Tennis: Optimisation de la performance [1er ed.] 2807306527, 9782807306523

Accessible à tous les passionnés de tennis, voici une synthèse de l ensemble des connaissances scientifiques en lien ave

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French Pages [418] Year 2018

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Table of contents :
Remerciements
Les auteurs
Sommaire
Avant-propos
Présentation de l’ouvrage
1 Analyse de l’activité du joueur de tennis
2 Évaluation et développement des ressources physiologiques du joueur de tennis
3 Les qualités musculaires du joueur de tennis
4 Planification du travail physique du joueur de tennis
5 Principes d’exécution des frappes et des déplacements au tennis
6 Analyse biomécanique et musculaire du service
7 Analyse biomécanique et musculaire du coup droit
8 Analyse biomécanique et musculaire du revers et du retour de service
9 Analyse biomécanique et musculaire du jeu au filet
10 La fatigue au tennis
11 Jouer au tennis en conditions chaudes
12 Le matériel du joueur de tennis
13 La préparation « invisible » du joueur de tennis : hydratation, nutrition et stratégies de récupération
14 Les blessures du joueur de tennis
15 Le tennis fauteuil
16 Les facultés perceptivo-cognitives du joueur de tennis : prise d’informations, anticipation, prise de décision
17 Intégrer l’entraînement mental dans le parcours du joueur de tennis
18 La relation entraîneur/entraîné
19 Outils pratiques de l’entraînement mental
Table des matières
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Tennis: Optimisation de la performance [1er ed.]
 2807306527, 9782807306523

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sciences et pratiques du sport

Tennis

sciences et pratiques du sport

Cet ouvrage collectif présente une synthèse de l’ensemble des connaissances scientifiques, techniques et professionnelles actuelles concernant les différentes dimensions (physiologiques, biomécaniques, médicales, tactiques, perceptives, psychologiques, matérielles) de la performance du joueur de tennis. Ces connaissances débouchent sur des propositions pratiques, concrètes et accessibles directement exploitables dans le milieu de l’entraînement pour perfectionner les joueurs de tennis. Ce livre fournit un maximum d’informations afin que les joueurs et leur entourage puissent faire des choix éclairés et autonomes, interroger leurs pratiques, les renouveler ou les améliorer pour optimiser leur performance.

caroline martin Professeur agrégée d’EPS à l’UFR STAPS de l’Université Rennes 2. Titulaire d’un doctorat en STAPS, elle mène des travaux scientifiques et des analyses biomécaniques auprès de joueurs de tennis de haut niveau au laboratoire Mouvement, Sport, Santé (M2S). Ex joueuse de tennis classée -15, détentrice d’un brevet d’état 1er degré en tennis et d’un DU de préparateur physique, elle s’investit aussi dans les formations d’entraineur de tennis (DE et DESJEPS).

tennis Tennis

Ce livre a été conçu comme une boîte à outils qui rassemble les connaissances théoriques et pratiques en lien avec la performance du joueur de tennis et propose des pistes d’amélioration scientifiquement fondées.

optimisation de la performance

optimisation de la performance

Caroline Martin Jean-Bernard Fabre / Olivier Girard / Stéphane Houdet / Stéphane Limouzin / Céline TriOlet

ISBN : 978-2-8073-0652-3

www.deboecksuperieur.com

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Tennis Optimisation de la performance

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Collection dirigée par le Pr Véronique Billat (Université Paris-Saclay) et le Dr Jean-Pierre Koralsztein (Centre de médecine du sport CCAS, Paris) La collection Sciences et pratiques du sport réunit essentiellement des ouvrages scientifiques et technologiques pour les premier et deuxième cycles universitaires en sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), sans omettre les professionnels du sport (médecins, entraîneurs, sportifs). La collection a pour objectifs de : • consolider un objet scientifique au champ des activités physiques et sportives ; • conforter un champ nouveau de connaissances. Il s’agit d’explorer les activités physiques et sportives pour en faire un objet de recherche et de formation. Cette collection comprend deux séries d’ouvrages, dans deux formats différents : • une série SCIENCES DU SPORT composée d’ouvrages donnant les bases des sciences d’appui appliquées à la performance sportive ; • une série SCIENCES PRATIQUES des activités physiques et sportives (APS) confrontant les savoir-faire aux méthodologies scientifiques cela pour une APS particulière.

Sciences du sport V. Billat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N. Boisseau et al.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D.L. Costill, J.H. Wilmore, W.L. Kenney. . . . . R.H. Cox. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Dellal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Dellal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F. Durand . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F. Grappe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F. Grappe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. Grimshaw et al. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . S. Jowett, D. Lavallée. . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Martin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . T. Paillard. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . R. Paoletti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . J.R. Poortmans, N. Boisseau . . . . . . . . . . . . . . D. Rey et al. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Riché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Riché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . P. Robinson. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . T.W. Rowland . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C.M. Thiébauld, p. sprumont . . . . . . . . . . . . . . C.M. Thiébauld, p. sprumont . . . . . . . . . . . . . . E. Van praagh . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Physiologie et méthodologie de l’entraînement. De la pratique à la théorie (4e édition) La Femme sportive. Spécificités physiologiques et physiopathologiques Physiologie du sport et de l’exercice (6e édition) Physiologie du sport (3e édition) De l’entraînement à la performance en football Une saison de préparation physique de football (2e édition) Physiologie des sports d’endurance en montagne Cyclisme et optimisation de la performance. Science et méthodologie de l’entraînement (3e édition) Puissance et performance en cyclisme. S’entraîner avec des capteurs de puissance Biomécanique du sport et de l’exercice Psychologie sociale du sport Tennis. Optimisation de la performance Optimisation de la performance sportive en judo Éducation et motricité. L’Enfant de deux à huit ans Biochimie des activités physiques et sportives (3e édition) Le football dans tous ses états Epinutrition du sportif Micronutrition, santé et performance Le coach sportif Physiologie de l’exercice chez l’enfant L’Enfant et le sport. Introduction à un traité de médecine du sport chez l’enfant Le Sport après 50 ans Physiologie du sport : enfant et adolescent

