cependant que je serais très fâché que ton voyage se prolongeât au-delà des premiers jours de septembre. Je te prie donc, si tu es encore à Lucques, lorsque ma lettre y parviendra, de revenir au plus tôt. Tu m’expliqueras à ton retour, comment tu pourras concilier les fonctions que tu remplis auprès de la Princesse, avec celles d’épouse et de mère de famille. Je puis bien t’assurer d’avance, d’après les manières aussi délicates qu’obligeantes de la Princesse à notre égard, que je ferai tout ce qui me sera possible pour lui prouver le dévouement le plus entier, et si quelques difficultés s’opposent à l’accomplissement de tes désirs, je la prendrai bien volontiers pour juge, persuadé comme je suis de l’excellence de son esprit et de son cœur. Voilà tout ce que je puis te dire dans ce moment, ma chère amie. Tu m’as envoyé de sa part le titre d’un livre que Monsieur Franchini1 veut dédier au Prince, et à en juger par le titre, ce sera un ouvrage utile, si l’auteur, comme je le pense, satisfait à ce qu’il annonce. Je te prie en rendant cette réponse à leurs Altesses, de leur offrir en même temps l’hommage de mon respect et de mon dévouement. Ton fils se porte bien et se désigne à son examen. J’ai reçu tout nouvellement des nouvelles de Madame de Fleury qui m’annonce qu’elle part pour les eaux avec Sophie, qui se porte à merveille. Tu dois, me mandes-tu, l’aller chercher toi-même à Poissons. Mais cela allongera de beaucoup ton voyage. Je trouve beaucoup plus simple que tu reviennes directement à Paris, et là, nous arriverons aux moyens de faire revenir Sophie. Adieu, ma chère amie, je t’embrasse comme je t’aime, bien tendrement. Ton mari Laplace Arch. CL.
1. Trattato Analitico di Trigonometria et Poligonometria Rettilinea e Sferica (Lucca, 1805).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
581. Laplace à Kellermann, 9 vendémiaire an XIV [1er octobre 1805]
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 9 vendémiaire an 141 Le Chancelier du Sénat-Conservateur A Son Excellence Monsieur le Maréchal Kellermann, titulaire de la Sénatorerie de Colmar Monsieur le Maréchal, J’ai reçu, avec la lettre que Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’écrire le 8 de ce mois, le procès-verbal qui y était joint, constatant l’état des travaux exécutés pour la mise en état de votre habitation sénatoriale à l’époque du 13 prairial dernier. Je vois, par la quittance mise à la suite de cet acte, qu’il a été payé à l’entrepreneur des travaux une somme de 9.740 francs 58 centimes pour le prix des ouvrages alors exécutés. Vous observez, Monsieur le Maréchal, qu’il a depuis été payé aux nouveaux entrepreneurs un acompte de 15.000 francs, et vous désirez que je vous procure aussitôt que possible le remboursement de ces différentes sommes que vous avez avancées sur les fonds dotaux de votre Sénatorerie, sauf les 6.666,66 francs qui ont été mis à votre disposition sur les fonds de la Chancellerie du Sénat. Vous connaissez, Monsieur le Maréchal, tout mon empressement à concourir aux dispositions qui peuvent être agréables à Votre Excellence, mais je la prie de se rappeler l’observation que j’ai déjà eu l’honneur de lui faire sur l’impossibilité où je me trouve d’excéder, pour l’exercice de l’an 13, la somme de 6.666 francs 66 centimes dont j’ai disposé pour la Sénatorerie de Colmar. Le surplus des fonds destinés pour la mise en état de la maison d’habitation de cette Sénatorerie ne peut être mis à ma disposition que par un nouvel arrêté du Conseil d’Administration, et d’après le compte qui doit être fait entre le Trésorier du Sénat2 et les titulaires, pour les 8 mois de perception de l’an 12. Je ferai sans doute tout ce qui dépendra de moi pour accélérer les mesures que doit prendre à cet égard le Conseil d’Administration ; et aussitôt qu’il m’aura 1. 1er octobre 1805. 2. Jean Antoine Claude Chaptal.
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ouvert un nouveau crédit, je m’empresserai de procurer à Votre Excellence le remboursement des sommes qu’elle a avancées pour les travaux dont il s’agit. Je prie Votre Excellence d’agréer l’hommage de ma haute considération. Laplace1 New York, New York Public Library, Manuscript and Archives Division, Misc. Papers ; don du Dr. Horace White, août 1915.
582. Laplace à Kellermann, 18 vendémiaire an XIV [10 octobre 1805]
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 18 vendémiaire an 142 Le Chancelier du Sénat-Conservateur A Son Excellence Monsieur le Maréchal Kellermann, Sénateur, titulaire de la Sénatorerie de Colmar Monsieur le Maréchal, J’ai reçu, avec la lettre que Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’écrire le 25 fructidor dernier, les différentes pièces qu’elle m’annonce concernant l’administration de la Sénatorerie de Colmar. Je vais répondre successivement aux diverses observations dont Votre Excellence a accompagné l’envoi de ces pièces. 1°. Je suis disposé à soumettre au Conseil particulier du Sénat le travail que Votre Excellence a fait préparer pour parvenir à la constitution définitive de sa Sénatorerie. Mais pour faire à cet égard un rapport complet, j’aurais 1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. 10 octobre 1805.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
besoin de connaître le parti auquel Votre Excellence s’est arrêté, relativement aux observations contenues dans ma lettre du 3 de ce mois, sur le nouveau projet d’embellissement de la maison d’habitation. Je remarque d’ailleurs que les biens dont la vente est proposée ne fourniraient pas, à beaucoup près, les 68.849 francs qu’il faudrait se procurer pour l’exécution de ce projet, indépendamment des 2.187 francs à prendre sur les fonds du Sénat. Encore ne faut-il pas trop compter sur la totalité de cette dernière somme, puisque le Grand Conseil d’Administration n’a point encore adopté définitivement la proposition qui lui fut faite dans sa dernière session, de compléter à chaque Sénatorerie de la seconde promotion la somme accordée à chacune des 16 premières. 2°. Votre Excellence sentira que sans une autorisation formelle, je ne peux pas me permettre de rien ordonnancer sur la portion appartenant au Sénat dans les revenus de la Sénatorerie de Colmar. Ce serait préjuger une destination qui n’est encore qu’un projet. Car l’état de choses n’a pas changé depuis ma lettre du 11 germinal, qui contiennent toutes les explications que Votre Excellence peut désirer sur ce point. Ainsi, Monsieur le Maréchal, je n’ai point à m’occuper, quant à présent, des divers états produits et de paiements que Votre Excellence me fait l’honneur de m’adresser ; mais je les garde comme des renseignements dont je pourrai faire usage au besoin. 3°. Si, comme je le présume, le bâtiment que Votre Excellence propose aujourd’hui de vendre avec le fonds, est le même qu’elle avait précédemment proposé de faire démolir, et dont je l’ai autorisé, par ma lettre du 3 vendémiaire, à faire vendre les matériaux, je ne puis qu’engager Votre Excellence à regarder cette autorisation comme non avenue, et à attendre le résultat de sa nouvelle proposition. Je prie Votre Excellence, Monsieur le Maréchal, d’agréer l’hommage de ma haute considération et mon sincère attachement. Laplace1 Ithaca, Cornell University Library, Department of Rare Books.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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583. [François de Neufchâteau] à Laplace, 18 vendémiaire an XIV [10 octobre 1805]
A Monsieur le Sénateur Laplace, Chancelier du Sénat Du 18 vendémiaire an 141 Monsieur le Chancelier et cher collègue, j’ai engagé les membres du Conseil d’Administration à se réunir chez moi rue d’Enfer, n° 34, ce soir à 7h ½, pour se préparer à la séance de demain. Il est probable que l’on désirera se concerter avec Messieurs les Préteurs, Chancelier et Trésorier. Je crois devoir vous prévenir, afin que vous puissiez être libre, de vous rendre à cette conférence, si vous le jugez à propos, au moment où je serai autorisé à vous en prier. Agréez, je vous en prie, Monsieur et cher collègue, l’assurance de ma considération et de mon sincère attachement. [François de Neufchâteau] brouillon A.N., 27AP 14, dossier 1, lettres concernant le Président du Sénat.
584. reçu, 23 brumaire an XIV [14 novembre 1805]
23 brumaire an 142 Le quartier maître trésorier de l’Ecole Polytechnique reconnaît avoir reçu de Monsieur Delaplace la somme de 200 francs pour le 1er quartier de la pension
1. 10 octobre 1805. 2. 14 novembre 1805.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
de Charles Emile Pierre Joseph Delaplace, élève, du 29 brumaire an 14 (20 novembre 1805) au 20 février 1806. Paris, le 23 brumaire an 14 Marielle reçu Bancroft, box 28, dossier 11.
585. Laplace à Van Praet, 18 frimaire an XIV [9 décembre 1805]
A Monsieur Monsieur Van Praet2 Conservateur de la Bibliothèque Impériale Paris 18 frimaire an XIV3 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Van Praet, l’assurance de tous mes sentiments d’attachement. Il m’obligerait infiniment s’il avait la complaisance de me prêter quelques livres de la Bibliothèque Impériale. Je le prierais d’abord de vouloir bien remettre pour moi à Monsieur Groslier, mon secrétaire, l’ouvrage intitulé Cleomedis cyclica theoria4. Je la lui remettrai sous peu de jours. Laplace Chancelier du Sénat B.N., MS, n.a.fr. 854, fols 297-298.
1. 2. 3. 4.
Dans le même dossier se trouvent 5 autres reçus semblables pour les années 1806 et 1807. Joseph Basile Bernard Van Praet. 9 décembre 1805. Probablement Cleomedes, Kleomedous Kuklike Theoria (Paris, 1538).
586. [Laplace] à [un savant], 20 janvier 1806
[A un savant] 20 janvier 1806 Sur la théorie des actions capillaires. « Je vois avec un vif plaisir le domaine de l’analyse s’étendre de plus en plus et s’emparer successivement des objets les plus délicats et les plus importants de la physique et de la chimie ... » [Laplace] fragment B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 86.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
587. Berthollet à Laplace, 20 mars 1806
Monsieur le Marquis de Laplace, Chancelier du Sénat1 20 mars 1806 Monsieur le Chancelier et cher collègue, Depuis que je vous ai adressé l’état des biens qu’il convient de vendre, d’échanger ou de conserver dans la Sénatorerie de Montpellier, j’ai fait la réflexion que les mines de Filiols, de Taurynia et de Valmanie, situées dans le Département des Pyrénées Orientales et portées dans l’état de la dotation de la Sénatorerie de Montpellier pour la somme de 6.135 francs n’avaient pas le caractère des biens qui conviennent à cette dotation parce que le genre de possessions est d’un produit peu constant et qu’on lui conteste les attributs de propriétés indépendantes en lui donnant celui de propriétés nationales qui ne peuvent être aliénées que par concession. Il me paraît donc convenable et de l’intérêt du Sénat de demander au gouvernement l’échange de ces mines contre des propriétés d’un produit égal. Si vous approuvez ma demande, je prie par votre organe le Conseil d’Administration du Sénat de m’autoriser à faire avec le gouvernement l’échange de ces mines contre une autre propriété. J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Chancelier et cher collègue, Votre très humble et très obéissant serviteur. Berthollet Washington, Smithsonian Institution, Bern Dibner Library, MS 103A.
1. Ecrit d’une autre main et barré.
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588. Laplace à Kellermann, 23 mars 1806
SÉNAT-CONSERVATEUR Le Chancelier du Sénat-Conservateur, Grand-officier de la Légion d’Honneur, A Son Excellence, Monsieur le Maréchal Kellermann, Sénateur titulaire de la sénatorerie de Colmar, Commandant l’armée de réserve et les pays situés entre la Lahn et le Main, Gouverneur général de la principauté d’Hanau ; en son quartier général, à Mayence Paris, le 23 mars 18061 Monsieur le Maréchal, J’ai pris des renseignements, relativement à la proposition d’échange que j’avais soumise dès le mois de novembre dernier à l’approbation du Conseil particulier d’administration du Sénat, et que Votre Excellence me fait l’honneur de me rappeler par une lettre écrite de son quartier général de Mayence, le 6 du mois courant. J’ai appris qu’une correspondance s’était engagée entre vous, Monsieur le Maréchal, et l’un des membres du Conseil ; que cette correspondance n’avait point encore amené de résultat définitif, mais que vous paraissiez tenir beaucoup moins au projet d’échange dont il s’agit. Dans cet état, je ne puis que vous engager, Monsieur le Maréchal, à déclarer positivement quelles sont aujourd’hui vos intentions. J’observe au surplus qu’ayant une fois donné mon rapport, je n’avais plus à m’occuper de cette affaire que pour transmettre à Votre Excellence la décision du Conseil. Je vous prie, Monsieur le Maréchal, d’agréer, avec l’hommage de ma haute considération, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Laplace Londres, Wellcome Historical Medical Library, MS 8694. 1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
589. Laplace à Blagden, 2 avril 1806
A Monsieur Blagden, de la Société Royale de Londres Londres Ce 2 avril 1806 J’ai l’honneur d’offrir à mon savant et illustre confrère Monsieur Blagden, mille sincères compliments. Je le prie d’agréer mon traité sur l’action capillaire comme un gage de mes sentiments d’estime et d’amitié1. Il peut se rappeler que nous avions formé en France, et exécuté en grande partie, le projet de prolonger l’opération de la méridienne, jusqu’à Ivice, l’une des Baléares. La mort de Méchain en a suspendu l’exécution complète, que nous désirons dans ce moment de reprendre. Nous nous proposons d’envoyer, pour cela, en Espagne, Monsieur Biot et un jeune homme de beaucoup d’espérance, que nous avons attaché comme secrétaire au Bureau des Longitudes et qui, j’espère, sera un jour un astronome distingué ; il se nomme Monsieur Arago. Nous ferons en sorte qu’ils partent au commencement de l’automne, pour que l’opération soit achevée à la fin du printemps de l’année prochaine. J’observe que l’on peut prolonger cette mesure du côté du nord jusqu’à la côte la plus orientale d’Angleterre, vers Yarmouth. On aurait ainsi un arc d’environ quatorze degrés, c’est-à-dire plus du septième de la distance du pôle à l’équateur, même avec une précision extrême. Une opération aussi vaste et qui lia ensemble les territoires de trois grands peuples doit intéresser les savants, et les gouvernements eux-mêmes. Si Monsieur Blagden y attache l’importance que j’y mets, et qu’elle me paraît mériter, je le prie de vouloir bien se concerter pour cela avec les savants MM. Dalby et Mudge, chargés des opérations géodésiques en Angleterre, et de les engager à lier, avec un soin tout particulier, les côtes de Douvres et d’Yarmouth. Il sera peut-être utile de recommencer la jonction des côtes de France et d’Angleterre, à laquelle Monsieur Blagden a déjà coopéré, soit pour la vérifier, soit pour y donner plus de précision encore. On postera à Ivice et à Bordeaux un pendule de comparaison, exécuté en platine sous les yeux de Borda. Ce même pendule pourra être transporté à Yarmouth, afin d’avoir à la fois la variation des degrés et de la pesanteur sur ce grand arc de méridien. Je prie Monsieur Blagden de prendre ces vues en considération, et 1. « Sur la théorie des tubes capillaires », Journal de Physique, 62 (janvier 1806), 120-128 ; Laplace, O.C., 14, 217-227.
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j’ose attendre du zèle des savants anglais pour le progrès des sciences qu’ils voudront bien les accueillir favorablement. Laplace Londres, Royal Society, CB/1/4/223.
590. Laplace à Madame Laplace, 3 avril 1806
A Madame Laplace 3 avril 1806 Je t’adresse, ma chère amie, une lettre pour la Princesse de Lucques, de la part de la Reine de Naples1, et que tu voudras bien remettre à la Princesse. Je t’envoie pareillement une lettre de Madame de Luçais. Je me porte bien, ma chère amie. Je désire que tu sois arrivée heureusement. Je t’embrasse bien tendrement, comme je t’aime. Laplace Arch. CL.
1. Marie Anne Annonciade Caroline Murat, née Bonaparte.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
591. Laplace à Kellermann, 19 avril 1806
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 19 avril 1806 Le Chancelier du Sénat-Conservateur A Son Excellence Monsieur le Maréchal Kellermann titulaire de la Sénatorerie de Colmar Monsieur le Maréchal, J’ai l’honneur d’adresser à Votre Excellence un extrait certifié du procèsverbal de la séance tenue le 8 du mois dernier par le Grand Conseil d’Administration du Sénat. Votre Excellence verra par cet extrait que le Conseil a fixé au 1er janvier 1806 l’époque à compter de laquelle il devra être versé annuellement par chaque titulaire de Sénatorerie une pareille somme de mille francs, pendant dix ans. Je prie Votre Excellence de vouloir bien remplir chaque année cette obligation avant le 15 décembre, époque à laquelle je devrai m’occuper de la rédaction du compte qu’il m’est prescrit d’en rendre au Conseil. Je prie Votre Excellence d’agréer l’hommage de ma haute considération. Laplace1 New York, Swarm Galleries, Inc., Catalogue (of) Miscellaneous Books and Maps, 25 May 1961, n° 31 ; et Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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592. Laplace à Félix [Baciocchi], 26 avril 1806
Au Prince Félix [Baciocchi] Paris, ce 26 avril 1806 Monseigneur, J’aurais bien désiré d’accompagner Madame Laplace pour déposer aux pieds de Votre Altesse l’hommage de mon dévouement et de ma reconnaissance ; mais retenu par des liens que je ne puis rompre, je me vois réduit à espérer que je pourrai quelque jour jouir de cet honneur. Je supplie donc Votre Altesse d’agréer de loin, avec bonté, cet hommage et les sentiments de profond respect, avec lequel je suis, Monseigneur, De Votre Altesse Sérénissime, Le très humble et très obéissant serviteur. Laplace Marmottan, Paul, éd., Lettres de Madame de Laplace à Elisa Napoléon (Paris, 1897), p. 15.
593. Laplace à Elisa Baciocchi, 26 avril 1806
A Elisa Baciocchi 26 avril 1806 Madame, Madame Laplace se rend près de vous, conformément a vos ordres, heureuse de vous revoir et de déposer aux pieds de Votre Altesse Impériale l’hom-
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
mage de notre dévouement et de notre reconnaissance. L’idée que ses soins vous seront agréables me consolera de sa longue absence ; je me rappellerai souvent que l’on se rend la divinité favorable par des sacrifices. L’espoir de jouir un jour de sa présence y fait même trouver des douceurs. Cet espoir est le mien et pour moi. Le paradis est dans la belle Italie, au sein de vos Etats. Daignez, Madame, agréer, etc. Laplace Marmottan, Paul, éd., Lettres de Madame de Laplace à Elisa Napoléon (Paris, 1897), p. 16.
594. Laplace à Lacuée, 26 avril 1806
Paris, ce 26 avril 1806 A Jean Gérard Lacuée J’aurai l’honneur de me rendre demain à l’invitation de Monsieur le Gouverneur de l’Ecole Polytechnique. Je suis trop sensible aux expressions honorables dont sa lettre est remplie, et aux avantages que procure à mon fils son admission dans cette école pour ne pas saisir avec empressement toutes les occasions de témoigner ma reconnaissance et tout l’intérêt que m’inspire le plus bel établissement d’instruction publique qui soit au monde. Je prie Monsieur le Gouverneur d’agréer l’assurance de ma haute considération. Le Chancelier du Sénat Laplace E.P., VI2a2 (1808).
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595. Laplace à Madame Laplace, 2 mai 1806
A Madame Laplace, Dame d’honneur de son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce 2 mai 1806 J’ai reçu avec un grand plaisir, ma chère amie, tes lettres datées de Lucques. J’ai reçu pareillement celles que Leurs Altesses m’ont fait l’honneur de m’écrire. Je te prie de déposer à leurs pieds mes sentiments de reconnaissance et de respect. Je vois que l’on a éprouvé à te revoir, la même satisfaction que tu as éprouvé toi-même. Je désire que tu sois heureuse et contente ; cette idée peut seule dédommager ton absence. Tout le monde ici me demande de tes nouvelles, et me charge de mille souvenirs pour toi, entre autres le Ministre de la Police et Madame Fouché. Nous allons les dimanches et les jeudis au spectacle à Saint-Cloud, Monsieur et Madame Berthollet et moi. L’Empereur se donne ce plaisir, et en fait jouir une assemblée très nombreuse. Rien n’est plus noble à mon gré, que ce genre de divertissement, et je t’assure qu’en mon particulier, j’en jouis avec un grand plaisir, quoique cela me fasse veiller un peu tard. Joins à cela les séances de l’Institut et du Bureau des Longitudes, les affaires de mon administration et du Sénat, tu auras l’idée de ma vie qui, comme tu vois, n’est pas changée. Ton oncle de Fleury est bien rétabli ; il ne tardera pas à retourner à Poissons. Ton oncle de Riaucourt n’est point encore arrivé, nous l’attendons incessamment. Rappelle-moi au souvenir du docteur1 ; dis-lui qu’il n’y a rien de nouveau à l’Institut, surtout en médecine, et il en devinera facilement la cause. Tu ne m’as pas écrit, si tu avais vu Oriani et si tu lui avais remis mon ouvrage. Le Sénateur Abrial m’a dit qu’il avait passé un jour à Milan, avec toi chez le ViceRoi2. Adieu, ma chère amie, je t’embrasse bien tendrement comme je t’aime. Ton mari Laplace
1. Jean Noël Hallé. 2. Eugène Rose de Beauharnais.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Tout ton ménage va à merveille. Catachou se porte bien et se console comme il peut de n’être à portée de te pincer ; mais il s’en dédommage avec Fanchon. Arch. CL.
596. Laplace à Humboldt, 8 mai 1806
A Monsieur Humboldt, Chambellan du Roi de Prusse A Berlin Paris, ce 8 mai 1806 Monsieur, Je viens de recevoir la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire sur l’astronomie américaine. Je commence par vous remercier des choses obligeantes et honorables pour moi dont elle est remplie. Je suis extrêmement sensible aux marques d’estime et de bienveillance que vous voulez bien me donner, et je les regarde comme la plus flatteuse récompense de mes travaux scientifiques ; car rien n’est plus flatteur au monde que l’estime d’un savant qui a autant de droits à la considération et à la reconnaissance publique. Je vois, par ce que vous me faites l’honneur de m’écrire, que ni les Péruviens, ni les Mexicains ne connaissaient notre semaine de sept jours. Mais, ce qui me surprend, est leur connaissance aussi parfaite de la longueur de l’année. Cela suppose ou des observations exactes, ou une tradition transmise par un peuple éclairé. La difficulté de ces deux suppositions est une raison pour bien constater la vérité de ce fait, et je vous engage à ne laisser aucun doute à cet égard dans ce que vous publierez sur cette astronomie. J’attends aussi avec une vive impatience cette publication et généralement celle de tous les objets que vous avez recueillis dans votre intéressant voyage, et qui doivent enrichir toutes les sciences.
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Pour vous faciliter le calcul de vos observations astronomiques, je joins ici un second exemplaire de nos Tables1. Le Bureau des Longitudes vous en a destiné un premier que Monsieur Le Jarre doit également vous remettre. Mais il vous sera, je pense, utile d’en avoir deux. Nous espérons bien vous posséder cet hiver à Paris, et si vous éprouvez du regret de n’y pas être, nous en avons autant de ne pas vous y voir. Je vous prie, Monsieur, de croire que personne au monde n’accorde plus de justice à vos grands travaux que moi, et n’a pour vous plus de considération, d’estime et d’attachement. Veuillez bien agréer l’assurance de ces sentiments, avec lesquels je suis pour toujours, Monsieur, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Je suis très sensible au souvenir de Monsieur Tralles. Il m’a inspiré beaucoup d’estime pendant son séjour à Paris, et je vois avec grand plaisir que votre Académie a fait l’acquisition d’un membre aussi distingué. Il vous en faudrait encore quelques uns de la même force, mais ils sont rares. Leipzig, Universitätsbiliothek, Handschriftenabteilung.
597. Laplace à Madame Laplace, 19 mai 1806
A Madame Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce 19 mai 1806 Ta dernière lettre, ma chère amie, était datée du pied du Mont-Cenis, et me laissait quelques inquiétudes sur ce passage et sur la traversée du Piémont. 1. France, Bureau des Longitudes, Tables Astronomiques (Paris, 1806).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Mais Sa Majesté l’Impératrice que j’ai vue hier dimanche, m’a pleinement rassuré, en me disant qu’elle avait reçu des lettres de la Vice-Reine d’Italie1, qui disait t’avoir vue et avait reçu tout ce que l’Impératrice t’avait chargé de lui remettre. Elle m’ajoutait à ton égard des choses obligeantes, qui m’ont fait grand plaisir. Je suppose d’après cela, que tu es arrivée, mardi dernier ou mercredi au plus tard à Lucques, et que tu y es maintenant bien établie. Je pense que tu n’as pas oublié de remettre à Oriani mon petit ouvrage. Je te crois bien capable de cet oubli, car je te crois femme à attacher beaucoup plus d’importance aux colifichets dont tu étais chargée, qu’à mon ouvrage. Quoiqu’il en soit, si tu ne l’as pas remis, envoie-le par la première occasion. Monsieur Hallé doit être dans ce moment arrivé à Lucques. Il te dira que Monsieur de Fleury a été fort malade ; mais le voilà bien maintenant, et sous peu de temps, il sera parfaitement rétabli. Remercie Monsieur Hallé des soins particuliers qu’il a bien voulu lui donner et qui ont fort contribué à sa guérison. Offre à cet excellent docteur, mes compliments et amitiés bien sincères. Ma santé, dans ce moment, n’est pas mauvaise. Je cherche autant que je le puis, à me consoler de ton absence. Aujourd’hui lundi, je donne à dîner à Monsieur et Madame Berthollet, et nous allons ensemble voir une pièce de Picard intitulée Les Marionnettes. Nous te regretterons autant que tu regretteras toi-même de n’y pas être. Ton fils se porte bien, il a passé hier la journée à Arcueil, avec moi. Les élèves de l’Ecole Polytechnique passèrent, il y a huit jours, la revue devant Sa Majesté, et la parade. L’Empereur parut content d’eux : il voit cette école de la manière la plus favorable, il me fit l’honneur de m’en parler sous ce rapport, et tu sens bien que je n’ai pas tari sur les avantages de cet établissement le plus beau qui soit en Europe. Je te prie de mettre aux pieds de Leurs Altesses Impériales et Sérénissimes, mes sentiments de respect et de dévouement. Je t’embrasse bien tendrement, ma chère amie. N’oublie pas de m’écrire, par tous les courriers. Ton mari Laplace J’oubliais de te dire que L’Epine se marie avec une veuve du premier Joaillier de l’Empereur de Russie. Elle est âgée de 47 ans et lui apporte autant de mille livres de rentes que d’années. J’ai signé le contrat de mariage. Tous nos amis, MM. Berthollet, Biot, Ramond, etc. me chargent de les rappeler à [ton souvenir]. Arch. CL.
1. Auguste Amélie de Bavière.
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598. Elisa [Baciocchi] à Laplace, 20 mai 1806
Lucques, le 20 mai 1806 Monsieur de Laplace, Madame de Laplace m’a remis votre lettre, Monsieur, et m’a exprimé de vive voix vos sentiments de reconnaissance et de dévouement. Soyez assuré que j’y suis très sensible, et que l’on ne saurait être plus attachée que je le suis à Madame de Laplace et à vous. J’éprouve une satisfaction particulière à vous le faire connaître et vous renouvelle l’expression de mes sentiments distingués. Elisa [Baciocchi] [P.S.]1 Je suis bien fâché qu’elle n’ait pas amené avec elle sa fille. C’est un plaisir qu’elle me donnera l’année prochaine. Bancroft, box 27, dossier 5.
599. Laplace à Madame Laplace, 26 mai 1806
A Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce 26 mai 1806 Ma vie est si uniforme et si simple que j’ai peu de choses à te dire, chaque fois que je t’écris. Je ne désire et ne recherche le nouveau que dans les sciences 1. Le post-scriptum est de la main d’Elisa, non pas d’un scribe comme le texte.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
et ce genre de nouveauté t’intéresse fort peu. Je me bornerai donc à te dire, ma chère amie, que je me porte bien ainsi que ton fils, et que nous allons deux fois par semaine au spectacle à Saint-Cloud, Monsieur et Madame Berthollet, au lever de Sa Majesté. L’Empereur lui a donné ainsi qu’à Monsieur Monge, les grandes entrées, et nous en profitons tous trois pour faire notre cour, une fois par semaine. L’Empereur vient de nommer Monsieur Monge Président du Sénat, à la place de Monsieur François de Neufchâteau. Ton oncle Fleury va fort bien ; il a eu encore de la fièvre, il y a quelques jours, et je craignais pour lui une rechute, mais la fièvre n’a pas duré, et maintenant il paraît être en pleine convalescence. Fais part de cela au docteur, en lui offrant mes plus tendres amitiés1. Tout va bien dans ton ménage, hommes et bêtes. Catachou surtout qui dans ce moment est près de moi et me tient compagnie. Si tu as l’occasion de me rappeler au souvenir du Prince et de la Princesse, offre-leur mes respectueux hommages. Pour leur faire ma cour, dis ce que tu voudras, je t’avouerai de tout ; car je partage bien sincèrement tous les sentiments qui t’attachent à la Princesse. Adieu, ma tendre amie, je t’embrasse bien tendrement comme je t’aime. Ton mari Laplace J’ai reçu ta lettre datée de Milan ; j’en attends une de Lucques, et j’espère la recevoir sous deux ou trois jours. Dis à Javotte2 que son mari se porte bien ainsi que son enfant. Arch. CL.
1. Jean Noël Hallé. 2. Javotte Deheurles.
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600. Laplace à François de Neufchâteau, 27 mai 1806
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 27 mai 1806 Le Chancelier du Sénat-Conservateur, A Monsieur François (de Neufchâteau), Sénateur titulaire de la Sénatorie de Bruxelles Je crois devoir, Monsieur et cher collègue, entrer en correspondance avec vous, touchant les affaires de la Sénatorerie dont vous êtes nouvellement pourvu. Pour vous faire connaître la composition actuelle de sa dotation, je joins à ma lettre une copie en forme du dernier état général que le Ministre des Finances1 en a fait former. Cet état n’a jusqu’à présent souffert d’autre modification que celle qui résulte d’un remplacement que vous avez déclaré vous convenir, et que j’ai en conséquence accepté le 23 du mois dernier. Je vous en remets aujourd’hui l’état officiel. Les renseignements relatifs à l’administration des biens seront surtout donnés par Monsieur Dubourg, agent du précédent titulaire, et qui je crois est encore logé au Luxembourg. Pour moi, je ne puis vous fournir qu’un relevé des procès-verbaux de prise de possession déposé aux archives et un état des baux renouvelés. Vous trouverez l’un et l’autre ci-joints. L’état de renouvellement n’offre qu’un projet, mais il est devenu définitif par l’approbation dont j’ai souscrit, le 19 frimaire an 14, le double qui m’en avait été fourni. Le relevé ne comprend pas les biens de remplacement dont la prise de possession n’a point encore eu lieu. Ce sera, mon cher collègue, un des premiers objets dont vous aurez à vous occuper, non seulement pour faire cette prise de possession, tant au nom du Sénat qu’au vôtre ; mais aussi pour m’en remettre les actes comme complément nécessaire du dépôt déjà fait par votre prédécesseur. 1. Nicolas François comte Mollien.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J’avais demandé à Monsieur Dubourg 1° le procès-verbal de prise de possession de la maison d’habitation située à Hoogstraten, Département des DeuxNèthes, et connu sous le nom de Château de Salm Salm ; 2° les inventaires, soit positifs, soit négatifs, des titres et autres pièces recueillies par les fondés de pouvoir du titulaire ; 3° les originaux des titres de propriété ; 4° enfin des copies certifiées des pièces relatives à la jouissance. Il n’a point satisfait à cette demande. Je vous prie, mon cher collègue, de vouloir bien y suppléer aussitôt que vous aurez reçu de cet agent les actes, titres et pièces dont il est ou doit être muni, et que je vous autorise pour ce qui me concerne, à recevoir de lui. Je ne vous demande point encore le travail préparatoire qu’impose à chaque titulaire de Sénatorerie l’article 8 du Sénat-Consulte du 30 pluviôse an 13. Je dois vous laisser le temps de prendre connaissance détaillée de votre nouvelle dotation. Mais je vous engage, mon cher collègue, à vous y livrer le plutôt qu’il vous sera possible. Agréez, je vous en prie, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Laplace1 A.N., 27AP 15, dossier 1.
601. Laplace à Madame Laplace, 9 juin [1806]
A Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce lundi 9 juin [1806] Je reçois deux de tes lettres, ma bonne amie, et je vois avec plaisir par ta dernière, que tu as enfin reçu ma première lettre, et je pense que tu en recevras ainsi de huitaine en huitaine parce que je t’écris constamment tous les lundi. 1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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J’apprends avec le même plaisir l’arrivée du docteur auquel je te prie d’offrir mes plus tendres compliments. Ton ménage va très bien, nous nous portons tous à merveille ; tes chevaux sont bien portants et en bon état, et quoique j’en fasse un fréquent usage, cependant je pense qu’ils se trouvent très bien de ton absence. Nous sommes allés hier en députation chez le Roi et la Reine d’Hollande1. Je t’assure que j’ai été attendri des vifs regrets qu’ils nous ont montré de quitter la France. Heureusement, ils vont gouverner un peuple bon et éminemment sage ; mais, quoique nous n’ayons ni cette bonté, ni cette sagesse, cependant tous les étrangers viennent nous voir, et vivre le plus longtemps qu’ils peuvent avec nous, et tous les Français forcés de s’expatrier nous regrettent et ne se consolent que par l’espoir du retour. Quelque plaisir que tu aies d’être à Lucques, je pense que sans cet espoir, tu n’y serais pas heureuse, et je présume qu’il en est de même de la Princesse. Je te prie, ma chère amie, de remercier Leurs Altesses, de leur aimable souvenir, et de déposer à leurs pieds mes respectueux sentiments. Je n’ai pu dire à Madame Mère2, combien tu t’estimes heureuse d’avoir pu rendre des soins à Son Eminence, Monseigneur le Cardinal Fesch. Elle est dans ce moment à sa campagne, et n’en reviendra qu’à la fin de l’automne. Tes commissions pour Poissons seront faites exactement ; ton oncle de Fleury est parti d’avant-hier samedi, avec Madame Peyrard. Sa santé est beaucoup meilleure, et cette maladie l’a délivré entièrement des malaises qu’elle éprouvait auparavant. Notre Sophie se porte bien ; j’ai reçu de ses nouvelles, il y a trois jours. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse bien tendrement comme je t’aime. Ton mari Laplace Tout le monde me charge de te dire mille choses aimables, Monsieur et Madame Berthollet, Fouché, Monge, etc. Arch. CL.
1. Louis Bonaparte et Hortense Eugénie Cécile Beauharnais. 2. Maria Laetizia Bonaparte.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
602. Laplace à [Champagny], 10 juin 1806
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 10 juin 1806 Le Chancelier du Sénat-Conservateur, Grand-Officier de la Légion d’honneur, A Son Excellence le Ministre de l’Intérieur1 Monsieur, J’ai l’honneur d’adresser à Votre Excellence la note qu’elle a désirée relativement au prolongement de la méridienne jusqu’aux Iles Baléares. Elle a été rédigée par MM. Chevalier et Biot. Nous sommes tous extrêmement reconnaissants de l’intérêt qu’elle veut bien prendre à cette opération, qui par la grandeur de l’arc mesuré et par son exactitude fera époque dans l’histoire des sciences. Je prie Votre Excellence d’agréer l’hommage de ma haute considération. Laplace2 A.N., FI71065A, dossier 16.
1. Jean Baptiste de Nompère Champagny. 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
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603. Champagny à Laplace, 11 juin 1806
11 juin 1806 A Monsieur Laplace, Chancelier du Sénat-Conservateur Monsieur le Sénateur, je vous remercie de la complaisance que vous avez eue de m’adresser par votre lettre d’hier, la note que je désirai sur l’opération relative au prolongement de la mesure de la méridienne jusqu’aux Iles Baléares. Je me suis empressé d’écrire à Son Excellence le Ministre des Relations Extérieures1 pour le prier de solliciter de la part de la Cour de Madrid le concours des mesures nécessaires au succès de cette opération. Je me féliciterai d’avoir eu moi-même quelque part à la formation d’une entreprise qui sera d’une si haute utilité pour les sciences. Recevez, Monsieur le Sénateur, l’assurance de ma considération la plus distinguée. Champagny copie sur papier pelure A.N., F171065A, dossier 16.
1. Charles Maurice Talleyrand-Périgord.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
604. Laplace à François de Neufchâteau, 11 juin 1806
A Monsieur Monsieur François de Neufchâteau Membre du Sénat-Conservateur Rue d’Enfer n° 34 SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 11 juin 1806 Le Chancelier du Sénat-Conservateur Au Sénateur François de Neufchâteau, titulaire de la Sénatorerie de Bruxelles Je m’empresse, Monsieur et cher collègue, de répondre à l’observation contenue dans la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 9 de ce mois, et par laquelle vous m’accusez réception des Etats de Dotation relatifs à la Sénatorerie de Bruxelles. Vous observez qu’il y a une différence de 656 francs 11 centimes entre le montant du revenu constaté par ces états et celui que vous annonce Monsieur de St Quantin, régisseur du Prince ci-devant titulaire de la Sénatorerie, et vous désirez connaître la cause de cette différence. Il est vrai, mon cher collègue, que d’après l’arrêté du Gouvernement du 18 fructidor an XI, le revenu affecté à la dotation de la Sénatorerie de Bruxelles n’a d’abord été porté qu’à 24.727 francs. C’est à cette somme que s’élève le premier état de dotation, sur lequel Monsieur de St Quantin fonde ses calculs. Mais parmi les biens compris dans cet état, il s’en est trouvé que pour 22.654 francs 57 centimes dont il ait pu être pris possession. Encore sur ces derniers en a-t-il été rendu ou vendu pour une somme de 2.147 francs 84 centimes. Quelques autres sont taxées annuellement à une contribution pour ouvrage de défense contre les eaux, contribution qui a été évaluée à 900 francs. Restait donc en biens existants 19.606 francs 73 centimes. Il a été demandé au Ministre pour couvrir le déficit 9 articles de biens produisant 5.128 francs 52 centimes. La Sénatorerie d’après ce remplacement aurait eu 24.735 francs 85 centimes de revenu. Le Ministre a accueilli la demande. Au lieu de me transmettre un état partiel des objets accordés en remplacement, il a, d’après les
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observations du Directeur Général de l’administration des Domaines, envoyé un nouvel état général de dotation de la Sénatorerie, rectifié en plusieurs points et montant à 25.383 francs 91 centimes. C’est cet état, mon cher collègue, que j’ai l’honneur de vous transmettre. Il constate, sauf quelques remplacements partiels qui depuis ont encore eu lieu, le dernier état des choses, et forme le titre définitif du Sénat et de la Sénatorerie de Bruxelles. Je vous prie d’agréer, mon cher collègue, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Laplace1 A.N., 27AP 15, dossier 1.
605. [Laplace] à Kellermann, 18 juin 1806
A Kellermann 18 juin 1806 « Politely refusing 2 of 3 requests made by the Marshall ». [Laplace] description The Collector, LXXVI (1963), n° 787, item b251.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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606. Laplace à Madame Laplace, 22 juin 1806
A Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame La Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce 22 juin 1806 Ta dernière lettre datée du 10 juin m’a fait grand plaisir, ma chère amie, en me rassurant sur la santé de la Princesse et de son enfant. Grâce aux soins du docteur, j’espère qu’elle ira de mieux en mieux et je vois avec une grande satisfaction que tu peux lui prodiguer toi-même tes soins, et lui prouver ainsi ton attachement sincère. On peut s’en rapporter à toi, à cet égard ; mais pour rendre tes soins plus durables et plus utiles, ménage bien ta santé et tes forces. Je te prie toujours de mettre aux pieds de Leurs Altesses, tous mes sentiments de respect et de dévouement. Rappelle-moi au souvenir du docteur, en lui offrant mes plus tendres compliments. Ton ménage va fort bien. J’ai reçu une lettre de ta fille qui se porte à merveille. Ton fils se porte bien aussi, et l’on est toujours fort content de lui. Je t’envoie une lettre de lui qu’il a écrite hier dans ta chambre. Nous sommes allés hier voir la comédie à la cave, nos amis Berthollet et moi. Ils me chargent de te dire mille choses aimables, ainsi que Chaptal, Monge et toute sa famille. Monsieur Eschassériaux n’ayant pu obtenir à temps ses lettres pour partir, il n’a pu se rendre à Lucques avant les couches de la Princesse. Biot part, comme tu sais, pour aller en Espagne, terminer l’opération de la méridienne, il ne sera de retour que l’année prochaine. Poisson va jusqu’à Gênes, faire les examens de l’Ecole Polytechnique. Il regrette bien qu’il n’y ait point d’examens à faire à Lucques. Peut-être il serait digne de la Princesse d’entretenir deux ou trois jeunes gens de Lucques, dans cette école, soit pour la partie militaire, soit pour celle des travaux publics. Dans quelques années, cela procurerait à son pays, un bon nombre de personnes instruites et qui, par leurs connaissances, pourraient s’y rendre très utiles. La Princesse obtiendrait facilement de l’Empereur cet avantage ; et je pense qu’il n’est point à négliger. Je crois même que la Suisse a obtenu d’envoyer quelques jeunes gens à l’Ecole Polytechnique. Au reste, on doit s’en rapporter à cet égard à l’excellent esprit que la Princesse apporte dans l’administration de sa principauté, et personne ne peut mieux qu’elle apprécier l’idée que je propose.
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J’ai vu, ces derniers jours, la Reine de Naples1, qui m’a demandé des nouvelles de la Princesse et des tiennes. Elle est partie hier pour Morfontaine où elle m’a beaucoup engagé d’aller la voir. Je me propose d’y aller avec Monsieur Clément de Ris. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse bien tendrement, comme je t’aime. Ton mari Laplace J’ai payé à Monsieur Naigeon le jeune ce que tu lui devais. Arch. CL.
607. Laplace à Lamotte, 27 juin [1806]
A Monsieur Monsieur Lamotte A Beaumont-en-Auge par Pont-l’Evêque Ce 27 juin [1806]2 J’ai appris avec plaisir, Monsieur, par Monsieur de Lair, qui est de retour, le bon état de mes biens en Normandie. Il m’a fait part d’une acquisition qui pourrait me convenir, parce qu’elle est en bonnes herbages, sur la route de Lisieux à Caen. Examinez, je vous prie, à fond, ce que c’est, et, si vous trouvez l’acquisition bonne, je vous engage à la faire en mon nom. Quant au Mérisier, j’ai des idées pour en faire une habitation où je puisse passer de temps en temps une quinzaine de jours. Je voudrais que l’on comblât la petite cave qui est derrière le petit salon, et qu’en place, on fit une chambre à coucher qui se 1. Marie Annonciade Caroline Murat née Bonaparte. 2. En haut de la page de la main de Lamotte : « 27 juin 1806. Acquérir un herbage à St Pair. Bâtir une salle au Mérisier, route voir et mander de suite si l’on y travaille ».
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prolongerait jusqu’au jardin et serait éclairée par le jardin. Il faudrait alors déplacer l’escalier qui conduit à la chambre au-dessus du salon ; mais on pourrait le placer de manière qu’il communiquât aux deux chambres qui sont audessus du salon et de la cuisine. Par ce moyen, qui doit être peu coûteux, j’aurais pour moi et mes gens, le salon, cette chambre à coucher qui communiquerait avec lui, la cuisine et, au-dessus, les deux chambres dont je viens de parler. Réfléchissez, je vous prie, sur ce plan, et mandez-moi ce que vous en pensez. Je m’occupe de la route de Honfleur à Pont-l’Evêque. Marquez-moi tout de suite si on y travaille ; j’en ai déjà parlé à Monsieur de Montalivet qui a maintenant la direction des Ponts et Chaussées. Il m’a promis de s’y intéresser. Agréez, Monsieur, l’assurance de tous mes sentiments bien sincères d’attachement. Laplace Arch. R. Hahn.
608. Laplace à Madame Laplace, 30 juin [1806]
A Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et Piombino à Lucques Paris, ce 30 juin [1806] Je reçois, ma chère amie, ta lettre du 20 de ce mois, et je vois avec plaisir que ta santé est bonne, et que les grandes chaleurs ne l’ont point altérée. La mienne n’est pas mauvaise. Je partage mon temps entre mes occupations administratives et les sciences. Je ne vais au spectacle qu’à Saint-Cloud, ce qui a lieu deux fois par semaine, et j’y vais toujours avec mes amis Berthollet et sa femme. Ils viennent dîner à la maison, et de là nous partons pour Saint-Cloud. Hier, nous vîmes « La Mort d’Henri Quatre ». J’aperçus de loin au spectacle la
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Princesse Borghese1 ; on remarque qu’elle se porte assez bien, quoique privée de son médecin. L’Impératrice sur le passage de laquelle le hasard me fit trouver au sortir du spectacle, eut la bonté de m’adresser la parole et de me dire avoir reçu de tes nouvelles. Remercie de ma part le docteur de la lettre intéressante qu’il a bien voulu m’écrire. Je lui répondrai incessamment ; dis-lui pour moi, mille choses affectueuses. Adieu, ma bonne amie, je te prie d’offrir à Leurs Altesses, l’hommage de mes respectueux sentiments. Je t’embrasse bien tendrement comme je t’aime. Tout ton ménage va bien. Laplace Arch. CL.
609. Laplace à Madame Laplace, 7 juillet 1806
A Madame Laplace Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce 7 juillet 1806 Je vois avec peine, ma chère amie, que ta santé n’est pas aussi bonne que je le désire. Prends-y bien garde et suis les conseils du docteur. Il me semble que, l’année dernière, le climat d’Italie ne faisait point sur toi le même effet. Ménage bien ta poitrine. Peut-être ce que tu éprouves tient-il aux changements considérables de température, que l’on éprouve à Lucques du midi au soir, du moins si j’en juge d’après ce que m’a dit Lotton, qui est maintenant de retour. Je ne sais si le docteur sera à Lucques au moment où tu recevras cette lettre. S’il y est encore, dis-lui que je remets à lui parler de l’accident qu’il a éprouvé à son passage du Mont-Cenis, lorsqu’il sera de retour à Paris ; que la seule chose que je puisse maintenant lui dire, est qu’à 52 ans, on peut éprouver des défaillances que l’on n’éprouve point à 21 ans. 1. Pauline Borghese, née Bonaparte.
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J’ai vu hier dimanche, Sa Majesté l’Impératrice qui m’a dit avec sa bonté ordinaire avoir reçu de tes nouvelles. J’ai vu pareillement à Saint-Cloud Monsieur Fontanes, et qui m’a répondu avoir écrit à la Princesse, le 15 juin. Sans doute, sa lettre est maintenant parvenue. Je te remercie de la note que tu m’as envoyée de la part du Père Grimaldi, fais-en mes remerciements, et dis-lui que plusieurs personnes à Paris, ont calculé l’orbite de la seconde comète de 1805, et qu’elle n’est point ce que pense Monsieur Olbers. Son orbite est parabolique, et elle ne ressemble à aucune des orbites de comètes déjà calculées. Tu dois être bien étonnée de te trouver ainsi la correspondance d’objets scientifiques ; mais tu ressembles aux télégraphes qui transmettent ce qu’ils ignorent. Ton ménage va fort bien, et ma cuisine est beaucoup plus économique depuis que j’ai une cuisinière. Ton fils se porte à merveille. Tout le monde me demande de tes nouvelles et me charge de te rappeler à ton souvenir. Adieu, ma bonne amie, encore un coup, ménage ta santé, et me crois pour la vie. Ton meilleur ami Laplace Je te prie de mettre aux pieds de Leurs Altesses, tous mes sentiments de respect et de dévouement. Arch. CL.
610. Laplace à Madame Laplace, 14 juillet [1806]
A Madame Laplace Paris, ce 14 juillet [1806] Tu ne me parles point de ta santé, dans ta dernière lettre, ma chère amie ; je juge d’après cela qu’elle doit être meilleure. Ménage-la bien et suis les conseils du docteur ; il faut surtout soigner ta poitrine ; c’est un organe si délicat et particulièrement chez les femmes ; les maladies en sont si graves que l’on ne peut y donner trop d’attention. Je te crois maintenant aux bains depuis le 10 de ce mois. Je crains que les bains chauds ne te soient nuisibles et j’ai lieu de penser
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d’après les expériences que tu en as déjà faites ; prends-y donc garde, et pour peu qu’ils t’incommodent, cesse d’en faire usage. Ton oncle de Riaucourt est à Paris depuis quelques jours. Il dîne aujourd’hui chez moi avec le cousin : ils me chargent tous deux de mille compliments pour toi. J’ai dit à Lotton que, jusqu’à ton retour, je n’avais point besoin de valet de chambre, et que je l’engageais à se placer ailleurs. Il fait son service si négligemment qu’il m’est entièrement inutile et j’ai, dans ce moment, plus de monde qu’il ne m’en faut. Il m’a seulement demandé de lui être utile auprès de l’Archi-trésorier1, pour avoir une place dans la loterie, et je le lui ai promis. Ton ménage va fort bien. Je suis toujours content de la cuisinière, et surtout de son économie. Tout le monde me charge de les rappeler à ton souvenir ; et particulièrement nos amis Berthollet et Monsieur et Madame Fouché. Je t’envoie le reçu que tu désires. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse bien tendrement, comme je t’aime. Ton mari Laplace Ton fils se porte bien, il se dispose à son examen ; on est toujours content de lui. Arch. CL.
611. Laplace à Madame Laplace, 21 juillet [1806]
A Madame Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Ce 21 juillet [1806] Je me porte assez bien, ma chère amie, et je n’éprouve d’autre sentiment possible que celui de me voir éloigné de toi. Je vois avec plaisir que tu le partages, et que tu regrettes quelquefois tes enfants et leur père. En cela, nous avons bien raison, car les liens du sang doivent toujours être les plus chers. Ton 1. Charles François Lebrun.
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fils se porte bien, et l’on est toujours content de lui. Il a passé la journée d’hier avec moi ; et n’est reparti que ce matin pour l’Ecole Polytechnique ; car à raison de sa bonne conduite, il a obtenu la permission de sortir le samedi soir, pour ne revenir que le lundi matin. Tous nos amis me chargent de les rappeler à ton souvenir, et spécialement Monsieur et Madame Fouché. Monsieur de Talleyrand, avec lequel j’ai dîné avant-hier, chez l’Archi-Chancelier1, m’a dit avoir reçu de tes nouvelles. Madame de Talleyrand te fait mille compliments. Dis au docteur combien je suis sensible à son souvenir et aux témoignages de son amitié et de son estime à laquelle j’attache un grand prix. Il n’y a rien à l’Institut qui puisse bien l’intéresser. Il aura vu dans le Moniteur l’article de Cuvier sur l’ouvrage de Monsieur Barthez, qui croit avoir procédé suivant la méthode de Newton qu’il ne connaît pas, et qu’il est bien éloigné d’avoir suivie2. Dis à Monsieur Hallé que les vrais physiciens fondent sur lui toutes leurs espérances pour la restauration de la médecine. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse comme je t’aime. Laplace Je te prie de mettre aux pieds de Leurs Altesses, mes sentiments de respect et de dévouement. Arch. CL.
612. Laplace à Madame Laplace, 24 juillet [1806]
A Madame Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce jeudi 24 juillet [1806] J’ai reçu, ma chère amie, ta dernière lettre et je suis bien aise que tu aies fait, avec le docteur, le voyage de Gênes, où tu parais t’être amusée. Deheurles 1. Jean Jacques Régis Cambacérès. 2. Moniteur Universel (13 juillet 1806), p. 902.
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m’a parlé de l’arrangement fait par la Princesse, relativement à sa femme, à lui et à son enfant. Cet arrangement me parait convenable. Je sens qu’il t’en coûtera de te séparer de Javotte ; mais il faut préférer le bien qui en résulte pour elle et sa famille, au désir que tu as de la conserver. D’ailleurs, tu obliges en cela la Princesse, et tu dois être contente de lui prouver en cela ton dévouement. Je sens, ma chère amie, l’embarras où tu dois être pour te faire servir ; mais cela ne peut pas être long. Je vois avec un grand plaisir approcher le temps de te revoir, et je désire bien vivement qu’il soit avancé d’un mois, c’est-à-dire qu’au lieu de partir dans les premiers jours d’octobre, tu partisses vers le premier jour de septembre. J’ai besoin essentiellement de ta présence pour une affaire importante de famille, que je t’expliquerai à ton retour. Je t’engage donc, ma chère amie, à prier instamment la Princesse de t’accorder cette faveur. Nous devons nous estimer heureux que tu aies été à portée de lui prodiguer tes soins pendant ses couches, et je m’en rapporte à ton affection pour elle, et à ton zèle pour bien remplir tes devoirs, pour être persuadé que tu n’as rien négligé à cet égard. J’ose donc espérer qu’elle voudra bien pour cette année, te laisser libre un mois plus tôt, sachant que cela est essentiel à nos arrangements de famille. Je te prie, au reçu de cette lettre, de me répondre aussitôt. Si tu dois partir le premier jour de septembre, comme je le désire, je t’enverrai, dans le courant d’août, Lotton et Fanchon pour t’accompagner à ton retour. Ils iront à Lucques, par les voitures publiques, et reviendront avec toi, par la même voiture avec laquelle tu es allée à Lucques, et que je ne doute pas que la Princesse ne veuille bien te donner. Si tu as besoin de fonds, pour ton retour, marques le moi, ainsi que la manière de te les faire parvenir. On parle, mais vaguement, de quelques arrangements qui pourraient convenir à son Altesse Impériale. Mon respectueux attachement à sa personne me fait vivement désirer qu’ils se réalisent. Je te prie de mettre à ses pieds tous mes sentiments de respect et de dévouement. Tout ton ménage va bien. Monsieur et Madame Berthollet me chargent de mille compliments : nous allons ce soir à Saint-Cloud au spectacle, regrettant bien que tu ne sois pas avec nous. Ton fils se porte bien. Adieu, je t’embrasse bien tendrement, comme je t’aime. Ton mari Laplace Ton oncle de Riaucourt est encore ici ; il va bientôt partir. Il te fait mille amitiés, ainsi que le cousin Henrion et le Sénateur Fouché, que j’ai vu ce matin au lever de Sa Majesté. Arch. CL.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
613. Laplace à Madame Laplace, 28 juillet [1806]
A Madame Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Ce 28 juillet [1806] Je désire, ma chère amie, que tu sois contente ; pour moi, ton absence me laisse un ennui que j’ai peine à dissiper, et j’éprouve bien que l’on ne sent tout son attachement que par elle. Je me flatte qu’elle ne durera pas longtemps, et que la Princesse voudra bien accorder à la proposition que je t’ai faite dans ma dernière lettre, de te laisser partir dans les premiers jours de septembre, à cause d’une affaire importante de famille, où ta présence ici me devient nécessaire. J’attends avec impatience ta réponse sur cet objet, et aussitôt je ferai partir, comme je te l’ai marqué, Lotton et Fanchonnette pour t’accompagner dans ton retour. J’ai vu hier Sa Majesté l’Impératrice qui m’a demandé de tes nouvelles, et quand tu reviendras. Tout le monde s’informe de toi et je suis d’autant plus sensible à ces marques d’intérêt que je vois qu’elles tiennent à la bonne opinion que tu as donné de toi par ta bonne conduite. Une femme, ma chère amie, ne sait pas assez tout ce qu’elle gagne à conserver cette opinion. Rien ne peut dédommager de sa perte, et je ne connais pas d’existence plus malheureuse que celle des femmes qui ont eu le malheur de la perdre, et de s’attirer le mépris public. J’abrège cette morale, heureusement très inutile pour toi. Ton fils se porte bien ; je lui ai remis ta lettre qui lui a fait un grand plaisir. Nous nous occupons de sa garde-robe. Monsieur et Madame Eschassériaux partent jeudi prochain pour Lucques. Ils ont pris, hier, congé de Leurs Majestés. Je leur remettrai une lettre pour toi. Je tiens toujours à ce que j’ai dit relativement à Javotte. Puisque cela convient à la Princesse, fais ce qui peut lui prouver ton dévouement. Mets aux pieds de Leurs Altesses, mon respect et mon dévouement. Je désirerais bien pouvoir les leur offrir moi-même, en t’allant chercher. Mais malheureusement, je suis retenu ici par mes fonctions. Ton oncle de Riaucourt retourne, ces jours-ci, en Champagne. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse bien tendrement comme je t’aime. Ton mari Laplace Arch. CL.
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614. Laplace à Gérando, 3 août 1806
A Monsieur Monsieur de Gérando De l’Institut National et Secrétaire général du Ministère de l’Intérieur Ce 3 août 1806 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur de Gérando l’assurance de tous mes sentiments d’estime et d’attachement, et de le prier de recevoir et d’écouter avec intérêt Monsieur de Lévi, l’un des députés juifs qui désire lui communiquer ses idées sur l’objet qui les rassemble1. Monsieur de Lévi est un des hommes les plus considérés de son pays, et je pense obliger Monsieur de Gérando en lui procurant sa connaissance2. Laplace A.N., AA65, plaquette 2 (492).
615. Laplace à Madame Laplace, 4 août [1806]
A Madame Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Ce 4 août [1806] J’ai reçu, ma chère amie, avec un grand plaisir ta lettre datée des bains de 1. Il s’agit de la réunion de notables juifs (Assemblée des Notables) qui a siégé à Paris à partir du 26 juillet. Trois députés portaient le nom de Lévy. 2. De la main de De Gérando : « je l’ai vu avec plaisir. Il m’a paru un homme éclairé. Le 27 août ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Lucques, du 25 juillet. J’avais quelque inquiétude sur ton retour par mer de Gênes à Lucques ; car je ne conçois pas encore pourquoi tu as fait ce voyage ; mais Hallé m’expliquera tout cela. Je compte toujours que la Princesse se prêtera à te laisser partir, cette année, un mois plus tôt, je le désire vivement et j’ai besoin de ta présence. Je te prie de mettre aux pieds de Leurs Altesses, tous mes sentiments de dévouement et de respect. Il n’y a rien de nouveau dans ton ménage où tout va bien. Ton fils se porte bien, et l’on est toujours content de lui. Quand tu seras de retour, nous nous occuperons de réorganiser notre maison. Poisson part samedi prochain pour Gênes. Biot partira le 20 de ce mois pour l’Espagne. Je ne sais quand Berthollet partira pour Perpignan, où il doit présider le collège électoral. Tous me chargent de t’offrir mille compliments. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse tendrement comme je t’aime. Laplace Arch. CL.
616. Laplace à Oriani, 8 août 1806
A Monsieur Oriani astronome à l’Observatoire de Milan Paris, ce 8 août 1806 La personne, Monsieur, qui vous remettra cette lettre est Monsieur Poisson, professeur de mathématiques à l’Ecole Polytechnique et qui est chargé des examens d’une partie des élèves qui doivent entrer à cette école. Ce jeune savant vous est déjà connu sans doute par plusieurs excellents mémoires d’analyse transcendante qui ont paru dans le Journal de la même école1. Je le regarde comme celui de tous nos jeunes gens qui a le plus grand talent. Il est destiné à remplacer les grands géomètres actuels, et les preuves qu’il a déjà données de son talent lui assignent une place très distinguée dans la carrière 1. Journal de l’Ecole Polytechnique, 4 (1801-1802), 173-181 ; et 6 (1806), 60-125 et 126-147.
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des sciences. Il a bien voulu se charger de revoir avec un soin et une intelligence particulière tous les calculs des deux derniers volumes de ma Mécanique Céleste, à mesure que je les livrais à l’impression. Toutes ces matières lui sont donc parfaitement connues, et je ne doute pas, Monsieur, du plaisir que vous aurez à vous en entretenir avec lui. Je lui envie bien celui qu’il aura de vous voir. Je regrette infiniment que mes occupations me privent de l’avantage d’aller visiter quelques savants qui ont bien voulu me témoigner de l’estime, et à la tête desquels je place Monsieur Oriani. Il me serait doux de leur témoigner de vive voix ma reconnaissance et tout le prix que j’attache à leurs suffrages. Mais réduit à ne pouvoir le faire que par écrit, daignez, Monsieur, agréer ici l’assurance de tous les sentiments d’estime et d’amitié dont vous m’avez inspirés depuis longtemps, et avec lesquels je suis pour la vie, Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1806, 1806 08 08 PSL BO.
617. Laplace à Madame Laplace, 11 août 1806
A Madame Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce 11 août 1806 Je reçois, ma chère amie, ta lettre du 29 juillet, avec un grand plaisir. Je ferai tes commissions, et Deheurles est déjà chargé par moi, de faire les provisions que tu demandes ; ainsi, tu les trouveras faites à ton arrivée. Je t’ai désiré écrire, pour t’engager à partir de Lucques, dans les premiers jours de septembre, ta présence m’étant alors nécessaire pour affaires de famille. J’attends ta réponse et lorsque je l’aurai, j’écrirai à ton oncle Riaucourt pour t’aller chercher en Italie. Tu vois, ma chère amie, toute l’incommodité de ces voyages. Mais je me suis prêté à ce que tu désirais vivement, quoiqu’il m’en coûte beau-
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
coup d’être aussi longtemps éloigné de toi. Nous en parlerons plus amplement à ton retour. Je te prie d’offrir à Leurs Altesses, l’hommage de mon respect et de mon dévouement. J’ai appris avec un grand plaisir l’agrandissement de leurs états. Si tu trouves l’occasion favorable de leur faire sur cela mon compliment, je te prie de la saisir. Hallé n’est point encore de retour ; je l’attends pour qu’il me donne plus en détail de tes nouvelles. Quant à ma santé, elle est assez bonne. Mes occupations sont toujours les mêmes. Je vais faire, toutes les semaines, ma cour à Sa Majesté, à son lever et j’y conduis Berthollet qui a comme moi ses grandes entrées. Plus je vois l’Empereur et plus je m’y attache. Quand je ne serais pas entièrement dévoué à sa personne, comme citoyen français, je devrais l’être par reconnaissance pour les marques d’estime qu’il daigne me donner. Aussi je t’assure qu’il n’a point de sujet plus dévoué et plus affectionné. C’est un sentiment que je lui rends, non seulement comme un sauveur de la France, mais comme au plus puissant génie qui ait existé. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse tendrement comme je t’aime. La Princesse a bien raison, mes vrais amis sont nos enfants, et leur mère. Ton mari Laplace Arch. CL.
618. Laplace à Madame Laplace, 18 août [1806]
A Madame Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale, Madame la Princesse de Lucques et de Piombino, à Lucques Paris, ce 18 août [1806] J’ai reçu, ma chère amie, tes deux dernières lettres datées du 5 et du 8 de ce mois, par lesquelles tu m’apprends que la Princesse a bien voulu consentir à te
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laisser partir cette année, un mois plus tôt. Je te prie de la remercier de ma part de sa complaisance, en lui offrant l’hommage de mon respectueux dévouement. Ton frère étant maintenant aux eaux de Barèges avec Madame Gohin, il ne pourra pas t’aller chercher. Je crois inutile de déplacer pour cela ton oncle de Riaucourt ; je fais donc partir Lotton seul, comme tu le désires, puisque tu ramèneras Madame Conti. Sans cela, je t’aurais encore envoyé Fanchonnette. Lotton part mercredi prochain 20 de ce mois, par les diligences, et je pense qu’il sera à Gênes vers le 4 ou le 5 septembre. Là, il t’attendra, et donnera son adresse à la Préfecture de Gênes, où il se rendra tous les jours, pour s’informer de ton arrivée. Prends, je t’en conjure, toutes les précautions nécessaires pour ta sûreté dans le voyage. Je vois avec grand plaisir que Monsieur Lescallier t’a offert de t’aller chercher à Livourne et de te conduire à Gênes. Je suis très sensible à cette offre que tu as bien fait d’accepter. Monsieur Henri est venu me dire de la part de la Princesse, d’envoyer à Lucques celui qui irait au-devant de toi. Il supposait que ce serait un de tes parents. Mais j’ai observé que j’envoyais mon valet de chambre, et qu’alors il était inutile qu’il allât jusqu’à Lucques. Je te prie de remercier la Princesse de son attention délicate. J’attends que ton absence me fait sentir davantage combien je te suis attaché. Crois, ma chère amie, que je suis le meilleur ami que tu aies au monde. Ton Emile se porte à merveille ; on est toujours content de lui ; j’ai reçu, il y a peu de jours, des nouvelles de notre Sophie qui se porte à merveille. Elle est encore aux eaux, et se loue de l’accueil qu’a bien voulu lui faire la Princesse Borghese, qui est pareillement aux mêmes eaux. Adieu, ma bonne amie, je t’embrasse tendrement, comme je t’aime. Laplace Arch. CL.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
619. Champagny à Laplace, 1er septembre 1806
1er septembre 1806 A Monsieur Laplace, Chancelier du Sénat, membre du Bureau des Longitudes, etc. Monsieur, Son Excellence le Ministre des Relations Extérieures1 qui, d’après mon indication, m’avait fait auprès du gouvernement espagnol les démarches nécessaires relativement à la mission de MM. Biot et Arragau [sic]2, vient de m’annoncer que le gouvernement espagnol lui avait répondu d’une manière conforme à mes désirs, et qu’il a donné à ses officiers l’ordre de seconder les opérations de Messieurs les Commissaires. Le petit bâtiment qu’il demandait sera mis à leur disposition ; MM. Chaix et Rodriguez sont nommés pour les accompagner. Si quelques autres mesures étaient nécessaires au succès des travaux de la Commission, elle pourra s’adresser à Son Excellence l’Ambassadeur de France3. Son Excellence le Ministre des Relations Extérieures me donne l’assurance la plus positive que la Commission peut compter sur l’intérêt et la bienveillance de la Cour de Madrid pour seconder ces opérations. Veuillez, Monsieur, communiquer ces détails à MM. les Commissaires et recevoir l’assurance de ma considération la plus distinguée. Champagny copie sur papier pelure A.N., F171065A, dossier 16.
1. Charles Maurice Talleyrand-Périgord. 2. Arago. 3. François de Beauharnais.
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620. Elisa [Baciocchi] à Laplace, 6 septembre 1806
Monsieur de Laplace Sénateur Chancelier du Sénat Aux Bains de Lucques le 6 septembre 1806 Je me flattais, Monsieur, de l’espoir de garder plus longtemps Madame Laplace auprès de moi, et c’est avec bien du regret que je me résous à m’en séparer. Elle s’est chargée de vous dire mille choses aimables de ma part et de vous renouveler l’assurance de mon estime et de toute mon affection. J’espère qu’elle reviendra l’année qui vient avec votre demoiselle, que je verrai avec plaisir et traiterai comme ma fille. En attendant, croyez, Monsieur, à tous les sentiments que je vous ai voués. Elisa [Baciocchi] Bancroft, box 27, dossier 5, n° 51.
621. Elisa [Baciocchi] à [Napoléon Bonaparte], 6 septembre [1806]
6 septembre [1806] … des Bains de Lucques1 Sire, Permettez que j’ose adresser à Votre Majesté une demande pour le fils de Madame Laplace ; il est âgé de dix-sept ans ; il a subi tous ses examens ; son 1. De la main d’Elisa.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
père et sa mère désireraient qu’il fût employé dans la diplomatie. Ils osent par moi supplier Votre Majesté de le nommer auditeur ; il commencera sa carrière sous les yeux de Votre Majesté ; le désir d’être remarquer par elle, et les soins que son père s’est donné pour son éducation, le rendront digne des bontés de Votre Majesté. Je désire qu’il hérite des talents de son père, mais j’assure Votre Majesté qu’il aura l’amour, le dévouement et l’admiration que professent toutes les personnes de sa famille pour Votre Auguste Personne… La petite Napoléon se porte bien. Je la mets ainsi que sa mère sous la haute protection de Votre Majesté. Je suis avec un très profond respect, Sire, de votre Majesté Impériale et Royale, La plus dévouée et soumise sœur. Elisa [Baciocchi] copie lettre complémentaire Bancroft, box 27, dossier 5.
622. Champagny à Laplace, 13 septembre 1806
A Monsieur Delaplace, Chancelier du Sénat 13 septembre 1806 Monsieur le Sénateur, je viens de recevoir le sauf conduit que l’Amirauté Anglaise a envoyé pour le bâtiment qui doit transporter aux Iles Baléares MM. Biot et Arragau1. Je me suis empressé de l’adresser à Son Excellence Mr 1. Arago.
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l’Ambassadeur de France à Madrid1 en le priant de le faire remettre à un des voyageurs. Je vous renouvelle, Monsieur le Sénateur, l’assurance de mon sincère attachement. Champagny copie sur papier pelure A.N., F171065A, dossier 16.
623. reçu, 9 octobre 1806
9 octobre 18062 Nous reconnaissons avoir reçu de Monsieur de Laplace la somme de 2.250 francs pour le terme de son loyer échu le 30 septembre dernier. A Paris, le 9 octobre 1806 Bossange, Masson et Besson reçu Bancroft, box 10, dossier 29.
1. François de Beauharnais. 2. Un autre reçu daté du 15 avril 1807 est sur la même feuille.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
624. Svanberg à Laplace, 2 décembre 1806
A Monsieur Pierre Simon Laplace, Chancelier du Sénat Conservateur, Grand Officier de la Légion d’Honneur, de l’Institut National de France, Paris Stockholm, 2 décembre 1806 Cher confrère, Les sentiments de la vénération la plus profonde et l’admiration due à des travaux éclatants, qui vont commencer une époque à jamais mémorable dans l’histoire des sciences physico mathématiques, m’ont fait balancer, il-y-a longtemps, de vous écrire, de peur qu’après tout il ne vous semblât téméraire à moi d’oser interrompre vos sublimes recherches, qui feront reculer à pas de géants les limites qui jusqu’ici avaient rétréci le pouvoir de l’esprit humain dans la carrière de ces sciences. En effet, le jugement si flatteur que vous avez porté de mon Exposition1 et votre billet qui m’a été envoyé par Monsieur Delambre, enfin le jugement de l’illustre Institut National même qui en a été la suite immédiate, tout cela m’a tenté bien des fois de vous témoigner ma reconnaissance la plus vive. Néanmoins, j’ai toujours différé et (à vous dire la vérité) mon délai m’a été causé que par un sentiment réfléchi de mon peu de mérite, et par le respect sans bornes dont je suis pénétré pour la profondeur du Géomètre à qui la physique céleste doit plus qu’à personne cette unité parfaite de résultats, qui découlent d’un principe unique, et qui (à tout dire) constitue le vrai caractère, et en même temps le plus sublime, d’une science achevée. A présent donc, que je vous écris encore au nom de l’Académie royale des Sciences de Stockholm, permettez-moi que je commence au premier lieu par vous déclarer les sentiments individuels qui me regardent en particulier. Or, ayant de plus l’honneur d’être en même temps l’organe de tout un corps, il faut bien que je revienne à ce qui fait l’objet principal de ma lettre. Sans doute, il serait superflu d’entrer en détail de ce qui regarde les sentiments de l’Académie, par rapport aux nombreuses découvertes qui vous avaient déjà placé (ily-a bien trente ans) au rang des premiers Géomètres qui ont illustré le siècle où nous avons vécu. En vérité, le calcul des différences finies, celui des diffé1. Svanberg, Jons, Exposition des Opérations Faites en Lapponie pour la Détermination d’un Arc du Méridien en 1801, 1802 et 1803 (Stockholm, J.P. Lindh, 1805).
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rences partielles, la théorie des fonctions génératrices et, enfin les recherches sur différents points du système du monde, la théorie des inégalités séculaires, et en dernier lieu la Mécanique Céleste, sont des titres trop imposants pour ne pas fixer l’attention de tous ceux qui sauraient se faire quelque idée des intérêts plus relevés de notre espèce. Il-y-a donc longtemps qu’il a tardé à l’Académie royale de pouvoir vous compter parmi ses membres, et ce n’est que par la déférence la plus inviolable pour les règlements qui en ont entravé les mouvements, qu’elle a pu résister à ce dessein, qui lui doit nécessairement faire tant d’honneur. Enfin, dès qu’il lui a été libre de suivre l’impulsion de ses vœux, elle s’est hâté d’en faire un usage, qui, en contribuant à relever son éclat, ne saurait que lui rappeler en même temps les hautes destinées de toute Académie, savoir celles de s’approprier les hommes les plus éminemment distingués dans la carrière des sciences, et de travailler par le concours de leurs lumières à dissiper les nuages [qui cachent] une infinité d’objets dans toutes les branches de nos connaissances. L’Académie royale s’est flattée que vous ne dédaigneriez pas le titre d’un de ses coopérateurs, et cela d’autant plus qu’elle aime encore à se rappeler le prix des équations séculaires qu’elle décerna il y a vingt ans, et qu’il ne fallait moins qu’un Laplace pour le remporter ; or, c’est encore par ces considérations qu’elle a voulu d’une liaison encore plus étroite, se faire l’honneur de la réputation de l’homme qui, du même coup d’œil, embrasse les états passés et futurs du système du monde. Elle vient donc le 19 novembre de vous avoir nommé membre étranger, ce qui se faisait d’une voix unanime et ce qu’elle m’a chargé de vous avertir par ceci ; en effet, il faut bien que je vous avoue l’ardeur avec laquelle je me suis empressé de profiter de cette occasion pour vous témoigner en même temps les sentiments de respect et de reconnaissance que je vous ai voués en particulier. Puissent les occupations que vous causent les soins d’une haute magistrature, et celles de la continuation de vos recherches importantes, qui ont fait une révolution étonnante dans la plus sublime des sciences, puissent-elles vous laisser encore assez de loisir pour songer aux intérêts de notre Académie ! Et je me flatte de l’espérance d’avoir un jour l’honneur de lui rapporter les sentiments d’amitié et de bienveillance, qui ne vous font refuser de contribuer à l’éclat d’un corps, qui n’a pour but que l’avancement des sciences et les progrès de l’entendement humain. Agréez toujours, Monsieur, mes protestations les plus sincères d’une estime sans bornes, et de l’attachement inviolable avec lequel j’ai l’honneur d’être, Monsieur et très illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Jons Svanberg Secrétaire de l’Académie royale des Sciences de Stockholm Bancroft, box 1, dossier 21.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
625. Chaptal à Madame Laplace, [1806]
A Madame Madame la Marquise Laplace Rue du Bacq, n° 100 [1806] L’oracle du petit Montrouge a parlé. On voudrait 60.000# comptant, et, à ces conditions, on diminuerait la rente viagère on la réduirait à 5.000#1. Voyez si on accepte. Quelle que soit la décision, je crois que nous en finirons, car l’on veut vendre. Hommage. Le Comte Chaptal lettre complémentaire Bancroft, box 15, dossier 4.
626. Laplace à [?], 1806
sans description Catalogue de la Collection de Lettres Autographes, Manuscrits du Comte de Mirabeau, Documents Historiques sur la Ligue, la Fronde, la Révolution, etc. de Feu M. Lucas de Montigny (Paris, 1860), p. 303, n° 1696. 1. Il s’agit peut-être de l’achat de la propriété d’Arcueil.
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627. [Fourier] à Laplace, [1806]
A Monsieur Laplace Chancelier du Sénat [1806] Monsieur, Je vous dois de nouveaux remerciements pour la bonté que vous m’avez eue de m’adresser un exemplaire de votre mémoire sur les phénomènes capillaires1. Je connaissais déjà cette matière par ce que vous aviez bien voulu m’en communiquer précédemment, et j’ai eu le plus grand plaisir à suivre l’analyse dans toute son étendue2. Vous rapprochez ainsi dans le même traité ce que la physique a d’immense et ce qu’elle a d’imperceptible, et vous découvrez toute l’excellence d’un art qui seul nous transporte à ces entretiens de l’analyse qui est appuyé de l’autorité de l’expérience et fera naître de tels ... fécondes et les géomètres apprennent aujourd’hui qu’ils peuvent pénétrer par la voie du calcul dans la connaissance rigoureuse des effets naturels les plus cachés. Combien je regrette que les circonstances ... depuis plusieurs années m’empêchent de payer à vos ouvrages un tribut plus éclairé et plus digne de leur immortel auteur. Vous n’aurez du moins aucun lecteur plus reconnaissant et qui fasse des vœux plus sincères pour que vous parcouriez longtemps la nouvelle carrière que vous venez d’ouvrir. Je vous prie, Monsieur, d’agréer l’honneur de mon admiration et celui des sentiments respectueux avec lesquels j’ai ... [Fourier] brouillon B.N., MS, fr. 22501, fol. 71r.
1. Laplace publia quatre mémoires sur ce sujet en 1806 qui se trouvent tous dans Laplace, O.C., 14, 217-253. 2. La phrase suivante est ajoutée en bas du brouillon.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
628. [Laplace] à Crottat, [1806]
[1806] « A Mr. Crottat, son cousin. Recommandation dûes à son départ précipité ». [Laplace] fragment Paris, Etude Couturier Nicolay, 6 décembre 1993.
629. [Laplace] à Humboldt, 1er juin [après 1806]
A Humboldt Arcueil, 1er juin [après 1806] Belle pièce où il exprime son admiration. Humboldt a ajouté quelques mots, suivis de sa signature. [Laplace] description B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Noël Charavay) (mai-juin 1899), n° 295, p. 16, n° 43933.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
630. Laplace à Kellermann, 12 janvier 1807
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 12 janvier 1807 Le Chancelier du Sénat-Conservateur, Grand-Officier de la Légion d’honneur, A Son Excellence, Monsieur le Maréchal Kellermann, Sénateur, titulaire de la Sénatorerie de Colmar, Commandant l’armée de réserve en son quartier général à Mayence Monsieur le Maréchal, J’ai reçu, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire de votre quartier général de Mayence le 4 de ce mois, celle en date du 30 décembre précédent, par laquelle Monsieur Thomassin, Directeur de l’Administration de l’Enregistrement et des Domaines à Strasbourg, et fondé des pouvoirs de Votre Excellence pour la gestion de la Sénatorerie de Colmar, rend compte du résultat des ventes effectuées jusqu’alors, de biens appartenant à cette Sénatorerie. J’ai aussi trouvé joints à cet envoi, l’état des adjudications dont le prix a excédé le taux de l’évaluation, l’état de celles qui n’ont été prononcées que sans ma ratification, parce que la dernière enchère n’atteignait pas ce taux, l’état de comparaison des unes et des autres, enfin un imprimé du cahier des charges dont on s’est servi. Vous m’invitez, Monsieur le Maréchal, à donner promptement ma ratification, promise dans le mois, et dont le défaut compromettrait, dites-vous, d’après Monsieur Thomassin, le succès des ventes qui restent à faire, et mettrait Votre Excellence dans le cas de supporter 200 francs environ de frais inutiles. Quelque désir que j’aie de seconder, au moins sous le rapport de la célérité, les vues de Votre Excellence, je ne puis délibérer sur la ratification d’actes que je n’ai point sous les yeux. Je ne pourrais d’ailleurs, donner régulièrement cette ratification, sans l’inscrire au pied des actes eux-mêmes. Je vous serai en conséquence obligé, Monsieur le Maréchal, de me procurer copie entière du
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procès-verbal de vente. J’y trouverai sans doute expliqué comment il se fait que des adjudications aient été prononcées pour un prix inférieur à celui sur lequel les enchères ont dû s’ouvrir. Je pourrai aussi constater authentiquement jusqu’à quel point l’on s’est écarté du cahier des charges arrêté par moi, le 9 octobre dernier. Enfin, je me ferai une juste idée des formes qui ont été observées, et je ne resterai point exposé à ratifier un acte illégal, ou à refuser cette ratification sous le seul soupçon d’irrégularités qui peuvent n’être qu’apparentes. Car je ne dois pas le dissimuler, le rapport de Monsieur Thomassin laisse beaucoup à désirer sous tous ces points ; et s’il fallait s’en tenir à son exposé, il serait difficile de juger favorablement ses opérations. Mais je le répète, je ne veux rien préjuger, ni me déterminer légèrement. Peut-être même ne prendrai-je pas sur moi de statuer seul sur une affaire aussi délicate, et si je me croyais obligé d’en référer aux Conseils du Sénat, la production des pièces probantes deviendrait encore plus indispensable. Je désirerais aussi me faire une opinion précise sur la valeur de ces biens, qu’on dit être de mauvais fonds, situés dans des communes pauvres ; et rien ne peut m’éclairer mieux à cet égard que des baux passés à diverses époques, surtout avant 1790. Monsieur Thomassin doit être plus que personne à portée de les recueillir. Je vous prie, Monsieur le Maréchal, de lui faire part du désir que je témoigne d’en prendre connaissance. Je prie aussi Votre Excellence d’agréer, avec l’hommage de ma haute considération, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Laplace1 New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
631. Laplace à Svanberg, 15 janvier 1807
A Jöns Svanberg Paris, ce 15 janvier 1807 Monsieur, J’ai reçu avec la plus vive satisfaction la lettre par laquelle vous m’annoncez que votre illustre Académie m’a fait l’honneur de me choisir pour un de ses membres étrangers. Il m’est doux de l’apprendre par vous, Monsieur, l’un de ses plus dignes ornements et qui par vos travaux contribuez à entretenir l’éclat dont tant de grands hommes, nés parmi vous, l’ont fait briller depuis son origine. J’ose vous prier d’être auprès d’elle l’interprète de mes sentiments, et de l’assurer que, flatté autant qu’honoré de son choix, j’accepte avec reconnaissance le titre qu’elle veut bien m’accorder, en regrettant seulement de ne pouvoir remplir autant que je le désire, les devoirs qu’il m’impose. Veuillez aussi, Monsieur, agréer tous mes remerciements des choses extrêmement flatteuses dont votre lettre est remplie à mon égard ; après le plaisir que fait éprouver une découverte, votre suffrage et celui de vos pareils en est la plus belle récompense. Ces plaisirs nobles consolent des misères qui affligent ce petit globe dont vous venez de mesurer si exactement les dimensions. Recevez, Monsieur, l’assurance de l’estime profonde et de l’attachement que m’a fait naître l’excellent ouvrage dont vous venez d’enrichir la plus sublime des sciences naturelles. Laplace Stockholm, Kungliga Svenska Vetenskapsakademiens Bibliotek.
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632. [Laplace] à [Napoléon Bonaparte], 4 février 1807
A l’Empereur Mercredi 4 février 18071 Sire, L’estime particulière et les bontés dont Votre Majesté daigne honorer Monsieur Berthollet nous font espérer qu’elle voudra bien prendre en considération le fâcheux état de sa fortune. Dans l’intention de se livrer sans distractions aux sciences, il s’est reposé depuis longtemps du soin de ses affaires sur Madame Berthollet, à laquelle il avait donné une procuration illimitée ; par une suite d’opérations mal combinées, Madame Berthollet a détérioré2 la fortune de son mari, qui, en plein de confiance en elle, n’a eu aucun soupçon à cet égard, jusqu’à ce moment où averti du désordre de ses affaires, il se voit endetté de plus de 150.000 francs. Votre Majesté qui connait l’extrême délicatesse de Monsieur Berthollet pour tout ce qui tient à l’honneur et à la fortune, jugera de son affliction ; elle est telle qu’elle fait craindre pour sa santé, si l’on ne parvient pas à ramener promptement le calme dans son âme. C’est dans ce dessein, Sire, qu’à l’insu de cet excellent ami, dont nous partageons vivement la douleur, nous osons3 recourir à vos bontés. La connaissance que nous avons prise de ses affaires, nous persuade qu’il suffirait, pour les rétablir, d’une avance de cent cinquante mille francs mis à la disposition de Monsieur Noël4 votre notaire et celui du Sénat, pour être employés par lui à remplir les engagements contractés au nom de Monsieur Berthollet. Cette avance serait acquittée en six paiements égaux de 25.000 francs, retenus chaque année à la trésorerie du Sénat sur son traitement de Sénateur ; il lui resterait encore un revenu annuel de 30.000 francs pour vivre d’une manière convenable à son état. Si Votre Majesté daigne prendre cette mesure, elle rendra le repos à l’un des hommes qui lui sont le plus dévoués et au savant le plus 1. La lettre qui se trouve aux Archives Nationales est datée du 6 février 1807. 2. On peut aussi lire « détourné » ainsi que le fait Michelle Sadoun-Goupil dans Le Chimiste Claude-Louis Berthollet, 1748-1822. Sa Vie, son Œuvre (Paris, 1977), 58-59. 3. On peut aussi lire « avons ». 4. André Claude Noël.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
célèbre dans la science qu’il cultive et dont il a fait les applications les plus utiles aux arts. Nous sommes, avec un très profond respect, Sire, de Votre Majesté, Les très humbles et très dévoués1 sujets. [Laplace]2 brouillon A.N., AFIV 873. Cette lettre a été reclassée sans que j’aie pu la retrouver.
633. [Laplace] à Decrès [?], 3 mars 1807
A Decrès [?] Paris, ce 3 mars 1807 Monsieur, Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’adresser la copie d’une lettre de l’Empereur, par laquelle Sa Majesté demande mon avis sur la possibilité de résoudre le problème suivant3. Construire un vaisseau de 74 canons, qui, marchant aussi bien que le « Spartiate », ayant la même mesure pour opposer à l’artillerie de l’ennemi la même résistance, ne tirerait cependant que 16 pieds d’eau, en l’allégeant, soit par la substitution d’une artillerie en bronze à celle de fer, soit par une diminution dans la quantité des vivres.
1. La lettre aux Archives Nationales termine avec « très obéissants serviteurs et fidèles sujets ». 2. La lettre envoyée à Napoléon porte aussi la signature de Monge. 3. Il s’agit probablement du même problème que Napoléon entretenait avec Decrès dans une lettre du 21 février 1807 publiée dans Correspondance de Napoléon 1er (Paris, 1863), 14, 402.
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J’observerai d’abord que l’allégement produit par ces deux causes ne peut diminuer que d’environ un pied le tirant d’eau, ainsi pour le réduire de 22 pieds à 16, il faut encore le diminuer de 5 pieds, ce que l’on ne peut obtenir que d’un changement considérable dans la forme de la carène ; il s’agit donc d’examiner si ce changement est possible sans nuire aux qualités les plus essentielles d’un vaisseau, savoir : la stabilité, le plus prompt sillage dans les routes directes et obliques, la propriété de tenir le vent et d’aller au plus près contre sa direction, enfin sa sensibilité à l’action du gouvernail. Si l’on excepte ce qui concerne la position du centre de gravité des vaisseaux et leur stabilité, c’est-à-dire ce qui tient à l’équilibre des corps flottants, les résultats de la théorie sont, dans l’aveu de tous les géomètres, incertains et précaires. Le principe fondamental de cette théorie, relatif à l’action de l’eau sur des plans inclinés et la direction de leur mouvement est inexact et démenti par l’expérience, et malgré les tentatives que l’on a faites pour lui en substituer un meilleur. Quoique les académies, et en particulier l’Institut, aient appelé plusieurs fois sur cet objet l’attention des physiciens géomètres, on n’a encore rien trouvé de satisfaisant à cet égard. Les résultats théoriques ne doivent donc être considérés que comme des indications générales, qui peuvent guider le constructeur, mais qu’il doit rectifier sans cesse par leur comparaison avec un grand nombre d’observations sur les qualités des vaisseaux de diverses formes. C’est ainsi que l’on est parvenu successivement à améliorer la construction des vaisseaux, et tout porte à croire que l’on a approché du but dans des limites dont on ne pourrait s’écarter d’une manière sensible, sans nuire essentiellement aux bonnes qualités d’un vaisseau. En suivant le progrès de ces améliorations, on voit qu’on les a obtenues plutôt en augmentant qu’en diminuant le tirant d’eau. Ainsi, le changement opéré en 1778 dans la construction de nos vaisseaux de guerre et dirigé par Monsieur Borda, qui joignait à une sagacité rare, toutes les connaissances que peuvent donner les observations et la théorie, ce changement, dis-je, qui a procuré des avantages incontestables à nos vaisseaux, a porté à 22 pieds le tirant d’eau des vaisseaux de 74, qui n’était auparavant que de 20,5 pieds. Sur ce point, les formules de la théorie s’accordent avec l’expérience. Ayant de nouveau considéré celles qui donnent les rapports de qualité énoncés ci-dessus, avec la figure de la carène, elles m’ont fait voir que pour obtenir une diminution de 5 pieds, dans le tirant d’eau de ces vaisseaux, il faudrait altérer quelques-unes de ces qualités, conservant ... par exemple la même marche dans la route droite, la marche dans les routes obliques serait sensiblement diminuée. La théorie et l’expérience conduisent donc à penser avec une grande vraisemblance que l’on ne peut réduire de 5 pieds le tirant d’eau de nos vaisseaux de 74 canons sans nuire à plusieurs de leurs qualités les plus essentielles. Tel est, Monsieur, le résultat de ma réflexion sur la question proposée par Sa Majesté. J’ose vous prier de l’assurer que j’ai apporté dans cet exercice
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
toute l’attention que m’ont commandé l’importance de leur objet et le désir de répondre à la confiance dont elle veut bien m’honorer. Je regrette seulement que l’incertitude de la théorie ne me permette pas de lui présenter ce résultat autrement que comme une induction très probable, tirée des observations et de la théorie, mais dont je ne puis donner une démonstration rigoureuse. Je prie Votre Excellence d’agréer l’hommage de ma haute considération. [Laplace] brouillon Arch. CL.
634. reçu, 15 avril 1807
15 avril 1807 Nous reconnaissons avoir reçu de Monsieur de Laplace la somme de 2.250 francs pour le terme de son loyer échu le 30 mars dernier, sans préjudice du terme courant, et sans y comprendre l’impôt des portes et fenêtres qui reste du depuis que M. de Laplace est dans son appartement. Paris, le 15 avril 1807. Bossange, Masson et Besson reçu Bancroft, box 10, dossier 211.
1. Un autre reçu daté du 9 octobre 1806 est sur la même feuille.
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635. reçu, 6 mai 1807
6 mai 1807 Déboursé pour le compte de Monsieur et Madame Laplace Savoir # Le 24 décembre 1806 affranchi une lettre adressée à M. Desrosières de Melun, pour ce Le 25 mars 1807 payé pour une serrure garnie de sa clef, de son entrée et de sa gâche et 3 vis, pour poser à la porte de la grande écurie de la maison d’Arcueil Le 28 du même mois, payé à un fiacre pour avoir conduit Madame Laplace à la Salpètrière et ramené au Palais du Sénat Le dit jour payé à la domestique de M. Binet médecin à la Salpètrière Le 2 avril 1807 payé une demi-feuille de papier timbré pour la décharge du compte de recettes et dépenses de M. Lamotte jusque et y compris le 31 décembre 1806 Le 24 dudit mois payé la cote de contribution personnelle due par Monsieur Laplace pour l’année 1807 suivant la quittance du receveur. 40f 80c ci en livres tournois Le 5 mai 1807 payé au S. Thomas Borelle, poêlier fumiste pour solde des ouvrages énoncés dans son mémoire daté du mois de mars 1807, la somme de 176# qui se réduit à 164# par les raisons qui seront déduites à Monsieur Laplace
s
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10
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6
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5 __ 5s
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Je reconnais que Monsieur Laplace, chancelier du Sénat, Grand-officier de la Légion d’Honneur, etc., m’a remboursé la somme de 215# 5s 9d, montant des avances énoncées au présent mémoire. A Paris, le 6 mai 1807 Delaire reçu Bancroft, box 3, dossier 121. 1. Dans le même dossier et les suivants se trouvent une longue série de devis et récépissés de travaux entrepris sur la maison de campagne d’Arcueil qui ne sont pas transcrits ici.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
636. Laplace à [Gaudin], 13 mai 1807
SÉNAT-CONSERVATEUR Le Chancelier du Sénat-Conservateur, Grand-Officier de la Légion d’Honneur A Son Excellence le Ministre des Finances1 Paris, le 13 mai 1807 Monsieur, Les articles 39 et 40 du Sénatus-Consulte du 8 frimaire an XII portant règlement sur l’administration des Sénatoreries avaient excepté de la jouissance des titulaires et réservé au Sénat la disposition des futaies en réserve des baliveaux sur taillis, ainsi que celle des chablis et arbres de délit. Il a été fait des réclamations à ce sujet par quelques titulaires de Sénatoreries dans la dotation desquelles se trouvent des bois de pins et sapins. Ils ont observé qu’il n’y avait dans ces sortes de bois, ni coupes réglées, ni distinction de taillis et de futaies ; que les coupes annuelles s’y faisaient en jardinant, c’est-à-dire en coupant çà et là les arbres qui avaient atteints leur maturité ; qu’il n’y avait pareillement ni baliveaux ni réserve, mais que la forêt toute entière était en usufruit, et qu’on ne pouvait en conséquence ôter les chablis au titulaire sans le priver d’une partie de sa jouissance. J’ai mis ces observations sous les yeux du Grand Conseil d’Administration du Sénat qui, dans sa séance du 18 mars dernier, séance dont le procès-verbal a été approuvé à Frankenstein par Sa Majesté l’Empereur et Roi le 10 avril suivant, a pris l’arrêté dont j’ai l’honneur de transmettre expédition à Votre Excellence. Elle y verra que les chablis doivent être vendus au profit du titulaire dans les bois qui par leur nature et par l’usage des lieux s’exploitent sans coupes réglées et sans distinction de réserve ni de baliveaux. C’est le cas où se trouve la Sénatorerie de Grenoble, pour quelques bois situés dans le Département de l’Isère. La Sénatorerie de Riom s’est aussi trouvée dans le même cas pour des forêts situées dans le Département de la Haute Loire et qu’elle a depuis cédées à la Caisse d’Amortissement. 1. Martin Michel Charles Gaudin.
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Je prie Votre Excellence, Monsieur, de vouloir bien donner à l’Administration Générale des Forêts les ordres nécessaires pour l’exécution de cette décision. Je prie aussi, Votre Excellence, d’agréer l’hommage de ma haute considération. Laplace1 Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
637. Laplace à [Berthier], 21 mai 1807
Au Prince de Neufchâtel2 Paris, 21 mai 1807 « Il le prie de lui faire rendre compte de la détermination qui a été prise à la suite de la demande de restitution des serres et des caves occupées par le Génie militaire dans un jardin attenant à la maison des Ursulines d’Issoudun ». Laplace Chancelier du Sénat-Conservateur fragment Paris, Librairie Georges Privat, n° 331 (Hiver 1963/64), n° 1773.
1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. Louis Alexandre Berthier.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
638. Laplace à [Gaudin], 17 juillet 1807
SÉNAT-CONSERVATEUR Paris, le 17 juillet 1807 Le Chancelier du Sénat Conservateur, Grand-Officier de la Légion d’Honneur A Son Excellence, Monsieur le Ministre des Finances1 Monsieur, Vous m’avez plusieurs fois témoigné, tant par écrit que verbalement, la meilleure volonté de placer, à ma recommandation, Monsieur Heugue, l’un des agents restés sans emploi par suite de la vente des biens du Sénat situés sur la rive gauche du Rhin. J’apprends aujourd’hui que Monsieur Heugue est présenté à Votre Excellence par Monsieur le Préfet du Mont-Tonnerre2, pour l’office de percepteur des contributions directes dans les communes de Heppenheim, Horchheim, Weinsheim et Weisoppenheim, arrondissement de Spire. J’ose espérer qu’après le témoignage rendu à son caractère et à sa capacité par Monsieur le Trésorier du Sénat3 et par moi, Votre Excellence n’hésitera point à faire confirmer cette sorte de nomination par l’Empereur, qui lui-même a manifesté la volonté de replacer utilement les agents du Sénat. Aussi ma lettre n’a d’autre objet que d’indiquer à Votre Excellence l’occasion qui se présente d’acquitter la dette de mon administration envers un de ses plus fidèles employés. Je vous prie, Monsieur, d’agréer l’hommage de ma haute considération. Laplace4 A.N., 188AP 1.
1. 2. 3. 4.
Martin Michel Charles Gaudin. André Jeanbon Saint André. Jean Antoine Claude Chaptal. Seule la signature est de la main de Laplace.
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639. [Laplace] à Bossage, Masson et Besson, [avant septembre 1807]
A Bossange, Masson et Besson [avant septembre 1807] J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait ... pour me dire que conformément aux contrats arrêtés entre nous, vous adhérez à ce que le bail de mon appartement expire au 1er octobre de la présente année, que l’appartement sera libre le 15 octobre du dit mois. J[’accepte] de mon côté cet arrangement, et l’appartement vous sera remis à l’époque indiquée. Veuillez, Monsieur, agréer l’assurance de tous mes sentiments ... [Laplace] brouillon Bancroft, box 4, dossier 21.
640. Laplace à Elisa Baciocchi, 26 septembre 1807
A Elisa Baciocchi Paris, ce 26 septembre 1807 Madame, C’est avec la plus vive douleur que je vois finir les fonctions honorables que Madame Laplace remplissait avec tant de plaisir et de zèle auprès de Votre auguste personne. Le besoin de représenter pendant l’hiver, surtout au moment où nous allons habiter le Palais du Luxembourg, l’oblige de rester à Paris.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Votre Altesse Impériale convaincue de cette nécessité, voulut bien me proposer elle-même de n’appeler Madame Laplace qu’au printemps en Italie. Je ne pus résister à la lettre touchante que vous daignâtes m’écrire à ce sujet, quoique je prévisse, dès lors, que cela ne pourrait vous convenir longtemps ; mais je me livrai au désir de prouver à Votre Altesse Impériale mon dévouement et ma reconnaissance pour les bontés dont elle a toujours honoré ma famille. J’ose vous prier, Madame, de nous continuer ces bontés dont le souvenir me sera toujours infiniment précieux, et que peut mériter mon inviolable attachement à Sa Majesté l’Empereur et à Votre Altesse Impériale les regards tournés sans cesse vers l’Italie, je jouirai autant que vos propres sujets de votre gloire et des biens sans nombre que votre heureuse administration leur procure. Puissé-je être assez libre, un jour, pour aller dans vos Etats mettre aux pieds de Votre Altesse Impériale mes sentiments profonds de reconnaissance, de respect, etc. Laplace Marmottan, Paul, éd., Lettres de Madame de Laplace à Elisa Napoléon (Paris, 1897), pp. 84-85.
641. Elisa [Baciocchi] à Laplace, 1er octobre [1807]
A Laplace 1er octobre [1807] Je charge avec bien du regret Madame Laplace de vous assurer Monsieur de tous mes sentiments d’estime et d’amitié que je vous ai voué. Je ne vous cacherai pas que j’envoye votre épouse à Paris près de vous pour prendre de nouvelles forces pour un second voyage. Elle partagera son temps avec un mari qu’elle affectionne et une amie bien réelle qu’elle s’est acquise par sa conduite. Toute ma cour regrette Madame, personne pourrait la remplacer. La place restera vacante. C’est à vous, Monsieur, que je devrai le retour d’une amie que je pleure. Je n’ai vu personne qui ait une égalité d’humeur, un esprit
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aussi juste que mon amie. Je l’aime de l’affection la plus vraie, et je ne vous cacherai pas, Monsieur, que son absence est pour moi le plus dur des privations. Je sens ce qu’elle vous doit, ce qu’elle doit à ses enfants. Elle m’amènera sa fille au printemps, nous en aurons soin. Je l’aimerai comme ma fille et je veillerai à ce qu’elle trouve à Lucques les mêmes maîtres qu’à Paris. Croyez Monsieur à toute l’amitié de votre affectionnée. Elisa [Baciocchi] brouillon Bancroft, box 27, dossier 7.
642. Elisa [Baciocchi] à Laplace, 9 octobre [1807]
A Laplace 9 octobre [1807] Je reçois, mon cher Monsieur de la Place, votre lettre du 26 septembre où vous m’exprimez le chagrin que vous avez de ce que Madame Laplace est obligée de quitter ses fonctions près de moi ; je m’étais fait longtemps illusion sur la distance qui séparait votre épouse de Lucques, j’espérai pouvoir me passer l’hiver de ses services. L’expérience m’a prouvé le contraire. Un pays nouveau, des princes étrangers ont besoin d’avoir souvent près d’eux les premières personnes de leur maison. Madame Laplace était aimée et chérie de tout le monde. L’hiver est le temps où se réunit la cour, où il y a besoin d’une femme aimable et au dessus des autres pour en faire les honneurs. Comme particulière j’aurais été contente d’avoir Madame Laplace l’été près de moi, mais comme souveraine, il fallait l’avoir plus pour ma cour que pour mon intérieur. Soyez assuré mon cher Chancelier que si vous venez faire un petit voyage en Italie, je serais heureuse
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
de vous posséder à mon tour et de vous garder quelques temps dans cette belle Italie, berceau des sciences. Croyez à tout mon attachement. Elisa [Baciocchi] brouillon Bancroft, box 27, dossier 7.
643. Laplace à Lejeune, 21 décembre 1807
A Monsieur Lejeune, Sous-préfet de l’arrondissement, Commune de Lunéville, Département de Meurthe 21 décembre 1807 Invitation de préserver le titre d’un édifice public particulier de la commission d’administration. Laplace description Munich, Catalog Hartung & Karl, n° 46 (18 mai 1984), n° 5300.
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644. Laplace à Félix [Baciocchi], 24 décembre 1807
Au Prince Félix [Baciocchi] Paris, ce 24 décembre 1807 Monseigneur, Je supplie Votre Altesse Sérénissime de vouloir bien, au renouvellement de l’année, agréer l’hommage de mes vœux pour son bonheur. J’ose profiter de cette circonstance pour lui recommander l’introduction dans ses Etats, du système décimal des poids et mesures. Elle peut, mieux que personne, en apprécier les avantages, et tout ce qui peut contribuer à la prospérité de son peuple est fait pour l’intéresser. Je m’estimerais heureux si je pouvais être à Votre Altesse Sérénissime de quelque utilité pour cet objet. Daignez recevoir, etc. Laplace Marmottan, Paul, éd., Lettres de Madame de Laplace à Elisa Napoléon (Paris, 1897), p. 93.
645. Elisa [Baciocchi] à Laplace, 8 janvier 1808
Mr La Place Chancelier du Sénat A Massa, le 8 janvier 1808 Je vous remercie, Monsieur, des souhaits que vous voulez bien faire pour moi à l’occasion du renouvellement de l’année, ainsi que de l’intérêt que vous prenez pour la prospérité des Lucquois relativement à l’introduction du système décimal des poids et mesures dans la Principauté. J’ai chargé une commission de me faire un rapport sur cet objet, dont je vous enverrai le résultat. En attendant, je me fais un plaisir de vous renouveler l’assurance de mon estime et de mon affection. Elisa [Baciocchi] Bancroft, box 27, dossier 5.
646. Gauss à Laplace, 18 janvier 1808
A Laplace A Göttingen, ce 18 janvier 1808 Je vous demande mille fois pardon, Monsieur, que j’ai différé jusqu’à présent de vous faire mes remerciements pour deux de vos mémoires sur l’action
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capillaire, que vous avez eu la complaisance de me faire parvenir1. C’était principalement le souhait de pouvoir accompagner mes remerciements avec quelque travail des miens, qui ne serait pas tout à fait indigne d’occuper quelques-uns de vos moments précieux. Les événements des dernières années, qui en produisant une stagnation dans le commerce, décourageaient les libraires d’entreprendre des ouvrages qui ne leur permettent guère un débit vite. Ainsi un ouvrage astronomique où je travaillais depuis plusieurs années, s’est ressenti de ces circonstances ; cependant enfin à présent il est sous presse, et j’espère de pouvoir le présenter à vous dans quelques mois. Tout ce que j’ai à vous offrir en ce moment est un mémoire d’arithmétique qui vient aujourd’hui d’être imprimé pour faire partie du tome 16 des Commentaires de la Société de Göttingen2. Nonobstant la petitesse de son volume, son objet m’a donné infiniment de plaisir, l’arithmétique ayant été depuis treize ans la partie des mathématiques que j’aime le plus. Que je serais heureux si ce petit mémoire pourrait mériter que vous y preniez quelque intérêt. J’espère que désormais tous les volumes des Commentaires pourront contenir plusieurs de mes mémoires. Ce sont ces mêmes événements qui m’ont enfin chassé de Brunswick, où j’avais été aussi heureux pendant huit ans. On m’avait offert déjà en 1802 la place de professeur d’astronomie à Göttingen, où on commençait alors à ériger un nouvel observatoire, pour lequel le Roi d’Angleterre, grand amateur personnel de l’astronomie, avait destiné une grande somme3. Mais feu le Duc de Brunswick4, auquel j’avais tant d’obligations, ne voulait jamais me permettre d’accepter de son vivant cette offre ; il forma même le dessein de faire bâtir un observatoire à Brunswick pour m’y fixer davantage. Cependant l’exécution de ce projet fut différée par différents obstacles d’un temps à autres, et enfin, il échoua entièrement par la catastrophe qui termina les jours de ce malheureux prince. On renouvela après cela les négociations interrompues, et quoique plusieurs autres offres plus brillantes me fussent êté faites, je préférai pourtant de m’établir à Göttingen pour ne pas rompre mille tendres liens qui m’attachaient, moi et ma famille, à ma patrie. Ce fut donc dans le mois de juillet 1807, que je fus nommé professeur d’astronomie et premier directeur de l’Observatoire d’astronomie de Göttingen, où je suis arrivé au mois de novembre. Je me félicitais alors d’autant plus d’avoir choisi ce changement, parce que ma situation à Brunswick devenait plus précaire chaque jour, les paiements de tout genre étant suspendus, et moi étant sans fortune. Il m’a fallu même quitter Brunswick sans pouvoir toucher à mes arrérages qui montaient environ à 900 francs, et jusqu’à ce jour toutes mes sollicitations auprès l’intendant Monsieur 1. « Sur la théorie des tubes capillaires », Journal de Physique, 62 (1806), 120-128 ; « Sur l’action capillaire », Ibid., 63 (1806), 474-477 ; et Laplace, O.C., 14, 217-227 et 233-246. 2. « Theorematis arithmeticis demonstratio nova », Commentationes Societatis Regiae Scientiarum Gottingensis, Classis Mathematicae, 16 (1808), 69-74. 3. Georges III. 4. Karl Wilhelm Ferdinand.
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Daru1, ont été infructueuses, parceque, à ce qu’il dit, il ne dépend que de l’Empereur si, et quand ces paiements doivent être faits. Je me soulageais de la privation de cette somme, quoiqu’elle n’était pas inconsidérable pour moi dans le moment où j’allais transplanter toute ma famille ; me croyant sûr que les avantages attachés à ma nouvelle situation à Göttingen (Académie que l’Empereur français avait toujours honorée d’une protection distinguée, et qui depuis allait devenir une partie constituante du royaume de Westphalie) rétabliraient bientôt ma fortune. Des mesures aussi inattendues qu’injustes prises par Monsieur Belleville2, Intendant d’Hanovre, ont furieusement déconcerté mes espérances. Je savais bien, lorsque j’acceptais la place où on m’appelait, qu’une très forte contribution avait été imposée au pays d’Hanovre ; mais ceci était fait longtemps avant cette époque, et, comme je n’étais engagé à entrer dans ma place que pour le semestre d’hiver, où cette contribution aurait dû être payée [depuis] longtemps, je ne voyais pas la possibilité que cette contribution aurait aucun rapport à moi. Cependant, l’épuisement total du malheureux pays ne pouvait fournir à cette somme extraordinaire (16.000.000 francs) ; ce n’est qu’à présent que Monsieur Belleville traite le pays avec la plus grande sévérité, afin qu’il fasse son dernier effort. La ville de Göttingen elle-même, qui se flattait d’être traitée plus doucement par la protection de son nouveau souverain, doit payer 500.000 francs, dont 178.000 francs sont dictés par Monsieur Belleville aux professeurs. Le 1er février est le terme où le paiement doit commencer par le tiers, le 10 et 20 février le second et le troisième sont demandés, et tout sous peine d’exécution militaire. Il n’y a personne ici, qui sache où prendre les sommes exorbitantes qu’on demande ; tout est en deuil ; Monsieur Harding, mon collègue à l’Observatoire qui n’a qu’environ 2.400 francs par an de revenus et doit payer 1.500 francs, est au désespoir. Pourtant tous mes collègues ont été depuis une série d’années dans la jouissance non troublée de leurs traitements. Mais n’est-il pas le comble de l’injustice, que Monsieur Belleville m’ait dicté 2.000 francs, à moi qui n’ai pas jusqu’ici touché à un sou de mon traitement, qui ne suis venu ici que dans l’espérance de trouver ici un asile pour éviter la ruine qui me menaçait à Brunswick. Des remontrances seraient infructueuses, car Monsieur Belleville a hautement déclaré qu’il n’en écoutera pas même. Eh bien ! on viendra me piller, on me jettera, moi et mon enfant et ma femme qui attend en quelques semaines ses couches, à la rue : tout sera en vain ; je ne pourrai satisfaire aux demandes cruelles, vu que tous mes amis, qui ailleurs s’empresseraient de me secourir, sont ou trop éloignés ou à peu près dans le même cas que moi. Le traitement dont on menace l’illustre Académie qui a tant fait pour les sciences, est sans doute entièrement inconnu à l’Empereur, qui leur donne tant de protection. Ce n’est que l’Institut de France qui puisse porter nos plaintes au pied du trône de Sa Majesté ; c’est par son interposition seule, que nous espérons d’être sauvés de la ruine. 1. Martian Noël Pierre Daru. 2. Charles Godefroy Redon de Belleville.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Soyez, Monsieur, le sauveur de notre bonheur. Sûrement, vous le serez. L’Empereur, qui ne voudra pas que son frère n’ait dans l’Université, qui est un des plus précieux bijoux dans sa couronne, que des mendiants, les exemptera de cette contribution énorme – il la modérera du moins autant que nous puissions y satisfaire sans être réduits aux abois. Quant à moi, je laisse à vous, s’il ne sera pas équitable, que j’en sois exempté entièrement, vu les circonstances particulières exposées ci-dessus. Je me flatte que le titre glorieux dont l’Institut m’a honoré, me mettra sous la protection spéciale de cet illustre corps. C’est alors que je recommencerai mes travaux avec une ardeur nouvelle que les affligeants événements de la dernière année ont assez dérangés. Que je serais heureux, si le nouvel Observatoire pourrait être achevé en quelques années, et munis d’excellents instruments, si j’y pourrais consacrer ma vie à cette science sublime, qui en a toujours fait le bonheur. Agréez, Monsieur, l’expression de ma plus haute estime. Ch. Fr. Gauss Oserai-je vous prier de faire parvenir la lettre ci-jointe à son adresse ? « Certifié conforme à l’original. [Signé] J. Bertrand ». L’original avait probablement été communiqué à l’Académie des Sciences par la petite-fille de Laplace qui la tenait des collections conservées au Château de Mailloc. Cette lettre et plusieurs autres qui suivent périrent au moment de l’incendie de 1925. copie Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek ; publiée par Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 87-89.
647. Laplace à Gauss, 28 janvier 1808
A Gauss Ce 28 janvier 1808 J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et
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le mémoire sur la théorie des nombres qui y était joint1. Je vous remercie de cet envoi. Distrait dans ce moment par des occupations d’un tout autre genre, je remets la lecture de ce mémoire à un autre temps. J’ai toujours eu du goût pour cette théorie, et je la regarde, ainsi que celle des probabilités, comme un des meilleurs exercices de l’esprit, par la finesse et la justesse qu’elles demandent dans les raisonnements. Vous avez d’ailleurs procuré à la théorie de nombres l’avantage de servir à l’analyse, par vos belles recherches sur la résolution de l’équation à deux termes ; elles sont un exemple frappant de l’utilité dont peuvent être un jour les vérités les plus stériles en apparence. Les résultats sur les nombres acquièrent surtout de l’intérêt quand ils réunissent la généralité et la simplicité, à la difficulté d’y parvenir. Tels sont les théorèmes de Fermat sur les puissances des nombres et sur leur décomposition en nombres carrés, triangulaires et polygonaux. Il serait bien à souhaiter que l’on pût retrouver le fil qui a conduit Fermat à ces beaux théorèmes, et personne ne peut mieux que vous y parvenir. Mais c’est assez vous entretenir de ces objets. Je viens à votre position actuelle dont vous voulez bien me faire part. Je suis pénétré de ce qu’elle a d’affligeant pour vous. Mais je ne crois pas que l’Institut puisse agir dans cette circonstance. Il faut s’en rapporter à l’intérêt que doit prendre à votre Université votre souverain, et à la protection que le grand Napoléon accorde aux sciences et à ceux qui les professent. Heureusement, j’ai pu disposer d’une somme égale à celle à laquelle vous êtes imposé. Le Ministre du Trésor Public2 a bien voulu la faire parvenir au Payeur Général de la Grande-Armée3, en décharge de votre contribution ; il en a prévenu en même temps l’Intendant Général de Hanovre4 ; ainsi, j’espère que vous ne serez nullement inquiété à cet égard ; s’il en était autrement, veuillez bien m’en écrire, et j’aurai soin de faire rectifier les erreurs que l’on aurait pu commettre. Je vous remercie de l’occasion que vous m’avez procuré de vous prouver toute mon estime et mon attachement bien sincère ; je vous prie d’agréer ici l’assurance de ces sentiments. Laplace Göttingen, Niedersächsische, Staats- und Universitätsbibliothek ; publiée par Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 89-91.
1. « Theorematis arithmetica demonstratio nova », Commentationes Societatis Regiae Scientarum Gottingensis, Classis Mathematicae, 16 (1808), 69-74. 2. François Nicolas Mollien. 3. Guillaume Joseph Roux, baron Peyrusse. 4. Redon de Belleville.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
648. reçu, 12 février 1808
A Paris, 12 février 18081 Le F... Delaplace chez le F... de Lacepède fils A Paris Extrait du Registre des Délibérations de la R... L... Loge Ecossaise de Saint-Napoléon Je soussigné, Trésorier de la R... Loge Eco[ssaise] de Saint-Napoléon, reconnais avoir reçu du F... de Laplace, la somme de 57 livres pour affiliation, dont quittance à Paris, le 12 février 1808 Robillard-Péronville Affiliation 6 mois de cotisation Serment
reçu Bancroft, box 1, dossier 30.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
36# 18 3 57#
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649. Laplace à Lemercier, 17 mars 1808
[A] Monsieur Lemercier, Sénateur, titulaire de la Sénatorerie d’Angers Paris, le 17 mars 1808 Vous avez, Monsieur et cher collègue, fait remettre dans mes bureaux une expédition du bail d’une maison et jardin, commune de Cunault, passé en votre nom le 6 juin dernier, à Denis Prou et Catherine Deshayes, veuve Véteau, devant Challopin, notaire à Saumur, conformément au projet que j’en avais approuvé le 1er du même mois. Cette pièce m’a été représentée, et j’en ai ordonné le dépôt dans les Archives du Sénat. Agréez, Monsieur et cher collègue, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Laplace La Rochelle, Bibliothèque Municipale, MS 648, fol. 137.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
650. [Laplace] à [un astronome], 26 mars 1808
[A un astronome] 26 mars 1808 Hommage de la troisième édition de son Exposition du Système du Monde. [Laplace] description B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Noël Charavay) (14 février 1887), p. 32, n° 177.
651. [Laplace] à Abrial, 2 avril 1808
sans description Catalogue d’une Belle Collection de Lettres Autographes dont la Vente Aura Lieu le mardi 25 mai 1852 (Paris, 1852), p. 94, n° 986.
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652. document, 24 avril 1808
24 avril 1808 [Lettres Patentes, Sénat-Conservateur] Napoléon1, par la grâce de Dieu, Empereur des Français, Roi d’Italie, Protecteur de la Confédération du Rhin, A tous présents et à venir, salut : Par l’article 4 de notre statut du 1er mars 1808, nous avons déterminé que nos Ministres, les Sénateurs, nos Conseillers d’Etat à vie, les Présidents du Corps législatif, les Archevêques, porteraient le titre de Comte, et qu’il leur serait, à cet effet, délivré des Lettres Patentes scellées de notre grand sceau. Notre cher et aimé le Sieur La Place désirant jouir de cet honneur, s’est retiré par-devant notre cousin le Prince Archichancelier de l’Empire, afin d’obtenir de notre grâce les susdites Lettres Patentes nécessaires pour jouir de son Titre. Et attendu que notre cher et aimé le Sieur Pierre Simon Laplace, Sénateur, Grand Officier de la Légion d’Honneur, membre de l’Institut, né à Beaumont, département du Calvados, âgé de 59 ans, étant Sénateur est au cas mentionné dans l’article 4 de notre statut ci-dessus, nous lui avons, par ces présentes signées de notre main, conféré et conférons le titre de Comte de Notre Empire. Le dit titre de Comte de Notre Empire sera transmissible à la descendance directe, légitime, naturelle ou adoptive, de mâle en mâle, par ordre de primogéniture, de notre cher et aimé le dit Sieur Laplace après qu’il se sera conformé aux dispositions contenues en l’article 6 de notre premier statut du 1er mars 1808. Permettons à notre cher et aimé ledit Sieur Laplace de se dire et qualifier Comte de Notre Empire dans tous actes et contrat, tant en jugement que dehors ; voulons qu’il soit reconnu partout en ladite qualité, qu’il jouisse des honneurs attachés à ce titre, après qu’il aura prêté le serment prescrit par l’article 37 du second statut du 1er mars 1808, devant celui ou ceux qui seront par nous délégués à cet effet ; qu’il puisse porter en tous lieux les armoiries telles 1. Le texte est imprimé, sauf pour les mots en italique.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
qu’elles sont figurées aux présentes d’azur aux deux planètes de Jupiter et Saturne avec leurs satellites et anneau placés en ordre naturel, posés en fasce d’argent, une fleur à cinq branches d’or en chef livrées, brun avec bordure blanc, jaune et noir. Chargeons notre cousin le Prince Archichancelier de l’Empire, de donner communication des présentes au Sénat et de les faire transcrire sur ses registres ; enjoignons à notre Grand-Juge Ministre1, d’en surveiller l’insertion au Bulletin des Lois, mandons à nos Procureurs généraux près nos Cours d’Appel, et à nos Procureurs impériaux de faire publier et enregistrer les présentes à la Cour d’Appel et au Tribunal du domicile de notre cher et aimé le Sieur Laplace et partout où besoin sera. Car tel est notre bon plaisir : et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, notre cousin l’Archichancelier de l’Empire y a fait apposer, par nos ordres, notre grand sceau, en présence du Conseil du sceau des titres. donné à Bayonne, le 24 avril 1808 de l’an de grâce mil huit cent huit, et de notre règne. Scellé le 16 mai 1808 Signé : Napoléon L’Archichancelier de l’Empire Signé : Cambacérès document A.N., CC 240, dossier 7, fol. 21.
1. Claude Ambroise Regnier.
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653. [Laplace] à [un Comte], 29 avril [1808]
[A un Comte] 29 avril [1808] Il le remercie de l’envoi de l’ouvrage du Voyage de M. d’Entrecasteaux1 qu’il a bien voulu lui adresser de la part du Ministre de la Marine2. [Laplace] description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Noël Charavay) (mai-juin 1932), n° 641, p. 17, n° 12442.
654. Laplace à Daunou, 20 mai 1808
A Monsieur Monsieur Daunou de l’Institut A Paris Ce 20 mai 1808 Je prie Monsieur Daunou de vouloir bien agréer l’exemplaire ci-joint de la troisième édition de mon Exposition du Système du Monde, comme un hom1. Voyage de Dentrecasteaux, Envoyé à la Recherche de La Pérouse (Paris, 1808). 2. Denis Decrès.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
mage de ma reconnaissance pour le compte avantageux qu’il voulut bien rendre dans le temps de la première, et comme un témoignage des sentiments d’estime et d’attachement que je lui ai voués. Laplace B.N., MS, n.a.fr. 21884, fols 301-302.
655. Laplace à Elisa Baciocchi, 5 juin 1808
A Elisa Baciocchi Paris, 5 juin 1808 Madame, J’ai l’honneur d’offrir à Votre Altesse Impériale mon Exposition du Système du Monde. Je m’estimerais bien heureux si, dans ses moments de loisir, elle daignait y jeter les yeux et la parcourir avec intérêt. J’ose la supplier de la recevoir avec bonté comme un hommage de l’entier dévouement et du profond respect avec lesquels je suis, etc. Laplace Marmottan, Paul, éd., Lettres de Madame de Laplace à Elisa Napoléon (Paris, 1897), p. 122.
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656. Cambacérès à Madame Laplace, 8 août 1808
Madame la Comtesse de Laplace, Dame d’honneur de Son Altesse Impériale la Princesse de Lucques au Palais du Sénat Paris, 8 août 1808 Je n’ai point oublié, Madame la Comtesse, l’aimable invitation que vous avez bien voulu me faire, de concert avec Monsieur de Laplace. Croyez que je serai très empressé d’y répondre ; mais je vous prie de trouver bon que le plaisir de me rendre chez vous soit différé de quelques jours. J’ai promis pour cette semaine à Monsieur Clément de Ris et à Monsieur de Lacuée, et la semaine prochaine, je craindrais, Madame, que l’arrivée de l’Empereur ne coïncidât avec le jour que vous auriez choisi. Si cette considération ne vous arrête point, je serai à votre disposition pour le mardi 16 ; mais il me paraît qu’il vaudrait mieux renvoyer à la dernière semaine d’août. Nous serons alors parfaitement assurés de la marche de la Cour. Je suis, Madame, dans l’embarras du déménagement. Toutefois, l’on me fait espérer que je pourrai recevoir le samedi 20. Veuillez, Madame, agréer mes hommages. L’Archichancelier de l’Empire, Cambacérès lettre complémentaire Bancroft, box 15, dossier 43.
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657. document, 28 août 1808
Au Palais de Saint-Cloud 28 août 1808 Napoléon, Empereur des Français, Roi d’Italie, Protecteur de la Confédération du Rhin, Sur le rapport de notre Ministre des Finances1, nous avons décrété et décrétons ce qui suit Article 1er – Sur les biens que nous nous sommes réservés dans le Royaume de Westphalie, dont la prise de possession a eu lieu en exécution de notre décret du 4 août 1807 Ceux compris dans les 57 états annexés au présent et produisant un revenu total d’l million 243 mille 102 francs 54 centimes, sont affectés conformément à mon décret du 10 mars 1808, savoir : Les biens détaillés dans l’Etat n° 107 montant à un revenu de 11.003 francs 80 centimes, à une partie de la dotation du titre de Comte que nous avons conféré à Monsieur le Sénateur Laplace. Napoléon [Articles 2, 3, 4, 5] Biens devant composer le lot de 11.000 francs Désignation des Biens Article 1er – Le domaine de Wulperode, provenant du Roi de Prusse2, commune du même nom, canton de Hambourg, district de Halberstadt, Département de Saale La ferme de Wulperode, composée de la manière ci-après 1. Nicolas François comte Mollien. 2. Friedrich Wilhelm III.
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Bâtiments : 1 maison d’habitation, plusieurs d’exploitations, 2 hectares de jardins ; 247 hectares de terres ; 3 hectares de prairies. Le domaine de Wulperode est affermé au Sieur Guillaume Jérôme Hecht, conseiller, demeurant audit lieu, par bail passé devant la Chambre des Domaines de Halberstadt, le 10 mars 1804, pour 12 années qui finiront à la Trinité 1816. Ces terres ne vont que de père en fils aîné. Cambacérès Comte Laplace document A.N., BB301044.
658. Laplace à Oriani, 22 septembre 1808
A Oriani 22 septembre 1808 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Oriani mille tendres amitiés et de lui envoyer un petit supplément à mon Traité de Mécanique Céleste que je viens de publier, ainsi que des nouvelles tables de Jupiter et de Saturne de Monsieur Bouvard1. Je désire qu’il veuille bien regarder cet envoi comme un gage des sentiments d’estime et d’attachement qu’il m’inspire. Le Comte de Laplace2 Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1808, 1808 09 22 PSL BO. 1. Nouvelles Tables de Jupiter et de Saturne : Calculées d’Après la Théorie de M. Laplace (Paris, 1808). 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
659. Laplace à Friedlander, 23 septembre 1808
sans description Lessing, Gotthold, Carl Robert Lessings Bucher- und Handschriftensammlung (Berlin, 1916), III, 214, n° 5319.
660. Laplace à Gauss, 24 septembre [1808]
A Gauss Paris, ce 24 septembre [1808] J’ai reçu, Monsieur, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Je suis bien aise que vous n’ayez pas été inquiété relativement à la contribution que l’on avait exigée de votre Université. Vous avez très bien fait d’attribuer à l’acquittement de Monsieur Harding, la partie de la somme que j’avais envoyée, et qui vous devenait inutile. Je serai dans toutes les occasions bien flatté de pouvoir lui témoigner mes sentiments d’estime. Je viens de publier un petit supplément au troisième volume de ma Mécanique Céleste ; j’ai l’honneur de vous l’offrir. Je joins à cet envoi pour l’Académie de Göttingen un second exemplaire du même supplément, avec un exemplaire des Nouvelles Tables de Jupiter et de Saturne1. Veuillez bien, Monsieur, en présentant ces deux ouvrages de ma part à votre illustre Académie, l’assurer que je regarde comme un de mes plus beaux titres littéraires, l’honneur qu’elle m’a fait en m’y agrégeant.
