Cyrus, l'encyclopédie qui raconte 04 9782764433164, 9782764433171, 9782764433188


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Table of contents :
Couverture
Données de catalogage
Dédicaces
Exergue
Qui est Cyrus ?
Légende
Pourquoi les animaux perdent-ils leur poil ?
Où est le cœur des plantes ?
Qu’est-ce qui fait la couleur des yeux ?
Comment les araignées font-elles pour tisser leur toile d’un mur à l’autre ?
Pourquoi les bateaux flottent-ils ?
Pourquoi les chevaux frappent-ils du pied quand ils nous regardent ?
Pourquoi la roche est-elle colorée ?
Pourquoi les poules pondent-elles des œufs de différentes couleurs ?
À quoi sert la luette ?
Pourquoi le lait est-il blanc ?
Pourquoi les chats ont-ils la langue rugueuse ?
Est-ce que l’étoile de Bethléem existe toujours ?
Pourquoi les crocodiles dorment-ils la bouche ouverte au soleil ?
Est-ce que les « nains » peuvent avoir des enfants de taille normale ?
Pourquoi les éléphants ont-ils des trompes ?
Avec quoi fait-on le verre ?
Après la mort, il y a quelque chose ?
Comment les ondes voyagent-elles sans se mélanger ?
Pourquoi les chiens aiment-ils les os ?
Pourquoi ferme-t-on les yeux quand on dort ?
Qui a inventé l’heure ?
Pourquoi y a-t-il du feu bleu, du feu jaune et parfois du feu vert ?
Est-ce que les cactus donnent de l’oxygène ?
Pourquoi les perroquets sont-ils les seuls à pouvoir parler, à part nous ?
Comment le charbon se change-t-il en diamant ?
Est-ce que les poissons dorment ?
Comment les raisins sans pépins font-ils pour se reproduire ?
Lorsqu’un oiseau vole, peut-il entendre le battement de ses ailes ?
Pourquoi les gens ont-ils des verrues ?
Les animaux ont-ils un nombril ?
Imaginez la vie avec Cyrus !
Index
Table des matières
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Résumé
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Cyrus, l'encyclopédie qui raconte 04
 9782764433164, 9782764433171, 9782764433188

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Christiane Duchesne • Carmen Marois

Pourquoi les animaux perdentils leurs poils ? Où est le cœur des plantes ? Après la mort, il y a quelque chose ? À quoi sert la luette ? Qui a inventé l’heure ? Pourquoi ferme-t-on les yeux quand on dort ?

Christiane Duchesne • Carmen Marois

Projet dirigé par Stéphanie Durand, éditrice Conception graphique : Nicolas Ménard et Nathalie Caron Révision linguistique : Diane Martin Correction d’épreuves : Sabrina Raymond Illustrations : Québec Amérique International Québec Amérique 7240, rue Saint-Hubert Montréal (Québec) Canada H2R 2N1 Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010 Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada pour nos activités d’édition. Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays. Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.





Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Duchesne, Christiane Cyrus, l’encyclopédie qui raconte Nouvelle édition. L’ouvrage complet doit comprendre 12 volumes. Pour les jeunes. ISBN 978-2-7644-3316-4 (Version imprimée) ISBN 978-2-7644-3317-1 (PDF) ISBN 978-2-7644-3318-8 (ePub) 1. Encyclopédies et dictionnaires pour enfants français. I. Marois, Carmen. II. Titre. AG25.D82 2017 j034’.1 C2017-940075-4 Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2017 Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2017 Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés © Éditions Québec Amérique inc., 2017. quebec-amerique.com

En hommage à mon père qui a toujours su répondre à mes questions. C. D. À tous ceux qui, comme moi, ont le désir d’apprendre. C. M.

Quand je serai grande, je veux être heureuse Savoir dessiner un peu Savoir me servir d’une perceuse Savoir allumer un feu Jouer peut-être du violoncelle Avoir une belle écriture Pour écrire des mots rebelles À faire tomber tous les murs Si l’école permet pas ça Alors je dis « Halte à tout ! » Explique-moi, papa, c’est quand qu’on va où… Renaud Séchan

Qui est Cyrus ? Très tôt, Cyrus s’est posé des questions sur l’origine du monde, la vie de la planète, les angoisses des hommes préhistoriques, la vie animale, l’univers végétal, le cosmos et le cœur des gens. Curieux comme pas un, il a cherché, il a lu, il a étudié pendant de longues années pour trouver réponse aux mille questions qu’il ne cesse de se poser. Il s’étonne encore des nouveaux phénomènes, s’intéresse aux particularités du monde qui l’entoure. Ce qu’il aime par-dessus tout ? Partager ses connaissances, en faire profiter tous ceux et celles qui, à toute heure du jour et où qu’il soit, viennent auprès de lui pour l’interroger. Tout au long des douze tomes de cette encyclopédie à nulle autre pareille, vous rencontrerez des dizaines et des dizaines de curieux qui, comme vous, souhaitent en connaître toujours un peu plus…

Légende La Terre et l’espace, phénomènes et inventions Les animaux, leurs habitudes et leurs particularités Les végétaux : arbres, fleurs et tout ce qui pousse Les gens, leur corps et leur vie Curieuses questions

Pourquoi les animaux perdent-ils leur poil ? Cyrus s’avance vers la grille pour accueillir le facteur, monsieur Branchu, qui lui apporte son sac de courrier quotidien. — Beau temps ! lance le facteur. Gratte-Bedaine ne vient pas m’enguirlander ce matin ? s’étonne l’employé des postes. Il n’est pas malade, au moins ? — Non, bougonne le savant. Il se terre quelque part, car il sait que je suis de mauvais poil. Dès que j’ai le dos tourné, cet infernal animal en profite pour s’étendre de tout son long sur le plaid du divan et celui-ci en devient couvert de poils. Cela me met en rogne. — Au fait, monsieur Cyrus, dit poliment le facteur. Ma petite Macha m’a posé ce matin une question à laquelle je ne sais quoi répondre. —  Et quelle est cette question ? demande Cyrus en se radoucissant.

—  Pourquoi les animaux perdent-ils leur poil ? — Hum, fait le savant. C’est de circonstance ! En fait, il est normal pour un animal de perdre régulièrement ses poils. — Nous perdons bien nos cheveux, admet monsieur Branchu. — Les animaux qui vivent dans la nature sont soumis à des changements de saison. L’hiver, ils ont besoin d’une fourrure épaisse pour les tenir au chaud ; l’été, leur fourrure peut être plus mince. C’est pourquoi ils muent au printemps et à l’automne, explique le savant. — Ils changent de fourrure, en quelque sorte. — Oui. La mue est régie par la température extérieure et aussi par la photopériode, le nombre d’heures de lumière qu’il y a dans une journée. C’est le système endocrinien qui décide quand l’animal doit muer. — Pouvez-vous être plus explicite, monsieur Cyrus ?

— Ce sont les glandes situées à la base du cerveau, l’hypophyse et la thyroïde, qui sécrètent différentes substances dans le sang pour indiquer qu’il est temps de muer et de former un poil adapté à la saison. — Qu’en est-il des animaux qui vivent sous les tropiques ? demande l’employé des postes. — Ils ne connaissent pas de mues saisonnières. — Et les animaux domestiques comme votre bon Gratte-Bedaine ? — Ceux qui vivent constamment à l’intérieur muent continuellement. Disons que leur système endocrinien est un peu déréglé. N’ayant pas à faire face aux conditions rigoureuses de l’hiver, ils n’ont pas besoin de se constituer une fourrure épaisse à l’automne. — Ils perdent donc leur poil régulièrement et ne connaissent pas de périodes de mue aussi importante que les animaux sauvages, c’est bien ce que vous voulez dire ? demande monsieur Branchu.

— Tout à fait. Un animal en santé et bien nourri mue et refait facilement et régulièrement son poil, comme mon gros Gratton. — Je suppose, fait le facteur en se grattant le menton, que cela dépend aussi du type de poil. — Les chiens et les chats à poil court les perdent en effet moins. La perte des poils peut également être reliée à certaines maladies. Mais vous savez, mon bon monsieur Branchu, la chute des poils a du bon pour l’animal. — Comment ? — Elle permet d’éliminer les petits parasites fixés sur les poils. — Vous voyez, monsieur Cyrus, vous ne devez donc pas trop en vouloir à Gratte-Bedaine. — Vous avez raison, monsieur Branchu. Quand on a la chance d’avoir un bon compagnon comme le gros Gratton, que sont quelques poils épars sur un plaid vénérable ?

E n Br e t a g n e, u n e c o ut u m e v e ut q u e t o ut c h a t n o i r c a c h e d a n s s on p e l a ge u n p o i l b l a n c , u n seu l. Si quelqu’u n pa r v ient à le t r ouver et à l’a rr a cher s a n s se fa i r e g r i f fer, i l p os sè de a lor s u n de s plu s pu i s s a nt s t a l i sm a n s.

Où est le cœur des plantes ? — Cyrus, j’ai une grande faveur à vous demander, dit Gertrude, son canif à la main. — Demande donc, dit Cyrus, occupé à tailler son lilas. — Je voudrais opérer un rosier, et comme vous en avez des tonnes, j’ai pensé que je pourrais en choisir un. S’il mourait, il vous en resterait beaucoup d’autres. — Opérer un rosier ? s’exclame Cyrus, complètement ahuri. — Je veux savoir où est le cœur des plantes ! dit Gertrude. — Tu ne toucheras pas à mes rosiers ! dit Cyrus. — Mais, Cyrus, vous en avez tellement !

—  Tu ne toucheras pas à mes rosiers pour la simple raison que les plantes n’ont pas de cœur ! Et tu ferais mieux de me croire sur parole ! Je ne veux pas te voir charcuter mes végétaux. — Mais elles sont vivantes, les plantes ! Elles doivent avoir un cœur ! dit Gertrude, insultée par l’attitude de Cyrus. — Les êtres vivants n’ont pas tous un cœur. Le cœur, chez les humains et les animaux, c’est une pompe qui fait circuler le sang à travers le corps pour le nourrir. Chez les plantes, les choses ne fonctionnent pas du tout de cette façon. — Comment alors ? — Assieds-toi un instant, pose ton canif et écoutemoi. Prenons l’exemple du gros tilleul que tu vois, là, au fond du jardin. Il puise dans le sol ce dont il a besoin, eau et sels minéraux. C’est la sève brute. Or, la sève doit monter jusqu’aux feuilles et, là-haut, se faire transformer, grâce à la lumière et à la chlorophylle, en sève nutritive. — Vous allez me dire que la sève monte jusqu’en haut d’un arbre sans cœur, sans pompe, sans moteur ? dit Gertrude, incrédule.

— La sève monte par ce que l’on appelle la capillarité. Les feuilles perdent de l’eau au soleil, n’est-ce pas ? Un grand chêne peut perdre 110 tonnes d’eau pendant sa saison de végétation. Pour ne pas sécher, les feuilles attirent l’eau de l’intérieur de l’arbre. C’est comme si elles aspiraient la sève brute. La sève monte donc par un réseau de milliers de petits tubes. — Comme dans des pailles ? demande Gertrude, radoucie. — C’est un peu la même chose, tu as raison. Regarde ce grand arbre qui mesure presque 30 mètres ! La sève a un long chemin à faire pour atteindre les feuilles. — Elle monte vite ou lentement ? — Elle peut atteindre une vitesse de 10 à 100 mètres à l’heure ! La plante ou l’arbre utilise ses feuilles pour respirer. En présence de la lumière, la chlorophylle permet de fabriquer des sucres à partir du gaz carbonique. Au contact de la chlorophylle, la lumière décompose l’eau en libérant de l’oxygène, des glucides et de l’énergie chimique. C’est la photosynthèse.

— C’est un peu compliqué. Les feuilles prennent le gaz carbonique de l’air et rejettent de l’oxygène ? demande Gertrude, conquise par cette longue explication. — Oui, et c’est pour cela qu’on dit des plantes qu’elles sont les poumons de la planète. Une fois que la photosynthèse est effectuée, la sève peut redescendre nourrir l’arbre. — Elle redescend comment ? — Par gravité, comme de l’eau qui coule vers le bas tout simplement. — Et tout ça sans cœur ! C’est fabuleux, Cyrus ! Ne craignez rien, je n’ai plus besoin d’opérer vos rosiers ! — Et fais attention avec ton canif, tu m’inquiètes !

L e s r a ci ne s p er met t ent au x végét au x de se nou r r i r. Selon le s t y p e s de sol s, le s r a c i n e s d oi v e nt a l le r p u i s e r le u r nou rritu re plus ou moi ns en profondeu r. En A f r ique du Sud , u n f i g u ier t r opic a l p o s s è d e d e s r a c i n e s a l l a n t j u s q u’à 120   mèt r e s de pr ofondeu r  !

Qu’est-ce qui fait la couleur des yeux ? — Je veux bien servir de cobaye, Théodore, s’exclame Cyrus, mais n’exagère pas ! — Ne vous inquiétez pas ! Je fais très attention, murmure Théodore. Cyrus est étendu dans son hamac, Théodore, penché au-dessus de lui, est armé d’une lampe de poche très puissante. Il examine l’œil gauche de Cyrus. — Il est presque fermé ! dit Théodore. — Qui ? souffle Cyrus. — Votre iris ! dit Théodore. C’est vraiment curieux quand on regarde un œil de très, très près… —  Évidemment qu’il se ferme, mon iris ! fait Cyrus. Avec la quantité de lumière que tu m’envoies dans l’œil ! L’iris, Théodore, contrôle la quantité

de lumière qui entre dans l’œil par la pupille. Forte lumière, petite pupille, faible lumière, grande pupille. Et ça, ce sont les muscles de l’iris qui le permettent. Tu as terminé ? — Oui, déclare Théodore. La preuve est claire : forte lumière, petite pupille, faible lumière, grande pupille. Cyrus se relève, impatient d’aller chercher GratteBedaine chez le vétérinaire.

iris pupille

caroncule lacrymale

sclérotique

— Il y a autre chose, dit Théodore. Pourquoi vos iris sont bleus, alors que les miens sont très bruns ? — Je te résume ça rapidement, Théodore, GratteBedaine ne peut pas m’attendre pendant des heures… Dans les yeux comme dans la peau, il existe des pigments. C’est ce qui donne la couleur : les pigments de mélanine sont présents en quantités différentes selon les individus. — C’est comme les cheveux blonds et les cheveux bruns ? demande Théodore. — C’est la même chose. — Alors, vous avez des pigments bleus, Cyrus ? — Non ! Il n’y a pas de pigments bleus. Ce qui donne la couleur bleue aux yeux, c’est justement qu’il n’y a pas ou très peu de pigments de mélanine dans l’iris de l’œil. — Mais qu’est-ce qu’ils font, au juste, les pigments ? — Ils absorbent la lumière ! S’il y a beaucoup de pigments dans ton iris, ils absorbent le bleu de la lumière et renvoient le rouge et le vert. C’est ce qui donne un iris brun. — S’il n’y a pas de pigments ? demande Théodore.

— La couche arrière de l’iris absorbe le rouge et le vert et renvoie le bleu de la lumière. Les gens qui ont les yeux gris ou noisette possèdent une fine couche de pigments. Selon la quantité, cela donne des mélanges de différentes couleurs claires. — Mais pourquoi ? demande Théodore. — Pourquoi quoi ? demande à son tour Cyrus. — Pourquoi vous avez les yeux bleus et moi les yeux bruns ? Pourquoi j’ai plus de mélanine que vous ? — À cause des gènes, Théodore. Ce sont eux, ces minuscules et microscopiques petites choses, qui contiennent ton code génétique. Transmis par tes parents au moment où tu n’étais encore que deux cellules, tes gènes ont organisé ton allure générale : yeux bruns et cheveux noirs. Alors que moi, j’ai hérité d’yeux bleus… — Et de pas de cheveux ! dit Théodore en éclatant de rire. — Ils étaient blonds ! précise Cyrus en riant lui aussi. Et maintenant, vite chez le vétérinaire ! Gratte-Bedaine m’attend !

