The Archaeology of Conflicts: Early modern military encampments and material culture 9781407359618, 9781407359625

For the first time, this volume brings together an international group of experts on the topic of early modern military

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French Pages [230] Year 2022

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Table of contents :
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Of Related Interest
Contents
List of Abbreviations
Introduction
Part I: Sources and theory
1. Les campements militaires à travers les archives du Service historique de la Défense (dix-septième – dix-neuvième siècles)
1.1. Introduction
1.2. De l’art de camper les armées sous l’Ancien Régime
1.3. Boulogne, Châlons et les autres
2. Les campements militaires à Ninove (1667–1748) : instruments de recherche et contexte historico-militaire
2.1. Les camps militaires à Ninove (1667–1748)
2.2. L’étude des camps : un exercice d’interdisciplinarité
2.2.1. Sources cartographiques et iconographiques
2.2.2. Sources écrites
2.3. Les camps de l’armée de la Grande Alliance de 1692 et 1693
2.3.1. La Guerre de Neuf Ans
2.3.2. Le camp allié de Ninove du 20 au 25 août 1692
2.3.3. Le camp allié de Ninove du 20 septembre au 16 octobre 1693
2.4. Les camps des campagnes militaires des années 1744 et 1745
2.4.1. La Guerre de Succession d’Autriche
2.4.2. Le camp hollando-autrichien de 1744
2.4.3. Le camp français de 1745
2.4.4. Troupes campées dans la zone des fouilles
2.5. Conclusion
3. How to build a military camp: Simon Stevin’s Castrametatio of 1617 and other period military handbooks
3.1. Simon Stevin, his life and work
3.2. Castrametatio, or the art of measuring out an army camp
3.3. Castrametatio by Simon Stevin and field campconstruction
3.3.1. Infantry quarters
3.3.2. Cavalry quarters
3.3.3. Other quarters
3.4. Layout of camp quarters in Castrametatio andother contemporary works
3.5. Planning, staking out and division of the camp
3.6. Conclusion
4. L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques dans l’armée française au sortir du dix-huitième siècle
4.1. Introduction
4.2. Une théorie des camps « classiques » : camps tendus et camps baraqués
4.2.1. Qu’est-ce qu’un camp ?
4.2.2. Les camps de tentes
4.2.3. Les camps de baraques
4.3. Le principe de l’ordre de bataille
4.3.1. Le camp assujetti à l’ordre de bataille
4.3.2. Le fondement et les règles, et leur incidence sur le choix des logements
4.4. L’ordre mince et ses camps trop étirés
4.4.1. Le constat
4.4.2. Les causes
4.4.3. Les inconvénients
4.5. Le temps des baraques… ou du bivouac : la suppression tactique des tentes
4.5.1. « Les tentes ne sont pas saines »
4.5.2. Le processus historique et les évolutions tactiques
4.5.3. Un changement délétère
4.6. Des guerres de la Révolution aux guerres de l’Empire : le plein essor des camps baraqués
4.6.1. Des camps « révolutionnaires »
4.6.2. Le camp de Boulogne
4.6.3. Des camps impériaux
4.6.4. Du bivouac aux baraques et des baraques au bivouac : le rythme d’une armée en campagne
4.7. Conclusion
Part II: Building a camp
5. La recherche archéologique dans les contextes des campements militaires du dix-septième et du dix-huitième siècle en Flandre (Belgique)
5.1. Introduction
5.2. Un camp militaire au dix-septième et au dix-huitième siècles
5.3. Les camps militaires en Flandre dans les fouilles archéologiques
5.4. L’organisation de la fouille d’un campement militaire en Flandre
5.5. Conclusion
6. Les campements militaires, un état de la question sur le territoire wallon (Belgique)
6.1. Introduction
6.2. Les sièges
6.2.1. Campements de Bouge
6.2.2. Campements de Frameries
6.3. Les bivouacs : le campement de Ghislenghien
6.4. Les champs de bataille
6.4.1. La bataille de Fontenoy (1745). Sépultures collectives et campements
6.4.2. Campement de Braine l’Alleud, bataille deWaterloo (18 juin 1815)
6.4.3. Campements de Wavre, bataille de Wavre (19 juin 1815)
6.5. Conclusion
7. Preparing Louis XIV’s troops to siege warfare at Fort Saint-Sebastian (1669–70)
7.1. Introduction
7.2. A campaign redoubt, then a circumvallation line
7.2.1. The bend of the river Seine as a battlefield
7.2.2. Two castrametation exercises or the art of planting a camp
7.2.3. A learning of the drudgery of camp life
7.2.4. Markers of social distinction and markers of military identification
7.3. Training the troops and testing the operational capacities
7.3.1. Construction and earthworks
7.3.2. Attack trenches and preparation of the assault
7.3.3. The large-scale manoeuvres
7.4. Conclusion
8. Les campements militaires à Ninove (1667–1748) : premiers résultats des fouilles archéologiques
8.1. Introduction
8.2. Localisation
8.3. Les étapes du diagnostic
8.4. La recherche archéologique
8.4.1. En général
8.4.2. Méthodologie
8.5. Les camps de 1692 et de 1693
8.5.1. Premiers liens entre archives et objets archéologiques
8.5.2. Description des vestiges archéologiques
8.5.3. Description du mobilier
8.5.4. La répartition spatiale
8.5.5. Interprétations préliminaires
8.6. Le camp de 1745
8.6.1. Description des vestiges
8.6.2. Description du mobilier
8.6.3. La répartition spatiale
8.6.4. Interprétations préliminaires
8.7. Conclusions
9. Les campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries : essai de catégorisation des différents vestiges et interprétation générale
9.1. Introduction
9.2. Contextes géographique et archéologique
9.3. Descriptions des vestiges liés aux campements
9.3.1. Foyer simple avec ou sans fosse contigüe
9.3.2. Les abris semi-excavés
9.3.3. Les grands feux
9.3.4. Les fosses oblongues
9.4. Interprétation et synthèse
10. Des campements militaires français du blocus de 1794–95 de la place de Luxembourg durant la Guerre de la Première Coalition (1792–97)
10.1. Introduction
10.2. Cadre historique
10.2.1. Généralités
10.2.2. Le blocus de 1794–95 de la place de Luxembourg
10.3. Les campements français
10.3.1. L’installation de Mensdorf « An de Strachen ». Un exemple de(s) campement(s) temporaire(s)
10.3.2. L’installation de Luxembourg « Beim kleinenWeiher ». Un exemple de campement du blocus
10.4. La vie quotidienne des troupes
10.4.1. Les conditions météorologiques de 1794–95
10.4.2. Le ravitaillement des campements militaires français durant le blocus
10.5. Conclusion
11. The French-Batavian Camp d’Utrecht, the Netherlands (1804–08)
11.1. Introduction
11.2. History of the camp
11.2.1. Marmont’s map and the Plan Général
11.2.2. The construction of the camp
11.3. Results of the archaeological excavation
11.3.1. Tents dated to 1804
11.3.2. Barracks dated to 1805
11.3.3. Kitchens and wells
11.3.4. The sod dwellings of the camp followers
11.3.5. Other structures
11.3.6. Measurements
11.3.7. Finds
11.4. Conclusion
12. Recent Archaeological Research at the Austrian Army Camp on the 1809 Wagram Battlefield
12.1. Historical background
12.1.1. Europe between 1804 and 1809
12.1.2. Austria on the way to war
12.1.3. The war begins
12.1.4. Battle of Aspern-Essling
12.1.5. Before the Battle of Wagram
12.1.6. The Battle of Wagram
12.2. Archaeological research of an Austrian military camp from 1809 in Wagram
12.3. Conclusion
Part III: Daily life in the camp
13. Campements militaires et culture matérielle du seizième et dix-septième siècle : premières observations en Flandre
13.1. Introduction
13.2. Le château de Middelbourg et le fort Sainte-Isabelle : contexte historique et archéologique
13.3. Boire et fumer : des pratiques polysémiques
13.4. Cuisiner seul mais manger avec l’esprit d’équipe
13.5. Quasi invisible ? Vivandiers, femmes et enfants
13.6. La professionnalisation de l’armée au dix-huitième siècle : entre continuation et changement
13.7. Conclusion
14. Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires. L’exemple d’un bivouac du Nord de la France pendant l’hiver 1793
14.1. Cadre général des découvertes
14.1.1. Contexte géographique
14.1.2. Contexte archéologique
14.1.3. Contexte historique : la guerre franco-autrichienne (1792–94)
14.1.4. Les armées en présence
14.2. L’organisation du bivouac de Marcq-en-Baroeul
14.2.1. L’organisation du campement
14.2.2. La vie quotidienne du bivouac : l’utilisation des bois et autres matériaux
14.3. L’alimentation des soldats
14.3.1. La transformation et la consommation des ressources animales
14.3.2. L’approvisionnement en céréales et légumineuses
14.3.3. Les sources d’approvisionnement
14.4. Conclusion
List of Contributors
Bibliography
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The Archaeology of Conflicts: Early modern military encampments and material culture
 9781407359618, 9781407359625

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B A R I N T E R NAT I O NA L S E R I E S 3 0 9 3

2022

The Archaeology of Conflicts Early modern military encampments and material culture

EDITED BY

MAXIME POULAIN, MARC BRION AND ARNE VERBRUGGE

The Archaeology of Conflicts: Early modern military encampments and material culture Maxime Poulain, Marc Brion & Arne Verbrugge (eds) B A R I N T E R NAT I O NA L S E R I E S 3 0 9 3

2022

The Archaeology of Conflicts Early modern military encampments and material culture

EDITED BY

MAXIME POULAIN, MARC BRION AND ARNE VERBRUGGE

Published in 2022 by BAR Publishing, Oxford, UK BAR International Series 3093 The Archaeology of Conflicts ISBN  978 1 4073 5961 8 paperback ISBN  978 1 4073 5962 5 e-format doi  https://doi.org/10.30861/9781407359618 A catalogue record for this book is available from the British Library © the editors and contributors severally 2022 Cover image  Anonymous - The Army Camp at Rijen, 1831 - 1835. Rijksmuseum, SK-A-4945, public domain. The Authors’ moral rights under the 1988 UK Copyright, Designs and Patents Act are hereby expressly asserted. All rights reserved. No part of this work may be copied, reproduced, stored, sold, distributed, scanned, saved in any form of digital format or transmitted in any form digitally, without the written permission of the Publisher. Links to third party websites are provided by BAR Publishing in good faith and for information only. BAR Publishing disclaims any responsibility for the materials contained in any third-party website referenced in this work.

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Of Related Interest Armes et Guerriers Continuités et changements dans l’équipement du guerrier en Europe, Proche et Moyen-Orient de l’âge du Bronze à l’époque Moderne Edited by Giovanni Pauline Bombled, Prune Sauvageot and Rita Solazzo BAR International Series 3078 | 2022 Castrum Portae Jovis Mediolani Il Castello Visconteo – Sforzesco di Milano dai disegni di Leonardo da Vinci all’Archeologia del Sottosuolo Gianluca Padovan BAR International Series 2949 | 2019 Gli incroci pericolosi Storia e Archeologia della Strada di Fiandra in Italia e Savoia. 1561–1659 Giovanni Cerino Badone BAR International Series 2885 | 2018 La piazzaforte di Casale Monferrato durante la Guerra di Successione Spagnola 1701 – 1706 Roberto Sconfienza BAR International Series 2704 | 2015 La campagna gallispana del 1744 Storia e Archeologia Militare di un anno di guerra fra Piemonte e Delfinato Edited by Roberto Sconfienza BAR International Series 2350 | 2012 La fatica del bello Tecniche decorative dell’acciaio e del ferro su armi e armature in Europa tra Basso Medioevo ed Età Moderna Giorgio Dondi BAR International Series 2282 | 2011 Pietralunga 1744 Archeologia di una battaglia e delle sue fortificazioni sulle Alpi fra Piemonte e Delfinato Italia nord-occidentale Roberto Sconfienza BAR International Series 1920 | 2009

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Contents List of Abbreviations�������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� vii Introduction Maxime Poulain.................................................................................................................................................................... 1 Part I  Sources and theory................................................................................................................................................. 7 1. L  es campements militaires à travers les archives du Service historique de la Défense (dix-septième – dix-neuvième siècles) Bertrand Fonck and Olivier Accarie-Pierson................................................................................................................ 9 2. Les campements militaires à Ninove (1667–1748) : instruments de recherche et contexte historico-militaire Erik Wauters and Arne Verbrugge............................................................................................................................... 15 3. H  ow to build a military camp: Simon Stevin’s Castrametatio of 1617 and other period military handbooks Klára Andresová.......................................................................................................................................................... 31 4. L  ’organisation des camps de tentes et des camps de baraques dans l’armée française au sortir du dix-huitième siècle Frédéric Lemaire.......................................................................................................................................................... 43 Part II  Building a camp.................................................................................................................................................. 65 5. L  a recherche archéologique dans les contextes des campements militaires du dix-septième et du dix-huitième siècle en Flandre (Belgique) Marc Brion................................................................................................................................................................... 67 6. Les campements militaires, un état de la question sur le territoire wallon (Belgique) Nicolas Authom, Véronique Danese, and Marceline Denis, with the collaboration of Véronique Moulaert, Michel Siebrand, and Caroline Sornasse�������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 79 7. Preparing Louis XIV’s troops to siege warfare at Fort Saint-Sebastian (1669–70) Séverine Hurard, Olivier Bauchet, and Xavier Rochart��������������������������������������������������������������������������������������������� 87 8. Les campements militaires à Ninove (1667–1748) : premiers résultats des fouilles archéologiques Arne Verbrugge, Erik Wauters, Bart Cherretté, Maxime Poulain, and Marc Brion��������������������������������������������������� 99 9. L  es campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries : essai de catégorisation des différents vestiges et interprétation générale Nicolas Authom and Marceline Denis���������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 115 10. D  es campements militaires français du blocus de 1794–95 de la place de Luxembourg durant la Guerre de la Première Coalition (1792–97) Michèle Risch and Laurent Brou������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 131 11. The French-Batavian Camp d’Utrecht, the Netherlands (1804–08) Sjaak J.R. Mooren, Maaike Kalshoven, Michel Hendriksen, Wilfried A.M. Hessing, and Ingrid J. Cleijne������������ 149 12. Recent archaeological research at the Austrian army camp on the 1809 Wagram battlefield Sławomir Konik��������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 159 Part III  Daily life in the camp...................................................................................................................................... 175 13. C  ampements militaires et culture matérielle du seizième et dix-septième siècle : premières observations en Flandre Maxime Poulain and Wim De Clercq������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������ 177 v

Contents 14. L  e régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires. L’exemple d’un bivouac du Nord de la France pendant l’hiver 1793 Delphine Cense-Bacquet with the collaboration of Tarek Oueslati, Sabrina Save, and Alys Vaughan-Williams����������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 189 List of Contributors������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������������� 201 Bibliography.................................................................................................................................................................... 205

vi

List of Abbreviations AWaP Agence Wallonne du Patrimoine ADN

Archives départementales du Nord

BnF

Bibliothèque nationale de France

CNRA Centre national de recherche archéologique DigAM Digitales Archiv Marburg DAO

Dessin Assisté par Ordinateur

DNG

Deuxième Nivellement Général

HstAM Hessisches Staatsarchiv Marburg INRA

Institut national de recherches archéologiques

Inrap

Institut national de recherches archéologiques préventives

RPA

Recherches et Prospections Archéologiques asbl

SHD

Service historique de la Défense

USTC Universal Short Title Catalogue VD17

Verzeichnis der im deutschen Sprachraum erschienenen Drucke des 17. Jahrhunderts

WHK

Digitalisierungsprojekt Wilhelmshöher Kriegskarten

vii

Introduction Maxime Poulain Ghent University, Sint-Pietersnieuwstraat 35, 9000 Ghent, Belgium The idea behind writing this book started in Ninove, Belgium.1 During trial trenching in 2017 ahead of future development of a site in this town, we encountered some small, superficial hearths. As the original focus of our work was the presence of a Roman site and some bronze age burial mounds, the discovery of these hearths was unexpected. It soon became clear, however that these hearths represent a major component of this site, as the small number of those first uncovered rose into a dozen, then into several dozens, and kept adding up.

not always been as thriving. A detailed historiography of the discipline has been published elsewhere,6 so I will refrain from providing a literature review of past and recent work here. However, I do want to highlight a transition in the discipline at the onset of the millennium, due to its particular importance to the present volume. With castles, urban fortifications and weaponry being the main focus in the 1990s,7 research has shifted to an emphasis on less tangible events. The organization of the ‘Fields of Conflict’ conference and associated publication on the topic of battlefield archaeology in 2000 are examples,8 in addition to a contemporaneous effort on the other side of the Atlantic on American Civil War battlefields.9 In the wake of these events, a growing body of scholarship has targeted Roman10 and medieval battlefields, although the latter remain underrepresented for various reasons.11

Thanks to pre-existing informal networks among the editors of this volume, conflict archaeologists and historians from all over Europe, it rapidly became clear that we had uncovered multiple military encampments, dating back to an era spanning the late seventeenth to the mid eighteenth century. The structures and finds offer unprecedented insights into the life of the French and Dutch armies fighting over the historical region of Flanders, an important crossroad in early modern Europe. Although the site is exceptional in Belgium, it is not an isolated case in a European context. This should not come as a surprise, given the fact that conflicts run as a leitmotiv through the history of the continent.

Natasha N. Ferguson and Douglas Scott, “Where the battle rages: War and conflict in Post-Medieval Archaeology,” Post-Medieval Archaeology 50, no. 1 (2016): 134–147; Iain Banks, “Conflict archaeology,” in The Routledge Handbook of Global Historical Archaeology, ed. Charles E. Orser, Jr. et al. (London/New York: Routledge, 2020), 192–214. 7  Guy De Boe and Frans Verhaeghe, eds, Military Studies in Medieval Europe. Papers of the ‘Medieval Europe Brugge 1997’ Conference, I.A.P. Rapporten 11 (Zellik: Instituut voor het Archeologisch Patrimonium, 1997). 8  Philip W. M. Freeman and Anthony Pollard, eds, Fields of Conflict: Progress and Prospect in Battlefield Archaeology. Proceedings of a conference held in the Department of Archaeology, University of Glasgow, April 2000, BAR IS958 (Oxford: BAR Publishing, 2001). 9  Clarence Raymond Geier and Stephen R. Potter, eds, Archaeological Perspectives on the American Civil War (Gainesville: University of Florida Press, 2000). 10  Well-known cases are the battle of the Teutoborg Forest, at modern Kalkriese (Germany), and the siege at Alésia (France): see for example Susanne Wilbers-Rost, Birgit Großkopf, and Achim Rost, “The ancient battlefield at Kalkriese,” RCC Perspectives 3 (2012): 91–111 and Michel Réddé, Alésia. L’archéologie face à l’imaginaire, 2nd ed. (Paris: Éd. Errance, 2012). Studies of Roman conflict are increasingly characterised by a holistic perspective, encompassing topics such as the role of women and families in military environments and cultural diversity in the Roman army: Vincent Van der Veen, “Women in Roman Military Bases: Gendered Brooches from the Augustan Military Base and Flavio-Trajanic Fortress at Nijmegen, the Netherlands,” Britannia 52 (2021): 343–363; Tatiana Ivleva, “British families in the Roman army: living on the fringes of the Roman world,” in Roman Frontier Studies 2009. Proceedings of the XXI International Congress of Roman Frontier Studies (Limes Congress) held at Newcastle upon Tyne in August 2009, BAR Publishing Roman Archaeology 25, ed. Nick Hodgson, Paul Bidwell, and Judith Schachtmann (Summertown: BAR Publishing, 2017), 26–33; Marenne Zandstra, Miles away from home. Material culture as a guide to the composition and deployment of the Roman army in the Lower Rhine area during the 1st century AD, PhD thesis (Nijmegen: Radboud Universiteit, 2019). 11  We can cite the excavation of a mass grave from the Battle of Towton (1461) and the identification of the location of the Battle of Bosworth (1485), both in the United Kingdom: Veronica Fiorato, Anthea Boylston, and Christopher Knüsel, eds, Blood Red Roses: The Archaeology of a Mass Grave from the Battle of Towton AD 1461, 2nd ed. (Oxford: Oxbow 6 

The archaeology of conflicts is now flourishing. The discipline encompasses a broad range of topics, methodologies and periods, from the excavation of Roman castella2 to non-invasive research on First World War landscapes,3 from an architectural analysis of bastioned fortresses4 to a study of ways of internment during the Second World War.5 Conflict archaeology, however, has The publication of this book would not have been possible without the constructive remarks of three reviewers and the many people involved in proofreading parts of the manuscript. Our gratitude goes to them and to Jacqueline Senior and Tansy Branscombe at BAR Publishing for helping our vague idea for a book turn into reality. 2  For example, see recent work on the castellum of Oudenburg (Belgium), as part of the North Sea Channel defence: Sofie Vanhoutte, Change and continuity at the Roman coastal fort at Oudenburg from the late 2nd until the early 5th century AD. Volume I: The site and its significance within the wider context of the Roman North Sea and Channel frontier zone, Relicata Monografieën 19 (Leiden: Sidestone Press, 2022); Wouter Dhaeze, The Roman North Sea and Channel Coastal Defence: Germanic Seaborne Raids and the Roman Response (Wetteren: Universa Press, 2019). 3  Birger Stichelbaut, ed., Traces of war: The archaeology of the First World War (Bruges: Hannibal, 2018). 4  For example, the Belgrade fortress in Serbia: Marko Popović, The fortress of Belgrade (Belgrade: Beogradska Tvrđava, 2006). 5  Adrian Myers and Gabriel Moshenska, eds, Archaeologies of internment (New York: Springer, 2011); Harold Mytum and Gilly Carr, eds, Prisoners of war: Archaeology, memory, and heritage of 19th- and 20th-century mass internment (New York: Springer, 2012). 1 

1

Maxime Poulain In that same trend, we can also document a remarkable increase in the study of conflict sites dating to the (early) modern period.12

civil society.18 Indeed, civilians have often been the prime victims of war. Authors have explored, for example, the burden of freebooters in the late-sixteenth-century Flemish countryside,19 as well as the impact of growing armies on the urban tissue in the eighteenth century.20

The rise and focus change of early modern conflict archaeology did not happen in a vacuum. Indeed, it coincides with a remarkable renewal in military history.13 In the twenty-first century, the latter discipline has increasingly moved away from its traditional emphasis on decisive battles, major diplomatic events and great historical figures, such as generals John Churchill (1650– 1722), Duke of Marlborough, or Prince Eugène de SavoieCarignan (1663–1736).14 Instead of individuals, research is now examining networks of political and military decision makers, in which there is room for “hesitations and doubt, for luck and opportunism”, and for failed projects and unsuccessful negotiations.15 For example, a recent work has portrayed the military success of Louis XIV as a collaborative effort, rather than an outcome of the genius of a single ruler.16 War cabinets did not only comprise of the Sun King and his generals, but indeed formed a complex web in which various other agents had roles to play.17 Others have focused on the dark side of Louis XIV’s reign, during which successive defeats went hand in hand with profound transformations in warfare, military administration and its problematic relation to

Many of the works cited above deal with the logistics of warfare and the material organization of armies and their encampments. Archaeology can help to visualize how the normative frameworks from historical sources were realized in the field and to what extent they determined the everyday life of the soldier. Unfortunately, within the growing field of early modern conflict archaeology, the research domain of military encampments remains underdeveloped.21 On a methodological level, it remains difficult to detect these large-scale but low-impact military features in the small windows offered by trial trenching. Many of these sites go unrecognized, as a result of their ephemeral nature and lack of comparative framework, and therefore subsequently destroyed. The evolving discipline furthermore lacks a consistent terminology and adequate typology for describing and interpreting the large variety of structures (e.g., military kitchens and those of sutlers, shelters for heating, officer’s lodging, etc.) and the finds they contain. Also, the relation between the detected archaeological features and written and iconographical sources is problematic at best. Inconsistencies between the various types of sources is the rule, rather than the exception.

Books, 2007); Glenn Foard and Anne E. Curry, Bosworth 1485: A Battle Rediscovered (Oxford: Oxbow Books, 2013). The study of medieval battlefields, however, faces numerous challenges. The absence of historical sources to accurately locate the sites, the collection and re-use of weapons after a battle, and the poor conservation of iron at the surface (in contrast to lead, used for bullets from the sixteenth century onwards) explain the limited number of sites known for the Middle Ages: Tony Pollard and Iain Banks, “Now the Wars are Over: The Past, Present and Future of Scottish Battlefields,” International Journal of Historical Archaeology 14 (2010): 437. 12  For a review of early modern conflict archaeology on the European continent: Séverine Hurard, Yann Lorin and Arnaud Tixador. “Une archéologie de la guerre de siège moderne (XVIIe-XVIIIe siècles) à l’échelle européenne,” Les nouvelles de l’archéologie 137 (2014): 19– 24; Maxime Poulain, “Post-medieval archaeology in temperate Europe,” in Encyclopedia of Archaeology, 2nd ed., ed. Thilo Rehren and Efthymia Nikita (Oxford: Elsevier, forthcoming). 13  While the renewal of military history is mainly dated from the late 1990s onwards, some pioneers have paved the way in preceding decades. Geoffrey Parker, for example, has explained the failure of the Spanish army in suppressing the Dutch Revolt through a focus on the logistics of warfare, whereas John Keegan has altered battlefield studies by highlighting the experience of individual soldiers: Geoffrey Parker, The Army of Flanders and the Spanish Road: The Logistics of Spanish Victory and Defeat in the Low Countries Wars, 1567–1659 (Cambridge: Cambridge University Press, 1972); John Keegan, The Face of Battle: A Study of Agincourt, Waterloo, and the Somme (London: Jonathan Cape, 1976). 14  Clément Oury, La Guerre de Succession d’Espagne. La fin tragique du Grand Siècle (Paris: Tallandier, 2020), 13. 15  Oury, La Guerre de Succession d’Espagne, 14. 16  Olivier Chaline, Les armées du Roi: Le grand chantier, XVIIe-XVIIIe siècle (Paris: Armand Colin, 2016). 17  For example, the military advisor Jules-Louis Bolé de Chamlay (1650–1719), who determined the location of encampments and drafted marching orders for the road to follow, or François Michel Le Tellier, marquis de Louvois (1641–91), one of Louis XIV’s most important war ministers: Jean-Philippe Cénat, Chamlay. Le stratège secret de Louis XIV (Paris: Belin, 2011); Jean-Philippe Cénat, Louvois. Le double de Louis XIV (Paris: Tallandier, 2015). On military entrepreneurs, see Jeff Fynn-Paul, ed., War, Entrepreneurs, and the State in Europe and the Mediterranean, 1300–1800, History of Warfare 97 (Leiden/Boston: Brill, 2014).

Moreover, because of the many detailed historical and iconographical sources available, the added value of conflict archaeology is often questioned.22 In a context of contract archaeology, in which choices have to be made and early modern archaeology is still too often seen as an obstruction to older layers, it is time to put things plainly and formulate pertinent research questions. For this reason, in June 2019, the intercommunal service SOLVA involved Hervé Drévillon, Bertrand Fonck, and Jean-Philippe Cénat, eds, Les dernières geurres de Louis XIV (Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2017); Etienne Rooms, Lodewijk XIV en de Lage Landen (Leuven: Davidsfonds, 2007). 19  Tim Piceu, Over vrybuters en quaetdoenders. Terreur op het Vlaamse platteland (eind 16de eeuw) (Leuven: Davidsfonds, 2008). 20  Alix Badot, L’impact des activités militaires sur l’organisation d’une ville Approches environnementales de la résilience dont ont fait preuve Warneton et Namur suite à la guerre de Succession d’Autriche (Namur: Presses Universitaires de Namur, 2021). 21  Nonetheless, an increasing amount of research is finding its way to publication, for example: Nico Roymans, Bart Beex, and Jan Roymans, “Some Napoleonic-style army camps from the period of the DutchBelgian separation (1830–1839) in the Southern Netherlands,” Journal of Conflict Archaeology 12, no. 2 (2017): 75–93; Audrey Habasque-Sudour, Priscille Dhesse, and Aurélie Guidez, “Un camp militaire temporaire de l’armée française à Eschau (Bas-Rhin) en 1754,” Cahiers Alsaciens d’Archéologie, d’Art et d’Histoire 64 (2021): 97–118. 22  This is narrowly intertwined with the status of the archaeology of the early modern period in general, see Davy Herremans and Wim De Clercq, “The current state of post-medieval archaeology in Flanders,” Post-Medieval Archaeology 47, no. 1 (2013): 83–105; Maxime Poulain and Wim De Clercq, “Exploring an Archaeology of the Dutch War of Independence in Flanders, Belgium,” International Journal of Historical Archaeology 19, no. 3 (2015): 623–646; Eric Tourigny et  al., “Global post-medieval/historical archaeology: What’s happening around the world?” Post-Medieval Archaeology 53, no. 3 (2019): 419–429. 18 

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Introduction in the Ninove excavations, together with the Flanders Heritage Agency and Ghent University, organised a symposium on the topic of military encampments during the long seventeenth and eighteenth centuries. It was an international meeting as the myriad nationalities involved in early modern warfare require that the archaeology of conflict be an inherently international discipline. Currently, there is too little contact and collaboration between researchers of individual countries, which has resulted in an inconsistent terminology and a wide range of interpretations for similar structures as noted above.

an increasing importance of handheld firearms, the use of earthworks, and the gradually diminishing role of cavalry and artillery in favour of ever-growing groups of infantry, who can no longer be quartered within city walls on every occasion. Large-scale encampments developed and were altered throughout the centuries, but they nonetheless continued to show a certain uniformity in terms of material culture. Armies namely held on to traditional lead ammunition until the early 1800s. Pointed or conical bullets were only invented later in that century, ultimately, generating a new style of warfare.27

In an effort to boost this collaboration and comparison, speakers presented the state of archaeological research in their respective countries, discussed the layout and organization at particular sites and explored the potential of material culture in the reconstruction of the soldiers’ daily lives and the social relations amongst them. This stimulating exchange and the urgency to develop a fullyfledged discipline in today’s commercial context of archaeology motivated the publication of this symposium and other topical research.

Within these geographical and periodical boundaries, this volume provides a first of its kind framework for historians and archaeologists of early modern conflict and demonstrates the importance of the discipline to both researchers and policy-makers. Hopefully, the identification of military encampments will no longer depend on informal encounters and personal interests, with this volume serving as a reference. As such, this volume may generate a much-needed increase in data and knowledge, and offer first steps towards a common terminology and typology to, ultimately, result in a better understanding of a soldier’s daily life in early modern times.

The 14 contributions in this volume provide an overview of the documents, features and finds that are linked to military encampments and the methodologies that can be applied for their study and interpretation. The geographical focus lies in Northwestern Europe (Belgium, France, Luxembourg and the Netherlands), the heartland of conflict and military innovations on the Continent in early modern times.23 While regionally limited, this volume has a broader, international impact, given the territorial ambitions of French rulers, the multi-national character of major conflicts, and the presence of French and Dutch colonial powers across the globe. The chronological range spans the “unusually belligerent” period between the late sixteenth and early nineteenth century.24 For the later Middle Ages, armies mainly requisitioned standing buildings; as very few references to tents can be found in historical sources (although exceptions do exist: see the discussion in this volume by Authom, Danese and Denis of the features that can possibly be linked to the 1488 siege of Namur).25 This practice continues into the early 1500s.26 However, in the sixteenth century, we also notice

This volume is organised in three parts, the first of which deals with the historical sources and theoretical treatises that can be used for the study of encampments. The first chapter by Bertrand Fonck and Olivier AccariePierson offers an overview of the archives kept at the Service historique de la Défense. It is a crucial point of departure for anyone studying French military camps. Although the potential of these collections remains largely unexploited, they can greatly supplement the study of the ‘subsoil archive’. The sources allow us to study military practices in all its diversity (e.g., military engineering and cartographic collections, but also diaries and memoirs of officers or soldiers). They also shed light on the relations between the military and civil society, which are of great significance to studying the impact of encampments on local communities. In the second chapter, Erik Wauters and Arne Verbrugge invert the perspective: rather than starting from an archive, they take an archaeological site as a point of departure. Of particular interest for a wider readership, the authors list the databases of written and cartographical sources – many of which are freely accessible online – that can be used for detecting potential camp sites before excavation and for identifying the different nationalities and components from which these encampments were constructed. This methodology was successfully applied in the site in Ninove, where multiple encampments were found (see below). This exemplary collaboration between a historian

For a central European perspective on the archaeology of early modern battlefields and encampments, see Arne Homann, “Battlefield Archaeology of Central Europe – With a Focus on Early Modern Battlefields,” in Historical Archaeology in Central Europe, ed. Natascha Mehler, Special Publication 10 (Rockville: Society for Historical Archaeology, 2013), 203–230. 24  Geoffrey Parker, The Military Revolution. Military Innovation and the Rise of the West, 1500–1800, 2nd ed. (Cambridge: Cambridge University Press, 1996). 25  Franck Viltart, “Itinéraires, transport et logement des armées dans les projets de croisade de Philippe le Bon (1454–1464),” in Partir en croisade à la fin du Moyen Âge : Financement et logistique, ed. Daniel Baloup and Manuel Sánchez Martínez (Toulouse: Presses universitaires du Midi, 2015), § 24, accessed May 20, 2022, https://books.openedition. org/pumi/16674. 26  For example, although not strictly a military camp, the Field of Cloth of Gold (1520) can be mentioned. For this meeting between Henry VIII of England and Francis I of France, members of the French court were not only housed in richly decorated tents. At least part of the French 23 

entourage was in lodged in town houses and an abbey: Glenn Richardson, The Field of Cloth of Gold (New Haven/London: Yale University Press, 2020). 27  Homann, “Battlefield Archaeology,” 203, 207.

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Maxime Poulain and an archaeologist permitted the identification of the armies that were present and the duration of their stay (from five days to over a month).

layer, in collaboration with experienced metal detectorists, as many features and finds are situated close to the surface and might otherwise be peeled off by the excavator. For low-density sites, the trial trenches can be as wide as 4 m instead of the usual 2 m. Finally, some recommendations are given for the excavation of the many pits we find on camp sites, in order to avoid missing any information on internal arrangements, benches, niches, hearths and post holes.

The next set of chapters further explores the potential of these historical sources, military tracts in particular. They lay the theoretical groundwork for further discussion in this volume. Klára Andresová analyses Castrametatio, the 1617 treatise of the Flemish engineer and mathematician Simon Stevin (1548–1620). In his book, which builds on the works of various ancient authors, Stevin presents his view on the ideal layout and construction of military camps. Andresová compares Stevin’s work with those of his contemporaries, and notes that, while the former was occupied with setting up an army camp, the latter rather wrote military handbooks on how to select the ideal location for a camp site. The importance of water and supply routes and the possibility of waste disposal are recurring themes in those handbooks.

Brion’s contribution flows into the chapter by Nicolas Authom, Véronique Danese and Marceline Denis, who give an overview of sites in southern Belgium. Military encampments are split up in those used during a siege, for bivouac and those that were erected in the context of battlefields, such as Waterloo (1815). Despite these different contexts, they all consist of small pits and hearths. Larger structures for waste disposal (cf. Andresová) are not reflected in the archaeological record, an observation that compels us to reflect on our archaeological praxis: we stop excavating when the number of features diminishes, while the most informative cesspits might just lie behind the excavation limits. One encampment, related to the battle of Fontenoy (1745), stands out because of six large pits, used for the collective burial of fallen soldiers. Initially, no other features were linked to the camp site. In hindsight, the authors are now able to identify several pits and trenches, originally interpreted as elements of prehistoric or Roman burial practices, as parts of the encampment. It is the perfect illustration of the fact that future generations of archaeologists must be made aware of this type of site and its features.

Castrametation continued to be influenced by Roman military theory in the following centuries. However, increasing firepower stimulated the transition in the late 1700s from a deep to a thin tactical order, in which soldiers were no longer grouped in compact encampments, but spread out across a line. Frédéric Lemaire observes a contemporaneous shift from tents to barracks. Rules for encampments with tents and barracks are stipulated in exceptional detail in documents dating to the turn of the nineteenth century. The choice for tents or barracks is initially determined by the battle order (ordre profond or ordre mince), as indicated by both historical and archaeological sources. However, the use of barracks ultimately gained the upper hand as –  according to a personal testimony by Napoleon Bonaparte himself  – it offered important advantages.

After these overviews and their methodological considerations, a following set of chapters offers in-depth analyses of individual sites. We start with the large-scale excavations at the Fort Saint-Sebastian, close to Paris, one of the most iconic examples of the interdisciplinary study of encampments. Fort Saint-Sebastian was built in 1669, and was used to prepare 16,000 to 30,000 of Louis XIV’s men for siege warfare for two years. 3,500 archaeological structures and almost 2 km of defensive moats offer unprecedented insight into the aforementioned military practices and the relations between local and high society. Indeed, besides being a training camp, a manoeuvre ground and tactical laboratory, this encampment also served as an official military showcase. It might explain why, in contrast to the sites mentioned above, rules of castrametation have been strictly applied in this case. The two phases of encampment are clearly organized by following the outline of the fortification, with companies separated by 10 m-wide streets. Cavalry and infantry regiments can easily be distinguished on the basis of spatial organization, the type of features and associated material culture. For the first time, we are able to grasp the large group of sutlers and other civilians accompanying armies in early modern times. Séverine Hurard, Olivier Bauchet and Xavier Rochart make the important observation that for many soldiers, ‘the experience of the military life was probably the first experience of social and cultural diversity’.

Nevertheless, the question remains: how much did this theory have in common with practice? In order to respond to this question, the second part of this volume aims to provide both broad overviews and in-depth studies of military encampments. Marc Brion takes us to Flanders (Belgium) and discusses how the huts, tents and kitchens described by Stevin may have looked like, by linking archaeological finds to iconographical sources. It is the first effort at establishing a typology of military installations and their archaeological footprint. During trial trenching, Brion observes that hearth structures prove to be key markers of the presence of a military encampment. However, due to the low density of such features on a site and the presence of large zones without any apparent features (tents hardly leave an imprint in the subsoil), he notes that it is best to detect military encampments before trial trenching. But this leaves us with the question, how to do so? Geophysical research has thus far proven unsuccessful in detecting military encampments in Flanders. Based on a review of excavations in this region, Brion proposes a methodology in which historical and iconographical sources are first thoroughly analysed. Once a military site is detected, archaeologists should also screen the plough 4

Introduction Archaeological excavations across the study region show, however, that rules of castrametation have not always been applied as strictly as in the case of the Fort Saint-Sebastian, and that ideas of castrametation changed over time. The excavations in Ninove, discussed by Erik Wauters, Arne Verbrugge, Bart Cherretté, Marc Brion and myself, are illustrative of the fact that ideal spots in the landscape (cf. Stevin’s contemporaries) were well-known to military scouts. This generates an archaeological palimpsest, in which features from the three different campaigns (1692, 1693 and 1745) are intermingled. Separating the features belonging to the 1692 camp from those of the 1693 camp will be a hard nut to crack. Several pits from the 1745 campaign can be distinguished on the basis of sparse datable material and particular French imports. However, for those features lacking in finds, historical sources offer interesting insights, as we know that the 1745 encampment was occupied for several months at the end of the campaign season. Large earth-sheltered structures are particularly suited for a longer stay in more severe weather conditions, and are thus likely a part of the eighteenth-century occupation on this site.

became the norm during the Napoleonic Wars (1803– 15). A study by Sjaak J.R. Mooren, Maaike Kalshoven, Michel Hendriksen, Wilfried A.M. Hessing and Ingrid J. Cleijne focusses on a French-Batavian camp near Utrecht (the Netherlands), dated between 1804–08. This camp near Utrecht was part of a series of army camps where troops were gathered for Napoleon’s planned – but never executed – invasion of Britain. In line with Lemaire, the archaeologists could observe the replacement of tents by wooden barracks in 1805. The archaeological results show the strict hierarchy, according to which the camp was designed, and further enrich the typology of attested features: tents, barracks, structures for storages and even possible gardens. Although the layout is very regulated in comparison to preceding centuries, inconsistencies with existing maps persist, which prove to be schematic or idealised displays rather than an accurate representation of the camp. Importantly, this research does not only focus on the layout of the camp, but also on the daily life of traders, women and children who accompanied soldiers. Part of the excavations targeted the civilian part of the camp, which resulted in identifying sod houses with an irregular layout to be belonging to those civilians.

Nicolas Authom and Marceline Denis carry this discussion on by describing the installation of several strategically situated encampments located on a plateau in Frameries (Belgium). Not only does the site’s location echo that of Ninove, but it was also found to consist of a large diversity of archaeological features of similar typology (e.g., hearths, pits and shelters). However, further comparison with Ninove and sites mentioned elsewhere in this volume nevertheless shows significant differences. Similar features differ within a single encampment and between sites. Authom and Denis attribute those differences to the individuality of soldiers. That individual agency stands in contrast to the theoretical frameworks provided by Andresová and Lemaire. Soldiers seem to have appropriated military instructions and adapted them to the conditions on the terrain.

Finally, Sławomir Konik also discusses a camp from the Napoleonic Wars, but offers another perspective: that of Napoleon’s adversary. His study is focused on the 1809 camp in Wagram (Austria). Similarities between the camps of both sides of the conflict testify to the rapid spread and mutual influence of military theory and praxis on the European continent. Nonetheless, it is possible to add yet another form to the typology of features discussed elsewhere in this volume, namely, the field table. The site at Wagram is not only a camp, but also a battlefield. The skeletal remains of 60 soldiers were found there. Analysis of the finds from the graves establishes that the soldiers belonged to both sides of the conflict. Konik concludes with important methodological remarks, which have striking similarities to the suggestions made in the chapter by Marc Brion (such as the importance of metal detecting in the plough layer and of emptying the fill of a feature, rather than making a cut). Although each site has its own characteristics, the emergence of a pan-European methodology to detect military encampments during trial trenching promises a bright future for the discipline.

Michèle Risch and Laurent Brou study the French camps erected for the 1794–95 blockade of the City of Luxembourg. The ‘freshness’ of features and the number of finds allowed archaeologists to distinguish temporary camps from more long-term installations. Structures resemble those observed in earlier contributions, although this time some remarkable finds were made, such as an Austrian-Hungarian sabre, possibly taken from the enemy. Similar to the site of Ninove, the authors make the connection between the excavated shelters and the particularly harsh winter of 1794–95. The French Revolution did entail changes in the internal organization of the army and in the soldiers’ uniform, as is evident in finding buttons that mention the French Republic, instead of the royal insignia. However, the particular construction of shelters had proven its utility and was, thus, free of influence by political turmoil.

The final part of this volume focusses on the daily life in the camp. Indeed, in discussing theoretical treatises and structural features, we sometimes forget the people behind them. In my chapter with Wim De Clercq, we explore a soldier’s everyday life through the proxy of material culture. More than allowing archaeologists to identify and date encampments, and to attribute functions to certain archaeological features and zones, we argue that material culture also carries a symbolic value. It is this very social dimension of material culture that soldiers will exploit in order to create and reflect a military group identity. The analysis of the artefacts at two sites dating to the turn of the seventeenth century shows that smoking and drinking played a crucial social role within

As discussed by Lemaire, barracks were used during the French Revolutionary Wars (1792–1802), but only 5

Maxime Poulain an encampment by creating a convivial setting, offering a pastime and giving courage when needed. Bonds between soldiers are strengthened even further through the active use of material culture as a political instrument in the conflict. A preliminary study of the finds in Ninove shows how changes occurred in the eighteenth century, with the professionalization of armies and their supply chains, allowing them to directly import ceramics from France. Delphine Cense-Bacquet, Tarek Oueslati, Sabrina Save and Alys Vaughan-Williams further compare the official military directives with the archaeological reality on the ground. The analysis of animal and plant remains at a French camp of 1793 provides several interesting insights into the wood used for the construction of tents and shelters and the way by which food was supplied and prepared. The authors observe that, in spite of the efforts of scouting for ideal camping grounds, soldiers had to adapt to the environment and the conditions with which they were confronted, as the necessary supply of goods was not always assured. The reuse of animal bones as combustibles serves as an example of this adaption. It further highlights the importance of agency, noted by Denis and Authom, and the potential of archaeology to reveal the individuality of soldiers in the mass conflicts of early modern times. In conclusion, the following pages offer a rich variety of international perspectives on military encampments in the early modern period. By comparing the features and finds of encampments in a European framework, this publication aims to build the first foundation of an upcoming discipline. The contributions in this volume make a strong case for the importance of the interdisciplinary – and thus also archaeological – study of this topic. The authors formulate multiple questions on the everyday, material lives of the soldiers and those of their surroundings, on their experience of war, on the organization of camps on the terrain (and not merely in theoretical treatises), on the choice of a particular location for an encampment, and on the significant impact of such a military presence on the local society. All are important questions that may steer the archaeological study of early modern military encampments in the coming years. On behalf of my fellow editors, I would like to thank all contributors for making this volume possible and hope that, as a reader, this book might inspire new pursuits and deepen research in this domain.

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Part I Sources and theory

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1 Les campements militaires à travers les archives du Service historique de la Défense (dix-septième – dix-neuvième siècles) Bertrand Fonck and Olivier Accarie-Pierson Service historique de la Défense, Château de Vincennes, Avenue de Paris, 94306 Vincennes Cedex, France Abstract: While military encampments constitute the usual living environment for armies in the field during the modern period and play a central role in operational art, there are few studies focusing specifically on the organisation and evolution of military camps compared to studies carried out on the structure of armies or operations (battles and sieges). The sources documenting the history of military encampments are numerous, albeit fragmented. The purpose of this chapter is to provide researchers with an overview of the archives and research instruments offered by the Service historique de la Défense (SHD) in Vincennes (France), which also holds the richest library collections in Europe about military history. The camps fulfilled several roles. During a military campaign, they ensured the accommodation, protection and manoeuvring capacity of the armies according to an organisation adapted to the logistical constraints of time, and particularly in terms of supply. Camps served as a rear base for projection towards the enemy, for the exploitation and control of a territory, or for the establishment of a siege. Finally, they served as a place of training and instruction, as well as peace camps that were institutionalised in the eighteenth century, and were spaces dedicated to the testing of new equipment and manoeuvres, which experienced significant development in the nineteenth century. The military archives produced from the seventeenth to the nineteenth century offer different angles of study: the correspondences between the king and his ministers, but also those of the officers of the geographic engineers, contain many references to these camps and their strengths and weaknesses. Memories, reconnaissances, administrative archives, those of the staff, and sometimes the diaries and memoirs of officers or soldiers complete this abundant documentation. The cartographic collections and those of military engineering, sometimes supplemented by those of the artillery, contain numerous representations of figures dedicated specifically or secondarily to the camps, such as maps at various scales, plans of strongholds, or of the marches of the armies. The wars of the Revolution and the Empire saw an important evolution, before the nineteenth century constituted somehow the height of the permanent camps. Camps like that of Boulogne and Châlons left a lasting mark on the spirits: if the first was created by Napoleon as a rear base intended for the conquest of England, the second served both as a place of exercise, parade, and reconstruction of past historical events. Finally, the archives also contain information about the military encampments within the framework of the French colonial conquests in North Africa and in sub-Saharan Africa in particular. Keywords: military encampments, training camps, campaigns, armies, archives, library collections, military maps and plans. 1.1. Introduction

consacre son premier chapitre aux campements, montrent l’importance attribuée par les théoriciens comme par les praticiens de la guerre sous l’Ancien Régime à l’art de choisir, d’organiser et de protéger les camps. Nombreux sont en effet les écrivains militaires, pour certains inspirés par la référence aux camps des armées romaines, à composer des traités de castramétation ou à consacrer de longs développements à l’art de camper une armée dans leurs traités. Cette dimension concrète et quotidienne de la vie militaire a bénéficié de l’élargissement de l’intérêt des chercheurs en histoire militaire au cours des dernières décennies, qui ne se limite plus aux opérations, batailles ou

« Le vray mérite d’un général consiste à bien camper une armée, la faire marcher, subsister, et la bien conduire, et s’attirer la confiance des troupes, combattre avec avantage, prévoir les entreprises de l’ennemy, l’embarasser par différents projets, à profiter de ses fausses démarches et de la situation du terrain »1 : les premiers mots des Observations sur l’art de faire la guerre suivant les maximes des plus grands généraux du commissaire d’artillerie Vaultier, qui 1 

Paris: Louis Coignard, 1714.

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Bertrand Fonck and Olivier Accarie-Pierson sièges, tenues pour les plus emblématiques (qu’on pense aux études sur la petite guerre, les redditions ou les quartiers d’hiver).2 Pour autant, les études portant spécifiquement sur les campements restent peu nombreuses, constat qui apparaît paradoxal au vu des formes de la guerre aux dixseptième et dix-huitième siècles.3

informations relatives à la seule position des armées, demeurent assez éclatés. On se propose ici de brosser un panorama d’ensemble des sources portant sur les camps des dix-septième et dix-huitième siècles avant d’aborder le dix-neuvième siècle sous l’angle privilégié des archives du génie.

«  On entend par le système de positions cette ancienne manière de faire une guerre méthodique avec des armées campées sous la tente, vivant de leurs magasins et de leurs boulangeries, s’épiant réciproquement, l’une pour assiéger une place, l’autre pour la couvrir  ; l’une convoitant une petite province, l’autre s’opposant à ses desseins par des positions soi-disant inattaquables »4  : la façon dont Jomini résume le système de guerre qui prévaut avant que les campagnes de la Révolution et de l’Empire ne voient, selon son analyse, l’avènement du système des marches, ne résume certes pas l’ensemble des formes prises par les guerres menées sous l’Ancien Régime mais rend compte de la dimension de guerre de positions qui caractérise à bien des égards ces conflits, surtout dans les zones les plus peuplées et fortifiées. Et cette dimension ne se résume pas à l’importance de la guerre de sièges  ; elle traduit également le rôle capital du choix des postes dans le cadre de la guerre de campagne, où les belligérants, contraints par les impératifs logistiques et jouant avec ceux pesant sur les armées ennemies, s’efforcent d’occuper la meilleure position pour maîtriser le terrain, assurer le ravitaillement d’armées devenues plus nombreuses, gêner celui de l’adversaire, annihiler ses projets dans le cadre de l’espace-temps d’une campagne.

1.2. De l’art de camper les armées sous l’Ancien Régime Les camps, leur situation, leurs points forts et faiblesses au regard du ravitaillement des troupes ou des objectifs de campagne font le quotidien des échanges entre les généraux et la Cour, qu’il s’agisse de décrire la position occupée ou les options qui se présentent en vue d’un mouvement. De sorte que les campements sont très présents dans la correspondance du département de la Guerre, soit les quelque 4000 registres couvrant la période courant de la guerre de Trente Ans à la Révolution française (1630–1792) conservés à Vincennes au sein de la série GR A. Les lettres de Louis XIV et de ses ministres de la Guerre comme celles des officiers généraux, des intendants d’armée, des ingénieurs et autres officiers correspondant avec la Cour s’arrêtent de façon quasi systématique sur la description des camps occupés, de même que les relations de sièges ou de batailles. Les généraux de Louis XIV, dans les lettres qu’ils adressent au marquis de Louvois puis au souverain, décrivent ainsi régulièrement le camp qu’occupe l’armée ainsi que celui de l’armée ennemie. Il leur arrive également d’évaluer, à partir du camp abandonné par l’ennemi, l’effectif dont ce dernier dispose.6 Au-delà des mentions permettant de confirmer l’implantation d’un camp et la répartition des quartiers lors d’un siège ou des différentes unités (informations que peuvent préciser les ordres de batailles puisqu’on campe de manière à pouvoir marcher en bataille à l’ennemi), les lettres des généraux laissent transparaître, certes de manière diffuse, des détails intéressants sur la vie des camps, les sociabilités de campagne, mais également les rapports avec les populations locales.

Les guerres de la Révolution et de l’Empire (1792–1815) voient un changement de paradigme mais ne remettent pas en cause la nécessité d’organiser la concentration, le logement, l’instruction d’effectifs accrus, impliqués dans des opérations plus variées que les marches et les bivouacs précédant les batailles qui dominent les représentations de la guerre napoléonienne, comme les vues de sièges de Van der Meulen demeurent l’image emblématique des guerres de Louis XIV. Le dix-neuvième siècle connaît ensuite le développement des camps permanents mais également la projection vers les théâtres coloniaux.5

Parmi les officiers constituant l’état-major des armées, certains jouent un rôle particulièrement important en matière de logistique et notamment d’organisation des camps. C’est principalement le cas du maréchal général des logis, charge dont les titulaires les plus célèbres sous Louis XIV furent Jules-Louis Bolé, sieur de Chamlay, qui joua auprès de Louis XIV un rôle clé dans la direction de la guerre, et Jacques-François de Chastenet, marquis de Puységur, qui fut maréchal de France et l’auteur de L’art de la guerre par principes et par règles.7 Outre qu’il était chargé de l’organisation des marches, le maréchal général des logis avait la responsabilité de choisir et d’établir le

Cette importance accordée aux campements ressort nettement de la documentation conservée au Service historique de la Défense (SHD), même si les documents relatifs à l’organisation concrète des camps, au-delà des Sandrine Picaud-Monnerat, La petite guerre au XVIIIe siècle (Paris: Economica, 2010)  ; François Royal, La guerre des glaces. Étude des quartiers d’hiver de l’armée de Flandre (octobre 1711-avril 1712) (Paris: École nationale des chartes, 2014) ; Paul Vo-Ha, Rendre les armes. Le sort des vaincus, XVIe-XVIIe siècles (Ceyzérieu: Champ Vallon, 2017). 3  Nous pouvons citer ici le colloque “Camps et grandes manœuvres en France de Louis XIV à Louis-Philippe”, organisé à Compiègne les 3 et 4 octobre 1998, dont les actes ont été publiés dans le Bulletin de la Société historique de Compiègne 36 (1999). 4  Antoine Henri de Jomini, Précis de l’art de la guerre (Paris: Ancelin, 1838). 5  Les camps militaires apparus et développés au vingtième siècle (Bitche, Coëtquidan, Le Larzac, Mourmelon, Suippes, etc.), et pour lesquels les fonds sont également nombreux, ne seront donc pas étudiés ici. 2 

C’est le cas dans une lettre du maréchal de Luxembourg du 26 août 1691, qui évoque le camp de l’armée de Guillaume III : « J’ay veu son camp d’un bout à l’autre, je l’ay fort examiné, et assurément s’il y a un peu plus d’infanterie qu’il n’y en a dans cette armée, la vostre surpasse de beaucoup en cavallerie celle de ses ennemis » (SHD, GR A1 1051 n° 9). 7  Voir Jean-Philippe Cénat, “Les fonctions de maréchal général des logis à l’époque de Louis  XIV,” Revue historique des armées 257 (2009): 76–86 ; Jean-Philippe Cénat, Chamlay. Le stratège secret de Louis XIV (Paris: Belin, 2011). 6 

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Les campements militaires à travers les archives du Service historique de la Défense campement en lien avec le maréchal de camp de jour, et Chamlay s’illustra particulièrement dans cette tâche qui l’amenait à produire cartes et descriptions de pays, faisant de lui l’une des principales ressources en matière de documentation cartographique de l’armée8.

le service historique.11 On peut y ajouter des mémoires conservés en série GR A tels ces deux volumes (GR A3 100 et 101) décrivant les avantages et inconvénients de tous les camps des Pays-Bas rédigés sur la base de son expérience de terrain par le commissaire d’artillerie Vaultier, déjà cité.

On notera l’intérêt particulier à cet égard des 18 volumes de la collection des «  Papiers de M. de Chamlay  » conservés à Vincennes au sein de la sous-série GR A1, qui contiennent nombre de plans décrivant des camps, ainsi que celui des cartons du « don de Bontin » au sein de la sous-série GR A4, correspondant aux papiers du collaborateur de Chamlay, François La Prée. Puységur adressait régulièrement à Louvois puis à son successeur le marquis de Barbezieux des plans des positions occupées par l’armée de Flandre, en réponse à une consigne ainsi exprimée par le ministre de la Guerre : « Le roy estant bien aise pour sa propre satisfaction, d’avoir des cartes bien exactes de tous les camps que fera l’armée où vous estes, Sa Majesté m’a commandé de vous escrire ce mot pour vous recommander de continuer à les envoyer exactement, et vous aurez s’il vous plaist soin de me les adresser afin que je puisse les luy remettre ».9

Outre les précieux manuscrits hérités des bibliothèques du dépôt de la Guerre, du génie et de l’artillerie, la bibliothèque du SHD, riche du million de volumes qui en fait la première bibliothèque spécialisée en histoire militaire en Europe, conserve de son côté les principaux traités imprimés de castramétation, œuvres de Simon Stevin à Guillaume Le Blond et Georges-Louis Le Rouge,12 et de nombreux autres ouvrages théoriques plus généraux sur l’art de la guerre qui abordent la manière de camper les armées. La documentation cartographique constitue bien entendu, concernant les campements comme les marches des armées, une source aussi importante en volume qu’en intérêt. Les collections de cartes et plans du SHD sont réparties de façon étroitement complémentaire entre les archives et la bibliothèque du SHD.13 Le principal gisement en la matière est constitué par la sous-série GR 6 M du cadre de classement des archives du SHD, ensemble d’environ cent vingt mille documents, structuré pour partie selon une logique géographique et, pour l’atlas historique, par périodes.14 On y trouve à la fois des cartes manuscrites levées sur le terrain et qui ont pu être extraites des correspondances adressées à la Cour, des cartes dessinées a posteriori dans un but didactique ou de prestige, des cartes gravées, qui portent aussi bien sur les batailles et sièges que sur les marches ou les camps occupés par les armées.15 Loin d’être présents de façon secondaire par rapport aux documents relatifs aux batailles et sièges, plus attendus, les plans de camps occupés par les armées en campagne représentent parfois la majorité des documents conservés, comme c’est le cas pour les campagnes de Flandre pendant

Il faut citer également, parmi les acteurs dont la correspondance est utile au chercheur, le rôle des ingénieurs des camps et armées du roi ou ingénieurs géographes qui sont envoyés aux armées pour lever des cartes des camps, marches, sièges et combats à partir de la guerre de la ligue d’Augsbourg. À propos de l’ingénieur Favrot, par exemple, le premier commis de Louvois, Gilbert Colbert de Saint-Pouange, écrit ainsi au ministre durant la campagne de l’armée d’Allemagne de 1690  : «  Le géographe qui est icy n’a point perdu de temps à exécutter les ordres que vous luy avez donné. Il travaille à mettre au net les plans qu’il a levé des camps de l’armée et il m’a dit qu’il vous en enverroit dans peu ».10 Les lettres échangées entre la Cour et les armées et leurs pièces annexes sont utilement complétées par la collection des Mémoires et reconnaissances (sous-série GR 1 M), qu’il s’agisse des relations de campagnes et d’opérations, qui ne manquent pas de préciser les camps occupés par les armées et reproduisent des extraits de correspondance (GR 1 M 1 à 253 pour les campagnes d’Ancien Régime), des reconnaissances et mémoires topographiques sur les frontières et pays voisins de la France où se sont déroulées les opérations (on y trouve de très nombreux mémoires sur les camps occupés au cours des différents conflits et sur les positions qu’offre aux armées chaque province), des mémoires relatifs à l’art militaire et à l’organisation des armées (dont certains s’intéressent à la castramétation), ou encore des fonds acquis par le dépôt de la Guerre puis

Hervé Drévillon and Arnaud Guinier, eds, Les Lumières de la guerre. Mémoires militaires du XVIIIe siècle conservés au service historique de la Défense (Paris: Publications de la Sorbonne, 2014). 12  Guillaume Le Blond, Essai sur la castramétation ou sur la mesure et le tracé des camps (Paris: Jombert, 1748)  ; Georges-Louis Le Rouge, Le parfait aide de campoù l’on traite de ce que doit sçavoir tout jeune militaire qui se propose de faire son chemin à la guerre, avec des notes sur différens ouvrages de campagne, & sur les plans des principaux camps des guerres de 1740 et 1756 (Paris: Le Rouge, 1760). 13  Voir Henri Zuber, Thierry Sarmant, and Bertrand Fonck, eds, Guide des archives et de la bibliothèque du Service historique de la Défense (Vincennes: Service historique de la Défense, 2017) ; Myriam BuanicGeyer, Christophe Cloquier, Jean-François Dubos, and Franck Smith, 100 trésors des bibliothèques militaires. Voyage au cœur des bibliothèques de l’École militaire, de Polytechnique, de Saint-Cyr Coëtquidan, du Service historique de la Défense et du service de santé des armées (Paris: Pierre de Taillac, 2019). 14  Marie-Anne de Villèle, Agnès Chablat-Beylot, and Alain Morgat, eds, Du paysage à la carte. Trois siècles de cartographie militaire de la France (Vincennes: Services historiques des armées, 2002) ; MarieAnne de Villèle and Claude Ponnou, La France vue par les militaires. Catalogue des cartes de France du Dépôt de la guerre (Vincennes: Service Historique de l’Armée de Terre, 2002). 15  Claude Ponnou, Marie-Anne de Villèle, and Bertrand Fonck, Champs de bataille du Grand Siècle. Catalogue des cartes de l’Atlas historique jusqu’à la fin du règne de Louis XIV (Paris: Archives et Culture/DMPA, 2013). 11 

Bertrand Fonck, “Cartographie, direction de la guerre et commandement des armées sous Louis XV,” in Combattre et gouverner. Dynamiques de l’histoire militaire de l’époque moderne (XVIIe-XVIIIe siècles), ed. Bertrand Fonck and Nathalie Genet-Rouffiac (Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2015), 143–156. 9  Barbezieux à Puységur, Versailles, 18 juillet 1691. 10  SHD, GR A1 976, n° 94, 18 septembre 1690. 8 

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Bertrand Fonck and Olivier Accarie-Pierson la guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688–97), qui ont il est vrai fait l’objet de plusieurs recueils.16 Les campements sont certes figurés, bien souvent, de façon conventionnelle, sans détail autre que la position respective des deux lignes de l’armée, et en leur sein des brigades voire des bataillons et escadrons ; certains documents présentent toutefois avec davantage de détails la position respective des différents éléments constituant le camp. Les positions des armées impliquées dans les opérations de siège sont généralement représentées de façon plus précise avec le tracé des lignes enserrant la place, la position du quartier du roi, des quartiers des différents généraux, du parc d’artillerie, etc. On peut ainsi consulter plus d’une dizaine de pièces pour les grands sièges des règnes de Louis XIV ou Louis XV. Les collections cartographiques de la bibliothèque du SHD apportent des compléments à cet ensemble.

Ce rapide tour d’horizon serait incomplet sans l’évocation des archives relatives à cette forme de campement spécifique qui se développe dans la seconde moitié du dix-septième siècle, à savoir les camps d’instruction et de manœuvre, qui longtemps ont peu retenu l’attention des historiens en dehors d’études de cas, mais dont l’étude a été révolutionnée par les apports de l’archéologie, comme le montre l’exemple emblématique du camp de Saint-Sébastien.20 Comme le note Jean Chagniot, on peut distinguer au dix-huitième siècle les camps destinés à tester de nouveaux exercices ou matériels, bénéficiant d’une certaine anticipation, des camps organisés sur les frontières dans le cadre de la concentration des troupes préparant des campagnes ou destinés à servir de démonstration de force dans un contexte diplomatique particulier.21 Audelà de la correspondance du département de la Guerre (la série GR A déjà citée) permettant de documenter les camps de paix organisés sous Louis XIV, dont bien sûr celui de Compiègne en 1698,22 la documentation s’élargit avec l’institutionnalisation des camps de paix au siècle des Lumières, au sein de cette série comme d’autres gisements.23 Les principaux sont la collection des Mémoires et reconnaissances, déjà évoquée, dont une section de 28 articles est consacrée à cette matière, et la sous-série dite des archives administratives (GR Ya). On trouve dans les articles GR 1 M 1800 à 1827 de très nombreuses correspondances, instructions et relations sur les manœuvres réalisées par les troupes mais également des ordonnances et textes réglementaires, des mémoires liés à la discipline ou à la logistique des camps, des états des troupes ainsi que des plans.24 Sont notamment représentés les différents camps accueillis à Compiègne en 1698, en 1739 ou à partir de 1765,25 le camp de Richemont de 1727, celui de Vaussieux de 1778, ou les camps organisés près de Metz en 1788.

Les plans de sièges mais également de camps se trouvent également en nombre dans les archives du Dépôt des fortifications, autre ensemble majeur conservé par le SHD.17 À côté des plans de fortifications, la sous-série GR 1 V comprend en effet une section dédiée aux campagnes et sièges (sous-sous-série GR 1 VN). Les ingénieurs du roi, chargés des travaux de fortification de campagne, se sont par ailleurs naturellement intéressés aux camps retranchés qui mériteraient des développements particuliers. Vauban en a été un promoteur acharné, proposant des camps retranchés de 10 à 12 000 hommes disposés sur deux ou trois lignes permettant de dissuader toute attaque ennemie contre une place importance.18 Citons encore les documents iconographiques, conservés soit au sein de la collection du ministre de la Guerre, née autour des œuvres des artistes du dépôt de la Guerre qui ont dessiné et peint les campagnes des dix-huitième et dix-neuvième siècles, soit au sein des collections de la bibliothèque du SHD, offrant aussi bien des représentations du camp idéal, par l’entremise des ouvrages théoriques ou normatifs, que des représentations issues d’une expérience du terrain. L’étude par Paul Bastier des tentes utilisées par Louis XV et la Cour durant les campagnes de la guerre de Succession d’Autriche constitue à cet égard un bel exemple de croisement des sources iconographiques et des sources écrites.19

De même, les cartons GR Ya 174 et 175 présentent des dossiers constitués de documents contemporains ou rédigés a posteriori sur les camps organisés entre 1681 et 1788, ainsi des camps institués chaque année, entre la guerre franco-espagnole de 1683 et la guerre de la Ligue d’Augsbourg, sur la Sarre, la Saône, l’Adour et en Flandre et Artois (celui de 1685 sur la Saône ayant rassemblé du château de Versailles (2019), accessed Oct 11, 2021, http://journals. openedition.org/crcv/17907. 20  Cf. Hurard et  al., dans ce volume. Séverine Hurard, “Le camp d’entraînement des troupes du roi,” dans Mousquetaires  !, ed. Olivier Renaudeau (Paris: Gallimard, 2014), 220–221  ; Séverine Hurard et Xavier Rochart, “Régiments de cavalerie des troupes de Louis XIV. Les écuries du fort Saint-Sébastien de Saint-Germain-en-Laye,” Archéopages 41 (2015): 50–61. 21  Jean Chagniot, “Les camps de 1727 en Lorraine sous le comte de BelleIsle,” Bulletin de la Société historique de Compiègne 36 (1999): 61–70. 22  Lucien Bély, “Compiègne,” dans Dictionnaire Louis XIV, ed. Lucien Bély (Paris: Bouquins, 2015), 329–332. 23  Voir Arnaud Guinier, L’honneur du soldat. Éthique martiale et discipline guerrière dans la France des Lumières (Ceyzérieu: Champ Vallon, 2014), 188–192. 24  La série GR A contient également des mémoires théoriques, à l’instar de ce « Mémoire préliminaire sur un projet de camp de paix » attribué à Guibert conservé en GR A3103. 25  Le site de Compiègne est toujours utilisé par Napoléon et ses successeurs.

Jacques Pennier, Camps et ordres de marches et de batailles de l’armée du roi en Flandre commandée par le maréchal de Luxembourg (s.l.: s.n., 1675–1694) ; Jean, chevalier de Beaurain, Histoire militaire de Flandre, depuis l’année 1690 jusqu’en 1694 inclusivement (Paris: de Beaurain/ Poirion/Jombert, 1755). 17  Nicole Salat and Emmanuel Pénicaut, eds, Le Dépôt des fortifications et ses archives, 1660–1940 (Paris: Archives et Culture, 2011). 18  « On peut dire, écrit-il, qu’un camp fortifié est une place ambulante, dont la garnison est une armée ». Voir son “Traité de la fortification de campagne autrement des camps retranchés,” 1705 dans Les Oisivetés de Monsieur de Vauban (Seyssel: Champ Vallon, 2007), 1485, et Yves Bottineau-Fuchs, “Les camps retranchés chez Vauban,” dans Actes du colloque Vauban réformateur 1983, éd. Catherine Brisac et Nicolas Faucherre (Paris: Association Vauban, 1993), 49–58. 19  Paul  Bastier, Louis XV chef de guerre. Cérémonial de cour et commandement (1741–1748) (Paris: École nationale des chartes, 2019) et Paul Bastier, “Les tentes de guerre de Louis XV : résidences royales éphémères aux armées (1744–1747),” Bulletin du Centre de recherche 16 

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Les campements militaires à travers les archives du Service historique de la Défense 65 escadrons de cavalerie et 21 de dragons pendant 60 jours), des quatre camps de 1727, des six camps de 1753, de ceux qui ont suivi la guerre de Sept Ans (1756–63) ou encore de ceux de 1788. On trouve là aussi des extraits de règlement (à compléter par les séries d’ordonnances et règlements, en sous-séries GR X1 et X2), des ordres de bataille et états des troupes, des états de dépense, des marchés de fourniture et documents relatifs aux constructions et aménagements réalisés (précisant par exemple les dimensions des baraques du camp de Montroyal de 1687) ainsi que des plans des camps proprement dits ou plus souvent des manœuvres effectuées. Ces camps sont bien représentés parmi les collections cartographiques évoquées plus haut.

conservé dans ces archives riches de nombreux plans et documents graphiques. D’autres plans sont conservés parmi les archives des directions régionales des travaux du génie (GR 4 V), qui illustrent davantage les missions de ses services locaux : le lecteur y trouvera de nombreux plans de camps militaires complétant ceux conservés par le Dépôt des fortifications. Quant aux archives de l’artillerie (série GR W), elles sont également de nature technique et comprennent, du fait du développement de l’arme au dix-neuvième siècle, de nombreux documents concernant les camps militaires, à travers les exercices de tirs de différentes natures et les manœuvres déployées dans les camps de paix permanents qui sont alors érigés, et qui ont laissé des traces bien plus durables que les campements temporaires dans le paysage.

1.3. Boulogne, Châlons et les autres Si l’on s’intéresse aux campagnes napoléoniennes et aux camps du dix-neuvième siècle, le constat de la complémentarité entre les différents fonds et collections conservés au SHD sur les camps militaires se vérifie également. De manière générale, la documentation est ici plus abondante, notamment en matière de témoignages d’officiers mais aussi de soldats dont les correspondances apportent des éclairages sur la vie militaire qui sont plus rares pour les périodes antérieures  ; ces sources plus diversifiées ont nourri de nombreuses études sur le quotidien du soldat, comme d’ailleurs sur les tentes et le mobilier de campagne de l’empereur.26 En ce qui concerne les fonds du SHD, peuvent être mobilisées sur les guerres du Premier Empire les archives opérationnelles produites par les états-majors et unités de la Grande Armée (série GR  C), les archives administratives des unités et étatsmajors (série GR X) avec notamment la sous-série GR Xj dédiée aux camps d’instruction (1824–88, soit 54 articles contenant règlements, instructions, correspondances, situations et journaux), les Mémoires et reconnaissances déjà cités (par exemple l’article GR 1 M 1987 consacré en partie aux camps et campements), les collections cartographiques (sous-série GR 6 M L III), ou encore les ouvrages théoriques ou normatifs conservés par la bibliothèque (ainsi des manuels d’état-major).

Prenons l’exemple de deux camps qui, de par leur importance, le nombre d’hommes qui y ont séjourné et l’empreinte qu’ils ont laissée dans la mémoire collective, dominent le dix-neuvième siècle : le camp de Boulogne, véritablement créé après la rupture de la paix d’Amiens en 1803 et creuset des campagnes victorieuses de la Grande Armée,27 et le camp de Châlons, organisé sous le Second Empire avant de perdurer. Concernant le premier, qui a donné lieu à d’importantes fouilles archéologiques,28 sont notamment conservés, outre les sous-séries GR B14 (camps des côtes de l’océan, 1802–05, correspondance et ordres du jour) et GR C1 (armée des côtes de l’océan, 1804–05, correspondance), des plans détaillés du camp et de ses constructions parmi les archives du génie consacrées à la place de Boulogne (GR 1 VH 424 et 425). Une belle illustration représentant le camp de Boulogne en 1804 figure également parmi les œuvres graphiques de la collection du ministre de la Guerre (GR 7 M B 124).29 Le second, celui de Châlons, dont la création fut décidée au lendemain de la guerre de Crimée (1853–56), fut inauguré le 29 août 1857, répondant ainsi à la volonté de l’empereur Napoléon III de disposer d’un lieu qui puisse servir à la fois d’expérimentation et d’essai pour des armes – une école de tir, celle de Vincennes, y fut transférée – et accueillir également de grandes manœuvres militaires. Ce sont en effet plusieurs milliers d’hommes qui s’y relaient pour divers exercices, l’idée étant de s’exercer à faire avancer infanterie et cavalerie avec un appui de l’artillerie, ainsi que pour de grandes manœuvres annuelles, avec parfois des reconstitutions de grandes batailles du passé. Les archives relatives au camp de Châlons sont

On s’arrêtera particulièrement ici sur les archives du génie et de l’artillerie, qui contiennent de nombreux éléments concernant les camps militaires du dix-neuvième siècle. Il s’agit d’archives ayant un caractère technique parfois poussé. Distinctes, les deux armes restent sœurs, mais conservent des spécificités et des finalités précises que la documentation sur les camps militaires illustre parfaitement.

Bruno Bethouart, ed., Napoléon, Boulogne et l’Europe, Les cahiers du Littoral 2, no. 1 (Boulogne-sur-Mer: Les cahiers du Littoral, 2001) ; Bertrand Blocquet, Origine et développement du camp de Boulogne 1803–1805, MA thesis (Arras: Université d’Artois, 1994). 28  Frédéric Lemaire, “Les camps napoléoniens d’Etaples-sur-Mer (camp de Montreuil, 1803–1805). Recherches en cours,” Revue du Nord 388, no. 5 (2010): 39–49 ; Frédéric Lemaire, “Archéoscopie d’un projet d’invasion : la fouille des baraquements d’infanterie du camp de Montreuil (1803–1805),” Napoleonica. La revue 32, no. 2 (2018): 5–48. 29  Voir Nicolas Texier et al., La Grande Armée à travers les collections du Service historique de la Défense (Vincennes: Service historique de la Défense, 2012). 27 

En ce qui concerne le génie, les fonds relatifs aux campements militaires sont pour la plupart conservées au sein des archives du Dépôt des fortifications (sous-série GR 1 V) déjà cité, soit le niveau central de l’administration du génie  : tout ce qui concerne les places militaires, leur fortification, tout ce qui a trait au casernement est Jehanne Lazaj, ed., Le bivouac de Napoléon. Luxe impérial en campagne (Milan: Silvana Editoriale, 2014). 26 

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Bertrand Fonck and Olivier Accarie-Pierson relativement abondantes  : aux articles GR Xj 23 à 41 s’ajoutent, au sein des archives des écoles, les articles GR Xo 304–310. Avec ses 1800 ha, ses 42 bâtiments, son pavillon impérial entouré d’un jardin de plantes rares, le camp suscita l’admiration. L’année 1867 constitue un point d’orgue de l’histoire du camp, mis à l’honneur durant l’exposition universelle de Paris, au Champ-deMars, avec la construction de répliques de deux baraques du camp et du pavillon impérial (GR 1 VR 174, exposition militaire en 1867). À noter, du point de vue des archives iconographiques, qu’un album sur l’inauguration du camp de Châlons par Gustave Le Gray, offert par Napoléon III au général Émile Mellinet, est conservé au sein des collections de la bibliothèque du SHD (Gb 37).

camps militaires y sont classés en fonction des thèmes concernés. C’est principalement dans la sous-série GR 2 W, consacrée à l’instruction, que se trouve la majeure partie de la documentation consacrée aux camps d’instruction et de manœuvre, les camps de Châlons et de Satory y étant particulièrement bien représentés.31 Les fonds conservés à Vincennes trouvent ici des compléments naturels et de grande richesse dans les fonds du Centre des archives de l’armement et du personnel civil de Châtellerault (archives des commissions d’expériences et établissement chargés de la recherche, de l’expertise et des essais).32 Comme on le voit au terme de ce survol, l’intérêt renouvelé des chercheurs pour les campements militaires n’a pas encore épuisé l’ensemble des ressources conservées au SHD, qu’il s’agisse de fonds peu exploités jusqu’ici ou au contraire des grands ensembles auxquels de nouveaux questionnaires peuvent s’appliquer. Le croisement des sources et des méthodes permet, bien au-delà de l’histoire des campagnes et des armées, d’étudier l’histoire des pratiques militaires dans toute leur diversité, mais également celle de la société militaire, des interactions entre société militaire et société civile, ou encore l’histoire de la captivité militaire.33 La confrontation entre les sources écrites, que complètent d’ailleurs les archives conservées localement au sein des archives départementales et communales, les sources picturales (qu’on pense en la matière au pinceau de Pieter Snayers),34 les collections muséales, les photographies aériennes du SHD regroupant l’ensemble des missions de reconnaissance des territoires français et de l’Outre-mer effectuées par l’armée de l’air, et les « archives du sol » exhumées par les fouilles archéologiques pour les périodes anciennes comme les plus récentes,35 permet d’éclairer sous un jour nouveau l’expérience de la guerre et des combats.

Lié à la chute de l’Empire et au désastre de Sedan (1870), le camp ne va pas disparaître et sera réaménagé (GR 1 VH 557, camp de Châlons, 1873–75). Il devient un lieu utilisé pour des parades militaires  : en octobre 1896, le tsar Nicolas II assiste, aux côtés du président Félix Faure, à une démonstration militaire à laquelle participèrent environ 80  000 hommes. Sur ce site, qui prit le nom de camp de Mourmelon, on trouvera d’autres éléments en GR 1 VH 2048 (plans), GR1 VI 56 (camp de Châlons en 1921) ou GR 1 VK 241 (fonds destinés aux travaux). Les archives du génie documentent de même les grands camps de la Troisième République  : le camp d’Avord, situé entre Bourges et Nevers, mis en place à partir de l’été 1871 (GR 1 VH 179, GR 1 VH 2042) et qui est devenu une base aérienne ; le camp du Ruchard (GR 1 VH 2070) ; le camp de Mailly (GR 1 VH 2061) ; le camp de La Courtine (GR 1 VH 2051) ; le camp de Saint-Omer dont la création remonte au début du dix-neuvième siècle (GR 1 VH 2066, GR 1 VI 66 : casernement entre 1873 et 1912) ; le camp de Sathonay (GR 1 VH 2070, GR 1 VI 65 : casernement entre 1877 et 1894) ; le camp de Satory (GR 1 VH 2070 et 2080), qui servit de lieu d’instruction mais aussi d’internement après les répressions de 1871. De façon plus générale, les articles GR 1 VR 123 à 126 comprennent une documentation abondante sur les campements et baraquements, surtout pour les années 1860–1870. Notons que l’Afrique du Nord est également représentée, le génie ayant été un acteur de premier plan de la conquête : le carton GR 1 VH 1603 contient ainsi des documents relatifs aux camps du Sahel, édifiés entre 1842 et 1849, camps et fortifications construits à partir d’Alger au moment de la conquête de l’Algérie, comme les camps de Donera, Dely-Ibrahim, ou Boufarik. En GR 4 VT sont conservés de nombreux plans de camps construits en Afrique du Nord.

Pour Châlons, voir notamment les sous-séries GR 2 W (instruction), 4 W (materiel), 6 W (inventions et projets), 7 W (armée: lois, ordonnances, décrets, administration), 8 W (puissances étrangères), 9 W (correspondances), 10 W (commissions d’expériences) et 11 W (service des poudres et salpêtres). 32  Zuber, Sarmant, and Fonck, eds, Guide des archives, chapitre IX, « Les archives de l’armement », 521. 33  Laurent Jalabert, ed., Les prisonniers de guerre (XVe-XIXe siècle). Entre marginalisation et reconnaissance (Rennes: Presses Universitaires de Rennes, 2018). 34  Roland Sennewald, Pieter Snayers. Battle Painter (1592–1667) (Berlin: Zeughaus Verlag, 2018). 35  Séverine Hurard, Yann Lorin, and Arnaud Tixador, “Une archéologie de la guerre de siège moderne (XVIIe-XVIIIe  siècles) à l’échelle européenne,” Les nouvelles de l’archéologie 137 (2014): 19–24  ; Séverine Hurard, “Archéologie des mondes moderne et contemporain en Europe,” in Une histoire des civilisations. Comment l’archéologie bouleverse nos connaissances, ed. Jean-Paul Demoule, Dominique Garcia, and Alain Schnapp (Paris: La Découverte, 2018), 510–515  ; Robin Perarnau, Etude pluridisciplinaire de sites militaires : le champ de tir d’artillerie et le camp des Pareuses de Pontarlier (1876–1924), MA thesis (Dijon: Université de Bourgogne, 2016). 31 

Les archives de l’artillerie, moins connues et exploitées que celles du génie, méritent pourtant d’être consultées. Les 17 sous-séries de la série GR W suivent une organisation thématique dans laquelle la logique du respect des fonds n’a pas été respectée.30 Les différents éléments relatifs aux Claude Loisier-Véron, Inventaire des Archives de l’Artillerie (Vincennes: Service Historique de l’Armée de Terre, 1989–1991). 30 

14

2 Les campements militaires à Ninove (1667–1748) : instruments de recherche et contexte historico-militaire Erik Wauters1 and Arne Verbrugge2 Independent researcher SOLVA, Industrielaan 25B, 9320 Aalst, Belgium 1

2

Abstract: In the seventeenth and eighteenth centuries, the area around the small town of Ninove (Province of East Flanders, Belgium) was highly esteemed as a location for a military camp. Situated on the river Dender, at the gates of Flanders and within a one-day march from Brussels, the region was not only strategically significant, its fertile countryside also provided the food supplies necessary to sustain an army for a prolonged period of time. The analysis of written sources and military plans revealed that there were no less than fourteen military camps in the area between 1667 and 1748. Four of these were located at the Ninoofse Kouter, where in 2018–20, excavations were conducted by the archaeological bureau of SOLVA (‘Doorn Noord’ site) (cf. Verbrugge et al., this volume). Two camps date from the time of the Nine Years’ War (1688–97), between the French army of Louis XIV and the forces of the Grand Alliance, an international coalition led by the king of England and Stadholder of the Dutch Republic, William III. During the summer of 1692, shortly after the defeat of his army at Steenkerque, William III’s troops were encamped at the Ninoofse Kouter for five days. The king took his quarters in the premises of the abbey of Saints Cornelius and Cyprian, situated next to the camp. The coalition army totalled about 60.000 men. The site of the archaeological excavations was almost exclusively occupied by cavalry regiments. The same scenario was repeated a year later. After the bloody battle of Landen, where William III was again defeated, his army moved west and settled down in Ninove on 20 September 1693. This time the camp stayed there for almost a month, i.e. until mid-October, after which the troops went into winter quarters. The site of the excavation was mainly occupied by Dutch infantry and its hired German and Scandinavian auxiliaries. Nearby, along the abbey’s ponds, the King’s Guards and several battalions of the Scotch Dutch had set up their tents. Notably, a copper 6-pence coin, dated 1678, was found on the site. The third and fourth camps date back to the War of the Austrian Succession (1740–48). In 1744, a large army corps composed of Dutch and Austrian regiments was encamped at the Ninoofse Kouter for a day. During the autumn of 1745, the French army commanded by Louis XV and the Maréchal de Saxe camped at Aalst (Alost) for five weeks. Large stocks of food supplies were established in Ninove to feed the right wing of the army. To secure these vital stocks, several brigades were posted around Ninove. Among those were the infantry brigade d’Auvergne and the elite cavalry troops of the Maison du Roi and the Gendarmerie. The importance of this chapter is, however, not limited to a single site in Ninove. Its overview of the historical sources sued in this context, and ways to access them easily online, is relevant to everyone working with the remains of military encampments in the historic Low Countries and beyond. Finally, it is hoped that this collaboration between a historian and an archaeologist illustrates how interdisciplinarity works enriching, and that this approach might serve as a good practice for the study of other sites to be discovered in the future. Keywords: Belgium, Ninove (Flanders), Nine Year’s War, War of the Austrian Succession, military encampments, historian-archaeologist collaboration, overview of historical sources. 15

Erik Wauters and Arne Verbrugge 2.1. Les camps militaires à Ninove (1667–1748)1

alentours un lieu de campement de choix, comme le résume le maréchal de Luxembourg en 1677 : « Il y a des vivres & des fourrages en abondance ».3

Hormis les cinq mois d’hiver, de novembre à mars, les armées des dix-septième et dix-huitième siècles campaient dans la nature. Le choix de l’endroit des campements dépendait bien sûr, non seulement de considérations stratégiques mais aussi et surtout de la disponibilité en eau potable et en denrées nécessaires à la subsistance des armées en campagne. En effet, le nombre d’hommes s’élevait souvent à plus de cinquante mille, sans compter le personnel civil, les vivandiers et quelques dizaines de milliers de chevaux nécessaires à la cavalerie, à l’artillerie ainsi qu’au transport des bagages et du matériel de guerre.

Il n’est donc pas étonnant que nous ayons retrouvé, pour la période concernée, sur le territoire de l’actuelle municipalité de Ninove, pas moins de quatorze camps de marche, sans compter les quartiers d’hiver et les innombrables passages et cantonnements de régiments individuels. Dix de ces camps peuvent êtres localisés avec plus ou moins de précision à l’aide de documents cartographiques (Table 2.1 et Figure 2.1). Parmi ceux-ci, quatre campements (1692, 1693, 1744 et 1745) se situaient au Ninoofse Kouter,4 un endroit que le comte de Ferraris (1771–77), auteur de l’importante carte de cabinet des Pays-Bas autrichiens, qualifia de particulièrement approprié aux campements militaires.5 Les six autres camps sont vraisemblablement localisés en dehors de cette zone.

En règle générale, les armées s’installaient dans les prairies, le long des rivières, ou bien en plein champ, « en bataille » c’est-à-dire sur deux lignes occupant une largeur qui atteignait fréquemment près de dix kilomètres. Cette disposition facilitait à la fois une mise en marche rapide de l’armée et permettait de fourrager une large superficie du territoire, étant donné que selon l’usage de l’époque, c’est le pays qui doit nourrir le soldat.

Quant à l’emplacement précis des quatre derniers camps, il reste encore à déterminer.

L’installation des camps relevait de la responsabilité du maréchal général des logis (quartermaster general) qui, en collaboration avec le maréchal de camp du jour, indiquait l’emplacement précis de chaque bataillon et de chaque escadron avant l’arrivée des troupes. S’ils comptaient rester assez longtemps, ils pouvaient creuser quelques retranchements autour du camp, édifier des palissades, ou à tout le moins disposer les chariots pour bloquer les accès.2

Les camps les plus importants, tant en nombre d’hommes qu’en durée, datent de la Guerre de Hollande (1672–78) et de la Guerre de Neuf Ans (1688–97). La Guerre de Succession d’Espagne (1701–13) ne semble pas avoir nécessité de camps de marches d’envergure comparable. Il en va de même pour les autres guerres. Durant la brève Guerre des Chambres de Réunions (1683–84), aucun camp n’est à signaler à Ninove. Comme le montre la Table 2.1, la durée des camps varie considérablement, de quelques jours à plus d’un mois. On retrouve souvent les camps de longue durée à la fin des campagnes, avant le retour des troupes dans les quartiers d’hiver en ville.

