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French Pages 141 [148] Year 1974
BEIHEFTE ZUR ZEITSCHRIFT FÜR ROMANISCHE PHILOLOGIE B E G R Ü N D E T VON GUSTAV G R Ö B E R F O R T G E F Ü H R T VON W A L T H E R VON W A R T B U R G H E R A U S G E G E B E N VON K U R T B A L D I N G E R
136. Heft
ANDRE DE VINCENZ
Disparition et Survivances du Franco-Provençal Etudiées dans le lexique rural de La Combe de Lancey (Isère)
MAX N I E M E Y E R V E R L A G T Ü B I N G E N 1974
Als Habilitationsschrift (thèse complémentaire) auf Empfehlung der Philosophischen F a k u l t ä t der Universität Heidelberg gedruckt mit Unterstützung der Deutschen Forschungsgemeinschaft I S B N 3-484-52041-8
© Max Niemeyer Verlag Tübingen 1974 Alle Rechte vorbehalten. Printed in Germany Herstellung durch Allgäuer Zeitungsverlag G m b H Kempten/Allgäu E i n b a n d von Heinr. Koch Tübingen
TABLE DES MATIERES Avant-propos
IX
Carte géographique
XII
Liste des principaux témoins
XIII
Transcription
XVI
Chapitre I : Introduction § 1. Observations générales § 2. Aperçu historique § 3. Abandon du patois § 4. Le français local, essai de caractérisation § 5. Le patois, le français local et la langue commune
1 1 2 6 10 14
Chapitre I I : Le lexique rural patois
18
Première partie : Introduction
18
Deuxième partie : le lexique rural classé par secteurs notionnels . .
28
A. L'habitation, la vie à la maison § 1. La maison, les bâtiments, la construction a. Lexique général b. Les outils de charpentier c. Les outils de maçon
28 28 29 30
§ 2. L'intérieur : le mobilier, les travaux du ménage, l'éclairage, le chauffage 30 a. Le mobilier, la literie 30 b. Le ménage, l'éclairage 31 c. Le chauffage 31 § 3. Les ustensiles de cuisine, la vaisselle, les récipients
. . . .
31
§ 4. L'alimentation a. Généralités b. Préparation des aliments c. Les assaisonnements, les goûts d. Les mets e. Satiété, ébriété, façons de manger
32 32 32 33 33 34 V
§ 5. Le pain a. Généralités b. Préparation du pain c. La cuisson § 6. Les vêtements, la couture, la lessive a. Les vêtements b. La couture c. La lessive
34 34 35 35 35 35 36 37
B. Le bétail, l'élevage § 7. Le bétail a. Chevaux, mulets, ânes b. Les moutons, les chèvres § 8. Les bovins a. Généralités b. Les maladies c. La reproduction d. Veaux e. L'étable § 9. La laiterie § 10. La cour et la basse-cour a. Les chiens et les chats b. La basse-cour c. L'apiculture § 11. Le porc, la charcuterie
38 38 38 39 39 40 41 41 42 43 45 45 45 46 46
C. Les travaux § 12. L'attelage, les véhicules a. L'attelage b. Les véhicules
48 48 48
§ 13. § 14. § 15. §16. § 17.
La fenaison, la prairie La charrue, les labours, les terrains Les céréales, la moisson Le battage, la vannerie Le jardinage, la culture du tabac a. Généralités b. Plantes cultivées c. Les pommes de terre d. La culture du tabac § 18. La viticulture § 19. La vinification, le vin, la tonnellerie § 20. L'arboriculture VI
50 52 54 55 56 56 57 58 59 59 60 62
a. Généralités b. Les arbres
62 63
§21. Le travail dans le bois
64
D. La nature extérieure § 22. La forêt, les arbres, et les arbrisseaux a. Généralités b. Les conifères c. Les arbres feuillus d. Les arbrisseaux, les arbustes
67 67 67 67 67
§ 23. Les fleurs et plantes non-cultivées a. Les plantes utiles b. Les plantes ornementales c. Les plantes nuisibles d. Les autres plantes des prés et des bois e. Les autres plantes de montagne
68 68 68 69 69 69
§ 24. Les quadrupèdes des champs et des forêts, les reptiles, les amphibies 70 a. Les bêtes non-nuisibles 70 b. Les bêtes nuisibles grandes et moyennes 70 c. Les petites bêtes nuisibles 70 § 25. Les oiseaux des champs et des forêts a. Généralités b. Oiseaux de proie c. Gibier à plumes d. Oiseaux moyens e. Petits oiseaux
70 70 70 71 71 71
§ 26. Les insectes et les arachnides a. La vermine b. Les vers c. Les insectes ailés d. Les insectes non-ailés
71 71 71 71 72
§ 27. La terre (la topographie) a. Généralités (la direction, la situation) b. La configuration c. Les eaux, les terrains
72 72 72 73
§ 28. Le ciel et l'atmosphère a. Les corps célestes b. Le vent c. L'orage d. Les nuages, le brouillard e. La pluie
73 73 74 74 74 74 VII
f. La neige, la boue 75 g. Le gel, la grêle 75 Chapitre III : Le lexique du français local 76 § 1. Les problèmes de la comparaison 76 § 1.1. Le français local et le français commun 76 § 1.2. Le français local et le français régional 78 §1.3. L'influence du français populaire 79 § 2. Le français local et le patois : remplacement, homonymie, survivance 80 80 § 2.1. Le remplacement § 2.2. L'homonymie 82 §2.3. La survivance 86 a. Les termes affectifs 86 b. Le choix des termes français 87 c. L'emploi stylistique du patois 87 § 3. Le français local et le patois : les modalités de la transposition 87 §3.1. La classification des procédés de transposition 87 I. Identité 88 II. Concordance partielle 88 III. Calque homophonique 90 IV. Locution calquée sur le patois 91 V. Calque-traduction 92 VI. Calque de construction 93 VII. Remplacement par un terme français »impropre« . . 95 X. Remplacement par une locution inexistante en français 97 XI. Remplacement par un terme non français 97 XII. Remplacement par une locution dont un terme n'est pas français 98 XIII. Survivance du terme patois 98 § 3.2. La fréquence des divers procédés 99 § 4. Les caractères généraux du lexique rural français local . . . 104 § 4.1. La rupture des liens étymologiques 105 § 4.2. L'abandon des distinctions sémantiques 106 § 4.3. L'abandon du mot patois sans remplacement 107 § 4.4. Les circonlocutions et les termes vagues 108 § 4.5. Les doublets lexicaux et les deux niveaux du français local 109 § 4.6. Récapitulation : les conséquences négatives de la transposition lexicale 111 § 4.7. L'établissement des motivations, locutions et spécialisations nouvelles 112 Conclusion 117 Bibliographie 123 Table des abréviations 125 VIII
