Méthode de langue latine: Lire, comprendre et traduire les textes latins [2 ed.] 2200625960, 9782200625962


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Table of contents :
Table des matières
Avant-propos
1. But de cette méthode
2. Avant tout : comprendre le latin
3. L’organisation du livre
4. Une méthode complète et autonome
Partie 1. Comprendre le latin
Introduction. ​​Qu’est-ce que le latin ? Alphabet et prononciation
1. Qu’est-ce que le latin ?
2. Alphabet et prononciation
3. Exercices
Chapitre 1. Cas et déclinaisons – La première déclinaison
1. Cas et déclinaisons
2. La première déclinaison
3. Exercices
Chapitre 2. Le verbe – La première conjugaison
1. Le verbe
2. La première conjugaison
3. Exercices
Chapitre 3. La deuxième déclinaison – La deuxième conjugaison
1. La deuxième déclinaison
2. La deuxième conjugaison
3. Exercices
Chapitre 4. La troisième déclinaison – La troisième conjugaison
1. La troisième déclinaison
2. La troisième conjugaison
3. Exercices
Chapitre 5. Les lois phonétiques – Les noms neutres – Les quatrième et cinquième conjugaisons
1. Les lois phonétiques
2. Les noms neutres
3. Les quatrième et cinquième conjugaisons
4. Exercices
Chapitre 6. Les adjectifs – Le genre des noms – Le verbe esse – L’attribut du sujet
1. Les adjectifs
2. Le genre des noms
3. Le verbe esse – L’attribut du sujet
4. Exercices
Chapitre 7. Les quatrième et cinquième déclinaisons – Synthèse sur les noms et les adjectifs – L’impératif – Le participe présent actif – Le pronom relatif
1. La quatrième déclinaison
2. La cinquième déclinaison
3. Synthèse sur les noms et les adjectifs
4. L’impératif
5. Le participe présent actif
6. Le pronom relatif
7. Exercices
Chapitre 8. La voix passive – Le complément d’agent – La syntaxe : cadres généraux– La proposition infinitive (1) – L’ablatif absolu (1)
1. La voix passive
2. Le complément d’agent
3. La syntaxe : cadres généraux
4. La proposition infinitive (1)
5. L’ablatif absolu (1)
6. Exercices
​​Exercices de révision sur les chapitres 1–8
1. Énoncés
2. Corrigés
Chapitre 9. Le subjonctif présent et imparfait – Quelques emplois du subjonctif :ordre, souhait, but – Les pronoms personnels (1) et adjectifs possessifsLes adjectifs-pronoms interrogatifs
1. Le subjonctif présent et imparfait
2. Quelques emplois du subjonctif
3. Les pronoms personnels (1) et adjectifs possessifs
4. Les adjectifs-pronoms interrogatifs
5. Exercices
Chapitre 10. Le gérondif et l’adjectif verbal (1) – Récapitulation sur les conjugaisons– Les degrés des adjectifs – Récapitulation sur les déclinaisons– Les verbes déponents (1)
1. Le gérondif et l’adjectif verbal (1)
2. Récapitulation sur les conjugaisons
3. Les degrés des adjectifs
4. Récapitulation sur les déclinaisons
5. Les verbes déponents (1)
6. Exercices
Chapitre 11. Le parfait – Le supin – Les participes parfait et futur
1. Le parfait
2. Le supin
3. Les participes parfait et futur
4. Exercices
Chapitre 12. Les autres temps du perfectum actif – Les compléments de lieu et de temps
1. Les autres temps du perfectum actif
2. Les compléments de lieu et de temps
3. Exercices
Chapitre 13. Le perfectum passif – La concordance des temps à l’infinitif – L’ablatif absolu (2)
1. Le perfectum passif
2. Concordance des temps à l’infinitif
3. L’ablatif absolu (2)
4. Exercices
Chapitre 14. Les propositions complétives (1) – L’interrogation directe et indirecte
1. Les propositions complétives (1)
2. L’interrogation directe et indirecte
3. Exercices
Chapitre 15. Les verbes irréguliers (1) : uelle, nolle, malle, posse, ferre– Les adjectifs-pronoms démonstratifs
1. Les verbes irréguliers (1)
2. Les adjectifs-pronoms démonstratifs
3. Exercices
Chapitre 16. Les verbes irréguliers (2) : fieri, ire, esse – Les adjectifs-pronoms indéfinis– Les pronoms personnels et adjectifs possessifs (2)
1. Les verbes irréguliers (2)
2. Les adjectifs-pronoms indéfinis
3. Les pronoms personnels et adjectifs possessifs (2)
4. Exercices
​​Exercices de révision sur les chapitres 1–16
Chapitre 17. Les adjectifs numéraux – La syntaxe des cas (1) : nominatif, vocatif, accusatif
1. Les adjectifs numéraux
2. La syntaxe des cas (1)
3. Exercices
Chapitre 18. La syntaxe des cas (2) : génitif, datif, ablatif
1. Génitif
2. Datif
3. Ablatif
4. Exercices
Chapitre 19. La syntaxe des propositions – Les propositions indépendantes et principales – Les propositions complétives (2)
1. Généralités
2. Les propositions indépendantes et principales
3. Les propositions complétives (2)
4. Exercices
Chapitre 20. L’infinitif et la proposition infinitive (2) – Le passif personnel et impersonnel – Les propositions circonstancielles (1) : but, conséquence, cause, temps
1. Infinitif et proposition infinitive (2)
2. Le passif personnel et impersonnel
3. Les propositions circonstancielles (1)
4. Exercices
Chapitre 21. Les propositions circonstancielles (2) : condition, concession, comparaison
1. Condition
2. Concession
3. Comparaison
4. Exercices
Chapitre 22. Le gérondif et l’adjectif verbal (2) – Le supin – Les propositions relatives– Les prépositions – La formation des verbes composés
1. Le gérondif et l’adjectif verbal (2)
2. Le supin
3. Les propositions relatives
4. Les prépositions
5. La formation des verbes composés
6. Exercices
Chapitre 23. Le style indirect
1. Généralités
2. Le style indirect latin
3. Cas particuliers
4. Le style indirect au sens large
5. Pronoms réfléchis et non-réfléchis
6. Exercices
Chapitre 24. Les conjonctions de coordination – Récapitulation sur les emplois de cum, ne, quam, quod, ut – Quelques locutions et mots latins encore en usage
1. Les conjonctions de coordination
2. Récapitulation sur les emplois de cum, ne, quam, quod, ut
3. Quelques locutions et mots latins encore en usage
4. Exercices
​​Exercices de révision sur les chapitres 1–24
Chapitre 25. La dérivation des mots – Conseils pour la version latine
1. La dérivation des mots
2. Conseils pour la version latine
3. Exercice
Partie 2. Recueil de textes et documents
Chapitre 1. La pratique du latin par les textes et la littérature
1. Quelques réflexions sur l’art de la traduction
2. Textes commentés et traduits
3. Textes traduits
4. Quelques grands textes
Chapitre 2. Histoire et usages de la langue latine
1. Le latin archaïque
2. Le latin « vulgaire »
3. Le latin chrétien
4. Le latin médiéval
5. Le latin de la Renaissance
6. Le latin « moderne »
Annexes
1. Le système de datation romain
2. Le nom romain
3. Les vers latins
4. Carte de l’empire romain
5. Tableau synoptique d'histoire romaine et de littérature latine
Bibliographie
1. Langue
2. Linguistique et littérature
3. Histoire et civilisation
Index
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Méthode de langue latine: Lire, comprendre et traduire les textes latins [2 ed.]
 2200625960, 9782200625962

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Méthode de langue latine - 2e éd.

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Table des matières Avant-propos

19

1. But de cette méthode. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

19

2. Avant tout : comprendre le latin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

20

3. L’organisation du livre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

21

4. Une méthode complète et autonome. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22

PARTIE 1 COMPRENDRE LE LATIN Introduction. Qu’est-ce que le latin ? Alphabet et prononciation

27

1. Qu’est-ce que le latin ?. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Point de vue historique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Point de vue linguistique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Alphabet et prononciation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. L’alphabet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. La prononciation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1. Cas et déclinaisons – La première déclinaison

27 27 28 31 31 31 36 36 36 39

1. Cas et déclinaisons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

39

2. La première déclinaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

40

3. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

42 43 45

Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Le verbe – La première conjugaison

47

1. Le verbe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

47

Table des matières

5

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2. La première conjugaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Indicatif présent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Indicatif imparfait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Indicatif futur simple. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. La deuxième déclinaison – La deuxième conjugaison 1. La deuxième déclinaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Les noms en –us. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Les noms en ‑er. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

52 52 54 57 57 57 57

2. La deuxième conjugaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

58

3. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

59 60 62

Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. La troisième déclinaison – La troisième conjugaison 1. La troisième déclinaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

65

C. Noms à thème vocalique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

65 65 66 67

2. La troisième conjugaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

68

3. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

69 71 73

A. Critères de différenciation des déclinaisons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Noms à thème consonantique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

5. Les lois phonétiques – Les noms neutres – Les quatrième et cinquième conjugaisons 1. Les lois phonétiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Le rhotacisme. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. L’i bref (ĭ) devant r et en finale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Les noms neutres. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Deuxième déclinaison neutre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Troisième déclinaison neutre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Les quatrième et cinquième conjugaisons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

6

49 50 50 51

Méthode de langue latine

75 75 76 76 77 77 78 80

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4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

6. Les adjectifs – Le genre des noms – Le verbe esse – L’attribut du sujet 1. Les adjectifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

82 83 86 89

B. Les adjectifs de la deuxième classe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

89 89 91

2. Le genre des noms. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

93

3. Le verbe esse – L’attribut du sujet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

95 95 95

A. Les adjectifs de la première classe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

A. Le verbe esse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. L’attribut du sujet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

96 96 100

7. Les quatrième et cinquième déclinaisons – Synthèse sur les noms et les adjectifs – L’impératif – Le participe présent actif – Le pronom relatif 105 1. La quatrième déclinaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

105

2. La cinquième déclinaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

106

3. Synthèse sur les noms et les adjectifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

106

4. L’impératif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

112

5. Le participe présent actif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

113

6. Le pronom relatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

114 114 116

A. Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Le pronom relatif latin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

7. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

8. La voix passive – Le complément d’agent – La syntaxe : cadres généraux – La proposition infinitive (1) – L’ablatif absolu (1)

118 118 122 125

1. La voix passive. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

125

2. Le complément d’agent. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

127

Table des matières

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3. La syntaxe : cadres généraux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Syntaxe d’accord. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Syntaxe des cas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Syntaxe des propositions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. La proposition infinitive (1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Observations préliminaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Structure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Fonctions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

5. L’ablatif absolu (1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Observations préliminaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Structure. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Fonctions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

6. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Exercices de révision sur les chapitres 1–8

133 133 134 134 135 135 135 136 137 137 139 143

1. Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

143

2. Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

144

9. Le subjonctif présent et imparfait – Quelques emplois du subjonctif : ordre, souhait, but – Les pronoms personnels (1) et adjectifs possessifs Les adjectifs-pronoms interrogatifs

147

1. Le subjonctif présent et imparfait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

147

2. Quelques emplois du subjonctif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

149 149 150

A. L’ordre et le souhait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Propositions subordonnées : la proposition de but. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Les pronoms personnels (1) et adjectifs possessifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C. Les adjectifs-pronoms possessifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

151 151 152 154

4. Les adjectifs-pronoms interrogatifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

154

5. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

155 155 158

A. Observations générales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Les pronoms personnels. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

8

128 129 130 131

Méthode de langue latine

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10. Le gérondif et l’adjectif verbal (1) – Récapitulation sur les conjugaisons – Les degrés des adjectifs – Récapitulation sur les déclinaisons – Les verbes déponents (1) 1. Le gérondif et l’adjectif verbal (1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

161

B. L’adjectif verbal. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

161 161 162

2. Récapitulation sur les conjugaisons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

163

3. Les degrés des adjectifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

D. Syntaxe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

167 167 168 169 170

4. Récapitulation sur les déclinaisons. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

171

5. Les verbes déponents (1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

172

6. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

175 175 178

A. Le gérondif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

A. Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Formation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Déclinaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

11. Le parfait – Le supin – Les participes parfait et futur

183

1. Le parfait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Équivalents français. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Conjugaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Formation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Le supin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Définition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Formation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Distribution des thèmes verbaux dans la conjugaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Les participes parfait et futur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Le participe parfait. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Le participe futur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

183 183 184 185 186 186 187 188 189 189 189 191 191 194

12. Les autres temps du perfectum actif – Les compléments de lieu et de temps 199 1. Les autres temps du perfectum actif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

199

Table des matières

9

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2. Les compléments de lieu et de temps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Les compléments de lieu. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Les principaux compléments de temps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

13. Le perfectum passif – La concordance des temps à l’infinitif – L’ablatif absolu (2) 1. Le perfectum passif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

203 203 206 211

B. Les verbes déponents. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

211 211 213

2. Concordance des temps à l’infinitif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

215

3. L’ablatif absolu (2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

216

4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

217 217 222

A. Les verbes réguliers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

14. Les propositions complétives (1) – L’interrogation directe et indirecte 1. Les propositions complétives (1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Les propositions introduites par ut. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. L’interrogation directe et indirecte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. L’interrogation française. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. L’interrogation directe. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. L’interrogation indirecte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

15. Les verbes irréguliers (1) : uelle, nolle, malle, posse, ferre – Les adjectifs-pronoms démonstratifs 1. Les verbes irréguliers (1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Velle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Nolle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Malle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Posse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

10

201 201 202

Méthode de langue latine

227 227 227 227 229 229 230 234 236 236 238 241 241 241 242 243 243

FAMERIE-9782200625962­BAT.pdf (Col FAMERIE_62596_BAT) - 09-09-19 15:36:06

E. Ferre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

245

2. Les adjectifs-pronoms démonstratifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

246 246 247 247 247 249 250

A. Hic. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Iste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Ille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Is. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E. Tableaux de déclinaison des démonstratifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F. Idem et ipse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

16. Les verbes irréguliers (2) : fieri, ire, esse – Les adjectifs-pronoms indéfinis – Les pronoms personnels et adjectifs possessifs (2) 1. Les verbes irréguliers (2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Fieri. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Ire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Esse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Les adjectifs-pronoms indéfinis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Quelque, quelqu’un. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Certain, un (certain). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Aucun… ne, personne… ne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Chaque, chacun, tout. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E. Autre, un autre. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Les pronoms personnels et adjectifs possessifs (2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Observations générales sur le réfléchi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Le pronom personnel non-réfléchi de la 3e personne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. L’adjectif possessif non-réfléchi de la 3e personne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Exercices de révision sur les chapitres 1–16 Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

251 251 253 257 257 257 258 259 260 260 261 261 263 265 267 267 268 268 269 269 271 275 275 276

Table des matières

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17. Les adjectifs numéraux – La syntaxe des cas (1) : nominatif, vocatif, accusatif 279 1. Les adjectifs numéraux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Les cardinaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Les ordinaux. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Les distributifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Les multiplicatifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E. Les chiffres romains. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. La syntaxe des cas (1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Nominatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Vocatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Accusatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

18. La syntaxe des cas (2) : génitif, datif, ablatif 1. Génitif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Génitif d’appartenance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Génitif partitif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Génitif de relation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Datif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Datif d’attribution. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Datif d’intérêt. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Datif de destination. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Ablatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Ablatif proprement dit. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Ablatif instrumental. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Locatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

19. La syntaxe des propositions – Les propositions indépendantes et principales – Les propositions complétives (2) 1. Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Emploi des modes et des temps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Nature des propositions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

12

Méthode de langue latine

279 279 280 281 281 283 284 284 285 285 290 290 292 297 297 297 299 300 302 302 303 304 304 305 306 308 309 309 311 315 315 315 317

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2. Les propositions indépendantes et principales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Emploi des modes et des temps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Les propositions complétives (2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Indicatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Subjonctif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

318 318 323 323 324 327 327 328

20. L’infinitif et la proposition infinitive (2) – Le passif personnel et impersonnel – Les propositions circonstancielles (1) : but, conséquence, cause, temps 333 1. Infinitif et proposition infinitive (2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

333

2. Le passif personnel et impersonnel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

335

3. Les propositions circonstancielles (1). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

336 336 337 339 340

A. But (rappel). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Conséquence. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Cause. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Temps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

342 342 345

21. Les propositions circonstancielles (2) : condition, concession, comparaison 349 1. Condition. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C. Irréel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

349 350 350 351

2. Concession. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

353

3. Comparaison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

354

4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

356 356 358

A. Réel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Potentiel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22. Le gérondif et l’adjectif verbal (2) – Le supin – Les propositions relatives – Les prépositions – La formation des verbes composés 1. Le gérondif et l’adjectif verbal (2). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

361 361

Table des matières

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2. Le supin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

363

3. Les propositions relatives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

363 363 364

A. Observations générales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Les propositions relatives en latin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. Les prépositions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C. Prépositions régissant l’accusatif ou l’ablatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

366 367 372 374

5. La formation des verbes composés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

375

6. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

378 378 380

A. Prépositions régissant l’accusatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Prépositions régissant l’ablatif. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

23. Le style indirect

383

1. Généralités. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

383

2. Le style indirect latin. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

384 384 386 387

A. Modes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Temps. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Pronoms personnels et adjectifs possessifs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Cas particuliers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Absence de concordance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Les conditionnelles dans le style indirect. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

390 390 390

4. Le style indirect au sens large. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

392

5. Pronoms réfléchis et non-réfléchis. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

395 395 396 397

A. Le réfléchi indirect. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Emplois absolus du réfléchi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. En résumé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

6. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

397 397 398

24. Les conjonctions de coordination – Récapitulation sur les emplois de cum, ne, quam, quod, ut – Quelques locutions et mots latins encore en usage 401 1. Les conjonctions de coordination. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Copulatives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Disjonctives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Adversatives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Méthode de langue latine

401 401 403 404

FAMERIE-9782200625962­BAT.pdf (Col FAMERIE_62596_BAT) - 09-09-19 15:36:06

D. Explicatives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E. Conclusives. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Récapitulation sur les emplois de cum, ne, quam, quod, ut. . . . . . . . . . . . . . .

405 405

E. Vt. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

405 406 407 408 409 410

3. Quelques locutions et mots latins encore en usage. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

411

4. Exercices. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

416 416 417

A. Cum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Ne. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Quam. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Quod. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Exercices de révision sur les chapitres 1–24 Énoncés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Corrigés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

25. La dérivation des mots – Conseils pour la version latine

421 421 422 425

1. La dérivation des mots. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Noms dérivés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Adjectifs dérivés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Adverbes dérivés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Verbes dérivés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Conseils pour la version latine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

425 425 427 428 428

E. L’utilisation du dictionnaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

429 429 431 432 433 434

3. Exercice. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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A. La lecture et la préparation du texte. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. L’ordre des mots. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . c. Les propositions enclavées. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. La fonction des mots. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

PARTIE 2 RECUEIL DE TEXTES ET DOCUMENTS 1. La pratique du latin par les textes et la littérature

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1. Quelques réflexions sur l’art de la traduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Défauts de l’apprenti traducteur. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Qualités de la traduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Table des matières

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2. Textes commentés et traduits. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les livres sibyllins (Aulu-Gelle). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La désignation du successeur d’Aristote (Aulu-Gelle). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le vétéran de César (Sénèque). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La vieille de Syracuse (Valère Maxime). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Deux fils au-dessus de tout soupçon (Cicéron). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La mort de Cicéron (Tite-Live). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Un rêve prémonitoire (Cicéron). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Acte d’héroïsme de deux centurions rivaux (César). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’astrologue de Tibère (Tacite). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’avènement de Claude (Suétone). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Textes traduits. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Bon mot d’Hannibal (Aulu-Gelle). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Comportement exemplaire de deux esclaves (Claudius Quadrigarius). . . . . . . . . . . . . . . La clémence d’Auguste (Sénèque). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La mort d’Archimède (Valère Maxime). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Scrupules d’un pythagoricien (Sénèque). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Auguste et les corbeaux savants (Macrobe). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Cicéron découvre le tombeau d’Archimède (Cicéron). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’épée de Damoclès (Cicéron). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Entretien de Scipion et d’Hannibal (Claudius Quadrigarius). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’instituteur de Faléries (Tite-Live). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. Quelques grands textes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Grandeur et misère du genre humain (Salluste). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Éloge de l’épicurisme – L’illusion du pouvoir (Lucrèce). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . La descente d’Énée aux Enfers (Virgile). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Scène de ménage (Pétrone). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dangers des sorties nocturnes à Rome (Juvénal). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Histoire et usages de la langue latine 1. Le latin archaïque. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Éloge de L. Cornélius Scipion Barbatus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Sénatus-consulte des Bacchanales. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ennius. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Plaute. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Lettre de Cornélie à son fils C. Gracchus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Le latin « vulgaire ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les graffiti de Pompéi. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les tablettes de défixion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Méthode de langue latine

448 448 450 454 457 460 463 467 470 474 476 482 482 483 484 485 486 487 488 489 490 491 493 493 495 497 499 501 505 507 507 508 511 512 513 515 515 517

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Le voyage d’Égérie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Le latin chrétien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’art de la traduction (Jérôme de Stridon). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le voleur de poires (Augustin d’Hippone). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . De la façon de recevoir les frères (Benoît de Nursie). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

4. Le latin médiéval. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le baptême de Clovis (Grégoire de Tours). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Conditions de vie des Finnois (Paul Diacre). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Précautions d’un biographe de Charlemagne (Éginhard). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Charlemagne et l’inspection scolaire (Notker le Bègue). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

5. Le latin de la Renaissance. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Lettre à Cicéron (Pétrarque). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Des auditeurs mécontents s’adressent à leur professeur (Conrad Celtis). . . . . . . . . . . . . L’invention de l’imprimerie typographique (Jean Trithème). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Comment j’ai écrit l’Éloge de la folie (Érasme). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le mariage en Utopie (Thomas More). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Défense et illustration de la langue française… en latin (Jean Canappe). . . . . . . . . . . . . . . . La découverte de l’Amérique (Pietro Bembo). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Superstition des Ottomans (Ogier Ghislain de Busbecq). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Plaidoyer pour la recherche fondamentale (Francis Bacon). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Acte d’abjuration de Galilée (Giovanni Battista Riccioli). . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

6. Le latin « moderne ». . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Épitaphe de Racine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . L’ancien et le nouveau De viris illustribus (Aurelius Victor – Abbé Lhomond). . . . . . . . . . . . La contribution de Montesquieu à la constitution de la science sociale (Émile Durkheim).

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ANNEXES 1. Le système de datation romain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Le calendrier julien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Le jour. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. La date. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Le nom romain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Le prénom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . B. Le nom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Le surnom. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Les vers latins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . A. Prose et poésie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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G. Césure et élision. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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4. Carte de l’empire romain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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5. Tableau synoptique d'histoire romaine et de littérature latine. . . . . . . . . . .

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B. Vers français et vers latins. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . C. Les pieds. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . D. Les vers. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . E. Le temps fort. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . F. Substitutions. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Bibliographie 1. Langue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Dictionnaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Lexiques. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Grammaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Méthodes et manuels de version. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

2. Linguistique et littérature. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Linguistique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Histoire littéraire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Anthologies. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

3. Histoire et civilisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Histoire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Civilisation. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Atlas. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Index

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Méthode de langue latine

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Avant-propos Il existe de nombreux manuels de latin, si nombreux que leurs auteurs éprouvent souvent le besoin de se justifier en cherchant à prévenir implicitement l’objection suivante : « On étudie les langues anciennes depuis très longtemps grâce à des méthodes qui ont fait leurs preuves ; à quoi peut donc servir un manuel supplémentaire ? » Dès lors, il est convenu de s’excuser et d’espérer que celui-ci contribuera modestement à rendre l’étude de la langue plus conforme aux exigences du temps et, si possible, plus vivante, plus attrayante, plus facile.

1. But de cette méthode Notre but n’est pas d’ajouter à une liste déjà longue un manuel qui chercherait à innover sur l’un ou l’autre point de méthode. Il est de répondre à une demande pressante. Un nombre toujours plus important d’adultes sortent de l’enseignement obligatoire sans jamais avoir fait de latin ou disposent de connaissances insuffisantes dans le domaine. Peu importe ici la question de savoir s’il s’agit d’une lacune. Toujours est-il que bon nombre d’entre eux sont amenés, pour des raisons diverses, à lire, à comprendre, voire à traduire des textes latins. Il existe encore quelques rares manuels à l’usage des élèves du secondaire, mais leur objectif est très différent : à supposer qu’ils soient complets (auquel cas ils s’inscrivent dans une collection qui compte plusieurs volumes), ils ne visent pas à une étude sys‐ tématique et raisonnée de la langue latine et ne s’adressent pas, de toute manière, au public ici visé. L’absence de moyens didactiques adéquats a contraint nombre de col‐ lègues à réaliser leurs propres polycopiés. Ces manuels, qui se sont multipliés dans le monde francophone, reposent sur des méthodologies diverses ; leurs ambitions et leurs limites sont souvent très différentes. D’autres enseignants, qui n’avaient pas le loisir de s’engager dans un travail aussi important, ont dû se contenter d’ouvrages plus anciens, peu adaptés aux besoins nouveaux1.

1. Un colloque organisé avec Claude Aziza (Université de la Sorbonne Nouvelle) avait permis de dresser, dès 1984, l’état des lieux de l’enseignement des langues anciennes aux grands commençants et de se rendre compte qu’il existait une demande urgente en matière d’outils didactiques appropriés : cf. L’enseignement des langues anciennes aux grands débutants : Problèmes, méthodes, finalités (Actes du colloque de Wégimont, 18–20 février 1984), éd. par Ét. Famerie, Liège – Paris, Universités de Liège et de la Sorbonne Nouvelle, 1986. Avant-propos

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L’ambition de ce livre, fruit d’un enseignement organisé à l’Université de Liège depuis plus de trente ans, est de permettre à chacun, et notamment aux « grands commen‐ çants » (lycéens, étudiants de lettres, d’histoire, de philosophie ou adultes autodi‐ dactes), d’acquérir en un an les connaissances nécessaires à la compréhension, avec l’aide d’un dictionnaire et d’une grammaire, d’un texte latin de difficulté moyenne.

2. Avant tout : comprendre le latin Pour répondre à cette demande, nous avons dû définir des objectifs précis et opérer des choix. Notre but ne pouvait pas être d’amener d’emblée, en quelques centaines de pages, à une compréhension globale de l’antiquité romaine, mais seulement de donner la maîtrise du latin envisagé comme un instrument. Notre tâche n’est pas, par exemple, de faire des exposés sur le stoïcisme, mais de fournir à ceux qui le souhaitent l’outil qui leur permettra d’avoir avec lui un contact direct en lisant Sénèque. Du reste, le latin, qui demeura très longtemps un moyen de communication scientifique et culturel privilégié, permet non seulement l’accès à la civilisation antique, mais aussi à des pans entiers du Moyen Âge et de la Renaissance. C’est donc pour des raisons de pertinence et d’efficacité que nous avons décidé d’accor‐ der la priorité absolue à l’étude de la langue, sans chercher à y mêler des connaissances d’une autre nature. On ne trouvera pas dans ce manuel d’exposé historique ou littéraire, ni d’illustration. Si l’étude de la civilisation est sans nul doute l’objectif ultime, elle ne se conçoit pas, au niveau universitaire, sans une maîtrise de la langue qui permette un accès direct aux sources. Il faut bien commencer par le commencement. Nous n’entendons pas non plus décrire les structures d’un latin universel, intemporel, que certains ont voulu considérer comme la solution aux problèmes de communication entre les divers pays européens. Là aussi, il fallait choisir, et nous avons décidé d’exposer les structures du latin d’une époque déterminée, celui de la période classique : il donne accès à une littérature dont l’influence reste considérable et a servi de modèle à toute la littérature latine du Moyen Âge et de la Renaissance. Nous ne nous sommes pas astreints pour autant à ne fournir, dans l’exposé théorique, que des extraits authentiques d’auteurs classiques ; nous n’avons pas hésité, par souci de commodité et de simplicité, à fabriquer des exemples. Nous considérons — et ceci est essentiel — l’apprentissage du latin comme un problème de compréhension et non de production : si la version et le thème sont, dans une certaine mesure, indissociables, l’objectif n’est pas d’apprendre la langue pour la parler ni même pour l’écrire, mais de

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Méthode de langue latine

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pouvoir traduire un texte latin en français. Cet ouvrage ne constitue donc pas une prépa‐ ration à l’exercice de thème littéraire ni, a fortiori, à la pratique du latin « vivant ». Nous avons voulu serrer la réalité au plus près en exposant la matière du point de vue de l’utilisateur, pour répondre aux questions qu’il se pose devant un texte. Pour lui, c’est avant tout une question de déchiffrement : peu lui importe d’être capable d’énumérer les différentes manières d’exprimer le but en latin ; ce qu’il doit déterminer, c’est si le ut qu’il a sous les yeux est bien une conjonction exprimant le but. Tout au long de l’exposé, nous avons essayé de privilégier cette approche.

3. L’organisation du livre Ce livre n’a pas davantage l’intention de se substituer aux grammaires latines existantes, car on n’apprend pas une langue, fût-elle morte, dans une grammaire. Nous entendons, au contraire, aborder le plus rapidement possible la lecture de textes. Pour y parvenir dans les meilleures conditions, il est indispensable de donner d’emblée un certain nombre d’informations d’ordre théorique sans lesquelles toute étude reste rudi‐ mentaire et, en tout cas, superficielle. Cela implique que l’utilisateur, pour acquérir une maîtrise suffisante de la langue, se voie proposer un exposé grammatical systématique, au lieu d’être invité à ne découvrir qu’à l’occasion de la lecture d’extraits quelques « phé‐ nomènes » linguistiques considérés isolément. Ces exercices permettent en même temps l’acquisition d’un vocabulaire latin d’environ 2 000 mots, qui recouvre très largement le lexique le plus représentatif, du point de vue statistique, de la littérature latine1. Il n’en était pas moins indispensable, pour parvenir au but ultime, d’intégrer à l’ouvrage un certain nombre d’extraits d’auteurs latins. Il n’est guère possible, selon nous, de pré‐ senter à la fois un exposé théorique clair sur tel chapitre de grammaire et un texte qui illustre cette matière, sans fournir de nombreux éclaircissements sur d’autres problèmes grammaticaux non encore abordés. Par ailleurs, si l’exposé est conçu en fonction de textes particuliers, il perd rapidement toute structure et toute cohérence, ce qui rend l’ouvrage très difficile à consulter et impossible à étudier tel quel. Nous nous sommes donc résolus à fournir un recueil de textes séparé. De même que pour les exercices, ces extraits sont four‐ nis avec une traduction et, pour plusieurs d’entre eux, un commentaire grammatical détaillé.

1. Pour accompagner cette acquisition, on recommande d’utiliser l’ouvrage de G. Étienne (Cahier de vocabulaire latin, 20e éd., Louvain-la-Neuve, De Boeck, 2011). Il offre à lui seul trois avantages décisifs : choix du vocabulaire fondé sur un critère de fréquence dans la littérature latine ; classement des mots en fonction de leur catégorie grammaticale (noms, adjectifs, verbes, etc.) ; mise en page conçue à la fois pour la consultation, l’étude et la révision. Avant-propos

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Les spécialistes trouveront peut-être l’explication de tel fait grammatical trop simpliste, voire trop peu scientifique. Ici encore, c’est le souci d’efficacité qui nous a amenés, dans certains cas, à proposer des « recettes » éprouvées plutôt que des développements tech‐ niques qui auraient dispersé l’attention et accru la difficulté. Les petits Romains ne connaissaient pas la phonétique historique…

4. Une méthode complète et autonome En définitive, l’originalité de ce livre, le premier du genre à voir le jour, est de fournir, en un seul volume de taille raisonnable : ● un exposé détaillé de la morphologie et de la syntaxe du latin classique à l’usage de

ceux qui n’ont jamais étudié cette langue, ou qui l’ont fait de manière superficielle, et qui désirent avoir un accès direct aux textes sans devoir se fier aux traductions – quand elles existent ; ● de nombreux exercices accompagnés de corrigés systématiques permettant de tra‐ vailler seul ; ● un recueil de textes avec traduction constitué de deux chapitres : l’un propose vingt versions (avec commentaire grammatical ou traduction seule) et quelques extraits de « grands » auteurs ; l’autre réunit une vingtaine de textes et documents illustrant l’his‐ toire de la langue et les usages du latin jusqu’à l’époque contemporaine. *

* *

Trente ans après la première édition (1989), le moment était venu, semble-t-il, de revoir l’ensemble de la méthode et d’en donner une édition entièrement revue, corrigée, enrichie (notamment le recueil de textes) et, je l’espère, améliorée. Je rends hommage en priorité aux générations successives d’étudiant(e)s, dont les ques‐ tions et remarques m’ont amené, pendant trois décennies, à fournir un exposé plus clair, des exemples mieux choisis, des exercices plus pertinents. Mon expérience d’enseignement à l’université de Liège m’a convaincu de conserver à l’ouvrage son économie générale, qui était et reste résolument une méthode complète d’apprentissage du latin classique, langue de culture par excellence. Bien que je sois seul responsable de la révision, c’est pour moi un honneur de continuer à associer à ce travail les noms d’Arthur Bodson et du regretté Michel Dubuisson, en témoignage de reconnais‐ sance.

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Cette édition n’aurait pu voir le jour sans le dévouement et la disponibilité de deux membres de mon service, Grégory Ioannidopoulos et Laëtitia Dolne, et d’une étudiante, Wendy Vandersmissen, qui m’a fait profiter de son expérience — récente, mais admirable — de la méthode. Que tous trois trouvent ici le témoignage de ma plus profonde gratitude. Étienne Famerie Juillet 2019

Avant-propos

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Partie 1 Comprendre le latin

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Introduction Qu’est-ce que le latin ? Alphabet et prononciation

1. Qu’est-ce que le latin ? A. Point de vue historique Le latin apparaît dans l’histoire comme la langue des habitants du Latium (les environs de Rome, sur la rive gauche du cours inférieur du Tibre1). Il comporte, comme toute langue, une série de dialectes : le falisque des habitants de Faléries, le prénestin de Préneste, le romain de Rome, etc. Au fur et à mesure que cette dernière cité va prendre dans l’histoire italienne, méditer‐ ranéenne et universelle la place que l’on sait, son dialecte, le « latin », va se répandre dans l’ensemble du monde connu. À l’époque de sa plus grande extension, sous le règne de Trajan (98–117 apr. J.‑C.), l’empire romain couvre un vaste ensemble de territoires2. Le latin est la langue officielle et administrative de tout cet ensemble ; il est la langue véhiculaire (c’està-dire couramment utilisée par une partie importante de la population) de la partie occi‐ dentale, le grec continuant à jouer ce rôle à l’est. À cette extraordinaire expansion politique et militaire est lié le développement d’une culture brillante, d’abord simple variété locale de l’hellénisme, puis de plus en plus origi‐ nale. C’est cette culture gréco-romaine qui, jointe au christianisme, est à la base de ce qu’il est convenu d’appeler la « civilisation occidentale ». Si Rome entre dans l’histoire dès le VIIIe siècle av. J.‑C. — l’archéologie a en gros confirmé la date traditionnelle de fondation —, la littérature n’est apparue qu’au IIIe s. ; le premier écrivain dont nous ayons conservé des œuvres lisibles en entier est Plaute (fin du IIe s.), auteur de comédies imitées par Molière. L’efflorescence de la littérature latine classique se poursuit pendant cinq siècles environ3. Le destin culturel du latin ne s’achève pas pour autant : pendant bien des siècles encore, il sera la seule, puis la principale langue écrite

1. Cf., par exemple, la carte d’Italie qui se trouve en page intérieure de couverture du dictionnaire Le Grand Gaffiot (Bibliographie, p. 577). 2. Cf. la carte de l’empire romain en fin d’ouvrage, p. 572-573. 3. Cf. le tableau chronologique de la littérature latine et la bibliographie en fin d’ouvrage, p. 574-575. Introduction

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d’Europe occidentale. Tout le Moyen Âge n’écrit guère qu’en latin ; les œuvres en langue vernaculaire, importantes par la qualité, ne le sont guère par le nombre. La Renaissance marque un déclin du latin sur le plan politique et administratif (en 1539, par exemple, François Ier décide que les documents officiels seront désormais rédigés en français), mais aussi une vigueur nouvelle sur le plan culturel : les « humanistes » comme Érasme ou Thomas More écrivent leurs œuvres et correspondent dans cette langue, moyen d’unifica‐ tion européenne avant la lettre. Le latin est resté longtemps la principale langue scientifique, dans les sciences naturelles (Newton, Descartes) comme dans les sciences humaines (Jaurès, Bergson et Durkheim

rédigent encore, à la fin du XIXe siècle, l’une de leurs thèses de doctorat en latin). Étudier le latin, c’est donc apprendre à se servir d’un instrument qui permet de com‐ prendre un ensemble de textes d’une importance majeure pour l’histoire de notre civili‐ sation, ensemble dans lequel les textes latins de l’Antiquité ne tiennent, quantitativement parlant, qu’une petite place. Mais c’est évidemment d’eux que tout doit partir, d’abord à cause de leur qualité intrinsèque, ensuite parce que tous ceux qui ont suivi les imitent, les citent, les commentent et s’en inspirent sans cesse. Cela est tout aussi vrai, du reste, des littératures en langues modernes ; de Montaigne à Montherlant ou de Shakespeare à Brecht, c’est ce qui fait du latin, aujourd’hui encore, une des clés essentielles de notre civilisation moderne.

B. Point de vue linguistique L’expérience quotidienne nous apprend que certaines langues se ressemblent d’une façon telle qu’elle ne peut être due au hasard. Comparez, par exemple, l’anglais to sing, le néerlandais zingen, l’allemand singen, et d’autre part le français chanter, le wallon tchan‐ ter, l’italien cantare et l’espagnol cantar. Ces ressemblances (non seulement au niveau du lexique, mais aussi de la grammaire) s’expliquent par une origine commune. L’anglais, le néerlandais et l’allemand (mais aussi, par exemple, le suédois, le danois, etc.) sont les diverses formes prises au cours des siècles par une seule et même langue, le germanique, qui a évolué différemment selon les endroits. Parfois cette « langue mère » nous est elle-même connue par des textes ; c’est le cas du latin, ancêtre des langues dites romanes (français, italien, espagnol, portugais, occitan, catalan, roumain, etc.). Parfois elle ne l’est pas, et les linguistes tentent alors de la reconstituer en partant des points communs aux différentes « langues filles » : c’est ce qu’on appelle la linguistique comparative.

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Partie 1. Comprendre le latin

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La plupart des langues aujourd’hui parlées en Europe (et de là en Amérique), ainsi qu’en Iran et en Inde, présentent ainsi une série d’analogies frappantes sur le plan lexical et grammatical qui s’expliquent par une origine commune. Comparez, par exemple : ● les noms des nombres « deux » et « trois » :

latin duo (it. due, esp. dos) grec dyo anglais two allemand zwei russe dva

latin tres (it. tre, esp. tres) grec treis (< *treyes1) anglais three allemand drei russe tri

breton daou sanskrit dvau avestique duua persan mod. du

breton tri sanskrit trayas avestique thrayas persan mod. si

mais, par exemple : arabe ithnān turc iki chinois er

arabe thalāth turc üç chinois san

● le nom du « frère » :

latin frater (it. fratello, esp. fraile2) grec phrater2 anglais brother allemand Bruder russe brat’

breton breur sanskrit bhrātar avestique brātar persan mod. bradar

mais, par exemple : arabe akh chinois ge

turc kardeş

Toutes ces langues sont donc les formes diverses prises par une seule et même langue, parlée à date très ancienne, qu’on appelle conventionnellement l’indo-européen. Leurs liens de parenté peuvent être représentés schématiquement dans une sorte de tableau généalogique (tableau 1).

1. L’astérisque (*) précédant une forme indique que celle-ci n’est pas attestée comme telle, mais que son existence, à un moment donné de l’histoire de la langue, est néanmoins sûre, notamment grâce à la comparaison de plusieurs langues ou d’exemples de mots analogues. 2. Avec un sens légèrement différent. Introduction

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Tableau 1. La famille des langues indo-européennes indo-européen

albanais

hittite

celtique

italique

germanique

a.

gaulois

latin osque ombrien

gotique

b.

breton gallois irlandais

langues romanes (français espagnol catalan portugais italien roumain)

langues germaniques (anglais allemand néerlandais suédois danois islandais norvégien)

arménien baltique

slave

lithuanien letton

vx-slave

russe polonais tchèque bulgare serbocroate

grec

iranien

indien

mycénien grec anc.

avestique vx-perse

védique sanskrit

grec mod.

persan afghan

hindi bengali urdu

a. langues anciennes – b. langues vivantes

L’indo-européen présentait une série de caractéristiques qui se retrouvent en général dans les langues dérivées, et qui les opposent aux autres grands groupes linguistiques, comme le sémitique (arabe, hébreu, etc.), l’ouralo-altaïque (turc, finnois, etc.), le chinois, etc. Voici les principales : ● rôle important du système flexionnel (conjugaison des verbes, déclinaison à huit cas des

noms et des adjectifs, etc.) ; ● les désinences se trouvent toujours à la fin du mot, jamais au début ; ● elles remplissent souvent plusieurs fonctions simultanément (en fr., « -ons » dans « tra‐ ● ● ● ●

vaillons » indique à la fois la personne et le nombre) ; le verbe change de forme en fonction de son sujet (« il chante, nous chantons »), jamais en fonction de son ou ses compléments ; les noms ont un genre ; l’opposition fondamentale est entre le genre animé (ultérieure‐ ment divisé entre masculin et féminin) et le genre inanimé ou neutre ; l’ordre des mots a peu d’importance grammaticale ; la morphologie repose en partie sur des changements de timbre de la voyelle du thème (cf. angl. sing, sang, sung).

Tous ces traits n’ont pas subsisté tels quels dans toutes les langues indo-européennes (le français, par exemple, a beaucoup évolué), mais la présence de la majorité d’entre eux à un stade ancien d’une langue permet de la rattacher au groupe indo-européen. Ces traits sont notamment présents en latin.

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Partie 1. Comprendre le latin

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2. Alphabet et prononciation A. L’alphabet L’alphabet latin, emprunté aux Grecs par l’intermédiaire des Étrusques, comportait à l’époque classique 23 lettres : A a

B b

C c

D d

E e

F f

G H g h

I i

K k

L M N O l m n o

P p

Q q

R r

S s

T t

V u

X x

Y y

Z z

• Remarques

1) La répartition entre majuscules et minuscules « d’imprimerie » est anachronique, seules les majuscules existant dans l’Antiquité. 2) La lettre k est d’un emploi très rare. La lettre y (prononcée [ü], comme dans le français « mur » ; cf. l’allemand Physik) et la lettre z (prononcée [dz]) ne sont employées que dans la transcription de mots grecs. 3) La lettre i a tantôt une valeur vocalique, comme dans « livre », tantôt une valeur consonantique, comme le [y] du français « yeux ». La lettre u (dont la forme majuscule est V) se prononce de même tantôt [u], comme dans le français « bouche », tantôt [w], comme dans le français « oui » : iecur uox iuuenis Vergilius

[yé-kour] [woks] [you-wé-niss] [wèr-gui-li-ouss]

le foie la voix, la parole le jeune homme Virgile

La tradition scolaire distinguait dans l’orthographe, pour des raisons de commodité, j et v (à valeur consonantique) de i et u (à valeur vocalique) : jecur, vox, juvenis. Ces graphies inconnues des Romains sont désormais abandonnées dans les éditions scientifiques, même si on les trouve encore dans certains manuels (en particulier dans Le Grand Gaffiot, dictionnaire latin-français de référence : cf. bibliographie, p. 577).

B. La prononciation Généralités Pour la grande majorité de ceux qui l’étudient, le latin est aujourd’hui une langue exclu‐ sivement écrite. Seuls quelques nostalgiques, qui voudraient lui rendre aux dépens de l’anglais ou de l’espéranto son statut de langue de communication universelle (ou du moins européenne), tentent encore de le parler. Les latinistes n’en sont pas moins amenés sans cesse à prononcer des mots latins, voire à lire à voix haute des phrases ou des textes. Pendant longtemps, chacun a prononcé le latin

Introduction

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de la même façon, ou à peu près, que sa langue maternelle. Le nom de l’orateur romain Cicéron, en latin Cicero, était ainsi prononcé [ssi-ssé-ro] par les Français, [tchi-tché-ro] par les Italiens, et ainsi de suite. Les inconvénients d’un tel système sont évidents sur un plan pratique : un texte lu par un latiniste anglais était à peu près incompréhensible pour ses collègues français ou italiens… La solution serait, à première vue, de nous remettre à prononcer le latin tout comme les Romains de l’époque de Cicéron. Nous connaissons en effet avec une certaine précision le système phonétique du latin classique, grâce à la combinaison de plusieurs types d’indi‐ cations : ● les descriptions des grammairiens anciens (ex. : « d se prononce en plaçant la langue à

l’extrémité supérieure des dents ») ; ● la comparaison avec le grec, et en particulier les adaptations orthographiques subies par les mots grecs transcrits en latin et les mots latins transcrits en grec ; ● les fautes d’orthographe dans les documents d’époque, inscriptions (en particulier graf‐ fiti) et papyrus ; ● les méthodes modernes de la linguistique générale et en particulier de la phonologie. L’ensemble des phonèmes d’une langue constitue un système dont les parties sont étroi‐ tement interdépendantes ; la présence de certains sons entraîne nécessairement la pré‐ sence ou l’absence de certains autres. Il est donc possible de reconstituer assez fidèlement (bien que certains points soient encore contestés) la prononciation du latin à l’époque où la plupart des textes que nous lisons ont été écrits. Personne n’a encore entrepris pour autant de la faire apprendre aux latinistes débutants, sans doute parce qu’apprendre le latin comme une langue moderne, en s’efforçant de le prononcer le plus correctement possible, « avec l’accent », reviendrait à ajouter à son apprentissage trop de difficultés supplémentaires pour un maigre bénéfice. Le latin comportait, par exemple, des sons inconnus du français : le [r] apical « roulé » (comme en italien), le [ł] vélaire (comme en russe). Aussi l’accord s’est-il fait, depuis quelques années, sur une prononciation convention‐ nelle dite restituée, scientifiquement discutable sur certains points mais proche dans l’ensemble de celle des Latins et d’emploi commode. C’est celle que nous utiliserons.

La prononciation restituée Toutes les lettres, même finales, se prononcent (sauf h, muet comme en français) ; elles se prononcent toujours de la même façon, quelle que soit leur position.

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Voyelles ● a, i et o se prononcent comme en français ● e se prononce [é] comme dans « nez »

monēre

[mo-né-ré]

avertir

● u se prononce [ou] comme dans « bouche »

murus

[mou-rouss]

le mur

N.B. Toutes ces voyelles peuvent être brèves ou longues. Une longue vaut environ deux brèves (son émission prend environ deux fois plus de temps). Pour préciser qu’une voyelle est brève ou longue, on emploie respectivement les signes ˘ et ¯ : ainsi nōn, « ne… pas » (le o est long) ; cŏepi, « j’ai commencé » (le o est bref). Sauf cas particulier, ces signes ne sont pas indiqués dans les éditions. La longueur (ou quantité) des voyelles est indiquée par le dictionnaire. Il faut cependant retenir dès à présent trois règles simples : 1) les diphtongues (voir ci-dessous) sont toujours longues ; 2) une voyelle suivie d’une autre voyelle est brève : monĕo

[mo-né-o]

j’avertis

3) une voyelle suivie de deux consonnes est longue : fērt

[fèrr-tt]

il porte

Diphtongues ● ae se prononce [ay], comme le français « aïe ! » ● au se prononce [aw] ; ● oe se prononce [oy] ;

Caesar cauda poena

[kay-ssar] [kaw-da] [poy-na]

César la queue la peine, le châtiment

N.B. Les autres combinaisons de voyelles qui apparaissent dans l’écriture ne sont pas des diphtongues. Chacune des voyelles y a donc sa valeur propre : reus rei

[ré-ouss] [ré-i]

l’accusé les accusés

Introduction

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Consonnes ● b, d, f, k, l, m, n, p, r ont la même valeur qu’en français.

N.B. La différence par rapport à la prononciation réelle du latin classique se marque surtout dans le r, apical en latin (« roulé ») et uvulaire en français (« de gorge ») depuis le XVIIIe siècle1. ● c, g, s, t, x se prononcent toujours, quelle que soit leur position, comme dans « cas »,

« garçon », « sucre », « tomate » et « excès ». N.B. Il faut donc insister sur le fait que : 1) 2) 3) 4)

s ne se prononce jamais [z] comme dans « révision » ; t ne se prononce jamais (même devant i) comme dans « motion » ; x ne se prononce jamais comme dans « exact » ; ch se prononce comme c isolé, comme dans « archéologie » ; Cicero augēre signum rosa actio dixi chorus

[ki-ké-ro] [aw-gué-ré] [sig-noum] [ro-ssa] [ak-ti-o] [di-ksi] [ko-rouss]

Cicéron augmenter le signe la rose l’action j’ai dit le chœur

● q est toujours suivi de u ; l’ensemble se prononce [kw] :

qui propinquus

[kwi] [pro-pinn-kwouss]

qui proche

[ann-gwiss]

le serpent

● gu se prononce [gw] :

anguis

● ph se prononce [f], comme en français.

L’accent Comme c’est le cas dans beaucoup de langues, les mots latins portent un accent tonique, c’est-à-dire qu’une de leurs syllabes est mise en évidence dans la prononciation. En français comme en anglais, il s’agit d’un accent d’intensité : la syllabe en question est prononcée

1. Cf. Molière, Le Bourgeois gentilhomme (scène des voyelles et des consonnes).

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plus fort que les autres, et non, comme par exemple en italien, sur un ton différent (accent dit de hauteur ou musical1). La place de cet accent obéit à des règles fixes très simples : ● La plupart des monosyllabes portent l’accent (les exceptions seront signalées au fil de

l’exposé). ● Les mots de deux syllabes sont accentués sur la première. ● Les mots de trois syllabes ou plus sont accentués sur l’avant-dernière (ou pénultième)

si elle est longue ; ils sont accentués sur l’avant-avant-dernière (ou antépénultième) si la pénultième est brève. rus finis causa augēre supērbus

[rouss2] [fi-niss] [kaw-ssa] [aw-gué-ré] [sou-pèr-bouss]

la campagne la limite, la fin la cause augmenter orgueilleux

Cicĕro rapĭdus coniuratĭo

[ki-ké-ro] [ra-pi-douss] [konn-you-ra-ti-o]

Cicéron rapide (cf. l’esp. rápido) la conjuration, le complot

• Remarque

La connaissance de la place de l’accent en latin classique est indispensable pour com‐ prendre les différents processus d’évolution du latin aux langues romanes, en particulier au français : lat. class. dómĭnus

>

lat. vulg. dómnus

>

fr. Dom (Pérignon) esp. Don (Juan)

1. Il faut cependant remarquer que ce point est encore très discuté. La plupart des manuels français soutiennent la théorie de l’accent musical. 2. La syllabe accentuée est en italiques. Introduction

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3. Exercices Énoncés A. Prononcez les mots suivants et indiquez la place de l’accent. 1. pulchrae 4. nouus 7. aequŏra 10. est 2. machĭna 5. uxōrem 8. agricŏla 11. Iuuenālis 3. intentio 6. legĕre 9. ingenue B. Exercice de lecture. Cet extrait du Traité de la formation de l’orateur de Quintilien concerne précisément l’enseignement de la lecture. Lisez-le plusieurs fois lentement et à voix haute. Incredibĭle est quantum morae lectiōni festinatiōne adiciātur. Hinc enim accĭdit dubitatio, intermissio, repetitio plus quam possunt audentĭbus, deinde, cum errārunt, etiam iis quae iam sciunt diffidentĭbus. Certa sit ergo in primis lectio, deinde coniuncta, et diu lentior, donec exercitatiōne contingat emendāta uelocĭtas (I, 1, 32). Traduction. On ne saurait croire combien la précipitation retarde l’apprentissage de la lecture. De là viennent, en effet, hésitations, arrêts, reprises : les élèves présument de leurs aptitudes, et, une fois qu’ils se sont trompés, ils se mettent à douter même de ce qu’ils savent déjà. Que la lecture soit donc, dans un premier temps, assurée, puis liée, longtemps assez lente, jusqu’à ce que, grâce à l’entraînement, on parvienne à une vitesse sans faute.

Corrigés A. 1. [poul-kray] 2. [ma-ki-na] (pénultième brève, donc accent sur la précédente) 3. [inn-tènn-ti-o] (tous les n sonnent ; tous les t comme dans « table ») 4. [no-wouss] (le premier u est consonantique, le second vocalique) 5. [ou-kso-rèmm] (pénultième longue ; elle porte l’accent) 6. [lé-gué-ré] 7. [ay-kwo-ra] 8. [a-gri-ko-la] 9. [inn-gué-nou-é] (attention : même le e final se prononce [é]) 10. [èsstt] (le s et le t s’entendent) 11. [you-wé-na-liss].

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Partie 1. Comprendre le latin

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B. Inn-kré-di-bi-lé èsstt qwann-toumm mo-ray lèk-ti-o-ni fèss-ti-na-ti-o-né a-di-ki-a-tour. Hinnk é-nimm ak-ki-ditt dou-bi-ta-ti-o, inn-tèr-mis-si-o, ré-pé-ti-ti-o plouss kwamm pos‑sountt aw-dènn-ti-bouss, dé-inn-dé, koumm èr-ra-rountt, é-tyamm i-iss kway yamm ski-ountt dif-fi-dènn-ti-bouss. Kèr-ta sitt èr-go inn pri-miss lèk-ti-o, dé-inn-dé konnyounk-ta, ètt di-ou lènn-ti-or, do-nèk èks-èr-ki-ta-ti-o-né konn-tinn-gatt é-mènn-da-ta wélo-ki-tass. Une analyse grammaticale complète de ce texte est fournie au chapitre 25, p. 437-439.

Introduction

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Chapitre 1 Cas et déclinaisons La première déclinaison

1. Cas et déclinaisons En français, la fonction d’un nom dans une proposition est indiquée le plus souvent, soit par la place qu’il y occupe, soit par une préposition. Rome a vaincu la Grèce par la force de ses armées. S V COD CCM CN La Grèce a conquis Rome par le génie de ses écrivains. S V COD CCM CN Dans de telles phrases, c’est par leur place que nous distinguons les sujets (S), placés en tête, des compléments d’objet direct (COD), placés après le verbe (V). Des prépositions (par, de) indiquent ensuite que nous rencontrons un complément circonstanciel de moyen (CCM) et un complément du nom (CN). Les fonctions des noms sont indiquées, en latin, d’une manière toute différente. Romani Graecos uicerunt. Les Romains les Grecs ont vaincu. S COD V Trad. : Les Romains ont vaincu les Grecs. Romanos Graeci uicerunt. Les Romains les Grecs ont vaincu. COD S V Trad. : Les Grecs ont vaincu les Romains1. En latin, c’est la finale du nom qui indique la fonction qu’il occupe : Graeci et Romani sont des formes sujets, tandis que Graecos et Romanos sont des formes compléments d’objet

1. Remarquez que le latin ne possède pas d’article (« le, la, les »). Chapitre 1

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direct. L’ordre des mots n’a pas de valeur proprement grammaticale : ainsi, Graecos Romani uicerunt, par exemple, signifierait de même « Les Romains ont vaincu les Grecs ». De plus, sans ignorer les prépositions, le latin y recourt beaucoup moins que le français, et c’est encore la finale du nom qui en indique la fonction. Graeci Romanos gloria poetarum superabant. Les Grecs les Romains la gloire les poètes dominaient. S COD CCM CN V Trad. : Les Grecs dominaient les Romains par la gloire de (leurs) poètes1. Gloria est une forme complément circonstanciel de moyen et poetarum une forme com‐ plément du nom. La première est au singulier, la seconde au pluriel. Les mêmes mots, dans d’autres fonctions, prendront d’autres finales. Poetae gloriam petunt. Les poètes la gloire recherchent. S COD V Trad. : Les poètes recherchent la gloire. Un nom latin change donc de finale d’après le rôle qu’il joue dans la phrase. L’ensemble des formes qu’il peut prendre ainsi s’appelle sa déclinaison. Ces formes sont au nombre de douze, six au singulier, six au pluriel. Par exemple, Romanus (le Romain) est la forme sujet du singulier et Romani (les Romains) la forme sujet du pluriel. Chacune de ces six formes porte un nom. Ainsi, la forme sujet s’appelle le nominatif, la forme complément d’objet direct s’appelle l’accusatif. On dira donc que Romanus est un nominatif singulier et Romani un nominatif pluriel. Le nominatif et l’accusatif sont des cas. Il faut connaître les noms des six cas. Plus tard, nous étudierons de manière détaillée les emplois de chacun d’entre eux, c’est-à-dire les diverses fonctions qu’ils remplissent. En attendant, voici ces cas, illustrés par la déclinaison complète d’un nom de la première déclinaison.

2. La première déclinaison Chaque nom latin n’a pas sa déclinaison propre. Celle-ci est conforme à un ou plusieurs modèles – ou paradigmes – qu’il suffit de connaître pour décliner tous les noms du même type. De même, en français, le verbe « aimer » est le modèle de tous les verbes de la première

1. Remarquez que le latin n’exprime pas nécessairement l’adjectif possessif quand il va de soi.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Tableau 1. Déclinaison de domina (F.), « la maîtresse de maison » Cas

Singulier

Pluriel

Nominatif (N.)

domina

dominae

Vocatif (V.)

domina

dominae

Accusatif (Acc.)

dominam

dominas

Génitif (G.)

dominae

dominarum

Datif (D.)

dominae

dominis

Ablatif (Abl.)

domina

dominis

conjugaison. Le latin comporte cinq déclinaisons de noms, que nous étudierons successi‐ vement. Nous avons commencé par la 1re, dont le paradigme est domina (tableau 1). En observant sa déclinaison, vous remarquez d’abord qu’une partie du mot reste fixe à travers toute la déclinaison (domin‑) ; provisoirement, nous l’appellerons le radical. Quant à la partie variable (‑a, ‑am, ‑ae, etc.), nous l’appellerons la terminaison. Vous remarquerez aussi que plusieurs formes identiques se retrouvent à différents cas de la déclinaison (domina, dominae, dominis). Cependant, le N. sg. et l’Abl. sg. (domina) ne se ressemblent qu’en apparence. En effet, le ‑a final du N. est bref (domină), tandis que le ‑a final de l’Abl. est long (dominā). La langue parlée faisait donc la distinction entre les deux cas. Mais la langue écrite ne permet pas de la faire et rares sont les textes imprimés où la longueur (ou quantité) du ‑a est indiquée (domină, dominā). C’est donc le contexte de la phrase, ainsi que certaines contraintes grammaticales (ex. : un verbe au sg. ne peut avoir un sujet au N. pl., etc.), qui permettent d’analyser correctement les formes homographes et d’en déterminer la fonction. Quelques indications peuvent être données dès à présent sur les principaux emplois des cas (tableau 2). Pour lire un texte latin, il faut donc, entre autres choses, observer la finale de chaque nom de manière à déterminer sa fonction dans la proposition. Cette opération suppose connues les diverses fonctions qu’un nom peut remplir et la manière dont le français les exprime. Sans cela, il n’y a pas de traduction possible. En d’autres termes, il importe d’être initié, ou de s’initier, à l’analyse grammaticale1. Les noms ne sont pas les seuls mots à se décliner en latin. Ces variations liées aux fonc‐ tions s’étendent à tous les mots dits nominaux, c’est-à-dire à ceux qui sont les associés du nom ou ses substituts (adjectifs et pronoms). Un adjectif, par exemple, se met au même cas que le nom auquel il se rapporte, un pronom se met au cas qu’exige sa fonction dans la

1. Cf. le Cours de grammaire française, sous la dir. de J. Gardes Tamine, Paris, Armand Colin, 2015 (exercices et corrigés). Chapitre 1

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Tableau 2. Principaux emplois des cas Cas Nominatif

Fonctions

Exemples

Sujet

La maîtresse (domina) appelle l’esclave.

Attribut du sujet

L’esclave n’est pas une maîtresse (domina).

Vocatif

Apostrophe (ou interpellation)

Maîtresse (domina), accorde-moi ton aide !

Accusatif

Complément d’objet direct

L’esclave aide sa maîtresse (dominam).

Attribut du complément d’objet direct

Je considère cette esclave comme une maîtresse (dominam).

Génitif

Complément du nom

La maison de la maîtresse (dominae).

Datif

Complément d’objet indirect, d’avantage ou d’attribution

L’esclave donne un outil à sa maîtresse (dominae). L’esclave travaille pour sa maîtresse (dominae).

Ablatif

Divers compléments circonstanciels (moyen, agent, etc.)

L’esclave est punie par la maîtresse (domina). L’esclave est heureuse grâce à sa maîtresse (domina), malheureuse à cause de sa maîtresse (domina)

proposition. Nous étudierons progressivement ces déclinaisons qui, formellement, sont le plus souvent analogues à celles des noms. En résumé, trois catégories de mots se déclinent en latin : noms, adjectifs et pronoms. C’est dire combien le phénomène de la déclinaison est fondamental et l’un de ceux qui distinguent le plus le latin d’une langue comme le français.

3. Exercices Vocabulaire aqua causa copia

l’eau (cf. aquatique) la cause, le motif, la raison l’abondance (cf. copieux)

copiae (pl.)

les ressources, les troupes1

culpa cura dea domina

la faute (cf. culpabilité) le soin (cf. cure) la déesse la maîtresse de maison

familia filia

la famille la fille

1. Remarquez que certains mots changent de sens suivant qu’ils sont au singulier ou au pluriel.

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Partie 1. Comprendre le latin

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fortuna gloria gratia iniuria inuidia

le hasard, la chance (cf. fortune) la gloire la reconnaissance, la faveur (cf. grâce) l’injustice, le dommage (cf. injure) l’envie, la jalousie

lingua littera litterae (pl.) memoria

la langue (cf. bilinguisme) la lettre [de l’alphabet] (cf. littéraire) la lettre, la missive ; les lettres [de l’alphabet]1 la mémoire, le souvenir

natura patientia

la nature l’endurance, la patience

poena sententia uia uita

la peine, l’amende l’opinion, l’avis (cf. sentence) le chemin, la route (cf. via) la vie (cf. vital)

Énoncés A. Analysez les noms en italiques et dites à quel cas ils seraient en latin. 1. Nous estimons l’homme qui travaille. 2. À l’horizon s’amassent de noirs nuages. 3. Après l’orage, il flotte partout une douce fraîcheur. 4. Rappelez-vous les bienfaits que vous avez reçus. 5. Une cervelle oisive est l’atelier du diable. 6. Il y a dans l’air une sourde menace. 7. Rodrigue, as-tu du cœur ? 8. De ce hêtre au feuillage sombre, j’entends frissonner les rameaux. 9. Ô temps, suspends ton vol ! 10. L’accusé est interrogé par le juge. 11. C’est à cause de son intelligence que l’homme n’est pas un animal. 12. Certains peuples considèrent les enfants comme des dieux. B. Déclinez causa, gratia, inuidia, sententia, uita.

1. Cf. p. 42, n. 1. Chapitre 1

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C. Analysez les formes de toutes les façons possibles. Ex. : curae : G. sg., D. sg., N. pl. ou V. pl. de cura, ‑ae : le soin 1. natura 2. poenis 3. fortunarum

11. familia 12. iniuriis 13. curis

4. filias 5. copiae 6. memoriam 7. uia

14. causae 15. glorias 16. filiarum 17. littera

8. linguae 9. gratiam 10. litterae D. Traduisez. 1. la famille (G. pl.) 2. la jalousie (V. sg.) 3. l’opinion (G. sg.) 4. la fille (D. sg.) 5. le hasard (N. sg.) 6. la gloire (N. pl.) 7. l’abondance (Acc. sg.) 8. le soin (Abl. sg.) 9. le motif (V. pl.) 10. l’amende (D. pl.)

18. copiis 19. poenam 20. aquae

11. la missive (G. pl.) 12. l’eau (Abl. pl.) 13. la vie (D. sg.) 14. la reconnaissance (Acc. sg.) 15. l’endurance (G. pl.) 16. le chemin (D. sg.) 17. la langue (Abl. sg.) 18. les troupes (D. pl.) 19. le souvenir (G. sg.) 20. le dommage (N. pl.)

E. Traduisez en latin les seuls mots en italiques. 1. Les filles suivront l’avis de la famille. 2. Avec de la patience, on peut atteindre la gloire. 3. La déesse fit jaillir de l’eau pour les troupes. 4. Pour la nature, l’eau est la vie. 5. La jalousie, par nature, déplaît aux familles. 6. Comme il est doux le souvenir de cette langue ! 7. Ils considèrent cette vie comme la raison de leur endurance. 8. Nous exprimons notre reconnaissance par une missive. 9. Combien de langues parles-tu ? 10. Mes troupes, montrez votre endurance !

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Partie 1. Comprendre le latin

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Corrigés A. 1. homme : COD – accusatif 2. nuages : sujet – nominatif 3. fraîcheur : sujet réel de « flotte » (« il » est sujet apparent) – nominatif 4. bienfaits : COD – accusatif 5. diable : compl. du nom – génitif 6. menace : sujet réel – nominatif 7. Rodrigue : nom mis en apostrophe – vocatif 8. hêtre : compl. du nom – génitif 9. temps : nom mis en apostrophe – vocatif 10. juge : compl. d’agent – ablatif 11. intelligence : compl. circ. de cause – ablatif 12. dieux : attribut du COD – accusatif B. causa causa causam causae causae

C.

gratia gratia gratiam gratiae gratiae

inuidia inuidia inuidiam inuidiae inuidiae

sententia sententia sententiam sententiae sententiae

uita uita uitam uitae uitae

causa causae causae causas

gratia gratiae gratiae gratias

inuidia inuidiae inuidiae inuidias

sententia sententiae sententiae sententias

uita uitae uitae uitas

causarum causis causis

gratiarum gratiis gratiis

inuidiarum inuidiis inuidiis

sententiarum sententiis sententiis

uitarum uitis uitis

1. natura : N. sg., V. sg. ou Abl. sg. de natura, ‑ae : la nature 2. poenis : D. pl. ou Abl. pl. de poena, ‑ae : la peine 3. fortunarum : G. pl. de fortuna, ‑ae : le hasard 4. filias : Acc. pl. de filia, ‑ae : la fille 5. copiae : G. ou D. sg. de copia, ‑ae : l’abondance ; N. ou V. pl. de copiae, ‑arum : les ressources 6. memoriam : Acc. sg. de memoria, ‑ae : le souvenir 7. uia : N. sg., V. sg. ou Abl. sg. de uia, ‑ae : le chemin 8. linguae : G. sg., D. sg., N. pl. ou V. pl. de lingua, ‑ae : la langue 9. gratiam : Acc. sg. de gratia, ‑ae : la reconnaissance

Chapitre 1

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10. litterae : G. ou D. sg. de littera, ‑ae : la lettre ; N. ou V. pl. de litterae, ‑arum : la missive 11. familia : N. sg., V. sg. ou Abl. sg. de familia, ‑ae : la famille 12. iniuriis : D. pl. ou Abl. pl. de iniuria, ‑ae : l’injustice 13. curis : D. pl. ou Abl. pl. de cura, ‑ae : le soin 14. causae : G. sg., D. sg., N. pl. ou V. pl. de causa, ‑ae : la cause 15. glorias : Acc. pl. de gloria, ‑ae : la gloire 16. filiarum : G. pl. de filia, ‑ae : la fille 17. littera : N. sg., V. sg. ou Abl. sg. de littera, ‑ae : la lettre 18. copiis : D. pl. ou Abl. pl. de copiae, ‑arum : les ressources 19. poenam : Acc. sg. de poena, ‑ae : la peine 20. aquae : G. sg., D. sg., N. pl. ou V. pl. de aqua, ‑ae : l’eau D. 1. familiarum 2. inuidia 3. sententiae 4. filiae 5. fortuna E.

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6. gloriae 7. copiam 8. cura 9. causae 10. poenis

1. filiae – sententiam – familiae 2. patientia – gloriam 3. dea – aquam – copiis 4. naturae – aqua – uita 5. inuidia – natura – familiis

Partie 1. Comprendre le latin

11. litterarum 12. aquis 13. uitae 14. gratiam 15. patientiarum

16. uiae 17. lingua 18. copiis 19. memoriae 20. iniurae

6. memoria – linguae 7. uitam – causam – patientiae 8. gratiam – litteris 9. linguas 10. copiae – patientiam

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Chapitre 2 Le verbe La première conjugaison

1. Le verbe Pour comprendre et former des phrases, même courtes, il faut traduire et utiliser des formes verbales. Quelques différences mises à part, les conjugaisons latine et française sont parallèles. Cependant, il n’est pas inutile de rappeler ici quelques notions fondamentales sans lesquelles les explications qui vont suivre risquent d’être mal comprises. L’ensemble des formes que peut prendre un même verbe s’appelle sa conjugaison. Ces formes sont très nombreuses et il convient, pour y voir clair, d’avoir à l’esprit les distinc‐ tions et les classements dont elles font l’objet. Prenons un verbe-type, simple et régulier, le verbe « aimer ». Sa conjugaison comporte d’abord une grande division en deux groupes de formes : les formes actives et les formes passives. C’est la division selon la voix. La voix active indique que le sujet (S) fait l’action : Rodrigue aime S

Chimène. COD

tandis que la voix passive indique que le sujet (S) subit l’action, celle-ci étant l’œuvre de quelqu’un d’autre, appelé agent (A) : Chimène est aimée par Rodrigue. S A Nous reviendrons plus tard aux formes passives, dont la répartition correspond d’ailleurs à celle de la voix active. Les formes actives du verbe « aimer » peuvent être à différents modes : indicatif (il aime), subjonctif (qu’il aime), etc. Ces modes sont dits personnels ou impersonnels selon que l’on y marque ou non des distinctions de personnes ; l’indicatif est un mode personnel (j’aime, tu aimes, etc.), le participe un mode impersonnel (aimant). Les distinctions des modes se combinent avec celles des temps. Ceux-ci, en français, sont au nombre de huit : présent, imparfait, futur simple, etc. Ainsi, il y a un indicatif présent, imparfait, futur simple, etc., un subjonctif présent, imparfait, etc.

Chapitre 2

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La conjugaison d’un verbe peut donc être présentée dans un tableau permettant d’asso‐ cier les modes et les temps (tableau 1). Tableau 1. Conjugaison du verbe « aimer » (voix active) Indicatif

Subjonctif

Présent

j’aime

(que) j’aime

Imparfait

j’aimais

(que) j’aimasse

Futur simple

j’aimerai

Passé simple

j’aimai

Passé composé

j’ai aimé

Conditionnel Impératif j’aimerais

(que) j’aie aimé j’aurais aimé

Infinitif

Participe

aime

aimer

aimant

aie aimé

avoir aimé

ayant aimé

Passé antérieur j’eus aimé Plus-queparfait

j’avais aimé

(que) j’eusse aimé

Futur antérieur j’aurai aimé

Remarquez que seul le mode indicatif comporte tous les temps et que les quatre pre‐ miers temps sont faits de formes simples, tandis que les quatre derniers sont constitués de formes composées d’un auxiliaire et d’un participe. N’oublions pas qu’à ce tableau de la voix active correspond un tableau analogue pour la voix passive. Si l’on précise encore la classification des formes, chaque temps-mode personnel (sauf l’impératif) comporte six formes, trois au singulier et trois au pluriel, selon le nombre du sujet. Par exemple, l’indicatif futur simple actif du verbe « aimer » est : Singulier

1. j’aimerai 2. tu aimeras 3. il aimera

Pluriel

1. nous aimerons 2. vous aimerez 3. ils aimeront

L’impératif ne comporte que trois formes. Par exemple, à l’impératif présent actif, on trouve :

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Singulier

2. aime

Pluriel

1. aimons 2. aimez

Partie 1. Comprendre le latin

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Chaque forme verbale est donc porteuse d’un nombre important de caractères qu’il faut pouvoir analyser (personne, nombre, mode, temps, voix). On dira, par exemple, que « il aimait » est la 3e personne du singulier de l’indicatif imparfait actif du verbe « aimer ». Comme les verbes français, les verbes latins se conjuguent selon un système qui fait intervenir les modes et les temps. Leur conjugaison comporte deux voix (active et passive), cinq modes (indicatif, subjonctif, impératif, infinitif et participe) et six temps (présent, imparfait, futur simple, parfait, plus-que-parfait et futur antérieur). La division selon le nombre et la personne est analogue à celle du français, de même que la distinction entre modes personnels et impersonnels. L’impératif ne comporte que deux personnes, la 2e du

sg. et la 2e du pl. Enfin, le verbe latin possède trois formes d’un emploi particulier, le géron‐ dif, l’adjectif verbal et le supin, qui échappent à la classification selon le temps. La conju‐ gaison latine connaît également des oppositions d’aspect. L’ensemble des temps exprimant une action inaccomplie, envisagée dans son déroulement, se distingue formellement de l’ensemble des temps exprimant une action achevée, accomplie. On parlera respectivement des temps de l’infectum (inachevé) et du perfectum (achevé). Tableau 2. Conjugaison d’un verbe latin (voix active)

Temps de l’infectum

Temps du perfectum

Indicatif

Subjonctif

Impératif

Infinitif

Participe

Présent











Imparfait





Futur simple









Parfait





Plus-queparfait





Futur antérieur





Le tableau 2 donne le plan de conjugaison d’un verbe latin à la voix active. Celui de la voix passive comporte quelques différences, que nous examinerons plus tard, ainsi que le rôle que jouent des temps et des modes inconnus du français (le parfait, l’infinitif futur, le participe futur, etc.).

2. La première conjugaison Il y a en latin cinq conjugaisons régulières. Prenons le verbe dont l’infinitif présent est amare (aimer). C’est le paradigme de la première conjugaison. Nous allons voir comment sont formés, à la voix active, l’indicatif présent (j’aime), l’indicatif imparfait (j’aimais) et

Chapitre 2

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l’indicatif futur simple (j’aimerai). Toutes ces formes comportent un élément permanent (ama‑), qui porte le sens du verbe et qu’on appelle le thème. Il suffit, pour le dégager, d’enlever la terminaison ou désinence ‑re de l’infinitif présent. Au thème s’ajoutent un, deux ou trois éléments dont l’ensemble précise le mode, le temps, le nombre et la personne.

A. Indicatif présent C’est le cas le plus simple. Au thème ama‑ s’ajoutent les désinences des six personnes de la voix active (tableau 3). Tableau 3. Première conjugaison : indicatif présent am-o

j’aime

ama-s

tu aimes

ama-t

il aime

ama-mus

nous aimons

ama-tis

vous aimez

ama-nt

ils aiment

La 1re conjugaison présente une particularité par rapport aux autres conjugaisons. À la 1re p. sg. de l’indicatif présent (amo, j’aime), la voyelle finale du thème (a) et la désinence (o) se sont fondues en une seule voyelle. Ce phénomène, qui est dû à une prononciation de moins en moins distincte des deux voyelles, s’appelle une contraction : *ama-o > amo. Il est important de mémoriser dès à présent la liste des six désinences, car elles inter‐ viennent dans toutes les conjugaisons ; elles sont comme les éléments d’un code. Par exemple, ‑mus = voix active, première personne du pluriel. La désinence est suffisamment précise pour que le pronom personnel sujet (je, tu, il, nous, vous, ils) ne soit pas normale‐ ment exprimé en latin : amamus équivaut à lui seul à « nous aimons ». Ainsi, connaissant le paradigme de la 4e conjugaison (audire, « entendre »), vous pouvez comprendre audimus, « nous entendons » et dire « tu entends », audis. Si l’on vous donne le paradigme de la 2e conjugaison (monēre, « avertir »), vous traduirez « il avertit » par monet et monetis par « vous avertissez ». Ce mode de formation, sans être absolument identique pour toutes les conjugaisons, facilite néanmoins l’apprentissage.

B. Indicatif imparfait Nous retrouvons thème et désinences, mais entre les deux s’intercale un suffixe sup‐ plémentaire ‑ba‑, qui signifie, en quelque sorte, « indicatif imparfait » (tableau 4).

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Partie 1. Comprendre le latin

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Tableau 4. Première conjugaison : indicatif imparfait ama-ba-m

j’aimais

ama-ba-s

tu aimais

ama-ba-t

il aimait

ama-ba-mus

nous aimions

ama-ba-tis

vous aimiez

ama-ba-nt

ils aimaient

Vous remarquerez qu’à la 1re personne du singulier, la désinence ‑m a remplacé la dési‐ nence ‑o. Cela se produit à certains temps-modes. La liste complète des désinences person‐ nelles actives est la suivante : Singulier

Pluriel

1. ‑o ou ‑m 2. ‑s 3. ‑t 1. ‑mus 2. ‑tis 3. ‑nt

Le suffixe modo-temporel ‑ba‑ se rencontre à toutes les conjugaisons. Ainsi, à la

2e conjugaison (monēre, « avertir »), monebam et monebat se traduiront par « j’avertissais » et « il avertissait ».

C. Indicatif futur simple On retrouve à nouveau les trois éléments dont nous venons de voir le rôle : thème, suffixe de l’indicatif futur simple (‑b‑), désinence personnelle. Mais à partir de la 2e per‐ sonne du singulier, le contact entre le suffixe ‑b‑ et les désinences a posé des problèmes de prononciation et une voyelle, dite voyelle thématique (i, sauf à la 3e personne du pluriel : u) s’est intercalée entre le suffixe et les désinences (tableau 5). Tableau 5. Première conjugaison : indicatif futur simple ama-b-o

j’aimerai

ama-b-i-s

tu aimeras

ama-b-i-t

il aimera

ama-b-i-mus

nous aimerons

ama-b-i-tis

vous aimerez

ama-b-u-nt

ils aimeront

Chapitre 2

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Ce jeu de la voyelle thématique réapparaîtra ailleurs dans la conjugaison. Il est donc utile de l’observer ici. Le suffixe du futur simple se retrouve également à la 2e conjugaison (monebimus, « nous avertirons » ; monebunt, « ils avertiront »), mais non dans les autres.

3. Exercices Vocabulaire cogitare clamare curare dare

penser (cf. cogiter) crier (cf. clamer) prendre soin de (cf. curer) donner

errare imperare iuuare laborare

errer, se tromper commander, ordonner (cf. impératif) aider (cf. adjuvant) travailler (cf. laboratoire)

laudare negare nuntiare orare parare pugnare putare rogare spectare

louer (cf. laudatif) dire non, refuser (cf. négation) annoncer prier (cf. orateur) préparer (cf. parer) se battre (cf. pugnace, répugner) évaluer, penser (cf. réputation) interroger (cf. dérogation) regarder, contempler (cf. spectateur)

sperare uocare

espérer appeler (cf. vocatif)

Énoncés A. Analysez les formes verbales. Ex. : Nous mangions : 1re p. pl. ind. impft actif du verbe « manger ». 1. il allait 6. nous osions 11. vous aurez vu 16. nous avons eu 2. nous aimerions 7. j’accroîtrai 12. augmentant 17. il eut pleuré 3. je suis parti 8. prends 13. avoir décidé 18. être venu 4. il avait prévu 5. ils pensèrent

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Partie 1. Comprendre le latin

9. il devrait 14. j’aurais pris 10. nous souffrirons 15. revenez

19. nous voyions 20. être tenu

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B. Conjuguez curare au présent, iuuare et nuntiare à l’imparfait, pugnare et uocare au futur. C. Traduisez. 1. datis 2. clamabo 3. laborant 4. oro 5. speramus

6. cogitabunt 7. parant 8. rogabat 9. negamus 10. impero

D. Traduisez. 1. il commandera 2. j’annonçais 3. ils se battent 4. nous pensons 5. tu interrogeras 6. j’espère 7. vous regardiez

11. laborabamus 12. cogitabis 13. amabitis 14. cogitabat

16. laudabis 17. dabant 18. putatis 19. dabamus

15. sperabimus

20. uocas

8. elle refuse 9. tu appelais 10. vous travaillerez 11. ils crieront

15. vous évaluez 16. nous nous tromperons 17. ils donnaient 18. il préparait

12. nous refusions 13. je louerai 14. tu prends soin

19. tu prieras 20. vous aidiez

E. Traduisez. 1. La fille priait et espérait1. 2. Les troupes combattront. 3. Nous donnions de l’eau. 4. Ils interrogeaient la maîtresse. 5. Grâce à l’endurance, vous espérez la reconnaissance et la gloire. F. Traduisez. 1. Copias iuuabit. 2. Copiae iuuabunt. 3. Deae dabit. 4. Naturam curabitis. 5. Copiarum patientiam laudabitis.

1. et : et. Chapitre 2

53

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Corrigés A. 1. 3e p. sg. ind. impft du v. « aller » 2. 1re p. pl. cond. prés. act. du v. « aimer » 3. 1re p. sg. ind. passé comp. du v. « partir » 4. 3e p. sg. ind. p-q-pft act. du v. « prévoir » 5. 3e p. pl. ind. passé s. act. du v. « penser »

6. 1re p. pl. ind. impft act. du v. « oser » 7. 1re p. sg. ind. fut. s. act. du v. « accroître » 8. 2e p. sg. imp. prés. act. du v. « prendre » 9. 3e p. sg. cond. prés. act. du v. « devoir »

10. 1re p. pl. ind. fut. s. act. du v. « souffrir » 11. 2e p. pl. ind. fut. ant. act. du v. « voir » 12. part. prés. act. du v. « augmenter » 13. inf. passé act. du v. « décider » 14. 1re p. sg. cond. passé act. du v. « prendre » 15. 2e p. pl. imp. prés. du v. « revenir » 16. 1re p. pl. ind. passé comp. act. du v. « avoir » 17. 3e p. sg. ind. passé ant. act. du v. « pleurer » 18. inf. passé actif du v. « venir » 19. 1re p. pl. ind. impft act. du v. « voir » 20. inf. prés. passif du v. « tenir ».

B.

C.

54

curo curas curat curamus curatis

iuuabam iuuabas iuuabat iuuabamus iuuabatis

nuntiabam nuntiabas nuntiabat nuntiabamus nuntiabatis

pugnabo pugnabis pugnabit pugnabimus pugnabitis

uocabo uocabis uocabit uocabimus uocabitis

curant

iuuabant

nuntiabant

pugnabunt

uocabunt

1. vous donnez 2. je crierai 3. ils travaillent 4. je prie 5. nous espérons

Partie 1. Comprendre le latin

6. ils réfléchiront 7. ils préparent 8. il demandait 9. nous nions 10. je commande

11. nous travaillions 12. tu réfléchiras 13. vous aimerez 14. il réfléchissait 15. nous espérerons

16. tu loueras 17. ils donnaient 18. vous pensez 19. nous donnions 20. tu appelles

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D.

1. imperabit 2. nuntiabam 3. pugnant 4. cogitamus 5. rogabis

E.

F.

6. spero 7. spectabatis 8. negat 9. uocabas 10. laborabitis

11. clamabunt 12. negabamus

16. errabimus 17. dabant

13. laudabo 14. curas 15. putatis

18. parabat 19. orabis 20. iuuabatis

1. Filia orabat et sperabat. 2. Copiae pugnabunt. 3. Aquam dabamus. 4. Dominam rogabant. 5. Patientia gratiam et gloriam speratis. 1. Le verbe est à la 3e p. sg. (iuuabit) ; copias est un Acc. pl. : c’est donc un COD ; le sujet est sous-entendu. Trad. : Il aidera les troupes. 2. Le verbe est à la 3e p. pl. (iuuabunt) ; il y a un N. V. pl. : copiae. Trad. : Les troupes aideront. 3. Le verbe est à la 3e p. sg. (dabit) ; deae est un G. D. sg. ou un N. V. pl. ; le verbe au sg. ne peut avoir un sujet pl. (deae), qui doit donc être un D. (deae au G. devrait être compl. d’un nom) Trad. : Il donnera à la déesse.

4. Le verbe est à la 2e p. pl. (curabitis) ; il n’y a pas de sujet exprimé ; naturam est un COD à l’Acc. sg. Trad. : Vous soignerez (prendrez soin de) la nature.

5. Le verbe est à la 2e p. pl. du fut. s. (laudabitis) ; il n’y a pas de sujet au N. ; patientiam est un COD à l’Acc. sg. ; le G. copiarum est un complément du nom patientiam. Trad. : Vous louerez l’endurance des troupes.

Chapitre 2

55

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Chapitre 3 La deuxième déclinaison La deuxième conjugaison

1. La deuxième déclinaison A. Les noms en –us Tableau 1. Déclinaison de dominus, « le maître de maison » Cas

Singulier

Pluriel

Nominatif (N.)

dominus

domini

Vocatif (V.)

domine

domini

Accusatif (Acc.)

dominum

dominos

Génitif (G.)

domini

dominorum

Datif (D.)

domino

dominis

Ablatif (Abl.)

domino

dominis

Comme à la 1re déclinaison, le tableau 1 présente plusieurs formes semblables : domini, domino, dominis. Dans ce cas aussi, c’est la phrase, ainsi que certaines contraintes gram‐ maticales, qui vous permettront d’analyser correctement les formes homographes et d’en déterminer la fonction.

B. Les noms en ‑er Certains noms de la 2e déclinaison ne correspondent pas entièrement au tableau de dominus ; ils se déclinent selon deux autres paradigmes : puer et ager (tableau 2). On voit bien ce qui distingue la déclinaison des deux mots. Puer conserve le e à tous les cas, tandis qu’ager ne le garde qu’au N. sg. et au V. sg. À part cela, puer et ager se déclinent exactement comme dominus. Pour savoir sur quel paradigme se déclinent les noms en ‑er,

Chapitre 3

57

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Tableau 2. Déclinaison de puer, « l’enfant », et ager, « le champ » Cas

Singulier

Pluriel

Singulier

Pluriel

Nominatif (N.)

puer

pueri

ager

agri

Vocatif (V.)

puer

pueri

ager

agri

Accusatif (Acc.)

puerum

pueros

agrum

agros

Génitif (G.)

pueri

puerorum

agri

agrorum

Datif (D.)

puero

pueris

agro

agris

Ablatif (Abl.)

puero

pueris

agro

agris

il faut connaître leur G. sg. Ainsi, lorsqu’on dit liber, libri (le livre), cela signifie que libri est le G. sg. de liber et que, perdant le e au G. sg., le mot se décline comme ager1. Un nom en –ir relève aussi de la 2e déclinaison : uir, uiri (l’homme, par opposition à la femme). À part le N. sg. (uir) et le V. sg. (uir), les autres formes sont régulières : Acc. sg. uirum, G. sg. uiri, D. sg. uiro, Abl. sg. uiro, N. pl. uiri, V. pl. uiri, Acc. pl. uiros, G. pl. uirorum, D. pl. uiris, Abl. pl. uiris.

2. La deuxième conjugaison La deuxième conjugaison regroupe tous les verbes dont le thème se termine par ‑e. Le verbe monēre2 (avertir) en est le paradigme. Comme pour amare, on obtient le thème (mone‑) en supprimant la désinence ‑re de l’infinitif présent. La conjugaison de monēre à l’indicatif présent, imparfait et futur simple actif est identique à celle de amare (tableau 3). Vous pouvez du reste décomposer les formes en leurs divers éléments, comme on l’a fait pour celles de amare. Tableau 3. Deuxième conjugaison : monēre, -eo, « avertir » 1re 2e

sg.

Présent

Imparfait

Futur

moneo

monebam

monebo

sg.

mones

monebas

monebis

3e sg.

monet

monebat

monebit

1re pl.

monemus

monebamus

monebimus

2e pl.

monetis

monebatis

monebitis

3e pl.

monent

monebant

monebunt

1. Si ces noms en ‑er appartiennent à la 2e déclinaison, c’est parce que, à l’origine, ils avaient la même terminaison au N. sg. : à côté de dominus, il y avait *puerus et *agrus, devenus, par évolution phonétique, puer et ager. 2. Rappel : le signe ¯ au-dessus d’une voyelle indique qu’elle est longue (cf. p. 33). On verra plus loin l’intérêt pratique de le faire figurer systématiquement sur l’infinitif des verbes de la 2e conjugaison.

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Partie 1. Comprendre le latin

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3. Exercices Vocabulaire 1. Deuxième déclinaison ager (G. agri) le champ (cf. agriculture) amicus l’ami animus l’esprit, l’intelligence annus cibus deus dominus

l’année la nourriture le dieu le maître de maison

equus filius gladius liber (G. libri) locus ludus magister (G. magistri) mundus numerus

le cheval (cf. équitation) le fils (cf. filiation) l’épée (cf. gladiateur) le livre (cf. librairie) le lieu, l’endroit (cf. local) le jeu (cf. ludique) le maître d’école (cf. magistral) le monde, l’univers le nombre (cf. numérique)

nuntius oculus populus puer (G. pueri) Romanus seruus uicus uir (G. uiri)

le messager (cf. nonce) l’œil (cf. oculiste) le peuple (cf. population) l’enfant (cf. puéril) le Romain l’esclave (cf. servitude) le quartier, la rue (cf. vicinal) l’homme, l’être masculin (cf. viril)

2. Deuxième conjugaison audēre, ‑eo oser (cf. audace) augēre, ‑eo accroître, augmenter carēre, ‑eo être privé, dépourvu (cf. carence) cauēre, ‑eo prendre garde censēre, ‑eo être d’avis (cf. censé) debēre, ‑eo devoir (cf. débiteur) delēre, ‑eo détruire (cf. délétère) docēre, ‑eo

enseigner, instruire Chapitre 3

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dolēre, ‑eo flēre, ‑eo gaudēre, ‑eo habēre, ‑eo iubēre, ‑eo

souffrir (cf. doléance) pleurer se réjouir (cf. gaudriole) avoir inviter à, ordonner

latēre, ‑eo manēre, ‑eo monēre, ‑eo nocēre, ‑eo

être caché (cf. latent) rester, séjourner (cf. permanent) avertir (cf. moniteur) nuire (cf. nocif)

parēre, ‑eo praebēre, ‑eo

obéir présenter, fournir (cf. prébende)

tenēre, ‑eo timēre, ‑eo ualēre, ‑eo uidēre, ‑eo

tenir craindre (cf. timoré) bien se porter, être en bonne santé (cf. valeur) voir (cf. vidéo)

Énoncés A. Analysez les formes de toutes les façons possibles. Ex. : gladii : G. sg., N. pl. ou V. pl. de gladius, ‑i : l’épée. 1. animo 6. uiri 2. annis 7. nuntius 3. equorum 8. pueri 4. oculos 5. domine

9. uirum 10. agro

B. Traduisez. 1. le quartier (G. pl.) 2. l’œil (V. sg.) 3. l’esclave (G. sg.) 4. le fils (D. sg.) 5. le messager (N. sg.)

6. l’esprit (N. pl.) 7. le dieu (D. pl.) 8. l’épée (Abl. sg.) 9. le jeu (V. pl.) 10. le nombre (Acc. sg.)

C. Conjuguez timēre au présent, habēre à l’imparfait et uidēre au futur simple.

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Partie 1. Comprendre le latin

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D. Traduisez. 1. ils fournissent 2. nous louerons 4. vous enseigniez 4. uidebunt E. Traduisez. 1. audet 2. augebat 3. cauent 4. uidebunt

5. il prendra garde

9. vous vous trompez

6. il reste 7. nous sommes cachés 8. ils verront

10. tu tiens

5. iuuabant 6. lates 7. gaudemus 8. habeo

9. iubebam 10. doces

F. Traduisez. 1. Pueri laborant. 2. Deos laudatis. 3. Copiae pugnant. 4. Litteras filiae domini dabis. 5. Dei mundum spectant.

6. Pueri poetas amant. 7. Filio domini equum non dabo. 8. Linguam Latinam (adj.) doceo. 9. Equis aquam damus. 10. Domino litteras parabitis.

G. Traduisez. 1. Cogito, ergo sum1. 2. Bis dat qui cito dat2. 3. Qui bene amat bene castigat3. 4. Laborare est4 orare. 5. Dum spiro, spero5. H. Traduisez. 1. Prier, c’est espérer. 2. Celui qui travaille bien prie. 3. Il pense, donc il est. 4. Celui qui a des esclaves ne doit pas travailler. 5. Aussi longtemps que (tes) fils travaillent, tu dois te réjouir. 6. Les fils et les filles des esclaves travaillaient pour le maître.

1. 2. 3. 4. 5.

ergo : donc ; sum : je suis, j’existe. bis : deux fois ; qui : (celui) qui ; cito : vite, rapidement. bene : bien ; castigare : châtier. est : il est. dum : aussi longtemps que, tant que ; spirare : respirer. Chapitre 3

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I. Mettez au pluriel. 1. Cogito, ergo sum. (nous sommes : sumus) 2. Bis dat qui cito dat. (ceux qui : qui) 3. Qui bene amat bene castigat. 4. Dum spiro, spero.

Corrigés A.

1. animus : D. ou Abl. sg. 2. annus : D. ou Abl. pl. 3. equus : G. pl.

6. uir : G. sg., N. pl. ou V. pl. 7. nuntius : N. sg. 8. puer : G. sg., N. pl. ou V. pl.

4. oculus : Acc. pl. 5. dominus : V. sg.

9. uir : Acc. sg. 10. ager : D. ou Abl. sg.

B.

1. uicorum 2. ocule 3. serui 4. filio 5. nuntius

6. animi 7. deis1 8. gladio 9. ludi 10. numerum

C.

timeo times timet timemus timetis

habebam habebas habebat habebamus habebatis

uidebo uidebis uidebit uidebimus uidebitis

timent

habebant

uidebunt

D.

1. praebent 2. laudabimus 3. gaudebas 4. docebatis 5. cauebit

1. Au lieu de deis, on trouve aussi diis et même dis.

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Partie 1. Comprendre le latin

6. manet 7. latemus 8. uidebunt 9. erratis 10. tenes

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E.

1. il ose 2. il augmentait 3. ils prennent garde 4. ils verront 5. ils aidaient

F.

6. tu es caché 7. nous nous réjouissons 8. j’ai 9. j’ordonnais 10. tu enseignes

1. Les enfants travaillent. 2. Vous louez les dieux. 3. Les troupes combattent. 4. Tu donneras la lettre à la fille du maître. 5. Les dieux contemplent le monde. 6. Les enfants aiment les poètes. 7. Je ne donnerai pas de cheval au fils du maître1. 8. J’enseigne la langue latine. 9. Nous donnons de l’eau aux chevaux. 10. Vous préparerez une lettre pour le maître.

G. 1. Je pense, donc je suis. 2. Celui qui donne vite donne deux fois ou Donner vite, c’est donner deux fois. 3. Qui aime bien châtie bien. 4. Travailler c’est prier ou Le travail est une prière. 5. Tant que je respire, j’espère [le jeu de mots est intraduisible] ou Tant qu’il y a vie, il y a espoir. H. 1. Orare est sperare. 2. Qui bene laborat orat. 3. Cogitat, ergo est.

4. Qui seruos habet laborare non debet. 5. Dum filii laborant, gaudēre debes. 6. Filii et filiae seruorum domino laborabant.

I.

3. Qui bene amant bene castigant. 4. Dum spiramus, speramus.

1. Cogitamus, ergo sumus. 2. Bis dant qui cito dant.

1. Filio est considéré ici comme un datif (COI), dont dépend un complément du nom (domini). On pourrait aussi comprendre : « Je ne donnerai pas le cheval du maître au (à son) fils. », considérant filio comme un COI et domini comme un complément du nom equum (au lieu de filio). C’est le contexte qui permettra de trancher. Chapitre 3

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Chapitre 4 La troisième déclinaison La troisième conjugaison

1. La troisième déclinaison A. Critères de différenciation des déclinaisons Les noms que nous avons rencontrés jusqu’ici se terminent au N. sg. soit par ‑a, soit par ‑us ou ‑er ; les premiers appartiennent à la première déclinaison, les seconds à la deuxième. Mais en réalité, ce n’est pas la terminaison du N. sg. qui permet de déterminer à quelle déclinaison appartient un nom. Par exemple, si dominus appartient à la 2e déclinaison,

d’autres noms en ‑us appartiennent à d’autres déclinaisons : corpus (le corps) est de la 3e et manus (la main) de la 4e déclinaison. En fait, c’est le G. sg. qui permet de faire la distinc‐ tion : à ce cas-là, en effet, tous les noms d’une même déclinaison ont la même terminaison, qui diffère pour chacune des cinq déclinaisons (tableau 1). Tableau 1. Terminaisons des N. sg et G. sg des 5 déclinaisons Déclinaison

N. sg.

G. sg.

1

-a

-ae

2

-us, ‑er, ‑um

-i

3

(variable)

-is

4

-us, ‑u

-us

5

-es

-ei

Ceci oblige à connaître non seulement le N. sg. de chaque nom, mais aussi son G. sg. Nous verrons plus loin qu’il faut y ajouter la connaissance du genre. On retiendra donc : domina, dominae (F.), « la maîtresse de maison », dominus, domini (M.), « le maître de maison », etc. Le dictionnaire latin indique à quelle déclinaison appartiennent les noms en donnant tou‐ jours leur génitif singulier.

Chapitre 4

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B. Noms à thème consonantique Un nom comme rex, regis (le roi) appartient à la 3e déclinaison. Celle-ci se caractérise d’abord par une très grande variété de terminaisons au N. sg. : uis (la force), rex (le roi), mos (la coutume), mons (la montagne) sont des noms de la 3e déclinaison. D’autre part, la connaissance du N. sg. n’entraîne pas automatiquement celle du G. sg. Si l’on sait que domina (la maîtresse) appartient à la 1re déclinaison, on peut trouver son G. sg. (domi‐ nae), que dominus (le maître) appartient à la 2e déclinaison, on peut trouver aussi son G. sg. domini. Il n’en va pas de même à la 3e déclinaison : corpus (le corps), uirtus (la vertu) et tellus (la terre) ont respectivement pour G. sg. corporis, uirtutis et telluris. Il est donc doublement essentiel de connaître ce G. : d’abord pour savoir que le nom appartient à la 3e déclinaison, ensuite pour connaître son thème, qui va se maintenir à travers toute la déclinaison et dont le N. sg. n’est nullement révélateur. Dans le tableau 2, le trait horizontal (___) désigne le thème, c’est-à-dire la partie stable du mot (reg‑) qui précède la terminaison ‑is du G. sg. Remarquons que ce thème se termine par une consonne1. Tableau 2. Schéma de la 3e déclinaison (noms M. et F.) Sg.

Pl.

N.

(variable)

___ ‑es

V.

(= N.)

___ ‑es

Acc.

___ ‑em

___ ‑es

G.

___ ‑is

___ ‑um

D.

___ ‑i

___ ‑ibus

Abl.

___ ‑e

___ ‑ibus

Appliqué à rex, ce schéma donne la déclinaison du tableau 3. Une fois le mécanisme compris, vous pouvez l’appliquer à tous les noms de la déclinai‐ son. En voici six, introduits dans le tableau 4. homo, pater, ordo,

hominis patris ordinis

l’être humain, l’homme (en général2) le père le rang, la classe

1. La diversité des formes du nominatif à la 3e déclinaison résulte essentiellement de transformations phoné‐ tiques. La reconstitution des formes primitives permet au linguiste de rétablir une certaine uniformité : ainsi, rex (G. regis) < *reg-s ; uirtus (G. uirtutis) < *uirtut-s ; mos (G. moris) était à l’origine mos, *mosis, etc. L’apprenti latiniste devra bien, cependant, commencer par mémoriser ces formes telles quelles, tout comme les enfants romains. 2. À ne pas confondre avec uir, uiri (2e décl.) : l’homme (par opposition à la femme) ; cf. p. 58.

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Partie 1. Comprendre le latin

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lex, labor,

legis laboris

la loi le travail, la peine

dux,

ducis

le guide, le chef

Tableau 3. Déclinaison de rex, « le roi » Sg.

Pl.

N.

rex

reges

V.

rex

reges

Acc.

regem

reges

G.

regis

regum

D.

regi

regibus

Abl.

rege

regibus

Tableau 4. Déclinaison de 6 noms M. ou F. de la 3e déclinaison Sg.

Pl.

N.

homo

homines

V.

pater

patres

Acc.

ordinem

ordines

G.

legis

legum

D.

labori

laboribus

Abl.

duce

ducibus

C. Noms à thème vocalique D’autres noms appartenant à la 3e déclinaison ont un thème qui se termine non par une consonne (comme reg‑, uirtut‑, patr‑), mais par la voyelle -i : ainsi ciuis, ciuis (le citoyen), finis, finis (la fin). Ils se déclinent de la même façon que les autres, sauf : ● leur Acc. pl., qui est parfois en ‑is : ciuis (au lieu de ciues) ; ● leur G. pl. se termine toujours en ‑ium et non en ‑um (à cause du ‑i‑ final du thème) : ciui-

um, fini-um, à côté de reg-um, duc-um. 3e

Les grammaires scolaires donnent des règles permettant de savoir si un nom de la

déclinaison a un G. pl. en ‑um ou en ‑ium. Le problème ne se pose cependant que si l’on veut produire soi-même des formes. Pour la compréhension des textes, il est plus important de pouvoir analyser tel mot comme un G. pl. Si l’on sait qu’un nom de la 3e déclinaison a un G. pl. en ‑um ou en ‑ium, et que l’on reconnaît son thème, cela permet, par exemple, de

Chapitre 4

67

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ne pas prendre une forme pour un Acc. sg. de la 2e déclinaison (qui se termine également par ‑um) : regum (reg-um) vient de rex : G. pl. d’un nom de la 3e décl., et non un Acc. sg. de *regus ; ducum (duc-um) vient de dux : G. pl. de la 3e décl., et non Acc. sg. de *ducus. Même remarque pour la terminaison ‑is au G. sg. Si vous reconnaissez, par le thème, un mot de la 3e déclinaison, vous ne pourrez le confondre avec un D. ou un Abl. pl. de la 1re ou de la 2e déclinaison (également en ‑is) : hominis (homin-is) : G. sg. de homo, 3e décl. et non D. ou Abl. pl. de *homina ou *hominus.

2. La troisième conjugaison Les verbes se répartissent entre les cinq conjugaisons régulières, selon la finale du thème de l’indicatif présent (tableau 5). Tableau 5. Les 5 conjugaisons régulières Conjugaison

Finale du thème du présent

Verbe-type

1

a

ama-re (aimer)

2

e

monē-re (avertir)

3

consonne ou u

leg-ĕ-re (lire) statu-ĕ-re (décider)

4

ī (i long)

audī-re (entendre)

5

ĭ (i bref)

*capĭ-re > capĕ-re (prendre)

Nous reviendrons bientôt aux 4e et 5e conjugaisons. Dans la 3e, on retrouve, pour l’essentiel, les mécanismes de formation déjà rencontrés, avec, cependant, deux différences importantes : ● comme le thème se termine le plus souvent par une consonne, le contact entre celui-ci

avec les désinences et les suffixes entraîne souvent l’apparition d’une voyelle dite thé‐ matique. C’est ainsi que, dans l’infinitif présent legĕre, « lire », il faut distinguer le thème (leg‑), la voyelle thématique (‑e‑) et la désinence de l’infinitif présent actif (‑re). ● le suffixe temporel de l’indicatif futur simple n’est plus ‑b‑, mais ‑a‑ (1re p. sg.) ou ‑e‑ (autres pers.). Voici (tableau 6) la conjugaison de legĕre, « lire ».

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Partie 1. Comprendre le latin

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Tableau 6. Troisème conjugaison : legĕre, -o, « lire » Présent

Imparfait

Futur simple

thème – voyelle thématique – désinence

thème – voyelle thématique – suffixe ba – désinence

thème – suffixe a/e – désinence

leg-o

leg-e-ba-m

leg-a-m

leg-i-s

leg-e-ba-s

leg-e-s

leg-i-t

leg-e-ba-t

leg-e-t

leg-i-mus

leg-e-ba-mus

leg-e-mus

leg-i-tis

leg-e-ba-tis

leg-e-tis

leg-u-nt

leg-e-ba-nt

leg-e-nt

• Remarque

Les verbes de la 2e et de la 3e conjugaison ne se distinguent, à l’infinitif présent, que par la quantité (longue ou brève) du ‑e‑ de l’avant-dernière syllabe : monēre, timēre, à côté de legĕre, statuĕre. D’où l’intérêt pratique de bien marquer cette quantité, tant dans la pro‐ nonciation que dans l’écriture.