Pratiques du sport V. Billat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. Billat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. Billat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. Billat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V. Billat, C. Colliot . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . K. Jornet, Burgada, F. Durand . . . . . . . . . . . . G. Millet, F. Brocherie, R. Faiss, O. Girard . . . G. Millet, L. Schmitt. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . O. Pauly . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . O. Pauly . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . M. Ryan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Entraînement pratique et scientifique à la course à pied L’Entrainement en pleine nature VO2max à l’épreuve du temps Révolution marathon Régal et performance pour tous Physiologie des sports d’endurance en montagne Entraînement en altitude dans les sports collectifs S’entraîner en altitude. Mécanismes, méthodes, exemples, conseils pratiques Posture et gaignage. Santé et performance Posture et musculation. Initiation, rééducation, prévention, performance Nourir l’endurance

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Dirigé par Caroline Martin

Tennis Optimisation de la performance

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Pour toute information sur notre fonds et les nouveautés dans votre domaine de spécialisation, consultez notre site web : www.deboecksuperieur.com

© De Boeck Supérieur s.a., 2018 rue du Bosquet, 7, B-1348 Louvain-la-Neuve Tous droits réservés. À l’exception de la courte citation dans une revue, la reproduction ou l’utilisation de cet ouvrage sous quelque forme que ce soit, connue ou à venir, incluant la xérographie, la photocopie, le stockage d’informations et l’utilisation dans un moteur de recherche, est interdite sans autorisation écrite de l’éditeur. Mise en pages : SCM, Toulouse, Fr Dépôt légal : Bibliothèque nationale, Paris : octobre 2018 Bibliothèque royale Albert Ier, Bruxelles : 2018/13647/142

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ISBN 978-2-8073-0652-3

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Remerciements

Je remercie l’ensemble des experts scientifiques et professionnels (Jean-Bernard Fabre, Vincent Martin, Céline Triolet, Stéphane Limouzin, Olivier Girard, Julien Périard, Stéphane Houdet, Cyril Brechbuhl, Grégoire Millet, Laurent Schmitt) ayant apporté leur passion, leur temps, leurs connaissances et leur précieuse contribution à cet ouvrage à travers la rédaction de chapitres ciblés dans leur domaine de compétences privilégiées. Cet ouvrage n’aurait pu voir le jour sans eux.

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Les auteurs

Caroline Martin est docteur en STAPS, professeur agrégée d’EPS à l’Université de Rennes 2, spécialiste de biomécanique du tennis auprès de joueurs de tennis de haut niveau au laboratoire M2S (www. m2slab.com), Université Rennes 2, ENS de Rennes, entraineur de tennis (BEES 1er degré), préparateur physique. (www.caromartin-tennis.com) Cyril Brechbuhl est docteur en Sciences de la vie, préparateur physique national à la Fédération Française de Tennis, Université de Lausanne, spécialiste du suivi physiologique et de l’entraînement en hypoxie chez des joueurs de tennis élite. Jean Bernard Fabre est PDG et Fondateur du centre d’expertise et de recherche ESP-Consulting, docteur en STAPS, spécialiste de physiologie et de biomécanique, ancien entraineur de joueurs et joueuses de tennis professionnels (BEES 2e degré). (www.esp-consulting.net et esp-research.net) Olivier Girard est docteur en STAPS, enseignant-chercheur à Murdoch University à Perth (Australie), spécialiste des adaptations physiologiques et biomécaniques lors d’exercices intenses et répétés comme le tennis en conditions environnementales (chaleur, altitude) stressantes. (www.oliviergirard.com) Stéphane Houdet, est docteur vétérinaire, conseiller sport et handicap au ministère des Armées rattaché au Centre National des Sports de la Défense. Joueur de tennis fauteuil, il est aussi vainqueur en simple de quatre tournois du Grand chelem – Roland Garros 2012, 2013, US Open 2013, 2017 –, de 4 médailles aux Jeux Paralympiques (Or à Rio et Pékin en double, Bronze à Londres en double, Argent à Londres 2012 en simple) et de 18 titres du Grand Chelem en double. Stéphane Limouzin est préparateur mental auprès d’athlètes de haut niveau, responsable de formations (Diplôme d’État Supérieur de tennis), ancien entraineur de tennis (BEES 2e degré) et préparateur physique. Vincent Martin est docteur en STAPS, enseignant-chercheur à l’Université Clermont Auvergne, membre de l’Institut Universitaire de France, spécialiste de la plasticité de la fonction neuromusculaire à l’exercice. Grégoire Millet est  professeur associé à l’Université de Lausanne, physiologiste de l’exercice, spécialiste des réponses métaboliques à l’entrainement sportif en altitude, ex-entraineur des équipes nationales de triathlon en France, puis en Grande-Bretagne pour les JO de Sydney. Julien Périard est docteur en Sciences de la Santé, professeur associé à l’Université de Canberra (Australie), spécialiste des adaptations physiologiques liées à l’exposition aiguë et chronique à un stress environnemental (chaleur, altitude). Laurent Schmitt est directeur du département Haut Niveau, Recherche et Développement au Centre National de Ski Nordique, intervenant à l’INSEP, spécialiste de l’évaluation de l’activité neuro-végétative à partir de la mesure de la variabilité de la fréquence cardiaque auprès d’athlètes de haut niveau. Céline Triolet est docteur en STAPS, laboratoire CIAMS, professeur agrégée d’EPS à l’Université Paris-Sud, spécialiste de l’anticipation dans les sports de balle, entraineur de tennis (BEES 2e degré).

VI

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Sommaire

Remerciements....................................................................................................... V Les auteurs............................................................................................................. VI Avant-propos.......................................................................................................... IX Présentation de l’ouvrage........................................................................................ X Chapitre 1.

Analyse de l’activité du joueur de tennis............................................. 1

Chapitre 2.

Évaluation et développement des ressources physiologiques du joueur de tennis........................................................................... 32

Chapitre 3.

Les qualités musculaires du joueur de tennis....................................... 49

Chapitre 4.

Planification du travail physique du joueur de tennis ........................... 74

Chapitre 5.

Principes d’exécution des frappes et des déplacements au tennis........ 92

Chapitre 6.

Analyse biomécanique et musculaire du service ................................. 107

Chapitre 7.

Analyse biomécanique et musculaire du coup droit............................. 149

Chapitre 8.

Analyse biomécanique et musculaire du revers et du retour de service....................................................................... 180

Chapitre 9.

