Syndicats et lutte de classes

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Syndicats et lutte de classes

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Henri Krasucki Syndicats et lutte de classes Questions d'aujourd'hui

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SYNDICATS ET LUTTE DE CLASSES

NOTRE TEMPS

HENRI KRASUCKI SYNDICATS ET LUTTE DE CLASS ES Préface de Georges SÉGUY ÉDITIONS SOCIALES

168, rue du Temple, Paris (3e) Service de vente : 24, r · . Racine (6")

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction réservés pour tous les pays. © 1969, Editions Sociales, Paris.

PRÉFACE P

AR une série d'articles publiés dans la Vie

Ou­

vrière, Henri Krasucki a entrepris de revenir sur les discussions qui surgirent en pleine bataille du printemps 1968 à propos des questions d'orientation, de tactique et de stratégie de la lutte. L'impression produite par ces articles, la corres­ pondance à laquelle ils ont donné lieu, les sugges­ tions ·qu'ils ont suscitées nous ont donné l'idée de réunir, en un unique recueil, ces textes qui consti­ tuent un ensemble parfaitement c o hérent. La lecture de ce petit livre facilitera énormément la compréhension de choses élémentaires tant débat­ tues et pas toujours complètement éluddées dans l'esprit de n().mbreux travailleurs et d'étudiants récemment venus à la lutte de la cl.asse o uvrière. Si

140167

8

S YNDICA TS E T LUTTE DE CLASSES

l'importance de sa diffusion est proportionnelle à la qualité de son contenu, son édition aura pleinement atteint le but que nous lui assignons. AGUERE, la. bourgeoisie misait essentiellement sur la violence pour réprimer les luttes ouvriè­ res ; l'histoire du mouvement ouvrier est jalonnée > lo rsqu ' i l s sero nt proposés en exi geant un certai n nombre de garanties, de moyens de contrôle et en choisi ssant la· form ule la moins mauvai se. Toutes les i ndications ont été publiées à ce suj et. Mais il n ' y a pas de q uoi en fai re une hi stoi re. E n m at i è re de rémunéra tion, l ' important pour les travail leu rs, c'est le salai re si im p l e, dair, sûr : voilà n otre terrain de lu tte, c'est .de cela q u ' i l faut s'occu­ per. Pour le reste, i l vaut m i eux que person ne n e s ' im agine q u ' i l va deven i r capitaliste par ce moyen ! j e n e crois pas q u ' i l y ait beaucoup de risque, m a i s nous feron s tout de ·même le n écessai re. Car, aussi i ncroyabl e que cela paraisse, c'est avec ça que de Gaulle p rétend transformer l a .société ! Il a quand m ême tendance à sou s-est i mer la cl asse ouvri ère.

tétine vide que •l'on ten d au L Acalmer u n moment , est-ce une entre la fai m et le biberon ?

bébé pour le troisième voie

Les travai lleu rs, et bien d ' aut res avec eux, com­ mencent à penser sérieusement qu ' i l faut changer ce régime m a lfaisant si l'on veut réell ement construire une société p lus juste et pl us hum aine. La

«

trois ième vo i e

»

gaul l iste,

c'est la tétine

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LA PARTICIPATION NI BIQUE NI BOUC

vide ou, si vous préférez, c'est un simple change­ ment de numéro sur la .vieille voie capitaliste que les travailleurs songent quitter pour de bon.

à

4. COGÉRER ? AVEC QUI ? l l e parle d'une troisième voie SI trodemGau p er délibérément l es travaiH e u rs e t

pour tenter d'assurer la s urvi e du capitalisme, d' autres côtés on avance diverses solutions qui demandent égale­ men t qu'on y regarde de p l u s près ce qu'elles recouvrent réell e m e n t, au-delà des sl ogans. «

»

L'un e de celles qui sont mises en vogu e dans certains m i li e u x est la « cogestion ». s ignifie gérer C OGERER to ute la q u estion.

avec. Avec q u i ? C'est

Or, c'est p récisément ce à q u oi ne rép� nden t pas les propagan distes de la « cogestion ».