— Il est malade, Gratte-Bedaine ? — Non, mais il vieillit… Théodore ouvre la bouche. — Comme moi, oui ! coupe Cyrus avant que Théodore ait eu le temps de placer un mot.

I l peut a r r iver que les deu x yeu x d’u ne même p er son ne ne soient p a s de l a même c ou le u r. I l s’a g it d’hétéroch rom ie. Plus cou ra m ment, o n p a rl e d’ y e u x v a i r o n s . L’ u n d e s deu x yeu x est norma l a lors que l’autre of f r e soit u n excè s soit u n m a nque de pi g ment at ion .

Comment les araignées font-elles pour tisser leur toile d’un mur à l’autre ? — J’adore les araignées, confie Cyrus à MarcAntoine. Je peux passer des heures à les observer. Installés au grenier, le garçon et le savant sont accroupis dans l’ombre. En silence, ils observent les immenses toiles d’araignées tissées parmi l’enchevêtrement des poutres anciennes. Ils discutent à voix basse. L’érudit aime bien visiter son grenier une fois par semaine afin d’y observer le travail de ses chères araignées. Rarement, cependant, accepte-t-il de se laisser accompagner. Mais Marc-Antoine est un garçon timide et silencieux qui ne risque pas de troubler la quiétude des arachnides. — Comment font les araignées pour tisser leur toile ? demande l’invité de Cyrus.

— L’araignée possède, vers la pointe arrière de son abdomen, de petits cônes percés de plusieurs trous minuscules ; ce sont les filières. Filière, comme fil, fil de soie. C’est par ces filières que les araignées émettent un liquide visqueux qui se solidifie à l’air et forme le fil de soie qui sert à construire la toile. — Comment fait-elle pour tendre sa toile d’un mur à l’autre ou d’une poutre à l’autre ? demande le garçon. — C’est un travail long et méticuleux. L’araignée va et vient, s’arrête un instant, remonte, redescend, va d’un coin à l’autre. Regarde faire celle-ci, dit le savant en montrant une grosse araignée noire et trapue. — Pourquoi s’agite-t-elle autant ? demande Marc-Antoine. — Elle a l’air de s’agiter sans but apparent, mais, en fait, à chacun de ces points, elle suspend son fil. — Elle aurait donc de la méthode ?

— Oui, affirme sans hésitation le savant chauve. Elle tisse d’abord un cadre. Puis, sur ce cadre, elle fixe les rayons pour ensuite tisser une spirale de soie gluante. — Et là, elle s’installe pour attendre sa proie, dit le gamin. — Elle s’installe à proximité et reste en relation avec sa toile par un fil avertisseur tendu à partir du centre. — Quand un insecte a le malheur de se prendre dans la toile, il la fait vibrer et avertit ainsi l’araignée de sa présence, n’est-ce pas ? demande Marc-Antoine. — Exactement. L’araignée s’approche alors de sa victime, la ligote et la paralyse avec son venin. La toile lui sert de garde-manger, explique Cyrus. — Quand elle a faim, elle n’a qu’à revenir manger sa proie, poursuit le garçon. C’est simple, mais efficace ! Quand j’y pense, ça me donne froid dans le dos.

— Mais c’est la vie. Les araignées sont fort utiles. Elles nous débarrassent ainsi d’une foule de mou­ ches et d’insectes nuisibles. — Vous avez raison, admet Marc-Antoine. Les araignées sont laides et effrayantes, mais elles sont surtout d’une très grande utilité. — Tu sais, avoue Cyrus à son ami, à force de les observer et de les côtoyer, j’en suis venu à moins les craindre, donc à moins les détester. — Alors, j’y arriverai moi aussi, conclut MarcAntoine.

Au moment de l’éclosion , ch a que pet it e a ra ig née a déjà la si l houette d’u n adu lte. C hez cer t a i ne s e sp è ce s d’a r a i g né e s, le vent emp or t e le s bébé s a r a i g né e s i n st a l lés su r leu rs f i ls, que l’on nom me f i ls de la Vierge , ce qu i leu r per met de voyager s u r de g r a nde s d i s t a nce s.

Pourquoi les bateaux flottent-ils ? — Vous ne pouvez pas vous imaginer ce qui s’est passé ! dit Grégori. Elle hurlait, hurlait, hurlait, comme si on lui faisait mal ! — Et qu’est-ce que vous avez fait ? demande Cyrus. — Nous sommes rentrés à la maison ! dit Grégori, déçu. Elle avait même peur de marcher sur le quai. Elle n’a jamais voulu monter dans le bateau ! — Mais elle est toute petite, ta Lila. Elle avait trop peur, comme tu dis. — Elle l’a dit plus tard : elle avait peur que le bateau coule. — Toi, tu n’as pas peur ? demande Cyrus. — Pas vraiment, mais j’ai toujours une petite peur cachée, très loin, parce que je ne comprends pas vraiment pourquoi les bateaux flottent…

— C’est simple, mais j’avoue que c’est difficile de ne pas avoir peur, parce que l’eau n’est pas solide. — Mais comment ça fonctionne ? demande Grégori, curieux. — Selon le principe d’Archimède ! « Tout corps plongé dans un liquide subit, de la part de ce liquide, une force verticale, dirigée vers le haut et égale au poids du liquide déplacé. » — Je ne comprends pas, dit Grégori en levant de grands yeux vers Cyrus. — En termes clairs, cela veut dire que si tu places un objet dans l’eau, l’eau pousse sur lui par en dessous, vers le haut. Tu sais, Grégori, l’eau a un poids… — On ne dirait pas… — Si tu transportes un gros baril plein d’eau, ça pèse lourd, non ? demande Cyrus. — Évidemment, répond Grégori.

— Si tu entres dans une toute petite piscine avec dix amis, l’eau va déborder, non ? — Oui, dit Grégori en s’imaginant avec dix amis dans une toute petite piscine. — Parce qu’en prenant de la place, vous déplacez l’eau ! L’eau n’a pas le choix, elle doit aller quelque part. Donc ça déborde. — Alors, si je voulais tester un bateau, et si l’eau était solide, je pourrais enlever l’eau, la peser et me dire que mon bateau devrait peser la même chose ? — Oui, sauf que l’eau n’est pas solide. C’est le seul problème… — Et c’est ce qui fait peur aux gens ! déclare Grégori. — Oui, mais comme ton bateau prend beaucoup de place dans l’eau, l’eau va toujours le repousser vers le haut. C’est la grande découverte d’Archimède. — J’espère que Lila n’aura pas peur des bateaux jusqu’à la fin de ses jours, dit doucement Grégori. J’aimerais bien pouvoir l’emmener sur la rivière.

C’est tellement joli, l’été, quand il fait très chaud. On dirait la jungle amazonienne… — Tu arriveras bien à la convaincre un jour ! Sois patient, Grégori, elle va vieillir, ta Lila.

Un jou r, en pr en a nt son ba i n , A r ch i mè de (2 87 à   212   av. J.- C .) s ’a p e r ç u t q u e s e s membr e s sembl a ient p er d r e de leu r p oid s qu a nd i l s ét a ient d a n s l’e au . C’e s t l à que lu i ap p a r ut le g r a n d pr i n c ip e d e s c or p s i m mergés d a n s l’eau . I l ser a it a lor s sor t i , fou de joie, nu d a n s l a r ue, en cr i a nt son c élèbr e «  E u r êk a  !  » qu i , en g r e c, s i g n i f ie « J ’a i t r ouvé ! ».

Pourquoi les chevaux frappent-ils du pied quand ils nous regardent ? Anastasie passe des heures chez monsieur Larres à regarder les chevaux. Elle les observe longtemps et leur parle beaucoup. Monsieur Larres possède d’immenses écuries et presque cent chevaux, tous plus beaux les uns que les autres. Aujourd’hui, elle y a passé une heure en revenant de l’école et elle aurait bien voulu demander quelque chose à propos des chevaux. Mais monsieur Larres était occupé et il n’a pas eu le temps d’expliquer à Anastasie ce qu’elle voulait savoir. Elle s’arrête donc un moment chez Cyrus pour poser la question qui la tracasse. — Pouvez-vous bien me dire pourquoi les chevaux tapent du pied quand ils nous regardent ? demandet-elle à Cyrus. J’étais avec un grand étalon noir, un nouveau qui s’appelle Déméter, et tout le temps qu’il me regardait, il tapait, grattait…

— Il tapait ou il grattait ? demande Cyrus. — En fait, il grattait plutôt qu’il ne tapait. Ça n’avait pas l’air méchant du tout, vous savez, dit Anastasie. — Ça ne veut pas dire la même chose. Un cheval qui gratte le sol ne t’envoie pas le même message qu’un cheval qui tape du sabot. Quand il gratte, c’est avec le bout du sabot. Quand il tape, c’est avec tout le sabot. — Et qu’est-ce que ça veut dire ? demande Anastasie. — Il peut vouloir bouger s’il est attaché depuis des heures et qu’il a envie d’aller faire un tour. Il peut s’impatienter parce que tu ne le selles pas assez rapidement. Il peut aussi vouloir que tu lui donnes quelque chose à manger… — Et celui-là, le grand Déméter, comme il est nouveau, on ne peut pas connaître ses habitudes, soupire Anastasie. — Tu apprendras à mieux le connaître, dit Cyrus. — Je vais le visiter tous les jours…

—  Si jamais tu le vois frapper le sol avec tout son sabot, méfie-toi, Anastasie… —  Pourquoi ? s’inquiètet-elle. —  Parce que c’est un avertissement. Cela signifie que le cheval n’est pas content, qu’il est en colère même, que tu le déranges ou que les autres chevaux l’embêtent. S’il mange, par exemple, et que tu viens lui parler alors qu’il n’en a pas du tout le goût, il va te le faire savoir de cette façon-là. —  Comme s’il voulait me dire de le laisser tranquille ? — Exactement, dit Cyrus. Et c’est à chacun, humain ou cheval, de respecter la consigne. Il ne faut jamais approcher le cheval qui tape, car il te dit précisément de ne pas approcher. Et s’il abais­ se ses oreilles en même temps, c’est encore plus sérieux.

— Le grand Déméter voulait sans doute que je lui donne quelque chose. Il grattait, il ne tapait pas. — La prochaine fois, offre-lui quelque chose et tu verras ce qu’il préfère. — Une carotte ? demande Anastasie. — Et peut-être deux ? répond Cyrus. Le mieux, ce sera de demander à monsieur Larres. Il te dira bien ce qu’il aime, le Déméter…

L e cr i n de che v a l e s t ut i l i sé d a n s l a fa br ic at ion de s a r chet s et m a l g r é bien de s t ent at ives de cr éer des cr i n s a r t i f iciel s, celu i du che v a l e s t i r r empl a ç a ble : c’e s t le plu s sol ide et le plu s él a st ique. Les cr i n s bl a ncs s ont le s plu s dou x e t le s plu s c her s. Une mè che de cr i n de v iolon p eut compt er env i r on 80 cr i n s.

Pourquoi la roche est-elle colorée ? — Tu as perdu quelque chose ? demande Cyrus à la petite Judith, qui marche courbée en deux au-dessus des galets de la plage. — Oh ! Bonjour, Cyrus ! Non, je n’ai rien perdu. Mais j’adore les cailloux et je collectionne les galets. — Une saine occupation, admet le savant. J’ai moi-même une importante collection de pierres. Tiens, ajoute-t-il en se penchant pour ramasser un petit galet rose. Celui-ci a une jolie couleur et une forme bien ronde. — C’est vrai qu’il est beau. — S’il te plaît, prends-le. — J’aime beaucoup les galets roses. Merci, Cyrus. Mais, dites-moi, d’où vient la couleur de la roche ? — Elle dépend de sa composition et du milieu dans lequel elle se trouve.

— De sa composition ? s’étonne Judith. — Toutes les roches du monde sont constituées de grains et de cristaux. Pour te faire une idée, imagine un morceau de sucre. Ces cristaux, petits ou gros, sont des minéraux. — Des minéraux ? — Des composés chimiques que la nature fabrique. Il existe plus de 3000 espèces de minéraux et ils ont différentes couleurs… — Je commence à comprendre, dit Judith. Ce sont ces minéraux qui donnent leur couleur aux roches.

— Oui. Quand ils sortent du ventre de la terre, les minéraux ont une certaine couleur. Mais cette couleur peut changer quand les minéraux rencontrent l’air ou d’autres minéraux. — Voulez-vous dire qu’un même minéral peut avoir des couleurs différentes selon les rencontres qu’il fait dans sa vie ? — Si on veut, oui. Prenons un caillou formé de cristaux de fer. Il est gris. Mais s’il vient en contact avec l’oxygène de l’eau ou de l’air, il deviendra rouge. — C’est à peine croyable. — Si les grains de fer de notre caillou se mélangent à d’autres minéraux, ils formeront un autre type de pierre. La couleur de la pierre variera selon la quantité de fer qu’elle contient et selon la nature des autres minéraux qui la composeront. La couleur pourra varier du jaune à l’orangé ou au brun. — C’est infini comme possibilités, si je comprends bien, déclare Judith.

— Oui, les possibilités d’associations et de réactions sont extrêmement nombreuses. Prends le cuivre, par exemple. Sa couleur naturelle, quand on vient de l’extraire de la terre, est le rouge clair. Tu as peut-être déjà remarqué certains clochers ou le toit de certains édifices qui sont d’un beau vert-de-gris ? Ils sont en cuivre. — Oui, mais quand ils sont neufs, ils sont tout brillants. — Tu as raison. Ce sont les intempéries, le vent, la pluie, la neige, qui les font ternir. Ils deviennent verts, mais c’est toujours du cuivre. — Les pierres peuvent-elles contenir du cuivre ? — La malachite, d’un vert éclatant, est un composé de carbonate de cuivre. On s’en servait comme colorant en Égypte à l’âge du bronze. — On peut se servir des couleurs des pierres ? s’étonne la petite fille en faisant tourner le galet rose dans sa paume. — Oui, depuis l’aube des temps, les hommes ont utilisé les pierres broyées,

réduites en poudre et mélangées à de la graisse animale, pour peindre leur corps, se maquiller et décorer leurs habitations. — Merci, Cyrus, fait Judith avec un sourire. Je crois que je préfère continuer à collectionner tranquillement mes petits galets roses. Et je n’ai pas besoin de maquillage.

Au X V I I e e t a u X V I I I e s i è c l e s , l e s b a t e a u x p a r t a ient de F r a nce lou r dement ch a rgé s de b é t a i l , de c olon s, d’a r me s e t d’é qu ip ement . I l s r e ven a ient léger s, r app or t a nt de s p e au x de c a s t or et de lout r e. O n le s le s t a it donc de pier r e s. C’e s t ave c ce s pier r e s r onde s qu’on a p av é le s r ue s de l a v i l le p or t u a i r e de L a R ochel le en F r a nce. Seu le l’u ne d’el le s est restée en l’état : la r ue de l’Esca le.

