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French Pages 209 [212] Year 1996
BEIHEFTE ZUR ZEITSCHRIFT FÜR ROMANISCHE
PHILOLOGIE
BEGRÜNDET VON GUSTAV GRÖBER FORTGEFÜHRT VON WALTHER VON WARTBURG UND KURT BALDINGER HERAUSGEGEBEN VON MAX PFISTER
Band 277
J. KEITH ATKINSON
Boeces: De Consolacion Edition critique d'après le manuscrit Paris, Β ib l. nationale, fr. 1096, avec Introduction, Variantes, Notes et Glossaires
MAX NIEMEYER VERLAG TÜBINGEN 1996
Gedruckt mit freundlicher Unterstützung des Department of Romance Languages der University of Queensland und der Australian Academy of the Humanities
Die Deutsche Bibliothek - CIP-Einheitsaufnahme [Zeitschrift für romanische Philologie / Beihefte] Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie. - Tübingen : Niemeyer Früher Schriftenreihe Reihe Beihefte zu: Zeitschrift für romanische Philologie ISSN 0084-5396 NE: HST Bd. 277. Boethius, Anicius Manlius Severinus: De consolacion. - 1996 Boethius, Anicius Manlius Severinus: De consolacion : edition critique d'après le manuscrit Paris, Bibl. Nationale, fr. 1096 ; avec introduction, variantes, notes et glossaires / Boeces. J. Keith Atkinson. - Tübingen : Niemeyer, 1996 (Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie ; Bd. 277) Einheitssacht.: De consolatione philosophiae NE: Atkinson, J. Keith [Hrsg.] ISBN 3-484-52277-1 ISSN 0084-5396 © Max Niemeyer Verlag GmbH & Co. KG, Tübingen 1996 Das Werk einschließlich aller seiner Teile ist urheberrechtlich geschützt. Jede Verwertung außerhalb der engen Grenzen des Urheberrechtsgesetzes ist ohne Zustimmung des Verlages unzulässig und strafbar. Das gilt insbesondere für Vervielfältigungen, Übersetzungen, Mikroverfilmungen und die Einspeicherung und Verarbeitung in elektronischen Systemen. Printed in Germany. Gedruckt auf alterungsbeständigem Papier. Satz und Druck: Allgäuer Zeitungsverlag GmbH, Kempten Einband: Heinr. Koch, Tübingen
ci la mémoire de Jean Rychner
Avant-propos
C'est dans les années 1967-1969, au cours de séminaires à l'Université de Neuchâtel (Suisse) sur la traduction médiévale des textes latins, qu'a pris racine dans mon esprit cet intérêt pour les traductions françaises de la Consolatio philosophiae de Boèce. Ces séminaires étaient organisés par le regretté Jean Rychner qui fut d'abord mon maître et que j'eus, par la suite, l'honneur de considérer comme un collègue et un ami. Lors de mes visites à Neuchâtel dans les années 70 et 80, c'est lui qui me dispensa ses encouragements et ses conseils lorsque, d'aventure, je me heurtais à quelque difficulté concernant l'édition de ces textes. C'est en l'honneur de son enseignement et des conseils qu'il m'a si généreusement offerts que je dédie, aujourd'hui, cette publication à sa mémoire. Outre l'agrément que peut présenter, en elle-même, une traduction médiévale, cette édition peut se justifier par l'intérêt que suscite, pour un public d'érudits, le développement de la langue française en une période formative comme le fut celle du moyen français. En prenant pour base le ms. de Paris (Ρ), nous présentons au public une édition critique (au sens traditionnel) de ce texte. On y trouvera une introduction phonétique (qui inclut des commentaires morphologiques) portant sur les quatre principaux mss; le glossaire principal se réfère à cette édition de P. Dans un désir d'être fidèle au témoignage lexicologique de toute la tradition, nous avons ajouté un glossaire des variantes où sont présentés des vocables particuliers à des mss autres que le ms. de base. La numérotation des phrases selon la segmentation du texte latin adoptée par L. Bieler dans son édition du texte latin (Corpus christianorum, Series latina, X C I V ) et par A . Bocagnano dans sa traduction française (Classiques Garnier) devrait faciliter les recherches visant à la comparaison du texte édité avec le texte latin. C'est un système à recommander pour d'autres éditions des traductions de la Consolatio·, ainsi ce système peut-il former la base d'une série d'études comparatives des traductions françaises entre elles. Ce travail n'aurait pu être mené à bonne fin sans les subventions de recherche de Γ Australian Research Grants Commission (1979-1982) et, plus récemment, les subventions de publication du Département de Langues Romanes de l'Université du Queensland et de la Australian Academy of the Humanities ni sans l'aide, l'encouragement et les conseils de beaucoup d'amis et de collègues; parmi ceux-ci, deux méritent une men-
Vili
Avant-propos
tion particulière : Margaret Bolton-Hall, d'abord, qui, outre les observations pertinentes qu'elle a pu me dispenser sur quelques aspects de la syntaxe latine, a grandement contribué à m'initier aux subtilités du traitement de textes, et à qui j'ai confié le soin, en tant qu'assistante de recherche, de rédiger une première - mais combien fondamentale - version du Glossaire et de la Table des noms propres; Annick Bouchet, ensuite, qui a accepté de bonne grâce, à titre d'assistante de recherche, de revoir le texte final sous son angle stylistique. Que toutes ces personnes trouvent ici l'expression de ma vive reconnaissance. De toute maladresse qui pourrait subsister, je revendique l'entière responsabilité. J. Keith Atkinson, En ce jour de la fête de Sainte Clotilde, de l'An de Grâce 1996
Table des Matières
Introduction ι. Les Boeces du XIII e et XIV e siècles 2. Brève description des manuscrits 3. Études antérieures relatives au Boeces, de Consolacion 4. Filiation des manuscrits 5. Étude linguistique 5.1 Versification 5.2 Table de rimes 5.3 Langue de l'auteur 5.4 Particularités de la langue des scribes 5.5 Auteur, date et localisation du texte 6. Le Boeces, de Consolacion en tant que traduction 7. Établissement du texte Texte Variantes Notes critiques Table des noms propres Glossaire de l'édition Glossaire des variantes et des leçons non conservées Commentaire sur quelques vocables Bibliographie
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ι ι 4 10 12 16 16 19 23 32 41 43 46 49 137 150 157 161 185 189 196
Introduction
ι. Les Boeces du XIII e et XIV e siècles La traduction française de la Consolatio philosophiae de Boèce, en vers et en prose et datant de la décennie 1320-1330, dont nous présentons ici une édition, prend place dans une longue tradition de traductions d'oeuvres latines au cours des XIII e et XIV e siècles. Cette Consolatio y occupe une place privilégiée si l'on considère qu'entre les années 1230 et 1400 elle se voit traduire en français de manière plus ou moins complète non moins de dix fois. Les principales études qui leur ont été consacrées dans leur ensemble à l'époque moderne sont celles de L. Delisle (1873), Ch.V. Langlois (1928), H. R. Patch (1935), A . Thomas et M. Roques (1938), R. Dwyer (1976), R. Copeland (1991), N. H. Kaylor (1992). C'est le classement de Thomas-Roques que nous avons retenu ici 1 . F. Bérier dans son chapitre consacré aux traductions françaises de la période en question note l'importance du nombre de traductions de la Consolatio en moyen français et le classifie comme «phénomène qui réclamerait une explication plus poussée que celle donnée jusqu'à présent»2. Sans pousser l'explication jusqu'à son extrême limite, nous pouvons dire que la place privilégiée qu'occupe la Consolatio parmi les textes traduits s'explique par le fait que le texte fut, d'abord, susceptible d'attirer l'attention des commentateurs 3 et éducateurs dans des centres écoliers et universitaires par son contenu scolastique et, à la fois, approprié et 1
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v. Bibliographie. Dans J. K. Atkinson, «Manuscript context as a guide to generic shift: some Middle French Consolations», Medieval Codicology, Iconography, Literature and Translation. Studies for Keith Val Sinclair, Leiden, 1994, 3 2 1 332, nous proposons l'ordre chronologique suivant: I, II, VIII, III, IV, V, VII, IX, VI, Χ. Grundriss der Romanischen Literaturen des Mittelalters, Heidelberg, 1988, Band 8(1), Chap. 14, «La traduction en français», 219-265 (225). On sait que la Consolatio faisait partie du programme des écoles et des universités et qu'elle a fait l'objet de nouveaux commentaires latins au X I V e s. en particulier (v. l'étude magistrale de P. Courcelle, La Consolation de Philosophie dans la tradition littéraire, Paris, 1967). Ces commentaires, en particulier celui de Guillaume de Conches (XII e s.) et celui du dominicain Nicolas Trevet au début du X I V e s., ont fait partie des sources utilisées par plus d'un des traducteurs.