Analyse biomécanique et musculaire du jeu au filet............................ 209

Chapitre 10. La fatigue au tennis........................................................................... 219 Chapitre 11. Jouer au tennis en conditions chaudes ............................................... 236 Chapitre 12. Le matériel du joueur de tennis.......................................................... 250 Chapitre 13. La préparation « invisible » du joueur de tennis : hydratation, nutrition et stratégies de récupération ............................. 266 Chapitre 14. Les blessures du joueur de tennis....................................................... 287 Chapitre 15. Le tennis fauteuil............................................................................... 322 Chapitre 16. Les facultés perceptivo-cognitives du joueur de tennis : prise d’informations, anticipation, prise de décision............................. 341 Chapitre 17. Intégrer l’entraînement mental dans le parcours du joueur de tennis.... 350 Chapitre 18. La relation entraîneur/entraîné........................................................... 359 Chapitre 19. Outils pratiques de l’entraînement mental........................................... 375

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Avant-propos

Caroline Martin

Pour Sam Sumyk (actuel coach de Garbiñe Muguruza, no  1 mondiale, titrée à Roland Garros et Wimbledon en 2016 et 2017) « le coach doit rendre meilleur sa joueuse, ce qui implique des dizaines de paramètres à harmoniser : techniques, physiques, psychologiques, tactiques… ». En effet, la difficulté pour l’entraineur, l’équipe médicale, le préparateur physique ou mental réside dans la confrontation quotidienne à de multiples questions et problèmes pratiques « de terrain » en lien avec l’amélioration de la performance et/ ou la prévention des blessures. Le joueur est lui aussi habité par la recherche de l’excellence et des moyens de l’atteindre. La perfection en tennis n’existe pas. Seulement la capacité à vouloir toujours apprendre plus, à t’améliorer, à faire évoluer ton jeu. ‘Rafa’ veut toujours ouvrir les yeux, les oreilles, pour capter autour de lui les conseils, les informations qui peuvent le rendre encore meilleur. (Carlos Moya, coach de Rafael Nadal, no 1 mondial).

Face aux questions que peuvent se poser les passionnés de tennis, ce livre a été conçu comme une boîte à outils synthétisant un large panel de paramètres de la performance dans l’objectif de les aider en leur proposant des pistes de réponse fondées scientifiquement. Cet ouvrage collectif ne cherche pas à imposer des pratiques de façon prescriptive aux entraîneurs, joueurs et intervenants dans le milieu tennistique pour la simple et bonne raison que les données scientifiques présentées dans cette synthèse collective ne permettent pas de prédire une amélioration de performance à coup sûr. En effet, les données scientifiques publiées sont issues de travaux de recherche visant à fournir des recommandations générales à une population donnée alors que l’entourage du joueur de tennis cherche avant tout à lui apporter des solutions «  sur-mesure  » et personnalisées dans un souci d’amélioration de la performance. Il n’existe pas de méthode miracle et unique comme l’avait déjà remarqué René Lacoste dès 1928 en s’adressant aux joueurs de tennis : Suppliez votre professeur qu’il se contente de vous guider et non point qu’il s’efforce de modeler votre jeu à l’image du sien ou de celui de tel ou tel joueur dont il admire le style. Un même modèle ne peut convenir à tous les talents. Seuls les principes demeurent. Le rôle du professeur, et cela est déjà difficile, doit se borner à faire observer ces principes.

À travers cet ouvrage, il s’agit donc de fournir aux passionnés de tennis un maximum d’informations sur ces «  fameux principes  », afin qu’ils puissent faire des choix éclairés et autonomes, interroger leurs pratiques, les renouveler ou les améliorer pour optimiser leur performance. N’oublions pas ces précieux conseils d’un des quatre mousquetaires du début du xxe siècle : « L’adresse d’un joueur beaucoup moins que ses qualités naturelles, représente le nombre des heures qu’il a passées sur le court et l’intelligence avec laquelle il a dirigé son entrainement » (René Lacoste, 1928). Bonne lecture !

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Présentation de l’ouvrage

Caroline Martin

À destination des joueurs de tennis, entraîneurs, formateurs, étudiants en STAPS, médecins du sport, kinésithérapeutes, préparateurs physique et mental, cet ouvrage propose une synthèse accessible et complète de connaissances scientifiques concernant les différentes dimensions (physiologiques, biomécaniques, psychologiques, médicales, cognitives et matérielles) de la performance du joueur de tennis, qu’il soit valide ou en fauteuil. Ces connaissances débouchent sur des propositions pratiques exploitables dans le milieu de l’entraînement pour perfectionner les joueurs de tennis. L’amélioration de la performance et la prévention des blessures constituent les principales préoccupations des joueurs de tennis de tous niveaux. Cet ouvrage met en évidence le fait que ces deux objectifs sont compatibles à condition de maîtriser les déterminants de la performance et les facteurs de risque et de prévention des blessures tennistiques. La personne qui connaît, comprend et maîtrise ces éléments fondamentaux sera à même d’analyser efficacement la performance du joueur de tennis et de le faire progresser grâce à une méthodologie d’entraînement renforcée. Au sein de cet ouvrage, la performance du joueur de tennis est appréhendée au travers de plusieurs axes d’analyse : • Axe physiologique : les facteurs physiologiques de la performance du joueur de tennis sont déclinés dans les  chapitres 1, 2, 3, 4, 10, 11 et 13. L’activité du joueur de tennis, les ressources énergétiques et musculaires, la planification de l’entrainement physique, la fatigue, les conditions extrêmes de jeu et les stratégies de récupération sont abordées. • Axe biomécanique  : les facteurs d’exécution des frappes et des déplacements sont présentés dans le chapitre 5. Les chapitres 6 à 9 décrivent les connaissances scientifiques et les applications pratiques en lien avec la biomécanique du service, du coup droit, du revers, du retour de service et du jeu au filet. • Axe matériel : le chapitre 12 traite de l’influence du matériel et de la surface de jeu sur la performance et les risques de blessures du joueur de tennis. • Axe épidémiologique : le chapitre 14 aborde les principales blessures rencontrées par les joueurs de tennis, les facteurs de risque ainsi que les méthodes de prévention et de rééducation. • Axe paratennis : le chapitre 15 s’intéresse à la performance du joueur de tennis en fauteuil à travers ses spécificités physiologiques, biomécaniques et matérielles. • Axe cognitif : les données scientifiques et pratiques à propos de la prise d’information, de l’anticipation et de la prise de décision du joueur de tennis sont relatées dans le chapitre 16. • Axe psychologique : les chapitres 17 à 19 présentent des données scientifiques et pratiques en lien avec la psychologie du joueur de tennis : entrainement mental et relation entraineur-entrainé.