Souvent, les armées restaient dans un camp tant qu’il était possible de se procurer une botte de paille. Une fois le pays épuisé, l’armée décampait, ce qu’on appelait « faire camp frais  ». Soit les soldats fauchaient eux-mêmes les grains ou l’herbe pour le foin, soit les paysans recevaient l’ordre de les livrer. Or, durant la période concernée, les armées faisaient de plus en plus souvent appel à des entrepreneurs civils qui prenaient en charge la totalité de la chaîne des fournitures : achat de grains, magasinage, mouture, cuisson du pain et livraison dans le camp. Le système des magasins garantissait la subsistance de l’armée quand les champs étaient vides, permettant ainsi de commencer une campagne plus tôt au printemps ou de la prolonger en automne. Dans tous les cas, les frais du système étaient à charge des villages. Il n’est pas étonnant que les délibérations des États des provinces et des chefscollèges des châtellenies soient remplies de doléances à ce sujet.

2.2. L’étude des camps : un exercice d’interdisciplinarité Le cas des camps militaires de Ninove est un exemple de recherches dans lesquelles la pratique de l’interdisciplinarité entre documentation archéologique et documentation écrite s’est révélée particulièrement fructueuse. L’historien et l’archéologue travaillent dans des registres documentaires bien différents. Fouiller c’est détruire, l’archéologue ne peut donc pas retourner à la source primaire. L’historien moderniste dispose en revanche d’une multitude de sources iconographiques et textuelles qui, dans le domaine des conflits armés doivent, certes, être soumises à la critique historique.

La localisation stratégique de Ninove – sur la Dendre, à une journée de marche de Gand comme de Bruxelles – et ses ressources naturelles faisaient de la ville et de ses

Gazette, Gazette ou Recueil des gazettes et nouvelles, ordinaires et extraordinaires (Paris: Bureau d’adresse, 1677), 532. 4  Kouter : champ cultivé (Fr. : couture ; Lat. : cultura). 5  L’endroit est décrit comme «  les hauteurs, les fonds et les ruisseaux compris entre Okeghem et Tervondelen, à la rive gauche de la Dendre ». Joseph-Johann-Franz Ferraris, Mémoires historiques, chronologiques et oeconomiques sur (...) de la Carte de Cabinet des Païs-Bas autrichiens pour S.A.R. le duc Charles de Lorraine (Bruxelles: Bibliothèque Royale de Belgique, s.d.), 251–253. 3 

Les auteurs tiennent particulièrement à remercier Henri Adrien et Vincent Desbrosse pour leur patiente relecture de ce chapitre. 2  Jean-Philippe Cénat, “Les fonctions de maréchal général des logis à l’époque de Louis XIV,” Revue historique des armées 257 (2009): 76–86. 1 

16

Les campements militaires à Ninove (1667–1748) Table 2.1. Les camps de marche aux environs de Ninove. Les quatre camps situés dans la zone des fouilles de Doorn Noord sont surlignés en gris dans le tableau. (A) Il s’agit de l’armée principale indiquée, sauf pour les camps suivis d’un astérisque qui abritaient un corps d’armée plus réduit (d’une ou de quelques brigades). (B) La durée du camp, de l’arrivée des premières troupes jusqu’au départ des dernières. (C) Les chiffres entre parenthèses se réfèrent au plan d’ensemble des camps dont la localisation est connue, repris en Figure 2.1. (A) Armée

(B) Période

(C) Localisation

GUERRE DE DÉVOLUTION (1667–68) Française*

Mai 1668

Inconnue GUERRE DE HOLLANDE (1672–78)

Française

27 mai–18 juin 1676

Neerhasselt-Outer-Herlinckhove (1)

Française

14 juin–16 juillet 1677

Zandbergen-Ninove (2)

GUERRE DE NEUF ANS (1688–97) Française

8–13 septembre 1691

Schendelbeke-Appelterre-Eichem-Herlinckhove (3)

Grande Alliance

29 septembre–17 octobre 1691

Meerbeke-Pollare-Zandbergen-Grimminge (4)

Grande Alliance

20–25 août 1692

Iddergem-Okegem-Ninove-Outer-Nederhasselt-Aspelare(5)

Grande Alliance

20 septembre–16 octobre 1693

Okegem-Ninove-Outer-Nederhasselt-Aspelare (6)

Grande Alliance

28 mai–14 juin 1695

Pamel-Meerbeke-Pollare (7)

GUERRE DE SUCCESSION D’ESPAGNE (1701–13) Française*

27–29 août 1708

Inconnue

Grande Alliance*

14–20? avril 1710

Inconnue

Grande Alliance*

?–3 mai 1711

Inconnue

GUERRE DE SUCCESSION D’AUTRICHE (1740–48) Autrichienne*

1 juin 1744

Okegem-Ninove, au lieu dit Ninoofse Klooster Kouter (8)

Autrichienne

10–11 juillet 1745

Onkerzele-Grimminge-Zandbergen-Pollare-Meerbeke (9)

Française*

8 septembre–15 octobre 1745

Alost-Ninove (10)

majeure partie disponibles par voie numérique, dans le seul but de fournir à l’archéologue un premier outil de travail permettant de localiser un camp, déterminer sa durée et identifier les armées impliquées. Bien évidemment, une étude plus approfondie des camps nécessite l’examen des documents manuscrits conservés aux archives des différents pays impliqués, un sujet qui dépasse largement la portée de ce chapitre.

La littérature qualifie l’historien comme un « médiateur » largement juge et partie dans la « construction » des documents archéologiques qui, sans lui, sont « présomptifs ». Elle insiste également sur la nécessité (et la difficulté !) d’amener les archéologues à être capables de poser des questions «  opératoires  » dans les champs des historiens et vice versa. Il est donc primordial que les chercheurs acquièrent un minimum de culture des autres disciplines.6

2.2.1. Sources cartographiques et iconographiques

Pour répondre à ce besoin, nous présentons ci-après une sélection de sources utiles aux archéologues pour une première analyse des camps rencontrés. L’accent est mis sur les camps dans les Pays-Bas méridionaux et sur la période 1672–1748. La sélection se limite essentiellement aux sources primaires éditées et facilement accessibles, en

Les plans militaires de marches et de camps situés dans les Pays-Bas méridionaux sont nombreux. Souvent l’iconographie de ces plans permet d’établir le nombre de bataillons (infanterie) et d’escadrons (cavalerie et dragons) et, par conséquent, d’estimer le nombre total d’hommes présents.7 Parfois, lorsqu’ils sont accompagnés d’ordres

Joëlle Burnouf et  al., “Sociétés, milieux, ressources : un nouveau paradigme pour médiévistes,” in Être historien du Moyen Age au XXIe siècle, XXXVIIIe Congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public (Cergy-Pontoise, Évry, Marne-laVallée, Saint-Quentin-en-Yvelines, 31 mai-3 juin 2007) (Paris: SHMESP, 2008), 95–132. 6 

Le nombre d’hommes dans un escadron ou dans un bataillon était très variable. Le calcul du total des effectifs ne peut donc être qu’une estimation. 7 

17

Erik Wauters and Arne Verbrugge

Figure 2.1. Camps situés sur le territoire de Ninove. Camps français de 1676 (1), 1677 (2), 1691 (3) et 1745 (10) ; camps des armées de la Grande Alliance 1691 (4), 1692 (5), 1693 (6) et 1695 (7) ; camps autrichiens de 1744 (8) et 1745 (9). La zone bordée de rouge indique la zone des fouilles de Doorn Noord. © SOLVA Dienst Archeologie.

de bataille ou d’ordres de marche, les plans permettent d’identifier les régiments individuels et leur nationalité.8

de l’Armée du Roy (...)  » conservés à la Bibliothèque nationale de France avec les plans des camps de Ninove de 1676, 1677 et 1678.9

En revanche, la toponymie sur les plans militaires est souvent plus imprécise que sur les cartes et les plans établis par les autorités locales (noms de lieux incompréhensibles ou confondus, etc.).

Pour la Guerre de Neuf Ans (1688–97), le nombre de plans – tant manuscrits que publiés – est abondant. Les plans de la main de Jacques Pennier, ingénieur géographe de l’armée française, sont exemplaires. Un grand nombre de plans dressés par les géographes des différentes armées opposées à la France nous est également parvenu. À l’exception de ceux établis par Georges Prosper Verboom,

L’analyse des sources démontre que c’est à partir de la Guerre de Hollande (1672–78) que les différentes armées ont commencé à établir des plans plus au moins systématiques des Pays-Bas méridionaux. Du côté français, signalons pour cette époque surtout les différents recueils manuscrits des « Cartes des Marches & Campemens

Voir : Anonymous, Cartes des Marches & Campemens de l’Armée du Roy pendant la Campagne 1676 (s.l.: s.n., 1680) ; Anonymous, Cartes des Marches & Campemens de l’Armée du Roy pendant la Campagne 1677 (s.l.: s.n., 1680) ; Anonymous, Campagnes de Louis XIV. [Campagne du roy en l’an MDCLXXVIII] (s.l.: s.n., 1678). 9 

En règle générale, les régiments étaient indiqués par le nom du colonel propriétaire. 8 

18

Les campements militaires à Ninove (1667–1748) Table 2.2. Documents cartographiques et iconographiques : principales bases de données consultées. Lieu

Fonds

Collection numérisée

Paris

Bibliothèque nationale de France

BnF Gallica (Bibliothèque nationale de France)

Londres

Royal Collection Trust

RCT/George III’s collection of military maps

Amsterdam

Rijksmuseum/Rijksprentenkabinet

Rijksmuseum

Madrid

Biblioteca Nacional de España

Biblioteca digital Hispanica

Marburg

Hessisches Staatsarchiv Marburg

Digitales Archiv Marburg (DigAM) ; Digitalisierungsprojekt Wilhelmshöher Kriegskarten

Stockholm

Riksarkivet

Riksarkivet ; Utländska Krigsplaner

Copenhague

Kongelige Bibliotek/digitale samlinger/Kort og Atlas

Kongelige Bibliotek ; Digitale Samlinger; Kort og Atlas

ingénieur militaire flamand au service de l’Espagne, la plupart de ces plans sont anonymes.

après année par Edward D’Auvergne, constituent pour l’armée anglaise une source majeure d’informations, amplement utilisée par les auteurs d’histoire militaire britanniques.

Pour un aperçu global de la cartographie militaire des Pays-Bas méridionaux jusqu’à la Guerre de Succession d’Autriche (1740–48), on consultera avec intérêt les études de Claire Lemoine-Isabeau.10 Sur le plan iconographique, signalons surtout les nombreux dessins de campements de la main du mémorialiste Constantijn Huygens et de ses collègues, qui suivaient l’armée de Roi Guillaume III et qui dessinaient « ad vitam » les camps en indiquant, dans la majorité des cas, le nom du lieu et la date.11

Pour les armées d’Espagne, les armées allemandes (Brandebourg-Prusse, Hanovre, Bavière) et les troupes auxiliaires danoises, nous disposons également d’œuvresclés basées sur des documents d’époque et particulièrement utiles pour l’identification des régiments. Les guerres sous Louis XV et la campagne de 1745 du maréchal de Saxe en Flandre sont bien documentées dans ses mémoires et ses lettres qui sont à la base de plusieurs études-clés publiées au siècle dernier.

Ci-suit une liste des principales collections numérisées, consultées pour l’iconographie et la cartographie (Table 2.2).

Une autre source importante d’informations provient des gazettes et des périodiques de l’époque, à caractère tant international que local. Les nombreux mémoires de campagne, dont certains sont plus fiables que d’autres, contiennent parfois d’intéressants détails sur les campements.

2.2.2. Sources écrites La multitude de nations engagées dans les conflits de l’époque nécessite l’examen des sources militaires de tous les pays impliqués dans les guerres sur le territoire des Pays-Bas méridionaux. Heureusement, beaucoup de ces sources ont été explorées et parfois publiées déjà à l’époque ou aux siècles suivants. Pour la France, notons, par exemple pour la période 1690–94, la description et les plans des marches, des campements et des batailles, publiés au dix-huitième siècle par le chevalier de Beaurain, dont le travail est notamment basé sur la correspondance militaire de l’époque et les plans de Pennier. Peu connus des chercheurs français, les journaux tenus par Constantijn Huygens, secrétaire personnel du Stadhouder-Roi d’Angleterre Guillaume III, couvrent les campagnes de l’armée des Provinces-Unies durant la Guerre de Hollande et de l’armée de la Grande Alliance durant la Guerre de Neuf Ans. Les journaux des campagnes de la Guerre de Neuf ans, publiés année

Il est impossible de fournir ici une liste exhaustive de toutes ces sources, qui comporterait facilement plusieurs dizaines de pages. La Table 2.3 se limite à un choix de sources basé sur l’utilité directe et la facilité de consultation des documents, accessibles par voie numérique dans la plupart des cas. Nous nous contentons d’indiquer les vastes archives nationales, militaires et autres des pays belligérants. Ils constituent une mine inépuisable d’informations, comme le démontre l’exemple des archives françaises du Service historique de la Défense (cf. Fonck et Accarie-Pierson, ce volume). Une analyse des archives locales est tout aussi indispensable. Les décisions et les comptes des autorités ecclésiastiques et civiles, ainsi que les journaux personnels des témoins oculaires que nous avons pu consulter, ont fourni des indications importantes quant à la durée des campements, les frais y afférents et la nationalité des

Claire Lemoine-Isabeau, Les militaires et la cartographie des PaysBas méridionaux et de la Principauté de Liège à la fin du 17e et au 18e siècle (Bruxelles: Musée Royal de l’Armée, 1984). 11  Un nombre important de dessins de Constantijn Huygens, Valentijn Klotz et Josua de Grave est conservé au Rijksprentenkabinet (Amsterdam). 10 

19

Erik Wauters and Arne Verbrugge Table 2.3. Sélection de sources utiles à la documentation des camps de marche aux Pays-Bas méridionaux. Légende : AT = Autriche, BA = Bavière, BP = Brandebourg/Prusse, D = Danemark, ES = Espagne, FR = France, GB = Angleterre/Grande-Bretagne, HA = Hanovre, PBM = Pays-Bas méridionaux, PU = Provinces-Unies (Pays-Bas septentrionaux). Auteur

Titre/contenu

Nation

Collection numérisée*

Ouvrages généraux Simon Stevin

La castramétation (Rotterdam, 1618)

PU

CNum (Bibliothèque numérique en histoire des sciences et des techniques)

Lewis Lochee

An essay on castrametation (Londres, 1778)

GB

Google Books

Alain Manesson-Mallet

Les Travaux de Mars ou l’Art de la Guerre, 3 vol. (Paris, 1684–1685)

FR

BnF Gallica (Bibliothèque nationale de France)

Pierre Surirey de SaintRemy

Mémoires d’artillerie, 2 vol. (Paris, 1697)

FR

BnF Gallica

Jacques-François de Chastenet, marquis de Puységur

L’art de la guerre Art de la guerre, par principes et par règles, 2 vol. (Paris, 1748)

FR

BnF Gallica

Armées et campagnes militaires Sr. Pennier

Camps et Ordres de Marches De l’Armée du Roy en Flandres (1675–1694)

FR

BnF Gallica

Jean de Beaurain, Chevalier de

Histoire Militaire de Flandre Depuis l’année 1690 jusqu’en 1694 Inclusivement (Paris, 1755)

FR

BnF Gallica

Jean-Jacques-Germain Pelet

Mémoires militaires relatifs à la succession d’Espagne sous Louis XIV , 11 vol. (Paris, 1835–1862)

FR

BnF Gallica

Charles Pajol

Les guerres sous Louis XV, 7 vol. (Paris, 1881–1891)

FR

Internet Archive

Henry Pichat

La campagne du maréchal de Saxe dans les Flandres, de Fontenoy (mai 1745) à la prise de Bruxelles (février 1746) (Paris, 1909)

FR

BnF Gallica

Jean-Pierre Bois

Maurice de Saxe (Paris, 1992)

FR



Jean Colin

Les Campagnes du maréchal de Saxe, 3 vol. (Paris, 1901–1906)

FR

BnF Gallica

s.n.

La conqueste des Pays-Bas par le Roy, dans la campagne de 1745, avec la prise de Bruxelles en 1746 (La Haye, 1747)

FR

Google Books

Marc-Pierre de Voyer, Comte d’ Argenson-

Livres de guerre du comte d’Argenson (1744–1755)

FR

BnF, Bibliotèque de l’Arsenal, Ms-15212 (1745)

s.n.

Carte Général (sic) des Camps et Marches que l’Armée du Roy a tenus Pendant la Campagne de 1745 (1745)

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BnF Gallica

F.J.C. Ten Raa

Het Staatsche Leger, 1568–1795, 9 vol. (Breda, 1912–2012)

PU



Constantijn Huygens jr.

Journalen (...), 1673–1696, 4 vol. (Utrecht, 1876-1888)

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Historiën onses tyds (...), 1669–1699

PU

Google Books (4 vol. 1685–1699)

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GB

British History Online

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English Army Lists and Commission Registers, 1661–1714, 6 vol. (Londres, 1960)

GB

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GB

EEBO-TCP (1692, 1694, 1697); Google Books (1693, 1695)

George Murray

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The history of the life and reign of Queen Anne (Londres, 1722) GB

20

Digitale bibliotheek voor de Nederlandse letteren (DBNL)

Google Books

Les campements militaires à Ninove (1667–1748) Auteur

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Paul de Rapin de Thoyras

The history of England, 4 vol. (Londres, 1743–1747)

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John M. Stapleton

Forging a coalition army: William III, the Grand Alliance, and the confederate army in the Spanish Netherlands, 1688–1697 (Ohio State University, 2003)

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Georges Prosper Verboom Marches et campements de l’armée des aliez aux Pays-Bas en l’an 1691

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Serafin-Maria de Sotto, Conde de Clonard

Historia organica de las armas de infanteria y caballeria españolas, 16 vol. (Madrid, 1851–1859)

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Giancarlo Boeri et al.

The Spanish armies in the war of the league of Augsburg. (s.l., 2001)

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Wilhelm III von England und Max Emanuel von Bayern im niederländischen Kriege 1692–97 (Münich, 1901)

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Curt Jany

Geschichte der Königlich Preussischen Armee bis zum Jahre 1807, vol. 1 (Berlin, 1928)

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Geschichte der Königlich Hannoverschen Armee (Hannover, 1871)

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J.H.F Jahn

Det danske Auxiliaircorps i engelsk Tjeneste fra 1689 til 1697 (Copenhague, 1840)

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Kriegsarchiv Wien (éd.)

Feldzüge des Prinzen Eugen von Savoyen, Spanischer Successions-Krieg, nach den Feld-acten und anderen authentischen Quellen, 1701–1709, plusieurs vol. (Vienne, 1876–1886)

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Relations véritables (Bruxelles, 1652–1741)

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Mémoires James Fitzjames, duc de Berwick

Mémoires du Maréchal de Berwick écrits par luimême,1670–1734 (éd. 1778)

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Antoine de Pas, marquis de Feuquières

Mémoires de M. le Marquis de Feuquière,1648–1711, 4 vol. (Paris, éd. 1775)

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Mémoires de Monsieur de La Colonie, maréchal de camp des armées de l’Électeur de Baviere, 1692–1717, 2 vol. (Bruxelles, 1737)

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Robert Parker, capitaine

Memoirs of the most remarkable Military Transactions from the Year 1693, to 1718 (Londres, 1747)

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The Life and Diary of Lieut. Col. J. Blackader, 1688–1715 (Edinbourg, 1824)

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Jean-Philippe-Eugène, comte de MérodeWesterloo

Mémoires du feld-maréchal comte de Mérode-Westerloo, 1674–1732, 2 vol. (Bruxelles, éd. 1840)

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* Dans cette colonne ne sont reprises que les sources d’accès libre.

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Erik Wauters and Arne Verbrugge troupes. Si les noms des régiments y sont souvent mal épelés, ces documents permettent toutefois de localiser les camps avec plus de précision, les toponymes ou les propriétaires des terres occupées étant parfois mentionnés.

La guerre se déroule d’abord à l’avantage de la France. Les victoires du maréchal de Luxembourg s’accumulent : batailles de Fleurus (1690), de Leuze (1691), de Steenkerque (1692) et de Landen ou Neerwinden (1693) ; prise de Mons (1691), de Namur (1692) et de Charleroi (1693). Si la campagne de 1694 s’avéra insignifiante, la reprise de Namur en 1695 marqua en revanche un tournant dans la guerre à l’avantage des alliés. Epuisés par les énormes dépenses de guerre, les belligérants signent en 1697 la paix de Rijswijk qui met fin à une guerre qui a été dévastatrice pour les Pays-Bas espagnols et pour le Pays d’Alost et de Ninove en particulier.15

2.3. Les camps de l’armée de la Grande Alliance de 1692 et 1693 2.3.1. La Guerre de Neuf Ans Afin de faire face aux prétentions françaises sur ses territoires, l’empereur du Saint Empire Romain Leopold Ier avait créé en 1686 la Ligue d’Augsbourg, une alliance de principautés allemandes. En 1688, la cruelle invasion française dans le Palatinat déclenche une guerre qui va durer neuf ans. Cette guerre est connue sous les noms Guerre de la Ligue d’Augsbourg, Guerre de Neuf Ans ou Guerre de la Grande Alliance. Cette dernière fut constituée à l’initiative du Stadhouder Guillaume d’Orange – devenu roi d’Angleterre par son mariage avec la princesse Marie II – qui rejoint la Ligue en 1689. Son exemple sera bientôt suivi par d’autres états comme le Hanovre et le Brandebourg, ainsi que par l’Électeur Maximilien Emanuel de Bavière, élu gouverneur des Pays-Bas espagnols en 1691.

Dans les archives locales, on ne compte plus les frais et les plaintes suite aux innombrables passages, campements, logements et fournitures de vivres aux troupes. Les dégâts du Pays d’Alost durant la période 1689–94 ont été estimés à plus de 13 millions de florins sur un total de 37 millions pour la totalité des seigneuries et villages du Pays de Flandre.16 2.3.2. Le camp allié de Ninove du 20 au 25 août 1692 2.3.2.1. La campagne de 1692 La campagne de 1692 avait mal commencé pour les forces alliées : fin juin, les Français s’étaient emparés de Namur, menaçant ainsi Liège et par-là même les Provinces-Unies. Afin de renverser la situation, Guillaume  III lança ses armées dans une attaque téméraire du camp français à Steenkerque le 3 août, mais il est défait par les troupes du maréchal de Luxembourg à l’issue d’un sanglant combat. Le 11 août, le maréchal fit marcher son armée vers le nord-ouest et campe à Lessines (15 août). En suivant parallèlement l’ennemi –  afin de couvrir Bruxelles et les villes de Flandre  – les alliés quittèrent leur camp de Lembeek (Halle) et marchèrent sur Ninove.

Face à cette puissante coalition, la guerre sera désormais pour la France une guerre surtout défensive afin de consolider les conquêtes précédentes et de défendre le sol français à partir du Pré Carré, la ceinture de fortifications établie par Vauban, allant de Dunkerque à Longwy. La guerre se caractérise par une augmentation considérable de la taille des armées. De 30.000 hommes en 1668, l’armée française voit ses effectifs augmenter à plus de 300.000 hommes en 1696 – le nombre le plus élevé de l’époque prérévolutionnaire12 – dont la moitié fut déployée sur le théâtre de guerre des Pays-Bas espagnols. Les trois armées principales des forces alliées – les Provinces-Unies, l’Angleterre et l’Espagne  – augmentent également leurs effectifs : elles comptent au total quelque 95.000 hommes en 1690 pour atteindre le chiffre de 160.000 à la fin de la guerre.13 Pour arriver à ce nombre, ces armées devaient faire appel à des troupes auxiliaires, louées à l’étranger, surtout dans les principautés allemandes, mais aussi d’autres pays tels que le Danemark. À partir de 1690, la guerre se déplace dans les Pays-Bas méridionaux. L’armée principale française y est commandée par le célèbre maréchal de Luxembourg.14 Le roi d’Angleterre assume le commandement général des forces alliées, assisté par l’Électeur de Bavière qui en commande l’aile droite.

C’est une armée alliée en détresse qui se rabattit sur Ninove le 20 août. À la bataille de Steenkerque, elle avait en effet perdu quelque 6.000 hommes (morts et blessés). Déjà avant la marche sur Ninove, six bataillons anglais et hollandais qui avaient subi des pertes considérables, avaient été envoyés en quartier à Malines et à Maastricht. 2.3.2.2. Les sources cartographiques De ce camp, quatre plans manuscrits sont connus.17 Sur le plan le plus précis (Figure 2.2), nous comptons 136 À l’exception de la ville de Ninove, la plupart des villages où se situaient les camps de la présente étude appartenaient au Pays d’Alost. 16  Les frais et dommages des villes closes ne sont pas compris dans ces chiffres. En règle générale, le plat-pays portait les frais des campements, tandis que les frais des quartiers d’hiver étaient à charge des villes. Hubert Van Houtte, Les occupations étrangères en Belgique sous l’ancien régime, vol. 1 (Gand/Paris: Van Rysselberghe et Rombaut/Ed. Champion, 1930), 90–91. 17  Plans manuscrits aquarellés intitulés (1) « Camps de Nienove Le 20me d.Aoust  » (HStAM, WHK 8/125)  ; (2) «  Campement. voor Ninove op Den 21 Augustus 1692 » (HStAM, WHK 8/126) ;(3) « Plan des Camps de L’An 1692 (...) 16 Camps de Nienove (...) le 20me d’aoust » (HStAM, WHK 8/85) ; (4) « Carte des androit ou les Allies ont campé an Braband 15 

Le total des effectifs français en 1696 a été estimé à 420.000 hommes en théorie et à 340.000 hommes en réalité. John A. Lynn, Giant of the Grand Siècle: The French Army 1610–1715 (New York: Cambridge University Press, 1997), 47–53. 13  John M. Stapleton, Forging a coalition army: William III, the Grand Alliance and the confederate army in the Spanish Netherlands, 1688– 1697 (Ohio: The Ohio State University, 2003), 143. 14  François-Henri de Montmorency-Bouteville, duc de PineyLuxembourg (1628–95). 12 

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Les campements militaires à Ninove (1667–1748)

Figure 2.2. Carte manuscrite du camp de Ninove (20–25 août 1692). Au centre, la ville de Ninove et les étangs de l’Abbaye de Sainte-Corneille et Saint-Cyprien. La zone des fouilles de Doorn Noord est entourée en rouge. Photo : Hessisches Staatsarchiv Marburg (HStAM), Karten Wilhelmshöher Kriegskarten (WHK) 8/126 (nord et zone des fouilles rajoutés).

escadrons de cavalerie, 17 escadrons de dragons et 58 bataillons d’infanterie, soit environ 57.000 hommes.18 À ce chiffre, doit être ajouté un nombre inconnu de personnel civil, vivandiers et autres suiveurs de l’armée. En outre, le camp devait aussi abriter quelque 40.000 chevaux et animaux de trait nécessaires à la cavalerie, à l’artillerie et au transport des vivres et des bagages.19

ses quartiers dans l’abbaye, de même que Huygens qui logea dans une chambre « à l’étage, donnant sur une cour spacieuse ». L’état-major et une bonne partie du personnel civil logeaient dans la ville qui fourmillait de monde, de chariots, de chevaux et de marchandises. L’endroit devint insupportable pour Huygens d’autant plus qu’une soudaine canicule s’installa à partir du 23 août.20

Selon les usages de l’époque, l’armée était campée «  en bataille  », c’est à dire en deux lignes, entre Iddergem et Aspelare : l’infanterie au milieu, la cavalerie et les dragons sur les ailes. Derrière les deux lignes, probablement proches de la route conduisant à Alost, étaient campés le train d’artillerie, les fourgons de vivres, ainsi qu’un certain nombre d’escadrons de cavalerie.

Le chroniqueur Edward D’Auvergne raconte que le quartier du roi, qui se trouvait devant le camp de l’armée, était trop exposé à l’ennemi et qu’on ordonna aux grenadiers anglais et écossais de dresser leurs tentes près du quartier royal. Le même auteur nous informe que l’Électeur de Bavière, qui commandait l’aile droite de l’armée, résida «  dans la maison d’un seigneur local à proximité de la ville ». Il pourrait s’agir du château de Voorde où, selon le plan (Figure 2.2), étaient postés trois escadrons de dragons.

2.3.2.3. Les sources écrites Huygens, secrétaire de Guillaume III, raconte que, malgré le froid, la marche sur Ninove fut « fort agréable ». Il nous décrit l’abbaye de Ninove comme «  belle et grande  » avec, près de l’entrée, un jardin entouré d’eau à ce moment-là «  fort en désordre  ». Guillaume III prit

Le 24 août, quatre bataillons danois, qui avaient fort souffert à Steenkerque, furent envoyés à Gand avec les bagages lourds. Le lendemain, le jour de la saint Louis, l’armée entière décampa.21 L’abbé Ferdinand de Moor du monastère de Ninove ne s’en est certainement pas plaint. Il écrivit : « Le 20 août 1692, Guillaume, Roi d’Angleterre, envahit la Flandre avec ses troupes confédérées. Après

1692 noms des quartiers du Roij (...) Ninove » (Copenhague, Bibliothèque Royale, Frederik den Femtes Atlas, Bd. 11, Tvl. 12). 18  Chiffre calculé sur base des moyennes généralement acceptées pour les armées d’Angleterre et des Provinces-Unies : escadron de cavalerie = 150 hommes, escadron de dragons  = 120 hommes, bataillon d’infanterie  = 600 hommes ; voir Stapleton, Forging a coalition army, 203. 19  Le nombre de chevaux et d’animaux de trait est généralement estimé le double du nombre des cavaliers et des dragons. Olaf Van Nimwegen, De subsistentie van het leger (Amsterdam: De Bataafsche Leeuw, 1995), 11.

Constantijn Huygens, jr., Journaal van 21 october 1688 tot 2 september 1696 (Utrecht: Kemink & Zoon, 1877), 111–113. 21  Edward D’Auvergne, A Relation of the most Remarkable Transactions Of the Last Campaigne in the Confederate Army, under the command of His Majesty of Great Britain and after of the Elector of Bavaria in the Spanish Netherlands, Anno Dom. 1692 (London: Dorman Newman, 1693), 53–54. 20 

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Erik Wauters and Arne Verbrugge Le camp s’étendait sur une longueur de près de huit kilomètres au sud de la Dendre, entre Iddergem et Aspelare. L’aile gauche de l’armée, campée entre Okegem et Ninove, était composée de l’armée des Provinces-Unies et de ses troupes auxiliaires, pour la plupart allemandes. Au-delà d’Okegem, douze escadrons de dragons gardaient le flanc gauche de l’armée sur la Molenbeek près d’Iddergem (Denderleeuw) (Figure 2.1, camp (6)). L’armée d’Angleterre et ses troupes auxiliaires danoises et écossaises, ainsi que la petite armée de Hanovre, occupaient le centre du camp face à Ninove. Les troupes de l’Électeur, formant l’aile droite, occupaient le secteur de Nederhasselt-Aspelare à partir du 25 septembre. A l’arrière des deux lignes du campement – l’infanterie au centre et la cavalerie sur les ailes – se trouvaient les fourgons de ravitaillement et l’artillerie anglaise et hollandaise. Comme l’année précédente, le roi prit ses quartiers dans l’abbaye de Ninove. Après son départ, l’Électeur y prit sa place.

avoir pillé les fermes et les champs en Hainaut et en Brabant, il séjourna pendant six jours dans notre abbaye. Car la récolte avait déjà subi un retard considérable à cause des pluies incessantes, notre abbaye perdait les revenus de trente bonniers. Tous nos poteaux de houblon ont été brûlés et notre forêt à Ruybroek arrachée. Nos fermiers ont subi le même désastre. Comme il a plu au Seigneur, ainsi en a-t-il été. Beni soit Son Nom ».22 2.3.2.4. Troupes campées dans la zone des fouilles Les plans existants indiquent une présence prépondérante de cavalerie dans la zone des fouilles. Seuls deux bataillons d’infanterie se trouvent en deuxième ligne. Les plans ne relèvent aucune information quant à l’identité des régiments concernés. 2.3.3. Le camp allié de Ninove du 20 septembre au 16 octobre 1693

L’un de ces plans (Figure 2.3) permet d’identifier tous les régiments présents au camp de Ninove. Au total, le camp abritait 151 escadrons de cavalerie, 36 escadrons de dragons et 57 bataillons d’infanterie, soit un total d’environ 61.000 hommes.

2.3.3.1. La campagne de 1693 Une fois de plus, la campagne avait mal débuté pour les alliés, avec la prise de Huy par les Français (21 juillet) et la sanglante défaite à la bataille de Landen (29 juillet). Le 18 août, le maréchal de Luxembourg fit marcher son armée sur Soignies, menaçant ainsi Charleroi qui est investi à partir du 10 septembre. Afin de pousser les Français à lever le siège, les alliés tentèrent une diversion au nord. Le 15 septembre, l’Électeur marcha avec 14 bataillons et 30 escadrons en direction de Gavere sur l’Escaut. De son côté, l’armée principale, conduite par le roi d’Angleterre, arriva à Ninove le 20 septembre. Mais Luxembourg ne se laissa pas surprendre. L’Électeur rejoignit finalement le camp à Ninove le 25 septembre.

2.3.3.3. Les sources écrites Le camp de 1693 est un camp de marche typique pour la clôture de la campagne qui se caractérise par une longue durée et un va-et-vient continuel des troupes. Le 21 septembre, arrivent au camp 900 recrues anglaises qui seront réparties par tirage au sort parmi les régiments qui avaient perdu le plus d’hommes à la bataille de Landen. Le 3 octobre, 28 hommes par bataillon sont détachés du camp pour conduire sept canons et 250 fourgons à Ath. Les habitants de cette ville avaient brassé une grande quantité de bière dans l’espoir de la vendre aux Français, qui avaient l’habitude d’y camper chaque année, ce qui ne fut pas le cas en 1693. Le lieutenant-général Obdam, qui commandait le convoi, donna l’ordre de charger les fourgons vides de tonneaux de bière qu’il ramena au camp de Ninove. Le 13 octobre des partisans français volèrent quelques chevaux de l’Électeur qui pâturaient de l’autre côté de la Dendre « sous le moulin à vent » (de Voorde ?)25, mais ils furent poursuivis par les gardes et les dragons de l’Électeur qui parvinrent à les récupérer et à faire plusieurs prisonniers.26

Sachant que Charleroi était perdu, Guillaume III quitta le camp de Ninove le même jour et parti pour Breda, laissant le commandement général à l’Électeur.23 Le 10 octobre, Charleroi tomba aux mains des Français. 2.3.3.2. Les sources cartographiques Le camp de 1693 est bien documenté grâce à trois plans manuscrits24 qui démontrent que le camp de 1693 doit être localisé au même endroit que celui de l’année précédente, bien qu’il semble plus long sur ses extrémités (Figure 2.1).

Journal de l’abbé Joannes de Neve (1666–84), continué par les abbés Ferdinand De Moor, Charles Charité et Denis Freysers (1685–1712). Archives de l’Etat à Gand, Archives de l’abbaye Saint-Corneille et SaintCyprien de Ninove, n°71, 108 (traduit du latin, merci à Jaak Peersman). 23  Edward D’Auvergne, The History Of the Last Campaigne in the Spanish Netherlands, Anno Dom. 1693 (London: John Newton, 1693), 114–127. 24  Plans manuscrits aquarellés intitulés : (1) « Memoire des Camps de la Campagne: 1693 : (...) 13 - Camp de Ninove ... le 20me 7ber » (HStAM, WHK 8/138)  ; (2) «  Campement de l’Armée du Roy d’Angleterre a Nienoven le 26 Sept: 1693 » (HStAM, WHK 8/174) ; (3) « Het Campement vor Ninhoven den 8sten octob: 1693 » (HStAM, WHK 8/175). 22 

Le 15 octobre, l’armée commenca à se séparer pour prendre ses quartiers d’hiver, laissant le pays ruiné : « Le pays entier, jusqu’à Termonde, Alost, Oudenarde, Grammont et Lessines a été fourragé et a plongé le Brabant d’abord et ensuite Il s’agit vraisemblablement du moulin à vent de Voorde (érigé en 1641, aujourd’hui disparu), de même qu’il est probable que – comme l’année précédente – l’Électeur tenait ses quartiers au château de Voorde. 26  D’Auvergne, The History Of the Last Campaigne, 114–127. 25 

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Les campements militaires à Ninove (1667–1748)

Figure 2.3. Carte manuscrite du camp de Ninove (20 septembre-16 octobre 1693). Au centre, la ville de Ninove et les étangs de l’Abbaye de Sainte-Corneille et Saint-Cyprien. La zone des fouilles de Doorn Noord est entourée en rouge. Photo : Hessisches Staatsarchiv Marburg (HStAM), Karten Wilhelmshöher Kriegskarten (WHK) 8/175 (nord et zone des fouilles rajoutés).

toute la Flandre dans un état de profonde pauvreté. Le Roi d’Angleterre avec toute sa cour s’est installé dans notre abbaye où il a séjourné pendant huit jours. Après son départ le duc de Bavière a pris sa place, également suivi de sa cour. Jusqu’au 16 octobre nous avons dû nourrir tous les chevaux et les mulets, tant appartenant au Roi qu’au duc de Bavière. La plupart de nos bois secs ont été brulés, dans les larges alentours et surtout dans notre abbaye d’innombrables arbres ont été coupés et emmenés. A peine nous avons été en mesure de labourer et de semer nos champs. En un mot : ils nous ont entièrement ruiné ainsi que nos fermiers. Toutefois : que le Nom du Seigneur soit béni ! ».27

Dans la zone des fouilles, nous notons surtout la présence de l’armée des Provinces-Unies ou de leurs troupes auxiliaires (allemandes, suédoises, danoises, etc.) – pour la plupart des bataillons d’infanterie – mais aussi de quelques escadrons de cavalerie de l’aile gauche de l’armée. Signalons également les bataillons écossais,29 au solde de l’Angleterre ou des Provinces-Unies, qui bivouaquaient au centre de l’armée, le long des étangs de l’abbaye. À côté des sources textuelles, les documents iconographiques de l’époque constituent une source importante permettant de visualiser le contexte matériel des camps et les personnages impliqués, comme le démontrent les Figures 2.5–2.6.

De même, les échevins de Nederhasselt et Aspelare se plaignaient que, malgré une sauvegarde militaire accordée depuis le 10 août jusqu’au 21 octobre, leurs villages avaient été pillés et les habitants s’étaient enfuis avec leurs possessions et leur bétail.28

2.4. Les camps des campagnes militaires des années 1744 et 1745 2.4.1. La Guerre de Succession d’Autriche En 1740, l’empereur Charles VI mourut sans héritier mâle. La Pragmatique Sanction de 1713 prévoyait que la succession du trône d’Autriche et du vaste empire des Habsbourg passerait à sa fille Marie-Thérèse. La France, l’Espagne et la Prusse s’y opposèrent et entrèrent en guerre contre la jeune impératrice, assistée par la GrandeBretagne et les Provinces-Unies, ennemis traditionnels de la France. La guerre commença en Silésie mais se répandit à travers l’Europe toute entière.

2.3.3.4. Troupes campées dans la zone des fouilles Quels étaient les régiments bivouaquant dans la zone des fouilles et à quelles nations appartenaient-ils  ? Grace au plan WHK8/175, presque tous les régiments présents au camp ont pu être identifiés. Les régiments les plus susceptibles d’avoir bivouaqué dans la zone des fouilles sont repris dans le polygone en Figure 2.4. Toutefois, nous devons signaler qu’un décalage est possible, en raison de l’échelle imprécise des plans de l’époque.

En 1744, le maréchal de Saxe30 envahit les Pays-Bas autrichiens à la tête d’une armée de 80.000 hommes. Dans une rapide offensive, les Français s’emparèrent d’Ypres, Menin et Furnes. Pour y faire face, l’armée austro-

Journal de l’abbé Joannes de Neve (1666–84), continué par les abbés Ferdinand De Moor, Charles Charité et Denis Freysers (1685–1712). Archives de l’Etat à Gand, Archives de l’abbaye Saint-Corneille et SaintCyprien de Ninove n°71, 112 (traduit du latin, merci à Jaak Peersman). 28  Archives de l’Etat à Gand, Archives de l’Échevinage d’AspelareNederhasselt n°212 : déclaration par les échevins au sujet des logements et des pillages en 1693 (18 novembre 1694). 27 

Il s’agit des régiments de Lauder, de Leven et de Graham, appartenant à la brigade Ramsey, connue sous le nom de « Scotch Dutch ». 30  Hermann Moritz, Comte de Saxe (1696–1750). 29 

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Erik Wauters and Arne Verbrugge

Figure 2.4. Les régiments dans la zone des fouilles tels que désignés par le nom du colonel propriétaire. Légende : † = bataillon (infanterie), = escadron (cavalerie), A = Angleterre, B = Brandebourg, D = Danemark, E = Écosse, L = Lünebourg, PU = Provinces-Unies, S = Suède, W = ‘Wallons’. Numérotation des régiments selon ten Raa (PU) et Jany (B) (voir Table 2.3). Troupes auxiliaires : le caractère suivant la barre oblique désigne l’état qui prenait à charge le régiment. © SOLVA Dienst Archeologie.

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Les campements militaires à Ninove (1667–1748)

Figure 2.5. Deux commandants de régiments d’infanterie qui ont bivouaqué au Ninoofse Kouter en 1693. A gauche : JuliusErnst von Tettau (1644-1711), lieutenant-général brandebourgeois au service des Provinces-Unies, grièvement blessé à la bataille de Steenkerque en 1692. Tableau anonyme. Photo : Diethard Freiherr von Tettau, Königstein/Taunus (Allemagne). À droite : Karl Vilhelm Eriksson Sparre (1661-1709), colonel suédois au service des Provinces-Unies ; atteint d’une balle à la sanglante bataille de Malplaquet, il mourut à Bruxelles en 1709. Tableau par Jan de Baen (1689). Photo : Nationalmuseum, Stockholm (Suède).

Figure 2.6. Scène de campement, vers 1700. Notez les « fourrages verts » emmenés au camp et les soldats abreuvant leurs chevaux les pieds dans l’eau pour éviter la déshydratation. Les étangs de l’abbaye de Ninove et les nombreux cours d’eau qui les alimentaient offraient certainement des possibilités à cet égard. Tableau par Jan van Huchtenburg (détail). Collection privée. Photo des auteurs.

britannique concentra ses forces en Flandre, surtout au Pays d’Alost, à peine capable d’accueillir le grand nombre de soldats.

(Gand, Bruges, Ostende, Termonde, etc.). En 1746, l’armée du maréchal de Saxe conquerra Bruxelles, Anvers, Malines ainsi que Charleroi, Namur et Mons. À la fin de l’année 1746, les Français occupaient l’ensemble des PaysBas autrichiens. Les années suivantes, l’armée française poursuivit sa marche victorieuse vers le nord et occupa

Après la victoire française de Fontenoy (11 mai 1745), la majeure partie de la Flandre tomba aux mains des Français 27

Erik Wauters and Arne Verbrugge Maastricht en 1748. Mais une nouvelle alliance entre l’Autriche et le tsar de Russie déclencha des pourparlers qui aboutissèrent au traité d’Aix-la-Chapelle (18 octobre 1748) aux termes duquel les Pays-Bas méridionaux sont restitués à Marie-Thérèse d’Autriche, à l’exception de sept forteresses cédées aux Hollandais.

deux lignes « à Alost où fut appuyée la gauche, & la droite à Ninove, qui fut couverte par la Brigade d’Auvergne ».36 Le 1er septembre, Louis XV quitta le camp de Lippelo en compagnie du dauphin. Il visita Ostende, puis rentra à Paris où il arriva le 7.37 Pour assurer la subsistance de l’armée derrière la Dendre, trois magasins furent établis : un magasin principal à Ninove, un autre à Alost et un dernier à Termonde. Constitué à partir du 28 août, le magasin de Ninove comportait 63.000 trousses, soit 1,4 millions de rations, principalement levées en Hainaut et destinées à nourrir l’aile droite de l’armée.38

2.4.2. Le camp hollando-autrichien de 1744 Malgré la présence massive de troupes alliées au Pays d’Alost en 1744, nous ne notons qu’un camp de courte durée à Ninove. Le 31 mai 1744, un corps d’armée composé de troupes austro-hongroises et hollandaises, est détaché de l’armée principale et envoyé vers la ville d’Oudenarde, menacée par les Français. Le 1er juin, ce corps campa à Ninove et poursuivit sa marche le lendemain vers Sint-Maria-Oudenhove.31 L’abbé Vander Haeghen du monastère de Ninove écrivit que le camp ne dura qu’un jour.32

Les sources indiquent que l’armée resta «  enterrée » dans le camp d’Alost-Ninove et ce, pendant une longue période jusqu’à l’entrée des quartiers d’hiver à partir du 14 octobre.39 Devons-nous comprendre le terme « enterrée » au sens littéral ? En effet, les documents font état de mauvais temps et de pluies continuelles,40 ce qui expliquerait les vestiges des abris mis au jour sur le champ de fouilles de Doorn Noord (cf. Verbrugge et al., ce volume).

2.4.3. Le camp français de 1745 En 1745, le maréchal de Saxe s’empara de Tournai.33 L’armée française, forte de 119 bataillons et de 209 escadrons (80.000 hommes), commandée par Louis XV en personne, se lance alors dans une offensive d’envergure au cœur de la Flandre. Le 8 juillet, les français se dirigèrent vers Oudenarde et mirent en déroute un corps d’armée autrichien à Melle sur l’Escaut, coupant ainsi l’armée principale austro-britannique de la Flandre. Du 10 au 11 juillet cette dernière campa au sud de Ninove. Ce camp, assez bien documenté, est situé en dehors de la zone des fouilles.34 Dans le courant du mois de juillet, les villes de Gand, Bruges et d’Oudenarde se rendirent aux Français.

2.4.4. Troupes campées dans la zone des fouilles Selon l’abbé Vander Haeghen, le camp de 1744 s’étendait entre l’abbaye et la cense ter Duyst, sis au Ninoofse Kouter.41 Il estime le nombre d’hommes, Autrichiens et Hollandais, à environ 10.000. Ils sont commandés par le duc d’Arschot.42 Bien que situé dans la zone des fouilles, ce camp d’à peine un jour a certainement laissé moins de traces matérielles que le «  deuxième  » camp français d’Alost-Ninove de 1745, plus vaste et de longue durée.

Du 3 au 17 août, l’armée française bivouaqua à Alost, puis traversa la Dendre et campa à Lippelo35 (17 août – 7 septembre) près de Termonde, menaçant Anvers. En « cours de route », les Français s’emparèrent de Termonde (13 août), Ostende (24 août) et Nieuport (5 septembre).

Dans les collections françaises,43 nous n’avons trouvé aucun plan indiquant l’emplacement de ce dernier. Heureusement, le fonds cartographique du duc de Cumberland comble cette lacune. Deux plans montrent

Le 8 septembre, les fourrages aux environs de Lippelo étant consommés, leur armée retraversa la Dendre et campa sur

Anonymous, La conqueste des Pays-Bas par le Roy, dans la campagne de 1745, avec la prise de Bruxelles en 1746 (La Haye: s.n., 1747), 197. 37  M. l’Abbé Rousseau, Campagnes du Roi en 1744 et 1745 (Amsterdam: Wetstein, 1746), 83. 38  Le contenu des trousses, composées de foin ou de gerbes non battues, ainsi que de grain, d’avoine, de seigle et d’orge, est précisé en détail dans M. de Chennevières, Détails militaires : dont la connoissance est nécessaire à tous les officiers, & principalement aux commissaires des guerres, vol. 2 (Paris: Charles-Antoine Jombert, 1750), 67–72. 39  Anonymous, Le journal universel, ou mémoires pour servir à l’histoire civile, politique, ecclésiastique & littéraire du XVIII. siècle, vol. 8 (La Haye: Berkorske, 1745), 151. 40  Melchior Vogüé and Auguste Le Sourd, Campagnes de Jacques de Mercoyrol de Beaulieu, capitaine au régiment de Picardie, 1743–1763 (Paris: Renouard, 1915), 42 ; Henry Pichat, La campagne du maréchal de Saxe dans les Flandres, de Fontenoy (mai 1745) à la prise de Bruxelles (février 1746) (Paris: R. Chapelot et Cie, 1909), 416–417 (lettre du maréchal de Saxe du 14 octobre 1745). 41  Vander Haeghen, Journal, 141. 42  Léopold-Philippe d’Arenberg, duc d’Archot (1690–1754). 43  Voir notamment : Anonymous, Carte Général des Camps et Marches que l’Armée du Roy a tenus Pendant la Campagne de 1745 (s.l.: s.n., 1745) ; Anonymous. Livres de guerre du comte d’Argenson, 1744–1755. VI. Carte de Flandres (s.l.: s.n., s.d.). 36 

Royal Collection Trust, Military Maps, RCIN 729002, 729003, 729004 et 729060. Les campements sont ajoutés en manuscrit par l’ingénieur François Hancko sur la Carte des Pays Bas et des frontières de France gravée par Eugène Henri Fricx (1644–1730) et mise à jour par Etienne Louis Crepy (c.1700–59). 32  L’abbé note que le camp eut lieu le 2 juin. Journal de l’abbé Ferdinand Vander Haeghen (1712–54), Archives de l’Etat à Gand, Archives de l’abbaye Saint-Corneille et Saint-Cyprien de Ninove n°72, 141. Il se trompe sans doute d’un jour, car les archives du village d’Okegem situent l’arrivée des troupes au 1er juin. Archives du Pays d’Alost n° 7150. Cette date est aussi confirmée dans les journaux, le Oprechte Haerlemsche courant et le Amsterdamse Courant, tous deux datés du 4 juin 1744. De plus, le 2 juin, selon le plan d’Hancko, les troupes campaient déjà à SintMaria-Oudenhove. 33  La ville tomba le 22 mai, la citadelle le 19 juin. 34  Royal Collection Trust, Military Maps, RCIN 729002, 729003, 729064 et RCIN 729128 (carte de George Augustus Schultz) ; Oprechte Haerlemsche Courant du 15 juillet 1745. 35  Le camp est connu sous le nom de camp de Melis, d’après le nom du château où le roi avait pris ses quartiers. 31 

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Les campements militaires à Ninove (1667–1748) La brigade d’infanterie est certainement celle d’Auvergne, dont la présence est confirmée dans plusieurs documents.47 La brigade d’Auvergne comptait cinq bataillons – trois du régiment d’Auvergne, un du régiment Royal-La Marine et un du régiment de La Fère – soit environ 3.000 hommes. Après trois semaines, le régiment de la Fère et les trois bataillons du régiment d’Auvergne quittèrent le camp de Ninove pour participer au siège d’Ath,48 investi par les Français depuis le 26 septembre. Nous n’avons trouvé aucune mention de dragons dans les autres documents. Par contre, la présence de la Maison du Roi est confirmée dans plusieurs sources.49 L’abbé Vander Haeghen écrit dans son journal que la Maison du Roi occupa Ninove et que Montesson,50 son commandant et sa suite, avaient pris leurs quartiers dans l’abbaye. Au grand soulagement de l’abbé, le 8 octobre, la Maison fut envoyée à Ath qui s’était rendue aux Français le même jour. Selon l’ordre de bataille de 1745, la Maison comptait treize escadrons de guerre, soit un peu plus de 2.000 cavaliers. Les archives du village d’Okegem témoignent de nombreuses livraisons au camp français du Ninoofse Kouter. Elles font par exemple état de pionniers réquisitionnés pour effectuer différents travaux, notamment (le 26 septembre) «  au camp des gendarmes ».51 La gendarmerie était à l’époque composée de huit escadrons de deux compagnies, soit au total 800 cavaliers. Les mouvements continuels des troupes (détachements envoyés à Ath, Termonde, etc.) rendent difficile le calcul du nombre d’hommes présents au camp de Ninove. Mise à part la brigade d’Auvergne, nous avons l’impression qu’il s’agissait surtout des régiments de cavalerie de la Maison du Roi et de la Gendarmerie, formant souvent brigade ensemble.52 La présence de ces régiments d’élite expliquerait la présence d’un nombre d’artéfacts plutôt inattendus, notamment en matière de faïences et de verres du dix-huitième siècle, que les fouilles au Doorn Noord ont mis au jour (cf. Poulain et De Clercq, ce volume).

Figure 2.7. Le camp français d’Alost-Ninove (8 septembre 14 octobre 1745) par François Hancko (extrait). Royal Collection Trust, Military Maps, 729063 / © Her Majesty Queen Elizabeth II 2021.

Suivant cette hypothèse, le camp de Ninove devrait plutôt être considéré comme un poste destiné à garder les magasins et dont le nombre d’hommes n’excéderait pas les 6.000. Toutefois, nous ne pouvons exclure la présence d’autres régiments appartenant à l’aile droite de l’armée

l’ensemble des camps, tant français qu’alliés, de la campagne de 1745.44 Bien que la présentation plutôt sommaire ne permette pas d’estimer le nombre de régiments concernés, la position de l’aile droite française entre Alost et Ninove, à travers du village d’Okegem, est clairement indiquée (Figure 2.7). Une source militaire écrite précise que la droite du camp se situait « au ruisseau d’Oultre, qui se jette à Ninove »,45 où furent placées « une brigade d’infanterie et une de dragons ».46 Il s’agit donc bien du Ninoofse Kouter.

les archives de la sous-série GR A1, Vincennes, Service historique de la Défense. Merci à Paul Bastier. 47  Anonymous, La conqueste, 197 : « la droite à Ninove, qui fut couverte par la Brigade d’Auvergne  ». Le 11 septembre 1745, un soldat du régiment d’Auvergne se marie à Ninove (Ninove, Eglise Notre-Dame, registres paroissiaux pour l’année 1745, 68). 48  Anonymous, La conqueste, 202. 49  Voir entre autres Chennevières, Détails militaires, 69 : « (...) la droite appuyée sur Ninove où était la Maison du Roi (...) ». 50  Le lieutenant-général Charles de Montesson, maréchal de camp (1689– 1758). 51  Alost, Archives du Pays d’Alost n° 7150. Merci au Dr. Herman van Isterdael. 52  Parmi les troupes de la Maison se trouvait un escadron de gendarmes, qui ne doit pas être confondu avec la Gendarmerie proprement dite.

Royal Collection Trust, Military Maps, RCIN 729063 et 729064. Le ruisseau d’Outer (Beverbeek) se situe au bord occidental du Ninoofse Kouter. 46  Anonymous, Mémoires ou Extraits de la Correspondance de la Cour et des généraux (septembre 1745), 72. Recueil de données contenues dans 44  45 

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Erik Wauters and Arne Verbrugge française. De nouvelles recherches devront permettre d’y voir plus clair. 2.5. Conclusion Les sources historiques révèlent la présence de quatre camps sur le site Doorn Noord à Ninove. Les camps de 1692 et de 1693 étaient occupés par les armées de la coalition internationale sous le commandement général du roi-stadhouder Guillaume  III. Dans les deux cas, le nombre d’hommes s’élevait à près de 60.000, sans compter le personnel civil et les vivandiers. Le camp abritait également quelque 40.000 chevaux et animaux de trait nécessaires à la cavalerie, à l’artillerie et au transport des bagages. Le camp de 1692 n’a été que de courte durée (cinq jours). La zone des fouilles était principalement occupée par des escadrons de cavalerie. En 1693, s’y trouvaient surtout des bataillons d’infanterie des Provinces-Unies et ses troupes auxiliaires, allemandes pour la plupart. Le camp de 1693 a été occupé pendant près d’un mois. Il ne fut quitté que le 16 octobre, au moment où les troupes rentraient dans leurs quartiers d’hiver. Parmi les camps datant de l’époque de la Guerre de Succession d’Autriche, le plus important est sans doute celui de 1745. Il était occupé par l’aile droite de l’armée française sous le commandement général du maréchal de Saxe. Les sources font état de la présence des troupes d’élite de la Maison du Roi et de la Gendarmerie, ainsi que de la brigade d’infanterie d’Auvergne. De vastes magasins de denrées alimentaires, établis à Ninove, ont permis à l’armée française d’occuper le camp pendant plus d’un mois, jusqu’à leur départ pour leurs quartiers d’hiver au 15 octobre. Idéalement, les résultats des fouilles corroborent les données historiques, tant vis-à-vis des structures mises au jour que des artéfacts. Sur ce plan – et bien que le travail soit loin d’être achevé – il importe de signaler les intéressantes concordances déjà relevées à Ninove, un sujet qui sera abordé dans la partie II de cette étude (cf. Verbrugge et al., ce volume).

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3 How to build a military camp: Simon Stevin’s Castrametatio of 1617 and other period military handbooks Klára Andresová Institute of History, Czech Academy of Sciences, Prosecká 809/76, 190 00 Praha 9, Czech Republic Abstract: This chapter deals with Simon Stevin’s 1617 treatise Castrametatio, which was an elaborate publication focused on the layout and construction of military camps. The book was re-published several times throughout the seventeenth century, and it can be found in various European libraries even today. In writing Castrametatio, Stevin drew from his rich personal experience obtained as the quartermaster-general of the Dutch armies. He described the preferred layout of a contemporary military camp and the dimensions of particular quarters within it, and also detailed the procedure for camp construction. The aim of this chapter is to present Stevin’s thoughts about contemporary camps and compare them with the ideas of other military authors of the time. It forms a theoretical background to the rest of this volume. Comparison of the books with archaeological research will reveal to what degree the theory presented in military manuals was comparable to actual contemporary practice. Keywords: Western Europe, seventeenth century, Simon Stevin, military camps, military handbooks. 3.1. Simon Stevin, his life and work1

A critical edition of his work has been published5 and, thanks to modern digitization projects, we can look at electronic copies of Stevin’s original publications from the comfort of our home.6

The author Simon Stevin is well known to historians of science and technology. There are still works being written in English,2 German3 and Dutch4 about this mathematician and engineer who died more than four hundred years ago.

George Sarton referred to Stevin as perhaps one of the most original scientists of the second half of the sixteenth century.7 Although Simon Stevin’s extensive work is now relatively well known, there is surprisingly little information about his life. He was born in Bruges in 1548. It is assumed that he was brought up in the Calvinist faith and educated in Latin schools. As an adult, he worked as an accountant. Sometime after 1571, perhaps, he set out for a tour of Germany, Poland, Sweden and Norway and then settled down in the United Provinces of the Netherlands. In 1581, he attended a Latin school in Leiden and two years later, at the age of 35, he enrolled in a university as a student and made friends with Maurice of Orange (1567–1625), royal governor of the United Provinces of the Netherlands.

I would like to thank Adam Storring for his comments on this text. E.g. George Sarton, “Simon Stevin of Bruges (1548–1620),” Isis 21, no. 2 (1934): 241–303; Eduard Jan Dijksterhuis, Simon Stevin: Science in the Netherlands around 1600 (The Hague: Nijhoff, 1970). For more recent titles e.g. Jozef T. Devereese and Guido Vanden Berghe, ‘Magic is No Magic’: The Wonderful World of Simon Stevin (Ashurst: WIT Press, 2008); a relatively detailed biography of the author is also included: Charles van den Heuvel, ‘De huysbou’: a reconstruction of an unfinished treatise on architecture, town planning and civil engineering by Simon Stevin (Amsterdam: KNAW, 2005). The most recent title is: Karel Davids, Rethinking Stevin, Stevin Rethinking (Leiden: Brill, 2020). 3  Separate essays on Stevin were published in German particularly in the previous decades – see e.g. Rolf Grabow, Simon Stevin (Leipzig: B.G. Teubner, 1985). Over the past few years, a series of works have examined this author, commenting on his work on mathematics and construction over the researched period; as regards fortification construction, in particular Stefan Bürger, Architectura Militaris: Festungsbautraktate des 17. Jahrhunderts von Specklin bis Sturm (Berlin: Deutscher Kunstverlag, 2013). As regards mathematics, a work worthy of note is e.g. Thomas Hellweg, Meister von Raum & Zahl: Mathematikerportraits aus drei Jahrthausenden (Freiburg im Breisgau: Centaurus-Verlag, 2010); in the case of architecture, e.g. Günter Binding, Meister der Baukunst: Geschichte des Architekten- und Ingenieurberufes (Darmstadt: PrimusVerlag, 2004). 4  Over the past few years, e.g. Filip G. Droste, Simon Stevin: wetenschapper in oorlogstijd, 1548–1620 (Soesterberg: Aspekt, 2008). In a broader context, his work is dealt with by e.g. Heidi de Mare, Huiselijke taferelen: De veranderende rol van het beeld in de Gouden Eeuw (Nijmegen: Vantilt, 2012); Leo Beek, Pioniers van de wetenschap: Glorie van de Lage Landen (Amsterdam: Veen Media, 2015). 1  2 

It is a five-volume English-language series The Principal Works of Simon Stevin published by E. Crone, E. J. Dijksterhuis, R. J. Forbes, M. G. J. Minnaert, and A. Pannekoek in the years 1955–1966. Especially relevant for this paper is Volume 4: The Art of War containing a re-print and English edition of Stevin’s book Castrametatio. See Willem-Hendrik Schukking, ed., The Principal Works of Simon Stevin. Volume IV, The Art of War (Amsterdam: C. V. Swets & Zeitlinger, 1964), 247–397. 6  Many editions of Stevin’s titles can be found on Google Books, references to other digital libraries are in the Universal Short Title Catalogue (USTC) or ‘Verzeichnis der im deutschen Sprachraum erschienenen Drucke des 17. Jahrhunderts’ (VD17) databases. 7  Sarton, “Simon Stevin of Bruges,” 242. The only reason for the word ‘perhaps’ is the fact that Galileo Galilei also lived at that time, but belonged to the next generation of scientists. 5 

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Klára Andresová In the following years Stevin remained in contact with Maurice of Orange, taught him mathematics and became one of his close advisers. In 1593, on Maurice’s recommendation, he was appointed the chief quartermaster (quartermaster-general) of the Dutch armies with the title of castrametator. In 1600, Stevin made a plan for the teaching of mathematics at an engineering school that he established at Leiden University at Maurice’s request. He died in 1620, probably in The Hague, where he had owned a house since 1612.8

commanders – the art of measuring out and establishing an army camp. The term castrametatio can be found in several sixteenthcentury editions of books written by the ancient historian Polybius (circa 200–120 B.C.). Latin versions published in Venice in 152912 and Basel in 153713 use the two-word castrorum metatione while the Italian edition from Florence published in 1552 already used castrametatione.14 The Italian manuscript written by architect Sebastiano Serlio (1475 – circa 1554) between 1541 and 1546 provided a commentary on the work of Polybius. Its title contained another version of the term – Della castrametazione di Polibio ridotta in una citadela murata.15 Polybius and the ancient architecture in general were later examined by the French humanist scholar Guillaume du Choul (circa 1496– 1560), who published a Discours sur la castrametation et discipline militaire des Romains.16 The term can also be found in other works influenced by Polybius.17

Stevin contributed to numerous scientific disciplines related to mathematics – trigonometry, mechanics, music theory, geography, navigation, architecture and fortification construction. In 1583, he was concerned with geometry in Problemata geometrica, which he pursued under the influence of Euklides, Archimedes, and Dürer. He also became an important theoretician in the field of fortification construction. Although he was never personally involved in the construction of a fortress, his ideas were influential throughout his life and several decades after his death. Stevin became one of the founders of the so-called Old Dutch School of Fortification, which was characterised by relatively low ramparts reinforced not by masonry but only by turf and shrubs.

In the seventeenth century, Simon Stevin’s Castrametatio, which also responded to Polybius’ work and probably borrowed its name from it, received particular attention. It was published several times in several languages: in Dutch in 161718 and then in 1633.19 The treatise was translated into French as early as 1618, when it was published in Leiden20 and in Rotterdam;21 in 1634 the book was included in an edition of Stevin’s collected works prepared by the French mathematician Albert Girard (1595–1632).22 The treatise was translated into German in 1631.23 In 1642, Castrametatio was abridged, reworked into English and

Stevin’s De Stercktenbouwing, in which he presented his views on fortification construction, was first printed in 1594.9 His main work on fortifications, the Nieuwe Maniere van Stercktebou door Spilsluysen, was published in 1617. Stevin was concerned with the use of artificial inundations to protect fortifications.10 Both works were soon republished and translated into German, and the latter work was also translated into French.11

Polybius, Liber ex Polybii Historiis excerptus de militia Romanorum, et castrorum metatione (Venetia: da Sabbio, 1529). 13  Polybius, De Romanorum militia, et castrorum metatione liber utilissimus (Basel: Lasius; Platter, 1537). 14  Polybius, Del modo dell’accampare tradotto di greco per m. Philippo Strozzi. Calculo della castrametatione di messer Bartholomeo Cavalcanti (Firenze: Torrentino, 1552). 15  The manuscript is currently deposited in Bayerische Staatsbibliothek, Munich. More about it cf. Christof Baier and Ulrich Reinisch, “Das römische Militärlager und die ‘ideale Stadt’ der Neuzeit: Polybios, Machiavelli, Dürer, Serlio, Stevin und die Suche nach der idealen städtischen Raumordnung,” in War in Words: Transformations of War from Antiquity to Clausewitz, ed. Marco Formisano and Hartmut Böhne (Berlin: De Gruyter, 2011), 137–145. 16  The work was first published in 1554: Guillaume du Choul, Discours sur la castrametation et discipline militaire des Romains (Lyon: Guillaume Rouillé, 1554). It was then followed by a series of other publications mostly in French and Italian; in 1579 in Spanish – see the USTC database. In the second half of the seventeenth century, the work was translated into Latin: du Choul, Veterum Romanorum religio, castrametatio, disciplina militaris ut balneae ex antiquis numismatibus & lapidibus demonstrata (Amsterdam: Janssonius, 1686). 17  E.g. Vegetius et al., De re militari libri quatuor: Accesserunt Sex. IulI Frontini Stratagematôn libri quatuor: Aelianus De instruendis aciebus: Modestus De vocabulis rei militaris: Castrametatio Romanorum ex historiis Polybii (Lugduni Batavorum: Plantin, 1592). 18  Simon Stevin, Castrametatio, dat is legermeting (Rotterdam: Waesberge, 1617). 19  Simon Stevin, Castrametatio, dat is legermeting (Leiden: Elzevier, 1633). 20  Simon Stevin, Castrametation (Leiden: Elzevier, 1618). 21  Simon Stevin, Castrametation (Rotterdam: Waesberge, 1618). 22  Albert Girard, ed., Les Oeuvres mathématiques de Simon Stevin de Bruges, où sont insérées les Mémoires mathématiques (Leiden: Elzevier, 1634). 23  Simon Stevin, Castrametatio Auraico-Nassovica (Frankfurt: Hulsius, 1631). 12 

3.2. Castrametatio, or the art of measuring out an army camp The main subject of this chapter is Stevin’s Castrametatio. This term consists of two Latin words – castrum and metor. It refers to the fundamental knowledge of army In addition to the sources mentioned above, information on Stevin’s life was also taken from a dictionary entry where further literature on the author is provided: John J. O’Connor and Edmund F. Robertson, “Simon Stevin,” MacTutor History of Mathematics archive, University of St Andrews, accessed Jun 2, 2022. http://mathshistory.st-andrews.ac.uk/ Biographies/Stevin.html. 9  Simon Stevin, De Stercktenbouwing (Leiden: Raphelengius, 1594). The work was published in Dutch for the second time in 1624: Simon Stevin, Sterckten-bouwingh (Amsterdam: Janssonius, 1624). 10  Simon Stevin, Niewve maniere van sterctebov, door spilsluysen (Rotterdam: Waesberge, 1617). It was published in Dutch for the second time in 1633: Simon Stevin, Nieuwe maniere van sterctebov, door spilslvysen (Leiden: Elzevier, 1633). 11  Bürger, Architectura Militaris, 261–263. The first mentioned work was first published in German as Festung-Bawung in 1608: Stevin, Festung-Bawung (Frankfurt am Main: Hulsius/Wolfgang Richter, 1608). It was published for the second time in 1623: Simon Stevin, FestungBawung (Frankfurt: Palthenius/Hulsius, 1623). The second mentioned work was published in a French translation in 1618: Simon Stevin, Nouvelle maniere de fortification par escluses (Leiden: Elzevier, 1618). It was published in German in 1631: Simon Stevin, Wasser-Baw, Das ist, Eygentlicher unnd vollkommener Bericht, von Befestigung der Stätte (Frankfurt: Hulsius, 1631). 8 

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How to build a military camp published in London by the military writer John Cruso (1592–1655), who was named as the author there.24

army of Maurice of Orange from 1610. The third chapter describes the procedure for camp construction. In the last chapter, the author tries to define an ideal form of an army camp according to the ancient designs – not only from Polybius, but also from Xenophon (431–354 B.C).29 Chapters one and three are the most important for our purposes. The book also contains 20 illustrations,30 which improve its clarity.

By the mid-seventeenth century, Stevin’s Castrametatio had thus been published in at least four important European languages and spread over Western Europe and beyond. In Prague, for example, there are at least three copies of the book. A French issue produced in Rotterdam in 1618 is deposited in the Military History Institute. The book got to Bohemia from the German Deutsche Heeresbücherei in Berlin – probably during the Second World War.25 In the same library there is a German edition from 1631, which was bought in 1934 from Thun-Hohenstein castle library in Děčín in northern Bohemia.26 The Czech National Library holds a copy of the 1618 Rotterdam edition. The provenance notes indicate that, in the past, the book was part of the collection of the Czech nobleman and military officer Franz Joseph, Count Kinsky (1739–1805).27

The work indicates close cooperation by the author with Maurice of Orange. The governor’s decrees and military reforms affected the recommended camp construction. Besides the ancient works (in particular those of Polybius), Simon Stevin was especially inspired by the camp of Maurice of Orange before Jülich (Germany) in 1610.31 This particular camp was built during siege operations, but it was actually an example of a typical field camp. Schukking calls it ‘neo-Roman’,32 and Romans were known for usually building their camps in the same manner. This kind of camp might have been used during sieges but also for long-term camps, or even by an army on the march. Maurice’s army had 14,000 foot soldiers and 8,000 cavalrymen before Jülich,33 but only about 8,560 foot soldiers and 3,955 cavalrymen were quartered together in this camp.34

Simon Stevin’s Castrametatio has already been expertly studied in the past years. In addition to the annotated edition The Principal Works of Simon Stevin, it was also examined by Christof Baier and Ulrich Reinisch.28 Both of these works describe the origin of the work and mention the authors who were influenced by it – in particular Andreas Cellarius (1595–1665), Adam Freitag (1608–50) and Alain Manesson Mallet (1630–1706), i.e. theoreticians operating in the Netherlands and in France.

We know that Simon Stevin was the chief quartermaster of the Dutch armies from as early as 1593, so we must ask why he published his work on field camp construction almost a quarter-century later. By then he was able to draw from his rich personal experience obtained during the military campaigns, but he had to point out in his book that other works containing almost identical information on measuring out camps had already been written. Alongside several manuscripts,35 a noteworthy publication is a printed book two years older than Stevin’s: Fortification ou architecture militaire by Samuel Marolois (1572–1627), who also used Maurice’s camp before Jülich in 1610 as a model, although he presented the dimensions of some components of the camp differently.36 Marolois did not serve in the Dutch army as a soldier, but he was probably close to Stevin and his work. Both men operated in a circle close to Maurice of Orange and they probably inspected

However, the aim of this paper is slightly different. It analyses passages from the Castrametatio giving practical advice on the construction of army camps in the early seventeenth century and compares these principles with views on the same subject by important early modern military theoreticians, whose texts were published in the years 1550–1620. This comparison, which the publications mentioned above lack, is the key contribution of this paper to research on Stevin’s military ideas. The focus of this paper on the practicalities of measuring out and building an early 17th century military camp might also be of particular interest for conflict archaeologists of that period. 3.3. Castrametatio by Simon Stevin and field camp construction

Stevin quoted Xenophon’s general rule of measuring army camps several times. According to Schukking, these ideas might have been derived from Xenophon, Xenophontos ta heuriskomena (Frankfurt: Andreas Wechel Erben, 1594) or from its 1596 edition. Cf. Schukking, The Principal Works, 251. 30  It is a basic set of illustrations used in the first edition from 1617. As mentioned above, only 13 illustrations were used in the English version by John Cruso. On the other hand, the German edition from 1631 was supplemented with a copperplate illustration of a fortified army camp on the front page and a copperplate with a portrait of Maurice of Orange. 31  Cf. e.g. Heinz Ollmann-Kösling, Der Erbfolgestreit um Jülich-Kleve (1609–1614): Ein Vorspiel zum Dreißigjährigen Krieg (Regensburg: Roderer, 1996); or Peter H. Wilson, Europe’s Tragedy: A New History of the Thirty Years War (London: Penguin Books, 2010), 229–238. 32  Schukking, The Principal Works, 256. 33  Wilson, Europe’s Tragedy, 235. 34  Cf. Schukking, The Principal Works, 307, 363. 35  Schukking, The Principal Works, 249–253. 36  Samuel Marolois, Fortification ou architecture militaire (Den Haag: Hondius, 1615). Cf. Maurice’s camp with dimensions given in illustration no. 123. 29 

Stevin’s Castrametatio is divided into four chapters. The first three of them focus on the camps of the armies of Maurice of Orange: The ideal distribution of the quarters is described, i.e. the quarters of the individual battalions, their arrangement within the regimental quarters and the layout of the entire camp. The second chapter presents the principles on the example of a particular camp of the John Cruso, Castrametation, or The measuring out of the quarters for the encamping of an army (London: Andrew Crook, 1642). It is in fact an excerpt of selected information from chapters one to three of Stevin’s original Castrametatio. There are only 13 illustrations, which are copies of Stevin’s illustrations or which are based on them. 25  Military History Institute Prague. Shelfmark: IIST D 588. 26  Military History Institute Prague. Shelfmark: IIST B 1962. 27  National Library of the Czech Republic. Shelfmark: H II 000017. 28  Baier, Reinisch, Das römische Militärlager, 146–53. 24 

33

Klára Andresová Dutch fortresses together in 1611. The historian Kirsti Andersen examined Marolois’s work La perspective and noted that Marolois probably did not draw from Stevin’s works on perspective and surprisingly perhaps did not even read them.37 However, this did not apply to their works on army camps, which have quite a lot in common. Marolois could easily have drawn from findings gained from his cooperation with Stevin or he could have read some of Stevin’s older unpublished manuscripts on the subject.

Regarding the infantry, he reckoned with regiments of 1,000 men, which were divided into 10 companies of 100 men. The basic camp dimension used for all quarters is 300 ft (90 m).41 This was the dimension of the two longer sides of every rectangular set of quarters. An infantry company, for instance, was allocated a rectangle of 300 × 24 ft (90 × 7.2 m) for its quarters. Inside, there were two rows of common soldiers’ huts. Each row measured 200 × 8 ft (60 × 2.4 m) and between them, there was an 8 ft (2.4 m) lane into which the tents opened. The common soldier’s sleeping quarters were 4 × 8 ft (1.2 × 2.4 m). At one end, the quarters were closed by the captain’s quarters 40 × 24 ft (12 × 7.2 m), which were separated from the common soldiers by a 20 ft (6 m) lane. At the other end of the quarters, behind a 20 ft lane, there was a marketplace measuring 20 × 24 ft (6 × 7.2 m) whose rear half (i.e. 3 × 7.2 m) contained the hearths of the marketers and the company soldiers, who could prepare their food there.42 It was the only place where the soldiers were allowed to cook, because it was usually forbidden in the area of the sleeping accommodations or in the camp streets.43

Another noteworthy author is Johann Jacobi von Wallhausen (circa 1580–1627) who published his Corpus militare just a few months before Stevin published his Castrametatio.38 Wallhausen, who served as a soldier in the army of Maurice of Orange at the beginning of the seventeenth century, was also inspired by some of Maurice’s camps. However, he referred to an encampment at Geertruidenberg in 1593 and at Grave in 1602 as the model camps for his book. Concerning enemy camps, he was particularly interested in a camp built by Ambrosio Spinola (1569–1630) at Rheinberg in 1606.39 The dimensions and the structure of all the quarters within an army camp are often identical in Wallhausen’s and Stevin’s descriptions. These similarities might be related to the fact that Wallhausen was a soldier in the same army where Stevin served as the quartermaster-general or to the fact that both could have used information already published by Samuel Marolois in 1615.

An infantry regiment consisted of 10 companies and their joint quarters measured 300 × 388 ft (90 × 116.4 m). The colonel’s quarters were located in the middle and five companies were quartered on either side. Between two neighbouring companies, there was an 8 ft (2.4 m) lane. The colonel’s quarters were as long as the entire company quarters – i.e. 300 ft long – and 68 ft wide (90 × 20.4 m). The colonel shared his quarters with the military chaplain, scribe and barber, and the marketers’ wagons were located there. The division of the regimental quarters into two halves either side of the colonel’s lodgings was practical not only because the colonel could observe his men from the centre of the quarters but also because, in case of a fire, the flames would be stopped and at least the second half of the regiment remain safe.44

The first chapter of Stevin’s Castrametatio, which focuses on the dimensions and structures of the individual camp sections, is not entirely innovative because it provides information already published by Marolois and Wallhausen. However, it is necessary to emphasise the importance of the third chapter, which contained a detailed procedure for camp construction, from a draft of the whole plan to the lodging of individuals in the specified sleeping quarters. Compared to most of the authors of the period, who wrote their books for well-informed readers from the ranks of commanders or military builders40 and did not even endeavour to explain the issues in detail, Stevin’s treatise provides an idea of contemporary practice even for the beginners in the field – and thus also for today’s researchers.

Although Stevin clearly preferred the units to be the regulation size, so that his camps would be always the same, he realised that contemporary practice did not allow it.45 If the companies had more men (or if the men were

3.3.1. Infantry quarters

Units of length were very inconsistent in this period. For our needs, however, we will work with the most common dimensions, i.e. 1 foot = 0.3 m; 1 pace = 0.75 m. Cf. Miloš Chvojka and Jiří Skála, Malý slovník jednotek měření (Praha: Mladá fronta, 1982). 42  Schukking, The Principal Works, 279–81. 43  It was forbidden to obstruct camp streets with arbitrarily built tents or huts, and the same applied to placing horses, wagons or making fires. Cf. period military orders as Petrus Pappus, Holländisch Kriegs-Recht, Vnd Artickels-Brieff ... Da zu End beygefügt, Keyser Maximiliani II. Artickels-Brieff (Franckfurt am Mayn: Matthias Wörner, 1632), 151; or Gustav II. Adolf, Schwedisches Kriegs-Recht, oder Articuls-Brieff (Nürnberg: Wolfgang Endtner, 1632), 27. 44  Schukking, The Principal Works, 281–83. 45  According to sixteenth- and seventeenth-century authors, the advantage of ancient army camps was the fact that they were always built in the same way. They did not adapt to a place where the commanders decided to camp but, conversely, the camp was built where the conditions were suitable. See e.g. Raymond de Fourquevaux, Kriegs Regiment (Mümpelgart: Peter Fischer, 1594), 444; Basta, Il Maestro, 38. 41 

At the beginning of the first chapter, Stevin describes the quarters of the infantry and cavalry units (Figure 3.1). Kirsti Andersen, The Geometry of an Art: The History of the Mathematical Theory of Perspective from Alberti to Monge (Berlin: Springer, 2008), 297. 38  The foreword to Corpus militare was dated 16th September 1617, while the foreword to Castrametatio as late as 4th November 1617. 39  He was concerned with them in another of his works: Johann Jacob von Wallhausen, Manuale militare oder Kriegßmanual (Frankfurt: Paul Jacobi, 1616), 17. 40  For example, the work by Giorgio Basta, Il Maestro di Campo Generale (Frankfurt: Hoffmann, 1617). In chapters on the camp constructions, the author directly responds to frequent opinions of contemporary military commanders. 37 

34

How to build a military camp

Figure 3.1. Quarters of an infantry regiment. There are quarters for ten companies of 100 men, and in the middle of them there are the colonel’s quarters. At the top of the plan there are quarters for 10 captains. At the other end there is a marketplace.46

quartered together with their families),47 the common soldiers’ sleeping quarters of 200 ft were to be preserved and the number of rows of huts was to increase from two to three or four. However, the soldiers’ families were sometimes quartered together with the marketers and craftsmen at the edge of the quarters.48 A regiment could consist of more or fewer than the ideal 10 companies, but the structure of its quarters was to be maintained and the colonel’s quarters were to be located in the middle.49

sections were identical except for the officers’ quarters. Stevin referred to the captain’s quarters measuring 40 × 24 ft, whereas according to Wallhausen the quarters measured only 24 × 24 ft (7.2 × 7.2 m), while the lieutenant and the ensign had 14 × 12 ft (4.2 × 3.6 m) each.51 It is likely that all three had to share a space in front of the quarters. However, according to Stevin, the lieutenant and the ensign were not quartered together with the captain but at the beginning of the rows of infantry huts – the lieutenant was allocated the quarters on the right, the ensign on the left.52

46

As mentioned above, Wallhausen described the layout of the military camp almost identically in his Corpus militare – only with small differences. Wallhausen also calculated a camp for a regiment of 1,000 men split into 10 companies of 100 men.50 All dimensions of the camp’s different

The works of the two authors differ on the size of the quarters for the colonel and the regimental officers and officials. There is a relatively small difference in the width of the colonel’s quarters: 60 ft (18 m) according to Wallhausen and 68 ft (20.4 m) according to Stevin.53

46 

I would like to thank Michal Cee for his help with redrawing the plans of particular quarters according to the Castrametatio of Simon Stevin. 47  For more on the soldiers’ families see Klára Andresová, “Women and children in the military camps of the Thirty Years’ War,” Historická demografie 43, no. 1 (2019): 21–46. 48  Schukking, The Principal Works, 281. 49  Schukking, The Principal Works, 283. 50  Although modern specialised literature often works with these numbers, in the period under research they were not obligatory and it is possible to find other data both in practice and theory. Cf. Raymond 46 

de Fourquevaux, whose division of the infantrymen into companies and regiments will be discussed below. 51  Johann Jacob von Wallhausen, Corpus militare (Hanau: Wallhausen, 1617), 97. 52  Schukking, The Principal Works, 357–359. He noted that two rear huts in both rows belonged to two sergeants. 53  It can thus be assumed that also the quarters of the whole regiment were to be 8 ft wider according to Wallhausen – i.e. 300 × 380 ft (90 × 114 m).

35

Klára Andresová

Figure 3.2. Quarters of a cavalry regiment. There are quarters for three squadrons of 100 men. At the top of the plan there are the quarters of the 3 captains; the middle one of them is also the colonel. At the other end there is a marketplace. In every squadron there are two rows of soldiers and between them there are two rows of their horses.

But, more importantly, Stevin had a 20 ft lane and another 20 ft wide marketer quarters behind the colonel’s quarters, while Wallhausen divided the market lane belonging to the regiment into two halves by prolonging the colonel’s quarters, which thus had a width of 300 ft (90 m).54

drawing from Marolois’ work on army camps for his later Corpus militare. 3.3.2. Cavalry quarters Cavalry regiments were calculated by Stevin as 300 men divided into three squadrons of 100 men each (Figure 3.2).57 He allocated every squadron a rectangle of 300 × 70 ft (90 × 21 m). This again incorporated two rows of soldiers’ huts, each 200 × 10 ft (60 × 3 m).58 Between the rows of huts, there were two rows of horses, each also 200 × 10 ft. Each cavalryman and each horse had 4 × 10 ft (1.2 × 3 m) of space. The horses were tied with their heads facing their riders so that the latter could check that they had sufficient amounts of oats. There was a 5 ft (1.5 m) lane between the horses and the riders and a 20 ft (6 m) lane between two neighbouring rows of horses. At one end, the quarters were closed by the captain’s quarters of 40 × 70 ft (12 × 21 m), which were separated from the other cavalrymen by a 20 ft lane. At the other end of the

Wallhausen’s views on the infantry and cavalry encampments presented in Corpus militare are comparable with Stevin’s views, but his older works present different approaches. For example, Kriegskunst zu Fuss describes situations where the pikemen and musketeers from one company were quartered separately (though not far from each other) in sections of 7 × 20 musketeers and 6 × 20 pikemen,55 or 3 × 26 musketeers and 4 × 15 pikemen.56 Wallhausen started to prefer Stevin-style quarters in his later years. Wallhausen’s Kriegskunst zu Fuß was published in March of the same year as Marolois’ Fortification ou architecture militaire, and it may be that the shift in Wallhausen’s theory was caused by him von Wallhausen, Corpus militare, 98. Yet we cannot rule out that Wallhausen drew from the same (not entirely detailed) documents as Stevin but the two authors merely interpreted them differently. 55  Johann Jacob von Wallhausen, Kriegskunst zu Fuß (Oppenheim: de Bry, 1615), fig. 27. 56  von Wallhausen, Kriegskunst zu Fuß, fig. 25.

He notes that there are regiments frequently counting 400 cavalrymen, divided into four cavalry squadrons per 100 men, but he chose a regiment with three cavalry units as an example. 58  The cavalrymen were usually recruited from higher social classes compared with the common infantrymen, so they were allocated larger quarters. However, they also needed to store larger riding equipment.

54 

57 

36

How to build a military camp

Figure 3.3. Quarters of Maurice of Orange. A – Tents of Maurice of Orange. B – Large open park for recreation. C – Kitchens, pantries, the servants’ tents, etc. D, E – stables. F – Wagons in the service of the court. G – Prince’s personal guard.

