Ousmane Sonko: Trajectoire, parcours et discours de l'espoir (French Edition) 2343169071, 9782343169071

« L'arrivée d'Ousmane Sonko sur la scène politique sénégalaise est une nouvelle rafraichissante. Le moins que

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French Pages 98 [100] Year 2019

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Table of contents :
Préface de Dr Cheikh Tidiane Dièye
DÉDICACE
REMERCIEMENTS
PRÉFACE
INTRODUCTION
CONTEXTE
L’ASSEMBLÉE NATIONALE, UNE INSTITUTION EN BERNE
RAPPELONS-NOUS
SONKO À L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Séance plénière avec le Ministère de l’Industrie
SONKO, L’ESPOIR
POSTFACE
TABLE DES MATIÈRES
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Ousmane Sonko: Trajectoire, parcours et discours de l'espoir (French Edition)
 2343169071, 9782343169071

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Extrait de la préface de Dr Cheikh Tidiane DIÈYE

Ababacar Sadikh TOP est titulaire d’un Certificat de formation en journalisme au Centre d’études des sciences et techniques de l’information, Cesti. Il a fait ses débuts à la 2stv en tant que reporter ensuite à la DTV où il a été tour à tour reporter, chroniqueur et présentateur avant de s’envoler pour le Maroc. Il est co-auteur du livre Sen Njaxas, Cocktail citoyen.

Illustration de couverture : Photo officielle de Ousmane Sonko

ISBN : 978-2-343-16907-1

12 €

Ababacar Sadikh TOP

SONKO

Trajectoire, parcours et discours de l’espoir

« L’arrivée d’Ousmane Sonko sur la scène politique sénégalaise est une nouvelle rafraichissante. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne laisse personne indifférent. Il a bousculé des ordres établis et dérangé bien des certitudes, voire des quiétudes, dans ce qu’il se plait à appeler lui-même le «système». Son ascension a connu une fulgurance rarement vue dans l’espace politique. Son style est différent, son modèle est atypique. […] Mais qui est donc Ousmane Sonko ? C’est à cette question que ce livre tente de répondre. À travers des entretiens, des observations et des recherches de type journalistique, l’auteur restitue les faits saillants et les différentes étapes du parcours professionnel et politique de Sonko. »

Ousmane SONKO

Ousmane

Ababacar Sadikh TOP

Ousmane

SONKO Trajectoire, parcours et discours de l’espoir Préface de Dr Cheikh Tidiane DIÈYE

OUSMANE SONKO Trajectoire, parcours et discours de l’espoir

Les Impliqués Éditeur Les Impliqués Éditeur a pour ambition de proposer au public des ouvrages de tous horizons, essentiellement dans les domaines des sciences humaines et de la création littéraire.

Déjà parus So (David Landry), Souvenir d’un passé récent, témoignage, 2016. Cichalewska (Iwona), L’émoi et moi, essai, 2016. Tran Thi (Hao), J’aurai vingt ans dans deux jours, roman, 2016. Melliti (Rosa), Terre de bien-être pour la femme africaine, essai, 2016. Chavel (Raymond), L’ironie du sort, récits, 2016. Dordain (Dominique), Abécédaire du petit bogolan nord-sud, 2016. Delattre (Bernard), 2015 : Désespoirs, mais aussi des espoirs, essai, 2016. Colombier (Roger), La commanderie de Prunay-le-Temple dans les Yvelines, essai, 2016. Giroux (Bruno), Scènes familiales de la Caraïbe et d’ailleurs, nouvelles, 2016. Chavanne (Claude), Kojimachi 5-7, récit, 2016.

Ces dix derniers titres de ce secteur sont classés par ordre chronologique en commençant par le plus récent. La liste complète des parutions, avec une courte présentation du contenu des ouvrages, peut être consultée sur le site : www.lesimpliques.fr

Ababacar Sadikh Top

OUSMANE SONKO Trajectoire, parcours et discours de l’espoir

Préface de Dr Cheikh Tidiane Dièye

© Les impliqués Éditeur, 2019 21 bis, rue des écoles, 75005 Paris www.lesimpliques.fr [email protected] ISBN : 978-2-343-16907-1 EAN : 9782-343169071

DÉDICACE À ma mère, Yacine Ndiaye, ma référence, celle qui m’a appris que la dignité s’adapte à toutes les situations, que le travail et l’endurance doivent être mon éternelle force. De toi, je garde et garderai toujours la complice tendresse des mots et des aveux. À Ousmane Sonko

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REMERCIEMENTS Je tiens à remercier tout d’abord, Mes frères et sœurs, Mansour, Mamadou, Ousmane, Moustapha, Alioune, Ndeye Arame, Mouhamed et Abdoulaye, pour leur compréhension et acceptation de mes absences et errances, Ensuite, Birame Souley Diop, administrateur du Parti Pastef les patriotes et Bassirou Diomaye Faye, coordonnateur des cadres du parti qui m’ont facilité l’enquête faite sur Ousmane Sonko et Pastef. N’eût été leur apport, ce livre n’allait pas être, El Malick Ndiaye et Babacar Ndiaye de la cellule communication de Pastef qui ont mis à ma disposition des fichiers audiovisuels que j’ai exploités Aux fonctionnaires et hommes d’affaires que j’ai rencontrés au cours de cette enquête et qui ont accepté de témoigner sur Sonko, À Abdourahim Barry et Charlotte Marone pour votre amitié, Et plus particulièrement, À des amis, et de vrais ceux-là, Samba Faye, Alassane Aliou Mbaye, Bachir Coly, Mor Amar, Ahmed Bamba Ndiaye et ma très chère Dieynaba Sarr. Vous avez touché mon cœur, À l’autre ami et frère, le brillant Mouhamed Niang, pour la correction, les encouragements et l’immense générosité, Et enfin, A Ousmane Sonko, homme de principes, de valeurs et de courage, 9

Au Docteur Cheikh Tidiane Dièye de m’avoir encouragé et d’avoir accepté de préfacer ce livre, À ma chère Ndèye Rokhaya Thiam, Goorgol, d’être mon amie et d’avoir accepté d’écrire la postface.

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PRÉFACE L’arrivée d’Ousmane Sonko sur la scène politique sénégalaise est une nouvelle rafraichissante. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne laisse personne indifférent. Il a bousculé des ordres établis et dérangé bien des certitudes, voire des quiétudes, dans ce qu’il se plait à appeler luimême le « système ». Son ascension a connu une fulgurance rarement vue dans l’espace politique. Son style est différent, son modèle est atypique. S’il est apparu au-devant de la scène politique, en moins de quatre années, à la vitesse d’une comète, c’est en partie à cause de la conjonction de nombreux facteurs dont le principal, me semble-t-il, est la profonde transformation de la citoyenneté et des modes de participation populaire à la gouvernance des affaires publiques. Ces transformations vont bien au-delà des mutations qui ont cours dans les partis politiques ou dans l’espace politique dans son ensemble. Elles vont aussi plus vite que celles-ci. C’est peu en effet de dire que le Sénégal change rapidement. Et les sénégalais avec. Les deux alternances de 2000 et 2012 ont révélé la rupture de plus en plus grande entre les pratiques politiques au sein des élites et les aspirations des citoyens. En effet, même si ces deux moments de rupture n’ont pas tenu les promesses qui en étaient attendues, ils ont au moins eu le mérite d’avoir replacé le citoyen électeur au cœur du jeu et de donner plus d’échos à ses demandes. De nombreux citoyens doutent encore de la capacité de l’élite politique actuelle à changer le pays, en le libérant d’un système de corruption, de pillage et d’accaparement des ressources 11

publiques installé bien avant l’indépendance. Plus encore, le système partisan de politique politicienne qui est jusqu’ici le seul cadre de production d’offres politiques est largement discrédité. Les tentatives de rupture dans le modèle de gouvernance initiées par les différents régimes ont échoué. Les pouvoirs législatif, judiciaire et exécutif sont en déséquilibre marqué sous le leadership personnalisé du Président de la République. Les contre-pouvoirs sont encore faibles malgré l’affirmation d’une conscience citoyenne prometteuse et une jeunesse dynamique. La scène politique nationale a été dominée pendant longtemps par des partis politiques et groupes de pression, avec comme seuls objectifs la jouissance du pouvoir, au détriment de la satisfaction des besoins essentiels des populations et des véritables enjeux de développement économique et social. C’est ce qui est à la base de la mal gouvernance qui caractérise le pays, une mal gouvernance exacerbée par un certain « monolithisme » dans la gestion des affaires publiques. C’est contre un tel « système » que de nombreux citoyens se sont levés. L’apparition d’Ousmane Sonko dans l’espace a donc permis de rafraichir les discours et les façons de faire. Il a incontestablement fait bouger les lignes structurelles du « système ». Son discours sur le changement du « système » est, pour ainsi dire, comme venu à son heure pour une certaine partie de la population qui était en attente de renouveau ou de « révolution » dans l’espace de la gouvernance. Le discours l’a pénétrée d’autant plus rapidement que ces catégories de la population étaient déjà porteuses de demandes impérieuses. La rencontre entre le discours de Sonko sur l’éthique de transparence et de responsabilité qui doit habiter les acteurs politiques et les demandes impérieuses des citoyens qui attendaient ce discours est 12

facilitée par l’explosion des outils de communication comme les réseaux sociaux. Avec son jeune parti, Pastef, il a su utiliser ces outils avec une grande efficacité pour toucher les jeunes, la diaspora et de plus en plus de sénégalais connectés à ces réseaux. Les analyses politiques classiques ont visiblement du mal à lire et décrire sa trajectoire. Car, le modèle habituel, presque normal, de l’acteur politique sénégalais est celui dont la trajectoire prend naissance dans un parti politique dit « traditionnel » dans lequel il fait ses armes et gravit les échelons avant d’atteindre une notoriété nationale. Des fois, à la faveur de la gestion du pouvoir, ces acteurs politiques bénéficient de l’attractivité naturelle de la position de pouvoir et des moyens que confèrent leurs positions au sein de l’appareil d’État et dans l’espace politique. Tel n’est pas le parcours de Sonko. Certes, il a bénéficié d’un contexte et d’une conjonction de facteurs qui peuvent, en pointillé, expliquer la fulgurance de son ascension politique. Mais, force est aussi de reconnaitre que ses qualités personnelles y ont été, aussi, pour beaucoup. Sa posture politique d’opposant radical et de dénonciateur des actes de mal gouvernance, y compris au niveau le plus élevé de l’appareil de l’État, l’ont mis, en un temps record audevant de la scène, sous les projecteurs. Mais qui est donc Ousmane Sonko ? C’est à cette question que ce livre apporte une réponse. À travers des entretiens, des observations et d’autres recherches de type journalistique, l’auteur restitue les faits saillants et les différentes étapes du parcours politique et professionnel de Sonko. L’ouvrage vient à son heure. Au moment où Ousmane Sonko brigue les suffrages des Sénégalais, beaucoup de citoyens n’ont de lui que l’image du fonctionnaire 13

téméraire qui a bravé les interdits, du député qui bouscule les conventions et les ordres établis à l’Assemblée nationale, et maintenant du jeune candidat à l’élection présidentielle du 24 février 2019. Ce livre révèle une autre facette de sa personne. Dr Cheikh Tidiane DIEYE

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INTRODUCTION Dans l’histoire politique du Sénégal, jamais un homme politique, cadre et haut fonctionnaire, de surcroît, ne s’est donné comme mission celle de combattre ce qui est à ce jour appelé un système. Étymologiquement, le système, en grec ancien, sustēma signifie « organisation, ensemble », terme dérivé du verbe sunistēmi qui signifie « établir avec », « mettre en rapport, instituer, établir ». En effet un système, d’après le dictionnaire Le Larousse est un ensemble d’éléments interagissant entre eux selon certains principes ou règles. Un système est déterminé par des ressources matérielles et immatérielles. Revenir sur la quintessence de ce mot revêt un caractère explicatif en ce sens où l’objet de cet ouvrage n’est ni plus ni moins tributaire d’un projet incarné par un homme, Ousmane Sonko, dont le discours est un combat contre le système Le système dont parle le leader de la coalition « Sonko Président » est un ensemble d’hommes et de femmes politiques, d’économistes, d’hommes d’affaires, de journalistes, d’organes de presse, d’activistes qui concentrent à eux seuls des privilèges démesurés dont le seul mérite, le plus souvent, c’est d’être de connivence avec le régime en place. Pendant ce temps, ceux dont on assigne la légitimité les citoyens - rencontrent d’énormes difficultés, vivent dans des conditions d’extrême pauvreté. Il s’agit de jeunes et femmes diplômés qui, du matin au soir, cherchent de l’emploi, essaient d’entreprendre, mais en vain. En vain, parce que le climat des affaires agonise, parce qu’ils n’ont pas d’alternative, parce qu’en absence

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d’alternative, il n’y a pas de progrès ni d’espoir d’une quelconque émergence. Ce projet que vous tenez entre les mains est la résultante d’une enquête minutieusement faite depuis maintenant deux ans. Une enquête portée sur un homme dont l’intégrité - je parle bien d’un homme -, l’honnêteté, la piété et le patriotisme sont revenus tout au cours de mes déplacements. Les personnes que j’ai rencontrées, de hauts cadres de l’administration sénégalaise et même des hommes d’affaires affirment que l’homme en question est un de ces rares fonctionnaires qui incarnent tout un ensemble de vertus dont le fondement est la sincérité et l’honnêteté. Enfin, Ousmane Sonko est un Sénégalais lambda, ce Sénégalais que l’on trouve dans chaque coin de quartier soucieux de l’avenir de son pays et de ses jeunes. Mais plus ambitieux encore, l’homme ne se limite pas simplement aux jeunes, il s’adresse également à toutes les franges de la population sénégalaise dont le besoin d’une vie au moins équilibrée est de plus en plus pressant. Voici l’objet de cet ouvrage dans ce contexte déterminant pour l’avenir de ce pays, ce contexte où nous n’élisons pas simplement un Président de la République, mais, comme le disait l’économiste Khadim Bamba Diagne, le premier gouverneur de nos ressources gazières et pétrolières. Cette noble mission doit être confiée à un homme qui ne souffre d’aucune moralité, un homme dont le parcours et le profit se présentent comme un plafond de verre par sa transparence non sans omettre ses compétences. À la suite de l’enquête, objectivement, pour certains esprits éclairés, nous conviendrons que Ousmane Sonko, né le 15 juillet 1974, est l’incarnation de ce profil. Ousmane Sonko est né à Thiès, puis a fait la plupart de son cursus scolaire à Ziguinchor. Il est annoncé homme de l’année 2018, deux ans après sa radiation de la fonction 16

publique, un an après son élection aux législatives de 2017 avec près de 38 000 votants, passant ainsi au plus fort reste comme aiment le rappeler ses détracteurs. Aujourd’hui, il est devenu l’homme politique le plus suivi aussi bien sur les réseaux sociaux que dans les médias classiques. Il est par ailleurs le plus attaqué aussi, par ces mêmes médias classiques et en ligne. Mais avant de révéler la quintessence de cette enquête, rappelons un certain nombre de rapports qu’entretient l’homo senegalensis avec l’homme politique. Au Sénégal, être un homme politique est devenu, par le truchement des évènements et des faits d’hommes politiques, une exposition voire une mise à mort de sa moralité. Demander au commun des Sénégalais l’image que lui donnent les hommes politiques, la réponse est presque la même, les formes peuvent ne pas se ressembler, mais toutes tourneront autour du détournement de deniers publics, de la politique politicienne, du mensonge et de tous les autres vices que l’on colle à l’homme politique. Autrement dit, porter la tunique d’un homme politique est mal perçu, la politique est le terrain des insanités et des calomnies, de sorte que beaucoup d’intellectuels et de cadres ont déserté le champ politique pour le laisser aux autres, ceux que certains appellent les porteurs d’un germe producteur de mauvaises herbes, les politiciens, nos gouvernants. Ce sont ces mêmes politiques, à travers des faits précis très actuels qui cautionnent d’une façon ou d’une autre le désamour que les citoyens ont de cette activité qui est d’une noblesse extraordinaire, si toutefois elle est régie par des paramètres tels que l’éthique, l’intérêt de la communauté et le développement de son pays. Paradoxalement, il faut oser le dire, et on ne l’a que trop dit, l’homo senegalensis, bien que très critique vis-à-vis de ses gouvernants, oublient cependant que l’homme politique est membre de la société, donc le reflet de celle-ci, comme 17

du reste, nous le sommes tous. En d’autres termes, notre critique est une vue d’ensemble qui devrait en réalité transcender l’espace politique pour se concentrer à un projet plus complexe, plus ambitieux et difficilement résolvable, le spécimen sénégalais par qui sont nés ceux que nous critiquons quotidiennement, membres du système que nous voulons combattre. Ceci explique cela : Dans tous les secteurs d’activités de notre jeune nation règnent des faits que l’euphémisme sociétal appelle « masla » ou « neekhal », mais qui ne sont autres que des faits de corruption et de concussion ; la situation économique du Sénégal est la résultante d’une responsabilité imputable au Sénégalais de par son manque d’exigence et de sa passivité, mais surtout par sa capitulation aux gestions et marche de la cité. Ici l’idée de la citoyenneté est fortement secouée. l’esprit de solidarité et d’entraide est devenu le symbolique d’un discours pour se faire bonne conscience, mais ce qui règne en maître dans notre société est de l’individualisme et de l’égoïsme. Individualisme parce que chacun préfère faire ses affaires et se concentrer exclusivement dans son coin pour gérer ses problèmes. Égoïsme car chacun de nos actes est marqué par un besoin individualiste au détriment de la communauté. C’est à la lumière de ce qui précède que nous considérons que le livre du Docteur Cheikh Tidjane Dièye, la corruption bureaucratique au Sénégal, arrive à son heure et est plus que jamais actuel dans l’échiquier administratif sénégalais. Si la coalition Benno Bokk Yaakar gagne de façon légitime ces élections, alors les jeunes ne mériteront plus que l’on s’apitoie sur leur sort. Cette coalition qui regroupe ceux que nous critiquons, présents dans l’espace politique depuis les années 70 pour certains et 80, 90 pour d’autres, est roi ou faiseur de roi en 2019, dans un pays à 65 % de jeunes, de 18