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Analyse de l’activité du joueur de tennis Caroline Martin

Introduction Une bonne façon de déterminer de façon non invasive les exigences d’un match de tennis consiste à en analyser les caractéristiques temporelles (durée des périodes d’effort et de récupération, fréquence des frappes, temps de jeu effectif), les demandes physiologiques (fréquence cardiaque, lactatémie, consommation d’oxygène, dépense énergétique) et les demandes techniques et physiques (distance totale parcourue, nombre et typologie des frappes, allures des déplacements, etc.). Les travaux d’analyse de l’ensemble de ces éléments ont jusqu’à présent abouti à des résultats qui varient de manière importante en fonction de différents paramètres tels que la surface de jeu, le niveau de compétition, le style de jeu, ou encore le sexe. Il est donc conseillé, à condition que le temps et les moyens disponibles le permettent, d’effectuer cette analyse pour chaque joueur afin de faciliter la création d’un programme d’entraînement personnalisé. Cependant, il va de soi que cela n’est pas toujours réalisable. Par conséquent, une présentation des données qui ont été publiées dans la littérature scientifique sur l’activité du joueur de tennis est développée dans ce premier chapitre afin d’aider les entraîneurs à adapter directement les paramètres d’entraînement proposés aux joueurs.

2 sets gagnants se prolonge lorsque sa durée dépasse 2 heures. Lors des tournois du Grand Chelem, les matchs féminins durent moins longtemps que ceux disputés par les hommes (Morante et Brotherhood, 2005 ; O’Donoghue et Liddle, 1998). Ce résultat s’explique par les formats de jeu différents entre hommes et femmes : les femmes jouent au meilleur des 3  sets alors que les hommes disputent des parties au meilleur des 5 sets. Pendant l’Open d’Australie de 2005, les femmes ont joué en moyenne 40  minutes de moins que les hommes, alors qu’à Wimbledon en 2005, la différence moyenne de temps de jeu s’élevait

Introduction

1

1. Analyse des caractéristiques temporelles du match 1 2. Analyse des déplacements et des frappes du joueur de tennis 8 3. Analyse physiologique de l’effort du joueur de tennis en compétition 13 4. Analyse physiologique de l’effort du joueur de tennis à l’entraînement 21 5. Sollicitations psychologiques du joueur de tennis

25

Conclusion sur ces données

28

Bibliographie

28

1. Analyse des caractéristiques temporelles du match 1.1. Durée des matchs La plupart des matchs de tennis se disputent en 2 sets gagnants et leur durée est variable et imprévisible. Malgré tout, la durée moyenne de ce type de match avoisine 1 heure 30 (Bergeron et al., 1995) (Figure 1.1). On considère généralement qu’un match en

Figure 1.1 Durées moyennes des matchs mesurées au cours de différentes études. Figure de Caroline Martin.

1

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Chapitre 1

Tennis – Optimisation

Tableau 1.1 Durée moyenne des matchs (en minutes) mesurée chez les hommes et chez les femmes lors de deux tournois du Grand Chelem pour la saison 2005. Tableau de Caroline Martin d’après les données de Morante et Brotherhood, 2005.

de la performance

Open d’Australie (2005)

Wimbledon (2005)

Hommes

154 ± 47

137 ± 69

Femmes

114 ± 33

65 ± 15

à 72 minutes entre hommes et femmes (Morante et Brotherhood, 2005) (Tableau 1.1). Pour les rencontres en 3 sets gagnants qui ont lieu lors des matchs masculins du Grand Chelem et de la Coupe Davis, les durées varient généralement entre 1  heure et 5  heures de jeu avec une valeur moyenne comprise entre 2 heures et 2 heures 30. Le record du match le plus long est détenu par John Isner et Nicolas Mahut avec une durée totale de 11 heures 05 à Wimbledon en 2010.

1.2. Durée des points La durée moyenne des points au cours d’un match de tennis varie en fonction de nombreux paramètres tels que la surface du court, la stratégie utilisée, le niveau de jeu, l’environnement (match disputé en salle ou à l’extérieur), etc. Les valeurs de durée moyenne des points rapportées dans les différentes études scientifiques varient généralement entre 4  et 12  secondes (Tableau  1.2). Chez les joueurs professionnels, près de 70  % des points durent généralement entre 1  et 9  secondes (Figures  1.2 et  1.3). Les points sont considérés comme «  longs  » quand leur durée dépasse 9 secondes. La durée moyenne des points a tendance à diminuer avec l’amélioration du niveau d’expertise (Docherty, 1982).

Tableau 1.2 Valeurs de durée moyenne des points, durée moyenne des récupérations entre les points et de temps de jeu effectif mesurées au cours de matchs de tennis. Tableau de Caroline Martin.

Auteurs

Surface

Sexe

Niveau

Durée moyenne des points (s)

Durée moyenne des récupérations (s)

Temps de jeu effectif (%)

Juniors ( 35 ans) Therminarias et al., 1991

Dur

F

Club

12 ± 1,0

/

/

Fernandez-Fernandez et al., 2009b

TB

H

Compétition Loisir

6,3 ± 4,1 7,6 ± 5,5

21,7 ± 5,0 23,6 ± 5,4

/

2

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Analyse de l’activité du joueur de tennis

Chapitre 1

1.3. Durée des phases de récupération La durée moyenne des phases de récupération entre les points varie de 15  à 25 secondes selon les études (Tableau 1.2). Environ 80  % des phases de récupération entre les points sont comprises entre 9  et 21  secondes (MendezVillanueva et al., 2007b) (Figure 1.2). Les règles de la Fédération Internationale de Tennis et de la WTA autorisent un maximum de 20  secondes entre les points alors que sur les tournois ATP, la limite est fixée à 25  secondes. C’est sans doute pour cette raison que la durée moyenne des récupérations entre les points est très légèrement supérieure chez les hommes que chez les femmes (O’Donoghue et Ingram, 2001). Par ailleurs, la durée de la récupération entre les points est évidemment dépendante d’un certain nombre d’autres paramètres tels que l’intensité du match, le moment du match, l’état de fatigue, le style de jeu, la stratégie utilisée par les joueurs, la chaleur, la présence ou non de ramasseurs de balles, etc.

Figure 1.2 Fréquence d’obtention des durées de points et de récupérations mesurées au cours de matchs de tennis disputés par des joueurs de tennis professionnels. Figure tirée de Mendez-Villanueva et al., 2007b.

