Bekoropoka: Quelques aspects de la vie familiale et sociale d’un village malgache [Reprint 2019 ed.] 9783111630632, 9783111251493


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French Pages 188 [208] Year 1967

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Table of contents :
PRÉFACE
NOTES PRÉLIMINAIRES
TRANSCRIPTION ADOPTÉE
CHAPITRE I. MILIEU CULTUREL ET ÉCOLOGIE
CHAPITRE II. LA PARENTÉ
CHAPITRE III. MARIAGE ET ALLIANCE
CHAPITRE IV. LES GROUPES SOCIAUX FONDÉS SUR LA PARENTÉ
CHAPITRE V. HIÉRARCHIE DES GROUPES SOCIAUX ET CASTES
CHAPITRE VI. LA PARENTÉ DANS L'ESPACE
CONCLUSION
OUVRAGES CITÉS
GLOSSAIRE
INDEX GÉNÉRAL
TABLE DES PLANCHES
TABLE DES FIGURES
TABLE DES MATIÈRES
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Bekoropoka: Quelques aspects de la vie familiale et sociale d’un village malgache [Reprint 2019 ed.]
 9783111630632, 9783111251493

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BEKOROPOKA Quelques aspects de la vie familiale et sociale d'un village malgache

ÉCOLE PRATIQUE DES HAUTES ÉTUDES - SORBONNE VI'

SECTION

: SCIENCES

ÉCONOMIQUES

ET

SOCIALES

CAHIERS DE L'HOMME Ethnologie - Géographie - Linguistique NOUVELLE

PARIS

SÉRIE

VI

MOUTON & CO MCMLXVII

LA HAYE

HENRI L A V O N D È S

BEK0R0P0KA Quelques aspects de la vie familiale et sociale d'un village malgache

PRÉFACE D'HUBERT DESCHAMPS

P A R I S

MOUTON & CO MCMLXVII

LA

HAYE

CET

O U V R A G E

PUBLIÉ

AVEC

LE

DU

CENTRE

LA

RECHERCHE

A

ÉTÉ

CONCOURS

NATIONAL

DE

SCIENTIFIQUE

© 1967 by Mouton & Co, and École Pratique des Hautes Études. Printed in France

PRÉFACE

Be-Koropoka (prononcez : « Bé-Kouroupouka », avec l'accent tonique sur le deuxième ou) signifie : beaucoup d'agitation; une agitation un peu convulsive, comme celle du canard qui prend son vol sur l'eau. Il y a beaucoup de canards et de sarcelles, j'imagine, sur ce marigot saumâtre du delta du fleuve Mangoky, dans le Sud-Ouest malgache, au bord duquel, tout près de la mer, se dispersent les cases du village que M. Lavondès avait élu. Comme notre ami commun, Georges Condominas, qui vécut longtemps l'existence quotidienne d'un village moï de la Chaîne Annamitique et en a tiré des livres étonnants, Henri Lavondès a choisi ce procédé d'étude ethnologique, qui fut celui du grand Malinowski et qui permet, bien audelà des théories et des classifications, de saisir une réalité infiniment complexe et mouvante, comme la nature elle-même. Né en 1926 à Avignon, je crois, licencié ès lettres classiques, diplômé d'études supérieures, il exerce d'abord comme professeur à Saint-Claude, puis à Saint-Jean-de-Maurienne. Et brusquement, cédant à je ne sais quel « call of the wild », il quitte sa chaire et son traitement pour venir recevoir, comme élève, sous le signe de l'O.R.S.T.O.M. (Office de la Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer), une formation d'ethnologue. L'O.R.S.T.O.M. l'envoie ensuite à Madagascar, où l'Institut local est fermement dirigé en ce temps-là par le professeur Millot. L'équipe de Sciences Humaines dans la Grande Ile est alors solide. A côté du vétéran Louis Molet, dont la connaissance des dialectes et des hommes est considérable, les jeunes révèlent tout de suite leur valeur : ce sont les ethnosociologues Ottino et Robineau, le géographe Trouchaud. L'entente entre eux est parfaite et stimulante. Sous la conduite de Condominas une enquête est entreprise dans la basse vallée du Mangoky, où le Gouverneur général Soucadaux, puis le président Tsiranana veulent lancer la culture irriguée

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BEKOROPOKA

du coton. A côté de sa collaboration à des études d'ensemble sur les problèmes humains du Mangoky, qui relèvent plus de la géographie humaine et de la sociologie appliquée, Lavondès réussit à mener à bien ce travail purement ethnologique sur Bekoropoka. Il rentre en France, puis il est, avec Ottino, envoyé en Polynésie. Sa femme, qui l'a imité dans ses études, réorganise le musée de Papeete et en dresse le catalogue. Mais Tahiti est trop acculturée et envahie pour l'ethnologue ; il va chercher un terrain aux Iles Marquises et récolte une ample moisson de récits qui sont autant de témoignages précieux sur la vie ancienne, au temps où Gauguin hantait ces rivages. Il est encore là-bas. Entre la Grande Ile et les petites, il avait mis au point le manuscrit de Bekoropoka qui, présenté en Sorbonne fin içÔ2 comme thèse de 3e cycle, lui avait valu les justes louanges du jury. Esprit incisif, exigeant, Lavondès ne s'en laisse pas imposer par les catégories classiques et les formules sans cesse recopiées. Par-delà la parenté patrilinéaire, jusqu'ici admise pour les malgaches avec certaines « survivances » matrilinéaires, il découvre le vague, le flou des notions mêmes de parenté, et conclut, après de multiples analyses, en définissant une pratique intermédiaire entre un système unilinéaire et un système indifférencié, où il distingue avec précision des apports malayo-polynésiens et des apports africains. Il ne cherche d'ailleurs pas à généraliser abusivement ; il dit ce qu'il a constaté à un endroit donné, en véritable savant modeste et ferme. Mais ces conclusions, pour les malgachisants, sont une donnée précieuse dans un domaine — celui des origines — où tout n'est qu'hypothèse et débats. Sur d'autres points, Lavondès s'en prend à des problèmes classiques de l'ethnologie, notamment à l'irritante distinction entre « clans » et « lignages » sur laquelle personne n'est d'accord et dont certains contestent la validité. Lavondès démontre que, dans la société malgache qu'il étudie (et c'est aussi valable, me semble-t-il, pour d'autres), les mots foko (« clan ») et firazana (« lignage ») répondent bien à des réalités distinctes. Il définit très exactement leur caractère et la nature des relations que l'un et l'autre comportent. Une excellente analyse des droits fonciers montre leur portée d'autant plus évanescente que la densité de peuplement et la permanence de l'installation sont plus faibles. Mais je ne puis citer dans cette préface toutes les richesses de ce petit livre. Lavondès est l'homme qui ne s'en laisse pas conter et qui veut toucher le réel — tel saint Thomas l'apôtre, patron de la méthode scientifique. La clarté d'esprit de notre auteur, dominant aisément un sujet embrouillé

PRÉFACE

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s'il en fût, transparaît aussi dans sa langue, pure, agréable, sans fautes de français (on retrouve là le professeur de lettres classiques ) ni cet étalage prodigue de mots obscurs et de dogmatisme livresque qui gâchent parfois de bonnes thèses écrites par des gens sans doute pas très sûrs d'eux-mêmes. Ici tout repose sur les faits, sur l'observation minutieuse, souvent rendue d'une manière pittoresque. C'est un modèle de travail ethnographique, qui apporte de vastes perspectives sur l'ethnologie et l'histoire. Je suis heureux que la Grande Ile en ait bénéficié. Nous devons espérer beaucoup de M. Lavondès dans l'avenir. Hubert

DESCHAMPS.