Actu ellement les entreprises appartiennent aux capital istes e t les plus i mportantes apparti en nent à des groupes capitalistes extrêmement p u issants e t organisés, l es véritabl es m aîtres de la fi nance et de l 'i n d ustrie.

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COGERER

Quant aux entreprises nationalisées, b ien qu' appar­ tenant à la nation, elles dépendent de l ' Etat, du go uvern ement actuel qui les gère co m m e vous savez en les faisant s ervir d e vache à l ait dans l ' i ntérêt d es grandes soci étés p rivées. S ' agit-il do nc de « gérer ave c » ... l es capitalistes ? le pouvo i r actuel ?

0N

p arle beaucoup de l'autorité patronale, l es uns pour l a j ustifier, l es autres pour l a « contester ».

De Gaulle comme l e C.N.P.F. affi rment l a néces­ sité d e cette autorité excl u sive a u n o m de l ' unité de direction n écessaire ( l 'autorité n e se partage p as ) e t au n o m de l'esprit d'initi ative e t d'entreprise. Et i ls p rocl ament q u'il n'es t pas q u estion d'y to u cher. Mais ils sont discrets s u r fa source réel l e de c ette autorité dans le régime c ap i taliste parce qu 'ils vou­ draient éviter q u e la l u mière soit fait e à ce s ujet. C ertains de ceux qui critiquent cette autorité arbi­ traire s'en prennent à ses m anifestat ions sans s'occuper d e ses racines, c'est ce qui l es co nduit à planer au-dessus des réalités . Or, l ' au torité des p atrons découle du fait q u e les entreprises sont l eur propriété i ndividuel l e o u col l ectiv e. Qu'ils l a délèguen t à t e l o u t e l directeur ne change rien à l ' affaire, celui-ci n e p eu t agir que selon leur in térêt. H est leur man dat aire et r i en d ' au t re . P l u s l e fo nd est mis e n qu estion e t plus l es b é n é­ ficiaire s du systè m e s'effo rcent de le faire perdre de vue. Les « jeunes p atrons » ont ch angé d e n o m ç a fai sai t c apitaliste . I l s sont devenus l e s « jeune � dirigeants d'en trep rises » . Ça fait p rogressiste ! Mais de quel droit sont-i ls l es di rigeants ? D e

AVEC QUI ?

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q u el droi t le patrona t détient-il l' autorité ? Q u i les a fai t rois ? L'argent. lis n'ont d'autre réponse q u e : « pa rce q u e ça nous appartient » . D e plus, l es entreprises n ' ex istent pas isolé ment, su rtout d e n os j o u rs. El les constituent ensembl e toute •l' énorm e machine de )'·é conomie. C' est tou te l'économ i e q u i est la propri été, pour l'ess entiel, de la classe capital iste et plus spécialemen t de sa couche la pl u s p u issante. Tout l e systè m e est bâti là-dessus et tou s ses mécanismes en découlent. En ce sens on peut d i re q u e fes capital istes « cogèren t » entre eux l e s entre­ prises et l 'éco nom i e tout enti ère. Et de quelle ma ni ère 1 En s'entre-dévorant, en sou mettant les plu s fa ibles aux pl u s forts au point qu'une poignée i m pose sa loi à tou s les autres parce que telle est la nature même du régi me. Vous les voyez cogérer avec nous ? Et q u ' est-ce q u e nous pourrions bien cogérer eux ? L'expl oitation des travail l e u rs ? la concentration capitaliste ?

avec

Car l a seule « c ogest ion » q u'ils puissent à la rigueur accepter, c'est u n e comédie du genre de la participation gau l l iste. Ou b i e n u n e formu l e com m e celfë qui existe actuellement dans quelques e ntreprises e n Allemagn e fédéra l e où H y a bien des représentants syndicaux dan s les conseil s d'adm i n i strati on, m ais i l s ont moins de possi­ b il i tés encore q ue nos comi tés d' entreprise et souvent servent s i mplement de caution ou d 'avocats aux patrons d evant l e s salari és . . . it, revendi quer une « co-gestion », cel a revient E Nàfademander aux maîtres tou t-p u i ssants de la finance d e renoncer e ux-mêmes à leur régime, de