Introduction
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même accessible à un public plus large par sa présentation narrative, dotée de fables illustratives. A travers les prologues et les différentes m a nières de traduire> qu'on y voit discutées aussi bien que par les résultats différents, on sait que le texte fut traduit, selon le cas, pour un public recruté parmi les universitaires, les religieux, les familles royales et les laïcs instruits désireux d'avoir accès à une culture plus vaste 4 . À cet égard, les Consolations ne diffèrent pas de la variété des buts proposés et des pratiques employées dans toute une série de traductions à la même époque, activité qui connaît son apogée à la cour de Charles V 5 . À deux reprises Jean de Meun se pencha sur ce texte; il y puisa de longs segments qu'il intégra dans son Roman de la Rose et les conseils qu'il y donne sur l'intérêt que pourrait présenter une traduction complète du texte latin (donc granz biens aus gens lais feroit/ qui bien le leur translaterait)6 a presque certainement poussé d'autres traducteurs à entreprendre la tâche. Dans les toutes dernières années de sa vie il acheva une traduction en prose qu'il dédia à Philippe le Bel (Thomas-Roques III) 7 . Mais même avant le Roman de la rose il existait déjà une traduction en prose, complète et littérale, contenant d'ailleurs des extraits, également traduits, tirés des commentaires latins de Guillaume de Conches et d'Adalbold d'Utrecht (Thomas-Roques I)8. Dans sa traduction, Jean de Meun lui-même puisa très peu dans les commentaires latins, bien qu'on puisse discerner, dans son propre prologue 9 , l'influence du prologue du commentaire dû à Guillaume d'Aragon. Cette influence est perceptible aussi dans le prologue d'une autre traduction en prose hennuyère datant de la décennie précédant la traduction de Jean de Meun (Thomas-Roques
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À part les études de Dwyer, Bérier et Copeland déjà citées, on peut consulter avec profit sur un plan plus général le chapitre 4, «Les traducteurs au X I V e siècle», de S. Lusignan, Parler vulgairement, les intellectuels et la langue française aux XIIIe et XIVe siècles, Montréal, 1987. v. L. Delisle, Recherches sur la librairie de Charles V, roi de France, 1337-1380, Paris, 1907, (réimpression) Amsterdam, 1967, 1, chap. 9, «Traducteurs», 8 2 119. F. Lecoy (éd.), Le Roman de la rose, 1, Paris, 1968, vv. 5009-10. Édité par V. L. Dedeck-Héry, «Boethius' by Jean de Meun», Mediœval Studies, 14, 1952, 165-275. Ce texte, écrit dans la langue du sud de la Bourgogne, a été récemment édité par M. Bolton-Hall, A Critical Edition of the Medieval French Prose Translation and Commentary of of Boethius Contained in Ms. 2642 of the National Library of Austria, Vienna, Thèse de doctorat, Université du Queensland, 1990. R. Crespo, «Il prologo alla traduzione della di Jean de Meun e il Commento di Guilelmo d'Aragona», Romanitas et Christianitas: Studia lano Henrico Wasink AD VI Kal. Nov. A. 1973, 13 lustra compienti oblata, (éd. Boer et al.), Amsterdam, 1973, 55-70; G. M. Cropp, «Le prologue de Jean de Meun et », Romania, 103, 1982, 278-298.
ι. L e s B o e c e s du X I I I e et X I V e siècles
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II) 10 . Il est bien probable qu'au même moment Bonaventura da Demena, auteur par ailleurs inconnu, rédigeait sa version en prose (Thomas-Roques VIII) 1 1 . Par la suite, au XIV e s. à proprement parler, on n'a pas moins de six traductions: l'une, en prose, date de 1310; c'est l'œuvre de l'hospitalier Pierre de Paris, qui habitait à Chypre (Thomas-Roques IV) 1 2 ; celle qui nous occupe ici, composée en vers et en prose, date selon toute probabilité de la décennie 1320-1330 et fut écrite à l'Est de la France (ou à l'Ouest de l'Empire) (Thomas-Roques V); une autre écrite dans le dialecte picard, tout en vers, se distingue, elle, par le fait qu'elle comporte un commentaire indépendant en langue vulgaire tiré et adapté d'une variété de sources latines (Thomas-Roques VII) 1 3 ; une adaptation populaire en vers par le dominicain bourguignon, Renaut de Louhans, date de 1337 (n.s.); on surprend parfois son auteur à puiser dans les vers de V (Thomas-Roques IX)' 4 ; une autre, en vers et en prose datant du milieu du XIV e s., est aussi redevable au V de certains de ses vers. Le nombre de copies qui sont parvenues jusqu'à nous suggère que cette œuvre eut un certain retentissement (Thomas-Roques VI) 1 5 ; et enfin un autre dominicain associé à la cour du jeune roi Charles V I dans les toutes premières D e u x éditions datant de l'année 1976: J. K. A t k i n s o n , A Critical Edition of the Medieval French Prose Translation of of Boethius Contained in MS. 8ç8 of the Bibliothèque Municipale, Troyes, Thèse de doctorat, Université du Queensland, 1976; R. Schroth, Eine altfranzösische Übersetzung der des Boethius (Handschrift Troyes 8q8), Francfort, 1976. Sur le dialecte de ce texte, v. J. Κ. A t k i n s o n , «Le dialecte du B o è c e de Troyes 898; à propos d'une édition récente», Romania, 102, 1981, 250-259. 11
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R. D w y e r , «Bonaventura da D e m e n a , Sicialian translator of Boethius», French Studies, 28, 1974, 1 2 9 - 1 3 3 . A . Thomas, «Notice sur le manuscrit 4788 du Vatican», Notices et extraits des manuscrits de la Bibliothèque nationale et autres bibliothèques, 41, 1917, 2 9 - 9 0 . J. K. A t k i n s o n , An Early Fourteenth-Century French Boethian Orpheus, Parergon, 26, 1980 (Special Issue of the Australian and the N e w Z e a l a n d Association for M e d i e v a l and Renaissance Studies) 52pp.; - , «Les travaux d'Hercule moralisés au X I V e siècle», Mélanges de langue et de littérature médiévales offerts à Alice Planche, A n n a l e s de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Nice, Nice, 1984, 4 1 - 5 0 ; - , « A Fourteenth-Century Picard Translation-Commentary of the », The Medieval Boethius (éd. A . J. Minnis), Cambridge, 1987, 3 2 - 6 2 . N o u s terminons actuellement une édition de cette traduction. B. M . A t h e r t o n , Le Roman de Fortune et de Félicité de Renaut de Louhans, édition critique, T h è s e de doctorat, Université du Queensland, 1994. Parmi la série de publications consacrées par G. M . C r o p p à cette traduction, je cite les deux suivantes: «Les manuscrits du , Revue d'Histoire des Textes, 1 2 - 1 3 , 1982-83, 2 6 3 - 3 5 2 , et «: from translation to glossed text», The Medieval Boethius..., 6 3 - 8 8 . Je tiens ici à remercier le Professeur C r o p p de m'avoir prêté des extraits inédits de ce texte.
Introduction
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années de sa règne (vers 1380-82) refit en vers la version de Renaut de Louhans en respectant plus exactement et plus fidèlement la source latine (Thomas-Roques X)' 6 . On sait quel est l'intérêt de présenter au public des éditions de ces traductions médiévales. Elles ont déjà servi à une série d'études importantes portant sur des questions linguistiques (vocabulaire et syntaxe en particulier) et des questions littéraires et culturelles 17 . Bien que l'édition présente ait son propre intérêt, c'est aussi en vue de telles études linguistiques, syntaxiques et en particulier celles qui se donnent comme but l'examen des techniques de la traduction que nous la publions. Pour faciliter les recherches sur les traductions de la Consolatio - nous disposons, à l'heure actuelle, de cinq d'entre elles au moins' 8 - nous avons numéroté chacun des segments des proses du texte selon les divisions adoptées par L. Bieler dans son édition du texte latin' 9 , numérotation qui correspond en même temps à la segmentation de la traduction française d'A. Bocognano 20 .
2. Brève description des manuscrits Quant au témoinage des manuscrits confirmant la traduction V, il y en a six 2 ': deux complets, Ρ = Paris, Bibliothèque nationale, fr. 1096; Β = Berne, Bürgerbibliothek, 365; un acéphale (il lui manque le premier cahier) M = Montpellier, Bibliothèque interuniversitaire, Section Médecine, H. 43; un autre qui se termine au début de IV,1 ( 5 ) " et qui a été achevé pour une 16
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Sur la base des vers d'un épilogue unique au ms. Toulouse, Bibliothèque municipale, 822, f. 85 r°, Blans est mon corps, noirs ses habis, on l'a attribuée jusqu'ici à un bénédictin anonyme; selon nous, la paternité reviendrait plutôt à un dominicain anonyme. M. Noest de l'Université du Queensland en prépare actuellement une édition critique. C'est dans un autre contexte que l'on établira l'intérêt que les dominicains ont porté à la Consolatio en Europe au XIII e et XIV e siècles, et la forte influence qu'ils ont exercée sur elle. On peut se référer à la bibliographie du Grundriss der Romanischen Literaturen des Mittelalters, Heidelberg, 1988, Band 8(1), 400-402 et éventuellement Band 8(2). II et III déjà publiées, et trois déposées comme thèses, I, II et IX. Nous espérons terminer d'ici peu l'édition de VII. Le IV, V I et le X sont toujours en préparation. Anicii Manlii Severini Boethii , Corpus christianorum, Series latina, XCIV, Turnholt, 1957. Boèce: La Consolation de la Philosophie, traduction nouvelle, Paris, 1937. Le ms. de Modène donné par R. H. Lucas, «Mediaeval French Translations of the Latin Classics to 1500», Speculum, 45, 1970, 225-253 (233), est une fausse attribution; il s'agit d'un texte partiel de V I (v. G. M. Cropp, Revue d'Histoire des Textes, 1 2 - 1 3 , 1982-83, 337). Nous indiquons les livres de la Consolatio par de grands chiffres romains, I, II, III, IV, V; les chiffres romains et arabes placés après l'indication du livre per-
2. Brève description des manuscrits
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grande partie du livre V par une transcription du texte de Jean de Meun, A = Amiens, Bibliothèque municipale, 412; et enfin deux fragments S = Strasbourg, Bibliothèque nationale et universitaire, 508, et Br = Bruxelles, Bibliothèque royale Albert Ier, 10394-10414, f. 202 v° 23. A. Amiens, Bibliothèque municipale, 412 Parchemin, I + 1 1 7 f t + I, ff. 1 - 9 1 , XIV e s.; ff. 9 2 - 1 1 7 , début du X V e s.; justification: 165 χ I20 mm, 28 longues lignes par page, ff. 1 —91 ; 26 longues lignes par page, ff. 9 2 - 1 1 7 ; foliotation moderne en chiffres arabes. Cahiers: le manuscrit se compose de quatre parties assez distinctes; la première, ff. 1 - 3 9 , fragment du Boeces de Consolacion correspondant au texte édité, Prologue au début de IV, 1(5), comprend cinq quaternions dont le premier feuillet a été coupé; initiales alternativement bleues et rouges; une grande initiale de huit interlignes de hauteur au f. 1 r°; trois grandes initiales ornées de cinq interlignes de hauteur aux ff. 10 r°, 21 v°, 39 v°, qui correspondent ainsi au début des livres II, III et IV du Boeces; écriture: textualis-, la deuxième, ff. 40-53 (fragment du Livre de confort de Boeces de Jean de Meun correspondant au Livre V,i(8) à la fin du texte édité par V. L. Dedeck-Héry, in Mediœval Studies, 14, 1952, 257, 1. 20-275), comprend deux quaternions dont les deux derniers feuillets du second coupés; le f. 53 v° est blanc; écriture: textualis formata; la troisième, ff. 5 4 - 9 1 (Le Testament de Jean de Meun 24 ), comprend cinq quaternions moins les deux derniers feuillets; écriture: textualis-, la quatrième partie, ff. 9 2 - 1 1 7 (un recueil de quelques 27 textes dévots et religieux dont au moins 24 correspondent aux textes retrouvés dans M), comprend deux quaternions plus un quinion; écriture: textualis formata-, encre noire partout. Les armes de la ville d'Amiens se trouvent à l'extérieur du plat inférieur. - ff. 1 - 3 9 v°: Fragment du Boeces de Consolacion correspondant au texte édité, Prologue au début de IV,1(5). Inc.: Chiaux qui sont en grans tritreches... Expl.:... sueffre tormens en lieu des mes fais et que che Possesseur et copiste: A l'intérieur de la lettre initiale du premier feuillet, un écu: d'argent, à la croix de gueules, chargée de cinq coquilles d'or, qui
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mettent de distinguer les mètres des proses; I,i correspond au livre I, mètre 1; I,i doit se lire livre I, prose i; enfin les chiffres arabes (3), (4) etc. qui suivent se réfèrent aux phrases numérotées par Bieler dans son édition de la Consolatio et par Bocognano dans sa traduction. Nous espérons publier prochainement une description beaucoup plus détaillée de ces mss et de leur contenu. v. S. Buzzetti-Gallarati, Le Testament Maistre Jehan de Meun. Un caso letterario, Alessandria, 1989. Cette étude comprend une transcription commentée du texte du ms. Genève, Bibliothèque publique et universitaire, 178.
