Transport de l'énergie et localisation des industries [Reprint 2017 ed.] 9783111348728, 9783110994865


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French Pages 108 [124] Year 1966

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Table of contents :
Table des matières
Introduction
Le transport du gaz aux etats-unis: ses conséquences sur l’implantation d'industries grosses consommatrices d’énergie
Les réseaux de transport à très haute tension
Les nouveaux moyens de transport d’énergie et l’aménagement du territoire: cas particulier du transport de la houille par tuyaux
Oléoducs et gazoducs en République Fédérale d’Allemagne
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Transport de l'énergie et localisation des industries [Reprint 2017 ed.]
 9783111348728, 9783110994865

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TRANSPORT DE

L'ENERGIE

ET LOCALISATION DES I N D U S T R I E S

Essais et Travaux de l'Université de Grenoble

R E C H E R C H E ECONOMIQUE ET SOCIALE Etudes d'économie de l'énergie publiées par l'Institut Economique et Juridique de l'Energie CAHIER N° 4

Publié avec le concours du Centre National de la Recherche Scientifique

Paris



MOUTON

La Haye

Essais et Travaux de l'Université de Grenoble

T R A N S P O R T D E L'ENERGIE ET L O C A L I S A T I O N DES I N D U S T R I E S

Par R. A. RANSOM Président R.A. Ransom Company, Inc., Washington R. PELISSIER Direction des Etudes et Recherches, Electricité de France J. WAGNER Commission de la Planification de Pologne le Docteur BLÖMER Energiewirtschaftliches Institut an der Universität Köln le Professeur WESSELS Energiewirtschaftliches Institut an der Universität Köln Introduction : Y. M A I N G U Y , Directeur du CEREN

Paris

• MOUTON

• La Haye

© Mouton & C ie . 1966

TABLE DES

MATIERES

Introduction, par Yves Mainguy Le transport du gaz aux Etats-Unis: ses conséquences sur l ' i m plantation d'industries grosses consommatrices d'énergie, par Raymond A. Ransom Les réseaux de transport à t r è s haute tension, par R. Pelissier Les nouveaux moyens de transport d'énergie et l'aménagement du territoire: cas particulier du transport de la houille par tuyaux, par Jerzy Wagner Oléoducs et gazoducs en République Fédérale d'Allemagne, par le Docteur Bloomer, avec une présentation générale par le professeur Wessels

INTRODUCTION par Yves MAINGUY, Directeur du CEREN

La géographie économique ne se remodèle que lentement mais il n'est pas aujourd'hui, dans le monde, un seul pays industriel qui n'éprouve le besoin de remodeler sa géographie économique parce qu'il n'en est pas un qui n'ait, reproche permanent à ses régions prospères, ses régions sousdéveloppées. La prospérité s'est fondée, à travers maints à coups sociaux, sur l'industrie et sur quelques métropoles administratives et bancaires; l'industrie s'était implantée sur les gisements de houille, puis â proximité des sites hydroélectriques, souvent aussi autour des métropoles qui lui fournissaient un débouché pour ses produits et une main-d'oeuvre pour sa production; l'industrie appelant l'industrie, les actuels foyers de prospérité sont encore ceux du début du siècle, malgré le pétrole et son marché mondial, malgré les découvertes de gaz naturel et des points souvent fort éloignés des gisements de houille, malgré l'incessant abaissement des coûts de transport des combustibles aussi bien que de l'électricité. C'est le transport de l'énergie qui fut l'objet central des séminaires de Grenoble en 1963-64 et c'est sa contribution au remodelage de la géographie économique qui en fut le thème. Les cinq auteurs dont on va lire les communications avaient été invités à proposer des réflexions sur les effets à attendre des 'nouveaux modes de transport de l'énergie'; mais qu'est-ce qu'une nouveauté en la matière? Si l'on n'en considère que la forme technique, on peut dire que le seul mode de transport de l'énergie auquel l'actuelle génération adulte ne soit pas déjà habituée est le transport hydraulique du charbon, dont le Dr Wagner a dit ce qu'en attendait aujourd'hui la Pologne. Mais le progrès technique ne s'opère pas seulement par mutations; son cours le plus normal est celui de la progression quantitative d'une technique qualitativement connue, de l'accroissement de la puissance de moyens éprouvés; et il a r rive un moment où, franchissant un certain seuil, la puissance de moyens classiques devient capable de bouleverser des structures économiques: la nouveauté, alors, n'est pas tant dans le mode de transport que dans ses effets, mais elle n'en offre pas moins aux pouvoirs publics et aux entrepreneurs une possibilité de rénovation de la géographie économique dont les quatre premières conférences exposent, ou évoquent, les conditions, les espérances et les déceptions. Le premier 'nouveau mode de transport' qui provoque notre attention est un des plus anciens qui soient connus: le transport par navires de haute

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mer. Depuis 1958, nous dit le Professeur Wessels, le charbon américain vient concurrencer en Allemagne même le charbon allemand, qu'on aurait pu croire confortablement protégé. Cela tient, sans doute, à la capacité des minéraliers modernes qui permet d'abaisser suffisamment le coût de frêt maritime pour que soit franchi à Hambourg un seuil de prix acceptable par les industriels allemands. Mais ce transport ne peut être isolé d'autres facteurs: si le prix c.i.f. Hambourg du charbon américain a pu être considérablement abaissé, c'est aussi parce que le prix f.o.b. Etats-Unis a pu l'être, un peu par l'abaissement des coûts de transport entre les gisements et la côte, beaucoup par les nouvelles méthodes d'exploitation des gisements eux-mêmes; le progrès du transport maritime a été juste suffisant pour qu'une innovation introduite aux Appalaches se répercute sur la production de la Ruhr. Est-ce assez pour provoquer une modification des structures économiques? Pas tout à fait, car on sait que le coût du frêt et le cours du frêt ont toujours été jusqu'à maintenant deux réalités entre lesquelles la liaison était apparemment assez lâche: des contrats de frêt à long terme, ou une intégration de l'armement dans les activités des gros consommateurs européens de charbon, peut stabiliser les cours et transformer des événements conjoncturels en événements structurels; mais cela n'est possible que dans une perspective de raisonnable stabilité des consommations à alimenter, et c'est là que ne peut pas ne pas intervenir la politique des pouvoirs publics. A cet égard, le Professeur Wessels ne dissimule pas un légitime embarras, en confrontant les professions de foi du gouvernement fédéral allemand en faveur de la libre entreprise, les problèmes concrets de l'économie allemande et les mesures que les autorités fédérales ont cru devoir prendre à l'égard du charbon étranger et à l'égard du fuel oil. Si le fuel oil est un concurrent sérieux pour le charbon allemand, il en est aussi, d'une certaine manière, un allié dans l'effort de développement économique du pays. La production allemande de houille, longtemps excédentaire, est aujourd'hui dépassée par les besoins intérieurs de combustibles, et l'on conçoit qu'une nation comme l'Allemagne aime mieux accueillir un produit pétrolier qu'un charbon étranger pour compléter un approvisionnement que le charbon allemand ne peut plus assurer seul. Le fuel oil appartient en effet à une famille indispensable à toute activité contemporaine, certains de ses produits frères sont requis pour le développement des transports et d'autres viennent opportunément alimenter la puissante industrie chimique allemande; enfin, l'implantation des raffineries de pétrole n'est astreinte à aucune contrainte déterminante (si ce n'est son approvisionnement en eau) et un calcul économique peut présider à son choix. C'est dans ce calcul, quelles que soient la finesse et la rigueur de sa f o r mulation, qu'interviennent, en amont et en aval des raffineries, les questions de transport dont le Dr Blomer présente une très stimulante analyse, montrant comment les concentrations industrielles ont justifié, au coeur même du pays, l'implantation de raffineries alimentées par pipelines â partir d'un port de déchargement du brut. Après le groupe de la Ruhr, qui s'étend le long du Rhin jusqu'à Cologne et qui s'approvisionne à Wilhelmshaven, est venu le groupe de la région de Karlsruhe dont l'approvisionne-