AYANT-PROPOS Désireuse de sauver tout ce qui pouvait être sauvé des patois menacés de disparition, la dialectologie s'est jusqu'ici trop peu intéressée aux modalités synchroniques de cette disparition. Et pourtant les conditions dans lesquelles une communauté abandonne sa langue pour une autre sont encore trop peu connues. Les hypothèses concernant l'influence de la langue de >substrat< sur la langue qui lui succède sont fondées trop exclusivement sur les survivances modernes de langues disparues depuis des siècles, sinon des millénaires. Il nous a semblé intéressant d'étudier sur le vif les modalités de l'abandon d'une langue, le franco-provençal, et l'action que le lexique de cette langue de >substrat< disparaissante pouvait exercer sur le lexique du français qui était en train de lui succéder. Car ce n'est pas tous les jours qu'un peuple entier change de langue. Cela arrive même fort rarement. Si l'on fait abstraction, d'une part, des petits reculs ou avances qui ont lieu tout le temps sur les confins de deux langues, d'autre part des faits provoqués par des invasions militaires suivis de décimation ou d'extermination des populations, on pourra dire que le phénomène n'arrive guère plus souvent qu'une fois tous les dix à quinze siècles. La dernière fois, en effet, que la population de ce qui est aujourd'hui la France a participé à un processus de ce genre, c'est lors de l'abandon du celtique et l'adoption du latin vulgaire par les populations rurales de la Gaule. Depuis quelque temps déjà les campagnes françaises sont en train de vivre à nouveau le même phénomène: l'abandon de la langue reçue, transmise de père en fils pendant une quinzaine de siècles, et l'adoption de la langue de la capitale. Il nous a semblé que l'étude de ce phénomène dans une commune où il était en train de se dérouler et où les deux langues, l'ancienne désormais condamnée et la nouvelle, vivaient encore côte à côte, pouvait apporter une contribution à la connaissance du mécanisme des changements linguistiques en général. Dans la nécessité de nous l i m i t a nous avons choisi le lexique et surtout la partie du lexique que nous appelons le lexique rural, celui qui est le plus intimement lié à la vie du paysan. En effet, lors de l'abandon conscient de la langue par un groupe, c'est la morphologie qui disparaît la première; c'est après que vient la phonétique, plus tard la syntaxe et enfin le lexique. Dans ce IX
dernier, deux grands secteurs conservent le mieux les termes anciens : le domaine affectif et le domaine technique. On trouvera quelques notes sur le lexique affectif au chapitre I I I . Cependant, si nous avons choisi pour notre étude le lexique rural, c'est qu'il s'agissait dans son cas d'un secteur aux frontières relativement délimitées et de ce fait se prêtant mieux à ce genre d'étude. Sauf oubli ou méprise de notre part, le présent ouvrage englobe tous les termes techniques (dans le sens le plus large) dont dispose le lexique rural de La Combe de Lancey. Les quelques conclusions quantitiatives que nous avons pu tirer de nos données n'ont été possibles que grâce à ce caractère exhaustif que ne saurait avoir une étude des termes affectifs, de par leur vague même. Nous devons avouer d'autre part que, dès le début de notre enquête, qui remonte à 1951, nous nous sommes intéressé au lexique technique et que notre première pensée était d'une étude dans l'esprit de l'école des Wörter und Sachen. Nous nous sommes résolu .par la suite à faire une étude de caractère purement linguistique, nous réservant pour plus tard la possibilité de publier les matériaux ethnographiques que nous avons recueillis. On ne trouvera par conséquent dans la partie lexicale que le strict minimum d'indications indispensables pour l'intelligence de tel ou tel terme. On verra en parcourant le chapitre I I que la plupart de ces indications s'appliquent moins à la forme des divers objets qu'à l'usage qui en est fait et qui détermine leur appartenance lexicale à un secteur précis du lexique rural. Si nous donnons au lecteur les quelques détails qui vont suivre, ce n'est pas que nous croyions qu'ils puissent lui servir d'enseignement, mais parce qu'un rapport de ce genre permet de juger du degré de confiance que l'on peut accorder aux matériaux recueillis. Lorsque nous avons commencé notre première enquête à La Combe, nous n'avions qu'une idée assez vague et purement théorique de ce qu'était un patois franco-provençal. De 1951 à 1956 nous avons passé à La Combe de trois à quatre mois par an (les vacances d'été et une partie des vacances de Noël). De 1957 à 1965 nous y avons fait des séjours de cinq à sept mois par an, y compris un séjour ininterrompu de mars 1959 à avril 1960. Les premières années nous ont permis surtout de nous familiariser avec le patois, de gagner la confiance des habitants, soupçonneux au début d'intentions moqueuses de la part d'un étranger. Dès 1952, en suivant le conseil de Monseigneur Gardette, nous avons aidé les paysans dans les travaux des champs, ce qui est un excellent moyen à la fois de gagner l'amitié des sujets et d'entendre parler leur langue, tant le patois que le français local. Dès cette année aussi, grâce à l'amabilité de Monseigneur Gardette, qui avait mis à notre disposition le questionnaire de l ' A L L , nous avons pu utiliser cet excellent instrument de travail, qui nous a beaucoup servi, malgré les inévitables lacunes causées tant par les X
différences d'ordre linguistique que par la variété de la civilisation rurale. Les premières enquêtes ont été menées, à l'aide du questionnaire, auprès de quelques sujets choisis au hasard des rencontres. En suivant en ceci les conseils du regretté Antonin Duraffour, dont nous avons eu la chance de suivre les derniers cours, nous ne nous sommes cependant pas contenté d'interroger, mais nous avons plutôt laissé parler librement nos témoins, le questionnaire nous permettant par la suite de contrôler les lacunes, voire de suggérer des réponses. Dès le début nous avons d'ailleurs pris soin de distinguer sur nos fiches les réponses suggérées de celles qui étaient spontanées, et de pourvoir chaque forme obtenue du nom du témoin dont elle provenait. Notre enquête avait d'abord porté sur la partie centrale de la commune. A partir de 1956, ayant définitivement arrêté le nouveau plan du travail, nous nous sommes consacré à l'étude du français local* et nous avons étudié de plus près le parler de la partie inférieure de la commune : les quelques différences d'ordre lexical entre les deux se trouvent consignées à leur place. La comparaison de nos premiers et de nos derniers matériaux nous a permis de voir à combien d'erreurs nous nous exposions au début, faute de connaître assez bien tant le patois que le français local, sans parler de la connaissance des objets. Tout enquêteur ignorant le patois devrait avoir au moins des notions de français local. Lorsqu'il s'agira d'un objet, d'un animal ou d'une action que l'enquêteur ne pourra