surcroît, alors notre jeunesse aura lamentablement échoué. Cette jeunesse aura alors confié sa destinée, l’avenir de ce pays qui est intrinsèquement lié au tien, à des vieillards, à une classe politique qui ne devrait plus faire rêver, par conséquent plus être nos gouvernants, d’où l’alternative qu’il nous faut, celle que nous présente Ousmane Sonko. N’est-ce pas, dans d’autres tropiques, dans la lointaine Europe, bien qu’ayant une population vieillissante, des jeunes ont pris la responsabilité de prendre les destinées de leur État pour - d’abord confier sa gouvernance aux jeunes, mais ensuite - se positionner en citoyens au contrôle parfaitement conscients des choix de leurs gouvernants, pour s’en opposer en masse s’il le faut, ou l’accompagner si nécessaire. C’est ce que l’on a vu en France avec Emmanuel Macron, élu à 39 ans, en Autriche avec Sebastian Kurz, né le 27 août 1986 à Vienne chancelier fédéral d’Autriche depuis le 18 décembre 2017... Le contexte mondial est favorable à ce vent de changement, à une nouvelle alternative citoyenne. Cependant si la jeunesse sénégalaise rate cette belle occasion de tenter un vent nouveau, un souffle nouveau, tel que le Sénégal a raté le Président Mamadou Dia et toutes les rigueur et compétence qu’il incarnait - ce que nous regrettons jusqu’à ce jour et dont les conséquences se sentent encore - alors, comme nous l’avons dit tantôt, il sera inutile de geindre plus tard. La situation économique actuelle, sécrétion de la situation politique du pays, exclue pour un leader d’opinion ou simplement un citoyen averti, toute idée d’abstention ou de neutralité. Toutes deux sont synonymes de complice d’une façon explicite ou implicite. C’est ce qui explique l’essence de cet ouvrage. Si choisir de ne pas choisir c’est choisir comme disait Sartre, notre choix ne peut être sous-tendu par un intérêt crypto personnel, mais par une analyse lucide de la 19

situation du pays, des faits avancés, des discours entendus et surtout des profils. Parmi ceux-ci, à notre avis, après une enquête bien fouillée, seul le profil de Ousmane SONKO s’exclut, puisque nous sommes dans une République, de toute connivence confrérique et ethnique, de toute condition de partage de gâteau, de mauvaise gouvernance. Donc, naturellement et subséquemment, son profil colle bien avec l’importance du changement, son parcours se greffe bien à l’avenir que nous voulons. Ousmane Sonko présente à bien des égards, un discours et un parcours que nous estimons respectables. Si les mots utilisés ou qui seront utilisés sont élogieux c’est parce que la trajectoire de l’homme fascine, c’est parce que le cursus de l’homme en question est élogieux. Rappelons-le, puisque lui-même l’a dit, son ascension fulgurante tant sur le plan professionnel que politique dénote de la méritocratie. N’ayant pas bénéficié de poste nominatif - notre enquête a montré qu’il n’en a jamais voulu aujourd’hui, pour la première fois, il demande le suffrage des Sénégalais pour une élection aussi importante que celle présidentielle. Et enfin, j’écris ce livre pour étaler dans la mémoire de l’intelligentsia sénégalaise, la pensée du Président de Pastef pour deux raisons fondamentales. Montrer, en premier lieu, comment l’homme en question s’est sacrifié pour son pays malgré les tentations, les postes promis et sa position si juteuse avant de s’engager en politique, d’où son slogan « le don de soi pour la patrie » ; et en second lieu, comment il constitue une alternative pour ne pas dire l’alternative suite à cette crise morale chez l’homme politique. Tel est le projet de ce livre.

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CONTEXTE Un projet politique est une vision, un combat et un programme. En 2012, le régime libéral était déjà en agonie, la dévolution monarchique qu’aurait voulue le Président Wade indisposait les Sénégalais. Les mouvements de citoyens, les organisations de droit de l’Homme dont la Raddho, Amnesty international, la Ligue sénégalaise des Droits de l’Homme... et les partis politiques se sont réunis comme un vaillant homme pour combattre ce que les Sénégalais appelaient alors une injustice et un tripatouillage constitutionnel symbolisé par le slogan « touche pas à ma constitution ». Cette longue lutte, cette marche vers la liberté et la justice a pris naissance au matin du 23 juin 2011, annoncée la veille par l’honorable député Cheikh Bamba Dièye. Un engagement à fortifier, à saluer et à renouveler. La situation politique de l’époque sera lourde de conséquences. Un jeune étudiant y perdra la vie le 31 janvier 2012. À Podor, deux jeunes seront tués par des policiers et à la place de l’obélisque un policier décédera. La mort de ce dernier conduit à la célèbre arrestation et condamnation des jeunes de Colobane, qui seront libérés après un long combat judiciaire. Une libération qui fait suite à celle de Karim Wade… L’espoir tant recherché annonçait déjà ses lueurs matinales avec le résultat du premier tour. La coalition du régime tombait du haut d’une falaise, passant de 55 % en 2007 à 35 %, le second tour était inévitable. Au soir du 25 mars 2012, tel un château de cartes, le régime libéral s’affaissa, se disloqua, se dispersa pour donner naissance à plusieurs partis et mouvements. Souleymane Ndéné Ndiaye, Pape Diop, Modou Diagne Fada et Aliou Sow opteront pour la création de leur propre parti politique. Serigne Mbacké 21

Ndiaye et d’autres opteront pour la création de mouvements de soutien sans omettre de scruter la porte de la transhumance, laissant, en cours de route, leur dignité, leur âme et leur personnalité, si toutefois ils en avaient, pour le simple besoin d’une pitance journalière. Mais après tout on est en politique. L’intérêt personnel et la recherche du gain, quel que soit le prix, priment sur ces caractères nobles qu’ils considèrent comme idylliques. La quête de l’intérêt personnel et du pouvoir ne peuvent rimer avec ces vertus citées tantôt. La victoire du Président Macky Sall avec la coalition Benno Bokk Yaakar formée entre les deux tours soulageait les Sénégalais. Le matin du 26 mars, le soleil brillait, la lumière éclairait jusque dans les demeures les plus sombres, les cœurs devenaient lumineux, les visages ravis, l’espoir à son degré le plus élevé. On pensait déjà au prochain gouvernement. Ce dernier se voudra être le reflet de la coalition. Rewmi, PS, AFP, PIT, APR avaient chacun un quota de ministres qui leur était destiné et de directions sous leur autorité. Cette distribution des postes en fonction de son apport et appui me rappelle quelques années derrière. Dans notre groupe de jeunes adolescents, pour préparer du thé nous cotisions, chacun donnait 50 ou 25 Francs. Et au moment de boire, la distribution se faisait au prorata du montant cotisé, et c’est ce qui déterminait la position de chaque individu dans le groupe. Vraisemblablement, nous sommes tous des politiques et ministres quelque part, mais à géométrie variable. Seules l’ampleur, la grandeur et les intentions diffèrent. Les ambitions sont difficiles à cacher. Le nouveau Président élu avait, il faut le reconnaître, un profil et une expérience très appréciables. Il a bourlingué, il est parti de rien, le destin l’a choyé, il a occupé de hautes responsabilités jusqu’en 2008. Il l’a mérité, dit-on.

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Les Sénégalais ne sont pas exigeants. Au contraire, ils sont très compréhensifs, voire passifs. Ils ont concédé, à juste titre, au nouveau régime le temps de s’installer, de réparer les innombrables ignominies des libéraux dont le nouveau Président se réclamait en occupant des postes ministériels et institutionnels (mines, intérieur, premier ministre et président de l’Assemblée nationale). Sa responsabilité dans cette situation lui incombe, en partie. Et n’eût été la volonté du Maître de le rétrograder et le défi qu’il lui a lancé, il serait peut-être, en 2012, dans le camp de Wade, puisque le destin en a décidé autrement, l’objectivité voudrait que la position soit nuancée. Deux ans après son arrivée au pouvoir, la patience des Sénégalais commençait à s’étioler, le train de vie devenait de plus en plus difficile, la patience annonçait ses bribes de limites et cela, malgré la traque des biens présumés mal acquis. Cette traque, rappelons-le, était une demande sociale. La corruption, le vol, les détournements de deniers publics ne pouvaient rester impunis. L’arrogance des pilleurs devait être combattue et réduite à sa plus simple valeur. Toutefois, son application et sa démarche ne convainquent pas. Le régime montrait déjà ses insuffisances, son incompétence et ses limites. D’ailleurs, Idrissa Seck, le Président de Rewmi a trouvé la formule adéquate pour qualifier cette carence, « Après son incompétence qui lui a été reconnue, le président y ajoute le déshonneur ». C’était tout juste après la déclaration du Président Macky Sall, revenant sur ses promesses de campagne dont l’une d’elles était qu’une fois élu, il ferait 7 ans au lieu des 5 annoncés. La traque des biens mal acquis aura accouché d’une souris. Seul Karim Wade, sur la liste des 25 personnes, sera poursuivi, donnant plus une image de règlement de comptes que de traque. Ce tâtonnement du régime en place fera couler beaucoup d’encre.

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Combien de fois la presse écrite a usé et abusé du terme « tâtonnement » avec des calembours à n’en plus finir ? Combien de fois les télévisions et les radios ont organisé des débats sur les changements brusques d’orientations politiques ? L’opposition en avait fait une arme redoutable contre le régime. Toutefois, il faut reconnaître également que de 2012 à 2016 l’opposition sénégalaise tel qu’on la connait était en léthargie. À part les sorties très médiatisées de Idrissa Seck qui, du reste, occupait la toile pendant un certain moment, il n’y avait presque plus de débat contradictoire si ce n’est celui que tout le monde connaissait et qui ne révélait rien de nouveau : la traque des biens mal acquis et l’affaire Karim Wade. Cette situation était due en grande partie à deux causes fondamentales :  En premier lieu, le Président nouvellement élu avait la lourde charge de faire revenir la dignité dans l’échiquier politique et social en mettant en valeur le respect scrupuleux des institutions. Il faut le dire, ces dernières donnaient une image pas reluisante au lendemain de la deuxième alternance, il fallait corriger avec une main de fer sans sourciller ;  En second lieu, le PDS est connu comme étant un parti politique très réactionnaire avec des militants belliqueux, très acerbes (Wade a appris à ses hommes à savoir se battre, à être osés et cela quoi qu’il leur coûte). Macky Sall le savait, il était l’un d’eux et d’ailleurs, était un des proches du roi. Forcer le barrage, le fils de Fatick sait le faire (on se souvient de son vote forcé sans carte d’identité lors des élections de 2007, il était encore un puissant premier ministre) c’est pourquoi il n’a pas tardé à appliquer la loi dans toute sa rigueur devant ses frères de parti.

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L’article 80 du Code pénal sénégalais était suspendu sur la tête de tout opposant, surtout celles des membres du PDS, telle une épée de Damoclès. Elle tranchera des têtes et pas n’importe lesquelles, Bara Gaye, Responsable politique, Maire de Yeumbeul, Coordonnateur du parti, par ailleurs Député. Même son immunité parlementaire n’aura servi à rien. Ainsi, le président de l’APR venait de sacrifier le long compagnonnage à l’autel de la politique. Au Sénégal, pour diriger le pays, il faut du courage et de l’intelligence mais surtout de la fermeté dans certaines décisions, n’en déplaise aux autorités coutumières et religieuses. Cette léthargie ou démocratie du silence va durer. Pendant ce temps, la nouvelle orientation politique fera son bonhomme de chemin. Le Plan Sénégal émergent sera présent dans les discours et le Président appelle ses détracteurs à un débat plus sain et élégant mais plus relevé, un débat économique. De ce point de vue, l’exécutif annonce déjà les couleurs en fermant la porte de la traque et ouvre la fenêtre des dépenses, de flux de biens, de services, de finances et de contrats. Cet appel et ouverture sans cesse croissant sera Ô combien bénéfique pour le monde politique du Sénégal et pour les citoyens. C’est à ce moment propice, qu’un homme nouveau, dans son discours, et plus tard on aura compris que son parcours l’était également, entra dans la scène politique. L’économie, la fiscalité et la marche d’une administration sont un secret de polichinelle pour l’ex-Inspecteur des Impôts et Domaines, Ousmane Sonko. Après avoir fait de brillantes études, réussi au concours de l’ENA (major) marqué par son empreinte indélébile la Direction générale des Impôts et Domaines, il choisit d’apporter sa pierre à l’édifice. D’emblée, il se démarque de la politique politicienne et traditionnelle telle que connue de la sphère politique. Inspecteur des Impôts et Domaines, haut fonctionnaire de son état, Ousmane SONKO a très tôt fait la 25

différence entre son statut d’homme politique et d’administrateur. Des dossiers sensibles et très compromettants seront le domaine de prédilection du Président de Pastef les Patriotes et parti d’opposition. Dans le site du Ministère des Finances, le Président de parti est attiré par une bourde, une anomalie : les députés ne paient pas d’impôt. En d’autres termes, l’impôt prélevé sur les salaires des députés n’était pas reversé au Trésor public. Cette information très alerte et patriotique frustre des députés. Ils réclament sa tête devant son Ministre de tutelle dans la Fonction publique. La presse, les politiques et les mouvements citoyens s’émeuvent de cette délinquance fiscale au sein de la deuxième institution de la République. Dans un État de droit et de démocratie, une si grande forfaiture nécessite impérativement une enquête. Lors d’une session de plénière à l’Assemblée nationale, plus précisément le 29 juin 2016, des élus du peuple, ceux de la majorité en l’occurrence le groupe parlementaire Benno Bokk Yaakar à sa tête Moustapha Diakhaté, demandent des sanctions contre l’élite de la DGID, Ousmane Sonko était encore Inspecteur des Impôts. Et dans ses explications que d’aucuns trouvent distantes du bon sens, le Ministre répondait en ces termes « Je le dis très clairement, aucun député ne doit de l’argent. Ce que le député perçoit, nous ne le considérons pas comme un salaire. Ils subissent une retenue à la source. Si un député nous doit des impôts, cela veut dire que tous les fonctionnaires nous en doivent. L’idée selon laquelle les députés doivent des impôts n’a pas de sens. Je voudrais vous rassurer. » Avant de renchérir sous forme de redondance ou d’insistance, c’est selon (une figure d’insistance peut passer pour une faute mais c’est l’intention du locuteur et le sens général de l’énoncé qui décident de la pertinence de ses formes, ici il ne s’agit pas d’une faute mais d’une volonté d’assurer son auditoire et cela peut ne pas tenir compte de la vérité mais de ce que veut montrer le locuteur) 26

« Les députes ne doivent pas aux Impôts et Domaines de l’argent. Cette affaire relève un peu d’une incompréhension ». En plus, il ajoute « c’est une situation regrettable découlant d’une mauvaise utilisation de l’information sur les dettes fiscales des agences et structures autonomes assimilées… » et finalement il accouche de l’essentiel « ce qui s’est passé l’État a dit à l’assemblée, à chaque imputation des impôts, verser cela à l’État. Je suis en tant que Ministre conscient que le budget de l’Assemblée nationale est insuffisant. » Pour peu d’attention, il est évident que l’impôt n’a pas été versé à la caisse de l’État et par lien de cause à effet, l’Assemblée nationale doit bel et bien de l’argent au Trésor public. On ne peut nier l’évidence. Au lendemain de cette session de plénière, le mis en cause Ousmane Sonko sur Rfm commentait ce qu’il appelle une contradiction « j’ai été un peu surpris et amusé d’ailleurs de voir mon grand frère Amadou Ba se prononcer sur cette affaire dans des termes qui frisent un peu la contradiction. Lui-même reconnaît l’existence d’une dette, parce qu’il parle de la mauvaise utilisation d’un document sur la dette des agents publics et des établissements publics » lui aussi, à son tour répond à l’assistance avec plus d’honnêteté « je me rappelle qu’un document officiel émanant de son ministère fait mention d’une dette de l’Assemblée nationale de 2,6 milliards. Que ce même Ministre revienne nous dire que l’Assemblée nationale ne doit rien à personne, voilà la contradiction. » Et enfin, il termina sa phrase en ironie « je comprends la posture, je sais qu’il a parlé sous la contrainte car depuis le début de cette affaire, des députés et politiciens de la majorité ont tenté de mettre la pression sur lui. » La lumière jaillit en pleine obscurité et montre la voie qu’il faut suivre, une voie, je le rappelle, ouverte par un appel du Chef de l’exécutif. D’outre-tombe, le père Kéba Mbaye applaudit. 27

Dans sa leçon inaugurale à l’université Cheikh Anta Diop sur « l’éthique, aujourd’hui », l’éminent juge Kéba Mbaye, père de l’ancien Premier Ministre Abdoul Mbaye, disait « l’éthique est désormais enseignée dans plusieurs universités, écoles et instituts. Il nous faut participer à ce mouvement. Il faut alors que nos institutions, dans nos organes, nos administrations, nos ateliers et nos bureaux, suivent cet exemple » pour ce qui est de l’éthique dans nos institutions le choix du Directeur d’un édifice public, d’un Ministre, doit être sous-tendu par enquête de moralité bien fouillée avec une dose maximale d’objectivité et d’impartialité. Les détournements de deniers publics, de même que les dettes fiscales doivent être combattus et la meilleure façon de le faire est de choisir des hommes de compétence et d’éthique. On parle souvent de la faiblesse des institutions en Afrique. En effet, bâtir un État de droit repose essentiellement sur des piliers. D’abord, souscrire dans une logique de séparation des pouvoirs dans laquelle chaque institution clamera son autonomie par sa gestion et son fonctionnement. L’Assemblée nationale, au-delà de sa traditionnelle mission de légiférer, de voter la loi de finances, doit être rigoureuse sur le contrôle de l’action du gouvernement, et de l’exécutif. Pour cela, le favoritisme et les courtisaneries doivent y être bannis. Aucune mainmise de l’exécutif ne doit être acceptée et tolérée. D’ailleurs, il y va du respect que l’on doit au peuple. Pour cela, le gouvernement doit s’inscrire dans une ligne de conduite définie par le Président de la République avec diligence et responsabilité. Chaque ministère et direction devra être sous la coupe d’une supervision sans complaisance. L’accès à l’information dans l’action gouvernementale doit être une priorité et un acquis. Quant à la justice, sa marche, son action, sa gestion, et sa politique ne doivent ni 28

être sous la coupe de l’exécutif encore moins d’un quelconque organe de l’État dirigé par l’exécutif. Le Conseil supérieur de la magistrature logé dans les locaux du palais de la République sape l’indépendance dudit organe. Les esprits les moins avertis ayant peu de notions sur la séparation des pouvoirs, et animés par une bonne intention basée sur l’Éthique sont tous réticents à la présence de l’exécutif dans cet organe combien important pour la bonne marche de la justice, s’il n’en est pas la clé de voûte. Il y va de son intégrité, de son existence et de sa totale indépendance. Toutes ces institutions ne sont pas tombées ex nihilo du ciel. Ce sont les hommes qui les font, qui les gouvernent, les font fonctionner et déterminent leur coloration éthique ou pas. Il ne serait pas indiqué de parler d’institutions fortes sans hommes compétents. La présence d’homme à la tête d’une institution ne doit pas être consécutive à ses pouvoirs - il n’en a pas, c’est l’institution la détentrice de tous les pouvoirs qu’elle lui délègue pour un temps déterminé par la durée du mandat dans l’exercice de ses fonctions – au contraire, elle ne doit se baser que sur deux aspects, une légitimité populaire, dans ce cas, c’est le peuple qui choisit et une légitimité technocratique, là ce sont ses compétences et expériences qui prévalent. Ensuite, dans les démocraties modernes, c’est-à-dire achevées, il faut inéluctablement une presse professionnelle et responsable, et aujourd’hui une nouvelle forme de quête de l’information suivie d’une clarification de l’opinion voit le jour et s’invite au métier du journaliste, les lanceurs d’alertes. Leur existence est à nier mais leur vulnérabilité est déplorable. Ils sont à la merci des charognards, du lion dormant qui peut se réveiller à tout moment et des subalternes du roi sans aucune protection. Réfléchir sur une loi qui les protégerait est une urgence, et serait une avancée démocratique appréciée.