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ment est assuré depuis peu par le pipeline sud européen, le Piseur mis en charge à Lavéra et, pour le moment, par lui seul. Un troisième groupe de raffineries de l'intérieur, alimenté par Gènes, vient d'être créé en Bavière, différent des précédents en ce qu'il anticipe sur la demande régionale. Le Dr Blomer en parle en des termes d'une pertinence sur laquelle il faudra revenir tout â l'heure. Si le transport du pétrole par canalisations est nouveau en Allemagne, le transport du gaz y est en revanche t r è s ancien. Le Dr Blomer n'en ouvre pas moins des perspectives assez hardies sur le sujet puisqu'il envisage un raccordement du réseau de gaz de cokeries du nord-ouest allemand avec un réseau de gaz de raffineries à construire dans la région méridionale. Il annonce enfin la pose d'une longue artère nord-sud destinée à convoyer le gaz naturel hollandais à travers l'Allemagne. Si l'on peut ajouter quelques considérations à l'exposé du Dr B15mer comme on l'a fait pour celui du Professeur Wessels, on soulignera ici encore qu'une technique de transport ne produit son plein effet qu'en relation avec d'autres techniques: tout à l'heure, il s'agissait des techniques de production du charbon aux EtatsUnis, il s'agit maintenant des techniques d'utilisation du gaz. Dans les conditions actuelles de l'utilisation du gaz, on peut envisager, au prix de précautions opératoires, de raccorder un réseau de gaz de raffineries et un réseau de gaz de cokeries, mais il n'est pas question de raccorder à ceuxci un réseau de gaz naturel: le problème d'une telle interconnexion est devant nous. S'il est résolu, sa solution ne constituera pas un nouveau mode de transport mais une nouvelle application d'un mode de transport ancien. La conférence de M. Ransom est entièrement consacrée au transport du gaz naturel aux Etats-Unis. Après une présentation historique du plus grand intérêt, montrant comment le réseau de transport de gaz naturel s'est étendu aux Etats-Unis jusqu'à quelque 300.000 km de longueur, M. Ransom nous propose des considérations parmi lesquelles on retiendra ici le mouvement des prix et, un peu plus loin, la localisation des industries. Une comparaison est saisissante. A la tête des puits, le prix du gaz a été multiplié par 3,5 entre 1940 et 1962, alors que chez le consommateur il n'augmentait en moyenne (il y a plusieurs tarifs) que de 88% pendant le même temps, les comptes étant faits dans les deux cas en dollars courants. Un facteur de cet écrasement de la hausse est l'accroissement massif des consommations aux points de desserte; il est important d'en avoir conscience afin de ne pas confondre, en pareille circonstance, l'effet et la cause. En fait, il s'agit d'un phénomène de circularité, bien connu lorsque le prix d'un service doit financer principalement des investissements: implicitement ou explicitement, les tarifs sont construits de telle sorte que le prix moyen de l'unité consommée décroît très vite quand s'accroît le volume de la consommation, et l'accroissement de la consommation assure au fournisseur une compression de ses coûts. Un autre facteur est l'art avec lequel les transporteurs ont joué de la gamme des moyens connus pour r é gulariser le débit du gaz: contrats hors pointe, saisonniers ou interruptibles, productions de gaz d'appoint, utilisation des possibilités de stockage. La mise en oeuvre de ces moyens suppose, pour les deux premières sériés, le nombre et la diversité des clients, ce qui rejoint l'effet de masse signalé

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comme premier facteur, sans s'identifier avec lui; quant aux possibilités de stockage, elles résultent essentiellement du nombre des gisements d'hydrocarbures épuisés qui existent aux Etats-Unis et constituent une chance unique pour les transporteurs de gaz. Si mes informations sont exactes, le taux d'utilisation de l'équipement est en moyenne de 95% sur le réseau de transport de gaz naturel américain, ce qui représente un fort beau résultat d'exploitation et fournit un éclairage intéressant aux 'nouveaux modes de transport': ceux-ci n'ont toute leur portée que s'ils sont correctement exploités. C'est une évidence? Sans doute, mais il y a tant d'évidences que l'on perd de vue. Une seule conférence a été consacrée à l'électricité, celle de M. P e l i s sier. La nouveauté est la très haute tension, la T.H.T. Mais tout est r e l a tif, et l'auteur rappelle qu'au début du siècle on parlait de transports pour des distances de 100 km et de T.H.T. pour des tensions de 50 kV, alors qu'aujourd'hui 'on étudie des lignes de 2.000 km et des tensions de 750 kV'. Voilà donc, pensera-t-on, le progrès décisif: la technique permet aujourd'hui de transiter t r è s loin de très fortes puissances sous la forme d'énergie la plus universellement utilisée. Mais il faut regarder les choses de près, observer au cours du temps les phases successives du transport du l'électricité. Certes, pendant quelque temps, les progrès du transport ont contribué à alimenter des localisations éloignées des sites hydrauliques équipés. En France, une convergence vers Paris s'est progressivement établie à partir du Massif Central, puis des Pyrénées et des Alpes, mais il est vite apparu que certaines lignes devaient débiter alternativement dans un sens et dans l'autre car le rythme des consommations est différent de celui des productions hydrauliques; en Grande-Bretagne, le réseau de transport, sous tensions croissantes, a pratiquement toujours joué le seul rôle d'interconnexion des centrales, de solidarisation des centrales dans l'alimentation du réseau. Dans la mesure même où la densité de la consommation d'électricité s'égalise sur un territoire, les centrales thermiques se disséminent, sous certaines contraintes de sites, le transport se limite à de courtes distances, le réseau se consacre à l'interconnexion. Un réseau européen se dessine, passablement ramifié et même maillé sur d'assez vastes étendues, qui pourrait transiter l'énergie électrique, sous 400 kV, entre l'Espagne et la Finlande, l'Ecosse et l'Italie; mais jamais ce réseau ne transitera 1 kW de bout en bout: il est destiné à des échanges de proche en proche, échanges sur de courtes durées et de courtes distances, mais assez massifs et requérant, pour être économiques, une tension t r è s élevée. Les t r è s longs transports d'électricité ne se retrouveront plus que lorsqu'il deviendra nécessaire de faire appel aux ressources hydroélectriques situées dans 'certaines régions du globe hostiles à l'homme' comme le Grand Nord canadien, la Sibérie, les régions équatoriales. C'est dans un cadre géographique très restreint que semblent se situer demain les principaux problèmes de transport à T.H.T. Si, en effet, la concentration territoriale de la consommation abaisse le coût unitaire du transport et de la distribution de l'électricité comme celui du transport et de la distribution du gaz, M. Pelissier ne manque pas d'appeler l'attention sur une contrepartie notable de cet avantage: la pénétration dans les gran-

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des villes qui, lorsque la densité de consommation augmente, doit se faire sous une tension croissante; comme on ne peut envisager un transport aérien sous T.H.T. au coeur d'une ville, il faut placer sous gaine isolante les câbles conducteurs qui seront enterrés; un bon isolant électrique étant aussi un bon isolant thermique, la chaleur dégagée par effet Joule n'est pas évacuée sans difficulté. Le progrès technique nécessaire ici ne concerne pas l'aménagement spectaculaire d'un vaste territoire mais, t r è s modestement, la résistance de matériaux isolants aux contraintes diélectriques qu'ils sont appelés à subir. Il est vrai que l'aménagement urbain et l'aménagement de zones de dimensions réduites font partie de l'aménagement général d'un territoire. Si nous risquions de l'oublier, la conférence du Dr Wagner serait là pour nous le rappeler. En matière d'aménagement urbain, le Dr Wagner signale opportunément la distribution de l'eau chaude, c ' e s t - à - d i r e de l'énergie thermique sous l'une de s e s formes ultimes dont tous les ménages ont besoin. Une telle distribution est assujettie à un équipement fixe jusque chez l'utilisateur; elle est donc d'autant plus économique que sa consommation en est plus concentrée; une intéressante étude sur les différents quartiers de Varsovie est t r è s suggestive à cet égard. Il apparaît qu'une technique récemment éprouvée dans le transport de l'énergie sous cette forme améliore le c a l o rifugeage en même temps qu'elle diminue le coût des canalisations, c ' e s t à - d i r e , phénomène r a r i s s i m e dans l'industrie, diminue à la fois les dépenses d'exploitation et les dépenses d'investissements d'une opération. Mais la distribution urbaine d'eau chaude n'occupe qu'une t r è s petite partie de la communication du Dr Wagner, consacrée pour l'essentiel au transport hydraulique du charbon. On sait de quoi il s'agit: des fines ou des grains sont véhiculés par un courant d'eau dans des canalisations, comme le pétrole brut. Un tel transport n'est pas envisagé en Pologne, pour le moment du moins, sur de longues distances: il serait utilisé seulement pour décongestionner le trafic ferroviaire de la Haute Silésie. Encore convient-il de distinguer deux types de transports: certains d'entre eux, limités à l'intérieur du bassin minier, achemineraient des schlamms vers des centrales électriques et des fines à coke vers de puissants lavoirs et quelques cokeries, tandis que les autres emporteraient fines et grains m a r chands v e r s des stations de chargement sur wagons éloignées des mines d'une centaine de kms. Ainsi cette technique neuve permettrait-elle de s u r monter, au niveau de la région, un obstacle particulier de la loi t r è s générale des coûts croissants. Le Dr Wagner ne se désintéresse pas pour autant de l'aménagement des régions l e s plus agricoles de la Pologne. Il évoque c e l l e s - c i à propos d'un combinat fondé sur le raffinage et la chimie du pétrole, situé à Plock sur la Vistule, à 120 km en aval de Varsovie, et alimenté par une conduite de pétrole brut provenant de l'Union Soviétique. Le complexe de Plock nous ramène à celui d'Ingolstadt en Bavière et aux considérations de M. Ransom sur les implantations industrielles.