3.3.3. Other quarters

quarters, behind a 20 ft wide lane, there was a marketplace of 20 × 70 ft (6 × 21 m) whose rear half (i.e. 3 × 21 m) contained the hearths of the marketers and where the squadron’s soldiers could prepare their food, much as in the case of the infantry.59

In addition to the infantry and cavalry quarters, the army camp had to include quarters for the other officers and military officials, the main marketplace and a gathering place. The chief commander’s quarters as described by Stevin referred to the quarters of Maurice of Orange (Figure 3.3). Their dimensions were 300 × 600 ft (90 × 180 m) and incorporated the prince’s own quarters as well as the tents of the court officials, tents for meeting the generals or the nobility, then kitchens, pantries, the servants’ tents, etc. They also included stables, wagons and guard stations of the prince’s personal guard. A large portion of the quarters was taken by an open area serving for entertainment, for example ball games.62

The cavalry regiment consisted of three cavalry squadrons, and their joint quarters had dimensions of 300 × 250 ft (90 × 75 m). All three cavalry squadrons were quartered next to each other and there was a 20 ft lane between two neighbouring units. Stevin noted that, in the armies of Maurice of Orange, the cavalry colonel was usually at the same time a captain in one of the cavalry squadrons. He therefore occupied the middle quarters among the three captains and did not need more space than the other two.60

Quarters measuring 300 × 380 ft (90 × 117 m) accommodated high-ranking infantry and cavalry officers and officials – those with authority over an entire section of the army, not only a particular regiment. 20 ft (6 m) lanes separated the quarters of the cavalry general, his lieutenant, the infantry general, cavalry commissioner and quartermaster, judges and judicial officials, the chief provost, chief quartermaster, chief paymaster, chief mustering commissioner, court chaplains, a doctor, and a surgeon.63

In this case, Stevin’s and Wallhausen’s principles were only partially comparable. Wallhausen calculated a cavalry regiment as 500 men divided into 10 squadrons of 50 men. According to him, a squadron had 190 × 44 ft (57 × 13.2 m) at its disposal. The remaining data match – i.e. the space allocated to each soldier and his horse, the widths of the lanes, dimensions of the marketplace and the captains’ quarters. However, Wallhausen notes that, within the area of 40 × 70 ft (12 × 21 m), about half belonged directly to the captain, while the lieutenant and the cornet had each a quarter of the given space.61

While the infantry and to an extent also the cavalry quarters described by Wallhausen were comparable with those of Stevin, the situation differs in the case of the

Schukking, The Principal Works, 283–285. Schukking, The Principal Works, 285. 61  von Wallhausen, Corpus militare, 98–99. 59  60 

62  63 

37

Schukking, The Principal Works, 287. Schukking, The Principal Works, 291.

Klára Andresová

Figure 3.4. Marketplace. ABCD – Dimensions of the quarter. E – Lane between two rows of huts into which the huts open. F – Lane between two pairs of rows of huts. G – Main marketplace in the middle of the quarter.

other quarters. According to Stevin’s treatise, Maurice of Orange, the army commander, had quarters measuring 300 × 600 ft (90 × 180 m). Wallhausen calculated with halfsize quarters, only 300 × 300 ft (90 × 90 m) for the army commander, but they were part of larger quarters of 300 × 1200 ft (90 × 360 m) where similar areas were provided also for the army commander’s deputy and the marshal, an area of 150 × 150 ft (45 × 45 m) belonged to the sergeant major and quartermaster, and an area of 300 × 100 ft (90 × 30 m) to the chief provost and his people. According to Stevin, the sergeant major, the quartermaster and the provost were quartered together with other people in the quarters of high-ranking officers, measuring 300 × 380 ft (90 × 114 m); therefore, they each received a smaller area.64

artillery lieutenant, superintendent, armourer and sapper commander, master carpenter and other craftsmen, conductors, engineers and miners. There was also a gathering place and a free area available for unplanned needs. The individual blocks in the quarters were separated by 20 ft lanes – wide enough for wagons and cannons.66 The dimensions of the army wagon park depended on the number of wagons. As an example, Stevin referred to quarters of 300 × 348 ft (90 × 104.4 m), which were to accommodate 140 wagons in 10 rows of 14 wagons.67 Wallhausen obviously calculated with fewer wagons because, according to him, this type of the quarters measured only 150 × 50 ft, i.e. 45 × 15 m.68 The wagon park was structured similarly to the quarters of the infantry and cavalry. The wagons were parked so that they created a pair of rows. They faced each other with their rear sections separated by a 12 ft (3.6 m) lane. Between every two pairs of rows, there was a 24 ft (7.2 m) lane for the arrivals and

Another large section of 300 × 480 ft (90 × 144 m) belonged to the artillery general, where the cannons not used to defend the camp were also located, together with all munitions and other equipment. (For comparison, Wallhausen calculated an area of 300 × 600 ft, i.e. 90 × 180 m, for the artillery general with all equipment.65) Besides the armoury, the quarters provided space for the 64  65 

Schukking, The Principal Works, 289. This small number of wagons was insufficient for the whole army, but the author noted that many wagons stayed with the particular units with which they moved. 68  von Wallhausen, Corpus militare, 96. However, he also noted that, in this issue, the decisive factor was the amount of wagons to be placed in the quarters. 66  67 

Cf. von Wallhausen, Corpus militare, 95. von Wallhausen, Corpus militare, 96.

38

How to build a military camp 3.4. Layout of camp quarters in Castrametatio and other contemporary works

departures of wagons. Each wagon was allocated an area 12 ft long (which corresponded to the length of the wagon) and 18 ft (5.4 m) wide, of which 6 ft (1.8 m) corresponded to the width of the wagon and the remaining 12 ft was meant for three horses. The wagoners usually did not put up huts in the camp but slept under the wagons, thus needing no special space. However, if they decided to put up a hut, they were to do so in a space where the marketers had their quarters, i.e. in a 12 ft lane along all sides of the quarters.69

Many military handbooks dedicated to army camps were published at the turn of the sixteenth and seventeenth centuries. However, not many provided dimensions for the camps and their individual components. Besides Corpus militare by Johann Jacobi von Wallhausen, the only exception in the German-speaking lands was a military manual by Raymond de Fourquevaux (1508–74), published under the name of the general Guillaume du Bellay (1491–1543). The book was significantly older, as it was written in France already around 1535 and published in 1548.73 Its content is based on the works of ancient authors – Polybius, Frontin, Vegetius, but also renaissance personalities such as Antonio Cornazzano (circa 1430– 84) or Niccolò Machiavelli (1469–1527).74 However, despite its heavy inspiration from historical authors, Fourquevaux’s handbook was printed in German again in 159475 and yet again in 1619.76 It was never presented as a historical treatise, but as a current military work.

The camp also contained a large marketplace (Figure 3.4), in addition to smaller markets for each unit or wagon park. It was used mostly by marketers whose goods were suitable for the whole army rather than particular components, but also by those marketers who did not have close personal relations with soldiers in the individual units or who sold expensive goods such as textiles, or by those who ran the taverns. According to Stevin, the marketplace dimensions were 300 × 400 ft (90 × 120 m). On its two opposite sides, four rows with sutlers’ huts were located. These rows were 300 ft (90 m) long and 10 ft (3 m) wide. Between the first and second row, and between the third and fourth row, there was a 20 ft lane into which the huts opened and where the hearths were located. Another 20 ft lane was located between the second and third row. Some rows of huts in the quarters could be used by visitors or served as provisions storages. The centre of the quarters was used as a marketplace and was 200 ft (60 m) wide. Sutlers selling similar goods stayed close to each other.70

Fourquevaux describes a model camp for 24,400 foot soldiers and 2,500 cavalrymen – i.e. for more than double the number in the model camp of Simon Stevin. While Stevin reckoned with a camp with dimensions of 2000 × 1750 ft (600 × 525 m), Fourquevaux calculated for a space of 1200 × 1200 paces (900 × 900 m), i.e. more than 2.5 times larger. His camp accommodated only four regiments, whose sizes, however, were much larger than was common at the beginning of the seventeenth century.77 One regiment included cavalry as well as infantry. There were 6,120 foot soldiers divided into 12 companies of 510 men. These were further divided into six troops of 85 men, which were relatively comparable with the companies described by Stevin or Wallhausen.78 There were far fewer cavalrymen – 625 divided into 12 companies of about 52 men. It seems that cavalrymen represented a narrow elite of the army, therefore each soldier was allocated about 10 × 16 paces (7.5 × 12 m) as their quarters.79

Stevin also tried to present a suitable form of a camp for the entire army. As mentioned above, he used the camp of Maurice of Orange before Jülich in 1610 as a model. The camp dimensions were 2000 × 1750 ft (600 × 525 m) and it accommodated nine infantry regiments (8,560 men) and 11 cavalry regiments (3,955 men). Between the individual quarters, there were lanes usually 50 ft (15 m) wide, and around the camp there was a gathering place 200 ft (60 m) wide terminated by a rampart 6 ft (1.8 m) wide and a trench 6 ft wide.71 Unfortunately, Wallhausen did not mention the dimensions of any particular camp for the whole army. Inside a camp, however, he calculated with 100 ft (30 m) lanes between the quarters, i.e. twice as wide as Stevin, and his gathering place was 250 ft (75 m) wide, again wider than Stevin’s. Wallhausen did not mention the width of the trench but it can be assumed that it was 6 ft because by his specifications the rampart was also 6 ft wide.72

Foot soldiers had much less space, yet they had almost 50 per cent more space that was allocated to them by Stevin or Wallhausen. Fourquevaux does not specify dimensions for the quarters allocated to one infantryman. The greatest detail that can be found in his treatise is on the quarters for one infantry troop, which counted 85 men. We know that these 85 men had to share quarters of 30 × 35 paces Raymond de Fourquevaux, Instructions sur le faict de la guerre (Paris: de Vascosan, 1548). 74  Max Jähns, Geschichte der Kriegswissenschafte vornehmlich in Deutschland, erste Abteilung, Altertum, Mittelalter, XV. und XVI. Jahrhundert (München, Leipzig: Oldenbourg, 1889), 498. 75  de Fourquevaux, Kriegs Regiment. 76  Raymond de Fourquevaux, Kriegs-Practica (Frankfurt: Fischer, 1619). 77  On a camp for the whole army with four regiments, cf.: de Fourquevaux, Kriegs Regiment, 447–455. 78  de Fourquevaux, Kriegs Regiment, 72. 79  On cavalry quarters, cf.: de Fourquevaux, Kriegs Regiment, 162–164. This space is surprisingly large, so de Fourquevaux’s real intention is not quite clear. 73 

Schukking, The Principal Works, 293–295. Schukking, The Principal Works, 295–297. We cannot compare the market structure with Wallhausen’s information because he was not concerned with it in his Corpus militare although he depicted them in illustrations to his other books. In the text, he only noted that the marketers’ stalls were to be situated in one or more special lanes. von Wallhausen, Corpus militare, 101–102. 71  Schukking, The Principal Works, 297–99. 72  von Wallhausen, Corpus militare, 101–02. 69  70 

39

Klára Andresová (22.5 × 26.25 m).80 It is clear that the space was divided into lanes, but their numbers or widths are unknown, so the area allocated to one man cannot be calculated. However, we can put the number of the foot soldiers’ quarters in the respective space specified by Stevin and Wallhausen, together with the necessary lanes between the rows of huts. We will calculate quarters of 1.25 × 2.5 m per man, with 2.5 m wide lanes into which two rows of huts open. Under these conditions, the respective area would accommodate 3 pairs of rows of huts if the rear sides of the huts were immediately next to each other. They could thus accommodate not only 85 but 126 men. It is therefore clear that, according to Fourquevaux’s handbook, the foot soldiers had a larger space, although it is not clear whether their quarters were larger, whether the lanes were wider or more numerous or whether it was a combination of these options.

etc.87 For sanitary reasons, butchers were usually situated along the edge of the camp where they had to bury the waste in the ground immediately to prevent the spread of stench and contagious diseases in the camp.88 Similarly, Stevin located the marketplace (and undoubtedly also the butchers) at the edge of the camp, but on its side and thus theoretically a more vulnerable part.89 Only a few military handbooks of the period dealt with the topic of camp-latrines, although their existence is self-evident. They were located at the edge of a camp for sanitary reasons too. According to Leonhardt Fronsperger, the latrines were supposed to be dug every day (and every day also covered), and it was necessary for the camp followers to clean them to prevent the spread of diseases.90 The digging of camp wells might come to mind as well. Military camps were supposed to be located by a river – a natural source of water – and in that case they did not need any wells. It was different when the army camped for a longer time in a place far from a river. Although military handbooks did not deal with the topic of wells, we can assume they were dug at the edge of a camp, but as far away as possible from the waste disposal pits or latrines.

The camp before Jülich from 1610, which is the main model for Stevin’s Castrametatio, had a rectangle configuration, thus the work deals only with camps of similar structure. The 16th century oval camps or linear camps are not taken into consideration there, therefore they also will not be considered in the next sections.

3.5. Planning, staking out and division of the camp

The army commander’s quarters in this period were usually situated in the centre of the camp, which was considered the most prestigious and also the safest spot.81 Simon Stevin also preferred this location. Not far from the commander (here Maurice of Orange) were the quarters of the lieutenant and other commanders in charge of the whole army.82 Contemporary authors also generally agreed on other aspects: for example, the infantry had its quarters along the camp perimeter, facing the enemy.83 The cavalrymen were allocated larger and more comfortable quarters,84 which did not directly face the enemy.85 Maurice’s camp at Jülich was also built according to these principles.86

As mentioned above, the contribution of Stevin’s Castrametatio lies above all in its detailed description of how to plan and stake out a camp. The works of most other authors of the period do not elaborate on this issue. Stevin’s contemporaries often assumed that the working procedure was clear to everybody and it was not necessary to discuss it in detail. Compared to Stevin, however, they were more concerned with the selection of a space for the camp. They specified four identical basic conditions, which had to be present at the site of the camp or its vicinity: water, wood, rations, and fodder.91 They usually agreed that a river was a suitable camp border. It could be used as a source of drinking water, a supply route,92 and a means of waste disposal.93

Safer sections of the camp – at its centre or in its rear section – were usually allocated as the quarters of the artillery commander and the artillery park, marketplace, the wagon park, quarters of the provost with the prison,

After selecting an area where the camp was to be located came the actual camp construction. Stevin started his treatise with the making of a camp plan. For this purpose, he recommended the creation of cards representing the individual regiments and other important components of the army. They indicated the form of the respective quarters on a unified scale. The length of each regiment was to be 300 ft (90 m) and lanes between them 50 feet (15 m) wide. Each card was to be marked with the name of

de Fourquevaux, Kriegs Regiment, 123. Cf. e.g. Jan Tarnowski, Consilium rationis bellicae (Tarnów: Andrysowic, 1558), [XXXVIa]; de Fourquevaux, Kriegs Regiment, 448; Leonhardt Fronsperger, Kriegßbuch, dritter Theil (Frankfurt: Sigmund Feyerabend Erben, 1596), LXXXIXb. 82  Fronsperger, Kriegßbuch, LXXXIXb; we can find similar concepts according to Wallhausen and Stevin, as mentioned above. 83  Lazarus von Schwendi, Kriegs Discurs (Frankfurt: Andreas Wechel Erben, 1593), 34; Basta, Il Maestro, 42; von Wallhausen, Manuale militare, 19. Although Leonhardt Fronsperger located the infantry quarters around the chief army commander’s quarters, (see Fronsperger, Kriegßbuch, LXXXIXb), they probably concerned only a sort of personal guards, while the other foot soldiers were quartered along the camp perimeter – as it is apparent in illustrations in Fronsperger’s works. 84  Tarnowski, Consilium rationis bellicae, XXXIIIIb. 85  von Schwendi, Kriegs Discurs, 35 – the cavalry was to be located in the rear of the camp; Basta, Il Maestro, 42 – the cavalry was to be located along the camp sides; von Wallhausen, Manuale militare, 20 – the cavalry was to be located behind the front infantry units and along the camp sides. 86  Schukking, The Principal Works, 298, 303. 80  81 

Cf. von Schwendi, Kriegs Discurs, 35; Basta, Il Maestro, 40; von Wallhausen, Manuale militare, 20. 88  Cf. de Fourquevaux, Kriegs Regiment, 454; Fronsperger, Kriegßbuch, XCVIIa; Basta, Il Maestro, 40; Schukking, The Principal Works, 365. 89  Schukking, The Principal Works, 298. 90  Fronsperger, Kriegßbuch, XCVIIa. 91  Fronsperger, Kriegßbuch, LXXXIXa; von Schwendi, Kriegs Discurs, 34; Basta, Il Maestro, 38; von Wallhausen, Manuale militare, 18. 92  de Fourquevaux, Kriegs Regiment, 501. 93  E.g. Fronsperger, Kriegßbuch, XCVIIa. 87 

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How to build a military camp the respective unit. The cards were then moved on paper until a suitable shape of the camp was achieved. Then the card contours were drawn and the plan was thus created. Ideally, several plans were to be drawn from which the commander could choose.94

If a soldier requested a space too large, which was not available within the quarters, he could not be satisfied. The only chance was to create other rows of huts next to the standard two. The soldiers were not allowed to be present throughout the entire marking out of the camp and thus obstruct the quartermasters and the sergeants. Only afterwards were they invited to assume their allocated spaces. The sergeants made sure that the soldiers did not put up their huts outside their assigned spaces, and they were supervised by the quartermasters. The captains checked that their men were properly quartered, and their activities were checked by the colonels.99

The camp was to be marked out on the ground according to the plan. To facilitate the work, a unified ‘field measure’ had to be used in the army – a rod divided into feet and inches, according to which all other scales in the camp were to be adapted. This was important because the measurements in the respective period were far from uniform. They could vary in each town.95 Painted rods with a length of 9 ft (2.7 m) were adapted to the sample measure and marked with an engraved number, which had been allocated to the regiment and indicated in the plan. The rods were placed in corners of the individual quarters, thus determining their distribution in the space. The start of the work was announced and drummed and then nobody unauthorised – soldiers and sutlers with their wagons and horses – was allowed to hinder it. It was also forbidden to pull out the rods in the corners of the quarters, which were allegedly used by soldiers in the construction of their own huts.96

Alongside a relatively modern and sophisticated approach to camp construction according to a pre-set plan, there were also other procedures mainly common in previous periods. In the sixteenth century, for example, Jan Tarnowski (1488– 1561) recommended constructing a camp starting from its gateway. The camp could be increased or decreased as the work progressed. Its perimeter was determined by wagons, which formed a corral.100 At a similar time, Raymond de Fourquevaux wrote about more sophisticated preparations. The construction of the whole camp and the individual quarters always started from the centre where the commander’s quarters were located. A stake was driven into the ground and the future camp lanes, which were perpendicular to each other and led to all four sides, were marked out by means of cords. The gateways were created at the ends of these lanes. The lanes divided the whole camp into quarters for four large regiments, where the space division continued in a similar way.101

The creation of the camp plan and marking out the individual quarters were the responsibility of the quartermastergeneral – such as Simon Stevin. After finishing his part of the work, quartermasters of the individual regiments took over. Each of them had a plan of his unit where all the dimensions of the different sections were indicated. The quartermaster used a field measure at least 8 ft (2.4 m) long and several cords. He stretched the cords in AB and CD lines marking the widths of the quarters and then marked the lengths of 8 ft by driving pegs into the ground. In this way, the rows of soldiers’ huts and lanes between them were marked.97

Younger authors were more concerned with the process of the work. According to Giorgio Basta (1550–1612), an army camp was also to be built according to a preset plan. It was to be created by a surveyor or one of the military officials on the basis of a survey carried out by an army commander, the quartermaster-general and several officials. Then the army commander was to divide the individual quarters among the respective regiments. The other operations were supervised by the chief quartermaster. He measured the camp by means of cords, but he also negotiated with officers who complained to him about imperfect quarters that were allocated to their men.102

The division of the quarters was then marked out by the sergeant. He stretched cords between pegs located by the quartermaster to mark out (in the case of the infantry) two rows and a lane between them – all in the dimensions of 200 × 8 ft (60 × 2.4 m).98 He had to know how much space his companies or squadrons needed – those soldiers who wanted to stay alone and those who wanted to share their hut with another soldier or with a family. Although the basic dimensions of the soldier’s space were 4 × 8 ft (1.2 × 2.4 m, or 4 × 10 ft, i.e. 1.2 × 3 m in case of cavalry), larger space could be created if it was shared by more people.

According to Wallhausen, the camp plan was to be created by military builders at least one day in advance and then it was to be handed by the army commander to all quartermasters. The quartermaster-general studied the plan and then sent each regiment to its allocated area.

Schukking, The Principal Works, 347–53. For the various lengths of the foot, i.e. unit most frequently used by Stevin, see e.g. Chvojka and Skála, Malý slovník, 221. Some contemporary authors tried to deal with inconsistent measurements by their definitions in attached illustrations – e.g.: Adam Freitag, Architectura militaris nova et aucta (Leiden: Elzevier, 1631), engraving E, illustration 33. 96  Schukking, The Principal Works, 353–355. 97  Schukking, The Principal Works, 355–357. Stevin describes an infantry regiment quarters, although he did not explicitly say so. In the case of a cavalry regiment, the surveying worked the same, only the sergeants measured lengths relevant for the cavalry – see above. 98  In the case of a cavalry regiment, he marked the rows and lanes in intervals according to the above mentioned principles. 94  95 

Schukking, The Principal Works, 357–359. Tarnowski, Consilium rationis bellicae, XXXIIIb–XXXVa. 101  de Fourquevaux, Kriegs Regiment, 128–29. 102  Basta, Il Maestro, 39–43. 99 

100 

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Klára Andresová The regimental quartermasters then divided the quarters into lodgings for the individual battalions.103

the principles – or Stevin in cooperation with Maurice of Orange.

Marking out the gathering space and the camp fortification mostly laid in the hands of the military surveyor. A gathering space 200 ft (60 m) wide was located around the whole camp and was terminated by a rampart. About 50 or 60 diggers supervised by a construction engineer started to build a trench around the camp between two stretched cords separated by 6 ft (1.8 m) and heaped the soil on the neighbouring rampart, which was also 6 ft wide. The digging proceeded with the help of foot soldiers and the work was divided so that each regiment was allocated an adequate part according to the number of its men. The soldiers worked without being entitled to pay.104

The most useful chapters for the application of Stevin’s ideas in the interpretation of archaeological findings are chapters one and three of the examined work. They describe the dimensions and structures of the individual quarters in the camp and the work procedure for the planning, measuring and actual construction of the camp. The thoughts presented in Stevin’s Castrametatio were followed up in later years. Several seventeenth century military handbooks were based on Stevin’s work, and later they became sources for younger theoreticians who followed up on them. This was the case for Adam Freitag, who was inspired by Stevin in his Architectura militaris nova et aucta,107 and who became a source for many others – e.g. Józef Naronowicz-Naroński (1610?–1678)108 and Georg Andreas Böckler (1617–1687).109

The issue of who was to dig the trenches and build the rampart was briefly mentioned by numerous military theoreticians of the period. Wallhausen’s opinion was similar to Stevin’s. He noted that the fortifications were to be built either by soldiers, who, however, were not paid for this work, or by professional diggers who received pay.105 Giorgio Basta commented on the matter expressively: he dedicated a whole chapter explaining why the ramparts were to be built by diggers rather than common soldiers. It indicates that although most handbooks recommended leaving the construction up to the diggers, in reality it was usually carried out by the soldiers. According to Basta, the diggers’ work was better quality, faster, and consequently less costly because poor-quality ramparts built by soldiers could lead to the destruction of the camp and thus to a financial loss.106 Both methods were probably applied during this period, but the commanders and the quartermasters preferred the work of soldiers, for which they did not have to pay, and this also applied to Simon Stevin.

Military praxis of the seventeenth century also shows the inspiration of Stevin’s Castrametatio. Camps similar to those of Maurice of Orange were built during sieges of his brother, Prince Frederick Henry (1584–1647) – e.g. before Grol in 1627 and before Breda in 1637.110 However, we must remember that the theory described by Stevin need not have been obligatorily followed. Simon Stevin’s principles and the opinions of other contemporary authors must be treated as characteristic of an ideal condition, which, however, was not easily achievable. Only their comparison with outcomes of archaeological research will show how much the theory and practice had in common.

3.6. Conclusion Throughout the sixteenth and seventeenth centuries, many military theoreticians were at least marginally concerned with the construction of army camps – both long-term and short-term. However, while most authors wrote one or more chapters on the issue, Simon Stevin dedicated an entire treatise to it. In Castrametatio, the author, who served for many years as chief quartermaster in the army of Maurice of Orange, drew from his rich personal experience. He was not the first to publish some of the ideas mentioned, because they had already appeared in the works of Samuel Marolois and Johann Jacobi von Wallhausen. However, it is likely that the experience of these writers with the Dutch army, in which Stevin organised the construction of camps, provided information for their publications. It can be assumed that it was Simon Stevin who created

Freitag, Architectura militaris nova et aucta, 127–146. The book was reedited several times; the last edition for practical use is from 1665. 108  The work is extant as a manuscript; it was edited in 1957: Józef Naronowicz-Naroński, Budownictwo wojenne (Warszawa: MON, 1957), especially 169–172. 109  Andreas Böckler. Manuale Architecturae Militaris (Frankfurt: Götze, 1645), 155–159. 110  Schukking, The Principal Works, 258–259. 107 

von Wallhausen, Corpus militare, 100. Schukking, The Principal Works, 359–63. 105  von Wallhausen, Corpus militare, 105. 106  Basta, Il Maestro, 35. 103  104 

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4 L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques dans l’armée française au sortir du dix-huitième siècle Frédéric Lemaire Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), Centre de recherches d’Achicourt, rue des Planquettes 62217 Achicourt (France) Abstract: If the art of modern warfare was marked by the debate on the two tactical orders, narrow or deep, it was also concerned, to a lesser extent, with another problem, the use of tents in the field (and their clutter) and their replacement by barracks. This issue intensified at the beginning of the revolutionary period and was done at the ‘camp de Boulogne’ and in the following Napoleonic camps, notably in Poland and Germany. A bivouac cannot be considered as a camp, an encampment is not a cantonment, and a cantonment is different to a casernement. The military literature describes a great variety of camps that correspond to historical or typological criteria. The denomination results either from its form, or its destination, or the site it occupies. Infantry camps are distinguished into compact, narrow, open, tented, and barrack camps. In times of peace troops are also gathered in training camps. Bivouacs were only used when it was necessary to keep an advanced position close to the enemy during the night. A troop in a bivouac is camped without tents or huts. To cantonize is to put troops into towns or villages instead of having them camped in the countryside. In the French army the tent camps succeeded, around 1690, the hut camps. Yet, tents have a serious disadvantage, they do not protect the soldier from the cold or from the humidity of heavy rains. Moreover, they were heavy, 30 kg, and cumbersome. Sometimes the troops were camped in barracks, either because there were no tents or because they had to stay in a position for a long time in the bad season. The barracks had to be lined up like in tent camps. Barracks provided safer shelter from the weather and cold and were often partially buried. Depending on the length of time, they were built fairly solid, though the most durable were made of masonry or halftimbering. The quality of a barrack construction also depends on the rank of the occupier, the localities, and the materials that the area could provide. The soldiers camped or barracked as they fought: in line, in several ranks, by regiments, battalions and companies. The length of the front of a battalion camp corresponded strictly to the length of the terrain occupied by it on the battlefield. The study of modern military camps clearly shows the evolution of the order of battle, from deep order to narrow order, linked to the development of firearms. These narrow camps were problematic because of their disproportionate lengthening corresponding to the very large battle lines. The eighteenth century was the century of large tented camps that suited the slow movements of armies, those of marches and formations or deployments in order on the battlefield. However, if the tents were suitable for “classic” wars, fought by heavy and not very manoeuvrable armies, they became cumbersome at the end of the eighteenth century, which saw military tactics favouring movement. To gain mobility, armies would abandon the use of tent camps. For the soldier who camps, it is a question of spending the nights under the stars, and suffering the hardships when they are cold or rainy. They sometimes built shelters or improvised constructions, made of straw and branches, or of materials recovered from the local habitat, which cushioned the rigors of bivouacs. The wars of the Empire saw an increase of winter camps in barracks. There were several “revolutionary” barrack camps, of which the one in Boulogne was the largest. The use of barracks became a habit even during marches and the soldiers became experts in the construction of barracks, which they quickly established, camp after camp.

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Frédéric Lemaire The understanding of the organisation of these camps and their archaeological study allows us to have a better idea of the condition for the soldiers, which is the other major issue of this new disciplinary field that is the archaeology of recent conflicts. Keywords: France, eighteenth century, nineteenth century, military camp, infantry camp, tents or huts, order of battle, order of camp, Napoleonic wars. 4.1. Introduction

pour garnison que de grands camps.6 Déjà, quelques décennies plus tôt, le comte de Guibert ne désirait former que des camps à l’instar de ceux des Romains, c’est-à-dire des camps éloignés des vices et des villes, et consacrés à l’exercice continuel des travaux de guerre. Pour ce dernier, la première qualité d’un camp est de protéger du « luxe » et de constituer un « asile pour les vertus guerrières ».7

Si l’art de la guerre moderne fut marqué par le débat sur les deux ordres tactiques, mince ou profond, il fut également concerné, dans une moindre mesure, par une autre problématique qui s’intensifia au commencement de la période révolutionnaire et qui portait sur l’usage des tentes en campagne (et leur encombrement) et son remplacement par des baraques, ce qui fut fait au « camp de Boulogne  » et dans les camps napoléoniens suivants, notamment en Pologne et en Allemagne.

La littérature militaire présente souvent une grande variété de camps qui répondent à des critères historiques ou typologiques. Dans son Dictionnaire de l’armée de terre, le général Bardin établit une classification à partir du terme générique « camp ». Selon l’officier, la dénomination que prend le camp résulte ou de sa forme, ou de sa destination, ou du terrain qu’il occupe. Selon Bardin, un camp est un établissement que forme une armée agissante ou censée telle, pour y prendre gîte et couvert, car si l’armée stationne en plein air, elle est au bivouac.8 Et l’auteur de préciser qu’un camp est un poste qu’une armée occupe quand elle n’est ni en garnison, ni en cantonnement, ni en route. Il distingue ensuite cinq types de camp, dont le camp de guerre, le camp péribologique (de forteresse, fortifié ou retranché) et le camp tactique qui est de cavalerie ou d’infanterie. Les camps d’infanterie se distinguent en camp compact, camp mince, camp ouvert, camp de tentes et camps de baraques. C’est dans la catégorie des camps d’infanterie que Bardin place également le camp d’instruction.9 Le «  camp de Boulogne  » fut, selon l’auteur, le plus grand camp d’instruction jamais formé par les Français.10 Mais

4.2. Une théorie des camps « classiques » : camps tendus et camps baraqués 4.2.1. Qu’est-ce qu’un camp ? Même si « peu de gens ignorent ce que c’est qu’un camp », écrit le médecin militaire Jean Colombier, ajoutant «  le militaire seul en connaît le détail et les inconvénients »,1 il nous faut, pour ajuster notre propos, revenir aux définitions données par Louis Charles Dupain en 1783 et celles des penseurs militaires qui suivirent. Selon Dupain, un bivouac n’est pas un camp, camper n’est pas cantonner et un cantonnement n’est pas un casernement. Cantonner, c’est mettre des troupes dans les villes ou les villages au lieu de les faire camper.2 Ainsi, les camps s’opposent aux « quartiers » que les armées en campagne prennent chez l’habitant, selon l’étude récente de Bruno Colson.3 En temps de paix, explique Colombier, les troupes sont distribuées de différentes manières, qu’on peut cependant réduire à deux, la garnison et le quartier.4 Sur le pied de paix, les troupes sont également réunies dans des camps d’instruction, nombreux aux dix-septième et dix-huitième siècles, favorisés par Folard et Guibert et développés en particulier par Frédéric II.5

Joseph Rogniat, Considérations sur l’art de la guerre (Paris: Magimel, Anselin et Pochard, 1816). 7  Guibert, Essai général de tactique, 114. 8  Dans son Cours élémentaire de fortification, Amand Rose Émy précise l’origine du mot «  bivouac  » qui est emprunté à la langue allemande, dans laquelle beywacht veut dire « une garde près de l’ennemi ». Ainsi, les bivouacs n’étaient en usage que lorsqu’il s’agissait de garder pendant la nuit une position avancée près de l’ennemi. Émy précise également qu’une troupe est au bivouac lorsqu’elle est campée sans tentes ni baraques : Amand-Rose Émy, Cours élémentaire de fortification : fait à l’École spéciale militaire (Paris: J. Dumaine, 1843), 356–357. 9  Bardin, Dictionnaire, 914–916. 10  Entre 1803 et 1805, déterminé à porter la guerre sur le sol anglais, après l’échec du traité d’Amiens ratifié un an plus tôt en mars 1802, Napoléon Bonaparte rassemble une armée dans le Pas-de-Calais. Les préparatifs sont considérables. Des camps de baraques sont construits autour des ports dans lesquels sont rassemblés par escadrilles les bateaux de la flottille construits pour la « descente ». Le cœur du dispositif est à Boulogne, ville éponyme d’un camp où les troupes d’invasion sont finalement constituées en Grande Armée à la fin du mois d’août 1805. Ce camp fut le plus grand rassemblement de troupes que la France eût jamais connu. En septembre 1804, un an après l’arrivée des premières troupes, et un an avant la volte-face de l’armée, la fameuse « pirouette » de Boulogne, les différents camps du projet, dont les principaux étaient ceux de Saint-Omer, de Bruges et de Montreuil, regroupaient près de 40 pour cent des forces totales de la France impériale : Frédéric Lemaire, “Archéoscopie d’un projet d’invasion  : la fouille des baraquements d’infanterie du camp de Montreuil (1803–1805),” Napoleonica. La Revue 2, no. 32 (2018): 5–48 ; Frédéric Lemaire, Les Soldats de Napoléon en 6 

Finalement, le général Rogniat, dans ses Considérations sur l’art de la guerre, n’eut voulu que l’armée n’ait

Jean Colombier, Préceptes sur la santé des gens de guerre, ou hygiène militaire (Paris: Lacombe, 1775), 236. 2  Louis-Charles Dupain de Montesson, Vocabulaire de guerre ou recueil des principaux termes de guerre (Paris: Couturier, 1783). 3  Bruno Colson. Napoléon. De la guerre (Paris: Perrin, 2018), 365. 4  Colombier, Préceptes, 156. 5  Friedrich II, Instruction militaire du Roi de Prusse pour ses généraux (Frankfurt and Leipzig: s.n., 1761) ; Jacques Antoine Hippolyte, comte de Guibert, Essai général de tactique : précédé d’un discours sur l’état actuel de la politique (Liège: C. Plomteux, 1773), 117–134 ; Etienne Alexandre Bardin, Dictionnaire de l’armée de terre, vol. 2 (Paris: Perrotin et Dumaine, 1841), 942 ; Georges Morache, Traité d’hygiène militaire (Paris: Librairie J. B. Baillière et fils, 1874), 438. 1 

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L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques

Figure 4.1. Restitution du camp donné par l’ordonnance du roi portant règlement sur le service de l’infanterie en campagne du 17 février 1753. Il s’agit du premier règlement sur le campement de l’infanterie moderne. © Frédéric Lemaire.

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Frédéric Lemaire

Figure 4.2. Tente, manteau et faisceau d’armes pour les dragons à pied, dans l’ouvrage de M. de la Porterie, Institutions militaires pour la cavalerie et les dragons (Paris: Guillyn, 1754).

il fut aussi, à notre jugement, un camp d’assemblée ou camp de rassemblement, c’est-à-dire une déclinaison du camp de guerre, toujours selon la typologie construite par Bardin. Armand-Rose Émy, professeur de l’École spéciale militaire et colonel du génie en retraite, les appelle des « camps de réunion », soit des camps formés à l’approche d’une guerre pour servir de point de rassemblement d’une grande armée que l’on veut organiser complètement avant de la mettre en campagne, pour plier les troupes à la discipline et aux usages du service, et attendre le moment d’agir.11

Selon Bardin, les camps de tentes (ou camps tendus) ont succédé, vers 1690, aux camps de huttes, et les camps de guerre et d’instruction du dix-huitième siècle sont des camps de tentes ;15 il est très précis sur cette chronologie et sur l’évènement, la paix de Ryswick, en 1697, qui « montre à l’Europe les premiers camps de tentes ». Durant les guerres de la Révolution et de l’Empire, deux modèles de tente sont en usage : la tente canonnière et une tente du « nouveau modèle » destinée à contenir une escouade

4.2.2. Les camps de tentes

qui établit l’uniformité du service des troupes en campagne. Cette ordonnance s’inscrit dans un contexte marqué par une multiplication des réformes militaires, des textes réglementaires, des études tactiques, entre la guerre de Succession d’Autriche et la guerre de Sept Ans. C’est une période qui voit les idées du chevalier de Folard dominer ; sa colonne massive (pour l’attaque) est adoptée dans les règlements de 1753 et 1754. Surtout, la décennie 1750 est marquée par la réduction à trois rangs de la profondeur du bataillon en ligne. C’est sur cet ordre sur trois rangs que sont établis les camps napoléoniens fouillés durant la décennie 2010 près de Montreuil-sur-Mer : Lemaire, “Archéoscopie” et Lemaire, Les Soldats de Napoléon. L’ordonnance de 1753 prescrit effectivement les tentes dites « canonnières ». Dans La tente et le chapiteau, ouvrage paru en 2004, Christian Dupavillon écrit que la tente dite « canonnière » doit son nom au fait que les armées prussiennes utilisaient ce modèle pour abriter leurs canonniers : Christian Dupavillon, La tente et le chapiteau (Paris: Éditions Norma, 2004). De fait, les modèles des tentes militaires sont pratiquement les mêmes, quelles que soit les nations. Elles sont en toile et de forme triangulaire (en forme de toit ou de comble), soutenues par une traverse horizontale (ou faîtière) portée par deux poteaux (ou mâts, montants, poteaux, fourches) en bois. La canonnière a deux extrémités, l’une se termine en cul-delampe (arrondie et conique), la seconde est verticale et sert d’accès. Sous la Révolution et par la suite, la tente canonnière est dite « d’ancien modèle ». 15  Bardin, Dictionnaire, 922.

Pour Dupain, un camp est un terrain spacieux où l’on rassemble des troupes qui forment une sorte de ville de toiles qui se défont rapidement et se transportent facilement ailleurs pour y occuper un autre camp.12 Pour le chevalier de Keralio, un camp est un terrain où un corps de troupes habite sous des tentes.13 Ainsi, les camps militaires sont ordinairement considérés comme des camps de tentes. Ce sont des tentes « canonnières » pour huit soldats qui apparaissent officiellement dans une ordonnance royale de 1753.14 leur camp, PhD thesis (Paris: Université PSL, École Pratique des Hautes Études, 2020). 11  Émy, Cours élémentaire de fortification, 358. 12  Dupain, Vocabulaire de guerre, vol. 1, 106. 13  Louis-Félix Guinement Keralio, Art militaire. Encyclopédie méthodique, vol. 1 (Paris: Panckoucke, 1784), 367. 14  Ordonnance du roi portant règlement sur le service de l’infanterie en campagne du 17 février 1753. Il est issu d’une ordonnance royale

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L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques

Figure 4.3. Couchage sous la tente réglementaire selon Puységur (1748).

ou quinze hommes.16 La répartition des deux modèles de tente dans un corps est donnée pour la première fois dans l’Instruction provisoire sur le campement de 1792.17 Selon cette instruction, chaque compagnie devait recevoir douze tentes de l’ancien modèle ou six tentes du nouveau modèle.18 Une tente du nouveau modèle mesure 5,85 × 3,90 m et se compose d’un mât ou fourche, d’une traverse, d’une toile ou côtés, de sa sangle et anneaux ou boucles, d’une faîtière, d’une toile à pourrir et de ses piquets.19

Pour Émy, les tentes ont un grave inconvénient, elles ne protègent le soldat ni du froid ni de l’humidité des grandes pluies qui imbibent rapidement la toile et la pénètrent, « quelque fortement tendue qu’elle soit ». Les tentes sont en effet très faiblement imperméables. De plus, elles sont lourdes, 30 kg, et encombrantes. Émy explique que les tentes, avec leurs bois, cordages, outils de campement, formaient un matériel embarrassant qui exigeait pour son transport, à la suite des compagnies, des chevaux de bât.20 4.2.3. Les camps de baraques

Etienne Alexandre Bardin, Mémorial de l’officier d’infanterie, présentant la collection méthodique de tout ce que les règlements aujourd’hui en vigueur et les lois non abrogées contiennent de particulier à cette arme (Paris: Magimel, 1808), 90. 17  Cette instruction, qu’il faut distinguer du « Règlement provisoire sur le service de l’infanterie en campagne du 5 avril 1792  », concerne les troupes de ligne et les gardes nationales, et le campement sous tente. Cette instruction voit l’apparition d’un nouveau modèle de tente capable d’accueillir deux fois plus d’hommes que la tente canonnière qui continue d’être utilisée sous l’appellation nouvelle de tente « d’ancien modèle ». Les tentes du « nouveau modèle » permettent une réduction des camps étendus sur de trop grands espaces avec les tentes de « l’ancien modèle ». 18  Précisément  : «  Il existe dans les magasins deux espèces de tentes  ; celles de l’ancien modèle, ayant dix pieds quatre pouces de longueur, y compris le cul-de-lampe, et huit pieds de largeur ; celles du nouveau modèle ayant dix-huit pieds de longueur y compris les deux culs-delampe, et douze pieds de largeur (soit 5,85 m sur 3,90 m). Il sera délivré à chaque compagnie, soit de grenadiers, soit de fusiliers des troupes de ligne, douze tentes de l’ancien modèle, ou six du nouveau, ainsi que deux faisceaux et deux manteaux d’armes […] ». 19  Bardin, Mémorial de l’officier, 91. 16 

Les camps de baraques sont l’exception si les camps de tentes constituent la norme. C’est dans ce sens que le général Bardin les définit dans le deuxième volume de son Dictionnaire de l’armée de terre. Il écrit qu’un camp de baraques est « une sorte de camp d’infanterie qu’on nomme ainsi par opposition aux camps de tentes ».21 Le professeur Savart, de l’École spéciale impériale militaire, confirme le caractère plus exceptionnel des camps baraqués. Il arrive quelquefois, écrit-il, que les troupes sont campées dans des baraques, soit parce qu’il n’y a pas de tentes, soit parce qu’il faut se tenir longtemps sur une position et dans la mauvaise saison, et il précise que le campement avec des 20  21 

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Émy, Cours élémentaire de fortification, 341. Bardin, Dictionnaire, 918.

Frédéric Lemaire baraques ne diffère pas du campement ordinaire « qu’en ce que l’on substitue les baraques aux tentes ».22

des pierres.28 Pour Colombier, qui se démarque, «  cet arrangement par lequel les troupes sont plus à l’abri  » consiste à pratiquer avec des branches d’arbres, de la terre, de la paille et du fumier, des espèces de haies qui entourent les tentes.29 Pour Savart, la baraque est une construction légère dont les dimensions intérieures ordinaires sont de 5 × 2 m, et la hauteur de 2 m, du sol jusqu’au faîte  ; de fait, cette baraque s’inscrit dans les limites d’une tente du nouveau modèle, certes plus grande, mais les dimensions données exclues les parois et correspondent aux surfaces utiles. Savart donne une description détaillée d’une baraque.30

Les baraques constituent des abris plus surs contre les intempéries, «  plus propres à garantir de la dureté du temps  », que les tentes qui se détériorent vite. Émy complète sur ce point l’analyse de son prédécesseur, en affirmant que les baraques ont sur les tentes le grand avantage de procurer au soldat un logement plus sain, plus commode et plus chaud, sans accroître les dimensions de l’espace occupé par le camp.23 Savart et Émy utilisent les arguments avancés avant eux par Colombier puis Dupain. Pour Colombier, lorsque l’armée campe pendant l’hiver dans une position stable, « on permet, ou on ordonne même les baraques  », dans lesquelles les troupes sont plus à l’abri du froid et de l’intempérie de la saison.24 Pour Dupain, baraquer une armée, c’est ordonner et faire faire aux soldats de petites maisons de terre et de bois en place de leur tente, et pour en tenir lieu. Il écrit  : «  On baraque une armée lorsque dans la rigueur de l’arrièresaison, on est obligé de tenir la campagne, et que l’on reste longtemps campé dans la même position ; alors comme les troupes souffriraient beaucoup de coucher sous la toile, un général qui veut les conserver et qu’elles soient à l’abri du froid de la pluie, commande qu’elles fassent usage de son industrie pour s’en garantir en baraquant ».25

Ordinairement, aux quatre angles d’un seuil rectangulaire, établi au niveau du sol, on dresse quatre poteaux assemblés deux à deux par le haut, par de petites poutrelles, et sur le milieu de chaque petit côté du seuil on élève encore des poteaux qui, étant un peu plus grand que les autres, sont destinés à soutenir le faîte. Sur cette petite charpente sont assujetties, tant pour former le comble que les parois, des voliges ou planches minces, qui doivent se recouvrir partout d’un travers de main, pour que l’intérieur soit à l’abri des eaux et du vent. […] Après avoir établi la charpente, il est possible aussi de former le comble et les parois au moyen d’un tissu de branchages, tel que celui des claies que l’on emploie pour passer le sable, et qui est recouvert ensuite d’une certaine épaisseur de terre grasse mêlée de paille. Les parois sont aussi préparées de cette manière lorsqu’il faut s’enfoncer en terre d’environ un mètre.

Si les baraques garantissent durablement les troupes du mauvais temps, les baraques partiellement enterrées les exposent encore moins aux «  effets fâcheux des gros temps  ». Ainsi, Savart mentionne des baraques qui sont enfoncées en terre d’environ un mètre, « lorsque le terrain est très sec »26 – ce qui fut fait dans les différents camps du « camp de Boulogne », mais pas toujours sur des terrains secs.27 Finalement, la longue durée est le critère qui détermine le baraquement de troupes dans un camp, et c’est le cas des camps de réunion ou de rassemblement qui, pour certains, s’éloignent du campement pour ressembler à un quasi casernement. Selon la durée, les baraques sont construites plus ou moins solidement et les plus solides sont en maçonnerie ou colombage. Mais la qualité de construction d’une baraque dépend aussi du grade de celui qui l’occupe.

L’instructeur précise cependant qu’il est parfois nécessaire, dans un même camp, de varier la construction et d’employer «  même  » la maçonnerie légère – de fait, les baraques étudiées à Étaples et Camiers, qui relèvent du camp de Montreuil, correspondent pleinement aux observations de Savart (cf. infra Figures 4.8 et 4.15).31 Ce dernier fait état également des mémoires d’un ingénieur nommé Cormontaigne qui donna la description d’un camp avec baraques de planches de sapin, établi près de Metz et où le nombre des baraques de chaque compagnie fut déterminé sur le pied de six hommes au plus par baraque ; mais ces baraques avaient des dimensions voisines de celles des tentes d’ancien modèle, d’une capacité deux fois inférieures aux baraques se substituant aux tentes du nouveau modèle. Savart publie une planche figurant ces petites baraques de soldats décrites par Cormontaigne (3,57 × 1,95 m) et celles plus grandes pour les officiers, ainsi que les plans du campement de deux compagnies et d’un bataillon entier baraqué, soit 17 compagnies (cf. Figure 4.4) ; les baraques des officiers mesuraient 18 pieds de large (par-devant) et 12 pieds de profondeur (sur les côtés), c’est-à-dire précisément les dimensions des tentes du nouveau modèle (5,85 × 3,90 m) qui sont également figurés sur la planche, à côté des tentes de l’ancien modèle

Pour Dupain, une baraque est une petite maison construite avec un peu de bois et de la terre coupée et posée comme Nicolas Pierre Antoine Savart, Cours élémentaire de fortification, à l’usage de MM. les élèves de l’école spéciale impériale militaire (Paris: Valade, 1812), 61. 23  Émy, Cours élémentaire de fortification, 342. 24  Colombier, Préceptes, 173. 25  Dupain, Vocabulaire de guerre, vol. 1, 57. 26  Savart, Cours élémentaire de fortification, 62. 27  Le premier médecin Jean-François Coste et le chirurgien en chef Pierre-François Percy, dans leur traité sur la «  Santé des troupes à la Grande-Armée  », décrivent les positions occupées par les troupes du camp de Boulogne : « Celle-ci (l’armée des Côtes de l’Océan) fut divisée en divers camps, dont les uns avaient longtemps occupé des sites bas et marécageux, d’autres des positions élevées ou à mi-côte, communément très salubres […]  »  : Jean-François Coste and Pierre-François Percy. De la santé des troupes à la Grande-Armée (Strasbourg: Imprimerie de Levrault, 1806), 8. 22 

Dupain, Vocabulaire de guerre, vol. 1, 57. Colombier, Préceptes, 173. 30  Savart, Cours élémentaire de fortification, 62. 31  Lemaire, “Archéoscopie” et Lemaire, Les Soldats de Napoléon. 28  29 

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L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques

Figure 4.4. Planche extraite du Cours élémentaire de fortification publié par le professeur Savart en 1812.

(3,35 × 2,60 m). On remarquera que les tentes sont présentées entourées d’une rigole pour l’écoulement des eaux, et Cormontaigne explique qu’au camp de Metz, des rigoles avaient été pratiquées sur le pourtour des baraques et entre leurs files (perpendiculaires à la tête du camp ou front de bandières)  ; ces travaux d’assainissement des camps par des rigoles ou fossés sont souvent mentionnés dans les textes et parfois observés sur les sites archéologiques – toujours à Étaples, par exemple. La description de l’ingénieur Cormontaigne va jusqu’au détail des pièces qui entrent dans la construction des baraques et au chiffrage du volume de bois nécessaire pour un camp.

en planches pour les baraques en planches. Les deux lits parallèles pour les deux rangs de soldats sont séparés par un couloir de deux pas (1,35 m).32 Au début de l’Empire, les règles pour le campement sont issues du Règlement provisoire sur le service de l’infanterie en campagne du 5 avril 1792 et de l’instruction donnée par le ministre de la Guerre en brumaire an XII (octobre/novembre 1803) (cf. Figure 4.5). L’instruction est extrêmement détaillée, et déclinée selon qu’il est fait usage des tentes d’ancien ou de nouveau modèle. Ces dernières, nous l’avons vu, sont plus grandes, 5,85 × 3,90 m, et sont prévues pour 16 hommes, mais l’instruction précise cependant qu’il est reconnu qu’elles ne peuvent en contenir que 12 ou 13 au plus. L’intervalle d’une tente à l’autre doit être de 1,95 m. Dans cette même instruction, le point 191 aborde la question des camps avec des baraques, dont la forme «  dépend beaucoup des localités et des matériaux que le pays peut fournir ». Il est rappelé que les baraques doivent être alignées, et que le front d’un camp composé de baraques doit être couvert par la troupe en bataille, comme si le camp était composé de tentes.

Pour le professeur Émy, une baraque rectangulaire de huit pas de longueur (5,35 m) et sept de largeur (4,70 m) qui occupe sur le sol un rectangle à peu près égal à celui d’une tente nouveau modèle, peut contenir seize hommes sur deux rangs ; les rangs des hommes couchés sont toujours parallèles au faîtage des baraques. La place occupée par chaque soldat a un pas de largeur (0,67 m) et trois pas de longueur (2 m). Sur l’architecture des baraques, Émy est relativement précis et il se préoccupe de la juste utilisation du bois. Il distingue deux types de baraque, des baraques construites en clayonnage et des baraques en charpente et en planches. Le clayonnage des murs des premières est composé de branchages flexibles entrelacés avec les perches minces verticales des murs, «  à la manière du travail des vanniers ». Ensuite, le clayonnage est enduit de torchis, en dedans et en dehors, pour en boucher les interstices et empêcher le froid de pénétrer. Les fermes en perches de la charpente du toit en chaume sont soutenues par des perches verticales qui ont 0,10 m de diamètre. Les baraques en planches ont un toit également en planches clouées sur des chevrons  ; elles se recouvrent d’environ 5 cm, pour que l’eau de pluie ne pénètre pas à l’intérieur. Ces baraques ressemblent à celles présentées par Savart. Les lits sont soit en terre battue et soutenus par un clayonnage (en fait, une banquette), soit ils sont construits

4.3. Le principe de l’ordre de bataille 4.3.1. Le camp assujetti à l’ordre de bataille Cette instruction pour le campement de l’infanterie de brumaire an XII est donnée pour le camp d’un bataillon mais, comme le précise l’instruction dans son court chapitre d’introduction, une fois un bataillon campé, tous les autres peuvent l’être de la même manière ; un demisiècle plus tôt, dans ces Amusements militaires, Dupain, à ce titre, fait dire au Marquis qui s’adresse au Chevalier qu’il accompagne dans la visite d’un camp : « Qui en voit

32 

49

Émy, Cours élémentaire de fortification, 342–343.

Frédéric Lemaire

Figure 4.5. Plan du camp d’un bataillon tiré de l’instruction de brumaire an XII (octobre/novembre 1803).

un les a tous vus ».33 Le principe de base est rappelé  : «  L’étendue d’un camp doit être déterminée d’après la force de la troupe qui doit l’occuper. Le camp doit être

couvert par la troupe en bataille : ainsi, il faut connaître l’espace qu’occupe une troupe en bataille pour assigner l’étendue du front du camp ». La force d’un bataillon varie, et l’instruction prend pour sa démonstration un effectif de 1042 hommes. Ces derniers, en bataille, donnent sur trois rangs 336 files. La file occupe un espace évalué à un

Louis-Charles Dupain de Montesson, Les amusements militaires : Ouvrage également agréable et instructif : Servant d’introduction aux sciences qui forment les guerriers (Paris: Desprez, 1757). 33 

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L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques

Figure 4.6. Formation d’un régiment en bataille. Planche extraite du règlement de 1791. La correspondance avec les camps de l’armée d’invasion de l’Angleterre, celle du « camp de Boulogne », est parfaite. L’archéologie témoigne du strict respect de ce règlement et du principe de l’ordre de bataille (cf. Figure 4.8).

demi-mètre, et 336 files occupent donc 168 m, qui est la longueur retenue pour le front de camp du bataillon, «  y compris l’intervalle qu’il doit y avoir entre les deux bataillons, parce que le front du bataillon se trouve toujours diminué par les hommes absents ». L’instruction rappelle également que les bataillons dans les régiments, et les régiments dans les brigades, camperont toujours dans le même ordre où ils devront se mettre en bataille.

plus tôt, ne disait pas autre chose : « On campe d’ordinaire sur deux lignes, de même que l’on marche comme on veut combattre […] ».36 4.3.2. Le fondement et les règles, et leur incidence sur le choix des logements Il est nécessaire de bien comprendre ce principe de l’ordre de bataille pour bien comprendre l’incidence dans les camps du choix des tentes ou des baraques et de leurs dimensions.

Ainsi, le principe qui présidait à l’organisation des camps napoléoniens est l’ordre de bataille et celui pour l’infanterie est fixé par le règlement du 1er août 1791 (cf. Figure 4.6).34 Les soldats campaient ou baraquaient comme ils se battaient, en ligne, sur plusieurs rangs, par régiments, bataillons et compagnies ; la longueur du front d’un camp de bataillon correspondant strictement à la longueur du terrain occupé par celui-ci sur le champ de bataille. Napoléon ne l’a pas inventé mais il le résumait parfaitement et en peu de mots : « L’art d’asseoir un camp sur une position n’est autre chose que l’art de prendre une ligne de bataille sur cette position ».35 Puységur, un siècle

Dans l’infanterie, la compagnie est une fraction d’un bataillon (et plusieurs bataillons forment un régiment). Nous connaissons, avec Puységur notamment mais le père Daniel également,37 le principe du campement coordonné au front de bataille, dont l’origine est pourtant bien antérieure au milieu ou à la seconde moitié du dix-septième siècle.38 Ce principe de l’ordre de bataille est fondé sur la nécessité pour une troupe de passer rapidement et sans confusion de son camp (ou bivouac) à sa ligne de bataille, parfois pour défendre le camp.

Cette ordonnance, synthèse d’un siècle d’élaboration, de gestation et de travaux, va rester en vigueur pendant les guerres de la Révolution et de l’Empire. Parmi les différences avec les instructions précédentes, sur le plan de la tactique, l’ordonnance du 1er août 1791 supprime de manière absolue la formation sur deux rangs, autorisée en 1788. Elle réintroduit le feu de rangs de 1766, dans lequel l’homme du troisième rang charge l’arme pour la passer à son voisin du second rang ; le troisième rang ne doit plus rester inactif comme dans l’instruction de 1788. La formation est donc sur trois rangs, avec un pied de distance entre les rangs. Les hommes sont par rang de taille, les plus grands au premier rang. Selon Jean Colin, l’ordonnance de 1791 a largement contribué aux victoires militaires des guerres du quart de siècle qui suivit : Jean Colin, L’infanterie au XVIIIe siècle : la tactique. (Paris: Berger-Levrault, 1907), 263–273. 35  Napoléon Ier and Charles Tristan Montholon, Mélanges historiques et notes. Mémoires pour servir à l’histoire de France, sous Napoléon : 34 

écrits à Sainte-Hélène par les généraux qui ont partagé sa captivité, vol. 2 (Paris: Didot, 1823), 30. 36  Jacques-François de Chastenet, marquis de Puységur, Les Mémoires de messire Jacques de Chastenet, vol. 1 (Amsterdam: Abraham Wolfgang, 1690). 37  Gabriel Daniel, Histoire de la milice françoise : Et des changements qui s’y sont faits depuis l’établissement de la monarchie dans les Gaules jusqu’à la fin du règne de Louis le Grand, vol. 1 (Paris: Jean-Baptiste Coignard, 1721)  ; de Chastenet de Puységur, Les Mémoires ; JacquesFrançois de Chastenet, marquis de Puységur., Art de la guerre par principes et par règles : Ouvrage de M. le maréchal de Puységur, mis au jour par M. le Marquis de Puységur, son fils, vol. 1 (Paris: Jombert, 1748). 38  Lemaire, Les soldats de Napoléon.

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Figure 4.7. Front d’un camp d’infanterie constitué d’abris-huttes en forme de tente. L’illustration, datée de 1807–13, montre la ligne des faisceaux d’armes et drapeaux, ainsi que le premier rang de « tentes sans toile » parallèles au front de bandières et non perpendiculaires (cf. Figure 4.8). L’estampe est extraite de la « Collection de tous les uniformes de l’armée de Buonaparte : 1807 à 1813 » du graveur Louis Maleuvre (1785–18).

Une infanterie qui doit combattre se forme devant son camp dont l’étendue correspond à son front de bataille. La partie antérieure du camp, la tête, où la troupe se rassemble, est appelée « front de bandières » (de bandéras ou bandiéras en espagnol)  ; c’est la ligne des drapeaux qui, selon les cas, correspond à la ligne des faisceaux d’armes (couverts par des manteaux d’armes) (cf. Figure 4.7). D’une tente ou d’une baraque, chaque fantassin doit suivre une route directe et perpendiculaire au front de bataille ; la correspondance est stricte entre son logement et la place qu’il doit occuper en bataille. Ainsi, les rues et les files de tentes/baraques sont perpendiculaires au front de bandières. Une compagnie peut camper sur une ou deux files. Si elle campe par demi-compagnies (ou sections), une rue sépare les deux files, vers laquelle sont

tournées les ouvertures des logements. La largeur des rues doit permettre le rassemblement et les manœuvres de la compagnie qui se porte ensuite en avant du front. Lorsque chaque compagnie établit la totalité de ses baraques sur une seule file, la rue est alors commune à deux compagnies formant division dans le bataillon (campement par divisions). Le campement/baraquement d’une compagnie sur deux files réduit de moitié la profondeur du camp et augmente proportionnellement l’étendue de son front qui, cependant, conformément aux règles qui découlent du principe fondamental de l’ordre de bataille, doit rester égal à la ligne de bataille de l’armée. Ainsi, le front d’un camp de bataillon est égal à la longueur du bataillon en 52

L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques

Figure 4.8. Plan archéologique du camp napoléonien du 69e de ligne fouillé à Etaples-sur-Mer (camp de Montreuil, camp de Boulogne, 1803-05). Le camp est complet. Les fusiliers baraquent comme ils se battent, sur trois rangs, selon le règlement de 1791 (cf. Figure 4.6). Il y a neuf baraques par compagnie, neuf compagnies par bataillon et deux bataillons de guerre par régiment. © Frédéric Lemaire.

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Figure 4.9. Camp d’Ambleteuse de 1854 : construction de baraques formées d’une ossature de branches liées par des harts, d’un hourdis de torchis et d’une couverture de chaume (aquarelle de C. Vertray, Archives départementales du Pas-de-Calais, 3 Fi 655).

ordre de bataille sur la ligne formée par son régiment ou plusieurs régiments d’une armée, selon l’ordre prescrit pour la bataille, et le front du camp d’une compagnie est égal à la longueur de la compagnie rangée en bataille dans son bataillon, selon une place précise qui dépend de sa nature (compagnies du centre ou compagnies d’élite). Comme pour le logement du soldat dans le campement d’une compagnie, la correspondance est stricte entre l’organisation de l’ensemble du camp et la disposition de la totalité des troupes dans la ligne de bataille ; le camp de chaque régiment répond à sa position de bataille et le camp d’une armée est calqué sur sa ligne de combat. Les intervalles réglementaires entre les différentes parties d’une armée ou d’un corps sont également respectés, comme la distance entre plusieurs lignes, si l’armée combat sur plusieurs lignes (deux ou plus). Qu’il s’agisse de tentes ou de baraques, de la totalité d’une armée ou d’une partie, les règles sont les mêmes à toutes les échelles.

vont se prêter à de savants calculs, les camps ne doivent être ni trop étendus ni trop profonds, c’est-à-dire ni trop minces ni trop compacts. Lorsque le professeur Émy insiste sur les avantages que procurent les baraques qui sont substituées aux tentes du nouveau modèle, il précise « sans accroître les dimensions de l’espace occupé par le camp ».39 Les tentes du nouveau modèle permettent de contenir ou de réduire l’étendue d’un camp : « La nécessité de multiplier beaucoup les canonnières (tentes d’ancien modèle) à cause de l’exiguïté de leur capacité, obligeait à étendre les camps sur un trop grand espace, et donnait lieu dans leur arrangement à une grande complication ».40 La castramétation des camps modernes et contemporains se révéla un vrai casse-tête, avec des mobilisations de troupes de plus en plus importantes, et encore, il n’est ici question que des camps d’infanterie. 4.4. L’ordre mince et ses camps trop étirés 4.4.1. Le constat

S’il faut veiller à respecter la longueur du front qui varie selon la force ou l’effectif numérique des compagnies, l’ajustement ne peut se faire en augmentant la profondeur du camp ou en réduisant la largeur des grandes rues. La règle consiste en effet à réduire le plus possible la profondeur du camp pour raccourcir la distance qui sépare les hommes les plus éloignés de la ligne de bataille. Les troupes doivent sortir du camp rapidement et en ordre par des rues adaptées aux effectifs qui s’y déploient. Finalement, et c’est la difficulté pour les militaires qui

L’étude des camps militaires d’époque moderne montre clairement l’évolution de l’ordre de bataille, de l’ordre profond à l’ordre mince, liée au développement des armes à feu. Ces camps minces furent problématiques, tout autant que l’allongement démesuré de la ligne de bataille par la réduction progressive des rangs de feu, l’évolution 39  40 

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Émy, Cours élémentaire de fortification, 342. Émy, Cours élémentaire de fortification, 338.

L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques des camps suivant l’évolution de la tactique, elle-même déterminée par le progrès continu des armes et de leur emploi, des armes de jet en particulier qui favorisent le combat à distance aux dépens du combat rapproché et des armes blanches, puis des armes à feu qui vont révolutionner la tactique de l’infanterie avec une date cruciale, celle de la bataille de Pavie en 1525. Nous avons présenté dans une thèse les raisons et la chronologie de ce processus, ainsi que les débats qu’il suscita chez les tacticiens, et son corollaire, le développement de la castramétation qui suit en quelque sorte une route parallèle à celle des grandes évolutions tactiques de l’infanterie au sortir du Moyen Âge.41

Charles X présente un front de 4 km, pour seulement 17 bataillons. Durant la guerre de Crimée, 100  000 soldats s’établirent dans plusieurs camps aménagés autour de Boulogne (le « second camp de Boulogne », sous le règne de Napoléon III). Le 2e corps forma à Ambleteuse un camp de baraques long de 1,5 km, connu par un album de 56 planches (cf. Figure 4.9).45 4.4.3. Les inconvénients Les camps minces forment d’étroits rubans qui posent d’insolubles problèmes tactiques, topographiques, sanitaires, etc. Ils exigent des terrains difficiles à trouver, sans obstacles, pour garantir la parfaite rectitude de l’ordre de bataille ; le défaut de parallélisme brise l’alignement des troupes et menace toute la ligne de bataille. Le camp mince révèle tout ce qu’un ennemi veut savoir, à commencer par les dispositions de combat ; son immense front de bandière divulgue aux yeux de l’ennemi les effectifs des troupes et leur distribution, et les mouvements sont impossibles à dissimuler. Guibert le dit dans son traité : « […] quiconque a fait la guerre sait que les drapeaux se comptent et que les illusions qu’on fait sur le nombre des troupes, quoique ce soit un moyen bien usé, remplissent toujours leur effet ».46 Napoléon justifiera pour partie l’abandon de l’usage des tentes par ce même argument. Le camp mince est faible dans toute sa longueur, de front comme de flanc, et les troupes contraintes par la ligne ne peuvent se soutenir mutuellement. Bardin, se faisant l’écho des antagonistes, écrit : « Le camp mince occasionne la dispersion des corps, la difficulté des réunions et des transports, la lenteur des ordres transmis et le retard des autres reçus ; on y entend à peine le canon d’alarme, et presque jamais les instruments ; les troupes ont autant à souffrir de l’éloignement des eaux potables que de la distance du quartier général ».47 Mais les inconvénients les plus graves, pour les opposants des camps minces, avec l’espionnage de l’ennemi qui est favorisé, résident dans la désertion et la maraude qui sont facilitées.

Le principe de l’ordre de bataille va enfanter logiquement les camps minces, considérés par certains, dès la seconde moitié du dix-huitième siècle, comme une aberration. « Ces camps forment la haie comme devant une procession », ironise Bardin qui précise qu’ils ne constituent pas de vrais camps puisqu’ils sont incontrôlables et indéfendables.42 4.4.2. Les causes L’origine du problème est assez simple. Lorsqu’en 1748, dans son Art de la guerre, Puységur coordonne le développement du camp et le front du combat, l’ordre de bataille est sur six rangs, ce dont il est partisan. Puységur donne 50 toises par bataillon, y compris l’intervalle avec le bataillon suivant, soit environ 100 m. L’Instruction pour le campement de l’infanterie de brumaire an XII donne au bataillon un front de 168 m, intervalle compris. Et il faut appliquer cette augmentation à des corps d’armée de plusieurs dizaines de bataillons d’infanterie et d’escadrons de cavalerie. Au début du dix-huitième siècle, 20  000 hommes d’infanterie, ordonnés en bataille sur six rangs, occupent sur deux lignes un camp d’environ 600 m de long. Cette étendue est presque doublée durant la décennie 1750 qui est marquée par la réduction tactique à trois rangs de la profondeur du bataillon en ligne. Logiquement, la diminution du nombre de rangs de fantassins a conduit à l’amincissement des camps. Déjà, en 1698, le camp de Coudun loge, sur deux lignes, 60 000 hommes sur 8 km de front. Les camps des guerres de Succession d’Autriche et de Sept Ans ont des fronts de plusieurs kilomètres, et celui de Melisse, en 1745, occupe un terrain de plus de 16 km (cf. Figure 4.10). Une planche du traité de Guibert43 figure un camp mince de 40  000 hommes sur deux lignes. Le front du camp a onze fois sa profondeur. En supposant 800  m de profondeur pour les deux lignes, y compris l’intervalle, le camp a près de 9 km de longueur.44 L’un des camps de Boulogne, celui de Zeist, commandé par Marmont, alignait un corps d’armée complet, soit 22 bataillons, sur une seule ligne de près de 3 km. Le dixneuvième siècle voit le développement de camps encore plus longs. Celui formé près de Reims pour le sacre de

Enfin, le camp mince ravage un pays, en détruisant de grandes surfaces de terrain agricole ou de bois, et rend conflictuelles les relations entre les militaires et les populations locales, déjà accablées par la maraude qui est perçue telle une véritable calamité. Le chevalier de Keralio explique qu’il a souvent vu qu’il manquait dans les marches et dans les camps un tiers du nombre effectif des soldats, parti au pillage, et que les maraudeurs ont empêché plus d’une fois les armées françaises de garder une position importante aussi longtemps qu’il aurait été nécessaire, à cause du sous-effectif. Il précise que les maraudeurs ruinent en peu de jours un pays pourtant capable de fournir durablement des subsistances aux militaires.48 Patrick Wintrebert, “L’album du camp d’Ambleteuse (1854–1856),” Histoire et Mémoire 31, no. 3 (2002): 3–4. 46  Guibert, Essai général de tactique, 132–133. 47  Bardin, Dictionnaire, 928. 48  Guinement Keralio, Art militaire, 374. 45 

Lemaire, Les soldats de Napoléon. 42  Bardin, Dictionnaire, 915. 43  Guibert, Essai général de tactique. 44  Bardin, Dictionnaire, 927. 41 

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Figure 4.10. Camps français (sauf Broquewir et Lintz) des guerres de Succession d’Autriche et de Sept Ans, d’après l’ouvrage Le Parfait aide de camp publié par Georges-Louis Le Rouge en 1760 (Paris: Le Rouge). © Frédéric Lemaire.

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L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques 4.5. Le temps des baraques… ou du bivouac : la suppression tactique des tentes

mode de campement change et le témoignage de Napoléon à Sainte-Hélène entérine cette évolution. Le dix-huitième siècle est celui des grands camps de tentes qui conviennent à la lenteur des mouvements des armées, ceux des marches et des formations ou déploiements en ordre sur le champ de bataille. Cependant, si les tentes convenaient aux guerres «  classiques  », faites par des armées lourdes et peu manœuvrières, elles deviennent encombrantes au tournant du dix-neuvième siècle, ou peu avant, qui voit la tactique militaire privilégier le mouvement. Clausewitz a rappelé cette évolution qui voit l’abandon des tentes qui nécessitaient un trop grand équipage et provoquaient un allongement des colonnes ; « On préfère, pour une armée de 100 000 hommes, avoir 5 000 cavaliers ou quelques pièces d’artillerie en plus au lieu des 6  000 chevaux nécessaires au transport des tentes ».51 Le professeur Émy évoque un attirail qui gênait ou retardait les marches, ou qui arrivait trop tard  : «  Les tentes, avec leurs bois, cordages, outils de campement, formaient, pour chaque compagnie, un matériel embarrassant, qui exigeait pour son transport à la suite des compagnies, des chevaux de bât. ».52 Ce dernier dit bien que pour gagner en mobilité les armées ont abandonné l’usage de camper sous la tente. Dans un article récent sur les marches et bivouacs des soldats de la Grande Armée, François Houdecek souligne le double bénéfice procuré par la suppression des tentes, la mobilité accrue des troupes et l’allégement des dépenses sur les deniers de l’État.53

4.5.1. « Les tentes ne sont pas saines » Après les guerres du Premier Empire, s’agissant des camps (minces) de tentes, le constat est le suivant et il est donné par Napoléon lui-même. Notons que les camps de plaisance évoqués sont des camps d’instruction ou camps de paix. Les tentes ne sont point saines  ; il vaut mieux que le soldat bivouaque, parce qu’il dort les pieds au feu, qu’il s’abrite du vent avec quelques planches ou un peu de paille ; que le voisinage du feu sèche promptement le terrain sur lequel il se couche. La tente est nécessaire pour les chefs qui ont besoin de lire, de consulter la carte. Il en faut donner aux chefs de bataillon, aux colonels, aux généraux, et leur ordonner de ne jamais coucher dans une maison ; abus si funeste et auquel sont dues tant de catastrophes. À l’exemple des Français, toutes les nations de l’Europe ont abandonné les tentes ; et si elles sont encore en usage dans les camps de plaisance, c’est qu’elles sont économiques, qu’elles ménagent les forêts, les toits de chaume et les villages. L’ombre d’un arbre contre le soleil et la chaleur, le plus chétif abri contre la pluie, sont préférables à la tente. Le transport des tentes emploierait cinq chevaux par bataillon qui seraient mieux employés à porter des vivres. Les tentes sont un sujet d’observation pour les affidés et pour les officiers d’état-major de l’ennemi : elle leur donne des renseignements sur votre nombre et la position que vous occupez ; cet inconvénient est de tous les jours, de tous les instants. Une armée rangée sur deux ou trois lignes de bivouac ne laisse apercevoir, au loin, qu’une fumée que l’ennemi confond avec les brouillards de l’atmosphère. Il est impossible de compter le nombre de feux  ; il est très facile de compter le nombre de tentes, et dessiner les positions qu’elles occupent.49

4.5.3. Un changement délétère Les mouvements rapides des armées napoléoniennes favorisèrent les victoires, mais les soldats eurent à souffrir des bivouacs, c’est-à-dire des campements sans abri. François Houdecek a rendu compte, témoignages à l’appui, du calvaire des nuits au bivouac, et il rappelle que certaines se firent dans la neige, comme durant l’hiver 1807, et surtout au cours de l’effroyable retraite de Russie (cf. Figure 4.11).

4.5.2. Le processus historique et les évolutions tactiques En définitive, jusqu’à la Révolution française, jusqu’à la période militaire qui commence en 1792, et d’une manière générale, les troupes campent sous tentes, et l’hiver elles prennent leurs quartiers. Parfois elles baraquent pour tenir une position en se protégeant des intempéries, ce que les Romains faisaient déjà en composant de baraques certains camps d’hiver qu’ils dénommaient castra clausa, selon l’officier Bardin.50 Avec les guerres de la Révolution, le

Le général Rogniat condamna l’usage, «  introduit parmi nous par la guerre de la Révolution », de faire camper le soldat sans tente  :  «  C’est une des principales causes de cette affreuse consommation d’hommes qui s’est faite dans le cours des dernières guerres, où l’on peut calculer, terme moyen, que les fantassins ne duraient pas plus de deux campagnes. ».54 Le réquisitoire de Rogniat est implacable et il termine en proposant de reprendre l’usage des tentes. Sa description du sort des soldats privés d’un abri justifie une longue citation.

Napoléon Ier and Charles Tristan Montholon, Notes et mélanges. Mémoires pour servir à l’histoire de France, sous Napoléon : écrits à Sainte-Hélène par les généraux qui ont partagé sa captivité, vol. 1 (Frankfurt: Sauerländer, 1823). 50  Bardin, Dictionnaire, 918. Dans le Dictionnaire des Antiquités romaines et grecques d’Anthony Rich, on peut lire à « Tabernaculum » : « À proprement parler, tente faite de planches comme une baraque ou une hutte de bois (taberna, Festus, s.v.), couverte de peaux et de grosse toile, ainsi que dans la figure ci-jointe, empruntée à la colonne d’Antonin, et où l’on distingue le toit de planches. On emploie aussi ce mot distinctement pour toute espèce de tente, même quand il n’y entre aucune espèce de

bois, et qu’elle n’est maintenue que par des cordes, qu’elle soit dressée par des soldats ou par des particuliers pour leur propre usage (Cic. Verr. II, 5, 12 ; Brut. 9 ; Tac. Hist. V, 22) » : Anthony Rich, Dictionnaire des antiquités romaines et grecques, 3rd ed. (Paris: Firmin-Didot et Cie, 1883). 51  Colson, Napoléon, 366. 52  Émy, Cours élémentaire de fortification, 341. 53  François Houdecek, “Marches et bivouacs  : le quotidien des soldats de la Grande Armée,” in Le Bivouac de Napoléon : luxe impérial en campagne, ed. Jehanne Lazaj (Ajaccio: Silvana Editoriale, 2014), 64. 54  Rogniat, Considérations, 264–265.

49 

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Figure 4.11. Bivouac près de Molodetschno pendant la nuit du 3 au 4 décembre 1812, au cours de la retraite de Russie. Focus sur un tableau daté de 1820 de Johannes Hari (Amsterdam, Rijksmuseum).

Nos malheureux soldats, après avoir fait une marche pénible dans la boue, par un temps de pluie, arrivent souvent au milieu de la nuit sur un terrain détrempé d’eau qui ne leur offre aucun abri. Ils n’ont ni le temps ni les matériaux nécessaires pour se faire des baraques ; ils passent la nuit sous un ciel froid et pluvieux, sans pouvoir fermer l’œil, et, après avoir traîné pendant quelques temps une existence pénible, dont tous les instants sont marqués par la souffrance que leur fait éprouver une humidité continuelle, leur corps s’affaiblit, ils tombent malades, et ils périssent misérablement.

malsain, par les vapeurs réunies des soldats et de la terre ; il serait bon d’y faire tous les soirs et tous les matins des fumigations avec le vinaigre. ».57 S’agissant de la dureté du bivouac, il convient cependant d’être nuancé. Certains, rares peut-être, ont laissé de bons souvenirs, comme le bivouac d’Austerlitz, rappelle François Houdecek. Raymond Aimery de Montesquiou-Fezensac n’est pas loin de penser, avec Napoléon, que le bivouac est préférable. Au camp du 59e de ligne à Étaples qu’il a rejoint en 1804 à l’âge de 20 ans, il écrit : « […] j’ai connu tel bivouac bien supérieur à nos baraques ».58

Clausewitz a écrit également que l’abandon des tentes, s’il a produit le bénéfice d’une mobilité accrue, a entraîné une plus grande consommation de forces militaires et une dévastation accrue des pays  ; sur le second point, Napoléon reconnaît que si les tentes sont encore en usage dans les camps de plaisance, c’est qu’elles sont économiques et qu’elles ménagent les forêts, les toits de chaume et les villages. Pour Clausewitz, si les tentes protègent peu, les troupes, à la longue, souffrent de leur absence et les maladies s’ensuivent. Selon le militairethéoricien, l’abandon des tentes est un signe de la plus grande violence de la guerre.55 La position de Napoléon sur l’usage des tentes ne constitue pas une réfutation de Rogniat ou de Clausewitz. Bruno Colson rappelle très justement que Napoléon ne voulait pas que le prince Eugène utilise des tentes pour faire camper ses troupes en Italie  : «  Il ne faut pas penser aux tentes  ; cela n’est bon à rien qu’à donner des maladies ; il pleut souvent en Italie ».56 Napoléon n’est pas le premier à juger les tentes malsaines. Le médecin militaire Colombier écrit en 1775 : « Au reste, (même) sans ordures, l’air des canonnières est

La suppression des tentes demeure partielle ; elles sont en magasin, mais en quantité insuffisante pour ces nouvelles armées de masse, et elles constituent un mode transitoire entre le bivouac de courte durée et le camp de baraques passager ou semi-permanent, lorsqu’elles peuvent être convoyées. Pour le soldat qui campe, il s’agit de gérer le temps nécessaire à la construction de la baraque, en supportant les nuits à la belle étoile, et les difficultés surviennent lorsqu’elles sont polaires ou pluvieuses. L’entredeux consista parfois en des abrivents, des constructions de fortune, faites de bric et de broc, de paille et de branches, ou de matériaux récupérés sur l’habitat local, qui amortirent la rigueur des bivouacs (cf. Figure 4.12). 4.6. Des guerres de la Révolution aux guerres de l’Empire : le plein essor des camps baraqués Les guerres de l’Empire voient effectivement une généralisation des camps baraqués, ainsi que leur Colombier, Préceptes, 260. Raymond Aymeric Philippe Joseph de Montesquiou-Fezensac, Souvenirs militaires : de 1804 à 1814, 4th ed. (Paris: Dumaine, 1870), 7–49. 57  58 

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Colson, Napoléon, 366. Colson, Napoléon, 366.

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L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques

Figure 4.12. « Le capitaine dînera », gravure d’après Bacler d’Albe (fonds privé).

perfectionnement, mais leur essor débute concrètement avec les guerres de la Révolution.

règlement commandé par Clarke au colonel A.-F. Lomet qui remit ses conclusions au ministre de la Guerre en 1811. Le chercheur précise que ce règlement manuscrit repose pour partie sur l’expérience des camps de Boulogne et qu’il n’a effectivement jamais été imprimé.62 Il est conservé manuscrit par la bibliothèque du Service Historique de la Défense à Vincennes sous le titre Instruction pratique sur le baraquement des troupes en campagne (composé de trois volumes dont un de planches).

4.6.1. Des camps « révolutionnaires » Il en fut établi un sur la Bidassoa en 1793 pour l’armée des Pyrénées-Orientales, appelé « camp des Sans-Culottes » et constitué de baraques en bois ;59 475 baraques régulières furent construites en moins de quinze jours, sous la direction de l’ingénieur Antoine-François Lomet (1759– 1826) qui avait appliqué le principe de l’artillerie sur la similitude des formes et l’homogénéité des matériaux. Ces baraques sauvèrent l’armée d’un terrible hiver. Lomet rédigea un Traité du baraquement des troupes, considéré par ses contemporains comme l’ouvrage le plus remarquable sur le sujet. On peut lire dans une Biographie nouvelle des contemporains ou dictionnaire historique… parue en 1823 : « […] fruit d’une espèce de défi porté à M. Lomet par Napoléon, résultat d’un travail immense, calculé avec une exactitude logarithmique, écrit avec une finesse mordante et avec une vivacité hardie. Cet ouvrage a été placé par MM. Carnot, Monge, Pommereul et Marescot, au premier rang des traités de technologie. On doit désirer vivement qu’un tel ouvrage ne reste pas dans l’oubli ».60 Dans les années 1840, le traité « où sont indiqués tous les avantages et les inconvénients de ce genre de campement » est toujours signalé inédit au Dépôt de la guerre.61 François Houdecek signale qu’il s’agit d’un

4.6.2. Le camp de Boulogne Il y eut d’autres camps baraqués «  révolutionnaires  ». Celui construit sous Dunkerque, en 1793 et 1794, est considéré par Bardin comme le premier camp de baraques dressé sur une grande échelle et entouré d’ouvrages ; une longue rangée de baraques était parallèle à la mer.63 Mais le plus grand, celui qui marqua les esprits, fut sans conteste le camp de Boulogne où, du reste, les tentes sont encore présentes et certains corps en font usage de manière plus ou moins pérenne, selon les circonstances.64 On a dit que les tentes étaient coûteuses, plusieurs dizaines de francs l’unité, mais les baraques représentaient un coût considérable qui préoccupait Napoléon. Pour exemple, cette mention dans une lettre de l’adjudant général Reynaud adressée au Premier consul, datée de Flessingue le 19 fructidor an XI (6 août 1803)  : «  L’établissement du camp est admirable. Ce sont des baraques en paille, charpentées à l’intérieur, parfaitement alignées ; de belles

Antoine-Henri, Baron de Jomini, Campagnes de 1794–1796 (Brussels: Librairie militaire de J.-B. Petit, 1840), 58. 60  Antoine Vincent Arnault, Biographie nouvelle des contemporains, ou Dictionnaire historique et raisonne de tous les hommes qui, depuis la Révolution francaise (Paris: Librairie historique, 1823), 86. 61  Louis-Gabriel Michaud, Biographie universelle ancienne et moderne. Supplément (Paris: L.-G. Michaud, 1843). 59 

Houdecek, “Marches et bivouacs,” 68. Bardin, Dictionnaire, 918. 64  Deux camps de tentes sont représentés sur le plan qui montre Boulogne et le bombardement de l’amiral Nelson en l’an X (1801–2  ; Archives nationales, AF IV 1202). 62  63 

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Figure 4.13. Dessin d’une baraque de soldats du camp d’Ostende (camp de Boulogne, 1803–05). À Ostende, les baraques n’étaient pas semi-excavées, en raison d’un sol humide. Cette baraque était longue de 16 pieds (5,20 m), et large de 14 (4,55 m). « Archives nationales (France) », AF IV cart. 1599 plaq. 2.

rues […] Les baraques des officiers sont très commodes et bien faites. C’est ainsi que je voudrais voir un camp à Étaples et à Ambleteuse. Il a couté 20  000 francs aux bataves qui font très bien tout ce qu’ils font. ».65

sans capotes […] »70 ; ou encore Antoine de Reiset qui est à Calais en août 1805  : «  Les tourbillons soulèvent une sorte de poussière de sable grisâtre qui pénètre partout et traverse nos doubles tentes […] ».71

Quelque mois plus tard, en juillet 1804, Napoléon demande à Berthier s’il y a des tentes pour faire camper à Boulogne les dix bataillons des grenadiers de la réserve que commande, à Arras, le général Junot.66 Les tentes sont toujours là. Ainsi, en août 1805, depuis Boulogne, Napoléon écrit à Berthier de demander à l’ordonnateur de Strasbourg s’il y a des tentes pour camper 40 000 hommes.67 De fait, dans les camps de Boulogne,68 les tentes sont bien attestées, et nous les trouvons mentionnées par les mémorialistes, tel Robinaux qui, au camp de Zeist près d’Utrecht, écrit : «  Nous campâmes premièrement sous des tentes  ; peu de temps après, l’on nous fit faire des baraques en gazon au nombre de quatre par compagnie et deux pour les officiers. » ;69 tel Delrœux qui est à Ambleteuse : « En y arrivant on nous donna des tentes pour nous abriter, mais notre colonel voulant s’enrichir au détriment du pauvre soldat, ne fut pas honteux de nous laisser passer l’hiver

Il y a également des tentes à Étaples, même si le jeune Sabon – il a 12 ans – du 69e de ligne explique que les premières nuits sont passées à la belle étoile, sans paille, ni couverture ni feu.72 Par exemple, elles sont mentionnées en 1809 dans une vente des effets hors de service qui existent dans le magasin (ou dépôt) de campement d’Étaples. La liste indique sept tentes et vingt bois de tentes. Elle mentionne également quinze manteaux d’armes de compagnie et quatre faisceaux, plusieurs centaines de couvertures petites et grandes, des capotes de sentinelle, des paires de sabots, et des outils et ustensiles divers, telles des gamelles ou marmites.73 Quelques tentes sont toujours à vendre en 1811. 4.6.3. Des camps impériaux Il y eut d’autres camps au cours des campagnes militaires de l’Empire, mais ils sont peu ou pas documentés et ils furent souvent établis sur le modèle du camp de Boulogne, dont la prégnance est lisible dans les pages des mémorialistes.

Archives nationales, AF IV 1600. Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, lettre au maréchal Berthier n° 9023 du 7 thermidor an XII (26 juillet 1804). 67  Correspondance générale de Napoléon Bonaparte, Fondation Napoléon, lettre n° 10660 du 7 fructidor an XIII (25 août 1805). 68  Un rapport de Berthier à Napoléon, daté de Boulogne le 3 fructidor an XIII (21 août 1805), au sujet du campement de la Garde impériale à Pont-de-Briques, évoque les tentes employées par la division du général Gazan appelées à servir au 3e régiment d’infanterie de ligne qui se trouva ainsi « sous la toile » (Service Historique de la Défense, C17, fol. 151). 69  Pierre Robinaux, Journal de route du capitaine Robinaux, 1803–1832 : soldats de Napoléon (Paris: Plon-Nourrit, 1908), 16–17. 65  66 

D’après le manuscrit original conservé à la médiathèque de Tourcoing. Marie Antoine de Reiset, Souvenirs du lieutenant général vicomte de Reiset 1775–1810 (Paris: Calmann-Lévy, 1899), 165. Lettre à son frère aîné datée du camp de Boulogne le 8 août 1805. 72  Jean-Louis Sabon, “Mémoires de Jean-Louis Sabon : chef de musique dans la Grande Armée  : 1803–1808,” in Soldats suisses au service étranger (Genève: A. Jullien, 1910), 1–92. 73  Archives départementales du Pas-de-Calais, fonds de la souspréfecture, affaires communales d’Étaples, cote 32282. 70  71 

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L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques

61 Figure 4.14. Plan et relevés architecturaux de la baraque 122 du camp napoléonien d’Étaples. Il s’agit d’une construction semi-excavée occupée entre 1803 et 1805 par des fusiliers de la 1re compagnie du 1er bataillon du 69e régiment d’infanterie de ligne. Une compagnie disposée de neuf baraques sur trois rangs. Chacune des baraques logeait 16 hommes. La baraque 122 est singulière. Elle était entièrement maçonnée, à la base tout au moins, et d’une taille supérieure aux autres. Conservée sur près d’un demi-mètre de profondeur, cette baraque mesurait un peu plus de 5 m de côté. Les murs avaient 0,20 à 0,35 cm d’épaisseur. Les soldats qui l’occupaient disposaient d’un espace de 17/18 m2.