1.4. Ratio effort/récupération Le ratio entre « durée d’effort » et « durée de récupération » mesuré au cours des matchs de tennis fluctue entre 1:2 et 1:5 selon les études (Tableau 1.3). À la lecture des données actuelles, il apparait que pour chaque seconde d’effort, il y a entre 1,7 et 3,4 secondes de repos. Cela signifie que si un point dure 5 secondes, le temps de repos sera d’environ 15 secondes. Les données publiées sur le ratio effort/ repos pour la durée totale d’un match, qui comprend les périodes de repos entre les jeux et pendant les changements de côté, montrent que le temps de repos par seconde d’effort se situe dans une fourchette de 2,9 à 6,1 secondes.

Propositions pratiques Voici quelques recommandations à suivre pour concevoir des programmes d’entraînement spécifiques à l’activité du joueur de tennis en compétition : –– l’intensité de l’effort physique doit être égale ou supérieure à celle observée en match ; –– la grande majorité des périodes d’effort physique doivent pouvoir être réalisées en moins de 15 secondes ; –– aucun effort ne doit durer plus de 45 secondes sans repos adéquat ; –– le ratio effort/repos doit être comparable à celui observé en compétition. Le temps de repos par seconde d’effort doit se situer dans une fourchette acceptable comprise entre 2 et 4 secondes ; –– enfin, toutes les 10-15 répétitions, une période de repos plus longue doit être prévue afin de simuler le repos entre les jeux aux changements de côté.

Figure 1.3 Fréquence d’obtention des durées de points et de récupérations mesurées au cours de matchs de tennis disputés par des joueuses de tennis. Figure tirée de Fernandez-Fernandez et al., 2007. Auteurs

Surface

Sexe

Niveau

E:R

F H

National

1:2,2 1:2,5

Juniors ( 14,4 km/h) (m)

17

10

Nombre d’accélérations par minute

0,7

0,6

Nombre de décélérations par minute

0,6

0,5

2.5. Influence vainqueur/perdant sur les déplacements Concernant les déplacements (distance totale parcourue, allures, nombre d’accélérations et de décélérations), Hoppe et al. (2014) n’ont observé aucune différence significative entre gagnants et perdants à l’issue de matches disputés par des jeunes joueurs (Tableau 1.12). Un résultat identique a été obtenu par Filipcic et  al. (2006). Alors que les vainqueurs parcouraient en moyenne 2 950 m, les perdants atteignaient une distance totale de 3 060 m. À l’inverse, pour des matchs disputés par des joueurs professionnels, il a été mis en évidence que les perdants parcouraient plus de distance (2 à 3 m de plus par point en moyenne) et devaient se déplacer plus rapidement que les vainqueurs (Martinez-Gallego et al., 2013 ; Reid et al., 2016). Ils passaient aussi plus de temps dans les zones défensives (à plus de 1,5 m de la ligne de fond de court) et moins de temps dans les zones offensives du court que les vainqueurs (à l’intérieur du court). Au cours de la finale de l’Open d’Australie 2012 entre Rafael Nadal et Novak Djokovic, les joueurs parcouraient 10  % de distance en plus lors des points perdus (Reid et Duffield, 2014). En résumé, il semble que, à haut niveau, les gagnants repoussent leurs adversaires loin de la ligne de fond de court,

Tableau 1.12 Comparaison des valeurs moyennes des déplacements entre gagnants et perdants du match chez des jeunes joueurs. Tableau de Caroline Martin d’après les données de Hoppe et al., 2014.

les contraignent à parcourir plus de distance et les exposent à une pression temporelle élevée qui les oblige à dépenser davantage d’énergie pour se déplacer plus vite.

2.6. Influence du style de jeu et de la surface de jeu S’il est fort probable que le style de jeu et la surface de jeu influent sur les déplacements du joueur de tennis, aucune donnée n’a été publiée à ce sujet pour le moment.

2.7. Nombre de frappes par jeu C’est à Roland Garros que le nombre de frappes par jeu est le plus élevé et à Wimbledon qu’il est le plus faible. Les joueurs frappent plus de coups lors de leurs jeux de service que lors des jeux de retour (Tableau 1.13) (Johnson et al., 2006). US Open

Roland Garros

Wimbledon

Jeu de service

17,9

21,0

16,0

Jeu de retour

12,2

14,8

10,4

Tableau 1.13 Nombre de frappes par jeu lors des tournois du Grand Chelem de la saison 2003. Tableau de Caroline Martin d’après les données de Johnson et al., 2006.

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Chapitre 1

Tennis – Optimisation

de la performance

Figure 1.13 Pourcentage de frappes jouées chez les professionnels. Figure de Caroline Martin d’après les données de Johnson et al., 2006.

2.8. Typologie des frappes Johnson et al. (2006) ont analysé des matchs disputés au cours de trois tournois du Grand Chelem lors de la saison 2003 (Roland Garros, Figure 1.14 Nombre moyen de frappes par jeu de service chez les professionnels. Figure de Caroline Martin d’après les données de Johnson et al., 2006.

Wimbledon, et US Open) pour déterminer le nombre et le type de frappes joués par les joueurs professionnels. Pour toutes les surfaces, le service est le coup frappé le plus souvent (29,2  % des frappes jouées), suivi ensuite par le coup droit (25,6  %), le revers (22,6  %), le retour de revers (9,8  %), le retour de coup droit (7,5  %), la volée (3,0  %), la demi-volée (1,6  %) et enfin le smash (0,7  %) (Figure  1.13). Ces résultats confirment l’importance du service et du coup droit, qui sont deux armes indispensables pour s’imposer à haut niveau. À présent, si l’on regarde ce qui se passe pour chacun des tournois du Grand Chelem analysés en 2003, on s’aperçoit que le nombre de services frappés par jeu de service (1re et 2nde balles) est similaire (Figure  1.14). Par contre, les joueurs frappent plus de coups droits et de revers liftés et slicés à Roland Garros alors que les frappes au filet (demi-volées et volées) sont plus nombreuses à Wimbledon. Si l’on compare les jeux de service et de retour, le nombre de frappes liftées et de frappes au filet est plus élevé quand les joueurs sont au service (Figures  1.14 et  1.15). Grâce à l’avantage que leur procure le service, les joueurs sont plus agressifs et prennent l’échange à leur compte avec des frappes à plat ou liftées, ce qui leur permet ensuite de venir plus souvent conclure les échanges au filet. Inversement, les frappes slicées sont plus nombreuses lors des jeux de retour de service. En effet, ce type de coups permet de neutraliser l’adversaire, de ralentir le jeu et sont souvent utilisées en situation de défense.