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Introduction
est de Séricourt (Pas-de-Calais, arr. Arras); à l'intérieur de celle du f. 39 v°, un autre: échiqueté d'or et d'azur, de vingt-cinq pièces, qui est de Lannoy D'Ameraucourt; Lannoy est une maison de Flandre d'où sont sortis, parmi d'autres, les seigneurs d'Ameraucourt. Au f. 117 v° se trouve un explicit qui s'applique au manuscrit composite tel qu'il se présente aujourd'hui: Explicit, Boece de comtemplatiorv, au-dessous, le nom du scribe, au moins de la quatrième partie du manuscrit, Egidius de Porta, scriptor, et le nom du lieu, Genly25 (Genlis, Aisne, arr. Laon). Bibliographie: Catalogue général des manuscrits. Départements, 19, Paris, 1893, 202. - J. K. Atkinson, «Some further confirmations and attributions of manuscripts of the mediaeval French Boethius», Medium /Evum, 47, 1978, 22-23. B. Berne, Bürgerbibliothek, 365 Parchemin, XIV e s. (premier tiers), IV (papier bernois du début du XVIII e s.) + i6iff. + IV, justification: 160 χ 100/105 m m > 2 9 longues lignes par page; deux séries de foliotation, l'une, moderne, en chiffres arabes et au crayon en haut à droite de chaque feuillet, ff. 1 - 1 6 1 [c'est cette foliotation que nous avons adoptée bien que les ff. 1 - 2 (Table initiale) soient ajoutés au début des neuf premiers cahiers (ff. 3-74)]; l'autre, une foliotation continue, encre rouge, de la fin du XIV e s., en chiffres romains, contemporaine de la table initiale à laquelle elle sert de référence, ff. i (= f. 3)-clix (= f. 160) 26 (l'ancien f. lxxxxv manque, visiblement coupé, sans interrompre la foliotation ancienne ou moderne); encre noire; rubrication. Pour le Boeces seul, le texte est régulièrement segmenté par des signes en rouge ou bleu, H, qui correspondent, à quelques exceptions près, aux lemmata latins en forme de manchettes qui, elles, sont signalées par des H dans la couleur opposée; initiales rouges et bleues, filigranées bleues et rouges alternativement. Au f. 3 r° (début du Boeces), une grande lettrine historiée Q, bleue sur fond doré, dans un encadrement en or sur rose foncé, et dont la queue, joliment colorée en rouge, or et bleu, s'étend jusqu'en bas de la page et continue en bas et à droite, pour former 3/4 d'un encadrement à la page. Du f. 3 jusqu'au milieu du f. 73 v°, l'écriture est une scriptura textualis; pour le reste du ms. on trouve une scriptura textualis formata', les deux écritures peuvent être datées de la première moitié du XIV e s. Tout ceci suggère que les neuf premiers cahiers formaient à l'origine un manuscrit indépendant qui aurait eu un dernier feuillet en blanc; c'est à ce moment que l'écriture change; la textualis formata pour le reste du ms. ressemble à celle dont use le scribe du Paris,
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Bénédictins du Bouveret, Colophons des manuscrits occidentaux des origines au XVIe siècle, Fribourg (Suisse), 7 vols, 1 9 6 5 - 1 9 7 9 , 2, n° 3680. C'est cette foliotation qu'ont adoptée Fäh et Bertoni dans leurs études sur ce ms. (v. Bibliographie de ce ms.).
2. Brève description des manuscrits
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Bibl. nat., fr. 17115, et de laquelle on peut rapprocher le ms. de Berne. Voici ce qu'en dit M. Oswald qui les a examinés tous les deux (Romania, 91, 1970, 108, η. 2): [Ils] pourraient bien sortir d'un même atelier. La facture d'ensemble, de la décoration en particulier, m'en a paru se ressembler... nous avons affaire dans les deux cas à des recueils où sont semblablement mêlés des textes à préoccupations religieuses, philosophiques, et morales ... plusieurs de ces textes sont communs aux deux mss. 27 ... Tous deux sont écrits dans une langue à forte teinture lorraine; le 1 7 1 1 5 contient un calendrier à l'usage de Metz, le ms. de Berne a appartenu aux Célestins de Metz. Ajoutons que l'un et l'autre portent en grandes lettres rouges, au bas du premier feuillet qui suit la table, la signature KBURKTRANK, trop tardive, semble-t-il pour être une marque de copiste, mais peut-être celle d'un ornementateur ou d'un possesseur.
- Le texte du Boeces de Consolacion se trouve aux ff. 3 - 6 9 r°. Inc.: Quar ceulz qui sont en grant tristesces... Expl.:... quant vous ovreiz devant les iex a celui qui tout voit. Possesseurs et copiste: Au f. 5 se lit l'indication suivante: Cest livre appertient aux freres celestins du convent de Mets. .H.; ce serait de la bibliothèque des Célestins de Notre-Dame de Metz28. Par la suite, le ms. aurait appartenu à Jacques Bongars (mort en 1612), érudit, philologue, ambassadeur d'Henri IV auprès des princes protestants d'Allemagne. En 1612, sa bibliothèque fut léguée au fils de son ami, René Graviset de Strasbourg, dont le legs fut recueilli par Jacques Gravisset en 1622; ce dernier, marié, se fixa à Berne et c'est en 1628 qu'il fit don de la bibliothèque héritée au canton de Berne. Bibliographie: H. Hagen, Catalogus codicum Bernensium, Bernae, 1875, 350. - G. Bertoni, Testi antichi francesi per uso delle scuole di filologia romanza, Roma-Milano, 1908, n o - 1 1 7 (édition des ff. 1 - 2 ) . G. Bertoni, Notice sur deux manuscrits d'une traduction française de la Consolation de Boëce conservés à la bibliothèque cantonale de Fribourg (Suisse), Fribourg, 1910, 5 4 - 5 8 . - L. Fäh, Die Sprache der altfranzösischen Boëtius-Uebersetzung, enthalten in dem Ms. 365 der Stadtbibliothek Bern, Freiburg (Schweiz), 1915 (c. r. in Romania, 44, 319). - E. Ruhe, Les Proverbes Seneke le philosophe, München, 1969, (en part. 26-29, 4 7 49, 64-65). - M. Oswald, «Les , note additionnelle», Romania, 91, 1970, 1 0 6 - 1 1 3 .
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Nous ajoutons que quelques-uns de ces mêmes textes pieux, d'origine lorraine, se retrouvent dans les mss Paris, Bibliothèque nationale, fr. 940 et Metz, Biblio-
thèque municipale, 534.
Sur l'histoire de cet ordre et des mss du couvent de Metz en particulier, voir E. Brayer, «Recherches sur quelques mss en ancien français provenant du couvent des Célestins de Metz», Bulletin d'Information de l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 9, i960, 3 9 - 5 1 .
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Introduction
Br. Bruxelles, Bibliothèque royale Albert i e r , 10394-10414 Ce manuscrit sur papier, daté de 1435, vient de la région de Tournai. Il contient un recueil de textes pieux et moraux. En fait ce n'est que le f. 202 v° qui concerne notre texte. La traduction de la Consolatio qui s'y retrouve, ff. 163-227, est bien celle en prose de Jean de Meun; mais dans quelques-uns des mss de cette version il y a une lacune au livre V, pr. 4 du texte. C'est pour suppléer à cette lacune, qui correspond au passage allant de la dernière expression de V,4(i) jusqu'à la fin de ¥,4(14), ne fermement ...en leurs naturez nulle que le copiste a eu recours au passage correspondant de la traduction n° V. Les variantes de ce fragment ont été notées (v. Variantes). Bibliographie: G. M. Cropp, «Quelques manuscrits méconnus de la traduction en prose de la ' III,iv:i [-eus A]; els/eux III,ix:25 [-eus : deux A]. La graphie de cette terminaison dans les textes de BM est, sans exception, -ous. 52. eure II, 1:7, V,111:15, [-oure BM] 53. ié I,v:33, [piés M]\ chié III,v:3 [-iés AM; -iez B]; tié IV,iv:i3 54. ier/er III,11:25, [repairier ABMJ; ier III,viii:7, III,viii:i7, Épi. IV,15, IV,iv:9 [guerroieir M] , IV,vii:5; cier IV,iv:i [porchassier M]; angier IV,111:17 [chaingier : maingier B; maingier M]; engier/angier III, 11:15 [maingier : do(i)ngier B(M)] 55. iert I,vi:7 56. iet I,vii:9 57. iez III,viii:i [-ié A; -iés BM], III,xii:i3 [-iés ABM], IV,vi:29 [-iés : -iez M]; giez III,iii:i [-giés ABM] 58. i'ez 1,1:27 [clamiiez : saviiez B] 59. iere I,ii:i, 1,111:7, I,vii:3 [l. : fondriere A; l. : foudriere BM], III,viii:n, III,ix:4i, V,iv:2i; iere/ere IV,v:io [l. : arriéré BM]; ieres III,x:7 60. ¡ent IV,11:13 1e· '• contient M] 61. i II,111:13, Épi. IV,ιγ, endi/andi IV,vii:7 [-endit : -andit BM] 62. ir III,ix:37, III,xii:i [falir A], IV,v:i5, IV,v:2i, V,iv:25; nir V,iv:i3; enir IV,vi:33, V,iv:i9; offrir V,iv:7 63. is I,v:35, IV,vii:25
22
Introduction
64. ist I I , v : 2 5 ; I V , v i i : 9 , I I I , x i i : i 7 , I I I , x i i : 2 i , I V , v i : 3 i , I V , v i i : 3
65. iz IV,v:i3 [escris : estaublis BM] 66. i e 1,1:9,
I>v:25, I , v i i : i 5 , I I , v i i : i 7 , III,111:5, I I I , i x : 9 [-rilliee
BM],
III,ix:33 [essauchie A; assauciee B], III,xii:5; ee II, 111:7 Λ; -illiee : -aissie B; -illiee : -aisiee M]\ al(l)ie II,viii:9 [baillie AM]\ gnie II,viii: 17; ies III,ix:i5; ient 6 7 . i c e I I , v i i i : i 3 f-isce
IV,iv:7 A],
IV,111:25; ' c e s I H , i v : 7 [niches
A]
68. i r e I , i : i , I , i i : 2 i , I , i v : n , I V , 11:9, IV,111:7 69. i s e I , v : 3 7 , I I , 111:9; i s e s / i v e s 70. i t e I I I , x : 3 [habitet 71. ivre
M],
V , v : i ; - r i s e I,iv:7; t i s e I I , i i : n
IV,1:15
I I , v i i : 2 i ; ivrez/ivres
Pro.