Frédéric Lemaire

Figure 4.15. Le camp de Liozna en août 1812. Dessin de Christian Wilhelm von Faber du Faur, Campagne de Russie, 1812 (Paris: Flammarion, 1895), 64.

Le témoignage du général Roguet qui commandait une brigade à Étaples, constituée en particulier du 69e de ligne, va dans ce sens : « On a vu par la suite, des camps aussi beaux, mais ils n’ont eu ni la même grandeur, ni autant d’utilité, et les travaux n’y ont jamais été exécutés en entier par le soldat ».

baraque ! C’est un bijou où je passe des moments forts agréables.75 Ces « autres » camps, on les trouve parfois dans les témoignages. Dans ses Souvenirs des guerres napoléoniennes, le lieutenant Chevalier décrit son camp en Autriche en 1809.

La Grande Armée a quitté ses camps de Boulogne pour l’Allemagne depuis quelques semaines. Dans une lettre à Davout datée de Brünn le 5 frimaire an XIV (26 novembre 1805), Berthier écrit : « […] S’il y a un bois à proximité de cette place (Presbourg), sa majesté veut qu’on en profite pour y baraquer la division Gudin, comme les troupes ont baraqué à Boulogne, avec la seule différence que le camp formerait un carré occupant le moins d’espace possible. […] l’empereur défend que personne ne loge dans la ville : tout le monde devra être au camp ».74

L’infanterie de la Garde Impériale a établi trois grands camps, toutes les baraques sont en planches et peuvent contenir dix à douze hommes, une escouade. Le grand camp en a plus de quatre cents. Ces baraques ressemblent à deux jolies petites maisons, bien alignées, le haut est peint en rouge, la façade en blanc et de belles avenues d’arbres, derrière les cuisines, après les baraques des officiers, puis les cantines, enfin les lieux (d’aisance ?) et une haie.76

C’est parfois mieux qu’au camp de Boulogne mais toujours avec une référence à ce dernier, comme en témoigne une lettre du capitaine Coudreux à son frère, datée du camp de Dorungen, le 29 mai 1807.

4.6.4. Du bivouac aux baraques et des baraques au bivouac : le rythme d’une armée en campagne L’usage de la baraque devient une habitude et les soldats deviennent experts en baraquement qu’ils établissent avec célérité, camp après camp, ce dont témoigne précisément le journal de marche du lieutenant Nicolas Clerc du 32e de ligne, tenu de 1812 à 1821.77 Ce témoignage illustre parfaitement notre développement sur l’alternative du

Notre camp est, dit-on, plus beau que ceux de Wimereux et de Boulogne. Tout y abonde, et nous sommes vraiment ici dans le paradis terrestre, en comparaison des mauvais et sales villages que nous occupions depuis trois mois. Je voudrais que tu visses ma petite

Gustave Schulmberger, Lettres du Commandant Coudreux à son frère. 1804–1815 (Paris Librairie Plon-Nourrit et Cie, 1908), 87–88. 76  Lieutenant Chevalier, Souvenirs des guerres napoléoniennes : publiés d’après le manuscrit original par Jean Mistler et Hélène Michaud (Paris: Hachette, 1970), 127. 77  Pigeard, L’armée de Napoléon 75 

Mathieu Dumas, Campagne de 1805. Précis des évènements militaires : ou essais historiques sur les campagnes de 1799 à 1814 (Paris: Treuttel et Würtz, 1822). 74 

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L’organisation des camps de tentes et des camps de baraques bivouac et du camp de baraques, en l’absence totale de tentes qui jamais ne sont mentionnées par Clerc. Du mois d’avril au mois de septembre 1813, en Saxe, l’armée avance en recourant fréquemment aux baraques.

salon qui se trouvait à côté aussi sur le devant, dans lequel je fis faire une cheminée : c’était l’appartement commun pour mes officiers et pour moi. Leurs deux chambres étaient sur le derrière ; un corridor en faisait la séparation. Toutes les chambres étaient planchées en haut et en bas, crépies en dedans et en dehors. Le couvert à l’épreuve de toutes les pluies. Enfin logés aussi commodément que dans une maison, elle méritait même ce nom. Elle put être habitée pendant plusieurs années de suite sans y faire la moindre réparation. Sur le devant, je fis faire par des jardiniers qui se trouvèrent parmi mes voltigeurs, un joli parterre orné de dessins de gazon, entouré d’un large fossé ayant un pont-levis en face de ma porte. Un aide de camp de mes amis me fit présent de vingt-quatre pieds de fleurs différentes pour en faire l’ornement. J’ai oublié de dire qu’à chaque chambre, il y avait une ou plusieurs croisées garnies de rideaux.

Weiβenfels, affreux bivouac le 29 avril et 1er mai. Une demi-lieue en avant de la ville. L’ennemi retiré, nous bivouaquâmes dans les champs, sans abri et sans rien. Le vent était fort et froid. Le 30, on fait des baraques […] À un village, du 31 mai au 5 juin, à quatre lieues sur la droite de Meccherdavitz. Bivouac. Les 1er, 2, 3, 4 et 5 juin, l’eau était très bourbeuse. Nous sommes bien baraqués. […] Liegnitz, du 6 au 14 juin. Nous restons bivouaquer pendant quelques jours avant Liegnitz. Les officiers sont dans une même baraque. […]

4.7. Conclusion

Parchwitz. On campe à un quart de lieue en avant de la ville (27 juin au 14 août). Ce camp de la 1re division du 3e corps d’armée a une bonne demi-lieue d’étendue. Les baraques des soldats sont construites sur quatre rangs. Chaque compagnie a huit baraques et une petite place pour se rassembler. Les baraques des officiers sont derrières et les cuisines entre celles des soldats et celles des officiers. Chaque baraque est haute de 9 pieds et à 15 pieds de profondeur. Le camp s’est embelli chaque jour. Il était fort beau lorsque nous l’avons quitté.

Finalement, l’usage des tentes n’est aboli par aucune disposition expresse, comme l’indique Hugues Berriat en 1812, lors de l’impression du règlement de 1809 dans sa Législation militaire,79 et l’ordonnance royale du 3 mai 1832 sur le service des armées en campagne, qui régularise pour la première fois le baraquement pour le campement des troupes d’infanterie et de cavalerie, ne les proscrit pas, comme elle conserve l’usage du bivouac. Le règlement du 5 avril 1792 qui prescrit l’usage des deux modèles de tente fut repris en brumaire an XII, avec un court chapitre sur les camps de baraques, et publié de nouveau en 1809 pour l’armée d’Allemagne, sur ordre de l’empereur, avec pour différence principale, la substitution des baraques aux tentes.

5 et 6 septembre. Ville où S. M. loge. Pays pillé, ravagé. Bivouac une demi-lieue en avant de la ville. Le 5 septembre 1813. Nous partons de la position précédente le matin. Passons vers 10 heures du soir dans cette ville dont je ne sais pas le nom et où l’empereur loge alors et fûmes bivouaqué dans la plaine à une demi-lieue plus loin. Le vent était très froid et nous étions sans baraque et sans paille.

L’étude des camps militaires d’époque moderne montre clairement l’évolution de l’ordre de bataille, de l’ordre profond à l’ordre mince, liée au développement des armes à feu. Ainsi, un camp napoléonien est un camp romain déployé, et c’est la ligne qui prévaut et remplace une organisation compacte. Les armées romaines, comme les armées modernes, s’adaptèrent aux contraintes de terrain, même si les armées royales forcèrent le campement en ligne sur plusieurs kilomètres de front, ce qui fut le cas au camp d’Utrecht, commandé par Marmont, et dans d’autres camps au cours du dix-neuvième siècle (cf. Mooren et al., ce volume).

Autre témoignage concernant la même campagne, celui du commandant Monnot.78 Le témoignage vaut pour la description d’une baraque d’officier mais il est également très pertinent sur la mobilisation des compétences « civiles » des soldats qu’il commande et qui sont mises à contribution pour le baraquement. Notre corps d’armée reçut ordre de venir établir un camp de plaisance sur les frontières de Saxe en Silésie. On me donna à cette époque un sous-lieutenant pour remplacer celui qui avait été tué. Il était charpentier de son état. Il me donna un plan pour la construction de ma baraque et je la fis exécuter par dix voltigeurs que je lui choisis parmi ceux en qui j’avais remarqué le plus d’adresse. En moins de huit jours, j’eus la plus belle baraque de la division. Composée de quatre pièces, ma chambre sur le devant, on entrait par un petit

Ainsi, véritablement, par le principe strict de l’ordre de bataille, les camps des époques modernes et contemporaines révélés par l’archéologie constituent l’empreinte en creux, le négatif, la trace fossile des unités militaires au combat. Leur organisation reproduit à l’identique celle de l’infanterie, l’âme de l’armée selon Napoléon, sur le champ de bataille.

Collection privée, document communiqué par François Houdecek de la Fondation Napoléon.

Honoré Hugues Berriat, Législation militaire (Alexandrie: Louis Caprioloe, 1812), 245.

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Frédéric Lemaire

Figure 4.16. Aquarelle d’un soldat du 9e léger, un voltigeur, au camp de Boulogne. En arrière-plan, les fameuses baraques si prégnantes chez les mémorialistes (collection privée).

La compréhension fine des règles d’organisation des camps et l’observation archéologique de ces camps permettent de mieux saisir la condition du soldat qui est l’autre grand enjeu de ce nouveau champ disciplinaire que constitue l’archéologie des conflits récents. Quelles sont les conditions de vie des soldats qui occupent les camps évoqués, ces soldats en attente du combat dans la position du combat, notamment sous l’angle de l’hygiène et des subsistances ? Comment ces soldats sont-ils considérés à une époque de faible individuation du sujet combattant ? Si l’art de la guerre connait des changements considérables au cours du dix-huitième siècle, s’il préoccupe Folard, Guibert et d’autres, le sort du soldat peine à susciter le même intérêt, en actes notamment.

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Part II Building a camp

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5 La recherche archéologique dans les contextes des campements militaires du dix-septième et du dix-huitième siècle en Flandre (Belgique) Marc Brion Flanders Heritage Agency, Havenlaan 88, 1000 Brussels, Belgium Abstract: The Southern Netherlands has been the scene of several military conflicts due to its geographical position and the unstable political situation over the past several centuries. Many armies once occupied the territory of modern Belgium. Despite this intense military presence, the archaeological discovery of campsites is rare in Flanders. Or so it might seem. Flanders is a densely populated region causing vast spatial expansion and has had intensive agricultural activities. These have resulted in fewer military camp remains and earthen fortifications on the surface and the micro-relief today. The sparse traces of camps, in which many spaces have no surviving remains, makes it difficult for the archaeologists to recognise a military camp during an archaeological survey. These empty areas correspond to the specific configuration of the camp. Also, the temporary structures of a camp, such as tents, leave few traces. Hence the importance of a serious documentary study prior to the survey. The study of the archival documentation should help us to locate the camps as precisely as possible and to better understand their position in the historical landscape. Military kitchens, especially the battery kitchens, are often the most recognisable remains that allows archaeologists to identify a campsite during an archaeological excavation or survey. There are several forms of military kitchens, which are discussed in more detail within this chapter. Furthermore, the scientific value is often overlooked by archaeologists. However, detailed archaeological studies can provide new information about the daily life of the soldiers and their entourage. Who were they? How did they live? How were field armies organized? The study of material culture, food remains and the distribution of artefacts allows us to make conclusions about the functional and social organisation of the camp. For example, to distinguish the soldiers’ quarters from those of the officers or to locate the encampment of the army followers. It also provides us a better understanding of the archaeo-geographical situation of the military site in its wider context. Why was this place chosen? And how was the camp established in its surroundings? The archaeological excavations have revealed new data that appears to be barely known from texts or iconography. For example, numerous excavated structures have many different forms, with or without fireplaces, different types of kitchens, etc. Even the simple presence of fireplaces, apparently located amongst the soldiers’ sleeping quarters, raise questions as military rules forbid the use of fires between the tents. The archaeological study of temporary military camps requires a specific approach and precise research questions. It also demands special attention during diagnosis and excavation. Otherwise, we risk missing information that is essential to the understanding of the military site. This chapter aims to address these different elements by looking at the results of recent archaeological studies in Flanders. Keywords: Belgium, Flanders, seventeenth and eighteenth century, remains of military camps, field kitchens, tents, military conflicts, archaeological study. 5.1. Introduction

de l’actuel Belgique. En Flandre, malgré cette présence militaire intense, les découvertes archéologiques des sites de campements se font plutôt rares, du moins en apparence. La Flandre est une région très densément peuplée. Cette forte densité d’occupation du territoire ainsi que les activités agricoles intensives constituent une

En raison de sa position géographique et de sa situation politique souvent instable, les Pays-Bas méridionaux ont été, pendant des siècles, le théâtre de conflits militaires. Nombreuses sont les armées qui ont occupé le territoire 67

Marc Brion menace permanente pour les vestiges de campements. Par ailleurs, lors des fouilles, les vestiges des campements militaires ne sont souvent pas reconnus comme tels et leur valeur scientifique a longtemps été négligée par les archéologues. L’étude archéologique des camps militaires temporaires nécessite une approche spécifique, pour réponde à un questionnement de recherche précis. De plus, le diagnostic puis la fouille de ces sites requièrent une attention particulière afin de recueillir l’ensemble des informations essentielles à leur compréhension.

à la cavalerie, aux troupes d’élite et au commandement de l’armée, le transport des tentes étant une charge supplémentaire. Afin de rendre les déplacements aussi rapides et efficaces que possible, les bagages étaient réduits au minimum.1 Un soldat d’infanterie en bivouac devait souvent se contenter d’un abri improvisé fait de quelques branches recouvertes de toile ou de draps, de gazon, de feuilles, de paille ou de fougères (Figure 5.1). Parfois, ces soldats dormaient dans des huttes et des baraques faites de matériaux de construction trouvés sur place ou prélevés dans les maisons aux alentours. Aux seizième et dix-septième siècles, il y avait peu d’uniformité dans les tentes et les abris. La méthode de construction dépendant beaucoup des matériaux disponibles. Le soldat Thomas Raymond écrivait ainsi en 1633 dans son journal : « Nous avons construit une cabane de brindilles, de broussailles et de terre. Elle était si basse que je pouvais à peine m’y asseoir. Mon matelas était fait de feuilles sèches et d’herbe ».2

Ce chapitre aborde ces différents éléments en se penchant sur les résultats de quelques études archéologiques récentes en Flandre. 5.2. Un camp militaire au dix-septième et au dix-huitième siècles La durée, la saison, l’emplacement, l’ampleur des troupes, l’environnement, la fonction et la menace étaient des éléments déterminants pour la configuration d’un campement militaire. Le paysage stratégique jouait un rôle primordial dans le choix de l’emplacement du camp. La présence de routes, de voies fluviales, pour les approvisionnements ou permettant d’éventuels renforts, le relief et autres éléments de défense naturels, la salubrité du site et de ses environs, la disponibilité en eau potable, en vivres, en fourrage et en bois étaient des éléments primordiaux.

Cependant, à partir du seizième siècle, certaines armées disposaient déjà de tentes standardisées, à l’instar de l’armée romaine. Au dix-septième siècle, les armées prussienne et hollandaise ont tenté d’optimiser les conditions de vie de leurs soldats. Selon Le Blond,3 l’utilisation de tentes pour les simples fantassins a été généralisée par l’armée française à partir de la fin du dix-septième siècle. L’organisation des campements devint alors de plus en plus standardisée et réglementée. Dans les manuels de castramétation du dix-huitième siècle des normes strictes étaient établies concernant l’organisation des campements. Les tentes des soldats devaient être soigneusement disposées en rangées, côte à côte, selon la compagnie.4 La présence de feux était strictement interdite à l’intérieur des tentes ou des baraques.5 Seuls les officiers, et probablement quelques troupes d’élite, pouvaient bénéficier de ce privilège. Ces règles étaient-elles respectées dans les camps de l’arrièresaison ? Les foyers n’avaient pas qu’une fonction utilitaire comme celle de cuisine, ils étaient un lieu de réunion et de convivialité pour les soldats. Ils pouvaient s’adonner à quelques loisirs comme le chant, le jeux, consommer du tabac, etc. Dans les campements, pendant un temps plus au moins long durant les périodes froides ou humides, il est également question des cuisines ou huttes de chauffe

Le bois était utilisé pour la construction des abris et des ouvrages de défense, des enclos pour les chevaux et comme combustible. Les armées campaient de préférence dans des paysages ouverts, à l’abri des vents dominants, dans des endroits secs, en zones non inondables. De fait, les endroits privilégiés combinant ces différents éléments étaient connus des armées et ont souvent été réutilisés au cours des siècles. Dans les zones non hostiles, les militaires pouvaient être regroupés dans un campement fermé ou se répartir dans différents villages ou villes. En territoire hostile, le campement prenait une forme défensive et prête au combat. Une armée en transit dormait à la belle étoile, sous des abris temporaires ou dans des maisons et des bâtiments réquisitionnés. Dans le cas d’un séjour plus long, un campement de tentes, huttes ou de baraques était installé, si nécessaire avec des lignes de défense et autres éléments de fortification. Les camps de siège, un type de cantonnement particulier, faisaient partie d’un vaste réseau d’attaque et de défense.

Etienne Rooms, De organisatie van de troepen van de SpaansHabsburgse monarchie in de Zuidelijke Nederlanden (1659–1700), Centrum voor militaire geschiedenis. Bijdragen 37 (Brussel: Koninklijk legermuseum, 2003), 233–234. 2  Ronald De Graaf, Oorlog, mijn arme schapen: een andere kijk op de Tachtigjarige Oorlog 1565–1648 (Franeker: Van Wijnen, 2004), 493. 3  Guillaume Le Blond, Essai sur la castramétation ou sur la mesure et le tracé des camps (Paris: Jombert, 1748), 19. 4  Nicolas D’Héricourt, Elémens de l’art militaire. Par feu M. D’Héricourt, Nouvelle édition, augmentée & corrigée sur les nouvelles Ordonnonances Militaires données depuis 1741 jusqu’à présent, vol. 2 (Paris: Gissey, David, 1752). 5  Jean Colombier, Préceptes sur la santé des gens de guerre, ou hygiène militaire (Paris: Lacombe, 1775), 276 ; Thomas W. Evans, History of the American ambulance, established in Paris during the siege of 1870–71, together with the details of its methods and its work (London: Sampson Low, 1873), 520. 1 

Pendant la période hivernale, les soldats étaient de préférence cantonnés dans les habitations des particuliers ou dans des casernes. En cas d’installation forcée d’un campement d’hiver, les baraques étaient préférées aux tentes ou aux abris. En ce qui concerne le couchage, jusqu’à la première moitié du dix-septième siècle, les tentes étaient souvent réservées 68

L’archéologie des campements militaires en Flandre

Figure 5.1. Un campement militaire au dix-septième siècle. En premier plan une tente d’officier. En arrière-plan les abris des soldats. Détail de la peinture : La bataille de Thionville en 1639, de Pieter Snayers, Heeresgeschichtliches Museum, Vienne.

souterraines.6 Ces installations fossoyées chauffées ne pouvaient être utilisées que pendant la journée et le soir. La nuit, les soldats devaient dormir dans leurs tentes ou baraques. Heinrich Medicus, dans son manuel militaire, donne une description précise d’une «  Feuerhütte  » ou huttes de chauffe (Figure 5.2).7

communes. Ces cuisines communes étaient aménagées dans des fosses creusées à une certaine distance des tentes pour éviter les risques d’incendie. Vauban prescrivait que les cuisines devaient être placées au bout de chaque rangée de tentes avec une distance de sécurité d’au moins 9,75 m entre la dernière tente et la cuisine. Chaque compagnie avait son propre espace de cuisine.8

Deux poteaux étaient plantés dans le sol sur lesquels on fixait une poutre de soutien. Entre les deux poteaux se trouvait une fosse dont la partie centrale était creusée plus profondément, laissant un banc autour d’elle. La poutre faîtière était recouverte d’un toit en bâtière, fait de planches et de mottes de gazon, avec une cheminée. L’arrière était également fermé avec des planches et des mottes de gazon empilées. Une porte, faite de brindilles liées ensemble, fermait le devant et donnait accès, par des marches, à la fosse d’assise. La terre extraite de la fosse était étalée sur le toit et battue à la pelle pour empêcher l’infiltration d’eau de pluie. Un ou plusieurs foyers étaient aménagés à l’intérieur. Les soldats pouvaient préparer leurs repas dans ces cabanes ou dans les cuisines militaires

Les officiers disposaient généralement de leurs propres cuisines. La nourriture d’un soldat aux dix-septième et dixhuitième siècles consistait principalement en une ration journalière de pain, accompagnée de quelques légumes et d’un petit morceau de viande ou de poisson.9 Le plus souvent ces ingrédients étaient cuisinés dans une sorte de Laurent Brou and Robert Wagner, “Le siège de Luxembourg de 1684 par l’armée de Louis XIV. Des vestiges de campements militaires le long de la ligne de circonvallation au Ban de Gasperich, ” in Frënn vun der Festungsgeschicht Lëtzebuerg 1867–2017. 25 Joër Frënn vun der Festungsgeschicht Lëtzebuerg, ed. Isabelle Yegles-Becker (Luxembourg: FFGL, 2017), 127–141. 9  Hugues Marquis, “Le pain de munition, nerf de la guerre des armées françaises en guerre (1588–1814),” Artefact 9 (2019): 57–78, accessed Jun 13, 2022, http://journals.openedition.org/artefact/2759; Colombier, Préceptes sur la santé des gens de guerre, ou hygiène militaire, 61 : « La cuisine du soldat ne réveillerait pas l’appétit des gens opulents, … Une soupe faite avec plusieurs morceaux de pain de munition entassés dans une grande terrine où l’on verse plus ou moins de bouillon de viande ; un très petit morceau de viande fraîche ou salée, un peu de lard, des choux, des navets ou des haricots, cuits avec le bouillon, forment le plus ordinairement le dîner. Le souper est à-peu-près composé de même. On conserve du bouillon pour tremper la soupe  ; la viande fraîche est supplée par un morceau de lard cuit avec une gamelle de choux, de pois, ou d’haricots, par des pommes de terre ou autres légumes assaisonnées avec un peu de beurre, et du sel. Voilà les préparations les plus usitées ». 8 

Colombier, Préceptes sur la santé des gens de guerre, ou hygiène militaire, 273–274 : « Cet arrangement, par lequel les troupes sont plus à l’abri du froid & de l’intempérie de la saison consiste à pratiquer… des trous souterrains pour la cuisine et pour se chauffer. Une espèce de toit couvre ceux-ci. Il y a des cheminées dans les trous souterrains et il arrive quelquefois qu’on en faisant plusieurs qui se touchent. On les fait communiquer ensemble par des portes percées dans les cloisons de la terre, qui les séparent ». 7  Heinrich Medicus, Was ist jedem Officier während eines Feldzugs zu wissen nöthig (Carlsruhe: Macklot, 1788), 122–126, accessed Jun 10, 2022, http://resolver.sub.uni-goettingen.de/purl?PPN644779632. 6 

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Figure 5.2. Feuerhütte ou hutte de chauffe par Heinrich Medicus, Medicus 1788, plan 9. © Niedersächsische Staats- und Universitätsbibliothek, SUB Goettingen.

bouilli de légumes, dans laquelle mijotait la viande ou le poisson. Ces préparations demandaient des cuissons à feu doux avec par exemple un pot à cuire tripode en céramique, un chaudron suspendu ou posé sur un trépied, au-dessus des braises. Le potager est un autre type de cuisine assez commun à cette époque, utilisé pour le mijotage à petit feu ou pour maintenir au chaud les plats. Il s’agit d’une construction maçonnée (Figures 5.3 et 5.5:3), ou dans le cas des campements militaires, creusée dans la terre (Figure 5.4). Il comporte une ou plusieurs chambres de chauffe avec des ouvertures au-dessus, souvent munies de grilles sur lesquelles sont posés les ustensiles de cuisson. Sur le devant, des ouvertures donnant sur un espace de travail, permettent l’aération du foyer, le remplissage avec du combustible et le retrait des cendres.10

Dans le cas d’un aménagement de plusieurs potagers l’un à côté l’autre, pour les cuisines militaires en commun par exemple, nous parlerons d’une cuisine en batterie. Il existe des formes linéaires (Figure 5.5:4), rectangulaires et circulaires (Figure 5.5:2). Ces cuisines collectives pouvaient également se présenter sous la forme d’un foyer ouvert aménagé contre la paroi (Figure 5.5:5) ou au milieu d’une fosse rectangulaire ou circulaire ou sur un îlot central autour duquel était creusée une banquette d’assise (Figure 5.5:1). Pour les rôtis, l’utilisation d’une grille ou d’une broche audessus du foyer, diffusant une chaleur plus puissante, était nécessaire. Pour leurs besoins en nourriture et autres, les militaires pouvaient également s’adresser aux cantiniers qui voyageaient dans le sillage de l’armée. Ces marchands indépendants, parfois des épouses de militaires, cuisinaient et vendaient de la nourriture, des boissons et d’autres objets ou services. Ils étaient responsables de la construction de leurs propres logements, cuisines et espaces de consommation. De ce fait, leurs installations étaient plus aléatoires que les espaces militaires (Figures 5.6 et 5.8). La couronne ou la cruche parfois suspendue au faîte de la hutte ou de la tente permettaient de les reconnaître. En raison du danger d’incendie et afin de ne pas entraver la mobilité des troupes, les campements des cantiniers étaient maintenus à distance des tentes militaires. Outre les quartiers des officiers avec leurs domestiques, des vivandiers, les cuisines et les couchages, ces campements pouvaient inclure de nombreux autres aménagements : des

Le feu de ces cuisines était plus facilement contrôlable et elles avaient l’avantage de produire peu d’étincelles. De par leur caractère plus protégé et sécurisé, elles étaient souvent préférées dans le contexte d’un camp militaire. Charles de Savoye, Règlement sur le service des armées en campagne, Annoté d’après les meilleurs auteurs qui ont écrit sur l’art militaire (Paris: Libraire militaire de J. Dumaine, 1873), 105, 106 : « La cuisson des aliments s’obtient au moyen de fourneaux en terre établis pour recevoir les marmites de campement, dont la contenance est pour 8 hommes. On ouvre pour cela une tranchée elliptique… Un palier auquel on descend par des gradins est creusé à 0,60m de profondeur à côté de la tranchée et n’en est séparé que par un massif de 0,25m d’épaisseur environ. On perce ce massif au niveau du fond de la tranchée, et l’on pratique une ouverture débouchant sur le talus du palier… » « La construction des cuisines de campagne varie suivant les lieux, la saison, la durée du séjour au camp. On a proposé un modèle de cuisine-chauffoir, qui satisfait assez bien à toutes les éventualités ». 10 

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L’archéologie des campements militaires en Flandre

Figure 5.3. Potager dans la cuisine du château de Chambord. © Marc Brion.

Figure 5.4. Potager creusé dans la terre. © Marc Brion. Voir aussi Figure 5.5:3.

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Marc Brion

Figure 5.5. Quelques exemples des cuisines militaires avec leurs empreintes archéologiques schématisées. © Marc Brion.

faisceaux d’armes, des structures défensives, des guets, des latrines, des puits, des réserves, un parc de voitures, d’artillerie et de munitions, une prison, une infirmerie, une chapelle, une boucherie, une forge, etc.

Lanaken est la découverte archéologique de camp militaire la plus ancienne. Lanaken se situe dans le nord-est de la Belgique à une distance stratégique de Maastricht d’où son importance lors des différents sièges subits par la ville. Des sondages, réalisés en 2006, ont livré une vingtaine de petits foyers organisés sur un axe nord-ouest sud-est. Dans le rapport du diagnostic,11 on lit la description suivante:

5.3. Les camps militaires en Flandre dans les fouilles archéologiques En Flandre, les campements ont majoritairement été repérés grâce aux vestiges des cuisines militaires. Le site de

Petra Driesen and Natasja De Winter, Proefsleuven onderzoek Europark Lanaken (LA-06-EU) (Tongeren: ARON, 2006). 11 

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L’archéologie des campements militaires en Flandre

Figure 5.6. Campement militaire à Lembeek (Halle), quartier des vivandiers, Josua de Grave, 1675, Rijksmuseum Nederland, RP-T-1898-A-3664, http://hdl.handle.net/10934/RM0001.COLLECT.51930.

«  Il n’y a pas d’explication pour cette organisation. Les structures se composent d’une fosse de travail d’où partent un ou plusieurs foyers. Quand il y a plusieurs foyers ils se situent du même côté de la fosse. Les fours sont plutôt petits en forme de fer à cheval ou rectangulaire. Dans deux fours des restes d’os sont observés ».

correspond parfaitement avec l’emplacement des troupes Françaises du maréchal de Saxe. Des potagers militaires ont également été relevés lors d’une fouille à Herent (Figure 5.7).13 Il s’agissait des restes d’un camp installé lors du siège de la ville de Louvain, en 1635, par l’armée Hollandaise. L’emplacement de ce camp militaire est connu grâce à une carte du dix-septième siècle.14 A Lanaken, une seule cuisine en batterie pouvait regrouper une dizaine de foyers organisés l’un à côté de l’autre, donnant sur la même fosse allongée (Figure 5.5:4). Les potagers retrouvés à Herent sont plus modestes, avec une aire de travail rectangulaire d’où partaient une ou maximum deux ouvertures de chauffe.

Ces installations ne furent pas reconnues de prime abord comme les vestiges d’un campement militaire. Des traces d’occupation de l’âge du Bronze amenèrent à fouiller par la suite une zone restreinte. À cette occasion, les archéologues découvrirent quelques dizaines de fosses comportant des petits foyers, tous alignés sur le même axe (Figure 5.7). Les structures étaient remplies de charbon, d’ossements d’animaux calcinés ainsi que du mobilier daté du dix-huitième siècle.12 Il s’agit des restes des cuisines militaires en batterie de type potager, comme décrites ci-dessus. Ces installations faisaient vraisemblablement partie du campement militaire édifié lors du siège de Maastricht en 1748. En projetant le plan de la fouille sur une carte historique du siège, l’organisation des cuisines

Jeroen Vanden Borre et al., Archeologische opgraving Herent – Kouter, ARCHEBO rapport 2014/014 (Kortenaken: ARCHEBO, 2014); Ben Van Genechten, Slagveldarcheologie in Vlaanderen: Het Staats kampement te Herent (1635), MA thesis (Brussel: Universiteit Brussel, 2015). 14  Pauli, Situation de la ville de Louvain et siége y faict, le 24 de juin de l’an 1635, par deux puissantes armées, l’une Hollandoise et l’autre Françoise, et quité le 4 de jul. de la mesme année (s.l.: s.n., 1635), Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, Reserve QB-201 (29) FOL, accessed Jun 13, 2022, https://gallica.bnf.fr/ ark:/12148/btv1b8403185f. 13 

Tina Dyselinck, Lanaken Europark, definitief archeologisch onderzoek, BAAC rapport A-07.0285 (’s-Hertogenbosch: BAAC, 2009). 12 

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Marc Brion

Figure 5.7. Des cuisines militaires en batterie de type potager. A gauche : Herent, dessin : © ARCHEBO. A droite : Lanaken. © Tina Dyselinck, BAAC.

Dans le campement situé près de Louvain, on observe un second type de foyers. Il s’agit de fosses de quelques dizaines de centimètres de profondeur, pour la plupart rectangulaires avec un fond plat légèrement incliné et une aire de feu aménagée contre l’une des parois (Figure 5.5:5). Ces deux types de cuisines s’entremêlent dans la même zone du campement. La façon de préparer la nourriture pourrait expliquer les différents types d’aménagements  : rôtis versus mijotages ?

Une dernière catégorie se distingue par des structures plus larges et plus profondes, à fond plat, avec une ou plusieurs excavations, sous forme de niches. Les traces de terre rubéfiée dans la plupart de ces niches indiquent la présence d’un foyer. D’autres excavations, plus larges, servaient probablement de rampe ou d’escalier d’accès. Ce type de structures, plus au moins profondes, a été relevé lors de fouilles de campements militaires, comme à Ninove (cf. Verbrugge et  al., ce volume) et Aalter Woestijne.16 Elles se présentent sous différentes formes, la plupart incluant un ou plusieurs aménagements de foyers et une banquette d’assise. Leur interprétation soulève jusqu’à présent des questions. À Aalter, ces fosses, 35 au total, étaient quasi similaires dans leur forme et leur remplissage, pour la plupart plus au moins arrondies, avec un diamètre moyen de 2 m et profondes de 40 cm. Certaines structures disposaient d’une banquette aménagée dans la paroi. Six fosses avaient une entrée étroite en forme d’appendice incliné et parfois courbé.

Tous les foyers contenaient une grande quantité d’ossements d’origine animale, des objets en métal de portes ou de volets, des balles de mousquet et des fragments de pipe. La présence de charnières laisse croire que le combustible a été récupéré sur les maisons ou constructions environnantes. En 1794, les troupes autrichiennes s’opposent aux troupes françaises lors de la bataille de Hooglede. À quelques dizaines de mètres de la zone de combat, des archéologues ont découvert en 2018 des traces qui pouvaient être en lien avec cet évènement historique. Les restes d’un campement militaire avec une dizaine de foyers qui se présentaient sous différentes formes et dimensions.15

Une rubéfaction du sol est notée dans 18 des 35 structures. Les foyers se situaient soit au milieu, soit contre le bord intérieur. Il semble néanmoins difficile de reconstruire l’aspect physique de ces fosses telles qu’elles étaient à l’origine et d’en déduire leur fonction exacte.

Parmi les vestiges, des cuisines de type potager creusées dans la terre ont été mis au jour. Ceux-ci n’étaient pas organisés en batteries. Il s’agit de structures simples, plus au moins rectangulaires, avec une petite excavation creusée dans une des parois et servant de foyer (Figure 5.5:3). Des cuisines comprenant un foyer plus important aménagé contre l’une des parois d’un creusement peu profond sont également présentes (Figure 5.5:5). Un autre type de structure est composé d’un foyer central autour duquel est creusé un fossé circulaire (Figure 5.5:1). Le diamètre du bord extérieur du cercle mesure environ 7 mètres et servait de banquette d’assise, les jambes allongées dans le fossé.

Il se peut que certaines fussent de simples foyers creusés à ciel ouvert, comme on peut en voir sur le dessin de Josua de Grave (Figure 5.8). D’autres étaient sûrement couvertes comme en témoigne les trous de poteau retrouvés dans plusieurs exemples aussi bien à Aalter Woestijne qu’ailleurs. À Aalter Woestijne leur implantation semble plutôt aléatoire, sans organisation précise (Figure 5.9). Cela vaut également pour la présence ou l’absence d’un foyer qui ne correspond pas à un certain type de structure. Marc Brion, Koen De Groote, Mieke Van De Vijver, and An Lentacker “Postmiddeleeuwen,” in Aalter Woestijne. Een geschiedenis van meer dan 5000 jaar, ed. Koen De Groote and Mieke Van De Vijver, Relicta monografieën 18 (Brussel: Agentschap Onroerend Erfgoed, 2019), 345– 390. 16 

Jeroen Vanhercke, Julie Deryckere, and Arno van den Dorpel, Honzebrouckstraat II (Hooglede, West-Vlaanderen) (Brugge: Ruben Willaert bvba, 2018). 15 

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L’archéologie des campements militaires en Flandre

Figure 5.8. Campement militaire à Lembeek (Halle), quartier des vivandiers, Josua de Grave, 1675, Rijksmuseum Nederland, RP-T-00-146, http://hdl.handle.net/10934/RM0001.COLLECT.51906.

Figure 5.9. Aalter Woestijne, plan de la fouille des structures creusées à fond plat, certaines avec un foyer et une rampe d’accès. © agentschap Onroerend Erfgoed.

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Marc Brion Le mobilier trouvé lors de la fouille de ces structures consistait principalement en des objets métalliques comme des clous et des charnières, ainsi que des restes d’animaux destinés à la consommation et une grande quantité de fragments de pipe. L’ensemble des pipes a permis une datation assez précise entre 1730 et 1740.

information importante et peuvent être associés aux autres indices indispensables à la compréhension du campement. Il est important que ces grandes surfaces vierges, sans traces apparentes, soient examinées et prises en compte lors de la fouille. Aussi les structures temporaires d’un campement, telles que les tentes, laissent souvent peu d’empreintes. Cela peut également se traduire par de grandes surfaces quasi vides ou par des traces peu visibles se limitant en grande partie à la couche supérieure.

En raison de la dispersion des structures creusées et de la présence de foyers à l’intérieur, les chercheurs supposent qu’elles ne servaient probablement pas à héberger des militaires ordinaires. Il se peut qu’il s’agisse de logements pour officiers. Les sources iconographiques montrent la différence d’aménagement entre les quartiers des officiers et les autres quartiers. Dans un campement du dix-huitième siècle, les tentes militaires des troupes régulières étaient normalement implantées d’une manière très ordonnée contrairement à celles de la hiérarchie.

À partir de ce constat, la couche végétale des sites identifiés comme de potentiels campements devrait désormais être considérée comme une partie intégrante de la recherche, d’où l’importance d’une étude documentaire sérieuse, préalable au diagnostic. Les mouvements des armées du dix-septième au dix-neuvième siècle sont assez bien documentés. Les emplacements appropriés pour loger une armée étaient connus par les autorités militaires et souvent réutilisés pendant des siècles.

Une autre interprétation pourrait-être celle de cuisines ou huttes chauffées, telles que décrites par Heinrich Medicus, installées en dehors des cantonnements et permettant aux soldats de s’abriter la journée lors des saisons plus difficiles. Il pourrait aussi s’agir des logis des cantiniers, avec des cuisines, des cabanes semi enterrées et des caves. Tout comme pour les quartiers des officiers, leurs aménagements étaient organisés d’une manière moins stricte, avec pour seule contrainte de respecter la distance appropriée par rapport aux installations militaires.

Un examen approfondi des sources historiques peuvent nous permettre de localiser en partie les camps militaires les plus importants, de moyenne ou longue durée, et de les ajouter à la carte archéologique. Mais en l’absence d’un tel programme de recherche thématique en Flandre, cette banque de données ne contient, à ce jour, que peu d’enregistrements d’emplacements de camps militaires. Cependant, l’archéologue doit être sur ses gardes à ne pas faire correspondre les indices à un modèle attendu et d’en tirer une interprétation erronée.

Le campement étant situé le long du canal de Bruges à Gand, l’hypothèse d’un campement civil d’ouvriers travaillant à cette époque à l’élargissement du canal ne peut pas être exclue.17

L’étude documentaire, avec par exemple la confrontation des cartes historiques et contemporaines, doit également nous aider à localiser les camps le plus précisément possible et à mieux comprendre leur implantation dans le paysage historique. Pourquoi cet emplacement a-t-il été choisi  ? Comment le campement a-t-il été installé dans ce paysage et comment l’environnement a-t-il été utilisé ou adapté aux exigences militaires et défensives ? À cette fin, les photographies aériennes et les modèles numériques de terrain devraient également être analysés, et si possible complétés par une enquête sur le terrain, sous la forme d’une prospection pédestre, avec une attention particulière pour le microrelief et les découvertes de surface.

À ce jour, ni les manuels militaires ni les sources iconographiques ne nous donnent une explication précise sur ce type de structures, souvent découvertes dans le contexte des campements militaires.18 5.4. L’organisation de la fouille d’un campement militaire en Flandre Il est important que les restes des campements militaires soient (re)connus le plus tôt possible, de préférence avant le début du diagnostic, afin de mettre en place une stratégie de fouille adéquate.

De la même manière que pour l’étude des champs de bataille, le détecteur de métaux est un outil de recherche indispensable à l’étude d’un campement. Au cours de la prospection au détecteur, un topographe enregistre la position géographique de chaque découverte afin de réaliser une carte de répartition des objets à l’échelle du campement. La carte obtenue permet de délimiter l’ampleur du site. Aussi l’étude des artéfacts, en relation avec les résultats d’une éventuelle fouille, peuvent fournir de précieuses informations sur l’organisation fonctionnelle et sociale du campement, telles que la distinction entre les quartiers des cantiniers ou autres métiers, des fantassins et des officiers. La qualité des résultats est néanmoins conditionnée à l’absence de pillages antérieurs par des utilisateurs amateurs de détecteurs de métaux par exemple.

La grande dispersion des traces, avec des espaces ne présentant aucun vestige, est une des difficultés principales de la fouille d’un campement militaire. Ces zones vides correspondent à la configuration propre du camp. Il peut s’agir par exemple des larges allées entre les rangées de tentes. Ainsi ces espaces vides nous apportent une Brion et al., “Postmiddeleeuwen”. Lors de l’étude post-fouille de Aalter Woestijne, les archéologues ont reconnu, parmi les traces enregistrées, une petite fortification en forme d’étoile avec 6 bastions et un diamètre intérieur d’environ 10 m. La fonction d’une fortification bastionnée aussi petite, sans grande valeur défensive, pose question. S’agit-il d’un élément de défense ou plutôt d’une zone de sécurité ou de prestige à l’intérieur du campement ? 17  18 

76

L’archéologie des campements militaires en Flandre En 2016 la Flandre a légalisé la détection de loisir. Depuis le nombre de détectoristes a explosé, engendrant une pression considérable sur ces sites où la terre végétale est une couche archéologique à part entière et où les objets qu’elle renferme fournissent des informations importantes à la bonne compréhension spatiale du site. La prospection aux détecteurs de métaux, sur de vastes surfaces, requière le déploiement d’un nombre important de détectoristes expérimentés. À cette fin, les archéologues en Flandre font parfois appel à des détectoristes bénévoles. L’étude post-fouille et la conservation des objets métalliques, en quantité parfois importante, peut occasionner un effort en termes de personnel et en ressources supplémentaires à ne pas sous-estimer. Avant de lancer une telle opération, le profil du sol devrait être minutieusement examiné. Les sondages par carottages sont la technique la plus courante en Flandre. Une modification importante du profil du sol postérieure au moment du campement peut rendre la détection de la surface inutile. Il est aussi à noter que la construction du campement peut elle-même être la cause d’une modification du relief ou qu’elle a pu se faire sur un terrain surélevé ou dénivelé, à une époque antérieure. Les profils pédologiques doivent donc être interprétés avec précaution.

Figure 5.10. La culture de la chicorée, Photographe inconnu, Collectie Centrum Agrarische Geschiedenis, https://cagnet. be/item/00003073.

à la pelle mécanique sera donc accompagné d’une détection métallique renforcée. L’archéologue en charge du suivi du décapage accordera une attention particulière aux traces discrètes pouvant, dans certains cas, se manifester dès la couche végétale. Les cuisines en batterie sont très reconnaissables et sont un indicateur important de la présence d’un camp militaire. Il est cependant nécessaire de ne pas les confondre avec les fours utilisés dans le cadre de la culture de la chicorée, très typique en Flandre au dixneuvième et vingtième siècle (Figure 5.10).

Compte tenu de la grande dispersion spatiale potentielle des vestiges, une étude géophysique préliminaire a été réalisée à l’occasion de certaines opérations en Flandre, telle que celle du campement du siège de Louvain où l’un des objectifs était de repérer l’emplacement du fossé de défense et d’obtenir une vue d’ensemble des traces éventuelles permettant de reconnaître une certaine organisation. Le résultat n’a pas été à la hauteur des espérances. Un très grand nombre d’anomalies individuelles ont été trouvées, réparties au hasard sur le site. Les traces des cuisines militaires découvertes lors de la fouille n’ont pas été repérées avec cette méthode. La nature très temporaire des structures pourrait expliquer en partie la faiblesse des résultats.

Les cuisines en batterie sont regroupées dans des zones extérieures aux rangées de tentes. Par ailleurs, leur absence lors de la fouille ou des sondages ne peut être assimilée à l’absence d’un camp militaire. Les cuisines en batterie ne sont que l’un des nombreux types de cuisines que l’on peut trouver dans un tel camp mais ne sont pas systématiques. Un archéologue non familier avec les traces d’un campement militaire pourrait interpréter ces fosses comme des foyers, apparemment isolées en milieu rurale, tels que les restes d’une charbonnière voir même les restes d’une sépulture à crémation. Lors du diagnostic, un échantillon prélevé dans les foyers devrait être examiné afin de déterminer la présence d’ossements d’animaux, de céramiques, de fragments de pipe et de balles en plomb. Des clous ou d’autres objets métalliques tels que des ferrures de portes ou de fenêtres peuvent être les témoins de combustibles récupérés par les soldats dans les constructions du voisinage.

Les vestiges profonds comme les puits, les caves, les trous de poteaux, les abris enterrés, les latrines, les cuisines avec leurs traces évidentes, sont à rechercher par les archéologues lors du décapage. Par ailleurs, dans certains campements comme les camps de sièges, les éléments de défense ou d’attaque spécifiques devront également être pris en compte. Lors d’une prescription de diagnostic, en Flandre, 12,5 pour cent de la surface doit être examinée au moyen de sondages en tranchées. Habituellement, l’archéologue choisit des tranchées parallèles de 2 m de large. Dans le cas d’un campement où les traces sont souvent très dispersées, le choix de tranchées de 4 m de large peut être envisagé, avec comme seul inconvénient qu’elles seront plus éloignées les unes des autres.

Les fosses circulaires, rectangulaires aux angles arrondis ou irrégulière sont courantes dans le contexte d’un campement militaire. Elles ont parfois, du fait de leur contour net, un aspect assez récent. Elles sont alors, à tort, trop souvent interprétés comme des fosses pour l’extraction du sable ou des perturbations modernes sans intérêt, d’où l’importance d’effectuer un prélèvement. Ces fosses à fond plat ou légèrement incliné sont généralement peu profondes (10 à 40 cm) mais peuvent parfois dépasser 1 m de profondeur, comme à Ninove. Dans la plupart des cas, le

Lors de la fouille ou du diagnostic d’un terrain présentant des indices d’un éventuel campement militaire, le décapage 77

Marc Brion fond est tapissé d’une couche cendreuse et un ou plusieurs foyers sont établis à l’intérieur, parfois creusés dans une niche dans la paroi de la fosse. Certaines d’entre elles ont en outre une entrée creusée ou quelques trous de poteaux sur les bords ou à l’intérieur. La présence d’une banquette est attestée aussi dans certain cas (supra). D’après notre expérience, la manière la plus appropriée d’étudier une telle structure est l’excavation en négatif. L’archéologue recherchera manuellement le creusement d’origine. En Flandre, les traces archéologiques sont généralement coupées de façon plus large et plus profonde que le contour initial de la structure. De cette manière, il existe un risque de passer à côté d’informations importantes, telles que l’aménagement intérieure de la fosse, les banquettes, les foyers, les niches, les trous de poteau, etc.

des quartiers des officiers ou des cantiniers. Ces derniers sont reconnaissables aux cruches ou aux couronnes accrochées aux piquets de leurs tentes. Les traités de castramétation décrivent un modèle théorique d’un camp idéal qui n’était pas toujours applicable sur le terrain. Aussi ils nous renseignent peu sur la vie quotidienne des soldats. Les fouilles archéologiques nous ont livrées des aménagements qui semblent très peu connus par les textes ou l’iconographie. Par exemple, les nombreuses structures creusées sous toutes sortes de formes, avec ou sans foyer à l’intérieur, les différents types de cuisines, et même la simple présence de foyers, sont peu documentés dans les textes et les archives. À l’heure actuelle il existe toujours une importante lacune en matière de connaissances des campements militaires. Afin de la combler, il est indispensable de sensibiliser davantage les archéologues à l’importance scientifique de ces vestiges pour l’histoire des conflits de la période moderne. Cette approche doit s’accompagner de méthodes de fouille appropriées et de questions de recherches en adéquation avec cette problématique.

5.5. Conclusion L’intérêt archéologique pour les camps militaires est assez récent. En raison d’un manque de connaissance, nous constatons qu’en Flandre, ces vestiges passent encore trop souvent inaperçus. En réévaluant les résultats des recherches archéologiques effectuées sur des sites connus par les cartes historiques comme étant des camps militaires, nous constatons que dans plusieurs exemples des traces évidentes, comme les cuisines en batterie contenant des morceaux de pipes et des balles de mousquets, ont été trouvées. Mais elles n’ont pas été identifiées comme telles et l’importance de ces sites n’a pu être reconnue. De plus, les traces d’un campement militaire sont généralement très dispersées et en l’absence d’autres vestiges plus reconnaissables, elles donnent rarement lieu à une fouille.

L’intérêt archéologique pour ces campements militaires étant assez récent, il est nécessaire de poursuivre les recherches concernant ces installations. La comparaison des informations recueillies avec les résultats des différentes études menées à l’échelle internationale est essentielle. Ces informations doivent être confrontées aux sources écrites historiques disponibles et discutées avec nos collègues historiens et archivistes.

Certains exemples récents font également état de la découverte de traces d’un campement militaire lors du diagnostic, mais ces restes ont été jugés à tort sans intérêt scientifique. Pourtant l’étude archéologique minutieuse de ces sites peut nous fournir de nombreuses informations sur la vie quotidienne des militaires et de leur entourage. Qui étaient-ils ? Comment vivaient-ils ? Comment les armées en campagne étaient-elles organisées  ? L’étude de la culture matérielle, la distribution du mobilier et des restes de nourriture permettent d’appréhender l’organisation fonctionnelle et sociale du camp, comme la distinction entre les quartiers des fantassins et ceux des officiers. Elle nous permet également de mieux comprendre la situation archéo-géographique du site militaire dans un contexte plus large. Pourquoi ce lieu a-t-il été choisi ? Et comment le campement a-t-il été implanté dans cet environnement ? Les sources historiques nous donnent souvent une image trop unilatérale des installations militaires. Écrites par une classe sociale plus aisée, occupant les postes privilégiées et plus élevées dans l’armée. Souvent les données sont limitées à des informations tactiques ou des descriptions peu détaillées voir déformées pour l’honneur et la gloire du pays ou de son auteur. Tout comme les dessins et les peintures qui montrent souvent des scènes animées au sein 78

6 Les campements militaires, un état de la question sur le territoire wallon (Belgique) Nicolas Authom1, Véronique Danese2, and Marceline Denis1, with the collaboration of Véronique Moulaert2, Michel Siebrand2, and Caroline Sornasse3 Agence Wallonne du Patrimoine (AWaP), Direction opérationnelle de la Zone Ouest (DZO), Place du Béguinage 16, 7000 Mons, Belgium 2 Agence Wallonne du Patrimoine (AWaP), Direction opérationnelle de la Zone Centre (DZC), Rue des Brigades d’Irlande 2, 5000 Namur, Belgium 3 Recherches et Prospections Archéologiques asbl (RPA), Rue du Béguinage 10 bte 2, 1300 Wavre, Belgium 1

Abstract: In Wallonia (southern Belgium), research dealing with the remains of early modern military camps is a relatively young discipline, starting only ten years ago with the excavations in Bouge and Frameries. The dissemination of the archaeological results of those two sites has alerted archaeologists in the region, allowing them to correctly identify remains, bit by bit, that were formerly misunderstood or leading to the reinterpretation of results from former excavations. In hindsight, these unidentified features are now understood as parts of early modern encampments. With increased awareness, it comes as no surprise that new preventive research quickly produced a large number of new occurrences of military sites. The Walloon territory has always been the theatre of conflicts, battles, sieges, and an unmissable and continual corridor for the passing troops. All of these events have left scars in the landscape. In addition to the camps of Bouge and Frameries, respectively linked to the sieges of Namur and Mons, more witnesses of military events have been identified in Wallonia: numerous camps attached to battlefields (Fontenoy, Waterloo, and Wavre), but also bivouacs of field armies in transit (Ghislenghien). This chapter provides an initial overview of the discoveries of military quarters of the troops in the Walloon territory, ranging from the late-fifteenth to the early nineteenth century. For example in Bouge, some features can possibly be linked to the Burgundian siege of Namur in 1488. The site therefore makes a very valuable contribution to the study of medieval encampments, for which hardly any data is available (see the discussion in the introduction to this volume). On the other side of the chronological spectrum, features relating to military presence in the region have been found in Braine l’Alleud and in Wavre, both of which can be linked to the Battle of Waterloo (1815). In spite of these chronological differences, features show a remarkable similarity through time and this chapter offers a first insight in the typology of pits and hearths on the Walloon territory. The excavations at Fontenoy clearly differ from the other, because of the presence of six large pits with the remains of the victims from the 1745 battle at this site. Keywords: Belgium, Wallonia, medieval and early modern encampments, fireplace, shelter, siege, bivouac, battle, mass grave. 6.1. Introduction

fosse-cendrier, des fosses rectangulaires à fond plat ainsi qu’un mobilier similaire comprenant des fragments de pipes, de nombreux clous, des ossements et de la céramique clairement attribuables à la période des temps modernes. Les données historiques et cartographiques disponibles pour le site de Bouge I, et les comparaisons typologiques menées à partir des structures de Frameries permirent de mettre en évidence la présence de vestiges inédits sur le territoire wallon: les premiers attribuables à un campement de nature militaire.

En Wallonie, la recherche et l’intérêt portés aux vestiges liés aux campements militaires sont assez récents et remontent seulement aux années 2012–13. Alors que deux diagnostics archéologiques étaient menés respectivement à Frameries (Hainaut) et à Bouge (Namur), les responsables d’opérations ont constaté qu’ils étaient confrontés aux mêmes questions posées par une série de structures comparables: des foyers isolés, parfois associés à une 79

Authom, Danese, Denis, Moulaert, Siebrand, and Sornasse Le fruit de cette recherche a été proposé lors de journées thématiques,1 avec l’espoir d’un écho auprès de différents responsables d’opération qui y trouveraient une nouvelle orientation dans l’interprétation de structures jusquelà inexploitables ou simplement passées sous silence faute d’identification. Grâce aux perspectives et résultats offerts par cette réflexion commune, les fouilles se sont poursuivies en Wallonie avec un objectif nouveau, clairement orienté vers l’identification des campements militaires et leur compréhension.

superficie moyenne de 1,00 m2 et étaient conservés sur une faible profondeur variant entre 0,10 m et 0,20 m. Pour la majorité des foyers, seuls le fond et une paroi présentaient des traces de rubéfaction. Pour une vingtaine de structures, un mobilier céramique assez abondant (en comparaison avec d’autres sites) mais relativement standard témoignerait d’une première importante occupation dès le quinzième siècle, correspondant à un campement de transit ou de siège de la ville par, peutêtre, les troupes bourguignonnes (1488 ?). Associé à ces foyers, un tronçon de fossé, observé sur une longueur de 30 m, une largeur de 3,00 m et une profondeur d’1,00 m pourrait correspondre à une limite du camp voire d’une ligne défensive (circonvallation ?).

Les exemples ci-dessous témoignent de l’évolution de la recherche depuis une dizaine d’années et de l’émergence d’une jeune discipline en Wallonie. La sélection des sites est riche car elle propose des contextes variés : des campements militaires relatifs aux sièges de chefs-lieux à Bouge (sièges de Namur) ou à Frameries (sièges de Mons); mais encore des campements temporaires de type « bivouacs » illustrés par un site à Ghislenghien (Hainaut). Enfin, d’autres campements ont été installés en bordure de champs de bataille : à Antoing (Hainaut), le site de la bataille de Fontenoy (1745) avait livré de rares vestiges de sépultures collectives, creusées sur et autour du champ de bataille après l’affrontement. Un réexamen des données de fouilles plus anciennes a pu y mettre en lumière les vestiges de campements associés. À Wavre et à Brainel’Alleud (Brabant wallon), des campements distincts illustrent l’installation de troupes en marge de la bataille de Waterloo (1815).

Six autres foyers, éparpillés, aux formes et plans semblables, suggèreraient, selon le mobilier céramique, un évènement de la fin du seizième – début du dix-septième siècle. Enfin, une troisième série de fosses pourraient être attribuées aux sièges de 1692–95. Face à l’imprécision d’une chronologie basée sur le mobilier céramique, des essais de datation par analyses archéo-magnétiques ont été effectués (non publiés à l’heure actuelle) et confirment les datations proposées. En 2018, un diagnostic complémentaire, situé dans une parcelle contigüe, a révélé 15 foyers supplémentaires dont un exemplaire a pu être daté par une monnaie de Charles Quint de 1547. Enfin, la même année, une opération préventive (Bouge II), exécutée à moins d’un kilomètre plus au nord, a révélé 20 foyers alignés le long d’un chemin arasé, sur deux rangs espacés d’une quinzaine de mètres.3 La faible quantité de mobilier associé à ces structures suggèrerait une chronologie tournant aux alentours du dixhuitième siècle.

6.2. Les sièges 6.2.1. Campements de Bouge À Bouge, un haut plateau surplombant Namur et la confluence entre la Sambre et la Meuse a été mis à profit pour installer plusieurs campements militaires dès les quinzième–seizième siècles. Un premier lieu (Bouge I) situé à quelques centaines de mètres au nord du hameau historique offrait des caractéristiques avantageuses pour y installer un campement. Lors d’un diagnostic mené en 2012 par l’AWaP,2 une soixantaine de foyers et fosses ont été mis au jour (Figure 6.1). Ceux-ci avaient une

6.2.2. Campements de Frameries Les nombreux sièges qu’a subi la ville de Mons, entre les seizième et dix-huitième siècles, ont tangiblement marqué le sol du plateau « Belle Vue » à Frameries, éminence qui domine la vallée de la Haine au sud du chef-lieu hainuyer (cf. Authom et Denis, ce volume). Trois opérations archéologiques successives ont permis de mettre au jour un grand nombre de structures (Figure 6.2) qui ont abouti à l’élaboration d’un essai de classement typologique4 (foyers simples, avec ou sans fosse-cendrier, abris semiexcavés à foyer unique ou multiple, interne ou débordant, avec banquettes, ou encore des grands feux à usage collectif). Le mobilier discriminant étant rare, l’attribution de ces structures à des évènements militaires précis reste délicate.

Communications orales lors des Journées d’Archéologie en Wallonie, 21 et 22 novembre 2013 à Bouge (Denis, Marceline et Siebrand, Michel – Bivouacs et camps militaires aux Moyen Âge et Temps modernes. Études de cas et problématiques), lors des journées de l’atelier UMR Halma-Ipel de Lille III du 22 septembre 2014 à Villeneuve d’Ascq (Denis, Marceline, Siebrand, Michel et Tixador, Arnaud – Foyers et structures de combustion isolées. Le cas des vestiges de campements et bivouacs militaires) et lors du colloque consacré à l’archéologie des guerres de siège sur la frontière France-anciens Pays-Bas (XVI-XVIIIe s.) les 2 et 3 avril 2015 à l’Université de Valenciennes et du HainautCambraisis (Denis, Marceline, Siebrand, Michel et Tixador, Arnaud Vestiges de campements et de bivouacs militaires en Hainaut, Namur et Valenciennes, XVI-XVIIIe s.); également voir: Marceline Denis and Michel Siebrand, ‟Les campements militaires : sur la trace des conflits armés,” in L’archéologie en Wallonie. Les Temps modernes et l’Époque contemporaine. L’archéologie des conflits, des mondes urbain et rural, ed. Michèle Dosogne, Carnets du Patrimoine 117 (Namur: Institut du patrimoine, 2013), 27–28. 2  Michel Siebrand and Olivier Colette, ‟Namur/Bouge : occupation de Hallstatt et bivouacs des temps modernes,” Chronique de l’Archéologie wallonne 21 (2014): 274–277. 1 

Michel Siebrand, ‟Namur/Bouge : nouvelles découvertes à propos des bivouacs militaires de la rue de la Poteresse,” Chronique de l’Archéologie wallonne 27 (2019): 258–259. 4  Nicolas Authom and Marceline Denis, ‟Frameries/Frameries : exploration de campements militaires liés aux sièges de la ville de Mons (fin 16e-18e siècle?), zoning du Crachet, site « Belle vue »,” Chronique de l’Archéologie wallonne 25 (2017): 76–78. 3 

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 Les campements militaires, un état de la question sur le territoire wallon (Belgique)

Figure 6.1. Bouge : exemple d’une fosse équipée d’un foyer adossé à une paroi, avant fouille. © SPW-AWaP.

Figure 6.2. Frameries : à gauche, un grand feu, en fer à cheval, en cours de fouille et à droite, une mise en situation d’un grand feu. © SPW-AWaP.

La nature des découvertes ouvre néanmoins de nombreux champs de réflexion: l’absence d’aménagements défensifs autours des vestiges de camp, la variété des dispositifs de cantonnement mis en œuvre et l’absence d’organisation spatiale rigoureuse jette un certain discrédit sur les précis théoriques de castramétation et leur application effective lors de conflits. Frameries, pour la Wallonie, fait figure de

site de référence tant par la quantité d’informations qu’il a fournies que par les questions qu’il soulève. 6.3. Les bivouacs : le campement de Ghislenghien Lors des trois campagnes de fouilles menées entre 2013 et 2019, dans la zone d’activité économique de 81

Authom, Danese, Denis, Moulaert, Siebrand, and Sornasse

Figure 6.3. Ghislenghien : plan de détail d’une structure de tente à mât central. © SPW-AWaP.

Ghislenghien – Orientis III –, par l’AWaP et RPA, les vestiges d’un bivouac militaire des temps modernes ont été mis au jour sur l’entièreté des superficies évaluées.5

un tirant métallique. Ces aménagements spécifiques peuvent être assimilés aux tirants d’une grande tente à mât central.

Cette occupation moderne s’implante au sud de l’axe routier reliant Tournai à Bruxelles, sur une surface de 1 km de long et 530 m de large. Elle se compose de foyers, ornières, abris et fosses détritiques. Ces installations prennent place entre divers fossés parcellaires et chemins de campagne, et semblent peu organisées. En effet, les nombreuses fosses quadrangulaires identifiées comme abris semi-excavés sont d’orientations fort diverses, pouvant tout autant être isolées les unes des autres que regroupées. Ces structures sont de dimensions très variées laissant présumer l’usage d’abris non standardisés. Ces petits refuges, quoique peu spacieux, étaient susceptibles d’accueillir soit un homme couché soit plusieurs soldats assis tête-bêche et adossés aux parois latérales des creusements. Un de ces aménagements sort du lot: il est matérialisé par cinq fosses rectangulaires disposées en croix (Figure 6.3). La fosse centrale, très profondément creusée, comportait un poteau en bois de 0,20 m de diamètre. Les quatre autres fosses sont positionnées de façon radiale, à une distance égale de 5 m de la fosse centrale. Elles renferment chacune une grosse bûche de bois dans laquelle était encore boulonné

Les 60 foyers mis au jour sont presque tous de petites dimensions (maximum 0,30 m × 0,50 m), de plan oblong ou ovale et à peine creusés dans le sol. Ils ont été aménagés, presque exclusivement, dans le comblement de larges fossés ou chemins parcellaires, créant un alignement entre eux (Figure 6.4). Deux structures rubéfiées se distinguent par leur taille plus importante: en leur centre, une dépression circulaire, de 0,50 m de diamètre et de 0,05 m de profondeur, était comblée par des éclats de charbon de bois et des cendres. Ces deux foyers pourraient être destinés à un usage collectif. Mêlés aux cendres et charbons de bois de ces feux, de très nombreux clous en fer, trahissent l’utilisation de bois d’œuvre comme combustible. Enfin, diverses fosses détritiques, contenant entre autres des ossements avec des traces de découpe, ont été également relevées. Le mobilier issu de ces structures est très rare et modeste. Il se compose de fragments de tuyaux de pipe en terre blanche, de rares tessons de céramiques et de nombreux petits clous en fer. Le corpus céramique, peu caractéristique, date l’occupation du dix-septième et/ou du dix-huitième siècle. Il est à noter qu’aucun objet militaire caractéristique n’a été identifié. Les principaux arguments en faveur d’une occupation de type militaire résident donc

Véronique Danese, ‟Ath/Ghislenghien : un bivouac militaire dans le secteur est de la zone d’activité économique de Ghislenghien III,” Chronique de l’Archéologie wallonne 23 (2015): 128–129. 5 

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 Les campements militaires, un état de la question sur le territoire wallon (Belgique)

Figure 6.4. Ghislenghien : deux foyers aménagés au sein du comblement d’un fossé, avant fouille. © SPW-AWaP.

essentiellement dans la correspondance morphologique des structures découvertes avec celles étudiées notamment à Frameries,6 Étaples-sur-Mer7 ou dans le Bas-Rhin,8 ainsi que dans l’intense activité militaire déployée dans les environs durant la période des temps modernes. Comme ces fouilles n’ont pas encore bénéficié d’un temps d’étude, le campement militaire n’a, à ce jour, pas été relié à un événement historique précis. De nombreux passages d’armées sont attestés dans ce secteur aux dix-septième et dix-huitième siècles. L’un de ceux-ci, en particulier, attire l’attention. Évoqué dans les « Mémoires de SaintHilaire », il décrit le siège d’Ath en 1697, durant lequel les armées françaises de Louis XIV, commandées par le

maréchal de Catinat, ont pris la ville.9 Alors que Catinat commandait le corps d’armée principal, deux autres corps d’armées couvraient cette offensive et se tenaient prêts à venir en renfort. Il s’agissait du corps d’armée sous les ordres du maréchal de Villeroy qui campait à Ostiches et celui dirigé par le maréchal de Boufflers qui a stationné quelque temps à Ghislenghien, le temps de la préparation du siège de la ville. 6.4. Les champs de bataille 6.4.1. La bataille de Fontenoy (1745). Sépultures collectives et campements Le territoire d’Antoing, précisément à Fontenoy, a été le lieu d’une célèbre bataille, en 1745, opposant les armées françaises et les rangs alliés, lors des évènements sanglants qui ont émaillé la guerre de succession d’Autriche (1740-

Authom and Denis, “Frameries/Frameries: exploration de campements militaires liés aux sièges de la ville de Mons,” 76–78. 7  Frédéric Lemaire, “Les camps napoléoniens d’Étaples-sur-Mer (camp de Montreuil 1803–1805),” Revue du Nord 388, no. 5 (2010): 39–49. 8  Philippe Lefranc, “Un camp militaire du XVIIe siècle à Souffelweyersheim « Les Sept Arpents » (Bas Rhin),” Cahiers Alsaciens d’Archéologie d’Art et d’Histoire 57 (2014): 99–111. 6 

Armand Saint-Hilaire, Mémoires de Saint-Hilaire (Paris: Société de l’Histoire de France, 1906), 407. 9 

83

Authom, Danese, Denis, Moulaert, Siebrand, and Sornasse 48) L’important développement économique de la région d’Antoing a initié, dès 2002,10 de nombreux diagnostics et fouilles préventives qui ont abordé notamment certaines composantes du célèbre champ de bataille.

attribution ni identification précise. Certaines structures atypiques, situées à proximité d’un tumulus furent assez logiquement attribuées aux pratiques funéraires antiques. Leur relecture permet désormais d’y déceler des abris semi-excavés pourvus de foyers débordants. Le matériel résiduel de l’occupation romaine et protohistorique, présent en abondance dans les structures, avait relégué au rang d’éléments intrusifs les quelques fragments de pipes et les rares clous présents dans les structures. Un réexamen plus complet des données de terrain de ce site permettrait vraisemblablement de restituer plus justement l’étendue de ce site de bataille pour toutes ses composantes.

Des vestiges peu nombreux mais singuliers sont le témoignage indiscutable de la bataille: six fosses à inhumation collectives de trois à neuf individus, comptabilisant au total 24 défunts.11 Parmi les six fosses, trois ont été minutieusement fouillées et leur contenu prélevé en vue de l’étude anthropologique. Les résultats préliminaires de l’analyse ont confirmé qu’il s’agissait d’individus masculins, portant les traces d’impact de projectiles alors que d’autres possédaient encore la balle de mousquet au sein de leur boite crânienne percée (Figure 6.6). Les corps ont été déposés simultanément, tête-bêche, dans des fosses exigües et peu profondes rapidement refermées. La faible profondeur de ces fosses et l’agriculture intensive peuvent expliquer le nombre dérisoire de découvertes de ce genre. Bien que d’autres charniers aient été observés entre 1990 et 1994,12 pour un total d’une centaine d’individus, cela reste toutefois très loin du nombre de morts relatés par les sources.13 Deux autres fosses en lien avec ces charniers ont révélé des ossements en vrac, ossements animaux dont sans doute des restes de chevaux. L’ensemble des diagnostics menés sur le territoire d’Antoing a comptabilisé neuf autres découvertes de squelettes d’équidés. Ceux-ci, dépourvus de fosse d’enfouissement, semblent avoir été abandonnés à même le champ de bataille. Un corps humain isolé et quelques boulets, retrouvés hors contexte, sont d’autres vestiges qui attestent de la violence du conflit.

6.4.2. Campement de Braine l’Alleud, bataille de Waterloo (18 juin 1815) Un projet de lotissement à Braine l’Alleud a donné lieu à un diagnostic ayant pour objectif de vérifier la présence de structures archéologiques liées à la bataille de Waterloo. En effet, les terrains concernés sont situés, d’après les cartes de l’époque, dans la zone occupée le 18 juin 1815 par la cavalerie et l’infanterie brunswickoises de l’armée de Wellington. L’évaluation archéologique, menée par l’AWaP a bien révélé la présence de vestiges pouvant être attribués à une occupation militaire.14 Toutefois, l’érosion et le boisement de l’essentiel de la zone ont participé à la destruction partielle des vestiges archéologiques et rendu la lecture du sol assez complexe. Les structures pouvant dater de 1815 sont apparues directement sous la couche de terre végétale, et étaient fortement perturbées. Une érosion de plusieurs dizaines de centimètres est envisageable.

A la lumière des développements récents de l’archéologie des conflits, l’absence de vestiges de campements sur ce site semblait peu probable. Un réexamen ponctuel des données de fouilles s’imposa afin de déceler les traces fugaces qui seraient passées inaperçues lors des différentes campagnes de fouille. En effet, une occupation protohistorique et une nécropole gallo-romaine occupant le site retenaient plus particulièrement l’attention des archéologues. La réouverture du dossier a permis de trouver la présence de foyers simples, isolés, de sol en place rubéfié, sans

Au terme de l’opération, 22 structures ont été identifiées dont huit sont des creusements contemporains. Enfin, 12 fosses ont quant à elles été clairement identifiées comme abris semi-excavés attribuables à une occupation militaire du site. De plan quadrangulaire, elles sont toutes conservées sur 0,13 m à 0,30 m de profondeur et présentent un profil identique: un fond plat et des parois verticales. Concernant les dimensions, divers groupes ont été identifiés. Trois fosses mesurent environ 0,70 m de côté, tandis que six autres mesurent environ 1,40 m de côté. Deux fosses sont isolées de ces groupes; l’une mesure 2,17 m × 0,95 m et l’autre, 1,04 m de côté. Au sein du second groupe, la fosse la mieux conservée en profondeur (0,30 m) est dotée d’un foyer. Ce dernier se présente comme une petite excroissance dans la partie supérieure de la paroi orientale de la fosse. Il est conservé sous la forme d’un creusement régulier dont le substrat encaissant est légèrement rubéfié. Il est possible que les autres fosses de moyennes et grandes dimensions en étaient aussi pourvues, mais leur forte érosion ne permet pas de le certifier, d’autant que le comblement des fosses ne peut-être discriminant. Toutes les fosses présentent un comblement unique limoneux, ne

Les fouilles préalables à l’extension de la carrière ont été financées par l’aménageur, S.A Les carrières d’Antoing, avec un soutien logistique de l’AWaP (voir : Anne-Cécile Ghigny and Luc Venditti, “Antoing/ Antoing : enclos funéraire romain,” Chronique de l’Archéologie wallonne 12 (2004): 41–44 ; Annelise Cosse, Sylvie Dasseler, Michèle Dosogne, and Gaëlle Dumont, “Antoing/Antoing : extension des carrières, suite de l’évaluation,” Chronique de l’Archéologie wallonne 13 (2006): 76–77 ; Sylvie Dasseler, “Antoing/Antoing : extension des carrières, campagne 2006,” Chronique de l’Archéologie wallonne 15 (2008): 74–77. 11  Caroline Sornasse and Geneviève Yernaux, “Antoing/Fontenoy: vestiges de la bataille de Fontenoy (11 mai 1745),” Chronique de l’Archéologie wallonne 21 (2014): 106–108. 12  Philippe Soleil, Alain Tripnaux, and A. D’Hulst, “Rapport des interventions de la « Cellule Fouilles » du C.R.R.A.H. sur les sites de la Bataille de Fontenoy (juillet 1990-décembre 1993)” (unpublished, 1994). 13  Sur la base d’une étude détaillée des pertes, effectuée par l’historien belge Alain Tripnaux sur l’ensemble des archives européennes, le total des pertes des deux armées fut de quelque 15 000 tués et blessés, dont 2 300 tués français et 2 500 tués alliés (Alain Tripnaux, Fontenoy-laBataille, vol. 2 (Tournai: Le tricorne, 1995). 10 

Véronique Danese, “Braine-l’Alleud/Braine-l’Alleud: vestiges d’un campement militaire de la bataille de Waterloo,” Chronique de l’Archéologie wallonne 28 (2021): 31–32. 14 

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 Les campements militaires, un état de la question sur le territoire wallon (Belgique)

Figure 6.5. Fontenoy : sépulture collective avec, en blanc, le détail de certains impacts laissés par les projectiles. © SPW-AWaP.

contenant aucun rejet cendreux ou fragments de charbon de bois. Le mobilier archéologique associé aux comblements est assez rare: il se compose pour l’essentiel de tessons de céramique de petites dimensions datant des dix-huitième et dix-neuvième siècles. Ont été aussi répertoriés des tuyaux de pipe en terre blanche lustrée sans marque, des fragments de tuiles, des scories, des clous et autres objets indéterminés en fer. Deux fosses associées à cet ensemble comportaient des ossements animaux disparates. Il est possible qu’elles soient en lien avec le campement.

(1865–80) et de Philippe Vandermaelen (1795–1869) figurent en cet endroit la mention « 1815 » accompagnée de deux sabres croisés, pour y signaler le positionnement, à tour de rôle, des troupes prussiennes et napoléoniennes lors de la bataille de Wavre. L’évènement est relaté comme tel: « le 18 juin, dès minuit, presque toute l’armée prussienne est rassemblée à Wavre ou dans les abords immédiats. Vers 10h00, le 19 juin, après avoir pris connaissance de la victoire alliée à Waterloo, les Prussiens amorcent leur retraite, notamment vers la ville de Louvain et quittent Wavre et le Champ Sainte-Anne. Les Français peuvent alors occuper les hauteurs de Wavre, mais les dés sont jetés à Waterloo et la nouvelle de la défaite va leur parvenir assez rapidement. Vers 17h, les troupes Françaises présentes à Wavre vont se replier vers la France, en passant par Namur ».16

Les terres végétales de l’entièreté de la surface du projet ont été prospectées et 26 objets ont été repérés, dont quelques-uns en lien avec la thématique militaire: une pierre à fusil, des amas de plomb fondu et des balles de mousquet en plomb. Ces dernières sont essentiellement des balles correspondant à l’armement des troupes alliées et n’ont pas été chargées.

Lors de l’intervention archéologique, trois abris semiexcavés et cinq petits foyers isolés ont été dénombrés.17 Ces structures sont peu profondes et de ce fait, peu conservées (0,01 m à 0,10 m de profondeur). Les abris semi-excavés présents à Wavre sont des espaces carrés ou rectangulaires à fond plat, d’environ 1,00 m de côté.

Au vu de ces quelques découvertes, on peut considérer que le site, mis au jour à Braine l’Alleud, correspond très vraisemblablement aux vestiges d’un campement militaire allié tel que documenté par les sources cartographiques. 6.4.3. Campements de Wavre, bataille de Wavre (19 juin 1815)

extension du lotissement Matexi au champ Saint-Anne (Br.w.),” Archaeologia medievalis 43 (2020): 68–69 ; Véronique Moulaert, Philippe Sosnowska, and Aude Van Driessche, “Wavre/Wavre : extension du lotissement Matexi au « Champ Sainte-Anne »,” Chronique de l’Archéologie wallonne 28 (2021): 51–56. 16  André-Charles Sonmereyn, Wavre 1815. Les combats de Wavre des 18 et 19 juin 1815. Dernière victoire des Français de Grouchy sur les Prussiens de Blücher (Wavre: CGER, 1990), 18–39. 17  Pour cette typologie : Authom and Denis, ‟Frameries/Frameries : exploration de campements militaires liés aux sièges de la ville de Mons,” 76–78.

En 2019, l’AWaP a entrepris un diagnostic au « champ Sainte Anne », vaste plateau qui domine la vallée de la Dyle, à Wavre.15 Les cartes du dépôt de la Guerre Véronique Moulaert, Hans Heinrich Marxen, Igor Murawski, Moos Raaijmakers, Olivier Van Den Bergh, and Aude Van Driessche, “Wavre: 15 

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Authom, Danese, Denis, Moulaert, Siebrand, and Sornasse

Figure 6.6. Wavre : un abri semi-excavé avec le cendrier à l’avant du foyer. © SPW-AWaP.

Chacun possède deux niches ovales, d’environ 0,20 m de diamètre, dont une sert de foyer. La position de ces niches peut varier, mais les foyers sont, eux, tous creusés dans la paroi sud-est de la fosse. L’un des abris fouillés présente la particularité de posséder un surcreusement, profond de 0,18 m, devant le foyer. Ses dimensions (0,55 m × 0,30 m) et sa situation suggèrent une utilisation comme cendrier, bien qu’aucun dépôt cendreux et très peu de charbon de bois y aient été trouvés (Figure 6.5). Les petits foyers isolés se composent quant à eux de spots rubéfiés, sans rejets cendreux ni fosses associées. Ils sont pour la plupart oblongs (0,40 m × 0,20 m ; 0,50 m × 0,30 m) et fortement arasés (0,01 m à 0,03 m de profondeur).

retenues ni enregistrées sous prétexte du peu de valeurs matérielles et structurelles qu’elles offraient. Aujourd’hui, et les diagnostics récents le confirment, les petits foyers isolés sans mobilier, les fosses peu profondes sans agencement particulier, les traces de rubéfaction esseulées, ou encore de petites fosses « cendriers », tout ce panel de structures caractéristiques participe au recueil d’informations sur les pratiques militaires qui, longtemps, ont échappé à la recherche archéologique. Désormais, de nombreux sites fouillés anciennement sont candidats à un réexamen approfondi. D’autres, dont la fouille est à venir, bénéficient d’une attention plus particulière en raison de leur lien probable avec un évènement documenté ou par leur position stratégique avérée. Le développement considérable de la recherche, entamé depuis 2012, porte ses fruits et il ne fait aucun doute qu’à l’avenir, la masse de découvertes de ce type, maintenant scientifiquement appréhendées, connaîtra une croissance constante.

Une campagne de détection a été menée conjointement à la fouille. La découverte entre autres de balles de mousquet et d’osselets, contribuent à l’interprétation des vestiges et à leur attribution à l’épisode militaire de la bataille de Wavre du 19 juin 1815. 6.5. Conclusion Ce bref tour d’horizon non exhaustif relate l’évolution de la recherche consacrée aux campements militaires sur le territoire wallon. Les cas repérés et étudiés sont encore peu nombreux en comparaison du nombre de conflits qui ont traversé l’histoire de nos régions. L’impact de cette discipline nouvelle s’est avéré rapidement concluant pour élucider des problématiques d’occupations et de structures jusqu’alors indéterminées, non comprises voire non 86

7 Preparing Louis XIV’s troops to siege warfare at Fort Saint-Sebastian (1669–70) Séverine Hurard1, Olivier Bauchet2, and Xavier Rochart3 Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), UMR 7041 ArScan «TranSphères », 34–36 avenue Paul-Vaillant Couturier, 93120 La Courneuve, France 2 Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), UMR 7041 ArScan «TranSphères », 56 Bd Courcerin Espace Multi Services, Lot34, 77183 Croissy-Beaubourg, France 3 Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), 34–36 avenue Paul-Vaillant Couturier 93120 La Courneuve, France 1

Abstract: A 28-ha preventive excavation was conducted in 2011–12 by the Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) in Saint-Germain-en-Laye – 30 km northwest of Paris, on the alluvial plain of the Seine River, prior to the modernization of the largest European water treatment plant. This excavation led to the discovery of abundant remains of the fort Saint-Sébastien, built in 1669. Over the course of only two years, it allowed the training of siege warfare of 16,000 to 30,000 men, belonging to the military household of Louis XIV. The excavation unveiled impressive fortified structures of the seventeenth century as well as encampment areas within the fortifications with 3,500 archaeological structures and almost 2 km of defensive moats. The excavation of two field fortifications succeeding within two years for two campaigns puts the siege warfare of the seventeenth century under a unique light. It gives a rare material testimony, in an unusual scale of the military practices and society of the 1670s and highlight that particular European political context as much as the emergence of a standing army. The data collected has provided precious information about the soldiers and the officer’s daily lives, the origin and forms of supplies of the king’s army and the social and spatial organisation of this military society where infantry, horsemen or musketeers cohabited. Archaeology triggered an investigation mobilizing biological sciences, archives and geography in order to refine the understanding of a complex society of war, never observed in that scale from the material point of view. Keywords: France, seventeenth century, siege warfare, Louis XIV’s military household, spatial and social organization, earthworks, training campaigns, attack trenches, manoeuvres, cavalry and infantry regiments. 7.1. Introduction

time, the two field fortifications materialised a wide military exploitation of the Seine river bend and its area between the 1660s and the 1690s. 3,500 archaeological structures and almost 2 km of moats were excavated. Bases of huts and tents, wells, latrines, cooking areas or attack trenches, compose a wide range of testimony of the ways of camping troops and preparing tactical exercises.1

Located in a bend of the river Seine about 10 km from the royal Castle of Saint-Germain-en-Laye, the Fort SaintSebastian saw, between 1669 and 1670, up to 16,000 soldiers belonging mostly to the military households of the royal family. Prior to the modernization of Europe’s largest water treatment plant, two large-scale preventative excavations were made in 2011-12 (28 ha) and 2018 (1 ha), giving a unique opportunity to shed light on the society involved in late seventeenth-century warfare. They revealed two distinctive fortifications and encampment areas corresponding to two different seasonal training campaigns. From the confrontation with the archives, we established they were two different troops assembling in the springtime and summer of 1669, then 1670. In peace

The two sites show a vast logistical and technical rehearsal as much as a tactical and strategic one. The training involved between 9,000 and 16,000 men of war, elite units Séverine Hurard, “Branle-bas de combat ! Apprentissage et préparation de la guerre de siège sous Louis XIV,” in Apprendre, Archéologie de la transmission des savoirs, ed. Patrick Pion and Nathan Schlanger (Paris: La Découverte, 2020), 271–283. 1 

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Séverine Hurard, Olivier Bauchet, and Xavier Rochart made of brigadiers, gendarmes, and musketeers. Survey, earthworks, resource acquisition, building, manoeuvres, troop reviews, and attacks were all part of the training. The army was testing its own operational capacity on the eve of the Franco-Dutch War (1672-78) demonstrating to the French and foreign courts the royal military strength. The site was as much a training camp, a manoeuvre ground and tactical laboratory as an official military showcase.

due to its size (over 28 ha), to the state of conservation of the settlements and to the density of the remains. 7.2. A campaign redoubt, then a circumvallation line The excavation revealed two distinctive fortifications and encampment areas corresponding to two different training campaigns. A campaign redoubt was first built in 1669, then was erased and replaced in the early months of 1670, in order to give way to a circumvallation line. In both cases were built non-permanent field fortifications made of earth and wood, of which only the moats were preserved, not the ramparts (Figure 7.1). The two camps representing firstly 32 ha, then 192 ha, are small-scale examples of siege retrenchment lines measuring up for example 14 km in Maastricht in 1673 or 26 km in Lille in 1708.

The location decision, clearly based on the proximity with the Castle of Saint-Germain where Louis XIV was born and lived until 1682, impacted the western region of Ilede-France, assigned for supplying the troops stationed there a few months a year. At the gateways of Paris, a whole society was camping, familiarizing itself with the difficulties of camp life. Archaeology enhanced a major and mostly unknown investment in the preparation of siege warfare.

7.2.1. The bend of the river Seine as a battlefield

The site is, for now, an unrivalled archaeological window of exploration on the society of European siege warfare

The first fortification was a square fort of 665 m from one bastion to the other, probably reaching almost 600 m

N

Castramétation de 1669 Castramétation de 1670

0

1/5000

200 m

Figure 7.1. General mapping of the archeological structures representing the Fort Saint-Sebastian (1669) in grey, and the camp of Saint Sebastian (1670) in black. Map by Pascal Raymond and Séverine Hurard, Inrap.

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 Preparing Louis XIV’s troops to siege warfare at Fort Saint-Sebastian (1669–70) from north to south. We estimate that we only excavated a quarter of the first camp. All of the southern front was dug and composed of two bastions and two triangular redans flanking the gate protected by a demi-lune (advanced triangular earthwork). The first camp was largely inspired from roman models, displayed in the military manuals of the seventeenth century (Figure 7.2).

Its full length is estimated to 3.5 km. It represents a huge increase in scale going from 32 to 192 ha of which we estimate having dug about a tenth of the site, fortification and encampments included. The circumvallation line is an exercise of offensive strategy, surrounding a city. The rampart was aimed at protecting the encampments, organised in a wide strip (70 m) of structures called front de bandières, following the outline of the fortification. A distance of 75 m is kept between the encampment areas and the fortification to maintain a manoeuvre and artillery boulevard allowing the movement of troops, guns, and goods. Operational from July to August 1670, when the troops broke camp to march towards the Lorraine region and eventually towards the Dutch territories. The fields, on which the two camps where set, were filled up and returned to agriculture and wood plantation. A group of local peasants were employed to do so in the winter 1671.

Positioned against the Seine river, the first fortification reflects a classical installation, as much as a place to defend than one to take over. The confrontation of the archives with the archaeological data supports the hypothesis of the site being operational between April and September 1669, earthworks and construction included. At the end of that first campaign, the fort is razed to the ground, the moats filled up and replaced by a new line of fortification built up in the spring of 1670. The stratigraphic overlap of both fortifications, on the south-west bastion, confirms that the first fortification was completely filled in before the second one was excavated.

The Fort Saint-Sebastian and the following camp were the trees concealing the forest. The archaeological investigation revealed that the alluvial plain located

The second fortification is a semi-circular moat of 350 m long, equipped at regular intervals with bastions and redans.

Figure 7.2. The deepest loop of the Seine River, called ‘plaine d’Achères’ has sheltered for about 1668 and 1698, during peace time, three successive military sites allowing the training and preparation of siege warfare of Louis XIV’s troops. Map by Émilie Cavanna.