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Parlant de la presse, les classiques abhorrent ce qui se passe sous nos cieux. Il est très facile de voir un organe de presse tirer à boulets rouges sur une personnalité, bâtissant son article sur du faux, du mensonge et de l’intoxication. Pour mieux comprendre de tels avilissements, il faut survoler Serge Halimi dans son ouvrage « les nouveaux chiens de garde » ou Pierre Bourdieu dans sa critique de la télévision ». Au Sénégal, la presse devra être mieux organisée pour combattre ces patrons de presse pro-gouvernementaux ou même membres du gouvernement qui ne diligentent leurs articles que pour un remplissage de leur besace sans vergogne et qui du reste ne paient pas leur personnel comme il le faudrait, l’exploitation est la réalité la mieux partagée dans ce milieu. Telle est notre vision de l’État de droit. L’épisode de l’Assemblée nationale est loin de connaître son épilogue. Les jours qui ont suivi cette mascarade, la mouvance présidentielle a traité de tous les noms d’oiseaux le président de Pastef les Patriotes, par ailleurs fonctionnaire à la DGID. Parmi les plus en vue c’est Moustapha Diakhaté, Moustapha Cissé Lô, aujourd’hui Mame Mbaye Niang, Madiambal Diagne, et une très grande partie de la presse dont Dakar actu, Leral.net, Yerimpost, L’observateur. Tour à tour, et d’un seul coup, toutes les flèches sont décochées à l’encontre de Ousmane Sonko. On se souvient encore des leçons de droit sur la déontologie et le droit de réserve dans la Fonction publique que Moustapha Diakhaté prétendait lui donner. Alors qu’à ce même moment, la direction de la DGID confie la rédaction du nouveau code de déontologie aux leaders des patriotes. Décidemment, le ridicule ne tue pas et en politique, il ne froisse même pas. Aujourd’hui, le discours politique est de plus en plus obstrué par l’arrogance et l’incompétence à la place de l’humilité. L’arrogance est le fait de se comporter avec mépris et insolence avec l’insulte facile à la bouche, la 30

prétention de gagner une élection au premier tour, ce qui est quasi impossible suivant la logique des sondages et même du constat de la situation politique. Lorsque l’on n’a pas d’arguments face à des critiques techniques et bien fouillées, le recours à l’arrogance devient la voie la plus facile. Ce caractère est au Sénégal la signature de beaucoup d’hommes politiques et de certains journalistes, aujourd’hui portant la tunique d’une dame de cour. Quant à l’incompétence, elle faufile entre les murs des entreprises, des bureaux, mais le plus souvent dans la cour des grandes gueules. Leurs discours sont plombés d’incohérences et de suffisance. La plupart des politiques portent en bandoulière dans leur gibecière ce vice. Pendant ce temps, la compétence, pas celle de façade, incarnée par un homme nouveau trace sa voie dans l’objectivité de la critique et se distingue par ses résultats. Elle est le fruit d’une bonne éducation de l’éthique d’une bonne conduite. En elle, se regroupe compétence et action, travail et abnégation, honnêteté et simplicité pour donner un cocktail dénommé vertu. Ce qu’on peut reprocher à cette personne porteuse de cette noble mission c’est de ne pas être pressée, de prendre son temps, de murir son plan afin d’agir en toute aisance. Ousmane Sonko en est le portrait parfait, en attestent ses multiples sorties bien dosées. Lesquelles sorties font toujours trembler ses adversaires et minimisent les chaises et bancs qui accompagnent le trône. La gouvernance sobre et vertueuse théorisée et longtemps voulue par les citoyens n’aura accouché que d’une souris. Des dossiers méconnus des Sénégalais s’inviteront sur la table, des discussions dont les plus en vue sont les contrats signés avec Petro Tim Limited et Timis corporation LTD. Cette magouille dans la plus haute discrétion sera découverte et dénoncée mais pas démantelée. D’où l’insistance du leader de la coalition Sonko Président de renégocier les contrats, une fois au pouvoir. 31

Le scandale sera d’abord révélé par le journaliste d’investigation Baba Aidara. Mais sera rendu public par l’ancien Président Me Abdoulaye Wade. Peu pour déranger les tenants du pouvoir, acceptons-le. Le contrat était signé en premier lieu par le père libéral sans aucune forme ni respect des procédures. D’ailleurs, la brillante Nafi Ngom Keita l’a dénoncé jusqu’à la dernière énergie sans parvenir à une annulation. Le tonitruant Ousmane Sonko se mêle dans la danse et dépièce les failles de ce dossier qu’il qualifie de gouvernance sombre et vicieuse. L’insupportable pression du génie de Sonko va sortir le gouvernement de ses gonds par une conférence de presse du reste très médiatisée par la Télé-État, la RTS. Les menaces se lisaient entre les lignes. Halte à qui s’évertuera d’en parler. C’était le 20 septembre 2016. Mais que nenni !!! « La menace d’État c’est l’apanage des faibles » écrit l’ex-pensionnaire de la DGID sur sa page Facebook avant d’y revenir quelques jours après par un point de presse. C’est le coup par coup.

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L’ASSEMBLÉE NATIONALE, UNE INSTITUTION EN BERNE

L’Assemblée nationale est une institution de contrôle, un pouvoir de régulation qui, dans les grandes démocraties, tempère les ardeurs de l’Exécutif. Ce rôle est assuré par le biais de son monopole de vote des lois qui s’appliquent à tous, y compris à l’exécutif, par la sanction positive ou négative de l’action gouvernementale, par les questions orales également. Le rôle de l’Assemblée nationale, mis à part celui de législateur, c’est donc de veiller au respect des intérêts exclusifs du peuple. La maxime « gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple » s’entend dans ce sens. Dans l’une des plus grandes démocraties du monde, les États-Unis, le Président élu Donald Trump est pur républicain. De surcroit, le congrès qui joue le rôle de contrôle et d’équilibre, est également en majorité composé de républicains. Et pourtant, récemment, ce congrès a désavoué le président sur le texte visant la suppression de l’Obamacare. Autrement dit, au-delà de la camaraderie de parti, les Républicains du Congrès ont désavoué leur propre Président du fait que sa décision ne servait pas, selon leur intime conviction, l’intérêt supérieur du peuple américain. Dans ce cas de figure, le Congrès joue son rôle avec une indépendance totale. Les membres de cette Assemblée sont visiblement plus préoccupés par les intérêts de leurs États respectifs, de leur peuple, que par la volonté du Président. Une si belle indépendance est la pierre angulaire d’une démocratie en marche. Tout le contraire de L’Assemblée nationale du Sénégal qui ne se donne même plus la peine de préserver un semblant d’indépendance. Dans cette auguste assemblée (mot qui a perdu tout son sens), plane l’imposante ombre du chef de l’exécutif, homme 33

providentiel par la grâce de qui l’on a figuré sur la liste des élections législatives du Parti au pouvoir, place qui assure presqu’immanquablement un siège bien gras. L’ambition du bonhomme ou de la dame se limite alors à remercier ce faiseur de roitelet. Rien à faire de l’équilibre des pouvoirs tant que la grosse bagnole force l’admiration des compatriotes et que les griots chantent en notre honneur. Montesquieu ne l’a pas vu venir, cette imposture démocraticide : même avec trois pouvoirs bien séparés dans l’esprit des lois, il est possible que l’avidité des uns et des autres dévie son idéal démocratique en une scène à la fois humoristique et tragique. Le trait d’humour réside, comme c’est la loi en la matière, entre ce qu’un observateur devrait s’attendre à voir et la chute ubuesque de la scène, entre le sérieux et la solennité dont est censée se parer l’Institution et les querelles de borne-fontaine qui ponctuent ses séances. Du genre « Tu es une sorcière », « tu t’es tapé toutes les filles de Dakar », et puis quoi encore !!! Le tragique est dans le désespoir, réprimé par le Peuple, dont la confiance se voit une fois encore trahie. L’Assemblée nationale est l’arrièrecour où pavanent le Gouvernement et ses Ministres tandis que les députés s’empressent de joncher leur marche à la fois victorieuse et funèbre de confettis. Le seul bémol de ce requiem pour le repos des aspirations du Peuple vient d’une minorité qui, du reste, est toujours malmenée. Combien de fois le ridicule a pris le dessus sur des questions d’ordre national au sein de l’hémicycle à cause des mascarades, des baumes bien adoucis entre l’exécutif et les députés de l’ubuesque liste marron-beige ? Il est vrai que le député puise son honorabilité dans la mission que lui a confiée le peuple à travers sa coalition, son parti, ou sa liste indépendante. Donc normal que la politique de la coalition ou parti soit soutenue par le député par ailleurs personnage politique. Il est évidemment nécessaire que l’élu en dehors de l’hémicycle mène ses activités politiques pour 34

l’évolution de son parti. Toutefois, cette haute Institution ne doit être la terre conquise d’aucune obédience politique, si ce n’est l’empire de la vérité du Peuple souverain. Elle ne se nourrit que de la volonté du peuple, de son bien-être et de sa santé sociale. Ce qui veut dire, en outre, qu’une fois à l’Assemblée nationale, seul le peuple compte, ni les militants d’un quelconque parti, ni l’exécutif encore moins des sympathisants ne priment. Le député ne doit pas s’identifier ni s’intéresser à la volonté du chef de l’État en cas de vote de budget ou de contrôle d’une action gouvernementale. Son guide, l’unique et le seul, est l’intérêt que peut apporter une telle décision pour l’espace démographique circonscrit et représenté, le département. Le vénéré guide Mame Abdou Aziz Dabakh (Rta) l’a dit et rappelé durant tout son vécu. Il manque encore au pays des visionnaires comme Dabakh. Sa culture de la gestion de la cité, du rôle des institutions de la politique de l’exécutif et des décisions prises sont toujours dirigées vers l’intérêt du bas peuple, ce peuple qu’il mettait au centre de toutes les préoccupations et dont les politiques se soucient peu. La pensée de ce Saint homme devrait servir de bréviaire à tout élu. Avant de voter une quelconque loi, aussi réduite de portée qu’elle soit, le député doit se souvenir des mises en garde de « l’homme de consensus ». Et là encore la question de la méthode choisie pour élire un député est à revoir. C’est la démocratie qui en gagnerait. Au Sénégal, l’opposant et candidat à la magistrature suprême pose des actes de manière rationnelle. L’idéal démocratique et de gouvernance sont purs dans son esprit fécond. Les questions d’ordre institutionnel et républicain sont la préoccupation ses préoccupations car, les tenants de l’exécutif sont frileux à toute procédure démocratique pouvant réduire leurs prérogatives. Ainsi, le processus de démocratisation est freiné par la majorité, ce que dénonce la minorité. 35

Malheureusement, cette majorité détenant tous les moyens, impose et dicte son bon vouloir avec un raccommodage des lois et normes à sa juste mesure comme le ferait ce couturier qui coud une robe taille basse en fonction des formes de la cliente. Du sur-mesure quoi, le parrainage en est une parfaite illustration. Quant à la minorité ou opposition, elle ne cesse de crier gare face aux agissements réactionnaires de la majorité qui s’est faite une loi de taille balèze. Et pourtant la vérité sort de la bouche de cette minorité aux formes chétives mais combattante. Ce rappel des épreuves de force entre ceux qui sont du côté de la vérité et le pouvoir tire son essence de la situation politique du Sénégal depuis la crise de 1962 entre Mamadou Dia et Senghor. Le pouvoir, dans la préservation de ses intérêts, élimine tout pourfendeur et là, de Mamadou Dia à Cheikh Anta Diop passant par Omar Blondin Diop la liste est longue. De 1960 à 1980, le Président Senghor a brisé des carrières, emprisonné des politiques et écarté des récidives. Qu’est-ce que Me Abdoulaye Wade n’a pas subi du régime de Diouf. Toutes sortes de diabolisation allant du musellement à l’emprisonnement, de la violence à des pertes de vies humaines. De 2000 à 2012, combien de politiciens ont été victimes du régime de la première alternance. Combien ont été largués, trahis, insultés, emprisonnés et forcés soit à l’exil soit à la démission ? Idrissa Seck en est une preuve même si ce dossier, chaque fois qu’on l’aborde, fait encore jaser. L’actuel Président Macky Sall, victime d’un coup d’État institutionnel, une autre. Lui aussi, le républicain n’a-t-il pas, malgré tout, pulvérisé le record peu glorieux des opposants envoyés à la citadelle du silence ?

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RAPPELONS-NOUS Les Sénégalais oublient vite, ils ont une mémoire du présent, le passé est toujours rangé aux oubliettes, le futur se nourrit de l’espoir. Pourtant, c’est la conjugaison du rappel du passé par sa richesse, sa référence et ses belles leçons qui font le présent et détermine le futur. « Un peuple sans passé ni histoire est un monde sans âme » disait souvent Cheikh Anta Diop. Malheureusement, le sénégalais ne mesure toujours pas la détermination du passé dans ses combats du présent pour un futur glorieux. Pour aller de l’avant, il faut toujours se souvenir d’hier, de son vécu, des faits, des combats, des victoires et des défaites, des réussites et des échecs, des acquis et des promesses. Il ne faut jamais se couper de son passé, il est le fil conducteur par lequel l’être humain s’identifie, se reconnait, se retrouve et bien sûr pour prendre des décisions. Alors, rappelez-vous des discours du candidat et Président Macky Sall lors des joutes présidentielles de 2012 ou tout juste après son élection à la tête de l’État du Sénégal. « A l’APR, la patrie importe plus que le parti. Avec les responsables, les militants et militantes de l’APR, ce n’est pas de partager le pouvoir, nous devons instaurer une démocratie véritable qui ne soit pas seulement un slogan, nous devons faire en sorte que l’équilibre des pouvoirs soit respecté au Sénégal, nous devons faire en sorte que tous les citoyens soient égaux devant la loi ». Et que dire des martyrs, ceux qui se sont battus pour un Sénégal meilleur et équilibré. Voici ce qu’en disait le Président lors d’un meeting à la place de l’obélisque « je voudrais m’incliner devant la mémoire de nos compatriotes qui sont tombés aux champs d’honneur pour défendre notre 37

constitution et notre démocratie, je voudrais remercier très chaleureusement le peuple sénégalais, nous sommes ensemble tout près d’écrire une nouvelle page de l’histoire politique du Sénégal ». Et il avait pris des engagements « nous voulons un Sénégal nouveau, une République nouvelle, une République où ce drapeau aura un sens, une République refondée basée sur des principes et sur des valeurs qui reflètent notre société, nous sommes des Républicains et des démocrates. Il faut que tous ces petits apprentis sorciers endiablés du palais arrêtent de provoquer le peuple sénégalais » Et pourtant, il a été victime du régime de Wade, le peuple dans son entièreté croyait nourrissait d’espoir. D’ailleurs le président l’avait dit « vous savez moi-même j’ai été l’objet d’une violence institutionnelle de la part du pouvoir dans laquelle j’étais. Puisque j’ai été élu au même titre que le Président de la République en tant que Président de l’Assemblée nationale pour 5 ans. Mais le pouvoir face aux contradictions internes a toujours voulu utiliser la méthode forte pour remettre en cause des mandats électifs. La République est en danger la démocratie menacée ». Avant de conclure « Un tel pays qui a connu toutes les batailles, l’esclavage, la colonisation, qui est venu à l’indépendance en 1960, qui a connu des étapes décisives de son parcours politique, c’est une décadence démocratique donc la république, elle-même, est menacée par une patrimonialisation de l’État, une confusion des rôles entre celui qui incarne la fonction du Chef de l’État et l’État luimême. » Qu’est-ce qu’une République ? Comment devrait-elle marcher ? Le président avait répondu : « la République c’est des institutions fortes, la République c’est l’équilibre entre les pouvoirs, qu’il s’agisse du pouvoir exécutif incarné par le Président de la République et son Gouvernement, du pouvoir législatif incarné par la représentation nationale à travers 38

l’Assemblée nationale ou encore le pouvoir judiciaire à travers les cours et tribunaux, il faut qu’il y ait un équilibre. Mais lorsque toutes les institutions s’effondrent devant une seule personne qui fait et défait selon son bon vouloir, nous ne sommes plus en République, nous ne sommes plus en démocratie et aujourd’hui, c’est le plus grand danger qui guette le Sénégal qui mine jusqu’à l’existence de sa République si on laisse faire…la démocratie suppose la bonne gouvernance. Que ceux qui ont été investis des missions publiques sachent qu’ils doivent rendre compte des pouvoirs qui leur ont été confiés. C’est naturel. Mais lorsque, dans un pays, exiger que des comptes soient rendus devient un crime, ce pays est en danger. Au lendemain de la victoire de ce régime, le discours du 3 avril 2012 sonne encore telle une utopie. C’était vraiment beau pour être vrai. « Je tiens à ce que toutes les femmes et tous les hommes qui m’accompagnent dans l’exécution du contrat de confiance qui me lie au peuple comprennent et acceptent que cette mission ne crée pas une catégorie de citoyens privilégiés au-dessus des autres et de la loi. Au contraire cette charge se décline en un sacerdoce sans ambiguïté, il est question de servir et non de se servir. Déjà, comme vous le savez, j’ai décidé de ramener à 5 ans le mandat de 7 ans pour lequel je suis élu sous l’emprise de la constitution. Je suis contre la corruption…à tous ceux qui assument une part de responsabilité dans la gestion des deniers publics, je tiens à préciser que je ne protégerai personne, je dis bien personne ; je m’engage fermement à ne point déroger à cette règle. Concernant un deuxième mandat, la spontanéité d’alors était loin de ce que les Sénégalais vivent aujourd’hui. Là encore, le Président nouvellement élu affirmait « je ne changerai rien qui pourrait entraver le redressement du pays, quelle que soit l’opposition à laquelle je ferai face ou des volontés de résistance qui s’obstrueront devant nous. 39