V,i
7 2 . in I I , v i : i 5 , III,ii:29, I I I , v : 5 , t i n I V , v : i ; i n s I I I , x i i : 3 7
73. ime Pro. 11 [leoline P; leonine A; leonime B]; mine Épi. IV, 1 7 4 . o r s I I I , v i i : 5 , I I I , x i : 5 [tresours
MJ; V , i v : 2 3 [cors
BM]
7 5 . o r t 1,1:15, I I I , x : 5 , I V , i i : n , IV,111:3, V,111:9 7 6 . o s I I I , i x : 4 5 , IV,1:7 7 7 . o t I I , v i : 13 78. o l e V,v:5 79. c o r d e III,xi: 15, IV,vi: 19, V,iii:i 80. o s e P r o . 9 8 1 . o n I , v i : i i , I I , i v : 3 , I I , v i i : i 3 [-ons III,i:3; '
o n
M];
a i s o n I V , i v : n [chascun
V , i v : 3 ; i o n / o n I I , i v : 7 , I I I , x i i : 9 , I V , v i i : 1 7 , Épi.
Pro.3 [-tion A], II, 111:15 [generation
ABM;
portion: convention BM; proportion 82. i o n s / o n s I I , v i : i [Ñoirons 83. o n t I I I , v i i i : 9 [sunt
M],
ABM],
P];
son
c(s)ion
mantion A], III,ix:i7 [pro-
A]
III,vii:i; o n s III,xii:33
I I I , v i i i : i 5 , IV,111:23, I V , v i : 3 , I V , v i : 9 , V,i:3; e r o n t
II,ii:9, I I I , i : i 3 , I I I , v i i i : i 9 [desirront 84. o m p t e / o n t e I V , v i i : i [conte
A]
BM]
85. o n d e I I , v i : n ; u n d e s / o n d e s 1,11:13 [ondes 86. o n d r e I V , v : i 7 [fundre
IV,7,
AB]
M]
87. o i III,ii:3; I H , i x : 2 9 ; I I I , x i i : 3 5 , I V , v i : i . O n n o t e q u e l q u e s g r a p h i e s e n oy d a n s l e s m a n u s c r i t s 88. e i l / u e i l IV,1:5 [souluel
ABM. : uel BM];
oil/eil V,ii:9 [souloil
89. o i r Ι , ν . 3 1 , I I , v : i 5 , I I I , x : i 5 , I V , i i : i , I V , i i i : 2 i , Épi.
BM]
IV,g,
V,iv:i7;
voir
II,ii:3; a v o i r I I I , v i i i : i 3 90. o i s P r o . 5 ; o i t I , v i i : n , I I , v : i 9 [croist IV,v:23, IV,vi:39, IV,vi:43; eroit
BM],
I I , v i i i : n , III,xi:3, III,xi:i3,
IV,11:5 [vairoit
M]\
rouvoit
I,ii:n
[-rovoit B] 9 1 . o i e I , v i : i 7 , III, 11:19, I I I , i x : 4 7 , I V , i i i : i , Pro.
K j , Pro.
V,g\ v o i e I V , v i i : 3 7 ;
o i e n t I I , v : i 3 , I I , v i i i : i 9 , III,11:5, I V , v i : 4 9 , I V , v i : 5 i ; v o i e n t I I , v : 5 92. o i r e I I , v i i : i [glore
M],
I I , v i i : i 9 [glore
M],
V,iv:3i
93. o i n g II,vii:9; o i n g t / o i n t II,viii: 15 [joint
ABM]·,
94. ongnent/oingnent V,i:5 [s'esloingnent
BM]
9 5 . o u r I I , v i i i : 5 , I V , v i : i 7 [amours
: cours
BM],
oint II,v:i7
I V , v i : 4 7 ; o u r s III,11:27, V , i : i 3
5· É t u d e linguistique
96. oulz/ouz III,i:5 f-ous
23
ABM]
97. ourent/orent V,i:7 [queurent (cueurent) : seurent Β (M)] 98. u III,xii:3i [-uit B; -ut M] 99. us III,xii:27; a-us III,vi:7; rus I,v:i5 [Artigas BMJ·, enuz 1,1:13 A; chanus : -us Β]
l'us
ιοο. ue I,iii:i; uent III,ii:ii; ues Ι,νϊΐ:ι ι ο ί . ument ΙΙΙ,χ:9 102. a-ure Ι,ν:ΐ9, ΙΙΙ,ϋ: ι ; ature V,v:9; ure Ι,ν:7, ΙΙΙ,νιγ, IV,v:7; cure 1,11:3; ture IV,1:9, V,i:9; urent IV,iii: 13 103. ue(f)s/eus III,111:3 [bués ABM; oeus A] 104. uet II,iv:9, IV, 1:3 105. ui I,vii:i3; uy 1,1:25 /" Μί AB]·, uit/uyt 1,111:5, I , v : i i , II,iii:i, III, 1:9, III,x: 13, IV,vi: 13; uyst/uit IV,vi:2i [nuit BM]
5.3 Langue de l'auteur Puisque c'est à partir des voyelles, des consonnes et de quelques traits morphologiques retrouvés à la rime ou assurés par le rythme des vers que nous allons pouvoir déterminer la langue de l'auteur, nous avons décidé d'examiner le dialecte de l'auteur et les dialectes des scribes autant que possible en deux temps. D a n s un premier temps, nous allons examiner quelques graphies qui se retrouvent à la rime toujours dans un effort pour y discerner ce qui est dû aux scribes et ce qui peut revenir à l'auteur. Les voyelles protoniques ne sont que rarement attribuables à l'auteur dans ce texte où il y a un mélange de rimes consonantes et de rimes léonines 5 4 . Dans les déterminations dialectales c'est toujours le francien plus ou moins du X I V e s. que nous prendrons comme point de repère. Dans un deuxième temps, nous essaierons de localiser chacun des mss par des traits graphiques, morphologiques ou syntaxiques qui semblent être plus particulièrement dus aux scribes. L'examen des principales graphies de chacun des scribes nous révèle que le manuscrit Ρ est écrit dans un francien plus ou moins normatif de la fin du X I V e s. mais avec des traits qui suggèrent une origine des environs de l'Est ou du Sud-Est de la région parisienne; A est un manuscrit picard de l'Ouest de la Picardie (Vermandois ou Pontieu), datant pour le Boeces du X I V e s.; et Β et M, datant tous les deux du premier tiers du X I V e s., sont dus à des scribes lorrains.
54
Sur les précautions à prendre pour interpréter de telles rimes v. S. Sandqvist, «Rime léonine et critique textuelle», Revue de Linguistique Romane, 55, 1991, 1 4 9 - 2 0 9 , v. aussi n.c. Pro. 12. E n effet, et à part le compte des syllabes, seules les rimes léonines masculines, là où on est plus ou moins sûr d'être en présence d'une telle rime, peuvent nous renseigner sur les voyelles protoniques.
Introduction
24
En ce qui concerne la langue de l'auteur, la conclusion de L. Fäh est nuancée: Wenden wir uns dem Osten zu. Die Champagne, Lothringen und Burgund, als auch die Franche Comté, können für die Heimat des Uebersetzers herangezogen werden. Es lässt sich aber an Hand des von unserem Texte gelieferten und durch die Reime gesicherten Materials nicht sicher bestimmen, welcher der drei Gegenden der Uebersetzer angehört (49-50).