Professeur à la Sorbonne.

NOTES PRÉLIMINAIRES

Les matériaux utilisés pour la rédaction du présent ouvrage ont été rassemblés dans le cadre des travaux de la Mission sociologique du Bas-Mangoky, envoyée par l'Institut de Recherche Scientifique de Madagascar, organisme dépendant de l'Office de la Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer. Les objectifs de la Mission ont été définis par G. Condominas1 qui traça le programme de chaque chercheur et dirigea, une partie du temps, les recherches sur le terrain. L'idée essentielle était d'établir un inventaire socio-économique d'une région peu connue de Madagascar, en vue de l'étude des problèmes humains posés par un projet de mise en valeur du delta du Mangoky, comportant l'irrigation de vastes superficies et la culture intensive du coton, selon des méthodes mises au point par la Station expérimentale de Tanandava. Trois chercheurs composaient la Mission : P. Ottino (ethnologie économique), J.-P. Trouchaud (géographe) et moi-même. Le travail sur le terrain a été réalisé en équipe et les publications des différents membres de la Mission reposent pour une large part sur des idées et des matériaux élaborés en commun. L'étude présentée ici doit donc beaucoup aux recherches et aux suggestions de mes collègues. Les travaux de l'O.R.S.T.O.M. dans le delta du Mangoky sont à l'origine d'une série de publications, conçues pour la plupart selon l'optique de la recherche appliquée, qui figurent groupées à part à la fin de la bibliographie. J'ai séjourné sur le terrain pendant deux périodes. J'ai tout d'abord passé treize mois sans interruption dans la région du Mangoky, de novembre 1957 à novembre 1958, résidant soit au centre administratif de Morombe, soit dans divers villages du delta : Antongo, Beadabo, Ambahikily, Tanandava, Mangolovolo et, bien entendu, plus que 1 . G . C O N D O M I N A S , Perspectives et programme de l'étude sociologique du Bas-Mangoky, ronéo, O.R.S.T.O.M., Paris, 1959.

BEKOROPOKA

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FIG.

I.



Delta du Mangoky.

Situation.

NOTES

PRÉLIMINAIRES

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partout ailleurs, à Bekoropoka, la communauté villageoise qui a fourni le cadre du présent travail, soit encore dans les hameaux temporaires établis sur la zone inondable pour la culture des pois du Cap. Il a donc été possible de suivre les activités de Bekoropoka (où je m'étais fait construire une case), sinon d'une manière continue, du moins pendant une période couvrant toute la durée d'une année agricole. Au cours de l'année 1961, pendant une période allant de mars à septembre, j'ai pu à nouveau effectuer à Bekoropoka plusieurs petits séjours de une à trois semaines, totalisant environ trois mois. La rédaction a eu lieu à Paris, pendant l'année scolaire 1961-1962, sous la direction de G. Condominas, Directeur d'Études à l'École Pratique des Hautes Études. Ma dette à son égard est immense : conseils méthodologiques sur le terrain, délimitation du sujet, indications quant à l'idée directrice, orientation bibliographique qui a fourni le cadre théorique de ce travail. Le manuscrit a également bénéficié des critiques formulées par M. le professeur H. Deschamps. Enfin, les observations de M. le professeur L. Dumont, ont grandement contribué à me faire rectifier et clarifier certaines positions théoriques. A Madagascar, outre les diverses autorités administratives et scientifiques sans l'appui desquelles il ne m'aurait pas été possible de mener à bien ce travail, je tiens à remercier pour leur collaboration bénévole M. Zanatany, MM. les instituteurs de Beadabo, d'Ambahikily et d'Antongo, et bien entendu tous les habitants de Bekoropoka et tout particulièrement parmi eux Homia, Zistoara, Mahaselore, Tsimifatsy, Mahakirinjo, Paoly, Hanova...

TRANSCRIPTION ADOPTÉE Notre travail n'ayant pas un caractère linguistique, nous avons cru pouvoir adopter sans modification la transcription traditionnelle du Merina, qui est la langue malgache officielle. Nous avons dû cependant introduire un signe supplémentaire : /n/ qui transcrit le «n vélaire », phonème présent dans le dialecte masikoro et absent en merina1. Signalons quelques particularités à l'attention des non-malgachisants : — o est prononcé ou (comme dans « mou »). — j est prononcé dz. — L'accent grave sur une voyelle note l'accent tonique lorsque sa position n'est pas déterminée par les règles de l'accentuation malgache. 1. Au cours de la rédaction de ce travail, le A a été introduit dans l'orthographe malgache officielle, pour la transcription du n vélaire, par le décret n° 62-404 du 9 août 1962.

FIG. 2. — Madagascar, principaux groupes (D'après Ch. Robequain.)

ethniques.

CHAPITRE

I

MILIEU CULTUREL ET ÉCOLOGIE A. — L E MILIEU CULTUREL L'essentiel des matériaux utilisés pour l'élaboration de ce travail a été recueilli dans le village de Bekoropoka, situé sur la rive gauche du delta du Mangoky, dans le canton d'Antongo du district de Morombe. Le problème qui se pose immédiatement est de savoir dans quelles limites les résultats acquis peuvent être généralisés. Sa solution est loin d'être facile. I. —

L E PROBLÈME DES A I R E S

CULTURELLES

Profonde unité dans ses grandes lignes, extrême diversité dans les détails, telle apparaît la culture malgache. C'est surtout son aspect unitaire qui a retenu l'attention des auteurs tant malgaches qu'européens1. C'est en s'appuyant sur « l'unité de la civilisation malgache » reconnue par « tous les grands malgachisants » que M. Richard Andriamanjato, par une sorte de pari implicite, s'est cru autorisé à intituler son pénétrant ouvrage : Le tsiny et le tody dans la pensée malgache2 — et le pari est gagné, puisque au tsiny des hauts plateaux correspond dans l'aire culturelle étudiée une notion tout à fait identique, encore que plus rustique, le havoa3. Récemment encore, l'unité malgache est affirmée par M. Deschamps : « C'est la même impression d'unité que nous donne l'ethnographie, qu'il s'agisse des techniques, de la société ou des traits culturels »4.

La définition du fonds commun sous-jacent aux diverses manifestations locales de la culture malgache fait l'objet dans son ouvrage 1. Pour l'importance prise par la notion malgache et du tanindrazana dans le nationalisme malgache, cf. O . H A T Z F E L D , Madagascar, pp. 1 1 6 - 1 1 7 . 2. R . A N D R I A M A N J A T O , Le tsiny et le tody dans la pensée malgache. 3. Cf. p. 48 et Glossaire. 4. H. D E S C H A M P S , Histoire de Madagascar, p. 2 1 .