3. Exercices Vocabulaire 1. Troisième déclinaison a. G. pl. en ‑um amor, amoris l’amour ciuitas, ciuitatis la cité, l’État consul, consulis dolor, doloris dux, ducis frater, fratris

le consul la douleur, la souffrance (cf. indolore) le guide, le chef, le général le frère

homo, hominis honos, honoris imperator, imperatoris labor, laboris lex, legis mos, moris mulier, mulieris pater, patris puluis, pulueris

l’être humain, l’homme l’honneur le général en chef (cf. impératif) le travail (cf. labeur, laborieux) la loi (cf. légal, légiférer) la coutume, l’usage (cf. mœurs) la femme le père la poussière (cf. pulvériser)

Chapitre 4

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rex, regis ueritas, ueritatis uox, uocis

le roi (cf. régicide) la vérité la voix (cf. vocatif, invoquer)

b. G. pl. en ‑i-um ars, artis ciuis, ciuis finis, finis gens1, gentis

le talent, l’habileté, l’art le citoyen la limite, la fin la famille (cf. gent)

hostis, hostis mens, mentis mors, mortis nox, noctis

l’ennemi (cf. hostile) l’esprit, la pensée, l’intelligence (cf. mental) la mort la nuit (cf. nocturne)

pars, partis urbs, urbis

la partie la ville (cf. urbanisme)

2. Troisième conjugaison agĕre, ‑o pousser, s’occuper de, faire (cf. agent) cogĕre, ‑o rassembler credĕre, ‑o croire en, se fier à (cf. crédible) currĕre, ‑o courir (cf. concurrent) dicĕre, ‑o discĕre, ‑o ducĕre, ‑o legĕre, ‑o

parler, dire apprendre (étudier)2 tirer, conduire, mener choisir, lire (cf. lecture)

metuĕre, ‑o mittĕre, ‑o petĕre, ‑o regĕre, ‑o relinquĕre, ‑o scribĕre, ‑o statuĕre, ‑o uincĕre, ‑o

craindre envoyer chercher à atteindre, demander (cf. pétition) diriger abandonner (cf. reliques) écrire (cf. scribe) décider (cf. statut) vaincre (cf. Vincent)

1. Gens signifie la « famille » au sens strict, familia désigne la « maisonnée » (famille, enfants, esclaves). 2. À ne pas confondre avec docēre, ‑eo : « apprendre » (dans le sens d’« enseigner »).

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Partie 1. Comprendre le latin

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Énoncés A. Analysez les formes de toutes les façons possibles et traduisez. 1. amori 11. dolent 21. agunt 2. scribet 12. discent 22. currebatis 3. morem 13. legis 23. legum 4. uoces 14. homini 24. finem 5. uicum 6. ciue 7. labore 8. monetis 9. scribo 10. hominibus

B. Traduisez. 1. il lisait 2. ils avaient 3. il écrira 4. nous donnions 5. il écrivait 6. vous preniez garde 7. je vaincrai 8. ils prieront 9. nous lirons 10. tu décideras 11. nous vainquions 12. il lira 13. je choisissais 14. nous envoyions 15. vous prendrez garde

15. librum 16. agri 17. oculorum 18. parti

25. amabo 26. petet 27. consules 28. uirtutibus

19. uicis 20. leges

29. urbium 30. statuam

16. j’abandonnerai la ville 17. tu choisis un livre 18. ils rassembleront les troupes 19. tu verras la ville 20. tu enverras une lettre 21. il vaincra les Romains 22. nous choisissions un chef 23. vous rassemblez les citoyens 24. nous n’aimons pas la douleur 25. le roi rassemblera les troupes 26. les citoyens choisissent les consuls 27. les maîtres appelleront les esclaves 28. les ennemis ne se battront pas 29. les dieux n’abandonnent pas les hommes 30. vous vaincrez les ennemis

Chapitre 4

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C. Déclinez en changeant de nom à chaque cas. Sg. Pl. N. V. Acc.

l’amour le père la voix

la loi l’homme le guide

G. D. Abl.

la cité la poussière le salut

le travail le roi la nuit

D. Traduisez. 1. Homo homini lupus1. 2. Dura lex, sed lex2. 3. Rex regum. 4. Labor omnia uincit improbus3. 5. Etiam unus capillus habet umbram suam4. 6. Asinus asinum fricat5. 7. Ira furor breuis est6. 8. Omnia uincit amor. 9. Qui scribit bis legit. E. Traduisez. 1. Antonius craint son ombre. 2. Les hommes sont des loups pour les hommes. 3. Les rois donnent des lois aux peuples. 4. Les peuples espèrent l’amour, non la colère des rois. 5. La gloire (est) l’ombre de la vertu. 6. Ceux qui écrivent lisent deux fois. F. Complétez les mots tronqués et restituez les mots absents. 1. Homo homin… lup… 2. Lab… omnia … improbus. 3. Omnia uincit … 4. Qui scrib… bis …

1. lupus, ‑i : le loup ; le verbe est (« (il) est ») n’est pas exprimé. 2. dura (se rapporte à lex) : dure ; sed : mais ; le verbe est doit être suppléé deux fois. 3. improbus (se rapporte à labor) : opiniâtre ; omnia : toutes les choses (le mot est à l’Acc.). 4. etiam : même ; unus : un, un seul (se rapporte à capillus) ; capillus, ‑i : le cheveu ; umbra : l’ombre ; suam (se rapporte à umbram) : son, sa. 5. asinus, ‑i : l’âne ; fricare : frotter, caresser. 6. ira : la colère ; furor, ‑oris : la folie ; breuis (se rapporte à furor) : court.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Corrigés A. 1. D. sg. d’amor, amoris : l’amour 2. 3e p. sg. ind. fut. s. act. de scribĕre, ‑o : il écrira 3. Acc. sg. de mos, moris : la coutume 4. N. V. Acc. pl. de uox, uocis : la voix 5. Acc. sg. de uicus, uici : le quartier 6. Abl. sg. de ciuis, ciuis : le citoyen 7. Abl. sg. de labor, laboris : le travail 8. 2e p. pl. ind. prés. act. de monēre : vous avertissez 9. 1re p. sg. ind. prés. act. de scribĕre, ‑o : j’écris 10. D. Abl. pl. de homo, hominis : l’homme 11. 3e p. pl. ind. prés. act. de dolēre : ils souffrent 12. 3e p. pl. ind. fut. s. act. de discĕre, ‑o : ils étudieront 13. – G. sg. de lex, legis : la loi – 2e p. sg. ind. prés. act. de legĕre, ‑o : tu lis 14. D. sg. de homo, hominis : l’homme 15. Acc. sg. de liber, libri : le livre 16. G. sg. ou N. V. pl. d’ager, agri : le champ 17. G. pl. d’oculus, oculi : l’œil 18. D. sg. de pars, partis : la partie 19. D. Abl. pl. de uicus, uici : le quartier 20. – N. V. Acc. pl. de lex, legis : la loi – 2e p. sg. ind. fut. s. act. de legĕre, ‑o : tu liras 21. 3e p. pl. ind. prés. act. d’agĕre, ‑o : ils poussent 22. 2e p. pl. ind. impft act. de currĕre, ‑o : vous couriez 23. G. pl. de lex, legis : la loi 24. Acc. sg. de finis, finis : la limite 25. 1re p. sg. ind. fut. s. act. de amare : j’aimerai 26. 3e p. sg. ind. fut. s. act. de petĕre, ‑o : il cherchera à atteindre 27. N. V. Acc. pl. de consul, consulis : le consul 28. D. Abl. pl. de uirtus, uirtutis : le mérite 29. G. pl. d’urbs, urbis : la ville 30. – 1re p. sg. ind. fut. s. act. de statuĕre, ‑o : je déciderai – Acc. sg. de statua : la statue

Chapitre 4

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B.

1. legebat 2. habebant

11. uincebamus 12. leget

21. Romanos uincet 22. ducem legebamus

3. scribet 4. dabamus 5. scribebat

13. legebam 14. mittebamus 15. cauebitis

23. ciues cogitis 24. dolorem non amamus 25. rex copias coget

6. cauebatis 7. uincam 8. orabunt 9. legemus

16. urbem relinquam 17. librum legis 18. copias cogent 19. urbem uidebis

26. ciues consules legunt1 27. domini seruos uocabunt 28. hostes non pugnabunt 29. dei homines non relinquunt

20. litteras mittes

30. hostes uincetis

10. statues C.

amor pater uocem ciuitatis pulueri

leges homines duces laborum regibus

salute

noctibus

D. 1. L’homme est un loup pour l’homme. 2. La loi est dure, mais c’est la loi. 3. Le roi des rois. 4. Le travail, quand il est opiniâtre, vient à bout de tout. 5. Même un seul cheveu a son ombre. 6. L’âne frotte l’âne (qui se ressemble s’assemble). 7. La colère est une courte folie. 8. L’amour surmonte tous les obstacles. 9. Celui qui écrit lit deux fois. E.

1. Antonius umbram suam metuit. 2. Homines hominibus lupi. 3. Reges populis leges dant. 4. Populi regum amorem, non iram sperant. 5. Gloria umbra uirtutis. 6. Qui scribunt bis legunt.

F. Cf. exercice D.

1. Telle quelle, cette phrase pourrait être traduite : « Les consuls choisissent les citoyens », avec ciues comme COD (et non plus sujet) et consules comme sujet (et non plus COD) ; c’est le contexte ou le bon sens qui permettra de trancher.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Chapitre 5 Les lois phonétiques Les noms neutres Les quatrième et cinquième conjugaisons

1. Les lois phonétiques Toute langue, à force d’être parlée, subit une constante évolution qui aboutit à des chan‐ gements, notamment dans la prononciation ; ces modifications, qui finissent généralement par être notées dans l’écriture, expliquent la différence entre les états linguistiques suc‐ cessifs : indoeuropéen

>

latin archaïque

>

latin classique

>

latin vulgaire

>

français

Les linguistes ont observé que ces changements phonétiques, quand ils ont lieu, se pro‐ duisent d’une manière régulière et constante, c’est-à-dire qu’un même son, dans un entou‐ rage phonétique donné, subit dans une langue déterminée et pendant une période déterminée le même changement dans tous les mots de la langue en question (à moins que d’autres facteurs n’interviennent en sens contraire). C’est ainsi que le [R] uvulaire du fran‐ çais parlé dans les salons au xviiie siècle a remplacé l’ancien [r] apical (roulé), tandis que des mots comme « loi » ou « roi », anciennement prononcés [lwé], [rwé], acquéraient leur prononciation actuelle. On assiste de même, aujourd’hui, à la disparition du son [œ̃ ] de « brun », désormais prononcé comme « brin » [ɛ̃] ; le phénomène affecte tous les mots français où apparaît ce son, que les générations suivantes deviendront donc incapables de prononcer. C’est cette régularité qui permet de parler de lois phonétiques. Leur connaissance per‐ met au linguiste de reconstituer et d’expliquer, en français, des séries comme celle-ci : aqua

>

*awa

>

awe

>

*eawe

>

eaue

>

eau1

1. Sur la signification de l’astérisque, cf. p. 29, n. 1. Chapitre 5

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Les lois phonétiques permettent aussi de comprendre la raison de certaines anomalies apparentes du système : ainsi, en français, « je tiens » à côté de « tenir », « nous tenons », etc., s’explique par l’action d’une loi phonétique. Voici, en latin, deux lois phonétiques importantes, qui vous aideront à mieux com‐ prendre certaines formes nominales et verbales à première vue aberrantes.

A. Le rhotacisme Encore aujourd’hui, en prononçant le latin, vous avez tendance à sonoriser le ‑s‑ intervocalique et à le prononcer [z], c’est-à-dire à transformer la spirante dentale sourde en sonore correspondante : Jacques Brel prononçait ainsi [roza], et non [rossa], le nom de la rose. Ce phénomène est naturel et résulte d’une loi générale d’économie (ou, si l’on veut, de paresse) : les sonores sont plus faciles à prononcer que les sourdes. Il s’est également produit en latin à une certaine époque (au début du ive s. av. J.-C., semble-t-il) : le ‑s‑ intervocalique est passé à ‑z‑, et, par exemple, honos, *honosis (l’honneur) est devenu honos, *honozis. Mais la différence entre le français d’aujourd’hui et le latin du ive s., c’est que le son, ou plus exactement le phonème [z] n’existait pas par ailleurs en latin. Le phénomène phonétique dont on vient de parler avait donc entraîné l’apparition dans la langue d’une sorte de corps étranger, dont elle tendit à se débarrasser. Puisqu’elle ne dis‐ posait pas de la spirante dentale sonore qui correspondait à la sourde ‑s‑, elle tendit, en gardant la sonorité, à changer une autre caractéristique pour aboutir à un phonème déjà existant, la spirante apico-dentale sonore ou [r] (« roulé »). Ainsi *honozis devint honoris. De même pour plusieurs génitifs de la 3e déclinaison : flos (la fleur), G. *flosis > *flozis > floris ; mos > moris, etc., dont la différence par rapport au nominatif s’explique par l’action du rhotacisme. Cette action a logiquement entraîné la disparition de tous les ‑s‑ intervocaliques latins. Les exceptions sont apparentes et s’expliquent par d’autres raisons : rosa, précisément, est en fait un mot étranger (d’origine grecque), emprunté après que la loi du rhotacisme eut fini de jouer ; accusare, « mettre en cause, accuser » (< *ad-causare), s’explique par le souci de maintenir un rapport étymologique avec causa (où le ‑s‑ n’est pas intervocalique, puisque le ‑u‑ est ici une consonne : [kawsa]).

B. L’i bref (ĭ) devant r et en finale Autre loi phonétique importante : dans deux positions, ĭ ne s’est pas maintenu en latin classique et est passé à ĕ : ● quand il était suivi de r ; ● quand il se trouvait en finale (c’est-à-dire quand il était la dernière lettre du mot).

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Partie 1. Comprendre le latin

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La première règle vous permet désormais de comprendre complètement la déclinai‐ son de puluis, « la poussière ». Aux autres cas que le nominatif, l’adjonction de la désinence a entraîné le rhotacisme : *puluĭsis

>

*puluĭzis

>

*puluĭris.

Le ĭ, se trouvant désormais devant r, est alors passé à ĕ : *puluĭris

>

puluĕris.

Les noms neutres de la 3e déclinaison et les verbes de la 5e conjugaison vont fournir d’autres exemples de ces lois phonétiques.

2. Les noms neutres L’indo-européen (cf. p. 29-30) opposait aux deux genres animés (masculin et féminin) un genre inanimé ou neutre1. Ce genre, qui a disparu en français, existe encore en latin, comme d’ailleurs en allemand et en néerlandais. Les noms latins peuvent donc être masculins, féminins ou neutres. Quiconque a étudié une langue étrangère sait que la connaissance du genre des noms présente toujours quelque difficulté. Nous y reviendrons. En latin, les noms neutres ont en outre, quelle que soit leur déclinaison, certaines caractéristiques communes. On trouve des noms neutres à la 2e, à la 3e et à la 4e déclinaison. Bornons-nous pour l’instant aux 2e et 3e déclinaisons. En voici les paradigmes.

A. Deuxième déclinaison neutre Tableau 1. Déclinaison de templum, -i, « le temple » Sg.

Pl.

N.

templum

templa

V.

templum

templa

Acc.

templum

templa

G.

templi

templorum

D.

templo

templis

Abl.

templo

templis

1. Étym. ne-uter signifie « aucun des deux, ni l’un ni l’autre » (c’est-à-dire ni masculin ni féminin). Chapitre 5

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B. Troisième déclinaison neutre Noms à thème consonantique Tableau 2. Déclinaison de corpus, -oris1, « le corps » Sg.

Pl.

N.

corpus

corpora

V.

corpus

corpora

Acc.

corpus

corpora

G.

corporis

corporum

D.

corpori

corporibus

Abl.

corpore

corporibus

Noms à thème vocalique De même que pour les noms masculins et féminins, il existe aussi des noms neutres à thème vocalique en ‑ĭ (tableau 3). Tableau 3. Déclinaison de mare, -is, « la mer » Sg.

Pl.

N.

mare

maria

V.

mare

maria

Acc.

mare

maria

G.

maris

marium

D.

mari

maribus

Abl.

mari

maribus

Le thème est *marĭ‑ ; le N. sg. s’explique par la loi vue ci-dessus : *marĭ : > marĕ (mais le D. Abl. sg. marī reste inchangé) ; les N. V. Acc. pl. sont donc mari-a, et le G. pl. mari-um, formés régulièrement comme corpor-a et corpor-um. Seul l’Abl. sg. de mare est différent de celui de corpus : mari (mais corpore). Les noms neutres à thème vocalique en ‑i se terminent au N. par ‑e (mare), ‑ar ou ‑al (anciens noms en ‑ĭ : *animalĭ > *animalĕ > animal, G. animalis).

1. On remarquera l’action du rhotacisme : *corposis > corporis.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Caractéristiques générales Des trois tableaux qui précèdent ressortent les deux caractéristiques générales des noms neutres, quelle que soit leur déclinaison : ● les N. V. et Acc. sont toujours semblables ; ● les N. V. et Acc. pl. se terminent toujours par ‑a.

N.B. Le N. sg. : 1) est toujours en ‑um à la 2e décl. 2) est variable à la 3e décl. Aux autres cas (G., D. et Abl.), les neutres se déclinent comme les noms M. et F. de la déclinaison correspondante (dominus, rex), sauf l’Abl. de mare, qui est mari (à côté de rege). Le schéma général de déclinaison d’un nom neutre de la 3e déclinaison est donc celui indiqué tableau 4. Tableau 4. Schéma de la 3e déclinaison (noms neutres) Sg.

Pl.

N.

(variable)

-(i)a

V.

(= N.)

-(i)a

Acc.

(= N.)

-(i)a

G.

-is

-(i)um

D.

-i

-ibus

Abl.

-e /-i

-ibus

Nous pouvons décliner selon ce plan (tableau 5) la série des six noms que voici : corpus, corporis genus, generis

le corps le genre, l’espèce, la race

nomen, nominis tempus, temporis caput, capitis

le nom le temps la tête1

sidus, sideris

l’étoile, la constellation2

1. Au G. sg., *caputis > capitis. 2. Ici encore, l’action des lois phonétiques explique les différences entre le N. V. Acc. et les autres cas : au G. sg., *sidusis > *sidĭzis > *sidĭris > sideris. Chapitre 5

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Tableau 5. Déclinaison de 6 noms neutres de la 3e déclinaison Sg.

Pl.

N.

corpus

corpora

V.

genus

genera

Acc.

nomen

nomina

G.

temporis

temporum

D.

capiti

capitibus

Abl.

sidere

sideribus

3. Les quatrième et cinquième conjugaisons Les verbes de la quatrième et de la cinquième conjugaison ont un point commun : leur thème du présent se termine par ‑i. À la quatrième conjugaison, le i est long (noté par ī) ; à la cinquième, il est bref (noté par ĭ). Audīre (entendre, écouter) a pour thème audī‑, capĕre (prendre) a pour thème capĭ-. C’est cette différence de quantité de la voyelle finale du thème qui distingue les deux conjugaisons. Le ī long s’est maintenu partout, et le thème d’audīre est toujours audī‑ ; par contre, le ĭ bref est passé à e devant r et en finale (cf. p. 76) : donc, *capĭre > capĕre. Cette évolution phonétique a pour résultat que le latin possède deux conjugaisons dont l’infinitif présent se termine en ‑ĕre (legĕre et capĕre). Pour les distinguer, il faut retenir, outre l’infinitif, la 1re p. sg. de l’ind. prés. actif, lego et capio. La finale ‑o indique que le verbe appartient à la 3e conj., la finale ‑io qu’il est de la 5e. Ainsi : ● mittĕre, mitto (envoyer) : 3e conj. ● fugĕre, fugio (fuir) : 5e conj.

Rappelons, par la même occasion, qu’il ne faut pas confondre ces deux types de verbes avec ceux de la 2e conj. : monēre, moneo (avertir). Le seul moyen de les distinguer est de prendre l’habitude de retenir la 1re p. de l’ind. prés. en plus de l’infinitif. Ces remarques permettent d’aborder simultanément la conjugaison d’audīre, qui ne présente aucune difficulté, et celle de capĕre. En ce qui concerne la formation des différents temps, elles sont toutes deux analogues à celle de legĕre (3e conjugaison).

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Partie 1. Comprendre le latin

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Tableau 6. Quatrième conjugaison : audire, -io, « entendre » Présent

Imparfait

Futur

audi-o

audi-e-ba-m

audi-a-m

audi-s

audi-e-ba-s

audi-e-s

audi-t

audi-e-ba-t

audi-e-t

audi-mus

audi-e-ba-mus

audi-e-mus

audi-tis

audi-e-ba-tis

audi-e-tis

audi-u-nt

audi-e-ba-nt

audi-e-nt

Tableau 7. Cinquième conjugaison1 : capĕre, ‑io, « prendre » Présent

Imparfait

Futur

capi-o

capi-e-ba-m

capi-a-m

capi-s

capi-e-ba-s

capi-e-s

capi-t

capi-e-ba-t

capi-e-t

capi-mus

capi-e-ba-mus

capi-e-mus

capi-tis

capi-e-ba-tis

capi-e-tis

capi-u-nt

capi-e-ba-nt

capi-e-nt

Les tableaux 6 et 7 présentent un point commun étonnant, qui est la présence de voyelles théoriquement « inutiles » à certaines formes (‑u‑ à la 3e p. pl. de l’ind. prés. : audi-u-nt, capiu-nt ; ‑e‑ à l’ind. impft : audi-e-bam, capi-e-bam). Les linguistes expliquent ceci par un phé‐ nomène dont le jeu perturbe souvent la norme ou la logique de la langue : l’analogie, c’està-dire la tendance à créer des formes nouvelles par imitation des types de formation courants ou réguliers. L’enfant qui dit « je lis, vous lisez » a tendance à dire « je dis, vous *disez » et non « vous dites ». Il est probable que, dans le cas présent, l’analogie a joué avec la 3e conjugaison, qui est quantitativement la plus importante (legebam, legunt). On ren‐ contre du reste parfois, à la 4e conjugaison, des formes du type audibam sans la voyelle additionnelle.

1. Certaines grammaires scolaires, considérant, d’un point de vue synchronique, cette conjugaison comme intermédiaire entre la 3e et la 4e, l’appellent « 3e conjugaison bis » ou « mixte » ou encore « 4e conjugaison bis ». Chapitre 5

81

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4. Exercices Vocabulaire 1. Noms neutres a. Deuxième déclinaison arma (pl.) les armes auxilium l’aide, le secours bellum consilium donum exemplum

la guerre le projet, le conseil, l’avis le cadeau l’exemple

forum ingenium initium periculum regnum signum studium templum uenenum

la place publique, le forum l’esprit, l’intelligence, le génie le début, le commencement le danger, le risque la royauté le signe, le signal le goût (pour quelque chose), la passion, l’étude le temple le poison

uerbum

le mot

b. Troisième déclinaison caput, capitis carmen, carminis corpus, corporis genus, generis

la tête le chant, le poème le corps le genre, l’espèce

ius, iuris mare, maris nomen, nominis opus, operis

le droit la mer le nom le travail, l’œuvre

sidus, sideris tempus, temporis

l’étoile, la constellation le temps, le moment

2. Quatrième conjugaison audire, ‑io entendre, écouter, entendre dire munire, ‑io fortifier

82

Partie 1. Comprendre le latin

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nescire, ‑io uenire, ‑io

ne pas savoir, ignorer venir

scire, ‑io

savoir

3. Cinquième conjugaison accipĕre, ‑io recevoir capĕre, ‑io prendre, saisir cupĕre, ‑io désirer facĕre, ‑io faire fugĕre, ‑io iacĕre, ‑io parĕre, ‑io

fuir lancer, jeter donner naissance, engendrer, produire

Énoncés A. Traduisez. 1. vous écrivez 2. vous écrirez 3. il fuit 4. il fuyait 5. il fuira 6. tu resteras 7. ils engendrent 8. ils engendreront

21. tu recevras une lettre 22. les ennemis fuyaient 23. le consul entendait les citoyens 24. nous fortifiions la ville 25. les citoyens prendront les armes 26. le début de la guerre 27. le roi recevra des cadeaux 28. les consuls donnaient le signal

9. ils engendraient 10. nous écoutons 11. vous écoutiez 12. tu écoutais 13. j’écouterai 14. tu sauras 15. vous veniez 16. tu feras 17. elles entendront

29. les dieux voient les étoiles 30. les citoyens criaient le nom du consul 31. nous venons / nous viendrons 32. vous fortifiez / vous fortifiiez 33. ils sauront / ils savaient 34. vous faites / vous ferez 35. nous détruisions / nous détruirons 36. j’aimerai / j’aimais 37. tu choisis / tu choisiras

18. nous détruirons 19. je lancerai 20. tu désires

38. il lisait / il lira 39. ils apprenaient / ils apprendront 40. nous décidions / nous décidons

Chapitre 5

83

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B. Déclinez.

C.

N. V. Acc. G.

Sg. la poussière l’art le mot la coutume

Pl. le temps l’étoile la nuit le nom

Sg. le glaive l’esclave le droit le chant

Pl. le projet la voix le citoyen la tête

D. Abl.

l’esprit la vérité

la tête la mort

le genre la mer

le travail la ville

Déclinez. 1. Catulli carmina1. 2. Facta non uerba2. 3. Per ardua ad astra3 (devise de la Royal Air Force). 4. Verba uolant, scripta manent4. 5. In uino ueritas5. 6. Reprendre une question ab ouo6. 7. Mens sana in corpore sano7. 8. O tempora ! o mores ! 9. Quot capita, tot sententiae8. 10. Tempus fugit. 11. Nomen omen9. 12. Bonum uinum laetificat cor hominis10. 13. Summum ius, summa iniuria11.

1. Catullus, ‑i : Catulle. Titre d’une œuvre du compositeur Carl Orff, qui mit en musique certaines œuvres du poète latin Catulle. 2. factum, ‑i : le fait, l’acte. 3. per (prép. + Acc.) : à travers, par ; arduum, ‑i : la difficulté ; ad (prép. + Acc.) : vers ; astrum, ‑i : l’astre. 4. uolare : voler ; scriptum, ‑i : l’écrit. 5. in (prép. + Abl.) : dans ; uinum, ‑i : le vin ; ueritas, ueritatis (F.) : la vérité. 6. ab (prép. + Abl.) : à partir de ; ouum, ‑i : l’œuf. 7. sana et sano (de sanus, ‑a, ‑um : sain) s’accordent respectivement avec mens et corpore. 8. tot … quot : autant … que ; sententia : l’avis. 9. omen, ominis (Nt.) : le présage. 10. bonum (adj. accordé avec uinum) : bon ; laetificare : réjouir ; cor, cordis (Nt.) : le cœur. 11. ius, iuris (Nt.) : le droit ; iniuria : l’injustice ; summum et summa (adj. s’accordant respectivement avec ius et iniuria) : suprême.

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Partie 1. Comprendre le latin

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14. In cauda uenenum1. 15. Ius est ars boni et aequi2. 16. Veritas odium parit3. D. À quel(s) cas peuvent être les mots suivants ? 1. corporis 6. mentem 2. templi 7. siderum 3. legibus 8. artes 4. ominis 9. more 5. hominis

10. genera

E. Traduisez. 1. Nous attendons4 un acte, pas une parole. 2. Les mots s’envoleront, les écrits resteront. 3. Boire5 du vin est un art. 4. L’injustice engendrera toujours6 la haine. 5. Les noms des astres sont des noms de dieux. 6. Le bien et le juste réjouissent les cœurs des hommes. 7. Nous lisons un livre sur7 les coutumes des Romains. 8. Le vin fait dire [=naître] la vérité. 9. Le vin réjouit les esprits et les cœurs des hommes. F. Complétez les phrases et traduisez. 1. Verit… ment… homin… laetificat. 2. In uin… uerit… 3. Quot capit… tot sentent… 4. Nomin… omin… 5. In libr… homin… deorum uit… discunt.

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7.

cauda : la queue. bonum, ‑i : le bien ; aequum, ‑i : l’équité. odium, odii : la haine. attendre : exspectare. boire : bibĕre, ‑o. toujours : semper (adv.). sur, au sujet de : de + Abl. Chapitre 5

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Corrigés A. 1. scribitis 2. scribetis 3. fugit 4. fugiebat 5. fugiet

21. litteras accipies 22. hostes fugiebant 23. consul ciues audiebat 24. urbem muniebamus 25. arma ciues capient1

6. manebis 7. pariunt 8. parient 9. pariebant 10. audimus 11. audiebatis 12. audiebas 13. audiam 14. scies 15. ueniebatis 16. facies 17. audient 18. delebimus

30. ciues consulis nomen clamabant 31. uenimus / ueniemus 32. munitis / muniebatis 33. scient / sciebant 34. facitis / facietis 35. delebamus / delebimus 36. amabo / amabam 37. legis / leges 38. legebat / leget

19. iaciam 20. cupis

39. discebant / discent 40. statuebamus / statuimus

B. puluis ars uerbum moris menti ueritate C.

26. initium belli 27. rex dona accipiet 28. consules signum dabant 29. dei sidera uident

tempora sidera noctes nominum capitibus

gladius serue ius carminis generi

consilia uoces ciues capitum laboribus

mortibus

mari

urbibus

1. Poèmes de Catulle. 2. Des faits, pas des mots ou Des actes, pas des paroles. 3. À travers les épreuves vers les astres. 4. Les paroles s’envolent, les écrits restent. 5. La vérité est dans le vin (l’homme ivre ne ment pas).

1. Grammaticalement, le sujet de cette phrase pourrait être arma et le COD ciues, mais le bon sens interdit de traduire ici : « Les armes prendront les citoyens. »

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Partie 1. Comprendre le latin

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6. À partir de l’œuf, depuis le point de départ, depuis l’origine. 7. Un esprit sain dans un corps sain. 8. Ô temps, ô mœurs ! [exclamation désespérée]. 9. Il y a autant d’avis qu’il y a de têtes ou Autant de têtes, autant d’avis. (chacun est d’un avis différent des autres). 10. Le temps fuit (devise sur un cadran solaire). 11. Le nom est un présage (notre nom est révélateur de notre avenir). 12. Le bon vin réjouit le cœur de l’homme. 13. Comble du droit, comble de l’injustice (à propos de l’application littérale de la loi). 14. Dans la queue (se trouve) le poison (s’applique à des propos dont la fin est particu‐ lièrement malveillante après un début anodin). 15. Le droit est l’art du bien et du juste. 16. La vérité provoque la haine (la vérité n’est pas toujours bonne à dire). D. 1. G. sg. 2. G. sg. 3. D. Abl. pl. 4. G. sg. E.

5. G. sg. 6. Acc. sg. 7. G. pl. 8. N. V. Acc. pl.

9. Abl. sg. 10. N. V. Acc. pl.

1. Factum, non uerbum exspectamus. 2. Verba uolabunt, scripta manebunt. 3. Ars est uinum bibĕre. 4. Iniuria semper odium pariet. 5. Astrorum nomina deorum nomina sunt. 6. Bonum et aequum hominum corda laetificant 7. Librum de Romanorum moribus legimus. 8. Vinum ueritatem parit. 9. Vinum mentes et corda hominum laetificat.

F.

1. Veritas mentes hominum laetificat. La vérité réjouit les esprits des hommes. Veritas mentem hominis laetificat. La vérité réjouit l’esprit de l’homme. 2. In uino ueritas. La vérité est dans le vin. 3. Quot capita, tot sententiae. Il y a autant d’avis qu’il y a de têtes. Autant de têtes, autant d’avis. 4. Nomina omina. Les noms sont des présages. 5. In libris homines deorum uitas discunt. Dans les livres, les hommes étudient la vie (litt. : les vies) des dieux.

Chapitre 5

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Chapitre 6 Les adjectifs – Le genre des noms Le verbe esse – L’attribut du sujet

1. Les adjectifs Nous avons déjà rencontré plusieurs adjectifs dans les exercices des chapitres précé‐ dents : Bonum uinum laetificat cor hominis. Dura lex, sed lex. Ira furor breuis est. Labor omnia uincit improbus. Mens sana in corpore sano. Summum ius, summa iniuria. Les adjectifs s’accordent en genre, en nombre et en cas avec le nom auquel ils se rap‐ portent. Leur déclinaison comprend donc deux nombres, trois genres et six cas, soit trentesix formes. Par exemple, on dit qu’un adjectif est au G. F. pl. ou à l’Acc. Nt. sg. Les déclinaisons des adjectifs sont, à quelques détails près, semblables à celles des noms que nous avons étudiés jusqu’ici. Les uns ont une déclinaison analogue à celles des noms des deux pre‐ mières déclinaisons ; ils forment la première classe d’adjectifs. Les autres se déclinent sur le modèle de la troisième déclinaison ; ils forment la deuxième classe.

A. Les adjectifs de la première classe Les adjectifs de la première classe se déclinent au masculin comme dominus, au fémi‐ nin comme domina et au neutre comme templum. Certains d’entre eux peuvent avoir leur N. M. sg. et leur V. M. sg. en ‑er : ils se déclinent alors comme puer (type miser, ‑era, ‑erum) ou comme ager (type integer, ‑gra, ‑grum). En dehors de ces deux cas en ‑er, ils se déclinent exactement comme les autres adjectifs (de même que puer et ager se déclinent comme dominus, cf. tableau 1). Cf. quelques adjectifs au N. sg. des 3 genres dans le tableau 2.

Chapitre 6

89

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Tableau 1. Déclinaison de bonus, bona, bonum Sg.

M.

F.

Nt.

N.

bonus

bona

bonum

V.

bone

bona

bonum

Acc.

bonum

bonam

bonum

G.

boni

bonae

boni

D.

bono

bonae

bono

bono

bona

bono

M.

F.

Nt.

Abl. Pl. N.

boni

bonae

bona

V.

boni

bonae

bona

Acc.

bonos

bonas

bona

G.

bonorum

bonarum

bonorum

D.

bonis

bonis

bonis

Abl.

bonis

bonis

bonis

Tableau 2. Quelques adjectifs de la 1re classe (N. sg.) M.

90

F.

Nt.

Sens

beatus

beata

beatum

heureux

bonus

bona

bonum

bon

certus

certa

certum

certain, sûr

durus

dura

durum

dur

magnus

magna

magnum

grand

multus

multa

multum

nombreux

nouus

noua

nouum

nouveau

paruus

parua

paruum

petit

sanus

sana

sanum

sain

liber, ‑eri

libera

liberum

libre

miser, ‑eri

misera

miserum

malheureux

creber, ‑bri

crebra

crebrum

fréquent

integer, ‑gri

integra

integrum

intact, entier

pulcher, ‑chri

pulchra

pulchrum

beau

Partie 1. Comprendre le latin

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B. Les adjectifs de la deuxième classe Ces adjectifs se déclinent selon les mêmes schémas que les noms de la 3e déclinaison (schéma masculin – féminin d’une part, schéma neutre d’autre part, cf. tableau 3). Tableau 3. Plan de la déclinaison des adjectifs de la deuxième classe Sg.

Pl.

M. et F.

Nt.

N.

(variable)

(variable)

M. et F. -es

-ia

Nt.

V.

(= N.)

(= N.)

-es

-ia

Acc.

-em

(= N.)

-es

-ia

G.

-is

-is

-ium

-ium

D.

-i

-i

-ibus

-ibus

Abl.

-i

-i

-ibus

-ibus

Remarquez qu’au neutre, les adjectifs de la seconde classe se déclinent (à quelques exceptions près) comme mare et non comme corpus. Ils ont donc : ● l’Abl. sg. (aux trois genres) en ‑i (et non en ‑e) ; ● le G. pl. (aux trois genres) en ‑ium (et non en ‑um) ; ● les N. V. Acc. Nt. pl. en ‑ia (et non en ‑a).

Notez aussi les ressemblances entre les trois genres. Le tableau 3 pourrait être simplifié de la manière suivante (tableau 4). Tableau 4. Plan simplifié de la déclinaison des adjectifs de la deuxième classe Sg.

Pl.

M. et F.

Nt.

M. et F.

Nt.

N.

(variable)

(variable)

-es

-ia

V.

(= N.)

(= N.)

-es

-ia

Acc.

-em

(= N.)

-es

-ia

G.

-is

-ium

D.

-i

-ibus

Abl.

-i

-ibus

En ce qui concerne le N. et le V. sg., alors que les adjectifs de la 1re classe ont toujours trois terminaisons différentes (M. – F. – Nt.), ceux de la 2e classe ont soit trois terminaisons (M. – F. – Nt.), soit deux (M. F. – Nt.), soit une seule. Cf. quelques exemples dans le tableau 5.

Chapitre 6

91

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Tableau 5. Quelques adjectifs de la 2e classe (N. sg.) M.

F.

Nt.

G. sg.

Sens

acer

acris

acre

acris

piquant, pénétrant

celer

celeris

celere

celeris

rapide

equester

equestris

equestre

equestris

équestre

breuis

breuis

breue

breuis

court

facilis

facilis

facile

facilis

facile

fortis

fortis

forte

fortis

courageux

grauis

grauis

graue

grauis

lourd

leuis

leuis

leue

leuis

léger

turpis

turpis

turpe

turpis

laid, honteux

audax

audax

audax

audacis

audacieux

felix

felix

felix

felicis

heureux

uelox

uelox

uelox

uelocis

rapide

ingens

ingens

ingens

ingentis

immense

potens

potens

potens

potentis

puissant

par

par

par

paris

égal, pair

Certaines grammaires répartissent ces adjectifs en trois groupes : adjectifs à trois (celer), à deux (breuis) et à une terminaison (felix). Cette répartition est pertinente pour le N. sg., mais tout le reste de la flexion est semblable pour les trois groupes. On notera que : ● les adjectifs à trois terminaisons sont toujours des adjectifs en ‑er et ceux à deux termi‐

naisons toujours en ‑is ; ● pour les adjectifs à trois et à deux terminaisons, si on connaît les trois N. sg., on connaît

aussi le G. sg., donc le thème. Il n’en va pas de même pour les adjectifs à une terminaison : ici la connaissance du G. sg. est nécessaire pour connaître le thème. Que faudra-t-il donc retenir d’un adjectif, quelle que soit sa classe ? Ses trois N. sg. On connaît ainsi sa classe et son thème. Une exception : pour les adjectifs de la 2e classe à une terminaison (felix), il suffit de connaître, outre la forme unique du N. sg. (felix), le G. sg. (felicis) pour connaître le thème (felici‑). Par exemple : Je connais bonus – bona – bonum liber – libera – liberum creber – crebra – crebrum celer – celeris – celere fortis – fortis – forte felix – felicis 92

Partie 1. Comprendre le latin

Je déduis Classe Thème 1 bono‑, bona‑ 1 libero‑, libera‑ 1 crebro‑, crebra‑ 2 2 2

celeri‑ forti‑ felici‑

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Pour concrétiser les règles générales énoncées ci-dessus, voici deux tableaux de décli‐ naison, l’un au singulier, l’autre au pluriel, où, à chaque cas, un adjectif accompagne un nom. Cette association constitue une aide précieuse pour l’étude conjointe des déclinaisons et du vocabulaire. N. V. Acc. G.

Sg. dux fortis beate pater opus facile irae breuis

un chef courageux un père heureux un travail facile une colère brève

D. Abl.

nuntio audaci uino bono

un messager audacieux un bon vin

N. V. Acc. G.

Pl. leges durae dei potentes filias fortes corporum ingentium

des lois dures des dieux puissants des filles courageuses des corps immenses

D. Abl.

sideribus celeribus laboribus magnis

des étoiles rapides de grands travaux

N.B. L’adjectif épithète se place, comme en français, tantôt avant le nom, tantôt après. Dans certains cas, cette place est significative et peut changer le sens (ainsi, en français, un brave homme ne signifie pas la même chose qu’un homme brave). Nous verrons plus tard dans quelles conditions (chapitre 25).

2. Le genre des noms Pour accorder correctement un adjectif avec un nom, il faut connaître le genre de ce dernier. Chacun sait que les langues n’ont guère de points communs dans le domaine du genre. C’est que le genre d’un nom est, la plupart du temps, arbitraire et conventionnel. De même qu’il n’y a aucune raison « naturelle » pour qu’une courgette ou un cornichon, par exemple, s’appelle ainsi, il n’y a aucune raison « naturelle » pour que le premier légume soit féminin et le second masculin. C’est ce qui fait que nous éprouvons toujours quelque difficulté à apprendre le genre des noms d’une langue dont nous abordons l’étude. Au-delà des différences radicales d’ordre culturel, deux critères permettent de clarifier les choses en latin : le sens du mot (qui entraîne le genre naturel) et sa déclinaison (qui entraîne le genre grammatical). Le mot « mari » est masculin parce qu’il désigne un être Chapitre 6

93

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de sexe masculin (genre naturel), le mot « courgette » est féminin parce que tous les dimi‐ nutifs en « -ette » sont féminins (genre grammatical). En latin, sont masculins les noms de « fonctions » masculines (agriculteur, matelot, esclave, roi, dieu, etc.), de peuples, de vents et très souvent de fleuves ; sont féminins les noms de « fonctions » féminines (esclave, reine, déesse, etc.), d’îles, de pays, d’arbres et de plantes. Pour les autres noms, la déclinaison et la terminaison donnent un certain nombre d’indications (tableau 6).

Tableau 6. Genre grammatical des noms Déclinaison 1 2

3

4 5

N. sg.

Genre grammatical

‑a

féminin

‑us, ‑er (-ir)

masculin

‑um

neutre

‑er, ‑or, ‑os

masculin

‑o, ‑s (sauf ‑us, G. ‑oris et ‑eris), ‑x (< *c‑s ou *g‑s)

féminin

‑e, ‑al, ‑ar, ‑ma, ‑men, ‑ur, ‑us (G. ‑oris et ‑eris)

neutre

‑us

masculin

‑u

neutre

‑es

féminin

Ces règles admettent des exceptions, spécialement à la troisième déclinaison : ainsi, parmi les mots déjà rencontrés, puluis, ‑eris et ordo, ‑inis sont masculins et cor, cordis est neutre. Il convient donc d’être attentif au genre chaque fois qu’on rencontre un nom nou‐ veau et de le mémoriser en même temps que le G. sg. En cas de « conflit » entre les genres, le genre naturel l’emporte sur le genre grammatical : ● poeta, ‑ae, « le poète », est masculin par genre naturel, bien qu’il appartienne à la 1re décl.

(dont le genre grammatical est féminin) ; ● uxor, ‑oris, « l’épouse », est féminin par genre naturel, de même qu’arbor, ‑oris, « l’arbre », bien qu’il s’agisse de noms en ‑or, ‑oris (dont le genre grammatical est masculin).

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Partie 1. Comprendre le latin

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3. Le verbe esse – L’attribut du sujet A. Le verbe esse Le verbe esse, « être », est, en latin comme dans beaucoup de langues, un verbe dit irrégulier, c’est-à-dire qu’il n’est pas conforme à l’une des cinq conjugaisons étudiées jusqu’ici. Il conserve, par exemple, la désinence ancienne ‑se à l’infinitif présent, alors que, pour les autres verbes, cette désinence est devenue ‑re par rhotacisme (*ama‑se > amare, cf. p. 76). Cf. tableau 7 les trois premiers temps de l’indicatif. Tableau 7. Conjugaison de esse, « être » Présent

Imparfait

Futur

sum

eram

ero

es

eras

eris

est

erat

erit

sumus

eramus

erimus

estis

eratis

eritis

sunt

erant

erunt

Vous pouvez observer, ici comme dans les conjugaisons régulières, le jeu des désinences, du thème, etc. Pour le présent, l’alternance des formes correspond à celles du français « suis, es, est, sommes, êtes, sont ». Une fois connue la 1re p. de l’ind. imparfait, le reste en découle. Au futur simple, on retrouve les mêmes désinences que celles de monebo, monebis, etc., avec la même alternance entre ‑i‑ et ‑u‑1.

B. L’attribut du sujet Le verbe esse sert très souvent, comme en français, à unir le sujet à un complément d’un type particulier : l’attribut. Celui-ci est généralement un adjectif, qui s’accorde en genre, en nombre et en cas avec le sujet, mais il peut être aussi un nom, un verbe ou une propo‐ sition. Voici quelques exemples d’attributs en français : L’homme est mortel. Grand fut mon étonnement (= Mon étonnement fut grand). Tu sembles pâle. Cela paraît clair.

1. En fait, *es-a-m > eram et *es-o > ero (rhotacisme). Chapitre 6

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Dormir, c’est manger. Il est nécessaire de manger (= Manger est nécessaire1). Voici quelques exemples en latin : Dura lex, sed lex. Dei beati sunt. Laborare est orare.

La loi est dure, mais c’est la loi. Les dieux sont heureux. Travailler, c’est prier.

Il ne faut pas confondre l’attribut du sujet avec le COD. Dans les phrases « Pierre est un homme » et « Pierre voit un homme », « homme » n’a pas la même fonction : dans la pre‐ mière il est attribut, dans la seconde COD. En latin, la différence entre les deux fonctions se traduit par un changement de cas : l’attribut du sujet se met au nominatif, le COD à l’accusatif. Petrus homo est. Petrus hominem uidet.

Pierre est un homme. Pierre voit un homme.

4. Exercices Énoncés A. Donnez le genre des mots des p. 69–70. B. Dans les phrases de la p. 89, indiquez pour chaque adjectif : – ses trois nominatifs ; – sa classe ; – son thème ; – son cas, son genre et son nombre ; – le nom auquel il se rapporte. C. Mettez les adjectifs et les noms de la p. 89 au pluriel.

1. Avec les verbes impersonnels, la grammaire traditionnelle distingue le sujet apparent et le sujet réel, en consi‐ dérant « il » comme le sujet apparent de « est » et « manger » comme le sujet réel ; « nécessaire » est donc, en réalité, l’attribut du sujet (« manger »). Une erreur doit être en tout cas absolument évitée : « manger » n’est pas un attribut de « il ».

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Partie 1. Comprendre le latin

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D. Déclinez. Sg. F. equester miser audax

N. V. Acc

M. bonus celer breuis

Nt. integer felix ingens

G. D. Abl.

certus facilis creber

durus grauis par Pl.

leuis liber potens

N. V. Acc. G. D. Abl.

M. magnus fortis uelox durus celer magnus

F. certus nouus creber turpis multus breuis

Nt. par fortis paruus leuis audax liber

E. Déclinez. N. Acc. G. D.

Sg. un roi malheureux un dieu puissant l’ordre équestre l’esclave courageux

Pl. un petit temple un corps immense un maître heureux un homme libre

Abl.

la mort honteuse

une courte colère

F. Traduisez. 1. datis 2. times 3. uincet 4. eris 5. audiunt

6. audient 7. fugiebant 8. fugis 9. eramus 10. sumus

11. mitto 12. orabamus 13. statuunt 14. dabas

16. estis 17. fugiet 18. audiam 19. clamabatis

15. flent

20. mittes

G. À quels mots peuvent appartenir les formes suivantes ? 1. leges 5. libro 9. laboras 2. legam 6. liber 10. labore 3. legem 7. libero 11. filiis 4. legis 8. capitis 12. paris

13. sumus 14. summus 15. pares 16. paries

Chapitre 6

97

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H. Traduisez. 1. je donne 2. tu écoutes 3. il écrit 4. nous fuyons 5. vous avertissez 6. ils osent

7. j’augmentais 8. tu étais 9. il travaillait 10. nous craignions

13. j’enseignerai 14. tu écriras 15. il engendrera 16. nous prendrons garde

11. vous lisiez 12. ils avaient

17. vous prierez 18. ils seront

I. Traduisez. 1. Que signifie supporter un malheur aequo animo1 ? 2. Ars longa, uita breuis2. 3. Audaces fortuna iuuat. 4. Donec eris felix, multos numerabis amicos ; tempora si fuerint nubila, solus eris3. 5. Non est ad astra mollis e terris uia4. 6. Errare humanum est5. 7. On dit parfois qu’un homme à qui l’on a confié le pouvoir est un primus inter pares6. Que signifie cette expression ? 8. Quandoque bonus dormitat Homerus7. 9. Sit tibi terra leuis [épitaphe]8. 10. Vita non est uiuĕre, sed ualere9. 11. Horas non numero nisi serenas10 [inscription sur un cadran solaire]. 12. Omnes uulnerant, ultima necat11 [inscription sur un cadran solaire]. 13. Caeca est inuidia12.

1. aequus, ‑a, ‑um : égal, équilibré, juste. 2. longus, ‑a, ‑um : long. 3. donec : aussi longtemps que, tant que ; numerare : compter ; si : si ; fuerint : forme de fut. ant. de esse (à traduire par un présent) ; nubilus, ‑a, ‑um : nuageux, sombre ; solus, ‑a, ‑um : seul. 4. mollis, ‑is, ‑e : mou, doux, tendre ; e(x) + Abl. : hors de ; terra (pfs au pl.) : la terre. 5. humanus, ‑a, ‑um : humain. 6. primus, ‑a, ‑um : premier ; inter + Acc. : entre, parmi. 7. quandoque : parfois ; dormitare : sommeiller ; Homerus, ‑i : Homère. 8. sit : qu’il soit ; tibi : à toi, pour toi. 9. uiuĕre, ‑o : vivre. 10. hora : l’heure ; nisi : si ce n’est, sauf ; serenus, ‑a, ‑um : serein. 11. omnis, ‑is, ‑e : tout ; uulnerare : blesser ; ultimus, ‑a, ‑um : dernier ; necare : tuer. 12. caecus, ‑a, ‑um : aveugle.

98

Partie 1. Comprendre le latin

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J. Traduisez. 1. Nombreux sont les poèmes des poètes romains que nous lisons avec un grand plai‐ sir1. 2. Si nous sommes en bonne santé, nous sommes heureux. 3. Aussi longtemps que les hommes sont heureux, ils comptent de nombreux amis ; si la chance ne (les) aide pas, ils sont seuls. 4. Les dieux aident les hommes malheureux. 5. Les Belges2 étaient courageux et audacieux.

K. Formez dix paires différentes en associant un adjectif avec un nom et traduisez. 1. audaces capitum 2. breui copiae 3. celerium hominibus 4. durarum ira 5. felicis 6. ingens 7. liberis 8. noui

legum moris mundo patriae

9. paruorum 10. turpi

siderum templum

L. Traduisez en mettant au cas et au nombre indiqués. N. V. Acc.

Sg. le nouveau cadeau le messager rapide l’ordre équestre

Pl. l’immense champ l’épouse heureuse la bonne loi

G.

l’immense amour

les nombreux livres

D. Abl.

le consul intègre la poussière légère

l’année malheureuse la tête dure

1. que : quae ; avec : cum + Abl. ; le plaisir : uoluptas, ‑atis. 2. Le Belge : Belga, ‑ae (M.). Chapitre 6

99

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Corrigés A. amor ciuitas consul dolor dux

M. F. M. M. M.

lex mos mulier pater puluis

F. M. F. M. M.

finis gens hostis mens mors

M. F. M. F. F.

frater homo honos imperator

M. M. M. M.

rex ueritas uox ars

M. F. F. F.

nox pars urbs labor

F. F. F. M.

ciuis

M.

B. bonus durus breuis improbus sanus

-a, -a, -is, -a, -a,

-um -um -e -um -um

sanus supremus summus summus

-a, -a, -a, -a,

-um -um -um -um

C.

1re cl. 1re cl. 1re cl. 1re cl.

1. bona uina 2. durae leges 3. furores breues

D. bonus celer breuem certi facili crebro

100

1re cl. 1re cl. 2e cl. 1re cl. 1re cl.

Partie 1. Comprendre le latin

bono‑ dura‑ breui‑ improbo‑ sana‑

N. N. N. N. N.

Nt. F. M. M. F.

sg. sg. sg. sg. sg.

uinum lex furor labor mens

sano‑ suprema‑ summo‑ summa‑

Abl. N. N. N.

Nt. F. Nt. F.

sg. sg. sg. sg.

corpore lex ius iniuria

4. labores improbi 5. mentes sanae 6. corporibus sanis

7. supremae leges 8. summa iura 9. summae iniuriae

equestris misera audacem durae graui

integrum felix ingens leuis libero

pari

potenti

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magni fortes

certae nouae

paria fortia

ueloces durorum celeribus

crebras turpium multis

parua leuium audacibus

magnis

breuibus

liberis

E. rex deum ordinis forti turpi F.

miser potentem equestris seruo morte

1. vous donnez 2. tu crains 3. il vaincra 4. tu seras 5. ils entendent

parua ingentia felicium liberis iris

6. ils entendront 7. ils fuyaient 8. tu fuis 9. nous étions 10. nous sommes

11. 12. 13. 14. 15.

templa corpora dominorum hominibus breuibus j’envoie nous priions ils décident tu donnais ils pleurent

16. vous êtes 17. il fuira 18. j’entendrai 19. vous criiez 20. tu enverras

G. 1. – N. V. Acc. pl. de lex : la loi – 2e p. sg. ind. fut. act. de legĕre, ‑o : tu liras 2. 1re p. sg. ind. fut. act. de legĕre, ‑o : je lirai 3. Acc. sg. de lex : la loi 4. – G. sg. de lex : la loi – 2e p. sg. ind. prés. act. de legĕre, ‑o : tu lis 5. D. Abl. sg. de liber, libri : le livre 6. – N. V. sg. de liber, libri : le livre – N. V. M. sg. de liber, ‑era, ‑erum : libre

7. D. Abl. M. Nt. sg. de liber ‑era, ‑erum : libre 8. – G. sg. de caput, ‑itis : la tête – 2e p. pl. ind. prés. act. de capĕre, ‑io : vous prenez 9. 2e p. sg. ind. prés. act. de laborare : tu travailles 10. Abl. sg. de labor : le travail 11. – D. Abl. pl. de filius : le fils – D. Abl. pl. de filia : la fille1

1. Lorsque filius et filia sont associés au D. ou à l’Abl. pl., on devrait avoir filiis et filiis ; pour éviter l’indistinction, on dit en latin filiis et filiabus. De même pour deus et dea : au lieu de deis et deis, on dit deis et deabus. Chapitre 6

101

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12. – G. M. F. Nt. sg. de par : égal – 2e p. sg. ind. prés. act. de parĕre, ‑io : tu engendres 13. 1re p. pl. ind. prés. de esse : nous sommes 14. N. M. sg. de summus : le plus élevé 15. – N. V. Acc. M. F. pl. de par : égal.

– 2e p. sg. ind. prés. act. de parēre, ‑eo : tu obéis. 16. – 2e p. sg. ind. fut. de parĕre, ‑io : tu engendreras. – La forme est aussi le Nt. sg. d’un nom de la 3e décl., paries, ‑etis (M.) : le mur

H. 1. do 2. audis 3. scribit 4. fugimus 5. monetis 6. audent I.

7. augebam 8. eras 9. laborabat 10. metuebamus 11. legebatis

13. docebo 14. scribes 15. pariet 16. cauebimus 17. orabitis

12. habebant

18. erunt

1. D’une âme égale (sans se troubler). 2. L’art est long, la vie est courte. 3. La fortune sourit aux audacieux. 4. Tant que tu seras heureux, tu compteras de nombreux amis ; si les temps s’assom‐ brissent, tu seras seul. 5. Il n’y a pas de chemin facile de la terre vers les astres. 6. Se tromper est humain ou L’erreur est humaine. 7. Premier parmi ses pairs, ses égaux [pour désigner l’égalité formelle entre les membres, p. ex., d’un gouvernement]. 8. Parfois le bon Homère sommeille [même les génies ont des moments de relâche‐ ment]. 9. Que la terre te soit légère. 10. La vie, ce n’est pas vivre, mais être en bonne santé (Il ne suffit pas de vivre…). 11. Je ne compte que les heures sereines. 12. Toutes (les heures) blessent, la dernière tue. 13. L’envie est aveugle.

J.

102

1. Multa sunt carmina poetarum Romanorum quae cum magna uoluptate legimus. 2. Si ualemus, beati sumus. 3. Donec homines felices sunt, multos numerant amicos ; si fortuna non iuuat, soli sunt. 4. Dei homines miseros iuuant. 5. Belgae fortes et audaces erant.

Partie 1. Comprendre le latin

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K. 1. audaces copiae (N. pl.) : les troupes audacieuses 2. breui ira (Abl. sg.) : la colère brève 3. celerium siderum (G. pl.) : les astres rapides 4. durarum legum (G. pl.) : les dures lois 5. felicis patriae (G. sg.) : la patrie heureuse 6. ingens templum (N. V. Acc. sg.) : l’immense temple 7. liberis hominibus (D. Abl. pl.) : les hommes libres 8. noui moris (G. sg.) : la nouvelle habitude 9. paruorum capitum (G. pl.) : les petites têtes 10. turpi mundo (D. Abl. sg.) : le monde laid L. nouum donum celer nuntie equestrem ordinem ingentis amoris integro consuli leui puluere

ingentes agri felices uxores bonas leges multorum librorum miseris annis duris capitibus

Chapitre 6

103

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Chapitre 7 Les quatrième et cinquième déclinaisons Synthèse sur les noms et les adjectifs L’impératif – Le participe présent actif Le pronom relatif Pour en finir avec les déclinaisons régulières des noms, il nous reste à étudier les qua‐ trième et cinquième déclinaisons. Nous avons vu plus haut ce qui les caractérise : 4 5

N. sg. -us -u -es

G. sg. -us -ei

Genre M. Nt. F.

1. La quatrième déclinaison Tableau 1. Déclinaisons de passus, passus (M.), « le pas1 » et cornu, cornus (Nt.), « la corne » Sg.

Pl.

Sg.

Pl.

N.

passus

passus

cornu

cornua

V.

passus

passus

cornu

cornua

Acc.

passum

passus

cornu

cornua

G.

passus

passuum

cornus

cornuum

D.

passui

passibus

cornui

cornibus

Abl.

passu

passibus

cornu

cornibus

1. Mesure de longueur équivalant à 1,5 m environ. Chapitre 7

105

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2. La cinquième déclinaison Tableau 2. Déclinaison de dies, diei (M. ou F.), « le jour » Sg.

Pl.

N.

dies

dies

V.

dies

dies

Acc.

diem

dies

G.

diei

dierum

D.

diei

diebus

Abl.

die

diebus

• Remarques

1) Ces deux déclinaisons ne comportent qu’un petit nombre de noms d’un emploi par‐ ticulièrement fréquent et elles n’ont servi de modèle à aucune déclinaison d’adjectif. À la 4e déclinaison, les noms domus (la maison) et manus (la main) sont les plus employés. Contrairement à la règle générale, ces deux noms sont féminins. En outre, domus a une déclinaison particulière, faite d’un mélange de formes de la 4e et de la 2e déclinaison (tableau 3). Tableau 3. Déclinaison de domus (F.), « la maison » Sg.

Pl.

N.

domus

domus

V.

domus

domus

Acc.

domum

domus – domos

G.

domus – domi

domuum – domorum

D.

domui – domo

domibus

Abl.

domo

domibus

3) À la 5e déclinaison, dies est tantôt masculin, tantôt féminin. C’est, avec res, rei, F. (la chose), le mot le plus employé de cette déclinaison.

3. Synthèse sur les noms et les adjectifs Le moment est venu de se remémorer l’ensemble des déclinaisons des noms et des adjectifs et de se livrer à quelques observations qui en faciliteront la mémorisation.

106

Partie 1. Comprendre le latin

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Tableau 4. Plan synoptique des déclinaisons (Sg.) N.

Acc.

1

domina

dominam

dominae

2

dominus

dominum

domini

domino



templi

templo



regis

regi

rege

corporis

corpori

corpore

passui

passu

templum 3

rex

⇒ regem

corpus



G.

4

passus

passum

passus

5

res

rem

rei

D.

Abl. domina



re



Tableau 5. Plan synoptique des déclinaisons (Pl.) N.

Acc.

G.

D.

Abl.

1

dominae

dominas

dominarum

dominis



2

domini

dominos

dominorum

dominis



templa



templorum

templis



reges



regum

regibus



corpora



corporum

corporibus



4

passus



passuum

passibus



5

res



rerum

rebus



3

● Le V. est toujours semblable au N., au sg. comme au pl., sauf pour les noms en ‑us de la 2e déclinaison (dominus, domine, etc.). ● L’Acc. sg. des noms masculins et féminins des 5 déclinaisons est toujours en ‑m (‑am, ‑um, ● ● ● ●

‑em, ‑um, ‑em). L’Acc. M. F. pl. se termine toujours par ‑s (‑as, ‑os, ‑es, ‑us, ‑es). Le G. pl. se termine toujours par ‑um (‑arum, ‑orum, ‑(i)um, ‑uum, ‑erum). Au neutre, le N., le V. et l’Acc. sont toujours semblables, au sg. comme au pl. Au pl., ils se terminent toujours par ‑a (ou ‑ia). Le D. et l’Abl. pl. sont toujours semblables ; ils se terminent soit par ‑is (1re et 2e décl.), soit par ‑bus (3e, 4e et 5e décl.).

On peut aussi mémoriser les déclinaisons sous une forme simplifiée en éliminant le V. et en regroupant les formes semblables. Par exemple, la déclinaison de corpus et dies peuvent être schématisées comme suit : Sg. : Pl. :

2 × corpus – corporis – corpori – corpore 2 × corpora – corporum – 2 × corporibus

Chapitre 7

107

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Sg. : Pl. :

dies – diem – 2 × diei – die 2 × dies – dierum – 2 × diebus

De même, pour un adjectif comme felix : Sg. : Pl. :

2 × felix – felicem (Nt. : felix) – 2 × felicis – felici 2 × felices (Nt. : felicia) – felicium – 2 × felicibus

Une autre manière de synthétiser les déclinaisons consiste à mettre au même cas une série de noms appartenant à des déclinaisons différentes. Soit la série causa, filius, bellum, dux, genus, manus, res ; on obtient le tableau 4 pour le singulier et le tableau 5 pour le pluriel. Le nombre de formes semblables paraît considérable. Les formes ambiguës obligent à chaque fois à déterminer de façon précise à quel cas on a affaire. Cette décision est fondée sur plusieurs critères avec lesquels lectures et exercices vous familiariseront. Les princi‐ paux critères sont les contraintes grammaticales, la probabilité, l’ordre des mots, et surtout le sens de la phrase. ● Contraintes grammaticales. Par exemple, la présence d’un adjectif ou la coordination,

qui relie deux éléments de même nature (deux noms, etc.) et de même fonction (donc se trouvant au même cas). Ainsi : – domini est un G. sg. ou un N. V. pl. ; mais le groupe felicis domini est seulement un G. sg., le N. pl. étant felices domini ; – domino est une forme de D. ou d’Abl. sg. ; le groupe domino et regi est au D., car regi, lui, ne peut être qu’un D. ; – deae est un G. D. sg. ou N. V. pl. ; le groupe deae et dei sera soit un G. sg. (« de la déesse et du dieu »), soit un N. V. pl. (« les déesses et les dieux, ô déesses et dieux ») ; deae et deo sera seulement un D. sg. (« à la déesse et au dieu ») ; – reges et ciues sont des N. V. Acc. pl. ; le groupe ad reges et ciues (« vers les rois et les citoyens ») est seulement à l’Acc. en dépendance de la préposition ad. ● Probabilité. Devant une forme qui peut être au N. ou au V., on prendra comme première

hypothèse le N., infiniment plus fréquent. ● Ordre des mots. Le premier mot de la phrase est un neutre pluriel en ‑a. Comme c’est le plus souvent la place du sujet, on songera à un N. avant de songer à un Acc. ● Sens. C’est, en définitive, le critère décisif : s’il n’est pas satisfaisant, s’il ne s’harmonise pas avec le contexte, il faut reprendre l’analyse jusqu’à la découverte d’une signification acceptable, compatible avec la forme du texte. Dans une phrase comme bonum uinum laetificat cor hominis, uinum et cor peuvent être l’un et l’autre sujets ou COD. Mais le seul sens acceptable est obtenu en prenant uinum pour sujet. Pour utiliser à bon escient ces différents critères, il faut évidemment posséder une bonne connaissance de la langue. Or, la situation du débutant est, toutes proportions

108

Partie 1. Comprendre le latin

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gardées, un peu comparable à celle d’un étranger qui, découvrant les structures de base du français, rencontrerait des phrases comme : Les poules du couvent couvent. Nous avions des avions. Il est probable qu’au début il éprouverait, lui aussi, de sérieuses difficultés à analyser correctement ces formes homographes. Le latin, par son système de déclinaison, est cependant beaucoup plus ambigu que le français. Une même forme peut souvent s’analyser de plusieurs manières ; avant de choisir, le débutant doit donc envisager toutes les solutions possibles. Afin de vous aider dans cette démarche, on a rassemblé dans les pages qui suivent les différentes possibilités d’analyse des finales des noms et des adjectifs. Tableau 6. Valeurs des finales monovalentes Finale -am -as -ebus -bus

-ibus

-em

-er

-os -arum -rum -erum -orum

Forme

Modèle

Analyse

• dominam

1re décl.

Acc. sg.

• bonam

1re cl. F.

Acc. sg.

• dominas

1re

décl.

Acc. pl.

• bonas

1re cl. F.

Acc. pl.

• diebus

5e décl.

D. Abl. pl.

• regibus, ciuibus, corporibus, maribus

3e

décl.

D. Abl. pl.

• passibus, cornibus

4e décl.

D. Abl. pl.

• acribus, fortibus, ingentibus

2e

cl.

D. Abl. pl.

• regem, ciuem

3e

décl. M. F.

Acc. sg.

• diem

5e décl.

Acc. sg.

• acrem, fortem, ingentem

2e

cl. M. F.

Acc. sg.

• puer, ager

2e

décl.

certains N. V. sg.

• pater

3e décl. M.

certains N. V. sg.

• miser

1re

certains N. V. sg.

• acer

2e

• dominos

2e décl. M.

Acc. pl.

• bonos

1re

cl. M.

Acc. pl.

• dominarum

1re

décl.

G. pl.

cl. M.

cl. M.

certains N. V. sg.

• bonarum

1re

cl. F.

G. pl.

• dierum

5e décl.

G. pl.

• dominorum, templorum

2e

G. pl.

• bonorum

1re

décl. cl. M. Nt.

G. pl.

Chapitre 7

109

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Tableau 7. Valeurs des finales polyvalentes Finale

Forme

-ia -ua

-ae

-e

-es

-i

• domina

décl.

N. V. Abl. sg.

2e décl. Nt.

N. V. Acc. pl.

• corpora

3e

décl. Nt. (th. cons.) N. V. Acc. pl.

1re

N. V. Abl. sg. N. V. Acc. pl.

• maria

3e décl. Nt. (th. ‑i)

N. V. Acc. pl.

• acria, fortia, ingentia

2e

cl. Nt.

N. V. Acc. pl.

• cornua

4e décl. Nt.

N. V. Acc. pl.

• dominae

1re décl.

• Romae

1re décl.

• bonae

1re cl. F.

• domine

2e décl. M.

V. sg.

• rege, ciue, corpore

3e

décl. (th. cons.)

Abl. sg.

• mare

3e

décl. Nt. (th. ‑i)

N. V. Acc. sg.

• die

5e décl.

Abl. sg.

• bone

1re

V. sg.

• acre, forte

2e

• miles

3e décl. M. F.

certains N. V. sg.

• reges, ciues

3e

N. V. Acc. pl.

• dies

5 e décl.

• acres, fortes, ingentes

2 e cl. M. F.

• domini

2e décl. M.

• templi

2e décl. Nt.

G. sg.

• Deli

2e

décl.

locatif (cf. p. 308)

• regi, ciui, corpori

3e

décl.

D. sg.

• mari

3e décl. Nt. (th. ‑i)

D. Abl. sg.

• diei

5e

G. D. sg.

cl. M.

cl. Nt. décl. M. F.

décl.

1re cl. M. 1re

110

cl. F.

1re cl. Nt.

• boni

-ui

Analyse

• templa

• bona

-a

Modèle 1re

cl. Nt.

• acri, forti, ingenti

2e

• passui, cornui

4e décl.

Partie 1. Comprendre le latin

cl.

G. D. sg. N. V. pl. locatif (cf. p. 308) G. D. sg. N. V. pl.

N. V. Acc. sg.

N. V. sg. N. V. Acc. pl. N. V. Acc. pl. G. sg. N. V. pl.

G. sg. N. V. pl. G. sg. D. Abl. sg. D. sg.

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Finale

-is

-o -u

Forme

-ium -uum

-us

Analyse

• dominis • dominis, templis

2e

• ciuis

3e décl. M. F. (th. ‑i)

• regis, ciuis, corporis, maris

3e

• bonis

1re cl.

D. Abl. pl.

• acris, fortis

2e cl. M. F.

certains N. sg.

• acris, fortis, ingentis

2e

G. sg.

• domino, templo

2e décl.

D. Abl. sg.

• bono

1re

D. Abl. sg.

• passu

4e

• cornu

4e décl. Nt.

N. V. Acc. Abl. sg.

• dominum

2e

décl. M.

Acc. sg.

• templum

2e

décl. Nt.

• regum, corporum

3e décl. (th. ‑i)

G. pl.

• passum

4e décl. M.

Acc. sg.

• bonum

-um

Modèle 1re

décl.

décl.

décl.

cl. cl. M. Nt.

décl.

1re

cl. M.

D. Abl. pl. D. Abl. pl. certains N. V. sg. parfois Acc. pl. G. sg.

Abl. sg.

N. V. Acc. sg.

Acc. sg.

1re cl. Nt.

N. V. Acc. sg.

• ingenium

2e décl. Nt.

certains N. V. Acc. sg.

• ciuium, marium

3e

G. pl.

• acrium, fortium, ingentium

2e cl.

G. pl.

• passuum, cornuum

4e

décl.

G. pl.

• dominus

2e

décl. M.

N. sg.

• passus

4e décl.

• cornus

4e

décl. (th. -i)

décl. N.

N. V. G. sg. N. V. Acc. pl. G. sg.

Parmi les finales, on peut distinguer des finales monovalentes (caractéristiques d’un seul cas) et des finales polyvalentes (caractéristiques de plusieurs cas). ● Envisageons d’abord le cas des finales monovalentes et de quelques autres qui ne posent

pas de problème d’identification ; tout au plus peut-il y avoir une légère hésitation pour telle d’entre elles, mais c’est alors une question de vocabulaire (tableau 6). ● Les finales polyvalentes, en définitive, sont les seules à être vraiment ambiguës

(tableau 7).

Chapitre 7

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• Remarques

1) Telles qu’elles se présentent ici, les finales ne sont pas le résultat d’un découpage établi d’après des lois d’ordre purement scientifique. Par exemple, alors que la désinence de l’Acc. sg. est ‑m, il nous a paru plus efficace de distinguer ‑am et ‑em. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous employons le terme « finale » plutôt que « désinence ». 2) Seuls les noms et les adjectifs ont été pris en considération. Mais, lorsque le système verbal aura été étudié dans son ensemble, il sera utile de confronter les finales des noms avec celles des verbes, afin de compléter le présent tableau. Par exemple, vous savez déjà que certaines formes de l’indicatif futur se terminent par ‑am (legam) : il ne faut évidemment pas les confondre avec des formes d’Acc. sg. du type dominam. Par contre, des formes comme amabam ne doivent pas vous poser de problème : le suffixe ‑ba‑ indique qu’il s’agit d’un imparfait, donc d’un verbe ; dans ce cas, isoler une finale ‑am identique à celle de legam ou de aquam est sans intérêt. 3) Toute classification est, par nature, imparfaite et il est impossible d’envisager abso‐ lument tous les cas sans surcharger le tableau de manière excessive. Pour certaines formes, il faut prendre en compte dès à présent d’autres critères que la seule finale. Ainsi, lorsqu’on dit que la finale ‑erum est caractéristique du G. pl. de la 5e décl. (dierum), il faut savoir que numerum n’est pas un G. pl. de *numes, ‑ei, mais l’Acc. sg. de numerus, ‑i, et que, de la même manière, munerum n’est pas un G. pl. de *munes, ‑ei, mais un G. pl. de munus, muneris (3e décl. Nt.). Autre exemple : à côté de cornua, il existe des formes en ‑ua qui sont des F. sg. ou des N. pl. d’adjectifs en ‑uus : tuus, « ton », fait évidemment tua, uacuus, « vide », fait uacua. De même pour ‑ui et ‑uum : on a tui, tuum, sui, suum. 4) Il ressort clairement des remarques précédentes que la connaissance du vocabulaire évite de commettre un certain nombre d’erreurs et permet en tout cas de gagner beaucoup de temps lors de l’exercice de version. Si vous savez qu’il existe un mot lex et un verbe legĕre et que vous connaissez la déclinaison de l’un et la conjugaison de l’autre, vous devez avoir présent à l’esprit que leges peut être un N. V. Acc. pl. ou la 2e p. sg. d’un ind. fut. simple. Il faut alors faire intervenir en priorité les critères d’interpré‐ tation donnés plus haut (contraintes grammaticales, etc.).

4. L’impératif Le schéma de formation de l’impératif présent actif, qui ne comporte que deux per‐ sonnes (2e sg. et 2e pl.), est le suivant : Sg. : Pl. :

thème seul : ama – aime thème – ‑te : ama-te – aimez 1 ama amate

112

Partie 1. Comprendre le latin

2 mone monete

3 lege legite

4 audi audite

5 cape capite

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Remarquez la voyelle thématique dans leg-e et leg-i-te et la transformation de ĭ en ĕ dans cape en vertu de la loi : en syllabe finale ouverte, ĭ > ĕ (d’où *capĭ > capĕ). Tous les verbes latins réguliers ont un impératif présent régulier, sauf : ● dicĕre, qui fait dic (dicite est régulier) ; ● ducĕre, qui fait duc (ducite est régulier) ; ● facĕre, qui fait fac (facite est régulier).

Il existe aussi en latin un impératif futur, pour exprimer un ordre « permanent », qui s’impose à partir de maintenant et pour l’avenir. Il possède quatre personnes, qui se for‐ ment en ajoutant ‑to (2e et 3e sg.), –tote (2e pl.) et –nto (3e pl.) au thème du présent. ama-to, ama-to, ama-to-te, ama-nto, « aime, qu’il aime, aimez, qu’ils aiment (à l’avenir) » mone-to, mone-to, mone-to-te, mone-nto, etc. D’un emploi rare dans les textes littéraires (il se rencontre surtout dans les textes juri‐ diques), c’est le seul impératif attesté de quelques verbes courants : ● esse, « être » : esto, estote, sunto, « sois, qu’il soit, soyez, qu’ils soient » ● scire, « savoir » : scito, scitote, sciunto « sache, qu’il sache, sachez, qu’ils sachent ».

5. Le participe présent actif Le participe présent actif, qui est une forme déclinable, se comporte comme un adjectif. Il s’accorde avec le nom auquel il se rapporte. Il se décline comme un adjectif de la 2e classe à une terminaison (ingens). Voici les participes présents des cinq conjugaisons : amans, G. amantis : aimant monens, G. monentis : avertissant legens, G. legentis : lisant audiens, G. audientis : entendant capiens, G. capientis : prenant Voir tableau 8 la déclinaison de l’un d’entre eux. Par rapport à la déclinaison des adjectifs de la 2e classe, on n’observe qu’une diffé‐ rence : l’Abl. sg. est soit en ‑e, soit en ‑i, selon les cas1. Quant à la formation du thème du G. sg., elle est la suivante : thème – (voyelle thématique) – nt‑ auxquels s’ajoutent les terminaisons de la déclinaison. Au N. sg., *amant-s > amans.

1. Nous verrons plus tard les emplois respectifs des formes en ‑e et en ‑i du participe présent (cf. p. 136). Chapitre 7

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Tableau 8. Déclinaison du participe présent Sg.

Pl.

M. et F.

Nt.

M. et F.

Nt.

N.

amans

amans

amantes

amantia

V.

amans

amans

amantes

amantia

Acc.

amantem

amans

amantes

amantia

G.

amantis

amantium

D.

amanti

amantibus

Abl.

amante (amanti)

amantibus

6. Le pronom relatif A. Généralités Pour analyser un pronom relatif français (« qui, que, quoi, dont, où, lequel » et toutes ses variations), il faut désigner son antécédent et déterminer sa fonction. L’antécédent est généralement un nom de la proposition principale ; le relatif introduit une proposition qui développe cet antécédent. L’homme qui te regarde est mon père. L’antécédent du pronom relatif « qui » est le nom « homme ». La proposition « qui te regarde » détermine le nom « homme ». Mais le pronom relatif a lui-même une fonction dans la proposition qu’il introduit : dans l’exemple, « qui » est sujet du verbe « regarde ». L’antécédent de « qui » (= homme) est sujet du verbe « est ». L’homme que tu vois est mon père. L’antécédent du pronom relatif « que » est « homme ». La proposition « que tu vois » détermine le nom « homme » ; « que » est COD de « vois » ; « homme » est toujours sujet de « est ». L’homme dont tu vois la tête est mon père. Le pronom relatif « dont » a pour antécédent « homme ». La proposition « dont tu vois la tête » détermine le nom « homme » ; « dont » est complément du nom « tête » ; « homme » est toujours sujet. L’homme auquel tu parles est mon père. Le pronom relatif « auquel » a pour antécédent « homme ». La proposition « auquel tu parles » détermine le nom « homme » ; « auquel » est COI de « parles » ; « homme » est toujours sujet.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Ces exemples appellent deux remarques importantes. ● Lorsqu’on éprouve une difficulté à déterminer la fonction du pronom relatif, un bon

moyen d’y voir plus clair est de le remplacer par son antécédent en faisant de la propo‐ sition relative une proposition indépendante. En reprenant les exemples cités ci-dessus, on obtient, en remplaçant le pronom relatif par son antécédent : … qui te regarde : l’homme te regarde. … que tu vois : tu vois l’homme. … dont tu vois la tête : tu vois la tête de l’homme. … auquel tu parles : tu parles à l’homme. ● La fonction du pronom relatif ne dépend pas de celle de son antécédent : si elles sont

identiques dans le premier exemple (sujet), elles sont différentes dans les trois derniers. L’antécédent a sa fonction dans la proposition où il se trouve, c’est-à-dire dans la prin‐ cipale (« L’homme… est mon père ») ; le pronom relatif a également sa fonction dans la proposition où il se trouve, c’est-à-dire dans la relative. En français, le pronom relatif varie d’après la fonction qu’il occupe dans la proposition relative (« qui, que, quoi, dont », identiques au M. F. sg. et pl.) ; seules les formes composées de « -quel » s’accordent en genre et en nombre avec l’antécédent (« auquel, à laquelle, auxquels, auxquelles », etc.) : L’homme qui te regarde est mon père (sujet). L’homme que tu vois est mon père (COD). L’homme dont tu vois la tête est mon père (compl. du nom). L’homme à qui (auquel) tu parles est mon père (COI). La femme à qui (laquelle) tu parles est ma mère (COI). Les événements auxquels tu fais allusion sont connus (COI). « Qui » est une forme sujet, « que » une forme COD, « à qui, auquel, à laquelle, auxquels » sont des formes COI. La forme « dont » est ambiguë. Dans les phrases : L’homme dont tu vois la tête est mon père. L’homme dont tu parles est mon père, le pronom relatif n’a pas la même fonction ; dans la première, il est complément du nom ; dans la seconde, il est complément du verbe. Comme nous l’avons vu, le meilleur moyen de lever l’ambiguïté est de remplacer le relatif par son antécédent : … dont tu vois la tête : tu vois la tête de l’homme. … dont tu parles : tu parles de l’homme. Ces remarques préliminaires sont fondamentales pour bien comprendre le fonctionne‐ ment du pronom relatif en latin.

Chapitre 7

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B. Le pronom relatif latin En latin, le pronom relatif s’accorde en genre et en nombre avec son antécédent et se met au cas qu’exige sa fonction dans la proposition relative. Il se décline donc selon le même schéma qu’un adjectif (tableau 9). Tableau 9. Déclinaison du pronom relatif qui Sg. M. N.

qui

Acc.

quem

G. D. Abl.

Pl.

F.

Nt.

quae quam

Nt.

quae

quae

quod

quos

quas

quae

quorum

quarum

quorum



⇐ cui



qua

F.

qui

⇐ cuius quo

M.

quod

quo

⇐ quibus



⇐ quibus



• Remarque

Notez dès à présent :

1) un mélange de formes des trois premières déclinaisons : – 1re décl. (F.) : quam, qua, quae, quas, quarum (cf. domina) ; – 2e décl. (M.) : quo, quos, quorum (cf. dominus) ; – 3e décl. : quem, quibus et le D. en ‑i : cui (cf. rex) ; 2) des formes nouvelles, qui réapparaîtront dans la déclinaison d’autres pronoms et adjectifs : – N. Acc. Nt. sg. en ‑d (quod) ; – N. Acc. Nt. pl. en ‑ae (quae) ; – G. sg. en ‑ius (cu-ius) ; 3) le G. sg. (en ‑ius) et le D. sg. (en ‑i) sont communs aux trois genres. Emplois Homo qui litteras scribit pater meus est. (= homo scribit) L’homme qui écrit une lettre est mon père. Homo quem uides pater meus est. (= hominem uides) L’homme que tu vois est mon père. Homo cuius caput uides pater meus est. (= caput hominis uides) L’homme dont tu vois la tête est mon père. Homo cui donum das pater meus est. (= homini donum das) L’homme à qui tu donnes un cadeau est mon père.

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Mulier quam uides… (= mulierem uides) La femme que tu vois… Donum dabo mulieri quam uides. (= mulierem uides) Je ferai un cadeau à la femme que tu vois. Non relinquam hostes quos uincam. (= hostes uincam) Je n’abandonnerai pas les ennemis que je vaincrai. Non intelligo1 uerba quae lego. (= uerba lego) Je ne comprends pas les mots que je lis. Oculi quibus librum lego… (= oculis lego) Les yeux grâce auxquels je lis un livre… Attention ! Selon la traduction qu’on adopte, certains verbes latins se construisent ou non de la même façon qu’en français ; la fonction du relatif pourra donc être différente dans les deux langues. Par exemple : ● docēre, « enseigner à qqn, instruire qqn », se construit avec l’accusatif :

Pueros doceo. J’enseigne aux enfants ou J’instruis les enfants. Pueri quos doceo librum legunt. Les enfants auxquels j’enseigne (ou que j’instruis) lisent un livre. ● persuadēre, « persuader », se construit avec le datif :

Militibus persuadeo… Je persuade les soldats de… Milites quibus persuadeo… Les soldats que je persuade…

• Remarque

En latin, lorsque l’antécédent est indéterminé, on omet souvent de l’exprimer et on met le relatif au Nt. sg. ou pl. Cet emploi du relatif correspond au français « ce qui, ce que » : Non audio quod dicis. Je n’entends pas ce que tu dis (litt. : la chose que tu dis). Non audio quae dicis. Je n’entends pas ce que tu dis (litt. : les choses que tu dis). Quae sunt in caelo non uidemus. Nous ne voyons pas ce qui est dans le ciel (litt. : les choses qui sont dans le ciel). Da quod habes. Donne ce que tu as.

1. intelligĕre, ‑o : comprendre. Chapitre 7

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7. Exercices Vocabulaire 1. Quatrième déclinaison consulatus, ‑us domus, ‑us (ou ‑i) exercitus, ‑us

le consulat (fonction du consul) la maison l’armée

fructus, ‑us manus, ‑us metus, ‑us senatus, ‑us

le fruit la main la crainte le sénat

usus, ‑us uersus,-us

l’usage le vers (d’un poème)

2. Cinquième déclinaison dies, diei fides, fidei res, rei spes, spei

le jour la confiance, la bonne foi, la loyauté la chose l’espoir

Énoncés A. Traduisez en mettant aux cas demandés. 1. des jours courts (G. pl. – Abl. sg.) 2. une grande main (Abl. sg. – Acc. pl.) 3. de nombreux pas (Acc. pl. – G. pl.) 4. la chose publique (Abl. sg. – D. pl.) 5. la petite maison (Abl. sg. – Acc. sg.) 6. le nouveau vin (G. sg. – Abl. pl.) 7. une armée courageuse (D. sg. – G. pl.) 8. un espoir immense (G. sg. – Abl. sg.) 9. un consul heureux (Abl. sg. – D. pl.) 10. un cheval rapide (G. sg. – Abl. pl.)

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Partie 1. Comprendre le latin

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B. Traduisez. 1. ualemus 2. parabitis 3. reddemus 4. reddimus 5. reddite

11. date

16. leget

7. erunt 8. ueni 9. scribet

12. facietis 13. statuens 14. agite

17. audet 18. audit 19. capiens

15. timet

20. monete

10. da

C. Traduisez. 1. portez-vous bien 2. ils viendront 3. écrivez 4. avertis 5. ils espéreront 6. ils craignent 7. osant (N. M. pl.) 8. écoutant (G. F. sg.) 9. engendre 10. prépare

6. redditis

11. donnez 12. vous serez 13. engendrant (G. pl.) 14. nous détruirons

21. tu demanderas 22. prenant (Acc. Nt. pl.) 23. décidez 24. craignant (D. F. sg.)

15. se fiant à (N. M. sg.) 16. prenez 17. nous étions 18. aime

25. ils décident 26. donnez la main 27. dirige 28. je décidais

19. vous rendiez 20. j’abandonnerai

29. ils rendront 30. je me porte bien

D. Accordez l’adjectif entre parenthèses avec le nom dont il est voisin. 1. (Dulcis) uinum laetificat cor hominis. 2. (Dulcis) uina laetificant cor (multus) hominum. 3. Salus populi (Romanus) suprema lex esto. 4. Verba (leuis) uolant, scripta manent. E. Mettez à l’ablatif singulier. 1. dies 6. dulcis 2. felix 7. corpus 3. ueniens 8. donum 4. sidus 9. mare 5. puluis

10. salus

11. fructus 12. urbs 13. causa 14. mos

16. cornu 17. equus 18. flens 19. hostis

15. res

20. tempus

F. À quel(s) cas peuvent être les mots suivants ? 1. felices 6. flentis 11. res 2. urbi 7. dantes 12. delentes 3. quae 8. debentibus 13. dominis 4. causas 9. seruo 14. fructui 5. finis

10. diei

15. ducum

16. cornus 17. ordo 18. lege 19. quo 20. tempus

Chapitre 7

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G. Identifiez les pronoms relatifs, leur antécédent et déterminez leur fonction. 1. Un loup survient à jeun qui cherchait aventure (La Fontaine). 2. Celui qui règne dans les cieux et de qui relèvent tous les empires, à qui seul appar‐ tient la gloire, la majesté et l’indépendance, est aussi celui qui se glorifie de faire la loi aux rois et de leur donner quand il lui plaît de grandes et terribles leçons (Bossuet). 3. Nous ne voulons pas que les autres nous trompent, nous ne trouvons pas juste qu’ils veuillent être estimés de nous plus qu’ils le méritent. Il n’est donc pas juste aussi que nous les trompions et que nous voulions qu’ils nous estiment plus que nous le méri‐ tons (Pascal). 4. Les jours où vaquaient les spectacles offerts par le prince ou les magistrats, les Romains n’étaient guère en peine d’utiliser leur après-midi. Les flâneries et le jeu, puis l’exercice et le bain qu’ils allaient prendre dans les thermes les amenaient, sans leur laisser le temps de l’ennui, jusqu’à la cena, le repas qui terminait leur journée immédiatement avant le sommeil de la nuit (J. Carcopino). 5. Nous sommes ici plusieurs qui nous souvenons des grands succès que nous eûmes dans la dernière guerre (Dacier). 6. Cette pauvre diablesse de Voisin, qui est, à l’heure que je vous parle, brûlée à petit feu à la Grève (Mme de Sévigné). H. Accordez le pronom relatif et traduisez. 1. Non amo librum (qui) lego. 2. Libros (qui) accipio non legam. 3. Facite (qui) facitis. 4. Caesari dona reddo (qui) sunt Caesaris. 5. Ecce1 mulieres de (qui) dicebam. I. Traduisez. 1. Age quod agis2. 2. Beati pauperes spiritu3. 3. Carpe4 diem. 4. Dies irae5.

1. 2. 3. 4. 5.

120

ecce (adv.) : voici. agĕre, ‑o : faire. pauper, pauperis : pauvre ; spiritus, ‑us : l’esprit. carpĕre, ‑o : cueillir, saisir. ira : la colère.

Partie 1. Comprendre le latin

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5. Facit indignatio1 uersum. 6. Felix qui potuit rerum cognoscĕre causas2. 7. Festina lente3. 8. Panem nostrum quotidianum da nobis hodie4. 9. Manu militari5. 10. Natura non facit saltus6. 11. Nulla dies sine linea7. 12. Plaudite8, ciues. 13. Quidquid tentabam dicĕre uersus erat9. 14. Redde Caesari quae sunt Caesaris, et quae sunt Dei Deo10. 15. Res, non uerba. 16. Si uis pacem, para bellum11. 17. Testis unus, testis nullus12. 18. Vale. 19. Salus populi suprema lex esto13. J. Traduisez. 1. L’homme dont tu vois les mains est mon père. 2. Les femmes dont tu vois les enfants sont romaines. 3. Le cadeau que je donnais était à César. 4. Les enfants qui ne pleurent pas sont courageux. 5. Je ferai ce que tu diras. 6. Les Romains vaincront les Gaulois par la guerre. 7. Je vois (mon) ami qui travaille (travaillant) dans (son) champ. 8. De nombreux esclaves travaillaient dans les temples. 9. (C’est) avec (ses) mains et avec (son) esprit (que) l’homme vainc la nature.

1. indignatio, ‑onis (F.) : l’indignation. 2. potuit : il a pu ; cognoscĕre, ‑o : apprendre à connaître. 3. festinare : se hâter ; lente : lentement. 4. panis, ‑is (M.) : le pain ; nobis : à nous (datif) ; hodie (adv.) : aujourd’hui. 5. militaris, ‑is, ‑e : militaire. 6. natura : la nature ; saltus, ‑us (M.) : le saut. 7. nullus, ‑a, ‑um : aucun ; sine + Abl. : sans ; linea : la ligne, le trait. 8. plaudĕre, ‑o : applaudir. 9. quidquid : tout ce que ; tentare : tenter, essayer. 10. reddĕre, ‑o : rendre ; Caesar, Caesaris : César. 11. uis : tu veux ; pax, pacis (F.) : la paix ; parare : préparer ; bellum, ‑i (Nt.) : la guerre. 12. testis, ‑is (M.) : le témoin. 13. salus, salutis : le salut ; suprema : suprême (adj. accordé avec lex). Chapitre 7

121

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10. L’homme qui ne travaille pas perd (ses) journées. 11. De petites causes engendrent de grandes choses.

Corrigés A.

1. dierum breuium – die breui 6. uini noui – uinis nouis 2. magna manu – magnas manus 7. forti exercitui – fortium exercituum 3. multos passus – multorum passuum 8. ingentis spei – ingenti spe 4. re publica – rebus publicis 9. felici consule – felicibus consulibus 5. parua domo – paruam domum 10. celeris equi – celeribus equis

B.

1. nous allons bien 6. vous rendez 2. vous préparerez 7. ils seront 3. nous rendrons 8. viens 4. nous rendons 9. il écrira 5. rendez 10. donne

C.

1. ualete 2. uenient 3. scribite 4. mone 5. sperabunt

11. date 12. eritis 13. parientium 14. delebimus 15. credens

21. petes 22. capientia 23. statuite 24. timenti 25. statuunt

6. timent 7. audentes 8. audientis 9. pare

16. capite 17. eramus 18. ama 19. reddebatis

26. date manum 27. rege 28. statuebam 29. reddent

20. relinquam

30. ualeo

10. para D. 1. dulce

122

donnez vous ferez décidant faites il a peur

2. dulcia – multorum 3. Romani

E.

1. die 2. felici 3. ueniente/i 4. sidere 5. puluere

F.

1. N. V. Acc. M. F. pl. de felix 2. D. sg. d’urbs

Partie 1. Comprendre le latin

11. 12. 13. 14. 15.

6. dulci 7. corpore 8. dono 9. mari 10. salute

11. 12. 13. 14. 15.

fructu urbe causa more re

16. il lira 17. il ose 18. il entend 19. prenant 20. avertissez

4. leuia 16. cornu 17. equo 18. flente/i 19. hoste 20. tempore

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3. N. V. F. sg. de qui – N. V. F. pl. et N. V. Acc. Nt. pl. de qui 4. Acc. pl. de causa – 2e p. sg. ind. prés. act. de causare 5. N. V. G. sg. de finis – 2e p. sg. ind. prés. act. de finire 6. G. M. F. Nt. sg. de flens (flēre) 7. N. V. Acc. M. F. pl. de dans (dare) 8. D. Abl. M. F. Nt. pl. de debens (debēre) 9. D. Abl. sg. de seruus – 1re p. sg. ind. prés. act. de seruare 10. G. D. sg. de dies 11. N. V. sg. de res – N. V. Acc. pl. de res 12. N. V. Acc. M. F. pl. de delens (delēre) 13. D. Abl. pl. de dominus 14. D. sg. de fructus 15. G. pl. de dux 16. G. sg. de cornu 17. N. V. sg. de ordo 18. Abl. sg. de lex – 2e p. sg. imp. prés. act. de legĕre 19. Abl. M. Nt. sg. de qui 20. N. V. Acc. sg. de tempus G. 1. qui – loup – sujet de « cherchait » 2. qui – celui – sujet de « règne » de qui – celui – COI de « relèvent » de qui – celui – COI de « appartient » qui – celui – sujet de « se glorifie » 3. Il n’y a pas de pronom relatif dans ce texte. 4. où – jours – CC de temps de « vaquaient » qu’ – bain – COD de « prendre » qui – repas – sujet de « terminait » 5. qui – plusieurs – sujet de « souvenons » que – succès – COD de « eûmes » 6. qui – diablesse – sujet de « est brûlée » H. 1. Je n’aime pas le livre que (quem) je lis. 2. Je ne lirai pas les livres que (quos) je reçois. 3. Faites ce que (quod) vous faites. 4. Je rends à César les cadeaux qui (quae) sont à César. 5. Voici les femmes dont (de quibus) je parlais.

Chapitre 7

123

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I.

1. Fais ce que tu fais (Consacre-toi tout entier à ton travail). 2. Bienheureux les pauvres d’esprit. 3. Cueille le jour (Profite du jour présent). 4. Jour de colère. 5. L’indignation fait le vers (Un sentiment fort provoque le jaillissement poétique). 6. Heureux celui qui a pu connaître (découvrir) les causes des choses. 7. Hâte-toi lentement. 8. Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien (de ce jour). 9. Par la force (litt. : d’une poigne militaire). 10. La nature ne fait pas de bonds. 11. Pas un jour sans une ligne (Devise de peintre, d’écrivain). 12. Applaudissez, citoyens. 13. Tout ce que j’essayais de dire était vers (Ovide). 14. Rends à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. 15. Des faits, pas des mots. 16. Si tu veux la paix, prépare la guerre. 17. Un seul témoin, pas de témoin [Un témoin unique n’est pas crédible]. 18. Porte-toi bien. 19. Que le salut du peuple soit la loi suprême.

J.

1. Homo cuius manus uides pater meus est. 2. Mulieres quarum pueros uides Romanae sunt. 3. Donum quod dabam Caesaris erat. 4. Pueri qui non flent fortes sunt. 5. Faciam quod (ou quae) dices. 6. Romani Gallos bello uincent. 7. Amicum in agro laborantem uideo. 8. Multi serui in templis laborabant. 9. Manibus spirituque homo naturam uincit. 10. Homo qui non laborat dies perdit. 11. Paruae causae magnas res pariunt.

124

Partie 1. Comprendre le latin

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Chapitre 8 La voix passive – Le complément d’agent La syntaxe : cadres généraux La proposition infinitive (1) L’ablatif absolu (1)

1. La voix passive La voix passive indique que le sujet subit l’action exprimée par le verbe ; un complé‐ ment, dit complément d’agent (CA1), indique par qui l’action est accomplie. On peut obser‐ ver l’opposition entre la voix active et la voix passive dans des couples de phrases comme celle-ci : Le bûcheron abat l’arbre. S COD L’arbre est abattu par le bûcheron. S CA

[voix active] [voix passive]

Toute phrase ne peut pas se mettre ainsi à la voix passive. Il faut que le verbe soit transitif direct, c’est-à-dire qu’il puisse être suivi d’un COD, qui, à la voix passive, devient sujet. On ne peut pas mettre à la voix passive des phrases telles que : Le bûcheron s’avance vers l’arbre. L’arbre tombe. Roméo pense à Juliette. En français, le tableau de la conjugaison passive est exactement le même que celui de la conjugaison active (cf. p. 48). Il suffit en effet d’utiliser l’auxiliaire « être » au mode et au temps du verbe actif et de le faire suivre du participe passé. Le juge entend l’accusé. L’accusé est entendu par le juge. La lune éclairait la chambre. La chambre était éclairée par la lune. Le gendarme a pris le voleur. Le voleur a été pris par le gendarme.

1. « Agent » vient d’agĕre (faire) ; l’agent, c’est celui qui fait l’action. Chapitre 8

125

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Tableau 1. Conjugaison de la voix passive Présent

1

2

3

4

5

Imparfait

Futur

amor

amabar

amabor

amaris

amabaris

amaberis

amatur

amabatur

amabitur

amamur

amabamur

amabimur

amamini

amabamini

amabimini

amantur

amabantur

amabuntur

moneor

monebar

monebor

moneris

monebaris

moneberis

monetur

monebatur

monebitur

monemur

monebamur

monebimur

monemini

monebamini

monebimini

monentur

monebantur

monebuntur

legor

legebar

legar

legeris

legebaris

legeris

legitur

legebatur

legetur

legimur

legebamur

legemur

legimini

legebamini

legemini

leguntur

legebantur

legentur

audior

audiebar

audiar

audiris

audiebaris

audieris

auditur

audiebatur

audietur

audimur

audiebamur

audiemur

audimini

audiebamini

audiemini

audiuntur

audiebantur

audientur

capior

capiebar

capiar

caperis

capiebaris

capieris

capitur

capiebatur

capietur

capimur

capiebamur

capiemur

capimini

capiebamini

capiemini

capiuntur

capiebantur

capientur

En latin, pour les temps et modes que nous avons vus jusqu’ici, la formation de la voix passive est toute différente : au lieu de recourir à un auxiliaire et à des formes composées, le latin indique par des désinences particulières que le verbe est au passif : ama-t, « il aime »,

126

Partie 1. Comprendre le latin

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s’oppose à ama-tur, « il est aimé ». Pour former le passif, il faut donc substituer les dési‐ nences passives aux désinences actives que vous connaissez (tableau 1). On trouvera tableau 2 les désinences de la voix passive. Quelques formes illustrent la loi selon laquelle ĭ > ĕ devant r : au présent, legĕris < *legĭris et capĕris < *capĭris ; au futur, amaberis < *amabĭris et moneberis < *monebĭris. Tableau 2. Désinences de la voix passive Voix active Sg.

Pl.

Voix passive

1re

-o ou ‑m

-or ou ‑r

2e

-s

-ris

3e

-t

-tur

1re

-mus

-mur

2e

-tis

-mini

3e

-nt

-ntur

N.B. À la 3e conjugaison, une forme comme legeris est à la fois un présent (legĕris) et un futur (legēris). Le latin ne possède pas de participe présent passif ; l’impératif présent passif est rare. Par contre, les infinitifs présents passifs doivent être connus (tableau 3). Tableau 3. Infinitifs présents des 5 conjugaisons Actif

Passif

1

amare, ‑o

amari, ‑or

2

monēre, ‑eo

moneri, ‑eor

3

legĕre, ‑o

legi, ‑or

4

audire, ‑io

audiri, ‑ior

5

capĕre, ‑io

capi, ‑ior

La désinence ‑ri (au lieu de ‑re) se trouve aux 1re, 2e et 4e conjugaisons. Legi et capi sont à mémoriser tels quels.

2. Le complément d’agent Le complément d’agent se met : ● à l’ablatif précédé de a(b) s’il s’agit d’une personne ; ● à l’ablatif seul s’il s’agit d’une chose.

Ciues consuli donum dabunt. Les citoyens donneront un cadeau au consul.

Chapitre 8

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Donum consuli a ciuibus dabitur. Un cadeau sera donné au consul par les citoyens. Bellum Italiam uastat1. La guerre ravage l’Italie. Italia bello uastatur. L’Italie est ravagée par la guerre. Parmi les phrases que nous avons déjà rencontrées, nous pouvons en mettre quelquesunes à la voix passive. Asinus asinum fricat. Asinus ab asino fricatur. Veritas odium parit. Veritate odium paritur. Omnia uincit amor. Omnia uincuntur amore. Audaces fortuna iuuat. Audaces fortuna (a Fortuna) iuuantur. N.B. Un verbe qui est transitif en français ne l’est pas nécessairement en latin, et vice versa. Ainsi parcĕre, ‑o (épargner, faire grâce à) se construit avec le datif (Hostes mulieribus parcent. Les ennemis épargneront les femmes) et ne peut donc se mettre au passif (sauf dans un cas particulier que nous verrons plus tard ; cf. chapitre 20). Le seul moyen de savoir si un verbe latin est transitif ou non est de consulter le dictionnaire.

3. La syntaxe : cadres généraux Nous entrons à présent dans un domaine de la grammaire que nous n’avons pas encore abordé de façon systématique : la syntaxe, qui suit traditionnellement la morphologie dans les grammaires. Étudier les variations des mots (la déclinaison d’un nom, la conjugaison d’un verbe, le féminin des adjectifs, etc.), c’est étudier la morphologie d’une langue, c’est-à-dire les diverses formes que les mots peuvent prendre. Mais ces formes, ces variations ne prennent de sens et ne jouent de rôle que dans la phrase. L’important est de savoir quand le latin emploie l’accusatif ou le génitif d’un nom, le subjonctif présent ou l’infinitif d’un verbe, etc. C’est l’objet de la syntaxe, étude de l’emploi des mots dans la phrase. Les grammaires latines comportent toujours, avec des variations de détail, trois grands chapitres de syntaxe : ● la syntaxe d’accord : accord de l’adjectif épithète, du verbe, de l’attribut, etc. ; ● la syntaxe des cas, qui envisage l’emploi des six cas et qui se divise tout naturellement

en six parties ;

1. uastare : ravager.

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● la syntaxe des propositions. Ici, les grammaires adoptent des ordres de présentation

parfois très différents pour une matière qui reste la même ; – les unes adoptent un plan dicté par les diverses fonctions des propositions ; on étu‐ diera d’abord les propositions indépendantes ou principales, puis les propositions subordonnées. Chaque groupe sera subdivisé selon divers critères. Par exemple, dans les principales, on envisagera successivement les propositions à l’indicatif, au sub‐ jonctif, à l’impératif, etc ; dans les subordonnées, on distinguera les propositions selon leurs fonctions : propositions sujets, propositions compléments d’objet, propo‐ sitions compléments circonstanciels ; – d’autres grammaires adoptent un critère plus formel : le mode du verbe. On trouvera donc cinq chapitres fondamentaux : proposition à l’indicatif, au subjonctif, à l’infi‐ nitif, à l’impératif et au participe ; – d’autres encore classent les propositions en fonction des conjonctions qui les intro‐ duisent, c’est-à-dire d’un point de vue avant tout lexical. Toutes ces présentations offrent des avantages et des inconvénients ; elles sont liées au progrès des études linguistiques qui gouvernent et font évoluer notre vision d’une langue, fût-elle morte. L’apprenti latiniste a besoin, avant d’être un théoricien du langage, de voir clair dans l’ensemble syntaxique de la langue qu’il étudie, de manière à la dominer. C’est à son effi‐ cacité didactique que sera jugée la présentation des faits. L’important, à partir de mainte‐ nant, est de situer chaque fait dans un cadre clair qui facilite la mémorisation. Il ne sera sans doute pas inutile d’utiliser plus tard plusieurs ordres de présentation, de manière à mieux cerner certains phénomènes. Nous avons déjà étudié, sans les présenter explicitement comme tels, quelques points de syntaxe. Commençons par les récapituler.

A. Syntaxe d’accord 1. Accord du verbe Le verbe s’accorde en nombre et en personne avec le sujet : Tempus fugit. Le temps fuit. Pueri legunt. Les enfants lisent.

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2. Accord du nom ● Apposé ; un nom apposé à un autre nom s’accorde en cas avec lui :

Donum consuli Caesari dabis. Tu offriras un cadeau au consul César. ● Attribut ; le nom ou l’adjectif attribut se met au même cas que le nom auquel il sert

d’attribut : Homo homini lupus. L’homme (est) un loup pour l’homme. Non faciunt meliorem equum aurei freni. Des rênes en or ne rendent pas un cheval meilleur.

3. Accord de l’adjectif Épithète ou attribut : l’adjectif épithète ou attribut s’accorde en genre, en nombre et en cas avec le nom auquel il se rapporte : Multos numerabis amicos. Tu compteras de nombreux amis. Hostes fortes sunt. Les ennemis sont courageux.

4. Accord des pronoms Pronom relatif : s’accorde en genre et en nombre avec son antécédent (qui peut être sousentendu), et se met au cas qu’exige sa fonction dans la proposition relative : Libros quos accipio non legam. Je ne lirai pas les livres que je reçois. Redde Caesari quae sunt Caesaris. Rends à César ce qui appartient à César.

B. Syntaxe des cas 1. Emploi du nominatif Le sujet d’un verbe à un mode personnel se met au nominatif ainsi que son attribut : Audaces fortuna iuuat. La fortune aide les audacieux. Donec eris felix. Tant que tu seras heureux.

2. Emploi du vocatif Le nom qui désigne la personne (ou la chose) qu’on interpelle ou qu’on invoque se met au vocatif : Domine, non sum dignus. Seigneur, je ne suis pas digne.

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3. Emploi de l’accusatif Le complément d’objet direct (COD) se met à l’accusatif : Asinus asinum fricat. L’âne frotte l’âne (Qui se ressemble s’assemble).

4. Emploi du génitif Le complément du nom se met au génitif : Catulli carmina. Poèmes de Catulle.

5. Emplois du datif ● Complément d’attribution (COI) :

Redde Caesari quae sunt Caesaris. Rends à César ce qui est à César. ● Complément d’avantage ou de désavantage :

Homo homini lupus. L’homme (est) un loup pour l’homme.

6. Emplois de l’ablatif ● Complément de moyen, manière, cause, etc. :

Romani bello Gallos uincent. Les Romains vaincront les Gaulois par la guerre. ● Complément d’agent

– désignant une chose : ablatif seul Gladio uulneratur. Il est blessé par un glaive. – désignant une personne : a(b) + ablatif Leges populis a regibus dantur. Les lois sont données aux peuples par les rois.