Les rimes auxquelles il fait référence à ce moment sont corporels : duex; veaus : nouveaux; courent : sorent; vole : fole. La rime veaus : nouveaux appartient à la Bourgogne selon Nagel (4) et à la Lorraine en même temps selon Fäh § 36. La rime courent : sorent nous rapproche, toujours selon Fäh, de la Bourgogne et de la Franche-Comté, de même que la non-élision de e qu'il dit plus pratiquée dans les textes littéraires bourguignons que dans d'autres (48). Une rime a échappé à l'attention de Fäh: retournoit : courboit III,xi:3, où on a affaire à des subj. pr. bourguignons ou franc-comtois, mais qui ne sont pas totalement inconnus en Lorraine. Nous reviendrons sur ces rimes par la suite. Pour notre part, nous sommes amené à croire qu'il s'agit d'un auteur lorrain qui avait quand même quelque contact avec la Franche-Comté. Nous reviendrons sur cette conclusion sommaire à la fin de cette étude. Voyelles accentués i)
55 56
Les rimes 27, 88 -aus, -iaus; -oil, -eil. Nous avons choisi de traiter ensemble ces rimes qui sont parmi celles qui nous aident le mieux à déterminer la langue de l'auteur. La rime ruissiaux : arbrussiaux (II.viç) où il s'agit de voyelles < sk + -ELLU n'est pas déterminante. Le suffixe -ELLOS et le suffixe -ICULOS > -iaus, résultat qui rime avec veaus (viaus ABM) < VOLES et iaus < OCULOS. Une rime telle que soulaus:iaus 1,111:9 désigne un texte provenant d'une aire assez grande du Nord, du Nord-Est et de l'Est jusqu'au Sud-Est et au SudCentre (Gossen § 12 55 ; Pope, § 501; 489, N. § xvii; 494, E. § ix; 499, S. C. §xi). La rime veaus .-nouveaux (I,vi:9) va dans le même sens (Pope § 501 ii, § 540) et serait certainement rencontrée à l'Est. Comme le dit Schwan-Behrens «uel (cf. voles) + consonne est devenu..., dans une région plus restreinte de l'Est, en passant par l'étape intermédiaire ieu, ¿au50.» Ρ a fait accorder la graphie du mot Ch. T. Gossen, Grammaire de l'ancien picard, Paris, 1970, [= Gossen]. Schwan-Behrens, Grammaire de l'ancien français, 4 è m e éd. fr., Leipzig, 1932, § 245 R. Nagel ( 3 - 4 ) donne une explication différente pour cette rime mais il la place toujours dans l'Est, en Bourgogne; de même pour Fäh § 58, qui cite E. Goerlich, Der burgundische Dialekt im XIII. und XIV. Jahrhundert, Französischen Studien, 7(1), Heilbronn, 1889, 81, qui dit que la graphie viaus est particulièrement fréquente en Bourgogne.
5· Étude linguistique
25
veaus visuellement avec son nouveaux; mais les graphies originales seraient presque certainement cette fois en (i)aus; et une forme telle que solaus serait parfaitement normale au X I V e s. en Lorraine, en Wallonie et en Bourgogne 5 7 . A v e c la rime oil (< oculum) : soleil (< -iculum) V,ii-9, et soleil : ueil ΐν,ι.5 5 8 , on est plus sûrement orienté vers l'Est que pour le trait précédent et vers la Lorraine en particulier où la diphtongue ei se différencie en oi rimant ainsi avec oil < o c u l u (Pope §408(3); 495, E. § xxii). C'est une rime délibérément évitée par l'auteur bourguignon, Renaut de Louhans. Parmi ses emprunts, le mètre V,ii. est parmi ceux où il suit de très près sa source, sauf pour la rime finale. Pour mieux révéler ce qu'il a fait, je donne le texte d'après l'édition de B. Atherton 59 . Ainsi, il est douteux que le texte original provienne de la Bourgogne. Le souleil qui les rays a clers Löe moult li bons clers Omers, Mais sa clarté ne puet entrer Dedens terre n'en fons de mer. Tel n'est pas Dieu qui tout a fait, Car son ray riens ne se soustrait; Quanqu'est, qui fut et qui sera Voit ne pour ce [ne] miiera; La simplesse de sa veiie En toute chose est clere nue.
7224
7228 [5or-a]
Renaut ne traduit pas du tout IV,i. ii) Les rimes 10, 11, 13, 14, 15, 44, 46, 47, 48 -an, -en. L'examen de toutes les rimes comportant les voyelles toniques a, e fermé et ouvert + nasale + consonne donne les résultats suivants: il y en a sept où a + nasale rime avec lui-même: chant : tournant; tournant : errant; bobant : volant; anz : enfans\ tiranz : forsenanz', pesance : balance; anges : changes: 23 où e + nasale rime avec lui même: et 13 qui montrent un mélange de rimes en an et en: forment : pesant; instrumenz : chanz; glant : enchantement; grant : ygaument; avant : clerement; talent : avant; temps : champs; anz : venz; durant : avenant; s'estant : pesant; Cancre : destrampre; nonpourquant : s'estant; prouveance : ordonnance. C e mélange de rimes 60 en an et en n'exclut, en principe, que le picard et le wallon. E n effet, à l'époque du moyen français seuls quelques 57
58 59 60
F. T. H. Fletcher, Etude sur la langue des , roman en vers du XIVe siècle de Jacques de Longuyon, Paris, 1924, 57 (= Fletcher). Les graphies de Β M sont en oil V,ii:9 et uel IV,1:5. v. n. 14. De ce mélange, P. Fouché, Phonétique..., 234 dit: «Le résultat de e ouvert et fermé + nasale + consonne, confus avec le résultat de a + nasale + consonne, est commun au francien, champenois, lorrain et normand.»
26
Introduction auteurs de ces régions séparent encore les résultats de ces deux combinaisons (M-Nizia 78). Le même mélange peut se retrouver à la voyelle protonique dans la rime léonine entendí : espandi ΐν,νϋ.7.
iii)
Les rimes 32, 36, 37, 39, 40, 42, 43 -e-, Bourciez (§ 55, H ) parle d'une distinction entre le résultat de e fermé et entravé et e ouvert et entravé qui a persisté à l'Est (en Lorraine et en Bourgogne) bien après le X I I e s. O n serait tenté peut-être de le voir confirmé par les rimes discutées ici où il n'y a que la rime en -ernes (-ermes) (Ι,ν.3) où les deux voyelles sont rapprochées. En ce qui concerne la prononciation de ces combinaisons Marchello-Nizia suggère que: «devant une consonne (au moins devant r) [elles] avaient abouti à [ε]» (63). Selon Pope § 729, la gémination des consonnes qu'on retrouve pour certaines de ces rimes irait dans le même sens comme indice d'un e ouvert. C'est ainsi que la rime (IV, 111:5) deesse : enchanteresse (Pope § 778) pourrait y être incluse. Quoi qu'il en soit, il y a des rimes qui révèlent une coïncidence des sons dérivant d'un a accentué et libre, de a + yod et d'e fermé et entravé et d'e ouvert et libre: apert ( < PARET) : pert ( < PERDIT)[I,V:I7]; clers ( < C L A R U S ) : Omers61 (V,ii:i); vespre : nestre (1,11:15); Ρ lane tes : mettes ( < METTA) (1,11:9); tristeces : Boeces (Pro. 1).
iv)
Les rimes 50, 95 -eur(e), -our. C'est à partir d'une rime telle que ours : plusieurs (IV,iv:5) où le résultat de o fermé tonique et libre + r rime avec le résultat de o fermé et entravé qu'on pourrait attribuer la valeur de [w] aux voyelles dans les rimes en -eur, -eure. C'est un trait qui suggère un texte provenant de l'Est (Pope 494, E § viii et §230 (ii); Bourciez § 72, II; Gossen 82; Fouché, Phonétique..., 307, R vi; Philipon, les §§ 29 de Romania 39, 41, 43 62 ), bien que de semblables rimes soient employées un peu partout. C'est de là qu'on peut interpréter les rimes heure : desseure (11,1:7), labeure : l'eure (V,111:15) dans le même sens (Fletcher §§ 44,47). Ainsi peut-on rapprocher les rimes du groupe 95 en -our < o fermé et entravé avec les précédentes. Pour l'inclusion des rimes avec amour dans ce groupe, v. Bourciez § 72 II. C e n'est que P, du moins au niveau de la graphie, et si l'on excepte cremour : errour ( I V , v : n ) (qui aurait échappé à son attention?), qui essaye d'établir une distinction nette entre les deux séries.
61
62
Sur la difficulté d'interprétation de Ve ouvert de Omers (< HOMERU, avec un e long) v. Fouché, Phonétique..., 262-263. E. Philipon, «Les Parlers du Duché de Bourgogne aux XIII e et XIV e siècles», Romania 39, 1910, 476-531; «Les Parlers du Duché de Bourgogne aux XIIIe et XIV e siècles, II, La Bourgogne occidentale», Romania 41, 1912, 541-600; «Les Parlers de la Comté de Bourgogne aux XIII e et XIV e siècles», Romania 43. 1914, 495-559 (= Philipon).
5· Étude linguistique ν)
27
L a rime 51 -eus, -eux, -els. A part corporels : duex (III,ix:24), il s'agit de la suffixe étymologique ou analogique < -osu. O n note la même répartition de graphies ou, eu qu'on a déjà remarquée pour les rimes en -eur, -our. L a rime corporels : duex requiert un commentaire. L e l de corporels (P) ne serait que graphique, et duex serait une graphie inverse; selon E. Langlois (354) cette rime ne serait certainement pas acceptée dans la langue de Jean de Meun; ainsi peut-on assumer que les graphies de P, qui vient de la même région, cacheraient l'origine dialectale de cette rime. C e serait une rime tout à fait acceptable en Picardie (Gossen 81, § 26); ainsi le scribe A n'aurait-il aucune difficulté à l'accepter. Mais s'agit-il exclusivement d'une rime picarde? C e serait la seule à nous mener vers cette région en ce qui concerne l'auteur. L e s graphies de BM sont corporous : dous. C e résultat corporous ( < C O R P O R A L I S ) qui rime avec dous ( < * D O S ) est peut-être un peu insolite; mais dans le même champ sémantique on a le charnous (f. pl.) ( < C A R N A L I S ) III,vii:i et le cruous (m. pl.) 'cruel' III,vii:6 de ces deux mss lorrains. Il est hors de doute que la forme dous [dus] est la forme du nombre à l'Est et au Sud 6 3 . Mais comment expliquer le développement C O R P O R A L I S > corporous, à moins que ce ne soit tout simplement un suffixe analogique avec une certaine valeur sémantique, comme on vient de suggérer? O n va voir que le résultat de -ALIS pour BM est -eilz, -eiz, -eis, et moins fréquemment -alz, -aulz, -elz. L. Fäh a pensé un instant à la possibilité d'une forme avec suffixe analogique * C O R P O R O S U S ; c'est une hypothèse qu'il a rejetée, avec raison, nous semble-t-il 64 . O n pourrait peut-être évoquer l'argument de l'échange qui a pu avoir lieu entre A L E et E L L U dont parle Fouché, Phonétique..., 319; en effet, le pron. masc. * E L L O S apparaît sous la graphie lorraine oulz IV,iv:io aussi bien que sous les graphies alz, aulz, aus, ealz, eaulz dans BM. Mais cet argument ne changerait pas la difficulté de l'explication. Enfin, on se demande si - A L I S ne pourrait pas se présenter, dans des cas particuliers qui restent encore à définir, comme -ous, dans une aire où on trouve une forme
63
64
v. Schwan-Behrens § 237, R, où il note que le développement de la diphtongue ou, d'origines diverses, n'est pas allé jusqu'à eu dans un domaine encore insuffisamment délimité du Sud et de l'Est; le dous se rencontre dans sa charte XXXIII, émanant des Vosges. Voilà ce qu'en dit Fäh: «corporous könnte also auf corporosus mit Suffixwechsel zurückgehen neben richtigem corporeils analog dem cruous [III,vii:6],.. Dem ist aber wohl nicht so. charnous (< *carnosus) neben charneiz (< Carnalis) müsste ein fem. charnouse...zur Seite habe, analog dem cruoses [II,v:i6], während charneus (carnalis) eingeschlechtig ist. charneus(ous) verlagt auch die Silbenzahl, ein corporous (corporalis) entsprechend dem charnous (carnalis) reimend mit ous (eus) ist wohl kaum belegt für das 13. Jahrhundert.»