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BEKOROPOKA

d'un chapitre de synthèse intitulé « La civilisation des ancêtres s1, titre qui en met en relief le caractère essentiel. La conséquence de cette réelle unité de la culture malgache est que, lorsqu'on veut la saisir dans sa diversité et tenter de définir des aires culturelles, on se trouve devant une multitude de variantes locales, présentant souvent des différences minimes et portant sur une aire géographique très restreinte, dont il est très difficile de faire le classement systématique. C'est ce qui ressort du monumental travail des Grandidier2 qui présentent une documentation ethnographique d'une richesse inégalable mais sans aucun esprit systématique, dans la confusion d'un texte surchargé de notes, de notes aux notes, et de notes au troisième degré. Certes, de nombreuses monographies ont été écrites sur divers groupes ethniques de Madagascar, mais du fait des formations et des préoccupations diverses de leurs auteurs, elles sont loin d'être comparables entre elles, et, de plus, elles ne couvrent pas l'ensemble de l'île. On comprend donc que l'anthropologue de profession qu'était Linton ait senti la nécessité de définir, préalablement à tout travail, les aires culturelles de Madagascar3. Son article dans Y American Anthropologist (1928) peut être considéré comme un modèle méthodologique dont il conviendrait de s'inspirer, à l'occasion de toute tentative de révision. Il distingue trois aires culturelles : l'aire I qui englobe les populations de la côte est ; l'aire II, celles des plateaux ; l'aire III, celles de l'extrême sud et de l'ensemble de la côte ouest. Mais son travail reste très superficiel ; outre de nombreuses erreurs de détail (Andriamandresy assimilé à un dieu, par exemple)4, il repose sur une documentation incomplète5. Si le découpage en aires, tel que l'a opéré Linton apparaît satisfaisant, l'analyse de détail des traits culturels à l'intérieur de chaque aire aboutit parfois à une simplification exagérée qui rend insuffisamment compte de la complexité des situations malgaches. Considérons, par exemple, les passages consacrés à la caractérisation des systèmes matrimoniaux. Linton constate dans l'aire II (hauts-plateaux) la présence de deux systèmes matrimoniaux : « Le mariage était endogame chez les Merina et les Sihanaka, exogame chez les Betsileo ». 1. Ibid., pp. 128-148. 2. A. et G. GRANDIDIER, Ethnographie de Madagascar, 4 tomes en 5 volumes, 1908 à 1928. 3. R. LINTON, « Culture areas in Madagascar », American Anthroropologist, 1928, vol. 30, n» 3, pp. 363-390. 4. R. LINTON, ibid., pp. 388-389. 5. Il faut tenir compte qu'à la date de l'article, aucune des grandes monographies sur Madagascar n'avait été publiée, et que Linton a fait œuvre de pionnier.

MILIEU

CULTUREL

ET

ÉCOLOGIE

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Le système merina est caractérisé ainsi : « Les demi-frères de mère différente pouvaient se marier et le mariage des enfants de deux frères ou d'un frère et d'une sœur était attendu. Il était absolument interdit aux enfants de deux sœurs ou à leurs descendants en ligne féminine de se marier ».

Le système betsileo est tout différent : « Les Betsileo interdisent le mariage entre des personnes ayant un ancêtre commun sur quatre générations, que ce soit en ligne masculine ou féminine s 1 .

Pour l'aire III, Linton caractérise ainsi le mariage : « Il est habituellement endogame, bien qu'il n'y ait pas de règles fixes. Les enfants de sœurs ou de demi-frères et sœurs ne peuvent se marier, mais le mariage des enfants de deux frères ou d'un frère et d'une sœur est fortement approuvé »2.

La formule est prudente, mais ne rend pas suffisamment compte de la complexité de la situation, dans la mesure où, d'après ces lignes, le seul type de mariage pratiqué dans l'aire III semble être assimilable au mariage merina. Les règles matrimoniales énoncées par Linton s'appliquent effectivement aux Mahafaly, probablement aussi aux Tandroy et aux Bara3. Mais elles ne s'appliquent pas au système matrimonial que nous avons vu fonctionner à Bekoropoka et dont nos informateurs nous ont attesté la présence à Morondava. Ce système 1.

R . L I N T O N , op.

2. R . LINTON, ibid.,

cit.,

p.

379.

p . 387.

3. Cf. J . F A U B L É E , La cohésion des sociétés bara, particulièrement pp. 32-33. M. Faublée, auquel on doit une masse inappréciable de matériaux absolument sûrs sur une ethnie proche de celle que nous étudions, est malheureusement très peu explicite sur ce point essentiel. Cependant il semble qu'on puisse déduire l'existence du mariage de toute espèce de cousins, à l'exception des enfants de deux sœurs, des passages suivants : « On peut épouser un consanguin, à condition de rompre l'interdit par le rite tandra, en ligne paternelle. Le mariage endogame évite de donner des bœufs dans une famille étrangère. E n ligne féminine, il est impossible d'annuler la prohibition qui isole les enfants de sœurs » (p. 32). Ceci semble impliquer le mariage des cousins parallèles et croisés, du côté paternel, et des cousins croisés seulement, du côté maternel. M. Faublée écrit plus loin : « Par contre, des familles préfèrent se marier entre elles, et occupent souvent les mêmes villages — raza pifanambali, raza pifanupututi (Andramira-Andrasavula, Sambea-Nariyamana, Tekalilana-Mangurukavarati, Zafindravula-Tehala, par exemple, qui pensent descendre d'une seule raza endogame, mais accomplissent le tandra avant toute union) ». Dans un autre ouvrage, M. Faublée est çlus explicite : « Dans la même génération, les enfants de deux frères, les freres comprenant les cousins, les enfants d'un frère et d'une sœur, peuvent se marier à condition de célébrer une cérémonie propitiatoire, le tandra. Mais rien ne peut rompre l'interdit qui sépare les enfants de deux sœurs. Leur union est toujours incestueuse. » ( J . F A U B L É E , Récits bara, p. 26.) L a forte divergence observée dans les pourcentages d'unions endogamiques chez les Masikoro du Mangoky et chez les Bara confirme l'existence de deux systèmes matrimoniaux différents. (Cf. p. 72, n. 1.) 2

i8 e s t p a r f a i t e m e n t c a r a c t é r i s é p a r les l i g n e s écrites par L i n t o n à propos des Betsileo.