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Séverine Hurard, Olivier Bauchet, and Xavier Rochart

Figure 7.3. Section of about 250 m length of the moat and redan of the south front of the 1669s fortification. The mechanical shovel, in the top right of the picture gives the scale of the earthwork. Photo: Thomas Sagory.

inside the buckle of the river Seine was exploited for 20 years as a military training ground. The implantation of the Fort Saint-Sebastian was only the second episode out of a series of three. From the confrontation with the archives emerges the existence of another two distant military sites. The first one, located in the east part of the loop, is referred to as ‘Camp de la Borde’ on the actual territory of Montesson. It seemed to have functioned at least in 1668. Pieces of equipment like canons or a mill boat have been transferred from this site to the Fort Saint-Sebastian in 1669. The third camp, called ‘Camp d’Achères’ was located on the western part of the loop. It seemed to have functioned between 1678 and 1683 (Figure 7.3).

If manoeuvres were still organised scarcely up to 1698 in the plain, its military frequentation seems to fall quickly into disuse from the moment the court moves away to Versailles in 1682, the favour then being for the Satory camp and the Marly one to a lesser extent. 7.2.2. Two castrametation exercises or the art of planting a camp Even more than the fortifications, the encampment areas represent an archaeological treasure, regarding not so much the abundance of artefacts and material culture than the lecture of a wide section of social and spatial organization due to the size of the opened window. Thousands of aligned structures (wells, cellars, huts, cooking pits, fireplaces, latrines, etc.) compose a striking mirror image of ways and means of planting a camp, having to articulate infantry, cavalry and artillery dedicated areas, dictated by the marching order.

All the data gathered about the three military sites show that for at least fifteen years, camps were set for gathering and training troops, each replacing one another during peace time periods between the War of Devolution (1667-68), the Franco-Dutch war and before the war of the Reunions (1683-84).2 The researches on the supplies shows the whole Parisian area was mobilised to provide food, hay, fodder, and wood to the camp and became completely accustomed with the social and economic military business.

The different directions taken by the two phases show that in both cases, the encampment areas are organised by following the outline of the fortification. The archaeological structures are aligned in rows corresponding to the encampments of the companies, separated by streets with a width of 10 m. Whereas the section of the first camp is mostly showing the remains of the cavalry regiments, the remains of

John. A. Lynn, The French wars 1667–1714: The Sun King at war, Essential Histories 34 (Oxford: Osprey, 2002). 2 

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 Preparing Louis XIV’s troops to siege warfare at Fort Saint-Sebastian (1669–70) the second camp shows an alternation between cavalry regiments and infantry regiments, offering a greater understanding of the organization and rhythm between the two types of regiments.

centre of the ration supply, as shown by fish, birds and beef bones. In both camps, infantry is relying on collective equipment (rotisserie, latrines, etc.) testifying to the strong cohabitation of the infantry troops (Figure 7.4).

In the first camp, the areas dedicated to infantry are tightened into small surfaces at the angles of the strips. The huts made of branches (described in the king’s personal papers) and tents arrangements being really hard to read on the ground. Their location is mostly assumed from the position of the cellars, excavated buildings and rotisserie (cooking pits) indicating the areas dedicated to marketers,

On the second camp, the infantry quarters are only signalled by the distance separating the latrines from the wells placed at the front, along the manoeuvre boulevard. The wells are always placed at regular intervals, ahead of the rows of tents and buildings, towards the moat. At the rear of the line are located the latrines, in a similar pattern. The infantry systematically stationed in a stockier fashion,

Figure 7.4. Restitution of the whole 1669s fortification and encampments. Map by Séverine Hurard, Olivier Bauchet, Xavier Rochart, and Pascal Raymond, Inrap.

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Séverine Hurard, Olivier Bauchet, and Xavier Rochart

Figure 7.5. Restitution of the excavated section of the second fortification and encampments and restitution of the scansion of cavalry and infantry encampments on the 3.5 km fortification (1670). Map by Séverine Hurard, Olivier Bauchet, Xavier Rochart, and Pascal Raymond, Inrap.

behind the batteries of cooking pits, always next to the areas destined to the marketers and sutlers. It does not have such a strong footprint on the site as foot soldiers were not allowed to light fires next to the tents (Figure 7.5).

stables for horses. Due to the specific showcase function of the camps, the stables are unusually made of long-framed wood buildings, organised in individual stalls, leaving hundreds of postholes in the ground.3 Twenty-five stable buildings were identified at the benefit of the excavation. The stables are much more sophisticated here than they would be in the real battlefield.

The strong footprint of cavalry regiments contrasts with the apparent invisibility of the infantry regiments. On the second camp, infantry and cavalry battalions, gathering each about fifteen companies, alternate in a pattern always posting the infantry in front of the gates. The camps of the cavalry are marked by the strong representation of the

Séverine Hurard, Xavier Rochart, and Olivier Bauchet, “Régiments de cavalerie des troupes de Louis XIV. Les écuries du fort Saint-Sébastien de Saint-Germain-en-Laye,” Archéopages 41 (2015): 66–77. 3 

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 Preparing Louis XIV’s troops to siege warfare at Fort Saint-Sebastian (1669–70) The stables and cooking fires give a strong imprint of cavalry. The fires, set next along the tents, were small fireplaces often made of stones and mortar. The rhythm of the encampment is set by cavalry regiments. The apparent overrepresentation of the stables is first due to the fact that elite troops of the king’s military household are cavalry regiments (chevau-légers, gardes du corps, and gendarmes) and infantry regiments which are also mounted troops (grenadiers and musketeers). It is also designed to enhance the prestige of the cavalry composed of the king’s military household almost only accessible to the off springs of French nobility.

of experienced soldiers, with men who at least already participated to the War of Devolution (1667-68) against Spain, The Netherlands, England, and Sweden. From that campaign in Flanders, the soldiers brought back the fondness of beer, which is probably the reason why that drink is supplied and brewed by the army, inside the camps, as the archives clearly testify it. The learning-bydoing process is promoted through the diversity between novices and veterans. For most of the troops, especially the infantry regiments, going through camp life, its drudgery, its cohabitation, rhythms and rules is a definite learning. The analysis of the daily life of that society of men and women of war (including marketers, laundry women, chaplains, etc.) is strongly based on the quality and diversity of the artefacts found by thousands of pieces. Ceramics, sapper tools, coins, clay pipes, pins, compass, glassware, seeds are an abundant assembly of the material culture. It reveals large sections of consumption patterns and form of supplies. It shows that the heterogeneous society made of men of war, of sutlers, marketers, women, chaplains is sharing a common culture which made me used the expression of society of people of war to include the diversity of the social composition.

The estimation of 1,800 horses in 1669 and up to 9,000 in 1670, not including the pack horses, highlights the importance of logistic for the supply of water, fodder, and oat. For every company, two stables face each other. The rows of tents of cavalry men set on the outsides are marked by the presence of little cooking fires meant for the squad (usually around 8 to 16 men) whereas infantry is not allowed to light fires.4 7.2.3. A learning of the drudgery of camp life The organization of the two types of regiments clearly defines a difference in the way of life. The camp life is in some extent, tougher, harder for infantry, subjected to a strong cohabitation.

However, despite the abundance of the artefacts found on the two sites (15,000 shards of pottery, 10,000 rests of fauna, 2,250 fragments of metal for 60 kg, the assemblage is proportionally small considering the size of the sites and the amount of people. The archaeozoological study and the one of the blacksmith’s activity especially reveal that the material culture is only corresponding to the last days of each camp life. The confrontation between archaeological evidences and archives support a very strong hypothesis of waste management chain for wood, metal, manure, and latrines content, probably extended to a bigger range of material.6

Latrines, cooking fires, bases of huts and some of cellars show the reality of life in a military camp where civilians are living, trading, and participating to that heterogeneous community. For a lot of soldiers, the experience of the military life was probably the first experience of a social and cultural diversity. Men were recruited in various French provinces like Picardie, Ile-de-France, Normandy, Auvergne, or Languedoc, but also in other European countries to a smaller extent. Way before the First World War, siege warfare represented the crucible of a learning of otherness, through the confrontation to other languages and dialects, other culinary practices or other units of measures, which were not yet standardised. Those disparities could represent a significant obstacle for troops organization. Therefore, the men in companies were kept according to geographical and cultural origins. The inability to understand the orders was one of the reasons used by soldiers when caught after an attempt at deserting.5 Learning how to be an army corps necessarily came through a template process of habits and customs, starting with the supply of a standardised ration of beef and bread.

7.2.4. Markers of social distinction and markers of military identification It can also be a solid evidence of social distinction practices inside a strong hierarchical society and reveal for example the differences in standards of living and various accesses to resources (Figure 7.6). The remains brought to light reveal strong disparities regarding the comfort levels and standards of living. Social and aristocratic elites of the country were living with nameless and penniless soldiers, as much as all the intermediary ranks of lesser nobility and wealthy bourgeoisie, hoping to make a name and a social climbing through military prestige. The cavalry regiments of the royal households were the elite troops gathering the nobility ambitions. In 1669-70, the army is still a composite object completely intertwined with the civilian society. The rules and regulations are largely

Nevertheless, Louis XIV’s army were not an homogeneous corps of beginners. It also comprised of a large proportion Lynn, John. A., Giant of the Grand siècle. French Army, 1610–1715 (Cambridge: Cambridge University Press, 1997). 5  Hervé Drévillon, L’impôt du sang, le métier des armes sous Louis XIV (Paris: Éd. Tallandier, 2005).

Séverine Hurard, “Faiblesse ou absence de déchets sur les sites médiévaux et modernes. Recyclage, récupération ou les signes d’une structuration forte des réseaux d’échanges et de redistribution,” Les Nouvelles de l’Archéologie 151 (2018): 39–45.

4 

6 

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Séverine Hurard, Olivier Bauchet, and Xavier Rochart

Figure 7.6. Tableware, clay pipes, and other food-related objects give a rich and unique testimony of the variety of the consumption patterns on the sites. The standard cooking pot used for soups and stews contrasts with the range of decorated items reflect.

impeded with privileges and personal and vested interests and mainly by the competition between the two type of hierarchical rules and logics: the military ones versus the nobility ones. Tableware is an excellent indicator (cutlery, glasses, and decorated dinnerware) of social distinction practices showing the obligation made to officers to keep an open table to lesser ranking officers. On the other hand, the elements of clothing (buckles, buttons, pins medals or ornamental trimmings) show the freedom still given to the wealthiest to decorate costumes in a time where rules were not yet cast about uniforms.7

identify ranks or social status from the material culture. However, the organization of the second camp revealed an organization where the rhythms of encampments were also matching the assemblages of artefacts. It corresponds to excavated buildings equipped with cellars located at the rear of the line that could be the dwellings of some companies’ captains. Always placed at a fair distance from the companies (about 10 m), Some of them even seem to be fitted with a small courtyard surrounded by a little moat. One of them particularly stands out as the two buildings equipped with deep cellars are built up with stones, which is a unique case on the site. It revealed ceramics, stove tiles, and window glass. The domestic pottery was composed of 25 per cent of faience (absent from the soldiers’ dwellings) and also a few items made of Chinese porcelain (recently introduced in France). That is the only structure we can attribute to a high-ranked officer.

The social distinction also stands by the degree of sophistication and personal equipment of the excavated dwellings. The study of the meat consumption has been really helpful. The signal of that greater wealth is slightly stronger but not by huge length. Largely dominated by beef, the meat consumption is sometimes supplemented with poultry (in amongst which turkey was found), rabbits and veal. The fish consumption seems to be a good indicator of a greater luxury. Alongside salted fish was also found the evidence of fresh open sea fish sent to the camp in the middle of the summer within a few days.

If we only focus on the artefacts clearly related to the military activities, the number of occurrences is really low. Despite the fortifications, the castrametation or the art of organizing the encampment areas works a strong marker of the military identity. But a lot of the structures taken apart like excavated cellars or wells could also be found on many other dwellings for historical periods. It occurs that a few of the archaeological structures could work as good markers of siege warfare encampments. It is the case of latrines managed in batteries. But it is certainly the case

Generally speaking, archaeology entitles us to identify differences in the standards of living but hardly to 7 

Drévillon, L’impôt du sang.

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 Preparing Louis XIV’s troops to siege warfare at Fort Saint-Sebastian (1669–70) for cooking pits, also managed in batteries, which have been found on a few sites already in the north of France, Belgium or Luxembourg and were systematically related to siege warfare of the seventeenth and eighteen centuries.8

them, called remueurs de terre by Vauban, were employed for the construction of the siege fortification in Maastricht in 1673. The first fortification rampart is built by the digging of a 3 m deep moat for 7 m to 12 m width. The field fortification was an earthwork where the rampart was extended as a superstructure utilizing materials dug up from the moat and stabilised in several levels with gabions (baskets filled with earth) and wood equipment. The estimated volume of material extracted of 2,700 m long moat is 57,000 m3. The confrontation with the archives allows the place the beginning of construction in April 1669, ending mid-May with a great fanfare inauguration, about 50 days later (Figure 7.7).

From the point of material culture, the military equipment is not a strong signal. What is left of it goes down to muskets balls, a bullet mould, an artillery compass, sapper tools and earthwork equipment and a few other items. One piece of oboe or flute might be related to musketeers whose every company were fitted since 1663 with six drums and four oboes. But generally speaking, the military identity of the site is not a strong signal. Stables taken aside, even the cavalry regiments do not leave such a strong imprint on the site. The artefacts linked to horses compose a sample of over 40 pieces made of harnesses, spurs, horseshoes, and mostly currycombs. Those observations should encourage to relativise the importance of specific archaeological markers on military sites for those the Ancien Regime. Above all, it shows the importance of the size of the window to rely on the combination of spatial and material organisation.

The site, in particular the fortification of 1669, is also meant for experimenting the construction of a row clay masonry, which at the time of the excavation was a unique archaeological example of such a technique used in that scale. The excavation indeed revealed that the moat’s scarp was completely covered with a row clay masonry preserved on the full height of the moat. The clay, made of grey carbonate silts, was very likely collected in the alluvial plain of the Seine River. The cut made in the masonry shows that the clay elements are triangular clods of earth bound with the natural sand (Figure 7.8). This technique of masonry, implemented on the full length of the moat, was aimed at protecting the natural sandy scarp from erosion, from absorbing the shocks of cannonballs and preventing climbing attempts of the scarp.9

7.3. Training the troops and testing the operational capacities The Fort Saint-Sebastian and the following camp are not military academies and cannot be reduced to a training camp definition. The concept of preparation is probably more suitable as the camps are the base of a wide tactical training for the troops as much as a strategic one for the head of the army testing its own operational capacities. The gathering of huge human and logistical resources, at the gateways of Paris, during peace time is a general military rehearsal. Preparation of siege warfare is first the one of men and troops which will have to be attuned to camp and fortification implantation and to construction matters. It is above all a war of construction and earthwork. The sites are also the laboratories for enhancing techniques of siege warfare.

From supply management to operational implementation, the modus operandi implies an important manpower for extraction, transport, temporarily storage and construction, which also need to be minimally trained by experienced workers. For the 2,700 m length, the scarp of the moat needed to be covered an estimated 8,220 m² of clay material representing 1,700 m3 and 493,000 clay clods.10 The care taken to the construction of the seasonal field fortification shows the importance of the training preparation of the siege techniques, and the effort into setting a model fortification as close as possible to the real siege and combat conditions.

7.3.1. Construction and earthworks The construction of the two fortifications and camps is a logistical and technical exercise implying masonry and carpentry works, as latrines, stables and domestic units for the head of the army were built up in wood. Retrenchments, attack trenches, covered-way, demi-lune are all moated structures show the importance of earthworks requiring an important manpower, hardly qualified at first, and needing to be trained and taught the art of construction of earth and wood. Earthworks were theoretically to be done by the soldiers, meant to be the builders. But in practice, the soldiers often refused to fulfil the task, which was then achieved by enrolled peasants. For example, 7,000 of

Presumably inspired by Dutch techniques of field fortification, because of its better adaptation to soft grounds, the technique seemed quite unknown from archaeology at the time of the excavation, although, the technique of grassy surface was recommended in the military manuals of the seventeenth century.11 The technique seems Séverine Hurard and Gwenaël Mercé, “Fortifier en terre au XVIIe siècle : l’escarpe maçonnée en terre crue du Fort Saint-Sébastien de Saint-Germain-en-Laye,” Archéopages 42 (2015): 106–115. 10  Hurard and Mercé, “Fortifier en terre”. 11  Jamel Ostwald, “Vauban et la guerre de siège,” in Vauban, bâtisseur du Roi-Soleil, ed. Isabelle Warmoes et al. (Paris: Somogy, 2007), 132–141; Charles van den Heuvel, “Les ingénieurs dans la boue : adapter les styles internationaux aux pratiques néerlandaises en matière de fortifications,” in Vauban, bâtisseur du Roi-Soleil, ed. Isabelle Warmoes et al. (Paris: Somogy, 2007), 42–47. 9 

Isabelle Deramaix, Solène Denis, Sylvie De Longueville, Olivier Collette, and Adrien Dupont, “Les vestiges d’époques historiques mis au jour sur le site des Haleurs à Ath,” Bulletin du Cercle Royal d’Histoire et d’Archéologie d’Ath et de la Région 13, no. 298 (2018): 497–532. 8 

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Séverine Hurard, Olivier Bauchet, and Xavier Rochart

Figure 7.7. Head of the south-west bastion of the first fortification. The scarp of the moat is entirely covered with row clay material appearing at first as a smooth surface cladding. Photo: Séverine Hurard, Inrap.

nowadays more common at least in the French methods of siege construction than it was first assumed. As since the discovery, two other examples occurred one in Metz as digging the seventeenth-century moat of the city,12 the other one in La Rochelle, digging up the circumvallation line of the famous siege of the early seventeenth century.13 Hopefully, future research on siege warfare fortifications will allow to increase the knowledge of such a technique. 7.3.2. Attack trenches and preparation of the assault Implemented once bivouacs have been set, the attack trenches are another earthwork’s exercise of the siege warfare. They consist of a complex zigzagging network, originally topped with slopes, allowing soldiers to prepare the assault towards the bastion, protected from direct fire of besieged troops. Usually deploying on hundreds of meters of distance, those networks were, in the model refined by Vauban, linked to three main communication ditches called ‘parallels’, also containing the battalions and used to set the artillery batteries. Technical innovation of the seventeenth century, their installation was a dangerous earthwork activity done under pressure as the troops were exposed to open fire from the besieged city. They were dug according to a fine procedure, based on the rotation of teams amongst the army, and on the

Figure 7.8. Once dug up, the cladding appears to be a full-on technique of masonry meant to absorb the shocks of artillery. The masonry is made of triangular clods and alluvial sand to rest the foundation. Photo: Séverine Hurard, Inrap.

Christian Dreier and Marianne Escoffier, “Metz (Moselle). Ancienne manufacture des tabacs,” Archéologie médiévale 44 (2014): 275. 13  Barbier 2019, work in progress. 12 

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 Preparing Louis XIV’s troops to siege warfare at Fort Saint-Sebastian (1669–70)

Figure 7.9. Print from the 1670s Almanac representing ‘L’exercice et Attaque faite au Fort de Saint Sebastien en presence de leurs Maiestez’. BnF, Reserve QB-201 (171)-FT 5 [Hennin, 4534].

rotations of soldier’s position inside the same crew, in order to reduce the time of exposure at close range of the enemy. They required an initial survey, a constant supply for material and equipment and a precise allocation of duties.14

Vauban (Louis XIV’s most famous military engineer) was only implemented for the first time for the siege of Maastricht in 1673, 4 years later. It shows that, under the eye of the king and his most prestigious staff, the fort was definitely a laboratory for developing siege warfare techniques.

It is inconceivable that the exercise was not submitted to training and rehearsal, especially considering that the brigades of professional sappers and corps of engineers did not exist until the beginning of the eighteenth century. A large-scale training would have had to be set in Fort Saint-Sebastian in order to test the abilities of the troops as much as those of the engineers and commanders.

The importance of that experimentation is highlighted by the official gazettes registering for 29 July 1669 that the king initiated the digging of the trenches to give, to the ladies of the Court, the show of a fort’s capture.15 The excavation also revealed a unique collection of digging and earthworks tools represented by a few irons of shovels, pickaxes, and axes.

The Fort Saint-Sebastian represents the only archaeological example of attack trenches, so far, in France. The network spreading on about 5 ha represents a cumulated length of 1,300 meters. Showing a shallow conservation, they can sometimes reach 140 cm deep for an average width of a 1.50 m. Networks of ditches, located on the south-west bastion, are clearly linked to the first fortification. Two networks linked by one parallel can be considered as a prototype as the siege warfare technique, rationalised by

The same gazette indicates that an assault exercise was given as a show on 5 August 1669 with ‘quantities of canon discharges, of musketry, bombs, and grenades’. The same kind of show is reproduced on a print of the 1670s almanac. The royal family, at the forefront, is preceded by the king’s musketeers, all attending the attack of what seems to be the south-west bastion of the 1669s fort. Through big clouds of smoke can be seen the tips of polearm weapons of the soldiers heading and going through the breach made in the rampart by the artillery (Figure 7.9).

John Childs, Warfare in the seventeenth century (Washington: Smithsonian Books, 2004); Ostwald, “Vauban et la guerre de siege”; Isabelle Warmoes, “Vauban et l’art de la fortification,” in Vauban, bâtisseur du Roi-Soleil, ed. Isabelle Warmoes et al. (Paris: Somogy, 2007), 190–197. 14 

Gazette ou Recueil des gazettes et nouvelles, ordinaires et extraordinaires (Paris: Bureau d’adresse, 1669), 764. Bibliothèque nationale de France, Microfilm M-197 (25), n°62. 15 

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Séverine Hurard, Olivier Bauchet, and Xavier Rochart Of those exercises, only the scarp of the first fortification seems to have recorded the stigmata of combat. The wall clay cladding of the south-east bastion, opposed to the almanac picture, shows likely mutilations, concentrated in the same area. The clay cladding is dislocated rather than detached as a fallen part. The clods seem to be uncoupled from the substrate through some mechanical action. In this form, undermined and collapsed, the scarp can easily be climbed on. Proof of a training including the use of canons, those very localised damages support the hypothesis of a one-off exercises, due to their cost, heavy management and planning. The excavation also shows that the ballistic exercises were including the musket fire as a lot of musket balls were found smashed and damaged. A mould for musket balls is also part of the collection. The learning of combat and assault techniques was also a familiarization to the noise of guns and canons fired as much as to the general agitation of the ruled movement of thousands of men and horses in the training field, which was obviously a valuable show and demonstration of strength for the king and his court.

Correspondences, chronicles of official gazettes, property records, supply contracts, internal rules and regulation and even the personal documentation of Louis XIV or diplomatic mails all enriched our perception of the importance and of the little revolution incarnated by the two camps. The message is clear for everyone in 1670, and nobody is surprised anymore in seeing the 30,000 people gathered for the special occasion, leaving in August 1670 and marching towards the East of France. Under the commandment of the Marshal of Créquy, the troops eventually reached, in 1673, the key stronghold of the Dutch Republic, the city of Maastricht, and won the subsequent siege in 13 days. 7.4. Conclusion The site is a fairly unique testimony of a large-scale training and preparation to the Franco-Dutch War. The two field fortifications highlight a strong investment into preparation of siege warfare. They can definitely be understood as laboratories of rationalization processes.

7.3.3. The large-scale manoeuvres

The training of troops to siege warfare is another translation of the will of rationalization of logistical and human resources wanted by the French administration run by the marquis of Louvois. For the first time, not only the officers were to be taught and trained but also the soldiery, shaped in the field, simulating the real deal.

The capacity offered by the plain of Achères for gathering horses and men for large-scale manoeuvres definitely favoured the choice of the location. The ideal ground of meadows and farmlands was also less than 10 km from the royal castle and town of Saint-Germain-en-Laye, right in the heart of the Parisian supplying markets. The training was led on a vast territory of 200 km² spread on both sides of the river between Andrézy, Conflans, and Montesson.

The invasion of the Dutch Republic, was decided at the highest level (by Louis XIV, Le Tellier, Louvois, Turenne, etc.) right from 1670, although the war was only declared in 1672. It started with an early careful logistical preparation for goods and ammunition supplies.

The learning, above all collective, is about moving in marching order, forming the battalions, closing ranks, and simulating attacks and defences. It is a large-scale rehearsal of choreographed movements mixing cavalry, infantry and artillery units. The foot soldiers are being used at handling polearm weapons like spades and halberds. The plain musketeers (not to be mistaken with the king’s musketeers, special units of bodyguards) have to train at handling the musket and its whole equipment.

The maintain and training of men of war through peace time is the beginning of a process of rationalization of the armies which will blossom in the eighteenth century in France. It will then be the opportunity for men of any rank to make a career within the army. It highlights that particular European political context as much as the emergence of a standing army.

The maintaining and the managing of horses is also at stake in order to familiarise them to the combat’s fury, screams, and cannonades. Generally speaking, the rehearsal is a large-scale test of the ability and efficiency of the commandment of companies and battalions.

The investigation launched with the archaeological excavation has probably triggered in France a completely new prospect of siege warfare archaeology.16 The scale of the excavation which might be seen as extravagant, even in the French preventive system was probably the only decent scale to understand from archaeological remains the complexity of those military organizations and deployments.17

The rehearsal is held as a show under the scrutiny of the court as a military and diplomatic necessity. The site is used as a theatre for staging military reviews attended by French heads of state and foreign ambassadors. The exercise of counting the men, controlling the quality of the equipment and of the training is under maximum pressure. It is a demonstration of strength showing the defensive and offensive capacities of the king’s army, sent as a message to all the European countries susceptible to be opposed to Louis XIV’s ambitions. The site is the tool of a persuasion exercise aiming at weakening the other warring parties’ motivation.

Séverine Hurard, Yann Lorin, and Arnaud Tixador, “ Une archéologie de la guerre de siège moderne (XVIIe-XVIIIe siècles) à l’échelle européenne,” Les Nouvelles de l’archéologie 137 (2014): 19–24. 17  Paul Courtney, “The archaeology of the early-modern siege,” in Fields of conflict: progress and prospect in battlefield archaeology, ed. Philip W. M. Freeman and Anthony Pollard, BAR IS958 (Oxford: British Archaeological Reports, 2001), 105–115. 16 

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8 Les campements militaires à Ninove (1667–1748) : premiers résultats des fouilles archéologiques Arne Verbrugge1, Erik Wauters2, Bart Cherretté1, Maxime Poulain3, and Marc Brion4 SOLVA, Industrielaan 25B, 9320 Aalst, Belgium 2 Independent researcher 3 Ghent University, Sint-Pietersnieuwstraat 35, 9000 Ghent, Belgium 4 Flanders Heritage Agency, Havenlaan 88, 1000 Brussels, Belgium 1

Abstract: This chapter discusses the preliminary results of the archaeological excavations of three military camps in Ninove, dating from the seventeenth and eighteenth centuries. The excavations took place in 2018–20 at the site ‘Doorn Noord’ and covered an area of about 22 acres. Two camps are dating from the Nine Years’ War (1688-97), more precisely to 1692 and 1693. We are fairly well-informed about these camps, due to historical and cartographic research (see Wauters and Verbrugge, this volume). The location and the orientation of the outlines of the excavated camps match almost perfectly with the disposition of the troops as depicted on contemporary plans. Two other camps date from the War of the Austrian Succession (1740–48). The most important camp is situated during the autumn of 1745, when the French army camped between Aalst and Ninove for five weeks. Although no detailed plan of the camp of 1745 has yet come to light, archival research has revealed the identity of some of the troops present (see Wauters and Verbrugge, this volume). Furthermore, in 1744, a fourth camp is known for the location, but no archaeological remains can be attributed to this camp. During the excavations, 471 features have been found that can be related to these camps. The vast majority had at least one hearth structure, but a variety of other features could be observed. For the oldest camps, a typical feature is a shallow pit, provided with one or more niches for a fireplace. Other, larger structures might have been destined for officers. The 1745 camp revealed different types of features. Large underground, apparently roofed structures or shelters, provided with benches, stairs, postholes, a chimney and different types of hearth-structures, are common. They are the result of a slightly different type of camp, suited for a longer stay in more severe weather conditions, typical for the end of the campaign season. Structural elements as well as recovered artefacts indicate the presence of cavalry and ‘elite’ units, such as the Household Cavalry. During the post-excavation research, the archaeologists will focus on the question whether the remains of the camp of 1692 can be distinguished from those of the camp of 1693. Despite having a higher number of features than the eighteenth-century camps, the remains of these phases are less well-preserved. The accumulation of several camps on the same location, a frequent problem – as good campsites did not abound – complicates the interpretation of the archaeological dataset. The interpretation is further hampered by the fact that no physical evidence was found of camp borders. Either the camps were not entrenched, either these moats were located outside the excavated area. As no latrines or burials were found, the latter is likely the case. It illustrates that large-scale excavations are needed to come to a full understanding of early modern encampments. This chapter concludes with some future lines of research. For the features that have been recovered, a typology supplemented with several analyses will generate more insights on their function and the overall layout of the camps. The study of material culture, such as some rather uncommon glass- and tableware and the remains of weapons and weapon-related artefacts, will undoubtedly provide more information on the structure of the camps and its occupants. Finally, we reflect on the way in which archaeological research contributes to knowledge on modern military camps and the added value of the archaeology of features that have already been documented through historical sources. Keywords: Belgium, Ninove (Flanders), Nine Years’ War, War of the Austrian Succession, military encampments, large-scale archaeological research. 99

Arne Verbrugge, Erik Wauters, Bart Cherretté, Maxime Poulain, and Marc Brion

Figure 8.1. Emplacement de la zone de recherche (1) ; autres parcelles ayant fait l’objet d’un suivi archéologique (2) + (3) ; ancienne abbaye des Saints Corneille et Cyprien à Ninove (4) ; sources (5). © SOLVA Dienst Archeologie.

8.1. Introduction1

Au fil de l’histoire, le site a été un lieu de campement de choix et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, il se trouve non loin de l’ancienne route de Bruxelles à Gand, un axe majeur. Ensuite, la proximité des villes de Ninove et d’Alost, et de la rivière la Dendre en faisait un lieu stratégique qui offrait, en plus, des possibilités en matière de stockage et de transport, tant de matériel de guerre que de nourriture. Enfin les caractéristiques intrinsèques du lieu ont certainement joué un rôle important. Le terrain plat et situé légèrement en hauteur constitue un lieu favorable à l’établissement d’un camp. Les bois des alentours offraient les combustibles nécessaires au feu de cuisson et au bivouac. La proximité d’eau est d’importance vitale pour les hommes, ainsi que pour les nombreux chevaux et animaux de trait dont a besoin une armée. Les multiples cours d’eau autour du site, ainsi que les étangs de pêche de l’abbaye de Saint-Corneille et de Saint-Cyprien, aujourd’hui disparus, qui étaient situés à environ un kilomètre du site (Figure 8.1:4), ont certainement été utilisés à bon escient. Le paysage héberge en plus différentes sources (Figure 8.1:5), qui ont, sans aucun doute, été utilisées, puisque certaines d’entre elles sont spécifiquement mentionnées sur une carte de 1693.

Des fouilles archéologiques, menées à Ninove en 2018–20, ont mis au jour des vestiges de plusieurs camps militaires des temps modernes. Ces fouilles ont été effectuées, comme le prévoit la législation, en amont des travaux d’aménagement d’une nouvelle zone d’activité Doorn Noord (env. 23 ha). Une superficie d’environ 9 ha a pu être décapée. Une recherche d’une telle envergure permet d’offrir un regard unique sur les camps militaires de l’époque. Plus encore qu’au niveau historique, en matière archéologique la connaissance de ces structures n’en est encore qu’à ses débuts en Flandre (cf. Brion, ce volume). Dans le passé, ces vestiges ne furent, le plus souvent, pas reconnus, ou on n’y prêtait guère d’attention, en raison de leur datation plutôt récente. Pourtant l’étude de celles-ci offre de nombreuses perspectives pour approfondir notre connaissance sur cette période turbulente de notre histoire. L’achèvement de la fouille permet de dresser un premier bilan, présenté dans cette étude. 8.2. Localisation La zone de recherche est située dans la périphérie nord de la ville de Ninove, sur une croupe de terrain limoneux, en bordure extérieure de la vallée de la Dendre (env. 33 m DNG) (Figure 8.1). A une échelle plus large, la région spacieuse se caractérise par un paysage vallonné au soussol tertiaire masqué par des lœss.

8.3. Les étapes du diagnostic

Les auteurs tiennent particulièrement à remercier Vincent Desbrosse pour la relecture de ce chapitre.

2 

Les étapes du diagnostic ont été les suivantes : une étude de bureau, une recherche avec des radars à pénétration de sol (sur 2,8 ha), des sondages à la pelle mécanique (15,8 pour cent de la surface ouverte) et enfin une prospection du terrain à l’aide de détecteurs de métaux (12,4 ha).2 La Le diagnostic a été réalisé par la service archéologique de SOLVA. La recherche avec des radars à pénétration de sol a été faite par

1 

100

Les campements militaires à Ninove (1667–1748) 8.4.2. Méthodologie

présence de camps militaires à cet endroit était totalement inconnue : ni la recherche documentaire préalable aux sondages, ni la prospection géophysique n’avaient révélé leur existence.3 Les témoins matériels des camps ne sont apparus qu’au moment des sondages, qui ont mis au jour pas moins de 139 foyers. Les différents creusements testés ont livré aussi bien du mobilier du dix-septième que du dix-huitième siècle. La campagne de détection de métaux ne fut exécutée qu’après l’achèvement des sondages et rapporta 869 objets, dont une quantité très limitée peut être mise en relation avec les camps.

Les structures ont, pour la plupart, été fouillées par moitié et par couches. En leur milieu, la réalisation de coupe stratigraphique débordante a permis de bien mettre en évidence les aménagements (excroissances, emmarchements, etc.). Les vestiges les plus petits ont été examinés à l’aide de coupes simples. Un petit nombre de creusements a été vidé « en négatif » afin de préserver les bords des fosses. Les vestiges les plus grands et les plus complexes, ont généralement été appréhendés par quarts opposés, à l’exception des vestiges fouillés « en négatif ». Quant aux structures qui n’excédaient pas un mètre de diamètre, elles ont été vidées à la main. Dans tous les cas, les comblements ont été totalement enlevés. Souvent il a été nécessaire de faire des relevés à différents niveaux, étant donné que certains éléments comme les structures de combustion, les trous de poteau ou les banquettes n’apparaissaient qu’à à un niveau inférieur.

8.4. La recherche archéologique 8.4.1. En général A côté des vestiges de campements militaires, furent mis au jour également deux tumulus du Néolithique final, différents vestiges des âges des métaux et un habitat galloromain.4

Si un comblement charbonneux était présent près de la structure de combustion – ce qui était le cas pour la plupart des vestiges – celui-ci a été échantillonné et tamisé avec un maillage de 2 mm, afin de récupérer du mobilier et des déchets alimentaires. Dans certains creusements, des couches charbonneuses ont fait l’objet de prélèvements en vue d’études carpologiques, anthracologiques et archéozoologiques. Étant donné que les remplissages ne contiennent que très peu de mobilier, ces comblements sont souvent, hormis la typologie du vestige, la seule source d’information. Par ailleurs des études micromorphologiques sont prévues sur les échantillons situés à la base des stratigraphies afin de déterminer la présence d’éventuels revêtements de sol. Enfin quelques foyers ont été échantillonnés en vue de datations OSL (optical stimulated luminescence)7 et archéo-magnétiques.8

Les recherches en archives (cf. Wauters et Verbrugge, ce volume) révélèrent quatre camps différents sur le site des fouilles : il s’agit de deux camps de la Grande Alliance de la Guerre de neuf ans (1692–93)5 et de deux camps de la Guerre de succession d’Autriche, notamment un camp autrichien (1744) et un camp français (1745). Toutefois, à l’heure actuelle, aucun vestige archéologique du camp de 1744 n’a été observé. Ce camp reste alors uniquement connu par les sources historiques. Lors de la fouille, 471 ‘vestiges’6 de camp ont été mis en évidence, contenant 406 structures de combustions. Le rapport de fouille est encore en cours, par conséquent, les résultats sont partiels. Sur la base des observations de terrain et de la détermination de quelques découvertes, une première distinction prudente peut être établie entre les vestiges du dix-septième et ceux du dix-huitième siècle. Celle-ci nous a permis une description préliminaire des structures générales et du mobilier pour les différents camps. De ces premières constatations découlent un nombre d’hypothèses sur la disposition des camps, qui seront à confirmer par de plus amples recherches.

8.5. Les camps de 1692 et de 1693 8.5.1. Premiers liens entre archives et objets archéologiques Les sources écrites et cartographiques confirment la présence de camps militaires de la Grande Alliance sur le site de Ninove en 1692 (du 20 au 25 août) et en 1693 (du 20 septembre au 16 octobre). Cependant ces deux camps sont difficiles à dissocier archéologiquement, le camp de 1693 occupant en majeure partie le même terrain que celui de l’année précédente, comme le démontrent les plans (Wauters et Verbrugge, ce volume). Mais d’ores et déjà, quelques objets emblématiques sont attribuables à la première ou à la seconde occupation.

le Groupe de recherche sur l’inventaire spatial des sols (ORBit) – Faculté des Bioingénieurs, Université de Gand : Arne Verbrugge et al., Ninove Hof ter Groeninge – bedrijventerrein. Archeologienota, SolvaArcheologierapport 111 (Erembodegem: SOLVA, 2017). 3  La connaissance archéologique concernant les campements militaires en Flandre n’en est encore qu’à ses débuts. Un aperçu systématique des campements de l’Epoque moderne en Flandre n’est pas disponible à l’heure actuelle. La recherche avec des radars de sol était en premier lieu une étude de faisabilité pour le fonctionnement de différentes techniques sur ce type de sol. La partie examinée se trouvait par coïncidence à la hauteur des camps. 4  La fouille a été réalisée par SOLVA. 5  Cette guerre est connue sous plusieurs noms : guerre de la ligue d’Augsbourg (France), Pfälzische Erbfolgekrieg (Allemagne) et guerre de Neuf ans ou guerre de la Grande Alliance (Pays-Bas, pays anglosaxons). 6  Un vestige = l’ensemble de couches et de foyers pour une structure militaire unique.

Au premier chef, une pièce de monnaie en cuivre, un « liard » daté de 1693, qui a été retrouvée dans l’un des creusements, est à cet égard pertinent. Mais l’étude d’autres objets offre des perspectives intéressantes. Ainsi 7  8 

101

Recherche par le Département Géologie – Université de Gand. Recherche par l’Institut Royal Météorologique de Belgique.

Arne Verbrugge, Erik Wauters, Bart Cherretté, Maxime Poulain, and Marc Brion

Figure 8.2. Vestiges typiques des camps de 1692 et 1693. © SOLVA Dienst Archeologie.

8.5.2. Description des vestiges archéologiques

l’analyse des balles de plomb peut sans doute fournir des indications quant aux régiments présents dans la zone des fouilles (cavalerie ou infanterie, nationalité, etc.), même si en ce domaine prudence s’impose, vu la multitude de calibres en usage à l’époque.9 Surtout la trouvaille, exceptionnelle pour nos contrées, d’une monnaie de sixpence (‘bawbee’) – à l’effigie de Charles II d’Angleterre – frappée en Ecosse en 1678 revêt un intérêt particulier (Figure 8.4:1). En effet, en 1693 des troupes écossaises ont bivouaqué dans la périphérie septentrionale de la zone de recherches, comme en témoigne la carte manuscrite du camp de cette année, contenant les noms et la localisation de chacun des régiments présents (cf. Wauters et Verbrugge, ce volume).

Le nombre de vestiges archéologiques, qui peut à ce jour être mis en relation avec les camps de 1692 et de 1693, est estimé entre 330 et 360. Le type de vestige le plus fréquent sont les fosses à foyer, rondes ou rectangulaires, dotées d’une ou plusieurs structures de combustion (type 1) (Figure 8.2). Puisque leurs terrassements ont été limités (rarement plus de 10 à 15 cm de profondeur sous le niveau de décapage), il n’est donc pas à exclure qu’elles aient pu être plus nombreuses à l’origine et que les travaux agricoles aient fait disparaître les plus superficielles. Cependant on peut tout de même noter, par endroits, des alignements d’une dizaine de ces fosses à foyer.

En outre, dans certains cas, un même calibre de balle peut se rapporter à plusieurs types d’armes et à des troupes de différentes nationalités.

Dans la plupart des cas, le foyer se trouve dans une excroissance rectangulaire. Certaines fosses présentent

9 

102

Les campements militaires à Ninove (1667–1748)

Figure 8.3. Vue du mobilier présent au fond d’une fosse (camp de 1692 ou 1693). © SOLVA Dienst Archeologie.

8.5.3. Description du mobilier

plusieurs excroissances avec des structures de combustion. Les foyers sont aménagés à un niveau plus élevé que les sols des fosses. La plupart des fosses contient un comblement charbonneux sur le sol. Des indices laissent à penser que les sols furent à l’époque couverts de paille. La position des foyers au sein des fosses, semble choisie de façon aléatoire. Ces foyers sont probablement à interpréter comme des feux de cuisson ou des feux à chauffer, voire ils remplissaient ces deux fonctions simultanément. La plupart des comblements charbonneux contient des restes de consommation calcinés.

Généralement, les creusements livrent très peu d’objets. Dans les fosses, nous avons rencontré les catégories suivantes de mobilier (Figure 8.3) : céramique, objets ferreux, objets non-ferreux (monnaies, balles de plomb, boucles, dés, boutons, boîte d’amadou, etc.), pipes, bouteilles de vin, verres de vitre11, verres à vin, matériaux de construction, pierres à fusil, fusaïoles, restes de consommation brûlés et déchets animaliers. Très rarement, d’autres restes organiques, comme des petits fragments de textile, de paille et de cuir ont été mis au jour.

A la base des coupes stratigraphiques, on peut remarquer de petites bandes de sédiments qui résultent de l’infiltration successive des eaux de pluie. Ces niveaux nous indiquent probablement que ces fosses n’étaient pas couvertes durant la période de leur utilisation, ou que, quand le camp fut levé, elles n’ont pas été comblées immédiatement.

La céramique présente un éventail hétérogène de formes. En plus des assiettes et des pichets, il faut signaler des poêles tripodes à anses ainsi qu’à manches. Ces ustensiles portent parfois des traces de suie. Les comblements ont livré huit monnaies. Parmi elles, ont été identifiés : trois monnaies de Charles II d’Espagne (1693; 1691-96 et 1691–1700), un liard d’Albert et Isabelle (1610), ainsi que la pièce écossaise de sixpence (‘bawbee’) (1678), voir supra. Lors de l’opération réalisée sur la parcelle contiguë (Figure 8.1:3), un liard de Maximilien Henri de Bavière (1650-88) a été trouvé.

En plus de ces fosses superficielles à foyer, d’autres types de vestiges nous sont également parvenus. Parmi ceux-ci figurent des fosses plus grandes et rectangulaires, creusées plus profondément, avec un foyer (type 2) (Figure 8.2). Occasionnellement, des trous de poteau en relation avec ces vestiges ont été retrouvés, indiquant des constructions couvertes. Ces vestiges indiqueraient-ils des abris réservés aux officiers, aux malades, aux soldats ou aux vivandiers ? A ce stade de la recherche, il n’est pas encore possible de trancher entre ces hypothèses, car la présence de vaisselle (verres à vin), de restes de cinabre10 et de fusaïoles nous oriente dans des directions différentes.

Quelques fosses ne contiennent que des déchets d’abattoir. Selon une première analyse, il s’agit surtout de crânes, de mandibules et d’os de membres inférieurs de bétail. Dans quelques cas, il s’agit d’ossements appartenant à des moutons ou à des chèvres. Une découverte remarquable est celle du squelette complet d’un équidé, dont les sabots n’avaient pas été ferrés. L’absence de paturons d’orteil auprès des membres antérieurs attire l’attention.12 Toutes ces fosses appartiennent probablement à la phase 1692-93.

Un autre type de vestige, beaucoup plus rare, se présente sous forme de fosses rectangulaires, sans structures de combustion, qui servaient peut-être de lieux de stockage.

Il s’agit probablement de restes de vitraux, provenant d’une fenêtre devant un abri ou récupérés pour refondre le plomb. 12  Les membres postérieurs ont été perturbés, ce qui n’a pas permis de déterminer si c’était également leur cas. 11 

Sous forme de pommade, le cinabre était utilisé contre les maladies cutanées. 10 

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Arne Verbrugge, Erik Wauters, Bart Cherretté, Maxime Poulain, and Marc Brion

Figure 8.4. Monnaie de sixpence (‘bawbee’) – à l’effigie de Charles II d’Angleterre – frappée en Ecosse en 1678 (1), pipe avec un fourneau figuratif en forme de « tête de Turc », originaire de Gouda (2), pipe complète (3), assiettes (4) et outils (5). © SOLVA Dienst Archeologie.

8.5.4. La répartition spatiale

En plus de ces traces de la vie quotidienne, certains vestiges ou objets indiquent des activités artisanales. Quelques fosses contiennent des restes d’activités de forge. La présence de balles de plomb non-ébavurées, ayant conservé la protubérance cylindrique provenant du canal d’alimentation du moulage, peut indiquer une production individuelle de balles dans le camp. Toutefois, contrairement aux champs de bataille, très peu de balles ont été retrouvées. La raison est logique, car la majeure partie des munitions était entreposée au parc d’artillerie, dont l’entrée était strictement interdite aux personnes non autorisées.13

D’une manière générale, les creusements s’organisent en deux grandes bandes : une bande septentrionale (Figure 8.5: concentrations A-B-C-D) et une bande méridionale (Figure 8.5: concentrations E-F-G). En dehors de ces groupes, figurent d’autres vestiges de la même époque, mais ils se présentent sous une forme moins concentrée. Le groupe de vestiges septentrional est situé sur la crête de la colline qui traverse la zone de fouille. La bande est orientée selon un axe sud-ouest – nord-est. En son sein, quatre concentrations peuvent être distinguées. Les ensembles A et B ont une orientation légèrement différente des ensembles C et D. Toutes ces concentrations ont une largeur comprise entre 5 et 25 m, et une longueur entre 35 et 75 m.

Des outils comme un couperet, un hachoir et une pelle fournissent des indications quant aux activités journalières des soldats et vivandiers (Figure 8.4:5) : creusement d’abris, coupe de bois et de fourrages, etc. Les restes des pipes sont souvent très fragmentaires. Deux exceptions notables sont à signaler : une pipe avec un fourneau figuratif en forme de « tête de Turc », ainsi qu’une pipe complète non utilisée (Figure 8.4:2–3).

Le groupe méridional suit la même orientation et est situé à environ 370 m au sud du groupe septentrional. Les sondages au nord-est de ce groupe ne révélèrent pas de vestiges de camps. Il reste encore à préciser si l’absence de traces archéologiques dans le prolongement peut être attribuée au degré plus élevé d’érosion et de perturbations récentes à cet endroit, ou si elle constitue la limite réelle

Olaf van Nimwegen, De subsistentie van het leger (Amsterdam: De Bataafsche Leeuw, 1995), 44–45. 13 

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Les campements militaires à Ninove (1667–1748)

Figure 8.5. Aperçu des vestiges de camp avec indication des aménagements de 1692-93 : A-B-C-D-E-F-G. © SOLVA Dienst Archeologie.

8.5.5. Interprétations préliminaires

de la zone du camp (Figure 8.5: concentration E). En outre, il est également possible qu’il s’agisse d’une zone où les structures ont été creusées moins profondément (par exemple des tentes). Des fouilles récentes, effectuées dans un site adjacent (Figure 8.1:3) pourraient fournir une réponse à cette question. A l’intérieur du groupe méridional, des concentrations similaires, d’environ 40 à 50 m sur 30 m, ont été mises au jour (Figure 8.5: concentrations E-F-G).

L’orientation des groupes méridionaux et septentrionaux correspond tout à fait avec celle des doubles lignes qui figurent sur les cartes historiques. Dans chacune de ces lignes, des concentrations sont observées. Chacune d’entre elles peut correspondre à la présence d’un seul bataillon ou escadron. Deux niveaux de structures peuvent être distingués. Premièrement, on peut observer 105

Arne Verbrugge, Erik Wauters, Bart Cherretté, Maxime Poulain, and Marc Brion

Figure 8.6. Vue d’un abri du type 4. © SOLVA Dienst Archeologie, photo : Dirk Wollaert.

des alignements de structures de combustion du type 1. Celles-ci sont probablement à associer avec les zones où les soldats et/ou les vivandiers accrédités14 réalisaient leurs cuissons. Deuxièmement, à proximité des alignements, apparaissent des constructions plus larges et couvertes, qui possèdent également des structures de combustion (type 2). Ces structures sont à interpréter comme des abris pour les soldats ou des cabanes pour les officiers et/ou pour les vivandiers.

fouille, contient neuf vestiges de camp (Figure 8.1:2).16 Un deuxième terrain a livré 20 vestiges de camp, et se trouve 250 m à l’est du groupe méridional (Figure 8.1:3).17 8.6. Le camp de 1745 8.6.1. Description des vestiges Pour cette période, le nombre de creusements est estimé entre 110 et 140. Comme pour les camps antérieurs, plusieurs types de vestiges peuvent être distingués. Un premier type (type 3) (Figure 8.8), le plus fréquent, consiste en une fosse, de forme plus ou moins rectangulaire, avec un foyer. Les fosses sont nettement plus profondes que celles des camps de 1692-93, puisqu’elles peuvent atteindre jusqu’à environ 1 m sous le niveau du sol actuel. La plupart de ces fosses est munie de banquettes. Ces banquettes servaient probablement aussi de marches pour entrer et sortir de la fosse. Parfois il y a tout de même un niveau additionnel, taillé dans le bord de la fosse, qui servait de marchepied. Occasionnellement des trous de poteau sont aperçus, qui indiquent la présence d’un toit (léger) ou d’une couverture.

L’implantation exacte des rangées de tentes, n’est actuellement pas encore établie, car celles-ci n’ont probablement pas laissé de traces archéologiques. Il importe d’ailleurs de souligner ici que l’emplacement, l’ordre et les dimensions des zones destinées aux soldats, aux officiers et aux vivandiers varient aussi bien par armée que par époque, comme en témoignent les différents recueils de castramétation.15 Un défi majeur des recherches futures consistera à cerner ces structures, tant en général que sur le terrain à Ninove. Il est évident que les fouilles n’ont jusqu’à présent mis au jour qu’une infime partie du camp, qui s’étendait à l’origine sur une longueur d’environ 8 km. En outre le camp n’a probablement pas été abordé sur toute sa largeur, comme le démontrent deux interventions de diagnostics archéologiques réalisées à proximité du site. Elles ont révélé d’autres creusements modernes d’origine militaire. Un premier site, à 250 m au sud-ouest de la zone de

Un deuxième type d’abris (type 4) est plus profond et plus large que le premier type (Figure 8.6 et 8.8). Le sol de ces structures, se situe de 1,5 à 2 m en dessous de la surface. La longueur varie entre 3 et 6 m. Ces structures, pourvues Ninove – Denderhoutembaan. Voir : Arne De Graeve, Arne Verbrugge, Marieke Buckens, and Bart Cherrette, Ninove – Denderhoutembaan – Dierenbegraafplaats. Archeologienota, SOLVA Archeologierapport 63 (Erembodegem: SOLVA, 2017). Le diagnostic n’a pas donné lieu à la prescription d’une fouille archéologique. 17  Ninove – Doorn Noord – verbindingsweg. Voir : Jolan De Kempeneer and Arne Verbrugge, Ninove Doorn Noord – Verbindingsbaan. Archeologienota, SOLVA Archeologierapport 202 (Erembodegem: SOLVA, 2020). Le diagnostic fut suivi d’une fouille, dont le rapport est en cours de rédaction. 16 

Il y a lieu de distinguer entre les vivandiers accrédités par l’armée, dont le nombre était limité (à six par bataillon et deux par escadron dans les armées hollandaises et anglaises) et qui campaient dans les lignes, et les vivandiers qui occupaient une « place de marché » aux abords des camps : van Nimwegen, De subsistentie van het leger, 44–45. 15  Voir e.a. les œuvres de Simon Stevin, Lewis Lochee et le marquis de Puységur (cf. Wauters et Verbrugge, ce volume). 14 

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Les campements militaires à Ninove (1667–1748) Dans certains cas, des briques crues ont été retrouvées dans les comblements. Ces briques présentent parfois une surface rubéfiée, indiquant qu’elles proviennent probablement d’une cheminée, construite en surface. En outre, ces briques se rencontrent souvent dans le remplissage de la cheminée, confirmant cette hypothèse. Dans un cas particulier, un muret de briques crues, qui atteignait au moins 71 cm de hauteur pour 49 cm de largeur a été conservé dans le comblement. Il est à noter que les briques de ce muret ne présentent pas de surfaces rubéfiées. La fonction de ce type de muret n’a pas encore été clarifiée. Une possibilité serait que les murets ont servi comme support de toiture. Un toit qui s’appuie d’un côté sur un muret de briques crues, et de l’autre côté sur la surface du terrain par exemple, est concevable.

Figure 8.7. Combinaison d’un foyer de chauffage et d’un foyer à cuisson. © SOLVA Dienst Archeologie.

de banquettes et d’un foyer, étaient accessibles par un emmarchement. A partir du foyer, une cheminée sort vers la surface.

Les structures du type 4 sont pourvues d’une toiture. Étant donné qu’elles sont creusées assez profondément, on peut supposer que les toits se trouvaient au niveau de la

Figure 8.8. Vestiges typiques du camp de 1745. © SOLVA Dienst Archeologie.

107

Arne Verbrugge, Erik Wauters, Bart Cherretté, Maxime Poulain, and Marc Brion surface du terrain. Dans certains cas, un ou plusieurs trous de poteau qui soutenaient la toiture, ont été retrouvés à l’intérieur des abris. La nécessité d’un support additionnel pourrait indiquer la présence d’un toit assez lourd, construit en bois, possiblement couvert de paille, ou de briques crues. Il est important de signaler qu’aucun fossé de drainage n’a été observé autour des creusements.

n’est accessible qu’en passant par le premier. Les espaces sont séparés par un « muret » de limon d’environ 50 cm de largueur. Dans ce muret, un passage d’un mètre de large est laissé ouvert. Dans le premier compartiment, une banquette servait comme table et/ou comme soutien supplémentaire pour le muret. Le deuxième compartiment est aménagé de banquettes, d’un endroit de combustion et d’une cheminée. Contrairement aux autres structures du type 4, cet abri n’était accessible que par une rampe. Les raisons ayant conduit à choisir une rampe d’accès plutôt qu’un enmarchement n’ont pu être déterminées. Cette fosse a sans doute eu une fonction particulière. Une autre structure d’une profondeur moindre, qui peut être interprétée comme une cuisine, se trouve à côté.

Les parois des structures sont très droites. Les caractéristiques pédologiques du terrain, avec un sol limoneux et une nappe phréatique à grande profondeur, conviennent très bien pour y creuser des fosses stables. Il n’est toutefois pas à exclure que les parois étaient à l’époque revêtues de planches, bien que des restes de celles-ci n’ont pas été retrouvés. Les emmarchements montrent très peu de traces d’usure ou de dégradation, auxquelles on pourrait pourtant s’attendre, vu l’utilisation intensive des structures. Pour cette raison, un revêtement avec des planches ou de la paille est très probable, mais aucun autre indice allant dans ce sens n’a pu être observé durant la fouille. Les études micromorphologiques qui seront menées devraient permettre de préciser ces questions. Les fosses ont été comblées très vite après l’abandon du camp, car elles présentent en général très peu de traces de dégradation.

Quelques rares structures du type 4 semblent n’avoir jamais été utilisées. La cheminée, clairement visible, ne porte dans ces cas pas de traces de rubéfaction, ni de charbon. Les constructions de ce type ont probablement servi comme endroits de stockage, bien qu’elles étaient initialement destinées à loger les officiers ou à être un lieu de cuisson ou de chauffe pour les soldats. Dans une de ces structures, la carcasse complète d’un bovin adulte a été retrouvée. Tous ces éléments amènent à penser que les constructions ont été creusées avant l’arrivée des troupes au camp. Il est probable que ces travaux furent effectués soit par la main-d’œuvre militaire au service du maréchal général des logis, soit à l’aide de travailleurs locaux comme décrit dans une source historique (cf. Wauters et Verbrugge, ce volume).

Les types 3 et 4 décrits ci-dessus, contiennent toujours au moins une structure de combustion. Parfois celles-ci sont installées dans une excroissance et dans d’autres cas, elles se trouvent simplement contre la paroi de la structure. Les premières sont probablement des structures de combustion liées à une activité de cuisson, tandis que les deuxièmes sont en rapport avec le chauffage. Les foyers de type potager sont installés sur un niveau plus élevé, tandis que les foyers pour chauffer la structure se situent au niveau du sol ou légèrement plus haut. Dans plusieurs cas, une combinaison des deux types de structures de combustion est rencontrée.

Les parallèles archéologiques de constructions des types 3 et 4 sont plutôt rares. Les structures du type 3 peuvent probablement être liées aux lieux de cuisson des soldats. Celles du type 4 peuvent être interprétées comme des logis d’officiers ou comme des « huttes de chauffe », comme celles décrites par Medicus (cf. Brion, ce volume, Figure 5.2).19 Lors de la fouille archéologique d’un camp allemand de l’Epoque moderne à Winchester (Royaume-Uni), une structure similaire a été mise au jour. Elle a été interprétée comme une probable cabine d’officier.20

Les foyers de type potager, situés sur un niveau élevé, sont moins bien conservés. Dans quelques cas exceptionnels, une construction intacte a été préservée. Celle-ci consiste en un four pourvu d’un espace de chauffage en-dessous et d’un espace pour placer une marmite au-dessus (Figure 8.7). Les deux espaces sont séparés par une petite ouverture servant à placer la marmite selon le principe des earthen kitchens.18 Dans un seul cas, l’espace de chauffage est flanqué de deux petites banquettes qui, probablement, portaient une grille à feu.

Un cinquième type (type 5) de structure est également connu. Il est de plan circulaire ou ovoïde, avec une banquette creusée autour d’un espace de combustion central. Ces structures peuvent éventuellement être interprétées comme des cuisines collectives, où l’usage de feux par compagnie était interdit,21 mais une autre fonction n’est pas exclue. Plus rarement, un sixième type (type 6)

Une des structures du type 4 est remarquable par ses très grandes dimensions d’environ 9 m sur 3 m. Le sol se trouve à 2,25 m sous la surface actuelle, une hauteur qui permettait de se tenir debout. La structure est dotée de deux compartiments carrés, chacun d’une surface d’environ 9 m². Comme il n’y a qu’un accès, le deuxième compartiment

Heinrich Medicus, Was ist jedem Officier während eines Feldzugs zu wissen nöthig (Carlruhe: Macklot, 1788), plan 9, accessed Jun 10, 2022, http://resolver.sub.uni-goettingen.de/purl?PPN644779632. 20  Kathryn Krakowka. “The hessians of Barton Farm: Uncovering when a German army defended Britain,” Current Archaeology 345 (2018): 20–25. 21  Anthony Kemp, Weapons and equipment of the Marlborough Wars (Poole: Blandford, 1980), 129. 19 

John U. Rees, “Earthen Camp Kitchens,” Muzzleloader 30, no. 4 (2003): 59–64. 18 

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Les campements militaires à Ninove (1667–1748)

Figure 8.9. Objets du camp du dix-huitième siècle à Ninove : verre à boire peint (1), gobelet/tasse de chasse (2), fragment d’arc de jointure provenant d’une monture d’épée (3), assiettes en faïence (produite à Lille, 4) et grandes marmites, écuelle et coupelle (5). © SOLVA Dienst Archeologie, photo: Dirk Wollaert.

peut être observé : de forme rectangulaire, il comporte une « table » centrale, habillée de banquettes, à côté d’une structure de combustion (Figure 8.10).

Dans le corpus céramique, quelques formes spécifiques sont à noter. Il s’agit d’assiettes en faïence produites à Lille et à Rouen (Figure 8.9:2), ainsi que des grandes marmites (Figure 8.9:4), probablement de production locale. Ceci pourrait indiquer que certains ustensiles de cuisine étaient fournis par l’armée elle-même. La grande dimension des marmites démontre qu’on ne cuisinait pas individuellement, mais probablement par tente, une pratique confirmée dans la littérature.22 Le fond plat d’une des marmites ne porte pas de traces de chauffe, ce qui peut

8.6.2. Description du mobilier En général, les vestiges ne contiennent qu’un nombre très limité d’objets (Figure 8.9). Ceux-ci appartiennent aux catégories suivantes : céramique, objets ferreux, objets non ferreux (boucles), pipes, bouteilles de vin, verres à vitre, verres à boire peints, fragments de matériaux de construction, restes de consommation brûlés et des ossements d’animaux.

Lewis Lochee, An essay on castrametation (London: T. Cadell, 1778), 25. 22 

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Arne Verbrugge, Erik Wauters, Bart Cherretté, Maxime Poulain, and Marc Brion

Figure 8.10. Structure du type 6. Au centre, les restes d’une « table », en haut une concentration d’abats sur une petite banquette, et à gauche une décharge d’ordures contenant plusieurs éléments d’un squelette de cheval. © SOLVA Dienst Archeologie, photo : Dirk Wollaert.

8.6.3. La répartition spatiale

indiquer l’utilisation d’une grille ou d’une sorte de poêle (cf. Poulain et De Clercq, ce volume).

Les vestiges liés au camp se répartissent sur une surface d’environ 6 ha, dans la moitié septentrionale de la zone du projet (Figure 8.11). La vaste surface décapée nous permet de comprendre l’organisation des creusements. Les vestiges sont groupés en lignes parallèles, orientées nordouest – sud-est. Ils respectent chaque fois un espacement d’environ 30 m. A l’intérieur de ces grandes lignes, les vestiges ne se répartissent pas en fonction de distances ou d’orientations strictes.

Plusieurs objets ferreux ont été retrouvés. Ils attendent encore un examen aux rayons X. Une catégorie plutôt sous-représentée est celle des monnaies. Une trouvaille remarquable en métal cuivreux est un fragment d’arc de jointure, provenant d’une monture d’épée de ville ou d’officier. L’objet, rainuré, porte un ornement central en forme de silhouette anthropomorphe. Il peut être daté du règne de Louis XV (Figure 8.9:3).23 Enfin, nous pouvons noter la découverte assez remarquable de quelques verres à boire à décor peint (Figure 8.9:5), ainsi que deux gobelets/ tasses de chasse (Figure 8.9:1). Les couches de remplissage contiennent souvent des restes d’os d’animaux. Dans un cas particulier, une concentration d’abat, positionnée sur une des banquettes, a été observée dans une structure du type 6 (Figure 8.10). Ces os sont essentiellement des mâchoires et des fragments de crânes de bovins. Dans la même structure, mais dans une couche du comblement, les restes d’un squelette de cheval (sans traces de découpe) ont été trouvés.

Les bandes de vestiges du nord de la parcelle présentent une orientation légèrement différente de celles situées au sud. Il est donc possible que cette variation trahisse l’existence de deux blocs. Au moins cinq lignes peuvent être rattachées au bloc septentrional (Figure 8.11:A), tandis que le plus méridional en comporte au moins six (Figure 8.11:B), chacune d’une longueur d’environ 200 m. En plus, il est possible qu’une troisième entité se développe dans la partie à l’extrême nord du terrain (Figure 8.11:C), mais des perturbations récentes ont malheureusement rendu impossible des recherches dans cette zone.

Jean Lhoste, Les épées portées en France : Des origines à nos jours (Paris: Ed. Du Portail, 1997), 181.

Si l’on retient cette hypothèse, le bloc A mesurerait 200 mètres sur 150 mètres et couvrirait une superficie

23 

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Les campements militaires à Ninove (1667–1748)

Figure 8.11. Aperçu des vestiges de camp avec indication des concentrations de 1745 : A-B-C. © SOLVA Dienst Archeologie.

de 3 ha. Quant au bloc B, il a probablement les mêmes dimensions, mais, puisqu’une partie se trouve à l’extérieur de la fouille, ceci reste incertain. L’orientation générale des blocs A-B-C correspond bien avec celle du campement français repris sur les cartes de la campagne de 1745 (cf. Wauters et Verbrugge, ce volume).

Les fouilles ont révélé plusieurs éléments sur l’aménagement du campement. Les lignes de vestiges aperçues, sont formées par des structures de type 3, tandis que les structures de type 4 se situent plutôt aux extrémités des lignes. Les espaces ‘vides’ observés entre les lignes correspondent peut-être aux endroits où avaient été dressées les tentes des soldats. La présence des structures à combustion près des rangées de tentes serait plutôt remarquable. La plupart des manuels militaires font état d’une séparation stricte entre les zones des tentes et celles des cuisines. Selon ceux-ci, seuls les officiers disposeraient de cuisines propres auprès de leurs logis. Les soldats cuisinaient dans des cuisines communes, installées en

8.6.4. Interprétations préliminaires Plusieurs arguments (objets, orientation, types de vestiges) permettent l’attribution de certains vestiges reconnus dans la zone fouillée, au camp français occupé du 8 septembre jusqu’au 15 octobre 1745. 111

Arne Verbrugge, Erik Wauters, Bart Cherretté, Maxime Poulain, and Marc Brion dehors des rangées de tentes. Néanmoins les observations archéologiques réalisées au Fort Saint-Sébastien (SaintGermain-en-Laye, département des Yvelines, Ile-deFrance) nuancent cette image et démontrent qu’il fut permis à certaines unités de cavalerie de cuisiner auprès de leurs tentes (cf. Hurard et al., ce volume).24

de succession d’Autriche (1744 et 1745) (cf. Wauters et Verbrugge, ce volume). La fouille a révélé des vestiges des camps de 1692 et 1693, ainsi que du campement français de 1745. Aucun vestige du campement autrichien de 1744 n’a été mis au jour, probablement en raison de sa courte existence.

Par ailleurs, en raison des similarités avec le camp de Saint-Sébastien, nous pensons que la zone des fouilles a essentiellement été occupée par des unités de cavalerie. Les dimensions et l’orientation des vestiges correspondent avec les modèles contemporains préconisés pour les escadrons de cavalerie, tels que les décrit, entre autres, Jacques-François de Chastenet Puységur.25

Premièrement, en ce qui concerne les camps alliés de 1692–93, le rapport final de la fouille s’attachera à tenter de distinguer les vestiges du camp de 1692, de ceux du camp de 1693 ainsi que d’établir la structure générale de ces camps, notamment l’emplacement des deux lignes et la localisation des quartiers des soldats, des officiers et des vivandiers.

Les vestiges, notamment ceux du type 3 et 4, sont peu connus pour des camps militaires, car ils sont rarement mentionnés dans les sources écrites ou iconographiques. Il est possible qu’ils soient à lier avec le caractère du champ : on s’est « enfoui » comme il est décrit dans une des sources historiques : « Le reste de leur armée de Flandres s’est retirée et retranchée derrière la Dendre, entre Alost et Ninove, où le Maréchal de Saxe qui la commande a, dit-on, ordre de la tenir enterrée, comme l’année dernière jusqu’à l’entrée des quartiers d’hivers ».26 « Huttiner » est le terme utilisé dans certains documents contemporains, pour désigner un camp de longue durée et/ou en période de mauvais temps, souvent à la fin des campagnes.27 L’interdiction générale d’installer des feux entre les tentes ou à l’intérieur de celles-ci à cause des risques d’incendie, a-t-elle été assouplie suite au mauvais temps? Par son caractère « hutté », le camp de 1745, n’est pas un camp de marche typique. Il montre plus d’affinité avec des camps qui connurent une longue utilisation. Le terme « camp de fin de campagne » serait plus approprié.

Si les creusements de ces deux camps sont plus nombreux que ceux du camp de 1745, ils sont en revanche nettement moins bien conservés. Néanmoins, il a été possible de distinguer deux types principaux. Le premier est à associer avec les zones où les soldats ou les vivandiers réalisaient leurs cuissons tandis que le deuxième type correspond plutôt à un abri à l’usage d’officiers, des soldats ou des vivandiers. Les sources historiques et cartographiques nous fournissent de nombreuses informations sur les camps de 1692 et 1693. Dans les deux cas, l’orientation des vestiges archéologiques apparaît, à première vue, très bien coïncider avec celle des régiments indiquée sur les plans de l’époque. Ces derniers témoignent d’une présence prépondérante de cavalerie dans la zone des fouilles en 1692, tandis qu’en 1693, les lieux furent principalement occupés par l’infanterie. Le rapport devra préciser si les traces archéologiques conviennent mieux à l’une ou à l’autre catégorie de troupes. Deuxièmement, les vestiges du dix-huitième siècle découverts sur le site, semblent se rapporter exclusivement au camp français de 1745. Le camp autrichien de 1744, n’a jusqu’à présent révélé aucune trace. Pour ce qui concerne le camp français de 1745, quatre types de vestiges distincts ont été définis. Chaque type correspond à des fonctions différentes : cabanes d’officiers, cuisines, abris pour soldats, lieux de stockage, etc. Particulièrement remarquables sont les vestiges de cabanes souterraines, creusées profondément dans le sous-sol, avec des emmarchements et des aménagements (foyers, excroissances, banquettes, toits et cheminées). L’identification de trois grand ‘blocs’ de vestiges reflète possiblement l’emplacement de régiments distincts.

8.7. Conclusions Ce chapitre traite les résultats préliminaires des fouilles archéologiques des camps militaires implantés à Ninove aux temps modernes sur le site ‘Doorn Noord’. Dans le projet, une surface d’environ 9 ha a pu être fouillée. L’étude historique a montré l’existence d’au moins quatre camps à l’endroit précis. Il s’agit de deux camps de la Guerre de neuf ans (1692–93) et de deux camps de la Guerre Voir aussi : Séverine Hurard, Gwenaël Mercé, Xavier Rochart, and Marc Viré, Saint-Germain-en-Laye Fort Saint-Sébastien (Volume 5). Interprétations et synthèse générale des occupations du XVIIe siècle. Rapport de fouille (Pantin: Inrap, 2015). 25  Jacques-François de Chastenet de Puységur, Art de la guerre, par principes et par règles (Paris: Jombert, 1748). La surface sur laquelle campe un escadron est rectangulaire et mesure, selon Puységur 30 sur 50 toises (= 58,47 m sur 97,45 m). 26  Voir : Anonymous, Le journal universel, ou mémoires pour servir à l’histoire civile, politique, ecclésiastique, & littéraire du XVIII siècle, vol. 8 (La Haye: Berkoske, 1745), 151. 27  Le terme « hutté » apparaît notamment dans un document émanant des Etats-Généraux des Provinces-Unies concernant le camp d’EspierresHelchin, où l’armée des Etats s’était « enterrée » durant le mois de septembre 1707. 24 

Comme pour les camps de 1692 et 1693, les résultats des fouilles corroborent les sources écrites. Tout d’abord, la fouille a révélé des structures solides et profondes en raison de la longue durée du campement et des mauvaises conditions météorologiques dont témoignent les sources écrites. Ensuite, certaines trouvailles (verres à boire peints, assiettes en faïence, etc.) indiquent la présence de troupes d’élite. La disposition des vestiges rencontrés sont effectivement plutôt caractéristiques de troupes de 112

Les campements militaires à Ninove (1667–1748) cavalerie, comme la Maison du Roi et la Gendarmerie. Enfin, l’emplacement du camp et l’organisation spatiale, telle que l’orientation des ‘blocs’, correspondent aux données retrouvées dans les sources historiques.

historiens qui s’est développée tout au long de cette étude sera poursuivie et devra contribuer à la découverte et l’analyse appropriée d’autres sites de campements militaires dont le nombre est certainement considérable.

Malheureusement, les fouilles n’ont pas mis au jour d’autres vestiges attendus, comme des latrines ou des sépultures. Pendant la Guerre de Neuf Ans, les soldats alliés morts de maladie ou au combat étaient souvent enterrés soit sur le champ de bataille même, soit dans leur camp. Protestants pour la plupart, ils ne pouvaient être inhumés dans les cimetières des églises ou des hôpitaux catholiques. Les sources historiques témoignent de ces inhumations, notamment au camp de Lembeek, à l’issue de la bataille de Steenkerque. Bien que les camps de Ninove de 1692 et 1693 se situent peu de temps après de sanglants combats, respectivement à Steenkerque (3 août 1692) et à Neerwinden (29 juillet 1693), nous n’avons trouvé aucune trace d’enterrements au camp de Ninove. Ceci s’explique probablement du fait que, pour des raisons d’hygiène, les morts devaient être enterrés sur-le-champ et que la plupart des blessés mortellement atteints avait déjà été évacuée vers les hôpitaux militaires ou civils. Les latrines des camps de 1692-93 se trouvent en dehors des contours de la fouille. Enfin nous noterons qu’aucune trace de délimitation physique des camps n’a été trouvée. Dans ce contexte, il convient d’observer que les camps de marche de l’époque n’étaient généralement plus pourvus d’éléments de défence fixes (palissades, redans). Dans le cadre du rapport de fouilles, les études s’attacheront à attribuer les vestiges aux différents camps. La réutilisation de ce terrain à plusieurs reprises comme lieu de campement, n’est pas étonnante, mais complique singulièrement l’analyse ; surtout quand les intervalles entre deux camps sont restreints, comme pour les camps de 1692 et 1693. L’élaboration d’une typologie des vestiges, complétée par des analyses, datations et identifications des différentes catégories d’objets, contribuera à créer plus de clarté sur les dispositions et la classification des différents camps. Pour terminer, il faudra poser la question de savoir dans quelle mesure les vestiges archéologiques peuvent être comparés avec les décrits dans les manuels de castramétation de l’époque des camps d’armée. Est-ce que les résultats s’intègrent bien dans ces modèles? Ou en diffèrent-ils? C’est une question importante dans le débat sur la valeur ajoutée de la recherche archéologique de ce type de vestiges, qui sont souvent déjà bien documentés dans les sources écrites. La confrontation des données archéologiques avec les sources historiques demeure un aspect essentiel de l’étude des camps militaires aux temps modernes. Mal connu des historiens, il revient certes à l’archéologie d’avoir découvert et identifié comme tel les camps militaires du ‘Doorn Noord’ et d’en avoir mis en évidence les structures, dont certaines se sont révélées peu connues. L’approche interdisciplinaire entre archéologues et 113

9 Les campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries : essai de catégorisation des différents vestiges et interprétation générale Nicolas Authom and Marceline Denis Agence Wallonne du Patrimoine (AWaP), Direction opérationnelle de la Zone Ouest (DZO), Place du Béguinage 16, 7000 Mons, Belgium Abstract: In Frameries (province of Hainaut, Wallonia, Belgium), a plateau dominating the area has been used to establish military camps in modern times, since at least the sixteenth century. This well-located place was occupied on several occasions, during the various sieges against the city of Mons, Hainaut’s most important town. Based on the 75 excavated features at this site, four functional categories of structures have been defined: a fireplace with or without an adjacent pit (ashpan-pit), semi-excavated shelters, large fires, and oblong trenches. In order to contextualise and interpret the discovered remains and the objects found within them, the archaeological features are compared to theoretical engineering treatises and available military sources and maps. Despite the strict and precise framework to establish a camp described by these military engineering treaties (cf. contributions by Andresová and Lemaire, this volume), it is evident that once on site, the installation of troops does not necessarily reflect theoretical restraints. The remains discovered at Frameries are indeed characterised by the lack of any apparent order and a wide variety of shapes, that differs from other sites discussed in this volume, such as the one in Ninove. It tends to underline the individual appropriation of military instructions and their adaptation to real conditions. The ‘Belle-Vue’ site illustrates in detail the diversity of structures employed by soldiers within a camp setting. This research leads to several unanswered questions and grey areas. Various problems arise from the absence of datable material and the palimpsest of features due to the strategic location of the site. Nonetheless, it demonstrates the necessity to carry on with meticulous excavation of these rarely breath-taking structures, as they offer a wealth of information about the soldier’s daily life on the field. The individuality of soldiers is often obscured in historical sources; the site of Frameries reinstates some of that individual agency. Keywords: Belgium, Wallonia, Hainaut, Mons, siege, military camp, typology, fireplace, semiexcavated shelter, oblong trench. 9.1. Introduction

un futur lotissement.2 L’objectif de ces sondages était de confronter le terrain avec la documentation relatant une importante activité de chaufournerie et une exploitation houillère attestée dès le dix-huitième siècle. Les structures et le mobilier mis au jour, l’analyse des sources cartographiques et historiques, et la comparaison avec des sites fouillés récemment dans les régions transfrontalières ont permis d’y déceler une occupation du type campement militaire.

Trois opérations archéologiques, menées à Frameries, ont permis d’appréhender la problématique des vestiges de campements militaires jusqu’alors peu voire pas du tout abordée en Wallonie (la partie sud de la Belgique). En effet, ces types de vestiges par leur « relative » indigence ne retenait guère l’attention des archéologues, et à l’exception de quelques champs de batailles, les inventaires archéologiques ne prenaient pas en considération les sites liés aux faits militaires. En 2012, l’AWaP a prescrit et mené un diagnostic sur des terrains de 3,75 ha1 visés par 1 

Marceline Denis, “Frameries/Frameries : vestiges de campements militaires (fin 16e – début 17e et 18e siècles),” Chronique de l’Archéologie wallonne 21 (2014): 130–132. 2 

Frameries, 1ère Div., Sect. A, nos 203f, 207, 208, 206 et 205e2.

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Nicolas Authom and Marceline Denis Fort de ce premier résultat, un second diagnostic fut prescrit préalablement à l’agrandissement d’une zone d’activités économiques sur des terrains voisins au lieu-dit « Belle vue ».3 En effet, sous l’impulsion de l’intercommunale IDEA, la zone d’activité du Crachet à Frameries est appelée à connaître, dans quelques années, un important développement territorial; dès lors, en prévision, entre 2015 et 2016, l’AWaP a évalué le potentiel archéologique de plus de 11 ha.4 L’objectif était clairement orienté cette fois vers les occupations militaires afin de compléter et enrichir le corpus appréhendé en 2012 et tenter d’identifier les épisodes militaires qui ont marqué ces terrains (Figure 9.1). Enfin, en 2019, un nouveau projet de voirie dans le zoning a permis de diagnostiquer de nouvelles parcelles (2,30 ha),5 à l’extrémité nord-ouest et dans une zone plutôt sensible concernant les occupations protohistoriques.6

trace d’occupation jusqu’à l’installation de campements militaires à la période moderne. Le choix de ce plateau pour ces différentes occupations s’explique aisément par la position topographique du site dominant le bassin de la Haine et le chef-lieu hainuyer. Dans un contexte militaire, le site « Belle vue » répond aux caractéristiques nécessaires et stratégiques pour l’installation d’un campement: il domine les vallées environnantes et se positionne à moins de 6 km des remparts de la cité à assiéger tout en disposant de voies de communication directes avec celle-ci. 9.3. Descriptions des vestiges liés aux campements Avant d’entamer le descriptif des structures, rappelons que les résultats présentés ci-dessous sont le fruit de plusieurs diagnostics et décapages en aire ouverte (au niveau des futures voiries) mais jamais le site n’a été décapé dans son entièreté. Parmi 25,60 ha de terrains impactés par les différents projets urbanistiques, les opérations préventives ont couvert 17,12 ha (soit 66 pour cent) avec un taux d’ouverture d’environ 21 pour cent. Attribuables à des épisodes militaires modernes, 75 structures ont été mises au jour sur l’ensemble des terrains investigués, aussi bien en position dominante que sur les flancs du plateau, formant un large ruban d’aspect désordonné. Malgré l’abondance de structures, une analyse spatiale de celle-ci n’est toutefois pas envisageable. Deux raisons expliquent cet état de fait: d’une part, l’érosion parfois conséquente du site qui biaise le recueil de données ; d’autre part, les différents camps qui s’y sont installés au cours du temps (une problématique récurrente: cf. Verbrugge et al., ce volume). En effet, ces structures ne sont pas le reflet d’un seul évènement militaire, mais bien une succession de campagnes de sièges qui occupent généralement les mêmes positions au moins depuis le seizième siècle. Ici, aucun principe de castramétation ne pourra être restitué raisonnablement. Si quelques concentrations de vestiges se dessinent çà et là, il faut bien admettre qu’en l’état, aucune organisation structurée n’est perceptible.

9.2. Contextes géographique et archéologique Le site « Belle vue » se positionne au sud du Bassin de Mons. Il occupe un versant descendant du relief du HautPays qui se dirige vers la dépression de la Haine. Le site est installé sur le sommet et les abords d’un plateau juché à une altitude de 82 m. Le site, à la toponymie sans équivoque, offre un point de vue remarquable sur la vallée de la Haine coulant au nord-ouest, la ville de Mons au nord, vers le Mont Héribus et la vallée de la Trouille au nord-est, et sur des kilomètres à la ronde vers l’est. Les sols sont essentiellement constitués de limons homogènes bien drainés. Les dépressions et anciens vallons ont été colmatés par un léger colluvionnement alors que ci et là, les affleurements de craie sont observés immédiatement sous les niveaux de labours. Le caractère dominant du terrain a été mis à profit dès la période protohistorique: une occupation du second Âge du Fer ainsi qu’une tombe privilégiée y ont été fouillées.7 Faisant face au site, d’autres éminences topographiques (le mont Héribus à Cuesmes ou le Champ des Agaises à Ciply) ont également révélé des nécropoles privilégiées de cette période.8 Hormis le comblement d’un effondrement karstique qui témoigne une activité humaine durant l’antiquité, le site ne présente plus aucune

Avant d’explorer la question essentielle de la chronologie de ces campements, nous envisagerons le site sous l’angle strictement typologique afin de voir comment cette vaste occupation permet d’en apprendre davantage sur la mise en œuvre pratique des composantes d’un campement et percevoir le quotidien du cantonnement des troupes.

Frameries, 1ère Div., Sect. A, parc. nos 103g, 112h2, 141, 130f, 143c, 138d. Nicolas Authom and Marceline Denis, “Frameries/Frameries : exploration de campements militaires liés aux sièges de la ville de Mons (fin 16e–18e siècle ?), zoning du Crachet, site « Belle vue »,” Chronique de l’Archéologie wallonne 25 (2017): 76–78. 5  Frameries, 1ère Div., Sect. A, nos 112C2, 126, 128a, 130k, 132c, 135, 136, 137a et 138e. 6  Olivier Mortier, “Frameries/Frameries : suite de l’évaluation du zoning du Crachet. Découverte d’une fosse protohistorique,” Chronique de l’Archéologie wallonne 28 (2020): 70–72. 7  Nicolas Authom, Marceline Denis, and Alain Guillaume, “Frameries/ Frameries : Vestiges d’habitat du second Âge du Fer et tombe à enclos circulaire au lieu-dit « Belle vue », zoning du Crachet,” Chronique de l’Archéologie wallonne 25 (2017): 54–57 ; Nicolas Authom, Marceline Denis, and Alain Guillaume, “Vestiges d’habitat du second Âge du Fer et tombe à enclos circulaire sur les hauteurs de Frameries,” Lunula, Archæologia protohistorica 25 (2017): 101–106. 8  Marcel-Édouard Mariën, La période de La Tène en Belgique. Le groupe de la Haine, Monographies d’archéologie nationale 2 (Bruxelles: Musées Royaux d’Art et d’Histoire, 1961). 3  4 

Une première analyse du site a permis de sérier ces structures en quatre grandes catégories dont l’identification se fonde sur la fonctionnalité et non sur la forme (Table 9.1). En effet, il est très vite apparu que les paramètres tels que le plan, la profondeur ou la régularité des aménagements sont visiblement fonction de facteurs variables et subjectifs, propres à chaque soldat comme l’équipement dont il dispose, l’état de fatigue au moment de l’installation du camp, voire son expérience personnelle. En se limitant strictement à la fonction des structures, nous avons identifié les composantes d’un campement mais en aucun cas, cette typologie n’a aidé à la datation des occupations.

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Les campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries

Figure 9.1. Plan d’ensemble du plateau « Belle-Vue » : parcellaire, topographique et localisation des vestiges de campements. © SPW-AWaP.

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Nicolas Authom and Marceline Denis Table 9.1. Tableau récapitulatif de l’ensemble des vestiges de campements militaires ; catégorisation, description et mobilier. © SPW-AWaP.

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Les campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries

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Nicolas Authom and Marceline Denis

Figure 9.2. La structure F058 est un exemple de foyer simple avec fosse associée, remarquablement conservé. © SPW-AWaP.

Quelques considérations théoriques viendront ponctuellement compléter cette lecture des structures. En effet, l’organisation des campements militaires a fait l’objet d’une littérature abondante en Europe, en particulier durant les temps modernes. Cependant, la plupart des écrits abordent essentiellement l’organisation générale des campements au travers de considérations presque urbanistiques et logistiques. Peu de textes décrivent comment, en pratique, le simple soldat devra installer sa tente ou sa hutte et organiser sa (sur)vie pendant le campement. Il faut sans doute rappeler que cette littérature s’adresse essentiellement aux ingénieurs militaires et que ces considérations ne les concernent pas, ou semblent aller de soi.9

sur les sites de campements, et sur le plateau de « Belle vue », nous en dénombrons 34 soit près de la moitié des structures. Dans cette catégorie, se distinguent 14 foyers « simples » c’est à dire sans dispositif complémentaire et 20 foyers qui sont associés à une fosse-cendrier. Les foyers simples n’ont pas nécessité de fouille approfondie car hormis le centre de combustion, dont le diamètre moyen atteint une cinquantaine de centimètres pour une épaisseur de rubéfaction de quelques centimètres, ils ne se composent que de limon rubéfié où gisent, parfois, des résidus charbonneux. Un seul exemplaire contenait un fragment d’ossement dans le fin comblement qui le recouvrait. Dépourvues d’autres indices, ces structures se prêtent difficilement à une datation ou une interprétation. Seuls le contexte et la présence d’autres types de vestiges autorisent à les associer, plus ou moins avec certitude, aux composantes du camp.