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Il y a deux façons d'envisager un apport d'énergie à faible prix dans une région qu'on veut industrialiser: ou bien, ayant pris par ailleurs toutes mesures pour industrialiser la région, on fait un pari sur la réussite de c e s mesures et l'on amène l'énergie â pied d'oeuvre par anticipation, ou bien on amène l'énergie en escomptant que sa présence et son faible coût vont susciter l'industrialisation de la région. La première attitude est conforme au comportement de l'entrepreneur moderne, qui sait ce que coûte un retard sur l'événement. Mais il sait aussi ce qu'il en coûte de surinvestir, c ' e s t - â - d i r e d'être trop en avance sur l'événement. C ' e s t un grand art que d'être toujours prêt, et tout juste prêt, à s e r v i r une demande croissante, même si l'on sollicite quelque peu cette demande, par la publicité ou autrement. Mais, en l'occurrence qui nous occupe ici, qui est l'entrepreneur? La réponse est bien différente dans le c a s de Plock et dans celui d'Ingolstadt. De part et d'autre, un contexte largement agricole dégage, par sa modernisation, une capacité de travail pour l'industrie, mais en Pologne les autorités politiques ont le pouvoir d'implanter des usines tandis qu'en Allemagne elles se l'interdisent: le complexe de Plock est la première pierre d'une construction que l'on a décidé de poursuivre, celui d'Ingolstadt la première pierre d'une construction dont on espère qu'elle sera poursuivie; il fallait l'audace de l'ENI pour implanter une raffinerie en Bavière, mais le raffineur compte sur le dynamisme allemand pour profiter rapidement, dans une région raisonnablement dense, de la baisse non négligeable du prix de l'énergie qu'entraînera une telle implantation, grâce à la conduite transalpine de pétrole brut venant de Gênes. Il faut savoir gré au Dr Blomer de la prudence avec laquelle il a présenté les effets que l'on est en droit d'espérer du centre de raffinage d'Ingolstadt sur l'économie bavaroise. On voudrait n'avoir pas à revenir sur la seconde attitude, tant elle a été souvent démentie par les faits aussi bien que par le raisonnement le plus élémentaire. Elle procède d'un mouvement purement passionnel: parce que l'industrie s'est développée au XlXè siècle sur les sources d'energie on veut qu'il en soit encore de même aujourd'hui, et parce que les gisements d'hydrocarbures se trouvent fréquemment dans des régions sous-développées on s'imagine que le sous-développement de ces régions est entretenu par l'acheminement au loin des hydrocarbures qu'elles produisent. M. Ransom évoque ce problème et fait état d'un rapport de la Fédéral Power Commission se préoccupant de la sous-industrialisation du SudOuest américain, mais il rappelle que le prix de l'énergie ne joue aujourd'hui qu'un rôle mineur parmi les facteurs d'implantation industrielle, ce que d'ailleurs la situation dénoncée manifeste d'elle-même. Si l'on prétendait r é c u s e r le témoignage de M.Ransom en raison de son optique de transporteur de gaz, on n'aurait pas de peine à en trouver d'autres: invoquons seulement, dans le domaine des faits, la situation du Sud-Ouest français auquel des conditions privilégiées ont été faites pour la disposition du gaz de Lacq et, dans le domaine de l'analyse, la t r è s solide thèse présentée voici bientôt quinze ans par Harold Barnett à l'Université Harvard. Ce qui est indiscutable, c'est que l e s producteurs, les transporteurs, les distributeurs d'énergie ont tous l'obligation permanente, comme tout

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agent économique, d'abaisser incessamment leurs coûts, de chercher incessamment à promouvoir le progrès technique et à améliorer l'organisation de leurs activités; quant aux industries consommatrices d'énergie, elles s'efforcent, bien entendu, de profiter des prix favorables de ce f a c teur, auquel elles donnent dans leurs décisions sa juste place qui est généralement très loin d'être parmi les premières. A cet égard, les nouveaux modes de transport et les nouvelles applications de modes de transport anciens apportent à l'économie mondiale, et à toutes les économies régionales, de précieux atouts. Les auteurs qu'on va lire soulignent que grâce â l'abaissement des coûts de transport les disparités régionales du prix de l'énergie s'estompent progressivement, de sorte qu'avant même l'universalisation de l'énergie nucléaire le monde peut devenir, selon l'heureuse expression de Louis Armand, 'isotrope en énergie'.

LE T R A N S P O R T DU G A Z AUX SES C O N S E Q U E N C E S D'INDUSTRIES

GROSSES

SUR

ETATS-UNIS:

L'IMPLANTATION

CONSOMMATRICES

D'ENERGIE

par Président

Raymond A. RANSOM R.A. Ransom Company, Inc.,

Washington

LE T R A N S P O R T DU GAZ A U X E T A T S - U N I S : SES C O N S E Q U E N C E S SUR L ' I M P L A N T A T I O N D ' I N D U S T R I E S GROSSES C O N S O M M A T R I C E S D'ENERGIE

En Amérique, le transport du gaz est une pratique qui remonte à plus de quatre-vingt-dix ans. Présenter une étude détaillée de cette expérience serait beaucoup trop long et probablement dépourvu d'intérêt. Aussi m'efforcerai-je de ne présenter, de façon assez détaillée, que les seuls aspects de nôtre expérience qui marqueront un tournant ou qui nous furent une leçon. Les sources que j'ai utilisées sont d'une part les archives existantes, d'autre part les documents personnels réunis au cours de trente-six années de travail, passées dans l'industrie du gaz et au service des clients de cette industrie. Comme cette rencontre se tient à Grenoble, en parcourant les documents historiques concernant cette activité industrielle, j'ai noté en particulier qu'à l'époque de Jules César, et môme antérieurement, il existait près de Grenoble une 'fontaine ardente' renommée. Je n'ai trouvé aucune référence quant à la commercialisation de cette source de gaz; j'ai toutefois noté également qu'à une date fort reculée, la Cité de Gênes, en Italie, utilisait, pour son éclairage, du gaz en provenance des puits de Amniamo, dans le duché de Parme. Ce fut là, semble-t-il, le premier exemple de commercialisation du gaz naturel en Occident. L'industrie qui nous intéresse est très ancienne et solidement établie. Historique