indiquer par les gestes, les patoisants lui donneront leurs renseignements en français local, et il fera bien de se méfier des mots dont le sens en français local est tout autre qu'en français commun. Un enquêteur à qui on dirait que du: và se traduit par »douve« ne se douterait peut-être pas qu'il s'agit ici non pas de la >douve< du tonneau, mais du >talusindigènemutationplanefeuille de réclamationvoiture, chariot< dans le sens de >voiture automobile< 28 , bànd:tà >benne de vendangeursbenne de téléphériqueétalon< uniforme sauf à celui de l'école. Or, les instituteurs successifs sont tous originaires de la région, le plus souvent du département même, et bien que leur phonétique soit à peu près conforme à celle de la langue commune (en dehors de ce que l'on pourrait nommer l'accent dauphinois), ils sont sans doute trop habitués à la prononciation locale pour pouvoir corriger systématiquement celle de leurs élèves, sauf en ce qui concerne quelques menues distinctions enseignées sans doute à l'école normale. Ceci vaut également pour la syntaxe, celle des instituteurs que nous avons pu observer étant fort influencée par le français régional. E n ce qui concerne le lexique enfin, le caractère abstrait de l'enseignement primaire rend peu effectif le contact entre le lexique scolaire et le lexique courant (sans parler du lexique rural, dont il sera question plus loin). D'ailleurs, le prestige social de l'instituteur, très haut avant 1914, semble avoir beaucoup diminué actuellement. Il reste le contact avec les ouvriers et commerçants de la bourgade de Lancey et celui, sporadique, avec des gens cultivés parlant le français »correct«. Pour les raisons exposées ci-dessus les rapports avec les ouvriers sont peu suivis, ce qui se reflète en français local, où l'influence du français populaire semble peu importante 29 . Plus grande peut-être 29
Sur l'influence lexicale du français populaire, cf. chapitre III, p. 79 et note 7.
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est l'influence de la langue de la petite bourgeoisie de Lancey (épiciers, bouchers, etc.), dont l'attitude envers la langue commune semble analogue à celle de nos sujets. La différence entre le français local et le français commun semble donc se situer pour nos sujets sur le plan social, entre la langue savante, celle de l'école, de la radio, des gens cultivés en général, qui n'est pas la leur et qu'ils n'imitent que de façon occasionnelle, et la langue populaire, dont ils parlent une variante qu'ils n'ont aucune raison d'améliorer ou d'échanger contre une autre. Contrairement aux bilingues, les unilingues, lorsqu'ils veulent s'exprimer »mieux«, utilisent des expressions, des mots et des formes empruntés en partie à la langue des commerçants de Lancey, en partie au >style noble< du français populaire 30 . Ici aussi, il s'agit de tendances plutôt que de règles pouvant être formulées avec précision. Ce qu'il faut en retenir c'est que cette attitude retarde l'unification linguistique en favorisant la conservation des particularités locales qui remontent en dernier lieu au patois.
,0
Sur ce style, cf. Bauche, Langage populaire, pour >femmecamaradelexiquecommunauté nationale< ( = tout un peuple) ou mieux ici »communauté linguistiques
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de son économie interne, tant que la série alphabétique n'aura pas été remplacée par un système calqué sur la langue elle-même dans son état particulier du moment. Certes, l'alphabet est indispensable en tant que répertoire pratique subsidiaire, mais en tant que principe d'ordre sa place est à la table des matières.« C'est en poursuivant les mêmes préoccupations que W. v. Wartburg a mis au point un schéma de classification sémantique qui devait avoir un caractère universel 6 et qui fut publié, en collaboration avec R. Hallig, en 19527. Dans l'esprit des auteurs le point de vue représenté par ce schéma devait correspondre à celui du »réalisme naïf« (p. XIV), celui de »l'individu moyen doué dont l'image du monde est déterminé par les notions générales de caractère pré-scientifique (vorwissenschaftliche Allgemeinbegriife)« (p. XIV). En dehors de ces préoccupations théoriques, l'ouvrage de Hallig et Wartburg avait un autre but, plus immédiat. C'était, de l'aveu même des auteurs, de proposer »un schéma de classification pour des travaux lexicologiques»8 futurs. Le Begriffssystem a trouvé un accueil favorable tant au point de vue théorique® que pratique. On a souligné l'utilité d'avoir un système uniforme permettant la comparaison détaillée de plusieurs études synchroniques : il existe en effet désormais plusieurs études de lexicographie descriptive fondées sur la >grille< Hallig-Wartburg 10 , l'une des plus récentes étant le dictionnaire synonymique et analogique du tchèque 11 . Des considérations analogues ont présidé à l'élaboration des récents atlas linguistiques, comme celui du Lyonnais, qui, sans adopter le schéma en entier, offrent également une présentation onomasiologique12. 6 Hallig et Wartburg, op.cit. (voir note 2), p. X X I I . ' Ouvrage cité note 2. * »Es könne auch lexicologischen Arbeiten als Ordnungsschema zugrunde gelegen werden«, ibidem p. X X I I I . 9 Voir la liste des comptes rendus chez Baldinger, Die Gestaltung etc. (op. cit. note 2), p. 94, ainsi que Ullmann, Principles 315 et R. L. Wagner in Bulletin de la Société de Linguistique de Paris, L U , 1956, fasc. 2, p. 55 sqq. Cf. aussi note 2 ci-dessus et note 18 ci-dessous. 10 Cf. Ullmann, Précis 333. Sur les études antérieures à 1952 publiées sous la direction de W. v. Wartburg voir Baldinger, op. cit., p. 93 et note 149 ibid. 11 Jiïi Haller, VI. S mi lauer (et alii), Cesky slovnik vicny a synonymicky, 1, Praha 1969, cf. notre compte rendu à paraître dans la Zeitschrift für slavische Philologie. Voir aussi l'étude sur le lexique d'un poète baroque polonais par D. Maihoff, Der Wortschatz der »Bytmy« von M. Sçp Szarzynski gegliedert nach dem »Begriffssystem« von R. Hallig und W. v. Wartburg, Heidelberg 1969 (thèse de doctorat) ainsi que notre étude Traité d'anthroponymie houtzoule, Munich 1970, pp. 419-536. 12 L'exemple des atlas linguistiques polonais (Atlas jçzykowy polskiego Podkarpacia, Krak6w 1934) et roumain (Atlasul lingvistic român, Cluj 1938 sqq.), dont la présentation suit aussi le même principe, montre combien elle s'impose d'elle-même à ceux qui font de pareilles études.