L’injustice sera un vieux souvenir. Que cela soit clair. La justice sera là pour tous. Que ceux qui ont la même vision que moi, ceux qui sont dans la même coalition ou ceux qui sont des opposants sachent que la loi sera égale pour tous. Ça importe peu que je sois réélu. Je suis dans une mission. » Et pourtant Me Wade a payé les disgrâces de son dédit. Malheureusement, c’est dans la même veine que se présente l’actuel Chef d’État, sans sourciller. La réduction de ce mandat n’a jamais eu lieu prétextant un avis non favorable du Conseil constitutionnel. Était-elle réellement voulue ? Et là, il faut approuver la sincérité de Moustapha Cissé Lô qui depuis le début montrait sans réserve son désaccord sur ce point car lui aussi sachant qu’un tel discours n’était en réalité qu’une coloration politique et rien d’autre. Le temps, ce juge indéfini, inqualifiable, et qui échappe à l’usufruitier qu’est tout président de la République, nous l’a bien montré. La reddition des comptes est un élément fondamental dans la gestion des biens publics, il est inacceptable dans un pays PPTE que l’on accepte la dilapidation des ressources nationales au service d’un parti, d’une coalition ou d’un pouvoir. Pourtant, malgré cette idée directrice, substance de long en large de son discours de campagne, aujourd’hui combien de transhumants font partie de ceux que le candidat Macky Sall appelait des apprentis sorciers, combien de transhumants ont dilapidé nos fonds et qui ont cherché et obtenu une protection auprès du régime en place. Il y a bien des citoyens de degrés supérieurs au sénégalais lambda. Et cette supériorité contraire à l’idée d’une République tant vantée émane du fait de la manière dont un chef de l’exécutif, par ailleurs, garant du respect des lois et leur application, de la constitution et de son intangibilité, la clé de voûte de toutes les institutions, gère ses dossiers en fonction de votre position politique de votre affaissement. Soit vous êtes avec lui, vous pouvez servir pour l’obtention d’un mandat supplémentaire, vous êtes dans ce cas sous protection, 40

soit vous êtes opposés à sa vision, à sa politique et luttez pour dénoncer ses dérives et par extension déconstruire une possibilité d’un nouveau mandat vous êtes persécutés, combattus. Et le pire dans une telle politique de mise en quarantaine de l’opposition, c’est le discrédit des organes de contrôles de l’État. En effet, l’instrumentalisation d’une institution d’un État écarte l’institution en question de son objectif et de sa mission première pour l’enfoncer dans une frivolité, une légèreté et un simplisme qui rabaissent sa valeur et sa dignité. Cette position tournoyante donnant l’image d’une branche d’arbre virevoltante selon la direction du vent blesse la démocratie, la bafoue avant de l’enrouler vers le bras car ne pouvant plus tenir à la force du vent, elle finira par terre à l’image de la branche qui, elle aussi, finira sans doute par se casser. Si nous en venons au patriotisme économique les entreprises locales avaient de l’espoir suivant toujours la logique des promesses du candidat de Benno BokkYaakar où ce dernier affirmait « concernant le patriotisme économique, le développement d’un pays est inhérent à un protectionnisme. Prenez le cas de l’Afrique du Sud au lendemain de l’apartheid, Mandela pour réduire la pauvreté avait proposé une loi qui exigeait à toute société une part de 35 % de ses ressources au bas-peuple. Nous aussi nous devons faire comme tel c’est-à-dire exiger aux entreprises étrangères d’intégrer un capital national ». Ce qui s’est réellement passé et qui se passe encore au Sénégal est un changement à 360°. Les accords de partenariat économique tuent sans pitié les sociétés locales et font perdre à l’État des montants exécrables d’impôts qu’il aurait pu utiliser à bon usage au lieu de s’endetter davantage. Il ne faut pas être économiste ou expert pour dénoncer cette honteuse décision. Comme le pouvoir rend fou !

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SUR OUSMANE SONKO « La vertu c’est cette force avec laquelle l’individu s’attache à son devoir et le réalise » Aristote Comme nous l’apprend le site Internet pasteflespatriotes.com, Ousmane Sonko est né le 15 juillet 1974 à Thiès. Si la science se détermine, s’identifie et évolue en fonction des recherches basées sur une logique et une cohérence, l’histoire se fait, se construit et suit la logique de l’évolution des hommes et, bien sûr, de leur invention et décision, pour dire que ce sont les hommes qui font l’histoire. L’année de naissance de Sonko symbolise l’émergence de nouvelles idées sur le plan politique pour le jeune État du Sénégal, marqué entre autres par la rupture avec le parti unique jusque-là incarné par le pouvoir, suivi de la naissance du multipartisme limité c’està-dire une ouverture vers 3 courants idéologiques définis par le président d’alors, Léopold Sédar Senghor. Pendant deux ans, une réflexion sera portée sur la manière d’instaurer le multipartisme sans prendre le risque de tomber dans les périls ethniques ou confrériques. Question pertinente à l’époque et aujourd’hui d’ailleurs, car en Afrique subsaharienne la création d’un parti politique peut avoir un relent social, ethnique, religieux ou confrérique. Le rétroviseur montrait encore le Sénégal d’octobre 1962 où la cohésion sociale avait déjà subi les lacérations de la dualité au sommet de l’État entre Mamadou Dia et Senghor. Ce qui avait conduit à l’emprisonnement de Dia et de tous ses sympathisants détenteurs d’une parcelle de pouvoir dans le fonctionnement de l’administration En son premier alinéa, la loi de 1976 dispose que « les trois partis politiques autorisés par la constitution doivent représenter respectivement les courants de pensées suivants :

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 Libéral et démocratique  Socialiste et démocratique  Communiste ou marxiste-léniniste Cette ouverture au multipartisme qui consacre le socialisme incarné par le parti au pouvoir (Parti socialiste), le libéralisme de Me Abdoulaye Wade (Parti démocratique sénégalais) et le communisme de Majmouth Diop (Parti africain pour l’Indépendance) marquera une nouvelle ère dans le jeu démocratique. Ensuite, le lieu de naissance du Président de Pastef est un bastion déterminant dans l’échiquier politique. Le département de Thiès est connu pour sa culture de l’idéologie, de la contradiction politique et de la révolte pour ne pas dire rébellion. Abdou Diouf a toujours vu Thiès sous cet angle. Sa célèbre phrase destinée à la jeunesse de la commune suite à des échauffourées ayant conduit à des jets de pierre en 1988 l’affirme bien “Thiès, une jeunesse malsaine”. Naturellement l’échec de l’accueil d’un Président de la République dans un lieu précis est toujours analysé sous l’œil d’une combine émanant de l’opposition. Or, en réalité, pour la plupart, de telles réactions sont la simple résultante de plusieurs maux sociaux. La situation de l’étudiant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar colorée par une insécurité de plus en plus soutenue, une fatalité sociale définie par les réformes universitaires et surtout par la grève ayant occasionné la mort de l’étudiant Bassirou Faye dont le procès tardait encore à s’ouvrir avait conduit à l’indignation et à la frustration dans le campus social. Le caillassage de la voiture présidentielle, quoiqu’antirépublicain, entre dans ce sens et nullement la marque d’une opposition farfelue. La politique politicienne voulait que l’on oriente les causes vers la politique. C’est dans cette ville hautement politique où sa jeunesse est réputée rebelle et courageuse, où beaucoup d’intellectuels 44

et de leaders de ce pays sont nés et où les populations ont la culture d’opposition, qu’est né le désormais ex-Inspecteur des Impôts et Domaines. Il ne peut faire entorse à la règle. L’histoire se répétait offrant une fois de plus à la ville la naissance d’un leader honnête et brillant. Un autre fait du destin peut également stimuler la pensée du curieux, du scientifique et de l’historien. L’année de la naissance de Ousmane Sonko, 1974, coïncide avec la libération du Président Mamadou Dia après 12 ans de détention pour une faute qu’il n’a pas commise pour reprendre Emile Zola dans sa célèbre lettre “J’accuse” où il défendait le soldat Dreyfus. Est-ce la raison pour laquelle le siège du parti Pastef porte le nom de l’enfant de Khombole ? Seul le bureau politique du parti pourrait en répondre. Est-ce la raison qui a poussé les cadres du parti à s’inspirer des idées de Mamadou Dia ? Non, la cause est plus profonde et bien plus grande que la modeste personne de l’enfant de Thiès. Nous y reviendrons plus amplement. Après ses brillantes études primaires moyennes et secondaires sous le soleil ardent de la Ville du Rail, de Sébikotane et aussi sous la luxuriante végétation de la région du Sud, la Casamance dont il est le fils par la lignée de son père, la future victime du régime républicain entre à l’Université d’excellence Gaston Berger en 1993. Dans cet illustre temple du savoir - à l’époque, seuls les bacheliers d’un excellent niveau y étaient admis - que Ousmane Sonko fera sa formation en droit public. Aujourd’hui, ce prestige s’effrite de plus en plus, la crise universitaire et la faiblesse du niveau des élèves et des étudiants sont passées par là. Alors que jusqu’à une époque récente l’université était le lieu par excellence de la contradiction, de la recherche et des appartenances politiques. Très perspicace, Sonko va se limiter à la recherche, aux débats et à la perfection de sa conduite mais va s’éloigner des querelles politiques pour des raisons simples. Il ne se voyait 45

dans aucune pensée de ces personnalités politiques qui, au demeurant, utilisaient les jeunes à leur guise sans jamais se soucier réellement de leur devenir. Il sera membre actif de l’Association des Élèves et Étudiants Musulmans du Sénégal pour situer sa foi et renforcer sa personnalité religieuse. Militer dans une association telle que l’AEEMS peut nourrir l’espoir du jeune militant. En dehors de l’aspect religieux, elle forme ses membres à l’amour du pays, à la citoyenneté, à l’honnêteté, au courage, au travail, à la modestie (la chose la moins partagée chez les politiques), au respect, à l’humilité et à tant d’autres qualités qui s’enrobent dans le cercle restreint de la vertu. Cette école de formation et de préparation à la vie devrait, par ailleurs, être promue pour une meilleure sensibilisation des jeunes aux valeurs cardinales de la réussite et de la République. Combien d’Intellectuels, d’Imams, d’Entrepreneurs, de Chefs d’entreprise, de Cadres, de Professeurs sont sortis de cette organisation ? Le chiffre ne peut être exhaustif. Parmi eux, Ousmane Sonko. Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années ». En 1999, le pensionnaire de l’université Gaston Berger décroche sa maitrise en droit public après un travail sérieux basé sur une compétence technique, structurée et avérée. Cette année, l’École nationale d’Administration (ENA), l’une des plus prestigieuses écoles du pays annonce son concours d’accès à la fonction publique. Le jeune Maitre en Droit se présente au concours et, au final, est major de sa promotion. Il réussit là où bon nombre de politiciens et de cadres ont mordu la poussière avant de s’engager en politique. Pour sûr, il ne l’a pas embrassé par facilité, y étant entré par choix et non par non-choix. Pour sûr, il a son propre métier, et pas des plus accessibles. La période 1999 à 2001, correspondant au changement de régime sous le vent de l’alternance. Pendant ce temps, Ousmane Sonko suit sa formation à la section Impôts et 46

Domaines. « Sous les mêmes soleils », le président Macky Sall jouissait d’un poste politique, il est « nommé » Directeur de Petrosen, ensuite Ministre de l’Industrie et des Mines. Si la politique offre des privilèges très juteux pour un temps bien défini, celui d’être au pouvoir et d’avoir le vent en poupe, le grade d’Inspecteur des Impôts et Domaines octroie également un niveau de vie appréciable, bien qu’à des proportions moindres que l’homme politique. Cette situation sociale enviable du fiscaliste n’est pas née d’une décision de la hiérarchie, c’est un combat de longue haleine, un vrai parcours du combattant. En effet, jusqu’à une époque pas lointaine, les inspecteurs et contrôleurs des impôts et domaines n’avaient pas cette situation reluisante leur permettant d’être à l’abri de la corruption au vu de leurs revenus mensuels. Il n’était pas également permis ni concevable que ce corps d’élites s’organise en syndicat sous peine de pouvoir étouffer l’économie du pays en cas de nonsatisfaction d’une requête comme nous le voyons dans les autres corps dont les plus en vue sont ceux du système éducatif. Pour sortir de cette décadence programmée, deux alternatives s’offraient aux pensionnaires de la DGID, se battre pour l’amélioration de leurs conditions ou se livrer à la corruption. Ousmane choisira la première alternative qui est plus complexe et plus difficile. Se battre pour l’amélioration des conditions de travail des agents du service des impôts est une mission ardue parce que d’une part, au sein de l’Administration, « se battre » tout simplement est risqué. L’une des règles les plus basiques du système administratif de l’emploi, en vigueur au Sénégal, est celle de la hiérarchie. Les fonctionnaires évoluent dans une structure censée obéir, de la tête au pied, à un seul supérieur, par le truchement du principe de la hiérarchie, semblable à celle militaire. Dans ce système sorti de la botte autoritaire de Napoléon, les têtes qui dépassent ne prospèrent pas. Tout 47

doit être uniformité et obéissance. D’où la grande difficulté de l’entreprise dans laquelle Sonko s’engagea, à ses risques et périls. Dans une telle configuration, il arrive souvent que des têtes brulées aient assez de répondant pour remuer les rangs, échappées au couperet du Conseil supérieur de la Fonction publique. Le mérite de ces exceptions est de savoir faire preuve de courage, mais aussi d’intelligence, pour ne jamais se mettre en porte-à-faux avec la Loi. Cependant, si pour sortir du lot de syndicalistes qui s’activent dans tous les secteurs de l’Administration sénégalaise et se hisser au rang de cette minorité, il faut plein de jugeote et de tact, il en faut encore plus pour faire ce que fit le syndicat des Impôts et Domaines dirigé par Sonko. Il fallait, pour porter avec succès le combat de l’amélioration des conditions de travail des travailleurs de l’administration fiscale, faire face à la ruse du politique, prompt à infiltrer certains mouvements de contestation pour semer la graine de la discorde en son sein, souvent en faisant dans l’entrisme, en prendre le contrôle par des pions tapis dans l’ombre et mener droit au mur le mouvement qui commençait à faire bouger les lignes. La vieille maxime « diviser pour mieux régner » est le sceau le plus commun de l’action de nos politiciens devant leurs adversaires de tous bords. Enfin, à ce faisceau d’obstacles, s’ajoute une dernière, et pas des moindres : la corruption des leaders syndicaux. Vivant dans des conditions difficiles, faisant souvent face à des adversaires même dans leur propre camp, le syndicaliste a vite fait de trahir ses idéaux parce qu’après tout, à quoi bon ? Quelqu’un a réussi à vaincre devant une telle machine à broyer du syndicaliste, a fait preuve de courage, d’intelligence, d’intégrité, qualités que lui reconnaissent tous ses pourfendeurs et surtout, utiles à tout dirigeant. Ousmane Sonko incarne cet homme. 48

Aujourd’hui, le statut de l’Inspecteur des Impôts et Domaines a connu une nette amélioration. Et cela par la dextérité du fondateur du syndicat des fiscalistes. Après cette vie associative riche en challenges et en réussites, le fiscaliste, en homme très démocrate, va céder le fauteuil du Secrétariat général du Syndicat Autonome des Inspecteurs des Impôts et Domaines en 2012 pour être à la même année Président d’honneur du fait du travail colossal accompli. Pendant ce temps, le pays vivait une situation calamiteuse, le peuple se battait pour le respect de sa Constitution suite aux événements du 23 juin 2011, rejetant le projet de révision de la charte fondamentale du pays. Partis politiques, organisations de droit de l’homme, de société civile et de justice se regroupaient comme un vaillant homme pour s’opposer à Me Wade. Après le succès du 23 juin, le débat se posait sur la constitutionnalité de la candidature du président sortant. Les 5 sages du Conseil constitutionnel avec, à sa tête, feu Moustapha Diakhaté, faisaient l’objet de convoitise. Tous les esprits étaient tournés vers la suite qu’il allait donner à cette candidature. Pour mettre la pression sur ces constitutionnalistes, il y avait la rencontre internationale des experts au Méridien Président sur la validité ou non de la participation de Me Wade à l’élection présidentielle. Bien sûr c’est Wade qui les avait invités, leur position était unanime, la candidature était bien recevable. Il fallait préparer l’opinion à accepter la décision des Sages. Sans aucune surprise, elle sera acceptée et non sans conséquences. Des pertes en vies humaines seront notées. Les treize autres candidats vont signer un pacte pour combattre cette décision et non pas aller en campagne. Macky, vraie bête politique, ne va pas se soumettre à ces gribouillages, il fait le tour du pays, la suite est connue. La deuxième alternance n’aura pas changé grand-chose. Le discours était trop beau pour pouvoir être réalisé. Il 49

demandait juste de l’éloquence et était produit par des experts mais l’essentiel, les compétences, étaient inertes. Elles sont le socle qui détermine la suite du discours, l’action. Malheureusement l’expertise devenait de plus en plus une denrée rare pour ce nouveau régime. Était-il préparé à atteindre ce stade ? On ne peut en douter, les tournées et campagnes le montrent à suffisance. La réponse est plus profonde. Mais les tergiversations et tâtonnements continuaient et se succédaient. Cette situation alarmante de la gestion de l’État était un argument et pas moins rigide pour l’opposition. En bon pays démocratique, le contre-pouvoir était assuré. Idrissa Seck claqua la porte et affaiblissait la coalition Benno Bokk Yaakar. Le syndicaliste opta à nouveau, un choix décisif dans sa vie, il décida d’apporter son expertise, son expérience et compétence au service d’un Sénégal meilleur. La politique était la seule alternative. Il créa sa propre voie, celle de la bonne gouvernance. Toutefois, cet engagement dans un milieu où tous les coups sont permis, un espace où la trahison est juste un choix non condamnable, un cercle vicieux où les partenariats, les compagnonnages et amitiés sont corrélatifs à des intérêts personnels, à des postes juteux, à des combines, des magouilles, des deals, des calculs et considérations hypocrites, est un choix si noble et si courageux mais à risques. Cette témérité et cette imprudence, cette responsabilité et cette noblesse, cette honnêteté et cette probité, cette loyauté rigoureuse devaient prendre forme dans un espace hostile à de si grandes valeurs qui sont considérées comme archaïques et trop parfaites pour un être humain. Ousmane Sonko, à six mois de ses 40 ans, âge mûr selon les oulémas, âge de la maturité de l’esprit, de la conscience et de l’intelligence, entra dans la politique. C’était en janvier 2014, le parti Pastef naissait.