COGERER

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p artager leur richesse, , l e u r pouvoir avec les tra­ vailleurs. Et comment ? En les catéchisant ? Au s i ècl e dern ier, certains u topiste s croyaient possi b l e d e p ersu ad er les capi tal istes que l e u r régime é t a i t mal fait et q u 'ils devrai ent partager avec les ouvriers. C 'étaien t des h o m m e s gén éreux, ils avaient Je m érite d e fai re l a cri tique du régi m e et l 'excuse que l a nature réelle du capital i s m e n'avait pas encore été b i en mise en lu mière. Mais, de nos j o u rs e t sachant ce qu'un siècle nous a appris, ce n ' est pas permis sans sombrer dans le ridi c u l e . en elle-même , corres p ond cogérer E de L ' I Dà Eune aspiration légitime comme l'idée de parti­ «

»,

cipation et toute autre idée qui signifie en fait : être réel l e ment p artie prenante et p l einement respon­ sable, dans l a m arche des affaires de la société. Nul n'y tient plus que nous, c'est le s e ns même de notre lutte. Mais comment m atérial iser effectivement cette idée ? Si l'obstacle est l a toute-puissance p atro nal e, o n n e peu t y m ettre un t e r m e q u ' e n s u p p rimant s a sou rce, autrement dit il faut faire passer l a p ro­ pri été des moyens de producti o n à la col l ectivité nationale . Et si l ' Etat est ce point d'ap p u i ess entiel qui leur permet d e m et tre le p ays sous leur coupe, il fau t conqu érir u n pouvoir d'Etat, u n pouvoir politi que démocrati q u e o ù l a classe ouvrière jou era le rôle q u i doi t être Je sien.

Alors il pourra y avoir u n e vraie participation, alors existeront les con ditions d'une cogestion, non pas avec les capital istes, ce qui n'a pas d e sens, mais avec l'ensemble d es membres d e l a société

AVEC QUI?

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p ar des méthodes que l'on peut fort bi 7n c oncevoir et dont n o u s reparl erons. S i c'es t de cel a qu'i l s'agit, de la p art de ceux qui revenaiqu enl la « cogestion », ils doivent le dire clairement. Mais, dans ce cas, ce n'est p as l a co-gestion qu'il faut réclamer parce que c'est u n e form ule confu se q u i m e t e n avant l a conséquence en taisan t .)'essentiel : la condition i n dispensable. Il faut fixer ouvertement comme objectif les chan­ gements fondamentaux n écessaires en expl i q uant q u' eux seuls perm ettront u ne gestion dém ocratique des en treprises et de l'économie. Et H faut de plus exposer comment on peut réel lement y parven ir. Mais, s i c e n 'est pas de c el a qu'il s'agit pour eux, s'il s n'ont pas en vue ces transform ations et l es moyens de les ac compl i r, al ors en q u o i - sur l e fond - le mot d'ordre d e « coges tion » se d ifférencie-t-i l d e l a « troisième voie » gaulliste ? Les meill eu res intentions d u monde n'y font rien. P arl e r d e c h anger la s ociété sans toucher à l a propriété d e s s ec teurs clés d e l 'économie e t sans s'occ uper du pouvoir d'Etat, q u elle que soit la formu l e e mp l o yée, c'est donner du rêve au x travail­ leurs et maintenir l e capital isme, c'est autant de variétés de la col l aboration de classe.

5. AUTOGERER ? COMMENT ?

ous

passion s en revue d iverses « solutions » que certains avancent devant le beso i n ressen ti de chan ger quelque chose dans l a société, et nous en étions à la « co-gestion ». ]'aurais pu parler en même temps de « l ' autogestion » , car, au fond, i l s'agit d e l a m ê m e démon stration, m ai s i l y a quelque chose d e plu s à d i re à ce sujet.