28
Introduction
telle que PAULUS > Pous65. On pourrait penser ainsi à une région de l'Est, en particulier à la Franche-Comté. Il est intéressant de voir que cette rime fut rejetée par le bourguignon, Renaut: A s mis es membres corporelz Et les as si bien ordonnez. (III,ix:5425)
vi) Les rimes 66 -ie. La réduction de -iee à -ie des participes féminins et des substantifs, résultant de palatale + ATA, est un trait normand, picard, wallon, lorrain, bourguignon et franc-comtois dont parlent Gossen § 8; Pope § 513; Philipon, Romania, 43, 536, § 13. Ce trait est confirmé par les rimes avec vie et envie. Ce n'est qu'A M qui préservent systématiquement les graphies en -ie(e). Les rimes occient : contralient; ralie : ballie; seignourie : lie semblent assurer la forme lier comme celle de l'auteur aussi bien qu'une forme loier, comme le montre la rime soient : loient III,11:5. vii) La rime 78 -oie. En ce qui concerne la rime (V,v:5) vole (< VOLÂT) : foie ( < *FULLAT), le o graphique recouvre probablement la monophtongue ou (cf. voulee Épi. IV,12 et deffoulee [PAM], defolee [5] I,v:27). La voyelle de vole reprend la voyelle atone de voler, volons. C'est plutôt dans les dialectes de l'Est, et plus particulièrement dans le franc-comtois, qu'on retrouve des rimes de o ouvert avec le résultat d'un o fermé et entravé roman 66 . Cette rime serait inacceptable au Centre (Langlois 355). viii) Les rimes 87, 89, 90, 91, 92 -oi. A part les exemples des terminaisons oi < e fermé libre qui riment avec elles-même, tels les infinitifs en -oir; loi : soi : roi; françois : bourgois et les terminaisons verbales régularisées -oit, -oient, on est en présence de rimes avec les oi résultant aussi d'au + yod, e fermé et entravé par un yod, o ouvert + yod, o fermé + yod. Ainsi trouvet-on joie qui rime avec desroie ( I , v i : I 7 ) 6 7 et voie; droit (< *DRECTU68) : soit (< *SI[A]T69) (I,vii:n), orendroit : croit ( c, ch. La fréquence de ch dans A est un trait picard (Gossen § 38; Pope 487, N. § i) et mettrait ce texte dans une aire de la Picardie qui inclurait le Boulonnais, Amiens, Pontieu, Beauvais. On retrouve des exemples à la rime en -anche, -eche. On a aussi des formes telles que niche, ehernes I,v:3, franchois, forche, merchi et les démonstratifs chis, chelui, che, eheste. vii) A emploie presque exclusivement la terminaison en s final < ts ou dentale + s (Gossen § 40; Pope 489, N. § xxi). A la rime on retrouve un certain nombre d'exemples de -és (terminaison verbale ou participiale) et des formes telles que ans, chans, dedans, gous, talans, vans 'vents'. La graphie ζ comme terminaison verbale signifie plutôt la présence du 2 sg.: estoiez impf. 2, aiez, soiez pr. subj. 2, auroiez cond. 2. La terminaison -ez s'emploie au fém. pl., amez 'ames' Pro.7, terrïennez III,xii:3, entremeslez I,vi:i3, phénomène déjà noté par Gossen (§ 40). Le même choix de la part de Β M se voit à la rime devisee ζ : assembleez V,iv:i5· Morphologie viii) Adjectifs possessifs: On trouve se adj. poss. f. (II,vi:6 etc.) à côté de sa; sen adj. poss. m. [111,3(44) e t c · ] pour son (Gossen § 66). En vertu du critère de l'alternance des formes me, se: ma, sa de l'adjectif atone du f.s. (Dees II, 35), on serait orienté vers la Somme, le Pas-de-Calais, l'Oise; la préférence d Ά est pour ma, sa. De même on a des formes des adj. poss. distinctivement picardes telles que vo cuers II,viii:i9 (m.pl.c.s.); nos procès III,10(10) (m.s.c.s.) (Gossen § 67). ix)
Démonstratifs: On trouve abondamment des formes picardes des démonstratifs (Gossen § 70): ch'il,chelui, chelle, chiaus, chis, chestui, che. Le mélange (50/50) de formes en ch: c dans la forme du pronom (Dees 11,4) situerait toujours A dans la Somme, le Pas-de-Calais.
Syntaxe x)
A a régulièrement recours au pronom personnel de la troisième personne plutôt qu'au réfléchi soi, même dans des cas où le pronom dépend effectivement de la préposition et dans des conditions où les
Introduction
36
autres emploient so/82. On a ainsi en li III,xi:3, 111,12(37), s a n ?· h mouvoir 111,12(7), honte de li 111,12(23), Par mesmes 111,12(14), tous masculins. Les seules exceptions sont les trois exemples de soi à la rime. Particularités de BM. La langue de Β est lorraine, comme l'a montré l'étude détaillée de L. Fäh. Sa conclusion, qui confirma celle de G. Bertoni avant lui83, fut que le scribe pourrait être localisé dans la région de Metz, conclusion qui s'accorde bien avec les anciens possesseurs, les Célestins de Metz. Le ms. M était inconnu à ces deux érudits. Un examen des Variantes nous révèle la proche parenté de ces deux mss quant aux leçons qui leur sont communes; un examen des graphies montre en même temps leur communauté linguistique. Il nous est donc loisible de traiter brièvement de la langue de ces deux mss ensemble. Il y a, cependant, quelques traits idiosyncratiques qui pourraient nous aider éventuellement à les localiser plus spécifiquement à l'intérieur du domaine lorrain. D'après les quelques fragments de S, ce manuscrit, qui partage avec BM les graphies suivantes i) ait 'a', saige; iv) abasse 'abaisse', glore; vii) queil, teil·, viii) dignitei, felicitei, delivreir, et la graphie beneurous, est certainement lorrain. Graphies i)
La graphie de ai (v. les rimes 1, 4, 5, 6, 8, 9). La palatalisation de a en e ouvert devant les affriquées prépalatales [tj] et [dj] est commune à des régions différentes, à l'Est et au Sud-Est, à la Wallonie, à l'Est de la Picardie et à la Normandie, avec des graphies de ai, e (rares dans nos deux textes), ei (aussi rare). Dans le corps du texte on note, parmi d'autres, les formes estaiche, saichent, saiges, bevraige, coraige, teiches (B); outraiges, lignaige, saige, sachent (M). Plus particulièrement lorrain (Pope 494, E. § xv) est le même phénomène devant les dentales ts, s, t, d: ais (ind. pr. 2 ), pais 'pas1, abait, estait, ait (ind. pr. 3 ) (BM)\ faicent, graices, pourchaicent, dirais (fut. 2), comensait (p.s. 3) (B)\ lais 'las' (M).
ii)
Unique à M est ce même développement devant r (Pope 494, E. § xv): airt, airme 'âme', chair (le Saint Martin), desairmé, l'esgairt 111,8(4) (= l'esgart; la leçon des autres est l'agait), tairt 'tard', trait qui nous aiderait éventuellement à localiser M plus spécifiquement dans la région lorraine. Il faudrait peut-être y inclure le vairreiz et le vairront de M (III,viii: 19) dans la même catégorie où il s'agit d'un a protonique devant r < er.
82
Ce qui est à remarquer peut-être c'est la régularité avec laquelle PBM utilisent la forme soi dans ces conditions (v. M-Nizia 189). G. Bertoni, Notice sur deux mss.., 38.