C. Syntaxe des propositions ● Propositions indépendantes ou principales :

– à l’indicatif – au subjonctif

Chapitre 8

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– à l’impératif – à l’infinitif ● Propositions subordonnées :

– à l’indicatif – au subjonctif – à l’infinitif – au participe C’est dans ce cadre général relativement simple que se rangeront tous les faits syn‐ taxiques que nous allons rencontrer. Les rubriques (4 pour l’accord, 6 pour les cas, 8 pour les propositions) vont s’enrichir progressivement. L’essentiel, pour le moment, est d’avoir clairement à l’esprit le plan d’ensemble. Certains chapitres seront beaucoup plus riches que d’autres. Parmi les plus pauvres, citons la syntaxe d’accord, dont nous n’avons déjà presque plus rien à dire, certaines parties de la syntaxe des cas, le nominatif et le vocatif en particulier, et certaines parties de la syntaxe des propositions, notamment les propositions indépendantes ou principales à l’indicatif et à l’impératif. Restent donc quelques grands domaines : l’emploi de l’accusatif, du génitif, du datif et de l’ablatif, les propositions indépendantes ou principales au sub‐ jonctif, les propositions subordonnées à l’indicatif, au subjonctif, à l’infinitif et au participe, soit neuf chapitres importants.

• Observations générales sur les propositions

Il n’est sans doute pas inutile de rappeler ici quelques points d’analyse des propositions. Une proposition peut être sujet ou complément d’objet, comme un nom. Prenons le verbe « annoncer ». Il peut avoir pour sujet et pour COD un nom : L’hirondelle annonce le printemps.

Mais il peut aussi avoir pour sujet toute une proposition : Le fait que les deux pays échangent des ambassadeurs annonce une prochaine détente. De même, le COD peut être toute une proposition : Cette manifestation annonce que nous sommes à la veille de troubles sociaux. Et, dans une phrase comme celle-ci, le sujet et le COD sont deux propositions : Que tu ne m’écrives plus annonce que tu rompras bientôt tes relations avec moi. Les propositions sujets peuvent prendre diverses formes ; elles sont le plus souvent introduites par « que » : Il faut que vous partiez. Que vous acceptiez vous honore. Il est nécessaire que les hommes travaillent. D’où vient que les hommes aiment la violence ? 132

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Les propositions compléments d’objet ou complétives sont aussi le plus souvent intro‐ duites par « que, à ce que, de ce que » : J’espère que tu reviendras bientôt. Je m’étonne de ce que tu ne m’écrives pas. Je m’attends à ce que mes ennemis tentent à nouveau de me nuire.

4. La proposition infinitive (1) Il y a en latin différents types de subordonnées complétives. L’une des plus fréquentes est la proposition infinitive.

A. Observations préliminaires ● En français, lorsqu’on parle de proposition infinitive, il s’agit d’une proposition com‐

plète, comportant au moins un sujet et un verbe. Il ne faut pas confondre cet emploi de l’infinitif avec l’infinitif seul. On trouve des infinitifs seuls en français dans des phrases comme Dormir, c’est mourir un peu. Parler est inutile. Il voulait vivre. Il fait cela par désir de paraître. où l’infinitif remplit les fonctions du nom et se comporte comme lui. De même en latin, des phrases comme Viuĕre est ualēre ou Naturam mutare pecunia nescit ne comportent pas de proposition infinitive. ● Voici, à l’inverse, de véritables propositions à l’infinitif avec sujet et verbe :

– proposition infinitive indépendante : Il raconta son aventure et chacun d’admirer son courage. S V – proposition infinitive complément d’objet Toi, que nous savions être un honnête homme, tu as osé mentir ! S V Les vaches regardent passer les trains. V S N.B. Certaines grammaires françaises contestent que, dans une phrase comme « J’entends les oiseaux chanter », « les oiseaux » soit aujourd’hui ressenti comme sujet de « chanter ». Ils proposent d’autres analyses de la phrase. Nous n’entrerons pas dans ce débat. L’intérêt de tels exemples est seulement de permettre des rapprochements utiles avec une construction latine très fréquente. Chapitre 8

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B. Structure ● pas de mot introducteur ; ● sujet à l’accusatif ; ● verbe à l’infinitif.

C. Fonctions Sujet, complément d’objet. Decet leges duras esse. Il convient que les lois soient dures. Credo hominem homini lupum esse. Je crois que l’homme est un loup pour l’homme. Oportet legem breuem esse. Il faut qu’une loi soit brève. Scio Hannibalem ad Italiam uenire. Je sais qu’Hannibal se dirige vers l’Italie. Decorum est homines pro patria mori. Il est beau que les hommes meurent pour leur patrie. Dans le dernier exemple, il apparaît que la proposition infinitive est, comme l’infinitif seul, considérée comme un sujet neutre singulier (l’attribut decorum est au N. Nt. sg.). Remarquez aussi que le sujet de la proposition infinitive étant à l’Acc., il est au même cas qu’un COD ou qu’un attribut du sujet de l’infinitive. Ceci peut entraîner une certaine ambi‐ guïté que seuls le sens et le contexte permettent éventuellement de lever. Mais on peut jouer sur cette ambiguïté : Dico Gallam Lesbiam forma superare. Je dis que Galla surpasse Lesbia par la beauté, mais aussi Je dis que Lesbia surpasse Galla par la beauté [l’énoncé empêche volon‐ tairement de savoir qui est la plus belle]. Oportet Romanos Gallos uincĕre. Il faut que les Romains vainquent les Gaulois, mais aussi Il faut que les Gaulois vainquent les Romains [l’énoncé empêche volontaire‐ ment de savoir quel peuple doit vaincre]. Cette ambiguïté de la voie active (où sujet et COD sont à l’Acc.) explique en partie la fréquence de la tournure passive dans la proposition infinitive : Dico Lesbiam a Galla forma superari. Je dis que Lesbia est surpassée en beauté par Galla [donc : Je dis que Galla surpasse Lesbia en beauté]. Oportet Gallos a Romanis uinci. Il faut que les Gaulois soient vaincus par les Romains [donc : Il faut que les Romains vainquent les Gaulois].

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5. L’ablatif absolu (1) A. Observations préliminaires On peut faire, pour la proposition participiale, la même observation que pour la pro‐ position infinitive. Un participe se rapportant à un mot quelconque de la proposition n’est pas une proposition participiale. Dans la phrase qui suit, il n’y a pas de proposition parti‐ cipiale, mais seulement des participes isolés : Partis à l’aube, les voyageurs, redoutant une attaque, envoyèrent en avant des éclai‐ reurs chargés de les prévenir du moindre danger. De même en latin, il n’y a pas de proposition participiale dans : Ad Tusciam ueniens, Hannibal Flaminio occurrit. Arrivant en Étrurie, Hannibal se porte à la rencontre de Flaminius. Voici, par contre, quelques exemples de proposition participiale : Mon père l’exigeant, j’ai entrepris des études universitaires. Les choses étant ce qu’elles sont, nous devons renoncer à continuer. Le père mort, les fils vous retournent le champ. Le traité ayant été violé, nous devons songer à la guerre.

B. Structure ● pas de mot introducteur ; ● sujet à l’ablatif ; ● participe à l’ablatif.

Deis iuuantibus, uincam. Les dieux aidant, je vaincrai. Au contraire du latin, qui emploie abondamment cette tournure, le français n’utilise guère le participe présent ; pour le remplacer, il recourt à d’autres tournures : Avec l’aide des dieux, je vaincrai ou Si les dieux m’aident, je vaincrai. Tarquinio regnante, ciues felices erant. Tarquin régnant, les citoyens étaient heureux (Lorsque Tarquin régnait…, Sous le règne de Tarquin…). Consule imperante, ciues hostibus occurrunt. Le consul donnant l’ordre, les citoyens se portent à la rencontre des ennemis (Sur l’ordre du consul…). Caesare nesciente, Romani Gallis occurrunt. César ne sachant pas, les Romains se portent à la rencontre des Gaulois (Sans que César le sache…, À l’insu de César…).

Chapitre 8

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C. Fonctions D’un point de vue sémantique, la proposition participiale est l’équivalent de diverses propositions circonstancielles. Dans les phrases ci-dessus, il équivaut, par exemple, à une proposition conditionnelle (« Si les dieux m’aident… ») ou temporelle (« Lorsque Tarquin régnait… »).

• Remarques

1) Cette proposition participiale à l’ablatif est appelée ablatif absolu (absolutus signifiant « détaché, indépendant »). En effet, le sujet à l’ablatif ne peut avoir en même temps aucune fonction dans la proposition principale : l’ablatif absolu constitue une propo‐ sition autonome. On dit donc : Vrbe capta, mulieres flebant. La ville prise, les femmes pleuraient. mais on doit dire : Vrbem captam hostes deleuerunt (et non *Vrbe capta, hostes deleuerunt). La ville prise, les ennemis la détruisirent. 2) Nous avons vu (cf. p. 113) que l’Abl. sg. du participe présent se termine soit par ‑e, soit par ‑i. Vous remarquerez que, dans les ablatifs absolus, la terminaison est toujours ‑e au sg. En effet, on emploie l’Abl. sg. en ‑e lorsque le participe joue le rôle d’un verbe (c’est le cas ici) et l’Abl. sg. en ‑i quand il est adjectif : Ardente domo, mulieres et pueri fugiunt. Pendant que la maison brûle (la maison brûlant), les femmes et les enfants fuient. Homines ardenti labore naturam uincunt. Les hommes vainquent la nature par un travail ardent. 3) Il arrive que l’ablatif absolu ne comporte pas de participe. Dans ce cas, il faut sousentendre le verbe « être », qui est dépourvu de participe présent (cf. p. 259) : Cicerone consule, Italia bello uastabatur. Cicéron consul, l’Italie était ravagée par la guerre (Sous le consulat de Cicéron…). Natura duce, numquam errabimus. La nature guide, nous ne nous trompe‐ rons jamais (Avec la nature comme guide…, En prenant la nature pour guide…).

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Partie 1. Comprendre le latin

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6. Exercices Énoncés A. Traduisez. 1. égal (D. sg.) 2. être engendré 3. la loi (D. sg.) 4. être lu 5. tu es vaincu

6. tu seras vaincu 7. vous prenez 8. la tête (G. sg.) 9. la loi (Acc. sg.) 10. je lirai

11. tu conduiras 12. le chef (Acc. pl.) 13. tu engendreras 14. égal (Acc. F. pl.) 15. tu obéis

B. Traduisez. N. V. Acc.

Sg. le travail facile l’homme courageux le courage immense

Pl. les chevaux rapides les petits Romains les esprits sains

G. D. Abl.

l’heureux présage la poussière blanche le roi fou

les ordres équestres beaucoup d’étoiles les mots durs

C. Traduisez. 1. orabatur 2. legentur 3. scribitur 4. uinceris

11. nescio 12. uidemus 13. crede 14. currite

21. fugies 22. eris 23. amaris 24. delentur

31. esto 32. uincetur 33. delebunt 34. fugiam

5. mittes 6. mone 7. bibentem 8. dolebat

15. regno 16. reddemus 17. capietur 18. amor

25. amari 26. statuens 27. statuente 28. statuent

35. duc 36. lege 37. uastor 38. uinci

9. capite 10. pariebatur

19. faciens 20. uideberis

29. uastabis 30. audientia

39. flens 40. capiam

Chapitre 8

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D. Traduisez 1. je suis 2. tu es aimé 3. il est donné 4. nous sommes avertis 5. il est envoyé

11. être engendré 12. être aidé 13. viens 14. il sera détruit 15. être conduit

21. vous saurez 22. tu es conduit 23. être lu 24. fuyant (Acc. sg.) 25. réjouissez-vous

6. tu seras vaincu 7. je me réjouissais 8. tu étais craint 9. il était instruit

16. ils seront vaincus 17. être rendu 18. être entendu 19. ils étaient tenus

26. il sera donné 27. dites 28. ils réfléchissaient 29. il fallait

20. être dit

30. ils seront pris

10. nous étions pris

E. Traduisez. 1. Habeo, non habeor. 2. Amo, non amor. 3. Fluctuat nec mergitur1 [devise de la Ville de Paris avec un vaisseau pour emblème]. 4. Exceptio regulam firmat2. 5. Mors omnia aequat3. 6. Qui nescit dissimulare4 nescit regnare. 7. Sociis5 iuuantibus, uincam. 8. Pallida mors aequo pulsat pede pauperum tabernas regumque turres6. 9. Sibi non cauēre et aliis consilia dare stultum est7. 10. Insanus omnes furĕre credit ceteros8. 11. Inter os et offam multa interuenire possunt9. 12. Vsus magister est optimus.

1. fluctuare : être ballotté, tanguer ; nec = et non ; mergĕre, ‑o : plonger, engloutir. 2. exceptio, ‑onis : l’exception ; regula : la règle ; firmare : rendre ferme, affermir, confirmer. 3. mors, mortis (F.) : la mort ; omnia (Nt. pl.) : toutes les choses, tout ; aequare : rendre égal, égaliser. 4. dissimulare : cacher, dissimuler. 5. socius, ‑i : l’allié. 6. pallidus, ‑a, ‑um : pâle ; aequus, ‑a, ‑um : égal ; pulsare : bousculer, heurter, frapper ; pes, pedis (M.) : le pied ; pauper, pauperis : pauvre ; taberna : la cabane, la boutique, l’échoppe ; turris, ‑is (F.) : la tour. 7. sibi : pour soi, à soi-même ; alius, ‑a, ‑ud : autre ; stultus, ‑a, ‑um : sot, stupide. 8. insanus, ‑a, ‑um : qui a perdu la raison, insensé, fou ; omnes : tous ; furĕre, ‑o : être fou, délirer ; ceteri, ‑orum (pl.) : tous les autres. 9. inter + Acc. : entre ; os, oris (Nt.) : la bouche (à ne pas confondre avec os, ossis, Nt., l’os) ; offa : la coupe ; multa (Nt. pl.) : beaucoup de choses, de nombreuses choses ; interuenire : se produire, arriver, survenir ; possunt : 3e p. ind. prés. du verbe irrégulier posse, pouvoir.

138

Partie 1. Comprendre le latin

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13. Male facĕre qui uult, numquam non causam inuenit1. 14. Qui quae uult dicit, ea quae non uult audiet. 15. Beatus non est qui habet quae cupit, sed qui non cupit quae non habet. F. Traduisez. 1. Il faut2 que les hommes soient aidés par les dieux et que les dieux soient aimés par les hommes. 2. Il est honteux que les sots soient écoutés par les sages3. 3. Les fils des rois doivent songer que les hommes sont à la fois4 bons et mauvais, sages et sots. 4. Aussi longtemps qu’ils seront courageux, les hommes ne seront pas vaincus par la fortune. 5. Je sais que la vérité engendre la haine. Je sais que la haine est engendrée par la vérité. 6. Labiénus (l’)avertissant que les Gaulois préparent la guerre, César écrit au sénat que le peuple romain doit pacifier la Gaule5. 7. Je dis que les hommes sont égaux. 8. Avec l’aide du consul, nous vaincrons les ennemis. 9. Sans l’aide de César, les Romains seront vaincus. 10. Avec mon père pour guide, je serai heureux. 11. Sous le règne de Romulus, les citoyens n’étaient pas riches6. 12. Pendant que le champ brûlait, les femmes pleuraient.

Corrigés A. 1. pari 2. pari 3. legi 4. legi 5. uincĕris

6. uincēris 7. capitis 8. capitis 9. legem 10. legam

11. legam 12. duces 13. duces 14. paries 15. pares

1. male (adv.) : mal ; uult : il veut (3e p. sg. d’un verbe irrégulier uelle, vouloir) ; numquam : ne… jamais ; causa : la cause, la raison, le motif ; inuenire : trouver. 2. il faut : oportet. 3. sage : sapiens, sapientis. 4. à la fois, en même temps : simul. 5. le sénat : senatus, ‑us ; pacifier : pacare. 6. riche : diues, diuitis. Chapitre 8

139

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B.

C.

facilis labor uir fortis

celeres equi parui Romani

ingentem uirtutem felicis ominis albo pulueri

sanas mentes equestrium ordinum multis sideribus

insano rege

duris uerbis

1. il était prié 2. ils seront lus 3. il est écrit 4. tu es vaincu ; tu seras vaincu 5. tu enverras

21. tu fuiras 22. tu seras 23. tu es aimé 24. ils sont détruits 25. être aimé

6. avertis 7. buvant (Acc. M. F. sg.) 8. il souffrait 9. prenez ; la tête (Abl. sg.)

26. décidant (N. sg. ; Acc. Nt. sg.) 27. décidant (Abl. sg.) 28. ils décideront 29. tu ravageras

10. il était engendré 11. je ne sais pas 12. nous voyons 13. crois 14. courez 15. je modifie 16. nous rendrons 17. il sera pris 18. je suis aimé ; l’amour (N. sg.)

30. entendant (N. V. Acc. Nt. pl.) 31. sois 32. il sera vaincu 33. ils détruiront 34. je fuirai 35. conduis 36. la loi (Abl. sg.) ; lis 37. je suis dévasté 38. être vaincu

19. faisant (N. sg. ; Acc. Nt. sg.) 20. tu seras vu

39. pleurant (N. sg. ; Acc. Nt. sg) 40. je prendrai

D. 1. sum 2. amaris 3. datur 4. monemur 5. mittitur 6. uinceris 7. gaudebam 8. timebaris 9. docebatur 10. capiebamur 140

Partie 1. Comprendre le latin

11. pari 12. iuuari 13. ueni 14. delebitur 15. agi

21. scietis 22. duceris 23. legi 24. fugientem 25. gaudete

16. uincentur 17. reddi 18. audiri 19. tenebantur

26. dabitur 27. dicite 28. cogitabant 29. oportebat

20. dici

30. capientur

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E.

1. Je possède, je ne suis pas possédé [Je ne suis pas l’esclave de mes biens : formule exprimant le détachement des biens matériels]. 2. J’aime, je ne suis pas aimé. 3. Il est balloté et ne sombre pas. 4. L’exception confirme la règle. 5. La mort rend toutes les choses égales [la mort fait disparaître toutes les inégalités ; nous sommes tous égaux devant la mort]. 6. Celui qui ne sait pas dissimuler ne sait pas régner [pour régner, un roi doit savoir dissimuler]. 7. Avec l’aide des alliés (litt. : les alliés aidant), je vaincrai. 8. La mort pâle ébranle d’un même pied les cabanes des pauvres et les tours des rois [La mort n’épargne pas plus les riches que les pauvres]. 9. Il est stupide de ne pas veiller sur soi (de ne pas s’occuper de son propre cas) et de donner des conseils aux autres. 10. Le fou croit que (ce sont) tous les autres (qui) sont fous [Pour essayer de conserver les deux adjectifs, omnes et ceteros, on peut traduire, par exemple : Le fou croit que ce sont les autres qui sont tous fous]. 11. Beaucoup de choses peuvent survenir entre la bouche et la coupe [fr. Il y a loin de la coupe aux lèvres]. 12. L’usage est le meilleur maître. 13. Celui qui veut agir mal trouve toujours une raison. [La difficulté de traduire tient ici au fait que la phrase comporte deux négations, numquam et non, qui s’annulent, pour donner lieu à une affirmation renforcée, une « litote ». Pour conserver cette image en français, on peut traduire, par exemple : Celui qui veut agir mal ne manque jamais de trouver un motif]. 14. Celui qui dit ce qu’il veut entendra ce qu’il ne veut pas [Parler trop franchement peut provoquer des réactions déplaisantes]. 15. Il n’est pas heureux celui qui a ce qu’il désire, mais (bien) celui qui ne désire pas ce qu’il n’a pas.

F.

1. Oportet homines a deis iuuari, deos ab hominibus amari. 2. Turpe est stultos a sapientibus audiri. 3. Regum filii cogitare debent homines simul bonos et malos, sapientes et stultos esse. 4. Donec fortes erunt, homines a Fortuna non uincentur. 5. Scio ueritatem odium parĕre. Scio ueritate odium pari. 6. Labieno monente Gallos bellum parare, Caesar ad Senatum scribit populum Romanum Galliam pacare debēre.

Chapitre 8

141

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7. Dico homines pares esse. 8. Consule iuuante, hostes uincemus. 9. Caesare non iuuante, Romani uincentur. 10. Patre duce (ou ducente), felix ero. 11. Romulo regnante, ciues diuites non erant. 12. Agro ardente, mulieres flebant.

142

Partie 1. Comprendre le latin

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Exercices de révision sur les chapitres 1–8 1. Énoncés A. Traduisez les formes verbales. 1. caue 6. iacient 2. agam 7. duci 3. credet 8. metuemus 4. petitis 9. ducebaris 5. iuuabat

10. audieris

11. être dirigé 12. il est appelé 13. tu es caché 14. vous voyiez

16. fuyant (G. pl.) 17. tu es pris 18. conduis 19. tu savais

15. ils plongent

20. ils font

B. Déclinez. Sg.

Pl.

N.

une belle montagne

des chevaux rapides

V.

un juge intègre

des consuls fous

Acc.

le meilleur livre

des petites bouches

G.

le peuple romain

des déesses heureuses

D.

un ennemi courageux

tous les lions

Abl.

un motif honteux

de nombreuses choses

C. Mettez à la voix passive et traduisez. 1. Poetae deos laudant. 2. Audaces fortuna iuuat. 3. Galli bello Romanos uincunt. 4. Exceptio regulam firmat. 5. Gallos Romani barbaros uocant. 6. Veritas odium parit. D. Une fois les phrases de l’exercice C mises à la voix passive, faites-les dépendre de dico.

Exercices de révision sur les chapitres 1–8

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E. Traduisez. 1. Nous ne sommes pas des poètes romains. 2. Je crois que les riches ne donnent pas volontiers ce qu’ils ont. 3. Chez les Romains, les femmes lisaient les livres qu’elles désiraient. F. Traduisez. 1. Improbus est dominus qui seruos et filios relinquit. 2. Ager sine cultura fructuosus esse non potest. 3. Verbis tuis non moueor. 4. Suauis laborum est praeteritorum memoria1.

2. Corrigés A. 1. prends garde 2. je pousserai 3. il croira 4. vous demandez 5. il aidait B. pulcher mons integer iudex optimum librum populi Romani forti hosti turpi causa C.

6. ils lanceront 7. être conduit 8. nous craindrons 9. tu étais conduit 10. tu seras entendu

11. regi 12. uocatur 13. lates 14. uidebatis 15. mergunt

celeres equi insani consules parua ora felicium (beatarum) dearum omnibus leonibus multis rebus

1. Dei a poetis laudantur. Les dieux sont loués par les poètes. 2. Audaces fortuna (a Fortuna) iuuantur. Les audacieux sont aidés par la chance. 3. Romani bello a Gallis uincuntur. Les Romains sont vaincus par les Gaulois à la guerre. 4. Regula exceptione firmatur. La règle est confirmée par l’exception. 5. Galli a Romanis barbari uocantur. Les Gaulois sont appelés barbares par les Romains. 6. Odium ueritate paritur. La haine est engendrée par la vérité.

1. suauis : doux, agréable ; praeteritus, ‑a, ‑um : (qui est) passé, achevé.

144

16. fugientium 17. caperis 18. duc 19. sciebas 20. faciunt

Partie 1. Comprendre le latin

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D.

1. Dico deos a poetis laudari. 2. Dico audaces fortuna iuuari.

4. Dico regulam exceptione firmari. 5. Dico Gallos a Romanis barbaros uocari.

3. Dico Romanos bello a Gallis uinci.

6. Dico odium ueritate pari.

E.

1. Romani poetae non sumus. 2. Credo diuites quod habent libenter non dare. 3. Apud Romanos, mulieres libros quos cupiebant legebant.

F.

1. Le maître qui abandonne ses esclaves et ses enfants est un scélérat ou C’est un scé‐ lérat, le maître qui… 2. Un champ qui n’est pas cultivé ne peut être productif. 3. Je ne suis pas ému(e) par tes paroles. 4. Le souvenir des travaux achevés est agréable ou Il est agréable de se souvenir des travaux achevés.

Exercices de révision sur les chapitres 1–8

145

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Chapitre 9 Le subjonctif présent et imparfait Quelques emplois du subjonctif : ordre, souhait, but – Les pronoms personnels (1) et adjectifs possessifs Les adjectifs-pronoms interrogatifs

1. Le subjonctif présent et imparfait Le schéma général de formation du subjonctif présent est le suivant : 2 3 4 5

Thème – suffixe a – désinence mone- a- m lega- m audi- a- m capi- a- m

À la 1re conjugaison, le a du thème se transforme en e. 1

ame-

m

Enfin, pour esse, la 1re p. sg. est sim. Le suffixe du subjonctif imparfait est ‑re‑, ce qui entraîne, comme à l’infinitif présent, l’apparition d’une voyelle thématique à la 3e conjugaison et le passage de ĭ à ĕ à la 5e conjugaison. 1 2 3 4 5

ama- remone- releg-e- reaudi- recape- re-

m m m m m

es-

m (sans rhotacisme)

se-

En pratique, on peut dire que, pour former le subjonctif imparfait, il suffit d’ajouter les désinences à l’infinitif présent actif (amare-m, monere-s, legere-t, etc.) La voix passive se forme de la même façon (seules les désinences varient).

Chapitre 9

147

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Tableau 1. Conjugaison du subjonctif (temps de l’infectum) Actif Présent

1

2

3

4

5

148

Passif Imparfait

Présent

Imparfait

amem

amarem

amer

amarer

ames

amares

ameris

amareris

amet

amaret

ametur

amaretur

amemus

amaremus

amemur

amaremur

ametis

amaretis

amemini

amaremini

ament

amarent

amentur

amarentur

moneam

monerem

monear

monerer

moneas

moneres

monearis

monereris

moneat

moneret

moneatur

moneretur

moneamus

moneremus

moneamur

moneremur

moneatis

moneretis

moneamini

moneremini

moneant

monerent

moneantur

monerentur

legam

legerem

legar

legerer

legas

legeres

legaris

legereris

legat

legeret

legatur

legeretur

legamus

legeremus

legamur

legeremur

legatis

legeretis

legamini

legeremini

legant

legerent

legantur

legerentur

audiam

audirem

audiar

audirer

audias

audires

audiaris

audireris

audiat

audiret

audiatur

audiretur

audiamus

audiremus

audiamur

audiremur

audiatis

audiretis

audiamini

audiremini

audiant

audirent

audiantur

audirentur

capiam

caperem

capiar

caperer

capias

caperes

capiaris

capereris

capiat

caperet

capiatur

caperetur

capiamus

caperemus

capiamur

caperemur

capiatis

caperetis

capiamini

caperemini

capiant

caperent

capiantur

caperentur

Partie 1. Comprendre le latin

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Pour esse, voir tableau 2.

Tableau 2. Conjugaison du subjontif de esse Présent

Imparfait

sim

essem

sis

esses

sit

esset

simus

essemus

sitis

essetis

sint

essent

2. Quelques emplois du subjonctif A. L’ordre et le souhait Employé dans une proposition indépendante ou principale, le subjonctif présent est le mode notamment utilisé pour exprimer la volonté. Il concurrence et complète l’impératif présent dans l’expression de l’ordre et de l’invitation ; il exprime souvent aussi le souhait. 2e sg. 3e sg. 1re pl. 2e pl. 3e pl.

Gaude Gaudeat Gaudeamus Gaudete Gaudeant

réjouis-toi ! qu’il se réjouisse ! réjouissons-nous ! réjouissez-vous ! qu’ils se réjouissent !

On voit qu’à la 2e p., le latin utilise l’impératif, et qu’aux 1re et 3e p., qui ne possèdent pas de formes d’impératif, il recourt au subjonctif présent. L’ordre peut également être une invitation ou un souhait : Veniat (Qu’il vienne !) peut signifier, selon le contexte, « (J’ordonne) qu’il vienne, (Je demande) qu’il vienne, (Je sou‐ haite) qu’il vienne » ; dans ce dernier cas, on dit aussi en français « Puisse-t-il venir ! »

Chapitre 9

149

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B. Propositions subordonnées : la proposition de but Parmi les emplois du subjonctif dans les propositions subordonnées, nous nous borne‐ rons pour l’instant à étudier la proposition de but introduite par une conjonction de subor‐ dination. En français, la proposition subordonnée de but est normalement soumise à la règle de concordance des temps, c’est-à-dire que le temps du verbe subordonné dépend du temps du verbe principal. À un présent ou à un futur dans la principale correspondra un sub‐ jonctif présent dans la subordonnée ; à un temps passé dans la principale correspondra un subjonctif imparfait dans la subordonnée. À vrai dire, l’usage actuel a tendance à éli‐ miner le subjonctif imparfait au profit du subjonctif présent. On trouve néanmoins encore de nombreuses traces du respect de la concordance des temps dans la langue d’aujourd’hui ; dans les textes littéraires, elle est normalement respectée. Il travaille avec ardeur pour que son père soit content de lui. Il travaillait avec ardeur pour que son père fût (soit) content de lui. Elle a exigé que je fusse (sois) présent. Peu s’en fallut qu’il ne fût (soit) tué. En latin, la proposition de but : ● est introduite par ut si elle est positive, par ne si elle est négative ; ● est au subjonctif :

– présent si le verbe principal est au présent ou au futur (temps primaires) ; – imparfait si le verbe principal est à un temps du passé (temps secondaires). Cette dernière règle est toujours d’application ; il n’y a pas de désaffection à l’égard du subjonctif imparfait en latin. Ad te uenio ut tuam sententiam cognoscam. Je viens te trouver pour connaître ton avis. Classem comparabat ut Italiam peteret1. Il équipait une flotte pour gagner l’Italie. Ad te ueniam ne solus cenes2. Je viendrai chez toi pour (afin) que tu ne dînes pas seul. Remarquez que le latin utilise la proposition finale au subjonctif dans les trois exemples ci-dessus, alors que le français utilise l’infinitif lorsque le sujet de la proposition finale est le même que celui du verbe principal. On ne dira pas en français « *Je suis venu pour que je te voie » mais « Je suis venu (pour) te voir » (ex. 1 et 2). Le français recourt au subjonctif introduit par une conjonction (« afin que, pour que »), lorsque les sujets des deux propositions sont différents (ex. 3).

1. classis, ‑is (F.) : la flotte ; comparare : préparer, équiper. 2. cenare : dîner.

150

Partie 1. Comprendre le latin

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3. Les pronoms personnels (1) et adjectifs possessifs A. Observations générales Nous avons déjà rencontré plusieurs pronoms ; parmi ceux-ci, nous avons étudié de manière systématique la déclinaison et l’emploi du pronom relatif (cf. chapitre 7). Nous allons poursuivre ici l’étude des pronoms personnels, possessifs et interrogatifs. Personnel : Je le déteste. Possessif : Je préfère la maison de ton frère à la tienne. Démonstratif : Celui-ci est innocent, celui-là est coupable. Relatif : Méfiez-vous de l’eau qui dort. Interrogatif : Qui a fait cela ? Indéfini : Donnez-moi quelque chose et je ne dirai rien. À côté de ces pronoms, il existe des adjectifs qui leur sont apparentés : possessifs, démonstratifs, relatifs, interrogatifs et indéfinis. Possessif : Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front. Démonstratif : D’où vous vient cette audace ? Relatif : Bonaparte était roi d’Italie, dans lequel royaume se trouvaient Venise, la Tos‐ cane, etc. Interrogatif : Quel temps fait-il ? Indéfini : Aucune pudeur ne lui donnait une quelconque retenue. Tableau 3. Pronoms personnels selon la personne et le nombre Sg. 1re 2e

p.

p.

3e p.

je, me, moi

Pl. nous

tu, te, toi

vous

il, elle, le, la, lui

ils, elles, les, eux, leur en, y

Les pronoms personnels se classent selon la personne et le nombre (tableau 3). L’emploi de ces formes est régi par trois critères qui se combinent : le genre (« il, elle »), le nombre (« il, ils ») et la fonction. Dans ce dernier cas, il s’agit d’une trace de déclinaison. « Il » est une forme sujet, « le » est une forme de COD et « lui » une forme de COI (ou une forme accentuée du pronom sujet : « Lui, c’est mon père. »). À la 3e personne, on trouve en outre, par opposition aux formes qui figurent dans le tableau ci-dessus, un pronom Chapitre 9

151

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personnel réfléchi, dont les deux formes sont « se » et « soi ». Ces deux pronoms s’emploient notamment pour désigner le sujet de la proposition dans laquelle ils se trouvent ; on les appelle réfléchis parce qu’ils indiquent que l’action émanant du sujet « fait retour » vers le sujet. L’enfant se lave. Chacun doit avoir confiance en soi. Cette distinction entre forme non-réfléchie et forme réfléchie n’existe qu’à la 3e per‐ sonne. On emploie le même pronom dans deux phrases comme Ton voisin te regarde. Tu te regardes. alors que le premier pronom est non-réfléchi et le second réfléchi. Par contre, à la 3e personne, on dira : Son voisin le regarde. Il se regarde. On ne peut pas intervertir les deux pronoms sans modifier le sens : Son voisin se regarde. Il le regarde. Remarquez aussi que les mêmes formes du pronom réfléchi de la 3e personne sont uti‐ lisées pour les deux genres et les deux nombres. Il se regarde. Elle se lave. Ils se réjouissent. Elles se précipitent. Ces particularités des pronoms de la 3e personne sont, comme nous allons le voir, un reste du latin.

B. Les pronoms personnels Le tableau 4 donne la déclinaison des pronoms personnels des 1re et 2e personnes. Comme le français, le latin n’opère de distinction entre réfléchi et non-réfléchi qu’à la e 3 personne. Voir tableau 5 la déclinaison du pronom personnel réfléchi se. Remarquez que : ● le pronom réfléchi n’a pas de nominatif ; ● les formes de se sont les mêmes au singulier et au pluriel (se : « se, eux » ; sibi : « à soi, à

lui-même, à eux-mêmes » ; etc.). Il n’y a pas à proprement parler de pronom personnel non-réfléchi à la 3e personne. C’est un pronom démonstratif qui en tient lieu (cf. p. 268). Les pronoms personnels sujets (ego, tu, nos, uos) sont rarement utilisés. On y recourt pour insister particulièrement sur l’auteur de l’action ou pour opposer deux sujets :

152

Partie 1. Comprendre le latin

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Tableau 4. Pronoms personnels des 1re et 2e personnes Sg.

1re

2e

Pl.

N.

ego

nos

Acc.

me

nos

G.

mei

nostri (ou nostrum1)

D.

mihi

nobis

Abl.

me

nobis

N.

tu

uos

Acc.

te

uos

G.

tui

uestri (ou uestrum1)

D.

tibi

uobis

Abl.

te

uobis

Tableau 5. Pronom personnel réfléchi de la 3e personne Sg et Pl. N.



Acc.

se

G.

sui

D.

sibi

Abl.

se

Ego faciam. C’est moi qui le ferai. Moi, je le ferai. Vos dicebatis, ego tacebam. Vous, vous parliez ; moi, je me taisais. Nos dicemus, tu audies. C’est nous qui parlerons ; toi, tu écouteras. Il est à noter que la préposition cum + Abl., « avec », se postpose au pronom personnel et s’y joint2 : Cum amico ueniet. Il viendra avec un (son) ami. Nobiscum ueniet (et non *Cum nobis ueniet). Il viendra avec nous. Veni mecum. Viens avec moi.

1. Nous verrons plus loin (cf. p. 300) quels sont les emplois respectifs de nostri – uestri et de nostrum – uestrum. 2. La préposition cum se joint de la même manière au pronom relatif : quocum, quacum, quibuscum. Ex. : Homo quocum ueniam pater meus est. L’homme avec lequel je viendrai est mon père. Chapitre 9

153

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C. Les adjectifs-pronoms possessifs Le latin n’opère pas de distinction morphologique entre les pronoms et les adjectifs possessifs : tuus, ‑a, ‑um signifie aussi bien « ton, ta » que « tien, tienne », etc. Nous avons déjà rencontré certains adjectifs-pronoms possessifs. Ils se déclinent tous comme des adjec‐ tifs de la 1re classe (tableau 6). Tableau 6. Les adjectifs possessifs Sg.

Pl.

1

meus, mea, meum

noster, nostra, nostrum

2

tuus, tua, tuum

uester, uestra, uestrum

3

suus, sua, suum

De même que le pronom personnel réfléchi de la 3e personne se, l’adjectif possessif suus, « son », ne s’emploie pas exactement de la même manière qu’en français. Notre langue se borne à distinguer le genre (au sg.) et le nombre de l’adjectif possessif : Pierre aime son fils. Pierre aime sa fille. Pierre aime ses fils (mais aussi : ses filles). Selon le contexte, « son, sa, ses » peuvent représenter les enfants de Pierre ou de quelqu’un d’autre. Dans la phrase « Paul pense que Pierre aime sa fille », « sa » peut repré‐ senter la fille de Pierre ou de Paul. Le latin, quant à lui, tient compte du possesseur, mais distingue (comme pour le pronom se) le réfléchi du non-réfléchi, c’est-à-dire qu’il emploie seulement si le possesseur est sujet de la proposition dans laquelle il se trouve. Par exemple, on pourra l’utiliser pour traduire « Pierre aime sa fille », parce que le possesseur (Pierre) est sujet. Par contre, on ne pourra pas employer suus pour traduire « J’aime sa fille », parce que le possesseur (Pierre) n’est pas sujet de la proposition. Nous verrons bientôt comment on exprime le possessif non-réfléchi.

• Remarque

Là où le français peut être ambigu (cf. ci-dessus), le latin ne l’est pas. Dans la phrase Petrus suam filiam amat (« Pierre aime sa (propre) fille »), il ne peut s’agir que de la fille de Pierre. D’ailleurs, lorsque la relation de possession ne fait pas de doute dans l’énoncé, le latin n’exprime pas l’adjectif possessif : Petrus filiam amat (« Pierre aime sa fille »).

4. Les adjectifs-pronoms interrogatifs L’adjectif-pronom interrogatif le plus usité en latin est quis, « qui ? lequel ? » (cf. tableau 7). 154

Partie 1. Comprendre le latin

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Tableau 7. Déclinaison du pronom interrogatif quis Sg. M.

Pl.

F.

Nt.

M

F.

Nt.

N.

quis

quis

quid

qui

quae

quae

Acc.

quem

quam

quid

quos

quas

quae

G.



cuius



D.



cui



Abl.

quo

qua

quorum

quo

quarum

quorum



quibus





quibus



Les seules formes remarquables du pronom interrogatif sont : ● le N. M. sg. : quis ?, « qui ? » ; ● le N. F. sg. : quis ?, « qui ? », mais on trouve aussi la forme quae ; ● le N. Acc. Nt. sg. : quid ?, « quoi ? ».

Pour le reste, la déclinaison du pronom interrogatif et de l’adjectif correspondant est identique à celle du pronom relatif. Quis es ? Qui es-tu ? Quid facis ? Que fais-tu ? Quam mulierem uidebas ? Quelle femme voyais-tu ? Cuius filius es ? De qui es-tu le fils ? Cui librum dabis ? À qui donneras-tu le livre ? Quibus hominibus persuadebis ? Quels hommes persuaderas-tu ?

5. Exercices Énoncés A. Traduisez. 1. je ferai 2. qu’il fasse 3. aidons 4. qu’ils courent 5. rends 6. tu savais 7. qu’il sache 8. qu’il soit rendu 9. qu’il donne 10. soyons

15. qu’il soit envoyé 16. écoute 17. ils croyaient 18. il sera averti

29. que tu fusses 30. tais-toi 31. qu’elle écrive 32. nous étions envoyés

19. qu’il soit pris 20. qu’ils soient 21. qu’il fût 22. qu’ils fussent préparés

33. dis 34. qu’il fût créé 35. il était dit 36. il sera annoncé

23. soyons vaincus 24. recevons

37. qu’ils soient cachés 38. je vainquais

Chapitre 9

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11. être écrit 12. tu es envoyé 13. il est envoyé 14. il sera envoyé

25. qu’il fût jeté 26. qu’ils ignorent 27. nous déciderons 28. reste

39. elles seront dites 40. qu’il soit interrogé

B. Traduisez de toutes les façons possibles en utilisant le dictionnaire. 1. pares 11. paris 21. paritur 2. paries 12. para 22. regam 3. parias 13. parer 23. reges 4. paras 14. param 24. regas 5. parem 6. pararer

15. paro 16. pari

25. regor 26. rege

7. paros 8. pariar

17. parietur 18. paretur

27. regi 28. regis

9. parerer 10. pare

19. paratur 20. pariatur

29. rega 30. regem

C. Déclinez. N. V. Acc. G.

Sg. mon travail notre père ton nom votre poison

Pl. mes livres vos mains ses guerres ses lois

D. Abl.

notre roi sa poussière

mes mots tes poèmes

N. Acc. G. D.

Sg. quelle ville ? quel homme ? quelle tête ? quelle maison ?

Pl. quelles lois ? quelles choses ? quels pas ? quels corps ?

Abl.

quoi ?

quels jours ?

D. Soulignez tous les pronoms personnels (sauf « il ») et tous les adjectifs possessifs de la 3e personne. Indiquez s’ils sont réfléchis (R) ou non-réfléchis (NR). « Il m’avait dit un jour : ‘Je ferai comme Drieu.’ Puis il avait nié me l’avoir dit. Plus récemment, comme je l’interrogeais sur ses intentions, à la suite des épreuves pénibles qui lui avaient été infligées, il m’avait répondu : ‘Je tiendrai tant que je dispo‐ serai de la puissance créatrice.’ Sans cacher qu’il prêtait à cette expression un double sens…

156

Partie 1. Comprendre le latin

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À un autre moment, évoquant l’au-delà, cet agnostique absolu m’avait fait une concession qui m’avait frappé (car on ne trouve rien de pareil dans ses livres) : ‘De l’autre côté, il y a quelque chose. Mais je ne sais quoi.’ Tels sont les propos qui me sautent à la mémoire alors que j’apprends qu’il s’est donné la mort de Sénèque. Je ne l’y attendais pas si tôt. Je savais pourtant qu’un jour il en viendrait là. Et, malgré moi, je le souhaitais. Pour l’harmonie du personnage et pour la plénitude de son destin. Comment Henry de Mon‐ therlant aurait-il pu mourir comme tout le monde ? Lui qui s’est si jalousement composé une légende, une silhouette, une définition… Or je les crois également fausses. Qualis artifex pereo… L’indifférence de Montherlant à l’opinion d’autrui, à l’avenir de ses ouvrages, n’était qu’une des règles de discipline qu’il s’imposait, et qui l’a rendu peut-être moins libre, en dépit des apparences, que les écrivains de salon ou que les chefs d’écoles, dont il avait pareillement horreur… Plutôt que de s’épancher, tel qu’il était, dans ses écrits, en s’appliquant à vivre conformément à cet aveu sans détour ni réserve, il a composé ses écrits en fonction de l’être qu’il aurait voulu être, en dérobant avec soin celui qu’il était. » (R. Poulet) E. Traduisez uniquement l’adjectif-pronom relatif ou interrogatif. 1. Jean attendait son ami, de qui la chambre ouvrait sur le vestibule. 2. Une chambre dont on pousse la porte. 3. Le glaive dont il m’a blessé. 4. Sa mère, qu’il n’avait pas connue, mourut très âgée. 5. Les poèmes que tu m’as lus. 6. Elle, qui n’est pourtant pas belle, je l’aime. 7. L’ami avec qui je viendrai. 8. Voici les soldats que j’ai persuadés. 9. En qui as-tu confiance ? 10. Pour quelle raison as-tu fait cela ? F. Traduisez. 1. Il fuyait pour aller à la rencontre de César. 2. Afin qu’il n’entende pas, je ne crierai pas. 3. À qui mon père donnera-t-il les livres ? 4. Il faut que l’homme soit heureux pour compter de nombreux amis. 5. Soyez courageux, afin de ne pas être vaincus. 6. Je sais que la vérité engendre la haine. 7. Le maître n’aimait pas les livres que tu lisais. 8. César restait en Gaule, afin que les Gaulois sachent que les Romains n’avaient pas peur.

Chapitre 9

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G. Traduisez. 1. Non omnes qui habent citharam sunt citharoedi1. 2. Facile cum ualemus recta consilia aegris damus2. 3. Feriunt summos fulgura montes3. 4. Bos currum trahit, non bouem currus4. 5. Male secum agit aeger medicum qui heredem facit5. 6. Visus fletus teneros animos mouet6. 7. Res difficiles audaces homines stimulant7. 8. Femina pulchra foris est intus causa doloris8. 9. Apud Germanos, dotem non uxor marito sed uxori maritus offert9. 10. Femina cum iurat, errat qui credĕre curat10. 11. Sol decedens duplicat umbras11.

Corrigés A.

1. faciam 2. faciat 3. iuuemus 4. currant 5. redde

11. scribi 12. mitteris 13. mittitur 14. mittetur 15. mittatur

21. esset 22. pararentur 23. uincamur 24. accipiamus 25. iaceretur

31. scribat 32. mittebamur 33. dic 34. crearetur 35. dicebatur

6. sciebas 7. sciat 8. reddatur 9. det

16. audi 17. credebant 18. monebitur 19. capiatur

26. nesciant 27. statuemus 28. mane 29. esses

36. nuntiabitur 37. lateant 38. uincebam 39. dicentur

20. sint

30. tace

40. rogetur

10. simus

1. cithara : la cithare, la guitare ; citharoedus, ‑i : le joueur de cithare, le guitariste. 2. facile (adv.) : facilement ; rectus, ‑a, ‑um : droit, correct, juste ; aeger, aegra, ‑um : malade. 3. ferire : frapper ; summus, ‑a, ‑um : le plus élevé ; fulgur, ‑uris (Nt.) : la foudre ; mons, montis : la montagne. 4. bos, bouis (M. ou F.) : le bœuf, la vache ; currus, ‑us : le char ; trahĕre, ‑o : tirer. 5. male (adv.) : mal ; medicus, ‑i : le médecin ; heres, heredis (M. ou F.) : l’héritier, l’héritière. 6. uisus, ‑us : la vue ; fletus, ‑us : l’action de pleurer, les pleurs ; tener, ‑era, ‑erum : tendre, délicat, fragile. 7. difficilis, ‑is, ‑e : difficile ; stimulare : stimuler. 8. femina : la femme ; foris (adv.) : à l’extérieur, dehors ; intus (adv.) : à l’intérieur. 9. apud + Acc. : (au)près de, chez ; Germanus, ‑i : le Germain ; dos, dotis : la dot ; uxor, ‑oris : l’épouse ; maritus, ‑i : le mari ; offert : 3e p. sg. d’un verbe irrégulier offerre, présenter, fournir. 10. cum + indic. : lorsque ; iurare : jurer. 11. sol, solis (M.) : le soleil ; decedĕre, ‑o : s’éloigner, se retirer ; duplicare : doubler, augmenter.

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Partie 1. Comprendre le latin

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B.

1. tu obéis ; que tu prépares ; égaux (N. V. Acc. M. F. pl.) 2. tu engendreras ; le mur (paries, parietis : N. sg.) 3. que tu engendres 4. tu prépares 5. que je prépare ; égal (Acc. M. F. sg.) 6. que je fusse préparé 7. (n’existe pas) 8. que je sois engendré 9. que je fusse engendré 10. engendre ; obéis 11. tu engendres ; égal (G. sg.) 12. prépare 13. que je sois préparé 14. (n’existe pas) 15. je prépare

C. meus labor noster pater tuum nomen uestri ueneni nostro regi

16. être engendré ; égal (D. Abl. sg.) 17. il sera engendré 18. qu’il soit préparé 19. il est préparé 20. qu’il soit engendré 21. il est engendré 22. je dirigerai ; que je dirige 23. tu dirigeras ; les rois (N. V. Acc. pl.) 24. que tu diriges 25. je suis dirigé 26. dirige ; le roi (Abl. sg.) 27. être dirigé ; le roi (D. sg.) 28. tu diriges ; le roi (G. sg.) 29. (n’existe pas) 30. le roi (Acc. sg.) mei libri uestrae manus sua bella suarum legum meis uerbis

suo puluere

tuis carminibus

quae urbs ? quem hominem ?

quae leges ? quas res ?

cuius capitis ? cui domo (domui) ? quo ?

quorum passuum ? quibus corporibus ? quibus diebus ?

D. l. 1 : l’ (NR) l. 2 : l’ (NR) l. 2 : ses (NR) l. 3 : lui (NR) l. 7 : ses (NR)

l. 9 : s’ (R) l. 10 : l’ (NR) l. 11 : le (NR) l. 12 : son (NR) l. 13 : lui (sujet)

l. 13 : s’ (R) l. 14 : les (NR) l. 16 : ses (NR) l. 16 : s’ (R) l. 16 : l’ (NR)

l. 19 : s’ (R) l. 19 : ses (R) l. 19 : s’ (R) l. 20 : ses (R)

Chapitre 9

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E.

1. cuius 2. cuius 3. quo 4. quam 5. quae

F.

6. quae 7. quocum 8. quibus (persuadēre + D.) 9. cui 10. qua

1. Fugiebat ut Caesari occurreret. 2. Ne audiat, non clamabo. 3. Cui pater libros dabit ? 4. Oportet hominem felicem esse ut multos amicos numeret. 5. Fortes estote, ne uincamini. 6. Scio ueritatem odium parĕre. 7. Magister libros quos legebas non amabat. 8. Caesar in Gallia manebat ut scirent Galli Romanos non timēre.

G.

1. Ceux qui ont une cithare ne sont pas tous citharistes. (Les gens qui possèdent une cithare…) 2. Quand nous sommes en bonne santé, nous donnons facilement de bons conseils aux gens malades. 3. La foudre (litt. : les foudres) frappe les plus hautes montagnes. 4. C’est le bœuf qui tire le char, et non le char (qui tire) le bœuf (cf. fr. Il ne faut pas placer le char avant les bœufs) [Pour comprendre la phrase, il faut suppléer trahit dans la seconde partie]. 5. Il agit mal envers lui-même (Il se fait du tort), le malade qui choisit son médecin comme héritier [heredem : Acc. attribut du COD medicum]. 6. La vue des pleurs (des larmes) émeut les esprits sensibles. 7. Les difficultés (litt. Les choses difficiles) stimulent les hommes audacieux. 8. Une femme belle hors de chez soi est, chez soi, une cause de tourment. 9. Chez les Germains, ce n’est pas l’épouse qui fournit la dot à son mari, mais le mari à son épouse. 10. Celui qui daigne faire confiance à une femme quand elle jure commet une erreur (litt. : Une femme, quand elle jure, il se trompe celui qui se soucie de lui faire confiance). 11. Le soleil couchant allonge les ombres (litt. : Le soleil tombant double les ombres).

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Chapitre 10 Le gérondif et l’adjectif verbal (1) Récapitulation sur les conjugaisons Les degrés des adjectifs Récapitulation sur les déclinaisons Les verbes déponents (1)

1. Le gérondif et l’adjectif verbal (1) A. Le gérondif L’infinitif présent d’un verbe peut jouer le rôle d’un nom et en occuper certaines fonc‐ tions dans la proposition. En français, ces fonctions sont marquées, comme d’habitude, par l’ordre des mots ou par une préposition. Lire est un grand plaisir (= La lecture… : sujet). J’aime lire (= la lecture : COD). Le plaisir de lire (= de la lecture : compl. du nom). Je consacre ma vie à lire (= à la lecture : COI). De même, en latin, l’infinitif peut remplir les mêmes fonctions que le nom, ces fonctions étant indiquées, conformément au système de la langue, par des cas. L’infinitif doit donc pouvoir être mis à l’accusatif, au génitif, etc., c’est-à-dire se décliner. La déclinaison de l’infinitif s’appelle le gérondif. Voir tableau 1, par exemple, les formes de l’infinitif et du gérondif de amare. Tableau 1. Infinitif et gérondif N. Acc. G. D. Abl.

Infinitif ama-re ama-re

Gérondif (ad) ama-nd-um ama-nd-i ama-nd-o ama-nd-o

Chapitre 10

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Le N. et l’Acc. ne présentent aucune difficulté morphologique ; nous les connaissons déjà. Les autres formes, dont le second accusatif, se composent du thème, de la caractéristique ‑nd‑ et des désinences neutres de la 2e déclinaison (cf. templum). Il suffit de connaître le G. pour connaître la suite. Voici les génitifs des cinq conjugaisons : 1 2 3 4 5

ama-nd-i mone-nd-i leg-e-nd-i audi-e-nd-i capi-e-nd-i

Remarquez l’apparition de la voyelle thématique ‑e‑ à la 3e conjugaison et, par analo‐ gie, à la 4e et à la 5e. Les formes rappellent celles du participe présent (amans, monens, legens, etc.). Legĕre est iucundum (N.). Lire est agréable (= La lecture…). Cupio legĕre (Acc.). Je désire lire (= la lecture). Tempus legendi (G.). Le temps de lire (= de la lecture). Operam dare legendo (D.). Se consacrer à lire (= à la lecture). Discĕre legendo (Abl.). Apprendre en lisant (= par la lecture). L’accusatif en ‑ndum s’emploie seulement précédé d’une préposition, le plus souvent ad, « vers, pour » ; l’ensemble équivaut ainsi à une proposition de but (Laboro ut uiuam : cf. chapitre 9). Laboro ad uiuendum. Je travaille pour vivre (litt. : en vue du fait de vivre).

B. L’adjectif verbal On forme de la même manière que le gérondif l’adjectif verbal en ‑ndus, ‑nda, ‑ndum. Celui-ci est d’un emploi fréquent en latin et n’a pas de correspondant exact en français ; il ne peut guère se traduire que par une périphrase. Par exemple, legendus, ‑a, ‑um signifie « qui doit être lu, qu’il faut lire, à lire » ; en tant qu’adjectif, il s’accorde en genre et en nombre avec le mot auquel il se rapporte. Hic liber legendus est. Ce livre doit être lu. Ce livre est à lire. Il faut lire ce livre. Dux erat monendus. Il fallait avertir le général. Tradĕre magistro pueros educandos. Confier à un maître ses enfants à éduquer. Confier l’éducation de ses enfants à un maître. L’adjectif verbal, dans ce type d’emploi, exprime donc l’obligation à la voix passive (« qui doit être… »). On en trouve de nombreuses traces en français. Le mot « agenda » (d’agĕre, faire) signifie « les choses à faire » (litt. « qui doivent être faites ») ; c’est un neutre pluriel substantivé passé tel quel dans notre langue. Des prénoms comme « Armand,

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Partie 1. Comprendre le latin

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Amand » (« qu’il faut armer, qu’il faut aimer ») sont d’anciens adjectifs verbaux ; de même, un adjectif comme « révérend » (« qui doit être respecté, respectable »). La personne à qui l’action incombe prend la forme d’un complément d’avantage au datif, qui correspond au complément d’agent du français (cf. p. 304). Pater amandus est. Un père doit être aimé. Il faut aimer son père. Pater amandus est filio. Un père doit être aimé par son fils. Un fils doit aimer son père. L’adjectif verbal a d’autres emplois importants que nous envisagerons plus tard (cf. chapitre 22).

2. Récapitulation sur les conjugaisons Nous avons terminé l’étude de la conjugaison des verbes réguliers et du verbe esse aux temps de l’infectum (voix active et passive, cf. tableau 2). Tableau 2. Conjugaison des verbes réguliers aux temps de l’infectum Indic.

Subj.

Impér.

Infin.

Part.

Prés.











Impft





Fut. s.





Pft P-q-pft Fut. ant.

Ceci nous donne l’occasion d’une première synthèse sur la conjugaison. Rappelons d’abord que, pour chaque verbe, il faut connaître, outre sa signification, son infinitif présent actif. De plus, pour les verbes des 2e, 3e et 5e conjugaisons, il faut retenir la 1re p. de l’indicatif présent actif. C’est la seule manière de les distinguer, leur infinitif présent se terminant tous trois en ‑ere. On retiendra donc : amare monēre (en insistant bien sur le ē), moneo legĕre, lego audire capĕre, capio. On connaît ainsi la conjugaison à laquelle le verbe appartient. On se souviendra ensuite de la « formule » de chaque temps-mode. C’est la meilleure manière de dominer l’ensemble. En effet, les cinq conjugaisons présentent, à cet égard, plus de ressemblances que de

Chapitre 10

163

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différences. Nous allons reparcourir l’ensemble des formes étudiées en insistant sur ce point et en observant les « anomalies ». Nous utiliserons les abréviations suivantes : T : thème VT : voyelle thématique C : caractéristique (modale ou temporelle) D : désinence Le thème (T) est parfois un peu « déformé » à la 1re conjugaison et il varie à la 5e en fonction des lois phonétiques régissant le traitement du ĭ > ĕ devant r et en finale. La voyelle thématique (VT) apparaît d’ordinaire lorsque la désinence consonantique (ou commençant par une consonne) est en contact avec un thème ou un suffixe temporel se terminant lui-même par une consonne. Cette voyelle est ĭ, sauf devant r ou à la fin du mot, où elle devient ĕ. Elle est u à la 3e p. pl. Aux 4e et 5e conjugaisons, sa présence s’explique par le phénomène de l’analogie. Les caractéristiques modales ou temporelles (C) sont identiques pour toutes les conjugaisons, sauf à l’indicatif futur simple et au subjonctif présent : Indicatif présent Indicatif imparfait Indicatif futur simple Subjonctif présent Subjonctif imparfait

– -ba‑b‑ (1re, 2e) / ‑a‑ et ‑e‑ (3e, 4e et 5e) ‑a‑ (sauf 1re) ‑re‑

Impératif présent Infinitif présent Participe présent

– – ‑nt‑ (N. en ‑ns)

Tableau 3. Désinences verbales aux temps de l’infectum Actif 1re Indicatif et subjonctif

Impératif

2e

-o (ind. prés. et fut.)

-or (ind. prés. et fut.)

-m (autres cas)

-r (autres cas)

sg.

-s

-ris

3e sg.

-t

-tur

1re pl.

-mus

-mur

2e pl.

-tis

-mini

3e pl.

-nt

-ntur

2e

sg.

2e pl.

Infinitif

164

sg.

Passif

Partie 1. Comprendre le latin



-re

-te

-mini

-re

-ri (1re, 2e, 4e) -i (3e, 5e)

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Gérondif Adjectif verbal

‑nd‑nd-

La désinence (D) est toujours présente, sauf à la 2e p. sg. de l’impératif présent actif (ama, mone, etc.). Aux temps de l’infectum, les désinences sont données tableau 3. Tableau 4. Synthèse sur la conjugaison aux temps de l’infectum (voix active) Voix active Indicatif présent

T – (VT) – D

amo

mone-o

leg-o

audi-o

capi-o

ama-s

mone-s

leg-i-s

audi-s

capi-s

ama-t

mone-t

leg-i-t

audi-t

capi-t

ama-mus

mone-mus

leg-i-mus

audi-mus

capi-mus

ama-tis

mone-tis

leg-i-tis

audi-tis

capi-tis

ama-nt

mone-nt

leg-u-nt

audi-u-nt

capi-u-nt

audi-e-bam

capi-e-bam

audi-a-m

capi-a-m

audi-e-s

capi-e-s

Indicatif imparfait ama-ba-m

T – (VT) ‑ba‑ D mone-ba-m

leg-e-ba-m 1re, 2e : T ‑b‑ VT – D

Indicatif futur simple

3e, 4 e, 5 e : T ‑a/e‑ D ama-b-o

mone-b-o

leg-a-m

ama-b-i-s

mone-b-i-s

leg-e-s

Subjonctif présent

T ‑a‑ D (sauf

1re)

ame-m

mone-a-m

leg-a-m

audi-a-m

capi-a-m

ame-s

mone-a-s

leg-a-s

audi-a-s

capi-a-s

audi-re-m

cape-re-m

Subjonctif imparfait ama-re-m

T – (VT) ‑re‑ D mone-re-m

Impératif présent

leg-e-re-m T – (VT) – D

ama

mone

leg-e

audi

cape

ama-te

mone-te

leg-i-te

audi-te

capi-te

audi-re

capĕ-re

audi-e-ns

capi-e-ns

audi-e-nd-i

capi-e-nd-i

Infinitif présent ama-re

T – (VT) – D monē-re

Participe présent ama-ns

T – (VT) ‑ns, ‑ntis (G.) mone-ns

Gérondif ama-nd-i

leg-ĕ-re

leg-e-ns T – (VT) ‑nd‑ D

mone-nd-i

leg-e-nd-i

Chapitre 10

165

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En ce qui concerne la voix passive, les « formules » sont les mêmes qu’à l’actif. Seules les désinences changent, avec les modifications phonétiques que cela implique dans cer‐ tains cas (par exemple, ĭ > e : legeris, caperis). Tableau 5. Synthèse sur la conjugaison aux temps de l’infectum (voix passive) Voix passive Indicatif présent

T – (VT) – D

amor

mone-or

leg-or

audi-or

capi-or

ama-ris

mone-ris

leg-e-ris

audi-ris

cape-ris

ama-tur

mone-tur

leg-i-tur

audi-tur

capi-tur

ama-mur

mone-mur

leg-i-mur

audi-mur

capi-mur

ama-mini

mone-mini

leg-i-mini

audi-mini

capi-mini

ama-ntur

mone-ntur

leg-u-ntur

audi-u-ntur

capi-u-ntur

audi-e-ba-r

capi-e-ba-r

audi-a-r

capi-a-r

audi-e-ris

capi-e-ris

Indicatif imparfait ama-ba-r

T – (VT) ‑ba‑ D mone-ba-r

leg-e-ba-r 1re, 2e

Indicatif futur simple

: T ‑b‑ VT – D

3e, 4e, 5e ama-b-or

mone-b-or

leg-a-r

ama-b-e-ris

mone-b-e-ris

leg-e-ris

Subjonctif présent

: T ‑a/e‑ D

T ‑a‑ D (sauf

1re)

ame-r

mone-a-r

leg-a-r

audi-a-r

capi-a-r

ame-ris

mone-a-ris

leg-a-ris

audi-a-ris

capi-a-ris

audi-re-r

cape-re-r

Subjonctif imparfait ama-re-r

T – (VT) ‑re‑ D mone-re-r

Impératif présent

leg-e-re-r T – (VT) – D

ama-re

mone-re

leg-e-re

audi-re

cape-re

ama-mini

mone-mini

leg-i-mini

audi-mini

capi-mini

audi-ri

capi

audi-e-nd-us

capi-e-nd-us

Infinitif présent ama-ri

T – (VT) – D mone-ri

Adjectif verbal ama-nd-us

leg-i T – (VT) ‑nd‑ D

mone-nd-us

leg-e-nd-us

Une fois bien assimilé le fonctionnement de la conjugaison, il faut encore acquérir des automatismes permettant d’identifier rapidement une forme verbale rencontrée dans un texte. Seuls de nombreux exercices permettent cette identification instantanée. 166

Partie 1. Comprendre le latin

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3. Les degrés des adjectifs A. Généralités Un adjectif peut avoir trois degrés : le positif, le comparatif et le superlatif. On dis‐ tingue un comparatif d’égalité, d’infériorité et de supériorité, ainsi qu’un superlatif relatif et absolu. Prenons l’adjectif « célèbre », avec ses trois degrés : ● positif : célèbre ; ● comparatif :

– d’égalité : aussi célèbre (que…) ; – d’infériorité : moins célèbre (que…) ; – de supériorité : plus célèbre (que…) ; ● superlatif :

– relatif : le plus célèbre (de…) ; – absolu : très célèbre. Rome est célèbre. Rome est aussi célèbre qu’Athènes. Rome est moins célèbre qu’Athènes. Rome est plus célèbre qu’Athènes. Rome est la plus célèbre des villes. Rome est très célèbre. Dans les phrases comportant un comparatif, on distingue le premier terme de la com‐ paraison (Rome) et le second terme de la comparaison, introduit par « que » (Athènes). Le superlatif relatif est généralement suivi d’un complément introduit par « de » qui désigne l’ensemble dont on distingue un élément. Ainsi, dans l’ensemble des villes, on dis‐ tingue Rome. On constatera enfin que le français forme les degrés des adjectifs en recourant à des adverbes (aussi, moins, plus, etc.), d’une manière dite analytique. Le latin forme les degrés des adjectifs d’une manière analogue à celle des langues ger‐ maniques, en recourant tantôt à des adverbes, tantôt à des suffixes, d’une manière dite synthétique. On songera notamment à l’anglais (tableau 6). Tableau 6. Comparatifs et superlatifs Degré

Anglais « great » (grand)

Latin doctus (savant)

Positif

great

doctus

Comparatif d’égalité

as great

tam doctus

Comparatif d’infériorité

less great

minus doctus

Comparatif de supériorité

greater

doctior

Superlatif relatif

the greatest

doctissimus

Superlatif absolu

very great

doctissimus

Chapitre 10

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B. Formation Formation du comparatif de supériorité 1re

Le comparatif de supériorité se forme en remplaçant la désinence du G. M. sg. (‑i à la classe, ‑is à la 2e) par ‑ior (M. et F.) ou ‑ius (Nt.). Par exemple : doctus pulcher miser fortis felix

doct-i pulchr-i miser-i fort-is felic-is

doct-ior pulchr-ior miser-ior fort-ior felic-ior

plus savant plus beau plus malheureux plus courageux plus heureux

acer

acr-is

acr-ior

plus âpre

Formation du superlatif Le superlatif se forme par l’adjonction du suffixe ‑simus, tantôt au N. M. sg., tantôt au thème. Mais, au contact de la consonne finale de l’adjectif, le suffixe connaît diverses alté‐ rations phonétiques. Ainsi : ● le superlatif des adjectifs en ‑er se forme en ajoutant ‑simus au N. M. sg., et le groupe

‑*rs‑ > ‑rr‑ : pulcher > *pulcher-simus > pulcherrimus (le plus beau) miser > *miser-simus > miserrimus (le plus malheureux) acer > *acer-simus > acerrimus (le plus acharné) ● le superlatif des adjectifs en ‑ilis (sauf ceux en –bilis) se forme en ajoutant ‑simus au

thème, et le groupe ‑*ls‑ > ‑ll‑ : facilis > *facil-simus > facillimus (le plus facile) difficilis > *difficil-simus > difficillimus (le plus difficile) similis > *simil-simus > simillimus (le plus semblable) humilis > *humil-simus > humillimus (le plus humble) mais : nobilis > nobilissimus (le plus noble) ● le superlatif des autres adjectifs, qui sont les plus nombreux (c’est-à-dire ceux de la 1re classe en ‑us et ceux de la 2e classe à deux ou une terminaison du type fortis ou felix), se

forme en ajoutant le suffixe ‑issimus au thème au lieu de ‑simus : doctus > doct-issimus (le plus savant) fortis > fort-issimus (le plus courageux) felix > felic-issimus (le plus heureux).

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Partie 1. Comprendre le latin

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• Remarque

Quatre adjectifs très fréquents forment leur comparatif et leur superlatif sur d’autres thèmes que celui du positif. Il s’agit de : bonus (bon) malus (mauvais) paruus (petit) multi (nombreux)

melior (meilleur)

optimus (le meilleur)

peior (pire) pessimus (le pire) minor (plus petit) minimus (le plus petit) plures (plus nombreux) plurimi (les plus nombreux)

Traditionnellement, les grammaires mentionnent ici un cinquième adjectif, dont le com‐ paratif et le superlatif sont, en réalité, réguliers : magnus (grand)

maior (< *mag-ior) (plus grand)

maximus (< *mag-simus) (le plus grand)

C. Déclinaison Déclinaison du comparatif Le comparatif se décline comme un adjectif de la 2e classe à deux terminaisons ; mais, comme son thème est consonantique, on aura très normalement (tableau 7) : ● Abl. sg. en ‑e (comme la plupart des noms) et non en ‑i ; ● N. V. Acc. Nt. pl. en ‑a et non en ‑ia ; ● G. pl. en ‑um et non en ‑ium.

Tableau 7. Déclinaison du comparatif (supériorité) Sg. N. Acc.

Pl.

M. F.

Nt.

M. F.

Nt.

doctior

doctius

doctiores

doctiora

doctiorem

doctius

doctiores

doctiora

G.

doctioris

doctiorum

D.

doctiori

doctioribus

Abl.

doctiore

doctioribus

Déclinaison du superlatif Le superlatif se décline comme un adjectif de la 1re classe en ‑us, ‑a, ‑um : cf. bonus.

Chapitre 10

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D. Syntaxe Second terme de comparaison Il faut distinguer 3 cas : ● le 2e terme du comparatif d’égalité est introduit par quam ; le plus souvent, il se met au même cas que le 1er terme, car sa fonction est la même ;

Mulier tam fortis est quam uir. La femme est aussi courageuse que l’homme (est cou‐ rageux). Dico seruum tam felicem esse quam dominum. Je dis que l’esclave est aussi heureux que le maître (est heureux). ● le 2e terme du comparatif d’infériorité est aussi introduit par quam ;

Mulier minus fortis est quam uir. La femme est moins courageuse que l’homme. ● le 2e terme du comparatif de supériorité : deux constructions sont possibles. Soit le

complément : – est introduit par quam et se met au cas que sa fonction exige : Mulier fortior est quam uir. La femme est plus courageuse que l’homme. Scio mulierem fortiorem esse quam uirum. Je sais que la femme est plus courageuse que l’homme [uirum, Acc., sujet de esse sous-entendu]. – peut se mettre à l’Abl. seul, si le premier terme est au N. ou à l’Acc. Mulier fortior est uiro. La femme est plus courageuse que l’homme. Scio mulierem fortiorem esse uiro. Je sais que la femme est plus courageuse que l’homme. Le latin ne recourt à cette dernière solution que lorsque le premier terme est au N. ou à l’Acc., afin d’éviter des ambiguïtés du type : Do librum doctiori domino. Je donne le livre à quelqu’un de plus savant que le maître [où doctiori serait un COI au datif et domino le 2e terme de comparaison à l’ablatif], car cette phrase signifie également : Je donne le livre à un maître plus savant [où domino est un COI et doctiori un adjectif se rapportant à domino]. Le latin dira donc : Do librum doctiori quam domino [la présence de quam indiquant que domino ne peut être qu’un 2e terme de comparaison au datif et non un COI].

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• Remarques

1) Lorsqu’on établit une comparaison entre deux êtres ou deux choses, le latin se borne à utiliser le comparatif (et non le superlatif, comme en français) : Maior natu. Le plus grand (de deux) par la naissance, le plus âgé (de deux), l’aîné (de deux). Maximus natu. Le plus grand (de tous) par la naissance, le plus âgé (de tous), l’aîné (de tous).

2) Il arrive que le comparatif n’ait pas de second terme. Il équivaut alors au français « assez… » ou « trop… » Milites numquam fortiores sunt. Les soldats ne sont jamais trop courageux.

Complément du superlatif relatif Le complément du superlatif se met au génitif seul (cf. p. 300), ou est introduit par inter + Acc. ou ex + Abl. Omnium Gallorum fortissimi sunt Belgae (Inter omnes Gallos… Ex onmibus Gallis…). Les Belges sont les plus courageux de tous les Gaulois.

4. Récapitulation sur les déclinaisons Nous sommes ainsi arrivés à la fin de l’étude des déclinaisons régulières des noms et des adjectifs (tableau 8). Comme pour les verbes, il est possible de faire une première synthèse. Sans doute avons-nous laissé de côté certaines particularités que nous étudierons lorsque nous les rencontrerons dans les textes. Mais, dès à présent, l’essentiel est connu. Nous n’allons pas reproduire ici tous les tableaux de déclinaison déjà rencontrés. Bornons-nous à rappeler la matière étudiée. À chacun de voir s’il est capable de décliner rapidement tous les paradigmes rencontrés et de donner le genre des noms qu’il connaît. Voici pour terminer un tableau récapitulatif des différents Abl. sg., N. Nt. pl. et G. pl. des noms de la 3e déclinaison et des adjectifs de la 2e classe (tableau 9).

Chapitre 10

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Tableau 8. Les modèles des déclinaisons (noms et adjectifs) Noms 1

Adjectifs

– domina, dominae – dominus, domini

2

1 – bonus, bona, bonum

– puer, pueri

– miser, misera, miserum

– magister, magistri

– creber, crebra, crebrum

– templum, templi – rex, regis 3

2 – acer, acris, acre

– ciuis, ciuis

– fortis, fortis, forte

– corpus, corporis

– felix, felix, felix

– mare, maris 4 5

– passus, passus

Degrés des adjectifs

– cornu, cornus

doctior, doctior, doctius

– dies, diei

doctissimus, ‑a, ‑um

Tableau 9. Abl. sg., N. Nt. pl. et G. pl. des noms (3e décl.) et adjectifs (2e cl.) Adjectifs 2e classe1

Noms rex

ciuis

corpus

Participe Comparatif présent

mare

Abl. sg.

-e

-e

-e

-i

-i

-i/-e2

-e

N. Nt. pl.





-a

-ia

-ia

-ia

-a

G. pl.

-um

-ium

-um

-ium

-ium

-ium

-um

5. Les verbes déponents (1) En ce qui concerne les conjugaisons régulières aux temps de l’infectum, il reste à sys‐ tématiser la connaissance des verbes déponents, dont nous avons déjà rencontré quelques formes. Les verbes déponents sont des verbes de forme passive et de sens actif. Morphologi‐ quement, les verbes déponents ne présentent pas de difficulté nouvelle, car leurs conju‐ gaisons sont analogues à celles des verbes réguliers au passif. Ils sont cependant déroutants du point de vue du sens, parce que nous sommes portés à les traduire par des formes de sens passif.

1. Seuls quelques adjectifs de la 2e classe, à thème consonantique, ont leur Abl. sg. en ‑e (et donc leur N. Nt. pl. en ‑a et leur G. pl. en ‑um) : diues, diuitis (« riche ») ; pauper, pauperis (« pauvre ») ; uetus, ueteris (« vieux »). 2. Sur les emplois respectifs des formes en ‑i et en ‑e, cf. p. 136.

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Un verbe déponent appartient à l’une des cinq conjugaisons régulières. On retient d’abord son infinitif présent. Voici cinq verbes-types : 1 2 3 4 5

hortari, hortor uereri, uereor sequi, sequor largiri, largior pati, patior

exhorter, haranguer craindre suivre distribuer, prodiguer subir, supporter, souffrir

On remarque que l’ambiguïté entre les infinitifs de la voix active disparaît en partie : à la 2e conjugaison, la finale ‑ēre de monēre pouvait prêter à confusion avec celle de legĕre ou capĕre ; au passif, uereri est nettement distinct de sequi et de pati. Par contre, l’ambiguïté subsiste entre la 3e et la 5e conjugaison. Ici encore, il faut retenir sequi, sequor, et pati, patior. Une fois connus l’infinitif présent et, pour les 3e et 5 e conjugaisons, la 1re p. sg. de l’indicatif présent, on connaît le thème du présent (horta‑, uerē‑, sequ‑, largī‑, patĭ‑). Il suffit dès lors de conjuguer le verbe comme le passif de amare, monēre, legĕre, audire et capĕre : hortatur (comme amatur) : il exhorte uerebatur (comme monebatur) : il craignait sequetur (comme legetur) : il suivra largiuntur (comme audiuntur) : ils distribuent patiantur (comme capiantur) : qu’ils supportent. En partant du tableau de la voix passive (tableau 5), on conjugue les déponents sans difficulté. Voici, à titre d’exemple, un tableau de conjugaison où interviennent successive‐ ment les cinq verbes-types (tableau 10). Ce tableau appelle quelques remarques importantes. ● Contrairement aux autres verbes, un déponent n’a pas deux voix. Il n’existe que sous

la forme passive, avec le sens actif. L’inverse n’est pas vrai. Le latin ne peut donc expri‐ mer, avec les verbes-types que nous avons utilisés, « ils ont été exhortés », « être craint », « avoir été suivi », etc. Il faudra recourir à d’autres verbes ou à des périphrases. ● Les verbes déponents sont des verbes de forme passive, à une réserve près. Dans la conjugaison d’un verbe « normal », certaines formes n’existent pas à la voix passive. Pour qu’un verbe déponent ne soit pas dépourvu de ces formes, il ne peut que les emprunter à la voix active. Ainsi, dans le tableau 10 figurent les formes actives du par‐ ticipe présent (largiens) et du gérondif (patiendum, hortandi, uerendo, sequendo). Toutes les formes d’un verbe déponent sont donc passives, sauf : – le participe présent ; – le gérondif ; – le supin ; – l’infinitif futur et le participe futur, que nous verrons plus loin (cf. p. 189).

Chapitre 10

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Tableau 10. Conjugaison des verbes déponents Indic.

Prés.

Impft

Subj.

hortor

uerear

uereris

sequaris

sequitur

largiatur

largimur

patiamur

patimini

hortemini

hortantur

uereantur

uerebar

sequerer

sequebaris

largireris

largiebatur

pateretur

patiebamur

hortaremur

hortabamini

uereremini

uerebantur

sequerentur

Impér.

Infin.

Part.

hortare sequi

largiens

ueremini

sequar largieris Fut. s.

patietur hortabimur uerebimini sequentur Gérondif

(ad) patiendum hortandi uerendo sequendo

Adj. verbal

largiendus, ‑a, ‑um

● De même, quand on dit que les formes d’un verbe déponent ont un sens actif, il faut

faire une nouvelle réserve. Cela est vrai en effet pour toutes les formes sauf une, l’adjectif verbal ; hortandus ne signifie pas « qui doit exhorter », mais « qui doit être exhorté », comme s’il s’agissait d’un verbe normal. On dira donc que toutes les formes d’un verbe déponent ont un sens actif, sauf l’adjectif verbal. Milites hortandi erant Caesari. César devait exhorter les soldats (litt. : Les soldats devaient être exhortés par César). Dux sequendus erit militibus. Les soldats devront suivre le général (litt. : Le général devra être suivi par les soldats).

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6. Exercices Vocabulaire 1re conjugaison

2e conjugaison

arbitrari conari hortari imitari minari mirari morari

fateri polliceri tueri uereri uideri fateri polliceri

penser essayer, tenter exhorter imiter menacer qqn (D.) de qqch (Acc.) s’étonner de (Acc.) retarder, s’attarder

3e conjugaison frui, ‑or jouir de (Abl.) loqui, ‑or parler de (de + Abl.) nasci, ‑or naître obliuisci, ‑or oublier sequi, ‑or suivre, poursuivre uti, ‑or se servir de (Abl.)

avouer promettre protéger craindre, respecter sembler, paraître avouer promettre

4e conjugaison experiri essayer largiri distribuer, prodiguer mentiri mentir oriri se lever, naitre potiri se rendre maître de (Abl.)

5e conjugaison egredi, ‑ior sortir ingredi, ‑ior entrer mori, ‑ior mourir pati, ‑ior supporter, souffrir

Énoncés A. Donnez le gérondif des verbes suivants. 1. Acc. (2 formes) : arbitrari – polliceri – frui – experiri – egredi 2. G. : conari – tueri – loqui – oriri – ingredi 3. D. : imitari – uideri – nasci – potiri – mari 4. Abl. : minari – morari – sequi – uti – obliuisci

Chapitre 10

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B. Traduisez. 1. qui doit être averti (N. M. sg.)

11. meilleur (Acc. Nt. sg.)

2. qui doivent être rendues (D. F. pl.) 3. qui sont à lire (Acc. Nt. pl.) 4. qui doit être supporté (Abl. M. sg.)

12. le plus facile (V. M. sg.) 13. pire (G. Nt. pl.) 14. le plus célèbre (N. F. pl.)

5. qui doit être oubliée (Abl. F. sg.) 6. qui doit être suivi (D. Nt. sg.) 7. qui doivent être données (G. F. pl.) 8. qui sont à utiliser (Abl. Nt. pl.)

15. aussi facile (N. Nt. sg.) 16. moins petit (G. F. sg.) 17. le plus petit (Acc. Nt. sg.) 18. le plus rapide (G. M. pl.)

9. qui doit être protégé (D. M. sg.) 10. qui doivent être imités (Acc. M. pl.) C. Traduisez. 1. nous étions 2. vous changerez 3. il courra 4. ils faisaient 5. tu savais 6. être rendue 7. ils chercheront 8. tu pacifies 9. tu seras 10. viens

19. aussi beau (D. F. pl.) 20. plus grand (Acc. M. pl.)

11. croyez 12. être engendré 13. tu abandonnais 14. il aura

21. nous tenterons 22. vous imitiez 23. qu’il respectât 24. elle retardait

15. j’applaudirai 16. ils se hâtent 17. nous préparions 18. à rendre (N. Nt. sg.)

25. oublie 26. je me servirai 27. elle se rendra maître 28. tu sortais

19. pour travailler 20. pleurant (D. F. sg.)

29. que nous mourions 30. que tu supportasses

D. Traduisez en utilisant des verbes déponents. 1. tu exhortes 11. ils mentent 2. il suivra 12. nous nous étonnions 3. il craignait 13. mourant (N. M. sg.) 4. il souffrait

14. ils menaçaient

5. menaçant (N. M. sg.) 6. qui doit être suivie (G. F. sg.) 7. meurs 8. avouez

15. qu’il essayât 16. prodigue 17. il sortira 18. qu’il parlât

9. vous avouez 10. qu’il utilise E.

176

19. que nous souffrions 20. devant être encouragé

Formez le comparatif des adjectifs suivants. Beatus – miser – celer – facilis – ingens

Partie 1. Comprendre le latin

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F.

Formez le superlatif des adjectifs suivants. Durus – breuis – felix – potens – audax

G. Traduisez. 1. hortatur – amatur 2. hortare – ama H. Conjuguez. Indic. Prés. fugere hortari scribĕre

Impft

Fut. s.

3. largiendus – capiendus 4. uerebor – monebor

Subj. dolere minari sperare

uereri laborare oriri parere

nasci uidēre largiri pati

mentiri gaudere arbitrari docere frui parare obliuisci statuere polliceri

iuuare egredi augere conari dare

Impér.

5. sequetur – legetur 6. patiens – capiens

Infin.

Part.

minari

flere

reddere

sequi

debere arbitrari I. Traduisez. 1. Martialis clarior erat Catullo1. 2. Martialis poetarum clarissimus erat. 3. Martialis clarissimus erat. 4. Filius maior est quam pater. 5. Filius minus doctus est quam pater. 6. Scimus deos feliciores esse hominibus.

1. Martialis, ‑is : Martial ; Catullus, i : Catulle ; clarus, ‑a, ‑um : célèbre. Chapitre 10

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7. Homines laborando diuitias1 augent. 8. Tempus legendi. 9. Filii discunt ut patribus placeant2. 10. Patres filiis amandi sunt. 11. Liber uobis legendus est. 12. Martiali domus erit uendenda. 13. Catullo carmina ad uiuendum3 scribenda erunt. 14. Carmina tua clariora sunt quam Martialis uersus4. 15. Non sibi sed aliis5 scribit poeta. 16. Quid facietis ut meus amicus ualeat ? 17. Nemo patriam suam quia magna est amat, sed quia sua6. 18. Nauis quae in flumine magna est in mari paruula est7. 19. Viri boni omnes pares sunt8. 20. Improbus est homo qui beneficium scit accipĕre et reddĕre nescit9. 21. Naturam mutare pecunia10 nescit.

Corrigés A.

1. arbitrari, arbitrandum – polliceri, pollicendum – frui, fruendum experiri, experiendum – egredi, egrediendum 2. conandi – tuendi – loquendi – oriendi – ingrediendi 3. imitando – uidendo – nascendo – potiendo – moriendo 4. minando – morando – sequendo – utendo – obliuiscendo

1. diuitiae, ‑arum : les richesses. 2. placēre, ‑eo : plaire. 3. uiuĕre, ‑o : vivre. 4. uersus, ‑us : le vers. 5. alii, ‑orum : (les) autres. 6. nemo : personne… ne ; patria : la patrie, le pays ; quia : parce que ; sed : mais. 7. nauis, ‑is (F.) : le bateau ; flumen, ‑inis (Nt.) : le fleuve ; paruulus : tout petit. 8. omnis, ‑is, ‑e : tout, chaque. 9. improbus, ‑a, ‑um : malhonnête ; beneficium, ‑i : le bienfait. 10. pecunia : l’argent.

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B.

C.

D.

1. monendus 2. reddendis

6. sequendo 7. dandarum

11. melius 12. facillime

16. minus paruae 17. minimum

3. legenda 4. patiendo 5. obliuiscenda

8. utendis 9. tuendo 10. imitandos

13. peiorum 14. celeberrimae 15. tam facile

18. celerrimorum 19. tam pulchris 20. maiores

1. eramus 2. mutabitis 3. curret 4. faciebant 5. sciebas

9. eris 10. ueni 11. credite 12. pari 13. relinquebas

17. parabamus 18. reddendum 19. ad laborandum 20. flenti 21. conabimur

25. obliuiscere 26. utar 27. potietur 28. egrediebaris 29. moriamur

6. reddi 7. petent 8. pacas

14. habebit 15. plaudam 16. festinant

22. imitabamini 23. uereretur 24. morabatur

30. patereris

1. hortaris 2. sequetur 3. uerebatur 4. patiebatur 5. minans

11. mentiuntur 12. mirabamur 13. moriens 14. minabantur 15. conaretur

6. sequendae 7. morere 8. fatemini 9. fatemini

16. largire 17. egredietur 18. loqueretur 19. patiamur

10. utatur

20. hortandus

E. Beatior – miserior – celerior – facilior – ingentior

F. Durissimus – breuissimus – felicissimus – potentissimus – audacissimus

G. 1. il exhorte – il est aimé 2. exhorte – aime 3. devant être distribué – devant être pris

4. je craindrai – je serai averti 5. il suivra – il sera lu 6. endurant – prenant

Chapitre 10

179

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H.

fugio hortaris

doleam mineris

scribit ueremur laboratis

speret nascamur uideatis

oriuntur

largiantur

pariebam mentiebaris gaudebat

paterer iuuares egrederetur

arbitrabamur docebatis fruebantur

augeremus conaremini darent

redde minari

flens

sequimini

parabo obliuisceris statuet pollicebimur debebitis arbitrabuntur I.

1. Martial était plus célèbre que Catulle. 2. Martial était le plus célèbre des poètes. 3. Martial était très célèbre. 4. Le fils est plus grand que le (son) père. 5. Le fils est moins savant que le père. 6. Nous savons que les dieux sont plus heureux que les hommes. 7. En travaillant (= par leur travail), les hommes augmentent leurs richesses. 8. Le temps de lire. 9. Les fils étudient pour plaire à leur père (litt. : leurs pères). 10. Les fils doivent aimer leur père (litt. : leurs pères). 11. Vous devez lire le livre. 12. Martial devra vendre sa maison. 13. Catulle devra écrire des poèmes pour vivre. 14. Vos poèmes sont plus célèbres que les vers de Martial. 15. Le poète n’écrit pas pour lui, mais pour les autres. 16. Que ferez-vous pour que mon ami se porte bien ? 17. Personne n’aime son pays parce qu’il est grand, mais parce que c’est le sien. 18. Le bateau qui est gros sur le fleuve est tout petit sur la mer.

180

Partie 1. Comprendre le latin

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19. Tous les hommes de bien sont égaux. 20. Il est malhonnête, l’homme qui peut accepter un bienfait et ne peut le rendre. 21. L’argent ne peut modifier la nature.

Chapitre 10

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Chapitre 11 Le parfait – Le supin Les participes parfait et futur Nous avons vu au chapitre 2 (p. 49) que la conjugaison latine est bâtie sur deux thèmes, ceux de l’infectum et du perfectum, qui expriment l’action sous un angle différent, qui en définissent un aspect. Le thème de l’infectum, sur lequel sont formés le présent, l’imparfait et le futur simple de l’indicatif, caractérise l’action en cours, inachevée ou qui dure. Le thème du perfectum, sur lequel sont formés le parfait, le plus-que-parfait et le futur anté‐ rieur de l’indicatif à la voix active, caractérise, par opposition, l’action achevée, momenta‐ née. En français, on peut distinguer : « Je lis, je lisais, je lirai » : l’action est (était, sera) en train de se dérouler ; « J’ai lu, j’avais lu, j’aurai lu » : l’action est (était, sera) achevée. En latin, ces deux thèmes constituent, avec une forme particulière du verbe (le supin), la base de toute la conjugaison ; c’est pourquoi l’indicatif présent, l’indicatif parfait et le supin sont appelés les temps primitifs du verbe. Pour identifier un verbe sans risque d’erreur, il faut donc absolument connaître, outre son infinitif présent, ses temps primitifs. Nous étudierons successivement les temps du perfectum et le supin : parfait et supin (cha‐ pitre 11), plus-que-parfait et futur antérieur (chapitre 12).

1. Le parfait A. Équivalents français Le parfait peut se traduire, selon les cas, par trois temps français : ● le passé simple : exprime un fait passé considéré dans son ensemble, sans qu’un rapport

soit établi avec le présent. Un jour, le rat de ville invita le rat des champs.

Chapitre 11

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● le passé composé : exprime un fait passé, achevé au moment où l’on parle et qu’on

présente comme relié au présent (par les conséquences ou le résultat de l’action). Ce matin, j’ai réussi mon examen. ● le passé antérieur : exprime un fait achevé au moment où un autre fait passé s’est

produit ; le passé antérieur, qui s’emploie presque toujours dans des propositions subor‐ données de temps, marque une antériorité par rapport à un autre fait passé (souvent exprimé par un passé simple). Quand il eut mangé, il partit. [à ne pas confondre avec « Bien qu’il eût mangé… » : subj. plus que-pft].

B. Conjugaison Prenons amare à la 1re p. sg. de l’indicatif parfait actif : amaui. Cette forme équivaut au fr. « j’ai aimé » (passé composé), « j’aimai » (passé simple), « j’eus aimé » (passé antérieur). De même, monui « j’ai averti, j’avertis, j’eus averti » ; legi : « j’ai lu, etc. » ; audiui : « j’ai entendu, etc. » ; cepi : « j’ai pris, etc. ». La conjugaison de l’indicatif est identique pour tous les verbes (tableau 1). Au thème du parfait, on ajoute les désinences : Sg.

Pl.

1 2 3 1 2

-i -isti -it -imus -istis

3

-erunt1

Tableau 1. Conjugaison de l’indicatif parfait amaui

monui

legi

audiui

cepi

fui

amauisti

monuisti

legisti

audiuisti

cepisti

fuisti

amauit

monuit

legit

audiuit

cepit

fuit

amauimus

monuimus

legimus

audiuimus

cepimus

fuimus

amauistis

monuistis

legistis

audiuistis

cepistis

fuistis

amauerunt

monuerunt

legerunt

audiuerunt

ceperunt

fuerunt

1. ‑erunt vient, bien entendu, de *-isunt (cf. p. 76-77, 200).

184

Partie 1. Comprendre le latin

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C. Formation À partir du thème du perfectum, on forme de manière tout à fait régulière le parfait, le plus-que-parfait et le futur antérieur actifs. La seule difficulté consiste à connaître le thème, qui se forme de différentes manières à partir de celui de l’infectum et qui, à la suite de modifications d’ordre phonétique, n’est pas toujours immédiatement reconnaissable. Il y a cependant certaines tendances, dont la connaissance peut faciliter la mémorisation, la compréhension et l’analyse de ces formes. Il ne s’agit donc pas de règles automatiques destinées à vous permettre de former vous-mêmes le parfait des verbes latins : il faut tou‐ jours avoir recours au dictionnaire. ● Aux 1re, 2e et 4e conjugaisons, le parfait se forme en ajoutant ‑u‑ au thème du présent,

puis la désinence : amare > ama-u-i > amaui, amauisti… delēre > dele-u-i > deleui, deleuisti… audire > audi-u-i > audiui, audiuisti1… Mais, à ces mêmes conjugaisons, la voyelle finale du thème peut disparaître ; le ‑u‑ n’est plus alors entre voyelles : dans ce cas, il prend lui-même une valeur vocalique. Ainsi : uetare ne donne pas *ueta-u-i, mais uet-u-i > uetui, uetuisti… monēre ne donne pas *mone-u-i, mais mon-u-i > monui, monuisti… aperire ne donne pas *aperi-u-i, mais aper-u-i > aperui, aperuisti…

• Remarques

1) À la 1re conjugaison, on n’observe que peu d’exceptions parmi les verbes fréquents. Signalons : dare, dedi : donner ; iuuare, iuui : aider ; stare, steti : se tenir debout.

2) À la 2e conjugaison, le type monui est beaucoup plus fréquent que l’autre (deleui). ● De nombreux verbes de la 3e conjugaison (à thème consonantique, du type leg-ĕ-re)

forment leur parfait par l’ajout d’un ‑s‑ au thème du présent, ce qui entraîne souvent des altérations. Ainsi : regĕre > *reg-s-i > rexi, rexisti… scribĕre > *scrib-s-i > scripsi, scripsisti…

1. Entre voyelles de même timbre, le u [w] est souvent devenu caduc : ainsi audiui > audii ; audiuisti > audiisti > audisti (avec contraction de ‑ii‑ en ‑i-) ; deleuerunt > delerunt (avec contraction de ‑ee‑ en ‑e-). À la 3e p. pl., on rencontre aussi des formes comme audierunt au lieu d’audiuerunt. Ce phénomène (disparition du u intervoca‐ lique), particulièrement fréquent au parfait de la 4e conj., est appelé syncope. Chapitre 11

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dicĕre > *dic-s-i > dixi, dixisti… ducĕre > *duc-s-i > duxi, duxisti… ● Le parfait se forme aussi par redoublement, en répétant la consonne initiale du thème

et la voyelle qui suit. Ici aussi, certaines altérations peuvent se produire (la voyelle du thème changeant de timbre pour des raisons d’accent). Ainsi : dare > dedi, dedisti… stare > steti, stetisti… parcĕre > peperci, pepercisti… parĕre > peperi, peperisti… ● Enfin, le parfait peut être caractérisé par l’allongement de la voyelle du thème, avec ou

sans modification de timbre : uĭdēre > uīdi lĕgĕre > lēgi ăgĕre > ēgi uĕnire > uēni căpĕre > cēpi făcĕre > fēci etc.

2. Le supin A. Définition Le supin est une forme nominale intégrée au système verbal ; c’est un nom d’action : monitus, de monēre, c’est l’action d’avertir, l’avertissement. Le supin est peu fréquent comme tel en latin classique ; nous étudierons ses emplois plus tard (cf. p. 363). Mais son thème sert à former une bonne partie de la conjugaison. De là l’importance du supin. On le mémorise à l’accusatif (amatum, monitum, etc.) ; son thème s’obtient en supprimant la désinence ‑um : amat-um. Les temps primitifs complets des verbes-types que nous avons étudiés sont donc les suivants : amare, amo, amaui, amatum monēre, moneo, monui, monitum legĕre, lego, legi, lectum audīre, audio, audiui, auditum capĕre, capio, cepi, captum.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Chaque verbe doit être étudié sous cette forme. À première vue, l’effort de mémorisation à fournir paraît redoutable. En réalité, nous disposons de plusieurs moyens pour faciliter cette mémorisation.

B. Formation En général, on peut dire que : ● les verbes dont le parfait est en ‑aui (1re conj.), ‑eui (2e conj.) et ‑iui (4e conj.) forment

leur supin en ajoutant la finale ‑tum au thème du présent : amare, amaui, ama-tum delēre, deleui, dele-tum audire, audiui, audi-tum ● les verbes dont le parfait est en ‑ui forment leur supin en ajoutant ‑itum au radical1 :

uetare, uetui, uet-itum monēre, monui, mon-itum habēre, habui, hab-itum debēre, debui, deb-itum ● les verbes dont le parfait est en ‑si forment leur supin en ajoutant ‑tum (parfois ‑sum)

au thème du présent, avec certaines altérations phonétiques possibles : regĕre, rexi, *reg-tum > rec-tum scribĕre, scripsi, *scrib-tum > scrip-tum dicĕre, dixi, dic-tum cedĕre, *ced-si > cessi, *ced-sum > ces-sum. Une fois encore, il ne s’agit ici que de tendances générales, qui n’ont rien d’automatique. Elles ne peuvent servir à construire soi-même des formes, mais elles permettent de mieux identifier et de retenir plus rapidement certaines formes verbales. À cet égard, la mémo‐ risation du supin peut être considérablement facilitée par le recours à des mots français qui en sont dérivés (directement ou non). Ceux-ci sont particulièrement nombreux : amatum monitum lectum auditum captum

amateur moniteur, prémonition lecteur, lecture auditeur, audition capture

1. À noter que aperire fait aperui, mais apertum. Chapitre 11

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La dérivation à partir du thème du supin explique bien des phénomènes orthographiques en français, par exemple les graphies « ‑sion » (< sup. ‑sum), « ‑tion » (< sup. ‑tum) et « ‑xion » (sup. ‑xum) : mittĕre (envoyer) fundĕre (fondre) ducĕre (conduire) flectĕre (courber, tourner)

sup. missum sup. fusum sup. ductum sup. flexum

mission (ad‑, com‑, dé‑, ré‑) fusion (con‑, pro‑) adduction (dé‑, in‑, pro‑, ré‑) flexion (in‑, ré‑)

C. Distribution des thèmes verbaux dans la conjugaison Les tableaux 2 et 3 donnent la distribution des trois thèmes (Pr. : présent ; Pft : parfait ; S : supin)1 qui interviennent dans la conjugaison latine. Tableau 2. Thèmes employés dans la conjugaison active Indic.

Subj.

Impér.

Infin.

Part.

Prés.

Pr.

Pr.

Pr.

Pr.

Pr.

Impft

Pr.

Pr. S.

S.

Fut. s.

Pr.

Pft

Pft

Pft

Pr.

P-q-pft

Pft

Pft

Fut. ant.

Pft

Pft Gérondif : Pr. Supin : S.

Tableau 3. Thèmes employés dans la conjugaison passive Indic.

Subj.

Impér.

Infin.

Prés.

Pr.

Pr.

Pr.

Pr.

Impft

Pr.

Pr.

Fut. s.

Pr.

Pft

S.

S.

P-q-pft

S.

S.

Fut. ant.

S.

Part.

S. S.

S.

Adjectif verbal : Pr.

1. Comme nous venons de le voir, un verbe latin ne compte en réalité que deux thèmes : celui de l’infectum (présent, etc.) et du perfectum (parfait, etc.). Le supin, qui, d’un point de vue linguistique, est une forme particulière dérivée du thème de l’infectum, sert à former les temps du perfectum à la voix passive. C’est donc par pure com‐ modité que nous parlerons ici de trois thèmes.

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Partie 1. Comprendre le latin

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3. Les participes parfait et futur A. Le participe parfait Il ressort des tableaux de la page précédente que le thème du parfait ne concerne que la voix active. Quant au thème du supin, il est essentiellement utilisé à la voix passive parce qu’il sert à former le participe parfait passif, qui intervient lui-même dans la formation de la voix passive aux temps du perfectum ; voilà pourquoi, en réalité, le thème du supin est si important. Le participe parfait n’existe qu’à la voix passive. Pour le former, on ajoute au thème du supin les terminaisons ‑us, ‑a, ‑um. Ce participe se décline comme un adjectif de la 1re classe : amat-us monit-us lect-us audit-us capt-us

ayant été aimé, qui a été aimé, aimé ayant été averti, etc. ayant été lu, etc. ayant été entendu, etc. ayant été pris, etc.

Au neutre pluriel, le participe parfait passif est souvent substantivé : amata lecta audita capta

les choses aimées, qui sont chères les choses lues, la lecture les choses entendues, ce qu’on a entendu les choses prises, le butin

B. Le participe futur Le latin possède en outre un participe futur actif, qu’on forme en ajoutant ‑urus, ‑ura, ‑urum au thème du supin : amaturus, capturus signifient « qui va aimer (prendre), sur le point d’aimer (de prendre) ». Employé avec esse, le participe futur sert notamment à expri‐ mer un futur rapproché ou une intention : amaturus sum (eram)…, « je vais (j’allais) aimer, j’ai (j’avais) l’intention d’aimer ». On remarquera que le latin ne dispose pas des mêmes participes que le français ; en particulier, il n’a ni participe présent passif ni participe parfait actif (tableau 4). Comme nous l’avons signalé plus haut (cf. p. 173), la répartition des participes des verbes déponents n’est pas exactement la même que celle des autres verbes (tableau 5).

Chapitre 11

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Tableau 4. Participes des verbes réguliers

Actif Passif

Passé

Présent

Futur

ayant aimé

aimant





amans

amaturus

ayant été aimé

étant aimé



amatus



[amandus]

Tableau 5. Participes des verbes déponents

Actif

Passif

Passé

Présent

Futur

ayant exhorté

exhortant



hortatus

hortans

hortaturus

ayant été exhorté

étant exhorté







[hortandus]

En latin, il n’est donc pas possible d’exprimer « étant aimé » ou « ayant aimé » en recou‐ rant au verbe amare, car ces formes du participe n’existent pas. De même, en utilisant hortari, on ne peut traduire « étant exhorté » ou « ayant été exhorté ». Le latin recourt à d’autres formes ou d’autres tournures : ● l’adjectif verbal compense dans une certaine mesure l’absence de participe futur passif :

amandus, « qu’on doit aimer », équivaut dans certains contextes à « qui sera aimé » ; ● une tournure passive peut souvent être transformée en tournure active :

Caesare milites hortato… (ablatif absolu). César ayant exhorté ses soldats… Les soldats ayant été exhortés par César… ● la proposition relative et certaines propositions subordonnées introduites par une

conjonction peuvent équivaloir à un participe ou à une proposition participiale : Is qui amauit. Celui qui a aimé (= ayant aimé). Cum Caesar milites hortatus esset… Comme César avait exhorté ses soldats… (= Les soldats ayant été exhortés par César… ; cf. p. 340).

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Partie 1. Comprendre le latin

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4. Exercices Énoncés A. Analysez les formes en consultant le dictionnaire et traduisez. 1. dedimus 11. scribet 21. captum 31. captis 2. audiui 12. capies 22. capitum 32. capitis 3. redditis 13. capietur 23. dando 33. uideretur 4. legitis 14. ducimus 24. legi 34. essetis 5. legistis 6. reddebatur 7. monuerunt 8. laudauistis 9. cepisti 10. legimus

B. Traduisez. 1. tu fus 2. tu es 3. tu seras 4. ils ont pris 5. ils prirent 6. il eut averti 7. aimées (D.) 8. vous aimez 9. vous viendrez 10. nous avons dit 11. en travaillant 12. pour lire 13. disant (G. sg.) 14. pris (D. pl.)

15. ueni 16. auditum 17. audientium 18. detis

25. legis 26. ducetur 27. lecti 28. hortans

35. ames 36. fugiens 37. fugient 38. fugit

19. deis 20. captorum

29. ad scribendum 30. flentia

39. fuit 40. esto

15. vous prenez 16. donnés (Abl.) 17. vous donnez 18. rends

29. que je sois aimé 30. nous eûmes 31. pour écrire 32. on doit t’aimer

19. nous avions 20. nous avons crié 21. en donnant 22. osant (G. pl.)

33. donnez 34. vous serez entendus 35. nous prîmes 36. il eut aimé

23. vous avez pris 24. être pris 25. qu’il fût pris 26. qu’il soit entendu 27. que je fusse averti 28. par la lecture

37. tu as entendu 38. que je fusse pris 39. pour donner 40. soyons courageux

Chapitre 11

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C. Donnez les temps primitifs des verbes, puis trouvez, si possible, un mot français formé sur le thème du supin. 1. debēre 6. narrare 2. sperare 7. munire 3. punire 8. uocare 4. cogitare 5. habēre

9. praebēre 10. errare

D. Analysez et traduisez les formes. 1. praebitum 6. scriptis 2. scripsisti 7. fugi 3. timui 8. nocuit 4. manui 9. habita 5. uidimus

10. daturi sumus

11. laborare 12. creare 13. parare

16. nocēre 17. terrēre 18. scire

14. rogare 15. spectare

19. dubitare 20. mandare

11. sepeliendus 12. sciuit 13. terruerunt 14. futurus

16. lectorum 17. legum 18. deleta 19. delenda

15. monitis

20. delentia

E. Corrigez les fautes qui se sont glissées dans ces phrases. 1. Vires boni omnes pari sunt. 2. Lībenter hominis quod uolunt credent. 3. Nauis qui in flumini magna est, in mare paruulus sunt. 4. Redde Caesaris quae sint Caesari. 5. Bonus uinum cordem hominum laetificat. F. Traduisez. 1. Les têtes des rois ne sont pas toujours1 dures. 2. Les écrits que tu lis resteront. 3. Le mauvais vin est un poison. 4. Personne n’obéit à la loi parce qu’elle est dure, mais parce qu’elle est la loi. 5. Toutes les haines ne sont pas égales. 6. Toutes les femmes n’aiment pas les hommes. 7. Les navires qui sont sur la mer sont beaux, mais2 les temples qui sont sur la terre3 sont petits. 8. Tu enseignes, donc tu souffres.

1. toujours ; semper. 2. mais : at. 3. sur la terre (ferme) : in continenti (terra).