N

0N

n ' a p as oublié qu'en m ai-j u i n 1968 toute une campagne a été m enée contre la pour l u i reprocher de s' occuper d e reve n d i cations « ali­ mentaires » , « q u antitatives » , b re f, ce q u e vous et moi appelons tout bonnement et sans dédai n l ' amé­ l i o ration des con ditions d'existence et de t ravai l d e

C.G.T.

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A UTOOERER?

l a classe ouvrière. Quelle horreur ! Une orga n i s a­ tion syndicale q u i s'occupe de pareilles brout i l l es ... O n disai t même que la grève n ' avait pas donné grand-chose. Tandis que d'autres ava i en t des b uts plus nobl es, « q u alitatifs » pou r reprendre un j ar­ gon q u i n ' est pa s le nôt re, et parlaient... d' auto­ gesti on. Qu'on nous pardonne : des buts élevés, nous l es avons bel et bien, et certai n s aux convictions « révoluti onnaires » récentes nous les ont assez l ongtemps r eprochés. Mais nous vou l o n s les attei n d re vraiment, et nous s avons les co nditions qu'il fau t r é u n i r pour cela , sans p rendre nos désirs pour des réal ités. C'est pourq uoi n o us n'apprécion s pas les m ots en l ' ai r , les slogans vides de sens et nous aimons bien q u e l ' o n sache de quoi l'on parle. Si cogérer c'est gérer avec, autrement d i t, dans l e s con d i tions du capitalisme, gérer avec les capi­ tali stes, autogérer, c'est gérer soi-même, c'est-à­ d i re sans l es capital i stes. Ce qui n e serait p a s pour nous dép l ai re, comme ch acu n sait. Mais comment gérer sans l e s capitali stes aussi longtemps que les entreprises et tou s l es moyens de l'économie l eur app artiennent et aussi longtemps

qu' i l s di sposent de toute la p u i ssance d e l ' E tat et d' u n gouvernement à l e u r service ? E n l e s p r i an t d e bien vouloir n o u s l ai sser faire ? L e s p romoteurs du mot d'ordre d ' a utogestion sont touj ours m uets sur la question.

1L

paraît qu'il y a e u des vel léité s « d'auto­ gestion », on a même tenu des colloques po u r e n faire des bilans et étudier l a chose.

COMMENT ?

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Certain s j ournaux réputés s é rie u x o n t fai t grand cas d'un e s em bl abl e ten tative à l ' u sine CSF de Brest. On ne pouvai t m i eux choisi r. La CSF est l ' u n des p l u s grands trusts d e l' élec­ troniq u e, e l l e appa rtien t à un p uissan t groupe i n d us triel et fin a n c i er. Elle possède pl usieurs grandes entreprises en France. Et alors, on va l ui en subti­ li ser u n e, subrepticement, sans qu'elle s ' e n aperçoive et sans qu'il se passe rien ? Puis on va faire mar­ ch er tou te seule, comme u n e entrep rise indépen­ dante, une usin e q ui dépend pour ses é tu d es, pour ses approvi sionnements, pour l ' écoul ement de sa pro­ duction (sans parl e r de son financement. . . ) d'un vaste ensemble u n ifié ! Un petit morceau de socialis m e ici, au beau mi­ l i eu d'un monopole capi taliste géant, puis un autre p e tit morceau aill eurs, e t tou t plein de p et i ts mor­ ceaux : ·le socialism e en mi ettes, un sau poudrage d e soc i a l i s m e ! Et l es capitalistes, médusés, n' auront plus q u 'à al ler planter l e u rs choux genti m ent. On h ésite à discuter de pareil les inc ongruités . Mai s aussi i n croyabl e q u e ce soit, el l es n e sont p as seul e m e n t l e fait de quel q ues esprits n aïfs : elles sont l 'œuvre d'organi sations, l 'obj et de t o u te une propagande qui prétend apporter le moyen de réa­ liser un « s o cialisme démocratiq u e ». Et c'est au nom de s e mblables fan taisies « qu alitatives » que certain s se p résen ten t en « révolutionnaires � p o u r conduire la c l asse o uvrière . . . tte s ociale, e t plus q u e tou t I & L Al alutransformation de l a société, e s t

1 utte pour une chose série u se. Le capitalisme es t u n e n n e mi p uissan t e t habile, on n e p e u t s e dispenser d e bien l e connaître.