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Or, comme l'ont souligné les critiques, il serait certainement utile d'avoir une >grille< uniforme permettant de comparer les divers lexiques qui représentent soit les régions soit des époques voisines ou éloignées. C'était bien cette idée-là que W. v. Wartburg avait en vue lorsqu'il proposait en 1943 une ébauche du futur schéma, en songeant déjà à des »coupes horizontales« dans l'histoire du français13. Cependant, pour permettre la comparaison, il faudrait un schéma, line grille, identique pour tous les cas, ce qui est incompatible avec la nécessité d'avoir »un système calqué sur la langue même« que postule W. v. Wartburg et qui, continuet-il14, »ne saurait rester le même à toutes les époques, puisque l'image du monde et avec elle l'expression qu'on lui donne se modifient sans cesse. Les modifications mêmes, subies par le système, donneront une idée des changements intervenus dans la vie spirituelle et matérielle d'un peuple«. W. v. Wartburg s'est bien aperçu de cette contradiction, car le chapitre auquel nous empruntons les deux citations précédentes se termine par les mots suivants: »D'après nos explications, ce système devrait se transformer d'époque en époque. Mais (. . .) pour des motifs évidents, il serait souhaitable que les différents systèmes de classement ne s'éloignent pas trop des autres (.. .). Les domaines soumis au changement sont surtout ceux qui résultent de l'activité humaine, comme par exemple, les institutions politiques et sociales, les métiers, l'organisation militaire, l'habillement, etc. Pourtant même en admettant que ces domaines se transforment et que, suivant les cas, ils s'étendent ou se rétrécissent, il doit être possible néanmoins de leur assigner une place constante dans le système lexicologique général15.« Dans le schéma définitif de 1952 les nécessités pratiques devaient l'emporter sur les inconvénients, mais il ne faut pas oublier que ce schéma est un »essai«, comme le disent les auteurs eux-mêmes et que c'est aux »usagers» qu'il appartiendra d'établir dans quelle mesure il est compatible avec la structure du lexique auquel ils devront l'adapter. Avant d'exposer brièvement nos propres expériences dans ce domaine, nous allons citer un exemple antérieur. Il s'agit de l'étude du lexique de Bifrun par Mme Marie Firmin16 qui, tout en adoptant au dernier moment le Begriffssystem pour des raisons d'utilité pratique, c'est-à-dire pour faciliter les comparaisons, s'en écarte sensiblement sur le point précis qui importe le plus pour l'étude d'une traduction des Evangiles en général et celle faite par un auteur protestant de 1560 en particulier : le champ notionnel auquel Mme Firmin donne le nom de »L'homme et le Numi13 14 16 16
Voir sur le limites de ces coupes la critique de M. G. Matoré, La méthode en lexicologie, Paris 1953, pp. 56-57. Problèmes et méthodes, 160. Ces mots font suite à la citation précédente. Ibidem 162. M. Firmin, Le vocabulaire de Bifrun dans sa traduction des quatre évangiles, Amsterdam 1954.