Nombre de services frappés par match

Figure 1.15 Nombre moyen de frappes par jeu de retour de service chez les professionnels. Figure de Caroline Martin d’après les données de Johnson et al., 2006.

Afin de concevoir des programmes d’entraînement adaptés, il est nécessaire de connaître au préalable le «  volume  » de frappes réalisés par les joueurs de tennis en situation de compétition. Pour cela, le nombre de services par match a été estimé chez des joueurs professionnels au cours des tournois de l’US Open 2013 et 2014 et chez des juniors pendant l’Orange Bowl 2014 (Myers et al., 2016) (Figure 1.16 ; Tableau 1.14). Les principaux résultats sont les suivants : –– les joueurs professionnels effectuent en moyenne 63 services de plus que les juniors garçons (157  vs.  94 services/match), cela s’explique par le plus grand nombre de sets disputés par les professionnels ; –– les joueuses professionnelles frappent en moyenne 10 services de plus que les juniors filles (96  vs.  86 services/match), pour un nombre identique de sets disputés ; –– il n’existe pas de différences entre joueurs (13 ± 3 services/set) et joueuses professionnels (12 ± 3 services/set) quant au nombre de seconds services frappés par set ;

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Analyse de l’activité du joueur de tennis

Hommes

Femmes

Moyenne

Professionnels

43 ± 8

42 ± 7

43 ± 8

Juniors

40 ± 8

38 ± 8

39 ± 8

Moyenne

42 ± 8

40 ± 8

/

Chapitre 1

Tableau 1.14 Nombre moyen de services frappés par set. Tableau de Caroline Martin d’après les données de Myers et al., 2016.

3. Figure 1.16 Nombre moyen de services frappés par match. Figure tirée de Myers et al., 2016.

–– quel que soit le sexe, les joueurs professionnels frappent 4  services de plus par set que les juniors ; –– le nombre total de services par set avoisine 40 chez des joueurs élites avec un ratio de 3:1 entre premiers et seconds services.

Propositions pratiques À partir de ces données (40 services par set en moyenne), il est possible d’extrapoler un volume de frappes global. Dans la plupart des tournois, le nombre maximum de sets disputés est 3. Par conséquent, les joueurs doivent répéter le mouvement de service 120 fois par match. On considère ce chiffre comme une « cible haute ». Par ailleurs, on sait que les joueurs frappent environ 7 coups de fond de court par jeu (Johnson et al., 2006). En estimant à 10 le nombre moyen de jeu disputés par set (Myers et  al., 2016), on peut raisonnablement évaluer qu’un joueur est amené à frapper 70 frappes de fond de court par set, soit 210 pour un match en 3 sets.

Différences entre hommes et femmes à haut niveau C’est pour le service que les différences entre hommes et femmes sont les plus marquées à haut niveau. Les joueurs professionnels atteignent des vitesses de balle supérieures au service, frappent plus d’aces et de services gagnants et remportent un pourcentage plus élevé de jeux de service (Reid et  al., 2016). Au retour de service, les joueuses professionnelles frappent la balle davantage à l’intérieur du court et produisent des trajectoires plus tendues que leurs homologues masculins. La fréquence des frappes de fond de court est similaire entre les sexes. Toutefois, les hommes frappent leurs coups de fond de court avec une puissance supérieure et plus souvent à l’intérieur du court que les femmes (Reid et al., 2016).

Analyse physiologique de l’effort du joueur de tennis en compétition

3.1. Systèmes énergétiques : le tennis, une activité aérobie ou anaérobie ? Cibler le bon système énergétique à l’entraînement permettra d’améliorer la performance des joueurs au cours des matchs. Par conséquent, il est important de connaître la contribution de chaque système énergétique impliqué lors de la compétition. Le tennis est une activité sportive qui se caractérise par des périodes d’efforts très intenses (services et frappes de fond de court, brusques changements de direction, déplacements rapides) interrompues par des périodes de récupération de faible intensité de durées variables (récupération active entre les points et récupération passive quand le joueur est assis aux changements de côté). Les recherches portant sur les demandes physiologiques du tennis indiquent que ce sport sollicite de façon très importante à la fois les systèmes aérobie et anaérobie. La question de savoir si le tennis est un sport aérobie ou anaérobie a été fortement débattue dans la littérature. Actuellement, il existe un consensus pour considérer le tennis comme un sport à dominante anaérobie qui nécessite un haut niveau de qualité aérobie pour faciliter la récupération du joueur entre les points et les matchs (Kovacs, 2006) et lui permettre de supporter des charges d’entraînement importantes. En dépit d’une dépense énergétique aérobie moyenne assez modérée autour de 60 % VO2max, le tennis se caractérise en réalité par des efforts supra-maximaux pouvant atteindre 300  % de VO2max lors des frappes de balle. La part attribuée à chaque métabolisme énergétique dépend en réalité de la phase de jeu considérée. Si on s’intéresse à la dépense énergétique d’une frappe de balle isolée (service ou coup de fond de court), le métabolisme anaérobie représente environ 95 % de l’énergie dépensée par le joueur pour frapper la balle. À l’échelle d’un

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Chapitre 1

Tennis – Optimisation

de la performance

Figure 1.17

3.3. Substrats énergétiques

Estimation de la participation du métabolisme anaérobie et aérobie à la dépense énergétique totale pour les différentes phases du jeu. Figure tirée de Botton, 2011.

Glucides L’énergie nécessaire pour disputer un match de tennis est principalement apportée au joueur via la dégradation des glucides (70 à 80  %). À consommation d’oxygène équivalente, la contribution des glucides pour fournir de l’énergie est supérieure en tennis qu’en course à pied (Ferrauti et al., 2001a).

Lipides La contribution des lipides augmente avec le temps de jeu et peut atteindre jusqu’à 40  % de l’approvisionnement total en énergie au cours du 3e set (Ferrauti et al., 1998). point de 5 à 6  secondes, 70  % de l’énergie nécessaire au joueur provient du métabolisme anaérobie avec une faible contribution de la filière aérobie. En revanche, si la dépense énergétique est calculée pour une période de temps incluant les points et les phases de récupération, le métabolisme aérobie devient prédominant et le métabolisme anaérobie ne contribue plus que pour environ 30  % de la dépense énergétique totale (Botton, 2011) (Figure 1.17). Un tel résultat est comparable aux valeurs estimées dans une autre activité fractionnée telle que le football (11 à 27  %) (Osgnach et  al., 2010). Au cours des phases de récupération, le métabolisme aérobie reste fortement sollicité pour restaurer les stocks d’oxygène dans les tissus, pour resynthétiser les stocks de phosphocréatine, pour métaboliser le lactate produit et pour supprimer l’accumulation de phosphate inorganique intracellulaire (Glaister, 2005).