BEKOROPOKA ci-dessus

mentionnées,

E n f a i t , on se t r o u v e e n p r é s e n c e d e d e u x s y s t è m e s m a t r i m o n i a u x d i f f é r e n t s , l a r g e m e n t r é p a n d u s d a n s t o u t e l'île. S e l o n le p r e m i e r , le m a r i a g e est interdit à l'intérieur d ' u n ensemble de parents en ligne i n d i f f é r e n c i é e sur q u a t r e g é n é r a t i o n s (dans l a l i t t é r a t u r e a n g l o - s a x o n n e , u n t e l g r o u p e e s t p a r f o i s d é s i g n é p a r le t e r m e kindred1). D a n s l e s e c o n d s y s t è m e , le m a r i a g e est a u t o r i s é e n t r e toute espèce d e c o u s i n s c r o i s é s o u parallèles, sauf entre les enfants de d e u x sœurs. L e s d e u x s y s t è m e s p e u v e n t f o r t b i e n c o e x i s t e r d a n s l a m ê m e z o n e e t j u s q u e d a n s le m ê m e v i l l a g e 2 . D a n s c e s c o n d i t i o n s , n o u s n e c r o y o n s p a s q u e le s y s t è m e m a t r i m o n i a l p u i s s e ê t r e utilisé c o m m e c r i t è r e p o u r l a d é f i n i t i o n d ' a i r e s culturelles à Madagascar. A u point de v u e de la nomenclature de parenté, l'aire I I I définie p a r L i n t o n a p p a r a î t e n c o r e t r è s h é t é r o g è n e . L e s M a h a f a l y (situés a u s u d - o u e s t d e l ' a i r e e n q u e s t i o n ) o n t u n e t e r m i n o l o g i e q u i se c a r a c t é r i s e p a r l ' e m p l o i d ' u n s e u l j e u d e t e r m e s p o u r d é s i g n e r les f r è r e s o u l e s s œ u r s c l a s s i f i c a t o i r e s o u v r a i s , q u ' e g o soit u n h o m m e o u u n e f e m m e . L e s M a s i k o r o d u M a n g o k y (et p r o b a b l e m e n t aussi c e u x d e T u l é a r ) o n t d e u x j e u x de termes pour désigner leurs frères et leurs sœurs : l ' u n qui est 1. Sur le concept et le terme de kindred, on peut se reporter à F. E G G A N , « The Sagada Igorots of northern Luzon », in J. P. M U R D O C H , Social Structure in South-East Asia, pp. 29-31, et plus particulièrement à la note 7, p. 159, que nous reproduisons dans le texte original : « Goodenough (1955), in surveying the various types of bilateral kin groups found in Oceania, has found it useful to distinguish the group of bilateral relatives surrounding any particular individual or sibling group (the ' kindred ' of Rivers and Murdock) from the group of relatives descended from a common ancestor (the ' kindred ' of Notes and Queries, 5th edition, 1929). The latter, which Goodenough calls * nonunilinear descent groups can take several forms, as he notes. In our studies of the Igorots of the Mountain Province I have found it convenient to refer to the first type as the * personal kindred following Leach, or the ' kinship circle and to the local variant of the second type as the ' bilateral descent group '. The term ' conical clan proposed by Kirchhoff (1955) and used by him in a discussion of Igorot society, is also apt, but he gives it a wider meaning and a broader significance than we believe is warranted at present. » 2. Nous aurons l'occasion de constater la coexistence des deux systèmes dans la région de Mangoky (cf. p. 122). Elle se manifeste aussi dans le Menabe : à Morondava, notre principal informateur, M. Mahonjo, un Tetembola, nous a montré un cahier sur lequel étaient consignés les tantara et les lilindraza (histoires et prescriptions des ancêtres) de son firazana (clan). Peuvent se marier : les enfants de deux frères (anake olo mirahalahy), les enfants d'un frère et d'une sœur (anake olo mianadahy). Le mariage est interdit entre : les enfants de deux sœurs (anake olo mirahavavy). Il nous avait cependant déclaré auparavant, et d'autres informateurs l'ont confirmé, que les règles matrimoniales les plus répandues dans la région interdisent le mariage entre deux personnes ayant un arrière-grand-père commun (la parenté étant comptée en ligne indifférenciée).

MILIEU

CULTUREL

ET

ÉCOLOGIE

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employé par ego masculin, l'autre par ego féminin. Les Sakalaves de la région de Morondava ont un système identique au précédent, à un détail près : les ascendants de la deuxième et de la troisième générations, confondus sur le Mangoky, sont désignés à Morondava par deux termes différents : dady et raza. La nomenclature des Sakalaves du Sambirano repose sur des principes structuraux entièrement différents : la mère, la femme du frère de la mère, la sœur du père, confondues sous un même terme dans les systèmes précédents, ont chacune une appellation propre, respectivement nindry, zena, angovavy. Ego désigne par le terme zanaka ses propres enfants, les enfants de son frère et ceux de la sœur de sa femme ; par le terme asidy, les enfants de sa sœur et ceux du frère de sa femme. Dans la mesure où il y a concordance entre les structures sociales et la nomenclature de parenté, on peut supposer que les systèmes familiaux du nord et du sud de l'aire III présentent des différences profondes1. Ces quelques exemples, choisis à dessein dans le domaine des systèmes de parenté, montrent à quel point il serait dangereux de généraliser outre mesure les faits décrits dans ce travail et, particulièrement, à l'ensemble de l'aire III définie par Linton. De plus, en l'absence de toute étude monographique d'ensemble portant sur les Sakalaves 2 , il n'apparaît même pas prudent de considérer les faits observés comme caractéristiques de l'ensemble des populations englobées par cette désignation ethnique. Dans l'état actuel des recherches, nous ne croyons donc pas pouvoir proposer une solution définitive au problème que nous avons soulevé au début de ce chapitre. D'après quelques sondages effectués dans la région de Morondava et les informations communiquées par des Masikoro du Mangoky originaires de Tuléar, il semble pourtant, qu'au moins dans leurs grandes lignes, les résultats présentés ici puissent être généralisés à une zone minima couvrant les anciens royaumes de Fiherena et du Menabe, c'est-à-dire à la portion de la côte ouest située entre l'Onilahy et le Manambolo.

I I . — - HISTOIRE DU PEUPLEMENT DU SUD-OUEST. COUCHES CULTURELLES

Bien des obscurités environnent l'histoire de cette zone et de son peuplement. Faute d'un recueil de traditions d'une ampleur compa1. Ces renseignements sur les Sakalaves du Nord nous ont été communiqués oralement par M. Ottino. 2. De nombreux t r a v a u x ont été publiés sur les Sakalaves. Il convient en particulier de mentionner la remarquable contribution des missionnaires norvégiens, mais elle porte soit sur des questions historiques, soit sur des problèmes ethnographiques de détail.