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Partie 1. Comprendre le latin

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G. Dans chaque groupe, formez dix paires différentes en associant un adjectif avec un nom, donnez-en l’analyse et traduisez. 1. arte bone capitibus bonarum honos celeres legum mundum passus pater

certus facili felicium ingens

poetarum puellae templum 2. corpora deos duci equis hominem iniuriae

liberum magnos paruis celeribus felicissimas grauioris forti ingenti liberum

morum mulieres mundo puerorum

multorum potentiores sana turpium

H. Traduisez. 1. Do, ut des. 2. Pueri non audiebant uerba quae magister dicebat. 3. Nuntium, cuius equum uidebamus, celerem esse sciebamus. 4. Delenda est Carthago1. 5. Dolor animi morbus grauior est quam corporis2. 6. In uenere semper certant dolor et gaudium3. 7. Durum est negare, superior cum supplicat4. 8. Melior est canis uiuus leone mortuo5.

1. Carthago, ‑inis : Carthage. 2. dolor, ‑oris : la douleur ; morbus, ‑i : la maladie. 3. uenus, ‑eris (Nt.) ; l’amour ; certare : se battre ; gaudium : la joie. 4. superior (comparatif substantivé) : le supérieur ; cum + indic. : lorsque ; supplicare : supplier. 5. canis, ‑is : le chien ; uiuus, ‑a, ‑um : vivant ; leo, ‑onis ; le lion ; mortuus, ‑a, ‑um : participe parfait de mori, ‑ior (mourir). Chapitre 11

193

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Corrigés A.

B.

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1. nous avons donné (pft de dare) ; nous livrons (prés. de dedĕre, ‑o) 2. j’ai entendu 3. vous rendez 4. vous lisez

21. prendre (supin) ; pris (Acc. M. sg., N. Acc. Nt. sg.) 22. les têtes (G. pl.) 23. pour donner ; en donnant 24. je lus ; être lu ; la loi (D. sg.)

5. vous avez lu 6. il était rendu 7. ils ont averti

25. tu lis ; la loi (G. sg.) 26. il sera conduit 27. lu (G. M. Nt. sg.) ; lus (N. V. M. pl) ; le lit (G. sg., N. pl. de lectus, ‑i)

8. vous avez loué 9. tu as pris 10. nous lisons ; nous avons lu 11. il écrira 12. tu prendras 13. il sera pris 14. nous conduisons 15. viens ; je suis venu 16. entendre (supin) ; entendu (Acc. M. sg. ; N. Acc. Nt. sg.)

28. exhortant (N. M. F. Nt. sg.) 29. pour écrire 30. pleurant (N. V. Acc. Nt. pl.) 31. pris (D. Abl. pl.) 32. la tête (G. sg.) ; vous prenez 33. qu’il fût vu ; qu’il semblât 34. que vous fussiez 35. que tu aimes 36. fuyant (N. M. sg. ; N. V. Acc. Nt. sg.)

17. entendant (G. M. F. Nt. pl.) 18. que vous donniez 19. les dieux (D. Abl. pl.) 20. pris (G. M. Nt. pl.)

37. ils fuiront 38. il fuit (présent ; parfait) 39. il fut 40. sois

1. fuisti

11. laborando

21. dando

31. scribendo ; ad scribendum

2. es 3. eris 4. ceperunt 5. ceperunt

12. ad legendum 13. dicentis 14. captis 15. capitis

22. audentium 23. cepistis 24. capi 25. caperetur

32. amandus es 33. date 34. audiemini 35. cepimus

6. monuit 7. amatis 8. amatis 9. uenietis

16. datis 17. datis 18. redde 19. habebamus

26. audiatur 27. monerer 28. legendo 29. amer

36. amauit 37. audiuisti 38. caperer 39. dando ; ad dandum

10. diximus

20. clamauimus

30. habuimus

40. fortes simus

Partie 1. Comprendre le latin

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C.

1. debēre, debeo, debui, debitum (débiteur) 2. sperare, spero, speraui, speratum (‑) 3. punire, punio, puni(u)i, punitum (punition) 4. cogitare, cogito, cogitaui, cogitatum (cogitation) 5. habēre, habeo, habui, habitum (habitation) 6. narrare, narro, narraui, narratum (narration) 7. munire, munio, muni(u)i, munitum (munition) 8. uocare, uoco, uocaui, uocatum (vocation) 9. praebēre, praebeo, praebui, praebitum (‑) 10. errare, erro, erraui, erratum (errata : liste d’erreurs) 11. laborare, laboro, laboraui, laboratum (laboratoire) 12. creare, creo, creaui, creatum (création) 13. parare, paro, paraui, paratum (préparation) 14. rogare, rogo, rogaui, rogatum (dérogation) 15. spectare, specto, spectaui, spectatum (spectateur) 16. nocēre, noceo, nocui, nocitum (‑) 17. terrēre, terreo, terrui, territum (‑) 18. scire, scio, sci(u)i, scitum (‑) 19. dubitare, dubito, dubitaui, dubitatum (dubitatif) 20. mandare, mando, mandaui, mandatum (mandataire)

D. 1. Supin de praebēre : le fait de fournir. 2. 2e p. ind. pft act. de scribĕre, ‑o : tu écrivis. 3. 1re p. sg. ind. pft de timēre : je craignis. 4. D. sg. de manus, ‑us : la main. On pourrait être tenté de voir dans ce mot la 1re p. sg. ind. pft act. de manēre, mais les temps primitifs de ce verbe sont mansi, mansum.

5. 1re p. pl. ind. pft act. de uidēre (et non 1re p. pl. ind. prés. act. de *uidĕre, qui n’existe pas) : nous vîmes. 6. D. Abl. pl. du part. pft passif de scribĕre, ‑o : écrit(e)s. 7. Inf. prés. passif de fugĕre, ‑io (fuir), mais aussi 1re p. sg. ind. pft act. du même verbe : être fui ; j’ai fui.

8. 3e p. sg. ind. pft act. de nocēre (nuire) : il nuisit. 9. N. V. Abl. F. sg. ou N. V. Acc. Nt. pl. du part. pft passif de habēre : eue ; eus. Vous ne savez pas encore qu’il existe un verbe habitare, dont la forme habita est la 2e p. sg. imp. prés. act. : habite. 10. N. M. pl. du part. fut. act. de dare avec le verbe esse : nous sommes sur le point de donner ; nous allons donner. 11. Adj. verbal de sepelire : devant être enseveli, qui doit être enseveli. Chapitre 11

195

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12. 3e p. sg. ind. pft act. de scire (savoir) : il sut. 13. 3e p. pl. ind. pft act. de terrēre (effrayer) : ils effrayèrent. 14. N. M. sg. du part. fut. de esse : qui sera. 15. D. Abl. pl. du part. pft passif de monēre : averti(e)s. 16. G. M. Nt. pl. du part. pft passif de legĕre, ‑o : lus ; mais aussi G. pl. de lector, ‑oris (le lecteur) ou de lectus, ‑i (le lit). 17. G. pl. de lex, legis : la loi ; le supin de legĕre, ‑o n’est pas legum mais lectum. 18. N. V. Abl. F. sg. ou N. V. Acc. Nt. pl. du part. pft passif de delēre : détruite ; détruits. 19. N. V. Abl. F. sg. ou N. V. Acc. Nt. pl. de l’adj. verb. de delēre : qui doit être détruite ; qui doivent être détruits. 20. N. V. Acc. Nt. pl. du part. prés. act. de delēre : détruisant. E.

1. uiri – pares 2. homines – credunt 3. quae – flumine – mari – paruula – est

4. Caesari – sunt – Caesaris 5. bonum – cor

F.

1. Regum capita non semper dura sunt. 2. Scripta quae legis manebunt. 3. Malum uinum uenenum (est). 4. Nemo legi paret quia dura est, sed quia lex (est). 5. Omnia odia non paria sunt. 6. Omnes mulieres homines non amant. 7. Naues quae sunt in mari pulchrae sunt, at templa quae sunt in continenti parua sunt. 8. Doces, ergo doles.

G. arte facili (Abl. sg.) capitibus paruis (D. Abl. pl.) honos certus (N. sg.) legum bonarum (G. pl.) mundum liberum (Acc. sg.)

196

l’art facile les petites têtes l’honneur certain les bonnes lois le monde libre

passus magnos (Acc. pl.) pater bone (V. sg.) poetarum felicium (G. pl.) puellae celeres (N. V. pl.)

les grands pas bon père les poètes heureux les jeunes filles rapides

templum ingens (N. V. Acc. sg.)

le temple immense

celeribus equis (D. Abl. pl.) felicissimas mulieres (Acc. pl.)

les chevaux rapides les femmes les plus heureuses

Partie 1. Comprendre le latin

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forti duci (D. sg.) grauioris iniuriae (G. sg.) ingenti mundo (D. Abl. sg.) liberum hominem (Acc. sg.) multorum puerorum (G. pl.)

le général courageux l’injustice plus grave le monde immense l’homme libre les nombreux enfants

potentiores deos (Acc. pl.) sana corpora (N. V. Acc. pl.) turpium morum (G. pl.)

les dieux plus puissants les corps sains les mœurs honteuses

H. 1. Je donne pour que tu donnes [pratiquer le do ut des, c’est donner une chose dans l’intention d’en recevoir une autre]. 2. Les enfants n’entendaient pas les mots que le maître (leur) disait. 3. Nous savions que le messager, dont nous voyions le cheval, était rapide. 4. Carthage doit être détruite. Il faut détruire Carthage [parole célèbre de Caton l’Ancien s’adressant au sénat romain pour le presser d’anéantir l’ennemi de Rome]. 5. La douleur de l’âme est une maladie plus grave que celle du corps. 6. En amour, la douleur et la joie sont toujours en lutte. 7. Il est difficile de dire non, quand (c’est) un supérieur (qui) supplie. 8. Un chien vivant vaut mieux (litt. : est meilleur) qu’un lion mort.

Chapitre 11

197

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Chapitre 12 Les autres temps du perfectum actif Les compléments de lieu et de temps Comme le montrent les deux tableaux de la p. 188, le thème du parfait n’apparaît qu’à la voix active. Il sert à former cinq temps-modes personnels et l’infinitif parfait. Rappelons que cette formation est identique pour toutes les conjugaisons : le verbe amare, qui va servir d’exemple, pourrait être remplacé par n’importe quel autre verbe.

1. Les autres temps du perfectum actif Tableau 1. Conjugaison de amare (perfectum actif) Indicatif

Parfait

Plus-que-parfait1

Subjonctif

amau-i

amau-erim

amau-isti

amau-eris

amau-it

amau-erit

amau-imus

amau-erimus

amau-istis

amau-eritis

amau-erunt

amau-erint

amau-eram

amau-issem

amau-eras

amau-isses

amau-erat

amau-isset

amau-eramus

amau-issemus

amau-eratis

amau-issetis

amau-erant

amau-issent

Infinitif

amau-isse

amau-ero amau-eris Futur antérieur2

amau-erit amau-erimus amau-eritis amau-erint

1. Le plus-que-parfait exprime un fait achevé avant un autre fait dans le passé (antériorité), mais il ne fait pas référence au début de l’action (contrairement au passé antérieur). C’est, en quelque sorte, un passé plus lointain que le passé antérieur : « Il avait écrit sa lettre quand sa mère entra. Dès qu’il eut écrit sa lettre, sa mère entra. » 2. Le futur antérieur exprime un fait qui sera accompli, dans le futur, avant un autre fait : « Je dépenserai l’argent que j’aurai gagné. » Chapitre 12

199

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On remarquera (tableau 1) que toutes les formes du perfectum autres que l’indicatif parfait comportent, après le thème (amau‑), un élément ‑er‑ ou ‑is‑. Il s’agit en réalité, à l’origine, d’un seul et même morphème ‑is‑, devenu ‑er‑ devant voyelle sous l’effet de deux lois phonétiques que vous connaissez : le rhotacisme (‑s‑ intervocalique > ‑r‑) et le passage de ĭ à ĕ devant r. Donc *amau-ĭs-is > *amau-ĭr-is > amau-ĕr-is, mais amau-is-ses reste inchangé.

• Remarque

Le subjonctif parfait et l’indicatif futur antérieur ont des formes identiques (amaueris, amauerit…), sauf à la 1re p. sg. (amauerim et amauero).

Si l’on se rappelle les temps primitifs des autres paradigmes, on formera de la même manière : monui

legi

audiui

cepi

fui

monueram

legeram

audiueram

ceperam

fueram

monuero

legero

audiuero

cepero

fuero

monuerim

legerim

audiuerim

ceperim

fuerim

monuissem

legissem

audiuissem

cepissem

fuissem

monuisse

legisse

audiuisse

cepisse

fuisse

Voici quelques temps primitifs importants : uidēre, ‑eo agĕre, ‑o dicĕre, ‑o mittĕre, ‑o uincĕre, ‑o

uidi egi dixi misi uici

uisum actum dictum missum uictum

voir faire dire envoyer vaincre

uenire,-io facĕre, ‑io esse, sum

ueni feci fui

uentum factum (futurus)1

venir faire être

On connaît le mot fameux de César après une victoire rapidement acquise en Asie : Veni, uidi, uici (« Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. »).

1. Il arrive qu’un verbe soit dépourvu de supin, ce qui est souvent le signe qu’il ne possède pas de voix passive (comme esse), mais qu’il possède néanmoins un infinitif futur actif (formé, en principe, sur le thème du supin). Dans ce cas, les grammaires, pour permettre malgré tout une conjugaison « complète », donnent le participe futur, s’il existe : stare, ‑o, steti, staturus, « se tenir debout » ; dolēre, ‑eo, dolui, doliturus, « souffrir », ou, à défaut, le supin d’un autre verbe : bibĕre, ‑o, bibi, potum (de potare), « boire » ; refellĕre, ‑o, refelli, refutatum (de refutare), « réfuter ».

200

Partie 1. Comprendre le latin

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2. Les compléments de lieu et de temps A. Les compléments de lieu Nous avons déjà rencontré plusieurs exemples de compléments circonstanciels de lieu et de temps : Ab ouo. À partir de l’œuf [= depuis le début]. Mens sana in corpore sano. Un esprit sain dans un corps sain. Per ardua ad astra. Par (à travers) les difficultés vers les astres. Non est ad astra mollis e terris uia. Il n’y a pas de route facile de la terre vers les astres. Un complément circonstanciel de lieu peut exprimer : ● l’endroit où l’on est (situation) : je suis en Italie. ● l’endroit où l’on va (direction) : je vais en Italie. ● l’endroit d’où l’on vient (origine) : je sors d’Italie. ● l’endroit par lequel on passe (passage) : je vais en Suisse par l’Italie.

En latin, ces quatre compléments s’expriment grâce à des prépositions : ● situation : in + ablatif ● direction : in + accusatif ● origine : e(x) + ablatif ● passage : per + accusatif

Schématiquement :

in agro

in agrum

ex agro per agrum

Mens sana in corpore sano. Un esprit sain dans un corps sain. Caesar ex Italia in Galliam peruenit. César arrive d’Italie en Gaule. Hannibal in Italiam per Alpes peruenit. Hannibal arrive en Italie par les Alpes. Le complément de lieu peut aussi désigner le lieu près duquel on est, vers lequel on va, dont on s’éloigne, près duquel on passe. Il s’agit bien de compléments de lieu, mais cette fois extérieurs à l’objet considéré. Le latin recourt, dans ce cas, à d’autres prépositions : ● situation : ad ou apud + accusatif ● direction : ad + accusatif

Chapitre 12

201

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● origine : a(b) + ablatif ● passage : praeter + accusatif

Schématiquement : apud (ad) agrum

ad agrum

ab agro

praHteragrum

Pugna apud lacum Trasumenum. La bataille (près) du lac Trasimène. Caesar ad Ariouistum legatos mittit. César envoie des ambassadeurs à (vers, auprès de) Arioviste. A Caesare uenio. Je viens de chez César. Praeter urbem copias ducit. Il fait passer ses troupes devant (le long de) la ville.

B. Les principaux compléments de temps On peut distinguer quatre espèces de compléments, qui expriment respectivement : ● le moment auquel l’action se passe. Il répond à la question « quand ? » (quando ?) :

Le coq chante au lever du soleil. Le train partira à cinq heures. ● le temps nécessaire à l’accomplissement de l’action. Il répond à la question « en combien

de temps ? » (quanto tempore ?) : Le tunnel a été creusé en six mois. La maison fut construite en un an. ● la durée de l’action. Il répond à la question « pendant combien de temps ? » (quamdiu ?) :

Il a travaillé toute sa vie. Il a agonisé pendant dix jours. ● dans quelles limites de temps (délai) un événement se produit : « en combien de jours,

d’années » (intra quot dies, annos, etc.) : En une heure, j’ai pleuré deux fois. Il est rare que l’on se casse une jambe deux fois en une journée. Les deux compléments n’expriment pas ici le temps nécessaire à l’accomplissement de l’action, mais le laps de temps pendant lequel un événement se produit.

202

Partie 1. Comprendre le latin

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En latin, ces compléments s’expriment de la manière suivante : ● moment : ablatif ; ● temps nécessaire : ablatif ; ● durée : accusatif (parfois précédé de per) ou ablatif ; ● dans quelles limites de temps : intra + accusatif.

Aestate pueri si ualent, satis discunt1. En été, si les enfants sont en bonne santé, ils en apprennent assez. Omnia promittis cum tota nocte bibisti2. Tu promets tout quand tu as bu toute la nuit. Decem diebus urbem ceperunt. Il prirent la ville en dix jours. (Per) decem annos in prouincia fuisti (Decem annis…). Tu as été en province pendant dix ans. Annum quartum regnat pater meus. Mon père règne pour la quatrième année (donc : Il y a trois ans accomplis que mon père est roi. Mon père est roi depuis trois ans). Intra decem annos, unum librum legi. En dix ans, j’ai lu un seul livre.

3. Exercices Énoncés A. Traduisez. 1. il est venu 2. il vient 3. je suis venu 4. viens 5. ils sont venus 6. ils sont pris 7. ils avaient vu 8. ils auront vu 9. être vaincu 10. avoir vaincu

11. avoir vu 12. être vu 13. qu’il ait pris 14. il aura pris

21. qu’il eût écouté 22. qu’il fût écouté 23. il pleurait 24. il avait pleuré

15. être lu 16. j’ai lu 17. être 18. avoir été

25. qu’ils aient appelé 26. qu’ils soient appelés 27. nous aurons détruit 28. nous serons détruits

19. tu es pris 20. tu auras pris

29. que j’aie écrit 30. j’aurai écrit

1. aestas, ‑atis (F.) : l’été ; satis (adv.) : assez, suffisamment. 2. promittĕre, ‑o : promettre ; totus, ‑a, ‑um : tout, entier. Chapitre 12

203

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B. Analysez les formes verbales et traduisez. 1. uicisse 11. caperis

21. legerint

2. uincentes 3. fuisset 4. esset

12. capias 13. capiaris 14. capere

22. legerim 23. legerunt 24. audieratis

5. erit 6. ueneris 7. moneris 8. laudate

15. ceperis 16. deleuisses 17. esses 18. estote

25. eratis 26. uidetis 27. uiditis 28. munient

19. legerer 20. legerent

29. muniente 30. hortando

9. cepit 10. dederat

C. Analysez les formes en consultant le dictionnaire et traduisez. 1. tendebas 6. auxerat 11. cladem 16. uinciemur 2. frangit 7. tribuemus 12. domuit 17. moenia 3. nocentem 8. uitam 13. pugnando 18. rident 4. sapiens 9. scientia 14. duxisse 19. emo 5. floruit

10. colant

D. Traduisez. 1. je viens (uenire, ‑io, ueni, uentum) 2. nous vînmes 3. nous sommes venus 4. nous étions venus 5. tu fus venu 6. tu étais venu 7. tu seras venu 8. il viendra 9. qu’il fût venu 10. qu’il vînt 11. il vint 12. viens 13. être venu 14. nous venions 15. nous venons

204

Partie 1. Comprendre le latin

15. tangatur

20. defensum

16. tu resteras debout (stare, ‑o, steti, staturus) 17. il reste debout 18. vous êtes restés debout 19. que vous fussiez restés debout 20. que tu restes debout 21. il était resté debout 22. ils seront restés debout 23. je resterai debout 24. qu’il restât debout 25. nous restâmes debout 26. vous restiez debout 27. restez debout 28. être resté debout 29. vous étiez restés debout 30. qu’ils soient restés debout

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E. Traduisez. 1. Pendant dix1 jours.

2. Dans un délai de dix jours. 3. Il est venu le dixième2 jour.

4. Quand tu viendras de Gaule en Italie, j’écrirai à3 mon père pour qu’il te donne un cheval. 5. En cinq4 ans, les Romains ont vaincu les Belges, qui étaient les plus courageux de tous les Gaulois. 6. Lorsque5 César arriva en Italie, j’étais en Gaule. 7. En cinq ans, j’ai écrit deux fois6 à ma mère. F. Traduisez. 1. Pueri scripserunt. 2. Testem audieramus. 3. Nuntium miseris. 4. Mors uenerat. 5. Mare uiderimus. 6. Dona accipĕre cupiueramus. 7. Rem scies. 8. Pueros docuerant. 9. Litteras scripsisti. 10. Equi currebant. 11. Manum tendebas. 12. Diuitias sperabis. 13. Gloriam cupiebat Caesar. 14. Romani Carthaginem deleuerunt. 15. Carthago a Romanis delebitur.

16. Martialis carmina legimus. 17. Regis legibus ciues parebant. 18. Fructus laboris carpes7. 19. Scriptoribus laudes8 tribuemus. 20. Labor hominibus diuitias augebit. 21. Magistri uirtutis9 amorem pueris dabunt. 22. Corpora homines tegunt10. 23. Sapientium11 uita hominibus erit exemplum. 24. Metu poenae leges homines tenebunt12. 25. Natura liberis parentum amorem imperat13. 26. Romani uirtutum exempla hominibus dederunt. 27. Mater corpus pueri tegebat. 28. Viri boni ciuitati14 honorem praebent. 29. Flumina rapida saxa grauia uehunt15. 30. Homines fortes dolores contemnunt16.

1. dix : decem (invariable). 2. dixième : decimus, ‑a, ‑um. 3. à : ad + Acc. 4. cinq : quinque (invariable). 5. lorsque : cum + indicatif. 6. deux fois : bis (invariable). 7. carpĕre, ‑o : cueillir. 8. laus, laudis : la louange. 9. uirtus, ‑utis : le courage, la vertu. 10. tegĕre, ‑o : protéger, couvrir. 11. sapiens, ‑entis : le sage. 12. metus, ‑us : la crainte ; poena : la peine, la punition. 13. liberi, ‑orum : les enfants (par rapport aux parents) ; parentes, ‑um : les parents. 14. ciuitas, ‑atis : l’État, la cité. 15. saxum, ‑i : le rocher, la pierre ; uehĕre, ‑o : transporter, déplacer. 16. contemnĕre, ‑o : mépriser, dédaigner. Chapitre 12

205

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Corrigés A. 1. uenit 2. uenit 3. ueni 4. ueni 5. uenerunt

11. uidisse 12. uideri 13. ceperit 14. ceperit 15. legi

21. audiuisset 22. audiretur 23. flebat 24. fleuerat 25. uocauerint

6. capiuntur 7. uiderant 8. uiderint 9. uinci

16. legi 17. esse 18. fuisse 19. caperis

26. uocentur 27. deleuerimus 28. delebimur 29. scripserim

20. ceperis

30. scripsero

10. uicisse

B.

1. inf. pft : avoir vaincu 2. part. prés. : vainquant 3. subj. p-q-pft : qu’il eût été 4. subj. impft : qu’il fût 5. ind. fut. s. : il sera 6. ind. fut. ant. : tu seras venu ; subj. pft : que tu sois venu 7. ind. prés. : tu es averti 8. imp. prés. : louez 9. ind. pft : il prit 10. ind. p-q-pft : il avait donné 11. ind. prés. : tu es pris 12. subj. prés. : que tu prennes 13. subj. prés. : que tu sois pris 14. inf. prés. : prendre ; imp. prés. : sois pris 15. subj. pft : que tu aies pris ; ind. fut. ant. : tu auras pris 16. subj. p-q-pft : que tu eusses détruit 17. subj. impft : que tu fusses 18. imp. fut. : soyez 19. subj. impft : que je fusse lu 20. subj. impft : qu’ils lussent 21. subj. pft : qu’ils aient lu ; ind. fut. ant. : ils auront lu 22. subj. pft : que j’aie lu 23. ind. pft : ils lurent 24. ind. p-q-pft : vous aviez entendu

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Partie 1. Comprendre le latin

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25. ind. impft : vous étiez 26. ind. prés. : vous voyez 27. n’existe pas ; uidistis serait l’ind. pft : vous vîtes, vous avez vu 28. ind. fut. s. : ils fortifieront 29. part. prés. : fortifiant 30. gérondif : en exhortant ; adj. verbal : devant être exhorté

C.

1. -ebas montre que c’est un ind. impft 2e p. sg. Il s’agit à coup sûr d’un verbe de la 2e (monebas) ou de la 3e conj. (legebas). Le dictionnaire vous apprendra qu’il s’agit de tendĕre, ‑o : tendre (à). 2. -it : 3e p. sg. de l’ind. prés. ou pft. Par le dictionnaire, vous trouverez le verbe frangĕre, ‑o : briser. Il s’agit du présent, car le pft (fregi) serait fregit.

3. -em : Acc. sg. d’un mot de la 3e ou de la 5e décl. La finale ‑ntem fait penser à un Acc. sg. d’un mot en ‑ns. Que peut signifier nocens ? Ce ne peut être qu’un participe prés. actif du type monens ou legens : de fait, il existe bien un verbe nocēre, ‑eo : nuire. Dans le dictionnaire, les verbes sont donnés à la 1re p. sg. ind. prés. Si vous avez d’abord pensé que nocens venait de *nocĕre, vous devez vérifier votre hypothèse en cherchant à *noco. Comme il ne s’y trouve pas, il faut chercher nocēre (la seule autre possibilité), c’est-à-dire, en réalité, à noceo.

4. -iens est la finale des participes présents de la 4e et de la 5e conj. (audiens, capiens). En consultant le dictionnaire, vous trouverez sapiens, ‑entis : le sage ; il s’agit du participe présent substantivé de sapĕre, ‑io : avoir du goût, du jugement. 5. -it : 3e p. sg. ind. prés. ou pft. Si c’est un ind. prés., le verbe doit être *floruĕre ; il n’existe pas. C’est donc un ind. pft en ‑uit (monuit), de florēre : fleurir, s’épanouir. Ce verbe a un emploi un peu particulier ; on dit, par exemple : Cum Cicero florebat…, Lorsque Cicéron fleurissait [c’est-à-dire à l’époque où Cicéron était au sommet de sa carrière].

6. -erat est la finale de la 3e p. sg. ind. p-q-pft. La 1re p. sg. est donc auxeram. La 1re p. sg. de l’ind. pft est donc auxi. Peut-être reconnaîtrez-vous dans ce mot le pft d’augēre (*aug-si > auxi). Auxerat : il avait augmenté. 7. -emus : 1re p. pl. ind. prés. 2e conj. (monemus), ind. fut. s. 3e conj. (legemus) ou subj. prés. 1re conj. (amemus). Le verbe est donc *tribuēre, ‑eo, *tribuare ou tribuĕre, ‑o : attribuer, accorder. Tribuemus : nous accorderons. 8. -am : Acc. sg. 1re décl. (aquam) ou 1re p. sg. ind. fut. ou subj. prés. 3e conj. (legam). Vitam vient donc de *uitĕre, ‑o ou de uita. On a reconnu le nom qui signifie « la vie ». 9. -ia : N. sg. 1re décl. (aqua), N. pl. 2e décl. neutre (templa), N. V. Acc. pl. 3e décl. neutre (maria) ; N. V. Acc. Nt. pl. adjectif 2e classe (fortia). Vous devez donc vérifier s’il existe Chapitre 12

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un nom scientia, ou *scientium (templum), ou *sciente (mare), ou un adj. *scientis, ‑is, ‑e (fortia). Seul scientia existe : la science. Mais ‑ientia doit aussi faire penser au N. V. Acc. Nt. pl. du part. présent (audientia, capientia). Vous connaissez scire (savoir). En définitive, 2 solutions : nom scientia ou part. prés. de scire. Le contexte fera choisir l’une ou l’autre solution.

10. -ant : 3e p. pl. ind. prés. 1re conj. (amant) ou subj. prés. 3e conj. (legant). La forme vient donc de *colare ou colĕre, ‑o ; seul ce dernier existe. Colant : qu’ils cultivent. 11. -em : Acc. sg. 3e décl. (regem) ou 5e décl. (rem). Il s’agit de clades ‑is, le désastre (3e décl.). Vous éliminerez aussi une 1re p. subj. prés. de *cladare (comme amare donne amem), qui n’existe pas.

12. -it : même réflexion que pour floruit (cf. n° 5). Il s’agit, soit de *domuĕre, ‑o, soit de domare, *domēre, *domĕre, *domire. En vérifiant à *domeo, *domio, domo, vous ver‐ rez que la seule solution est domare, ‑o (dompter). Domuit : il dompta. 13. -ndo : caractéristique du gérondif (D. Abl.) et de l’adjectif verbal (D. Abl. M. Nt. sg.). La forme vient de pugnare : combattre. Pugnando : en combattant, par le combat (gér.) ; qui doit être combattu (adj. verb.). 14. -isse : finale de l’infinitif pft act. La 1re p. sg. ind. pft est donc duxi. Vous devriez reconnaître *duc-si > duxi, parfait de ducĕre. Duxisse : avoir conduit.

15. -atur : 3e p. sg. ind. prés. passif 1re conj. (amatur) ou subj. prés. passif (legatur). Il s’agit donc de *tangare ou tangĕre, ‑o ; ce dernier est la bonne solution (tangĕre : toucher). Tangatur : qu’il soit touché. 16. -iemur : 1re p. pl. ind. fut. passif 4e conj. (audiemur) ou 5e conj. (capiemur). Le verbe est donc uincire ou *uincĕre, ‑io. Il s’agit ici de uincire (enchaîner). Vincĕre n’est pas de la 5e conj., mais de la 3e (il ferait uincemur). Vinciemur : nous serons enchaînés. 17. -ia : même réflexion que pour scientia (cf. n° 9). Il s’agit en fait du N. V. Acc. pl. 3e décl. N. d’un mot qui n’est utilisé qu’au pluriel : moenia, ‑ium, les fortifications. 18. -ent : 3e p. pl. subj. prés. act. 1re conj. (ament), ind. prés. act. 2e conj. (monent), ou ind. fut. s. act. 3e conj. (legent). Il s’agit donc de *ridare, de ridēre, ‑eo ou de *ridĕre, ‑o ; la 2e solution est la bonne (ridēre : rire). Rident : ils rient. 19. -o : D. Abl. sg. 2e décl. (seruo) ou 1re p. sg. ind. prés. act. (amo, lego). *Emus n’existe pas, *emare non plus. Emĕre, ‑o, acheter. Emo : j’achète. 20. -um : nombreuses possibilités (dominum, templum, regum, fructum). Aucune de ces solutions n’est pourtant correcte. Defensum pourrait vous faire penser au fr. « défense », et vous mettre sur la voie du supin de defendĕre, ‑o : défendre, protéger.

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Partie 1. Comprendre le latin

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D. 1. uenio 2. uenimus

11. uenit 12. ueni

21. steterat 22. steterint

3. uenimus 4. ueneramus 5. uenisti

13. uenisse 14. ueniebamus 15. uenimus

23. stabo 24. staret 25. stetimus

6. ueneras 7. ueneris 8. ueniet 9. uenisset

16. stetisti 17. stat 18. stetistis 19. stetissetis

26. stabatis 27. state 28. stetisse 29. steteratis

20. stes

30. steterint

10. ueniret E.

1. decem dies ; decem diebus ; per decem dies. 2. intra decem dies. 3. Decimo die uenit. 4. Cum ex Gallia in Italiam uenies, ad patrem scribam ut tibi equum det. 5. Quinque annis, Romani Belgas uicerunt, qui omnium Gallorum fortissimi erant. 6. Cum Caesar in Italiam peruenit, in Gallia eram. 7. Intra quinque annos1, bis ad matrem scripsi.

F.

1. Les enfants ont écrit. 2. Nous avions entendu le témoin. 3. Tu auras envoyé un messager. 4. La mort était venue. 5. Nous aurons vu la mer. 6. Nous avions désiré recevoir des cadeaux. 7. Tu connaîtras l’affaire (litt. : Tu sauras la chose). 8. Ils avaient enseigné aux enfants. 9. Tu as écrit une lettre. 10. Les chevaux couraient. 11. Tu tendais la main. 12. Tu espérais des richesses. 13. C’est la gloire que César désirait. 14. Les Romains ont détruit Carthage. 15. Carthage sera détruite par les Romains. 16. Nous lisons (ou avons lu) les poèmes de Martial.

1. Ici, la phrase ne veut pas dire « J’ai mis cinq ans pour écrire deux lettres », mais « En l’espace de cinq ans, je n’ai écrit que deux fois ». C’est pourquoi on utilise intra + Acc. et non l’ablatif seul (temps nécessaire). Chapitre 12

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17. Les citoyens obéissaient aux lois du roi. 18. Tu recueilleras le fruit (litt. : les fruits) de ton travail. 19. Nous adresserons des éloges aux écrivains. 20. Le travail augmentera les richesses des hommes (litt. : pour les hommes). 21. Les professeurs donneront aux enfants l’amour de la vertu. 22. Les corps protègent les hommes. 23. La vie des sages sera un exemple pour les hommes. 24. Les lois (re)tiendront les hommes par la crainte de la punition. 25. La nature ordonne aux enfants l’amour des parents (= d’aimer leurs parents). 26. Les Romains ont donné aux hommes des modèles de courage. 27. La mère protégeait le corps de son enfant. 28. Les hommes de bien sont une source d’honneur pour la cité (litt. : Les hommes de bien fournissent de l’honneur à la cité). 29. Les fleuves rapides charrient de lourdes pierres. 30. Les hommes braves méprisent la douleur (litt. : les douleurs).

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Partie 1. Comprendre le latin

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Chapitre 13 Le perfectum passif La concordance des temps à l’infinitif L’ablatif absolu (2)

1. Le perfectum passif A. Les verbes réguliers Nous avons vu (p. 186) que la forme du supin devait son importance, non à l’emploi fréquent du supin lui-même, mais à son utilisation pour la formation du participe parfait passif (amatus, monitus, etc.), qui sert lui-même à former la voix passive du parfait, du plusque parfait et du futur antérieur (cf. tableau p. 188). Ce participe, qui se traduit littéralement par la tournure française « ayant été aimé, ayant été averti », etc., s’associe au verbe esse pour former le passif des trois temps considérés. Nous rencontrons ainsi pour la première fois des formes composées dans la conjugaison latine. Prenons le verbe amare, ‑o, amaui, amatum (aimer). Son participe parfait passif est amatus, ‑a, ‑um, qui se décline comme bonus ; l’indicatif parfait passif (« j’ai été aimé, je fus aimé, j’eus été aimé ») sera donc : amatus (-a,-um) sum1 amatus (-a,-um) es amatus (-a,-um) est amati (-ae, ‑a) sumus amati (-ae, ‑a) estis amati (-ae, ‑a) sunt

1. Litt., amatus sum signifie « je suis [maintenant] ayant été aimé [dans le passé] ». Chapitre 13

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Tableau 1. Conjugaison de amare (perfectum passif) Indic.

Subj.

amatus sum

Pft

amati

sis

est

sit

sumus

amati

amatum, ‑am, ‑um esse

simus

amatus, ‑a, ‑um

sitis

sunt

sint

amatus eram

amati

Part.

amatus sim

es

estis

P-q-pft

Infin.

amatus essem

eras

esses

erat

esset

eramus

amati

essemus

eratis

essetis

erant

essent

amatus ero eris Fut. ant.

erit amati

erimus eritis erunt

• Remarques

1) Le participe s’accorde avec le sujet en genre et en nombre. Dans l’exemple donné, nous avons considéré que le sujet était masculin au singulier et au pluriel. Si le sujet est féminin, le singulier sera monita sum, « j’ai été avertie », etc., et le pluriel monitae sumus, « nous avons été averties », etc. S’il s’agit d’un sujet neutre, on aura monitum au singulier et monita au pluriel. 2) L’emploi des formes composées n’est pas le même en latin qu’en français. En latin, seuls les temps du perfectum passif ont des formes composées, alors que, en français, elles sont beaucoup plus nombreuses. Comparez : En français Actif

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En latin

Passif

Actif

Passif

Présent

j’aime

je suis aimé

amo

amor

Passé

j’ai aimé

j’ai été aimé

amaui

amatus sum

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Il faut donc se garder de traduire une forme comme amatus est par le prés. « il est aimé », mais bien par « il fut aimé » ou « il a été aimé ». Le prés. « il est aimé » correspond au lat. amatur. Cela compris, les autres temps composés de la voix passive se forment automatiquement. Voir le tableau 1 avec pour exemple le verbe amare.

B. Les verbes déponents Un verbe déponent n’a pas de parfait en ‑i du type amaui, monui, etc., puisque ces formes n’existent qu’à la voix active. Son parfait est de forme passive, tout en étant de sens actif : hortatus sum, « j’ai exhorté », est calqué sur amatus sum, « j’ai été aimé ». Le supin de hortari est donc hortatum, mais, pour les verbes déponents, l’usage est de donner la 1re p. de l’ind. parfait. On retiendra donc leurs temps primitifs comme suit : hortari, hortor, hortatus sum uereri, uereor, ueritus sum sequi, sequor, secutus sum largiri, largior, largitus sum pati, patior, passus sum. Les temps primitifs des verbes déponents présentent, en général, les mêmes caractéris‐ tiques que ceux des verbes réguliers (cf. p. 185–187) : hortatus est analogue à amatus, ueritus à monitus et largitus à auditus. Dans les autres cas, il faut retenir les temps primitifs en s’aidant de mots dérivés : secutus évoque « consécutif », passus évoque « passion », etc. Voir tableau 2 la conjugaison d’un verbe déponent (pati) aux temps du perfectum. Si l’on considère cet ensemble, la conjugaison du perfectum passif (verbes réguliers et déponents) est simple ; on ajoute au participe parfait les formes de esse en respectant le tableau de correspondance suivant : participe parfait + esse

au présent = parfait passif à l'imparfait = plus-que-parfait passif au futur simple = futur antérieur passif

• Remarques

1) Il existe quelques verbes qui sont réguliers aux temps de l’infectum et déponents aux temps du perfectum. C’est pourquoi ils sont appelés semi-déponents. Ainsi : audēre, ‑eo, ausus sum : oser ; gaudēre, ‑eo, gauisus sum : se réjouir ;

Chapitre 13

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Tableau 2. Conjugaison de pati (temps du perfectum) Indic. passus sum

Pft

passi

Subj. sis

est

sit passi

estis

P-q-pft

passi

simus

passus, ‑a, ‑um

sint passus essem

eras

esses

erat

esset

eramus

passum, ‑am, ‑um esse

sitis

sunt passus eram

Part.

passus sim

es sumus

Infin.

passi

essemus

eratis

essetis

erant

essent

passus ero eris Fut. ant.

erit passi

erimus eritis erunt

solēre, ‑eo, solitus sum : avoir l’habitude ; (con)fidĕre, ‑o, (con)fisus sum : se fier. 2) Nous connaissons déjà quatre infinitifs de la conjugaison latine (deux à l’actif et deux au passif). On peut y ajouter les deux infinitifs futurs : – actif : on le forme en ajoutant le verbe esse au participe futur : amaturum (‑am, ‑um) esse, moniturum (‑am, ‑um) esse, etc. hortaturum (‑am, ‑um) esse, ueriturum (‑am, ‑um) esse1, etc. – passif : c’est une forme invariable formée du supin en ‑um et de iri2 : amatum iri, monitum iri. Les verbes déponents n’ont donc pas d’infinitif futur passif, puisqu’ils ont un sens actif. Nous connaissons ainsi les six infinitifs de la conjugaison latine : les deux infinitifs pré‐ sents, les deux infinitifs parfaits et les deux infinitifs futurs. Voir tableau 3 le récapitulatif de ces infinitifs.

1. À noter que l’infinitif futur des verbes déponents, qui a un sens actif, est une des formes (avec le gérondif et le participe présent) qui sont empruntées à la voix active. 2. Formellement, iri est l’infinitif présent passif du verbe ire, « aller », que nous étudierons bientôt (cf. p. 258-259).

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Partie 1. Comprendre le latin

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Tableau 3. Infinitifs latins Parfait

Présent

Futur

Actif

cepisse (avoir pris)

capĕre (prendre)

capturum, ‑am, ‑um esse (–)

Passif

captum, ‑am, ‑um esse (avoir été pris)

capi (être pris)

captum iri (–)

Déponent

passum, ‑am, ‑um esse (avoir supporté)

pati (supporter)

passurum, ‑am, ‑um esse (–)

fuisse (avoir été)

esse (être)

futurum, ‑am, ‑um esse (–)

Esse

2. Concordance des temps à l’infinitif Nous avons vu que les propositions sujets et compléments d’objet étaient souvent, en latin, des propositions infinitives (sujet à l’Acc., verbe à l’infinitif). Sujet : Oportet legem breuem esse. Il faut qu’une loi soit brève. Objet : Credo hominem homini lupum esse. Je crois que l’homme est un loup pour l’homme. La question qui se pose à présent est de savoir quand le latin emploie les différents temps de l’infinitif dans la proposition infinitive. Partons de quelques exemples français. (1) Je constate que vous êtes trop fatigué pour faire ce travail. (2) Il prétendait qu’il n’avait pas le moindre argent. (3) Il est vrai que les Romains furent parfois vaincus. (4) Il avoua qu’il avait menti lors du procès. (5) J’espère que nous te reverrons cet été. (6) Nous savions que tu viendrais nous rendre visite1. Demandons-nous à présent à quel moment l’action exprimée par le verbe subordonné se déroule par rapport à l’action du verbe principal (avant, pendant, ou après). Dans les phrases (1) et (2), les deux actions se déroulent en même temps ; elles sont simultanées ; dans les phrases (3) et (4), l’action de la subordonnée est antérieure à celle de la principale ; dans les phrases (5) et (6), elle est postérieure à celle de la principale. On parlera d’anté‐ riorité, de simultanéité et de postériorité du verbe subordonné par rapport au verbe

1. La forme « viendrais » est un conditionnel, mais ne doit pas être confondue, pour le sens, avec un conditionnel hypothétique. Pour connaître la valeur de futur d’une telle forme, il suffit de la faire dépendre d’un verbe au présent (« Nous savions que tu viendrais » > « Nous savons que tu viendras ») ou de transposer la phrase en discours direct (« Nous le savons : tu viendras. »). Chapitre 13

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principal. Le latin utilise les différents temps de l’infinitif pour exprimer ces rapports de temps (tableau 4). Tableau 4. Concordance des temps à l’infinitif Verbe principal à un temps primaire ou secondaire

Antériorité

Simultanéité

Postériorité

parfait

présent

futur

Le temps du verbe principal n’a aucune influence sur le temps de l’infinitif : 1. Dico Catullum

Je dis que Catulle

mala carmina scripsisse.

(antériorité)

mala carmina scribĕre.

(simultanéité)

mala carmina scripturum esse.

(postériorité)

a écrit de mauvais poèmes. écrit de mauvais poèmes. écrira de mauvais poèmes.

2. Dixi Catullum

J’ai dit que Catulle

mala carmina scripsisse.

(antériorité)

mala carmina scribĕre.

(simultanéité)

mala carmina scripturum esse.

(postériorité)

avait écrit de mauvais poèmes. écrivait de mauvais poèmes. écrirait de mauvais poèmes.

3. L’ablatif absolu (2) Nous avons déjà vu (notamment p. 136) que le participe présent s’emploie fréquemment pour former une proposition participiale, appelée ablatif absolu. Deis iuuantibus, uincam. Avec l’aide des dieux (litt. : Les dieux aidant), je vaincrai. Le participe parfait passif peut, lui aussi, être la base d’un ablatif absolu exprimant l’antériorité. Gallis uictis, Caesar in Italiam profectus est. Les Gaulois ayant été vaincus, César partit en Italie. (Une fois les Gaulois vaincus… Après sa victoire sur les Gaulois…). Vrbe capta, rex in Galliam profectus est. La ville ayant été prise, le roi partit pour la Gaule. (Quand la ville fut prise…, Après la prise de la ville…).

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Partie 1. Comprendre le latin

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4. Exercices Énoncés A. Traduisez. 1. lecti erunt 2. legentur 3. monitus erat 4. monebatur 5. capitur 6. capta est 7. amauisse 8. amari 9. amatus esse 10. uisus

11. dederunt 12. des 13. da 14. dari 15. datus 16. dedero 17. fuisse 18. uicit 19. uincitur 20. uictus est

21. uicti sint 22. amatas 23. amabas 24. monitum 25. cepi 26. lectus esset 27. auditae sint 28. capi 29. legisse 30. moneri

31. monearis 32. uicisse 33. dedit 34. dato 35. audiuerint 36. monuerim 37. amaretur 38. fleuistis 39. fuerint 40. fuissetis

B. Traduisez. 1. ils furent envoyés 2. elle avait été faite 3. elle est venue 4. elle est prise 5. elle fut prise 6. il aura été vaincu 7. avoir été dit 8. avoir vu 9. tu es venu 10. tu étais venu 11. tu seras venu 12. ils ont été envoyés 13. tu seras envoyé 14. tu auras envoyé

15. ils ont bu 16. être venu 17. pour venir 18. faites 19. il avait entendu 20. nous serons pris 21. ils pleuraient 22. il n’a pas bu 23. elle aura vu 24. qu’il prît 25. viens 26. qu’il eût aimé 27. j’aurai vaincu 28. nous envoyions

29. ils verront 30. avoir pleuré 31. prenez 32. ayant été vue (D. sg.) 33. qu’ils viennent 34. je fus vaincu 35. avertissant (G. pl.) 36. il devait être averti 37. être rendu 38. avoir été vue (Acc.) 39. qu’il fût entendu 40. avoir écrit

Chapitre 13

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C. Conjuguez à la voix passive. Indic.

Subj.

statuĕre cupĕre delēre audire scire laborare

augēre legĕre praebēre uincĕre reddĕre regĕre

Impft

aestimare parĕre creare fugĕre docēre iacĕre

tegĕre uidēre monēre promittĕre iacĕre habēre

Fut. s.

frangĕre tenēre debēre tegĕre iubēre recitare

Prés.

Pft

P-q-pft

218

Infin.

Part.

mittĕre iacĕre capĕre

ducĕre

ducĕre legĕre parare monēre tenēre curare

sepelire munire carpĕre petĕre mittĕre tegĕre

tenēre uincĕre audire laudare iacĕre uidēre

parĕre delēre dicĕre curare dare praebēre

Partie 1. Comprendre le latin

Impér.

dicĕre

promittĕre

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Fut. ant.

Indic. frangĕre

Subj.

Impér.

Infin.

Part.

reddĕre dare audire regĕre ducĕre D. Conjuguez à la voix active. Indic. aestimare parĕre arbitrari creare fugĕre docēre

Subj. mandare uereri laudare delēre uincĕre putare

Impft

clamare mittĕre augēre iacĕre tenēre regĕre

nescire curare timēre petĕre sequi uidēre

Fut. s.

mori uti ducĕre praebēre uincĕre

Prés.

Impér.

Infin.

Part.

statuĕre

flēre

dare

uincĕre

ducĕre

capĕre

scire Pft

ducĕre legĕre flēre parare monēre uenire

laborare delēre mittĕre cupĕre iacēre tenēre

ducĕre

Chapitre 13

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P-q-pft

Fut. ant.

Indic. statuĕre

Subj. augēre

cupĕre delēre audire

legĕre praebēre uincĕre

errare laborare

reddĕre statuĕre

Impér.

Infin.

Part.

imperare facĕre laudare legĕre monēre rogare

E. Traduisez. 1. – Les enfants étudient. – Martial écrit un petit poème. – Tandis que les enfants étudiaient [abl. abs.], Martial a écrit un petit poème. 2. – Le poème a été écrit. – Martial peut (potest) boire toute la nuit. – Une fois que le poème a été écrit [abl. abs.], Martial peut boire toute la nuit. 3. – Nous savons. – Martial a écrit des poèmes. – Les Romains montrent Martial du doigt1. – Nous savons que Martial a écrit des poèmes pour être félicité par les Romains. 4. Les poèmes courts sont plus vifs2 que les livres. 5. César écrivit que les Belges étaient très courageux et qu’ils avaient souvent vaincu les Germains. F. Traduisez. 1. dati sunt 2. ueriti sunt 3. uerere 4. uidebit 5. monens

6. ueritus 7. capietur 8. morietur 9. caperis 10. auditum esse

1. montrer du doigt : digito monstrare. 2. vif : uiuidus, ‑a, ‑um.

220

Partie 1. Comprendre le latin

11. uincit 12. uicit 13. uiuit 14. uixit

16. uidet 17. uenit 18. ueneris 19. uereris

15. uidit

20. ueneras

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G. Traduisez. 1. Mulier aqua calida puerum lauat1. 2. Homines gloriae cupidos probas2. 3. Sumus, milites, pugnaturi ; uirtutem, quae uobis est, praebete. 4. Ciceroni, oratori clarissimo, ciues amplissimos3 honores tribuerunt. 5. Magnam curam litteris dedisti. 6. Romani amplissimos honores Ciceroni dederunt, quo pauci4 oratores clariores fue‐ runt. 7. Pulchra sunt quae fecisti. 8. Morituri te salutant5. 9. Quid dulcius6 libertate ? 10. Quid est fletu muliebri uiro turpius7 ? 11. Me proficisci8 oportet, te manēre. 12. Analysez et traduisez l’expression latine dans la phrase : « Mutatis mutandis, l’esclave était dans l’antiquité ce que le pétrole est au xxie siècle : la première source d’éner‐ gie. » 13. Non omnis error dicendus est stultitia9. 14. Canis timidus uehementius latrat quam mordet10. 15. Censeo11 Carthaginem esse delendam. 16. Fama nihil est celerius. 17. Sapiens quidam dicebat multos homines uelle uiuĕre ut ederent et biberent, se bibĕre atque edĕre ut uiueret12.

1. calidus, ‑a, ‑um : chaud ; lauare : laver. 2. probare : approuver ; cupidus + G. : désireux de. 3. amplus, ‑a, ‑um : spacieux, considérable. 4. pauci, ‑orum : peu de. 5. salutare : saluer. 6. dulcis, ‑is, ‑e : doux. 7. fletus, ‑us : le fait de pleurer ; muliebris, ‑is, ‑e : de femme, féminin ; turpis, ‑is, ‑e : honteux. 8. proficisci, ‑or : partir. 9. stultitia : la bêtise, la stupidité. 10. uehementer : violemment ; latrare : aboyer ; mordēre, ‑eo : mordre. 11. censēre, ‑eo : penser, être d’avis. 12. quidam : un, un certain ; uelle : vouloir ; edĕre, ‑o : manger. Chapitre 13

221

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Corrigés A. 1. ils auront été lus 2. ils seront lus 3. il avait été averti 4. il était averti

21. qu’ils aient été vaincus 22. aimées (Acc. F. pl.) 23. tu aimais 24. – le fait d’avertir (Acc.) – averti (Acc. M. sg. ; N. V. Acc. Nt. sg.)

5. il est pris 6. elle a été prise 7. avoir aimé 8. être aimé

25. j’ai pris 26. qu’il eût été lu 27. qu’elles aient été entendues 28. être pris

9. avoir été aimé 10. – (ayant été) vu – la vue 11. ils ont donné 12. que tu donnes 13. donne 14. être donné 15. donné

29. avoir lu 30. être averti

16. j’aurai donné 17. avoir été 18. il a vaincu 19. il est vaincu

36. que j’aie averti 37. qu’elle fût aimée 38. vous avez pleuré 39. – qu’ils aient été – ils auront été 40. que vous eussiez été

31. que tu sois averti 32. avoir vaincu 33. il donna 34. donné (D. Abl. M. Nt. sg.) 35. – qu’ils aient entendu – ils auront entendu

20. il a été vaincu B.

1. missi sunt

11. ueneris

21. flebant

2. facta erat 3. uenit 4. capitur 5. capta est

12. missi sunt 13. mitteris 14. miseris 15. biberunt

22. non bibit 23. uiderit 24. caperet 25. ueni

31. capite 32. uisae 33. ueniant 34. uictus sum 35. monentium

6. uictus erit 7. dictum esse 8. uidisse 9. uenisti

16. uenisse 17. ad ueniendum 18. facite 19. audiuerat

26. amauisset 27. uicero 28. mittebamus 29. uidebunt

36. monendus erat 37. reddi 38. uisam esse 39. audiretur

20. capiemur

30. fleuisse

40. scripsisse

10. ueneras

222

Partie 1. Comprendre le latin

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C.

statuor cuperis deletur audimur scimini

augear legaris praebeatur uincamur reddamini

laborantur

regantur

aestimabar pariebaris creabatur

tegerer uidereris moneretur

fugiebamur docebamini iaciebantur

promitteremur iaceremini haberentur

frangar teneberis debebitur tegemur iubebimini

mittere iaci capimini

ductum iri

recitabuntur ductus sum lectus es paratus est moniti sumus tenti estis curati sunt

sepultus sim munitus sis carptus sit petiti simus missi sitis tecti sint

tentus eram uictus eras auditus erat laudati eramus iacti eratis uisi erant

partus essem deletus esses dictus esset curati essemus dati essetis praebiti essent

dictum esse

promissus

fractus ero redditus eris datus erit auditi erimus recti eritis ducti erunt

Chapitre 13

223

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D. aestimo paris arbitratur creamus fugitis

mandem uerearis laudet deleamus uincatis

docent

putent

clamabam mittebas augebat

nescirem curares timeret

iaciebamus tenebatis regebant

peteremus sequeremini uiderent

moriar uteris ducet praebebimus uincetis

duc statuere

flens

daturum esse

uicturus

capite

scient duxi legisti fleuit parauimus monuistis uenerunt

laborauerim deleueris miserit cupierimus iacueritis tenuerint

statueram cupieras deleuerat audi(u)eramus erraueratis laborauerant

auxissem legisses praebuisset uicissemus reddidissetis statuissent

imperauero feceris laudauerit legerimus monueritis rogauerint

224

Partie 1. Comprendre le latin

duxisse

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E.

1. – Pueri discunt. – Martialis breue carmen scribit. – Pueris discentibus, Martialis breue carmen scripsit. 2. – Carmen scriptum est. – Martialis tota nocte bibĕre potest. – Carmine scripto, Martialis tota nocte bibĕre potest. 3. – Scimus. – Martialis carmina scripsit. – Romani Martialem digito monstrant. – Scimus Martialem carmina scripsisse ut a Romanis laudaretur. 4. Breuia carmina uiuidiora sunt libris. 5. Caesar scripsit Belgas fortissimos esse et saepe Germanos uicisse.

F.

1. ils furent donnés 2. ils ont craint 3. crains 4. il verra 5. avertissant

11. il vainc 12. il a vaincu 13. il vit 14. il a vécu 15. il a vu

6. ayant craint 7. il sera pris 8. il mourra 9. tu es pris

16. il voit 17. il vient ; il est venu 18. tu seras venu ; que tu sois venu 19. tu crains

10. avoir été entendu

20. tu étais venu ; tu vénères (de uenerare, ‑o)

G. 1. La femme lave l’enfant avec de l’eau chaude. 2. Tu approuves les hommes avides de gloire. 3. Soldats, nous allons combattre ; montrez le courage que vous avez (litt. : qui est à vous). 4. Les citoyens ont accordé à Cicéron, le plus célèbre orateur, les plus grands honneurs. 5. Tu as accordé beaucoup de soin à ta lettre. 6. Les Romains ont accordé les plus grands honneurs à Cicéron, dont peu d’orateurs ont surpassé la renommée (litt. : plus célèbres que lequel ont été peu d’orateurs). 7. C’est beau, ce que tu as fait. 8. Ceux qui vont mourir te saluent. [Parole que des gladiateurs adressèrent à l’empe‐ reur avant le combat.] 9. Quoi de plus doux que la liberté ? 10. Qu’y-a-t-il de plus honteux pour un homme que de pleurer comme une femme (litt. : que des pleurs de femmes) ? Chapitre 13

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11. Il faut que je parte, (et) toi que tu restes. 12. Analyse : mutatis : 2e p. pl. ind. prés. act. de mutare (changer) ou D. Abl. M. F. Nt pl. du part. passé du même verbe. Pour que ce soit l’ind. prés., il faudrait un COD (vous changez qqch.) ; or, on n’a pas mutanda, mais mutandis : D. Abl. pl. de l’adjectif verbal de mutare. Un D. ne se justifierait guère. On pensera plus naturellement à un ablatif absolu sans sujet exprimé, donc au neutre substantivé. L’expression signifie alors : « Les choses devant être modifiées ayant été modifiées, en modifiant ce qui doit l’être, en opérant les changements nécessaires ». Cette expression indique ici qu’il ne s’agit pas d’une comparaison stricte entre escla‐ vage et pétrole, mais plutôt d’un équivalent approximatif. 13. Toute erreur ne doit pas être qualifiée de stupidité (litt. : dite stupidité). C’est-à-dire : Certaines erreurs peuvent être riches d’enseignement. Stultitia est attribut d’error. 14. Un chien peureux aboie plus fort qu’il ne mord. 15. Je pense que Carthage doit être détruite. Je pense qu’il faut détruire Carthage. 16. Rien n’est plus rapide que la rumeur. Fama (Abl.) est le second terme de la compa‐ raison. 17. Un sage a dit (litt. : disait) que beaucoup d’hommes voulaient vivre pour manger et pour boire, (mais) que lui buvait et mangeait pour vivre.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Chapitre 14 Les propositions complétives (1) L’interrogation directe et indirecte

1. Les propositions complétives (1) A. Généralités En français, la proposition subordonnée complétive (ou complément d’objet) peut se présenter sous la forme : ● d’une proposition infinitive :

J’entends les oiseaux chanter. J’écoutais les oiseaux chanter. ● d’une proposition introduite par « que, à ce que », etc. :

Nous savons tous que les oiseaux chantent. Il s’attend à ce que les oiseaux chantent. ● d’une interrogation indirecte introduite par « si, qui, quel », etc. :

Je me demande si les oiseaux chantent. Je me demandais quels oiseaux chanteraient. En latin, on peut adopter à peu près la même classification. La proposition infinitive a été étudiée au chapitre 8 ; il reste donc à envisager la proposition complétive introduite par une conjonction de subordination et l’interrogation indirecte, en opérant toutefois une distinction par rapport au français. En effet, les propositions complétives peuvent être introduites, en latin, par différentes conjonctions dont l’emploi et la syntaxe dépendent du verbe qui les introduit. Nous nous limiterons ici à étudier la complétive introduite par ut et l’interrogation indirecte. Le cas des propositions introduites par d’autres conjonctions sera traité au chapitre 19.

B. Les propositions introduites par ut De nombreux verbes latins qui expriment une intention, une volonté ou une activité réclament une proposition complément d’objet introduite par ut suivi du subjonctif. Tels sont notamment optare (souhaiter), rogare, orare, petĕre (demander), imperare (ordonner),

Chapitre 14

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persuadēre (persuader), curare (veiller à), efficĕre, ‑io (faire en sorte), etc. La conjonction négative (que… ne… pas) est ne. Caesar imperat ut exercitus in Gallia maneat. César ordonne que son armée reste en Gaule. César donne l’ordre à son armée de rester en Gaule. Mihi persuasit ne pacem peterem. Il me persuada de ne pas demander la paix. L’emploi des temps dans ces subordonnées est régi par la concordance des temps au subjonctif, dont le rôle a déjà été évoqué pour les propositions de but (cf. chapitre 9). Il faut examiner quel est le rapport de temps (antériorité, simultanéité ou postériorité) entre le verbe de la subordonnée et celui de la principale. Cf. tableau 1 la concordance des temps au subjonctif. Tableau 1. Concordance des temps au subjonctif (règle générale) Verbe principal à un temps primaire (présent ou futur) Verbe principal à un temps secondaire (impft, pft ou p-q-pft)

Antériorité

Simultanéité et postériorité1

parfait

présent

plus-que-parfait

imparfait

• Remarques

1) D’un point de vue formel, les complétives en ut / ne sont identiques aux propositions de but, mais elles en diffèrent nettement par le sens. Elles sont indispensables au sens de la phrase dans la mesure où elles sont un complément nécessaire du verbe prin‐ cipal. Comparez les exemples suivants : Cura ut ualeas. Veille à bien te porter. [complétive : le verbe cura seul n’aurait aucun sens, il doit avoir un complément] Curre et lude ut ualeas. Cours et joue afin de bien te porter. [but : les verbes curre et lude ont un sens comme tel] La différence se marque formellement si l’on introduit, par exemple, un comparatif dans la subordonnée. Dans ce cas, la conjonction de but est normalement quo, alors que le ut complétif reste inchangé : Cura ut melius ualeas. Tâche de mieux te porter. (complétive) Curre et lude quo melius ualeas. Cours et joue afin de mieux te porter. (but)

1. Comme dans les propositions de but, le latin ne juge pas utile de distinguer par la syntaxe le rapport de simultanéité et de postériorité dans les complétives. Si nécessaire, la distinction pourra être établie par des adverbes de temps : statim (sur-le-champ) établira un rapport de simultanéité, cras (demain) un rapport de postériorité.

228

Partie 1. Comprendre le latin

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2) Certains verbes latins qui expriment aussi une volonté se construisent avec l’infinitif ou la proposition infinitive ; tels sont iubēre (ordonner), cupĕre (désirer), sinĕre (per‐ mettre) : Caesar iubet legatos manēre. César ordonne aux ambassadeurs de rester. (Mais : Caesar imperat ut legati maneant.) 3) Certains verbes peuvent se construire de différentes manières : – selon que les deux sujets des propositions sont identiques ou différents. Tel est le cas de statuĕre (cf. fr. « décider de » ou « décider que ») : Caesar statuit in Gallia manēre. César décida de rester en Gaule. Caesar statuit ut legati ad Ariouistum manerent. César décida que les ambassadeurs resteraient chez Arioviste. – selon qu’ils sont employés comme verbes de déclaration ou de volonté. Tels sont monēre (avertir), dicĕre, ‑o (dire), scribĕre, ‑o (écrire) ; cf. fr. la différence entre « aver‐ tir que, dire que » et « avertir de, dire de » : – monēre ut : avertir de… – monēre ne : avertir de ne pas… ; déconseiller de ; – monēre + prop. inf. : avertir (ou rappeler) que. Caesar copias monet ut in Gallia maneant. César avertit ses troupes de rester en Gaule. Te monui ne in Italia maneres. Je t’ai déconseillé de rester en Italie. Caesarem monui me in Gallia manēre. J’ai averti César que je restais en Gaule. Pour ces verbes, le dictionnaire donne toutes les constructions de manière distincte. Ainsi, avec dicĕre, on distinguera : Ei dixi me in Gallia esse. Je lui ai dit que j’étais en Gaule. (énoncé d’un fait) Ei dixi ut in Gallia maneret. Je lui ai dit de rester en Gaule. (ordre) Dic mihi uenturusne sis. Dis-moi si tu viendras. (interrogation indirecte : cf. p. 234– 235)

2. L’interrogation directe et indirecte A. L’interrogation française En français, il existe différents types d’interrogations. Une question peut être exprimée par : ● le ton de la voix :

Tu viendras ? ● l’inversion du sujet :

Viendras-tu ?

Chapitre 14

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● la tournure « est-ce-que ? » :

Est-ce que tu viendras ? ● un pronom ou un adjectif interrogatif :

Qui est là ? De qui parles-tu ? À quelle heure arriveras-tu ? Quelle langue parles-tu ? ● un adverbe interrogatif :

Où vas-tu ? Pourquoi cries-tu ? Comment vas-tu ? Quand nous reverrons-nous ? On distingue aussi l’interrogation simple et l’interrogation double ; dans la première, la question ne comporte qu’un élément (cf. exemples ci-dessus) ; dans la seconde, la question est double : Tu viens ou tu restes ? Partira-t-il ou restera-t-il ? Pleurera-t-il ou non ? Est-ce toi ou moi qui ai tort ? Enfin, l’interrogation peut être directe ou indirecte : l’interrogation directe rapporte la question en style direct (cf. exemples ci-dessus), l’interrogation indirecte la fait précéder d’un verbe comme « demander, savoir, ignorer, dire », etc. : Je ne sais pas pourquoi il est parti. Je te demande si1 tu restes ou non.

B. L’interrogation directe 1. L’interrogation simple En latin, une question peut également être exprimée par le ton de la voix, par des adjectifs-pronoms interrogatifs, des adverbes interrogatifs, mais aussi par des particules interrogatives.

a. Adjectifs-pronoms Nous avons déjà rencontré plusieurs exemples d’adjectifs-pronoms : Cui credis ? En qui as-tu confiance ? Quem hominem uidistis ? Quel homme avez-vous vu ? L’adjectif interrogatif se décline exactement comme le relatif qui, quae, quod. Au N. M. sg., on rencontre aussi, au lieu de qui, la forme quis quand on interroge non pas sur la qualité, mais sur l’identité de la personne : Qui homo est ? Quel homme est-ce ? (Quel genre d’homme est-ce ?)

1. On ne confondra pas « si » conditionnel et « si » interrogatif indirect : « S’il fait beau, j’irai me promener » (condition) ; « Je me demande s’il fera beau » = « Je me demande : Fera-t-il beau ? » (interrogation). Le « si » interrogatif admet seul un conditionnel : *S’il ferait beau, j’irais me promener, mais : Je ne savais pas s’il ferait beau.

230

Partie 1. Comprendre le latin

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Quis homo est ? Qui est cet homme ? Nous connaissons enfin le pronom interrogatif quis, quae, quid. Quis est ? Qui est-ce ? Quid fecisti ? Qu’as-tu fait ? Au Nt., quod est toujours adjectif et quid toujours pronom. Le latin possède encore d’autres adjectifs-pronoms interrogatifs : Quot libros legisti ? Combien de livres as-tu lus ? Quantum uinum bibisti ? Quelle quantité de vin as-tu bue ? Quantam aquam… ? Quelle quantité d’eau… ? Qualem uxorem cupis ? Quelle épouse désires-tu ? Quota hora est ? Quelle heure est-il ? Vtram manum tendes ? Laquelle des deux mains tendras-tu ? Ces exemples montrent que le latin, grâce à ses nombreux adjectifs-pronoms interro‐ gatifs, est plus précis que le français. En plus de qui(s), on peut mentionner : – qualis, ‑is, ‑e (se décline sur fortis) : quel ? de quelle nature ? – quantus, ‑a, ‑um (se décline sur bonus) : quel ? de quelle grandeur ? – quotus, ‑a, ‑um (se décline sur bonus) : (le) quantième ? – quot (indéclinable) : combien ? – uter, utra, utrum : qui (des deux), lequel (des deux) ? La déclinaison d’uter a une particularité : elle est conforme à celle de liber, sauf au G. (utrius) et au D. (utri). Voir tableau 2 sa déclinaison complète. On distinguera donc : Quis uestrum ueniet ? Qui de vous (tous) viendra ? Vter uestrum ueniet ? Qui de vous (deux) viendra ? Tableau 2. Déclinaison de uter Sg. M.

F.

Nt.

N.

uter

utra

utrum

Acc.

utrum

utram

utrum

G.

⇐ utrius



D.

⇐ utri



Abl.

utro

utra

utro

Chapitre 14

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• Remarque

Les adjectifs interrogatifs peuvent s’employer aussi avec le sens exclamatif, comme en français : Qui uir ! Quel homme ! Quanta calamitas ! Quel grand malheur !

b. Adverbes interrogatifs Nous avons vu que le complément de lieu pouvait exprimer une situation, une direction, une origine, un passage. À chacun de ces cas correspond une question : où ? (ubi ?), vers où ? (quo ?), d’où ? (unde ?), par où ? (qua ?). Vbi est Caesar ? Où est César ? Quo contendunt1 regis copiae ? (Vers) où se dirigent les troupes du roi ? Quo uadis2 ? Où vas-tu ? Vnde uenis ? D’où viens-tu ? Qua aduenisti ? Par où es-tu arrivé ? On peut aussi faire porter l’interrogation sur la manière (comment ?), la cause (pour‐ quoi ?), le temps (quand ?), etc. Quomodo in Italiam profectus es ? Comment es-tu parti en Italie ? Cur rides ? Pourquoi ris-tu ? Quid3 dolemus ? Pourquoi souffrons-nous ?

c. Particules interrogatives Il s’agit ici d’une particularité du latin par rapport au français. Lorsque la question n’est introduite par aucun adjectif, pronom ou adverbe interrogatif, on peut, en français, modi‐ fier l’intonation de la voix ou inverser le verbe et le sujet. La question porte alors non plus sur la modalité de l’action (où ?, pourquoi ?, etc.), mais sur l’action elle-même : Tu viendras ? Viendras-tu ? Est-ce que tu viendras ? En pareil cas, le latin, lui, utilise d’ordinaire des particules : ● ‑ne : se joint au mot sur lequel la question porte. C’est la seule particule dont l’emploi

n’implique pas de la part de celui qui pose la question qu’il s’attend à une réponse déterminée dans un sens ou dans un autre. C’est donc une pure demande d’information.

1. contendĕre, ‑o : se diriger. 2. uadĕre, ‑o : aller, marcher ; Quo uadis ? est le titre d’un roman célèbre de H. Sienkiewicz. 3. Quid, Acc. Nt. sg. du pronom interrogatif quis, se trouve souvent avec le sens de « pourquoi ? en quoi ? ». Les grammaires appellent cet emploi de quid l’accusatif adverbial.

232

Partie 1. Comprendre le latin

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Venitne ? Est-il venu ? ● num : indique que celui qui pose la question s’attend à une réponse négative.

Num uenit ? Est-il venu ? (dans le sens : Il n’est pas venu, n’est-ce pas ?) ● nonne : indique que celui qui pose la question s’attend à une réponse affirmative.

Nonne uenit ? Est-il venu ? (dans le sens : Il est venu, n’est-ce pas ?)

d. Réponse à une question Pour répondre à une question, on peut : ● répéter le mot sur lequel porte la question :

Venietne ? Veniet. Viendra-t-il ? Oui (il viendra). Manebitne ? Non manebit. Restera-t-il ? Non (il ne restera pas). ● utiliser une particule affirmative (ita, sane, uero) ou négative (non, minime : « pas du

tout ») : Vidistine regem ? Non. As-tu vu le roi ? Non. Lorsqu’on veut exprimer que la réponse attendue par celui qui pose la question n’est pas la bonne ou que l’on désire la rectifier, on utilise immo (renforcé ou non par uero), aussi bien pour dire « (mais) si, au contraire » que « (mais) non, au contraire » : Num ueniet ? Immo. Il ne viendra pas, n’est-ce pas ? Mais si1 (Si, justement). Nonne ueniet ? Immo. Il viendra, n’est-ce pas ? Mais non (Non, justement). Quand immo n’exprime pas une réponse, il conserve néanmoins sa valeur rectificative en marquant une gradation ; on peut alors le traduire par « bien plus, je dirais même plus, qui plus est, que dis-je ? » : Hoc uinum bonum est, immo optimum. Ce vin est bon, que dis-je ?, excellent.

2. L’interrogation double Dans ce cas, l’interrogation comporte deux membres : Viendra-t-il ou restera-t-il chez lui ? Partira-t-il ou non ? En latin, la première est introduite par utrum (ou ‑ne enclitique) et la seconde par an, ou seulement la seconde par an. Il faut bien distinguer cet emploi d’utrum, indéclinable, de celui de l’adj.-pron. uter (« qui de deux, lequel de deux ») vu plus haut. Vtrum ueniet an manebit ? Venietne an manebit ? Veniet an manebit ? Viendra-t-il ou restera-t-il ?

1. En français, on emploie « si » (au sens de « oui ») pour affirmer le contraire d’une proposition négative qui précède. Chapitre 14

233

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N.B. Lorsque le second terme est la simple négation du premier, on emploie annon (« ou non »). Veniesne nobiscum annon ? Viendras-tu avec nous ou non ? Vtrum ueniet rex annon ? Le roi viendra-t-il ou non ?

C. L’interrogation indirecte L’interrogation indirecte est une proposition subordonnée complétive (cf. chapitre 8 et ci-dessus), complément d’objet de verbes interrogatifs tels que rogare, quaerĕre (demander, interroger), dicĕre (dire), scire (savoir), nescire (ne pas savoir), dubitare (se demander). Comparez : Je te demande ton âge [le COD est un nom]. Je te demande quel âge tu as [le COD est une proposition].

a. Mots introducteurs L’interrogation indirecte est introduite par les mêmes mots que l’interrogation directe : un adjectif, un pronom ou un adverbe interrogatif. Dic mihi quam urbem uideris. Dis-moi quelle ville tu as vue. Dic mihi quid uideris. Dis-moi ce que tu as vu. Dic mihi cur ueneris. Dis-moi pourquoi tu es venu. Elle peut aussi être introduite par des particules, dont l’emploi diffère quelque peu de celui de l’interrogation directe : ● interrogation simple : ‑ne ou num (sans différence d’emploi), « si… » ; ● interrogation double : utrum… an, ‑ne… an ou an seul : « si… ou si… ».

Te rogo uenturusne sis. Te rogo num uenturus sis. Je te demande si tu viendras. Legatos rogauit utrum pacem an bellum uellent. Legatos rogauit pacemne an bellum uellent. Legatos rogauit pacem an bellum uellent. Il demanda aux ambassadeurs s’ils vou‐ laient la paix ou la guerre. Lorsque le second terme est la simple négation du premier, on trouve necne au lieu d’annon (« ou non »). Nesciebam utrum uenturus esset necne. Je ne savais pas s’il viendrait ou non.

b. Emploi des temps On remarque donc que l’interrogation indirecte se construit toujours avec le subjonctif et qu’elle obéit de manière mécanique aux règles de concordance exposées ci-dessus (cf. p. 228), à une différence près : pour exprimer le rapport de postériorité, le latin ne se contente pas d’employer les mêmes temps que pour la simultanéité (ce qui est le cas pour 234

Partie 1. Comprendre le latin

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les propositions finales et complétives) ; il recourt à des périphrases caractéristiques (‑urus sim et ‑urus essem), c’est-à-dire, en réalité, au participe futur du verbe accompagné du sub‐ jonctif présent ou imparfait de esse (tableau 3) Tableau 3. Concordance des temps au subjonctif (interrogation indirecte) Verbe principal à un temps primaire (présent ou futur) Verbe principal à un temps secondaire (impft, pft ou p-q-pft)

1. Nescio quis

Je ne sais pas qui

2. Nesciebam quis

Antériorité

Simultanéité

Postériorité

parfait

présent

-urus sim

plus-que-parfait

imparfait

-urus essem

uenerit. ueniat. uenturus sit. est venu. vient. viendra. uenisset. ueniret. uenturus esset.

(antériorité) (simultanéité) (postériorité)

(antériorité) (simultanéité) (postériorité)

Je ne savais pas qui était venu. venait. viendrait.

c. Constructions particulières de dubitare Le verbe dubitare peut se construire de diverses façons, selon le sens qu’il a. ● Lorsque dubitare est construit avec une interrogation indirecte, il signifie « se deman‐

der » : Dubito uenturusne sit. Je me demande s’il viendra. Caesar dubitauit utram uiam ingredi melius esset. César se demanda (la)quelle (des deux) route(s) il valait mieux emprunter. ● On notera les expressions dubitare an, « se demander si… ne… pas [= peut-être] » et

nescire an, « ne pas savoir si… ne… pas [= peut-être] » :

Chapitre 14

235

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Dubito an Galli Romanis fortiores sint. Je me demande si les Gaulois ne sont pas plus courageux que les Romains (= Les Gaulois sont peut-être plus courageux que les Romains). Mais, avec dubitare, an peut aussi introduire le second membre d’une interrogation indirecte double : Dubito utrum Romani an Galli fortiores fuerint. Litt. : Je me demande si les Romains ou les Gaulois étaient plus courageux. Je me demande qui, des Romains ou des Gau‐ lois, étaient les plus courageux1. ● Dubitare construit avec l’infinitif signifie « hésiter à » :

Flumen transire non dubitauit. Il n’hésita pas à traverser le fleuve. ● Enfin, non dubitare peut signifier « ne pas douter que » ; il se construit alors avec quin

(cf. p. 325).

3. Exercices Énoncés A. Traduisez. 1. nous avons donné 2. vous rendez 3. vous avez lu 4. ils ont averti 5. tu as pris

6. il écrira 7. il sera pris 8. viens 9. entendant (G. pl.) 10. qui demanderont (part. fut., N. M. pl.)

B. Faites dépendre les phrases ci-dessous de rogo, puis de sciebam. 1. Quis es ? 4. Cui dedit ? 2. Cur fles ? 3. Cuius est illa domus ?

5. Quam urbem capies ? 6. Cur uxorem non amauisti ?

C. Traduisez. 1. Je ne sais où je suis. 2. Sais-tu où tu étais ?

1. En latin, c’est le comparatif (et non le superlatif) que l’on emploie quand on n’oppose que deux personnes ou deux choses : dexterior manus, « la plus habile des (deux) mains, la main la plus habile ». Cf. p. 171.

236

Partie 1. Comprendre le latin

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3. Je ne sais lequel des deux a trompé1 l’autre. 4. Combien d’amis as-tu ? 5. Qu’as-tu fait ? 6. Pourquoi ne réponds-tu pas2 ? 7. Ne m’as-tu pas entendu ? 8. Est-ce que par hasard tu oses nier ? 9. Veille à être un homme. 10. Efforçons-nous de ne pas être cruels3. D. Traduisez. 1. Scribetne carmina Martialis annon ? 2. Fortissimos omnium dico esse Gallos. 3. Nulla causa est cur non gaudeam. 4. Caesar in Italia manēre non dubitauit. 5. Quid dulcius fletu muliebri ? 6. Me monet Caesar Gallos a Romanis uictos esse. 7. Cura ut discas. 8. Tibi persuasi ut uxorem relinqueres. 9. Cupimus felices esse. 10. Quis, quid, ubi, quibus auxiliis, cur, quomodo, quando ? 11. Nesciebat quid fecisses. 12. Nesciunt quid faciatis. 13. Nescitis quid facturi sint. 14. Nesciebamus quid facerent. 15. Nesciebant quid facerent. 16. Dic mihi quem amicum uideris. 17. Non quid feceris, sed quid facturus sis rogo. 18. Qui sim scies e nuntio quem ad te misi. 19. Ad me scribe quo die uenturus sis. 20. Dubium est cur Galli a Romanis uicti sint. 21. Imperatum est ut omnes tacerent. 22. Te hortor ut extemplo Romam contendas4. 23. Suadeo tibi ne loquaris neue5 timeas.

1. 2. 3. 4. 5.

tromper : fallĕre, ‑o, fefelli, falsum. répondre : respondēre, ‑eo, respondi, responsum. s’efforcer : efficĕre, ‑io ; cruel : crudelis, ‑is, ‑e. extemplo : immédiatement ; contendĕre, ‑o : tendre vers, se diriger vers. neue = et ne. Chapitre 14

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24. Cicero uidit ne coniurati ciuibus nocēre possent. 25. Faciam ut intelligas quid de te Romani sentiant. 26. Multi Romani optabant ut Cicero consul crearetur. 27. Reus flagitat ut iudices sibi clementes sint1. 28. Ne noctu2 iter facias suadeo. 29. Operam demus ut fortiter res aduersas patiamur3. 30. Quaeram utrum domum emerit necne. 31. Cum mentior et mentiri me dico, mentior an uerum dico ?

Corrigés A. 1. dedimus 2. redditis 3. legistis 4. monuerunt 5. cepisti B.

6. scribet 7. capietur 8. ueni 9. audientium 10. rogaturi

1. Rogo quis sis. – Sciebam quis esses. 2. Rogo cur fleas. – Sciebam cur fleres. 3. Rogo cuius sit illa domus. – Sciebam cuius esset illa domus. 4. Rogo cui dederit. – Sciebam cui dedisset. 5. Rogo quam urbem capturus sis. – Sciebam quam urbem capturus esses. 6. Rogo cur uxorem non amaueris. – Sciebam cur uxorem non amauisses.

C.

1. Nescio ubi sim. 2. Scisne ubi fueris ? 3. Nescio uter utrum fefellerit. 4. Quot amicos habes ? 5. Quid fecisti ?

6. Cur non respondes ? 7. Nonne me audiuisti ? 8. Num audes negare ? 9. Cura ut uir sis. 10. Efficiamus ne crudeles simus.

D. 1. Martial écrira-t-il des poèmes ou non ? 2. Les plus courageux de tous, je dis que ce sont les Gaulois. 3. Je n’ai aucune raison de ne pas me réjouir.

1. reus, ‑i : l’accusé ; flagitare : demander, réclamer ; iudex, ‑icis : le juge ; clemens : clément, doux. 2. noctu (adv.) : de nuit. 3. operam dare : veiller à ; res aduersae (pl.) : l’adversité, le malheur.

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Partie 1. Comprendre le latin

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4. César n’hésita pas à rester en Italie. 5. Quoi de plus doux que les pleurs d’une femme ? 6. César m’avertit que les Romains ont vaincu les Gaulois. 7. Veille à étudier. Tâche d’étudier. 8. Je t’ai persuadé d’abandonner ton épouse. 9. Nous désirons être heureux. 10. Qui, quoi, où, par quels moyens, pourquoi, comment, quand ? [vers latin résumant toute l’instruction criminelle : quel est le coupable, quel est le crime, où l’a-t-on com‐ mis, par quels moyens ou avec quels complices, pour quel motif, de quelle manière, à quel moment ?] 11. Il ne savait pas ce que tu avais fait. 12. Ils ne savent pas ce que vous faites. 13. Vous ne savez pas ce qu’ils feront. 14. Nous ne savions pas ce qu’ils faisaient. 15. Ils ne savaient pas ce qu’ils faisaient1. 16. Dis-moi quel ami tu as vu. 17. Je te demande non pas ce que tu as fait, mais ce que tu feras. 18. Litt. : Tu sauras quel homme je suis du messager que je t’ai envoyé. Tu apprendras du messager que je t’ai envoyé quel genre d’homme je suis. 19. Écris-moi quel jour tu viendras. 20. Litt. : Il est douteux pourquoi les Gaulois ont été vaincus par les Romains. Il est difficile de dire pourquoi les Gaulois ont été vaincus par les Romains. La raison de la victoire des Romains sur les Gaulois est difficile à déterminer. 21. Il fut ordonné à tous de se taire. On ordonna à tous de se taire. 22. Je t’engage à te rendre immédiatement à Rome. 23. Je te conseille de ne pas parler et de ne pas avoir peur. 24. Cicéron veilla à ce que les conjurés ne pu(i)ssent faire du tort à ses concitoyens. 25. Je ferai en sorte que tu comprennes ce que les Romains pensent de toi. 26. Beaucoup de Romains souhaitaient que Cicéron fût élu consul. Bien des Romains souhaitaient l’élection de Cicéron au consulat. 27. L’accusé demande que les juges soient cléments envers lui. L’accusé réclame l’indul‐ gence des juges. 28. Je te conseille de ne pas voyager la nuit. Ne voyage pas la nuit, je te le conseille. 29. Veillons à supporter courageusement l’adversité (les malheurs de la vie).

1. Mais Nesciebant quid facerent peut également signifier « Ils ne savaient pas ce qu’ils devaient faire » (facerent étant alors un subjonctif délibératif : cf. p. 319). Chapitre 14

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30. Je demanderai s’il a acheté la maison ou non. Je m’informerai pour savoir s’il a acheté la maison ou non. 31. Lorsque je mens et que je dis que je mens, je mens ou je dis la vérité ? (ou est-ce que je mens ou est-ce que je dis la vérité ?).

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Partie 1. Comprendre le latin

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Chapitre 15 Les verbes irréguliers (1) : uelle, nolle, malle, posse, ferre Les adjectifs-pronoms démonstratifs

1. Les verbes irréguliers (1) Les verbes irréguliers latins, c’est-à-dire ceux qui ne relèvent pas d’une des cinq conju‐ gaisons étudiées jusqu’à présent, sont peu nombreux mais d’un emploi très fréquent. Ils ne présentent de véritable difficulté qu’aux temps de l’infectum ; aux temps du perfectum, ils sont conformes au schéma général de la conjugaison latine.

A. Velle La conjugaison de uelle (« vouloir ») est fondée sur l’alternance du thème au degré e et au degré o (uel‑ au degré e, uol‑ au degré o, qui, en syllabe fermée, c’est-à-dire terminée par une consonne, devient uul‑). Comme nous venons de le dire, seuls les temps de l’infectum présentent quelques par‐ ticularités. ● L’indicatif présent est formé sur le thème uol‑ : uol-o, uol-umus (et non *uol-imus), uolunt. Dans deux cas, uol‑ > uul‑ : uult, uultis. La 2e p. sg. est à retenir telle quelle : uis. Les

autres temps se conjuguent de manière tout à fait régulière, comme s’il s’agissait d’un verbe de la 3e conjugaison (uolebam comme legebam, uolam comme legam). ● Le subjonctif présent et imparfait est formé sur le thème uel‑ : – au présent, les désinences sont régulières, avec cependant une particularité (voyelle i à toutes les personnes) : uelim2, etc. ; – à l’imparfait, la formation est également régulière : *uel-se-m > uellem, etc. (comme *ama-se-m > amarem).

2. En réalité, uelim est une survivance de l’indo-européen : c’est une forme d’optatif, mode exprimant le souhait, qui a disparu en latin, mais que le grec, par exemple, a conservé. Cf. également sim, p. 149. Chapitre 15

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● L’infinitif présent est formé sur le thème uel‑ : *uel-se > uelle, avec assimilation de ‑ls‑ en

‑ll‑ (cf. es-se et *ama-se > amare). Le participe est formé sur le thème uol‑ : uolens, G. uolentis. À tous les temps du perfectum, uelle est bâti sur le thème uolu-. Lorsqu’on connaît le parfait (uolui), on peut former sans difficulté les différents temps-modes. Tableau 1. Conjugaison de uelle Indic.

Prés.

Impft Fut. s. Pft

Subj.

uolo

uelim

uis

uelis

uult

uelit

uolumus

uelimus

uultis

uelitis

uolunt

uelint

uolebam

uellem

Impér.

Infin.

uelle

Part.

uolens

uolam uoles uolui

uoluerim

uoluisti

P-q-pft

uolueram

Fut. ant.

uoluero

uoluisse

uoluissem

• Remarque

Le verbe uelle n’a ni impératif ni voix passive (tableau 1).

B. Nolle La conjugaison de nolle (« ne pas vouloir, refuser »), bâtie sur le thème nol‑ à tous les modes et tous les temps, est presque identique à celle de uelle : nolo est en fait le résultat de la contraction entre une négation (ne‑) et uolo. On a donc : nolebam (comme uolebam), nolim (comme uelim), etc. Toutes les formes de nolle sont contractes sauf trois, à l’indicatif présent : ● non uis : tu ne veux pas ; ● non uult : il ne veut pas ; ● non uultis : vous ne voulez pas.

242

Partie 1. Comprendre le latin

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Tableau 2. Conjugaison de nolle Indic.

Prés.

Impft Fut. s.

Subj.

nolo

nolim

non uis

nolis

non uult

nolit

nolumus

nolimus

non uultis

nolitis

nolunt

nolint

nolebam

nollem

Impér.

Infin.

Part.

noli nolle

nolens

nolite

nolam noles

Pft

nolui

noluerim

P-q-pft

nolueram

noluissem

Fut. ant.

noluero

noluisse

Contrairement à uelle, nolle possède un impératif (2e sg., noli ; 2e pl., nolite) dont nous étudierons bientôt l’emploi particulier (cf. p. 319). À noter que nolle n’a pas de voix passive (tableau 2).

C. Malle De même que nolle, malle (« préférer »), est le résultat d’une contraction, entre l’adverbe magis, « plus, plutôt », et uelle (litt. : vouloir plus, plutôt). Malle se conjugue donc comme uelle, mais à la différence de nolle, toutes les formes sont contractes. Sa conjugaison est bâtie sur le thème mal‑, sauf pour trois formes de l’indicatif présent : ● mauis : tu préfères ; ● mauult : il préfère ; ● mauultis : vous préférez.

Ces formes correspondent précisément à celles de nolle qui ne sont pas contractes (non uis, non uult, non uultis). Aux autres temps-modes, la conjugaison de malle ne pose pas de problème : malebam, malim, malui, etc. Malle n’a ni impératif, ni participe, ni voix passive (tableau 3).

D. Posse À l’origine, posse (« pouvoir ») est un verbe composé de la racine *pot et du verbe esse. Devant voyelle, le préverbe se maintient tel quel : pot-est ; par contre, devant s, le t s’assimile et devient donc s : *pot-sum > possum. Chapitre 15

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Tableau 3. Conjugaison de malle Indic.

Prés.

Impft Fut. s.

Subj.

malo

malim

mauis

malis

mauult

malit

malumus

malimus

mauultis

malitis

malunt

malint

malebam

mallem

Impér.

Infin.

Part.

malle

malam males

Pft

malui

maluerim

P-q-pft

malueram

maluissem

Fut. ant.

maluero

maluisse

Tableau 4. Conjugaison de posse Indic.

Subj.

possum

possim

potes

possis

potest

possit

possumus

possimus

potestis

possitis

possunt

possint

Impft

poteram

possem

Fut. s.

potero

Pft

potui

potuerim

P-q-pft

potueram

potuissem

Fut. ant.

potuero

Prés.

Impér.

Infin.

posse

Part.

(potens1)

potuisse

En appliquant la règle énoncée ci-dessus, l’infinitif présent devrait être *potesse et le subjonctif imparfait *potessem. En latin archaïque, on trouve bel et bien ces formes, mais elles ont disparu du latin classique. L’analogie avec possim est l’explication de cette dispa‐ rition, et, comme toujours (cf. uelle, par exemple), le subjonctif imparfait et l’infinitif pré‐ sent vont de pair.

1. Potens, qui sert de participe à posse, est issu d’un ancien verbe *potēre. Il est surtout employé comme adjectif avec le sens de « puissant, influent ».

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Partie 1. Comprendre le latin

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E. Ferre Le verbe ferre (« porter ») se conjugue sur trois thèmes différents : ● fer‑ aux temps de l’infectum ; ● tul‑ aux temps du perfectum actif ; ● lat‑ aux temps du perfectum passif.

Les temps primitifs de ferre sont donc fero, tuli, latum. Aux temps de l’infectum, ferre est en réalité presque régulier (tableau 5 et 6). Tout se passe comme si on avait affaire à un verbe *ferĕre, fero, de la 3e conjugaison. Quelques formes actives et passives du présent, dépourvues de voyelle thématique, paraissent irré‐ gulières : fers / ferris, fert / fertur, fer / ferte, ferre / ferri. En revanche, à la 2e p. pl., en face de fertis, ferimini est régulier. Aux temps du perfectum actif (tul‑) et passif (lat‑), ferre est tout à fait régulier. Tableau 5. Conjugaison de ferre (voix active) Indic.

Prés.

Subj.

fero

feram

fers

feras

fert

ferat

ferimus

feramus

fertis

feratis

ferunt

ferant

Impft

ferebam

ferrem

Fut. s.

feram

Impér.

tuli

tulerim

P-q-pft

tuleram

tulissem

Fut. ant.

tulero

Part.

fer ferre

ferens

laturum, ‑am, ‑um esse

laturus, ‑a, -um

ferte

feres Pft

Infin.

tulisse

ferendum Gérondif

ferendi ferendo ferendo

Supin

latum

Chapitre 15

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Tableau 6. Conjugaison de ferre (voix passive) Indic.

Prés.

Impft Fut. s.

Subj.

feror

ferar

ferris

feraris

fertur

feratur

ferimur

feramur

ferimini

feramini

feruntur

ferantur

ferebar

ferrer

Infin.

Part.

ferri

ferar

latum iri

fereris latus sum

latus sim

P-q-pft

latus eram

latus essem

Fut. ant.

latus ero

Pft

Impér.

latum, ‑am, -um esse

Adj. verbal

latus, ‑a, ‑um

ferendus, ‑a, ‑um

2. Les adjectifs-pronoms démonstratifs Nous avons déjà étudié les adjectifs-pronoms relatifs (cf. chapitre 9) et interrogatifs (cf. chapitre 14). Nous allons examiner à présent les démonstratifs. Cet homme est un génie. Ceci est plus beau que cela. Ces enfants-ci sont plus intelligents que ceux-là. Cette leçon porte sur les démonstratifs. En latin, on distingue plusieurs adjectifs-pronoms démonstratifs.

A. Hic Hic est l’adjectif-pronom correspondant à la première personne. Il marque la proximité dans l’espace ou dans le temps. On l’utilise, par exemple, pour renvoyer aux derniers mots d’une phrase ou pour annoncer ceux qui suivent. Hic liber. Ce livre-ci [que j’ai sous les yeux, qui m’appartient, ou dont je viens de par‐ ler]. Tibi hoc dico : ueritas odium parit. Je te dis ceci : la vérité engendre la haine.

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Partie 1. Comprendre le latin

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B. Iste Iste est l’adjectif-pronom correspondant à la deuxième personne. Il se rapporte à la per‐ sonne à qui l’on parle. Désignant la partie adverse dans les affaires judiciaires, il a pris souvent une valeur péjorative. Iste liber. Ce livre [qui t’appartient, qui est près de toi]. Iste homo. Cet homme [à qui j’ai affaire], notre homme.

C. Ille Ille est l’adjectif-pronom correspondant à la troisième personne. Il marque l’éloigne‐ ment dans l’espace et dans le temps, et il a pris ainsi, à l’occasion, un sens emphatique. Ille homo. Cet homme-là [désignant une personne absente, ou un personnage célèbre]. Illo tempore. En ce temps-là [lointain]. Cur illud fecisti ? Pourquoi as-tu fait cela ?

• Remarque

Conformément à leur signification générale, hic et ille employés dans une même phrase renvoient respectivement à ce qui a été dit en dernier et en premier lieu : Plautus et Catullus poetae Latini sunt ; hic carmina scripsit, ille comoedias. Plaute et Catulle sont des poètes latins ; celui-ci [= Catulle] a écrit des poèmes, celui-là [= Plaute] des comédies.

D. Is Is est également un adjectif-pronom démonstratif de la troisième personne. Il est plus faible que ille, et, bien souvent, on le traduit par l’article défini ou par « il » (« le, lui », etc.) Is homo. Cet homme [dont on parle], l’homme [en question]. Is est un mot très fréquent en latin, car sa valeur démonstrative lui fait remplir, par extension, deux fonctions essentielles. ● Il sert souvent d’antécédent au pronom relatif neutre, à valeur indéterminée ; en

quelque sorte, il l’annonce. En français, on dit : Dis-moi ce que tu as fait. Que ceux qui ne sont pas d’accord lèvent la main. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement.

Chapitre 15

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Le latin dira : Libenter homines credunt id quod uolunt. (Plus souvent : Id libenter homines credunt quod uolunt.) Les gens croient volontiers ce qu’ils veulent. Nemo spectat id quod est ante pedes. Personne ne regarde ce qui est à ses pieds. Is qui bene amat bene castigat. Celui qui aime bien châtie bien. En français, l’antécédent du pronom relatif doit presque toujours être exprimé pour que la phrase ait un sens (ou, au moins, garde le même sens). On peut dire : Qui aime bien châtie bien [sans exprimer « celui », surtout dans des phrases de portée très générale, des proverbes]. Les gens croient volontiers qu’ils veulent [mais, dans ce cas, « que » n’est plus pronom relatif et la phrase n’a plus du tout le même sens]. En latin, l’antécédent du pronom relatif ne doit pas être obligatoirement exprimé quand il désigne quelque chose d’indéterminé. Le latin dira donc de manière tout à fait cou‐ rante : Libenter homines credunt quod uolunt. Nemo spectat quod est ante pedes. Qui bene amat bene castigat. Selon le point de vue adopté, on dira que, dans ces phrases, is annonce le relatif ou que qui développe le démonstratif. Les paires is qui (« celui qui »), id quod (« ce qui, ce que ») et ea quae (« ce qui, ce que ») sont très fréquentes dans les textes latins. Il arrive d’ailleurs souvent qu’on traduise simplement is par l’article défini. Is homo quem uidisti… L’homme que tu as vu… ● Is s’emploie également comme pronom personnel non-réfléchi de la 3e personne :

Je le vois. Je la regarde. Nous les haïssons. Il équivaut alors au pronom français « le » (« la, lui », etc.). Nous étudierons cet emploi de is dans le chapitre suivant (chapitre 16).

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Partie 1. Comprendre le latin

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E. Tableaux de déclinaison des démonstratifs Sg. M. N.

hic

Acc.

hunc

G. D. Abl.

Pl.

F.

Nt.

haec hanc ⇐

huius





huic



hoc

hac

M.

F.

hi

hae

haec

hoc

hos

has

haec

horum

harum

horum

hoc

⇐ his



⇐ his



Sg. M. iste

Acc.

istum

G. D. Abl.

Pl.

F.

N.

Nt.

ista istam



istius





isti



isto

ista

M.

F.

N.

ille

Acc.

illum

G. D. Abl.

isti

istae

ista

istud

istos

istas

ista

istorum

istarum

istorum

isto

⇐ istis



⇐ istis



Pl.

F.

Nt.

illa illam ⇐

illius





illi



illo

illa

M.

F.

Nt.

illud

illi

illae

illa

illud

illos

illas

illa

illorum

illarum

illorum

illo

Sg. M.

Nt.

istud

Sg. M.

Nt.

hoc

⇐ illis



⇐ illis



Pl.

F.

Nt.

M.

F.

Nt.

N.

is

ea

id

ei (ii)

eae

ea

Acc.

eum

eam

id

eos

eas

ea

eorum

earum

eorum

G. D. Abl.

eo



eius





ei



ea

eo

⇐ eis (iis)



⇐ eis (iis)



Chapitre 15

249

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• Remarques

1) Les G. et D. sg. des démonstratifs sont toujours les mêmes aux 3 genres (cf. le relatif cuius, cui et uter, chapitre 14). 2) Bien que leurs désinences ressemblent par certains côtés à celles de la 2e décl. (Acc. M. sg. en ‑um, etc.) ou de la 1re (N. F. pl. en ‑ae, etc.), leur G. sg. est toujours en ‑ius et leur D. sg. en ‑i. 3) Leurs D. et Abl. pl. sont toujours les mêmes aux 3 genres. 4) Quelques formes sont ambiguës : – hoc : Abl. M. Nt. sg. ou N. Acc. Nt. sg. ; – isti, illi, ei : D. M. F. Nt. sg. ou N. M. pl. ; – ista, illa, ea : N. Abl. F. sg. ou N. Acc. Nt. pl.

F. Idem et ipse Traditionnellement, on range parmi les démonstratifs deux autres adjectifs-pronoms qui sont, en réalité, des indéfinis : idem et ipse. ● Idem : exprime l’identité (« même, le même »). Il est composé du suffixe ‑dem et du

démonstratif is. Il se décline comme ce dernier, sauf au N. M. sg. (idem) et au N. Nt. sg. (idem)1. ● Ipse : souligne le nom auquel il est joint. Il peut exprimer plusieurs nuances : « (en) lui-

même, en personne, quant à lui, précisément ». Il se décline comme ille, sauf au N. V. Acc. Nt. sg., où il prend un ‑m au lieu d’un ‑d (ipsum). Idem dux. Le même chef. Dux ipse. Le chef lui-même, en personne. Eundem uirum uidi. J’ai vu le même homme. Virum ipsum uidi. J’ai vu l’homme en personne.

1. À côté des Acc. eumdem, eamdem et des G. eorumdem, earumdem, on trouve plus souvent les formes eundem, eandem, etc., qui s’expliquent par un phénomène phonétique d’assimilation (-md- > -nd-).

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3. Exercices Énoncés A. Déclinez. N. V. Acc. G.

Sg. une énorme tête une nouvelle armée un chant agréable un vieux roi

Pl. une main libre un poète malheureux une mer profonde (altus) un sénat courageux

D. Abl.

une poussière légère une maison détruite

une mère aimante un livre à lire

B. Traduisez. 1. ductae sint 2. uixisti 3. largiendarum 4. possitis 5. latus essem 6. dentur 7. dantis 8. uicti sint 9. ceperis 10. caperis

11. uis 12. nolam 13. lati simus 14. possitis

21. nolis 22. malles 23. feram 24. malitis

15. potueris 16. poterit 17. uoluerant 18. ferris

25. malumus 26. tulistis 27. fertis 28. ferrer

19. feror 20. noluisse

29. latum iri 30. fereris

C. Déclinez les groupes suivants. N. Acc. G. D.

Sg. (hic) templum (ille) seruus (iste) mundus (hic) corpus

Pl. (hic) bellum (ille) arbor (iste) ciuitas (ille) lex

Pl. (quis) caput ? (qui) mundus ? (hic) copiae (ille) puer

Abl.

(iste) puluis

(hic) uersus

(qui) liber ?

Chapitre 15

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D. Traduisez. 1. j’aurai voulu

8. voulant (D. sg.)

15. tu pouvais

2. tu ne veux pas 3. tu es porté 4. être porté

9. qu’il voulût 10. que tu n’aies pas voulu 11. tu n’avais pas voulu

16. que tu eusses pu 17. tu peux 18. qu’il ait pu

5. tu seras porté 6. tu préférais 7. nous voudrons

12. ils n’auront pas préféré 13. vous serez portés 14. nous ne voulions pas

19. tu avais pu 20. il préfère

E. Analysez de toutes les façons possibles en utilisant le dictionnaire. 1. uici 2. latus 3. uenis 4. legi 5. mane F. Traduisez. 1. En quatre ans, j’ai écrit trois fois (ter, adv.) à mon père. 2. Après avoir vaincu les Gaulois, César acheta du vin et but avec ses troupes toute la nuit. 3. César dit que ses troupes sont les plus courageuses. 4. En lisant des livres. 5. L’art de la parole. 6. Il ne faut pas réciter de mauvais poèmes. G. Traduisez. 1. Quam urbem cepisti ? 2. Cur uxorem non amas ? 3. Flebitne an gaudebit ? 4. Vbi es ? Vnde uenis ? 5. Ego idem facio. 6. Istius laboris fructum carpes. 7. Seruitus animos hominum minuit1. 8. Frater tuus mihi scripsit. 9. Scribam ipse illi. 10. Epistula mihi iucundissima fuit, qua tuum longum iter narrabas2. 11. Dux militum illorum uirtutem laudauit quibus uictoriam debuerat. 12. Eodem ego dolore dolui, quo tu ipse dolebas. 13. Vidi qualia emisti.

1. seruitus, ‑us : l’esclavage ; minuĕre, ‑o : diminuer, abaisser. 2. iucundus, ‑a, ‑um : agréable, charmant ; longus, ‑a, ‑um : long ; iter, itineris (3e décl. Nt.) : le voyage.

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14. Requiescat in pace1. 15. Non unum est ex theatro uenire et a theatro. Nam qui ex theatro se uenire dicit, ex ipso uenit theatro ; qui uero a theatro, non ex theatro, sed e loco qui proximus est theatro2. 16. Archimedes ab ignaro milite quis esset interfectus est. 17. Constituendum est primum cui profuerit delictum. 18. Rerum scriptores quare3 et unde bella oriantur quaerunt. 19. Haec quaestio est rectene an improbe egerit. 20. Vtrum Romani, cum gladiatores ferro decertarent, hoc spectaculum crudele esse arbitrantur annon ?

Corrigés A. ingens caput noue exercitus iucundum carmen ueteris regis B.

leui pulueri deleta domo liberae manus miseri poetae

alta maria fortium senatuum matribus amantibus legendis libris

1. qu’elles aient été conduites 2. tu as vécu 3. devant être distribuées (G. F. pl.) 4. que vous puissiez 5. que j’eusse été porté

16. il pourra 17. ils avaient voulu 18. tu es porté 19. je suis porté 20. n’avoir pas voulu

6. qu’ils soient donnés 7. donnant (G. sg.) 8. qu’ils aient été vaincus 9. que tu aies pris ; tu auras pris

21. que tu ne veuilles pas 22. que tu préférasses 23. je porterai ; que je porte 24. que vous préfériez

10. tu es pris 11. tu veux 12. je ne voudrai pas 13. que nous ayons été portés 14. que vous puissiez 15. tu auras pu ; que tu aies pu

25. nous préférons 26. vous avez porté 27. vous portez 28. que je fusse porté 29. être porté (inf. futur) 30. tu seras porté

1. requiescĕre, ‑o : se reposer ; pax, pacis : la paix. 2. non unum est : ce n’est pas la même chose de… ; theatrum, ‑i : le théâtre ; nam : en effet ; uero : par contre ; sed : mais ; proximus + D. : le plus proche, très proche. 3. quare : pourquoi, pour quelle raison. Chapitre 15

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C. hoc templum illum seruum istius mundi huic corpori isto puluere D. 1. uoluero 2. non uis 3. ferris 4. ferri 5. fereris E.

haec bella illas arbores istarum ciuitatum illis legibus his uersibus 6. malebas 7. uolemus 8. uolenti 9. uellet 10. nolueris

quae capita ? quos mundos ? harum copiarum illis pueris quibus libris ?