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La création du Parti Pastef Le contexte dans lequel Pastef est né voyait l’opposition engluée dans une véritable léthargie à l’image de l’économie qui tardait à décoller malgré la baisse du prix baril du pétrole sur le marché mondial. S’il y a réellement une note d’excellence à attribuer à ce régime, ce serait la démarche réductrice entamée contre les opposants ayant abouti à un contre-pouvoir passif. Que de dossiers compromettants soulevés contre quiconque se hasarderait à manifester son hostilité et son manque de respect ou de reconnaissance au régime actuel. Après la réussite de la mise en quarantaine de l’opposition, il fallait rassurer les Sénégalais par une diminution drastique du coût de la vie, de la pauvreté et surtout honorer tant soit peu le discours de campagne sur la question de la jeunesse par une création de 150 000 emplois par an. D’après le dernier recensement de l’Agence nationale de la Statisque et de la Démographie, le taux de chômage est de 15,7 % pour les populations âgées de 15 ans et plus. En effet, pour régler ce problème crucial, l’autorité gouvernementale changea de programme politique passant du YoonouYokkuté au Plan Sénégal émergent, le nouveau référentiel des politiques publiques produit par le cabinet privé Mc Kinsey d’un coût de 2,5 milliards de FCFA. Ce qui a conduit à la rencontre de Paris après plusieurs renvois. Les idées de la création de Pastef sont parties de la fin de l’année 2013. Les discussions, la création du manifeste et la création de l’organigramme se sont déroulées entre octobre, novembre et décembre de la même année. C’est vrai, l’assemblée générale a été tenue en janvier 2014, mais tout le travail préparatif s’est fait en 2013. Ousmane Sonko était, comme d’autres personnes, membre du comité d’initiative. Là une précision s’impose Ousmane Sonko n’a pas créé Pastef, ce n’est pas par ce qu’il était en colère, pas par ce qu’il voulait une responsabilité, par ce qu’il était déçu de sa carrière qu’il a voulu créer Pastef. 51

Pastef est une création collective, et c’est ce même collectif après avoir discuté sur les bases et fondements du parti qu’a été choisi celui qui devait être à la tête, le président du parti. C’est alors que les membres ont choisi Ousmane SONKO. Là encore, pour la première fois lorsque son nom est sorti, il a gentiment et de manière très courtoise décliné en ces termes « nous sommes un comité avec plusieurs personnes et qui avait une dignité égale et une compétence égale donc il fallait que l’on choisisse quelqu’un d’autre. » Le comité n’a pas hésité à lui rétorquer que « justement, c’est par ce que nous avons tous une dignité égale et une compétence égalitaire que nous avons porté notre choix sur toi ». C’est par là que Ousmane Sonko a accepté et est devenu le Président de Pastef les patriotes. Par sa réaction, il serait important de rappeler une écriture sainte, un hadith rapporté par le prophète (PSL)… La grande question que beaucoup de gens se posent aujourd’hui et, malgré les réponses déjà données, est qu’estce qui avait motivé ce groupe de fonctionnaires et d’hommes d’affaires a créé un parti. Ce serait aventurier de dire que tout le monde avait la même motivation mais d’après les témoignages recueillis et le constat qui s’en est suivi, tout juste après la création, parmi ce comité, il y avait des membres qui ont déserté et qui ne venaient plus aux réunions, et ne répondaient plus aux appels, ne participaient plus aux discussions internes et cela jusqu’à ce jour. En langage plus simple, ces personnes ont dévasté le champ. Dans les réunions préparatoires, les gens discutaient et se demandaient toujours si c’est ce Sénégal que nous vivons à l’instant présent est ce Sénégal que nous voulons pour nos enfants ? La réponse était non. Après, une seconde question est venue, est-ce que les membres de ce comité n’avaient rien à faire ? La réponse était oui, il y avait bien sûr quelque chose à faire. Dans ce cas, qu’est-ce qu’il faudrait faire ? Se demandait le groupe. Ils ont décidé de ne plus être dans les 52

contestations de salon ou les commentaires du dimanche, ils ont décidé d’être des acteurs réels du changement. Finalement c’était décidé qu’il fallait réagir mais avec quel canal et comment réagir. Fallait-il créer un mouvement ou un parti politique ? Ils ont décidé de balayer d’un revers de la main la création de mouvement pour une raison toute simple. Les mouvements avaient tous les défauts et tares des partis politiques mais n’en avaient pas la qualité essentielle, c’està-dire aller à la conquête du pouvoir et impulser un changement. Sur ce, institutionnellement, il fallait un parti politique. Mais dans quel parti ? Entrer dans un parti politique ou créer son propre parti ? Fallait-il rejoindre les partis politiques ou fallait-il créer son propre parti ? Le constat d’alors, et qui est toujours d’actualité, est qu’en général, les partis politiques sont responsables de ce que vivaient et vivent toujours les Sénégalais donc intégrer ces partis politiques ne pouvait pas garantir dans un avenir immédiat ou proche les changements qu’ils voulaient impulser. Aussi, c’est connu, les partis politiques sont un système traditionnel, une organisation formatée à fonctionner d’une certaine manière qu’une individualité comme Ousmane Sonko, Biram Souley, Bassirou Diomaye ou Abdoulaye Dieng interviennent pour changer cette organisation était à la limite anachronique et inconcevable, voire impossible. Donc, le mieux à faire, c’était clairement de créer une autre organisation en face de toutes ces autres organisations pour montrer que la politique peut se faire de manière très juste, de manière très différente de la façon dont on en a toujours fait au Sénégal. Ainsi, ils ont décidé de créer quelque chose de totalement différent. Il faut également rappeler que dans le mandat que ce comité avait reçu, il était précisé qu’il fallait sous une courte durée montrer que Pastef existait et était totalement différent de ce qui existait avant

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lui. C’est dans ce contexte politique que Pastef les patriotes est créé et à la tête de sa présidence, Ousmane Sonko. C’est à la fin de l’année 2015 et début 2016 avec les révélations des scandales sur les signatures des contrats miniers que le grand public a fait connaissance avec Ousmane Sonko. On le qualifie très tôt de lanceur d’alerte. Expression galvaudée que Biram Souley, membre du comité des cadres, réfute. Pour lui, le problème c’est quand on a un système et que l’on apporte quelque chose aux gens, il faut d’abord leur montrer les tares du système qui est là, donc une forme de déconstruction et, ensuite, montrer quelque chose de différent, c’est-à-dire une vision. Et tous les partis politiques au moment de s’engager avait dit qu’ils allaient apporter quelque chose de différent, mais que nenni. Quand Pastef est venu avec son mandat, les membres fondateurs ont compris que leur engagement et les objectifs assignés à cet engagement seront extrêmement complexes mais pas impossibles. C’est ainsi qu’ils ont adopté une approche nouvelle qui s’est voulue simple et efficace :  Montrer aux Sénégalais que ceux choisis par les Sénégalais n’administraient pas pour l’intérêt des Sénégalais, mais pour leur intérêt propre.  Ils ont décidé de montrer qu’avec les ressources de l’État, ceux qui nous gouvernent détournaient les objectifs qu’ils confondaient avec les leurs, pour remplir leurs propres poches.  Il fallait montrer que les délits d’initiés, l’habit de bien social, les détournements étaient leurs faits quotidiens  Enfin, il fallait mettre les Sénégalais face à leurs responsabilités sur la base de ce qu’ils réclament comme intégrité et crédibilité.

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Et dire aux Sénégalais imbus de valeurs, soifs d’une bonne gouvernance de loyauté et d’honnêteté que Ousmane Sonko, à travers Pastef, incarne ce projet. C’est dans ces logique et engagement que Ousmane a pris à bras le corps les préoccupations des Sénégalais qu’il a faites siennes pour servir son pays par un mot tout simple mais plein de sens : le patriotisme. Ainsi, le parti fera du « don de soi pour la patrie » son slogan. Conscient que le terrain politique sénégalais est fait d’invectives, de mensonges, de calomnies et d’insultes Sonko appelle à un débat sur des choses plus sérieuses et plus techniques, la gestion des politiques publiques et l’économie du pays. Qui s’y frotte, s’y pique ! Là, il ne fait que rejoindre le Président de la République qui voulait à l’époque un espace politique assaini par un débat relevé, Sonko a juste répondu à l’appel. Il ne va pas s’en limiter, il pousse le bouchon plus loin en se fixant des objectifs clairs ; tout ce qu’il dit devrait être établi sur une vérité sincère avec une documentation établie en cas de poursuite pour diffamation. À l’université, Ousmane Sonko a pratiqué un art martial : le karaté. Sur ce point, d’après les témoignages reçus, il faisait des déplacements à la perfection et avec beaucoup de sérieux. Quand il te faisait un « kibadashi », on sentait quelqu’un qui avait l’amour de l’art et si par hasard il t’exécutait un kata, il n’y avait absolument rien à corriger et souvent tout le monde applaudissait car il avait le souci du détail de la qualité et du sérieux. Dans une association à l’université Gaston Berger, souvent il s’est opposé contre l’ordre interne quand il le fallait et démontrer que le système n’était pas conforme à ce pour quoi ils s’étaient engagés. Ousmane Sonko a fait droit public, très brillant et aimé, c’est ce même homme qui se retrouvera quelques années plus tard dans l’administration avec les mêmes traits de caractères. 55

Ici, sa loyauté envers l’administration et le peuple ne souffre d’aucune défaillance, il n’hésitait pas à faire part à l’autorité de son désaccord sur certaines questions qui sapaient l’intérêt général. Ce qui frappe, de premier abord, quand on croise l’homme, c’est la modestie et la simplicité avec lesquelles il aborde les situations. Toujours lucide, il n’est jamais dépassé par les évènements. Lorsqu’une situation est jugée carabinée, que les gens perdent la tête et qu’il est directement concerné, c’est lui-même qui rappelle à la sérénité avec détermination. Il s’est forgé et a été éduqué pour avoir une parfaite maîtrise des situations. Sa réaction, à l’annonce de sa radiation, en dit long - il s’est levé, a prié et a continué sa réunion avec calme et sans aucune expression de frustration sur son visage ni de tristesse. Combien de fois il a été en contradiction avec ses frères de parti ? Une contradiction rigoureuse a souvent émaillé la discussion à l’interne. Mais ceci n’a jamais eu de distorsion sur ses rapports avec ses relations individuelles. Au contraire, pour Ousmane Sonko, ces contradictions sont le ciment unificateur de leur relation et du vivre ensemble. Ousmane Sonko a fait toute sa carrière dans les services les plus importants de la direction des impôts à part ce qui est convenu d’appeler la parenthèse du débutant – rappelons-le après être sorti major. Ainsi, il a débuté dans le Centre de Pikine pendant deux ans avant de rejoindre le Centre des Grandes Entreprises. C’est dans ce centre que se regroupe la crème de l’administration, les meilleurs agents de l’administration disent les agents. Très rigoureux, très brillant et sans insulter le corps, dans cette station si quelqu’un veut se faire de l’argent, si quelqu’un veut se faire un semblant de réussite financière, il peut bel et bien le faire là mais Ousmane Sonko, fidèle à ses principes, s’est limité à son travail. Cette constance lui a valu le respect de ses compétences, de son sérieux par ses pairs. Chose 56

extrêmement rare dans nos environnements de travail car en Afrique particulièrement au Sénégal c’est un truisme et une redondance de dire que la jalousie est le sentiment le mieux partagé. Après cette étape importante de sa carrière, l’Inspecteur rejoint la Direction de la Brigade des Vérifications. Retenons que cette direction est ce que l’on peut qualifier de la CIA ou de la police secrète de l’administration fiscale et plus tard il sera promu Chef de Brigade. La question de la rigueur et de la probité de Ousmane Sonko ne peut en aucune manière se poser, au regard de sa carrière. En tant que Chef de Brigade, il a coaché des vérificateurs qui, aujourd’hui, occupent les plus grandes responsabilités dans l’administration et des gens respectables qui, il faut le dire, ont le même principe que Sonko, à la différence qu’ils ne se sont pas engagés en politique mais sur le terrain simple de la loyauté et de l’intégrité. Ils travaillent comme tel. Après la Brigade, il est allé à la Direction du Contrôle interne. Là aussi, d’aucuns ont pensé que c’était une sanction mais c’était une demande exprimée par Sonko lui-même car se disait-il fatigué. D’ailleurs, c’est pendant ce changement, pendant qu’il a voulu aller à cette direction qu’on lui a proposé d’autres postes de responsabilités qu’il a rejetés, précisons bien, des postes de responsabilité qu’il a rejetés. Avant qu’il n’arrive dans cette direction, celle-ci était considérée comme un garage, c’est avec lui que ladite direction est devenue un lieu de travail sûr et certain où il y a énormément de choses à faire. Même si ce n’est pas une insulte pour ceux qui sont passés par là avant lui mais, reconnaissons que le nouveau visage qu’on lui connait aujourd’hui est de l’œuvre de Sonko. S’il a réussi un si bon travail c’est par ce qu’il était sous les ordres de brillants doyens. C’est dans cette direction qu’il a été radié de l’administration.

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Toutefois, d’après des témoignages pluriels et recoupés, Ousmane Sonko voulait quitter l’administration depuis 2013, il était prêt à quitter. Le radier l’a simplement aidé à quitter même si les griefs retenus contre lui sont infondés. Et c’est à travers cette enquête qu’on peut réellement comprendre les contestations et départs que nous voyons dans l’administration dont Ousmane Sonko est l’un des précurseurs. En effet, cette situation tortionnaire pousse certains cadres à préparer leur départ. Pour certains, ce n’est qu’une question de temps. Aujourd’hui, le constat est que des fonctionnaires quittent l’administration ; elle ne fait plus rêver. Pour une raison toute simple, combien de fonctionnaires honnêtes sont sacrifiés à l’autel de la politique ? Combien de cadres, par éthique et déontologie, souffrent en silence car, témoins de la spoliation des ressources naturelles ? L’administration sénégalaise n’offre plus une sécurité et une garantie. Elle est, à ce jour, synonyme de soumission, et ne permet plus à ses agents de s’exprimer. Quand on n’arrive plus à vivre de sa passion, quand on n’arrive plus à servir avec loyauté, quand on ne sanctionne plus sur la base du mérite, mais simplement en fonction de son obédience politique et enfin, quand le silence devient complice, la conscience, ce tribunal de la raison, te rappelle les règles éthiques et la déclaration sur l’honneur faite au moment de sa prise de fonction. Dès lors, cette peur, cette tyrannie et cette soumission à une hiérarchie deviennent archaïques. La nouvelle génération de cadres est constituée pour une bonne partie « d’hommes révoltés qui se sont mêlés des hommes pleins de rêves pour une société de justice, d’équité et de solidarité, pour un avenir meilleur ». En atteste, à tout point de vue, la démission du juge Dème et celle du capitaine Dièye. Plus grave encore, concernant celle du capitaine Dièye, le DAGE de la présidence, Abdoulaye Ndour, a été démis de ses fonctions juste pour avoir donné son point de vue qui est d’accorder plus de 58

liberté d’expression à certains fonctionnaires. Il est dit que « ceux que Jupiter veut perdre, il commence par leur ôter la raison ». Témoignages Ousmane Sonko que j’ai pratiqué et rapporté à une épaisseur de temps bien défini, je peux dire qu’il est un homme d’une exceptionnelle valeur, un homme d’une grande piété, un homme d’une intégrité qui peut dépasser tout ce qu’on peut imaginer mais surtout un homme d’une remarquable compétence, l’un des meilleurs Inspecteurs des Impôts et Domaines que j’ai eus à pratiquer. En un mot comme en mille, je crois que si je dois dresser un portrait de l’homme, c’est d’une manière générale au-delà de tout, il est une personne d’une très grande âme. Ousmane, je l’ai connu, si mes souvenirs sont exacts, il y a environ une dizaine d’années, à l’époque il venait juste d’intégrer la DGID et servait plus précisément à la Direction des Enquêtes et Vérification fiscale, une sorte de répondant ou l’équivalent de la DIC au niveau de notre environnement professionnel. Je sais qu’encore une fois, c’est un homme qui pourrait apporter énormément de choses à ce pays qu’il adore au-delà de tout ce qu’on pourrait imaginer. Pour vous parler de l’intégrité de l’homme, je vais simplement citer un exemple, sans rien pouvoir porter au superlatif, c’est quelqu’un qui pesait à l’époque 5 milliards du budget du Sénégal en termes de rentabilité. Il était chef de brigade, cela veut dire que c’est quelqu’un, du point de vue de sa rémunération trimestrielle, encore qu’il faudrait que les gens le sachent, il ne percevait pas moins de 8 millions tous les 3 mois pendant plus de 8 ans. C’est eu égard à la position, somme toute stratégique, qu’il occupait dans le dispositif organisationnel. Je ne pense pas qu’il soit possible aujourd’hui de trouver un seul cas de collision entre Ousmane SONKO et un contribuable.