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rable à l'ouvrage du R.P. Callet, le Tantaran'ny Andriana, véritable somme des traditions orales des Merina des Hauts-Plateaux, on doit se contenter des renseignements épars figurant dans les récits des voyageurs européens qui, depuis 1500, ont visité les côtes de Madagascar 1 . Nous avons aussi puisé dans les traditions recueillies par le missionnaire norvégien, Birkeli, et présentées soit dans la langue originale 2 soit en français 3 , mais sous une forme qui respecte fidèlement les récits rapportés par ses informateurs. On peut accorder la plus grande confiance à l'authenticité de ces documents ; chaque fois que l'occasion s'est offerte à nous de les recouper par des témoignages contemporains, preuve fut donnée et du scrupule scientifique avec lequel ils ont été rassemblés, et de la stabilité de la tradition. Tout en recueillant les « traditions de race » (nous préférerions dire les traditions de clans), Birkeli s'est attaché à relever et à classer d'après la forme et le nombre des échancrures, les marques d'oreilles des bœufs (sofinaombe) caractéristiques des différents clans de la côte ouest. Il distingue un premier lot caractérisé par des marques apparentées aux types ohimala.no (queue de poisson) et ohintsotro (queue de cuiller). Dans ce groupe figurent un lot de clans variés, dont un grand nombre sont des clans de Vezo pêcheurs, des clans Mikea dont une partie a encore aujourd'hui un genre de vie forestier et en est à un stade de civilisation de cueillette 4 , les clans 1. R . P . C A L L E T , Tantaran'ny Andriana eto Madagascar, 2 vol. 2. E . B I R K E L I , « Folklore sakalave recueilli dans la région de Morondava », Bulletin de l'Académie Malgache, 1922-1923, pp. 185-423. 3. E . B I R K E L I , Marques de bœufs et traditions de race. 4. L'existence à Madagascar d'une civilisation (ou tout au moins d'un genre de vie) de cueillette est attestée à la fois dans le temps et dans l'espace par de nombreux témoignages. Pour ce qui concerne la côte est, on se reportera à R . L I N T O N , The Tanala, a Hill Tribe of Madagascar ; pour la côte ouest, aux divers travaux de Birkeli. On voit dans le journal d'Albert Drury (in A. et G . G R A N D I D I E R , Collection des ouvrages anciens concernant Madagascar, 1903 à 1920, t. IV), comment on passait sans effort d'un genre de vie agro-pastoral à la cueillette pure, quand les nécessités des déplacements ou les dévastations causées par les guerres l'exigeaient. On rapprochera les indications de Drury du témoignage de Flacourt : « Il y a en plusieurs endroits des hommes vraiment sauvages que l'on nomme ' Ompizées ' : Mpizeho [les traînards], Mpisehaseha [les hardis], qui ont femmes et enfants, qui laissent croître leur poil et qui vont tout nus, se contentant d'une feuille de balisier [de ravenale] pour couvrir leur nudité. Ils vivent dans les bois les plus épais et les moins fréquentés, fuient la conversation des autres nègres [Malgaches], vivent de pêche, de chasse, de fruits et de racines qu'ils trouvent dans les bois, de miel sauvage, comme aussi de sauterelles et de locustes. » ( F L A C O U R T , « Histoire de la Grande île de Madagascar », in A. et G . G R A N D I D I E R , op. cit., t. V I I I , p. 18. Les passages entre crochets sont les commentaires de Grandidier.) A u moins sur le Mangoky (mais cf. aussi à ce sujet F L A C O U R T , ibid., pp. 97 et 169), la régression vers un genre de vie de cueillette est redoutée : Mahakirinjo, ombiasa (devin guérisseur) à Bekoropoka, exposant le système des vinta (destins) déclare à propos du destin d'Alahasady que « ceux qui sont nés sous ce destin le jeudi n'aiment pas cultiver ; ils n'aiment que les menus travaux : pêcher, chercher du miel, chercher des racines ». Entre autres remèdes destinés à conjurer ce destin, des raclures de kipao, sorte de

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Vazimba 1 , des clans qui se rattacheraient au groupe très mystérieux des Antanandro 2 . Les clans qui ont des marques d'oreilles du type « fer de lance » ou caractérisées par des découpures carrées forment un second groupe, arrivé en pays sakalave avec les dynasties Maroseraña et Andrivola. On peut considérer que l'analyse de Birkeli est valable au moins dans ses grandes lignes et nous apporte un certain nombre de certitudes. Les traditions sur lesquelles elles se fondent, ont été rapportées par suffisamment d'auteurs en dehors de Birkeli, et nous avons eu assez souvent l'occasion de les recouper nous-mêmes, pour qu'on puisse estimer que le doute est exclu. La première de ces certitudes est qu'à une époque que l'on peut fixer approximativement entre la fin du x v i e siècle et le début du x v n e , un fond de population plus ancien a été recouvert par une vague conquérante venue du Sud avec les dynasties régnantes actuelles. La seconde est que la culture d'une partie, sinon de la totalité des éléments formant la couche la plus ancienne, ne comportait pas certains des traits les plus caractéristiques de l'état culturel actuel et que ces traits ont été apportés par la couche conquérante. Les éléments les plus anciens de la population ne pratiquaient pas la circoncision et n'avaient pas de hazomanga (pieu commémoratif des sacrifices aux ancêtres). Ces deux institutions peuvent être considérées comme la base de la société patriarcale actuelle3. D'autres traits encore, particulièrement dans le domaine religieux, caractérisent la couche ancienne. Nous espérons revenir sur la question à l'occasion d'un autre travail.

pelle en bois utilisée par les Mikea pour déterrer les racines comestibles, servent à faire des taches sur le front de l'enfant à protéger. Sur les Mikea, on consultera un article récent : L. MOLET, « Aperçu sur un groupe nomade de la forêt épineuse des Mikea », Bulletin de l'Académie Malgache, 1958. 1. Sur les Vazimba de la côte ouest, on consultera E. Birkeli, Les Vazimba de la côte ouest de Madagascar. Sur leur mystérieuse origine, nous faisons nôtre l'hypothèse présentée par M. Deschamps : « ... rien n'empêche d'imaginer que les Vazimba soient des noirs venus de la Côte Est d'Afrique avec les protomalgaches, après avoir fait alliance avec eux et avoir été plus ou moins assimilés ». ( H . DESCHAMPS, Histoire..., op. cit., p. 25, note). 2. Selon Birkeli, les Antanandro, population d'agriculteurs connaissant la riziculture, furent complètement absorbés par les Sakalaves. C'est également le point de vue de Grandidier qui parle des Antanandro, « tompontany comme les Vazimba du Menabe, ancêtres des Betsileo de l'ouest ». (A. et G. GRANDIDIER, Ethnographie..., op. cit., t. III, p. 516.) 3. Aujourd'hui encore, la plupart des clans vezo et, selon un informateur venu d'Ihotry, lui-même Mikea, des groupes mikea ne pratiquent pas la circoncision. Selon M. Zanatany, membre de la famille royale, les habitants du Bas-Mangoky n'avaient pas de hazomanga avant l'arrivée de la dynastie Andrivola et faisaient les cérémonies religieuses sous les tamariniers. Le droit au hazomanga aurait été à l'origine un privilège conféré par le souverain.

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II. —

SAKALAVES OU MASIKORO ?