11. nolueras 12. non maluerint 13. feremini 14. nolebamus 15. poteras

16. potuisses 17. potes 18. potuerit 19. potueras 20. mauult

– 1re p. sg. ind. pft act. de uincĕre, -o : j’ai vaincu – G. sg. ou N. V. pl. de uicus : le quartier ; la rue 2. latus : – part. pft passif de ferre : ayant été porté – N. V. sg. de latus, -a, -um : large – N. V. Acc. sg. de latus, lateris (Nt.) : le côté, le flanc 1. uici :

3. uenis : – 2e p. sg. ind. prés. act. de uenire, io : tu viens – 2e p. sg. ind. prés. de uenire, -eo : tu es mis en vente – D. Abl. pl. de uena : la veine 4. legi : – D. sg. de lex, legis : la loi – 1re p. sg. ind. pft act. de legĕre, -o : j’ai lu – infin. prés. passif de legĕre, -o : être lu 5. mane : – 2e p. impér. prés. de manēre : reste ! – adverbe de temps : le matin

F.

1. Intra quattuor annos, ter ad patrem scripsi. 2. Gallis uictis, Caesar uinum emit et cum copiis tota nocte bibit. 3. Caesar dicit copias suas fortissimas esse. 4. Libros legendo. 5. Ars dicendi. 6. Carmina mala non sunt recitanda.

G. 1. Quelle ville as-tu prise ? 2. Pourquoi n’aimes-tu pas ton épouse ? 3. Pleurera-t-il ou se réjouira-t-il ? 4. Où es-tu ? D’où viens-tu ?

5. Moi, je fais la même chose. 6. Tu recueilleras le fruit de ce travail. 7. L’esclavage abaisse l’esprit des hommes1. 8. Ton frère m’a écrit.

1. Le latin recourt volontiers au pluriel (animos) là où le français utilise d’habitude le singulier, considérant que chaque homme a un esprit. Pour un autre exemple, cf. p. 85, ex. F. 1 : Veritas mentes hominum laetificat.

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9. J’écrirai moi-même à celui-là (je lui écrirai moi-même). 10. J’ai été très charmé de la lettre où tu racontais ton long voyage. Elle m’a beaucoup plu, la lettre où… (litt. : La lettre fut très agréable pour moi, par laquelle tu racontais ton long voyage.) 11. Le général loua le courage de ces (glorieux) soldats à qui il avait dû la victoire. (litt. : Le général loua le courage de ces soldats-là, à qui il avait dû la victoire.) 12. J’ai, pour ma part, éprouvé la même douleur que tu éprouvais toi-même. (litt. : Moi j’ai souffert de la même douleur dont toi-même tu souffrais.) 13. J’ai vu le genre d’achats que tu as faits. (litt. : J’ai vu quel genre de choses tu as ache‐ tées.) 14. Qu’il repose en paix (abrégé, sur les monuments funéraires, en R.I.P.). 15. Litt. : Ce n’est pas une (= la même) chose de sortir du théâtre et de venir du théâtre. En effet, celui qui dit qu’il sort du théâtre sort de l’enceinte même du théâtre ; par contre, celui qui (dit qu’il vient) du théâtre ne (sort) pas du théâtre, mais (vient) d’un endroit tout proche du théâtre. Il s’agit d’un texte d’un grammairien latin, qui explique les différences d’emploi entre ex et ab. C’est pourquoi on pourrait très bien conserver certains mots en latin dans la traduction : Il y a une différence entre venir ex theatro et venir a theatro. En effet, celui qui dit qu’il vient ex theatro sort de l’enceinte même du théâtre ; par contre, celui qui dit qu’il vient a theatro ne sort pas du théâtre, mais d’un endroit tout proche de celuici. 16. Archimède fut tué par un soldat qui ignorait (litt. : ignorant) qui il était. À remarquer que, dans cette phrase, l’interrogation indirecte n’est pas introduite par un verbe, mais par l’adjectif ignarus, qui contient à lui seul l’idée d’interrogation. 17. Il faut d’abord établir à qui le crime a profité. Constituendum est est un adjectif verbal dont le sujet est la proposition interrogative ; profuerit (de prodesse) est un subj. pft (antériorité par rapport au verbe principal). 18. Les historiens cherchent (à déterminer) les causes et les origines des guerres. (litt. : Les historiens cherchent à savoir pour quelles raisons et d’où les guerres naissent.) 19. Le problème est celui-ci, (de savoir) s’il a agi correctement ou malhonnêtement. Le problème est de savoir si… 20. Quand les gladiateurs se battaient à l’épée, les Romains jugeaient-ils que ce spectacle était cruel ou non ?

Chapitre 15

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Chapitre 16 Les verbes irréguliers (2) : fieri, ire, esse Les adjectifs-pronoms indéfinis Les pronoms personnels et adjectifs possessifs (2)

1. Les verbes irréguliers (2) A. Fieri Le verbe fieri, « devenir, se produire », dont le thème est fi‑, se conjugue comme audire, sauf à l’infinitif (fieri) et au subjonctif imparfait (fierem) (tableau 1). Tableau 1. Conjugaison de fieri Indic. Prés.

Subj.

fio

fiam

fis

fias

fit

fiat

fimus

fiamus

fitis

fiatis

fiunt

fiant

Impft

fiebam

fierem

Fut. s.

fiam

Impér.

Infin.

fi fieri fite

factum iri

fies

Fieri est fréquent en latin, car il intervient dans la conjugaison d’un verbe courant, mais défectif (incomplet), facĕre, ‑io, feci, factum (« faire »), qui est dépourvu d’infectum passif (son infinitif futur factum iri est formé sur le supin). Fieri ne possédant de conjugaison propre qu’à l’infectum (présent, imparfait, futur), on peut dire aussi qu’il emprunte à facĕre les formes du perfectum passif : l’adjectif verbal faciendus et le participe parfait passif factus, qui permet de former le parfait (factus sum), le plus-que-parfait (factus eram) et le

Chapitre 16

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futur antérieur (factus ero). En résumé, les deux verbes se complètent de la manière sui‐ vante (tableau 2) : Tableau 2. Emplois de facĕre et fieri Actif Infectum

Perfectum

Passif

facio

fio

je fais

je suis fait, je deviens

feci j’ai fait

factus sum j’ai été fait, je suis devenu

Fieri signifie « être fait, devenir », mais aussi « arriver, se produire, advenir, se faire », etc. Quid fit ? Qu’arrive-t-il ? Que se passe-t-il ? Fieri potest ut… Il peut se faire que… Il peut arriver que…

B. Ire La conjugaison de ire (« aller ») est bâtie sur un thème *ey‑, qui devient : ● e‑ devant voyelle (chute du *y intervocalique) : eo (< *ey-o), eunt (< *ey-unt) ; ● i‑ devant consonne ou en finale : is (< *ey-s), it (< *ey-t), i (< *ey).

Une seule exception : le nominatif singulier du participe présent, iens (mais le G. euntis est normal). Le verbe ire a plusieurs composés. Mentionnons : ● abire, abeo, abii, abitum : s’éloigner ; ● adire, adeo, adii, aditum : aller vers ; ● exire, exeo, exii, exitum : sortir ; ● redire, redeo, redii, reditum : retourner ; ● transire, transeo, transii, transitum : traverser.

Il faut y ajouter deux autres composés remarquables : ● perire, pereo : « périr », qui sert de passif à perdĕre, ‑o (faire périr) ; ● uenire, ueneo, « être mis en vente » (litt. : « aller en vente », uenum ire1), à ne pas

confondre avec uenire, uenio (« venir ») ; plusieurs formes sont ambiguës (uenis, uenit…), d’autres se ressemblent (ueniebam – uenibam). Le contexte et le bon sens doivent permettre de trancher. Mais prudence : Seruus uenit signifie aussi bien « L’esclave est vendu » que « L’esclave vient (ou est venu) ».

1. De même, uenum dare, « donner en vente », a donné uendĕre, ‑o.

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Tableau 3. Conjugaison de ire Indic. Prés.

Subj.

eo

eam

is

eas

it

eat

imus

eamus

itis

eatis

eunt

eant

Impft

ibam

irem

Fut. s.

ibo

Pft

i(u)i1

Impér.

Infin.

Part.

i ire

iens (G. euntis)

ite

iturum esse i(u)erim

i(u)isse

i(u)isti P-q-pft

i(u)eram

Fut. ant.

i(u)ero

i(u)issem Gérondif

eundum eundi eundo eundo

Supin

itum

C. Esse Le verbe esse, que nous avons déjà étudié, est bâti sur deux thèmes : ● es‑ / s‑ aux temps de l’infectum : est, eram (< *es-am), esse (= es-se), sum, sumus ; ● fu‑ aux temps du perfectum : fui, fuerim, fuissem.

La conjugaison de esse est, en plus, incomplète. Ce verbe n’a pas de participe présent2, de gérondif, d’adjectif verbal et de supin. Cependant, il possède un participe futur bâti sur un thème fut‑ : futurus, ‑a, ‑um, « qui sera ». Ce participe sert à créer l’infinitif futur futurum (‑am, ‑um) esse, qu’on trouve aussi sous la forme invariable fore. Esse a plusieurs composés. Outre posse (< *pot-esse), vu au chapitre 15, on peut citer : ● abesse, absum, afui (< *ab-fui) : être absent ; ● adesse, adsum, adfui (ou affui) : être présent ; ● deesse, desum, defui : manquer ;

1. Avec iui se produit le même phénomène que pour audiui : le u [w] placé entre deux i disparaît (syncope) et, par analogie, on a, aux autres temps, les formes ieram, iero, etc. 2. Ceci explique que l’on rencontre des ablatifs absolus sans verbe exprimé, du type Cicerone consule (cf. p. 136). Chapitre 16

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● interesse, intersum, interfui : être parmi, assister à ; ● praeesse, praesum, praefui : être à la tête de1.

2. Les adjectifs-pronoms indéfinis On range dans cette catégorie plusieurs mots exprimant des notions parfois très diffé‐ rentes. Au point de vue de leur déclinaison, les adjectifs-pronoms indéfinis ont presque tous (comme le relatif, uter, hic, etc.), quel que soit leur nominatif : ● le G. sg. en ‑ius ; ● le D. sg. en ‑i.

On donne souvent à cette particularité le nom de déclinaison pronominale.

A. Quelque, quelqu’un ● Pour désigner une personne ou une chose indéterminée, mais dont l’existence est bien

réelle, ou en tout cas supposée telle, on utilise : – aliqui, aliqua, aliquod : quelque ; – aliquis, aliqua, aliquid : quelqu’un Ils se déclinent exactement comme qui et quis, sauf au N. F. sg. et au N. Acc. Nt. pl. (aliqua au lieu de *aliquae). Aliquis uenit. Quelqu’un est venu [= Il est réellement venu quelqu’un, mais le pro‐ blème n’est pas de connaître son identité]. Aliquos libros mihi dedit. Il m’a donné quelques livres [les titres importent peu ici]. Conformément à son sens, aliquis peut souvent se traduire par notre « on » français : Quid est, quaeret aliquis, bonum ? Qu’est-ce que le bien, demandera-t-on ? ● À côté d’aliqui(s), il existe également un adjectif-pronom qui(s), quae, quod (quid), à

valeur indéterminée, voire hypothétique (désignant quelqu’un dont l’existence même n’est pas assurée), qu’il ne faut pas confondre avec le relatif qui et l’interrogatif quis. Cette forme est enclitique : cela signifie qu’elle est dépourvue d’accent et qu’elle doit « s’appuyer » sur le mot précédent. En d’autres termes, elle ne peut se trouver en tête de proposition ou de phrase. D’une manière générale, on trouvera qui(s) au lieu d’aliqui(s) après si, nisi, ne, num et le relatif.

1. Bien que esse soit dépourvu de participe présent, abesse et praeesse en possèdent un, qui est utilisé seulement comme adjectif : absens, praesens.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Si quis uenit, abibo. Si quelqu’un vient, je m’en irai [mais on ne sait pas si quelqu’un viendra]. Me rogauit num quis uenisset. Il me demanda si quelqu’un était venu. ● Il existe aussi deux autres adjectifs-pronoms de sens analogue, mais dont l’emploi est

un peu particulier : – quisquam (se décline comme quis ; la finale ‑quam est invariable ; le neutre est quid‐ quam, ou quicquam par assimilation) : utilisé surtout comme pronom au M. Nt. sg. ; – ullus, ‑a, ‑um : utilisé comme adj. et comme pron. au M. F. Nt. En règle générale, ces mots s’emploient dans des propositions négatives, notamment avec nec ou neque (cf. ci-dessous, C.).

B. Certain, un (certain) Pour désigner une personne ou une chose bien déterminée, sans la nommer pour autant expressément, on utilise : – quidam, quaedam, quoddam : certain ; – quidam, quaedam, quiddam1 : un (certain) Ils se déclinent respectivement comme le relatif qui et l’interrogatif quis (sauf au N. M. sg. du pronom : quidam au lieu de *quisdam). Quidam uenit. Quelqu’un est venu [pas n’importe qui]. Au contraire d’aliquis, quidam indique qu’on connaît la personne qui est venue ou que l’on pense à quelqu’un sans le nommer. Homines quidam solum ut edant uiuunt. Certains hommes ne vivent que pour manger [= Je connais des gens qui…].

C. Aucun… ne, personne… ne ● nullus, ‑a, ‑um : aucun… ne ; ● neuter2, neutra, neutrum : aucun des deux… ne (se décline sur uter) ; ● nemo (< *ne-homo) : personne… ne ; ● nihil3 : rien… ne.

1. De même que des formes comme eamdem, eumdem peuvent devenir eandem, eundem (cf. p. 250), ainsi quamdam (Acc. F. sg.) et quemdam (Acc. M. sg.) peuvent se rencontrer sous la forme quandam, quendam. 2. Attention : bien prononcer [né-ou-tèr] ; cf. p. 33. En grammaire, le genre neutre est celui qui n’est aucun des deux (autres), c’est-à-dire ni masculin ni féminin. 3. Étymologiquement, nihil vient de *ne-hilum, c’est-à-dire « pas un germe de haricot » (donc « rien »). Chapitre 16

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La déclinaison de nemo et de nihil est un peu particulière, en ce sens que tous les cas ne sont pas attestés en latin classique (G. Abl. de nemo ; G. D. Abl. de nihil). Pour suppléer les formes manquantes de nemo, le latin dispose d’un autre adjectif-pronom, nullus, et pour celles de nihil, il a recours à une expression de sens équivalent, nulla res, « aucune chose ». On a donc (tableau 4) :

Tableau 4. Déclinaison de nemo et nihil N.

nemo

nihil

Acc.

neminem

nihil

G.

nullius

nullius rei

D.

nemini

nulli rei

Abl.

nullo, ‑a, ‑o

nulla re

Nihil est toujours pronom, ainsi que, le plus souvent, nemo. Nullus est tantôt adjectif, tantôt pronom (dans la déclinaison de nemo). Neuter, comme uter, est soit adjectif, soit pro‐ nom. Nullum magnum ingenium sine mixtura dementiae. (Il n’y a) aucun grand génie sans un mélange de folie. Point de grand génie… Homo sum, humani nihil a me alienum puto. Je suis un homme, et je pense que rien de ce qui est humain ne m’est étranger. Nemo spectat quod est ante pedes. Personne ne regarde ce qui est devant (à) ses pieds. Nemini parcam. Je n’épargnerai personne. Consulum neuter in Galliam proficiscetur. Aucun des deux consuls ne partira en Gaule. Res nullius. Chose n’appartenant à personne (litt.: de personne) Le latin évite d’employer la conjonction et suivie d’une négation ou d’un adjectif-pronom de sens négatif ; en pareil cas, il fait porter la négation sur la conjonction de coordina‐ tion ; ainsi nec et neque1 (« et ne… pas ») remplacent et non ; nec quisquam et neque ullus (« et personne ne… ») remplacent et nemo et et nullus (on ne trouve pas *nec aliquis). Dès lors, c’est généralement dans les propositions négatives que quisquam et ullus se ren‐ contrent (cf. ci-dessus). Adspecto neque quemquam uideo [au lieu de *et neminem uideo]. Je regarde et ne vois personne.

1. On trouve le plus souvent nec devant consonne et neque devant voyelle.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Les doubles négations Deux négations simples (non, nec, ne) qui se suivent s’annulent sauf si la seconde est nec ou ne… quidem (« ne pas… même ») : … nec hoc ille non uidit… et il n’a pas été sans voir ceci… (et il a certainement vu ceci [les négations s’annulent, car non est en seconde position]). Non possum nec cogitare nec scribĕre. Je ne puis ni réfléchir ni écrire [les négations ne s’annulent pas, car nec est en seconde position]. Lorsqu’une des deux négations est composée (nemo, nullus, nihil), il faut distinguer deux cas : ● si une négation composée précède une négation simple, elles s’annulent, mais le sens

est plus expressif que la simple affirmation : Nemo non ridebat. Litt. : (Il n’y avait) personne (qui) ne riait pas. Tout le monde riait (rire général). ● si une négation simple précède une négation composée, elles s’annulent, mais le sens

est plus faible que la simple affirmation : Non nemo ridebat. Litt. : (Il n’y avait) pas personne (qui) riait. Quelques-uns riaient. Donc, le succès d’un orateur est très différent selon que : Nemo non audiebat. Pas un n’écoutait pas [= Tout le monde écoutait]. Non nemo audiebat. Quelques-uns écoutaient.

D. Chaque, chacun, tout ● quisque, quaeque, quodque : chaque ; ● quisque, quaeque, quidque : chacun ; ● unusquisque, unaquaeque, unumquodque : chaque (sens distributif) ; ● unusquisque, unaquaeque, unumquidque : chacun ; ● uterque, utraque, utrumque : chaque, chacun de deux ; ● omnis, omnis, omne : tout, chaque, chacun (sens collectif) ; ● totus, tota, totum : tout, entier.

Chapitre 16

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1. Quisque, unusquisque Dans quisque, ‑que est invariable et quis se décline comme qui (adj.) ou quis (pron.) ; dans unusquisque, ‑que est invariable, mais unus et quis ont leur déclinaison propre (Acc. M. : unumquemque, etc.). Ils signifient tous les deux « chaque, chacun » au sens distributif, c’està-dire « pris un à un ». Quisque est enclitique : il ne s’emploie donc jamais en début de proposition ou de phrase. Généralement, on ne rencontre quisque que dans des cas bien précis : ● après un réfléchi ou un relatif :

Hostes constituerunt optimum esse domum suam quemque reuerti. Les ennemis déci‐ dèrent que la meilleure chose à faire était de rentrer chacun chez soi. ● après un superlatif, pour exprimer l’idée que les différentes unités d’un même ensemble

sont envisagées une à une ; quisque en arrive ainsi à exprimer une nuance de répétition (chaque fois) : Fortissimus quisque acriter pugnabat. Litt. : Chacun le plus courageux combattait avec ténacité. Tous les plus courageux combattaient avec ténacité. Optimus quisque uenit. Litt. : Chaque meilleur est venu. Tous les meilleurs sont venus. À noter que quisque peut être mis au pluriel : Fortissima quaeque consilia tutissima sunt. (Litt. : Chaque décision la plus courageuse est la plus sûre.) Toutes les décisions les plus courageuses sont les plus sûres. Les décisions les plus courageuses sont toujours les plus sûres. ● après un adjectif ordinal, en réponse à la question « chaque quantième ? » (donc « tous

les x temps, tant sur tant ») : Quinto quoque anno, Romam eo. Litt. : Chaque cinquième année, je vais à Rome. Tous les quatre ans, je vais à Rome1. Vix decimus quisque miles sine uulnere erat. Litt. : Chaque dixième soldat à peine était sans blessure. C’est à peine si un soldat sur dix était indemne.

• Remarque

Nous verrons au chapitre 17 que le latin possède également des adjectifs distributifs qu’il utilise pour exprimer la notion de « tant par tant, chacun tant » : Domini denos seruos habent. Les maîtres ont chacun dix esclaves.

1. Sur l’emploi de l’ordinal augmenté d’une unité au lieu du cardinal, cf. p. 280-281.

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2. Vterque Vterque se décline exactement comme uter. Vterque utrique exercitus in conspectu erat. (Litt. : Chacune des deux armées était en vue pour chacune des deux.) Les deux armées étaient en vue l’une de l’autre. De même que uter, uterque se construit avec le génitif des pronoms : Vterque nostrum id sibi suscipiendum aestimauit. Chacun de nous deux a cru devoir s’en charger.

3. Omnis et totus Omnis signifie « tout » au sens de « toute espèce de, chaque » (sens collectif), par oppo‐ sition à quisque, qui désigne chaque individu en particulier (sens distributif) : Omnis homo mortalis est. Tout homme est mortel. Totus signifie « tout » au sens de « tout entier, total » ; pour le sens, il se rapproche donc plutôt d’integer, qui est le mot latin d’où vient le fr. « entier ». Onmia promittis cum tota nocte bibisti. Tu promets tout quand tu as bu toute la nuit [= la nuit entière].

E. Autre, un autre ● alius1, alia, aliud : autre, un autre (parmi plusieurs) ; ● alter, altera, alterum : autre, l’autre (de deux), second ; ● reliqui, reliquae, reliqua : (tous) les autres, c’est-à-dire ce qui reste d’un tout ; ● ceteri, ceterae, cetera : (tous) les autres, par opposition à un individu ou à un groupe

déterminé.

1. Alius et alter Aliud sibi consilium capiendum existimauit. Il estima qu’il devait prendre une autre décision. Hostes in altera fluminis ripa castra posuerunt. Les ennemis établirent leur camp sur l’autre rive du fleuve. Cf. en français : « Je te considère comme mon alter ego », c’est-à-dire comme « l’autre moi » (d’où alter).

1. Théoriquement, le G. sg. d’alius devrait être alīus (G. sg. en ‑ius de la déclinaison pronominale) ; bien que cette forme soit parfois attestée, elle est le plus souvent remplacée, pour éviter l’ambiguïté, par le G. d’alter (alterius) ou par l’adjectif alienus, « qui appartient à un autre, d’autrui, étranger ». Chapitre 16

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Particularités d’emploi ● Alius et alter peuvent être répétés dans deux propositions successives et avoir la même

fonction ; ils signifient alors « l’un… un autre » (alius… alius) ou « l’un… l’autre, le pre‐ mier… le second » (alter… alter). Alius me monet ne maneam, alius ne proficiscar. L’un me déconseille de rester, l’autre de partir. Alter consulum bellum gerebat, alter pacem petebat. L’un des consuls faisait la guerre, l’autre demandait la paix. ● Alius et alter répétés peuvent également exprimer la diversité :

alius… aliud (litt. : « un autre… une autre chose ») ; d’où : « l’un… une chose, l’autre une autre » (= chacun une chose différente). Alius aliud dicit. L’un dit une chose, l’autre une autre. Alii aliam in partem perterriti ferebantur. Pris de panique, les uns se portaient ici et les autres là [= dans des directions différentes]. ● Alius et alter servent enfin à exprimer la réciprocité ; cf. p. 267.

2. Reliqui et ceteri Reliqui et ceteri s’emploient le plus souvent au pluriel. Reliqui signifie « (tous) les autres » dans le sens « ceux qui restent après soustraction d’une partie d’un groupe » ; ceteri est plutôt employé pour opposer tous les autres à un individu ou à un groupe déterminé. En français, on trouve encore l’adjectif ceteri dans la locution « etc. », c’est-à-dire et cetera (« et toutes les autres choses, et la suite »). Magnus numerus equitum interfectus est ; reliqui media nocte ad castra peruenerunt. Un grand nombre de cavaliers fut tué ; (tous) les autres [= les survivants] arrivèrent au camp au milieu de la nuit. Ceteris specimen esto. Sois un exemple pour (tous) les autres.

• Rappel

Tous ces adjectifs-pronoms ont leur génitif singulier en ‑ius (sauf omnis) et leur datif singulier en ‑i : alicuius, cuiusdam, ullius, nullius, cuius, cuiusque, neutrius, alicuique, cuidam, ulli, neutri, cuique, alteri, toti, etc.

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3. Les pronoms personnels et adjectifs possessifs (2) A. Observations générales sur le réfléchi Nous avons déjà étudié (cf. chapitre 9) quelques emplois du pronom personnel réfléchi (se) et de l’adjectif possessif réfléchi (suus, ‑a, ‑um) de la 3e personne. Sibi nocent. Ils se nuisent (à eux-mêmes). Pater suos filios amat. Un père aime ses enfants. Ces adjectifs-pronoms, en ce qu’ils désignent la personne qui est sujet de la proposition dans laquelle ils se trouvent, sont appelés réfléchis directs. Nous envisagerons plus tard leur emploi comme réfléchis indirects (cf. p. 395–397). En français, une phrase du type « Ils se regardent » peut être comprise de deux manières : Ils se regardent eux-mêmes. Se ipsi uident. Ils se regardent l’un l’autre. Alter alterum uidet. De même : « Ils se parlent (à eux-mêmes ou entre eux) ». Secum ipsi loquuntur. Ils se parlent à eux-mêmes. Alter cum altero loquitur. Ils se parlent (litt. : L’autre parle à l’autre). La réciprocité peut s’exprimer, en latin, de différentes manières : ● en employant à la fois le pronom réfléchi et ipse :

Barbari se ipsi adhortantur. Les barbares s’exhortent les uns les autres (litt. : Les bar‐ bares eux-mêmes s’exhortent). ● en utilisant une tournure comme inter nos (inter uos, inter se) :

Inter se colloquuntur. Ils se parlent. ● en répétant alius (ou, selon les cas, alter, uter) :

Alii alios adiuuant. Ils s’aident les uns les autres, ils s’aident mutuellement (litt. : D’autres aident d’autres). Quaero uter utri insidias fecerit. Je cherche (à savoir) lequel des deux a tendu un piège à l’autre. Cet emploi d’alius ne doit pas être confondu avec celui qui apparaît dans une phrase comme Alii alia dicunt. Les uns disent une chose, les autres une autre chose (cf. p. 266).

Chapitre 16

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B. Le pronom personnel non-réfléchi de la 3e personne Le non-réfléchi désigne une autre personne que le sujet de la proposition dans laquelle il se trouve. Mais, comme le latin ne possède pas de pronom spécial à la 3e personne, il recourt au pronom démonstratif is, ea, id (cf. chapitre 15) : Sibi nocet. Il se nuit (à lui-même). Ei nocet. Il lui nuit. Sibi nocent. Ils se nuisent (à eux-mêmes). Eis nocent. Ils leur nuisent. Non sibi, sed aliis, scribit poeta. Ce n’est pas pour lui-même, mais pour les autres, que le poète écrit. Non aliis, sed sibi, discunt pueri. Ce n’est pas pour les autres, mais pour eux, que les enfants s’instruisent. Eis parcĕre uolui. J’ai voulu les épargner. J’ai voulu leur faire grâce. Magister pueros docet ; non ei, sed sibi discunt pueri. Le professeur instruit les enfants ; ce n’est pas pour lui, mais pour eux-mêmes qu’ils étudient.

C. L’adjectif possessif non-réfléchi de la 3e personne Le latin ne possède pas davantage de mot spécifique pour l’adjectif : il se borne à employer le même démonstratif (is, ea, id) comme complément du nom au G. : eius (pour les 3 genres au sg.), eorum (G. M. Nt. pl.), earum (G. F. pl.), selon le nombre et le genre du possesseur : Amicus Petri filiam habet. Petrus eius filiam amat. L’ami de Pierre a une fille. Pierre aime sa fille. Amica Petri duas filias habet. Petrus eius filias amat. L’amie de Pierre a deux filles. Pierre aime ses filles. Amici Petri liberos habent. Petrus eorum liberos amat. Les amis de Pierre ont des enfants. Pierre aime leurs enfants. Amicae Petri liberos habent. Petrus earum liberos amat. Les amies de Pierre ont des enfants. Pierre aime leurs enfants. Là où le français est formellement ambigu (« son, sa », etc., est à la fois réfléchi et nonréfléchi), le latin est clair : dans aucune des phrases ci-dessus, il ne peut s’agir des enfants de Pierre. Les formes eius, eorum, earum indiquent qu’il s’agit des enfants d’une autre (d’autres) personne(s), puisque, en tant que non réfléchies, elles ne peuvent renvoyer au sujet (= Pierre) de la proposition dans laquelle elles se trouvent.

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Partie 1. Comprendre le latin

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Martialis poeta Latinus est ; eius carmina lego. Martial est un poète latin ; je lis ses poèmes. Martialis et Catullus clarissimi poetae sunt ; pueri eorum carmina legunt. Martial et Catulle sont des poètes très célèbres ; les enfants lisent leurs poèmes.

4. Exercices Énoncés A. Traduisez. 1. je devenais 2. tu étais 3. tu pourras 4. nous allons 5. va 6. sois 7. porte 8. tu préféreras

21. j’étais présent 22. vous serez absents 23. retourne 24. retournons 25. nous étions retournés 26. tu traverseras 27. que vous préférassiez 28. nous n’irons pas

9. allant (D. sg.) 10. nous étions allés 11. que nous fussions allés 12. que je périsse 13. elle sera mise en vente 14. avoir péri 15. deviens 16. que j’aille 17. vous irez

29. nous deviendrons 30. qu’ils retournent 31. retourner (inf. futur) 32. qu’il ait été absent 33. ils auront été présents 34. nous fûmes à la tête de 35. tu vendais 36. tu étais mis en vente 37. vous serez vendus

18. vous pourrez 19. vous deviendrez 20. qu’il ait été fait

38. être (inf. futur) 39. traversez 40. tu seras à la tête de l’armée

Chapitre 16

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B. Traduisez. 1. uolueramus

11. amat

21. amabamini

31. hortare

2. ferris 3. euntis 4. fiat

12. legat 13. nolam 14. solitus est

22. praefuerunt 23. mauis 24. afuturus

32. redissetis 33. factus est 34. eunt

5. ibit 6. nolim 7. fi 8. ferremini

15. pare 16. dent 17. fers 18. feratur

25. factum iri 26. passa erunt 27. patiendus 28. malumus

35. eunti 36. abes 37. affuit 38. afuit

19. maluerim 20. noluero

29. malimus 30. latae sint

39. fient 40. redirent

9. uoles 10. nollent

C. Mettez au cas, au genre et au nombre demandés. Sg. M. F. Nt. M. N. alter totus uter iste Acc. totus omnis idem totus G. D. Abl.

nullus nemo alius

nemo ullus uterque

nullus is neuter

ipse quidam alius

Pl. F. is hic

is aliquis

ille omnis quis ?

hic ipse aliqui

D. Traduisez. 1. Vous avez porté tous les livres. 2. Personne n’ira à l’école1. 3. Nous sommes allés dans cette ville-là. 4. Qui est allé en Italie ? 5. Je te donnerai les deux livres que j’ai lus. 6. Pierre n’est pas bien portant. Son père ne veut pas l’envoyer à l’école. 7. Chacun doit protéger les siens2. E. Accordez les mots entre parenthèses. 1. Scriptores (suus) opus amant. 2. Ciuis (suus) ciuitatem amat. 3. Tibi (meus) libros dedi ; (tuus) quaero.

1. école : schola. 2. protéger : tueri, ‑eor.

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Partie 1. Comprendre le latin

Nt.

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F. Traduisez. 1. Petrus amicum habet ; eum amat ; eius libros legit ; ei suos dat. 2. Eum militem uidi. 3. Rex ipse uenit ; pauca suis ciuibus dixit. 4. Frater tuus mihi scripsit ; litterae eius me delectauerunt. 5. Tibi non dicam quae audii. 6. Stoici eas res contemnebant, quas plerique homines petunt ; dolorem, cuius timor plerosque tenet, neglegebant ; mortem, quam fugiunt omnes, quaerebant1. 7. Quod praemium2 accepisti ? 8. Nihil utile3 feci. 9. Consulum alter pacem petebat. 10. Florem mihi cupienti dedisti. 11. Ego non eadem uolam senex4 quae puer uolui. 12. Non fit sine periculo facinus5 magnum. 13. Rei6 se ipsi non defendunt.

Corrigés A.

1. 2. 3. 4. 5. 6.

1. fiebam 2. eras 3. poteris 4. imus 5. i

11. iissemus 12. peream 13. uenibit 14. periisse 15. fi

21. aderam 22. aberitis 23. redi 24. redeamus 25. redieramus

31. rediturum esse 32. afuerit 33. adfuerint 34. praefuimus 35. uendebas

6. esto 7. fer 8. males 9. eunti

16. eam 17. ibitis 18. poteritis 19. fietis

26. transibis 27. malletis 28. non ibimus 29. fiemus

36. uenibas 37. uenibitis 38. futurum esse (ou fore) 39. transite

10. ieramus

20. factus sit

30. redeant

40. exercitui praeeris

Stoici, ‑orum : les Stoïciens ; plerique : la plupart ; timor, ‑oris : la crainte. praemium, ‑i : la récompense. utilis, ‑is, ‑e : utile. senex, senis : le vieillard. facinus, ‑oris : l’exploit. reus, ‑i : l’accusé. Chapitre 16

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B.

1. nous avions voulu 2. tu es porté

21. vous étiez aimés 22. ils furent à la tête de

3. allant (G. sg.) 4. qu’il devienne 5. il ira

23. tu préfères 24. (qui sera absent) 25. devenir ; être fait (inf. futur)

6. que je ne veuille pas 7. deviens 8. que vous fussiez portés 9. tu voudras

26. ils auront subi 27. qui doit être enduré 28. nous préférons 29. que nous préférions

10. qu’ils ne voulussent pas 11. il aime 12. qu’il lise 13. je ne voudrai pas 14. il a eu l’habitude 15. engendre (ou tu obéis) 16. qu’ils donnent 17. tu portes 18. qu’il soit porté

30. qu’elles aient été portées 31. exhorte 32. que vous fussiez retournés 33. il fut fait ; il devint 34. ils vont 35. allant (D. sg.) 36. tu es absent 37. il fut présent 38. il fut absent

19. que j’aie préféré 20. je n’aurai pas voulu

39. ils deviendront 40. qu’ils retournassent

C.

alter totum nullius nemini alio

tota omnem nullius ulli utraque

D.

1. Omnes libros tulistis.

utrum idem nullius ei neutro

isti totos ipsorum quibusdam aliis

eae has illarum omnibus quibus ?

ea aliqua horum ipsis aliquibus

2. Nemo ad scholam ibit. 3. In illam urbem iimus. 4. Quis in Italiam iit ? 5. Duos libros quos legi tibi dabo. 6. Petrus non ualet. Pater eius ad scholam mittĕre non uult (ou Pater ad scholam eum mittĕre non uult). 7. Suos quisque debet tueri. E.

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1. suum

Partie 1. Comprendre le latin

2. suam

3. meos – tuos (ou tuum)

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F.

1. Pierre a un ami ; il l’aime ; il lit ses livres ; il lui donne les siens. 2. Je l’ai vu (quand il était) soldat. Militem est donc attribut de eum (pronom). Mais, sans contexte, on peut aussi comprendre : « J’ai vu ce soldat » ; militem serait alors COD et eum adjectif démonstratif. 3. Le roi est venu en personne ; il a adressé quelques mots à ses concitoyens (sujets). 4. Ton frère m’a écrit ; sa lettre m’a réjoui. 5. Je ne te dirai pas ce que j’ai entendu. 6. Les stoïciens méprisaient ce que la plupart des hommes recherchent ; ils négligeaient la douleur, qui, par la crainte qu’elle inspire (litt. : dont la crainte), retient les hommes ; ils recherchaient la mort, que tous fuient. 7. Quel cadeau as-tu reçu ? 8. Je n’ai rien fait d’utile. 9. L’un des deux consuls demandait la paix. Le latin utilise alter, car, chaque année, on élisait deux consuls. 10. Tu m’as donné une fleur, à moi qui la désirais (à moi qui en avais envie). 11. Une fois vieux, je ne voudrai pas les mêmes choses que j’ai voulu (étant) enfant. Une fois vieux, je n’aurai pas les mêmes désirs… 12. Un grand exploit ne s’accomplit pas sans danger (risque). 13. Les accusés ne se défendent pas eux-mêmes. Attention ! Il faut distinguer en français « Les accusés ne se défendent pas euxmêmes » [mais ont recours à un avocat] et « Les accusés eux-mêmes ne se défendent pas ; même les accusés ne se défendent pas » [alors qu’ils pourraient le faire]. Dans le premier cas, le latin dira Rei se ipsi non defendunt, dans le second Rei etiam se non defendunt.

Chapitre 16

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Exercices de révision sur les chapitres 1–16 Énoncés A. Traduisez. 1. affuerim 2. sequemini 3. utere 4. legaris 5. uenisse

6. que tu protèges 7. devenir (inf. futur) 8. vous ne voulez pas 9. tu es porté 10. nous aurons persuadé

B. Analysez de toutes les façons possibles. 1. eam 2. eundem 3. legere

4. ueneris

C. Mettez les mots entre parenthèses à la forme correcte et traduisez. 1. Te rogo ubi (esse). [antériorité]. 2. Te (morbus) releuabo. 3. Hi libri (tu) legendi sunt. 4. Morbi animi grauiores sunt quam (corpus). 5. Mihi persuasit ut (manēre). D. Faites dépendre les phrases du verbe introducteur et traduisez. 1. Scio – Dei immortales sunt. 2. Nescio – Vtrum in Gallia mansisti annon ? 3. Dubitabam – Vter utri librum dedit ? E. Traduisez. 1. Qui d’entre vous n’a jamais lu les poèmes de Martial ? 2. Je ne sais avec qui il est parti. 3. As-tu lu ce livre-ci ou ce livre-là ? Aucun des deux.

Exercices de révision sur les chapitres 1–16

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F. Traduisez. 1. Vos rogo quid mihi faciendum putetis. 2. Speremus quae uolumus, at quod acciderit feramus. 3. Nil mihi das uiuus : dicis post fata daturum. Si non es stultus, scis, Maro, quid cupiam. 4. Scipio, cum in Africam terram descendit, cecidit. Hoc factum pauente exercitu, exclamauit : « Teneo te, terra Africa », et uicit.

Corrigés A. 1. que j’aie été présent 2. vous suivrez 3. sers-toi (de) ! 4. que tu sois choisi 5. être venu B.

6. tuearis 7. factum iri 8. non uultis 9. ferris 10. persuaserimus

1. – 1re p. sg. subj. prés. de ire : que j’aille – Acc. F. sg. de l’adj.-pron. is : celle-ci 2. – Acc. M. sg. de l’adj.-pron. idem : le même 3. – inf. prés. act. de legĕre – 2e p. sg. imp. prés. pass. de legĕre

4. – 2e p. sg. ind. fut. ant. de uenire : tu seras venu – 2e p. sg. subj. pft act. de uenire : que tu sois venu – G. sg. de uenus, ‑eris : l’amour.

276

C.

1. fueris – Je te demande où tu étais. 2. morbo – Je te guérirai de ta maladie. 3. tibi – Tu dois lire ces livres. 4. corporis – Les maladies de l’esprit sont plus graves que celles du corps. 5. manerem – Il me persuada de rester.

D.

1. Scio deos immortales esse. Je sais que les dieux sont immortels. 2. Nescio utrum in Gallia manseris necne. J’ignore si tu es resté en Gaule ou non. 3. Dubitabam uter utri librum dedisset. Je me demandais lequel des deux avait donné le livre à l’autre. Je me demandais qui, des deux, avait donné le livre à l’autre.

Partie 1. Comprendre le latin

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E.

1. Quis uestrum Martialis carmina numquam legit ? 2. Nescio quocum profectus sit. 3. Huncne an illum librum legisti ? Neutrum.

F.

1. Je vous demande ce que vous pensez que je dois faire. Je vous demande votre avis sur ce que je dois faire. 2. Espérons ce que nous voulons, mais supportons ce qui arrivera (litt. : sera arrivé). 3. Tu ne me donnes rien de ton vivant : tu donneras, dis-tu, après ta mort. Si tu n’es pas idiot, Maro, tu sais ce que je veux. 4. Lorsque Scipion débarqua en Afrique, il fit une chute. Comme cet incident avait frappé son armée de stupeur, il s’écria : « Tu es à moi, terre d’Afrique ! », et il rem‐ porta la victoire.

Exercices de révision sur les chapitres 1–16

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Chapitre 17 Les adjectifs numéraux La syntaxe des cas (1) : nominatif, vocatif, accusatif

1. Les adjectifs numéraux Nous avons déjà dit qu’il existait, en latin, six catégories d’adjectifs non qualificatifs. Après les relatifs (chapitre 7), les interrogatifs (chapitre 9), les démonstratifs (chapitre 15), les possessifs et les indéfinis (chapitre 16), il nous reste à étudier les adjectifs numéraux. En latin, on peut distinguer quatre types d’adjectifs numéraux : ● les cardinaux (combien ? un, deux…) ; ● les ordinaux (quantième ? premier, deuxième…) ; ● les distributifs (combien chacun ? combien chaque fois ?) ; ● les multiplicatifs (combien de fois ?).

En français, ces deux dernières catégories ne s’expriment pas par des formes particu‐ lières.

A. Les cardinaux Ils sont indéclinables, sauf : ● 1 (unus), 2 (duo), 3 (tres) : cf. tableau 1 ci-dessous ; ● les centaines, à partir de 200 (ducenti), qui se déclinent comme le pluriel de bonus.

Tableau 1. Déclinaison de unus, duo, tres M. N.

unus

Acc. unum G. D. Abl. uno

F. una

Nt.

M. duo

F. duae

Nt. duo

tres

tria

unum

duo(s)

duas

duo

tres

tria

duorum

duarum

duorum

trium

duobus

duabus

duobus

tribus

duobus

duabus

duobus

tribus

unam ⇐ unius ⇒ ⇐ uni ⇒ una

M.-F.

Nt. unum

uno

Chapitre 17

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Pour compter : ● de 1 à 17 : cf. tableau 2 ci-après, p. 282 ; ● de 18 à 99 : les nombres terminés par 8 ou 9 s’énoncent par soustraction à partir de la

dizaine supérieure : 18 (= 20 – 2), duodeuiginti ; 29 (= 30 – 1), undetriginta1 ; ● de 21 à 99, hormis les nombres terminés par 8 ou 9, on dit uiginti unus (21), triginta tres

(33), en exprimant les dizaines puis les unités, ou bien unus et uiginti (21), tres et triginta (33), en coordonnant (et) les unités et les dizaines ; ● au-delà de 100, on procède normalement par ordre décroissant (centaines, dizaines, unités) : ducenti uiginti duo (222).

• Remarque

1 000 se dit mille (indéclinable). Au-delà de 1 000, le latin utilise le nom Nt. pl. milia (se déclinant comme tria, le Nt. de tres) suivi d’un génitif2. Il ne faut donc pas confondre mille (avec deux l) et milia (avec un seul l) : Mille homines. Mille hommes. Un millier d’hommes. Duo milia hominum. Deux milliers d’hommes, deux mille hommes.

B. Les ordinaux Ils répondent à la question « (le) quantième ? ». Ils sont formés, avec quelques variantes, sur les cardinaux. Ce sont des adjectifs de la 1re classe, qui se déclinent donc exactement comme bonus. L’emploi de l’ordinal est plus large en latin qu’en français. Ainsi, on y recourt pour numéroter les années, les heures, les livres, etc. : Millesimo nongentesimo octogesimo quinto anno. En 1985. Hora sexta. La sixième heure3. Sallustius, in tertio libro Historiarum… Salluste, au livre III des Histoires…4 L’ordinal est aussi utilisé pour exprimer la durée, en réponse à la question « depuis combien de temps ? », en augmentant le nombre d’une unité : Tertium iam annum regnat. Il règne déjà pour la troisième année [c’est-à-dire : Il règne depuis deux ans].

1. Le de de duodeuiginti, undetriginta, etc., est en réalité la préposition de : duodeuiginti, c’est litt. « deux hors de vingt, deux ôté de vingt ». 2. Cf. p. 299. 3. Sur la façon dont les Romains divisaient le jour en heures, cf. p. 563. 4. Cette façon de procéder correspond à notre système de notes en bas de page.

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On constate le même décalage dans des formules du type quinto quoque anno, « tous les quatre ans » (litt. : chaque cinquième année ; quoque est l’Abl. M. sg. de quisque). Il est dû au fait que les Romains comptent de manière inclusive, c’est-à-dire en faisant intervenir à la fois le point de départ et le point d’arrivée : de 2016 à 2020, il y aurait pour eux cinq « ans » (2016, 2017, 2018, 2019, 2020) et non quatre. Aussi, pour les Romains, les Jeux Olym‐ piques ont lieu quinto quoque anno, bien qu’ils se déroulent tous les quatre ans : ce sont donc des ludi quinquennales.

• Remarques

1) Il existe aussi des adverbes ordinaux, qui ont la forme de l’Acc. et de l’Abl. Nt. sg. des adjectifs correspondants. Certains d’entre eux sont encore utilisés aujourd’hui en français : primum, « pour la première fois » ; primo, « en premier lieu, d’abord » ; iterum, « pour la seconde fois, de nouveau » ; secundo, « en second lieu, ensuite » ; postremum, « pour la dernière fois » ; postremo, « en dernier lieu, enfin ». 2) Dans le sens de « second » (deuxième d’une série limitée à deux), le latin emploie normalement alter, ‑era, ‑rum, plutôt que secundus : cf. la mention, sur la page de titre d’un ouvrage, editio altera (2e édition).

C. Les distributifs L’adjectif distributif, inconnu du français, exprime la notion de « tant par tant, chacun tant ». Ils sont toujours au pluriel et se déclinent sur boni : Denos seruos domini habent. Les maîtres ont chacun dix esclaves [decem seruos vou‐ drait dire : « dix esclaves (au total) »]. Abeunt singuli. Ils s’en vont un par un.

D. Les multiplicatifs Ils sont formés avec le suffixe ‑plex (G. ‑plicis) et se déclinent sur felix. Mentionnons : simplex (simple), duplex (double), triplex (triple). Il existe aussi des adverbes multiplicatifs, qui sont encore utilisés aujourd’hui pour numéroter, par exemple, les articles de lois : semel (une fois), bis (deux fois), ter (trois fois), quater (quatre fois). À partir de 5, ils se forment à l’aide du suffixe –ies : quinquies (cinq fois), decies (dix fois), etc. Pour exprimer une multiplication, on se sert de l’adverbe multiplicatif et du distributif : Bis bina sunt quattuor. 2 × 2 = 4.

Chapitre 17

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Tableau 2. Adjectifs numéraux 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 28 29 30 40 50 60 70 80 90 100 200 300 400 500 600 700 800 900 1 000 2 000 100 000

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Cardinaux unus duo tres quattuor quinque sex septem octo nouem decem undecim duodecim tredecim quattuordecim quindecim sedecim septendecim duodeuiginti undeuiginti uiginti uiginti unus duodetriginta undetriginta triginta quadraginta quinquaginta sexaginta septuaginta octoginta nonaginta centum ducenti trecenti quadringenti quingenti sescenti septingenti octingenti nongenti mille duo milia centum milia

Partie 1. Comprendre le latin

Ordinaux primus secundus (alter) tertius quartus quintus sextus septimus octauus nonus decimus undecimus duodecimus tertius decimus quartus decimus quintus decimus sextus decimus septimus decimus duodeuicesimus undeuicesimus uicesimus uicesimus primus duodetricesimus undetricesimus tricesimus quadragesimus quinquagesimus sexagesimus septuagesimus octogesimus nonagesimus centesimus ducentesimus trecentesimus quadringentesimus quingentesimus sescentesimus septingentesimus octingentesimus nongentesimus millesimus bis millesimus centies millesimus

Distributifs singuli bini terni quaterni quini seni septeni octoni noueni deni undeni duodeni terni deni quaterni deni quini deni seni deni septeni deni duodeuiceni undeuiceni uiceni uiceni singuli duodetriceni undetriceni triceni quadrageni quinquageni sexageni septuageni octogeni nonageni centeni duceni treceni quadringeni quingeni sesceni septingeni octingeni nongeni singula milia bina milia centena milia

Chiffres I II III IIII (ou IV) V VI VII VIII VIIII (ou IX) X XI XII XIII XIV XV XVI XVII XVIII XIX XX XXI XXVIII XXIX XXX XXXX (ou XL) L LX LXX LXXX LXXXX (ou XC) C CC CCC CCCC (ou CD) D DC DCC DCCC DCCCC (ou CM) M MM = I͞I͞ C̄

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E. Les chiffres romains Pour écrire en chiffres, les Romains recouraient à 7 lettres de l’alphabet désignant quelques nombres-clés du système décimal : I=1 V= 5 X = 10 L = 50

C = 100 D = 500 M = 1 0001

Les chiffres s’écrivent normalement dans l’ordre décroissant de grandeur et s’addi‐ tionnent : XIII = 10 + 1 + 1 + 1 = 13 XV = 10 + 5 = 15 XVIII = 10 + 5 + 1 + 1+ 1 = 18 LI = 50 + 1 = 51 LVI = 50 + 5 + 1 = 56 LXXXVII = 50 + 10 + 10 + 10 + 5 + 1 + 1 = 87 CCCXXXXIII = 100 + 100 + 100 + 10 + 10 + 10 + 10 + 1 + 1 + 1 = 343 DI = 500 + 1 = 501 MDCLXVI = 1 000 + 500 + 100 + 50 + 10 + 5 + 1 = 1666 Mais, pour les nombres 4, 9, 40, 90, 400 et 900, l’usage, plus moderne qu’antique, est de procéder par soustraction à partir de l’unité, de la dizaine ou de la centaine supérieure (5, l0, 50, 100, 500, 1000). Ainsi, au lieu de : IIII, on trouve aussi VIIII XXXX LXXXX CCCC

IV (= 5 – 1) IX (= 10 – 1) XL (= 50 – 10) XC (= 100 – 10) CD (= 500 – 100)

DCCCC

CM (= 1 000 – 100).

1. Jusqu’au début du siècle dernier, la date d’édition des ouvrages était souvent exprimée en chiffre romains. À une certaine époque, on adopta même, pour noter 500 et 1 000, une graphie stylisée du D et du M (IϽ pour D ; CIϽ pour M). Cette notation, à première vue déroutante, ne pose en réalité aucune difficulté : CIϽIϽCCCLII = MDCCCLII = 1852. Chapitre 17

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Dans ce cas, le nombre inférieur est placé en premier lieu, ce qui indique qu’il faut le soustraire du nombre supérieur qui suit immédiatement : XLIX = (50 – 10) + (10 – 1) = 49 XCIV = (100 – 10) + (5 – 1) = 94 CDXCIV = (500 – 100) + (100 – 10) + (5 – 1) = 494 CMXLIX = (1 000 – 100) + (50 – 10) + (10 – 1) = 949

2. La syntaxe des cas (1) Dans les grammaires scolaires, il n’est pas toujours facile de voir selon quels principes s’organise la syntaxe des cas. Grâce à vos instruments de travail et vos lectures, vous aurez l’occasion de voir dans le détail l’emploi des cas. Mais pareille étude risque d’être rapide‐ ment fastidieuse, si vous ne connaissez pas au préalable le fonctionnement général du système casuel. C’est pourquoi nous exposerons le plus clairement possible, dans ce cha‐ pitre, les principes qui régissent l’emploi du nominatif, du vocatif et de l’accusatif, et dans le chapitre suivant, celui du génitif, du datif et de l’ablatif.

A. Nominatif Le nominatif est le cas du sujet de la proposition à mode personnel (indicatif et sub‐ jonctif). Vbi est Caesar ? Où est César ? Romani fortissimi sunt. Les Romains sont les plus courageux. Ce sujet peut lui-même être précisé par un mot ou un groupe de mots, appelé apposition, qui se met également au nominatif. Cf. en français : La ville de Rome ne fut pas éternelle. César, personnage illustre de l’histoire romaine, était atteint de calvitie. Moi, un Romain, je parlerais gaulois ? Romani, uiri fortissimi omnium gentium, Gallos uicerunt. Les Romains, (les hommes) les plus courageux de tous les peuples, ont vaincu les Gaulois. L’attribut du sujet se met également au nominatif : Romani fortissimi sunt. Les Romains sont très courageux. Ciues Romani non estis. Vous n’êtes pas des citoyens romains. Honestissimus inter suos numerabatur. Il était considéré comme le plus honorable parmi les siens.

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• Remarque

On se rappellera que le sujet, l’attribut du sujet et l’apposition ne sont pas toujours au nominatif. Nous avons vu au chapitre 8 que le sujet d’une proposition infinitive se mettait à l’accusatif et celui d’un ablatif absolu à l’ablatif. Dico Gallos a Romanis uictos esse. Je dis que les Gaulois ont été vaincus par les Romains. His rebus comparatis, Caesar Galliam petiit. Une fois ces préparatifs achevés, César gagna la Gaule. L’attribut et l’apposition se mettent au même cas que le mot auquel ils se rapportent : Dico Romanos fortissimos esse. Je dis que les Romains sont très courageux. Romani Gallos, fortissimos uiros omnium gentium, uicerunt. Les Romains ont vaincu les Gaulois, les hommes les plus courageux de tous les peuples. Vrbem Romam numquam uidi. Je n’ai jamais vu la ville de Rome. Caesaris, clarissimi ducis Romani, filius sum. Je suis le fils de César, le plus célèbre général romain.

B. Vocatif Cas de l’apostrophe ou de l’interpellation : Audite, Romani ! Écoutez, Romains ! Tu, labora ! Toi, travaille ! Rappelons que, formellement, le vocatif ne se distingue du nominatif qu’à la 2e décl. au masculin (domine).

C. Accusatif Reprenons quelques phrases que nous avons déjà vues : Romani Martialem digito monstrant. Les Romains montrent Martial du doigt. Quomodo in Italiam profectus es ? Comment es-tu parti en Italie ? Magister pueros docet. Le maître d’école instruit les enfants. Caesar scripsit Belgas fortissimos esse. César écrivit que les Belges étaient les plus courageux. Nous avons déjà rencontré la plupart des emplois de l’accusatif. Fondamentalement, c’est le cas : ● du complément d’objet direct ; ● de l’extension dans l’espace (étendue) et dans le temps (durée) ; ● du sujet de la proposition infinitive et de son attribut.

Chapitre 17

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1. Complément d’objet direct ● Un grand nombre de verbes latins admettent et, le plus souvent, réclament un complé‐

ment d’objet direct. On les appelle des verbes transitifs directs ; leur COD se met à l’accu‐ satif : Pater filium amat. Le père aime son fils. Consulum alter pacem petebat. L’un des deux consuls demandait la paix. Nescio quae dixerit. J’ignore ce qu’il a dit. Alii alios iuuant. Ils s’aident mutuellement (litt. : Les uns aident les autres). Si le COD a un attribut, celui-ci se met aussi à l’accusatif (cf., en français, « rendre qqn heureux, se montrer courageux »). Homines caecos reddit cupiditas. La cupidité rend les hommes aveugles. Ici, caecos est attribut du COD homines. Faire de caecos un COD et de homines un attribut n’aurait aucun sens : « *La cupidité rend hommes les aveugles. » Romani Ciceronem consulem creauerunt. Les Romains nommèrent Cicéron consul. Si l’on met la phrase au passif, on aura : Cicero a Romanis consul creatus est. Cicéron fut nommé consul par les Romains [Cicero devient sujet et consul attribut du sujet]. ● Certains verbes latins intransitifs (c’est-à-dire qui n’admettent pas de complément

d’objet) peuvent former des verbes composés transitifs. C’est notamment le cas des verbes de mouvement composés de circum‑ (autour), praeter‑ (le long de), trans‑ (à tra‐ vers), ad‑ (vers), in‑ (dans), etc. Ainsi, ire est intransitif, mais ses composés sont transitifs : Circumire agrum (= ire circum agrum). Faire le tour du champ. Transire Mosam (= ire trans Mosam). Traverser la Meuse. En réalité, il ne s’agit pas ici de règle de grammaire, mais d’usage ; d’ailleurs, cet emploi n’est pas strict. On trouve souvent un composé de ire construit avec une préposition. À côté d’adire aliquem (se rendre auprès de quelqu’un), on trouve aussi adire ad aliquem (même sens). L’important est que l’absence du ad ne vous empêche pas de voir que l’accusatif aliquem est commandé par adire. Ainsi, des tournures comme inire uiam (s’engager dans une voie) ou inire consilium (prendre une décision) ne doivent pas créer de difficulté. ● Les grammaires scolaires considèrent souvent que certains verbes transitifs latins

réclament une construction particulière parce qu’ils ne sont pas transitifs en français. Ainsi, traduisant ridēre aliquem par « se moquer de quelqu’un », elles le classent parmi les verbes à construction particulière. En réalité, si l’on traduit ridēre aliquem par « railler qqn », la remarque n’a plus aucun sens. Tout dépend donc de la traduction

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française. Ainsi : dolēre, « s’affliger de », mais aussi « pleurer » ; mirari, « s’étonner de » mais aussi « admirer », etc. Les grammaires traitent aussi séparément quelques verbes qui admettent deux compléments à l’accusatif (appelé double accusatif). Ainsi, on dit : docēre aliquid aliquem, « enseigner quelque chose à quelqu’un » (litt. « instruire qqn en qqch »). Doceo grammaticam. J’enseigne la grammaire. Doceo pueros. J’instruis les enfants. Doceo pueros grammaticam. J’enseigne la grammaire aux enfants. – Avec rogare (demander) et orare (prier), on rencontre aussi 2 accusatifs1, surtout quand la chose demandée est exprimée par un pronom neutre (hoc, illud, id, etc.) Hoc te rogo. Je te le demande (litt. : Je t’interroge relativement à ceci). Aliquem sententiam rogare. Demander à quelqu’un son avis. ● Il existe néanmoins en latin des verbes dont la construction est remarquable.

– Antonius mortem ciuibus minatus est. À l’aide du dictionnaire, vous saurez que mina‐ tus est est le parfait de minari (menacer). Minari étant un verbe déponent, il a donc un sens actif ; le sujet ne peut être qu’Antonius. Vous connaissez mortem (Acc. de mors, la mort) et ciuibus (D. Abl. pl. de ciuis, le citoyen). Le seul sens acceptable que vous puissiez donner à la phrase est donc : « Antoine menaça la mort pour les citoyens. » Faire de ciuibus un Abl. n’aurait pas de sens. En français, on dira donc : « Antoine menaça les citoyens de mort. » Pour traduire cette phrase, il ne vous était pas indispensable de savoir qu’en latin, on dit « menacer quelque chose à quelqu’un ». En cas de problème, le dictionnaire vous aurait de toute manière fourni au moins un exemple traduit susceptible de vous aider. – Me paenitet hoc fecisse. Le verbe principal ne peut être que paenitet, un verbe imper‐ sonnel qui signifie « regretter ». Hoc fecisse ne peut signifier que « avoir fait ceci » ; me est l’Acc. du pronom personnel de la 1re p. sg. : « moi ». On a donc, littéralement : « Relativement à moi, c’est un regret d’avoir fait ceci », ce qui veut dire : « Avoir agi ainsi est un regret pour moi », et, mieux, « Je regrette d’avoir agi ainsi ». Les grammaires vous apprendront qu’avec paenitet, ainsi qu’avec quatre autres verbes impersonnels, le nom de la personne se met à l’accusatif : me piget me pudet

j’ai du chagrin j’ai honte

1. En réalité, la présence des 2 accusatifs s’explique ainsi : l’un d’eux est COD, l’autre est ce qu’on appelle un accusatif de relation, que le français rend par les locutions « par rapport à, quant à, pour ce qui est de, relati‐ vement à ». Chapitre 17

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me taedet me miseret

je suis dégoûté j’ai pitié

Nonne te pudet hoc fecisse ? N’as-tu pas honte d’avoir agi ainsi ?

2. Marque de l’extension (étendue – durée) a. Étendue Pour marquer l’extension dans l’espace, autrement dit l’étendue, on emploie l’accusatif ; c’est donc lui qui marque : ● l’espace parcouru :

Duo milia passuum procedĕre. Avancer de deux mille pas1. ● la distance qui sépare deux points (ou la distance à laquelle on se trouve par rapport à

un point donné) : Caesar mille passus a Roma aberat. César était à mille pas de Rome. (litt. : César était éloigné de mille pas de Rome). Tria milia passuum castra ponemus2. Nous établirons le camp à (une distance de) trois mille pas. Le point par rapport auquel on mesure est exprimé par ab + Abl. (pour marquer l’éloi‐ gnement : cf. chapitre 18). À la notion d’extension dans l’espace se rattache celle de mouvement (vers où ?) ; cf. chapitre 12. Nous avons vu que l’accusatif de mouvement (direction) est accompagné de la préposition in (dans) ou ad (vers) pour indiquer le voisinage : Caesar in Galliam legatos misit. César envoya des ambassadeurs en Gaule. Caesar ad Gallos legatos misit. César envoya des ambassadeurs auprès des Gaulois. Dans certains cas, l’accusatif de direction n’est introduit par aucune préposition : ● lorsque le complément de lieu est un nom de ville ou de petite île (qui portait d’ordinaire

le nom de la localité principale, voire unique) ; Romam eo. Je vais à Rome. Rhodum eo. Je vais à Rhodes.

1. Le pas (passus, ‑us) est une unité de longueur valant 1,5 m environ. 2. castra, ‑orum (2e décl. Nt., toujours au pluriel) : le camp ; castra ponĕre, ‑o : établir, installer le camp.

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mais : In Siciliam ibo. J’irai en Sicile [car il ne s’agit pas d’une petite île : elle compte plusieurs villes]. ● avec domus (la maison) et rus (la campagne) :

Domum redibo. Je rentrerai chez moi. Rus eant ! Qu’ils aillent à la campagne ! Avec les noms de villes et de petites îles, ainsi qu’avec domus et rus, on trouve aussi la préposition ad pour marquer le voisinage (« dans la direction de ») au lieu de la direction précise. Ad Romam copias ducĕre. Conduire ses troupes aux environs de Rome, près de Rome (mais pas à Rome). Il vous serait tout à fait inutile de connaître la liste des îles en sachant si elles sont petites ou non : ici encore, l’important est de savoir que, dans une phrase, un accusatif sans pré‐ position peut être un complément de lieu (direction).

b. Durée L’accusatif sert aussi à marquer l’extension dans le temps, c’est-à-dire la durée (cf. cha‐ pitre 12). Il répond aux questions : ● pendant combien de temps ?

Caesar multos annos in Gallia mansit. César est resté de nombreuses années en Gaule. ● depuis combien de temps ?

Tertium iam annum regnat. Il règne déjà depuis deux ans (litt. : Il règne déjà pour la troisième année1).

3. Sujet et attribut de la proposition infinitive Nous avons étudié la proposition infinitive au chapitre 8. Il suffit donc ici de rappeler que le sujet d’une proposition infinitive se met à l’accusatif, ainsi que son attribut éventuel. Volo eum proficisci. Je veux qu’il parte. Volo te beatum esse. Je veux que tu sois heureux [te est sujet ; beatum est attribut du sujet].

1. Une fois encore, remarquez l’emploi de l’adjectif numéral augmenté d’une unité (calcul inclusif). Chapitre 17

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3. Exercices Énoncés A. Déclinez. N. Acc. G.

Sg. un temple cet homme-ci un livre

Pl. ce monde-là quatre ans trois fils

D. Abl.

une certaine maison une chose

dix jours quel enfant ?

B. Traduisez. 1. duodequadraginta 2. uicesimus quartus 3. undecim 4. ducenti tres 5. quinque et sexaginta 6. sexta decima 7. uiginti duo 8. mille centum 9. centum milia 10. quinquaginta quattuor

11. vingt-huit 12. cent dix-huit 13. quarante-quatre 14. troisième 15. dix-neuvième 16. mille huit cent quarante-sept 17. trente-neuf 18. soixante-dix-septième 19. soixante-six 20. quarante-huitième

C. Convertissez les nombres suivants. 1. CXLVII 3. MDIX 5. XXIX 2. DCCIV 4. XLIV 6. 213

7. 87 8. 619

9. 14 10. 318

D. Que signifient les expressions suivantes ? « format in-quarto », « format in-octavo », « format in-folio » ? E. Deux chronogrammes. On appelle chronogramme une inscription en prose ou en vers dont les lettres corres‐ pondant à des chiffres dans un système numéral (p.ex., les chiffres romains) donnent, par addition, un nombre qui correspond à l’année de construction, d’inauguration ou de réfection d’un édifice. Ainsi pouvait-on lire sur la facade d’un hôtel de Paris : aV teMps dV roI CharLes Le hVIt CestVI hosteL sI fVt ConstrVIt 290

Partie 1. Comprendre le latin

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Le chronogramme fournit la date de construction : 5 + 1000 + 5 + 1 + 100 + 50 + 50 + 5 + 1 + 100 + 5 + 1 + 50 + 1 + 5 + 100 + 5 + 1 = 1485. Voici deux chronogrammes latins d’époque moderne (la pratique n’est pas attestée avant le Moyen Âge). 1. À Vieux-Waleffe (Hesbaye), une famille avait promis d’ériger une chapelle à la Vierge si elle guérissait un de ses membres gravement malade. Son vœu ayant été exaucé, la famille, en signe de reconnaissance, construisit une chapelle et fit graver sur la façade : LIBERATRICI DICATVM Que signifie l’inscription et quand la chapelle fut-elle construite ? 2. La salle académique de l’université de Liège abrite une fresque représentant le roi des Pays-Bas, Guillaume Ier, présidant une cérémonie de remise des diplômes. On lit : EN DVLCIS PATRIAE SPEM LAVRV CINGAT VT IPSE Que signifie l’inscription et en quelle année se déroula la cérémonie ? F. Traduisez. 1. Id parentes suos liberi orabant. 2. Caue canem1 ! 3. Faciam illud quod rogatus sum. 4. Cur me rogas quod te iam docui ? 5. Eadem errare soles2. 6. Studium discendi nobis innatum est. 7. Poeni Hannibalem domum reuocauerunt3. 8. Apud Homerum incredibiles fabulae legi possunt4. 9. Illud bellum Pompeius extrema hieme parauit, primo uere incepit, extrema aes‐ tate confecit5. 10. Hannibal per sedecim annos Italiam populatus6 est. 11. Haec est tua sententia annon ? 12. Num quis tibi credĕre poterit ? 13. Graeci non sperabant Romanos e Graecia discessuros esse.

1. cauēre : prendre garde ; canis, ‑is : le chien. 2. solēre : avoir l’habitude de ; errare : se tromper, faire une erreur. 3. Poeni, ‑orum : les Carthaginois. 4. apud : près de, chez ; fabula : histoire, récit. 5. Pompeius, ‑i : Pompée ; hiems, hiemis : hiver ; uer, ueris : printemps ; aestas, ‑atis : été ; incipĕre, ‑io : commencer ; conficĕre, ‑io : achever. 6. populari : ravager. Chapitre 17

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14. Hannibal iurauit se usque ad mortem Romanorum hostem futurum esse1. 15. Te tacēre iam docebo. 16. Malo bonus esse quam uideri2. 17. Totam noctem non desiit gemere3. 18. Nescio unde illa fabula orta sit4. 19. Non intelligo cur taceas. 20. Nesciebant cui fiderent. 21. Adhuc uiri docti disputant utrum mari an terra Etrusci in Italiam uenerint5. 22. Dominus diem iam sextum abest ; domum post tertium diem redibit6. 23. Bis in triginta annis Germani fines nostros ingressi sunt7. 24. Hoc abhinc8 annos duos factum est. 25. Vos aliquando paenitebit latine non loqui. 26. Fines Heluetiorum in longitudinem milia passuum CCXL, in latitudinem CLXXX patebant. G. Traduisez. 1. Pendant trois jours. 2. Il est malade depuis sept jours. 3. Mon père ira à Rome pour voir César. 4. Aller à Delphes9. 5. Passer le long du fleuve.

Corrigés A. unum templum hunc hominem unius libri cuidam domo una re

1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9.

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illi mundi quattuor annos trium filiorum decem diebus quibus pueris ?

iurare : jurer ; usque ad + Acc. : jusqu’à. uideri : paraître. desinĕre, ‑o : cesser ; gemĕre, ‑o : gémir. oriri, ‑ior, ortus sum : naître, se lever. adhuc : jusqu’à maintenant, aujourd’hui encore ; doctus : savant. redire : retourner. ingredi : entrer. abhinc : à partir d’ici. Delphes : Delphi, ‑orum (pl.).

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B.

1. 38 2. 24e

11. duodetriginta 12. centum duodeuiginti

3. 11 4. 203 5. 65

13. quadraginta quattuor ; quattuor et quadraginta 14. tertius 15. undeuicesimus

6. 16e 7. 22 8. 1 100 9. 100 000

16. mille octingenti quadraginta septem 17. undequadraginta 18. septuagesimus septimus 19. sexaginta sex ; sex et sexaginta

10. 54

20. duodequinquagesimus

C.

1. 147 2. 704

3. 1 509 4. 44

5. 29 6. CCXIII

7. LXXXVII 8. DCXIX

9. XIV 10. CCCXVIII

D.

1. In-quarto (in-4°) se dit d’une feuille d’impression qui, ayant été pliée 2 fois, forme 4 feuilles ou 8 pages. Par extension, désigne le format d’un livre. 2. In-octavo (in-8°) se dit d’une feuille d’impression pliée 3 fois, de manière à former 8 feuilles ou 16 pages. Par extension, désigne le format d’un livre. Il existe aussi des formats in-douze (in-12) et in-seize (in-16). 3. In-folio se dit d’une feuille d’impression pliée 1 fois, formant ainsi 2 feuilles ou 4 pages. Par extension, désigne aussi le format.

E.

1.

LIberatrICI DICatVM « (Monument) dédié à la Libératrice. » L’addition de tous les chiffres romains donne la date de 1759, année de construction de l’édifice.

2.

en DVLCIs patrIae speM LaVrV CIngat Vt Ipse « Voici comment Il couronne lui-même de laurier l’espoir de la douce patrie. » L’addition de tous les chiffres romains donne la date de 1824. Ce vers (hexamètre dactylique : cf. p. 567) figure au-dessus d’une fresque représen‐ tant la séance de remise des diplômes aux lauréats de la première promotion de l’Université de Liège (créée en 1817). La cérémonie eut lieu en 1824, en même temps que l’inauguration de la salle académique. On voit Guillaume Ier adressant ses féli‐ citations aux étudiants (« l’espoir de la douce patrie ») en leur offrant une couronne de laurier, symbole traditionnel de la victoire.

Chapitre 17

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F.

1. À première vue, parentes et liberi peuvent être sujet d’orabant. Mais comme suos ne peut être qu’un Acc. pl., parentes doit être un Acc. également. Les enfants demandaient cela à leurs parents. 2. Canem est un Acc. sg. ; cauēre se construit donc avec l’Acc. Prends garde au chien ! Il s’agit d’une inscription découverte à Pompéi, qui équivaut à l’annonce qu’on trouve de nos jours à l’entrée de certaines propriétés : « Attention au chien ». 3. Litt. : Je ferai cela que j’ai été demandé (de faire). Je ferai ce qui m’a été demandé. Je ferai ce qu’on m’a demandé. 4. Pourquoi me demandes-tu ce que je t’ai déjà appris ? Attention ! Cette phrase signifie uniquement « Pourquoi me demandes-tu une chose que je t’ai déjà enseignée ? » : quod… docui est une proposition relative à l’indicatif. Mais rogare pourrait aussi introduire une interrogation indirecte : Cur me rogas quid te iam docuerim ? Dans ce cas, la phrase signifierait « Pourquoi me demandestu quelle chose je t’ai déjà enseignée ? », c’est-à-dire « Pourquoi m’interroges-tu pour savoir quelle chose je t’ai déjà enseignée ? » 5. Tu as l’habitude de faire les mêmes erreurs. Tu commets toujours les mêmes erreurs. 6. Le désir d’apprendre est inné chez nous (litt. : pour nous). 7. Les Carthaginois rappelèrent Hannibal chez lui (à la maison). Domum ne peut être ici un COD : cela n’aurait pas de sens. Rappelez-vous que domus est employé à l’Acc. sans préposition pour marquer la direction. 8. Le sujet ne peut être que fabulae, accompagné de l’adj. incredibiles, dont le sens ne pose pas de problème. Attention à legi : pour le sens, ce ne peut être le D. sg. de lex, ni le parfait de legĕre. C’est donc l’infinitif présent passif de legĕre. Trad. : Dans l’œuvre d’Homère, on peut lire des récits incroyables. 9. Pour bien comprendre cette phrase, identifiez d’abord le verbe et le sujet. Les verbes sont parauit (il prépara), incepit (il commença) et confecit (il acheva). Prenons la 1re partie : Illud bellum Pompeius extrema hieme parauit ; bellum peut être sujet, mais alors, que faire de Pompeius, qui ne peut être qu’au N. ? Pompeius est donc sujet, et bellum COD (car bellum est neutre) ; illud se rapporte donc à bellum : « Pompée pré‐ para cette guerre ». Extrema hieme est à l’Abl ; hiems signifiant « hiver », ce doit être un abl. de temps : « en hiver extrême » ; c’est ainsi que le latin dit « à la fin de l’hiver ». Pour désigner le début de l’hiver, on dit prima hiems et pour désigner le milieu de l’hiver media hiems. La 2e partie de la phrase est primo uere incepit (dont le sujet ne peut être que Pompée) : « il commença (cette guerre) au début du printemps ». La 3e partie de la phrase est extrema aestate confecit (dont le sujet est toujours Pompée) : « il acheva (cette guerre) à la fin de l’été ».

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Trad. : Pompée prépara cette guerre à la fin de l’hiver, la commença au début du printemps et l’acheva à la fin de l’été. 10. Hannibal ravagea l’Italie pendant seize ans. 11. Ton avis est-il celui-ci ou non ? Est-ce là ton avis, oui ou non ? Il s’agit d’une interrogation double (annon). Ici, la forme haec est d’un emploi un peu particulier. En effet, au lieu de dire Hoc est mea sententia, « Ceci est mon avis, voici mon avis », le latin préfère dire Haec est mea sententia, en mettant le pronom démonstratif au féminin (accord avec sententia, qui est féminin). Les grammaires parlent, dans ce cas, d’accord en genre et en nombre par attraction de l’attribut sur le pronom démonstratif sujet. 12. Est-ce que quelqu’un pourra te croire ? Est-ce que quelqu’un te croira ? Num indique que l’interrogateur s’attend à une réponse négative : « Tu t’imagines que quelqu’un pourra te croire ? ». Quis = aliquis après num. 13. Les Grecs n’espéraient pas que les Romains partiraient de Grèce (litt. : s’éloigne‐ raient hors de la Grèce). Discessuros esse marque une postériorité par rapport au verbe principal. 14. Hannibal jura qu’il serait l’ennemi des Romains jusqu’à sa mort. Romanorum est évidemment ici compl. du nom hostem, et non de mortem (« jusqu’à la mort des Romains » n’aurait guère de sens). 15. Je t’apprendrai à te taire désormais. 16. Attention à malo. Si c’est le D. Abl. sg. de malus, comment peut-on justifier esse ? Malo est donc la 1re p. sg. ind. prés. de malle : je préfère. Je préfère être bon que le paraître. 17. Il ne cessa de gémir toute la nuit. 18. Il s’agit d’une interrogation indirecte introduite par unde (d’où ?). Orta sit marque une antériorité par rapport au verbe principal. Litt. : Je ne sais pas d’où cette légende est née. Je ne sais pas d’où vient cette légende. J’ignore l’origine de cette légende. 19. Je ne comprends pas pourquoi tu te tais. Je ne comprends pas la raison de ton silence. 20. Ils ne savaient (pas) à qui se fier. 21. Viri docti semble bien être le sujet de disputant : « Aujourd’hui encore, les savants discutent ». Vtrum… an introduit une interrogation double (ici indirecte) ; mari et terra doivent être sur le même plan. Ils ne peuvent être qu’à l’Abl. Etrusci peut être un N. pl. ou un G. sg. dépendant de terra ; seul un N. pl. convient : « Les Étrusques sont venus en Italie soit par la mer, soit par la terre ». Trad. : Aujourd’hui encore, les savants discutent pour savoir si les Étrusques sont arrivés en Italie par (la) mer ou par (la) terre. 22. Le maître est absent depuis cinq jours (déjà) ; il rentrera dans trois jours.

Chapitre 17

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23. En trente ans, les Germains ont envahi deux fois notre territoire. 24. Cela s’est passé il y a deux ans (d’ici). 25. Vous regretterez un jour de ne pas parler latin. 26. Le territoire des Helvètes s’étendait sur 240 000 pas de longueur et 180 000 (pas) de largeur. CLXXX : il faut sous-entendre ici milia passuum (on imagine mal un territoire de 270 m de largeur). Le pas valant envirion 1,5 m, le territoire des Helvètes faisait 360 × 270 km, soit 97 200 km2 (près du sixième de la superficie de la France métropoli‐ taine). G.

296

1. Tres dies. 2. Diem iam octauum aegrotat. 3. Pater Romam ibit ut Caesarem uideat. 4. Delphos ire. 5. Praeterire flumen.

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Chapitre 18 La syntaxe des cas (2) : génitif, datif, ablatif

1. Génitif Le génitif est le cas de la détermination, de la spécification. En latin, celle-ci peut prendre trois formes : génitif d’appartenance, génitif de relation et génitif partitif. Ces 3 modes de spécification coexistaient dans la langue, sans avoir tous la même importance : le premier (G. d’appartenance) était le plus fréquent, les deux autres tendaient, dès l’époque classique, à ne plus être employés que dans certains cas bien précis.

A. Génitif d’appartenance 1. Génitif de possession Nous en avons déjà rencontré de nombreux exemples. Il correspond au complément du nom français. Domus consulis. La maison du consul. Catulli carmina. Les poèmes de Catulle. Les grammaires distinguent parfois ces compléments d’autres compléments d’apparte‐ nance tels que : Metus hostium. La crainte des ennemis [= que les ennemis éprouvent]. Amor patris. L’amour du père [= que le père éprouve]. Elles les appellent des génitifs subjectifs, car le complément du nom représente le sujet de l’action (« les ennemis craignent », « le père aime »). Ce sont en fait des génitifs de pos‐ session. Avec le verbe esse (être à, appartenir à), on emploie aussi le génitif pour désigner le possesseur. Hic liber est magistri. Ce livre est celui du maître. Ce livre appartient au maître.

Chapitre 18

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Dans une phrase comme Est discipuli discĕre, discipuli est donc un génitif d’apparte‐ nance : litt. « Étudier est (le fait) de l’élève » ; d’où « C’est à l’élève d’étudier. Il appartient à l’élève d’étudier ». Le génitif s’emploie également avec certains adjectifs marquant, au propre ou au figuré, l’appartenance, la ressemblance, le rapprochement, le voisinage. Tels sont : similis (sem‐ blable à), proprius (propre à), par (égal à), amicus (ami de), propinquus (proche de), etc., ainsi que leurs contraires (dissimilis, communis, impar, inimicus, etc.). L’emploi du génitif avec ces adjectifs est presque constant lorsqu’ils sont employés comme noms : « l’égal de, l’ami de, le proche de », etc.1

2. Génitif de qualité Il sert à rattacher un cas particulier à une catégorie2 en indiquant l’appartenance à une race, une espèce, une classe : Homo huius generis. Un homme de cette espèce. Il sert aussi à exprimer une particularité d’un individu : Vir magnae uirtutis. Un homme d’un grand courage. Puer nouem annorum. Un enfant de neuf ans. Avec les verbes d’estimation (esse, valoir ; aestimare, estimer [à autant]), on met au génitif les adjectifs de quantité qui servent à indiquer la valeur : magni (beaucoup, cher), parui (peu, bon marché), pluris (plus), minoris (moins), quanti (combien), etc. Esse plurimi. Être de très grande valeur, valoir très cher. Quanti uendidit ? À quel prix (l’) a-t-il vendu ?

• Remarques

1) Notons dès à présent que le génitif de qualité est concurrencé par l’ablatif. On trouve donc : Vir magna uirtute. Un homme d’un grand courage. et même : Vir magni ingenii magnaque prudentia. Un homme d’un grand talent et d’une grande sagesse. L’ablatif est même plus fréquent pour exprimer une caractéristique physique ou momentanée (cf. p. 308).

1. Lorsqu’ils sont employés comme adjectifs, ils se construisent plutôt avec le datif : cf. p. 303. 2. Comme nous allons le voir, c’est exactement le contraire du génitif partitif, qui sert à extraire un cas particulier d’une catégorie.

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2) L’ablatif est aussi de règle avec les verbes d’estimation et de prix (emĕre, acheter ; uendĕre, vendre ; uenire, être vendu : cf. p. 259) lorsque le complément est un nom, et en outre avec les verbes de prix lorsque le complément est un adjectif (magno, paruo…). Il s’agit en fait d’un ablatif de moyen. Magno pretio emĕre. Acheter à un prix élevé. Magno uendidi. Je l’ai vendu cher. Cependant, quatre adjectifs restent toujours au génitif quelle que soit la catégorie du verbe ; il s’agit de tanti, quanti, pluris et minoris. La construction des verbes de prix et d’estimation peut donc se résumer de la manière suivante (tableau 1) : Tableau 1. Emplois du génitif et de l’ablatif (estimation, prix) Noms Prix (acheter, vendre) Estimation (estimer, valoir)

Adjectifs

ablatif

ablatif

decem assibus

magno, paruo

ablatif

génitif

decem assibus

magni, parui

Cas particuliers tanti, quanti, pluris, minoris

Le dialogue suivant rassemble tous les cas possibles : Quanti constat hic liber ? Eum magni aestimo. — Decem assibus. Quanti eum aestimabam, tanti uendis. — Magno eum emi. Combien coûte ce livre ? Je l’estime cher (litt. : à beaucoup). — Dix as. Tu le vends au prix auquel je l’estimais. — Je l’ai payé (litt. : acheté) cher.

B. Génitif partitif Il indique le tout dont on prend une partie, et n’apparaît plus que dans certaines constructions que nous avons déjà rencontrées pour la plupart : ● avec des noms désignant une quantité, une mesure :

Magna pars Italiae. Une grande partie de l’Italie. Duo milia hominum. Deux mille hommes. ● avec des pronoms interrogatifs ou indéfinis :

Quis uestrum ueniet1 ? Qui d’entre vous viendra ? Nihil noui sub sole. Rien de nouveau sous le soleil.

1. Le G. pl. du pronom personnel de la 1re et de la 2e p. pl. se présente sous deux formes (nostri – nostrum ; uestri – uestrum) qui ne s’emploient pas de manière indifférente : nostrum et uestrum se trouvent comme génitifs par‐ titifs, nostri et uestri dans les autres cas. Chapitre 18

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● avec des adjectifs et des adverbes de quantité :

Multum temporis (mais aussi multum tempus : multum est alors épithète). Beaucoup de temps. ● comme complément du superlatif :

Onmium Gallorum fortissimi sunt Belgae. De tous les Gaulois, les Belges sont les plus courageux. ● avec les verbes meminisse (se souvenir), obliuisci (oublier), potiri (notamment dans

l’expression figée rerum potiri, s’emparer du pouvoir) ; on trouve également le génitif avec quelques verbes marquant l’abondance (implēre, remplir ; instruĕre, ‑o, pourvoir) ou la privation (egēre, avoir besoin) : il s’agit là d’une survivance d’un emploi ancien du génitif qui a presque entièrement disparu, en latin classique, au profit de l’ablatif (cf. p. 304) : Amicorum memini. Je me souviens de mes amis. On a vu que le génitif partitif ne s’employait plus, à l’époque classique, que dans certains cas précis. Déjà à date ancienne, le tour prépositionnel (avec ex ou de + Abl., inter + Acc.) était entré en concurrence avec lui : Vnus e Romanis. Vnus inter Romanos (plus rarement : Vnus Romanorum). Un des Romains, un seul Romain. De aliquo recordari. Se souvenir de quelqu’un.

C. Génitif de relation De même que le génitif partitif, le génitif de relation n’est employé que dans certains cas bien précis : ● avec les verbes impersonnels paenitet, piget, pudet, taedet et miseret, pour indiquer à

propos de qui ou de quoi on éprouve du regret, du chagrin, de la honte, du dégoût, de la pitié. Rappelons que ces verbes se construisent avec l’accusatif de la personne qui éprouve le sentiment (cf. p. 287). Me pudet stultitiae meae. J’ai honte de ma sottise. Eorum nos miseret. Nous avons pitié d’eux. ● avec des noms ou des adjectifs exprimant le désir (cupidus, désireux ; auidus, avide), la

connaissance (peritus, expérimenté, habile ; imperitus, inexpérimenté ; ignarus, igno‐ rant), la mémoire (memor, qui se souvient). Avec ces adjectifs, le génitif exprime l’objet de l’action ; c’est pourquoi les grammaires l’appellent génitif objectif. Peritus iuris ciuilis. (Qui est) expert en droit civil. Homines insueti laboris. Des hommes inaccoutumés au travail. Cupiditas regni. Le désir de régner (litt. : du règne). 300

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• Remarque

Il arrive que cet emploi du génitif soit ambigu, car on ne voit pas toujours d’emblée s’il désigne l’objet (génitif objectif) ou le sujet (génitif subjectif ; cf. ci-dessus) de l’action. Ainsi, metus hostium, « la crainte des ennemis », peut signifier : – soit la crainte que les ennemis éprouvent (génitif subjectif) : « Les ennemis craignent » [« Les ennemis » : sujet de « craignent »]. – soit la crainte que les ennemis inspirent (génitif objectif) : « Nous craignons les enne‐ mis » [« Les ennemis » : COD de « craignent »]. Les Romains eux-mêmes voyaient dans un tour comme metus hostium une source pos‐ sible de confusion. Ainsi, Aulu-Gelle, un auteur du IIe siècle apr. J.‑C., fait l’observation suivante : « Metus hostium » recte dicitur et cum timent hostes et cum timentur. Itaque Sallustius in Historia prima « metum Pompei » dixit, non quo Pompeius metueret, quod est usi‐ tatius, sed quod metueretur (Nuits attiques, IX, 12, 13–14). « On dit correctement metus hostium à la fois quand les ennemis craignent et quand ils sont craints. Ainsi, Salluste a dit, au livre I des Histoires, metum Pompei, non que Pompée craignît, façon de parler plus usuelle, mais parce qu’il était craint. »

Lorsque le latin veut éviter l’ambiguïté, il utilise, par exemple, des adjectifs-pronoms employés avec ou sans préposition, selon les cas : Tua sui memoria. Litt. : Ton souvenir de lui. Le souvenir que tu as de lui. Odium Gallorum in te. La haine des Gaulois pour (envers) toi. ● avec des participes présents de verbes transitifs, pour marquer un état permanent :

Homo amantissimus patriae. Un homme très amoureux de sa patrie. Miles patiens frigoris. Un soldat endurant le froid (= qui supporte toujours le froid, habitué à supporter le froid). S’il ne s’agit pas d’un état permanent, habituel, on emploie alors l’accusatif. Miles patiens frigus. Un soldat qui endure le froid (pour le moment). On explique généralement par le génitif de relation la construction des verbes dits « d’action judiciaire » : accusare (accuser), damnare (condamner), etc. On dit en effet : Accusare aliquem furti (furtum, ‑i : le vol). Accuser quelqu’un de vol. Cette explication n’est probablement pas correcte. Il semble, en effet, que l’expression complète soit : Accusare aliquem furti. Accuser quelqu’un de vol. Crimine (Abl. de crimen, ‑inis, Nt.) est un abl. de moyen et furti un G. explicatif (litt. : de vol).

Chapitre 18

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2. Datif Traditionnellement, le datif est présenté comme le cas du complément d’objet indirect (COI). Il s’agit là d’un terme de grammaire française qui n’a guère de sens en latin. En effet, un COI est un mot ou un groupe de mots rattaché « indirectement » au verbe, par une préposition, par opposition au complément d’objet direct (COD), rattaché, lui, « directe‐ ment » du verbe. Le latin exprime avec le datif seul ce complément, qui sera, selon les cas, un datif d’attribution, d’intérêt ou de destination (but).

A. Datif d’attribution On met au datif la personne à qui l’on donne (dit, envoie, etc.) quelque chose ; c’est ce datif qui est communément appelé « complément d’objet indirect ». Da mihi hunc librum. Donne-moi ce livre. Le datif sert également de complément à de nombreux verbes intransitifs exprimant un sentiment, une attitude. Tels sont nocēre (nuire), auxiliari (aider), parēre (obéir), fidĕre (avoir confiance), parcĕre (épargner), ignoscĕre (pardonner), nubĕre (épouser, en parlant d’une femme). Domino parĕre. Obéir au maître. Nesciebat cui fideret. Il ne savait à qui se fier. Hostibus parcĕre uolebat. Il voulait épargner les ennemis.

• Remarque

Dans les grammaires scolaires, ces verbes sont souvent considérés comme des « excep‐ tions », car, en français, la plupart d’entre eux sont transitifs. Tout dépend, en réalité, de la manière dont on les traduit. Hostibus parcĕre. Épargner les ennemis (mais aussi : Faire grâce aux ennemis). Alicui persuadēre. Persuader quelqu’un (mais aussi : Persuader à quelqu’un [moins courant en français contemporain]).

Certains adjectifs de sens analogue aux verbes mentionnés ci-dessus se construisent également avec le datif, ainsi que ceux qui expriment une idée de rapprochement (égalité, ressemblance, voisinage, ou le contraire). Tels sont : utilis (utile), aptus (apte à, approprié à), perniciosus (nuisible), inutilis (inutile), aequus (égal), similis (semblable), proximus (proche), finitimus (voisin), etc. Canis similis est lupo. Le chien est semblable au loup. Le chien ressemble au loup. Dico seruum domino parem esse. Je dis que l’esclave est l’égal du maître. 302

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N.B. Nous avons vu au début de ce chapitre que certains des adjectifs mentionnés ici se construisent aussi avec le génitif. Enfin, avec de nombreux verbes composés d’un des préverbes ad‑, ante‑, con‑ (< cum‑), in‑, inter‑, ob‑, post‑, prae‑, sub‑, super‑, le complément se met au datif. Adesse amicis. Être près de ses amis, assister ses amis. Inuidēre alicui. Envier quelqu’un, porter envie à quelqu’un. Praeesse exercitui. Être à la tête de l’armée. Succedĕre alicui. Succéder à quelqu’un.

B. Datif d’intérêt Le datif exprime aussi l’idée d’intérêt, d’avantage pour la personne qui fait l’action. Non sibi, sed aliis, scribit poeta. Ce n’est pas pour lui, mais pour les autres que le poète écrit. Hoc tibi feci. Je l’ai fait pour toi. Le verbe esse, construit avec le datif, exprime qu’une personne ou une chose est à la disposition de quelqu’un. Est mihi liber. Litt. : Un livre est à (pour) moi. J’ai un livre, je possède un livre. Huic spes nulla salutis erat. Litt. : Il n’y avait aucun espoir de salut pour celui-ci. Il n’avait aucun espoir de salut. Pratiquement, cette construction équivaut au verbe « avoir ». Elle est même plus fré‐ quente pour exprimer la simple possession (habeo signifiant plutôt « je tiens, je détiens »). N.B. À noter la tournure mihi est nomen… (litt. : le nom est à moi… ; je m’appelle…), avec le nom propre au nominatif ou au datif (apposé du sujet ou du complément). Mihi est nomen Caesar (ou Caesari). Je m’appelle César. On fera donc bien la différence entre : Haec domus est consulis. Cette maison est celle du consul [gén. d’appartenance]. Domus est consuli. Le consul possède une maison [dat. d’intérêt]. Avec l’adjectif verbal, on met au datif le nom de la personne par qui l’action doit être faite. Ce datif est souvent appelé « datif d’agent », parce que la personne en cause apparaît comme l’agent de l’action. C’est, en réalité, un datif d’intérêt. Vobis omnia discenda sunt. Litt. : Tout est devant être étudié pour vous (par vous). Vous devez tout étudier.

Chapitre 18

303

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C. Datif de destination Ce datif, qui servait à marquer la destination, le but, n’est plus, à l’époque classique, qu’une survivance. On le rencontre dans certaines expressions, dont une mérite d’être mentionnée. Le datif de destination accompagné d’un autre datif (d’intérêt) — d’où le nom de double datif — se rencontre avec quelques verbes, tels que esse, mittĕre, dare : Hoc est mihi dolori. Litt. : C’est pour moi à douleur. C’est pour moi une cause de dou‐ leur. Hoc est tibi usui. Litt. : C’est pour toi à usage. Ceci t’est utile. Mittĕre copias auxilio alicui. Envoyer des troupes au secours de quelqu’un. Dare librum alicui dono. Litt. : Donner un livre à quelqu’un pour (lui faire) un cadeau. Donner un livre à quelqu’un en cadeau.

3. Ablatif À première vue, l’ablatif latin exprime des notions très différentes, sans grand rapport logique entre elles. Nous avons déjà rencontré des compléments de lieu, de temps, de moyen, etc. À l’origine (en indo-européen), l’ablatif marquait seulement le point de départ, la séparation, l’éloignement, l’origine. Il existait en outre deux autres cas1 : ● l’instrumental, qui servait à exprimer les circonstances de l’action : le moyen, la cause,

la manière, l’accompagnement ; ● le locatif, qui exprimait la situation dans l’espace et dans le temps (par opposition à

l’accusatif, qui exprimait l’extension). En latin, ces deux cas ont disparu à peu près totalement, et les notions qu’ils exprimaient ont été « récupérées » par l’ablatif. Ce manque d’unité a fait que les prépositions ont été amenées à jouer un rôle important pour préciser ce qui revenait à chacun des trois cas de l’indo-européen : ● ab, de, ex pour l’ablatif proprement dit ; ● cum pour l’instrumental ; ● in, sub, etc. pour le locatif.

Par ailleurs, l’ablatif a continué également d’être utilisé dans certains cas sans préposi‐ tion.

1. D’où les huit cas de l’indo-européen, contre six en latin : cf. p. 30.

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A. Ablatif proprement dit 1. Séparation ou privation Avec des verbes comme liberare (délivrer), leuare (soulager), egēre (avoir besoin de), carēre (être privé de), etc., on emploie l’Abl. sans préposition. Pecunia carēre. Manquer d’argent. On emploie également l’Abl. avec ou sans préposition pour accompagner les adjectifs de sens analogue, tels que liber (délivré), nudus (dépouillé). Liber omni metu. Délivré (soulagé) de toute crainte. N.B. Certains de ces verbes et de ces adjectifs peuvent se construire aussi avec le génitif (cf. p. 300).

2. Éloignement On trouve l’Abl. accompagné ou non d’une préposition (ab, ex) avec des verbes tels que abesse (se tenir à l’écart, être éloigné), cedĕre, abire (se retirer, s’en aller), desistĕre (renon‐ cer), etc. : Pellĕre aliquem patria. Chasser quelqu’un de son pays. Duo milia passuum abest a Roma. Il est à deux mille pas de Rome. Pour répondre à la question unde ? (d’où ?), on utilise aussi l’Abl., le plus souvent avec ab (éloignement) ou ex (sortie). Ab Italia decedĕre. S’en aller d’Italie.

• Remarques

1) Avec des noms de villes et de petites îles, on trouve toujours l’Abl. seul, sauf si l’on veut indiquer qu’on s’éloigne des environs de l’endroit (cf. chapitre 12). Roma profectus est. Il est parti de Rome. A Roma decedĕre. S’éloigner de Rome. 2) Le latin se place parfois à un autre point de vue que le français. Ainsi, on trouve des expressions comme : Ex equis pugnare. Combattre à cheval (litt. : à partir de chevaux). A fronte. Par devant. A tergo. Par derrière. Pendĕre ex arbore. Être suspendu à un arbre. Ex parte. En partie.

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On emploie enfin l’Abl. précédé de ab pour exprimer le complément d’agent animé des verbes à la voix passive ; cet emploi de l’Abl. s’explique par le fait que l’agent est considéré comme le point de départ de l’action. Galli a Romanis uicti sunt. Les Gaulois furent vaincus par les Romains.

B. Ablatif instrumental C’est ici que se rangent la plupart des compléments circonstanciels.

1. Moyen Répond à la question « par quoi ? avec quoi ? » Britanni lacte et carne uiuunt. Les Bretons vivent de lait et de viande. À cet ablatif se rattache le complément de certaines catégories de verbes et d’adjectifs : ● marquant l’abondance : implēre (remplir), instruĕre (pourvoir), plenus (plein), etc. Cer‐

tains de ces verbes se construisent aussi avec le génitif (cf. p. 300). ● exprimant une estimation ou un prix :

Magno pretio emĕre. Acheter à grand prix. N.B. Sur l’emploi du génitif avec les verbes d’estimation et de prix, cf. p. 299. ● tels que damnare (condamner), pour exprimer la peine :

Aliquem morte damnare. Condamner quelqu’un à mort. C’est aussi l’abl. de moyen qui indique le moyen emprunté pour traverser un lieu ou franchir un obstacle (question qua ? par où ?) ; cf. chapitre 12. Flumen uado transire. Traverser un fleuve à gué. Le lieu que l’on traverse est introduit, quant à lui, par la préposition per + Acc., « à tra‐ vers ». Per Italiam iter facĕre. Voyager (litt. : faire route) par l’Italie, à travers l’Italie.

2. Cause L’ablatif s’emploie pour exprimer la cause d’une action : Fame interire. Mourir de faim.

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Cet ablatif sert également à désigner l’agent inanimé de l’action, avec les verbes au pas‐ sif : Consuetudine leuatur labor. Le travail est facilité (litt. : allégé) par l’habitude. On le rencontre aussi avec les verbes de sentiment pour exprimer la cause du sentiment. Tels sont gaudēre, laetari (se réjouir), dolēre (s’affliger), etc. Bonis rebus laetari. Se réjouir des bonnes choses (des événements heureux).

3. Accompagnement et manière ● accompagnement : ablatif avec cum

Caesar bibit cum copiis. César boit avec ses troupes. Veniesne mecum ? Viendras-tu avec moi ? ● manière : ablatif avec ou sans cum

Litterae (cum) magna cura scriptae. Une lettre écrite avec grand soin.

4. Qualité Exprime souvent une qualité du moment, contrairement au génitif, qui exprime plutôt une qualité permanente (cf. p. 298). Homo infirma ualetudine. Un homme d’une santé fragile. Homo magni ingenii. Un homme d’un grand talent.

5. Comparaison Lorsque le premier terme d’une comparaison est au N. ou à l’Acc., le second terme, au lieu d’être introduit par quam, se met souvent à l’ablatif seul. Serui infeliciores dominis sunt. Les esclaves sont plus malheureux que les maîtres.

6. Relation Répond à la question « de quel point de vue ? » Barbari lingua et natione sunt. Ce sont des étrangers du point de vue de la langue et de la nationalité. Enfin, il faut rappler que l’ablatif est également caractéristique d’une proposition par‐ ticipiale d’un type particulier : l’ablatif absolu (cf. chapitres 8 et 13).

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C. Locatif 1. Lieu À l’origine, c’était le cas qui exprimait la situation dans l’espace et dans le temps. En latin, le locatif a disparu presque totalement au profit de l’ablatif. On ne le trouve plus que : ● dans les expressions comme domi (à la maison, chez soi), ruri (à la campagne), belli (en

temps de guerre) ; Domi mansit1. Il est resté chez lui. ● pour marquer la situation dans l’espace (question ubi ? où ?) avec les noms de villes et

de petites îles de la première et de la deuxième déclinaison, lorsqu’ils sont au singulier. Romae sum. Rhodi sum. Je suis à Rome. Je suis à Rhodes. Lorsque le nom appartient à une autre déclinaison que la première ou la seconde, ou lorsqu’il est au pluriel, on trouve l’ablatif. Carthagine manebo. Je resterai à Carthage (Carthago, ‑inis : 3e décl.). Athenis manebo. Je resterai à Athènes (Athenae, ‑arum : 1re décl. pl.).

• Récapitulation

Le complément de lieu marquant la situation s’exprime de trois manières en latin :

1) in + Abl. : avec les noms communs et les noms de pays (y compris les grandes îles). In urbe maneo. Je reste en ville. In Sicilia maneo. Je reste en Sicile. 2) locatif : avec les noms de villes et de petites îles de la 1re ou de la 2e déclinaison au singulier, ainsi qu’avec domus et rus. Romae maneo. Je reste à Rome. Lugduni maneo. Je reste à Lyon (Lugdunum, ‑i : Lyon). Corcyrae maneo. Je reste à Corcyre (Corcyra, ‑ae : Corcyre [= Corfou]). 3) Abl. seul : avec les autres noms de villes, c’est-à-dire ceux de la 3e décl. et ceux de la 1re ou de la 2e au pluriel. Athenis maneo. Je reste à Athènes. Carthagine maneo. Je reste à Carthage.

2. Temps Cf. chapitre 12.

1. Remarquez que, formellement, le locatif ne se distingue pas, la plupart du temps, du génitif (Romae, belli, domi, mais ruri de rus, ruris).

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4. Exercices Énoncés A. Mettez au cas voulu les mots entre parenthèses et traduisez. 1. Est (discipulus) discĕre, et (magister) (grammatica) docēre. 2. Hoc est (ego) (gaudium). 3. (Ego) est (nomen) Stephanus. 4. Sunt (tu) (multus) (liber). 5. (Roma) non ibo ; manebo (domus). 6. Abest duo milia (passus) a (domus). 7. Galli (dissimilis) sunt (Romanus). 8. (Nos) non pepercit. 9. (Rus) proficiscar. 10. (Gallia) liberabo (Romanus). 11. (Maximus) uendidi. 12. Caesar (Galli) (mors) minatus est. 13. (Carthago) sum. 14. Lex utilis (Romani). 15. Romani (Cicero) (consul) creauerunt. B. Traduisez. 1. Elle ne voudra pas m’épouser. 2. César était à la tête de l’armée. 3. C’est pour vous, non pour le professeur, que vous étudiez. 4. Nous haïssons cet homme. (double datif) 5. Je n’hésiterai pas à condamner les autres pour leur lâcheté1. C. Traduisez. 1. Insuetus nauigandi mare timebat. 2. Semper auidi laudis fuistis. 3. Romanorum copias per fines Belgarum traduxit. 4. Romae damnatus est. 5. Res est magni laboris. 6. Cuiusuis2 hominis est errare. 7. Parui sunt foris arma, nisi est consilium domi.

1. lâcheté : inertia. 2. quiuis : n’importe quel. Chapitre 18

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8. Nostri e naue desiluerunt1. 9. Apud Pompeium cenaui. 10. Caesar ad exercitum manēre decreuit. 11. Militum uires inopia frumenti deminuerat2. 12. Massilienses portas Caesari clauserant3. 13. Nuper eras medicus, nunc es uespillo ; quod uespillo facis, feceras et medicus4. 14. Illi aegre ad noctem oppugnationem sustinuerunt5. 15. Romulus6 septem et triginta regnauit annos. 16. Haec ego scripsi hora noctis nona. 17. Dies quindecim iter fecerunt. 18. Ludi per decem dies facti sunt. 19. Fuerunt anno primo post reges consules L. Iunius Brutus et Tarquinius Collatinus. 20. Romulus trecentos armatos ad custodiam corporis habebat. 21. Caesarem fugientem siluae texerunt7. 22. Britannia est insula natura triquetra, cuius unum latus est contra Galliam8. 23. Belgae proximi sunt Germanis, quibuscum continenter9 bellum gerunt. 24. Heluetii iam per angustias et fines Sequanorum suas copias traduxerant et in Hae‐ duorum fines peruenerant eorumque agros populabantur10. 25. Semper in proeliis maximum eis est periculum qui maxime timent11. 26. Ego exercitusque ualemus. 27. Eum de rebus gestis certiorem faciunt12. 28. Haec ad iudicandum13 sunt facillima. 29. Tacita14 est melior mulier semper quam loquens. 30. Caesar quinque cohortes castris praesidio reliquit15.

1. desilire (< *de-salire) : sauter de. 2. uires, ‑ium : les forces ; frumentum, ‑i : le blé ; deminuĕre, ‑o : baisser, diminuer. 3. Massilienses, ‑ium : les Marseillais ; porta : la porte (de la ville) ; claudĕre, ‑o : fermer. 4. uespillo, ‑onis : le croque-mort ; nuper : naguère, récemment ; nunc : maintenant. 5. sustinēre (< *sub-tenēre) : soutenir ; aegre : avec peine, difficilement ; oppugnatio, ‑onis : l’attaque, le siège. 6. Romulus, ‑i : Romulus, fondateur et premier roi de Rome. 7. silua : la forêt ; tegĕre, ‑o : protéger. 8. insula : île ; triquetrus : triangulaire ; contra + Acc. : contre, face à. 9. continenter : sans cesse, continuellement. 10. angustiae, ‑arum : le défilé ; fines, ‑ium : le territoire (litt. : les limites, les frontières) ; Sequani, ‑orum : les Séquanes ; Haedui, ‑orum : les Éduens. 11. proelium, ‑ii : le combat ; periculum, ‑i : le danger ; maxime : le plus. 12. gerĕre, ‑o : faire, agir ; certiorem facĕre, ‑io : informer (litt. : rendre plus certain). 13. iudicare : juger. 14. tacitus : qui se tait (< tacēre). 15. cohors, cohortis : la cohorte (dixième partie de la légion), c’est-à-dire 420 hommes environ ; praesidium, ‑ii : la garde ; relinquĕre, ‑o : laisser, abandonner.

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Corrigés A. 1. discipuli – magistri – grammaticam Il appartient à l’élève d’étudier, et au professeur d’enseigner la grammaire. 2. mihi – gaudio (double datif) C’est pour moi une cause de joie (mieux : une source de joie). 3. mihi – nomen Je m’appelle Stéphane. 4. tibi – multi – libri Litt. : De nombreux livres sont à toi. Tu possèdes beaucoup de livres. 5. Romam – domi Je n’irai pas à Rome ; je resterai chez moi. 6. passuum – domo Il est à deux mille pas (à 3 km) de sa maison (de chez lui). 7. dissimiles – Romanis Litt. : Les Gaulois sont dissemblables des Romains. Les Gaulois ne ressemblent pas aux Romains. Les Gaulois et les Romains ne se ressemblent pas. 8. Nobis Il ne nous a pas épargnés. 9. Rus Je partirai à la campagne. 10. Galliam – Romanis Je libérerai la Gaule des Romains. 11. Maximo Je l’ai vendu très cher. 12. Gallis – mortem César menaça les Gaulois de mort. 13. Carthagine Je suis à Carthage. 14. Romanis Une loi utile pour les Romains. 15. Ciceronem – consulem Les Romains élurent Cicéron consul.