1. Alexis Bouvard, Nouvelles Tables de Jupiter et de Saturne (Paris, 1808).
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Recevez, Monsieur, l’assurance de tous mes sentiments d’estime et de considération très distinguée. Laplace Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek ; publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), p. 91.
661. Lechevalier à Groslier, 18 octobre 1808
A Monsieur Monsieur Groslier, Secrétaire intime de M. le Chancelier du Sénat-Conservateur Au Palais du Sénat Paris, ce 18 octobre 1808 Monsieur, J’écris aujourd’hui à Monsieur le Chancelier pour lui exprimer la reconnaissance qui lui est due pour les immortels ouvrages dont il vient d’enrichir la Bibliothèque du Panthéon, et pour lui demander en même temps ses conseils sur la manière de placer les divers suppléments, pour qu’ils se trouvent plus commodément sous la main des lecteurs qui fréquentent la bibliothèque. J’ose espérer que vous voudrez bien nous transmettre le lieu précis où nous devons intercaler les suppléments, car je vous avoue bien modestement que je n’ose prendre sur moi de le décider. Permettez-moi de vous renouveler mes sincères remerciements de toutes les peines que je vous donne, et l’assurance de mes sentiments les plus distingués. Le Chevalier premier Conservateur de la Bibliothèque du Panthéon lettre complémentaire Paris, Observatoire, MS 1001.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
662. Laplace à Daiz [ou Duiz], 26 octobre 1808
A Daiz [ou Duiz] Paris, ce 26 octobre 18081 Monsieur, J’ai l’honneur de vous adresser l’état des biens que Sa Majesté a bien voulu m’accorder en Westphalie, état que le Ministre des Finances2 vient de m’envoyer. Ce Ministre m’écrit que je dois m’adresser à vous pour la prise de possession et la remise des titres ; ainsi que pour le décompte de ce qui m’est dû jusqu’à ce jour. J’ose vous prier, Monsieur, de vouloir bien prendre en considération ces divers objets. Veuillez bien me dire si ces biens étant d’une gestion très facile, il ne me serait pas plus utile de la confier à un agent pris sur les lieux, et du pays même, plutôt qu’aux agents de l’Administration des Domaines. Mille pardons, Monsieur, de la peine que je vous donne. Je vous prie de croire à ma reconnaissance ainsi qu’aux sentiments d’estime et de considération distinguée avec lesquels je suis, Monsieur et illustre confrère, Votre très humble et très obéissant serviteur. Comte Laplace Bruxelles, Archives Générales du Royaume, Stassart 2592.
1. De la main du correspondant : « rep. le 10 novembre 1808 – Raymond ». 2. Martin Michel Charles Gaudin.
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663. Daiz [ou Duiz] à Laplace, 10 novembre 1808
A Monsieur le Sénateur Laplace Berlin, le 10 novembre 1808 Monsieur le Sénateur, J’ai reçu, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 26 octobre, une copie du procès-verbal de la dotation de 11.000 francs que Sa Majesté vous a accordée dans la Westphalie. Vous me faites l’honneur de me demander si vous ne trouveriez pas plus d’avantage à confier la gestion des biens qui composent cette dotation à un agent pris sur les lieux, plutôt que d’en charger l’administration des Domaines. Je regrette, Monsieur le Sénateur, de ne pouvoir vous donner un conseil à cet égard. Je ne suis pas à même de savoir combien il vous en coûterait pour faire gérer vos biens par une personne du pays. En les confiant à l’administration des Domaines, vous aurez à lui faire une remise de 5 %, ce qui fait 550 francs par an. A moins que vous ne trouviez dans le pays un homme d’affaires sûr, que se chargeât de l’administration de vos biens, outre ses autres affaires, je doute fort que vous puissiez trouver un agent spécial pour ce prix. Vous devez avoir reçu la lettre d’avis du mandat que j’ai adressé à Monsieur le Receveur Général pour le paiement de ce qui vous est dû pour le 1er semestre de 1808. Je vous renouvelle, Monsieur le Sénateur, l’assurance de la haute considération et des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur de vous saluer. Daiz [ou Duiz] Bancroft, box 3, dossier 1.
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664. Prévost à Laplace, 15 novembre 1808
Pierre Prévost à Laplace1 De Laplace, Chancelier du Sénat, au Palais du Luxembourg A Paris, 15 novembre 1808 Que Pictet m’apprend qu’il m’a fait demander quelqu’information. Que sa demande n’est point parvenue. Que je le prie de me la faire parvenir pour que j’y satisfasse. description B.GE., MS fr. 4737, fol. 7v.
665. Lechevalier à Groslier, 17 novembre 1808
Monsieur Monsieur Groslier, Secrétaire intime de M. de Laplace Chancelier du Sénat, Comte de l’Empire Au Palais de Sénat-Conservateur Paris, ce 17 novembre 1808 J’ai reçu les deux exemplaires du second errata du 4e volume de la Mécanique Céleste, et le volume des Réfractions Terrestres que Monsieur Groslier a pris la peine de m’apporter à la Bibliothèque du Panthéon. J’ai l’honneur de 1. Résumé de la lettre de la main de Prévost.
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lui renouveler tous mes remerciements, et je le prie de vouloir bien réitérer à Monsieur de Laplace l’hommage de ma reconnaissance et de mon respect. Le Chevalier, premier Conservateur de la Bibliothèque de Sainte Geneviève lettre complémentaire Paris, Observatoire, MS 1001.
666. Laplace à Lemercier, 1er décembre 1808
sans description Revue des Autographes (mai 1901), n° 246, p. 11, n° 182.
667. reçu, 24 décembre 1808
24 décembre 18081 1ère annuité
Majorat Décret du 17 mars 1808
Le 24 décembre 1809, je payerai au Trésor du Sceau des titres, la somme de 220 francs pour le deuxième cinquième de celle de 1.100 francs que je suis tenu d’y verser en exécution du statut impérial du 1er mars 1808, pour l’emploi 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
qu’il prescrit, à cause du Majorat relatif au titre de Comte que Sa Majesté Impériale et Royale a bien voulu me conférer. Pour le payement de la présente, j’élis domicile à Paris, à la Chancellerie du Sénat. Fait à Paris, le 24 décembre 1808 Comte Laplace Raoûl Pour acquit Robin reçu Bancroft, box 3, dossier 11.
668. Laplace à [?], [1808]
[1808] Monsieur, Sa Majesté a daigné accueillir avec bonté la proposition que nous lui avons faite, Monsieur Berthollet et moi, d’accorder une gratification de 6.000 francs à Monsieur Chladni, dont elle a vu avec intérêt les expériences curieuses sur les vibrations des corps sonores. Nous vous prions de rappeler à l’attention de Sa Majesté notre proposition en faveur d’un savant distingué qui n’est pas à son aise, et qui s’occupe maintenant à Paris de traduire en français et d’amé-
1. Dans ce même dossier se trouvent six autres déclarations semblables avec reçus au dos pour les années 1809 à 1812.
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liorer encore l’ouvrage, justement estimé, qu’il a composé en allemand sur cet objet, et dont Sa Majesté a daigné accepter la dédicace1. Veuillez bien Monsieur, agréer l’assurance de tous mes sentiments d’estime et de considération. Laplace brouillon Bancroft, box 20.
669. Laplace à [Lacuée], [1808]
Au Gouverneur de l’Ecole Polytechnique2 Paris, ce dimanche [1808] Monsieur le Gouverneur, J’ai bien du regret de ne pouvoir me rendre aujourd’hui à l’Ecole Polytechnique, comme je me l’étais proposé. Mais je reçois dans le moment, un avis de Monsieur le Secrétaire d’Etat, de la part de Sa Majesté, qui m’appelle à un conseil privé qui doit avoir lieu aujourd’hui à St Cloud, immédiatement après la messe. Je me proposais de faire à l’Ecole l’hommage d’un exemplaire d’un ouvrage que je viens de publier, et la circonstance de l’ouverture de votre bibliothèque me paraissait pour cela très convenable. Oserais-je, Monsieur le Gouverneur, vous prier de vouloir bien le remettre vous même, et d’en agréer un pour vous ?
1. Ernst Florenz Friedrich Chladni, Traité d’Acoustique (Paris, 1809). 2. Jean Girard Lacuée, comte de Cessac.
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Veuillez bien recevoir en même temps, l’assurance de tous mes sentiments d’estime et de considération. Laplace E.P., VII2b1 [1808].
670. Emile Laplace à Laplace, 14 janvier 1809
Metz, ce 14 janvier 1809 A Monsieur le Comte de Laplace Chancelier du Sénat Au Palais du Luxembourg Paris Pardonnez, mon cher papa, si j’ai tardé si longtemps à vous écrire ; mais je voulais attendre que je me fusse bien remis au travail, afin de ne point vous faire de promesses qui ne vous auraient pas sans doute autant satisfaites que la certitude que je puis vous donner de mon assiduité et de mon application à remplir mes devoirs. Je travaille maintenant à un projet de bâtiment militaire ; c’est un travail très intéressant et qui regarde directement mon état, aussi j’y donne tous mes soins pour le faire aussi bien qu’il m’est possible. Ma main reprend beaucoup de force, cependant l’index ne remue pas encore ; le froid peut être la cause qui prolonge mon accident, j’espère qu’avec le beau temps mon doigt reviendra aussi. Je compte que mon Corps va se raccommoder avec Mr de Vaublanc, je fais tout mes efforts pour que cette réconciliation ait lieu. Je vous écrirai cet heureux événement. Adieu, mon cher papa. Soyez persuadé que je ferai tout ce qui sera en mon pouvoir, afin de vous être agréable. J’embrasse bien ma mère et Sophie. Votre dévoué fils. E. Laplace Officier d’artillerie Bancroft, box 17, dossier 1.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
671. Laplace à [Elisa Baciocchi], 2 mars 1809
Paris, ce 2 mars 1809 Madame, C’est avec la joie la plus vive que je viens de sceller le Sénatus Consulte portant érection du gouvernement général de la Toscane en grande dignité de l’Empire, sous le titre de Grand Duc, et par lequel Sa Majesté l’Empereur se réserve la faculté de conférer ce gouvernement à une princesse de la famille impériale, sous le titre de Grande Duchesse. Le Sénat Consulte a été adopté à l’unanimité par le Sénat réuni en très grand nombre. Tous les grands dignitaires présents à Paris ont assisté à la séance. Monsieur de Sémonville, au nom d’une commission dont j’étais membre, a fait un rapport dans lequel il a eu l’occasion de rappeler les choses importantes que Votre Altesse Impériale a faites dans sa Principauté de Lucques et tout ce qui la fait chérir et adorer de ses sujets : il a fait ressortir tous les avantages que les nouveaux peuples confiés à Votre gouvernement, doivent attendre de toutes les qualités précieuses qui distinguent si éminemment Votre Altesse Impériale. Après la séance, un grand nombre de Sénateurs parmi lesquels étaient Monsieur de St Vallier, Président actuel du Sénat, sont venus prier Madame Laplace d’être auprès de Votre Altesse Impériale l’interprète de leurs sentiments, et de vous présenter l’hommage de leurs félicitations et de leurs vœux. J’ose me joindre, Madame, à mes collègues et supplier Votre Altesse Impériale de croire que personne au monde ne ressent plus vivement tout ce qui peut lui arriver d’heureux et ne s’intéresser plus à sa gloire. Daignez agréer avec bonté, l’hommage des sentiments profonds de respect, de dévouement et de reconnaissance avec lesquels je suis Madame De Votre Altesse Impériale Le très humble et très obéissant serviteur. Laplace A.N., 400AP18.
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672. Elisa [Baciocchi] à Laplace, 14 mars 1809
A S. E. Monsieur le Comte Laplace Lucques, le 14 mars 1809 Monsieur le Comte, Je suis bien sensible aux félicitations que vous m’adressez par votre lettre du 2 mars. Les suffrages flatteurs et le tendre intérêt que mes amis me témoignent dans cette circonstance, me rendent plus précieuse encore la nouvelle dignité que me confère Sa Majesté l’Empereur. Je connais et j’apprécie depuis longtemps votre dévouement et votre amitié, aussi je suis persuadée de toute la part que vous y prenez. Exprimez ma satisfaction et ma reconnaissance à tout le Sénat et particulièrement au Comte Sémonville rapporteur. Les éloges qu’il me donne rendent encore ma tâche plus difficile, mais je consacrerai tous mes efforts à les mériter et à seconder les vues de Sa Majesté. Votre aff. Elisa [Baciocchi] Bancroft, box 27, dossier 5.
673. Laplace à [Oriani], 20 mars 1809
20 mars 1809 Monsieur, Sa Majesté l’Empereur et Roi a, par un décret, ordonné que vous seriez chargé de mesurer de nouveau au moyen du cercle répétiteur, l’amplitude de
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l’arc céleste compris entre les zéniths de Rome et de Rimini, les deux extrémités de l’arc mesuré par le Père Boscovich. Ce nouveau bienfait de Sa Majesté envers les sciences a été sollicité par le Bureau des Longitudes, qui a remis à ce sujet la note ci-jointe à Monsieur Aldini. Cette note vous aura probablement été transmise avec le décret, mais j’ai cru qu’il n’était pas inutile de vous l’envoyer1. On s’est principalement attaché à l’étoile polaire dans les observations que le Bureau a fait faire aux deux extrémités du grand arc de la méridienne depuis Dunkerque jusqu’à Formentera. Cette étoile nous a paru préférable à raison du peu de variations dans sa hauteur et de ses réfractions et à cause de la facilité de l’observer. Vous pourriez si le temps est favorable faire des observations suffisantes de ses deux hauteurs supérieures et inférieures, tant à Rome qu’à Rimini, vers la fin de cette année et au commencement de l’année prochaine, mais vous jugerez mieux que personne ce qu’il convient de faire à cet égard. Je suis bien flatté des rapports que ce travail va vous donner avec le Bureau des Longitudes que j’ai l’honneur de présider cette année. Vous connaissez depuis longtemps tous mes sentiments pour vous, j’attache de mon côté le plus grand prix à l’amitié que vous m’avez toujours témoignée. Je vous prie de vouloir bien me la conserver et croire que j’y réponds par l’estime la plus vraie et l’attachement le plus sincère. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace2 Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1809, 1809 03 20 PSL BO ; et publiée par G. Tagliaferri et P. Tucci dans Giornale di Fisica, 34, 1993, 270.
1. Cette lettre est accompagnée d’une « Note sur le degré d’Italie, remise par le Bureau des Longitudes », qui est déposée aux archives de Brera. 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
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674. [Oriani] à Laplace, 10 avril 1809
10 avril 1809 A Laplace Le décret de Sa Majesté Impériale et Roi sur la vérification de l’arc du méridien compris entre Rimini et Rome mesuré par Boscovich et Maire doit être très agréable à tous les astronomes qui ont toujours eu des doutes sur les observations des latitudes faites avec un vieux secteur en ferraille. Et je suis extrêmement sensible à la bonté que vous avez eu, Monsieur, de me proposer à Sa Majesté pour aller faire cette vérification. L’Observatoire de Milan possède un cercle répétiteur de Lenoir de 16 pouces de diamètre qui a servi à Méchain dans son premier voyage en Catalogne. J’en ai moi-même un autre de même diamètre fait à Munich par Reichenbach qui peut passer pour le meilleur instrument de ce genre. L’Observatoire a encore une bonne pendule, dont on peut disposer sans déranger le service ordinaire. J’y ajouterai mon chronomètre, une lunette achromatique de Ramsden de 3 pieds et un baromètre et deux thermomètres, et s’il était nécessaire pour connaître plus facilement la marche de l’horloge, je pourrais y ajouter un excellent instrument de passage de 3 ½ pieds fait par le même Reichenbach. Les observations au cercle répétiteur demandent deux personnes, l’observateur et celui qui règle le niveau, et pour faire aller plus vite les observations il convient d’avoir une troisième personne qui marque les temps à l’horloge. Pour régler le niveau et même pour prendre les hauteurs correspondantes du Soleil ou d’une étoile, j’aurai un jeune astronome adjoint à l’Observatoire qui est déjà très exercé dans ces main-d’œuvres. Celui qui notera le temps à l’horloge sera un mécanicien qui aura soin du transport des instruments et de la réparation des petits dérangements qui leur peuvent arriver pendant le voyage. Ce ne sera donc pas faute d’instruments ou d’observateurs que la vérification demandée pourra manquer. L’obstacle plus grand c’est la mauvaise saison. L’étoile polaire est sûrement, comme vous le remarquez, Monsieur, la plus propre pour cette besogne. Mais elle n’est visible dans ses culminations supérieures et inférieures que dans les mois de décembre et de janvier, et malheureusement il arrive assez souvent en Italie, et surtout à Rimini, que dans ces mois le ciel est couvert des semaines entières. Je me propose donc d’y aller vers la fin de novembre et d’y rester jusqu’au 20 ou 25 décembre. Si le ciel est
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favorable je pourrais y observer l’étoile au dessus et au dessous du pôle, s’il est contraire je me contenterai des observations au dessus du pôle, et je passerai à Rome, où je me flatte de ne pas manquer dans le mois de janvier les observations supérieures et inférieures au pôle. De ces dernières j’en conclurai la latitude de Rome et la déclinaison de la polaire, et cette déclinaison me donnera la latitude de Rimini, quoique je n’y aie observé que le passage supérieur de l’étoile. S’il y aura quelque doute, ou si je ne pourrai faire en décembre à Rimini aucune observation, j’y reviendrai à mon retour de Rome en février et j’y observerai l’étoile au dessous du pôle. Voilà, Monsieur, à peu près les moyens et le plan de l’opération. Je tâcherai d’y mettre tous les soins et toute l’attention que méritent l’importance de l’ouvrage pour répondre le mieux que je pourrai à la confiance que le Bureau des Longitudes et vous, Monsieur, avez bien voulu mettre dans mes observations. Agréez, Monsieur, les hommages de la plus haute estime, de la plus vive reconnaissance, et du plus profond respect avec lesquels j’ai l’honneur d’être ... [Oriani] brouillon de la main d’Oriani Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1809, 1809 04 10 BO PSL ; et publiée par G. Tagliaferri et P. Tucci dans Giornale di Fisica, 34, 1993, 270-271. La transcription publiée de cette lettre est légèrement différente de celle-ci.
675. document, 11 avril 1809
Du 11 avril 1809 Par Devant Notaires Impériaux Fut présent Mr Pierre Simon Laplace Comte de l’Empire, Sénateur et Chancelier du Sénat, Grand Officier de la Légion d’Honneur, membre de l’Institut et domicilié à Paris au Palais du Sénat.
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Lequel en révoquant les pouvoirs par lui ci-devant donnés à telles personnes que ce soit et notamment à M. Ginoux, Directeur général de l’administration des domaines établis en Westphalie, a par ces présentes fait et constitué pour son mandataire général et spécial Mr Jean Baptiste Benoit Tavel, employé au contentieux de la Légion d’Honneur, demeurant à Paris rue de Thionville n° 41. Auquel il donne pouvoir de par lui et en son nom, administrer les domaines situés en Westphalie qu’il a plu à Sa Majesté Impériale et Royale de concéder audit Comte pour sa dotation ; renouveller les baux aux époques qui lui seront indiquées par le constituant et conformément au Senatus Consulte et statuts impériaux et lettres patentes accordées par Sa Majesté l’Empereur et Roi, ainsi qu’aux instructions générales et particulières qui lui seront adressées, à ce sujet, surveiller l’exécution des différentes clauses des dits baux, percevoir les revenus desdits domaines échus et à échoir soit directement des fermiers régisseurs, locataires et métayers, soit de toutes autres personnes dans les mains desquelles lesdits revenus peuvent et pourront avoir été versés ; en donner bonnes et valables quittances ; payer les contributions, s’il y a lieu ; faire faire les réparations qui pourront être jugées nécessaires conformément aux autorisations spéciales qui seront données à cet effet. A défaut de paiement de la part de qui que ce soit d’exécution des clauses portées dans les baux ou au refus de remettre tous baux et titres, faire reconnaître les droits du constituant, diriger toutes poursuites, contraintes, faire toutes diligences, citer et comparaître devant tous agents qui doivent en connaître, tous magistrats, juges et tribunaux compétents, traiter, transiger, se concilier sur le tout, si [sic] faire se peut, sinon paraître et faire citer devant tous juges supérieurs et devant les autorités constituées, requérir, obtenir et lever tout arrêtés, décisions, jugements, ordonnances et arrêts, les signifier, les faire exécuter suivant les loix, faire toutes saisies et ventes, se désister du tout, présenter mémoires, pétitions, requêtes et suppliques, passer et signer tout acte relatif à ladite administration ; retirer de qui il appartiendra tous baux, états de lieux, plans, actes, titres et pièces relatifs à ces domaines, en donner décharge, et généralement faire tout ce qui sera nécessaire promettant et obligeant. Fait et passé à Paris Nota : Révoquer les procurations antérieures brouillon document Bancroft, box 20, dossier 5.
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676. [Emile Laplace] à [Madame Laplace], 13 avril 1809
[Adressée à :] M. Laplace, comte de l’Empire, Chancelier du Sénat, au Palais du Luxembourg Metz, 13 avril 1809 Je ne voudrais point manquer le courrier, afin de vous dire combien je suis touché de la lettre de mon père, et des soins que vous avez tous les deux pour moi. Assurez bien mon père, à qui je ne tarderai de faire une réponse, que je ne veux manquer aucune occasion de vous procurer quelque satisfaction ; aussi, je vais redoubler de zèle pour mes travaux de l’école [...] [Emile Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 2.
677. Laplace à [Prévost], 19 avril 1809
Paris, le 19 avril 18091 Il y a bien longtemps, Monsieur, que je vous dois une réponse2 et des remerciements pour les excellentes traductions de Blair3 et de Smith4, que 1. Au dos, de la main de Prévost : « Reçu le 24 ». 2. A la lettre du 15 novembre 1808. 3. Cours de Rhétorique et de Belles-Lettres (Genève, 1808), 4 vols. 4. « C’est Dugald Stewart et non Smith, dont j’ai envoyé la traduction à Monsieur Laplace ». [P. Prévost]. Prévost avait traduit Adam Smith en français en 1797, et Dugald Stewart en 1808.
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vous avez bien voulu m’envoyer. Veuillez bien agréer mes remerciements. Ces ouvrages m’ont paru très intéressants ; en les faisant connaître parmi nous, vous avez rendu un grand service à l’instruction publique. L’ouvrage de Monsieur Smith1 m’a fait naître diverses réflexions que je n’ai pas encore eu le temps de mettre par écrit. J’ai toujours aimé ce genre de recherches, mais il me paraît qu’elles n’ont pas encore été suivies d’une manière assez expérimentale. Je ne connais encore de bien développé sur cet objet que le principe de la liaison ou association des idées ; mais je pense qu’il existe quelques autres principes très féconds, et aussi certains, dont le développement peut expliquer beaucoup de faits particuliers. Des2 recherches analytiques que j’ai faites sur la propagation de la chaleur, à l’occasion d’un fort bon mémoire que Monsieur Fourier, Préfet de l’Isère, a présenté sur cette matière à l’Institut, m’ont fait désirer de les comparer aux expériences3. J’ai lu dans le Voyage aux Alpes de Monsieur de Saussure que ce savant illustre en avait faites de ce genre, en enfonçant jusqu’à la profondeur de 29 ou 30 pieds un tuyau de bois de même longueur, dans lequel il avait enchâssé divers thermomètres qu’il pouvait retirer à volonté. Il ne donne que quelques résultats des observations qu’il a faites dans diverses saisons sur la marche de ces thermomètres intérieurs à la terre, et comparés à des thermomètres placés à sa surface. Je suppose que l’on doit retrouver dans ses papiers la totalité de ces observations. Si Monsieur de Saussure fils4 pouvait nous les procurer, il ferait une chose utile à cette branche de la physique, qui va bientôt rentrer dans le domaine de l’analyse. J’ai l’honneur de vous envoyer l’exemplaire ci-joint d’un mémoire « Sur le mouvement de la lumière dans les cristaux diaphanes »5. Il est destiné à paraître dans le second volume des Mémoires de notre Société d’Arcueil, qui sera publié sous très peu de temps. Je désire que l’application que je fais à ce genre de phénomènes du principe de la moindre action puisse vous intéresser. Je regrette bien, Monsieur, que l’éloignement où vous êtes de Paris ne me permettra pas de m’entretenir avec vous sur tous ces objets. Je sens combien j’aurais à profiter de votre conversation, mais j’ose réclamer de votre complaisance de vouloir bien lire avec attention la troisième édition que j’ai donnée l’année dernière de mon Exposition du Système du Monde, et de me faire part des observations que cette lecture vous aura fait naître. J’ai cherché à présenter dans cet ouvrage le vaste ensemble des théories astronomiques, et un précis de 1. Il s’agit bien des Elémens de la Philosophie de l’Esprit Humain de Dugald Stewart, tr. Pierre Prévost (Paris-Genève, 1808), 2 vols. 2. Ce paragraphe entier est cité par Lucien de La Rive dans « Pierre Prévost. Notice relative à ses recherches sur la chaleur rayonnante », Mémoires de la Société de Physique et d’Histoire Naturelle de Genève, volume supplémentaire, 1890, n° 2 (Genève, 1890), 25. 3. « Propagation de la chaleur sur les solides », lu le 21 décembre 1807, P.V. Institut, 3, 632. 4. Nicolas Théodore de Saussure. 5. Mémoires de Physique et de Chimie de la Société d’Arcueil, 2, 111-142 ; Laplace, O.C., 12, 267-298.
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leur histoire. Malgré les soins que j’ai donnés à cet objet, je sens combien ce tableau laisse encore à désirer, et c’est pour le perfectionner que je sollicite vos remarques. Veuillez bien, Monsieur, agréer les sentiments bien sincères d’estime et d’attachement que vous m’avez inspirés depuis longtemps. Le Chancelier du Sénat Comte de Laplace1 B.GE., MS Suppl. 1050, fols 223-224.
678. [Prévost] à Laplace, 28 avril 1809
A Son Excellence Monsieur Laplace Chancelier du Sénat, etc. de l’Institut National, etc. A Paris, 28 avril 18092 Monsieur, L’accueil que vous avez daigné faire à mes deux traductions m’enhardira à vous soumettre dans peu une troisième, celle de Malthus Sur le Principe de Population3. Et à peu près dans le même temps, j’oserai encore vous offrir un essai sur le calorique rayonnant, dont il serait bien précieux pour moi que vous approuvassiez les principes4. Dès que j’ai reçu la lettre du 19 dernier que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser, j’ai communiqué la lettre et le mémoire à Monsieur de Saussure5. Je ne puis mieux faire que de mettre sous vos yeux sa réponse. J’ai un peu 1. 2. 3. 4. 5.
Seule la signature est de la main de Laplace. De la main de Prévost : « (avec la réponse du professeur de Saussure) ». Thomas Robert Malthus, Essai sur le Principe de Population (Paris, 1809). Du Calorique Rayonnant (Genève, 1809). Nicolas Théodore, fils d’Horace Bénédict de Saussure.
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insisté et s’il n’avait été question que d’un travail de recherche, j’ai laissé voir que je serais très empressé à l’éviter à tout autre, pourvu qu’on me donnât accès aux papiers. Mais j’ai vu qu’il s’agissait plus de sentiment ; et que Madame de Saussure opposait un obstacle invincible. C’est l’impression que m’a laissé l’entretien que j’ai eu à ce sujet avec son fils. Il est bien pénible pour moi d’être chargé d’une commission de votre part et de ne pouvoir la remplir à votre gré. Mais j’éprouve un sentiment plus vif de regret en songeant à l’objet de cette commission. Puisque vous espérer que la partie de la science à laquelle se rapportent les expériences et observations dont vous voulez avoir connaissance auraient pu en recevoir quelque avancement ; je ne me console pas aisément de cette privation. Le beau mémoire que vous avez bien voulu joindre à votre lettre me fait doublement sentir combien nous perdons tous lorsqu’on vous enlève quelque nouveau moyen de lumière. Je ne connais pas le travail de Monsieur Malus sur l’objet de ce mémoire. J’avais remarqué, ou cru remarquer, que le travail de Monsieur Wollaston avait été provoqué par quelques remarques de Monsieur Young qui, comme vous le savez, joint à beaucoup de profondeur de connaissances un grand attachement au système de l’ondulation, attachement qu’il semble avoir puisé dans Euler. Comme j’ai vu que vous ne le nommiez pas, j’en ai conclu que mes souvenirs à cet égard n’étaient pas sûrs. Je n’avais point tenté de voir si c’était avec raison que l’on renouvelait la loi de Huygens, et encore beaucoup moins de chercher comment cette loi, supposée vraie, pouvait s’expliquer sans ondulations. J’ai véritablement admiré avec quelle clarté, en si peu de pages, vous rendiez un compte exact de ce phénomène. La substitution du principe de la moindre action à la recherche détaillée de la route du rayon est un de ces traits de génie dont l’effet est de répandre la lumière au sein des ténèbres. En envisageant maintenant ce phénomène, revendiquée si heureusement en faveur des lois connues de la mécanique sous un point de vue purement physique et mieux assorti à ma faiblesse, je me demande pourquoi de deux rayons incidents sur la même ligne, sensiblement l’un suit-il la réfraction ordinaire et l’autre l’extraordinaire ? Serait-ce parce que tombant sur un cristal élémentaire, l’un arrive sur la face et l’autre sur l’arête ? Permettez-moi de revenir un instant à la chaleur. Vous m’apprenez que Monsieur Fourier vient de lire à l’Institut un bon mémoire sur la propagation de la chaleur. Je connais sur cet objet ce que Monsieur Biot a publié dans la Bibliothèque Britannique, qui m’a paru excellent. Si le mémoire de Monsieur Fourier a précisément le même objet, je me console de ne pouvoir le connaître qu’après la publication de mes propres recherches. Mais s’il fait quelque emploi de mon équilibre mobile, j’y aurais beaucoup de regret. Du reste puisque vos méditations portent de nouveau là-dessus, il est probable qu’elles feront oublier ce qui aura précédé. Vous me donnez une tâche bien agréable en m’invitant à lire la 3e édition de votre Exposition du Système du Monde. Je possède la 2e et ne connais pas
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encore la 3e. Je vais en faire mon étude. Ce n’est pas que je prenne à la lettre le mot « remarque » que vous employez à ce sujet, et que j’imagine pouvoir vous en présenter aucune de quelque poids. Mais outre les additions que je trouverai en lisant cette 3e édition, ce sera pour moi une occasion de refaire la lecture entière de ce bel ouvrage. Je me permettrai de vous dire un mot d’un objet qui me touche personnellement. Comme il sera question d’organiser notre Académie sous une forme nouvelle, je voudrais bien n’être pas exclu de l’enseignement de la physique. Dans notre ancien état, qui est encore notre état actuel, je suis, à titre de professeur de philosophie, sur la même ligne que Monsieur Pictet, et chargé, comme lui, de la moitié de cet enseignement. Si l’on me réduisait à y renoncer pour me borner à la logique, on m’ôterait la moitié la plus agréable de mes fonctions, auxquelles j’ai été appelé, il y a bien des années, sur concours et examens publics. Je serais bien aise que notre Grand Maître qui me témoigne d’ailleurs beaucoup de bienveillance, sut que vous ne me jugez pas incapable de l’enseignement d’une science que j’ai longtemps professée. Je vous épargne bien des détails, et je finis. Je soupçonne que c’est à l’amitié de Monsieur Biot que je dois en grande partie l’estime dont vous m’honorez et l’extrême bonté avec laquelle vous me la témoignez. Ah ! Si je pouvais puiser à la source et vous soumettre en conversation quelques-unes des pensées qui m’occupent sur un sujet voisin de celui sur lequel vous travaillez, il me semble que je leur donnerais quelque prix et que je parviendrais à jeter un peu de jour sur une classe de phénomènes. C’est toujours du rayonnement calorique que je parle. C’est sur cet objet unique qu’en ce moment mon attention est concentrée. Privé de l’avantage que je regrette, je ne laisserais pas d’aller en avant et j’ose encore me flatter qu’on trouvera quelques caractères de vérité dans une partie au moins des applications que j’exposerai aux yeux des physiciens. Vous voudrez bien excuser ce qui peut manquer à la forme de cette lettre et croire que je connais mieux (quoique trop imparfaitement) vos titres à la gloire et à l’immortalité que ceux dont la loi nous prescrit l’usage. J’ai l’honneur d’être avec respect, etc. [Pierre Prévost] copie B.GE., MS fr. 4737, fols 17r-19v.
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679. Laplace à la Comtesse de Rumford, 2 mai 1809
A Madame Madame la Comtesse de Rumford rue d’Anjou Faubourg St Honoré A Paris Paris, ce 2 mai 1809 J’ai bien du regret de m’être point trouvé chez moi lorsque vous m’avez fait l’honneur d’y venir. J’aurais désiré d’apprendre de vous même l’état où en sont vos affaires. Je souhaite bien vivement qu’elles s’arrangent conformément à vos désirs. Cela serait également heureux pour la personne avec laquelle vous êtes en différent1. Il vaut beaucoup mieux s’entendre que de rendre le public témoin de ces discussions. Nous sommes Madame Laplace et moi tous les matins avant midi à la maison. Si vos affaires vous portent de notre côté, nous aurions un grand plaisir à vous voir. J’ai eu égard aux notes que vous m’avez adressées, et je pense que au moins de vous recommander à réussir. Veuillez bien, Madame, agréer l’assurance des sentiments respectueux et bien sincères d’estime et d’amitié que vous m’avez depuis longtemps inspirés. Comte Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 181.
1. Il s’agit probablement de son mari, le comte de Rumford.
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680. Laplace à [Van Swinden], 23 mai 1809
Paris, ce 23 mai 1809 Monsieur et très honoré confrère, C’est avec bien du plaisir que je reçois de vos nouvelles. Je suis extrêmement flatté du choix que votre Institut a bien voulu faire de moi pour un de ses associés étrangers. J’aurai l’honneur de répondre à la lettre qu’il m’a fait écrire à ce sujet par son secrétaire. Je vois avec peine ce que vous me mandez de l’état de votre santé. Ne doutez pas, mon cher confrère, de tout l’intérêt que je n’ai cessé de prendre à tout ce qui vous concerne ; je m’en suis souvent informé. Il n’est pas possible, après vous avoir connu, d’en perdre le souvenir, et les sentiments d’estime et d’attachement que vous m’avez inspirés dureront autant que ma vie. Je vois avec bien de l’intérêt que l’on s’occupe en Hollande d’introduire le système métrique. Cette opération dirigée par vous ne peut manquer de réussir. Vous éprouverez moins de difficultés que nous, à raison de la nomenclature qui a été mal faite en France. Mais vous savez qu’elle n’est pas notre ouvrage, mais celui de quelques membres du Comité [de Salut] Public d’alors. L’expérience a fait voir qu’il vaut mieux se servir autant que cela se peut des mêmes unités. Vous avez appris sans doute que nous avons prolongé la méridienne jusqu’à Formentera. On a encore observé la longueur du pendule dans cette île, à Bordeaux, à Figeac, et cet hiver on a par un grand nombre d’observations de la polaire déterminé de nouveau la latitude de Dunkerque, sur laquelle le petit nombre d’observations faites par Delambre m’avait toujours laissé quelque incertitude ; on les calcule dans ce moment ainsi que les expériences du pendule faites dans la même ville. J’ai désiré que nous ayons sur toute l’étendue de l’arc compris entre Dunkerque et Formentera, non seulement la variation des degrés, mais encore celle de la pesanteur, et de rattacher ainsi le système métrique à l’opération de ce genre la plus parfaite et la plus étendue qui ait jamais été faite. Un ingénieur français ayant observé à Rimini quelques différences entre la latitude de cette ville déterminée par ses observations et par celles de Boscovich, j’ai obtenu de Sa Majesté l’Empereur que l’amplitude de l’arc mesuré en Italie par Boscovich de Rome à Rimini fût de nouveau mesurée au moyen du cercle répétiteur dont l’exactitude est bien supérieure à celle
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du secteur employé par Boscovich. Sa Majesté qui, comme vous savez, met le plus vif intérêt à tout ce qui concerne le progrès des sciences, a ordonné que M. Oriani serait chargé de cette opération intéressante. Elle sera faite cet hiver, saison dans laquelle on peut observer les deux passages de la polaire au méridien. Je viens de publier dans le second volume des Mémoires de la Société d’Arcueil un mémoire « Sur la double réfraction de la lumière dans les cristaux »1. Veuillez bien en lire l’exemplaire ci-joint avec indulgence et ensuite en faire hommage de ma part à votre illustre Société. Aimez-moi toujours, mon cher confrère, croyez que personne n’attache plus de prix que moi à votre estime et à votre amitié, et que j’y réponds du fond de mon cœur par les mêmes sentiments. Laplace Amsterdam, Universiteitsbibliotheek, o 93.
681. [Prévost] à Laplace, 7 juin 1809
A Son Excellence Monsieur Laplace, etc. A Paris, 7 juin 1809 Monsieur, C’est avec défiance que je vous soumets ces petites notes en lisant la 3e édition de votre Système du Monde. Il m’aurait été beaucoup plus agréable et plus facile de remarquer tout ce qu’il contient d’excellent. Mais j’ai pensé qu’en exprimant mon admiration, je ne remplierais pas le but que vous vous êtes proposé en me demandant de faire 1. Ce mémoire ne se trouve pas dans le tome 2 comme l’indique Laplace. Il parut dans le Bulletin de la Société Philomatique de Paris, 1 (mars 1809), n° 18, 303-310 ; Laplace, O.C., 14, 278287.
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attentivement cette lecture et de vous faire part des remarques qu’elle me suggérait. Veuillez couvrir celles-ci de votre indulgence, soit pour le fond, soit pour la forme. Je mets sous presse mon Calorique Rayonnant. Si je n’avais craint d’aspirer trop haut, j’aurais aimé le faire paraître sous vos auspices, afin que les physiciens y donnassent plus d’attention, ayant à cœur que le sujet soit examiné par les juges compétents. Mais je me bornerai à faire une ou deux fois emploi de vos opinions. Agréez, Monsieur, mon respect et dévouement ... [Pierre Prévost] copie B.GE., MS fr. 4737, fols 20r-20v.
682. [Laplace] à Emile Laplace, 17 juin 1809
A Emile Laplace Ce 17 juin 1809 Je viens, mon cher fils, d’envoyer à M. de Vaublanc, un mandat de 4.000 francs, en le priant de se concerter avec toi, et de te guider dans l’usage que tu dois en faire pour ton équipement au moment de ton départ. C’est avec bien du regret, mon ami, que je te vois partir de Metz sans que je puisse te voir ni t’embrasser, et te donner ma bénédiction. J’espère que par ta conduite, tu te feras honneur dans la noble carrière que tu vas parcourir. Tu seras ma consolation et celle de ta mère et je prie Dieu qu’il veille sur tes jours. Aie-le toujours présent à la pensée, ainsi que ton père et ta mère, et songe que de toi dépend principalement notre bonheur. J’envie le sort de M. Dieu qui va à Metz embrasser son fils.
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Mais je suis malheureusement retenu à Paris par mes fonctions, je ne puis te témoigner que par écrit combien je t’aime, et combien je désire que tu te distingues, en servant utilement ton pays. Adieu, mon bon ami, mon cher fils, je t’embrasse bien tendrement. Ton père [Laplace] copie Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
683. Laplace à Daunou, 19 juin 1809
A Monsieur Monsieur Daunou Membre de l’Institut de France Rue de Paradis, Hôtel Soubise Paris Ce 19 juin 1809 Le Comte de l’Empire, Chancelier du Sénat, et Madame la Comtesse Laplace ont l’honneur d’inviter1 Monsieur Daunou à dîner chez eux à Arcueil jeudi prochain 22 à 5h Rép[ondez] S.V.P. B.N., MS, n.a.fr. 21884, fols 308-309.
1. Imprimé sauf ce qui est en italique, de la main d’un scribe.
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684. Vaublanc à [Laplace], 21 juin 1809
Metz, 21 juin 1809 Monsieur le Comte, J’ai reçu votre lettre du 15 et la lettre de change qui y était jointe. Je suis extrêmement flatté de la confiance que vous voulez bien me témoigner, et ce sera avec un véritable plaisir que je m’occuperai de tout ce qui pourra être nécessaire à Monsieur votre fils, pour son entrée en campagne. J’ai eu avec lui une conversation sur les dispositions préliminaires, et sur le moment présumé de son départ. Il croit qu’il en recevra l’ordre dans une huitaine. S’il doit être aussi prochain, il ne faudra pas acheter ici de chevaux pour Monsieur votre fils, et dès lors on n’emploiera qu’une petite partie de la somme que vous m’avez envoyée. Il m’a dit qu’il n’avait aucune emplette à faire, et qu’il pensait qu’il lui suffirait d’emporter 60 louis pour son voyage, et pour acheter des chevaux en arrivant à l’armée. Je lui ai dit que je croyais nécessaire d’emporter en outre un mandat de 50 louis sur le payeur de l’armée, afin de trouver cette ressource dans quelque circonstance imprévue. C’est ainsi qu’en usait mon malheureux gendre. L’argent que dépensera Monsieur votre fils pour son voyage lui sera en partie remboursé en arrivant à l’armée. Cet argent remboursé et ce qui lui restera des 60 louis, lui suffiront pour acheter des chevaux, parce que cette somme de 60 louis ne sera pas dépensée pour le voyage. Il aura d’ailleurs la ressource du mandat de 50 louis. En outre il trouvera toujours facilement de l’argent dans une circonstance extraordinaire, en donnant un mandat sur vous, Monsieur, ou sur moi, suivant que les personnes auxquelles il s’adressera préféreront Metz ou Paris. On trouve toujours des facilités de cette espèce. Il n’aura besoin d’user de ces ressources que dans un cas extraordinaire. Les officiers dépensent moins à l’armée que partout ailleurs. Lorsque les vivres et fourrages sont abondants, ils en ont sans rien payer ; lorsqu’ils ne le sont pas, ils souffrent sans pouvoir y remédier par l’argent. Ainsi, Monsieur le Comte, Monsieur votre fils ne pouvant acheter de chevaux ici, n’aura besoin que de 60 à 80 louis. Je vous renverrai le reste du mandat. Je lui ferai donner une lettre de crédit, sans qu’il soit obligé de déposer l’argent ici. S’il en fait usage, le payeur de Metz qui l’aura donné m’en préviendra ; je lui rembourserai la somme que Monsieur votre fils aura prise, et j’aurai l’honneur de vous en prévenir.
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Il m’a dit plusieurs fois que Madame de Laplace lui destinait un domestique qu’elle devait lui envoyer. Je souhaite beaucoup qu’il en ait un fidèle et actif. Ce serait un grand motif de tranquillité pour ses amis, et pour sa famille. Si nous avions la certitude qu’il ne partira pas avant un mois, et la certitude encore qu’il ne sera pas obligé de rejoindre en poste, je pourrais lui chercher des chevaux ici ; et en y mettant tout le temps nécessaire, nous pourrions en avoir de bons ; mais il faudrait un mois pour faire cette emplette, un mois pour les envoyer à l’armée, où il sera peut-être dans 15 jours. Dans cette incertitude, il est difficile de songer maintenant à cet achat. Il en trouvera à l’armée, et sera aidé des conseils des officiers de son régiment. Je vous répète, Monsieur le Comte, combien je suis flatté de m’occuper d’une chose qui vous intéresse autant. Ma femme reçoit avec sensibilité le souvenir dont vous me chargez pour elle, ainsi que Madame de Laplace. Nous ne parlons jamais sans attendrissement de l’intérêt que vous avez pris à notre affreux malheur. Ces dames vous présentent leurs hommages, et leurs civilités, Monsieur votre fils emportera nos regrets, nos vœux et notre amitié. De fatales circonstances nous ont empêchées de le voir aussi souvent que nous l’aurions voulu. Mais elles ont servi à nous faire mieux connaître son caractère. Il est franc, ouvert, expansif, plein de droiture. Il sent vivement le prix de vos bontés et de celles de Madame sa mère. Il apprécie comme il le doit, l’avantage inestimable d’avoir un père illustre, dont le nom est pour lui un si noble et si bel héritage. J’ai l’honneur, Monsieur le Comte, de vous présenter l’hommage de la plus haute considération et d’un dévouement inviolable. Vaublanc Permettez que Madame trouve ici mes respectueux hommages, et les civilités empressées de mes pauvres affligées. Ah ! Monsieur, quelle perte nous avons faite ! Bancroft, box 16, dossier 16.
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685. Laplace à Emile Laplace, 17 juillet 1809
A Emile Laplace1 Arcueil, ce 17 juillet 1809 J’ai reçu, mon ami, ta lettre datée de l’Isle-Napoléon, le 4 juillet dernier. Je vois avec plaisir mais non sans inquiétude, que tu as pris part aux affaires des mémorables journées des 5 et 6 du même mois, près du Général La Riboisière et presque sous les yeux de Sa Majesté. Mais j’ai lieu d’être rassuré par le silence du jeune La Riboisière, page de l’Empereur, qui est venu à Paris nous apporter la bonne nouvelle de nos victoires. Il a assuré la personne qui l’a interrogée de ma part, qu’il ne t’avait point entendu nommer parmi ceux qui avaient été blessés et que je pouvais être parfaitement tranquille à cet égard. Cependant une lettre de toi me rassurera encore plus. Ta mère, ta sœur et moi, nous nous portons bien et nous n’avons de soucis que relativement à toi. Ecris-nous, mon ami, le plus souvent et le plus tôt que tu pourras. Tu dois sentir combien tes lettres nous sont précieuses dans ces circonstances. Si tu as besoin de quelque argent, adresse-toi à M. Daru, Intendant Général de l’Armée. J’ose croire qu’il voudra bien t’être utile. M. Clément de Ris lui a écrit à ce sujet de notre part et nous attendons pour lui écrire nousmêmes, que nous sachions positivement dans quel corps tu vas être. Adieu mon ami nous t’embrassons tous bien tendrement, et nous te recommanderions de te bien conduire dans le champ de l’honneur, si nous ne connaissions autant l’élévation de ton caractère. Ton père Laplace Bancroft, box 20, dossier 1.
1. Cette lettre est en mauvais état de conservation à cause de l’humidité.
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686. La Riboisière à [Laplace], 17 juillet 1809
Vienne, le 17 juillet 1809 Monsieur le Comte, Je m’empresse de répondre à la lettre que vous m’avez fait la grâce de m’écrire : vos désirs et ceux de Monsieur votre fils sur son classement dans l’Artillerie sont remplis. Monsieur de Laplace se trouve placé dans la 3ème compagnie du 6ème Régiment à cheval qui est dans ce moment en route pour rejoindre la Grande Armée. Jusqu’à l’arrivée de cette compagnie qui est très prochaine, Monsieur votre fils est employé au Parc Général sous les ordres de Monsieur le Colonel Nègre1, sous lequel il prend connaissance d’un service essentiel à notre arme, et où, par son aptitude et son zèle, il ajoute encore à l’intérêt qu’inspire naturellement sa personne. Agréez, Monsieur le Comte, l’assurance de mes sentiments très distingués d’estime et de considération. Le Général de Division, Comte d’Empire, Commandant en chef l’Artillerie des armées d’Allemagne, La Riboisière P.S. Monsieur le Comte, j’ai l’honneur de vous apprendre que la Compagnie de Monsieur votre fils vient d’arriver au Quartier Général. Bancroft, box 16, dossier 47.
1. Gabriel Neigre.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
687. Elisa [Baciocchi] à Laplace, 31 juillet 1809
A Laplace Lucques, 31 juillet 1809 Le bonheur d’être appelée à gouverner un peuple estimable s’augmente, Monsieur, par la satisfaction de mes amis. Plus d’un motif a lié votre souvenir à ce changement dans ma fortune. Votre attachement dont j’ai eu tant de preuves, l’enthousiasme des Lucquois pour ceux que les sciences immortalisent ; et le nom de celle que je voyais avec tant de plaisir à mes côtés le jour de l’installation. Les regrets d’une absence que je crains et que je voudrais empêcher ont souvent modéré ma jouissance. J’ai été trop satisfaite des rapports que nous avons eu ensemble jusqu’ici pour ne pas attacher une partie de mon bonheur à leur continuation. Je vous renouvelle l’expression de mes sentiments. Elisa [Baciocchi] Bancroft, box 27, dossier 5.
688. Lamarck à Laplace, 7 août 1809
Lamarck, membre de l’Institut et de la Légion d’Honneur, professeur de zoologie au Musée d’Histoire Naturelle. A Monsieur le Comte de Laplace, Chancelier du Sénat Paris, ce 7 août 1809 Monsieur le Comte, J’ai l’honneur de vous offrir un ouvrage intitulé Philosophie Zoologique, que je suis sur le point de publier, et qui contient le résultat de mes études sur
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les animaux, leur organisation et leurs facultés1. Veuillez accepter cet hommage, ainsi que l’assurance de la haute et respectueuse considération avec laquelle je suis, Monsieur le Comte, Votre très humble et très obéissant serviteur. Lamarck Paris, Bibliothèque de l’Observatoire.
689. Laplace à Lemercier, 22 septembre 1809
A M. le Sénateur, comte Lemercier, titulaire de la Sénatorerie d’Angers Paris, le 22 septembre 1809 J’ai reçu, Monsieur et cher collègue, la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 19 de ce mois, au sujet des arbres dépérissants sur le domaine de la Graffinière, affecté à votre Sénatorerie, dans le Département de Maineet-Loire. Je viens, mon cher collègue, de rappeler au Ministre des Finances2 la demande que je lui ai faite à cet égard le 12 mai dernier, et sur laquelle il n’a pas encore statué. Dès que j’aurai reçu l’autorisation nécessaire pour la coupe des arbres dont il s’agit, je ne manquerai pas de vous l’adresser. Agréez, je vous prie, Monsieur et cher collègue, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace3 New York, Columbia University Libraries, Special Collections, D.E. Smith Historical Collection. 1. Philosophie Zoologique : ou Exposition des Considérations Relatives à l’Histoire Naturelle (Paris, 1809), 2 vols. 2. Nicolas François Mollien. 3. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
690. Madame Laplace à Emile Laplace, 6 octobre 1809
A Emile Laplace Poissons, 6 octobre 1809 Ton père s’amuse à Paris en mon absence ; il est ce soir à Arcueil, il me mande qu’il a donné un dîner de 17 personnes à la famille Fouché1 et à des Sénateurs. Il me mande qu’il s’attache beaucoup au Sénateur Fossombroni qui est un sénateur de Florence, qui est mathématicien par goût ; je t’ai dit combien Berthollet et lui aimaient le Sénateur Moscati, préteur du Sénat du Royaume d’Italie ; il est de toutes nos petites réunions à Arcueil et est fort savant, et a été habile médecin. Madame Laplace lettre complémentaire Arch. CL.
1. Joseph Fouché.
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691. [Laplace] à Gaudin, 10 octobre 1809
Au Duc de Gaëte1 10 octobre 1809 Il demande, pour le Bureau des Longitudes, une somme de 8.000 francs, complément de celle de 12.000 que l’Empereur a promis à cet établissement.
description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 85.
692. Laplace à Elisa Baciocchi, 13 octobre 1809
A Elisa Baciocchi Paris, ce 13 octobre 1809 Madame, Monsieur Cuvier, Secrétaire Perpétuel de la première classe de l’Institut, a désiré que je lui donnasse une lettre pour Votre Altesse Impériale. Ses brillantes découvertes dans les sciences naturelles, ses excellents ouvrages, et la juste réputation qu’ils lui ont méritée, le recommandent beaucoup mieux auprès de vous, Madame, qui savez si bien apprécier tous les genres de mérite. L’impor1. Martin Michel Charles Gaudin.
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tance de la mission qu’il va remplir en Toscane lui garantit la protection de Votre Altesse dans toutes les occasions où il aura besoin d’y recourir. Je lui envie le bonheur qu’il aura de vous voir, et de concourir au bien que vous faites à ce beau pays qui, chaque jour, s’applaudit d’être gouverné par Votre Altesse Impériale. Les bontés particulières dont vous nous avez constamment honoré, Madame Laplace et moi, me font croire que vous n’apprendrez pas sans intérêt que Sa Majesté a daigné me choisir de nouveau parmi les candidats qui lui ont été présentés pour remplir la place de Chancelier du Sénat, dont les fonctions expirent au bout de six années ; les autres candidats présentés étaient : les Sénateurs Sémonville et Colchen. Daignez agréer l’hommage des profonds sentiments de reconnaissance, de dévouement et de respect avec lesquels je suis Madame De Votre Altesse Impériale Le très humble et très obéissant serviteur. Laplace A.N., 400AP18 ; publiée dans Marmottan, Paul, éd., Lettres de Madame de Laplace à Elisa Napoléon (Paris, 1897), pp. 178-179.
693. Laplace à Emile Laplace, 25 octobre 1809
A Emile Laplace1 25 octobre 1809 Je t’embrasse, mon ami, de tout mon cœur ; je suis bien aise de te savoir bien portant. Occupe-toi bien de ton état, et deviens un bon officier d’artillerie ; c’est une belle carrière dans laquelle tu peux te faire beaucoup d’honneur, et servir utilement la patrie. Sois doux et modeste envers tes camarades et vis1. Suite d’une lettre adressée par Madame Laplace.
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à-vis de tout le monde. Je te recommande d’autant plus cela que je sais de tes supérieurs que tu n’es pas exempt de reproche à cet égard. Tu es dans un Corps distingué, formé d’officiers instruits et bien élevés, dans lesquels on a toujours remarqué beaucoup de bonhomie, compagne inséparable d’un bon esprit et nécessaire dans la bonne société. Tu trouveras dans ton Corps beaucoup d’officiers supérieurs pleins de bienveillance pour toi ; tâche de la mériter par une bonne conduite et de la modestie. A ces légers reproches près que l’on te fait sur ce point, on parait généralement content de toi et cela me fait le plus grand plaisir ; car le bien que l’on me dit à ton égard est un des éléments les plus essentiels de mon bonheur. Adieu, mon ami. Je t’embrasse bien tendrement. Ton père Laplace Bancroft, box 20, dossier 2.
694. Madame Laplace à Emile Laplace, 8 novembre 1809
A Emile Laplace 8 novembre 1809 Ton père a été faire sa cour à Sa Majesté l’Empereur qui l’a traité avec sa bonté ordinaire ; il a eu l’honneur de dîner avec lui, lundi dernier ; il n’y a encore que le Président du Sénat1 et ton père, dans le Sénat, qui ont eu cet honneur. J’irai dimanche à Fontainebleau faire ma cour ; tu sais que j’ai toujours pris plaisir à y aller ; mais je trouve à présent un nouveau plaisir, c’est d’y parler de toi. ... [même lettre] Je trouve en arrivant celle du 18 octobre que tu écris à ton père, il en a été bien content et reconnaît son digne fils dans tous les sentiments d’honneur que tu exprimes si bien. Oui, mon aimable Emile, tu ajouteras par ta conduite à l’honneur de notre maison ; en faisant notre gloire, tu feras notre bonheur ; tu as toutes les qualités propres pour te distinguer. 1. Germain Garnier.
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L’amour de ses devoirs, est une source de jouissance dont l’homme sage recueille les fruits. ... (50 louis) ... dans le cas où tu auras des dépenses à faire pour entrer en campagne, et tu ne prendras que ce qui est nécessaire. Ne fais pas d’équipements brillants, il faut garder cela pour Paris ; tout sera gâté en voyage et t’embarrassera. Etre mis proprement et le simple nécessaire, et tu t’éviteras bien de l’embarras, pour une légère jouissance ; il faut bien mieux se faire remarquer par sa sagesse que par son brillant, qui nous fassent des jaloux, nous fait des ennemis de braves gens qui seraient, sans ce petit faible, de nos bons amis. Madame Laplace lettre complémentaire Arch. CL.
695. [Blagden] à Laplace, 23 novembre 1809
A Laplace Ce 23 novembre 1809 Mon cher et illustre ami1, La lettre obligeante que vous avez eu la bonté de me renvoyer par Monsieur Chenevix m’a fait le plus grand plaisir, non seulement par l’information importante qu’elle contenait, mais plus encore comme un témoignage de votre constante amitié. J’ai communiqué sans délai à mes savants et surtout à Monsieur Maskelyne la « correction importante pour les Tables de la Lune ». Il est très sensible à votre bon souvenir, et me dit que cette erreur n’en a produit quelques-unes dans l’Almanach Nautique qu’aux calculs pour l’année 1813 et 1. Le déchiffrement de cette lettre a été fort difficile, et il n’est pas certain qu’il soit exact.
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qu’il aura soin de les corriger. Nous avons appris avec beaucoup d’intérêt les malheurs arrivés à Monsieur Arago et j’ai fait le peu qui est en mon pouvoir pour procurer sa liberté. La nouvelle vient de nous parvenir qu’il est heureusement de retour, et que l’Institut l’a dignement récompensé pour ses périls en le nommant à la place vacante d’astronomie. Les travaux de MM. Biot et Mathieu ont enfin, à ce qui me paraît, déterminer la latitude de Dunkerque avec l’exactitude requise. Leurs observations sur la longueur de pendule à secondes décimales intéressent toutes les nations qui aiment les sciences1. Je fais toujours des vœux que les circonstances puissent enfin permettre la répétition des semblables expériences avec le même instrument dans cette île. Monsieur Mudge continue son grand travail d’opérations géométriques, mais il n’a pas eu grand succès. Depuis quelque temps il ne se porte pas très bien. Cet été je crois qu’il s’est occupé principalement à rédiger de nouveau les observations qu’il a déjà faites avec l’intention de les publier dans une forme plus condensée2. Plus on examine les résultats de ce savant, plus on voit raison de s’y fier. Ainsi je crois qu’à présent la Société Royale donne sa confiance aux observations du Colonel Mudge aussi entièrement qu’elle l’avait donnée à celles du Général Roy. Les savants ici, quoique pleinement convaincus du grand mérite du cercle répétiteur, sont toujours généralement portés à donner la préférence aux grands instruments, surtout aux grands cercles divisés par nos meilleurs artistes. Les moyens de perfectionner cette division ont fait le sujet de beaucoup de discussions depuis un an. On allait construire un cercle nouveau pour l’Observatoire de Greenwich. On a cherché des informations de tous côtés et on s’est arrêté enfin à l’avis de Monsieur Maskelyne qui était d’employer Monsieur Troughton qui ferait les divisions par sa nouvelle méthode. En conséquence de cette proposition, Monsieur Troughton a présenté une description détaillée de sa méthode qu’il a fait lire à la Société Royale qui est imprimée par elle dans nos Transactions et pour laquelle elle vient d’accorder à l’auteur son prix annuel et une médaille d’or3. Par cette décision ce n’est pas que la Société a voulu s’ériger en juge si la méthode de Troughton vaut mieux que celle pratiquée par Ramsden et la plupart des [...] d’instruments. Elle a seulement cru devoir récompenser sa [...] talité en donnant au public une invention dont il aurait pu garder le secret et par laquelle il a livré aux acheteurs plusieurs instruments excellents. Une longue et générale expérience pourra seule déterminer quelle méthode est préférable. Monsieur Troughton réclame pour la sienne les avantages d’être plus expéditive et être au moins aussi exacte et de ne pas demander des mains habiles. 1. Jean Baptiste Biot, « Expériences sur la mesure du pendule à secondes, sur différents points de l’arc du méridien compris entre Dunkerque et l’île de Formentera », Bulletin de la Société Philomatique de Paris (1808), 261-262. 2. William Mudge, An Account of the Operations Carried out for Accomplishing a Trigonometrical Survey of England and Wales, volume 3 (London, 1811). 3. Edward Troughton, « An account of a method of dividing astronomical and other instuments ... », Phil. Trans., 99 (1808), 105-145.
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Comme il est possible que ce paquet vous arrive avant les Transactions Philosophiques, je m’empresse de vous envoyer les épreuves du mémoire imprimé de Monsieur Troughton, n’ayant pas à ma disposition un exemplaire séparé. J’y joins un mémoire de Monsieur Cavendish qui soupçonne que le rouleau qui est une [...] partie de l’appareil de Monsieur Troughton pourrait occasionner quelque erreur, a proposé une autre méthode de sa propre invention mais qui n’a pas encore été examinée à l’expérience1. Cependant, de bons juges ici croient qu’elle serait la meilleure méthode de toutes. La grande objection qu’on fait aux cercles répétiteurs, c’est qu’ils n’admettent pas une aussi bonne lunette que les grands instruments. Comme il est toujours difficile d’avoir le verre pour les lunettes, on voit avec bien de plaisir les tentatives faites en France pour perfectionner le flint-glass2. C’est un objet bien digne celui d’encourager les philosophes de l’Institut en faveur de Monsieur Smeaton [?] de Hambourg il est de retour dans son pays et [paragraphe barré] souverain de France. La protection et les récompenses accordées à ceux qui travaillent au progrès des lumières font grand honneur à votre [...] La munificence est sagement employée en mesurant de nouveau l’amplitude de l’arc céleste de la méridienne de Boscovich ; et si le résultat donne encore une confirmation de la quantité de 1/320 pour l’aplatissement de la Terre, ce sera un nouveau triomphe pour les sciences. Nos savants ont tous fait le meilleur accueil au second tome des Mémoires d’Arcueil. Il est digne des grands hommes qui y ont contribué. Agréez je vous prie les assurances de ma haute estime et de ma constante amitié. J’écrirai bientôt à notre ami Berthollet. CB[lagden] brouillon Londres, Royal Society, CB/1/4/230.
1. Henry Cavendish, « On an improvement in the manner of dividing astronomical instruments », Phil. Trans., 99 (1809), 221-231. 2. Il s’agit probablement des tentatives de Dufourgerais et Aimé Gabriel d’Artigues. Voir P.V. Institut, 4 (10 avril 1809), 188-190.
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696. Elisa [Baciocchi] à Laplace, 12 décembre 1809
A Monsieur le Comte Chancelier du Sénat, à Paris Pise, le 12 décembre 1809 Mon cher Comte, J’ai reçu aujourd’hui la lettre de recommandation que vous aviez remis à M. Cuvier. Je connais et j’apprécie depuis longtemps les rares talents de ce savant ; j’ai remercié le Grand Maître de l’Université de cet excellent choix. Vous pouvez compter que je traiterai votre illustre confrère avec bonté et distinction, votre recommandation seule lui aurait donné des droits à toute ma bienveillance. Je vous félicite d’avoir été choisi par Sa Majesté parmi les candidats qui lui avaient été présentés pour remplir la place de Chancelier du Sénat dont les fonctions expiraient. L’Empereur connaît votre dévouement, il saura toujours le récompenser. Pour moi, j’aime à vous renouveler l’assurance de tout l’attachement que je vous porte. Elisa [Baciocchi] Bancroft, box 27, dossier 5.
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697. Narbonne-Lara à Laplace, [1809]
A Laplace [1809] Forcé de partir inopinément, Monsieur le Comte, croyez que je n’oublie pas l’engagement que vous m’avez permis de prendre avec vous et avec Madame de la Place, de regarder votre fils comme le mien. Croyez surtout que je chercherai à lui procurer toutes les occasions de prouver qu’il est digne de vous avoir pour père, et de servir sous les yeux de l’Empereur. Que sa mère cependant ne soit pas trop effrayée de mes promesses. Je suis sûr que ce sera moi qui serai toujours dans le cas de retenir son fils. Recevez avec votre bonté accoutumée l’hommage de tous les sentiments que je vous ai voués. L. Narbonne Permettez que cette lettre vous soit remise par un solliciteur, un des amis les plus fidèles et les plus anciens qu’on puisse avoir, Monsieur Des [Remandes ?] pour qui je sollicite votre suffrage. Bancroft, box 1, dossier 2.
698. Laplace à [Clarke], 9 [janvier 1810]
Ce 9 au soir1 Monsieur le Comte, Veuillez bien agréer mes félicitations sur la nouvelle marque de confiance que Sa Majesté l’Empereur vient de vous accorder en vous nommant Ministre Directeur de l’Administration de la Guerre2. J’ose me flatter que Votre Excellence connaît assez mes sentiments pour me compter au nombre de ceux que cela a du le plus satisfaire. Je reçois dans le moment une lettre signée de deux élèves de l’Ecole Polytechnique, et écrite au nom de tous ceux qui sont détenus à l’abbaye. Ils me prient d’intercéder auprès de vous en leur faveur. Je ne puis me refuser à leur prière. Vous savez tout l’intérêt que j’ai toujours pris à ce bel établissement dont vous êtes le gouverneur, et le père ; et je ne dois point douter qu’à double titre, vous n’eussiez de toute l’indulgence qui peut se concilier avec les besoins de la discipline, et la nécessité de punir un délit grave dont malheureusement ces jeunes gens n’ont pas senti les conséquences. Ma recommandation me paraît donc tout à fait inutile. Mais en la faisant à Votre Excellence, je cède aux sentiments qui m’attachent à une jeunesse l’espérance de l’Etat et destinée à lui rendre dans tous les genres, d’importants services, Je prie Votre Excellence, d’agréer les sentiments de ma haute et respectueuse considération. Comte de Laplace E.P., IV4 [1810]. 1. D’une main autre que celle de Laplace, il y a l’indication « Janvier 1810 ». 2. Henri Jacques Guillaume Clarke.
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699. Laplace à Emile Laplace, 15 janvier 1810
A Emile Laplace Paris, ce 15 janvier 1810 J’ai reçu, mon ami, la lettre que tu m’as écrite, je vois avec plaisir que tu te porte[s] bien, mais je vois avec peine que tu t’ennuies. Il me semble que le seul moyen d’éviter l’ennui est de savoir s’occuper et que tu as tant de sujets d’occupation, qu’en t’y livrant tu trouveras le temps trop court ; d’abord, ton état t’offre mille moyens de l’employer utilement en en remplissant fidèlement les devoirs, en cherchant à t’instruire des nombreux objets qu’il embrasse, non seulement tu te rendras utile à la patrie, mais la bonne opinion que tu donneras de toi à tes chefs, contribuera efficacement à ton avancement, et pourra te mériter la protection et les bontés de Sa Majesté ; d’ailleurs, la belle langue italienne est bien digne de fixer ton attention, tu es dans la position la plus favorable pour l’apprendre et tu mériterais des reproches, si tu n’en profitais pas. Voilà, mon cher ami, les conseils que te donne un père, qui t’aime tendrement et qui place la plus grande partie de son bonheur, et la plus douce consolation de sa vieillesse dans ta bonne conduite et dans tes succès. Adieu, mon bon ami, je t’embrasse bien tendrement comme je t’aime. Ton père Laplace Bancroft, box 17, dossier 14.
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700. Pasquier à Laplace, 24 janvier 1810
M. le Comte de Laplace Paris, 24 janvier 1810 Monsieur le Comte, D’après les ordres de son Altesse Sérénissime le Prince Archi-Chancelier1, j’ai l’honneur de vous informer que Sa Majesté, par décret du 16 du présent mois, vous a accordé une dotation de dix actions de 500 francs de rente chacune, à prendre sur le Canal de Loing pour être ladite dotation attachée à votre titre de Comte2. Son Altesse Sérénissime fera expédier l’acte d’investiture de cette dotation, aussitôt que les mesures nécessaires auront été prises pour la délivrance des actions. J’aurai, à cette époque, l’honneur de vous donner avis des démarches qu’il sera nécessaire que vous fassiez pour obtenir ledit acte d’investiture. J’ai l’honneur d’être avec la considération la plus distinguée, Monsieur le Comte, Votre très humble et très obéissant serviteur. E. Pasquier Procureur Général du Conseil du Sceau des Titres Bancroft, box 3, dossier 1.
1. Jean Jacques Régis Cambacérès. 2. Actions sur les Canaux d’Orléans et de Loing, n° 441 à 450 du 1er juillet 1810, déposées dans le même dossier.
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701. reçu, 10 février 1810
10 février 18101 Département de la Seine --Arrondissement de Sceaux --Commune d’Arcueil
2e Avertissement Pour le payement des contributions directes de l’an 1810 Extrait des Rôles des Contributions de l’an 1810 M. de Laplace demeurant à est imposé
Art 141 de la Contribution Foncière, pour un revenu à la somme de 420,55 Art 44 de la Contribution des Portes et Fenêtres à la somme de 48,70 Total 469,25 A Arcueil, ce 10 janvier 1810 Pour duplicata Le Receveur des Contributions Racle [Au dos] QUITTANCES Reçu la somme de 234 francs 62 centimes A Arcueil le 10 février 1810 Pour duplicata Racle reçu Bancroft, box 10, dossier 252. 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. Dans ce même dossier se trouvent sept autres reçus semblables pour les années de 1810 à 1825.
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702. Laplace à François de Neufchâteau, 20 février 1810
A Monsieur le Comte François (de Neufchâteau), Sénateur, titulaire de la Sénatorerie de Bruxelles Paris, le 20 février 1810 Par les deux lettres, Monsieur et cher collègue, que j’ai eu l’honneur de vous écrire les 27 mai 1806 et 26 mai 1807, je réclame pour les archives du Sénat les titres, soit de jouissance, soit de propriété, appartenant à la Sénatorerie de Bruxelles. Je ne puis me dispenser de renouveler aujourd’hui cette réclamation. Obligé de mettre, à certaines époques, sous les yeux de l’Empereur un état de situation des travaux relatifs aux diverses Sénatoreries, il m’en a toujours coûté de n’avoir à donner que des renseignements imparfaits sur celle dont vous êtes pourvu. Comment pourrais-je en effet présenter à cet égard quelque chose de satisfaisant, lorsque je n’ai à ma disposition qu’une faible partie du travail qui a dû être fait dans les divers bureaux des Domaines, lors de la prise de possession des biens qu’ils ont respectivement fournis à la dotation ? Vous savez, mon cher collègue, que cette opération ne se réduisait pas au simple procès-verbal constatant la tradition des immeubles désignés par le Ministre ; mais qu’elle devait se terminer par la remise des titres dont le receveur se trouvait alors saisi ; et que cette remise devait être constatée par un inventaire séparé. Cet inventaire qui fait le complément de la prise de possession est sous ce rapport un véritable titre de propriété et il doit comme tel être déposé en original dans les archives du Sénat. Quant aux titres eux-mêmes, ils doivent aussi tous m’être adressés en original, soit qu’ils tiennent à la propriété, soit qu’ils se rapportent à la simple jouissance. Car si le titulaire n’a rigoureusement à fournir, pour ces derniers, que de simples copies certifiées, il est prescrit au Chancelier de vérifier ces copies ; et pour cela les originaux lui sont momentanément nécessaires. D’un autre côté, le titulaire n’ayant réellement besoin que des baux subsistants, il peut se dessaisir tout-à-fait de ceux qui sont expirés, et dont la réunion, autant qu’elle peut avoir lieu, forme une suite de renseignements utiles, même sous le rapport de la propriété. Durant les six ans écoulés depuis la formation des Sénatoreries, beaucoup de baux ont été renouvelés pour celle de Bruxelles, soit par vous, mon cher collègue, soit par le titulaire qui vous a précédé. Je ne trouve point aux archives, et je comprends conséquemment dans ma réclamation, les actes auxquels ce renouvellement a donné lieu. Je vous prie instamment de vouloir bien donner à cette réclamation toute l’attention que mérite son objet. Il est temps enfin que la Sénatorerie de
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Bruxelles soit connue, et j’aurais peine à excuser l’impossibilité où je me trouve de donner à son égard, soit aux Conseils d’Administration, soit à Sa Majesté elle-même, les notions que je suis parvenu à me procurer par les autres. Vous apercevez, mon cher collègue, la difficulté de ma position ; et j’aime à me persuader qu’en moins de trois mois vous aurez pu recueillir et m’adresser des pièces qui probablement sont réunies depuis longtemps dans la main du fondé de pouvoirs que vous avez sur les lieux. Agréez, je vous prie, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace1 A.N., 27AP 15, dossier 1.
703. [Blagden] à Laplace, 14 mars 1810
A Monsieur le comte de Laplace2 Ce 14 mars 1810 J’écris, mon cher et illustre ami, pour vous annoncer la perte que les sciences viennent de faire par la mort de Monsieur Cavendish, un des plus anciens et des plus dignes membres que la Société Royale à Londres, et qui avait aussi l’honneur d’être associé de l’Institut de France. Il a décédé le 24 février, à l’âge de 77 ans et quelques mois, après une courte maladie, dont on ne prévoyait pas au commencement tout le danger. A sa mort, comme pendant sa vie, il s’est montré mon véritable ami, et je le regrette infiniment. Dans toute l’Europe, et partout en France, on a apprécié son mérite, et je me souviens avec reconnaissance du zèle que vous avez montré en sa faveur quand il s’agissait de son élection à l’Institut. S’occupant jusqu’à ses derniers jours d’observations et d’expériences de physique, il a laissé un grand nombre de papiers, mais on ne sait pas encore s’il y en a quelques-uns qui soient en état d’être 1. Seule la signature est de la main de Laplace. 2. En bas de page : « Left March 14, 1810 at the Transport Office with [instructions not to] delay ».
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rédigées pour l’impression. En tous cas, on ne manquera pas de recueillir les mémoires qu’il a déjà donnés au public, pour en faire une édition complète1. Au mois de novembre, je préparais pour vous un petit paquet qui contenait un mémoire de Monsieur Troughton sur la division des instruments d’astronomie ; un mémoire sur le même sujet par l’ami que je viens de perdre ; et une lettre de moi, en réponse à la vôtre par Monsieur Chenevix. J’espère que vous aurez reçu ce paquet qui, après un long délai devait enfin partir par un courrier. Monsieur Herschel vient de donner un troisième mémoire pour confirmer son explication de la cause des cercles colorés de Newton2. Il faut vous avouer que son raisonnement n’a pas paru pleinement satisfaisant au Conseil de la Société Royale, mais comme le sujet est très délicat et difficile, et que l’autorité de Monsieur Herschel demande toute considération, on a cru devoir publier ces mémoires, pour les soumettre au jugement du monde savant. Agréez, mon cher et très respectable ami, les sentiments d’estime et d’attachement avec lesquels je reste toujours. Votre obéissant. CB[lagden] brouillon Londres, Royal Society, CB/1/4/226.
704. Laplace à Garnier, 30 mars 1810
Au Comte Garnier Président du Sénat Titulaire de la Sénatorerie de Limoges Paris, le 30 mars 1810 Monsieur le Président, J’ai reçu la lettre que Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’écrire le 23 1. Blagden et ses collègues renoncèrent à publier cette édition. 2. John W. Herschel, « Supplement to the first and second part of the paper of experiments, for investigating the cause of coloured concentric rings ... », Phil. Trans., 100 (1810), 149-177.
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de ce mois, l’expédition qu’elle m’annonçait du procès-verbal de la vente faite par adjudication, devant le sous-préfet du Département des Deux Sèvres, le 3 août 1809, de différents biens affectés à la dotation de la Sénatorerie. Cet acte sera classé dans les archives du Sénat parmi ceux de la même nature qui s’y trouvent déjà réunis pour la Sénatorerie dont il s’agit. En me proposant par la même lettre d’ordonner au profit de l’adjudicataire des premiers travaux approuvés pour la mise en état de l’habitation sénatorielle, la somme de 2.780 francs seulement, sur celle de 7.233,69 qui lui serait due d’après l’état de situation que j’ai eu l’honneur de communiquer à Votre Excellence, vous avez omis, Monsieur le Président, de me renvoyer cet état ; et je puis d’autant moins m’en passer que je me suis fait la loi de ne jamais statuer sur ces sortes de demandes, sans avoir soumis à la vérification du Conseil des Bâtiments établi près la Chancellerie du Sénat les pièces sur lesquelles elles s’appuyent. Je prie donc Votre Excellence de vouloir bien me renvoyer celle qui motive la réclamation du S. Sugard afin que je puisse la communiquer à ce Conseil avec les observations que Votre Excellence a cru devoir m’adresser sur son objet. Par une raison semblable, je désirerais aussi que Votre Excellence voulut bien me remettre sous les yeux la lettre écrite à Monsieur Lefebvre par Monsieur Grillet, le 10 janvier dernier, relativement aux frais de devis réclamés par l’expert Cadillion. En effet cette lettre doit donner la solution de diverses questions qui m’avaient fait suspendre ma détermination comme Votre Excellence a pu le voir par la copie que j’ai mise à sa disposition de la lettre du 21 juin 1809 par laquelle je les avais adressées au précédent titulaire. Je vous prie, Monsieur le Président, d’agréer avec l’hommage de ma haute considération, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Laplace1 Padoue, Centro Internazionale A. Beltrame di Storia dello Spazio e del Tempo.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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705. Laplace à [?], 5 avril 1810
Ce 5 avril 1810 Monsieur le Comte, Je partage entièrement votre opinion relativement aux secours à accorder aux Sociétés Maternelles de Bordeaux et de Liège. Les motifs d’après lesquels Votre Excellence juge convenable de leur accorder à chacune un secours provisoire de 3.000 francs, ne peuvent manquer d’être approuvés par le comité qui régularisera, dans sa première assemblée, la mesure que vous allez prendre. Veuillez bien, Monsieur le Comte, agréer l’hommage de ma haute considération. Comte Laplace Berlin, Staatsbibliothek, Slg. Darmstaedter J 1796.
706. [Laplace] à Faujas de Saint-Fond, 7 juin 1810
A Faujas de Saint-Fond 7 juin 1810 Il le félicite sur son intéressant ouvrage. « L’objet que vous traitez est extrêmement délicat ; il faut à des connaissances très variées et très étendues, joindre une grande réserve dans les explications et un tact exquis pour démêler dans le nombre presque infini de celles que l’on a données jusqu’ici le peu de vérités générales auxquelles on est par-
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venu. Voilà ce que vous avez cherché et ce que vous me paraissez aussi bien en état que personne d’exécuter ». [Laplace] fragment B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 76.
707. reçu, 8 juin 1810
8 juin 1810 Contribution extraordinaire pour réparation des ponts à Arcueil suivant rôle rendu exécutoire par Monsieur le Conseiller d’Etat, Préfet du Département de la Seine1 le 5 avril 1810 en vertu de la loi du 27 février 1810. M. de Laplace, chancelier du Sénat pour sa propriété d’Arcueil, sur contributions 1809 1810 Total
art 142 art 141
21f 03c 21 03 42 06
Je soussigné, Receveur des Contributions d’Arcueil, reconnais avoir reçu de Monsieur de Laplace 42 francs 6 centimes pour les contributions extraordinaires ci-dessus. A Arcueil, ce 8 juin 1810 Racle reçu Bancroft, box 3, dossier 12. 1. Nicolas Thérèse Benoît Frochot.
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708. Laplace à Emile Laplace, 24 juin [1810]
A Vérone, à Monsieur le Baron Emile Laplace, 1er lieutenant de la 2ème Compagnie du 1er Régiment d’Artillerie à Cheval Paris, ce 24 juin [1810] Nous avons reçu, mon cher Emile, ta lettre qui nous apprend l’accident que tu as éprouvé. Je vois avec bien du plaisir, que tu es hors de tout danger. Instruis-nous de ton état, et prends à l’avenir plus de précautions. Tu me demandes une augmentation de pension de 50 francs par mois. Je consens à te l’accorder pourvu que ce ne soit pas pour toi un moyen de dissipation, car si je venais à apprendre que bien loin de t’occuper de ton état, dont les devoirs peuvent remplir utilement une grande partie de ton temps, tu les négliges, loin d’accroître ta pension, je la diminuerais. Travailles donc, mon Emile, à bien contenter tes chefs et à te faire la réputation d’un excellent officier. Tu nous rendras par là bien heureux ta mère et moi et tu te rendras digne de la protection et des bontés de Sa Majesté l’Empereur. Ta mère et ta sœur se portent à merveille. Nous prendrons les moyens de te faire parvenir l’accroissement de ta pension. Adieu, je t’embrasse comme je t’aime, bien tendrement. Ton père Laplace Bancroft, box 17, dossier 16.
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709. document, 1er juillet 1810
1er juillet 18101 Action sur les Canaux d’Orléans et de Loing
Administration des Canaux Canaux d’Orléans et de Loing
N° 4412 correspondant au Registre Action de 500 francs de rente M. Laplace (Pierre Simon) comte, Sénateur, Chancelier du Sénat, Grand Officier de la Légion d’Honneur, membre de l’Institut et propriétaire d’une action sur les Canaux d’Orléans et de Loing, inscrite n° 441 du Registre des Inscriptions. Cette action est immobilisée et ne peut être aliénée, comme provenant de la dotation accordée par Décret de Sa Majesté du 16 janvier 1810 à M. le Sénateur Laplace suivant l’Etat y annexé, qu’en se conformant aux dispositions des statuts du 1er mars 1808 et du décret du 3 mars 1810, relatif à l’annulation et au remploi des objets affectés aux dotations. Paris, ce 1er juillet 1810 L’Administrateur Général Agier3 Certifié Le Paute document Bancroft, box 3, dossier 1. 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. Le dossier contient 10 actions identiques numérotées de 441 à 450. 3. Peut-être Pierre Claude Noël Delay d’Agier.
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710. Laplace à Gauss, 7 juillet 1810
A Gauss Paris, ce 7 juillet 1810 J’ai reçu, Monsieur, l’obligation pour les 2.000 francs que j’avais fait verser dans la caisse de la Grande-Armée, et qui m’a été remise par Monsieur Woronkowski1, jeune russe, à qui vous l’aviez confiée pour cet objet. J’ai reçu pareillement les billets de l’intérêt pour les années 1810-1820, qui y étaient joints. J’attends, avec beaucoup d’impatience, vos nouvelles recherches arithmétiques, ainsi que le travail que vous m’annoncez sur les transcendantes elliptiques. Je ne doute pas que vous n’ayez fait sur ces objets des découvertes aussi curieuses qu’intéressantes. Vous êtes, Monsieur, dans l’âge des découvertes, et la nature vous a doué d’un rare génie, et de l’activité nécessaire pour l’employer au progrès des connaissances humaines. Continuez donc vos précieux travaux, et croyez que personne n’applaudit plus que moi à tous vos succès. Pour moi qui suis malheureusement emporté par d’autres occupations, et qui commence à vieillir, je ne m’occupe plus des sciences que par habitude et pour mon plaisir, sans qu’il en résulte rien de bien utile. Je me borne à rassembler et à mettre dans un meilleur ordre ce que j’ai fait autrefois sur l’analyse des probabilités, pour en faire, si je le puis, un traité complet sur cette matière. Veuillez bien, Monsieur, agréer l’assurance de tous mes sentiments et d’estime, et d’attachement. Laplace Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek ; et publiée par Karin Reich dans Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 91-93.
1. Nicolay C. Woronkowsky.
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711. Laplace à Paoli, 14 juillet 1810
A Pietro Paoli 14 juillet 1810 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Paoli mille compliments et de le prier d’agréer et de lire avec indulgence les mémoires, ci-joints, qui feront partie du volume de l’Institut maintenant sous presse. Je lui renouvelle tous mes sentiments d’estime et d’attachement. De Laplace Imprimé d’après la copie faite par Geminiano Riccardi dans Memorie della Regia Accademia di Scienze, Lettere ed Arti in Modena, ser. 3, 1 (1898), 109.
712. reçu, 24 juillet 1810
24 juillet 18101 1ère annuité
Majorat Décret du 17 mars 1808
Le 24 juillet 1811 je payerai au Trésor du Sceau des titres la somme de 100 francs pour le deuxième cinquième de celle de 500 francs que je suis tenu d’y verser en exécution du statut impérial du 1er mars 1808, sur une année du revenu des biens qui m’ont été concédés par sa Majesté l’Empereur et Roi, suivant un décret impérial du 16 janvier 1810. 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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Pour le payement de la présente j’élis domicile à Paris en mon hôtel. Fait à Paris, le 24 juillet 1810 Comte Laplace [Au dos] Pour acquit Robin reçu Bancroft, box 3, dossier 11.
713. reçu, 7 août 1810
A Laplace 7 août 1810 J’ai reçu de Monsieur le Comte Laplace de cette ville d’ordre et pour compte de Mr Leonardo Martinengo de Brescia, Chambellan de S.M. l’Empereur et Roi, la somme de 1.200 francs dont je reconnaîtrai ce dernier. Fait double pour ne valoir qu’un seul. A Paris, le 7 août 1810. Martelli Leonardi Bon pour 1.200 francs reçu Bancroft, box 3, dossier 12. 1. Dans ce même dossier se trouvent quatre autres déclarations semblables avec reçus au dos pour les années 1811 à 1814.
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714. Laplace à Prévost, 19 août 1810
A Pierre Prévost1 Ce 19 août 1810 Je vous prie, Monsieur, d’agréer les exemplaires ci-joints de quelques écrits qui doivent paraître soit dans les volumes de l’Institut, soit dans la Connaissance des Temps, soit dans l’Annuaire du Bureau des Longitudes. Je désire qu’ils puissent vous intéresser. Je désire surtout que vous vouliez bien voir dans cet envoi une nouvelle preuve des sentiments d’estime et de reconnaissance que vous m’avez inspirés. Comte Laplace B.GE., MS Suppl. 1050, fol. 255.
715. [Laplace] à Groslier, 27 août 1810
Au Secrétaire du Comte de Montesquiou-Fezensac, Grand Chambellan 27 août 1810 Il le prie de remettre à son secrétaire Groslier « la médaille en or du mariage de Sa Majesté l’Empereur et Roi qui m’est destinée ». [Laplace] fragment B.N., MS, Catalogue de Lettres Autographes (Noël Charavay) (juillet 1949), n° 679, n° 22716. 1. Au dos, de la main de Prévost : « reçu (avec un paquet) le 27 dernier ».
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716. Laplace à Oriani, 24 septembre 1810
A Oriani Paris, ce 24 septembre 1810 Votre beau travail sur l’arc du méridien de Rome m’a été remis de la part de Sa Majesté l’Empereur à qui le Prince Vice-Roi1 l’avait adressé. Nous l’avons examiné avec attention au Bureau des Longitudes et il nous a paru ne laisser rien à désirer du côté de l’observateur2. Mais la petitesse de votre instrument nous laisse des doutes sur l’exactitude de l’opération elle-même, et ces doutes sont encore accrus par l’écart du résultat avec la théorie. La petitesse des lunettes de ces instruments paraît être un obstacle à leur précision, et il semble que l’on a donné un peu trop de confiance à ces petits cercles répétiteurs. Votre travail offre lui-même un exemple remarquable de leur délicatesse, puisqu’une vis serrée plus fortement a changé de dix secondes la latitude de Rimini, quoiqu’auparavant les séries s’accordassent parfaitement entre elles. C’est probablement à une cause semblable qu’est due la différence de trois secondes que Méchain a trouvé entre les latitudes de Barcelone conclues de ses observations faites à Barcelone et à Montjoie. Il serait donc bien à désirer que l’on pût transporter votre grand cercle répétiteur de trois pieds à Rome et à Rimini, car la grandeur de cet instrument et sa lunette assureront la bonté des résultats. Si cela était possible vous feriez une chose bien utile à l’astronomie, et par ce moyen disparaîtrait l’incertitude qui reste jusqu’ici sur le degré d’Italie. Vous connaissez ce que Monsieur Zach a écrit sur cet objet et ses objections contre les résultats de cercles répétiteurs. Voyez encore une fois ce qu’il faut faire. Personne ne peut mieux que vous en juger et exécuter ce qui vous paraîtra convenable. Monsieur Poisson a reçu le mémoire de Monsieur Plana que vous lui avez adressé. Cet habile mathématicien a négligé quelques termes qu’il devait considérer. Il y a lieu de croire que lorsqu’il y aura égard, il s’accordera avec ce que l’on a trouvé ici. Monsieur Poisson lui a écrit à ce sujet. Veuillez bien agréer avec votre bonté ordinaire ces petits écrits destinés pour les Mémoires de l’Institut, pour notre Annuaire et pour la Connaissance 1. Eugène de Beauharnais. 2. Une lettre adressée par Oriani au Bureau des Longitudes y fut discutée au mois de juillet 1810.
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des Temps. Je crois vous avoir fait parvenir les Mémoires de l’Institut dont ce que je vous envoie est le supplément. Veuillez bien, Monsieur, me conserver toujours les sentiments que vous m’avez témoignés et auxquels j’attache le plus grand prix et croire que j’y réponds par l’estime la plus vraie et l’amitié la plus sincère. Comte Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1810, 1810 09 24 PSL BO ; et publiée par G. Tagliaferri et P. Tucci dans Giornale di Fisica, 34 (1993), 271-272.
717. Napoléon Bonaparte à Laplace, [27] septembre 1810
M. le Comte de Laplace Sénateur et Chancelier du Sénat Fontainebleau, [27] septembre 1810 Je vous écris cette lettre pour vous faire connaître que le nom du sieur Lucien Bonaparte ne doit plus être porté sur la liste des Sénateurs. Absent depuis cinq ans du territoire de l’Empire, et, lorsque Rome en est devenue partie, ayant quitté ce pays pour passer les mers et se retirer en Amérique, il a renoncé aux devoirs et au titre de Sénateur. En votre qualité de Président du Sénat, nous devons le considérer comme démissionnaire. Lorsque le vœu du peuple français nous a élevé sur le trône impérial, nous avions droit à la coopération de toutes les personnes qui, comme lui, avaient à remplir des devoirs si particuliers envers nous. Mais il s’était abandonné à une honteuse passion pour une femme dont les mœurs avaient mis une insurmontable barrière entr’elle et tout ce qui est honnête, et nous jugeâmes qu’il ne pouvait être compris dans la ligne de l’hérédité. Tandis que nous élevions nos frères au rang qui convenait à leur naissance et aux intérêts de notre couronne, il resta dans l’état de simple particulier. Depuis, lorsque nous eûmes à surmonter de grands périls et à lutter contre l’Europe entière conjurée, son devoir
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devait le ramener à nos côtés, et nous avions le droit de réclamer les talents qu’il avait reçus du ciel. Il a été constamment sourd à notre voix. Il vient enfin de chercher un refuge hors de l’Empire, sous la protection de puissances qu’il savait peu affectionnées à notre trône, et de rendre plus irrévocable sa renonciation à tous ses devoirs envers nous, envers le Sénat, envers la patrie. Il a demandé à notre Ministre de la Police1 des passeports pour lui et pour le coupable objet de sa passion, et il s’est éloigné de l’Empire, qu’il ne pouvait quitter sans une autorisation spéciale. Les intérêts et la tranquillité de l’Etat exigent que non-seulement il ne fasse partie d’aucun corps politique en France, mais que ni lui ni ses enfants ne reviennent jamais dans notre Empire. Nous vous avons écrit cette lettre en si grand détail, parce que notre intention est qu’elle soit transcrite, à la date de ce jour, sur les registres du Sénat, et l’acte de transcription sera signé au registre par vous et par les autres officiers du Sénat. Notre intention est aussi que cette lettre soit secrète et ne reçoive de la publicité qu’en temps convenable et opportun, et lorsque cela sera utile à l’intérêt de nos peuples et de la postérité. Napoléon copie A.N., AF*IV 49, p. 43 recto et verso ; et publiée dans les Lettres inédites de Napoléon Ier (an VIII-1815), publiées par Léon Lecestre, Tome II (1810-1815), 2ème édition (Paris, Plon, 1897), pp. 70-71.
L’original de cette lettre déposé aux Archives Nationales est plus court, et ne porte pas tous les détails donnés ci-dessus. Elle est terminée par un paragraphe écrit dans ces termes : « Sur ce, nous prions Dieu, Monsieur le Comte Laplace, qu’il vous ait en sa Sainte Garde ». A.N. C22, 605, pièce 4.
1. Anne Jean Marie Savary.
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718. Laplace à François de Neufchâteau, 27 septembre 1810
A M. le Comte François de Neufchâteau, Sénateur, titulaire de la Sénatorerie de Bruxelles Paris, le 27 septembre 1810 J’ai reçu, Monsieur et cher collègue, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 22 de ce mois : 1° trois procès-verbaux constatant la prise de possession, faite au nom du Sénat comme au vôtre, des divers articles de domaines définitivement affectés à la dotation de la Sénatorerie de Bruxelles, en remplacement d’un revenu de 1.827 francs pour lequel on lui avait d’abord cédé des polders qu’on a ensuite jugé à propos de lui retirer ; 2° les baux relatifs à cinquante-quatre articles sur soixante-huit dont cette dotation est actuellement composée ; et 3° un état de ces mêmes baux, rédigé de manière à offrir avec autant de netteté que d’exactitude les détails relatifs, soit à la consistance, soit au produit des biens ; Cet état, mon cher collègue, et l’ordre dans lequel sont rangées et étiquetées les pièces qu’il relate, ne me laissaient d’autre soin que de déposer le tout ensemble aux archives du Sénat. Ce dépôt a été effectué sur le champ ; et ma lettre a pour objet de vous en donner l’assurance. Agréer, je vous prie, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace1 A.N., 27AP 15, dossier 1.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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719. reçu, 2 octobre 1810 & 4 octobre 1811
2 octobre 1810 Les soussignés Reichenbach, Utzschneider, et Liebherr de Munich en Bavière, s’engagent à fournir à Son Excellence Monsieur le Comte de Laplace, Chancelier du Sénat de France, et membre de l’Institut, un cercle répétiteur astronomique de trois pieds de diamètre, fourni d’une lunette achromatique de trois pouces et demi d’ouverture, livré à Paris franc de port (excepté l’impôt aux Douanes Françaises) le 1er septembre 1811, pour le prix de 3.000 florins égal à 6.546 livres tournois et 250 florins, égal à 545 livres tournois, pour le transport sur un chariot séparé. Les soussignés s’engagent, de plus, à se rendre à Paris à leurs frais pour placer l’instrument et le mettre en état. Munich, le 2 octobre 1810 G. Reichenbach J. Utzschneider J. Liebherr Reçu de Monsieur le Comte Laplace la somme de 7.491 livres tournois énoncée ci-dessus pour acquit du cercle répétiteur et des frais de transport, Paris, ce 4 octobre 1811. G. Reichenbach reçu Bancroft, box 10, dossier 29.
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720. Laplace à Pictet, 12 octobre 1810
A Marc-Auguste Pictet Ce 12 octobre 1810 Monsieur le Comte Laplace a l’honneur de remercier Monsieur Pictet de la communication qu’il a bien voulu lui faire de la lettre de Monsieur le Comte de Rumford, et de la lui renvoyer. Il conserve l’engagement de Monsieur de Reichenbach auquel il écrira dans le courant de la semaine prochaine. Il prie Monsieur Pictet de vouloir bien agréer l’assurance de ses sentiments distingués d’estime et d’attachement. Comte Laplace Genève, Archives de la famille Pictet (Papiers Rillet) ; et publiée dans Pictet, MarcAuguste, Correspondance. Sciences et Techniques (Genève, 1998), 2, 560.
721. reçu, 12 octobre 1810
12 octobre 1810 Reçu de Monsieur le Comte Laplace, Chancelier du Sénat, Grand-Officier de la Légion d’Honneur, etc. la somme de 458 francs 25 centimes pour solde du prix d’une pièce de vin de Bordeaux que j’ai fourni à Arcueil pour mon dit Sieur le Comte Laplace.
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Dont quittance, par duplicata, pour solde de tous comptes jusqu’aujourd’hui, 12 octobre 1810. Bon pour 458f 25c. Waillemet reçu Bancroft, box 3, dossier 12.
722. [Mirbeck] à Laplace, 2 novembre 1810
A Monsieur le Comte Laplace, Chancelier du Sénat Paris, le 2 novembre 1810 Monsieur le Chancelier du Sénat, Chargé par M. le Sénateur Comte François de Neufchâteau, mon ancien et respectable ami, de sa procuration générale, pendant l’absence que les soins de sa santé ont rendus nécessaire ; j’ai l’honneur de transmettre à Votre Excellence une soumission faite par le Sieur Droësbeke, notaire à Grammont, sous le cautionnement du Sieur Blondel, à l’effet d’obtenir à bail pour neuf années consécutives à compter de la veille de Noël 1810. [Art. 62] 1° environ 8 bonniers 7 ac verges de terres prés et bois, situés à Erweteghem, dont le Sieur Josse Demetz était précédemment fermier pour la somme de 417 francs 23 centimes et les contributions en outre à sa charge. A la même condition de se charger aussi des contributions et moyennant une somme annuelle de 440 francs. [Art. 34] 2° 4 hectares 27 arpents 25c de prés à Onkerzelle précédemment occupé suivant bail imprimé par le Sieur Bogaert moyennant 275 francs, sans charge de contributions. En prenant à sa charge la contribution et en payant chaque année, une somme de 230 francs.
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Le bail de ces articles devra avoir lieu suivant les conditions générales que j’ai l’honneur d’adresser à Votre Excellence et qui ont été approuvées par elle le 12 décembre 1809. Je prie instamment Votre Excellence de daigner me faire connaître la décision à cet égard en me renvoyant les pièces dont il s’agit, pour procéder sans délai à la passation du bail dont j’ai l’honneur de lui soumettre en proposition. J’ai l’honneur, etc. [Mirbeck] brouillon, avec corrections de la main de François de Neufchâteau A.N., 27AP 15, dossier 1.
723. Laplace à Mirbeck, 8 novembre 1810
Monsieur de Mirbeck, rue du Faubourg Poissonnière n° 93 Paris, le 8 novembre 1810 J’ai reçu, Monsieur, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 2 de ce mois, la soumission qu’elle m’annonçait et par laquelle Monsieur Droësbeke, notaire à Grammont, Département de l’Escaut, offre de prendre à bail pour neuf années, à compter du 24 décembre prochain et moyennant en fermage de 630 francs, deux lots de terre, bois et prés appartenants, l’un dans la Commune d’Erweteghem, l’autre dans celle d’Onckerzele, à la Sénatorerie de Bruxelles, dont est titulaire Monsieur le Comte François de Neufchâteau. Vous me proposez d’approuver cette soumission qu’alors vous feriez convertir en un bail définitif. Je ne trouve, Monsieur, ni dans la soumission même, ni dans votre lettre toutes les données dont j’aurais besoin pour motiver suffisamment cette approbation ; et j’ai vainement cherché à y suppléer. Les états de dotation de la
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Sénatorerie de Bruxelles n’indiquent point la qualité des contributions supportées par chaque domaine ; et ce renseignement ne se trouve pas même dans les procès-verbaux de prise de possession, où cependant les instructions générales prescrivaient de le consigner. En revoyant au surplus ma correspondance avec Monsieur le titulaire, j’ai remarqué que dès le 3 février 1809, il m’avait proposé des conditions de renouvellement pour le plus important des deux objets dont il s’agit aujourd’hui ; et qu’alors je le priais par ma réponse du 14 du même mois, de m’expliquer comment le prix du bail courant se trouvait fixé à 417 francs 23 centimes, tandis que suivant l’état d’affectation, le procès-verbal de prise de possession, l’état même de demande formé par Monsieur de St Quantin, cet objet devait produire sans bail 632 francs 10 centimes. J’observais en outre comme aujourd’hui qu’aucun renseignement ne m’était donné sur le taux de la cote foncière. Je pourrais à la rigueur négliger maintenant cette donnée si le fermage actuel de 417 francs 23 centimes est franc de contribution, comme vous l’annoncez, car les 440 francs qu’offre le soumissionnaire devant être aussi exempt de cette charge, sa soumission promet à la Sénatorerie une augmentation réelle de 22 francs 77 centimes dans son revenu ; et c’en serait assez pour déterminer mon approbation ; mais je dois toujours désirer de connaître comment s’est opéré le changement qui avait réduit, il y a déjà près de deux ans, le prix nominal du bail. Quant à l’autre objet qui est affermé 275 francs brut et dont on offre net 230 francs, vous apercevrez, Monsieur, que pour se faire une juste idée du bénéfice qui peut résulter de cet offre, il faut nécessairement connaître le montant de la cote foncière dont on se trouverait affranchi. J’attendrai, Monsieur, votre réponse pour délibérer ultérieurement sur la soumission de Monsieur Droësbeke, à laquelle j’ai trouvé joint, comme vous l’annonciez, le cahier des charges générales approuvé par moi le 12 décembre 1809. J’ai l’honneur de vous saluer. Le Chancelier du Sénat Laplace1 A.N., 27AP 15, dossier 1.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
724. [Mirbeck pour François de Neufchâteau] à [Laplace], 15 novembre 1810
Ce 15 novembre 1810 Monsieur le Chancelier du Sénat Monsieur le Chancelier, Vous me demandez par la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 8 de ce mois, plusieurs renseignements sur les articles des biens n° 62 et 34 de l’état de dotation de la Sénatorerie de Bruxelles, au sujet desquels j’ai eu l’honneur d’adresser, le 2 de ce mois, à Votre Excellence, une soumission faite au nom du Sieur Droësbeke, notaire à Grammont, Département de l’Escaut. Monsieur le Sénateur Comte François de Neufchâteau, comme vous avez la bonté de m’en informer, avait eu déjà le désir de régulariser le bail du 1er de ces deux articles, et sur les observations que Votre Excellence lui fit par sa lettre du 14 février 1809 sur la différence qui existe entre le revenu réel de cet article et celui porté sur les états dressés à la Chancellerie, il s’empressa d’en approfondir les causes. Monsieur de St Quantin, son régisseur à Gand, lui écrivit le 28 du même mois que, « par l’état de dépouillement des soumissions faites pour les biens à relouer, état que j’ai eu l’honneur de vous faire passer le 26 février 1808, vous devez voir, Monsieur, dans la colonne des observations, que j’annonce aussi que l’article dont il s’agit était loué 417 francs 23 centimes, ou 230 florins, outre les contributions, et que, dans la note mise au bas de cet état, je dis que le bail de ce même article était à sa juste valeur. En effet, il a été passé, le 12 décembre 1793, par les Chartreux en faveur du Sieur Demetz, moyennant cette somme de 417 francs 23 centimes, et avec la charge des contributions, et c’était tout ce qu’il était possible de prétendre. J’observe encore qu’alors les contributions n’étaient que d’un escalin (63 centimes) par arpent et qu’elles s’élevaient alors en totalité à 20 francs 20 centimes, que depuis elles ont varié de 200, 210, jusqu’à 220 francs. Attendu que l’on offre 420 francs pour le bail, il s’en suit que le fermier se trouve réellement grevé d’une augmentation de 200 francs. Vous m’observerez que dans la demande que j’ai faite dans le temps, j’ai porté le revenu de cet article à 632 francs 10 centimes, tandis qu’il ne se trouve maintenant que de 417 francs 23 centimes. A cela ma réponse est toute simple, c’est que le Directeur des Domaines me l’avait annoncé pour le revenu de 632 francs 10 centimes ; que j’en ai pris pos-
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session d’après cette somme et que ce n’est que le 10 juillet 1807, époque du 1er paiement que m’a fait le fermier et où j’ai vu le bail du 12 décembre 1793 que j’ai connu qu’il n’était que de 417 francs 23 centimes, au lieu de 632 francs 10 centimes. Ces éclaircissements prouveront à Votre Excellence que le défaut de concordance que vous avez remarqué en premier lieu et avec raison, prend sa source dans une erreur perpétuée dans les Actes et les Etats déposés à la Chancellerie qui doit justifier entièrement le bail authentique représenté par le Sieur Demetz qui jouissait et jouit encore depuis 1806 par tacite reconduction, et que si on fait entrer au surplus en compensation les 210 francs où s’élève la cote foncière imposée maintenant sur ce domaine, on se rapprochera bientôt de l’estimation du revenu brut donné primitivement par le Directeur du Domaine et qui s’élevait à 632 francs 10 centimes. La valeur de 440 francs de prix de bail qu’offre le Sieur Droësbeke avec la charge des contributions de 210 francs en font maintenant un revenu brut de 670 francs. Il résulterait donc de l’acceptation de cette offre un bénéfice pour la Sénatorerie et l’avantage d’avoir un bail régulier. Quant à la contribution foncière de l’article 34, au sujet de laquelle Votre Excellence désire de plus amples renseignements, je n’ai trouvé dans les comptes de 1806 et 1807, les derniers qui me sont parvenus, que l’indication suivante : La quittance de 1806 porte : 64 francs 26 centimes et celle de 1807, plus 50 francs 70 centimes ; total 114 francs 96 centimes. En prenant donc comme terme moyen la moitié des deux cotes ci-dessus, la somme de 57 francs 48 centimes et l’ajoutant au prix du bail offert par Monsieur Droësbeke de 230 francs, on obtiendrait de valeur brut pour cet article 287 francs 48 centimes. Ce revenu ne s’élevait antérieurement qu’à 275 francs et qui étant grevé de 57 francs 48 centimes de contribution foncière, se trouvait réduit à 218 francs, et il serait désormais porté à 230 francs. C’est d’après ces considérations que je supplie à Votre Excellence de vouloir bien donner à la soumission faite pour ces deux articles l’approbation nécessaire pour être convertie en un bail authentique. J’ai l’honneur d’être avec respect, etc., Monsieur le Chancelier ... [Mirbeck pour François de Neufchâteau] brouillon A.N., 27AP 15, dossier 1.
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725. Laplace à Mirbeck, 21 novembre 1810
Monsieur de Mirbeck, rue du Faubourg Poissonnière n° 93 Paris, le 21 novembre 1810 J’ai reçu, Monsieur, la réponse que vous avez faite le 15 de ce mois à ma lettre du 8 par laquelle je vous demandais quelques renseignements sur deux articles de biens dépendants de la Sénatorerie de Bruxelles, et dont les baux sont à renouveler en ce moment. D’après les éclaircissements contenus dans votre réponse, je vois que la différence qui m’a paru exister entre le revenu effectif au 1er article et celui qu’annonçait l’état d’affectation, provient de ce que l’on a joint dans cet état au revenu net de 417 francs 23 centimes le montant de la contribution foncière dont le fermier était chargé, et qui après n’avoir été dans le principe que d’environ 20 francs, s’était successivement élevée jusqu’à 210 et 220 francs. Je reconnais d’après cette explication que l’offre faite par le Sieur Droësbeke d’un fermage annuel de 440 francs pour cet article offre un léger bénéfice pour la Sénatorerie. Le second article, qui était affermé 275 francs se trouve d’après les mêmes éclaircissements grevé de 57 francs 48 centimes de contributions, ce qui en réduit le revenu net à 218 francs 52 centimes. On offre aujourd’hui de cet article un fermage net de 230 francs. C’est donc un bénéfice de 11 francs 48 centimes qui en résulterait. Quelque léger que soit cet avantage, il me détermine, Monsieur, surtout d’après les difficultés qu’a éprouvées le renouvellement du bail des deux objets dont il s’agit, à accepter la soumission du Sieur Droësbeke. Vous la trouverez ci-jointe revêtue de mon approbation. Je vous renvoie en même temps pour servir à la passation du bail le cahier de charges précédemment approuvé pour le renouvellement des baux de la Sénatorerie. J’ai l’honneur de vous saluer. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace1 A.N., 27AP 15, dossier 1. 1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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726. [Reichenbach] à Laplace, 22 novembre 1810
An Herr Laplace, Kanzler vom Sénat-Conservateur in Paris München, den 22. November 1810 Eure Exzellenz ! Mit wahrem Vergnügen erhielt ich Ihr geehrtes Schreiben vom 24. Oktober. Ich schätze mir es für eine besondere Ehre einen drei-füssigen astronomischen Multiplikationskreis für Sie machen zu dürfen, weil ich überzeugt bin, dass mit diesem Instrument, in den Händen der geschickten Pariser Astronomen und unter Ihrer Leitung, die wichtigsten Resultate für die moderne Astronomie hervorgehen müssen. Ich erkenne ganz den Wert ihres Auftrags und werde gewiß alle denkbare Mühe anwenden, damit das Instrument in jedem Betracht ihrer Erwartung ganz entspricht. Die Note des Monsieur Arago enthält viel Wahres, und Eure Exzellenz werden in der Konstruktion meines Kreises nicht nur allein die darin vorgeschriebenen Bedingungen, sondern auch noch mehrere andere Eigenschaften entdecken, welche zur Vortrefflichkeit eines solchen Instruments notwendig sind. Das Lunet bekommt mit seinem schärfsten Okular wenigstens 160-malige Vergrösserung, und dabei müssen die Ränder der Himmelskörper noch rein begrenzt bleiben. Ich denke, es versteht sich von selbst, dass der Kreis die Dezimal-Einstellung haben soll, widrigenfalls bitte ich mich zu avertieren. Die Konstruktion sowohl als die Grösse und Schwere des Instruments fordern eine sehr feste Aufstellung und eine eigene Vorrichtung, welche den oberen Zapfen, der fünf Fuss langen metallenen Säule, die den Kreis trägt, hält, und, wenn vollends das Instrument nicht nur für Meridian-Beobachtungen sondern seiner Würde angemessen, allgemein für die ganze sichtbare Halbkugel des Himmels dienen soll, weil auch die Azimute bis auf die Sekunde genau damit gemessen werden können, so sollte auch ein bewegliches Dach mit einem Einschnitt dabei sein. Es fragt sich also, welches Lokal auf der Kaiserlichen Sternwarte diesem Instrument angewiesen werden könnte. Um viel Zeit zu gewinnen wäre auch zu wünschen, dass das Lokal zur Aufnahme der Instrumente in der Zwischenzeit hergerichtet würde, um bald nach
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seiner Ankunft damit beobachten zu können : denn ich wünschte, nicht nur allein den Kreis selbst aufzustellen, sondern auch den ersten definitiven Beobachtungen beizuwohnen. Wenn Eure Exzellenz derselben Meinung sind und befehlen, so werde ich ohne Verzug ein genaues Modell von der Vorrichtung zur Aufstellung verfertigen lassen und nach Paris schicken. Das Instrument ist bereits schon mehr als zur Hälfte fertig, und ich habe Hoffnung, wenn kein besonderes Unglück dazwischen kommt, noch früher als der versprochene Termin in Paris damit zu erscheinen. Ich habe die Ehre zu sein, Eure Exzellenz. [Reichenbach] brouillon Munich, Deutsches Museum.
727. reçu, 3 décembre 1810
3 décembre 1810 Nous soussignés reconnaissons avoir reçu de Monsieur le Comte Laplace, Chancelier du Sénat, la somme de 900 francs pour le compte de M. le Baron Léonard Martinengo de Brescia et pour remboursement de pareille somme que ce dernier à mis à la disposition de M. le Baron Emile Laplace. A Paris, ce 3 décembre 1810. Bon pour quittance 900 francs Mallet Trois [?] reçu Bancroft, box 3, dossier 12.
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728. Laplace à François de Neufchâteau, 12 décembre 1810
A Monsieur le Sénateur Comte François de Neufchâteau, titulaire de la Sénatorerie de Bruxelles Paris, le 12 décembre 1810 Vous connaissez, Monsieur et cher collègue, les dispositions de l’arrêté du Grand Conseil d’Administration du 8 mars 1806 qui rend exigible au premier janvier de chaque année, comme charge de la jouissance qui a eu lieu pendant l’année précédente, le dépôt de 1.000 francs auquel pendant les dix premières années de leur usufruit sont obligés les titulaires de Sénatoreries. Le moment approche où je devrai mettre sous les yeux du Conseil l’état des dépôts effectués dans le cours de l’année 1810. Je vous prie en conséquence, mon cher collègue, de vouloir bien faire effectuer à la Banque de France le dépôt des 1.000 francs exigibles pour cette année et de m’informer du moment où ce dépôt aura été effectué. Agréez, je vous prie, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace1 A.N., 27AP14, dossier 1.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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729. Laplace à Mirbeck, 15 décembre 1810
A Monsieur de Mirbeck, rue du Faubourg Poisonnière n° 93 à Paris Paris, le 15 décembre 1810 J’ai reçu, Monsieur, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 10 de ce mois, les 3 soumissions qu’elle annonçait, et qui contiennent l’offre de prendre à plus ou moins haut prix, le bail de 13 hectares 27 acres 74 centiares de terre et 39 acres 81 centiares de prés, au polder de Carus-Vliet, commune de Westorp. J’ai aussi trouvé joint à cette lettre un exemplaire de feuille périodique contenant l’annonce d’après laquelle ces offres paraissent avoir été faites à M. St Quantin, régisseur des biens de la Sénatorerie de Bruxelles. Vous me proposez, Monsieur, d’approuver la plus forte de ces 3 soumissions ; et vous établissez en sa faveur un calcul de comparaison qui semble prouver qu’en effet elle procurerait au titulaire, M. le Comte François de Neufchâteau, un bénéfice annuel de 210fr 94c relativement au revenu qu’il lui a produit, année commune, sa part indivise dans le domaine dont ces terres dépendaient avant le partage effectué entre la Sénatorerie de Bruxelles et l’hospice de Gand, le 24 octobre dernier. Vous observez en même temps que ce partage est également avantageux aux deux copropriétaires et qu’il est le résultat d’un acte notarié, mais vous ne me faites point connaître de quelle manière il s’est opéré, et rien ne me garantit que les intérêts du Sénat aient été conservés. Je sais bien que ces intérêts se confondent en quelque sorte avec ceux du titulaire lui-même ; et que j’aurais pu d’ailleurs m’en reposer sur les soins éclairés de mon collègue, M. le Comte François de Neufchâteau. C’est le parti que j’ai pris, dans des affaires semblables, à l’égard de plusieurs autres titulaires de Sénatorerie ; mais pour opérer régulièrement, il leur a fallu de ma part une déclaration écrite, et même, à proprement parler, un pouvoir spécial de stipuler en mon nom ; car un partage n’est pas une affaire de simple usufruit, la propriété y est essentiellement intéressée, et sous ce rapport, il ne faut pas se dissimuler que le partage dont vous voulez me parler est nul, puisque le Sénat n’y a point été représenté. Le seul moyen de le régulariser serait d’en soumettre l’acte à mon approbation, et d’y joindre tous les documents propres à me démontrer que le résultat en est, je ne dis pas avantageux, mais au moins sans
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préjudice pour le Sénat. Je ne puis quant à présent, Monsieur, que vous engager à vous mettre en mesure de remplir cette formalité ; car il m’est impossible de délibérer sur l’approbation d’un bail qui s’appliquerait à des objets dont la propriété exclusive n’aurait pas été régulièrement et d’une manière légale attribuée à la Sénatorerie dont il s’agit ; et j’ajourne toute délibération sur ce point jusqu’au moment où l’autre sera réglé. J’ai l’honneur de vous saluer. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace1 A.N., 27AP15, dossier 2.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
730. [Mirbeck] à Laplace, 12 février 1811
A Laplace Paris, le 12 février 1811 A Monsieur le Chancelier du Sénat Monsieur le Chancelier, Je crois devoir mettre sous les yeux de Votre Excellence l’extrait ci-joint d’une lettre que M. St Quantin, régisseur des biens de la Sénatorerie de Bruxelles, m’a adressé le 6 de ce mois. J’ai l’honneur d’être avec un profond respect Monsieur le Comte Votre très humble et très obligeant serviteur. [Mirbeck] minute A.N., 27AP15, dossier 2.
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731. Laplace à [Mirbeck], 13 février 1811
[A Mirbeck] Paris, le 13 février 1811 J’ai reçu, Monsieur, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 21 janvier dernier, l’acte de partage et les pièces y relatives qu’elle m’annonçait concernant les 50 arpens de terre indivisible entre la Sénatorerie de Bruxelles et les hospices civils de Gand ; et après avoir mûrement examiné le tout je me suis déterminer à ratifier ce partage. Le titulaire, M. le Comte François de Neufchâteau, après s’être convaincu, comme son prédécesseur l’avait été avant lui, du tort résultant, pour les deux parties, de l’état d’indivision où se trouvait une propriété facile d’ailleurs à partager, aurait dû, comme je vous l’ai fait observer, Monsieur, par ma lettre du 15 décembre 1810, me mettre dans le cas de reconnaître aussi la nécessité d’un partage et d’y coopérer au moins par mon consentement. Il a négligé cette formalité, mais en agissant seul il a du moins pris toutes les précautions propre à garantir l’intérêt du Sénat, qui jusqu’à un certain point pouvait paraître ici peu différent du sien. Des experts ont été nommés, l’un par M. St Quantin, son fondé en pouvoir à Gand, l’autre par la commission des hospices ; ils ont dressé contradictoirement une procès-verbal d’arpentage et estimation, pièce par pièce, puis un plan topographique des terres à partager ; ces pièces de terre ont été ensuite distribuées en deux lots, dont le sort a disposé de telle manière le lot désigné par la lettre A est échu à la Sénatorerie ; et cette distribution et ce tirage ont eu lieu entre les parties en présence de M. Apers, notaire à Gand, ainsi que le tout est régulièrement constaté par l’acte du 24 octobre 1810, auquel sont d’ailleurs annexés 1° la déclaration de la commission des hospices portant pouvoir au Sieur de Potter, l’un de ses membres, et au Sieur Lammens, son secrétaire, de suivre pour elle jusqu’à la conclusion du partage, toutes les opérations y relatives ; 2° la lettre de M. le Comte François de Neufchâteau en date du 30 septembre précédent, laquelle avait conféré le même pouvoir à M. St Quantin ; 3° le procès-verbal d’expertise, en date du 21 juin de la même année ; 4° enfin la carte figurative des lieux. Je n’ai pu m’empêcher, Monsieur, de voir dans un acte ainsi préparé et conclu tous les caractères de la sagesse et de la bonne foi. J’ai aussi considéré son résultat, en ce qui touche la Sénatorerie ; et j’ai vu aussitôt après sa conclusion [que] plusieurs cultivateurs se sont empressés d’offrir au régisseur de la
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Sénatorerie pour le lot à elle échu, un fermage supérieur au revenu dont elle jouissait pendant l’indivision. Vous trouverez, ci-jointes, Monsieur, la minute de cet acte revêtu de mon approbation, et toutes les pièces qui doivent y rester annexées. M. St Quantin n’a aucune raison de conserver la grosse qui paraît lui avoir été délivrée, et qui doit comme titre de propriété être réuni aux archives du Sénat. Il voudra donc bien y faire relater son approbation, et vous l’adresser, pour me la transmettre, avec une expédition dans la même forme de tous les actes préparatoires. L’approbation dont m’avait déjà paru susceptible la soumission du Sieur Calpaert, n’avait pas été suspendue que par la nécessité de juger avant tout le partage dont elle était une suite ; ainsi, Monsieur, je m’empresse de donner aussi cette approbation qui assure à la Sénatorerie une augmentation de 210fr 94c dans son revenu net et annuel. Je joins également ici la soumission approuvée et celle qui ne pouvaient l’être, comme lui étant inférieures. Enfin, Monsieur, je vous remets la lettre originale de M. St Quantin du 28 décembre 1810. J’ai l’honneur de vous saluer. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace1 A.N., 27AP15, dossier 2.
732. [Mirbeck] à Laplace, 7 mars 1811
A Laplace Paris, le 7 mars 1811 Monsieur le Chancelier, J’ai l’honneur d’adresser à Votre Excellence : 1° La grosse de l’acte de partage passée le [?] octobre dernier, entre la Sénatorerie de Bruxelles et les hospices civils de Gand, art. 14, 49. 1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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2° Une expédition de chacun des 3 baux passés le 19 décembre 1810, au profit du Sieur Baptiste Droësbeke, art. 41, 34 et 58, 62. J’ai l’honneur d’être avec un profond respect De Votre Excellence Le très humble et obéissant serviteur. [Mirbeck] minute A.N., 27AP15, dossier 2.
733. reçu, [9 mars 1811]
[9 mars 1811]1 Le F… Comte de Laplace demeurant à Paris au Sénat Quittance de cotisations Année 580
Rit Ecos[saise] Ancien Accepté. Loge St Napoléon à Paris
La cotisation annuelle fixée à 36 f est payable d’avance Je soussigné, Trésorier de R… Loge Eco[ssaise]… de SAINT-NAPOLEON, reconnais avoir reçu du T…, Ill… f…, Comte de Laplace la somme de 36 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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francs pour l’année 5811, à raison de 36 francs par an. A Paris, le 9è jour du 3è mois 5811 Lamandé1 reçu Bancroft, box 1, dossier 30.
734. Laplace à Mirbeck, 2 avril 1811
A Monsieur de Mirbeck, rue du Faubourg Poissonnière n° 93 Paris, le 2 avril 1811 J’ai reçu, Monsieur, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 7 du mois dernier, la grosse qui y était jointe de l’acte de partage passé le 24 octobre 1810 entre la Sénatorerie de Bruxelles et les hospices civils de Gand, et que j’ai revêtu de mon approbation le 13 février dernier. J’ai pareillement reçu l’expédition des deux baux passés le 19 décembre 1810 au profit du Sieur Droësbeke, en vertu de mon autorisation du 21 novembre précédent. Ces pièces ont été classées dans les archives du Sénat parmi les titres relatifs, soit à la propriété, soit à l’administration de la Sénatorerie de Bruxelles. J’ai l’honneur de vous saluer. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace2 A.N., 27AP15, dossier 1. 1. Probablement Mandé Corneille Lamandé. 2. Seule la signature est de la main de Laplace.
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735. [Blagden] à Laplace, 6 avril 1811
A Laplace Ce 6 avril 18111 J’ai reçu aujourd’hui, mon cher ami, l’Annuaire du Bureau des Longitudes, et la notice sur la dépression du mercure dans un tube de baromètre, que vous avez eu la bonté de m’envoyer2. Comme celui qui doit prendre charge de cette lettre va partir sur le champ, je n’ai que le temps de vous remercier pour votre bon souvenir, de vous confirmer le prix que j’attache toujours à votre amitié, et de vous assurer de la réciprocité de mes sentiments pour vous. Il me serait bien doux de vous voir encore. Si votre situation vous permettait de faire un voyage dans ce pays-ci, je crois pouvoir vous garantir la plus digne réception par nos savants, qui tous vous honorent infiniment ; et si les circonstances jamais deviendraient telles que je pourrais me rendre en France, sans m’exposer à des soupçons imaginaires, je saisirais avec empressement l’occasion de me réunir à vous, et à quelques autres amis à Paris, dont je chéris toujours le souvenir. En attendant, je vous souhaite toute sorte de félicité. CB[lagden] brouillon Londres, Royal Society, CB/1/4/229.
1. En bas de page : « Left with Mr… the same day ». 2. « Sur la dépression du mercure dans un tube de baromètre, due à sa capillarité », Connaissance des Temps, pour l’année 1812, 315-320 ; Laplace, O.C., 13, 334-341.
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736. [Blagden] à Laplace, 13 avril 1811
A Monsieur le Comte de Laplace1 13 avril 1811 Je vous prie, mon cher ami, d’agréer le petit ouvrage que je vous envoie sur le calcul des variations. Il est fait par un savant de l’Université de Cambridge, le plus instruit peut-être de nos mathématiciens actuels2. Il faut avouer que je doute si vous trouverez quelque chose qui ne vous soit parfaitement familier. L’auteur, je crois, n’a ajouté rien d’original, tout au plus a-t-il fait quelques observations nouvelles. Mais vous verrez par cet écrit que la haute analyse n’est pas entièrement [oubliée] chez nous et qu’on commence bien à rendre honneur aux travaux des grands géomètres du continent ; et qu’un, au moins, de nos ... savants a adopté la notation différentielle, adoptée en France au lieu de celle des fluxions qui a jusqu’ici prévalut en Angleterre. Il y a quatre jours que j’ai reçu l’Annuaire et la notice sur le baromètre, que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer. J’ai répondu sur le champ à la lettre obligeante qui les accompagnait. Mais il est très probable que cette réponse ne vous sera jamais revenue. C’est pourquoi je répète ici que je vous remercie de votre bon souvenir, que j’attache le plus grand prix à votre amitié, et que je vous réponds de la réciprocité de mes sentiments ; qu’il me sera bien doux de vous revoir encore une fois à Paris. Si votre santé vous permettait de pouvoir voyager dans ce pays-ci, je pourrais vous garantir la réception la plus distinguée par nos savants ; et que si les événements jamais devenaient tels que je pourrais me rendre en France, sans m’exposer à des soupçons injustes, je saisirais avec empressement, l’occasion de me réunir à vous et de profiter de la bonne société qui s’assemble à Arcueil, où l’on me dit que vous avez établi votre château. Oserai-je vous prier de me rappeler au cœur de votre famille et de nos amis communs, surtout de Monsieur Berthollet. Salut. CB[lagden] brouillon Londres, Royal Society, CB/1/4/227. 1. Note en bas de page : « A Monsieur le Comte Laplace ce 13 avril 1811. Left the book at … that day ». 2. Robert Woodhouse, A Treatise on Isoperimetrical Problems and the Calculus of Variations (Cambridge, 1810).