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A UTOOERER?

Nous som mes au dern ier tiers du XXe siècl e, dan s u n p ays à l'économie moderne. C'est le temps des grands groupements i n dustriels et financiers qui englobent des branches e n ti è res de l 'économie ; il n'existe pl us d'entre p rises réellement indépen-­ dan tes ; l 'économie est, au co ntrai re, d eve n ue un vaste ensemble, au n iveau national , o ù s'est tissé u n réseau de relations complexes, sans parler des interféren ces inte rnation ales. Elle forme un tou t do­ m iné par un petit nomb re de groupes monopolistes dont l 'action se combine avec cel' l e de l ' E tat. C'est un sy . s tème mal faisant, mai s cohérent. On peut le rem pl acer par u n autre, m e i l l e u r et d'une au tre co­ hérence, m a i s non le changer en le conservan t. En m en ant la société j usque-là, l e c apital isme a créé d es conditions m atéri el les très poussées pour l e s ocial isme. La transformation de l a société se pose néc essairement à cette échelle, a u n iveau d e l'économie t o u t entière, du pays tout entier. C'est une bataille q u i met aux prises fa classe o uvrière tout enti è re e t d'autres couches d e la population avec l'ensemble des forces do min antes d e l a classe ca pital iste. El l e ne pose pas seulement ni même d'abord - u n e question de m ode de gestion, mais la question de la propriété des moyens p rincipaux de l ' économie et du pouvoir d'Etat qui s o n t les véritabl es leviers de com mande. Esq u iv e r ces q u e stions et chercher des îlots de solutions i nventées d e toutes pièces et n e touchant p as à l ' e ssentiel éq uivaut à essayer d e soigner un cancer e n all ant chez u n rebouteux. -

'IDEE d'autogestion - comme cel l e de coges­ tion - a pourtan t un sens réel. C'est celui d e l ' au togestion de fa société t o u t en tière. Dès l o rs qu' elle n e s era p l u s régentée par u n e m i norité de

L

COMMENT?

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m aîtres qui l a dominent, l a société parviendra p ro­ gressivement à s'administrer, à gérer ses affaires elle-même, collectiveme nt, c'est-à-dire à s'a uto­ admi nistrer, à s'auto-gére r. � Mais à ce n iveau-là, celui de la société dans son ensemble. Même dans u n e s ociété socialiste p leinement dé­ veloppée il ne peut y avoir vraiment autogestion des entreprises au sens où elles seraient gérées d e façon complètem ent indépendante par c e u x qui y travaillent, ce qui est l e sens exact du mot. Ce n'est p ossible que p artiellement, c ar l 'éco­ n omie moderne n 'ira pas e n arrière vers l e mor­ cell e m ent : e l l e sera de plus en plus un e ns e m ble indissolu ble e t complexe. C'es t donc a u n i veau de l 'ensemble qu'on pourra parler un jour d'autogestion de l a so ciété. Ce dont i l s'agira réell ement, c e sera d e com­ biner les n é c essités d'un plan d'ensem ble, d'une direction d'ensemble avec l ' i n itiative i ndispensable et donc un d egré d'autonomie correct à tous les ni­ veaux, n otamm e nt dans l es entrep rises, pour assure r la plus large p artici pation des travailleu rs à l a ges­ tion des affaires et la p l u s grande efficacité à l'éco­ nomie. Cela, c'est une vraie q u estion, c el l e de la plus l arge vie démocratique faisant de ch acun un mem­ bre à p art e n tière d'une s ociété m aîtresse d'elle­ même. Mais cette société-là n e peut exister q u e si elle est d'abord d ébarrassée de l'exploitation capitaliste et de ses causes. Poser l a q uest ion autrement, c'est véritablem ent m ettre l a ch arrue devant les bœufo.

6. LE POUVOIR QU 'EST -CE QUE C'EST ?

s mots à la mode. Le mot Pouvoir I Lesty adedeceux-là depuis quelque temps