De même qu'il existait une fontaine ardente près de Grenoble, on en observa de nombreuses en Amérique, durant la période allant de 1775 à 1820. Mais la commercialisation des gisements de gaz naturel ne vit le jour que quelque temps plus tard. En 1840, on utilisa, dans l'Ouest J e la Pennsylvanie, le gaz naturel pour extraire, par évaporation, le sel contenu dans les eaux saumâtres. Ce fut peut être le premier exemple d'exploitation industrielle du gaz naturel, en Amérique. En 1859, on l'utilisa de façon fort limitée, en Pennsylvanie et dans l'Ohio, comme source de production de vapeur, et pour l'éclairage domestique. En 1860, à Erié, Pennsylvanie, des usines utilisèrent le gaz naturel comme combustible; en 1862, on l'employa comme combustible pour forer des puits de pétrole, dans l'Ouest de la Pennsylvanie. En 1865, s'établit la première société fondée aux Etats Unis pour commercialiser le gaz naturel. En 1865, on découvrit du gaz à West Bloomfield, dans l'Ouest de l'Etat de New York. En 1870, la société 'Bloomfield and Rochester Naturai Gas Company mit en construction un gazoduc, d'une longueur de 25 milles (40 km) desservant Rochester. La conduite elle-même était constituée de troncs ou bûches de pin blanc, forés, d'un diamètre intérieur de 8 pouces

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(20 cm). Au prix de nombreuses difficultés et d'une dépense de 1.500.000 dollars, le gaz circula dans les conduites de la compagnie 'Rochester Gas Company', au cours de l'hiver 1872. Les usagers étaient habitués au gaz de houille, et à cette époque, l'éclairage dépendait de la luminosité de la flamme. La flamme du gaz naturel, qui était de faible luminosité, ne pouvait les satisfaire. L'entreprise fut un échec du point de vue commercial. Un historien attribue cet échec au manque de luminosité de la flamme du gaz naturel; un autre rapporte que les conduites de bois ne pouvaient convenir à cette utilisation. En 1872, on posa entre Titusville et Newton, en Pennsylvanie, un gazoduc de 9 km de long, constitué de tubes de fer forgé destiné à livrer du gaz naturel aux particuliers pour un emploi domestique. Ce 'pipe' pouvait fonctionner à une pression de 80 psig, soit 5,6 atm. On le cite souvent comme étant le premier exemple de transport de gaz naturel en Amérique. En 1873, pour la première fois on utilisa le gaz naturel comme combustible dans la poterie, à East Liverpool dans l'Ohio. En 1874, on l'utilisa pour la première fois dans l'industrie du fer et de l'acier, près de Pittsburgh. Jusqu'à cette époque là environ, les industriels amenaient eux-mêmes le gaz qu'ils utilisaient depuis des puits forés par d'autres; peu de temps après l'expérience citée plus haut, il se fonda des sociétés organisées pour produire et transporter le gaz. En 1883, des industriels constituèrent la première de ces sociétés, la 'Compagnie du Gaz de Chartiers Valley', pour amener le gaz aux aciéries et aux verreries de Pittsburgh. Au cours de cette période le rôle joué par le gaz naturel dans l'industrie de l'acier grandit rapidement. En 1884, une seule de ces sociétés disposait de 539 km de gazoducs sur le territoire même de la Cité de Pittsburgh, et fournissait assez de gaz naturel pour supplanter 9.000 tonnes-métriques de houille par jour. Ces entreprises marquèrent les débuts d'une industrie qui occupe maintenant le 6° rang des activités industrielles aux Etats-Unis. A cette époque, on fora de nombreux puits dans toute la Pennsylvanie occidentale, dans l'état de New York, dans l'Ohio, l'Indiana, la Virginie de l'Ouest, pour trouver du pétrole; et comme par la même occasion, on découvrit d'importants gisements de gaz naturel, on commença bientôt à alimenter en gaz les foyers et les usines d'autres bourgades et grandes villes de toute cette région. Buffalo, Cleveland, Youngstown, Cincinnati et Tolédo qui sont, tous, comme Pittsburgh, de grands centres industriels, furent de bonne heure approvisionnés en gaz naturel pour usage industriel, grâce à des gazoducs en provenance de puits éloignés. Entre les années 1872 et 1890, le transport du gaz s'effectua principalement dans des gazoducs de 8 pouces (20 cm), voire moins. Les tubes étaient en fer forgé, assemblés par manchons à vis. La pression intérieure était le plus souvent de 80 psig (5,6 atm) environ. Ajoutons qu'à cette époque, les lignes n'étaient pas très longues, les gisements de gaz se trouvant à proximité immédiate. En 1891, la compagnie 'Indiana Naturai Gas and Oil Company' posa deux gazoducs parallèles, de 8 pouces (20 cm) sur 193 km, qui reliaient Chicago aux gisements de gaz naturel de l'Indiana. On utilise des tubes en fer forgé, assemblés par manchons à vis. On appliqua initialement une pression de

Le transport du gaz aux Etats - Unis

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37 atro (525 psig). Ce fut 13. 16 début, aux Etats-Unis, d6s transports d6 gaz naturel à longues distances et à haute pression. Dans la zone 'Kansas-Oklahoma' l'exploitation du gaz naturel remonte â 1860. A cette date on découvrit du gaz dans un puits de l'Est du Kansas. En 1882, on découvrit du gaz à 11 km au nord de Paola (Kansas); deux ans plus tard, on posa un gazoduc et la distribution de gaz commença dans la ville. Vers 1887 on amena dans les villes de Fart Scott et d'Indépendence (Kansas) le gaz en provenance de puits proches; et en 1893, on alimentait en gaz Cherryvale et Indépendence. En 1896 et 1897, on découvrit encore près d'Indépendence d'autres gisements de gaz, d'un débit supérieur à ce que pouvait absorber le marché local. En 1904, les producteurs de gaz de cette région unirent leurs intérêts et fondèrent la première société importante de transport de gaz naturel du Kansas, sous le nom de Compagnie du gaz naturel du Kansas. On commença immédiatement la construction d'un gazoduc de 16 pouces (41 cm) qui devait desservir la région de Kansas City, et un autre de 16 pouces (41 cm) en direction de Joplin, Missouri. La seconde compagnie de transport de gaz naturel, importante de cette région, fut la 'Wichita Naturai Gas Company', qui en 1906-1907 posa un gazoduc de 12 pouces (19 cm) reliant Wichita, Newton, Hutchinson, et les cités voisines du Kansas aux puits qui alimentaient aussi Joplin, Missouri. Ces projets n'accordaient que peu d'importance, ou mime n'attachaient aucune importance, au volume des réserves de gaz contenu dans les gisements alors connus. On reliait les marchés aux puits existants en tenant essentiellement compte de la capacité de ces puits à subvenir aux besoins courants. On s'aperçut bientôt que les réserves de gaz et les gazoducs desservant la région de Kansas City ne pouvaient subvenir aux besoins des clients de cette région et des villes voisines du Kansas et du Missouri. En 1907, Kansas City connut une pénurie aigûe de gaz naturel. Pour améliorer l'approvisionnement de Kansas City, la compagnie 'Kansas Naturai Gas Company' posa un second gazoduc de 41 cm, reliant Kansas City à loia, et en 1908, elle prolongea ses deux gazoducs de 41 cm partant d'Iola en direction de nouveaux gisements situés dans le Sud-Est du Kansas. Lorsque d'importantes réserves de gaz furent découvertes dans les r é gions d'Iola et de Chanute, plusieurs grandes cimenteries et briqueteries s'installèrent dans ces régions productives, ou à proximité. L'approvisionnement en gaz de ces installations se fit d'abord à partir des gisements locaux. La Société des Ciments de Portland du Kansas, propriétaire d'un certain nombre de cimenteries installées à Humboldt, Chanute et Buffalo (Kansas) fonda en 1908 la société 'Portland Gas and Pipe Line Company', pour relier entre elles ses usines et les importants gisements producteurs de gaz. Cette société installa des gazoducs partant des gisements de Chanute et de Chanute-Ouest, et en 1909, prolongea son réseau en direction du Sud, vers d'autres gisements susceptibles de suppléer la production, déjà en baisse, des gisements de loia et de Chanute. Dans les gisements du Kansas que je viens de mentionner, la production atteignit son maximum dans les derniers mois de 1909. Ce fut environ à cette époque que l'on découvrit un autre gisement dans le Nord-Est de