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Sa radiation, je peux avouer que personne ne le souhaitait. Elle est tombée comme un couperet, nous l’avons reçu comme un choc, des ressorts assez solides se sont brisés. Et je pus comprendre que ceux qui ont pris cette malheureuse décision ont dû certainement céder à une volonté supérieure eu égard à la nature des relations particulières que Ousmane Sonko a eues à tenir avec les uns et les autres. Je me demande en quoi Ousmane a fauté. Des gens ont fait pire ici. On a connu un Secrétaire général de syndicat qui ne s’est pas du tout gêné pour aller porter sur la place publique des affaires qui relèvent de la plus stricte intimité de l’administration fiscale et pour autant il n’a jamais été inquiété. Encore que le cas de ce secrétaire général est encore beaucoup grave puisque n‘ayant pas directement un lien fonctionnel qu’on pourrait apprécier. Mais aujourd’hui grâce à Dieu, dans la prise en charge de sa stratégie de communication à travailler, à rester solidaire d’une logique qui lui est propre et qu’il s’est employé à défendre avec toute la vigueur intellectuelle qu’on lui connait, c’est-à-dire être une sorte de porte-voix d’une génération nouvelle de député de rupture. Au retard des actes qu’il a posés depuis qu’il est à l’hémicycle, je pense qu’il l’incarne à suffisance. Et enfin, je vais essayer de convoquer Aristote dans ses relations avec la vertu. Quand Aristote nous dit que « la vertu c’est cette force avec laquelle l’individu s’attache à son devoir et le réalise », cela suggère qu’il nous installe dans un environnement psychologique d’une valeur assez singulière érigée en principe et reprise par des penseurs qui, à l’image de Antoine de Saint-Exupéry, l’ont assimilée à la responsabilité. En considérant d’ailleurs qu’être responsable c’est se sentir misérable en face d’une situation qui ne semble pas dépendre de soi. C’est sous ce rapport que je comprends parfaitement que Ousmane Sonko peut être considéré quelque part comme une perte. Quand quelqu’un en arrive à 60

ce niveau de prise en charge d’une philosophie politique qui cadre avec un ensemble de principe solidaire de comportement irréprochable à tout point de vue, on peut simplement considérer que c’est l’amorce d’une nouvelle prise de conscience dans une société qui a besoin aujourd’hui plus que jamais de vivre autrement qu’en s’enfermant dans des idéaux d’une platitude déconcertante n’ayant aucune prise avec la réalité.

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RADIATION DE OUSMANE « Ceux que Jupiter veut perdre, il commence par leur ôter la raison » Les dénonciations faites sur le budget du référendum déclaré à hauteur de 3 milliards, alors qu’en réalité le budget réel était de 10 milliards, le non-versement des retenues sur les salaires des députés, les critiques sur la gestion du pétrole et surtout sur les défaillances sur certains dossiers à caractère purement politique, vont pousser le régime dit républicain à entraver la loi sur le statut du fonctionnaire pour précipiter la radiation de Ousmane Sonko de la Fonction publique. En un temps condensé, il sera suspendu puis convoqué au conseil de discipline et enfin, tel un couperet sur la tête d’un condamné, le décret portant sa radiation tombe cet aprèsmidi du 29 aout. La presse en a l’exclusivité. L’administration fiscale se remettra difficilement de cet excès de pouvoir. Il est des personnes dans la vie qui, de par leur responsabilité et personnalité, leurs pragmatisme et sérieux, leur dévouement au travail et à la perfection, incarnent le respect et l’admiration. Le Président de Pastef s’inscrit dans cette lignée de bonnes gens combien recherchées dans le milieu politique. Personne ne s’y attendait, excepté la victime. Elle le savait, elle l’attendait, Sonko était bien au courant du plat qui avait pour seul but de le cuisiner, il en était conscient. Se taire ou se mettre hors du jeu des grands dossiers pouvant compromettre le régime, se ranger ou s’opposer avec toutes les conséquences antidémocratiques dont il serait victime, telles étaient les possibilités qui s’offraient à lui. Il choisira la dignité au mépris de la subordination, l’opposition aux dépens de sa carrière professionnelle, ne jamais se taire

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devant une gestion sombre et être en permanence dans le jeu politique en bon intellectuel. Il va s’armer de l’arme la plus redoutable qu’un intellectuel puisse avoir, la recherche, s’inspirant du grand timonier chinois Mao Zedong « Qui n’a pas fait d’enquête n’a pas droit à la parole ». Ainsi, Sonko fera don de sa brillante carrière, de son parcours sans faute ni tache pour un Sénégal juste et équitable, un Sénégal où les intérêts de tous priment sur ceux d’une classe politique ou d’un microcosme, un Sénégal où l’habitant de Fongolembi sera traité à égale dignité que celui de Dakar, de Thiès, de Saint-Louis…bref du citadin. Un Sénégal où le pauvre aura le même traitement que le riche, un Sénégal où le malade du paludisme, du Sida, du cancer, de la Tuberculose, de l’hémorroïde…où qu’il se trouve sera pris en charge avec des plateaux techniques modernes. Un Sénégal où le paysan, l’éleveur, le commerçant, le technocrate, et le professeur se sentiront si bien que leur seule et unique aspiration sera de défendre ce beau pays qui est le leur, qu’il soit de l’intérieur, terroir ou zone urbaine, ou de l’extérieur. Un Sénégal où le système éducatif retrouvera ses lettres de noblesse, l’étudiant sera bien formé dans la recherche et dans les métiers modernes, le niveau de l’élève bien relevé, les classes bien entretenues et les abris provisoires devenus définitifs ne seront qu’un vieux souvenir. Un Sénégal où l’alternance générationnelle sera la référence dans la politique de l’emploi, honorer ceux qui ont servi la nation avec courage et dextérité et bien sûr éradiquer les vieux caïmans qui refusent d’aller à la retraite malgré leur âge très avancé. Un Sénégal où l’autosuffisance alimentaire ne sera plus un concept fumeux de politicard en mal de côte mais une réalité. Les échéances respectées, les objectifs atteints, les décisions assumées, la transparence, le canal par lequel tout projet, tout dossier et toute transaction ou opération viendront s’abreuver et enfin un Sénégal où la 64

parole donnée, la promesse faite et l’engagement pris seront respectés sans combines ni magouilles et sans passer par des voies tortueuses pour essayer d’adapter les règles à sa convenance. Ce Sénégal où la parole du politique compte par sa sincérité. Sonko ainsi que les adhérents de son parti ont fait de cette pensée, la leur : « le don de soi pour la patrie ». La procédure disciplinaire d’un agent de la Fonction publique est régie par des textes. Le statut général de la Fonction publique et les décrets qui l’encadrent pour l’application de la disposition du statut général. La sanction disciplinaire chez un fonctionnaire est échelonnée en fonction de la nature de la faute commise. Pour une faute légère on applique la sanction de premier degré (blâme, avertissement…) ensuite des sanctions de deuxième degré (rétrograde, suspension, pour les fautes… Et enfin les sanctions de troisième degré (pour les fautes lourdes ou graves). Au moment où Sonko était sanctionné et radié, le parti politique Pastef n’avait que deux ans d’existence. La grande interrogation est de se demander réellement quelle faute si grave aurait-il commis qui mériterait une exclusion si prématurée. D’après les informations relayées, les preuves de ses égarements sont calfeutrées dans des coupures de journaux, des interviews et des émissions datant de la création de son parti à ce jour. Supposons que ces coupures de journaux aussi ridicules qu’elles soient comme preuves, incriminent l’agent, comment peut-on être si passif et si laxiste pour ne rien dire pendant deux ans alors qu’à chaque semaine ou deux, il répétait les mêmes faits qu’on lui reprochait ? Même pas une demande d’explication ou une observation. Soit le supérieur est un mauvais dirigeant ne méritant pas les responsabilités qui lui sont assignées, soit il est juste une marionnette attentive au bon vouloir d’une autorité.

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Tout juste après sa radiation, lors d’une interview dans l’émission Pile ou Face du journaliste exemplaire Pape Alé Niang de la 2stv, Sonko affirmait « le Directeur des Impôts et Domaines, dans les couloirs de la Direction, m’a dit qu’en pleine réunion avec des autorités, il répondait à ces dernières qui s’interrogeait sur ses sorties : je n’ai aucun problème avec Sonko, c’est un bon agent. Il a son parti politique et un récépissé en bonne et due forme. » Sur ces preuves colmatées et montées ayant abouti, en premier lieu, à une suspension, le Directeur du Contrôle Interne, supérieur hiérarchique de Sonko qui est contrôleur interne, n’a non seulement jamais eu des reproches à faire à son agent mais, c’est ce dernier luimême qui l’a mis au jus de sa suspension. En atteste son choc manifeste devant la victime. C’est tellement clownesque qu’au moment où cette absurdité tombait, le mis en cause était chargé de réécrire le Code de la Déontologie de la Direction générale des Impôts et Domaines. Rappelons toujours que le statut général du fonctionnaire permet au directeur de la DGID de faire des sanctions de premier et de deuxième degré, ce qu’il n’a jamais fait car du reste il n’avait pas de mobile qui l’y autoriserait. Ce problème est né du non-reversement des impôts collectés à l’Assemblée nationale qu’il avait dénoncé, dénonciation qui lui valut des insultes. Des politiciens de la majorité présidentielle demandaient à travers cette honteuse affaire la radiation de l’inspecteur de la Fonction publique sous prétexte de la violation de l’obligation de réserve. Et on se rappelle bien de la déclaration d’Amadou Bâ, Ministre des Finances donc de tutelle de la DGID en ces termes « on va prendre des sanctions de la loi. Sur demande des députés de la majorité, il sera suspendu et plus tard radié, ce qui fait de cette affaire un dossier hautement politique, voire une commande. L’autre point qui mérite l’attention du peuple et de ceux qui ont soif de justice et de clarté, la lettre de sanction, Sonko 66

l’a déjà dit, le rappel est pédagogique, ne comportait pas le logo de l’institution alors que tout courrier officiel venant de ladite direction se reconnait par ce logo. Autrement dit, la décision ne venait pas de la DGID mais de l’extérieur. N’estce pas une preuve tangible que le signataire n’a fait qu’exécuter des ordres ? Sonko dira « j’ai reçu la lettre un mardi, mais ce jour-là si je ne l’avais pas reçue, le Conseil des Ministres du mercredi allait éjecter le DG de son fauteuil » et peut-être même le ministre des Finances. Et d’après la loi portant Statut général du fonctionnaire, seul le Président de la République à un pouvoir de nomination ou de radiation en cas de faute grave et c’est lui seul également qui doit signer une mesure de suspension concernant un fonctionnaire de la hiérarchie A1, hiérarchie à laquelle Sonko appartient. Quelle administration !!! Après cet épisode, s’ensuit une convocation au conseil de discipline, toujours dans la précipitation d’où la médiocrité notoire notée. D’après la loi, la constitution d’un conseil de discipline d’un agent Inspecteur des Impôts et Domaines doit comprendre quatre (4) membres, des juges, et doit être paritaire. Ces quatre (4) juges doivent être composés comme suit : Les deux (2) doivent être choisis par l’administration, l’un par le Ministre de la Fonction publique et l’autre par le Ministre de tutelle donc des Finances. Les deux (2) autres doivent être choisis par le personnel des impôts et domaines Parmi les quatre (4) jurés devant statuer sur le cas de Sonko aucun n’est choisi par le personnel, une entorse à la loi. Par contre, c’est le Ministre de la Fonction publique et le ministre des Finances et du plan qui les ont choisis, tous deux de la mouvance présidentielle. Quelle garantie peut offrir ce Conseil de discipline d’une délibération basée sur la transparence et l’équité ? Aucun. Dans ce conseil de 67

discipline, il y a trop d’irrégularités que les citer ici peut dérouter le lecteur or l’intention, ici n’est point d’assombrir mais d’éclairer, rétablir la véracité des faits. Retenons juste en substance que c’est un règlement politique où la force a été exercée au détriment du droit. Dérouler le film de la radiation de l’inspecteur des impôts et domaines sans revenir sur cette journée devant le Ministère de la Fonction publique serait passé à côté. En effet, ce jour-là, les forces de l’ordre avaient quadrillé toute la zone. Ils étaient bien en position de combat pour une simple convocation d’un agent au conseil de discipline. Aucun citoyen n’avait le droit de passer même à 100 mètres du Ministère. Le trouble à l’ordre public, ce mobile qu’utilise ce régime pour interdire des marches, des manifestations et des meetings, était l’apanage des autorités publiques. La modeste personne de l’Inspecteur devenait subitement le danger public à surveiller à tout moment alors que l’insécurité ne cessait d’engendrer des agressions, des vols, des assassinats, des braquages à mains armées dans tout le pays. Quel curieux sens des priorités ! Après la constitution d’un pool d’avocats pour sa défense, Sonko sera surpris de voir qu’un seul parmi ses avocats sera autorisé à assister au procès. Après consultation des textes qui régissent la situation, une mésentente est notée, les jurés exigeront l’assistance d’un seul avocat. Les avocats, quant à eux s’abreuveront, du règlement de l’UEMOA (sa présence élimine la loi sénégalaise) qui leur réserve l’exclusivité d’assister leur client dans toutes les instances arbitrales ou disciplinaires. Malheureusement les jurés se limiteront à leur propre interprétation du statut général. Or, un intellectuel ne doit pas être un robot à la merci des exigences d’une autorité. Dans chaque circonstance, il lui faut user de sa pensée qui lui servira de lumière. Blaise Pascal l’a bien défini dans Les Pensées « L’homme est visiblement fait pour penser. C’est toute sa dignité et tout son mérite ; et tout son devoir est de 68

penser comme il le faut (…) Penser fait la grandeur de l’homme. » Le summum de cette forfaiture sera le refus des forces de l’ordre de faciliter l’accès de l’huissier de justice engagé par les avocats pour constater le renvoi de ses représentants du procès. L’huissier a finalement fait son constat au loin du Ministère de la Fonction publique sous un arbre au quartier Point E. Quelle bassesse !! La suite est connue. L’après-midi du lundi 29 aout 2016, la presse détient un décret qui stipule en son article premier Sur proposition du conseil de discipline de la fonction publique, Monsieur Ousmane Sonko, Inspecteur principal des Impôts et des Domaines de 2e classe 2e échelon, matricule de solde n°604122/I, est révoqué sans suspension des droits à pension pour manquement à l’obligation de discrétion professionnelle prévue à l’article 14 de la loi n° 61-33 du 15 juin 1961. Le décret prend effet à compter de sa notification à l’intéressé. Pourtant c’est un journaliste qui a informé l’intéressé. La politique est le pouvoir par lequel, dans le cas d’espèce, la loi (justice) et une grande partie des législateurs se soumettent. Pour 15 ans de carrière, Sonko n’a jamais fait l’objet de critique ou de sanction, ni pour un retard accusé encore moins un mauvais comportement ou une faute de compétence. Mais il a fait un crime qui ne pardonne pas en politique. Ce crime s’appelle patriotisme et honnêteté.

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SONKO À L’ASSEMBLÉE NATIONALE Avec une pléthore de listes sans précédent, les élections législatives ont été les plus contestées dans l’histoire politique du Sénégal. D’abord, le nombre de listes déposées au nombre de 47 a été surprenant après plusieurs concertations doublées de combines. Comment un pays de 15 millions d’habitants avec une représentation de 165 sièges peut-il compter un tel nombre de listes ? Cette question a fait les choux gras de la presse sénégalaise pendant près d’un mois, et à juste titre. Plus surprenant encore, des listes avec des personnes inconnues dans l’échiquier politique, ou qui ne se sont jamais manifestées se sont affichées avec un objectif, disent-ils, de servir le peuple sénégalais. En politique, un fait nouveau appelle toujours à une analyse scientifique basée sur ce que les universitaires appellent la science politique. Les analystes connus dans notre pays sont, le plus souvent, des journalistes aguerris avec une maitrise plus ou moins acceptée de l’espace politique ; aussi, font-ils des formations de mises à niveau, ou sont-ils spécialistes en la matière. Ils ont tous reconnu le caractère vae victis (malheur ou vaincu) c’est-à-dire le vainqueur gagne tout même s’il arrive premier avec 20 %. Cette méthode concerne les listes départementales. Dès lors, plus il fallait disperser l’opposition, plus les chances de la coalition au pouvoir devenait de plus en plus immenses. C’est sous cet angle que sont nés des soupçons de financement de listes par le Président de la République, qu’il sera difficile, voire impossible de vérifier par la suite. Néanmoins, plus tard, un candidat malheureux a soutenu publiquement avoir été épaulé financièrement par le chef de l’exécutif. Son discours est empreint de stratégie politique. 71