Avant d'en arriver à Bekoropoka, un autre point doit être précisé. Quelle est l'appellation ethnique exacte des populations de la rive gauche du Mangoky ? Certaines cartes ethniques étendent jusqu'à l'Onilahy, au sud de Tuléar, la zone de peuplement sakalave. Toutes les populations de la plaine côtière depuis le Sambirano jusqu'à l'Onilahy, sont en effet recensées sous l'étiquette sakalave, la seule reconnue par l'administration. En fait, jamais un habitant de la rive gauche du BasMangoky, mis à part quelques lettrés, ne se déclarera spontanément Sakalave, il dira toujours qu'il est ou Masikoro ou Vezo. Selon Grandidier, la distinction entre Vezo et Masikoro correspond seulement à une différence dans les genres de vie, les Masikoro étant les agriculteurs de l'intérieur et les Vezo, les pêcheurs du littoral. En fait, ses vues ne sont valables que pour les populations qui habitent au nord du delta du Mangoky. Dès Morondava en effet, les populations se considèrent comme Sakalaves et se classent comme Vezo ou comme Masikoro, selon leur activité. Nous avons pu constater que la distinction était encore faite jusqu'à Maintirano. Au contraire, dans le delta du Mangoky et, au sud de celui-ci, jusqu'à l'Onilahy, la distribution entre Vezo et Masikoro correspond à une distinction ethnique. Un Vezo devenu agriculteur et établi à l'intérieur des terres, ne cessera pas pour autant de se considérer comme Vezo et son origine ethnique restera toujours reconnaissable par les particularités de son dialecte 1 . L'explication de cette situation confuse a été apportée par un informateur de Birkeli : « Ces gens [les Masikoro] v e n a i e n t du S u d e t le p a y s de la m a j o r i t é d ' e n t r e e u x é t a i t connu sous le n o m de Masikoro. C e t t e a p p e l l a t i o n se fixa, e t c ' e s t le n o m q u e les V e z o [population littorale] e m p l o i e n t j u s q u ' a u j o u r d ' h u i p o u r dist i n g u e r les gens d e l'intérieur. B i e n q u e l a p o p u l a t i o n du N o r d ne soit p a s ' m a s i k o r o ', les V e z o , é t a n t des v o y a g e u r s , a p p l i q u a i e n t p a r t o u t le n o m . Ainsi, m a s i k o r o est d e v e n u le s y n o n y m e de p a y s a n q u i c u l t i v e la terre »2.

On rendra donc leur véritable appellation ethnique de Masikoro aux populations de l'intérieur, incluses dans l'ancien royaume du 1. L e dialecte v e z o se caractérise p a r l'absence des affriquées r é t r o f l e x e s —fre t - d r - , c o n f o n d u e s a v e c les affriquées d e n t a l e s - t s - e t - j - (notant - d z - ) . E x e m p l e : V e tsano = M s k trano, la maison ; V e anjo = M s k andro. U n e occlusion g l o t t a l e correspond au - n - du suffixe possessif -ny—. E x e m p l e : V e tana'e = M s k tanany, sa main. Ceci est v a l a b l e p o u r les V e z o de M o r o m b e . L e s V e z o de L a m b o h a r a , outre les p a r t i c u l a r i t é s précédentes, o n t u n certain n o m b r e d e p r o n o m s personnels q u i leur s o n t propres. Ces p a r t i c u l a r i t é s dialectales, certains t r a i t s culturels propres (absence de circoncision, n o t a m m e n t ) f o n t q u e l'existence d ' u n e ethnie vezo, différente de l'ethnie masikoro, p a r a î t incontestable. 2. E . BIRKELI, « F o l k l o r e s a k a l a v e . . . », op. cit., p . 370.

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Fiherena (en fait, il vaudrait mieux dire les royaumes du Fiherena car, depuis le milieu du x i x e siècle au moins, la dynastie des Andrivola s'est fragmentée en un nombre variable de lignages, correspondant à autant de principautés indépendantes). L'appellation de Masikoro a en outre l'avantage de rappeler le passé historique de cette population, et ses migrations. Flacourt décrit en effet un « pays des Machicores », limité par l'Anosy, le pays Antandroy, le pays Mahafaly 1 , où se situe l'origine probable de la population qui a accompagné la dynastie Andrivola dans sa conquête du Fiherena.

III.



L E MANGOKY

DANS L'HISTOIRE

DU

SUD-OUEST

Les traditions orales ne font que deux mentions de la rive gauche du Mangoky. L'une se rapporte à une époque ancienne (première moitié du x v n e siècle) et rappelle les combats qui ont eu lieu dans la région entre Andriandahifoty et les souverains Andrivola. La seconde a trait à l'arrivée de Tsitakatsandro qui, n'étant point aimé par son père, reçut en héritage la partie nord du royaume, la plus ingrate. Il est probable que la rive gauche du Mangoky, à la frontière des royaumes du Fiherena et du Menabe resta dans l'intervalle une région de marche, où l'autorité royale, si tant est qu'elle se manifestât, s'exerça de manière intermittente et resta très théorique. En tout cas, dans l'esprit des habitants actuels de la rive gauche, l'apparition de la royauté dans le pays remonte à l'arrivée de Tsitakatsandro (vers 1850). Au moment où commence l'époque coloniale, le Fiherena était divisé en quatre royaumes indépendants, centrés respectivement sur Tuléar, Befandriana, le Kitombô et Morombe. Aux trois premiers correspondent effectivement aujourd'hui encore trois importants lignages Andrivola. Du dernier, nous n'avons pas trouvé de traces. Peut-être fut-il fondé par Mahatindry, un fils de Tsitakatsandro. Selon nos informateurs de Bekoropoka, c'était un mpanjaka dahalo (un souverain « brigand ») qui vola à Ndramananga (qui est à l'origine de la dynastie actuelle du Mangoky) les jiny (reliques), symbole de la puissance royale, et partit avec elles à Voreha 2 . Il faut souligner encore que, si les mouvements de population ont été de tout temps très importants sur la côte ouest, le brassage a dû 1. FLACOURT, op. cit., p. 73. Il est à noter que les correspondances phonétiques entre le dialecte masikoro et le dialecte tanosy (Msk - t - = Tno - t s - : foty = fotsy, blanc) données par Flacourt sont encore valables aujourd'hui. 2. Sur l'histoire du royaume du Fiherena, on consultera E. FAGERENG, « Dynasties Zafindravola et Andrevola », Bulletin de l'Académie Malgache, 1947-1948, pp. 115-135. Pour une mise au point récente, cf. G. CONDOMINAS, Perspectives et programme d'une étude sociologique du Bas-Mangoky, pp. 4 et suiv. et H. DESCHAMPS, Histoire..., op. cit., p. 96.

g). Silhouette du

village.

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être particulièrement intense dans cette zone frontière1. Ces données sur l'histoire culturelle et événementielle de la zone, sur les particularités qu'elle tient de sa situation, constituent le cadre indispensable dans lequel il convient de replacer, pour une juste appréciation, l'idée directrice de ce travail. Peut-être ne sont-elles pas étrangères à la relative faiblesse de l'organisation clanique et lignagère et à l'importance correspondante prise par les relations de parenté en ligne indifférenciée.