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737. reçu, 27 avril 1811
27 avril 18111 Reçu de Monsieur le Comte de La Place la somme de 900 francs pour prix de la loge louée au rez-de-chaussée n° 14 pour une année dont il est entré en jouissance de sa loge le 9 mars 1810 et a cessé d’en jouir à pareil jour de cette année, à défaut de renouvellement de la location de la dite loge. Le locataire de la loge, qui ne veut point la conserver, est prié de prévenir trois mois d’avance. A Paris, ce 27 avril 1811. Monneau Le dit abonnement a été prolongé pour les 900 francs jusqu’au 25 avril 1811. Contrôleur en chef Reçu les 900 francs pour solde de tout compte reçu Bancroft, box 10, dossier 29.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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738. [Mirbeck] à Laplace, 3 mai 1811
A Monsieur le Comte Laplace Paris, ce 3 mai 1811 Monsieur le Chancelier, Le Sieur Pierre Bral, fermier naturel de l’article 63 du sommier de la Sénatorerie de Bruxelles et dont le bail expire à Noël prochain en désire un nouveau aux conditions exprimées dans la soumission ci-jointes ; il supplie Votre Excellence de vouloir bien agréer ses offres, et d’observer que le prix du bail courant est de 180 francs et qu’il en offre 200 en sus des charges imposées au fermier, dans les nouveaux baux. Au surplus le Sieur Bral est un bon fermier, et un très honnête homme : cette considération, réunie à ses offres, sollicite l’approbation de Votre Excellence. J’ai l’honneur d’être avec un profond respect, Monsieur le Chancelier Votre très humble et très obéissant serviteur. [Mirbeck] minute A.N., 27AP15, dossier 2.
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739. [Mirbeck] à Laplace, 3 mai 1811
M. le Comte Laplace Chancelier du Sénat Paris, ce 3 mai 1811 Monsieur le Chancelier, J’ai l’honneur de vous transmettre une expédition du bail, passé le 1er mars dernier, par devant Jimpens, notaire impérial à Gand, en profit du Sieur Pierre Jean Calpaert, sous le cautionnement du Sieur Van den-Berghens, en vertu de l’approbation donnée par Votre Excellence le 13 février précédent. Ce bail rédigé dans la forme et aux conditions, également approuvées par Votre Excellence le 12 décembre 1809, m’a paru être parfaitement en règle. J’ai l’honneur d’être, avec un profond respect, De Votre Excellence Le très humble et très obéissant serviteur. [Mirbeck] minute A.N., 27AP15, dossier 2.
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740. [Laplace] à Napoléon Bonaparte, 7 mai 1811
Lettre remise à Sa Majesté à son lever du 7 mai 1811 par M. le Comte Laplace1. 7 mai 1811 Sire, Je supplie votre Majesté de vouloir bien jeter les yeux sur les observations suivantes relatives au nouveau système des poids et mesures, l’un des plus utiles résultats des sciences exactes. La division décimale est ce qui le caractérise. Son principal avantage consiste à faire disparaître les nombreuses échelles de division, dont les mesures étaient précédemment surchargées, et qui nous paraîtraient extrêmement bizarres, si l’usage ne nous y avait pas accoutumés. En assujettissant toutes les mesures à l’échelle de la division décimale, le nouveau système réduit leurs calculs aux plus simples opérations de l’arithmétique, et de plus il offre à la partie du peuple, la moins instruite, la facilité [faculté] de se servir pour la numération des doigts de la main. C’est même à cette facilité que l’échelle [l’arithmétique] décimale doit la naissance ; car il est vraisemblable que si les savants n’eussent point à cet égard reçu la loi du peuple, ils auraient préféré l’échelle duodécimale. Pour répandre chez tous les peuples le système décimal des mesures et pour écarter [éviter] tout prétexte de jalousie nationale, on a pris son module dans la nature, et on l’a fait égal à la dix-millionième partie de la distance du pôle à l’Equateur. Toutes les mesures de longueur, de superficie, de solidité, de contenance de poids et de monnaie[s], dérivent de ce module, de la manière la plus simple et la moins arbitraire. Il est donc permis d’espérer que si Votre Majesté daigne appuyer ce système de sa puissante influence, il sera aussi généralement adopté que l’admirable système de numération dont il est le complément. Mais comme il a fallu plusieurs siècles pour faire prévaloir celuici [celle-ci] sur l’arithmétique romaine, il faudra pareillement pour l’adoption complète des nouvelles mesures, un très-long espace de temps que la persévé1. Lettre écrite par un scribe, avec une courte annotation de Laplace. Le texte imprimé en 1864 a changé l’ordre de quelques mots, sans changer le sens de la lettre. La ponctuation retenue est celle de la lettre manuscrite.
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rance du Gouvernement, l’instruction et peut-être encore la modification suivante pourront beaucoup abréger. L’Académie des Sciences avait proposé de prendre pour le nouveau franc, une pièce d’argent de 10 grammes. On a réduit le franc à 5 grammes pour le rapprocher de l’ancien, et l’expérience a fait voir que ce changement avait facilité l’adoption de la nouvelle monnaie. On peut espérer le même avantage de la réduction de la nouvelle unité de poids au [en] demi-kilogramme. Mais alors je propose de la nommer Livre impériale et de la diviser en 10 onces, l’once en 10 gros, et le gros en 100 grains. La nouvelle Livre ne surpasserait [dépasserait] l’ancienne que de sa quarante-sixième partie, et elle aurait l’avantage de faire rentrer dans l’échelle décimale le franc, qui pèserait alors un gros ou 100 grains. Le nouveau grain ne différerait de l’ancien que d’un dix-huitième. On peut aussi, pour se rapprocher de la lieue ancienne [commune], prendre pour Lieue impériale le demi-myriamètre. Quant aux autres mesures, elles me paraissent devoir être conservées, en adoptant la nouvelle nomenclature énoncée dans l’arrêté des Consuls du 13 Brumaire an 10 [IX]1, et en rejetant l’ancienne nomenclature, formée de mots grecs et latins dont le bizarre assemblage a nui singulièrement au succès des nouvelles mesures. Voilà les seules modifications dont leur système me paraisse [paraît] susceptible. Ainsi modifié, il pourrait sous le titre de Système des Mesures Napoléones, être établi par un Sénatus-consulte, comme l’a été la mesure du temps ou le calendrier. J’ose le dire à votre Majesté, au nom des hommes les plus éclairés sur [en] cette matière, l’établissement du système décimal des mesures dans toutes les parties de ce vaste Empire, d’où il se répandrait bientôt dans le reste de l’Europe, serait compté parmi les grands bienfaits de votre glorieux règne. [Laplace] Bancroft, box 10, dossier 17 (brouillon) ; voir aussi « Rapport sur les avantages du système décimal » dans A.N., AFIV1050, dossier 7 ; publiée par Charles Emile Laplace, Notice sur le Système Décimal des Poids et Mesures (Paris, 1864), pp. 15-17 (voir Bancroft, box 12, dossier 6) ; et voir Arthur Jules Morin, « Notice historique sur le système métrique, sur ses développements, et sur sa propagation », Annales du Conservatoire des Arts et Métiers, 9 (1870), 573-640.
1. L’arrêté est du 13 brumaire an IX.
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741. Reichenbach à Laplace, 28 juin 1811
A Laplace A Munich, le 28 juin 1811 Votre Excellence ! Aussitôt après la réception de votre lettre du 29 mai, je fis faire le dessin, en perspective, (ci-joint, Tab. IV) du grand cercle répétiteur astronomique qui vous est destiné. AB est une colonne de métal qui porte le cercle vertical CD, et le cercle azimutal EF. Cette colonne est terminée au bas par un pivot d’acier conique, et en haut par un autre pivot cylindrique, également d’acier, au moyen desquels elle tourne, en même temps que les cercles sur son axe. La crapaudine G, du pivot inférieur, est posée sur un socle en pierre HIKL et la crapaudine MN, du pivot supérieur qui contient en même temps la correction pour donner la position verticale à la colonne AB au moyen du niveau extrêmement sensible OP, est contenue par les colonnes QR, ST et la traverse UV en fer ; cette traverse doit être à jour comme on le voit dans le plan a.b.c.d., afin qu’elle ne gêne en aucune façon la vue du zénith. Je pense que le plus sûr et le plus économique serait de faire couler la traverse UV et les colonnes QR, ST en fer. La distance de la lunette à l’axe de la colonne AB empêche que les colonnes QR [et] ST ne gênent la vue dans les observations simples, cependant ces dernières colonnes doivent être placées dans la direction de l’Est à l’Ouest, afin que le méridien soit tout à fait libre pour la répétition des distances au zénith. Pour donner à l’architecture un aperçu général sur le placement de mon instrument, et pour soumettre au jugement décisif de Votre Excellence, mes idées sur la construction d’un observatoire d’après les principes de l’astronomie instrumentale moderne, je joins ici une traduction du mémoire et les copies des plans que j’ai eu l’honneur de présenter à Sa Majesté le Roi de Bavière1, à propos de la construction d’un nouvel observatoire à Munich. Votre instrument est assez avancé pour que j’espère pouvoir le terminer vers la fin du mois prochain. 1. Maximilian Josef I.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J’ai l’honneur d’être, Monsieur le Comte, de Votre Excellence Le très obéissant serviteur. G. Reichenbach Paris, Observatoire, B4-11bis (Reichenbach).
742. Laplace à Pastoret, 1er juillet 1811
A M. Pastoret Ce 1er juillet 1811 Je vous remercie bien, mon cher et illustre ami et collègue, du beau présent que vous m’avez bien voulu me faire. Je me propose bien de parcourir les articles les plus intéressants de cet ouvrage. Quant aux principes dont vous me parlez, ils sont pour tout homme raisonnable et sans préjugés, de toute évidence. Malheureusement, ce n’est pas avec cette espèce d’hommes que l’on traite dans ce moment, et je crains bien que l’on éprouve des obstacles inattendus, mais qu’une volonté ferme saura surmonter. Je vous embrasse, mon cher ami, bien tendrement. Laplace New York, Pierpont Morgan Library, Pastoret Collection, MA 907 n° 708.
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743. [Oriani] à Laplace, 17 juillet 1811
A Laplace Milan, le 17 juillet 18111 Voici, Monsieur, le premier cahier des observations faites avec le cercle de trois pieds de Reichenbach. Je me suis empressé de les publier avant d’en faire les réductions et les calculs pour mettre plus promptement les astronomes au fait de la bonté de cet instrument. C’est dommage qu’il ne soit pas si facile à transporter, car, comme on voit la polaire tous les jours, même en plein midi, au dessus et au dessous du pôle, il serait le meilleur instrument pour la détermination de la latitude sur différents points d’une méridienne, et les observations pourraient se faire dans la belle saison des mois de mai et de juin. Mais la difficulté du transport et les frais de l’emplacement seront toujours des obstacles qui le rendront stationnaire dans un observatoire. Vos remarques, Monsieur, sur l’incertitude des observations que j’ai faites à Rimini et à Rome sont justes. La lunette de mon cercle répétiteur, quoique excellente, était trop courte et pouvait laisser des doutes sur la collimation. Les lunettes du cercle de Lenoir de 16 pouces de diamètre étaient un peu meilleures, mais l’instrument était trop grossier et très inférieur à celui de Reichenbach, les écarts dans les observations auraient été beaucoup plus grands. Au reste j’ose croire que sur la latitude de Rome il n’y a pas une erreur d’une seconde sexagésimale, car mon résultat est d’accord avec celui de Boscovich et avec les observations des astronomes romains actuels. Monsieur le Baron de Zach a taxé un peu légèrement d’inexactitude ces dernières observations (Bibliothèque Britannique, tome 44). En effet elles donnent la déclinaison moyenne de la polaire 88°14'24",03 au commencement de l’année 1800, lorsqu’on les réduit à cette époque avec la précession annuelle en déclinaison + 19",54. Mais si on les réduit avec la précession + 19",26 adoptée par Monsieur Zach, elles donnent pour 1800 la déclinaison moyenne 88°14'26",28, qui ne diffère que de 0",48 de celle qu’il dit tirée de plusieurs milliers d’observations, et dans ce dernier cas les observations romaines donnent encore la latitude de Rome 41°53'55",8. Mais Monsieur le Baron, sans avoir observé à Rome et sans distinguer l’observatoire actuel de l’observatoire de Boscovich, veut absolument que la latitude du Collège Romain soit 1. Note d’Oriani : « réponse à la lettre précédente ».
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41°54'1",24. Si cette latitude était la véritable, en la combinant avec la déclinaison de la polaire en 1800, qu’il établit de 88°14'26",76, la distance au zénith de cette étoile dans les observations romaines aurait du être au dessus du pôle 46°20'25",52 au lieu qu’avec la précession annuelle 46°20'30",44 au dessous 49°51'32",00 + 19",26 elle est 49°51'37",87. Il y aurait donc une erreur dans chacune de plus de 5", ce qui est invraisemblable. Quant à la latitude de Rimini tirée de mes observations, elle pourrait bien être en défaut de 2", n’ayant pas assez observé la polaire et E de la Petite Ourse au dessus et au dessous du pôle. Monsieur Zach n’a pas été plus heureux que moi car il a conclu cette latitude 44°3'45",3 des observations du Soleil, de Į de l’Aigle et de la polaire seulement au dessus du pôle faites en novembre 1808. La pluie presque continuelle et le mauvais temps ne lui ont pas permis de multiplier ces observations comme il aurait désiré, et j’ai encore sa lettre écrite de Bologne le 19 novembre 1808 dans laquelle il se plaint du climat de Rimini, etc. etc. Mais enfin comment pourrons-nous vérifier cette latitude ? Je ne vois d’autre moyen que d’y revenir avec le même cercle de 12 pouces de Reichenbach, ou avec le cercle de 15 pouces du même artiste, que Monsieur Moscati attend de Munich d’un jour à l’autre, et d’y multiplier tellement les observations que les doutes qui restent soient réduits à quelque fraction de seconde. Si par ce moyen la latitude de Rimini n’est pas diminuée il faudra conclure que la mesure géodésique de Boscovich n’est pas exempte d’erreur. Car pour la latitude de Rome, je le répète, elle me semble suffisamment vérifiée. J’ai l’honneur ... etc. [Oriani] copie de la main d’Oriani Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1811, 1811 07 17 BO PSL ; et publiée par G. Tagliaferri et P. Tucci dans Giornale di Fisica, 34 (1993), 272-274.
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744. Laplace à la Comtesse de Ségur, 13 août 1811
A S.E. Madame D’Aguesseau, Comtesse de Ségur, Vice-présidente du Conseil Général de la Société Maternelle Paris, le 13 août 1811 Madame la Comtesse1, Je reçois dans le moment la lettre par laquelle vous me faites l’honneur de me prévenir que le Comité Central de la Société Maternelle2 se réunira demain mercredi à 2 heures chez Votre Excellence. Le Sénat est convoqué demain pour une heure, et après la séance, il y aura un Conseil particulier d’administration pour les affaires des sénatoreries et auquel je ne puis me dispenser de me trouver, ce qui me met dans l’impossibilité de me rendre au Comité3 Central. J’ose vous prier, Madame la Comtesse, de lui présenter mes excuses et tous me regrets, et de vouloir bien agréer l’hommage de ma haute et respectueuse considération. Comte Laplace Londres, Wellcome Historical Medical Library, MS 8694 ; et copie B.N., MS, fr. 11369, fol. 34.
1. Pas de la main de Laplace, mais avec sa signature. 2. Cette Société, fondée par Napoléon en septembre 1810, prenait la suite de la Société de la Charité Maternelle qui distribuait des secours aux pauvres. Son Conseil était composé de ses officiers, de six dames (Mesdames Pastoret, Dupont de Nemours, Gautier, Grivel, Riffault, la Comtesse Portalis, et la Baronne Pasquier), et de trois conseillers, dont l’Archichancelier Cambacérès, le Comte Dejean, et le Comte de Laplace. 3. La copie porte ici le mot « Conseil ».
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745. Laplace à Oriani, 12 septembre 1811
A Oriani Paris, ce 12 septembre 1811 Monsieur, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire ainsi que le recueil de vos observations faites avec le grand cercle répétiteur de Monsieur de Reichenbach. Veuillez bien en agréer mes remerciements. Je compte avoir bientôt un cercle semblable. Monsieur Reichenbach doit accompagner son instrument et si la chose est possible, je désire qu’avant de fixer cet instrument dans notre observatoire on puisse le porter à Dunkerque pour déterminer avec précision la latitude de ce point extrême du grand arc mesuré de la méridienne. Car je conçois, ainsi que vous l’observez dans votre lettre, que cet instrument une fois bien établi il y aurait de l’inconvénient à le déplacer. Ainsi pour lever les doutes que l’on a sur la latitude de Rimini, le seul moyen que vous puissiez employer est de faire usage d’un cercle répétiteur de 15 ou 18 pouces en ayant soin de le comparer avant et après l’opération avec le grand cercle de Reichenbach, en les plaçant constamment dans les mêmes circonstances, et surtout en enfonçant également l’oculaire de la lunette, car on a remarqué ici que le plus ou moins d’enfoncement faisait varier sensiblement et d’une manière constante les résultats de l’observation. Il serait utile encore d’employer deux cercles répétiteurs et deux observateurs comme vous l’avez fait pour la latitude de Rome. J’espère qu’au moyen des observations faites à Paris et à Milan avec nos grands cercles répétiteurs, on pourra déterminer avec une grande précision les éléments les plus délicats de l’astronomie. La hauteur du pôle de chaque observatoire sera exactement connue, et par les observations du Soleil aux équinoxes on [aura] le mouvement des points équinoxiaux. C’est un genre d’observations auquel on s’est spécialement attaché ici à ma prière depuis plusieurs années et que je crois le plus propre à déterminer cet élément important. Mais l’objet principal que j’ai eu en vue en faisant construire ce grand instrument a été l’observation des déclinaisons de la Lune surtout vers les points où sa longitude est de trois ou de neuf signes. Vous pouvez vous rappeler que l’inégalité lunaire en latitude qui dépend de l’aplatissement de la Terre et que
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la théorie m’a fait connaître est proportionnelle au sinus de cette longitude. Monsieur Bürg a fixé son coefficient à 8" et Monsieur Burckhardt, qui vient de terminer un très long travail pour perfectionner les tables lunaires en y employant près de cinq mille observations, n’a trouvé qu’une très petite fraction de seconde à changer dans ce coefficient, qui paraît ainsi déterminé avec exactitude. Mais comme je le crois plus propre que les mesures géodésiques elles-mêmes à faire connaître l’aplatissement de la Terre, de nombreuses observations faites avec les grands cercles répétiteurs ne laisseront rien à désirer sur cet objet, j’ose donc vous recommander ce genre d’observations. A cette occasion je vais vous parler d’une autre inégalité lunaire qui me paraît également dépendre de la figure de la Terre : c’est l’inégalité à longue période que Monsieur Bürg a introduite dans ses tables et que je lui avais indiquée pour concilier les anomalies observées dans les moyens mouvements de la Lune. Il me paraît très difficile de ne pas en reconnaître l’existence. Mais elle se présente sous trois formes différentes dans la théorie de la Lune, comme vous pouvez le voir dans le septième livre de la Mécanique Céleste, chapitre V. En réfléchissant de nouveau sur cet objet, il me paraît extrêmement vraisemblable que cette inégalité dépend de la différence des deux hémisphères boréal et austral de la Terre. Elle est alors proportionnelle au cosinus de la longitude du périgée lunaire, plus deux fois la longitude du nœud. En lui donnant –13",9 pour coefficient et en augmentant de 19" le mouvement séculaire des tables lunaires publiées par le Bureau des Longitudes de France, je trouve que l’on satisfait parfaitement à l’ensemble des observations de La Hire, Flamsteed, Bradley, et Maskelyne. La circonstance remarquable qui donne un mouvement du périgée double de celui que l’on trouve par une première approximation, et qui a si fort embarrassé les géomètres, augmente considérablement les coefficients de cette inégalité dans la théorie lunaire, et peut lui donner une valeur sensible. Si les observations, comme cela me paraît très probable, continuent de confirmer cette inégalité, les observations de la Lune auront l’avantage de nous faire connaître l’ellipticité de la Terre et la différence de ses deux hémisphères, comme elles ont appris sa rondeur aux premiers astronomes. Veuillez bien, Monsieur, agréer comme un hommage de ma haute estime et de mon sincère attachement ce petit mémoire qui paraîtra dans le prochain volume de l’Institut1. J’espère qu’il pourra intéresser les géomètres par le genre d’analyse que j’y emploie et les astronomes par le résultat auquel j’ai été conduit, en assujettissant aux probabilités le milieu qu’il faut choisir entre un grand nombre d’observations. Comte Laplace 1. « Mémoire sur les intégrales définies, et leur application aux probabilités, et spécialement à la recherche du milieu qu’il faut choisir entre les résultats des observations », Mémoires de l’Institut National des Sciences et Arts. Sciences Mathématiques et Physiques (1811), 279-347 ; Laplace, O.C., 12, 357-412.
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Voudriez-vous bien me rappeler au souvenir de Monsieur Volta en lui offrant mille amitiés de ma part, et remettre à mon ami Monsieur Moscati la lettre ci-jointe. Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1811, 1811 09 12 PSL BO ; et publiée par G. Tagliaferri et P. Tucci dans Giornale di Fisica, 34 (1993), 274-275.
746. Laplace à [?], 18 septembre 1811
Paris, ce 18 septembre 1811 Monseigneur, Je supplie Votre Altesse Royale d’agréer avec bonté l’exemplaire ci-joint d’un mémoire sur les probabilités, extrait d’un grand ouvrage que je me propose de publier bientôt sur cette intéressante matière1. Monsieur Pougens m’écrivit l’année dernière, que Votre Altesse Royale avait paru désirer la communication de ce que j’avais lu sur cet objet, à la première classe de l’Institut. Je m’empresse de satisfaire à ce désir si honorable pour moi. J’ose prier Votre Altesse Sérénissime, de voir dans ce léger hommage que je prends la liberté de lui faire, un témoignage de ma vive reconnaissance pour l’intérêt éclairé qu’elle porte au progrès des connaissances humaines, et pour les bontés particulières dont elle daigne m’honorer. Je suis avec un très profond respect, Monseigneur, de Votre Altesse Royale, Le très humble et très obéissant serviteur. Laplace Arch. R. Hahn. 1. Peut-être « Mémoire sur les fonctions génératrices », qu’il fit imprimer à 700 exemplaires par la Veuve Baudouin.
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747. reçu, 25 septembre 1811
25 septembre 1811 Mémoire sur les fonctions génératrices, etc. 7 feuilles in-4° sans frais de composition, tirage à 700 et une rame munie de papier carré d’Auvergne 33 francs Reçu comptant ce 25 septembre 1811 Femme Baudouin reçu Bancroft, box 3, dossier 13.
748. Laplace à Schubert, 5 novembre 1811
A Monsieur Monsieur Schubert, Conseiller d’Etat, astronome de l’Académie Impériale de Pétersbourg à Pétersbourg Paris, le 5 novembre 1811 Monsieur, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et vos observations de la comète actuelle qui y étaient jointes. Je les ai communiquées à
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l’Institut et au Bureau des Longitudes conformément à votre désir1. Ils m’ont chargé de vous en faire leurs remerciements et de vous prier en même temps de leur en envoyer la suite qui sera très utile pour déterminer exactement les éléments de l’orbite et pour reconnaître son ellipticité, si elle est sensible. On a observé constamment cet astre à l’Observatoire Impérial de Paris et plusieurs fois au méridien. Monsieur Bouvard a déduit de ces observations seules les éléments suivants, en faisant usage de la méthode du second livre de la Mécanique Céleste. Passage au périhélie, le 12 septembre 0,8196 temps moyen à Paris, compté de minuit distance périhélie longitude du périhélie longitude du nœud inclinaison de l’orbite mouvement rétrograde
1,03583 74°5'60" 14°19'50" 73°3'3"
Ces éléments satisfont aussi bien qu’on peut le désirer aux observations déjà faites et rien ne paraît encore déceler une ellipticité dans l’orbite. Mais comme nous comptons pouvoir l’observer encore pendant deux mois, peut-être les observations suivantes feront entrevoir quelque ellipticité. La position favorable de St Pétersbourg pour cet objet vous permettra peut-être de la voir plus longtemps et cela, joint à l’examen de vos observations, nous les rend bien précieuses et augmente encore en nous le désir de les avoir. J’ai remis dans son temps à l’Institut votre excellent ouvrage d’astronomie populaire ; il l’a reçu avec reconnaissance2. Je vous prie d’agréer la mienne pour l’exemplaire que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Je ne sais point, malheureusement, la langue allemande ; mais un de mes amis qui la sait et qui de plus est fort instruit de nos matières, a bien voulu me rendre un compte très détaillé de votre ouvrage bien digne de vos autres productions et qui mérite bien d’être traduit en français. Je vous prie, Monsieur, de croire que personne ne vous rende une justice plus vraie et n’attache plus de prix que moi à votre estime et à votre amitié. Veuillez bien m’accorder en retour les sentiments pareils que vous m’avez inspirés depuis longtemps et avec lesquels j’ai l’honneur d’être Votre très humble et très obéissant serviteur. Laplace 1. P.V. Institut, 4, 548. 2. Friedrich Theodor von Schubert, Populäre Astronomie (St. Petersbourg, 1804-1810), 3 vols. ; P.V. Institut, 4, 385.
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Monsieur, Je me propose de vous faire parvenir par la première occasion un mémoire assez étendu d’analyse et particulièrement sur les probabilités, qui vient de paraître et dans lequel je suis parvenu par une analyse assez singulière à faire voir que la méthode des moindres carrés des erreurs des observations, lorsqu’il s’agit de prendre des milieux entre un grand nombre d’observations et de corriger à leur moyen un nombre quelconque d’éléments, est de toutes la plus avantageuse et est donnée par la théorie des probabilités1. Je fais placer dans ce moment à l’Observatoire de Paris un grand cercle répétiteur d’un mètre environ de diamètre et construit par Monsieur de Reichenbach. C’est, si je ne me trompe, l’instrument le plus parfait d’astronomie qui existe. Le Bureau des Longitudes a bien voulu agréer le don que j’en fais à l’Observatoire, en exprimant le désir que ce bel instrument soit appliqué spécialement aux observations de la Lune, pour en perfectionner les tables et pour déterminer avec une extrême précision, les inégalités de son mouvement, dépendant de la figure de la Terre. Imprimée dans Akademiia Nauk, SSSR, Institut Istorii Yestestvoznaniya, Nauchnoye Nasledstvo, 1 (1948), pp. 801-802.
749. Laplace à Svanberg, 16 novembre 1811
A Svanberg Paris, ce 16 novembre 1811 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Svanberg l’assurance de tous mes sentiments d’estime et d’attachement et de lui présenter, comme un témoignage de mes sentiments, les mémoires ci-joints. Je désire qu’ils puissent l’intéresser. 1. « Mémoire sur les intégrales définies, et leur application aux probabilités, et spécialement à la recherche du milieu qu’il faut choisir entre les résultats des observations », Mémoires de l’Institut National des Sciences et Arts. Sciences Mathématiques et Physiques, 11 (1810), 279-347 ; Laplace, O.C., 12, 357-412.
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Leur principal objet est la recherche des milieux les plus avantageux à choisir entre les résultats d’un grand nombre d’observations ; c’est un problème de probabilités, qui m’a longtemps occupé, et j’ose croire que la solution que j’en ai trouvée puisse mériter l’attention des géomètres1. Elle m’a conduit à la méthode des moindres carrés des erreurs des observations, qui me paraît ainsi préférable à toutes les autres méthodes. Je prie Monsieur Svanberg de vouloir bien me rappeler au souvenir de mes illustres collègues de l’Académie de Stockholm. Je le prie surtout de vouloir bien me conserver les sentiments de bienveillance et d’amitié qu’il m’a témoignés plusieurs fois, et de croire que personne n’attache plus de prix que moi à son suffrage et à son estime. Comte Laplace Stockholm, Kunglige Svenska Vetenskapsakademiens Bibliotek.
750. Laplace à Lindenau, 22 novembre 1811
A Lindenau Paris, ce 22 novembre 1811 Monsieur, Je vous dois, et depuis longtemps, bien des remerciements pour vos ouvrages que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Je les ai lus avec autant de plaisir que de profit. Les termes que vous avez ajoutés à la formule des hauteurs barométriques, pour corriger l’erreur de l’hypothèse du décroissement de la chaleur en progression arithmétique entre les deux stations extrêmes, pourrait donner 1. « Mémoire sur les intégrales définies, et leur application aux probabilités, et spécialement à la recherche du milieu qu’il faut choisir entre les résultats des observations », Mémoires de l’Institut National des Sciences et Arts. Sciences Mathématiques et Physiques, 11 (1810), 279-347 ; Laplace, O.C., 12, 357-412.
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plus de justesse à la formule, si la vraie loi de diminution était bien connue, et j’avais moi-même eu le projet de faire usage de la progression de chaleur dont j’ai parlé dans le quatrième volume de la Mécanique Céleste, relativement à la théorie des réfractions. Mais il m’a paru que c’était ici le cas d’avoir égard à la simplicité du calcul, vu le peu de données que nous avons jusqu’ici sur la vraie loi de diminution. Vos Tables de Vénus me paraissent être les plus parfaites de toutes, soit par le grand nombre des observations, soit par leur discussion exacte ; je regrette seulement que vous n’y ayez pas joint un tableau de leur comparaison avec toutes les observations que vous avez employées1. Quant à la différence que vous trouvez entre la variation séculaire de l’équation du centre de Vénus donnée par les observations, et celle que j’ai trouvée, si cette différence était bien constatée, elle pourrait répandre quelques lumières sur la masse de Mercure, que nous ne connaissons que d’une manière bien imparfaite. Je vous prie d’agréer l’exemplaire ci-joint, d’une petite addition que j’ai publiée dans la Connaissance des Temps de 1813 qui paraît dans ce moment2. Vous y verrez une solution singulière d’un problème qui m’a beaucoup occupé depuis quelques temps, relativement aux milieux qu’il faut choisir entre les résultats d’un grand nombre d’observations. Cette solution m’a conduit à la méthode même des moindres carrés des erreurs des observations. Si vous la jugiez assez intéressante pour les observateurs, pour trouver place dans votre journal, vous m’obligeriez de la traduire en allemand et de l’y insérer. Mille pardons, Monsieur, de mon long silence relativement aux ouvrages que vous avez bien voulu m’envoyer. Je vous prie de l’attribuer uniquement au courant des affaires qui m’emporte, et de croire que je vous rends, et avec un grand plaisir, toute la justice qui vous est due. Veuillez bien, Monsieur, agréer les sentiments de ma reconnaissance, de toute mon estime et de mon sincère attachement. Comte Laplace Haverford, Pennsylvania, Haverford College Library, Charles Roberts Autograph Collection.
1. Tabulae Veneris Novae et Correctae (Gotha, 1810). 2. « Du milieu qu’il faut choisir entre les résultats d’un grand nombre d’observations », Connaissance des Temps pour l’année 1813, 213-223 ; Laplace, O.C., 13, 78.
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751. Laplace à Zach, 22 novembre 1811
Paris, am 22. Nov. 1811 ... Seit lange bin ich Ihnen meine Dank für Ihre mir überschickten Barometer- und Venus-Tafeln schuldig, die ich mit Vergnügen durchlesen habe. Die Glieder, die Sie dem barometrischen Ausdruck hinzusetzen, um die hypothetische Annahme der arithmetischen Wärmeabnahme zu korrigieren, können die Genauigkeit jener Formel vermehren, sobald jenes Gesetz genau bekannt wäre, und ich halte anfangs selbst den Gedanken, hier von der Wärmeprogression Gebrauch zu machen, von der ich in der Mécanique Céleste (Tom IV, S. 289) bei der Theorie der Strahlenbrechung rede, hätte es mir nicht geschienen, dass man bei dem Mangel an sicheren Daten, mehr auf Bequemlichkeit des Ausdrucks, als auf völlige Schärfe, Rücksicht nehmen müsse. Die große Menge guter Beobachtungen, auf denen Ihre Venustafeln beruhen gibt diesen einen Vorzug vor allen anderen, nur hätte ich gewünscht, dass Sie zugleich auch eine Vergleichung sämtlicher Beobachtungen mit den Tafeln gegeben hätten. Was die Differenz anlangt, die zwischen der von Ihnen aus Beobachtungen und von mir aus der Theorie bestimmten Säkularänderung der Mittelpunkts-Gleichung statt findet, so wird diese, wenn sie vollkommen konstatiert ist, eine bessere Bestimmung der Merkurmasse, die wir bis jetzt nur sehr unvollkommen kennen, geben können. Ich füge eine kleine Abhandlung bei, die ich als Zusatz zur Connaissance des Temps pour 1813 bekannt gemacht habe, und welche ich in die Monatliche Correspondenz aufgenommen zu sehen wünsche. Sie betrifft die eigentümliche Auflösung des Problems über die Wahl des Mittels aus den Resultaten einer grossen Anzahl von Beobachtungen, die mich auf die Methode der kleinsten Quadrate geführt hat. Lettre traduite en allemand et partiellement publiée par Zach dans son Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 24 (décembre 1811), 581-582.
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752. Laplace à Oriani, 24 novembre 1811
A Oriani Paris, ce 24 novembre 1811 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur le Sénateur Oriani, l’assurance de tous mes sentiments d’estime et d’attachement, et de le prier d’agréer le petit opuscule ci-joint, qui est une extension de la théorie que j’ai donnée sur les milieux arithmétiques dans le mémoire que j’ai eu l’honneur de lui envoyer, il y a quelque temps1. On va placer sous deux ou trois jours notre grand cercle répétiteur. Il sera établi sous les yeux-même de Monsieur Reichenbach. Ainsi l’on pourra observer le solstice prochain avec cet instrument dont j’ai fait don à l’Observatoire. Je prie Monsieur Oriani d’offrir mes tendres compliments à mon illustre ami Monsieur Moscati. Comte Laplace Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
753. Laplace à Gauss, 25 novembre 1811
A Monsieur Gauss, professeur d’astronomie, à l’Université de Göttingen, à Göttingen Paris, ce 25 novembre 1811 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Gauss mille compliments bien sincères, et de le prier de vouloir bien agréer, comme un témoignage de mes sentiments 1. « Du milieu qu’il faut choisir entre les résultats d’un grand nombre d’observations », Connaissance des Temps pour l’année 1813, 213-223 ; Laplace, O.C., 13, 78.
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d’estime et d’attachement, les mémoires ci-joints ; ils renferment la solution d’un problème dont je me suis longtemps occupé, et que je suis parvenu à résoudre par une analyse que je crois nouvelle et mériter l’attention des géomètres ; c’est le problème relatif aux milieux qu’il faut choisir entre les résultats d’un grand nombre d’observations ; j’ai été conduit par cette analyse à la méthode des moindres carrés des erreurs des observations, méthode qui doit par conséquent être préférée aux moyens ordinaires1. Monsieur dit, dans son ouvrage sur le mouvement elliptique, qu’il la possédait avant que Monsieur Legendre l’eut publiée. Je désirerais bien savoir, si avant cette publication, on avait imprimé quelque chose en Allemagne sur cette méthode et je prie Monsieur Gauss de vouloir bien m’en instruire. On a observé constamment ici la comète et Monsieur Bouvard a déduit de ses propres observations, des éléments qui s’accordent parfaitement avec toutes les observations avant et après les passages au périhélie, et qui diffèrent très peu de ceux de Monsieur Gauss, que Monsieur Lindenau nous a depuis envoyés. Rien jusqu’ici ne paraît indiquer l’ellipticité de l’orbite, et l’opinion de Monsieur Flaugergues2 qui pense que cette comète est celle de 1301, n’est point vraisemblable. Mais les observations que l’on pourra faire encore éclairciront pleinement cet objet. L’Observatoire Impérial possède en ce moment un beau cercle répétiteur de trois pieds de diamètre que j’ai fait construire par Monsieur de Reichenbach3, et que j’ai prié le Bureau des Longitudes de vouloir bien agréer. J’espère, qu’avec ce moyen, nous connaîtrons avec une extrême précision, les déclinaisons des étoiles, l’obliquité de l’écliptique, la quantité de la nutation, l’inégalité de la Lune en latitude, dépendante de l’ellipticité de la Terre, et par conséquent cette ellipticité elle-même, et en général les éléments les plus délicats de l’astronomie. Si Monsieur Gauss a l’occasion de voir ou d’écrire à Monsieur Schroeter4, je lui prie de lui dire que je ne perds point de vue son affaire, que j’en ai parlé plusieurs [fois] à Monsieur Defermon5, Intendant Général du Domaine Extraordinaire, qui est plein de bonne volonté, et qui n’est arrêté que par la considération que le contrat d’achat des instruments de Monsieur Schroeter, par le Roi d’Angleterre6, portant pour clause qu’ils seraient à sa mort donnés à l’Université de Göttingen. Ces instruments sont une propriété du Roi de Westphalie7 1. « Mémoire sur les approximations des formules qui sont fonction de très grand nombres, et sur leur application aux probabilités », Mémoires de l’Institut National des Sciences et Arts. Sciences Mathématiques et Physiques, 10 (1809), 353-415 ; Laplace, O.C., 12, 301-353 ; et « Mémoire sur les intégrales définies, et leur application aux probabilités, et spécialement à la recherche du milieu qu’il faut choisir entre les résultats des observations », Ibid., 11 (1810), 279-347 ; Laplace, O.C., 12, 357-412. 2. Pierre Gilles Antoine Honoré Joseph Flaugergues. 3. Georg von Reichenbach. 4. Johann Hieronymus Schröter. 5. Jacques Defermon. 6. Georges III. 7. Jérôme Bonaparte.
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qui doit par conséquent remplir les conditions du contrat. Mais les choses ayant changées depuis que Monsieur Schroeter est devenu français, j’espère que tout cela pourra s’arranger à son avantage, et j’y ferai mon possible. Je prie Monsieur Gauss de me rappeler au souvenir de MM. Olbers et Harding en leur offrant mes plus tendres compliments. Laplace Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 93-94.
754. Laplace à Madame Laplace, 5 décembre 1811
A Madame Madame la Comtesse Laplace, à Poissons, par Joinville Ce jeudi 5 décembre 1811 Je ne sais, ma chère amie, si ma lettre te trouvera encore à Poissons. Si elle t’y trouve encore, je t’engage à partir lundi matin pour arriver mardi au soir. Je suis, en vérité, fâché de te voir absente dans un moment où tout le monde revient pour faire sa cour à Leurs Majestés. Tu le dois d’autant plus que Sa Majesté l’Empereur nous témoigne beaucoup de bienveillance. Il vient encore de m’accorder les entrées particulières pendant son séjour au Palais des Tuileries, et je compte en profiter, demain vendredi, pour aller faire ma cour, et offrir un exemplaire de notre Annuaire à Sa Majesté l’Impératrice1. Tu es invitée à dîner, mercredi prochain, chez le Duc de Dantzig2. L’affaire de Madame Molerat est terminée. Le Ministère de la Police3 m’a écrit pour m’en informer 1. Marie Joseph Tascher de la Pagerie, dite Joséphine, qui garda son titre d’Impératrice malgré son divorce en 1809. 2. François Joseph Lefebvre. 3. Anne Jean Marie René Savary.
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un billet aimable. Je l’en ai remercié par une lettre dans laquelle je lui dis qu’aussitôt après ton retour, nous irons le remercier de vive voix. Offre mes tendres compliments à ton oncle et ta tante de Fleury, ainsi qu’à ton oncle. Je t’embrasse bien tendrement ainsi que ma Sophie. Ton mari Laplace Bancroft, box 14, dossier 23.
755. [Laplace] à Blagden, 18 décembre 1811
A Monsieur A Monsieur le chevalier Blagden de la Société Royale de Londres, A Londres Paris, ce 18 décembre 1811 Monsieur et savant ami, Madame Molerat, tante de Madame Laplace, qui vous remettra cette lettre, a obtenu du gouvernement français la permission d’aller à la Guadeloupe pour y réclamer des biens de famille. Si vous pouvez lui procurer des lettres de recommandation auprès de l’administration de cette île, nous en serons très reconnaissants, Madame Laplace et moi. Les sciences continuent d’être cultivées en France. Parmi les mémoires lus à notre Institut, Monsieur Gay-Lussac en a donné un sur un moyen très précis d’avoir la densité des vapeurs1. Il trouve celle de la vapeur d’eau plus petite 1. « Sur la densité des vapeurs de divers liquides », Annales de Chimie et de Physique, 80 (1811), 218-220 ; et « Sur la capacité des gaz pour le calorique », Ibid., 81 (1812), 98-108.
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que Monsieur de Saussure, son rapport à la densité de l’air étant 10/17, tandis que Monsieur de Saussure l’avait trouvé 10/14. Il en résulte cela d’heureux pour l’astronomie, [à] savoir que la vapeur aqueuse disséminée dans l’air n’altère point la réfraction astronomique, ce que j’avais déjà observé dans la Mécanique Céleste, et ce qui devient très exact au moyen du nouveau rapport. Par là, les astronomes sont dispensés d’avoir égard à l’hygromètre, ce qui eut été fort embarrassant pour eux. Nous avons maintenant à notre observatoire l’instrument peut-être le plus parfait qui existe : c’est un grand cercle répétiteur de trois pieds français de diamètre. Il a été construit par Monsieur de Reichenbach, à Munich, et l’artiste est venu le placer lui-même sur la plate-forme du haut de l’Observatoire, d’où l’on découvre, comme vous pouvez vous le rappeler, tout l’horizon. Il est accompagné d’un grand cercle azimutal, en sorte que l’on peut observer à la fois la hauteur d’un astre et son azimut. Les divisions de cet instrument sont remarquables par leur netteté et leur exactitude. La lunette a quatre pieds de longueur et 45 lignes d’ouverture, et elle est équilibrée de manière qu’elle ne pèse point sur le centre de l’instrument et qu’il n’y ait point de flexion à craindre dans le tuyau ; au lieu d’alidade avec un nonnius, l’artiste employa deux cercles concentriques, l’intérieur d’argent et l’extérieur de cuivre, et qui sont si bien concentriques qu’ils semblent à l’œil soudés ensemble, lorsqu’on ne fait point mouvoir le cercle intérieur. J’ai prié le Bureau des Longitudes d’agréer le don que j’ai fait de ce bel instrument à l’Observatoire Impérial, en exprimant le désir qu’il soit spécialement appliqué aux observations de la Lune, pour en perfectionner les tables et pour déterminer avec une précision extrême les inégalités de son mouvement, dépendants de la figure de la Terre. Nous nous occupons beaucoup ici de la perfection des lunettes achromatiques. Vous connaissez les efforts que l’on a faits pour avoir du flint-glass. On y a bien réussi, et notre excellent opticien Lerebours a réuni à l’Observatoire un grand nombre d’objectifs de plus de 45 lignes d’ouverture et de cinq pieds de distance focale. Tous sont très bons. Il y en a un surtout qui est parfait et qui peut supporter un grossissement de 400 fois. Cet artiste s’occupe de faire un objectif de 6 pouces d’ouverture. De son côté, Monsieur de Reichenbach nous a remis un objectif de 68 lignes d’ouverture et de six pieds de distance focale. Il sert très bien et donne beaucoup de lumière, avec un grossissement de 150 fois ; mais en augmentant le grossissement, les bords de Jupiter commencent à n’être plus aussi bien terminés. Monsieur de Reichenbach fait lui-même son flint-glass, et il m’a dit avoir pour cet objet un procédé certain. Il se propose de faire incessamment un objectif d’un pied d’ouverture et d’environ quinze pieds de distance focale. La rare intelligence et la modestie de ce grand artiste inspirent beaucoup de confiance et donnent lieu d’espérer que bientôt nous aurons de ces grands objectifs, dont dépendent principalement les progrès de l’astronomie dans son état actuel.
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Je vous prie d’agréer, comme faible témoignage de mon amitié, les deux opuscules ci-joints, et de faire parvenir les deux autres à leur adresse. Ils font partie d’un grand ouvrage sur les probabilités, qui est actuellement sous presse. J’ai envoyé, il y a quelque temps, des exemplaires de la Connaissance des Temps de 1813 pour la Société Royale et pour Monsieur Pond, votre astronome royal, que je félicite votre observatoire de posséder maintenant. Son choix pour remplacer le docteur Maskelyne nous a fait à tous le plus grand plaisir. Salut et amitié. [Laplace] Monsieur Burckhardt vient de remettre à l’Institut de nouvelles Tables de la Lune, fondées sur plus de quatre mille observations, principalement de Bradley et de Maskelyne1. Leur forme est nouvelle, et comparée à un grand nombre d’observations toutes modernes, elles s’accordent parfaitement avec elles. Il a employé l’inégalité à longue période, telle que vous la trouverez dans l’opuscule ci-joint. Au reste, toutes ces nouvelles tables sont bien peu différentes entre elles, ce qui prouve que l’on est bien près de la vérité. Londres, Royal Society, CB/1/4/224.
756. Laplace à Montalivet, 27 décembre 1811
A Son Excellence M. le Comte de Montalivet, Ministre de l’Intérieur Paris, le 27 décembre 18112 Monsieur le Comte, La première Classe de l’Institut désirerait présenter dimanche prochain à Sa Majesté l’Empereur le volume de ses Mémoires qui vient d’être imprimé. Le 1. Johann Karl Burckhardt, Tables de la Lune (Paris, 1812), dans un ouvrage intitulé Tables Astronomiques. 2. Seule la signature est de la main de Laplace. En marge, d’une autre main : « répondu le 27 décembre 1811 ».
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Président de l’Institut a eu l’honneur d’écrire à Votre Excellence pour la prier de vouloir bien présenter elle-même la députation de l’Institut, et de prendre sur cet objet les ordres de Sa Majesté. J’ose comme vice-président de la première Classe, joindre mes prières aux siennes en prenant la liberté d’observer qu’il serait nécessaire que votre réponse parvînt, si cela se peut, demain samedi dans la matinée à l’Institut, pour que l’on puisse prévenir les membres de la députation. Je prie Votre Excellence de vouloir bien agréer les sentiments de ma haute considération. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace Angers, Bibliothèque Municipale, vol. 625.
757. Laplace à la Comtesse de Ségur, [1811]
sans description Revue des Autographes (décembre 1895), n° 183, p. 10, n° 163 ; et (avril 1900), n° 233, p. 11, n° 133.
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758. [Laplace] à Schubert, [1811]
A Monsieur Schubert, Conseiller d’Etat, astronome de l’Académie Impériale de Pétersbourg, à Pétersbourg [1811] Monsieur, Je me propose de vous faire parvenir par la première occasion, un mémoire assez étendu d’analyse et particulièrement sur les probabilités, qui vient de paraître et dans lequel je suis parvenu par une analyse assez singulière à faire voir que la méthode des moindres carrés des erreurs des observations lorsqu’il s’agit de prendre des milieux entre un grand nombre d’observations et de corriger à leur moyen un nombre quelconque d’éléments, est de toute la plus avantageuse et est donnée par la théorie des probabilités1. Je fais placer dans ce moment à l’Observatoire de Paris un grand cercle par Monsieur de Reichenbach. C’est, si je ne me trompe, l’instrument le plus parfait d’astronomie qui existe. Le Bureau des Longitudes a bien voulu agréer le don que j’en fais à l’Observatoire, en exprimant le désir que ce bel instrument soit appliqué spécialement aux observations de la Lune, pour en perfectionner les tables et pour déterminer avec une extrême précision, les inégalités de son mouvement, dépendant de la figure de la Terre. [Laplace] Saint-Pétersbourg, Archives de l’Académie des Sciences ; et publiée dans Akademiia Nauk, SSSR, Institut Istorii Yestestvoznaniya i Tekhniki, Nauchnoye Nasledstvo, 1.
1. « Mémoire sur les intégrales définies, et leur application aux probabilités, et spécialement à la recherche du milieu qu’il faut choisir entre les résultats des observations », Mémoires de l’Institut National des Sciences et Arts. Sciences Mathématiques et Physiques, 11 (1811) 279-347 ; Laplace, O.C., 12, 357-412.
759. Blagden à Laplace, 23 janvier 1812
A Monsieur le Comte Laplace1, Membre de l’Institut Impérial, Chancelier du Sénat, Au Palais du Sénat, à Paris 23 janvier 1812 Monsieur et illustre ami, Je viens de recevoir votre lettre du 18 décembre 1811, qui m’a été envoyée de Guernsey par Madame Molerat. Elle y est actuellement détenue avec sa famille, mais j’espère qu’elle aura bientôt la permission de se rendre ici bientôt. Vous pouvez vous fier à mon désir d’être utile à tout ce qui vous appartient, en toutes les choses qui dépendent de moi ; et mon ami le Chevalier Banks a la même disposition. En conséquence de la détention de Madame Molerat, je n’ai pas encore reçu les opuscules annoncés dans votre lettre. Quand ils me seront parvenus, je chercherai une occasion de vous remercier, et de vous mander ce que nous avons de nouvelles scientifiques. En attendant, agréez ma reconnaissance pour celles que vous m’avez communiquées, et l’assurance de ma haute estime et de ma forte amitié. C. Blagden Je vois que les deux exemplaires de la Connaissance des Temps de 1813, destinés pour la Société Royale et pour Monsieur Pond, Astronome Royal, ne sont pas encore arrivés. Il y a une erreur dans le Nautical Almanac pour 1812, dont vous aurez l’histoire une autre fois. brouillon Londres, Royal Society, CB/1/4/224. 1. Une note en bas de page dit : « Gave that letter to Mr. Russel, who took charge of it ».
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760. Gauss à Laplace, 30 janvier 1812
A Son Excellence, M. le Comte Laplace, Chancelier du Sénat-Conservateur, à Paris Göttingen, ce 30 janvier 1812 Monsieur, Je vous dois mille remerciements pour les deux mémoires que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer et que j’ai reçu dans ces jours1. Les fonctions que vous y traitez aussi bien que les questions de probabilités, sur lesquelles vous préparez un grand ouvrage ont un grand attrait pour moi, quoique j’aie peu travaillé moi-même sur les dernières. Je me rappelle pourtant d’un problème curieux ; duquel je me suis occupé il y a douze ans, mais lequel je n’ai pas réussi alors à résoudre à ma satisfaction. Peut-être daignerez-vous vous en occuper quelques moments : dans ce cas, je suis sûr que vous trouverez une solution plus complète. Le voici. Soit M une quantité inconnue entre les limites 0 et 1, pour laquelle toutes les valeurs sont ou également probables ou plus ou moins selon une loi donnée : qu’on la suppose convertie en une fraction continue 1 M = ----------------------------1 ac + -----------------as + etc
Quelle est la probabilité, qu’en s’arrêtant dans le développement à un terme fini, a(n), la fraction suivante 1 ---------------------------------------------------n + 1 1 + ----------------------------a n + 2 + etc a
soit entre les limites 0 et x ? Je la désigne par P(n,x) et j’ai, en supposant pour M toutes les valeurs également probables, P(0,x) = x ; P(1,x) est une fonction transcendante dépendante de la fonction 1 + 1--- + 1--- + } + 1--- que Euler nomme 2
3
x
1. « Mémoire sur les approximations des formules qui sont fonctions de très grand nombres, et sur leur application aux probabilités », et « Mémoire sur les intégrales définies, et leur application aux probabilités », Mémoires de l’Institut des Sciences et des Arts. Sciences Mathématiques et Physiques, 10 (1809), 353-415 et 11 (1810), 279-347 ; Laplace, O.C., 12, 301-353 et 357-412.
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inexplicable et sur laquelle je viens de donner plusieurs recherches dans un mémoire présenté à notre Société des Sciences qui sera bientôt imprimé. Mais pour les cas où n est plus grand, la valeur exacte de P(n,x) semble intraitable. Cependant j’ai trouvé par des raisonnements très simples que pour n infini on
log 1 + x - . Mais les efforts que j’ai fait lors de mes recherches a P n ,x = -----------------------log 2
1 + x - pour une valeur très grande de n mais pas pour assigner P n ,x – log -----------------------log 2
infinie, ont été infructueux. Je1 n’ai pu, à cause du mauvais temps, observer la seconde comète plus que cinq fois : voici mes observations que je vous prie de communiquer à vos astronomes
1811.Dec.
1812.Janv.
9 11 12 3 4
t.m. 10h 6' 10 34 8 5 7 1 7 0
52" 1 52 30 59
63° 63 63 62 62
Asc.dr. 49' 33 26 37 40
41"4 18,0 25,3 6,4 38,6
10° 8 7 9 10
Decl. 21' 55"5 A 39 46,4 54 25,9 47 14,7 B 29 57,8
J’avais déjà calculé en décembre les éléments paraboliques d’après mes trois premières observations et quelques unes de Monsieur de Zach : ils se trouvent dans le Moniteur Westphalien2. Mais depuis mes dernières observations je les ai fait corriger par un de mes disciples, Monsieur Nicolai, dont l’adresse dans le calcul astronomique est très distinguée. Il y a trouvé Périhélie, tems 1811. Nov. 11. 9h 24' 38" merid. de Gottingue --longitude 47° 39' 36" --distance 1.589198 Nœud ascendant 92. 53 44,2 Inclinaison 31 32 38,7 mouv. direct Ces éléments représentent à merveille toutes les observations et je suis sûr qu’ils n’auront besoin que de très légères corrections. J’espère encore pouvoir observer la comète dans le mois de février. J’ai fait usage de la méthode des moindres carrés depuis l’an 1795, et je trouve dans mes papiers, que le mois de juin 1798 est l’époque où je l’ai rapprochée aux principes du calcul des probabilités : une note là-dessus se trouve 1. Les passages suivants, jusqu’aux mots « J’ai fait usage » ne se trouvent pas reproduits dans Gauss, Werke, 101, 371-374. 2. (10 février 1812), 138-140.
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dans un journal que j’ai tenu sur mes occupations mathématiques depuis l’an 1796, et que j’ai montré dans ces jours à Monsieur de Lindenau. Cependant mes applications fréquentes de cette méthode ne datent que dès l’année 1802, et depuis ce temps j’en ai fait usage pour ainsi dire tous les jours dans mes calculs astronomiques sur les nouvelles planètes. Comme je m’étais proposé depuis ce temps de réunir toutes les méthodes dont je me suis servi dans un ouvrage étendu, (que j’ai commencé en 1805 et dont le manuscrit d’abord en allemand était achevé en 1806, mais lequel à la prière de Monsieur Perthes, j’ai traduit depuis en latin ; l’impression a commencé en 1807 et s’est finie qu’en 1809), je ne me suis pas hâté d’en publier un morceau détaché, ainsi Monsieur Legendre m’a prévenu. Au reste, j’avais déjà communiqué cette même méthode, beaucoup avant la publication de l’ouvrage de Monsieur Legendre, à plusieurs personnes, entr’autres à Monsieur Olbers en 1803 qui certainement doit se le rappeler. Ainsi, pouvais-je dans ma Théorie des Mouvements des Planètes1 parler de la méthode des moindres carrés, dont j’avais fait depuis sept ans mille et mille applications, dont j’avais développé la théorie, dans la section troisième du onzième livre de cet ouvrage, du moins en allemand, beaucoup avant d’avoir vu l’ouvrage de Monsieur Legendre – je dis, pouvais-je parler de ce principe, que j’avais annoncé à plusieurs de mes amis déjà en 1803 comme devant faire parti de l’ouvrage que je préparais, – comme d’une méthode empruntée de Monsieur Legendre ? Je n’avais pas l’idée, que Monsieur Legendre pouvait attacher tant de prix à une idée aussi simple, qu’on doit plutôt s’étonner qu’on ne l’a pas eu depuis cent ans, pour se fâcher que je raconte que je m’en suis servi avant lui ? En effet, il serait très facile de le prouver à tout le monde par des témoignages qu’on ne saurait refuser, si cela valait la peine. Mais j’ai cru que tous ceux qui me connaissent le croiraient même sur ma parole, ainsi que je l’aurais cru de tout mon cœur, si Monsieur Legendre avait avancé qu’il avait possédé la méthode déjà avant 1795. J’ai dans mes papiers beaucoup de choses, dont peut-être je pourrai perdre la priorité de la publication ; mais soit, j’aime mieux faire mûrir les choses. Quant à ce que vous dites de Monsieur Schroeter, je suis entièrement de votre avis que les instruments, pour lesquels il a reçu le paiement en argent comptant du Roi d’Angleterre, sont devenus la propriété de l’Université de Göttingen, par le contrat même. Cependant, s’il pourrait se faire un arrangement par lequel le grand télescope de 26 pieds serait cédé aux astronomes de Paris – car sans doute, c’est celui seul qu’on y souhaite, comme tous les autres sont inférieurs à ceux qu’on a déjà à Paris – je ne nie pas que je regretterais la perte de cet instrument sans pareil ; mais pourtant je me console d’autant plus facilement, que ces sortes d’observations ne sont guère de mon goût, et que je préfère les observations qui se rapportent à l’astronomie mathématique à celles qui tiennent à la physique. Ainsi, pour moi, un cercle répétiteur de Reichen1. Theoria Motus Corporum Celestium (Hamburg, 1809).
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bach aurait infiniment plus de prix qu’un grand télescope, fût-il même de cent pieds. Continuez, Monsieur, de m’honorer de votre bienveillance, que je range parmi les choses les plus essentielles à mon bonheur. Carl Friedrich Gauss « Lettre adressée à Laplace. Copie vérifiée [signé] J. Bertrand ». Copie dans Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliotek Göttingen ; imprimée en partie dans C.F. Gauss, Werke X. Bandes, 1. Abteilung (Göttingen, 1917), 371-374 ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 94-97.
761. Laplace à Bessel, 12 février 1812
A Monsieur Monsieur Bessel, Professeur d’astronomie dans l’Université de Königsberg Prusse Königsberg 12 février 1812 Monsieur, J’ai reçu les lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, avec l’exemplaire de votre ouvrage sur la comète de 16071. J’ai toujours attendu pour y répondre une occasion favorable qui me mit à même de vous envoyer en même temps quelques mémoires que j’ai fait imprimer. Mais cette occasion ne s’étant point encore présentée, et ne sachant pas quand je pourrai en trouver une, je prends le parti de vous écrire directement par la poste. Je commence d’abord par vous remercier de votre ouvrage, que j’ai lu avec un vif intérêt, ainsi que les détails contenus dans vos lettres. J’ai lu pareillement avec le plus grand plaisir l’extrait du beau travail que vous avez fait sur les observations de Bradley. Je regarde ce travail comme l’un des plus impor1. « Berechnung der Harriot’schen und Torporley’schen Beobachtungen des Cometen von 1607 », Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erd- und Himmels-Kunde, 10, 425-440.
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tants que l’on ait fait en astronomie, dont tous les éléments reposent sur ces observations. En comparant vos résultats à ceux que l’on obtiendra dans la suite, on déterminera avec une grande exactitude les mouvements de tous les corps célestes, et les petites inégalités de ces mouvements jusqu’ici cachées dans les erreurs des observations. Il en est une qui me paraît très vraisemblable, mais sur laquelle l’imperfection des observations de La Hire et de Bradley ne permet pas de prononcer avec certitude. C’est l’inégalité lunaire en longitude, dont la période est de 180 ans. Je l’avais indiquée à Monsieur Bürg comme pouvant exister par la théorie, et servir à concilier les différences qu’il trouvait en déterminant le moyen mouvement de la Lune par les observations de Flamsteed, Bradley et Maskelyne ; et en effet, cette inégalité les fait disparaître d’une manière heureuse. Il l’a employée dans ses Tables. Mais en réfléchissant depuis sur la théorie de cette inégalité, il m’a paru qu’elle devait dépendre principalement de la différence des deux hémisphères terrestres, et alors elle est proportionnelle au cosinus d’un argument formé de la longitude moyenne du périgée lunaire plus deux fois celle du nœud ; avec le coefficient –13"9s, en sorte que les époques des Tables de Bürg doivent être corrigées par la formule i19",06 –13",9scos E E étant l’argument dont il s’agit, et i étant le nombre de siècles écoulés depuis 1756. Mais cette formule repose sur les observations de Flamsteed ; ainsi l’on ne sera bien assuré de son exactitude que par des observations nombreuses faites dans un demi-siècle, et bien discutées et comparées à votre beau travail sur les observations de Bradley. Si cette inégalité se vérifie, elle répandra un grand jour sur la constitution du sphéroïde terrestre. Je connaissais déjà vos observations et vos résultats sur Saturne, ses satellites et son anneau. Il me paraît cependant qu’il faut encore diminuer la masse de Saturne. Monsieur Bouvard ayant comparé un très grand nombre d’observations avec la théorie pour former de nouvelles tables de cette planète a reconnu, d’une manière, à mon avis très vraisemblable, qu’il faut supposer sa masse au plus 1/3534,08 de celle du Soleil. Continuez, Monsieur, vos importants travaux, et veuillez bien me conserver la même bonté de me les communiquer. Je vous prie de croire que personne ne les apprécie avec plus de justice et n’en sent mieux tout le prix, et c’est avec une extrême satisfaction que je vois en vous l’un des plus illustres soutiens de l’astronomie en Europe. Veuillez bien agréer l’assurance de tous les sentiments d’estime que vous m’avez inspirés et ceux de la reconnaissance que je dois aux témoignages honorables d’estime que vous voulez bien me donner. Comte Laplace Berlin, Brandenburgische Akademie der Wissenschaften, Akademiearchiv, Nachlass F.W. Bessel, n° 280.
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762. reçu, 8 avril 1812
8 avril 1812 Caisse d’Amortissement 1.000 francs Je soussigné, Caissier Général de la Caisse d’Amortissement, reconnais avoir reçu de M. le Comte La Place, Chancelier du Sénat la somme de 1.000 francs, pour la Société Maternelle. Paris, ce 8 avril 1812 Le Caissier général J. Mignotte reçu Bancroft, box 2, dossier 2.
763. reçu, [25 avril 1812]
Grand Orient de France1 [25 avril 1812] Il a été déposé au Secrétariat du G[rand] O[rient] de France par le Ve F 1. Ecriture placée autour d’un dessein rond. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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Laplace, la somme de 40 francs pour être versée dans la Caisse de l’Ordre pour le don gratuit d’Officier d’Honneur jusques et compris l’année de 5812. à l’O[rient] de Fait à Paris, ce 25 jour du 4e mois 5812 Le substitut au Secrétariat ou son Adjoint, Savin reçu Bancroft, box 1, dossier 29.
764. Laplace à Fossombroni, 2 mai 1812
A Monsieur Monsieur le Sénateur Comte Fossombroni A Florence Paris, ce 2 mai 1812 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur le Comte Fossombroni l’hommage de mes sentiments d’estime et de considération et de le prier de vouloir bien faire remettre à M. Paoli, avec mille compliments de ma part, l’exemplaire ci-joint de la première partie de mon ouvrage « Sur le calcul des probabilités »1. La seconde partie est presque entièrement imprimée et le sera à la fin de ce mois. Au retour de Monsieur de Fossombroni, j’aurai l’honneur de lui en offrir un exemplaire complet. Comte Laplace Arezzo, Archivio di Stato, Archivio Fossombroni, f.25, lettera L, ins.25 ; et publiée par Iolanda Nagliati, La Corrispondenza Scientifica di Vittorio Fossombroni (1773-1818) (Bologna, 2009), p. 369. 1. Théorie Analytique des Probabilités (Paris, 1812).
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765. document, 6 mai 1812
Du 6 mai 18121 20 pièces d’or de 48# tournois réduite à 944f 2 pièces d’or de 24# 47 argent et monnaie 8 ____ 1000
10 90 __ 00
document Bancroft, box 3, dossier 13.
766. Laplace à Van Praet, 28 mai 1812
A Monsieur Monsieur Van Praet Bibliothécaire de la Bibliothèque Impériale Paris Ce 28 mai 1812 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Van Praet l’hommage de mes sentiments d’estime et d’attachement, et de le prier de vouloir bien me prêter pour quelques jours les deux ouvrages suivants, anglais : 1. Sans signature.
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Simpson, Traité sur la nature et les loix de chances1 Price, Traité des annuités2 Le Chancelier du Sénat Comte Laplace3 B.N., MS, n.a.fr. 854, fols 299-300.
767. Emile Laplace à Laplace, 5 juin 1812
A Monsieur le Comte de Laplace Chancelier du Sénat Au Palais du Luxembourg Thorn, 5 juin 1812 Je vous écris ces mots pour vous dire que je pars demain de Thorn pour me porter en avant. Je vous ai écrit deux lettres que vous recevrez après celle-ci dont Le Duc veut bien se charger, et dans lesquelles je vous apprends que je fais le service d’aide-de-camp pour le Prince de Neufchâtel4. Je suis bien portant et très heureux. Je m’occupe de mes montes, car j’ai déjà l’expérience que pour suivre l’Empereur, il faut de bons chevaux et pouvoir en changer. Adieu, mon cher papa, je vous donne plus de détails dans mes deux autres lettres. Je vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ma mère et ma sœur. Votre dévoué fils E. Laplace Bancroft, box 17, dossier 4. 1. Thomas Simpson, The Nature and Laws of Chance ([London], 1740). 2. Richard Price, The Doctrine of Annuities and Assurances on Lives and Survivorship (London, 1779). 3. Seule la signature est de la main de Laplace. 4. Louis Alexandre Berthier.
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768. Le Duc à Laplace, 6 juin 1812
Thorn, le 6 juin 1812 Monsieur le Comte, J’ai eu le plaisir en faisant ici la connaissance de Monsieur votre fils de lui remettre les 1.200 francs que vous m’aviez confiés à Paris le 7 du mois dernier. J’ai prévenu en même temps Monsieur De la Place que j’avais à sa disposition une somme de 3.000 francs en réserve pour ses dépenses imprévues qu’il pourra réclamer en prenant toutefois l’assentiment du Prince de Neuchâtel1. J’ai l’honneur de vous adresser, Monsieur le Comte, les deux reçus de Monsieur votre fils. Je vous prie de vouloir bien annuler celui que j’ai fait au moment de mon départ, à la personne qui est venue m’apporter les fonds de votre part. J’ai l’honneur d’être Monsieur le Comte avec les sentiments les plus respectueux Votre très humble et très obéissant serviteur. Le Duc Commissaire ordonnateur, secrétaire intime du Prince de Neuchâtel Bancroft, box 7, dossier 14.
1. Louis Alexandre Berthier.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
769. Laplace à Paoli, 2 juillet 1812
A Pietro Paoli 2 juillet 1812 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Paoli l’ouvrage que je viens de publier sur les probabilités1. Je le prie de vouloir bien l’agréer comme un témoignage de mes sentiments d’estime et d’attachement. Monsieur Fossombroni a dû lui remettre la première partie de cet ouvrage. Je le prie de vouloir bien le lui rendre, en lui disant que je compléterai l’ouvrage à son retour à Paris. Laplace Imprimé d’après la copie faite par Geminiano Riccardi dans Memorie della Regia Accademia di Scienze, Lettere ed Arti in Modena, ser. 3, 1 (1898), 109.
770. document, 5 juillet 1812
5 juillet 1812 [Contrat de mariage Sophie Laplace/Adolphe De Portes] Nous soussignés Monsieur le Comte et Madame la Comtesse Laplace en acquiescent aux articles proposés par les père et mère de Monsieur Adolphe De Portes, auditeur au Conseil d’Etat, pour parvenir à son mariage avec Made1. Théorie Analytique des Probabilités (Paris, 1812).
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moiselle Sophie Laplace, notre fille, avons fait rédiger les articles ainsi qu’il suit : 1° Le mariage projeté aura lieu d’ici au 15 août prochain et toutes les formalités nécessaires seront remplies de part et d’autre dans cet espace de temps. 2° Monsieur et Madame De Portes vu leur éloignement de Paris se réservent d’envoyer une procuration notariée pour la rédaction du contrat de mariage et sa célébration. 3° Il sera stipulé dans lesdits articles que Monsieur De Portes père en faveur du mariage institue son fils, futur époux, pour son héritier à titre universel, pour par le futur recueillir dans la succession de l’instituant tout ce que la loi lui permet de disposer, et ce par préciput et hors part et indépendamment de la portion de droit dans le surplus de cette succession, sous la réserve de la part de l’instituant de disposer de l’usufruit de la moitié de ses biens en faveur de sa femme, elle lui survivant, bien entendu que si le futur venait à décéder sans descendants avant d’avoir recueilli l’effet de cette institution, elle deviendrait nulle et caduque, et que dès à présent et en attendant l’ouverture de sa succession, le père dudit futur époux lui payera une rente et pension annuelle de 6.000 francs, exempte de toutes impositions payable par semestre. 4° Que le mariage sera régi par le régime dotal et qu’en conséquence la demoiselle Laplace, future épouse, se constituera tous ses biens présents et à venir, et que dès à présent Monsieur le Comte et Madame la Comtesse Laplace lui constitueront en dot à valoir sur les droits de leur succession, mais à imputer sur celle de prédécédé, la somme de 300.000 francs qu’ils s’obligeront de payer comptant au futur époux en biens fonds de pareille valeur dans le délai d’une année ou lors de la passation du contrat de mariage, au choix de Monsieur et Madame Laplace, qui ne pourront se libérer d’autre manière, et qui en attendant la délivrance effective dudit bien dotal au futur époux lui payeront, à dater du jour de la célébration du mariage, l’intérêt de ladite somme de 300.000 francs à 5 %. 5° Le futur époux donnera chaque année à la future épouse une pension de 4.000 francs pour sa toilette payable d’avance de six en six mois. 6° Les futurs époux, leurs enfants et leurs domestiques, au nombre de trois au plus, seront logés, nourris, chauffés et éclairés dans la maison des père et mère de la future et à leur table, tant à la ville qu’à la campagne, jusqu’à l’époque où le futur époux aura personnellement un traitement ou un revenu annuel de 15.000 francs en sus de la pension de 6.000 francs que Monsieur son père lui assure, et en sus aussi de la dot que Monsieur et Madame Laplace constitueront à Mademoiselle leur fille future épouse, cette obligation ne sera pas sujette à rapport de la part de la future aux successions de ses père et mère.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
7° Au cas de prédécès de la future à ses père et mère sans laisser de descendance, ils se réserveront le retour et le reversion de la dot par eux à elle constitutée. 8° Que les futurs époux se donneront réciproquement à titre de gain de survie, une rente viagère de 3.000 francs à prendre sur les biens du prédécédé, laquelle aura au cours du jour du décès du premier mourant, et sera payée par semestre sans retenue. 9° Que dans le cas de prédécès du futur époux, la demoiselle future épouse aura en toute propriété tous ses habits, linge, dentelles, instruments, bijoux et diamants, chevaux et voitures. 10° Que outre les gains de survie ci-dessus stipulés, la future, ses enfants et héritiers reprendront sa dot ou fonds dotal en tenant lieu qui lui sera propre, ensemble tout ce qui lui sera advenu et échu pendant le mariage tant en meubles qu’immeubles par succession, donation, legs ou autrement et dont le futur sera seul et personnellement responsable. Fait double, à Paris, le 5 juillet 1812 approuvant l’écriture ci-dessus Fabre de l’Aude document Bancroft, box 25, dossier 15.
771. Laplace à [Olbers], 9 juillet 1812
Paris, ce 9 juillet 1812 Monsieur Olbers sera peut-être bien aise de connaître le précis des recherches de Monsieur Herschel, qui a été inséré dans le Moniteur où l’on a rendu compte de mon ouvrage1. J’ai l’honneur de lui adresser ce précis, en le priant 1. Il s’agit de la Théorie Analytique des Probabilités (voir « Herschel : Sur les effets de condensation des nébuleuses », Moniteur, 739-740 du volume pour l’année 1812).
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d’agréer l’assurance de mes sentiments d’estime et d’attachement bien sincères. Comte Laplace Bremen, Staatsbibliothek, VI La 1.
772. Laplace à Oriani, 9 juillet 1812
A Oriani Paris, ce 9 juillet 1812 J’ai l’honneur, Monsieur, de vous adresser l’exemplaire ci-joint de l’ouvrage que je viens de publier sur le calcul des probabilités, en vous priant de l’agréer comme un hommage de mes sentiments d’estime et d’amitié1. Vous y verrez que le calcul des probabilités m’a conduit à la méthode des moindres carrés des erreurs, lorsque l’on emploie un grand nombre d’observations, en sorte que je crois qu’il convient maintenant d’en faire usage dans l’astronomie. Nous sommes parfaitement contents ici du grand cercle répétiteur de Monsieur de Reichenbach, que j’ai donné à l’Observatoire. La latitude de l’Observatoire est à très peu près 48°50'13",7, à très peu près, comme Monsieur Delambre l’avait déjà trouvée, et l’obliquité déterminée par ce dernier solstice et par onze jours d’observations et réduite au premier janvier 1812 a été trouvée de 23°27'51",36, plus grande de 0",6 que suivant nos tables. Les différences entre les résultats des séries extrêmes, soit pour la polaire, soit pour le solstice, ne passent pas deux secondes. C’est bien certainement tout ce que l’on peut désirer et cela répond aux objections de Monsieur de Zach. Le Bureau des Longitudes fait imprimer de nouvelles Tables de la Lune de Monsieur Burckhardt2. Elles sont plus précises, surtout beaucoup plus commo1. Théorie Analytique des Probabilités (Paris, 1812). 2. Johann Karl Burckhardt, Tables de la Lune (Paris, 1812), dans un ouvrage intitulé Tables Astronomiques.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
des que celles de Monsieur Bürg. Nous les avons comparées à celles-là par la méthode exposée page 329 de l’ouvrage que j’ai l’honneur de vous adresser. Voudriez-vous bien me rappeler au souvenir de mon ami Monsieur Moscati et de Monsieur Volta et leur offrir mes plus tendres compliments. Veuillez bien agréer vous-même l’assurance de tous mes sentiments d’estime et d’attachement bien sincères. Laplace Vous serez peut-être bien aise de connaître les nouvelles idées de Monsieur Herschel sur la construction de l’univers. J’ai l’honneur de vous envoyer le Moniteur où j’en ai fait insérer le précis, à la suite du compte-rendu de mon ouvrage1. Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1812, 1812 07 09 PSL BO ; et publiée par G. Tagliaferri et P. Tucci dans Giornale di Fisica, 34 (1993), 275-276.
773. Laplace à [Reichenbach], 10 juillet 1812
Paris, le 10 juillet 1812 Monsieur, J’ai prié Monsieur l’ambassadeur de Bavière en France de vouloir bien, à la première occasion, vous faire parvenir un exemplaire de l’ouvrage que je viens de publier sur le calcul des probabilités, et il a bien voulu me le promettre2. Je vous prie d’agréer cet exemplaire, comme un témoignage de mon estime et de ma reconnaissance ; nous sommes ici extrêmement contents de votre bel instrument. C’est le plus parfait instrument d’astronomie qui existe. Nos observateurs vont l’employer à déterminer les points les plus délicats de cette science. 1. Moniteur (1812), 739-740. 2. Théorie Analytique des Probabilités (Paris, 1812).
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Déjà, ils ont déterminé la latitude de la face méridionale de l’Observatoire de Paris, qu’ils trouvent de 48°50'13",7, à très peu près la mesure que Monsieur Delambre avait déjà trouvée. Ils viennent de déterminer l’obliquité de l’écliptique par le dernier solstice, et je m’empresse de vous envoyer leur résultat ; vous verrez que la différence entre les séries extrêmes ne va pas à deux secondes sexagésimales. Tout cela répond aux objections que l’on a faites contre les cercles répétiteurs. Je conçois que les petits peuvent être sujets à des incertitudes en raison surtout de la faiblesse des lunettes ; mais celui que nous possédons de vous ne me paraît sujet à aucune objection solide. Veuillez bien, Monsieur, recevoir avec mes félicitations sur son exactitude, l’expression de ma reconnaissance et de mes sentiments d’estime et d’attachement. Comte Laplace Facsimilé reproduit par Walther von Dyck, Georg von Reichenbach (München, 1912), planche IV, p. 40. L’original se trouve à Munich, Deutsches Museum.
774. Laplace à [Montalivet], 10 juillet 1812
[Au Ministre de l’Intérieur]1 Paris, ce 10 juillet 1812 Monsieur le Comte, J’ai l’honneur d’offrir à Votre Excellence, l’ouvrage que je viens de publier sur le calcul des probabilités2. Je le prie de vouloir bien agréer en même temps, l’hommage de mes sentiments de haute considération. Comte Laplace3 1. Jean Pierre Bachasson, comte de Montalivet. 2. Traité Analytique des Probabilités (Paris, 1812). 3. De la main du Ministre : « remercier tout particulièrement et annoncer un grand intérêt ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
[brouillon de réponse] J’ai reçu, Monsieur le Comte, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 10 de ce mois, l’exemplaire de votre ouvrage sur les probabilités. Je m’empresse de vous en faire tous mes remerciements. [Je lirai avec tout l’intérêt que mérite une production due à vos précieuses connaissances.] J’apprécie toute l’importance d’une production due à vos rares connaissances. Recevez, Monsieur le Comte, les assurances de ma haute considération. A.N., AA65, plaquette 2 (492).
775. Primat à [Laplace], 14 juillet 1812
Toulouse, le 14 juillet 1812 Monsieur le Comte, L’heureuse nouvelle que vous m’avez donnée du mariage projeté de Mademoiselle de Laplace avec Monsieur de Portes mon diocésain, m’a causé une joie inexprimable. Combien je suis flatté et reconnaissant de votre obligeante attention dans cette circonstance ! Les qualités de mon diocésain, me sont connues, c’est un jeune homme rangé, honnête, qui a de l’esprit et de l’éducation et qui joint à ces avantages toute l’amabilité d’un bon caractère. J’eu le plaisir de l’accompagner dans sa première visite au Prince Archichancelier, son Altesse, qui avait eu des bontés pour lui, et qui lui fit un accueil gracieux [et] a continué de l’honorer de sa bienveillance1. J’ai l’honneur aussi de connaître particulièrement sa famille. Madame de Portes, est une dame d’un vrai mérite, elle tient à la famille d’Aligre ; Monsieur de Portes père est un excellent homme, il jouit d’une grande considération. La charge honorable dont il était pourvu dans l’ancien régime, lui donnait un rang distingué parmi la noblesse du pays. Son fils sera un des plus riches héritiers de notre Département. Je le félicite bien sincèrement d’avoir trouvé une personne aussi intéressante à tous égards, que Mademoiselle de Laplace. Les avantages que vous lui faites, 1. Jean Jacques Régis de Cambacérès.
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et les qualités personnelles des deux époux, feront un excellent ménage. Ce sera pour moi une grande jouissance de voir une union si bien assortie. J’en remercie en mon particulier, notre cher collègue le Sénateur Fabre qui vous en a donné la première idée. Pourrais-je, Monsieur le Comte et respectable collègue, avoir une occasion plus heureuse pour me rappeler à votre bon souvenir qui m’est si précieux, et pour offrir à Madame la Comtesse, mes hommages respectueux. Veuillez bien recevoir, je vous prie, la profession de mes sentiments et de la haute considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être, Monsieur le Comte, Votre très humble et très dévoué serviteur. Le Sénateur Primat Archevêque de Toulouse Bancroft, box 10, dossier 15.
776. [Montalivet] à Laplace, 16 juillet 1812
A Monsieur le Comte de Laplace, Sénateur Paris, le 16 juillet 1812 J’ai reçu, Monsieur le Comte, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 10 de ce mois, l’exemplaire de votre ouvrage sur les probabilités1. Je m’empresse de vous en faire tous mes remerciements. J’apprécie toute l’importance d’une production due à vos rares connaissances. Recevez, Monsieur le Comte les assurances de ma haute considération. [Ministre de l’Intérieur]2 brouillon A.N., AA 65, plaquette 2 (492). 1. Théorie Analytique des Probabilités (Paris, 1812). 2. Jean Pierre Bachasson, comte de Montalivet. Sans signature, mais avec le mot : « Recopiez ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
777. Napoléon Bonaparte à Laplace, 1er août 1812
Au Comte Laplace, Chancelier du Sénat, et membre de l’Institut, à Paris A Vitebsk, le 1er août 1812 Monsieur le Comte Laplace, Je reçois avec plaisir votre traité du calcul des probabilités1. Il est un temps où je l’aurais lu avec intérêt. Aujourd’hui, je dois me borner à vous témoigner la satisfaction que j’éprouve toutes les fois que je vous vois donner de nouveaux ouvrages qui perfectionnent et étendent cette première des sciences. Ils contribuent à l’illustration de la Nation. L’avancement et la perfection des mathématiques sont intimement liées à la prospérité de l’Etat. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde. Napoléon copie Bancroft, box 1, dossier 22 ; et Correspondance de Napoléon I (Paris, 1868), 24, 131.
1. Il s’agit de la première édition du Traité Analytique des Probabilités, qui date de la fin du mois de juin 1812.
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778. Marie Anne Laplace à [Madame Laplace], 16 septembre 1812
Beaumont, ce 16 septembre 1812 Madame la Comtesse [Laplace] Ma chère sœur, J’ai reçu la charmante lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’adresser. Je suis bien sensible aux marques d’amitié que vous me témoignez. Vous voulez bien m’apprendre le mariage de ma chère nièce avec Monsieur Desportes [De Portes], auditeur au Conseil d’Etat, il n’y a aucun doute qu’il a toutes les qualités requises pour rendre bienheureuse la future épouse, et pour vous donner, et à mon cher frère, tout plein d’agrément, puisque vous prenez le bon parti de garder chez vous les jeunes époux, sans quoi vous seriez privée de vos deux enfants à la fois. Vous donnez à ma chère nièce une belle dot, mais aussi vous trouvez dans Monsieur Desportes une fortune qui y répond ou qui y répondra plus tard, et une famille distinguée. Ainsi tout se convient beaucoup, les suites n’en peuvent être que très heureuses, et j’en serai très flattée. Vous me donnez des détails qui me font un plaisir infini, je m’en occupe souvent. C’est moi, ma chère sœur, qui vous prie de m’accorder la continuation de vos bontés comme de vos bons souvenirs. Je désirerais bien pouvoir vous les réitérer ou du moins être à portée d’être présente à la belle cérémonie du mariage, mais mon âge ne me permet que d’y être d’intention et de faire des vœux pour le bonheur parfait des jeunes époux et de votre entière satisfaction. Je désire que Monsieur Desportes parcoure une belle et longue carrière comme celle de mon cher frère, et que vous passiez tous ensemble des jours heureux, je serai contente moi-même. J’ai appris que mon cher neveu est à l’armée et que vous en est [sic] très contente. Je prie Dieu pour la conservation de ses jours, et pour qu’un jour il vous fasse jouir de la même satisfaction que ma chère nièce, en lui donnant son établissement. J’ai communiqué votre charmante lettre à mes enfants, ils sont aussi sensibles que reconnaissants de votre attention. La nouvelle du mariage a été pour eux une joie entière ; ils désirent aux futurs époux bien de la joie et du plaisir, et vous prient d’agréer l’assurance de leurs amitiés les plus respectueuses. Mr et Mme Lamotte en sont aussi remplis de joie. Ils vous remercient bien de votre attention en vous priant d’agréer leurs hommages respectueux.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Adieu ma chère sœur. Je vous prie de recevoir l’amitié la plus sincère et qui ne finira qu’avec moi. Marie Anne Laplace1 lettre complémentaire Bancroft, box 21, dossier 17.
779. Laplace à Saint-Quantin, 24 septembre 1812
Copie de la lettre écrite le 24 septembre 1812 par le Chancelier du Sénat, à Monsieur St Quantin, agent de la Sénatorerie de Bruxelles, à Gand Monsieur le Comte François de Neufchâteau, Sénateur, titulaire de la Sénatorerie de Bruxelles, en me communiquant, Monsieur, votre lettre du 7 de ce mois, et celle de Monsieur le Préfet de l’Escaut2 qui l’accompagnait, m’a prié de lui tracer la conduite à suivre, soit pour recouvrir la modique somme à quoi se trouve estimé le terrain qu’enlève à cette Sénatorerie la nouvelle route de Bruges à Breskens, soit pour régler ce qui convient à cet égard, entre le Sénat, le titulaire et le fermier. Pour épargner à mon collègue un soin qui pourrait lui être pénible dans les circonstances douloureuses où il se trouve, je prends le parti, Monsieur, de vous adresser directement mes observations sur cette affaire. Je regrette d’abord que vous n’ayez pas songé à nous faire délivrer un extrait du procès-verbal d’estimation suffisant pour donner quelque idée, soit des formes dans lesquelles on y a procédé, soit des circonstances qui ont déterminé les experts à ne supposer qu’une valeur capitale de 1.000 francs l’hectare à des terres dont le produit net excède de 51 francs par an. J’aurais de plus désiré savoir si le fermier est disposé à se contenter d’une réduction de fermage qui n’excède pas 31 francs 40 centimes, intérêt légal et annuel du capital de 628 francs offert à la Sénatorerie. Ni l’empressement que l’administration paraît mettre à terminer cette affaire, ni même la crainte qu’on vous a inspirée d’être mis à l’arrière, 1. Cette lettre fut probablement dictée et écrite par un scribe. La signature est d’une autre main, celle de Marie Anne Laplace. 2. Frédéric Christophe d’Houdetot.
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ne peuvent autoriser le Chancelier du Sénat à souscrire pour lui un acte de vente, à le dessaisir de sa propriété, sans connaître au moins la proportion du prix que cette vente avec la valeur réelle de cet objet, sans avoir aucune donnée sur la justesse d’une estimation à laquelle il n’a point été appelé ; car vous paraissez, Monsieur, n’en avoir eu connaissance que par son résultat. Je sais que toutes les terres n’ont pas partout la même valeur ; mais dans une occasion semblable, le Sénat, pour des terres de mauvaise qualité, a été indemnisé sur le pied de 4.000 francs l’hectare, et la différence est trop forte pour ne pas mériter explication. Je vous prie, Monsieur, de suppléer, sous ce rapport à l’insuffisance de votre exposé, après quoi je m’empresserai de vous adresser mes pouvoirs pour la signature du contrat seulement, le recouvrement du prix n’étant pas dans mes attributions et devant s’opérer sous la direction de Monsieur le Sénateur Trésorier du Sénat1, à qui je m’empresserai d’ailleurs de transmettre par extrait ce contrat, aussitôt que vous me l’aurez adressé. Je vous salue. Signé : Comte Laplace Pour copie conforme Le Garde des Archives du Sénat Ch. [Louis] Cauchy copie A.N., 27AP15, dossier 1.
780. Couvret à Laplace, 1er octobre 1812
Copie de la lettre écrite à Monsieur le Comte Laplace, Sénateur, Chancelier du Sénat, par le Sieur A. Couvret, secrétaire particulier de Monsieur le Préfet de l’Escaut2, datée de Gand le 1er octobre 1812 Monsieur le Comte, Monsieur de St Quantin, agent de la Sénatorerie de Bruxelles, ayant été 1. Jean Antoine Claude Chaptal. 2. Frédéric Christophe d’Houdetot.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
nommé Inspecteur de l’Enregistrement et des Domaines dans le Département de la Dyle, m’a proposé pour lui succéder à Monsieur le Comte François de Neufchâteau. Obligé de partir subitement pour sa nouvelle destination, il m’a remis votre lettre du 24 septembre dernier et m’a prié d’y répondre. Pour remplir vos intentions, j’ai l’honneur de vous adresser, Monsieur le Comte, un extrait du procès-verbal d’estimation des terrains incorporés dans la route de Bruges à Breskens, en portant l’estimation de la partie enlevée à la Sénatorerie à 10 centimes le mètre, ou 620 francs. J’ai en même temps pris communication des autres articles de ce procèsverbal, et j’ai reconnu que des terres contiguës, de même nature et de même produit, avaient été estimées sur le même pied et que les propriétaires avaient donné leur assentiment à l’expertise. Il existe en effet une grande disproportion entre le capital et le revenu, mais la chose s’explique naturellement par la situation des biens. Vous avez dû voir par la lettre de Monsieur St Quantin que les terres incorporées font partie du Polder Isabelle. Or vous savez, Monsieur le Comte, que les polders sont des conquêtes faites sur la mer qui peut, d’un moment à l’autre, reprendre ce qu’on a usurpé ; une marée extraordinaire suffit pour priver en quelques heures le propriétaire de son revenu pendant dix ans, ou lui occasionner de grands frais en réparations de digues et autres. Aussi ces terres très fertiles ont-elles un prix capital proportionné aux risques qu’elles présentent. J’espère, Monsieur le Comte, que cette explication vous convaincra que la Sénatorerie n’a pas été lésée dans l’estimation dont il s’agit. Quant au fermier, si Monsieur le Sénateur titulaire daigne m’honorer de sa confiance, j’espère l’amener à une composition raisonnable. Il est à observer que la nouvelle route améliorera beaucoup l’exploitation de ce polder qui manquait de débouchés. Je profite de cette occasion pour vous informer qu’il serait très urgent que Monsieur le Comte François de Neufchâteau donnât sa procuration. Il y a plusieurs affaires importantes à traiter, et entre autres l’acte qui a fait l’objet de votre lettre du 24. Voici bientôt 15 jours que Monsieur St Quantin m’a proposé ; la position douloureuse dans laquelle s’est trouvé Monsieur le Comte de Neufchâteau ne lui a sans doute pas permis de songer à ses intérêts. Mais les circonstances exigeraient qu’il voulut bien pourvoir à l’administration des biens de sa Sénatorerie. J’ai l’honneur d’être avec respect, Monsieur le Comte, Votre très humble et très obéissant serviteur. Signé : A. Couvret secrétaire particulier de M. le Préfet de l’Escaut à la Préfecture à Gand
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Pour copie conforme Le Secrétaire Archiviste du Sénat Ch. [Louis] Cauchy copie A.N., 27AP15, dossier 1.
781. reçu, 13 octobre 1812
Ce 13 octobre 1812 Reçu de Mr de Laplace 4,000 francs pour le mois d’octobre 18121 Comtesse de Laplace Reçu 1,000f pour le trousseau de Sophie. En comprenant 8,000f que j’ai reçu, cela fera 9,000f déjà reçu sur la somme de 10,000f pour cet objet. Comtesse de Laplace reçu Bancroft, box 3, dossier 13.
1. De la main de Madame Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
782. Laplace à Van Praet, 16 octobre 1812
A Monsieur Monsieur Van Praet A la Bibliothèque Impériale Paris, ce 16 octobre 1812 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Van Praet mes plus tendres compliments et de le prier de me prêter pour quelques jours l’ouvrage de Craig intitulé Philosophiae Christianae Principia Mathematica1. Comte Laplace B.N., MS, n.a.fr. 854, fols 301-302.
783. Elisa [Baciocchi] à Madame Laplace, 18 octobre 1812
Poggio Cajano, ce 18 octobre 1812 Madame la Comtesse de Laplace, Recevez mes sincères félicitations sur l’événement qui vient de se passer dans votre famille et qui ne peut qu’ajouter de jour en jour à votre bonheur si comme je n’en doute pas votre gendre est digne du choix que vous avez fait 1. John Craig, Theologiae Christianae Principia Mathematica (Londres, 1699).
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de lui. J’espère aussi que des chances heureuses de fortune et d’avancement se joindront à la félicité domestique de ce jeune ménage auquel je prendrai toujours un vif intérêt. Je serais véritablement heureuse si je pouvais contribuer à le servir et à vous prouver ainsi qu’à Monsieur le Comte de la Place combien je suis sensible à l’attachement que vous m’avez toujours témoigné. Sachant que vous êtes ordinairement à Paris à cette époque de l’année, je ne me suis point adressée à vous pour mes commissions du mois de janvier. Je ne vous en remercie pas moins des offres que vous me faites à ce sujet. Les échantillons que vous m’avez envoyés m’ont fait grand plaisir parce qu’ils servent à perfectionner le goût de mes manufactures à Lucques. Recevez ainsi que Monsieur le Comte de la Place mes compliments affectueux. Elisa [Baciocchi] lettre complémentaire Bancroft, box 26, dossier 33, dossier III, 36.
784. Gauss à Laplace, 5 novembre 1812
A Laplace Göttingen, le 5 novembre 1812 Monsieur, Je vous dois encore mille remerciements pour le précieux cadeau, que vous m’avez fait l’honneur de me faire de votre Théorie des Probabilités1. Monsieur Olbers m’a remis le second volume et Monsieur de Lindenau le premier. Il est superflu de dire, combien la lecture de cet ouvrage m’a été et est encore inté1. Théorie Analytique des Probabilités (Paris, 1812).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
ressante et instructive. Vous aurez reçu une copie d’un mémoire sur une fonction transcendante très-générale, que j’ai eu l’honneur de vous envoyer1. Ce mémoire ne contient que la première partie de mes recherches sur cette matière, je n’ai pas encore eu le loisir d’achever le second mémoire, qui en contiendra la suite. En effet, outre les occupations habituelles de ma place, les calculs sur les perturbations m’ont coûté depuis deux ans beaucoup de temps. Souvent je serais tenté de le regretter comme pouvant avoir été peut-être mieux employées qu’à de calculs machinaux2, si la considération de l’utilité d’un tel travail ne me consolait. Peut-être il faudra encore une année entière pour achever les calculs de la perturbation produite par Jupiter seulement. Récemment, pour prendre un peu de relâche après des calculs fastidieux, je me suis occupé du problème célèbre des attractions d’un sphéroïde elliptique. C’est vous, Monsieur, qui, il y a trente ans, en avez donné le premier la solution complète3 dont j’ai admiré tant de fois la subtilité. Je me flatte que la manière nouvelle dont je traite cette question méritera l’attention des géomètres. J’ai composé là-dessus un mémoire qui sera lu bientôt à la Société Royale, et ensuite imprimé parmi ses « Commentationes »4. J’ai l’honneur de vous offrir ici un extrait de ce qui est essentiel au problème cité, et je vous prie de le présenter à l’Institut, duquel plusieurs membres ont bien mérité du même problème5. Vous verrez avec plaisir que deux pages m’ont suffit pour obtenir la solution complète. Continuez, Monsieur, de m’honorer de votre bienveillance, et agréez l’assurance de la plus profonde estime, avec laquelle j’ai l’honneur d’être Votre très humble serviteur. Charles-Frédéric Gauss copie, « Certifié conforme à l’original », [signé] J. Bertrand. Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek ; imprimé dans C.F. Gauss, Werke, X. Bandes, 1. Abteilung (Göttingen, 1917), pp. 378-379 ; publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 97-98.
1. « Disquisitiones generales circa seriem infinitam ... », Commentationes Recentiores Societatis Regiae Scientiarum Göttingensis, 2 (1811-1813). 2. Le copiste a mis une phrase qui n’a pas de sens et que j’ai interprétée assez librement. Sa copie dit « ... comme pouvant peut être mieux employé qu’à des calculs machinals, ... ». 3. « Théorie des attractions des sphéroïdes, et de la figure des planètes », H.A.R.S., 85 (1782), 113-196 ; Laplace, O.C., 10, 341-419. 4. « Theoria attractionis corporum sphaeroidicorum ellipticorum homogeneorum methodo novo tractata », Commentationes Recentiores Societatis Regiae Scientiarum Göttingensis, 2 (18111813). 5. P.V. Institut, 5, 117.
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785. Laplace à Gauss, 20 novembre 1812
A Gauss Paris, ce 20 novembre 1812 Monsieur, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et je commence par vous remercier des choses obligeantes qu’elle contient relativement à mon ouvrage sur le calcul des probabilités ; c’est une matière aussi délicate qu’elle est difficile et importante, et je m’estime heureux si des géomètres tels que vous jugent que j’ai ajouté aux recherches de mes prédécesseurs. A votre lettre était jointe une démonstration très simple du théorème sur les attractions des sphéroïdes elliptiques. J’ai commencé par la lire, et j’ai été ravi de sa simplicité. Elle a produit le même effet sur ceux des membres de l’Institut qui se sont occupés de cet objet, et auxquels je l’ai communiquée suivant vos intentions1. Cette démonstration a quelque analogie avec une démonstration fort simple du même théorème, donnée par Monsieur Ivory, géomètre anglais, dans la seconde partie des Transactions Philosophiques de 18092 ; peut-être, vous ne la connaissez pas ; je vous engage à la voir. Le même géomètre a donné dans les Transactions Philosophiques de 1812, deux mémoires forts étendus sur les attractions des sphéroïdes, et qui sont loin de valoir son premier mémoire3. Il reproche aux recherches que j’ai publiées sur cet objet, dans la Mécanique Céleste, de n’avoir pas toute la généralité que je leur donne, et d’être fondées sur un théorème qui, dit-il, est vrai, mais dont j’ai apporté une démonstration fautive. Il m’est facile de faire voir qu’il s’est trompé sur ces deux points ; je serais bien aise que vous prissiez connaissance de ces mémoires. Vous m’annoncez, Monsieur, un mémoire sur les intégrales définies, que vous dites m’avoir envoyé. Je ne l’ai point reçu. Si vous aviez la bonté de m’en envoyer un autre exemplaire et de le faire mettre sous mon couvert, à la poste, 1. P.V. Institut, 5, 117. 2. « On the attractions of homogeneous ellipsoids », Phil. Trans., 99 (1809), 345-372. 3. « On the grounds of the method which Laplace bas given in the 2nd chapter of the third book of his Mécanique Céleste for computing the attractions of spheroids of every description », Phil. Trans., 102 (1812), 1-45 ; et « On the attractions of an extensive class of spheroids », Ibid., 46-82.
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soit de Hambourg, soit de quelque autre ville de l’Empire français, je vous en serais très obligé ; ayant mes ports francs dans tout l’Empire français, il me parviendrait sans frais en mettant cette adresse : à Monsieur le Comte Laplace, Chancelier du Sénat, au Palais du Luxembourg. Agréez, Monsieur, l’assurance de tous mes sentiments d’estime et d’amitié, et croyez que j’attache le plus grand prix à la réciprocité de mes sentiments de votre part. Comte Laplace Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 99-100.
786. Laplace à François de Neufchâteau, 20 novembre 1812
A Monsieur le Comte François de Neufchâteau, Sénateur, titulaire de la Sénatorerie de Bruxelles Paris, le 20 novembre 1812 J’ai l’honneur de vous adresser, Monsieur et cher collègue, copie d’une lettre que j’écrivis, le 14 septembre dernier, à Monsieur St Quantin, alors agent à Gand de la Sénatorerie dont vous êtes pourvu. Vous y verrez que ne trouvant pas suffisamment éclaircie l’affaire relative à la cession du terrain à prendre pour l’établissement d’une nouvelle route, sur le Polder Isabelle, affermé avec d’autres terres à la veuve Roeseleur, dans la commune d’Ardenbourg, j’ai fait, dans votre intérêt, comme dans celui de la Sénatorerie, quelques observations dont l’objet se trouve au surplus parfaitement éclairci par la réponse que m’a faite pour Monsieur St Quantin, le Sieur A. Couvret, secrétaire particulier de Monsieur le Préfet de l’Escaut1. Il convient, mon cher collègue, que je vous communique aussi cette réponse ; et j’en joins également copie à ma lettre. Je 1. Frédéric Christophe de Houdetot.
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ne vois, d’après les explications qu’elle contient, aucune difficulté à souscrire l’acte de cession dont il s’agit, pour la somme principale de 628 francs, à quoi monte l’estimation qui m’a été communiquée, et je vous donne, mon cher collègue, tout pouvoir de m’y représenter, par le moyen du mandataire que vous aurez choisi en remplacement de Monsieur St Quantin. L’acte une fois passé, il suffira que vous veuillez bien prendre la peine de m’en procurer une copie en forme, dont j’adresserai à Monsieur le Trésorier du Sénat1 l’extrait nécessaire pour suivre le recouvrement qui doit en résulter. Agréez, Monsieur et cher collègue, les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace2 A.N., 27AP15, dossier 1.
787. [Laplace] à la Comtesse Rumford, 30 novembre 1812
A la Comtesse Rumford3 30 novembre 1812 Lettre d’envoi d’un exemplaire de l’Annuaire du Bureau des Longitudes. [Laplace] description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 89. 1. Jean Antoine Claude Chaptal. 2. Seule la signature est de la main de Laplace. 3. Marie Anne Pierrette née Paulze.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
788. Laplace à Gauss, 2 décembre 1812
A Monsieur Gauss, professeur d’astronomie à l’Université de Göttingen, à Göttingen Ce 2 décembre 1812 Monsieur, Je vous prie d’agréer l’exemplaire ci-joint de la seconde édition de ma Théorie Analytique des Probabilités. J’y ai fait quelques additions et entre autres, celle d’une introduction où j’ai cherché à présenter indépendamment du calcul, les principaux résultats de cette théorie. Je désire qu’elle puisse vous intéresser. Je suis maintenant d’un âge à ne pouvoir plus m’occuper avec fruit de l’étude des sciences. Le peu de forces qui me reste suffit à peine pour en suivre les progrès auxquels je ne cesserai jamais de prendre un vif intérêt. J’applaudirai toujours avec un grand plaisir à tous ceux qui les avanceront par leurs recherches. Vous êtes maintenant du très petit nombre de ceux dont les sciences mathématiques attendent leur avancement. Malheureusement, ce nombre diminue de jour en jour. Je ne vois que vous dans le Nord de l’Europe qui puissiez nous consoler de la perte d’Euler. En France, le jeune Monsieur Poisson se montre de plus en plus digne de succéder à Lagrange et aux anciens géomètres français. Et je ne vois aucun grand géomètre se former dans le sud de l’Europe et dans la patrie de Galilée. Continuez, Monsieur, d’enrichir les sciences de vos beaux travaux, et croyez que personne n’y prend un plus vif intérêt que moi, et n’a pour vous une estime plus profonde. Daignez en agréer l’assurance, avec celle de mon tendre attachement. Comte Laplace Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), p. 100.
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789. [Laplace] à Lindenau, [1812]
A Monsieur Monsieur Lindenau A Paris Ce dimanche [1812] Monsieur le Comte Laplace est très flatté de savoir Monsieur Lindenau à Paris. Il désire bien vivement de faire sa connaissance, et pour ne point mettre de retard à son plaisir, il a l’honneur de le prier de venir dîner chez lui aujourd’hui dimanche, à cinq heures. Il espère que Monsieur Lindenau n’aura point de motifs pour le refuser. Mais dans le cas contraire, il le recevra avec grand plaisir demain lundi dans la matinée. Il le prie d’agréer l’assurance de tous ses sentiments d’estime, en lui renouvelant ses instances pour venir aujourd’hui dîner avec lui. [Laplace]1 Weimar, Klassik Stiftung Weimar, Goethe Autographensammlung, GSA 33/541.
1. Sans signature, mais de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
790. Laplace à Lindenau, 1812
Laplace à Bernhard August von Lindenau Paris, 1812 Invitation à dîner. description Schreckenbach, Hans-Joachim, ed., Goethes Autographen-Sammlung Katalog (Weimar, 1961), p. 132, n° 951.
791. Laplace à Lindenau, 1812
A Monsieur Monsieur Lindenau A Paris Ce vendredi [1812] J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Lindenau mes plus tendres compliments, et de l’engager à venir dîner, dimanche prochain, à Arcueil, si l’état de sa santé le lui permet. J’aurai un grand plaisir à le recevoir, et à lui témoigner de vive voix, mes sentiments d’estime et toute ma joie de le voir bien rétabli. Comte Laplace [P.S.] on se mettra à table à quatre heures et demie. Berlin, Staatsbibliothek, Slg. Darmstaedter J 1796.
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792. Olbers à Laplace, [1812]
A Laplace [1812] Monsieur le Comte, Il y a longtemps que j’avais le désir, Monsieur le Comte, de vous importuner avec une lettre, (mais j’espérais toujours)1 pour vous remercier de toutes vos bontés dont vous avez bien voulu me combler, étant à Paris comme député municipal de la bonne ville de Bremen. (Mais) L’espérance que le hasard me prêterait peut-être quelque chose qui pourrait mériter votre attention, m’a fait toujours différer ce projet (craing n’osant) craignant d’abuser de votre temps, Monsieur le Comte ! si précieux pour l’état et pour les sciences, par une lettre tout-à-fait insignifiante. Mais à présent je ne peux plus me refuser (le plaisir, l’honneur) le plaisir de vous adresser ces lignes. Le (vénérable Sénat) Sénatconservateur vient me nommer membre du Corps législatif, et Sa Majesté a approuvé (cette) ce(t) Senatus-consulte. C’est à vous, Monsieur le Comte ! C’est à votre protection, à votre bienveillance que je dois un honneur si inattendu, une charge si honorable et si peu méritée. Daignez donc agréer, Monsieur le Comte ! mes très sincères, mes très humbles remerciements ! Sur beaucoup de rapports, il me sera bien agréable, de revoir Paris, cette ville incomparable : mais croyez moi, Monsieur le Comte ! rien ne m’est si intéressant, que le plaisir de (revoir le plus grand Géomètre de l’Europe, le maître de) pouvoir ... [illisible] rendre mes hommages au plus grand géomètre de l’Europe. (Je ne sais) Monsieur Bessel vient de faire une découverte bien remarquable par son travail sur les observations de Bradley. C’est celle du mouvement propre de l’étoile 61 du Cygne, qui est le plus grand de toutes jusqu’ici connu, de plus de 5" par an en ascension droite, et de plus de 3" en déclinaison par an. Et l’étoile du Cygne est une étoile double. Voilà donc les conjectures de Monsieur Herschel sur une liaison des étoiles doubles, déjà rendues si vraisemblables par le calcul des probabilités, tout-à-fait confirmées. Les deux étoiles ont changé 1. La phrase entre parenthèses est barrée dans le brouillon. Les autres mots ou phrases barrés dans le texte sont aussi mis entre parenthèses.
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de leur position respective, mais les quatre observations de (l’au) Bradley, (La Lan) D’Agelet, La Lande, et Piazzi ne sont pas encore suffisantes pour déterminer le temps de révolution de ces deux étoiles autour de leur centre commun de gravité avec quelque (accuratesse) précision. Sur la demande de Monsieur Gauss, j’ai recherché la Pallas, par ce qui était bien curieux de savoir, comment l’éphéméride de cette planète, calculée avec les perturbations, conviendrait avec le ciel. J’ai fait deux observations, temps moyen de Bremen : 1812 Apr 3 4
11h 26' 44" 12h 2' 33"
15 25 41,9 15 37 41,1
268 42 23,1 268 47 12,5
Cela s’accorde avec le calcul dans la minute, et me paraît prouver que les perturbations de Jupiter (que Pallas éprouve par Jupiter) sont presque les seules bien sensibles dans la théorie de cette planète. Les tables de Pallas auront au moins 400 équations. Olbers brouillon Brême, Staatsbibliothek, V OL 438.
793. Pictet à [Laplace], [15 janvier 1813]
[15 janvier 1813] Monsieur le Comte, Je prends la liberté de recommander à votre bienveillance et à votre haute protection Monsieur Juntes1 qui aura l’honneur de vous remettre cette lettre. C’est un des artistes horlogers les plus distingués de notre ville, et qui est établi depuis longtemps à Paris. Il joint à une excellente main des connaissances approfondies sur la théorie de son art. Il sait même lui appliquer l’analyse dont il a appris à se servir sous MM. Lefèvre-Gineau et Poisson qui pourront vous en rendre témoignage. Il prépare d’ailleurs un mémoire sur les échappements, qui fera preuve de sa science et de ses moyens. J’ai le plaisir de le connaître depuis fort longtemps, et je grantis de plus son caractère. Il semble Monsieur le Comte qu’un alliage aussi rare et aussi précieux dans un artiste mérite d’être distinguié par vous, et employé au profit de la Science à laquelle vous avez déjà rendu de si éminents services. Ne pourrait-il point être attaché à l’Observatoire ? Peut-être au Conservatoire des Arts et Métiers, qui a grand besoin à ce que je crois d’un homme qui joigne aux talents de la main celui de manier le calcul et la parole. Tout emploi dans lequel l’ensemble des moyens que possède Monsieur Juntes pourra être mis en activité sera plus profitable et au public et à lui-même que le séjour obscur dans un cabinet de travail où la stagnation actuelle des affaires le laisse végéter sans profit ni gloire. Je puis affirmer Monsieur le Comte que si vous daignez accorder votre protection à cet artiste distingué il s’en rendra de plus en plus digne. Je considérerai comme une faveur personnelle à laquelle je serai infiniment sensible l’accueil que vous voudrez bien lui faire à ma recommandation. Marc-Auguste Pictet minute 1. Jacques Elisée Juntes.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Archives de la famille Pictet (Papiers Rillet) ; et publiée dans Marc-Auguste Pictet, Correspondance. Sciences et Techniques (Genève, 1998), 2, 561.
794. Laplace à Doazan, 21 janvier 1813
Paris, le 21 janvier 1813 Chevalier Doazan, Préfet du Département de Rhin et Moselle J’ai reçu, Monsieur le Chevalier, avec la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 4 décembre 1812, l’expédition qu’elle m’annonçait de chacun des trois actes d’adjudication passés en votre préfecture le 26 novembre précédent pour la vente d’autant d’articles de biens affectés à la Sénatorerie de Besançon. J’ai l’honneur, Monsieur le Préfet, de vous remercier et vous saluer avec ma considération distinguée. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace1 Leipzig, Universitätsbibliothek, Handschriftenabteilung.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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795. Laplace à François de Neufchâteau, 25 février 1813
A Monsieur Monsieur le Sénateur Comte François de Neufchâteau, rue du Faubourg Poissonnière, n° 93, A Paris 25 février 1813 J’ai l’honneur de remercier mon illustre collègue de l’envoi qu’il a bien voulu me faire de son « Mémoire sur les pruneaux ». Je l’ai remis comme de raison à Madame Laplace, qui ne manquera pas d’en faire un bon usage, et je le prie d’agréer d’avance tous mes remerciements des bons résultats que cela ne manquera pas de produire. J’ai l’honneur de lui offrir l’hommage de tous mes sentiments d’estime et d’attachement. Comte Laplace1 A.N., 27AP2, dossier 4.
796. [Madame Laplace] et Laplace à Emile Laplace, 17 mars 1813
A Emile Laplace 17 mars 1813 ... L’Empereur est toujours à Trianon ; ton père a ses petites entrées, il y va deux fois par semaine ; il a été dimanche, à un conseil privé, avec le cousin Henrion ; toutes les personnes du Conseil ont eu l’honneur de dîner avec 1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
l’Empereur ; je n’ai vu qu’un moment l’ami Gourgaud qui m’a chargé pour toi de mille amitiés. Il est constamment à Trianon à travailler. ... L’aimable Prince de Neufchâtel se rétablit sensiblement ; j’ai eu l’extrême plaisir de le voir, samedi dernier ; il ne m’a paru qu’un peu maigri ; tout ce qui l’entoure le regarde comme un ressuscité, il m’a beaucoup parlé de toi avec un grand éloge, comme j’aime et je chéris ce bon prince1. Demain ton père et moi, nous allons à sa fête, on lui fait une surprise, m’a-t-il dit, dont il s’amuse d’avance. J’ai été hier, passé la soirée chez Madame Visconti, je suis arrivée [alors] qu’elle était seule avec son fils ... J’ai reçu un beau présent de Madame la Grande Duchesse2, par une de ses dames qui est venue à Paris ; c’est un petit écrin composé de ciseaux, boîtes à senteurs, dés, crayons, étui en or garni de pierres fines de couleur. C’est un travail parfait, digne d’une reine ; elle a eu la bonté d’envoyer à ton père une très belle gravure de la transfiguration avant la lettre ; cette gravure est la plus belle du monde. Ton père a été dans l’enchantement et moi aux anges. Ton père se porte à merveille et fait ses voyages de Trianon ... Les bons voisins sont à Arcueil, bien portants, les amis Chaptal se portent bien. ... Monsieur de Fézensac3 est fait Général, et cela lui va fort bien ; nous dînâmes en famille chez le Prince Archi[-Chancelier]4 et je fis mon compliment au jeune Général. J’ai dîné lundi chez le Sénateur de Sémonville avec le Maréchal Macdonald, il me demanda de tes nouvelles et me dit des choses très aimables de toi, il se rappelle que tu étais venu, envoyé près de lui, et que tu franchis bien des dangers ... [Madame Laplace] [même lettre] Je t’embrasse mon Emile, et te renouvelle tous mes sentiments de tendresse ; nous n’avons point reçu de tes nouvelles, ce qui nous afflige. Ecris-nous par toutes les occasions que tu pourras trouver, nous serions bien contents si tu pouvais revenir encore à Paris, avant le commencement de la campagne. J’ai le bonheur de voir quelquefois Sa Majesté qui est depuis quelque temps à Trianon. Elle se porte à merveille et elle est extrêmement occupée. Adieu, mon bon ami, continue de te bien conduire et crois à toute ma tendresse. Ton père Laplace Bancroft, box 17, dossier 16. 1. 2. 3. 4.
Louis Alexandre Berthier. Elisa Baciocchi. Raymond Aymery Philippe Joseph Mostesquiou-Fézensac. Jean Jacques Régis de Cambacérès.
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797. Fabre de l’Aude à Laplace, 30 mars 1813
Paris, le 30 mars 18131 Duplicata Le Sénateur Comte de l’Empire, Procureur Général du Conseil du Sceau des Titres, A Monsieur de Laplace, Chancelier du Sénat Monsieur le Comte, Pour satisfaire aux dispositions du décret du 3 mars 1810, et des autres décrets et statuts relatifs aux dotations accordées par Sa Majesté, j’ai l’honneur de vous prier de vouloir bien me faire connaître le lieu de votre domicile, vos prénoms, la date et le lieu de votre naissance ; les prénoms et la date de la naissance de vos enfants mâles, dans l’ordre des appelés à succéder votre dotation. Je vous serai fort obligé, Monsieur, de transmettre par la suite, avec exactitude, tous les renseignements exigés par le décret du 3 mars 1810. Cette précaution est prise dans l’intérêt de vos enfants, et pour mettre le Conseil du Sceau à portée de les faire jouir des prérogatives que leur accordent les décrets de Sa Majesté l’Empereur et Roi. J’ai l’honneur d’être avec la considération la plus distinguée, Monsieur le Comte, votre très humble et très obéissant serviteur. Fabre de l’Aude Votre réponse doit m’être adressée sous le couvert de Son Altesse Royale le Premier Archichancelier. Bancroft, box 3, dossier 1.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
798. [Madame Laplace] et [Laplace] à Emile Laplace, 6 avril 1813
A Emile Laplace 6 avril 18131 Ton père a reçu de Sa Majesté la décoration du Grand Cordon de l’Ordre de la Réunion, dimanche avant la messe ; Henrion a été nommé Conseiller d’Etat, mon oncle de Fleury a reçu la Croix d’Officier de l’Ordre de la Réunion. [Madame Laplace] [même lettre] Je t’embrasse, mon Emile, tes lettres me font toujours un grand plaisir. On me paraît content de ta conduite. Continue de bien servir. Ta mère se charge de ton équipement ; porte-toi bien et sois économe ; avec de l’ordre, tu ne manqueras de rien. [Laplace] Bancroft, box 17, dossier 16.
799. Laplace à [?], 7 avril 1813
Ce 7 avril 1813 Monsieur le Duc, J’ai l’honneur de prier Votre Excellence de vouloir bien prendre en considération la pétition ci-jointe de Monsieur de Maupas, fils d’un ancien militaire, et qui me paraît par ses services, mériter la grâce qu’il sollicite. Je serai bien 1. L’apostille de Laplace est à la fin d’une lettre de Madame Laplace, ajoutée à celle-ci, mais portant la date du 7 avril 1813.
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reconnaissant, ainsi que Madame Laplace, dont il est allié, de ce que vous voudriez faire pour lui. Je prie Votre Excellence de vouloir bien agréer l’assurance de ma haute considération. Comte Laplace Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
800. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 14 avril 1813
A Emile Laplace Mercredi 14 avril 1813 La perte de M. de Lagrange a vivement affligé ton père ... Il est mort samedi dernier, sans avoir voulu voir de médecin et sans que ses amis aient eu le temps d’aller le voir ; M. Chaptal avec M. Monge y furent le jeudi, il sembla ranimé et parla longtemps, vendredi ton père y fut et il était si mal, qu’il ne le reconnut pas. Cette mort a affligé tout le monde savant, et même les gens du monde. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 11.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
801. Huet à [Laplace], 15 avril 1813
Arras, le 15 avril 1813 Monsieur le Comte, Monsieur le Comte François de Neufchâteau, titulaire de la Sénatorerie de Bruxelles, a bien voulu me confier la régie et la recette des biens dépendants de sa dotation et situés dans le Département du Pas de Calais. J’ai eu l’honneur d’écrire, sous votre couvert, Monsieur le Comte, sept lettres successives à Monsieur le Comte François de Neufchâteau relativement à ses biens et revenus, mais je n’ai pas été assez heureux pour en obtenir une réponse : dans ma dernière lettre du 24 février, étaient des mandats et un bon. Ne sachant plus que penser de l’étonnant silence de Monsieur le Comte François de Neufchâteau, à qui mes lettres parviennent sûrement, puisque j’emploie la voie qu’il m’a indiquée, j’ose m’adresser à vous, Monsieur le Comte, pour vous supplier d’avoir la bonté de vouloir bien solliciter une réponse de Monsieur votre collègue, j’en ai besoin pour lui rendre le compte que je lui dois, pour savoir si les mandats et bons que je lui ai faits passer lui sont parvenus, et pour la suite de ses affaires dans ce Département. Je suis avec un très profond respect, etc. Signé : Huet copie A.N., 27AP15, dossier 1.
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802. reçu, 16 avril 1813
16 avril 1813 Reçu de M. de Laplace pour la layette de sa fille Reçu pour le jardinier pour mai Reçu pour le jardinier pour juin Pour le vitrier à Arcueil et pour solde Pour solde
500 francs 217 13 233 151 19 1102 12
Reçu 1102f 12 pour solde ce compte Ce 16 avril 1813 Comtesse Laplace1 reçu Bancroft, box 3, dossier 13.
803. Laplace à François de Neufchâteau, 19 avril 1813
A Monsieur le Comte François de Neufchâteau, Sénateur, titulaire de la Sénatorerie de Bruxelles Paris, le 19 avril 1813 Je m’empresse, Monsieur et cher collègue, de vous adresser copie d’une lettre que je reçois de Monsieur Huet, votre fondé de pouvoir à Arras, pour l’administration des biens que possède dans le Département du Nord la Sénatorerie de Bruxelles. Vous verrez qu’il se plaint de ne pas recevoir de réponse 1. Ecrit de la main de Madame Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
à différentes lettres que par votre ordre, il annonce vous avoir écrites sous mon couvert. Je n’ai pas manqué, mon cher collègue, de vous faire passer tous les paquets à votre adresse qui me sont ainsi parvenus. Mais j’ignore si les envois que je vous ai faits comprennent toutes les lettres que vous a écrites Monsieur Huet, et les pièces qu’il annonce avoir jointes à ces lettres ; notamment divers bons et mandats. Je vous prie de vouloir bien me mettre à portée de lui faire promptement à cet égard une réponse qui le tranquillise. Je vous prie aussi d’agréer les nouvelles assurances de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace1 A.N., 27AP15, dossier 1.
804. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 20 avril 1813
A Emile Laplace 20 avril 1813 Ton père a été malade, mais il va mieux ; mais il parait que sa fièvre n’est qu’une fièvre tierce, nous attendons l’accès aujourd’hui, s’il ne vient pas, elle sera finie. [Madame Laplace] lettre complémentaire Arch. CL.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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805. Champagny à [Laplace], [avril 1813]
Circulaire Grande Chancellerie de l’Ordre Impérial de la Réunion [avril 1813] D’après les ordres de Sa Majesté l’Empereur et Roi, je vous autorise, Monsieur, à porter le ruban de l’Ordre Impérial de la Réunion (Grand-Croix) en attendant que j’aie l’honneur de vous envoyer votre décoration. Le Grand Chancelier de l’Ordre Impérial de la Réunion, Duc de Cadore1 Arch. CL.
806. Laplace à [Champagny], [avril 1813]
[avril 1813] Monsieur le Duc2, J’ai reçu la lettre par laquelle votre Excellence m’informe que Sa Majesté l’Empereur m’a nommé Grand Croix de l’Ordre de la Réunion. Les motifs pour lesquels Sa Majesté a daigné m’accorder cette faveur lui ajoutent un nou1. Jean Baptiste de Nompère Champagny. 2. de Cadore, Jean Baptiste de Nompère de Champagny.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
veau prix. Ce témoignage extrêmement honorable des bontés de Sa Majesté augmente ma reconnaissance et mon dévouement à sa personne sacrée, si depuis longtemps ces sentiments n’étaient pas sans bornes. J’ai l’honneur d’adresser à Votre Excellence le serment écrit et signé par moi. Je le prie d’agréer avec mes remerciements l’hommage de ma haute considération. Laplace brouillon Bancroft, box 8, dossier 29.
807. Laplace à [Champagny], [avril 1813]
[avril 1813] Monsieur le Maréchal, J’ai reçois avec la plus respectueuse et la plus vive reconnaissance la Grande Croix [de l’Ordre de la Réunion] que Sa Majesté daigne m’accorder et que vous avez la bonté de m’annoncer. J’avais déjà été informé par son Excellence [à la réunion] du Conseil des Ministres. La décoration de la Grande Croix de l’Ordre de la Réunion double l’honneur ... Je suis très reconnaissant de l’intérêt que vous avez bien voulu prendre en moi dans cette occasion. Je prie votre Excellence d’agréer mes remerciements et l’expression des ... Laplace brouillon Bancroft, box 4, dossier 4.
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808. [Madame Laplace] et [Laplace] à Emile Laplace, 4 mai 1813
A Emile Laplace Paris, ce 4 mai 1813 Ton père a eu l’accès de fièvre tierce, et quoique ce ne soit pas une fièvre dangereuse, cela m’a vivement agitée. Enfin, hier, ayant pris le quinquina, la fièvre n’est pas revenue et continuant le quinquina aujourd’hui, il se trouve sensiblement mieux ; nous espérons donc qu’il va se rétablir complètement, et qu’après ceci sa santé sera meilleure ... C’est le docteur Hallé qui a donné des soins à ton père, et notre bon ami Berthollet vient tous les jours le voir, il vient aujourd’hui dîner avec nous ; il nous dit Arcueil charmant, ce qui donne à ton père un grand désir d’aller s’y établir ... Ton père vient d’imprimer la quatrième Exposition du Système du Monde ; il fait la distribution de ses exemplaires, ce qui l’amuse. [Madame Laplace] [même lettre] Je viens d’être bien secoué par la fièvre, mon ami, mais j’espère en être quitte moyennant l’usage du quinquina. Continue, mon Emile, de bien servir. Voilà une belle campagne qui s’ouvre ; j’espère qu’en en partageant les dangers, tu t’acquerras de nouveaux droits aux bontés de l’Empereur. Je t’embrasse bien tendrement, mes vœux te suivront partout. [Laplace] Bancroft, box 17, dossier 16.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
809. Laplace à [Gaudin], 6 mai 1813
A Son Excellence Monsieur le Duc de Gaète, Ministre des Finances1 Paris, le 6 mai 18132 J’ai reçu l’exemplaire du compte de l’administration des finances pendant l’année 1811 que vous avez eu la bonté de m’envoyer. J’ai l’honneur de prier Votre Excellence de vouloir bien en agréer tous mes remerciements avec l’hommage des sentiments de ma haute considération. Comte Laplace Boston, Boston Public Library, Department of Rare Books and Manuscripts, MS 2087.
810. Laplace à [Oriani], 7 mai 1813
Ce 7 mai 1813 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur le Comte Oriani l’exemplaire ci-joint de la quatrième édition de mon Exposition du Système du Monde. J’ai cherché à l’améliorer et à la rendre moins imparfaite. Je désire qu’elle puisse mériter le suffrage de Monsieur le Comte Oriani auquel j’attache un grand prix ainsi qu’à son amitié. Je joins à cet exemplaire une petite notice sur les comètes3. J’aurais 1. Martin Michel Charles Gaudin. 2. Seule la signature est de la main de Laplace. 3. « Sur les comètes », Connaissance des Temps pour l’année 1816, 213-220 ; Laplace, O.C., 13, 88-97.
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désiré pouvoir y joindre les résultats des observations sur la hauteur du pôle à Paris et sur les deux derniers équinoxes faites avec le grand cercle de Monsieur de Reichenbach. Nous en sommes parfaitement contents, et les séries s’accordent avec une précision admirable. Mais je les lui enverrai une autre fois. Nous venons de perdre Monsieur de Lagrange. C’est une perte dont je ne me console point. Je vois avec douleur disparaître successivement les grands hommes qui ont fait le plus d’honneur à l’esprit humain. Mais il faut se soumettre aux lois inévitables de la nature. Je prie Monsieur Oriani de me rappeler au souvenir de mon ami Monsieur de Moscati et à celui de Monsieur de Volta. Il connaît depuis longtemps tous mes sentiments d’estime et d’attachement, et c’est toujours avec un nouveau plaisir que je les lui renouvelle. Comte Laplace Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1813, 1813 05 07 PSL BO ; et publiée par G. Tagliaferri et P. Tucci dans Giornale di Fisica, 34 (1993), 276.