3.2. Dépense énergétique La dépense énergétique moyenne a été estimée à environ 1850  kJ/heure, soit 444  kcal/ heure chez des joueuses juniors de niveau national et international au cours d’un match de tennis (Novas et  al., 2003). Chez des joueurs adultes débutants, la dépense énergétique avoisine 420 kcal/heure (Cho et al., 1984) alors qu’elle est supérieure chez des joueurs vétérans confirmés (650  kcal/heure chez des hommes et 450  kcal/ heure chez des femmes) (Ferrauti et al., 2001a). La dépense énergétique augmente avec le niveau de pratique (Seliger et al., 1973) et lorsqu’on joue en simple par rapport au double. Le coût énergétique estimé pour un service frappé (246  ml d’O2) est supérieur à celui du coup droit (164  ml d’O 2) (Botton, 2011).

3.4. Consommation d’oxygène De nombreuses études ont utilisé des analyseurs de gaz portables pour déterminer la consommation d’oxygène au cours de matchs de tennis (Tableau 1.15). Les niveaux moyens de VO2 mesurés au cours des matchs varient de 23,3 ± 3,0 ml.min–1.kg–1 chez des joueurs vétérans (Fernandez-Fernandez et al., 2009b) à 40,3 ± 5,7 ml. min–1.kg–1 chez des joueurs de club (Girard et Millet, 2004), soit entre 46 et 80 % de la VO2max. Dansou et al. (2001) ont suivi l’évolution de la consommation de la VO2 au cours d’un match de tennis chez des joueurs de 2e et de 1re série française (Figure 1.18). Au cours du jeu, en dehors des périodes de changement de côté, la valeur moyenne de VO2 atteint 33  ml.min–1.kg–1, soit environ 60  % de la VO 2 max. Cette consommation reste donc relativement modérée mais se maintient pendant 80  % de la durée du match. Le niveau de VO2 augmente bien évidemment avec l’intensité du match et peut atteindre jusqu’à 95 % de la VO2max après des phases de jeu particulièrement disputées (Murias et al., 2007). Pendant les 20 % restant du match, lors des périodes de repos au cours des changements de côté, la moyenne de VO2 diminue

Figure 1.18 Exemple de cinétique de VO2 au cours d’un match de tennis. Figure tirée de Dansou et al., 2001.

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Analyse de l’activité du joueur de tennis

Auteurs

Surface

Sexe

Niveau

Chapitre 1 Tableau 1.15

VO2 moyenne (ml.min–1.kg–1)

% VO2max

Juniors ( 35 ans) Ferrauti et al., 2001a

Dur

H F

National National

25,6 ± 2,8 23,1 ± 3,1

47,5 ± 4,3 41,4 ± 6,0

Fernandez-Fernandez et al., 2009b

TB

H

Compétition Loisir

24,5 ± 4,1 23,3 ± 3,0

/ /

rapidement pour atteindre 36  % de la VO2max et reste 3 fois supérieure aux valeurs mesurées au repos. Il a été démontré que plus la durée moyenne des points et le temps de jeu effectif augmentent, plus la VO2 des joueurs de tennis est élevée (Smekal et al., 2001).

3.5. Fréquence cardiaque La fréquence cardiaque est mesurée pour évaluer à la fois l’intensité physiologique et le stress psychologique associés à un match de tennis. Le stress physiologique et psychologique que constitue la situation de compétition au tennis est associé avec une élévation importante de la fréquence cardiaque au cours des points et une diminution lors des périodes de récupération (Figure 1.19).

Figure 1.19 Exemple d’évolution de la fréquence cardiaque d’un joueur de tennis de 2e série au cours d’un match de 2 h. Figure tirée de Dansou et al., 2001.

Les valeurs de fréquence cardiaque moyenne varient entre 135 et 161 bpm selon les études, avec des pics pouvant atteindre et dépasser 190-200 bpm au cours des échanges longs et intenses (Tableau 1.16). Dans une étude menée auprès de joueurs élites, la sollicitation cardiaque moyenne au cours des points approche 86 % de la FCmax et reste très proche de celle mesurée lors des périodes de récupération active entre les points (83  % de la FCmax) (Bergeron et al., 1991). Il convient de rester mesuré quant à l’exploitation des valeurs de FC moyenne car elles ne sont pas représentatives de la nature intermittente d’un match de tennis. En effet, les valeurs de FC varient de façon continue tout au long du match. Ainsi, les valeurs de FC augmentent instantanément pendant les échanges, diminuent peu entre les échanges et ne s’abaissent franchement que pendant les phases de récupération passive correspondant aux changements de côté (60 % de la FCmax) (Dansou et  al., 2001) (Figure  1.19). D’après une étude menée auprès de joueurs et de joueuses classés en 2e série, les joueurs de tennis passent (Figure 1.20) (Martin et al., 2011) : –– 23 % de la durée du match avec des valeurs inférieures à 60 % de la FCmax ; –– 31 % de la durée du match avec des valeurs de FC oscillant entre 60 et 70  % de la FCmax ; –– 31 % de la durée du match avec des valeurs de FC oscillant entre 70 et 80  % de la FCmax ;

15

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Chapitre 1 Tableau 1.16 Valeurs moyennes de fréquence cardiaque mesurées au cours de matchs de tennis. Tableau de Caroline Martin.

Tennis – Optimisation

de la performance

Auteurs

Surface

Sexe

Niveau

FC moyenne (bpm)

Juniors ( 35 ans) Ferrauti et al., 2001a

Dur

H F

National National

143 ± 13 142 ± 19

Fernandez-Fernandez et al., 2009b

TB

H

Compétition Loisir

144 ± 12 150 ± 8

Figure 1.20 Temps passé par les joueurs dans les différentes zones de FCmax au cours d’un match. Figure de Caroline Martin.

Figure 1.21 Pourcentage de temps passé dans les zones de FC pour chaque set et pour l’ensemble du match chez deux joueurs professionnels de l’équipe brésilienne de Coupe Davis. Figure tirée de Gomes et al., 2011.