B. — L E V I L L A G E D E B E K O R O P O K A En raison de l'intérêt économique exceptionnel que présentent les riches alluvions du delta du Mangoky, la région a fait l'objet de nombreuses études, déjà publiées, ou en cours de publication. On y trouvera toutes les données essentielles relatives à la géographie du delta, à l'écologie, à la démographie et à la composition ethnique actuelle de ses populations, à leurs genres de vie, à leurs activités économiques et aux perspectives ouvertes au développement économique et social2. Ces travaux offrent le cadre de référence auquel il convient de se reporter pour situer la présente étude. Il ne sera donné ici que quelques indications relatives au village de Bekoropoka. Bekoropoka est situé à cinq ou six kilomètres de la mer, sur la rive droite du Kitombô, l'ancien lit du Mangoky, qui était encore fonctionnel dans les dernières années du x i x e siècle et que les plus vieux habitants du village se souviennent encore d'avoir vu couler. Cette situation lui donne par rapport aux autres villages du delta une originalité frappante. Quand on arrive en saison des pluies, au mois de mars, par la piste charretière qui part d'Ankazomanga, on est surpris, après avoir traversé les villages de la zone forestière, de déboucher sur un paysage découvert et aussi humanisé. On circule entre de hautes murailles de maïs bien sarclé, planté sur des parcelles jointives que délimitent les 1 . D E T H U Y , Étude historique de la province de Tuléar, signale que du temps des rois, il était interdit sous peine de mort de quitter le royaume. Il ne faut pas prendre cette affirmation au pied de la lettre et en conclure à la stabilité de la population. Une telle mesure traduit au contraire le mécontentement des souverains que leurs sujets n'hésitaient pas à quitter pour se chercher un autre protecteur lorsque leur autorité se faisait oppressive. Nous avons ainsi rencontré dans la région de Morondava un évangéliste dont le grand-père avait fui la région de Tuléar pour soustraire ses filles à la concupiscence du souverain. 2. On trouvera ces publications groupées à part dans la bibliographie. On consultera en particulier les travaux de M. Battistini et la thèse pour le doctorat ès sciences économiques de M. Ottino qui constitue une véritable somme sur la vie économique du Mangoky (particulièrement les pages 71-83 et 128-196). M. Trouchaud, géographe, a fait sur le Mangoky un important travail encore inédit.

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lignes sinueuses que tracent les touffes d'akata manitse1. Ceci contraste avec les champs de culture sur brûlis de la zone forestière, îlots encerclés par la forêt, où le maïs émerge du fouillis des branchages non consumés, au milieu des grands arbres non abattus et des souches calcinées. A u mois de juillet, en saison sèche, alors que tout est desséché sur les brûlis et que seules les rives du Mangoky, découvertes par la décrue, sont intensément cultivées, sur les baiboho2 de Bekoropoka, les jeunes touffes de maïs de contre-saison émergent de leurs trous, on commence à arracher le manioc qui atteint presque hauteur d'homme, les rampants de patates douces forment des taches près de se rejoindre. Cette agriculture plus évoluée que celle de la zone forestière, Bekoropoka la doit au Kitombô. Outre la fertilité plus grande des alluvions récentes, il lui doit une nappe phréatique à très faible profondeur qui permet aux cultures de se maintenir pendant la longue saison sèche et dont on se rapproche en semant le maïs de contresaison dans des trous profonds (jusqu'à 30 cm). Dans les puits du village, simples excavations creusées dans le sable du Kitombô, l'eau n'est à guère plus d'un mètre de profondeur et ne tarit pas, même à la fin de la saison sèche. C'est pourquoi, à la différence des autres villages de la zone forestière, dont les parcelles de culture sur brûlis sont éparpillées dans la forêt et changent de place au moins tous les trois ans, pour Bekoropoka, la notion de territoire villageois (faritany) correspond à un véritable terroir, avec tout ce que le mot comporte de stabilité, de transformation apportée par l'homme au paysage naturel. Par ce trait, Bekoropoka participe à ce système agricole que M. Trouchaud a appelé l'agriculture de « baiboho secs »3 et qui se caractérise par l'existence de champs de culture permanente, cultivés aussi bien en saison des pluies qu'en saison sèche. On rencontre des baiboho secs au bord du Kitombô et dans la région d'Antongo. Bekoropoka possède un territoire aux limites bien définies. Il est borné au sud et à l'ouest par le lit desséché du Kitombô, ou plus exactement par le chenal de marée qui l'envahit presque entièrement à marée haute jusqu'au niveau du village et qui se poursuit par un prolongement de plus en plus tortueux et étroit. Le chenal est partiellement envahi par les palétuviers où les femmes vont déterrer de gros 1. C'est une herbe à la racine odorante qui n'est pas détruite par les bœufs et que l'on plante spécialement pour matérialiser les limites des parcelles individuelles. 2. Le mot baiboho désigne les terres où la culture permanente est possible, par opposition aux hatsake, terres de culture sur brûlis, que l'on abandonne après des délais variables, de l'ordre de trois ans. 3. Pour la notion de baiboho sec, outre le manuscrit non publié déjà mentionné de M. Trouchaud, on pourra consulter P. OTTINO, H. LAVONDÈS et J.-P. TROUCHAUD, Premier rapport sur les problèmes humains dans le delta du Mangoky, p. 10.

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crabes qui se tapissent au fond de trous très profonds qu'ils creusent dans la vase. Des barrages de branchages (siho) permettent la pêche aux poissons d'estuaire au moyen de troubles de forme conique (kimana). La pêche apporte ainsi un complément alimentaire non négligeable. Pendant quelques heures, la marée haute permet aux pirogues de remonter le chenal et d'accéder au village. Cependant il n'existe que deux pirogues à balancier dans le village, fort mal entretenues d'ailleurs. Elles sortent rarement, le plus souvent pour aller couper du palétuvier utilisé pour la charpente des cases. Bien qu'elles soient possédées par des Vezo fixés dans le village, elles ne sont jamais utilisées pour la pêche en haute mer, pourtant toute proche. Lorsque la récolte du maïs bat son plein, des Vezo venus de fort loin remontent parfois le chenal pour troquer du poisson séché contre du maïs. Il est frappant de voir combien les Masikoro de Bekoropoka, si proches de la mer, en tirent finalement peu d'avantages. En remontant plus haut dans le lit du Kitombô, à un endroit que n'atteignent pas les marées, on débouche sur une dépression en cuvette où se trouvent environ deux hectares de terre très humide qui sont les seules tany horake du village1. Les parties les plus basses de la dépression sont occupées par deux mares permanentes qui se rétrécissent au fur et à mesure que l'on avance dans la saison sèche, mais qui, en année normale, permettent aux bœufs de s'abreuver jusqu'à l'époque où a lieu la migration sur les rives du Mangoky pour la récolte des pois du Cap. Le lit du Kitombô qui n'est pas atteint par les marées, est constitué par des sables stériles où ne poussent que des lataniers (satra), sortes de palmiers rabougris dont on découpe les palmes en minces lanières pour faire des nattes et toutes sortes de liens, et des sono, grands cierges épineux (didiera), que l'on débite parfois en tronçons pour édifier des enclos à cochons. Quelques kily (tamarindus indica) chétifs et quelques lamoty (Flacourtia), respectivement arbres et arbustes dont le feuillage est considéré comme un excellent aliment pour le bétail, font que le Kitombô est quelquefois visité par les troupeaux. Le village de Bekoropoka s'est installé sur les sables du Kitombô, à l'endroit où le chenal de marée commence à s'élargir, occupant presque entièrement l'ancien lit du Mangoky. Le sable offre un « terrain à bâtir » propre, bien drainé, qui ne se transforme pas en boue gluante en saison des pluies. Les puits creusés dans le village même donnent une eau légèrement saumâtre, mais il suffit de creuser à un peu plus de deux cents mètres de la rive du chenal pour avoir de l'eau parfaitement douce. Le village s'étire sur environ cinq cents mètres, à peu près paral1. Le terme horake désigne une terre très humide, généralement située dans un bas-fond, sub-marécageuse. Il est à remarquer que dans le Sud-Est, horake désigne la rizière.