9.3.1. Foyer simple avec ou sans fosse contigüe Lors d’opérations d’archéologie préventive, ces foyers sont fréquemment rencontrés. Généralement isolés lorsqu’ils sont mis au jour au sein d’une tranchée diagnostique, ils ne sont souvent conservés que sous l’aspect d’une légère rubéfaction du substrat, et considérablement arasés par les labours. Sans mobilier associé, de telles structures sont rarement retenues comme pertinentes par les archéologues et très souvent classées dans la rubrique « indéterminé ». Pourtant, ce type de vestige est majoritairement présent

Le foyer peut être accompagné d’une fosse: il occupe une moitié de l’espace en s’appuyant contre une paroi alors que le reste de la fosse est creusé plus profondément pour servir de cendrier. L’ensemble atteint des dimensions moyenne de 0,63 m × 0,47 m (Table 9.1) alors que l’espace réservé au cendrier occupe en moyenne 0,28 m2. Ces foyers, simples ou accompagnés d’une fosse-cendrier correspondent vraisemblablement à de petits feux de camp, destinés à l’éclairage, le chauffage et la préparation des repas (Figure 9.2). Ils s’insèrent dans la trame du campement, à proximité immédiate du cantonnement des troupes. Leur usage est probablement individuel, vu leur

Le Comte de Clairac précise explicitement que la mise en œuvre de certaines structures du camp n’est pas du ressort de l’ingénieur de camp, mais laissée à la discrétion d’officiers: Louis-André De la Mamie, L’ingénieur de campagne ou traité de la fortification passagère (Paris: Charles-Antoine Jombert, 1749), 78. 9 

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Les campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries

Figure 9.3. L’abri semi-excavé F025, un exemple classique. © SPW-AWaP.

taille et leur densité dans certains secteurs. Le matériel découvert dans les niveaux d’abandon est peu abondant, constitué principalement de rejets de combustion. Les clous retrouvés en abondance nous informent de l’usage important de bois d’œuvre comme combustible. Probablement prélevé dans la campagne environnante, il est un écho discret de l’impact d’une armée sur la population locale. Il nous semble pertinent de constater que sept individus se distinguaient par l’utilisation de charbon minéral, généralement retrouvé dans le rejet de foyer associé avec des clous. L’emploi de ce combustible pourrait être un témoin chronologique discriminant pour les structures où il a été observé. Associé aux clous, des ossements finissent fréquemment au feu afin d’entretenir la flamme. Bœuf et porc semblent de prime abord constituer l’essentiel du repas des soldats.10

souples, autorisant le soldat à maintenir un feu, pour se chauffer, se sécher ou cuisiner à bonne distance des tentes.13

Il n’est en principe pas permis aux soldats en cantonnement de faire un feu11 ni de cuisiner.12 Les précis de castramétation mentionnent ponctuellement des recommandations plus

Un cas classique comme F025 (Figure 9.3) démontre sobrement ces observations: creusement simple, rectangulaire aux dimensions modestes, doté d’un foyer surélevé par rapport au fond plat de la fosse qui est recouvert de charbon de bois. Les dimensions et le plan des fosses suggèrent la présence d’un abri couvert dressé immédiatement au-dessus de la fosse.

9.3.2. Les abris semi-excavés Une deuxième catégorie, largement représentée, compte 31 structures qui se distinguent par une emprise au sol plus importante; les dimensions moyennes de ces excavations sont d’1,70 m × 1,32 m, et de nombreux exemplaires dépassent les 2,00 m de côté, la fosse la plus imposante atteignant 2,80 m. Ces creusements sont peu à assez profonds (jusqu’à 0,60 m de profondeur conservés dans le cas de F023) et systématiquement dotés d’un fond plat ainsi que d’un ou plusieurs foyers internes ou débordants du creusement principal.

Aucune expertise archéozoologique n’a encore été entreprise. Adam Fritach, L’architecture militaire et la fortification nouvelle (Paris: Toussainct Quinet, 1640), 121. Cette interdiction est toutefois accompagnée en page suivante d’une recommandation de distanciation des « huttes » individuelles afin d’éviter la propagation du feu. 12  P.P.A. Bardet de Villeneuve, Cours de la science militaire à l’usage de l’infanterie, du génie et de la marine (La Haye: Jean van Duren, 1740), 79 ; Allain Manesson-Maillet, Les travaux de Mars ou l’art de la guerre (Paris: Denys Thierry, 1684), 234. L’existence des quartiers des vivandiers établis en bordure des campements de troupe est attestée jusqu’à la fin de l’ancien régime. Ils participent et complètent l’approvisionnement des régiments pour lequel les armées éprouvent fréquemment des difficultés de ravitaillement régulier. 10  11 

Des aménagements internes ont été observés dans quelques cas: des emmarchements pour faciliter l’accès à l’intérieur ou des surcreusements pour compléter le cendrier. La Louis-Félix Guinement, Encyclopédie méthodique de l’art de la Guerre (Paris: Panckoucke, 1797), 236. 13 

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Figure 9.4 et 9.5. L’abri semi-excavé F023 et un détail du soin particulier apporté au foyer. © SPW-AWaP.

présence de piquets implantés dans l’espace interne du creusement a été observée dans de rares cas (F015FCH et F016FCH). Les foyers débordants les mieux préservés ont des plans strictement rectangulaires. Ils sont moins profonds que la fosse, et se distinguent par des parois et une sole bien rubéfiée. Un groupe de structures isolées (F004FCH, F008FCH et F012FCH) a mis en évidence l’utilisation de briques disposées en périphérie du foyer. La complexité de certains exemplaires démontre une réelle maîtrise technique à moins qu’il ne s’agisse d’un usage particulier du foyer.

de petit canidé qui gisait dans le comblement supérieur, contraint dans les limites de la fosse. Si l’emploi du chien est bien connu dans les armées depuis le second Moyen Âge, il est cependant peu attesté sur les sites militaires du dix-septième siècle.16 Certaines structures possèdent plusieurs foyers: sept exemples sont dotés de deux foyers alors que neuf fosses en possèdent trois. Dans ces cas, les foyers occupent des positions débordante, périphérique ou centrale et répondent à un usage non simultané des aires de combustion (Figure 9.6). Suivant leurs dimensions et la surface interne nécessaire pour y être correctement installées (les cas varient d’1 m2 à 6 m2), ces structures peuvent être occupées individuellement ou destinées à une collectivité. Au sein de ces structures, des restes de paille ou de foin, figés par les oxydes de cuivre illustrent le modeste confort de ces abris semi-excavés. L’analyse du comblement des structures nous permet d’affirmer que certaines furent exposées à des épisodes de pluie abondante qui nécessitèrent le réaménagement des foyers et des fonds de fosses. On peut sans aucun doute déduire que leur occupation a perduré plusieurs jours.

L’exemple F023 (Figures 9.4 et 9.5), équipé d’un foyer aménagé sous une chambre de chauffe, se caractérise par une mise en œuvre très soignée où sont utilisées des tiges métalliques de réemploi (au moins deux ou trois individus dont un seul exemplaire conservé en entier semble correspondre à une barre avec replat et perforation). La fouille a démontré que ces tiges n’ont pas été simplement figées dans le sol par enfoncement mais qu’elles ont été déposées sur le sédiment en place aménagé, pour ensuite être recouvertes et maintenues par un limon argileux pour former le haut du foyer. L’ensemble ainsi solidifié, un fer à cheval14 a été posé sur les tiges faisant office de support, de plaque de cuisson. Un tel dispositif fait écho aux « potagers » découverts au Fort Saint-Sébastien (cf. Hurard et al., ce volume).15 Un Liard de Charles II (1691-95) a été retrouvé dans le comblement d’abandon de cette fosse ainsi que des ossements calcinés. Autre curiosité de cette structure: un squelette quasi complet

Comme signalé plus haut, aucune organisation n’a été observée au sein des différents types de vestiges. Cependant, au sein des abris semi-excavés, trois structures (F085, F086 et F087) creusées côte à côte et alignées (Figure 9.7), offrent de nombreuses similitudes: le plan (rectangulaire sauf pour F087 moins bien conservé et plus irrégulier), les dimensions, l’orientation, la profondeur conservée du creusement (en moyenne 17 cm par rapport au niveau de décapage). Un axe du cantonnement pourrait sans trop de risque être restitué,

Fer à cheval du type « couvert », la ferrure est plus couvrante qu’un fer classique. 15  Séverine Hurard, ed., Île-de-France, Yvelines (78), Saint-Germain-enLaye, Fort Saint-Sébastien, vol. 2, Les occupations modernes 1669–1671, rapport de fouilles (Pantin: Inrap, 2015), 237. 14 

16 

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Hurard, ed., Île-de-France, Yvelines (78), 336.

Les campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries

Figure 9.6. Exemple d’abri semi-excavé (F060) doté de 3 foyers. © SPW-AWaP.

Figure 9.7. Implantation des trois abris semi-excavés F085, F086 et F087. © SPW-AWaP.

malheureusement, les tranchées diagnostiques alentour n’ont révélé aucun autre vestige à proximité. Un décapage plus large aurait peut-être offert plus de résultats mais les contraintes du chantier ne l’ont pas permis.

situées à l’arrière du plateau, offre une organisation concentrée avec une sorte de plan en « T ». Le mobilier céramique, homogène et attribuable à la fin du seizième siècle – début du dix-septième siècle, semble confirmer que ces structures sont liées entre elles. À nouveau, il s’agit d’un ensemble assez restreint, fait du hasard ou résultat d’une conservation aléatoire ? Hormis ces deux

Au sud-ouest du site, un autre ensemble de fosses (F003FCH, F015FCH, F016FCH, F017FCH et F014FCH) 123

Nicolas Authom and Marceline Denis groupes particuliers, le mobilier recueilli dans les niveaux d’occupation et d’abandon des abris semi-excavés illustre indifféremment des occupations attribuables à la fin du seizième siècle ou des campements datables de la fin du dix-septième siècle. Aucune variante technique ne semble discriminer/sérier ces structures dans le temps.

dans les éléments en bois servant à alimenter le foyer, une paire de ciseau (F007) sort du panel des objets récoltés qui reste toutefois très restreint. Le matériel céramique, quand il y en a, est très fragmentaire. Il s’agit de vaisselle à boire et à cuisiner (pichets en grès, faïence, casseroles). Les pipes, toujours fragmentaires, sont très usuelles; fourneaux et tuyaux se retrouvent dans au moins douze structures. Des fourneaux sont dotés d’une marque (AIP,) alors que des décors ornent régulièrement les tuyaux. Enfin, les ossements complètent le mobilier dans onze abris: principalement des rejets alimentaires parfois remployés en tant que combustible comme le suggèrent certains os carbonisés.

Le matériel associé aux comblements des fosses est cependant rare à l’image de l’équipement léger du soldat. Le mobilier métallique comprend de l’armement avec deux balles en plomb (diamètre : 15 à 15,5 mm; poids: 22 gr.), un lingot ainsi que des coulées résiduelles issues de leur fabrication, du silex et un rare exemple de pierre à fusil. On retrouve également des accessoires vestimentaires en alliage cuivreux (boucles ou passants, boutons). Le matériel numismatique compte cinq monnaies et une médaille: deux liards de Charles II (1691-95) retrouvés dans les fosses F023 et F025, deux liards de France (1655-58) retrouvés dans l’abri F086, accompagnés d’une troisième monnaie frustre indéterminée (Figure 9.8). Pour le fer, hormis les clous et les divers indéterminés qui devaient être fichés

Les textes théoriques abordent rarement dans le détail la matérialité des abris employés par les soldats et encore moins leur mise en œuvre pratique. L’usage de la tente de toile semble généralisé dans la plupart des traités. Toutefois, dès le dix-septième siècle, l’usage de la « hutte » constituée de matériaux glanés sur place, est parfois encouragé afin

Figure 9.8. Mobilier métallique provenant de l’abri F086. © SPW-AWaP.

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Les campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries

Figure 9.9. Structure du type « grand feu » de plan carré (F059). © SPW-AWaP.

d’alléger les chariots transportant le matériel.17 Ce choix purement logistique semble cependant préjudiciable aux armées elles-mêmes, en raison de l’inconfort subi par les soldats et de l’impact écologique et économique que fait peser une armée sur son environnement immédiat.18 La diversité du cantonnement des troupes pourrait expliquer la grande variété des formes et des dimensions des structures rencontrées. Elle pourrait expliquer également la rareté de témoins évidents et presque attendus tels que des piquets de tente ou de mâts, des trous de poteaux. L’existence de creusements réalisés par les soldats, pour se mettre un peu plus à l’abri du froid, trouve quelques témoignages dans la littérature et les sources iconographiques.19 La fouille révèle ici de façon évidente un quotidien peu documenté par les sources documentaires contemporaines et les complète utilement.

imposantes car ces fosses visent un usage collectif; la plus grande structure (F059) mesure 2,90 m × 2,58 m soit une superficie au sol de 7,48 m2, alors que la moyenne pour les autres avoisine 4,20 m2. Le répertoire de formes de ces structures est varié: la fosse F059 est un carré pratiquement parfait (Figure 9.9), trois autres (F080, F094 et F118) sont plus ou moins circulaires à ovales; enfin, deux fosses (F122 et F001FCH) se démarquent par un plan en forme de fer à cheval (Figure 9.10), avec un diamètre atteignant 2,00 m. Le foyer est central ou aménagé contre une paroi (F080, F118); il repose sur un îlot maintenu une quinzaine de centimètres plus haut que le fond de la fosse. Il est enserré par un cendrier comblé d’une épaisse strate cendreuse. Des dépôts similaires, formés par les piétinements répétés lors des allées et venues des soldats auprès du foyer, se retrouvent également sur les banquettes ou les emmarchements aménagés sur le périmètre.

9.3.3. Les grands feux Six grandes excavations forment la troisième catégorie de structures qualifiées de grands feux (ou feux de veillées). Les dimensions du creusement deviennent

Au sein de cette catégorie, le foyer F059 est particulièrement remarquable par ses dimensions, son état de conservation et ses aménagements internes. L’aire rubéfiée, positionnée sur l’îlot central était recouverte d’un épais amas cendreux — du charbon minéral — qui dissimulait six trous de piquet rayonnant autour du foyer. Un cendrier périphérique est délimité par des banquettes, large de 0,35 à 0,40 m, pouvant accueillir confortablement une vingtaine de soldats.

Fritach, L’architecture militaire et la fortification nouvelle, 121–122; Berthier recommande également la construction de « baraques » en matériaux locaux pour les cavaliers, les tentes restent réservées aux gradés et leurs domestiques : Alexandre Berthier, Instructions pour le campement des troupes à cheval (Paris: Magimel, 1813), 37. 18  Guinement, Encyclopédie méthodique de l’art de la Guerre, 925. Le cantonnement des troupes sous forme de bivouac y est pointé du doigt pour les problèmes sanitaires qu’il engendre et le ravage qu’il fait subir aux forêts utilisées comme ressource. 19  Guinement, Encyclopédie méthodique de l’art de la Guerre, 925. Cette pratique est encore attestée durant la première guerre mondiale: voir à ce sujet les photographies des agences Meurice ou Rol disponible à la Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie (MEU 55846–58419 ou encore Rol, 45659). 17 

Le matériel découvert ne diffère pas des autres contextes. Pour l’armement, se retrouvent deux balles de plomb (diamètre :16 mm et 11 mm) ainsi que des coulées de fabrication, et des éclats de silex. Les fragments de fourneaux et tuyaux de pipes (Figure 9.11) sont toujours 125

Nicolas Authom and Marceline Denis

Figure 9.10. Structure du type « grand feu » de plan « en fer à cheval » (F001FCH). © SPW- AWaP.

Figure 9.11. Panel de fourneaux et tuyaux de pipe, avec détails des poinçons. © SPW-AWaP.

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Les campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries présents en abondance (avec marque NHB et poinçon à « la porteuse d’eau »), tout comme les clous, les ferreux et les ossements. Particularité propre à cette catégorie de vestiges, y ont été recueillis les seuls récipients complets: il s’agit soit de tèles caractérisées par d’importantes traces d’usures, tant internes qu’externes, soit de poêlons tripodes. Ces grands feux de veillée sont un indicateur indéniable de la présence d’un campement. Ils signalent la position des bataillons et renforcent l’effet d’encerclement sur la ville assiégée. Si une fonction d’éclairage du camp peut aisément leur être attribuée, leur usage dans le cadre culinaire ne doit pas être exclu. Ils offrent également la possibilité de préserver des braises pour toute la nuit afin de raviver les feux individuels éteints en soirée. 9.3.4. Les fosses oblongues Ce dernier groupe de vestiges comprend quatre fosses allongées dont la longueur peut varier de 3,30 m jusqu’à 5,60 m pour la plus grande (Figure 9.12). Ces creusements sont en général peu profonds (maximum 0,24 m) avec un profil en cuvette. Ce groupe de vestiges se trouve dans une portion congrue du site, au nord de l’occupation: trois individus s’orientent presqu’orthogonalement, définissant un espace vide de tout vestige. Le comblement reste classique et semblable à celui des autres catégories de vestiges: des rejets de substrat rubéfié, du charbon de bois ou encore des déchets alimentaires. Le matériel, quand il y en a, ne diffère pas des autres contextes: ferreux, clous, ossements et pour la céramique, des fragments de tèles. Un objet atypique a été rejeté dans la fosse F125: le fer d’une pelle à douille ouverte, intacte. La position de l’objet au sein de la fosse et l’orientation de la douille suggèrent clairement que la pelle a pu être déposée là, encore emmanchée. Un exemplaire identique20 (dimensions: 20 cm de long pour 16 cm de large) a été retrouvé dans une tranchée diagnostique sur les fouilles menées dans le campement français installé lors du siège de Ninove (dix-septième/dix-huitième siècle; cf. Verbrugge et al., ce volume).

Figure 9.12. Fosse oblongue F125, avec le fer de pelle toujours en place. © SPW-AWaP.

9.4. Interprétation et synthèse

À ce stade de l’étude, une fonction de drainage périphérique autour de grandes tentes rectangulaires semble être la plus probable. Cette pratique est bien attestée dans la littérature militaire tardive21 et illustre la diversité des équipements dressés au sein d’un campement. Malheureusement, le taux d’arasement, l’absence de trous de poteaux ou autres piquets, l’absence de foyers associés, permet juste d’émettre de vagues hypothèses sur la présence de telles superstructures.

Au moment d’interpréter l’ensemble des vestiges mis au jour sur le site « Belle vue » à Frameries, différents éléments pertinents permettent d’identifier avec certitude le site comme lieu de campements militaires. En effet, les différents types de fosses, leur plan, le foyer associé, isolé ou multiple, le comblement charbonneux et le mobilier amalgamé ne laissent planer aucun doute quant à la nature du site. Mais les campements militaires peuvent être destinés à des fonctions bien différentes: simple bivouac transitoire, camp d’hiver ou d’entrainement, installation militaire en vue d’un siège, retranchement pour fortifier un emplacement stratégique, etc.

Arne Verbrugge et al., Ninove – Hof ter Groeninge – Bedrijventerrain. Archeologienota, Solva-Archeologierapport 111 (Erembodgem: SOLVA, 2017), 197. 21  Victor Josef Zaccone, Résumé des fortifications à l’usage des officiers d’infanterie (Paris: J. Dumaine, 1849), 138. 20 

La comparaison avec les données de terrains issues de la fouille d’autres campements, l’étude des évènements historiques et des conflits qui ont marqué la région, l’étude 127

Nicolas Authom and Marceline Denis du mobilier et la confrontation des vestiges avec les précis de castramétation contemporains nous apportent-elles les éléments nécessaires à l’identification des belligérants et mieux encore, à une attribution chronologique ?

Les cartes et plans qui relatent certains évènements nous offrent quelques informations sur l’occupation du site de Frameries, bien que la prudence reste de mise quant à la précision de chaque document. Ainsi, le très détaillé plan du siège de 1691,24 mené par Louis XIV entre le 15 mars et le 8 avril, propose le positionnement de cantonnement ainsi que la ligne de circonvallation ; la superposition de notre relevé de terrain sur ce plan localise le plateau « Belle vue » en retrait des lignes de campements. Fautil pour autant conclure que le plateau n’était pas occupé par des postes de garde situés à l’arrière des lignes ? Un autre plan de siège dressé le 24 août 170925 (édité en 1720) positionne deux lignes parallèles de campement sur la partie nord du plateau « Belle vue » suivant un axe nordouest/sud-est. Un troisième document26 s’avère être assez précis quant à la présence d’un bataillon à Frameries : lors de la bataille de Jemappes (1792), un poste d’artillerie occupe la hauteur et son faisceau de tir est orienté vers le champ de bataille.

Le lieu d’implantation du site ainsi que le nombre de structures mises au jour, relativement élevé, trouvent écho du côté de Ninove où de vastes campements occupent le sommet du « Doorn Noord » qui domine la vallée de la Dendre et la ville. Les composantes de ce site s’avèrent assez semblables au panel des structures de Frameries et la typologie des foyers, fosses et abris est significativement comparable, même s’il est nécessaire de rappeler que chaque vestige reste intimement dépendant du nombre de soldats attelés à la tâche, de l’expérience personnelle de chaque soldat, de leur état de fatigue mais également du taux d’arasement du site. Ces deux sites occupent le haut du plateau; la concentration des vestiges semble plus homogène à Ninove où les troupes se sont installées sur la crête. À Frameries, les structures occupent indifféremment le sommet et les flancs voire des zones plus reculées. Dans les deux cas, aucune organisation ni alignement général ne dirige l’implantation; le relatif désordre observé pourrait s’expliquer par la fréquentation répétée de ces lieux stratégiques. Les campements de Ninove, s’ils sont le probable témoignage de plusieurs épisodes militaires,22 semblent être l’apanage uniquement des troupes françaises qui auraient réoccupé le même endroit lors d’épisodes différents. À Frameries,23 le site pourrait avoir été fréquenté dès le seizième siècle lors des différents sièges menés par les États Généraux: en 1572 lors du siège dirigé par Louis Nassau, en 1578 lors de la tentative de François de France, Duc d’Alençon, en 1655 lors du siège de Louis-Nicolas de Clerville, en 1676 lorsque le Prince d’Orange se poste temporairement entre Mons et Saint-Ghislain ou encore en 1677 lors du siège mené par le Maréchal d’Humières. En 1678, survint le siège de la ville par les troupes françaises menées par le Maréchal Luxembourg. Le siège des armées françaises de Louis XIV en 1691 marqua sans conteste les esprits de l’époque par son ampleur, celui de 1701 acta une nouvelle occupation française de la ville quittée brièvement suite à la signature du traité de Ryswick. Dès 1709, la ville revint aux Provinces Unies après le siège mené par le prince d’Orange-Nassau. Le siège mené par le prince de Conti en 1746 fit toutefois repasser la ville sous bannière française. Enfin, en 1792, lors de la bataille de Jemappes, les Français auraient profité du sommet de « Belle vue » pour y installer un bataillon d’artillerie.

Les évènements attribués à la fin du dix-septième siècle voire au début du dix-huitième siècle, sont documentés par quelques découvertes matérielles : un liard de Charles II, 1691–95 (abris semi-excavé F023), un liard de Charles II, et un fragment de faïence (abris semi-excavé F025). Un groupe isolé de trois abris semi-excavés alignés côte à côte (F085, F086 et F087) a quant à lui livré deux liards de Louis XIV, des balles de plomb (15 à 15,5 mm; 22 gr.), une boucle de ceinture, une monnaie indéterminée et une marque sur pipe AIP. Ces indices monétaires sont les seuls éléments diagnostiques permettant d’entrevoir un hypothétique témoin du passage des armées françaises. La céramique (pour boire et cuire) utilisée par les soldats n’est pas assez discriminante pour dater avec précision l’un ou l’autre évènement militaire. Elle permet toutefois de distinguer des structures sans doute plus anciennes comme les foyers F031 (avec de terre cuite blanche vernissée jaune, quatorzième – seizième siècle?) ou F105 (grès, quinzième – seizième siècle). Des éléments plus tardifs tels que ceux découverts dans F060 (pichet en grès, dix-septième siècle), ou encore dans l’ensemble de structures (F003FCH, F015FCH, F016FCH, F017FCH et F014FCH) situées à l’arrière du plateau, présentent un mobilier céramique attribuable à la fin du seizième – début dix-septième siècle (cruche en grès de Bouffioulx à glaçure salifère, beige, broc en grès orné de tores, broc

Anonymous, Plan de la ville de Mons assiégée par le Roy, le 20e mars et prise le 8e avril 1691 après quinze jours de tranchée ouverte (s.l.: s.n., 1691). Service historique de l’armée de Terre (France) AT, Génie Art. 15, sect.3, Mons, no 2. 25  Anonymous, Carte particulière du Cours de la Haine depuis Mons jusque Condé et les environs depuis Bavay jusqu’à Mons détaillée (s.l.:s.n., 1709). Bibliothèque nationale de France, département Cartes et plans, GE C-9909. 26  Alexandre-Marie Quesnay de Beaurepaire, Plan général de la bataille de Jemappes gagnée par les Français sur les Autrichiens le 6 novembre 1792 (Paris: Blondel, 1793). Bibliothèque nationale de France, Cartes et Plans, GED-3062. 24 

Verbrugge et al., Ninove – Hof ter Groeninge – Bedrijventerrain, 208–213. 23  Aucune étude historique propre au site de Frameries n’a encore été entreprise et ces quelques évènements visent uniquement à démontrer le nombre impressionnant d’épisodes militaires qui ont touché Mons et sa périphérie. Pour l’ensemble des sièges de la ville se référer à: Eugène De Seyn, Dictionnaire historique et géographique des communes belges (Bruxelles: A. Bieleveld, 1934) ; Christine Gobeaux, “Mons au XVIème siècle. Catalogue descriptif des vues, plans et sièges,” Annales du Cercles Archéologique de Mons 81 (2011): 257–573. 22 

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Les campements militaires sur le plateau « Belle vue » à Frameries en grès orné d’un mascaron barbu, caquelons et assiettes glaçurées, faïence blanche).

campement militaire doit théoriquement être équipé. Ce type d’aménagement est toutefois complètement absent à Frameries: aucun fossé, aucune levée de terre, aucun aménagement d’aisance, aucun puits. Une telle absence trouverait une explication dans la cartographie ancienne où le plateau « Belle vue » est fréquemment positionné à l’arrière des lignes défensives; les différentes composantes du camp, citées précédemment seraient dès lors localisées plus au nord, hors d’emprise des surfaces explorées par la fouille.

Enfin, sur base de la faïence (dix-huitième – dix-neuvième siècle) retrouvée dans le comblement d’abandon de la structure F106 (grande fosse de plan irrégulier, profonde d’une vingtaine de centimètres et dotée de trois foyers internes, voir Table 9.1) on peut sans doute évoquer la bataille de Jemappes survenue en 1792, dernier conflit de l’époque moderne ayant touché la région montoise. Un bataillon figuré sur le plan de 1792 au plateau de « Belle vue » n’aurait toutefois laissé que peu de traces.

La consultation des traités théoriques de castramétation contemporains offre parfois un point de vue contrasté sur les vestiges découverts en fouille. Les recommandations d’ordonnancement des camps, d’uniformisation des pratiques ne sont en effet que rarement perceptibles en fouille, et dans le cas de Frameries, totalement absentes. Pareillement, les structures observées en fouille ne trouvent que de rares échos dans les traités des dixseptième, dix-huitième et dix-neuvième siècles ou sont en totale contradiction avec eux. Il faut sans doute en conclure que la réalité de terrain ne rejoignait que trop rarement les préceptes théoriques. Les vestiges découverts en fouilles offrent alors un indispensable complément aux sources littéraires et historiques documentant les évènements militaires.

Beaucoup de foyers et de fosses, faute de mobilier explicite, resteront sans attribution chronologique. Leur nombre apporte toutefois une information pertinente sur la fréquentation récurrente du site par les troupes. Leur organisation et la variété des typologies rencontrées et leur datation peuvent être un indicateur du type de campement établi. Si le recueil de ces informations est bien entendu fonction de la surface explorée, il faut constater que peu de sites en contexte similaire portent autant les traces d’occupation des armées que celui de Frameries. Le site de « Doorn Noord » présente des chiffres sensiblement proche (cf. Verbrugge et al., ce volume) alors que le campement du Ban de Gasperich27 signale principalement neuf batteries de cuisine dotées de 91 foyers associés ainsi que neufs foyer (abris) à fond plat. Le tracé d’une ligne de circonvallation a en outre été reconnu à proximité des installations. Dans d’autres contextes de campement, le nombre de structures est relativement plus restreint: à Marcq en Baroeul, seules 18 fosses sont dénombrées,28 typologiquement semblables. Elles sont les restes d’un petit campement militaire français temporaire et itinérant,29 remontant à l’hiver 1793 lors du conflit franco-autrichien.

Aussi modestes soient-ils, les vestiges offrent énormément d’informations sur le quotidien des soldats. Mais dès qu’ils sont confrontés aux principes et à la théorie militaires, à la chronologie d’événements historiques et aux sources documentaires, une longue liste d’interrogations se développe automatiquement; le site « Belle vue », comme nous avons essayé de le démontrer, ne déroge pas à cette règle. Bien heureusement, la discipline connait un développement essentiel depuis une vingtaine d’années, et l’apport des fouilles récentes, de publications et de table ronde comme point de départ à ce présent volume, seront des outils indéniables pour aider les chercheurs. Ils offrent, si pas des réponses, tout au moins de grandes lignes directrices pour l’interprétation des vestiges.

À Aalter-Woestijne,30 une trentaine de fosses modernes, sans organisation apparente, présentent des formes et remplissages plus ou moins semblables à ceux rencontrés à Frameries. Cet établissement se démarque toutefois par la présence d’une redoute en étoile à six côté (cf. Brion, ce volume). La redoute à Aalter, ou la ligne de circonvallation du Ban de Gasperich,31 sont des exemples de composantes dont un Laurent Brou and Robert Wagner, “Le siège de Luxembourg de 1684 par l’armée de Louis XIV. Des vestiges de campements militaires le long de la ligne de circonvallation au Ban de Gasperich,” in Frënn vun der Festungsgeschicht Lëtzebuerg 1867–2017. 25 Joër Frënn vun der Festungsgeschicht Lëtzebuerg, ed. Isabelle Yegles-Becker (Luxembourg: FFGL, 2017), 137–139. 28  Delphine Cense-Baquet and Tarek Oueslati, “Un petit campement militaire temporaire au cours du conflit franco-autrichien de 1792–1794 sur le site de Marcq-en-Barœul « Le Cheval Blanc » (Nord),” Revue du Nord 388, no. 5 (2010), 19–25. 29  Cense-Baquet and Oueslate, “Un petit campement militaire temporaire,” 33–34. 30  Marc Brion, Koen De Groote, Mieke Van de Vijver, and An Lentacker, “Postmiddeleeuwen,” in Aalter Woestijne. Een Geschiedenis van meer dan 5000 jaar, ed. Koen De Groote and Mieke Van de Vijver, Relicta monografieën 18 (Brussel: Agentschap Onroerend Erfgoed, 2019), 360–362. 31  Brou and Wagner, “Le siège de Luxembourg,” 128–131. 27 

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10 Des campements militaires français du blocus de 1794–95 de la place de Luxembourg durant la Guerre de la Première Coalition (1792–97) Michèle Risch and Laurent Brou Institut national de recherches archéologiques (INRA), 241 rue de Luxembourg, 8077 Bertrange, Grand Duchy of Luxembourg Abstract: Luxembourg City was a significant stronghold at the end of the seventeenth century. At the end of the eighteenth century, the control of the fortress was still highly sought during the conflict between the young French republic and Emperor François I and his allies. The stronghold of Luxembourg, an important military depot, was a vital pivot for the Austrian army during the conflict. A blockade was led from 1794 to 1795 by the French against the city defended by the governor, Generalfeldmarschall von Bender. During the summer of 1794, campaigning French divisions converged on the city and by the fall had surrounded it by blocking the access roads. The French army, whose ambition was to completely control the left bank of the Rhine, finally captured the fortress of Luxembourg after its capitulation on May 7, 1795. A few months later, on October 1, 1795, the Austrian Netherlands were annexed to the French Republic, following the vote of the “National Convention”. Three contemporary camps from this period have been unearthed and excavated on the outskirts and to the east of the city of Luxembourg as part of preventive archaeology operations: at Sandweiler “In den Braaken” in 2001, in Luxembourg “Beim kleinen Weiher” in 2016, and in Mensdorf “An de Strachen” in 2017. The installation of Sandweiler materialized by a few pits with objects, such as elements of portable weaponry, was discovered on a road construction site. Due to the limited extent of the road development, it has not been documented entirely and its initial extension and organisation are therefore not known. On the contrary, the military installations in Luxembourg “Beim kleinen Weiher” and Mensdorf “An de Strachen” were excavated over far larger areas. These two archaeological operations made it possible to document the installations of French Republican troops: one (or more) temporary camp(s) at “An de Strachen” and a blockade camp at “Beim kleinen Weiher”. These encampments are materialized by groups and alignments of structures such as simple flat or bowl-shaped hearths, quadrangular pits associated with a hearth or two hearths that can be used to prepare meals for the soldiers who camped nearby, and other features of various shapes and sizes including possible dumps. Among the single-hearth quadrangular pits, the largest are interpreted as semiexcavated barracks materializing the location of officers’ tents/barracks. One of them in the Luxembourg camp “Beim kleinen Weiher” contained a naval officer’s button but the number of a regiment unfortunately still unidentified. A similar button was discovered in West Flanders on an installation which can be dated to 1794. It can therefore be assumed that this officer present in Luxembourg was part of the “Sambre et Meuse” army, which would be consistent with the history of the rotation of troops besieging the stronghold. The discoveries made in Luxembourg are important historically as well as for the study of the castrametation of French military camps. If the places of battles of this conflict and the route of the troops are quite well known, there is hardly any knowledge about the material imprint of these events in the landscape. Keywords: Luxembourg stronghold, 1794–95, French Revolution, French military camp, military archaeology, castrametation.

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Michèle Risch and Laurent Brou 10.1. Introduction1

une coalition militaire (première coalition, 1792–97) est formée par plusieurs monarchies européennes. Les contreoffensives des coalisés se soldent par le retrait des armées républicaines et par une nouvelle menace des frontières de la France. Profitant des dissensions et du manque de coordination des coalisés, l’offensive française est relancée en 1794.

Trois sites d’installations militaires en lien avec le blocus de 1794–95 ont été fouillés dans le cadre d’opérations d’archéologie préventive en 2001, 2016 et 2017 (Figure 10.1). Il s’agit respectivement du site de Sandweiler au lieu-dit « In den Braaken » où quelques structures ont été mises au jour en 2001 par la Cellule archéologique des Ponts et Chaussées sur le tracé du contournement du village, du camp de Luxembourg « Beim kleinen Weiher » fouillé sous la direction de Laurent Brou et du camp de Mensdorf « An de Strachen » fouillé sous la direction de Michèle Risch.2

10.2.2. Le blocus de 1794–95 de la place de Luxembourg Le 26 juin 1794, les Français sont victorieux de la bataille de Fleurus, suit l’occupation de la Belgique actuelle et de la Rhénanie. Avec la prise du fort Rheinfels et la volonté de maîtriser l’ensemble de la rive gauche du Rhin, les Français cherchent à anéantir la menace émanant des forteresses de Mayence et de Luxembourg. L’armée du Rhin, sous le commandement du général Michaud, sera chargée du blocus de Mayence, tandis que l’armée de la Moselle, sous la direction du général René Moreaux (1758–95), sera chargée le 26 octobre 1794 du blocus de Luxembourg.3

Les structures du site de Sandweiler ont livré un riche matériel métallique bien préservé, notamment une platine de fusil à silex complète, un embouchoir de fusil, deux baïonnettes à douille, une bèche, une fourche à deux dents, une serpe et une paire de ciseaux (Figure 10.2). Si pour les sites de Luxembourg « Beim kleinen Weiher » et de Mensdorf « An de Strachen », la nationalité des troupes est confirmée, elle reste incertaine pour le site de Sandweiler fouillé partiellement.

L’encerclement de la place par les troupes françaises fut achevé le 21 novembre au soir et elle fut totalement cernée le 22 décembre 1794. L’effectif de « l’Armée devant Luxembourg » commandée par le général Moreaux était de 25 500 hommes opposés aux 11 490 hommes du Generalfeldmarschall Blasius Colomban von Bender Bender (1713–98). L’objectif des Français était de faire tomber la place par le manque de vivres en bloquant toute possibilité de sortie de la place fortifiée et en verrouillant tous les chemins d’accès. Des retranchements (fossés à redans, etc.), de l’artillerie et des troupes furent ainsi disposés à tous les endroits stratégiques notamment les axes routiers. Les combats se sont donc limités à des escarmouches violentes et des tirs d’artillerie. Suite au décès du général Moreaux dans la nuit du 9 au 10 février 1795, le commandement en chef est confié par intérim au général Jean-Jacques Ambert (1765–1851) puis au général Jacques Maurice Hatry4 (1742–1802) qui recevra la capitulation du Generalfeldmarschall von Bender le 7 juin 1795.5

Dans ce chapitre seront présentées les caractéristiques générales des installations militaires françaises républicaines découvertes sur les sites de Luxembourg « Beim kleinen Weiher » et de Mensdorf « An de Strachen ». 10.2. Cadre historique 10.2.1. Généralités La guerre déclarée au « roi de Bohême et de Hongrie » le 20 avril 1792 par la nation française inaugure une période de conflits qui durera vingt-trois ans, avec quelques courtes interruptions, jusqu’à la bataille de Waterloo et la chute définitive de Napoléon Bonaparte le 22 juin 1815. Suite à la bataille de Valmy, le 20 septembre 1792, et à la retraite de l’armée prussienne commandée par le Duc de Brunswick qui avait envahi la France et menacé Paris, les armées de la jeune république française lancent l’offensive sur tous les fronts. Les troupes révolutionnaires envahissent les PaysBas autrichiens et les Provinces-Unies. Sous cette menace

Léon Moreaux, Le Général René Moreaux et l‘Armée de la Moselle, 1792–1795 (Paris: Librairie de Firmin-Didot et Cie, 1886). 4  Un mois environ avant la capitulation de la place, les trois divisions de l’armée de Moselle, devant rejoindre l’armée Rhin–et-Moselle sous les ordres du général Jean-Charles Pichegru (1761–1804), furent relevées par deux divisions issues de l’armée Sambre-et-Meuse dont le commandement en chef a été confié au général Hatry. Mais l’artillerie de l’armée de Moselle resta sur place, sous le commandement de l’adjudant général Jacques Alexandre François Allix de Vaux (1768–1836), chef d’état-major de l’artillerie du Général Charles Chonet de Bollemont (1749–1815) de l’armée Sambre-et-Meuse. 5  Johann Baptist Schels, “Der Feldzug der kaiserlich-österreichischen und der alliierten Armeen in den Niederlanden im Jahre 1794,” Österreichische militärische Zeitschrift 1, no. 2 (1820): 182–222 ; LouisJoseph Zelle and Arthur Knaff, Die Blockade der Festung Luxemburg durch die Truppen der französischen Republik 1794–1795, Publications de la Section historique de l‘Institut grand-ducal de Luxembourg 42, fascicule 1 (Luxembourg: Bück, 1891) ; Jacques Dollar, La prise de Luxembourg par l’armée républicaine (Luxembourg: Imprimerie centrale, 1984) ; François Lascombes, Chronik der Stadt Luxemburg. 1684–1795 (Luxembourg: Imprimerie centrale, 1988). 3 

Nous tenons à remercier Boris Lesueur et Julien Daguet pour les échanges sur le mystérieux bouton d’officier de marine et Ron Bakx pour nous avoir aimablement communiqué la découverte d’un bouton identique à Rollegem en Flandre occidentale ; François Valotteau qui a effectué la relecture de ce chapitre ainsi que Henri-Georges Naton et JeanNoel Anslijn ; la Bibliothèque nationale autrichienne (Österreichische Nationalbibliothek) et en particulier Ulrike Polnitzky, Noémie Montignie du Lëtzebuerg City Museum et André Bruns, pour leur aide documentaire ; les membres du comité éditorial et du comité scientifique du présent ouvrage pour leur soutien à la recherche sur la thématique des campements militaires des périodes moderne et contemporaine. 2  Michèle Risch, Nouveau supermarché Cactus à Mensdorf (n° inv. CNRA : 2016–074), Rapport d’archéologie préventive bureau d’études Schroeder et associés S. A., sondages de diagnostic archéologique (Bertange: Archives du Centre national de recherche archéologique, 2016) ; Michèle Risch, Nouveau supermarché Cactus à Mensdorf (n° inv. CNRA : 2017–026), Rapport d’archéologie préventive bureau d’études Schroeder et associés S. A., fouilles archéologiques (Bertrange: Archives du Centre national de recherche archéologique, 2020). 1 

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133 Des campements militaires français

Figure 10.1. Carte de localisation des trois installations militaires de la fin du dix-huitième siècle fouillées près de la ville de Luxembourg. Fond de carte © Administration du Cadastre et de la Topographie Luxembourg, extrait de la carte topographique 1:50 000 (2009).

Michèle Risch and Laurent Brou

Figure 10.2. Sandweiler « In den Braaken ». Mobilier archéologique, dont une platine à silex de fusil. © Jean-Marie Elsen, INRA.

10.3. Les campements français

10.3.1.1. Les structures

10.3.1. L’installation de Mensdorf « An de Strachen ». Un exemple de(s) campement(s) temporaire(s)

Au total 42 structures appartenant aux installations militaires ont été détectées (Figure 10.3).

Le site « An de Strachen » à Mensdorf se trouve au sudouest du village de Roodt-sur-Syre, à environ 12 km à l’est de Luxembourg-ville. Il est implanté en bordure de plateau dans l’angle formé par la route nationale N.1 (route de Luxembourg) et le C.R. 187 (rue Strachen). Le campement a été découvert en 2016 lors d’une opération de diagnostic archéologique et fouillé sur environ 5000 m2 en 2017 par M. Risch.6

Elles se répartissent sur une surface d’environ 80 m × 65 m. Elles ont été classées en quatre catégories selon leur forme, la présence, respectivement l’absence de foyer. Les structures excavées sont préservées sur une épaisseur qui varie entre 8 et 30 cm. – Les fosses avec un ou deux foyers proéminents (STR1, STR2, ST3, STR4, STR6-7, STR8, STR9, STR 10, STR12, STR13, STR14, STR15, STR16, STR17, STR18, STR19, STR21, STR25, STR26, STR27, STR28, STR29, STR31, STR32, STR33, STR34, STR35).

La chaussée de Luxembourg à Grevenmacher et à Trèves, représentée sur la carte du comte Joseph de Ferraris (1777), est l’axe principal pour accéder à la ville de Luxembourg.7 C’est un axe important qui sera utilisé par les troupes françaises malgré la résistance autrichienne. Ce site de hauteur protégé par les pentes permet un contrôle efficace de la chaussée de Luxembourg à Trèves.

Ces structures se composent toutes d’une fosse à fond plat et d’une (plus rarement deux) zone foyère proéminente excavée dans une paroi de la fosse. Leurs dimensions et leur morphologie (rectangulaire, en T, en L) sont variables à l’exception de STR1 et STR2 (Figure 10.4) qui présentent des creusements rectangulaires de dimension et d’orientation identiques (2,2 m × 1 m).

Risch, Nouveau supermarché Cactus à Mensdorf, sondages de diagnostic archéologique ; Risch, Nouveau supermarché Cactus à Mensdorf, fouilles archéologiques. 7  Joseph-Johann-Franz Ferraris, Carte de cabinet des Pays-Bas autrichiens (s.l.: s.n., 1771–1778), feuille no.°258, accessed Jun 8, 2022, https://www.kbr.be/fr/projets/la-carte-de-ferraris. 6 

Le fond du foyer est toujours arrondi sauf dans un cas où il est plat (STR1). Parmi ces structures, la plus grande, de 134

Des campements militaires français

Figure 10.3. Mensdorf « An de Strachen ». Plan de répartition des structures archéologiques (en noir les structures du dixhuitième siècle). DAO : Kevin Sandri et Laurent Brou, © INRA.

Figure 10.4. Mensdorf « An de Strachen ». STR 1 et 2, fosses à foyer, décapage. © Michèle Risch, INRA.

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Michèle Risch and Laurent Brou

Figure 10.5. Mensdorf « An de Strachen ». STR 8 et 9, fosses à foyer en binôme. © Michèle Risch, INRA.

morphologie irrégulière (STR3), présente un creusement de 3,5 m sur 3,0 m. Les foyers peuvent présenter des aménagements sommaires avec des pierres installées contre les parois (STR9, Figure 10.5) ou sur la sole foyère (STR15 et STR19). Le fond de ces structures est recouvert d’une couche cendreuse, vidange des foyers, contenant des esquilles osseuses calcinées et le mobilier archéologique (balles en plomb, restes de plomb fondu, boucles, boutons d’uniforme, etc.). Certaines structures sont associées en binôme (par exemple STR8 et STR9, Figure 10.5), ce qui indiquerait une contemporanéité d’aménagement et de fonctionnement. Comme les STR1 et STR2, la STR14 est remarquable par sa morphologie régulière quasi rectangulaire (Figure 10.6), à l’exception de la paroi sud-ouest qui présente un redan, et ses grandes dimensions, 1,90 m sur 1,70 m. De par ses caractéristiques, la STR14 présente des similitudes avec les structures du camp de Luxembourg « Beim kleinen Weiher », interprétées comme des fonds de baraquement d’officiers (voir infra). On peut noter la découverte de trois boutons d’uniforme dans cette structure. Comme les structures STR1 et STR2, elle présentait un comblement homogène et limoneux, plus clair que le terrain naturel,

Figure 10.6. Mensdorf « An de Strachen ». STR14, fond de « baraquement » excavé : en haut, vue au décapage ; en bas, vue à la fouille. © Michèle Risch, INRA.

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Des campements militaires français – Les fosses (STR5, STR11a). La STR5 d’une dimension de 110 cm × 120 cm et d’une profondeur de 8 cm ne comporte pas de foyer. Cinq balles de fusil ont été retrouvées sur le fond plat de cette structure. La STR11a ne présente aucune trace de rubéfaction du sol et des parois. Elle mesure 2,10 m sur 1,30 m. La partie nord est légèrement plus étroite et moins profonde (20 cm) que la partie sud (fonction de marche ?). Dans la partie sud, la structure atteint une profondeur de 35 cm et le fond est recouvert par une fine couche cendreuse. Dans cette partie profonde, la STR11a a livré des restes osseux animaux non brûlés (l’ensemble le plus important du site), une pierre à fusil et, élément remarquable, un boulet de canon de 12 livres découvert au fond de la structure. – Les structures indéterminées (STR22a, STR26a, STR26b, STR30, STR38). Quelques structures mises au jour, comme les trous de poteau, restent sans attribution de fonction et sont de datation incertaine. 10.3.1.2. Le mobilier archéologique Le mobilier archéologique recueilli n’est pas très abondant et correspond au matériel militaire en usage dans l’armée française à la fin du dix-huitième siècle. Parmi les objets significatifs, on peut noter la découverte d’une poignée de sabre-briquet français modèle 1767 provenant de la STR4, d’un boulet de canon en fonte plein d’un diamètre d’environ 12 cm et d’une masse de 5,5 kg provenant de la STR11a, munition du canon de 12 livres de système Gribeauval. La pièce de 12 livres est la pièce d’artillerie de campagne la plus lourde avec une portée utile entre 900 m et 1000 m.8

Figure 10.7. Mensdorf « An de Strachen ». STR 17, fosse à foyer, « forme en bouteille ». © Michèle Risch, INRA.

puis une couche cendreuse au fond répartie depuis le foyer. La rubéfaction est plus importante que celles de STR1 et STR2. Structure de forme originale, la STR17 présente une forme en bouteille (Figure 10.7). Elle présente une longueur de 2,10 m et une largeur de 0,70 m. L’impact de la chaleur est visible sur les parois du foyer allongé avec une rubéfaction intense notamment au niveau du col.

En ce qui concerne les armes à feu portatives, une batterie cassée de fusil à platine à silex a été découverte dans la couche cendreuse au niveau du foyer de la structure STR12. Les dix-neuf balles, mises au jour dans les structures et en surface, avec un diamètre autour de 17 mm (quelques exemplaires portent les traces de la fonte : bavures, restes de coulée) correspondent au calibre du fusil modèle 1777. L’arme à disposition de l’infanterie en 1794 est toujours le fusil modèle 1777, fusil à platine à silex à un coup et au canon lisse de calibre 17,5 mm. Enfin, plusieurs fragments de tiges métalliques semblent être des restes de baguettes de chargement. Les pierres à fusil sont au nombre de trois (à proximité de la STR11, STR11a et STR13). Elles sont en silex blond et marron, translucide avec quelques inclusions laiteuses blanches. Les dimensions générales sont de 3,5 cm en longueur, 2,8 cm en largeur, et 1 cm en épaisseur. Ces pierres à fusil proviennent très probablement du Loir-et-Cher où des villages (communes de Meusnes,

Le fond du foyer est comblé d’une couche cendreuse compacte assez importante ne contenant pas de vestiges ; celle-ci est étalée sur le reste du creusement en devenant plus fine vers l’extrémité nord-ouest de la structure. Vu l’absence de mobilier archéologique, la fonction de l’ensemble ne peut pas être déterminée exactement. La morphologie pourrait évoquer une forge. – Les foyers simples (STR11, STR20, STR22, STR23, STR24, STR24a, STR36, STR37). Les foyers sont des structures à plat de forme circulaire, rectangulaire voire polygonale. Leur surface est inférieure à 1 m2. Ils se manifestent par une couche cendreuse noire de quelques centimètres d’épaisseur. À l’exception de STR11, ils n’ont pas livré de mobilier archéologique. De fines esquilles osseuses sont mêlées aux cendres. STR11 a livré des restes de plomb fondu, des balles de fusil et une pierre à fusil.

René Chartrand, Napoleon’s Guns 1792–1815 (1), Field Artillery, New Vanguard 66 (Oxford: Osprey Publishing, 2003), 8 ; Musée de l’Armée, Le système Gribeauval (Paris: Musée de l’Armée, 2022), accessed Jun 8, 2022, https://www.musee-armee.fr/collections/explorer-les-collections/ portofolios/le-systeme-gribeauval.html. 8 

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Michèle Risch and Laurent Brou

Figure 10.8. Mensdorf « An de Strachen ». STR12, mobilier archéologique. Bouton d’uniforme militaire français en cuivre de la 1ère république, modèle 1792. © Michèle Risch, INRA.

Saint-Aignan, Couffy et Noyers) étaient spécialisés dans la production de ces pierres entre la fin du dix-septième et le milieu du dix-neuvième siècle.9 Les témoins de l’équipement individuel sont constitués essentiellement par 15 boutons d’uniforme, mais malheureusement aucun ne porte un numéro de régiment. Deux types de boutons sont représentés, d’une part le bouton fondu qui est normalement fabriqué en métal blanc ou jaune et d’autre part, le bouton serti en matières composites. Ces boutons sont conformes au décret du 4 octobre 1792 et portent l’inscription « République française » avec la représentation du faisceau des licteurs surmonté du bonnet phrygien (Figure 10.8). Différentes boucles en alliage cuivreux ont été rencontrées lors de la fouille. Certains exemplaires présentent même des restes de cuir, mais il est difficile de les attribuer à des objets précis (ceinture, giberne, buffleterie, havresac, etc.). Un petit marteau (longueur totale de 9,6 cm) provient de STR3. Il présente une face de martelage arrondie opposée à un arracheclou (largeur de 3,6 cm). Il pourrait s’agir d’un marteau de cordonnier. Parmi les clous découverts, certains exemplaires s’apparentent à des clous de chaussures.

Figure 10.9. Mensdorf « An de Strachen ». STR27a, mobilier archéologique. Fragment de tuyau de pipe en terre avec inscriptions. © Michèle Risch, INRA.

de fabrication allemands (Figure 10.9). À partir de la deuxième moitié du dix-huitième siècle, la région du Westerwald est connue pour ses nombreuses productions de pipes en terre cuite.10 Enfin on peut signaler la découverte intéressante d’un hameçon en fer, bien conservé, découvert dans la structure STR6-7. 10.3.1.3. Les restes alimentaires Les restes alimentaires sont constitués uniquement de déchets osseux, brûlés et non brûlés d’animaux de boucherie mais des échantillons sédimentaires ont été réalisés pour rechercher d’éventuels carporestes et aliments transformés carbonisés (céréales, légumineuses, pain) ou des restes d’ychtiofaune. La majorité des ossements animaux provient des foyers et des couches cendreuses de vidange réparties sur le fond des structures. L’étude archéozoologique n’a pas encore été entreprise mais on peut d’ores et déjà identifier des restes de bovins, de caprinés et de cochons. Une partie des os porte des traces de découpe de boucherie.

Seize fragments de pipes en terre cuite ont été découverts sur le site, essentiellement des fragments de tuyaux non décorés. Certains portent les restes d’inscription. Les marques des ateliers ne sont que partiellement conservées et ne permettent pas d’identifier le lieu de production. Cependant l’inscription « FABRICIRT » ainsi que les rainures au niveau de la transition entre le tuyau et le fourneau nous renvoient plutôt à des ateliers

Andreas Heege, “Tabak und Tabakpfeifen in der Schweiz,” in Die Schweiz von 1350 bis 1850 im Spiegel archäologischer Quellen: Akten des Kolloquiums, Bern, 25.–26.01.2018 (Basel: Verlag Archäologie Schweiz, 2018), 371–381. 10 

Jean Emy, Histoire de la pierre à fusil (Meusnes: Musée de la pierre à fusil, 1964). 9 

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Des campements militaires français (Figure 10.10). Soixante-huit structures ont été identifiées. Il s’agit de trous de poteau, de fosses circulaires ou allongées, de structures de combustion, de fosses avec une ou deux soles foyères, de « baraquements excavés » à foyer unique arrondi proéminent. Quelques-unes des structures, notamment des trous de poteau, sans mobilier archéologique, sont probablement d’une autre époque (protohistoire ?). Une fosse circulaire riche en mobilier céramique (ST68) est protohistorique (second âge du Fer).

10.3.1.4. Durée d’occupation du site et fonctionnement Les parois des creusements montrent très peu de traces d’érosion. Au niveau des foyers, la rubéfaction est bien visible, mais elle n’a que faiblement impacté le sol naturel. Ces constations indiquent un usage limité dans le temps des installations. La faible quantité de mobilier archéologique s’explique aussi par le caractère temporaire des installations militaires.

D’après les éléments retrouvés, en particulier des boutons d’uniforme avec la mention « République Française », la figuration du bonnet phrygien et de faisceaux de licteurs, ainsi que l’emplacement du site proche de la ville de Luxembourg, on peut rattacher historiquement la majorité de ces structures au fonctionnement d’un campement militaire français actif durant le blocus de la place de Luxembourg en 1794–95.13 Ce campement est d’ailleurs connu et figuré sur deux plans en dépôt à Vienne et publié par M. Watelet (Figure 10.11).14 On peut souligner au passage la précision des relevés cartographiques de l’époque et en conséquence, leur bonne concordance avec les faits archéologiques mis au jour.

On peut supposer qu’une bonne partie des creusements correspondent à des foyers pour la « popote ». Les bords des creusements feraient alors fonction de banquette. Ces structures pouvaient être ou non recouvertes d’une tente réglementaire ou d’une toiture improvisée. Les structures les plus grandes pouvaient correspondre à des fonds de baraque. De la paille était étalée sur le fond plat des creusements comme l’attestent les restes conservés par les oxydes métalliques des boutons d’uniforme ou des boucles d’harnachement. Les comblements homogènes indiquent que les troupes françaises auraient volontairement rebouché leurs installations afin d’éviter leur réutilisation par l’ennemi mais un rebouchage par les agriculteurs afin de pouvoir réutiliser leurs champs dévastés est également possible. Certaines structures juxtaposées ou à proximité immédiate l’une de l’autre, possèdent des profondeurs différentes. Ceci pourrait indiquer une occupation successive par des contingents militaires différents (minimum deux phases). L’ensemble mis au jour lors des fouilles représenterait alors la superposition de plusieurs phases d’occupation de troupes.

10.3.2.1. Les structures On retrouve des catégories de structures similaires à celles mises au jour sur le site de Mensdorf. – Les grandes fosses à foyer (ST20, ST21, ST22, ST28, ST29, ST40, ST42, ST43, ST46, ST50, ST57, ST65). Parmi ce groupe, des structures présentent un unique foyer en abside à l’extrémité d’une fosse rectangulaire à fond plat. Les ST20 et ST22 sont les deux plus grandes (Figures 10.12 et 10.13). Elles sont aussi parmi les structures les mieux préservées. La première a une longueur hors tout de 3,92 m sur 2 m de largeur (épaisseur maximale conservée 15 cm) et la seconde une longueur hors tout de 3,5 m sur 2,05 m (épaisseur maximale conservée 22 cm). La sole et les parois des foyers étaient fortement rubéfiées voire cuites, témoignant d’un usage intensif, une couche piétinée de cendres et de charbons de bois des vidanges recouvrant le fond. La ST20 présente un petit trou de poteau à chaque extrémité espacée. La distance qui les sépare est de 3,15 m. Deux boutons en cuivre découverts au fond de la fosse présentent des restes minéralisés de paille. Certaines comme les ST50 et ST57 présentent une sole aménagée en pierre : un appareillage soigné pour la ST50 (Figure 10.14) et une dalle monolithique épaisse pour la ST57.

En se basant sur les sources historiques autrichiennes et françaises,11 la présence de troupes françaises sur les postes de Mensdorf et de Roodt-sur-Syre est attestée à partir du 4 août 1794 et ce jusqu’au 18 novembre 1794. Cependant, une occupation permanente du site semble peu probable au regard du bon état de conservation des structures. 10.3.2. L’installation de Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». Un exemple de campement du blocus Ce campement militaire français a été découvert en 2015 et fouillé en 2016 sous la direction de L. Brou, dans le cadre d’une opération d’archéologie préventive à Luxembourg au lieu-dit « Beim kleinen Weiher » au sud de la ville de Luxembourg.12 Ce camp est situé à environ 4 km (soit environ une lieue) du centre de la ville, sur l’ancienne route de Luxembourg à Bettembourg qui existe toujours. Le campement militaire français a été reconnu sur une surface de 145 m de longueur et 35 m de largeur

Schels, “Der Feldzug der kaiserlich-österreichischen und der alliierten Armeen in den Niederlanden im Jahre 1794,” 182–222 ; Zelle and Knaff, “Die Blockade der Festung Luxemburg durch die Truppen der französischen Republik 1794–1795” ; Dollar, La prise de Luxembourg par l’armée républicaine ; Lascombes, Chronik der Stadt Luxemburg. 1684–1795. 14  Marcel Watelet, Luxembourg, Ville Obsidionale : Cartographie et ingénierie européennes d’une place forte du XVIe au XIXe siècle (Luxembourg: Musée d’histoire de la ville de Luxembourg, 1998), 186–187, 194–195. 13 

Risch, Nouveau supermarché Cactus à Mensdorf, fouilles archéologiques. 12  Julien Biver, Luxembourg Ban de Gasperich - Phase 2 (n° inv. CNRA : n° 2015–062), Rapport d’archéologie préventive ArchéoConstructions S. A., sondages archéologiques (Bertrange: Archives du Centre national de recherche archéologique, 2016). 11 

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Michèle Risch and Laurent Brou

Figure 10.10. Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». Plan de répartition des structures archéologiques (en noir les structures du dix-huitième siècle). DAO : Julien Biver, Yann Waersegers et Laurent Brou, © INRA.

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Des campements militaires français

Figure 10.11. Plan du blocus de 1794-95 de la place de Luxembourg par l’armée française (Anonyme, s.d. / circa 1795 ; source : Bild-Archiv und Porträt-Sammlung der Österreichischen Nationalbibliothek , Wien / ALB Port 27b, 26 KAR) et localisation du campement militaire français mis au jour en 2015 au lieu-dit « Beim kleinen Weiher » au sud de Luxembourg-ville et fouillé en 2016 par le CNRA.

Figure 10.12. Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». ST20, fond de « baraquement » excavé : à gauche, vue au décapage (© Laurent Brou, INRA) ; à droite, vue à la fouille (orthophoto © Matthias Paulke, INRA). La couverture de cette structure pouvait être en toile (TP = trou de poteau).

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Michèle Risch and Laurent Brou

Figure 10.13. Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». ST22, fond de « baraquement » excavé : à gauche, vue au décapage (© Laurent Brou, INRA) ; à droite, vue à la fouille (orthophoto © Matthias Paulke, INRA).

Figure 10.14. Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». ST50, fond de « baraquement » excavé érodé, vue au décapage. Détail de la sole aménagée en pierres du foyer. © Laurent Brou, INRA.

– Les fosses-foyers (ST9, ST12(+11), ST16, ST31).

De telles fosses ont été observées sur le site de Frameries près de Mons.15

Il s’agit de fosses généralement de forme quadrangulaire qui présentent des zones de rubéfaction et qui peuvent être riches en charbons de bois (ST9). La ST12 a livré un sabre complet (Figure 10.15).

– Les foyers à plat ou en cuvette (ST1, ST3, ST4, ST5, ST7(=58), ST8, ST13, ST36, ST51, ST53, ST54, ST55, ST56).

– Les fosses (ST14, ST39, ST45, ST52, ST62, ST63, ST66).

Ces structures ont souvent livré du matériel (balles, fragments de pipe en terre, boutons, etc.).

Ces fosses peuvent être quadrangulaires et à fond plat ou allongées et plus profonde avec un fond irrégulier.

15 

Marceline Denis, “Frameries/Frameries : vestiges de campements militaires (fin 16e – début 17e et 18e siècles),” Chronique de l’Archéologie wallonne 21 (2014): 130–132 ; Nicolas Authom and Marceline Denis, “Frameries/Frameries : exploration de campements militaires liés aux sièges de la ville de Mons (fin 16e–18e s. ?), zoning du Crachet, site Belle Vue,” Chronique de l’Archéologie wallonne 25 (2017): 76–78.

La ST52 a livré des ossements non brûlés, déchets probables de boucherie. Ces fosses allongées, qui présentent une même orientation, ont pu avoir une fonction de dépotoir. 142

Des campements militaires français

Figure 10.15. Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». ST12, « fosse-foyer ». Mise au jour d’un sabre complet. © Laurent Brou, INRA.

– Le fossé (ST67). La ST67 est un fossé peu profond, observé sur une trentaine de mètres et d’environ 1,5 m dans sa plus grande largeur. Il a la même orientation que les fosses allongées. Sa fonction reste inconnue. Il pourrait simplement marquer la limite ouest du camp. Il n’y a plus de structures du dix-huitième siècle à l’ouest de cette limite. La seule structure existante, est une fosse circulaire protohistorique (ST68). – Les structures de ST10, ST15, ST17, ST26, ST27, ST30, ST38, ST41, ST44, ST61, ST64).

datation indéterminée (ST2, ST6, ST18, ST19, ST23, ST24, ST25, ST32, ST33, ST34, ST35, ST37, ST47, ST48, ST49, ST59, ST60,

En l’absence de mobilier, leur datation est difficile, nombre de ces structures sont des trous de poteau, certains pourraient dater du dix-huitième siècle (ST47-48-49 associés à la ST50, mâts supports de couverture ?).

Figure 10.16. Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». ST22, mobilier archéologique. Bouton en cuivre d’officier français de la marine militaire de la 1ère république et boucle de cravate. © Laurent Brou, INRA.

10.3.2.2. Le mobilier archéologique mordache. Une dizaine de boutons métalliques ont été recueillis dont un avec un numéro. Ce dernier provient de la ST22, il s’agit d’un bouton en cuivre bien préservé d’officier français de la marine militaire16 portant le numéro 63 (Figure 10.16).

Le mobilier archéologique mis au jour est analogue à celui découvert à Mensdorf, il est par contre relativement plus abondant. Les structures ont livré des éléments d’armement et d’équipements militaire (des balles en plomb de fusil et de pistolet, des pierres à fusil, une batterie de platine, des boutons d’uniformes, une pioche, un sabre entier autrichien, des boucles, etc.), des pièces de monnaie, de la vaisselle en céramique, des fragments de pipes en terre de production hollandaise (marques).

Archives parlementaires, Tome 58. Convention nationale : du 29 janvier au 18 février 1793, Séance du 6 février 1793. Ce bouton est conforme au Décret du 6 février 1793 sur l’organisation de la Marine. Article 12 : “ […], des boutons de cuivre doré à l’ancre, surmonté du bonnet, avec l’exergue : République française […] ”, in Jérôme Madival and Émile Laurent, Archives parlementaires de 1789 à 1860 : recueil complet des débats législatifs et politiques des Chambres françaises (Paris: Librairie administrative de Paul Dupont, 1862). 16 

Les balles en plomb sont abondantes, 57 au total et les pierres à fusil sont au nombre de sept dont une avec sa 143

Michèle Risch and Laurent Brou

Figure 10.18. Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». Décapage, mobilier archéologique. Boucle de ceinturon de soldat autrichien. © Laurent Brou, INRA.

10.3.2.4. Durée d’occupation du site et fonctionnement Au niveau spatial les structures se répartissent en trois groupes. Le groupe central est le plus intéressant. Il se compose de cinq structures espacées dont trois de forme quadrangulaire à fond plat, présentant chacune un foyer unique arrondi proéminent (ST20, ST21 et ST22). Ces structures, comme d’autres sur le site (ST12, ST28, ST29, ST40, ST 43, ST50, ST57 et ST62), sont interprétées comme les fondations excavées de « baraquements ». L’espace central pourrait être celui du lieu de vie des officiers comme en témoigne le mobilier de la structure ST22 et notamment le bouton d’officier français de la marine militaire. Il n’y a pas d’éléments qui permettent d’identifier avec certitude le type de couverture et d’isolation utilisé pour ces petits habitats. La couverture pouvait être plus large que l’excavation et former ainsi des banquettes. Il pouvait s’agir de paille, de branches, de planches ou d’une couverture en toile de type tente réglementaire. Il est par exemple stipulé dans un décret du 5 septembre 179218, à l’article 2 concernant les effets de campement pour l’infanterie : « Il sera fourni une tente pour loger chaque officier supérieur et capitaine, les lieutenants logeront deux à deux ». La structure ST20 présente à chacune de ses extrémités un petit trou de poteau pour l’installation probable des mâts de soutien d’une traverse faîtière pour une toiture à deux pans en toile ou en matière végétale (branches, paille).

Figure 10.17. Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». ST12, mobilier archéologique. Sabre autrichien. © Tom Lucas, INRA.

Il était dans la couche de vidange sous une pierre. Cette vaste structure a également livré une boucle de cravate (Figure 10.16) et un fond de bouteille de vin ou de champagne. Parmi les autres objets significatifs on peut noter la découverte d’un sabre autrichien complet (de prise ?) dans la ST12 (Figure 10.17). Le fourreau en bois s’est décomposé mais des restes ligneux sont visibles dans la bouterolle ainsi que sur la poignée. Enfin une grosse boucle de ceinturon de soldat autrichien entière a été recueillie (Figure 10.18), malheureusement hors stratigraphie, mais deux attaches cassées proviennent des structures 40 et 57. 10.3.2.3. Les restes alimentaires Il s’agit essentiellement, comme à Mensdorf, de restes osseux, brûlés et non brûlés, d’espèces bouchères (bovins, caprinés, cochons). L’étude archéozoologique est en cours. Des études carpologiques et anthracologiques ont été menées sur plusieurs structures mais les résultats sont encore inédits. Les études archéobotaniques des campements militaires et sur l’alimentation des soldats de la période moderne ou contemporaine sont encore très rares.17

Il s’agit ici d’un camp en situation de blocus qui est en place au moins depuis le 4 mai 1795 d’après les mentions sur les plans de Vienne (voir supra) avec des troupes

Delphine Cense-Bacquet and Tarek Oueslati, “Un petit campement militaire temporaire au cours du conflit franco-autrichien de 1792–1794 sur le site Marcq-en-Barœul, « Le Cheval Blanc » (Nord),” Revue du Nord 388, no. 5 (2010): 19‑37.

Archives parlementaires, Tome 49. Assemblée nationale legislative : du 26 août au 15 septembre 1792, Séance du 5 septembre 1792, in Madival and Laurent, Archives parlementaires de 1789 à 1860 : recueil complet des débats législatifs et politiques des Chambres françaises.

17 

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Des campements militaires français sédentaires (fantassins, artilleurs, etc.). Son organisation est donc conditionnée par les aspects topographiques et tactiques mis en œuvre. L’occupation très probablement continue, avec peut-être des rotations de troupes, a duré plusieurs semaines voire plusieurs mois.

Mayence qui souffrirent terriblement du manque de pain, de fourrage et de cet hiver sibérien.24 Enfin, on peut douter de l’efficacité des tentes en toile de dotation lors de l’hiver 1795. L’aspect visuel des campements du blocus ne devait pas être très réglementaire, probablement faits de bric et de broc comme sur la lithographie d’Auguste Raffet, « Le camp » (Figure 10.19).

10.4. La vie quotidienne des troupes 10.4.1. Les conditions météorologiques de 1794–95 L’hiver 1794–95 de type sibérien fut particulièrement sévère19 (indice 8 selon la classification de sévérité de Ijnsen, le maximum indiciaire glacial étant à 9 en 1788– 89). Il fait suite à la mauvaise moisson de 1794 qui a été médiocre en volume et en qualité en raison de l’échaudage des grains et de la sécheresse (fortes chaleurs de janvier à juin). Les mois de juillet et d’août seront marqués par de fortes précipitations et feront germer le grain en gerbes. Cette mauvaise récolte aggravée par la désorganisation de l’économie agricole, du commerce avec l’abolition du Maximum général20 par la Convention thermidorienne21 le 24 décembre 1794 et les réquisitions frumentaires pour l’armée du Nord va entraîner disette, mortalité et révoltes au printemps 1795, notamment dans les villes de France.22

10.4.2. Le ravitaillement des campements militaires français durant le blocus

Les troupes françaises du blocus de Luxembourg semblent affronter l’hiver 1794–95 dans d’assez bonnes conditions. Le soldat Charles-Basile-Éloi Pigné23 est stationné dans un camp à une lieue de la place, en face du fort Saint-Charles, vers la fin novembre 1794. Il relate la rigueur de l’hiver et la coupe de hêtres, lors des corvées de bois, qui étaient brulés verts, des gelées pendant trois mois mais un temps sain et un sol dur. Le problème viendra surtout du dégel lorsque les champs labourés deviendront des bourbiers. Hormis les inconvénients du dégel, le blocus fut pour Charles-Basile-Éloi Pigné « […] un temps de gaîté et de plaisir. Nous avions des vivres et du bois à suffire ». La réalité fut toute autre au cours de la même période pour les troupes des Armées du Rhin et de la Moselle du blocus de

« Art. 2. Les officiers de tout grade jouiront, pendant la campagne, d’un tiers en sus de leurs appointements et traitements. Il leur sera fourni des rations de pain et de viande, et des rations de fourrages, dont le nombre et la retenue seront fixés par le pouvoir exécutif, sans qu’aucun desdits officiers, de quelque grade qu’il soit, puisse jamais exiger ni prendre des rations au-delà du nombre qui aura été déterminé.

Dans toutes les campagnes militaires, la capacité de ravitaillement en munitions de guerre et de bouche des troupes est un facteur fondamental et demande une logistique importante. Ces munitions proviennent du sol français (réquisitions) ou des prises de guerre comme la prise des dépôts d’Arlon en 1793. Durant la période révolutionnaire, des commissaires des guerres25 ont été chargés de pourvoir et de gérer les munitions de guerre et de bouche pour les armées en campagne.26 Chaque soldat doit recevoir en campagne une quantité journalière de vivres qui est fixée par décret comme celui d’urgence du 17 février 1792 :27

Art. 3. Il sera distribué au sous-officier et au soldat de toute arme, par chaque jour et à dater de l’ouverture de la campagne, une ration de pain de munition du poids de 28 onces, sans aucune retenue, une demi-livre de viande ; et pour ce dernier objet, il laissera 1 sol 6 deniers par jour. […] Art. 5. Il sera mis, et entretenu à la suite de l’armée, des approvisionnements de riz, vinaigre, eau-de-vie, chemises, bas et souliers, pour être distribués aux troupes sur les ordres du général, lorsque les circonstances l’exigeront. »

A. F. V. Van Engelen, J. Buisman, and F. Ijnsen, “A millenium of weather, winds and water in the Low Countries,” in History and climate: Memories of the Future?, ed. Phil D. Jones, Astrid E. J. Ogivie, Trevor D. Davies, and Keith R. Briffa (New York: Kluwer Academic/Plenum Publishers, 2001), 101–124 ; Jan Buisman, Duizend jaar weer, wind en water in de Lage Landen, 1751–1800, vol. 6 (Franeker: Uitgeverij Van Wijnen, 2015). 20  La loi du Maximum général fut promulguée le 29 septembre 1793 par la Convention nationale pour contrôler les stocks, les lieux de vente et le prix des denrées de première nécessité comme les grains afin de contrer la crise de subsistance et la hausse des prix provoquée par les spéculateurs alimentaires. 21  Après la chute de Robespierre, période allant 27 juillet 1794 au 26 octobre 1795. 22  Emmanuel Le Roy Ladurie, Daniel Rousseau, and Anouchka Vasak, Les fluctuations du climat de l’an mil à aujourd’hui (Paris: Fayard, 2011) ; Emmanuel Le Roy Ladurie, Jean-Pierre Javelle, and Daniel Rousseau, “Sur l’histoire du climat en France : le XVIIIe siècle,” La Météorologie 91 (2015): 9–22. 23  Dollar, La prise de Luxembourg par l’armée républicaine ; CharlesBasile-Éloi Pigné, Relation extraite d’un manuscrit intitulé “Registre de famille” (Lillebonne: Musée Municipale de Lillebonne, Seine-Maritime, 1886). 19 

Laurent de Gouvion-Saint-Cyr, Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin et du Rhin et Moselle, de 1792 jusqu’à la paix de CampoFormio. Campagnes de 1794 et 1795, vol. 2, chap. 6 (Paris: Anselin, libraire pour l’art militaire, 1829). 25  Les commissaires des guerres forment le corps administratif de l’armée. Entraient dans leurs fonctions, la surveillance des approvisionnements, la levée des contributions en pays ennemi, la police des étapes et convois, la distribution et le transport des vivres, du fourrage, du bois de chauffage, de l’habillement et de l’équipement, la remonte, les hôpitaux, les prisons, l’ordonnancement et la vérification des dépenses qui en résultent. 26  Jean Milot, “Évolution du Corps des Intendants Militaires (des origines à 1882),” Revue du Nord 50, no. 198 (1968): 381–410. 27  Archives parlementaires, vol. 38, 596, in Madival and Laurent, Archives parlementaires de 1789 à 1860 : recueil complet des débats législatifs et politiques des Chambres françaises. 24 

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Michèle Risch and Laurent Brou

Figure 10.19. Le camp par Auguste Raffet, lithographie n° 7 de l’album de 1837 (collection privée).

Les troupes françaises connaissaient des soucis de ravitaillement et d’équipement, comme en témoigne l’extrait de l’acte de Bourbotte au Comité de Salut public du 2 septembre 1794,28 « L’armée de la Moselle est une armée improvisée, puisque celle qui portait ce nom est aujourd’hui commandée par Jourdan. Elle n’a pas la moitié des objets qui lui seraient nécessaires, tant en artillerie qu’en chevaux et moyens de transport ; son administration est vicieuse, languissante par l’incapacité des agents qui la composent ».

les pièces d’artillerie. Cependant la faim, l’épuisement, les blessures causent une mortalité importante. Le manque de chevaux pour le transport et la cavalerie va causer de grandes difficultés aux armées républicaines et des choix cornéliens à leurs officiers.32 Autre problème, l’état des routes et chemins qui peuvent devenir impraticables suite à de fortes pluies ou en raison du dégel. Le gel profond pendant plusieurs mois, en durcissant les sols, sera salutaire pour le ravitaillement des troupes françaises du blocus de la place de Luxembourg, comme pour celles du blocus de Mayence.33

Un tableau d’approvisionnement de siège,29 établi le 10 Vendémiaire de l’An V (1 octobre 1796), par un commissaire ordonnateur pour l’armée de Sambre-etMeuse, stationnant à Luxembourg, donne un état détaillé du stock, nécessaire et effectif,30 en munitions de bouche pour le ravitaillement de 12 000 hommes et 1 200 chevaux pendant un an. On constate à sa lecture un état de pénurie pour quasiment toutes les denrées, exceptés le sel, l’huile de Mayette,31 le tabac à fumer et les pipes en terre, et les chemises qui sont en excédents.

10.5. Conclusion De nombreux ouvrages, au moins depuis le dixseptième siècle, donnent des règles pour l’installation et l’organisation des campements militaires conformément à des normes de hiérarchie, de discipline, de rationalité, de logistique et de sécurité qui vont évoluer avec le temps. La castramétation des campements militaires français pendant la révolution française est héritée de celle de l’armée de l’ancien régime.34 Les modifications pendant la révolution vont surtout impacter l’organisation interne

Mais pas de ravitaillement sans transport, il faut beaucoup de chevaux pour transporter les caissons de vivres et tirer François-Alphonse Aulard, Recueil des actes du Comité de salut public avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du Conseil exécutif provisoire, vol. 16, 10 août 1794 – 20 septembre 1794 (Paris: Imprimerie nationale, 1904), 482. 29  Original : Fonds du Centre de documentation sur la forteresse de Luxembourg, Musée Dräi Eechelen, Luxembourg. 30  Inventaire des différents magasins. 31  Noyer Mayette (Juglans regia). 28 

de Gouvion-Saint-Cyr, Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin et du Rhin et Moselle, 151. 33  de Gouvion-Saint-Cyr, Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin et du Rhin et Moselle, 149–150. 34  Guillaume Le Blond, Essai sur la castramétation ou sur la mesure et le trace des camps (Paris: Jombert, 1748) ; Louis Charles Dupain de Montesson, Les amusements militaires : Ouvrage également agréable et 32 

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Des campements militaires français de l’armée, l’uniforme et l’équipement des soldats et faire disparaître avec la proclamation de la République les insignes de la monarchie.

que les restes alimentaires (ossement animaux). Il n’y a pas d’alignement de structures clairement identifiable, nous sommes en présence de trois groupes de structures. Le groupe central demeure le plus intéressant par ses structures de grandes dimensions (fosse rectangulaire avec un foyer proéminent à une extrémité) et avec des espaces vides importants. L’une d’elle a livré un bouton d’officier de marine avec un numéro. Ce groupe pourrait correspondre à des fonds de baraque d’officiers qui étaient recouvertes par une tente réglementaire ou une structure végétale de branchages et de pailles.

Ces fouilles ont mis en évidence deux installations des armées républicaines françaises témoins de la campagne contre la place forte de Luxembourg de 1794–95. La découverte de boutons avec la mention république française et de monnaies de la fin du dix-huitième siècle a permis une datation rapide des installations. La première, l’installation de Mensdorf « An de Strachen » correspond très probablement à une succession de campements temporaires sur la même position sur la route stratégique de Luxembourg à Trêves. Il s’agit de campements temporaires comme en témoigne la fraîcheur des structures qui présentent souvent des bords nets, peu érodés, probablement taillés à la bêche et des zones foyères avec une rubéfaction superficielle. Ces structures, le plus souvent excavées, ne présentent pas une morphologie standardisée excepté la présence très fréquente d’un ou de deux foyers. Le mobilier découvert le plus souvent au fond des structures (matériel militaire, équipement et restes alimentaires) est peu abondant. Les foyers ont servi aux troupes à préparer les repas et à d’autres tâches comme la fabrication de balles en plomb. Si on se reporte aux traités de castramétation (voir supra), un campement s’organise idéalement de part et d’autre d’une ligne de structures dédiées à la cuisine des soldats. À Mensdorf « An de Strachen », l’interprétation est difficile, mais on pourrait identifier trois lignes. À ce titre les lecteurs pourraient s’interroger sur le décapage irrégulier de l’emprise de la fouille à Mensdorf. Mis à part des questions de financement de l’opération,35 elle est consécutive à une erreur d’appréciation. Les deux seules structures mises au jours lors du diagnostic, les STR 1 et STR2, semblaient organiser une ligne. La morphologie de ces structures présentait de fortes analogies avec celles mises au jour sur le site du « Cheval blanc » à Marcq-en-Barœul,36 camp temporaire daté de 1792 et seul exemple contemporain publié à notre connaissance. Ce camp était matérialisé par des groupes de structures formant une ligne et nous pensions alors à l’époque être dans le même cas.

À Mensdorf comme à Luxembourg, les structures ont été systématiquement rebouchées au départ des troupes. Le comblement est homogène et sans mobilier archéologique. On observe dans quelques cas des blocs de pierre qui ont été jetés volontairement dans le comblement (ST22, Figure 10.13). En ce qui concerne l’identification des troupes, mis à part le bouton d’officier de marine, malgré un usage intensif du détecteur de métaux, aucun bouton avec un numéro de demi-brigade n’a été découvert qui aurait pu nous permettre d’identifier les troupes qui ont stationné à Mensdorf « An de Strachen » et à Luxembourg « Beim kleinen Weiher ». À ce stade, il n’a pas été entrepris de travaux sur les archives militaires comme celles en dépôt au Service Historique de la Défense (SHD) à Vincennes. Nous aurions pu avoir un espoir avec le bouton d’officier de marine portant le numéro 63, malheureusement « ce régiment » est inconnu !37 Le numéro 63 a correspondu en 1791 au régiment d’infanterie suisse d’Ernest mais il a été licencié en 1792 et la 63ème demi-brigade d’Infanterie de Ligne n’est constituée que le 29 nivôse an IV (19 janvier 1796). Pour Boris Lesueur, il pourrait appartenir à un régiment d’artillerie de la marine38 mais cela reste une énigme pour Julien Daguet39 qui a réalisé un mémoire sur les troupes de marine.40 S’agirait-il d’un possible avatar du Ce bouton n’est pas catalogué dans le magistral ouvrage de Louis Fallou, en tout cas pas avec un numéro. Louis Fallou, Le bouton uniforme français : de l’Ancien Régime à fin juillet 1914 (Paris: Éd. la Giberne, 1915). 38  Boris Lesueur, Les troupes coloniales d’Ancien Régime. Fidelitate per Mare et Terras (Paris: Éd. SPM, 2014). 39  « Les régiments de la marine (deux d’artillerie et quatre d’infanterie, ainsi que trois compagnies d’ouvriers) sont supprimés par le décret du 9 pluviôse an 2 (28 janvier 1794), les hommes versés dans les bataillons de volontaires nationaux (et ensuite amalgamés dans les demi-brigades d’infanterie). L’arrêté du Comité de Salut public du 19 pluviôse an 2 (7 février 1794) affecte théoriquement aux vaisseaux les quelques hommes ayant une formation de canonnier. Les troupes de la marine sont ensuite rétablies par la loi du 3 brumaire an 4 (25 octobre 1795) en sept demi-brigades d’artillerie de la marine et trois compagnies d’ouvriers d’artillerie. Donc, au moment du blocus de Luxembourg, il n’y a pas de troupes de la marine. L’ancien propriétaire de ce bouton était peut-être un ancien des troupes de la marine, des troupes coloniales ou des équipages de la flotte, avant de se retrouver au blocus. L’armée de Rhin-et-Moselle avait besoin de batteries d’artillerie lourde (des tubes de 12, de 18 ou de 24) et donc de spécialistes de ces pièces. Ce n’est qu’une possibilité. De toute façon, le respect des règlements laissait un peu à désirer dans les armées républicaines : il y avait beaucoup d’uniformes fantaisistes, chacun récupérant ce qu’il peut et voulant se démarquer des autres », Julien Daguet, communication personnelle du 29 mai 2018. 40  Julien Daget, Les troupes de la marine, 1774–1816, MA thesis (Paris: Université de Paris IV, 2001). 37 

L’installation de Luxembourg « Beim kleinen Weiher » correspond quant à elle à un campement du blocus qui est détecté, au plus tôt, le 4 mai 1795 par les Autrichiens. Les troupes y stationnant bloquent la route de LuxembourgBettembourg-Thionville. À l’inverse de Mensdorf, les bords des structures sont moins propres et la rubéfaction des foyers est plus marquée. Les soles foyères sont fortement indurées et témoignent de nombreuses phases d’utilisation. Le mobilier est plus abondant, de même instructif : Servant d’introduction aux sciences qui forment les guerriers (Paris: Guillaume Desprez, 1757). 35  Les opérations de fouilles d’archéologie préventive étaient financées entièrement par le CNRA donc par l’État jusqu’au vote de la loi du 25 février 2022 relative au patrimoine culturel. 36  Cense-Bacquet and Oueslati, “Un petit campement militaire temporaire,” 19‑37.

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Michèle Risch and Laurent Brou Corps de l’artillerie et de l’infanterie créé par la réforme de 179241 jusqu’à la réorganisation de l’an 4, loi du 25 octobre 1795) ? Un bouton similaire a été mis au jour à Rollegem en Flandre occidentale sur une installation qui peut être datée de mai 1794, en lien avec la bataille de Tourcoing et de Pont-à-Chin.42 Cet officier de marine appartenait donc probablement à l’armée Sambre-et-Meuse dont deux divisions ont relevé l’armée devant Luxembourg. Vu le nombre important des projets d’aménagements dans la zone périurbaine de Luxembourg-ville, il est fort probable que d’autres installations militaires seront découvertes dans les années à venir dans le cadre des opérations de diagnostic archéologique. Pour ce type de vestige, la prospection géophysique (magnétique ou électrique) pourrait être un outil intéressant au côté des sondages lourds notamment lorsqu’il y a suspicion de vestiges militaires du dix-septième et/ou du dix-huitième siècle(s) qui peuvent être très dispersés. En raison de leur organisation géométrique et de leur orientation, ils peuvent échapper à la détection avec les tranchées classiques, elles-mêmes orientées. In fine, ceci permettrait également de réduire le coût des opérations de fouille notamment en ce qui concerne le volet terrassement car entre les installations militaires il peut exister de grands espaces vides.

La loi du 14 juin 1792 dissout les deux corps des Canonniers-Matelots et de l’artillerie des Colonies et crée deux régiments d’artillerie, trois compagnies d’ouvriers d’artillerie, quatre compagnies d’apprenticanonniers des classes et quatre régiments d’infanterie de marine. 42  Communication personnelle de Ron Bakx, BAAC Vlaanderen bvba. 41 

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11 The French-Batavian Camp d’Utrecht, the Netherlands (1804–08) Sjaak J.R. Mooren1, Maaike Kalshoven1, Michel Hendriksen1, Wilfried A.M. Hessing2, and Ingrid J. Cleijne1 1

Bureau voor Bouwhistorie, Archeologie, Architectuurhistorie en Cultuurhistorie (BAAC), Graaf van Solmsweg 103, ’s-Hertogenbosch, the Netherlands 2 Vestigia Archeologie & Cultuurhistorie, Spoorstraat 5, Amersfoort, the Netherlands

Abstract: Between 1795 and 1813, the Netherlands were part of the French Empire. In the spring of 1804, the French General Auguste de Marmont sent half of the French and Dutch troops (18,000 men) under his command to an army training camp in the centre of the Batavian Republic, on the heathlands near Utrecht. Marmont’s camp was part of a series of army camps, where troops were gathered for Napoleon’s planned invasion of Britain. Between 2013 and 2019, part of the camp was excavated (4 ha). The archaeological results show the strict hierarchy of the camp design. The soldiers’ tents were set in pairs, five rows deep, numbering 80 tents per battalion in total. The officers’ tents were placed in three rows; one row per rank (lieutenants, captains, and staff officers). In front of their tents many postholes were found, forming a circle, perhaps indicating a garden. The soldier’s tents were separated from the officers’ by kitchens, wells, and storage barracks. In 1805, the tents were replaced by wooden barracks. The original layout of the camp was more or less maintained. Now, the soldiers’ quarters consisted of four rows of nine rectangular barracks per battalion (36 in total). Each barrack measured 5 by 7 m. No signs of hearths or interior walls have been found inside the barracks. If the 36 barracks housed a full battalion (640 men), this would mean each barrack must have housed about 18 soldiers. The captains and lieutenants lived in rectangular barracks measuring on average 5.5 by 6.5 m. These buildings do show traces of interior walls. The barracks of the staff officers varied in both floorplans and dimensions, and were substantially larger, measuring about 6 by 17 m. South of the battalions, an irregular row of five buildings has been documented, situated along a camp road running from east to west. Each of the buildings was different, but all were constructed over a rectangular lowered floor, about half a metre deep, and in several cases lined with sods. One of the excavated sod buildings had an oven made of brick, the others had remnants of hearths against the wall or in the central part of the house. These dwellings were probably erected by camp followers in the first decade of the nineteenth century and repurposed into the first houses of the present village of Austerlitz. In addition to the thousands of archaeological features uncovered, numerous finds were secured: 700 fragments of bricks and tiles, 1,900 bones of cattle, 3,100 fragments of pottery, 2,800 pieces of glass, 2,000 fragments of clay pipes, and some 5,300 metal objects, many of military signature. The exact location of all the finds has been documented using GPS. This way the finds may provide valuable information about distribution patterns and about daily life in the camp. In this chapter, the first results of the excavation are compared with historical data and maps, which will allow additional interpretation of the archaeological data in the near future. Keywords: the Netherlands, Utrecht, French-Batavian Camp, Napoleon, tents, barracks, camp followers.