83
5· Étude linguistique
37
iii) D'autre part, on trouve la graphie ai pour représenter un a dans les monosyllabes: ai 'à', jai 'ja', lai 'là', sai 'ça', mai 'ma'. iv) ai, oi > a, o: Le phénomène inverse s'observe dans les graphies communes de maistresse, mastresce, gloire > glore M, prosier Β 11,5(4),fobletei Β III,8(io) et les terminaisons verbales de la première personne en a, dont au moins trois exemples dans B: j'a 1,4(9), ie m'opposa 1 , 4 ( 1 2 ) , pourchassa 1 , 4 ( 1 5 ) ; de même, on peut signaler j'o (M) p.s. 1, où Β a ¡'oi I,3(2). La réduction ai > a est commune aux dialectes du Nord, du Nord-Est, de la Lorraine et de la Franche-Comté; la réduction de oi > o à l'Est est plus caractéristique en Franche-Comté 84 . v) -eis pour -as. La graphie de -eiz (on trouve aussi -eis au corps du texte) pour la terminaison du fut. 2, commune à BM, graphie qui apparaît aussi au fut. 5, même pour des verbes de la classe I, est un trait presque exclusivement lorrain (Fäh § 13). vi) Dans ces deux mss la graphie la plus fréquente pour représenter -ALI(S) est -eil (temporeil, teil), -eiz (teiz, morteiz), -eis (charneis, morteis), -eilz (crueilz, queilz), qués une fois, (Β) IV,5(50); plus rarement on a -eiz, (morteiz, telz), et quelques exemples avec -al (rime 2, mal, governai), -aul (royaul), -alz (rime 26, generalz, malz), -aulz (desloiaulz) et même une fois -ail, vulgail. C'est la graphie en ei qui définit le mieux les mss BM comme lorrains plutôt que bourguignons ou franc-comtois puisque le résultat de -ALI(S) en Franche-Comté et un peu plus tardivement en Bourgogne est normalement -aul(s), (Philipon, les §§ 6, Romania, 3 9 , 4 1 , 4 3 ) à part quelques cas de -el ( < TALIS, QUALIS). Pour le cas de la rime corporous : dous v. 5.3.V). vii) Selon Pope § 3 9 1 ( 3 ) , il y avait une tendance dans toutes les régions de l'Est à effacer l après voyelle. Comme on a déjà vu -ALIS > -eiz dans ces deux mss. On trouve un certain nombre d'exemples des formes telles que roiames, novias, acune = aucune I I I , 4 ( 1 5 ) , a = au I I , 4 ( I 8 ) , atre = autre, ateil = auteil 111,7(4), phénomène qui n'est pas inconnu dans Β (Fäh § 59) mais qui est plus fréquent dans M. Une comparaison avec de telles formes répertoriées par Dees (II, 45, 86, 97) nous mène toujours vers la Franche-Comté et les Vosges. viii) La graphie ei pour représenter le résultat de a tonique libre (v. les rimes 29, 30, 33, 38) est un trait de l'Est et du Nord-Est (Pope 494, E. § iv; 491, N.-E. § iv); mais comme le remarque Philipon: «Contrairement à ce qui s'est passé en champenois, en lorrain et en wallon, Yé venu de a tonique libre ne s'est développé en éi que lorsqu'il se trouvait à la finale en roman» (Romania, 39, 506; cf. 41, 575 et 43, 544). Ces traits, qui ne sont pourtant pas assurés par la rime, sont des traits qui distinguent le mieux BM comme lorrains et non bourguignons ou franc-comtois. 8
4 P. Ruelle, Recueil général des Isopets,
3, Paris, SATF, 1983, X X X I I - X X X I I I .
Introduction
Quant aux terminaisons infinitives de la classe I précédées d'un élément palatal, quelques remarques s'imposent: et à la rime et ailleurs dans le texte, B n'emploie que la graphie -/er, par ex. cha(i)ngier, ma(i)ngier, couchier. M écrit guerroieir pour rimer avec perillier IV,iv:9; le fait qu'il emploie ailleurs dans le texte une terminaison verbale -ieir, glorifieir 11,4(43), multiplieir 11,7(37) e s t u n des traits graphiques qui le distingue de B. - eis, eiz < -ΆΤΙs, caractéristique de BM, est commun aussi aux dialectes du Nord, du Nord-Est et de l'Est. Ce qui est plutôt caractéristique de l'Est est la même terminaison < -ETIS (Fouché, Le Verbe..., § 96a): cf. oeis, occieiz, veneiz, saveis, meteis. La préférence de Β est pour la terminaison -eis·, la préférence prédominante de M est pour -eiz, presque sans exception. En même temps, il faut noter la coïncidence de cette terminaison du pl. avec le développement de -eis, -eiz comme terminaison du fut. sg. 2; cf. pourreiz, (poreiz) II,iv:i2. Unique à Β est la graphie ei pour représenter e ouvert et entravé + l, r, s, cf. teirre à la rime. Dans le corps du texte on a les formes suivantes: apeirte, aqueirre, beistes, ceirtes, eistre, feivre, iveir, peirdre, seirvet, seneistres, teirme, veirs. Il y en a toute une série dans le passage qui va de 11,4(23) à 11,4(27). Tous les autres mss ont régulièrement e. L. Fäh (§ 18), se basant sur F. Bonnardot, La guerre de Metz en 1324 (436), et le Psautier lorrain (éd. F. Apfelstedt, XVIII), localise ce trait dans le dialecte de Metz. On doit remarquer que cette graphie est totalement absente de M, et du texte du Nord de la Lorraine, Les voeux du paon, où on a assez régulièrement la graphie ie (Fletcher, 7 1 - 7 2 ) , graphie largement répandue en Wallonie et en Hainaut. La graphie oi pour représenter la voyelle < e fermé + n/n mouillé (BM ont des formes telles que poinne, demoinne) est caractéristique des dialectes de l'Est et du Sud-Est (Bourciez § 60, I; Schwan-Behrens § 258). Pour cette voyelle et celle < a + n/n mouillé on trouve aussi les graphies ai, a, e, ei: plaine B, plenne M < P L E N A ; penne B, peinne M < P O E N N A ; aranne BM < A R E N A ; mundannes B, mundainnes M. Le passage de ai à e paraît s'être effectué de bonne heure en Bourgogne (Philipon Romania, 39, 509; Pope § 533). Selon M. Lübke ce serait dans la Lorraine méridionale que e fermé a passé à ai puis à a (Philipon Romania, 39, 521). Toutes les graphies citées se trouvent dans les document bourguignons et franc-comtois examinés par Philipon (Romania, 41, 582; 43, 541) 85 . Dans le corps du texte la réduction de ai > a est fréquente: ansi, mantenir 1,4(9) (Fäh § 38). La réduction de ai, ei + l ou η mouillé > i est un trait qui se retrouve fréquemment en Lorraine [Pope 495, E. § xxii; § 408(3X4)]. ComPour l ' é q u i v a l e n c e des graphies ai, a, e dans des textes picards, v. G o s s e n § 6.
5· Étude linguistique
39
muns à BM sont les exemples suivants: mervilleus 111,12(30), millour V,5(7), signorie I,vii:I5, travillier II,1(4); mais orilles Β III,vii:3 à la rime où M a oreilles. En fait le phénomène est plus caractéristique de Β comme le montrent les exemples avigne 11,3(8) tingnes 11,3(4) où M préfère aviegne, tiegnes. Ce sont des graphies qu'on retrouve dans le Psautier lorrain (Apfelstedt, XXI, § 62; XXXIII, § 68). - Une autre possibilité est la réduction de ces mêmes diphtongues au premier élément; ainsi s'aparelle Β (à la rime), soluel IV,1:5, aparelle, fuelles, semalles. xii) Les préfixes a-, es-, en-. On remarque l'alternance des préfixes a- et es- (et même en-) pour noter le produit de divers préfixes latins et diverses syllabes initiales ayant abouti au même résultat, y compris une voyelle prosthétique. C'est un trait lorrain et franc-comtois qui s'explique mieux comme dérivant d'une équivalence graphique a- = es- que par une substitution de préfixes 86 . L'examen de formes relatives à ce trait donne les résultats suivants: - es-, en- pour a-: i) communs à BM, escuseis 1 , 4 ( 1 4 ) , escort I , 4 ( 3 2 ) , ( 3 5 ) , encuseour 1,4(22), encroist 1,4(43); ii) unique à B, esresteir 11,1(19); üi) unique à M, espovrissement 11,5(7), es pendre (= a pendre) 111,5(6), esproicherait IV,iv:3, espoiee IV,7(1). - a-, as-, ax- pour es-, en-: i) communs à BM, aprovee 11,4(15), abaissement 1,1(4), astaissement IV,5(5), apace 11,7(3), apuissiee IV,6(2), asme (Β) ame (M) (= esme) 11,7(17); ii) unique à Β aclineiz (= enclinez), assaierai V,4(3), axellant 11,5(26); iii) unique à M, affacier I I , 6 ( 2 ) 8 7 , aleescier 11,5(19). - C'est cette alternance qui aurait créé des leçons divergentes telles que a coustume (PA), escostumei (BM) 111,4(2). A une exception près (assil 1,4(36)-/! ß; exil-PM) c'est une alternance qui est absente du ms A, mais dont quelques traces restent dans le ms. P: ainsi afacer ma II,6(2), abaissement 1,1(4) i s esbaissement ailleurs et le verbe est toujours esbahir, s'atrece ( < *STRICTIAT) II,vii:4, aveilleement III,i2(i6). xiii) 5, c, se, ζ, χ• La confusion de s et de c est fréquente dans les dialectes de l'Est, en particulier le lorrain et le franc-comtois 88 . - Ainsi, à l'initiale la pratique de Β et celle de M se rapprochent; on trouve chez tous les deux bien des exemples de s et c interchan86
87 88
C'est ainsi que l'explique J. Ch. Herbin, XLII. Les ressemblances graphiques sur bien des points entre ce ms. lorrain du deuxième tiers du XIII e s. et B M confirment leur origine lorraine. Herbin propose une hypothèse plus large qui trouverait une équivalence graphique entre a/ai et e/es, ce qui aiderait à expliquer les cas de est = ait = a; ai = a, etc. ß a afaner. P. Ruelle, Recueil général des Isopets, 3, 1983, XXXIII; J. Bédier, Les Chansons de Colin Muset, Paris, XLII, § 17.