811. Laplace à [Fontanes], 10 mai 1813
A Monsieur le Comte [Fontanes] et très illustre collègue Paris, ce 10 mai 1813 Permettez de recommander à Votre Excellence, Monsieur De Candolle, l’un des premiers botanistes de l’Europe, et qui joint à une profonde érudition dans ce genre le mérite plus rare encore d’embrasser dans ses travaux, la philosophie des sciences naturelles. Il désire la place vacante de Recteur de l’Académie de Montpellier. La supériorité de ses talents et la grande réputation dont il jouit, me paraissent lui donner des droits à cette place ; et par la connaissance personnelle que j’ai de son caractère, je crois qu’il la remplirait avec distinction. Vous êtes fait, Monsieur le Comte, pour apprécier mieux que personne les hommes de génie et les avantages que leur nomination aux places éminentes
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
de l’instruction publique doivent procurer à ses progrès. Je serai en mon particulier très reconnaissant de ce que vous voudrez bien faire à son égard. Je prie Votre Excellence d’agréer les sentiments de ma haute considération. Comte Laplace Uppsala, Uppsala Universitetsbibliotek, Wallers handskriftssamling, Ms fr-05189.
812. Talleyrand-Périgord à Laplace, 17 mai 1813
Monsieur le Comte de Laplace, Chancelier du Sénat Paris, ce 17 mai 1813 Monsieur le Comte, j’ai l’honneur de vous faire tous mes remerciements pour l’exemplaire que vous avez bien voulu m’envoyer de la quatrième édition de votre Exposition du Système du Monde. Vous m’avez prévenu de peu d’heures, car je venais d’apprendre que votre ouvrage était en vente et j’allais le faire acheter. J’ai l’honneur de vous renouveler, Monsieur le Comte, l’assurance de mon sincère attachement et de ma haute considération. Le Prince de Bénévent1 Bancroft, box 16, dossier 63.
1. Charles Maurice Talleyrand-Périgord.
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813. reçu, 18 mai 1813
18 mai 1813 Mémoire des reliures faites pour Monsieur le Comte de Laplace par Munier 5 1 2
Système du monde in-4° maroquin rouge gardes de soie et armes à 30 francs Idem sans armes Idem grand veau gardes de soie à 14 francs
150f 28 28 206f
Reçu pour soldes Munier reçu Bancroft, box 3, dossier 13.
814. Caulaincourt à Laplace, 23 mai [1813]
S. E. M. le Comte de Laplace, Chancelier de Sénat Görlitz, le 23 mai [1813] Monsieur le Comte, j’ai reçu et remis à l’Empereur la lettre que vous avez adressée le 16 de ce mois à Monsieur le Duc de Frioul1. 1. Gérard Christophe de Duroc.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Monsieur votre fils se porte très bien. Agréez, Monsieur le Comte, l’assurance de ma haute considération. Caulaincourt Duc de Vicence Bancroft, box 16, dossier 46.
815. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 24 mai 1813
A Emile Laplace à Dresde Le 24 mai 1813, Arcueil Ta calèche ici, t’attend ; ton père aime à s’en servir, mais nous la ménageons. La santé de ton père va bien, il n’a pourtant pas entièrement repris ses forces, parce que le mauvais temps l’empêche de mettre le nez dehors, et qu’il ne sort qu’en voiture pour aller à Paris deux fois par jour ; cet exercice lui fait du bien ; et le beau temps que nous attendons tous les jours lui rendra sa santé ; il continue le quinquina, c’est là son seul régime ; il vient dîner avec nous aujourd’hui, avec Madame de la Portes, la sœur de Madame de Portes et de là, il va passer la soirée aux Bouffons, tu vois qu’il passe sa vie habituelle. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 11.
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816. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 27 mai 1813
A Emile Laplace 27 mai 1813 La Société d’Arcueil a toujours son train, à part un triste arrêt qui concerne les femmes ; elles ne sont plus admises aux dîners ; Madame Vimeux et moi, nous sommes furieuses. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 11.
817. Montesquieu à Laplace, [mai 1813]
[mai 1813] A Monsieur le Comte de Laplace Toute ma journée d’hier s’est passée sans que j’ai pu disposer d’un seul moment. Mon projet était de vous donner des nouvelles d’Emile dès mon arrivée. Je l’ai laissé très bien portant sur le champ de bataille le 21 à 11 heures du soir lorsque l’on ne se battait plus, mais après deux journées très fatigantes. Veuillez bien, Monsieur le Comte, faire agréer à Madame la Comtesse de Laplace, et agréer vous même, l’ [...] de regret que j’éprouve de n’avoir pu
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
vous donner plutôt des nouvelles, et de vous avoir peut-être donné de l’inquiétude. J’ai été désolé en rentrant hier fort tard d’apprendre que Monsieur de Portes s’était donné la peine de passer chez moi. Recevez, je vous prie, Monsieur le Comte, l’hommage des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être votre très humble et très obéissant serviteur. Anatole de Montesquieu Bancroft, box 2, dossier 18.
818. [Madame Laplace] et Laplace à Emile Laplace, 1er juin 1813
A Emile Laplace 1er juin 1813 Combien les nouvelles de Monsieur de Montesquiou, mon cher Emile, nous ont fait de plaisir. Combien le petit mot de Monsieur le Grand Ecuyer du 23 (qui répondait à ton père, sur sa lettre à l’Empereur, qui lui offrait son ouvrage) et qui disait, votre fils se porte bien, nous a fait de plaisir. Et enfin, ta lettre du 24 qui nous a ravi, enchantés. Les dieux veillent sur toi, mes vœux sont exaucés, tu écris comme les anges, ton père lit tes lettres avec un grand intérêt. Il est si heureux que tu serves bien l’Empereur ... Nous avons partagé les regrets de la mort du grand maréchal [Duroc] ; pour moi, il était ma plus vieille connaissance à la Cour. [Madame Laplace] [même lettre] Je te remercie bien, mon Emile, de ta lettre qui m’a fait un plaisir extrême ; continue à bien servir l’Empereur. Je regrette bien le grand maréchal du Palais, et je vois combien il est regretté à la Cour. Je suis à peu près rétabli, et un voyage de huit jours que je projette en Normandie, me rétablira, je l’espère, tout-à-fait. Remercie bien pour moi, Monsieur le Grand
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Ecuyer1, de l’attention qu’il a eue de me donner de tes nouvelles. Je t’embrasse bien tendrement mon ami. Ton père Laplace Bancroft, box 17, dossier 16.
819. Laplace à Daunou, 10 juin 1813
A Monsieur Monsieur Daunou Archiviste des Archives Impériales Paris, ce 10 juin 1813 Monsieur et très cher confrère, Auriez-vous la bonté de laisser voir à Madame de Portes, mère de mon gendre, et à ma fille, votre bel et curieux établissement ? Je vous demanderai, un de ces jours, la même grâce pour moi-même, ce qui me procurera deux plaisirs à la fois, dont le plus vif sera celui de vous renouveler de vive voix mes anciens sentiments d’estime et d’amitié. En attendant, je vous prie d’agréer comme un témoignage de ces sentiments, l’exemplaire ci-joint de la quatrième édition de mon Exposition du Système du Monde. Je me rappelle toujours avec reconnaissance, que vous avez bien voulu rendre un compte public de la première édition. J’ai taché de perfectionner cet ouvrage, à chaque édition nouvelle. Mais je le crois encore bien éloigné d’être parfait. Ainsi je réclame pour lui votre indulgence, en vous offrant en même temps l’assurance de tous les sentiments d’estime et de considération que je vous ai voués depuis toujours. Comte Laplace B.N., MS, n.a.fr. 21884, fols 305-307. 1. Armand Augustin Louis Caulaincourt.
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820. reçu, 10 juin 1813
10 juin 1813 Fourni à Monsieur le Comte de Laplace par Jecker rue Bondy n° 32 Une lunette de campagne de 18 pouces plaqué argent verre achromatique étui maroquin 50f Reçu la somme de 50 francs Jecker reçu Bancroft, box 3, dossier 13.
821. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 16 juin 1813
A Emile Laplace Ce 16 juin 1813 La santé de ton père reste toujours faible, ce qui nous a forcé de l’engager à coucher au Luxembourg ; il y passe toute la matinée, alors Monsieur Hallé peut le voir et suivre son régime. Depuis cet arrangement, il se trouve mieux,
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c’est de lundi dernier, il vient tous les jours dîner avec nous, et il nous quitte avant la nuit. Il ne s’est pas trouvé assez bien portant pour faire son voyage en Normandie. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 7.
822. [Daunou] à [Laplace], [juin 1813]
[juin 1813] Vous seul pouvez trouver le moyen d’enrichir un ouvrage qui était dès 1796, lorsqu’il sortit pour la 1ère fois de vos mains1, [l’un des plus]2 l’un des [principaux monuments de] de ceux dont la France et les sciences pouvaient le plus s’enorgueillir. Mais [vous y avez déposé] à mesure que vos autres travaux agrandissent les connaissances astronomiques, vous en déposez les grands résultats dans ce tableau général [du Système du monde] où vous avez apporté en nos regards le système du monde. Vous répandez dans l’Europe, sur l’objet le plus digne des études de l’homme, les lumières les plus sûres et les plus vives. Veuillez agréer mes remerciements de l’exemplaire que vous avez bien m’adresser de votre dernière édition [vous y avez ajouté], et dont je viens d’achever la lecture. Permettez moi de vous remercier en même temps de l’honneur que vous m’avez procuré de mener aux archives Madame votre fille et Madame sa belle mère. Les conquêtes et le génie de Sa Majesté agrandissent cet établissement et en font presque aussi un monde. Mais les éléments qui s’y rassemblent proviennent d’un [?] si variable et [discordantes] incohérentes et ne sont que les monuments authentiques des vicissitudes souvent du désordre ... [... grande 1. Exposition du Système du Monde (Paris, an IV), 2 vol. 2. Le texte entre crochets a été barré.
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dans plusieurs contrées de l’Europe]. Je désire bien vivement, Monsieur le Comte, que le dépôt puisse vous paraître digne de quelques moments d’attention. Je suis toujours aux archives, excepté les vendredi, il est du moins fort rare que je sois forcé de m’absenter les autres jours. Mais si vous avez la bonté de m’indiquer le jour où il sera le plus commode d’y venir, je me ferai point exposé à être privé de l’honneur de vous y recevoir. On imprime en ce moment un volume d’inventaire auquel je [?] avec MM. Pastoret, Ginguéné et Brial1. J’ai fait tirer quelques exemplaires des quelques uns des articles que j’ai insérés dans ce volume. Oserai-je, Monsieur le Comte, vous prier d’en accepter un volume comme un témoignage et de mon respect et de mes sentiments resp[ectueux]. [Daunou] brouillon de la main de Daunou B.N., MS, n.a.fr. 21884, fol. 306r.
823. Caulaincourt à Madame Laplace, 24 juillet [1813]
A Madame la Comtesse de Laplace Dresde, le 24 juillet [1813] Madame la Comtesse, M. de Portes m’a remis la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Il me trouvera bien empressé de lui être agréable. J’ai appris avec grand plaisir que la santé de M. de Laplace, qui nous avait donné de l’inquiétude, était meilleure. 1. Histoire Littéraire de la France (Paris, 1733-1999). Les volumes 13 et suivants furent édités par Daunou à partir de 1814.
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J’ai l’honneur de vous offrir, Madame, l’hommage de tous mes sentiments, et du respect avec lesquels, j’ai l’honneur d’être Votre très humble et très obéissant serviteur. Caulaincourt Duc de Vicence lettre complémentaire Bancroft, box 16, dossier 46.
824. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 28 juillet 1813
A Emile Laplace Arcueil, 28 juillet 1813 Nous sommes toujours à Arcueil, et ton père est à Paris et vient tous les jours dîner avec nous, il craint encore l’humidité du matin et du soir. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 7.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
825. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 5 août 1813
A Emile Laplace Arcueil, 5 août 1813 La santé de ton père va bien, quoiqu’il n’ait pas repris entièrement ses forces, mais il a repris toutes ses occupations ... Nous sommes toujours à Arcueil, ta sœur et moi, et ton père reste à Paris, pour n’avoir pas l’air humide du soir, à la campagne ; tous les jours, il vient dîner avec nous. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 7.
826. reçu, 16 août 1813
16 août 18131 Reçu de M. de la place pour la layette de sa fille Reçu pour le jardinier pour mai Reçu pour le jardinier pour juin Pour le vitrier à Arcueil 1. De la main de Madame Laplace.
500f 217 233 151 1102
13 19 12
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Reçu 1102f 12 pour solde à compte ce 16 août 1813 Comtesse Laplace reçu Bancroft, box 3, dossier 13.
827. Emile Laplace & de Portes à Laplace, 22 août [1813]
A Monsieur Monsieur le Comte de Laplace Chancelier du Sénat Au Palais du Luxembourg A Paris Löwenberg, le 22 août [1813] Je suis très fâché, mon cher papa, de commencer ma lettre en vous disant que je n’ai pu vous écrire depuis longtemps. C’est la vérité. Depuis ma dernière lettre de Dresde, j’ai fait un voyage à Hambourg et j’avais ordre de faire la plus grande diligence ; à mon retour à Dresde, je me suis trouvé seul près l’Empereur, en sorte que dès ce moment, je ne quitte point Sa Majesté un instant. Nous sommes fort occupés en ce moment, et malgré les efforts de nos nombreux ennemis, nous avançons toujours, et ils sont continuellement en retraite. Hier nous avons eu une affaire pour déboucher de Löwenberg, où le corps du Général Lauriston a été engagé. J’ai reçu au passage du Bobre une balle à la cuisse, qui m’a donné une forte contusion, sans entamer la chair. Cela ne m’a pas empêché de continuer mon service à cheval le reste de la journée. Ceci est une bagatelle, dont je ne vous aurais certainement point parlé, si je n’avais craint que vous ne l’apprissiez d’autre part, et n’en eussiez de l’inquiétude.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J’en suis quitte pour boiter un peu, et pense qu’on serait fort heureux d’être toujours quitte à si bon marché, et même que si les blessures n’étaient jamais plus graves, tout le monde voudrait en avoir. Mes chevaux sont sur les dents ou plutôt sur le pavée, pour moi je résiste mieux et me trouve encore beaucoup de forces pour bien servir l’Empereur. Je voudrais, mon cher papa, pouvoir vous écrire plus souvent, je projette une belle lettre à ma mère et ne sais quand je pourrai l’écrire. Heureusement que mon beau-frère se charge de la correspondance, et que par son moyen, j’ai de vos nouvelles et de celles de ma mère. L’on me fait ici beaucoup de questions sur votre dernière indisposition. Je me trouve au milieu de gens qui ont réellement pour moi des bontés. Soyez, donc, mon cher papa, sans inquiétude si vous ne recevez point de mes lettres, et croyez que je profiterai de la moindre occasion pour vous écrire. Nous allons monter à cheval. Je vous embrasse de tout mon cœur ainsi que ma mère et Sophie. Bientôt j’embrasserai un petit neveu, dit-on. Votre dévoué fils E. Laplace [Au dos, une apostille de A. de Portes :] Görlitz Je me porte aussi bien qu’Emile. Ma mission s’est bien terminée. Je n’ai que le temps d’embrasser mon second père, ma bonne belle mère, et ma chère Sophie dont j’ai reçu ce matin le n° 4. Nous ne faisons que passer. Av. de Portes Bancroft, box 18, dossier 1.
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828. Laplace à Emile Laplace, 2 septembre 1813
A Emile Laplace 2 septembre 1813 Je t’embrasse mon Emile, continue de bien servir Sa Majesté, et remercie pour moi Monsieur Gourgaud de l’attention qu’il a eue de nous donner de tes nouvelles après la bataille. Nous sommes ici indignés de la conduite de Moreau ; comment peut-on ainsi trahir sa patrie ? Rappelle-moi au souvenir de Monsieur le Duc de Vicence1 et présente mes respectueux hommages au Prince de Neufchâtel2. Ton père Laplace Bancroft, box 17, dossier 13.
829. [Madame Laplace] à Emile Laplace, [22 septembre 1813 ?]
A Emile Laplace Ce mercredi [22 septembre 1813 ?] Mon cher Emile, je suis affreusement malheureuse. Nous avons besoin de pleurer ensemble. Tu as perdu la meilleure des sœurs. On aimait pas, on était pas vertueux comme Sophie, elle n’est plus, j’ai tout perdu en elle. En donnant des larmes à la mémoire, gémis aussi sur le sort d’un époux et d’un père aussi malheureux que moi. Tout tes vœux auprès de ton père et ta mère ont été remplis. 1. Armand Augustin Louis Caulaincourt. 2. Louis Alexandre Berthier.
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Je t’embrasse de tout mon cœur et sans aucune force. Il te reste une nièce nommée Angélique. Cet enfant est bien malheureux, c’est terrible de n’avoir pas sa mère. Angélique est venue au monde avec une maladie qui a attaqué deux doigts de sa main. Nous allons aujourd’hui lui faire une petite opération. Du reste la santé de ce petit ange est bonne. C’est l’image de la malheureuse mère. Je n’ai plus qu’à pleurer toute ma vie. Adieu malheureux frère. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 13.
830. Laplace à Emile Laplace, [22 septembre 1813]
A Emile Laplace [22 septembre 1813] Je t’embrasse bien tendrement mon cher Emile, toujours le cœur navré de douleur de la perte affreuse, que nous venons d’éprouver1. Tu es ma consolation dans ce malheur. Aime-moi bien comme je t’aime. Sers bien Sa Majesté et crois à ma plus vive tendresse. Je te remercie bien, mon ami, du cadeau que tu m’as envoyé. Ton père Laplace Bancroft, box 17, dossier 13. 1. Le décès de Sophie de Portes est survenu le 22 septembre 1813. Sa fille Angélique est née le 7 septembre 1813.
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831. Laplace à la Comtesse de Rumford, 24 septembre 1813
A Madame la Comtesse de Rumford Ce 24 septembre 1813 Madame la Comtesse1, Monsieur le Comte et Madame la Comtesse Laplace ont l’honneur de vous faire part de la perte qu’ils viennent de faire de Madame Sophie Susanne Laplace, leur fille, épouse de Monsieur Adolphe Deportes, auditeur au Conseil d’Etat, décédée à Paris le 22 de ce mois. O ma plus digne et ma plus ancienne amie, combien je suis à plaindre ! Hélas ! De mes deux enfants, ce n’était pas elle que je craignais de perdre. Conservez moi les sentiments dont vous m’avez constamment honoré. Vous savez tout le prix que j’y attache. Ils me sont plus que jamais nécessaires. Comte Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 183.
832. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 29 septembre 1813
A Emile Laplace 29 septembre 1813 Ton père n’était pas encore rétabli, lors de ce cruel événement, ce qui me donne de l’inquiétude pour sa santé. Je m’oublie pour lui donner des soins. La 1. Le faire-part est écrit par un scribe, mais le dernier paragraphe est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
pauvre petite est bien délicate, je ne quitte point son berceau. Que le ciel te conserve, mon Emile. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 7.
833. Charritte à Laplace, 8 octobre 1813
A Monsieur Monsieur le Comte Laplace Chancelier du Sénat, en son hôtel A Paris A La Loueret près Sainte Maure, le 8 octobre 1813 Monsieur le Comte, J’ai l’honneur de partager bien sincèrement votre juste douleur sur la perte que vous venez de faire de Madame de Portes votre fille. Permettez que Madame la Comtesse Laplace et Monsieur le Baron Laplace trouveront ici l’assurance du même sentiment. Que va devenir mon pauvre neveu ? Je lui adresse ma lettre chez vous, ne sachant où il peut se trouver à présent. J’ai l’honneur d’être avec respect Monsieur le Comte Votre très humble et très obéissant serviteur. Charritte Bancroft, box 10, dossier 14.
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834. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 13 octobre 1813
A Emile Laplace 13 octobre 1813 Si la santé de ton père me le permet, j’irai avec [Monsieur de Courty], et Monsieur de Portes et notre pauvre petite à Poissons. J’ai bien besoin de m’entourer de mes bons parents, mais je ne quitterai pas ton père, que sa santé ne soit bien rétablie ; l’exercice du cheval continue à lui faire du bien ; ses occupations sont pour lui une distraction qui lui est favorable. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 7.
835. [Laplace] à la Comtesse de Rumford, 7 novembre 1813
A Madame Madame la Comtesse de Rumford A Paris Ce dimanche 7 novembre 1813 Monsieur le Comte Laplace est venu pour avoir l’honneur de voir Madame la Comtesse de Rumford, et lui offrir l’hommage de son ancienne et respec-
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
tueuse amitié ; et lui témoigner tous ses regrets de ne pouvoir se rendre à son aimable invitation. Mais l’état de sa santé le force de rester chez lui pendant quelques temps encore, pour y observer un régime sévère qui le garantisse d’une nouvelle rechute pendant l’hiver1. Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 186.
836. [Laplace] à [Oriani], 30 novembre 1813
Paris, ce 30 novembre 1813 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Oriani l’assurance de tous les sentiments d’estime et d’amitié que je lui ai voués depuis longtemps, et de lui envoyer l’Annuaire du Bureau des Longitudes pour 1814, et la Connaissance des Temps pour 1816. Je joins à cet envoi un errata pour mon Traité des Probabilités, errata qui a été fait par Monsieur Cauchy, jeune mathématicien d’un grand mérite et qui a refait avec un soin scrupuleux tous les calculs de l’ouvrage. Je prie Monsieur Oriani d’offrir de ma part mille tendres compliments à mon excellent ami, Monsieur Moscati. [Laplace]2 Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1813, 1813 11 30 PSL 130 ; et publié par G. Tagliaferri et P. Tucci dans Giornale di Fisica, 34 (1993), 277.
1. Sans signature, mais de la main de Laplace. 2. Sans signature, mais de la main de Laplace.
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837. Laplace à la Comtesse de Rumford, 6 décembre 1813
A Madame Madame la Comtesse de Rumford rue d’Anjou Faubourg St Honoré A Paris Paris, ce 6 décembre 1813 Madame et très digne amie, Je regrette bien de ne pouvoir me rendre a votre aimable invitation, mais je ne suis pas encore assez bien portant pour me permettre d’aller dîner en ville. Si je pouvais m’écarter de la règle qui m’est prescrite à cet égard, ce serait assurément pour vous, d’autant plus que cela me procurerait l’avantage de voir Madame Davy, dont tout le bien que j’entends dire me fait vivement désirer la connaissance. Agréez avec mes excuses, l’assurance de mes sentiments bien sincères d’estime et d’amitié respectueuse que j’aurai l’honneur de vous aller renouveler de vive voix, le plus tôt qu’il me sera possible. Comte Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 184.
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838. Laplace à la Comtesse de Rumford, 19 décembre 1813
A Madame Madame la Comtesse de Rumford rue d’Anjou Faubourg St Honoré A Paris Paris, ce 19 décembre 1813 Je regrette infiniment que l’état de ma santé me prive du plaisir d’aller demain dîner chez Madame la Comtesse de Rumford. Je la prie de vouloir bien agréer mes excuses et mes regrets. Le mauvais temps que l’on éprouve depuis quelques jours m’a singulièrement affecté, et me rend plus nécessaire que jamais le régime que je me suis prescrit depuis quelque temps. Je ferai mon possible pour avoir l’honneur de voir Madame la Comtesse de Rumford l’un des jours de cette semaine, et pour lui renouveler de vive voix, mes excuses, et tous les sentiments de mon ancienne et respectueuse amitié. Comte Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 182.
839. Laplace à [Elisa Baciocchi], [1813]
[1813] Madame, J’ai l’honneur d’offrir à Votre Altesse Impériale un exemplaire de la quatrième édition de mon Exposition du Système du Monde. J’ose la prier de recevoir avec bonté ce faible hommage comme l’expression de ma reconnaissance et de
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mon respectueux dévouement. Si Votre Altesse daigne jeter les yeux sur le précis historique qui termine cet ouvrage, elle verra les obligations qu’a l’astronomie au beau pays qu’elle gouverne avec tant de succès. Je félicite l’Athène de la moderne Italie d’avoir une Grande Duchesse dont le génie et les rares connaissances doivent lui rendre tout l’éclat qu’elle en a eu sous les Médicis. Je suis avec un très profond respect Madame De Votre Altesse Impériale le très humble et très obéissant serviteur. Laplace A.N., 400AP 18.
840. Laplace à Madame Laplace, [après 1813]
A Madame Madame la Marquise de Laplace [après 1813] Ce mardi, Je te prie, ma chère amie, de témoigner à Monsieur et à Madame de Sully, tous mes regrets de ne les avoir pas vus durant leur séjour dans ce pays. Monsieur Magendie doit aller aujourd’hui mardi, dîner avec vous, et revenir avec toi à Paris, dans sa calèche. Tâche de revenir de bonne heure. Ta petite fille se porte bien. Je t’embrasse bien tendrement. Ton mari de Laplace Bancroft, box 14, dossier 42.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
841. Laplace à Delambre, 7 janvier 1814
A Monsieur le Chevalier Delambre, Secrétaire Perpétuel de la 1ère Classe de l’Institut Au Palais du Corps Législatif Paris Paris, ce 7 janvier 18141 Monsieur et très cher confrère, Je réponds à la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire par l’anecdote suivante que Monsieur de Buffon m’a raconté plusieurs fois, à peu près en ces termes. J’entrais, me disait-il, à l’Académie des Sciences comme adjoint dans une des classes mathématiques. Monsieur de Fontenelle, voulant rendre compte dans l’Histoire de l’Académie de mon premier mémoire, vint à moi dans une de nos séances pour me communiquer l’extrait qu’il en avait fait. Jeune alors et n’ayant point encore acquis de réputation, je fus vivement touché de cette démarche, et du ton de modestie et de bonté avec lequel me parla ce vénérable vieillard. Il pensait que l’auteur devait mieux que personne connaître l’esprit et le but de son ouvrage ; que le Secrétaire de l’Académie, obligé de parler sur toutes les sciences, ne pouvait pas les avoir toutes approfondies ; et qu’enfin, organe de la compagnie, il devait éviter avec une attention scrupuleuse de blesser ses collègues. C’est pour cela qu’il soumettait à leur examen les extraits de leurs ouvrages. Veuillez agréer, mon cher confrère, l’assurance de mes sentiments bien sincères d’estime et d’amitié. Comte Laplace Je vous prie de vouloir bien offrir à Madame Delambre l’hommage des mes sentiments respectueux. Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A ; facsimilé publié par K. Loewenfeld dans Das Weltall, 6 (1906), p. 313. 1. Malgré que l’écriture de Laplace indique que cette lettre fut écrite en 1815, un tampon postal au dos montre qu’elle date de 1814.
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842. Laplace à Chaptal, 15 janvier 1814
A Monsieur le Sénateur Chaptal, Comte de Chanteloup, Trésorier du Sénat Paris, le 15 janvier 1814 J’ai reçu, Monsieur et cher collègue, avec la lettre n° 2369 que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 10 de ce mois, l’état qu’elle m’annonçait des recouvrements opérés pendant l’année 1813 sur le prix des arbres vendus au profit du Sénat, dans les diverses Sénatoreries. Je suis, mon cher collègue, très reconnaissant de l’attention que vous avez eue de me fournir ce renseignement dont il sera fait l’usage convenable dans le travail que je prépare pour la prochaine session du Grand Conseil d’Administration. Agréez-en, je vous prie, mes remerciements, avec la nouvelle assurance de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Comte de Laplace1 Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
843. Madame Laplace à [Emile Laplace], 25 février 1814
Madame Laplace à son fils, Officier d’ordonnance de Sa Majesté Paris, 25 février 1814 [Extrait] Nous sommes dans un grand embarras, mon Emile. On nous loge des Polonais dans notre maison, à Arcueil, qui sont de vrais diables. Ils veulent boire et manger toute la journée, et ensuite menacent de tuer mon pauvre Vernes et la femme Remanée. Ils sont dans les plus belles chambres comme dans une écurie. Pour les adoucir, je les fais inviter à dîner, mais ils ne viennent point. Je crois que nous serons obligés d’aller habiter à Arcueil pour en imposer et empêcher un grand gaspillage et surtout le désordre de la maison. Depuis 12 jours, nous avons 6 chevaux à nourrir, 6 soldats, 2 et quelquefois 3 officiers qui sont [ici] sans raison, et se croient en pays ennemi, par la conduite qu’ils tiennent. La santé de ton père est bonne. lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 11.
844. document, 26 février 1814
26 février 1814 Je cède à Madame veuve Courcier, imprimeur-libraire à Paris, la propriété de mon ouvrage intitulé Exposition du Système du Monde, aux conditions suivantes. Premièrement, outre les livres que Madame Courcier, elle et son gendre
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m’ont fournis, et dont elle me donne quittance par le présent acte, elle s’engage à me donner pour 300 francs de livres, prix de son fonds. Secondement, elle ne pourra faire de nouvelles éditions sans mon consentement, et elle s’oblige à me donner à chaque édition, 50 exemplaires, dont 25 en papier vélin. Fait à Paris, ce 26 février 1814 Comte Laplace J’approuve l’écriture ci-dessus et accepte le présent engagement Veuve Courcier document Bancroft, box 18, dossier 19.
845. Laplace à François de Neufchâteau, 3 mars 1814
A Monsieur le Sénateur Comte François de Neufchâteau Paris, le 3 mars 1814 J’ai reçu, Monsieur et cher collègue, les deux lettres que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire sous la date du 28 février dernier. L’objet de ces lettres doit se trouver rempli par les mesures qui ont été prises le même jour relativement au traitement des membres du Sénat pour le mois de février. Je n’ai donc plus, mon cher collègue, qu’à vous féliciter des sentiments dont vos lettres contiennent l’expression, et à vous renouveler l’assurance de mon sincère attachement. Le Chancelier du Sénat Comte Laplace1 A.N., 27AP14, dossier 1. 1. Seule la signature est de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
846. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 27 mars [1814]
A Emile Laplace 27 mars [1814] Mon cher Emile, ton cheval nous revient parce qu’il n’a pas pu passer. Je le renvoie, en lui faisant tracer une route. J’espère que nous serons plus heureux. Joly le trouve excellent. Nous sommes à St Germain pour le moment. Si tu arrivais à Paris, j’ai remis à Monsieur Colin 2.000 francs pour toi, je vais écrire à Monsieur de Valence pour le prier de dire au Prince de Neufchâtel1 qu’il veuille bien donner l’ordre qu’on te remette sur sa caisse les 2.000 francs. Si tu manquais d’argent, alors il serait tout de suite remis à la maison du Prince. Je n’ai pas de tes nouvelles depuis le 18. Je trouve le temps bien long, ... écris-nous lorsque tu le peux. Nous sommes à St Germain pour être à portée de Paris et pour être libres de faire ce que Sa Majesté peut ordonner. Nous t’embrassons bien tendrement. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 11, 12.
1. Louis Alexandre Berthier.
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847. [Laplace] à [Groslier], 2 avril 1814
2 avril 18141 Je vous charge, mon cher Groslier2, de faire parvenir par tous les moyens que vous jugerez convenables, de faire dire à Monsieur de Lacepède, que mon adresse [est] à Lisieux, poste restante. Ecrivez-moi par votre cousin tout ce que vous saurez, et ce que Monsieur Cauchy3 vous dira. [Laplace]4 Paris, Observatoire, MS 1001.
848. [Madame Laplace] à Groslier, 2 avril [1814]
A Groslier5 Ce 2 avril [1814] à Evreux6 Je vous prie, mon cher Monsieur Groslier, de porter cette lettre pour mon fils à Monsieur Couttilliers pour qu’il veuille bien la faire partir. En voici une autre que Lise lui remettra à son arrivée. Je suis bien heureuse de pouvoir remettre mes lettres ici à mon frère. Si je n’avais pas été si triste, j’aurais été faire ma cour à S.M. l’Impératrice. Monsieur de Laplace a eu l’honneur de la 1. La date est d’une main autre que celle de Laplace. 2. Une note en bas de page qui n’est pas de la main de Laplace indique : « La lettre ci-jointe est de Madame la Marquise de Laplace ». Cette lettre de Madame Laplace, plus longue et plus détaillée, aussi en provenance d’Evreux, est déposée avec celle-ci à l’Observatoire de Paris. 3. Louis François Cauchy, Secrétaire-archiviste du Sénat. 4. Billet sans signature de Laplace, mais de sa propre main. 5. Sans signature, mais de la main de Madame Laplace. 6. L’année est ajoutée d’une main autre que celle de Madame Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
voir. Je vous prie d’aller offrir mes amitiés à Monsieur et Madame Berthollet. Si vous ne pouvez la voir, écrivez-lui un petit mot ainsi qu’à Madame Peyrard. Voyez le Sénateur Fabre. Dites-lui que nous nous rendons à Mailloc, y étant forcés parce que St Germain a été occupé ; et nous y attendrons là de ses nouvelles. Vous pourriez prendre ses lettres et me les faire passer par mon frère qui les mettrait à la poste à Evreux à mon adresse à Lisieux. Ce serait dans le cas où il n’aurait rien de pressé à nous dire, car ce moyen serait long. Mais dites-lui qu’une lettre de lui nous ferait du plaisir. Par le même moyen, vous m’écrirez ainsi que Monsieur Cauchy. Demandez à Lise, si elle a remis la clef de l’armoire aux papiers de Monsieur de Laplace à Monsieur Cauchy. Si Monsieur Cauchy n’y est pas, à Monsieur Carrey1. Je vous recommande à tous deux ma maison. Lise a du linge à la petite à me faire passer. Dites-lui de ne point le faire partir, à moins que mon frère puisse les faire passer à Evreux, parce qu’alors il aurait passé les dangers ; et d’Evreux, il voudrait bien les mettre à la diligence à Lisieux, chez Monsieur Baudry, maître de poste aux chevaux. Il me tarde bien d’avoir des nouvelles de mon fils. Je m’éloigne à regrets à cause de lui. Adieu, mon cher Monsieur Groslier, je vous renouvelle tout mon attachement. Dites à Lise de mettre dans le paquet de l’enfant, s’il peut me parvenir par mon frère, les jupes à corsage de percale qui sont dans l’armoire de réserve dans la lingerie, et le taffetas jauni avec de la soie jaune qui est dans le carton de l’enfant. P.S. Recommandez à Lise de bien faire nettoyer par Joly2. [Madame Laplace] lettre complémentaire Paris, Observatoire, MS 1001.
1. Bibliothécaire du Sénat. 2. Ajouté plus tard sur la marge supérieure de la lettre, peut-être par Madame Laplace.
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849. [Madame Laplace] à Emile Laplace, 2 avril [1814]
A Emile Laplace Evreux, 2 avril [1814] Je t’ai écrit deux lettres de Saint Germain, mon Emile, qui te disaient que nous avions quitté Paris le 29 mars ; nous désirions y rester, mais les troupes qui s’avançaient nous ont forcés à nous éloigner, et quoique nous [nous] éloignions lentement, parce que nous attendions un courrier pour être instruits de revenir à Paris, nous arriverons demain à Mailloc, où nous l’attendrons. Tu prendras ma chambre ; j’ai écrit qu’on la prépare pour ton arrivée ; tu trouveras Joly et ton cheval. J’ai chargé Monsieur Carrey qui couche dans la chambre de De Portes de régler les petits comptes avec Joly ; il te mettra au courant. Joly te remettra ma lettre dont il était chargé, et les bonbons. J’ai laissé Lise, et Lotton et ma cuisinière pour te servir. J’attends de tes nouvelles avec impatience. Va voir Monsieur Fabre1. Il veut bien se charger de nous envoyer un courrier à Lisieux de concert avec Monsieur Cauchy. J’ai remis 2.000 francs pour toi à Monsieur Colin et la caissette de ton linge. Envoie chercher tout cela. J’ai fait préparer aussi, suivant les intentions de ton oncle, son logement pour toi ; Alexandre l’attend pour que tu choisisses ; j’aimerais bien mieux être là pour te recevoir, mais alors nous y serons bientôt. J’avais écrit à Monsieur de Valence pour qu’il veuille bien prier le prince de Neufchâtel2 de vouloir bien te remettre de l’argent, si tu en avais besoin. Je t’engage à aller voir Monsieur de Valence pour le remercier, car je suis sûre qu’il aura été fidèle à faire ma commission. Ce bon Monsieur Colin voulait que je ne parte pas, et me loger chez lui ; c’est te dire que tu dois l’aimer. Mais je n’ai pas voulu quitter ton père. Je t’embrasse, mon aimable Emile, mille fois ainsi que ton père. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 13. 1. Sénateur Jean Pierre Fabre de l’Aude. 2. Louis Alexandre Berthier.
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850. [Laplace] à Emile Laplace, 12 avril [1814]
A Emile Laplace Paris, ce 12 avril [1814]1 Je t’embrasse, mon cher ami ; je suis de retour à Paris, bien impatient de te revoir et de t’embrasser. Viens le plus tôt qu’il te sera possible. Ta chambre est prête. Ta mère est à Mailloc, près de Lisieux : elle compte revenir bientôt, je l’ai laissée bien portante. Je t’attends, mon Emile, aussitôt que tu pourras revenir ; récris-moi, aussitôt que tu auras reçu cette lettre. Récris-moi souvent. Je renouvelle toute ma tendresse2. Ton père Bancroft, box 12, dossier 2.
851. Louis [XVIII] et Montesquiou à Laplace, 30 mai 1814
A M. le Comte de Laplace, sénateur Rue du Palais du Sénat, à Paris Paris, le 30 mai 1814 Monsieur le Sénateur, Comte de Laplace, je vous fais cette lettre pour vous dire que mon intention est que vous vous trouviez mardi prochain, 31 du mois de mai, à deux heures du soir au Palais Bourbon, à l’effet d’y assister à la séan1. Déchirure. 2. Sans signature, mais de la main de Laplace.
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ce qui aura lieu pour l’ouverture de la Session du Corps Législatif, si n’y faites faute. Sur ce, je prie Dieu qu’il vous ait en sa sainte garde. Louis [XVIII], l’abbé de Montesquiou Arch. CL.
852. William Herschel à Laplace, 14 juin 1814
A Monsieur le Comte La Place conseiller du Sénat au Palais du Sénat à Paris June 14, 1814 Dear Sir, I take this opportunity of my friend Dr. Kelly’s visit to Paris to introduce him to you as a man of science and author of several works, and at the same time to mention to you that Sir Charles Blagden has acquainted me with your wish to have some observations of the Georgian satellites. The low situation of the planet and twilight renders the satellites at present invisible ; but I have a series of observations that were made in the years 1790-1-2-3-4-6-7 and 8. Their accuracy will make them valuable, and I am now drawing them out for communicating them in a paper to the Royal Society and shall be most happy to send you a copy of them. Allow me to inquire after your health and that of Madame La Place. The long interruption of our correspondence has not rendered you and Madame La Place less dear to Mrs. Herschel and myself. We shall be most happy to hear from you ; and with hers and my best respects to your Lady, I have the honor to remain, dear Sir, Your most obedient faithful servant. Wm Herschel
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
P.S. By means of Sir Charles Blagden I have sent you four of my papers to which I have added one of my son, whom as a little boy you may remember seeing with us in Paris, but who now as a mathematician is become one of your most zealous admirers. brouillon Londres, Royal Astronomical Society, W. 1, p. 291.
853. Laplace à William Herschel, 17 juillet 1814
A Monsieur Herschel de la Société Royale de Londres, A Londres Paris, ce 17 juillet 1814 Monsieur et très illustre confrère, J’ai reçu la lettre que Monsieur Kelly m’a remise de votre part. J’ai reçu pareillement les mémoires que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer, et auxquels étaient joints ceux de Monsieur votre fils. J’ai l’honneur de vous remercier l’un et l’autre de ce double présent. Je vous prie d’agréer en échange l’exemplaire ci-joint d’un petit ouvrage que j’ai publié en février dernier, et qui a paru le jour même où Paris était menacé de voir entrer dans ses murs les troupes coalisées, ce qui ne s’est effectué que six semaines après. Vous verrez dans cet ouvrage que je regarde comme fort probable que les comètes sont originairement de petites nébuleuses. Ce dernier résultat auquel j’ai été conduit par la considération du système planétaire s’accorde merveilleusement avec vos idées, et je m’estime en cela fort heureux. Je suis bien aise d’avoir trouvé cette occasion de témoigner mon admiration pour vos belles recherches et spécialement pour votre travail sur les nébuleuses. Je vois avec plaisir que vous vous occupez à rédiger vos observations sur les satellites d’Uranus, ce qui mettra leur existence hors de doute et fera mieux connaître les éléments de leurs mouvements.
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Je n’ai pu encore que flairer, si je puis ainsi dire, les mémoires de Monsieur votre fils ; mais ce que j’en ai lu me suffit pour voir qu’il est destiné à se faire un jour dans les sciences mathématiques une réputation semblable à celle de son père en astronomie. Madame Laplace est très reconnaissante de votre aimable souvenir et me charge de vous en témoigner ses remerciements. Veuillez bien agréer l’expression de tous ceux que vous m’avez inspirés depuis longtemps, et que je désirerais bien de pouvoir vous renouveler de vive voix. Comte Laplace Londres, Royal Astronomical Society, W. 1/13, L.35.
854. document, 4 août 1814
4 août 1814 Les soussignés : M. Marcel Reboul, secrétaire de la Faculté de Droit de Paris, demeurant à l’Ecole de Droit, place du Panthéon d’une part. Et M. le Comte Pierre Simon Delaplace, Pair de France, demeurant à Arcueil près Paris, étant ci-joint à Paris dans la maison ci-après désignée, d’autre part. ont fait entre eux, les conventions suivantes : Les parties s’engagent respectivement, par ces présentes, M. Reboul à donner, et M. le Comte Delaplace, à prendre à bail, pour trois, six, ou neuf années, à compter du premier octobre prochain, au choix de chacun, et en s’avertissant réciproquement six mois d’avance, la totalité d’une maison sise à Paris, rue de Vaugirard n° 51, ayant cour et jardin, à la seule réserve des lieux occupés par M. Paty, locataire de l’appartement du second étage. Ce bail aura lieu, moyennant 2.300 francs de loyer annuel, payable aux quatre termes ordinaires de l’année, et aux clauses d’usage, sauf l’impôt des portes et fenêtres, qui de convention expresse, sera acquitté par le bailleur sans répé-
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
tition contre le locataire qui n’aura également rien à payer pour la contribution aux gages du portier. M. Reboul s’oblige de faire incessamment : 1° ouvrir sous le passage de la porte cochère, à main gauche en entrant une porte pour aller dans l’écurie, et disposer de l’écurie de manière à y comprendre le plus grand nombres de chevaux possible ; 2° et construire dans la cour, entre le puits et le jardin, un hangar propre à remiser un cabriolet. Fait double, à Paris, ce 4 août 1814 Approuvé l’écriture ci-dessus Reboul document Bancroft, box 10, dossier 29.
855. reçu, 8 août 1814
Du 8 août 1814 Doit Monsieur Delaire à Bourdier 1 croix de la Réunion Reçu comptant
60#
Bourdier reçu Bancroft, box 3, dossier 13.
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856. reçu, 26 août 1814
26 août 1814 Extrait de mon registre des recettes et dépenses faites par moi au profit de Monsieur le Comte Laplace Date
Objet
Le 8 juillet Reçu de M. Larsonnier pour le traitement d’avril
Recette
Le dit jour Payé à M. Courty 6.000f écus et pour frais de voiture pour porter cet argent 2f 25c Le 1
er
Reçu de M. Larsonnier pour le traitement de mai Payé pour 6 sacs 90c et pour frais d’une voiture pour rapporter cet argent chez moi lf 60c
Le dit jour Reçu pour M. le Comte Laplace du Sr ___ marchand de bœuf payant pour M. Lamotte la somme de Le 2
Pris un cabriolet pour porter l’argent à M. Courty, payé Payé à M. Courty 1.558f pour solde en capital et intérêt des 15.000f par lui prêtés à M. le Comte Laplace le 11 octobre 1813
Le 4 août
Reçu du payeur des Canaux d’Orléans et de Loing pour le produit des 6 premiers mois de l’année courante les 10 actions appartenantes à M. le Comte Laplace Payé pour sacs 45c et pour une voiture de fiacre 2f 10c
6.002,25 6.000 2,50 2.500 2,25
1.558
2.500,45 2,55
Le dit jour Payé pour derniers adieux de la location de la maison rue de Vaugirard n° 51 Payé pour une feuille de papier timbré pour une promesse de bail de la maison rue de Vaugirard n° 51 Le 6
Idem pour le port d’une lettre de M. Courty
Le 8 août
Payé au S. Bourdier pour une croix en or de l’Ordre de la Réunion 57f remise de 3f déduite Idem pour 1/6 de ruban moiré
5 ,55 ,15 57 ,50
Le 11 dudit Remis à M. le Comte Laplace (en pièce de 5f) Le 22 du dit Reçu de Mrs Audenet et Hungerland pour un mandat délivré à M. le Conteur de Pont-L’Evêque, le 14 dudit mois 797f 34c Payé pour un cabriolet pour rapporter l’argent Le dit jour Remis sur l’ordre de M. le Comte Laplace à M. de Portes la somme de 500f
Dépense
6.000f
2.000 797,34 1,75 500
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Le 26 du dit Remis à M. le Comte Laplace pour solde de compte audit jour pour la somme de 7.665f 29c, savoir en billet de banque 7.000f, et en argent blanc 665f 29e Balance pour solde de compte
7.665,29 17.797,79 17.797,79
Certifié véritable par moi soussigné A Paris, ce 26 août 1814 Delaire reçu Bancroft, box 3, dossier 13.
857. Laplace à Sémonville, [octobre 1814]
A M. le Comte de Sémonville [octobre 1814] Monsieur Cauchy vient de m’apprendre la mort de Monsieur Lévêque, mon collègue à l’Institut et examinateur des élèves de la marine. Il désirerait que son fils remplaçat cet examinateur. Je puis vous assurer que personne n’est plus en état que ce jeune homme de remplir cette place importante. Monsieur Cauchy fils est un géomètre très distingué qui a fait preuve à l’Institut d’un rare talent pour les mathématiques par un grand nombre d’excellents mémoires qu’il a donnés sur les diverses branches de ces sciences. Il est, parmi tous ceux qui prétendent à la place actuellement vacante dans l’Institut, celui qui me parait avoir le plus de droits, et je le crois destiné à remplacer dignement les géomètres de cet illustre corps. Je me fais un vrai plaisir de lui rendre ce témoignage. Je vous renouvelle, etc. Comte Laplace Claude Alphonse Valson, La Vie et les Travaux du Baron Cauchy (Paris, GauthierVillars, 1868) 1, 56-57.
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858. Laplace à Prévost, 30 novembre 1814
A Monsieur Monsieur Prévost Professeur A Genève Paris, ce 30 novembre 18141 J’ai l’honneur, Monsieur, de vous adresser un exemplaire de la nouvelle édition de ma Théorie Analytique des Probabilités, en vous priant de l’agréer comme un hommage de tous mes sentiments d’estime et d’attachement. Vous y verrez un chapitre sur la probabilité des témoignages, objet dont vous vous êtes occupés. Vous y trouverez quelque différence entre nos résultats, et je serai très aise de savoir ce que vous en jugerez. Toute cette théorie des probabilités me parait de la plus grande importance par les applications continuelles que l’on en peut faire dans la conduite de la vie. J’ai essayé de donner des vues sur cet objet dans l’introduction de mon ouvrage, introduction que j’ai fait imprimer à part, sous le titre d’Essai Philosophique. Je vous prie de vouloir bien remettre l’un des deux exemplaires ci-joints à Monsieur de Saussure, et l’autre à Monsieur Pictet, correspondant de notre Institut, en leur offrant à tous deux mes plus tendres compliments. Veuillez bien, Monsieur, recevoir l’assurance de tous les sentiments que vous m’avez inspirés, et que je conserverai toute ma vie. Comte Laplace B.GE., MS Suppl. 1050, fol. 227.
1. Au dos, de la main de Prévost : « Reçu le 29 décembre ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
859. [Laplace] à [Staël], 1er décembre 1814
Paris, ce 1er décembre 1814 Le Comte Laplace a l’honneur d’offrir à Monsieur le Baron de Staël ses sentiments de haute considération. Il le prie de vouloir bien agréer l’exemplaire ci-joint, de son Essai Philosophique sur les Probabilités, 2de édition, et de faire parvenir, comme il a eu la bonté de le lui promettre, ce paquet à l’Académie royale des Sciences de Stockholm1. [Laplace] Turin, Biblioteca Civica.
860. Laplace à [Schubert], 12 décembre 1814
Paris, ce 12 décembre 1814 Monsieur, J’ose vous prier de vouloir bien présenter de ma part à l’Académie impériale de Pétersbourg, l’exemplaire ci-joint de la seconde édition de ma Théorie Analytique des Probabilités, et de vouloir bien agréer pour vous-même, un exemplaire de mon Essai Philosophique sur les Probabilités, qui, comme vous le verrez, n’est que l’introduction placée à la tête du premier ouvrage. Je désire que cela puisse vous intéresser ; je désire surtout que vous voyez dans cet hommage une marque des sentiments d’estime que vous m’avez depuis longtemps inspirés. La paix heureuse qui succède aux guerres désastreuses, dont l’Europe a été si longtemps affligée, va rétablir entre les savants les anciennes communica1. Sans signature, mais de la main de Laplace.
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tions. Je serai surtout bien charmé que cela me procure l’occasion de recevoir de vos nouvelles. Je n’en sais aucune qui puisse vous intéresser très particulièrement. Monsieur Bouvard vient de terminer un grand travail sur Jupiter et Saturne. Il a discuté avec un soin particulier toutes les observations, soit conjonctions, soit quadratures, et il est parvenu à former des tables qui les représentes, faites à moins de douze secondes. Je crois que c’est tout ce qu’on peut désirer, à moins qu’on ne veuille introduire des petites perturbations que j’ai négligées. Mais je ne sais pas si cela en vaut la peine. Pour la Lune, cela est très utile à cause de son importance pour la navigation. Les tables lunaires de Monsieur Burckhardt sont d’une très grande précision. Monsieur Bürg s’occupe à perfectionner les siennes, mais toutes sont déjà si approchantes de la vérité, que l’on peut croire qu’une partie considérable de leurs écarts tient aux observationsmêmes. Au reste, il est bien remarquable que les deux inégalités lunaires dépendantes de l’ellipticité de la Terre, s’accordent à donner 1,305 d’aplatissement à la Terre et que l’inégalité parallactique donne 8",59 pour la parallaxe du Soleil, la même exactement qu’un astronome espagnol vient de conclure au passage de Vénus sur le Soleil en 1769, en rectifiant d’après ses observations les positions des lieux où ce passage a été observé en Amérique. Veuillez bien, Monsieur, agréer l’assurance de tous mes sentiments bien sincères d’estime et d’attachement. Laplace Imprimée dans Akademiia Nauk, SSSR, Institut Istorii Yestestvoznaniya, Nauchnoye Nasledstvo, 1 (1948), p. 803.
861. Laplace à [?], 13 décembre 1814
sans description Catalogue of the Collection of Interesting and Extremely Rare Autograph Letters and Manuscripts, the Collection of Professor Maunoir of Geneva, ... sold by auction ... on Friday, Dec. 18th 1846. [London, 1846], p. 17, n° 198.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
862. [Madame Laplace] à Emile Laplace, [1814]
A Emile Laplace [1814] J’ai toujours mes Polonais ; ils nous ruinent et de plus abîment ma maison. Je voudrais bien en être débarrassée. Nos amis Berthollet viennent tous les jours faire la causette ; ils me chargent de mille amitiés pour toi ainsi que Monsieur le Sénateur Fabre. Ton père se porte bien et t’embrasse de tout son cœur ; il dîne aujourd’hui chez l’ami Colin, avec le Duc de Massa1. [Madame Laplace] lettre complémentaire Bancroft, box 17, dossier 11.
1. Claude Ambroise Regnier.
863. Laplace à [Schubert], [après 1814]
[après 1814] J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Schubert tous mes remerciements des exemplaires qu’il a bien voulu m’envoyer, de son excellent ouvrage. J’en avais reçu, dans le temps, l’exemplaire qu’il m’en envoya et j’ai cru lui faire plaisir et me conformer à son désir qu’il m’a témoigné, en présentant, de sa part, le second exemplaire à l’Institut1. Je prie Monsieur Schubert d’agréer l’expression de mes sentiments bien sincères d’estime et d’attachement. Je suis extrêmement flatté des sentiments qu’un savant aussi distingué veut bien me témoigner. Laplace Imprimée dans Akademiia Nauk, SSSR, Institut Istorii Yestestvoznaniya, Nauchnoye Nasledstvo, 1 (1948), p. 804.
1. Voir la lettre de Schubert du 5 novembre 1811 et P.V. Institut, 4, 458.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
864. [Prévost] à Laplace, 18 janvier 1815
M. le Comte Laplace A Paris, 18 janvier 1815 Monsieur le Comte, J’ai reçu avec beaucoup de reconnaissance le très beau présent que vous avez bien voulu me faire de votre Théorie des Probabilités. Conformément à la lettre obligeante dont vous l’avez accompagné et qui a fixé mon attention sur la matière du témoignage, j’ai vu quelques résultats différents de ceux auxquels j’étais parvenu. J’en ai conclu qu’il était vraisemblable que quelques différences dans les hypothèses produisaient cet effet. J’ai cru aussi le reconnaître au premier examen ; et je me propose de m’en assurer. Si cette discussion me semble offrir quelque chose digne de votre attention, j’y reviendrai. Mais je n’ai pas voulu dans l’intervalle indispensable pour ces recherches vous laisser de l’incertitude sur votre envoi, ni tarder à vous en faire mes remerciements. J’ai remis à MM. Pictet et de Saussure leurs exemplaires. Permettez que je joigne ici, etc. [Prévost] copie B.GE., MS fr. 4737, fol. 64v.
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865. reçu, 23 janvier 1815
23 janvier 1815 Je soussigné, propriétaire d’une maison située à Paris rue de Vaugirard n° 51, reconnais avoir reçu de M. le Comte de La Place, locataire des appartements au 1er étage et à l’entresol de la dite maison et leurs dépendances, la somme de 575 francs, savoir 500 francs pour un terme du loyer des dits appartements, échu le premier de ce mois, et 75 francs pour les gages du portier, l’imposition sur les portes et fenêtres et autres dépenses restées à ma charge, dont quittance à Paris ce 23 janvier 1815. Reboul reçu Bancroft, box 10, dossier 291.
866. Laplace à [Fouché], 25 mars 1815
Monsieur le Duc [d’Otrante, Ministre de la Police Générale]2 Paris, ce 25 mars 1815 J’ai l’honneur d’adresser à Votre Excellence, la note ci-jointe sur Monsieur de Montyon, dont je vous ai déjà entretenu, et auquel je prends un vif intérêt. 1. Dans ce même dossier se trouvent cinq autres reçus semblables pour les années 1815 à 1817. 2. Joseph Fouché.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Vous verrez par cette note, que ce respectable vieillard âgé de 82 ans, a constamment bien mérité de sa patrie, et de l’humanité, et c’est en leur nom que je prends la liberté de le recommander à Votre Excellence. Daignez, Monsieur le Duc, agréer l’hommage de mon sincère attachement et de ma haute considération. Comte Laplace A.N., F76034.
867. Laplace à [?], 25 mars 1815
25 mars 18151 sans description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 528.
868. document, 11 avril 1815
11 avril 1815 Ceci est mon testament. Je donne et lègue à ma femme, tout ce dont la loi me permet de disposer à son profit, tant en propriété qu’en usufruit, sans aucune restriction ni réserve ; pour madite épouse jouir de tout et en percevoir les fruits et revenus à compter 1. Il est possible qu’il s’agit de la lettre adressée à Arago le 25 mars 1816.
ANNÉE 1815
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du jour de mon décès, sans être tenue de donner caution, ni de faire aucun emploi, l’instituant quant à ce, ma légataire à titre universel. Je révoque tout testament antérieur au présent auquel seul je me tiens, comme contenant ma dernière volonté. Fait à Paris, ce 11 avril 1815, Comte Laplace, Pair de France document Paris, Minutier Central des Archives Notariales, Etude XCVII, n° 764 (8 mars 1827).
869. reçu, 1er août 1815
1er août 18151 Année 1815 Ville de Paris XIe Arrondissement municipal Quartier du Luxembourg Rue de Vaugirard Maison n° 51
Avertissement Imposition Communale Extraordinaire Extrait du Rôle arrêté le 22 juillet 1815
M. Delaplace Imposé au Rôle Personnel de l’année 1815, à raison d’une valeur locative de 1.600 payera pour sa quote-part dans la dite imposition une somme de ... 320 QUITTANCE 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Reçu par moi, Percepteur soussigné la somme de 320 francs dans les valeurs énoncées au Bordereau ci-contre, dont Quittance. Paris, le 1er août 1815 Le Receveur particulier, percepteur du XIe Arrondissement Chenié
reçu Bancroft, box 10, dossier 17.
870. Laplace à [?], 22 septembre 1815
sans description Catalogue of the Collection of Interesting and Extremely Rare Autograph Letters and Manuscripts, the Collection of Professor Maunoir of Geneva, ... sold by auction ... on Friday, Dec. 18th 1846. [London, 1846], p. 17, n° 198.
ANNÉE 1815
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871. Laplace à Gauss, 23 septembre 1815
A Monsieur Joseph1 Monsieur Gauss, professeur d’astronomie à l’Université de Göttingen Paris, ce 23 septembre 1815 Monsieur, Il y a bien longtemps que je n’ai eu l’honneur de recevoir de vos nouvelles. Je pense, et j’aime à croire, que vous vous portez bien, et que vous n’avez point souffert des troubles qui viennent d’agiter l’Europe. Je me suis occupé des sciences autant que ces troubles ont pu me le permettre. J’ai l’honneur de vous envoyer un petit extrait d’un mémoire que j’ai lu à l’Institut sur les marées2. Je désire qu’il puisse vous intéresser. J’ai encore lu un mémoire sur l’application du calcul des probabilités à la philosophie naturelle3. Pour vous en donner un exemple, je vous dirai que Monsieur Bouvard vient de terminer un immense travail sur les mouvements de Jupiter et de Saturne, dont il a construit de nouvelles Tables dont les plus grandes erreurs ne [dé]passent pas douze secondes4. Il a discuté de nouveau toutes les oppositions et les quadratures de ces deux planètes, observées depuis Bradley jusqu’à nous, et il en a formé pour Jupiter 126 équations de condition en longitude, qu’il a réduits par la méthode des moindres carrés à cinq équations finales. Les cinq éléments de ces équations sont : l’époque de Jupiter, la correction de son moyen mouvement, la correction de l’excentricité, celle de la position du périhélie, et la correction de la masse de Saturne qui produit de grandes perturbations dans le mouvement de Jupiter, et qui par là peut être bien déterminée. Il a trouvé ainsi 1 ----------pour la masse de Saturne, celle du Soleil étant l’unité. Mais quelle est 3512
la probabilité de cette valeur ? En appliquant à ce résultat mes formules de probabilité, je trouve qu’il y a dix mille à parier contre un, que cette masse ne diffère pas de la véritable d’un centième de sa valeur. Newton avait trouvé par les 1. Le nom « Joseph » est ajouté d’une main autre que celle de Laplace. 2. « Sur le flux et reflux de la mer », Connaissance des Temps pour 1818, 354-361. 3. « Sur le calcul des probabilités appliqué à la philosophie naturelle », Connaissance des Temps pour l’année 1818, 361-381 ; Laplace, O.C., 13, 98-120. 4. Ces Tables ne furent publies qu’en 1821, avec celles d’Uranus en plus.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1 élongations du quatrième satellite de Saturne cette masse égale à ------------ ; cette 3012
valeur est totalement invraisemblable. Il me semble qu’on n’a qu’une connaissance imparfaite du résultat auquel on parvient par un grand nombre d’observations, si l’on ignore la probabilité que l’erreur de ce résultat est comprise dans des limites données. Je crois donc que des formules propres à cet objet sont un vrai perfectionnement de la méthode de la philosophie naturelle, et c’est pour cela que je les ai développées avec plus d’étendue encore, que dans ma théorie analytique des probabilités. Veuillez bien agréer l’assurance de tous mes sentiments de haute estime et de sincère attachement. Comte Laplace Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), p. 101.
872. Louis [XVIII] à Laplace, 4 octobre 1815
Monsieur le Comte Laplace, Pair de France 4 octobre 1815 Monsieur le Comte La Place, nous vous faisons cette lettre pour vous dire que vous vous rendiez samedi sept du présent mois au lieu des séances de la Chambre des Députés des Départements à l’effet d’y assister à l’ouverture de la session des Chambres ; et à cela ne faites faute, car tel est notre plaisir : la présente n’étant à autres fins, sur ce je prie Dieu, Monsieur le Comte La Place, qu’il vous ait en sa Sainte et digne garde. Donné au Château des Tuileries le 4e jour d’octobre de l’an de grâce 1815, et de notre règne le 21e. Louis [XVIII] Bancroft, box 10, dossier 26.
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873. Laplace à [Tralles], 25 octobre 1815
Paris, ce 25 octobre 1815 Monsieur, Je vous prie d’agréer l’exemplaire ci-joint de deux petits écrits que je viens d’imprimer dans le volume de la Connaissance des Temps qui va bientôt paraître, et de vouloir bien remettre à Monsieur Bode l’exemplaire que je lui adresse1. Vous y verrez une extension de ma théorie des probabilités. J’ai vu avec un grand plaisir, dans la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, que cette matière vous intéresse, comme elle doit intéresser tous les esprits justes et profonds ; et je pense, comme vous, que les principes élémentaires de cette science devraient faire partie de l’instruction publique. Il est bien vrai, comme vous le dites, que l’analogie des puissances et des différences dépend du caractère commun aux opérations de différentiation et d’élévation aux puissances ; mais il me semble que la théorie des fonctions génératrices met ce caractère en évidence. Au reste je vous engage à publier sur cet objet vos idées qui répandront un grand jour sur cette matière et contribueront à la perfectionner. Veuillez bien, Monsieur et illustre confrère, agréer l’hommage de mes sentiments d’estime profonde et de très sincère attachement. Comte Laplace Voudriez-vous bien faire parvenir à Monsieur Bessel, professeur à Königsberg l’exemplaire que je lui adresse. Berlin, Brandenburgische Akademie der Wissenschaften, Akademiearchiv, Nachlass J.G. Tralles, Nr. 96.
1. « Sur l’application du calcul des probabilités à la philosophie naturelle », Connaissance des Temps pour l’année 1818, 361-381 ; Laplace, O.C., 13, 98-120.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
874. Laplace à Blagden, 25 octobre 1815
A Monsieur A Monsieur le chevalier Blagden de la Société Royale de Londres, aux appointements de la Société Royale A Londres A Paris, ce 25 octobre 1815 Monsieur et très cher ami, Je vous prie d’agréer l’exemplaire ci-joint de quelques recherches que je viens de faire imprimer dans le volume de la Connaissance des Temps qui va bientôt paraître1. Vous m’obligerez de faire parvenir à Monsieur Herschel et à Monsieur Playfair les exemplaires que je prends la liberté de vous adresser pour eux. Il y a longtemps que je n’ai reçu de vos nouvelles. J’espère que vous jouissez d’une bonne santé. Nous serions bien heureux de vous revoir cet hiver à Paris, mais nous n’osons l’espérer. J’ai cherché à me consoler par la culture des sciences des maux qui nous ont accablés. C’est un des plus grands services qu’elles puissent rendre à ceux qui les cultivent. Plus je vis et plus je m’y attache, comme au seul bien durable que l’espèce humaine puisse acquérir. Agréez, mon cher confrère et ami, les sentiments de l’estime profonde et de tendre attachement que vous m’avez inspirés. Comte Laplace Londres, Royal Society, CB/1/4/225.
1. « Sur l’application du calcul des probabilités à la philosophie naturelle », Connaissance des Temps pour l’année 1818, 361-381 ; Laplace, O.C., 13, 98-120.
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875. Laplace à Prévost, [octobre 1815]
A Monsieur Monsieur Prévost1 Professeur A Genève [octobre 1815] J’ai l’honneur de prier Monsieur Prévost d’agréer l’exemplaire ci-joint des recherches que je viens de faire imprimer dans le volume de la Connaissance des Temps, qui va bientôt paraître2. Elles sont un supplément de mon ouvrage sur la Théorie des Probabilités, et je désire bien qu’elles intéressent assez les géomètres et les observateurs, pour qu’ils veuillent bien en faire usage. En les éclairant sur la probabilité des résultats obtenus par un grand nombre d’observations ou d’expériences, elles pourront les engager à y donner souvent moins de confiance et à varier et à répéter les expériences de la manière la plus avantageuse. Monsieur Prévost doit sentir, plus que tout autre, l’utilité d’une semblable méthode, et je m’estimerais heureux, s’il juge que celle que je propose remplit son objet. Je le prie de vouloir bien agréer l’hommage de mes sentiments d’estime et de considération. Comte Laplace B.GE., MS Suppl. 1050, fol. 229.
1. Au dos, de la main de Prévost : « reçu le 1er novembre 1815 ». 2. « Sur l’application du calcul des probabilités à la philosophie naturelle », Connaissance des Temps pour l’année 1818, 361-381 ; Laplace, O.C., 13, 98-120.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
876. [Laplace] à [?], octobre 1815
octobre 1815 Détails scientifiques relatifs au calcul des probabilités. description
[Laplace] B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 278.
877. Laplace à Madame Laplace, 10 novembre 1815
A Madame la Marquise de Laplace, à Poissons, par Joinville Paris, ce 10 novembre 1815 Je reçois, ma chère amie, ta lettre datée du 7 de ce mois, et t’y réponds. Tu parais désirer de ne partir de Poissons que le lundi 15. Je t’engage à ne pas retarder ton départ au-delà de ce jour. Je t’engage pareillement à voyager de nuit le moins que tu pourras et à bien faire visiter ta voiture, pour t’assurer qu’elle est en bon état. Je suis bien content de voir que tu es satisfaite d’Angélique. Embrasse-la pour moi. Je crois que tu ne dois avoir aucune inquiétude sur la nomination du jeune Molerat. J’en ai bien remercié, à l’Académie, Mgr l’Evêque d’Hermopolis1. Il m’a dit que tu obtenais toujours ce que tu deman1. Denis Antoine Luc Frayssinous.
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dais. Offre mes respectueux compliments à Monsieur et Madame de Fleury, et rappelle-moi au souvenir de tout le monde. Je t’embrasse bien tendrement ainsi qu’Angélique. Ton vieux mari Marquis de Laplace Arch. CL.
878. [Prévost] à Laplace, 10 novembre 1815
Monsieur le Comte Laplace de l’Institut National, etc. A Paris, 10 novembre 1815 Monsieur le Comte, Je me souviens que dans la dernière lettre dont vous m’avez honoré en m’envoyant votre profonde Théorie des Probabilités, vous fixiez plus particulièrement mon attention sur le témoignage, en me faisant observer que vos résultats différaient des miens. En répondant à cette observation, je vous disais que j’attribuai cette différence à une différence dans les hypothèses ; et c’est aussi ce que j’ai vérifié. Je songeais donc à développer un peu cette remarque pour vous la soumettre lorsque j’ai reçu un nouveau présent de votre part, savoir un mémoire « Sur le flux et le reflux de la mer » et une « Application du calcul des probabilités à la philosophie naturelle »1. Agréez mes remerciements, car quoique je ne puisse pas pénétrer dans la profondeur de vos calculs, je n’en sens pas moins l’importance. Sur ces derniers mémoires je m’en tiendrai donc à l’expression de mon admiration et de ma reconnaissance. Sur le « témoignage » je me permettrais d’entrer dans un peu plus de détail. 1. Connaissance des Temps pour l’année 1818, 354-377 ; Laplace, O.C., 13, 98-116.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Il est inutile de dire que vos applications de la probabilité testimoniale dans vos hypothèses sont aussi ingénieuses que savantes. Reste à vous exposer seulement ce qui, dans les hypothèses-mêmes, je puis avoir à observer. A la page 446 vous dites : « La probabilité du témoignage d’un seul témoin se compose de sa véracité, de la possibilité de son erreur, et de la possibilité du fait en lui-même ». Sur quoi j’observe : 1° que ce n’est pas sur les mots « possibilité » et « probabilité » que peut naître un doute. Je substitue donc le dernier au premier, comme plus déterminé ; 2° que, cela étant, la probabilité du fait attesté me paraît clairement dépendre de la probabilité du fait en lui-même, mais la probabilité du témoignage ne me semble en dépendre nullement. Je vais m’expliquer : 1° J’ai posé comme un axiome dans un mémoire inséré (de concert avec Monsieur Lhuilier) aux Mémoires de Berlin pour 1797, p. 140 ce principe : « Tout fait non prouvé est d’une probabilité nulle »1. Si ce principe (que je me suis abstenu de développer) pouvait être contesté, j’abonderais en développements qui, je crois, en feraient pleinement reconnaître la vérité. 2° Il y a pour prouver un fait des arguments de plusieurs espèces, au nombre desquelles est le témoignage. Ainsi le témoignage est un argument, entre plusieurs arguments. 3° Lors donc qu’on se propose d’estimer la probabilité du témoignage il ne faut point du tout y mêler les arguments d’une autre espèce. 4° Mais il faut, après cette estimation faite séparément pour chaque argument relatif à un même fait, combiner, et finalement estimer, la résultante de ces probabilités partielles. J’ai donc cru, en m’occupant du témoignage, soit avec Monsieur Lhuilier, soit seul (en 1794 De Probabilité et en 1804 Essais de Philosophie) devoir traiter cet argument tout seul2. Ceci me semble bien justifier mon assertion que nos hypothèses diffèrent et servent de réponse à la remarque faite sur cette différence. Dans le cas d’application, déduits dans votre belle introduction, presque toujours « la probabilité du fait en lui-même » dépend de l’argument d’analogie et a fait différent du témoignage. Je joindrai, en passant, à cette observation unique et principale un mot sur l’introduction d’un élément (p. xxxvii de l’introduction) qui est très nécessaire dans l’emblème de l’urne, mais qui me semble offrir peu d’applications. Je veux parler de la probabilité que le témoin trompeur choisisse justement le n° 79 entre les 999 non sortis. Le cas ordinaire me semble celui (p. xxxviii) où 1. Mémoires de l’Académie des Sciences et Belles-Lettres de Berlin (1797). 2. De Probabilitate (Genève, 1794) ; et Essais de Philosophie : ou Etude sur l’Esprit Humain (Genève, 1804).
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l’urne renferme 999 boules noires. Je m’exprime ainsi pour abréger, sûr d’être compris. Si donc nous éliminons cette hypothèse et si nous éliminons pareillement toute probabilité indépendante de celle du témoignage, j’ai la satisfaction de voir que la différence des résultats que vous aviez observée disparaît. Mais ce qui ne disparaît pas, c’est la beauté de votre travail, et en particulier l’art avec lequel vous avez distingué l’erreur du mensonge, qu’à dessein nous avions cru, dans un premier essai, devoir comprendre sous un seul nom. Monsieur Lhuilier, à qui je me suis vanté de votre correspondance, me remet pour vous une note que vous trouverez jointe ici. Agréez, Monsieur, l’expression de mon entier dévouement. [Prévost] copie B.GE., MS fr. 4737, fols 70v-72r.
879. [Blagden] à Laplace, 10 décembre 1815
A Laplace Ce 10 décembre 1815 Je vous prie d’agréer, mon très cher et illustre ami, mes remerciements pour l’exemplaire de vos deux mémoires « Sur le flux et le reflux de la mer », et sur « L’application du calcul des probabilités à la philosophie naturelle », et j’ai fait expédier les deux exemplaires à leurs adresses, à Monsieur Herschel et Monsieur Playfair. Dans ma lettre du ..., à notre ami Monsieur Berthollet, j’ai déjà accusé la réception de ce paquet de vous. J’espère que vous vous portez bien, malgré les malheurs qui sont arrivés à votre patrie. Le [chagrin] que j’en ressens est à peu près égal au votre. Je vous remercie de votre invitation de me rendre à Paris. Mais cet hiver, je dois rester
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
ici : mais au printemps prochain, si les circonstances le permettent, je compte faire un voyage en France et peut-être plus loin. Cependant, il est assez difficile de penser en quel état je retrouverai votre pays, à un mois d’ici. Mon plus grand plaisir, et ce sera le cas donc à Paris, est d’observer les progrès des sciences et d’entreprendre en tout ce qui dépend de moi, la connaissance des découvertes de toute espèce qui se font. Mon vœu principal a toujours été que nos deux nations, qui cultivent les connaissances humaines avec tant de succès, puissent rentrer en état de communications libres, pour s’assurer mutuellement dans la [route commune] qu’elles parcourent. Permettez-moi d’offrir à Madame la Comtesse Laplace [preuves] de mon estime et de mes amitiés. Vous, et Monsieur Berthollet, sont deux des plus anciens amis qui me restent sur la Terre, malgré les vicissitudes politiques qui nous ont séparés. J’ai toujours les mêmes sentiments pour vous, et qu’ils sont ineffaçables. Salut. CB[lagden] Cette lettre doit être accompagnée d’une brochure qui n’est pas digne de vous être offerte, mais je n’ai rien dans les sciences mathématiques qui l’est ; et je crois que peut-être, vous ne serez pas fâché de voir recueillir ce qui a été écrit ici sur l’irrégularité qui a attiré l’attention des savants : sciences dans la mesure du méridien par le Colonel Mudge. That Phil. Trans for Institut and Nautical Almanac for 1818 are ready ; hope will be taken by ? brouillon Londres, Royal Society, CB/1/4/228.
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880. [Laplace] à [?], 20 décembre 1815
[A un collègue] 20 décembre 1815 « Je désire bien que l’application que je propose du calcul des probabilités à la méthode de la philosophie naturelle puisse s’étendre. Je pense que l’on en peut faire une application très utile aux oscillations périodiques du baromètre ; personne n’est autant que vous en état de la bien faire. Déjà vous avés considéré les oscillations diurnes, et les oscillations annuelles. Celles-ci auroient besoin encore d’être vérifiées par un plus grand nombre d’observations, faites pendant un nombre d’années plus considérables ». [Laplace] fragment Marburg, Catalog J.A. Stargardt, n° 1 (18-19 février 1969), n° 445.
881. Madame Pastoret à Laplace, [après 1815]
A Monsieur le Marquis de Laplace [après 1815] Monsieur Pastoret et moi venons vous faire une prière, Monsieur, celle de nous faire l’amitié de dîner avec nous, mardi, en petit comité ; nous espérons de cette amitié si bonne et si ancienne que s’il n’y a point d’obstacles, vous aimerez à nous dire oui et nous vous en remercions de bien bon cœur. Je voudrais pouvoir vous dire encore Monsieur tout l’intérêt et tout le plaisir que m’a donné votre dernier ouvrage. Il montre comment l’histoire de l’astronomie est devenue dans vos mains l’histoire de la plus ancienne et la plus grande de l’esprit et des connaissances humaines. Mais ce qui était encore le mieux à ma portée, c’est le charme d’un style toujours pur, toujours clair, ce qui au travers de l’intérêt des idées se fait remarquer par son charme, son élévation et sa noble simplicité. Comment osai-je Monsieur vous exprimer mon humble opinion sur des ouvrages admirés du monde entier ! Cette confiance de ma part prouve que je compte beaucoup sur votre indulgente amitié et je vous prie de l’accueillir sous ce rapport seulement. (Madame) P. de Pastoret Bancroft, box 15, dossier 58.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
882. [Laplace] à la Comtesse de Rumford, 8 janvier [1816]
A Madame Madame la Comtesse de Rumford rue d’Anjou Faubourg St Honoré A Paris Paris, 8 janvier [1816] Le Comte Laplace a l’honneur d’offrir à Madame la Comtesse de Rumford tous ses regrets de ne pouvoir se rendre à son aimable invitation. Mais une indisposition assez grave et qui se prolonge beaucoup trop longtemps le prive de ce plaisir. Il prie Madame la Comtesse de Rumford de vouloir bien agréer tous ses vœux de nouvelle année, en attendant qu’il aille les lui présenter de vive voix. Salut et respectueuse amitié1. [Laplace] Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 187.
1. Sans signature, mais de la main de Laplace.
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883. Laplace à Arago, 25 mars 1816
A Monsieur Arago, membre de l’Institut1 Poste restante à Dunkerque Paris, ce 25 mars 1816 Monsieur le Comte, Je prends la liberté de vous recommander Monsieur Magendie, médecin très habile, et le physiologiste le plus distingué que nous ayons. Il est bien connu de l’Institut par un grand nombre d’excellents mémoires qu’il a lus sur la physiologie, et qui ont mérité son approbation, et par le meilleur ouvrage élémentaire qui ait paru sur cette branche importante des connaissances humaines2. Monsieur Magendie porte dans cette partie, qui tient de si près à la médecine, et dans la médecine elle-même, l’esprit des sciences exactes, si étranger jusqu’à présent à la plupart de ceux qui l’exercent, et qui cependant peut seul la perfectionner. C’est donc par le désir de ce perfectionnement que j’ose vous prier de vouloir bien vous intéresser à Monsieur Magendie dans la nomination prochaine d’un médecin de vos hôpitaux. D’après le bon esprit d’observation et de recherche que je lui connais, je pense que l’on ne peut faire un choix plus utile à ces établissements et à la médecine elle-même. Veuillez, Monsieur le Comte, agréer l’hommage de ma haute considération. Comte Laplace Note de réponse : Répondu à Monsieur le Comte de Laplace que Monsieur Magendie sera porté sur la liste de présentation au Conseil Général des Hospices. Londres, Wellcome Historical Medical Library, MS 8694.
1. Cette lettre était destinée à un personnage autre qu’Arago. 2. Précis Elémentaire de Physiologie (Paris, 1815-1816).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
884. document, mars 1816
mars 1816 Rapport fait au Ministre de la Guerre1 Le Comte de Vaublanc voudrait que l’organisation de l’Ecole Polytechnique soit refaite, « en la ramenant à son institution primitive, en écartant tout ce qui peut lui donner de la ressemblance avec une école militaire, et en la mettant entièrement sous la dépendance du Ministère de l’Intérieur ». Il propose la formation d’une commission mixte de cinq membres, et il laisse le choix de trois membres, dont le Président, au Ministre2. Le choix du Président paraît devoir être fait parmi les hommes les plus distingués dans les sciences exactes, et connus par leur dévouement à la cause Royale ...3 document S.H.D., Archives de la Guerre, XD452.
885. [Laplace] à [Vaublanc], [mars 1816]
[Au Comte de Vaublanc]4 [mars 1816] Je viens de recevoir la lettre que Votre Excellence m’a fait l’honneur de m’écrire et à laquelle était jointes diverses pièces relatives à [la réorganisation de] l’Ecole Polytechnique, et spécialement [l’ordonnance] l’arrêté par lequel 1. Henri Jacques Guillaume Clarke. 2. Vincent Marie Viénot. 3. En marge : « je désigne M. le Comte de Laplace comme Président ». 4. Vincent Marie Viénot. Cette lettre aurait aussi pu être adressée au Ministre de la Guerre, Henri Jacques Guillaume Clarke.
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Sa Majesté daigne me nommer président de la commission choisie qu’elle [entend] pour cet objet. Je vais remplir avec tout le zèle et le devoir dont je suis capable cette mission importante. J’invite en conséquence, les membres de cette commission à se réunir mardi prochain à l’Ecole Polytechnique. J’ai pensé que ce local lui convient [mieux] que tout autre par la facilité qu’il [présente] d’avoir sur le champ les renseignements dont elle peut avoir besoin sur l’état actuel de l’Ecole. Je prie Votre Excellence de vouloir bien agréer l’hommage de ma haute et respectueuse considération. [Laplace] brouillon Bancroft, box 4, dossier 4.
886. document, 11 avril 1816
Registre des Séances de l’Académie Française depuis son rétablissement par Sa Majesté Louis XVIII en 1816 Séance du jeudi 11 avril 1816 M. le Président se conformant à un ancien règlement de l’Académie Française demande à chacun des membres présents l’assurance qu’il n’a pas engagé sa voix ; après quoi l’on procède par scrutin à la nomination d’un nouveau membre. Au second tour du scrutin, M. Auger obtient la majorité absolue des suffrages. Sa nomination est confirmée par le scrutin des boules. On procède à la nomination d’un second membre. M. le Cte Laplace est nommé à la pluralité des voix. Le scrutin des boules lui est également favorable. document Paris, Archives de l’Académie Française, 2B6, pp. 13-14.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
887. document, 11 avril 1816
Institut de France Académie Française Paris, le jeudi 11 avril 1816 Le Secrétaire perpétuel de l’Académie Française, certifie que ce qui suit est extrait du procès-verbal de la séance du jeudi 11 avril 1816. L’Académie a procédé conformément à l’article de son règlement à l’élection d’un membre pour remplacer la place vacante par l’effet de l’ordonnance du Roi du 21 mars 1816. Le résultat du scrutin ayant donné la majorité absolue des suffrages à Monsieur le Comte Laplace, membre de l’Académie royale des Sciences, le président le proclame élu par l’Académie. Cette élection sera soumise à l’approbation du Roi. Certifié conforme : Le secrétaire perpétuel. Signé : Suard Approuvé : A Paris, au château des Tuileries le 19e jour du mois d’avril de l’an de grâce 1816 et de notre règne le 21e. Signé : Louis [XVIII] Par le Roi : Le Ministre Secrétaire d’Etat au Département de l’Intérieur. Signé : Vaublanc1 document copie Paris, Archives de l’Académie Française, Collection Moulin, dossier Laplace, IG47.
1. Vincent Marie Viénot.
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888. Andrieux à Monsieur et Madame Laplace, 12 avril [1816]
12 avril [1816]1 Je prie Monsieur le Comte et Madame la Comtesse de Laplace d’agréer l’assurance de mon respect et mes excuses de ce que je ne puis avoir l’honneur d’aller prendre le chocolat ce matin avec eux. J’attends quelqu’un chez moi pour une petite affaire d’intérêt, qui m’est assez importante ; et comme le moment où l’on doit venir n’est pas fixé, je ne peux sortir. Je les prie d’agréer un exemplaire de la Comédienne, et de vouloir bien se charger d’en remettre un de ma part à Monsieur Berthollet. Enfin j’envoie à Madame Laplace un billet de 1ère qu’elle gardera dans son écritoire, et dont elle régularisa quelqu’un le jour qu’elle voudra. J’ai laissé la date en blanc. On la remplira le jour où l’on fait usage du billet. Mille respects et civilités. Andrieux Bancroft, box 14, dossier 53.
889. Laplace à Blagden, 14 avril 1816
Paris, ce 14 avril 1816 A Blagden Monsieur et illustre ami, Monsieur Biot notre digne ami désire d’aller en Angleterre, en Ecosse et jusqu’aux Orcades, et d’y porter le même instrument qui lui a servi à détermi1. Cette lettre fut écrite après la première de La Comédienne, jouée le 6 mars 1816 au Théâtre Royal de l’Odéon.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
ner la longueur du pendule à secondes à Formentera, à Bordeaux, Paris et Dunkerke. Cet instrument me parait donner cette longueur avec beaucoup de précision. Vous jugerez par vous même du degré de confiance qu’il mérite, ainsi que les expériences que M. Biot a déjà faites à son moyen. Malgré la petitesse de l’arc du méridien compris entre Dunkerke et Formentera, les observations faites dans ces deux points donnent un aplatissement de la Terre peu différent de celui que l’on tire de l’ensemble des nombreuses observations déjà faites sur la longueur du pendule. Je me persuade que vous regardez, ainsi que moi, les observations du pendule et de la loi de sa variation à la surface de la Terre comme l’un des moyens les plus propres à nous éclairer sur la régularité des couches terrestres depuis le centre de la Terre, et sur les petites irrégularités des couches voisines de sa surface. Le peu de discordance entre les observations déjà faites et la loi de la variation proportionnelle au carré du sinus de la latitude paraît indiquer une grande régularité de les couches très intérieures. Les différences légères que les observations offrent encore à cet égard indiqueraient les petites irrégularités de la surface, si l’on était bien sûr que ces différences ne tiennent pas aux erreurs des observations. Voilà pourquoi il importe d’y apporter une grande précision, et par ce motif on ne peut trop recommander aux voyageurs et aux navigateurs instruits ce genre d’observations. M. le Général Brisbane auquel j’en ai parlé plusieurs fois cet hiver à l’Institut a fait construire par M. Fortin un instrument semblable qu’il doit transporter à la Nouvelle Hollande. Je pense donc, mon cher ami, que vous et vos amis de la Société Royale voudrez bien vous intéresser à ce voyage de M. Biot et lui procurer tous les moyens d’en assurer le succès. Vous m’obligerez de le recommander particulièrement de ma part à Monsieur Banks, en lui présentant mes sincères et respectueux compliments. L’Académie1 Française vient de me faire l’honneur de me choisir pour l’un de ses membres, ce qui m’a flatté, n’ayant fait aucune démarche pour cela. Je désire que votre santé soit meilleure que la mienne qui a été mauvaise cet hiver. Bien des choses ont contribué à l’altérer, mais les sciences et l’amitié des savants distingués, et spécialement la vôtre me consolent un peu. Agréez, mon cher cher ami, l’assurance de tous les sentiments que vous connaissez depuis longtemps, et que je désire bien vous renouveler au plus tôt, de vive voix, à Paris. Comte Laplace New Haven, Yale University, Beinecke Rare Book and Manuscript Library, The James Marshall and Marie-Louise Osborn Collection, Laplace (n° 8718).
1. Les deux paragraphes suivants sont barrés, comme si M. Blagden allait demander que cette lettre soit lue ou publiée sans les commentaires personnels de Laplace.
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890. Laplace à [Marielle], 1er mai 1816
Ce 1 er mai 1816 Monsieur le Général de Caux1 ne pouvant venir mardi prochain à l’Ecole Polytechnique parce que c’est son jour de travail avec le Ministre, je prie Monsieur Mariel[le] de convoquer les membres de la Commission pour mercredi prochain à midi, au lieu du mardi. J’ai l’honneur de lui offrir l’assurance de tous mes sentiments. Comte Laplace E.P., III1 [1816].
891. Catherine Portes à Laplace, 21 mai 1816
A Monsieur Monsieur le Comte de Laplace Pair de France rue Vaugirard n° 51 A Paris Paris, 21 mai 1816 Avant de monter en voiture, Monsieur le Comte, j’apprends par mon fils la nouvelle marque de confiance que le Roi vous donne en vous nommant Prési1. Jean Baptiste Caux de Blanquetot.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
dent de la Commission qui va réorganiser l’Ecole Polytechnique, et je ne veux pas partir sans vous exprimer la joie que j’ai de la justice que le Roi rend à vos vertus et à votre science. Monsieur de Portes qui vous offre son respect vous prie ainsi que moi d’être assuré que votre gloire fera toujours une partie de notre bonheur. Permettez-moi d’embrasser ici ma petite fille, et notre chère Comtesse que je remercie de l’aimable billet qu’elle m’a écrit hier. Je conserve pour elle comme pour vous ma vive et tendre amitié. C’est une femme adorable, je ne lui réponds pas vous priant de lui remettre cette lettre qui est pour vous et pour elles parce que mes sentiments pour vous et pour elles sont les mêmes et vivront autant que moi. La Marquise de Portes1 Bancroft, box 19, dossier 15.
892. Laplace à [Marielle], 31 mai 1816
Ce 31 mai 1816 J’ai l’honneur de prier Monsieur Mariel[le] de vouloir bien venir chez moi à Paris, rue Vaugirard n° 51, demain samedi 1er juin à onze heures. Je désire conférer avec lui relativement à la Commission de la Réorganisation de l’Ecole, que je dois convoquer le plus tôt possible. Je le prie d’agréer l’assurance de tous mes sentiments. Comte Laplace Si je n’étais pas encore rendu chez moi demain à onze heures, je prie Monsieur Mariel[le] de vouloir bien m’y attendre. E.P., III1 [1816]. 1. Catherine Portes, épouse de Jean Joseph Thomas Portes.
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893. Laplace à Delambre, 3 juillet 1816
A Monsieur Monsieur le Chevalier Delambre, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de Sciences à Paris INSTITUT ROYAL DE FRANCE Paris, le 3 juillet 1816 Ne trouveriez-vous pas à propos, mon cher confrère, que la commission topographique eût communication des originaux de la mesure de la base près de Strasbourg ? Dans ce cas, je vous prie de dire à Monsieur Puissant de nous les procurer. Salut et amitié. Comte Laplace Paris, Observatoire, MS 1033a.
894. Laplace à [?], 6 juillet 1816
Paris, ce 6 juillet 18161 Monsieur le Baron2, Mon beau-frère Monsieur Courty, agent de change, vient de présenter pour 1. Note du Baron : « répondre à M. le Comte Laplace que je vais donner mes soins à cette affaire ». D’une autre main : « Réponse du 12 juillet ». 2. Cette lettre aurait pu être adressée soit à François Marie Pierre Roullet, Baron de La Bouillerie, sous-secrétaire des Finances ; soit à Joseph Dominique, Baron Louis, ancien Ministre des Finances. Laplace les aurait connu tous les deux, car ils avaient servi Napoléon avant Louis XVIII.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
son successeur dans son office, le Sieur Frédéric Gérard, qui est agréé par la chambre syndicale de la Compagnie des Agents de Change. J’ai l’honneur de prier Votre Excellence de vouloir bien faire confirmer ce choix par Sa Majesté. J’ose échanger les sentiments de bienveillance que vous m’avez souvent témoigné, et je serai très reconnaissant de ce que vous voudrez bien faire à cet égard. Je prie Votre Excellence d’agréer l’hommage de ma haute considération. Comte Laplace Bancroft, box 4, dossier 4 (brouillon) ; et Uppsala, Uppsala Universitetsbibliotek Wallers handskriftssamling, Okat. 652 D : 3.
895. Laplace à [?], 1er août 1816
Paris, ce 1er août 1816 Monsieur le Maréchal, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire en faveur de Monsieur de Stainville1. J’ignore quelle sera mon influence sur le choix des répétiteurs de l’Ecole Polytechnique, lors de son organisation prochaine ; mais l’intérêt que vous prenez à ce jeune homme me fera saisir avec empressement toutes les occasions de lui être utile. Daignez, Monsieur le Maréchal, recevoir et lire avec indulgence l’exemplaire ci-joint de la troisième édition de mon Essai Philosophique sur les Probabilités. L’objet que j’y traite me paraît digne de votre attention. Nous avons connu, l’un et l’autre, un homme2 à qui les principes exposés dans cet ouvrage auraient été très utiles, et qui n’est tombé, que pour s’être conduit d’une manière entièrement contraire à ces principes. 1. Nicolas Dominique Marie Janot de Stainville, auteur de Mélanges d’Analyse Algébrique et de Géométrie (Paris, 1815). 2. Probablement Napoléon Bonaparte.
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Veuillez bien, Monsieur le Maréchal, agréer l’hommage de ma très haute considération. Comte Laplace Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A ; et facsimilé dans Catalogue de la Précieuse Collection d’Autographes Composant le Cabinet de M. Alfred Bovet (Paris, Charavay, 1884-1885), 2, 205, n° 566.
896. document, 17 août 1816
17 août 1816 Grande-Chancellerie 1ère Division 1er Bureau Ordre Royal de la Légion d’honneur Formule du Serment Je jure d’être fidèle au Roi, à l’honneur et à la Patrie ; de révéler à l’instant tout ce qui pourrait venir à ma connaissance, et qui serait contraire de Sa Majesté et au bien de l’Etat ; de ne prendre aucun service et de ne recevoir aucune pension, ni traitement d’un Prince étranger, sans le consentement exprès de Sa Majesté ; d’observer les lois, ordonnances et règlements, et généralement faire tout ce qui est du devoir d’un brave et loyal Chevalier de la Légion d’Honneur. A Paris, le 17 août 18161 Comte Laplace, Pair de France document A.N., LH/1477/83. 1. Tout le texte est imprimé, sauf la partie qui est en italique.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
897. [Fourier] à [Laplace], [août 1816]
[août 1816] J’ai l’honneur d’adresser à Monsieur le Comte de Laplace les notes ci-jointes qui ont pour objet d’éclairer un des points de la théorie de la chaleur dont Monsieur Poisson et moi l’avons entretenu1. Je pourrais faire plusieurs autres remarques au sujet de l’extrait du mémoire de Monsieur Poisson inséré soit dans le Journal de Physique2 soit dans celui de la Société Mathématique et je lui rendrais par là le service qu’il avait le dessein de me rendre à moi-même. Je veux dire que je l’aiderais à perfectionner son travail sur la théorie de la chaleur, car il a annoncé dans les journaux que mes recherches n’ayant point le degré de généralité et d’exactitude que demande l’importance de la question, ce motif le déterminerait à reprendre dans son entier la théorie de la chaleur, [et que j’ai trouvé les mêmes résultats que lui]. [C’est ainsi que]3 Il y a sept ou huit ans que MM. Biot et [ensuite] Poisson [au sujet de mon travail après en avoir contesté les divers résultats, ils reconnaissent maintenant qu’ils sont exacts] s’expriment de cette manière dans les feuilles publiques quelqu’aient été les résultats de mon travail, et reconnaissent qu’ils n’ont pu donner jusqu’ici aucun résultat différent des miens à moins qu’ils ne fussent faux, et après les avoir contestés les uns après les autres, ils reconnaissent maintenant dans un ouvrage qu’ils sont exacts, mais ils assurent [disent] qu’ils ont enfin inventé une autre manière de les exposer et que cette manière est excellente et la véritable. S’ils avaient éclairé cette branche de la physique par [des vues] quelque idée importante et générale, ou s’ils avaient beaucoup perfectionné l’analyse des différences partielles, [ou fixé des éléments principaux de la théorie de la chaleur par de belles expériences comme celle du calorimètre], ils auraient le droit de juger mon [ouvrage] travail et de le rectifier. Je le leur soumettrais avec beaucoup de plaisir et je reconnaîtrais que leur entretien est pour moi la source d’une lumière précieuse. Mais ce n’est pas reculer les limites des sciences que de prétendre sous une forme que l’on dit être différente des résultats que l’on n’a point trouvés soi-même et surtout de prévenir l’auteur dans la publication. Monsieur Poisson a trop de talent 1. Il s’agit de critiques lancées par Fourier sous le titre « Observations sur le mémoire de Monsieur Poisson » dans le Bulletin des Sciences par la Société Philomatique (mai 1815), 85-91. 2. « Extrait d’un mémoire sur la distribution de la chaleur », Journal de Physique et de Chimie, 80 (1815), 434-441. 3. Le texte donné ici est un mélange du brouillon original (fol. 91) et de sa copie (fol. 98v).
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pour l’exercer sur le travail des autres, c’est le prodiguer que de l’employer ainsi à découvrir ce qui est connu. Les sciences attendent de lui et lui doivent des découvertes d’un ordre bien supérieur. Il ajoute il est vrai que la méthode dont il se sert est différente de la mienne et qu’elle est la seule véritable. Mais je ne conviens point de ces deux propositions. Et à l’égard de la seconde qui en mathématique peut être inutile, il veut qu’on la croit fondée, il faut d’abord qu’il supprime la partie de mon mémoire qui est l’objet de ces notes et qu’il ne supprime jamais sur les signes exponentiels ou trigonométriques les quantités dont la valeur absolue n’est pas infiniment petite. Au reste je ne me permettrais point ces réflexions ou je les reprendrais beaucoup si elles devaient être connues d’autres personnes que de Monsieur Poisson lui-même, et si elles n’étaient pas soumises à Monsieur de Laplace, c’est à dire à un juge bienveillant également prévenu en faveur [des combattants] et qui sait que cette grande controverse est fort peu sérieuse et que n’étant point publique elle ne peut avoir que des avantages sans aucun inconvénient. J’ai l’honneur d’adresser à Monsieur le Comte de Laplace les notes cijointes qui ont pour objet d’éclaircir un des points de la théorie de la chaleur dont Monsieur Poisson et moi l’avons entretenu. Je prie Monsieur de Laplace d’agréer l’hommage de mon respect. [Fourier] brouillon B.N., MS, fr. 22525, fols 91 r-v et copie fol. 98v ; et publiée par John Herivel, Joseph Fourier face aux objections contre sa théorie de la chaleur. Lettres inédites 1808-1816 (Paris, 1980), pp. 43-44.
898. Laplace à [Paulinier de Fontenille], 16 septembre 1816
Paris, ce 16 septembre 1816 J’ose vous prier, Monsieur, de vouloir bien prendre en considération, et de faire valoir auprès du Ministre1, les titres de Monsieur Labey, pour lui conser1. Henri Jacques Guillaume Clarke.
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ver la retraite dont il jouissait sur les fonds de l’Ecole Polytechnique. Attaché depuis plus de quarante ans à cet excellent homme par les liens de l’estime et de l’amitié, je prends un vif intérêt à sa demande, et je serai extrêmement reconnaissant de ce que vous voudrez bien faire à son égard. Daignez, Monsieur, agréer les sentiments de ma considération distinguée. Comte Laplace [D’une autre main :] 17 septembre 1816 Je prie Monsieur de Lescarine de recevoir Monsieur Labey, et je lui recommande avec bien de l’intérêt la pétition qu’il lui présentera et par laquelle Monsieur le Comte de Laplace m’a écrit ce billet. Le Vice Général Paulinier de Fontenille E.P., VI1b2, dossier personnel (1798).
899. Laplace à Lindenau, 18 septembre 1816
A Lindenau Paris, ce 18 septembre 1816 Il y a longtemps, Monsieur, que je sens le besoin et le désir de répondre à la lettre que vous m’aviez fait l’honneur de m’écrire, mais j’ai toujours été distrait par diverses occupations qui ne m’en ont point laissé le loisir ; je profite de celui que me donne mon séjour à la campagne. Vos calculs sur la nutation me paraissent très intéressants. Les ascensions droites de la polaire me semblent, comme à vous, très propres à déterminer le coefficient de la nutation, malgré la petite incertitude que comporte l’observation du passage de cette étoile au méridien. J’ai été frappé de la différence constante qui règne entre les ascensions droites relatives au maximum de la nutation, et celles qui sont relatives au minimum. Je vous engage donc à mul-
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tiplier vos équations de condition, et à leur appliquer les formules de probabilité que j’ai publiées dans la Connaissance des Temps et dont je vous ai adressé un exemplaire1. Ces formules ont, si je ne me trompe, le précieux avantage de donner les résultats les plus avantageux, c’est-à-dire ceux dont les erreurs sont les moins probables, et de plus elles donnent la loi de probabilité de ces erreurs, d’une manière indépendante de la loi toujours inconnue de la probabilité des erreurs des observations, car je suis parvenu à éliminer le facteur qui dépend de cette loi au moyen de la somme des carrés des restes des équations de condition, lorsqu’on y a substitué les corrections déterminées par la méthode des moindres carrés, que je nomme méthode la plus avantageuse. (La loi des exponentiels que Monsieur Gauss a adoptée pour celle des erreurs des observations n’a probablement presque jamais lieu dans la nature, qui ne doit suivre aucune loi constante, mais dans laquelle les lois des erreurs sont variables par la nature des instruments des observations, et avec toutes les circonstances qui les accompagnent. Monsieur Gauss a fondé cette loi sur la loi ordinaire des milieux arithmétiques. Mais cette dernière loi est-elle la meilleure ? C’est ce que l’on a supposé sans preuve. Il était donc bien important de se rendre indépendant de la loi des erreurs des observations. En ajoutant même à chaque équation de condition une quantité inconnue ayant l’unité pour coefficient, on se rend indépendant de la supposition que les erreurs positives sont également faciles que les erreurs négatives. Cette addition est inutile dans les équations de condition, relatives aux corrections des éléments des planètes, parce que la correction du mouvement en longitude en tient lieu). Quant à l’opposition de vos résultats sur la nutation, avec ceux que j’ai déduits des phénomènes sur le flux et le reflux de la mer, le désir de connaître en tout la vérité m’a fait rechercher si quelque inégalité nouvelle, donnée par la théorie, ne pourrait pas concilier ces résultats, mais après diverses tentatives, je me suis assuré qu’il n’existe aucune inégalité semblable, et j’ai bien lieu de croire que la supposition des ondulations très petites qui se superposent les unes aux autres, supposition que j’ai employée dans ma théorie du flux et du reflux, et qui représente avec un merveilleux accord presque tous les phénomènes des marées, n’est pas cependant suffisante, et que les termes négligés influent d’une manière sensible sur le rapport des actions du Soleil et de la Lune, déduites de ces phénomènes ; ainsi, mes résultats ne doivent vous causer aucune inquiétude. L’équation lunaire des Tables du Soleil, comparée à un très grand nombre d’observations, peut également servir à déterminer le rapport de ces deux actions, et Monsieur Burckhardt qui a fait cette comparaison, se rapproche de vous à cet égard. La valeur de la masse de Jupiter, que j’ai tirée des équations de condition de Monsieur Bouvard, me paraît d’une exactitude bien supérieure à celle que 1. Probablement « Du milieu qu’il faut choisir entre les résultats d’un grand nombre d’observations », Connaissance des Temps pour l’année 1813, 213-223 ; Laplace, O.C., 13, 78.
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l’on a tirée des observations de Pallas. Les perturbations de Jupiter et de Saturne ont été déterminées avec une telle précision, et les éléments de ces deux planètes ont été fixés par un si grand nombre d’observations anciennes et modernes, que l’on ne peut mettre en comparaison sous ce rapport la théorie de Pallas. Il se peut que la grande excentricité de Mercure rende sensibles les termes que j’ai négligés dans ma Mécanique Céleste. J’ai eu depuis longtemps le désir d’appliquer à ce cas les formules rigoureuses des variations différentielles des éléments que j’ai données dans le supplément au troisième volume de la Mécanique Céleste, mais je n’en ai point trouvé le temps. Je vois avec beaucoup de plaisir que vous vous proposez de venir bientôt à Paris. Je serai bien charmé de vous y revoir, et de vous témoigner tous les sentiments d’estime et de considération que vous m’avez inspirés et dont je vous prie d’agréer l’assurance. Comte Laplace copie Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek.
900. Laplace à la Comtesse de Rumford, 26 septembre 1816
A Madame Madame la Comtesse de Rumford rue d’Anjou Faubourg St Honoré A Paris Paris, ce 26 septembre 1816 Madame, Vous serez, sans doute, affligée de m’avoir écrit la lettre que je viens de recevoir de vous quand vous y réfléchirez de sang froid. Je ne m’intéresserai pas moins au succès de la demande de Monsieur Prony qui m’en a témoigné
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le désir. Je vais écrire à ce sujet, au Ministre de l’Intérieur. Je connais mon peu d’influence ; mais j’aurai donné à mon honorable collègue une preuve des sentiments d’estime et d’attachement qu’il m’a inspiré depuis longtemps. L’organisation de l’Ecole Polytechnique était le seul objet de la commission que j’avais l’honneur de présider. On ne m’a point consulté sur le choix du personnel, et j’ignore comment il a été fait. Je devais, Madame, cette explication qui sera la première et la dernière, aux anciennes bontés que Monsieur de Lavoisier et vous, avez eues pour moi, et dont je conserve un doux souvenir. Comte Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, pièce 185.
901. [Laplace] à [?], 15 novembre 1816
A Monseigneur Paris, 15 novembre 1816 Il demande à quelle heure le Bureau des Longitudes pourra présenter au Roi l’Annuaire de 1817 et la Connaissance des Temps de 1819. [Laplace] description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 82 ; et Marburg, Catalog J.A. Stargardt, n° 39 (27-28 novembre 1979), n° 534.
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902. Laplace à la Comtesse de Rumford, [1816 ou 1817]
A Madame la Comtesse de Rumford A Paris Ce 1er mars1 J’ai l’honneur d’adresser à Madame la Comtesse de Rumford la liste qu’elle me demande. Messieurs, Delambre, Bouvard, Arago, Poisson, Biot, Prony, De Rossel, de Rosily, Bréguet, Legendre et Burckhardt. Tous sont de l’Institut. Si Madame la Comtesse de Rumford trouvait cette liste trop nombreuse, elle pourrait en supprimer ceux qu’elle connait le moins. Je lui observerai cependant que M. de Rosily est actuellement président du Bureau, et que M. de Rossel et lui sont dans le département du Ministre de la Marine. Je prie Madame la Comtesse de Rumford de vouloir bien agréer l’hommage de mon ancien et respectueux dévouement. Marquis de Laplace Arch. Ac. Sc., dossier Lavoisier, dation Chabrol, carton n° 1, 188.
1. 1816 ou 1817.
903. [Laplace] à Delambre, [après 1816]
A Delambre Ce vendredi [après 1816] « Laplace étant tenu d’assister à une séance de la Chambre des Pairs prie Delambre de présider à sa place la Commission de la Carte de France ». [Laplace] fragment Paris, Libraire de l’Abbaye, Bulletin 94, 1970, n° 61.
904. Laplace à Carrey, [après 1816]
A Monsieur Carrey bibliothécaire de la Chambre des Pairs Au Palais du Luxembourg [après 1816] J’ai l’honneur d’envoyer à Monsieur Carrey mes pouvoirs pour me repré-
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senter à l’assemblée des Canaux de Loing et d’Orléans. Je lui renouvelle tous mes sentiments d’amitié. Marquis de Laplace L’assemblée aura lieu demain mardi à midi. Elle se tient au Palais de la Légion d’Honneur. Philadelphia, Historical Society of Pennsylvania, Gratz Collection 12-9.
905. [Laplace] à Raynouard, [après 1816]
A Raynouard [après 1816] « Je propose pour sujet du prix de l’Académie Française l’éloge de M. de Lamoignon de Malesherbes, dont le noble dévouement a honoré la France et la philosophie ». [Laplace] fragment B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 366.
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906. Laplace à [Delambre], [après 1816]
Ce mercredi [après 1816]1 J’ai l’honneur d’offrir à mon illustre confrère mes sincères compliments et de le prier de vouloir me prêter et remettre au porteur du billet, les Ephémérides de Milan de 1812 et 1820. Je n’aurai pas le plaisir de le voir au Bureau des Longitudes à cause de la séance de la Chambre des Pairs. Je prie Madame Delambre de l’hommage de mes respectueux sentiments. Marquis de Laplace Paris, Bureau des Longitudes, MS Z233, fol. 6, déposé à l’Observatoire.
907. Laplace à Le Canu, 9 février 1817
La lettre porte une longue apostille du fils de Laplace. sans description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Noël Charavay) (novembre 1903), n° 329, p. 18, n° 50770.
1. Billet dont Delambre s’est servi pour écrire au dos.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
908. Macdonald à Laplace, 14 février 1817
A M. le Comte de Laplace, Grand-Officier de l’Ordre royal de la Légion d’Honneur, Pair de France, rue de Vaugirard n° 51, à Paris1. Grande Chancellerie de l’Ordre royal de la Légion d’Honneur Paris, 14 février 1817 lere Division ler Bureau Circulaire Monsieur le Comte, J’ai l’honneur de vous adresser le brevet de Grand Officier de l’Ordre royal de la Légion d’Honneur, que le Roi a daigné de vous accorder. Afin de couvrir les frais occasionnés par la confection de ces nouveaux brevets, Sa Majesté a réglé, par son ordonnance du 20 août 1816, un tarif pour les différents grades des Membres de l’Ordre ; mais elle en a excepté les Sousofficiers et soldats : ils recevront leurs brevets gratuitement. Je vous préviens, Monsieur le Comte, que d’après ce tarif, il vous sera fait sur votre traitement de Grand Officier, une retenue de 40 francs. J’ai l’honneur de vous saluer avec une haute considération. Le Maréchal, Duc de Tarente Ministre d’Etat, Grand Chancelier de l’Ordre Royal de La Légion d’Honneur, Macdonald Bancroft, box 1, dossier 32. 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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909. document, 11 juin 1817
11 juin 1817 Louis, par la grâce de Dieu, Roi de France et de Navarre Sur la proposition de notre Ministre Secrétaire d’Etat au Département de la Guerre. Nous avons ordonné et ordonnons ce qui suit : Il sera formé une Commission de 14 membres présentés par les Ministres de l’Intérieur, de la Guerre, de la Marine et des Finances. Lesquels seront chargés d’examiner le projet d’une nouvelle Carte Topographique générale de la France, appropriée à tous les services publics, et combinée avec l’opération du cadastre général, ainsi que d’en poser les bases et le mode d’exécution. Cette Commission est composée de membres ci-après : Département de l’Intérieur
Département de la Guerre
Département de la Marine Département des Finances
M. le Comte de Laplace, Président M. Delambre M. Bérigny M. Vallot M. de Bonnard M. le Général Haxo, en son absence M. de Beaufort d’Hautpoul M. Brossier M. Bonne M. Puissant M. le Chevalier de Rossel
Institut Royal Institut Royal Ponts et Chaussées Ponts et Chaussées Mines et carrières Corps Royal du Génie
M. M. M. M.
Réfection du Cadastre Réfection du Cadastre Réfection du Cadastre Département des Forêts
Hennet Lesueur Hautier Chauvet
Ingénieur Géographe Militaires Dépôt Général de la Marine
Nos Ministres Secrétaires d’Etat sont chargés de l’exécution de la présente ordonnance.
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Donné au Château des Tuileries le 11 juin de l’an grâce 1817 et de notre règne le 23e. Signé : Louis [XVIII] par le Roi Le Ministre Secrétaire d’Etat de la Guerre Signé : Maréchal Duc de Feltre1 Pour Ampiliation Le Secrétaire Général Signé : Baron des Acres copie Bancroft, box 8, dossier 10.
910. Laplace à [Clarke], 16 juillet 1817
Au Duc de Feltre2, Ministre de la Guerre 16 juillet 1817 Monsieur le Duc, La Commission créée par l’ordonnance du Roi du 11 juin dernier pour examiner le projet d’une nouvelle carte de France appropriée à tous les services publics, l’a trouvé sagement conçu et extrêmement utile. Elle vient, en conséquence, d’arrêter les bases principales et le mode d’exécution de ce travail important. Tel est l’objet de la première partie du rapport que j’ai l’honneur de soumettre à votre approbation. 1. Henri Jacques Guillaume Clarke. 2. Henri Jacques Guillaume Clarke.
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Des mesures ultérieures seront incessamment proposées pour coordonner les plans parcellaires du cadastre avec le canevas trigonométrique par lequel il est absolument nécessaire de commencer. C’est pourquoi je prie Votre Excellence de vouloir bien donner des ordres, afin que les ingénieurs géographes, qui doivent se conformer aux dispositions du présent rapport, soient envoyés dès ce moment sur le terrain. Les résultats de cette grande opération intéressent à la fois les administrations civiles et militaires et les sciences. Tant de titres lui doivent assurer la puissante protection d’un Ministre plein du zèle le plus actif et le plus éclairé pour la gloire du Prince et la prospérité de l’Etat. J’ai l’honneur d’être, etc ... Le Comte de Laplace président Berthaut, Henri Marie Auguste, La Carte de France, 1750-1898. Etude Historique (Paris, 1898), 1, 195.
911. Laplace à [Corvetto], 30 juillet 1817
[Au Ministre des Finances]1 30 juillet 1817 Monsieur le Comte, J’ai l’honneur de vous adresser la seconde partie du rapport que vient d’adopter la Commission créée par l’ordonnance du Roi du 11 juin dernier. Les dispositions de cette partie du rapport n’exigent aucun surcroît de dépenses, aucune organisation nouvelle ; elles ont seulement pour but de tracer la marche la plus simple et la plus économique pour coordonner, à l’aide des moyens
1. Luigi Emanuele Corvetto.
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existants, tous les plans parcellaires du cadastre et les amener au degré d’utilité que les besoins des divers services réclament depuis longtemps. Je vous prie donc, Monsieur le Comte, de vouloir bien donner des ordres afin que les ingénieurs du cadastre se conforment aux présentes dispositions. Le succès vivement désiré de cette importante opération est certain maintenant, puisqu’il ne dépend plus que de la volonté des Ministres. Daignez, Monsieur le Comte, agréer etc ... Le Comte de Laplace président Berthaut, Henri Marie Auguste, La Carte de France, 1750-1898. Etude Historique (Paris, 1898), 1, 198.
912. Laplace à Puissant, 2 août [1817]
sans description Catalogue de Lettres Autographes (Charavay) (décembre 1892), n° 249, p. 8, n° 35506.
913. document, 8 août 1817
8 août 18171 Entre nous Monsieur Morel, propriétaire de la maison Rue du Bac n° 100 y demeurant ; et Monsieur le Comte de Laplace Pair de France demeurant rue 1. De la main de Madame Laplace.
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Vaugirard, n° 51. Il est convenu que Monsieur le Comte de Laplace prend le premier étage et le rez-chaussée à droite en entrant, y compris 2 petites pièces occupées par Madame Duplessis, 2 chambres de domestiques, le grenier sur la rue, une cave au vin, une au bois, un petit caveau, l’écurie pour 5 chevaux, toute la remise, le quarré du jardin dont jouit la Princesse. Et y entrer le 15 octobre 1817 moyennant le prix de 3.500 francs par an y compris le portier. L’impôt des portes et fenêtres demeure à la charge de Monsieur le Comte de Laplace, et que Monsieur Morel promet d’en faire jouir à la dite époque et d’y passer bail de 3, 6, 9 ans. Fait double entre nous ce 8 août 1817 Approuve ces écritures ci-dessus Morel document Bancroft, box 25, dossier 17.
914. document, 22 août 1817
22 août 1817 Nous soussignés Pierre Simon de Laplace, Comte et Pair de France, demeurant à Arcueil, Département de la Seine, et Marie Anne Charlotte Courty épouse de mon dit Sieur le Comte de Laplace, et de lui autorisée à l’effet des présentes, demeurant aussi à Arcueil, reconnaissons avoir vendu sous toutes garanties de droit : à Monsieur Marie Nicolas Louis Marquette de Fleury, propriétaire demeurant à Poissons, acceptant la Hue propriété du quart, dans un Bocard à Mines, à nous appartenant et provenant des propres de feue Madame Molerat Courty, notre mère et belle-mère ; le dit Bocard situé aux Houes, territoire du dit Poissons, et dont mondit Sieur de Fleury a la jouissance pendant sa vie.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
La présente vente est faite moyennant la somme de 1.000 francs pour toute chose, que nous reconnaissons avoir reçu comptant de Monsieur de Fleury ; les présentes servant de quittance. Fait en double à Arcueil le 22 août 1817 Marie Nicolas Louis Marquette de Fleury Pierre Simon Comte Laplace Marie Anne Charlotte Courty Comtesse de Laplace Bancroft, box 19, dossier 18.
915. Laplace à [Corvetto], 26 août 1817
26 août 1817 Monsieur le Comte, J’ai communiqué à la Commission de la nouvelle carte de France la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, pour m’accuser réception du rapport qu’elle a adopté dans sa séance du 26 juillet dernier, et qui est principalement relatif à la coordonnance des plans du cadastre. Vous avez pensé que les dispositions de ce rapport ne pourraient être suivies qu’après l’adoption du prochain budget des finances. La Commission vient d’émettre à ce sujet un vœu dont elle me charge de vous faire part : Cette Commission, vivement pénétrée de la nécessité de faire précéder désormais d’une triangulation du 3e ordre les opérations parcellaires pour les coordonner entre elles et les vérifier les unes après les autres, a jugé qu’on ne pouvait atteindre ce but qu’en confiant cette triangulation à des ingénieurs d’un talent bien reconnu. C’est une grande erreur, malheureusement répandue parmi beaucoup de personnes, de croire que les plans du cadastre peuvent remplir complètement leur objet indépendamment de canevas trigonométriques, tandis qu’il n’existe au contraire que ce moyen pour régulariser les opérations de
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détail et s’assurer de leur exactitude, ne fût-il même nullement question de lier ces opérations entre elles pour former des atlas particuliers. Mais la carte topographique de la France qui vient d’être ordonnée exige impérieusement que la triangulation dont il s’agit soit exécutée d’après les meilleures méthodes et avec les meilleurs instruments, pour être rattachée à celle des ingénieurs géographes. La mesure prise quant à présent par l’Administration du cadastre n’est propre à constater ni la capacité de ses ingénieurs, ni la bonté de ses instruments qu’ils emploient puisque de l’aveu même de Monsieur Hennet, les personnes chargées de recueillir des renseignements à ce sujet n’ont aucunes connaissances de mathématiques. D’après ces considérations, j’ai l’honneur, Monsieur le Comte, de vous prier au nom de la Commission, de vouloir bien nommer de suite un inspecteur très instruit en théorie et en pratique, pour être envoyé sur divers points de la France, afin de faire aux ingénieurs vérificateurs et aux géomètres de la le classe qui s’y rendront, différentes questions sur les opérations et calculs trigonométriques, et de constater en même temps l’état de leurs instruments. Alors, l’Administration du cadastre, connaissant parfaitement tous ses moyens en ce genre, pourra, dès le printemps prochain, faire commencer la triangulation prescrite. Cette mesure, qui ne peut occasionner qu’une faible dépense, est commandée par les circonstances et est tout entière dans les intérêts même du cadastre. Il est de fait que les plans parcellaires absorbent les trois quarts de la dépense ; il est donc très important de leur faire acquérir le degré de perfection et d’utilité dont ils sont susceptibles. Daignez, Monsieur le Comte, agréer, etc. ... Le Comte de Laplace président Bertaut, Henri Marie Auguste, La Carte de France, 1750-1898. Etude Historique (Paris, 1898), 1, 199-200.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
916. Laplace à [Young], 6 octobre 1817
Paris, ce 6 octobre 1817 Monsieur, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire et dans laquelle vous cherchiez à établir que suivant le système des ondulations de la lumière, les sinus d’incidence et de réfraction sont en rapport constant, lorsqu’elle passe d’un milieu à l’autre. Quelque ingénieux que soit votre raisonnement, je ne puis le regarder que comme un aperçu, et non comme une démonstration géométrique. Je persiste à croire que le problème de la propagation des ondes, lorsqu’elles traversent différents milieux, n’a jamais été résolu, et qu’il surpasse, peut-être, les forces actuelles de l’analyse. Descartes expliquait ce rapport constant au moyen de deux suppositions : l’une que la vitesse des rayons lumineux parallèlement à la surface du milieu réfringent ne changeait point par la réfraction ; l’autre que sa vitesse entière dans ce milieu était la même sous toutes les incidences. Mais comme il ne rattachait aucune de ces suppositions aux lois de la mécanique, son explication a été vivement combattue et rejetée par le plus grand nombre des physiciens jusqu’à ce que Newton ait fait voir que ces suppositions résultaient de l’action du milieu réfringent sur la lumière ; alors on a eu une explication mathématique du phénomène dans le système de l’émission de la lumière, système qui donne encore l’explication la plus simple du phénomène de l’aberration, que n’explique point le système des ondes lumineuses. Ainsi, les suppositions de Descartes, comme plusieurs aperçus de Kepler sur le système du monde ont été vérifiées par l’analyse ; mais le mérite de la découverte d’une vérité appartient tout entier à celui qui la démontre. Je conviens que de nouveaux phénomènes de la lumière sont jusqu’à présent très difficiles à expliquer ; mais en les étudiant avec un grand soin, pour découvrir les lois dont ils dépendent, on parviendra peut-être un jour à reconnaître dans les molécules lumineuses des propriétés nouvelles qui donneront une explication mathématique de ces phénomènes. Remonter des phénomènes aux lois, et des lois aux forces est, comme vous le savez, la vraie marche dans les sciences naturelles. Monsieur Kater veut bien se charger de vous remettre deux mémoires qui paraîtront dans la prochaine Connaissance des Temps. L’un est relatif à la longueur du pendule ; l’autre est une application du calcul des probabilités à la
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géodésie1. Je regarde comme une chose importante les applications de ce calcul aux sciences, et je désire beaucoup qu’elles se multiplient. Je joins à cet envoi deux petites additions que j’ai faites à mon Essai Philosophique sur les Probabilités. Je vous prie de vouloir bien en remettre une à Monsieur Davy, avec mille compliments de ma part, et l’assurance de ma haute estime. Ces additions doivent être substituées au lieu des pages 211 et suivantes de l’ouvrage. Monsieur Kater a bien voulu me communiquer son résultat et sur la longueur du pendule à Londres. Ses expériences me paraissent être d’une grande exactitude et faites par un procédé ingénieux. La seule chose qui puisse laisser quelque incertitude est le changement de figure du système oscillant dans ses deux états de suspension, en vertu de l’extension de ses parties par les poids qu’elles supportent. Il doit en résulter un déplacement dans les centres d’oscillation qui, sans doute, est très petit ; je suis même porté à croire qu’il est insensible ; mais lorsqu’on veut atteindre la précision d’un cent millième, il est nécessaire d’apprécier toutes les causes d’erreur. J’ai été curieux de comparer le résultat de Monsieur Kater à une formule que Monsieur Mathieu a conclue de l’expérience de Borda et puis de la comparaison de toutes les expériences du pendule faites jusqu’ici dans les diverses parties du monde, et que j’ai communiquées à Monsieur Kater. Cette formule donne 39po,1384 pour la longueur du pendule, au lieu où Monsieur Kater l’a trouvé 39po,1383. Veuillez, Monsieur, agréer l’assurance de ma considération la plus distinguée. Marquis Laplace2 Londres, Royal Society, MS/242/41 ; et publiée dans Miscellaneous Works of the Late Thomas Young, MD., F.R.S. &c., ed. George Peacock (London, 1855), 1, 374-375.
1. « Sur la longueur du pendule à secondes », Connaissance des Temps pour l’année 1820, 265280 ; Laplace, O.C., 13, 121-139 ; et « Application du calcul des probabilités aux opérations géodésiques », Ibid., 422-440 ; Laplace, O.C., 7, 531-580. 2. Ecrit en biais dans la marge : « La formule de la longueur du pendule à secondes, 39po,0819 + 0po,212523 (sin. latitude)2. Les pouces sont relatifs à la règle de la Société Royale et la température de 62° Fahrenheit ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
917. déclaration, 9 octobre 1817
DÉCLARATION A Signer par MM. les Pairs. A Paris, le 9 octobre 1817 Je soussigné, Pair de France, déclare, pour l’expédition de mes Lettres de Pairie, 1° Que je suis né à Beaumont, département du Calvados, arrondissement de Pont-l’Evêque, le 23 mars 1749. 2° Que j’ai pour prénoms Pierre Simon. 3° Que mes qualités actuelles sont les suivantes : Marquis et Pair de France, Grand-Officier de l’Ordre royal de la Légion d’Honneur, membre de l’Académie Française, de l’Académie royale des Sciences, et du Bureau des Longitudes, etc. Marquis Laplace déclaration A.N., CC 490, n° 118.
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918. document, 10 octobre 1817
10 octobre 1817 CERTIFICAT Pour l’expédition des Lettres de Pairie Le1 Pair de France, Grand-Référendaire de la Chambre des Pairs, certifie qu’il résulte des actes déposés aux Archives de ladite Chambre : 1° Que M. le Comte Laplace a été nommé Pair de France par Ordonnance du Roi du 4 juin 1814. 2° Qu’en vertu de l’Ordonnance de Sa Majesté, du 31 août, sur la collation des titres de Pairie, les Lettres patentes à expédier à M. le Comte Laplace doivent porter institution du titre de Marquis. 3° Que M. le Comte Laplace est né à Beaumont département du Calvados arrondissement de Pontlévêque le 23 mars 1749. 4° Qu’il a pour prénoms : Pierre Simon. 5° Que ses qualités actuelles sont les suivantes : Marquis, Pair de France, Grand officier de l’ordre royal de la Légion d’Honneur, membre de l’Académie française, de l’Académie royale des sciences et du Bureau des Longitudes, etc. En foi de quoi le présent certificat a été délivré à Paris, au Palais du Luxembourg, le 10 octobre mil huit cent dix sept. Le Grand Référendaire de la Chambre des Pairs Vincent Par Monsieur le Grand Référendaire, Le Garde des Archives de la Chambre Ch. Cauchy A.N., BB301117, n° 1169. 1. Le texte est imprimé, sauf les mots en italique.
919. Laplace à [Svanberg], 14 février 1818
Paris, ce 14 février 1818 Monsieur, Je crois avoir envoyé à votre illustre Académie la seconde édition de mon ouvrage sur la Théorie Analytique des Probabilités. Je vous prie de vouloir bien lui offrir, de ma part, les deux suppléments ci-joints, dans lesquels j’ai cherché à étendre les applications du calcul des probabilités à la philosophie naturelle. Vous verrez dans le second des formules propres à déterminer les probabilités des erreurs des mesures géodésiques, et je m’estimerais heureux si elles pouvaient vous paraître assez intéressantes pour vous engager à les appliquer à votre belle et importante mesure du degré de Laponie ; ce que personne ne peut faire mieux que vous. Je traite encore dans ce même supplément de la probabilité des résultats moyens obtenus par divers procédés, et en particulier du procédé ingénieux que vous avez donné dans votre ouvrage1. Si vous jugez comme moi que le procédé ordinaire est encore plus avantageux, vous pourriez, en l’employant, recalculer votre arc. Je pense qu’il n’en résultera pas de correction sensible ; mais il faut, dans une matière aussi délicate, atteindre à la plus grande exactitude, et votre mesure mérite à tous égards qu’on lui donne toute la perfection dont elle est susceptible. Veuillez, Monsieur, agréer l’assurance de tous les sentiments d’estime et de considération que vous m’avez depuis longtemps inspirés. Marquis de Laplace Stockholm, Kunglige Svenska Vetenskapsakademiens Bibliotek.