Pourquoi les poules pondent-elles des œufs de différentes couleurs ? — Un problème ? lance Cyrus à Léonard, qui vient d’entrer dans le jardin. — Non, une erreur, je crois ! répond Léonard. — Laquelle ? — Moi, dit Léonard, j’ai toujours cru que les œufs bruns étaient meilleurs pour la santé que les œufs blancs ! — Et tu n’es pas le seul ! s’exclame Cyrus. — Depuis des semaines, je dis à ma mère d’acheter des œufs bruns pour que toute la famille soit en meilleure santé ! Même que ma sœur refuse maintenant de manger des œufs blancs. L’autre jour, au restaurant, elle a demandé qu’on lui serve des œufs bruns, sinon elle n’en voulait pas !

— Et ils étaient de quelle couleur ? demande Cyrus. — On ne l’a jamais su ! J’avais peur qu’elle deman­ de au serveur de lui montrer les œufs avant de les faire cuire ou de lui apporter les coquilles comme preuve ! — La couleur, Léonard, n’a rien à voir avec les qualités nutritives d’un œuf. — Je voudrais bien savoir alors pourquoi toutes les poules ne pondent pas les mêmes œufs, dit Léonard. — Léonard, as-tu déjà trouvé des nids d’oiseaux dans la forêt ? — Oh oui ! Et souvent ! Je collectionnais les nids quand j’étais petit. Et je faisais toujours bien attention de vérifier si le nid avait été abandonné avant, pour ne pas faire d’oiseaux orphelins.

— Donc, tu as déjà vu des œufs autres que des œufs de poule ? demande encore Cyrus. — Oui, affirme Léonard. — Et ces œufs-là étaient de quelle couleur ? — Ça dépend de la sorte d’oiseau qui les avait pondus. Il y avait des œufs bleus, des œufs vert pâle, des gris, des mouchetés… —  Chez les poules, c’est la même chose, explique Cyrus. La couleur des œufs dépend de la sorte de poule qui les a pondus. —  Il y a plusieurs sortes de poules ? demande Léonard en ouvrant de grands yeux. —  Il y a plusieurs variétés de poules, et elles ont chacune un nom. Je ne te les énumérerai pas maintenant, ce serait trop long et je ne les connais pas toutes. Mais il y en a beaucoup. Par exemple, les poules américaines, asiatiques et anglaises produisent en général des œufs à coquille brune. Mais ce n’est pas une règle. — Et les œufs blancs, qui les pond ? — Ce sont surtout les poules méditerranéennes, polonaises et françaises.

— Il y a donc toutes sortes de poules…, fait Léonard, songeur. — Et toutes sortes de plumes ! dit Cyrus. Et toutes sortes de chair ! Chaque variété est différente. Il y a des poules qui pondent plus, des poules qui pondent moins, des poules à la chair plus fine, des poules immangeables. De tout, mon Léonard ! — Alors, pour la santé de la famille, on se moque des œufs ? — De la couleur des œufs ! Des œufs, il en faut pour la santé, qu’ils soient bruns ou blancs !

— Il me faudra expliquer tout cela à ma sœur ! dit Léonard. — Ne t’en fais pas trop, dit Cyrus. Si elle t’a cru une première fois, elle te croira encore… — Je lui dirai que je vous ai consulté. Ce sera mieux !

Au retou r de l’épicer ie, la plupa r t des gen s jet t ent le cont en a nt d’œu fs et ut i l i sent le ba c ou l a t ablett e à œu fs du r éf r i gérat eu r. Pou r t a nt , ce cont en a nt de c a r t on pr ot ège le s œu fs  ! L a coqu i l le de l’œu f e s t p er cé e de m i l l ier s de p et it s p or e s pa r le squel s i l a bsorbe le s odeu r s. De plu s, i l e s t r e comm a ndé de pl a cer le g r os bout de l’œu f vers le h aut pou r per mett r e au jau ne de r est er bien cent r é.

À quoi sert la luette ? — « Ah ! luette, gentille luette. Ah ! luette, je te dorloterai ! » chantonne Cyrus en repassant un pantalon de lin. — Oncle Cyrus, proteste Charlotte. Ce ne sont pas les vraies paroles de la chanson ! — Non, mais tu vois, un savant se doit avant tout d’innover. Alors j’ai changé les paroles de cette chanson populaire. — Qu’est-ce que c’est, une luette ? demande Charlotte. — Va me chercher le petit miroir dans la salle de bain, lui répond le savant. Je vais te montrer. La petite fille part en courant et revient avec l’objet demandé. — Maintenant, lui dit son oncle, ouvre grand la bouche et regarde dans le fond de ta gorge.

— Aaaah ! fait Charlotte comme le lui a appris le docteur Manchot. — Que vois-tu ? — Ma langue, baragouine Charlotte. — Et quoi d’autre ? — Une drôle de petite chose rouge qui pendouille et qui bouge quand je fais « Aaaah ! ». — Cette drôle de chose, comme tu dis, c’est la luette, un petit morceau de muscle, de tissu conjonctif et de muqueuse qui pend à l’arrière du palais.

palais mou

luette

commissure labiale

langue

amygdale

— Et à quoi ça sert ? demande la petite en refermant la bouche. — La luette joue un rôle très important quand on mange ou qu’on parle. Elle interviendrait aussi dans le ronflement. — Quand on mange ? — À l’intérieur du cou, il y a deux tubes : la trachée, qui reçoit l’air venant des fosses nasales, et l’œsophage, qui reçoit les aliments venant de la bouche. Lorsqu’une bouchée est prête à être avalée, il se produit une série de mouvements volontaires et automatiques, des réflexes. La langue commence par pousser les aliments vers l’arrière de la bouche et les fait glisser vers l’œsophage, le tube qui conduit à l’estomac. Tu me suis ? — Très bien, tonton. — Dès que cette bouchée, appelée bol alimentaire, atteint le fond de la gorge, un genre de clapet bascule vers le haut pour bloquer l’entrée des fosses nasales. Ce clapet, c’est la luette. Une fois redressée, la luette empêche la nourriture et les liquides de remonter dans le nez. Pendant le

passage du bol alimentaire dans l’arrière-gorge, l’air ne peut circuler. — Alors, pourquoi on s’étouffe parfois ? demande Charlotte. — Il arrive qu’exceptionnellement les mouve­ ments se dérèglent et qu’alors une partie des aliments ou des liquides entrent dans la trachée. Cela provoque une réaction violente, telle une quinte de toux, pour chasser l’intrus. — Elle est aussi utile dans la prononciation des mots ? demande Charlotte en se regardant parler dans le miroir. — Oui, la luette aurait un rôle dans la phonation, c’est-à-dire dans la prononciation des mots. Par sa position, elle jouerait un rôle dans la définition du timbre oral ou nasal d’un son, car c’est elle qui contrôle l’écoulement de l’air à l’entrée du pharynx. — Tout le monde a une luette ? interroge Charlotte. — Oui, lui répond son savant oncle.

— Mais tout le monde ne ronfle pas, dit Charlotte. Vous avez pourtant dit que la luette jouait un rôle dans le ronflement. — Un petit rôle. Le bruit du ronflement est produit en partie par la luette qui vibre chaque fois que l’air passe au fond de la gorge. — Oncle Cyrus… — Moui, Charlotte ? — Tu ne trouves pas que ça sent le brûlé… — Ciel ! s’écrie l’érudit. Mon pantalon !

, le s fe m m es Le s ho m m es r on f le nt m o i n s) , l e s a u s s i (m a i s u n p e u f le nt . Ce l a ch ie n s et le s ch at s r on t h ie et on n’ a s’a pp el le la ro nc ho pa c h on p o u r p a s b e s oi n d’ ê t r e r on nt on ne se r o n f l e r. M a i s c e d o n t ou t p e t it do ut e p a s, c’e s t qu ’ u oi seau, le col ibr i du Pérou ron f le aussi… pou r se r é ve i l le r !

Pourquoi le lait est-il blanc ? — J’ai déjà entendu dire, déclare Cyrus à Elmire, que les Britanniques avaient essayé de faire du lait artificiel à partir de ce que les vaches mangent… — Sans vaches ? s’écrie Elmire. — Sans vaches, comme tu dis. Mais ils ne sont jamais arrivés à faire du lait blanc. Il restait toujours vert ! Elmire éclate de rire. Qui boirait du lait vert ? Elmire adore ces grandes promenades au cours desquelles Cyrus raconte, explique, parle de tout et de rien, mais surtout de tout… — Je crois que je n’arriverais jamais à boire du lait vert, surtout si j’y ajoutais du chocolat, dit Elmire. — Tu imagines l’horreur ? dit Cyrus. — Qu’est-ce qui fait que le lait est blanc ? — Une chose est certaine, ce n’est pas l’herbe que la vache mange ! répond le savant.

— Ah non ? — Mais non ! La vache mange de l’herbe et la digère grâce à ses 4 estomacs. Elle se nourrit et absorbe ce qui est bon pour sa santé de vache. Les substances nutritives aboutissent dans son sang. — Comme pour nous ? demande Elmire. — Comme pour tous les humains et tous les animaux, dit Cyrus. Le lait, lui, est fabriqué par les glandes mammaires. Les cellules des glandes mammaires filtrent le sang, retiennent la matière grasse, les protéines, les oligo-éléments et le calcium : c’est à partir de ces matières premières que le lait est fabriqué dans le pis de la vache. — Mais le blanc du lait ? demande Elmire, qui n’a pas obtenu sa réponse.

— C’est le gras et une matière appelée lactalbumine qui donnent au lait sa couleur, précise Cyrus. — Donc, dit Elmire, c’est ce que la vache mange qui fabrique son sang, et c’est le sang qui fabrique le lait ? — C’est un peu ça. Et plus la vache a une bonne alimentation, meilleur est son lait. L’âge et la race ont aussi de l’importance dans la qualité du lait. — Et le lait des autres mammifères, il est toujours blanc ? — Toujours blanc, peut-être un peu plus ou un peu moins, un peu jaunâtre, un peu bleuté, mais blanc. Il y a plus de 2000 espèces de mammifères, de la souris à la baleine en passant par l’homme, qui nourrissent leurs petits de lait. Nous utilisons de façon très générale le lait de vache, mais aussi le lait de chèvre et de brebis. — On pourrait boire du lait de jument aussi ? demande Elmire, curieux. — Dans certaines régions du monde, le lait de jument, de bufflesse, d’ânesse, de chamelle, de dromadaire, de zèbre, de renne, de lama ou de yack

est produit en quantité suffisante pour nourrir la population. — Il faudrait que j’observe ma femelle cochon d’Inde quand elle accouchera…, fait Elmire, pensif. — C’est pour bientôt ? demande Cyrus. — Dans quelques jours… — Alors, son lait est presque prêt, dit Cyrus. — Du lait de cochon d’Inde ! s’exclame Elmire. Je n’avais jamais pensé à ça ! — Ce n’est pas le genre de choses auxquelles on pense tous les jours ! dit Cyrus. — Du lait de cochon d’Inde…, répète Elmire.

L e l a it en p oud r e e s t u n élément très importa nt da ns les pays où l’éleva ge est i n su ff i s a n t p o u r l a p o p u l a t i o n . O n l’a p p e l a i t a u t r e f o i s f a r i n e d e l a i t . Av e c s e u l e m e n t 100 g ra m mes de poud r e, on obt ient u n l it r e de l a it .

Pourquoi les chats ont-ils la langue rugueuse ? — Oh ! Gratte-Bedaine, arrête, tu me chatouilles ! supplie Ruth. Le saint-bernard, toujours heureux de recevoir la visite des amis de son maître, poursuit la petite fille pour lui lécher les mains. — Gratton ! ordonne Cyrus. Laisse un peu notre jeune amie tranquille. Tu es trop intempestif. — Ce n’est pas grave, dit la petite en prenant la défense du bon gros chien. Ça me chan­ ge un peu de la langue rugueuse de mon chat Tibor. — C’est vrai que Gratte-Bedaine a la langue très douce, admet le savant en flat­ tant la tête massive de son compagnon.

— Au fait, demande Ruth, pourquoi les chats ont-ils la langue rugueuse ? — Tous les félins ont la langue rugueuse. — Même les lions ? s’étonne Ruth. — Les lions, les tigres et les panthères aussi. — Mais pourquoi ? demande la petite fille. — Les chats, comme les autres félins, ont le poil ras. Tout ce qui entre en contact avec leur poil peut donc aussi entrer en contact avec leur peau et l’irriter. — Hum…, réfléchit Ruth. Les chats se lavent tout le temps ! Est-ce pour cette raison ? — Oui. Tu as remarqué que cet animal passe beaucoup de temps à lécher son poil avec sa langue. Celle-ci est faite de telle manière que le léchage du pelage est très efficace. Un peu comme si sa langue lui servait de peigne. L’image précise d’une langue en forme de peigne rose surgit dans l’esprit de Ruth, qui éclate de rire.

— Qu’est-ce qui te fait rire ? demande l’érudit, intrigué. — Excusez-moi, Cyrus, dit-elle. J’imaginais Tibor avec un gros peigne rose à la place de la langue… — Hum…, marmonne le savant. Ce n’était qu’une image… Même les chats de gouttière prennent soin de leur pelage. Et puis, la structure de la langue permet aussi au chat de nettoyer à fond les os qu’il trouve. N’oublie pas que les chats ont été des animaux sauvages. —  Oui, fait sagement Ruth, tentant vainement de reprendre son sérieux. —  La surface supérieure de la langue du chat, poursuit Cyrus, est recouverte d’innombrables petites papilles cornifiées vers l’arrière. Ruth met sa main devant sa bouche, car elle vient d’imaginer Tibor avec des cornes.

— Ce sont ces papilles qui donnent à la langue sa rugosité, dit Cyrus sans remarquer le fou rire de sa visiteuse. Gratte-Bedaine revient dans la cuisine et se dirige vers son bol d’eau. — On a cru jusqu’à tout récemment que la langue rugueuse des félins permettait de retenir les liqui­ des, mais c’est faux. Le chat boit de manière à créer une « colonne de liquide » en lapant seulement du bout de sa langue comme s’il lançait le lait dans sa gueule. Il protège ainsi son museau et ses vibrisses qui restent bien au sec. Gratte-Bedaine lape placidement son bol d’eau en éclaboussant tout autour. Puis il sort en trottinant, son gros arrière-train ondulant de droite à gauche. — Ah, mon gros Gratte-Bedaine, lui lance Ruth en riant, tu devrais prendre des leçons de bonnes manières de mon Tibor ! P lu s ie u r s g r a nde s c iv i l i s at ion s ont v énér é le chat : à Rome, i l éta it u n sy mbole de l iber té ; en Ég y pte et au Pérou, i l ét a it con sidéré com me u ne d iv i n it é ; en C h i ne, on le r e sp e ct a it c om me s y m b ole de p a i x , de for t u ne e t de sér én it é.

Est-ce que l’étoile de Bethléem existe toujours ? Invité dans la classe de quatrième pour parler d’astronomie, Cyrus réfléchit à la question que lui a posée Barthélémy. — On ne sait pas exactement ce qu’était l’étoile de Bethléem, répond-il enfin. Devant la mine déconfite des enfants, il ajoute : — À l’époque où le Christ est né, les astronomes appelaient tous les phénomènes astronomiques étoiles. Une comète, par exemple, était désignée

comme une étoile chevelue. Une planète, parce qu’elle voyage dans le ciel, était nommée étoile errante. Il y avait aussi des étoiles filantes. — Pourquoi parle-t-on de l’étoile de Bethléem ? insiste Barthélémy. — Le seul des quatre évangélistes à parler de l’étoile de Bethléem est Matthieu. Il raconte que des mages sont venus voir Jésus, né à Bethléem, en suivant une étoile qui les guidait. — Ce n’est pas vrai ? interroge le garçon, visiblement déçu. — On ne sait pas. Il est possible que l’évangéliste ait composé une fable sur la naissance du Christ. On suppose que Jésus est né entre l’an 7 et l’an 5 avant J.-C. Durant ces années, plusieurs phénomènes astronomiques ont eu lieu dans le ciel. — Pouvez-vous nous en dire plus ? demande Damien, visiblement intéressé. — Bien sûr. Le phénomène que l’on identifie le plus certainement à l’étoile de Bethléem est la conjonction de la planète Jupiter avec Régulus.