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B.

1. Mihi nubĕre nolet. 2. Caesar exercitui praeerat. 3. Vobis, non magistro, discitis. 4. Iste uir nobis est odio. 5. Alios non dubitabo inertiae damnare.

C.

1. N’étant pas habitué à naviguer, il craignait la mer. 2. Vous avez toujours été avides de louanges. 3. Il fit passer les troupes des Romains (romaines) par le territoire des Belges. 4. Il a été condamné à Rome. 5. Litt. : La chose est d’un grand travail. La chose demande (exige) un travail important. Cette affaire demande… 6. Litt. : C’est le propre de n’importe quel homme de se tromper. C’est le propre de tout homme… 7. Les armes ont peu de valeur au-dehors, si la sagesse ne règne pas au-dedans. 8. Les nôtres sautèrent (du haut) du navire. 9. J’ai dîné chez Pompée. 10. César décida de rester (au)près de son armée. 11. Le manque de blé avait diminué (réduit) les forces des soldats. Le sujet est inopia et non uires, car le verbe est au singulier. 12. Les Marseillais avaient fermé leurs portes à César. 13. Récemment, tu étais médecin, maintenant tu es croque-mort ; ce que tu fais en tant que croque-mort, tu l’avais fait aussi en étant médecin. (Critique satirique adressée à un ancien médecin reconverti dans les pompes funèbres) Dans la dernière phrase, uespillo et medicus sont des apposés du sujet de facis et de feceras. 14. Ceux-là soutinrent difficilement (avec peine) le siège jusqu’à la nuit. 15. Romulus régna 37 ans. 16. Moi, j’ai écrit cela à la neuvième heure de la nuit (= entre 1 h 30 et 3 h 45 du matin, selon la saison ; cf. p. 563). 17. Ils voyagèrent (firent route) pendant quinze jours. 18. Les jeux se déroulèrent (eurent lieu) pendant dix jours. 19. L. Iunius Brutus et Tarquin Collatin furent consuls la première année après les rois [= la première année après (la fin de) la royauté]. 20. Romulus avait trois cents hommes armés pour veiller sur sa personne (litt. : pour la garde de son corps). Romulus avait une garde personnelle de trois cents hommes armés.

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21. Litt. : Les forêts protégèrent César fuyant (qui fuyait ; dans sa fuite). Les forêts cou‐ vrirent la fuite de César. Les forêts protégèrent la retraite de César. 22. La Bretagne (= La Grande-Bretagne) est une île de forme triangulaire, dont un côté fait face à la Gaule. 23. Les Belges sont proches (voisins) des Germains, avec lesquels ils font continuelle‐ ment la guerre (ils ne cessent de faire la guerre). 24. Les Helvètes avaient déjà fait passer leurs troupes, par un défilé, à travers le terri‐ toire des Séquanes, et ils étaient arrivés sur le territoire des Éduens et ravageaient leurs champs. En français, la phrase est « lourde » à cause de la succession de et. On pourra, par exemple, remplacer le premier par un point-virgule : « ils étaient arrivés sur celui des Éduens et… » 25. Litt. : Dans les combats, le plus grand danger est toujours pour ceux qui craignent le plus. Au combat, c’est toujours ceux qui ont le plus peur qui courent le plus grand danger. 26. Moi et mon armée (nous) sommes en bonne santé. 27. Litt. : Ils l’informent des choses qui ont été faites. Ils l’informent de ce qui s’est passé. 28. Litt. : Ces choses sont très faciles pour juger. Ces cas sont très faciles à juger. 29. Litt. : Une femme qui se tait est toujours meilleure qu’une (femme) parlant. Une femme qui se tait est toujours plus intéressante qu’une femme qui parle. 30. César laissa cinq cohortes à la garde du camp (pour garder le camp).

Chapitre 18

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Chapitre 19 La syntaxe des propositions Les propositions indépendantes et principales Les propositions complétives (2)

1. Généralités Traditionnellement, la syntaxe des propositions, c’est-à-dire l’étude des temps et des modes des différentes propositions, est le chapitre qu’on étudie en dernier lieu et qui paraît souvent le plus complexe, car on l’enseigne à des gens censés pratiquer activement le thème autant que la version. Tel n’est pas votre but. En outre, nous ne pourrons aborder ce domaine qu’en quelques chapitres. C’est pourquoi il est préférable d’opérer des classe‐ ments, même arbitraires, qui doivent vous permettre d’analyser correctement la nature et la fonction d’une proposition. Déterminer la nature d’une proposition, c’est voir s’il s’agit par exemple, d’une princi‐ pale ou d’une subordonnée, complétive, circonstancielle ou relative. On peut la reconnaître, entre autres, grâce à l’absence ou à la présence de mots introducteurs et à leur nature (conjonction de subordination, relatif, etc.). Mais, une fois la nature de la proposition iden‐ tifiée, il reste encore des éléments à déchiffrer à l’intérieur de chacune, qui sont les modes et les temps du verbe. C’est le moment de fournir quelques indications à leur sujet.

A. Emploi des modes et des temps ● L’indicatif et le subjonctif expriment une attitude du sujet vis-à-vis de l’action, c’est-à-

dire la manière dont elle est présentée. Ainsi, l’indicatif est la marque d’une présentation objective, « brute », sans intervention personnelle du sujet, et la négation qui accom‐ pagne l’indicatif est toujours non ; le subjonctif, lui, présente l’action de manière sub‐ jective : elle est alors une conception de l’esprit du sujet, exprimée sous la forme d’une volonté, d’une possibilité, d’une cause, etc. On peut dire en outre que le subjonctif est, de manière générale, le mode de la dépendance, de la subordination.

Chapitre 19

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Certaines propositions sont toujours à l’indicatif : les propositions énonciatives, la plu‐ part des propositions de temps, etc. Cupimus felices esse. Nous voulons être heureux. Romani saepe Gallos uicerunt. Les Romains ont souvent vaincu les Gaulois. D’autres propositions sont toujours au subjonctif. Parmi celles-ci, nous avons déjà étudié la proposition de but (cf. chapitre 9). Romam ibo ut Caesarem uideam. J’irai à Rome pour voir César. Mais, dans certaines propositions, on rencontre tantôt l’indicatif, tantôt le subjonctif. L’emploi du mode n’y est donc pas automatique ; l’auteur, en utilisant l’un plutôt que l’autre, a introduit une nuance supplémentaire dont il faut rendre compte. Certaines propositions se prêtent particulièrement bien à ce double traitement : les subordonnées de cause, qui peuvent exprimer une cause réelle ou « subjective », propre à un individu, les conditionnelles, qui peuvent présenter une condition comme réelle, éventuelle ou même irréelle. Le latin dira par exemple : Non ueniet quod aegrotat. Il ne viendra pas, parce qu’il est malade [Il est malade, c’est un fait ; il ne viendra pas]. Non ueniet quod aegrotet. Il ne viendra pas, parce que, dit-il, il est malade. Dans ce dernier cas, l’auteur de la phrase laisse entendre au lecteur que la maladie de la personne en question n’est pas un fait objectivement constaté par lui ; il se borne à répéter la justification qui lui a été donnée. Dans certains contextes, l’emploi du sub‐ jonctif dans les propositions causales pourra même indiquer que l’auteur met en doute la véracité du motif invoqué ; on traduira alors : Il ne viendra pas, sous prétexte qu’il est malade. Le subjonctif sert en fait ici à indiquer que celui qui parle rapporte les paroles de quelqu’un d’autre sans nécessairement les prendre à son compte. Nous reviendrons sur ce type d’emploi (cf. chapitre 23). ● Le temps du verbe marque évidemment le moment de l’action, d’une manière absolue

ou relative : – absolue : le temps indique si l’action est passée, présente ou future. Legebam, lego, legam. Je lisais, je lis, je lirai. – relative : le temps indique si l’action est antérieure, simultanée ou postérieure à une autre action. On parle alors de concordance des temps (cf. chapitres 9 et 14). Rappelons que les temps peuvent aussi exprimer l’aspect de l’action (durée, moment précis, répétition : cf. p. 183). On distinguera par exemple :

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Librum legebam, cum uenisti. Je lisais un livre quand tu es arrivé (et je n’avais pas terminé). Librum legeram, cum uenisti. J’avais lu le livre quand tu es arrivé (et j’avais terminé). Librum legam, cum uenies. Je lirai un livre quand tu arriveras (et je n’aurai pas ter‐ miné). Librum legero, cum uenies. J’aurai lu le livre quand tu arriveras (et j’aurai terminé).

• Remarque

Le parfait indique une action passée et achevée. Profectus est. Il est parti.

Mais il peut aussi indiquer le résultat présent d’une action passée. Ainsi, le parfait de consuescĕre, ‑o (s’habituer), consueui, signifie « j’ai pris l’habitude », mais aussi « j’ai l’habi‐ tude de ». « Apprendre à connaître » se dit noscĕre (plus souvent cognoscĕre) ; son parfait, noui signifie « j’ai appris à connaître », donc « je connais ». Dès lors, le plus-que-parfait (noueram) équivaut à un imparfait : « je connaissais », et ainsi de suite. Dans ce cas, il se produit une sorte de décalage entre les temps : les formes du parfait ont le sens du présent, celles du plus-que-parfait celui de l’imparfait et celles du futur antérieur celui du futur simple.

B. Nature des propositions Prenons d’abord quelques exemples français : (1) Écoutez-moi tous ! (2) L’homme est un loup pour l’homme. (3) Le chat parti, les souris dansent. (4) Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement. (5) S’il pleut, je ne sortirai pas. (6) Quand tu mourras, je serai triste. (7) Je regarde passer le train. (8) Je veux que tu viennes. Parmi ces phrases, on peut distinguer des propositions indépendantes (1, 2), principales (3, 4, 5, 6, 7), circonstancielles (5, 6), une proposition infinitive (7), complément d’objet (8), relative (4), et participiale (3). En latin, on peut opérer les mêmes distinctions entre : ● les propositions indépendantes et principales :

Caesar in Italiam rediit. César retourna en Italie. Cupimus felices esse. Nous voulons être heureux.

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● les propositions subordonnées :

– complétives (c’est-à-dire compléments d’objet d’un verbe transitif) à un mode personnel : Peto ut studeas. Je te demande d’étudier. Dic mihi quid feceris. Dis-moi ce que tu as fait. à un mode impersonnel (proposition infinitive) : Volo te gaudēre. Je veux que tu t’amuses. – circonstancielles : Aestate pueri si ualent, satis discunt. En été, si les enfants sont en bonne santé, ils en apprennent assez [conditionnelle]. – relatives : Mulier quam amas soror mea est. La femme que tu aimes est ma sœur. – participiales (ablatif absolu) : Gallis uictis, Caesar in Italiam rediit. Une fois les Gaulois vaincus [mieux : Après sa victoire sur les Gaulois], César retourna en Italie. Nous allons passer en revue ces différents types de propositions.

2. Les propositions indépendantes et principales On appelle propositions indépendantes et principales les propositions qui ne dépendent d’aucune autre, et dont ● aucune autre ne dépend : indépendante ; ● une (ou plusieurs) autre(s) dépend(ent) : principale.

Emploi des modes et des temps 1. Indicatif L’indicatif s’emploie dans les propositions énonciatives et interrogatives, pour exposer un fait ou poser une question en toute objectivité : Ciues Romani non estis. Vous n’êtes pas (des) citoyens romains. Estisne ciues Romani ? Êtes-vous (des) citoyens romains ?

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Lorsque l’interrogation se charge d’une nuance particulière, on voit apparaître le sub‐ jonctif. Voici deux cas possibles : Quid faciam ? Que dois-je faire ? Que faire ? Quid facerem ? Que devais-je faire ? Quand on s’interroge sur ce qu’on doit ou devait faire, on emploie respectivement le subjonctif présent ou imparfait ; la négation est non. De par sa nature, ce subjonctif se rencontre surtout à la 1re pers. Les grammaires qualifient cet emploi de subjonctif délibé‐ ratif. Ego timeam ? Moi, j’aurais peur ? (non, évidemment) Ego timerem ? Moi, j’aurais eu peur ? (non, évidemment) Pour marquer son désaccord, son indignation, son étonnement, on utilise le subjonctif présent (pour le présent) ou imparfait (pour le passé). La négation est non.

2. Impératif 3e

C’est le mode qui exprime l’ordre. Hormis quelques formes d’impératif futur à la personne, on le trouve surtout au présent de la 2e personne. Bibe ! Bois ! Audite ! Écoutez !

3. Subjonctif a. Ordre et défense On l’emploie là où les formes de l’impératif manquent. C’est aussi lui qui marque l’ordre négatif, la défense, toujours avec la négation ne. ● à la 1re p. du pluriel, le subjonctif présent exprime une exhortation, positive ou négative :

Audiamus ! Écoutons ! Ne audiamus ! N’écoutons pas ! ● à la 2e p. sg. et pl., l’ordre est exprimé par l’impératif, la défense par ne et le subjonctif

parfait : Ne audiueris ! N’écoute pas ! Ne fleueritis ! Ne pleurez pas ! À côté de ne avec le subj. pft, on trouve une autre manière d’exprimer la défense à la 2e personne : noli(te), impératif de nolle, suivi d’un infinitif : Noli audire ! Veuille ne pas écouter ! N’écoute pas ! Nolite flēre ! Veuillez ne pas pleurer ! Ne pleurez pas !

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● à la 3e p. sg. et pl., l’ordre s’exprime par le subj. présent, la défense par ne avec le même

subj. : Veniat ! Qu’il vienne ! Ne ueniat ! Qu’il ne vienne pas ! Tableau 1. Expression de l’ordre et de la défense

1re pers.

Ordre

Défense

subj. prés.

ne + subj. prés.

Audiamus !

Ne audiamus ! ne + subj. pft

2e pers.

impératif

Ne audieris !

Audi !

noli(te) + inf. prés. Noli(te) audire !

3e pers.

subj. prés.

ne + subj. prés.

Audiat !

Ne audiat !

b. Souhait et regret (cf. chapitre 9) L’indo-européen possédait un mode spécifique du souhait, l’optatif, que le grec, par exemple, a conservé ; en latin, ce mode a disparu, et c’est le subjonctif qui a pris les valeurs de l’optatif. C’est donc lui qui exprime le souhait (cf. l’ablatif, qui joue également le rôle des anciens locatif et instrumental). ● Si l’on énonce un souhait (sans indiquer s’il est réalisable ou non), on emploie :

– le subj. présent pour un souhait concernant le présent ; Verum dicas ! Je souhaite que tu dises la vérité ! Puisses-tu dire la vérité ! – le subj. parfait pour un souhait concernant le passé ; Verum dixeris ! Je souhaite que tu aies dit la vérité ! Puisses-tu avoir dit la vérité ! N.B. Le souhait peut être introduit par la particule utinam, « Plaise au ciel que…, Pourvu que…, Puisse… ». Vtinam uerum dicas ! Puisses-tu dire la vérité ! ● Si le souhait est présenté comme n’étant plus réalisable, c’est-à-dire si l’on exprime un

regret, celui-ci est toujours introduit par utinam, « Plût au ciel que…, Ah ! si… », suivi : – du subj. imparfait pour un regret concernant le présent ; Vtinam uerum diceres ! Ah ! si tu disais la vérité ! [mais en réalité, tu mens]

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Partie 1. Comprendre le latin

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– du subj. plus-que-parfait pour un regret concernant le passé ; Vtinam uerum dixisses ! Ah ! si tu avais dit la vérité ! [mais, en réalité, tu as menti] Dans les propositions exprimant le souhait et le regret, la négation est toujours ne. La présence d’utinam est facultative pour le souhait, mais obligatoire pour le regret. Remarquez que le subjonctif peut se traduire de différentes manières. Ainsi, Veniat ! pourra signifier, selon le contexte, « Qu’il vienne ! » (ordre) ou « Puisse-t-il venir ! » (souhait). De même, Ne ueniat ! peut signifier « Qu’il ne vienne pas ! » (défense) ou « Pourvu qu’il ne vienne pas ! » (souhait négatif). C’est le contexte qui permettra de décider. Tableau 2. Expression du souhait et du regret Passé

Souhait

Regret

Présent

(Vtinam) uenerit !

(Vtinam) ueniat !

Puisse-t-il être venu !

Puisse-t-il venir !

(Vtinam) ne uenerit !

(Vtinam) ne ueniat !

Puisse-t-il ne pas être venu !

Puisse-t-il ne pas venir !

Vtinam uenisset !

Vtinam ueniret !

Ah ! s’il était venu !

Ah ! s’il venait !

Vtinam ne uenisset !

Vtinam ne ueniret !

Ah ! s’il n’était pas venu !

Ah ! s’il ne venait pas !

c. Condition De même qu’en français, une proposition indépendante ou principale peut exprimer une condition. On pourrait croire que je l’ai fait exprès. Ne faudrait-il pas l’avertir ? Tu aurais dû me le dire. Il arrive souvent que ces propositions soient accompagnées d’une proposition subor‐ donnée conditionnelle. S’il avait su, il ne serait pas venu. Si tu tombes, tu seras puni. C’est pourquoi nous ne traiterons pas le cas des propositions conditionnelles ici ; elles seront étudiées au chapitre 21.

d. Concession On emploie également le subjonctif dans une proposition principale lorsqu’on veut, par exemple dans une discussion, concéder quelque chose à son interlocuteur. Cette concession est souvent corrigée aussitôt par at ou certe. Le subjonctif présent marque une concession se rapportant au présent, le subjonctif parfait une concession se rapportant au passé. La négation est ne. Chapitre 19

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Ne sit Paula pulchra, at est mea uxor ! (Admettons) que Paula ne soit pas belle, cepen‐ dant, c’est mon épouse. Paula n’est pas belle, soit ! Elle n’en est pas moins mon épouse. Paula n’est pas belle, je l’admets ! Il n’empêche que c’est mon épouse. Sit fur, at est bonus imperator. C’est un voleur, d’accord ; mais c’est un bon général. Tableau 3. Emplois du subjonctif dans les propositions indépendantes (principales) Présent

Imparfait

Délibération (négation non)

Quid faciam ? Que puis-je (ou dois-je) faire ?

Quid facerem ? Que pouvais-je (ou devais-je ou aurais-je dû) faire

Protestation (négation non)

Ego(ne) istud faciam ! Moi, je ferais cela !

Ego(ne) istud facerem ! Moi, j’aurais fait cela !

Supposition (négation non)

(Vt) adueniat pater tuus… Supposons que ton père vienne…

Parfait

Plus-que-parfait

(Vt) aduenerit pater tuus… Supposons que ton père soit venu…

Ordre (1re et 3e p.) Audiamus ! (négation ne) Écoutons ! Audiat ! Qu’il écoute ! Défense (2e p.) (négation ne) Souhait (négation ne)

Ne ueneris ! Ne viens pas ! (Vtinam) ueniat ! Pourvu qu’il vienne !

Regret (négation ne) Concession (négation ne)

(Vtinam) uenerit ! Pourvu qu’il soit venu ! Vtinam adesset ! Ah ! s’il était ici !

Sit pulchra, at… Admettons qu’elle soit belle, mais…

Vtinam adfuisset ! Ah ! s’il avait été ici ! Fuerit pulchra, at… Admettons qu’elle ait été belle, mais…

Le tableau récapitulatif qui précède (tableau 3) appelle deux remarques. ● Dans un contexte présent, on emploie le plus souvent le subjonctif présent, sauf pour exprimer la défense à la 2e p. et, évidemment, le regret. Dans un contexte passé, l’emploi

des temps est plus complexe, dans la mesure où l’on rencontre les trois autres subjonctifs. La difficulté consiste donc essentiellement à connaître les différentes valeurs de l’impar‐ fait et du parfait dans les propositions indépendantes et principales (le plus-que-parfait ne pose pas de problème).

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Partie 1. Comprendre le latin

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● On sera également attentif à l’emploi des négations (tantôt non, tantôt ne). On utilise ne

pour exprimer un ordre négatif (c’est-à-dire une défense), un souhait négatif (qui est une forme de défense moins impérative), un regret négatif (qui est un souhait non réa‐ lisé) et la concession négative. On utilise non dans les autres cas, c’est-à-dire là où il s’agit, en fait, d’un subjonctif conditionnel (cf. chapitre 21).

3. Les propositions complétives (2) Parmi les propositions servant de complément d’objet direct à un verbe, nous avons déjà rencontré : ● la proposition infinitive (verbes de déclaration, d’opinion, de perception…) : cf. cha‐

pitres 8 et 13. Dico terram esse rotundam. Je dis que la terre est ronde. ● l’interrogation indirecte (verbes d’interrogation) : cf. chapitre 14.

Dic mihi quota hora sit. Dis-moi quelle heure il est. ● la complétive en ut/ne (verbes de volonté, d’effort…) : cf. chapitre 14.

Ei dixi ut in Galliam iret. Je lui ai dit d’aller en Gaule. Le moment est venu d’envisager les autres catégories, que nous classerons d’après le mode du verbe : indicatif ou subjonctif.

A. Indicatif Les complétives introduites par quod (à l’origine le N. Acc. Nt. du relatif, fixé comme conjonction au sens de « le fait que », et indiquant une chose effectivement réalisée) se construisent avec l’indicatif. La négation est donc non. On les rencontre : ● pour exprimer un fait, comme apposition d’un pronom démonstratif exprimé ou sous-

entendu. (Id) multum me adiuuat, quod linguam Latinam scis. Le fait que tu connaisses le latin m’aide beaucoup. (litt. : Cela m’aide beaucoup, le fait que tu connais le latin.) ● comme sujet de locutions impersonnelles telles que bene (male, opportune) fit (accidit,

euenit) quod…, « il arrive (par bonheur, par malheur, à propos) que… » : Male euenit quod cecidit. Il arriva par malheur qu’il tomba.

Chapitre 19

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La phrase pourrait se présenter sous la forme : Id male euenit, quod cecidit. Cela arriva par malheur, le fait qu’il est tombé. ● après des expressions telles que bene (male) facĕre quod…, « faire bien (mal) de… ; agir

bien (mal) en… » : Bene facis quod me mones. Tu fais bien de m’avertir. ● comme complément d’objet :

– des verbes exprimant un sentiment, tels que gaudēre (se réjouir), dolēre (être triste), etc. Gaudeo quod uales. Je me réjouis que tu te portes bien. N.B. La construction de ces verbes avec quod est concurrencée par la proposition infini‐ tive (Gaudeo te ualēre). – des verbes signifiant « remercier » (gratias agĕre), « féliciter » (gratulari), « blâmer » (reprehendĕre), etc. Tibi gratias ago quod Romam uenisti. Je te remercie d’être venu à Rome. – des verbes signifiant « ajouter » (addĕre ; accedit : à cela s’ajoute), « omettre » (prae‐ terire), etc. Accedit quod pater aegrotat. À cela s’ajoute que mon père est malade. Et, en plus, mon père est malade.

B. Subjonctif ● Avec les verbes de crainte (timēre, metuĕre, uereri), on emploie :

– ne + subj. et concord. des temps quand on craint que l’action ait lieu ; – ne non + subj. et concord. des temps quand on craint que l’action n’ait pas lieu. Timeo ne quis ueniat. Je crains que quelqu’un vienne. Timebam ne non ueniret. Je craignais qu’il ne vienne pas. N.B. Ces verbes, lorsqu’ils signifient « ne pas oser », se construisent avec l’infinitif. Loqui uereor. Je n’ose pas parler.

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Partie 1. Comprendre le latin

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● La plupart des verbes d’empêchement, d’opposition ou de refus, tels impedire (empê‐

cher), interdicĕre (interdire), resistĕre, repugnare (s’opposer), recusare (refuser), se construisent avec : – ne (plus rarement quominus) + subj. et concord. des temps quand le verbe principal est employé affirmativement : Sententiam ne dicerem recusaui. J’ai refusé de donner mon avis. – quin ou quominus + subj. et concord. des temps quand le verbe principal est employé négativement : Nihil impedit quominus Romam eamus. Rien n’empêche que nous allions à Rome. Rien ne nous empêche d’aller à Rome.

• Remarques

1) Vous trouverez dans les grammaires plusieurs exceptions. Ainsi, certains verbes d’empêchement se construisent avec une proposition infinitive : uetare (interdire), prohibēre (empêcher). Legatos Caesar discedĕre uetuerat. Litt. : César avait interdit que les ambassadeurs s’en aillent. César avait interdit aux ambassadeurs de s’en aller. Galli Romanos intra fines suos ingredi prohibuerunt. Les Gaulois empêchèrent les Romains d’entrer sur leur territoire. Ce que les grammaires appellent « exceptions » ne doit vous créer aucun problème. Il suffira de constater l’usage. La difficulté ne surgit que lorsqu’on pratique le thème. 2) Nous avons vu que les verbes d’empêchement employés négativement se construi‐ saient avec quin (ou quominus) au lieu de ne. Parfois, au lieu d’un verbe d’empêche‐ ment, on peut rencontrer une locution négative de sens analogue. Non dubito quin uenturus sis1. Je ne doute pas que tu viendras. Non dubium erat quin Caesar in Italiam rediturus esset. II n’était pas douteux que César retournerait en Italie. II ne faisait pas de doute que César retournerait en Italie. Retineri non possum quin stultos rideam. Je ne puis m’empêcher de me moquer des sots. Quin2 a cependant conservé sa valeur négative dans des expressions comme fieri non potest quin (il ne peut se faire que… ne… pas, il est impossible que… ne… pas), facĕre non possum quin (il m’est impossible de ne pas…).

1. Pour les autres constructions de dubitare, cf. chapitre 14. 2. Quin est le résultat de la contraction de qui (forme archaïque du pronom interrogatif à l’Abl.) et de la parti‐ cule négative ne. À l’origine, il signifie « comment… ne pas ? », puis « à la suite de quoi… ne… pas ? ». Chapitre 19

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Fieri non poterat quin Caesar in Italiam rediret. Il ne pouvait se faire que César ne retournât pas en Italie. Il était impossible que César ne retournât pas en Italie. (Il fallait que César retournât en Italie). Facĕre non possum quin te amem. Il m’est impossible de ne pas t’aimer. Je ne peux pas m’empêcher de t’aimer. Je ne peux pas ne pas t’aimer. Ainsi, bien que retineri non possum (je ne puis m’empêcher de) et facĕre non possum (je ne puis faire en sorte de) aient un sens opposé, retineri non possum quin te laudem et facĕre non possum quin te laudem signifient la même chose : quin a, dans le premier cas, une valeur explétive, dans le second, une valeur négative. 3) Bien qu’il n’expriment pas une volonté, mais plutôt une conséquence, certains verbes impersonnels se construisent avec ut et le subjonctif : accidit, euenit, fit (il arrive), accedit (à cela s’ajoute). Mais dans ce cas, la proposition négative est introduite par ut non et non par ne. Fit ut erremus. Il arrive que nous nous trompions. Il arrive qu’on se trompe. Fit ut felices non simus. Il arrive que nous ne soyons pas heureux. De là, ut peut prendre une valeur explicative (« à savoir que ») comparable à celle de quod. Male facis ut me rideas. Tu agis mal en te moquant de moi. [On aurait pu avoir : Male facis quod me rides]. Accedit ut pater aegrotet. Litt. : À cela s’ajoute que mon père est malade. Et, en plus, mon père est malade. [On aurait pu avoir : Accedit quod pater aegrotat]. 4) Dans certains cas (langue familière, par exemple), on rencontre avec quelques verbes un subjonctif sans ut. C’est ce qu’on appelle la parataxe, c’est-à-dire la juxtaposition de deux verbes dont l’un est normalement subordonné à l’autre, sans que ce rapport soit indiqué par une conjonction. On trouve cette construction : – avec l’impératif de facĕre (fac) : faire en sorte que ; – avec l’impératif de cauēre (caue) : veiller à ; – avec certains verbes ou locutions comme licet (il est permis), uelle (vouloir), nolle (ne pas vouloir), necesse est (il est fatal), etc. Caue facias… Veille à faire… Fac cogites. Fais en sorte de réfléchir. Velim cures tuam ualetudinem. Je voudrais que tu prennes soin de ta santé. N.B. Cauēre se construit normalement avec ne et signifie « prendre garde de, veiller à ne pas ». Caue ne cadas. Veille à ne pas tomber, prends garde de tomber. Mais, dans le tour caue facias, cauēre a un sens positif : « veiller à ».

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Partie 1. Comprendre le latin

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4. Exercices Énoncés A. Déclinez au féminin. Sg. N. iste Acc. hic G. ipse D. Abl.

unus quidam

Pl. ille hic ullus duo tres

B. Traduisez. 1. Toi, pleurer ? 2. Quoi de plus doux que la liberté ? 3. Qui d’entre vous ignore que Cicéron était un orateur ? 4. César partit pour la Gaule avec quatre légions. 5. Un des Gaulois arriva auprès de César la nuit. 6. J’avais trois fils, dont un est mort. 7. Écris ! 8. Amusez-vous ! 9. Que personne n’ait peur ! 10. Ne traversez pas le fleuve ! 11. Ah ! si tu étais là ! (tu es absent) 12. Ah ! si tu avais vu Rome ! 13. Il arrive souvent que les hommes se trompent. C. Traduisez. 1. Mihi opus est libris. 2. Flumen uno loco pedibus transiri potest. 3. Omnes intra annum perierunt. 4. Non dubito quin Caesar Gallos uicturus sit. 5. Eum (se) pigrum1 fuisse paenitet. 6. Conferte2 hanc pacem cum illo bello.

1. piger : paresseux. 2. conferre : comparer. Chapitre 19

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7. Scripserunt ad eum sui ne id faceret. 8. Quintum1 audio profectum in Asiam. 9. Seruum roget possitne opus2 conficĕre. 10. Iste petit a3 rege ut id ad se mittat. 11. Ex iis litteris, quid ageres et ubi esses, cognoui. 12. Multitudo regem eum ingenti consensu appellant. 13. In cubiculo pretio, non aequitate iura discribebat4. 14. Celeriter contraque omnium opinionem confecto itinere multos in agris inopi‐ nantes deprehendit5. 15. Flumen uado superiore transierunt, quo uno modo hostem circumuenire poterant6. 16. Decreuit quondam senatus ut L. Opimius uideret ne quid res publica detrimenti caperet7. 17. Ire constituit quo cum paucis equitibus profectum Caesarem audiebat. 18. Hanc epistulam Graecis conscriptam litteris mittit, ne intercepta epistula nostra ab hostibus consilia cognoscantur8.

Corrigés A.

ista hanc ipsius uni quadam

illae has ullarum duabus tribus

B.

1. Tu, fleas ? 2. Quid dulcius libertate ? 3. Quis uestrum nescit Ciceronem oratorem fuisse ? 4. Caesar in Galliam cum quattuor legionibus profectus est.

1. Quintus : Quintus (prénom). 2. opus, ‑eris : le travail. 3. petĕre ab aliquo : demander à qqn. 4. cubiculum, ‑i : la chambre ; pretium, ‑ii : le prix ; iura discribĕre, ‑o : rendre la justice. 5. celeriter : rapidement ; contra + Acc. : contre ; iter, itineris : trajet, chemin, marche ; inopinans, ‑antis : qui ne s’y attend pas ; deprehendĕre, ‑o : prendre par surprise. 6. uadum, ‑i : gué ; modus, ‑i : manière. 7. quondam : un jour ; detrimentum capĕre, ‑io : subir un préjudice. 8. intercipĕre, ‑io : intercepter ; consilium, ‑ii : le projet ; cognoscĕre, ‑o : apprendre à connaître, prendre connais‐ sance de.

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Partie 1. Comprendre le latin

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5. Vnus Gallorum (ou e Gallis) nocte ad Caesarem peruenit. 6. Mihi erant tres filii, quorum unus mortuus est. 7. Scribe ! 8. Gaudete ! 9. Nemo timeat ! 10. Ne flumen transieritis ! 11. Vtinam adesses ! 12. Vtinam Romam uidisses ! 13. Saepe fit ut errent homines. C.

1. J’ai besoin de livres. 2. On ne peut traverser le fleuve à pied qu’en un seul endroit. 3. Tous périrent dans l’année. 4. Je ne doute pas que César vaincra les Gaulois. 5. Il se repent d’avoir été paresseux. Fuisse marque une antériorité. Donc, ne pas traduire par « être paresseux ». 6. Litt. : Comparez cette paix-ci avec cette guerre-là. Rappelez-vous que hic peut renvoyer à un événement présent et ille à un événement passé, éloigné. Trad. : Comparez la paix d’aujourd’hui avec la guerre de jadis. 7. Scripserunt est le verbe princ. Ad eum : vers lui, à lui. En suivant strictement l’ordre des mots, on a : Ils écrivirent à lui (ils lui écrivirent). Ne id faceret semble bien former une proposition : ne est une conjonction négative ; faceret un verbe au subj. depen‐ dant de ne : « (afin) qu’il ne fasse pas cela ; qu’il ne le fasse pas ». On a donc : « Ils lui écrivirent de ne pas faire cela ». Et sui ? Théoriquement, sui peut être le G. sg. du pronom se, le G. M. Nt. sg. de l’adjectif suus ou le N. V. pl. de l’adj. suus. Quelle pourrait être ici la fonction d’un G. ? Essayez le N. Il doit donc être sujet, pas de faceret (qui est un singulier), mais de scripserunt. Sui scripserunt ne peut signifier que « Les siens (lui) écrivirent ». Selon le contexte, « les siens » seront ses amis, sa famille, etc. Trad. : Ses amis (litt. : les siens) lui écrivirent de ne pas faire cela. 8. J’entends dire que Quintus est parti en Asie. Dans cette phrase, la seule difficulté est que l’infinitif esse n’est pas exprimé dans la proposition infinitive : profectum = profectum esse. Audire signifie non seulement « entendre », mais aussi « entendre dire », donc « apprendre (une nouvelle) ». 9. Qu’il demande à l’esclave s’il peut achever le travail. Possit est un subj. d’interrogation indirecte (présent : simultanéité par rapport à un verbe principal au présent : roget). 10. Litt. : Celui-ci demande au roi (litt. : du roi) qu’il le lui envoie.

Chapitre 19

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d : N. V. Acc. Nt. sg. de is. Ici, ce ne peut être qu’un accusatif COD de mittat. Trad. : Il demande au roi qu’il le lui envoie (de le lui envoyer). 11. Verbe princ. : cognoui, j’ai appris (parfait de cognoscĕre). Avec ce verbe, on attend un complément ou une prop. complétive, qui est quid ageres et ubi esses. Ageres et esses sont des subj. d’interrogation indirecte (simult. par rapport à un verbe princ. passé : cognoui). Ex iis litteris : à partir de cette lettre (marque l’origine, la prove‐ nance). Trad. : Par cette lettre, j’ai appris ce que tu faisais et où tu étais. 12. Verbe princ. : appellant ; multitudo est un nominatif singulier. On aurait donc un sujet singulier et un verbe pluriel ? Oui : multitudo appellant ; cf., en français, « une foule de gens appellent ». De même qu’en français, l’accord du verbe avec le sujet peut être réglé par le sens de ce dernier. C’est notamment le cas avec les noms col‐ lectifs désignant des personnes. Avec appellare, on attend un COD : eum ou regem ? La foule appelle le roi : mais que faire de eum ? La foule appelle lui roi, c’est-à-dire : la foule l’appelle du nom de roi, la foule le proclame roi. Eum est COD. Regem est attribut du COD. Ingenti consensu : consensus est l’action de consentire (< *cumsentire : litt. « sentir avec, avoir le même sentiment » ; cf. fr. « consensus »). Ici, il ne peut être qu’Abl. sg. Trad. : La foule l’appelle du nom de roi par (avec) un accord immense. La foule una‐ nime lui donne le titre de roi. 13. Iura discribebat (litt. : assigner les droits) : il rendait la justice ; aequitate : Abl. sg. d’aequitas : qualité de ce qui est aequus (égal, juste) : équité. On a donc : « Il rendait la justice par/avec (d’après) l’équité. » In cubiculo pretio : in introduit ici un Abl. ; in cubiculo : dans sa chambre à coucher. Et pretio ? C’est aussi un Abl., mais il ne peut dépendre de in. Quelle peut alors être sa fonction ? Il ne peut dépendre que de iura discribebat. Trad. : Il rendait la justice selon le prix, non selon l’équité, dans sa chambre à cou‐ cher. Il rendait la justice dans sa chambre à coucher selon le prix, non selon l’équité (= il assignait à chacun ses droits selon la somme versée). 14. Le verbe princ. est deprehendit : « Il surprend beaucoup (d’hommes) dans les champs (les campagnes) » ; inopinantes (pris au dépourvu) se rapporte à multos. Confecto itinere ressemble à un ablatif absolu : la marche ayant été achevée. Il reste celeriter contraque omnium opinionem = celeriter et contra omnium opinionem : rapidement et contre l’opinion de tous. Celeriter porte sur confecto itinere. On a donc : « La marche achevée rapidement et contre l’opinion de tous… ». Trad. : Ayant achevé sa marche rapidement et contre l’attente générale, il prend à l’improviste beaucoup d’hommes dans la campagne.

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Partie 1. Comprendre le latin

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15. Distinguer Flumen… transierunt (prop. principale) et quo… poterant. Ils traversèrent le fleuve par un gué supérieur. Ils traversèrent le fleuve par un gué (qui se trouvait) en amont. Quo uno modo : litt. « par laquelle seule manière » ; quo est donc adj. relatif. Hostem circumuenire poterant : ils pouvaient contourner l’ennemi. Trad. : Ils traversèrent le fleuve par un gué situé en amont, seule manière dont ils pouvaient contourner l’ennemi. Ils traversèrent le fleuve par un gué situé en amont : c’était la seule manière dont ils pouvaient contourner l’ennemi. 16. Cette phrase est assez simple si on la découpe correctement. Le verbe princ. est decreuit : « Le sénat décida un jour » ; le verbe introduit la prop. compl. ut L. Opimius uideret, « que L. Opimius fît en sorte » ; uideret introduit à son tour la prop. compl. ne quid res publica detrimenti caperet ; sujets possibles : quid et res publica. La seule solution est de faire de res publica le sujet et de quid le COD ; litt. : que l’État ne subisse pas de préjudice. Et quid ? Après ne (ainsi qu’après si et num), quis rem‐ place aliquis. Ici quid n’est donc pas le pronom interrogatif au Nt., mais l’équivalent d’aliquid : « quelque (chose) ». Detrimenti est au G. et dépend de quid (génitif partitif). Trad. : Le sénat décida jadis que L. Opimius fît en sorte que l’État ne subisse aucun préjudice. C’est la formule officielle par laquelle le sénat romain donnait, en cas de crise, des pouvoirs exceptionnels aux consuls (ce que les modernes appellent improprement senatusconsultum ultimum, le « sénatus-consulte ultime »). 17. Le verbe princ. est constituit : « il décida d’aller » ; après ire, on attend normalement un compl. de lieu (direction). Il est ici introduit par quo, dans une relative. Cum paucis equitibus : avec quelques cavaliers. Remarquez que cum peut aussi être une conjonc‐ tion ; mais ici, il n’y a pas de verbe. Il s’agit donc de la prépositon. Quo… profectum Caesarem audiebat : « où il entendait que César était parti » ; ici, profectum = profec‐ tum esse (cf. phrase 8). Trad. : Il décida d’aller où il entendait dire que César était parti avec quelques cava‐ liers. 18. Ici encore, il faut distinguer Hanc… mittit et ne… cognoscantur. – Hanc epistulam Graecis conscriptam litteris mittit : « il envoie cette lettre (ayant été) écrite en grec » ; Graecis litteris : abl. de moyen ; peut signifier à la fois « en langue grecque » ou « en caractères grecs ». – ne intercepta epistula nostra ab hostibus consilia cognoscantur ; ne introduit une subordonnée de but négative (afin que… ne pas) ; cognoscantur est le verbe, et il est au pluriel ; le sujet doit donc être consilia : « afin que les projets ne soient pas connus par les ennemis ». Il reste intercepta epistula nostra : puisque le verbe a déjà un sujet exprimé, il ne peut s’agir d’un N. ; c’est un Abl. sg. (ablatif absolu). Donc, apparemment : « afin que, notre lettre une fois interceptée, les projets ne Chapitre 19

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soient pas connus des ennemis ». Cette phrase n’a cependant pas beaucoup de sens : quelqu’un envoie une lettre…, afin que, si notre (?) lettre est interceptée, les projets ne soient pas connus ! La seule solution est de rapprocher nostra de consilia et non d’epistula. Trad. : Il envoie cette lettre écrite en grec, afin que, si elle est interceptée, nos plans ne soient pas connus des ennemis.

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Chapitre 20 L’infinitif et la proposition infinitive (2) Le passif personnel et impersonnel Les propositions circonstancielles (1) : but, conséquence, cause, temps

1. Infinitif et proposition infinitive (2) Nous avons déjà étudié ce type de complétive (cf. chapitre 8). Nous ne ferons ici que préciser quelques points. L’infinitif et la proposition infinitive peuvent avoir la fonction de sujet (attribut, apposé) ou de complément d’objet ; cf. en français : Dormir, c’est mourir un peu (« dormir » est sujet de « est » et « mourir un peu » attribut). Voici quelques exemples latins : Errare humanum est. Il est humain de se tromper. L’erreur est humaine [errare est sujet de est]. Volo te esse beatum. Je veux que tu sois heureux [te esse beatum est COD de uolo]. Volo esse beatus. Je veux être heureux [esse est COD de uolo]. ● L’infinitif sert de complément d’objet à de nombreux verbes de volonté et d’activité, tels

que parare (se préparer à), scire (savoir), debēre (devoir), audēre (oser), solēre (avoir l’habitude de), incipĕre (commencer), desinĕre (cesser), etc. Abire non audebunt. Il n’oseront pas s’en aller. Secundum naturam uolunt uiuĕre. Ils veulent vivre en accord avec la nature. ● La proposition infinitive, et non l’infinitif seul, sert de complément d’objet aux verbes

de déclaration (dicĕre, dire ; scribĕre, écrire), d’opinion (putare, penser ; censēre, penser ; aestimare, estimer), de perception (uidēre, voir ; audire, entendre ; scire, savoir ; nes‐ cire, ne pas savoir ; nouisse, connaître) et de sentiment (gaudēre, se réjouir ; dolēre, être triste). Dico me nihil scire. Je dis que je ne sais rien. Chapitre 20

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Gaudeo te ualēre. Je me réjouis que tu te portes bien. Audii Caesarem in Italiam profectum esse. J’ai entendu dire que César était parti en Italie. Numquam scripsi hominem homini lupum esse. Je n’ai jamais écrit que l’homme était un loup pour l’homme. ● Quelques verbes, tels uelle (vouloir), nolle (ne pas vouloir), malle (préférer), cupĕre

(désirer), se construisent avec l’infinitif seul ou la proposition infinitive selon que le sujet des verbes est identique ou non. Volo amare. Je veux aimer. Volo te amare. Je veux que tu aimes. Tableau 1. Emplois de l’infinitif et de la proposition infinitive Infinitif audeo

amare

j’ose

aimer

uolo

amare

je veux

aimer

dico je dis

Proposition infinitive — te amare que tu aimes me amare, te amare



que j’aime, que tu aimes

• Remarques

1) Les grammaires ont dressé la liste des verbes qui admettent d’autres constructions. C’est notamment le cas des verbes de sentiment : Gaudeo quod uales. Je me réjouis que tu te portes bien. 2) Certains verbes changent de sens selon la manière dont ils se construisent ; ainsi, plusieurs verbes déclaratifs (dicĕre, scribĕre) peuvent devenir des verbes de volonté ; ils se construisent alors avec ut et le subjonctif : Dico me proficisci. Je dis que je pars. Mais : Dico ut proficiscaris. Je te dis de partir.

3) Les verbes de perception admettent, eux aussi, deux constructions : – s’il s’agit de perception des sens : participe Eum uidi exeuntem. Je l’ai vu sortir (litt. : sortant). – s’il s’agit de perception « intellectuelle » : proposition infinitive

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Audii te aegrotare. J’ai entendu dire que tu étais malade. Mais : Te audio loquentem. Je t’entends parler. Pour en finir avec l’étude de l’infinitif, il nous reste à voir deux emplois particuliers de ce mode dans les propositions indépendantes. ● L’infinitif présent s’emploie volontiers avec le sens d’un passé, dans les récits et les nar‐

rations. Cf. en français : Ainsi dit le renard, et flatteurs d’applaudir [= et les flatteurs applaudirent]. En latin, ce type d’infinitif se rencontre également dans la narration ; de ce fait, on l’appelle infinitif de narration ou infinitif historique. Son sujet se met au nominatif. Clamare ille nihil se dixisse. Lui de crier qu’il n’avait rien dit. ● L’infinitif seul ou accompagné d’un sujet à l’accusatif se rencontre également dans les

exclamations ou les interrogations pour rendre un sentiment (étonnement, indignation, etc.) avec vivacité. Cet emploi de l’infinitif exclamatif est surtout fréquent dans le style familier. Te flēre ! Toi, pleurer ! [c’est-à-dire : « Je constate que tu pleures et je m’en étonne. »] On distinguera donc l’infinitif exclamatif du subjonctif de protestation (cf. p. 319) : dans le premier cas (Te flēre !), on constate un fait réel dont on s’étonne ; dans le second (Tu, fleas !), on émet une hypothèse qu’on désapprouve, une supposition qu’on repousse.

2. Le passif personnel et impersonnel En latin comme en français, seuls les verbes transitifs peuvent être mis au passif per‐ sonnel, c’est-à-dire avoir un sujet et éventuellement un complément d’agent (cf. cha‐ pitre 8) : Filius patrem amat (Le fils aime son père) peut devenir Pater a filio amatur (Le père est aimé par son fils) ; mais Filius patri nocet (Le fils nuit à son père) ne peut être mis comme tel au passif. Le latin possède cependant cette particularité que n’importe quel verbe, même intran‐ sitif, peut être mis au passif à la 3e personne. Il exprime alors la notion verbale pure et simple, sans considération du sujet agissant : c’est le passif impersonnel, qu’on peut rendre en français par l’indéfini « on ». Itur. Des gens vont, on va (litt. : l’action d’aller s’accomplit). Ibatur ad caedem. On en arrivait (= on allait droit) au massacre. Pugnatum est acriter. On combattit avec acharnement.

Chapitre 20

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Un tel verbe peut être suivi d’un complément (nom ou proposition) : Nocetur mihi. On me nuit. Dicitur Caesarem abiisse (prop. inf.). On dit que César est parti. Dans ce dernier cas, cependant, le latin préférera restituer au verbe principal un sujet tiré de la subordonnée ; c’est la tournure dite personnelle, où la proposition infinitive disparaît : Caesar dicitur abiisse. On dit que César est parti (litt. : César est dit être parti [où Caesar est devenu sujet de dicitur]). La construction personnelle est fréquente, en particulier avec uideri (passif de uidēre) quand il signifie « sembler, paraître ». Mihi uideor somniare. Il me semble que je rêve. J’ai l’impression de rêver. Mihi uideris errare. Il me semble que tu te trompes. Quand uideri est construit impersonnellement, il signifie « sembler bon, décider ». Mihi uidetur abire. Je décide de partir.

3. Les propositions circonstancielles (1) A. But (rappel) 1. La proposition finale Les propositions de but (ou finales) sont introduites par : ● ut : « pour que » ● ne : « pour que… ne… pas » ● quo : « pour que » (litt. « par suite de quoi »), si la subordonnée contient un comparatif

avec le subjonctif présent ou imparfait selon le temps du verbe principal, en vertu de la concordance des temps (le rapport d’antériorité ne se rencontre naturellement pas dans les propositions de but). Caesar Rhenum transiit ut Germanos terreret. César passa le Rhin pour effrayer les Germains. Laborabat ne fame interiret. Il travaillait pour ne pas mourir de faim. Vinum bibo quo melius laborem. Je bois du vin pour mieux travailler.

2. Autres tournures Les grammaires mentionnent généralement à cet endroit les différentes manières dont le latin peut exprimer le but. Bien que certaines constructions soient, pour le sens, 336

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équivalentes à une proposition finale, elles n’ont pas toutes exactement la même valeur. Selon les cas, le latin peut recourir : ● à l’adjectif verbal (exprimant une idée d’obligation) avec des verbes comme mittĕre

(envoyer), dare (donner), tradĕre (livrer, donner) : Tradĕre liberos educandos. Litt. : Confier ses enfants devant être élevés. Confier l’édu‐ cation de ses enfants (à quelqu’un). ● au gérondif précédé de ad + Acc. :

Id facimus ad gaudendum1. Nous le faisons pour nous amuser. La préposition indique un mouvement (« vers ») et, de là, une intention. Le gérondif, lui, n’a d’autre valeur que celle du verbe. ● à une proposition relative au subjonctif (cf. p. 364) :

Legatos misit qui pacem peterent. Il envoya des ambassadeurs qui demanderaient la paix [chargés de demander la paix]. ● à causa ou gratia (ablatifs figés comme prépositions) précédés du gérondif au génitif :

Id facimus gaudendi causa. Nous le faisons pour nous amuser. ● au supin en ‑um avec les verbes de mouvement (cf. p. 363) :

Legatos misit pacem petitum. Il envoya des ambassadeurs (pour) demander la paix. ● au participe futur :

Legatos misit pacem petituros. Il envoya des ambassadeurs qui demanderaient la paix (litt. : ayant l’intention de, sur le point de demander la paix).

B. Conséquence 1. Généralités Si les propositions finales indiquent, par nature, le but visé ou le résultat recherché, les propositions consécutives indiquent un résultat qui est souvent — mais pas toujours — un fait réel, effectif. Observons les exemples suivants : On rédige des lois pour que les hommes vivent en sécurité (= but). Il pleut tellement que je ne sortirai pas (= conséquence). Les lois sont rédigées si soigneusement que je n’en comprends pas toutes les impli‐ cations [= conséquence].

1. Le gérondif introduit par une préposition ne peut avoir de complément d’objet. Si tel est le cas, le latin recourt à l’adjectif verbal (cf. chapitre 22). Chapitre 20

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Dans ce dernier cas, il s’agit, en français, d’une proposition consécutive. Mais, si les lois ont été rédigées aussi soigneusement afin de ne pas être comprises, c’est une proposition de but. On dira alors : « Les lois sont rédigées de sorte que je n’en comprenne pas… ». Autre exemple : Les lois sont rédigées si soigneusement qu’il est impossible de commettre un délit qu’elles n’ont pas prévu. En français, il s’agit encore une fois d’une proposition consécutive. Mais, si les lois sont aussi précises afin de pouvoir fonctionner dans tous les cas, c’est une proposition de but. On dira alors : « Les lois sont rédigées de sorte qu’il soit impossible… »

2. Mots introducteurs La conséquence est introduite par ut si elle est positive, ut non si elle est négative. Le plus souvent, la conjonction ut est annoncée dans la principale par un démonstratif (is) ou un adverbe d’intensité (adeo, à ce point ; tam, tot, tantum, tant, autant ; ita, sic, ainsi).

3. Emploi des temps On emploie le subjonctif : ● présent pour exprimer une conséquence actuelle (d’un fait passé ou présent) :

Tantum laborauit ut aegrotet. Il a tellement travaillé qu’il est malade. Tantum laborat ut aegrotet. Il travaille tellement qu’il est malade. ● imparfait pour exprimer une conséquence passée (d’un fait passé ou présent), surtout

quand il y a une idée de durée ou de répétition : Ita fortis erat ut hostes non timeret. Il était tellement courageux qu’il ne craignait pas les ennemis. Ita fortes sunt Galli ut Romanos numquam timerent. Les Gaulois sont si courageux qu’ils ne craignaient jamais les Romains. Tantum laborabat ut aegrotaret. Il travaillait tellement qu’il était (chaque fois) malade. ● parfait pour exprimer soit une conséquence passée mais ponctuelle, soit une consé‐

quence passée dont on envisage les effets présents : Tantum laborauit ut aegrotauerit. Il a tellement travaillé qu’il a été malade [= consé‐ quence ponctuelle]. Tantum laborauit ut numquam Romam ierit. Il a tellement travaillé qu’il n’est jamais allé à Rome [et il n’y est pas encore allé].

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• Remarques

1) La concordance des temps dans les consécutives est donc un peu particulière, car on peut y rencontrer (ce qui est impossible ailleurs) des temps primaires (subj. présent ou parfait) introduits par des temps secondaires (imparfait, parfait). 2) Un comparatif suivi de quam ut se rend par « trop pour ». Fortior est quam ut timeat. Il est trop courageux pour avoir peur.

C. Cause ● Les propositions circonstancielles de cause sont introduites par quod, quia, suivis de

l’indicatif ou du subjonctif : – indicatif : si la cause est présentée comme un fait réel ; – subjonctif : si l’auteur veut prendre ses distances avec la cause invoquée, en rappor‐ tant le motif comme étant l’avis d’une autre personne1 et éventuellement pour mar‐ quer son désaccord avec elle (cf. chapitre 19). Non laborabat quod aegrotabat. Il ne travaillait pas, parce qu’il était malade [c’est un fait]. Non laborabat quod aegrotaret. Il ne travaillait pas, parce que, disait-il, il était malade [l’auteur ne reprend pas à son compte la raison invoquée]. Dans certains contextes, cette phrase pourra donc signifier : Il ne travaillait pas, sous prétexte qu’il était malade [ici, l’auteur marque son désac‐ cord avec la cause invoquée]. ● Les propositions causales peuvent aussi être introduites par quoniam (puisque2) suivi

de l’indicatif ou par cum suivi du subjonctif (qui, dans ce cas, n’a pas de valeur particu‐ lière). Quoniam nox est, domum redeo. Puisqu’il fait nuit, je rentre chez moi. Cum id cupias, ueniam. Puisque tu le désires, je viendrai. Cum id cuperes, ueni. Puisque tu le désirais, je suis venu.

1. Il s’agit en réalité d’un subjonctif de style indirect : cf. chapitre 23. 2. Rappelons que « puisque », contrairement à « parce que », sert à rappeler une cause déjà connue de l’interlo‐ cuteur ou du lecteur. Chapitre 20

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D. Temps 1. Propositions à l’indicatif Les circonstancielles de temps sont introduites par ubi, ut (quand, lorsque), ubi primum (dès que), cum (au moment où), postquam (après que), dum (tandis que), donec (jusqu’à ce que, aussi longtemps que), antequam, priusquam (avant que). Elles se construisent normalement avec l’indicatif. Donec eris felix, multos numerabis amicos. Aussi longtemps que tu seras heureux, tu compteras de nombreux amis. Vbi Gallos uicit, Caesar Romam rediit. Lorsqu’il eut vaincu les Gaulois, César revint à Rome. Cum pater mortuus est, puer eram. J’étais enfant quand mon père est mort. Exspectauit dum frater rediit. Il attendit jusqu’à ce que son frère revînt.

• Remarques

1) Dum, au sens de « dans le même temps que, tandis que », se construit toujours avec l’indicatif présent, quel que soit le temps du verbe principal. Dum Romam uenit, rus ibam. Tandis qu’il venait à Rome, j’allais à la campagne. 2) Les temps employés sont souvent les mêmes qu’en français, mais le latin marque avec plus de précision le rapport chronologique entre les deux actions. Vbi ceciderat, surgebat. Lorsqu’il tombait, il se relevait (litt. : Quand il était tombé…). Cum cecidi, surgo. Lorsque je tombe, je me relève (litt. : Lorsque je suis tombé…). Cum cecideris, surges. Lorsque tu tomberas, tu te relèveras (litt. : Lorsque tu seras tombé…).

2. Propositions au subjonctif Certaines conjonctions temporelles peuvent se construire avec le subjonctif. Dans ce cas, le changement de mode indique une nuance particulière : ● le cum temporel construit avec l’indicatif exprime une simple coïncidence dans le temps.

Mais, dans des phrases au passé, il arrive souvent que cum indique une suite de cir‐ constances, non pas fortuites, mais avec relation de cause à effet. Cet emploi de cum est particulièrement fréquent dans les récits et les narrations ; de là son nom de cum his‐ torique. C’est alors le subjonctif qui est employé pour exprimer la relation particulière qui unit les deux actions ; conformément aux règles de la concordance des temps, l’imparfait marque la simultanéité et le plus-que-parfait l’antériorité. On distinguera donc :

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Cum Caesar in Galliam peruenit, druides potentes erant. Quand César arriva en Gaule, les druides étaient puissants [coïncidence entre l’arrivée de César et la puissance des druides ; l’arrivée de César n’est en rien responsable de la puissance des druides]. Cum Caesar in Galliam peruenisset, omnes Galli se in oppida contulerunt. Comme César était arrivé en Gaule, tous les Gaulois se réfugièrent dans les villes fortifiées [c’est l’arrivée de César qui provoque la fuite des Gaulois]. De même : Haec cum dixit, nemo audiebat. Lorsqu’il dit cela, personne n’écoutait [il se fait que personne n’écoutait au moment où il a parlé]. Haec cum dixisset, omnes eum riserunt. Comme il avait dit cela, tout le monde se moqua de lui [c’est parce qu’il a dit cela que tous se moquent de lui]. ● antequam et priusquam se construisent avec l’indicatif pour exprimer un rapport tem‐

porel entre deux actions. On se borne alors à constater qu’une action a lieu avant telle autre. Antequam et priusquam peuvent se présenter sous la forme ante… quam, prius… quam : Non prius fugĕre destiterunt quam ad flumen peruenerunt. Ils n’interrompirent pas leur fuite avant d’avoir atteint le fleuve. Non ante laborare desinam quam hoc fecero. Je ne cesserai pas de travailler avant d’avoir fait cela. Ici encore, le latin marque le rapport temporel entre les actions de manière plus précise que le français : « Je cesserai de travailler quand j’aurai fait cela » ; fecero (fut. ant.) marque l’antériorité par rapport à une autre action future (desinam). Antequam et priusquam se construisent avec le subjonctif pour indiquer que les deux actions sont liées l’une à l’autre. Le subjonctif exprime alors, en plus du rapport temporel, une idée d’intention (par ex. : lorsqu’on ne veut pas laisser à quelqu’un le temps de faire quelque chose, lorsque, soi-même, on ne veut pas attendre qu’une chose arrive ou lorsqu’on veut faire une chose avant une autre). Exire ex urbe priusquam Caesar adueniat uolo. Je veux sortir de la ville avant que César n’arrive. Priusquam de hoc audire potuissent, profectus sum. Je suis parti avant qu’ils n’aient pu apprendre cela1. Antequam uenias, litteras mittes. Avant de venir, tu enverras une lettre.

1. On remarquera que, dans ces deux exemples, le français fait volontiers une distinction du même ordre, en employant la négation explétive « ne » là où le latin a le subjonctif. Chapitre 20

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● dum, donec et quoad introduisent une action simultanée par rapport à celle de la prin‐

cipale. Cette notion de simultanéité peut se présenter sous deux formes : – sans indication du terme (« pendant que, aussi longtemps que ») : indicatif ; Donec eris felix, multos numerabis amicos. Tant que tu seras heureux, tu comp‐ teras de nombreux amis. – avec indication du terme (« jusqu’à ce que ») : indicatif ou subjonctif ; – indicatif : seul le rapport de temps est envisagé. Exspectabo dum redieris. J’attendrai jusqu’à ce que tu sois revenu. – subjonctif : une idée d’intention apparaît ; « jusqu’à ce que » peut alors signifier « le temps nécessaire pour que ». Exspecta dum redeam. Attends jusqu’à ce que je revienne. Latui dum proficisceretur. Je suis resté caché jusqu’à ce qu’il parte. Les particularités d’emploi des conjonctions temporelles ne doivent pas vous effrayer. Elles correspondent, en réalité, aux emplois de l’indicatif et du subjonctif. Pour vous, l’important est de pouvoir comprendre (et donc traduire) les nuances que le subjonctif exprime en pareil cas.

4. Exercices Énoncés A. Complétez les phrases avec la conjonction qui convient et traduisez. 1. Gaudebam … ualebas. 2. Dico me … profecturum esse. 3. Ad me scribit … ueniam. 4. Nobis persuasit … fortiter1 pugnaremus. 5. Non dubito … ita sit. 6. Timebat … non uenirem. 7. Dubito … Romam eam. 8. Eum audiui … ridentem. 9. Mihi uidebatur … errare. 10. Vinum bibo … fortius pugnem. 11. Te hortor … maneas.

1. fortiter : courageusement.

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12. Dubito … fortis sit. 13. Ad me scribas … uelim. 14. Tam fortis est … uinci non possit. 15. … id fecisses, te laudauissem. 16. Nemo impediebat … proficisceremini. 17. Hoc potuisti impedire … fieret. 18. Cur timeam … uidear ? 19. … anima1 est, spes est. 20. Saepe fit … erremus. B. Subordonnez la première proposition à la seconde et traduisez. 1. Vbi proxima nocte fuisti ? – Quis nostrum ignorat ? 2. Quid facis ? – Scire cupiebam. 3. Quid nuntio respondeam ? – Dominus mihi non dixit. 4. Qualis est animus ? – Philosophi disputant. 5. Vtrum intellexisti annon ? – Magister discipulum interrogauit. 6. Veniesne ? – Dic mihi. 7. Ne ueneris ! – Dico. 8. Errauisti – Dicebam. 9. Veni ! – Dicebam. 10. Romam ibo – Nesciebas. C. Traduisez. 1. Il m’écrit de venir. 2. Réfléchis avant d’agir ainsi. 3. Puisqu’il a peur, qu’il fuie ! 4. Ils ne savaient à qui se fier2. 5. Nous souhaitons qu’il parte en exil3. 6. Je crois que tu te trompes. 7. Il ne sait que faire. 8. Il travailla tant qu’il eut la santé. 9. Vu qu’il n’est pas courageux, il veut le paraître. 10. Je ne peux dire (= je doute) si c’est toi ou lui qui est dans l’erreur.

1. anima : souffle. 2. se fier à : fidĕre, ‑o + D. 3. partir en exil : in exilium ire. Chapitre 20

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D. Traduisez. 1. Dei utrum sint necne quaeritur1. 2. Plura ne scribam dolore impedior. 3. Quid obstat quominus sit deus beatus2 ? 4. Ad me scripsit ut in Italiam quam primum uenirem3. 5. Non possumus quin alii a nobis dissentiant recusare. 6. Ab opere legatos discedĕre uetuerat. 7. Tu ad me scribas uelim quam celerrime4. 8. Quid agas, fac sciam. 9. Hanc paludem si nostri transirent hostes exspectabant5. 10. Repente omnes tristitia inuasit : festinare, trepidare, neque loco neque homini cui‐ quam credere6. 11. Non potest fieri tempore uno homo idem duobus locis ut simul sit7. 12. Non possumus inuidēre cibo quo uescebantur8. 13. Accedit quod naues desunt. 14. In collem ascendit quo melius uideret9. 15. Haec pericula quam fortissime adire debetis. 16. In litteris, scribit se cum legionibus mox adfore10. 17. Istum uirum in exilium pellite quem scio uos prodidisse11. 18. Quem tibi aut hominem aut deum auxilio futurum putas12 ? 19. Edĕre oportet ut uiuas, non uiuĕre ut edas13. 20. Quemadmodum hoc accepturas nationes exteras putauisti14 ?

1. quaerĕre, ‑o : chercher à savoir. 2. quid obstat ? : qu’est-ce qui empêche ? 3. quam primum : le plus tôt possible. 4. quam + superlatif : le plus… possible. 5. palus, ‑udis : le marais. 6. repente : soudain ; inuadĕre, ‑o : s’emparer de, envahir ; festinare : se dépêcher ; trepidare : s’agiter ; neque = et non. 7. simul : en même temps. 8. inuidēre + D. : envier ; uesci, ‑or + Abl. : se nourrir. 9. ascendĕre, ‑o : monter ; collis, ‑is : la colline. 10. mox : bientôt. 11. pellĕre, ‑o : chasser ; prodĕre, ‑o : trahir. 12. auxilium, ‑ii : aide, secours ; aut : ou. 13. edĕre, ‑o : manger. 14. quemadmodum : de quelle manière ; exterus, ‑a, ‑um : étranger.

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Corrigés A. 1. quod : Je me réjouissais que tu fusses en bonne santé. 2. – : Je dis que je partirai. 3. ut : Il m’écrit de venir. ne : Il m’écrit de ne pas venir. 4. ut : Il nous persuada de combattre courageusement. 5. quin : Je ne doute pas qu’il en soit ainsi. 6. ne : Il craignait que je ne vienne pas. 7. an : Je me demande si je n’irai pas à Rome (= peut-être irai-je à Rome). 8. – : Je l’ai entendu rire. 9. – : Il me semblait qu’il se trompait. Il pourrait s’agir, grammaticalement, d’un passif impersonnel : « Il me semblait bon de me tromper », mais cela ne convient guère pour le sens. 10. quo : Je bois du vin pour mieux combattre. 11. ut : Je t’invite à rester. 12. -ne (Dubito fortisne sit) : Je me demande s’il est courageux. 13. – (parataxe) : Je voudrais que tu m’écrives. 14. ut : Il est si courageux qu’il ne peut être vaincu. 15. si : Si tu avais fait cela, je t’aurais loué. 16. quin : Personne ne vous empêchait de partir. 17. ne : Tu aurais pu empêcher que cela (n’)arrive. 18. ne : Pourquoi aurais-je peur d’être vu ? 19. dum, donec : Tant qu’il y a souffle (= vie), il y a espoir. 20. ut : Il arrive souvent que nous nous trompions. B. 1. Où étais-tu (as-tu été) la nuit dernière ? – Qui d’entre nous ignore ? Quis nostrum ignorat ubi proxima nocte fueris ? Qui d’entre nous ignore où tu as été la nuit dernière ? 2. Que fais-tu ? – Je désirais savoir. Scire cupiebam quid faceres. Je désirais savoir ce que tu faisais. 3. Que dois-je répondre au messager ? – Le maître ne m’a pas dit. Dominus mihi non dixit quid nuntio responderem. Le maître ne m’a pas dit ce que je devais répondre au messager. 4. De quelle nature est l’esprit ? – Les philosophes s’affrontent. Philosophi disputant qualis sit animus. Les philosophes s’affrontent (ne sont pas d’accord) sur la nature de l’esprit. 5. As-tu compris ou non ? – Le professeur demande à l’élève. Chapitre 20

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Magister discipulum interrogauit utrum intellexisset necne. Le professeur demanda à l’élève s’il avait compris ou non. 6. Viendras-tu ? – Dis-moi ! Dic mihi uenturusne sis. Dis-moi si tu viendras. 7. Ne viens pas ! – Je dis. Dico ne uenias ! Je te dis de ne pas venir ! 8. Tu t’es trompé. – Je disais. Dicebam te errauisse. Je disais que tu t’étais trompé. 9. Viens ! – Je disais. Dicebam ut uenires. Je te disais de venir. 10. J’irai à Rome. – Tu ne savais pas. Nesciebas me Romam iturum (esse). Tu ne savais pas que j’irais à Rome. C.

1. Ad me scribit ut ueniam. 2. Ante cogita quam id agas. 3. Cum timeat, fugiat ! 4. Nesciebant cui fiderent. 5. Optamus ut in exilium eat. 6. Credo te errare. 7. Nescit quid agat. 8. Laborauit dum ualuit. 9. Fortis cum non sit, uideri uult. 10. Dubito utrum tu erres an ille. Dubito tune erres an ille.

D. 1. Dei (N.) est sujet de sint, pas de quaeritur (singulier) ; sint est un subj. prés. ; utrum… necne : indique une interrogation indirecte double ; quaeritur : seul verbe à l’indi‐ catif, sans sujet exprimé ; c’est un passif impersonnel : « il est cherché, on cherche ». On aura donc : « on cherche à savoir si… ou si… ». Les deux membres de l’interro‐ gation sont utrum dei sint et necne sint (dei). Trad. : On cherche à savoir si les dieux sont ou s’ils ne sont pas. On cherche à savoir si les dieux existent ou s’ils n’existent pas. 2. Le verbe princ. impedior introduit ne (verbe d’empêchement). Trad. : Je suis empêché par la douleur d’écrire plus. La douleur m’empêche d’écrire davantage.

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3. Qu’est-ce qui empêche un dieu d’être heureux1 ? 4. Il m’écrivit de venir en Italie le plus tôt possible. 5. Nous ne pouvons refuser que les autres ne soient pas d’accord avec nous (ou de notre avis). 6. Litt. : Il avait interdit que les légats s’éloignent de leur travail. Il avait interdit aux légats d’abandonner leur tâche. 7. Toi, je voudrais que tu m’écrives le plus rapidement possible. Velim scribas est une tournure paratactique. Velle, qui se construit normalement avec la proposition infinitive, peut aussi introduire un subjonctif sans conjonction (sans ut). 8. Fac sciam se justifie comme uelim scribas (phrase 7) ; quid agas : interrogation indi‐ recte introduite par sciam. Trad. : Fais en sorte que je sache ce que tu fais. 9. Verbe principal : exspectabant ; sujet : hostes (« les ennemis attendaient ») ; si nostri transirent hanc paludem : « si les nôtres franchiraient ce marais ». Trad. : Les ennemis attendaient pour voir si les nôtres franchiraient ce marais. Si n’est donc pas conditionnel, mais interrogatif indirect (ce qui est rare en latin classique). Transirent est un subj. d’interrogation indirecte (simultanéité dans le passé). 10. Verbe princ. : inuasit ; sujet : tristitia. De quoi dépendent les infinitifs festinare, tre‐ pidare, credĕre ? Ce sont des infinitifs historiques équivalant à des passés. Trad. : Soudain, la tristesse s’empara de tous : et eux, de se presser, de s’agiter, de n’avoir confiance en aucun lieu ni aucun homme (Ils se pressaient, s’agitaient, ne se sentaient en sécurité nulle part et n’avaient confiance en personne). 11. Structure : Non potest fieri… ut… sit. Attention aux rapprochements abusifs : uno va avec tempore (Abl.) et non avec homo (N.). Trad. : Il ne peut se faire que, au même moment, un même homme soit en même temps en deux endroits. Il est impossible qu’un même homme soit au même moment à deux endroits en même temps. Simul et uno tempore sont redondants. On a l’impression que l’auteur insiste un peu trop sur l’idée. Il s’agit en fait d’une réplique extraite d’une comédie de Plaute : dans le contexte, l’insistance est telle qu’elle en devient comique. C’est comme si, en

1. Quominus se rencontre après les verbes d’empêchement, qu’ils soient employés affirmativement ou négative‐ ment (cf. p. 325). Dans ce dernier cas, ils peuvent être formellement négatifs (« rien n’empêche que ») ou négatifs pour le sens : tel est le cas des interrogations de pure forme, qui n’attendent pas de réponse. Lorsqu’on dit « Qu’estce qui empêche… ? », on pense généralement que rien n’empêche. Ce type d’interrogation – dite oratoire parce qu’elle se rencontre principalement dans les discours – équivaut à une proposition négative. C’est pourquoi elle se construit avec quominus. Cf. p. 385. Chapitre 20

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français, on disait : « Personne ne peut être simultanément à deux endroits en même temps » 12. Cibo est donc au D. (avec inuidēre) ; quo est à l’Abl. (avec uesci). Litt. : Nous ne pouvons envier la nourriture par laquelle ils se nourissaient. Nous ne pouvons envier la nourriture qu’ils mangeaient (ou les mets dont ils se nourissaient). 13. Litt. : À cela s’ajoute que les bateaux manquent. Et, en plus, on n’a pas de bateaux. 14. Il monta sur la colline pour mieux voir. 15. Vous devez affronter ces dangers le plus courageusement possible. 16. Dans une (sa) lettre, il écrit qu’il sera bientôt ici avec ses légions.

17. Pellite : 2e p. pl. imp. prés., « chassez ! ». On a donc : « Chassez cet homme en exil ! » ; quem : Acc. M. sg. du relatif ; seul antécédent possible : uirum ; litt. « (homme), que je sais vous avoir trahi » ; quem est donc à la fois COD de scio et sujet de prodidisse. Trad. : Envoyez cet homme en exil, car je sais qu’il vous a trahis. Envoyez cet homme en exil, lui qui, je le sais, vous a trahis.

18. Verbe princ. : putas ; bien voir la construction quem aut hominem, aut deum : « quel homme ou quel dieu penses-tu… » ; tibi auxilio futurum (esse) : tournure dite du double datif (litt. « être à secours à toi »). Litt. : Quel homme ou quel dieu penses-tu sera à secours à toi ? Quel homme ou quel dieu, selon toi, viendra à ton secours ? 19. Il faut manger pour que tu vives et non vivre pour que tu manges. La 2e p. sg. (uiuas, edas) peut avoir, en latin, une valeur indéterminée. Trad. : Il faut manger pour vivre, et non vivre pour manger (Manger doit rester un moyen, et non devenir un but). 20. Nationes exteras est sujet d’accepturas. Hoc est COD d’accepturas. Verbe princ. : putauisti ; accepturas (esse) : inf. fut. d’accipĕre, ‑io. De quelle manière as-tu pensé que les nations étrangères accueilleraient cela (cette nouvelle) ? Comment as-tu pensé que cette nouvelle serait accueillie par les nations étrangères ?

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Chapitre 21 Les propositions circonstancielles (2) : condition, concession, comparaison

1. Condition Le français distingue formellement deux types de propositions conditionnelles, selon que la principale est à l’indicatif ou au conditionnel : ● l’indicatif exprime la réalité (dans le passé, le présent ou le futur) :

1. S’il pleut, je reste (resterai) chez moi. 2. S’il pleuvait, je restais chez moi. ● le conditionnel indique, selon les cas, que les faits dont il s’agit sont :

– simplement possibles : 3. S’il pleuvait (et cela peut arriver) je resterais chez moi. – contraires à la réalité (irréels) : 4. S’il pleuvait (mais il ne pleut pas), je resterais chez moi (en fait, je sors). 5. S’il avait plu (mais cela n’a pas été le cas), je serais resté chez moi (en fait, je suis sorti). On remarquera que les phrases 3 et 4 sont, comme telles, ambiguës ; leur interprétation correcte dépend du contexte. Le latin, au contraire, distingue nettement trois types de propositions, selon que les faits exprimés sont : ● conformes à la réalité (réels) ; ● purement imaginaires, sans qu’on se soucie d’indiquer leur rapport avec la réalité

(potentiels ou relevant de la pure hypothèse) ; ● explicitement présentés comme contraires à la réalité (irréels). Contrairement au français, il emploie volontiers les mêmes modes (et souvent les mêmes temps) dans la principale et dans la subordonnée.

Chapitre 21

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La subordonnée conditionnelle est introduite par : ● si : « si » ● nisi : « si… ne… pas » (= si non) ; « à moins que, sauf si ».

A. Réel On énonce la condition comme un fait réel. Le verbe de la subordonnée est à l’indicatif et les temps utilisés sont souvent les mêmes qu’en français. Si hoc dicis, erras. Si tu dis cela, tu te trompes. Si hoc dixisti, errauisti. Si tu as dit cela, tu t’es trompé. Cependant, le latin marque le rapport chronologique entre les deux actions avec plus de précision que le français, surtout au futur : ● lorsqu’il y a simultanéité, le latin emploie le futur simple dans les deux propositions :

Si hoc dices, errabis. Si tu dis cela (plus tard), tu te tromperas.

• Remarque

Mais les temps, voire les modes, ne sont pas obligatoirement les mêmes dans les deux propositions. On peut très bien dire, si le sens le requiert : Si hoc putas, errabis. Si tu penses cela (maintenant), tu te tromperas (plus tard).

● lorsqu’il y a antériorité (dans le futur), le verbe subordonné est souvent au futur anté‐

rieur : Si habuero, dabo. Si j’ai, je donnerai (Il faudra d’abord que j’aie, pour pouvoir donner ensuite).

B. Potentiel Dans ce cas, le fait est présenté comme un pur produit de l’imagination, sans référence à la réalité ou à la non-réalité. Peu importe donc que l’hypothèse formulée soit réalisable ou non. Dans une phrase comme : Si je pouvais voler comme un oiseau, je serais le plus heureux des hommes. il s’agit d’une potentielle et non d’une irréelle. Bien sûr, je ne peux pas voler, mais j’imagine ce qui se passerait si c’était le cas. Cette phrase ne veut pas dire, comme telle, que je suis malheureux parce que je ne peux pas voler, mais bien « Imaginons un seul instant que je puisse voler… » Si j’envisage, au contraire le fait comme irréel, c’est la phrase suivante qui l’indiquera. Elle pourrait être : « Hélas ! je n’arrive pas à décoller du sol. »

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Autre exemple : Si la musique n’existait pas, les hommes seraient bien malheureux. Il s’agit soit d’une potentielle (« Imaginons que la musique n’existe pas »), soit d’une irréelle, mais dans ce cas, la suite du texte précisera que, heureusement, la musique existe. Comme nous l’avons déjà dit, le latin, contrairement au français, distingue nettement, dans la forme, le potentiel et l’irréel du présent. Le potentiel est exprimé par le subjonctif présent (ou parfait, si l’on veut marquer une antériorité par rapport au verbe principal) : Si hoc dicas, erres. Si tu disais cela, tu te tromperais. (Si tu venais à dire cela… [mais peu importe qu’un jour tu le dises ou non]). Si hoc dixeris, tibi respondeam… Si jamais tu disais cela, je te répondrais – ensuite –… Il peut arriver que le potentiel soit transposé dans le passé. Il est donc exprimé par le subjonctif imparfait, et se confond alors, pour la forme, avec l’irréel du présent (voir plus bas). Une fois encore, c’est le contexte qui aidera à choisir : Si fratri tuo uerum dicerem, non ueniret. Si j’avais dit la vérité à ton frère, il ne serait pas venu (Imaginons que, dans le passé, j’aie dit la vérité à ton frère : il ne serait pas venu). Mais la même phrase pourrait se traduire par : Si je disais (maintenant) la vérité à ton frère (et je tiens à marquer que telle n’est pas mon intention), il ne viendrait pas. Seul le contexte permet de savoir si l’on a affaire, en pareil cas, à un potentiel rapporté au passé ou à un irréel du présent.

C. Irréel 1. Présent On tient à marquer que le fait envisagé ne correspond pas à la réalité. On emploie alors le subjonctif imparfait. Seruius gauderet, si ad eum litteras mitteres. Servius serait content, si tu lui envoyais une lettre. Cette phrase peut exprimer une irréalité dans le présent, si l’auteur veut dire que Servius est triste parce qu’il ne reçoit pas de lettre. Dans ce cas, le latin, après avoir exprimé l’irréel, revient souvent au mode de la réalité en introduisant la phrase suivante par nunc (uero) : « mais, (en réalité) ». Seruius gauderet, si ei litteras mitteres. Nunc uero dolet, quia nihil accipit. Servius serait content si tu lui envoyais une lettre. Mais il est triste, car il ne reçoit rien. Chapitre 21

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2. Passé On considère que le fait envisagé ne correspondait pas à la réalité dans le passé. On emploie alors le subjonctif plus-que-parfait. Seruius gauisus esset, si ei litteras misisses. Servius aurait été content, si tu lui avais envoyé une lettre. Ici, il n’y a pas d’ambiguïté possible : « Tu n’as envoyé aucune lettre à Servius ».

• Remarques

1) Le subjonctif potentiel peut, selon les contextes, avoir un sens un peu dérivé, mais qui ne doit pas vous surprendre. Dicat (ou dixerit) quispiam… Quelqu’un pourrait dire… (pour atténuer une affirma‐ tion). (Vt1) uendat librum Petrus ! Supposons que Pierre vende son livre ! Et si Pierre vend son livre ? Velim nolim. Que je le veuille ou non. Bon gré mal gré. Dans les deux derniers exemples, le subjonctif potentiel exprime une supposition. On peut rapprocher aussi du subjonctif potentiel une tournure comme Ego timeam ? (Moi, j’aurais peur ? Moi, avoir peur ?), que nous avons signalée plus haut (cf. p. 319). 2) À l’idée de condition peut s’ajouter celle de restriction. La subordonnée est alors intro‐ duite par dum, dummodo ou modo, « pourvu que, pour autant que », et le subjonctif. La négation est ne. Occidat, dum regnet. Qu’il tue, pourvu qu’il règne. Oderint, dum metuant. Qu’ils (me) haïssent, pourvu qu’ils (me) craignent. 3) Comme nous l’avons déjà dit, il peut arriver que le mode (et le temps) de la principale et de la subordonnée ne soit pas le même. Ce phénomène de discordance se carac‐ térise essentiellement, en français, par l’emploi de l’indicatif au lieu du conditionnel : Si les renforts n’étaient pas arrivés, nous étions battus. L’indicatif « nous étions battus » au lieu du conditionnel passé « nous aurions été battus » insiste sur la réalité de la menace, indépendamment de la condition exprimée. Cet emploi de l’indicatif se rencontre même assez souvent avec des verbes tels que « pouvoir, falloir, devoir », lorsqu’on veut souligner, dans un contexte conditionnel, qu’une possibilité ou une obligation est bien réelle. Tu devais m’en avertir plus tôt ! (pour : « Tu aurais dû… ») Si tu avais travaillé, tu pouvais réussir (pour : « tu aurais pu… »).

1. Vt a gardé, dans cet emploi, sa valeur adverbiale (« en quelque manière ») que l’on trouve également dans des tours comme Vt uales ?, « Comment vas-tu ? ». Il ne faut pas le confondre avec la conjonction de subordination.

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De même, en latin, avec les verbes posse, « pouvoir », debēre, « devoir », oportet, « il faut », decet, « il convient » et leurs équivalents, l’emploi de l’indicatif se substitue souvent à celui du subjonctif pour exprimer l’idée de potentiel ou d’irréel. Ainsi : Possum facĕre. Je puis faire. Je pourrais faire (mais je ne le ferai pas). Poteram facĕre. Je pouvais faire. J’aurais pu faire (= je ne l’ai pas fait, mais je pourrais encore le faire). Potui facĕre. J’ai pu faire. J’aurais pu faire (= je ne l’ai pas fait, et je ne puis plus le faire). Possum plura dicĕre, sed ea quae dixi sentio fuisse longiora. Je peux (pourrais) parler davantage, mais je sens que ce que j’ai dit a été trop long (= je sens que j’en ai déjà trop dit, donc je n’en dirai pas plus).

2. Concession ● Les propositions concessives sont introduites, en français, par « quoique », « bien que »,

toujours suivis du subjonctif. Bien qu’il ait étudié, il n’a cependant pas réussi son examen. En latin, le mode de la proposition dépend du mot introducteur (conjonction) : – quamquam (bien que, quoique) + indicatif :

Quamquam hostes sunt, tamen eis parci uolo. Bien qu’ils soient nos ennemis, je veux cependant qu’on les épargne. – cum (bien que, quoique ; alors que) + subjonctif (et concordance des temps) :

Socrates, cum posset educi e custodia, noluit. Socrate, alors qu’il pouvait s’évader de prison, refusa (de le faire). ● De même qu’en français, les concessives peuvent être conditionnelles. Elles sont alors

introduites par : – etiamsi (même si), avec la construction de la conditionnelle correspondante : Etiamsi hoc dicas, erres (potentiel). Même si tu disais cela, tu te tromperais. Etiamsi hoc dixisses, errauisses (irréel du passé). Même si tu avais dit cela, tu te serais trompé. – etsi, tametsi (même si), toujours pour introduire une condition réelle (donc toujours avec l’indicatif) : Etsi hoc dicis, erras. Même si tu dis cela, tu te trompes. Enfin, on peut rattacher aux concessives conditionnelles les propositions introduites par quamuis (litt. « autant que tu veux », introduisant un subjonctif de possibilité), « à quelque degré que » (portant sur un adjectif) :

Chapitre 21

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Rem publicam, quamuis in me ingrata sit, amare non desinam. Je ne cesserai pas d’aimer la république, si ingrate soit-elle à mon égard. (tout ingrate qu’elle est ; quelque ingrate qu’elle soit).

3. Comparaison ● Les propositions comparatives peuvent être introduites par des relatifs et des conjonc‐

tions qui sont généralement annoncés dans la principale par des adjectifs ou des adverbes démonstratifs qui leur correspondent. C’est pourquoi on parle, dans ce cas, de corrélatifs. Voici les principaux : – – – – – –

talis… qualis : tel… que ; tantus… quantus : aussi grand… que ; tot… quot : autant… que, aussi nombreux… que ; tam… quam : autant… que ; ita (ou sic)… ut : de la même manière… que, de même… ainsi ; eo… quo : d’autant… que.

• Remarque

Le démonstratif, qui joue alors le même rôle qu’un antécédent, a sa fonction dans la principale ; le relatif, comme toujours, a sa fonction dans la proposition où il se trouve (la relative) et se décline en conséquence : Esne talis qualem te uideo ? Es-tu tel que je te vois ?

Comme les corrélatifs établissent le plus souvent une comparaison exprimant une réa‐ lité, ils se construisent avec l’indicatif. Filius talis est qualis pater (est). Litt. : Le fils est tel que son père. Tot sententiae sunt quot homines (sunt). Litt. : Les avis sont aussi nombreux qu’il y a d’hommes. Dans ce cas, le latin, comme le français, s’exprime volontiers de manière plus concise, en sous-entendant le verbe esse et en inversant l’ordre des deux propositions : Qualis pater, talis filius. Tel père, tel fils. Quot homines, tot sententiae. Autant d’hommes, autant d’avis. Pareille inversion n’est évidemment possible que si le verbe peut être sous-entendu sans difficulté.

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Ita laborat ut semper laborauit. Il travaille comme il a toujours travaillé. (On aurait pu avoir : Vt semper laborauit, ita laborat.) Cette dernière construction ne doit pas être confondue avec Ita laborat ut aegrotet (« Il travaille tellement qu’il est malade »), où le ut introduit une conséquence (marquée par le subjonctif). ● Les corrélatifs expriment donc une comparaison d’égalité. Pour la supériorité et l’infé‐

riorité (exprimée par un comparatif), on emploie quam, comme on le fait pour un second terme de comparaison. Quand le comparatif porte sur un verbe, on emploie plus ou minus. Dico fratrem doctiorem esse quam amicum. Je dis que mon frère est plus savant que mon ami. Ego minus laboro quam tu (laboras). Moi, je travaille moins que toi. ● Après des adjectifs marquant la ressemblance ou la différence, on emploie atque (ou

ac). Tels sont : similis, dissimilis, par (égal), idem, alius, et les adverbes correspondants : similiter, pariter, aliter, etc. Similis est ac pater. Il est semblable à son père (cf. chapitre 18, sur l’emploi du datif avec similis). Bellum gerendum est aliter atque gestum est. Il faut mener la guerre autrement qu’elle n’a été menée (ou qu’elle ne l’a été). N.B. Avec idem, on rencontre aussi le relatif : Eosdem libros legi quos tu (legisti). J’ai lu les mêmes livres que toi. ● Construction de potius quam, « plutôt que »

– indicatif : pour comparer deux faits réels et préciser que l’un est plus exact que l’autre ; Hoc suasi Caesari potius quam iussi. Je l’ai conseillé à César plutôt qu’ordonné. – subjonctif et concordance des temps : pour exclure le fait exprimé par la subordon‐ née. La nuance peut être rendue en français par « plutôt que de » ; Gaudebat potius quam fleret. Il se réjouissait plutôt que de pleurer (Il préférait se réjouir plutôt que pleurer). Potius quam peut également établir une comparaison entre des verbes à l’infinitif, entre des adjectifs verbaux, etc. Volumus pugnare potius quam seruire. Nous voulons combattre plutôt que d’être esclaves.

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Moriendum est potius quam seruiendum. Il faut mourir plutôt que d’être esclave. ● De même que les concessives, les comparatives peuvent être conditionnelles (« comme

si »). Elles sont introduites par : – quasi, tamquam + subjonctif et concordance des temps : Gaudet quasi uicerit. Il se réjouit comme s’il avait vaincu [antér. par rapport à un verbe princ. au présent]. Gaudebat quasi uicisset. Il se réjouissait comme s’il avait vaincu [antér. par rapport à un verbe princ. au passé]. – ut si, uelut si (subj. de la conditionnelle correspondante) : Gaudet ut si uicisset. Il se réjouit comme s’il avait vaincu [irréel du passé]. Gaudebat ut si uicisset. Il se réjouissait comme s’il avait vaincu [irréel du passé].

4. Exercices Énoncés A. Traduisez. 1. Caue canem. Caue cani. 2. Pecuniam patri petebat. Pecuniam a patre petebat1. 3. Puer ita cecidit ut crus frangeret. Puer ita cecidit ut crus fregerit2. 4. Hic canis consulis est. Consuli canis est3. 5. Dubito quid agam. Dubito quid agat. B. Mettez les mots entre parenthèses à la forme correcte et traduisez. 1. Volo (talis) esse (qualis) me esse uoluisti. 2. Belgae non iisdem institutis utebantur (qui) ceteri Galli.

1. pecunia : l’argent. 2. crus, cruris (Nt.) : la jambe ; frangĕre, ‑o : briser, casser. 3. canis, ‑is : le chien.

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3. Vt unde (uenire), ita quo (ire) nescio. 4. Rogauit bellum an pacem (uelle). C. Traduisez. 1. Cicéron écrivit à son affranchi de rentrer à Rome le plus tôt possible1. 2. Pourquoi craindrais-je d’être accusé de lâcheté2 ? 3. Je me demande si vous m’avez compris, oui ou non3. 4. La crainte m’empêche de dormir4 (= Je suis empêché par la crainte…). D. Traduisez. 1. Si bellum omittimus, pace numquam fruemur5. 2. Si paruo contenti erimus, diuites erimus6. 3. Si quid acciderit noui, facies ut sciam. 4. Si rogauero, non respondebis ? 5. Sapientia non expeteretur, si nihil efficeret7. 6. Non dubito quin, si hoc fecisses, facti te paenituisset. 7. Tibi dabo si mihi ut dem persuaseris. 8. Si uis tibi parcatur, ceteris ipse parce. 9. Caesarem siue probamus siue reprehendimus, facĕre non possumus quin admire‐ mur8. 10. Memoria minuitur nisi eam exerceas9. 11. Exspectabam si quid ad me scriberes. 12. Tibi ignoscam, modo te culpae paeniteat. 13. Cum multos amicos numeraret, solus tamen in rebus aduersis fuit. 14. Ludant pueri, dum litterarum studia ne remittant10. 15. Quamuis magni sint reges, sunt quod sumus. 16. Venit, cum uocatus non esset11.

1. affranchi : libertus, ‑i ; rentrer : reuerti, ‑or ; tôt : primum. 2. lâcheté : ignauia. 3. comprendre : intelligĕre, ‑o. 4. crainte : timor, ‑oris ; dormir : dormire. 5. omittĕre (< *ob-mittĕre), ‑o : laisser passer, négliger ; frui (+ Abl.) : jouir de. 6. contentus (+ Abl.) : satisfait de, content de. 7. expetĕre, ‑o : (re)chercher ; efficĕre, ‑io : faire en sorte que, produire un effet. 8. probare : approuver ; reprehendĕre, ‑o : blâmer. 9. minuĕre, ‑o : diminuer ; exercēre : entraîner, exercer. 10. ludĕre, ‑o : jouer ; studia litterarum, litt. « les études des [belles]-lettres » : les études ; remittĕre, ‑o : laisser partir, abandonner, négliger. 11. uocare : appeler. Chapitre 21

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17. Vt lex iniqua1 sit, tamen obseruanda est. 18. Eadem uolo ac tu. 19. Aliter facit ac loquitur2. 20. Quo plures stulti conuenerunt, eo magis cachinnant3. 21. Homines uerentur ne sibi tales uideantur quales sunt, quod tales non sunt quales decet.

Corrigés A. 1. Prends garde au chien, méfie-toi du chien. Veille sur le chien, surveille le chien. 2. Il demandait de l’argent pour son père. Il demandait de l’argent à son père. 3. L’enfant est tombé, si bien qu’il s’est cassé la jambe. L’enfant est tombé, si bien qu’il a la jambe cassée. 4. Ce chien appartient au consul, c’est le chien du consul. Le consul a un chien. 5. Je me demande ce que je dois faire. Je me demande ce qu’il fait. B.

1. talis – qualem. Je veux être tel que tu as voulu que je fusse (sois). 2. quibus. Les Belges n’avaient pas les mêmes institutions que les autres Gaulois (litt. : ne se servaient pas des mêmes…). 3. ueniam – eam (interrogation indirecte). Comme je ne sais d’où je viens, ainsi je ne sais où je vais (Pascal). 4. uellet. Il demanda s’il voulait la guerre ou la paix.

C.

1. Cicero ad libertum scripsit ut Romam quam primum reuerteretur. 2. Cur timeam ne ignauiae accuser ? 3. Dubito utrum intellexeritis necne. 4. Ne dormiam timore impedior.

1. iniquus (< *in-aequus) : injuste. 2. loqui, ‑or : parler. 3. conuenire : se réunir ; cachinnare : rire, s’amuser.

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D. 1. Si nous négligeons la guerre, nous ne jouirons jamais de la paix. 2. Si nous nous contentons (litt. : contenterons) de peu, nous serons riches. 3. S’il arrive quelque chose de nouveau, tu me le feras savoir. Facies : ind. fut. pour exprimer un « ordre », une invitation de manière moins directe que l’impératif. Remarquez que le français utilise aussi le futur dans ce sens. Acci‐ derit : ind. fut. ant. ; marque l’antériorité par rapport à facies. 4. Si je t’interroge (litt. : t’aurai interrogé), tu ne répondras pas ? 5. On ne rechercherait pas la sagesse (litt. : La sagesse ne serait pas recherchée), si elle était sans effet. 6. Je ne doute pas que, si tu avais fait cela, tu te serais repenti de ton acte. 7. Je te donnerai, si tu me persuades (litt. : m’auras persuadé) de (te) donner. 8. Si tu veux qu’on t’épargne, épargne les autres toi aussi. Parcatur : subj. juxtaposé avec uelle (parataxe). 9. (Soit) qu’on approuve César ou (soit) qu’on le blâme, on ne peut s’empêcher de l’admirer. 10. La mémoire diminue si on ne l’exerce pas (litt. : si jamais tu ne l’exerçes pas). 11. J’attendais pour voir si tu m’écrirais quelque chose. 12. Je te pardonnerai, pourvu que tu te repentes de ta faute. 13. Bien qu’il eût de nombreux amis, il fut cependant seul dans l’adversité. 14. Que les enfants jouent, pourvu qu’ils ne négligent pas leurs études. 15. Litt. : Quelque grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes. Les rois, aussi grands soient-ils, sont ce que nous sommes (= ne sont pas différents de nous). La phrase latine est la traduction d’un vers de Corneille : « Pour grands que soient les rois, ils sont ce que nous sommes. » 16. Litt. : Il est venu alors qu’il n’avait pas été appelé. Il est venu sans qu’on l’ait appelé (sans avoir été appelé). 17. À supposer que la loi soit injuste, il faut néanmoins l’observer. 18. Je veux les mêmes choses que toi. 19. Il agit autrement qu’il ne parle. 20. Litt. : Ils rient d’autant plus que des sots plus nombreux se sont réunis. Plus de sots se sont réunis, plus ils rient. Plus on est de fous, plus on s’amuse. 21. Litt. : Les hommes ont peur de paraître à eux-mêmes tels qu’ils sont, parce qu’ils ne sont pas tels qu’il conviendrait (qu’ils soient). Les hommes ont peur de se voir tels qu’ils sont, car ils ne sont pas tels qu’ils devraient être. Avec les verbes de possibilité, de nécessité et de convenance (c’est le cas ici : decet), le potentiel s’exprime à l’indicatif.

Chapitre 21

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Chapitre 22 Le gérondif et l’adjectif verbal (2) Le supin – Les propositions relatives Les prépositions – La formation des verbes composés

1. Le gérondif et l’adjectif verbal (2) Nous avons déjà étudié les différents emplois du gérondif (cf. chapitres 10 et 20). Tempus legendi. Le temps (le moment) de lire. Id facimus gaudendi causa. Nous le faisons pour nous amuser. Nous connaissons aussi l’adjectif verbal à sens d’obligation. Hic liber legendus est. Ce livre doit être lu. Il faut lire ce livre. Tradĕre liberas educandas. Donner ses enfants à élever. Il reste à voir un emploi particulier de l’adjectif verbal. Prenons un exemple : Cupidus uidendi urbem sum. Je désire voir la ville. Le gérondif uidendi est complément de l’adjectif cupidus, mais, en tant que verbe, il a sous sa dépendance un COD, urbem. Ce double rôle du gérondif (lorsqu’il est accompagné d’un COD) donne lieu à une construction que le latin tend à éviter, en remplaçant le gérondif par l’adjectif verbal. Dans ce cas, l’adjectif verbal n’a pas son sens d’obligation et ne modifie donc en rien le sens de la phrase : on l’appelle l’adjectif verbal de « substitution ». Au lieu de : Cupidus uidendi urbem, on trouve souvent : Cupidus uidendae urbis. Grammaticalement, urbis dépend de cupidus et uidendae est un adjectif verbal s’accor‐ dant avec urbis. Donc, le nom qui devrait être le complément du gérondif (ici : urbem) se met au cas auquel aurait été le gérondif (ici : au génitif avec cupidus) et l’adjectif verbal s’accorde en genre et en nombre avec ce nom (urbis est féminin, donc uidendae). Chapitre 22

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Cupidus Caesarem uidendi. Désireux de voir César. devient donc : Cupidus Caesaris uidendi. Dans la première phrase, uidendi est un gérondif, dans la seconde un adjectif verbal. Il est à noter que, d’un point de vue formel, l’adjectif verbal ne se distingue pas du gérondif au masculin ou au neutre singulier. Lorsque le gérondif est accompagné d’un complément d’objet direct, l’emploi de l’adjec‐ tif verbal de substitution est : ● facultatif, mais fréquent, pour remplacer le gérondif au génitif et à l’ablatif sans prépo‐

sition : Cupidus uidendi urbem sum ou Cupidus uidendae urbis sum. Je désire voir la ville. ● obligatoire au datif et lorsque le gérondif est introduit par une préposition (accusatif ou

ablatif). Le latin dit toujours : Venerunt ad pacem petendam. On ne rencontre donc pas : Venerunt ad pacem *petendum. Ils sont venus pour demander la paix. Si vous trouviez dans un texte une séquence de ce genre, ce serait une indication de ce qu’une forme comme petendum, malgré les apparences, ne se rapporte pas à ad : Caesar mihi dedit aliquid ad Cleopatram mittendum. César m’a donné quelque chose à envoyer à Cléopâtre [ad introduit Cleopatram pour marquer la direction avec mittĕre ; mittendum est ici un véritable adjectif verbal épithète de aliquid].

• Remarques

1) Le gérondif des verbes intransitifs ne peut évidemment être remplacé par l’adjectif verbal, puisque ceux-ci n’admettent ni COD, ni passif personnel (cf. p. 335-336). Une tournure comme Cupidus amicis fauendi. Désireux de favoriser ses amis ne peut donc être transformée en *Cupidus amicorum fauendorum car fauēre est un verbe intransitif (on dit fauēre alicui : à qqn).

2) Par souci de clarté, le latin évite de remplacer le gérondif par l’adjectif verbal lorsque le COD est un pronom neutre ou un adjectif neutre. On dira donc : Cupidus omnia uidendi. Désireux de tout voir. Le recours à l’adjectif verbal créerait une équivoque sur le genre du pronom :

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Cupidus omnium uidendorum. Désireux de tout voir mais aussi, car omnium peut être un G. M. F. pl. : Désireux de voir tout le monde.

2. Le supin À l’origine, le supin en ‑um était l’accusatif singulier d’un nom verbal masculin de la

4e déclinaison. On l’emploie pour exprimer le but de l’action avec les verbes de mouvement (cf. chapitre 20). Legatos misit pacem petitum. Il envoya des ambassadeurs pour demander la paix. Ainsi, on dit cubitum ire : aller se coucher ; dormitum ire : aller dormir. À côté du supin en ‑um, il existe également un supin en ‑u (datif ou ablatif singulier). On l’emploie avec la valeur d’un datif de destination ou d’un ablatif de relation après des adjectifs comme facilis, difficilis, incredibilis, mirabilis, etc. Hoc est difficile dictu. Cela est difficile à dire (litt. « pour dire » ou « quant à l’action de dire »). Quod optimum factu uidebitur, facies. Ce qui te paraîtra le mieux à faire, tu le feras (fais-le !).

3. Les propositions relatives A. Observations générales En français, la proposition relative est introduite par un pronom relatif (qui, que, quoi, dont, etc.) ou un adverbe relatif (où, etc.). Elle joue le même rôle envers son antécédent que l’adjectif envers un nom. ● Elle peut avoir la fonction d’épithète pour déterminer l’antécédent en fournissant un

élément d’information destiné à en préciser le sens ou l’identité. C’est pourquoi on l’appelle relative déterminative ; comme elle restreint le caractère général de l’anté‐ cédent, sa présence est indispensable au maintien du sens de la phrase, ce qui explique qu’on ne la sépare pas de son antécédent, en français, par une virgule. Les étudiants qui ne travaillent pas pendant l’année ne réussiront pas leurs examens. La proposition relative indique que, parmi les étudiants, on distingue implicitement deux catégories : ceux qui ne travaillent pas (et qui ne réussiront pas) et ceux qui tra‐ vaillent (et qui réussiront). Chapitre 22

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● La proposition relative peut également ajouter à l’antécédent une explication accessoire,

qui envisage un aspect particulier de l’être ou de la chose dont il s’agit. On l’appelle alors relative qualificative ; elle ne restreint pas le sens de l’antécédent, mais précise sa qualité ou sa nature. On peut donc la retrancher sans altérer profondément le sens de la phrase, ce qui explique qu’elle est d’ordinaire isolée, en français, entre virgules. Les étudiants, qui n’ont pas travaillé pendant l’année, n’ont pas réussi leurs examens. Ici, on ne distingue plus deux groupes. Les étudiants dont on parle n’en forment qu’un seul : la relative indique que l’ensemble des étudiants, à cause de leur manque de travail, n’ont pas réussi. En français, la relative, qu’elle soit déterminative ou qualificative, est le plus souvent à l’indicatif (ou au conditionnel). Le subjonctif apparaît en concurrence avec l’indicatif, notamment : ● pour souligner le caractère éventuel de la relative :

Je cherche quelqu’un qui puisse m’aider (qui pourrait >< qui peut). ● quand l’antécédent contient un superlatif ou un adjectif de sens analogue (« seul,

premier, unique », etc.) : C’est le meilleur vin que tu puisses trouver dans cette région. Je suis le seul ici qui y comprenne quelque chose.

B. Les propositions relatives en latin En latin, les propositions relatives sont introduites par le pronom relatif (qui) ou par un adverbe relatif (ubi, « où », quo, « vers où », etc.) ; elles peuvent également être détermina‐ tives ou qualificatives, mais, dans ce dernier cas, l’emploi des modes y est très différent de celui du français. ● Les relatives déterminatives sont normalement à l’indicatif.

Homo quem uides pater meus est. L’homme que tu vois est mon père. Quod est ante pedes nemo spectat. Personne ne regarde ce qui est à (devant) ses pieds. Qui bene amat bene castigat. Qui aime bien châtie bien. ● Les relatives qualificatives sont d’ordinaire au subjonctif.

In crucem tu agĕre ausus es quemquam qui se ciuem Romanum esse diceret ? Tu as osé crucifier quelqu’un qui se disait citoyen romain ? La relative, dans ce cas, n’identifie pas le personnage ; elle le caractérise en précisant sa qualité de citoyen. La relative ne répond pas à une question du type quis ? mais qualis ? Dans ce contexte, on est tenté de développer la relative en « Tu as osé crucifier un homme

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alors qu’il se disait citoyen romain ? ». Certaines grammaires considèrent d’ailleurs ce subjonctif comme un subjonctif à « nuance » concessive. Legatos misit qui pacem peterent. Il envoya des messagers qui avaient pour mission de demander la paix. Il envoya des messagers qui demanderaient la paix. Il envoya des messagers pour demander la paix. Si la relative est ici au subjonctif, ce n’est pas, en réalité, parce qu’elle « exprime » le but (on aurait alors ut), mais bien parce que, en tant que relative qualificative, elle précise, à propos des ambassadeurs (= antécédent), quelle est leur mission. En d’autres mots, elle ne fournit aucune information sur l’identité des ambassadeurs ; elle précise seulement, à leur sujet, qu’ils sont chargés de mener à bien des négociations de paix. Deceptus es, qui sis callidissimus. Tu as été trompé, toi qui (pourtant) es très rusé. Ici encore, on a trop souvent tendance à justifier le subjonctif en transformant la relative (« Tu as été trompé, bien que tu sois très rusé ») et en la considérant comme une pro‐ position concessive. Sunt qui putent hominem homini lupum esse. Il y a des gens pour penser que l’homme est un loup pour l’homme. Même explication : les grammaires ont tendance à paraphraser la relative (« Il y a des gens tels qu’ils pensent que l’homme est un loup pour l’homme ») et à considérer putent comme un subjonctif de conséquence. Comment justifier alors l’indicatif dans une phrase comme Multi sunt qui te irrident, « Il y a de nombreuses personnes qui se moquent de toi », qu’on pourrait aussi développer en « Il y a de nombreuses personnes qui sont telles qu’elles se moquent de toi » ? L’indicatif exprime ici l’idée qu’il existe effectivement des gens qui, en ce moment, se moquent de toi. Il est donc inexact de dire que les relatives du type sunt qui, « il y a des gens qui », nemo est qui, « il n’est personne qui », is sum qui, « je suis homme à », etc., se construisent avec le subjonctif parce qu’elles sont consécutives. Si ces tournures paraissent entraîner l’emploi du subjonctif, c’est parce qu’elles sont généralement — mais pas toujours — développées par une relative qualificative (qui caractérise l’antécédent), et non déter‐ minative (qui précise son identité). En réalité, l’emploi de l’indicatif et du subjonctif dans ces propositions n’est donc pas réglé par d’éventuelles nuances de cause, de conséquence, etc., mais bien par la nature différente des deux types de relatives. Ainsi, Horace écrit : Gemmas sunt qui non habeant, est qui non curat habēre. Des pierres précieuses, il y a des gens qui n’en ont pas, il y en a un qui se moque d’en avoir. Le subjonctif habeant contraste avec l’indicatif curat : dans le premier cas, il est des gens qui pourraient ne pas avoir de pierres précieuses, dans le second, il en est un – Horace

Chapitre 22

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parle de lui-même – qui se moque vraiment d’en avoir (et non pas « qui est homme à se moquer »).