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Mooren, Kalshoven, Hendriksen, Hessing, and Cleijne 11.1. Introduction

with an obelisk on top in honour of Napoleon and their commander, general Marmont. A year later, this large-scale leisure enterprise was renamed ‘the pyramid of Austerlitz’, in commemoration of the successful battle of Napoleon in the Austrian Empire in 1805. The present-day village of Austerlitz, that arose near the camp, was later named after the pyramid, that still features in the landscape.

‘And a beautiful camp it was (...). The tents of the officers were surrounded by shady groves with benches or sunbeds on the green, gardens decorated with flowers, vases or statues, ponds full of red fish and ducks, miniature boats and ships and waterfalls (...). The infantry were shooting at targets or manoeuvring, the cavalry were at work somewhere else. The artillery was practising on their training ground. I liked to go and watch.’

Marmont’s army camp was part of a series of temporary military establishments along the Western European coastline.5 In these camps troops were gathered for Napoleon’s planned invasion of Britain. Concentrating large numbers of troops in individual camps had strategic advantages, as it made repositioning and embarking battle ready units much faster. Furthermore, the combined units in these camps would be useful in the event of a British counter attack. Unexpectedly however, in 1805 the French invasion fleet was defeated by Britain at Trafalgar, while, at the same time, Austrian and Russian armies formed an imminent threat in the east. Napoleon’s invasion of Britain was cancelled, its troops rapidly sent east. The necessity of a large army camp in the centre of the Netherlands ceased to exist. In 1808 the camp near Utrecht was abandoned and demolished.6 The camp had only been fully occupied in the summer and fall of 1804 and 1805. From 1806 onwards, only smaller and changing contingents were placed there, mostly during the summer. In 1806 the camp was temporarily occupied by 11,000 troops, while in the last two years a maximum of 1,400 soldiers stayed in the camp.

(From the diary of Francois Dumonceau,1 the 14-year-old son of general Dumonceau, commander of the Batavian division based in the camp near Utrecht in 1804). Between 1795 and 1813 the Netherlands were part of the French Empire. At first as a client state, then under the rule of king Louis Napoleon, and finally annexed by France and ruled by Napoleon himself. In this era, known as the French period (1795–1813), a French army was based in the Netherlands, in addition to the Dutch (or Batavian) army. In the spring of 1804, the French General Auguste de Marmont sent half of the French and Dutch troops under his command to a new army camp on the heathlands northeast of Utrecht, called the Camp d’Utrecht. According to Marmont, the army had previously been living under unhealthy conditions and was poorly trained. Camping on the heathlands near Utrecht, a few days from the coast, would improve hygiene and provide plenty of space to exercise in large formations.2 Along the Dutch coast that kind of space was nowhere to be found.3 The heathlands were also considered to be a healthier environment than the cities and the soggy, western parts of Holland.

A little more than 200 years after its abandonment, a small part of the camp needed to be excavated (4 ha), covering both military and civilian sections.7 The primary goal of the excavation (Figure 11.1) was to determine the exact location and layout of the camp. Another research focus is the daily life and routine of the inhabitants of the camp (soldiers, traders, women and children), by comparing archaeological and historical information.

Marmont ordered the construction of a large, semipermanent training camp, to be paid for by the Dutch government. The camp covered an area of 1 by 3 km. The training grounds occupied another 20 km2. Two French divisions and one Batavian-Dutch division were to be stationed here in c. 2,000 tents, amounting to approximately 18,000 men.4 Another 2,000 soldiers, mainly consisting of cavalry and artillery, were housed in nearby villages and hamlets. There were about 2,000 soldiers’ wives and children present in the camp and also a small civilian population of tradesmen and shopkeepers.

11.2. History of the camp 11.2.1. Marmont’s map and the Plan Général The camp was planned and designed in 1804, following the existing concepts on hierarchical layout and use of space. General Marmont, proud of the design, had it displayed Frédéric Lemaire, “Archéoscopie d’un projet d’invasion  : La fouille des baraquments dínfanterie du camp de Montreuil (1803–1805),” Napolenica, La Revue 32, no. 2 (2018): 5–48. 6  Loenen, De Pyramide van Austerlitz, 130–132. 7  Sjaak J.R. Mooren, Michel Hendriksen, Enith de Boer, Aleike C. van de Venne, and Mieke Tolboom, Austerlitz, Franse kamp. Een legerkamp uit de Napoleontische tijd. Inventariserend veldonderzoek door middel van proefsleuven, BAAC rapport A-15.0038 (’s-Hertogenbosch: BAAC, 2015); Robert M. van Heeringen and Albert Vissinga, Archeologisch vooronderzoek in het oostelijk deel van het camp d’Utrecht, een Frans legerkamp uit de periode van het Bataafs Gemenebest in Austerlitz. Een inventariserend veldonderzoek in de vorm van proefsleuven en verkennende boringen tussen Hubertweg 31 en Kamperlinie (Dorpsplan Austerlitz), gemeente Zeist, Vestigia rapport V1359 (Amersfoort: Vestigia, 2016); Sjaak J.R. Mooren, Ingrid J. Cleijne, Maaike Kalshoven, and Wilfried A. M. Hessing, Het Frans-Bataafse legerkamp van Austerlitz (1804–1808), Jaarboek van de Nederlandse Archeologie 2017 (Vught: Pronk Producties, 2018). 5 

In the summer of 1804, shortly after the camp was finished, the soldiers constructed a big earthen pyramid (23 m high) Jean Puraye, Mémoires du général comte François Dumonceau  ; publiés d’après le manuscrit original par Jean Puraye, Illustrés d’après les estampes et les tableaux du temps, vol. 1 (Brussels: Brepols, 1958). 2  Archives municipales de Châtillon-sur- Seine, Fonds du maréchal Marmont, Duc de Ragusa 1774–1852, inv. nr. 303. 3  Bas van der Mooren, “Positionering van het Camp d’Utrecht bij Zeist in 1804,” Mars et Historia, Nederlandse Vereniging voor Militaire Historie 53, no. 3 (2019): 14–23. 4  Rutger Loenen, De Pyramide van Austerlitz, Monument van De Franse Tijd (Driebergen-Rijsenburg: Kleine Geschiedenis van de Heuvelrug 2008), 38. 1 

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 The French-Batavian Camp d’Utrecht, the Netherlands (1804–08)

Figure 11.1. Aerial view of the excavation site, in Austerlitz near Utrecht.

Figure 11.2. The Map of Marmont. The red line indicates the excavated military section, the blue line indicates the excavated civilian section.

on a map he could hand out as a (promotional) gift; this printed map is usually called ‘the Map of Marmont’ (Figure 11.2).8 The Plan Général (Figure 11.3) is a hand

drawn map, made in the same year, that shows additional information.9 Both maps, complemented by letters, diaries of officers and soldiers stationed at the camp and a sketch

8  Gillis Johannis Le Fevre de Montigny, Carte du camp d’Utrecht commandé par le général en chef Marmont (s.l.: s.n., s.d), accessed Jun 3, 2022, https://hetutrechtsarchief.nl/beeldmateriaal/detail/3d9b068291ca-54f4-b487-0f43b8b72cf2/media/e3b93988-d4bf-6205-ff6b-c415a1 e0a050?mode=detail&view=horizontal&q=marmont&rows=1&page=1.

9  Anonymous, Plan Général du Camp de l’armée Française en Batavie Etabli dans la plaine de Zeist sous les Ordres du Général en chef Marmont, Conseiller d’Etat, Grand Officier de la Legion d’Honneur (s.l.: s.n., 1804), accessed Oct 11, 2021, https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/ cb40650649j.

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Mooren, Kalshoven, Hendriksen, Hessing, and Cleijne

Figure 11.3. Detail of the Map of Marmont. The red and blue lines correspond with the lines on Figure 11.2.

staff officers, among which the battalion commander and the surgeon; officers had their own latrines. The printed map then shows a row of blanchisseuses or laundresses behind the officer’s quarters, which the Plan Général does not mention. This is where the women paid by the army and the soldiers married to those women lived, but also their children. Subsequently, a road situated to the south of the troops was labelled the quarters of traiteurs, marchands et limonadiers. This was the civilian part of the camp. Finally, at the southwestern end of the camp, the army staff resided, including divisional generals and general Marmont himself. This part of the camp also contained a theater, a large distribution warehouse and an artillery park.

map of the camp from 1807,10 provide extensive and detailed additional information on the appearance and day to day life. According to the maps, the camp measured approximately 3 km in width and 1 km in depth. The camp had an elongated plan, spreading from northwest to southeast. If one approached the camp at the front, which was the north-eastern side, one would first pass through the training grounds, including three redoubts and an artillery school. Just on the inside of the camp itself, was a row of latrines. These were situated at a ‘healthy’ distance (c. 120 m) from the living quarters of the soldiers. Next came the parade ground, stretching along the full length of the camp.

11.2.2. The construction of the camp

The living area of the camp consisted of a row of bellshaped tents to shelter the rifles, tents that housed the soldiers, water wells, kitchens, barracks for storage and shelter. The tents of the officers were placed ascending to rank. First the lieutenants, then the captains and last the 10 

Before the camp was built, the area was sparsely populated, consisting of undulating heath land intersected by a couple of dirt roads. The observations made during the excavations seem to indicate that the natural relief remained largely intact during the construction of the camp; only a number of prehistoric tumuli were

Loenen, De Pyramide van Austerlitz, 125–126.

152

 The French-Batavian Camp d’Utrecht, the Netherlands (1804–08)

Figure 11.4. Reconstructions of the tent camp (1804) and the barrack camp (1805–08).

11.3. Results of the archaeological excavation

levelled. Large quantities of building materials had to be transported from Utrecht to the camp, by boat and by carts. A designated group of soldiers was responsible for building wooden sheds and stables, according to the predesigned plan. As the construction of a minimum of 30 wells was seen as indispensable, but also a dangerous undertaking, this job was outsourced to professional well-diggers (according to one of the historical sources11 one of these labourers had been buried alive when a well collapsed while he was working in it, at a depth of 11 m).

11 

11.3.1. Tents dated to 1804 Before the archaeological excavation started, not many physical remains of the first phase of the camp were expected, as these consisted mainly of tents. Indeed, the tents themselves left hardly any mark, but fortunately their position was clearly marked by the often wellpreserved surrounding drainage ditches. These determine the shape and measurements of the tents. The Batavian soldiers’ tents (Figure 11.5) measured 3 by 5 m and had a semi-circular ending on opposite sides. Sixteen of these soldiers’ tents had a dug-out floor (Figure 11.5). This

Loenen, De Pyramide van Austerlitz, 27.

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Mooren, Kalshoven, Hendriksen, Hessing, and Cleijne

Figure 11.5. Several excavated structures.

type of structure was used elsewhere, mainly during cold periods, as the lowered floor provided some additional shelter. Although at Austerlitz, the dug-out tents might have had another purpose. After all, the French-Batavian camp was not occupied during winter. In the cold season, the soldiers were quartered in the surrounding towns and villages, mostly in private homes and public buildings. The layout of, and numbers for the tent camp (Figure 11.4) can be reconstructed due to the drainage ditches. The soldiers’ tents were set in pairs, five rows deep; numbering 80 tents in total. The archaeological data do not inform us about the number of soldiers per tent, but

according to a historical source12 each tent was used by eight soldiers. If correct, it can be concluded that the 80 tents housed 640 soldiers: in those days a regular battalion. Between each of the five rows with 80 tents, there was an open space, indicating the position of camp roads between battalions. The officers’ tents (Figure 11.5) had similar drainage ditches, although surrounding a larger area: 5 by Personal archive Rutger Loenen, gemeente Zeist: Le Fevre to general Dumonceau; d.d. 12 juli 1804. 12 

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 The French-Batavian Camp d’Utrecht, the Netherlands (1804–08) 11.3.3. Kitchens and wells

6.5 m. The tents were placed in three rows; one row per rank (lieutenants, captains and staff; état-major). The lieutenants (18 per battalion), had nine tents, which means they were required to share tents. The captains (nine per battalion) also had nine tents, implying they each had a tent for themselves. Postholes were found in front of their tents, forming a circle. It is known from historical descriptions that officers had a little fenced garden in front of their tents, and maybe these postholes are the remnants of the fences. In some cases, a smaller oval ditch was found near the officers’ tents; probably indicating the location of a servant’s tent. The living quarters of the staff officers and blanchisseuses, although clearly indicated on the map of Marmont, have not been identified clearly among the archaeological features.

All daily meals were prepared in kitchens that were partially dug out, to a depth of approximately 1 m below surface. Essentially, they were large square or rectangular holes lined with sods, containing multiple fireplaces in a row. Postholes around the kitchens indicate the presence of (partial) roofs, which would have functioned as shelter against rain and wind. No traces were found of raised walls, as seen elsewhere erected around the dug-out kitchens. According to the historical descriptions of camp life, the food cooked in these kitchens consisted mainly of thick soup, prepared in big casseroles over open fires.13 The ingredients were bread, meat and vegetables. Bread and meat were supplied from a bakery and a slaughterhouse located 1.5 km from the camp. Sometimes demand was so high that extra bread had to be ordered from Utrecht.

11.3.2. Barracks dated to 1805 The summer of 1804 brought a lot of rain, causing nuisance and destruction. As a consequence, it was seen as necessary to build more stable (and waterproof) accommodation. In the spring of 1805 the tents were replaced by wooden barracks (or huts). The general layout of the camp (Figure 11.4) was maintained, with soldiers separated from the officers by rows of kitchens and wells, and the latrines well away from the living quarters of the camp. The aforementioned camp roads between units were maintained.

The wells were located between the kitchens and the soldiers’ quarters. There was one well per battalion. Within the excavated area two wells have been found. The first could be excavated to a depth of 5.5 m, before instability prevented further examination. In the second well mechanical coring was used to determine the depth. The well proved to be 14 m deep. This corresponds to historical sources that mention 12 to 15 m deep wells.14 The construction of the shafts remains unknown: only large deep holes remain.

The soldiers’ quarters consisted of four rows of nine rectangular barracks (36 in total), between each of the camp roads. Each barrack (Figure 11.5) measured 5 by 7 m, marked by eight large postholes. No signs of hearths or interior walls were found. If the 36 barracks housed a battalion (c. 640 men), this means that each barrack was occupied by, on average, 18 soldiers.

11.3.4. The sod dwellings of the camp followers On the Plan Général, the part of the camp situated to the south of the troops was used by traiteurs, marchands et limonadiers (cooks, traders and café owners). This was the civilian part of the camp. On another map it was called Bois en ville; this location was later to be renamed ‘Austerlitz’.

The captains and lieutenants were living in rectangular barracks (Figure 11.5) measuring approximately 5.5 by 6.5 m. The excavated postholes indicate a variety of floorplans, also marking parts of the interior layout. It is unclear if the barracks had hearths. These were inhabited by either one (captain) or two officers (lieutenants).

During the excavation an irregular row of five sod houses has been excavated. These rectangular dwellings had various dimensions; the smallest measuring 3.1 by 3.8 m, the largest at least 5 by 3.1 m. The houses consisted of a rectangular lowered floor about 0.5 m deep, often lined with sods and probably with a sod roof, though all houses likely varied in detail. One of the excavated barracks had an oven made of brick, the others had remnants of hearths situated against the wall or in the central part of the house.

The staff officers’ section consisted of barracks (Figure 11.5) measuring either 6 by 17 m, or 5.5 by 6.5 m. These buildings show a large variety in floorplans and dimensions, possibly indicating a measure adaption to personal preferences of these officers. Remnants of officers’ latrines, as represented on the Plan Général, were not identified during the excavations.

Due to continuous building activities in the twentieth century, in the village, archaeological traces have only partly survived, which makes complete reconstruction of the first civilian settlement impossible. A drainage ditch was found indicating the presence of a road; the sod houses stood along this road. The road is also indicated on Marmont’s map. Along the road and in the settlement,

The postholes of all barracks indicate timber frame constructions, but very little information has come to light about the superstructure. Most likely the barracks had wooden or sod walls and straw or sod roofs. Bricks and rubble indicate that the staff officer’s barracks perhaps had a brick chimney.

Terry E. Crowdy, Napoleon’s Infantry Handbook. An essential Guide to life in the Grand Army (Bridlington: Pen & Sword Books, 2015), 228. 14  Loenen, De Pyramide van Austerlitz, 26–28, 73. 13 

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Mooren, Kalshoven, Hendriksen, Hessing, and Cleijne 11.3.6. Measurements

camp followers sold their goods to soldiers as well as ‘tourists’ visiting the camp on Sundays. Here the soldiers could buy refreshments and food, not being part of their daily rations. Examination of the excavated finds and soil samples might provide an idea of the different use of the dwellings, or the goods that had been traded.

The results of the excavation indicate that a battalion in 1804 occupied an area of 85 (front) by 128.5 m. The distance from the bell-shaped tents to the soldiers’ tents was 8 m. The soldiers’ tents of each battalion occupied an area of 85 by 33.5 m. The distance between rows of tents was 2.5 to 3.5 m. The distance from the soldiers’ tents to the wells was 7.5 m, and to the kitchens 18.5 m. The distance from the kitchens to the officers’ tents was 49 m. The lieutenants’ tents and the captain’s tents stood 8.5 m apart and the captain’s tents were 17.5 m away from the tents of the staff officers. At the time of the tent camp the distance between the battalions varied between 21 to 25 m.

11.3.5. Other structures As described above, the layout of the camp and most of the structures, indicated on Marmont’s map and the Plan Général, have been recognised in the excavated features. However, some of the excavated structures cannot be related to the maps. In the otherwise empty area northeast of the soldiers’ quarters, in the middle of the parade ground, two rows of postholes were discovered. The function of the structure formed by these features is unknown, but perhaps it was used for displaying flags. On the Plan Général this line is called Faisceaux d’armes et Drapeaux. In the row of the wells there were nine structures (Figure 11.5) per battalion measuring 5.75 by 2.0 m. Their function is not explained on the maps. Perhaps they were used for storage. Another example is found in the officers’ area of the camp. In line with the staff officers’ tents and barracks an enclosure (Figure 11.5) consisting of a shallow ditch flanked by postholes has been discovered. Within this enclosure a structure was found that has not yet been defined, perhaps the whole thing was used as a garden.

After the barracks were built, a battalion occupied an area of 100 (front) by 128.5 m. The distance between the battalions was narrowed to 10.5 m wide. The soldiers’ barracks of each battalion occupied an area of 100 by 37.5 m. The barracks stood 4 m apart. The distance from the soldiers’ barracks to the wells was 7.5 m, and to the kitchens 18.5 m, and the distance from the kitchens to the officers’ barracks was 7.5 m. The lieutenants’ barracks and the captain’s barracks stood 10.5 m apart, and the captain’s barracks were 24.5 m away from those of the staff officers. 11.3.7. Finds Aside from thousands of archaeological features, numerous finds (Figure 11.6) were recovered, among

Figure 11.6. Some of the excavated finds.

156

 The French-Batavian Camp d’Utrecht, the Netherlands (1804–08) which 700 fragments of bricks and tiles, 1,900 bones of cattle, 3,100 fragments of pottery, 2,800 pieces of glass, 2,000 fragments of clay pipes and some 5,300 metal objects.

Objects like forks, spoons, pocket knives, watch keys, jewellery and scissors are under-represented. A special find is a gamelle that was found in a kitchen. Items like clock parts and furniture fittings probably belonged to the officers. Knowledge about these sorts of private objects in a military setting is rare. Distribution pattern analysis will tell us more about the status of the owners.

The exact location of all finds has been documented using GPS. In this way the finds can disclose detailed information about distribution patterns, and about life in various parts of the camp. Hopefully questions can be answered on for example: were luxury items like watch winding keys, porcelain and seal stamps mainly found in the officers’ area? Were the clay pipes found in the soldiers’ quarter of a lower quality in comparison with the ones found near the officers? Can the animal bones tell us what was on the soldiers’ menu? These and other questions form central focal points in the post excavation analysis. The results will then be compared with historical sources and information from other excavated army camps. Some initial results concerning metal objects, clay pipes and building material will be discussed in this chapter.

11.3.7.2. Clay pipes Most of the 2,000 fragments of clay pipes, 83 percent, have been produced in Gouda, a town and main production centre of clay pipes since the seventeenth century, at a distance of 50 km.16 Surprisingly only 3 percent of the clay pipes were made in the nearby city of Utrecht. The pipe factories in Utrecht were presumably in decline at this time. Distribution maps of the pipes show no clear difference between officers’ and soldiers’ areas; apparently smoking took place everywhere by everyone. A few fragments of porcelain pipes can perhaps be attributed to officers.

11.3.7.1. Metal objects

11.3.7.3. Building material

Metal artefacts were found all over the camp although most objects were discovered in and near the soldiers’ quarters. In the civilian part of the camp the amount and density of finds was low. Understandably, military objects such as regimental buttons and other uniform accessories are particularly scarce in this part.

After the abandonment of the camp all wood and brick of the barracks was sold.17 The dismantling must have been carefully executed, because not one brick structure survived in the military part of the camp. Individual bricks, found in pits, indicate that at least some brick components, like chimneys, had been used in some buildings. Floor tiles were perhaps used around the hearths. It is presumed that the soldiers had no hearths in their barracks, only the officers. Some 50 fragments of bricks and tiles were secondarily used as whetstone and possibly as a primitive type of mortar and pestle. The bricks also provided brick powder: essentially nothing but finely ground brick. This brick powder was mixed with oil and used for cleaning rifles.

Most numerous among all finds are clothing accessories, such as buckles and over 1,200 buttons. These buttons, often engraved with regimental numbers, provide insight in the composition of the unit(s) in the excavated part of the camp. The majority of the buttons are of the 11th régiment d’infanterie de ligne. This proves that the 11th regiment, composed of the 104th and 11th demi-brigade, was based here during 1804 and 1805. This is consistent with the maps of the camp. However, a substantial number of buttons are Batavian. Perhaps these buttons were lost during the winter of 1804 and/or 1805, when a small Batavian contingent served as camp guards,15 but it is more likely that the buttons were lost by a Batavian regiment that was based here in 1806.

11.4. Conclusion Although there are many written, drawn and printed sources available, the extensive archaeological excavation has yielded new, additional and unique information about the camp. The map ordered by Marmont, depicting the camp in 1804, for instance, appears to be partly a schematic and idealised display rather than an accurate reproduction of the factual situation. During the excavation, the area occupied by one whole battalion and half of an adjacent battalion has been excavated. A row of (storage) barracks (Figure 11.5), situated between the kitchens and the soldiers’ quarters, is not displayed on the map. The same holds true for other structures, mainly small buildings, as well as for numerous large pits that were dug within the campsite; indeed, an astounding number of pits were dug

Most of the 982 excavated coins were of Dutch origin and of a low denomination. About 50 German, one Swedish and five Austrian/Southern Netherlands coins were found. French coins are almost absent, with just four specimens. This is rather surprising since a French regiment was based here. Military pieces of equipment like musket balls, turn screws for rifles, lead flint holders, some parts of infantry sabres and cannon balls were also recovered. The musket balls, of which several hundred were recovered, all had the same diameter; 16.5 mm.

15 

Jos Bazelmans and Michiel Purmer, Een pijpje roken in het mooiste kamp ter wereld. De kleipijpen van Camp d’Utrecht, Austerlitz (gemeente Zeist), 1804–1808 (Leiden: Stichting voor onderzoek historische kleipijpen, 2019). 17  Loenen, De Pyramide van Austerlitz, 132. 16 

Loenen, De Pyramide van Austerlitz, 73, 118.

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Mooren, Kalshoven, Hendriksen, Hessing, and Cleijne in the short period, during which the camp was used. The pits were backfilled with dirty sand, sods and sometimes fragments of pottery, glass, clay pipes, coins or buttons. The amount of sand in the pits makes it unlikely that the pits were dug solely for garbage dump. Possibly the pits were mainly dug to quarry fresh sand, to be used to keep the muddy camp roads passable and to keep tent and barrack floors dry. The short period of time in which the camp was used, provides a unique archaeological time capsule: here the archaeological reflection of a well-documented historical feature can be studied in detail. Also, in Dutch archaeology it is not often possible to excavate and analyse the remains of short-term, coherent, consecutive activities. The camp offers the opportunity to study pottery, glass and other utensils deposited during a limited period of activity, found in a precisely dated, and functionally historically handed-down context. This may contribute to a better understanding and dating of various artefact groups. In our opinion, the study of this assemblage also surpasses the level of this individual context, as it may lead to insights in depositional and post-depositional processes by soldiers, officers and associated civilians in military settings that can more widely be applied in other archaeological periods. Given its unexpected level of preservation, the archaeological excavation in Austerlitz is an exceptional site, set in a much wider military landscape. More research, but also a heritage conservation strategy, are necessary to provide a complete understanding of the layout, occupation and demolition of the largest military camp of the French period in the Netherlands.

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12 Recent Archaeological Research at the Austrian Army Camp on the 1809 Wagram Battlefield Sławomir Konik Archaeologist, private business owner Abstract: The Battle of Wagram was fought on 5 and 6 July 1809 on the fields between the Danube River in Vienna and the town of Marktgrafneusiedl, about 20 km north east from Vienna Old Town, between the French Army under the command of Emperor Napoleon (c. 190,000 men) and the Austrian army of Archduke Charles (c. 140,000 men). It was the third greatest battle of Napoleonic Wars (after the battles of Leipzig and Dresden, both in 1813) with heavy casualities on both sides (18,000 killed and over 60,000 wounded). Between March 2017 and October 2018, Novetus GmbH, at the request of ASFINAG (Autobahnenund Schnellstraßen-Finanzierungs-Aktiengesellschaft), started archaeological investigations on the route of the proposed S8 express road. Numerous battlefield finds were made between the villages of Deutsch Wagram and Parbasdorf. A metal detector survey was undertaken over an area of approximately 10 ha which uncovered over 9,000 items. All artefacts were recorded using a GPS. Most of finds (such as musket balls, cartridge balls, bombs splitters, uniform buttons and buckles) could be releated to the Battle of Wagram. The topsoil was removed with a mechanical excavator. After removing the topsoil more than 500 archaeological objects were found in two parallel lines. With a help of historical maps from 1809 it was clear that the artefacts are associated with the remains of a military camp of the Austrian army between May and July 1809. The camp consisted mostly of shallow rectangular pits stretching from the north-west to south-east in two parallel lines. Thanks to the historical mapping, it was possible to establish that the northern line of the camp was the position of the Austrian Regiment number 35, while the southern line was the position of the Austrian Regiment number 47. Both regiments belonged to the army’s first corps commanded by General Heinrich von Bellegarde and occupied his left wing, at the junction with the second corps of General Freidrich Franz Xaver of Hohenzollern-Hechingen. Regiment number 47, given the front-line position, arrived on the site by the end of May 1809 immediately after the Battle of Aspern, while the Regiment number 35 forming the second line did not arrive there until the beginning of July 1809. A hypothetical plan of the site was drawn up using the description of the camp prepared by an eyewitness, Varnhagen von Ense, a Prussian volunteer in the Austrian service, aided by the interpretation of the objects and their function, including military buttons, which prove extremely important in the process of identifying combatant units. On the evening of 5 July 1809, on the first day of the Battle of Wagram, both regiments were suddenly attacked by French and Saxon troops. The fierce fight lasted until nightfall and were victorious for the Austrians. On 6 July the French attacked again and this time, despite stiff resistance, the Austrians were pushed back. The archaeological investigations uncovered not only common finds like bullets, buttons, buckles, ceramic and animal bones but also skeletal remains of 60 soldiers, from both sides, who perished in the battle. Analysis of finds from the graves established that the soldiers belonged to three different armies: French, Austrian and Saxon. In many cases, it was also possible to determine the regiment in which a soldier served. Keywords: Central Europe, Austria, Wagram, Napoleonic wars, battlefield archaeology, postmedieval archaeology, military camp archaeology, nineteenth-century archaeology.

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Sławomir Konik 12.1. Historical background1

and April it was further reinforced up to 185,000. Another 60,000 were grouped in Italy and Dalmatia, while in the Duchy of Warsaw’s Prince Józef Poniatowski had 15,000 men in one corps. Napoleon counted on active support from the Russian Empire and diversions towards Galicia and Hungary. Thus, the Habsburg Army had numerical advantages on each front. Moreover, approximately half of the Army of the Rhine was comprised of contingents from various German countries, such as Saxony, Bavaria, and Württemberg, while the rest were mainly young French conscripts. Military involvement in Spain had pulled experienced units far from the new theatre of war.3

12.1.1. Europe between 1804 and 1809 After his coronation as the emperor of the French on 2 December 1804, and victories over the Third and Fourth Coalitions in 1805–07, Napoleon Bonaparte could be considered the ruler of Europe. 1808 brought about the first military defeats to the young French Empire. To assert domination over Europe and enforce the Continental System (a blockade designed by Napoleon to paralyze Great Britain through the destruction of British commerce), the French army was sent over the Pyrenees to Spain and Portugal. In the summer of that year, an insurrection erupted in Madrid which ultimately forced the French to evacuate the capital, and the caused the corps of Generals Pierre Dupont de l’Etang and Jean-Andoche Junot to capitulate to the Spanish and British Armies. The myth of Napoleon’s invincible Grande Armée was broken.

12.1.3. The war begins On 10 April 1809, the Austrian army crossed the river Inn and entered Bavaria, an ally of France, heading west towards Munich and Regensburg. Informed via telegraph, Napoleon left Paris on 12 April and five days later he found himself in the theatre of conflict. French, Bavarian, and Württemberg corps were gathering. The first major engagements broke out on the 20 April near Abersberg, and on 21–22 April near Eckmühl. The Austrians were defeated, so the core of Archduke Charles’s army, retreated behind the Danube towards Bohemia, while the smaller part led by Marshal Hiller followed the right bank of the Danube eastward. Napoleon chased Hiller, following him along the shortest route to Vienna.

News of the defeats suffered by the French encouraged the Habsburg Monarchy to start planning revenge for the severe terms imposed on Austria by the humiliating Treaty of Pressburg of 1805. The Austrian army was undergoing vast structural reforms under Archduke Charles (1771– 1847), and it was reorganised after the French model, with permanent divisions and corps. In addition, the institution of the ‘Landwehr’, or the territorial army, was created, consisting of unconscripted men aged between 18 and 45 years. From the moment of its creation, the Landwehr would provide a standing and strong reserve force for the regular Austrian army, considerably strengthening its potential.

After an unsuccessful attempt at stopping the French army in the Battle of Ebelsberg (east of Linz), Hiller continued retreating and crossed the Danube in Krems to join Archduke Charles. Only a small part of the Habsburg Army marched to Vienna. On the 10 May, French soldiers reached the city, which was unfortified and poorly defended by Archduke Maximilian with 35,000 troops, backed by 130 cannons. After a short yet intensive artillery barrage, and the retreat of the Archduke with his forces, the city capitulated on 12 May.4

12.1.2. Austria on the way to war The Austrian Empire declared war unilaterally, counting on anti-French movements in Germany and the permanent commitment of France on the Iberian Peninsula, and hoping that initial successes would trigger a Russian intervention. In total, Austria managed to mobilise an army of 650,000 men including the Landwehr. Of that number, 200,000 formed the main army under Archduke Charles’s control on the Danube front; 75,000 were under Archduke John in Italy; 30,000 under Archduke Ferdinand were dispatched against the Duchy of Warsaw, while smaller detachments were meant to retake Tyrol and Dalmatia. Of particular political importance was the conquest of the Duchy of Warsaw, which would be used as a bargaining chip and was the price Prussia demanded for joining the Fifth Coalition. Austrian diplomacy hoped that successes in the early stages would encourage Tsar Alexander I to act against France.2 On the French side, Marshal Davout’s Army of the Rhine amassed a force of 140,000 soldiers over the winter of 1808–09, and in March

Despite the capture of the Habsburg capital, the war was not over. Archduke Charles’s army arrived in the vicinity of Vienna, and set up camp around the Bisamberg north-west of the city. Napoleon immediately started preparing a crossing to the northern shore of the Danube and concentrating his forces, which stretched along the river during the pursuit. The main problem faced by the Great Army was crossing the Danube, which flowed very wide near Vienna. Ultimately, Lobau Island, which divided the river into two relatively narrow channels, was chosen for the crossing. The operation started on 19 May using a pontoon bridge, and soon the island was cleared from Austrian forces. The French then started to construct additional bridges which was arduous due to the high water level in spring. By 20 May, the entire island was under French control, and then another bridge, this

This research was commissioned by Novetus GmbH. Many thanks to Dr Jacek Gruszczyński and Terence Crowdy for their help in editing this text. 2  John Gill, Grom nad Dunajem, Zwycięstwo Napoleona nad Habsburgami, Tom I Abensberg (Oświęcim: Napoleon V, 2014), 105– 111. 1 

Gill, Grom nad Dunajem, 156–173. Ferdi Irmfried Wöber, 1809 Die Schlacht bei Aspern-Essling (s.l.: Ferdi Imdried Wöber, 2018), 10–19. 3  4 

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 Recent Archaeological Research at the Austrian Army Camp on the 1809 Wagram Battlefield time over the northern channel of the river, was swiftly constructed. Once bridge had been completed, the first French units began marching into the region between the villages of Aspern and Essling. In the evening, the first Austrian cavalry detachment arrived, but the fire from French light infantry quickly fought it off. Thus began the first battle of Marchfeld – the Battle of Aspern-Essling.5

fortified camp and depots with military equipment for the Grande Armée on Lobau Island. New bridges connecting the island with the southern shore were built, and many ferries, pontoon and foldable bridges were prepared for the purpose of sending as many forces as possible to the northern side in a short time. Simultaneously, the French chief of staff Marshal Berthier prepared a detailed plan for crossing the river and a future battle. Regiments were replenished by fresh recruits, and the artillery received additional cannons. Soon, Napoleon had an army of 190,000 soldiers and over 500 cannons under his command.

12.1.4. Battle of Aspern-Essling During the Battle of Aspern-Essling, fought on the 21–22 May, the Grande Armée faced not only violent attacks from the Austrian army but also forces of nature, as water from melting Alpine glaciers made the river rise rapidly and destroyed the frail connections between Lobau Island and the southern shore of the Danube. Having a massive advantage, especially on the first day of the battle, the Archduke’s forces could have achieved an astounding success by destroying a significant part of the French army, but the determined resistance of French soldiers ensured their survival. On the second day, as more French units joined the battle, the tables turned and it was Napoleon who was close to victory. Once again, however, the swollen river damaged the bridges. However, this time, it was not soldiers that were most urgently needed on the other side (the Davout’s corps was waiting for their chance to cross the river) but supplies and ammunition. The French guns and cannon were firing at an increasingly slower rate, and it became clear that they could not hold on long enough for the bridges to be repaired. In that situation, Napoleon ordered a retreat. The fighting lasted until the evening, but the Archduke’s army, which due to great losses and lack of reserves limited itself to continuing the artillery barrage, was now met with only sporadic French response. During the night, the French army retreated, unseen by the Austrians, to Lobau Island, ending two days of bloodshed.

On the other side, the Habsburg regiments also received new recruits and supplies. Archduke Charles set up his camp between Bisamberg Hill and Markgrafneusiedl, with the centre in Deutsch Wagram. The part of the camp between Deutsch Wagram and Markgrafneusiedl occupied the edge of the vast Wagram plateau, north of the Russbach stream. The Archduke did not plan to fortify this area, even though it was there that he intended to stop the French Army with persistent defence, while the flanks would take offensive moves against the Grande Armée, with the objective of cutting Napoleon’s army off from the Danube and Lobau Island. The first line of regiments was placed immediately by the Danube between Aspern and Enzersdorf, and was tasked with delaying the crossing, buying the Archduke the time he needed to arrive, along with the rest of the army. On the eve of the battle, Archduke Charles commanded 140,000 soldiers and 400 cannons, as he was unable to recall Archduke John’s corps from Pressburg to Wagram, as well as many smaller units spread across the region.7 12.1.6. The Battle of Wagram The French army started crossing the Danube on 4 July around 9 PM, beginning with troops from Oudinot’s corps, who reached the other side in a flash under the cover of darkness and a night storm. The Davout and Massena corps followed soon. Around 2 AM three bridges were ready, and the construction of the fourth was nearly complete. They allowed artillery and cavalry units to quickly cross the river.8 In the morning Bonaparte himself joined his army on the northern shore. In the meantime, Archduke Charles met with Emperor Francis I. Asked about the situation, the Archduke, who believed the crossing would require several more hours to complete, replied that even though the French had crossed the Danube, it would be profitable to allow them bring more troops and then push the bulk of the army to the river with one strong attack. The Emperor answered: ‘Good plan, but take care not to let too many in’.9 In fact, by that time, the French had already managed to move the majority of their forces to the north side and had started advancing towards the Wagram plateau. The Austrian

The battle resulted in massive losses for both armies, with 20,000 French soldiers killed or injured and 23,000 casualties on the Habsburg side. Moreover, Napoleon’s favourite marshal, Lannes, was mortally wounded, dying a few days later. The battle of Aspern-Essling is considered by many as the first military defeat to be personally suffered by Bonaparte. Even though the Austrian success was not full and only of a tactical nature, as the French Army was not routed, it was exploited in propaganda to shake the image of Napoleon as a genius ‘god of war’.6 12.1.5. Before the Battle of Wagram In planning his next campaign, Napoleon prepared himself much more carefully. By the late May, French corps from the Army of Italy, commanded by Napoleon’s stepson Eugène de Beauharnais, a Bavarian corps under General Wrede, and the Saxon corps of Marshal Bernadotte received orders to march towards Vienna, while Massena’s corps, weakened after the Battle of Aspern, constructed a 5  6 

John Gill, Grom nad Dunajem, Zwycięstwo Napoleona nad Habsburgami, Tom III Wagram i Znojmo (Oświęcim: Napoleon V, 2016), 189–206. 8  Gill, Grom nad Dunajem, 249–255. 9  Adolphe Thiers, Historia Konsulatu i Cesarstwa, vol. 5 (Warsaw: S. Orgelbranda, 1846–1850), 568. 7 

Wöber, 1809 Die Schlacht bei Aspern-Essling, 28–37. Wöber, 1809 Die Schlacht bei Aspern-Essling, 38–117.

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Sławomir Konik units of Lieutenant Field Marshals Klenau and Nordmann were quickly pushed back and, taking heavy losses, started retreating north and north-west towards Wagram, where the main army, made up of corps of Bellegarde the Archduke and Rosenberg, was still stationed. Late in the afternoon both armies met face to face. Napoleon ordered an attack to probe the enemy’s positions. The Saxon corps of Bernadotte was chosen for the attack on Wagram, Oudinot corps was sent towards Baumersdorf, and the Army of Italy under Prince Beauharnais was to attack between them. With Wagram almost taken and both sides locked in heavy fighting over Baumersdorf, the fate of the battle hung on the success of the Army of Italy, whose attack was meant to break the centre of the Habsburg Army. Two attacks, one by Dupas’ division and the other by MacDonald’s, Durutte’s, and Lamarque’s divisions, quickly crossed the Russbach stream and, advancing up a gentle slope, attacked the surprised Bellegarde First corps. The front lines of the Habsburg army were breached, and the advancing soldiers reached the Austrian camp. The Archduke himself intervened trying to rally his army, but this placed him in the heat of the battle and he barely escaped capture. At some point, however, a terrible misunderstanding occurred in the French army. Due to a similarity of uniforms, two Saxon battalions supporting Dupas’ division were mistaken for the enemy. The arriving French reinforcements opened fire on them, spreading panic among the Saxons. Chaos spread quickly, and caused the French units to retreat back over the Russbach stream with heavy losses. The attack on the hill now collapsed, Saxon units from Bernadotte’s corps also had to back away from Wagram, and Oudinot’s advance towards Baumersdorf was interrupted.10 On the dawn of 6 July the battle entered its decisive phase. Napoleon’s plan envisaged a massive attack on the centre and the left wing of the Austrian army, while the Archduke was preparing for a pincer attack from both flanks to cut off the French from the river. In the early morning hours, Davout’s corps attacking on the right wing met the Austrian corps of General (Feldmarschall Leutnant) Rosenberg advancing in the opposite direction. The Austrian units were soon pushed back to Wagram Hill. In the meantime, a delayed attack of the right wing of the Austrian army overcame the weak French wing of Marshal Massena, reaching as far as Aspern and the Danube, where the attack was finally stopped by heavy fire from the artillery deployed on Lobau Island and a determined French defence. Meanwhile, the relentless advance of Davout’s corps forced the Austrians to move more and more reserve forces to their left wing. Noticing the weakening of the Austrian line, Napoleon formed a massive column of 8,000 soldiers from the Army of Italy under General MacDonald in the centre of his positions, intending to crush the enemy’s centre by a rapid attack and then follow with an all-out assault to annihilate the Habsburg Army. However, the plan succeeded only partially. Suffering heavy casualties, MacDonald’s column managed to breach the Austrian positions, but, seeing the hopelessness of further fighting, the Archduke sounded the retreat. The Austrian army left

10 

Wagram defeated, but not broken, and remained a force capable of continuing the war.11 12.2. Archaeological research of an Austrian military camp from 1809 in Wagram In 2017–18, the Vienna-based company Novetus GmbH was commissioned by the ASFINAG (Autobahnenund Schnellstraßen-Finanzierungs-Aktiengesellschaft) to undertake archaeological excavations prior to the construction of the S8 express road. Since the road scheme crossed the battlefield of Wagram (Figure 12.1), the research scope of the investigations was extended to include metal detector survey and recording of artefacts of historical significance in the topsoil, and the mapping of their locations. The surveys carried out between Deutsch Wagram and Parbasdorf, on the edge of the Wagram plateau, produced numerous artefacts (approximately 9,000), most of which, including ammunition and fragments of uniforms (Figure 12.2), can be linked to the events of 1809. After mechanical removal of the topsoil, performed in two stages (each time a spit of 15–20 cm was removed, the area was scanned with metal detectors), many archaeological features were discovered. The analysis of artefacts (such as buttons and bullets of lead or cast iron) found within the features an in layers overlying them, allowed the features to be linked with events taking place during the Napoleonic wars. It was only after analysing maps and written sources from the period that it became clear that the discoveries were indicative not only of the battlefield, but also the camp occupied by the Austrian army prior to the battle. More than 500 features were found during the archaeological investigations. They were arranged in two latitudinal lines (each approximately 30 m wide), 280 m from each other. Most of the features were square or rectangular in plan, less often oval or circular. The dimensions of the features varied, ranging from 1.4 to 2.2 m in width and 1.7 to 3.5 m in length. Their size matches a description left by Karl August Varnhagen von Ense, who shared a dugout with two officers, and who wrote that the dugouts could barely hold 3–4 soldiers.12 Based on the layout of the Austrian camp and the historical data, we can assume that the southern line of camp pits marked the positions of Infantry Regiment number 47 ‘Vogelsang’, and the northern line belonged to Infantry Regiment number 35 ‘Argenteau’ (Figure 12.3) Formed in central Bohemia, Infantry Regiment number 47 ‘Vogelsang’ belonged to the First corps of Gdk (General der Kavallerie) Bellegarde during the war of 1809. In the opening phase of the war, the regiment did not see any fighting, having its baptism of fire at the Battle of Aspern on 21–22 May, where it took part in the fierce struggles Peter Kolecko and Peter Dachgruber, 1809–2009, 200 Jahre Marchfeldschlachten Aspern und Wagram (Gnas: Weishaupt Verlag, 2009), 144–149. 12  David Hollins, Austrian Grenadiers and Infantry 1788–1816 (Oxford: Osprey Publishing, 1998), 29. 11 

Gill, Grom nad Dunajem, Tom III Wagram i Znojmo, 261–275.

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 Recent Archaeological Research at the Austrian Army Camp on the 1809 Wagram Battlefield

Figure 12.1. The course of the planned S8 route with an excavation area of Austrian military camp. Background: The diagram of the Battle of Wagram on the afternoon of 6 July 1809. © Österreichisches Staatsarchiv, KA-Kartensammlung-H-IV-1280, edited by author.

Figure 12.2. Planigraphy of ammunition finds, map by author.

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Figure 12.3. Plan of the Austrian military camp from May to July 1809 with the planned S8 route and found camp pits. © Österreichisches Staatsarchiv, KA -Kartensammlung-H-IV-1280, edited by author.

bivouacking. Denisov and Rostov were living in an earth hut, dug out for them by the soldiers and roofed with branches and turf. The hut was made in the following manner, which had then come into vogue. A trench was dug three and a half feet wide, four feet eight inches deep, and eight feet long (or 1,44 × 1,065 × 2,48 m). At one end of the trench, steps were cut out and these formed the entrance and vestibule. The trench itself was the room, in which the lucky ones, such as the squadron commander, had a board, lying on piles at the end opposite the entrance, to serve as a table. On each side of the trench, the earth was cut out to a breadth of about two and a half feet, and this did duty for bedsteads and couches. The roof was so constructed that one could stand up in the middle of the trench and could even sit up on the beds if one drew close to the table. Denisov, who was living luxuriously because the soldiers of his squadron liked him, had also a board in the roof at the farther end, with a piece of (broken but mended) glass in it for a window. When it was very cold, embers from the soldiers’ campfire were placed on a bent sheet of iron on the steps in the ‘reception room’ — as Denisov called that part of the hut — and it was then so warm that the officers, of whom there were always some with Denisov and Rostov, sat in their shirt sleeves. [...]’.15

over that village. Vogelsang suffered heavy losses, with a total of 656 soldiers killed, injured, missing, or captured. Soon after the battle, the regiment arrived at the Wagram plateau and received 800 fresh recruits, which restored its fighting strength to the pre-war level. Following orders from Archduke Charles, the regiment set up a camp and was stationed there until the Battle of Wagram.13 The camp of Infantry Regiment number 47 has been described by an eyewitness and participant of the battle, the then 24-yearold Prussian volunteer in the Habsburg Army Karl August Varnhagen von Ense, who later became a Romantic writer. Von Ense recalled: ‘Soldiers were lying together under the sky; in the middle of each regiment there was a tent, which housed a field shrine where masses were held, and the quarters of the senior officers. The rest, both common soldiers and officers settled with dugouts which, covered with grass, leaves, and tree branches, looked like small huts and offered protection from the elements.’14 A literary description of a single camp pit can be found in Leo Tolstoy’s War and Peace. In the early spring of 1807, two characters are camping near Bartoszyce (Poland) during a break in military operations: ‘[…] They were Gustav Amon Ritter von Treuenfest, Geschichte des k. u. k. InfanterieRegimentes Nr. 47 (Vienna: Ludwig Mayer, 1882), 445–465. 14  Karl August Varnhagen von Ense, Die Schlacht von Deutsch-Wagram am 5 und 6 Juli 1809 (Vienna: Verlag des Kriegsdenkmals-Ausschusses 1909), 10. 13 

Leo Tolstoy, War and Peace (London: GlobalGrey, 2018), vol. 5, ch. 16, 574. 15 

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 Recent Archaeological Research at the Austrian Army Camp on the 1809 Wagram Battlefield Leo Tolstoy was not an eyewitness of 1807, but his father participated in the War of 1812, and Leo himself fought in the Crimean War. He could have, therefore, known various details of military life from the tales of his father or his comrades, and his own experience.

Based on the diagram of the camp, we can assume that the positions occupied by Infantry Regiment number 47 stretched over 450 m, with 150 m for one battalion. The cluster of camp pits extended along a stretch of approximately 210 m, which means that the area exceeded positions of a single battalion. We assume that the investigation covered the camp pits of the (nearly entire) first battalion, and part of those belonging to the second battalion (probably one company). The archaeological features were concentrated along the northwest – south-east axis, over an area 30 m wide. Although irregular and poorly discernible, several concentrations of the camp pits can be seen, and may represent divisions within a battalion, e.g. into companies. Larger gaps between groups of pits are most probably spaces between battalions, while a 10 m wide band devoid of features, running through the middle of the excavated area may have been the central road. Approximately 35 m north-east of the main line of dugouts, in the eastern part of the investigated area, a line of single camp pits was discovered. Upon reaching the blank space interpreted as the road, the line turned towards the main line of camp pits. In this way, it delineated a rectangular space of 50 m × 35 m, where no archaeological features were found. Given its central position, the area can be interpreted as the place where the shrine tent and regiment command were located. Were this the case, the camp pits surrounding the rectangle would be those belonging to staff officers, adjutants, and other staff members (Figure 12.4).

In Varnhagen’s account, the elements they were seeking refuge from in June 1809 were the heat and winds blowing over the Marchfeld, while in Tolstoy’s book it was a cold early spring in the Masuria region. In both these extreme environments the shelter was provided by dugouts. Many of the features discovered during the investigations were poorly or very poorly discernible, and their presence was often indicated by artefacts and archaeological materials, like bones or metal objects, found directly beneath the topsoil. Due to the relatively shallow depth of the dugouts, removing the topsoil (which was often only 30–40 cm deep) with a 20-ton excavator was a precise and time-consuming task, but it brought great results. The features were excavated using the stratigraphic method, and in most cases only one fill was identified in the feature. In many cases, the actual shape of a feature became discernible only after removing the fill, as the cuts were blurred and hardly visible in plan.

Figure 12.4. Camp pits of Infantry Regiment number 47 ‘Vogelsang’ with possible area interpretation. © Österreichisches Staatsarchiv, KA -Kartensammlung-H-IV-1280, edited by author.

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Figure 12.5. Rectangular features interpreted as field tables. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH.

Rectilinear gullies stand out amongst the multitude of square camp pits. One was located about 50 m south-west from the main line of the pits. Two more were to the northeast, one at a distance of about 100 m, and the other 40 m from the main line of the pits. Another gully was found lies within the area of the northern line of pits. The gullies are rectangular or almost square, 0.6–0.8 m in width (Figure 12.5). The areas surrounded by the gullies are empty and undisturbed. Found in the gullies were uniform buttons (one of them from the French Infantry Regiment number 4), musket ball, buckles, flints, nails, a knife, pieces of weaponry, and numerous fragments of pottery, glass, and animal bones. The shapes of the gullies preclude their use as dwellings. We can safely assume that those were field tables. Features of that kind can be seen in a photo from the First Boer War (Figure 12.6). Like number 47, Infantry Regiment number 35, formed in western Bohemia, was a part of the 1 corps, and also had its baptism of fire at Aspern, where it suffered heavy losses (758 casualties). After the battle, it was used at the vanguard and was positioned immediately by the Danube.16 It was not before early July that the regiment was relocated 16  Enrico Acerbi, The Austrian Imperial-Royal Army (KaiserlicheKönigliche Heer) 1805 – 1809, 2010, accessed Oct 11, 2021, https://www. napoleon-series.org/military-info/organization/Austria/ArmyStudy/c_ AustrianArmyBohemia.html and http://www.napoleon-series.org/ military/organization/Austria/ArmyStudy/c_AustrianArmyInfantry. html; Joseph May, Geschichte des kaiserlich und königlichen InfanterieRegimentes No. 35 (Pilsen: Carl Maasch, 1901).

Figure 12.6. Officers at luncheon in the field, 1900. Photo: Lieutenant L D Wedd DSO, Queen’s Royal West Surrey Regiment, Boer War, 1900.

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 Recent Archaeological Research at the Austrian Army Camp on the 1809 Wagram Battlefield

Figure 12.7. Camp pits of Infantry Regiment number 35 ‘Argenteau’ with possible area interpretation. © Österreichisches Staatsarchiv, KA -Kartensammlung-H-IV-1280, edited by author.

to Wagram, where it took a position in the second line, behind Infantry Regiment number 47. This late arrival probably explains why its positions on the camp plan were marked with a dashed line (Figure 12.3). Camp pits of the ‘Argenteau’ regiment are fewer and less densely spaced than those of the ‘Vogelsang’, and empty spaces between battalions are missing as well. Maybe the regiment’s camp was still under construction at the time of the battle? Taking the map of the camp into consideration, we can assume that the archaeologically investigated area encompassed the camp pits of the left-wing (third) battalion. Here as well, although this time to the north to the line of camp pits, there is a rectilinear gully: a probable field table (Figure 12.7).

The actual shape of a feature often remained undiscernible until it was fully excavated (Figure 12.10). The example feature 481 ultimately proved to be 1.89 × 1.31 m in size, and 0.12 m deep. The finds retrieved from the fill were few, and consisted of two unused bullets (16 mm in diameter), a whetstone, a buckle from a French musket sling, and animal bones. Although modest, this material shows that even relatively shallow and small features can provide exciting artefacts. Among pits in the line of the Infantry Regiment number 35, feature 22 deserves particular attention. It is a rectangular pit 3.20 × 2.15 m in size, widened to the east by an extension 0.76 m long and 0.66 m wide (Figure 12.11).

The camp pits we discovered were often poorly discernible or unrecognisable against the subsoil, a good example being feature 481, located in the camp line of Infantry Regiment number 47 (Figure 12.8).

These dimensions made it one of the most extensive features found during the investigations. The average depth was 0.21 m, while within the eastern part the pit reached 1.33 m in depth. Undoubtedly, this part served as a small cellar (Figure 12.12).

The presence of a pit was often first indicated by a metal detector revealing a concentration of metal artefacts, or by human (in case of soldier’s graves) or animal bones (frequently appearing as food waste) appearing in the topsoil. Early identification of such places and careful removal of the topsoil was necessary, mainly because of the shallowness of the features (Figure 12.9) and the significant risk of damaging them with an excavator.

The pit produced rich archaeological material: seven bullets, four of them used, a fragment of an iron spoon, six iron buckles (probably remains of a knapsack), a small iron hammer, four coins (two from the reign of Maria Theresa, and two issued in 1800), flint flakes (remains from striking flints within the camp), two small glass bottles, 167

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Figure 12.8. Feature 481, SE 940, one of the camp features of Infantry Regiment number 47. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH.

Figure 12.9. Feature 481, SE 940, Profile N. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH.

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 Recent Archaeological Research at the Austrian Army Camp on the 1809 Wagram Battlefield

Figure 12.10. Feature 481, IF 973, cut of feature after excavation. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH.

Figure 12.11. Feature 22, SE 23, one of the camp features of Infantry Regiment number 35. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH.

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Figure 12.12. Feature 22, IF 45, cut of feature after excavation. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH.

fragments of chalk used for covering belts (according to the regulations, they had to be uniformly white), twelve brass buttons, five of which are engraved with ‘GILT’, one engraved with ‘W S FEIN’, six with no inscriptions, and one of the French fifth artillery regiment (most likely a soldier’s trophy; Figure 12.13).

which suggests their association with gaiters. Soldiers also wore civil buttons from arsenic bronze (10 items), most of them richly decorated (Figure 12.13:5, 8). The largest group of buttons found in camp pits, mainly around the positions occupied by the Infantry Regiment number 47, is that of tin-lead buttons (172 items) with slightly faceted rims. They were cast, undecorated, and often occurred in graves as well. Analogically to ‘yellow’ buttons of Infantry Regiment number 35, this group can be linked with Infantry Regiment number 47 due to their colour: the regiment is known to have used ‘white’ buttons (Figure 12.13:10).18 One silver-plated Prussian button featuring the Order of the Black Eagle was found in a camp pit of the Infantry Regiment number 47. It may have belonged to a Prussian volunteer (Figure 12.13:11); while highly speculative, one cannot resist the temptation to suggest that it may have even belonged to the above-mentioned German poet, Varnhagen von Ense.

In total, 3,000 artefacts were recovered from the camp pits, with buttons being the most exciting category among them. four hundred fifty-six buttons were found in the camp pits, of which 25 are French military buttons belonging to various regiments, interpreted in most part as war trophies taken at Aspern or on 5 July, the first day of the Battle of Wagram (Figure 12.13:7). Another group are brass buttons (191 items), most of which bear no inscriptions, but which often have faceted or rounded rims. Some of the brass buttons have producer marks (BIRMINGHAM, A O LONDON, W, WS), or quality marks (PLATED, GILT, FEIN). As can be seen, some of the buttons originated from England (Figure 12.13:9).

Found in the camp pits were a total of 73 coins, which fall into three categories: Austrian copper coins (54 items) from 1800 and 1807 (Figure 12.15:4); Bavarian silver coins of Maximilian Joseph (13 items), most minted in the 1750s and 60s and most likely acquired or bought by Austrian soldiers in the early stages of the spring campaign of 1809 (Figure 12.15:2, 3); single coins (six items): a half-kreuzer of Joseph II from 1783, a kreuzer of Maria Theresa, two Prussian pfennigs from 1758, a French coin of Louis XV

The distribution of brass buttons shows concentrations near camp pits in the northern line, which confirms that Infantry Regiment number 35 used so-called ‘yellow’ buttons.17 Bone buttons (58 items) with five holes and two engraved circles (Figure 12.13:13), they also occurred in graves, where they were usually discovered at the thigh, 17 

Acerbi, The Austrian Imperial-Royal Army.

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Acerbi, The Austrian Imperial-Royal Army.

 Recent Archaeological Research at the Austrian Army Camp on the 1809 Wagram Battlefield

Figure 12.13. Selection of buttons found during archaeological investigations. 1: Italian volunteer rifle button (Cacciatori Volontari) found in a mass grave; 2: French button of the Line Infantry Regiment number 102, found in a mass grave; 3: button of the French Light Infantry Regiment number 8, found in a mass grave; 4: square button with oak leaves found in a mass grave; 5: two piece button made of arsenic bronze and brass found in the topsoil; 6: religious button depicting Jesus on the cross, found in a mass grave; 7: brass button, signed ‘W S FEIN’, interpreted as a button of Austrian Infantry Regiment number 35; 8: arsenic bronze button found in a mass grave; 9: brass button of English production, signed ‘PLATED; BIRMINGHAM’, found in a mass grave, interpreted as a button for the Austrian Infantry Regiment number 35; 10: pewter button, found in a mass grave, interpreted as a button of the Austrian Infantry Regiment number 47; 11: silver-plated Prussian brass button with the image of the Order of the Black Eagle, found in one of the camp pits in the line of the Austrian Infantry Regiment number 47; 12: brass Prussian button found in a humus; 13: bone gaiter button found in a mass grave; 14: Royal Navy Captain’s button made by British company ‘Hammond, Dickinson & Turner’ found in a mass grave. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH, edited by author.

(arithmetic penny, without a date), and even one Roman coin, unfortunately unrecognisable. A large proportion of artefacts discovered in camp pits were fragments of weaponry and uniforms, and ammunition. The largest group is of lead bullets (946 items; Figure 12.16), which were particularly numerous in the camp pits of Infantry Regiment number 47.

all the bullets found during the investigation are nearly equal. Additionally, the fills of the explored camp pits contained 65 gun flints, of which 40 were in lead pads and 25 without (Figure 12.17:4), and eight flint flakes, which possibly indicate production and repairing of gun flints in camp conditions.

This concentration indirectly confirms that during the evening fighting of 5 July, the first line of the camp pits was used as a shelter by French soldiers and their allies.19 The observed deformations allow dividing them into used (246 items – 26 per cent) and unused (703 – 74 per cent). It is worth noting in this context that the overall proportions of used and unused bullets calculated for 19 

Fittings of all kinds were rare and at the same time were some of the most spectacular finds in the camp pits. Examples include a metal front plate from an Austrian leather helmet with the letter ‘F’ and a Roman ‘II’ (for Emperor Francis II; Figure 12.18:4), what probably was a fitting of a pouch in the shape of an exploding grenade (Figure 12.18:5), and barrel fittings from an Austrian M1798 musket (Figure 12.17:1–3, 6).

Gill, Grom nad Dunajem, Tom III Wagram i Znojmo, 271.

171

Sławomir Konik

Figure 12.15. Selection of coins found during archaeological investigations. 1: Hungarian silver coin with a face value of 1 pintura from 1696, found in topsoil; 2: Montfort county silver coin, 1 Kreutzer, 1752, found in the fill of a camp pit; 3: silver Bavarian coin, with a face value of 1 Kreutzer, from 1766, found in the fill of a camp pit; 4: 30 Kreutzer coin found in the fill of a camp pit. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH, edited by author.

Figure 12.14. A deposit of 6 buttons of French Infantry Regiment number 23 and one from Regiment number 13, found in one of the camp features of Austrian Infantry Regiment number 47 (in the middle in situ). Probably Austrian war trophies from the first day of the Battle of Wagram. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH, edited by author.

Figure 12.16. Selection of musket bullets. 1: musket bullet with a visible casting seam; 2: probably a trace of breaking off the casting funnel on the rifle ball; 3: ball with a trace of using a gun worm to remove the un-fired charge from the barrel of the rifle; 4: ball with notches. Probably such a ball was supposed to disintegrate on impact to deal more damage; 5: ball with traces of the fabric in which the ball was wrapped; 6: ball with a casting funnel cut off by pincers. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH, edited by author.

Figure 12.17. Selection of weapon fittings. 1–3: musket fittings, probably of the Austrian M1798 model; 4: musket flint in a lead jacket; 5: flintlock side plate of the French musket, probably the AN IX model; 6: front barrel fitting of the Austrian M1798 musket. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH, edited by author.

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 Recent Archaeological Research at the Austrian Army Camp on the 1809 Wagram Battlefield analysis of the material retrieved from the graves will undoubtedly provide interesting data concerning the treatment of the deceased after the Battle of Wagram. However, this material is still being analysed the time of writing.20 12.3. Conclusion Research conducted in 2017–18 yielded interesting and partially unexpected results. Firstly, it uncovered the first archaeological evidence of the Austrian army camp from the war period of 1809. Despite the intense construction and quarrying works in the vicinity of Vienna and the Deutsch Wagram itself in recent years, such traces have not been found previously, which led to an assumption that the camp simply did not leave archaeological traces. The present archaeological investigations proved that such remains exist and are tangible and archaeologically legible. The excavated section of the camp was too small to draw far-reaching conclusions about the overall appearance of the camp and the complex functions of uncovered features, but it allows for the first attempts at interpretation. The multitude of items found in the topsoil allows us to conclude that the investigated area has not been targeted by illegal metal detectorists (unlike the areas of intense combat, e.g. around Aderklaa).

Figure 12.18. Selection of military fittings. 1: front plate of a French shako, found in one of the camp pits; 2: fragment of the front plate of the French shako from the Line Infantry Regiment number 19, found in the camp pit; 3: fitting of the Saxon pouch with the monogram ‘FA’ (Frederick Augustus); 4: front plate of an Austrian leather helmet with the initial ‘F II’ (Francis II), found in a camp pit; 5: fitting of a pouch in the shape of an ‘exploding grenade’. Photo: Boguslawa Miska, Novetus GmbH, edited by author.

The artefacts found in the camp pits and graves allowed, primarily, to identify the units stationed there: the ‘white’ and ‘yellow’ buttons in the first and second lines of pits correlate, respectively, with the Infantry Regiment number 47 and Infantry Regiment number 35 attested in historical sources. Similarly, buttons of the French infantry confirmed the presence of specific regiments fighting in this area on 5 and 6 July 1809. The buttons of French regiments fighting elsewhere on the battlefield (such as the numerous buttons of Marshal Massena’s corps) found in the camp pits were unexpected, but upon closer examination, they were interpreted as soldiers’ trophies taken at the Battle of Aspern.

Items of everyday use form a significant number of the artefacts recovered from the camp pits. They include iron flasks, knives, spoons and forks, scissors, bone brushes, hobnails, glass and pottery vessels, devotional articles, religious items, pieces of mugs, pipes, keys, including examples for winding up watches. Fragments of objects made of leather and fabric were unique, as these materials rarely survive. Despite their rareness, the form an assembly of relatively rich comparative materials, which can be of help in identifying and dating other historical and archaeological artefacts originating from battlefields and military camps of the Napoleonic period.

Surprising was the discovery of numerous graves of soldiers from both sides who died during the battle. They indicate that the bodies within the camp were not burned, as was the case in other parts of the battlefield, and for the most part were not robbed. This unusual treatment in the context of the Battle of Wagram allows us to assign individuals to the units in which they served, and we hope that future research drawing upon genetic material and additional research of historical sources, will allow individual soldier’s identification.

After the Battle of Wagram, some camp pits were used as graves for fallen soldiers. The investigation uncovered, 25 mass and single graves located in and around the camp, which contained 60 human skeletons and one horse skeleton. At least 20 of the graves were made in former camp pits, as evidenced by their location (in the line of the camp pits), and artefacts typical for dugouts: pottery, glass, and animal bones. In some cases, it is evident that soldiers died in pits and were left there. Twenty-four skeletons were assigned to 15 French regiments, four to Saxon units, and 14 to Austrian units. Due to the absence of characteristic archaeological material, 17 corpses remained unassigned. A detailed

Michaela Binder, Slawomir Konik, and Alexander Stagl, Leben und Tot auf dem Schlachtfeld, Archäologie entlang der S8 Trasse im Marchfeld (Wien: Phoibos Verlag, 2021), 79–100. 20 

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Part III Daily life in the camp

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13 Campements militaires et culture matérielle du seizième et dix-septième siècle : premières observations en Flandre Maxime Poulain and Wim De Clercq Ghent University, Sint-Pietersnieuwstraat 35, 9000 Ghent, Belgium Abstract: This chapter explores the relation between soldiers and their material culture. Three sites and their respective finds are studied: the castle of Middelburg, the Saint-Isabella fort in Ostend, and an encampment in Ninove (all in Flanders, northern Belgium). They give an overview of everyday life in a military environment from the late sixteenth until the mid-eighteenth century. We argue that the finds recovered at these sites do not merely give an insight into culinary practices and the provisioning of goods, but they also carry a symbolic value. It is this very social dimension of material culture that soldiers will exploit in order to create and reflect a military group identity. For example, one of the observations at these sites is the high quantity and quality of objects used for smoking and drinking. Both fulfil similar functions: they constitute a pastime, give courage when needed, and contribute to the formation of a group identity. The act of smoking was likely introduced in the Low Countries by English soldiers, passing on this custom to their Dutch comrades in arms. As such, smoking set soldiers apart as a social group in the 1620s–30s, before the use of tobacco became a widely spread practice in the later seventeenth century. The social role of alcohol is equally reflected in the assemblages. Multiple vessels recovered indicate collective drinking as a way to create a bond between soldiers. The fact that complete vessels are discarded could also indicate the deliberate destruction of the material culture of the Other, for it to be replaced by objects of soldiers themselves. Ceramics, by the decorations they carry, are moreover actively used as a political instrument by all parties involved in the conflict. Loyalty is publicly expressed when making a toast with a jug bearing the arms or depictions of political leaders. Although the study of the material culture in military environments is still in its infancy, these three sites illustrate the added value of artefact analysis. As a first, material culture allows to identify encampments as such. Because of their ephemeral nature, they are all too often unidentified in trial trenches. Once this military presence is attested, finds allow to date the encampment and to distinguish multiple phases in the successive occupation of strategic places in the landscape. On a more interpretive level, the study of material culture complements what is known from historical sources. For example, the finds indicate that soldiers exclusively sought their provisions on the local market during the sixteenth and seventeenth century. They equally testify to a change at the beginning of the eighteenth century, with the professionalisation of armies and their logistics. Analysis of the distribution of finds furthermore makes it possible to locate different functional zones within an encampment, nuancing the ideal plan of encampments often depicted in military treatises. Finally, material culture also gives an internal perspective on the way soldiers perceived themselves as a distinct social group, without reducing those soldiers to a singular and uniform identity. Keywords: Flanders, sixteenth and seventeenth century, military material culture, culinary practices, identity, ceramics. 13.1. Introduction

son armement habituel, mais équipé – entre autres – d’une marmite sur la tête, d’une épée en forme de broche, de gobelets en guise de genouillères et d’une lèchefrite transformée en bouclier. Bien que cette satire souligne d’abord et avant tout les dangers potentiels que peut représenter un militaire, elle démontre aussi le rôle considérable joué par la nourriture, les boissons (surtout alcoolisées) et la culture matérielle associée au discours social durant le dix-septième siècle.2

Dans son étude de la culture matérielle aux temps des guerres civiles anglaises, Rachel Askew relève l’importance d’une gravure sur bois de l’English Irish Souldier, datée de 1642 (Figure 13.1).1 Un soldat y est représenté, non pas avec Rachel M. C. Askew,‘The House of Every One’: the Consumption of Material Culture in Castles during the English Civil War (Sheffield: University of Sheffield, 2013). 1 

2 

177

Askew, ‘The House of Every One’, 38.

Maxime Poulain and Wim De Clercq

Figure 13.1. The English Irish Souldier with his new discipline, new armes, old stomache, and new taken pillage: who had rather eate than fight, imprimé à Londres en 1642. © The British Library Board (General Reference Collection 669.f.6.(12.)).

Étant donné que de nombreux militaires anglais ont participé aux différentes guerres dans les Pays-Bas méridionaux, de la Guerre de Quatre-Vingts Ans (1568–1648) à la Guerre de la Ligue d’Augsbourg (1688–97), l’importance de cette gravure s’étend aussi à cette région. Dans ce chapitre, nous approfondirons ces liens étroits entre les soldats et leur mobilier en Flandre (la partie septentrionale de la

Belgique). Pour ce faire, nous envisagerons trois sites et leurs assemblages respectifs : le château de Middelbourg entre la fin du seizième siècle et le début du dix-septième siècle, le fort Sainte-Isabelle à Ostende au tournant du dixseptième siècle, et le campement à Ninove (cf. Verbrugge et al., dans ce volume) au milieu du dix-huitième siècle. Nous argumenterons que la culture matérielle de ces sites 178

Campements militaires et culture matérielle du seizième et dix-septième siècle ne nous renseigne pas seulement sur l’approvisionnement des armées et leurs pratiques culinaires, mais qu’elle est également chargée d’un capital symbolique. Nous verrons que ce sont justement ces aspects sociaux du mobilier que les soldats ont exploités afin de créer et d’exprimer une identité de groupe. Cette démarche s’inscrit dans des recherches historiques récentes,3 qui ont défini les militaires comme un groupe social à part entière. Cependant, les sources utilisées dans ces recherches ont majoritairement été produites par des civils – comme l’English Irish Souldier – et n’offrent dès lors qu’un point de vue extérieur sur ce groupe social. L’étude du mobilier permet ainsi de retourner cette perspective et de savoir comment les militaires percevaient eux-mêmes leur milieu comme étant différent du monde extérieur, mais aussi quelles pratiques étaient mises en place pour se distinguer des autres.

d’une archéologie préventive qui se limite à fouiller la partie du sol concernée par les futurs aménagements, la probabilité de trouver des assemblages riches en mobilier est par conséquent faible. Les trois sites de Middelbourg, Ninove et Ostende mentionnés ci-dessus font exception à cette règle, car ils ont été fouillés à une échelle sans précédent et/ou parce qu’ils ont connu une occupation intense pendant plusieurs années, engendrant des ensembles (relativement) larges. Ce faisant, ils permettent non seulement de mieux comprendre ces campements comme structures éphémères par l’analyse de la distribution spatiale du mobilier ou de retracer l’approvisionnement de ces sites en déterminant l’origine des objets, mais aussi d’avoir une meilleure notion de la vie quotidienne des soldats qui y vivaient. C’est sur ce dernier point, que nous mettrons l’accent dans cette contribution, en nous focalisant sur les objets de tous les jours et moins sur les militaria stricto sensu.

L’étude de la culture matérielle dans ces contextes militaires n’en est malheureusement qu’à ses débuts. Cela peut notamment s’expliquer par la place secondaire qu’occupe l’archéologie des temps modernes dans le contexte commercial de l’archéologie en Flandre, où des choix sont souvent faits en faveur des périodes antérieures et où l’assessment – une évaluation du potentiel scientifique – est à la base de la stratégie pour la gestion du patrimoine. Le potentiel du mobilier des temps modernes restant largement méconnu, ces assemblages disparaissent généralement en dépôt sans même avoir été analysés de plus près.4 De plus, les campements en tant que tels posent également problème. Les fouilles d’un campement qui assiégea la ville de Louvain en 16355 ou encore d’un campement (probablement militaire) du deuxième quart du dix-huitième siècle à Aalter6 n’ont fourni que peu de matériel : majoritairement quelques dizaines de tessons et pipes en terre. Ce manque de mobilier s’explique par la nature éphémère de ces campements, dont l’occupation peut varier d’une journée à quelques mois. Ce court laps de temps empêche l’accumulation habituelle du matériel que l’on trouve en rapport avec des occupations ou des activités à plus long terme. Ces campements s’organisent en outre sur de vastes étendues et relèguent les latrines aux extrémités pour des raisons d’hygiène. Dans le cadre

Le site de Ninove ne nécessite plus d’introduction, car il est déjà présenté en détail dans ce volume (cf. Verbrugge et al.). Les paragraphes suivants se concentreront donc uniquement sur le château de Middelbourg et le fort Sainte-Isabelle à Ostende. 13.2. Le château de Middelbourg et le fort SainteIsabelle : contexte historique et archéologique Entre Bruges (en Belgique) et l’Écluse (aux Pays-Bas), se situe le village frontalier de Middelbourg (commune de Maldegem). Cette position entre-deux est directement liée à la Guerre de Quatre-Vingts Ans, moment où cette ville et son château fondés en 1448 par Pieter Bladelin, trésorier de l’ordre de la Toison d’or et conseiller des ducs de Bourgogne, se sont soudainement trouvés au milieu de la ligne de front de ces troubles religieux. L’ancien prestige et la prospérité de Middelbourg se sont alors évanouis avec la transformation du lieu en un bastion stratégique, tandis que l’élite qui occupait le château a fait place à l’installation de plusieurs armées, successivement protestantes et catholiques.7 Cette militarisation du château commence en 1578. Après un intermezzo civil dans les années 1590, les hostilités reprennent de plus belle en 1604, lorsque la ville de Middelbourg est prise par des troupes hollandaises et que le château souffre de dégâts considérables.8 Les temps s’améliorent ensuite avec la Trêve de douze ans (1609–21), mais la ville ne sera pas épargnée par les violences de la guerre. Au début du dix-huitième siècle,

Par exemple: Jan Willem Huntebrinker, «  Fromme Knechte  » und « Garteteufel »: Söldner als soziale Gruppe im 16. und 17. Jahrhundert (Konstanz: Uvk Verlag, 2011). 4  Davy Herremans and Wim De Clercq, “The current state of postmedieval archaeology in Flanders,” Post-Medieval Archaeology 47, no. 1 (2013): 83–105 ; Maxime Poulain and Wim De Clercq, “Exploring an Archaeology of the Dutch War of Independence in Flanders, Belgium,” International Journal of Historical Archaeology 19, no. 3 (2015): 623– 646 ; Eric Tourigny et al., “Global post-medieval/historical archaeology: What’s happening around the world?” Post-Medieval Archaeology 53, no. 3 (2019): 419–429. 5  Marc Brion and Ben Van Genechten, “Belegering van Leuven, 1635. Het archeologisch onderzoek van een zeventiende-eeuws militair kamp,” Eigen Schoon & De Brabander, Erfgoed in Brabant 103, no. 1 (2020): 26–39. 6  Marc Brion, Koen De Groote, Mieke Van De Vijver, and An Lentacker, “Postmiddeleeuwen,” in Aalter Woestijne. Een geschiedenis van meer dan 5000 jaar, ed. Koen De Groote and Mieke Van De Vijver, Relicta Monografieën 18 (Brussels: Agentschap Onroerend Erfgoed, 2019), 345–390. 3 

Marc Martens, “Middelburg tijdens de Tachtigjarige Oorlog (1568– 1648). I. Middelburg en de Reformatie 1564–1584,” Het Ambacht Maldegem 10 (2004): 207–328 ; Marc Martens, “Middelburg tijdens de Tachtigjarige Oorlog (1568–1648). II. Aan de rand van het frontgebied 1584–1604,” Het Ambacht Maldegem 11 (2005): 275–311  ; Marc Martens, “Middelburg tijdens de Tachtigjarige Oorlog (1568–1648). III. Versterkt, verheven 1605–1621.” Het Ambacht Maldegem 12 (2006): 297–335 ; Marc Martens, “Middelburg tijdens de Tachtigjarige Oorlog (1568–1648). IV. Neutraal, 1621–1648,” Het Ambacht Maldegem 14 (2008): 255–311. 8  Marc Martens, “Het kasteel van Middelburg,” Het Ambacht Maldegem 3 (1997): 175–189, 184–185. 7 

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Maxime Poulain and Wim De Clercq

Figure 13.2. Plan des fouilles, projeté sur la carte du système défensif de Middelbourg, fait en mai 1702 par Senneton de Chermont (Vincennes, Service historique de la Défense, Fonds de l’Armée de Terre IVM199; Martens 2012).

du châtelain et d’une basse-cour pour des activités plus artisanales. En effet, elles ont également révélé une importante quantité d’objets datant du quinzième au dixhuitième siècle (dont environ 40  000 tessons), collectés dans le fossé autours de ces cours. Plusieurs études ont déjà été publiées sur certains contextes et/ou certaines catégories du mobilier.11 La majorité de ce matériel date du seizième et du dix-septième siècle et permet ainsi de mieux comprendre l’occupation militaire du château.

Middelbourg devient à nouveau une marionnette dans un conflit international, cette fois celui de la Guerre de Succession d’Espagne (1701–13). Des plans, dessinés en 1702 par l’ingénieur français Senneton de Chermont pour concevoir un nouveau système de fortifications autour de la ville et du château (Figure 13.2), montrent que seule une partie du château original du quinzième siècle était encore préservée à cette époque. Le délabrement finit d’être achevé vers le milieu du dix-huitième siècle, quand les restes de cette ancienne résidence élitaire ont été réutilisés comme carrière.9

Si le mobilier du château de Middelbourg offre une perspective sur la longue durée, le site du fort Sainte-

De 2001 à 2004, des fouilles archéologiques ont mis au jour les vestiges du château de Middelbourg, dans le cadre d’une nouvelle construction sur le site.10 Grâce à la valeur historique exceptionnelle de cette ancienne ville et à l’excellente préservation des structures et des objets enfouis sous le sol, Middelbourg est devenu le premier monument archéologique protégé comme tel en Flandre. Les fouilles n’ont pas seulement dégagé les fondations du château, composé d’une haute-cour avec la résidence

De Clercq et al., “Living in times of war” ; Jan Moens, De archeologie van leren schoeisel in de middeleeuwen en nieuwe tijden in Vlaanderen. Een chronologische, technische en typologische studie. Analyse en interpretatie (Zwolle: SPA uitgevers, 2020)  ; Maxime Poulain, The habits of war: Early modern ceramics in Flanders, PhD thesis (Ghent: Ghent University, 2016)  ; Maxime Poulain and Wim De Clercq, “Mediterranean pottery at the castle of Middelburg-in-Flanders,” Archeologia Postmedievale 20 (2016): 83–96 ; Maxime Poulain, Koen De Groote, and Wim De Clercq. “Pots from troublesome times. Ceramics used in Middelburg-in-Flanders during the Eighty Years’ War,” Medieval Ceramics 34 (2013): 1–18  ; Maxime Poulain, Jan Baeten, Wim De Clercq, and Dirk De Vos, “Dietary practices at the castle of Middelburg, Belgium: Organic residue analysis of 16th- to 17th-century ceramics,” Journal of Archaeological Science 67 (2016): 32–42 ; Kaat Scheerlinck, Militaire metaalvondsten uit het kasteel van Middelburg in Vlaanderen, MA thesis (Ghent: Ghent University, 2016). 11 

Wim De Clercq et al., “Living in times of war: Waste of c. 1600 from two garderobe chutes in the castle of Middelburg-in-Flanders (Belgium),” Post-Medieval Archaeology 41, no. 1 (2007): 1–63, 3–4. 10  De Clercq et al., “Living in times of war”. 9 

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Campements militaires et culture matérielle du seizième et dix-septième siècle Malheureusement, la nationalité du régiment qui habitait au fort Sainte-Isabelle reste encore à déterminer. Comme le fort a à nouveau été démonté en 1604, ce site offre une vue exceptionnelle de la vie quotidienne dans un contexte exclusivement militaire, durant les quatre années du soulèvement des Pays-Bas contre l’Espagne. C’est pourquoi, en 1990, des fouilles ont été effectuées au fort Sainte-Isabelle, avant la réalisation d’un complexe immobilier de grande échelle.16 Ces investigations ont démontré que la forteresse avait une forme carrée, dont les faces mesurent environ 115 mètres. La cour intérieure était entourée par des enceintes en terre flanquées de quatre bastions aux angles. Un fossé de 15 mètres de large venait également ceindre ces fortifications. A l’intérieur de cette cour, les vestiges d’au moins six bâtiments ont été retrouvés. Ils étaient bâtis totalement en bois ou en pan de bois sur un socle en briques (Figure 13.4). Seuls les cheminées et les sols étaient entièrement construits en briques. Une étude récente du mobilier17 a permis de réinterpréter les fonctions de ces structures sur base de la distribution spatiale des céramiques dans un Système d’Information Géographique (SIG). On y trouve les baraques (Figure 13.4; building 5) et probablement un réfectoire (Figure 13.4; building 1), ainsi qu’une cuisine (Figure 13.4; building 2). Une dernière structure (Figure 13.4; building 4) servait sans doute au stockage (peut être des produits laitiers).

Figure 13.3. Détail du fort Sainte-Isabelle sur un plan d’Ostende et ses environs (Anonyme 1600, Bibliothèque royale de Belgique, inv. 1069788). Le sud correspond à la partie supérieure de la figure.

Isabelle à Ostende (Figure 13.3) nous informe quant à lui sur un point précis dans la vie militaire au début du dix-septième siècle. A la fin du seizième siècle, Ostende fonctionnait comme un bastion de la République Néerlandaise dans les Pays-Bas espagnols. Partant de cette enclave, des flibustiers paralysaient la vie quotidienne dans le comté de Flandre.12 Bien que les villes flamandes demandaient une action militaire contre Ostende depuis longtemps, c’est n’est qu’en 1601 que l’Archiduc Albert assiégea finalement la ville dans l’espoir de délivrer Ostende des troupes protestantes basées là. À cause de la durée (jusqu’en 1604 : 1172 jours) et des nombreuses victimes (estimées entre 30 000 et 100 000), Ostende fut rapidement appelée «  la nouvelle Troie  ».13 Le siège d’Albert se composait d’une double chaîne de forts, logeant environ 4000 soldats. La ligne intérieure comptait six forts (dont le fort Sainte-Isabelle) et quelques retranchements plus petits, tous connectés entre eux par des voies d’eau, chemins et digues.14 De nature multinationale, l’armée royale se composait des soldats espagnols, italiens, wallons, bourguignons et allemands. Pour éviter les conflits, les régiments étaient constitués sur la base de la nationalité.15

13.3. Boire et fumer : des pratiques polysémiques Un des premiers enseignements à retirer des contextes militaires à Middelbourg et à Ostende est liée à l’importance qualitative et quantitative du mobilier qui sert à boire et à fumer. Si l’on trouve souvent des pipes en terre sur des sites modernes à partir du deuxième quart du dixseptième siècle, la présence de deux fragments qui datent d’avant 1625 est toutefois particulière à Middelbourg, car il est probable que ces pipes aient appartenues aux soldats qui y tenaient garnison. En effet, van Oostveen présume qu’il existe un lien entre ces fragments et la consommation militaire du tabac,18 puisque la pratique de fumer a probablement été introduite dans nos régions par des soldats anglais et qu’elle n’était pas encore largement répandue au début du dix-septième siècle en dehors de ce milieu. Les militaires hollandais qui luttaient aux côtés de ces soldats anglais étaient parmi les premiers groupes sociaux autochtones à adopter la coutume de fumer, dès Nieuwe Troje. Het beleg van Oostende 1601–1604, ed. Werner Thomas (Leuven: Davidsfonds, 2004), 73–79, 73. 16  Dirk Van Eenhooge, “Het Isabellafort te Oostende (W.-Vl.),” Archaeologia Mediaevalis 14 (1991): 12–13  ; Marnix Pieters, Liesbet Schietecatte, Johan Termote, and Dirk Van Eenhooge, “De materiële bronnen over het beleg van Oostende of de archeologie van een in de vroege zeventiende eeuw zwaar geteisterde stad,” in De val van het Nieuwe Troje. Het beleg van Oostende 1601–1604, ed. Werner Thomas (Leuven: Davidsfonds, 2004), 138–145. 17  Maxime Poulain, Marnix Pieters, and Wim De Clercq, “Everyday Life During the Siege of Ostend (1601–1604): Ceramics at the Spanish St Isabella Fort,” The Medieval Low Countries 5 (2018): 211–247. 18  Jan van Oostveen, De tabakspijpen van het kasteel Middelburg-inVlaanderen (Tiel: report for Ghent University, 2015), 14.

Tim Piceu, Over vrybuters en quaetdoenders. Terreur op het Vlaamse platteland (eind 16de eeuw) (Leuven: Davidsfonds, 2008), 13, 139. 13  Werner Thomas, “De val van het Nieuwe Troje,” in De val van het Nieuwe Troje. Het beleg van Oostende 1601–1604, ed. Werner Thomas, (Leuven: Davidsfonds, 2004), 7–19. 14  Piet Lombaerde, “The Fortifications of Ostend during the Great Siege of 1601–1604,” Fort 27 (1999): 93–112, 98  ; Piet Lombaerde, “De stad Oostende en de nieuwe gebastioneerde versterkingswijzen in de Nederlanden,” in De val van het Nieuwe Troje. Het beleg van Oostende 1601–1604, ed. Werner Thomas (Leuven: Davidsfonds, 2004!, 47–69, 56. 15  Etienne Rooms, “De materiële organisatie van het koninklijke leger in de Nederlanden ten tijde van het beleg van Oostende,” in De val van het 12 

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Maxime Poulain and Wim De Clercq

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Figure 13.4. Plan des fouilles de 1990 sur la cour intérieure du fort Sainte-Isabelle (Poulain et al. 2018, 220–221).

Campements militaires et culture matérielle du seizième et dix-septième siècle

Figure 13.5. Gauche : gobelet en verre en forme de botte militaire ; droite : aquamanile (?) en grès. Objets trouvés à Middelbourg.

les années 1620–30. Loin d’être anodine, cette pratique revêt donc une signification particulière. Elle distingue clairement les militaires des groupes sociaux autour d’eux pour lesquels fumer constitue un acte inhabituel, inaccessible, voire étrange, renforçant par-là la cohésion entre soldats. Bien que l’usage des pipes en terre devienne plus accepté dans les décennies à suivre, l’objet reste intimement lié aux contextes militaires jusqu’à devenir prépondérant sur l’ensemble des campements fouillés en Flandre à ce jour.19 La possibilité de décorer le fourneau de la pipe en terre la transforme en un instrument investi d’un potentiel politique qui, comme l’a noté Duco,20 va de pair avec l’usage des céramiques et du verre servant à boire.