—  Que signifie le mot conjonction ? demande Anastasie. —  Cela veut dire que les deux astres passent très près l’un de l’autre. Jupiter est une des deux planètes les plus brillantes et Régulus est une des étoiles les plus brillantes du ciel. Entre l’an 7 et l’an 2, cette conjonction s’est pro­ duite trois fois. À la même époque, on a assisté à la triple conjonction de Jupiter et de Saturne, ainsi qu’à une autre de Mars, de Jupiter et de Saturne. — Si j’ai bien compris, résume Barthélémy, l’étoile de Bethléem n’existe tout simplement pas. — Ne saute pas trop vite aux conclusions, mon garçon. Pour le savoir, il faut examiner le ciel à cette époque. Comme je vous l’ai expliqué, la planète Jupiter a croisé Régulus (conjonction), elle a semblé s’arrêter avant de repartir en direction opposée et recroiser Régulus (rétrogradation). Puis par le même phénomène, elle est repartie dans

la direction de sa trajectoire initiale et a croisé Régulus de nouveau. — Que c’est compliqué ! soupire Agathe. — Oui, mais ces mouvements de conjonction et de rétrogradation sont fréquents dans la course des planètes. À partir du phénomène astronomique que je vous ai expliqué, Matthieu a donc écrit une fable pour insister sur le caractère universel de la venue de Jésus. — Je ne vous suis pas très bien, avoue Igor. — Les mages n’étaient pas juifs, ils venaient de loin. Le message de l’Évangile a un caractère universel et s’adresse à tous les peuples de la Terre. Matthieu a donc probablement écrit une fable pour que tout concorde, astronomie et prophéties, afin que le message passe. — Les rois mages n’ont peut-être jamais existé non plus, conclut Barthélémy. — C’est possible, admet Cyrus. C’est seulement à partir du VIIIe siècle qu’on dit qu’ils sont trois et qu’on les nomme.

Un long silence s’installe dans la classe, rompu par l’érudit : — Pour conclure, on ne peut pas parler d’une étoile de Bethléem, mais plutôt de conjonctions particulières qui ont fait croire à son existence. Toutefois, ces conjonctions peuvent se reproduire. Quand ? Il faudrait pour cela consulter les annu­ aires astronomiques… Y a-t-il d’autres questions ?

L a cout u me d’i n s t a l ler p ou r l a f êt e de Noël u n s api n dé cor é de c a de au x et de g u i rl a ndes est née d a n s les pr o v i nce s de l’e s t de l’A l lem a g ne ver s la f i n du X V III e  siècle. Cette coutu me f ut i nt r o du it e en A n g let er r e ver s 1840 et u n peu plus ta rd en Fra nce.

Pourquoi les crocodiles dorment-ils la bouche ouverte au soleil ? Sémiramis se fraie un chemin entre les capucines qui envahissent l’allée. Son panier de radis sous le bras, elle se demande pourquoi les crocodiles dorment la bouche ouverte au soleil. De plus en plus intriguée, elle abandonne son panier sous le cerisier. Elle se faufile par un trou de la haie et court chez Cyrus pour lui poser la question. Occupé à admirer ses roses, celui-ci lui demande : — Si je te dis que le crocodile fait cela parce qu’il a chaud, est-ce que tu vas me croire ? — Je vous crois toujours ! affirme Sémiramis. — Et si je te jouais un tour ? dit Cyrus avec un sourire moqueur. — Vous ne feriez jamais ça !

— Tu as raison. Alors, tu me crois quand je te dis que le crocodile dort la bouche ouverte quand il a chaud ? — Oui, répond Sémiramis en songeant à ses radis, qui préféreraient le frais. — Le crocodile est un animal à sang froid, poursuit le savant sans lever le nez. C’est-à-dire qu’il n’a pas de thermostat interne. — De quoi ? s’exclame la petite. — De thermostat. Il ne possède aucun mécanisme interne capable de régulariser la température de son corps. Sémiramis s’étonne. Cyrus ne semble pas s’en soucier, car il poursuit ses explications : — Les crocodiles n’ont pas de glandes sudoripares leur permettant, comme à nous, de transpirer et d’abaisser ainsi la température de leur corps.

Cyrus soulève une feuille et découvre avec horreur une armée de pucerons affamés. — Les crocodiles travaillent la nuit, poursuit-il néanmoins. Ils chassent dans l’eau, mangent et font leurs emplettes. Au matin, ils rentrent se reposer. Ils s’installent alors au soleil où ils se chauffent et font semblant de dormir. — Ils font semblant ? répète Sémiramis, méfiante. — Bien entendu ! En fait, les coquins demeurent toujours en alerte. Si quelque chose survient, ils sont prêts à plonger aussitôt. Tu me suis ? — Oui, répond Sémiramis en songeant avec inquiétude aux fanes de ses radis. — Lorsqu’il se dore au soleil, le crocodile a chaud. — Comme tout le monde, alors ? s’étonne la petite fille. — Comme tout le monde. C’est normal. Il ouvre donc bien grand la gueule, abaissant du même coup la température de son corps. Un peu comme le font Gratte-Bedaine et tous les chiens. Cyrus désigne le gros saint-bernard, qui halète bruyamment au pied du bosquet de lilas.

— En ouvrant simplement la gueule, les crocodiles, tout comme les chiens, accélèrent la perte de chaleur par évaporation. — Merci, dit Sémiramis, songeuse, en grattouillant la tête de Gratte-Bedaine. Je suis plus savante que tout à l’heure. Elle repart en courant, craignant de plus en plus pour ses radis qui n’ont pas vraiment, eux, de thermostat…

L e v a n ne au ép er on né, u n p e t it oi s e au , s e pr omène d a n s l a g ueu le du cr ocod i le. C’e st le concierge. I l ent r e d a n s l a g ra nde g ueu le et l a net t oie de fond en comble. I l r a m a s se t o u s l e s p e t it s m or c e a u x d e v i a n d e q u’ i l t r ouve et le s m a n ge.

Est-ce que les « nains » peuvent avoir des enfants de taille normale ? Quentin remarque que son pied gauche entre difficilement dans sa chaussure de cuir vert. Il a beau plier les orteils, se tordre la cheville vers l’extérieur, rien n’y fait. — Zut ! s’écrie-t-il. Je n’en trouverai jamais de semblables ! Le vendeur l’a bien dit : c’était la dernière paire. Je les aimais, ces souliers-là, je les aimais trop ! Quentin enfile ses sandales et court vite rejoindre Cyrus qui, à cette heure-ci, doit être sur la plage. — Cyrus ! crie Quentin dès qu’il aperçoit la longue silhouette de son savant préféré.

Cyrus se retourne et Gratte-Bedaine jaillit d’entre les vagues, bondissant comme un jeune chiot pour saluer Quentin. — Une urgence ? demande Cyrus. — Une question grave ! souffle Quentin. Mais avant, jurez de n’en parler à personne. — Parle, Quentin, je t’écoute. — Cyrus, j’ai décidé de devenir nain, déclare Quentin à mi-voix. — Rien de moins ! fait Cyrus. — J’ai décidé de cesser de grandir et même de rapetisser un peu ! — Et pourquoi donc ? deman­ de le chauve.

— Parce que c’est nécessaire. Il ne faut plus que je grandisse. Comment faire ? Vous connaissez certainement la recette… — C’est très simple, dit Cyrus en essayant de ne pas rire. Il y a deux solutions : tu demandes à ton hypothalamus d’interrompre ses sécrétions thyroïdiennes, ou encore à ton hypophyse de ne plus fabriquer d’hormone somatotrope, plus communément appelée STH. C’est clair ? — Très clair, répond Quentin, qui n’a strictement rien compris. Je demande et ça fonctionne ? — Mais non, mon pauvre ! Je me moque de toi ! dit Cyrus. — Je suis très sérieux, Cyrus. Je veux être nain. — D’abord, sache qu’on dit plutôt « une personne de petite taille ». Et puis la réponse est simple : tu ne peux pas décider d’en devenir une. Si les hormones de croissance sont sécrétées en quantité suffisante, tu grandis et tu grandis bien. Si ce processus ne se fait pas normalement, tu grandiras mal ou tu ne grandiras pas. Mais cela ne t’arrivera pas.

— Pourquoi donc ? demande Quentin. — Parce que tes parents ne t’ont pas donné un héritage génétique pour que cela se fasse. Le nanisme, vois-tu, le fait de ne pas grandir, dépend des gènes que tu as hérités de tes parents. Ce sont ces gènes qui empêchent l’hypothalamus ou l’hypophyse de bien fonctionner. — Mais mes parents sont de taille normale ! Ils auraient pu avoir un enfant nain ? s’inquiète Quentin. — Ils auraient pu. Tout comme des personnes de petite taille peuvent donner naissance à un enfant de taille normale. Savais-tu, dit Cyrus, qu’il existe environ 500 sortes différentes de nanisme ? — J’aurais tellement voulu devenir nain ! soupire Quentin en pensant à ses chaussures de course en peau verte. — Quentin, on dit « personne de petite taille » ! Comme le nanisme n’est pas un phénomène très fréquent, on montrait anciennement ces personnes dans les cirques, on les exhibait comme des anomalies de la nature, on les regardait avec une mauvaise curiosité.

— J’aurais voulu devenir une petite personne, alors, corrige Quentin. — Pourrais-je savoir au moins pourquoi ? deman­ de Cyrus. — Pas vraiment. Ça n’a plus tellement d’importance, dit Quentin en fixant ses orteils. Ne vous en faites pas, je vais laisser mes os grandir comme prévu ! Et il repart, envoyant gentiment la main à Cyrus qui sait toujours si bien expliquer les choses. Il gardera tout de même ses chaussures de peau verte en souvenir…

in Jo n at h a n Sw i f t , é cr iv a 26 i rl a nd a i s, a é cr it en  17 . L e s Vo y a ge s de Gu l l iv er s I l r a co nt e le s av en t u r e ien rg i nc r oy a ble s d’u n ch i r u ce s n au f r a gé . Au co u r s de t fa it p ér ip ét ie s, Gu l l iv er e s s de pr i so n n ier s u r le s pl a ge u le s L i l l ip ut pa r de m i nu sc ut ien s. p er so n n a ge s, le s L i l l ip

Pourquoi les éléphants ont-ils des trompes ? Drapée dans une longue robe rouge, Daphnée essaie pour la dix-huitième fois d’imiter l’éléphant. — Je n’y arriverai jamais ! lance-t-elle, découragée. — Mais non, lui dit Philémon. On dirait un vrai éléphant ! — Tu te moques ? réplique Daphnée d’un ton acide. — Non ! Je te jure ! Travaille encore un peu la trompe et tout ira bien ! Daphnée se retourne, les yeux sombres. — Je reviens dans une demi-heure, déclare-t-elle. J’ai besoin d’air. Elle court aussitôt chez Cyrus, entre sans frapper et atterrit, telle une fusée rouge, dans le grand fauteuil de cuir.

— Cyrus, pourquoi fallait-il que les éléphants se fassent un jour pousser une trompe ? Ça me désespère ! — Dis-moi d’abord ce que tu fais dans cette robe de bal. — Ce serait trop long à expliquer, dit Daphnée. Je joue le rôle de Juliette, la Juliette de Roméo, mais en éléphant. C’est une gigantesque histoire d’amour entre deux éléphants et… bof ! L’important, c’est la trompe. Pourquoi, Cyrus, pourquoi une trompe et pas un museau ordinaire ? Ce serait tellement plus facile, surtout au moment du baiser ! — Ma chère Daphnée, les éléphants ont une trompe par utilité, dit Cyrus en retenant un fou rire à la pensée d’un baiser entre une Juliette et un Roméo éléphants. — Je ne vois pas en quoi c’est utile ! — Il y a 50 millions d’années, l’ancêtre de l’éléphant, le phosphatherium, ne pesait que 15 kilos et n’avait pas de trompe. Mais au fil de son évolution, il a dû se transformer pour se défendre de ses ennemis. Alors que d’autres animaux optaient

Le moeritherium, un autre ancêtre

de l’éléphant

pour de longues pattes leur permettant de s’enfuir rapidement, l’ancêtre de l’éléphant a choisi de faire le poids… — C’est-à-dire ? hasarde Daphnée. — Il s’est développé une tête lourde, un cou épais et trapu et de fabuleuses défenses. Il pouvait faire face à l’ennemi au lieu de le fuir. Mais cela créait un sérieux problème : comment manger, comment brouter avec une tête aussi lourde, sans se mettre à genoux chaque fois ? Daphnée lève de grands yeux curieux vers Cyrus. — Son nez et sa lèvre supérieure se sont allongés jusqu’à former une trompe. Mais dis-toi bien qu’il a fallu des milliers d’années pour que ces transformations s’effectuent.

— Une trompe…, fait Daphnée, songeuse. — Une trompe, ça sert à tout ! dit encore Cyrus. C’est l’outil le plus polyvalent ! C’est fort, c’est extra­ordinairement mobile ! Faite de plus de 100 000 muscles, la trompe de l’éléphant peut tuer un lion d’un coup, cueillir une feuille dans un arbre ou ramasser une brindille. L’éléphant s’en sert également pour aspirer l’eau, soit pour la porter à sa bouche et la boire, soit pour s’en asperger le dos. Avec sa trompe, il soulève d’énormes poids. — C’est beaucoup…, dit Daphnée. — Ce n’est pas tout, poursuit Cyrus. L’éléphant se sert aussi de sa trompe pour envoyer

des messages soit par des sons, soit par des mouvements précis : s’il dresse la trompe, c’est un signal d’alerte. Les petits éléphants adorent se faire caresser par la trompe de leur mère et, souvent, la mère éléphant donne à sucer le bout de sa trompe à son éléphanteau. — Oh ! dit Daphnée, je vous remercie infini­ment, Cyrus. Je vais retrouver Philémon. Après tout ce que vous m’avez dit, je n’ai plus qu’à être à la hau­teur…

Gr â ce à s a t r omp e, l’éléph a nt a spi r e de 7 à 13 l it r es d’eau à l a foi s ; i l peut boi re ju squ’à 100 l it res d’eau pa r jou r. I l p a s se pr è s de 16h à m a n ger : ent r e 150 et 200 kg de g ra m inées, de feui lles, de r a ci nes, de t uber c u les, d’écor ce et même de b oi s.

Avec quoi fait-on le verre ? Véra observe la fenêtre embuée de la salle de bain. Avec son doigt, elle dessine des arabesques sur les petits carreaux. Son esprit vagabonde et soudain elle se demande : — Qu’est-ce qu’on utilise pour faire le verre transparent ? La petite fille sort de sa rêverie, délaisse la fenê­ tre et achève de se sécher. Enroulée dans une épaisse sortie de bain, elle décide de téléphoner tout de suite à son ami Cyrus. — Le matériau principal, répond le savant, c’est le sable. — Du sable ? s’étonne Véra. Du sable ordinaire, comme celui qu’on trouve au parc ? — Non, du sable blanc, comme on en trouve sur les plages des Îles-de-la-Madeleine au Québec. Un sable qui contient près de 100 % de silice.