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neux« 17 . Ainsi, le schéma adopté par Mme Firmin offre quatre divisions principales (L'Univers, L'Homme, L'Homme et le Numineux, L'Homme et le Monde Extérieur) au lieu des trois de la grille Hallig-Wartburg (L'Univers, L'Homme, L'Homme et l'Univers). Si le système a perdu ainsi sa belle symétrie hégélienne (thèse, antithèse, synthèse), il a gagné en correspondant mieux à la structure interne du lexique étudié. On peut voir combien cette catégorie était indispensable, en considérant un seul exemple pris au petit secteur du chapitre L'Homme et le Numineux (IV. Les relations entre Dieu et l'homme) qui groupe les notions de >tentationfaute< et de >repentirrepentir< se trouve parmi Les Sentiments (7. Les sentiments moraux), p. 35, la >faute< est placée p. 44 sous La Morale (2. La disposition morale, les caractères), enfin la >tentation< est reléguée à la section La Volonté, p. 41 (3. L'action: cc. ce qui favorise ou empêche l'action) 18 . L'on voit qu'il s'agit d'autre chose que d'étendre les domaines importants ou de rétrécir ceux qui n'offrent pas d'intérêt lexical. La question, bien plus grave, est celle-ci; peut-on assigner aux secteurs sémantiques une place constante dans un système général, comme le voudrait W. v. Wartburg ? Nous avons vu par l'exemple du lexique de Bifrun que la grille Hallig-Wartburg ne saurait être appliquée de façon mécanique et que ses secteurs devront être adaptés chaque fois à la structure du lexique étudié. On pourrait cependant aller plus loins et soutenir que la grille elle-même devra être modifiée chaque fois et ceci précisément dans la partie du lexique qui offrira le plus d'intérêt, c'està-dire celle qui déterminera son caractère. Ainsi dans le lexique de Bifrun les catégories de peu d'importance ont pu sans dommage rester les mêmes que chez Hallig et Wartburg. La nécessité d'avoir »un système calqué sur la langue même« dictera également, selon le cas, une répartition différente des secteurs lexicaux à l'intérieur du système général. Le problème s'est posé devant nous, lorsque nous avons voulu présenter le lexique rural d'une commune, c'est-à-dire une section seulement du lexique total, mais une section relativement bien délimitée. Si nous avions adopté dans son intégrité le système Hallig-Wartburg, les résultats de notre étude auraient certes été parfaitement comparables au Begriffssystem, mais elle aurait perdu 17
18
Ibidem p. 3: »Quant aux mots qui concernent le culte, l'organisation de l'Eglise, nous n'avons pu les séparer du Monde Numineux. Les rites, les cultes, la hiérarchie ecclésiastique sont les formes dans lesquelles l'homme exprime sa relation avec l'irrationnel. Bien que ces formes appartiennent également à la vie sociale, nous avons préféré les mettre uniquement dans la catégorie du Numineux, parce qu'elles en découlent.« Cf. aussi la brève critique de H. L.(ausberg) in: Archiv fur das Studium der neueren Sprachen 191 (1955), p. 253 (qui refuse à l'essai de Mme Firmin tout intérêt pour l'étude du rhéto-roman) ainsi que B. E. Vidos, Manuale
di linguistica romanza, Firenze 1959, p. 271, note 3.
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par là sa raison d'être, qui est de présenter la structure du lexique »dans un ordre de signification rigoureux ( . . . ) calqué sur la langue même«19 et non pas sur un schéma préalablement établi. Or, l'inconvénient principal d'un calque servile de la grille Hallig-Wartburg aurait été celui dont nous avons parlé à propos du livre de Mme Firmin, c'est-à-dire celui de séparer ce qui forme un ensemble dans le lexique que nous allons étudier. Ainsi, le secteur lexical des noms d'animaux domestiques figure chez Hallig-Wartburg une première fois dans une sorte de catalogue du règne animal dans la première partie, pour revejiir ensuite dans la deuxième partie (agriculture, élevage, etc.). Cette façon de présenter les mêmes notions deux fois suivant leur place dans l'univers d'abord et dans la vie de l'homme ensuite, offre peut-être des avantages analytiques, mais elle ne nous paraît pas correspondre au point de vue du »sujet naïf«, du moins à la campagne, pour qui les animaux n'ont pas d'existence en dehors de leur place dans la vie de l'homme. La même observation pourrait être faite également à propos des autres sections de la grille Hallig-Wartburg, où l'on procède aussi d'une façon analytique qui correspond plutôt à l'image du monde du citadin ou de l'intellectuel (celle-là étant aujourd'hui un reflet non-raisonné de celleci). Ainsi, la notion de >porc< placée à la section L'agriculture, l'élevage est par là-même séparée non seulement des termes désignant les parties du corps de l'animal (Partie I : Univers), mais aussi de la notion de charcuterie^ qui se trouve à la section suivante (Les métiers et professions) sous >bouchervinificationbattagel'attelage et les véhicules< et enfin celui du maçon et du charpentier sous >constructions Il ne s'agissait pas uniquement de commodité et du désir d'éviter de petites sections insignifiantes, comme c'était par exemple le cas pour l'apiculture. Il y avait aussi une raison d'ordre linguistique : dans la conversation, c'est-à-dire lors de l'actualisation dans la chaîne parlée, ces termes ne se manifesteront guère en dehors des secteurs lexicaux où nous les avons rangés. Il n'y a pas de lexique maçon ou charpentier dans le parler de La Combe en dehors de la construction, ni de lexique tonnelier en dehors de la vinification (ce qui fait, par exemple, que ce dernier ne se manifeste pratiquement qu'une fois par an, à l'époque des vendanges). S1
»El concepto de pescado, que carece de sentido para un naturalista, tiene en cambio personalidad tan señalada en el lenguaje, que no puede dejar de figurar como grupo independiente en el Diccionario", J. Casares, Diccionario ideologico de la lengua española, Barcelona 1942, cité par K. Baldinger, Die Gestaltung des wissenschaftlichen Wörterbuches, in : Romanistisches Jahrbuch, V, 1952, p. 89, n. 138.