1. Probablement Exposition des Opérations Faites en Lapponie (Stockholm, 1805).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
920. Laplace à Puissant, 24 février 1818
A Monsieur Monsieur Puissant ingénieur-géographe, au Dépôt de la Guerre Ce mardi 24 février 1818 J’ai l’honneur d’offrir mille sincères compliments à Monsieur Puissant, et de l’inviter à me faire l’honneur de venir avec Monsieur Henry, passer aujourd’hui mardi, la soirée avec nous. Le Général Müffling doit s’y trouver pour conférer sur quelques parties de ses opérations géodésiques qui s’appuient sur la base et les triangles de Monsieur Henry et sur les triangles de Monsieur Tranchot. Marquis de Laplace B.N., MS, n.a.fr. 24014, fols 94-95.
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921. [Laplace] à Corvetto, 18 avril 1818
Au Comte Corvetto Paris, le 18 avril 1818 Il adresse à Son Excellence trois pétitions dont elle a ordonné que le renvoi lui serait fait. [Laplace] description B.N., MS, Catalogues des Lettres Autographes (Noël Charavay) (février 1928), n° 612, p. 17, n° 8091.
922. Laplace à [Cuvier], 4 mai [1818]
Le 4 mai [1818]1 C’est avec un vif plaisir, mon très cher confrère, que je vous annonce votre nomination à l’Académie Française. Sur 33 votants, vous avez eu 19 voix au second tour de scrutin. Les deux ministres sont venus, Monsieur l’abbé Morellet est venu et me charge de vous faire son compliment. Recevez le mien et l’assurance de ma tendre amitié. Marquis de Laplace 1. Le n° 16 bis du catalogue de vente de l’Hôtel Drouot du 26 mars 1971 donne la fausse indication que cette lettre date du 4 juin 1818.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
MM. Roger, Auger, Campenon etc. me chargent de vous faire leurs compliments. Monsieur de Lally me charge également de vous le faire. Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
923. Laplace à [Fabbroni], 24 mai 1818
Paris, ce 24 mai 1818 Monsieur, Monsieur le Marquis de Pastoret, mon plus ancien ami, veut bien se charger de vous remettre cette lettre, ainsi que l’addition ci-jointe que j’ai faite à la troisième édition de mon Essai Philosophique sur les Probabilités, que j’ai eu l’honneur de vous envoyer. Cette addition doit être substituée aux dernières pages de cet essai à partir de la page 226. Je pense que vous aurez un grand plaisir à revoir Monsieur et Madame de Pastoret qui voyagent pour se distraire du malheur qu’ils ont éprouvé, de perdre un de leurs fils qui donnait les plus belles espérances. Veuillez bien me faire savoir ce que l’on fait en Toscane, relativement aux poids et mesures, et aux monnaies. En vérité, on eût bien fait d’adopter ce que nous avons fait à cet égard en France, et que vous connaissez parfaitement comme ancien membre de notre Commission des Poids et Mesures. Mais je crains que les préjugés et les habitudes ne s’opposent chez vous, comme ailleurs, à une chose que je regarde comme un perfectionnement des sociétés. Je vous prie de me rappeler au souvenir de Monsieur Fossombroni, et de Monsieur Corsini, anciennement Conseiller d’Etat en France, et de leur offrir mes plus tendres compliments. Je vous regarde tous trois, comme les hommes les plus éclairés de la Toscane et je félicite votre Prince1 d’avoir su apprécier votre mérite. Agréez, Monsieur, l’assurance de tous mes sentiments d’estime et d’attachement bien sincères. Marquis de Laplace Philadelphia, American Philosophical Society, B/F113. 1. Ferdinand III, Grand Duc de Toscane.
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924. [Emile Laplace] à Laplace, 28 mai [1818]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France Rue du Bac n° 100 A Paris Besançon, 28 mai [1818] Mon père, je suis extrêmement touché de la dernière lettre que vous m’avez écrite ; vous me témoignez le désir de me revoir près de vous : rien ne pouvait m’être plus sensible. Je ne doute point du succès de vos démarches, il ne faut qu’une occasion favorable. Je fonde quelques espérances dans l’amitié et la reconnaissance que le Duc de Raguse1 doit avoir pour vous ; d’un autre côté, je crois qu’il me connaît sous des rapports qui ne me sont point désavantageux. Quoique les ressources d’instruction manquent ici pour l’artillerie, je m’occupe autant que possible de mon état ; j’ai beaucoup [à] apprendre, parce que j’ai été longtemps éloigné de l’arme. Je ne me rebute point et suis soutenu par l’espérance de me retrouver auprès de vous dans un emploi honorable et qui m’occupe ; j’ai déjà éprouvé qu’à mon âge le désœuvrement était ce qu’il y avait de plus funeste, ce qui me fait trouver mon séjour à Besançon moins insupportable, vu qu’il n’y avait point de moyens de m’occuper à Paris. La dotation de la Pairie me semble inhérente à la dignité et à l’éclat qu’on veut y attacher ; il n’est que trop vrai que sans richesses on obtient difficilement un grand crédit ; à côté de la Chambre des Députés où sont appelés les plus riches propriétaires, il est nécessaire que la Pairie se soutienne par un certain éclat et une certaine indépendance. En Angleterre, il me semble qu’on vote un majorat lors de l’admission d’un nouveau Pair. Votre projet ne doit point éprouver de grandes difficultés. J’espère que le séjour d’Arcueil rétablira complètement votre santé ; si vous avez à Paris le beau temps dont nous jouissons depuis plusieurs jours, Arcueil doit être charmant, et je ne doute point que vous n’y soyez déjà établi.
1. Auguste Viesse de Marmont.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Adieu, mon père, je vous embrasse bien tendrement, ainsi que ma mère, et je me repose entièrement dans votre bonne amitié pour tout ce qui peut accélérer mon retour. Votre dévoué fils [Emile Laplace] Bancroft, box 18, dossier 1.
925. Madame Laplace à [?], 29 juin 1818
Arcueil, ce 29 juin 1818 Monsieur, Monsieur de Laplace me confie le soin d’avoir l’honneur de vous recommander Monsieur Magendie, docteur en médecine. C’est son ami, il désire être nommé médecin du bureau central des hospices dont vous allez faire les nominations. C’est avec confiance, Monsieur, que j’ose vous demander votre intérêt pour une personne de mérite, sachant combien vous savez apprécier les talents. Monsieur de Laplace est persuadé que c’est un des choix les plus distingués que vous puissiez faire. Monsieur Magendie a fait de très beaux travaux littéraires en médecine et en physiologie, qui ont été couronnés à l’Académie des Sciences. Voilà Monsieur ce qui lui donne des droits à votre suffrage que nous sollicitons avec instance de votre bonté. Je me trouve heureuse, Monsieur, d’avoir l’occasion de vous offrir l’assurance de mes sentiments de haute considération. J’y joindrai avec bien de l’empressement ceux de reconnaissance. J’ai l’honneur d’être votre très humble et très obéissante servante. Marquise de Laplace lettre complémentaire Arch. Ac. Sc., dossier Laplace.
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926. [Laplace] à [Mudge] via Arago, 30 août 1818
A Monsieur Monsieur Arago membre de l’Institut (Poste restante) A Dunkerque Paris, ce 30 août 1818 Le Marquis de Laplace est très reconnaissant de l’agrément que Monsieur le colonel Mudge veut bien donner au projet de faire servir son bel instrument à la vérification du degré du Nord. Il pense que le temps le plus propre à cet objet sera celui où les observations que l’on doit faire avec cet instrument au Danemark étant achevées, on se disposera à les renvoyer en Angleterre. On pourra, dans cet intervalle, prendre toutes les mesures nécessaires. Le marquis de Laplace se propose de les concerter avec MM. Biot et Arago, à leur retour, et de les communiquer ensuite à Monsieur le colonel Mudge, auquel il a l’honneur d’offrir l’hommage de ses sentiments d’estime et de considération1. Londres, Wellcome Historical Medical Library, MS 8694.
1. Sans signature, mais de la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
927. Colin à Madame Laplace, 20 octobre 1818
A Madame la Marquise Delaplace Rue du Bac, n° 100 Le 20 octobre 1818 Les père et mère ont deux enfants. 1° Une fille, mariée il y a 5 ans, décédée, laissant une fille âgée de 4 ans. Cette fille a été dotée de 300.000 francs payés en totalité, et employés à l’acquisition d’une terre à son profit. La constitution dotale est faite à la charge de retour au profit des pères et mères dans le cas où la future et sa descendance viendraient à s’éteindre avant eux ou le survivant d’eux. 2° Et un fils, appelé à la Pairie et aux dotations du père. Il sera en se mariant, institué par pré [?] et hors part dans les portions disponibles qui, avec sa portion légale, absorbera le reste de la fortune des père et mère, qui dans ce moment, n’excède pas 500.000 francs, presque tout en biens fonds ruraux. Le fils jouit déjà d’une petite dotation, qui, avec le traitement de son grade militaire, lui forme un revenu de 8.000 francs (âgé de 30 ans). En attendant l’ouverture de leurs successions, les père et mère lui assureront en outre une rente annuelle de _____ francs. La dotation du père réversible au fils est d’un revenu annuel de _____ francs. Voici, belle et aimable amie, les contes que vous désirez. Vous remplirez les sommes laissées en blanc. Vous ferez mettre cette note, au net par une main étrangère, en somme la remettre ensuite à qui de droit. Respect et amitié. Colin lettre complémentaire Bancroft, box 19, dossier 9.
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928. reçu, 6 novembre 1818
6 novembre 1818 Acheté pour Monsieur Delaplace au comptant par Monsieur Ecettet, agent de change. 50 f Rente à 70,37 1/2
f 703,75 Rivière
10.974 703 11.678 11.000 678
55 75 30 30
reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
929. reçu, 5 janvier 1819
5 janvier 18191 Ville de Paris 10e arrondissement municipal
Contributions Directes Payables par douzièmes de mois en mois Sommations sans frais M. DUTRAMBLAY Quartier St Thomas Receveur-Particulier-Percepteur Rue du Bac n° 100 rue de l’Abbaye, n° 3 ancien Palais Abbatial Monsieur le Marquis Delaplace Nature des Contributions
Montant des Taxes
A-comptes payés
Restant dû
Personnel
176
120
56
QUITTANCE Reçu par moi, Receveur-Particulier-Percepteur soussigné la somme de 56 francs pour solde Paris, ce 5 janvier 1819 Le Receveur-Particulier-Percepteur Dulac reçu Bancroft, box 10, dossier 252. 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. Dans ce même dossier se trouvent quatre autres reçus semblables pour les années 1819 à 1826.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
930. reçu, 12 janvier 1819
Armorial Général de la Chambre des Pairs 12 janvier 18191 J’ai reçu de Monsieur le Marquis Laplace, la somme de 70 francs pour l’insertion de ses armoiries dans l’Armorial Général. Paris, ce 12 janvier 1819 Lefevre Graveur de S.A.R. Madame la Duchesse de Berry, Palais Royal N° 24, Galerie du Café de Foi Bancroft, box 1, dossier 31.
931. [Laplace] à Arago, 26 janvier 1819
A Arago 26 janvier 1819 Intéressante lettre où il le prie de s’enquérir de ce que peut coûter un objectif de neuf pouces. Il désire bien ne pas recourir aux étrangers pour cela, mais 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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il veut par dessus tout, avoir un bon instrument, avec lequel on puisse découvrir des choses nouvelles. « Vous savez combien je tiens aux observations des ombres des satellites ». [Laplace] description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Noël Charavay) (septembre 1898), n° 289, p. 13, n° 42733.
932. [Laplace] à Mirbel, 27 janvier 1819
A Mirbel 27 janvier 1819 Lettre scientifique, relative à la perfection des lunettes et des télescopes. [Laplace] description Catalogue d’une Belle Collection de Lettres Autographes dont la Vente Aura Lieu le 5 février 1844 (Paris, 1844), p. 52, n° 254.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
933. Laplace à Olbers, 8 avril 1819
Monsieur le Docteur Olbers, médecin, A Bremen Paris, ce 8 avril 1819 Monsieur, Vous savez que le Bureau des Longitudes de France publie un annuaire extrait de la Connaissance des Temps, et dans lequel il insère des notices et des tables qui peuvent intéresser un grand nombre de personnes. Le Bureau ne cherche pas moins à détruire les erreurs populaires, et c’est dans cette vue qu’il a fait imprimer plusieurs fois dans l’Annuaire votre écrit touchant l’influence de la Lune sur les saisons, sur la végétation et sur l’économie animale. Monsieur Burckhardt l’avait traduit du Journal Astronomique de Gotha. Mais nous désirerions le tenir de vous avec les changements que vous jugeriez à propos d’y faire. J’ose donc vous en prier au nom de l’amitié que vous m’avez témoigné autrefois. Si vous avez la bonté de rédiger un petit mémoire sur cet objet, je vous prie de nous l’envoyer par la poste avec cette adresse : Au Bureau des Longitudes de France A l’Observatoire Royal A Paris Je n’ai rien de bien nouveau à vous apprendre sur nos travaux astronomiques. Monsieur Bouvard fait imprimer ses Tables de Jupiter, de Saturne et d’Uranus1. Monsieur Damoiseau, qui a partagé l’année dernière le prix de l’Académie des Sciences sur la théorie de la Lune, revoit son analyse et ses tables ; et j’espère qu’il en résultera de ce travail des Tables de la Lune qui ne le céderont point en exactitude à celles de MM. Bürg et Burckhardt2. On a 1. Tables de Jupiter, de Saturne et d’Uranus : Construites d’Après la Théorie de la Mécanique Céleste (Paris, 1821). 2. Marie Charles Théodore Damoiseau de Montfort, Tables de la Lune, Formées par la Seule Théorie de l’Attraction (Paris, 1824).
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point encore revu la dernière comète depuis son immersion dans les rayons solaires. Veuillez bien, Monsieur, agréer l’assurance de tous mes sentiments de haute estime et d’attachement bien sincère. Marquis de Laplace Leipzig, Universitätsbibliothek, Handschriftenabteilung.
934. document, 30 avril 1819
30 avril 1819 Nous soussignés Dame Philibert Lapotere, veuve de Monsieur Robert Morel, d’une part, et Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France d’autre part, sommes convenus que moi veuve Morel, ai loué à mon dit Sieur Laplace, pour trois, six ou neuf années, à compter du 1er octobre 1820, l’appartement tel qu’il occupe actuellement dans sa maison Rue du Bac n° 100, moyennant par année 3.500 francs y compris le portier. L’impôt des portes et fenêtres sera à la charge de Monsieur de Laplace. Fait double à Paris, le 30 avril 1819 Approuvé l’écriture ci-dessus P. Lapotere, Vve Morel Mis de Laplace document Bancroft, box 25, dossier 17.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
935. document, 31 mai 1819
31 mai 1819 Mémoire à consulter Par contrat passé devant le notaire de Beaumont le 16 décembre 1777, Monsieur Pierre Laplace donna à fieffer à Dame Marie Anne Mailly, femme séparée quant aux biens du Sieur Jacques Mabon 4 pièces de terres désignées audit acte, à charge de faire 4 parties de rentes aussi désignées au contrat, et en outre moyennant 370# de rente foncière ainsi qu’il est plus au Long Porté audit contrat. Pour sûreté de cette rente de 370#, il a été pris au temps et lieu des inscriptions la dernière époque du 2 octobre 1816. Monsieur le Marquis Laplace, Pair de France, demande au droit de Monsieur son père un titre nouvel de cette rente à Messieurs Pillon, notaires représentants Madame Mabon née Mailly, leur mère qui ne s’y refuse pas, mais ils demandent que par ce nouveau titre il soit substitué à la première pièce de terre en ordre au contrat à fieffé, qui peut faire environ moitié des fonds fieffés, deux autres morceaux de terre valant au moins autant que ce premier objet qui en sont voisins et non grèvés de rentes. Dès lors les choses se faisant, il serait donné mainlevée de l’inscription qui frappe le premier objet dudit contrat, qui serait rapporté sur eux offertes. On demande si l’on peut faire ce changement sans préjudicier les intérêts de Monsieur le Marquis, et si son receveur peut le prendre à son compte. L’avocat soussigné pense que les intérêts de Monsieur le Marquis de Laplace seraient préjudiciés. La substitution des deux pièces de terre ferait perdre à Monsieur le Marquis le droit foncier qui grève les biens fieffés. La stipulation, quelque expresse qu’elle fût, ne pourrait autoriser Monsieur le Marquis à prendre possession des pièces substituées s’il faisait résilier le contrat faute de paiement : il n’aurait sur elles qu’un droit d’hypothèque bien différent du ius in re que son contrat de fieffé lui donne. Brele [?] [Feuille attachée]
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18 prairial an 101 Je fondé de pouvoir du citoyen Laplace, reconnais avoir reçu du citoyen Pillon, notaire à Etretat, la somme de 443f 58c, qui joint à celle de 48f 52c dont me comptera le citoyen Pillon notaire à Lieurey, son frère, forment ensemble celle de 492f 10c pour demeurer quitte, après compte des arrérages échus et jusque et compris le 4 nivôse dernier de la partie de 367f 78c de rente foncière que le dit citoyen Pillon est tenu faire en exemption de tous droits audit citoyen Laplace, le dit jour 4 nivôse, chaque an ; dans lequel compte compensation a été faite de 55f autant payée à l’acquit de feu le citoyen Laplace père pour une année d’arrérages qu’il devait au citoyen Le Roux de Paris année 1788. Et laquelle rente portée à 370f au contrat de création d’icelle a été ainsi réduite pour raison d’indemnité due audit citoyen Pillon sur l’une des charges dudit contrat qui a pour objet l’acquit de 20f de rente déclarée due au citoyen Mollard d’Honfleur ; laquelle rente s’est trouvée au contraire portée 22f 22c, somme excédant égale à la réduction ci-dessus, et ce qui résulte de l’acte de l’acquit soit de la même rente devant Malet notaire à Honfleur le 11 mai 1793 ; dont règlement et quittance pour quoi elle a été signée double pour valoir de transaction aux citoyens Laplace et Pillon sur l’objet y contenu. A Beaumont, ce 18 prairial an 10 Lamotte Pillon document Bancroft, box 28, dossier 8.
1. 7 juin 1802.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
936. Sémonville à Laplace, 5 juin 1819
5 juin 18191 A Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France, en son Hôtel rue du Bac N° 100 à Paris Le Grand Référendaire a l’honneur de prévenir Monsieur le Marquis de Laplace qu’en vertu de la délibération du 4 du courant la Chambre des Pairs s’est ajournée à Lundi 7, à 1 heure. Sémonville Paris, ce 5 juin 1819 Bancroft, box 8, dossier 4.
937. document, [10 juillet 1819] 6 février 1821
n° 820 Pour Monsieur le Marquis De Laplace 6 février 1821 Extrait du Testament de Messire Blagden De la traduction en français, d’un extrait du testament olographe en anglais, de Messire Chevalier Charles Blagden, en date de Brompton Row, Knights1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. Le dos de cette lettre a servi comme brouillon de calculs et de textes inédits.
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bridge du 10 juillet 1819, homologué le 21 avril 1820 par devant le vénérable John Daubeny, docteur ès lois et substitut sous le serment de Robert Hale Blagden Hale, le neveu et seul exécuteur testamentaire de Messire Charles Blagden, laquelle traduction duement légalisée par le Consul de France en Angleterre, et par le Ministre des Affaires Etrangères à Paris, enregistrée à Villejuif le 5 février 1821, folio 16 recto, case 3, au droit de 3 francs 30 centimes par Boutrain, et déposé pour minute en l’étude de Maître Dargère, notaire soussigné par l’acte ci-après datée. A été extrait littéralement la disposition suivante : « Au Marquis de Laplace, Pair de France, et membre de l’Académie royale des Sciences à Paris, je lègue 100 livres sterling pour un anneau ». traduction et extrait de document Bancroft, box 2, dossier 11.
938. document, 12 novembre 1819
Testament de M. le Baron Auget de Montyon 12 novembre 1819 [Article] 10. Je prie Monsieur le Marquis de Laplace, pair de France, de vouloir bien permettre que je lègue à Mademoiselle sa petite-fille, qu’il élève chez lui, un diamant de 2.000 francs ; je lui serai obligé s’il veut bien diriger mon exécuteur testamentaire dans l’exécution des legs qui suivent : 11. Je veux qu’il soit employé une somme de 2.400 à 3.000 francs pour faire une statue en marbre formant un buste de Madame Elisabeth de France1 avec cette inscription « A la Vertu ». Ce buste sera placé dans un lieu où il pourra être vu de beaucoup de personnes, s’il est possible à la porte de l’Eglise NotreDame, à Paris. Je ne me rappelle pas si j’ai jamais eu l’honneur de parler à cette princesse ; mais je désire lui payer ici un tribut de respect et d’admiration. 1. Sœur de Louis XVI.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
12. Je lègue une somme de 10.000 francs pour fournir un prix annuel à celui qui découvrira des moyens de rendre quelque art mécanique moins malsain. 13. Pareille somme de 10.000 francs pour prix annuel en faveur de qui aura trouvé, dans l’année, un moyen de perfectionnement de la science médicale ou de l’art chirurgical. 14. Pareille somme de 10.000 francs pour prix annuel en faveur d’un Français pauvre qui aura fait, dans l’année, l’action la plus vertueuse. 15. Pareille somme de 10.000 francs en faveur du Français qui aura composé et fait paraître le livre le plus utile aux mœurs. Pour les articles précédents 12 et 13, les prix seront distribués par l’Académie des Sciences ; pour les articles derniers, 14 et 15, par l’Académie Française. Extrait d’un document imprimé : Testament de M. le Baron Auget de Montyon, et Pièces Relatives au Legs par lui aux Indigens de la Ville de Paris, janvier 1821 (Paris : Madame Huzard, septembre 1821), pp. 5-6. document Bancroft, box 19, dossier 8.
939. Laplace à [Madame Courcier], 17 novembre 1819
Ce 17 novembre 1819 Je prie Madame Courcier de donner à Monsieur Biot un exemplaire de la quatrième édition de mon Essai sur les Probabilités. Marquis de Laplace Paris, Hôtel Drouot, Vente 1er juillet 1968, n° 25, 2 ; et Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
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940. reçu, 8 décembre 1819
8 décembre 18191 Société Royale pour l’Amélioration des Prisons Instituée sous la protection du ROI et sous la présidence de Son Altesse Royale Monseigneur le Duc d’Angoulème Je soussigné reconnais avoir reçu de Monsieur le Marquis De la Place, Pair de France, la somme de 100 francs pour sa souscription comme fondateur de la Société Royale pour l’amélioration des Prisons. Paris, le 8 décembre 1819 Delif [?] Trésorier reçu Bancroft, box 1, dossier 39.
941. document, 1819
1819 Il a été fourni à M. de Laplace par Madame Courcier 15 mars 18 juin
1 Almanach Royal in-8° 1 Théorie des Probabilités in-4°
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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18 juin 7 septembre 15 décembre 26 janvier 16 décembre 2 mars 2 mars 2 mars 31 mars 31 mars 17 mai 17 mai 25 mai 14 août 5 septembre
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1 Essai Philosophique in-8° cartonnage de 3 vols in-4° des Exercices de M. Legendre 1 Essai Philosophique in-8° 1 Almanach Royal in-8° 3 Essai Philosophique in-8° 6 Théorie Analytique des Probabilités in-4° 10 Théorie Analytique des Probabilités in-4° 3e supplément 2 Essai Philosophique 1 Théorie Analytique des Probabilités in-4° 2 Essai Philosophique in-8° 1 Théorie Analytique des Probabilités in-4° 1 Essai Philosophique in-8° 3 Essai Philosophique in-8° 1 Essai Philosophique in-8° 1 Essai Philosophique in-8°
Fourni à M. Groslier divers ouvrages pour la somme de 72 francs. document Bancroft, box 3, dossier 14.
942. reçu, 20 février 1820
20 février 1820 Je reconnais avoir reçu de Monsieur le Marquis de La Place la somme de 100 francs pour le Comité de Bienfaisance de la commune d’Arcueil. A Arcueil, ce 20 février 1820 Regnault Trésorier reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
943. [Laplace] à Plana, 23 février 1820
A Plana Paris, 23 février 1820 Veuillez bien agréer le petit mémoire ci-joint que je viens d’imprimer pour la Connaissance des Temps de 1823, actuellement sous presse1. 1. Probablement « Sur le perfectionnement de la théorie et des tables lunaires », Connaissance des Temps pour l’année 1823, 226-231 ; Laplace, O.C., 13, 198-204.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Permettez moi, Monsieur, de vous entretenir d’un objet qui vous intéressera sans doute, et qui, je pense, doit intéresser votre gouvernement. Il s’agit de la mesure d’un grand arc de parallèle moyen qui traverse la France et l’Italie, et qui aboutit aux deux mers. Vous verrez par la note ci-jointe, qu’il ne s’agit plus que de mesurer quelques triangles sur votre territoire. Je pense que vos savants, et principalement vous, Monsieur, pourriez faire cette mesure. Je désire que cette opération, si vous le jugez utile, soit agrée par votre gouvernement, et qu’elle soit promptement exécutée. Le Colonel Brousseaud vous donnera tous les renseignements que vous pourrez désirer. Ayez donc la bonté de me répondre sur cet objet important pour la topographie et pour la connaissance de la figure de la Terre. Je n’attends qu’une occasion favorable pour faire hommage à votre illustre Académie d’une 3e édition de ma Théorie Analytique des Probabilités. [Laplace] copie de Plana, envoyée à Carlini Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1820 02 23 GP FC ; et publiée par Guido Tagliaferri and Pasquale Tucci, « Carlini and Plana on the theory of the Moon and their dispute with Laplace », Annals of Science, 56 (1999), 259.
944. document, 15 mars 1820
15 mars 1820 Nous soussignés Pierre Simon Marquis de Laplace, Pair de France demeurant à Paris rue du Bac n° 100, et Marie Anne Charlotte de Courty mon épouse que j’autorise à l’effet des présentes, reconnaissons avoir vendu, cédé et transporté sous toutes les garanties de droit : à Monsieur Auguste Marie Agard Comte de Maupas propriétaire des forges de Poissons, demeurant aussi à Paris, rue d’Argenteuil n° 4, acceptant, deux tournées et demi de vigne environ, mesure locale, qui nous appartiennent dans
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la vigne dite du Bocard finage du dit Poissons, joignant d’une part Mr Molerat l’aîné, d’autre le champ galant, d’un bout le chemin, d’autre des places à Muire [?] et propriétés appartenants à mon dit Sieur de Maupas, la dite portion de vigne provenant des propres de Madame de Laplace. La présente vente est faite moyennant le prix de 400 francs pour toute chose que mon dit Sieur et Dame de Laplace reconnaissent avoir reçu comptant de Monsieur de Maupas, ces présentes servant de quittance. Au moyen de quoi les vendeurs transmettent tous leurs droits de propriété sur la dite vigne à mondit Sieur de Maupas pour par lui en jouir dès ce jour. Fait double à Paris, le 15 mars 1820 Marquis de Laplace M. A. C. Courty Marquise de Laplace Comte Auguste de Maupas document Bancroft, box 19, dossier 18.
945. [Laplace] à Plana, 31 mars 1820
A Plana Paris, ce 31 mars 1820 Monsieur, Veuillez bien recevoir mes félicitations sur le prix que notre Académie des Sciences vient de décerner au beau travail sur la théorie lunaire que vous avez fait de concert avec Monsieur Carlini1. M’étant beaucoup occupé de cette 1. P.V. Institut, 7, 18 et 34.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
importante théorie, et désirant de voir confirmer par de nouvelles recherches, les résultats auxquels j’étais parvenu, surtout relativement aux équations séculaires ; persuadé d’ailleurs que le moyen le plus sûr de perfectionner les Tables de la Lune était d’en perfectionner la théorie, j’ai engagé l’Académie à la proposer pour sujet de prix. Elle a reçu deux pièces, que sur le rapport d’une commission dont j’étais membre, elle a jugées dignes d’être couronnées. La lecture de ces pièces m’a suggéré quelques réflexions dont j’ai fait part au Bureau des Longitudes, et qui paraîtront dans la Connaissance des Temps de 1823 actuellement sous presse1. Je désirais en extraire ici, celles qui sont relatives à votre travail ; mais leur longueur me les fait supprimer. Je me bornerai donc à celle qui est relative à l’équation séculaire2 –0",1398 t3. J’ose vous prier d’envoyer de ma part à Monsieur Carlini la petite note cijointe que j’ai insérée dans la Connaissance des Temps de 1823 et dont j’ai eu l’honneur de vous adresser un exemplaire3. Vous verrez par cette note que la différence entre votre résultat et le mien sur l’équation dépendante de la longitude du nœud de la Lune tient à ce que dans l’équation Pcg sin Z cos Z cos g – 1 – f v– Pc ³ Xc dv = ---------------------------------------------------------------------g–1–f 3 vous substituez --- m2 pour (g – 1 – f) (Note 2e de votre pièce). Mais ayant sup4
3 posé auparavant g2 = 1 + --- m2, le dénominateur g – 1 – f devient à-très-peu2
près
3 2 3 2 3 2 1 + --- m – 1 , ou --- m § 1 – --- m · , ce qui donne à-fort-peu-près 2 8 ¹ 4 © 2
4 Pc J - 1 + 3--- m 2 cos g – 1 – f sin Z cos Z – P ³ Xc dv = --- --------3 m2 8
En partant de là, votre analyse conduit à l’équation 2 19 ------ Pc 2 ndt = ------------------- sin Z cos Z cos g – 1 – f 3 2 1 – --- m 2
ce qui s’accorde avec mon résultat4.
1. « Sur les inégalités lunaires dues à l’aplatissement de la Terre », Connaissance des Temps pour l’année 1823, 219-225 ; Laplace, O.C., 13, 189-197. 2. De la main de Plana : « Qui copia il periodo quale è stampato, e poi seguita così ». 3. « Sur les inégalités lunaires ... ». 4. De la main de Plana : « Voi vedete come intende male la faccenda ; non s’accorge dell’errore radicale che abbiamo in G s, e delle tante altre cose ».
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L’auteur de la pièce couronnée avec la vôtre a suivi la marche que j’ai adoptée1 dans la Mécanique Céleste. Seulement il a porté plus loin les approximations, et ses calculs dont j’ai vérifiés plusieurs me paraissent dignes de confiance. Vos résultats numériques sont à-très-peu-près d’accord avec les siens, relativement aux inégalités périodiques. Il y a des différences sensibles relativement aux inégalités séculaires, surtout celle du périgée. Cette dernière différence me paraît tenir à la nature de votre méthode d’approximation, qui conduit à des séries fort compliquées et lentement convergentes, de manière qu’il en faut calculer un grand nombre de termes pour être assuré que les suivants sont insensibles2. Si vous aviez adopté la marche de la Mécanique Céleste on aurait pu comparer les expressions analytiques aux vôtres, examiner les différences, et reconnaître de quel côté se trouve l’erreur. Ce sera, je pense, par ce procédé que l’on pourra perfectionner la théorie et les tables de la Lune. Mais la conformité de vos résultats avec ceux de nos meilleures tables prouve le soin que vous avez mis à porter fort loin vos approximations, et à vérifier vos calculs. Nous venons de recevoir une addition à votre pièce dans laquelle vous déterminez les inégalités à longue période résultants de la figure de la Terre3. Mais il me semble que votre analyse est incomplète en ce qu’elle présente dans une première approximation ces inégalités affectées d’un diviseur égal au carré du coefficient de v dans leurs arguments, et l’on sait maintenant que ce diviseur ne peut surpasser la première puissance, comme je l’ai fait voir dans le n° 5 du 7è livre de la Mécanique Céleste4. [Laplace] copie faite par Plana, envoyée à Carlini Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1820, 03 31 GP FC ; et publiée dans Guido Tagliaferri and Pasquale Tucci, « Carlini and Plana on the theory of the Moon and their dispute with Laplace », Annals of Science, 56 (1999), 260-262. 1. De la main de Plana : « bravo adoptée, va bene ; era male inventée ». L’auteur était Damoiseau de Montfort. 2. De la main de Plana : « E così l’abbiamo fatto : conveniva dire, volendo essere cavilloso, che diventa divergente dopo quel punto ; ma si sarebbe risposto anche a questa improbabilissima obiezone ». 3. Francesco Carlini et Giovanni Plana, « Note sur l’équation lunaire ayant pour argument le double de la différence entre les longitudes du nœud et du périgée », Correspondance Astronomique, Géographique, Hydrographique et Statistique, 4 (1820), 421-438. 4. De la main de Plana : « Si farà vedere nei singoli casi che ció avviene assai diversamente quando ha luogo, e che con la proposizione non si dirà in senso assoluto. Nel caso accennato da Laplace l’argomento millenaro essendo tutto oltre la prima potenza della forza perturbatrice, l’appello a quel teorema è del tutto fuori di proposito. Il restante della lettera verte sulla triangolazione ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
946. Hutton à Laplace, [avril 1820]
[avril 1820] Lettre du Dr Hutton A Monsieur le Marquis de Laplace, Sur différents sujets astronomiques et physiques1 Monsieur le Marquis, J’ai désiré depuis longtemps et avec beaucoup de force, d’avoir l’honneur de vous offrir mes respects en personne ; mais comme il n’est guère probable que je puisse désormais faire un voyage en France, étant maintenant dans ma 82ème année, il ne me reste qu’à m’adresser à vous par écrit, et qu’à vous prier d’accepter l’hommage d’un sincère partisan de ces sciences à l’avancement desquelles vous avez contribué si puissamment avec le plus grand honneur pour vous-même, aussi bien que pour l’avantage du monde savant. Je profite d’une occasion qui m’est offerte de faire parvenir cette lettre à Paris, pour vous prier en même temps d’accepter un exemplaire de mes traités sur différents sujets physiques et mathématiques, que je demande de vous présenter comme un faible, mais sincère gage du profond respect qu’avec le reste du monde, j’ai pour votre génie et vos talents2. Parmi ces traités, je désire particulièrement d’attirer votre attention sur celui qui commence le second volume, sur la densité de la Terre, et de vous exprimer mon désir que, vous qui avez déjà fait des recherches si profondes sur sa figure et sur la doctrine des marées, vous vous occupiez de sa densité, afin de corriger mes erreurs, ou de confirmer la vérité de mes travaux. En vérité je suis surpris que de semblables expériences et recherches n’aient pas encore été faites jusqu’ici en France, où la science, dans toutes les autres branches, a été poussée avec le zèle le plus louable et les succès les plus remarquables. 1. [Préface écrite par l’éditeur du Journal, Ducrotay de Blainville] : « Le Dr Hutton s’étant aperçu dans ces dernières années, de quelques entreprises peu libérales, pour le priver injustement de l’honneur d’avoir, par ses calculs, contribué à déterminer la densité et la masse de la Terre, et cela non-seulement dans sa patrie, mais encore dans des pays étrangers, a regardé comme nécessaire d’adresser la lettre suivante à Monsieur de Laplace, sur ce qu’il a cru apercevoir une intention semblable dans la Connaissance des Temps de 1821 à 1822 ». 2. Tracts on Mathematical and Philosophical Subjects (London, 1812), 3 vols.
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Comme vous devez naturellement prendre intérêt à tout ce qui a rapport à une entreprise aussi importante, qu’il me soit permis de rapporter ici certaines circonstances qui y ont rapport, avec une idée générale de la manière dont les opérations furent conduites, alors je terminerai, en relevant une légère erreur de la Connaissance des Temps pour 1821, page 330, ligne deux, où mes travaux, pour la solution de cet important problème, sont attribués au Dr Maskeline [Maskelyne] ; chose qu’il n’a jamais réclamée lui-même, et qu’au contraire, il a toujours relevée comme une erreur, toutes les fois qu’il l’a entendu commettre devant lui. Un peu avant l’année 1769, lorsqu’on attendait un transit de la planète Vénus, la Société Royale sentit l’utilité qu’il y aurait d’envoyer plusieurs habiles astronomes dans des lieux différents, pour l’observer ; mais comme la dépense de semblables missions était au-dessus de ses moyens, elle fit connaître la difficulté au Roi, et Sa Majesté voulut bien accorder une somme considérable pour en faire les frais. En conséquence, deux astronomes de mes amis, Messieurs Wales et Bayly, furent en temps convenable envoyés à la baie d’Hudson, où ils passèrent un été et un hiver très-rigoureux ; à leur retour en Angleterre, ils donnèrent l’histoire de leur mission. Elle fut communiquée au gouvernement, avec un mémoire des dépenses faites ; et comme elles se trouvèrent inférieures à la somme qui avait été allouée, on demanda au Roi ce qui lui plaisait qu’il fût fait du reste, et il répondit que la Société Royale l’emploierait pour telle expérience ou tel sujet qui lui paraîtrait convenable. Après y avoir suffisamment réfléchi, la Société Royale prit la résolution d’employer cette somme à déterminer, par expérience, l’attraction réciproque et universelle de la matière, en observant la déviation de la ligne d’à-plomb de la perpendiculaire par l’attraction de quelques montagnes : résolution à laquelle le Dr Maskeline prit la principale part. En conséquence, une correspondance fut établie avec plusieurs personnes dans toutes les parties de la Grande-Bretagne, pour découvrir une montagne convenable à l’expérience. On s’arrêta au Mont Schichallien [Schiehallion], dans le centre de l’Ecosse. Le second point était de savoir quelle personne on prendrait pour faire l’expérience : on désirait beaucoup que le Dr Maskeline voulût bien s’en charger ; mais il s’en excusa, et donna pour raison que son devoir d’Astronome Royal ne lui permettait pas de s’absenter. Après quelques délais, on s’accorda pour envoyer Monsieur Burrow, qui avait été dernièrement aide de Monsieur Maskeline à l’Observatoire Royal. Ses instructions portaient, premièrement, de faire un examen soigné de la montagne dans toutes ses dimensions, horizontalement dans toute direction, et de faire un grand nombre de sections verticales de tous côtés, de manière à ce qu’on pût en avoir un parfait modèle, et que sa grandeur pût être estimée avec exactitude ; après quoi il devait observer la déviation de la ligne à-plomb. Après un an ou deux employés à ces mesures préliminaires, la Société craignant que l’ouvrage ne fût pas bien exécuté, sollicita Monsieur le Dr Maskeline d’y aller lui-même, et de diriger les opérations ; et, en effet,
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
après avoir obtenu la permission du Roi, il y fut, et rapporta les mesures et les descriptions de Monsieur Burrow, avec ses propres observations sur la déviation du fil à-plomb, faites des deux côtés de la montagne. Ces opérations employèrent les années 1774, 1775 et 1776 ; et la méthode d’exécution qu’il avait suivie fut exposée par le Dr Maskeline, dans les Transactions Philosophiques, pour l’année 17751. Ainsi fut résolu autant qu’il pouvait l’être expérimentalement le problème, qu’[il] y a une attraction mutuelle dans toute la matière, et que la somme des deux attractions de chaque côté de la montagne en particulier, montait à 11,6 secondes. La Société fut extrêmement satisfaite de ces opérations. On s’aperçut aussi quel usage ultérieur on pouvait faire de ces mesures ; et l’on vit que par les mêmes moyens, après deux calculs faits, la densité moyenne de la Terre pouvait être déterminée : car on avait maintenant ces données, c’est-à-dire la masse et l’attraction d’une montagne, avec la grandeur et l’attraction de la Terre, pour déterminer sa densité et sa masse. On était donc sur la voie d’un grand et fort important objet ; mais la question était de savoir qui ferait les calculs immenses dont on avait besoin ; qui le voudrait, et même qui le pourrait. Il pouvait y avoir une ou deux personnes que l’on pensait capables d’entreprendre cette tâche ; mais elles, et tous les autres membres de la Société, restaient effrayés à la vue du nombre et de la grandeur des calculs, et reculaient devant l’immensité du travail ; ce fut alors qu’on jeta les yeux sur moi, et que le Président et le Conseil de la Société Royale me demandèrent d’entreprendre cette tâche, ce à quoi je fus aussi fortement sollicité par le Dr Maskeline. Etant alors un jeune membre de la Société, et désireux de me distinguer, j’entrepris l’opération, et devins responsable du résultat, qu’après un travail journalier de près de deux ans, je présentais à la Société, avec un détail minutieux des particularités des calculs, accompagné de dessins convenables. La Société fut si satisfaite, qu’elle me décerna un prix, et imprima mon mémoire dans les Transactions Philosophiques pour 1778, exactement dans la forme où je lui avais remis2. Il faut observer que, dans cette opération, la première de cette espèce, qui eût encore été faite, tous les procédés de calculs étaient à imaginer ou à inventer, et que sans plusieurs plans que je pratiquais, il est fort douteux que le travail eût pu jamais être exécuté avec soin. J’apporterai, comme preuve de la vérité de ces assertions, le témoignage le plus honorable qui en a été donné par l’un des meilleurs mathématiciens du royaume, le professeur Playfair. Le résultat de mes calculs fut que la densité moyenne de la Terre est à celle de l’eau, comme 9:5. La densité de la montagne n’était pas connue alors, et par conséquent celle de la Terre comparée à celle de l’eau, ne pouvait alors être 1. Nevil Maskelyne, « An account of observations made on the mountain Schehallien for finding its attraction », Phil. Trans., 65 (1775), 500-542. 2. Charles Hutton, « An account of the calculations made from the survey and measures taken at Schehallien », Phil. Trans., 68 (1778), 659-788.
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déterminée. Mais pour montrer la manière dont la comparaison pouvait être faite, je pris pour exemple la plus petite densité de la pierre 2 ½, quoique ce fût évidemment au-dessous de la densité réelle de la roche de la montagne ; alors 9/5 x 5/2 = 4 ½, devait être moindre que la densité de la Terre, comme le nombre adopté, jusqu’à ce que nous puissions connaître la densité. Plusieurs années après, le professeur Playfair fit un examen lithologique de cette montagne, et il trouva qu’elle était formée de roches de densités très-différentes, depuis 2,5 jusqu’à 3,2, dont la moyenne est d’environ 2¾ comme la densité de la montagne, alors 9/5 + 2¾ = 99/20 = 4 19/20 ou presque 5, est la densité moyenne de la Terre. C’est ce résultat que j’ai substitué au premier, à sa place, dans l’abrégé que j’ai donné des Transactions Philosophiques, depuis son origine, jusqu’à 1800, en 18 grand volumes in-4°, comme on pourra le voir. Si nous prenons 2,8, au lieu de ¾ employé ci-dessus, alors 9/5 x 2,8 = 5,04, est la densité de la Terre, un peu au-dessus de 5, comme le premier résultat était un peu au-dessous. C’est pourquoi je me déterminai à regarder le nombre 5 comme le résultat de la densité moyenne de la Terre, déterminée par mes calculs. J’ai également donné la même conclusion dans le premier mémoire du second tome du recueil de mes traités, où tout le procédé est exposé au long, comme on pourra le voir dans le choix de ces traités, qui vous a été remis avec cette lettre, et que j’ai aussi présenté dernièrement à l’Institut Royal1. Maintenant, après des preuves évidentes que j’ai été le premier et le seul, qui ait calculé la moyenne densité de la Terre d’après les mesures originales, et cela depuis près d’un demi-siècle, on doit être étonné de voir que l’honneur de cette détermination est sur le point d’être transféré à une autre personne qui ne l’a jamais désiré et n’y a jamais pensé, à moins que l’erreur accidentelle, ou la méprise introduite dans la Connaissance des Temps, ne soit reconnue et corrigée. C’est pourquoi j’espère avec confiance de la libéralité et de l’honneur bien connus de votre caractère, que cette erreur sera corrigée dans le prochain numéro de la Connaissance des Temps pour 1822. J’espère aussi que vous me pardonnerez de vous avoir entretenu de choses aussi particulières, et dans une aussi longue lettre ; mais un vieillard, qui doit s’occuper assez peu du présent et attend encore moins du futur, vit surtout dans le passé. Dans le cours de mon humble vie, ma principale récompense est la réflexion d’avoir été un zélé promoteur des sciences mathématiques pendant plus de soixante ans, comme professeur principalement à l’Académie royale militaire de Woolwich ; connu comme un des plus zélés collaborateurs des Transactions Philosophiques, et comme éditeur de cet ouvrage ; comme directeur de journaux scientifiques, qui ont été reçus avec de grands encouragements ; et, enfin, comme auteur de différents mémoires, successivement publiés, sur des sujets mathématiques.
1. P.V. Institut, 5, 396 (5 septembre 1814).
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Si je ressens cette satisfaction pour une application laborieuse dans la poursuite zélée de ces sciences élémentaires, qui conduisent à la connaissance des principes et des autres ouvrages de notre célèbre Newton ; combien doit être agréable pour vous la pensée d’avoir si bien illustré, autant qu’honoré notre grand auteur, et poussé ses découvertes plus loin que lui-même ne pouvait peut-être l’espérer. Que vous jouissiez longtemps de cet avantage ; et que vous continuiez à augmenter le faisceau de la science, tel est le vœu de votre obéissant serviteur. Charles Hutton Lettre imprimée dans le Journal de Physique, Chimie et d’Histoire Naturelle, 90 (avril 1820), 307-312.
947. Laplace à [Fabbroni], 1er avril 1820
1er avril 1820 Monsieur Brongniart, mon savant collègue à l’Institut, veut bien se charger de remettre de ma part l’exemplaire ci-joint de la 4ème édition de mon Essai Philosophique sur les Probabilités à Monsieur Fabbroni, que je prie d’agréer cet hommage de mes sentiments d’estime et de considération. Marquis de Laplace Philadelphia, American Philosophical Society, B/F113.
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948. [Carlini] à [Plana], [20 mai 1820]
[20 mai 1820] Ho letto rapidamente la memoria del Sig. Laplace, e mi pare che non sia tale da fare gran danno alla nostra reputazione. Egli attesta che il Sig. Damoiseau non ha fatto che seguire materialmente e spingere alcun poco avanti i suoi calcoli, e che noi abbiamo osato seguire un’altra via. Non è questò una qualunque onorevolissima testimonianza ? Se noi dicessimo che Laplace non ha fatto che leggere questo scritto si vedrà facilmente l’autore seguir d’Alembert, non se l’avrebb’egli per male ? E persona a noi molto imparziale, che difende se stesso col lodare un lavoro fatto interamente sotto la sua direzione. Queste arti, antiche quanto è antica la repubblica letteraria, sono abbastanza conoscuite. Non sono però persuaso che il voto del Sig. Laplace, nel quale non parla di se stesso, sia il voto dell’Accademia e che il principe degli analisti francesi Legendre lo abbia sottoscrittò. Le obiezioni che vi fa sono facili a confutarsi, ed io temora che attachi la nostra teoria nei suoi punti più debole. Supponete che Mons. A. tirando più diansi le prequazioni numeriche, avesse provato un valore delle tre ineguaglianze principali più conforme alle osservazioni, come si sarebbe posto nel giustificare l’esatteza del nostro calcolo ? Non pare ciò consolare l’intendere che à leur égard les deux pièces sont à très peu près d’accord entre elles. Son però del parere che la nostra risposta perderebbe molto della sua forza, e potrebbe diventare odiosa se si pubblicasse nel giornale di Zach. Saprete che questo passa in Francia per un giornale dell’opposizione, spesso a ragione, ma qualche volte a torto, e con modo grossolano. Se dice male dei francesi, lasciate dunque per ora sostituire l’articolo mandato a Zach siccome è stato spedito prima che si conoscesse lo scritto di Laplace, e solo aggiungete qualche maggior delucidazione ... controversi, dicendo per essempio ove si parla dei moti solari del perigeo e del modo con cui sono calcolati, non trascurate i quadrati dell’eccentricità, e spingendo avanti la serie quanto basta per assicurarsi che i termini trascurati non arrivano che a quantità minori di quelle che ci eravamo proposti per limite d’esatezza. A quell’ articolo dell’equazione proporzionale basterà aggiungere che non deve confondersi con quella in cui entrambe il Sig. Laplace ha considerata, e che noi poi abbiamo dimostrato essere errata. Posso assicurarvi che questo giudizio non mi ha per niente sconcertato, che in simile affare amo mille volte più essere il censurato che il censore, il quale
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
farà veramente une misera figura e scoprirà la sua povera vanità di dare la legge. E, infatti, vi è cosa più miserabile che il dire agli autori della seconda memoria che hanno fatto male a seguire la retta strada e io avrei fatto [diversamente], a paragone, e il loro risultato, se questo era una condizione tanto essenziale, perchè non dirlo nel programma ? Si vede bene ch’egli è del paese che condannava alle galere chi disputava contro Aristotele. Anche secondo il Sig. Laplace è sparita l’equazione di 185 anni, e i suoi effetti si legano con l’azione delle comete e dei meteoriti, ciò che suole la speranza di ridurla a leggi regolari. La perdita di questo compromesso, del quale si è tanto vantato, è forse quella che lo mette di più di malumore. Mi pare che il Sig. Laplace dica in modo positivo che il merito del Sig. Damoiseau sarà pubblicato, e in questo caso non saprei persuadermi che si volesse lasciare indietro la nostra. Avremo a sentire, e intanto daremo alla teoria quella perfezione che la ponga al di sopra di ogni censura. Mi ha fatto meraviglia che nessuno abbia pensato a discreditare il nostro metodo d’interpolazione. Ciò mostra che la nostra memoria è stata poco letta e ancor meno intesa e conferma un sentire che io ebbi fin da quando intesi contro le mie aspettative, che c’era stato accordato il premio ; cioè che questo favore era fatto per i nostri nomi più che al nostro lavoro. Vedete che in senso morale noi abbiamo maggior motivo d’esser grati ai nostri giudici. Oriani mi aveva già avvertito che i francesi hanno poco scrupolo di aprire les billets cachetés ; se volete una prova che i nostri furono aperti prima della pubblicazione del giudizio, il Sig. Laplace nella memoria letta il 19 gennaio 1820 parla sempre di quelques géomètres. Fu riconosciuto il vostro carattere, ma come potevano indovinare che eravamo in due ? Nella lettera del Sig. Delambre che farete aggiungere all’articolo nel giornale di Zach, trovo singolare l’omissione della circonstanza del doppio premio. E accidentale o deliberata la forma di questa lettera nella quale non si parla che di danaro ? Io non saprò deciderlo, ma allo stesso tempo non saprei desumere né da questa né dall’altra di Poisson l’opinione, la quale mi pare che voi sostenete finora, che il Sig. Damoiseau non avesse ottenuto che un accessitó. L’inivitare il sudetto a pubblicare la lettera non mi piace, noi non abbiamo motivo di lagnarci di lui, né di provocarlo in nessuna maniera nell’articolo che si stamperà nella Biblioteca Italica. lettre complémentaire Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1820 ; et traduction en anglais dans Guido Tagliaferri et Pasquale Tucci, « Carlini and Plana on the theory of the Moon and their dispute with Laplace », Annals of Science, 56 (1999), 239-240.
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949. Tavel à [Laplace], 3 juin 1820
Berlin, le 3 juin 1820 Monsieur le Marquis, Avant de vous entretenir de vos revenus arriérés sur votre dotation de Westphalie, je désirais m’assurer des espérances que je pouvais avoir sur une prompte liquidation ou sur les difficultés qui se présenteraient. J’ai l’honneur de vous transmettre copie d’une note diplomatique de Son Excellence, le Ministre de France près la Cour de Prusse1. Elle vous indiquera précisément les démarches que j’ai faites et la situation actuelle de l’affaire. Je me suis rendu à Wülperode où j’ai pris quelques renseignements que j’ai l’honneur de vous communiquer. Votre domaine a été cédé en dotation au Général prussien Kleist. Monsieur Hecht, votre fermier, est mort. Sa veuve lui a succédé dans l’exploitation. J’ai réclamé les comptes de 1813 et 1814. La fermière m’a répondu qu’ils étaient entre les mains d’un homme d’affaires à Magdebourg. Je l’ai vu, mais il n’a pas voulu m’en donner communication, par le motif que les ordres ne sont pas donnés de reconnaître les donataires ou leurs fondés de pouvoir. Je puis cependant vous annoncer, dès à présent, que Madame Hecht, indépendamment des dépenses ordinaires d’impositions foncières et accises (impôts sur les objets de consommation) à la charge des donataires, a retenu environ 6.000 francs pour fournitures militaires en 1813 et au commencement de 1814 et environ 2.400 francs payés, le 5 novembre 1813, à un major prussien. Le gouvernement paraît ne pas vouloir rembourser ces sommes, parce qu’elles ne sont pas entrées dans les caisses publiques, les seules qu’il prétend être tenu de payer. Il se trouve plusieurs fermiers qui réclament beaucoup plus qu’il ne doit être payé aux donataires, témoin celui de Monsieur le Comte Berthollet qui prétend avoir une action contre lui pour réclamer l’excédent. Il serait possible d’amener Madame Hecht à traiter pour ces retenues. N’ayant pas prévu ce cas, ni demandé vos instructions, je n’ai pas cru devoir entrer en pourparler à cet égard. Si j’étais propriétaire, je ne balancerais pas à prendre le parti d’un côté, il sera bien difficile pour ne pas dire impossible, d’obliger le gouvernement prussien à payer les fournitures militaires. D’un 1. Charles François Marquis de Bonnay.
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autre côté, d’après les baux, les fermiers sont positivement exempts de fournitures militaires. Cette clause n’existerait même pas, les propriétaires, d’après les lois du pays, sont tenus d’indemniser les fermiers des charges extraordinaires qu’ils supportent. Par tous ces motifs, Madame Hecht s’est crue autorisée à faire les dites retenues, et depuis 1814, l’affaire est restée là. Je vous prie, Monsieur le Marquis, de vouloir bien me donner vos instructions à cet égard et de m’autoriser à traiter de ces retenues, pourvu toutefois que les propositions de Madame Hecht soient raisonnables. Les trois demandes dont il est question dans mon rapport au Ministre de France et qu’il veut bien appuyer, consistent à ce que le Ministre des Finances de Prusse1 ait à donner promptement des ordres, afin : 1°) que les régences indiquées dans l’état joint à mon rapport soient autorisées à me payer sans retard les sommes versées dans les caisses publiques, pour 1813 et années antérieures, jusqu’au 30 mai 1814. 2°) que des ordres soient incessamment donnés aux dites régences, à toute autre autorité, receveur et fermier de ces biens de dresser concurremment avec moi, les décomptes définitifs des sommes dues aux donataires jusqu’au 30 mai 1814 et de fournir toutes pièces et renseignements y relatifs. 3°) Enfin, que les fermiers soient de suite autorisés à me reconnaître comme mandataire des donataires indiqués, à compter avec moi des revenus dûs jusqu’à la dite époque, à justifier des paiements déjà faits et à me payer les sommes arriérées qu’ils pourraient encore devoir. J’attends, maintenant une décision du Ministre des Finances de Prusse. On me fait craindre des retards, je mettrai mes soins à presser l’affaire, autant qu’il sera possible. Il ne dépendra pas de moi, si elle ne marche pas plus vite. Aussitôt que j’aurai pu terminer quelque chose, je m’empresserai de vous en donner connaissance. Je suis, Monsieur le Marquis, avec un profond respect, Votre très humble et obéissant serviteur. Tavel Je vous prie d’avoir la bonté de m’adresser votre réponse, rue de la Savonnerie n° 10. Mon frère la joindra à sa correspondance (à Paris). Bancroft, box 3, dossier 1.
1. Wilhelm Anton Klewitz.
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950. Laplace à [?], 15 juillet 1820
sans description Notice de Livres, Particulièrement d’Archéologie et de Numismatique, et d’une Collection de Lettres Autographes, Composant le Cabinet de Feu M. le Chevalier Pétré ... dont la Vente se fera le lundi 15 avril 1850 (Paris, 1850), p. 11, n° 92.
951. reçu, 18 juillet 1820
18 juillet 1820 Reçu de Monsieur de Laplace la somme de 875 francs, et 24 francs pour les portes et fenêtres, le tout pour solde du terme échu le 1er de ce mois. Ce 18 juillet 1820 Veuve Morel reçu Bancroft, box 10, dossier 291.
1. Dans ce même dossier se trouvent neuf autres reçus semblables pour les années 1820 à 1825.
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952. Laplace à Gauss, 4 septembre 1820
Monsieur Gauss, professeur dans l’Université de Göttingen A Göttingen Paris, ce 4 septembre 1820 Monsieur, J’ai l’honneur de vous informer que l’Académie des Sciences vient de vous élire comme associé étranger, à la place que la mort de Monsieur Banks, Président de la Société royale de Londres a fait vaquer1. Cette élection va être présentée à l’approbation du Roi. C’est une formalité nécessaire, mais dont le résultat ne doit laisser aucun doute. C’est avec un grand plaisir que j’ai contribué à rendre cette justice aux découvertes importantes dont vous avez enrichi les sciences mathématiques, et je vous prie d’en recevoir mon compliment bien sincère, ainsi que l’assurance de tous les sentiments de la haute estime et de l’attachement que vous m’avez inspirés. Marquis de Laplace Aussitôt que l’approbation du Roi sera parvenue à l’Académie, vous serez informé officiellement de votre nomination par un des secrétaires de l’Académie. Le Marquis de Laplace, rue du Bac n° 100 Chevalier Delambre, rue du Dragon n° 102 Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek, Laplace Gauss Briefe A ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), p. 102.
1. P.V. Institut, 7, 88 et 96. 2. Ces deux lignes sont ajoutées par une main autre que celle de Laplace.
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953. [Plana] à [Laplace], 8 septembre 1820
Turin, 8 septembre 1820 Monsieur le Marquis, J’ai reçu, il y a peu de jours, la lettre du 20 juillet que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, et je vous rends bien des grâces pour la bonté que vous avez eu de me faire présent un exemplaire de vos derniers mémoires qui seront insérés dans la Connaissance des Temps de 1823. Le premier sur le perfectionnement de la théorie et des tables de la Lune, je l’avais déjà lu dans le Journal de Physique du mois d’avril, aussitôt après sa publication1. Et à-peu-près en même temps j’ai reçu votre honorable lettre du 31 mars, où vous avez eu la bonté de m’en rapporter les points principaux, qui ont rapport à notre Théorie de la Lune. Après avoir réfléchi, avec Monsieur Carlini, sur tout ce que vous avez exposé dans ce mémoire, il nous a paru que pour répondre dignement à l’honneur que vous nous aviez fait de nous critiquer notre travail, il était de notre devoir de faire tous nos efforts pour éclaircir les points que vous avez considérés dans votre lettre. Nous avons en conséquence, composé un mémoire sur ce sujet, qui vient d’être publié dans la Correspondance Astronomique de Monsieur le Baron de Zach2. Nous avons l’honneur de vous en envoyer un exemplaire, et nous vous prions, Monsieur le Marquis, de l’accepter comme un hommage de profond respect et de la haute estime que nous vous professons. Vous verrez que nous avons exposé nos raisonnements avec tous les égards dûs à la science et à votre grand nom. Et nous ne pensons pas que vous êtes disposés à désapprouver la franchise qu’il peut y avoir dans nos expressions. Notre but était de répondre d’une manière claire et honnête aux objections que vous avez émises sur notre théorie de la Lune. Personne n’en est en état de juger mieux que vous, si nous avons rempli la tâche difficile qui nous était 1. « Sur le perfectionnement de la théorie et des tables lunaires », Connaissance des Temps pour l’année 1823, 226-231 ; Laplace, OC., 13, 198-204. Le second mémoire touchait probablement sur les inégalités lunaires, sur lesquelles Laplace publiait deux mémoires dans la Connaissance des Temps pour l’année 1823. Laplace en parle très brièvement dans son article « Sur la figure de la Terre », Journal de Physique, Chimie et d’Histoire Naturelle, 90 (avril 1820), 302-307. Il en parle aussi plus longuement dans « Sur la diminution de la durée du jour par le refroidissement de la Terre », Ibid. (juin 1820), 401-404 ; et Bulletin des Sciences par la Société Philomatique de Paris (1820), 81-85 et 108-109. 2. « Observations sur l’écrit de M. de Laplace, lu le 29 mars 1820 au Bureau des Longitudes, intitulé : Sur le perfectionnement de la théorie et des tables lunaires », Correspondance Astronomique, Géographique, Hydrographique et Statistique, 4 (1820), 3-31.
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imposée par votre mémoire. Du reste, s’il est arrivé que nous nous sommes trompés sur quelque point, notre intention n’est pas de soutenir des erreurs. Au contraire, nous nous efforcerons de les reconnaître, et nous accueillerons toujours avec une vive reconnaissance les réflexions que vous jugeriez convenables de faire sur notre propre écrit. J’en ai pas encore achevé la lecture de votre mémoire sur l’inégalité de 185 ans due à la différence des deux hémisphères terrestres1. Mais il me paraît clair que votre expression de G s donne 2
9 eJ sin 3f – 2g – cX 3sGs = --- H -------------------------------------------------6 h h 3f – 2g – cX
et que vous avez donné un signe contraire à ce terme en le substituant dans l’équation différentielle en u. De là il est résulté que vous avez trouvé – 27 ------ au
h lieu de – 9--- dans GX , qui est le véritable coefficient numérique. Outre cela, il h
me semble que la fonction 1 - -----ds § GQ ----------------· 2 2 dX © GX ¹ h u
doit renfermer le terme 3HJ ---------- cos 3f – g X 6 2h
puisque vous avez tenu compte de l’argument 3f – 2g X dans les fonctions précédentes. Nous avons repris le calcul de nos perturbations en entier. Ce que nous en avons dit dans le supplément à notre pièce, était incomplet, faute de temps nécessaire. Mais cela suffisait pour faire penser que cette équation devait être insensible. J’ai reçu en son temps le plan de la triangulation que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer. Il y a peu de jours que j’ai écrit à Monsieur le Colonel Brousseaud pour l’informer de l’état peu avancé auquel cette affaire se trouve ici, et je lui ai indiqué le motif. Je lui ai adressé une lettre à Limoges, et je pense qu’il l’aura reçue. Dernièrement, j’ai sollicité de nouveau le Ministre de l’Intérieur pour cette triangulation, et j’espère que rien ne manquera pour la faire entreprendre dans le courant de l’année prochaine. Du moins de mon côté j’en parlerai assez souvent, pour obtenir les fonds nécessaires, et faire consacrer à ce service deux ou trois personnes qui doivent m’aider dans cette opération. Il me parait qu’il ne faut faire aucun compte sur la base mesurée par 1. « Sur l’inégalité lunaire à longue période, dépendante de la différence des deux hémisphères terrestres », Connaissance des Temps pour l’année 1823, 232-239 ; Laplace, O.C., 13, 205-212.
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le Beccaria, et qu’il vaut infiniment mieux appuyer nos triangles sur la base mesurée près du Tessin par Monsieur Oriani. Je finirai cette lettre en vous priant d’agréer un exemplaire d’un petit mémoire sur la théorie des ondes, que je viens de faire imprimer1. Agréez aussi l’expression sincère de mes sentiments de profond respect, et de la plus haute estime avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur le Marquis. [Plana] copie de Plana, envoyée à Carlini Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1820, 09 18 GP FC ; publiée dans Guido Tagliaferri et Pasquale Tucci, « Carlini and Plana on the theory of the Moon and their dispute with Laplace », Annals of Science, 56 (1999), 263-264.
954. [Laplace] à Hutton, 11 septembre 1820
A Charles Hutton 11 september 1820 « He is resolved to publish a short notice on the density of the earth »2. [Laplace] description New York, H.P. Kraus, catalogue n° 14, n° 60. Provenance : Sir Thomas Phillips Library, MS 12122. 1. « Sur la théorie des ondes données par Poisson », Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, 25 (1820), 113-154. 2. « Sur la densité moyenne de la terre », Connaissance des Temps pour l’année 1823, 328321 ; Bulletin des Sciences de la Société Philomatique de Paris (1820), 124-127 ; et Laplace, O. C., 13, 215-220.
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955. Gauss à Laplace, 13 septembre 1820
A Monsieur le marquis de Laplace Pair du Royaume, de l’Académie des Sciences, du Bureau des Longitudes, etc. A Paris rue du Bac, n° 100 Celle, 13 septembre 18201 Monsieur, Votre lettre du 4 de ce mois m’est parvenue hier dans le moment où j’allais partir de Göttingen dans un voyage à Hambourg. Je profite du premier moment de relâche que j’ai pu trouver pour vous dire mes plus sincères remerciements pour l’annonce que contient votre lettre et encore davantage pour la manière trop flatteuse dont vous m’en faites part. Je suis sans doute bien sensible de l’honneur que m’a fait l’Académie des Sciences par son élection ; et qui ne serait pas orgueilleux de se voir associé à cet illustre corps ? Mais le prix de cet honneur est doublé par la considération que c’est à votre bienveillance que j’en suis redevable. Le but du voyage que je fais à présent est de participer à la mesure d’une grande base exécutée par Monsieur Schumacher dans le Holstein, relative à sa mesure d’un arc de méridien qui s’étend de Skagen jusqu’à Lünebourg. Le Roi de Grande-Bretagne vient d’ordonner la continuation de cette mesure à travers le royaume de Hanovre et m’en a confié l’exécution. Ce travail qui probablement pourra être commencé l’année prochaine, m’aliénera pour quelques années des occupations théoriques, et vu la prédilection que j’ai toujours eue pour celles-ci, je pourrais avoir quelque regret de cette perte. Cependant les travaux pratiques ont aussi de quoi intéresser, et la grande utilité de cette opération, laquelle, si je ne m’y prêtais pas ne serait pas réalisée, a dû contrebalancer toute autre considération. J’ai déjà déterminé, avec un cercle méridien de Reichenbach, les distances zénithales de vingt étoiles, à l’Observatoire de Göttingen, en même temps que Monsieur Schumacher a observé les mêmes étoiles à Skagen avec le secteur 1. Au-dessus de la date, d’une autre main : « Lettre adressée de Laplace. J. Bertrand ».
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zénithal de Ramsden, et je compte à employer le même secteur à Göttingen pour le comparer immédiatement au cercle de Reichenbach, instrument digne de l’artiste, et certainement pas inférieur au cercle mural de Troughton qui est à l’Observatoire de Greenwich, quoique les dimensions de ce dernier soient plus considérables. Mes chevaux sont attelés : il me faut ici mettre fin à cette lettre, en renouvelant l’assurance des sentiments de la plus profonde vénération et reconnaissance avec lesquels je suis Votre très humble et obéissant serviteur. Ch. F. Gauss Copie faite par Joseph Bertrand, Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek, Laplace Gauss Briefe A ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 102-103.
956. [Laplace] à Plana, 18 septembre 1820
A Plana Paris, ce 18 septembre 1820 Monsieur, J’ai reçu la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire à la date du 8 de ce mois, ainsi que les mémoires qui l’accompagnaient. Je vous prie d’en agréer mes remerciements. Vos observations sur le petit mémoire que je vous ai adressé relativement aux inégalités lunaires dues à l’aplatissement de la Terre me paraissent aussi justes qu’ingénieuses1. Elles m’ont fait reprendre et compléter l’analyse par laquelle j’ai cherché à rattacher ces inégalités à la méthode qui m’avait donné l’ensemble des inégalités lunaires. Mais elles prou1. « Sur les inégalités lunaires dues à l’aplatissement de la Terre », Connaissance des Temps pour l’année 1823, 219-225 ; Laplace, O.C., 13, 189-197.
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vent, ainsi que vos premiers calculs sur cet objet, l’avantage de la méthode par laquelle je suis parvenu autrefois aux expressions de ces inégalités, et qui dis2 2 2 pense de ces attentions délicates. La destruction des carrés de J , e , ec dans ces expressions résulte a priori du n° 5 de ma théorie de la Lune, et je pense qu’il est inutile de les considérer. Mais je vois avec plaisir que le second terme de l’inégalité en longitude n’est pas un centième du premier. Je vous engage à revoir de nouveau vos calculs sur ce point, à raison de son importance dans la théorie de la figure de la Terre. J’avais déjà remarqué le changement de signe dont vous me parlez relativement à l’inégalité dépendante de la différence des deux hémisphères. Tout cela va être rectifié dans le même volume de la Connaissance des Temps qui contient ces mémoires1. Après avoir examiné les raisons que vous alléguez en faveur de la méthode que vous avez suivie, je persiste à croire celle de la Mécanique Céleste, plus propre à donner des approximations convergentes. Mais les soins que vous apportez dans vos calculs ont compensé cet avantage. Vous n’admettez point les raisons qui me font rejeter votre équation séculaire proportionnelle au cube du temps ; mais vous commencez à douter de son existence et vous vous proposez de vérifier vos doutes par le calcul. Je crois pouvoir assurer que ce calcul confirmera mon assertion, et les raisons a priori sur lesquelles je la fonde. Enfin je vois avec plaisir que votre expression numérique de l’inégalité séculaire du moyen mouvement, se rapproche beaucoup de celle de Monsieur Damoiseau, en tenant compte de la partie dépendante de e2 que vous aviez omise dans la détermination numérique à cause, disiez-vous, de sa petitesse. En comparant la formule que vous venez de publier à celle de Monsieur Damoiseau, je vois encore que vous vous rapprochez relativement aux parties 2 2 dépendantes de e et de J . Je désirerais bien le même rapprochement par rapport à l’équation séculaire du périgée. Monsieur Damoiseau a revu, à ma prière, ses calculs sur cet objet, et il a retrouvé le même résultat. Je prends la liberté de vous adresser la même pièce, et j’invite Monsieur Damoiseau à revoir une seconde fois son analyse. Si vous aviez tous suivi une même méthode il serait facile de reconnaître de quel côté l’erreur se trouve. Lorsque j’engagea l’Académie des Sciences à proposer de nouveau pour sujet de prix la théorie de la Lune, j’avais en vue la vérification des points délicats du mouvement lunaire, dont j’avais le premier donné l’analyse. Je désirais également la formation par la seule théorie de tables lunaires aussi parfaites que celles qui ont été déduites des observations. Je vois avec une grande satisfaction, que ce dernier objet va être incessamment rempli par les auteurs des deux pièces couronnées. La manière offensante avec laquelle Monsieur de Zach a interprété les expressions de votre écrit, montre qu’il eut été bon d’en adoucir un peu la fran1. « Eclaircissements sur les mémoires précédents, relatifs aux inégalités lunaires, dépendantes de la figure de la Terre, et au perfectionnement de la théorie des tables de la Lune », Connaissance des Temps pour l’année 1823, 332-337 ; Laplace, O.C., 13, 221-228.
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chise. Mais je ne dois supposer dans un homme de votre mérite, que des intentions honnêtes à mon égard. Il ne peut partager la passion injuste et malheureuse d’un savant, qui se plaît dans sa vieillesse, à gâter une réputation honorable et justement acquise, auquel je n’ai donné aucun sujet de plainte, et qui m’a traité autrefois d’une manière bien différente. Veniam damus petimusque vicissim doit être la devise des savants qui s’occupent de matières aussi compliquées. Surtout, il faut être indulgent envers ceux qui s’en sont occupés les premiers avec quelque succès. Permettez-moi de vous recommander très instamment l’opération de la perpendiculaire à la méridienne, dont j’ai eu l’honneur de vous entretenir. Elle me parait d’une haute importance pour la figure de la Terre. Monsieur Bouvard est allé à Fiume pour y observer l’éclipse dernière du Soleil qui était annulaire dans cette ville et qui doit fixer la longitude de cette extrémité de la perpendiculaire. Il m’écrit, que le gouvernement autrichien l’a fait accompagner par un officier du bureau topographique de Vienne, et que l’intention de ce gouvernement est de prolonger l’opération de sept ou huit degrés à l’Est. Monsieur Bouvard, en revenant en France, doit passer par Turin, où il ne manquera pas de vous voir et de conférer avec vous sur cet objet. Veuillez, Monsieur, agréer l’assurance de tous mes sentiments bien sincères d’estime et de considération. [Laplace] copie de Plana, envoyée à Carlini Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1820, 09 18 GP FC ; et publiée par Guido Tagliaferri et Pasquale Tucci, « Carlini and Plana and the theory of the Moon and their dispute with Laplace », Annals of Science, 56 (1999), 264-265.
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957. Laplace à Plana, 13 octobre 1820
A Plana Paris, 13 octobre 1820 Monsieur, J’ai l’honneur de vous adresser l’écrit ci-joint inséré dans la Connaissance des Temps de 1823 qui va paraître et qui contient mon mémoire sur l’inégalité lunaire dépendante de la différence des deux hémisphères, rectifié1. La méthode, qui me paraît extrêmement simple, reste la même ; mais j’ai eu égard à plusieurs termes que j’avais omis et qui réduisent au tiers à-peu-près, l’inégalité à laquelle j’étais parvenu, en sorte qu’il me semble certain que cette inégalité est insensible. Je vais déterminer les termes dépendants des carrés de l’excentricité et de l’inclinaison, que la considération du carré des forces perturbatrices introduit dans le coefficient de l’inégalité lunaire en longitude dépendante de l’aplatissement de la Terre ; cette inégalité est si importante pour avoir cet aplatissement que je vous engage à vous en occuper. Dans une matière aussi épineuse l’accord des résultats obtenus par deux méthodes, et par deux calculateurs différents en assure l’exactitude. J’ai invité Monsieur Damoiseau à revoir avec soin ses calculs sur l’inégalité séculaire du périgée en ayant égard à la variabilité de c et de m : je vois que la variabilité de c rapproche très sensiblement la formule de la vôtre, mais la différence reste encore assez grande, pour que je vous engage à revoir de nouveau vos calculs. Tous ces résultats du mouvement lunaire, confirmés par les observations anciennes et modernes sont, à mon sens, les preuves les plus frappantes de la gravitation universelle et de la puissance de l’analyse. Je vous prie, Monsieur, de vouloir bien prendre les mesures nécessaires pour que la triangulation des Alpes ait lieu dans le cours de l’année prochaine. Je pense qu’il serait bien utile de faire en même temps sur divers points de ces hautes montagnes les observations du pendule. Monsieur le Colonel Brousseaud y transporterait un pendule invariable qui aurait été observé à Paris, et que vous observeriez sur ces points et à Turin. Ayez la bonté de me mander si vous agréez cette proposition. 1. « Sur l’inégalité lunaire à longue période, dépendante de la différence des deux hémisphères terrestres », Connaissance des Temps, pour l’année 1823, 232-239 ; Laplace, O.C., 13, 205-212.
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Veuillez bien, Monsieur, agréer l’assurance de mes sentiments de haute estime et d’attachement sincère. Marquis de Laplace copie de Plana, envoyée à Carlini Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1820 10 13 GP FC ; et publiée par Guido Tagliaferri et Pasquale Tucci, « Carlini and Plana on the theory of the Moon and their dispute with Laplace », Annals of Science, 56 (1999), 265-266.
958. Gauss à Laplace, 9 novembre 1820
A Monsieur le Marquis de Laplace Pair du Royaume, de l’Académie des Sciences, du Bureau des Longitudes, etc. à Paris Göttingen, ce 9 novembre 18201 Monsieur, J’espère que la lettre que je vous avais adressée de Celle, en réponse à celle dont vous m’aviez honoré, vous est parvenue dans son temps. J’allais alors joindre Monsieur Schumacher dans le Holstein pour la mesure d’une base, qui devra servir en même temps pour les mesures des arcs du méridien dans le Danemark et dans le royaume de Hanovre. La mesure de la base n’est pas encore finie dans ce moment ; mais j’ai lieu de croire qu’elle sera une des mieux exécutées qui existent. L’appareil, construit par Monsieur Repsold, est de la plus grande beauté, précision et stabilité, et l’emplacement de la base est tel qu’elle sera rattachée fort bien aux triangles principaux. 1. Au-dessus de la date : « Lettre adressée à Laplace. Copie vérifiée. J. Bertrand ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J’espère que je pourrai commencer mes opérations dans le royaume de Hanovre le printemps prochain, et tant la bienveillance que vous m’avez toujours témoigné, que l’intérêt que vous devez prendre vous-mêmes au succès de ces opérations m’encouragent à vous adresser une prière qui s’y rapporte. Dans les années 1804 et 1805, Monsieur Epailly, ingénieur-géographe français, a exécuté dans le pays de Hanovre une belle triangulation, qui s’est étendue sur l’électorat tout entier. Monsieur Epailly était un observateur habile et zélé et pourvu de bons moyens. On ne peut donc douter que ce travail soit bien exécuté. Il serait sans doute de la plus grande importance que les mesures de Monsieur Schumacher et les miennes soient rattachées à celles qui ont été faites en France et en Angleterre. Je crois que cela pourra se faire au moyen de celles de Monsieur Krayenoff et de Monsieur Epailly. Mais les dernières n’existent qu’en écrit, et il n’y a rien d’imprimé. Aussi on n’en possède rien à Hanovre. Les manuscrits doivent se trouver au Bureau Topographique à Paris, et je pense qu’il n’y aurait pas d’obstacle d’en avoir connaissance, si vous voulez avoir la bonté d’y employer votre crédit. Je vous serais donc extrêmement obligé, si je pourrais avoir, le plus tôt possible, la communication des triangles du premier ordre, que Monsieur Epailly a exécuté dans le pays de Hanovre. Il est bien vrai qu’une grande partie de ces triangles s’appuient sur des signaux artificiels, qui ont disparu depuis longtemps, de sorte qu’il n’en reste la moindre trace. Quelques-unes des tours même, qui ont servi de stations, n’existent plus, comme la tour de Burgdorf qui a été incendiée, et la tour de Hohenhorn, qui est démolie et bâtie de nouveau : cependant (quoique je n’aie qu’une connaissance fort vague et incomplète des points de Monsieur Epailly), je suis sûr qu’il en reste encore assez, comme les tours de Hanovre, Brunswick, Lünebourg, pour y rattacher mes triangles. C’est encore sous un autre point de vue que je désire fort avoir connaissance des triangles de Monsieur Epailly, tant de ceux qui ont été réellement exécutés, que de ceux qui ne sont que projetés. La recherche et le choix des stations pour les triangles est une partie très pénible de ces opérations et qui coûte beaucoup de temps. Si j’étais informé de celles de Monsieur Epailly, cela pourrait en quelque sorte me servir de guide, pour faciliter le choix, et m’épargnerait sans doute beaucoup de temps. Je vous aurai la plus grande obligation, si vous voulez bien vous intéresser à cette affaire ; et je vous renouvelle l’expression de la haute vénération et reconnaissance avec lesquelles j’ai l’honneur d’être Votre très humble serviteur et dévoué confrère. Ch. Fr. Gauss Copie de Joseph Bertrand dans Göttingen, Niedersächsiche Staats- und Universitätsbibliothek, Laplace Gauss Briefe B ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 103-104.
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959. [Laplace] à [?], 29 décembre 1820
Ce 29 décembre 1820 Si je ne me trompe point dans mon calcul, on satisfait aux lois des phénomènes observés par Monsieur Biot en supposant que dans ses expériences, l’action des fils ou des surfaces cylindriques développées dans l’aiguille aimantée horizontalement et transversalement à son axe, des pôles opposés, dont les pôles les plus voisins du fil, en étant attirés, tandis que les autres en sont repoussés. On peut rattacher ce développement à la théorie ordinaire qui considère l’axe entier d’une aiguille aimantée, comme formée d’un nombre indéfini d’aiguilles élémentaires dont les pôles opposés se touchent. Il suffit de concevoir que l’action du fil détache des pôles et donne aux diverses aiguilles des situations parallèles, perpendiculaires ou même obliques à l’axe de l’aiguille totale. La loi de l’attraction ou de la répulsion d’un élément du fil sur chaque pôle et proportionnelle à l’élément multiplié par le sinus de l’angle que forme avec lui la ligne qui joint son milieu avec le pôle, ce produit étant divisé par le carré de cette ligne. [Laplace] Munich, Deutsches Museum.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
960. Laplace à [Gauss], [1820/1821]
[1820/1821]1 Triangulation du pays d’Hanovre Monsieur et illustre confrère, J’ai l’honneur de vous adresser tous les renseignements que j’ai pu me procurer sur la triangulation du pays d’Hanovre. J’ai attendu quelque temps, mais sans succès, pour en avoir de plus étendus. Monsieur Epailly n’étant point venu, comme je l’espérais, à Paris, j’ai pensé que ceux-ci, tout imparfaits qu’ils sont, pourraient vous être utiles. Veuillez, Monsieur, agréer l’hommage de mes sentiments de haute estime et de considération. Marquis de Laplace Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek.
961. Hestermann à Laplace, [1820]
Monsieur le Marquis de Laplace, de l’Académie des Sciences, est prié, de la part de l’auteur, de vouloir bien accepter cet exemplaire de son traité Trigo-
1. Entre le 9 novembre 1820 et le 5 mars 1821.
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nometriae Sphaericae leges1, etc., comme un hommage présenté à l’un des plus illustres savants dont la France s’honore. J. L. Hestermann2 Paris, Bibliothèque de l’Observatoire.
962. Laplace à Emile Laplace, [1820]
A Monsieur Monsieur le Comte de Laplace Sous-directeur d’artillerie A Vincennes Ce mercredi [1820] C’est vendredi prochain 26 de ce mois que nous allons, ta mère et moi, dîner chez le baron Louis. Tu y es pareillement invité, et je serais bien aise que tu y vinsses avec nous. Nous serons chez toi à Vincennes entre trois et quatre heures. J’ai reçu ta lettre et ta démonstration qui me paraît bonne et ingénieuse. Je t’embrasse bien tendrement. Ton père Marquis de Laplace Bancroft, box 18, dossier 19.
1. « Vidobonae, 1820, in-4° » ajouté en crayon par une autre main. 2. Ajouté en crayon par une autre main.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
963. Laplace à Emile Laplace, [1820]
A Monsieur Monsieur le Comte de Laplace, Lieutenant-Colonel d’Artillerie, et Sous-Directeur de l’Artillerie A Vincennes Paris, ce jeudi [1820] Je te remercie, mon cher Emile, de ton attention à me faire part de l’article inséré dans le Journal des Débats et qui a été inséré pareillement dans le Moniteur ; je l’avais déjà lu dans ces deux journaux. Monsieur Davy réunit à son génie pour la chimie, un grand fond de philosophie qui le rend très digne de la place de Président de la Société Royale de Londres. Monsieur Poisson m’a remis pour toi, une petite note manuscrite sur une inadvertance qui lui est échappée dans un mémoire sur le magnétisme, qu’il a inséré dans la Connaissance des Temps, que nous allons présenter au Roi et que je lui ai fait reconnaître. Je te donnerai cette note dimanche prochain. Je t’embrasse bien tendrement, mon cher Emile. Ton père Marquis de Laplace Bancroft, box 18, dossier 19.
964. reçu, 9 janvier 1821
9 janvier 1821 Acheté d’ordre et pour compte de Monsieur le Marquis de Laplace 500 Reçu comptant
Rente 5 % consolidés a Fr 80 Courtage %
8,000 Fr 8,000 Gérard
reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
965. document, 18 janvier 1821
18 janvier 1821 Note de ce qui est dû à Monsieur Lebrun, notaire par M. le Comte de Laplace N° du Dates des actes registre 2997 2998
3421 3640 68
20 mars 1820 Idem
18 juillet 28 septembre 28 novembre
Déboursé Honoraires Procuration à M. Lamotte 3,05 Procuration à M. Tavel Enregistrement 2,20 Timbre et légalisation 2,10 Minute expédition Procuration par Mme Delaplace 3,05 Procuration à M. le Comte Dela Place 2,55 Procuration à M. Lamotte 3,05 16
Total
3,45
8,20 3,45 3,45 3,45 22 16 38f
Pour acquit Paris, ce 18 janvier 1821 Meunier principal clerc de M. Le Brun vu bon Lebrun document Bancroft, box 3, dossier 14.
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966. Gauss à Laplace, 5 mars 1821
A Laplace Göttingen, ce 5 mars 1821 Je vous suis infiniment obligé, mon illustre confrère, pour la peine que vous vous êtes donnée relativement aux triangles du pays de Hanovre, exécutés par Monsieur Epailly. J’avais déjà reçu un autre dessin de ces triangles par Monsieur le Baron de Lindenau, qui par hasard, s’en était trouvé en possession ; je suis à présent bien aise de trouver un accord satisfaisant entre celui-là et l’autre plus authentique, que la direction du Bureau de la Guerre, avec autant de complaisance, m’a transmis. Cependant le petit nombre de notes qu’elle a fait ajouter au registre des noms des stations, m’a mis en embarras. On a indiqué au triangle 92, le côté Hohenhorn-Lünebourg 27390m,86 log 4,4376057. Mais par les observations que j’ai faites moi-même à Lünebourg en 1818, et les autres exécutés par Monsieur Schumacher, ce même côté est déjà lié à une base provisoire, laquelle donne 25696 mètres. Il est vrai que ce résultat n’est pas encore fort exact, cependant il est difficile de croire qu’il puisse y avoir une erreur de 1/1000 ou même de 1/2000. Du reste, cette distance de 25696 mètres est déjà réduite à la tour St Jean de Lünebourg, laquelle a été la station de Monsieur Epailly, d’après les renseignements que j’ai obtenu sur le lieu, car moi-même j’avais choisi une autre tour ; je puis même ajouter que toutes les autres tours de Lünebourg donneraient la distance encore plus petite. A Hohenhorn, il n’y a qu’une seule tour, et on ne peut pas supposer que Monsieur Epailly ait observé à un signal très éloigné de cette tour, du moins le registre n’en dit rien et assurément le Bureau ne m’aurait pas communiqué un côté qui n’existe plus. Tout cela me porte à croire qu’il s’est glissé dans les calculs une faute, ce qui est d’autant plus possible parce que, dans beaucoup de triangles aboutissant dans le Holstein, le troisième angle n’est que conclu. Mais il me sera très facile, dans la suite, d’éclaircir ce point, dès que j’aurai connaissance des angles-mêmes des triangles. Sans cette circonstance, les seuls noms des stations ne pourront avoir qu’une utilité bornée. Une grande partie du pays est si entrecoupée qu’il est presque impossible de trouver les objets sans la connaissance préalable des angles qu’on veut mesurer, et je sais même que Monsieur Epailly a été forcé
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
de faire abattre des centaines d’arbres, pour voir, de quelques stations, les signaux éloignés. J’ose donc, encore une fois, renouveler mes instances pour avoir la communication des angles-mêmes des 94 triangles. Je ne demande aucuns calculs, ni les minutes de toutes les observations brutes, mais simplement les angles réduits à l’horizon et au centre des stations, et j’espère qu’on ne jugera pas difficile de les extraire, en cette forme, des registres. J’ai déjà eu occasion d’obtenir par une voie indirecte les angles d’un très petit nombre de triangles en cette forme, 29
Hillsberg Lüdersen Süder
72°,2953 57°,3988 70°,1059
37
Kötersberg Hillsberg Moosberg
68°,7965 48°,1172 83°,0863
Je ne désire pas autre chose que d’avoir de la même manière le tableau complet des 94 triangles. A la vérité, j’aimerais encore mieux avoir les angles non corrigés (car ici on voit qu’ils le sont pour donner la somme de 200 degrés). Et si peut-être dans un triangle ou l’autre, les angles n’étaient pas encore réduits au centre ou à l’horizon, je serais content des angles obliques, pourvu qu’on y ajoute des moments nécessaires pour la réduction. Mais je sais que Monsieur Epailly avait la coutume d’exécuter sur le champ ces petites réductions. Comme la France a toujours été le modèle de prévenance en fait de matières scientifiques, j’espère que le Dépôt de la Guerre m’accordera ma prière. Je puis même ajouter, que ce sera précisément de cette manière, que le beau travail de Monsieur Epailly sera utile pour la géographie. Si, pressé par les circonstances, il a dû laisser quelque chose douteuse ou incomplète, j’aurai à présent l’occasion d’éclaircir et de compléter. Et je connais trop bien les principes libéraux de mon gouvernement, pour ne pas hésiter de m’engager d’avance, que je communiquerai dans la suite à mon tour tous les résultats des nouvelles mesures que le Dépôt de la Guerre voudra souhaiter. Le gouvernement anglais m’a accordé le secteur de Ramsden, employé en Angleterre, à Dunkerque et au Danemark pour mes observations d’amplitudes. Dans peu de temps, les observatoires les plus célèbres de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne et du Danemark seront liés entr’eux par un grand système de triangles exécuté avec les meilleurs instruments que l’état des arts peut fournir. Je vous prie encore de communiquer à vos astronomes mes observations de la comète ci-jointes, avec les éléments paraboliques, qu’un jeune calculateur très habile, Monsieur de Staudt1, avait calculé dès le 11 février et lesquels 1. Karl Georg Christian von Staudt.
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s’accordent encore assez bien avec les dernières observations. Cette comète deviendra extrêmement brillante vers son passage par le périhélie, et je crois même que du moins le 20, 21, 22 et 23 de ce mois, on pourra la voir en plein jour et l’observer aux instruments fixes dans le méridien. Agréez l’hommage de ma plus haute estime et de ma plus sincère reconnaissance. Votre dévoué serviteur. Ch. Fr. Gauss « Copie d’une lettre de Monsieur le professeur Gauss, appartenant à M. GauthierVillars, éditeur à Paris ». En marge : « Certifié conforme à l’original [signé] J. Bertrand » ; copie dans Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek Göttingen ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), pp. 105-106.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
967. Serre à Laplace, 5 mai 1821
Paris, le 5 mai 18211 Ministère De la Justice Direction des Affaires Criminelles et des Grâces 3e bureau M. le Marquis de la Place Monsieur, Je vous préviens que par lettres en date du 29 avril dernier, Sa Majesté a daigné, à l’occasion de la solemnité du Baptême de Son Altesse Royale, Monseigneur le Duc de Bordeaux, commuter en travaux forcés à perpétuité la peine de mort, prononcée le 8 décembre 1820 contre le nommé Leroux (Michel) journalier, détenu à Rouen par la Cour d’Assises de la Seine Inférieure, pour assassinat d’un enfant nouveau-né. Vous avez exprimé de l’intérêt en faveur de ce condamné. Je vais donner des ordres pour l’exécution de la décision de Sa Majesté. Recevez, Monsieur, l’assurance de ma parfaite considération. Le Garde des Sceaux, Ministre Secrétaire d’Etat Au Département de la Justice H. de Serre Bancroft, box 8, dossier 20.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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968. document, 11 mai 1821
11 mai 1821 Je cède à Madame Courcier, pour dix années à compter de ce jour, mon Traité de Mécanique Céleste, ma Théorie Analytique des Probabilités, et mon Essai Philosophique sur les Probabilités, aux conditions suivantes : Article 1er d’imprimer un volume de supplément au Traité de Mécanique Céleste dans le même format que cet ouvrage et avec des caractères semblables 2° de ne faire imprimer les volumes précédents qu’avec mon consentement sans changer le texte, et corrigeant seulement les erreurs typographiques et en y joignant les notes que je lui donnerai 3° de réimprimer mon Exposition du Système du Monde ainsi que mon Essai Philosophique sur les Probabilités quand je l’en requerrai 4° de me donner pour 1.000 francs de livres, à mon choix, à la réimpression de chacun des volumes de la Mécanique Céleste, et de chacun des deux ouvrages mentionnés dans la troisième condition. Fait à Paris, ce 11 mai 1821 J’accepte les conditions ci-dessus Veuve Courcier (Laplace)1 document Bancroft, box 18, dossier 9
1. Dans la copie déposée dans le même dossier, il y a une apostille : « Il est de plus convenu que Madame Courcier me remettra 25 exemplaires de chacun des ouvrages qui seront réimprimés ».
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
969. Fleury à Laplace, 23 mai 1821
A Monsieur Monsieur le Marquis Delaplace Pair de France Rue du Bac N° 100 A Paris Poissons, le 23 mai 18211 J’ai la confiance, Monsieur, d’après l’amitié dont vous m’avez si constamment donné des preuves, que vous voudrez bien encore une fois, et peut-être la dernière, donner votre agrément au voyage que nous désirons que Madame Delaplace fasse à Poissons. Notre âge, mes infirmités toujours croissantes ne nous permettant pas d’espérer de pouvoir solliciter longtemps cette marque d’attachement que nous avons l’orgueil de croire une dette bien légitime en raison de celui que nous avons pour vous et toute votre famille. Recevez-en l’assurance, Monsieur, de la part d’un vieil et ancien ami. De Fleury Bancroft, box 20, dossier 9.
970. [Olbers] à [Laplace], 3 juin 1821
Brême, le 3 juin 1821 Monsieur le Marquis ! Je ne saurais trop vous exprimer le plaisir que m’a causé la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire dans le ... avril, et par laquelle vous me don1. Un tampon de la poste indique le 25 mai 1821.
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nez l’assurance que vous m’avez conservé ces sentiments précieux de bonté et de bienveillance dont vous avez bien voulu m’honorer pendant mon séjour à Paris et auxquels je dois des moments qui ne s’effaceront jamais de ma mémoire. Mon petit traité sur l’influence de la Lune n’a sûrement pas mérité l’honneur d’être inséré dans l’excellent Annuaire1. Le seul mérite qu’on puisse accorder à ce mémoire, d’ailleurs insignifiant, consiste en ce qu’il contient contre l’influence prétendue de la Lune sur les maladies, le témoignage négatif d’un médecin qui durant quarante années a pu étendre ses expériences sur un grand nombre de malades. D’après vos ordres, j’ai soigneusement revu ce mémoire et y ai ajouté quelques observations et corrections, mais en allemand, parce que, comme vous prouve cette lettre, je ne sais pas écrire le français. J’espère que Monsieur Burckhardt aura la complaisance d’insérer le peu qu’il en juge digne dans la traduction française. J’ai ajouté pour Monsieur Nicollet mes observations complètes sur la dernière comète et l’orbite que Monsieur Rümker a calculé uniquement sur mes observations. Ce Monsieur Rümker va à présent en qualité d’astronome avec le Gouverneur Sir Thomas Brisbane, à la Nouvelle Hollande, où l’on établira un très bon observatoire. J’espère beaucoup du zèle et des talents de Monsieur Rümker, et je l’ai particulièrement invité à observer entr’autres soigneusement et diligemment des déclinaisons de la Lune, parce qu’il me paraît que quelques coefficients des équations de la Lune ne pourront être vérifiés que par la comparaison de ces observations faites dans le sud de l’équateur avec celles faites en Europe. Tous les astronomes seront sans doute avec moi très curieux de voir paraître le mémoire de Monsieur Damoiseau, qui a remporté le prix de l’Académie, et ses Tables de la Lune2. Heureusement, j’ai reçu les triangles que le Colonel Epailly a mesuré entre Brême et Gênes, et par lesquels, moyennant les triangles du Lieutenant-Général de Kraijenhoff, Brême est immédiatement et graduellement mis en rapport avec Paris. D’après les calculations que j’ai faites là-dessus, il me faut dorénavant fixer la différence de longueur de Brême et de Paris à 25' 53", avec lesquels correspondent aussi les dernières observations astronomiques, par exemple celles de l’éclipse orbiculaire du 7 septembre 1820. C’est bien à regretter que les observations des comètes faites par Monsieur Blanpain à Marseille ne soient pas rendues publiques. On voit par les observations imprimées, par exemple celles du mois de juin sur la petite comète qu’on a vue à Louvain en juin et juillet 1819, que les observations de Monsieur Blanpain sont de beaucoup meilleures qu’il ne paraît le croire lui-même. C’est sans doute par votre autorité, Monsieur le Marquis, que les astronomes pourront espérer 1. « De l’influence de la Lune sur les saisons », Annuaire Présenté au Roi par le Bureau des Longitudes pour l’An 1819, 188-193 ; et pour l’An 1821, 172-177. 2. Tables de la Lune, Formées par la Seule Théorie de l’Attraction (Paris, 1824).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
d’avoir les observations de Marseille des trois petites comètes de 1819, qui toutes les trois sont si remarquables par leurs courtes périodes. Je me félicite de pouvoir profiter de cette occasion pour vous renouveler, Monsieur le Marquis, les sentiments de mon éternelle reconnaissance et de la plus haute considération, avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Monsieur le Marquis, Votre très humble et très obéissant serviteur. [Olbers] brouillon sans signature Brême, Staatsbibliothek, V OL 439.
971. [Laplace] à [Groslier], [7 juillet 1821]
[A Groslier] [7 juillet 1821]1 Je prie Monsieur Groslier de lire avec attention la première feuille, ainsi que la seconde, et de porter chez Madame Courcier les trois feuilles, aujourd’hui samedi. [Laplace]2 Paris, Observatoire, MS 1001.
1. Date ajoutée au crayon d’une autre main. 2. Sans signature, mais de la main de Laplace.
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972. Scott à Groslier, 31 juillet 1821
Imprimerie Pour les mathématiques, les sciences et les arts, Rue du Jardinet Saint-André-des-Arcs, Huzard-Courcier, imprimeur, Ce 31 juillet 1821 A Monsieur Groslier Monsieur, Monsieur le Marquis de Laplace vient de me charger de vous prier de me rendre aujourd’hui, s’il est possible, deux, ou au moins une, des trois feuilles que je vous ai envoyées hier soir. Cela est d’autant plus urgent que Monsieur le Marquis nous a fait promettre de lui donner lundi matin des exemplaires de son ouvrage. J’ai l’honneur de vous saluer. Scott lettre complémentaire Paris, Observatoire, MS 1001.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
973. Gauss à [Laplace], 4 août 1821
4 août 1821 Mon illustre confrère, J’ai l’honneur de vous transmettre ci-joint un petit mémoire allemand sur le succès d’un nouveau moyen que j’ai imaginé pour ma triangulation. Je vous prie de le présenter à l’Académie des Sciences1. Comme je ne quitte guère, dans cette saison, les montagnes, il m’a été impossible d’en faire moi-même une traduction dans une langue plus familière à la plupart des membres de l’Académie. Mais comme il y en a plusieurs qui lisent l’allemand, j’espère qu’en excusant cette omission, on y suppléera facilement. Je suis toujours avec le plus sincère dévouement, Votre très humble serviteur. Charles Frédéric Gauss Ecrit au Hils, montagne près d’Ammensen dans le royaume de Hanovre. Des lettres me parviennent toujours le plus promptement si elles sont adressées à Göttingen. copie Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek ; et publiée dans Karin Reich, Im Umfeld der ‘Theoria Motus’ (Göttingen, 2001), p. 107.
1. P.V. Institut, 7, 213.
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974. Laplace à Hauterive, 31 août 1821
A Monsieur Monsieur Auguste d’Hauterive, A Paris Arcueil, ce 31 août 1821 Monsieur, Je prends aujourd’hui la liberté de vous adresser le paquet ci-joint, en vous priant de le faire parvenir à Londres par la voie des Affaires Etrangères. Auriez-vous la bonté de me rappeler au souvenir de Madame d’Hauterive et de Monsieur votre oncle, et de leur offrir mes respectueuses amitiés ? Veuillez bien, Monsieur, agréer l’assurance de mes sentiments d’estime et de reconnaissance. Marquis de Laplace Philadelphia, Historical Society of Pennsylvania, Gratz Collection 12-9.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
975. reçu, 5 septembre 1821
5 septembre 1821 Reçu de Monsieur le Marquis de La Place la somme de 100 francs pour le Comité de Bienfaisance de la commune d’Arcueil. A Arcueil, ce 5 septembre 1821 Regnault Trésorier reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
976. Laplace à La Rochefoucauld-[Liancourt], 15 octobre [1821]
A Monsieur Monsieur le Duc de La Rochefoucauld-[Liancourt] Pair de France et membre de l’Académie des Sciences A Paris Ce lundi 15 octobre [1821] à l’Académie Monsieur le Duc et très honoré collègue, Je m’empresse de vous prévenir que l’Académie des Sciences vient de recevoir la confirmation par Sa Majesté de votre élection comme académicien libre. Vous pourrez donc vous présenter à l’Académie et y prendre place quand vous le voudrez. Nous aurons tous un grand plaisir à vous y voir.
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Quant à la nouvelle société pour la géographie, je viens d’en parler à Monsieur Fourier, l’un de ses principaux membres, et l’on vous y recevra avec une grande satisfaction. J’espère que l’état de votre santé vous permettra de revenir bientôt à Paris. Veuillez bien, Monsieur le Duc, agréer l’hommage de tous mes sentiments de haute considération, d’estime profonde et d’attachement bien sincère. Marquis de Laplace Brunswick, Maine, Bowdoin College Library, Charles H. Livingston French Autograph Collection.
977. Ramond [de Carbonnières] à Madame Laplace, 15 octobre 1821
A Madame Madame la Marquise de Laplace, à Arcueil Paris, 15 octobre 1821 Madame la Marquise, Quand on a le bonheur de se compter au nombre des humbles affiliés de l’Eglise d’Arcueil, ne croyez pas qu’on se soustraie aisément à l’obédience. C’est la paroisse de votre serviteur, et je n’y entends pas tinter la cloche que je ne sois aussitôt debout et prêt au service. Je connaissais les intentions de nos patriarches : jugez ce que leur sentiment fait sur moi d’impression, lorsqu’il est accompagné de l’expression du vôtre. Nous voulons la même chose : l’honneur de notre académie ; appuyer le vrai mérite, fermer s’il se peut le passage à l’ambitieuse médiocrité qui ne trouve que trop de portes dérobées pour se glisser dans le sanctuaire, à l’aide de petites considérations et de petits intérêts privés, étrangers au bien de la chose ; enfin, nous ferons de notre mieux et pour le mieux ; et ce ne serait point par écrit que je répondrais à l’aimable lettre que
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
je reçois ; vous me verriez bien vite à Arcueil, si j’avais mes jambes d’autrefois, comme j’ai mes sentiments d’autrefois, mais je suis mal portant, harcelé d’ennuyeuses affaires que je déteste, environné de soins, et sentant tous les jours diminuer le courage, dont j’aurais tous les jours plus besoin. Au reste, je vois approcher la saison qui va vous rappeler à Paris. Nous soupirons, ma femme et moi, après ce moment. Il nous tarde de vous exprimer d’anciens sentiments qui certes ne s’affaiblissent point et si je réussis à faire ce que je désire, j’irai souvent vous offrir l’hommage de mon dévouement et de mon respect. Ramond [de Carbonnières] lettre complémentaire Bancroft, box 16, dossier 26.
978. Laplace à Plana, 23 octobre 1821
A Plana Paris, 23 octobre 1821 J’ai reçu, Monsieur, les divers mémoires que vous m’avez fait l’honneur de m’envoyer. Je les ai lu avec intérêt, mais j’ai surtout été intéressé par les deux mémoires sur les oscillations de la mer que vous avez inséré dans le Journal de Monsieur de Zach1. Ce que vous dites à la page 111 du second cahier m’a fait voir que j’avais omis, je ne sais comment, de démontrer, que la fonction GQ était la même pour les points intérieurs qu’à la surface, lorsque l’on suppose, tous les points situés sur le même rayon y rester constamment pendant la durée du mouvement. C’est ce qui résulte de l’expression de 'V de la page 37 1. « Réflexions sur la théorie de l’équilibre et du mouvement des fluides, qui recouvrent un sphéroïde à-peu-près sphérique », Correspondance Astronomique, Géographique, Hydrographique et Statistique, 12 (1821), 97-125 et 191-214.
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du second volume de la Mécanique Céleste, comme il vous sera facile de le voir. Ainsi cette supposition satisfait à toutes les conditions du mouvement. Je développerai cela dans un volume de suppléments à la Mécanique Céleste, dont je vais commencer l’impression1. Je vous prie d’agréer un Précis de l’Histoire de l’Astronomie que je viens de faire imprimer ainsi que deux mémoires qui paraîtront dans la Connaissance des Temps de 18242. Vous verrez dans l’un de ces mémoires, que le coefficient de l’inégalité lunaire due à l’ellipticité de la Terre ne contient point le terme de l’ordre m3 que vous y avez trouvé. La méthode dont j’ai fait usage étant d’une extrême simplicité, je crois mon résultat exact. Je vous engage donc à revoir vos calculs sur cet objet. Vous verrez par la Connaissance des Temps de 1824 qui va paraître, que Monsieur Damoiseau, que j’avais prié de revoir ses calculs sur les équations séculaires de la Lune, s’accorde maintenant avec vous à très-peu-près. Ainsi grâce à vos travaux, et ceux de ce savant, la théorie épineuse et très importante de ces équations, sur lesquelles j’avais provoqué les recherches des géomètres, est éclaircie. La grande équation séculaire de l’anomalie est bien remarquable. Je fus étonné de sa grandeur, lorsque je l’ai trouvée quelques fois plus grande que celle du moyen mouvement, et il me paraît certain maintenant, par vos recherches, qu’il faut l’augmenter, et la porter à près de cinq fois l’équation du moyen mouvement. Vous trouverez dans le mémoire sur les attractions des sphères un développement des formules de la Mécanique Céleste, et quelques formules assez simples de ces attractions. Mais ce que je vous prie d’examiner avec soin, est la nouvelle théorie que j’y donne, des lois des fluides élastiques. Je désire que ce soit pour les géomètres une nouvelle source d’application de l’analyse. Je regrette bien que vous ne vous soyez point associé Monsieur le Colonel Brousseaud pour vos opérations géodésiques. La connaissance qu’il avait des localités aurait épargné du travail. Mais ce qui importe est que la chose se fasse et se fasse bien. J’aurais bien désiré que vous eussiez fait sur les Alpes de Turin des observations du pendule. Si la chose est possible, nous pourrions vous envoyer de Paris un pendule invariable bien comparé, à notre observatoire, avec notre pendule à secondes. Voyez ce que vous pourrez faire à cet égard. Recevez, Monsieur, l’assurance de tous les sentiments de haute estime et d’attachement que vous m’avez inspiré. Marquis de Laplace 1. Ce supplément ne fut publié qu’après la mort de Laplace. Voir : Laplace, O.C., 5, 469-505. 2. « Sur les variations des éléments du mouvement elliptique, et sur les inégalités lunaires à longue périodes », Connaissance des Temps pour l’année 1824, 274-307 ; Laplace, O.C., 13, 229264 ; et « Sur l’attraction des sphères et sur la répulsion des fluides élastiques », Ibid., 328-343 ; Laplace, O.C., 13, 273-290.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
N.B. Carlini le dirà che qui termine moltiplicate per m3 esiste effettivamente, e che Laplace non trovandolo, vuela il diffetto del suo metodo, siccome cio sarà da noi dimostrato. copie de Plana, envoyée à Carlini Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1821, 10 23 GP FC ; publiée dans Guido Tagliaferri et Pasquale Tucci, « Carlini and Plana on the theory of the Moon and their dispute with Laplace », Annals of Science, 56 (1999), 266-267.
979. Laplace à Fleury, 24 octobre 1821
A Monsieur Monsieur de Fleuri A Poissons Paris, 24 octobre 1821 Monsieur, Je regrette bien que l’état de ma santé ne me permette pas d’accompagner Madame Laplace. C’est avec peine que je m’en sépare. Mais j’ai dû céder au plaisir extrême qu’elle aura de vous revoir, ainsi que Madame Fleury, et que je voudrais bien partager avec elle. Ne viendrez-vous pas encore à Paris ? Je serais bien flatté, Monsieur, de vous y recevoir, et de vous témoigner encore une fois de vive voix, tous les sentiments d’estime et d’amitié que vous m’avez depuis longtemps inspirés. Veuillez bien en recevoir l’assurance et faire agréer à Madame de Fleury mes respectueux compliments. Marquis de Laplace Bancroft, box 14, dossier 19.
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980. Laplace à Raynouard, [1821]
A Raynouard Samedi [1821] Il le prie de le remplacer comme Directeur de l’Académie Française à la messe de St Louis et il exprime l’avis d’abréger la séance de l’Académie en se bornant, à cause de la chaleur, à la lecture des pièces de prix et à la proclamation des prix de vertu1. Laplace description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Etienne Charavay) (janvier 1892), n° 243, p. 9, n° 34596.
981. [Laplace] à [Louis XVIII], [1821]
[1821] Sire, Votre Majesté a reçu avec bonté, l’année dernière, les félicitations de l’Académie Française sur la naissance de Monseigneur le Duc de Bordeaux2. Nous venons aujourd’hui féliciter Votre Majesté de ce que la providence, ayant préservé cet enfant auguste des maux sans nombre qui menacent la première année d’enfance, consolide les espérances attachées à une vie si précieuse. 1. Il s’agit d’une séance de l’Académie Française. 2. Henri Charles Ferdinand Dieudonné Bourbon.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Heureux, Sire, de ces expériences, nous le sommes encore du bonheur qu’elles donnent à Votre Majesté et à votre auguste famille. [Laplace] brouillon Bancroft, box 14, dossier 21.
982. Laplace à [Louis XVIII], [1821]
[1821] Sire, Les membres de l’Académie Française s’empressent d’offrir à Votre Majesté leurs félicitations sur l’heureux événement que ce jour rappelle, sa rentrée dans la capitale de son Royaume. Après avoir été longtemps agitée par une révolution terrible, la France s’est enfin reposée dans la monarchie légitime. Le premier bienfait qu’elle en a reçu a été cette liberté qu’elle cherchait vainement, et que Votre Majesté a élevée sur une base inébranlable, par une combinaison heureuse de nos anciennes institutions avec les résultats du progrès des lumières. Parmi les nombreux bienfaits que Votre Majesté répand sur la France, nous remarquons avec une reconnaissance spéciale la protection qu’elle daigne accorder aux lettres dont elle sait mieux que personne apprécier les avantages. Nous la supplions d’agréer nos remerciements pour avoir bien voulu confirmer les privilèges que les Rois, ses prédécesseurs, avaient donnés à l’Académie. Le plus précieux de tous est celui qui nous permet de venir dans ces jours solennels présenter à Votre Majesté l’hommage de nos profonds sentiments respectueux, d’amour et de dévouement. Laplace brouillon Arch. CL.
983. reçu, 1er janvier 1822
1er janvier 1822 Doit Monsieur le Marquis de Laplace à L. Bréguet et fils 1815. Pour avoir fait un pendule à mercure à une pendule à secondes, mis la pièce dans le meilleur état, doit pour les déboursés : 31 décembre. Réparé une montre savonette d’argent dont l’échappement était usé. On a changé l’action de la roue et nettoyé : 1816 31 mai. Nettoyé, réparé et mis en place, une pendule à secondes : 1818 30 avril. Nettoyé et réglé une montre d’or Garde-Tems n° 82 : 17 octobre. La même pièce avait fait une chute, le balancier était faussé ainsi qu’un pivôt. On a réparé le tout, refait une lunette à la boite, fourni un cristal, nettoyé et réglé le mouvement : 1821 30 juin. A un Régulateur nom Ferdinand Berthoud qu’on est allé prendre à Arcueil. On l’a visité et réparé, redressé les dents de la roue d’échappement et nettoyé. On l’a reporté à Arcueil : Au 1er janvier 1822 Doit :
262f 12 27 35
100
36 472 francs
Pour acquit Bréguet reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
984. Haüy à Madame Laplace, 13 janvier 1822
Paris, ce 13 janvier 1822 Madame la Marquise, Monsieur Lucas s’est empressé de me remettre le présent inestimable que vous aviez eu la bonté de me destiner. Le nom que Monsieur le Baron de Humboldt a donné à la plante dont il présente la figure, sera considéré à l’avenir dans la nomenclature du règne végétal comme un synonyme d’immortelle. L’étude de ce règne a été d’abord mon étude favorite. Mais l’attrait qu’ont eu pour moi les cristaux, surtout depuis que Monsieur le Marquis de Laplace a daigné encourager mes efforts pour en faire l’objet d’une théorie, avait obtenu à la minéralogie la préférence sur la botanique. A la vue de votre don, Madame la Marquise, il m’a semblé que c’était l’inverse qui avait lieu, et que la botanique reprenait le pas sur la minéralogie, qui ne lui ait jamais fait éprouver une aussi douce jouissance. Cependant, lorsque je visiterai ma collection de minéraux, je ne pourrai me défendre de regarder la pierre lithographique avec un intérêt tout particulier, et, en dépit de l’ordre méthodique, je la rangerai parmi les pierres précieuses. Mon cabinet sera bientôt orné de votre présent, Madame la Marquise, et en fixant l’attention des savants qui viendront me voir, il me fournira l’occasion de leur parler de vos bontés, et de leur dire combien j’y attache de prix. J’oserai vous prier, Madame la Marquise, de faire agréer à Monsieur le Marquis de Laplace, l’expression de mon respectueux dévouement. Je regrette que mes infirmités ne me permettent pas d’aller vous offrir moi-même l’hommage de ma vive reconnaissance et celui du profond respect avec lequel je suis, Madame la Marquise, Votre très humble et très obéissant serviteur. Haüy lettre complémentaire Bancroft, box 3, dossier 10.
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985. Massias à [Laplace], 20 janvier 1822
Vitry-sur-Seine, 20 janvier 1822 Monsieur le Marquis, Je prends la liberté de vous adresser un exemplaire du Rapport de la Nature à l’Homme comme un hommage à l’immortelle réputation de vos ouvrages1. J’ai l’honneur, Monsieur le Marquis, de vous saluer avec respect. Le Baron [Nicolas] Massias Paris, Bibliothèque de l’Observatoire.
986. John Herschel à Laplace, 21 janvier 1822
A M. le Marquis Laplace London, January 21, 1822 From : J.F.W. Herschel To : Laplace My dear Sir, I have the pleasure to acquaint you that at a meeting of the Astronomical Society held on Friday the 11th of the present month you were unanimously 1. Rapport de la Nature à l’Homme et de l’Homme à la Nature, ou Essai sur l’Instinct, l’Intelligence et la Vie (Paris, 1821-1823), 4 vols.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
elected as associate of that body. Although it is no longer in the power of circumstances to add celebrity to or confer distinction on a name already known and respected wherever science is held in estimation, yet this I am sure cannot fail to be gratifying to you, and I esteem myself particularly fortunate individually that it has fallen to my lot in the course of my duty to announce it to you. Permit me, Sir, to [add] my wishes that you may continue to adorn the Society by your name, and perhaps occasionally to instruct it by your communications, to add the assurances of my sincerest personal regard and admiration which I shall be truly happy to have an opportunity of evincing should it ever be in my power to be of service to yourself or any of your friends, and I have the honour to remain Yours Faithfully. J.F.W.H. Foreign Secretary of the Astronomical Society of London brouillon Londres, Royal Society, HS 17.7 et HS 20.131.
987. Laplace à [Maurice], 24 février 1822
Ce 24 février 1822 J’ai l’honneur d’offrir mille compliments à mon savant confrère, Monsieur Maurice, en le priant d’agréer l’exemplaire ci-joint et de faire parvenir l’autre à Monsieur Gautier, à Genève, en le priant de le substituer à celui qu’il a reçu1. Marquis de Laplace Genève, Archives Maurice. 1. Il envoie « Addition au mémoire précédent sur le développement de la théorie des fluides élastiques », Connaissance des Temps pour l’année 1825, 302-323 ; Laplace, O.C., 13, 302 qui doit remplacer « Développement de la théorie des fluides élastiques et application de cette théorie à la vitesse du son », Ibid., 219-227 ; Laplace, O.C., 13, 291-301.
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988. Laplace à [John Herschel], 25 février 1822
Paris, ce 25 février 1822 Monsieur, J’ai reçu la lettre par laquelle vous m’annoncez que la Société Astronomique m’a nommé l’un de ses associés étrangers. Je suis extrêmement sensible à cette marque d’estime de la part d’une société destinée à perfectionner la plus sublime des sciences, et présidée par votre illustre père, qui a si puissamment contribuer aux progrès de l’astronomie. Veuillez bien, Monsieur, être auprès d’elle l’interprète de ma vive reconnaissance, et agréez l’expression de la haute estime que vos excellents ouvrages m’ont inspirée. Marquis de Laplace Permettez-moi de vous offrir l’exemplaire ci-joint d’une addition que j’ai faite au mémoire inséré dans la Connaissance des Temps de 1824, sur l’attraction des sphères et sur la répulsion des fluides élastiques1. Je vous prie de la substituer à celle que j’avais eu l’honneur de vous adresser et dans laquelle j’avais omis de considérer l’une des forces qui sollicitent les molécules des gaz. Ayant reconnu cette omission par une lecture attentive de la dernière épreuve, je l’ai réparée dans l’exemplaire ci-joint. Ayez la bonté de faire remettre les autres exemplaires à leurs adresses. Laplace Londres, Royal Society, HS 11.99.
1. « Addition au mémoire précédent sur le développement de la théorie des fluides élastiques », Connaissance des Temps pour l’année 1825, 302-323 ; Laplace, O.C., 13, 302. Il fallait le substituer au « Développement de la théorie des fluides élastiques et application de cette théorie à la vitesse du son », Ibid., 219-227.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
989. Laplace à [Plana], 15 mars 1822
Paris, ce 15 mars 1822 Monsieur, Depuis le dernier envoi que j’ai eu l’honneur de vous faire de mon analyse sur la vitesse du son, je suis parvenu à déduire de cette analyse le théorème que j’ai donné dans les Annales de Physique et de Chimie pour l’année 1816, et qui consiste en ce que, pour avoir la vitesse du son, il faut multiplier la formule newtonienne par la racine carrée du rapport de la chaleur spécifique de l’air sous une pression constante à sa chaleur spécifique, lorsque sa densité est constante1. Les nouveaux développements de mon analyse s’impriment dans le Bulletin de la Société Philomatique, et j’aurai l’honneur de vous les adresser par la première occasion2. Cela m’a fait examiner plus particulièrement votre objection contre mon théorème, et si je ne me trompe, en voici la solution. Je désigne par V la chaleur contenue dans une masse d’air dont la densité est U et h la pression. En la condensant presque subitement, et de manière qu’elle passe de la densité U à la densité très-peu différente U' , comme cela a lieu dans une vibration aérienne dont la durée n’excède pas une tierce ; on pourra supposer, dans ce court intervalle, la perte de la chaleur V , insensible, et faire par conséquent GV = 0 , G exprimant une variation très-petite. En nommant h' la pression de la masse d’air ainsi condensé, on aura -----------------Uc – U - § dV hc – h dV U © -------·¹ + §© -------------·¹ h §© -------·¹ = 0 U dU h dh
ce qui donne dV U § -------· © dU¹ hc – h – ---------------- = ---------------------. dV Uc – U-· § · § -----------------h© ¹ h© dh U ¹ 1. « Sur la vitesse du son dans l’air et dans l’eau », Annales de Chimie et de Physique, 3 (1815), 238-241 ; Laplace, O.C., 14, 297-300. 2. « Développement de la théorie des fluides élastiques, et application de cette théorie à la vitesse du son », Bulletin des Sciences par la Société Philomatique de Paris (1821), 161-172 ; Laplace, O.C., 13, 291-301.
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Le premier membre de cette équation est le rapport des chaleurs spécifiques de l’air dans les deux états dont je viens de parler ; car si l’on ne fait varier que la densité, la pression restant constante, on a GU dV GV = ------ U §© -------·¹ ; U dU
ainsi l’accroissement de chaleur, nécessaire pour augmenter la température de la masse d’air, d’un degré, sera en la désignant par C dV C = – 0 ,00375 U §© -------·¹ ; dU
parceque la densité de l’air diminue alors de 0,003755. Pareillement, si la densité reste constante, la chaleur C' nécessaire pour élever d’un degré la température de la masse d’air, sera1 dV Cc = – 0 ,00375 h § -------· © dh ¹ C ----est évidemment le rapport des chaleurs spécifiques de l’air dans les deux Cc
états ; on a donc dV U §© -------·¹ dU C hc – h ----- = – ---------------- = ---------------------. Cc Uc – U dV § · § h ------h --------------· © dh ¹ © U ¹
Mais, si l’on conçoit que la masse d’air condensée reprenne lentement sa température primitive, sa densité restant la même, et que sa pression se réduise ----- = hs ----- ; ce qui donne de h' à h", il est clair que l’on aura Uc U
h
C = -------------hc – h ----; Cc hs – h
en sorte qu’il faut, suivant mon théorème, multiplier la vitesse newtonienne par hc – h la racine carrée de -------------- . hs – h
1. Les formules (14) et (15) donnent
DU dq DU dq c = – ---------------- § ------· ; c 1 ---------------- § ------· : 1 + DT © dU¹ 1 + DT © dU¹ En y faisant T = 0 , elles donnent les valeurs de C et C' de Laplace.
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C’est aussi ce que vous dites ; mais nous différons en ce que l’équation précédente ne vous paraît pas exacte. Je suppose que vous avez sous les yeux le calcul que vous m’avez adressé, et dans lequel je vois que vous faites 0--------------------------,00375 mh = C – Cc ; --------------hs – h C
et vous vous fondez sur ce que mC est la chaleur qui se développe, lorsque l’on fait passer lentement, par la compression, la masse d’air de la pression h à la pression h", au lieu que cette quantité de chaleur est m C' , puisqu’elle élève à la température m la masse de l’air condensé, la densité restant la même ; et C – Cc C – Cc alors il faut changer dans l’équation précédente --------------- dans --------------- ce qui C Cs donne hc – h = ----C. -------------hs – h Cc
On peut déterminer h, h' et h" par une expérience curieuse de MM. Clément et Desormes insérée dans le Journal de Physique de novembre 18191. Dans cette expérience qui tient le milieu entre soixante expériences sembla2 bles, l’air a passé de la pression h à la pression h' dans le moins de --- de 5 seconde, et l’on a eu ces hauteurs barométriques ; h = 752 mill.,69., hc = 766 mill.,5 = pression atmosphérique, hs = 762 mill.,889 ;
ce qui donne hc – h = ---------------13 ,81 -------------. hs – h 10 ,199
En multipliant la vitesse du son que la formule de Newton donne égale à 282m,4 par la racine carrée de cette fraction, on a pour cette vitesse 328m,6 ; ce qui ne diffère que de 8m,6 de l’observation des académiciens français. Le C = 3--- et la vitesse milieu des expériences de MM. Laroche et Bérard donne ----Cc
2
du son égale à 345m, ce qui diffère peu de l’observation. Toutes ces expériences concourent donc à faire voir l’exactitude de la théorie. J’ose vous prier de 1. « Détermination expérimentale du zéro absolu de la chaleur et du calorique spécifique des gaz », Journal de Physique, 89, 321-346.
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vouloir bien suivre mon analyse dont les fondements sont dans la Connaissance des Temps de 1824, et dont vous recevriez incessamment les développements nouveaux1. Veuillez bien, Monsieur, agréer l’assurance de tous mes sentiments d’estime et d’attachement bien sincère. Marquis de Laplace Jean Plana, « Mémoire sur la chaleur des gaz permanens », Memorie della Reale Accademia delle Scienze di Torino, ser. 2, 5 (1843), 305-308.
990. Laplace à [John Herschel], 10 avril 1822
Paris, ce 10 avril 1822 Je prie Monsieur [John] Herschel d’agréer les exemplaires ci-joints et de faire parvenir les autres à leurs adresses. Il y verra la démonstration d’un théorème sur la vitesse du son que j’ai donnée, il y a six ans, sans démonstration dans les Annales de Physique et de Chimie et la confirmation de ce théorème par les expériences2. De nouvelles expériences que l’on fait maintenant avec une grande précision nous feront bientôt connaître cette vitesse dans les différents gaz, et les modifications qu’elle reçoit des variations de pression et de température de ces fluides. J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Herschel l’assurance de mes sentiments de haute estime et de sincère attachement. Marquis de Laplace Londres, Winifred A. Myers, catalogue du 5 avril 1968 ; et Londres, Royal Society, HS 19.7. 1. « Sur l’attraction des sphères et sur la répulsion des fluides élastiques », Connaissance des Temps pour l’année 1824, 328-343 ; Laplace, O.C., 13, 273-290. 2. « Sur la vitesse du son dans l’air et dans l’eau », Annales de Physique et de Chimie, 3 (1816), 238-241 ; Laplace, O.C., 14, 297-300.
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991. Laplace à Ampère, [7 mai 1822]
A Monsieur Ampère de l’Institut, rue des Pavés St Victor n° 19, Paris Ce mardi1 Je regrette bien, mon cher confrère, de ne pouvoir demain mercredi, me rendre à l’Ecole de Médecine, comme j’en étais convenu avec vous, mais une affaire indispensable me privera [de] cet avantage. Veuillez bien agréer avec tous mes regrets, l’assurance de mes sentiments d’estime et d’attachement. Marquis de Laplace Besançon, Bibliothèque Municipale, MS 1442, fols 3-4.