• Remarque

Dans deux cas cependant, le subjonctif de la proposition relative s’explique, non pas par la nature de cette relative, mais par d’autres raisons.

1) On peut toujours exprimer dans une proposition, et donc dans une relative, une idée conditionnelle (potentielle ou irréelle) : Illam mulierem qui uideat, nonne miretur ? Celui qui verrait cette femme, ne l’admirerait-il pas ? [potentiel] Illam mulierem qui uidisset, nonne miratus esset ? Celui qui aurait vu cette femme, ne l’aurait-il pas admirée ? [irréel] 2) La plupart des relatives à l’indicatif se mettent, dans le style indirect, au subjonctif (cf. p. 392). Paetus omnes libros quos frater eius reliquerat mihi donauit. Paetus m’a donné tous les livres que son frère avait laissés. Paetus omnes libros quos frater suus reliquisset mihi donauit. Paetus m’a donné tous les livres que, dit-il, son frère avait laissés. Dans la première phrase, reliquerat indique que Paetus et moi connaissons l’origine des livres. Je les reçois, par exemple, parce que le frère de Paetus me les avait promis avant de mourir. Dans la seconde, reliquisset indique que je ne me prononce pas sur l’origine des livres : Paetus me les a donnés en disant que son frère me les avait laissés : d’où le subjonctif de style indirect. Remarquez aussi la modification du pronom personnel. Dans la première phrase (style direct : reliquerat), le non-réfléchi eius désigne une personne (Paetus) autre que le sujet de la proposition où il se trouve (frater). Dans la seconde phrase (style indirect : reliquis‐ set), suus ne peut être réfléchi direct et désigner la même personne que le sujet de la proposition où il se trouve (frater), ce qui serait absurde (le frère de x ne peut être x luimême). Mais, en style indirect (et seulement dans ce cas-là), suus peut être aussi un réfléchi indirect et désigner la même personne que le sujet du verbe introducteur, soit Paetus (cf. p. 395).

4. Les prépositions À l’origine, les fonctions des noms étaient exclusivement indiquées par les cas. On a des traces de cette situation dans l’emploi des noms de villes : Carthaginem eo. Je vais à Carthage. Carthagine sum. Je suis à Carthage. Carthagine uenio. Je viens de Carthage.

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L’accusatif indique à lui seul la direction, l’ablatif-locatif la situation et l’ablatif propre‐ ment dit l’origine. Mais on a vite ressenti le besoin d’exprimer des notions plus précises (par exemple la proximité à côté de la situation proprement dite). On a eu recours pour cela à une série d’adverbes qui précisaient le sens des cas : In urbem eo. Je vais dans la ville (j’y entre). Ad urbem eo. Je vais vers la ville (sans nécessairement y entrer). Ex urbe uenio. Je viens de la ville (j’en sors). Ab urbe uenio. Je viens de la direction de la ville (je n’y étais pas nécessairement). Ces adverbes ont également servi à préciser le sens des verbes : *Ex eo. Je viens de, je sors (> exeo). *In eo. Je vais dans, j’entre (> ineo). D’abord sans place fixe, ils ont tendu à précéder le nom ou le verbe sur lequel ils por‐ taient, d’où leur nom, selon le cas, de prépositions ou de préverbes (ces derniers ne formant plus qu’un seul mot avec le verbe). Il est même devenu exceptionnel, en prose classique, qu’un mot soit intercalé entre une préposition et le nom sur lequel elle porte. En outre, on a tendu à renverser en quelque sorte les rôles et à considérer que la préposition entraînait mécaniquement le cas (on dit qu’une préposition « régit » ou « se construit avec » un cas déterminé ou plusieurs). On distingue deux grands groupes de prépositions, suivant le cas qu’elles régissent : l’accusatif ou l’ablatif. Quelques-unes se construisent avec l’un et l’autre cas.

A. Prépositions régissant l’accusatif 1. Ad ● « vers, à » (mouvement)

Eo ad urbem. Je me dirige vers la ville. Laborare ad uiuendum. Travailler pour vivre (litt. : vers le fait de vivre). ● « (au)près de » (avec ou sans mouvement)

Ad regem missus est. Il fut envoyé chez le roi (auprès du roi). Ad exercitum manēre. Rester auprès de l’armée. (voir apud) ● « jusqu’à » (accompagné ou non de usque)

Vsque ad ultimas terras. Jusque dans les pays les plus reculés. Omnes ad unum. À l’unanimité.

Chapitre 22

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● « vers, environ »

Ad uesperam. Vers le soir (voir sub). Ad ducentos. Environ deux cents. ● « juste à »

Ad tempus. Juste au bon moment.

2. Aduersus ● « en face de, vis-à-vis de »

Aduersus montes. En face des montagnes (voir contra). ● « contre, envers »

Aduersus hostes ire. Marcher contre les ennemis. Iustitia aduersus deos. La justice à l’égard des dieux (voir erga).

3. Ante ● « devant »

Ante oculos ponĕre. Mettre devant les yeux (en français, on dira : Mettre sous les yeux). ● « avant »

Ante diem tertium kalendas Ianuarias. Le 3e jour avant les calendes de janvier (= le 30 décembre).

4. Apud ● « (au)près de, chez » (sans mouvement)

Apud Caesarem manēre. Rester auprès de César. Apud Ciceronem. Chez Cicéron (à la fois chez lui, dans sa maison, mais aussi, au sens figuré, dans ses œuvres).

5. Circa, circum ● « autour de »

Templa quae circum forum sunt. Les temples qui se trouvent autour du forum. ● « aux environs de »

Circa eandem horam. À peu près à la même heure.

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Dans les ouvrages modernes, on trouve souvent, pour dater un événement de manière approximative, l’emploi de circa (abrégé c.) : c. 10 apr. J.‑C. : vers l’an 10 apr. J.‑C.

6. Cis, citra ● « en deçà de » (= de ce côté-ci)

Germani qui sunt cis Rhenum. Les Germains qui se trouvent en deçà du Rhin. Sur cette préposition, on a formé les adjectifs « cisalpine » et « cispadane » pour désigner les parties de la Gaule qui se trouvent en deçà des Alpes ou en deçà du Pô par rapport à Rome. Pour les expressions contraires, cf. trans.

7. Contra (cf. aduersus) ● « en face de, contre [opp.] »

Regiones quae sunt contra Galliam. Les régions qui font face à la Gaule (c’est-à-dire la Grande-Bretagne). Res quae sunt contra naturam. Des choses qui sont contre nature (qui vont à l’encontre de la nature).

8. Erga (cf. aduersus) ● « envers » (sens favorable)

Erga deos pietas. La pitié envers les dieux.

9. Extra (opp. intra) ● « (en de) hors de, à l’extérieur de »

Extra muros. À l’extérieur des murs, hors de la ville (fortifiée). On dit encore, en fran‐ çais, un édifice extra-muros pour désigner une construction qui se trouve à l’extérieur de l’enceinte de la ville.

10. Infra (opp. supra) ● « au-dessous de »

Infra oppidum. Au-dessous de la ville, dans le bas de la ville (fortifiée). En français, infra s’est maintenu comme adverbe dans le sens de « ci-dessous » : voir infra, c’est voir ci-dessous, plus bas, plus loin (référence interne dans un ouvrage).

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11. Inter ● « entre »

Inter Galliam et Italiam. Entre la Gaule et l’Italie. ● « entre, parmi » (en concurrence avec le génitif partitif pour introduire le complément

du superlatif) Fortissimus inter Romanos. Le plus courageux parmi les Romains (cf. ex). Primus inter pares. Le premier parmi ses pairs. Cette expression définissait, par exemple, le statut de l’empereur par rapport aux autres sénateurs. ● expression de la réciprocité

Inter se hortantur. Ils s’exhortent mutuellement (entre eux).

12. Intra (opp. extra) ● « à l’intérieur de »

Intra moenia. À l’intérieur des remparts. ● « en l’espace de »

Intra quattuor annos. Dans l’espace de 4 ans, en 4 ans.

13. Iuxta ● « (tout) près de »

Iuxta murum. Tout près du mur.

14. Ob ● « devant »

Ob oculos. Devant les yeux (voir ante). ● « à cause de »

Ob eam rem. À cause de cela (voir propter).

15. Per ● « à travers »

Per Italiam. À travers l’Italie. ● « pendant » (renforce l’acc. de durée)

Per decem dies. Pendant dix jours. ● « par le moyen » ou « l’intermédiaire de »

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Per litteras. Par lettre. Per legatos. Par l’intermédiaire des ambassadeurs. N.B. Bien que ce dernier emploi de per se rapproche, pour le sens, de celui du complé‐ ment d’agent, il insiste plus sur le moyen que sur le point de départ de l’action (ab). Per quos et a quibus interfectus est ? Par (la main de) qui et à l’initiative de qui a-t-il été tué ?

16. Post (opp. ante) ● « derrière »

Post domum. Derrière la maison. ● « après »

Post multos annos. Après de nombreuses années. N.B. Post et ante ont aussi gardé leur valeur adverbiale, notamment lorsqu’ils accom‐ pagnent des compléments de temps. Multis annis ante. De nombreuses années auparavant.

17. Praeter ● « le long de, devant »

Praeter flumen. Le long du fleuve. ● « outre, excepté »

Omnes praeter unum. Tous sauf un.

18. Propter ● « près de »

Propter statuam. Près d’une statue (voir ad, iuxta). ● « à cause de »

Propter metum. Par crainte (voir ob).

19. Supra (opp. infra) ● « au-dessus de »

Supra Galliam. Au-dessus de la Gaule. De même qu’infra, supra a gardé sa valeur adverbiale en français : voir supra, c’est voir ci-dessus, se reporter à ce qui a été dit « plus haut ». Chapitre 22

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20. Trans ● « au-delà de »

Germani trans Rhenum incolunt. Les Germains habitent au-delà du Rhin. Parallèlement à cis, qui a formé « cisalpine » et « cispadane », on a formé sur trans « transalpine » et « transpadane » pour désigner les parties de la Gaule qui sont situées audelà des Alpes ou au-delà du Pô.

B. Prépositions régissant l’ablatif 1. A(b) ● « (loin) de » (marque la séparation, l’éloignement, l’origine)

Populus liberatus a regibus. Un peuple libéré de la royauté. Litteras a Caesare accepit. Il reçut une lettre de César. Ab hora tertia. Depuis la troisième heure (du jour). Ab Vrbe condita. Depuis la fondation de la Ville (= Rome). ● « par » (marque l’agent animé)

Galli a Romanis uicti sunt. Les Gaulois furent vaincus par les Romains.

2. Cum ● « avec » (marque l’accompagnement ou la manière)

Cum amico ambulare. Se promener avec un ami. Cum cura, cum magna cura. Avec soin, avec grand soin.

3. De ● « du haut de »

De muro arma deicĕre. Jeter ses armes du (haut du) mur. ● « (loin) de » (voir ab, ex)

De finibus exire. Sortir du territoire. ● « au sujet de »

Cette préposition est notamment employée dans le titre de nombreuses œuvres latines. De legibus (litt. : Au sujet des lois). Les lois.

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4. E(x) ● « hors de » (ex indique qu’on sort d’un lieu, ab qu’on s’en éloigne)

Ex urbe uenire. Venir de la ville, sortir de la ville. Ab urbe discedĕre. S’éloigner de la ville (après en être sorti, sans y être entré, etc.). ● « depuis »

Ex eo tempore. Depuis cette époque-là. ● avec un superlatif

Fortissimus e Romanis. Le plus courageux des Romains (cf. inter). ● expression de différents compléments où subsiste la notion d’origine

Ex equis pugnare. Combattre à cheval. Statua ex aere facta. Une statue faite de bronze, une statue en bronze. Ex omnium sententia. De l’avis général.

5. Prae ● « devant, en avant »

Prae se ferre. Porter devant soi.

6. Pro ● « devant »

Pro aede. Devant le temple. ● « en faveur de, pour »

Pro libertate dimicare. Combattre pour la liberté. ● « en égard à, selon, proportionnellement à »

Agĕre pro uiribus. Agir selon ses forces. ● « à la place de, au lieu de »

Pro fratre uenit. Il est venu à la place de son frère.

7. Sine (opp. cum) ● « sans »

Sine amicis uiuĕre. Vivre sans amis.

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C. Prépositions régissant l’accusatif ou l’ablatif 1. In ● accusatif (direction) :

– « vers, dans, sur » In Italiam ire. Aller en Italie. In nauem conscendĕre. Monter sur un navire. – « pour, jusqu’à » In perpetuum. Pour toujours. In diem uiuĕre. Vivre au jour le jour. – « envers, contre » (cf. aduersus, erga) Odium in hostes. La haine envers les ennemis. ● ablatif (situation) :

– « dans, sur » In Italia esse. Être en Italie. In flumine pons erat. Il y avait un pont sur le fleuve. – « au cours de, pendant » In consulatu suo. Pendant son consulat, lors de son consulat.

2. Sub ● accusatif :

– « sous, au pied de » (avec mouvement) Sub moenia progredi. Avancer au pied des remparts. – « vers » (temporel ; cf. ad) Sub noctem. Vers la nuit (vers la tombée de la nuit). ● ablatif : « sous, au pied de » (sans mouvement)

Sub monte esse. Être au pied de la montagne.

3. Super ● accusatif :

– « au-dessus de » (avec ou sans mouvement) Super caput. Au-dessus de la tête.

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● ablatif :

– « au-dessus de » (rare) – « au sujet de, à propos de » Super aliqua re scribĕre. Écrire sur un sujet, à propos d’un sujet. Cf. de.

5. La formation des verbes composés Comme nous l’avons dit, les prépositions (ou préverbes) interviennent très fréquem‐ ment dans la formation des verbes composés, au point de donner lieu pour certains d’entre eux à un groupe impressionnant de mots issus d’une même racine. L’étude du vocabulaire, qui passe généralement pour être un des exercices les plus fastidieux et les plus ingrats, se trouve donc singulièrement facilitée par ce jeu des préverbes, qui permet de constituer des familles de mots rassemblés autour d’une même racine. Avant d’aborder cette étape, il n’est pas inutile de reprendre les différentes prépositions et de donner, pour les plus importantes d’entre elles, quelques exemples de verbes composés. 1. ab‑ (éloignement, séparation) abducĕre, ‑o : conduire en éloignant, emmener ; abesse : être éloigné, être loin de, être absent ; auferre (< *ab-ferre) : porter en éloignant, emporter ; abire : aller en s’éloignant, s’éloigner, partir ; amittĕre, ‑o : laisser aller à l’écart, perdre. 2. ad‑ (direction, situation, addition) accedĕre, ‑o (< *ad-cedĕre) : marcher vers, ajouter ; adducĕre, ‑o : conduire vers, amener ; adesse : être près de, être présent ; adire : aller vers, se diriger ; adferre (ou afferre) : porter vers, apporter ; apponĕre, ‑o (< *ad-ponĕre) : placer auprès de ; attendĕre, ‑o (< *ad-tendĕre) : tendre, faire effort vers, faire attention. 3. ante‑ (avant, devant) antecedĕre, ‑o : marcher devant, devancer, l’emporter sur ; anteire : aller en avant, marcher devant, précéder ; anteferre : porter devant (soi) ; anteponĕre, ‑o : placer en avant, préférer.

Chapitre 22

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4. circum‑ (autour) circumagĕre, ‑o : mener autour, faire faire le tour ; circumducĕre, ‑o : conduire autour ; circu(m)ire : aller autour, tourner autour ; circumferre : porter autour (à la ronde). 5. de‑ (en se séparant, en suivant, de haut en bas) decedĕre, ‑o : marcher en se séparant, s’en aller, quitter ; deducĕre, ‑o : conduire à l’écart, extraire, ramener ; deferre : porter de bas en haut, présenter ; demittĕre, ‑o : laisser aller de haut en bas, laisser tomber, baisser ; deponĕre, ‑o : poser en bas, déposer. 6. ex‑ (sortie, origine) educĕre, ‑o : conduire hors de, faire sortir, éduquer ; efferre (< *ex-ferre) : porter hors de ; exigĕre, ‑o (< *ex-agĕre) : mener hors de, pousser hors de, exiger ; exire : aller hors de, sortir ; exponĕre, ‑o : placer hors de, exposer. 7. in‑ (dans, vers, contre) imponĕre, ‑o (< *in-ponĕre) : placer sur, poser, imposer ; incedĕre, ‑o : marcher vers, s’avancer ; inducĕre, ‑o : conduire dans, introduire ; inferre : porter dans, jeter dans ; inire : aller dans, entrer. 8. inter‑ (entre, parmi, au passage) intercedĕre, ‑o : venir entre, s’interposer ; intercipĕre, ‑o (< *inter-capĕre) : prendre au passage, intercepter ; interponĕre, ‑o : placer entre, interposer ; interesse : être entre, être parmi. 9. ob‑ (devant, en face, contre) obire : aller au devant, aller à la rencontre ; obstare : se tenir debout contre, faire obstacle ; offerre (< *ob-ferre) : porter devant, offrir ; ostendĕre, ‑o (< *ob-tendĕre) : tendre devant, montrer. 10. per‑ (à travers, de part en part, complètement) peragĕre, ‑o : mener à travers, accomplir entièrement, achever ; percurrĕre, ‑o : courir à travers, parcourir ; perducĕre, ‑o : conduire à travers, jusqu’au bout (à destination) ;

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perferre : porter à travers, jusqu’au bout ; perficĕre, ‑io (< *per-facĕre) : faire jusqu’au bout, achever, accomplir. 11. prae‑ (devant, avant, de préférence) praecipĕre, ‑io (< * prae-capĕre) : prendre avant, prendre le premier ; praecurrĕre, ‑o : courir devant, aller en avant, précéder ; praedicĕre, ‑o : dire à l’avance, prédire ; mais aussi : dire en avant, proclamer ; praeesse : être devant, être à la tête de ; praeferre : porter en avant, présenter, offrir ; praeponĕre, ‑o : placer devant (d’où : préposer) ; praestare : se tenir en avant. 12. pro‑ (d’avance, au lieu de, pour) procedĕre, ‑o : marcher en avant, s’avancer ; producĕre, ‑o : mener en avant, faire avancer, prolonger ; proferre : porter devant, offrir ; proponĕre, ‑o : placer devant, proposer. 13. sub‑ (sous, par dessous) subesse : être sous ; subigĕre, ‑o : mener dessous, soumettre ; subire : s’avancer sous, subir ; sufferre (< *sub-ferre) : porter par dessous, supporter ; sustinēre (< *sub-tenēre) : tenir par dessous, soutenir. 14. trans‑ (à travers, de l’autre côté) transire : aller à travers, de l’autre côté, traverser ; transferre : porter de l’autre côté, transporter ; transfugĕre, ‑o : fuir de l’autre côté (dans l’autre camp), déserter ; transmittĕre, ‑o : envoyer de l’autre côté, faire parvenir. Il existe également des préverbes inséparables (qui ne jouent pas le rôle de prépositions) du verbe. Parmi les plus importants, on peut mentionner : ● di(s)- (séparation, distinction)

differre (< *dis-ferre) : différer ; dissoluĕre, ‑o : dissoudre. ● re‑ (retour en arrière, renouvellement d’une action)

redire : aller en arrière, retourner ; reducĕre, ‑o : conduire en arrière, reconduire ;

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retinēre (< *re-tenēre) : retenir, arrêter ; reuocare : rappeler, faire revenir. ● se‑ (séparation, éloignement)

secedĕre, ‑o : aller à part, s’éloigner ; secernĕre, ‑o : séparer, distinguer ; seducĕre, ‑o : mener à l’écart, prendre à part. Vous aurez remarqué que, au contact du verbe, le préverbe peut subir diverses altéra‐ tions phonétiques et se présenter sous des formes légèrement différentes. Par exemple : ● ad‑ s’assimile devant c (accedĕre, ‑o), f (afferre), p (apponĕre, ‑o), t (attendĕre, ‑o) ; ● ex‑ devient e‑ devant d (educĕre, ‑o) et s’assimile devant f (efferre) ; ● in‑ s’assimile devant p (imponĕre, ‑o) ; ● sub‑ devient sus‑ devant t (sustinēre) et s’assimile devant f (sufferre).

D’autre part, le verbe simple peut lui aussi subir des modifications en composition : ● agĕre devient ‑igĕre (exigĕre, subigĕre) ; ● capĕre devient ‑cipĕre (intercipĕre, praecipĕre) ; ● facĕre devient ‑ficĕre (interficĕre, perficĕre) ; ● tenēre devient ‑tinēre (retinēre, sustinēre).

On a donc tout intérêt à rassembler sous le verbe simple les différents composés qu’il peut avoir et à former ainsi une « famille ». À titre d’exemple, voici ceux de ferre que nous venons de mentionner : auferre (emporter), afferre (apporter), anteferre (porter devant soi, préférer), cirumferre (porter autour), deferre (présenter), differre (différer), efferre (porter hors de), inferre (porter dans), offerre (offrir), perferre (porter jusqu’au bout), praeferre (présenter), proferre (porter devant soi), sufferre (supporter), transferre (transporter).

6. Exercices Énoncés A. Traduisez les groupes suivants. 1. ad trecentos 2. sub noctem 3. amor in parentes 4. de pace 5. ab illo tempore 6. post uictoriam 7. propter te 378

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8. praeter murum 9. intra paucas dies 10. in dies 11. apud Caesarem 12. per tres noctes 13. supra murum 14. prae se

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B. Trouvez le lemme des formes dans le dictionnaire et traduisez. 1. superesse 2. relabi 3. referre 4. ingenuit

5. inpositum

C. Traduisez. 1. Quid ego plura dicam ? 2. Scis quam iucundum mihi hoc sit. 3. Hostes eadem ratione qua pridie pugnabant. 4. Si quis uenit, responde me abesse. 5. Ad Caesarem misi qui ei hoc diceret. 6. Sapiens nihil facit quod paenitēre possit. 7. Quamdiu quisquam erit qui te defendĕre audeat, uiues. 8. Qui uideret, urbem captam diceret. 9. Mors optanda est, si aliquo animum deducit ubi sit futurus aeternus. 10. Nihil est quin male narrando possit deprauari. 11. Id dandum est mihi. 12. Nunc est bibendum. 13. Non solum ad discendum propensi sumus, sed etiam ad docendum. 14. Nemo nostrum non peccat. 15. Sors est sua cuique ferenda. 16. Nihil agendo homines male agĕre discunt. 17. Sunt qui existiment mortem discessum esse animi a corpore. 18. Si crederes, probissimum hominum eum putares. 19. Si arce potiemur, nostrum erit totum oppidum. 20. In nonnullis libris, Cicero de contemnenda morte copiose disserit. 21. Librum ei ad te perferendum dedi. 22. Caesarem interficiendo, Brutus spectabat ad patriam tyranno liberandam. 23. Augustus templa reficienda suscepit. 24. Stultitia est uenatum ducĕre inuitas canes. 25. Mulieres processerant uisum. 26. Quo breuior, eo dilucidior et cognitu facilior narratio fiet. 27. Breuissimus quisque iocus optimus.

Chapitre 22

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Corrigés A. 1. environ trois cents 2. vers la nuit, à la tombée de la nuit 3. l’amour pour les parents 4. au sujet (à propos) de la paix 5. depuis ce moment-là 6. après la victoire 7. à cause de toi

8. le long du mur 9. en peu de jours 10. de jour en jour 11. chez César ; dans l’œuvre de César 12. pendant trois nuits 13. au-dessus du mur 14. devant soi

B.

1. supersum ; superesse : être de reste, rester, subsister. 2. relabor ; relabi : couler en arrière, refluer. 3. refero ; referre : porter en arrière, reporter. 4. ingigno ; ingenuit : il fit naître (dans). 5. impono ; inpositum : placé sur, posé sur.

C.

1. Litt. : Pourquoi dirais-je plus de choses ? Pourquoi en dirais-je plus ? 2. Tu sais combien cela m’est agréable. 3. Les ennemis combattaient avec la même tactique que la veille. 4. Si quelqu’un vient, réponds que je suis absent (Si on vient…). 5. J’ai envoyé (quelqu’un) auprès de César pour le lui dire (qui le lui dirait). 6. Le sage ne fait rien dont il puisse se repentir. 7. Tant qu’il y aura quelqu’un qui ose te défendre (pour oser te défendre), tu vivras. 8. Celui qui l’aurait vue aurait dit une ville prise. À la voir, on aurait dit une ville prise. Videret et diceret sont des subjonctifs potentiels du passé. 9. Il faut souhaiter la mort, si elle conduit l’âme quelque part où elle sera éternelle. 10. Litt. : Il n’y a rien qui ne puisse être défiguré en racontant mal. Il n’y a rien qui ne puisse être défiguré par un récit infidèle. Lorsque les expressions du type nemo est qui sont employées négativement, on ren‐ contre, au lieu de nemo est qui non, nemo est quin. 11. Litt. : Cela doit être donné par moi. Il me faut le donner, je dois le donner. La phrase peut signifier aussi : Il faut que cela me soit donné. Il faut me le donner, on doit me le donner. Dans le premier cas, mihi est un complément d’agent, dans le second, un complément d’attribution (COI). 12. Maintenant, il faut boire. C’est maintenant qu’il faut boire. 13. Nous sommes enclins non seulement à étudier, mais aussi à enseigner (non seule‐ ment à l’étude, mais aussi à l’enseignement).

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14. Il n’est personne parmi nous qui ne commette pas de faute. 15. Litt. : Son destin doit être supporté par chacun. Chacun doit assumer son destin. 16. En ne faisant rien, les hommes apprennent à mal se comporter (En restant inactifs…). 17. Il y a des gens qui pensent que la mort est la séparation de l’âme avec le corps. 18. Si tu l’avais cru, tu aurais pensé qu’il était le plus honnête des hommes (À l’en croire, on aurait pensé…). 19. Si nous nous emparons (litt. : emparerons) de la citadelle, toute la ville sera à nous (litt. : nôtre). 20. Dans plusieurs (de ses) ouvrages, Cicéron disserte longuement sur le mépris de la mort. 21. Je lui ai donné le livre pour qu’il te l’apporte. 22. En assassinant César, Brutus visait à libérer la république d’un tyran. 23. Auguste entreprit de restaurer les temples. 24. C’est une sottise d’envoyer des chiens à la chasse (chasser) malgré eux. 25. Les femmes s’étaient avancées pour voir. 26. Litt. : Une histoire sera d’autant plus claire et (d’autant) plus facile à apprendre qu’elle sera plus brève. Plus une histoire sera brève, plus elle sera claire et facile à apprendre. Faites attention à l’ordre des mots. Pour éviter les erreurs, développez la construc‐ tion : Narratio fiet eo dilucidior et cognitu facilior quo breuior (fiet). Cognitu : forme du supin en ‑u dépendant de facilior. 27. L’absence de verbe ne doit pas vous poser de problème. Comme c’est souvent le cas, le verbe esse n’est pas exprimé dans les phrases à portée générale, les sentences, etc. Litt. : Chaque plaisanterie la plus courte (est) la meilleure. Les meilleures plaisante‐ ries sont les plus courtes.

Chapitre 22

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Chapitre 23 Le style indirect

1. Généralités Il y a trois façons de rapporter les paroles de quelqu’un. ● On les reproduit telles qu’elles ont été prononcées, en les mettant entre guillemets :

Il m’a dit : « Je viendrai demain si je suis libre. En attendant, va me chercher à boire. » C’est ce qu’on appelle le style (ou discours) direct. ● On les fait dépendre d’un verbe principal déclaratif. Elles sont alors introduites par la

conjonction « que » et subissent diverses modifications, pour des raisons soit gramma‐ ticales, soit liées au sens : Il m’a dit qu’il viendrait demain (le lendemain, aujourd’hui) [selon le moment où je parle] s’il était libre et qu’en attendant, j’aille lui chercher à boire. C’est ce qu’on appelle le style (ou discours) indirect. ● Plus rarement, on leur fait subir les modifications caractéristiques du style indirect, mais

sans les subordonner à un verbe introducteur : Mme Benoît s’y prit adroitement en s’informant de son oncle. Comment allait ce bon parent ? Il ne donnait plus de ses nouvelles. N’avait-il pas un arrière-cousin en Amé‐ rique ? (Flaubert) C’est ce qu’on appelle le style indirect libre, procédé dont certains écrivains font un usage fréquent. Nous allons surtout nous occuper ici de la deuxième catégorie, c’est-à-dire du style indi‐ rect au sens strict. Regardons à nouveau l’exemple cité plus haut (point 2). On assiste à divers changements : ● de temps, non seulement dans les propositions principales devenues subordonnées,

mais aussi dans celles qui étaient déjà subordonnées : – le futur « viendrai » devient le conditionnel (« futur du passé ») « viendrait » ; – le présent « suis » devient l’imparfait « était » ; ● de mode : l’impératif « va » devient le subjonctif « aille » ; ● de personne : la 1re pers. est remplacée par la 3e pers. ; Chapitre 23

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● de pronoms : « me » devient « lui » ; ● d’adverbes de temps : « demain » devient, par exemple, « aujourd’hui ».

Voici un autre exemple plus développé de style direct avec sa transposition en style indirect : [Christophe à Mme Vogel :] « Ma conduite ne regarde que moi ; je me soucie fort peu qu’elle vous plaise ou ne vous plaise pas. Si vous voulez vous en plaindre, plaignezvous en à moi ; vous pouvez bien me dire tout ce que vous voudrez : ce sera comme s’il pleuvait ; mais, je vous défends, — (vous entendez bien ?) — je vous défends d’en rien dire à ma mère ; et c’est une lâcheté de s’attaquer à une pauvre vieille femme malade. » Il cria avec emportement que sa conduite ne regardait que lui, qu’il se souciait fort peu qu’elle plût ou ne plût pas à madame Vogel, que si celle-ci voulait s’en plaindre, elle s’en plaignît à lui, qu’elle pouvait bien lui dire tout ce qu’elle voudrait : ce serait comme s’il pleuvait ; mais qu’il lui défendait, — (elle entendait bien ?) — il lui défendait d’en rien dire à sa mère, et que c’était une lâcheté de s’attaquer à une pauvre vieille femme malade. (R. Rolland)

2. Le style indirect latin Tous ces changements se produisent également dans le style indirect latin ; mais il faut tenir compte également d’un changement systématique de mode.

A. Modes ● Les propositions indépendantes ou principales de type énonciatif deviennent des pro‐

positions infinitives (ce qui est normal, puisqu’elles dépendent désormais d’un verbe déclaratif ; cf. chapitres 8 et 20) : Dixit : « Veniam. » Il dit : « Je viendrai. » Dixit se uenturum esse. Il dit qu’il viendrait. ● Les propositions indépendantes ou principales de type interrogatif se mettent (ou res‐

tent, si elles y étaient déjà) au subjonctif. C’est le passage, que nous avons vu au cha‐ pitre 14, de l’interrogation directe à l’interrogation indirecte : Quid uis ? Que veux-tu ? Caesar rogat quid uelit. César demande ce qu’il veut. Quis persuadeat… ? Qui pourrait persuader… ?

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Caesar rogauit quis persuaderet1… César demanda qui pourrait persuader… N.B. Remarquons cependant qu’en latin comme en français, certaines phrases, quoique suivies d’un point d’interrogation ou prononcées sur un ton interrogatif, n’en sont pas pour autant de vraies questions. Si je dis : « Y a-t-il quelqu’un d’assez borné pour ne pas comprendre mes explications ? » je pose moins une question que je ne fais état avec vivacité d’une conviction. C’est ce qu’on appelle une interrogation oratoire. Ce type de fausse interrogation est traité dans le discours latin tout comme l’énonciative correspondante (« Il n’y a personne… ») et devient donc une proposition infinitive : (Dixit) quonam modo se obliuisci P. Decii posse. Le personnage avait dit : Quonam modo obliuisci P. Decii possum ? Comment donc puis-je (ou pourrais-je) oublier P. Decius ? (c’est-à-dire : « Je ne pourrais jamais… ») ● Les propositions subordonnées à mode personnel se mettent (ou restent) au subjonctif

avec concordance des temps ; celles à mode impersonnel (infinitif, participe) ne subissent aucun changement : Gaudeo quod uales. Je me réjouis que tu te portes bien. Dico me gaudēre (gauisum esse) quod ualeas (ualeres). Je dis que je me réjouis (suis réjoui) que tu te portes (portasses) bien. Venio (ueni) ut urbem uideam (uiderem). Je viens (suis venu) pour voir la ville. Dico me uenire (uenisse) ut urbem uideam (uiderem). Je dis que je viens (suis venu) pour voir la ville. Eum ambulantem uideo (uidi). Je le vois (ai vu) en train de se promener. Dico me eum ambulatem uidēre (uidisse). Je dis que je le vois (ai vu) en train de se promener. Les subordonnées qui seraient à l’indicatif en style direct se trouvent donc au subjonctif en style indirect : dans les propositions temporelles (avec cum, dum, ut), conditionnelles réelles, comparatives (avec ut), complétives (avec quod) et relatives, l’indicatif disparaît au profit du subjonctif de « subordination » (avec concordance des temps). Une subor‐ donnée construite avec l’indicatif dans le style indirect est le signe, précisément, qu’elle ne fait pas partie des propos rapportés, mais qu’elle a été ajoutée par l’auteur :

1. Rappelons que la concordance des temps est stricte en latin : persuaderet, qui est une forme de potentiel, est au subjonctif imparfait parce qu’elle marque une simultanéité par rapport à un verbe à un temps secondaire (rogauit). Chapitre 23

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Aristoteles ait apud Hypanim fluuium, qui in Pontum influit, bestiolas quasdam nasci quae unum diem uiuant. Aristote dit que, près du fleuve Hypanis, qui se jette dans le Pont, naissent des insectes qui ne vivent qu’un jour. La relative qui… influit à l’indicatif est étrangère aux propos tenus par Aristote ; l’auteur de la phrase (ici, Cicéron) fournit une précision géographique à l’attention du lecteur. En revanche, la relative quae… uiuant est au subjonctif, car elle fait partie des propos d’Aristote rapportés en style indirect (en style direct, on aurait quae… uiuunt).

B. Temps En ce qui concerne le temps des propositions subordonnées, on applique la concordance par rapport au verbe introducteur (du discours indirect). Eum rogat quid uelit. Il lui demande ce qu’il veut. Eum rogauit quid uellet. Il lui demanda ce qu’il voulait. Quand deux propositions sont subordonnées l’une à l’autre, il faut examiner quel serait le temps du verbe de la première en style direct. 1. Nescio cur roges unde ueniam (uenerim, uenturus sim). J’ignore pourquoi tu demandes d’où je viens (suis venu, viendrai). 2. Nescio cur rogaueris unde uenirem (uenissem, uenturus essem). J’ignore pourquoi tu as demandé d’où je venais (étais venu, viendrais). 3. Nesciebam cur rogares unde uenirem (uenissem, uenturus essem). J’ignorais pour‐ quoi tu demandais d’où je venais (étais venu, viendrais). 4. Nesciebam cur rogauisses unde uenirem (uenissem, uenturus essem). J’ignorais pourquoi tu avais demandé d’où je venais (étais venu, viendrais). Si le verbe introducteur est au présent (phrases 1–2), il faut toujours examiner quel serait le temps du premier verbe subordonné en style direct pour déterminer le rapport de temps : dans la phrase 2, uenirem dépend de rogaueris, lui-même dépendant de nescio. Cela vaut aussi si le verbe introducteur est au passé (phrases 3–4). Mais, en contexte passé, tout se passe comme si la concordance se faisait par rapport à ce verbe : uenirem est au subj. impft par simultanéité soit avec rogares, lui-même au subj. impft par simulta‐ néité avec nesciebam, soit avec rogauisses, lui-même au subj. p-q-pft par antérioté avec nesciebam. Tout se passe donc comme si, en contexte passé (nesciebam), la concordance (uenirem) s’établissait par rapport à lui. On peut faire un constat du même ordre quand un subjonctif dépend d’un infinitif. 1. Spero te curare ut ualeas. J’espère que tu veilles à bien te porter. 2. Spero te curauisse ut ualeres. J’espère que tu as veillé à bien te porter.

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3. Sperabam te curare ut ualeres. J’espérais que tu veillais à bien te porter. 4. Sperabam te curauisse ut ualeres. J’espérais que tu avais veillé à bien te porter. Dans les phrases 1-3, l’inf. prés. curare exprime une simultanéité, soit par rapport à un présent (spero), entraînant une simultanéité au présent (ualeas), soit par rapport à un passé (sperabam), entraînant une simultanéité à l’impft (ualeres). Dans les phrases 2-4, l’inf. pft curauisse exprime une antériorité, par rapport à un pré‐ sent (spero) ou à un impft (sperabam), entraînant dans les deux cas une simultanéité à l’impft (ualeres). Tout se passe donc comme si, en contexte passé (sperabam), la concor‐ dance (ualeres) s’établissait par rapport à lui.

C. Pronoms personnels et adjectifs possessifs ● Comme en français, les pronoms personnels et les adjectifs possessifs qui étaient à la 1re personne en style direct sont transposés à la 3e personne.

Pour renvoyer au sujet du verbe introducteur (principal), le latin utilise les formes réfléchies se et suus, qui jouent le rôle de réfléchi indirect, en plus de celui de réfléchi direct (renvoyant au sujet de la proposition dans laquelle ils se trouvent). ● Les pronoms de la 2e pers. se rendent généralement par is ou hic. ● La 3e p. qui n’est ni celle qui parle, ni celle à qui on s’adresse, est rendue le plus souvent par ille. Romani, si uestris rebus consulĕre uolueritis, me sequi ne dubitaueritis. Romains, si vous voulez veiller sur vos intérêts, n’hésitez pas à me suivre. En style indirect : Dixit, si Romani suis rebus consulĕre uoluissent, se sequi ne dubi‐ tarent. Il dit que, si les Romains voulaient veiller sur leurs intérêts, ils ne devaient pas hésiter à le suivre. Mihi nulla uobiscum amicitia esse potest, si in Gallia remanetis. Il ne peut y avoir aucune amitié entre vous et moi (litt. : pour moi avec vous), si vous restez en Gaule. En style indirect : Dixit sibi nullam cum his amicitiam esse posse, si in Gallia rema‐ nerent. Il dit qu’il ne pouvait y avoir aucune amitié entre eux et lui, s’ils restaient en Gaule. Voici un exemple de discours indirect, emprunté à la Guerre des Gaules de César. Com‐ parez les deux textes et observez les changements.

Chapitre 23

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Discours direct Divico, ambassadeur helvète, s’adresse à César : « Si pacem populus Romanus nobiscum faciet, in eam partem ibimus atque ibi erimus ubi nos constitueris atque esse uolueris ; sin bello persequi perseuerabis, reminiscere et ueteris incommodi populi Romani et pristinae uirtutis nostrae. Quod improuiso unum pagum adortus es, cum ii qui flumen transierant suis auxilium ferre non possent, noli ob eam rem aut tuae magnopere uirtuti tribuĕre aut nos despicĕre. Ita a patribus maioribusque nostris didicimus, ut magis uirtute contenderemus quam dolo aut insidiis niteremur. Quare noli committĕre ut is locus ubi constitimus ex calamitate populi Romani et internecione exercitus nomen capiat aut memoriam prodat. » Réponse de César : « Eo mihi minus dubitationis datur quod eas res quas commemorastis memoria teneo, atque eo grauius fero quo minus merito populi Romani acciderunt : qui si alicuius iniuriae sibi conscius fuisset, non fuit difficile cauēre ; sed eo deceptus est quod neque commis‐ sum a se intellegebat quare timeret neque sine causa timendum putabat. Quod si ueteris contumeliae obliuisci uellet, num etiam recentium iniuriarum, quod eo inuito iter per prouinciam per uim tentauistis, quod Haeduos, quod Ambarros, quod Allobrogas uexas‐ tis, memoriam deponĕre potest ? Quod uestra uictoria tam insolenter gloriamini quodque tam diu uos impune iniurias tulisse admiramini eodem pertinet. Consuerunt enim di immor‐ tales, quo grauius homines ex commutatione rerum doleant quos pro scelere eorum ulcisci uolunt, his secundiores interdum res et diuturniorem impunitatem concedĕre. Cum ea ita sint, tamen, si obsides a uobis mihi dabuntur, uti ea quae pollicemini uos facturos intelle‐ gam, et si Haeduis de iniuriis quas ipsis sociisque eorum intulistis, item si Allobrogibus satisfacietis, ego uobiscum pacem faciam. »

Discours indirect Is [= Diuico] ita cum Caesare egit : Si pacem populus Romanus cum Heluetiis faceret, in eam partem ituros atque ibi futuros Heluetios ubi eos Caesar constituisset atque esse uoluis‐ set ; sin bello persequi perseueraret, reminisceretur et ueteris incommodi populi Romani et pristinae uirtutis Heluetiorum. Quod improuiso unum pagum adortus esset, cum ii qui flumen transissent suis auxilium ferre non possent, ne ob eam rem aut suae magnopere uirtuti tribueret aut ipsos despiceret. Se ita a patribus maioribusque suis didicisse, ut magis uirtute contenderent quam dolo aut insidiis niterentur. Quare ne committeret ut is locus ubi constitissent ex calamitate populi Romani et internecione exercitus nomen caperet aut memoriam proderet. His Caesar ita respondit : Eo sibi minus dubitationis dari quod eas res quas legati Heluetii commemorassent memoria teneret, atque eo grauius ferre quo minus merito populi Romani

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accidissent : qui si alicuius iniuriae sibi conscius fuisset, non fuisse difficile cauēre ; sed eo deceptum quod neque commissum a se intellegeret quare timeret neque sine causa timen‐ dum putaret. Quod si ueteris contumeliae obliuisci uellet, num etiam recentium iniuria‐ rum, quod eo inuito iter per prouinciam per uim temptassent, quod Haeduos, quod Ambarros, quod Allobrogas uexassent, memoriam deponĕre posse ? Quod sua uictoria tam insolenter gloriarentur quodque tam diu se impune iniurias tulisse admirarentur eodem pertinēre. Consuesse enim deos immortales, quo grauius homines ex commutatione rerum doleant quos pro scelere eorum ulcisci uelint, his secundiores interdum res et diuturniorem impunitatem concedĕre. Cum ea ita sint, tamen, si obsides ab iis sibi dentur, uti ea quae polliceantur facturos intellegat, et si Haeduis de iniuriis quas ipsis sociisque eorum intule‐ rint, item si Allobrogibus satisfaciant, sese cum iis pacem esse facturum. (Guerre des Gaules, I, 13–14)

Traduction1 Il tint à César ce langage : « Si le peuple romain faisait la paix avec les Helvètes, ceux-ci iraient où César voudrait, et s’établiraient à l’endroit de son choix ; mais s’il persistait à les traiter en ennemis, il ne devait pas oublier que les Romains avaient éprouvé autrefois quelque désagrément, et qu’un long passé consacrait la vertu guerrière des Helvètes. Il s’était jeté à l’improviste sur les troupes d’un canton, alors que ceux qui avaient passé la rivière ne pouvaient porter secours à leurs frères ; il ne devait pas pour cela trop présumer de sa valeur ni mépriser ses adversaires. Ils avaient appris de leurs aïeux à préférer aux entreprises de ruse et de fourberie la lutte ouverte où le plus courageux triomphe. Qu’il prît donc garde : les lieux où ils s’étaient arrêtés pourraient bien emprunter un nom nou‐ veau à une défaite romaine et à la destruction de son armée, ou prêter leur nom à ce sou‐ venir. » César répondit en ces termes : « Il hésitait d’autant moins sur le parti à prendre que les faits rappelés par les ambassadeurs helvètes étaient présents à sa mémoire, et il avait d’autant plus de peine à en supporter l’idée que le peuple romain était moins responsable de ce qui s’était passé. Si, en effet, il avait eu conscience d’avoir causé quelque tort, il ne lui eût pas été difficile de prendre ses précautions ; mais ce qui l’avait trompé, c’est qu’il ne voyait rien dans sa conduite qui lui donnât sujet de craindre, et qu’il ne pensait pas qu’il dût craindre sans motif. Et à supposer qu’il consentît à oublier l’ancien affront, leurs nou‐ velles insultes — tentative pour passer de force à travers la province dont on leur refusait l’accès, violences contre les Héduens, les Ambarres, les Allobroges —, pouvait-il les oublier ? Quant à l’insolent orgueil que leur inspirait leur victoire, et à leur étonnement d’être restés

1. Le traducteur (L.-A. Constans, Collection des Universités de France) a opté pour le style indirect libre, solution élégante qui permet d’éviter une lourdeur excessive. Chapitre 23

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si longtemps impunis, la résolution de César s’en fortifiait. Car les dieux immortels, pour faire sentir plus durement les revers de la fortune aux hommes dont ils veulent punir les crimes, aiment à leur accorder des moments de chance et un certain délai d’impunité. Telle est la situation ; pourtant, s’ils lui donnent des otages qui lui soient une garantie de l’exé‐ cution de leurs promesses, et si les Héduens reçoivent satisfaction pour les torts qu’eux et leurs alliés ont subis, si les Allobroges obtiennent également réparation, il est prêt à faire la paix. »

3. Cas particuliers A. Absence de concordance Il arrive, dans le discours indirect et notamment chez César, que la concordance des temps ne soit pas rigoureusement respectée et que des subjonctifs à un temps primaire apparaissent dans le texte alors même que le verbe introducteur est à un temps secondaire : (Dixit) si nemo sequatur, tamen se cum sola decima legione iturum, de qua non dubi‐ taret. (Il dit) que si personne ne le suivait, il partirait quand même avec la dixième légion seule, en qui il avait confiance (litt. : au sujet de laquelle il n’hésitait pas). En discours direct : Si nemo sequatur, tamen cum sola decima legione ibo, de qua non dubito. Dubitaret est conforme à la règle, sequatur ne l’est pas. Ce type de particularité, qui n’affecte guère le sens du texte, ne doit pas vous retenir outre mesure ; il suffit que vous en connaissiez l’existence.

B. Les conditionnelles dans le style indirect L’expression des conditionnelles en discours indirect pose un problème particulier. Puisque toutes les subordonnées à mode personnel sont au subjonctif (avec concordance) et les principales énonciatives à l’infinitif, Si habebam, dabam (« Si j’avais, je donnais » ; description d’une attitude que j’ai effecti‐ vement eue dans le passé : réel) et Si haberem, darem (« Si j’avais — mais je n’ai pas —, je donnerais » : irréel) devraient devenir toutes deux Dixi, si haberem, me dare. On voit que, s’il en était ainsi, le discours indirect aurait pour effet, dans la plupart des cas, de faire disparaître l’irréel (et le potentiel) et d’empêcher ainsi de savoir à quel type de conditionnelle on a affaire.

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Tableau 1. Verbe principal à la voix active et avec supin (ou verbe déponent) Style direct

Mode réel

Phrase indépendante

introduit par un verbe au présent ou au futur

Si j’ai,

Si habeo,

Dico, si habeam,

je donne.

do.

me dare.

Si j’ai,

Si habebo,

je donnerai.

dabo.

Dico, si habeam

Si habeam

(ou habuerim),

(ou habuerim),

me daturum esse.

Si jamais j’avais, Mode potentiel je donnerais.

Mode irréel

Style indirect

dem.

introduit par un verbe au passé Dicebam, si haberem, me dare. Dicebam, si haberem (ou habuissem), me daturum esse.

Si j’avais,

Si haberem,

Dico (ou dicebam),

je donnerais.

darem.

si haberem, me daturum fuisse.

Si j’avais eu,

Si habuissem,

Dico (ou dicebam),

j’aurais donné.

dedissem.

si habuissem, me daturum fuisse.

Tableau 2. Verbe principal à la voix passive (ou à la voix active et sans supin) Style direct Phrase indépendante

Mode réel

Si j’ai,

Si habeo,

on me donne.

mihi datur.

Si j’ai,

Si habebo,

on me donnera.

mihi dabitur.

Si jamais j’avais,

Si habeam

Style indirect introduit par un verbe au présent ou au futur

introduit par un verbe au passé

Dico, si habeam, Dicebam, si haberem, mihi dari.

mihi dari.

Dico, si habeam Dicebam, si haberem (ou habuerim), – mihi datum iri

Mode on me donnerait. (ou habuerim) – futurum esse potentiel (fore) ut mihi mihi detur.

(ou habuissem), – mihi datum iri – futurum esse (fore) ut mihi daretur.

detur.

Mode irréel

Si j’avais,

Si haberem,

Dico (ou dicebam), si haberem,

on me donnerait.

mihi daretur.

futurum fuisse ut mihi daretur.

Si j’avais eu,

Si habuissem,

Dico (ou dicebam), si habuissem,

on m’aurait

mihi datum esset.

futurum fuisse ut mihi daretur.

donné.

Chapitre 23

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Pour éviter pareille confusion, le latin recourt à des formes d’infinitif particulières : Si habebam, dabam [réelle] deviendra bien Dixi me, si haberem, dare (ou dedisse), mais Si haberem, darem [irréelle] deviendra Dixi me, si haberem, daturum fuisse. Autre exemple, en partant du français : Si vous m’aviez écouté, jamais vous n’auriez subi cette défaite. Si me audiuissetis, numquam hoc incommodum accepissetis. [irréel du passé] En discours indirect : Dixit si se audiuissent numquam hoc incommodum accepturos fuisse. Les différents types de transposition des conditionnelles en discours indirect sont repris dans les tableaux 1 et 2.

• Remarques

1) La seule différence entre les deux tableaux réside dans la manière dont s’exprime, aux voix active et passive, l’irréel du présent et du passé dans la proposition infinitive. À la voix active, on recourt à une forme surcomposée en ‑urum fuisse ; à la voix passive, on utilise cette forme d’infinitif du verbe esse, c’est-à-dire futurum fuisse, suivie de ut et du subjonctif imparfait. Dans les deux cas, les formes sont donc exactement les mêmes pour le présent et le passé ; seul le temps du verbe de la conditionnelle à un mode personnel permet de savoir de quel irréel il s’agit. Hormis cela, si l’on excepte le cas particulier des verbes dépourvus de supin (cf. tableau 2), les deux tableaux sont identiques. 2) Quel que soit le temps du verbe introducteur, le futur et le potentiel s’expriment chaque fois de la même manière dans la conditionnelle et dans l’infinitive, sauf dans un cas particulier. Si le verbe de l’infinitive possède un supin, on peut former son infinitif futur passif en ‑um iri (invariable) ; le problème ne se pose donc, à la voix passive, que si le verbe est dépourvu de supin (et donc d’infinitif futur passif) : dans ce cas, on est obligé de recourir à une forme périphrastique (futurum fuisse ut intro‐ duisant un subjonctif) ou au verbe posse (pouvoir) construit avec un infinitif présent, pour rendre l’idée de potentiel.

4. Le style indirect au sens large Le style indirect est l’un des phénomènes les plus importants de la syntaxe latine. Sous sa forme la plus développée et la plus spectaculaire, tel que nous venons de le voir, il est surtout caractéristique de la prose narrative ou historiographique (César, Tite-Live) ; mais il apparaît aussi constamment, sous une forme élargie, dans les types les plus divers.

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En fait, les auteurs latins emploient systématiquement le subjonctif dans les subordon‐ nées (alors même qu’il n’y est pas obligatoire pour d’autres raisons) quand ils veulent mar‐ quer qu’elles résument les paroles ou rapportent la pensée de quelqu’un d’autre. Ce subjonctif de style indirect peut donc apparaître même en l’absence de tout verbe déclaratif. Nous en avons déjà rencontré un exemple clair à propos des subordonnées causales (cf. chapitre 20) : Non uenit quod aegrotat et Non uenit quod aegrotet pourraient se traduire tous deux par « Il n’est pas venu parce qu’il est malade » ; mais l’emploi dans le second cas du subjonctif de style indirect implique que la maladie n’est pas un fait constaté par celui qui parle, mais une justification avancée par la personne en question. La seconde phrase signifie, en fait : « Il n’est pas venu parce que, m’a-t-il dit (paraît-il, etc.), il est malade. » Ce que le français exprime par une incise, le latin le grammaticalise en recourant au subjonctif. Voici un autre exemple, cette fois dans une proposition relative. Cicéron fait allusion à deux reprises, dans sa correspondance, à l’opportunité de céder à certaines des exigences de César. Dans le premier passage, il fait état de sa propre opinion : Ego is sum qui illi concedi putem utilius esse quod postulat (Att., VII, 5, 5). Je suis homme à penser qu’il vaut mieux (litt. : il est plus utile) lui accorder ce qu’il demande. Postulat, verbe de la relative introduite par quod (dont l’antécédent id est sous-entendu), est, très normalement, à l’indicatif. Dans le deuxième passage, en revanche, Cicéron fait état de l’opinion d’autres per‐ sonnes : Nec adhuc fere inueni qui non concedendum putaret Caesari quod postularet (Att., VII, 6, 2). Je n’ai encore trouvé presque personne qui ne pense qu’il faut accorder à César ce qu’il demande. Postularet, verbe d’une relative exactement parallèle à la précédente, est cette fois au subjonctif (imparfait par concordance avec inueni), parce qu’il fait partie des paroles ou de la pensée de gens autres que Cicéron : il s’agit dès lors d’un style indirect. Le style direct correspondant (c’est-à-dire ce que les personnes en question ont déclaré à Cicéron) serait : Puto (ou putamus) concedendum Caesari quod postulat. De nombreuses grammaires, en particulier scolaires, expliquent ce type d’emploi du subjonctif par un phénomène purement formel d’« attraction modale » : le verbe d’une proposition subordonnée dépendant d’une autre subordonnée elle-même au subjonctif se mettrait à son tour au subjonctif, par une espèce de mimétisme (ou de recherche d’eupho‐ nie ?). Les deux exemples ci-dessus suffisent à faire justice de cette légende : la relative

Chapitre 23

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quod postulat dépend tout autant que quod postularet d’une subordonnée au subjonctif (qui… putem dans le premier cas, qui… putaret dans le second) ; elle n’en est pas moins restée à l’indicatif. Il est donc essentiel que vous soyez capables d’identifier ce type de subjonctif, puisque son emploi correspond à une volonté délibérée de l’auteur, à son intention de faire passer un message déterminé : il est donc fortement porteur de sens. Voici quelques exemples supplémentaires pour vous y aider. ● Suétone cherche l’origine de la folie de l’empereur Caligula :

Creditur potionatus a Caesonia uxore amatorio quidem medicamento, sed quod in furorem uerterit (Caligula, 50, 9). On croit qu’il fut empoisonné [passif personnel : cf. chapitre 20] par sa femme Caesonia au moyen d’un produit aphrodisiaque, certes, mais qui entraîna la folie (litt. : tourna en folie). Par l’emploi du subjonctif parfait uerterit dans la relative (introduite par quod, dont l’antécédent est medicamento, de medicamentum, ‑i, Nt.), Suétone marque que cette interprétation est le fait de ceux qui soutiennent la thèse de l’empoisonnement ; il ne la prend pas nécessairement à son compte. ● Pline le Jeune vient d’être nommé exécuteur testamentaire d’une vieille tante. Celle-ci

a fait un petit legs à son esclave Modestus, qu’elle croyait avoir affranchi par ailleurs. En fait, elle a oublié cette indispensable formalité. Pline va trouver les juristes : Conuenit inter omnes nec libertatem deberi, quia non sit data, nec legatum, quia seruo suo dederit (Lettres, IV, 10, 2). Tous sont tombés d’accord pour dire que (litt. : l’accord s’est fait entre tous que ; conuenit : verbe impersonnel) la liberté ne lui est pas due [c’est-à-dire que Pline n’est pas obligé de l’affranchir], parce qu’elle ne lui a pas été donnée, et le legs non plus, parce qu’elle l’a fait (donné) à son esclave [et que les esclaves n’ont pas la capacité d’hériter]. Les subjonctifs sit data et dederit dans les causales introduites par quia indiquent que Pline répète ici les paroles des juristes qu’il a consultés. Ils lui ont dit, en fait (discours direct) : Nec libertas debetur, quia non est data, nec legatum, quia seruo suo dedit. ● Cicéron écrit à Atticus qu’il a reçu une bibliothèque en héritage :

Paetus omnes libros quos frater suus reliquisset mihi donauit (Att., II, 1, 12). Paetus m’a fait cadeau de tous les livres que son frère avait laissés. Ici encore, le subjonctif indique que Cicéron fait écho à des paroles de Paetus : c’est de lui qu’il a appris l’origine de ces livres, qu’il ne connaîtrait pas autrement (cela pourrait être important en justice !). ● Dans un passage consacré aux révoltes des Bretons, Tacite mentionne la mort d’Ostorius,

un général romain qui les avait combattus :

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Ostorius concessit uita laetis hostibus, tamquam ducem haud spernendum bellum absumpsisset (Annales, XII, 39, 3). Ostorius quitta la vie (litt. : s’éloigna de la vie ; ablatif) à la grande joie des ennemis, comme si la guerre avait fait disparaître un général qu’on ne pouvait mépriser [c’est-à-dire un adversaire dangereux]. Absumpsisset n’est évidemment pas ici un subjonctif d’irréel : c’est un fait qu’Ostorius est mort et c’est un fait qu’il était un bon général. Mais tamquam introduit la pensée ou les paroles des ennemis, d’où le subjonctif (plus-que-parfait par concordance).

5. Pronoms réfléchis et non-réfléchis Nous avons vu que le latin dispose à la 3e personne, aussi bien pour les pronoms per‐ sonnels que pour les adjectifs possessifs, d’un double jeu de formes. Très sommairement, on peut dire que le réfléchi (se/suus) s’emploie quand on renvoie au sujet de la proposition ; dans le cas contraire, on a recours aux formes du pronom de rappel (ou anaphorique) is, ea, id (au génitif pour exprimer la possession : eius, eorum, earum ; cf. chapitre 16) : Nemo se ipse uidet. Nul ne se voit lui-même. Eos uidi. Je les ai vus. Le réfléchi peut renvoyer au sujet réel de la proposition, par exemple dans le cas des impersonnels paenitet, piget, etc. (cf. chapitre 20). Eum paenitet erroris sui. Il se repent de son erreur. Dans deux cas cependant, on rencontre les réfléchis se ou suus, alors qu’ils ne renvoient pas au sujet de la proposition dans laquelle ils se trouvent.

A. Le réfléchi indirect Dans une proposition subordonnée qui exprime la pensée du sujet du verbe principal, c’est le réfléchi qu’on utilise pour renvoyer à celui-ci. Galli metuebant ne caelum in capita sua incideret. Les Gaulois craignaient que le ciel ne leur tombe sur la tête (litt. : ne tombe sur leurs têtes). Les propositions où l’on trouve d’ordinaire le réfléchi indirect sont les complétives (infi‐ nitive ; ut, ne, quin ; interrogation indirecte), les circonstancielles de but et celles qui se trouvent au subjonctif à cause d’un style indirect au sens large (voir plus haut). Comparez, par exemple : Cicero Athenis doctissimos uiros inuenit quibus honori fuit philosophiam eum docēre. Cicéron trouva à Athènes des hommes très savants pour qui ce fut un honneur de lui

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enseigner la philosophie [c’est un fait constaté : ils la lui ont enseignée et cela a été un honneur pour eux]. Cicero Athenis doctissimos uiros inuenit quibus honori esset philosophiam se docēre. Cicéron trouva à Athènes des hommes très savants pour qui ce serait1 un honneur de lui enseigner la philosophie. La relative est au subjonctif parce qu’elle est présentée comme exprimant un calcul de Cicéron : il va les choisir en fonction de cela. Le réfléchi indirect (se renvoyant à Cicéron) accompagne normalement ce type de subjonctif. Decima legio ei gratias egit, quod de se optimum iudicium fecisset. La dixième légion le [= César] remercia (litt. : lui rendit grâce) de l’avoir très bien jugée (litt. : parce qu’il avait fait à son sujet un excellent jugement). Dans cette phrase, la proposition introduite par quod rapporte les paroles de la dixième légion ou de ses représentants (Optimum iudicium de nobis fecisti) ; se, réfléchi indirect, renvoie au sujet du verbe principal. N.B. Et si l’on veut renvoyer en même temps au sujet de la subordonnée ? On emploiera également une forme de se ou de suus, et l’on trouvera alors dans la même proposition deux réfléchis différents, l’un renvoyant au sujet de la subordonnée et l’autre au sujet de la principale. Au lecteur de s’y retrouver… Ariouistus respondit neminem secum sine sua pernicie contendisse. Arioviste répondit que personne ne s’était battu avec lui [= Arioviste] sans dom‐ mage pour lui [= personne].

B. Emplois absolus du réfléchi Dans certains cas précis, on emploie toujours les formes se et suus, sans égard aux notions de réfléchi ou de non-réfléchi. Suus, en particulier, apparaît : ● dans le sens de « son propre » :

Hannibalem sui ciues e ciuitate eiecerunt. Hannibal, ses propres concitoyens l’ont chassé de la cité. ● au pluriel (souvent), quand sui signifie « les siens ». Selon le contexte, sui désignera la

famille, les amis, les compatriotes, les soldats, etc. : Caesar suis respondit… César répondit aux siens [= à ses soldats, par ex.]… ● avec la préposition cum (avec) pour rattacher au possesseur l’objet possédé :

1. Ou, plus littérairement, « fût » (avec l’accent circonflexe indiquant qu’il s’agit d’un subjonctif imparfait et non, comme dans le premier cas, d’un passé simple).

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Caesarem cum classe sua in Hispaniam mittunt. Ils envoient César en Espagne avec sa flotte. Dans ce dernier cas, sua se trouvant dans une proposition principale (indépendante), il devrait normalement renvoyer au sujet de la proposition (= sujet de mittunt), et désigner la flotte de ceux qui envoient. Pour désigner la flotte de César, on s’attendrait à trouver eius. C’est la forme qu’on trouverait, s’il n’y avait pas de cum et d’objet possédé. ● devant quisque (chacun) :

Trahit sua quemque uoluptas. Son plaisir entraîne chacun (c’est-à-dire : Chacun est attiré par ce qu’il aime). Sua se rapporte pour le sens à quemque, et non, évidemment, à uoluptas.

C. En résumé ● Le pronom personnel se et l’adejctif possessif suus correspondent à :

– un emploi absolu du réfléchi ; – un réfléchi direct se rapportant au sujet de la proposition dans laquelle il se trouve (principale ou subordonnée) ; – un réfléchi indirect, si celui-ci se trouve dans une proposition subordonnée expri‐ mant la pensée du sujet du verbe introducteur. ● Le pronom personnel non-réfléchi eius (eorum, earum) désigne toujours une personne

autre que le sujet de la proposition où il se trouve et que le sujet du verbe introducteur.

6. Exercices Énoncés A. Faites l’exercice, puis traduisez à l’aide du dictionnaire. a) Suppléez le mot manquant (pronom personnel ou adjectif possessif). 1. Rex mittebat qui rumores ad … referrent. 2. Quadriremem cum remigibus … ceperunt. 3. Iterum de eisdem iudicabatur, ut esset reprehendendi potestas, si populum bene‐ ficii … paeniteret. 4. Dux … que milites fortiter pugnauerunt. 5. Dux milites … adhortatur.

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b) Transposez en discours indirect. Eos incusauit : « Quid ueremini ? Cur desperatis ? » c) Transposez en discours direct. Ariouistus respondit, si quid ille se uelit, illum ad se uenire oportēre. B. Traduisez le texte suivant et transposez-le en discours direct. Il s’agit de l’épisode fameux de l’enlèvement des Sabines (Tite-Live, Histoire romaine, I, 9, 14–15). Romulus, premier roi de Rome, cherche à apaiser et à rassurer les captives. Sed ipse Romulus circumibat docebatque patrum id superbia factum, qui conubium finitimis negassent ; illas tamen in matrimonio, in societate fortunarum omnium ciui‐ tatisque et, quo nihil carius humano generi sit, liberum fore ; mollirent modo iras et, quibus fors corpora dedisset, darent animos ; saepe ex iniuria postmodum gratiam ortam ; eoque melioribus usuras uiris quod adnisurus pro se quisque sit ut, cum suam uicem functus officio sit, parentium etiam patriaeque expleat desiderium.

Corrigés A. a)

1. Le roi envoyait (des gens) qui lui rapporteraient (pour lui rapporter) les bruits (qui couraient). La relative exprime une intention, d’où le subjonctif ; c’est l’intention du sujet du verbe principal, d’où le réfléchi indirect : se. 2. Ils prirent une quadrirème avec ses rameurs. Non réfléchi, mais il y a cum : suis. 3. On délibérait (jugeait) à nouveau des mêmes choses, pour qu’il fût possible de revenir en arrière (se reprendre ; gérondif de reprehendĕre) s’il arrivait que le peuple se repentît de son bienfait. Avec paenitet, c’est le réfléchi qu’on emploie pour renvoyer au sujet logique, qui est populum : sui. 4. Le général et ses soldats combattirent courageusement. Dux eiusque milites, car le réfléchi ne peut jamais désigner le sujet lui-même. C’est comme si on avait Dux pugnauit et eius milites pugnauerunt : non-réfléchi. 5. Le général exhorte ses soldats. Suos : réfléchi direct.

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b) Eos incusauit quid uererentur, cur desperarent. Il les mit en cause : que craignaient-ils ? pourquoi désespéraient-ils ? Interrogation indirecte au subjonctif et concordance. c) Ariouistus respondit : « Si quid (Caesar) me uult (ou uelit), eum ad me uenire opor‐ tet. » Arioviste répondit : « S’il [= César] me veut quelque chose, c’est lui qui doit venir à moi. » B. 1. Traduction Mais Romulus en personne allait de l’une à l’autre et leur expliquait que c’était la faute de leurs pères dont l’orgueil avait refusé toute union avec leurs voisins ; quant à elles, elles allaient devenir leurs épouses, partager tous leurs biens, leur patrie, et, ce que les hommes ont de plus cher au monde, l’affection de leurs enfants. Mais elles devaient apaiser leur colère, et, puisque le hasard livrait leur corps à un époux, lui donner leur cœur. Souvent le ressentiment de l’injure fait place ensuite à l’affection. D’ailleurs, elles auront de bons maris, d’autant plus qu’ils auront à cœur non seulement de remplir leurs propres devoirs, mais, en outre, de leur tenir lieu des parents et de la patrie qu’elles regrettent. 2. Transposition en style direct Romulus docebat : « Patrum id superbia factum (est), qui conubium finitimis negaue‐ runt ; uos tamen in matrimonio, in societate fortunarum omnium ciuitatisque et, quo1 nihil carius humano generi est, liberum2 eritis ; mollite modo iras, et quibus fors corpora dedit, date animos ; saepe ex iniuria postmodum gratia orta est ; eoque melioribus ute‐ mini uiris quod adnisurus3 pro se quisque est ut, cum suam uicem functus officio erit, parentium etiam patriaeque expleat desiderium. »

1. Quo : Abl. du pronom relatif, 2e terme de comparaison après carius (litt. « que quoi rien n’est plus cher »). 2. Liberum : forme archaïque de G. pl. pour liberorum. 3. Adnisurus est maintenu dans le discours direct pour signifier « est disposé à, a l’intention de s’efforcer » (valeur du participe futur). Si l’on estime que adnisurus sit dans le discours indirect exprime une simple postériorité, on aura le futur simple adnitetur. Chapitre 23

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Chapitre 24 Les conjonctions de coordination Récapitulation sur les emplois de cum, ne, quam, quod, ut Quelques locutions et mots latins encore en usage

1. Les conjonctions de coordination Les conjonctions de coordination sont des particules de nature adverbiale qui servent à unir des mots ou des propositions de même nature. Ces conjonctions sont généralement classées en cinq catégories, selon le rôle qu’elles jouent dans la phrase.

A. Copulatives ● Et : « et, aussi, même ». Le rôle habituel de et est d’unir deux éléments de même nature

et de même fonction grammaticale : Superbe et crudeliter imperare. Commander avec orgueil et cruauté. Parfois, et conserve sa valeur étymologique « (et) aussi, (et) encore, (et) même », notam‐ ment en corrélation (et… et) : Timeo Danaos et dona ferentes. Je redoute les Grecs, même quand ils font des cadeaux. Errabas, Verres, et uehementer errabas. Tu te trompais, Verrès, (et) tu te trompais même lourdement. Et terra et mari. À la fois par terre et par mer. Non seulement par terre, mais aussi par mer (cf. ci-dessous : ‑que). ● ‑que : « et ». La conjonction ‑que est un enclitique, c’est-à-dire un mot dépourvu d’accent

tonique contraint de s’appuyer sur le mot qui précède, raison pour laquelle, par conven‐ tion, on le « lie » à lui. Il ne peut donc jamais se trouver en début de phrase. Souvent, ‑que unit des mots entre lesquels il existe un rapport étroit :

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Terra marique. Par terre et par mer. Senatus populusque Romanus. Le sénat et le peuple romain (formule dont les initiales S.P.Q.R. figuraient sur les aigles romaines).

• Remarques

1) Lorsque l’énumération comporte plus de deux termes, on peut – répéter et entre chaque terme : Patrem et uxorem et filium amisi. J’ai perdu mon père, mon épouse et mon fils. – employer ‑que avec le dernier terme : Patrem, uxorem filiumque amisi. J’ai perdu mon père, mon épouse et mon fils.

2) Dans une même phrase, on peut rencontrer à la fois et et ‑que ; c’est que, pour l’auteur, les rapports entre les membres sont de nature différente ; -que marque alors un rap‐ port plus étroit entre deux éléments : Heluetii iam per angustias et fines Sequanorum suas copias traduxerant et in Haeduorum fines peruenerant eorumque agros populabantur. Les Helvètes avaient déjà fait passer leurs troupes, par un défilé, à travers le territoire des Séquanes, et ils étaient arrivés sur le territoire des Éduens et ravageaient leurs champs. On a donc : Heluetii… traduxerant… et peruenerant… ‑que populabantur. Populabantur n’est pas sur le même plan que traduxerant et peruenerant. L’auteur place deux actions sur le même plan : traduxerant et peruenerant ; ensuite, il joint à la seconde action une troisième, mais de manière plus intime : ‑que… populabantur. La construction rend bien compte de la réalité : les Helvètes passent par le territoire des Séquanes ; une fois arrivés chez les Éduens, ils ravagent leurs champs. 3) Il peut arriver qu’aucune conjonction n’unisse les éléments entre eux. Cette absence de liaison, appelée asyndète, est presque toujours un effet de style destiné à souli‐ gner une énumération, une gradation. Patrem, uxorem, filium amisi. J’ai perdu mon père, mon épouse, mon fils. Veni, uidi, uici. Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. L’asyndète apparaît aussi dans certains tours sans raison stylistique particulière ; c’est notamment le cas avec les noms des consuls désignant l’année. L. Pisone A. Gabinio consulibus. Sous le consulat de L. Pison et A. Gabinius (= en 58 av. J.‑C.). 4) Et ne s’emploie normalement pas devant une négation. Ainsi, le latin privilégie : – – – –

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neque (ou nec) à et non ; neue (ou neu) à et ne ; nec quisquam à et nemo ; neque ullus à et nullus.

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Fluctuat nec mergitur. Il est ballotté et ne sombre pas (devise de la Ville de Paris). Adspecto neque quemquam uideo. Je regarde et ne vois personne. N.B. Deux négations employées dans une même phrase s’annulent, sauf si la seconde est neque ou ne… quidem (cf. p. 263). … Nec hoc ille non uidit.… Et il n’a pas été sans voir ceci… Et il a vu ceci [les négations s’annulent, car nec précède non]. Collegae nec non (ou necnon) amico. À un collègue et néanmoins ami [formulation ironique laissant entendre que, a priori, un collègue ne peut être un ami]. Mais : Non possum nec cogitare nec scribĕre. Je ne puis ni réfléchir ni écrire [les négations ne s’annulent pas, car nec suit non]. ● Atque (ac devant consonne) : « et (d’autre part, même) ». N’oubliez pas que atque peut

introduire aussi le complément d’adjectifs tels que similis, aequus, etc. (cf. p. 355). ● Etiam : « aussi, même, encore ». Se place devant le mot sur lequel il porte ou en tête de proposition. Pour marquer une gradation plus forte, on emploie des conjonctions com‐ posées : non solum (ou non modo)… sed etiam : « non seulement… mais encore ». Non solum ad discendum propensi sumus, sed etiam ad docendum. Nous ne sommes pas seulement portés à nous instruire, mais aussi à enseigner.

B. Disjonctives ● Aut : « ou ». Indique qu’il y a une différence essentielle entre les membres, à tel point

qu’ils s’excluent généralement. Les deux membres reliés par aut forment donc une alternative1 : Vincendum aut moriendum est. Il faut vaincre ou mourir. ● Vel2, ‑ue (enclitique) : « ou ». Indique que la différence entre les deux membres est acces‐

soire, au point que le choix est comme indifférent : Vnus pluresue. Un ou plusieurs. uel, quo uerius dicam… ou, pour parler plus exactement…

1. En français, une alternative est une proposition composée de deux membres qui s’excluent. Une alternative comporte donc deux solutions, et deux alternatives quatre solutions. On confond souvent — à tort — « alternative » avec « solution, possibilité, choix ». Il est incorrect de dire : « Il n’y a que deux alternatives : être ou ne pas être » ; on doit dire : « Il n’y a qu’une alternative : être ou ne pas être ». 2. Vel, qui se rattache à la racine de uelle, signifie à l’origine « (ou) si tu veux ». Chapitre 24

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N.B. Vel peut également accompagner un superlatif. Il signifie alors « assurément, à coup sûr, vraiment » : Vel fortissimus. Vraiment le plus courageux. ● Siue (< *si-ue) : « soit ». Peut être répété : siue… siue, : « soit (si)… soit (si) ».

C. Adversatives ● At, sed, uerum : « mais, toutefois ». Elles marquent toutes une opposition vive (pour

introduire une objection, par exemple). On trouve sed et uerum surtout après un membre de phrase négatif : Sit fur, at est bonus imperator. C’est un voleur, soit ! Mais c’est un bon général. Non sibi, sed aliis, scribit poeta. Ce n’est pas pour lui, mais pour les autres, que le poète écrit. ● Autem, uero : « mais, or, quant à ». Elles marquent une opposition plus faible que sed,

uerum ou at et se placent souvent derrière le mot sur lequel elles portent : A nullo uidebatur, ipse autem omnia uidebat. Il n’était vu de personne, mais, lui, il voyait tout. ● Tamen : « cependant, néanmoins ». Cette conjonction est fréquemment employée après

une subordonnée de concession : Etsi optimus orator sis, tamen dicĕre non audes. Bien que tu sois un excellent orateur, tu n’oses cependant pas parler. ● Quidem : « du moins, certes, en tout cas ». Se place toujours en seconde position dans la

proposition : Id nos fortasse non perfecimus, conati quidem saepissime sumus. Nous n’y sommes peut-être jamais arrivés ; en tout cas nous avons essayé très souvent. Quidem est souvent employé dans la conjonction composée ne… quidem « ne pas… même, même… ne pas, ne pas… non plus ». Le ou les mots sur lesquels porte la négation sont enclavés entre ne et quidem : Ne uos quidem uidi. Je ne vous ai même pas vus. Ego non modo tibi non irascor, sed ne reprehendo quidem factum tuum. Non seulement je ne suis pas irrité contre toi, mais je ne te reproche même pas ton acte. Loin d’être irrité contre toi, je ne te reproche même pas ta conduite.

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D. Explicatives Nam, enim : « car, en effet, c’est que ». Elles introduisent une explication, un développe‐ ment de ce qui précède. Nam se place en début de phrase ; enim est le plus souvent post‐

posé (2e ou 3e position) :

Amicitia cum uoluptate complectitur ; nam laetamur amicorum laetitia aeque atque nostra. L’amitié est liée au plaisir ; car nous nous réjouissons de la joie de nos amis autant que de la nôtre. … Duo sunt enim hominum genera.… Il y a en effet deux genres d’hommes.

E. Conclusives ● Ergo, igitur (souvent en 2e position) : « donc, en conséquence ». Elles reprennent sous

forme de conclusion une idée ou un raisonnement qui précède : Cogito, ergo sum. Je pense, donc je suis. Quod est bonum omne laudabile est ; quod autem laudabile est omne est honestum, bonum igitur quod est honestum est. Tout ce qui est bon est louable ; or tout ce qui est louable est honnête, donc tout ce qui est bon est honnête. ● Itaque, quamobrem, quare : « c’est pourquoi ». Elles marquent surtout le résultat d’un

fait : Frater meus aegrotat ; itaque non ueniet. Mon frère est malade ; c’est pourquoi il ne viendra pas. Mon frère est malade ; aussi ne viendra-t-il pas.

2. Récapitulation sur les emplois de cum, ne, quam, quod, ut L’une des particularités les plus frappantes de la syntaxe latine est sans doute la grande polysémie de quelques outils grammaticaux très courants : cum, par exemple, est à la fois préposition et conjonction ; dans ce dernier rôle, il peut introduire des propositions de temps (plusieurs valeurs possibles), de cause ou même de concession. Il est essentiel, pour comprendre un texte, d’avoir présentes à l’esprit toutes les valeurs possibles de ces mots. Voici donc, sous forme de tableau récapitulatif, les différents emplois de cinq mots latins extrêmement fréquents : cum, ne, quam, quod et ut.

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A. Cum 1. Préposition Cum construit avec l’ablatif marque l’accompagnement ou la manière : Cum patre habitabat. Il habitait avec son père. Litterae cum cura scriptae. Une lettre écrite avec soin.

• Remarque

Un ablatif qui suit cum n’est pas obligatoirement régi par la préposition. Pour être sûr qu’on a affaire à la préposition, il faut que le temps et le mode du verbe de la proposition, ainsi que les autres mots, puissent être justifiés : Cum aduentu Caesaris in Gallia factiones essent, uictoria facilior fuit. Si l’on joint aduentu à cum, « avec l’arrivée de César », il est impossible de justifier le subjonctif essent. Cum est donc ici une conj. de subordination dont dépend essent (cum historique) ; aduentu est un ablatif de temps : Comme il y avait des factions (des divisions) en Gaule à l’arrivée de César, la victoire fut plus facile.

2. Conjonction de subordination ● avec l’indicatif : « au moment où, quand » (cum temporel)

Cum Caesar in Galliam aduenit, factiones erant. Lorsque César arriva en Gaule, il y avait des divisions. L’indicatif marque une simple coïncidence : il se trouve que, lors l’arrivée de César en Gaule, il y avait des divisions dans le pays.

• Remarques

1) Cum peut être accompagné de tum (alors), pour former une corrélation : Tum nostra bona intelligimus, cum ea amisimus. Nous comprenons (alors) notre bon‐ heur (litt. : les bonnes choses) quand nous l’avons perdu. 2) On peut être amené à traduire cum autrement que par « quand » : Cum sol oritur… Quand le soleil se lève… c’est-à-dire : Chaque fois que le soleil se lève… Cum tacent, clamant. Quand ils se taisent, ils crient. En se taisant, ils crient (leur silence est un aveu). Vix aduenit cum in morbum incidit. Litt. : Il fut à peine arrivé lorsqu’il tomba malade. À peine fut-il arrivé qu’il tomba malade.

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● avec le subjonctif :

– cum historique ; très fréquent dans les narrations, il introduit la circonstance qui est l’occasion de l’événement exprimé par la principale. Cum signifie alors « quand et parce que », « quand et alors que », etc. On le traduit souvent par « comme » : Cum Caesar in Galliam peruenisset, Galli ad eum legatos miserunt. Comme César était arrivé en Gaule, les Gaulois lui envoyèrent des ambassadeurs. Contrairement à l’indicatif, le subjonctif indique qu’il y a plus qu’un simple rapport de temps entre les deux faits (Les Gaulois attendaient l’arrivée de César pour lui envoyer des ambassadeurs). – cum suivi du subjonctif peut aussi introduire une proposition de cause (« puisque ») ou de concession (« bien que, quoique, alors que ») : Cum id cupias, manebo. Puisque tu le désires, je resterai. Quae cum ita sint, proficiscar (quae = et ea). Litt. : Puisque les choses sont ainsi, je partirai. Puisqu’il en est ainsi… Vu les circonstances… Cum absit a culpa, accusatur. Bien qu’il soit innocent, il est accusé (on l’accuse). Socrates, cum educi e custodia posset, noluit. Alors que Socrate pouvait s’évader de prison, il refusa.

B. Ne 1. Enclitique Particule de l’interrogation directe et indirecte (« est-ce que ? ») : Vidistine ? As-tu vu ? Dic mihi uenturusne sis. Dis-moi si tu viendras.

2. Négation ● accompagnant quidem (voir plus haut les conjonctions de coordination) :

La locution ne… quidem (ne… pas… même, ne… pas… non plus) porte sur le ou les mots enclavés ; ● exprimant le souhait (avec ou sans utinam) et le regret négatifs (utinam ne) : (Vtinam) ne ueniat ! Pourvu qu’il ne vienne pas ! Vtinam ne profectus esset ! Ah ! s’il n’était pas parti ! ● exprimant la défense :

Ne hoc feceris ! Ne fais pas cela ! ● avec le subjonctif concessif dans les indépendantes et avec dum, « pourvu que » :

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Ne sit Paula pulchra, at uxor mea est. Admettons que Paula ne soit pas belle, elle est néanmoins mon épouse. (Paula n’est pas belle, soit !…). Veniat, dum ne uideam. Qu’il vienne, pourvu que je ne le voie pas.

3. Conjonction de subordination Ne se construit toujours avec le subjonctif pour introduire : ● une complétive négative en dépendance d’un verbe exprimant l’ordre, le souhait, la

volonté : Ei dixi ne proficisceretur. Je lui ai dit de ne pas partir. Tibi suadeo ne legas. Je te conseille de ne pas lire. ● une complétive en dépendance d’un verbe de crainte ou d’empêchement. Il est à noter

que cette complétive est alors affirmative : Timeo ne ueniat. Je crains qu’il ne vienne. Je crains qu’il vienne. La crainte négative est introduite par ne non : Timeo ne non ueniat. Je crains qu’il ne vienne pas. ● une subordonnée circonstancielle de but : « afin que… ne… pas » :

Laborat ne fame intereat. Il travaille pour ne pas mourir de faim.

C. Quam 1. Adjectif-pronom relatif (Acc. F. sg.) : « que » Vrbs quam cepisti… La ville que tu as prise…

• Remarque

Ne confondez pas le relatif quam avec l’Acc. F. sg. : 1) du relatif de liaison, qui a la valeur d’un démonstratif accompagné d’une conjonction de coordination (et, sed, etc.), et qui se place en début de phrase : Roma pulcherrima urbs est. Quam si uides… (= Et si eam uides…) Rome est une très belle ville. Si tu la vois…

2) de l’adjectif-pronom indéfini quis (au lieu d’aliquis) après si, nisi, ne, num, « quelque » : Si quam mulierem uides… (= Si aliquam mulierem…) Si tu vois une femme…

2. Adjectif interrogatif (Acc. F. sg.) : « quelle ? » Quam urbem cepisti ? Quelle ville as-tu prise ? Dic mihi quam urbem ceperis. Dis-moi quelle ville tu as prise.

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3. Adverbe interrogatif : « comme(nt) ? » Vide quam facile Caesar Gallos uicerit. Vois avec quelle facilité (litt. : comment facile‐ ment) César a vaincu les Gaulois.

4. Adverbe introduisant un 2e terme de comparaison ● minus… quam ● tam… quam ● comparatif en ‑ior… quam

Paulus est minus doctus quam Petrus (tam doctus quam Petrus, doctior quam Petrus). Paul est moins savant que Pierre (aussi savant que Pierre, plus savant que Pierre). Lorsque le mot ne peut avoir de comparatif, on recourt aux tournures magis… quam ou plus… quam : Plus quam decem dies. Plus de dix jours. Quam peut aussi faire partie de conjonctions de subordination : ● ante (ou prius)… quam : avant que ; ● potius… quam : plutôt que.

• Remarques

1) Comparatif + quam ut + subjonctif, « trop pour » : Caesar potentior erat quam ut a Gallis uinceretur. César était trop puissant pour être vaincu par les Gaulois. 2) Quam sert aussi à renforcer un superlatif (adj. ou adv.), « le plus… possible » : Quam celerrimus. Le plus rapide possible. Quam celerrime. Le plus rapidement possible.

D. Quod 1. Adjectif-pronom relatif (N. Acc. Nt. sg.) : « que » Templum quod est in urbe… Le temple qui est situé dans la ville… Templum quod uidi… Le temple que j’ai vu… N.B. De même que pour quam, on ne confondra pas le relatif quod avec le relatif de liaison ou la forme quod (pour aliquod) : Quod ubi auditum est, omnes gauisi sunt (= Et ubi id auditum est…). Lorsque cela fut entendu, tous se réjouirent (À cette nouvelle…). Si quod templum uides… Si tu vois un temple…

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2. Adjectif interrogatif (N. Acc. Nt. sg.) : « quel ? » Quod templum est in urbe ? Quel temple est situé dans la villé ? Quod templum uidisti ? Quel temple as-tu vu ?

3. Conjonction de subordination ● introduisant une complétive, après certains verbes impersonnels et après les verbes de

sentiment : Male euenit quod cecidit. Il arriva par malheur qu’il tomba. Gaudeo quod uales. Je me réjouis que tu sois en bonne santé. ● introduisant une subordonnée de cause, avec l’indicatif ou le subjonctif :

Non laborabat, quod aegrotabat (aegrotaret). Il ne travaillait pas, parce qu’il était malade (parce que, disait-il, il était malade).

E. Vt La conjonction ut peut se présenter sous la forme uti, surtout devant une consonne ; il ne faut pas la confondre avec l’infinitif du verbe déponent uti, « se servir de, utiliser ».

1. Indicatif a. Valeur adverbiale Vt a conservé sa valeur adverbiale « comme, comment », notamment : ● dans l’interrogation :

Vt uales ? Comment vas-tu ? ● avec le sens de « comme, en tant que, eu égard à » :

Vt est mea memoria. Eu égard à ce qu’est ma mémoire. Pour autant que je me sou‐ vienne. Autant qu’il m’en souvienne. ● dans les propositions comparatives ; il est alors souvent en corrélation avec sic ou ita,

« de (la) même (façon) que…, ainsi… » : Haec, ut exposui, ita gesta sunt. Litt. : Ces choses ont été faites comme je l’ai exposé. Cela s’est passé comme je l’ai exposé.

b. Vt temporel : « lorsque, quand » Haec ut dixit, abiit. Lorsqu’il eut dit cela, il s’en alla.

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2. Subjonctif a. Vt complétif ● dans l’interrogation indirecte, avec sa valeur adverbiale « comme, comment » :

Dic mihi ut ualeas. Dis-moi comment tu vas. Cet emploi se trouve parfois avec un verbe de crainte (ut équivaut alors à ne non) : Timeo ut ueniat. Litt. : Je me demande avec crainte comment il pourrait venir. Je crains qu’il ne vienne pas. ● avec les verbes de volonté et d’activité :

Tibi suadeo ut proficiscaris. Je te conseille de partir. Cura ut ualeas. Veille à bien te porter.

b. Vt circonstanciel ● but :

Legatos misit ut pacem peterent. Il envoya des messagers pour demander la paix. ● conséquence (souvent annoncée par ita, sic, tantum, etc.) :

Tantum laborauit ut aegrotet. Il a tellement travaillé qu’il est malade.

• Remarque importante sur l’emploi des modes

La plupart des propositions subordonnées qui seraient à l’indicatif en style direct se trouvent, en style indirect, au subjonctif. Ainsi, dans les propositions temporelles (avec cum, dum, ut), conditionnelles réelles, comparatives (avec ut), complétives (avec quod) et relatives, l’indicatif disparaît au profit du subjonctif (avec concordance des temps). Une proposition construite avec l’indicatif dans le style indirect est le signe, précisément, qu’elle ne fait pas partie des propos rapportés, mais qu’elle constitue un ajout personnel de l’auteur.

3. Quelques locutions et mots latins encore en usage Accessit (litt. « il s’est approché (du prix) » ; parfait de accedĕre, ‑o) : distinction accordée au candidat qui s’est le plus approché du premier prix sans l’atteindre. A fortiori : « à plus forte raison ». Agenda (litt. « les choses à faire » ; adj. verbal au Nt. pl. d’agĕre, ‑o) : carnet dans lequel on inscrit les activités qu’il faut faire.

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Alibi (litt. « ailleurs ») : le fait de pouvoir prouver qu’on se trouvait ailleurs au moment d’un crime. A posteriori : abréviation de a posteriori ratione quam experientia, c’est-à-dire « en par‐ tant d’un principe postérieur à l’expérience », donc « à partir des données de l’expé‐ rience ». S’emploie à propos d’un raisonnement remontant de l’effet à la cause. On dit aussi, de manière un peu familière « après coup ». Cf. a priori. A priori : abréviation de a priori ratione quam experientia, c’est-à-dire « en partant d’un principe antérieur à l’expérience », donc « antérieurement à toute expérience ». Signifie exactement le contraite de a posteriori avec un sens un peu dérivé et souvent péjoratif ; l’expression substantivée (un a priori, des a priori) signifie « un préjugé ». Ces deux expressions, de même que ab absurdo, « par l’absurde », et a contrario, « par le contraire », sont issues du vocabulaire de la logique du Moyen Âge. Ad hoc : « (bon) pour cela, approprié » (une commission ad hoc : investie d’une mission précise, limitée). Ad hominem : dans l’expression « argument ad hominem », argument par lequel on confond un adversaire en lui opposant ses propres paroles ou ses propres actes. Ad libitum : « à sa guise, à volonté ». Bis : « deux fois » ; dans le domaine musical, signifie « répétez » (une note, un refrain, etc.). Curriculum vitae : « carrière de la vie ». Indications relatives au nom, à la nationalité, à l’état civil, aux études, etc., d’une personne. De facto (litt. « selon le fait ») : « d’après le fait, en pratique » (sens contraire de la locution suivante). De iure (litt. « selon le droit ») : « d’après le droit » (sens contraire de la locution précé‐ dente). De visu : « par la vue ». S’applique à un événement dont on a été témoin visuel, par opposition à de auditu, « par ouï-dire ». Dixi : « j’ai dit ». Termine de manière ironique un discours un peu solennel. Deus ex machina : « divinité sortant de la machinerie (de théâtre) ». S’emploie surtout pour désigner un dénouement improvisé et providentiel. Ex abrupto : « d’une façon abrupte, sans introduire son sujet ». Ex cathedra : « du haut de la chaire », c’est-à-dire en vertu de l’autorité « enseignante » que l’on tient de son titre. Désigne un cours donné intégralement par un professeur, sans aucune participation des étudiants. En mauvaise part : propos dogmatique et pompeux.

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Ex-libris : vignette apposée à un volume et indiquant qu’il « fait partie des livres » appar‐ tenant à… Ex-voto : « conformément au vœu (fait) ». Tableau, inscription, objet qu’on place dans les chapelles ou dans quelque lieu vénéré à la suite d’un vœu ou en remerciement d’une grâce obtenue. Factotum (litt. : fais tout) : homme à tout faire (le plus souvent péjoratif). Grosso modo (le premier mot est du latin médiéval) : « de façon approximative ». Habeas corpus : « (il faut) que tu aies le corps ». Institution d’origine anglo-saxonne qui a pour objet de garantir la liberté individuelle en remédiant au danger des arrestations arbitraires. Elle obligeait à produire le corps du détenu devant la cour afin que celle-ci statue sur la validité de l’arrestation. Hic : forme abrégée de l’expression Hic est quaestio, « C’est ici qu’est la question », ou bien Hic iacet lepus, « C’est ici qu’est le lièvre ». On l’emploie de manière substantivée dans des expressions comme « Voilà le hic ! » avec le sens de « difficulté, problème ». Hic et nunc : « ici et maintenant », en tenant compte des circonstances, et non d’un point de vue général et abstrait. Honoris causa (litt. « pour l’honneur ») : quand une université confère à quelqu’un le titre de docteur de manière symbolique, pour l’honorer, on parle d’un « docteur honoris causa ». Imprimatur : « qu’il soit imprimé ». Permission d’imprimer un ouvrage donnée par l’autorité ecclésiastique. In extenso : « d’un bout à l’autre », intégralement. In extremis : « dans les derniers (moments), à la dernière limite ». In fine : « à la fin ». Au propre : « en fin de page, de chapitre, etc. », par exemple ; au figuré, équivaut à « en définitive, finalement ». In medias res (litt. « au milieu des choses ») : dans le vif du sujet. In situ : « sur place ». Étudier le comportement d’un animal in situ (dans son milieu naturel). Intra-muros : « dans l’enceinte de la ville » (contraire : extra-muros). In vitro : « dans le verre », c’est-à-dire dans l’éprouvette, en laboratoire (contraire : in vivo, « sur le vivant »). Ipso facto : « par le fait même, du coup ». Lapsus (litt. « glissement, erreur ») : erreur commise en parlant (lapsus linguae) ou en écrivant (lapsus calami). Chapitre 24

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Manu militari (litt. « d’une main militaire ») : expulser quelqu’un manu militari, c’est le faire sortir en employant la force (souvent ironique). Mea-culpa (litt. « par ma faute ») : « faire son mea-culpa », c’est reconnaître son erreur, avouer sa faute. Memento (litt. « souviens-toi », impératif de meminisse) : carnet où l’on inscrit ce dont on veut se souvenir ; en particulier : petit ouvrage où l’on expose les notions de base d’un sujet donné. Cf. vade-mecum. Memorandum (litt. « chose qui doit être rappelée » ; adj. verbal de memorare) : note, le plus souvent de source diplomatique, contenant un exposé sommaire de l’état d’une question ; cette note est généralement destinée à rappeler à une autorité les revendica‐ tions d’une personne, d’un groupe ou d’un État. Modus vivendi : « manière de vivre (ensemble) », compromis. Mutatis mutandis : cf. p. 226. Nec plus ultra (avec ou sans traits d’union ; litt. « et pas plus au-delà ») : point ou degré impossible à dépasser. Nihil obstat (litt. « rien ne s’oppose ») : sur un livre religieux, indication de l’autorisation d’imprimer donnée par l’autorité ecclésiastique. Nota bene (litt. « note bien ») : synonyme de « remarque », nota bene (le plus souvent abrégé N.B.) attire l’attention sur un fait particulier. Primus inter pares (litt. « le premier parmi ses égaux, ses pairs ») : au sein d’un gouver‐ nement, le Premier Ministre est un primus inter pares, c’est-à-dire une personne dont le statut légal ne diffère pas de celui des autres ministres, mais qui, par ses fonctions, occupe une position privilégiée par rapport à ses collègues. Numerus clausus : « nombre clos », maximum autorisé dans un recrutement. Persona grata : « personne agréée auprès d’une autorité » (vocabulaire de la diplomatie) ; au figuré, « personne bienvenue ». Le contraire est persona non grata. Post-scriptum (litt. « écrit après ») : ce qu’on ajoute à une lettre après la signature (sou‐ vent abrégé P.S.). Quia (litt. « parce que ») : se rencontre dans l’expression « être réduit à quia », c’est-àdire ne pouvoir dire que « parce que », sans donner l’explication. Se dit de quelqu’un incapable de répondre par un bon argument. Quiproquo (de quid pro quod : « un quid au lieu d’un quod », d’où « une chose au lieu d’une autre »). Méprise qui consiste à prendre une personne pour une autre.

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Sic : « ainsi ». S’ajoute entre parenthèses à une citation textuelle qui comporterait une faute qu’on ne veut pas se voir imputer. Dans la conversation, on s’en sert parfois lorsqu’on rapporte les paroles de quelqu’un, pour marquer que les mots employés sont bien ceux de la personne en question. Sine die (litt. « sans jour ») : reporter une affaire sine die, c’est la reporter à une date ultérieure sans donner plus de précisions. Sine qua non (litt. « sans laquelle ne pas ») : une condition sine qua non est une condition que l’on exige absolument. Statu quo (pour statu quo ; litt. « dans l’état où [se trouvaient] précédemment [les choses] ») : état actuel des choses, de la situation. On dit donc « maintenir le statu quo », et non « maintenir le statu quo actuel », ce qui serait un pléonasme. Stricto sensu : « au sens strict » (opposé à lato sensu, « au sens large »). Sui generis (litt. « de son genre ») : « spécial, particulier ». Parfois employé ironiquement en parlant de ce qui caractérise une chose (une odeur sui generis). Terminus ante quem : « limite avant laquelle (un événement a eu lieu) ». Pour désigner la limite après laquelle un événement a eu lieu, on dit : terminus a quo ou terminus post quem. Ces expressions s’emploient souvent lorsqu’on ne peut dater un événement avec précision, mais seulement dire dans quelles limites de temps on peut le situer. Si l’on ignore les dates de naissance et de mort d’un auteur latin par exemple, mais qu’on sait qu’il était jeune en 100 av. J.‑C. et âgé en 25 av. J.‑C., on dira que 100 est un terminus ante quem pour sa naissance et 25 un terminus post quem pour sa mort. S’il est né après 100 av. J.‑C. et mort avant 25 av. J.‑C., 100 sera un terminus post quem pour sa naissance et 25 un terminus ante quem pour sa mort. Vade-mecum (litt. « va avec moi ») : ouvrage de petit format contenant les notions de base d’un sujet donné. On dit aussi un mémento ou un aide-mémoire.

Chapitre 24

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4. Exercices Énoncés A. Analysez de toutes les façons possibles. legeris B. Complétez les phrases par un subordonnant (conjonction, relatif) et traduisez. 1. Ita perge … instituisti. 2. Times … amici me irrideant. 3. Fieri potest … errem. 4. Maior est animi uis … corporis. 5. Tam clemens est … hostibus parcat. 6. Tam clemens est … fortis. 7. Pompeius ignes fieri prohibuit, … occultior esset suus aduentus. 8. Id negotium sic uelim suscipias … esset res mea. 9. Ita fortis erat … neminem fortiorem uiderim. 10. Fac … uenias. 11. Non dubito … ita sit. 12. Tantum sibi faciat … ego ei. 13. Belgae obsides inter se dederunt … fideliores alii aliis essent1. 14. Plures inimicos habes … putas. 15. … dubitaueritis magistratus adire2. C. Traduisez. 1. Iisdem libris utor quibus tu. 2. Dicit aliquid quod quo pertineat nemo intelligit. 3. Non is sum qui si quod rogas ignorem respondeam. 4. Tanto mihi dolori fuisti. 5. Vt ciuis tibi assentiri non possum3. 6. Victi petunt a uictoribus ut sibi parcant. 7. Caesar Ciceronem nouerat quid de se sentiret. 8. Tam similes alter alteri sunt ut uix discerni possint.

1. obses, ‑idis : l’otage. 2. magistratus, ‑us : le magistrat. 3. assentiri + D. : être de l’avis de, être d’accord avec.

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9. Nihil mihi ab istis noceri potest. 10. Equites iussi sunt se in castra statim recipĕre. 11. Latina quaedam uerba in Gallicam linguam transferenda non sunt1. 12. Ianuario mense, ut constituisti, cura ut Romae sis. 13. Nego quemquam esse uestrum quin hoc saepe audierit. 14. Quod consilium tibi dem nescio. 15. Noctu ambulabat quod dormire non posset. 16. Nisi quod consilium mihi dabis, errabo. 17. Te uidēre quam primum cupio. 18. Non is es qui amicos irrideas. 19. Saepe fit ut non intelligatis. 20. Erunt qui te reprehendant. D. Quelle différence y a-t-il entre les phrases suivantes ? 1. Quamquam grauis est tua culpa, ignosco. Quamuis grauis sit tua culpa, ignosco. 2. Fortior est quam putas. Fortior est quam ut timeat.

Corrigés A. 1. 2e p. sg. ind. prés. passif de legĕre, ‑o : tu es lu 2. 2e p. sg. ind. fut. passif de legĕre, ‑o : tu seras lu 3. 2e p. sg. ind. fut. ant. act. de legĕre, ‑o : tu auras lu 4. 2e p. sg. subj. pft act. de legĕre, ‑o : que tu aies lu 5. 2e p. sg. subj. prés. passif de legare : que tu sois envoyé, délégué B.

1. ut (en corrélation avec ita ; comparaison, car indicatif). Continue comme tu as commencé. 2. ne (avec un verbe de crainte ; ne non n’aurait guère de sens ici). Tu crains que mes amis ne se moquent de moi. Tu crains les moqueries de mes amis. 3. ut (avec fieri potest). Il peut arriver que je me trompe. Il peut m’arriver de me tromper. 4. quam (après un comparatif pour introduire le complément). La force de l’esprit est plus grande que celle du corps.

1. Gallica lingua : la langue française, le français. Chapitre 24

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5. ut (introduit une consécutive [car subjonctif] annoncée par tam). Il est tellement clément qu’il épargne les ennemis. 6. quam (introduit une comparative [car indicatif] annoncée par tam). Il est aussi clément que courageux. 7. quo (introduit une prop. finale avec un comparatif). Pompée interdit d’allumer des feux, afin que son arrivée soit plus secrète (discrète). 8. ut si (introduit une prop. comparative conditionnelle ; puisque le verbe principal est au présent, le subjonctif imparfait ne peut se justifier que comme un irréel du pré‐ sent : donc, uniquement ut si ou uelut si ; tamquam et quasi se construisent avec le subjonctif et la concordance des temps). Je voudrais que tu te charges de cette affaire comme si c’était ma chose (la mienne). 9. ut (introduit une prop. consécutive). Il était courageux à ce point que je n’ai vu personne de plus courageux (jusqu’ici). 10. ut ou parataxe (Fac [ut] uenias ; facĕre introduit une prop. complétive). Fais en sorte de venir. Tâche de venir. 11. quin (avec non dubito, introduit la complétive). Je ne doute pas qu’il en soit ainsi. 12. quantum (en corrélation avec tantum). Qu’il fasse autant pour lui-même que moi (je fais) pour lui. Qu’il fasse autant pour soi comme je fais pour lui (Corneille). 13. quo (avec un comparatif dans la subordonnée = ut de but). Les Belges échangèrent (litt. : se donnèrent entre eux) des otages pour être davantage fidèles les uns aux autres (pour mieux assurer leur mutuelle loyauté). 14. quam (avec un comparatif). Tu as plus d’ennemis que tu ne le penses. 15. ne (pour introduire une défense). N’hésitez pas à aller trouver les magistrats. Allez trouver sans crainte les magistrats. C.

1. J’utilise les mêmes livres que toi. 2. Il dit quelque chose dont personne ne comprend la portée (litt. Il dit quelque chose que personne ne comprend vers quoi elle tend). 3. Découpez la phrase afin de mieux voir sa construction : Non is sum qui… respondeam : Je ne suis pas homme à répondre si… ignorem : si j’ignore quod rogas : ce que tu (me) demandes. 4. Tu m’as fait tant de peine (double datif). 5. En tant que (litt. : comme) citoyen, je ne puis être de ton avis (être d’accord avec toi). 6. Les vaincus demandent aux vainqueurs de les épargner.