— C’est tout ? — On y ajoute de l’oxyde de sodium et de l’oxyde de calcium afin que la silice, sous forme de sable, fonde plus rapidement, explique le savant. — Et qu’est-ce qu’on fait avec tous ces ingrédients ? —  On les mélange dans un grand chaudron, qu’on nomme creuset, et on les fait chauffer à une température très élevée : 1500 degrés Celsius. C’est le point de fusion de la silice. La soude et la chaux perdent leur gaz carbonique, et ça fait des bulles ! —  Qu’est-ce que c’est, le point de fusion ? demande Véra. — La température à laquelle la silice fond. — Et ça a l’air de quoi, de la silice fondue ? interroge la petite. — D’une pâte molle ou, si tu préfères, d’un liquide très épais comme de la mélasse. — Qu’est-ce qu’on en fait, ensuite ? — On laisse cette pâte refroidir jusqu’à l’élimination complète des bulles, à 1200 degrés. Puis

on la coule en la laissant refroidir lentement. C’est la braise qui ramène le verre à sa température de façonnage. Lorsqu’on le sort du four, à 1000 degrés, on lui donne alors sa forme définitive : plaques, baguettes, objets moulés ou soufflés. — J’ai déjà vu des souffleurs de verre. C’est très beau. Impressionnant aussi. Mais, Cyrus, qu’est-ce qui fait que le verre est vraiment transparent ? — Le verre est transparent parce que la silice, contrairement aux autres métaux, ne se cristallise pas quand elle refroidit. Elle donne une pâte lisse, sans défaut et sans division, ce qui permet à la lumière de passer sans être diffractée. — À la maison, précise Véra, on recycle toujours le verre. Qu’en fait-on ? — Dans l’industrie du verre nouveau, on utilise jusqu’à 90 % de verre recyclé, car c’est plus économique, explique Cyrus. — Pourquoi ? — Parce que le verre a la propriété d’atteindre son point de fusion plus rapidement lorsqu’il a déjà été fondu une première fois. En utilisant du verre

recyclé, on économise donc de l’énergie en plus de la matière première. — Une dernière question, Cyrus. Comment coloret-on le verre ? ajoute la curieuse. — À partir d’oxydes de métaux tels que le fer, le cobalt et le chrome, lui répond ce dernier. — Merci, dit la petite fille en mettant fin à l’appel. Elle repart en songeant que la matinée est jeune et qu’elle prendrait bien un deuxième bain parfumé avec sa nouvelle mousse à la violette et au lait de chèvre. Les a ncien s Ég y pt ien s con n a i ssa ient l’ u s a ge et l a fa br ic at ion du ver r e. O n a dé couver t de s c o l l i e r s f a i t s d e p e rl e s d e v e r r e d a t a n t d e 3000 a ns av. J.-C. L’i nvention du verre sou f f lé à l a bouche à l’a ide d’u ne ca n ne et la fabr ication de va ses ut i l it a i res remont era ient au pr em ier s iè cle av. J.- C.

Après la mort, il y a quelque chose ? D’un coup sec et précis, Prosper écrase la mouche. Les ailes moirées de l’insecte restent collées au journal. L’enfant détache avec soin le corps inerte, le pose au creux de sa main et l’observe longuement. Puis, abandonnant brusquement l’objet de sa curiosité, il sort de la cuisine déserte en courant. Ses pas soulèvent des nuages de poussière grise qui ternissent ses chaussures. Mais Prosper ne s’en soucie guère. Il traverse maintenant la place endormie qu’ombragent de vieux platanes au tronc lisse. Haletant, suant à grosses gouttes, il parvient enfin au domicile de Cyrus. Il trouve le savant sur sa véranda, confortablement installé dans un vieux fauteuil fraîchement recouvert de moleskine rouge. Il sirote une limonade rose.

— Eh bien, eh bien ! s’étonne le savant en voyant surgir le garçon. On dirait que tu as le diable aux trousses ! Prosper s’assied sur la première marche et reluque avec avidité le gros pichet fortement embué. — Sers-toi, mon garçon, lui dit Cyrus. Tu m’expliqueras ensuite ce qui t’amène à courir par une chaleur pareille ! Prosper se désaltère, reprend rapidement son souffle et demande : — Après la mort, il y a quelque chose ?  — Ça te préoccupe, la mort ? rétorque Cyrus en suçotant une rondelle de citron vert. Prosper réfléchit quelques secondes avant de dire : — J’aime vivre, c’est agréable. — Oui…, marmonne Cyrus en contemplant le fond de son verre vide. Alors, pourquoi meurt-on ? Abaissant les yeux sur Prosper assis à ses pieds, il poursuit : — On meurt parce qu’on vieillit. Ou bien à la suite d’un accident, d’une maladie. En fait, on meurt parce que c’est la vie.

Le silence s’installe de nouveau sur la véranda, rompu seulement par le chant des grillons et le bruit des glaçons qui s’entrechoquent dans les verres. Au bout d’un moment qui semble à Prosper une éternité, le savant reprend : — On possède aujourd’hui de plus en plus de témoignages de gens qui seraient revenus de la mort. De gens qui, considérés comme cliniquement, biologiquement morts, sont revenus à la vie. C’est qu’on appelle la mort imminente. — Vous croyez vraiment que c’est possible ? demande le garçon en songeant brusquement à la grosse mouche noire. —  Des gens dont le cœur avait cessé de battre pendant 2, 3 ou même 5 minutes ont recommencé à vivre, oui, affirme Cyrus. — Est-ce qu’ils ont raconté ce qui s’est passé pendant ces minutes ? demande Prosper en fronçant les sourcils.

— Tous s’entendent pour dire que ce qu’ils ont vécu était extraordinaire, poursuit Cyrus, ignorant tout des remords du garçon. Ces gens ont dit avoir ressenti un bien-être indescriptible, un état absolument inconnu sur terre. — Ont-ils donné des détails ? demande Prosper, curieux. — Ils ont dit qu’ils se sentaient légers, au chaud, et attirés dans une grande et belle lumière blanche. Plusieurs ont même trouvé difficile de revenir sur terre et de continuer à vivre après cette expérience. — Ce n’est pas si mal, alors ? s’enquiert Prosper avec espoir. — C’est même plutôt bien, tu ne trouves pas ? Mais même s’il est avéré que nombreux sont ceux qui ont vécu cette expérience, les conclusions qu’on peut en tirer sont moins claires. Est-ce réellement une vision de ce qui nous attend après la mort ou n’est-ce qu’un effet biologique de l’arrêt du cerveau, ou autre chose encore ?… Personne ne sait vraiment.

Prosper repart l’âme en paix en se disant que la mouche a peut-être trouvé la grande et belle lumière blanche…

Dès l a pr éh i st oi r e, les hom mes ont commencé à montrer du respect envers leu rs mor t s. I l s ont d’abor d r epl ié le cor ps de leu r s mor t s en p osit ion fœt a le, pu i s le s ont i n hu més da n s des fosses où i ls dépos a i e nt d e s of f r a n d e s . L e s h o m m e s d e l’A nt iqu it é cr oy a ient en l a s u r v ie d a n s l’au- del à . O n s a it ave c quel lu xe et ave c quel r a f f i nement les a ncien s Ég y pt ien s i n hu m a ient leu r s mor t s.

Comment les ondes voyagent-elles sans se mélanger ? Depuis une heure, Zéphir est assis sur une grosse pierre, ses écouteurs dans les oreilles, et il regarde au loin devant lui. Cyrus, qui l’observe depuis un moment, lui tape délicatement sur l’épaule pour ne pas le faire sursauter. — Cyrus ! Vous m’avez fait peur ! — Qu’est-ce que tu regardes, mon Zéphir ? demande Cyrus. — J’écoute ma musique et je regarde l’air en me disant que les ondes y voyagent sans qu’on puisse les voir… — Et elles te fournissent de la musi­ que plein les oreilles ! — C’est tellement difficile à comprendre ! soupire Zéphir. C’est invisible,

on ne peut pas y toucher, mais ça s’entend ! ajoute l’enfant. — Tout ce qui est invisible est difficile à comprendre, tu as raison, dit Cyrus. Mais ça s’explique, les ondes radio. — Moi, ce qui m’intrigue, c’est qu’elles ne se mélangent pas toutes dans l’espace ! dit Zéphir. — En fait, elles se mélangent, mais on les démêle ! — Je ne comprendrai jamais ! soupire Zéphir. — Écoute-moi bien, Zéphir. Tu as déjà vu des ondes se former sur l’eau ? demande le savant. — Oui, bien sûr, quand je lance une pierre dans le lac, par exemple. — En ce qui concerne les ondes radio, ce n’est pas une pierre qui les provoque. C’est une charge d’électricité. L’antenne émettrice est faite de métal, conducteur d’électricité. Lorsqu’on branche l’antenne, les électrons du métal se mettent en mouvement et produisent automatiquement des ondes radio, comme une pierre dans l’eau. — Mais qui les attrape ?

— Ce sont d’autres antennes, les antennes récep­ trices. Grâce au mouvement de leurs électrons, les antennes réceptrices captent toutes les ondes qui se promènent dans l’air. — Alors, comment les démêle-t-on ? demande Zéphir. — Chaque station de radio émet sur une fréquence différente. La fréquence, c’est le nombre de fois que l’onde oscille chaque seconde. Il y a des stations de radio qui émettent des ondes qui oscillent 690 000 fois par seconde, d’autres 630 000 fois, ou plus, ou moins. Il y a les ondes des bandes AM, des bandes FM, les ondes de télévision… Sur ton appareil, il y a un filtre. C’est ce qu’on appelle le syntoniseur. C’est lui qui filtre les ondes pour que tu cap­tes, selon la position de ton syntoniseur, l’émission que tu veux.

Celle-ci parvient à tes oreilles sur des ondes oscillant à une fréquence précise. Zéphir lève la tête. — Au-dessus de nous, Cyrus, il y a des ondes qui transportent des airs d’opéra, des chansons des Beatles, de la musique ultramoderne, la voix d’un annonceur, une émission de marionnettes, un solo de sax… — Tout ça au-dessus de nous et autour de nous, confirme Cyrus. — Je comprends mieux, dit Zéphir, mais pour moi, c’est toujours comme un petit miracle quand les choses fonctionnent sans que je puisse voir comment. C’est comme l’électricité. Chaque fois que j’allume quelque chose, je m’étonne toujours que ça marche vraiment… — Et je m’étonne toujours, moi aussi, comme toi ! dit Cyrus. Je te

laisse à ta musique… Au fait, qu’est-ce que tu écoutes ? — Un nouveau groupe ! dit Zéphir avec enthousiasme. ZAZGG ! Vous connaissez ?

L’a ncêt r e de l a r a d io : l a TSF (t élég r aph ie s a n s f i l), s y s t ème i nvent é pa r Gu g l iel mo M a r con i en 1896. L a TSF ne t r a n s met t a it pa s l a voi x , m a i s de s son s. C h a que let t r e ét a it r epr é sent é e p a r de s t r a it s et de s p oi nt s. Pa r exemple, SOS , l’app el de se cou r s, s’é cr iv a it : . . . — — — . . .

Pourquoi les chiens aiment-ils les os ? Gratte-Bedaine creuse avec acharnement sous la haie. Seul son gros derrière est encore visible. — Gratton ! Gratton ! s’époumone en vain Cyrus, qui veut rappeler à lui son cher saint-bernard. — Vous avez des problèmes, monsieur Cyrus ? demande une petite voix grêle provenant de la grille. — Magali ! s’écrie Cyrus. Entre donc un instant ! La petite pousse la grille qui s’ouvre sans grincer et rejoint son vieil ami. — Gratte-Bedaine cherche-t-il à rejoindre la Chine ? demande Magali. — Ne me parle pas de cet animal, il m’exaspère. Il cherche un vieil os. — Moi, je connais un chien qui a des jouets en peluche et qui les enterre dans son jardin ! dit Magali en riant.

— Non ! fait Cyrus, incrédule. — Tout ce qu’il y a de plus vrai, affirme Magali. — Gratton se contente d’enterrer des os, soupire Cyrus. Il se moque de mon jardin… — Bizarre, cette manie qu’ont les chiens de raffoler des os, dit la petite. Pourquoi les aiment-ils ? demande-t-elle en s’asseyant. — Les chiens en bonne santé ont normalement très bon appétit, lui répond le savant. Ils sont toujours prêts à manger un petit quelque chose. — Gratte-Bedaine est plutôt gourmand, n’est-ce pas ? remarque Magali. —  C’est son principal défaut. Sur les os, il reste toujours des traces du gras de la viande. —  Les chiens aiment le gras ? s’étonne Magali, qui le déteste. —  Oui, répond Cyrus. Ils lui trouvent beaucoup de goût. Les chiens flairent les traces de gras sur les os. —  Même des vieux os ?

— Même les vieux os restent imprégnés du gras de la viande qui les recouvrait. De plus, certains os contiennent de la moelle, et la moelle, c’est très gras. — Drôles de goûts, commente la petite fille en faisant la moue. — Des goûts canins. Les chiens lèchent et croquent les os. Ils en avalent même des morceaux, ce qui peut être dangereux. — Et tous les chiens aiment les os autant que Gratte-Bedaine ? demande Magali. — Comme tu l’as remarqué, Gratte-Bedaine est gourmand. Certains chiens, par contre, aiment moins le gras que d’autres et apprécient moins la moelle. Certaines races de chien aiment mâcher plus que d’autres. Les chiens rapporteurs, les chiens de chasse, par exemple, aiment beaucoup avoir un os dans la gueule. — Gratton n’a rien d’un chien de chasse, dit Magali en souriant. — Non, mais il adore grignoter ! rétorque son maître. Je dois veiller à conserver mes sacs

d’ordures à l’abri de ses maraudages. Je dois protéger Gratton : les os de poulet, comme les os de tous les volatiles d’ailleurs, sont mous et éclatent facilement. Ils peuvent aisément perforer l’intestin du chien. — Et les os artificiels ? — Ils leur conviennent mieux que les vrais os, en fait. Ils sont faits de cuir roulé et traité. Les gros chiens très gourmands peuvent en avaler de petits morceaux sans danger. — Pourquoi, alors, laissez-vous Gratte-Bedaine cacher ses vieux os sous vos haies ? — Parce qu’il adore cela et que je ne sais rien lui refuser, soupire le savant Cyrus.

T r è s souvent , le s ch ien s t ou r nent en r ond av a nt de s e c oucher. C el a v ient d’u n c omp or t ement pr i m it i f t r ès a ncien : le ch ien le fa i s a it pou r apl a n i r l a s u r fa ce s u r l a quel le i l deva it dor m i r. Cela ava it au ssi l’ava nt a ge de f a i r e f u i r le s i n s e c t e s e t le s p a r a s it e s qu i s’ y t r ouv a ient .

Pourquoi ferme-t-on les yeux quand on dort ? — Votre corps ramollit… Vos paupières sont lourdes… Vos oreilles tombent… Vous dormez… Vous dormez… Zut de zut de zut ! Gratte-Bedaine, fais un effort ! dit Aline, impatiente. — Qu’est-ce qui se passe ? s’informe Cyrus par la fenêtre de la cuisine. Mon gros Gratton t’embête, Aline ? — Mais non, pas du tout. J’essaie de l’hypnotiser ! Le grand savant chauve réprime un sourire. — Mais, ajoute Aline, il garde les yeux ouverts ! Je pense que ça ne fonctionnera pas… Si au moins il fermait les yeux ! Gratte-Bedaine, tu n’es qu’une tête de mule ! dit-elle en s’adressant au gros chien qui la regarde sans comprendre. Cyrus descend rejoindre Aline et Gratte-Bedaine.