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Ransom

l'Oklahoma. Les trois grandes compagnies propriétaires de gazoducs les prolongèrent vers le Sud et les relièrent à ce nouveau gisement. Vers cette époque, une quatrième compagnie la 'Quapaw Gas Company' vit le jour. Elle installa en 1909-1910 un gazoduc de 41 cm (16 pouces), qui partait de ce nouveau gisement, traversait le nord de l'Oklahoma, et atteignait Joplin, Missouri, pour approvisionner les districts miniers (mines de plomb, et de zinc). Dès 1910, ce nouveau gisement était devenu une source importante pour la plupart des grandes compagnies de transport et de gaz naturel. L'Etat d'Oklahoma comprit que l'exploitation intensive de ce gisement et des autres gisements situés sur le territoire de l'Etat, entraînerait l'épuisement rapide des réserves. Il tenta maintes fois de freiner ou d'interdire l'exportation du gaz hors de l'Etat. Ces efforts restèrent vains. La Cour Suprême des Etats-Unis considéra que cela constituait une entrave aux échanges commerciaux entre états. De 1908 à 1915 d'autres projets virent le jour dans d'autres régions: le centre de l'Oklahoma, le Nord-Ouest de la Louisiane, la Californie, le Nord du Texas; mais il fallut attendre plusieurs années avant que ces projets ne prennent une expansion rapide, après la découverte et la mise en valeur de plusieurs vastes gisements. La raison principale de ce retard fut le manque de capitaux par suite de l'échec de la 'Kansas Naturai Gas Company'. De 1916 à 1919, on découvrit trois grands gisements: Monroe, en Louisiane, Panhandle, au Texas, et Hugoton, dans le Kansas et Oklahoma. La construction des gazoducs ne commença que vers 1927, lorsque la Société 'Cities Service Gas Company' posa un gazoduc de 20 pouces (51 cm), de 402 km de long entre Panhandle et Wichita, au Kansas. Ce gazoduc fut prolongé en 1928 jusqu'à Ottawa (Kansas) pour accroître l'approvisionnement de la région de Kansas City. La société 'Lone Star Company' installa aussi, en 1927, un gazoduc de 18 pouces (46 cm) entre Panhandle et Fort Worth, Texas. En 1928, la société 'Colorado Interstate Gas Company' construisit un gazoduc de 56 cm (22 pouces) reliant le gisement de Panhandle à Pueblo et Denver (Colorado). Ces gazoducs alimentaient une aciérie à Pueblo, et les usagers domestiques et commerciaux de Denver. Les gisements de Panhandle et de Hugoton alimentèrent aussi d'autres gazoducs posés en 1930 et 1931: ceux de la Panhandle Eastern Company, de 61 cm et de 56 cm, et de 1450 km de long, vers l'Indiana, et ceux de la 'Northern Naturai Gas Company' de 66 cm et de 51 cm, vers Omaha et Minneapolis. Au cours de cette période, la pose des gazoducs était si rapide que les besoins en tubes de 56 cm et en tubes de plus fort diamètre, excédèrent parfois la capacité de production des aciéries. Avec l'exploitation et le développement du gisement de Monroe (Louisiane), on utilisa d'abord le gaz, en grande partie, pour la fabrication du noir de carbone et pour alimenter une centrale électrique que la société 'Louisiana Power and Light Company' construisit sur le gisement à Sterlington, Louisiane, en 1925. Partirent du gisement de Monroe: un pipe line de 56 cm, et un de 46 cm vers Bâton Rouge et la Nouvelle Orléans en 1926; un de 56 cm vers Memphis en 1928; un de 56 cm vers St Louis en 1929; un de 56 cm et un de 51 cm vers Atlanta, Geòrgie, en 1930. En Californie, trois lignes furent installées de 1929 à 1931, à partir du

Le transport du gaz aux

Etats-Unis

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gisement de Kettleman Hills; un gazoduc de 51 cm jusqu'à San Francisco en 1929, un de 66 cm et un de 51 cm jusqu'à Sacramento en 1930; et une troisième ligne de 66 cm jusqu'à Los Angelès en 1931. En 1929, la société 'El Paso Natural Gas Company' construisit un gazoduc de 41 cm entre le Sud-Est de l'état de New Mexico et El Paso, approvisionnant aussi des fonderies de cuivre de l'Arizona et du Mexique. Comme l'on disposait alors d'importantes réserves supplémentaires de gaz naturel qui voyait s'ouvrir à lui de grands marchés, les constructeurs de gazoducs purent faire appel à des techniques nouvelles qui réduisirent grandement le prix du transport. Ces techniques comprenaient l'emploi de tubes d'un plus grand diamètre, de pressions maxima plus élevées, d'acier plus résistant, l'emploi accru de la soudure électrique pour assembler les tubes, de meilleurs procédés de protection contre la corrosion, et des pressions moyennes plus élevées obtenues en diminuant les taux de compression aux stations de compression. L'installation de nouveaux réseaux de gazoducs connut peu d'activité au cours de la période 1932-1942. Toutefois on poursuivit les travaux de prospection, principalement ceux de prospection du pétrole; de sorte que pour le début de la deuxième guerre mondiale, on avait découvert d'importantes réserves de gaz au Texas et dans la zone cotière du Golfe du Mexique en Louisiane. Les régions productrices plus anciennes, celles de la Virginie occidentale, de l'Ohio et de la Pennsylvanie avaient connu des périodes de pénurie au cours de la guerre 1914-1918. Pour ne pas priver les usagers de leur approvisionnement en gaz d'usage domestique, de nombreuses industries se tournèrent vers d'autres combustibles. Dans de nombreux cas on r e s t r e i gnit l'emploi de gaz pour le chauffage domestique. Cependant certaines découvertes supplémentaires, auxquelles vinrent s'ajouter des possibilités d'approvisionnement dans l'ensemble 'Panhandle Eastern' (région Est de Panhandle), permirent aux compagnies de cette région de satisfaire leurs clients, sur une base quelque peu réduite, jusqu'au début de la deuxième guerre mondiale, époque où ils furent menacés d'une pénurie aigiie de gaz naturel. Au cours des années 1943-1944, la compagnie 'Tennessee Gas Transmission Company', construisit avec l'aide du gouvernement, un gazoduc de 61 cm et de 2036 km de long, reliant le Sud du Texas à la Virginie Occidentale, pour venir en aide à la production locale. Les dix à douze années qui suivirent la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, virent s'édifier t r è s rapidement des lignes destinées à relier les nouvelles réserves aux nouveaux marchés, tels que la région de New York City et les Etats de la Nouvelle Angleterre et destinées également à accroître l'approvisionnement qui avait été restreint pendant la guerre. On utilisa au cours de cette période des tubes d'un diamètre allant jusqu'à 91,4 cm (36 pouces). Le tableau I présente, en résumé, les autorisations délivrées par notre Commission Fédérale de l'Energie, de 1942 au 30 juin 1963. Il ressort une dépense évaluée à près de 10 milliards de dollars, pour 173.631 km de gazoducs, et 7.509.000 de CV utilisés par les stations de compression. L'industrie du gaz naturel dessert actuellement, aux Etats-Unis,

R. A. Ransom

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Tableau I Résumé des autorisations accordées par la Commission Fédérale de l'Energie Année fiscale 1942* 1943 1944 1945 1946 1947 1948 1949 1950 1951 1952 1953 1954 1955 1956 1957 1958 1959 1960 1961 1962 1963 Total

Nombre d'autorisations

Canalisation (en milles)

Compresseurs (en 1000 CV)

Coût estimé (en 1000 $)

1 4 25 43 52 132 98 91 108 173 136 133 165 140 164 174 337 198 207 222 179 239

20 51 2.373 1.181 2.994 5.369 8.468 7.045 6.188 8.695 3.378 7.123 6.405 4.927 4.357 6.787 4.372 4.893 9.389 6.000 2.951 4.928

3,6 108,5 66,6 184,3 360,4 371,3 436,3 493,3 736,1 519,5 582,7 251,5 259,0 254,9 350,0 423,7 613,9 402,6 336,8 246,9 487,7

87 1.643 106.082 34.171 127.190 273.190 519.946 566.203 487.240 725.433 321.920 723.038 500.881 465.324 461.413 615,966 518.822 763.037 846.677 852.168 372.988 686.422

3.021

107.894

7.509,5

9.969.841

-

* A partir du 7 février 1942.