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La situation est sans doute toute différente là où il existe des artisans parlant patois et qui ont un lexique spécialisé. On verra aux § 1. b. et 1. c. que les vestiges du lexique charpentier ne dépassent pas le chiffre de six termes, et que le lexique du maçon, également limité à quelques mots, ne comprend que des termes techniques connus de tous les sujets, c'est-àdire qu'il n'a pas le caractère d'un lexique indépendant, ou ésotérique, si l'on nous permet l'expression. Ce caractère non-»ésotérique« du lexique de La Combe était d'ailleurs favorable à notre étude. Il s'agissait en effet, pour tous les termes patois qui ont été conservés par le français local, de la langue de tout un groupe social et non pas d'un lexique spécial, où la conservation est plus facile et où elle s'explique mieux, en partie par le caractère ésotérique des langues spéciales. Disons enfin quelques mots sur la classification générale adoptée pour notre présentation du lexique rural. On verra en parcourant les pages qui suivent que sur ce point non plus nous n'avons pu adopter dans son intégrité le schéma Hallig-Wartburg. Ce dernier offre une image du monde commençant par l'Univers, passant par l'Homme-être physique (les besoins physiques tels que l'alimentation, les vêtements, mais non pas l'habitation), l'Homme-être social (comprenant le travail, l'habitation, le transport) pour en arriver à l'Homme et l'Univers, qui ne nous concerne pas ici. Ce schéma ne nous paraissant pas correspondre à la logique interne du lexique rural, nous nous sommes résolu à le modifier dans le sens suivant : notre présentation commence par ce qui est proche (la maison, la vie à la maison, les travaux à la maison). Ce n'est pas dû au hasard, si - à l'exception du premier paragraphe (la construction) - il s'agit là exclusivement de travaux effectués par les femmes. Vient ensuite l'extérieur proche: la ferme ou, si l'on aime mieux, le bétail, l'élevage. Nous avons déjà dit qu'il nous paraissait opportun ici de ne pas séparer le champ lexical des >bovins< (§ 8) de celui de la >laiterie< (§ 9) ni le champ du >porc< de celui de la >charcuterie< (§ 11). La troisième partie présente l'extérieur plus éloigné, mais appartenant toujours au cycle des travaux du paysan ou, si l'on veut, à la mature modifiée par l'hommeLe sol, la topographie< (§ 27). Le § 22 (>Arbres non-fruitiersLes travaux 2a
Dans une étude qui embrasserait la totalité du lexique de L a Combe d'aujourd'hui, ces derniers devraient sans doute être placés ailleurs, par exemple sous >communicationspanification< (première partie : préparation de la pâte, § 5 a) : 23 24
2t
Cf. K. Baldinger, Die Gestaltung des wissenschaftlichen Wörterbuches, in: Bomanistisches Jahrbuch, V (1952), p. 90. En d'autres termes nous ne faisons pas de différence entre les rapports syntagmatiques (type »pétrir« + »farine«, »pâte« -f »serrée«), les rapports paradigmatiques (»pétrir« : »repétrir« : »étendre«) et les rapports purement conceptuels (»pétrin« — »couvercle«). Le schéma correspond ainsi à un schéma syntaxique (Sujet-verbe-complément direct-complément indirect, par exemple »X pétrit la farine dans le pétrin«, etc.). Cf. cependant ibid. la section Les métiers et les professions (p. 54), qui commence par les généralités, où figurent sous (2) Les outils en général, et sous (3) Les récipients en général.
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Le deuxième type de rapports pourrait être qualifié de parallèle. On peut l'observer dans les paragraphes consacrés aux plantes cultivées, aux arbres fruitiers, aux plantes et fleurs non-cultivées2', etc. Ce sont des secteurs statiques qui ne sont pas hiérarchisés27, mais qui tout en manquant de centre unique peuvent s'organiser autour de plusieurs centres d'intérêt qui se situent eux-mêmes tous sur le même plan. Soit le secteur des arbres fruitiers où, autour de chacune des notions comme >pommier< ou >noyerpommierpoirier< etc.). En ce qui concerne le deuxième cas, la présentation des termes à l'intérieur de chaque secteur offrait par conséquent des difficultés que nous ne pouvons prétendre avoir entièrement surmontées. Si nous prenons, par exemple, le § 22 (les arbres et arbustes non-cultivés), nous verrons qu'au-delà des trois grands groupes (conifères ; arbres à feuilles ; arbustes et arbrisseaux) toute classification linguistique devient arbitraire, et que, tout ce qu'on peut faire, c'est par exemple de procéder du plus grand au plus petit ou du plus connu au moins familier. Voici, dans les grandes lignes, les difficultés et les problèmes auxquels nous nous sommes heurté dans notre essai de classification du lexique rural. E n adaptant de cette façon le Begriffssystem de Hallig et Wartburg nous espérons l'avoir modifié dans le sens de ses auteurs, c'est-à-dire dans le sens de la moindre abstraction, et de l'avoir approché ainsi de la vision du monde du paysan.
discussion chez H. G. Schöneweiss, Die Namen der Obstbäume in den Romanischen Sprachen, Studien über ein Wortfeld, Köln 1955, pp. 185-188 (avec indications bibliographiques). Contrairement à ce que croit M. Schöneweiss, ce caractère hiérarchisé ne se limite pas aux secteurs intellectuels^ cf. notre étude Les structures antonymiques, in: Slavristische Studien . . ., Göttingen 1963, pp. 233-259.
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DEUXIÈME PARTIE
LE L E X I Q U E R U R A L CLASSÉ PAR S E C T E U R S N O T I O N N E L S A. L'habitation, la vie à la maison § 1. La maison, les bâtiments, la construction a. Lexique
général*.
1. mëzô f . »maison«. 2. kóvè:r m. »toit«. 3. fré f. »fraite, fraitage, faîtage«, 'faîte, faîtage'. 4. frétv.rê f. »frétière«, 'faîtière' (tuile). 5. nu: f. »noue«. 6. éàpë f. »chappe«, 'garniture de mortier autour d'une cheminée sur le toit'. 7. vôlv.&ë f. »volige«. 8. vôlizié v . i n t . »voliger, mettre des voliges«. 9. twi-Xà f. »tuile«. 10. twi'.là kro:zà »tuile creuse« (dite 'romaine'). 11. twi'.là plà:tà »tuile plate«. 12. twi'.là méhàni:kà »tuile mécanique« (dite 'de Marseilles'). 13. éànà: f., iârw: pl. »cheneau«, 'ancienne gouttière en bois'. 14. êënô m. »cheneau«, 'gouttière'. 15. góté:ré f. »gouttière«, 'trou dans le toit par où entre la pluie'. 15a. à fà dëgôtê:rë »ça fait des gouttières«. 16. rëgâ: m. »regard« (de gouttière). 17. détè m. »détel, dételage«, 'les eaux du toit'. 18. détëlâ:z6 m. »dételage«, 'partie de terrain se t r o u v a n t entre le mur de la maison et la ligne correspondant à l'extrémité du toit'. 19. fê:rmà f. »ferme« (partie de charpente). •
Cf. pages 23-24.