— Cyrus, je me demande pourquoi il faut fermer les yeux pour dormir… — Pour se reposer, ma pauvre Aline ! Imagine-toi obligée de dormir les yeux ouverts ! Tu arriverais difficilement à t’endormir, car il y aurait trop de stimulation visuelle. Lorsque tu t’endors, tous tes muscles se détendent. Or, il y a deux muscles dans ta paupière : un qui sert à relever la paupière, l’autre à la fermer. Pendant le premier sommeil, le sommeil léger, le muscle qui sert à relever la paupière se détend et l’autre, celui qui ferme la paupière, fait son travail. —  Il n’a pas le droit de se reposer ! s’indigne Aline. —  Il se repose plus tard quand il a bien fait son travail. Quand tu entres dans la phase de sommeil profond, les deux muscles de la paupière se relâchent et il se crée un équilibre entre les deux.

— C’est pour ça que, parfois, on voit des gens dormir avec les yeux entrouverts ? demande Aline en tripotant le rosier blanc. — Oui, parce que les deux muscles se reposent totalement, dit Cyrus. — Si vous dites que tous les muscles se reposent, comment fait-on pour respirer ? s’inquiète Aline. — Finaude ! s’exclame Cyrus. Tous les muscles fonctionnent, mais ils fournissent un effort moindre, à l’exception des muscles des yeux et de ceux qui nous permettent de respirer. Nous respirons tout de même plus lentement en dormant que quand nous sommes éveillés ! — Si j’essayais tout de même de dormir les yeux ouverts, qu’est-ce qui arriverait ? — Le système automatique prendrait la relève ! dit Cyrus. — Aïe ! crie Aline, qui vient de se piquer le doigt sur une épine du rosier blanc. Le système automatique ? — Ton œil irait de lui-même se cacher ! — Se cacher où ? s’écrie Aline, horrifiée.

— Pas très loin, ne t’en fais pas. L’œil se révulserait, c’est-à-dire qu’il monterait vers le haut de son orbite. — Et je dormirais avec de beaux grands yeux blancs ? dit Aline. — Ce qui n’est pas particulièrement joli, ajoute Cyrus. Gratte-Bedaine, qui n’a pas bougé d’un poil pendant cette discussion, décide de se coucher aux pieds d’Aline. Aussitôt étendu, il ferme les yeux et se met à ronfler doucement. — Croyez-vous qu’il dort pour de vrai ? murmure tout bas Aline. — Je suis convaincu qu’il a été hypnotisé par notre conversation, dit Cyrus sur le même ton. Aline sait bien qu’il se moque d’elle, mais elle aime trop Cyrus pour se sentir vexée.

Pa r a c e l s e (de s on v r a i nom T hé oph r a s t e Bomba st von Hohen hei m) a été, semble-t-i l, le pr em ier à se l iv r er à des r echer ches su r l’ hy pno s e. C’ét a it u n mé de c i n s u i s s e au x idées ét on n a nt es. I l a vécu de 1493 à 1541.

Qui a inventé l’heure ? Fasciné par les mouvements de la clepsydre, Cyrus réfléchit à la lettre qu’il a reçue dans le courrier du matin : Cher Monsieur Cyrus, Pourriez-vous me dire qui a inventé l’heure ? Marcus — L’heure…, murmure le savant en observant son horloge à eau. Depuis toujours les hommes ont trouvé le moyen de diviser le temps. Cyrus fait les cent pas dans son bureau, pensant à la réponse qu’il apportera à la question du petit Marcus. « Le moyen le plus ancien de mesurer le temps, c’est de compter les cycles ou les rythmes, tels les battements du pouls, l’alternance des jours et des nuits, le retour des saisons. Pour mesurer les heures, on utilisa la course du soleil dans le ciel. »

Cyrus s’arrête de nouveau devant la clepsydre, héritage de son arrière-arrière-grand-père maternel. Il fait nuit et la maison est calme. Elle semble respirer au rythme du tic-tac des dizaines d’horloges mécaniques accrochées aux murs de son bureau. « Grâce au soleil, les gens évaluaient l’heure d’après la longueur de l’ombre projetée par un bâton fiché dans le sol. Avec l’invention du cadran solaire, ils connaissaient l’heure en fonction de la direction de l’ombre produite par le soleil sur le cadran. » Cyrus sourit en regardant par la fenêtre obscure. « Le problème, se dit-il, c’est que ces systèmes ne pouvaient mesurer le temps que durant le jour et lorsqu’il faisait soleil ! » Le savant s’installe à sa table de travail tout en continuant de songer à la question de Marcus. « Il a bientôt fallu inventer d’autres moyens, plus pratiques, de mesurer le temps : les sabliers, les chandelles graduées, des clepsydres, ces horloges à eau dont le réservoir se vide dans un temps donné.

« Au Moyen Âge, on leur a ajouté un flotteur muni d’une aiguille sur un cadran, simulant le déplacement de l’ombre sur les cadrans solaires », se souvient le savant en exhalant un profond soupir. Cyrus rêve de pouvoir ajouter une pareille horloge à sa collection, mais elles sont si rares et si coûteuses ! « C’est au XIIIe siècle qu’apparurent les horloges mécaniques inspirées des horloges à eau dont on avait remplacé l’écoulement d’eau par la descente contrôlée d’une pesée. « À la suite des travaux de Galilée sur le mouvement du pendule, l’horloge à balancier a été inventée par un Hollandais, Christiaan Huygens, en 1657. « De nos jours, soupire l’érudit en jetant un coup d’œil à ses chères vieilles horloges, la mécanique est détrônée par l’électronique. » Décapuchonnant sa plume, Cyrus commence ainsi sa lettre à Marcus :

Cher Marcus, Ce sont les Égyptiens qui ont d’abord partagé la journée en 24 heures et l’année en 365 jours. Certains peuples, comme les Sumériens, avaient déjà amorcé des divisions semblables…

C’e s t à C a en , en F r a nce, que l’on con s t r u i s it en 1314 l a pr em ièr e horlo ge publ ique à son ner ie. L e s pr em ièr e s mont r e s, el le s, v i r ent le jou r en A l lem a g ne, à Nu r emberg , ver s 1500. À c au se de leu r for me et de leu r t a i l le p a r t ic u l ièr e s, on le s s u r nom m a Œu fs de Nu r emberg .

Pourquoi y a-t-il du feu bleu, du feu jaune et parfois du feu vert ? — Combien de fois serai-je obligée de te le dire, Arthur ! Je te défends de jouer avec des allumettes ! — Je ne joue pas, maman, réplique aussitôt Arthur d’un ton très sérieux. J’expérimente ! — Les expériences se font dans les laboratoires ! Je pars pour une petite heure et je veux revoir la maison en bon état à mon retour ! Pas de feu, pas d’allumettes, pas de bombes, rien ! — Pars l’âme en paix, maman. Arthur l’embrasse gentiment et aussitôt qu’elle s’éloigne, il court à vive allure chez Cyrus. — Tu as encore fait peur à ta mère ? demande Cyrus. — Ça se voit ? dit Arthur.

— Tu as toujours le même sourire victorieux quand tu la terrorises ! Qu’as-tu fait, aujourd’hui ? — Des expériences avec le feu… Cyrus, il y a du feu de différentes couleurs, explique Arthur avec un air de physicien d’expérience. Il y a du feu bleu, du feu jaune et, parfois, du feu vert. Pourquoi ? — La question est directe, la réponse le sera aussi, dit Cyrus. La flamme du feu change de couleur selon sa température… — Cyrus ! Le feu est chaud, il brûle ! rétorque Arthur. — Il est chaud, il brûle, mais il n’a pas partout la même température. Sais-tu, Arthur, ce qu’est un électron ? — Oh oui ! C’est une minuscule particule de l’atome qui est chargée d’électricité, positive ou négative, déclare Arthur. — Tu m’impressionnes ! dit Cyrus. Toute matière est formée d’atomes. Tout ce qui existe possède donc des électrons. Tu me suis ? — Parfaitement, dit Arthur.

— Dès que tu mets le feu à une matière, quelle qu’elle soit, les électrons sont fortement excités par la chaleur. Si tu allumes une bougie, par exemple, la chaleur déclenche un mouvement chez les électrons de la mèche. Ce sont précisément ceux du carbone contenu dans la mèche de la bougie. Ainsi provoqués par la chaleur, les électrons se déplacent et produisent la flamme. — Et la flamme peut avoir des couleurs différentes ! dit Arthur. — Si elle a des couleurs différentes, c’est que les électrons sont excités de manière différente. Ils le sont beaucoup là où c’est très chaud : la lumière produite est bleue. Tu le remarqueras… — Justement, j’ai des allumettes, dit Arthur. Nous allons en faire la démonstration ! — Mais Arthur ! On ne se promène pas avec une telle quantité d’allumettes ! s’écrie Cyrus en voyant Arthur sortir de ses poches des allumettes en liberté, des cartons d’allumettes, des allumettes de cire, de bois, des boîtes d’allumettes. — Ma mère me dit la même chose…

— Et elle a raison ! Donc, où c’est très chaud, la flamme est bleue, dit Cyrus en craquant lui-même une allumette. Là où c’est un peu moins chaud, la flamme est plutôt verte. Et là où les électrons s’excitent le moins, la flamme est jaune, tu vois ? — Je vois et je comprends, dit Arthur. — Selon les gaz qui se dégagent de la matière qui brûle, la flamme peut prendre des couleurs différentes. Mais ce qui est le plus important, c’est de contrôler tes expériences, de ne pas te promener les poches bourrées d’allumettes et, surtout, de ne jamais faire une expérience seul, compris ? — Si c’est vous qui le dites, fait Arthur un peu penaud. — Moi ou ta mère, c’est la même chose…

Tout le monde connaît le « bonhomme allumette ». Tous les en fa nts en dessi nent, tout le monde en g r i f fon ne su r u n coi n de pa ge. Ce que l’on sa it moins, c’est qu’on en a découvert, gravés sur des pier res, da ns des caver nes pré­h istor iques. On les nom me  pétrogly phes  et cer ta i ns datent de 10 000 av. J.-C.

Est-ce que les cactus donnent de l’oxygène ? — Je te dis que non ! crie Zénon. — Et moi, je te dis que oui ! surenchérit sa sœur Zoé. — Je te parie une grosse glace à la framboise que c’est impossible, reprend le garçon. Les cactus n’ont pas de feuilles. — Et moi, je te répète que les cactus, comme toutes les autres plantes, donnent de l’oxygène. Allons voir Cyrus, il tranchera. — D’accord, rétorque Zénon. Je l’ai aperçu un peu plus tôt du côté des serres municipales. Allons-y. Sans plus discuter, les jumeaux partent à la recher­ che du savant, qu’ils trouvent en grande conversation avec monsieur Ticoux, le responsa­ble des serres.

— Euh… hum…, toussote Zoé en s’approchant. Cyrus, j’affirme que les cactus donnent de l’oxygène, alors que mon imbécile de frère prétend le contraire. Qui a raison ? Le savant accepte de bonne grâce de mettre fin à sa conversation avec monsieur Ticoux. — C’est toi qui as raison, Zoé. — Na ! — Mais les cactus n’ont pas de feuilles ! proteste aussitôt Zénon. — C’est exact, reconnaît le savant. Les arbres et les plantes à feuilles dégagent de l’oxygène en fabriquant leur nourriture. Cette nourriture, ils la fabriquent dans leurs feuilles. —  Tu vois bien ! dit Zénon, triomphant, à sa sœur. Impassible, celle-ci dit à Cyrus : —  Poursuivez.

— Les cactus, qui ne possèdent pas de feuilles, fabriquent leur nourriture à la surface de l’épiderme de leur tige. C’est elle qui dégage de l’oxygène. — Na ! fait encore Zoé en tirant la langue à son frère qu’elle adore. — Pourquoi les cactus ont-ils des épi­ nes à la place des feuilles ? demande Zénon, un peu boudeur. — C’est un des trucs que les cactus ont développés pour survivre aux rigueurs du désert. — Vous savez, les enfants, intervient monsieur Ticoux, les conditions climatiques du désert sont extrêmement difficiles. — En réduisant la surface de leurs feuilles, poursuit Cyrus, les cactus ont aussi réduit leur perte d’eau. — Plus la surface de la feuille est petite, précise le responsable des serres, moins il y a évaporation d’eau.

— L’eau dans le désert, dit Zoé, c’est très précieux. — Cyrus, vous avez parlé de différents trucs développés par les cactus, rappelle Zénon. Quels sont les autres ? — Ils ont aussi développé un système de racines superficielles très étendu pour drainer le maximum d’humidité provenant des pluies et de la rosée. Les racines plus profondes n’ont qu’un rôle de fixation. — Prenez les cierges du Mexique, dit monsieur Ticoux. Leur surface extérieure est remarquablement plissée. Après la pluie, les plis tendent à disparaître, car la plante, gorgée d’eau, se dilate comme un accordéon. — Pendant les périodes de sécheresse, poursuit Cyrus, l’eau est utilisée ou s’évapore dans l’air sec du désert et les plis s’accentuent. — Merci à tous les deux, dit Zoé en s’éloignant. — Vous partez déjà ? s’étonne le savant.

— Oui, rétorque la petite fille, j’ai hâte de déguster la grosse glace à la framboise que m’a promise mon Zénon de frère !

C er t a i ne s pl a nt e s g r a s se s com me le cierge (c a ct u s du gen r e Cer eu s) sont c ap a ble s de s t o c k e r d’i m m e n s e s r é s e r v e s d’e au . A i n s i , u n c ie rge de 15 mètres de haut peut contenir jusqu’à 3000 l it r es d’eau ! Le plu s g ra nd ca ct u s me s u r e 19, 2 mèt r e s.

Pourquoi les perroquets sont-ils les seuls à pouvoir parler, à part nous ? —  La question du jour sur les ondes de radio CHOC est posée par la petite Anita : pourquoi les perroquets parlentils et pas les autres animaux ? À vous, monsieur Cyrus. —  Les perroquets ne parlent pas vraiment, ils répètent simplement les sons qu’ils entendent, ce qui est différent. La raison précise qui amène les perroquets à parler n’est pas encore connue. Lorsqu’ils vivent dans la nature, ils émettent une grande variété de sons et de cris, mais ils n’imitent pas. La forme de leur bec et leur langue agile et charnue leur permettent une élocution très particulière.

— Dans leur habitat naturel, dit l’animateur, les perroquets vivent en groupe. — Oui, ils vivent en société, ce qui amène les êtres à communiquer entre eux. Les perroquets auraient ainsi développé leur habileté à communiquer entre eux par la voix à cause de la densité du feuillage de leur habi­tat. Cette facilité d’émettre des sons variés leur permet d’imiter les humains qu’ils entendent. — Si je vous suis bien, monsieur Cyrus, ce ne sont que les perroquets vivant en captivité qui imitent la parole humaine ? — Oui, admet l’érudit. On pense que ces animaux se sont mis à imiter les sons qu’ils entendaient autour d’eux afin de compenser la perte de vie sociale avec leurs semblables. L’attention que son maître lui accorde aurait vite été remarquée par

le perroquet. En attirant ainsi sur lui l’attention humaine, l’oiseau vivant en captivité remplace un peu les contacts qu’il aurait autrement avec ses semblables. — Cela nous amène à parler du problème du trafic des animaux exotiques, dit l’animateur. — Toutes les espèces de perroquets sont actuellement en voie de disparition. C’est pourquoi il ne faut acheter que des perroquets nés et élevés en captivité. N’oublions pas que, pour chaque perroquet qui arrive en fraude en Amérique du Nord, neuf autres périssent pendant leur voyage clandestin. — On les cache dans des boîtes de carton, des doublures de manteau, je crois, précise l’animateur. — Oui, et les pertes sont énormes, ajoute Cyrus. De plus, poursuit-il, l’achat d’un perroquet ne doit pas se faire à la légère. — Ils vivent très vieux ? demande l’animateur.