35 millions d'usagers. A la fin 1963, les réserves de gaz atteignaient le total de 276,2 trillions de pieds-cubes, c'est-â-dire 7.820 x 109 m 3 et le volume de gaz vendu en 1963 s'élevait à 419 x 10® m 3 . Les gazoducs couvrent au total 322.000 km. La carte ci-jointe en indique les principaux. J'ai insisté et apporté des précisions sur certains points de l'histoire de notre développement pour vous montrer par l'exemple ce que nous a appris l'expérience. J'ai mentionné les erreurs commises à Rochester, oû l'on essaya d'utiliser pour l'éclairage un gaz naturel particulier, alors que le gaz de houille lui était supérieur; erreur aussi que l'emploi de conduits en bois. En passant de l'utilisation du gaz de houille à celle du gaz naturel, nous avons rencontré de nombreux obstacles dûs aux caractéristiques différentes de combustion de ces deux gaz. Nous avons cependant surmonté ces obstacles. Puis, en plusieurs cas, nos réserves de gaz s'épuisèrent trop rapidement. Le gazoduc de Chicago construit en 1891, ne rendit de bons services que pendant quelques années. Pire encore fut le cas de la société du Kansas, la 'Kansas Natural Gas Company' qui se trouve à court

Le transport du gaz aux

Etats-Unis

17

de gaz moins d'un an après la mise en service du gazoduc. J'ai ensuite fait mention de la pénurie de gaz qu'ont connue les régions de la Virginie occidentale, de l'Ohio et de Pennsylvanie au cours des deux guerres mondiales. J'ai passé sous silence de nombreux autres exemples. La leçon que nous devons tirer de ces faits est qu'il faut maintenir l'équilibre entre le développement du marché et l'accroissement des réserves de gaz. Equilibre, marchés, réserves Cette question n'a pas donné lieu à des calculs ou évaluations précis; car nul ne peut être assuré de découvertes supplémentaires; et si de telles découvertes se produisent, on ne peut déterminer à l'avance ni les dépenses qu'elles occasionneront, ni leur emplacement. La réserve prouvée de gaz dont on doit disposer pour subvenir à des besoins donnés, dépend, en majeure partie, de l'idée prédominante que l'on se fait de nouvelles découvertes possibles, des dépenses à engager et de l'emplacement des réserves que l'on découvrira et exploitera... peut-être! Bien qu'aux Etats-Unis la loi ne permette pas à un Etat de limiter les exportations de gaz dans un autre Etat, au Canada les Provinces ont légalement le droit de restreindre leurs exportations vers une autre province. Ce fait peut nous servir de guide pour comprendre la position du Gouvernement dans ce domaine. La Province d'Alberta, au Canada, a, par le passé, autorisé les exportations de gaz naturel uniquement dans la mesure où les réserves prouvées de gaz excédaient les besoins de la Province pendant les 30 années à venir. Aux Etats-Unis la politique adoptée dans ce domaine semble refléter un plus grand optimisme en ce qui concerne les probabilités de découvertes et leur prix de revient. Depuis bien des années nos réserves prouvées de pétrole brut sont de 14,6 à 12,0 fois égales à notre production annuelle. A la fin de 1963, cet indice était de 12,4 années. Je cite l'exemple du pétrole car ce domaine n'est pas soumis â la réglementation directe du Gouvernement. Ce n'est que depuis 1946 que nous disposons de chiffres établis sur des bases comparables nous permettant d'évaluer nos réserves en gaz naturel sur l'ensemble du territoire des Etats-Unis, mais au cours dt cette période le rapport entre l'indice de vie de nos réserves en gaz naturel et la production annuelle s'échelonne entre un maximum de 32,5 en 1946 et un minimum de 18,7 en 1963. Aux Etats-Unis, lorsque s'ouvre un nouveau marché la réserve reconnue nécessaire est contrôlée par plusieurs organismes. S'il faut construire un gazoduc entre états, la Commission Fédérale â l'Energie vérifie les évaluations de ces réserves. En pratique, on estime nécessaire de disposer d'une réserve équivalente aux besoins du marché pendant 20 années. La Commission exige que le débit des puits soit suffisant pendant au moins 12 années. Comme les f r a i s d'installation d'un nouveau gazoduc peuvent être financés â 75% par la vente de rentes sur l'Etat (sur la Dette Publique), les acquéreurs de ces titres de rentes spécifient également le minimum de réserves nécessaire. Il est d'usage courant d'émettre des obligations remboursables en 20 ans sur la base d'une réserve de gaz égale à 20 fois les besoins annuels. Les porteurs exigent le plus souvent que des experts

18

R.A.Ransom

indépendants procèdent à une nouvelle évaluation des réserves tous les 2 ou 3 ans; et si au moment de cette ré-estimation les réserves s'avèrent inférieures aux chiffres précédemment fixés d'un commun accord, le remboursement des obligations s'en trouve accéléré. Réponses aux demandes saisonnières Environ 25 millions de familles américaines utilisent le gaz naturel comme moyen de chauffage. Par les journées très froides, le réseau de distribution doit répondre à une demande accrue, de 3 â 4 fois supérieure à la moyenne des besoins quotidiens. Les gazoducs capables de répondre à une demande de cet ordre resteraient en grande partie inactifs pendant les mois d'été. Les dispositions prises pour éviter ce mode d'exploitation fort coûteux, sont les suivantes: 1. vente de gaz aux industriels sur la base 'heures creuses' ou saisonnière, ou alimentation discontinue; 2. fabrication de gaz de houille supplémentaire pour les jours les plus froids; 3. utilisation d'installations de stockage, qui remplies pendant les périodes creuses, fournissent du gaz pendant les froids et, 4. liquéfaction et stockage du gaz invendu pendant les périodes creuses, ce gaz étant re-gazéifié et distribué pendant la période de froid. Au cours de 25 années écoulées, on a pratiqué, sur une grande échelle, la reconversion de gisements épuisés, et d'autres couches et zones poreuses du sous-sol, en installations de stockage. A la fin 1963, environ 3 trillions de pieds-cubes (soit 85 x 10^ m^) de gaz se trouvaient ainsi stockés. En général, cette pratique s'est avérée plus économique que la fabrication de gaz supplémentaire. Le système de distribution est aussi moins tributaire des possibilités de trouver des clients pour les périodes creuses, ou acceptant un approvisionnement discontinu. Cela permet aussi de servir beaucoup plus de clients-chauffage avec une réserve de gaz donnée. On espère pouvoir utiliser du gaz naturel liquifié, pour le chauffage domestique, au cours de l'hiver 1964-1965. Certains estiment que cet emploi se généralisera rapidement car il est possible de stocker le gaz naturel à proximité immédiate du lieu d'utilisation pendant la période des froids. Réglementation gouvernementale Il peut être intéressant d'étudier quelques aspects des rapports entre les milieux industriels et le gouvernement en ce qui concerne l'exploitation du gaz naturel aux Etats Unis. La production et le transport du gaz naturel sont assurés presque exclusivement par des sociétés dont les actionnaires sont des personnes privées. La distribution du gaz dans les municipalités est assurée, dans une très grande mesure aussi, par des sociétés privées. Cependant, dans 715 municipalités environ, un organisme gouvernemental - habituellement un office municipal - régit cette distribution. Au 31 décembre 1962, les clients desservis de cette façon, étaient au nombre de 2.466.000, ce qui ne représentait que 7,1% du nombre total pour les EtatsUnis. Les Commissions de l'Etat, ou les offices municipaux, réglementent le