Ensuite, la contestation issue de ces élections qu’un opposant de conviction comme Barthelemy Dias qualifie de « saloperie électorale », est plus ou moins légitime. En effet, les nouvelles cartes d’identité biométriques, nœud gordien du problème, semblaient être confectionnées sous la pression, et dans la précipitation. Que d’erreurs et de déceptions pour ceux qui ont reçu leurs cartes, sans oublier que les jeunes peinent jusqu’à ce jour à recevoir leurs cartes ! Le plus catastrophique, le jour du vote, la désorganisation dans certains centres ne pouvait en aucune manière favoriser des élections transparentes. Naturellement, le vainqueur BBY rafle 43 départements sur 45. Au lendemain des élections législatives 2017 avec ses dérèglements devant conduire à l’hémicycle la 13ième législature, la coalition Ndawi Askanwi dirigée par Ousmane Sonko avec 38 mille voix (chiffre exact à trouver) gagne un siège au plus fort reste. Vu de manière superficielle, le résultat peut sembler insuffisant certes mais pas décevant car la forme de ces élections était extrêmement complexe, et c’était la première fois que Pastef participait à des élections. Au final, Ndawi Askan Wi sans moyens financiers (moins de 27 millions) est 6ième derrière BBY, Manko Taxawu Sénégal avec Me Wade, Wattu Sénégal avec à sa tête Khalifa Sall Idrissa Seck et Cheikh Bamba Dièye, PUR avec les Moustarchidines, Abdoulaye Baldé et Guirassy et devant les coalitions de Me Aissata Tall Sall et celle de Aida Mbodj. La prestation de Ousmane à l’Assemblée nationale est une prestation juste. Il prend très au sérieux sa posture et y travaille nuit et jour pour l’intérêt des Sénégalais. Au détour d’un échange avec un de ses collaborateurs, « il lui montre des tableaux sur lesquels il travaille. Même pour parler de droit ou de salaire, il te fait une démonstration remarquable et lorsqu’on lui reproche d’en faire de trop il répond : quand on parle aux Sénégalais, il faut leur donner la bonne information ». Pour lui, c’est un statut sacerdotal 72

malheureusement « les hommes de l’ombre ne veulent pas de la lumière ». Conscient du pouvoir de la majorité mécanique, l’honorable député Ousmane Sonko, à peine installé, définit son angle de travail en ces termes : Je vous adresse la présente pour deux raisons principales :  En tant que députés, nous serons amenés dans les tous prochains jours à interpeller le gouvernement, entre autres, sur sa gouvernance et la conduite de l’action publique dont il a la charge. Le principe voudrait, pour notre crédibilité, qu’on commence par faire le ménage en notre sein d’abord.  La treizième législature vient d’être installée, sous un folklore qui jure d’avec votre discours inaugural empreint d’une grande solennité. Dans ce discours, prononcé à grand renfort de citations d’auteurs français, de rappels historiques, voire même bibliques, vous avez largement mis l’accent sur les notions de responsabilité, de conscience et de discipline des parlementaires avec, en prime, des menaces à peine voilées contre les contrevenants éventuels. Nous voulons bien vous accorder une présomption positive, Monsieur le président, mais pas sur parole simplement. Vous conviendrez avec nous que tout nouveau départ doit être assis sur des bases saines parce que assainies. C’est pourquoi, vous prenant au mot, je vous interpelle sur la situation fiscale de l’Assemblée nationale. L’année dernière, à pareille époque, je soulevais un cas patent de détournement fiscal impliquant l’institution, que vous présidiez. Ces infractions répétitives avaient occasionné des redressements fiscaux des services compétents qui, à la date du 23 mai 2016, s’élevaient à un montant de 73

six milliards cinq cent quatre-vingt-neuf millions sept cent huit mille neuf cent soixante-quatorze (6 589 708 974) francs CFA décomposé ainsi : Nature d’impôt Montants Retenues à la source 3 909 037 163 TVA précomptée 2 680 671 811 Total dette fiscale 6 589 708 974 Or, dans votre communiqué paru dans les colonnes du quotidien « l’Observateur » du 24 mai 2014, vous affirmiez notamment que cette dette fiscale était héritée et ne s’élevait qu’à seulement 120 809 722 de francs CFA. Il s’agit là d’une fraude fiscale caractérisée, passible de sanctions fiscales et pénales conformément aux dispositions du Code général des Impôts ; d’autant qu’elle porte sur des impôts retenus sur les salaires et émoluments du personnel, des députés et des prestataires, ou de la TVA précomptée à vos fournisseurs, dont le reversement n’a pas été effectué. Monsieur le président, à l’orée de cette nouvelle législature, je souhaiterais, en tant que député, avoir l’assurance que de tels manquements graves à la gestion publique ont été correctement traités et ne se reproduiront pas. Aussi, vous plaira-t-il de répondre aux questions suivantes :  1- Quel est le montant exact du passif fiscal dont la nouvelle législature pourrait hériter de celle écoulée et dont vous étiez le Président ;  2- Quel traitement avez-vous consacré à son apurement ? ;  3- Les responsabilités de ces manquements ont-elles été situées et, le cas échéant, quelles sanctions avez-vous diligentées ?  4- Quelles précautions avez-vous prises pour que ce honteux épisode dit de « l’impôt des députés » 74

ne se reproduise sous la 13ème législature ? Puisque l’heure est à la mise en place de commissions ad hoc, notamment pour combattre l’absentéisme parlementaire, monsieur le Président, j’estime que cette affaire, plus que toute autre, mérite d’être prise en charge par une commission ad hoc car l’institution parlementaire doit être l’exemple achevé de civisme fiscal. Me réservant le droit de saisir le gouvernement d’une question écrite pour ma propre gouverne et pour éclairer la lanterne de mes mandants (les citoyens sénégalais) sur cette question qui les intéresse au plus haut point, vu les passions qu’elle avait déchaînées, je vous souhaite bonne réception de la présente et vous prie, Monsieur le Président, d’agréer l’expression de mon respect. Ampliation : – SG Assemblée nationale Ousmane SONKO, Député 13ème Législature 2017-2022 À Monsieur le Président de l’Assemblée nationale du Sénégal Cette lettre annonçait déjà la forme de députation qu’entreprenait le nouvel élu. Ainsi, la phase la plus importante du rôle des élus reste le vote du budget annuel et ceux des portefeuilles ministériels. Pour chaque Ministère, partant de leur ordre d’importance Ousmane Sonko y a montré une présence intellectuelle digne d’un député avec un relèvement du niveau des débats. Séance de plénière avec le ministère des Infrastructures Traditionnellement, les régimes africains, en présentant leur bilan nous parlent de réalisations. Quoi de plus normal pour un parti au pouvoir de faire des réalisations. Sous cet angle, l’intervention du député est sans appel « Nous devons 75

cesser, une fois élu, de s’auto glorifier pour des réalisations. Celles-ci sont la chose la plus normale pour quelqu’un qui a reçu procuration de s’endetter au nom du peuple Sénégalais et qui manipule le trésor public en fonction de sa vision. » Juste pour dire que rien ne sert à bomber le torse pour une réalisation car les moyens appartiennent au sénégalais. Ce qui est important c’est la manière dont cet argent a été utilisé. Est-ce qu’il respecte les principes de transparence mais surtout si « c’est une priorité et comment sont financées les infrastructures ensuite comment sontelles réalisées et enfin comment ces infrastructures sont utilisées ? » Et il a révélé que ces financements enrichissent les banques étrangères avec des montages des projets qui posent problème. Sur ce point, chaque fois qu’un financement se fait en faveur d’une banque et en défaveur de l’État du Sénégal, c’est le peuple qui paie ces forfaits. Pour preuve, rajoute-t-il, « l’autoroute à péage coûte excessivement chère aux Sénégalais » sans parler des marchés que l’on donne aux entreprises étrangères au détriment de celles nationales. La préférence locale est totalement absente, ce qui empêche à nos entreprises d’éclore et toute logique qu’elles ne puissent recruter une masse conséquente de jeunes. Et pour certaines infrastructures comme la construction d’immeubles, nous avons des entreprises publiques reconnues et très expérimentées dans la construction telles que la Sn HLM et la Sicap. Et encore il revient sur le coût du financement du TER et réaffirme que « jusqu’à la preuve du contraire, pour la première tranche, entre ce qui est annoncé et ce qui se trouve dans les contrats, il y a un gap de 222 milliards et j’ai fait appel à un débat mais comme toujours un silence cathédrale » Pour cette partie concernant les infrastructures, le député a interpellé le gouvernement sur des points essentiels qui, pour l’intérêt exclusif du peuple sénégalais, méritent des 76

réponses mais aussi une redéfinition des objectifs en prenant en compte les entreprises locales. Séance plénière avec le Ministère de l’Élevage et des Productions animales C’est un Ministère très sollicité par le rôle qu’il est censé jouer pour l’autosuffisance en viande notamment en mouton lors de la fête de Tabaski. Lors de ce grand évènement, la hausse des prix ou leurs stabilités varient selon le nombre de tête dans le territoire national. Depuis deux à trois ans maintenant, l’autosuffisance en mouton connait une certaine évolution mais pas encore de stabilité malgré les efforts faits par la ministre Aminata Mbengue Ndiaye. Toutefois, ceci ne veut pas dire que ce Ministère est à sa meilleure santé. La production animale dans un pays qui se veut émergent doit impérativement prendre en compte dans sa ligne de mire la création d’industries spécialisées gage d’une transformation des produits. Au parfum de ce qui se passe dans les pays développés et dits émergents, le président de Pastef, sous sa casquette de député, interpelle la ministre sous cet angle : « on ne voit pas de liens ou d’orientations pour passer de l’élevage à l’industrie. On est encore pratiquement dans un élevage de survie pour réduire la pauvreté et réaliser la sécurité alimentaire ». Mais pour Sonko cette situation n’est pas surprenante si nous voyons le budget qui est alloué à ce ministère comme pour en déduire que ceci n’est pas une priorité du gouvernement car, dit-il, « l’ensemble des programmes phares dudit ministère ne fait pas 60 milliards en 5 ans » Par ce budget, les objectifs du ministère de l’élevage ne pourront jamais être atteints par ce que les moyens qui lui sont alloués sont faible bien qu’étant un programme du PSE.

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Séance plénière avec le Ministère de l’Industrie Le vote du budget de ce Ministère s’est fait sans débat en violation du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Il est important que l’on s’arrête là-dessus pour comprendre le motif de ce choix déploré par Ousmane Sonko mais aussi revenir sur l’importance de ce ministère. Il s’agit d’un ministère censé gérer le secteur secondaire de l’économie du Sénégal. Secteur qui est en décadence et qui demande de grands investissements pour booster l’économie du pays, secteur pourvoyeur d’emploi si, toutefois, la vision et les objectifs qui lui sont assignés par ce régime entrent en droite ligne avec le développement du Sénégal. Écœuré des combines jouées en défaveur des Sénégalais que la majorité dit représenter, l’ex-Inspecteur des Impôts et Domaines déverse s’indigne sur sa page : « LES PRATIQUES INDIGNES DE LA MAJORITÉ MÉCANIQUE À L’ASSEMBLÉE NATIONALE : Depuis le début du marathon budgétaire, et la déclaration de politique générale, le groupe BBY, malmené sur tous les compartiments du débat, fait tout pour l’empêcher, protéger les carences de leurs Ministres, cacher leurs actes de mal gouvernance et les limites du PSE. Leur méthode est très simple :  Acteun : programmer les ministères “sensibles” tard le soir ;  Actedeux : faire trainer la lecture du rapport et les observations de forme pour s’approcher le plus de minuit, heure limite fixée par le règlement intérieur pour l’arrêt des travaux ;  Acte3 : un de leurs députés porte une motion pour que le budget du Ministère concerné soit voté sans débat ;

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 Acte4 : le Président de séance met au vote la motion, malgré l’avis contraire de l’opposition ;  Acte5 : la majorité mécanique vote. C’est ce qui vient de se passer avec le ministère de l’Industrie de Moustapha Diop, malgré les objections que j’ai formulées au nom de toute l’opposition parlementaire. Ils ont fui le débat parce que la politique menée dans ce domaine révèle, mieux que toute autre, le manque de vision du régime de Macky Sall et son incapacité à faire émerger ce pays. Ils reprendront probablement le même comportement demain samedi, avec le pétrole, et dimanche avec les mines, secteurs à scandales, qu’ils ont programmé à la même heure. Depuis le début du marathon, les Ministres, à une ou deux exceptions près, se succèdent et paniquent devant les interpellations de l’opposition, esquivent les questions ou, au mieux, les effleurent. Mais le plus triste, c’est l’attitude de la majorité (quantité sans beaucoup de qualité) faite d’invectives, d’entorses au règlement et d’arrogance. Des députés grassement payés sans être imposés, et qui sont là non pour le peuple, mais pour leur mentor Macky Sall. Mais à qui la faute ! » Suivant l’économie de ses interventions prises à titre illustratif, le président Ousmane Sonko tel qu’il l’avait promis, et qui, somme toute, est le vrai rôle d’un député, a montré à la face des Sénégalais ce qu’est un siège à l’Assemblée. Défendre l’intérêt d’un peuple est intrinsèquement lié, si on veut bien le faire, à un minimum d’assise intellectuelle. Ceci expliquant cela, un autre député connu pour ses positions sincères et fidèles à ses principes, Cheikh Bamba Dièye, a théorisé dans son livre Thérapie pour un Sénégal, la mission d’un élu du peuple, et plus loin, il a proposé avec pertinence des conditions que doit remplir un potentiel candidat à la députation... Occasion saisie pour 79

magnifier l’excellent travail que le leader de FSD/BJ abat à l’hémicycle. De tels hommes font l’histoire, s’il y a réellement un homme précurseur des évènements du 23 juin c’est bien le député Cheikh Bamba Ndiaye. Cette assise intellectuelle citée tantôt est la clé de voûte d’une bonne représentation populaire. Le patron de Pastef, par sa formation et sa maitrise des politiques publiques, en est une illustration pertinente. Ce rôle joué, étoffé à son parcours et à sa crédibilité, l’intégrité de l’homme ainsi que son leadership de par le niveau de sa communication et des actes qu’il pose, le changement ne peut venir de politicien traditionnel, le vrai changement, le choix d’une bonne révolution dans la haute hiérarchie de la gestion publique devrait venir de ces genres d’hommes imbus de valeurs et de vertus. Il n’en est pas le seul, le Juge Ibrahima Hamidou Dème, le Capitaine Dièye, les Inspecteurs Bassirou Diomaye Faye et Biram Souleye Diop, Thierno Alassane Sall et tant d’autres personnes et hommes de l’ombre sont de cette catégorie de ceux que nous appelons communément d’honnêtes gens. C’est à la lumière de ce qui précède que l’on affirme avec une objectivité basée sur les faits que Ousmane Sonko constitue l’espoir suivant la calebasse de politiciens qui se présentent ou qui se sont déjà présentés à nous. Certains ont déjà montré leurs limites tandis que d’’autres plongent le pays dans le chaos. Expliquons brièvement en quoi il serait dangereux de confier à nouveau les destinées du pays au régime en place. Partons d’un questionnaire établi et sur lequel nous avons travaillé. Pourquoi ne devrait-on pas voter Macky Sall ? Pourquoi ? Parce que tout simplement en faisant le bilan entre les engagements sur la base desquels le candidat Macky Sall a été élu et les actes qu’il a posés dans le sens de la réalisation de ces engagements, on se rend bien compte que le résultat, de mon point de vue est largement négatif. Je n’invente rien quand je dis : 80

- qu’il avait dit qu’il réduirait son mandat de 5 ans à 7 ans : et après l’avoir répété plusieurs fois et avec une certitude déroutante à la face du monde, il ne l’a pas fait. - qu’il avait théorisé la patrie avant le parti, qu’il ne nommerait pas sa famille : son frère, Aliou Sall est aujourd’hui à la tête de la Caisse de Dépôt et de Consignation (CDC) grâce à un Décret que lui-même a signé de sa main. Et ce après qu’on ait modifié les statuts de la CDC qui échappe aujourd’hui totalement au Code des Marchés publics. Je ne serai pas surpris d’ailleurs que la gestion du fonds intergénérationnel prévu pour les revenus du pétrole et du gaz lui soit confié ; - après avoir combattu le recul des libertés, en récusant le Ministre de l’Intérieur d’alors en même temps que le Ministre chargé des élections et celui de la Justice, le Président Macky Sall nous impose aujourd’hui un ministre politiquement coloré et qui a eu le toupet de dire tout de go qu’il ferait tout son possible pour que sa coalition gagne. Cela veut dire tout simplement qu’il ne croit pas et ne travaillera pas plus qu’il ne l’a fait jusque-là pour une avancée démocratique. Il est clair que depuis 2012, on aura noté un net recul démocratique avec des interdictions, radiation, emprisonnement et même exil d’opposants à son régime. - l’école se meurt aujourd’hui dans un cycle de grèves perpétuelles pour lesquelles il n’a d’autres solutions que les menaces de radiation et les ponctions injustes sur les salaires. Pourtant, déjà en 2014, il avait instruit son gouvernement de ne signer que des accords réalistes et réalisables, accords que les enseignants demandent qu’ils soient respectés ; sans compter le fait qu’il a fermé 15 écoles du réseau sous la pression, dit-il, du gouvernement turc. - malgré le diagnostic qu’il a fait de l’état du plateau médical dans le YoonuYokuté, et les 30 milliards injectés dans la réfection du building administratif ou les 56 milliards 81

du Centre de conférence Abdou Diouf, nous sommes restés 365 jours au Sénégal, sans aucun appareil de radiothérapie et forcés d’évacuer nos malades vers le Maroc sous son magistère. Cette histoire de radiothérapie n’étant que la face visible des problèmes structurels qui, au Sénégal, fait office d’un système de santé. - il avait promis l’autosuffisance en riz en 2017. Cela ne s’est pas réalisé comme tant d’autres promesses faites et non tenues, des ressources naturelles dilapidées, un pays livré aux étrangers, des jeunes qui meurent encore dans la Méditerranée, s’ils ne sont pas vendus comme esclaves en Libye, car n’ayant plus espoir d’un lendemain meilleur Voilà milles et une raison, entre autres, de ne pas voter Macky Sall en 2019. Au cours d’une discussion avec Bassirou Diomaye Faye, je lui posai la question suivante : Êtes-vous optimiste quant à l’organisation d’élections libres et transparentes ? Non et non et non !! L’aurais-je été d’ailleurs qu’il eût fallu que je sois incroyablement crédule pour rester optimiste quant à l’organisation d’élections libres et transparentes avec Aly Ngouille Ndiaye comme Ministre de l’Intérieur. Pour rappel, il vient de dire à qui voulait l’entendre qu’il souhaite que le Président Macky Sall gagne la présidentielle du 24 février 2019 que lui-même est censé arbitrer. Pour rappel aussi, Macky Sall alors candidat à la présidentielle de 2012 avait non seulement récusé le Ministre de l’Intérieur de l’époque, Ousmane Ngom, mais aussi le Ministre chargé des élections (Ministère qui n’existe plus aujourd’hui) en le justifiant par le fait qu’il était sous la coupole de Ousmane Ngom. Macky Sall avait même récusé le Ministre de la Justice. Vous savez, on perd beaucoup d’énergie en ternissant au passage l’image de plus en plus craquelée de notre démocratie dans des combats sur le processus électoral. Si le 82

Macky Sall candidat avait foi en son combat, il n’aurait jamais dû nommer un Ministre de l’Intérieur partisan ou à défaut devrait-il le relever automatiquement s’il n’avait pas une posture d’impartialité. Et c’est dommage qu’il ait félicité Aly Ngouille Ndiaye après ces malheureuses déclarations qui ont fini de le disqualifier totalement pour l’organisation d’élections libres et transparentes. Mais, pouvions-nous nous attendre à autre chose avec le Président Macky Sall qui avait félicité Abdoulaye Daouda Diallo après le fiasco des législatives en considérant que l’essentiel c’est qu’ils les aient gagnés ? Assurément non ! C’est en cela que le recul démocratique est patent et regrettable. On ne peut pas soutenir des positions qui engagent la stabilité de notre pays et la sérénité de nos concitoyens et faire l’exact contraire une fois au pouvoir. Nous avons toujours connu des consensus forts au Sénégal. Après près de 60 ans d’indépendance, le Président de la République Macky Sall dont les partisans se gaussent qu’il soit né après les indépendances (comme si naître après les indépendances étaient une prouesse) doit nous épargner de ces combats qui doivent pourtant être menés par l’opposition, à chaque fois, pour préserver les acquis démocratiques. Je l’ai rappelé récemment que la posture attendue d’un Président de la République responsable n’est assurément pas celle d’un sabotage électoral. Il n’est point besoin d’être un observateur averti pour constater que beaucoup de conflits post-électoraux sont nés d’un processus électoral mal conduit par des personnes qui, à un moment de l’histoire de ces pays n’ont pas fait confiance à leur bilan pour se faire réélire. Mais surtout n’ont pas su faire preuve de grandeur pour mettre la sacralité des vies perdues et la stabilité politique de leur pays au-dessus de leur ambition personnelle.