— Selon les espèces, ils peuvent atteindre l’âge de 40 ans, et même parfois de 90 ans. — Si moi, à 40 ans, j’achetais un perroquet, il serait donc susceptible de me survivre ! — Très probablement, dit Cyrus. Il est donc souhaitable de le coucher sur votre testament ! — Ces animaux requièrent énormément d’attention, n’est-ce pas ? s’informe l’animateur. — Oui, beaucoup d’attention, et un menu varié. Ils sont sensibles aux variations de température et ne peuvent vivre dehors sous nos climats froids ou tempérés. Ils sont criards et mangent tout ce qui se trouve à portée de leur bec. Il leur faut aussi une grande cage. — Il est donc important de bien réfléchir avant d’adopter un perroquet. Pour terminer, monsieur Cyrus, hormis les perroquets, existe-t-il d’autres oiseaux qui possèdent des talents d’imitateurs de la voix humaine ? — Les mainates et certaines perruches sont aussi doués.

— Nous remercions le savant Cyrus et nous vous disons à demain. Nous parlerons alors des grenouilles, conclut l’animateur sur fond d’indicatif musical.

op re Le la n ga ge es t le pr rtains d e l’ h u ­m a i n . S i c e nt à pa rl er a n i m au x ap pr en ne isons, pa r com me nous le fa vér itable i m itation ou pa r ne p eu ve nt ap pr en t i s s a ge , i l s au x codes i nvent er de nouve oi s, ch aq ue lin g u is tiq ue s. To ut ef es propres espèce possède s l a n ga ge . À co de s et so n pr op r e ce qu ’i l s se no u s de dé co uv r i r r a co nt en t …

Comment le charbon se change-t-il en diamant ? Sidonie écrase la queue du chat. Surpris, l’animal crache et se sauve. Il file vers la porte d’entrée qui, sous l’effet d’un violent coup de vent, se referme si brutalement que le carreau vole en éclats. La maman de la fillette l’expédie aussitôt chez le vitrier, qui taille la vitre aux bonnes dimensions à l’aide d’un coupe-verre à diamant. Au retour, son carreau soigneusement enveloppé sous le bras, Sidonie fait un détour. Elle se rend chez Cyrus afin de lui poser la question qui la chicote depuis un moment. — La vitrier m’a dit que le diamant se forme à partir du charbon. J’ai dit « bien sûr », comme si je savais, mais en fait, je ne sais pas du tout. Comment le charbon peut-il bien se changer en diamant ? demande-t-elle de but en blanc.

— C’est une longue histoire, lui répond le savant, suspendu par les pieds à la plus grosse branche du pommier ; une histoire qui commence il y a environ 2 millions d’années. — Pourriez-vous en faire une histoire courte ? le supplie Sidonie, qui doit se presser de rentrer. Cyrus se redresse et s’assied à califourchon sur la branche, car le sang lui monte à la tête. Sidonie pose son paquet contre le tronc rugueux de l’arbre et rejoint son vieil ami qui poursuit : — Il y a 200 millions d’années, il y avait de la végétation presque partout. — C’était bien avant que les villes existent, remarque Sidonie. — Bien avant. Les plantes et les arbres mouraient alors de leur belle mort. Toute cette végétation se fanait, pourrissait et s’empilait sur le sol, où elle formait une espèce de matelas terriblement épais.

— Je ne suis pas sûre que j’aurais aimé y dormir, réfléchit Sidonie. — Ce matelas était si lourd, continue Cyrus, qu’il a commencé à s’enfoncer dans le sol. Tu imagines la pression sous ce matelas ? — Pas vraiment, admet avec sincérité la petite fille. — Eh bien, la pression, sous ce gros matelas, était de 30 à 60 000 fois plus élevée que la pression atmosphérique. — De quoi être aplatie comme une galette ! frissonne Sidonie. Elle se suspend par les mains à la branche du pommier. — Exactement. La pourriture végétale, à force de s’accumuler, de s’épaissir et de se réchauffer, a fini par se solidifier pour donner de la tourbe. La tourbe, à son tour, est devenue une sorte de charbon nommé lignite, puis du charbon bitumineux et enfin de l’anthracite.

Suspendue à la branche, Sidonie se balance doucement en songeant à toutes ces transformations. — L’anthracite cristallisé a donné naissance au graphite, c’est-à-dire au carbone pur, donc au charbon. — Je ne vois toujours pas de diamant, marmonne Sidonie, qui se lasse. — Lorsque la pression exercée sur l’anthracite augmente, sa structure change, ajoute Cyrus, et l’anthracite devient diamant. — C’est tout simple, dit Sidonie. — C’est tout simple, mais il faut énormément de temps. Les changements dans la nature se font sur de très, très longues périodes de temps. —  Cyrus, je pense à quel­que chose…, dit Sidonie avec un sourire coquin. Je vais dire à mon frère de placer un morceau de charbon sous son matelas et d’attendre qu’il se transforme en diamant ! —  Sidonie ! fait Cyrus. Tu ne penses qu’à lui jouer des tours !

Sidonie éclate de rire. Brusquement, elle lâche prise et, dans sa chute, fracasse le carreau oublié au pied de l’arbre.

L e d i a m a nt e s t le m i n é r a l le plu s du r. L’u n it é de poid s ut i l i sée pa r les d i a m a nt a i r e s e s t le carat, qui vaut 200 mg (1 g = 5 carats). Il existe u n d ia ma nt de sy nthèse, le zi rcon, qu i ressemble au v ra i d ia m a nt, m a i s d o n t l e s q u a l i t é s n’é g a l e r o n t ja m a i s cel les du d i a m a nt vér it able. Cont ra i r ement à cel le du z i r con, l a du r et é du v ra i d i a m a nt est i n a lt ér a ble d a n s le t emps.

Est-ce que les poissons dorment ? Benoîte essaie d’appuyer sur le bouton de la sonnette avec son nez. — Quel étrange exercice ! dit Cyrus en lui ouvrant la porte. Depuis quand sonne-t-on avec son museau ? — J’ai les mains prises, dit calmement Benoîte. — Entre donc ! dit Cyrus. C’est une surprise que tu m’apportes ? — Non, pas du tout, j’avais seulement un peu peur de Gratte-Bedaine. Ce sont mes poissons rouges. — Pose-les sur mon bureau. Est-ce qu’ils sont malades ? demande Cyrus. — Je ne sais pas, mais je m’inquiète, dit Benoîte en déposant l’aquarium sur la table de Cyrus. Je les ai depuis cinq jours et ils n’ont pas encore fermé l’œil. J’ai peur qu’ils s’épuisent et qu’ils meurent.

— Pourquoi penses-tu qu’ils ne dorment pas ? Tu les surveilles la nuit ? — Oui. Je me réveille souvent parce que mon frère fait des cauchemars et j’en profite pour aller voir mes poissons. — Ne t’en fais pas trop, Benoîte. Tout le monde ne dort pas de la même façon. As-tu déjà pensé à la manière dont dort un ver de terre ? — Pas vraiment, non, dit Benoîte en éclatant de rire. — Je te dirai d’abord que les poissons n’ont pas de paupières. — Ils dorment donc les yeux ouverts ? demande Benoîte. — Ils se reposent. Ils se laissent flotter au fond de l’eau. Quand les animaux se reposent ou dorment, ils restent toujours très vigilants. S’ils entendent un bruit qui ne leur est pas familier, ils s’éveillent aussitôt. Les poissons, eux, ne voient pas très bien. Ce n’est donc pas en dormant les yeux ouverts qu’ils sont avertis d’un danger.

—  Comment savent-ils, alors, qu’un ennemi s’en vient ? —  Par leur ligne latérale et par leurs autres sens. Ils perçoivent des vibrations et sont immédiatement aux aguets. — C’est très fatigant, la vie de poisson ! remarque Benoîte. — On reconnaît le sommeil de quelqu’un ou d’un animal en analysant l’activité électrique du cerveau. Chez les espèces très différentes de l’homme, les invertébrés, par exemple, il est très difficile de discerner les états de sommeil et les états de veille. Chez les poissons, le sommeil est plutôt léger. Il ne semble pas qu’ils dorment du sommeil paradoxal, ce sommeil profond durant lequel on rêve. —  À quoi rêverait un poisson ? se demande aussitôt Benoîte. —  Les dauphins, poursuit Cyrus, même s’ils sont des mammifères, n’ont pas de sommeil paradoxal, alors que tous les autres mammifères ont un sommeil comparable à celui de l’homme. Le plus étonnant, c’est le phoque : lorsqu’il dort en pleine

mer, ses cycles de sommeil ne dépassent pas quelques minutes, car il doit sans cesse respirer. — Pauvre phoque ! — Dis-toi qu’en général les animaux ne dorment pas très profondément ni très longtemps à la fois, car c’est durant leur sommeil qu’ils sont le plus vulnérables. — Je crois que je préfère les cauchemars de mon frère, dit Benoîte. C’est moins inquiétant que de dormir en ayant peur d’un lion ou d’un crocodile ! Allez, petits poissons, venez ! Je vous ramène à la maison !

L or squ’i l e s t d a n s l’e au , le phoque dor t à moit ié, c’e s t -à - d i r e qu’i l met u ne moit ié de son cer ve au en mode som mei l p end a nt que l’aut r e moit ié fa it le g uet. Pa r cont r e, lorsqu’i l est su r t er r e, i l dor t com me nou s le fa i son s, nou s, le s hu m a i n s. Pou r leu r pa r t, cer t a i n s ca l m a rs c ont i nuent de n a ger p end a nt leu r som mei l…

Comment les raisins sans pépins font-ils pour se reproduire ? Gontran contemple son reflet brouillé dans la grande flaque d’eau. Il a choisi de rentrer par le chemin de halage, moins fréquenté. Il tourne et retourne dans sa tête la question qui le triture depuis le matin et qu’il n’a pas osé poser au cours de sciences naturelles. Il est si absorbé dans ses pensées qu’il n’entend pas le bruit de pas qui s’approchent derrière lui. Aussi sursaute-t-il lorsqu’il entend la grosse voix de basse de Cyrus lui demander : — Tout va bien, Gontran ? — Cyrus ! Vous m’avez fait peur ! — Tu avais l’air bien absorbé. Quel­que chose te tracasse, mon gars ? — Oui. Comment les raisins sans pépins font-ils pour se reproduire ?

— Ça te chicote ? — Plutôt, oui. — Eh bien, ils ne se reproduisent pas. Ils sont stériles, justement parce qu’ils n’ont pas de pépins. — Ouf ! soupire Gontran, soulagé. C’est bien ce que je pensais. Nous avons appris que la vigne se reproduisait par la pollinisation. — C’est vrai, admet Cyrus. Le pollen, c’est la semence mâle qui est amenée dans l’ovaire de la fleur, la partie femelle, par le vent, les abeilles, les oiseaux et parfois même par les humains. — Cette pollinisation, complète Gontran, qui a bien appris ses leçons, donne le fruit, le raisin qui contient les graines qui, une fois plantées, donneront à leur tour des plants de vigne. — Bravo ! — Mais les raisins sans pépins ? — Il arrive que la nature ait des accidents. Les humains ont remarqué que parfois les fruits d’une pollinisation ne contiennent pas de pépins. Ils ont cru possible de répéter cet accident.

— Les raisins sans pépins sont beaucoup plus agréables à manger, admet le garçon. On ne risque pas de s’étouffer, et ça ne craque pas sous la dent ! — C’est pour cela que les humains ont travaillé en laboratoire et ont mis au point deux méthodes pour produire les raisins sans pépins. — Lesquelles ? — D’abord le bouturage. On prend un plant de vigne qui a naturellement donné des raisins sans pépins. On prélève une tige ou une branche, une bouture, qu’on plante dans la terre pour qu’elle fasse des racines et donne à son tour des raisins sans pépins. — C’est aussi simple ? s’étonne Gontran. — Oui. La méthode la plus récente, poursuit Cyrus, c’est la reproduction in vitro. — Comme pour les bébés ? — Oui. À partir d’un plant de vigne qui donne des raisins sans pépins, on prélève une cellule et on la met dans un tube qui contient une gelée spéciale. La recette est différente selon les

plantes. On garde ce tube dans un incubateur à une température et à un taux d’humidité constants. On le remue de temps à autre. — Et ça fonctionne ? — Très bien. Le plant pousse plus vite qu’en pleine terre et on peut en faire pousser une plus grande quantité dans un espace plus réduit. — Ça me paraît tout de même un tantinet compliqué, dit Gontran. — Cette dernière méthode n’est pas utilisée par les producteurs, mais uniquement en laboratoire. — Je me disais, aussi. Dites-moi, Cyrus. Que transportez-vous dans ces deux grands sacs ? Ils ont l’air lourds. — Des raisins. Dès demain, je commence ma cuvée spéciale.

I l semble que la v i g ne a it fa it son appa r it ion a u d é b u t d u q u a t e r n a i r e d a n s l’a c t u e l l e A r mén ie. De l à , el le s’e s t i mpl a nt é e s u r le s deu x r ive s de l a Mé d it er r a né e. L es cépa ges f u r ent a menés d a n s le Nouveau Monde p a r le s conqu i s t a dor s e sp a g nol s.

Lorsqu’un oiseau vole, peut-il entendre le battement de ses ailes ? Attroupés autour de la grande volière, des enfants admirent la beauté des oiseaux qui y sont rassemblés. Des cacatoès au plumage rose, de grands aras aux plumes d’un rouge flamboyant perchés très haut dans des arbres tropicaux, lancent des cris perçants qui écorchent les oreilles des enfants. De petits amazones verts à front bleu ou jaune volettent en faisant claquer leurs ailes. Soudain, Kristina lève la main et interroge son enseignante : —  Madame, lorsqu’un oiseau vole, peut-il entendre le battement de ses ailes ? —  Hum, fait madame Lampeigne. Je ne sais trop quoi répondre. Je

suppose que oui. Mais attendez. Nous allons joindre le savant Cyrus par la magie de l’Internet et lui poser la question. — C’est ma question, insiste Kristina. Je veux la poser moi-même à Cyrus. Elle s’installe devant le petit écran, appuie sur le bouton rouge et attend. Au bout de trois bips, le savant apparaît et Kristina, très impressionnée, lui pose sa question. Cyrus répond aussitôt : — Les oiseaux ont en général une bonne ouïe, même s’ils n’ont pas tous la même capacité d’audition. Certains oiseaux n’entendent pas bien les basses fréquences comme celles de la voix humaine, mais plutôt les hautes fréquences. — Alors, ils peuvent entendre le battement de leurs ailes, dit Kristina. Les autres enfants, qui voudraient eux aussi écouter le savant, s’agglutinent autour de leur petite camarade. — En fait, lui explique Cyrus, ce que les oiseaux entendent, c’est le bruit de l’air passant à travers

les plumes de leurs ailes, plutôt que le battement de celles-ci. — Oh…, fait Kristina, attentive aux explications. — Prenons l’exemple du hibou. C’est un oiseau de proie, et il est essentiel pour lui de ne pas faire de bruit en volant. —  Pour ne pas effrayer sa proie ? demande la petite. —  Oui, afin d’entendre aussi le bruit que fait sa proie et de la localiser. Chez le hibou, donc, les premières plu­mes de l’aile sont séparées, comme les dents d’un peigne. Les espaces entre les plumes laissent passer l’air. Étant donné que les plumes ne bloquent pas l’air qui passe, cet oiseau vole presque silencieusement. —  Mais d’autres oiseaux, comme les pigeons et les perroquets, font beaucoup de bruit en volant, signale Kristina.