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20. dëmifé:rmà f. »demi-ferme«, 'partie inclinée de la ferme'. 21. àlbàrétié m. »albalétrier«. 22. pànà f. »panne« (ime ou deux poutres horizontales sur lesquelles reposent les chevrons). 23. sëvrô m. »chevron«. 24. àrétié m. »chevron d'arrêté« (lorsqu'il y a vin pan coupé). 25. sàbli:ré f. »sablière«. 26. tira m. »tirant«. 27. tràvô m. »travon«, 'poutre et saliveau d'une pièce'. 28. kóvè:rtà f. »couverte«, 'sommier' (poutre servant de linteau). 29. mivèizé f. »moise«. 30. litó m. »liteau«. 31. litëlà: v.int. »mettre les liteaux«. 32. Iitëlâ:z6 m. »litelage«, 'ensemble de liteaux'. 33. plàSè f. »planche«. 34. plàti> m. »plateau«, 'planche épaisse', (10 à 15 cm de large). 35. zwé m. »joint«. 36. zàrzé m. »rainure«. 37. àfrâéiv. tr. »affranchir« (un toit, une planche) 'couper'. 38. môrtêizà f. »mortoise, mortaise«. 38a. fâ:rlëmôrté:zë »faire les mortaises«. 39. agit vi »angle vif«, 'angle droit'. 40. d àplà »d'aplat, d'aplomb«. 41. dënivô »de niveau«. 42. zâhâ:z6 m. »jambage« (de porte). 43. pò-.rtà f. »porte«. 43a. pâ\ dë pô:rtâ m. »pas de porte«. 43b. lédà f. »seuil« (terme de maçon, n'est pas général).
44. kâ:drë m. »cadre«. 45. go m. »gonds«. 46. sàro\U>rà, sàro:rà, sàro:rë f. »serrure«. 47. sàrâ: v . t r . »fermer la porte«. 48. uri v . t r . ; iivèirtà part, »ouvrir«. 49. vëru m. »verrou«. 50. klà: f. »clé«. 51. lîkiva. »loquet«. 52. tàìcólà f. »tacoule«, 'espèce de targette primitive en bois'. 53. pòrti\S, pôrtiyô m. »portillon«, (placé devant la porte d'entrée de la maison pour empêcher poules et chiens d'entrer). 54. jënê\trà f. »fenêtre«. 55. fënétrô m. »fenétron«, 'toute petite fenêtre, vasistas' (surtout dans une cave). 56. mërâ.lé f. »mur« (extérieur). 57. pàrè f. »mur«,'paroi'(intérieure) 58. lâbuirdë f. »lambourde« (pièce de bois). 59. plàné:lë f. »pianelle«, (terme de maçon) 'espèce de brique creuse mince servant à construire des cloisons'. 60. zi:pë f. »jipe«, (terme de maçon, pour les autres sujets souvent »mur«) 'cloison'. 61. bô:0 m. »botye« [bçitë], 'aide maçon'. 62. èéàlé, èskalié m. pl. »escaliers«, 'escalier'. 63. mâ:rSé f. »marche« d'escalier. 64. kwizinà f. »cuisine«. 65. Sabrë f. »chambre«. 66. éw* m. »évier«, 'pièce où l'on fait la vaisselle'. 67. p&:lò m. »balcon« (peu usité). 68. bàriné m. 'balustrade (en bois) du balcon' (peu usité). 69. ééjèlà f. »échelle«. 70. éiàlô m. »barreau«, 'échelon'. 71. gàlëtà: m. »galetas«, 'grenier'. 72. grâiè f. »grange«. 73. sii:é m. 'plancher de la grange«. 74. Sâ-.pà f. »chappe«, 'partie supé-
75. 76. 77. 78. 79. 80. 81. 82. 83. 84. 85. 86. 87. 88. 89. 90. 91. 92. 93. 94.
rieure (premier étage) de la grange'. rnëtd së là: Sâ:pà »mettres ur la chappe« (le blé). ëàpé m. »hangar«, 'partie de grange servant de hangar'. brâ: m. »bras«, ' j a m b e de force' (reliant le poteau au tirant). potò m. »poteau« (de hangar) âbé:, âbéa m. »habert«, 'cabane de montagne'. êàdâ: m. 'maison en ruine'. Siéré m. »chiotte«. bàéè m. »bassin«, 'abreuvoir avec fontaine'. éânà m. »robinet« (de bassin). pòrta: m. »portail« (d'entrée à la ferme). kléyà f. 'porte dans une clôture'. portUo m. »portillon« dans une clôture. klotù:rà f. »clôture«. pàlisâ:dà f. »palissade«, 'clôture en bois ou en fil de fer'. Iclézô f. »cloison«. étèpé m. 'clôture provisoire'. étôpâ: v . t r . 'boucher les trous dans une clôture'. d:zë f. »haie«. bwé:nà f. »borne« (de champ). gâ:rdë f. »garde«, 'témoin de la borne'.
b. Les outils de charpentier. Les termes désignés comme 'terme de charpentier' sont ignorés par la plupart des sujets (cf. p. 23-24). 1. râbo m . »rabot«. 2. râbotâ: v . t r . »raboter«. 3. dru:lë pl. »drouilles«, 'copeaux de rabot'. 4. éékrlà f. »écherle«, 'écharde'. 5. vàrlo:pà f. »varlope«. 6. gàlé:rà f. »galère«, 'espèce de
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grand rabot actionné par deux personnes'. 7. sizô m. »ciseau« (à bois). 8. gôrzé m. »gouge«, (ciseau à bois creux). 8a. gozë f. 'idem' (terme de charpentier). 9. bédd:në m. »bédane« (ciseau à bois, grand et carré). 10. é:sê f. »esse«, 'herminette'. 11. plêinà f. »pleine, plane« (ce dernier terme est peu connu). 12. kétè pàru m. 'idem'. 13. àgûzi( v.tr. »appointer«, 'tailler en pointe' (un morceau de bois etc.). 14. virëbrôké m. »villebrequin« (terme de charpentier). 15. mé:ié f. »mèche à bois«, 'idem' (terme général). 16. tàryu:r6 m. »tarière«. 17. tàràvé-.là f. »taravelle«, 'espèce de tarière sans spirale'. 18. sèrpâté m. »serpentin«, 'spirale de tarière'. 19. truslcl, toskl m. »trusquin« (outil servant à tracer des mortaises, terme de charpentier). 20. bézàgii m. »bésingue«, 'bésaiguë* (grand fer plat pour faire des mortaises, terme de charpentier). 21. sizâdë f. pl. »cisailles«. 22. tànâilë f. pl. »tenailles«. 23. pésà f. »pince«.