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OUSMANE SONKO, LA RÉINCARNATION DE MAMADOU DIA En décembre 1962, le Sénégal connaissait sa première crise politique dans laquelle Mamadou Dia paiera les frais de son attachement à un Sénégal indépendant, son rêve d’un Sénégal qui reviendra totalement aux Sénégalais. La suite est connue, il sera trahi, jugé et arbitrairement emprisonné à perpétuité. Mais finalement l’ancien président du conseil du gouvernement sera libéré 12 ans après, en 1974. Ce mauvais départ que le Sénégal a connu n’a pas été sans conséquence dans la suite de l’évolution de notre jeune État. En effet, tour à tour, les politiciens viennent, font des promesses mais toujours avec un même système, ce système établi à l’aube de notre indépendance, aujourd’hui profondément enraciné. De Senghor à Abdou Diouf, aujourd’hui Macky Sall, la France est toujours complice au maintien de ce système qui est difficilement déboulonnable. N’est-ce pas c’est ce qui motive la sortie récente du premier ministre italien accusant la France d’être responsable du retard de l’Afrique francophone ? Ce combat enclenché par Mamadou Dia, vite étouffé en 1962 est incarné en 2019 par un homme de la même idéologie et des mêmes convictions. Certes 1962 n’est pas 2019. Cependant le système est le même et est non seulement enlisé mais pire, ses tentacules sont plus étendus. Dès lors, devrions-nous accepter que cette liquidation dont a été victime Maodo se reproduise ? Devrions-nous accepter cette diabolisation sans retenue, qui plus est bâtie sur des mensonges, sur un homme qui, après 15 ans de loyaux services, est connu pour son intégrité ? Objectivement la réponse est non. Pourtant ladite 85

diabolisation est là, instrumentalisée par des hommes politiques avec à leur besace des journalistes qui ne rechignent pas à bâtir de toute pièce des canulars dans le seul but de manipuler l’opinion, bien sûr pour sauvegarder des privilèges. Les mensonges et montages se succèdent et tous orientés, comme en 1962, vers un homme et ses collaborateurs : Ousmane Sonko. Les dossiers Tullow Oil, alimentés par le puéril Cheikh Yerim Seck, les supposés 12 % sur les 94 milliards que Sonko lui-même a dénoncé et qui n’aurait sûrement pas atterri dans la presse, s’il n’avait pas connaissance de ce dossier et vilement repris par Madiambal Diagne, la question de sa déclaration de patrimoine, sont tous mensongers, bâtis sur de faux documents pour les uns et des accusations éhontées pour les autres. Heureusement, ceux qui portent ces dossiers, portant la tunique du statut de journaliste sont d’une moralité peu reluisante. Ces noms rappellent encore des faits connus. Décidément, le système se débat pour survivre de son agonie annoncée. Néanmoins, ces montages à dessein à l’encontre d’un homme semblent avoir une espérance de vie éphémère. Plus il est attaqué, diabolise, calomnié, plus les citoyens s’intéressent davantage à son parcours et à son profil, et là, impossible de ne pas avoir de l’estime pour ce jeune homme politique. Parce que nous regrettons encore Mamadou Dia, par ce que Sonko porte les germes de l’espoir, par ce qu’il est crédible que nous ne devons accepter qu’il soit diabolisé. Autant toute une machine bien calibrée est mise sur pied pour confiner le leader de Pastef hors du champ de la conquête du pouvoir, à travers des méthodes connues pour leur non-conventionnalité, autant des jeunes et des femmes 86

de tous bords se lèveront et feront face à ce lynchage machiavélique. Ils n’ont pas encore pris connaissance que la détermination des patriotes dépasse les magouilles orientées. Bouclier sera mis sur pied pour que le sort injustement affligé à Mamadou Dia ne se reproduise plus.

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SONKO, L’ESPOIR « Nous n’attendons pas le changement, nous sommes le changement »

Quand on désigne Ousmane Sonko comme alternative la question que l’on se pose toujours, du moins, que se posent certains citoyens sénégalais, est la suivante est-ce que Sonko peut changer la donne ? Ceux qui se posent cette question, pour peu qu’ils soient attentifs, se rendront compte que le leader de Pastef a déjà changé la donne. Par son discours et sa posture, il a fini de montrer aux Sénégalais qu’il est bien possible de faire la politique avec des valeurs en faisant prévaloir les intérêts supérieurs du Sénégal sur ceux crypto-personnels. Et c’est tout l’esprit du don de soi qui sous-tend son action politique. De ce point de vue, il a réconcilié la politique avec beaucoup de Sénégalais qui s’en étaient détournés. Il suffit de voir le profil de ceux qui viennent adhérer à PASTEF pour s’en rendre compte. La plupart disent qu’ils n’ont jamais fait la politique faute d’un cadre adéquat pour le faire mais que PASTEF correspond vraiment au cadre et au projet qu’ils attendaient pour s’engager. Aujourd’hui, grâce à lui, les querelles politiques faites d’insultes et d’invectives cèdent de plus en plus le pas à un débat relevé, documenté et donc technique aussi bien sur les plateaux télévisés qu’à l’hémicycle. De l’avis de beaucoup d’experts, Ousmane Sonko suscite beaucoup d’espoir chez les Sénégalais en ce sens que son parcours et son discours rassurent beaucoup d’observateurs avertis. Pourtant, certains pensent que la perspective d’avoir un jour un Président de la République qui a les mains propres 89

et qui a démontré son amour profond pour notre cher Sénégal ainsi qu’une bonne maîtrise des questions de gouvernances est forcément un motif d’espoir. Mais ce qui stimule la conscience politique de beaucoup d’entre nous c’est la sensation que Sonko est aussi une réelle alternative politique. On ne peut aucunement lui faire le même reproche qu’on ferait aux politiciens classiques estampillés du système pour avoir occupé des postes de responsabilité qui leur laissaient libre cours d’entreprendre des réformes qu’ils promettent aujourd’hui mais qu’ils n’ont pas entreprises en ce moment-là. PASTEF a toujours défendu l’idée selon laquelle nous avons fondamentalement un problème de système avec un « onze » de départ différent suivant le sens du vent et les alliances qui se font et se défont au gré des intérêts non pas du Sénégal mais plutôt des chapelles politiques, mais que c’est la même équipe qui dirige le Sénégal depuis son indépendance avec le résultat que l’on connait : un système éducatif et sanitaire complètement à terre, un pays classé 25ème parmi les plus pauvres du monde. Il nous faut fondamentalement des hommes neufs pour un Sénégal nouveau. Il n’y en a pas deux comme Sonko qui revêtent ce cachet-là. Toutefois, il faut être clair sur un point, si vous entendez par ce qui précède que Sonko pourrait, à lui tout seul, reconstruire tout ce qui a été détruit jusque-là, la réponse est non ! D’ailleurs tout n’est pas noir dans le tableau peint par les régimes successifs. Sonko, ni personne d’autre, ne sera l’homme providentiel, il ne faut pas attendre le messie qui nous sauverait car il n’en existe pas. Il faudra partir de l’existant et patiemment construire quelque chose de nouveau, quelque chose de plus grand. Pour cela, nous avons besoin d’une masse critique d’hommes et de femmes, des patriotes épris de valeurs sous la houlette d’un homme porteur d’une vision à court, moyen et long 90

terme pour une refondation de l’État au Sénégal pour une meilleure prise en charge des aspirations de nos concitoyens et pour jeter les bases solides d’une grande nation apte à concourir à l’échelle du monde. Pour beaucoup de ses détracteurs, Ousmane n’est pas prêt pour diriger le pays. Leur argument est qu’il n’a pas d’expérience politique et d’autres plus superficiels disent que pour diriger un pays il faudrait une formation d’État, c’est-àdire être un homme d’État. De telles appréhensions poussent à ce qu’on se demande s’il existe des écoles où l’on forme des chefs d’État, où l’on forme des Présidents de la République ? Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall ont été formés dans quelle école ? La seule école par laquelle sort un Président de la République est celle de la politique. Devrait s’y ajouter l’école de l’éthique et de l’intégrité. Sur ces dernières, qui mieux parmi ceux qui sont dans l’espace politique a un profil meilleur que celui de Ousmane ? S’il faut simplement connaître son peuple, l’aimer, l’adorer et vouloir simplement le servir en ayant les compétences, Sonko est déjà prêt. S’il faut s’identifier aux Sénégalais confinés dans les couches les plus démunies, le Président de Pastef a étudié dans les profondeurs de la Casamance dans des abris provisoires, donc est prêt. S’il faut connaître réellement l’État, il a administré des dossiers très sensibles de l’État dans la plus grande discrétion. C’est un juriste doublé d’un économiste qui a appris à défendre les intérêts de l’État, les intérêts du peuple. Qui dans cet environnement en dehors des postes acquis par la facilité politique a eu à manipuler des dossiers financiers ? Ousmane Sonko, par sa formation, son intégrité, son honnêteté, son leadership, sa trajectoire politique, sa carrière professionnelle, est un homme qui symbolise l’espoir de tout un peuple à un moment où tous les signaux sont rouges, un moment où le taux de chômage est extrêmement élevé, un 91

moment où il est plus facile d’acquérir un marché de l’État en tant qu’étranger que national, un moment où le justiciable ne se reconnait plus dans ses institutions, un moment où le patriotisme et le don de soi pour la patrie sont aussi rares que la clairvoyance politique et transparence budgétaire. Ousmane Sonko, par son discours, son parcours, sa trajectoire, son projet, sa vision et son programme de campagne est prêt. Il est prêt à mettre le Sénégal sur la voie du développement. Enfin ce 24 février 2019 une occasion unique s’offre au Sénégal, celle de voir enfin toute une classe politique, d’affairistes, d’activistes, de larbins....se regrouper autour d’une coalition, derrière un homme. Cette « occasion » nous donne, pour une fois, l’occasion de nous en départir à jamais. Ainsi pourra se dessiner une République des valeurs avec à la tête de nos institutions des hommes de vertus. Mais à nous Sénégalais de choisir et à nous d’en subir les conséquences positives ou négatives. C’est selon notre choix. Thiès le 30 janvier 2019

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POSTFACE Saluons tout d’abord, ici, le remarquable travail effectué par l’auteur Sadikh Top, pour la qualité de son ouvrage, ainsi que les moyens investis dans le cadre des investigations menées. Connaissant le sérieux, le talent ainsi que le patriotisme de Sadikh Top, nous ne sommes point étonnés de ce fabuleux résultat. Par ailleurs, à travers cet ouvrage, l’auteur nous a fait voyager au cœur de ce qu’est la politique au pays de la Téranga. Au-delà de la personne de Ousmane Sonko, c’est une invitation à réfléchir sur ce que devra être l’engagement politique, et l’élection présidentielle du 24 février 2019 n’est qu’un prétexte pour parvenir à un résultat efficient. L’homo senegalensis a vu en Ousmane Sonko un leader au vrai sens du terme, tout comme les Indiens ont eu leur Ghandi, l’Afrique du Sud son Mandela, et le Burkina Faso son Thomas Sankara. La révolution politique voulue par Ousmane Sonko et les fondateurs de Pastef les Patriotes a eu un retentissement tant en Amérique, en Asie, ou encore en Europe. N’est-ce pas lors de son meeting du 24 novembre 2018 à Paris, que Ousmane Sonko lancera son fameux « du haut de mes 45 ans, je suis prêt ». Incontestablement, la diaspora a propulsé le parti Pastef les Patriotes en haut de la vie politique. Alors même que lors des législatives de 2017 étaient élus des députés dits de la diaspora, c’est en Ousmane Sonko que cette même diaspora décida de placer toute sa confiance, ne 93

se laissant pas ainsi tromper par les ruses du parti au pouvoir dont la seule préoccupation était de satisfaire ses militants qui sont à l’étranger, et certainement pas de prendre en compte la préoccupation de nos concitoyens. C’est par un investissement humain, matériel et financier que les patriotes outre atlantiques, de la sous-région et du Maghreb ont apporté leur pierre à l’édifice, par un « don de soi » qui ne souffre d’aucun doute. Habituellement, ce sont les responsables politiques qui gratifient leurs militants de sommes faramineuses, souvent détournées des deniers publics, lors de leur passage en occident. D’ailleurs, il n’est pas rare que les querelles défraient la chronique relativement au partage du butin laissé par ces derniers. Ousmane Sonko peut ainsi, sans risque de se tromper, se prévaloir de l’honneur qui lui a été fait par la diaspora qui a intégralement financé son tour du monde, sans que jamais l’argent du contribuable, ou d’un quelconque lobby ne soit venu gonfler la cagnotte prévue à cet effet. Preuve que les Sénégalais ont soif de changement, et qu’eux aussi sont prêts. Certes Ousmane Sonko et ses « compagnons de départ » sont les précurseurs de la lutte contre le « système ». De notre point de vue, l’ascension du parti se justifie également par ce besoin que les Sénégalais avaient de mettre un mot sur ce mal qui les ronge depuis les indépendances. L’anti système c’est certes Ousmane Sonko, mais aussi toutes ces femmes, tous ces hommes, qui veulent donner un nouveau souffle à notre pays, en contraignant cette oligarchie que l’auteur qualifie de retraités, au repos et à la libération du Sénégal, comme le fit la jeunesse française en sommant tant le PS que l’UMP d’avoir le courage d’une autre vie. Alors que la question de l’éthnicisme occupait l’espace politique, Ousmane Sonko rassurait en indiquant d’entrée de jeu qu’il sera le Président de tous les Sénégalais. On ne 94

pouvait pas attendre moins de lui, puisque Pastef les Patriotes est une association qui représente le Sénégal dans sa diversité ethnique, religieuse, confrérique, culturelle mais aussi sociale. L’élection présidentielle du 24 février 2019 est pressentie comme violente, du fait notamment des menaces proférées par les responsables du PDS qui voient en la nonparticipation de Karim WADE à ladite élection, une volonté manifeste du parti au pouvoir d’éliminer un opposant de taille. Dans ce climat délétère, Ousmane Sonko montra une fois de plus que la politique appelle au rassemblement, au respect du choix de chaque concitoyen, et au sens des responsabilités, afin de sauvegarder l’intérêt national. Dès lors, bien que déterminé à apporter un renouveau politique, à mettre un terme au système dont l’une des marques de fabrique est la transhumance des politiciens peu vertueux, il dira toutefois à ses militants le 30 janvier 2019 : « Je demande solennellement à tous les militants et toutes les militantes de PASTEF, et à tous les membres de la Coalition SONKO PRESIDENT, de respecter les choix de compagnonnage de chaque acteur politique dans ce contexte d’alliance électorale. Par conséquent, il nous faut éviter tout propos outrageant ou déplacé à l’encontre de concitoyens et de leur liberté d’opinion et d’association garantie par la constitution ». Il démontrait ainsi une fois de plus sa capacité à se démarquer de responsables de partis politiques tels que le Président en exercice, Macky Sall, qui félicitait ouvertement ses militants d’avoir agressé à Paris des manifestants de l’opposition. On comprend alors mieux Ousmane Sonko lorsqu’il déclarait ne pas avoir connu ce qu’est l’État en pratiquant la politique, mais pour l’avoir étudié, et servi inlassablement 95

pendant quinze années, sans que jamais une once de reproche ne lui soit adressée. S’agissant des alliances électorales, Pastef les Patriotes a opté pour une alliance saine, rejetant ainsi toute forme d’association qui pourrait certes être gagnante, mais le contraindrait à renoncer à ses principes, ou à se lancer dans une forme « deal » qui méconnaitrait les valeurs et principes fondateurs du parti. Choix certes audacieux, mais judicieux puisque comme le rappelait Ousmane Sonko, ce pays ne survivrait pas une nouvelle trahison. Enfin, il appartient à la jeunesse sénégalaise de saisir cette inouïe occasion afin de rappeler, et prouver à cette classe politique qu’elle n’est ni malsaine, pas moins qu’elle ne soit constituée d’oisifs errants. Mais qu’elle est une jeunesse sur laquelle on peut miser, qui a compris les enjeux du millénaire, et qu’elle peut se mesure à n’importe quelle autre jeunesse des pays développés ou émergents, pour peu qu’on ait une quelconque considération pour elle, et qu’on lui accorde le respect et l’égard qui lui sont dus. Ndèye Rokhaya Thiam, Goorgol

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TABLE DES MATIÈRES Dédicace ............................................................................. 7 Remerciements ................................................................... 9 Préface.............................................................................. 11 Introduction ...................................................................... 15 Contexte ........................................................................... 21 L’Assemblée nationale, une institution en berne ............ 33 Rappelons-nous ................................................................ 37 Sur Ousmane Sonko ......................................................... 43 Radiation de Ousmane ..................................................... 63 Sonko à l’Assemblée nationale ........................................ 71 Ousmane Sonko, la réincarnation de Mamadou Dia ....... 85 Sonko, l’espoir ................................................................. 89 Postface ............................................................................ 93

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Achevé d’imprimer par Corlet Numérique - 14110 Condé-sur-Noireau N° d’Imprimeur : 155200 - Février 2019 - Imprimé en France

Extrait de la préface de Dr Cheikh Tidiane DIÈYE

Ababacar Sadikh TOP est titulaire d’un Certificat de formation en journalisme au Centre d’études des sciences et techniques de l’information, Cesti. Il a fait ses débuts à la 2stv en tant que reporter ensuite à la DTV où il a été tour à tour reporter, chroniqueur et présentateur avant de s’envoler pour le Maroc. Il est co-auteur du livre Sen Njaxas, Cocktail citoyen.

Illustration de couverture : Photo officielle de Ousmane Sonko

ISBN : 978-2-343-16907-1

12 €

Ababacar Sadikh TOP

SONKO

Trajectoire, parcours et discours de l’espoir

« L’arrivée d’Ousmane Sonko sur la scène politique sénégalaise est une nouvelle rafraichissante. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne laisse personne indifférent. Il a bousculé des ordres établis et dérangé bien des certitudes, voire des quiétudes, dans ce qu’il se plait à appeler lui-même le «système». Son ascension a connu une fulgurance rarement vue dans l’espace politique. Son style est différent, son modèle est atypique. […] Mais qui est donc Ousmane Sonko ? C’est à cette question que ce livre tente de répondre. À travers des entretiens, des observations et des recherches de type journalistique, l’auteur restitue les faits saillants et les différentes étapes du parcours professionnel et politique de Sonko. »

Ousmane SONKO

Ousmane

Ababacar Sadikh TOP

Ousmane

SONKO Trajectoire, parcours et discours de l’espoir Préface de Dr Cheikh Tidiane DIÈYE