Le transport

du gaz aux

Etats-Unis

19

fonctionnement et établissent les tarifs de distribution; elles régissent aussi l'exploitation des réseaux à l'intérieur des frontières de l'Etat. Ce contrôle est plus ou moins poussé selon les endroits; il comprend presque toujours une certaine réglementation des tarifs imposés. Cette réglementation peut également s'appliquer aux autorisations de vente de gaz, désignées généralement sous le nom de Certificats d'utilité publique. L'émission d'obligations est aussi soumise à réglementation. Lorsque le gaz est transporté hors des frontières d'un Etat, ou encore s'il traverse de nombreux états, ou s'il est importé de l'étranger ou, exporté vers l'étranger, l'affaire est soumise â la réglementation du gouvernement fédéral. Cette réglementation est mise en vigueur par la Commission Fédérale â l'Energie, créée par la Loi sur le Gaz Naturel, mise pour la première fois en application en 1938. Aux termes de cette Loi, la Commission contrôle et réglemente tous les tarifs appliqués par les sociétés d'exploitation des gazoducs, concernant le gaz vendu à une autre société aux fins de revente; mais elle ne fixe pas les tarifs applicables au gaz vendu aux derniers usagers. Au cas où la Société d'exploitation du gazoduc est également distributrice, les derniers usagers achetant leur gaz directement à la société d'exploitation peuvent être les industriels ou les clients situés dans une même municipalité. Exempter les ventes directes aux usagers du contrôle Fédéral semble indiquer que de telles ventes sont soumises aux règlements en vigueur dans l'Etat, ou impliquer, qu'étant destinées à de gros consommateurs industriels dans le cadre général et concurrentiel du marché des combustibles, elles ne sont soumises à aucune réglementation du gouvernement fédéral. La 'loi sur le gaz naturel' interdit l'exploitation d'un gazoduc destiné au transport de gaz naturel, dans le commerce entre Etats tant que la Commission n'a pas accordé un 'Certificat d'utilité publique'. Conformément à cette clause, la Commission a, auparavant, examiné chaque demande d'autorisation d'exploitation, pour déterminer la valeur des réserves, les besoins du marché, et la viabilité économique du projet. Bien que cette Loi ne donne à la Commission aucun pouvoir de réglementation concernant l'émission de titres et obligations, elle exerce indirectement une grande influence dans ce domaine, car elle peut refuser l'octroi du Certificat demandé si le plan de financement du projet lui paraît inacceptable. Dans la plupart des Etats où se trouvent situés des gisements de pétrole ou de gaz, ces activités sont également réglementées pour assurer la conservation de ressources naturelles grâce â une mise en valeur rationnelle et efficace. Au cours de la période de développement de cette industrie nous avons connu beaucoup d'exemples de ce que l'on appelle soi-disant 'gaspillage' de gaz naturel. J'ajoute 'soi-disant' au terme gaspillage, car nous avons eu de nombreuses discussions, qui furent longues et peu concluantes, quant à savoir si se débarrasser de façon improductive d'un produit sans valeur commerciale sur le marché, constituait un véritable gaspillage, d'un point de vue économique. Sur les gisements de pétrole, on a laissé échapper une grande partie du gaz et on l'a brûlé parce que son prix de vente possible était inférieur aux frais de distribution. En certains cas on a traité de grandes quantités de gaz pour en extraire de l'essence et

20

R.A. Ransom

Tableau n Valeur moyenne du gaz naturel à la tête du puits, Etats-Unis Années

Cents par milliers de pieds cubiques

1922 1923 1924 1925 1926 1927 1928 1929 1930 1931 1932 1933 1934 1935 1936 1937 1938 1939 1940 1941 1942 1943 1944 1945 1946 1947 1948 1949 1950 1951 1952 1953 1954 1955 1956 1957 1958 1959 1960 1961 1962

11,1 10,0 9,3 9,4 9,5 8,8 8,9 8,2 7,6 7,0 6,4 6,2 6,0 5,8 5,5 5,1 4,9 4,9 4,5 4,9 5,1 5,2 5,1 4,9 5,3 6,0 6,5 6,3 6,5 7,3 7,8 9,2 10,1 10,4 10,8 11,3 11,9 12,9 14,0 15,1 15,5

Le transport du gaz aux Etats-Unis

21

brûlé les résidus. De grandes quantités de gaz ont aussi été utilisées, de façon peu efficace, pour la fabrication de noir de fumée; d'autres pratiques de faible efficacité existèrent aussi sur nos gisements de gaz quand le prix du gaz au gisement était t r è s faible. Le tableau II et la figure 1 indiquent que les prix du gaz naturel au gisement se sont considérablement élevés depuis 1940, époque où les prix étaient t r è s faibles. Ces augmentations de prix, jointes à une exploitation plus efficace des gisements et à la réglementation gouvernementale qui a grandement diminué les pertes physiques, ont grandement réduit les pertes et le gaspillage de gaz naturel. L'amélioration des méthodes d'exploitation des gisements, se répercute sur le transport et a pour effet de prolonger la vie effective de nos réserves et de donner à l'épargne une confiance accrue dans l'industrie du gaz naturel. Je n'ai que brièvement mentionné l'expansion fort rapide des gazoducs dans les années qui suivirent la deuxième guerre mondiale, expansion occasionnée par l'afflux des demandes et la présence de grandes disponibilités. Sans l'existence de la 'Loi sur le gaz naturel', cette expansion, qui a nécessité des milliards et des milliards de dollars, n'aurait pas été possible. La procédure adoptée par la Commission Fédérale à l'Energie dans l'attribution des Certificats (autorisations) et dans la fixation des tarifs, a créé, parmi les épargnants, un climat de confiance envers tout projet auquel la Commission accordait ce Certificat, ce qui permit de réunir les capitaux nécessaires â sa réalisation.

22

R.A. Ransom

Dire si nos autorités ont fait preuve de sagesse lorsqu'elles ont pris, ou lorsqu'elles n'ont pas pris, telle ou telle mesure, reste source de désaccord. Une étude complète de la question prendrait beaucoup de temps; aussi me contenterai-je d'évoquer deux problèmes. Le premier est celui de l'amortissement (taux de compensation) du capital investi. La Commission Fédérale de l'Energie, dans un cas comprenant la fixation des tarifs décidée il y a environ trois ans, autorisa une rémunération du capital égale â 6i%. Les actionnaires furent mécontents. Ils jugèrent ce taux insuffisant. Depuis, les valeurs émises par les sociétés exploitantes de gazoducs n'ont monté que très peu, alors que celles des sociétés appartenant aux autres branches de l'industrie ont monté de façon substantielle. Les sociétés existantes ont pu trouver des capitaux pour étendre leurs réseaux et leur permettre de répondre aux besoins accrus de leur clientèle existante et à l'accroissement normal du marché, ainsi que pour étendre, sur une modeste échelle, les zones desservies. Mais les capitaux font presque totalement défaut pour soutenir les entreprises nouvelles. Le second problême est celui des principes fondamentaux de la réglementation des tarifs de gaz. Ces tarifs sont, en majeure partie, fixés sur la base coût-plus, c ' e s t - à dire, prix de revient réel du service rendu plus un pourcentage de l'investissement net dans les installations utilisées pour ce service. Ce que r e çoivent les actionnaires doit provenir de ce pourcentage des sommes investies en installations. On objecte â ce système qu'il ne fait aucune différence entre les bonnes et les mauvaises sociétés. Nombreux sont ceux qui estiment qu'une bonne société devrait se voir allouer un pourcentage plus élevé lorsque les tarifs sont fixés; mais à l'heure actuelle l'accord n'est pas réalisé sur l'augmentation de pourcentage à allouer dans ce cas, ni sur la méthode à employer pour calculer l'efficacité d'une société. En plusieurs occasions, la Commission Fédérale de l'Energie a réclamé que pouvoir lui fût donné de réglementer les ventes aux derniers usagers, ainsi que les émissions d'actions et de valeurs, et de prescrire de saines pratiques. Mais le Congrès n'a pas encore accédé à ces demandes. Les industriels estiment qu'une telle réglementation est inutile. En cas d'urgence, il est apparu nécessaire et souhaitable que le gouvernement dispose de certains moyens de contrôle pour lui permettre d'assurer le plus efficacement possible l'utilisation des réserves. Par le passé, cette responsabilité a été confiée à des organismes ou services spéciaux du Ministère de l'Intérieur. Il existe au Ministère de l'Intérieur un office du pétrole et du gaz chargé d'élaborer sans discontinuer des projets susceptibles d'être mis à exécution en cas d'urgence. Cet office est aidé dans la préparation de c e s projets par des groupes et des comités industriels. Cette aide est en grande partie volontairement acceptée. Aux Etats-Unis cette méthode qui consiste à laisser des intérêts privés mener des affaires d'intérêt public soumises à réglementation gouvernementale, donne de t r è s bons résultats, dans ce sens que le service rendu est excellent et que les tarifs demeurent peu élevés. Seule une fraction de l'opinion soutient que les installations d'intérêt public doivent être propriété de l'Etat et exploitées sans souci aucun des facteurs économiques.