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lèle au rivage. Il comporte des arbres d'ombrage : kily (tamarindus indica) robontsy (acacia morondavensis), taly, à l'ombre desquels les femmes tissent des nattes, pilent le maïs, font d'interminables séances de coiffure, et les hommes palabrent, réparent leur charrette, fabriquent des instruments de musique, préparent les bois de charpente de leur prochaine case. Car la plupart des habitations de Bekoropoka sont construites en matériaux peu durables (vondro pour les parois et le toit) et doivent être reconstruites environ tous les trois ans. Il s'ensuit que la topographie du village est en perpétuelle transformation d'une année à l'autre et même au cours d'une année. A u sein du village, les groupements de cases se forment et se modifient avec la plus grande facilité, permettant ainsi, on le verra, aux tendances parfois contradictoires, nées du système de parenté, de trouver une manifestation spatiale. Les habitations en pisé (trano fotaka) sont plus durables et plus stables. Outre le village de Bekoropoka proprement dit, il existe deux hameaux situés sur son territoire. L'un, Bekoropoka Avaratse qui a pris en i960 le nom de Behisatse, est un village de bouviers (tananaombe) situé à cinq cents mètres du village principal. L'autre, Morarano, est en plein cœur de la zone cultivée. Beaucoup de ses habitants actuels s'y sont fixés à la suite de mésententes avec ceux du village principal. Ces trois agglomérations formaient jusqu'à une date récente le village officiel de Bekoropoka, dont la population au recensement de 1957 était de 210 habitants, chiffre qui nous paraît sous-estimé d'au moins 1 0 % . E n i960, les habitants de Morarano ont demandé et obtenu de l'administration leur constitution en village officiel autonome. Au-delà de la berge du Kitombô, marquée par endroits par un léger abrupt qui peut créer un dénivelé atteignant deux mètres, s'étend la basse terrasse alluviale de l'ancien fleuve qui, selon le témoignage des vieux du village, était inondée lorsqu'il coulait encore. Ses parties les plus fertiles sont occupées par des champs cultivés (baiboho) qui forment deux ensembles d'un seul tenant aux contours sinueux, au milieu desquels apparaissent sur les photographies aériennes les taches sombres des manguiers. On y cultive deux récoltes de maïs, du manioc, des patates douces, différentes espèces de légumineuses 1 , des cucurbitacées, des bananiers. Certains s'entêtent à cultiver des pois du Cap, malgré des rendements dérisoires. Chaque chef de famille restreinte possède en moyenne 1 ha 16 de terre cultivable. Contrairement à ce qu'on a pu écrire, les Masikoro sont d'authentiques agriculteurs. Leurs techniques sont rudimentaires sans doute, mais adaptées aux conditions locales. L a culture occupe le plus clair de leur temps, un seul membre du lignage suffisant à garder le troupeau. Certes, les observa1. Ambérique (antsiroka),

vohèmes (lojy),

antaque

(antake).

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teurs ont à juste titre été frappés par l'énorme importance sociale du bœuf, par l'exubérante richesse du vocabulaire qui désigne ses différentes robes1, la forme de ses cornes, son âge, ses marques d'oreilles. Mais ce que l'on sait moins, c'est qu'il y a aussi treize termes pour désigner le maïs aux différentes phases de sa croissance, et presque autant pour le pois du Cap et les patates douces. Ainsi que le souligne M. Ottino, les techniques d'élevage sont médiocres, ce qui lui permet de conclure : « Cela s'explique peut-être par le fait que les gens de l'Ouest ne sont pas de vrais pasteurs; dans la plupart des cas, il s'agit de cultivateurs qui, à certaines époques de l'année ou à certaines époques de leur vie, se trouvent éleveurs d'occasion »2. Toute la surface occupée par la basse terrasse limoneuse n'est pas cultivée. Une grande partie en est infertile, soit qu'il s'agisse de tany loapasy (couche de limon mince recouvrant un sous-sol de sable stérile), soit qu'il s'agisse de sols salés. La salinité du sol est particulièrement marquée dans la partie nord du territoire villageois et, constatent les habitants, va croissant avec les années. On voit en effet au nord de la piste qui mène à Ankazomanga quelques parcelles, parfaitement reconnaissables par leur clôture plantée de sisal, qui sont d'anciens baiboho qui ont dû être abandonnés. Toute la partie non cultivée du territoire villageois est occupée par des lambeaux de forêt très dégradée (ala, disent les villageois, par opposition avec la vraie forêt dense et touffue, horo), ou de simples broussailles. Certaines zones, envahies par la mer aux marées d'équinoxe, ont un sol craquelé, absolument dénudé. Il existe aussi trois petites dunes, occupées par un peuplement de cierges épineux à peu près pur, qui sont les cimetières du village. Mis à part les endroits où il y a des tombeaux, que les villageois redoutent d'approcher en dehors des jours de funérailles, tous ces terrains incultes sont des tanin'aombe, des pâturages, ou plutôt, car le mot n'a pas de sens ici, des terrains de parcours pour les troupeaux. En saison sèche, tout au moins, leur itinéraire est presque identique, car le point d'eau est un lieu de passage obligé. Un chenal de crue secondaire de l'ancien Mangoky forme la limite nord du territoire villageois ; à l'est, une limite idéale jalonnée par des arbres isolés ferme le périmètre. C'est à l'intérieur de ces limites dont le développement représente environ douze kilomètres que les paysans 1. Pour tout ce qui a trait à l'élevage, on ne saurait trop recommander de se reporter à L . M O L E T , Le bœuf dans VAnkaizinana. E n dépit de la distance, les idées générales en sont largement valables sur le Mangoky, le bœuf étant un des éléments du fond culturel commun aux diverses manifestations locales de la culture malgache. Pour une région géographiquement et culturellement plus proche, cf. l'article de M. H É B E R T , « Couleurs et robes de bœufs dans L'Ambongo », Bulletin de l'Académie Malgache, t. X X X V I , 1958, pp. 223-240, où sont étudiés 140 termes désignant les robes de bœufs. 2. P . O T T I N O , Les économies paysannes malgaches du Bas-Mangoky, p. 143.

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