992. Laplace au [Duc d’Angoulême], 11 juin 1822
Monsieur le Duc2, Aussitôt après la réception de la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire, j’ai transmis à l’artiste Fortin, les témoignages de protection et de bonté dont son Altesse Royale Monseigneur le Duc d’Angoulême vient de l’honorer. Tous les membres du Bureau des Longitudes partagent les sentiments qu’il a sans doute éprouvé. L’astronomie sera redevable au bel instrument donné à l’Observatoire par Son Altesse Royale d’un grand nombre 1. Un cachet postal indique le 7 mai 1822. 2. Louis Antoine de Bourbon.
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d’excellentes observations qui contribueront singulièrement à ses progrès. Aucune science ne mérite plus qu’elle, la protection des princes, par la sublimité de son objet et par la certitude de ses théories ; et ses rapports intimes avec la navigation et avec la géographie nautique doivent exciter spécialement l’intérêt du Prince Amiral de France. Nous vous prions, mes collègues et moi, d’être auprès de Son Altesse Royale, l’interprète de nos profonds sentiments de respect, de reconnaissance et de dévouement. Veuillez bien, Monsieur le Duc, agréer l’assurance de ma haute considération. Marquis de Laplace brouillon Bancroft, box 14, dossier 22.
993. Laplace à Bürg, 12 juillet [1822]
A Bürg 12 juillet [1822] J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Bürg l’hommage de tous mes sentiments d’estime et d’attachement. Je le prie d’agréer les mémoires ci-joints insérés dans la Connaissance des Temps de 1823, actuellement sous presse1. Ils ont principalement pour objet la théorie de la Lune qui lui doit des Tables si parfaites. Je sais qu’il s’occupe de les améliorer encore. Je serai fort aise de 1. « Sur les inégalités lunaires dues à l’aplatissement de la Terre », et « Sur le perfectionnement de la théorie et des tables lunaires », Connaissance des Temps pour l’année 1823, 219-231 ; Laplace, O.C., 13, 198-204 ; il est possible que Laplace envoya aussi « Eclaircissement sur les mémoires précédents, relatifs aux inégalités lunaires de la figure de la Terre, et au perfectionnement de la théorie et des tables de la Lune », Ibid., 332-337 ; Laplace, O.C., 13, 221-228.
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connaître ce qu’il a fait pour cela. Je le prie surtout d’examiner avec un soin particulier jusqu’à quel point les observations faites avant Bradley indiquent une inégalité à longue période dans le mouvement lunaire. Marquis de Laplace Vienne, Österreichische Nationalbibliothek, Autogr. 4/54-1.
994. Laplace à [John Herschel], 16 juillet 1822
Paris, ce 16 juillet 1822 Monsieur, J’ai l’honneur de vous envoyer la suite de mes recherches sur la théorie des gaz, que je viens de faire imprimer dans la Connaissance des Temps de 18251. Je désire bien qu’elles puissent vous intéresser. La comparaison des résultats de cette théorie avec l’expérience, et spécialement avec celles que MM. GayLussac et Welter font présentement, me donne lieu de croire que cette théorie est la représentation de la nature2. Elle donne pour la vitesse du son une expression tellement rapprochée de l’observation, qu’il est difficile de ne pas l’admettre. Nous venons de répéter l’expérience de cette vitesse de manière à bien corriger l’effet du vent par des expériences réciproques. Cette vitesse, réduite à la température de dix degrés centigrades et à l’état moyen hygrométrique de l’air, a été trouvée de 336,52 mètres par seconde sexagésimale. Vous verrez dans l’écrit que je vous adresse que ma formule, comparée à l’expérience de Monsieur Gay-Lussac, donne 333,6 mètres relativement à la vitesse du son, dans une atmosphère privée d’humidité, condition qui la diminue. Je suis persuadé que l’on aura plus exactement encore, par cette formule comparée à 1. « Développement de la théorie des fluides élastiques et application de cette théorie à la vitesse du son », Connaissance des Temps pour l’année 1825, 219-227, et « Addition au mémoire précédent », Ibid., 302-323 ; Laplace, O.C., 13, 291-302. 2. Gay-Lussac et Welter ne publièrent pas leurs résultats, mais Laplace s’en servit dans ses publications sur la vitesse du son dans la Connaissance du Temps (1825), publiées en 1822.
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un grand nombre d’expériences semblables à celles de Monsieur Gay-Lussac, la vitesse du son, que par l’observation directe. Lorsque j’aurai l’ensemble des expériences de MM. Gay-Lussac et Welter, je ferai cette comparaison et je la publierai dans Connaissance des Temps. Je vous prie de communiquer les recherches que je vous envoie à Monsieur Babbage, en lui offrant mes plus tendres compliments. Veuillez bien l’un et l’autre, examiner les recherches avec attention. Vous me paraissez tous deux destinée à faire fleurir dans votre patrie la science analytique et ses applications à la philosophie naturelle. Je vous prie encore de faire remettre à MM. Ivory et Young les exemplaires que je prends la liberté de vous adresser pour eux. Agréez, Monsieur, l’assurance de mes sentiments de haute estime et d’attachement sincère. Marquis de Laplace Nous avons vu ici avec grand plaisir Monsieur Dalton. Londres, Royal Society, HS 11.100.
995. document, 24 août 1822
24 août 18221 DEPARTEMENT de la Seine
DE PAR LE ROI
SOUS-PREFECTURE COMMUNE de Paris PASSE-PORT Valable pour un an
Nous Pair de France Grand Référendaire
Invitons les autorités civiles et militaires à laisser passer et librement circuler dans l’intérieur du
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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Royaume Monseigneur le Marquis de Laplace (Pierre Simon) Pair de France, Grand Officier de l’Ordre de la Légion d’Honneur, Membre de l’Académie royale des Sciences, etc., voyageant avec Madame la Marquise son épouse, leur famille et leur suite natif de Beaumont en Auge département du Calvados demeurant à Paris rue du Bac N° 100 et à lui donner aide et protection en cas de besoin. Agé de 73 ans. Signature du Porteur Marquis de Laplace
Délivré sur sa demande
Fait à Paris, le 24 août 1822 Par Monseigneur le Grand Référendaire Le Secrétaire Archiviste de la Chambre des Pairs L. Cauchy
Le Grand Référendaire de la Chambre des Pairs Sémonville
document Bancroft, box 7, dossier 17.
996. Laplace à Boilly, 31 août 1822
A Boilly Ce 31 août 1822 J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Boilly mes compliments, et de lui renvoyer, corrigé, le titre qu’il m’a adressé. Marquis de Laplace Paris, Archives de l’Académie Française, Collection Moulin, dossier P.S. Laplace, 1G47.
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997. Laplace à Humboldt, 25 octobre 1822
Monsieur Monsieur le Baron Alexandre de Humboldt, à Berlin Arcueil, 25 octobre 1822 J’ai reçu la note que Monsieur de Humboldt m’a fait l’honneur de m’envoyer. Je le prie d’en agréer mes remerciements. Les résultats de Monsieur Howard sur la période lunaire me paraissent très incertains1. Ils ont été contredits par d’autres observateurs, et il en aurait lui-même reconnu l’incertitude, s’il y avait appliqué le calcul des probabilités. C’est par le défaut de cette application que beaucoup de physiciens, et spécialement ceux qui s’occupent de météorologie, ont donné comme lois de la nature les effets des causes irrégulières. Ils jugent leurs résultats comme constants, parce qu’ils sont appuyés sur un grand nombre d’observations. Mais si l’on ignore jusqu’à quel point ce nombre doit s’élever, pour donner une grande probabilité, on s’expose à se tromper, et à être contredit par d’autres observateurs. Monsieur de Humboldt doit, plus qu’aucun autre, sentir la nécessité des applications du calcul des probabilités, mais malheureusement ce calcul est peu répandu. Il finira par l’être, à mesure que le besoin s’en fera sentir. Dans les calculs que je viens de faire sur l’action de la Lune sur l’atmosphère à Paris, j’ai employé 4.752 observations, et en les comparant à nos formules de la manière la plus avantageuse, je ne trouve que cinq centièmes de millimètres pour la plus grande étendue du flux lunaire atmosphérique, qui arrive à son maximum le jour de la syzgie, à trois heures et demie du soir, mais je suis loin de présenter ces résultats avec confiance. Je vois, au contraire, par l’analyse des probabilités, qu’il faut au moins 10.000 observations, pour être assuré que les résultats obtenus ne sont pas dûs aux anomalies de la variation diurne. On peut encore prendre 1.500 observations de plus dans les observations déjà faites : le temps amènera les autres. Mais en attendant, il résulte des calculs que je viens de faire que l’action lunaire est insensible à Paris et ne produit pas un dixième de millimètre de variation dans le baromètre. Je publie dans le volume de la Connaissance des 1. Luke Howard.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Temps qui va paraître la méthode que j’ai suivie et qui, ce me semble, doit être adoptée pour comparer la théorie aux observations1. Je prie Monsieur de Humboldt d’agréer l’hommage de mes sentiments de haute estime et d’attachement bien sincère. Marquis de Laplace Berlin, Staatsbibliothek, Slg. Darmstaedter J 1796.
998. [Laplace] à Ferrand, 6 novembre 1822
A Antoine François Claude Ferrand Arcueil, 6 novembre 1822 Au sujet de Berthollet, malade. Refus d’une invitation. « Mon très ancien attachement pour lui, et les soins que lui ou sa famille peuvent réclamer de moi, ne permettent pas de m’en éloigner. ... ». fragment Paris, Catalogue Alain Nicolas (hiver 1998), n° 248.
1. « De l’action de la lune sur l’atmosphère », Connaissance des Temps pour l’année 1826, 308-317 ; Laplace O.C., 5, 184-188 et 262-268.
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999. reçu, 23 novembre 1822
23 novembre 18221 Société de Géographie Je reconnais avoir reçu de Monsieur le Marquis Delaplace pour le compte de la Société de Géographie, la somme de 61 francs. A Paris, 23 novembre 1822 Chapelle reçu Bancroft, box 1, dossier 382.
1000. Laplace à Emile Laplace, 25 novembre 1822
A Monsieur Monsieur le Comte de Laplace Lieutenant Colonel de l’Artillerie de la Garde Royale A Vincennes Ce lundi 25 novembre 1822 Je désire, mon cher ami, que ta santé soit bonne. Je t’engage à la ménager. Voici un problème de probabilités que je t’envoie, comme tu l’as désiré. Tu 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. Dans le même dossier se trouvent deux autres reçus semblables pour les années 1823 et 1824.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
pourras y appliquer le principe pour déterminer les probabilités des causes ou des hypothèses prises des événements observés. Deux urnes A et B renferment chacune 12 boules. L’urne A contient 7 boules blanches et 5 noires ; l’urne B contient 8 boules blanches et 4 noires. On me présente ces deux urnes sans les désigner. Je tire de l’une d’elles au hasard une boule que je mets, sans la voir, dans l’autre urne, de laquelle je tire ensuite une boule qui est blanche. On demande quel est la probabilité que l’urne par laquelle j’ai commencé le tirage est l’urne A. Nous nous portons tous assez bien. Je suis un peu plus content de ma santé. Je t’embrasse bien tendrement. Ton père Laplace Bancroft, box 12, dossier 18.
1001. Laplace à [?], 29 novembre 1822
[A un savant] Paris, 29 novembre 1822 Il le remercie des renseignements obtenus sur les nouvelles démarches de géodésie entreprises par son correspondant, et lui demande de les continuer. Il ajoute quelques remarques scientifiques à ce propos. description Verzeichniss der von dem verstorbenen Preussischen General-Lieutentant J. von Radowitz hinterlassenen Autographen Sammlung (Berlin, 1864), 2, 355, n° 4957.
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1002. John Herschel à Laplace, 21 décembre 1822
John Herschel à Monsieur le Marquis Laplace 100, Rue du Bac Paris Londres, 21 décembre 1822 Monsieur, Permettez-moi de vous faire connaître mon ami très intime, Monsieur Whewell. Monsieur Whewell est l’auteur d’un très bon ouvrage sur la mécanique, et de mémoires intéressants de dynamique, insérés dans les Transactions de la Société Philosophique, de Cambridge, qui se charge de cet écrit, et qui désire ardemment rendre à l’illustre auteur de tant d’ouvrages immortels, l’hommage d’une vue éclairée, et profondément qu’ont pénétrée des vérités sublimes qu’a dévoilées votre génie et votre analyse1. Ce n’est point un homme commun, Monsieur, que je présente à votre connaissance. Je ne prendrais jamais une telle liberté. Monsieur Whewell, quoiqu’encore jeune, joint à des connaissances étendues dans cette haute géométrie dont vous avez fait un si puissant instrument, une force de tête des plus remarquables, et un esprit des plus clairs et des plus philosophiques, avec un désir ardent d’étendre les bornes de ses connaissances et de les faire [servir] aux besoins de la science et de l’homme. C’est pour cela qu’il se rend à Paris, et en facilitant son introduction aux séances de l’Institut et à la connaissance personnelle de quelques-uns des hommes illustres dont il admire la réputation, vous lui ferez [Monsieur, et à moi aussi] une obligation réelle. Vous me ferez peut-être des reproches de ne pas avoir répondu aux plusieurs témoignages très flatteurs de votre amitié – soit en me communiquant vos intéressantes recherches sur la propagation du son et sur la constitution des fluides aériformes – soit en m’avertissant de la mention favorable qu’a faite l’Académie de mon mémoire sur la polarisation de la lumière. Ce sera pour moi un motif de plus pour me dévouer aux sciences, que l’approbation d’un corps si 1. A Treatise on Dynamics (Cambridge, 1823) ; et « On the position of the apsides of orbits of great excentricity », Transactions of the Cambridge Philosophical Society, 1 (1822), 179-192 ; plus tard Whewell écrivit « On the principles of dynamics, particularly as stated by French writers », Edinburgh Journal of Science, 8 (1828), 27-37.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
distingué, dont l’estime doit être un support au respect du monde. Je vous prie, Monsieur, de me croire être extrêmement sensible à cette marque de bienveillance de votre part. La Société Astronomique a reçu récemment un exemplaire de la Connaissance des Temps pour 1825, de la part du Bureau des Longitudes. Comme membre de ce corps, je vous prie, Monsieur, d’y communiquer les remerciements de la Société, aussi bien que les miens, ayant reçu en même temps vos exem[plaires] adressés particulièrement à moi-même. J’ai l’honneur d’être, Monsieur, avec le respect le plus sincère, votre d[évoué] ser[viteur]. J.F.W. Herschel P.S. J’ai transmis les exemplaires de vos mémoires que vous m’aviez confiés, à MM. Young, Ivory et Babbage, qui m’ont chargé de vous en remercier. copies1 Londres, Royal Society, HS 11.101 et HS 19.101.
1003. [Madame Laplace] à [Emile Laplace], [1822]
Ce dimanche [1822] Ton père se porte bien, il va passer sa matinée à Arcueil, pour entendre, par Pariset, l’éloge de notre pauvre ami Berthollet, qu’il doit lire à la Faculté de Médecine. [Madame Laplace] lettre complémentaire Arch. CL. 1. Les deux copies ne sont pas absolument identiques.
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1004. Evain à Laplace, [1822]
Ministère de la Guerre Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France A Arcueil [1822] Je me suis acquitté près de Monsieur le Maréchal de la commission dont vous avez bien voulu me charger, et Son Excellence m’a fait connaître tout le désir qu’il a de faire réussir la demande que vous formez pour l’entrée dans la Garde Royale de Mr votre fils en sa qualité de Chef de Bureau si l’emploi de Monsieur de Tremilly devient vacant. Mais Son Excellence ne fera aucun changement et aucune nomination dans la Garde jusqu’à ce que l’ordonnance sur le mode d’avancement dans l’armée ait été approuvée par Sa Majesté. Ceci ne peut entrainer qu’un délai de quinze jours ou trois semaines au plus. Veuillez agréer, Monsieur le Marquis, l’assurance des sentiments respectueux avec lesquels J’ai l’honneur d’être Votre très humble et très obéissant serviteur. Baron Evain1 Bancroft, box 22.
1. Louis Auguste Frédéric Evain était Inspecteur Général de l’Artillerie en 1822.
1005. Madame Berthollet à Madame Laplace, 22 janvier 1823
A Madame Madame la Marquise Laplace 22 janvier 1823 Chère amie, Votre billet a soulagé mon impatience, vous m’apprenez que vous et Monsieur de Laplace jouissez d’une bonne santé ; mes malheurs ne fortifient pas la mienne ; l’inaction dans laquelle ils me tiennent ne fatigue que mes yeux. J’ai appris avec peine que vous vouliez quitter mon voisinage ? Pour moi je ne quitterai point Arcueil, mon mari s’y plaisait ; j’y attendrai le moment du rendez-vous ; si mes vœux eussent été remplis, je l’aurais accompagné. Faites agréer, je vous prie, mon compliment de condoléances à Monsieur de Portes. Je désire un temps plus doux, puisqu’il me donne l’espoir de vous voir en famille ; il y a bien longtemps que je n’ai vu papa Lolo1 ! Ménagez votre santé chère amie ; excusez mon griffonnage. Je ne sais guère plus ce que j’écris, que ce que je dis ; conservez-moi votre amitié. Toute à vous bien tendrement, c’est ce que je sais le mieux. Veuve Berthollet J’embrasse Angélique et même notre bon Emile. P.S. : En deux mois perdre mari, tante et frère ! lettre complémentaire Bancroft, box 14, dossier 33. 1. Pierre Simon Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1006. [Emile Laplace] à Laplace, 15 mars 1823
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France Rue du Bac n° 100 A Paris Angoulême, le 15 mars 1823 Je reçois ici une lettre de ma mère, qui me donne de vos nouvelles, mon père, et qui me fait un grand plaisir ; je suis maintenant fâché d’avoir tardé si longtemps à vous écrire puisque vous avez pu avoir quelqu’inquiétude. Les premières journées de marche ont été pour moi très fatigantes et pénibles, d’abord par le mauvais temps qui est survenu, ensuite par les soins continuels qu’exigeait mon détachement ; vous savez que je suis parti avec de jeunes chevaux et des hommes tout à fait neufs pour les conduire ; tout ceci m’a causé beaucoup d’embarras ; hommes et chevaux sont tombés malades, et il fallait toujours avancer ; cependant j’ai laissé peu de monde en arrière, mes gens commencent à s’aguerrir et mes chevaux à se faire la fatigue de la route, et j’ai bonne espérance d’arriver sans événements malheureux à Bayonne. Je crois que j’y séjournerai fort peu de temps, parce qu’on dit ici que les hostilités sont commencées, et que l’armée avance. J’ai rencontré, il y a deux jours sur la route, le Duc de Bellune1, qui revenait à Paris, et qui pense que nous rejoindrons l’armée à Vittorio. Du reste les journaux vous donneront toujours des nouvelles plus fraîches que celles que je puis recueillir sur mon chemin, c’est pourquoi je n’entre ici dans aucun détail sur les premières attaques qui ont eu lieu, dit-on, près de Saint-Sébastien. Ma santé est meilleure que lors de mon départ, et à l’exception d’un coup de soleil affreux que j’ai reçu depuis trois jours, et qui couvre toute la figure, et qui me cause une forte cuisson, je vais assez bien ; tout mon monde est dans le même cas que moi, c’est un tribut que nous fait payer le soleil du midi. Mes chevaux et mes domestiques ont jusqu’ici bien fait la route, et je n’éprouve aucun souci de ce côté là. Voilà la belle saison qui doit vous rappeler à Arcueil. Je vous en félicite, car votre santé se trouve ordinairement mieux du séjour de la campagne. Je 1. Claude Victor Perrin.
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regrette de ne pas assister à la réunion de la cinquantaine que ma mère m’annonce devoir être célébrée le 24, mais j’y serai au moins de tout cœur. Je n’ai guère eu le temps de m’occuper de probabilités, mais j’ai toujours avec moi mes livres que je compte ouvrir dans mes moments perdus. Je crois que c’est la meilleure occupation que je puisse me créer dans les longs séjours, en ce qu’elle demande surtout peu de livres. Il me semble que j’ai encore bien présent tout ce que j’ai fait cet hiver. Adieu, mon père, je vous souhaite la continuation d’une bonne santé, et vous embrasse de tout mon cœur, ainsi que ma mère. Votre dévoué fils [Emile Laplace] [P.S.] Je ne sais où ma mère a puisé ses titres qu’elle me donne en m’écrivant, mais comme ils sont tout à fait erronés et pourraient être cause que ses lettres s’égarent, je lui envoie ma véritable qualité. Commandant des deux batteries d’artillerie à pied de la Garde Royale, à xxx Bancroft, box 17, dossier 13.
1007. Laplace et Madame Laplace à Emile Laplace, 11 avril 1823
A Emile Laplace Paris, ce 11 avril 1823 Nous n’avons point de tes nouvelles, mon cher Emile, et nous sommes très en peine ... Madame Laplace [Au dos, de la main de Laplace :] Je t’embrasse bien tendrement, mon cher Emile. Nous sommes inquiets de n’avoir point reçu de tes nouvelles. Nous nous flattons cependant, que ta santé est bonne. Mais nous t’engageons à nous rassurer à cet égard en nous écrivant
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
souvent. Ma santé n’est pas mauvaise. Nous ne tarderons pas à aller nous établir à Arcueil où j’espère qu’elle s’améliorera. Ton père Marquis de Laplace Bancroft, box 17, dossier 11.
1008. Laplace à [John Herschel], 18 avril 1823
Paris, ce 18 avril 18231 Monsieur, J’ai eu l’honneur de vous adresser deux exemplaires du livre XI de mon Traité de Mécanique Céleste, en vous priant de les offrir de ma part à la Société Royale et à votre Société Astronomique. Je profite de l’occasion que Monsieur Gautier, géomètre fort distingué de Genève, veut bien me présenter, pour faire parvenir deux exemplaires du livre XII, en vous priant de les offrir aux mêmes sociétés. J’y joins un exemplaire des deux livres que je vous prie d’agréer comme un témoignage de mes sentiments d’estime et d’attachement. Auriez-vous la bonté de m’informer si la jonction des côtes d’Ecosse avec les îles Shetland est terminée ? Dans ce cas, nous serions fort aise au Bureau des Longitudes d’avoir la suite des triangles de la méridienne d’Angleterre prolongée jusqu’à ces îles, ainsi que les triangles qui la joignent à celles de France, pour faire tous les calculs relatifs à la jonction et à la longueur des deux méridiennes. Je pense qu’il sera utile que ces calculs soient faits à la fois dans les deux pays, et je ne doute pas que, d’après les sentiments d’estime qui nous unissent à vos savants, ils ne veuillent bien accueillir la demande que je prends la liberté de faire.
1. En marge : « answered finally March 12, 1824 ».
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Voudriez-vous bien encore tenir notre Bureau des Longitudes au courant de tout ce qui se fait en astronomie chez vous, et correspondre à cet égard avec Monsieur Arago, secrétaire du Bureau, qui, de son côté, vous fera part de ce qui se fait en France sur le même objet. J’ai prié Monsieur Gautier, que vous serez bien aise de connaître, de prendre des informations sur une circonstance de la vie de Newton, assez remarquable et qui jusqu’ici a été peu connue. Je veux parler de l’état d’aliénation où il parait avoir été pendant plusieurs mois après la publication de son livre des Principes et l’incendie de ses papiers. Monsieur Biot a publié sur cela, dans sa notice biographique de Newton, insérée dans la Biographie Universelle, une lettre d’Huygens à Leibniz1. Il est probable que des informations prises à Cambridge, où Newton était alors, éclairciront ce fait, et vous êtes plus que personne à portée de vous le procurer. Je désirerais savoir encore, à quelle époque Newton a commencé de s’occuper d’objets théologiques. La scolie qui est à la fin de son livre des Principes ne se trouve point dans la première édition de ce livre, et je ne vois point dans les Leçons d’Optique les idées qu’il a répandues à cet égard dans son Traité d’Optique ; il paraît que les idées théologiques ont été la principale occupation de ses dernières années, et l’on a imprimé quelque part que ses héritiers, après sa mort, avaient brûlé plusieurs milliers de feuillets écrits de sa main sur ces matières. Toutes les circonstances de la vie des hommes célèbres intéressent l’histoire de l’esprit humain car, suivant l’expression de Monsieur Bailly, c’est dans ces grandes têtes que l’esprit humain a vécu. Auriez-vous la bonté de me rappeler à Monsieur Davy, et de lui offrir l’hommage de mes sentiments d’estime et d’amitié bien sincères ? Je vois par vos journaux scientifiques qu’il s’occupe, ainsi que Monsieur Faraday, de la condensation des gaz, objet qui se rattache au livre XII de mon Traité de Mécanique Céleste2. Monsieur Cagniard-Latour avait déjà communiqué à l’Académie des Sciences des expériences de ce genre, fort curieuses, mais qui me paraissent avoir été beaucoup étendues par Monsieur Faraday3. Veuillez bien encore me rappeler au souvenir de MM. Young, Kater et Wollaston. J’ai été fort heureux de contribuer à l’élection de Monsieur Wollaston comme associé étranger de l’Académie des Sciences. Agréez, Monsieur, l’assurance de mes sentiments d’estime et d’amitié. Marquis de Laplace Londres, Royal Society, HS 11.102. 1. 1ère éd., 31 (1822), 168. 2. Humphry Davy, « On the application of liquids formed by the condensation of gases as mechanical agents », Phil. Trans., 113 (1823), 199-203. 3. Une partie de ses recherches avaient été présentées à l’Institut le 19 août 1822 (P.V. Institut, 7, 361) ; et plus tard publiées sous le titre « Exposé de quelques résultats obtenus par l’action combinée de la chaleur et de la compression sur certains liquides tel que l’eau », Annales de Chimie et de Physique, 21 (1822), 122-132.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1009. Laplace et [Madame Laplace] à Emile Laplace, 21 avril 1823
A Monsieur Monsieur Emile de Laplace Commandant des deux batteries d’artillerie à pied de la Garde Royale A Dax Ce 21 avril 1823 ... Il n’est question avec Madame de Salmon que de la journée du 24. Nous avons un dîner des 16 collègues, et le soir belle soirée ; nous irons à la séance de l’Académie. [Madame Laplace] [De la main de Laplace :] Je t’embrasse bien tendrement, mon cher Emile. Nous te regretterons beaucoup à la célébration de ma cinquantaine d’Académie des Sciences. Je te souhaite une continuation de bon voyage. Ton père Marquis de Laplace Bancroft, box 17, dossier 11.
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1010. reçu, 22 avril 1823
Reçu de Monsieur le Marquis de la Place, la somme de 1798 francs pour 6 mois de loyer échu le 1er de ce mois, compris l’impôt des portes et fenêtres. Ce 22 avril 1823 Veuve Morel reçu Bancroft, box 25, dossier 171.
1011. document, 24 avril 1823
24 avril 1823 50ème anniversaire de M. de Laplace, comme membre de l’Académie des Sciences2. Qui n’envierait le sort de l’immortel Laplace ? Un double hymen a fait doublement son bonheur ; il doit à tous les deux une rare faveur, une Muse3 au premier, au second une Grâce. 1. Dans ce même dossier se trouvent 7 autres reçus semblables pour les années 1823 à 1826. 2. Ce texte est de la main d’A. L. Billy, instituteur en mathématiques et ami de la famille. Le haut de la feuille porte l’inscription « Discrétion ». 3. Uranie.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Pour la dot d’Uranie, il a du grand Newton reçu tout le génie et la gloire en partage ; Quel trésor ne le cède à ce noble héritage ? D’une Grâce pour dot, quel fut le riche don ? il lui doit de sentir ce charme inexprimable qu’elle se plaît toujours à semer sous ses pas, Ce charme que Newton1, de tout savoir capable, Fut assez malheureux pour ne connaître pas2 Envoi à Madame de Laplace Continuez à rendre heureux L’homme illustre que l’on révère ; Comme lui, vous nous êtes chère, Comme lui, recevez nos vœux. En célébrant la cinquantaine De votre rivale aujourd’hui Pour vous la victoire est certaine ; Vous régnerez toujours sur lui Par l’aimable secret de plaire, Comme par ses profonds écrits, Il régnera sur les esprits Dans l’un et dans l’autre hémisphère. document Bancroft, box 15, dossier 23.
1. Newton vécut et mourut célibataire. 2. Vers de Voltaire.
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1012. Laplace et Madame Laplace à Emile Laplace, 26 avril 1823
A Monsieur Monsieur le Comte de Laplace Commandant des batteries d’artillerie à pied de la Garde Royale A Bayonne Paris, ce 26 avril 1823 Nous avons eu un aimable dîner de nos amis le jour de la cinquantaine, et M. de Laplace a reçu des marques d’affection auxquelles j’ai été bien sensible. Notre soirée a été très nombreuse ; elle a fini pour [illisible] parties jusqu’à une heure du matin, où alors il s’est montré de jolis couplets sur la cinquantaine du Sage, dont le refrain est Et que sont les cinquante ans Pour qui doit vivre mille ans ! Madame Laplace [De la main de Laplace en P.S. :] J’ai appris avec un grand plaisir l’accueil que t’a fait Madame la Duchesse d’Angoulême. Je te félicite d’être auprès de Son Altesse Royale, Monsieur le Duc d’Angoulême1. Sa loyauté et l’excellence de son caractère et de sa réputation doivent lui attacher les Espagnols et finir la guerre. Voilà mon espérance. Adieu, mon cher Emile, je t’embrasse bien tendrement. Ton père Marquis de Laplace Bancroft, box 17, dossier 11. 1. Louis Antoine d’Artois de Bourbon.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1013. Laplace à Plana, 23 mai 1823
A Plana Paris, 23 mai 1823 Monsieur, Vous avez dû recevoir les livres XI et XII de mon Traité de Mécanique Céleste formant le commencement du cinquième volume de cet ouvrage, et que j’ai eu l’honneur de vous adresser pour votre Académie. Je vous ferai parvenir par l’occasion la plus prochaine un exemplaire de ces livres, que je vous prie de vouloir bien agréer comme un hommage de ma haute estime et de mon amitié. Le XIIIe livre ne tardera pas à paraître. Il a pour objet principal la comparaison de ma théorie du flux et du reflux de la mer avec les observations que l’on fait chaque jour dans le port de Brest depuis 1807, et qui embrasseront bientôt une période entière du mouvement des nœuds lunaires. Monsieur Bouvard a bien voulu se charger des calculs numériques des seize premières années de ces observations. Leur accord avec ma théorie ne parait être une des confirmations les plus frappantes du principe de la pesanteur universelle. L’ensemble du nombre immense d’observations comparées donne 2,35333 pour le rapport des actions du Soleil et de la Lune sur la mer dans leurs moyennes distances d’où il résulte une nutation lunaire de 9",4. Je crois ce résultat aussi exact que celui des observations astronomiques. Le commencement de ce livre contiendra une notice des recherches des géomètres sur cette matière, ce qui m’a donné l’occasion de relire avec une attention particulière les trois pièces couronnées en 1740 par l’Académie des Sciences. Il me semble d’après cette lecture, que l’on fit à Maclaurin une injustice en partageant le prix qu’il méritait seul par la beauté de ses théorèmes sur l’attraction des sphéroïdes elliptiques, et par l’élégance de ses méthodes analytiques1. Les pièces de Daniel Bernoulli et d’Euler ne me paraissent avoir ajouté rien de neuf à ce que Newton avait dit, et d’ailleurs elles ne sont pas exemptes de parallogismes2. L’ouvrage de d’Alembert Sur la Cause des Vents3 est d’une obscurité fatigante 1. « De causa physica fluxus et refluxus maris », Recueil des Pièces qui ont Remporté les Prix de l’Académie Royale des Sciences, 4, 195-234. 2. Voir leurs mémoires qui sont publiées dans le même Recueil que celui de Maclaurin. 3. Réflexions sur la Cause Générale des Vents (Paris, 1747).
ANNÉE 1823
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à travers laquelle je ne vois de bon que ce qui regarde les oscillations d’un fluide rare sous l’action d’un astre immobile. Cette matière était donc à-peuprès neuve au moment où je la repris. Vos nouvelles recherches à cet égard nous ont fort intéressé. Je viens de recevoir celles que vous venez de publier sur les réfractions astronomiques ; je n’ai pas encore eu le loisir de les approfondir, et je me réserve de vous en écrire lorsque je l’aurai fait. Je me bornerai ici à quelques réflexions sur ce que vous dites relativement à la chaleur dégagée par la compression de l’air. Je crois ce problème résolu par les formules que j’ai données dans le volume de la Connaissance des Temps pour 1825, et dans le XIIe livre de ma Mécanique Céleste, p. 1281. Ces formules, en adoptant vos dénominations, donnent H h · V = F + ---- § ------------r © 0 m ,76¹
C -----1C
m
0 ,76 = F + Hcn § --------------· © h ¹
C 1 – -----1C
;
V est la chaleur absolue d’une molécule d’air, F, H, et H' sont des constantes ; c et c1 sont les chaleurs spécifiques de l’air sous pression constante et sous volume constant, le rapport C1 -----C
étant à-fort-peu-près constant sous les diverses pressions et aux diverses températures, et étant à-très-peu-près égal à 1,3748. n est la température propre à la molécule d’air. Dans une compression très rapide, V reste constant ; 1
H h -· ---- § ------------r © 0 m ,76¹
C----C
U -· H h - = § ------est donc égal à -------- ; ce qui donne ------------© U ¹ m U 0 ,76
C -----1C
, U étant la
valeur de r correspondant à 0m,76. On a pareillement h · v = v § ------------© m ¹ 0 ,76
C 1 – -----1C
U = v §© --------·¹ U
C -----1- – 1 C
,
(n) étant la valeur de n avant la compression et correspondant à la pression de 0m,76. Si l’on fait r = 5(r), on aura n = (n). 1,450 ; à la température de la glace fondante, (n) = 266°,7 ; n devient donc par la compression 386°,8 ; la température de la molécule d’air acquiert donc 119°,1. La chaleur spécifique C sous pression constante, étant dV/dn est par ce qui précède m
0 ,76-· § ------------© h ¹
C 1 – -----1C
m
0 ,76
, ou §© --------------·¹ h
0 ,273
.
1. Laplace publie 4 mémoires qui touchent ce sujet dans la Connaissance des Temps pour l’année 1825.
1226
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
L’hypothèse de Monsieur le Chevalier Avogadro est donc juste et bien préférable à la formule empirique de Monsieur Navier. Monsieur Nicollet et le Colonel Brousseaud vont bientôt partir pour continuer leurs opérations trigonométriques qui rejoignent la Savoie au Piémont. Vous nous obligeriez beaucoup si vous pouviez nous les procurer. Plus je réfléchis sur les destinés humaines, plus je vois que les sciences sont au premier rang des choses qui peuvent leurs être utiles et les honorer. Elles ont fait la principale occupation de ma vie ; elles sont la consolation de ma vieillesse, et je m’attache de plus en plus à ceux qui, comme vous, Monsieur, les aiment et les cultivent avec un grand succès. Agréez l’expression de ce sentiment que je vous renouvelle toujours avec un nouveau plaisir. Laplace copie envoyée à Carlini Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1823, 05 23 GP FC ; et publiée dans Guido Tagliaferri et Pasquale Tucci, « Carlini and Plana on the theory of the Moon and their dispute with Laplace », Annals of Science, 56 (1999), 267-269.
1014. Scott à [Groslier], 2 juin 1823
Imprimerie Pour les mathématiques, les sciences et les arts Rue du Jardinet-Saint-André-des-Arcs, Huzard-Courcier, imprimeur Paris, ce 2 juin 1823 Monsieur, Monsieur le Marquis de Laplace me charge de vous prier d’avoir la complaisance de revoir les feuilles 1, 2, 4 ci-jointes, et de les garder le moins long-
ANNÉE 1823
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temps qu’il vous sera possible. Je vous prierai moi-même de vouloir bien nous faire savoir si vous aurez quelque occasion de renvoyer à l’imprimerie les feuilles lues, ou s’il sera nécessaire de les envoyer chercher. J’ai l’honneur de vous saluer. Scott lettre complémentaire Paris, Observatoire, MS 1001.
1015. Scott à [Groslier], 13 juin 1823
Imprimerie Pour les mathématiques, les sciences et les arts Rue du Jardinet-Saint-André-des-Arcs, Huzard-Courcier, imprimeur Ce 13 juin 1823 Monsieur, J’ai l’honneur de vous adresser les feuilles 3, 5, 6, 7, 8 de la Mécanique Céleste. Je n’ai pu y joindre la copie, comme vous le désiriez, parce que l’auteur n’est pas dans l’habitude de nous la rendre ; mais si elle ne vous était nécessaire que pour la vérification des nombres, peut-être pourriez-vous vous éviter ce travail, car outre la collation qu’on en fait avec soin à l’imprimerie, les épreuves ne vous sont envoyées qu’après avoir été soumises à Monsieur Damoiseau, astronome, qui les revoit principalement pour les calculs et les nombres. J’ai l’honneur de vous saluer. Scott lettre complémentaire Paris, Observatoire, MS 1001.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1016. reçu, 8 juillet 1823
8 juillet 1823 J’ai reçu de Monsieur le Marquis de La Place la somme de 100 francs pour la Caisse des Pauvres dont quittance. A Arcueil, ce 8 juillet 1823 Regnault Trésorier des pauvres reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
1017. Bürg à Laplace, 17 juillet 1823
sans description, copie en allemand Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1823.
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1018. document, 15 août 1823
A letter to Laplace August 15, 1823 sent by Mr. Robison [by John F. W. Herschel] Introducing Mr. R. as son of the Professor Royal of Edinburgh. Thanking him for the 11th and 12th books of the Mécanique Céleste. 1. Hoping to see the perturbations of Ceres and Encke’s comet treated by him. 2. Mentioning our (South’s and my) work on double stars « in the course of which many interesting verifications of those views which I remember you once characterized in the course of conversations at Arcueil, on an evening I shall never forget as ‘très philosophiques et très vraies’ have come out ». 3. Mentioning my wish that Arago would publish his observations on double stars for the sake of comparison. 4. Promising to send our results. Informations notées dans un registre de la main de John F. W. Herschel. Londres, Royal Society, HS 17.7.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1019. Dureau de la Malle à Madame Laplace, 1er septembre 1823
Madame Madame la Marquise de Laplace, à Arcueil près Paris Seine et Oise Paris, 1er septembre 1823 Madame, Hier au whist, je vous menaçais de dormir. Je me vantais : notre « partner » qui m’offrait l’image du dormeur-éveillé m’inspira, sans doute, cette crainte. L’exemple est contagieux, bref, je ne sais, Madame, si la faute en est à vous, à M. de Salmon, ou à M. de Laplace. Mais rentré, au lieu de dormir, je me suis amusé à créer l’univers, et j’ose vous envoyer ma petite création, comme un produit d’Arcueil. Aurez-vous, Madame, la bonté de la mettre sous les yeux de Monsieur de Laplace ? Sûrement, beaucoup d’idées seront, dans ce premier jet, incomplètement exprimées. Mais, ou je m’abuse (ce qui est fort possible), ou l’idée fondamentale a quelque chose de juste et d’élevée. Pour les détails et l’exécution, j’implore les conseils, les critiques du vaste génie qui a su embrasser et produire le Système du Monde. Car nous autres poètes, grands pécheurs, c’est la croix qui nous sauve. Puissiez-vous penser, Madame, ainsi que Monsieur de Laplace, qu’en revenant d’Arcueil, je n’ai pas passé par Bicêtre ; et agréez l’hommage des sentiments de respect et de dévouement avec lesquels j’ai l’honneur d’être, Madame la Marquise, Votre obéissant serviteur. Dureau de la Malle1 P.S. Bicêtre et Montmartre ! Quel funeste augure pour ma création ? !2 1. Adolphe Dureau de la Malle. 2. Le reste de cet envoi est sur une feuille séparée.
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Hier, en réfléchissant sur le sublime, il m’a semblé que sa source la plus féconde était dans le merveilleux Chrétien, appliqué aux grands phénomènes de la nature. En méditant sur le sublime d’images et d’expression, j’ai cru voir qu’on pouvait l’obtenir souvent par une brusque suppression de circonstances successives, par une grande ellipse d’images et d’idées intermédiaires. J’ai pris pour texte le premier Chapitre de la Genèse. J’ai imaginé, pour donner une grande idée de la toute-puissance Divine, de renfermer la création dans quelques paroles de Dieu, et d’exprimer en quatorze vers, sans cesser d’être orthodoxe, les principales lois que la science a découvertes, et qui régissent le système du monde. Dieu « Ciel et Terre, existez ». Le chaos disparait. « Lune et Soleil, brillez ». L’un et l’autre éclairait. « Mer, jusqu’ici, pas plus ». La mer prend ses limites. « Astres, roulez ». Leurs feux parcouraient leurs orbites. « Que leur masse et leur poids se compensent ». Soudain Les mondes par milliers se pèseront dans sa main. « Mouvement, suis mes lois ». Soumis dans leur vitesse, Tous les corps s’attirant, se repoussent sans cesse. « Argile, deviens homme ». Et l’informe limon Conçoit, agit, se change en Homère, en Newton. « Nature, nais et meurs ». Moins de temps qu’un sourire ; Et tout détruit pour vivre, et tout vit pour détruire. J’ai fini. L’Univers peut changer de destin. J’ai l’espace et le temps. La matière est sans fin. lettre complémentaire Bancroft, box 15, dossier 48.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1020. [Madame Laplace] à Laplace, 23 octobre 1823
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France Rue du Bac, n° 100 A Paris [Joinville], ce mercredi 23 octobre 1823 Je me porte tout à fait bien, mon ami, j’ai repris toutes mes habitudes aujourd’hui. Je désire toujours avoir l’avis de Monsieur Magendie sur la position où je me suis trouvée, dans le cas où j’éprouverais le même accident. J’attends de tes nouvelles et de celles d’Emile avec impatience. Nous allons tous bien. Monsieur et Madame de Fleury te font mille amitiés. Je t’embrasse bien tendrement de tout mon cœur. Angélique va bien. [Madame Laplace] Bancroft, box 17, dossier 3.
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1021. reçu, 1er décembre 1823
1er décembre 18231 Troisième année de cotisation
Compagnie d’Assurance Mutuelle contre l’Incendie pour les départements de Seine et Oise et de la Seine (Paris excepté) Rue Meslée, N° 12
Montant de l’assurance 30.000 francs ----n° 9,070 Je reconnais avoir reçu de Mr le Marquis Delaplace d’Arcueil domicilié à Paris, rue du Bac n° 100 la somme de 12 francs, montant de sa cotisation annuelle pour un an à partir du 1er décembre 1823, dont quittance. A Paris, le premier décembre 1823 Le Caissier Druyen reçu Bancroft, box 1, dossier 372.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. Dans le même dossier se trouvent deux autres reçus semblables pour les années 1824 et 1826.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1022. Laplace à Biot, [1823]
A Monsieur Monsieur Biot inspecteur des écoles militaires à Saint-Cyr près de Versailles A Versailles Ce jeudi [1823] Monsieur et très cher collègue, Ne vous ayant point trouvé au Collège de France, j’avais prié Monsieur Feuillet de vouloir bien vous écrire que j’étais chargé par le Grand Chancelier de la Légion d’Honneur de vous remettre au nom du Roi, la décoration d’officier de la Légion. Si vous pouvez venir dimanche prochain à Arcueil, et me faire l’honneur d’y dîner, je vous remettrai avec un grand plaisir cette décoration, en vous embrassant de bien bon cœur, et en vous témoignant combien je prends part à tout ce qui vous intéresse et combien je m’estime heureux du choix que l’on a fait de moi, pour vous remettre cette marque de la bienveillance de Sa Majesté à votre égard, bienveillance fondée sur la réputation que vous vous êtes si justement acquise dans les sciences. Agréez, mon illustre confrère et ami, l’assurance de tous mes sentiments d’estime et d’attachement. Marquis de Laplace B.I., MS 4896, pièce 71.
1023. Laplace à [Davy], 5 janvier 1824
Paris, ce 5 janvier 1824 C’est au digne successeur de Newton dans la présidence de la Société Royale que je prends la liberté d’adresser l’exemplaire ci-joint de la cinquième édition de mon Exposition du Système du Monde, en le priant de vouloir bien l’offrir de ma part à cette illustre Société1. Je désire qu’elle reçoive avec indulgence un ouvrage dont l’objet principal est d’exposer une découverte sortie de son sein, et la plus grande qu’ait faite l’esprit humain. Les résultats que Newton son auteur en a déduits, et ceux auxquels les géomètres ses successeurs sont parvenus par d’heureuses applications de l’analyse, résultats qui ont élevé cette découverte au plus haut degré de perfection et de certitude2. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt la seconde partie des Transactions Philosophiques de 1823, et spécialement les mémoires que vous y avez insérés, ceux de Monsieur Faraday sur la compression des gaz, et celui sur la réfraction astronomique par Monsieur Ivory qui est incontestablement l’un de nos meilleurs géomètres3. J’ose vous prier, Monsieur, d’offrir à Madame Davy l’hommage de mes respectueux compliments, et d’agréer l’assurance de mes sentiments de haute estime et de considération. Marquis Delaplace Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A ; et Bancroft, box 10, dossier 5 (brouillon). 1. Le brouillon de cette lettre montre que Laplace a beaucoup abrégé ce qu’il a finalement envoyé à Davy. 2. J’ai copié cette phrase telle qu’elle se trouve dans la lettre. 3. Humphry Davy, « On the application of liquids formed by the condensation of gases as mechanical agents », Phil. Trans., 113 (1823), 199-203 ; Michael Faraday, « On the condensation of several gases into liquids », Ibid., 189-198 ; et James Ivory, « On the astronomical refractions », Ibid., 409-495.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1024. [Laplace] à [Davy], [probablement 5 janvier 1824 ou 25 février 1825]
C’est au digne successeur de Newton dans la présidence de la Société Royale que je prends la liberté d’adresser l’exemplaire ci-joint de la cinquième édition de mon Exposition du Système du Monde, en le priant de vouloir l’offrir bien de ma part à cette illustre société. Si vous avez le loisir de parcourir [ce que j’ai dit dans] le dernier Précis [Historique] de l’Histoire d’Astronomie moderne, que j’ai donné à la fin de cet ouvrage, vous y verrez qu’en rendant [à N] aux grandes découvertes de Newton toute la justice qui leur est due, j’exprime le regret que ce grand homme ait trop tôt abandonné la [les sciences] partie mathématique[s] pour se livrer a des spéculations qui [ont été loin de] de lui ont pas certaine ... procuré le bien qu’il eut retiré de la ... de ses travaux mathématiques. [J’offrit] [Je suis porté à attribuer] cet abandon par [ce] qu’il éprouva peu de temps après la publication de son ouvrage des Principes et dont Huygens ... a fait ... en ... dans une lettre que M. Biot a [cité dans] décrit à ce Bulletin des Longitudes ... C’est un peu de [l’avis] ... de Nesle que j’ai a suite que j’ai décidé des remarques à ... de ma part ... confirmer. Je compte vous envoyer sous [peu] pour la Société Royale du 13e livre de la Mécanique Céleste sur les oscillations des ... et de l’atmosphère et duquel je ... la théorie de la pesanteur universelle. ... [a seize années] du ... chaque abord pendant seize années con… et à huit années d’... du baromètre faites ... par jour. ... elu royal. Le Bureau des Longitudes fait imprimer les Tables de la Lune données par M. Damoiseau, dans la seule théorie de la pesanteur et l’Académie des Sciences fait imprimer dans son Recueil des Prix la pièce de cet auteur qui a ... sens de fond à son titre. J’ai lu [avec un grand intérêt] ... ce que vous avez publié dans le second tome des Transactions Philosophiques pour l’année 1823 ainsi que les expériences de M. Faraday sur la compression des gaz et les recherches des ... Tables de M. Ivory qui est incontestablement l’un des meilleurs géomètres de l’Europe. [Je profite de l’occasion] Permettez-moi Monsieur de prendre cette occasion pour vous offrir ... Je désire bien que la santé de Madame Davy ... seul de jour en jour et qu’elle réplique par celle roy … cela ... loin de la France. J’ai eu un grand plaisir à la revoir. Veuillez lui agréer ... de mon sentiment de haute estime et de considération. Je désire qu’elle veuille bien recevoir avec indulgence cet ouvrage dont l’objet principal est ... grandes découvertes de l’esprit humain, découvertes et
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la plus grande que la pensée humaine ait faite. Les résultats que Newton son auteur en a déduit et ceux que les géomètres ses successeurs en ... application de l’analyse, résultats qui ont élevé cette découverte au plus haut degré de perfection et de certitude. J’ai lu avec beaucoup d’intérêt dans la seconde partie des Transactions Philosophiques les mémoires que vous y avez insérés, celle de M. Faraday sur la compression des gaz et celui sur les tables astronomiques par M. Ivory qui est incontestablement l’un des meilleurs géomètres. Veuillez bien, Monsieur, avoir la bonté d’offrir à Madame Davy mes respectueux compliments et agréer mes sentiments d’estime et de considération. [Laplace] brouillon Bancroft, box 10, dossier 5 ; voir aussi Sotheby, London, catalogue Lt. Col Sir Richard Cotterell, Printed Books, Autograph Letters, Music, etc. with Properties from Miss Edna H. Bahr, the most Hon. the Marquess of Bath, the late Wilhelm Weinberg, Lady Davidson, and others (9-11 décembre 1957), n° 708, lettre autographe datée du 21 février 1825 « contenant un panégyrique des Principia de Newton ».
1025. Laplace à Metternich, 12 janvier 1824
Au Prince de Metternich Paris, ce 12 janvier 1824 Mon Prince, L’intérêt que vous portez aux sciences utiles me donne la confiance de vous recommander la mesure de l’arc du parallèle moyen compris entre Bordeaux et Fiume. Cette mesure, à laquelle ont concouru les ingénieurs de France, d’Autriche et du Piémont, est l’une des principales bases de la topographie de
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
ces trois états. Elle doit répandre d’ailleurs beaucoup de lumières sur la figure de la Terre ; c’est la plus grande opération de ce genre que l’on ait encore faite. Elle est entièrement terminée quant à la partie géodésique. Sa longitude a été mesurée avec précision depuis Bordeaux jusqu’à Milan, au moyen de feux à poudre. Il reste à mesurer par le même procédé la longitude depuis Milan jusqu’à Fiume, ce qui peut être facilement exécuté cette année. C’est cette mesure que je prends la liberté de recommander à Votre Excellence. Monsieur Bouvard, qui m’a parlé souvent avec le sentiment d’une vive reconnaissance de l’accueil que vous lui avez fait à Vienne, m’a communiqué le plan d’un observatoire que vous vous proposez de faire élever. Cet observatoire, muni de bons instruments, dirigé par Monsieur Littrow, sera très utile à l’astronomie. J’ose vous en remercier au nom d’une science qui a fait la principale occupation de ma vie. J’en ai présenté les résultats dans mon Exposition du Système du Monde. On vient de publier la cinquième édition de cet ouvrage avec des additions. Veuillez bien accueillir l’hommage d’un exemplaire que je vais remettre à votre ambassade de Vienne, en la priant de vous le faire parvenir. Daignez, Mon Prince, agréer les sentiments de ma haute et respectueuse considération. Marquis de Laplace, Pair de France Prague, Archives Centrales Czech, Archives Metternich, Acta Clementina 7, Inventaire 125, carton 3.
1026. document, 9 février 1824
9 février 1824 Je consens à renoncer à la condition énoncée dans la délibération prise par le Conseil municipal de la commune d’Arcueil le 21 octobre 1823, savoir que dans le cas ou le nouveau chemin ne pourrait être dans la suite rendu départemental, et ou par des circonstances quelconques, la commune se trouverait
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dans l’impossibilité de l’entretenir convenablement, il me sera loisible et à mes successeurs de fermer la partie de ce chemin qui ira du chemin des prêtres à la vache noire. Je me restrains à la condition que le chemin dont il s’agit soit entretenu, pavé, et en bon état. Paris, ce 9 février 1824 Marquis de Laplace document Bancroft, box 3, dossier 4.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1027. document, 23 février 1824
23 février 18241 1824 Département de la Seine 6e Collège électoral d’arrondissement 2e section Palais Bourbon CARTE D’ÉLECTEUR Nom : Prénoms : Qualifications : Demeure :
Delaplace (le Marquis) Pierre Simon Pair de France rue du Bac, 100
Signature de l’Electeur Marquis Delaplace A Paris, le 23 février 1824 Le Conseiller d’Etat, Préfet de la Seine Chabrol Par le Préfet : Le Maître des Requêtes, Secrétaire général document Bancroft, box 2, dossier 8.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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1028. Louize à Laplace, 28 février 1824
A Monsieur le Marquis de Laplace, Pair de France, rue du Bac, n° 100 Périers-en-Auge, le 28 février 1824 François-Jacques Louize à Monsieur Laplace, Pair de France, J’ai l’honneur de vous faire part, mon cher parent, que Monsieur d’Aigremont St Manvieux, a obtenu 9 voix en outre que M. Adam de la Pomerais1 ; on s’est aperçu que le parti triomphe en plusieurs circonstances. Comme nous sommes propriétaires pour le tiers de notre fortune de biens nationaux, ma femme appréhende les revenants. Nous vous demandons avis s’il serait prudent de s’arranger avec les représentants des anciens propriétaires par un acte notarié et dirigé d’après les chances. Veuillez nous obliger de faire une réponse détaillée, comme il faut que je vote samedi prochain, comme j’ai l’honneur d’être électeur du grand collège. Recevez, notre cher parent, l’assurance de nos civilités les plus sincères. F. J. Louize Mon adresse, c’est où je serai à Caen, dès vendredi soir, chez Monsieur Jean, aubergiste, au pied du pont de Vaucelles.
Bancroft, box 10, dossier 20.
1. François Anastase Adam de la Pommeraye.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1029. [John Herschel] à [Laplace], 18 mars 1824
London, March 18, 1824 My dear Sir, When I wrote to you last by my friend Mr. Robison (who expressed himself much gratified by your kind reception) I had not in my power to satisfy you precisely on the subject of the inquiries you made some considerable time back relative to the triangulation in the North of Scotland. The matter stands at present as follows. There must be measured a new base, and before the triangulation which will connect the coast of Scotland with Ireland can be finished. It will also be necessary to visit some stations in the North of Scotland itself. I presume these operations will be executed in the course of the present summer. With regard to the junction of our triangles with those of France – the observations for connecting the Observatory of Greenwich with the stations on the two coasts were completed in the early part of last year, and a full detail of them is now ready for publication by Major Kater which of course will be immediately forwarded to Paris, and may be made the basis of such calculations jointly or separately, as the Boards of Longitude of the two nations shall then determine on. Captain Sabine has just completed the final reductions of his comparisons of the lengths of the pendulum in various latitudes. The mode in which he has combined the observations seems to me free from all objection and extremely likely to give results free from local irregularity and the accordance between the various partial results is (for such a subject) quite astonishing. He states 1/287 as the mean compression deduced from all the Measures – a result at which you will no doubt be as much surprised as myself. It is certainly singular that hitherto every new investigation of this point has given a greater compression than all that have preceded it. Captain Hall’s experiments in the South American stations visited by him give 1/298.13. Meanwhile Captain Sabine’s results are not yet publicly known, and in fact are still under consideration. You mention in one of your letters a wish on the part of M. Arago to enter into correspondence with me. It is singular, certainly, that he has not noticed any of my letters, – in particular one dated the 18th March 1822, in which I communicated to him the results of micrometrical measurements of the diameter of the planets, and of the distances of various double stars, with a view to induce him to a similar communication for the sake of comparison. I fear that some mistake respecting his address (or some other cause) prevents his receiv-
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ing letters from his friends in London. Mr. Baily has written him 3 letters (besides sending him two messages) requesting him to inform him of the price of an instrument by Gambart, none of which he seems to have received, as, the other day, Mr. Baily had a letter from him, asking him for the money, which Mr. B has all along been only desirous to pay. Should you see M. Arago I should feel obliged to you to explain this to him, as both myself and Mr. Baily would feel extremely sorry that he should think us guilty of any intentional negligence. The passage in Newton’s life you allude to is doubtless, if true, extremely remarkable, but it would require much stronger evidence than that of a casual expression in a single letter from Huygens to Leibnitz to establish such a fact in opposition to the speaking silence of all his other contemporaries. I have been very anxious to get set on foot, de novo, a computation of the coefficients of aberration, precession and nutation from the whole series of transit observations of fixed stars made at Greenwich since Bradley’s time, with a view if possible, to establish these precious data beyond dispute. The results of Mr. Struve’s observations at Dorpat are, I think, sufficient to show that transit observations are fully adequate to such a purpose, and it would be highly desirable that all astronomers should at length come to an understanding on the elements they will use in the reduction of their observations. When I visit Paris (which I hope to do in a month from the present time, when I look forward with much pleasure to the renewal of my acquaintance with yourself and many of my scientific friends) I shall be anxious to converse with your astronomers on this point, but – before that time, I should like very much to know what you think of the idea, and how far the most eminent among them may be disposed to agree with those of other nations on any common system of reductions by which astronomers might at last be brought to use the same language. I beg my best regards to Messrs Arago, Bouvard and Nicollet, also to Messrs Biot and Poisson and I pray you to believe me with the very sentiment of esteem and veneration, Dear Sir Yours very truly. J.F.W.H. P.S. I have lately observed some very curious phaenomena of the effects of Voltaic electricity which are communicated to the Royal Society and which form the subject of the Bakerian Lecture for the present year1. copie Londres, Royal Society, HS 17.7 et HS 20.178. 1. The Bakerian Lecture : On Certain Motions Produced in Fluid Conductors when Transmitting the Electric Current (London, 1824).
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1030. Polignac à Laplace, 1er avril 1824
A S. S. Le Marquis de Laplace Londres, ce 1er avril 1824 Monsieur le Marquis, Le Duc de Somerset, membre de la Chambre des Pairs d’Angleterre, comptant faire à Paris un séjour d’environ six semaines, m’a témoigné le désir de faire connaissance avec votre Seigneurie, étant lui-même grand amateur de sciences ; je me suis empressé de lui donner la présente lettre d’introduction avec d’autant plus de plaisir qu’elle me donne l’occasion de vous renouveler, Monsieur le Marquis, l’assurance de mon estime toute particulière et de ma haute considération. Le Prince de Polignac Bancroft, box 16, dossier 62.
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1031. reçu, 2 avril 1824
2 avril 18241 3e année Société de Géographie Je reconnais avoir reçu de Monsieur le Marquis de Laplace, pour le compte de la Société de Géographie, la somme de 36 francs, montant de la souscription de 1824. A Paris, 2 avril 1824 Chapelle reçu Bancroft, box 1, dossier 38.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1032. reçu, 21 mai 1824
21 mai 18241 Annuité Le 20 mai 1825, je payerai à la Caisse d’Amortissement la somme de 240 francs, pour la première annuité du cinquième que je suis tenu d’y verser à cause du revenu de mon Majorat. Domicile à Paris chez moi rue du Bac, n° 100 Paris, le 21 mai 1824 Marquis de Laplace [Au dos :] Pour acquit [signature illisible] reçu Bancroft, box 3, dossier 1.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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1033. Emile Laplace à Laplace, 16 juin 1824
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Vincennes, le 16 juin 1824 Mon père, Monsieur le Marquis de Caraman a écrit à son fils qu’il s’était chargé de votre commission près du Prince de Metternich, qui parait très bien disposé et qui a donné les ordres, pour que les travaux depuis Milan jusqu’à Fiume soient suivis avec activité. Monsieur de Caraman vous prie, d’après l’invitation de Monsieur de Metternich, de lui faire passer toutes les observations que vous jugeriez à propos de présenter relativement à la marche de ces travaux, et termine en disant que le Prince s’empressera de faire tout ce [que] vous voudriez pour cette opération, à l’exception de la faire lui-même. Je désire que ce mauvais temps n’ait point altéré votre santé, et suis avec le plus respectueux attachement. Votre fils Comte E. Laplace Voulez-vous que j’invite Monsieur de Caraman à venir dîner dimanche à Arcueil avec le Marquis de Chambray ? Bancroft, box 17, dossier 4.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1034. [Laplace] à Plana, 28 juin 1824
A Plana Paris, 28 juin 1824 Monsieur, J’avais prié Monsieur de Caraman, ambassadeur de France à la cour de Vienne, de négocier auprès du Prince de Metternich l’opération des feux nécessaires pour avoir la différence en longitude entre Milan et Fiume. Monsieur de Caraman m’a informé que le Prince de Metternich avait accueilli cette proposition avec toute l’obligeance possible, qu’il avait déjà donné les ordres pour cet objet, et qu’il ferait à cet égard tout ce que je désirerais. Veuillez donc bien prendre des informations à cet égard, et m’indiquer les nouvelles démarches qui pourraient être utiles pour que l’opération fut terminée cette année1. J’ai reçu le mémoire que vous avez eu la bonté m’envoyer sur l’apogée de la Lune2. J’ai toujours pensé, comme vous, que Newton avait trouvé le premier terme de son mouvement. Il devait donc croire qu’une seconde approximation doublerait ce mouvement ; car il ne croyait pas, comme Clairaut l’avait d’abord pensé, qu’il fallait modifier la loi de l’attraction. Mais on voit par la proposition 3 du troisième livre des Principes, que Newton persuadé sans doute, que l’on ne pouvait doubler le mouvement de l’apogée, sans doubler la force qui tend à écarter la Lune et la Terre, dans la direction de son rayon vecteur, a doublé cette force, ce qui n’est pas exact. On imprime dans ce moment le 14e livre de ma Mécanique Céleste qui a pour objet le mouvement des corps célestes autour de leurs centres de gravité. En parlant de la précession des équinoxes j’aurai occasion de citer les ingénieuses recherches par lesquelles vous avez confirmé ce que j’avais avancé touchant l’influence que la mer peut avoir sur ce phénomène, dans votre intéressant mémoire sur les mouvements des fluides qui recouvrent les planètes3. 1. Une lettre de Plana du 21 juillet 1824 à ce sujet fut discutée au Bureau des Longitudes. 2. « Note sur la Proposition XLV du le livre des Principes de Newton, où il cherche le mouvement des apsides dans les orbes qui approchent beaucoup des orbes circulaires », Correspondance Astronomique, Géographique, Hydrographique et Statistique, 9 (1823), 354-369. 3. Mécanique Céleste, 5, 252 ; et Laplace, O.C., 5, 281.
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Agréez, Monsieur etc. [Laplace] copie de Plana, envoyée à Carlini Milan, Osservatorio astronomico di Brera, Corrispondenza 1824 06 20 GP FC ; et publiée dans Guido Tagliaferri et Pasquale Tucci, « Carlini and Plana on the theory of the Moon and their dispute with Laplace », Annals of Science, 56 (1999), 269.
1035. reçu, 12 juillet 1824
A Monsieur Lamotte Délégué aux fonctions de Maire A Beaumont 12 juillet 1824 Je reconnais avoir reçu de Monsieur de La Motte 3.000 francs, acompte sur mes revenus de Normandie1. Paris, ce 12 juillet 1824 Marquis de Laplace reçu Bancroft, box 10, dossier 20.
1. De la main de Laplace.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1036. Laplace à Mary Somerville, 15 août 1824
A Madame Madame Somerville n° 12, Grosvenor Square, Londres Paris, ce 15 août 1824 Madame, Monsieur Magendie m’a remis la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire. Je suis très sensible aux choses flatteuses dont elle est remplie à mon égard. L’intérêt que vous daignez prendre à mes ouvrages me flatte d’autant plus, qu’ils ont bien peu de semblables lecteurs et de juges aussi éclairés. Je publie successivement les divers livres du cinquième volume qui doit terminer mon Traité de Mécanique Céleste, et dans lequel je donne l’analyse historique des recherches des géomètres sur cette matière. Cela m’a fait relire avec une attention particulière l’ouvrage incomparable des Principes Mathématiques de la Philosophie Naturelle de Newton, qui contient le germe de toutes ces recherches. Plus j’ai étudié cet ouvrage, plus il m’a paru admirable, en me transportant surtout à l’époque où il a été publié. Mais en même temps que j’ai senti l’élégance de la méthode synthétique suivant laquelle Newton a présenté ses découvertes, j’ai reconnu l’indispensable nécessité de l’analyse pour approfondir les questions très difficiles qu’il n’a pu qu’effleurer par la synthèse. Je vois avec un grand plaisir vos mathématiciens se livrer maintenant à l’analyse ; et je ne doute point qu’en suivant cette méthode avec la sagacité propre à votre nation, ils ne soient conduits à d’importantes découvertes. Permettez-moi, Madame, de vous offrir l’exemplaire ci-joint, de la cinquième édition de mon Exposition du Système du Monde, comme un hommage de ma vive et respectueuse reconnaissance. J’aurais bien désiré vous l’exprimer de vive voix en allant à Londres avec Monsieur Magendie, comme je l’avais d’abord projeté, mais diverses occupations m’ont empêché d’accompagner mon savant confrère qui se loue extrêmement de votre accueil, et de celui de vos savants, accueil dont il est digne par ses travaux scientifiques et par son caractère.
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Daignez, Madame, agréer l’assurance de mes sentiments d’estime et de respect. Marquis de Laplace Voudriez-vous bien, Madame, présenter à Monsieur Somerville, mes sentiments distingués d’estime et de considération ? Oxford, Bodleian Library, Somerville Papers ; et publiée en partie dans Martha Somerville, Personal Recollections from Early Life to Old Age of Mary Somerville (Boston, 1874), p. 181 ; et dans Elizabeth C. Patterson, Mary Somerville and the Cultivation of Science 1815-1840 (The Hague, 1983), p. 49.
1037. Laplace à Fourier, 2 septembre 1824
A Monsieur Monsieur Fourier, Secrétaire de l’Académie des Sciences A Paris Ce 2 septembre 1824 Monsieur et cher confrère, Je regrette bien que vous n’ayez pu venir dimanche à Arcueil. Je suis surtout fâché de la cause qui vous a retenu chez vous, et qui, je l’espère, n’aura aucune suite. Monsieur Pouillet est venu me voir hier pour me parler de ses expériences. La conversation m’a fait naître un aperçu que je lui ai communiqué, et que je vous prie d’examiner. C’est que l’on peut, ce me semble, prouver par ses expériences que la Terre a une chaleur qui lui est propre. En effet, s’il plaçait son thermomètre dans un milieu vide, et dont l’enveloppe serait entourée de mercure congelé dont je
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suppose la température à –40°, ce qui est vrai à peu près, son thermomètre qui s’élève par la chaleur solaire dans une enveloppe entourée de glace à 7°½ ne s’élèverait qu’à –32°½. Il me semble que la grandeur du thermomètre ne fait rien à cette élévation, car son rayonnement et la quantité de chaleur qu’il reçoit du Soleil sont l’un et l’autre proportionnels à sa surface. Donc, que ce thermomètre soit gros comme la Terre et qu’il le remplace, que la température de l’espace dans lequel la Terre se meut soit –40°, et certainement elle est inférieure ; la température de la masse de ce thermomètre sera –32°½, ce qui est en-dessous de la température de la Terre. Je vous embrasse et vous renouvelle tous mes sentiments d’estime et d’amitié. Marquis de Laplace B.N., MS, fr. 22529, fols 123-124.
1038. Laplace à Maurice, 26 septembre 1824
A Monsieur Maurice, membre de l’Institut, rue de Bourbon n° 25 Paris, ce 26 septembre 1824 J’ai l’honneur d’envoyer à Monsieur Maurice, le volume des Transactions Philosophiques de 1824, où se trouve le mémoire de Monsieur Ivory sur la figure de la Terre1. Sa première proposition, page 111 est un cas particulier de la loi générale que j’ai donnée dans mon Exposition du Système du Monde, et suivant laquelle les mêmes phénomènes auraient lieu dans un univers réduit à des dimensions quelconques. Sa seconde proposition page 115 ne me paraît pas démontrée. Ce qui est nécessaire est que la résultante des attractions des 1. « On the figure requisite to maintain the equilibrium of a homogeneous fluid mass that revolves upon an axis », Phil. Trans., 114 (1824), 85-150.
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couches supérieures sur un point intérieur soit dirigée perpendiculairement à la surface de niveau à laquelle ce point peut être supposé appartenir. Mais la démonstration de son égalité à zéro, donnée par l’auteur, me paraît insuffisante, et c’est là qu’est la vraie difficulté de la question. Pour l’équilibre d’une masse fluide homogène, l’équation d’équilibre de la surface extérieure suffit. Au reste, cela m’a donné occasion de reprendre d’anciennes recherches sur cet objet qui me paraissent pouvoir résoudre le problème. J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur Maurice mes plus sincères compliments. Marquis de Laplace Genève, Archives Maurice.
1039. [Madame Laplace] à Laplace, [19 octobre 1824]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce mardi soir [19 octobre 1824]1 Notre voyage a continué, mon ami, toujours heureusement, jusqu’à Poissons. J’ai trouvé toute ma famille en bonne santé, Madame de Fleury beaucoup mieux que je ne m’y attendais, et Monsieur de Fleury parfaitement bien. Ils me chargent pour toi de mille affectueuses amitiés. J’attends de tes nouvelles, elles me feront plaisir. Henrion vient dîner samedi avec nous ; il part lundi, s’arrête en chemin et sera à Paris le 4 novembre. Nous avons ici un temps charmant. Nous sommes en vendanges. L’on fera beaucoup de vin. Pour moi, ma récolte sera d’une pièce de vin, je suis donc bien contente de ma richesse. Angélique 1. Un tampon de la poste indique le 23 octobre 1824.
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et moi, nous t’embrassons de tout notre cœur. Eugène Peyrard est arrivé ce matin. Il nous a fait plaisir à tous. [Madame Laplace]1 Bancroft, box 19, dossier 19.
1040. [Madame Laplace] à Laplace, 25 octobre 1824
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France, rue du Bac n° 100, A Paris Ce lundi 25 octobre 18242 J’attendais de tes nouvelles, mon ami, avec bien de l’impatience, ta lettre m’a fait un grand plaisir. Tu te portes bien, tout va bien. Je regrette de n’avoir point dit adieu à Monsieur Biot ; fais mes compliments à Madame Pastoret. Je suis sensible à son souvenir. Ma tante continue à se bien porter ainsi que mon bon oncle ; on serait bien content de te voir à Poissons. Ma santé se trouve très bien de mon séjour ici. Je vais adresser les renseignements que désire Monsieur Boisbertrand. Je le trouve bien aimable. Je t’avais écrit un petit mot de chez mon oncle Sampigny ; tu ne me parles que de ma lettre de mardi à Poissons ; j’avais trouvé dans la malle-poste Monsieur Moulon. Hier nous avons été dîner chez lui à Donjeux : la belle habitation ! Je m’y rappelais la respectable famille de Gettas, et la bonne musique que la Comtesse fit pour toi. Monsieur et Mme de Fleury te font mille amitiés. Angélique et moi, nous t’embrassons de tout notre cœur. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19. 1. De la main de Madame Laplace, mais sans signature. 2. Un tampon de la poste indique le 28 octobre 1824.
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1041. [Madame Laplace] à Laplace, [26 octobre 1824]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France, rue du Bac n° 100 A Paris Poissons, ce mardi [26 octobre 1824]1 J’ai reçu aujourd’hui ma petite boîte de Monsieur Roger, mon ami, je te prie de le remercier ; tu diras à Eugénie que je ferai remettre demain sa lettre et l’argent à son père. Eugénie fera dire à Monsieur Groslier que j’ai reçu la boîte en bon état. J’attends de tes nouvelles. Nous nous portons tous bien. Hercule croit partir demain, Angélique lui remet ma lettre pour son petit papa. Toutes les deux nous t’embrassons. Donne-moi des nouvelles de Monsieur Magendie. Ma tante se trouve bien de ses conseils. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 29 octobre 1824.
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1042. [Madame Laplace] à Laplace, 29 octobre [1824]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 Paris Poissons, ce vendredi1 29 octobre [1824]2 Nous nous portons tous bien, mon ami, je n’ai eu encore qu’une lettre de toi, je me plains de ta paresse. Nos amis Henrion sont partis. Je te prie de conduire Eugénie à Arcueil pour y visiter mes belles pommes. Monsieur et Madame de Fleury te font mille amitiés. Je t’embrasse, ainsi qu’Angélique, de tout notre cœur. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Jeudi et non vendredi. 2. Un tampon de la poste indique le 1er novembre 1824.
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1043. [Madame Laplace] à Laplace, 30 octobre [1824]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Poissons, ce 30 octobre [1824] Mon ami, je n’ai eu encore qu’une lettre de toi, ce qui m’inquiète. J’espère demain avoir de tes nouvelles. Monsieur de Maupas part à l’instant pour Paris, pour être à la revue que passe le Roi. Il reviendra aussitôt, parce qu’il laisse sa femme et ses deux enfants ici. Dans ma première lettre, je te parlerai de ma santé, et du temps où je pourrai revenir près de toi. Toute ma famille va bien, l’on te fait les plus tendres amitiés. Angélique se porte bien. Je t’embrasse, mon ami, de tout mon cœur. L’ami St Amand est avec nous et t’offre mille compliments. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
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1044. [Madame Laplace] à Laplace, 2 novembre 1824
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Mardi, Poissons, ce 2 novembre 18241 Enfin, j’ai eu ma petite lettre de toi, dimanche, que j’attendais avec impatience. Je trouve Madame de Portes bien aimable d’être venue te voir, je suis bien aise que tu sois allé passer une journée avec elle. Je t’ai écrit un mot par Monsieur de Maupas. Je n’ai pu jusqu’à présent, te parler de mon retour parce que je redoutais de fixer un moment pour voyager, la longue route m’étant tout-à-fait contraire dans certains moments. Et à présent que ma santé est bonne, il ne dépend plus de moi de partir plutôt que vers le 20, parce qu’il faut 15 jours pour m’assurer mes deux places à la malle-poste. Lis ma lettre à Monsieur Roger et envoie-lui ; c’est par toi que je serai avertie du jour où mes places seront retenues. Je reçois une petite lettre de Madame de Salmon qui me fait très grand plaisir ; je lui répondrai. Angélique est très enrhumée, mais j’espère que ce ne sera rien. Elle t’embrasse, ainsi que sa grand-mère, de tout son cœur. Reçois les amitiés de toute ma famille. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 5 novembre 1824.
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1045. Laplace à [John Herschel], 4 novembre 1824
Paris, ce 4 novembre 1824 Monsieur, J’ai l’honneur de vous adresser par la personne qui veut bien se charger de ma lettre, deux exemplaires de mon quatorzième livre de la Mécanique céleste. Je vous prie de vouloir bien remettre de ma part, l’un de ces exemplaires à la Société Royale de Londres, et de conserver l’autre exemplaire comme un témoignage de mes sentiments d’estime et d’attachement bien sincères. Je vais livrer à l’impression le quinzième livre, qui a pour objet la théorie des perturbations du mouvement des planètes et des comètes. Il sera bientôt suivi d’un seizième livre sur les perturbations du mouvement des satellites. Enfin un dixseptième livre, sur quelques objets que j’ai traités dans le tome quatrième, tels que les réfractions astronomiques, terminera le tome cinquième et dernier de l’ouvrage. Ma vue qui s’affaiblit de jour en jour, m’avertit de renoncer au travail, ce qui m’offre une fâcheuse perspective pour le peu d’années qui [me] restent à vivre, mais je sais me soumettre à la loi de la nécessité. J’ai su que vous avez été spectateur des feux qui ont été allumés, pour avoir la longitude entre Milan et Padoue. J’espère que ces feux ont été conduits de Padoue à Fiume. Du moins, le Prince de Metternich, avec qui j’avais négocié cette affaire par l’intermédiaire de Monsieur de Caraman, notre Ambassadeur en Autriche, me l’avait promis expressément. J’ai mis un grand intérêt à la mesure du parallèle qui joint l’Océan et l’Adriatique, et qui passe par le 45° de latitude. Cette grande opération, combinée avec le grand arc du méridien qui joint, à fort peu près, les îles Shetland et Formentera, nous fera bien connaître la figure de la Terre, au moins dans la portion du globe qu’elles comprennent. Mais je désirerai bien que l’on fit la jonction des îles Shetland à l’Ecosse et si vous pouviez faire accélérer cette jonction, je vous en aurai beaucoup de reconnaissance. Quant à la différence de longitude de Bordeaux et de Fiume, il m’est venu dans la pensée de vérifier la différence conclue par le moyen des feux, en employant de bons chronomètres, en partant de l’embouchure de la Garonne, et en faisant des stations à Gibraltar, Malte et Fiume, pour reconnaître leur marche. On m’a dit que l’on a fait des expériences de ce genre en Angleterre. Je vous prie de vouloir bien m’en donner connaissance, pour voir jusqu’à quel point on pourrait compter sur ce moyen de vérification, car il ne faudrait l’employer qu’autant qu’il serait aussi bon que celui des feux.
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J’ai lu dans le dernier volume des Transactions Philosophiques le mémoire de Monsieur Ivory sur la figure d’équilibre d’une masse fluide homogène1. La démonstration qu’il cherche à donner, que l’ellipsoïde seul satisfait à cet équilibre, laisse beaucoup à désirer, et je l’engage à la revoir. Je suis surtout persuadé qu’il n’y a qu’une seule condition à remplir, celle de l’équilibre à la surface : toutes les autres conditions d’équilibre doivent s’en déduire. Mille pardons, Monsieur, de la longueur de cette lettre, mais j’ai un grand plaisir à m’entretenir avec les personnes de votre mérite, et qui comme vous, Monsieur, m’ont inspiré une haute estime. Veuillez bien en agréer de nouveau l’assurance, ainsi que celle de mon attachement et de ma considération. Marquis de Laplace Je reçois, dans le moment, la visite de MM. le Colonel Brousseaud et Nicollet, qui ont observé les feux, depuis la Savoie jusqu’auprès de Bordeaux. Ils viennent de terminer leurs calculs, qui embrassent l’arc du parallèle de l’embouchure de la Garonne, à Milan. Les feux ont réussi au-delà de leur espérance. Ils trouvent que la longitude de Milan et de Bordeaux, conclue des observations des feux, s’accorde avec la longitude conclue de la mesure géodésique, en supposant l’aplatissement 1/308, tel que le donnent l’ensemble des mesures des méridiens du pendule, et surtout les inégalités lunaires. La différence n’est pas d’une demi-seconde. Le même accord a lieu pour les arcs partiels de cette parallèle qui joint les deux villes. Je ne crois [pas] que les chronomètres puissent donner la même précision que ces feux. Londres, Royal Society, HS 11.103.
1. « On the figure requisite to maintain the equilibrium of a homogeneous fluid mass that revolves upon an axis », Phil. Trans., 114 (1824), 85-150.
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1046. [Madame Laplace] à Laplace, [6 novembre 1824]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France Rue du Bac n° 100, A Paris Ce samedi soir [6 novembre 1824]1 Ta lettre de mardi m’a fait grand plaisir mon ami. Nous allons tous bien. Angélique est moins enrhumée. Nous avons St Amand avec nous qui a eu aussi des nouvelles de ses voyageurs. Monsieur de Maupas écrit à sa femme qu’il ira te voir. Je suis bien aise lorsque j’ai de tes nouvelles. Ma famille te fait mille amitiés. Je t’embrasse, ainsi qu’Angélique de tout mon cœur. Dis à Eugénie que je lui recommande d’avoir bien soin que la maison soit tenue proprement. Bonjour à tous nos gens, je pense qu’ils te servent bien. J’écrirai à Madame de Salmon. Fais-lui mes compliments, ainsi qu’à Monsieur Magendie. Mes amitiés à Hercule et à Emile. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 10 novembre 1824.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1047. [Madame Laplace] à Laplace, [7 novembre 1824]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Ce dimanche soir [7 novembre 1824] Monsieur Eugène part, il te donnera mon ami des nouvelles de nous tous, qui sont très bonnes. Angélique est pourtant enrhumée, c’est un tribut qu’elle paye au premier froid. Toute ma famille charge le voyageur de mille tendres amitiés pour toi. Je soigne ma santé pour passer un bon hiver. Je voudrais bien que tu me donnes des nouvelles de Monsieur Colin. Fais faire mes compliments à Monsieur le Curé d’Arcueil. J’espère qu’Eugénie a soin de lui faire parvenir le journal. Dis-mois si tu es content de tes rideaux ils doivent faire du bien à tes yeux. Comment va notre route, notre maire est-il de retour ? Offre mes compliments à Monsieur Magendie. Je t’embrasse de tout mon cœur ainsi qu’Angélique. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
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1048. [Madame Laplace] à Laplace, 9 novembre 1824
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Mardi, Poissons, ce 9 novembre 18241 J’ai été bien effrayée mon ami d’avoir appris par ta dernière lettre que tu as crains une pleurésie. Je t’avais laissé si bien portant que je n’avais aucune inquiétude. Je suis heureuse que tu aies été aussitôt rassuré. Tu me dis que tu vas bien, et j’attends une lettre de toi avec impatience. Depuis que nous sommes en ménage je t’ai toujours soigné et je crois que personne au monde ne pourrait me remplacer. Je serais donc désolée si j’étais loin de toi lorsque mes soins pourraient t’être nécessaires. J’ai retardé peut-être un peu mon retour, mais ma santé a besoin à présent de beaucoup de ménagements, et malgré moi j’ai été forcée de reculer le moment de mon retour. Angélique est toujours très enrhumée. Hier, je l’ai fait vomir, elle est mieux et tousse moins. Monsieur de Maupas a été pour te voir, mais il a sonné à ta porte longtemps et personne n’est venu lui ouvrir. Il faudrait qu’Eugénie se charge seule de la porte n’ayant rien à faire que dans l’intérieur de l’appartement. Eugène Peyrard est parti hier, je lui ai remis une lettre pour toi et pour Madame Salmon. Hercule nous a écrit qu’il avait acheté une maison, cela va l’amuser. J’attends la réponse de Monsieur Roger pour connaître le jour de mon départ. Je t’engage à ne jamais aller en cabriole. Il faut songer uniquement à te conserver et prendre toutes les précautions imaginables. Toute ma famille va bien et me charge pour toi de mille amitiés. Je t’embrasse de tout mon cœur ; Angélique en fait autant. Mes compliments à Monsieur Magendie. Je me repose sur lui pour te donner des soins. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 12 novembre 1824.
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1049. [Madame Laplace] à Laplace, 17 novembre [1824]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce mercredi, 17 novembre [1824]1 J’ai reçu ta lettre de samedi mon ami, qui m’a fait un grand plaisir. Je te retrouverai bien portant. Ma petite est toujours enrhumée, mais elle va mieux. Nous partirons lundi 22. Nous serons à Paris mercredi 24, très matin ; envoiemoi ta voiture et Joseph m’attendra. Je ne t’écrirai plus. Toute ma famille va bien et t’offre mille affectueuses amitiés. Je me réjouis de te revoir. Je t’embrasse de tout mon cœur ; Angélique en fait autant. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 20 novembre 1824.
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1050. [Madame Laplace] à Laplace, 19 novembre 1824
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Poissons, ce vendredi 19 novembre 18241 Mon ami, j’apprends que je partirai de St Dizier à quatre heures du matin lundi 22. Je serai donc à Paris mardi 23. Il faut te faire informer à quelle heure la malle-poste arrivera à Paris pour que tu envoies m’y attendre. Je voudrais aussi qu’on me fit préparer un bain dans ma chambre pour me baigner en arrivant. J’espère avoir un beau temps. J’aurai bien du plaisir à te voir. Toute ma famille va bien. Je t’embrasse de tout mon cœur, ainsi qu’Angélique. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1051. Maisonfort à [Laplace], 24 novembre 1824
Florence, le 24 novembre 1824 Monsieur le Marquis, Monsieur Libri, qui vous remettra cette lettre, est un jeune homme que ses talents et son amour pour les sciences recommandent d’eux-mêmes ; protégé 1. Un tampon de la poste indique le 22 novembre 1824.
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particulièrement par Monseigneur le Grand-Duc de Toscane1, dont il a été le compagnon d’études et qui l’avait nommé depuis peu, professeur de physique à l’Université de Pise. Il se rend à Paris comme dans la métropole des sciences. Il y porte plusieurs mémoires qui vous mettront à même de juger de son aptitude aux mathématiques transcendantes. Votre collègue à l’Institut, le Comte Fossombroni, fait le plus grand cas de Monsieur Libri. Quant à moi, Monsieur le Marquis, je lui sais si bon gré de me procurer une occasion et un prétexte de vous remercier de tout ce que vous avez fait d’aimable pour Monsieur de Fossombroni, que je m’empresse de vous le recommander. Qui sait ce que ce jeune homme peut devenir ? Il est d’un pays fertile en grands hommes et sa patrie fut celle du Dante et de Galilée. En vous priant de présenter mes respects à Madame la Marquise de Laplace, daignez agréer, Monsieur, l’assurance de la haute considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être Votre très humble et très obéissant serviteur. Le Marquis de la Maisonfort Ministre du Roi à Florence Bancroft, box 2, dossier 42.
1. Léopold II.
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1052. reçu, 1er décembre 1824
1er décembre 18241 Quatrième année de cotisation ----Montant de l’assurance
Compagnie d’Assurance Mutuelle Contre l’Incendie pour les départements de Seine et Oise et de la Seine (Paris excepté) Rue Meslée, N° 12
30.000 francs ----n° 9,070 Je reconnais avoir reçu de Mr le Marquis Delaplace d’Arcueil domicilié à Paris, rue du Bac n° 100 la somme de 12 francs, montant de sa cotisation annuelle pour un an à partir du 1er décembre 1824, dont quittance. A Paris, le premier décembre 182_ Le Caissier [?] yen reçu Bancroft, box 1, dossier 37.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
1053. reçu, 19 janvier 1825
19 janvier 1825 Doit Monsieur le Marquis de Laplace rue du Bac n° 100 à Charles Béchet 1 livraison des 7 premiers volumes de Guizot, Mémoires Relatifs à l’Histoire de France in-8° [à] 12 francs 84f Reçu pour acquit Charles Béchet Libraire commissaire Quai des Augustins reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
1054. Laplace à [?], 22 janvier 1825
Laplace propose Monsieur Poisson pour remplacer feu Monsieur Delambre à la commission de la Carte de France. description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 735.
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1055. Laplace à Davy, 21 février 1825
A Sir Humphry Davy 21 février 1825 Il lui demande d’accepter un exemplaire de la 5e édition de son Essai philosophique sur les probabilités et en discute son contenu (en 120 mots). Il demande l’aide de Davy pour une triangulation qui toucherait les Iles de Shetland afin d’avoir une valeur plus exacte de la figure de la Terre. Dans un postscriptum il demande à être rappelé au souvenir de Lady Davy. description Londres, Dawsons of Pall Mall, cat. 121 (1962), n° 294 [item 873].
1056. Laplace à Metternich, 6 avril 1825
Au Prince de Metternich Paris, 6 avril 1825 Monseigneur, J’ai l’honneur d’offrir à Votre Altesse mes remerciements [des renseignements] de la note qu’Elle a bien voulu m’envoyer sur les opérations relatives à la mesure [de l’arc moyen] du parallèle [terrestre] moyen. Les savants fran-
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çais auxquels je l’ai communiquée partagent ma reconnaissance et se joignent à moi pour La prier de continuer à ce genre d’opération [et] l’intérêt qu’Elle veut bien y mettre. Je désirerais qu’à la mesure des degrés, on joignit celle de la longueur du pendule, comme on l’a fait en France. Cette mesure, aussi intéressante pour la théorie de la Terre que celle des degrés, a été multipliée par les navigateurs dans un grand nombre de points des deux hémisphères. Elle est très simple et peu dispendieuse puisqu’elle n’exige que le transport du même pendule dans les lieux divers. Seulement elle demande des soins pour être faite avec la précision nécessaire à une opération aussi délicate. [La manière la plus simple consiste à observer le nombre de secondes que d’un même pendule transporté dans divers lieux. Mais vos savants jugeront mieux que moi ce qui dans les circonstances où ils se trouvent convient le mieux pour remplir cet objet.] J’ose donc prendre la liberté de la recommander spécialement à l’intérêt de Votre Altesse pour le progrès des sciences naturelles. Je prie Votre Altesse de vouloir bien agréer l’hommage de mon respect. Marquis De Laplace, Pair de France Bancroft, box 4, dossier 16 (brouillon) ; et Prague, Archives Centrales Czech, Archives Metternich, Acta Clementina 7, Inventaire 125, carton 3.
1057. [Sémonville] à [Laplace], 8 avril 1825
8 avril 18251 Le Grand Référendaire2 a l’honneur d’informer Sa Seigneurie Monsieur le Marquis de Laplace qu’en vertu de la délibération du 6 du courant la Chambre des Pairs s’est ajournée au lundi 11, à 1 heure. Paris, ce 8 avril 1825 1. Imprimé, sauf ce qui est en italique. 2. Charles Louis Huguet de Sémonville.
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P.S. Monsieur le Marquis est pareillement informé que la Commission chargée de l’examen du projet de loi relatif à la dette publique, etc. se réunira demain samedi 9, à 1 heure, au 1er bureau de la Chambre. Bancroft, box 10, dossier 29.
1058. [John Herschel] à [Laplace], [3 mai 1825]
[3 mai 1825]1 Mon cher Monsieur, Il y a déjà très longtemps que j’ai désiré de vous remercier de votre obligeante lettre et de la communication précieuse des différents livres de votre ouvrage immortel que vous venez d’imprimer une seconde fois, en jouissant ainsi pendant votre vie d’une portion de ce tribut d’approbation et d’estime dont la dernière postérité accueillera vos travaux. Mais ce n’est pas la paresse ou l’oubli qui m’ont empêché de vous écrire, mais seulement la peur de n’avoir de quoi vous intéresser ou qui soit digne de votre attention. J’avais aussi quelques espérances que je pourrais accompagner ma lettre d’un mémoire sur les étoiles doubles, ouvrage de Monsieur South et moi, à présent en progrès d’impression, et dont je vous ai parlé à Paris, ce que vous recevrez il y aura peut-être deux ou trois semaines. A présent, je vous envoie, de la part du Capitaine Sabine, la première portion de son grand travail sur la longueur du pendule simple, ouvrage dans lequel vous trouverez des résultats non moins inattendus que bien constatés, – tant par les soins qu’il a mis dans toutes les opérations conduites avec un zèle et une persévérance sans exemple, au milieu de difficultés et de dangers, tant par la clarté et la bonne foi avec laquelle il a tout exposé jusqu’aux moindres détails2. Je serais bien aise (aussi bien que lui1. De la main de Herschel : « sent by Prince Polignac May 3, 1825 ». 2. « A comparison of barometrical measurement with the trigonometrical determination of a height in Spitzbergen », Phil. Trans., 114 (1824), 290-309.
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même) de savoir votre opinion de son résultat principal, qui donne à la valeur de l’éllipticité 1/289, précisément la fraction qui exprime la force centrifuge. C’est une coïncidence bien remarquable (outre la grandeur de la fractionmême). Peut-elle avoir son origine dans quelque simplicité de rapport de la fonction exprimant la densité intérieure des couches terrestres, qu’on n’a pas remarqué jusqu’à présent ? Je suis bien fâché de ce que vous dites de la faiblesse de votre vue – quand on voit ainsi qu’il n’y a rien, – pas même les lauriers qu’on cueille pendant une vie longue et glorieuse, qui peut nous garantir du sort commun et des infirmités de notre espèce – alors on sait mieux apprécier l’intellectuel de notre constitution – et mépriser plus profondément cette organisation physique qui fait que nous ne sommes que des hommes ! Mais il viendra un temps qui nous débarrassera de tout cela, et qui permettra à nos facultés de se développer d’une manière convenable à leur vraie valeur et leurs hautes destinées ! Croyez-vous, Monsieur, qu’il serait bon d’avoir une suite d’observations des hauteurs des marées à l’île d’Ascension, – rocher isolé qui sort verticalement du sein de l’Océan Atlantique, sans aucune cause perturbatrice qui peut déranger les influences principales des oscillations produites par la Lune et par le Soleil ? On pourra très facilement y envoyer des tidomètres d’une construction à l’abri de toute objection, et d’en tirer une série d’observations continues et exactes. Il y a aussi un autre projet, plus important, – c’est de faire mesurer un arc du méridien entre Spitzbergen et le Pôle Nord, – ou au moins aussi près du pôle qu’on peut approcher sur la glace. Qu’en pensez-vous ? Cela importe-t-il au progrès de la science, ou non ? Vaut-il la peine et la dépense de l’entreprendre ? Je serais bien aise de connaître votre opinion sur ces deux points, mais spécialement sur la dernière, qui est de beaucoup la plus importante, car lorsqu’il s’agit de motiver un projet, votre autorité vaut mille raisonnements. Le Capitaine Sabine assure que son exécution présentera des facilités remarquables, vu les particularités géographiques de cette île, qu’on pourra compter positivement sur 4° de latitude, très certainement sur 5 et 6, et qu’il y a une certaine espérance qu’on pourra pousser la triangulation jusque près du Pôle, sur la glace en hiver, et au moyen de signaux. Chronometrical observations by Tiarks referred to in Phil. Trans. etc. Books enclosed to Laplace with this letter : 1. Account of Fraunhofer’s telescope at Dorpat. 2. Differences of longitude between Kleve and Heligoland etc. 1 page (37) 3. Report of chronometral observations made in July, Aug and Sept 1823 by Tiarks for ' long. Dover Falmouth and Portsmouth. 4. Sabine’s account of experiments for determining variation in length of seconds pendulum 1 vol 4to.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Thanks to French Board of Longitude for Connaissance 1826.1827 Thanks to Board of Longitude 1826 and 1827 self. [J.F.W. Herschel] brouillon Londres, Royal Society, HS 11.104 et 20.209.
1059. reçu, 23 mai 1825
23 mai 1825 Paris, le 23 mai 1825 Acheté d’ordre et pour compte de Monsieur le Marquis Delaplace Negon du 11 mai 1825
f. 502 rente 5 % à f. 101,65 f. 1098 rente 5 % à f. 101,70 Courtage 1/8 % Reçu comptant
10205 22333 32538 40 32579
66 32 98 62 60
Approuvé Guibert Em. Pacan reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
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1060. Angélique de Portes à [Emile] Laplace, 31 mai 1825
A M. le Comte de Laplace, commandant des batteries d’Artillerie à pied de la garde Royale à Reims, Département de la Marne Ce 31 mai 1825 Mon cher oncle, Arcueil est superbe dans ce moment-ci et il vous attend avec impatience. Madame de Salmon n’est pas venue à Arcueil depuis que vous êtes parti ; elle vous attend pour que vous l’ameniez ici. Il y a longtemps que nous n’avons pas vu Monsieur Bouvard parce qu’il a très mal aux yeux. Monsieur le Curé vient dîner tous les dimanches. Monsieur Magendie vient les mercredis. Grand-papa et Maman se portent très bien ; ils ont été très inquiêts de savoir si le Roi avait eu beau temps le jour de son couronnement ; ils apprennent avec plaisir qu’il y a eu un beau jour. Grand-papa va tous les jours à Paris ; et moi, j’y vais les lundis, mercredis et jeudis, avec Maman pour prendre mes leçons. Je ne vous plains point de dire que vous faites un mauvais dîner ; je voudrais bien être à votre place et boire du bon vin de Champagne. J’apprends avec plaisir que les personnages se portent bien. Nous comptons que vous viendrez à Arcueil, le lendemain de notre arrivée. Je vous embrasse en vous présentant mes respects. R.T.S.V.P. Ang. de Portes [Angélique de Portes] Je vous remercie beaucoup, mon cher Oncle, de votre jolie lettre qui m’a fait le plus grand plaisir. Il y a bien longtemps que nous n’avons vu mon Oncle Hercule, nous croyons qu’il se porte bien. Nous avons vu, hier, petit Papa Adolphe qui m’a chargé de bien des amitiés pour vous. lettre complémentaire Bancroft, box 18, dossier 12.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1061. Laplace à Follebarbe, 3 juillet 1825
A Follebarbe 3 juillet 1825 « J’ai fait planter plus de douze cents pommiers dans ma ferme de Montargis, et je vois avec plaisir que beaucoup ont prospéré et sont maintenant en plein rapport ... » fragment Marburg, J.A. Stargardt, Catalog n° 24 (5 juin 1962), n° 30.
1062. Madame Biot à Madame Laplace, 22 juillet [1825]
A Madame Madame la Marquise de la Place rue du Bac n° 100 A Paris Nointel, le 22 juillet [1825] J’ai été injuste et je viens vous supplier de présenter mes excuses à Monsieur le Marquis de Laplace auquel, dans un moment de chagrin très sensible, j’ai écrit des choses qui aurait dû lui paraître tout au moins fort étranges. J’ai agi comme une femme trop occupée des intérêts de son mari et comme une personne qui redoute de voir retirer de dessous sa famille une bienveillance,
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que, dans des circonstances difficiles, elle s’est accoutumée à apprécier ainsi qu’une ancre de salut. Voici, Madame, en quelle position j’ai été placée. En quittant Paris, j’avais prié qu’on me mandât après chaque séance du Bureau ce qui aurait été fait relativement à la place vacante ; et la semaine dernière, ce fut sur le rapport du distrait Monsieur de Prony qu’on m’apprit qu’il y avait un ajournement. J’aurais dû me souvenir que toutes les bonnes intentions de Monsieur de Prony ne pouvaient contrebalancer l’influence de ses habitudes, et attendre la confirmation de ce qui me faisait une peine extrême, parce que je croyais y voir la preuve de l’indifférence ou de l’oubli ; mais le temps semblait presser mes réclamations et mes instances. Je les adressai à Monsieur de Laplace, au lieu des remerciements que je lui devais, puisque dans l’intention d’avancer la nomination, il a choisi de suite les commissaires qui, depuis, ont présenté les candidats à la dernière séance. Pardon, mille fois pardon. Je vous aie choisie, Madame, pour intercéder en ma faveur, et je vous supplie de croire que ce service est un des plus importants que jamais je puisse réclamer de votre complaisance et de votre bonté. Veuillez d’avance, recevoir tous mes remerciements et agréer, avec l’affabilité qui vous distingue, les assurances de mon dévouement et de mon respect. J’ai l’honneur d’être, Madame la Marquise, Votre très humble et très obéissante servante. (Madame) Biot lettre complémentaire Bancroft, box 15, dossier 7.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1063. Laplace à Madame Biot, 27 juillet [1825]
A Madame Madame Biot au Collège de France A Paris1 Ce 27 juillet [1825]2 Madame, J’ai l’honneur de vous annoncer avec un grand plaisir que l’élection de Monsieur Biot a été faite aujourd’hui à l’unanimité. On a envoyé le résultat au Ministre, pour obtenir la confirmation de Sa Majesté. Mais on ne doit avoir aucune inquiétude sur cet objet. Tout ce qui peut intéresser Monsieur Biot, m’intéresse comme si c’était pour moi-même. L’amitié qui nous unit, me fait partager ce qui lui arrive d’heureux. Si vous avez l’occasion de lui écrire, veuillez bien, Madame, me rappeler à son souvenir, et lui dire combien nous sommes impatients de connaître les résultats de son voyage scientifique. Agréez, Madame, l’assurance de mes sentiments respectueux. Marquis Delaplace B.I., MS 4896, pièce 139 ; et copie dans Bancroft, box 28, dossier 13.
1. A côté de l’adresse, une note manuscrite dit : « Monsieur de Prony, porteur de la présente lettre, offre à Madame Biot ses félicitations sur la nouvelle qui y est contenue ». 2. Il s’agit de son élection au Bureau des Longitudes, comme le confirme ses archives.
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1064. Laplace à Humboldt, 25 août 1825
A Monsieur Monsieur le baron de Humboldt De l’Académie des Sciences Quai de l’Ecole, n° 26 A Paris Arcueil, 25 août 1825 Monsieur, Je croyais vous avoir remercié à l’Institut de la 5e livraison de votre grand ouvrage et de la lettre très flatteuse qui l’accompagnait. Je vois par votre billet que je me suis trompé, et je m’empresse de réparer cette omission, en joignant à mes remerciements de l’ouvrage, ceux que je vous dois pour le plaisir que sa lecture m’a procuré. J’ai lu surtout avec autant d’intérêt que de profit pour mon instruction la partie relative à la variation diurne du baromètre. C’est principalement dans la recherche d’un élément aussi délicat que le calcul des probabilités est nécessaire, pour reconnaître les lois de ce phénomène et la probabilité avec laquelle ces lois sont indiquées. J’ai donné à la fin du 13e livre de la Mécanique Céleste la manière d’appliquer le calcul des probabilités à ce genre d’observations, et de conclure l’effet de l’attraction lunaire, d’un grand nombre d’observations barométriques faites suivant le système adopté à l’Observatoire Royal. J’ai fait voir la nécessité d’employer à cet objet dans nos climats un nombre immense d’observations pour y reconnaître l’action de la Lune. Il en faut moins sans doute près de l’équateur où les variations du baromètre sont beaucoup plus régulières, et je pense que l’on finira par y reconnaître cette action. Je soupçonnais que l’étendue de la variation diurne était à peu près proportionnelle au carré du sinus de la latitude, mais le résultat important que vous citez d’après Monsieur Bessel m’apprend qu’à la latitude de Königsberg Monsieur Sommer n’a trouvé qu’un cinquième de millimètre pour cette étendue, ou le quart de celle que l’on observe à Paris. Elle paraît donc décroître vers le nord bien plus rapidement que le carré du sinus de la latitude. Je regrette que Monsieur Bessel qui connait si bien la manière d’appliquer le calcul des probabilités aux observations, n’ait pas déterminé la probabilité avec laquelle ce résultat de Monsieur Sommer est indiqué.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Il est bien à désirer que le système d’observations barométriques suivi à l’Observatoire de Paris soit généralement adopté. Il exige à la vérité un observateur assidu. C’est un avantage dont nous jouissons à Paris depuis bien des années. Veuillez bien, Monsieur, agréer l’assurance de mes sentiments de haute estime et de considération. Marquis de Laplace J’ai l’honneur incessamment de vous offrir le 5e et dernier volume de la Mécanique Céleste. Avignon, Musée Calvet, Collection Requien, n° 5512.
1065. Laplace à [John Herschel], 30 août 1825
Paris, ce 30 août 1825 Monsieur, J’ose vous prier d’offrir de ma part à la Société Royale de Londres l’exemplaire ci-joint du cinquième et dernier volume de mon Traité de Mécanique Céleste. J’ai reçu et lu avec beaucoup d’intérêt les ouvrages que vous avez eu la bonté de m’envoyer sur l’astronomie physique et sur le mouvement des étoiles doubles1. Je vous prie d’en agréer mes remerciements. Veuillez bien aussi remercier de ma part Monsieur le Capitaine Sabine pour son ouvrage important sur la longueur du pendule à secondes qu’il m’a envoyé2. L’aplatissement qu’il trouve pour la Terre est un peu plus petit que celui qui résulte des inégalités 1. « On the parallax of the fixed stars », Phil. Trans., 116 (1826), 266-280 ; et « Account of some observations made with a 20-feet reflecting telescope », Memoirs of the Astronomical Society of London, 2 (1826), 459-497. 2. Edward Sabine, An Account of Experiments to Determine the Figure of the Earth by the Pendulum Vibrating Seconds in Different Latitudes (London, 1825).
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lunaires, et, ce qui est digne de remarque, il est à fort peu près le même que celui qui résulte de la comparaison du degré du parallèle moyen depuis Maremme jusqu’à Fiume, avec les degrés du méridien. Mais l’aplatissement conclu des inégalités lunaires, a l’avantage d’être indépendant des attractions locales qui ont sur les mesures des degrés et du pendule, une influence sensible : d’ailleurs, il faudrait combiner avec les expériences de Monsieur Sabine, les bonnes expériences du même genre faites dans les deux hémisphères, et en avoir plus qu’on n’en a dans l’hémisphère austral. On aurait ainsi un résultat moins dépendant des attractions locales, et l’on reconnaîtrait si la variation de la pesanteur suit la même loi de chaque côté de l’équateur. Un point délicat dans cette recherche est la réduction des observations du pendule au niveau de la mer. Que doit-on entendre par le niveau de la mer, pour un point du continent situé à une si grande distance de la mer, tel qu’un point du plateau de la haute Asie ? C’est un objet que j’ai discuté dans le onzième livre de la Mécanique Céleste, et à la fin du chapitre VIII du quatrième livre de la cinquième édition de mon Exposition du Système du Monde, ouvrage que j’ai eu l’honneur de vous donner, lors de votre dernier voyage à Paris. Ce que j’ai dit sur cet objet me paraît prouver que si la pente depuis le point jusqu’à la mer est très petite, quelque soit d’ailleurs l’élévation du point, il ne faut, dans la réduction de la longueur du pendule à secondes observée à ce point, avoir égard qu’à cette élévation, et diminuer par conséquent cette longueur dans le rapport du double de la hauteur du point, conclue de l’observation du baromètre au rayon terrestre. Ainsi, pour rapporter la longueur du pendule observée par Borda à l’Observatoire royal de Paris, il faut la diminuer du produit de cette longueur par le rapport du double de 70 mètres environ au rayon de la Terre. Quand la pente est très rapide, comme celle d’une montagne, il faut tenir compte de l’attraction de la montagne, comme je l’ai fait à l’égard de Quito, dans le onzième livre cité. Dans les cas intermédiaires, toute réduction est hypothétique. Heureusement, cette réduction est presque toujours extrêmement petite, et ce que l’on peut alors faire de plus simple, c’est de n’avoir égard qu’à l’élévation. Monsieur South a dû vous transmettre mon opinion sur la mesure d’un degré de méridien au Spitzberg. Il me semble que l’on gagnerait peu de chose pour la figure de la Terre à cette mesure, à l’exactitude de laquelle la rigueur du climat opposerait de grandes difficultés. Près du pôle, la variation du degré du méridien terrestre est plus considérable ; elle suit la raison du carré du sinus de la latitude, et la différence des carrés des sinus de 80° et de 67° est petite. Cette dernière latitude est celle du degré de la Laponie, mesurée par les académiciens français et par Monsieur Svanberg1. Leurs mesures géodésiques sont à peu près d’accord ; mais il y a une grande différence entre leurs mesures astronomiques. Je suis fort porté à préférer celle de Monsieur Svanberg, parce 1. « Neue Gradmessung im Lappland », Monatliche Correspondenz zur Beförderung der Erdund Himmels-Kunde, 5 (1802), 161-169.
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qu’elle s’accorde mieux avec la théorie, mais il a fait usage du cercle répétiteur, et l’on sait aujourd’hui l’incertitude qu’il laisse, lorsqu’on n’a point observé des étoiles, au sud et au nord. La vérification de cette mesure au moyen d’un grand secteur serait une opération fort simple. Je crois me rappeler que je l’avais proposée à Monsieur Kater, et j’y insiste de nouveau, parce qu’elle me paraît nécessaire pour tirer une conclusion certaine des mesures faites en Laponie. Continuez, Monsieur, vos intéressants travaux sur l’astronomie et sur la physique, et croyez que personne ne leur rend plus de justice que moi. Vous avez toute la sagacité nécessaire pour les observations et les expériences, et, de plus, vous possédez le grand instrument qui les met en œuvre, l’analyse. Que ne devons-nous pas attendre de la réunion de ces moyens ? Veuillez bien agréer l’assurance de mes sentiments d’estime et d’attachement. Marquis de Laplace Londres, Royal Society, HS 11.105.
1066. reçu, 1er septembre 1825
1er septembre 1825 Duplicata J’ai reçu de Monsieur Gabet la somme de 87 francs, montant des souscriptions de Monsieur le Marquis de Laplace et le Comte de Laplace et de deux exemplaires du recueil des Mémoires publié par la Société de Géographie. Paris, le 1er septembre 1825 Noirot reçu Bancroft, box 1, dossier 38.
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1067. reçu, 10 septembre 1825
10 septembre 1825 Fourni à Monsieur le Marquis De Laplace par Charles Béchet le 30 juin 1825 Xe livraison Collection des Mémoires Relatifs à l’Histoire de la France par Guizot, 2 vols in-8° 1 XIe " Pour acquit 1
12 12 24
10 septembre 1825 Charles Béchet reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
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1068. reçu, 11 septembre 1825
11 septembre 1825 Mairie d’Arcueil Je reconnais avoir reçu de Monsieur le Marquis de La Place la somme de 25 francs au profit des malheureux incendiés de la ville de Salins. A la Mairie d’Arcueil, ce 11 septembre 1825. L’adjoint F.F. Dieu reçu Bancroft, box 3, dossier 14.
1069. Laplace à Madame Laplace, 23 septembre [1825]
A Madame Madame, Madame la Marquise de Laplace, A Poissons, près de Joinville Joinville Ce 23 septembre [1825]1 J’ai reçu ta lettre avec grand plaisir, ma chère amie. Je te prie d’offrir à toute ta famille, et spécialement à Monsieur et à Madame de Fleury, l’hommage de tous mes sentiments. Dis mille choses pour moi à Monsieur Hen1. Reçue le 27 septembre [1825].
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rion et à Madame la Vicomtesse Pernety1. Ton fils est avec moi. J’ai reçu les poires de Normandie. Je t’embrasse bien tendrement, ainsi [que] ma chère Angélique, à laquelle je recommande obéissance à sa grande maman, et amabilité pour tout le monde. Ton mari Marquis de Laplace Bancroft, box 14, dossier 23.
1070. Laplace à Maurice, 25 septembre 1825
A Monsieur Maurice de l’Académie des Sciences, Rue Jacob, Hôtel Bourbon-les-Bains à Paris Arcueil, 25 septembre 1825 Monsieur et très honoré confrère et ami, Je partage bien vivement votre douleur. Je regarde comme une marque précieuse de votre amitié, la communication que vous avez me faire du triste événement qui la cause. C’est à la philosophie et aux sciences que vous cultivez avec tant d’avantages, à accélérer le soulagement que le temps apporte toujours aux plus vifs regrets. L’intérêt qu’ils inspirent à vos amis doit sans doute y contribuer. J’ose vous prier de croire qu’aucun d’eux n’y prend plus que moi d’intérêt. Veuillez bien, Monsieur, agréer l’expression de tous mes sentiments d’amitié, d’estime et de considération. Marquis de Laplace Genève, Archives Maurice. 1. Angélique Françoise Pernety, née Henrion de St Amand.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1071. Laplace à Fleury, 28 octobre 1825
A Monsieur, Monsieur de Fleury à Poissons Paris, 28 octobre 1825 Monsieur, Je regrette bien que l’état de ma santé ne me permette pas d’accompagner Madame de Laplace. C’est avec peine que je m’en sépare. Mais j’ai dû céder au plaisir extrême qu’elle aura de vous revoir, ainsi que Madame de Fleury, et que je voudrais bien partager avec elle. Ne viendrez-vous pas encore à Paris ? Je serais bien flatté, Monsieur, de vous y recevoir, et de vous témoigner encore une fois de vive voix tous les sentiments d’estime et d’amitié que vous m’avez depuis longtemps inspiré. Veuillez bien en recevoir l’assurance et faire agréer à Madame de Fleury mes respectueux compliments. Marquis de Laplace Bancroft, box 14, dossier 23.
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1072. [Madame Laplace] à Laplace, [30 octobre 1825]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce dimanche [30 octobre 1825]1 J’ai retrouvé, mon ami, Monsieur et Madame de Fleury très bien portants ; ils ont été très reconnaissants de ton aimable lettre. Nous avons fait le voyage le plus heureux, et le plus agréable. Cette petite voiture est plus commode que ta calèche. Il faudra que tu la prennes pour ton voyage en Angleterre. J’écrirai demain à Monsieur de Portes. Je suis persuadée que ce voyage fera du bien à Angélique et fortifiera sa santé. On la trouve très grandie et remontée ; elle est fort sensible à ces compliments. Monsieur et Madame de Fleury sont très occupés de me demander de tes nouvelles. Ils voudraient bien que tu viennes l’année prochaine avec Monsieur Magendie. Ecris-moi si tu as choisi un cheval. Prends pour conseil Monsieur Magendie. Monsieur et Madame Fleury me chargent de t’offrir toutes leurs affectueuses amitiés. Madame de Molerat te fait mille tendres compliments. Angélique et moi, nous t’embrassons de tout notre cœur. Bonjour à tous nos gens. Henrion est parti d’hier. Nous avons eu St Amand à dîner aujourd’hui. Il m’a chargé pour toi de mille compliments. Je t’ai écrit de Château-Thierry où nous avons couché et de St Dizier hier pour empêcher que tu ne t’ennuies. Je désire beaucoup recevoir de tes nouvelles. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 2 novembre 1825.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1073. [Madame Laplace] à Laplace, 1er novembre [1825]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce 1er novembre mardi1 J’attends de tes nouvelles avec impatience. Nous nous portons tous bien, mon ami. Monsieur et Madame de Fleury t’offrent leurs affectueux compliments. Angélique se porte à merveille ; je me félicite de l’avoir amenée. Elle écrit à son petit papa une jolie petite lettre, elle t’embrasse en te présentant ses respects. Je t’embrasse de tout mon cœur. Mes amitiés à Monsieur Bouvard. Bonjour à tous nos gens, je pense qu’ils ont bien soin de toi. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 4 novembre 1825.
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1074. [Madame Laplace] à Laplace, [11 novembre 1825]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Poissons, ce vendredi [11 novembre 1825]1 Voici ma dernière lettre mon ami, nous partirons mardi très matin, pour aller coucher à Epernay, et nous arriverons sur les huit heures du soir à Paris, mercredi. Je retarde d’un jour, parce qu’il y a toujours beaucoup de monde à Poissons le dimanche, et qu’il serait difficile de charger le soir la voiture. Ne m’adresse plus de lettres pour Madame de Molerat ; conserve-nous tout ce qu’il y aura pour nous. Tu nous feras préparer mercredi un petit souper dans ma chambre à coucher ; il nous faudra seulement une soupe des pommes de terre sous la cendre. J’écris à Catherine pour qu’elle prépare ma chambre. J’aurai bien du plaisir à te revoir. Je suis bien contente que ta santé soit bonne. Nous nous portons tous bien. Monsieur et Madame de Fleury t’offrent mille affectueux compliments. Je t’embrasse de tout mon cœur ; Angélique te présente son respect. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 14 novembre 1825.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1075. [Madame Laplace] à Laplace, 14 [novembre] 1825
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Poissons, ce lundi 14 [novembre] 18251 rue du Pot de Fer n° 12 Mon ami, je reçois à l’instant une lettre de Monsieur de Portes qui me marque que tu approuves que je reste encore quelques jours à Poissons. Il me dit qu’il t’a vu bien portant ce qui a fait que, chargeant ma voiture, j’ai rapporté mes paquets dans ma chambre et qu’au comble de la joie, j’accepte de ta part avec reconnaissance de rester encore quelques moments. Si tu voyais tout le plaisir que ma famille éprouve à me conserver et toute la joie que toute la maison témoigne tu en serais attendri. Je suis chargée de t’offrir tous les remerciements de Monsieur et Madame de Fleury particulièrement. Je partirai donc le demain en huit, ou plus tôt si tu veux. Monsieur de Salmon m’a écrit que tu te portais bien tout cela m’engage à rester, étant bien persuadée que je ne te contrarie pas. J’ai reçu hier ta lettre qui me disait que tu espérais que je partirais mardi 15. C’était déjà me donner un jour. Mais je n’osais en profiter. Dismoi que tu es content car je ne veux pas être troublée dans mes plaisirs. Si tu l’approuves je partirai donc le demain mardi en huit. J’aurai de la Lune, ce qui est très agréable. Je voudrais bien que tu envoies chez Gabèle pour lui demander de nous faire expédier la nomination de notre enfant. Je te remercie d’en avoir parlé à Monseigneur. Je te remercie mille fois au nom de ma famille et au mien, de permettre que je reste encore quelques moments au milieu d’elle. Je regrette beaucoup de n’y pas voir Henrion et ma cousine. Angélique est très contente, et fort gentille ; elle te présente ses respects. Je t’embrasse de tout mon cœur. Compliments à tous nos amis. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19. 1. Un tampon de la poste indique le 17 novembre 1825.
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1076. [Madame Laplace] à Laplace, [17 novembre 1825]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac, n° 100 A Paris Ce jeudi [17 novembre 1825]1 Mon ami, nous allons tous bien. Il faut tous les jours que tu reçoives une lettre de moi. Enfin nous avons reçu la nomination pour Metz pour notre enfant. Nous en avons une grande joie. Je te prie d’envoyer ma petite lettre à Monsieur Cauchy, pour qu’il sache que je vais m’occuper de ma route d’Arcueil. Je te prie de remettre ma lettre à Monsieur Bouvard, pour qu’il en informe notre maire. J’attends de tes nouvelles avec impatience pour que je voie écrit que j’ai bien fait de jouir encore de quelques jours ici. Tout le monde te fait mille affectueux compliments. Angélique te présente ses respects. Je t’embrasse de tout mon cœur. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1077. Laplace à Follebarbe, 17 novembre 1825
sans description Archives Gabriel Bertrand. 1. Un tampon de la poste indique le 20 novembre 1825.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1078. Laplace à Madame Laplace, 26 novembre 1825
A Madame la Marquise de Laplace, à Poissons par Joinville Ce samedi 26 novembre 1825 Je me porte bien, ma chère amie, j’ai fait hier ma cour à Sa Majesté qui a eu la bonté de me demander des nouvelles de ma santé. Comme c’était la première fois que je me présentais devant elle en perruque, elle m’a dit que malgré ce changement, elle me reconnaissait. J’ai eu l’honneur de saluer pareillement Monsieur le Dauphin1. Tu vois que j’ai été hier un vrai courtisan. Mais ma santé m’en interdit les fonctions et il a fallu tout le désir que j’avais d’offrir mon respect à Sa Majesté, le jour de sa fête, pour m’attirer aux Tuileries. Je ne sais, ma chère amie, si je t’ai dit que j’ai fait l’acquisition d’un cheval. MM. Magendie et Huzard l’ont trouvé bon et meilleur que celui que tu as vu. Il me coûte 1200 francs. On le dresse maintenant. Rien d’ailleurs de nouveau dans ton ménage. Offre mes respects à tout le monde. Je t’embrasse bien tendrement ainsi qu’Angélique. Ton mari Marquis de Laplace Arch. CL.
1. Louis Antoine de Bourbon, duc d’Angoulême.
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1079. Charles [X] à Laplace, 22 décembre 1825
A notre amé et féal Le Marquis de Laplace Pair de France 22 décembre 1825 Notre amé et féal, nous vous faisons cette lettre pour vous dire que vous vous rendiez le 31 janvier prochain, au Louvre, à l’effet d’y assister à l’ouverture de la session des Chambres ; et à cela ne faites faute, car tel est notre plaisir : la présente n’étant à autres fins, sur ce je prie Dieu, notre amé et féal, qu’il vous ait en sa Sainte garde. Donné au Château des Tuileries, le 22 décembre de l’an de grâce 1825, et de notre règne le deuxième. Charles [X] Bancroft, box 10, dossier 27.
1080. Laplace à [Emile] Laplace, [1825]
A Monsieur Monsieur le Comte [Emile] Laplace [1825] Je suis fâché, mon cher ami de te savoir malade, et que cela nous prive de dîner aujourd’hui avec toi à Passy. Je ne me porte pas bien moi-même, et j’ai à la racine de la langue un bouton qui me fait beaucoup souffrir, et je n’irais
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
pas à Passy, si je ne craignais de chagriner le digne Monsieur South. Je suis définitivement revenu à Paris, et ce temps-ci ne me fait pas regretter la campagne. Viens nous voir, le plus tôt que tu pourras. Je t’embrasse bien tendrement. Ton père Marquis de Laplace Bancroft, box 18, dossier 19.
1081. Laplace à [?], 24 janvier 1826
24 janvier 1826 Monsieur le Duc, Une incommodité que j’éprouve depuis longtemps, et que la saison et l’âge n’ont fait qu’aggraver, ne me permet pas de rester une heure en place sans avoir le besoin de sortir. Auriez-vous l’extrême bonté d’exprimer à Son Altesse Royale Monseigneur le Dauphin1, mon vif regret de ne pouvoir me rendre à la séance de la Société pour l’Amélioration des Prisons ? Daignez, Monsieur le Duc, agréer l’hommage de ma haute considération. Marquis de Laplace Bancroft, box 7, dossier 32 (brouillon) ; et Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
1. Louis Antoine de Bourbon, Duc d’Angoulême.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1082. Duras à Laplace, 8 mars 1826
Chambre du Roi1 Tuileries, ce 8 mars 1826 Le Roi me charge d’inviter Monsieur le Marquis de Laplace, au jeu qui aura lieu dans les appartements de Sa Majesté le dimanche 12 mars à 8 heures. Le Premier Gentilhomme de la Chambre du Roi Le Duc de Duras Les dames seront en habit de cour ; Les hommes en uniforme ou habit habillé On entrera à 7 heures par le pavillon de l’Horloge et le grand escalier Bancroft, box 25, dossier 18.
1. Imprimé, sauf ce qui est en italique.
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1083. Beau à Laplace, 18 mars 1826
Monsieur Le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 Paris Ce 18 mars 1826 Monsieur, Pour régulariser notre convention arrêté au sujet du bail de votre appartement, et comme succédant aux droits de Madame Morel, j’adhère à annuler la jouissance des trois dernières années, en sorte que son expiration aura lieu le 1er octobre de la présente année, et l’appartement libéré le 15 du dit mois au plus tard. La présente servant de congé si tel est votre agrément. Je vous prie de m’honorer d’une réponse, et croire à la considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être Votre très humble serviteur. Beau aîné rue Montmartre n° 169 Bancroft, box 25, dossier 17.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1084. Laplace à Mary Somerville, 28 avril 1826
A Madame Madame de Somerville A Londres Paris, ce 28 avril 1826 Madame, Monsieur Bouvard, mon confrère de l’Académie des Sciences et du Bureau des Longitudes, et mon ami, veut bien se charger de vous remettre la lettre que j’ai l’honneur de vous écrire. [J’ai pensé que vous recevrez avec intérêt un astronome aussi distingué par ses nombreux travaux en astronomie.] L’intérêt que vous prenez à l’astronomie me fait croire que vous verrez avec plaisir un astronome aussi distingué par ses nombreux travaux. J’envie bien l’avantage qu’il aura de vous voir et j’aurais bien désiré l’accompagner, mais mon âge et mes infirmités ne me permettent plus guère de voyager et [il est vraisemblable que] probablement, je mourrai avec le regret de n’avoir pas vu votre heureuse Angleterre, où la civilisation, les sciences et les arts sont portés à un si haut [degré] point, et que tant de motifs me font souhaiter de voir. On m’a fait espérer, Madame, que vous viendriez, cet été, à Paris. Nous aurions un grand plaisir, Madame de Laplace et moi, à vous recevoir encore à notre campagne. [et vous renouveler de vive voix tous les sentiments ...] Daignez agréer l’assurance des sentiments de considération, de respect et de reconnaissance que vous m’avez inspirés. Marquis de Laplace Veuillez bien, Madame, recevoir mes remerciements du mémoire que vous avez eu la bonté de m’adresser. J’y ai lu avec bien de l’intérêt, les expériences très [intéressantes] curieuses que vous avez faites, sur l’influence magnétique des divers rayons colorés1. Bancroft, box 4, dossier 4 (brouillon) ; et Oxford, Bodleian Library, Somerville Papers, Dep c.371, n° 21. 1. « On the magnetizing power of the more refrangible solar rays », Phil. Trans., 116 (1826), 132-139.
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1085. Bouvard à [Madame Laplace], 24 mai 1826
Londres, le 24 mai 1826 Madame la Marquise, Votre aimable lettre m’a fait le plus grand plaisir. Je suis enchanté que la santé de Monsieur le Marquis soit toujours bonne ; ainsi que la vôtre et celles de tous ceux qui vous sont chers. Conservez-la longtemps, c’est mon vœu le plus sincère, car vous n’ignorez pas que je vous suis dévoué à tous jusqu’à la fin de ma carrière. Je n’ai point encore fixé mon départ, cependant je crains de rester trop long[temps]. Tous les jours, je suis en fête. Messieurs les Anglais m’accablent de politesse et de prétences à cause de l’amitié que m’a voué le Newton français. Tous les jours, nous buvons à la santé de l’auteur de la Mécanique Céleste. J’ai été à Cambridge visiter l’Université et l’Observatoire. J’ai été satisfait de mon voyage et surtout de l’accueil que j’ai reçu dans cette ville, célèbre par son université. Je ne suis resté que 36 heures et je suis revenu à Londres, pour continuer mes courses vagabondes, dans les dîners, réclamés huit jours d’avance. Je partis samedi avec Monsieur Herschel, pour Slough où nous devons passer la nuit à observer et revenir dimanche. Je voudrais partir, mais je ne sais comment faire pour refuser les membres de la Société Royale qui veulent que je sois à la visite de l’Observatoire de Greenwich. Cette visite ne doit avoir lieu que dans les premiers jours de juin, le jour n’étant pas encore fixé. J’attends Madame, les ordres de Monsieur de Laplace pour me décider. Hier j’ai dîné chez notre ami Monsieur South, avec MM. Herschel, Wollaston, les Capitaines Smith et Beaufort, Monsieur et Madame Somerville. Aujourd’hui je vais voir le port sous la Tamise. Demain, à la Société Royale ; vendredi je dois dîner en ville, mais je ne me rappelle pas où. Monsieur South est mon guide. Je ne puis, Madame, vous donner de plus longs détails dans cette lettre. Celle que j’écris à l’Observatoire contient d’autres détails et s’ils peuvent vous intéresser, mon frère vous communiquera ma lettre. J’ai acheté une lunette pour Monsieur Gilbert. Quant au manteau de Magendie, je crois que je ne ferai pas sa commission, car ces manteaux écossais sont si vilains, que personne ne me conseille d’en acheter un. Cependant, si Magen-
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
die persiste, je ferai sa commission. Je vous remercie, Madame, de ce que vous me dites de vos amis, qui daignent se rappeler de moi. Ayez, je vous prie, la bonté de leur offrir à tous mes hommages respectueux ; sans oublier les aimables habitants du Château de Petit-Brie. Daignez, Madame, me permettre de vous offrir mes hommages ainsi qu’à Monsieur le Marquis, à mon ami, le Comte Emile, à Mademoiselle Angélique et à Madame la Comtesse de Salmon, etc. Je suis le plus dévoué de vos serviteurs. Bouvard A-t-on oublié Gambart, pour le prix de l’Institut ? Son espérance pour le Bureau des Longitudes se réalisera-t-elle ? Des compliments bien sincères de la part de mes aimables hôtes, Monsieur et Madame South. J’espère qu’ils pourront retirer le dépôt sans compromettre leur fortune. Ils en seront quitte pour des frais. lettre complémentaire Bancroft, box 14, dossier 43.