Le transport du gaz aux Etats-Unis

23

Tendance des prix Lorsque j'ai examiné le problême de la préservation des réserves, j'ai cité les prix du gaz au gisement. Alors que les prix du gaz au puits ont tendance à monter depuis 1940, les prix de détail suivent aussi cette tendance par suite de l'augmentation des frais de construction et d'exploitation après la seconde guerre mondiale, et d'un allongement des distances entre les gisements et les marchés. Mais certaines influences ont aussi joué en faveur d'une baisse du prix de revient unitaire, les compagnies traitant de plus grands volumes de gaz et desservant davantage de clients. Le tableau n i indique les rentrées annuelles enregistrées par secteur de compagnies d'utilité publique, provenant du gaz vendu pour usage domesTableau m Revenu (en cents par thermie) du gaz naturel vendu par des services publics 1936 - 1962 par groupes de consommation Années

Total

Domestique

Commerce

Industriel

Autre

1936 1937 1938 1939 1940

3,14 3,20 3,27 3,23 3,26

6,88 7,03 7,02 6,83 6,74

4,50 4,71 4,61 4,60 4,55

1,55 1,60 1,51 1,58 1,60

1,42 1,50 1,83 1,25 1,11

1941 1942 1943 1944 1945

3,14 3,17 3,07 2,98 3,02

6,69 6,40 6,38 5,25 6,30

4,50 4,26 4,18 4,11 4,16

1,67 1,71 1,73 1,71 1,65

1,15 1,14 1,25 1,32 1,35

1946 1947 1948 1949 1950

3,12 3,26 3,30 3,38 3,54

6,16 6,06 6,06 6,19 6,48

4,28 4,40 4,48 4,61 4,89

1,68 1,78 1,82 1,83 1,89

1,51 1,61 1,64 1,60 1,76

1951 1952 1953 1954 1955

3,73 3,98 4,23 4,44 4,71

6,64 7,18 7,74 8,06 8,25

5,11 5,46 5,92 6,19 6,36

2,00 2,13 2,30 2,37 2,54

1,97 1,92 2,08 2,39 2,80

1956 1957 1958 1959 1960

4,93 5,08 5,42 5,54 5,86

8,51 8,74 9,07 9,35 9,72

6,68 6,89 7,16 7,40 7,68

2,68 2,79 2,96 3,09 3,28

2,84 2,73 2,92 3,04 3,24

1961 1962

6,09 6,15

9,98 10,01

7,85 7,88

3,43 3,48

3,39 3,38

Source: American Gas Association.

'

24

R.A. Ransom Tableau IV Indice des p r i x du détail des combustibles d o m e s t i q u e s aux E t a t s - U n i s

Année

Gaz n a t u r e l 10 t h e r m i e s (1)

Gaz naturel 25 t h e r m i e s (2)

Gaz pour chauffage des locaux

Charbon bitumineux toutes sortes

Mazout (3)

1935

104,0

93,9

94,1

41,2

40,3

1936 1937 1938 1939 1940

102,9 102,5 102,2 105,4 105,2

92,0 91,3 90,8 93,0 93,0

91,8 84,6 81,8 81,6 80,8

42,0 42,9 43,2 42,9 43,3

42,0 48,6 46,3 42,2 44,2

1941 1942 1943 1944 1945

103,1 102,0 100,0 98,3 96,2

89,5 89,1 87,8 86,2 83,9

79,4 77,9 77,7 77,3 76,7

45,9 48,3 50,4 52,2 53,4

45,4 52,1 56,6 56,7 54,1

1946 1947 1948 1949 1950

91,6 90,6 89,3 89,3 87,5

78,3 77,1 76,1 76,3 77,8

75,9 76,7 77,4 78,4 78,8

56,2 66,4 79,1 82,0 85,0

54,5 65,1 82,8 78,5 79,3

1951 1952 1953 1954 1955

84,7 86,3 88,9 89,8 92,1

77,6 81,1 84,6 86,2 89,9

79,5 82,0 86,4 88,8 93,5

86,9 88,6 90,4 90,3 91,3

83,8 85,8 90,3 90,9 93,9

1956 1957 1958 1959 1960

94,7 96,1 100,4 103,3 106,6

92,0 94,5 100,6 104,9 112,1

94,2 95,2 100,7 104,1 112,9

94,6 98,4 99,8 101,6 102,4

98,5 103,5 97,6 98,9 97,2

1961 1962 1963

108,8 109,1 109,3

114,0 114,6 114,6

113,6 112,8 112,7

102,8 103,2 104,2

101,1 101,2 103,3

(1) Avant décembre 1952: base calculée sur 106 thermies. (2) Avant décembre 1952: base calculée sur 30® thermies. (3) De mai 1939 à mai 1947: les fuels no. 2 et no. 3 sont mélangés. Source: U.S. Department of Labor. tique, c o m m e r c i a l et industriel, pendant la p é r i o d e allant de 1936 à juin 1962. Au c o u r s de c e t t e période les p r i x p r a t i q u é s ont approximativement doublé a l o r s que le pouvoir d'achat de n o t r e monnaie a b a i s s é environ de moitié. En t e r m e s de pouvoir d'achat du d o l l a r , l e s t a r i f s de vente du gaz ont été tout à f a i t s t a b l e s .

Le transport du gaz aux Etats - Unis

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Le tableau IV établit la comparaison entre les indices de prix de vente au détail du gaz naturel à ceux du charbon et du mazout, utilisés pour le chauffage domestique. De 1935 â la période 1958-1963, le prix du charbon et celui du mazout ont augmenté de 250%, alors que celui du gaz naturel vendu aux particuliers a augmenté de moins de 20%. L'afflux soudain de demandes accrues en gaz naturel, dès la fin de la seconde guerre mondiale est imputable en grande partie â cet écart entre les augmentations respectives du prix de vente de ces combustibles. Implantation industrielle En examinant les problèmes qui se sont posés â nous dans le transport du gaz, j'ai cité quelques exemples d'industries qui s'implantaient à proximité des gisements de gaz pour bénéficier de la présence de combustible d'un prix peu élevé. En plusieurs occasions nous avons envisagé la possibilité d'inciter certaines industries â venir s'installer près ou sur un gisement de gaz pour créer un marché. Dans la plupart des cas nous avons constaté que c'était réalisable si les matières brutes nécessaires à la fabrication du produit intéressé se trouvaient à proximité et si les frais de transport des produits finis au marché intéressé étaient peu élevés, et seulement si ces conditions étaient réunies. Au nombre des industries implantées près d'un gisement de gaz, ou sur le gisement, nous avons cité plus haut la centrale électrique de Sterlington en Louisiane, des usines de fabrication de noir de fumée, les cimenteries et briqueteries de l'Est du Kansas. Nous connaissons aussi une verrerie installée en Indiana lorsque le gaz y était abondant et bon marché. Comme je l'ai dit aussi, en plusieurs cas, des industriels ont fondé des sociétés d'exploitation de gazoducs pour amener le gaz naturel à leurs propres usines. Le cas le plus fréquent concerne le transport de gaz aux industries. Au début de la révolution industrielle, il était fort courant d'installer les usines textiles, et d'autres aussi, sur les cours d'eau où elles pouvaient utiliser l'énergie hydraulique pour faire tourner leurs machines. Lorsqu'apparurent les grands réseaux de transmission d'énergie électrique, les chemins de fer, les voies fluviales (canaux) et les gazoducs ou oléoducs, la tendance changea de cours, et le coût de l'énergie n'est plus le facteur essentiel parmi ceux dont on tient compte pour implanter une usine. L'exploitation (et le développement) de zones productrices d'énergie hydraulique à usage industriel s'est presque entièrement limitée à l'industrie de l'aluminium, au cours de ces dernières années. Au cours d'une longue enquête, t r è s approfondie et t r è s étendue, la Commission Fédérale de l'Energie entendit divers experts et hauts fonctionnaires, représentants officiels des Etats, qui préconisaient d'imposer certaines restrictions aux exportations de gaz naturel des Etats de Louisiane, du Texas, de l'Oklahoma et du Kansas. L'un de ses rapports, publié en 1948, comprenait la carte ci-jointe (fig. 2) et les conclusions suivantes: a) La carte indique à quel point les zones fortement industrialisées du Nord-Est drainent des quantités sans cesse croissantes de gaz naturel en provenance du Sud-Ouest: gaz naturel qui constitue 'le nerf' du développement industriel de cette région.

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R.A.Ransom

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