—  Chez les oiseaux diurnes, le bruit des ailes est plus sonore. Leurs ailes ne sont pas frangées, mais pleines. Les plumes bloquent l’air et cela fait du bruit. Le bruit dépend aussi de la vitesse des battements d’ailes et de la vitesse de déplacement de l’oiseau. — Si je comprends bien, résume Kristina pour ses camarades, les oiseaux dotés d’une bonne ouïe entendent le bruit de l’air qui passe entre leurs plumes quand ils volent. — Dans la mesure où ils font du bruit en volant et que celui-ci se situe dans les fréquences que l’oiseau peut entendre, précise Cyrus. Y a-t-il d’autres questions ? — Cyrus demande si nous avons d’autres questions, transmet Kristina. Trente mains se lèvent en même temps…

C hez le s oi s e au x , i l e x i s t e de u x t y p e s de v ol  : en l i g ne d roite ou en piqué. Le m a r t i net noi r peut voler en l i g ne d r oit e j u s q u’à 20 0 k m / h e t l a s a r c e l le à 120 k m / h . L e faucon p èler i n qu i fond en piqué s u r u ne pr oie p e ut at t ei nd r e l a v it e s s e de 360 k m / h , a lor s q u e l’a i g le r o y a l , plu s lo u r d , n e p i q u e q u’à 300   k m / h , ce qu i e s t t out de même b e aucoup plu s que l a l i m it e de v it e s se s u r le s aut or out e s !

Pourquoi les gens ont-ils des verrues ? Médée déambule au hasard dans la rue trop propre de son quartier. Pas un papier, pas une feuille, pas même un chien. Que des rues tirées au cordeau, des maisons bien alignées et des pelouses soigneusement entretenues. Crevant d’ennui, elle se réfugie dans ses pensées. Elle songe à la venue prochaine de sa grand-tante Artémise. Elle frissonne, car elle revoit en pensée la grosse verrue poilue qui orne la joue gauche de l’ancêtre. Elle tourne le coin de la rue et se dirige aussitôt chez Cyrus, où tout n’est jamais ordinaire. La porte d’entrée est entrouverte. Une savoureuse odeur de confiture de prunes s’échappe de la maison et embaume le jardin. — Cyrus ? appelle Médée. — Entre ! lui crie le savant du fond de la cuisine.

Marchant sur la pointe des pieds, la petite fille rejoint le savant. Sans attendre, elle pose la question qui lui brûle les lèvres : — Pourquoi les gens ont-ils des verrues ? Cyrus continue d’écumer ses confitures. — Tout comme la grippe, les verrues sont contagieuses, répond-il. Horrifiée, Médée s’écrie : — Pouah ! On est donc sûr de les attraper ! — Mais non, voyons ! la rassure aussitôt Cyrus. Quand tes amis ont la grippe, est-ce que tu l’attrapes automatiquement ? — Non… non…, admet-elle avec un peu d’hésitation. — Tu risques d’attraper la grippe plus facilement lorsque tu es fatiguée ou tendue. On dit alors que ton système de défense, ton système immunitaire, est affaibli. C’est la même chose pour les verrues.

— Vous voulez dire qu’on les attrape plus facilement quand on est fatigué ? — Oui. Les verrues sont causées par un virus nommé le papillomavirus. — Quel drôle de nom ! sourit Médée. On dirait un nom d’empereur romain ! Cyrus sourit à son tour à l’idée du règne de « Papillomavirus le Grand ». —  C’est un nom latin, dit-il simplement en remuant la confiture. Il est assez répandu. —  Le virus ou le nom ? demande Médée, espiègle. —  Le virus, voyons ! —  On attrape les verrues en s’embras­ sant sur les joues ? demande Médée, qui cherche une bonne raison de ne pas embrasser sa grand-tante. Cyrus pose sa cuillère dans une assiette de porcelaine bleue et rejoint Médée, qui s’est installée à la petite table de marbre.

— On peut avoir des verrues n’importe où sur la peau, précise le savant, qui sourit devant la mine dégoûtée de la petite fille. Mais le plus souvent, on les retrouve sur les mains, les pieds ou le visage. On les attrape par contact direct. — C’est-à-dire en touchant à la verrue de ma grand-tante Artémise ? conclut Médée. — Théoriquement, oui. Comme tu peux aussi attraper une verrue en serrant la main de quelqu’un ou en marchant pieds nus sur un sol contaminé par une personne qui avait des verrues plantaires. — C’est dégoûtant, frissonne Médée. — Mais souviens-toi que si tu es en bonne santé, en bonne forme, ton système immunitaire travaille bien et se défend. Il n’y a alors aucune raison pour que tu attrapes des verrues ! Et ce que ta grand-tante a sur la joue n’est pas une verrue, mais bien un grain de beauté, poilu certes, qu’on appelle nævus… Mais déjà Médée ne l’écoute plus. Elle se sent soudain un peu

lasse. Soucieuse, elle se dit qu’elle serait tout de même fort bien inspirée de ne pas trop s’approcher de tante Artémise, qui lui a toujours fait un peu peur.

Le mot v i r us est depu is lon g temps pa ssé du l a n g a ge mé d ic a l à c e lu i de l’i n for m at ique. C’est a i n si que l’on nom me des i n s t r uc t ion s p a r a s it e s qu i s’at t a quent au s y s t ème et qu i ent r a î nent de s pr o blème s lé ger s, ou t r è s g r ave s, d a n s le fonc t ion nement de l’or d i n at eu r.

Les animaux ont-ils un nombril ? En se regardant dans le miroir après avoir enlevé son pyjama, Igor se demande si les animaux ont également un nombril comme le sien. Et même s’il est très tôt, il se précipite chez Cyrus. Il le trouve au bord du lac, déjà occupé à cueillir des nénuphars. — Tous les animaux vivipares ont un nombril, lui répond sans hésiter Cyrus. — C’est quoi des animaux vifipars ? demande Igor. — Vi-vi-pares, corrige le savant en détachant bien chaque syllabe. Un vivipare est un animal dont les petits naissent déjà formés, comme les chiens, par exemple. — Et les chats ?

— Les chats, les poulains, les veaux, oui. Les ovipares, eux, naissent dans des œufs et n’ont pas de nombril. — Comme les poussins ? — Les poussins et les serpents, en effet. Cyrus met fin un moment à sa cueillette et se tourne vers la rive. Les yeux mi-clos, il observe le garçon qui, les deux pieds dans la vase, hésite à s’avancer pour le rejoindre.

— Je n’ai jamais vu le nombril de mon chat, admet Igor, s’accrochant à une branche basse d’un saule. — Le nombril de l’animal est tout petit, poursuit Cyrus. Il est situé sur l’abdomen et il est lisse. — Pourquoi est-il si petit et si lisse ? s’enquiert le garçon en s’enfonçant davantage. — Tout simplement parce qu’il n’y a pas eu d’intervention humaine. —  Qu’est-ce que vous voulez dire ? — Personne n’a, comme pour toi, coupé le cordon ombilical et fait un petit nœud. Tu sais bien comment ça se passe ? demande Cyrus. — Non, admet Igor. Sans plus se soucier de ses vêtements, il s’avance maintenant dans l’eau jusqu’au nombril. — Chez les animaux, la femelle, par instinct, mange le placenta, grignote le cordon ombilical et lèche le bébé pour le nettoyer. Pendant ce temps, le sang coagule au bout du cordon, il s’épaissit et forme un bouchon.

Igor regarde le ciel où de gros nuages s’amoncellent. Il songe soudain à sa mère. — Chez les humains, c’est différent, poursuit Cyrus sans se soucier du temps. Le garçon soupire discrètement. — Par mesure de sécurité et d’hygiène, pour être certain qu’il n’y ait pas d’infection, on préfère brûler le cordon, le cautériser, ou bien le couper et y faire un nœud. Joignant le geste à la parole, le savant noue délicatement ensemble les longues tiges de ses nénuphars. — Si on laissait le cordon ombilical des humains se cicatriser tout seul après la naissance, conclut Cyrus, nous aurions, nous aussi, comme les animaux, un nombril quasi invisible. Au même moment, le ciel assombri est zébré d’éclairs. Le tonnerre gronde et la pluie

s’abat violemment sur le lac ; Cyrus décide donc d’abandonner sa cueillette. — Que dirais-tu, cher Igor, de faire un brin de toilette ? Tu as de la boue jusqu’à la taille… — Mais j’ai pris mon bain hier soir ! — Tu en prendras un autre ! réplique Cyrus en riant.

O n d it d’ u ne p er so n ne ue ég oï s t e ou ég oc en t r iq t e… qu ’el le e s t no m br i l i s qu e Po u r qu oi do nc  ? Pa r ce el le t ou t t ou r ne au t ou r d’ br i l. m êm e et de so n no m

Imaginez la vie avec Cyrus ! C’est le bonheur dont doivent rêver tous les saintbernard. Chaque fois que mon maître termine un tome de sa vaste encyclopédie qui raconte, j’attends impatiemment la suite pour voir si j’y serai. M’avez-vous aperçu dans le livre ? J’espère vous retrouver au prochain tome !

Index a anomalie.............................. 73 araignée............................... 26 Archimède (principe d’)......... 31 audition..............................134 b bateau................................. 30 Bethléem (étoile de).............. 61 bol alimentaire..................... 50 bouturage........................... 131 c cactus.................................110 calcium............................... 54 capillarité..............................19 charbon.............................. 120 chat...................16, 52, 57, 142 cheval.................................. 34 chien............16, 52, 68, 94, 142 chlorophylle..........................18 cierge du Mexique...............113 clepsydre.............................102 cœur................................17, 86 comète................................. 61 conjonction........................... 62 coquille................................. 45 cordon ombilical................. 144 couleur........ 21, 38, 43, 55, 107 crocodile............................. 66 cycle........................... 102, 128 d diamant.............................. 120 e électron........................ 90, 107 éléphant.............................. 75 étoile.................................... 61

f feu....................................106 fil.......................................... 27 filière..................................... 27 fréquence...................... 91, 134 g glande mammaire................ 54 glande sudoripare................. 67 glucide.................................19 h heure........................... 14, 102 hormones............................. 72 hypophyse.......................15, 72 hypothalamus........................ 72 i iris....................................... 21 l lactalbumine........................ 55 lait...................................... 53 langue..................... 49, 57, 115 ligne latérale......................127 luette.................................. 48 m mélanine.............................. 23 minéraux (minéral).........39, 124 mort.................................... 84 muqueuse........................... 49 n nanisme............................... 73 nombril...............................142 o œil................................ 21, 100 œsophage............................ 50 œuf.............................. 43, 143

oiseau........ 44, 52, 69, 117, 133 oligo-élément...................... 54 ondes (radio)........................ 89 os.................................. 74, 94 ovaire.................................. 130 ovipare................................143 oxyde.................................. 81 oxygène.................. 19, 40, 110 p papilles................................. 59 papillomavirus.................... 139 pendule..............................104 perroquet.................... 115, 135 phonation............................ 51 phosphatherium................... 77 photopériode........................14 photosynthèse.......................19 pigment............................... 23 placenta.............................144 planète................................. 62 poil................................. 13, 58 point de fusion...................... 81 poisson...............................125 pollen................................. 130 poule....................................43 pression..............................122 protéine............................... 54 r raisin...................................129 réflexe.................................. 50 reproduction in vitro.............131 rétrogradation...................... 63 roche.................................. 38 rythme...............................102 s sable.................................. 80 silice..................................... 80

sommeil....................... 99, 127 syntoniseur.......................... 91 système endocrinien..............14 système immunitaire............138 t thermostat........................... 67 thyroïde.......................... 15, 72 tissu conjonctif..................... 49 toile.................................... 26 tourbe...............................122 trachée................................ 50 trompe.................................. 75 v verre................................... 80 verrue................................ 137 vivipare..............................142

Table des matières Qui est Cyrus ?................................................................ 9 Légende���������������������������������������������������������������������� 11 Pourquoi les animaux perdent-ils leur poil ?������������������� 13 Où est le cœur des plantes ?���������������������������������������� 17 Qu’est-ce qui fait la couleur des yeux ?������������������������� 21 Comment les araignées font-elles pour tisser leur toile d’un mur à l’autre ?��������������������������������������� 26 Pourquoi les bateaux flottent-ils ?���������������������������������� 30 Pourquoi les chevaux frappent-ils du pied quand ils nous regardent ?������������������������������������������� 34 Pourquoi la roche est-elle colorée ?������������������������������� 38 Pourquoi les poules pondent-elles des œufs de différentes couleurs ?����������������������������������������������� 43 À quoi sert la luette ?��������������������������������������������������� 48 Pourquoi le lait est-il blanc ?����������������������������������������� 53 Pourquoi les chats ont-ils la langue rugueuse ?������������� 57 Est-ce que l’étoile de Bethléem existe toujours ?������������ 61 Pourquoi les crocodiles dorment-ils la bouche ouverte au soleil ?���������������������������������������� 66 Est-ce que les « nains » peuvent avoir des enfants de taille normale ?������������������������������������� 70 Pourquoi les éléphants ont-ils des trompes ?����������������� 75 Avec quoi fait-on le verre ?������������������������������������������� 80

Après la mort, il y a quelque chose ?����������������������������� 84 Comment les ondes voyagent-elles sans se mélanger ?������������������������������������������������������� 89 Pourquoi les chiens aiment-ils les os ?��������������������������� 94 Pourquoi ferme-t-on les yeux quand on dort ?................ 98 Qui a inventé l’heure ?����������������������������������������������� 102 Pourquoi y a-t-il du feu bleu, du feu jaune et parfois du feu vert ?����������������������������������������������� 106 Est-ce que les cactus donnent de l’oxygène ?�������������� 110 Pourquoi les perroquets sont-ils les seuls à pouvoir parler, à part nous ?������������������������������������ 115 Comment le charbon se change-t-il en diamant ?������� 120 Est-ce que les poissons dorment ?������������������������������� 125 Comment les raisins sans pépins font-ils pour se reproduire ?���������������������������������������� 129 Lorsqu’un oiseau vole, peut-il entendre le battement de ses ailes ?������������������������������������������ 133 Pourquoi les gens ont-ils des verrues ?�������������������������137 Les animaux ont-ils un nombril ?��������������������������������� 142 Imaginez la vie avec Cyrus !��������������������������������������� 147 Index........................................................................... 148

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Cyrus est un vieux savant à la curiosité insatiable. Pas étonnant que les enfants soient si nombreux à le consulter ! Il possède la réponse aux questions les plus pertinentes, les plus étonnantes, celles que tout le monde se pose, celles auxquelles on croit pouvoir répondre mais qui souvent nous laissent bouche bée...

Cyrus, l’encyclopédie qui raconte est une encyclopédie originale qui offre des réponses scientifiques à des questions sur le monde qui nous entoure. Découvrez la Terre et l’espace ; les animaux ; les végétaux ; le corps ; etc.

Pour les curieux de tous les âges !

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