–– 16 % de la durée du match avec des valeurs de FC supérieures à 80 % de la FCmax. Dans une étude de cas menée auprès de deux joueurs Brésiliens en phase de préparation pour une rencontre de Coupe Davis en 2008, il a été mis en évidence que les joueurs passent la majorité de la durée d’un match de tennis à des intensités inférieures à 85 % de la FCmax (Gomes et al., 2011) (Figure 1.21). Plus le match avance, plus les joueurs passent de temps dans les zones les plus intenses (>  70  % FCmax). Toutefois, ces réponses sont individuelles et varient d’un joueur à l’autre, notamment en fonction du rapport de force. Ainsi, au cours de ce match remporté par le joueur no 2 (7/5 6/3 4/6 6/4 en 3 h 17), le joueur no 1 a passé beaucoup plus de temps au-delà de 70 % de FCmax que son adversaire. Il a été démontré chez des joueurs de tennis professionnels et chez des juniors que la sollicitation cardiaque augmente avec le nombre de coups frappés par point, avec la durée des points et le nombre de changements de direction effectués par le joueur au cours du point (FernandezFernandez et  al., 2007 ; Girard et Millet, 2004) (Figure 1.22). Enfin, il convient de garder en tête que les réponses cardiaques obtenues au cours des matchs peuvent être influencées par de nombreux facteurs que l’entraîneur doit considérer tels que le stress thermique, la déshydratation, ou encore l’état émotionnel du joueur. En effet, les joueurs de tennis

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Analyse de l’activité du joueur de tennis

Chapitre 1

de haut niveau disputent fréquemment des matchs dans des environnements chauds au cours desquels la FC augmente.

Propositions pratiques Le suivi de la FC peut être un outil intéressant à utiliser lors des sessions d’entraînement. Afin de reproduire les sollicitations cardiorespiratoires de la compétition pour y habituer les joueurs, il apparaît important que les entraîneurs mettent en place des exercices au cours desquels la FC va continuellement varier entre des zones d’intensité proches du maximum (>  80  % FCmax), élevées (70-80  % FCmax), modérées (60-70  % FCmax) et des phases de récupération ( 193,2

excellent

Tableau 3.3 Exemple de percentiles sur les lancers de MB et la vitesse de balle au service, établis sur des joueuses et joueurs sur la batterie de tests de la fédération allemande de tennis. Lancer de médecine ball de 2 kg (MB). Vitesse de balle au service (SV). Tableau de Jean-Bernard Fabre d’après les données de FernandezFernandez et al., 2014.

Propositions pratiques La puissance musculaire et la force du haut du corps sont des qualités fondamentales à développer et à tester régulièrement tout au long de la progression des jeunes joueurs de tennis (garçons et filles) (Ulbricht et al., 2016). À ce titre, il existe 3 types de lancers de médecine ball qui peuvent être facilement mis en place sur le terrain de tennis pour évaluer la puissance du haut du corps : –– Le premier s’effectue au-dessus de la tête (Figure 3.1). Le joueur doit lancer un médecine ball de 2  kg, à la manière d’une touche de football sans élan et sans transfert de poids de corps (pas de modification d’appui lors du lancer)., La balle est ainsi ramenée derrière la tête et ensuite lancée vigoureusement aussi loin que possible. –– Les deux autres lancers consistent à lancer le médecine ball de 2 kg côté coup droit et côté revers (Figure  3.2). Les joueurs se tiennent sur une ligne de départ et simulent un coup droit ou un revers en lançant le ballon le plus loin possible sans franchir la ligne. Pour tous les lancers, la distance entre la ligne et l’endroit où la balle a atterri est mesurée, et la meilleure performance entre deux essais est enregistrée. La vitesse de balle au service peut être aisément et régulièrement mesurée à l’aide d’un radar pour évaluer la puissance musculaire du haut du corps.

carré ne rapportent aucun point. Le score total est attribué en additionnant les points. Dans une étude récente portant sur 992 jeunes joueurs et joueuses de tout niveau (régional à national), il a été démontré que les tests qui prédisent le mieux le niveau de performance physique et le classement des joueurs étaient la vitesse de balle au service et les lancers de médecine ball (Ulbricht et al., 2016).

Évaluation de la vitesse et de l’agilité

En tennis, la vitesse correspond à la faculté du joueur à se déplacer et changer de direction le plus rapidement possible et pas seulement à sprinter en ligne droite. Les joueurs ont besoin de capacités d’accélérations linéaires exceptionnelles autant que d’une vivacité latérale et multidirectionnelle. La vitesse est définie comme le ratio de changement de distance par rapport au temps, alors que l’accélération est le ratio entre le changement de vitesse par rapport au temps. À cause des changements de direction permanents lors des points, les joueurs de tennis ne peuvent jamais atteindre leur vitesse de sprint maximale. Pour cette raison, les aptitudes d’accélérations et de décélérations sont fondamentales pour les joueurs de tennis.

Figure 3.1 Exemple de lancer de medecineball au-dessus de la tête. Figure de Jean-Bernard Fabre.

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Chapitre 3

Les qualités musculaires du joueur de tennis

3.1. Les tests de terrains La vitesse linéaire De par sa grande reproductibilité, le test de sprint sur 20 m, avec des temps intermédiaires aux 5 et 10  m, est utilisé comme mesure générale de l’accélération linéaire et de la vitesse du joueur de tennis (Tableau 3.4). Les vitesses sur moins de 5 m sont utilisées pour mesurer la « rapidité des premiers pas » du joueur, tandis que des temps intermédiaires au-delà des 10-15  m sont souvent utilisés pour évaluer la capacité d’accélération (Cronin et Hansen, 2005). En tennis, bien que les distances de 5 et 10  m soient plus représentatives des déplacements traditionnels durant un match, l’évaluation de la vitesse sur 20  m peut être intéressante (Reid et  al., 2013) (Tableau  3.4).

Figure 3.2 D’ailleurs, le test de sprint de 20 m est généralement inclus dans les évaluations des qualités physiques fédérales (Reid et al., 2013). Les tests sont dorénavant effectués avec des cellules photoélectriques bien

Joueuses femmes 10 m (s)

20 m (s)

SpF (s)

Exemple de lancer de medecine-ball sur le côté. Figure de Jean-Bernard Fabre.

Joueurs hommes SpB (s)

H&T (niveau)

10 m (s)

20 m (s)

SpF (s)

SpB (s)

H&T (niveau)

U12 doit s’améliorer

> 2,03

> 3,61

> 3,11

> 3,22

 2,05

> 3,62

> 3,07

> 3,16

 3,07