1086. Laplace à Follebarbe, 11 juin 1826
A Monsieur Follebarbe, notaire à Beaumont-en-Auge, par Pont l’Evêque 11 juin 18261 Monsieur, Je n’ai pas répondu plus tôt à votre lettre du 23 mai, parce que j’ai été fort occupé à la Chambre et à la Cour des Pairs. Relativement à la rente que je fais 1. Le catalogue de vente date cette lettre du 16 juillet 1826.
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à la Dame Rouvrette, je consens à l’amortir moyennant 640 francs, comme vous me le proposez. Quant au fermier de Montargis, le Sieur Dalgot, je me rappelle que Monsieur de Lamotte ne m’en parlait pas toujours d’une manière très favorable, sans cependant lui faire aucun reproche essentiel. Mais comme il est dans mes principes de conserver autant que je le puis mes anciens fermiers, veuillez bien voir la diminution qu’il demande définitivement, et si elle n’est pas raisonnable, veuillez me donner votre avis à cet égard, et me le faire connaître. N’y aurait-il pas du bois à vendre au Montargis ? Il y a dans le voisinage un Monsieur Marchand, un peu tracassier, et dont Monsieur de Lamotte avait beaucoup à se plaindre par rapport à ses empiétements. Est-il maintenant raisonnable et tranquille ? Comment va mon fermier La Hogue ? Son fils travaille-t-il comme le père ? Je désirerai bien, Monsieur, aller vous voir cette année, mais l’état de ma santé ne me permet guère de voyager. Rappelez-moi au souvenir de Madame Lamotte, de Monsieur le Curé, et de diverses personnes de ma connaissance, et veuillez bien agréer, l’assurance de mes sentiments d’estime et d’attachement. Marquis de Laplace Je vous enverrai le plus tôt possible, ce qui regarde votre dernier compte. Autographen aus der Sammlung Karl Geigy-Hagenbach und anderem Besitz. Auktionskatalog, 30-31 Mai. 1961, Marburg, p. 78, n° 448 (fragment) ; et Basel, Öffentliche Bibliothek der Universität Basel, Geigy-Hagenbach, n° 811.
1087. [Laplace] à Plana, 15 juin 1826
A Plana Paris, ce 15 juin 1826 … Je viens de recevoir de Londres le mémoire que vous avez fait insérer dans les Mémoires de la Société Astronomique de Londres, sur divers points
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de mon Traité de Mécanique Céleste1. Sa lecture, que je n’ai pas encore finie, m’a fait reprendre mon analyse sur les deux grandes inégalités de Jupiter et de Saturne, et je suis parvenu à un rapport très simple entre les coefficients, et qui s’étend jusqu’au carré de la force perturbatrice, mais auquel vos résultats numériques sont loin de satisfaire. C’est l’objet d’un petit mémoire que je viens de faire insérer dans la Connaissance des Temps actuellement sous presse, et dont je vous adresse un exemplaire par la voie de la librairie2. Je désirerais bien que vous preniez la peine de revoir avec un soin particulier tous vos calculs ; car quoiqu’ils aient peu d’importance pour les tables astronomiques, à raison de la petitesse de leurs résultats, comparés à la grandeur des coefficients de ces inégalités, ils en ont beaucoup pour la perfection de la théorie. Vous substituez dans votre mémoire d’autres équations différentielles du mouvement de l’orbite du dernier satellite de Saturne, à celles que j’ai données, page 182 du quatrième volume de la Mécanique Céleste ; mais ayant de nouveau considéré l’analyse qui m’a conduit à ces équations, je l’ai trouvée juste ; et je suis parvenu aux mêmes équations par les formules de la variation des constantes arbitraires dont vous faites pareillement usage, formules que Monsieur Lagrange et moi avons trouvé en même temps, et qui me paraissent être le pas le plus important que l’on ait fait dans ces dernières années dans la théorie des perturbations. Je n’ai donc point de doute sur l’exactitude de mes équations. Mais je ferai sur votre analyse les deux observations suivantes : 1° Les deux équations différentielles dR dR dq dp ------ = – an § -------· ;------ = an § -------· © dp ¹ © dq ¹ dt dt
dont vous faites usage, ne me paraissent point exactes ; il faut, si je ne me 3 trompe, diviser leur second membres par cos I . 2° Dans ces équations, R est considéré comme fonction de p, q, et du temps t. En introduisant donc dans R, la longitude vraie v du dernier satellite sur l’orbite de la planète, il faut dans les différences partielles de R, par rapport à p et q, faire varier v, relativement à ces variables qu’il renferme, puisqu’il est fonction de p, q, et de t. Ainsi l’on a point comme vous le supposez ds-· § ----= – cos v ; © dp¹
mais on a 1. « Mémoires sur différens points relatifs à la théorie des perturbations des planètes exposée dans la Méchanique Céleste », Memoirs of the Astronomical Society of London, 2 (1826), 325-412. 2. « Mémoire sur les deux grandes inégalités de Jupiter et de Saturne », Connaissance des Temps pour l’année 1829, 236-244 ; Laplace, O.C., 13, 313-322.
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dv ds-· § ----= – cos v + § ------· q cos v + p sin v . © dp¹ © dp¹
Vous ferez de ces observations l’usage que vous voulez, si elles vous semblent justes ; mais je vous les communique parce qu’il est plus agréable de se rectifier soi-même, que d’en laisser le soin à d’autres qui le prennent quelques fois avec un peu de sévérité. [Laplace] fragment Publié dans Jean Plana, « Sur un mémoire de l’auteur, imprimé dans le volume de la Société Astronomique de Londres », Correspondance astronomique, géographique, hydrographique et statistique, 14 (1825), 595-597.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1088. reçu, 10 juillet 1826
10 juillet 18261 QUITTANCE DE LOYER Maison Rue du Bac N° 100
Locations principale le sol par fs pour le portier l’impôt de - croisées
3500fr 3556 56
Le ¼ pour chaque terme
889
Reçu de Mr le Marquis De la Place la somme de 889 francs pour un terme de loyer de l’appartement qu’il occupe dans la dite maison, le dit terme échu le premier de ce mois dont quittance, sans préjudice du courant. Paris, le 10 juillet 1826 Beau aîné2 reçu Bancroft, box 25, dossier 17.
1. Imprimé, sauf ce qui est italique. 2. Dans ce même dossier se trouve un autre reçu semblable pour la même année.
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1089. Eichhorn à Laplace, 26 juillet 1826
A Monsieur le Marquis de Laplace Pair du Royaume de France de l’Académie Royale, du Bureau des Longitudes à Paris Paris, ce 26 juillet 1826 Monsieur, J’ai l’honneur de vous apporter une lettre de Monsieur Gauss à Göttingen, et je m’empresse de vous les envoyer en attendant que vous vouliez bien me fixer le temps où je pourrai avoir l’honneur de vous parler. Agréez, Monsieur, l’assurance du respect le plus profond de Votre très humble serviteur. Eichhorn1 Rue Bourbon, n° 10 copie Göttingen, Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek, Briefe Gauss B : Laplace.
1. Probablement le mathématicien Christian Friedrich Eichhorn.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1090. document, 16 août 1826
16 août 1826 Pièce comportant quelques lignes autographes et signée Laplace comme Président du Bureau des Longitudes. Cette signature est apposée sur une dépêche du Directeur de l’Observatoire de Marseille1 lui annonçant la découverte d’une comète dans l’Eridan. description B.N., MS, Catalogues de Lettres Autographes (Noël Charavay) (juillet 1903), n° 325, p. 12, n° 49923.
1091. Fleury à Laplace, 12 septembre 1826
A Monsieur Monsieur le Marquis de la Place Pair de France rue du Bac N° 100 A Paris Poissons, le 12 septembre 18262 Les témoignages d’amitié que vous me donnez tous les ans par votre agrément au petit voyage de Madame Delaplace près de nous me rendent si heu1. Jean Jacques Blanpain. 2. Un tampon de la poste indique le 15 septembre 1826.
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reux, ainsi que ma femme, que je me persuade facilement que vous ne lui refuserez pas cette année sous la condition nécessaire qu’elle sera accompagnée de Monsieur Pariset qui a le projet de faire un voyage dans mes cantons et avec qui nous serons fort aise de renouveler connaissance. Recevez, Monsieur, par anticipation l’assurance de ma reconnaissance ; et pour le reste de ma vie celle de mon inviolable attachement. [Marie Nicolas Louis-Marquette] De Fleury Bancroft, box 20, dossier 9.
1092. [Madame Laplace] à Laplace, [20 septembre 1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce mercredi [20 septembre 1826]1 Mon ami, nous allons tous bien ; tout le monde te fait mille amitiés. Il me tarde d’avoir de tes nouvelles. J’embrasse Emile, et toi, de tout mon cœur. Angélique te présente ses respects. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 23 septembre 1826.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1093. [Madame Laplace] à Laplace, [21 septembre 1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac, n° 100 A Paris Ce jeudi [21 septembre 1826]1 Il me tarde d’avoir de tes nouvelles et de savoir mon ami ce que vous faites tous à Arcueil. Monsieur Pariset est parti ce matin pour Grand. Il nous revient dimanche ; il fait les délices du château. Monsieur et Madame de Fleury t’offrent mille tendres amitiés ainsi que ma tante Molerat. Je t’embrasse de tout mon cœur ainsi qu’Emile. Angélique fait comme sa grand-mère. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 24 septembre 1826.
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1094. [Madame Laplace] à Laplace, 22 septembre [1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac, n° 100 A Paris Poissons, ce vendredi 22 septembre [1826]1 Nous venons d’avoir une belle visite, mon ami. Le Préfet2 est venu souper hier au château ; il est parti ce matin, pour aller à St Dizier au-devant du Dauphin3. Nous nous portons tous bien, nous attendons ce matin Eugène Peyrard avec le petit Molerat. J’espère que le courrier m’apportera de tes nouvelles, ce qui me fera grand plaisir. Monsieur et Madame de Fleury tout le monde ici t’offre mille compliments. Nous t’embrassons, Angélique et moi, de tout notre cœur ainsi qu’Emile. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 25 septembre 1826. 2. Claude Bourgeois de Jessaint. 3. Louis Antoine de Bourbon, Duc d’Angoulême.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1095. [Madame Laplace] à Laplace, [24 septembre 1826]
A Monsieur A Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce dimanche [24 septembre 1826]1 Mon ami, j’attends toujours de tes nouvelles avec impatience. Nous faisons les vendanges mercredi ; nous attendons Henrion aujourd’hui. Tout le monde te fait mille amitiés. Je t’embrasse, ainsi qu’Angélique. Nous embrassons Emile. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 27 septembre 1826.
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1096. [Madame Laplace] à Laplace, 25 [septembre 1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce lundi 25 [septembre 1826]1 Point de tes nouvelles, mon ami, je ne puis y rien concevoir. Si tu pouvais te persuader combien ma santé se trouve bien de mon séjour ici, au moins tu m’en féliciterais. Tu trouveras Angélique grandie, sa santé se fortifie d’une manière remarquable elle travaille bien et ce n’est pas perdre son temps que de fortifier la santé de ce précieux enfant. Toute ma famille va bien. Henrion est venu hier, il m’a parlé de son admiration pour toi avec un sentiment d’amitié qui m’a fait un grand plaisir. Nous y allons dîner demain. Nous ferons les vendanges jeudi. Je suis ravie de ce beau temps parce qu’il doit te faire du bien. Tout le monde t’offre mille affectueux compliments. Je t’embrasse ainsi qu’Angélique bien tendrement. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 28 septembre 1826.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1097. Laplace à Madame Laplace, [25 septembre 1826]
A Madame Madame la Marquise de Laplace A Poissons par Joinville Arcueil, ce lundi [25 septembre 1826]1 Tout va bien, ma chère amie, dans le ménage. Je suis toujours avec Emile qui se porte bien. J’ai reçu pour toi une lettre du Ministre de la Marine2 relative au jeune Du Lyon de Rochefort, créole de la Guadeloupe. Il dit qu’il a les pièces relatives à cet enfant et qu’il a reçues de la colonie. J’espère, dit-il, être bientôt en mesure de prendre les ordres du Roi sur cette affaire. Je ne perdrai pas de vue l’intérêt que vous y prenez. Ton fils ainsi que Madame Salmon et Monsieur Bouvard me chargent de mille choses affectueuses pour toi, ainsi que pour Angélique. Je vous embrasse bien tendrement l’une et l’autre. Ton mari Marquis de Laplace Rappelle-moi au souvenir de tous les habitants de Poissons, et spécialement de Monsieur et Madame de Fleury, auxquels j’offre mes sincères et respectueuses amitiés. Bancroft, box 14, dossier 23.
1. Reçue le 27 septembre 1826. 2. Christophe André-Jean Chabrol de Crouzol.
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1098. [Madame Laplace] à Laplace, 26 septembre [1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce mardi 26 septembre [1826]1 Le courrier est arrivé hier, mon ami, sans m’apporter de tes nouvelles. J’en attends aujourd’hui. Nous allons tous bien. Les vendanges se font demain. Nous voudrions que tu sois des nôtres. Nous allons dîner avec Monsieur Pariset à Penley aujourd’hui. Reçois les compliments de tous, et toutes mes tendresses ; les respects d’Angélique. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 29 septembre 1826.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1099. [Madame Laplace] à Laplace, [28 septembre 1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce jeudi [28 septembre 1826]1 J’ai reçu tes lettres, mon ami, aujourd’hui, du 23 et de lundi, qui m’ont causés un grand plaisir. Me voilà à présent, jouissant entièrement de mon petit séjour ici, parce que je te vois content, et passant bien ton temps. Monsieur Pariset part aujourd’hui, il te portera de nos nouvelles à l’Académie, lundi prochain. Madame Molerat et moi, nous sommes très contentes de la réponse du Ministre de la Marine2. Je te prie d’offrir toutes mes amitiés à Madame Salmon et à Monsieur Bouvard. Nous nous portons tous bien, les vendanges ont été très belles. Angélique et moi, nous t’embrassons de tout notre cœur, ainsi qu’Emile. Monsieur et Madame de Fleury t’offrent mille affectueux compliments. Henrion sera très sensible à ton souvenir. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 1er octobre 1826. 2. Christophe André-Jean Chabrol de Crouzol.
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1100. [Madame Laplace] à Laplace, 29 septembre [1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce vendredi 29 septembre [1826]1 Aujourd’hui, Monsieur Pariset est parti pour Paris, et lundi, il te donnera de nos nouvelles à l’Académie, mon ami. Il te dira qu’il nous a laissé tous bien portants. Il est chargé de mille tendresses de tous pour toi. Il a été d’une amabilité parfaite pour ma famille. Nous le regrettons beaucoup. Il a promis de venir tous les ans, de venir voir ses amis de Poissons, l’on s’est promis amitié éternelle. Nos vendanges sont superbes ; je voudrais que tu voies combien cette récolte est agréable. Reçois les affectueux compliments de toute ma famille. Nous t’embrassons, Angélique et moi, de tout notre cœur, ainsi qu’Emile. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 2 octobre 1826.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1101. [Madame Laplace] à Laplace, 30 septembre [1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce samedi 30 septembre [1826]1 Mon ami nous nous portons tous bien. Nous désirons avoir de tes nouvelles. Monsieur et Madame de Fleury t’offrent mille affectueuses amitiés. Tout le monde se rappelle à ton souvenir. Monsieur Pariset t’aura vu lorsque tu recevras ma lettre et t’aura dit combien Angélique et moi, nous nous trouvions bien pour notre santé de notre séjour ici. Nous serons à Paris lundi 8 octobre. Nous t’embrassons, Angélique et moi, de tout notre cœur, ainsi qu’Emile. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 3 octobre 1826.
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1102. [Madame Laplace] à Laplace, 2 octobre [1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Poissons, ce lundi 2 octobre [1826]1 Nous continuons nos vendanges, mon ami. Hier, Henrion est venu dîner avec nous ; il voudrait bien te voir dans ce pays. Lorsqu’il sera de retour à Paris il viendra dîner avec nous à Arcueil. Il a été sensible à l’amitié que tu lui as témoigné. Il viendra faire l’été de la St Martin. Nous avons une noce mercredi du fils d’une ancienne gouvernante de la maison. Angélique dansera. Nous nous portons bien ; mon plaisir ici est complet, lorsque j’ai de tes lettres. Fais mes amitiés à Monsieur Bouvard à Emile. Angélique et moi, nous t’embrassons de tout notre cœur. Monsieur et Madame de Fleury t’offrent mille affectueux compliments. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1. Un tampon de la poste indique le 5 octobre 1826.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1103. [Madame Laplace] à Laplace, [4 octobre 1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Pair de France rue du Bac n° 100 A Paris Ce mercredi [4 octobre 1826]1 Mon ami, Angélique est au comble de la joie, elle va à la noce, elle doit y danser. Nous jouissons de ses plaisirs, nous t’embrassons bien tendrement, je t’écrirai demain. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1104. [Madame Laplace] à Laplace, [5 octobre 1826]
A Monsieur Monsieur le Marquis de Laplace Ce jeudi [5 octobre 1826] Mon ami, reçois bien Monsieur Pariset ; il a été si aimable pour moi et pour Angélique, il a fait les délices de ma famille. Nous le quittons avec beaucoup de regrets ; il te dira combien Angélique et moi ; nous nous trouvons bien de notre séjour ici. Nous serons à Paris le lundi 8. Nous arriverons sur les deux 1. Un tampon de la poste indique le 7 octobre 1826.
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heures rue du Bac ; tu viendras me chercher pour me ramener à Arcueil. Monsieur Pariset promet de venir me voir à mon arrivée, ce qui me fera un extrême plaisir. Ma famille et moi, nous lui promettons une constante amitié. Ecris-moi souvent pour que je jouisse entièrement de tout le bonheur que je goûte dans ma famille. Tout le monde t’offre mille affectueuses amitiés. Angélique et moi, nous t’embrassons de tout notre cœur, ainsi qu’Emile. Mes amitiés à Madame Salmon, Madame Berthollet, Monsieur Magendie et Monsieur Bouvard, à tout ce[ux] qui se souvienne[nt] de moi. Bonjour à tous nos gens. [Madame Laplace] Bancroft, box 19, dossier 19.
1105. Laplace à Say, 8 octobre 1826
Monsieur Monsieur J. B. Say rue St Martin 92 A Paris Paris, ce 8 octobre 1826 Monsieur, J’ai reçu la notice sur l’économie politique, que vous avez eu la bonté de m’envoyer1. Je l’avais déjà lu dans l’Encyclopédie Progressive, et je l’ai relu avec un nouvel plaisir. Veuillez en agréer mes remerciements, ainsi que des choses obligeantes qui renferment à mon égard la lettre qui l’accompagne. Vos ouvrages, Monsieur, ne laissent rien à désirer à la France pour sa gloire littéraire dans une des bran1. Il s’agit probablement de « De l’économie moderne : esquisse de cette science », qui fut élaboré dans le Traité d’Economie Politique (Paris, 1826).
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ches les plus utiles des connaissances humaines et dont je sens d’autant plus l’importance qu’appelé chaque année à délibérer sur de graves questions d’économie politique, je suis dans le cas d’apprécier le danger des vieilles erreurs, et l’ignorance des vraies doctrines. Agréez, Monsieur, l’assurance de mes sentiments de considération et de haute estime. Marquis Delaplace B.N., MS, n.a.fr. 26252, fols 241-242 ; et brouillon dans Bancroft, box 7, dossier 32. Cette lettre doit paraître dans le volume X des Œuvres Complètes de Jean Baptiste Say.
1106. Andrieux à Madame Laplace, 25 novembre 1826
A Madame Madame la Marquise Delaplace Rue du Bac, n° 100 Faubourg St Germain A Paris Ce 25 novembre 1826 Madame la Marquise, Comment résister à une sollicitation aussi aimable ? Comment n’être pas fier de recevoir de vous le nom d’ami ? Je vous assure que j’en suis bien touché ; il me rappelle qu’en effet j’ai reçu de vous, Madame, des preuves d’amitié, de bienveillance et des services que je n’oublie point ; mais aussi comment concilier le devoir avec l’inclination ? Je voudrais pouvoir vous promettre ma voix pour Monsieur Magendie ; mais il est défendu d’engager sa voix d’avance. Pour trouver un accommodement avec le ciel et avec vous, je vous dirai, car cela n’est pas défendu, je vous dirai confidentiellement, et vous m’en garderez bien le secret, que je me suis promis de donner ma voix à Mon-
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sieur Magendie, parce que je crois en conscience qu’il est, de ceux qui se présentent, celui qui remplirait mieux la chaire, et aussi parce que je sais que je ferai en cela une chose agréable à Madame la Marquise Delaplace. J’ai dit à Monsieur Magendie lui-même qu’il m’était recommandé par vous, et qu’il ne pouvait l’être mieux auprès de moi. Je souhaite fort qu’il réussisse ; mais il se fait trois présentations : une par le Collège, une par l’Académie des Sciences, une par Monsieur le Grand-Maître de l’Université1. Ce n’est pas toujours le candidat présenté par le Collège qui est choisi par le Ministre ; et je vous ferai remarquer moi-même, Madame la Marquise, que ma voix est bien peu de chose ; car nous sommes 20 professeurs ; et je n’ai par conséquent qu’un 20e dans un tiers, c’est-à-dire un 60e de matière éligible à ma disposition. Je ne crains pas de faire un calcul savant, en écrivant à la femme du premier Géomètre de l’Europe et du monde. Mes enfants seront bien reconnaissants de votre aimable souvenir ; nous parlons aussi souvent de vous ; Julie n’a point d’enfants ; mais Bonne a une petite fille de deux ans et demi qui rient bien, et qui est son aînée dans la famille. Agréez les respects de mes deux jeunes chéries. Veuillez bien aussi agréer l’honneur respectueux de mon sincère et inviolable dévouement. Andrieux lettre complémentaire Bancroft, box 14, dossier 53.
1. Denis Antoine Luc, comte de Frayssinous.
1107. Laplace à Roger, 22 janvier 1827
Ce 22 janvier 1827 A Monsieur Roger, Secrétaire général des Postes, à l’Hôtel des Postes Je serai chez moi, mon cher confrère, à l’heure où vous proposez de me faire l’honneur d’y venir. En vérité, je suis bien affligé de tout ceci. Veuillez bien agréer mes sentiments d’estime et de considération. Marquis de Laplace Rouen, Bibliothèque Municipale, Blosseville 1073.
1108. Madame Laplace à Fermon, 22 février [1827]
Ce jeudi 22 février [1827] Monsieur de Fermon, médecin1 Rue de Louvois, n° 2 à Paris Monsieur Piedonnet vous demande, Monsieur, de venir à une heure pour lever Monsieur de Laplace. Parce qu’il est obligé de le quitter à onze heures, 1. Peut-être Isaac Charles de Fermon.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
il lui est impossible de revenir. Je compte donc sur votre obligeance pour que nous puissions lever Monsieur de Laplace à l’heure que nous avons choisie, qui lui est la plus favorable pour son lever. Si vous êtes libres avant une heure, vous nous ferez plaisir de venir. Monsieur de Laplace demande encore bien des soins éclairés. Recevez mes plus affectueux compliments. Marquise de Laplace lettre complémentaire Leipzig, Universitätsbibliothek, Handschriftenabteilung.
1109. Madame Laplace à Fermon, 24 février 1827
A Monsieur Monsieur de Fermon1 médecin rue de Louvois Ce 24 février 1827 Je regrette, Monsieur, que vous me donniez de si bonnes raisons, que je n’ose pas combattre. Permettez-moi du moins, que si vos soins devenaient encore nécessaires, je vous rappelle près de mon précieux malade. Venez le voir lorsque vous aurez pu, Monsieur, pour que nous puissions tous les deux vous parler de notre reconnaissance qui durera autant que nous vivrons. Recevez l’assurance de tous mes sentiments de considération. Marquise de Laplace lettre complémentaire B.N., MS, n.a.fr. 2766, fols 45-46. 1. Peut-être Isaac Charles de Fermon.
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1110. Cessac à Madame Laplace, 5 mars 1827
A Madame Madame la Marquise de Laplace A Paris Le 5 mars 1827 Il y a quarante et plus qu’avec toute l’Europe j’admirais et révérais l’homme de génie que la France vient de perdre. Il y a trente ans et plus que je le connaissais et l’aimais ; il y a trente et plus qu’il m’a donné des preuves d’attachement dont je suis vain et dont mon cœur a toujours été flatté comme il devait l’être. Vous m’avez aussi donné dès longtemps, Madame, des marques de bienveillance dont je serai toujours reconnaissant. D’après tout cela vous n’avez pas douté je l’espère de la part bien vive que j’ai prise avec toute l’Europe à la perte affreuse que vous, Madame, vos enfants et vos amis viennent de faire. J’ai l’honneur d’être avec une respectueuse considération, Madame la Marquise Votre très humble et très obéissant serviteur. Le Comte de Cessac1 lettre complémentaire Bancroft, box 14, dossier 47.
1. Jean Gérard Lacuée.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1111. Billy à [Madame Laplace], 5 mars 1827
Paris, le 5 mars 1827 Madame, Accablé de la plus vive et de la plus juste douleur, pourrez-vous me pardonner de l’augmenter encore, s’il est possible, en mêlant mes larmes aux vôtres. Quelle irréparable perte, et pour vous, Madame, et pour les amis des sciences, et pour la société entière ! Si les regrets de tous ces êtres pensants pouvaient adoucir l’amertume d’un si grand malheur, cette consolation vous serait acquise, Madame. Nous pleurons tous la mort du grand homme, dont vous fûtes la digne compagne, et à qui vous avez prodigué des soins si tendres dans ses derniers moments, après avoir fait son bonheur pendant sa glorieuse vie. Daignez, Madame, agréer l’hommage de mon dévouement respectueux et sans réserve. Votre très humble et très obéissant serviteur. A.L. Billy lettre complémentaire Bancroft, box 15, dossier 23.
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1112. Pariset à Madame Laplace, 6 mars 1827
Pour Madame la Marquise de Laplace Académie Royale de Médecine Paris, ce 6 mars 1827 Ah ! pauvre cœur si tendre et si bon ! J’arrive et j’apprends cette calamité qui est aussi une calamité publique ! Mon Dieu ! Je n’ai cessé de songer à vos douleurs, pendant toute cette longue agonie. D’où vient donc que j’étais si rassuré ! On avait donné la dernière fois de si bonnes nouvelles ! Hélas ! C’était une erreur ! Pauvre amie si humble et si élevée ! Ah, que je vous plains ! Ah, que je ressens ces vives peines ! Ce n’est plus que cela que j’entends ! Le reste ne m’est rien ! Mon Dieu ! Que ne suis-je près de vous ! Mais qui pourra vous consoler ! E. Pariset lettre complémentaire Bancroft, box 16, dossier 1.
1113. document, [6 mars 1827]
[Du 6 mars 1827]1 Monsieur le Marquis de Laplace, Pair de France, membre de l’Institut, auteur de la Mécanique Céleste et de plusieurs autres ouvrages qui l’ont fait placer parmi les plus grands géomètres de ces derniers temps, est mort, hier, dans son hôtel, rue du Bac, entre les bras de ses deux pasteurs, Monsieur le 1. Cette notice préparée le 6 mars fut publié dans ce journal le lendemain.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
curé des Missions Etrangères et Monsieur le curé d’Arcueil, qu’il avait fait appeler pour en recevoir les derniers secours de la religion. Nous aurons à publier une notice sur la vie de ce savant célèbre ; mais nous devons, dès ce moment, faire remarquer ce que sa mort a présenté d’édifiant à sa famille, à ses amis et à ses admirateurs. C’est un contraste que nous aimons à opposer au récit des morts scandaleuses qui font la joie des ennemis de la religion. Ses obsèques auront lieu demain, mercredi 7, en l’église des Missions Etrangères. Le fils de Monsieur de Laplace, qui hérite de la Pairie, est chef de bataillon de l’artillerie de la Garde. document La Quotidienne, n° 66 (7 mars 1827), p. 2, col. 2.
1114. [Madame Laplace] à [Emile] Laplace, [7 mars 1827]
A Monsieur Monsieur le Marquis [Emile] de Laplace Rue des Trois Frères Ce mercredi [7 mars 1827] Tu as perdu, mon cher Emile, ton meilleur ami. [Madame Laplace]1 lettre complémentaire Bancroft, box 18, dossier 18.
1. De la main de Madame Laplace, mais non signée.
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1115. Gautier à Madame Laplace, 10 mars 1827
Madame la Marquise de Laplace Rue du Bac n° 100 Paris Genève, 10 mars 1827 Madame, C’est une faveur de la bienveillance dont voulut bien me donner Monsieur le Marquis de Laplace, que je viens vous demander la permission de m’adresser à vous, avec une douloureuse émotion, pour vous exprimer la profonde part que j’ai prise à la grande perte que vous venez de faire et que le monde a fait avec vous. Ce n’est que le matin que les journaux me l’ont appris, au sortir d’une leçon d’astronomie, où j’avais eu, presque continuellement, l’occasion de parler des travaux et des découvertes, aussi multipliées que mémorables, par lesquelles votre illustre époux a si fort reculé les limites de la plus belle des sciences humaines, et a légué à la postérité un nom qu’elle placera au rang de ceux des plus grands génies dont le monde savant puisse se glorifier. J’avais déjà su par les journaux et par les lettres de Monsieur Maurice la maladie grave de Monsieur de Laplace, et je recueillais avec une vive satisfaction quelques détails plus favorables, lorsque j’ai appris soudainement que le Newton de notre âge n’était plus, et cet homme si distingué, qui joignait à ses talents éminents tant d’activité, et de dévouement pour protéger les sciences, pour encourager avec bonté ces jeunes gens à les cultiver et son influence personnelle, venait de terminer sa longue et brillante carrière terrestre, carrière que tant de parents, d’amis et d’admirateurs de son génie auraient voulu pouvoir prolonger longtemps encore ! Quelle perte pour vous, Madame, que j’ai toujours vu auprès de lui comme la femme la plus dévouée et qui l’avez si admirablement soigné dans cette dernière maladie. Quelle perte pour Monsieur votre fils, pour Monsieur Bouvard, pour le Bureau des Longitudes, pour l’Académie des Sciences et pour l’Europe savante toute entière ! Dieu veuille vous soutenir, Madame, dans ce grand malheur par ses douces et salutaires consolations ! Et puissent les regrets si généralement sentis dont vous devez sans doute recevoir de tous côtés de douloureux témoignages en diminuer aussi l’amertume !
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Je suis heureux de penser qu’un de mes compatriotes a pu exprimer à votre illustre époux dans ses derniers jours les sentiments qu’il lui avait voués, tout en regrettant sensiblement de n’avoir pu jouir du même privilège ; et le souvenir des moments que j’ai eu l’honneur de passer auprès de lui élicite toujours ma reconnaissance. Je n’abuserai pas plus longtemps, Madame, de la liberté que j’ai prise de m’adresser à vous dans un tel moment. J’espère que vous me la pardonnerez en honneur du sentiment dont j’étais et dont je resterai pénétrer, et que, lorsque quelque circonstance me ramènera à Paris, vous me permettrez de vous renouveler de bouche l’expression, ainsi que celle des sentiments respectueux et dévoués avec lesquels j’ai l’honneur d’être Madame Votre très humble et obéissant serviteur. Alfred Gautier lettre complémentaire Bancroft, box 2, dossier 38.
1116. Gambart à [Madame Laplace], 10 mars 1827
Marseille, le 10 mars 1827 Madame, Je sens toute l’étendue du malheur qui vient de vous accabler et je prends une part bien vive à votre juste douleur. Vous venez de faire une perte irréparable et à côté de laquelle je n’ose pas parler de celle que nous faisons tous. Sans doute, il n’est point un homme voué aux sciences pour qui cette époque ne soit une époque de deuil. S’il est possible, Madame, que quelque chose puisse dominer vos chagrins, que ce soit cette pensée. Songez aussi que le nom comme les travaux de votre illustre époux sont impérissables, et que sa vie,
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sans cesse présente, devient une de ces grandes et rares époques avec lesquelles tous les âges cherchent à s’identifier. Nous mourons tous ; mais le génie est immortel. La mort vous a ravi un époux, votre meilleur ami ; mais songez que la mort a élevé en même temps cet homme dont le souvenir vous est si cher, au plus haut degré de gloire. Assis aujourd’hui à côté de Newton, l’auteur de la Mécanique Céleste est au comble de ses vœux. Madame, oubliez-vous, s’il se peut parfois, pour contempler ces images ; elles apporteront un peu de calme dans votre âme. Veuillez avoir la bonté, Madame, de me rappeler au souvenir de Monsieur votre fils et daignez agréer la nouvelle expression de mes respects. Gambart lettre complémentaire Bancroft, box 3, dossier 7.
1117. document, 12 mars 1827
Préfecture du Département de la Seine, Ville de Paris, 10ème Mairie, Extrait du registre des actes de décès de l’année 1827 Acte de décès du 6 mars 1827, à trois heures [de l’] après-midi. Le jour d’hier, à 9 heures du matin, est décédé, rue du Bac, numéro 100, Monsieur Pierre Simon, Marquis de Laplace, âgé de 78 ans, Pair de France, Grand-Croix de la Légion d’Honneur, membre de l’Académie des Sciences et de l’Académie Française, marié à Dame Marie-Charlotte de Courty : constaté par moi, Jean-Alexandre Pauquet de Villejuif, adjoint au Maire du dixième arrondissement de Paris, Chevalier de la Légion d’Honneur, faisant les fonctions d’officier d’Etat.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Sur la déclaration de Monsieur Adolphe-François-René, Marquis de Portes, demeurant rue St Georges, numéro 22, âgé de 37 ans, gendre du défunt, et de Monsieur Jean-François Pector, employé, demeurant rue de Grenelle, numéro 76, âgé de 47 ans, lesquels ont signé avec moi, après lecture à eu faite de l’acte. (signé) MM. de Portes, Pector et Pauquet Délivré certifié conforme aux registres, par nous, Mairie du dixième arrondissement. Paris, le 12 mars 1827 Pauquet document Paris, Archives de Paris, Reconstitution des actes de l’Etat Civil, n° 396.974.
1118. Drouot à [Madame Laplace], 12 mars 1827
Nancy, 12 mars 1827 Madame la Marquise, Permettez-moi de vous exprimer toute la part que je prends au malheur qui vient de vous arriver ; il me cause beaucoup de chagrin. Monsieur de Laplace a soutenu mes premiers pas dans la carrière militaire, et dans tous les temps il m’a donné des preuves d’estime et d’affection dont j’ai toujours été bien touché. Lorsque je l’ai vu il y deux ans, je ne prévoyais pas que c’était la dernière fois que j’avais le bonheur de me trouver avec un homme aussi respectable dont les travaux font tant d’honneur à la France et à son siècle.
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Pardonnez-moi, Madame, si j’ose prendre la liberté de vous interrompre dans un moment si cruel ; les sentiments qui m’ont porté à vous écrire peuvent seuls me servir d’excuse. J’ai l’honneur d’être avec le plus profond respect, Madame la Marquise, Votre très humble et très obéissant serviteur. Général Drouot J’ai l’honneur de vous prier, Madame, de me rappeler à Monsieur votre fils et de lui dire combien je partage son chagrin. lettre complémentaire Bancroft, box 14, dossier 10.
1119. Broval à [Madame Laplace], 15 mars 1827
Palais-Royal, 15 mars 1827 Madame la Marquise, Ma sœur m’a confié votre billet d’hier et ce matin, dès que j’ai vu Leurs Altesses Royales1, j’ai eu l’honneur de le mettre sous leurs yeux. Elles en ont été bien touchées, et m’ont chargé toutes trois de vous écrire que, dès la première nouvelle de la grande perte que les amis de feu Monsieur de Laplace, les sciences et la France ont subie, elles ont pris une part très réelle à votre douleur. Elles se sont aussi montrées sensibles aux souvenirs qu’elles ont vu exprimés dans votre billet, d’une manière si touchante, en votre nom et au nom de Monsieur votre fils. Monseigneur, Madame la Duchesse et Mademoiselle d’Orléans vous recevront dans ces sentiments, ainsi que Monsieur le Comte 1. Le Duc et la Duchesse d’Orléans et leur fille.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Emile de Laplace, après ces premiers moments d’une douleur si juste et si profonde, et lorsque vous le voudrez. Souffrez, Madame, que j’ajoute à leurs sincères compliments, l’hommage de ma vive sympathie avec vous deux, et celui de mon respect pour la mémoire qui nous est si chère. Ma sœur a eu l’honneur de vous dire dans quel triste état est ma santé ; mais j’espère pouvoir risquer bientôt d’aller vous faire ma cour, et vous porter, à Arcueil, mon tribut de vœux, de regrets et de pleurs. Agréez le respect avec lequel j’ai l’honneur d’être Madame, Votre très humble et très obéissant serviteur. Monsieur de Broval lettre complémentaire Bancroft, box 14, dossier 48.
1120. document, [mars 1827 ?]
[mars 1827 ?] Maladie et derniers moments de Monsieur de Laplace J’y allai, pour la première fois, le dimanche au soir, 4 février ; dès qu’il me sût là, il voulut me voir, je me rendis auprès de son lit, et quoique très malade il me tendit la main, me la serra et m’assura à plusieurs reprises de la tendre amitié qu’il avait toujours eue pour moi. Dès lors, et tant que je m’y suis présenté, il m’a toujours reçu auprès de son lit, toujours parlé, serré la main avec une vivacité remarquable, et répété tout le plaisir qu’il avait à me voir, et celui qu’il se ferait de causer avec moi, dès que je pourrais venir dîner avec lui : ce que j’interprétais, ainsi que le plaisir singulier que lui causait tous les jours ma présence et les expressions, les manières tendres dont il usait avec moi par le souvenir des fréquentes conversations que j’avais eu avec lui sur la religion
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chrétienne depuis 30 ans, mais depuis 7 ou 8 ans surtout : conversations où il avait pu s’assurer du bonheur que je trouvais dans une profonde conviction de ces augustes vérités, dont sa situation rendait bien naturel qu’il méditât de nouveau en lui-même toute l’importance. Jamais il ne fut plus amical, que le samedi 24 février ; il était levé, je demeurai seul auprès de lui assez longtemps ; il me tendait souvent la main, et me disait quelques mots aimables. Je lui présentai son gendre De Portes, puis la seconde femme de celui-ci. Un tiers m’eût bien plutôt pris moi-même pour son gendre ou son fils. Comme après ces visites, il était fatigué, sa tête retomba et je crus qu’il s’endormait. Madame étant là ; je pris ce moment pour me retirer doucement ; mais il me rappela, d’une voix presqu’inintelligible, pour me tendre la main, me la serrer, et me dire adieu par ses regards d’une façon si expressive que je partis aussi troublé que touché. Il aurait voulu que je dînasse chez lui : je lui répondis que j’étais engagé à voir Monsieur Legendre, qui apprendrait sûrement avec plaisir, son prochain rétablissement – cette réponse parut lui être agréable ; il fit un mouvement de tête approbatif très marqué. Le mardi 27 à 3 heures, il était levé, et je passai trois heures avec lui, mais il était au fond [pas] bien. Je lui présentai Monsieur Cuvier, que j’avais été chargé d’avertir, et qu’il put entretenir avec toute sa présence d’esprit. Je restai encore seul avec lui assez longtemps, après le départ de Monsieur Cuvier. Alors il voulut se recoucher, mais il fit auparavant trois tours dans sa chambre soutenu par sa femme et moi, – il était encore assez fort – et ça a été la dernière promenade. Madame le déshabilla, tandis que je le soutenais debout ; mais quand il fallut le coucher, j’eus beaucoup de peine à le bien placer dans son lit à cause de mon bras. Il se plaignait beaucoup, et montra de l’absence dans ses idées ; il répétait sans cesse qu’on lui ôtât ses couvertures, et ne paraissait pas avoir toute sa tête. On se hâta de faire chercher son médecin, mais comme on n’avait envoyé qu’une femme, je voulus y courir moi-même quelques moments après, et j’étais déjà sur l’escalier, quand il me fit rappeler, voulant m’avoir toujours auprès de lui, jusqu’à l’arrivée du médecin. Dès lors, je ne lui ai pas reparlé. Dès le lendemain 28, son état empira sensiblement ; le 2 mars, on n’eut plus d’espoir, cependant, le samedi 3, il y eut un peu de mieux. Il reçut son fils, Poisson et Bouvard. Poisson m’a dit qu’il avait dit bonjour à son fils d’une voix très cassée et pas naturelle, et que Poisson lui ayant dit : Monsieur de Laplace, voilà votre ami Bouvard, dont les calculs ont mis dans un si grand jour vos belles découvertes sur Jupiter et Saturne, ces belles choses dont le souvenir ne s’éteindra jamais (et cela pour essayer de découvrir s’il jugeait bien de son état ...), il avait répondu, de sa voix de santé et très nettement, après un instant de silence, nous courons après des chimères ... puis s’était retourné et n’avait plus parlé. Voilà un mot bien profond, pour lui, et bien caractéristique : il me semble indiquer qu’il entrevoyait dès lors la vanité réelle de ce dont, trop longtemps, il s’était laissé uniquement préoccuper. Poisson jugea, pour sa part, qu’il se voyait tout près de sa fin.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
De ce moment, il n’a pas montré de présence d’esprit proprement dite. Dans la nuit du dimanche 4 au lundi 5, il prit un râlement à 3 heures du matin : on alla chercher le curé d’Arcueil, qui de concert avec celui des Missions, l’administra à 7 h. en présence de Poisson et de la famille, sans qu’il parût avoir conscience de ce qui se passait autour de lui ; et enfin, sans douleur, il expira à 9 heures 5 du matin, le lundi 5 mars 1827. Newton était mort le lundi 20 mars 1727 ! Ceux qu’il a toujours reçus sont : Bouvard, tous les jours ; moi, tous les deux jours au moins ; Poisson, deux fois la semaine ; Thénard, les samedis. On y a peu vu les autres membres de l’Académie, même ceux de son bord. [Jean Frédéric Théodore Maurice] document Genève, Archives Maurice.
1121. document, s.d.
L’auteur s’occupait de la réimpression de cet ouvrage, lorsqu’il fut enlevé au monde savant ; il en corrigeait encore des épreuves dans les derniers jours de sa maladie. Néanmoins, ce travail était un peu avancé. Monsieur de Laplace avait plusieurs fois exprimé, dans sa société particulière, cette pensée que l’on ne pouvait trop se défendre d’apporter des corrections aux ouvrages des savants, après leur mort ; il disait que c’était en altérer l’origine, souvent au détriment de la pensée première de l’auteur, toujours au préjudice de l’histoire des sciences. On a respecté scrupuleusement cette opinion en reproduisant dans cette 6è édition du Système du Monde le texte exact et fidèle de la précédente. Seulement dans la cinquième, l’auteur avait supprimé trois chapitres du quatrième livre, qui se retrouvent dans celle-ci, savoir : le chapitre 12 « De la stabilité de l’équilibre des mers » ; ch. 17 : « Réflexions sur la loi de la pesanteur universelle » ; et enfin, le chapitre 18 : « De l’attraction moléculaire ». Dans l’avertissement qui précède cette dernière édition, Monsieur de Laplace annonçait l’intention de réunir ces principaux résultats de l’application de l’analyse aux phénomènes dûs à l’action moléculaire différente de l’attraction universelle qui venaient de recevoir une grande extension, pour en faire le sujet d’un traité spécial, à la suite de l’Exposition du Système du Monde. Le temps ne lui ayant pas permis de réaliser ce projet, il était naturel de rétablir dans la nouvelle édition ces chapitres, tels qu’ils forment de nouveau les chapitres 12, 17 et 18 du quatrième livre. On a pensé que ce n’était pas en aucune façon déroger au principe émis par l’auteur lui-même, dont il est question plus haut, et que l’on complétait par là cet ouvrage d’une manière utile, autant qu’intéressante pour la science. note rédigée par Jean Frédéric Théodore Maurice Genève, Archives Maurice.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1122. [Laplace] à Bouvard, s.d.
A Bouvard Détails scientifiques. description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 20137.
1123. Daru à Laplace, 13 novembre [?]
A Monsieur le Marquis de Laplace, Pair de France Rue du Bac n° 100, à Paris 13 novembre [?] J’ai bien du regret d’apprendre l’indisposition qui retient Monsieur le Marquis de Laplace. On avait, comme de raison, fait garder une banquette pour lui et pour sa famille dans la salle de l’Institut. Je ne manquerai pas de faire part à ces Messieurs du motif de son absence. Je le prie d’agréer mes vœux pour le prompt rétablissement de sa santé et l’assurance de la haute considération avec laquelle j’ai l’honneur d’être son très humble et très obéissant serviteur. Comte Daru Bancroft, box 25, dossier 15 : « Lettres diverses ».
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1124. Laplace à Delambre, s.d.
sans description Revue des Autographes (décembre 1894), n° 172, p. 12, n° 160.
1125. Laplace à Delambre, 26 floréal [?]
Au citoyen Delambre, rue de Paradis Ce 26 floréal [?] Je vous salue, mon cher confrère, et je vous envoie ce dont j’ai eu l’honneur de vous parler. Laplace Paris, Bureau des Longitudes, MS Z154, fol. 81v, déposé à l’Observatoire.
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1126. Laplace à Delambre, s.d.
A Monsieur Monsieur Delambre de l’Institut rue de Paradis au Marais n° 1 Près l’Hôtel de Soubise Ce samedi J’ai vu hier, mon cher collègue, Monsieur Dacier, qui m’a dit que la troisième Classe avait convoqué sur son invitation une assemblée générale de l’Institut pour faire une adresse à l’Empereur relativement aux grands événements de ce jour. C’est au Président de la première Classe à faire cette convocation le plus tôt possible. On pourrait l’indiquer pour mardi prochain. Je vous engage donc à veiller à ce que cela aît lieu. Mon avis est que l’adresse soit remise au Prince Joseph, membre de l’Institut, pour le prier de la transmettre à Sa Majesté. Agréez, mon cher confrère, l’assurance de mon sincère attachement. Laplace Paris, Bureau des Longitudes, MS Z143, fol. 5v, déposé à l’Observatoire.
1127. Laplace à [Delambre], s.d.
Ce mercredi [s.d.] J’ai l’honneur d’offrir à mon illustre collègue, mes sincères compliments et de le prier de vouloir [bien] me prêter et remettre au porteur de [ce] billet les
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Ephémérides de Milan [pour] 1812 et 1820. Je n’aurais [pas le] plaisir de le voir au Bureau des Longitudes à cause de la séance de [la] Chambre des Pairs. Je prie Madame Delambre de [recevoir] l’hommage de mes respectueux sentiments. Marquis de Laplace fragment Paris, Bureau des Longitudes, MS Z233, fol. 6, déposé à l’Observatoire.
1128. [Fourier] à Laplace, s.d. [1808 ?]
A Laplace [1808 ?] J’ai l’honneur d’offrir à Monsieur de Laplace l’hommage de mon respect en lui envoyant la note ci-jointe sur quelques expressions analytiques propres à la théorie de la chaleur. La fonction cosx est développée en termes d’arcs multiples comme il suit : 1--S cos x = §© 1--- + 1---·¹ sin 2x + §© 1--- + 1---·¹ sin 4x + §© 1--- + 1---·¹ sin 6x + § 1--- + 1---· sin 8x + etc . (1) © 7 9¹ 2 1 3 3 5 5 7
la fonction sinx est développée en termes d’arcs multiples comme il suit : 1--cos 2x – ------------------cos 4x – ------------------cos 6x – ------------------cos 8x – etc S sin x = 1--- – ------------------. 4 2 13 35 57 79
(2)
Ces théorèmes ne sont pas contraires aux principes du calcul. On les démontre rigoureusement et la démonstration ne consiste pas seulement dans le procédé qui sert à déterminer les coefficients ; elle consiste à prouver que si
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CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
l’on met au lieu de x dans les équations (1) et (2) une valeur quelconque comprise entre certaines limites le second membre a une valeur déterminée égale à celle du 1er. Les séries (1) et (2) sont convergentes et en général cette propriété convient sans aucune exception à toutes les séries que j’ai employées dans la théorie analytique de la chaleur. Par exemple la série infinie sin 3x + ------------sin 5x + ------------sin 7x + ------------sin 9x + } sin x + ------------2 2 2 2 3 5 7 9
est convergente et elle exprime l’ordonnée du contour d’un triangle isocèle la valeur de x étant comprise entre certaines limites. De toutes les propositions de ce genre la plus simple est la principale ; [il en est de même de la série qui forme le second membre de] l’équation suivante : 1--sin 3x + ------------sin 5x + ------------sin 7x + } S = sin x + ------------4 3 5 7
qui contient la série de Leibniz. On peut démontrer de différentes manières les ... précédents. Voici le procédé que j’ai employé le plus souvent parce qu’il ne peut laisser aucun doute. On regarde d’abord le nombre m des termes comme fini et comme on cherche en fonction de x et m l’expression exacte de la somme des termes, on développe cette fonction selon les puissances réciproques de m et l’on reconnaît que plus le nombre m augmente plus chaque terme diminue, excepté le premier. En sorte que ce seul terme est la limite de la série. Or ce terme est le premier membre de l’équation. Ce même calcul montre clairement entre quelles limites l’équation a lieu. On ne considère ici la convergence des séries que par rapport à la série de l’équation et non à l’usage qu’on en pourrait faire pour trouver des valeurs numériques. Ce genre d’approximation serait trop lent. Mais dans les questions de la théorie de la chaleur, ces 1er termes de ces séries sont multipliés par des exponentielles qui contiennent le terme, en sorte que la convergence est extrêmement rapide. Quant à l’équation différentielle du mouvement de la chaleur dans la sphère solide homogène d’un rayon fini, je n’ai pas bien saisi l’objection concernant la vérité de l’intégrale. S’il ne doit entrer dans l’expression de la température variable que des termes contenant sinmx (m est un nombre). Ces termes sinmx représentent toujours l’état initial quelqu’arbitraire qu’il puisse être. Les termes cosmx sont exclus [non pas seulement parce qu’ils rendraient infine la
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température du centre mais aussi seulement pour plusieurs raisons propres à la question.] Si on les employait on trouverait les coefficients nuls, à moins que l’on n’eût à résoudre une question toute différente de celle qui a été proposée. Si la sphère n’est point homogène, ou si son rayon est immense, ou si les points également éloignés du centre n’ont pas la même température initiale, non seulement on ne doit pas la borner aux termes sinmx mais il faut employer d’autres expressions analytiques. L’expression de la température variable change absolument de ... mais les solutions d’autres ... est celle qui convient à une sphère solide homogène de dimension sinx et dont la température variable est une fonction du rayon du temps. On ne pourrait pas de faire de changements à cette solution sans qu’elle cesse d’exprimer le phénomène. C’est cette dernière condition que j’ai toujours eu en vue. [Fourier] brouillon B.N., MS, fr. 22501, fols 68r et 68v ; et publiée par John Herivel, Joseph Fourier face aux objections contre sa Théorie de la Chaleur. Lettres Inédites 1808-1816 (Paris : Bibliothèque Nationale, 1980), pp. 24-26.
1129. Laplace à Halma, s.d.
sans description Archives Gabriel Bertrand.
1344
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1130. Henrion [de Pansey] à Laplace, s.d.
A Monsieur le Marquis de Laplace Rue du Bac n° 100 A Paris Ce dimanche 24 Bonjour, mon cher cousin. J’a vu Madame Laplace, elle m’autorise à vous écrire qu’elle consent à vous parfaire sur ce qui lui revient la somme de 150.000 livres ; et relativement à Angélique qu’elle s’en contente de la promesse que Monsieur de Portes lui a donné de la lui laisser. Ainsi tout est fini. Et vous pouvez dresser et même signer l’acte dans votre réunion de mardi prochain. Il y a pourtant une petite condition : Madame Laplace désire que son cher Emile apprenne cet arrangement de sa propre bouche. Elle veut lui donner elle-même cette marque de son amitié. Ainsi, mon cher ami, les demains elle va voir, et mardi tout sera terminé. Adieu mon cher cousin. Je vous embrasse de tout mon cœur. Le Pt Henrion [de Pansey] Bancroft, box 18, dossier 12.
SANS DATE
1345
1131. [Laplace] à L’Espinasse, s.d.
A L’Espinasse Il recommande à L’Espinasse un ancien militaire qui a son congé définitif et désirerait travailler au Jardin du Luxembourg. [Laplace] description Vente, Paris, Hôtel Drouot, 10-11 décembre 1957.
1132. Laplace à Nicolo, s.d.
sans description Bibliothèque de M. Aimé-Martin Composé de Livres Anciens et Modernes, dont la Vente se Fera le 21 février 1848 (Paris, 1848), 2e partie, p. 69, n° 738.
1133. Laplace à [Madame Prony], s.d.
J’ai l’honneur d’offrir mes respectueux compliments à Madame Prony, et la remercier de l’invitation qu’elle nous fait. Une fièvre tierce assez grande empêchera Madame Laplace de s’y rendre. Elle vient d’en éprouver le cinquiè-
1346
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
me accès, qui l’a extrêmement fatiguée, et à la suite duquel elle prend, dans ce moment, un peu de repos, ce qui l’empêche de répondre elle-même au billet obligeant de Madame de Prony. Si la santé de Madame Laplace me le permet, j’aurai l’honneur de me rendre demain, de 5 à 6 heures, chez Madame Prony. J’offre mille tendres amitiés à mon très cher collègue. Laplace B.N., MS, n.a.fr. 15778, fol. 218.
1134. Laplace à Puissant, s.d.
sans description B.N., MS, n.a.fr., 28061 (106), n° 70.
1135. Laplace à Silvestre, 4 ventôse [?].
Au Citoyen Silvestre A l’Ecole des Mines Rue de l’Université A Paris Paris, ce 4 ventôse [?] Citoyen, Le grand nombre d’occupations dont je suis chargé me mettent dans l’impossibilité de remplir les vues de la Société Philomatique et de prendre une part active à ses travaux intéressants. Veuillez bien lui faire agréer ma démission, en lui témoignant tous mes regrets de ne pouvoir profiter des avantages
SANS DATE
1347
qu’offre la réunion des savants qui la composent, et auxquels je resterai constamment attaché par les liens d’une profonde estime. Recevez en particulier l’assurance des sentiments d’estime et d’attachement avec lesquels je suis Votre concitoyen. Laplace Washington, Smithsonian Libraries, Bern Dibner Library, MS 823A.
1136. Laplace à [?], s.d.
sans description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 1718.
1137. Laplace à [?], s.d.
sans description B.N., MS, n.a.fr. 28061 (106), n° 121.
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. 16. 17. 18. 19. 20. 21. 22. 23. 24. 25. 26. 27. 28. 29.
d’Alembert à Le Canu, 25 août 1769 – lettre complémentaire ........... 1 Laplace à [Condorcet], 23 décembre 1771.......................................... 3 Laplace à Condorcet, [1771 ?] ............................................................. 7 Laplace à [Euler], 30 mai 1772 ........................................................... 9 Lagrange à Laplace, 15 mars 1773.................................................... 11 Buffon à Laplace, 21 avril 1774 ........................................................ 15 La Vrillière à [Buffon], 2 janvier 1775 – lettre complémentaire ...... 17 Lagrange à [Laplace], 13 janvier 1775.............................................. 17 Laplace à [Condorcet], 19 février 1775............................................. 19 Lagrange à [Laplace], 10 avril 1775.................................................. 20 Lagrange à [Laplace], 10 mai 1776 ................................................... 25 reçu, [24 juillet 1776]......................................................................... 26 Lagrange à [Laplace], 30 décembre 1776 ......................................... 27 [Lagrange] à [Laplace], 1er septembre 1777 ..................................... 31 Laplace à Condorcet, 2 novembre 1777 ............................................ 34 Laplace à [d’Alembert], 15 novembre 1777...................................... 37 [Laplace] à d’Alembert, [1777] ......................................................... 39 Laplace à [Lagrange], 3 février 1778 ................................................ 43 Laplace à [Lagrange], 25 février 1778 .............................................. 48 Laplace à [Lagrange], 19 novembre 1778 ......................................... 50 reçu, 20 mai 1779............................................................................... 53 Laplace à [Lagrange], 9 juin 1779..................................................... 53 Lagrange à [Laplace], 5 juillet 1779.................................................. 55 reçu, 12 juillet 1779 ........................................................................... 58 Laplace à [Lagrange], 30 juillet 1779................................................ 59 Laplace à [Lagrange], 4 novembre 1779 ........................................... 60 Lagrange à [Laplace], 12 novembre 1779 ......................................... 62 reçu, 11 mai 1780 ............................................................................... 65 Laplace à [Lagrange], 11 août 1780 .................................................. 65
1350
30. 31. 32. 33. 34. 35. 36. 37. 38. 39. 40. 41. 42. 43. 44. 45. 46. 47. 48. 49. 50. 51. 52. 53. 54. 55. 56. 57. 58. 59. 60. 61. 62. 63. 64. 65. 66.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Lagrange à [Laplace], 8 septembre 1780........................................... 68 Laplace à [Lagrange], 23 novembre 1780 ......................................... 69 Laplace à [Lagrange], 21 mars 1781 ................................................. 71 Lagrange à [Laplace], 15 mai 1781 ................................................... 76 reçu, 27 août 1781 .............................................................................. 80 Laplace à [Deluc], [octobre 1781] ..................................................... 80 document, 1781 .................................................................................. 82 Laplace à [Lagrange], 14 février 1782 .............................................. 83 Laplace à Lavoisier, 7 mars 1782 ...................................................... 85 Laplace à d’Alembert, 10 mars 1782................................................. 87 Laplace à Lavoisier, 14 mars 1782 .................................................... 90 Laplace à [?], 19 juillet 1782 ............................................................. 91 Laplace à [Lagrange], 20 juillet 1782................................................ 96 Lagrange à [Laplace], 15 septembre 1782......................................... 97 [Laplace] à [Lexell], [10 novembre 1782] – copie............................ 99 [Laplace] à Pingré, 18 novembre 1782............................................ 100 [Laplace] à Pingré, [1782 ?]............................................................. 101 Laplace à Pingré, [1782] .................................................................. 102 Laplace à [Lagrange], 10 février 1783 ............................................ 105 [Lavoisier] à Laplace, 20 juin [1783] – minute ............................... 110 Laplace à Deluc, 28 juin 1783 ......................................................... 111 Laplace à Deluc, [juin 1783]............................................................ 114 [Lavoisier] à Laplace, 19 juillet 1783 – minute-copie..................... 116 reçu, 21 juillet 1783 ......................................................................... 117 Lagrange à [Laplace], 5 août 1783 .................................................. 118 Laplace au [Comte de Saluces], 13 août 1783 ................................ 120 Laplace à [Lagrange], 21 août 1783 ................................................ 121 document, [octobre 1783] ................................................................ 123 Gribeauval à [Ségur], 11 octobre 1783 – lettre complémentaire..... 124 Laplace à Lavoisier, [octobre 1783] ................................................ 126 Laplace à [Castries], [octobre 1783]................................................ 127 Laplace à Deluc, 5 novembre 1783 ................................................. 129 [?] à [Castries], 13 novembre 1783 – lettre complémentaire .......... 131 [Castries] à [Laplace], 13 novembre 1783 – copie.......................... 131 [Laplace] à [Castries], 15 novembre 1783 – fragment .................... 132 reçu, 19 décembre 1783 ................................................................... 133 Laplace à Lavoisier, [décembre 1783]............................................. 134
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
67. 68. 69. 70. 71. 72. 73. 74. 75. 76. 77. 78. 79. 80. 81. 82. 83. 84. 85. 86. 87. 88. 89. 90. 91. 92. 93. 94. 95. 96. 97. 98. 99. 100. 101. 102. 103.
1351
[Le Sage] à Laplace, 28 décembre 1783 – brouillon....................... 135 Laplace à Lavoisier, [janvier 1784] ................................................. 141 Laplace à [Lagrange], 11 février 1784 ............................................ 142 document, 13 février 1784 ............................................................... 145 [Laplace] à Reybaz, 19 février 1784 ............................................... 145 Laplace à [Le Sage], 23 février 1784 .............................................. 146 Laplace à Deluc, 24 février 1784..................................................... 147 Laplace à [Blagden], 24 février 1784 .............................................. 149 [Laplace] au [Comte de Saluces], 12 mars [mai] 1784................... 150 [Le Sage] à [Laplace], 30 mars 1784 – brouillon............................ 151 reçu, 4 avril 1784 ............................................................................. 155 reçu, 8 avril 1784 ............................................................................. 156 [Deluc] à [Laplace], 2 mai [1784] – copie....................................... 157 Blagden à Laplace, 28 mai 1784 – brouillon................................... 159 Laplace à [Blagden], 8 juin 1784..................................................... 162 reçu, 17 juin 1784............................................................................. 165 [Blagden] à [Laplace], 29 juillet 1784 – brouillon .......................... 166 Laplace à [Ségur], 18 août 1784...................................................... 167 document, 18 août 1784 ................................................................... 169 document, 29 août 1784 ................................................................... 172 [Blagden] à [Laplace], 3 septembre 1784 – brouillon ..................... 173 [Lavoisier] à Laplace, [12 novembre 1784] – minute ..................... 174 B[lagden] à [Laplace], 28 décembre 1784 – brouillon.................... 175 [Laplace] à [Madame Charpit], 30 décembre 1784 – copie ............ 177 [Laplace] à [Reybaz], [1784] ........................................................... 177 reçu, 26 janvier 1785........................................................................ 179 Laplace à Blagden, 7 mars 1785...................................................... 180 Laplace à Deluc, 18 mars 1785 ....................................................... 181 [Blagden] à [Laplace], 5 avril 1785 – brouillon .............................. 183 Deluc à [Laplace], 27 avril 1785 – copie......................................... 185 document, 29 avril 1785................................................................... 188 Laplace à [Castries], 5 mai 1785 ..................................................... 189 Laplace à Deluc, 26 mai 1785 ......................................................... 190 [Laplace] à [Le Sage], 27 mai [mars] 1785 – fragment .................. 191 [Laplace] à [?], 2 juin 1785 – sans description................................ 192 Laplace à [Delambre], 21 juin 1785 ................................................ 192 reçu, 8 juillet 1785 ........................................................................... 193
1352
104. 105. 106. 107. 108. 109. 110. 111. 112. 113. 114. 115. 116. 117. 118. 119. 120. 121. 122. 123. 124. 125. 126. 127. 128. 129. 130. 131. 132. 133. 134. 135. 136. 137. 138. 139. 140.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
reçu, 22 juillet 1785 ......................................................................... 196 Laplace à [Ségur], 12 septembre 1785 ............................................ 196 document, 12 septembre 1785 ......................................................... 198 [Blagden] à [Laplace], 16 novembre 1785 – brouillon ................... 203 [Laplace] à [?], 27 novembre 1785 – description............................ 207 Lagrange à [Laplace], [1785]........................................................... 207 reçu, 5 janvier 1786.......................................................................... 209 reçu, 31 mars 1786 ........................................................................... 209 Laplace à [Bouvet ?], 2 juin 1786.................................................... 210 Laplace à [Bouvet], 3 juillet 1786 ................................................... 211 Lalande à Laplace, 13 septembre 1786 ........................................... 212 Laplace à [Ségur], 15 septembre 1786 ............................................ 213 document, 15 septembre 1786 ......................................................... 214 [Le Sage] à [Laplace], 3 octobre 1786 – brouillon.......................... 219 Lalande à [Laplace], 11 octobre 1786 ............................................. 221 Laplace à [Deluc], 6 novembre 1786............................................... 223 Ducrest à Laplace, 30 décembre 1786 – copie ................................ 224 document, 9 février 1787 ................................................................. 225 reçu, 23 février 1787 ........................................................................ 225 reçu, 11 avril 1787............................................................................ 226 Laplace à [Deluc], 27 avril 1787 ..................................................... 227 Laplace à [Deluc], 13 mai 1787....................................................... 228 [Blagden] à Laplace, 13 mai 1787................................................... 229 [Laplace] à Oriani, 22 juillet [1787]................................................ 230 [Delambre] à Laplace, 13 août 1787 – fragment ............................. 231 [Laplace] à [Le Sage], 31 août 1787 ............................................... 234 Laplace à Delambre, 2 octobre 1787 ............................................... 234 Laplace à [Delambre], 27 décembre [1787] .................................... 236 [Laplace] à [Delambre], [1787] ....................................................... 236 Laplace à Deluc, 11 janvier 1788 .................................................... 239 reçu, 22 janvier 1788........................................................................ 241 reçu, 27 janvier 1788........................................................................ 241 [Delambre] à Laplace, 1er février [1788] – fragment ...................... 242 document, [12 février 1788]............................................................. 243 Laplace à Oriani, 5 mars 1788......................................................... 245 document, 14 mars 1788 .................................................................. 246 document, 1788 – copie.................................................................... 255
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
141. 142. 143. 144. 145. 146. 147. 148. 149. 150. 151. 152. 153. 154. 155. 156. 157. 158. 159. 160. 161. 162. 163. 164. 165. 166. 167. 168. 169. 170. 171. 172. 173. 174. 175.
1353
Laplace à [Oriani], 8 mai 1788........................................................ 257 reçu, 12 juillet 1788 ......................................................................... 257 document, 13 juillet 1788................................................................. 258 document, 31 juillet 1788................................................................. 259 [Le Sage] à Laplace, 12 août 1788 – copie ..................................... 260 document, 1er janvier 1789 .............................................................. 263 reçu, 1er janvier 1789 ....................................................................... 264 [Delambre] à Laplace, 19 février [1789] ......................................... 264 Laplace à [Lacroix], 7 mars 1789.................................................... 267 [Delambre] à Laplace, 1er avril [1789]............................................ 268 document, [6 avril 1789] – copie ..................................................... 269 document, 26 avril 1789................................................................... 270 Laplace à [Delambre], 11 juin 1789 ................................................ 271 Laplace à [Oriani], 2 juillet 1789..................................................... 272 reçu, 2 juillet 1789 ........................................................................... 273 Laplace à [Delambre], 5 juillet 1789 ............................................... 274 document, 7 juillet 1789................................................................... 275 [Puységur] à Laplace, 7 juillet 1789 – minute................................. 278 document, 6 août 1789 ..................................................................... 281 [Delambre] à Laplace, 20 août 1789 ............................................... 282 document, 15 octobre 1789 .............................................................. 283 [La Tour du Pin-Gouvernet] à Laplace, 15 octobre 1789 – minute................................................................. 299 [La Tour du Pin-Gouvernet] à Laplace, 15 octobre 1789 – brouillon ............................................................. 301 reçu, 16 octobre 1789....................................................................... 303 Laplace à Faultier, 20 octobre 1789 – description, fragment .......... 304 [Laplace] à [Deluc], 7 novembre 1789 – description, fragment ..... 304 reçu, 21 décembre 1789 ................................................................... 305 [Laplace] à [Delambre], [1789] ....................................................... 306 [Laplace] à [Delambre], [1789 ?]..................................................... 306 [Laplace] à [Delambre], s.d. [probablement 1789] – description.... 308 [Laplace] à [Faultrier], 1er janvier 1792 [1790] – description ........ 309 reçu, 7 janvier 1790.......................................................................... 309 document, 24 mars 1790 .................................................................. 310 reçu, 17 mai 1790............................................................................. 312 reçu, 7 juin 1790............................................................................... 312
1354
176. 177. 178. 179. 180. 181. 182. 183. 184. 185. 186. 187. 188. 189. 190. 191. 192. 193. 194. 195. 196. 197. 198. 199. 200. 201. 202. 203. 204. 205. 206. 207. 208. 209. 210. 211.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à [Deluc], 5 juillet 1790 ..................................................... 313 Laplace à [Oriani], 10 juillet 1790................................................... 314 reçu, 16 novembre 1790................................................................... 316 Laplace à Saussure, 17 janvier 1790[1]........................................... 317 [Deluc] à [Laplace], [janvier 1791] – brouillon............................... 318 reçu, 13 février 1791 ........................................................................ 326 [Deluc] à Laplace, 14 février 1791 – brouillon ............................... 327 Laplace à Saussure, 18 février 1791................................................ 339 [Delambre] à Laplace, 31 mars [1791] – fragment ......................... 340 Laplace à Deluc, 10 avril 1791........................................................ 343 [Deluc] à [Laplace], 25 avril 1791 – copie...................................... 346 [Delambre] à Laplace, 24 mai [1791] – fragment ........................... 349 [Laplace] à [Delambre], [mai 1791] – description .......................... 351 reçu, 27 juin 1791............................................................................. 352 Nicander à Laplace, 18 novembre 1791 .......................................... 353 [Narbonne-Lara] à Laplace, 16 décembre 1791 – brouillon ........... 354 Laplace à [Narbonne-Lara], 19 janvier 1792................................... 357 [Lacroix] à Laplace, [avant le 28] janvier 1792 – brouillon ........... 358 Laplace à [Lacroix], 28 janvier 1792............................................... 359 Laplace à [Narbonne-Lara], 12 février 1792 ................................... 361 document, [après le 12 février 1792]............................................... 363 [Narbonne-Lara] à [Laplace], [après le 12 février 1792] – brouillon .............................................. 364 reçu, 3 avril 1792 ............................................................................. 365 document, 18 avril 1792................................................................... 366 [Narbonne-Lara] à Laplace, [s.d., mars/avril 1792] – brouillon...... 366 document, 13 juillet 1792................................................................. 367 [Lajard] à [Laplace], 22 [juillet] 1792 – brouillon .......................... 368 [d’Abancourt] à Laplace, 2 août 1792 – brouillon .......................... 369 [Servan de Gerbey] à Laplace, 13 août 1792 – brouillon ............... 369 [Servan de Gerbey] à Laplace, 25 septembre 1792 – brouillon...... 370 document, 27 septembre 1792 – brouillon....................................... 371 document, 2 octobre 1792 ................................................................ 372 document, [avant le 6 octobre 1792] ............................................... 373 [Lebrun-Tondu] à Laplace, 6 octobre 1792 – brouillon .................. 374 document, 12 novembre 1792 .......................................................... 375 lettre circulaire, 7 janvier 1793 – copie ........................................... 377
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
212. 213. 214. 215. 216. 217. 218. 219. 220. 221. 222. 223. 224. 225. 226. 227. 228. 229. 230. 231. 232. 233. 234. 235. 236. 237. 238. 239. 240. 241. 242.
1355
document, 2 pluviôse 1793 [21 janvier 1793]................................. 378 Laplace à [Deluc], 1er février 1793 ................................................. 378 document, 24 février 1793 ............................................................... 380 document, 16 mars 1793 .................................................................. 381 reçu, 22 mars 1793 ........................................................................... 382 document, 28 mars 1793 .................................................................. 383 Laplace à [Bouchotte], 19 avril 1793 .............................................. 384 reçu, 27 avril 1793 ........................................................................... 385 reçu, 6 juin 1793............................................................................... 385 document, [6 juin 1793] ................................................................... 386 document, [après 19 juin 1793] – brouillon..................................... 388 document, 1er juillet 1793 ................................................................ 389 document, 3 août 1793 ..................................................................... 390 document, 28 septembre 1793 ......................................................... 391 document, 18 septembre/12 octobre 1793 – brouillon .................... 392 [Laplace] à [Liger], brumaire an II [octobre/novembre 1793] – brouillon............................................... 393 document, 12 décembre 1793 .......................................................... 394 document, 12 décembre 1793 .......................................................... 395 document, 6 nivôse an II [26 décembre 1793]................................ 396 [Deluc] à [Laplace], [1793] – fragment ........................................... 397 [Laplace] à Madame Laplace, 24 thermidor [?] [11 août 1793/1806] ......................................................................... 398 Laplace à [Paré], 26 nivôse an II [15 janvier 1794] ....................... 399 reçu, 4 pluviôse an II [23 janvier 1794] .......................................... 400 Laplace au Comité d’Instruction Publique, 19 pluviôse an II [7 février 1794].................................................... 401 Servières à Laplace, 27 pluviôse an II [15 février 1794] – brouillon ............................................................ 402 [Narbonne-Lara] à [Laplace], [avant le 19 février 1794] – brouillon.............................................. 403 [Narbonne-Lara] à [Laplace], [avant le 19 février 1794] – brouillon.............................................. 404 [Laplace] à Delambre, 13 ventôse an II [3 mars 1794] .................. 405 document, 23 ventôse an II [13 mars 1794].................................... 407 document, 25 ventôse an II [15 mars 1794].................................... 408 Jance à Laplace, 28 ventôse an II [18 mars 1794].......................... 409
1356
243. 244. 245. 246. 247. 248. 249. 250. 251. 252.
253. 254. 255. 256. 257. 258. 259. 260. 261. 262. 263. 264. 265. 266. 267. 268. 269. 270. 271. 272. 273.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
lettre circulaire, 19 floréal [an II] [8 mai 1794] – brouillon ........... 410 document, 3 prairial an II [22 mai 1794] ........................................ 411 document, 16 prairial an II [4 juin 1794] ........................................ 413 document, 30 messidor an II [18 juillet 1794] ................................ 414 document, 30 messidor an II [18 juillet 1794] ................................ 415 document, 6 fructidor an II [23 août 1794] ..................................... 416 document, 18 fructidor an II [4 septembre 1794] ........................... 417 reçu, 14 brumaire an III [4 novembre 1794] ................................... 419 Tierzot à Laplace, 22 brumaire an III [12 novembre 1794] ........... 420 Laplace [réponse à la lettre de Tierzot], après le 22 brumaire an III [après 12 novembre 1794] /[20 ou 21] novembre 1794 – brouillon ........................................... 421 document, 2 frimaire an III [22 novembre 1794]............................ 422 document, 23-25 frimaire an III [13-15 décembre 1794] ............... 424 [Laplace] à [Lakanal], 27 frimaire an III [17 décembre 1794]....... 425 [Laplace] à [Lakanal], 2 nivôse an III [22 décembre 1794] ........... 426 lettre circulaire, [5-18 nivôse] an III [décembre 1794] – copie ...... 427 document, [an III] [1794/1795] – brouillon ..................................... 428 lettre circulaire, 12 ventôse an III [2 mars 1795] – copie ............... 429 Comité d’Instruction Publique à Laplace, [28 germinal] an III [17 avril 1795] ................................................ 430 lettre circulaire, 30 prairial an III [18 juin 1795] – brouillon ......... 431 lettre circulaire, 30 messidor an III [18 juillet 1795] – brouillon ... 432 document, 8 thermidor an III [26 juillet 1795] ............................... 433 lettre circulaire, 21 thermidor an III [8 août 1795] – brouillon ...... 434 Laplace à [?], 21 fructidor an III [21 août 1795] ............................ 434 lettre circulaire, 5 vendémiaire an IV [27 septembre 1795] – copie ............................................................ 435 lettre circulaire, 11 brumaire an IV [2 novembre 1795] – minute ............................................................ 436 document, 15 brumaire an IV [6 novembre 1795].......................... 437 le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Bénézech], 8 frimaire an IV [29 novembre 1795] ............................................. 438 Laplace à [Lakanal], 12 frimaire an IV [3 décembre 1795] ........... 439 document, 23 frimaire an IV [14 décembre 1795].......................... 440 Laplace à Rœderer, 26 frimaire [an IV] [17 décembre 1795] ........ 441 le Jury d’Instruction publique à Nicoleau & Eymar, 9 nivôse [an IV] [30 décembre 1795].............................................. 442
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
274. 275. 276. 277. 278. 279. 280. 281. 282. 283. 284. 285. 286. 287. 288. 289. 290. 291. 292. 293. 294. 295. 296. 297. 298. 299. 300. 301.
1357
Laplace à [Petiet], 25 pluviôse an IV [14 février 1796] – minute ............................................................... 445 le Jury d’Instruction publique à l’Administration centrale du Département de la Seine, 6 ventôse an IV [25 février 1796] .... 446 document, 6 ventôse an IV [25 février 1796] ................................. 447 Laplace à [Bénézech], 21 ventôse an IV [11 mars 1796] – copie ..................................................................... 448 document, 21 ventôse an IV [11 mars 1796] .................................. 449 Laplace à Reth, 26 ventôse an IV [16 mars 1796] – brouillon....... 450 le Jury d’Instruction publique à l’Administration du Département de la Seine, 9 germinal an IV [29 mars 1796]..... 451 le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Bénézech], 19 germinal an IV [8 avril 1796]..................................................... 452 document, 28 germinal an IV [17 avril 1796]................................. 453 Prieur-Lacomble à Laplace, 28 germinal an IV [17 avril 1796]..... 454 Prieur-Lacomble à Laplace, 28 germinal an IV [17 avril 1796]..... 455 Laplace aux membres du Jury d’instruction de l’Ecole centrale de Fontainebleau, 19 floréal [an IV] [8 mai 1796] ........... 456 Laplace à Oriani, 30 floréal [an IV] [19 mai 1796]........................ 457 Lacroix à [Laplace], 6 prairial an IV [25 mai 1796] ...................... 458 Laplace à Saussure, 17 prairial [an IV] [5 juin 1796] .................... 461 document, [après] 22 prairial an IV [après 10 juin 1796] .............. 463 Broussonet à Laplace, 25 prairial an IV [13 juin 1796] ................. 464 Laplace à [Deshautschamps], 27 prairial an IV [15 juin 1796]...... 465 [Saussure] à [Laplace], 16 juin 1796 – brouillon ............................ 466 Crétin à Laplace, [après le 1er messidor an IV] [après le 19 juin 1796] ..................................................................... 467 lettre circulaire, 3 messidor an IV [21 juin 1796] – brouillon ........ 468 [Bénézech] à Laplace, 3 messidor an IV [21 juin 1796] – brouillon ................................................................ 469 lettre circulaire, 16 messidor an IV [4 juillet 1796] – minute......... 470 lettre circulaire, 21 messidor an IV [9 juillet 1796] – copie ........... 471 lettre circulaire, 28 messidor an IV [16 juillet 1796] – copie ......... 472 lettre circulaire, 3 thermidor an IV [21 juillet 1796] – copie.......... 473 Laplace à Saussure, 8 thermidor [an IV] [26 juillet 1796] ............. 474 Laplace et Lagrange à l’Administration du Département de la Seine, [avant le 29 juillet 1796].............................................. 475
1358
302. 303. 304. 305. 306. 307. 308. 309. 310. 311. 312. 313. 314. 315. 316. 317. 318. 319. 320. 321.
322. 323. 324. 325.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Broussonet à [Laplace], 25 fructidor an IV [11 septembre 1796] – brouillon ...................................................... 476 Laplace à Pastoret, 1er jour complémentaire de l’an IV [17 septembre 1796]......................................................................... 477 [Ginguené] à Laplace, 15 vendémiaire an V [6 octobre 1796] – brouillon............................................................. 478 document, 17 vendémiaire an V [8 octobre 1796].......................... 479 [Le Sage] à Laplace, 15 octobre 1796 – brouillon .......................... 480 [Deshautschamps] à Milet-Mureau, 8 brumaire an V [29 octobre 1796] – lettre complémentaire ...................................... 483 Laplace à [Bénézech], 21 brumaire an V [11 novembre 1796] ...... 484 Laplace à [Deshautschamps], 19 frimaire an V [5 décembre 1796]............................................................................ 486 Laplace à Flaugergues, 1er messidor [an ?] [1796, 1797 ou 1798] ....................................................................... 488 [Laplace] à [Bouvard], 2 ventôse [an V] [20 février 1797]............ 491 Laplace à Oriani, 8 mars 1797 – sans description........................... 492 Laplace à [Marigner], 18 ventôse an V [8 mars 1797] ................... 492 Laplace à Delambre, 25 ventôse an V [15 mars 1797]................... 493 [Le Sage] à Laplace, 31 mars 1797 – brouillon .............................. 495 Laplace à Le Sage, 17 germinal an V [6 avril 1797]...................... 498 [Laplace] à [?], 25 avril 1797 – sans description ............................ 500 [Le Tourneur] à Laplace, 24 vendémiaire an VI [15 octobre 1797] – brouillon........................................................... 501 document, [24 vendémiaire an VI] [15 octobre 1797].................... 502 Laplace à Bouvard, 24 vendémiaire an VI [15 octobre 1797]........ 502 le Jury des Ecoles centrales du Département de la Seine à l’Administration centrale du Département de la Seine, 26 brumaire an VI [16 novembre 1797].......................................... 504 le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Le Tourneur], [21] frimaire an VI [11 décembre 1797] ......................................... 505 [Laplace] à [William Herschel], 1er nivôse an VI [21 décembre 1797].......................................................................... 506 [Monge] à Laplace et Bossut, 14 nivôse an VI [3 janvier 1798] ................................................................................ 507 [Laplace] à [Talleyrand-Périgord ?], 19 nivôse an VI [8 janvier 1798] – description, fragment.......................................... 508
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
326. 327. 328. 329. 330.
331. 332. 333. 334.
335.
336. 337. 338. 339. 340. 341. 342. 343. 344. 345. 346. 347.
1359
Laplace à [Delambre], 5 pluviôse an VI [24 janvier 1798] ............ 509 Laplace à Delambre, 10 pluviôse [an VI] [29 janvier 1798] .......... 510 [Cabanis] à [Laplace], 17 pluviôse an VI [5 février 1798] – fragment .............................................................. 511 [Laplace] à [Talleyrand-Périgord], 6 ventôse an VI [24 février 1798] – fragment ............................................................ 512 le Jury des Ecoles centrales du Département de la Seine à l’Administration centrale du Département de la Seine, 7 ventôse an VI [25 février 1798] – fragment ................................. 513 William Herschel à [Laplace], 12 mars 1798 – copie ..................... 513 le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Le Tourneur], germinal an VI [mars/avril 1798] .................................................... 514 Laplace à [Delambre], 14 floréal [an VI] [3 mai 1798].................. 515 le Jury des Ecoles centrales du Département de la Seine à l’Administration centrale du Département de la Seine, 21 floréal an VI [10 mai 1798]........................................................ 516 le Jury des Ecoles centrales du Département de la Seine à l’Administration centrale du Département de la Seine, 6 prairial an VI [25 mai 1798]......................................................... 517 [Madame Berthollet] à Madame Laplace, 26 messidor [an VI] [14 juillet 1798] – lettre complémentaire....... 518 Laplace à Darquier, 9 thermidor an VI [27 juillet 1798] ................ 519 document, 17 thermidor an VI [4 août 1798].................................. 522 Laplace à Bouvard, 15 fructidor [an VI] [1er septembre 1798]...... 523 Laplace à [Oriani], 15 vendémiaire [an VII] [6 octobre 1798] ...... 525 [Laplace] à [Caussin], 17 vendémiaire an VII [8 octobre 1798] – description ......................................................... 527 Laplace à Bouvard, 23 vendémiaire an VII [14 octobre 1798] – sans description ............................................... 528 document, 21 brumaire an VII [11 novembre 1798] – description.................................................... 528 Burckhardt à [Laplace], 21 brumaire an VII [11 novembre 1798] ......................................................................... 529 Laplace à Caussin, 9 frimaire an VII [29 novembre 1798] ............ 530 document, 12 frimaire an VII [2 décembre 1798] – brouillon........ 531 [François de Neufchâteau] à Laplace, Bossut, Monge, Lévêque, Labey, [frimaire an VII] [novembre/décembre 1798] – brouillon ........................................... 532
1360
348. 349. 350. 351. 352.
353. 354. 355. 356. 357. 358. 359. 360. 361. 362. 363. 364. 365. 366. 367. 368. 369. 370. 371.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
[Laplace] à [?], s.d. [1798] – description ......................................... 533 Laplace à Lacepède, an VII [1798/1799] – sans description .......... 533 [Laplace] à Caussin, 24 pluviôse [an VII] [12 février 1799].......... 535 Laplace à Bouvard, 1 ventôse [an VII] [19 février 1799] .............. 536 le Jury des Ecoles centrales du Département de la Seine à [l’Administration centrale du Département de la Seine], 4 ventôse an VII [22 février 1799] .................................................. 537 [Le Sage] à Laplace, 1er mars 1799 – brouillon .............................. 538 le Jury de l’Ecole Polytechnique à [Guyton-Morveau], 25 ventôse an VII [15 mars 1799] ................................................... 539 [Laplace] à William Herschel, 7 germinal an VII [27 mars 1799] – fragment ............................................................... 540 [Laplace] à Lacepède, 7 germinal an VII [27 mars 1799] – description, fragment ........................................... 541 Laplace à Bouvard, 25 germinal an VII [14 avril 1799] ................ 542 Laplace à [Biot], 30 germinal an VII [19 avril 1799]..................... 543 document, [mai-juin 1799] – description ......................................... 544 reçu, 20 messidor an VII [8 juillet 1799] ........................................ 544 Laplace à Caussin, 4 thermidor an VII [22 juillet 1799] ................ 545 Billy à Madame Laplace, 29 thermidor an VII [16 août 1799] – lettre complémentaire ........................................... 546 Laplace, Lagrange et Chénier à [?], 5 fructidor an VII [22 août 1799] – sans description .................................................... 547 Laplace à [Lacepède], 15 fructidor [an VII] [1er septembre 1799] ........................................................................ 547 Laplace à Van Swinden, 23 fructidor an VII [9 septembre 1799]........................................................................... 548 document, 23 fructidor an VII [9 septembre 1799] ........................ 549 Billy à Madame Laplace, 25 fructidor an VII [11 septembre 1799] – lettre complémentaire.................................. 550 Laplace à [Hauff], 6 vendémiaire an VIII [28 septembre 1799] .... 551 Madame Berthollet à Madame Laplace, 22 vendémiaire an VIII [14 octobre 1799] – lettre complémentaire ...................................... 551 Napoléon Bonaparte à Laplace, [27 vendémiaire an VIII] [19 octobre 1799] – copie................................................................. 552 Laplace, Lagrange et Chénier à [?], 5 brumaire an VIII [27 octobre 1799] – sans description ............................................... 553
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
372. 373. 374. 375. 376. 377. 378. 379. 380. 381. 382. 383. 384. 385. 386. 387. 388. 389. 390. 391. 392. 393. 394. 395.
1361
reçu, 15 brumaire an VIII [6 novembre 1799] ................................ 553 [Quinette] à Laplace, 18 brumaire an VIII [9 novembre 1799] – copie............................................................... 554 Moreton de Chabrillan à Laplace, 18 brumaire an VIII [9 novembre 1799] ........................................................................... 555 les Consuls de la République à Quinette, 21 brumaire an VIII [12 novembre 1799] – lettre complémentaire .................................. 556 Cailhava à [Laplace], 22 brumaire an VIII [13 novembre 1799] ... 557 Claret de Fleurieu à Laplace, 22 brumaire an VIII [13 novembre 1799] ......................................................................... 558 Monge à [Laplace], 22 brumaire an VIII [13 novembre 1799] ...... 559 Laplace aux Consuls de la République, 23 brumaire an VIII [14 novembre 1799] – brouillon....................................................... 560 [Laplace] à Claret de Fleurieu, 23 brumaire an VIII [14 novembre 1799] – minute .......................................................... 561 Napoléon Bonaparte à Laplace, 24 brumaire an VIII [15 novembre 1799] ......................................................................... 562 Laplace à [Van Thol], 25 brumaire an VIII [16 novembre 1799] ......................................................................... 563 Lacuée à Laplace, 25 brumaire an VIII [16 novembre 1799] ........ 564 [?] à Madame Laplace, 25 brumaire an VIII [16 novembre 1799] – lettre complémentaire .................................. 565 Laplace à l’Administration du Département de la Seine, [25 brumaire an VIII] [16 novembre 1799] – description............... 566 Lefebvre à Laplace, 26 brumaire an VIII [17 novembre 1799]...... 567 Laplace à [Gaudin], 26 brumaire an VIII [17 novembre 1799]...... 568 Daubenton à Laplace, 26 brumaire an VIII [17 novembre 1799] .. 569 Percelat à Laplace, 27 brumaire an VIII [18 novembre 1799] ....... 570 Laplace à Lacroix, 27 brumaire an VIII [18 novembre 1799]........ 572 Laplace aux ingénieurs-en-chef des Départements, 28 brumaire an VIII [19 novembre 1799] ....................................... 573 Laplace aux administrateurs de département, 28 brumaire an VIII [19 novembre 1799] ......................................................................... 574 Laplace à Verniquet, 28 brumaire an VIII [19 novembre 1799] – sans description ........................................... 575 Maret à [Laplace], 28 brumaire an VIII [19 novembre 1799]........ 576 Dubois-Dubais à Laplace, 29 brumaire an VIII [20 novembre 1799] ......................................................................... 577
1362
396. 397. 398. 399. 400. 401. 402.
403. 404. 405. 406. 407. 408. 409. 410. 411. 412. 413. 414. 415. 416. 417.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à [Dambreville], 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799] ......................................................................... 578 Laplace à [Dambreville], 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799] ......................................................................... 579 Laplace aux Administrations centrales et municipales, 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799] ....................................... 580 document, 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799] ..................... 581 document, 30 brumaire an VIII [21 novembre 1799] ..................... 582 Cassini à [Laplace], 3 frimaire an VIII [24 novembre 1799] ......... 583 Laplace aux entrepreneurs de bâtiments et autres, employés par le département du Ministère de l’Intérieur, 3 frimaire an VIII [24 novembre 1799]........................................... 584 document, 3 [?] frimaire an VIII [24 novembre 1799] ................... 585 Laplace aux administrateurs du Département de la Meurthe, 4 frimaire an VIII [25 novembre 1799]........................................... 591 document, 5 frimaire an VIII [26 novembre 1799] – description ................................................... 592 Duc de la Chapelle à Laplace, 5 frimaire an VIII [26 novembre 1799] – brouillon....................................................... 592 [Laplace] à Percelat, 5 frimaire an VIII [26 novembre 1799] – brouillon de réponse .................................... 593 Bossut à Laplace, 5 frimaire an VIII [26 novembre 1799]............. 594 Laplace à Van Swinden, 6 frimaire an VIII [27 novembre 1799] ......................................................................... 595 Monge à [Laplace], 8 frimaire an VIII [29 novembre 1799].......... 596 Laplace aux administrateurs des Départements, 8 frimaire an VIII [29 novembre 1799] ......................................................................... 599 Laplace aux ingénieurs-en-chef des Départements, 8 frimaire an VIII [29 novembre 1799]........................................... 600 Le Roy à Laplace, [brumaire an VIII] [octobre/novembre 1799]... 601 Laplace à [Dambreville], brumaire an VIII [octobre/novembre 1799] ................................................................. 602 Laplace à [Dambreville], brumaire an VIII [octobre/novembre 1799] ................................................................. 603 document, [novembre/décembre 1799] – fragment ......................... 604 Laplace à [Dambreville], frimaire an VIII [novembre/décembre 1799].............................................................. 605
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
418. 419. 420. 421. 422. 423. 424. 425. 426. 427. 428. 429. 430.
431. 432. 433. 434. 435. 436. 437. 438.
1363
Laplace au président de la Société des Amis des Arts, 10 frimaire an VIII [1er décembre 1799]......................................... 606 Laplace à la Commission des Hospices de Paris, 12 frimaire an VIII [3 décembre 1799] ........................................... 607 Delambre à [Laplace], 15 frimaire an VIII [6 décembre 1799]............................................................................ 608 Joseph Bonaparte à [Laplace], 16 frimaire an VIII [7 décembre 1799]............................................................................ 609 Laplace à l’Administration centrale du Département de Seine-et-Oise, 17 frimaire an VIII [8 décembre 1799] .............. 610 Laplace aux Administrations centrale de Département, [17] frimaire an VIII [[8] décembre 1799]...................................... 612 Laplace à [Van Thol], 20 frimaire an VIII [11 décembre 1799] .... 613 Laplace à [Dambreville], 20 frimaire an VIII [11 décembre 1799].......................................................................... 614 Laplace à Lambrechts, 21 frimaire an VIII [12 décembre 1799] – description .................................................... 615 Laplace à [Berthier], 21 frimaire an VIII [12 décembre 1799] ...... 615 Du Brueil à Laplace, 22 frimaire an VIII [13 décembre 1799]...... 616 Laplace à Beau, 23 frimaire an VIII [14 décembre 1799].............. 618 Laplace aux Administrations centrales de Département, et aux Commissaires du Gouvernement près ces Administrations, 25 frimaire an VIII [16 décembre 1799] ......................................... 619 Laplace à Meynet, 25 frimaire an VIII [16 décembre 1799].......... 621 [Laplace] à Visconti, 27 frimaire an VIII [18 décembre 1799] – description .................................................... 622 Laplace à l’Administration centrale du Département de la Seine, 28 frimaire an VIII [19 décembre 1799] ......................................... 622 Monge à [Laplace], 28 frimaire an VIII [19 décembre 1799] ........ 623 Laplace aux Consuls de la République, 29 frimaire an VIII [20 décembre 1799].......................................................................... 624 Laplace à D’Aigrefeuille, 30 frimaire an VIII [21 décembre 1799].......................................................................... 625 Laplace aux Administrations centrales de Département, 30 frimaire an VIII [21 décembre 1799] ......................................... 626 Laplace à l’Administration centrale du Département de Seine-et-Marne, 30 frimaire an VIII [21 décembre 1799] – sans description............................................ 627
1364
439. 440. 441. 442. 443. 444. 445. 446. 447. 448. 449. 450. 451. 452. 453. 454. 455. 456. 457. 458. 459. 460. 461. 462. 463.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à [Monge], 1er nivôse an VIII [22 décembre 1799] .......... 627 Napoléon Bonaparte à Laplace, 2 nivôse an VIII [23 décembre 1799].......................................................................... 628 Laplace aux Administrateurs du Département de l’Aisne, 2 nivôse an VIII [23 décembre 1799].............................................. 629 Laplace aux Consuls de la République, 3 nivôse an VIII [24 décembre 1799].......................................................................... 630 Napoléon Bonaparte à Laplace, 3 nivôse an VIII [24 décembre 1799] – minute........................................................... 631 Laplace à [Napoléon Bonaparte], [après le 3 nivôse an VIII] [après le 24 décembre 1799] – copie ............................................... 632 Laplace à von Zach, 26 ventôse an VIII [17 mars 1800] – traduction en allemand ........................................ 633 Laplace à Oriani, [avril 1800].......................................................... 634 Laplace à Van Swinden, 8 floréal an VIII [28 avril 1800] ............. 634 [Laplace] à [?], 18 floréal an VIII [8 mai 1800] – fragment .......... 636 Laplace, Jussieu, Camus, Bougainville, Fleurieu, Dutheil et Lacepède à Banks, 26 floréal an VIII [16 mai 1800] ................. 636 Laplace à von Zach, 13 juin 1800 – traduction en allemand .......... 638 Laplace à Oriani, 12 fructidor an VIII [30 août 1800] ................... 639 Madame Berthollet à Madame Laplace, 10 vendémiaire an IX [1er octobre 1800] – lettre complémentaire...................................... 641 Fleury à Laplace, 25 vendémiaire an IX [17 octobre 1800]........... 643 [?] à Laplace, 12 brumaire an IX [3 novembre 1800] – minute ............................................................ 644 Laplace à Oriani, 20 brumaire an IX [11 novembre 1800]............. 645 [Laplace] à Caffarelli, 29 brumaire an IX [20 novembre 1800] – fragment....................................................... 647 document, 9 frimaire an IX [30 novembre 1800] ........................... 648 Forfait à Laplace, 23 frimaire an IX [14 décembre 1800].............. 649 Laplace à Napoléon Bonaparte, [an IX] [1800/1801] – brouillon .................................................................... 651 Joseph et Julie Bonaparte à Monsieur et Madame Laplace, 16 brumaire [entre 1800 et 1805] .................................................... 653 Ramond à [Laplace], [entre 1800 et 1805]...................................... 653 reçu, 12 nivôse an IX [2 janvier 1801]............................................ 657 Laplace à [Chaptal], 27 nivôse an IX [17 janvier 1801] ................ 658
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
464. 465. 466. 467. 468. 469. 470. 471. 472. 473. 474. 475. 476. 477. 478. 479. 480. 481. 482. 483. 484. 485. 486. 487.
1365
[Chaptal] à Laplace, 27 nivôse an IX [17 janvier 1801] – brouillon ........................................................... 659 Laplace à Prieur-Duvemois et Gassendi, 2 pluviôse an IX [22 janvier 1801] – copie ................................................................. 660 Laplace à [Chaptal], 3 pluviôse an IX [23 janvier 1801] ............... 661 Laplace à Du Bouchage et Vial du Clairbois, 5 pluviôse an IX [25 janvier 1801] .............................................................................. 662 Laplace à [Chaptal], 5 pluviôse an IX [25 janvier 1801] ............... 663 Berthier à [Laplace], 25 pluviôse an IX [14 février 1801] – copie .................................................................. 664 Vial du Clairbois à [Laplace], 16 ventôse an IX [7 mars 1801]..... 665 Laplace à Bouvard, 22 ventôse an IX [13 mars 1801] ................... 666 reçu, 4 germinal an IX [25 mars 1801] ........................................... 666 Laplace à von Zach, 5 germinal an IX [26 mars 1801] – traduction en allemand ........................................ 668 Charlotte de Saxe-Gotha à Laplace, 12 avril 1801 ......................... 671 Laplace à Dieudonné, 28 germinal an IX [18 avril 1801] .............. 673 Laplace à von Zach, 9 prairial an IX [29 mai 1801] – traduction en allemand .......................................... 674 Laplace à Maurice, 22 prairial [an IX] [11 juin 1801] ................... 676 von Zach à [Laplace], 24 juin 1801................................................. 677 Laplace à von Zach, 20 messidor an IX [9 juillet 1801] – fragment ............................................................... 679 Laplace à von Zach, 30 messidor an IX [19 juillet 1801] – fragment ............................................................. 680 Laplace à von Zach pour Bürg, 14 fructidor [an IX] [1er septembre 1801] ........................................................................ 681 Laplace à Bügge, 15 fructidor an IX [2 septembre 1801] .............. 683 Laplace à [Chaptal], 25 fructidor an IX [12 septembre 1801] – copie ............................................................ 684 Laplace à Perregaux, 2 vendémiaire an X [24 septembre 1801] – sans description ........................................... 685 reçu, 6 brumaire an X [28 octobre 1801] ........................................ 685 Leveillé et Laplace à Volta et Brugnatelli, 12 brumaire [an X] [3 novembre 1801] – description ..................................................... 686 Laplace à Napoléon Bonaparte, 10 frimaire an X [1er décembre 1801] ......................................................................... 686
1366
488. 489. 490. 491. 492. 493. 494. 495. 496. 497. 498. 499. 500. 501. 502. 503. 504. 505. 506. 507. 508. 509. 510. 511. 512. 513. 514. 515.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
reçu, 18 frimaire an X [9 décembre 1801] ...................................... 688 Laplace à Dieudonné, 30 frimaire an X [21 décembre 1801] ........ 688 Laplace à Bouvard, 6 nivôse [an X] [27 décembre 1801] .............. 690 Laplace à Bouvard, an X [1801/1802] – sans description............... 690 Laplace à Perregaux, an X [1801/1802] – sans description ............ 691 Laplace à Burckhardt, an X [1801/1802] ........................................ 691 Laplace à Bouvard, 23 nivôse an X [13 janvier 1802] ................... 693 Laplace à [Chaptal], 14 pluviôse an X [3 février 1802] – copie .................................................................... 694 [Billy] à Madame Laplace, 24 ventôse an X [15 mars 1802] – lettre complémentaire .......................................... 695 [Laplace] à Millin, 25 ventôse an X [16 mars 1802] – description............................................................ 696 [Laplace] à Cagnoli, 20 germinal an X [10 avril 1802] – description, fragment ........................................... 697 Laplace à Oriani, 10 floréal an X [30 avril 1802] .......................... 698 [William Herschel] à Laplace, 22 mai 1802 – description .............. 700 Laplace à Rœderer, 17 prairial an X [6 juin 1802] ......................... 700 Laplace à William Herschel, 17 juin 1802 ...................................... 701 [Laplace] à William Herschel, juillet 1802 – description................ 703 Laplace à von Zach, 5 thermidor an X [24 juillet 1802] – traduction en allemand....................................... 703 [Laplace] à von Zach, [24 juillet 1802] – copie-fragment .............. 706 Laplace à Cetto, 7 fructidor an X [25 août 1802]........................... 709 Laplace à Perregaux, 1er jour complémentaire de l’an X [18 septembre 1802]......................................................................... 710 [Napoléon Bonaparte] à Laplace, 3 frimaire an XI [24 novembre 1802] – minute .......................................................... 710 Napoléon Bonaparte à Laplace, 5 frimaire an XI [26 novembre 1802] – minute .......................................................... 711 [Laplace] à Chaptal, [1802] – description........................................ 712 Laplace à Perregaux, an XI [1802-1803] – sans description........... 712 Laplace à Lerebours, an XI [1802/1803] – sans description........... 713 [Madame Laplace] à Daunou, 8 juin [1802 ou 1803] – lettre complémentaire .......................................... 713 Laplace à [Fuss ?], 7 janvier 1803................................................... 715 [Laplace] à Perregaux, 30 nivôse an XI [20 janvier 1803] – description ........................................................ 716
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
516. 517. 518. 519. 520. 521. 522. 523. 524. 525. 526. 527. 528. 529. 530. 531. 532. 533. 534. 535. 536. 537. 538. 539. 540. 541.
1367
Maret à Laplace, 3 thermidor an XI [22 juillet 1803] .................... 716 document, 3 thermidor an XI [22 juillet 1803] ............................... 717 Laplace à [Napoléon Bonaparte], 29 thermidor an XI [17 août 1803] .................................................................................. 718 reçu, 30 thermidor an XI [18 août 1803] ........................................ 719 Laplace à Oriani, 24 vendémiaire an XII [17 octobre 1803].......... 720 Laplace à Boniqueau, 27 vendémiaire an XII [20 octobre 1803]... 721 Laplace à Vassalli-Eandi, 28 vendémiaire an XII [21 octobre 1803] ............................................................................. 722 Chaptal à Laplace, [brumaire] an XII, [octobre/novembre 1803, avant le 7 novembre] – fragment ..................................................... 722 Laplace à David, 15 brumaire an XII [7 novembre 1803].............. 723 Laplace à Joseph Bonaparte, 20 brumaire an XII [12 novembre 1803] ......................................................................... 724 Laplace à Perregaux, 1er frimaire an XII [23 novembre 1803] ...... 725 Lucien Bonaparte à Laplace, 4 frimaire an XII [26 novembre 1803] ......................................................................... 726 [Laplace] à Longuemare, 4 frimaire an XII [26 novembre 1803] – description ................................................... 727 [Laplace] à [?], 4 frimaire an XII [26 novembre 1803] – sans description ........................................... 727 Laplace à [Balguerie], 4 nivôse an XII [26 décembre 1803].......... 728 [Laplace] à [?], [1803] ..................................................................... 729 Laplace à Perregaux, an XII [1803/1804] – sans description.......... 730 Laplace à [?], an XII [1803/1804] – sans description ..................... 730 [Laplace] à Groslier, [1803/1815].................................................... 731 [Laplace] à Perregaux, [1803] – fragment ....................................... 731 Laplace à Janvier, 1803 – sans description ...................................... 732 Laplace à Chaban, 4 pluviôse an XII [25 janvier 1804] – description ........................................................ 733 Laplace à [Napoléon Bonaparte], 6 pluviôse an XII [27 janvier 1804] .............................................................................. 734 Laplace à Chaptal, 13 pluviôse an XII [2 février 1804] – brouillon .............................................................. 734 Laplace à [Chaptal], [février/mars 1804]......................................... 736 [Laplace] à Perregaux, 1er ventôse an XII [21 février 1804] – description......................................................... 737
1368
542. 543. 544. 545. 546. 547. 548. 549. 550. 551. 552. 553. 554. 555. 556. 557. 558. 559. 560. 561. 562. 563. 564. 565. 566. 567. 568. 569. 570. 571.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à [?], 29 février an XII [29 février 1804] – sans description................................................. 737 Laplace à Balguerie, 25 ventôse an XII [16 mars 1804] ................ 738 Gauss à Laplace, 28 mars et 11 avril 1804 – copie certifiée .......... 739 Laplace à Perregaux, 11 avril 1804 – sans description ................... 742 Laplace à [Napoléon Bonaparte], floréal an XII [avril/mai 1804] ................................................................................ 743 Laplace à Desrosières, 17 floréal an XII [7 mai 1804]................... 744 document, 28 floréal an XII [18 mai 1804] .................................... 745 Cambacérès à Laplace, 1er prairial an XII [21 mai 1804] .............. 746 document, 11 prairial an XII [31 mai 1804].................................... 746 Laplace à Napoléon Bonaparte, [mai 1804] – fragment.................. 748 document, 19 prairial an XII [8 juin 1804] – description ............... 748 Lacepède à Laplace, 26 prairial an XII [15 juin 1804]................... 749 Laplace à Balguerie, 27 prairial an XII [16 juin 1804] .................. 750 [François de Neufchâteau] à Laplace, 20 messidor an XII [4 juillet 1804] – minute................................................................... 751 [Laplace] à Chisson, 10 juillet 1804 – description .......................... 752 [François de Neufchâteau] à Laplace, 2 thermidor an XII [21 juillet 1804] – minute................................................................. 753 Laplace à Balguerie, 13 thermidor an XII [1er août 1804] ............. 754 Laplace à Lemercier, 19 thermidor an XII [7 août 1804]............... 755 [Madame Laplace] à Daunou, 30 août 1804 – lettre complémentaire.............................................. 756 [Felice Baciocchi] à Laplace, 7 vendémiaire an XIII [29 septembre 1804]......................................................................... 756 Portiez à Laplace, 14 vendémiaire an XIII [6 octobre 1804] ......... 757 document, 21 vendémiaire an XIII [13 octobre 1804].................... 758 Laplace à von Zach, [novembre 1804] – traduction en allemand ... 760 Clément de Ris à Laplace, 9 ventôse an XIII [28 février 1805] .... 765 Laplace à Lacepède, 4 germinal an XIII [25 mars 1805] ............... 766 Laplace à Madame Laplace, 17 floréal [an XIII] [7 mai 1805] ..... 767 Laplace à Madame Laplace, 8 prairial [an XIII] [28 mai 1805] .... 769 Napoléon Bonaparte à Laplace, 17 prairial an XIII [6 juin 1805] – minute ...................................................................... 770 Laplace à Madame Laplace, 21 prairial an XIII [10 juin 1805]..... 770 Laplace à Madame Laplace, 24 prairial an XIII [13 juin 1805]..... 772
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
572. 573. 574. 575. 576. 577. 578. 579. 580. 581. 582. 583. 584. 585. 586. 587. 588. 589. 590. 591. 592. 593. 594. 595. 596. 597. 598.
1369
Laplace à Madame Laplace, 6 messidor [an XIII] [25 juin 1805] ................................................................................... 773 Laplace à Madame Laplace, 9 messidor [an XIII] [28 juin 1805] ................................................................................... 774 Laplace à Madame Laplace, 30 juin [1805] .................................... 775 Laplace à Madame Laplace, 14 messidor [an XIII] [3 juillet 1805] .................................................................................. 776 Laplace à Madame Laplace, 18 messidor [an XIII] [7 juillet 1805] .................................................................................. 777 Laplace à Madame Laplace, 29 messidor [an XIII] [18 juillet 1805] ................................................................................ 778 Laplace à [?], 30 messidor an XIII [19 juillet 1805] – sans description .................................................. 779 Laplace à Madame Laplace, 25 thermidor an XIII [13 août 1805] .................................................................................. 779 Laplace à Madame Laplace, 21 août 1805 ...................................... 780 Laplace à Kellermann, 9 vendémiaire an XIV [1er octobre 1805]............................................................................. 782 Laplace à Kellermann, 18 vendémiaire an XIV [10 octobre 1805] ............................................................................. 783 [François de Neufchâteau] à Laplace, 18 vendémiaire an XIV [10 octobre 1805] – brouillon........................................................... 785 reçu, 23 brumaire an XIV [14 novembre 1805].............................. 785 Laplace à Van Praet, 18 frimaire an XIV [9 décembre 1805] ........ 786 [Laplace] à [un savant], 20 janvier 1806 – fragment ...................... 787 Berthollet à Laplace, 20 mars 1806 ................................................. 788 Laplace à Kellermann, 23 mars 1806 .............................................. 789 Laplace à Blagden, 2 avril 1806 ...................................................... 790 Laplace à Madame Laplace, 3 avril 1806........................................ 791 Laplace à Kellermann, 19 avril 1806............................................... 792 Laplace à Félix [Baciocchi], 26 avril 1806 ..................................... 793 Laplace à Elisa Baciocchi, 26 avril 1806 ........................................ 793 Laplace à Lacuée, 26 avril 1806...................................................... 794 Laplace à Madame Laplace, 2 mai 1806......................................... 795 Laplace à Humboldt, 8 mai 1806..................................................... 796 Laplace à Madame Laplace, 19 mai 1806....................................... 797 Elisa [Baciocchi] à Laplace, 20 mai 1806....................................... 799
1370
599. 600. 601. 602. 603. 604. 605. 606. 607. 608. 609. 610. 611. 612. 613. 614. 615. 616. 617. 618. 619. 620. 621. 622. 623. 624. 625. 626. 627. 628. 629. 630. 631. 632. 633. 634.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à Madame Laplace, 26 mai 1806....................................... 799 Laplace à François de Neufchâteau, 27 mai 1806 .......................... 801 Laplace à Madame Laplace, 9 juin [1806] ...................................... 802 Laplace à [Champagny], 10 juin 1806............................................. 804 Champagny à Laplace, 11 juin 1806 – copie................................... 805 Laplace à François de Neufchâteau, 11 juin 1806 .......................... 806 [Laplace] à Kellermann, 18 juin 1806 – description ....................... 807 Laplace à Madame Laplace, 22 juin 1806....................................... 808 Laplace à Lamotte, 27 juin [1806]................................................... 809 Laplace à Madame Laplace, 30 juin [1806] .................................... 810 Laplace à Madame Laplace, 7 juillet 1806...................................... 811 Laplace à Madame Laplace, 14 juillet [1806]................................. 812 Laplace à Madame Laplace, 21 juillet [1806]................................. 813 Laplace à Madame Laplace, 24 juillet [1806]................................. 814 Laplace à Madame Laplace, 28 juillet [1806]................................. 816 Laplace à Gérando, 3 août 1806 ...................................................... 817 Laplace à Madame Laplace, 4 août [1806] ..................................... 817 Laplace à Oriani, 8 août 1806.......................................................... 818 Laplace à Madame Laplace, 11 août 1806 ...................................... 819 Laplace à Madame Laplace, 18 août [1806] ................................... 820 Champagny à Laplace, 1er septembre 1806 copie] ......................... 822 Elisa [Baciocchi] à Laplace, 6 septembre 1806 .............................. 823 Elisa [Baciocchi] à [Napoléon Bonaparte], 6 septembre [1806] – copie, lettre complémentaire......................... 823 Champagny à Laplace, 13 septembre 1806 – copie ........................ 824 reçu, 9 octobre 1806......................................................................... 825 Svanberg à Laplace, 2 décembre 1806 ............................................ 826 Chaptal à Madame Laplace, [1806] – lettre complémentaire.......... 828 [Laplace] à [?], 1806 – sans description .......................................... 828 [Fourier] à Laplace, [1806] – brouillon ........................................... 829 [Laplace] à Crottat, [1806] – fragment ............................................ 830 [Laplace] à Humboldt, 1er juin [après 1806] – description ............. 831 Laplace à Kellermann, 12 janvier 1807........................................... 832 Laplace à Svanberg, 15 janvier 1807............................................... 834 [Laplace] à [Napoléon Bonaparte], 4 février 1807 – brouillon....... 835 [Laplace] à Decrès [?], 3 mars 1807 – brouillon............................. 836 reçu, 15 avril 1807 ........................................................................... 838
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
635. 636. 637. 638. 639. 640. 641. 642. 643. 644. 645. 646. 647. 648. 649. 650. 651. 652. 653. 654. 655. 656. 657. 658. 659. 660. 661. 662. 663. 664. 665. 666. 667.
1371
reçu, 6 mai 1807............................................................................... 839 Laplace à [Gaudin], 13 mai 1807 .................................................... 840 Laplace à [Berthier], 21 mai 1807 – fragment................................. 841 Laplace à [Gaudin], 17 juillet 1807 ................................................. 842 [Laplace] à Bossange, Masson et Besson, [avant septembre 1807] – brouillon ................................................. 843 Laplace à Elisa Baciocchi, 26 septembre 1807 ............................... 843 Elisa [Baciocchi] à Laplace, 1er octobre [1807] – brouillon ........... 844 Elisa [Baciocchi] à Laplace, 9 octobre [1807] – brouillon.............. 845 Laplace à Lejeune, 21 décembre 1807 – description....................... 846 Laplace à Félix [Baciocchi], 24 décembre 1807 ............................. 847 Elisa [Baciocchi] à Laplace, 8 janvier 1808.................................... 849 Gauss à Laplace, 18 janvier 1808 – copie ....................................... 849 Laplace à Gauss, 28 janvier 1808.................................................... 852 reçu, 12 février 1808 ........................................................................ 854 Laplace à Lemercier, 17 mars 1808................................................. 855 [Laplace] à [un astronome], 26 mars 1808 – description ................ 856 Laplace à Abrial, 2 avril 1808 – sans description ........................... 856 document, 24 avril 1808................................................................... 857 [Laplace] à [un Comte], 29 avril [1808] – description.................... 859 Laplace à Daunou, 20 mai 1808 ...................................................... 859 Laplace à Elisa Baciocchi, 5 juin 1808 ........................................... 860 Cambacérès à Madame Laplace, 8 août 1808 – lettre complémentaire................................................ 861 document, 28 août 1808 ................................................................... 862 Laplace à Oriani, 22 septembre 1808 .............................................. 863 Laplace à Friedlander, 23 septembre 1808 – sans description ........ 864 Laplace à Gauss, 24 septembre [1808]............................................ 864 Lechevalier à Groslier, 18 octobre 1808 – lettre complémentaire......................................... 865 Laplace à Daiz [ou Duiz], 26 octobre 1808 .................................... 866 Daiz [ou Duiz] à Laplace, 10 novembre 1808 ................................ 867 Prévost à Laplace, 15 novembre 1808 – description ....................... 868 Lechevalier à Groslier, 17 novembre 1808 – lettre complémentaire..................................... 868 Laplace à Lemercier, 1er décembre 1808 – sans description........... 869 reçu, 24 décembre 1808 ................................................................... 869
1372
668. 669. 670. 671. 672. 673. 674. 675. 676. 677. 678. 679. 680. 681. 682. 683. 684. 685. 686. 687. 688. 689. 690. 691. 692. 693. 694. 695. 696. 697. 698. 699. 700. 701.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à [?], [1808] – brouillon ..................................................... 870 Laplace à [Lacuée], [1808] .............................................................. 871 Emile Laplace à Laplace, 14 janvier 1809 ...................................... 873 Laplace à [Elisa Baciocchi], 2 mars 1809 ....................................... 874 Elisa [Baciocchi] à Laplace, 14 mars 1809 ..................................... 875 Laplace à [Oriani], 20 mars 1809 .................................................... 875 [Oriani] à Laplace, 10 avril 1809 – brouillon.................................. 877 document, 11 avril 1809 – brouillon ................................................ 878 [Emile Laplace] à [Madame Laplace], 13 avril 1809 – lettre complémentaire ............................................. 880 Laplace à [Prévost], 19 avril 1809................................................... 880 [Prévost] à Laplace, 28 avril 1809 – copie ...................................... 882 Laplace à la Comtesse de Rumford, 2 mai 1809 ............................ 885 Laplace à [Van Swinden], 23 mai 1809........................................... 886 [Prévost] à Laplace, 7 juin 1809 – copie ......................................... 887 Laplace à Emile Laplace, 17 juin 1809 – copie .............................. 888 Laplace à Daunou, 19 juin 1809...................................................... 889 Vaublanc à [Laplace], 21 juin 1809 ................................................. 890 Laplace à Emile Laplace, 17 juillet 1809 ........................................ 892 La Riboisière à [Laplace], 17 juillet 1809....................................... 893 Elisa [Baciocchi] à Laplace, 31 juillet 1809 ................................... 894 Lamarck à Laplace, 7 août 1809...................................................... 894 Laplace à Lemercier, 22 septembre 1809 ........................................ 895 Madame Laplace à Emile Laplace, 6 octobre 1809 – lettre complémentaire........................................... 896 [Laplace] à Gaudin, 10 octobre 1809 – description......................... 897 Laplace à Elisa Baciocchi, 13 octobre 1809.................................... 897 Laplace à Emile Laplace, 25 octobre 1809 ..................................... 898 Madame Laplace à Emile Laplace, 8 novembre 1809 – lettre complémentaire....................................... 899 [Blagden] à Laplace, 23 novembre 1809 – brouillon ...................... 900 Elisa [Baciocchi] à Laplace, 12 décembre 1809 ............................. 903 Narbonne-Lara à Laplace, [1809] .................................................... 904 Laplace à [Clarke], 9 [janvier 1810]................................................ 905 Laplace à Emile Laplace, 15 janvier 1810 ...................................... 906 Pasquier à Laplace, 24 janvier 1810................................................ 907 reçu, 10 février 1810 ........................................................................ 908
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
702. 703. 704. 705. 706. 707. 708. 709. 710. 711. 712. 713. 714. 715. 716. 717. 718. 719. 720. 721. 722. 723. 724. 725. 726. 727. 728. 729. 730. 731. 732. 733. 734. 735. 736. 737.
1373
Laplace à François de Neufchâteau, 20 février 1810...................... 909 [Blagden] à Laplace, 14 mars 1810 – brouillon .............................. 910 Laplace à Garnier, 30 mars 1810 ..................................................... 911 Laplace à [?], 5 avril 1810 ............................................................... 913 [Laplace] à Faujas de Saint-Fond, 7 juin 1810 – fragment ............. 913 reçu, 8 juin 1810............................................................................... 914 Laplace à Emile Laplace, 24 juin [1810] ........................................ 915 document, 1er juillet 1810 ................................................................ 916 Laplace à Gauss, 7 juillet 1810........................................................ 917 Laplace à Paoli, 14 juillet 1810 ....................................................... 918 reçu, 24 juillet 1810 ......................................................................... 918 reçu, 7 août 1810 .............................................................................. 919 Laplace à Prévost, 19 août 1810...................................................... 920 [Laplace] à [Groslier], 27 août 1810 – fragment ............................. 920 Laplace à Oriani, 24 septembre 1810 .............................................. 921 Napoléon Bonaparte à Laplace, [27] septembre 1810 – copie........ 922 Laplace à François de Neufchâteau, 27 septembre 1810 ................ 924 reçu, 2 octobre 1810 & 4 octobre 1810........................................... 925 Laplace à Pictet, 12 octobre 1810.................................................... 926 reçu, 12 octobre 1810....................................................................... 926 [Mirbeck] à Laplace, 2 novembre 1810 – brouillon........................ 927 Laplace à Mirbeck, 8 novembre 1810 ............................................. 928 [Mirbeck pour François de Neufchâteau] à [Laplace], 15 novembre 1810 – brouillon ......................................................... 930 Laplace à Mirbeck, 21 novembre 1810 ........................................... 932 [Reichenbach] à Laplace, 22 novembre 1810 – brouillon............... 933 reçu, 3 décembre 1810 ..................................................................... 934 Laplace à François de Neufchâteau, 12 décembre 1810 ................. 935 Laplace à Mirbeck, 15 décembre 1810............................................ 936 [Mirbeck] à Laplace, 12 février 1811 – minute ............................... 939 Laplace à [Mirbeck], 13 février 1811 .............................................. 940 [Mirbeck] à Laplace, 7 mars 1811 – minute.................................... 941 reçu, [9 mars 1811]........................................................................... 942 Laplace à Mirbeck, 2 avril 1811 ...................................................... 943 [Blagden] à Laplace, 6 avril 1811 – brouillon ................................. 944 [Blagden] à Laplace, 13 avril 1811 – brouillon ............................... 945 reçu, 27 avril 1811............................................................................ 946
1374
738. 739. 740. 741. 742. 743. 744. 745. 746. 747. 748. 749. 750. 751. 752. 753. 754. 755. 756. 757. 758. 759. 760. 761. 762. 763. 764. 765. 766. 767. 768. 769. 770. 771. 772. 773.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
[Mirbeck] à Laplace, 3 mai 1811 – minute...................................... 947 [Mirbeck] à Laplace, 3 mai 1811 – minute...................................... 948 [Laplace] à Napoléon Bonaparte, 7 mai 1811 ................................. 949 Reichenbach à Laplace, 28 juin 1811 .............................................. 951 Laplace à Pastoret, 1er juillet 1811 .................................................. 952 [Oriani] à Laplace, 17 juillet 1811 – copie ...................................... 953 Laplace à la Comtesse de Ségur, 13 août 1811............................... 955 Laplace à Oriani, 12 septembre 1811 .............................................. 956 Laplace à [?], 18 septembre 1811 .................................................... 958 reçu, 25 septembre 1811................................................................... 959 Laplace à Schubert, 5 novembre 1811............................................. 959 Laplace à Svanberg, 16 novembre 1811.......................................... 961 Laplace à Lindenau, 22 novembre 1811.......................................... 962 Laplace à von Zach, 22 novembre 1811 – traduction en allemand ................................... 964 Laplace à Oriani, 24 novembre 1811............................................... 965 Laplace à Gauss, 25 novembre 1811 ............................................... 965 Laplace à Madame Laplace, 5 décembre 1811 ............................... 967 [Laplace] à Blagden, 18 décembre 1811 ......................................... 968 Laplace à Montalivet, 27 décembre 1811........................................ 970 Laplace à la Comtesse de Ségur, [1811] – sans description............ 971 [Laplace] à Schubert, [1811]............................................................ 972 Blagden à Laplace, 23 janvier 1812 – brouillon.............................. 973 Gauss à Laplace, 30 janvier 1812 – copie ....................................... 974 Laplace à Bessel, 12 février 1812.................................................... 977 reçu, 8 avril 1812 ............................................................................. 979 reçu, [25 avril 1812]......................................................................... 979 Laplace à Fossombroni, 2 mai 1812................................................ 980 document, 6 mai 1812 ...................................................................... 981 Laplace à Van Praet, 28 mai 1812 ................................................... 981 Emile Laplace à Laplace, 5 juin 1812 ............................................. 982 Le Duc à Laplace, 6 juin 1812 ........................................................ 983 Laplace à Paoli, 2 juillet 1812 ......................................................... 984 document, 5 juillet 1812................................................................... 984 Laplace à [Olbers], 9 juillet 1812 .................................................... 986 Laplace à Oriani, 9 juillet 1812 ....................................................... 987 Laplace à [Reichenbach], 10 juillet 1812 ........................................ 988
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
774. 775. 776. 777. 778. 779. 780. 781. 782. 783. 784. 785. 786. 787. 788. 789. 790. 791. 792. 793. 794. 795. 796. 797. 798. 799. 800. 801. 802. 803. 804. 805.