Le fait que les soldats aient jetés des récipients à boire encore intacts – et non cassés – est aussi significatif. C’est ce qu’illustre un pot en grès de la fin du seizième siècle, trouvé à Middelbourg (Figure 13.6). Le couvercle en étain comporte une inscription avec les initiales « AD ». Bien que cela reste hypothétique, ces initiales pourraient faire référence au chanoine Adolf d’Hooge, qui a vécu au château dans les années 1578–79, jusqu’à ce qu’il soit pillé par des troupes protestantes qui obligèrent ce clerc à quitter la ville.22 Est-ce à ce moment que les occupants militaires du château auraient décidé de jeter ce pot en tant que symbole du catholicisme contre lequel ils luttaient ? On observe ce même genre de phénomène avec deux écuelles complètes datant de la fin du seizième siècle ou du début du dix-septième siècle (Figure 13.6), sur lesquelles est inscrite la phrase  : «  O Mater Dei  : Memento Mei » (Ô Mère de Dieu  : Souviens-toi de Moi). De Clercq et al. ont suggéré que ces écuelles appartenaient aux sœurs du couvent voisin des Pauvres Claires,23 qui venaient régulièrement chercher refuge au château, dans ces mêmes années 1578–79. Tout comme le pot mentionné juste avant, les écuelles ont aussi pu être jetées par les soldats protestants en vertu des liens entre ces écrits vénérant la Vierge, le catholicisme et les occupants précédents. Tel que cela a déjà été argumenté pour le Royaume Uni,24 il apparaît qu’aux Pays-Bas aussi, la présence d’objets antérieurs à la Reforme dans un contexte protestant entraîne souvent leur destruction en raison du symbolisme que charrient ces biens.

Boire et fumer remplissent des fonctions similaires dans la vie des soldats aux temps modernes. Les deux pratiques constituent un passe-temps et donnent du courage aux militaires lorsqu’ils en ont besoin. D’ailleurs, l’expression anglaise Dutch courage (courage puisé dans l’alcool) trouve vraisemblablement ses origines dans les conflits armés du dix-septième siècle. Le fait que l’English Irish Souldier, évoqué ci-avant, porte des gobelets en lieu et place des genouillères n’est sans doute pas une coïncidence. De plus, boire – au même titre que fumer – joue un rôle considérable dans la formation d’une identité de groupe. Le rôle social de l’alcool se reflète de plusieurs façons dans les ensembles. Boire en collectivité est une manière importante de créer un rapprochement entre soldats. Les fouilles à Middelbourg ont fourni plusieurs récipients à boire, appartenant probablement à des militaires et qui devaient être utilisés dans un contexte convivial. A titre d’exemple, on peut notamment citer un gobelet en forme de botte militaire, probablement produit à Venise au seizième siècle (Figure 13.5: gauche), ou encore l’arrière-train d’un cheval qui fait probablement partie d’un aquamanile en grès du seizième ou dix-septième siècle (Figure 13.5: droite).21

Cette culture matérielle de l’Autre (sœurs, châtelain, etc.) est donc remplacée par des objets à boire propres aux soldats mêmes. Nous avons déjà relevé l’importance de la convivialité dans le choix et l’utilisation de ces objets. La présence de décors permet d’encore renforcer les liens Georges A. C. Van Vooren, “Middelburg in Vlaanderen tijdens de woelige jaren 1578–1583,” in Opstand en verval. Aspecten van het dagelijkse leven in het Brugse tijdens de laatste decennia van de 16de eeuw, ed. André Bauwens (Brugge: Jempie Herrebout, 1987), 55–66, 60. 23  De Clercq et al., “Living in times of war,” 20. 24  Sarah Tarlow, “Reformation and Transformation: What Happenend to Catholic Things in a Protestant World?” in The Archaeology of Reformation 1480–1580, ed. David Gaimster and Roberta Gilchrist, (Leeds: Maney, 2003), 108–121, 114. 22 

Par exemple Brion et al., “Postmiddeleeuwen”  ; Brion and Van Genechten, “Belegering van Leuven”. 20  Don H. Duco, De tabakspijp als Oranjepropaganda (Leiden: Pijpenkabinet, 1992). 21  comm. pers. Ralph Mennicken. 19 

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Maxime Poulain and Wim De Clercq

Figure 13.6. Au-dessus : pot en grès avec les initiales « AD » (Poulain et al. 2013, 15, fig. 11:11) ; en-dessous : deux écuelles avec l’inscription « O Mater Dei : Memento Mei » (De Clercq et al. 2007, 12, 13, fig. 9:43–44). Objets trouvés à Middelbourg.

entre soldats. À Ostende, certains récipients font référence aux occupants du fort. C’est le cas d’une cruche de la fin du seizième siècle, où sont représentés des militaires (Figure 13.7:3). D’autres cruches portent par ailleurs l’emblème des familles en faveur de l’Espagne, comme Wilhelm von Nesselrode zu Munts (mort en 1602) et son épouse Wilhelma von Str(e)ithagen (mort en 1633 ; Figure 13.7:4). En utilisant ces cruches, les soldats exprimaient publiquement leur loyauté politique, buvant à la santé de leurs égaux, des von Nesselrodes et ultimement du roi d’Espagne.25 À Middelbourg, dans l’autre camp du conflit, opposé aux catholiques, on constate aussi ces mêmes pratiques d’expression idéologique par le truchement d’une cruche datée de 1577 et décorée avec les armoiries du roi Frédéric II de Danemark (règne entre 1559–88) qui soutenait la cause protestante (Figure 13.7:1).26 Les céramiques sont donc activement utilisées comme instruments politiques par toutes les parties impliquées dans ces troubles religieux.

récipients pour boire, mais aussi par des ustensiles pour manger. C’est ce dont témoigne une assiette en faïence, trouvée à Middelbourg, avec la représentation du Prince Guillaume III d’Orange-Nassau (PWD3), à dater entre la fin des années 1660 mais avant 1689, lorsqu’il devient roi d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande (Figure 13.7:2). Au cours de cette période, Middelbourg se retrouve à nouveau comme un pion au milieu de l’échiquier des tensions entre la République des Provinces-Unies et Louis XIV.27 L’utilisation et la destruction de cette assiette pourrait être une fois encore liées à la présence des troupes hollandaises et françaises dans la ville. 13.4. Cuisiner seul mais manger avec l’esprit d’équipe L’usage propagandiste de l’assiette avec le portrait du Prince Guillaume III d’Orange-Nassau est secondaire par rapport à sa fonction principale d’objet pour manger. L’importance de l’alimentation dans des contextes militaires est indubitable : le cardinal Richelieu avait déjà observé que la nourriture était le combustible des armées et d’ajouter qu’« il se trouve en histoire beaucoup plus d’armées péries faute de pain et de police que par

Cet usage de céramique comme moyen d’exprimer la loyauté politique se perpétue bien après la Guerre de Quatre-Vingts Ans, non seulement par le biais des Poulain et al., “Everyday Life,” 245. Paul Douglas Lockhart, Frederik II and the Protestant Cause: Denmark’s Role in the Wars of Religion, 1559–1596, The Northern World (Leiden-Boston: Brill, 2004). 25  26 

Marc Martens, “De nadagen van het kasteel van Middelburg,” Het Ambacht Maldegem 18 (2012): 325–346. 27 

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Campements militaires et culture matérielle du seizième et dix-septième siècle

Figure 13.7. Cruches en grès et assiette en faïence, trouvées au château de Middelbourg et au fort Sainte-Isabelle (Poulain et al. 2018, 234, fig. 13:19, 21 ; Poulain 2016, 161, fig. 72:7, 186, fig. 82:8).

acheter du pain.34 D’ailleurs, le manque de standardisation de ces marmites ne plaide pas en faveur d’un achat groupé par le chef du camp, mais tend plutôt à indiquer que chaque soldat était également responsable de son propre équipement. Sans doute, ces petites marmites étaientelles plus pratiques pour participer à une campagne, mais elles ne constituent pas moins une autre différence notable vis-à-vis des autres groupes avec lesquels les militaires entraient en contact. Comme nous l’avons déjà avancé pour les ustensiles à boire, la présence d’une batterie de cuisine propre à ces environnements militaires contribue à la constitution des soldats comme groupe social distinct.

l’effort des armes ennemies ».28 Les sources historiques,29 combinées aux analyses de résidus de nourriture au château de Middelbourg,30 suggèrent que le régime alimentaire des militaires n’était pas si différent que celui des civils, même si, en temps de guerre, l’accès aux aliments importés était probablement moins évident.31 Cependant, sur la base de la culture matérielle de Middelbourg et Ostende, on observe bien des différences dans la manière dont la nourriture était préparée et consommée. Il convient de souligner que beaucoup de marmites sur ces deux sites militaires sont plutôt petites comparées à celles des autres sites contemporains en Flandre. Par exemple, au fort Sainte-Isabelle, plus de 80 pourcents des marmites ont un diamètre qui ne dépasse pas 21 cm.32 Ces petits volumes peuvent être révélateurs d’une pratique militaire, qui suggère que les aliments étaient réchauffés et consommés en portions individuelles.33 Même s’ils mangeaient ensemble, les soldats faisaient donc leurs propres tambouilles. En effet, les sources d’archives indiquent que les soldats étaient eux-mêmes responsables de s’approvisionner de la nourriture. Les autorités étaient seulement garantes du logement, de l’éclairage et du chauffage et fournissait aussi du vinaigre, de l’huile, du sel et du poivre. C’est n’est que depuis la seconde moitié du dix-septième siècle qu’une partie de la solde était retenue par le gouvernement pour

En analysant des ensembles militaires, on peut par ailleurs relever l’absence de certaines formes ou catégorie d’objets. Par exemple, au fort Sainte-Isabelle, on ne trouve aucune trace de lèchefrite. Faire mijoter la nourriture comporte en effet des avantages par rapport au rôtissage : la viande ainsi cuite dans un bouillon devient plus tendre.35 Ce type de cuisson est particulièrement précieuse en temps de guerre, lorsque l’accès à de grandes quantités de viande de haute qualité était limité. Laisser mijoter un plat de la sorte permet de lui donner un goût de viande bien qu’il soit majoritairement végétarien.36 Aussi surprenant que cela puisse paraître, au fort SainteIsabelle, c’est l’absence presque totale de majolique, généralement produite dans les Pays-Bas protestants, qui doit retenir l’attention. Il ne s’agit effectivement plus

Armand Jean du Plessis Richelieu, Testament politique du cardinal duc de Richelieu, premier ministre de France sous le régne de Louïs XIII (Amsterdam: Henri Schelte, 1709), ch. IX, sect. IV, 111. 29  Par exemple, Michel Morineau, “Rations militaires et rations moyennes en Hollande au XVIIe siècle,” Annales. Économies, Sociétés, Civilisations 18, no. 3 (1963): 521–531, 530. 30  Poulain et al., “Dietary practices”. 31  De Clercq et al., “Living in times of war”. 32  Poulain et al., “Everyday Life,” 231. 33  De Clercq et al., “Living in times of war,” 20, 52 ; Poulain et al., “Pots from troublesome times,” 17. 28 

Etienne Rooms, De organisatie van de troepen van de SpaansHabsburgse monarchie in de Zuidelijke Nederlanden (1659–1700), Centrum voor militaire geschiedenis. Bijdragen 37 (Brussels: Koninklijk Legermuseum, 2003), 205, 233 ; Rooms, “De materiële organisatie,” 73. 35  Léo Moulin, Eating and drinking in Europe: A cultural history (Antwerp: Mercatorfonds, 2002)., 381. 36  comm. pers. Anton Ervynck 34 

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Maxime Poulain and Wim De Clercq d’un produit de luxe comme la majolique a pu l’être auparavant et devient donc tout à fait abordable pour certaines catégories de personnes au fort Sainte-Isabelle, telles que les officiers par exemple. En outre, elle était largement présente en vente sur le marché aux alentours d’Ostende. Le manque de majolique ne peut pas non plus s’expliquer par l’idée reçue selon laquelle les assiettes n’auraient pas leur place dans une campagne militaire, car de nombreuses assiettes d’origine locale ont été trouvées. Enfin, s’il on compare ce phénomène avec les Pays-Bas septentrionaux, on y observe également un recul dans la consommation de certains produits, espagnols dans ce cas, depuis la deuxième moitié du seizième siècle.37 Toutes ces observations tendent à indiquer ensemble que les soldats au fort Sainte-Isabelle choisissaient consciemment de ne pas utiliser des produits d’origine néerlandaise,38 se distinguant clairement d’une culture matérielle utilisée dans les campements de l’ennemi.

Figure 13.8. Photo du mobilier trouvé dans le campement de 1745 à Ninove. © SOLVA Dienst Archeologie, photo : Dirk Wollaert.

fin du seizième ou au début du dix-septième siècle.43 Ces jouets métalliques sont encore intacts et n’ont même pas été recyclés malgré la valeur de leur matière première. Ils ont été délibérément jetés, probablement et une fois encore à cause de leur référence à la religion catholique.44

13.5. Quasi invisible ? Vivandiers, femmes et enfants Ces campements ne sont par ailleurs pas des environnements uniquement masculins. La présence de femmes et d’enfants dans ces contextes militaires est clairement attestée.39 Une peinture de Cornelis De Wael représente par exemple la vie dans l’un des forts espagnols durant le Siège d’Ostende.40 Une femme et son enfant y occupent une position centrale. Certains soldats avaient emmenés leur épouse avec eux ou étaient régulièrement visités par leurs compagnes. Il y avait par conséquent aussi des enfants. On sait par exemple que l’aumônier de l’église de la garnison à Anvers a baptisé 571 enfants entre 1628 et 1637. Ces femmes remplissaient plusieurs fonctions dans les campements. Elles soignaient les blessés, lavaient ou travaillaient comme vivandière. La prostitution était également présente.41

L’étude de la culture matérielle des femmes et des enfants a le potentiel de récrire notre connaissance de la manière dont ces grands groupes non-militaires vivaient dans et autour de ces campements. Malheureusement, jusqu’à présent, les données archéologiques sont tellement rares qu’aucune synthèse n’est possible. Les deux trouvailles mentionnées ci-dessus montrent qu’il reste beaucoup de recherches à mener sur la manière dont cette présence des femmes et des enfants se traduit dans la culture matérielle et sur la place que ces objets occupaient dans leur style de vie itinérante. 13.6. La professionnalisation de l’armée au dixhuitième siècle : entre continuation et changement

Bien que les sources historiques documentent la présence de ces femmes, elles sont difficiles à repérer à travers le mobilier archéologique. Seule une trouvaille au fort Sainte-Isabelle pourrait indiquer leur présence, à savoir un fusaïole.42 Si le lien établi entre les deux peut apparaître comme un raccourcit, il peut toutefois être justifié, car les rôles traditionnels étaient maintenus pendant ce temps de crise. Les traces d’enfants sont quant à elles plus clairement visibles, en atteste notamment la présence de cinq jouets liturgiques en étain à Middelbourg, jetés à la

Jusqu’à présent, la discussion s’est focalisée sur les seizième et dix-septième siècles, car il s’agit de la période sur laquelle on a collecté le plus de données, que ce soit en nombre de sites ou de mobiliers. Pour les périodes plus récentes, on ne possède guère d’information archéologique. Le site du campement français de 1745 à Ninove, présenté dans ce volume, revêt donc un grand intérêt et peut potentiellement améliorer notre connaissance de la vie militaire au dix-huitième siècle. Dans cette perspective, les paragraphes suivants résument-ils quelques-unes des premières observations, hypothèses et autres questions basées sur le mobilier retrouvé à Ninove (Figure 13.8). Il convient toutefois de souligner qu’il ne s’agit que de remarques préliminaires, étant donné que les fouilles étaient encore en cours au moment de rédiger ce chapitre.

Sebastiaan Ostkamp, “Het aardewerk en het glas uit de opgraving Arnemuiden binnen de context van Walcheren en de Nederlanden,” in De Haven van Arnemuiden: Het archeologisch onderzoek aan de Clasinastraat, Amersfoort, ed. Eric Jacobs and Jessica Vandevelde (Amersfoort: Archeologisch Diensten Centrum ArcheoProjecten, 2012), 39–87, 67. 38  Poulain et al., “Everyday Life,” 243–244. 39  Par exemple, John A. Lynn, Women, armies, and warfare in early modern Europe (Cambridge: Cambridge University Press, 2008). 40  Actuellement au Museo del Prado, P001882. 41  Geoffrey Parker, The Army of Flanders and the Spanish Road, 1567– 1659: The Logistics of Spanish Victory and Defeat in the Low Countries’ Wars (Cambridge: Cambridge University Press, 2004), 150. 42  Poulain et al., “Everyday Life,” 234, fig. 13:1. 37 

Certaines trouvailles, comme des pipes en terres, des bouteilles et des verres, démontrent que les pratiques liées à la consommation du tabac et des boissons alcoolisées 43  44 

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De Clercq et al., “Living in times of war,” 32, fig. 18. De Clercq et al., “Living in times of war,” 33.

Campements militaires et culture matérielle du seizième et dix-septième siècle au début de la manufacture et travaille avec des ouvriers provenant de Hollande et de Gand.48 Etablir un partenariat avec Febvrier et ses associés était sans doute un choix logique pour l’achat et/ou la distribution de céramiques en service de l’armée française aux Pays-Bas. La faïence française ne correspond pas seulement à la datation du camp et à la nationalité de l’armée, mais elle témoigne aussi, selon nous, de la professionnalisation de l’armée, de l’organisation matérielle des troupes et de la formalisation des voies d’approvisionnement (un processus déjà entamé à partir du dix-septième siècle).49 Si, à la fin du seizième ou au début du dix-septième siècle, les soldats d’Ostende ou de Middelbourg dépendaient encore entièrement de l’approvisionnement local pour leurs ustensiles de cuisine, la situation semble avoir changée plus d’un siècle plus tard. On constate que les céramiques sont alors directement importées depuis la patrie d’origine des militaires. La faïence française n’étant pas connue dans des contextes civils du dix-huitième siècle en Flandre, la distribution de ces céramiques semble être liée au mouvement de l’armée. Il reste cependant à déterminer si ces objets étaient mis à la disposition des militaires directement via leurs supérieurs ou s’ils étaient (indirectement) acquis par l’entremise d’un vivandier ou encore fourni par un marchand.

Figure 13.9. Faïence française à Ninove (gauche : Rouen ; droite : Lille, fabrique de Jacques Febvrier [?]). © SOLVA Dienst Archeologie.

continuent d’être de faire partie intégrante de la vie militaire dans les années 1700. En revanche, le tournant du dix-huitième siècle semble être annonciateur de plusieurs changements à différents niveaux. Une particularité de ce site est toutefois la présence importante d’assiettes en faïence française, une catégorie qui n’a – à notre connaissance – pas encore été trouvée dans un contexte archéologique du dix-huitième siècle en Flandre. Deux centres de production dans le Nord de la France ont été identifiés  : à savoir Rouen et Lille (Figure 13.9). Les fragments de Rouen sont caractérisés par leurs bords contournés et leur décor en camaïeu bleu et manganèse, formé de croisillons et de demi-lotus en alternance. On trouve des décors comparables dans le deuxième tiers du dix-huitième siècle.45 Les productions de Lille sont couvertes d’une glaçure stannifère blanche. Leur décor, situé sur le bord de l’assiette, est composé de deux lignes bleues dont l’interstice est garni de hachures oranges et de pois bleus. Un motif fleuri, soit élaboré ou stylisé, rehausse le centre de ces assiettes. Leur provenance est à la fois basée sur les fouilles d’un dépotoir de faïence à Lille, datant entre 1713–50 et lié à la manufacture de Jacques Febvrier,46 et sur la présence dans cet ensemble de décorations similaires à celles de Ninove.47 Outre la proximité de Lille et Ninove (environ 70 km) et les liens historiques entre la ville de Lille et les Pays-Bas (avec le rattachement à la France seulement en 1668), le réseau commercial de Jacques Febvrier (ainsi que celui de sa veuve et de son gendre après sa mort en 1729) a aussi pu jouer un rôle dans la distribution de ces biens en Flandre. Originaire de Tournai, Febvrier est associé à un Gantois

Dans tous les cas, soit l’approvisionnement des biens importés de France ne remplissait pas suffisamment les entrepôts militaires pour remplacer les objets cassés, soit il ne couvrait pas entièrement tous les besoins des militaires. Le mobilier d’origine française reste combiné à des céramiques acquises localement, puisque l’on trouve des productions régionales, allemandes et néerlandaises. Il n’est donc plus question de boycottage de certains produits de la République des ProvincesUnies, comme nous l’avons suggéré pour le fort SainteIsabelle. Nous pourrions par contre formuler d’autres hypothèses. D’abord, les céramiques ont pu être livrées par un marchand sous contrat avec l’armée, ne laissant dès lors guère de choix de l’approvisionnement aux soldats. Il est également possible que la connotation religieuse cristallisée dans ces biens se soit perdue dans une guerre qui n’est plus basée sur des motifs de religion. Parallèlement aux changements opérés dans l’approvisionnement des céramiques, il apparaît – mais ça reste à quantifier – qu’il y aurait aussi une transformation dans la façon dont la nourriture est préparée. Là où les marmites à Ostende et Middelbourg étaient surtout caractérisées par leur petit volume, indiquant la préparation individuelle des repas, les quelques indices pour le dixhuitième siècle tendent à montrer que les volumes sont devenus plus grands. Aussi, avec la professionnalisation des voies d’approvisionnement, ne pourrait-on pas aussi parler d’une façon de cuisiner plus structurée ?

45  Laetitia Métreau, Jean Rosen, Caroline Girard, and Réginald Auger, “Pour une typologie stylistique chrono-thématique des faïences françaises retrouvées dans les anciennes colonies d’Amérique (XVIIe–XVIIIe s.),” Canadian Journal of Archaeology/Journal canadien d’archéologie 40, no. 2 (2016): 268–296, A3–51. 46  Vaiana Vincent and Ludovic Debs. “Rien que des ratés ! La production d’une faïencerie lilloise du XVIIIe siècle à partir d’un dépotoir,” Archéopages 45 (2017), accessed Oct 11, 2021, http://journals. openedition.org/archeopages/3393. 47  comm. pers. Vaiana Vincent.

48  49 

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Vincent and Debs, “Rien que des ratés !,” 112, 114. Rooms, De organisatie van de troepen ; Parker, The Army of Flanders.

Maxime Poulain and Wim De Clercq de comprendre cet approvisionnement dans sa totalité en incluant tous les aspects matériels : de l’armement jusqu’à l’uniforme, en passant par les ustensiles de cuisine. Les données archéologiques à Middelbourg et Ostende indiquent la manière dont les soldats s’approvisionnaient quasi exclusivement sur le marché local. Elles témoignent aussi d’un changement opéré au début du dix-huitième siècle, avec la professionnalisation des armées et de leur gestion logistique, tel qu’il s’observe notamment à Ninove, qui combine des biens acquis localement et d’autres importés de France. De plus, l’intégration de ces données matérielles dans un SIG, comme pour le fort Sainte-Isabelle, donne la possibilité d’identifier différentes zones fonctionnelles dans un campement (tentes, cuisines, latrines, …). Bien que certains traités militaires nous informent sur le plan idéal d’un campement, l’archéologie montre que la réalité de terrain peut être tout autre, comme l’illustre la régularité du plan du fort Sainte-Isabelle sur la carte de la Figure 13.3 comparée à la distribution plutôt aléatoire des bâtiments sur la Figure 13.4. Dans ces zones identifiées comme étant destinées à la préparation de la nourriture, le lien entre la culture matérielle et les structures repérées mérite de retenir toute notre attention. L’hypothèse des marmites à plus grands volumes au dix-huitième siècle comme indicateur d’une façon de cuisiner plus centralisée, pourrait être validée par l’analyse de l’évolution du simple foyer aux batteries de cuisine. Combiné avec l’analyse des restes animaux et végétaux, le mobilier nous informe à la fois sur la manière dont la nourriture était préparée, mais aussi sur l’esprit créatif des soldats pour donner aux repas une saveur, quoi que légère, de viande. Il serait également intéressant d’évaluer comment, dans la distribution des logements, la présence de stratification sociale pourrait s’exprimer au travers de la culture matérielle. Des gobelets décorés en verre bohémien trouvés à Ninove semblent par exemple trop fragiles pour être transportés dans la besace des soldats. Reflètent-ils dès lors un usage limité à un niveau hiérarchique supérieur, comme des officiers ?

Figure 13.10. Mobilier retrouvé à Harelbeke datant entre 1680 et 1700 : indicateur d’une éventuelle occupation militaire du site ? © Universiteit Gent, photo : Dieter Jehs, dieterjehs.com.

13.7. Conclusion En conclusion, nous souhaiterions mettre l’accent sur la plus-value de la culture matérielle dans l’étude des campements militaires et sur des pistes potentielles pour de futures recherches. Tout d’abord, la culture matérielle contribue à identifier des campements en tant que tels, ces derniers restant encore trop souvent non-identifiés lors des diagnostiques en Flandre. Plutôt que d’interpréter un foyer comme une structure isolée ou encore une fosse comme perturbation récente, la présence de certains types de mobilier, au premier rang desquels les pipes en terre pour des sites du dix-septième et dix-huitième siècle, pourrait mener l’archéologue à penser à une éventuelle occupation militaire du site, comme par exemple à Harelbeke (Figure 13.10).50 Une fois que cette présence militaire est attestée, le mobilier permet de dater ce campement et de discerner l’éventuelle succession de phases, liées à la position stratégique du lieu qui a pu favoriser l’installation de différentes armées au même endroit (cf. Ninove). Pour pouvoir attribuer une nationalité aux soldats basés dans un campement, le mobilier semble ne donner que peu voire pas d’indice pour les seizième et dixseptième siècles, mais son utilité s’annonce plus prometteuse pour déterminer les nationalités au siècle suivant.

Finalement, la culture matérielle nous donne aussi une perspective interne sur la manière dont les militaires se percevaient comme groupe sociale à part entière, sans pour autant réduire ces soldats à une identité singulière et uniforme. Le mobilier retrouvé à Middelbourg et à Ostende indique que ces lieux formaient un contexte dans lequel les soldats créaient activement une identité militaire, soit via les rituels liés à la pratique de boire et fumer en communauté, soit en exprimant publiquement leur loyauté politique, ou encore en décidant de jeter ou de ne délibérément pas utiliser la culture matérielle des autres citoyens ou des ennemis. Si nous encore limités par le manque de données, de futures recherches devraient davantage incorporer les femmes et les enfants présents dans ces campements. Peut-on les localiser sur ces sites à partir de la culture matérielle  ? Comment leur vie matérielle peut-elle être comparée à celle des soldats  ? Comment ces femmes et ces enfants s’identifient-ils à jonction entre société et armée ?

Ensuite, dans une perspective plus interprétative, l’étude de la culture matérielle permet de fournir une histoire complémentaire aux sources historiques. Par exemple, les recherches sur l’organisation logistique des armées manquent généralement de composant matériel. Rooms,51 dans sa publication importante sur les troupes espagnoles dans les Pays-Bas méridionaux de la deuxième moitié du dix-septième siècle, se focalise uniquement sur le salaire des soldats, le logement et l’approvisionnement de nourriture, car l’équipement de militaires mêmes était encore largement une responsabilité individuelle. L’archéologie des campements offre à l’avenir le potentiel Gertjan Plets, Wim De Clercq, and Tim Clerbaut. Stap voor stap, een archeologische wandeling door het verleden van Harelbeke (Harelbeke: De Roede van Harelbeke, 2013). 51  Rooms, De organisatie van de troepen, 7. 50 

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14 Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires. L’exemple d’un bivouac du Nord de la France pendant l’hiver 1793 Delphine Cense-Bacquet1 with the collaboration of Tarek Oueslati2, Sabrina Save3, and Alys Vaughan-Williams4 Archéopole et Histoire, Archéologie et Littérature des Mondes Anciens (HALMA – UMR 8164), 9 ZA des Wattines – Pavé d’Halluin, 59126 Linselles, France 2 Laboratoire BioArchéologie animale (HALMA – UMR 8164) and CNRS, Université de Lille, Campus Pont-de-bois, Rue du Barreau, BP 60149, 59653 Villeneuve d’Ascq Cedex, France 3 Laboratoire Amélie, 120 Boulevard Blanqui, BP 10255, 10000 Troyes, France 4 Independent researcher

1

Abstract: The excavations, carried out in 2008 on the Marcq-en-Barœul site of ‘Le Cheval Blanc’, are located on a flat area of one of the slopes overlooking the valley of the Marque, which is partly made up of the low and humid alluvium deposits. The archaeological research at this site mainly brought to light important agro-pastoral occupations of the Latenian and Gallo-Roman periods. However, a peculiar alignment of pits and small hearths gathered in groups of two to four along a north-west / south-east axis drew the attention because of its atypical characteristics. During the archaeological diagnosis, three structures identical to those excavated had been considered as Gallo-Roman cremations, as they mainly consisted of charcoal and burnt and unburned bones lining the bottom and walls of the features. However, further detailed observations and additional analyses carried out on the collected artefacts and remains allow another identification and interpretation as arrangements for a modern-period military bivouac. An image of the manners and customs of soldiers in times of conflict, from clothing to entertainment including combat, is transmitted to us thanks to the excavation of these singular structures but also of specific objects (buckles, buttons, thumbtacks, pipes, shotgun stones, lead bullet, wooden token, nails, etc.). The samples taken from the fills were sent to various specialists whose scientific approach was based on the one hand on the bones resulting from the excavation of the pits and on the other hand on the sieving of the sediments containing concentrations of burnt bones, seeds and coal. Specialised research aimed to place this waste in the context of the multiple actions of daily life taking place in this camp and to highlight the different stages of the chaîne opératoire of the processing and consumption of animal and plant resources at the encampment. They thus make it possible to study the peculiarities of the diet of the soldiers of the revolutionary wars, in particular through the methods of supplying and cooking food (archaeozoology, carpology) as well as the strategic supply of wood and other fodder used for the heating and construction (carpology, anthracology). In this sense, the combination of archaeological, historical, and iconographical thus gives us the possibility of retracing the ephemeral existence of a small French military camp at the end of the eighteenth century linked to an important military event, the Franco-Austrian war from 1792–94. Finally, it allows us to compare and confront the official military directives of the time and the reality on the ground, the soldiers and troops seeming to adapt to their environment and the particular conditions with which they are confronted, the distributions in supplies and the satisfaction of needs not being necessarily assured. Keywords: Northern France, revolutionary wars, ditches, hearths, encampment, daily life, dietary practices, subsistence. 14.1. Cadre général des découvertes

Ferrain. Le site archéologique s’étend sur une terrasse peu marquée (22,50 m NGF) dominant la vallée de la Marque, sur une légère pente orientée nord-sud et non loin de la confluence entre la Deûle et la Marque. L’environnement géographique se place dans le Bas-Pays caractérisé par un relief modeste composé en grande partie de plaines, de

14.1.1. Contexte géographique La commune de Marcq-en-Barœul (France, Nord) se situe à environ 4,50 km au nord de Lille, et en limite du Pays de 189

Delphine Cense-Bacquet Tarek Oueslati, Sabrina Save, and Alys Vaughan-Williams

Figure 14.1. Localisation des vestiges sur le cadastre napoléonien. Fond de carte : Archives départementales du Nord, ADN P31/256 (1830) ; DAO : Delphine Cense-Bacquet, éch. 1/100.

zones basses et humides (vallée de la Deûle, de la Scarpe) et de zones plus élevées (Weppes, Mélantois, Pévèle, Tournaisis). La zone est, dans sa majeure partie, composée de limons des plateaux recouvrant des couches argileuses (argile de Roncq, de Roubaix et d’Orchies) se rattachant à l’étage Yprésien des argiles des Flandres. La proximité avec la Marque et sa confluence avec la Deûle marque les lieux par la présence d’une petite zone péri-alluvionnaire (formation superficielle constituée d’argiles sableuses et de sables) au sud de l’emprise.

Une des caractéristiques de ces structures est leur disposition spécifique, selon un agencement ordonné suivant un axe nord-ouest/sud-est et rassemblée par groupe de deux à quatre, six ensembles ayant été définis. Le décapage extensif opéré lors des fouilles permet de certifier l’existence d’une unique ligne de fosses. Bien que légèrement plus tardif, le repositionnement du campement sur le cadastre napoléonien permet de se rendre compte que cette organisation suit les limites parcellaires, les fossés imposants matérialisant ces limites pouvant servir de protection dans une certaine mesure. Le bivouac est de même implanté au milieu des champs mais perpendiculairement à la rue des Peupliers (Figure 14.1).

14.1.2. Contexte archéologique La découverte d’un alignement de seize fosses et restes de petits foyers comportant des charbons de bois et des esquilles osseuses en grande quantité mais surtout la mise au jour d’un mobilier spécifique et les résultats obtenus par une datation radiométrique, en corrélation avec des données historiques, nous ont permis d’identifier les vestiges d’un petit campement/bivouac de l’armée française de la fin du dix-huitième siècle. Si l’interprétation de ce type de structures, au moment de la fouille en 2008, était relativement hypothétique faute de comparaisons, les exemples se sont depuis multipliés avec la mise au jour de campements comparables datés entre le seizième siècle et le dix-neuvième siècle, notamment à Gasperich (Luxembourg) proche chronologiquement et morphologiquement de notre gisement.1

Le mobilier récolté se compose de fragments de verre, de briques, de pierres, d’éclats de silex ou encore de petites scories métalliques. Les types d’objets les plus attestés sont les clous comptabilisant environ une centaine de pièces ou fragments dont une quarantaine provenant d’une même fosse (668). Parmi le mobilier lié au domaine militaire, sont présents des boucles en alliage cuivreux et en fer et des boutons classiques et militaires illustrant l’équipement des soldats, des pierres à fusil en silex blond, des fragments de plomb appartenant certainement aux mordaches des pierres à fusil et une balle en plomb provenant probablement d’un mousquet pour l’armement ainsi qu’un jeton de jeu en bois et des fragments de pipe en terre cuite blanche (dix-sept morceaux de tuyaux et huit fragments de fourneaux) renseignant sur les loisirs.

Priscille Dhesse, Laurent Brou, and Valentina Bellavia, “Alimentation et écologie végétale d’un campement militaire français du blocus de 1794–1795 de la place de Luxembourg durant la guerre de la première coalition au lieu-dit « Beim kleinen Weiher », section de Gasperich, commune de Luxembourg (Grand-Duché de Luxembourg),” in Actes des 13e Rencontres d’Archéobotanique de Besse, Besse et Saint-Anastaise, 1 

27 février-2 mars 2018, ed. Manon Cabanis and Caroline Schaal (Besse: Recontres Archéobotanique, 2018), 78–79.

190

Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires 14.1.3. Contexte historique : la guerre francoautrichienne (1792–94) Cet épisode a commencé avec la déclaration de guerre de l’Assemblée nationale aux Pays-Bas autrichiens le 20 avril 1792. Pendant que le général Charles François du Perrier du Mouriez dit Dumouriez arrêtait les Prussiens à Valmy (20 septembre 1792), leurs alliés autrichiens franchissaient la frontière française.2 Le général français Nicolas Luckner s’établit avec son armée entre Lille et Marquette (12 juin 1792), d’où il part deux jours après pour le camp de Cysoing. Wervick, Comines et Menin sont alors occupées par les troupes françaises mais les Autrichiens reprennent Menin et Ypres au commencement de septembre 1792. La frontière du Nord fait l’objet de toute l’attention des partis. Les Autrichiens prennent les postes de Lannoy, Roubaix et Tourcoing. L’armée du duc de Saxe-Teschen installe différents camps dans le voisinage de Lille et fait le siège de la ville.3 La ville a subi des bombardements pendant plusieurs jours. Le 26 octobre, les Français chassent les Autrichiens de Bondues qui ne tardent pas à revenir avec un renfort de trois mille hommes. En 1793, le quartiergénéral de l’armée française était alors basé à la CroixBlanche (Bondues). Plusieurs combats sanglants eurent lieu à Linselles, à Wervick ou encore près de Courtrai. Le succès penchait tantôt en faveur des Français, tantôt du côté des Autrichiens. Finalement, un combat mémorable eut lieu vers Tourcoing et Roubaix le 29 germinal an II (18 avril 1794) qui mit fin à la guerre contre les Autrichiens.

Figure 14.2. Boutons militaires issus de la fouille des fosses 673 pour le premier et 686 pour le second. Photo : Delphine Cense-Bacquet, éch. 1/1.

cornes de La Madeleine; 5. Une cinquième lunette reliée à la précédente par une tranchée longue de 100 mètres et garnie d’abattis. Cette lunette était dépourvue de flanc gauche, auquel il était suppléé par un bâtiment qu’on avait sans doute crénelé. Elle était située au point culminant dit « Le Calvaire de Marcq », à 1050 mètres du saillant de droite de l’ouvrage à cornes de La Madeleine... ».6 Dans une lettre écrite à Rose Delannoy par l’un des amis de sa famille nommé Cadot,7 une autre description des lieux nous offrent des indices complémentaires. « Lille, le 24 octobre...An 1 de la République...Notre camp est sur la droite de la porte de la Magdelaine, il est de vingtcinq mille hommes et s’étend depuis Magdelaine au long jusqu’au Dieu de Marcq. Il est sur trois lignes formant chaque ligne demy cercle de manière que les glacis de La Magdelaine et porte Saint-Maurice jusqu’à la hauteur du Dieu de Marcq, campagne de Carbonelle, chemin de Croix, tout est occupé par nos guerriers républicains ».

Dans un environnement proche de notre site, la construction d’une série d’ouvrages « relevant de la fortification passagère »4 a été entreprise. Au départ, seuls quelques travaux de campagne furent réalisés au « pont de Marcq et en avant du faubourg de La Madeleine »,5 le pont de Marcq étant la construction permettant le passage de la Marque sur la route menant de Menin à Lille, à environ 2,50 km au sud du campement. Puis, l’ensemble s’étoffa pour former le camp de La Madeleine. Certains de ces ouvrages se situent à proximité immédiate de notre campement. L’histoire de ce camp permet de se rendre compte de l’organisation générale des lieux :

Construit probablement en 1792, le camp subit quelques aménagements courant 1793. Il servait à la fois de poste d’observation et de stationnement pour des formations militaires qui pouvaient y loger dans des tentes et y bivouaquer.8 La route de Menin divisait le camp en deux quartiers, celui de droite et celui de gauche (Figure 14.3). 14.1.4. Les armées en présence Lors de la fouille, deux boutons militaires ont été recueillis, nous permettant de retracer les mouvements d’une unité de soldats (Figure 14.2). En effet, le premier bouton appartient à la quatorzième demi-brigade de bataille des troupes à pied de Forez. Avec la Révolution, les régiments perdent leurs noms traditionnels pour ne conserver qu’un numéro d’ordre reprenant leur ancien rang.9 L’infanterie

« 1. Une redoute située entre la basse Deûle et la route de Menin, à 700 mètres en avant du tenaillon de droite de la porte d’eau; 2. Une lunette à droite de la même route, en avant du village de La Madeleine, probablement celle qu’avait fait construire Luckner; 3. Une autre lunette à droite et à moins de 300 mètres de la première, à 950 mètres en avant de la demi-lune de l’ouvrage à cornes de La Madeleine; 4. Une quatrième lunette à 350 mètres de la deuxième et à 1 000 mètres du saillant de l’ouvrage à

Milot, “Un projet de camp retranché sous Lille en l’An II,” 85. Paul Foucart, Jules Finot, and Alfred Jennepin, La défense nationale dans le Nord de 1792 à 1802 (Lille: Imprimerie Lefebvre-Ducrocq, 1890–1893), 1, 252. 8  Milot, “Un projet de camp retranché sous Lille,” 86–87. 9  « L’infanterie de Forez est la dénomination d’un régiment créé en 1684. Chaque formation, suivant son ancienneté, se voyait attribuer un rang. Forez marche primitivement au 81e rang de l’Infanterie française puis passe, suivant les suppressions ou les créations de corps, du 79e rang en 1687 au 68e en 1771. Le 26 avril 1775, le régiment est incorporé dans le Bourbonnais. Par ordonnance, le régiment du Bourbonnais est dédoublé. Deux de ses bataillons forment le régiment de Forez qui prend 6  7 

Roger Dupuy, La République jacobine. Terreur, guerre et gouvernement révolutionnaire (1792–1794) (Paris: Seuil, 2005). 3  Pierre Rocolle, “Le siège de Lille en 1792,” Armes et campagnes de la Révolution française, Revue du Nord - Histoire et Archéologie 299 (1993): 59–80. 4  Jean Milot, “Un projet de camp retranché sous Lille en l’An II,” Armes et campagnes de la Révolution française, Revue du Nord - Histoire et Archéologie 299 (1993), 84. 5  Milot, “Un projet de camp retranché sous Lille en l’An II”. 2 

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Delphine Cense-Bacquet Tarek Oueslati, Sabrina Save, and Alys Vaughan-Williams

Figure 14.3. Localisation des principales localités sur la carte de Cassini. Fond de carte : Bibliothèque nationale de France ; DAO : Delphine Cense-Bacquet.

de Forez devient donc la quatorzième demi-brigade de bataille. Au commencement de 1792, le bataillon est envoyé à Aire, puis fait partie de l’armée du Nord avec laquelle il contribue à la première conquête des Pays-Bas autrichiens. D’ailleurs, le tableau détaillant les quatre grandes divisions de l’armée, effectué en 1792, rapporte la présence de la 14e demi-brigade de « Forès », comprenant un seul bataillon, dans la première grande division dirigée par le Maréchal de Rochambeau. Sont également indiqués

le lieu de stationnement (Aire), le nombre de soldats (446), le nombre de soldats manquants (317) et l’attachement de ce régiment au département de la Somme désigné pour le recrutement des hommes.10

rang immédiatement après lui. Le régiment de Bourbonnais a été créé en 1597. Par conséquent, le régiment de Forez bénéficie de cette ancienneté et se retrouve à la 14e place » (Joseph Barou, “De Forez-Infanterie au 14e Régiment de Parachutistes de Choc : les héritiers successifs du Régiment de Forez (1684–1966),” Village de Forez 56 (1993): 1).

10 

L’unité occupe Namur début 1793. Dans un autre tableau récapitulatif donnant l’emplacement des bataillons et régiments de l’armée du Nord, en avril 1793, le régiment se situe au camp de Cassel.11 C’est d’ailleurs de ce camp que ADN L 2429 – Archives départementales du Nord, série L (période révolutionnaire) (ADN L), n°2429 relatif au tableau des 4 grandes divisions de l’armée (1792). 11  ADN L 2430 – Archives départementales du Nord, série L (période révolutionnaire), n°2430 rassemblant les tableaux récapitulatifs donnant

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Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires le colonel Pierre Nicolas Merle-Beaulieu du 14e régiment écrit aux membres du conseil général du département du Nord, le 18 avril 1793. Il indique que la totalité du bataillon est armée, que l’habillement est en bon état et qu’il a besoin de 74 hommes armés pour se porter au complet. Le bataillon totalise alors 628 soldats tous grades confondus.12 Un rapport sur les garnisons et leur cantonnement, daté du 30 juin 1793, situe le régiment au même lieu, au camp de Cassel. Un autre rapport du 29 frimaire an II (19 décembre 1793) indique la présence du 1er bataillon du 14e régiment à Mouvaux.13 En se référant à ces déplacements, il est possible que le régiment soit passé sur notre site vers la fin de l’année 1793 et certainement pendant l’hiver.

présentent un plan généralement quadrangulaire, mesurant entre 1,42 m et 2,32 m de long pour une largeur comprise entre 0,95 m et 1,22 m pour les mieux conservés, soit une surface oscillant entre 1,40 m² et 2,20 m². Ces dimensions laissent suggérer la présence d’abris individuels (cabanes, huttes, etc.), la partie excavée permettant probablement d’agrandir l’espace de vie en hauteur. Elles peuvent être aménagées d’un foyer directement en lien avec l’excavation ou localisé à l’extérieur. Ce dernier est conservé uniquement au niveau de la sole indurée et, dans de rares cas, au niveau des parois. Certains foyers plus ou moins isolés pourraient marquer l’emplacement d’abris pour lesquels aucun creusement n’a été réalisé ou n’est conservé. Le choix pour la position du foyer résulte de la combinaison de plusieurs contraintes. Le foyer doit certainement être positionné à l’entrée des cabanes, hypothèse permettant du supposer que ces dernières étaient tournées vers le sud-ouest probablement pour une meilleure protection contre les vents dominants chassant plutôt au nord dans nos contrées, la présence du foyer au sud limitant de même un éventuel embrasement du campement. De plus, cette orientation autorise une surveillance des mouvements au niveau de la rue de Lille, route principale menant depuis le nord (Bondues, Mouvaux, etc.) vers Lille. Au fond de certaines fosses, des traces pourraient être identifiées comme des trous de piquets. De plus, la présence de clous, même si certains sont plutôt interprétés comme des clous de chaussures, peut illustrer une utilisation multiple dans le but de renforcer l’armature de la cabane ou, éventuellement, attester l’emploi de planches cloutées à l’instar de l’estampe de Jean-Pierre-Marie Jazet, nommée Bivouac Prussien ou Le Champ de Mars avant 1867, montrant des abris construits en planches clouées et toiture de paille. Dans ce sens, dans le camp de Napoléon à Etaples, des restes de planches en bois non carbonisés ont été retrouvés dans certaines baraques.15

À sa tête, Antoine-Nicolas Collier, comte de La Marlière, est désigné colonel de ce régiment le 5 février 1792. Nommé à l’armée du Nord (1792–93), il est fait provisoirement maréchal de camp par le général Dumouriez le 25 août 1792, puis confirmé maréchal de camp le 7 septembre 1792. Il entre à Lille le 1er octobre 1792, et passe à la division du Nord de la Belgique sous le général Francisco de Miranda le 1er décembre 1792.14 Il est donc remplacé par le colonel Pierre Nicolas Merle-Beaulieu qui restera à la tête du régiment jusqu’en 1795. Le second bouton marque le passage de l’Ancien Régime à la République. Lorsque la Convention Nationale a succédé à l’Assemblée législative (20 septembre 1792), elle a proclamé la République (21 septembre 1792). L’infanterie de ligne comptait alors 100 régiments. Le bouton de l’infanterie de ligne suivant le modèle du 13 vendémiaire an I (4 octobre 1792) a abandonné les numéros des régiments pour les remplacer par le faisceau de licteur. Il est surmonté d’un bonnet phrygien et entouré de feuillage. Autour figure l’inscription « République Française ». Le modèle devient unique pour tous les régiments mais le changement s’effectue progressivement et l’utilisation des anciens boutons persistent. Il était porté par l’infanterie légère des troupes à pied.

La confrontation entre les différentes sources, archéologiques, historiques et iconographiques, notamment les images de scènes de campements des dixhuitième et dix-neuvième siècles, permet de proposer une restitution en matériaux périssables ramassés à proximité immédiate, transportés par les régiments et/ou réquisitionnés, les trois étant envisageables simultanément en fonction de l’usage. Ainsi, si les tentes en toiles sont largement figurées par les représentations de camps et de bivouacs, il semble plus probable que les soldats devaient se débrouiller avec ce qu’ils avaient à leur disposition pour assurer leur hébergement, leur cuisine et leur chauffage à l’image du dessin préparatoire, Le camp, scène de bivouac (vers 1836), ou de la lithographie n°7 tirée du dessin et intitulée Le camp (1836, cf. Risch et Brou, ce volume, Figure 10.19) d’Auguste Raffet qui pourraient parfaitement illustrer l’architecture des structures du campement de Marcq-en-Barœul.

14.2. L’organisation du bivouac de Marcq-en-Barœul 14.2.1. L’organisation du campement Malgré un état d’arasement certain, plusieurs caractéristiques concernant ces structures excavées et ces foyers peuvent être avancées (Figure 14.1). Les fosses l’emplacement des bataillons et régiments de l’armée du Nord (avril 1793). 12  ADN L 2502 – Archives départementales du Nord, série L (période révolutionnaire), n°2502 relatif aux régiments d’infanterie (mouvement, correspondance et états nominatifs). 13  ADN L 8580 – Archives départementales du Nord, série L (période révolutionnaire), n°8580 relatif à emplacement des troupes (1791–an 3). 14  Il est nommé chef d’état-major de l’armée des Ardennes sous Valence le 22 mars 1793, puis général de division à titre provisoire, le 5 mai 1793 par le général Picot de Dampierre, confirmé par le conseil exécutif le 15 mai. En conflit avec le général de Lavalette, dont il avait obtenu la destitution grâce à ses liens avec Custine, il est mis en cause devant la Convention. Destitué le 22  juillet  1793, il est condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 26 novembre 1793 (6 frimaire an II) présidé par Fouquier-Tinville, son cousin. Il est exécuté le lendemain.

Germain Hello, Le bois de la guerre : quand l’anthracologie contribue à l’histoire des forêts du Nord-Pas-de-Calais (1803–1805), MA thesis (Angers: Institut Supérieur des Sciences Agronomiques, Agroalimentaires, Horticoles et du Paysage, 2013). 15 

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Delphine Cense-Bacquet Tarek Oueslati, Sabrina Save, and Alys Vaughan-Williams Si l’organisation des campements militaires français pendant la Révolution française est issue de l’Ancien régime avec une castramétation précise, certaines modifications et adaptations vont être opérées notamment au niveau de l’uniforme (abandon des numéros de régiments sur les boutons par exemple) et de l’équipement des soldats mais aussi de l’organisation des armées. Ainsi, lors des guerres révolutionnaires, les tentes sont abandonnées en raison de l’encombrement au profit de bivouacs sommaires, celles-ci nuisant entre autres à la rapidité des manœuvres. Les baraques ne vont être plus employées que dans les camps d’exercice ou dans les camps permanents ou semipermanents à l’instar du camp de Boulogne.16 De même, les prérogatives et directives officielles semblent être arrangées et contournées en fonction des conditions et de l’environnement, l’opportunisme primant, ce que notre campement sommaire illustre parfaitement avec des abris servant à la fois pour se réchauffer, se reposer et même cuire les aliments. Dans ce sens, il est difficile d’attribuer à cette installation une fonction ou une attribution à une troupe même si l’ensemble des indices archéologiques comme le mobilier et historiques permet d’envisager de simples soldats à pied (corps d’infanterie).

représentativité de ces essences sur le camp de Napoléon à Etaples.18 Il semble donc probable que les soldats se soient approvisionnés localement, et que ces taxons reflètent correctement l’environnement local, comme peut le suggérer la toponymie des lieux (rue des Peupliers). D’après le cadastre du Consulat, l’environnement du bivouac est constitué de terres labourables, de vergers disséminés le long de la rue des Peupliers, de pâtures et de bois notamment à proximité des cours d’eau. L’orme (Ulmus) et le saule/peuplier (Salix/Populus) sont des bois hygrophiles, adeptes des prairies humides et des cours d’eau, la présence de cours d’eau (Marque, Deûle) et de becques à proximité étant avérée. Il semble que les soldats ayant stationné sur le site ont utilisé ce qu’ils avaient à porter de main pour s’abriter et se réchauffer, arbres comme restes alimentaires au regard des esquilles brûlées récoltées. En effet, des accumulations d’esquilles d’ossements carbonisés ou incinérés ont été reconnues à la fouille et ont fait l’objet d’un tamisage. Les os ont été exposés à de fortes températures ce qui a eu comme effet une modification de la coloration des os du noir au blanc et, dans les cas extrêmes, une fissuration des os et leur rétraction. On retiendra une certaine hétérogénéité du degré d’altération par le feu. L’examen conjoint par les anthropologues et l’archéozoologue a révélé un taux élevé d’os non identifiés et les seuls vestiges identifiables ont été ceux du bœuf et des caprinés (Figure 14.4). Le comptage des esquilles d’un échantillon issu de la fosse 667.7 a porté sur 534 fragments d’os pesant 123 g ce qui permet d’estimer le poids moyen d’une esquille à 0,23 g. À partir des poids des os des autres structures similaires, il a été possible d’estimer un minimum de 25 785 fragments d’os qui ont tapissé le fond de ces structures quadrangulaires. La comparaison du poids des esquilles brûlées entre les fosses et selon l’appartenance à l’un des six groupes de fosses traduit des densités variables entre structures (Figure 14.5).

14.2.2. La vie quotidienne du bivouac : l’utilisation des bois et autres matériaux Chaque structure a été intégralement prélevée par carrés d’après un quadrillage régulier variant selon la taille de la fosse. Les sédiments extraits ont tous été tamisés. La totalité du mobilier recueilli a été triée puis envoyée pour des analyses spécialisées en carpologie, anthracologie et archéozoologie. Un total de 148 fragments a été identifié lors de cette analyse anthracologique provenant des foyers et du fond des fosses. L’orme (Ulmus) s’est révélé être le taxon le plus abondant, aussi bien en quantité numéraire qu’en poids (82 fragments, 21,678 g), suivi par le saule/peuplier (Salix/Populus) (16 fragments, 3,793 g), la distinction entre le coudrier, l’aulne, le charme et le houx n’ayant pu être effectuée avec certitude (Corylus/Alnus/Carpinus/Ilex). En respectant leur ordre d’attestation, viennent ensuite l’érable ou prunellier (Acer/Prunus), le chêne (Quercus), le frêne (Fraxinus), le hêtre (Fagus), le troène (Maloideae/ Ligustrum), l’if commun (Taxus baccata) et le sapin ou mélèze (Picea/Larix), l’ensemble étant en adéquation avec le couvert forestier attesté pour la période. Ni l’orme (Ulmus), ni le saule/peuplier (Salix/Populus) ne sont des bois qui brûlent à de hautes températures. Tous les deux sont plutôt des bois à combustion lente et constituent un combustible très endurant. Ce sont également des bois de taillis qui se régénèrent rapidement.17 Les bois de hêtre, de chêne et de charme étaient réputés pour être les meilleurs combustibles à l’époque comme le confirme la

Cette exposition systématique et prolongée des os animaux aux flammes suggère leur rejet dans les foyers. Cette pratique diffère des témoignages habituels de vidanges de cendriers par le volume considérable d’ossements ce qui traduit une incorporation raisonnée d’os dans le foyer. Le campement se trouvant en milieu rural avec les facilités que cela offre pour l’épandage des déchets aux alentours, il est probable qu’une exploitation de la graisse en guise de combustible ait été à l’origine du placement des os dans les foyers. En effet, de nombreuses études taphonomiques et ethnographiques se sont penchées sur la question de l’utilisation de l’os en tant combustible et il ressort que la combustion de l’os frais permet d’entretenir un feu de forte température et pendant une durée assez longue.19 Toutefois, un feu exclusivement à

Frédéric Lemaire, “Archéoscopie d’un projet d’invasion  : la fouille des baraquements d’infanterie du camp de Montreuil (1803–1805),” Napoleonica 32 (2018): 5–48. 17  Eleni Asouti and Jon Hather, “Charcoal analysis report 1998. Preliminary results from Çatalhöyük and Pinarbasi,” Çatalhöyük 1998 Archive Report (1998), accessed Oct 11, 2021. http://www.catalhoyuk. com/archive_reports/1998/ar98_08.html 1998. 16 

Hello, Le bois de la guerre. Isabelle Thery-Parisot, “Fuel Management (Bone and Wood) During the Lower Aurignacian in the Pataud Rock Shelter (Lower Palaeolithic, Les Eyzies de Tayac, Dordogne, France): contribution of experimentation 18  19 

194

Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires

Figure 14.4. Illustrations de quelques os brûlés issus de la structure 667 (A-mandibule de bœuf, B-radius de bœuf, C-os pariétal de capriné, D-racines de dents de caprinés, E-tubercule costal de capriné, F-coxal de capriné, G-humérus de capriné, H-malléole de capriné, I-talus de capriné, J/K-articulations distales de radius de caprinés). Photo : Tarek Oueslati.

Figure 14.5. Poids des esquilles brûlées issues des structures quadrangulaires en fonction du groupe d’appartenance. Graphique : Tarek Oueslati.

base d’os n’est pas approprié à la cuisson indirecte c’està-dire dans des casseroles par exemple. Il faudrait donc voir dans l’utilisation importante de l’os une économie de bois dans le cadre de l’éclairage, du séchage et de la cuisson directe aux flammes. Par ailleurs, l’utilisation de l’os calciné pour tapisser le fond des fosses témoigne de

l’utilisation de cette matière minéralisée pour ses qualités drainantes au même titre que l’utilisation sur d’autres sites d’amphores usagées pour créer des vides sanitaires et des drainages.20 L’utilisation combinée de bois et d’os permet de prolonger le fonctionnement du foyer par rapport à un feu où la combustion repose uniquement sur le bois. Si

and anthraco-analysis to the study of the socio-economic behaviour,” Journal of Archaeological Science 29 (2002): 1415–1421.

20 

Ulrike Ehmig, “Deux assainissements avec amphores à Mayence (Germanie Supérieure),” Gallia 59 (2002), 233–251.

195

Delphine Cense-Bacquet Tarek Oueslati, Sabrina Save, and Alys Vaughan-Williams cette pratique ne trouve pas de parallèles dans les textes de l’époque moderne, elle peut toutefois être expliquée par un souci d’approvisionnement en bois ou bien par l’intérêt que présente l’utilisation conjointe d’os et de bois dans un foyer pour assurer un feu de meilleure qualité.

Table 14.1. Inventaire en nombre et en poids de restes des vestiges fauniques et ichtyologiques. Tableau : Tarek Oueslati.

Enfin, parmi les sources historiques, un arrêté, daté du 29 nivôse an II, détaille le prix, l’espèce, la quantité et les lieux d’abattage des bois. L’orme est le plus souvent mentionné. Sont également présents le chêne, le noyer, le peuplier, le tilleul, le marronnier et les bois blancs. Un procèsverbal du 19 pluviôse an II fixe la réquisition et la coupe de bois de chauffage pour la ville de Frelinghien à 788 arbres et 249 pour Tourcoing. Une liste où figure Marcqen-Barœul, établie le 27 thermidor an III, détaille les villes ayant fourni du bois de chauffage déposé au magasin de l’Esplanade.21 Différentes études ont, en effet, montré l’exploitation intensive du couvert forestier pendant les guerres révolutionnaires en bois de combustible et de construction, les forêts du Nord subissant plusieurs phases de surexploitation notamment entre 1789 et 1815.

NR

PdR

bœuf

32

694

capriné

33

143

chèvre

1

5

mouton

3

14

porc

3

32

chien

1

1

équidé

2

12

hareng

12



mammifère indét.

54

211

total

142

1112

collier et os du pied). Des incisions fines sur les os suggèrent que la viande a été prélevée au couteau au moment de la cuisson ou au moment de la consommation.

14.3. L’alimentation des soldats

Les caprinés sont essentiellement représentés par la mandibule, la scapula, les côtes, le coxal et les os du tarse (Figure 14.4). Par ailleurs, des restes de crâne, de vertèbres et de radius et ulnas sont représentés en dessous de leurs proportions dans un squelette. Enfin, toutes les autres parties de la carcasse sont absentes. Il ressort que les morceaux de viande de caprinés étaient constitués surtout par la partie charnue du membre antérieur et des côtes. La présence d’éléments du crâne et l’abondance des mandibules suggèrent que la tête était acheminée sur le site donc il n’est pas exclu que les carcasses de mouton étaient plus ou moins entières avec la tête qui est sans doute consommée. Les membres antérieurs et postérieurs sont représentés par leurs parties les plus charnues.

14.3.1. La transformation et la consommation des ressources animales L’étude archéozoologique a porté sur 141 restes animaux issus de 14 fosses (Table 14.1). Du point de vue taxinomique, les caprinés et le bœuf dominent l’assemblage. Selon le mode de quantification on retrouve les caprinés en tête si on utilise le nombre de restes (NR) avec une fréquence de 46,3 pourcents tandis que le poids de restes (PdR), qui est le plus proche des quantités réelles de viandes consommées, le bœuf constitue 71,1 pourcents de l’assemblage. Le spectre comprend également des restes de porc (6 pourcents NR et 4,3 pourcents PdR), de chien, de cheval et de hareng.

En plus des mammifères, des restes de hareng sont attestés dans les structures quadrangulaires 670 et 677. Il s’agit d’os du rachis et de la tête ce qui témoigne de rejets de consommation de harengs entiers frais ou sous forme de conserve. La pêche au hareng frais étant liée à la migration de reproduction en automne et au début de l’hiver, il n’est pas exclu que l’approvisionnement se soit fait sous forme de hareng frais.

Les restes d’animaux de bouche représentent des déchets de préparation et de consommation. L’examen des proportions des éléments du squelette du bœuf renseigne sur la présence minoritaire de restes de la tête, de la scapula, de l’humérus, du tibia et du tarse tandis que le rachis cervical, les côtes, le radius, le bassin et l’os canon postérieur sont surreprésentés.22 Tous les autres éléments du squelette sont absents. Les côtes sont représentées par le plat de côte, les jarrets par des sections de diaphyse et le coxal par la cavité acétabulaire. Ces os ont été dépecés au couperet définissant des portions de viande bovine. La cuisson bouillie des morceaux est fort probable comme le suggèrent l’absence d’expositions au feu localisées sur les extrémités des os ainsi que la qualité même des viandes (jarret, plat de côte,

Les fosses de l’époque moderne ont donc livré des déchets de la transformation et de la consommation des ressources animales. En corrélation avec les sources historiques, l’alimentation carnée renseigne sur une place privilégiée du bœuf et des caprinés avec comme seule source de diversification du poisson sous la forme de hareng frais ou de conserve. Les traces de découpe sur les os de bœuf suggèrent une préparation de quartiers de viande par un artisan boucher dont l’outil de travail est le couperet et l’absence d’un débitage de morceaux de viande à l’aide d’une scie permet d’attester que cette technique n’est pas encore en vigueur à cette époque. L’approvisionnement en viande de caprinés diffère avec notamment une abondance

ADN L 8701 – Archives départementales du Nord, série L (période révolutionnaire), n°8701 relatif au chauffage des troupes – réquisition et coupes de bois (1793–an 4). 22  Delphine Cense-Bacquet and Tarek Oueslati, “Un petit campement militaire temporaire au cours du conflit franco-autrichien de 1792–1794 sur le site de Marcq-en-Barœul, « Le Cheval Blanc » (Nord),” Revue du Nord 388, no. 5 (2010): figs. 14–15, 28. 21 

196

Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires

Figure 14.6. Fréquence en nombre des restes carpologiques. Graphique : Delphine Cense-Bacquet.

de restes de mandibule, peut-être liée à la consommation de la langue. De même, seules les parties riches en viande dont le haut de l’épaule, le haut de la cuisse et les côtes sont surreprésentées. Il ressort ainsi une distribution de quartiers de viandes spécifiques, détaillés au préalable par un boucher. À l’échelle du campement, on assiste à une cuisson bouillie et un prélèvement de la viande comme en témoignent de fines incisions au couteau. Les quartiers de bœuf dominants et notamment le jarret, le plat de côte et le pied nécessitent une cuisson prolongée. Ces besoins en cuisson ainsi qu’en chauffage et en séchage justifient la combinaison de bois et d’os en tant que combustibles assurant une utilisation prolongée du feu.

elle constitue une grosse part de l’approvisionnement en viande sous forme de côte de lard ou de jambon. Enfin, il est intéressant de noter l’absence de volaille et d’œuf qui ne sont pas mentionnés non plus dans les comptes des commissaires aux comptes cités plus haut. 14.3.2. L’approvisionnement en céréales et légumineuses Quinze prélèvements ont été examinés, de petits assemblages de grains de blé (Triticum) ayant été découverts dans la plupart des contextes (Figure 14.6). Un contexte (684) contenait également quelques bases de glume, parmi lesquelles certaines sont assimilées à du blé tendre (Triticum aestivum), et quelques nœuds de tige. Ces derniers pourraient être liés à la présence de paille pour la couverture des abris ou en couchage au niveau du sol. Un seul grain d’orge (Hordeum) a été identifié et pourrait être considéré comme une contamination plutôt qu’un constituant du régime alimentaire en tant que tel. Des graines d’adventices, petite renouée (Persicaria minor) et renouée-liseron (Polygonum convolvulus), sont attestées dans deux autres structures (647, 667), tandis que des pois de fève (Vicia faba) ont été identifiés de même que des pois cultivés (Pisum sativum) et des lentilles (Lens culinaris).

Cette étude archéozoologique a permis à partir de débris de cuisine d’explorer les composantes effectives de l’alimentation carnée des troupes avec une place importante du bœuf et des caprinés. Les achats de viande par les commissaires aux vivres des camps au seizième siècle confortent l’idée que la viande est une composante d’une grande importance dans l’alimentation des hommes de guerre.23 Ces travaux sur l’approvisionnement des camps précisent que la viande de bœuf est issue d’animaux abattus à l’extérieur de l’enceinte du camp, probablement dans les agglomérations voisines, et font l’objet d’un salage préalable pour prolonger la durée de sa conservation et en faciliter le transport. Pour les poissons, il est indiqué que le hareng salé ou fumé est distribué dans les camps. Le stockfish est une variante de poisson de conserve servie aux troupes. La morue séchée est d’ailleurs une denrée plus prisée et plus onéreuse. Ainsi, la présence exclusive de restes de hareng sur notre site pourrait constituer un moyen d’aborder le statut des occupants du site à moins que le pilonnage de la chair de morue séchée ait entraîné une destruction totale de leurs restes. Par ailleurs, la rareté des restes de porc demeure à explorer puisqu’habituellement

Ces fosses nous renvoient l’image du régime alimentaire des soldats de l’époque, visiblement basé sur la consommation de blé (Triticum), peut-être d’orge (Hordeum), de fève (Vicia faba), de pois cultivé (Pisum sativum) et de lentille (Lens culinaris), accompagnés de quelques fruits comme les merises (Prunus avium). Les feuilles de petite renouée (Persicaria minor) sont comestibles ainsi que ses graines et celles de la renouéeliseron (Polygonum convolvulus). Les graines de ces deux plantes sont très petites et beaucoup de patience aurait été nécessaire à leur extraction pour la consommation, néanmoins il est possible qu’elles aient été sollicitées pour améliorer le régime alimentaire des soldats. La preuve de la consommation de plantes sauvages est rare car ce sont souvent les feuilles et les fleurs qui sont consommées et celles-ci se conservent très mal par carbonisation.

Franck Viltart, “S’alimenter dans les armées de Charles Quint d’après les comptes des commissaires aux vivres des camps (1542–1543),” Publications du Centre européen d’études bourguignonnes 47 (2007): 261–273. 23 

197

Delphine Cense-Bacquet Tarek Oueslati, Sabrina Save, and Alys Vaughan-Williams 14.3.3. Les sources d’approvisionnement

Les communes participent aussi à l’approvisionnement des troupes non seulement en bois mais également en fourrages et en grains. Un arrêté du 27 brumaire an II relatif à l’approvisionnement de l’armée fixe les quantités à fournir pour les communes. La ville de Marcq-enBarœul doit produire 60 quintaux de blé, 150 quintaux d’avoine, 400 quintaux de foin et 100 quintaux de paille. Un autre arrêté du 7 pluviôse an II mentionne la quantité de 30 quintaux de blé.29

Les fosses illustrent, à travers les différents vestiges et informations récoltées, la vie quotidienne des soldats au sein de leur campement et notamment leur alimentation reposant majoritairement sur la consommation de pain, appelé pain de munition,24 mais également de fèves, de pois cultivés, de lentilles ainsi que de quelques fruits comme les merises ou les noisettes recueillis de manière opportuniste. Les références historiques sur la période sont en adéquation avec la nature des vestiges retrouvés et en particulier les décrets officiels et registres fixant la composition et les quantités de la dotation journalière ou mensuelle des soldats et spécialement pour le pain fait généralement de froment, de seigle, d’orge et/ou d’avoine et avec ou sans blutage de la farine en fonction des périodes. La présence de grains de blé laisse supposer que les soldats pouvaient fabriquer leur propre farine et leur pain comme le relate le médecin militaire Heinrich Roos dans ses mémoires quelques années plus tard lors de la campagne de Russie.25

Cependant, malgré de nombreuses tentatives pour contrôler et uniformiser la fourniture des troupes en campagne, les distributions sont irrégulières et la satisfaction des besoins n’est que rarement assurée ce qui entraînent des tensions et des rivalités entre les généraux qui tentent d’y remédier par des réquisitions et entre les soldats qui pratique la maraude. Différents procès-verbaux font état des pertes dans le canton de Tourcoing en 1792 et 1793, en mentionnant, pour l’objet de notre étude, le nom des habitants pillés à Marcq-en-Barœul, la nature, la quantité et le montant des pertes. Le premier procès-verbal fut dressé le 11 août 1792, le deuxième le 08 septembre 1792 et le troisième le 20 octobre 1792. L’arrêté fut pris le 11 mai 1793. Dans le détail des pertes, sont consignés majoritairement le bois puis les légumes (pommes de terre, carottes, etc.), les fourrages (foin, paille), les grains (avoine), les animaux (porc, bœuf, volaille), les provisions (jambon, boissons) et l’argent. Le montant total estimé s’élève à 29  772 livres, 14 sols et 11 deniers.30 Une décision sur requête du 4 mai 1793 accordera une indemnité de 8  815 livres et 6 deniers en tant qu’indemnité de secours provisoire.31 Un projet de décision sur la requête des maires et officiers municipaux de Marcq-en-Barœul, daté du 19 brumaire an II, prévoit une indemnisation de 3 413 livres, 18 sols et 8 deniers pour les pertes subies par les habitants vers la fin de 1792 en meubles, fourrages, légumes à cause des différents cantonnements de troupes.32 Ainsi, « De 1792 à 1795, le bourg n’a cessé d’être traversé par les armées en campagne, que ce soient celles de la Révolution ou celles de l’Autriche. Les unes comme les autres y ont fait des dégâts considérables, 40 maisons démolies, des moissons dévastées, des arbres coupés, des chevaux et des chariots réquisitionnés ».33

« Les sergents mangent à part, c’est le caporal qui officie autour de la marmite. Il a veillé à ce que chacun ait bien sa ration de pain : 24 onces composées pour trois quarts de froment et pour le reste de seigle, « sans aucune extraction de son ». Le soldat touche aussi une once de riz et, par mois cette fois, une livre de sel. Si bien que le nom donné aux soldats jusqu’à l’Empire sera « riz-pain-sel ». Chaque homme a droit aussi, par jour, à une demi-livre de viande, du bœuf ou moitié bœuf moitié mouton ; des légumes remplacent le riz quand il vient à manquer : 2 onces de fèves, de pois, de haricots ou de lentilles ».26 Ils pouvaient également se nourrir de poisson les jours maigres. Le spectre faunique est majoritairement représenté, sur le site, par les bœufs et les caprinés mais sont aussi attestés le mouton, le porc, les équidés et le chien. La consommation de hareng est certifiée par la présence d’os du rachis et de la tête marquant l’apport de poissons entiers. La forte proportion de restes brûlés montre l’emploi des rejets alimentaires comme combustible. Lors des veillées, les soldats se distrayaient en fumant et en jouant à divers jeux.27 La présence de fragments de pipe en terre cuite blanche et d’un jeton en bois confirment la pratique de ces occupations. D’ailleurs, un état de la situation des approvisionnements de la ville de Lille, daté du 30 pluviôse an III, détaille la nature et la quantité des provisions. Sont présents le bœuf salé, le lard salé, le vin, l’eau-de-vie, le vinaigre, le riz, l’avoine mais également le tabac à fumer et les pipes de terre.28

14.4. Conclusion Même si la présence de ces structures sur le site peut paraître épisodique, elle met tout de même en valeur un événement militaire majeur, la guerre franco-autrichienne militaires. Instructions et généralités (1791-an 3). 29  ADN L 8665. 30  ADN L 2991 – Archives départementales du Nord, série L (période révolutionnaire), n°2991 relatif aux indemnités. État nominatif du canton de Tourcoing (1792–93). 31  ADN L 8769 – Archives départementales du Nord, série L (période révolutionnaire), n°8769 relatif aux indemnités pour pertes causées par l’invasion. 32  ADN L 3130 – Archives départementales du Nord, série L (période révolutionnaire), n°3130 relatif aux indemnités pour pertes agricoles causées par l’invasion et les épidémies (1792–93). 33  Paul Delsalle, Histoire de Marcq-en-Barœul (Dunkerque: Éd. Du Beffroi, 1983), 104–105.

Philippe Poisson, “A vaincre trop vite, le grognard reste souvent sur sa faim,” Historia 727 (2007): 28–35. 25  Heinrich Roos, 1812 – Souvenirs d’un médecin de la Grande Armée (Paris: Perrin, 1913 [1832]). 26  Jean-Paul Bertaud, La vie quotidienne des soldats de la Révolution, 1789–1799 (Paris: Hachette, 1985), 136. 27  Bertaud, La vie quotidienne des soldats, 142. 28  ADN L 8665 – Archives départementales du Nord, série L (période révolutionnaire), n°8665 relatif aux subsistances et approvisionnements 24 

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Le régime alimentaire des soldats des guerres révolutionnaires de la fin du dix-huitième siècle. L’image de ce conflit nous est renvoyée à la fois par les fosses et foyers du bivouac mais également et surtout par le biais du mobilier recueilli. Il nous permet de toucher au plus près de la vie quotidienne des soldats lors des combats, de leurs déplacements et de leurs campements à travers notamment leur alimentation et leurs divertissements illustrés à la fois par les sources archéologiques, historiques et iconographiques. Cette étude nous a permis, pour conclure, de mettre en avant les multiples réseaux d’approvisionnement des soldats en campagne, qu’ils soient officiels, liés à des réquisitions ou le fruit de pillage et d’opportunisme. Les vestiges autorisent à se rendre compte que les régiments devaient probablement faire preuve d’adaptation pour l’hébergement, le chauffage et l’alimentation en utilisant ce qu’ils ont à leur disposition et dans un environnement proche à l’image de ossements animaux remployés comme combustible. Enfin, en guise d’ouverture, il semble opportun et important de souligner l’importance de l’approche méthodologique qui a été conduite sur ces structures. En dépit d’une identification et d’une interprétation aisée sur le terrain, le choix d’un prélèvement intégral des comblements par quart a été effectué afin de pouvoir en post-fouille avoir la possibilité de lancer plusieurs études spécialisées qui pourraient apporter de nombreuses informations quant à la compréhension de ces structures et du mobilier recueilli. Elles ont, en complément, sur le terrain fait l’objet d’un relevé détaillé du niveau principal d’occupation et d’abandon et d’une couverture photographique suffisante. Il paraît plus qu’intéressant de continuer à mener ce genre d’investigation sur ce type de structure et d’occupation éphémère afin de comprendre certaines facettes de la vie quotidienne des soldats qui paraît parfois bien éloignée des récits ou de l’iconographie de la période.

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List of Contributors Olivier Accarie-Pierson is attached to the French Service historique de la Défense since 2019. At the department for technical archives and geographic information, he is responsible for the management of fonds of military engineering and artillery. As a PhD student, he is studying the history of the French Revolution.

province of East-Flanders (Belgium). One of the latest projects deals with the military encampments found in Ninove. Ingrid J. Cleijne is a senior KNA-archaeologist at the archaeological contracter BAAC in the Netherlands. Cleijne has been involved in the excavations of the early nineteenth-century French-Batavian camp in Utrecht.

Nicolas Authom is a field archaeologist and project officer at the Walloon heritage agency (AWaP – West Zone Direction). He is undertaking and managing archaeological excavations, diagnostics and surveys throughout Hainaut Province.

Wim De Clercq lectures Historical Archaeology in North-Western Europe, i.e. the archaeology of the periods dating from the Roman to modern times. He started his career as field-archaeologist directing rescue and preventive operations (trial-trenching, watching briefs, full excavations) in the province of East-Flanders, Belgium for six years. From 2002 onwards he joined Ghent University, first as PhD student, later as a postdoctoral researcher and from 2011 as professor. He created the Historical Archaeology Research Group (HARG) and coordinates several research and PhD projects, all putting emphasis on the archaeology of the historical periods in NW-Europe.

Olivier Bauchet is an archaeologist with the French national institute for preventive archaeological research (Inrap). He is specialised in archives studies coordinated with archaeological data. He led the study of the abundant documentation related to the Fort Saint-Sebastien. Marc Brion is a researcher and regional conservator of the archaeological heritage at the Flemish Heritage Institute, Archaeology Department (aOE, Belgium), seconded from the National Centre for Scientific Research (CNRS, France). Specialised in the archaeology of military encampments, he is equally a member of the International Scientific Committee on Fortifications and Military Heritage (ICOFORT / ICOMOS / UNESCO).

Véronique Danese is a field archaeologist and project officer at the Walloon heritage Agency (AWaP – Central Zone Direction). She is undertaking and managing archaeological excavations, diagnostics and surveys throughout walloon Brabant Province.

Laurent Brou is an archaeologist at the Institut national de recherches archéologiques (INRA) of the Grand Duchy of Luxembourg. After having worked for several years at the AFAN in France, he is now in charge of the scientific and technical follow-up of archaeological survey operations in the framework of preventive archaeology procedures. A prehistorian by training, he specialises in the Upper Palaeolithic techno-complexes of north-western Europe, in particular the Aurignacian and early Magdalenian, and his work also focuses on the material cultures of Tardiglacial and early Holocene hunter-gatherers in their palaeoenvironmental setting. Since 2010, following the discovery of settlements related to the siege war around the city of Luxembourg, he became interested in the castrametation of French military camps of the late seventeenth and eighteenth centuries.

Marceline Denis is a field archaeologist and project officer at the Walloon heritage agency (AWaP – West Zone Direction). She is undertaking and managing archaeological excavations, diagnostics and surveys throughout Hainaut Province. Bertrand Fonck has a PhD in history and has written and edited multiple publications on the military history of the modern period. He is currently the head of the Centre historique des archives of the French Service historique de la Défense and chief conservator of this institution. Michel Hendriksen is a metal specialist at the archaeological contractor BAAC, active in the Netherlands. Hendriksen has been involved in the excavations of the early nineteenth-century French-Batavian camp in Utrecht.

Delphine Cense-Bacquet works at the archaeological contracter Archéopole, where she is the scientific responsible for medieval and early modern operations in both urban and rural contexts. She is equally associated with HALMA (UMR 8164), an interdisciplinary research centre for the study of our past at the Université de Lille.

Wilfried A.M. Hessing is a senior KNA-archaeologist at the archaeological contractor Vestigia, based in the Netherlands. Hessing has been involved in the excavations of the early nineteenth-century French-Batavian camp in Utrecht. Séverine Hurard is an archaeologist with the French national institute for preventive archaeological research. Specialised in modern and contemporary archaeology, she led the investigation of the Fort Saint-Sebastian.

Bart Cherretté is head of the archaeological service SOLVA. They execute all archaeological fieldwork for 21 cities and communities in the southern part of the 201

List of Contributors She also led other archaeological excavations on the Versailles Castle or the Louis XIV’s arsenal in Dunkirk. She is an elected member of the National Council for Archaeological Research (CNRA) and of the French archaeological overseas territories commission (CTRA), both for the French Ministry of Culture.

College Ghent. In 2013, he obtained a scholarship for the project titled The habits of war: early modern ceramics in Flanders. This PhD research focused on the archaeology of early modern Flanders, and particularly on the use of ceramics in the construction of identities. After some months in Flemish commercial archaeology, he now works as a post-doc at the Historical Archaeology Research Group (HARG). A first project dealt with 19th-century Belgian immigrants in the U.S.A. through the analysis of material culture, house-building traditions, and landscapes. In his current post-doc project, he studies the material culture of the many merchant communities in medieval Bruges and its outports along the Zwin tidal inlet.

Maaike Kalshoven works at the archaeological contractor BAAC. She has been active as a senior KNA-archaeologist at the excavations of the early nineteenth-century FrenchBatavian camp in Utrecht (the Netherlands). Sławomir Konik obtained his master’s degree from the Jagiellonian University in Cracow in 2007. Since 2003 he has worked on multiple rescue excavation projects in Poland, Austria and Germany as a freelancer. He was a director of an archaeological company and since 2016 is a co-owner of the Vienna archaeological company Novetus GmbH. Sławomir has been involved in multiple archaeological projects, including investigations at Potzneusiedl (2010 – a Roman burial ground), Jedenspeigen (2008–11 – a La Tène settlement), and Donaualtheim (2013 – an Iron Age burial mound). In 2017–18, he led excavations ahead of the S8 motorway within the battlefield of Wagram in Austria. In 2018 he volunteered on a Polish Institute of National Remembrance project searching for burial places of victims of totalitarian regimes in Poland. In 2019–20, he was an excavation leader in Maria Ellend (Austria) for a site with a Roman settlement and an early Bronze Age burial ground.

Michèle Risch is an archaeologist at the Institut national de recherches archéologiques (INRA) of the Grand Duchy of Luxembourg. After having worked for several years in teaching and in an engineering consultancy / archaeological operator in Luxembourg, she is now in charge of the scientific and technical follow-up of archaeological survey operations in the framework of preventive archaeology procedures. At the end of her university studies in Roman archaeology, she specialised in the art and techniques of wall paintings of this period. During her work in the design office, she was able to uncover the site of Mensdorf during an archaeological survey. The excavation and the study of this site aroused her interest in the study of archaeological sites related to the sieges of the fortress of Luxembourg in 1684 and 1794–95. Xavier Rochart is an archaeologist with the French national institute for preventive archaeological research (Inrap). He was the deputy head of the excavation and the general study of the data of the Fort Saint-Sebastian.

Frédéric Lemaire is a French archaeologist. He works as a research engineer for the national institute for preventive archaeological research (Inrap). He is specialised in the archaeology of warfare in the recent periods, such as the Napoleonic wars and the World Wars. Since 2005, Lemaire is in charge of the excavations of a Napoleonic camp, close Boulogne-sur-Mer, which functioned between 1803–05. The camp was installed in view of an invasion of Great Britain (which never took place) and served as a base for the future Grande Armée of the French emperor. Frédéric Lemaire has equally studied the retreat of Napoleon’s army during his campaign in Russia, in participating in the excavations of the battle field of Berezina, Belarus, in 2012.

Sabrina Save is scientific director at the laboratory Amélie, based in France. She is specialised in geochemical analyses by pXRF and the preparation of thin sections for micromorphology. Klára Andresová is a PhD candidate in book history at the Charles University in Prague (Czech Republic), working at the Institute of History of the Czech Academy of Sciences. In her research she focuses on military handbooks from 1550–1650, especially those printed in Central Europe. In her masters’ thesis she researched military camps from the same period, examining particularly their presentation in the most important military manuals and military orders of that time.

Sjaak J.R. Mooren is a senior KNA-archaeologist at the archaeological contractor BAAC, based in the Netherlands. Mooren has been involved in the excavations of the early nineteenth-century French-Batavian camp in Utrecht.

Alys Vaughan-Williams is an independent archaeobotanist, working for the French laboratory Amélie. She is in charge of the study of seed and fruit remains of archaeological sites.

Tarek Oueslati is responsible for the BioArchéologie animale at the Université de Lille. He is equally associated with HALMA (UMR 8164), an interdisciplinary research centre for the study of our past, and is appointed as chargé de recherche at the French National Centre for Scientific Research (CNRS).

Arne Verbrugge is an archaeologist at the intercommunal archaeological service SOLVA. She is responsible for the excavations of multiple late-seventeenth- and mideighteenth-century encampments near the town of Ninove, Belgium.

Maxime Poulain studied archaeology at Ghent University and completed a post-graduate GIS course at University 202

 List of Contributors Erik Wauters is an independent researcher. He specialises in military history and armament in the seventeenth and eighteenth centuries. He has worked on the battle sites of Steenkerque and Neerwinden and has most recently been assisting archaeologists working on an encampment in Ninove with historical research into the troops that were located there.

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BAR INTERNATIONAL SE RI E S 3093 ‘It cleverly mixes archaeological and historical studies. Historians working in Military History and French History will consider this book as a useful reference’ Dr Fadi El Hage, Archives nationales (Pierrefitte-sur-Seine, France) ‘Le livre dresse le bilan d’une dizaine d’années de fouilles archéologiques situées, pour la plupart, dans le nord de la France, en Belgique et dans les Pays-Bas. Il met en valeur les résultats de ces fouilles encore largement méconnus. Récentes et croisées de manières pertinentes aux sources théoriques et réglementaires, ces données confirment, nuancent et parfois corrigent les connaissances actuelles.’ Professor Benjamin Deruelle, Université du Québec à Montréal For the first time, this volume brings together an international group of experts on the topic of early modern military encampments in Northwestern Europe. Despite the flourishing of conflict archaeology across the continent, the discipline lacks a consistent terminology and adequate typology for describing and interpreting the large variety of structures in encampments and the finds they contain. On a methodological level, it remains difficult to detect these large-scale but low-impact military features in the small windows offered by trial trenching. Many of these sites go unrecognized, as a result of their ephemeral nature and lack of comparative framework and are therefore subsequently destroyed. The authors in this book take on this challenge, giving an overview of the documents, features and finds that are linked to military encampments and the methodologies that can be applied for their identification and interpretation. Ce volume rassemble un groupe international d’experts autour du sujet des campements militaires aux temps modernes. Il jette les bases d’une nouvelle discipline en devenir et aide aussi bien à identifier qu’à interpréter des sites militaires éphémères et leur diversité de structures et de culture matérielle. Maxime Poulain works as a post-doctoral researcher at the Department of Archaeology of Ghent University. His PhD research was titled ‘The habits of war: early modern ceramics in Flanders’ and focused on the archaeology of early modern Flanders, particularly the use of ceramics in the construction of identities. Marc Brion is a researcher and regional conservator of archaeological heritage at the Flemish Heritage Institute (Belgium), seconded from the National Centre for Scientific Research (CNRS, France). Specialised in the archaeology of military encampments, he is equally a member of the International Scientific Committee on Fortifications and Military Heritage. Arne Verbrugge is an archaeologist at the intercommunal service SOLVA. She is responsible for the excavations and detailed archaeological and historical study of multiple encampments near the town of Ninove (Belgium), dating to the late seventeenth and mid-eighteenth century. Contributors: Olivier Accarie-Pierson, Nicolas Authom, Olivier Bauchet, Marc Brion, Laurent Brou, Delphine Cense-Bacquet, Bart Cherretté, Ingrid J.Cleijne, Wim De Clercq, Véronique Danese, Marceline Denis, Bertrand Fonck, Michel Hendriksen, Wilfried A.M. Hessing, Séverine Hurard, Maaike Kalshoven, Sławomir Konik, Frédéric Lemaire, Sjaak J.R. Mooren, Tarek Oueslati, Maxime Poulain, Michèle Risch, Xavier Rochart, Sabrina Save, Klára Andresová Skoupá, Alys Vaughan-Williams, Arne Verbrugge, Erik Wauters Printed in England