24. rà\p à bué f. »râpe«. 25. limà f. »lime«. 26. pwétà f. »pointe«, 'clou' (terme générique). 27. krô:Sê f. »croche«, 'grand clou forgé'. 28. krôêë m. »crochet«, 'idem'. 29. kràpilô m. »crampillon«, 'espèce de crochet-crampon en forme de fer à cheval'. 30. klôié v. tr. »clouer«. 31. pi( dë bi:ëé m. »pied-de-biche« (outil servant à arracher les clous). 32. ékàpè\rS(ê) f. »écoperche« (terme de charpentier). 33. éuerà f. »chèvre« (espèce de levier servant à dresser les fermes).
c. Les outils de maçon. 1. gàmâ-.tà f. »gamâte, gamate«, 'auge de maçon'. 2. trwè:là f. »truelle«. 3. brà:Sé f. »broche« (de maçon). 4. sizô m. »ciseau« (de maçon). 5. màsétà f. »massette« (de maçon). 6. tàlo-M f. »taloche«. 7. mortié m. »mortier«. 8. mortié bâ:tâ: m. »mortier bâtard«, 'ancien mortier fait de terre'.
§ 2. L'intérieur: le mobilier, les travaux du ménage, l'éclairage, le chauffage a. Le mobilier, la literie. 1. 2. 3. 4. 5. 6.
tâ-.blà f. »table«. tirô, tiruè m. »tiroir«. sé-.rè f. »chaise«. hu-M f. »lit«. màtëlà: m. »matelas«. pàlâ:sè f. »paillasse«.
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7. pusé-.ré. f. 'espèce de paillasse pour les bébés'. 8. Sàvé m. »tête du lit« (mot rare). 9. brïW m. »oreiller«. 10. àvëlô:pà f. »enveloppe«, 'taie d'oreiller', l i a . tràvërsé m. »traversin«.
11b. pëlôiô m. 'idem*. 12. kôvè:rtà f. »couverture«. 13a. lâsvfl m. »drap«. 13b. drâ\ m. 'idem'. 14. kro°, kro: m. »berceau«. 15. rëdrëswèr m. »vaisselier«. 16. mëyô m. 'moitié gauche ou droite d u vaisselier'. 17. êirS m. »chiron«, 'vrillette*. 18. SirÔnà: adj. »chironné«, 'vermoulu'. 19. ménà dë éirô f. »poussière de Chirons«. 20. pu\sà dë Sirô f. 'idem'.
b. Le ménage, l'éclairage. 21. pu-.sà f. »poussière«. 22. trôêié là pu:sà v . t r . »passer le torchon«, "épousseter*. 23. trôëô m. »torchon«. 24. kwivfi v . t r . »balayer«. 25. kivi-.vè f. »balai«. 25a. mâzâ dë kwi:vë m. »manche à balai«. 26. kiùivâ:lé f., kwivëlè f. »balayure«. 27. kârô m. »carron, brique«, 'brique servant de chauffe-lit'. 28. bôlàtà f. »bouillotte«. 29. éddëlà f. »chandelle«. 30. buîi f. »bougie«. 31. krëvà: a d j . f. (bougie) »crevée«, 'éteinte'. 32. twâ: là buii v . t r . 'éteindre'.
c. Le chauffage (voir aussi le bois de chauffage, § 21.). 33. fumé m. »fourneau«, 'fourneau de cuisine, cuisinière, poêle'. 34. ëànô m. »couvercle« (de fourneau), 'rond de poêle'. 35. plàtinà f. »plaque« (de cuisine). 36. fyô m. »feu«. 37. àlumâ: lô fyô v . t r . »allumer le feu, éclairer le feu« (ce dernier est considéré comme »mieux français«). 38. flàmà f. »flamme«. 39. brâ:zà f. »braise«, 1. 'braise', 2. 'un charbon ardent'. 40. môSô (dë fyô) m. 'morceau de braise qui a sauté par terre'. 41. épëlô, épëlùc m. »étincelle«. 42. fôyôlâ: f. »flambée« (surtout d a n s : »faire une flambée«, 'allumer un feu de menu bois pour chauffer vite la pièce ou u n plat'). 43. së iàrfâ: v.réfl. »se chauffer«. 44. êàrbànâ: v . i n t . 'brûler mal' (bois dans le poêle). 45. êàrbô dë bué m. »charbonille«. 46. ftgâ\ v . t r . »ramoner (la cheminée)«. 47. frëgônâ: v . t r . »fourgonner le fourneau«. 48a. fërgô, ffgô m. »fourgon« (rare), 'tisonnier'. 48b. krôië m. »crochet«, 'idem'. 49. MX:Sè f. »suie«. 50. sédrë f. pl. »cendres«. 51. fùmé\ré f. »fumée«.
§ 3. Les ustensiles de cuisine, la vaisselle, les récipients 1. 2. 3. 4. 5.
vésè:là f. »vaisselle«. débré m. »débris« (de vaisselle). àsiëtà f. »assiette«. kétè m. »couteau«. férSëtà t. »fourchette«.
6. 7. 8. 9. 10.
Içili m. »cuiller« m. pé'.là f. »poêle«. kwà: f. »queue« de poêle. màrmità f. »marmitte«. kàvërsé-.là f. »couvercle«. 31
11. iànô m . »couvercle« de casserole, p é t r i n etc. 12. ¿là f. »cruche, pot«, 'grande j a r r e e n argile' (pour huile, lait etc.) 13. ¿10 m . »petit pot« (en argile p o u r huile d e friture). 14. topé m . »petit pot« (en terre émaillée). 15. brôSôm. »bronchon«, 'bec de p o t , de cafetière'. 16. tàrtà m . 'vieille m a r m i t e ' . 17. muliné:tà f. »moulinette«, 'moulin à légumes'. 18.