1375
Laplace à [Montalivet], 11 juillet 1812 ........................................... 989 Primat à [Laplace], 14 juillet 1812 .................................................. 990 [Montalivet] à Laplace, 16 juillet 1812 – brouillon......................... 991 Napoléon Bonaparte à Laplace, 1er août 1812 – copie ................... 992 Marie Anne Laplace à [Madame Laplace], 16 septembre 1812 – lettre complémentaire .................................... 993 Laplace à Saint-Quantin, 24 septembre 1812 – copie ..................... 994 Couvret à Laplace, 1er octobre 1812 – copie................................... 995 reçu, 13 octobre 1812....................................................................... 997 Laplace à Van Praet, 16 octobre 1812 ............................................. 998 Elisa [Baciocchi] à Madame Laplace, 18 octobre 1812 – lettre complémentaire......................................... 998 Gauss à Laplace, 5 novembre 1812 – copie .................................... 999 Laplace à Gauss, 20 novembre 1812 ............................................. 1001 Laplace à François de Neufchâteau, 20 novembre 1812 .............. 1002 [Laplace] à la Comtesse de Rumford, 30 novembre 1812 – description .................................................... 1003 Laplace à Gauss, 2 décembre 1812 ............................................... 1004 [Laplace] à Lindenau, [1812]......................................................... 1005 Laplace à Lindenau, 1812 – description ........................................ 1006 Laplace à Lindenau, [1812] ........................................................... 1006 Olbers à Laplace, [1812] – brouillon ............................................. 1007 Pictet à [Laplace], [15 janvier 1813] – minute .............................. 1009 Laplace à Doazan, 21 janvier 1813 ............................................... 1010 Laplace à François de Neufchâteau, 25 février 1813.................... 1011 [Madame Laplace] et Laplace à Emile Laplace, 17 mars 1813.... 1011 Fabre de l’Aude à Laplace, 30 mars 1813 .................................... 1013 [Madame Laplace] et [Laplace] à Emile Laplace, 6 avril 1813 ... 1014 Laplace à [?], 7 avril 1813 ............................................................. 1014 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 14 avril 1813 – lettre complémentaire ........................................... 1015 Huet à [Laplace], 15 avril 1813 – copie ........................................ 1016 reçu, 16 avril 1813 ......................................................................... 1017 Laplace à François de Neufchâteau, 19 avril 1813 ....................... 1017 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 20 avril 1813 – lettre complémentaire ........................................... 1018 Champagny à [Laplace], [avril 1813] ............................................ 1019
1376
806. 807. 808. 809. 810. 811. 812. 813. 814. 815. 816. 817. 818. 819. 820. 821. 822. 823. 824. 825. 826. 827. 828. 829. 830. 831. 832. 833. 834.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à [Champagny], [avril 1813] – brouillon ......................... 1019 Laplace à [Champagny], [avril 1813] – brouillon ......................... 1020 [Madame Laplace] et [Laplace] à Emile Laplace, 4 mai 1813..... 1021 Laplace à Gaudin, 6 mai 1813 ....................................................... 1022 Laplace à [Oriani], 7 mai 1813...................................................... 1022 Laplace à [Fontanes], 10 mai 1813................................................ 1023 Talleyrand-Périgord à Laplace, 17 mai 1813................................. 1024 reçu, 18 mai 1813........................................................................... 1025 Caulaincourt à Laplace, 23 mai [1813] ......................................... 1025 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 24 mai 1813 – lettre complémentaire............................................. 1026 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 27 mai 1813 – lettre complémentaire............................................. 1027 Montesquieu à Laplace, [mai 1813] .............................................. 1027 [Madame Laplace] et Laplace à Emile Laplace, 1er juin 1813..... 1028 Laplace à Daunou, 10 juin 1813.................................................... 1029 reçu, 10 juin 1813........................................................................... 1030 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 16 juin 1813 – lettre complémentaire ............................................ 1030 [Daunou] à [Laplace], [juin 1813] – brouillon .............................. 1031 Caulaincourt à Madame Laplace, 24 juillet [1813] – lettre complémentaire....................................... 1032 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 28 juillet 1813 – lettre complémentaire ......................................... 1033 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 5 août 1813 – lettre complémentaire.............................................. 1034 reçu, 16 août 1813 .......................................................................... 1034 Emile Laplace & de Portes à Laplace, 22 août [1813] ................. 1035 Laplace à Emile Laplace, 2 septembre 1813................................. 1037 [Madame Laplace] à Emile Laplace, [22 septembre 1813 ?] – lettre complémentaire............................. 1037 Laplace à Emile Laplace, [22 septembre 1813] ............................ 1038 Laplace à la Comtesse de Rumford, 24 septembre 1813 .............. 1039 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 29 septembre 1813 – lettre complémentaire .................................. 1039 Charritte à Laplace, 8 octobre 1813............................................... 1040 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 13 octobre 1813 – lettre complémentaire....................................... 1041
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
835. 836. 837. 838. 839. 840. 841. 842. 843. 844. 845. 846. 847. 848. 849. 850. 851. 852. 853. 854. 855. 856. 857. 858. 859. 860. 861. 862. 863. 864. 865. 866.
1377
[Laplace] à la Comtesse de Rumford, 7 novembre 1813.............. 1041 [Laplace] à [Oriani], 30 novembre 1813 ....................................... 1042 Laplace à la Comtesse de Rumford, 6 décembre 1813................. 1043 Laplace à la Comtesse de Rumford, 19 décembre 1813............... 1044 Laplace à [Elisa Baciocchi], [1813]............................................... 1044 Laplace à Madame Laplace, [après 1813] ..................................... 1047 Laplace à Delambre, 7 janvier 1814.............................................. 1048 Laplace à Chaptal, 15 janvier 1814 ............................................... 1049 Madame Laplace à [Emile Laplace], 25 février 1814 – lettre complémentaire, extrait............................ 1050 document, 26 février 1814 ............................................................. 1050 Laplace à François de Neufchâteau, 3 mars 1814......................... 1051 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 27 mars [1814] – lettre complémentaire ........................................ 1052 [Laplace] à [Groslier], 2 avril 1814 ............................................... 1053 [Madame Laplace] à Groslier, 2 avril [1814] – lettre complémentaire........................................... 1053 [Madame Laplace] à Emile Laplace, 2 avril [1814] – lettre complémentaire........................................... 1055 [Laplace] à Emile Laplace, 12 avril [1814]................................... 1056 Louis [XVIII] et Montesquiou à Laplace, 30 mai 1814 ............... 1056 William Herschel à Laplace, 14 juin 1814 – brouillon ................. 1057 Laplace à William Herschel, 17 juillet 1814 ................................. 1058 document, 4 août 1814 ................................................................... 1059 reçu, 8 août 1814 ............................................................................ 1060 reçu, 26 août 1814 .......................................................................... 1061 Laplace à Sémonville, [octobre] 1814 ........................................... 1062 Laplace à Prévost, 30 novembre 1814........................................... 1063 [Laplace] à [Staël], 1er décembre 1814 ......................................... 1064 Laplace à [Schubert], 12 décembre 1814 ...................................... 1064 [Laplace] à [?], 13 décembre 1814 – sans description .................. 1065 [Madame Laplace] à Emile Laplace, [1814] – lettre complémentaire....................................................... 1066 Laplace à [Schubert], [après 1814] ................................................ 1067 [Prévost] à Laplace, 18 janvier 1815 – copie ................................ 1068 reçu, 23 janvier 1815...................................................................... 1069 Laplace à [Fouché], 25 mars 1815................................................. 1069
1378
867. 868. 869. 870. 871. 872. 873. 874. 875. 876. 877. 878. 879. 880. 881. 882. 883. 884. 885. 886. 887. 888. 889. 890. 891. 892. 893. 894. 895. 896. 897. 898. 899. 900. 901. 902. 903.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à [?], 25 mars 1815 – sans description............................. 1070 document, 11 avril 1815................................................................. 1070 reçu, 1er août 1815 ......................................................................... 1071 Laplace à [?], 22 septembre 1815 – sans description .................... 1072 Laplace à Gauss, 23 septembre 1815............................................. 1073 Louis [XVIII] à Laplace, 4 octobre 1815 ...................................... 1074 Laplace à [Tralles], 25 octobre 1815 ............................................. 1075 Laplace à Blagden, 25 octobre 1815 ............................................. 1076 Laplace à Prévost, [octobre 1815] ................................................. 1077 Laplace à [?], octobre 1815 – description...................................... 1078 Laplace à Madame Laplace, 10 novembre 1815........................... 1078 [Prévost] à Laplace, 10 novembre 1815 – copie ........................... 1079 [Blagden] à Laplace, 10 décembre 1815 ....................................... 1081 [Laplace] à [?], 20 décembre 1815 – fragment.............................. 1083 Madame Pastoret à Laplace, [après 1815]..................................... 1085 [Laplace] à la Comtesse de Rumford, 8 janvier [1816] ................ 1086 Laplace à Arago, 25 mars 1816 ..................................................... 1087 document, mars 1816 ..................................................................... 1088 [Laplace] à [Vaublanc], [mars 1816] – brouillon........................... 1088 document, 11 avril 1816................................................................. 1089 document, 11 avril 1816 – copie .................................................... 1090 Andrieux à Monsieur et Madame Laplace, 12 avril [1816].......... 1091 Laplace à Blagden, 14 avril 1816 .................................................. 1091 Laplace à [Marielle], 1er mai 1816 ................................................ 1093 Catherine Portes à Laplace, 21 mai 1816 ...................................... 1093 Laplace à [Marielle], 31 mai 1816................................................. 1094 Laplace à Delambre, 3 juillet 1816................................................ 1095 Laplace à [?], 6 juillet 1816 ........................................................... 1095 Laplace à [?], 1er août 1816 ........................................................... 1096 document, 17 août 1816 ................................................................. 1097 [Fourier] à [Laplace], [août 1816] – brouillon............................... 1098 Laplace à [Paulinier de Fontenille], 16 septembre 1816............... 1099 Laplace à Lindenau, 18 septembre 1816 – copie........................... 1100 Laplace à la Comtesse de Rumford, 26 septembre 1816 .............. 1102 [Laplace] à [?], 15 novembre 1816 – description.......................... 1103 Laplace à la Comtesse de Rumford, [1816 ou 1817].................... 1104 [Laplace] à Delambre, [après 1816] – fragment ............................ 1105
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
904. 905. 906. 907. 908. 909. 910. 911. 912. 913. 914. 915. 916. 917. 918. 919. 920. 921. 922. 923. 924. 925. 926. 927. 928. 929. 930. 931. 932. 933. 934. 935. 936. 937. 938.
1379
Laplace à Carrey, [après 1816] ...................................................... 1105 [Laplace] à Raynouard, [après 1816] – fragment .......................... 1106 Laplace à [Delambre], [après 1816] .............................................. 1107 Laplace à Le Canu, 9 février 1817 – sans description .................. 1107 Macdonald à Laplace, 14 février 1817 .......................................... 1108 document, 11 juin 1817 – copie ..................................................... 1109 Laplace à [Clarke], 16 juillet 1817 ................................................ 1110 Laplace à [Corvetto], 30 juillet 1817............................................. 1111 Laplace à Puissant, 2 août [1817] – sans description .................... 1112 document, 8 août 1817 ................................................................... 1112 document, 22 août 1817 ................................................................. 1113 Laplace à [Corvetto], 26 août 1817 ............................................... 1114 Laplace à [Young], 6 octobre 1817................................................ 1116 déclaration, 9 octobre 1817 ............................................................ 1118 document, 10 octobre 1817 ............................................................ 1119 Laplace à [Svanberg], 14 février 1818 .......................................... 1121 Laplace à Puissant, 24 février 1818............................................... 1122 [Laplace] à Corvetto, 18 avril 1818 – description ......................... 1123 Laplace à [Cuvier], 4 mai [1818]................................................... 1123 Laplace à [Fabbroni], 24 mai 1818................................................ 1124 [Emile Laplace] à Laplace, 28 mai [1818] .................................... 1125 Madame Laplace à [?], 29 juin 1818 – lettre complémentaire ............................................ 1126 [Laplace] à [Mudge] via Arago, 30 août 1818.............................. 1127 Colin à Madame Laplace, 20 octobre 1818 – lettre complémentaire....................................... 1128 reçu, 6 novembre 1818................................................................... 1129 reçu, 5 janvier 1819........................................................................ 1131 reçu, 12 janvier 1819...................................................................... 1132 [Laplace] à Arago, 26 janvier 1819 – description ......................... 1132 [Laplace] à Mirbel, 27 janvier 1819 – description ........................ 1133 Laplace à Olbers, 8 avril 1819....................................................... 1134 document, 30 avril 1819................................................................. 1135 document, 31 mai 1819 .................................................................. 1136 Sémonville à Laplace, 5 juin 1819 ................................................ 1138 document, [10 juillet 1819] 6 février 1821 ................................... 1138 document, 12 novembre 1819 ........................................................ 1139
1380
939. 940. 941. 942. 943. 944. 945. 946. 947. 948. 949. 950. 951. 952. 953. 954. 955. 956. 957. 958. 959. 960. 961. 962. 963. 964. 965. 966. 967. 968. 969. 970. 971. 972. 973. 974. 975.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à [Madame Courcier], 17 novembre 1819....................... 1140 reçu, 8 décembre 1819 ................................................................... 1141 document, 1819 .............................................................................. 1141 reçu, 20 février 1820 ...................................................................... 1143 [Laplace] à Plana, 23 février 1820 – copie.................................... 1143 document, 15 mars 1820 ................................................................ 1144 [Laplace] à Plana, 31 mars 1820 – copie....................................... 1145 Hutton à Laplace, [avril 1820] ....................................................... 1148 Laplace à [Fabbroni], 1er avril 1820.............................................. 1152 [Carlini] à [Plana], [20 mai 1820] – lettre complémentaire .......... 1153 Tavel à [Laplace, 3 juin 1820 ........................................................ 1155 Laplace à [?], 15 juillet 1820 – sans description ........................... 1157 reçu, 18 juillet 1820 ....................................................................... 1157 Laplace à Gauss, 4 septembre 1820............................................... 1158 [Plana] à [Laplace], 8 septembre 1820 – copie ............................. 1159 [Laplace] à Hutton, 11 septembre 1820 – description ................... 1161 Gauss à Laplace, 13 septembre 1820............................................. 1162 [Laplace] à Plana, 18 septembre 1820 – copie .............................. 1163 Laplace à Plana, 13 octobre 1820 – copie ..................................... 1166 Gauss à Laplace, 9 novembre 1820 – copie .................................. 1167 Laplace à [?], 29 décembre 1820................................................... 1169 Laplace à [Gauss], [1820/1821] ..................................................... 1170 Hestermann à Laplace, [1820] ....................................................... 1170 Laplace à Emile Laplace, [1820] ................................................... 1171 Laplace à Emile Laplace, [1820] ................................................... 1172 reçu, 9 janvier 1821........................................................................ 1173 document, 18 janvier 1821............................................................. 1174 Gauss à Laplace, 5 mars 1821 – copie........................................... 1175 Serre à Laplace, 5 mai 1821 .......................................................... 1178 document, 11 mai 1821 .................................................................. 1179 Fleury à Laplace, 23 mai 1821 ...................................................... 1180 [Olbers] à [Laplace], 3 juin 1821 – brouillon................................ 1180 [Laplace] à [Groslier], [7 juillet 1821] .......................................... 1182 Scott à Groslier, 31 juillet 1821 – lettre complémentaire.............. 1183 Gauss à [Laplace], 4 août 1821 – copie......................................... 1184 Laplace à Hauterive, 31 août 1821 ................................................ 1185 reçu, 5 septembre 1821 .................................................................. 1186
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
976. 977. 978. 979. 980. 981. 982. 983. 984. 985. 986. 987. 988. 989. 990. 991. 992. 993. 994. 995. 996. 997. 998. 999. 1000. 1001. 1002. 1003. 1004. 1005. 1006. 1007. 1008.
1381
Laplace à La Rochefoucauld-[Liancourt], 15 octobre [1821]....... 1186 Ramond [de Carbonnières] à Madame Laplace, 15 octobre 1821 – lettre complémentaire....................................... 1187 Laplace à Plana, 23 octobre 1821 – copie ..................................... 1188 Laplace à Fleury, 24 octobre 1821................................................. 1190 Laplace à Raynouard, [1821] – description ................................... 1191 [Laplace] à [Louis XVIII], [1821] – brouillon .............................. 1191 Laplace à [Louis XVIII], [1821] – brouillon ................................. 1192 reçu, 1er janvier 1822 ..................................................................... 1193 Haüy à Madame Laplace, 13 janvier 1822 – lettre complémentaire........................................ 1194 Massias à [Laplace], 20 janvier 1822 ............................................ 1195 John Herschel à Laplace, 21 janvier 1822 – brouillon .................. 1195 Laplace à [Maurice], 24 février 1822 ............................................ 1196 Laplace à [John Herschel], 25 février 1822 .................................. 1197 Laplace à [Plana], 15 mars 1822 ................................................... 1198 Laplace à [John Herschel], 10 avril 1822...................................... 1201 Laplace à Ampère, [7 mai 1822] ................................................... 1202 Laplace au [Duc d’Angoulême], 11 juin 1822 – brouillon ........... 1202 Laplace à Bürg, 12 juillet [1822]................................................... 1203 Laplace à [John Herschel], 16 juillet 1822.................................... 1204 document, 24 août 1822 ................................................................. 1205 Laplace à Boilly, 31 août 1822 ...................................................... 1206 Laplace à Humboldt, 25 octobre 1822........................................... 1207 [Laplace] à Ferrand, 6 novembre 1822 – fragment ....................... 1208 reçu, 23 novembre 1822................................................................. 1209 Laplace à Emile Laplace, 25 novembre 1822 ............................... 1209 Laplace à [?], 29 novembre 1822 – description............................. 1210 John Herschel à Laplace, 21 décembre 1822 ................................ 1211 [Madame Laplace] à [Emile Laplace], [1822] – lettre complémentaire....................................................... 1212 Evain à Laplace, [1822] ................................................................. 1213 Madame Berthollet à Madame Laplace, 22 janvier 1823 – lettre complémentaire........................................ 1215 [Emile Laplace] à Laplace, 15 mars 1823..................................... 1216 Laplace et Madame Laplace à Emile Laplace, 11 avril 1823....... 1217 Laplace à [John Herschel], 18 avril 1823...................................... 1218
1382
1009. 1010. 1011. 1012. 1013. 1014. 1015. 1016. 1017. 1018. 1019. 1020. 1021. 1022. 1023. 1024. 1025. 1026. 1027. 1028. 1029. 1030. 1031. 1032. 1033. 1034. 1035. 1036. 1037. 1038. 1039. 1040. 1041. 1042.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace et [Madame Laplace] à Emile Laplace, 21 avril 1823 .... 1220 reçu, 22 avril 1823 ......................................................................... 1221 document, 24 avril 1823................................................................. 1221 Laplace et Madame Laplace à Emile Laplace, 26 avril 1823....... 1223 Laplace à Plana, 23 mai 1823 – copie ........................................... 1224 Scot à [Groslier], 2 juin 1823 – lettre complémentaire ................. 1226 Scot à [Groslier], 13 juin 1823 – lettre complémentaire ............... 1227 reçu, 8 juillet 1823 ......................................................................... 1228 Bürg à Laplace, 17 juillet 1823 – sans description – copie en allemand........................................................................ 1228 document, 15 août 1823 ................................................................. 1229 Dureau de laMalle à Madame Laplace, 1er septembre 1823 – lettre complémentaire.................................. 1230 [Madame Laplace] à Laplace, 23 octobre 1823 ............................ 1232 reçu, 1er décembre 1823................................................................. 1233 Laplace à Biot, [1823].................................................................... 1234 Laplace à [Davy], 5 janvier 1824 .................................................. 1235 [Laplace] à [Davy], [probablement 5 janvier 1824 ou 25 février 1825] – brouillon..... 1236 Laplace à Metternich, 12 janvier 1824 .......................................... 1237 document, 9 février 1824 ............................................................... 1238 document, 23 février 1824 ............................................................. 1240 Louize à Laplace, 28 février 1824 ................................................. 1241 [John Herschel] à [Laplace], 18 mars 1824 – copie ...................... 1242 Polignac à Laplace, 1er avril 1824 ................................................. 1244 reçu, 2 avril 1824 ........................................................................... 1245 reçu, 21 mai 1824........................................................................... 1246 Emile Laplace à Laplace, 16 juin 1824 ......................................... 1247 [Laplace] à Plana, 28 juin 1824 – copie ........................................ 1248 reçu, 12 juillet 1824 ....................................................................... 1249 Laplace à Mary Somerville, 15 août 1824 .................................... 1250 Laplace à Fourier, 2 septembre 1824............................................. 1251 Laplace à Maurice, 26 septembre 1824 ......................................... 1252 [Madame Laplace] à Laplace, [19 octobre 1824].......................... 1253 [Madame Laplace] à Laplace, 25 octobre 1824 ............................ 1254 [Madame Laplace] à Laplace, [26 octobre 1824].......................... 1255 [Madame Laplace] à Laplace, 29 octobre [1824].......................... 1256
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
1043. 1044. 1045. 1046. 1047. 1048. 1049. 1050. 1051. 1052. 1053. 1054. 1055. 1056. 1057. 1058. 1059. 1060. 1061. 1062. 1063. 1064. 1065. 1066. 1067. 1068. 1069. 1070. 1071. 1072. 1073. 1074. 1075. 1076. 1077.
1383
[Madame Laplace] à Laplace, 30 octobre [1824].......................... 1257 [Madame Laplace] à Laplace, 2 novembre 1824 .......................... 1258 Laplace à [John Herschel], 4 novembre 1824 ............................... 1259 [Madame Laplace] à Laplace, [6 novembre 1824]........................ 1261 [Madame Laplace] à Laplace, [7 novembre 1824]........................ 1262 [Madame Laplace] à Laplace, 9 novembre 1824 .......................... 1263 [Madame Laplace] à Laplace, 17 novembre [1824]...................... 1264 [Madame Laplace] à Laplace, 19 novembre 1824 ........................ 1265 Maisonfort à [Laplace], 24 novembre 1824 .................................. 1265 reçu, 1er décembre 1824................................................................. 1267 reçu, 19 janvier 1825...................................................................... 1269 Laplace à [?], 22 janvier 1825 – description ................................. 1269 Laplace à Davy, 21 février 1825 – description .............................. 1270 Laplace à Metternich, 6 avril 1825................................................ 1270 [Sémonville] à [Laplace], 8 avril 1825.......................................... 1271 [John Herschel] à [Laplace], [3 mai 1825] – brouillon ................. 1272 reçu, 23 mai 1825........................................................................... 1274 Angélique de Portes à [Emile] Laplace, 31 mai 1825 – lettre complémentaire............................................. 1275 Laplace à Follebarbe, 3 juillet 1825 – fragment............................ 1276 Madame Biot à Madame Laplace, 22 juillet [1825] – lettre complémentaire....................................... 1276 Laplace à Madame Biot, 27 juillet [1825]..................................... 1278 Laplace à Humboldt, 25 août 1825................................................ 1279 Laplace à [John Herschel], 30 août 1825 ...................................... 1280 reçu, 1er septembre 1825 ................................................................ 1282 reçu, 10 septembre 1825 ................................................................ 1283 reçu, 11 septembre 1825................................................................. 1284 Laplace à Madame Laplace, 23 septembre [1825]........................ 1284 Laplace à Maurice, 25 septembre 1825 ......................................... 1285 Laplace à Fleury, 28 octobre 1825................................................. 1286 [Madame Laplace] à Laplace, [30 octobre 1825].......................... 1287 [Madame Laplace] à Laplace, 1er novembre [1825] ..................... 1288 [Madame Laplace] à Laplace, [11 novembre 1825]...................... 1289 [Madame Laplace] à Laplace, 14 [novembre] 1825...................... 1290 [Madame Laplace] à Laplace, [17 novembre 1825]...................... 1291 Laplace à Follebarbe, 17 novembre 1825 – sans description........ 1291
1384
1078. 1079. 1080. 1081. 1082. 1083. 1084. 1085. 1086. 1087. 1088. 1089. 1090. 1091. 1092. 1093. 1094. 1095. 1096. 1097. 1098. 1099. 1100. 1101. 1102. 1103. 1104. 1105. 1106. 1107. 1108. 1109. 1110.
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Laplace à Madame Laplace, 26 novembre 1825........................... 1292 Charles [X] à Laplace, 22 décembre 1825 .................................... 1293 Laplace à [Emile] Laplace, [1825] ................................................ 1293 Laplace à [?], 24 janvier 1826 ....................................................... 1295 Duras à Laplace, 8 mars 1826 ....................................................... 1296 Beau à Laplace, 18 mars 1826....................................................... 1297 Laplace à Mary Somerville, 28 avril 1826 .................................... 1298 Bouvard à [Madame Laplace], 24 mai 1826 – lettre complémentaire............................................. 1299 Laplace à Follebarbe, 11 juin 1826................................................ 1300 [Laplace] à Plana, 15 juin 1826 – fragment................................... 1301 reçu, 10 juillet 1826 ....................................................................... 1304 Eichhorn à Laplace, 26 juillet 1826 – copie .................................. 1305 document, 16 août 1826 – description ........................................... 1306 Fleury à Laplace, 12 septembre 1826............................................ 1306 [Madame Laplace] à Laplace, [20 septembre 1826] ..................... 1307 [Madame Laplace] à Laplace, [21 septembre 1826] ..................... 1308 [Madame Laplace] à Laplace, 22 septembre [1826] ..................... 1309 [Madame Laplace] à Laplace, [24 septembre 1826] ..................... 1310 [Madame Laplace] à Laplace, 25 [septembre 1826] ..................... 1311 Laplace à Madame Laplace, [25 septembre 1826]........................ 1312 [Madame Laplace] à Laplace, 26 septembre [1826] ..................... 1313 [Madame Laplace] à Laplace, [28 septembre 1826] ..................... 1314 [Madame Laplace] à Laplace, 29 septembre [1826] ..................... 1315 [Madame Laplace] à Laplace, 30 septembre [1826] ..................... 1316 [Madame Laplace] à Laplace, 2 octobre [1826]............................ 1317 [Madame Laplace] à Laplace, [4 octobre 1826]............................ 1318 [Madame Laplace] à Laplace, [5 octobre 1826]............................ 1318 Laplace à Say, 8 octobre 1826 ....................................................... 1319 Andrieux à Madame Laplace, 25 novembre 1826 – lettre complémentaire................................... 1320 Laplace à Roger, 22 janvier 1827 .................................................. 1323 Madame Laplace à Fermon, 22 février [1827] – lettre complémentaire ..................................... 1323 Madame Laplace à Fermon, 24 février 1827 – lettre complémentaire ........................................ 1324 Cessac à Madame Laplace, 5 mars 1827 – lettre complémentaire ............................................. 1325
TABLE GÉNÉRALE DES LETTRES ET DOCUMENTS
1385
1111. Billy à [Madame Laplace], 5 mars 1827 – lettre complémentaire ............................................. 1326 1112. Pariset à Madame Laplace, 6 mars 1827 – lettre complémentaire ............................................. 1327 1113. document, [6 mars 1827] ............................................................... 1327 1114. [Madame Laplace] à [Emile] Laplace, [7 mars 1827] – lettre complémentaire .......................................... 1328 1115. Gautier à Madame Laplace, 10 mars 1827 – lettre complémentaire ........................................... 1329 1116. Gambart à [Madame Laplace], 10 mars 1827 – lettre complémentaire ........................................... 1330 1117. document, 12 mars 1827 ................................................................ 1331 1118. Drouot à [Madame Laplace], 12 mars 1827 – lettre complémentaire ........................................... 1332 1119. Broval à [Madame Laplace], 15 mars 1827 – lettre complémentaire ........................................... 1333 1120. document, [mars 1827 ?] ................................................................ 1334 1121. document, s.d.................................................................................. 1337 1122. [Laplace] à Bouvard, s.d. – description ......................................... 1338 1123. Daru à Laplace, 13 novembre [?] .................................................. 1338 1124. Laplace à Delambre, s.d. – sans description .................................. 1339 1125. Laplace à Delambre, 26 floréal [?] ................................................ 1339 1126. Laplace à Delambre, s.d. ................................................................ 1340 1127. Laplace à [Delambre], s.d. – fragment........................................... 1340 1128. [Fourier] à Laplace, s.d. [1808 ?] – brouillon ................................ 1341 1129. Laplace à Halma, s.d. – sans description ....................................... 1343 1130. Henrion [de Pansey] à Laplace, s.d. .............................................. 1344 1131. [Laplace] à L’Espinasse, s.d. – description .................................... 1345 1132. Laplace à Nicolo, s.d. – sans description ....................................... 1345 1133. Laplace à [Madame Prony], s.d. .................................................... 1345 1134. Laplace à Puissant, s.d. – sans description .................................... 1346 1135. Laplace à Silvestre, 4 ventôse [?] .................................................. 1346 1136. Laplace à [?], s.d. – sans description ............................................. 1347 1137. Laplace à [?], s.d. – sans description ............................................. 1347
INDEX DES NOMS DE PERSONNES A Abancourt, Charles Xavier Franqueville d’ (1759-1792), 369, 369n Aboville, François Marie, Comte d’ (17301817), 571 Abrial, André Joseph, Comte (1750-1828), 795, 856 Achard, Franz Karl (1753-1821), 121 Acres, Baron des, voir : Florent, Henri Louis Adam de la Pommeraye, François Anastase (1779-1832), 1241, 1241n Adet, Pierre Auguste (1763-1834), 517 Aepinus, Franz Ulrich Theodosius (17241802), 240 Agoult, Pierre André Nicolas d’ (17331801), 369, 374 Aigrefeuille (?-?), 625 Aigremont de Saint Manvieux, Jean Baptiste Augustin (1761-1837), 1241 Albatenius, voir : Battani Aldini, Antonio (1755-1826), 876 Alembert, Jean le Rond d’ (1717-1783), 1-2, 9, 11-12, 37-41, 49, 54, 63, 66-67, 69, 75, 79, 87-89, 98, 113, 118, 130, 143, 149, 1153, 1224 Alexandre le Grand (356-323 av. J.C.), 524 Alexandre (prénom), 1055 Allaize (?-?), 168, 197, 214, 298, 301, 386 Ampère, André Marie (1775-1836), 1202 Andréossy, Antoine François, Comte d’ (1761-1828), 694
Andrieux, François Guillaume Jean Stanislas (1759-1833), 747, 776, 1091, 1320-1321 Angoulême, Louis Antoine de Bourbon, Duc d’ (1775-1844), 1141, 1202-1203, 1223, 1292, 1292n, 1295, 1295n, 1309, 1309n Angoulême, Marie Thérèse Charlotte de France, Duchesse d’ (1778-1851), 1223 Anisson-Duperron, Etienne Alexandre Jacques (1749-1794), 157, 182, 190 Annequin (?-?), 567 Anquetil, Louis Pierre (1723-1806), 446 Antoine, Marguerite Denise (?-?), 269 Apers (?-?), 940 Arago, Dominique François Jean (17861853), 790, 822, 822n, 824, 824n, 901, 933, 1070n, 1087, 1087n, 1104, 1127, 1132-1133, 1219, 1229, 1242-1243 Arbogast, Louis François Antoine (17591805), 177, 392 Arcet, Jean d’ (1725-1801), 390 Archimède (287-212 av. J.C.), 68 Arfvedson, Carl Kristoffer (1735-1826), 353 Aristote (384-322 av. J.C.), 1154 Arrouent (?-?), 396 Arthur, Marie Suzanne (?-?), 366 Arthur, Robert Jean Jacques (1761-1794), 247, 254, 263-264, 312, 352, 365, 382 Askoff, Princesse d’ (?-?), 99 Aubin (?-?),449 Audenet (?-?), 1061 Auger, Louis Simon (1772-1829), 1089, 1124
1388
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Augez de Villers, Clément (?-?), 86 Avogadro, Amedeo (1776-1856), 1226 Ayen, Duc d’, voir : Noailles, Duc de
B Babbage, Charles (1792-1871), 1205, 1212 Bachelier, Jean Jacques (1724-1806), 442 Baciocchi, Elisa, née Bonaparte (17771820), 767, 767n, 769-781, 791, 793795, 797-800, 802-803, 808-821, 823824, 843-847, 849, 860, 874-875, 894, 897-898, 903, 998-999, 1012, 1012n, 1044-1045 Baciocchi, Felice Pascuale (1772-1841), 756-757, 769, 771-773, 778-779, 781, 793, 795, 798, 800, 803, 808, 811-812, 814, 816, 818, 820, 847, 874 Baillet (?-?), 386 Bailliet (?-?), 382 Bailly, Jean Sylvain (1736-1793), 220, 1219 Baily, Francis (1774-1844), 1243 Balguerie, Pierre (1768-1830), 728, 728n, 729, 738-739, 750-751, 754 Banks, Sir Joseph (1743-1820), 149, 636637, 702, 1092, 1158 Barailon, Jean François (1743-1816), 431 Barbé-Marbois, François (1745-1837), 755, 755n Barbier, Antoine Alexandre (1765-1825), 602, 605 Barde, Mme, née Mayor (?-?), 220 Baron, Louis (?-?), 316, 352, 365, 367 Barrois, Louis François (?-?), 162, 270 Barruel, Etienne Marie (1749-1818), 532 Barthez, Paul Joseph (1734-1806), 814 Bassano, Duc de, voir : Maret, Hugues Bernard Battani, al (c.858-c.929), 529, 535 Baud, Jean Marie (1776-1852), 725 Baudin des Ardennes, Pierre Charles Louis (1748-1799), 451
Baudouin, femme (?-?), 959 Baudry (?-?), 1054 Baumé, Antoine (1728-1804), 377 Bavière, Auguste Amélie de, vice-Reine d’Italie (1788-1851), 798, 798n Bayly, William (1738-1810), 1149 Beau (?-?), 1297, 1304 Beau, Alexandre François (?-?), 618 Beaufort, Francis (1774-1857), 1299 Beaufort d’Hautpoul, Benoît Magdeleine Edouard (1782-1831), 1109 Beauharnais, vice-Reine d’Italie, voir : Bavière Beauharnais, Eugène Rose de, vice-Roi d’Italie (1781-1824), 795, 795n, 921, 921n Beauharnais, François, Marquis de (17561823), 822, 822n, 824-825, 825n Beauharnais, Hortense Eugénie, Reine de Hollande (1783-1837), 803, 803n Beaulieu (?-?), 424 Beaupoil, Louis de, Comte de SainteAulaire (1778-1841), 479, 485 Beauvernet (?-?), 747 Beccaria, Giambatista (1716-1781), 1161 Béchet, Charles (?-?), 1269, 1283 Bellamy (?-?), 247 Bellequin (?-?), 418 Bellequoy (?-?), 417 Belleville, voir : Redon de Belleville Bénévent, Prince de, voir : TalleyrandPérigord Bénézech, Pierre (1749-1802), 433, 438, 438n, 439, 448, 448n, 452, 452n, 453, 462, 462n, 468, 468n, 469, 469n, 474, 474n, 484, 484n, 485, 495, 495n Bérard, Jacques Etienne (1789-1869), 1200 Bérigny, Charles (1772-1842), 1109 Bernoulli, Daniel (1700-1782), 18, 49, 481, 1224 Bernoulli, Jean III (1744-1807), 49, 62, 79, 136, 142 Berry, Marie Caroline, Duchesse de (17981870), 1132
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Berthier, Louis Alexandre, Prince de Neufchâtel, Prince de Wagram (17531815), 598n, 607, 607n, 615, 615n, 616, 660, 660n, 661, 661n, 664, 664n, 841, 841n, 982, 982n, 983, 983n, 1012, 1012n, 1037, 1037n, 1052, 1052n, 1055, 1055n Berthollet, Claude Louis (1748-1822), 111, 176, 180, 183, 203, 230, 256, 392, 432, 436, 457, 461-462, 466, 518, 527, 552, 641-642, 652, 656, 735, 768-769, 772, 788, 795, 798, 800, 803, 808, 810, 813, 815, 818, 820, 835, 835n, 836, 870, 896, 902, 945, 1021, 1054, 1066, 1081, 1091, 1155, 1208, 1212, 1215 Berthollet, Marie Marguerite, née Baur (?-1828), 461, 518, 551-552, 641-642, 795, 800, 803, 808, 810, 813, 815, 835, 1054, 1066, 1215, 1319 Berthoud, Ferdinand (1727-1807), 1193 Berthoud, Pierre Louis (1754-1813), 687 Bertier de Sauvigny, Louis Bénigne François de (1737-1789), 173, 190 Bertin, Henri Léonard Jean Baptiste (1720-1792), 186 Bertonne, Jean (?-?), 417-418 Bertrand, Louis (1731-1812), 147, 154 Besnardi (?-?), 274, 305 Bessel, Friedrich Wilhelm (1784-1846), 977-978, 1007, 1075, 1279 Besson, Jean Marie (?-?), 758-760, 825, 838, 843 Bézout, Etienne (1730-1783), 49, 84, 98, 123-126, 128, 130, 143, 149, 211, 358, 441 Bézout, Veuve, voir : Mallard, Rose Cécile Bigot de Préameneu, Félix Julien Jean, Comte (1747-1825), 571 Billy, A. L. (?-?), 546-547, 550, 695-696, 1221, 1221n, 1222, 1326 Binet, Docteur (?-?), 839 Binet, René (1752-1812), 443 Biot, Jean Baptiste (1774-1862), 543, 554, 676-677, 768, 790, 798, 804, 808, 818, 822, 824, 883-884, 901, 901n,
1389
1091-1092, 1098, 1104, 1127, 1140, 1169, 1219, 1234, 1236, 1243, 1254, 1278 Biot, Françoise Gabrielle, née Brisson, (?-?), 776, 1276-1278, 1278n Bird, John (1709-1776), 522 Bitaubé, Paul Jérémie (1732-1808), 43, 47, 51, 65, 75 Bizot (?-?), 1 Blagden, Sir Charles (1748-1820), 111, 113, 115, 130, 148-150, 157, 159-167, 167n, 173, 173n, 174, 180-184, 187, 203-206, 223, 229-230, 239n, 271, 506, 790-791, 900-902, 910-911, 911n, 944-945, 968-970, 973, 10571058, 1076, 1081-1082, 1091-1092, 1092n, 1138-1139 Blainville, Henrie Marie Ducrotay de (1777-1850), 1148n Blair, Hugh (1718-1800), 880 Blanchelande, Philibert François Rouxel de (1735-1793), 248, 254 Blanpain, Jean Jacques (1799-1843), 1181, 1306, 1306n Blondel, Pierre (?-?), 927 Blouin, Jean Baptiste Antoine (17331785), 126 Bochart de Saron, Jean Baptiste Gaspard (1730-1794), 126, 143, 240, 275, 275n, 459n Bochaux (?-?), 622 Bode, Johann Elert (1747-1826), 342, 700, 740, 742, 1075 Bogaert, Charles (?-?), 927 Boilly, Louis Léopold (1761-1845), 1206 Boisbertrand, Etienne Tessière de (17801858), 1254 Bonaparte, Caroline, voir : Murat Bonaparte, Elisa, voir : Baciocchi Bonaparte, Hortense Eugénie de Beauharnais, voir : Hortense, Eugénie de Beauharnais Bonaparte, Jérôme (1784-1860), 966, 966n, 967 Bonaparte, Joseph, Roi de Naples (17681844), 609, 653, 724-725
1390
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Bonaparte, Joséphine, Impératrice, voir : Tascher de la Pagerie Bonaparte, Julie, née Clary, Reine de Naples (1771-1845), 653, 725, 791 Bonaparte, Louis (1778-1846), 803, 803n Bonaparte, Lucien (1775-1840), 631, 726, 922 Bonaparte, Maria Laetizia, née Ramolino (1749-1836), 803, 803n Bonaparte, Marie Louise, Impératrice (1791-1847), 1037, 1053 Bonaparte, Napoléon (1769-1821), 198, 510-512, 516, 551-552, 556, 560n, 562, 628, 630-632, 651-652, 686-687, 703, 703n, 710-711, 717-719, 734, 743, 745, 748, 770, 823-824, 835, 922-923, 949-950, 992, 1096n Bonaparte, Pauline (1780-1825), 811, 811n, 821 Bonnard, Augustin Henri (1781-1857), 1109 Bonnard (?-?), 504 Bonnay, Charles François, Marquis de (1750-1825), 1155, 1155n Bonne, Charles Rigobert Marie (17711839), 1109 Bonneval (?-?), 611 Bonneville, Nicolas (1760-1828), 447, 528, 549 Borda, Jean Charles (1733-1799), 189, 379, 392, 397, 428n, 468, 470-473, 510, 516, 608, 790, 837, 1117, 1281 Bordeaux, Duc de, voir : Bourbon Henri de Borelle (?-?), 839 Bory, Gabriel (1720-1801), 390 Bosc d’Antic, Louis Augustin Guillaume (1759-1828), 576n Boškoviü, Rudjer Josip (1711-1787), 28, 51, 55, 876-877, 886-887, 902, 953954 Bossange, Martin (1765-1865), 626, 758, 760, 825, 838, 843 Bossut, Charles (1730-1814), 98, 125127, 463, 481, 481n, 505, 507, 515, 532, 540, 544, 554, 594-595, 694
Boucher de la Richarderie, Gilles (17331810), 419 Bouchotte, Jean Baptiste Noël (17541840), 384, 384n Bougainville, Louis Antoine, Comte de (1729-1811), 636-637 Bouguer, Pierre (1698-1758), 28 Bouillé, Louis Aspais (?-?), 391, 418, 437 Bouillon-Lagrange, Edme Jean Baptiste (1764-1844), 537 Boulard, Antoine Marie Henri (17541825), 648 Boullée, Etienne Louis (1728-1799), 446, 537 Bourbon, Henri de, Duc de Bordeaux, Comte de Chambord (1820-1883), 1178, 1191, 1191n Bourdon de Vatry, Marc Antoine, Baron (1761-1828), 562, 562n Bourdier (?-?), 1060-1061 Bourgeois de Jessaint, Claude Laurent (1764-1853), 1309, 1309n Bourru, Edme Claude (1741-1823), 429, 432, 436, 471-473 Boutin (?-?), 210 Bouton de Souville, Alexandre François (?-?), 256 Boutrain (?-?), 1139 Bouvard, Alexis (1767-1843), 491, 494, 502-504, 511, 523-525, 528, 536, 542, 542n, 543, 545, 639, 666, 669-670, 675, 680, 690, 693, 699, 705, 708, 741, 761-763, 863, 864n, 960, 966, 978, 1065, 1073, 1101, 1104, 1134, 1165, 1224, 1238, 1243, 1275, 1288, 1291, 1298, 1299-1300, 1312, 1314, 1317, 1319, 1329, 1335-1336, 1338 Bouvet, Comte de (?-?), 210, 210n, 211 Boyenvas (?-?), 226 Brack (?-?), 96, 118-119, 208 Bradley, James (1693-1762), 491, 503, 519, 526, 638, 669-670, 675, 681-682, 704, 706-707, 761, 957, 970, 977-978, 1007-1008, 1073, 1204, 1243 Brahe, Tycho (1546-1601), 503, 536
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Bral, Pierre (?-?), 947 Braunier (?-?), 375 Bréchainville, voir : Molerat de Bréchainville Bréguet, Louis Antoine (?-?), 1104, 1193 Brial, Michel Jean Joseph (1743-1828), 1032 Brisac (?-?), 591 Brisbane, Sir Thomas Makdougall (17731860), 1092, 1181 Brisson, Mathurin Jacques (1723-1806), 377, 392, 431-432, 434-436, 443, 468, 470-473, 626 Brongniart, Alexandre (1770-1847), 442, 642, 1152 Brossier, Simon Pierre (1756-1832), 1109 Brousseaud, Jean Baptiste Mathurin (17761840), 1144, 1160, 1166, 1189, 1226, 1260 Broussonet, Pierre Marie Auguste (17611807), 173, 180, 183, 464, 476-477 Broval, Chevalier (?-?), 1333-1334 Brugnatelli, Luigi Valentino (1761-1818), 686 Brulart (?-?), 601 Brun, Joseph Antoine (?-?), 597 Brune, Guillaume Marie Anne (17631815), 647 Brunswick, Duc de, voir : Friedrich, Karl Wilhelm Buache de la Neuville, Jean Nicolas (1741-1825), 509, 511 Buffon, Georges Louis Leclerc, Comte de (1707-1788), 15-17, 26, 58, 65, 117, 165, 196, 1048 Bügge, Thomas (1740-1815), 683 Burckhardt, Johann Karl (1773-1825), 524, 526, 529, 646, 676, 678, 691, 957, 970, 970n, 987, 987n, 1065, 1101, 1104, 1134, 1181 Bürg, Johann Tobias (1766-1834), 633n, 638, 640, 668-670, 674-675, 677-678, 680-681, 698, 703, 705, 707-708, 957, 978, 988, 1065, 1134, 1203-1204, 1228
1391
Burrow, Reuben (1747-1792), 1149
C Cabanis, Pierre Jean Georges (17571808), 511, 511n, 512 Cachin, Joseph Marie François (17571825), 771n Cadillion (?-?), 912 Cadore, Duc de, voir : Champagny, Jean Baptiste Nompère de Caffarelli, Charles Ambroise du Falga (1758-1826), 647, 771, 771n Cagniard de Latour, Charles, Baron de (1777-1859), 1219 Cagnoli, Antonio (1743-1816), 697, 768, 772, 774 Cailhava, Jean François (1731-1813), 510, 557, 557n Calpaert, Pierre Jean (?-?), 941, 948 Cambacérès, Jean Jacques Régis de, Duc de Parme (1753-1824), 619, 619n, 652, 745-746, 746n, 814, 814n, 858, 861, 863, 907, 907n, 955n, 990, 990n, 1012, 1012n Campenon, François Nicolas Vincent (1771-1843), 1124 Camus, Armand Gaston (1740-1804), 636-637 Candolle, Augustin Pyrame (1778-1841), 1023 Caracciolo, Domenico (1715-1789), 51, 68, 79 Caraman, Victor Louis Charles Riquet, Marquis de (1762-1839), 1247-1248, 1259 Caraman, fils (?-?), 1247 Carlini, Francesco (1783-1862), 11441147, 1147n, 1153-1154, 1159, 1161, 1165, 1167, 1190, 1226, 1249 Carnot, Lazare Nicolas Marguerite, Comte (1753-1823), 463 Carrey, Jean Arsène (?-?), 1054-1055, 1105-1106
1392
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Cassini, Jean Dominique, Comte de (1748-1845), 180, 212, 221, 240, 267, 406, 583 Cassini de Thury, César François (17141784), 158, 229 Castellan (?-?), 747 Castries, Charles Eugène Gabriel de La Croix, Marquis de (1727-1801), 126127, 131, 131n, 132, 132n, 188, 188n, 189, 197 Catachou (sobriquet ou animal), 796, 800 Catherine (prénom), 1289 Cauchy, Augustin Louis (1789-1857), 1042 Cauchy, Louis François (1760-1848), 747, 995, 997, 1053, 1053n, 10541055, 1062, 1119, 1206, 1291 Caulaincourt, Armand Augustin Louis, Duc de Vicence (1773-1827), 10251026, 1028-1029, 1029n, 1032-1033, 1037, 1037n Caussin de Perceval, Jean Baptiste Jacques Antoine (1759-1835), 502-503, 524, 527, 529-530, 535, 542, 545, 635, 635n Caux de Blanquetot, Louis Victor (17751845), 1093, 1093n Cavallo, Tiberius (1749-1809), 164, 180 Cavendish, Henry (1731-1810), 113, 149, 162, 166, 166n, 173, 173n, 174, 180, 183-184, 203-206, 320, 329, 343, 347, 902, 902n, 910 Cavoleau, Jean Alexandre (1754-1839), 753 Cessac, Jeanne Marguerite, née de Bausset (?-?), 774 Cessac, Jean Girard Lacuée, Comte de (1752-1841), 564, 652, 774, 779, 794, 861, 871, 871n, 872, 1325 Cetto, Anton, Baron de (1756-1847), 709 Cetto, Mme de (?-?), 709 Chaban, François Louis René Mouchard, Comte de (1757-1814), 733 Chabrol de Crouzol, Christophe (17711836), 1312, 1312n, 1314, 1314n
Chabrol de Volvic, Gilbert Joseph Gaspard (1773-1843), 1240 Chadel, Pierre (?-?), 738 Chaix, Dom Joseph (1766-?), 822 Challopin (?-?), 855 Chambray, Georges, Marquis de (17831848), 1247 Champagny, Jean Baptiste de Nompère, Duc de Cadore (1756-1834), 804, 804n, 805, 822, 824-825, 1019, 1019n, 1020 Champorcix, Etienne François Xavier des Michels, Comte de Toul (1721-1807), 644 Chaignier, Philibert (?-?), 413 Changarnier, Nicolas (1756-1821), 609 Chapelle (?-?), 1245 Chaptal, Jean Antoine Claude, Comte de (1756-1832), 642, 645, 658, 658n, 659, 659n, 661, 661n, 663, 663n, 673, 673n, 684, 684n, 689, 689n, 694, 694n, 712, 722-723, 723n, 734, 736, 736n, 752, 752n, 769, 782, 782n, 808, 828, 842, 842n, 995, 995n, 1003, 1003n, 1012, 1015, 1049 Charbonnet, Pierre Mathias (1733-1815), 504 Charles X (1757-1836), 1257, 1275, 1278, 1292-1293, 1296, 1312 Charpit, Mme (?-?), 177 Charpit de Villecourt, Paul (?-1784), 177n Charritte, Michel François (1733-1816), 1040 Chartrette, Anne (?-?), 416, 418 Charvet, Marc Jean Baptiste (?-?), 597 Chaulnes, Louis Marie Joseph Romain d’Albert, Duc d’Ailly (1741-1792), 176 Chauvet (?-?), 1109 Chemin-Dupontès, Jean Baptiste (17611852), 401-403 Chenevix, Richard (1774-1830), 900, 911 Chenié (?-?), 1072
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Chénier, Marie Joseph Blaise de (17641811), 516-517, 537, 547, 553 Chevalier (?-?), 804 Chisson, Charles (1793-1810), 752-753 Chladni, Ernst Florenz Friedrich (17561827), 870-871, 871n Clairaut, Alexis Claude (1713-1765), 20, 47, 95, 98, 108, 460, 1248 Claret de Fleurieu, Charles Pierre, Comte de (1738-1810), 558, 561, 636-637 Clarke, Henri Jacques Guillaume, Duc de Feltre (1765-1818), 905, 905n, 1088, 1088n, 1099, 1099n, 1110, 1110n Clary, Marie Julie, voir : Bonaparte, Julie Claston, Jean Thomas (?-?), 515 Clément, Nicholas (1779-1841), 1200 Clément de Ris, Dominique (1750-1827), 765-766, 809, 861, 892 Codieu (?-?), 391, 407, 412, 418 Colbert, Jean Baptiste (1619-1683), 564 Colchen, Jean Victor, Comte de (17511830), 898 Colin, Barbe (?-?), 248 Colin, François Joseph (?-?), 248, 256, 1052, 1055, 1066, 1128, 1262 Collian (?-?), 437 Collot, Georges Henri Victor (17501805), 145, 145n, 155 Condorcet, Jean Antoine Nicolas Caritat, Marquis de (1743-1794), 3-7, 19, 34, 34n, 35-37, 47, 53, 63, 66, 69, 79, 98, 339 Conti, Mme (?-?), 821 Coquebert de Montbret, Charles Etienne (1755-1831), 513, 634-635 Corabœuf, Jean Baptiste (1771-1859), 479, 485 Cornudet, Joseph (?-?), 745 Corsini, Tommaso (1767-1856), 1124 Corvetto, Luigi Emanuele, Conte (17561821), 1111, 1111n, 1112, 1114-1115, 1123 Corvisart-Desmarets, Jean Nicolas, Baron (1755-1821), 592 Costaz, Louis (1767-1842), 475, 514 Coulomb, Charles Augustin (1736-1806), 228, 468
1393
Courcelles, de (?-?), 249 Courcier, Mme Veuve (?-?), 1050-1051, 1140-1141, 1179, 1179n, 1182 Courtin (?-?), 423, 425 Courty, Elisabeth (?-?), 247 Courty (?-?), 1041 Courty de Romange, César Auguste Pierre Marie (1773-?), 247-248 Courty de Romange, Jean Baptiste Joseph (1734-1824), 247, 254-256, 269, 312, 419-420, 565, 1061 Courty de Romange, Louis Hercule Marie Thimoléon Hortense (1777-1869), 248, 254, 769n, 1095 Courty de Romange, Marie Anne Charlotte, voir : Laplace, Marie Anne Charlotte Courty de Romange, Marie Hélène Angélique, née Molerat (?-?), 247, 254, 565 Cousin, Charles (?-?), 413 Cousin, Jacques Antoine Joseph (17391800), 229, 432, 435-436, 439, 453, 459n, 468, 470-473, 505, 515 Couttilliers (?-?), 1053 Couvret, Auguste (?-?), 995-997, 1002 Craig, John (1663-1731), 998, 998n Cramer, Jean Antoine (1757-1818), 220 Crawford, Adair (1748-1795), 142, 142n, 148, 148n, 150, 150n, 183 Crétet de Champmol, Emmanuel (17471809), 645 Crétin, Noël (?-?), 467-468, 468n Crottat (?-?), 830 Crouzol, Christophe André-Jean Chabrol de (1771-1836), 1312, 1312n, 1314, 1314n Curée, Jean François (1756-1835), 431 Cuvier, Jean Léopold Nicolas Frédéric, dit Georges, Baron (1769-1832), 442, 814, 897, 903, 1123-1124, 1335
D Dacier, Bon Joseph, Baron (1742-1833), 1340
1394
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Dagelet, Joseph le Paute (1751-1788), 168, 1008 D’Aigrefeuille, voir : Aigrefeuille Daiz (?-?), 866-867 Dalbarade, Jean (1743-1819), 409, 409n Dalby, Isaac (1744-1824), 790 Dalgot (?-?), 1301 Dalton, John (1766-1844), 1205 Dambreville, Etienne (?-?), 578, 578n, 579, 579n, 602, 602n, 603, 603n, 605, 605n, 614, 614n Damoiseau de Monfort, Marie Charles Théodore de (1768-1846), 1134, 1134n, 1147n, 1153-1154, 1164, 1166, 1181, 1189, 1227, 1236 Dangos, Jean Auguste (1744-1833), 653 Dante Alighieri (1265-1321), 1266 Dantzig, Duc de, voir : Lefebvre, François Joseph Darcet, Jean, voir : Arcet, Jean d’ Dargère (?-?), 1139 Darquier de Pellepoix, Augustin (17181802), 519-522 Daru, Martial Noël Pierre (1774-1827), 851, 851n Daru, Pierre Antoine Noël Mathieu Bruno, Comte (1767-1829), 892, 1338 D’Assy, Geoffroy (?-?), 274 Daubenton, Louis Jean Marie (17161800), 569, 592 Daubeny, John (?-?), 1139 Daunou, Pierre Claude François (17611840), 431, 446, 513, 713, 756, 859860, 889, 1029, 1031-1032, 1032n Dauphin, voir : Angoulême, Louis Antoine de Bourbon Davezon (?-?), 438 David, Jacques Louis (1748-1825), 723724, 724n David (?-?), 414 Davy, Sir Humphry (1778-1829), 1117, 1172, 1219, 1219n, 1235, 1235n, 1236-1237, 1270 Davy, Lady Jane (1780-1855), 1043, 1235-1237, 1270
Decrès, Denis Duc (1761-1820), 836, 836n, 837-838, 859, 859n Dedelay d’Agier, Pierre Claude Noël (1750-1827), 916 Defermon, Jacques (1752-1831), 571, 966, 966n De Forno (?-?), 358-359 Deheurles, Javotte (?-?), 800, 800n, 814816 Deheurles (?-?), 509, 541, 695, 814-815, 819 Dejoly (?-?), 367 Delaire (?-?), 839, 1060, 1062 Delambre, Jean Baptiste Joseph (17491822), 192, 192n, 193, 231, 231n, 232-237, 242-243, 243n, 245, 257, 264-266, 266n, 268, 268n, 271, 271n, 272-273, 273n, 274-275, 275n, 282283, 283n, 306-308, 340, 340n, 341342, 342n, 349-351, 351n, 379, 405406, 428n, 435, 459-460, 460n, 493495, 509-511, 515-516, 522, 525, 608, 608n, 635, 645, 670, 682, 687, 704707, 735, 761, 763, 826, 886, 987, 989, 1048, 1095, 1104-1105, 1107, 1107n, 1109, 1154, 1158, 1269, 13391340 Delambre, Mme (?-?), 1048, 1107, 1341 Delaroche, François (1781-1813), 1200 Delautre (?-?), 412 Deleyre, Alexandre (1726-1796), 431 Deluc, Jean André (1727-1817), 80, 80n, 81, 111, 111n, 112-114, 114n, 115, 129, 129n, 130, 135, 138, 146-147, 147n, 148-149, 154, 157, 157n, 158159, 162, 173, 180-181, 181n, 182, 185-188, 190, 190n, 191, 220, 223, 223n, 227, 227n, 228, 228n, 239, 239n, 240, 261-262, 304-305, 313314, 318-338, 343, 343n, 344-349, 349n, 378-380, 397, 397n, 506, 656 Deluc, fils (?-?), 185 Deluc, Mme (?-?), 185 Demarquette (?-?), 156 Demetz, Josse (?-?), 927, 930-931 De Parcieux (?-?), 446
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Desaudray, Charles Emmanuel Gaullard (1740-1832), 429, 470-471, 473 Des Bostard, Mme (?-?), 90 Descartes, René (1596-1650), 1116 Desgenettes (?-?), 132, 176 Deshayes, Catherine (?-?), 855 Deshautschamps, Michel Vandebergues (1732-1806), 465, 465n, 478, 478n, 479, 483, 483n, 484, 486, 486n, 487, 502 Desjobert (?-?), 555 Desormes, Charles Bernard (1777-1862), 1200 Des Remandes (?-?), 904 Desrosières, Antoine François (?-?), 744, 839 Desroys, Françoise Catherine (?-?), 248 Desvoyes (?-?), 186 Dieu, François (?-?), 888, 1284 Dieudonné, Christophe (1757-1805), 673, 673n, 674, 688-689 Dioclétien (c.245-313), 524 Doazan, Jean Marie Thérèse (17741839), 1010 Dobignie, Honoré François (?-?), 248, 254 Dolomieu, Dieudonné Sylvain Guy Tancrède Déodat de Gratet de (17501801), 637 Domergue, François Urbain (1745-1810), 443 Dompard, Joseph (?-?), 416, 418 Droësbeke, Baptiste (?-?), 927-932, 941943 Drouot, Antoine (1774-1847), 363, 386, 1332 Druyen (?-?), 1233 Duber de Mirand, Claude Joseph Armand (?-?), 247 Dubois, Clarisse (?-?), 553, 657, 777 Dubois-Dubais, Louis Thibault (17431834), 577 Dubois-Laverne, Philippe Daniel (17551802), 608 Du Bouchage, François Joseph de Gratet (1749-1821), 662
1395
Dubouchet, Pierre (1737-1818), 393 Dubourg (?-?), 801-802 Du Brueil (?-?), 616-617 Duc de la Chapelle, André Jean Paul Chrysotome (1765-1814), 592-593 Duchesne, Veuve de Nicolas Bonaventure (?-?), 158, 188 Ducos, Pierre Roger (1747-1816), 556, 560, 560n, 562, 630 Ducrest, Charles Louis, Marquis de (17471824), 224 Ducros (?-?), 598 Dudin (?-?), 131 Duffaut, Pierre (?-?), 738 Dufour (?-?), 449 Dufresne, Antoine (?-?), 243-244, 247, 310-311 Duhamel, Jules Michel (?-?), 443 Duhenoy (?-?), 437 Dulac (?-?), 1131 Du Lion (?-?), 485 Dumas (?-?), 435 Dumas (?-?), 582 Dumouchel (?-?), 446 Dupin (?-?), 441 Duplessis, Mme (?-?), 1113 Dupont de Nemours, Pierre Samuel (17391817), 443 Duprat (?-?), 400, 504, 522-523, 542-543, 549, 688 Dupuget d’Orval, Edme Jean Antoine (1742-1801), 248 Dupuy de Debordes, Henri Sébastien (1746-1815), 597 Duras, Amédée Bretagne Malo, Duc de (1771-1838), 1296 Dureau de la Malle, Jean Baptiste Joseph René (1742-1807), 768, 1230, 1230n, 1231 Duroc, Gérard Christophe de Michel, Duc de Frioul (1772-1813), 1025, 1025n, 1028 Du Séjour, Achille Pierre, voir : Séjour Du Theil, François Jean Gabriel Laporte (1742-1815), 446, 636-637 Dutramblay (?-?), 1131
1396
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Duval (?-?), 282 Duval, Etienne Louis Jean Baptiste (?-?), 514 Duvermeule (?-?), 316
E Ecettet (?-?), 1129 Eichhorn, Christian Friedrich (1804-1836), 1305, 1305n Elgin, Thomas Bruce, 7e Comte (17661841), 158 Elisabeth de France, Princesse (17641794), 1139 Enard, Dom Jean Baptiste (1749-1829), 168, 197, 298 Encke, Johann Franz (1791-1865), 1229 Epailly, Anatole François (1769-1856), 1168, 1170, 1175-1176, 1181 Ernst II Ludwig, Duc de Sachsen-Gotha und Altenburg (1745-1804), 271 Eschassériaux, Joseph (1753-1823), 808 Eschassériaux, Louise, née Monge (?-?), 816 Eugénie (prénom) (?-?), 1255-1256, 12611263 Euler, Leonhard (1707-1783), 9-10, 35, 38, 54, 61, 63, 63n, 89, 91-95, 98, 98n, 108, 119, 130, 136, 143, 360, 460, 482, 497, 650, 883, 974, 1004, 1224 Evain, Louis Auguste Frédéric (17751832), 373, 1213 Eymar (?-?), 442-443, 475
F Fabbroni, Giovanni Valentino Mattia (1752-1822), 545, 1124, 1152 Fabre, François (1755-1827), 213, 298, 301, 303 Fabre de la Martillière, Jean, Comte de (1732-1819), 754
Fabre de l’Aude, Jean Pierre, Comte (1755-1832), 986, 991, 1013, 10541055, 1055n, 1066 Fanchon (sobriquet), 768, 796, 815-816, 821 Faraday, Michael (1791-1867), 1219, 1235, 1235n, 1236-1237 Farman (?-?), 244 Fatio de Duillier, Nicolas (1664-1753), 495 Faujas de Saint-Fond, Barthélemy (17411819), 913-914 Faultrier de Corvol, Jean Claude Joachim de (1726-1802), 168, 197, 270, 278280, 291, 294, 298-299, 304, 309 Feltre, Duc de, voir : Clarke Féral (?-?), 258 Ferdinand III, Grand Duc de Toscane (1769-1824), 1124, 1124n Fermat, Pierre de (1601-1665), 28, 45, 853 Fermon, Charles (?-?), 1323, 1323n, 1324, 1324n Ferrand, Antoine François Claude (17511825), 1208 Fesch, Joseph (1763-1839), 803 Feuillet, Laurent François (1768-1843), 1234 Fézensac, voir : Montesquiou-Fézensac Filz (?-?), 414, 441 Flamsteed, John (1646-1719), 193, 242243, 245, 271, 274, 306, 340, 503, 526, 542, 669, 682, 763, 957, 978 Flaugergues, Pierre Gilles Antoine Honoré Joseph (1755-1830), 488-450, 966, 966n Fleurieu, Charles Pierre, voir : Claret de Fleurieu Fleury, Alexandre (?-?), 416 Fleury, Marie Anne Brigitte, née Molerat (?-1827), 246-255, 565, 565n, 644n, 768, 777-778, 780-781, 967-968, 973, 1079, 1190, 1232, 1253-1254, 1256, 1284, 1286-1290, 1307-1309, 1311, 1316-1317 Fleury, Marie Nicolas Louis-Marquette de (?-?), 246-255, 795, 798, 800, 803,
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
968, 1079, 1180, 1190, 1232, 12531254, 1256, 1284, 1286-1290, 13061309, 1312, 1314, 1316-1317 Florent, Henri Louis, Baron des Acres de l’Aigle (1783-1836), 1110 Follebarbe (?-?), 1276, 1291, 1300-1301 Foncenex, Francesco Daviet, Chevalier de (1734-1799), 150 Fontaine des Bertins, Alexis (1704-1771), 15, 15n, 47 Fontaine-Cramayel, Jean François (17581826), 424, 449, 449n, 457 Fontana, Felice (1730-1805), 116 Fontana, Gregorio (1735-1803), 231, 246, 257, 273, 315, 509, 527 Fontanes, Jean Pierre Louis, Marquis de (1757-1821), 443, 812, 1023-1024 Fontenelle, Bernard le Bovier de (16571757), 1048 Forfait, Pierre Alexandre Laurent (17521807), 649, 649n, 650, 662, 662n, 663, 663n, 665, 665n Forno (?-?), 358-359 Fortin, Nicolas (1750-1831), 1092, 1202 Fossombroni, Vittorio, Conte (17541844), 896, 980, 984, 1124, 1266 Fouché, Bonne Jeanne, née Coignaud (1764-1812), 795, 813-814, 896 Fouché, Joseph, Duc d’Otrante (17591820), 795, 803, 813-815, 896, 896n, 1069, 1069n, 1070 Fouchy, Jean Paul Grandjean de (17071788), 6 Fourcroy, Antoine François de (17551809), 319, 329, 343, 392, 429, 432, 434, 436, 468, 470-473, 652, 686 Fourier, Jean Baptiste Joseph (17681830), 829, 881, 883, 1098, 1098n, 1099, 1187, 1251-1252, 1341-1343 Franchini, Pietro (1768-1837), 781 François de Neufchâteau, Nicolas Louis, Comte de (1750-1828), 532, 532n, 544, 544n, 751-753, 785, 800-802, 806-807, 909-910, 924, 927-928, 930931, 935-936, 940, 994, 996, 1002, 1011, 1016-1018, 1051
1397
Franklin, Benjamin (1706-1790), 706 Fraunhofer, Joseph von (1787-1826), 1273 Frayssinous, Denis Antoine Luc, Evêque d’Hermopolis, Comte de (1765-1841), 1078, 1078n, 1321, 1321n Frécine (?-?), 450 Friedlander, Michael (?-?), 864 Friedrich Wilhelm, Duc de Braunschweig Wolffenbüttel (1771-1815), 850, 850n Friedrich Wilhelm III, Roi de Prusse (1770-1840), 862, 862n Frioul, Duc de, voir : Duroc Frisi, Paolo (1728-1784), 136 Frochot, Nicolas Thérèse Benoît (17611828), 914, 914n Fuss, Nicolaus (1755-1826), 460, 715, 715n
G Gabèle (?-?), 1290 Gabet (?-?), 1282 Gaète, Duc de, voir : Gaudin Gail (?-?), 592 Galilei, Galileo (Galilée) (1564-1642), 1004, 1266 Galli (?-?), 224 Gambart, Jean Félix Adolphe (18001836), 1243, 1300, 1330-1331 Garat, Dominique Joseph (1749-1833), 389, 389n, 442-443, 446, 451, 504, 513 Gardeur-Lebrun, Charles, voir : Lebrun, Charles Gardeur Gardeur-Lebrun, Claude (1745-1828), 684 Garnier, Jean Guillaume (1766-1840), 532 Garnier, Germain, Comte (1754-1821), 899, 899n, 911-912 Garnier, Gilles Augustin (?-?), 269 Garnot (?-?), 412 Gassendi, Jean Jacques Basilien (17481828), 660, 664
1398
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Gaudin, Martin Michel Charles, Duc de Gaète (1756-1841), 568, 568n, 766, 766n, 767, 840, 840n, 841-842, 842n, 866, 866n, 897, 897n, 1022, 1022n Gauss, Carl Friedrich (1777-1855), 700, 739-742, 849-852, 864-865, 917, 965967, 974-975, 975n, 976-977, 9991002, 1004, 1008, 1073-1074, 1101, 1158, 1162-1163, 1167-1168, 1170, 1175-1177, 1184, 1305 Gautier, Alfred (1793-1881), 1196, 12181219, 1329-1330 Gay de Vernon, Simon François (17601822), 544 Gay-Lussac, Joseph Louis (1778-1850), 656, 968, 1204, 1204n, 1205 Gengembre, Philippe Joachim (17641838), 141 Geoffrenet, Léon (?-?), 594 Geoffroy d’Assy, Jean Claude (?-?), 274 George III, Roi d’Angleterre (1738-1820), 157, 850, 850n, 966, 966n, 976 George IV, Roi d’Angleterre (17621830), 1162 Gérando, Joseph Marie, Baron de (17721842), 817, 817n Gérard, Frédéric (?-?), 1096 Germay, Cécile Victoire de, veuve de Mathon (?-?), 248, 254 Gettas (?-?), 1254 Ghiesbreght, Henri Jean (?-?), 686-687 Giely, Frédéric (?-?), 597-598 Gilbert (?-?), 1299 Ginguené, Pierre Louis (1748-1816), 446, 478, 478n, 1032 Ginoux (?-?), 879 Girardot (?-?), 419 Gittard, Jean Augustin Romain (?-?), 375 Glauber, Johann Rudolph (1604-1668), 229 Godineau, Henri François (?-?), 581 Goguet, Guillaume (?-?), 416, 418 Gohin, Mme (?-?), 821 Gonin, Jacques (?-?), 391, 413, 417-418 Gonin, Paul (?-?), 413 Goodricke, John (1764-1786), 176 Gorgon-Loisel, voir : Loisel, Gorgon Goulet (?-?), 418
Gourgaud, Gaspard, Baron (1783-1852), 1012, 1037 Gouvion (?-?), 418 Graevius Johann Georg (1632-1703), 524 Grégoire, Henri Baptiste (1750-1831), 439, 702, 702n, 757 Gremon (?-?), 193 Grenard, René (1751-1794), 263-264, 366, 382 Grenon, Louis (?-?), 607 Gribeauval, Jean Baptiste Vaquette de (1715-1789), 124, 124n, 125 Grillet (?-?), 912 Grimaldi, P. (?-?), 812 Grimm, Friedrich Melchior, Baron de (1723-1807), 271 Grivel, Guillaume (1735-1810), 443, 955n Groslier, Louis Noël (?-?), 731, 786, 865, 868-869, 920, 1053-1054, 1142, 11821183, 1226-1227, 1255 Guérin de Vaux, Etienne Roland (?-?), 383, 383n, 385 Guéroult, Pierre Claude Bernard (17441821), 443 Guibert (?-?), 1274 Guillaume, Jean Baptiste (?-?), 244, 247, 250, 254, 419 Guingaud (?-?), 412, 419 Guiraut (?-?), 377 Guizot, François Pierre Guillaume (17871874), 1269, 1283 Guyot (?-?), 223 Guyton de Morveau, Louis Bernard (17371816), 322, 331-332, 334, 539, 539n, 540, 544, 544n, 651
H Hale, Robert Hale Blagden (1780-1855), 1139 Hall, Basil (1788-1844), 1242 Hallé, Jean Noël (1754-1822), 403, 434436, 468, 471-473, 652, 795, 795n, 798, 800, 800n, 814, 818, 820, 1021, 1030
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Halley, Edmond (1656-1742), 212, 221n, 243, 481, 524 Halma, Nicolas (1755-1828), 1343 Harding, Carl Ludwig (1765-1834), 740, 851, 864, 967 Hassenfratz, Jean Henri (1755-1827), 322, 334, 468 Hauff, Johann Karl Friedrich (17661846), 551 Hauterive, Pierre Louis Auguste Blanc de Lanaute, Comte d’ (1797-1870), 1185 Hauterive, Mme (?-?), 1185 Hautier (?-?), 1109 Haüy, René Just (1743-1822), 144, 173, 240, 392, 1194 Haxo, François Nicolas Benoît (17741838), 1109 Hecht, Guillaume Jérôme (?-?), 863, 1155 Hecht, Mme (?-?), 1155- 1156 Hennet, Albert Joseph Ulpien (1758-1828), 1109, 1115 Hennezel, Charles Nicolas de (1747-1833), 571 Henri (prénom) (?-?), 821 Henrion de Pansey, Pierre Paul Nicolas, Baron (1742-1819), 248, 769, 769n, 773, 776, 780, 815, 1011, 1014, 1253, 1256, 1284, 1287, 1290, 1310-1311, 1314, 1317, 1344 Henrion de Saint Amand, Simon Philippe Albéric Auguste (1774-1829), 248, 254, 1253, 1256-1257, 1261 Henry, Maurice (1763-1825), 671-672, 1122 Henry (?-?), 445 Herbeaux, Jacques (?-?), 416, 418 Herbellot, d’ (?-?), 511 Hermopolis, Evêque de, voir : Frayssinous Herschel, Friedrich Wilhelm, Sir William (1738-1822), 84, 84n, 112-113, 122, 130, 149, 158-159, 159n, 180-181, 183, 187, 203-204, 223, 240, 271, 304-305, 313-314, 345-346, 348-349, 379-380, 397, 506, 511, 513-514, 540, 687, 700-703, 703n, 986, 986n, 988, 1007, 1057-1059, 1076, 1081, 1097
1399
Herschel, Sir John Frederick William (1792-1871), 911, 911n, 1058-1059, 1195-1197, 1201, 1204-1205, 12111212, 1218-1219, 1229, 1242-1243, 1259-1260, 1272, 1272n, 1273-1274, 1280, 1282, 1299 Herschel, Lady Mary (?-?), 1057 Hervy (?-?), 394-395 Hestermann, J.L. (?-?), 1170-1171 Heugue (?-?), 842 Hindley, Henry (1701-1771), 203 Hipparque de Rhodes (?-c.127 av. J.C.), 221-222 Homère (VIIe Siècle av. J.C.), 66, 66n, 1231 Hortense, Eugénie de Beauharnais, née Bonaparte, Reine de Hollande (17831837), 803, 803n Houdetot, Frédéric Christophe de (17781859), 994, 994n, 995, 995n, 1002, 1002n Howard, Luke (1772-1864), 705, 705n, 708, 708n, 1207, 1207n Huart, voir : Monge, Catherine Huet (?-?), 1016-1018 Humboldt, Alexander de, Baron (17691859), 768, 796-797, 831, 1194, 12071208, 1279-1280 Hungerland (?-?), 1061 Hutton, Charles (1737-1823), 1148, 1148n, 1149-1150, 1150n, 1151-1152, 1161 Huygens, Christiaan (1629-1695), 153, 481, 481n, 883, 1219, 1236, 1243 Huzard, Jean Baptiste (1755-1838), 1292 Huzard-Courcier, Veuve, née Vallat La Chapelle (?-?), 1183, 1226-1227
I Ivory, Sir James (1765-1842), 1001, 1205, 1212, 1235, 1235n, 1236-1237, 1252, 1260
1400
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
J Jance (?-?), 409-410 Janot-Destainville, Nicolas Dominique Marie (1783-1828), 1096, 1096n Janvier, Antide (1751-1835), 687, 732 Jarousseau (?-?), 382 Javotte, (sobriquet), voir : Deheurles, Javotte Jean (?-?), 1241 Jeaurat, Edme Sébastien (1724-1803), 267 Jecker, François Antoine (1765-1834), 1030 Jeuneux, François (?-?), 413 Jimpens (?-?), 948 Jobart (?-?), 412 Joly, prénom (?-?), 1052, 1054-1055 Jomard, Edme François (1777-1862), 485 Joseph (prénom) (?-?), 1264 Joséphine, Impératrice, voir : Tascher de la Pagerie, Marie Joseph Josse (?-?), 604 Joubert, Sébastien (?-?), 416, 418 Jumelin, Jean Baptiste (1745-1807), 388, 432, 434-436 Juntes, Jacques Elisé (1772-?), 1009, 1009n Jussey (?-?), 616 Jussieu, Antoine Laurent de (1748-1836), 636-637
K Karl Wilhelm Ferdinand, Duc de Braunschweig Luneburg-Oels (1735-1806), 850, 850n Kater, Henry (1777-1835), 1116-1117, 1219, 1242, 1282 Keir, James (1735-1820), 323 Kellermann, François Christophe, Duc de Valmy (1735-1820), 782-784, 789, 792, 807, 832-833
Kelly, Patrick (1756-1842), 1057-1058 Kepler, Johannes (1571-1630), 1116 Kirwan, Richard (1733-1812), 149, 162, 230, 230n, 322 Kleist von Nollendorf, Friedrich Heinrich Ferdinand Emil, Comte (1762-1823), 1155 Klewitz, Wilhelm Anton (1760-1838), 1156, 1156n Kraijenhoff, Cornelis Rudolph Theodor, Baron (1758-1840), 1168, 1181 Kuishnor (?-?), 240
L Laas (?-?), 608 Labey, Jean Baptiste (1750-1825), 197, 386, 443, 453, 532, 540, 554, 596, 624-625, 628, 1099-1100 La Borde, Jean Benjamin (1734-1794), 90 Lacaille, Nicolas Louis de (1713-1762), 95, 235, 406, 459 Lacepède, Anne Huberte Charlotte, née Jubé (?-?), 541, 548 Lacepède, Bernard Germain Etienne de la Ville-sur-Illon, Comte de (1756-1825), 464, 533, 541, 547-548, 636-637, 749, 766-767, 769, 773, 1053 Lacepède, fils, dit Gauthier de La Villesur-Illon, Auguste Jean Charles (?-?), 854 La Chapelle, voir : Duc de La Chapelle, André Jean Paul Chrysotome Lacroix, Marie Nicole Sophie d’Arcambal (?-?), 267 Lacroix, Sylvestre François (1765-1843), 267, 358-360, 438-439, 443, 452-453, 458-461, 505, 514-515, 559-560, 572 Lacuée, voir : Cessac, Jean Girard de Lacuée, Comte de Lacuée, Mme (?-?), 774 Lagarde, Joseph Jean (1759-1839), 463 Lagrange, Joseph Louis (1736-1813), 3, 11, 11n, 12, 12n, 13, 17, 18, 18n, 19,
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
19n, 20-23, 25, 25n, 26, 26n, 27-28, 28n, 29, 31-33, 36, 43-56, 56n, 57-61, 61n, 62-63, 63n, 65-77, 77n, 78-79, 83-84, 89, 96-97, 97n, 98-99, 105-109, 113, 118, 118n, 119, 121, 121n, 122123, 142-144, 207, 207n, 208, 233, 270, 358, 377, 392, 429, 431-432, 434-436, 441-443, 446, 451, 460, 468, 470-473, 475, 504, 512-513, 516-517, 537, 543-544, 547, 553, 559-560, 772, 1004, 1015, 1023, 1302 La Hire, Philippe de (1640-1718), 491, 503, 526, 542, 957, 978 La Hogue (?-?), 1301 Lainne Guimis (?-?), 432, 434, 448, 469470 Lair, Pierre Jacques Guillaume (17691830), 809 Lajard, Pierre Auguste (1757-1837), 368, 368n Lakanal, Joseph (1762-1845), 425-427, 439-440, 446, 516 Lalande, Jérôme Joseph Lefrançais de (1732-1807), 9, 62, 79, 98, 108, 158, 185, 212-213, 221, 221n, 222, 235, 273, 350-351, 379, 379n, 431, 459n, 460, 488, 519-521, 524, 526, 592, 633, 633n, 668-669, 671, 675-676, 679, 700, 703-704, 707 Lalande, Marie Jeanne Amélie, née Harlay (c.1768-c.1832), 672 Lallemand, Charles François Antoine, Baron (1774-1839), 630 Lally-Tolendal, Trophime Gérard de, Marquis (1751-1830), 1124 Lamandé, Mandé Corneille (1777-1838), 943, 943n Lamarck, Jean Baptiste Pierre Antoine de Monet (1744-1829), 894-895 Lamarck, Marie Anne Françoise de Noailles, Comtesse de (1719-?), 126 Lamartillière, voir : Fabre de la Martillière, Jean, Comte de Lambert, Johann Heinrich (1728-1777), 63, 74 Lambert (?-?), 598
1401
Lambrechts, Charles Joseph Mathieu (1753-1823), 615 La Métherie, Jean Claude de (17431817), 204, 206, 319, 322, 324-325, 327-328, 335-336, 338 Lammens (?-?), 940 Lamoignon de Malesherbes, Chrétien Guillaume (1721-1794), 1106 Lamotte, Jean (?-?), 716, 809, 809n, 810, 839, 993, 1061, 1137, 1174, 1249, 1301 Lamotte, Mme (?-?), 993, 1301 Landriani, Marsilio (1751-1816), 220, 245 Langlès, Louis Mathieu (1763-1824), 578 Langlet (?-?), 554, 597 Lantien, Louis Jacques (?-?), 391, 407, 412, 418, 437 Laplace, Charles Emile Pierre Joseph (1789-1874), 269, 383, 398, 552n, 553, 657, 695-696, 711n, 768-769, 771, 774, 776-781, 785-786, 798, 808, 811-815, 818, 821, 823-824, 873, 880, 888-893, 898-900, 904, 906, 915, 934, 982-983, 1011-1012, 1014-1015, 1018, 1021, 1026-1031, 1033, 10341041, 1050, 1052, 1055-1056, 1066, 1107, 1125-1126, 1171-1172, 1174, 1209-1210, 1212, 1215-1218, 1220, 1223, 1232, 1247, 1261, 1275, 12841285, 1291, 1293-1294, 1299-1300, 1307-1310, 1312, 1314-1319, 13281329, 1331, 1333-1334 Laplace, Marie Anne de (1745-?), 244, 258-259, 309-310, 325, 771, 771n, 993-994, 994n Laplace, Marie Anne Charlotte, née Courty de Romange (1769-1862), 90n, 207n, 246-256, 269, 313-314, 381, 381n, 382-383, 398, 516, 518, 529, 542, 546-547, 550-552, 565, 569, 596, 641-642, 643n, 653, 656, 678, 689, 695-696, 713n, 748, 756, 756n, 757, 767-781, 791, 793-800, 802-803, 808821, 823-824, 828, 839, 843-847, 861, 873-874, 880, 885, 888-889, 891-892,
1402
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
896-898, 898n, 899-900, 904, 915, 967-968, 982, 984-986, 990-991, 993994, 997, 997n, 998-999, 1011-1012, 1014, 1014n, 1015, 1017, 1017n, 1018, 1021, 1026-1028, 1030-1034, 1034n, 1035-1041, 1047, 1050, 10521053, 1053n, 1054, 1054n, 1055-1057, 1059, 1066, 1070-1071, 1078-1079, 1082, 1091, 1094, 1112n, 1113-1114, 1125-1126, 1128, 1174, 1180, 11871188, 1190, 1194, 1205-1206, 1212, 1215-1218, 1220, 1222-1223, 1230, 1232, 1253-1254, 1254n, 1255-1258, 1261-1265, 1275-1277, 1284-1292, 1298-1300, 1306-1321, 1323-1328, 1328n, 1329-1336, 1344, 1346 Laplace, Pierre de (1718-1788), 243-244, 246-256, 258-260, 1136-1137 Laplace, Sophie Suzanne (1792-1813) (épouse De Portes), 366, 382-383, 398, 518, 768-769, 772, 776-778, 780781, 799, 803, 808, 821, 845, 873, 892, 915, 968, 982, 984-986, 990-991, 997-999, 1029, 1031-1032, 1034-1040 Laporte (?-?), 378 La Porte du Theil, François Jean Gabriel (1742-1815), 443, 446 La Potère, Philibert, voir : Morel, Veuve La Riboisière, Honoré Charles Baston de, Comte de (1788-1868), 892 La Riboisière, Jean Ambroise Baston de, Comte de (1759-1812), 892-893 La Roche, François, voir : Delaroche, François Laroche (?-?), 254 La Rochefoucauld-Liancourt, François Alexandre Frédéric, Duc de (17471827), 1186-1187 Laromiguière, Pierre (1756-1837), 451, 513 Larsonnier (?-?), 1061 Lassone, Joseph Marie François de (1717-1788), 126 La Tour du Pin-Gouvernet, Jean Frédéric de, Comte (1727-1794), 284, 284n, 299-301, 301n, 302-303, 303n, 309 Laurent (?-?), 437, 570
Lauriston, Jacques Alexandre Bernard Law, Marquis de (1768-1828), 170, 198, 215, 1035 Lauveras (?-?), 419 Lavoisier, Antoine Laurent de (17431794), 85-86, 90, 90n, 91, 109-110, 110n, 112-113, 116-117, 117n, 121, 126-127, 129, 134-135, 141, 141n, 142, 149, 164-167, 173-175, 175n, 183, 196, 204, 320, 329, 390, 392, 392n, 885, 1039, 1042-1044, 1086, 1103-1104 Lavoisier, Marie Anne Pierrette, née Paulze (1758-1836), voir aussi : Rumford, Comtesse de, 86, 90, 109, 134, 142 Lavrillère, Charles (?-?), 389 La Vrillière, Louis Phélypeaux, Comte de Saint-Florentin (1705-1777), 17 Layette (?-?), 298 Le Barrois, voir : Barrois (Louis François) Leblanc, Nicolas (1742-1806), 377 Leblond, Gaspard Michel (1738-1809), 603, 605 Lebord, J.A. (?-?), 408 Lebrun, Charles Gardeur (1744-1801) 186, 197, 214 Lebrun, Claude, voir : Gardeur Lebrun Le Brun (?-?), 1174 Lebrun-Tondu, Pierre Henri Hélène Marie (1753-1793), 374, 374n Le Canu, Pierre (?-?), 1-2, 1107 Lechevalier, Jean Baptiste (1752-1836), 865, 868 Leclerc, Jean Baptiste (1756-1826), 391, 418, 437 Le Couteulx, Jacques Félix (1779-1812), 479, 485 Le Duc (?-?), 982-983 Lefebvre, François Joseph, Duc de Danzig (1755-1820), 567, 567n, 967, 967n Lefebvre, Jacques (?-?), 244 Lefebvre (?-?), 912 Lefèvre, Désiré Achille (1798-1864), 1132 Lefèvre-Gineau, Louis (1751-1829), 320, 329, 635, 1009 Le Gagneur (?-?), 747
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Legendre, Adrien Marie (1752-1833), 98, 98n, 108, 121, 126-127, 210-211, 240, 439, 446, 453, 505, 515, 966, 976, 1104, 1142, 1153, 1335 Léger-Lefort (?-?), 416, 418 Legrand (?-?), 417-418 Legras (?-?), 610-611 Leibniz, Gottfried Wilhelm (1646-1716), 1219, 1243, 1342 Le Jarre (?-?), 797 Lejeune (?-?), 846 Le Large de Lignac, Joseph Adrien (17101762), 270n Le Leu, Dominique César (?-?), 353 Leleyard (?-?), 256 Lelièvre, Claude Hugues (1752-1835), 694 Lelong (?-?), 193, 274-275 Lelong, Mme (?-?), 234 Lemercier, Louis Nicolas, Comte (17551849), 755, 855, 869, 895 Le Monnier, Pierre Charles (1715-1799), 235, 242, 459, 459n, 516, 522, 555 Lenoir, Etienne (1744-1832), 877, 953 Lenoir-Laroche, Jean Jacques, Comte (1749-1825), 446, 517 Leonardi, Martelli (?-?), 919 Leopoldo II, Grand Duc de Toscane (1797-1870), 1266, 1266n Le Paute (?-?), 916 Lepaute D’Agelet, voir : Dagelet L’Epine (?-?), 798 Lerebours, Noël Jean (1761-1840), 713, 969 Lermina, Claude (1749-1806), 694 Leroux, Michel (?-?), 1178 Leroux (?-?), 259 Le Roy, Jean Baptiste (1720-1800), 173, 364, 370, 390, 431, 436, 601-602 Le Sage, Georges Louis (1724-1803), 80n, 135-139, 146-148, 151-154, 154n, 186-187, 191, 219-220, 234, 234n, 260-262, 480, 480n, 481-482, 495, 495n, 496, 496n, 497-500, 538539 Lescallier, Daniel (1743-1822), 821
1403
Lescarine (?-?), 1100 L’Espinasse, Augustin (1737-1816), 1345 Lesueur (?-?), 1109 Le Tourneur, Etienne François (17511817), 501, 501n, 505, 505n, 507, 507n, 514, 514n, 515 Lettoine (?-?), 648 Leveillé, Jean Baptiste François (17691829), 686 Lévêque, Pierre (1746-1814), 532, 540, 544, 554, 1062 Levouchel (?-?), 396 Lévi (?-?), 817 Levieux, Renaud (c.1620-1690), 621 Lexell, Anders Johan (1740-1784), 68-69, 91, 95, 99, 99n, 108, 119 Lhéricy, Pierre Daniel (?-?), 515 L’Hôpital, Michel de (1507-1573), 36n Lhuilier, Simon (1750-1840), 1080-1081 Libes, Antoine (1752-1832), 475 Libri-Carrucci della Sommaia, Guglielmo, Comte (1803-1869), 1265-1266 Liebherr, Joseph L. (1767-1840), 925 Liénard (?-?), 610 Lieutout, Pierre (?-?), 259, 273, 305, 309311, 326, 326n Liger (?-?), 393-394 Lignereux (?-?), 666 Lindenau, Bernhard August von (17801854), 962-963, 966, 976, 999, 10051006, 1100-1102, 1175 Lise (prénom) (?-?), 1053-1055 Littrow, Joseph Johann von (1781-1840), 1238 Loisel, Gorgon (?-?), 515 Lombard, Jean Louis (1723-1794), 210, 210n, 211 Longuemare (?-?), 721, 727, 744, 747 Lorgna, Antonio Maria (1730-1796), 231 Lotton (sobriquet), 811, 813, 815-816, 821, 1055 Louis XVI (1754-1793), 125, 131, 249, 278-280, 299-303, 339, 370, 1139n Louis XVIII (1755-1824), 1056-1057, 1074, 1088-1089, 1095n, 1096-1097,
1404
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1103, 1108-1111, 1119, 1158, 1172, 1186, 1191-1192, 1234 Louis, Joseph Dominique, Baron (17551837), 1171 Louize, François Jacques (?-?), 1241 Luçais, Mme de (?-?), 791 Lucas, Jean François (1747-1825), 509, 1194 Luynes, Paul d’Albert de (1703-1788), 115 Luyt (?-?), 454 Lyon, du (?-?), 1312
M Mabon, Jacques (?-?), 244, 1136 Mabon, Mme, voir : Mailly, Marie Anne Macdonald, Jacques Etienne Joseph Alexandre, Duc de Tarente (17651840), 1012, 1108 Maclaurin, Colin (1698-1746), 113, 121, 1224, 1224n Macquer, Pierre Joseph (1718-1784), 149, 163, 163n Magendie, François (1783-1855), 1047, 1087, 1126, 1232, 1250, 1255, 12611263, 1275, 1287, 1292, 1299, 13191321 Maherault, Jean Francois René (17641833), 475 Mailly, Marie Anne (?-?), 260, 1136 Maire, Christoph (1697-1767), 877 Maisonfort, Louis Dubois Descours, Marquis de (1763-1827), 1265-1266 Malesherbes, voir : Lamoignon Malespine, Marquis de (?-?), 115 Malet (?-?), 1137 Mallard, Rose Cécile, Veuve Bézout (?1817), 125-126, 179 Mallet, Jacques André (1740-1790), 147, 154 Mallet (?-?), 934 Malus, Etienne Louis (1775-1812), 883
Malthus, Thomas Robert (1766-1834), 882, 882n Mandar, Michel Philippe (1759-1823), 602 Manuel (?-?), 446 Marchand (?-?), 747 Marchand (?-?), 1301 Maret, Hugues Bernard, Duc de Bassano (1763-1839), 576, 716-717 Marey, Nicolas Joseph (1760-1818), 719 Maria Charlotte Amalie, Duchesse de Saxe-Gotha (1751-1827), 526, 671672, 678, 680, 680n, 682 Marie, Joseph François (1738-1801), 126, 127 Marie-Louise, Impératrice, voir : Bonaparte Marielle (?-?), 786, 1093-1094 Marigner (?-?), 492 Marillier, Clément Pierre (1740-1808), 391, 424 Marrier de la Gâtinerie, Jacques Marie, (1746-?), 449, 449n, 453 Marsden, William (1754-1836), 159, 165167, 167n Martin, Georges (?-?), 412, 545 Martin, Jean François Blaise (?-?), 386 Martine, Henry (?-?), 244, 258, 326 Martinengo, Leonardo (?-?), 919, 934 Mascheroni, Lorenzo (1750-1800), 527 Maskelyne, Nevil (1732-1811), 113, 115, 149, 229n, 242-243, 379-380, 397, 406, 460, 491, 503, 511, 519, 521, 526, 542, 638, 640, 669, 682, 702, 704-707, 761, 900-901, 957, 970, 978, 1149, 1150n Mason, Charles (1730-1787), 633, 638, 670, 675, 681 Massias, Nicolas, Baron de (1764-1848), 1195 Massieu, Jean Baptiste (1742-1818), 431 Masson, Joseph René (?-?), 758, 760, 825, 838, 843 Mathieu, Claude Louis (1783-1875), 901, 1117 Mathon (?-?), 248
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Mathon, Veuve de, voir : Germany, Cécile Victoire de Maupas, Auguste Marie Agard, Comte de (?-?), 1144-1145, 1257-1258, 1261, 1263 Maupas, fils (?-?), 1014 Maupas, Mme (?-?), 1261 Maurice, Rose, née Vanière (?-?), 677, 677n Maurice, Frédéric Guillaume (1750-1826), 496-497, 677, 677n Maurice, Jean Frédéric Théodore, Baron de (1775-1851), 480, 480n, 495n, 496, 500, 506, 676-677, 677n, 1196, 12521253, 1285, 1329, 1336-1337 Maximilian Josef I, Roi de Bavière (1756-1825), 951, 951n Mayer, Tobias (1723-1762), 112, 122, 243, 271, 274, 519, 521, 638, 670, 674, 682, 698 Mazurier (?-?), 168, 214 Meaume (?-?), 485 Méchain, Pierre François André (17441804), 108, 112-113, 115, 240, 435, 493, 495, 511, 515, 635, 700, 790, 877, 921 Melanderhjelm, Daniel (1726-1810), 353 Mercier, Benjamin (?-?), 413 Messier, Charles Joseph (1730-1817), 31, 524-525 Métal (?-?), 375, 419, 423-424 Metternich-Winneburg, Clemens Lothar Wenzel, Prince de (1773-1859), 12371238, 1247-1248, 1259, 1270-1271 Meunier (?-?), 1174 Meusnier de la Place, Jean Baptiste Marie Charles (1754-1793), 164, 320, 329 Meynet, Vincent (1739-1804), 621 Michel, Jeanne (?-?), 172 Michell, John (1724-1793), 166, 166n, 173, 173n, 203-204 Mignotte, J. (?-?), 979 Milet-Moreau, Louis Antoine Destouff, Baron de (1765-1825), 483 Millin, Aubin Louis (1759-1818), 377, 427, 429, 431-432, 434-435, 443, 468, 470-473, 696
1405
Milly, Nicolas Christian de Thy, Comte de (1728-1784), 174-175 Mirabeau, Honoré Gabriel Riquetti (17491791), 176 Mirand, Claude Joseph Armand Duber de (?-?), 247 Mirbeck, Frédéric Ignace de (1732-1818), 927-932, 936-937, 939-943, 947-948 Mirbel, Charles François Brisseau de (1776-1854), 1133 Miromesnil, Armand Thomas Hue de (1723-1796), 96, 96n Moivre, Abraham de (1667-1754), 27, 27n Molerat, Marie Anne Charlotte, née Vauthier (?-?), 269, 967-968, 973, 1287, 1289, 1308, 1314 Molerat, Marie Anne Brigitte, voir : Fleury Molerat, Marie Hélène, voir : Courty de Romange Molerat, Marie Hélène Angélique (?-?), 247, 256 Molerat, Pierre (?-?), 248 Molerat (?-?), 512, 1078, 1145, 1309 Molerat de Bréchainville, César Auguste (?-?), 269 Molerat de Bréchainville, François Charles Nicolas (?-?), 247, 250, 254 Molerat de Riaucourt, Jean Baptiste Evre (?-?), 247, 250, 254, 256, 769n, 773, 776, 795, 813, 815-816, 819, 821 Mollard (?-?), 1137 Mollien, Nicolas François, Comte de (1758-1850), 801, 801n, 853, 853n, 862, 862n, 895, 895n Monge, Catherine, née Huart (?-?), 685 Monge, Gaspard (1746-1818), 90, 115, 168, 168n, 320, 328-329, 331, 392, 459n, 507, 507n, 508, 527, 532, 540, 554, 559, 581, 581n, 582, 582n, 595596, 596n, 597-598, 623-624, 627, 627n, 628, 719, 800, 803, 808, 836n, 1015 Monge, Louis (1748-1827), 168, 168n Monneau (?-?), 946
1406
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Monnust (?-?), 381 Montalivet, Jean Pierre Bachasson, Comte de (1766-1823), 810, 970-971, 989, 989n, 990-991, 991n Montesquieu, Anatole (?-?), 1027-1028 Montesquieu, Charles Louis de Secondat, Baron de (1689-1755), 36 Montesquiou-Fézensac, Elisabeth Pierre, Comte de (1764-1834), 920 Montesquiou-Fézensac, François Xavier Marc Antoine, Duc de (1757-1832), 1056-1057 Montesquiou-Fézensac, Raymond Aymery Philippe Joseph (1784-1867), 1012 Montesson, Charlotte Jeanne Béraud de la Haie de Riou, Marquise de (17371806), 317, 317n Montgolfier, Jacques Etienne de (17451799), 115 Montgolfier, Joseph Michel de (17401810), 115 Montyon, Antoine Jean Baptiste Robert Auget, Baron de (1733-1820), 1069, 1139-1140 Morand, François (?-?), 516 Morand, Sauveur François (1697-1773), 17 Morard de Galles, Justin Bonaventure (1741-1809), 745 Morcourt (?-?), 197 Moreau, Jean Michel (1741-1814), 442 Moreau, Jean Victor (1763-1813), 1037 Morveau, voir : Guyton de Morveau Morel, Robert (?-?), 1112-1113, 1135 Morel, Philibert, Veuve, née La Potère (?-?), 1135, 1157, 1221, 1297 Moreton de Chabrillan, Jacques Aimar de, Comte (1729-1802), 555 Morin (?-?), 611 Moscati, Pietro (1740-1824), 896, 954, 958, 965, 988, 1023, 1042 Mougeot (?-?), 644 Moulon (?-?), 1254 Moutard, Nicolas Léger (1742-?), 271 Moutu (?-?), 450
Mudge, William (1762-1820), 790, 901, 901n, 1082, 1127 Müffling, Friedrich Karl Ferdinand, Baron de (1775-1851), 1122 Munier (?-?), 1025 Muraire, Honoré (1750-1837), 477 Murat, Marie Annonciade Caroline, née Bonaparte, Reine de Naples (17821839), 791, 791n, 809, 809n
N Naigeon, Jean Claude (1753-1832), 724, 747 Naigeon, le jeune (?-?), 747, 774, 776777, 809 Napoléon, voir : Bonaparte, Napoléon Narbonne-Lara, Louis Marie, Comte de (1755-1813), 354-355, 355n, 357, 357n, 361, 361n, 362, 363n, 364, 364n, 366-367, 367n, 403, 403n, 404, 404n, 904 Nasir-al-Din, voir : Tusi Navier, Claude Louis Marie Henri (17851836), 1226 Necker de Germany, Louis (1730-1804), 495 Necker de Saussure, Albertine Adrienne (1766-1841), 234, 234n, 318, 318n, 339, 339n, 474, 474n Neigre, Gabriel, Baron (1774-1849), 893, 893n Négri, (?-?), 737 Neufchâtel, Prince de, voir : Berthier Newton, Sir Isaac (1642-1727), 49, 54, 59, 153, 335, 481, 497, 670, 701, 711, 762, 814, 911, 1073, 1116, 1152, 1200, 1219, 1222, 1222n, 1224, 1231, 12351237, 1243, 1248, 1248n, 1250, 1299, 1329, 1331, 1336 Nicander, Henric (1744-1815), 353 Nicolai, Friedrich Bernhard Gottfried (1793-1846), 975 Nicoleau, Pierre (1737-1810), 442-443, 451, 475
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Nicollet, Joseph Nicolas (1786-1843), 1181, 1226, 1243, 1260 Nicolo (?-?), 1345 Noailles, Jean Louis Paul François, Duc d’Ayen et Duc de (1739-1824), 126 Noël, André Claude (?-?), 835, 835n Noirot, Nicolas (?-?), 1282 Nordyce (?-?), 183-184
O Obrail fils (?-?), 772 Olbers, Heinrich Wilhelm Matthias (17581840), 699-700, 740-741, 812, 967, 976, 986-987, 999, 1007-1008, 11341135, 1180-1182 Oldenburg, Henry (1618-1677), 481, 481n Oriani, Barnaba (1752-1832), 230-231, 245-246, 257, 271-273, 282-283, 314315, 457-458, 492, 509, 525-527, 634, 639-640, 645-647, 698-699, 708n, 720, 768, 771-772, 774-775, 795, 798, 818-819, 863, 875-878, 887, 921, 921n, 922, 953, 953n, 954-957, 965, 987-988, 1022-1023, 1042, 1154, 1161 Orléans, Louis Philippe Joseph, Duc d’ (1747-1793), 224, 248-249, 254, 317n, 1333, 1333n Othotel (?-1805), 780
P Pacan, E. (?-?), 1274 Paillette, Marie Françoise Augustine Marguerite Charlotte (?-?), 248, 254 Palisaux (?-?), 419 Palissot de Montenoy, Charles (17301814), 510 Pancoucke, Charles Joseph (1736-1798), 261 Panis, Etienne Jean (1757-1832), 451
1407
Paoli, Pietro (1759-1839), 918, 980, 984 Paré, Jules François (1755-1819), 399, 399n Paris, Jacques (?-?), 416, 418 Paris, René (?-?), 416, 418 Paris-Duverney, Joseph (1684-1770), 1 Pariset, Etienne (1770-1847), 1212, 13071308, 1313-1316, 1318-1319, 1327 Parmentier, Antoine Augustin (17371813), 377, 429, 431-432, 434-436, 468, 470-473 Parnieu (?-?), 375 Pasquier, Etienne Denis (1767-1862), 907 Pastoret, Adélaïde de Anne Louise Piscatory (?-?), 477, 477n, 955n, 1085, 1124, 1254 Pastoret, Claude Emmanuel Joseph Pierre, Marquis de (1756-1840), 477, 477n, 952, 1032, 1085, 1124 Paty (?-?), 1059 Paulet, Jean Jacques (1740-1826), 449, 449n Paulinier de Fontenille, Pierre François Antoine (?-?), 1099-1100 Paulze, Marie Anne Pierrette, voir : Lavoisier et Rumford Pauquet, Jean Alexandre (?-?), 1331-1332 Pector, Jean François (?-?), 1332 Pelletier, Bertrand (1761-1797), 429, 432, 434, 436, 468, 470-473 Pelletret (?-?), 582 Pemberton, Henry (1694-1771), 481 Percelat, Antoine (?-?), 570-571, 593-594 Périer, Jacques Constantin (1742-1818), 431-432, 434, 436, 468, 473 Pernety, Angélique Françoise, née Henrion de Saint-Armand, Vicomtesse (?-?), 1285, 1285n Perreau, Jean André (1749-1813), 517 Perregaux, Alphonse Claude Charles Bernardin, Comte (1750-1808), 685, 691, 710, 712, 716, 725-726, 730-731, 737, 742 Perrin, Claude Victor, Duc de Bellune (1764-1841), 1216, 1216n Persin (?-?), 247
1408
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Perthes, Friedrich Christoph (1772-1843), 976 Petiet, Claude Louis (1749-1806), 445, 445n, 571, 647 Peyrard, Eugène (?-?), 1254, 1263, 1309 Peyrard, Mme (?-?), 642-643, 778, 803, 1054 Peyrusse, Guillaume Joseph Roux (17761860), 853, 853n Piazzi, Giuseppe (1746-1826), 493, 676, 678, 680, 682, 700, 1008 Picard, Louis Benoît (1769-1828), 798 Piccinni, Niccolò (1728-1800), 75 Pichot (?-?), 366 Pictet, Marc Auguste (1752-1825), 868, 884, 926, 1009-1010, 1063, 1068 Piedonnet (?-?), 1323 Pierre (prénom) (?-?), 777 Pigott, Edward (?-?), 176 Pilati, Carlantonio (1733-1802), 12, 12n Pillon (?-?), 1136-1137 Pingré, Alexandre Guy (1711-1796), 100103, 113 Plaichard-Chottière, René François (17401815), 431 Plana, Giovanni (1781-1864), 921, 11431146, 1146n, 1147, 1147n, 1153-1154, 1159-1161, 1163-1167, 1188-1190, 1198-1201, 1224-1226, 1248, 1248n, 1249, 1301-1303 Plassiard, abbé ou Placiard (?-?), 168, 197 Playfair, John (1748-1819), 1076, 1081, 1150-1151 Poignée (?-?), 602-603 Poisson, Siméon Denis (1781-1840), 696, 696n, 774, 776, 808, 818, 921, 1004, 1009, 1098, 1098n, 1099, 1104, 1154, 1161n, 1172, 1243, 1269, 1335-1336 Polignac, Auguste Jules Armand Marie, Prince de (1780-1847), 1244, 1272n Pond, John (1767-1836), 970, 973 Pont (?-?), 378 Portes, Adolphe François René, Marquis de (1790-1852), 984-986, 990-991,
993, 998-999, 1032, 1036, 1039-1041, 1055, 1061, 1094, 1215, 1258, 1275, 1287, 1290, 1332 Portes, Angélique Joséphine Charlotte de (1813-1883), 1038-1041, 1047, 1079, 1094, 1139-1140, 1215, 1232, 12531256, 1258, 1261-1264, 1275, 1285, 1287-1292, 1300, 1307-1319, 1344 Portes, Catherine de, née Beauvarlet de Bomicourt (?-?), 984-986, 990-991, 1029, 1093-1094, 1258 Portes, Jean Joseph Thomas, Marquis de (?-?), 984-986, 990-991, 1094 Portes, Sophie Suzanne, voir : Laplace, Sophie Suzanne Portiez, Louis François René (1755-1810), 757-758 Potter (?-?), 940 Pougens, Marie Charles Joseph de (17551833), 958 Pouillet, Claude Servais Mathias Marie Roland (1790-1868), 1251 Pound, James (1669-1724), 762 Praslin, Madame (?-?), 642 Prévost, Pierre (1751-1839), 868, 868n, 880, 880n, 881, 881n, 882, 882n, 883884, 887-888, 920, 920n, 1063, 1063n, 1068, 1077, 1077n, 1079-1081 Prévost (?-?), 197 Price, Richard (1723-1791), 149, 982, 982n Priestley, Joseph (1733-1804), 111-112, 184, 184n, 187, 187n, 205, 322, 324, 325n, 335-336, 702 Prieur de Lacomble, Auguste Eusebe (1776-1832), 454-455, 455n, 456, 456n Prieur-Duvemois, Claude Antoine (17631832), 660, 694 Primat, Claude François Marie, Archevêque de Toulouse (1747-1816), 990-991 Prony, Gaspard Clair François Marie Riche de, Comte (1755-1839), 435, 772, 1102, 1104, 1277, 1278n Prony, Marie, née Fréminville (?-?), 772, 1345-1346 Prou, Denis (?-?), 855 Ptolémée, Claudius (c.100-170), 221, 529
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Puget, Edme Jean Antoine, Comte du (1742-1802), 248, 254 Puissant, Louis (1769-1843), 1095, 1109, 1112, 1122, 1346 Puységur, Louis-Pierre de Chastenet, Comte de (1727-1807), 275, 275n, 278-280, 280n, 281, 281n
Q Quesnel (?-?), 398 Quinette, Nicolas Marie (1762-1821), 554, 554n, 556, 616 Quintin, Joseph (?-?), 386
R Racle (?-?), 908, 914 Raguse, Duc de, voir : Marmont, Auguste Frédéric Louis Viesse de Ramel-Nogaret, Dominique Vincent (1769-1829), 450, 450n, 495, 495n Ramond de Carbonnières, Louis François Elisabeth (1755-1827), 653-656, 798, 1187-1188 Ramsden, Jesse (1730-1800), 203, 229, 877, 901, 1163, 1176 Rataud, Jean Pierre (1752-1831), 394395, 419 Raoûl (?-?), 870 Rauchon (?-?), 509, 511 Raveau (?-?), 247 Raymond (?-?), 866n Raynal, Guillaume Thomas François (1713-1796), 99, 109, 109n Raynouard, François Juste Marie (17611836), 1106, 1191 Reboul, Marcel (?-?), 1059-1060, 1069 Reculé (?-?), 90 Redon de Belleville, Charles Godefroy, Baron (1748-1820), 851, 851n, 853, 853n
1409
Regnault (?-?), 1143, 1186, 1228 Regnier, Claude Ambroise, Duc de Massa di Carrara (1746-1814), 757, 757n, 858, 858n, 1066, 1066n Reichenbach, Georg von (1772-1826), 877, 925-926, 933-934, 951-954, 956, 961, 965-966, 966n, 969, 972, 976, 987-989, 1023, 1162-1163 Remanée (?-?), 1050 Rennell, James (1742-1830), 603 Repsold, Johann Georg (1772-1826), 1167 Reth, voir : Servières Reybaz, Etienne Salomon (1737-1804), 139, 145-146, 154, 177, 219-220 Reynau, Père (1656-1728), 358 Reynaud (?-?), 281 Riaucourt, voir : Molerat de Riaucourt Riccioli, Giambattista (1598-1671), 545 Rivière (?-?), 1129 Robert, François (?-?), 156, 312, 367, 382 Robillard-Péronville, Louis Nicolas Joseph (1750-1809), 854 Robin (?-?), 870, 919 Robison, Sir John (1778-1843), 1229, 1242 Rochon, Alexis Marie (1767-1817), 127 Rodriguez, José (1776-1821), 822 Rœderer, Pierre Louis (1754-1835), 441442, 645, 700-701 Roeseleur, Corneille (?-?), 1002 Roger, Jean François (1776-1842), 1124, 1255, 1258, 1263, 1323 Rondonneau de la Motte, Louis (?-1835), 757 Rontreuil (?-?), 648 Rosily-Mesros, François Etienne (17481832), 1104 Rosin (?-?), 417-418 Rossel, Elisabeth Paul Edouard (17651829), 1104, 1109 Rousseau (?-?), 386 Rousseau, Etienne André (?-?), 407, 412, 418, 437 Roussier, Pierre Joseph (1716-1792), 90, 90n Rouvrette, Mme (?-?), 1301
1410
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Rouxel de la Blanchelande, Philibert François (1735-1793), 248 Rouyer (?-?), 355, 362 Rovigo, Duc de, voir : Savary Roy, William (1726-1790), 901 Rozier, François (1734-1793), 90 Rümker, Karl Ludwig Christian (17881862), 1181 Rumford, Sir Benjamin Thompson (17531814), 709, 885n, 926 Rumford, Marie Anne Pierrette, Comtesse de (1758-1836), voir aussi : Lavoisier, Marie Anne Pierrette, 885, 1003, 1039, 1041-1044, 1086, 1102-1104 Russel (?-?), 973n
S Sabatier, Raphaël-Bienvenu (1732-1811), 244, 244n, 246, 249, 254 Sabine, Edward (1788-1883), 1242, 1272-1273, 1280, 1280n, 1281 Saint Amand, voir : Henrion de Saint Amand Saint-André, André Jeanbon (1749-1813), 842, 842n Saint-Ange, Ange François Fariau de (1747-1810), 451, 475-476 Saint-Aubin, Camille (1758-1820), 451 Saint-Quantin, Charles Achille, Vicomte (1770-1834), 806, 929-930, 936, 939941, 994-996, 1002-1003 Saint Vallier, Jean Denis René de la Croix de Chevrières de, Comte (1756-1824), 874 Saint-Vincent, Claude Joseph de (17471809), 386 Sainte-Aulaire, voir : Beaupoil, Louis de Salmon, Comte de (?-?), 1230, 1290 Salmon, Mme la Comtesse de (?-?), 1220, 1258, 1261, 1263, 1275, 1300, 1312, 1314, 1319 Salm-Salm, Guillaume Florentin Jean Félix, Prince de (1745-1810), 724
Saluces, Comte de, voir : Saluzzo Saluzzo di Monesiglio, Giuseppe Angelo, Comte de (1734-1810), 120, 120n, 150, 150n Sampigny (prénom) (?-?), 1254 Sangneud (?-?), 133 Saron, voir : Bochart de Saron Saugrain, Claude Marin (1738-1806), 467, 467n Saussure, Horace Bénédict de (17401799), 114n, 261, 317, 317n, 318, 338-339, 339n, 461-462, 466, 466n, 467, 474-475, 500, 517, 537, 881, 882n, 969 Saussure, Mme de (?-?), 466, 474, 883 Saussure, Nicolas Théodore de (17671845), 881, 881n, 882, 882n, 1063, 1068 Savary, Anne Jean Marie René, Duc de Rovigo (1774-1833), 923, 923n, 967, 967n Saveux, de (?-?), 197 Savin (?-?), 980 Saxe-Gotha, Charlotte, Duchesse de, voir : Maria Charlotte Amalie Saxe-Gotha, Duc de, voir : Ernst II Ludwig Say, Jean Baptiste (1767-1832), 13191320 Schroeter, Johann Hieronymus (17451816), 700, 966-967, 976 Schubert, Friedrich Theodor von (17581825), 715, 959-960, 960n, 961, 972, 1064-1065, 1067, 1067n Schumacher, Heinrich Christian (17801850), 1162, 1167-1168, 1175 Schurer, Frédéric Louis (?-?), 304 Scott (?-?), 1183, 1226-1227 Sédillez, Mathurin Louis Etienne (17451820), 449, 449n Seguin, Armand Jean François (17671835), 319, 329, 343 Seguin (?-?), 303 Ségur, Antoinette Elisabeth Marie d’Aguesseau, Comtesse de (17561828), 955, 971 Ségur, Philippe Henri, Marquis de (17241801), 123n, 124, 124n, 125-126, 167,
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
167n, 168, 196, 196n, 197, 213, 213n, 214 Séjour, Louis Achille Dionis du (17341794), 19, 19n, 22, 33, 50, 67, 69, 70, 74, 79-80, 84, 98, 109, 118-119, 144, 241, 521 Selis, Nicolas Joseph (1737-1802), 443 Sémonville, Charles Louis Huguet, Marquis de (1759-1839), 756, 874-875, 898, 1012, 1062, 1138, 1206, 1271, 1271n, 1272 Servan de Gerbey, Joseph Marie (17411808), 369-370, 370n, 371n, 372n Serre, Pierre François Hercule, Comte de (1776-1824), 1178 Servières, Claude Urbain, Baron de Reth (1755-?), 402-403, 429, 435, 450, 468, 471-473 Seyffer, Karl Felix von (1762-1822), 700 Seymour, Edward Adolphus, Duc de Somerset (1775-1855), 1244 Shuckburgh-Evelyn, Sir George Augustus William (1751-1804), 379 Sieyès, Emmanuel Joseph, Comte de (1748-1836), 451, 556, 560, 560n, 605 Silvestre, Augustin François de (17621851), 403, 432, 435, 471-473, 13461347 Simon (?-?), 367 Simpson, Thomas (1710-1761), 982, 982n Six, James (?-1793), 161 Smeaton (?-?), 902 Smeaton, John (1724-1800), 203 Smith, Adam (1723-1790), 880, 880n, 881 Smith, William, Capitaine (1790-?), 1299 Smyth, James Carmichael (1741-1821), 651, 651n Sniadecki, Jan (1756-1830), 227, 227n, 229 Sochon, Marie Anne (?-?), 256 Somerset, Duc de, voir : Seymour Somerville, Mary (1780-1872), 12501251, 1298-1299 Somerville, William (1771-1860), 1251, 1299 Sommer, Georg (1754-1826), 1279
1411
Sotin (?-?), 451 South, James (1785-1867), 1229, 1272, 1281, 1294, 1299 South, Madame (?-?), 1300 Staël-Holstein, Auguste Louis, Baron de (1790-1827), 1064 Stainville, Janot de, voir : Janot Destainville Staudt, Karl Georg Christian von (17981867), 1176, 1176n Stewart, Dugald (1753-1828), 880n, 881n Struve, Friedrich Georg Wilhelm (17931864), 1243 Suard, Jean Baptiste Antoine (17331817), 1090 Sugard (?-?), 912 Süssmilch, Johann Peter (1707-1767), 208, 208n Sully (?-?), 1047 Sully, Mme (?-?), 1047 Svanberg, Jöns (1771-1851), 826, 826n, 827, 834, 961-962, 1121, 1281 Swinden, Jan Hendrik van (1746-1823), 548-549, 595-596, 634-635, 886-887
T Talleyrand-Périgord, Charles Maurice de, Prince de Bénévent (1754-1838), 508, 508n, 512, 512n, 515, 515n, 535, 535n, 689, 689n, 731, 731n, 805, 805n, 822, 822n, 1024, 1024n Talleyrand, Catherine Noël, née Worlhee (?-?), 814 Tarbé des Sablons, Sébastien André (1762-1837), 375, 511 Tarente, Duc de, voir : Macdonald Tascher de la Pagerie, Marie Joseph, dite Joséphine, Impératrice (1763-1814), 768, 768n, 778, 798, 811-812, 816, 967, 967n, 1053 Tavel, Jean Baptiste Benoît (?-?), 879, 1155-1156, 1174 Tempelhoff, Georg Friedrich von (17371807), 142
1412
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
Termonix (?-?), 298 Thénard, Louis Jacques, Baron (17771857), 1336 Thiébault, Dieudonné (1733-1807), 451 Thomassin, Michel (?-?), 832-833 Thompson, Sir Benjamin, voir : Rumford, Comte de Thonin, Abbé (?-?), 168, 197 Thurot (?-?), 247 Tiarks, Johann Ludwig (1789-1837), 1273 Tierzot (?-?), 420-421, 421n Tottie (?-?), 353 Toul, voir : Champorcin, Etienne François Xavier des Michels, Comte de Tralles, Johann Georg (1763-1822), 797, 1075 Tranchot, M. (1752-1815), 1122 Tranguet (?-?), 535 Trembley, Jean (1749-1811), 114n, 147, 154, 177, 219, 234, 261-262, 656 Tremilly (?-?), 1213 Troughton, Edward (1753-1835), 901, 901n, 902, 911, 1163 Trouville, Jean Baptiste Emmanuel Hermand de (?-?), 431, 434-435, 468, 470-473 Tusi, al (1201-1274), 530
U Ulugh-Beg (1394-1449), 529-530 Utzschneider, Josef von (1763-1840), 925
V Valence (?-?), 1052, 1055 Vallet de Villeneuve, Pierre Armand (?-?), 225-226 Vallot (?-?), 1109 Valmy, Duc de, voir : Kellermann
Valtier (?-?), 747 Van den Berghens (?-?), 948 Vandermonde, Alexandre Théophile (17351796), 127, 377, 429, 431-432, 434-436, 439 Van Praet, Joseph Basile Bernard (17541837), 786, 786n, 981-982, 998 Van Swinden, voir : Swinden Van Thol (?-?), 563, 563n, 613, 613n Vassalli-Eandi, Antonio Maria (17611825), 722 Vaublanc, Vincent Marie Viénnot, Comte de (1756-1845), 873, 888, 890-891, 1088-1090 Vaublanc, Mme, née Fontenelle (?-?), 891 Vauquelin, Nicolas Louis (1763-1829), 319, 329, 343, 443, 517, 652 Vernes (?-?), 1050 Vernet (?-?), 269 Verniquet, Edme (1727-1804), 575 Vial du Clairbois, Honoré Sébastien (1733-1816), 662, 665, 665n Viard, Charles (?-?), 413 Viard, Jean Baptiste (?-?), 413 Viard, Louis (?-?), 413 Viarzot (?-?), 412 Vicq d’Azyr, Felix (1748-1794), 248, 254 Vidal, Jacques (1747-1819), 653 Vien, Joseph Marie (1716-1809), 724, 724n Viénot, Vincent Marie, voir : Vaublanc, Vincent Marie Viénot Villar, Noël Gabriel Luce de (1748-1826), 431, 475 Villers, voir : Augez de Villers, Clément Villeneuve, Vallet de, voir : Vallet deVilleneuve Vimeux, Madame (?-?), 1027 Vincence, Duc de, voir : Caulaincourt Vincent, François André (1747-1816), 537 Vincent (?-?), 1119 Visconti, Ennius Quirinus (1751-1821), 622 Visconti, Angela Teresa Doria (?-?), 1012
INDEX DES NOMS DE PERSONNES
Vittorio Amadeo III, Roi de Sardaigne (1726-1796), 120, 120n, 123, 123n Volta, Alessandro (1745-1827), 90, 335, 686-687, 706, 768, 774, 958, 988, 1023 Voltaire, François Marie Arouet de (16941778), 270, 1222n Vonnet (?-?), 394-395 Vyard, Deny (?-?), 413
1413
Woronkowski (?-?), 917, 917n
Y Young, Thomas (1773-1829), 883, 11161117, 1205, 1212, 1219 Ysabeau (?-?), 209, 226, 241 Yunus, Ibn (c.969-1009), 508, 524, 530, 535, 549, 634-635
W Waillemet (?-?), 927 Wales, William (1734-1798), 1149 Walther, Bernard (1436-1504), 503, 503n Wargentin, Pehr Wilhelm (1717-1783), 342 Waring, Edward (1734-1798), 149, 175, 175n, 176, 203 Watt, James (1736-1819), 114-115, 129130, 166n, 173, 173n, 186 Wedgwood, Josiah (1730-1795), 160, 162, 166, 173, 173n Welter, Jean Joseph (1763-1852), 1204, 1204n, 1205 Whewell, William (1794-1866), 1211, 1211n White, Joseph (?-?), 149, 159, 162, 166 Wilson, Alexander (1714-1786), 161 Wollaston, William Hyde (1766-1828), 883, 1219, 1299 Woulfe, Peter (1727-1803), 203-204
Z Zach, Franz Xaver, Freiherr von (17541832), 164, 166, 180, 271, 522, 633, 638-639, 668-672, 674-683, 700, 703708, 708n, 740-741, 760-763, 921, 953-954, 964, 975, 987, 1153-1154, 1159, 1164, 1188 Zecchini (?-?), 399
Curé, Arcueil (?-?), 1262, 1275, 1328, 1336 Curé, Missions Etrangères (?-?), 1328, 1336 Président, Société des Amis des Arts (?-?), 606 Prieur, Collège de St Clément à Metz (?-?), 214
TABLE DES MATIÈRES
Foreword/Avant-propos ............................................................................... VII Ellen Hahn Préface............................................................................................................IX Introduction par Roger Hahn.........................................................................XI Liste des abréviations ................................................................................. XIII Correspondance de Pierre Simon Laplace : Tome I Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année Année
1769.................................................................................................. 1 1771.................................................................................................. 3 1772.................................................................................................. 9 1773................................................................................................ 11 1774................................................................................................ 15 1775................................................................................................ 17 1776................................................................................................ 25 1777................................................................................................ 31 1778................................................................................................ 43 1779................................................................................................ 53 1780................................................................................................ 65 1781................................................................................................ 71 1782................................................................................................ 83 1783.............................................................................................. 105 1784.............................................................................................. 141 1785.............................................................................................. 179 1786.............................................................................................. 209 1787.............................................................................................. 225 1788.............................................................................................. 239 1789.............................................................................................. 263 1790.............................................................................................. 309 1791.............................................................................................. 317 1792.............................................................................................. 357 1793.............................................................................................. 377
1416
Année Année Année Année Année Année Année Année Année
CORRESPONDANCE DE PIERRE SIMON LAPLACE
1794.............................................................................................. 399 1795.............................................................................................. 429 1796.............................................................................................. 445 1797.............................................................................................. 491 1798.............................................................................................. 507 1799.............................................................................................. 535 1800.............................................................................................. 633 1801.............................................................................................. 657 1802.............................................................................................. 693
Correspondance de Pierre Simon Laplace : Tome II Année 1803.............................................................................................. 715 Année 1804.............................................................................................. 733 Année 1805.............................................................................................. 765 Année 1806.............................................................................................. 787 Année 1807.............................................................................................. 831 Année 1808.............................................................................................. 849 Année 1809.............................................................................................. 873 Année 1810.............................................................................................. 905 Année 1811.............................................................................................. 939 Année 1812.............................................................................................. 973 Année 1813............................................................................................ 1009 Année 1814............................................................................................ 1047 Année 1815............................................................................................ 1067 Année 1816............................................................................................ 1085 Année 1817............................................................................................ 1105 Année 1818............................................................................................ 1121 Année 1819............................................................................................ 1131 Année 1820............................................................................................ 1143 Année 1821............................................................................................ 1173 Année 1822............................................................................................ 1193 Année 1823............................................................................................ 1215 Année 1824............................................................................................ 1235 Année 1825............................................................................................ 1269 Année 1826............................................................................................ 1295 Année 1827............................................................................................ 1323 Sans date................................................................................................ 1337 Table générale des lettres et documents.................................................... 1349 Index des noms de personnes .................................................................... 1387 Table des matières...................................................................................... 1415