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40
geables: ciecle 'siècle' IV,vi:3I; sa pour ça\ ce pour se IV,5(6); si pour ci et l'inverse; c'est pour s'est et l'inverse - s'est M 1,3(2), IV,4(i8) = c'est; ces pour ses et l'inverse; c'il pour s'il III,vi:I3. On a un seul exemple d'un x pour s initial, xuerons B 1,2(6). Le p r o n o m démonstratif apparaît dans M comme sous [v. Variantes II,6(11), 111,2(6)]. E n ce qui concerne le chaison de B IV,iv:ii, on se demande si la graphie ch ne serait pas l'équivalent de cet x89. - A la finale Β emploie assez souvent x: on trouve parmi d'autres boix, maix, maraix, palix\ c'est une habitude que ne partage pas M. C'est une graphie qui est fréquente en bourguignon (Philipon Roma39> 53!» § 53) e t e n franc-comtois (Philipon Romania, 43, 549, § 53). Par contre un trait particulier à M est la fréquence avec laquelle il emploie un Ζ final: asseiz, neiz (< NATUS), SOZ, lez, mez, dez, touz, formes avec ζ qu'on ne retrouve pas dans B. Mais enfin, pour Β et plus rarement pour M on note quelques exemples d'un ζ final comme terminaison du fém. pl: partiez, establiez- A l'intérieur des mots et à des moments différents et dans des conditions quelquefois légèrement différentes, Β M emploient un mélange de s, c, se, ss, χ 9°: vosissent, vousist, vousise Β - voxissent, vocist, vocisse M; essil, assil Β - exil M; aussi Β - auci M; avarisce Β - avarice M; ancienne Β - ansienne M; amolixent, vaixiaulz Β (ν. les graphies aux rimes 8, 20, 36). xiv) La représentation de u long par ui, fréquente dans BM [cf. les p.p. deffendui 1,2(3), Ρ erdui 11,2(5), tolluit (M) I,6(io) aussi bien que le p.s. Ι crui (M)
1,6(4), P-S· 3 fuit II,v:22, V , 4 ( I 9 ) e t l ' a d j . nuit ( < NUDUS)
11,2(4), S U ' r 'sur 1 1,4(32)], est aussi un trait lorrain, bien qu'il ne soit pas inconnu en Bourgogne et dans la Franche-Comté (Fäh § 35); par contre, la réduction d'un ui protonique à u dans les mêmes textes [cf. Β cuderent 1,3(2), BM cudiés 111,3(19)] est plus particulièrement lorraine (Fäh § 52). xv) Le copiste Β et moins souvent M emploient w pour noter l'hiatus entre deux voyelles: Β M lowier 1,4(33), pawerous 1X3(19); Β seul espowentés 1,4(46), assowaigemens 11,3(3); M seul iuwialz (Β joiaus) 11,4(5)· Morphologie xvi) La terminaison verbale pr. ind. 6 apparaît quelquefois dans B M comme -et\ cf. donet III,2(10), esmuevet V,5(i), machinet III,4(10), 89
90
Herbin, L, note une graphie ch dans le dialecte de Metz pour un s intervocalique qui a eu tendance à se palataliser; quant à la valeur d'un x initial il croit probable que x représente un son proche de [Î/I] plutôt que [s], Nous ne donnons que quelques exemples pris plus ou moins au hasard; pour B, Fäh (§§ 72, 73) en donne beaucoup d'exemples.
5· Étude linguistique
41
sembiet III,vii:3, et les Variantes III,3(16). Cette forme apparemment dénasalisée est attestée dans le liégeois dès le début du X I V e s.91. 5.5 Auteur, date et localisation du texte Si on prend ensemble le Prologue, commun à PAB, et le passage en vers inséré entre les livres IV et V (BM), qu'on est en droit d'attribuer à l'auteur, on peut en déduire que l'auteur serait presque certainement un religieux, probablement membre d'un des nouveaux ordres mendiants; il aurait originellement entrepris de translater en françois, en vers et en prose, les quatre premiers livres de la Consolatio à l'intention d'au moins deux classes sociales, les chevaliers et les dames aussi bien que les bourgois. Il imagine ses lecteurs dans un état de grans tristeces; le message de sa traduction peut leur porter confort, s'ilz ont triboul de corps et d'ames. A la fin, il leur demande de prier pour lui. Ces quatre livres auraient eu un certain succès. Les livres déjà rédigés, ajoutés aux titres des matières subtiles traitées dans le cinquième livre, piquent la curiositeit de ces lais: il semble qu'ils aient insisté pour qu'il poursuive sa tâche jusqu'à la fin du livre V, croyant qu'ils pourraient en tirer enfin un certain profit en dépit de la haute subtiliteit. Il se peut que ce passage intermédiaire ne soit rien d'autre qu'un procédé de rhétorique; en fait, le traducteur poursuivit de la même manière qu'avant une interprétation simple, claire et fidèle du texte-source; il n'ajouta ni commentaire ni explications comme tant de ses contemporains. On sait que le texte précède le Roman de Fortune et de Félicité de Renaut de Louhans, achevé en 1337 (n. s.), puisque Renaut l'utilisait en partie comme source. Du point de vue de la langue et de la datation des mss Β ti M (premier tiers du X I V e s.) on ne se tromperait pas en plaçant cette traduction dans la décennie 1320-1330. Du point de vue des références intérieures au texte, il y a très peu de choses à tirer. Par exemple, les références à Pierre de la Broce et le seigneur de Marigny sont uniques à A92; ce sont des cas d'infortunés bien connus au début du X I V e s., et en particulier dans la région où on a pu situer ce ms. particulier. Bien que le traducteur dise qu'il va translater son texte en françois, c'est une expression assez répandue au Nord de la France, même parmi des auteurs dialectaux; mais puisque les quelques rimes distinctivement dialectales nous mènent certainement vers l'Est et plus particulièrement vers un territoire situé entre la Lorraine et la Franche-Comté, entre les Vosges et la Haute-Saône, l'expression translater en françois pourrait s'expliquer comme politiquement motivée chez un
L. Remacle, Le problème de l'ancien wallon, Liège, Faculté de Philosophie et Lettres, 1948, 81, § 44 (2). " 2 c.n. III,5(io). 91
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Introduction
écrivain lorrain habitant la Franche-Comté, heureux d'être associé au royaume de France, comme faisant partie de cette association entre la Comté et le royaume après 1318 9 3 . Les chevaliers, bourgois et les dames de la région connaîtraient bien les changements de la Fortune et c'est pour eux qu'aurait écrit le traducteur, pensant ainsi leur porter confort dans un moment où ils pourraient connaître triboul de corps et d'ames. Ainsi serait expliqué le choix de la Sainne (III,viii:8, BM) pour rendre le sens de la référence latine aux «Tyrrhena vada». Pour l'auteur, la Seine serait distante mais assez connue pour avoir la résonance qu'il recherchait. Les scribes PA, connaissant mieux le fleuve, ont tout simplement remplacé le terme de Sainne par celui d'aiguës. Serait-il dominicain94? On ne peut pas en être sûr. Il est vrai que le texte du Boèce suscitait beaucoup d'intérêt parmi les frères prêcheurs et que le texte de notre auteur fut mis à contribution, peu après sa composition, par Renaut, dominicain du couvent de la Franche-Comté à Poligny. Par la suite cette deuxième traduction fut reprise et réécrite par un autre dominicain qui la dédia au jeune Charles VI vers 1380. Bien qu'il y eût des commentaires latins de la Consolatio, notre auteur n'y puise pas d'additions. Par contre, peu après, en 1337, Renaut met à contribution celui du dominicain anglais, Nicholas Trevet et presque certainement un autre commentaire connu depuis longtemps sous le nom de Pseudo-Thomas 95 . Ce serait ainsi un auteur, un religieux, qui venait de la région des Vosges, d'un côté ou de l'autre. Le fait que Renaut, auteur bourguignon, évite, à deux reprises au moins, des rimes dues à notre auteur (v. Voyelles accentuées i), v) semble contredire la thèse de l'origine bourguignonne96. 93
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L'extinction de la branche des comtes directs fit entrer la Franche-Comté dans l'orbite de la France en l'associant à la Bourgogne ducale par le mariage en 1318 de Jeanne de France (t 1347), petite-fille du dernier comte, avec Eudes IV, duc de Bourgogne ( 1 3 1 5 - 1 3 5 0 ) . C'est Nagel qui, le premier, a suggéré un auteur dominicain, mais il s'est basé sur une interprétaion douteuse d'un passage du Prologue de Renaut, où il s'agit plutôt de reconnaissance de la part de Renaut envers Nicolas Trevet. Et non pourtant je n'ay pas dit Chose qu'au livre soit contraire; Mais ay bien regardé rescript, Du quel l'on puet moult de bien traire, 36 Que un frere prescheeur fist, Qui le livre moult bien declaire; Car du frere porte l'abit; De lui ay fait mon exemplaire. 40 (éd., Atherton) v. B. Atherton, 206-209 e t G- Bertoni, Deux manuscrits..., 3 9 - 4 1 . C'est ainsi qu'on voudrait nuancer un peu l'hypothèse courageuse de Nagel: «Ist die in M [V] erhaltene Übersetzung mit dem von Renaut erwähnten escript identisch - welcher Annahme nichts im Wege steht - so erfahren wir damit zugleich, dass sie das Werk eines Domikaners ist. Vielleicht dürfen wir noch weiter gehen und ihn für einen Landsmann Renaut's, für einen Burgunder halten wenn es erlaubt ist, auf einen Dialektreim, der sich in den wenigen von mir
6. Le Boeces, de Consolacion
en tant que traduction
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Sur les six exemplaires qu'il nous reste de cette traduction, trois sont rédigés dans le dialecte lorrain, dont deux au moins à l'époque où aurait écrit l'auteur. Sans constituer une preuve suffisante, ce fait doit être pris en considération, ne serait-ce que pour étayer une intuition née de longues réflexions. On va donc chercher la langue de l'auteur dans un domaine où ces deux rimes se retrouvent en même temps que d'autres qui soient compatibles avec le bourguignon et le franc-comtois. Ce domaine serait le sud de la Lorraine, dans les Vosges, territoire voisin de la Comté, territoire où les subj. pr. en -oit et des rimes telles que celles de soleil et solaus se retrouvent en même temps. Si nous voulions poursuivre des recherches pour mieux localiser la traduction V, nous serions tentés de nous tourner vers les maisons religieuses de la région des Vosges, aux environs de la Comté et particulièrement vers les couvents des frères prêcheurs.
6. Le Boeces, de Consolacion en tant que traduction Il n'est pas dans notre intention de donner ici une analyse détaillée des techniques et des procédés de traduction employés; on trouvera des analyses d'une sélection des parties en prose et plus particulièrement des mètres dans deux des études déjà citées 97 . Nous espérons cependant que cette édition et d'autres de la même veine permettront à d'autres de poursuivre des études plus poussées relatives à la syntaxe des traductions et à l'influence de cette syntaxe sur la langue française au X I V e et X V e s.98. On trouvera quelques remarques sur la traduction dans les Notes critiques; entre autres, la manière de rendre les gérondifs [n.c. IV,3(19)].
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benutzen Stücken findet, eine Vermutung zu gründen. Es ist dies: veaus: nouveaux..» (3-4). En identifiant avec V Γ escript.. .que unfrere prescheeur fist, qui le livre moult bien declaire.. .De lui ay fait mon exemplaire, auquel fait référence Renaut dans son prologue (vv. 35-40), Nagel s'est trompé; il s'agit de toute évidence du commentaire latin de Nicolas Trivet. Cette erreur ne contredit en rien les conclusions de Nagel sur les emprunts faits par Renaut à V. E. Langlois, Romania, 42, 1913, en part. 358-369; J. K. Atkinson et G. M. Cropp, Romania, 106, 1985, en part. 212-232. On peut penser à des études portant sur une construction spécifique, telle notre «Les compléments prédicatifs dans