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Sibi renvoie évidemment à uicti, et non à uictoribus. 7. César savait ce que Cicéron pensait de lui. César connaissait les sentiments de Cicé‐ ron à son égard (litt. : César connaissait Cicéron ce qu’il pensait de lui). Comme c’est le cas ici, il arrive parfois que le sujet de la subordonnée soit placé comme complément dans la principale. Ici, on a donc : Caesar Ciceronem nouerat quid de se sentiret au lieu de Caesar nouerat quid Cicero de se sentiret. Ce phénomène s’appelle une prolepse. 8. Il sont tellement semblables l’un à l’autre qu’ils peuvent à peine être distingués. Ils se ressemblent tellement qu’on peut à peine les distinguer. 9. Litt. : Il ne peut être nui en rien à moi par ceux-là. Ceux-là ne peuvent me nuire en rien. Rappelez-vous que les verbes comme nocēre (non transitifs) ne peuvent se mettre qu’au passif impersonnel. 10. Litt. : Les cavaliers furent ordonnés de rentrer immédiatement dans le camp. On donna l’ordre à la cavalerie de rentrer immédiatement dans le camp. La cavalerie reçut l’ordre de… 11. Certains mots latins ne doivent pas être traduits en français. 12. Au mois de janvier, comme tu l’as décidé, veille à être à Rome. Conformément à ta décision, tâche d’être à Rome au mois de janvier. 13. Je dis qu’il n’y a personne d’entre vous qui n’ait souvent entendu cela. Au lieu de dicĕre non…, « dire que ne… pas », le latin emploie d’ordinaire negare. Negare quemquam = dicĕre neminem. Nemo est quin, « il n’est personne qui ne… pas » (= tout le monde). 14. Je ne sais quel conseil (je dois) te donner. Dem : subj. délibératif (ici, dans une interrog. indirecte). 15. Il se promenait la nuit parce que, disait-il, il ne pouvait dormir. 16. Si tu ne me donnes pas de conseil, je me tromperai. Quod : mis pour aliquod après nisi. 17. Je désire te voir le plus tôt possible. Je désire te voir au plus tôt. 18. Tu n’es pas homme à te moquer de tes amis. 19. Il arrive souvent que vous ne compreniez pas. 20. Il se trouvera des gens pour te blâmer. D. 1. Bien que ta faute soit grave, je te pardonne. Quelle que soit la gravité de ta faute, je te pardonne. 2. Il est plus courageux que tu ne le penses. Il est trop courageux pour avoir peur.

Chapitre 24

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Exercices de révision sur les chapitres 1–24

Énoncés A. Chassez l’intrus et justifiez votre choix. Ex. : aude, audet, audi, ausi. « Audi est le seul mot qui ne soit pas une forme de audēre ». 1. uidi, uini, uixi, uici, uexi 2. is, eas, eo, eos, ii 3. pulchri, celeri, crebri, miseri, integri B. Traduisez les phrases, puis transposez-les en style direct. Ex. : Tibi dico ut uenias. Je te dis de venir. – Tibi dico : « Veni ! » 1. Cato dicebat Carthaginem delendam esse. 2. Nuntiatum est eum, nisi aegrotauisset, uenturum fuisse. 3. Dux militibus dixit ne Gallos timerent. 4. Dicebat se multum uinum bibĕre quo beatior uiueret. C. Traduisez. 1. Nous aurions fait la même chose, si l’occasion1 nous avait été donnée. 2. Les soldats romains n’étaient jamais trop fatigués2 pour combattre. 3. Je crains que mon épouse ne décide de rester.

1. occasion : occasio, ‑onis. 2. fatigué : defessus, ‑a, ‑um. Exercices de révision sur les chapitres 1–24

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D. Version. Hannibal, le grand ennemi de Rome, s’est réfugié en Orient après la fin de la deuxième guerre punique. Il a trouvé asile chez le roi de Bithynie, Prusias ; mais des ambassadeurs romains viennent trouver ce dernier pour exiger qu’il le leur livre. His [= les ambassadeurs] Prusia negare ausus non est ; illud recusauit, ne id a se fieri postularent quod aduersus ius hospitii esset : ipsi, si possent, comprehenderent ; locum, ubi esset, facile inuenturos. Hannibal enim uno loco se tenebat, in castello quod ei a rege datum erat muneri, idque sic aedificarat ut in omnibus partibus aedificii exitus haberet, scilicet uerens ne usu ueniret quod accidit. Huc cum legati Romanorum uenissent ac multitudiue domum eius circumdedissent, puer ab ianua prospiciens Hannibali dixit plures praeter consuetudinem armatos apparēre. Qui imperauit ei ut omnes fores aedi‐ ficii circumiret ac propere sibi nuntiaret, num eodem modo undique obsideretur. Puer cum celeriter quid esset renuntiasset omnesque exitus occupatos ostendisset, sensit id non fortuito factum, sed se peti neque sibi diutius uitam esse retinendam. Quam ne alieno arbitrio dimitteret, memor pristinarum uirtutum, uenenum quod semper secum habēre consuerat sumpsit. Cornélius Népos, Vie d’Hannibal, 12, 3–5

Corrigés A. 1. uini : seul mot qui ne soit pas la 1re p. sg. d’un ind. pft act. (uidi < uidēre ; uixi < uiuĕre ; uici < uincĕre ; uexi < uehĕre). Vini : G. sg. de uinum, ‑i (le vin). 2. eos : seul mot qui ne soit pas à la fois une forme de is et de ire (is : N. sg. et 2e p. sg. ind. prés. ; eas : Acc. F. pl. et 2e p. sg. subj. prés. ; eo : Abl. M. Nt. sg. et 1re p. sg. ind. prés. ; ii : N. M. pl. et 1re p. sg. ind. pft). Eos : Acc. M. pl. de is. 3. celeri : seul adjectif de la 2e classe (celer, ‑eris : rapide). C’est donc la seule forme de D. Abl. sg.

B.

1. Caton disait que Carthage devait être détruite. Cato dicebat : « Carthago delenda est. » 2. On annonça que, s’il n’avait pas été malade, il serait venu. Nuntiatum est : « Nisi aegrotauisset, uenisset. » 3. Le général dit à ses soldats de ne pas craindre les Gaulois. Dux militibus dixit : « Ne Gallos timueritis ! » (ou « Nolite Gallos timēre ! ») 4. Il disait qu’il buvait beaucoup de vin pour vivre plus heureux. Dicebat : « Multum uinum bibo quo beatior uiuam. »

C. 422

1. Idem fecissemus, si occasio nobis data esset.

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2. Milites Romani numquam defessiores erant quam ut pugnarent. 3. Timeo ne uxor (mea) manēre statuat. D.

1–3. His = les ambassadeurs ; negare : « refuser », mais aussi « dire non » ; la construc‐ tion est : recusauit illud ne postularent a se fieri id quod aduersus ius hospitii esset (litt. : il refusa cela, (à savoir) qu’ils exigent que soit fait par lui ce qui était contre le droit d’hospitalité) ; esset : style indirect introduit par recusauit ; ipsi, si possent, comprehen‐ derent : style indirect dépendant de recusauit ; en style direct, on aurait : si potestis, comprehendite ; locum, ubi esset, facile inuenturos : en style direct, on aurait « locum, ubi est, facile inuenietis. » 3–5. Datum erat : avec double datif : ei, dat. d’avantage, muneri, datif de destination ; haberet : dans une prop. consécutive introd. par ut ; imparfait car conséquence dans le passé (et idée de durée) ; usu uenit (ou usuuenit) : il arrive ; subj. introduit par ne après un verbe de crainte ; impft car uerens (participe) correspond à un mode personnel au passé (uerebatur). 5–7. Huc : adv. démonstratif de lieu (direction) ; uenissent, circumdedissent : avec cum historique ; p-q-pft : antériorité par rapport à un verbe princ. passé (dixit) ; multitu‐ dine : abl. de moyen ; puer : « enfant » mais aussi « esclave, jeune esclave » ; ab ianua prospiciens : litt. : regardant vers l’avant à partir de la porte ; praeter consuetudinem (litt. : au-delà de l’habitude) : « plus… que d’ordinaire ». 7–8. Qui : relatif de liaison = et is (Hannibal) ; circumiret, nuntiaret : avec ut introd. par imperauit ; sibi : il s’agit évidemment d’Hannibal : sibi est donc un réfléchi indirect (renvoyant au sujet de la princ.) ; num… obsideretur : interrog. indir. introd. par nuntiare (annoncer si…) ; impft, car simultanéité par rapport à un verbe princ. passé (nuntiaret). 8–10. Renuntiasset (= renuntiauisset), ostendisset : subj. p-q-pft avec cum historique ; quid esset : interrog. indir. (cf. obsideretur) ; omnes fores occupatos : prop. inf. introd. par ostendisset ; sensit : il s’agit à nouveau d’Hannibal ; id non factum : prop. inf. introd. par sensit ; se peti : prop. inf. introd. par sensit ; petĕre, ‑o : chercher à atteindre (« Hannibal se rendit compte que c’était lui qu’on cherchait à atteindre ») ; sibi : D. avec l’adj. verbal (agent) ; uitam esse retinendam : prop. inf. (avec adj. verbal) introd. par sensit ; litt. « que la vie ne devait pas être conservée par lui plus longtemps ». 10–11. Quam : relatif de liaison = et eam ; eam reprend évidemment uitam, qui est le dernier nom de la phrase précédente ; dimitteret : subj. impft dans une prop. finale introd. par ne ; alieno arbitrio : abl. de cause ; pristinarum uirtutum : G. avec memor ; uirtutes : au pl. pour désigner une réalité concrète : « les circonstances dans lesquelles sa uirtus s’était manifestée » ; consuerat : pour consueuerat, p-q-pft de consuescĕre, ‑o : « prendre l’habitude de » ; le p-q-pft exprime un résultat dans le passé : « j’avais pris l’habitude de », d’où « j’avais l’habitude de » ; la construction est : sumpsit uenenum quod consuerat habēre semper secum ; habēre dépend donc de consuerat. Exercices de révision sur les chapitres 1–24

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Traduction Prusias n’osa pas leur dire non ; ce qu’il refusa, c’est d’être contraint par eux d’adopter une attitude qui allait à l’encontre du droit d’hospitalité : qu’ils l’arrêtent eux-mêmes, s’ils le pouvaient ; ils trouveraient facilement l’endroit où il demeurait. En effet, Hanni‐ bal n’avait qu’une seule résidence, un fortin dont le roi lui avait fait cadeau, et qu’il avait aménagé de manière à disposer d’issues dans toutes les parties du bâtiment, craignant évidemment que ne se produise ce qui se produisit. C’est en cet endroit que les ambas‐ sadeurs romains étaient arrivés et qu’ils avaient encerclé sa demeure d’une importante troupe, quand un jeune esclave, qui faisait le guet près de la porte, dit à Hannibal que des gens plus nombreux que d’ordinaire étaient là en armes. Celui-ci lui donna l’ordre de faire le tour de toutes les portes du bâtiment et de lui dire s’il était assiégé de partout de la même façon. L’esclave rapporta rapidement ce qu’il en était et l’informa que toutes les issues étaient gardées ; Hannibal se rendit compte que ce n’était pas l’effet du hasard, mais que c’était à lui qu’on en voulait et qu’il ne pouvait continuer à vivre plus long‐ temps. Afin de ne pas renoncer à la vie à cause de la volonté d’autrui, se rappelant ses actes de bravoure de jadis, il absorba le poison qu’il avait l’habitude d’avoir toujours sur lui.

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Chapitre 25 La dérivation des mots Conseils pour la version latine

1. La dérivation des mots Nous avons étudié au chapitre 22 le système auquel le latin a le plus souvent recours pour créer, à partir d’un verbe simple, de nombreux verbes composés. De même qu’en français, les verbes (qu’ils soient simples ou composés) et les noms peuvent aussi donner lieu à des formes dérivées grâce au procédé de suffixation, qui consiste à fabriquer de nouveaux mots par l’adjonction d’un suffixe au thème (verbal ou nominal). Grâce à ce système, le latin forme de très nombreux noms, adjectifs et adverbes dérivés ainsi que, de manière plus accessoire, quelques verbes.

A. Noms dérivés 1. Agent de l’action Les noms d’agent en ‑tor sont formés, en réalité, sur le thème du supin, auquel on ajoute le suffixe ‑or de la 3e déclinaison (G. sg. ‑oris) : ● amator : (celui) qui aime, qui a de l’affection (cf. amateur) ; ● monitor : (celui) qui avertit, guide, conseiller (cf. moniteur) ; ● lector : (celui) qui lit, lecteur ; ● auditor : (celui) qui écoute, disciple, élève, auditeur ; ● defensor (car le supin est defensum), (celui) qui défend, qui repousse, défenseur (opp. à

accusator, accusateur). Bien que ce type de formation soit très fréquent, il arrive cependant que certains mots dérivés ne soient pas attestés (ou très rarement) : ainsi captor (celui qui prend) est un mot presque inusité. Le féminin des mots en ‑tor, quand il existe, est en ‑trix (‑tricis) : amatrix (mais auditrix et captrix sont très rares ; *monitrix et *lectrix ne sont pas attestés).

Chapitre 25

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2. Faculté, action (pfs résultat) Les noms d’action se forment en ajoutant au thème du supin les suffixes ‑io (G. ‑ionis), ‑ura (G. ‑urae) ou ‑us (G. ‑us ; il s’agit du nom verbal par excellence, le supin : monit-um). Ici, plusieurs suffixes sont en concurrence ; certains verbes ont plusieurs composés, de sens analogue ou un peu différent, d’autres n’ont donné lieu à aucun composé de ce type. Le système est donc très souple : on ne peut jamais être sûr, sans consulter le dictionnaire, du type ni du nombre de noms dérivés d’un même verbe. Pour amare, monēre, legĕre, audire et capĕre, il existe, par exemple : ● amatio : rare et dans un sens précis (« manifestation d’amour, signe d’affection ») ; le

nom correspondant à amare est amor ; ● monitio et monitus : action d’avertir, avis, conseil ; ● lectio : action de lire ; lectus est très rare ; ● auditio : action d’entendre, audition ; auditus signifie plutôt : faculté d’entendre, ouïe,

action d’entendre par ouï-dire ; ● captio : action de prendre possession ; dans un sens péjoratif, tromperie, piège (cf. « Tel

est pris qui croyait prendre ») ; captura : action de prendre, mais surtout résultat de l’action : la prise (= ce qu’on prend) ; dans un sens péjoratif : profit malhonnête ; cap‐ tus : faculté de prendre.

3. Qualité, manière d’être Il s’agit le plus souvent de noms abstraits en : ● -ia (G. ‑iae) : amicitia (de amicus) : amitié, memoria (de memor) : mémoire, patientia (de

patiens) : endurance, uictoria (formé sur un nom lui-même dérivé de uincĕre : uictor) : victoire ● -tas (G. ‑tatis) : humanitas (de humanus) : sentiment humain, libertas (de liber) : liberté, auctoritas (formé sur auctor (dérivé d’augēre) : litt. « celui qui ajoute (foi), celui qui se porte garant ») : garantie, autorité ● -tudo (G. ‑tudinis) : multitudo (de multus) : foule, solitudo (de solus) : solitude ● -tus (G. ‑tudis) : uirtus (de uir) : courage, iuuentus (de iuuenis) : jeunesse

4. État ou lieu Noms neutres en ‑ium : hospitium (hospitalité), imperium (commandement), ingenium (caractère naturel), silen‐ tium (silence), praesidium (défense, protection) ; comitium (lieu de réunion du sénat), praetorium (tente du général)

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5. Moyen, instrument Noms neutres en : ● -mentum : argumentum (argument), impedimentum (obstacle, bagage), monumentum

(monument, œuvre ; en réalité : tout ce qui rappelle le souvenir ; on trouve aussi la forme monimentum, de monēre : avertir, rappeler) ● -men (G. ‑minis) : certamen (lutte), nomen (nom)

6. Diminutifs ● -ulus (G. ‑uli) : seruulus (jeune esclave), puerulus (jeune enfant) ● -culus (G. ‑culi) : fraterculus (jeune frère)

B. Adjectifs dérivés 1. Origine, appartenance ● -anus : Romanus (de Rome), urbanus (de la ville ; d’où : poli, cultivé) ● -ic(i)us : Gallicus (de Gaule), domesticus (de la maison, familier), tribunicius (du tribun) ● -ius : regius (du roi), proprius (à soi, propre) ● -nus : nocturnus (de la nuit, nocturne), hibernus (de l’hiver, d’hiver) ● -alis : liberalis (de l’homme libre), mortalis (de la mort, mortel) ● -ilis : hostilis (de l’ennemi), humilis (de la terre ; d’où : humble), seruilis (de l’escalve,

servile) ● -aris : familiaris (de la maisonnée, familier), popularis (du peuple)

2. Qualité, état ● -idus : cupidus (désireux), ualidus (en bonne santé), timidus (craintif) ● -uus : assiduus (assidu, continu), annuus (annuel)

3. Possibilité ● -ilis : facilis (facile), utilis (utile), docilis (disposé à s’instruire, soumis)

4. Diminutifs ● -ulus : paruulus (très petit) ● -culus : minusculus (tout petit, minuscule)

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C. Adverbes dérivés Adverbes de manière formés à partir d’adjectifs : ● de la 1re classe :

-e : bene (bien), male (mal), certe (certainement). On rencontre aussi des adverbes, qui sont à l’origine des formes d’adjectifs au neutre (‑o : Abl. sg. ; ‑um : Acc. sg.). -o : merito (justement), primo (en premier lieu), subito (soudain) ; -um : multum (beaucoup), tantum (autant), solum (seulement). ● de la 2e classe :

-e (parfois) : facile (facilement) ; -ter : celeriter (vite), fortiter (courageusement), uehementer (violemment).

D. Verbes dérivés Certains suffixes verbaux, porteurs d’un sens particulier, entrent en composition avec des verbes simples. ● -(i)tare : fréquentatif (… souvent) ou intensif (chercher à…)

– capĕre, prendre ; d’où captare, chercher à prendre, qui forme lui-même des dérivés : captator (celui qui cherche à prendre), captatio (action de chercher à prendre, envie de prendre). – dicĕre : dire ; d’où dictare, dire souvent, en répétant ; dicter, prescrire, ordonner. Sur le thème du supin dictat‑ a été formé dictator (dictateur : magistrat particulier à Rome), dictatura (dictature) et dictatorius (de dictateur). Il peut même arriver qu’on ajoute ‑itare à un verbe déjà composé de ce suffixe : ainsi dictitare, dire sans cesse, avoir toujours à la bouche. – agĕre, pousser, mener ; d’où agitare : pousser vivement, agiter, remuer. Agitare a même un doublet : actitare, dans le sens spécialisé de « plaider très souvent » ou « représenter souvent » (au théâtre). ● -scĕre, -o : inchoatif (se mettre à…, être en train de…)

– cognoscĕre : apprendre à connaître ; au pft : cognoui, j’ai appris, je sais. – senescĕre : devenir vieux ; au pft : senui : je suis (devenu) vieux.

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2. Conseils pour la version latine L’ambition de ce cours est de vous fournir les moyens nécessaires à la compréhension et à la traduction d’un texte latin que vous découvrez pour la première fois. Or, il n’existe pas de méthode parfaite de version latine qui permette de se conformer une fois pour toutes à un modèle d’analyse déterminé. Chaque texte est différent d’un autre et contient des difficultés qui lui sont propres : le style de son auteur, l’époque à laquelle il a été écrit, le genre littéraire auquel il appartient, le sujet dont il traite, etc., sont autant d’éléments qui lui confèrent son caractère particulier. À défaut de méthode et de recettes infaillibles, il faut donc tout mettre en œuvre pour arriver à comprendre et à traduire une page d’auteur. De plus, l’exercice de version exige que vous fassiez intervenir les connaissances que vous avez acquises en latin, mais aussi que vous sachiez les utiliser au moment opportun, avec autant de rigueur que de finesse. Une fois que vous avez compris le texte, il reste à accomplir la partie la plus délicate de l’exercice : montrer que vous l’avez compris, c’est-à-dire en donner une traduction qui ne soit ni littérale ni littéraire, mais française. Afin de vous aider une dernière fois dans votre travail, nous avons rassemblé dans les pages qui suivent une série d’indications générales sur le déchiffrement des textes et quelques conseils pratiques pour la version.

A. La lecture et la préparation du texte 1) Il faut procéder avec ordre et méthode : lisez d’abord le titre, qui donne généralement quelques renseignements qui vous seront utiles. Si la version s’intitule par exemple « La mort d’Hannibal », à la fin du texte, Hannibal doit être mort ! 2) Ensuite, lisez le texte par unités de sens ; elles sont généralement séparées par une ponctuation forte. Pour chaque phrase, isolez le ou les verbes à un mode personnel pour déterminer quel est le verbe principal. En règle générale, on peut dire qu’un verbe à mode personnel qui ne dépend d’aucun mot subordonnant est presque toujours le verbe principal ; il est souvent à l’indicatif, mais pas toujours : il peut être à l’impératif ou au subjonctif (potentiel, souhait, délibératif, etc.). 3) Recherchez les mots outils (conjonctions, relatifs, interrogatifs, particules) afin de déter‐ miner comment s’articulent les propositions. Chaque mot subordonnant introduit un verbe à un mode personnel, mais n’oubliez pas qu’un même mot subordonnant peut introduire plusieurs verbes sans être répété, à condition que ceux-ci soient de mode identique et unis par une conjonction de coordination ou juxtaposés.

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4) Les conjonctions de subordination et les pronoms relatifs, dont la fonction est d’intro‐ duire une subordonnée ou une relative, précèdent le verbe de la proposition : ces mots sont souvent annoncés dans la principale ou repris sous une autre forme. À l’inverse, le sens de certaines conjonctions ou constructions peut être souligné dans la proposition qui suit. Signalons notamment : ● les corrélatifs (par définition)

is… qui : celui… qui talis… qualis : tel… que tantus… quantus : aussi grand… que tam… quam : autant… que tot… quot : aussi nombreux… que eo… quo : d’autant… que ita… ut : de même… que, ainsi… ainsi (comparaison : indicatif) ita… ut : tant… que (conséquence : subjonctif) Esne talis qualem te uideo ? Es-tu tel que je te vois ? Quo plures stulti conuenerunt, eo magis cachinnant. Plus on est de fous, plus on rit. ● comparatif en ‑ior… quam : plus… que

minus… quam : moins… que plus… quam : plus… que potius… quam : plutôt… que ante (ou prius)… quam : avant que Scio mulierem fortiorem esse quam uirum. Je sais que la femme est plus courageuse que l’homme. Non ante laborare desinam quam hoc perfecero. Je ne cesserai pas de travailler avant d’avoir achevé cela. ● cum… tum : d’une part…, d’autre part aussi (cum adverbe)

cum… tum : quand…, alors aussi (cum conjonction) cum… tamen : bien que…, cependant (cum conjonction) Qualis cum semper tum post consulatum fuit ! Quel homme ce fut en tout temps et surtout après son consulat ! Cum id argumentis docuerat, tum etiam exemplorum copia utebatur. Lorsqu’il avait enseigné cela théoriquement, alors il recourait aussi à une foule d’exemples. Cum absit a culpa, tamen accusatur. Bien qu’il soit innocent, il est cependant accusé.

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N.B. Attention aux rapprochements abusifs : Cum meo iudicio tum omnium. Non seulement à mon avis, mais aussi de l’avis géné‐ ral [bien que cum précède immédiatement un ablatif, il ne s’agit pas ici de la pré‐ position]. ● le subjonctif concessif est très souvent corrigé aussitôt par at ou certe ; après une condi‐

tionnelle irréelle, le retour à la réalité se traduit d’ordinaire par nunc (uero) : Sit fur, at est bonus imperator. C’est un voleur, soit ! Mais c’est un bon général. Darem, si haberem ; nunc uero nihil habeo. Je donnerais, si j’avais ; mais, en fait, je n’ai rien.

B. L’ordre des mots Chaque fois que le texte le permet, respectez l’ordre des mots latins, afin de conserver à la phrase son sens exact, son rythme et ses nuances : bien que l’ordre des mots soit plus libre qu’en français, il n’est pas du tout indifférent. Ainsi : Petrus Paulum uidet. Pierre voit Paul. peut devenir : Paulum Petrus uidet. Petrus uidet Paulum. Paulum uidet Petrus. Videt Petrus Paulum, etc. et comporter autant de nuances qu’il y a de possibilités. En français, ce type de variation existe aussi : Pierre voit Paul. C’est Paul que Pierre voit. C’est Pierre qui voit Paul. Paul, Pierre le voit. Pierre le voit, Paul. Pour certaines catégories de mots, il existe, en latin, un ordre « normal » exprimant l’idée sans nuance particulière et un ordre expressif, qui met en relief un (ou plusieurs) élément(s) de la phrase. Il est donc utile que vous sachiez quels sont les éléments dont la place est relativement fixe dans la phrase. ● Le verbe principal se trouve souvent en fin de phrase.

Caesar se profecturum esse dicit. César dit qu’il partira. ● Un complément introduit par une préposition se place généralement immédiatement

après elle. Copias ad Caesarem misit. Il envoya des troupes à César.

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Laborare ad uiuendum. Travailler pour vivre. ● Les adverbes et les négations précèdent le terme sur lequel ils portent. La présence d’un

ne ou d’un non peut, par ailleurs, vous fournir une indication très utile sur la nature de la proposition ou sur la valeur d’un subjonctif. Non sibi, sed aliis, poeta scribit. Ce n’est pas pour lui, mais pour les autres, que le poète écrit. ● Normalement, l’adjectif épithète précède le nom pour exprimer la qualité d’un être ou

d’un objet, pour donner une appréciation à son sujet. Pulchra domus. Une jolie maison. Bonum uinum. Un bon vin. Vrbanus praetor. Un préteur spirituel. Mais, le même adjectif épithète se place après le nom s’il a une valeur déterminative, en précisant la caractéristique qui distingue l’être ou l’objet qualifié. Praetor urbanus. Le préteur urbain (par opposition au praetor peregrinus : le préteur pérégrin1). Ciuis Romanus. Un citoyen romain (opposé aux citoyens d’autres villes). Lorsque l’épithète est détachée du nom, elle prend une valeur particulière : Labor omnia uincit improbus. Le travail vient à bout de tout, quand il est opiniâtre.

c. Les propositions enclavées Nous avons déjà dit que les conjonctions de subordination et les pronoms relatifs pré‐ cèdent le verbe de la proposition qu’ils introduisent. À cet égard, on peut encore dire que le latin enclave souvent les propositions les unes à l’intérieur des autres (p. ex. : 1er subor‐ donnant, 2e subordonnant – 2e verbe, 1er verbe). Voici quelques exemples. ● Ille ut copias ad se mitteret a rege petiit.

Vt introduit une complétive, dont le verbe (mitteret) est le premier qu’on rencontre après la conjonction. Trad. : Il (Celui-là) demanda au roi de lui envoyer des troupes. ● Cur tam diu de uno hoste loquimur quem, quia, quod semper uolui, murus interest, non timeo. ● Quod… uolui est encadré par quia… interest, lui-même encadré par quem… non timeo.

1. Les préteurs étaient des magistrats romains chargés de rendre la justice. Le praetor urbanus s’occupait des procès où étaient en cause des citoyens, le praetor peregrinus de ceux où étaient en cause des étrangers.

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En décomposant la phrase, on a : – Cur tam diu de uno hoste loquimur ? Pourquoi parlons-nous aussi longtemps d’un seul ennemi (public) ? – quem… non timeo : que je ne crains pas – quia… murus interest : parce qu’un mur se trouve entre – quod semper uolui : que j’ai toujours voulu [ici : quod = id quod, ce que]. Trad. : Pourquoi parlons-nous si longtemps d’un seul ennemi public que je ne crains pas, car il y a un mur entre nous, ce que j’ai toujours voulu ? (ou :…, car — chose que j’ai toujours voulue — un mur nous sépare ?) ● Saepe homines qui cum aquam ut sitim leuarent gelidam bibissent morbo graui laboraue‐ runt primo releuari uisi sunt. On remarque immédiatement qui, cum, ut et leuarent, bibissent, laborauerunt, uisi sunt. On a donc : – – – –

Saepe homines primo releuari uisi sunt : Souvent des gens ont paru d’abord soulagés qui… morbo graui laborauerunt : qui ont souffert d’une grave maladie cum aquam… gelidam bibissent : comme ils avaient bu de l’eau glacée ut sitim leuarent : pour étancher leur soif.

Trad. : Souvent, des gens qui ont été gravement malades pour s’être désaltérés avec de l’eau glacée ont paru (ou se sont sentis) d’abord soulagés.

D. La fonction des mots Lorsque vous avez identifié le verbe principal, les conjonctions de subordination et les relatifs, ainsi que leurs verbes respectifs, il faut analyser de plus près les groupes de mots des différentes propositions. Idéalement, le sens général doit vous aider à grouper certains mots ensemble et à voir quelle relation ils entretiennent. Pour y parvenir, il n’est pas toujours nécessaire d’avoir recours à des règles de gram‐ maire ; par exemple, un grand nombre de verbes attendent une construction logique qu’on pourrait appeler « naturelle », en latin comme en français. Il s’agit donc de faire intervenir le bon sens plutôt que les connaissances. Par exemple : ● dire

qu’on part (prop. inf.) de partir (ut + subj.) pourquoi on part, si on part, etc. (interrog. indir.) qu’on part (inf. ou prop. inf.) ● savoir pourquoi on part, si on part (interrog. indir.)

● se demander si, pourquoi, comment on part, etc. (interrog. indir.) ● valoir autant, moins cher, etc. (prix)

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E. L’utilisation du dictionnaire Souvent, vous devez avoir recours à votre dictionnaire pour connaître le sens d’un mot, les temps primitifs d’un verbe, la déclinaison d’un nom, etc. Bien que cette démarche puisse vous être très utile, elle comporte cependant deux types d’inconvénients qui risquent de vous créer des difficultés. ● Vous devez d’abord trouver le mot dans le dictionnaire, c’est-à-dire, concrètement, connaître son N. sg. si c’est un nom, son N. M. sg. si c’est un adjectif, et surtout la 1re p.

sg. de l’ind. prés. actif s’il s’agit d’un verbe. Prenons un exemple : si vous rencontrez dans un texte la forme assueuit, au dictionnaire, vous ne trouverez ce mot que sous la forme : « assuesc‑, assuet‑, v. ads‑ ». Ce type de renvoi est très courant dans le Gaffiot ; il signifie que le mot n’a pas été enregistré sous sa forme assimilée (ass‑), mais dissimilée (ads‑). En consultant le dictionnaire, on lit : « adsueui, pft de adsuesco », auquel il faut encore se reporter. Voilà enfin le verbe : adsuescĕre, ‑o (s’habituer). À vrai dire, ce manque d’uniformité est largement compensé par la présence de nombreux renvois du type « attent‑, voir adt‑ », « att‑, voir adt‑ », « adsp‑, voir asp‑ », etc. ● En supposant que vous trouviez rapidement le mot que vous cherchez, il faut encore savoir lire intelligemment la notice qui lui est consacrée. Il faut pouvoir distinguer les emplois « classiques » des emplois tardifs ou poétiques, cerner le sens premier du mot, sans le confondre avec les sens dérivés. Trop souvent, on se laisse aller à reproduire la traduction du dictionnaire : pourtant, elle est rarement tout à fait adéquate et pratique‐ ment jamais la meilleure ; chaque notice vous obligera à faire preuve d’imagination pour trouver d’autres équivalents français. À l’inverse, méfiez-vous des correspondances apparentes entre le latin et le français. Par exemple : Ex luxuria auaritia exsistit. Après avoir reconnu dans luxuria un Abl. régi par ex et dans auaritia le sujet d’exsistit, il serait tout à fait incongru de traduire : L’avarice existe à partir de la luxure. Il faut comprendre : C’est du goût du luxe que provient la cupidité. Le latin a donc, comme l’anglais, une série de mots ressemblant à des mots français sans en avoir le sens : c’est pourquoi on les appelle souvent des « faux amis ». Lorsque vous rencontrez des mots qui vous paraissent familiers, la plus grande prudence est de rigueur : mieux vaut consulter le dictionnaire que commettre un contresens. Voici quelques exemples (tableau 1).

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Tableau 1. Quelques « faux amis » Mot latin

À traduire par…

et non par… (ou très rarement par…)

ambitio

brigue, campagne électorale

ambition

attendĕre, ‑o

tendre vers, prendre garde

attendre

auctoritas

crédit, influence, prestige

autorité

auaritia

convoitise, cupidité

avarice

campus

plaine, champ

camp

celebritas

fréquentation d’un lieu en masse

célébrité

conducĕre, ‑o

assembler, louer

conduire

confidĕre, ‑o

avoir confiance

confier

consentire

être d’accord, être du même avis

consentir

declarare

montrer, manifester, proclamer

déclarer

deficĕre, ‑io

faire défaut

défaire

demittĕre, ‑o

faire ou laisser descendre

démettre

denuntiare

annoncer, signifier

dénoncer

deprimĕre, ‑o

abaisser, abattre

déprimer

desiderare

regretter

désirer

destituĕre, ‑o

abandonner, faire défaut

destituer

disputare

examiner, discuter

(se) disputer

figura

configuration, forme, tournure

figure

grauitas

poids, force, sérieux, noblesse

gravité

ignobilis

inconnu, obscur

ignoble

infirmus

faible

infirme

informare

former, façonner

informer

instruĕre, ‑o

pouvoir, élever, bâtir

instruire

munitio

travail de terrassement, fortification

munition

obtinēre

tenir fermement, occuper

obtenir

officium

fonction, travail, obligeance

office

praesidēre

défendre, protéger, commander

présider

princeps

premier (en dignité), empereur

prince

publicare

confisquer

publier

quaestio

enquête, recherche, interrogation

question

recitare

lire à haute voix

réciter

recreare

rétablir, remettre en état

recréer

recusare

repousser, refuser, protester

récuser

religio

scrupule (religieux), respect

religion

remittĕre, ‑o

renvoyer, relâcher

remettre

reuocare

rappeler, faire revenir

révoquer

sermo

conversation, propos, langue

sermon

superbus

orgueilleux

superbe

traditio

action de livrer, transmission

tradition

uirtus

valeur, qualité, courage

vertu

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Le latin possède aussi un grand nombre de formes homographes, c’est-à-dire des formes qui s’écrivent de la même façon, mais qui appartiennent à des mots de sens très différent. Nous en avons déjà rencontré plusieurs. En voici quelques-unes (tableau 2). Tableau 2. Quelques formes homographes Forme abdico

Analyse – de abdicare : dire que ne… pas, nier – de abdicĕre, ‑o : repousser

accido

– de accidĕre, ‑o (< *ad-cadĕre) – de accidĕre, ‑o (< *ad-caedĕre)

naturae

– G. D. sg. de natura : la nature – part. fut. de nasci : naître – part. fut. de nare : nager

nisi

– part pft de niti : s’appuyer sur, s’efforcer de – = si non

soli

– G. sg. de solum, ‑i : le fond – D. sg. de sol, solis : le soleil – D. sg. de solus, ‑a, ‑um : seul

tenui

– D. Abl. sg. de tenuis, ‑is, ‑e : mince – parfait de tenēre : tenir

ueneris

– subj. pft et fut. ant. de uenire : venir – subj. prés. de uenari : chasser – G. sg. de uenus, ‑eris : amour, charme

uenire

– inf. prés. 4e conj. : venir – inf. prés. (composé de ire) : être mis en vente

uti

– inf. prés. de utor : utiliser = ut

Souvenez-vous également de formes telles que lege, legi, legeris, regis, ducis, duci, eam, eo, etc. En d’autres termes, les occasions de se tromper ne manquent pas. À vous d’analyser les formes (en isolant des finales), de donner leur nominatif ou leur infinitif et de vérifier au dictionnaire s’il existe un ou plusieurs mots semblables. N’oubliez pas que le contexte fournit le plus souvent des informations susceptibles de vous aider dans l’analyse, mais aussi que tous les mots doivent être justifiés sans exception (uti ne sera donc une forme d’utor que si la présence d’un infinitif peut être expliquée, etc.) Toutes ces précautions sont indispensables à la bonne compréhension du texte. Voici, pour terminer, trois exemples que vous pourriez rencontrer et qu’il faudra traduire de manière très différente selon le contexte : Seruus uenit. L’esclave vient (ou vint), mais aussi L’esclave est mis en vente. Aliquid noui. Quelque chose de nouveau, mais aussi Je connais quelque chose.

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Amico se fore contentum dicit. Il dit à son ami qu’il sera satisfait, mais aussi Il dit qu’il sera satisfait de son ami (ou pour son ami).

3. Exercice Dans l’introduction (cf. p. 36), nous vous avons donné comme exercice de lecture un extrait de Quintilien concernant précisément l’enseignement de la lecture aux jeunes Romains. Vous l’avez lu il y a longtemps, sans le comprendre ; c’est pourquoi le texte était suivi d’une traduction. Vous possédez maintenant les connaissances suffisantes pour com‐ prendre et traduire ce texte avec votre dictionnaire. Il est très peu probable que vous arri‐ viez à la même traduction que celle qui est proposée en-dessous de l’extrait. L’important n’est pas que vous arriviez au même résultat, mais que vous compariez les traductions et que vous observiez les points sur lesquels elles diffèrent. Demandez-vous si vous avez compris le texte ; si non, pourquoi ? si oui, essayez encore d’améliorer la traduction, qui doit rester un idéal autant qu’un exercice. On n’a jamais « fini » une version… Incredibile est quantum morae lectioni festinatione adiciatur. Hinc enim accidit dubitatio, intermissio, repetitio plus quam possunt audentibus, deinde, cum errarunt, etiam iis quae iam sciunt diffidentibus. Certa sit ergo in primis lectio, deinde coniuncta, et diu lentior, donec exercitatione contingat emendata uelocitas.

Commentaire Procédons méthodiquement, en analysant les phrases dans l’ordre où elles se présentent. 1. Incredibile… adiciatur. On trouve un verbe à l’indicatif (est) et un verbe au subjonctif adiciatur. Le verbe principal est donc très probablement est ; adiciatur ne peut être introduit que par quantum ; incredibile : N. V. Acc. Nt. sg. de incredibilis ; mora : le retard ; adicĕre (< *adiacĕre), ‑io : jeter vers, ajouter ; festinatio, ‑onis : la hâte, la précipitation. Litt. « Il est incroyable combien de retard est ajouté à la lecture par la précipitation. » Morae : G. partitif avec quantum ; adiciatur : subj. prés. dans une interrogation indi‐ recte introduite par quantum ? (combien grand ?). En réalité, la proposition quantum adiciatur est sujet de est et incredibile est l’attribut du sujet ; lectioni : D. dépendant d’un verbe composé de ad-. Dans ce contexte-ci, lectioni veut dire « à la lecture ». Pour garder l’idée d’« incroyable » au début de la phrase, il faut, en français, recourir à un gallicisme (« C’est incroyable le retard que… ») ou à une autre tournure (« On ne

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saurait croire quel retard… »). Cette dernière a l’avantage de rendre compte de la notion exprimée par quantum. Par contre, on dit plutôt, en français, « provoquer un (du) retard, causer un (du) retard », qu’« apporter du retard ». Par ailleurs, il est préférable de tra‐ duire « à l’apprentissage de la lecture » plutôt qu’« à l’enseignement de la lecture » ; en effet, Quintilien veut dire que la précipitation est d’abord nuisible aux jeunes enfants qui apprennent à lire ; elle n’est une cause de retard pour l’enseignement que par voie de conséquence. 2. Hinc… diffidentibus. Hinc (adverbe de lieu marquant l’origine) : d’ici ; dubitatio : doute, hésitation ; inter‐ missio : interruption, suspension, relâche ; repetitio : répétition, redite ; accidit : bien qu’il y ait trois sujets, accidit est au singulier : il arrive en effet qu’un verbe, au lieu de s’accorder avec l’ensemble des sujets, ne s’accorde qu’avec le sujet le plus proche. Plus quam possunt audentibus : audentibus ne peut être ici qu’un D. pl. du part. prés. d’audēre dépendant d’accidit (« à (pour) ceux qui osent plus qu’ils ne peuvent » ; « à ceux qui se risquent à en faire plus qu’ils ne peuvent »). Deinde : ensuite ; errarunt pour errauerunt : il s’agit d’une forme syncopée du pft de errare ; cum suivi de l’indicatif (errarunt) : cum temporel ; diffidĕre, ‑o + D. : se défier de ; diffidentibus est sur le même pied que audentibus. C’est donc un D. pl. La construction de la phrase est : Dubitatio … accidit audentibus plus quam possunt (deinde, cum errarunt) diffidentibus iis quae iam sciunt

On ne peut garder, en français, les deux participes. Il faut modifier la construction pour trouver une expression plus naturelle. Le sujet de audentibus et de diffidentibus est, implicitement, « ceux qui apprennent à lire ». 3. Certa… uelocitas. In primis : en premier lieu, avant tout ; cette expression ne se trouve pas au mot primus dans le Gaffiot, mais à imprimis, autre forme sous laquelle on la rencontre en latin ; lentior : le comparatif peut signifier « assez, relativement » ; diu : longtemps ; donec : jusqu’à ce que, aussi longtemps que (introduit contingat : subj. prés. pour mar‐ quer l’intention) ; exercitatio : l’entraînement ; contingĕre, ‑o : toucher à, atteindre ; intransitivement : arriver, se produire ; emendata : part. pft d’emendare : corriger, rec‐ tifier ; uelocitas : vitesse ; emendata uelocitas : litt. « une vitesse corrigée » ; il faut com‐ prendre « une vitesse (de lecture) sans faute ».

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Partie 1. Comprendre le latin

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Traduction On ne saurait croire combien la précipitation retarde l’apprentissage de la lecture. De là viennent, en effet, hésitations, arrêts, reprises : les élèves présument de leurs aptitudes, et, une fois qu’ils se sont trompés, ils se mettent à douter même de ce qu’ils savent déjà. Que la lecture soit donc, dans un premier temps, assurée, puis liée, longtemps assez lente, jusqu’à ce que, grâce à l’entraînement, on parvienne à une vitesse sans faute.

Chapitre 25

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Partie 2 Recueil de textes et documents

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Chapitre 1 La pratique du latin par les textes et la littérature Il serait vain de croire que l’étude même approfondie d’une méthode de latin, quelle qu’elle soit, permette de comprendre un texte de difficulté moyenne sans problème. La première partie de cet ouvrage expose le plus clairement possible le fonctionnement de la langue latine de manière relativement détaillée et complète. Les exercices de chaque cha‐ pitre visent à donner une maîtrise progressive de la langue et à permettre de déchiffrer et de traduire des phrases de plus en plus longues. Vous êtes donc censés posséder les connais‐ sances nécessaires à la compréhension du système de la langue ; il vous reste à les utiliser de la manière la plus adéquate et la plus efficace possible en face d’un texte. Il en va du latin comme de toutes les autres langues : une fois le bagage minimal acquis, le seul moyen de progresser est de pratiquer. Il faut donc lire des textes, non pas de manière rapide et superficielle, mais en s’attachant à les comprendre en détail et à les traduire. Or l’expérience montre que les traducteurs débutants commettent presque toujours les mêmes erreurs, qui sont dues soit à l’application automatique et aveugle d’une méthode plus ou moins adéquate, mais mal maîtrisée, soit — plus souvent encore — à l’absence totale de méthode. En guise d’introduction, vous trouverez quelques remarques sur le profil-type du traducteur débutant ; lisez-les attentivement, méditez-les et tenez-en toujours compte dans vos traductions ; ainsi, vous éviterez de prendre de mauvaises habitudes dont il est toujours difficile de se débarrasser. Par souci d’efficacité, nous avons renoncé à choisir les textes d’entraînement en fonction de leur portée littéraire ou historique. S’ils présentent malgré tout un véritable intérêt — Cicéron ou Sénèque sont indiscutablement de grands auteurs —, ces textes consistent le plus souvent en anecdotes, qui offrent l’avantage de pouvoir être traduites telles quelles, sans requérir de considérations préalables d’ordre littéraire ou historique. Il existe pour cela des histoires littéraires illustrées et des anthologies, auxquelles ce recueil n’entend pas se substituer (cf. bibliographie, p. 579). L’impératif du « classicisme » et celui d’une relative facilité excluaient d’accueillir des textes plus élaborés, plus « anormaux », plus difficiles — à commencer par la poésie. Ceci a conduit à laisser de côté plusieurs auteurs dont on a pu dire qu’ils justifiaient à eux seuls l’apprentissage du latin — de ces poètes et de ces prosa‐ teurs qui prennent rang parmi les grands génies de l’humanité. On a seulement tenté de remédier très partiellement à cette lacune en proposant quelques « grands » textes.

Chapitre 1

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Le présent chapitre comporte donc : ● 10 textes de difficulté croissante accompagnés d’un commentaire grammatical détaillé

(vocabulaire, syntaxe, construction) et d’une traduction aussi précise et fidèle que pos‐ sible. En principe, ces textes, analysés et expliqués sous vos yeux, ne devraient plus avoir aucun secret pour vous ; ● 10 textes classés selon le même critère, accompagnés d’une traduction, mais dépourvus

de commentaire. À vous de les analyser en détail, de les comprendre, puis d’en fournir une traduction personnelle ; ● 5 extraits d’auteurs que la difficulté de leur langue excluait du cours proprement dit, mais qui ont paru ne pas pouvoir être tout à fait absents d’un recueil de textes. Salluste, Lucrèce, Virgile, Pétrone et Juvénal ne sont pas les seuls auteurs latins à la fois « grands » et difficiles. Mais une initiation au latin digne de ce nom manquerait son objectif si elle ne vous inspirait pas le désir de vous livrer aussi à de telles lectures.

1. Quelques réflexions sur l’art de la traduction Les recueils de version latine (cf. bibliographie, p. 578) comportent souvent des consi‐ dérations d’ordre méthodologique et sont de précieux outils, mais ils ne peuvent pas tout. Les conseils pour la version donnés au chapitre 25 vous ont fourni quelques éléments utiles pour aborder la traduction d’un texte latin ; mais, en la matière, rien ne remplacera jamais une pratique personnelle de la traduction écrite. On se bornera ici à vous soumettre quelques propos qu’ont exprimés en termes clairs et savoureux d’éminents philologues et traducteurs sur l’art de la version.

A. Défauts de l’apprenti traducteur 1. Acceptation de l’absurde, hâte, impatience « S’il est vrai que l’apprenti traducteur a beaucoup à apprendre, il n’a peut-être pas moins à désapprendre. Souvent, il pèche moins par ignorance que par l’effet de mauvaises habitudes et de méthodes erronées. Avant d’apprendre ce qu’il doit faire pour bien traduire, il a besoin d’être mis en garde contre ce qu’il ne doit pas faire. Il a d’abord à désapprendre l’acceptation de l’absurde. L’habitude paresseuse de cher‐ cher le sens par recours à un mot à mot littéral conduit l’élève à s’accommoder souvent de calques puérils et ridicules. S’il n’arrive pas à tirer un sens de la transposition rudimentaire à laquelle le conduit cette méthode, il s’en lave les mains, et laisse à l’auteur latin la 444

Partie 2. Recueil de textes et documents

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responsabilité des sottises qu’il lui fait dire. Sans doute, les difficultés du latin sont telles que l’élève est parfois excusable de renoncer à les résoudre ; mais son attitude doit être au moins de reculer les limites du renoncement. Ce qui revient d’ordinaire à s’interdire la hâte et l’impatience. Il faut éviter la hâte à traduire. Car, par une sorte de disposition diabolique de l’esprit, l’élève se laisse entraîner couramment à traduire avant de comprendre. La traduction lui est suggérée en vertu d’une sorte d’automatisme et de réflexe qui le fait aller par une démarche directe de l’énoncé latin à l’énoncé français, du mot au mot. Or il doit se résigner à passer par un intermédiaire, qui est le sens. La démarche est à deux temps : aller d’abord des mots latins au sens, puis du sens aux mots français. Éviter non moins la hâte à comprendre. Se méfier du premier sens qui se présente à l’esprit. Attendre, avant de se prononcer, qu’on ait en mains tous les éléments d’interpré‐ tation. Ne pas supposer le problème résolu, pour plier ensuite les données à la solution. Autrement dit, résister à l’intuition, qui est la pire ennemie de l’intelligence, et en quelque manière un aspect prestigieux de l’étourderie. Ne pas croire que ce qu’il y a dans une phrase, c’est nécessairement ce qu’on s’attend à y trouver. Tenir en horreur la formule : ‘Ça doit être ça qu’il a voulu dire.’ Au reste, ces précautions prises, on se gardera encore de l’espoir que chaque phrase, même méthodiquement abordée, puisse livrer aussitôt son secret. Il y aura des arrêts, des efforts vains, des obstacles infranchissables. Que faire alors ? Ne pas s’obstiner, mais ruser. Attaquer l’obstacle de biais, et même par derrière1. »

2. Le français esclave du latin « Sous prétexte de traduction ‘mot à mot’, il est absolument inutile de s’habituer à des phrases ‘petit nègre’ en attendant de faire du ‘bon français’. Du latin bien construit et tra‐ duit en français en gardant l’ordre des mots ne peut évidemment pas présenter le même raffinement de nuance dans les termes que devra comporter la traduction définitive, mais une première traduction ‘barbare’ est beaucoup plus difficile à ‘civiliser’ qu’une pensée logique, même fruste2. » « La règle essentielle est de n’écrire que des choses sensées et claires. Quiconque, sous prétexte qu’il n’a pu atteindre la pensée de l’auteur, écrit des non-sens et des obscurités, se déconsidère absolument3. » « Quand on a tout fait pour comprendre un texte latin et qu’on croit être arrivé au bout de ses peines — ou de son plaisir —, il reste un écueil où viennent d’ordinaire échouer

1. J. Marouzeau, La traduction du latin, 5e éd., Paris, 1963, p. 13–14. 2. Th.-M. Trédez-Reibel, Les principales difficultés de la traduction latine, 2e éd., Paris, 1941, p. 5. 3. H. Petitmangin, Versions latines commentées, 15e éd., Paris, 1959, p. XIII. Chapitre 1

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science et bonne volonté : la traduction. Tâche si difficile que les élèves l’abordent d’ordi‐ naire sans illusion, prêts à livrer, en échange d’un latin obscur, un français inintelligible. L’exercice de la version, a dit un latiniste, conduit la moyenne des élèves à l’‘acceptation sereine de l’absurde’ ; résignation illustrée par l’anecdote que rapporte, je crois, René Dou‐ mic : ‘Ça n’a aucun sens, disait un père à son fils, ce que tu as écrit là !’ — ‘Mais, papa, répondait le fils, c’est une traduction1 !’» « Il y a la suggestion ou plutôt la tyrannie de ce qu’on peut appeler le vocabulaire tra‐ ditionnel de la version latine, qui nous montre le ‘prince’ à la tête de ses ‘guerriers’, dressant des ‘embûches’ et répandant le ‘carnage’, puis regagnant sa ‘cité’ pour célébrer par des ‘festins’ la ‘vertu’ de ses ‘légions’. (…) Il y a des traductions stéréotypées qui, sans dater comme celle-là, marquent presque autant et bannissent des textes quantité de bons et beaux mots français2. » « Nous croyons avoir tout fait quand, en traduisant un texte latin, nous l’avons mis en ‘bon français’. Mais qu’appelle-t-on d’ordinaire traduire ‘en bon français’ ? C’est réaliser ce type de langue littéraire passe-partout qui ne ressemble à rien parce qu’elle est à tout le monde, synthèse de tout ce qu’il y a dans la langue de termes et de tours traditionnels, de formules toutes faites, d’alliances de mots attendues, de clichés, d’élégances à bon marché. Bien heureux quand on ne descend pas plus bas pour adopter cette langue traditionnelle dont j’ai parlé plus haut, qui a ramassé au cours des siècles tout un attirail de termes et de tours d’une élégance aujourd’hui désuète, et qui constitue un véritable jargon de la ver‐ sion latine3. »

B. Qualités de la traduction « La marque d’une bonne traduction, c’est qu’elle permette de porter sur le texte traduit un jugement de valeur conforme à celui qu’on porterait sur le texte à traduire4. » « Si l’auteur que je traduis, pensant comme il pensait, avait dû se servir de ma langue, ou plutôt si ma langue avait été la sienne, comment aurait-il rendu ce fait, cette idée, ce sentiment5 ? » Pour tendre vers cet idéal, le traducteur doit faire preuve à la fois de science et de conscience.

1. 2. 3. 4. 5.

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J. Marouzeau, Introduction au latin, 2e éd., Paris, 1954, p. 141. Id., Introduction au latin, p. 143. Id., Introduction au latin, p. 147–148. Id., Traduction du latin, p. 73. A.R. Vinet, dans Le semeur, 6 (1837), p. 86 (= Mélanges littéraires, Lausanne, 1955, p. 410).

Partie 2. Recueil de textes et documents

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1. Science « Une bonne traduction française doit réunir trois qualités : 1) être exacte, c’est-à-dire rendre avec une précision attentive le sens et les nuances des mots latins et de la phrase latine ; 2) être aisée, c’est-à-dire ne renfermer aucune tournure, et notamment aucune inversion, qui heurte le génie de la langue française ; 3) être adroite, c’est-à-dire rendre le style et le ton de l’écrivain latin, de telle sorte que même dans le texte français transparaissent son génie ou son talent, ses qualités et ses défauts propres1. »

2. Conscience « Il y a une disposition du traducteur difficile à corriger, parce qu’elle a ses racines dans notre amour-propre littéraire, c’est la tentation de sacrifier le sens à la forme, ou, comme on dit volontiers par euphémisme, la littéralité à l’élégance. La question que se posent sou‐ vent les élèves, en invoquant parfois les préférences, plus ou moins bien interprétées de leurs maîtres, c’est : ‘Faut-il être exact ou faut-il faire du bon français ?’ Question que je transposerai de la manière suivante : ‘Étant donné les deux langues, de forme et d’esprit si différents, telles que le passage direct de l’une à l’autre n’est pas possible, et qu’il faut pour rendre l’une par l’autre des efforts et des ruses sans fin, sûr, quoi qu’on fasse, de rester en dessous de la tâche, laquelle des deux obligations incompatibles devons-nous sacrifier : la fidélité au texte ou la qualité de la forme ?’ Je dirai sans hésiter, et sachant par expérience ce qu’il en coûte de s’en tenir à cette réponse : ‘Ni l’une ni l’autre.’ Si l’on accepte en principe de renoncer à une partie de la tâche, c’en est fait de la tâche tout entière. Il faut que la traduction soit exacte et il faut qu’elle soit ‘française’. Comme les deux obligations sont impossibles à réaliser en même temps, on restera nécessairement à mi-chemin de l’une et de l’autre, mais cette approximation vaudra mieux que l’espèce de demi-perfection qui consiste à compenser l’abandon d’une obligation par l’observation de l’autre. Le pire serait pour le traducteur d’accepter le principe des compromissions. Il faut que la traduction soit et demeure une lutte2. »

1. M. Rat, Comment faire la version latine, 5e éd., Paris, 1954, p. 73. 2. J. Marouzeau, Introduction au latin, p. 150. Chapitre 1

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2. Textes commentés et traduits A. Les livres sibyllins In antiquis annalibus memoria super libris Sibyllinis haec prodita est. Anus hospita atque incognita ad Tarquinium Superbum regem adiit, nouem libros ferens, quos esse dicebat diuina oracula ; eos uelle uenundare. Tarquinius pretium percontatus est. Mulier nimium atque inmensum poposcit ; rex, quasi anus aetate desiperet, derisit. Tum illa focu‐ lum coram cum igni apponit, tris libros ex nouem deurit et ecquid reliquos sex eodem pretio emĕre uellet regem interrogauit. Sed enim Tarquinius id multo risit magis dixitque anum iam procul dubio delirare. Mulier ibidem statim tris alios libros exussit atque id ipsum denuo placide rogat, ut tris reliquos eodem illo pretio emat. Tarquinius ore iam serio atque attentiore animo fit, eam constantiam confidentiamque non insuper habendam intellegit, libros tris reliquos mercatur nihilo minore pretio quam quod erat petitum pro omnibus. Sed eam mulierem tunc a Tarquinio digressam postea nusquam loci uisam constitit. Libri tres, in sacrarium conditi, Sibyllini appellati ; ad eos quasi ad oraculum quindecimuiri adeunt, cum di immortales publice consulendi sunt. Aulu-Gelle, Nuits attiques, I, 19

Commentaire 1. Memoria : faculté de mémoire, mais aussi souvenir que l’on rapporte ; prodĕre, ‑o : livrer, trahir ; super + Abl. : au sujet de, à propos de. 1–3. Anus, ‑us (F.) : vieille femme (à ne pas confondre avec annus, ‑i : l’année) ; hospita : femme qui donne (ou reçoit) l’hospitalité (hôtesse ou étrangère) ; libros, à ne pas confondre avec liberos (les enfants) : il s’agit ici de livres ; nouem : 9, à ne pas confondre avec nouus (nouveau) ; oraculum, ‑i : oracle ; quos… oracula : construction fréquente en latin, où un relatif (quos) est à la fois sujet de esse et COD de dicebat ; oracula est donc à l’Acc. (attribut du sujet quos) ; uenundare (vendre) dépend de uelle, qui est lui-même à l’inf., car il est toujours en dépendance de dicebat, qui introduit donc un style indirect : (elle disait qu’)elle voulait les vendre. 3–4. Percontari : interroger, s’informer ; quasi… desiperet : prop. comparative condi‐ tionnelle ; subj. impft avec quasi, car concord. des temps (simultanéité par rapport à un verbe princ. passé : derisit). 4–6. Coram : adv. et prép. + Abl. (devant, en face de), il s’agit ici de l’adv. ; foculus : le petit foyer (diminutif de focus, ‑i : le feu, le foyer) ; apponĕre, ‑o : placer devant, disposer ; tris est une forme archaïque de tres (Acc.) ; deurĕre, ‑o : brûler complètement ; ecquid : Acc. Nt. sg. du pronom interrog. ecquis (est-ce que quelqu’un ?) ; le neutre est employé ici

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adverbialement et équivaut à une particule interrogative (num) ; il s’agit d’une interrog. indir. introduite par interrogauit (le verbe est donc au subj. : uellet) ; emĕre dépend de uellet ; eodem pretio : Abl. de prix (au même prix ; illo : le prix des neuf livres). Les verbes princ. (apponit, deurit et interrogauit) ne sont pas tous au même temps : apponit et deurit sont des présents historiques, en alternance avec un temps passé (interrogauit). 6–7. Risit et dixit sont les deux verbes princ. ; le premier a id comme complément (aliquid ridēre, ‑eo : se moquer de qqch), le deuxième introduit une prop. inf. dont le verbe est delirare ; procul dubio : litt. « loin du doute, sans aucun doute » ; iam se traduit différemment selon les contextes : « il y a un instant » (passé), « maintenant » (présent), « dorénavant » (futur), « dès lors » (rapport logique). 7–8. Exussit et rogat sont les 2 verbes princ. ; de rogat dépend une complétive (ut emat) ; ces 2 verbes ne sont pas au même temps : exussit est le pft de exurĕre, ‑o (brûler complètement), rogat est un présent historique (ce qui explique pourquoi on a emat : subj. prés.). La prop. complétive est annoncée dans la princ. par id (COD de rogat) ; denuo : à nouveau ; placide : calmement (adv. formé sur placidus) ; eodem illo pretio : litt. « à ce même prix-là » (au même prix que précédemment). 8–10. La phrase comporte 3 prop. princ. juxtaposées (fit, intellegit et mercatur) ; ore serio et attentiore animo sont des Abl. de qualité ; intellegit introduit une prop. inf. (habendam pour habendam esse) ; habendam est un adj. verbal ; insuper habēre, ‑eo : considérer à la légère, négliger ; avec mercatur, on attend un compl. de prix à l’Abl. (nihilo… pretio) ; avec un comparatif (minore), on attend un second terme de compar. (quam…) : litt. « à un prix en rien moins élevé que ». Quod… omnibus : la phrase impose d’analyser quod comme un pron. relatif Nt. (dont l’antécédent est donc pretio). 11. Le verbe princ. est constitit (il est établi, il est certain), dont dépend une prop. inf., eam mulierem uisam (esse) ; digressam : part. pft de digredi (s’éloigner de, partir) ; nus‐ quam : nulle part ; loci est un G. sg. (G. partitif avec nusquam : en aucun endroit). 11–13. Sacrarium : endroit consacré, sanctuaire ; condĕre, ‑o : « fonder (une ville), éta‐ blir », mais aussi « mettre de côté, garder, conserver, cacher » ; adire (ad) libros (litt. « aller vers les livres ») : consulter, se reporter aux livres (Sibyllins) ; Tarquin créa un collège spécial de prêtres préposés à la garde de ces livres : à l’origine, ils étaient deux (duumuiri), puis dix (decemuiri) et enfin quinze (quindecimuiri) ; cum… sunt : il s’agit d’un cum temporel (avec l’ind.) ; di pour dei (les dieux) ; publice (adv. formé sur publicus, adj. correspondant à populus, le peuple) : « au nom de l’État, officiellement » ; consulendi : adj. verbal marquant l’obligation.

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Traduction Les annales d’autrefois ont conservé l’histoire suivante à propos des livres de la Sibylle1. Une vieille dame étrangère et inconnue se rendit auprès du roi Tarquin le Superbe2 avec neuf livres, qui contenaient, disait-elle, les oracles de la Sibylle. Elle voulait les vendre. Tarquin s’enquit du prix ; la femme en demanda un prix excessif, exorbitant. Le roi se mit à rire, comme si la vieille radotait, vu son âge. Elle installe alors devant lui un petit foyer, y brûle trois des neuf livres et demande au roi s’il veut acheter les six autres au même prix. Tarquin rit évidemment de plus belle et dit que la vieille, cette fois, avait sûre‐ ment perdu la raison. Aussitôt, la femme brûle trois autres livres et lui demande de nouveau calmement d’acheter les trois derniers au même prix. À ce moment, Tarquin se fait grave et plus attentif ; il se dit qu’il ne doit pas prendre à la légère pareille fermeté et pareille assurance, et il achète les trois derniers livres exactement au prix qui avait été demandé pour l’ensemble. On sait que cette femme quitta alors Tarquin et qu’on ne la revit ensuite nulle part. Les livres, au nombre de trois, déposés dans un sanctuaire, furent appelés Sibyl‐ lins ; les quindécemvirs les consultent comme un oracle, quand il faut interroger les dieux immortels au nom de l’État.

B. La désignation du successeur d’Aristote Par quel détour ingénieux Aristote désigna son successeur à la tête du Lycée, l’école philosophique qu’il avait fondée. Aristoteles philosophus annos iam fere natus duo et sexaginta corpore aegro adfectoque ac spe uitae tenui fuit. Tunc omnis eius sectatorum cohors ad eum accedit, orantes obse‐ crantesque ut ipse deligeret loci sui et magisterii successorem, quo post summum eius diem proinde ut ipso uterentur ad studia doctrinarum conplenda excolendaque quibus ab eo inbuti fuissent. Erant tunc in eius ludo boni multi, sed praecipui duo, Theophrastus et Eudemus. Ingenio hi atque doctrinis ceteros praestabant ; alter ex insula Lesbo fuit, Eude‐ mus autem Rhodo. Aristoteles respondit facturum esse quod uellent, cum id sibi foret tem‐ pestiuum. Postea breui tempore cum idem illi qui de magistro destinando petierant praesentes essent, uinum ait quod tum biberet non esse id ex ualetudine sua, sed insalubre esse atque asperum ac propterea quaeri debēre exoticum uel Rhodium aliquod uel Les‐ bium. Id sibi utrumque ut curarent petiuit usurumque eo dixit quod sese magis iuuisset. Eunt, quaerunt, inueniunt, adferunt. Tum Aristoteles Rhodium petit, degustat : « Firmum,

1. Il y avait dans l’Antiquité plusieurs prophétesses célèbres (en Italie, mais aussi en Grèce et en Asie Mineure). Pour les Romains, la Sibylle par excellence était celle de Cumes (près de Naples). 2. Il s’agit du dernier roi de Rome, qui fut expulsé de la ville en 510 av. J.‑C.

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inquit, hercle, uinum et iucundum. » Petit mox Lesbium ; quo item degustato : « Vtrumque, inquit, oppido bonum, sed suauius Lesbium. » Id ubi dixit, nemini fuit dubium quin lepide simul et uerecunde successorem illa uoce sibi, non uinum delegisset. Aulu-Gelle, Nuits attiques, XIII, 5

Commentaire 1–2. Aristoteles philosophus est sujet du verbe princ. fuit ; natus (part. pft de nasci, ‑or : naître) est construit avec un Acc. (annos) pour exprimer l’âge ; corpore et spe (Abl. dépen‐ dant de esse) sont des Abl. de qualité (cf. en français « être d’une santé fragile ») ; aegro adfectoque se rapportent à corpore. Il reste uitae et tenui : tenui est soit un G. sg. ou un N. pl. de *tenuus, soit un D. ou un Abl. sg. de tenuis ; un N. pl. serait injustifiable ; si tenui se rapportait à uitae, on aurait *tenuae (car uita est féminin) ; donc le N. sg. de tenui est tenuis (adj. de la 2e classe ; tenuis, ‑is, ‑e : faible, mince) : c’est un Abl. sg. se rapportant à spe ; uitae est compl. du nom spe (plus précisément G. objectif : spes uitae : l’espoir de vie). 2–5. Sectator, ‑oris : celui qui suit, disciple ; obsecrare : implorer, conjurer ; magiste‐ rium : qualité de directeur, présidence ; proinde : de la même manière (que : ut) ; complēre, ‑eo : remplir, compléter ; excolĕre, ‑o : perfectionner. On a donc : Omnis… accedit orantes ut… successorem deligeret quo… uterentur… proinde ut ipso ad studia… quibus… fuissent.

Orantes obsecrantesque : part. prés. au N. pl. qui, grammaticalement, ne s’accordent avec aucun mot qui précède (le seul nom sujet est cohors) ; il s’agit d’un accord selon le sens (cf. en français une foule de gens sont venus) ; ut… successorem : prop. complétive intro‐ duite par orantes obsecrantesque ; successorem est COD ; loci : G. de locus (lieu, place, rang, rôle), compl. du nom successorem ; quo… excolendaque : prop. relative développant suc‐ cessorem ; quo est l’Abl. sg. du pronom relatif : il a sa fonction dans la relative, et dépend donc d’uterentur, qui se construit avec l’Abl. (aliquo uti, ‑or : fréquenter qqn, être en relation avec qqn) ; uterentur est au subj. : avant de chercher une justification interne à la relative, pensez que le subj. s’explique souvent par la présence du style indirect (introduit par omnes obsecrantesque) ; summus dies : le jour suprême, la mort ; quo et ipso ont la même fonction (Abl. avec uti) ; conplenda excolendaque sont des adj. verbaux ; lorsque le gérondif possède un COD, le latin ne conserve pas le gérondif (qui serait *ad studia… conplendum excolen‐ dumque), mais recourt à l’adj. verbal dit de « substitution » (qui n’a donc pas, dans ce cas, un sens d’obligation) ; quibus… fuissent : prop. relative dont l’antécédent est studia doctri‐ narum ; inbuti fuissent : forme « surcomposée » de p-q-pft pour marquer un résultat acquis

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dans le passé ; subj., car on est toujours dans le style indirect introduit par orantes obse‐ crantesque. 5. Ludus : ne pas s’arrêter au premier sens donné par le dictionnaire : « jeu », mais aussi « école » ; c’est ce dernier sens qui convient ici. 6. Le sujet de la phrase est hi (N. pl. de hic) ; ingenio et doctrinis sont des Abl. de point de vue compl. de praestare (l’emporter sur qqn du point de vue de…). 7–8. Quod uellent : prop. relative dont l’antécédent n’est pas exprimé (facturum esse (id) quod uellent) ; uellent est au subj., car il s’agit à nouveau d’un style indirect (introduit par respondit) ; foret : forme de subj. impft de esse équivalant à esset ; si le subj. est introduit par cum, il doit s’agir d’un cum historique, causal ou concessif ; or le contexte impose le sens de « quand il le jugerait opportun (tempestiuum) ». On a le subj., et non l’ind. (attendu avec cum temporel), car on est toujours dans le style indirect (introduit par respondit) ; il répondit : « Je ferai ce que vous désirez quand je le jugerai opportun. » 8–11. Cum idem illi : cum n’est pas la prép. (avec), car il n’y a pas d’Abl. Décomposons la phrase : Cum idem illi… praesentes essent qui… petierant ait uinum quod biberet non esse… sed esse… ac Rhodium… debere quaeri

Postea est un adv. (ensuite, après) ; breui tempore : Abl. de temps ; cum… essent : il s’agit d’un cum historique ; le sujet est idem illi (les mêmes qu’auparavant : les disciples) ; qui… petierunt : relative dont l’antéc. est illi ; destinando : adj. verbal de substitution (à l’Abl. précédé de de : au sujet du choix du maître) ; le verbe princ. ait (il dit) introduit 3 prop. inf. : – uinum non esse… sua – sed esse insalubre… – ac Rhodium… debēre quaeri. Vel Rhodium uel Lesbium est sujet de debēre, dont dépend l’inf. prés. passif quaeri (litt. « il dit qu’un vin de Rhodes ou de Lesbos devait être cherché ») ; ex sua ualetudine : encore une fois, il faut bien lire les articles du dictionnaire ; ex, « hors de », mais aussi « confor‐ mément à, en accord avec » (donc : « être bon pour son état de santé »).

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11. Construction de la phrase : Petiuit ut curarent sibi utrumque (et) dixit usurum (esse) eo quod… iuuisset

Petiuit et dixit sont les 2 verbes princ. coordonnées par ‑que (dans usurumque). De petiuit dépend une complétive (ut… curarent) ; sibi : D. d’avantage ; dixit introduit une prop. inf., usurum (esse) ; quod… iuuisset : relative dont l’antécédent est un nom neutre (uinum), car on a quod ; iuuisset : subj. p-q-pft de iuuare (« aider », mais aussi « être agréable, plaire ») ; sese est à l’Acc. : il est COD, car iuuare est transitif ; iuuisset est au subj. car il s’agit à nouveau d’un discours indirect introduit par dixit. Conformément aux règles de la concord. des temps, le p-q-pft marque l’antériorité par rapport à un verbe princ. à un temps secondaire ; la phrase ne veut pourtant pas dire : « Il dit qu’il choisirait celui qui lui avait le mieux plu (avant) » (cela n’aurait pas de sens). Il faut voir quel rapport de temps unit, non pas dixit et iuuisset, mais les deux verbes de la phrase si elle était en style direct (Il dit : « Je choisirai celui qui me plaira le mieux »). Comme le p-q-pft marque l’antériorité et qu’usurum est au fut., iuuisset correspond, en style direct, à un fut. antér. (iuuerit : litt. « Je choisirai celui qui m’aura le mieux plu ») ; le latin est plus précis que le français : par l’emploi du fut. ant., il exprime clairement qu’une action (plaire) sera antérieure à l’autre (choisir). En résumé, dans le style indirect introduit par un verbe princ. à un temps secondaire, le fut. antér. est exprimé par le subj. p-q-pft ; si le discours indirect est introduit par un verbe princ. à un temps primaire, ce même temps est exprimé par le subj. pft. 12–13. Firmum… iucundum : le verbe est n’est pas exprimé ; quo : relatif de liaison (et eo, c’est-à-dire le vin de Lesbos) ; quo degustato : Abl. absolu. 14. Oppido : D. ou Abl. sg. de oppidum (place forte), mais aussi adverbe (beaucoup, fort) ; suauius : comparatif de l’adj. suauis, « doux », au N. sg., car il est attribut du sujet Lesbium (uinum) ; est n’est pas exprimé, comme pour utrumque bonum. 14–15. Vbi : adv. relat. et interrog. (où ?), mais aussi conjonction (lorsque) ; dubium est : il est douteux pour qqn (dat : nemini) ; quin : conjonction introduisant une prop. complétive (delegisset) ; successorem et uinum : COD de delegisset ; illa uoce : Abl. de moyen (par cette parole) ; sibi : D. d’avantage ; lepide et uerecunde : la finale ‑e doit vous faire penser à des adverbes formés sur lepidus (agréable, spirituel) et uerecundus (réservé, discret).

Chapitre 1

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Traduction Le philosophe Aristote avait déjà près de soixante-deux ans lorsqu’il fut atteint d’une mala‐ die qui l’affaiblit, et il n’avait guère d’espoir de se rétablir. Toute sa troupe de disciples lui rend alors visite, le priant et le conjurant de désigner lui-même son successeur à la tête de l’école, un homme qu’ils prendraient pour maître après sa mort, afin de parfaire et d’approfondir les connaissances qu’il leur avait inculquées. Son école comptait alors bon nombre d’hommes éminents, mais deux surtout, Théophraste et Eudème, se distinguaient par leur talent et leur science ; l’un était de Lesbos, l’autre de Rhodes. Aristote répondit qu’il exaucerait leur vœu quand le moment serait venu pour lui. Peu de temps après, ceux qui lui avaient demandé de se choisir un successeur étaient justement avec lui. Le vin qu’il buvait alors, leur dit-il, n’était pas recommandé pour sa santé, mais était passé et aigre ; c’est pourquoi il voulait qu’on lui trouve un vin étranger, de Rhodes ou de Lesbos par exemple. Il leur demanda de lui fournir ces deux crus, ajoutant qu’il adopterait celui qui lui plairait le mieux. On part, on les cherche, on les trouve, on les lui apporte. Aristote demande alors le vin de Rhodes, le goûte, puis dit : « Voilà, ma foi, un vin de bonne tenue et agréable. » Il demande ensuite celui de Lesbos, le goûte aussi, puis dit : « Ils sont vraiment bons tous les deux, mais celui de Lesbos est plus moelleux. » À ces mots, il ne fit de doute pour personne qu’il venait de se choisir à la fois avec élégance et tact un successeur et non un vin.

C. Le vétéran de César Causam dicebat apud diuum Iulium ex ueteranis quidam paulo uiolentior aduersus uicinos suos et causa premebatur. « Meministi, inquit, imperator, in Hispania talum extor‐ sisse te circa Sucronem ? » Cum Caesar meminisse se dixisset : « Meministi quidem sub quadam arbore minimum umbrae spargente cum uelles residēre sidere feruentissimo et esset asperrimus locus in quo ex rupibus acutis unica illa arbor eruperat, quendam ex commilitonibus paenulam suam substrauisse ? » Cum dixisset Caesar : « Quidni memine‐ rim ? et quidem siti confectus, quia impeditus ire ad fontem proximum non poteram, repĕre manibus uolebam, ni bonus commilito, homo fortis ac strenuus, aquam mihi in galea sua attulisset. » — « Potes ergo, inquit, imperator, agnoscĕre illum hominem aut illam galeam ? » Caesar ait se non posse galeam cognoscĕre, hominem pulchre posse et adiecit, puto, ob‐ iratus, quod se a cognitione media ad ueterem fabulam abduceret : « Tu utique ille non es. » — « Merito, inquit, Caesar, me non agnoscis ; nam cum hoc factum est integer eram ; postea ad Mundam in acie oculus mihi effossus est et in capite lecta ossa. Nec galeam illam, si uideris, agnosces ; machaera enim Hispana diuisa est. » Vetuit illi exhiberi negotium Caesar et agellos in quibus uicinalis uia causa rixae ac litium fuerat militi suo donauit. Sénèque, Bienfaits, V, 24

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Commentaire 1–2. Causa : le procès, l’affaire ; diuus Iulius : « le divin Jules » ; il s’agit de Jules César, qui avait été divinisé après sa mort : c’est donc l’auteur du texte (Sénèque) qui le désigne ainsi, et non le vétéran qui a connu César ; ueteranus : ancien soldat ; premĕre, ‑o : pousser, presser. Le 1er verbe princ. est dicebat ; seul quidam peut être sujet ; ex ueteranis détermine quidam ; les 2 groupes de mots apud diuum Iulium et aduersus uicinos suos ne posent pas de problème ; grâce au dictionnaire, on voit que paulo (forme d’Abl.) est un adverbe (un peu) qui porte sur uiolentior. Il reste causa premebatur ; 2 possibilités s’offrent : causa est soit un N. (sujet du verbe), soit un Abl. (compl. circ.) ; ici, on n’a pas le choix : un N. ne se justifierait pas (l’affaire était pressée ?) ; il s’agit bien d’un Abl. d’agent (ou de cause) : « il était pressé par l’affaire, il était en mauvaise posture ». 2–3. Talus, ‑i : la cheville, le talon ; extorquēre, ‑eo : tordre, arracher ; Sucro, ‑onis : Sucro, fleuve d’Espagne ; attention à imperator, qui signifie ici « général » et non « empereur » (César est antérieur à l’Empire). Te est sujet de la prop. inf. introduite par meministi. Talum extoquēre, ‑eo : attention au sens des réalités (on ne s’arrache pas le talon, on ne se le déboîte pas non plus…). 3–6. Construction de la phrase : Meministi cum uelles residere sub arbore… spargente et esset asperrimus locus in quo… eruperat quendam… substrauisse.

Meministi, verbe princ., introduit une prop. inf. (quendam substrauisse) ; mais entre les deux se trouvent, comme souvent, d’autres prop. ; cum uelles… : cum historique dont dépend également esset, coordonné par et à la 1re prop. ; quadam arbore : Abl. avec la prép. sub ; spargente, qui est l’Abl. sg. du part. prés. de spargĕre, ‑o (répandre), semble bien s’accorder avec arbore ; minimum (Nt. sg.) est COD de spargente et umbrae est un G. partitif dépendant de minimum (minimum umbrae = minimam umbram). La relative in quo… eru‐ perat développe le nom qui précède immédiatement (locus). Il reste sidere feruentissimo ; sidere pourrait être un inf. (s’asseoir), mais, dans ce cas, comment le justifier (d’autant plus qu’il y a déjà residēre) ? Et que faire alors de feruentissimo ? Les deux mots vont ensemble et sont à l’Abl. ; sidere est l’Abl. de sidus, ‑eris (l’astre, l’étoile ; Nt.), il s’agit d’un Abl. absolu dont le verbe n’est pas exprimé, puisque ce devrait être le part. prés. de esse, qui n’existe pas : litt. « l’astre [ le soleil] (étant) très brûlant ». 6–9. Quidni : pourquoi (ou comment)… ne pas ? ; sitis, ‑is : la soif ; impeditus : chargé de bagages, embarrassé, gêné ; repĕre, ‑o : ramper ; ni = nisi ; strenuus : énergique, empressé ; galea, ‑ae : le casque ; siti : Abl. de cause ; quia introduit une prop. causale (poteram), dont Chapitre 1

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dépend l’inf. ire ; uolebam est le verbe princ., dont dépend repĕre ; la prop. ni… attulisset est une prop. conditionnelle irréelle du passé (d’où l’emploi du subj. p-q-pft) : « si un brave… ne m’avait pas apporté (mais il m’a apporté) ». 9–11. Le verbe princ. potes introduit un inf. (agnoscĕre, ‑o : reconnaître) ; aut : ou ; pulchre : il s’agit de l’adv. formé sur l’adj. de la 1re cl. pulcher ; puto : c’est l’auteur du texte (Sénèque) qui l’ajoute ; obiratus : fâché, irrité ; cognitio, ‑onis : instruction (d’un procès) ; medius (qui est au milieu), joint à un nom, signifie « le milieu de… ». Construction de la phrase : Caesar ait se non posse… cognoscere hominem pulchre posse (cognoscere) et adiecit (quod… abduceret) : « Tu… es. »

Le 1er verbe princ. (ait) introduit 2 prop. inf. (posse…, posse) ; du 2e verbe princ. adie‐ cit, coordonné au 1er par et, dépend une prop. causale (quod suivi du subj., pour indiquer que l’auteur ne prend pas à son compte la cause alléguée par César). 12–14. Acies, aciei : l’armée (au combat) ; effodĕre, ‑io : creuser, arracher ; os, ossis (Nt.) : l’os ; machaera : le sabre. Prenons les phrases une à une. Merito… agnoscis : agnoscis est un verbe à l’ind. ; il est probablement le verbe princ. ; donc : « tu ne me reconnais pas » ; et merito ? Le dictionnaire indique qu’il s’agit d’un verbe (meritare : gagner) ou d’un adverbe (à juste titre) ; on ne peut justifier la présence d’un verbe à la 1re p. à côté de agnoscis : il s’agit donc de l’adverbe. Postea… ossa : oculus, qui est au N., est certainement sujet de effossus est ; mihi : D. d’avantage ; et… lecta ossa : cette partie de la phrase est coordonnée à la première ; ossa est soit un N., soit un Acc. pl. COD ; lecta est le part. pft passif de legĕre, ‑o (choisir, lire) ; comme il s’agit d’un verbe, il faut comprendre lecta (sunt) ; ossa est donc le sujet : litt. « et des os (ont été) pris dans ma tête » ; on voit bien le sens de cette phrase (« on m’a enlevé des os du crâne, on m’a trépané »). Le sens de cette expression ne fera plus de difficulté lorsqu’on lira (lignes 13-14) que le vétéran a reçu un coup d’épée si violent que son casque en a été fendu en deux ; nec = et non (et… ne pas, même… ne pas) ; uideris, dans une subordonnée condit. dont la princ. est à l’ind. fut. s. (agnosces), est un fut. antérieur. Machaera… est : le verbe est est, et mieux, diuisa est, pft passif de diuidĕre, ‑o ; Hispana est un adj. (l’Espagne se dit Hispania), il va donc avec machaera, N. ou Abl. sg. ; avec un verbe au passif, on attend un compl. d’agent ; de plus, que voudrait dire « un sabre espagnol a été fendu » ? Machaera est donc un compl. d’agent ; le sujet de diuisa est doit être un nom féminin qui précède cette phrase : galea. Donc : « il a été fendu en deux par une épée espa‐ gnole » (c’est pour cela que César ne pourrait pas le reconnaître) ; un examen superficiel de cette phrase vous aurait peut-être amenés, comme cela est réellement arrivé, à la tra‐ duire par « Tu marcheras, c’est la devise espagnole » !

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14–15. Negotium exhibēre, ‑eo : créer des ennuis à qqn ; agellus, ‑i : lopin, parcelle (agellus est un diminutif de ager : « petit champ ») ; rixa : la dispute ; lis, litis : le procès ; donare : donner en cadeau, faire don. Il y a 2 verbes princ. : uetuit et donauit ; le 1er introduit un inf. (exhiberi) ; illi : D. (qui désigne le vétéran) dépendant de exhiberi ; agellos est le COD du 2e verbe (donauit). In quibus… fuerat : relative qui développe agellos ; uia est sujet et causa attribut du sujet ; rixae et litium sont compl. du nom causa.

Traduction Un ancien soldat, qui s’était montré un peu trop brutal vis-à-vis de ses voisins, défendait sa cause devant le divin César, et son affaire se présentait mal. « Vous vous souvenez, ditil, mon général, vous être fait une entorse à la cheville en Espagne, près du Sucro ? » César dit s’en souvenir. « Vous vous souvenez sûrement, alors que vous vouliez vous reposer au pied d’un arbre donnant très peu d’ombre et que le soleil chauffait au plus fort — l’endroit était très inhospitalier et seul cet arbre avait réussi à pousser dans la rocaille —, qu’un de vos hommes étendit son manteau ? » César dit : « Comment ne pas m’en souvenir ? J’étais même tenaillé par la soif et mon état m’empêchait d’aller jusqu’au point d’eau tout proche ; je voulais m’y traîner sur les mains, si un brave soldat, courageux et dévoué, ne m’avait apporté de l’eau dans son casque. » — « Vous pourriez donc, mon général, dit-il, reconnaître cet homme ou ce casque ? » César répondit qu’il ne pourrait pas reconnaître le casque, mais bien l’homme, et ajouta, agacé, je pense, de se voir distrait en plein procès par une vieille histoire : « De toute façon, ce n’est pas toi. » — « Je comprends, César, dit-il, que vous ne me reconnaissiez pas, car en ce temps-là j’étais entier ; par la suite, j’ai eu un œil crevé à la bataille de Munda1 et j’ai été trépané. Le casque non plus, si vous le voyez, vous ne le reconnaîtrez pas, car un sabre espagnol l’a fendu en deux. » César défendit de lui causer des ennuis et octroya à son soldat les terrains où passait le chemin vicinal qui avait été la cause de l’altercation et du procès.

D. La vieille de Syracuse Senectutis ultimae quaedam Syracusis omnibus Dionysii tyranni exitium propter nimiam morum acerbitatem et intolerabilia onera uotis expetentibus, sola cotidie matutino tempore deos ut incolumis ac sibi superstes esset orabat. Quod ubi is cognouit, non debitam sibi admiratus beniuolentiam arcessiuit eam et quid ita hoc aut quo merito suo faceret interrogauit. Tum illa : « Certa est, inquit, ratio propositi mei : puella enim, cum grauem tyrannum haberemus, carēre eo cupiebam. Quo interfecto aliquanto taetrior arcem

1. C’est lors de cette bataille (45 av. J.‑C.) que César vainquit les Pompéiens qui s’étaient réfugiés en Espagne. Chapitre 1

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occupauit ; eius quoque finiri dominationem magni aestimabam. Tertium te superioribus inportuniorem habēre coepimus rectorem. Itaque ne, si tu fueris absumptus, deterior in locum tuum succedat, caput meum pro tua salute deuoueo. » Tam facetam audaciam Dio‐ nysius punire erubuit. Valère Maxime, Faits et dits mémorables, VI, 2, ext. 2

Commentaire 1–3. Le verbe princ. est orabat (ligne 3) ; le sujet est quaedam (ligne 1). Décomposons la phrase :

Quaedam… orabat (Syracusis… expetentibus) ut esset… Le sujet quaedam est déterminé par ultimae senectutis (génitif) ; ultimus : le dernier ; senectus, ‑utis : la vieillesse. Vient ensuite une proposition (Syracusis… expetentibus), qui paraît bien être un Abl. absolu dont le sujet est omnibus ; Syracusis (Abl. de Syracusae, ‑arum) : Abl. de lieu sans prép. avec les noms de ville de la 1re décl. pl. ; exitium est COD de expetentibus ; Dionysii tyranni est compl. du nom exitium ; la prép. propter (à cause de, en raison de) se construit avec l’Acc. (nimiam acerbitatem et intolerabilia onera). Et uotis ? D. ou Abl. pl. de uotum, ‑i (le vœu) : c’est un Abl. de moyen (uotis expetĕre, ‑o : litt. « demander par des vœux ») ; sola est apposé du sujet quaedam ; orabat introduit une prop. complétive (ut esset) ; matutino tempore : Abl. de temps ; incolumis, ‑is, ‑e : sain et sauf ; superstes, ‑itis : qui survit à qqn (+ D. : sibi, c’est-à-dire la vieille femme) ; incolumis et superstes sont attributs du sujet de esset (Denys) ; contrairement à tous les autres Syracusains, cette vieille femme souhaite que le tyran continue à vivre (incolumis) et même plus longtemps qu’elle (sibi superstes) : elle souhaite donc mourir avant lui. 3–5. Quod : relatif de liaison (= et id) ; arcessiuit et interrogauit sont les 2 verbes princ. Décomposons la phrase : Quod ubi is cognouit admiratus beniuolentiam non debitam sibi

arcessiuiteam etinterrogauit quid ita hoc (faceret) aut quo … faceret.

Vbi est la conjonction temporelle « lorsque » ; is : Denys ; cognoscĕre, ‑o : apprendre à connaître (au pft, cognoui, « j’ai appris à connaître », donc « je connais, je sais ») ; admiratus est le part. pft de admirari : comme il s’agit d’un verbe déponent, le part. pft a un sens actif ; debitam : part. pft de debēre, ‑eo (devoir), « qui a été (ou est) dû » ; sibi est COI de debitam.

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Arcessĕre, ‑o : faire venir, convoquer ; eam est COD de arcessiuit ; de l’autre verbe princ. (interrogauit) dépendent 2 prop. complétives introduites par quid et quo ; le verbe, qui est le même pour les 2 prop. (faceret), n’est exprimé que dans la seconde ; faceret : subj. impft, car il s’agit d’une interrog. indir. et il y a simultanéité par rapport à interrogauit ; quid est l’Acc. Nt. sg. du pronom interrog. quis ; au neutre, il signifie « en quoi, pourquoi ? » ; quo : Abl. de l’adj. interrog. ; merito ne peut être ni l’adv. (à juste titre), ni le verbe (meritare : gagner un salaire) ; c’est l’Abl. du nom meritum, ‑i (la bonne action) ; il s’agit d’un Abl. de cause (« à cause de quelle bonne action… »). 5–6. Ratio est sujet de la phrase ; propositi mei est compl. du nom ratio, certa est attri‐ but de ratio ; ratio a de nombreux sens : calcul, compte, procédé, méthode, faculté de rai‐ sonner, raison, motif ; propositum, ‑i : plan. Cum haberemus : il s’agit d’un cum historique ; cupiebam : verbe princ. qui introduit l’inf. carēre (manquer de qqch, être quitte de qqn), dont dépend le compl. à l’Abl. eo. 6. Quo : relatif de liaison (= et eo) ; quo interfecto est un Abl. absolu ; taetrior : comparatif de l’adj. taeter (affreux, repoussant, détestable, ignoble) ; arx, arcis : citadelle ; aliquanto : forme d’Abl. employée comme adverbe (d’une assez grande quantité). 7. Le verbe princ. aestimabam introduit une prop. inf. dont le sujet est dominationem et le verbe finiri ; il reste magni, G. Nt. sg. de magnus (magni ne peut être un sujet au N. M. pl. avec un verbe au sg.) : il s’agit d’un G. de qualité (prix) avec aestimare (estimer cher, tenir beaucoup à). 7–8. Le verbe princ. est coepimus (pft coepi, « j’ai commencé » ; le verbe est inusité aux temps de l’infectum) ; il introduit l’inf. habēre. Inportuniorem est un comparatif et superio‐ ribus un Abl. : il s’agit donc vraisemblablement de son complément (« plus insupportable que les précédents ») ; te est COD de habēre et rectorem attribut de ce COD ; tertium : « le troisième », mais aussi « pour la troisième fois, en troisième lieu » ; enfin, inportuniorem est un apposé de te. Donc, litt. « En troisième lieu, nous avons commencé à t’avoir comme maître, toi (qui es) plus insupportable que les autres. » 8–9. Ne… succedat : s’il s’agit d’une prop. finale (« afin que ne… pas »), cette phrase veut dire que le sacrifice de la vieille a pour fonction d’éviter que le successeur de Denys ne soit pire que lui, pouvoir que la vieille ne possède pas ; l’idée est que la vieille a connu 3 tyrans et qu’elle redoute de voir arriver au pouvoir un tyran qui serait pire que tous ses prédé‐ cesseurs ; ne… succedat est donc plutôt une prop. complétive introduite par une idée de crainte, comme si on avait timens ne… succedat ; deuouēre, ‑eo : vouer, dédier, consacrer ; caput : la tête, c’est-à-dire « la vie » ; pro + Abl. : en faveur de, au bénéfice de ; absumptus fueris : forme surcomposée de absumĕre, ‑o (user entièrement, anéantir ; au passif : être emporté, mourir) ; il s’agit ici d’une forme d’ind. fut. ant. (litt. « si tu auras été emporté »). 9–10. Erubuit : verbe princ., pft de erubescĕre, ‑o (rougir de, avoir honte de) ; ce verbe introduit un inf. (punire) ; facetus : spirituel, bien dit, amusant.

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Traduction Alors que tout Syracuse faisait des vœux pour voir disparaître le tyran Denys, en raison de la dureté de son régime et du joug impitoyable des impositions, seule une dame très âgée priait les dieux chaque matin de veiller sur la vie du tyran et de la prolonger au-delà de la sienne. Quand Denys en eut connaissance, il s’étonna de cette bienveillance qu’il ne méritait pas. Il fit venir la vieille dame et lui demanda la raison de son attitude et quelle bonne action de sa part pouvait bien la justifier. « J’ai, dit-elle, une bonne raison d’agir ainsi : quand j’étais jeune, nous avions un tyran odieux dont je voulais être débarrassée ; quand il fut tué, c’est un homme bien plus ignoble encore qui a pris le pouvoir, et j’avais très à cœur de voir disparaître ce despote-là aussi. En troisième lieu1, c’est vous, plus insupportable encore que vos prédécesseurs, qui êtes devenu notre maître. Dès lors, pour éviter, au cas où vous auriez disparu, qu’un tyran pire encore ne vous succède, j’offre ma vie aux dieux pour votre salut. » Denys n’osa pas punir une insolence aussi malicieuse.

E. Deux fils au-dessus de tout soupçon Non ita multis ante annis aiunt T. Cloelium quendam Tarracinensem, hominem non obscurum, cum cenatus cubitum in idem conclaue cum duobus adulescentibus filiis isset, inuentum esse mane iugulatum. Cum neque seruus quisquam reperiretur neque liber ad quem ea suspicio pertineret, id aetatis autem duo filii propter cubantes ne sensisse quidem se dicerent, nomina filiorum de parricidio delata sunt. Quid poterat tam esse suspiciosum aut tam inauditum ? neutrumne sensisse ? ausum autem esse quemquam se in id conclaue committĕre eo potissimum tempore cum ibidem essent duo adulescentes filii qui et sentire et defendĕre facile possent ? Erat porro nemo in quem ea suspicio conueniret. Tamen, cum planum iudicibus esset factum, aperto ostio, dormientes eos repertos esse, iudicio absoluti adulescentes et suspicione omni liberati sunt. Nemo enim putabat quemquam esse qui, cum omnia diuina atque humana iura scelere nefario polluisset, somnum statim capĕre potuisset, propterea quod qui tantum facinus commiserunt non modo sine cura quiescĕre, sed ne spirare quidem sine metu possunt. Cicéron, Pour Sex. Roscius d’Amérie, 64–65

1. Les indications de l’auteur ne permettent pas de dire auquel des deux tyrans de Syracuse appelés Denys la vieille s’adressait. Ni Denys l’Ancien (406–367), ni Denys le Jeune (367–344), qui se sont succédé, ne sont les troi‐ sièmes tyrans d’une période ininterrompue d’un même régime. La vieille aurait pu connaître les règnes de Gélon (c. 491–478) et de Hiéron (478–466), puis celui de Denys l’Ancien (406–367).

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Commentaire 1–3. Ante est un adv., car le compl. de temps est à l’Abl. (annis) et non à l’Acc. (litt. « pas beaucoup d’années avant [maintenant] ») ; le verbe princ. aiunt (ils disent, on dit) introduit une prop. inf. (T. Cloelium… inuentum esse) ; cum… isset : cum historique et subj. p-q-pft (isset pour iisset, de ire) pour marquer l’antériorité par rapport à inuentum esse ; cenatus : part. pft de cenare (dîner, souper) ; à noter que, contrairement à la règle habituelle, le part. pft de cenare a un sens actif (ayant dîné) ; les deux groupes in idem conclaue et cum… duobus filiis ne posent pas de problème ; adulescentibus joue le rôle d’un adj. : adulescens, ‑entis : jeune homme (en principe entre 17 et 30 ans) ; il reste cubitum, qui peut être l’Acc. sg. de cubitus, ‑i (avant-bras, coude), mais aussi le supin du verbe cubare (se coucher) : il s’agit du supin, qui est employé pour exprimer le but avec un verbe de mouvement (isset : « il était allé pour se coucher ») ; analyser cubitum comme le COD de cenatus serait absurde, voire inquiétant (et pourtant, cela s’est produit : « ayant mangé son avant-bras » !) ; Tarra‐ cinensis, ‑is : de Terracine (ville du Latium) ; obscurus : obscur, sombre, inconnu ; conclaue, ‑is (Nt.) : litt. « pièce fermant à clé », chambre à coucher, salle à manger (il s’agit d’une chambre, puisque Cloelius va se coucher après le repas) ; mane (adv.) : le matin ; iugula‐ tum : part. pft de iugulare (étrangler), attribut de T. Cloelium (« il fut retrouvé égorgé »). 3–5. Construction de la phrase : Cum neque seruus neque liber reperitur ad quem… pertineret

(cum) duo filii… dicerent se… sensisse nomina… delata sunt.

La phrase commence par 2 prop. introduites par un cum historique (reperiretur et dicerent) ; liber : ici, l’homme libre (et non le livre !) ; ad quem… pertineret : prop. relative qualificative (d’où le subj.) ; duo filii est sujet de dicerent, qui introduit une prop. inf. (se… sensisse) ; propter ne peut être la prép. « à côté » (à côté de gens couchés ?) ; c’est l’adv. « à côté », et cubantes est apposé de filii : « couchés à côté (de leur père) » ; ne n’introduit pas dicerent (qui dépend toujours de cum) ; dans l’expression ne… quidem, ne est une négation (ne pas… même) qui porte sur le mot enclavé (sensisse) ; il reste id aetatis : aetatis est un G. partitif avec id ; l’expression équivaut à ea aetate (Abl. de temps : « de cet âge ») ; le sens est donc : les deux fils, malgré leur âge (ce ne sont plus des enfants), ont dit qu’ils ne s’étaient rendu compte de rien. Nomen alicuius deferre : porter plainte contre qqn, dénoncer qqn.

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5–8. Suspiciosus : qui éprouve ou inspire un soupçon, soupçonneux, suspect (il s’agit ici d’une attitude suspecte) ; inauditus : inouï ; quid est sujet de poterat ; tam suspiciosum : c’està-dire « aussi suspect (que le fait de ne s’être rendu compte de rien) » ; neuter : aucun des deux (fils) ; neutrum est sujet de sensisse ; ausum esse : inf. pft de audēre, ‑eo (oser), qui est un verbe semi-déponent dont le sujet est quemquam, et qui introduit un inf. (se committĕre, ‑o : s’introduire) ; neutrum… sensisse et ausum esse… quemquam sont 2 prop. inf. qui ne peuvent être que sujets de poterat sous-entendu ; elles ont donc la même fonction que quid, dont elles constituent, en quelque sorte, le développement (ce que confirme la parti‐ cule interrog. ‑ne) ; litt., il faut donc comprendre : « (Est-ce que le fait) qu’aucun des deux ne s’était aperçu de rien (pouvait être suspect à ce point [qu’on les accuse de parricide]) ? (Est-ce que le fait) que quelqu’un avait osé… (pouvait être suspect à ce point) ? » ; potissi‐ mum : principalement, surtout ; eo potissimum tempore cum (avec le subj.) : surtout au moment où ; ibidem : au même endroit ; defendĕre, ‑o : défendre, prendre la défense de (leur père) ; possent : subj. dans une prop. relative dans le style indirect. 8–10. Porro (adv.) : en plus, en outre ; ea suspicio : fait référence à l’hypothèse émise dans la phrase précédente (qqn d’autre se serait introduit dans la chambre). Cum… factum esset : cum historique ; factum esset : subj. p-q-pft passif de facĕre ; iudicibus : D. d’avantage (il fut clair pour les juges) ; eos est sujet de repertos esse ; dormientes est attribut de eos ; grammaticalement, planum est donc attribut de la prop. inf. ; aperto ostio : Abl. absolu (« la porte ayant été ouverte ») ; cet Abl. indique que, lorsqu’on ouvrit la porte (de la chambre), on les trouva en train de dormir (et non qu’ils dormaient la porte ouverte ; cela ne prou‐ verait en rien qu’ils sont innocents) ; omni suspicione est un Abl. d’éloignement (avec liberati sunt) ; absoluti est une forme de absoluĕre, ‑o, « acquitter » ; vu qu’il y a un et coordonnant, la seule manière d’analyser absoluti est d’en faire un ind. pft passif de absoluĕre : absoluti (sunt) ; iudicio : Abl. de moyen. 10–13. Nemo est sujet du verbe princ. putabat, qui introduit une prop. inf. (quemquam esse) ; qui… potuisset : prop. relative dont l’antécédent est quemquam ; il s’agit d’une relative qualificative (ce qui justifie l’emploi du subj. dans des expressions du type nemo est qui…) ; le p-q-pft exprime l’antériorité par rapport à esse, qui dépend lui-même de putabat) ; capĕre dépend de potuisset ; somnum capĕre, ‑io : trouver le sommeil ; cum polluisset : prop. subord. enclavée dans la relative ; la valeur du cum est adversative, « alors que » ; polluĕre, ‑o : souiller ; onmia… iura est COD de polluisset ; scelere nefario est un Abl. de moyen ; scelus, ‑eris (Nt.) : crime, forfait ; nefarius : impie, abominable, criminel ; propterea quod : litt. « pour cette raison (à savoir) que » ; d’où : « parce que » ; le verbe de la prop. est possunt ; spirare (respirer ; [continuer à] vivre) dépend de possunt ; non modo… quiescĕre : cet inf. dépend aussi de possunt qui n’est pas exprimé ; remarquez le parallélisme : non modo… quiescĕre (non possunt), sed ne spirare quidem… possunt (non seulement ne pas…, mais pas même…) ;

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qui… commiserunt : prop. relative enclavée dans la prop. causale ; committĕre, ‑o : accom‐ plir ; facinus, ‑oris (Nt.) : action (surtout en mauvaise part : action criminelle).

Traduction Il n’y a pas tant d’années, dit-on, T. Cloelius de Terracine, un homme d’une certaine notoriété, qui était allé se coucher après dîner dans la même chambre que ses deux jeunes fils, fut découvert égorgé le matin. Comme on ne trouvait ni esclave ni homme libre qu’on pût soupçonner et que les deux fils de cet âge qui couchaient près de lui disaient n’avoir rien entendu, on les poursuivit pour parricide. Qu’est-ce qui pouvait être à ce point suspect ou inouï ? aucun des deux n’avait-il rien remarqué ? quelqu’un avait-il osé s’introduire dans la chambre, alors même que s’y trouvaient les deux jeunes fils, qui pouvaient facile‐ ment à la fois s’en apercevoir et s’interposer ? En outre, il n’y avait personne sur qui les soupçons pussent se porter. Néanmoins, quand les juges eurent établi avec certitude qu’en ouvrant la porte, on avait trouvé les jeunes gens endormis, ils furent acquittés et lavés de tout soupçon. Personne en effet ne pensait qu’un homme, aussitôt après avoir bafoué toutes les lois des dieux et des hommes par un crime abominable, aurait pu trouver le sommeil, car ceux qui ont commis pareil forfait ne peuvent ni dormir la conscience en paix, ni même respirer sans peur.

F. La mort de Cicéron Après l’assassinat de César en 44 av. J.‑C., une nouvelle guerre civile éclate à Rome. Cicéron attaque Antoine dans une série de discours virulents (Philippiques) et parvient à faire envoyer contre lui le jeune Octave. Mais, au lieu de se combattre, Antoine et Octave arrivent à s’entendre momentanément et forment avec Lépide une alliance à trois (d’où le nom de « triumvirat »), dont Cicéron sera l’une des premières victimes (43 av. J.‑C.). M. Cicero sub aduentum triumuirorum urbe cesserat pro certo habens, id quod erat, non magis se Antonio eripi quam Caesari Cassium et Brutum posse. Primo in Tusculanum fugerat, inde transuersis itineribus in Formianum, ut ab Caieta nauem conscensurus, pro‐ ficiscitur. Vnde aliquotiens in altum prouectum cum modo uenti aduersi retulissent, modo ipse iactationem nauis caeco uoluente fluctu pati non posset, taedium tandem eum et fugae et uitae cepit, regressusque ad superiorem uillam, quae paulo plus mille passibus a mari abest : « Moriar, inquit, in patria saepe seruata. » Satis constat seruos fortiter fideliterque paratos fuisse ad dimicandum ; ipsum deponi lecticam et quietos pati quod fors iniqua cogeret iussisse. Prominenti ex lectica praebentique immotam ceruicem caput praecisum est. Nec satis stolidae crudelitati militum fuit ; manus quoque scripsisse in Antonium

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exprobrantes praeciderunt. Ita relatum caput ad Antonium iussuque eius inter duas manus in rostris positum, ubi ille consul, ubi saepe consularis, ubi eo ipso anno aduersus Anto‐ nium quanta nulla umquam humana uox cum admiratione eloquentiae auditus fuerat. Vix attollentes prae lacrimis oculos homines intueri trucidata membra ciuis poterant. Tite-Live, Histoire romaine, CXX (fr. 59 Jal)

Commentaire 1–2. Le sujet est M(arcus) Cicero, le verbe princ. cesserat (avec Abl. d’éloignement : urbe, c’est-à-dire Rome) ; sub : aux environs de, vers ; pro certo habēre, ‑eo : savoir de manière sûre, être certain ; habens introduit une prop. inf. (se… posse) ; eripi dépend de posse ; quam (après magis) introduit une comparaison ; la construction est donc : habens… se non magis posse eripi Antonio quam Cassium et Brutum Caesari (posse eripi) ; se (Cicéron) est donc sujet de posse ; Cassium et Brutum ont dès lors la même fonction que se (sujets de posse) ; Antonio et Caesari sont deux D. d’avantage (avec eripi) ; Caesari : il s’agit d’Octave, le futur empereur Auguste, qui avait été adopté par Jules César et s’appelait donc C. Iulius Caesar Octauianus ; la phrase veut dire : Cicéron était certain de ne pouvoir échapper à Antoine, de même (qu’il était certain) que Cassius et Brutus ne pouvaient échapper à Octave. Cassius et Brutus, les principaux responsables de l’assassinat de César, s’étaient réfugiés en Macédoine et étaient poursuivis par Octave ; ils se suicidèrent après leur défaite (42 av. J.‑C.). 2–4. Tusculanum et Formianum, sont des adj. neutres employés comme noms : « rési‐ dence, domaine de Tusculum et de Formies » ; transuersus : oblique, latéral ; itineribus : Abl. de lieu (passage) ; ut… conscensurus : il ne s’agit pas d’un ut de but (à lui seul, le part. fut. exprime l’intention, le but : « pour s’embarquer ») ; c’est un ut comparatif : « comme qqn qui va s’embarquer ». 4–7. Cum. pourrait être la prép. suivie de l’Abl. modo, mais comment justifier alors le pq-pft retulissent ? Il s’agit donc d’un cum historique ; modo est adv. : modo… modo (tantôt… tantôt) ; uenti aduersi est sujet ; litt., on a : « comme des vents contraires avaient repoussé… » ; altum, ‑i : la haute mer ; prouectum : part. pft de prouehĕre, ‑o (s’avancer, se transporter) ; plusieurs éléments montrent que prouectum et altum ne peuvent aller ensemble (le bon sens : « vers la haute mer s’étant avancée » n’aurait pas de sens ; la logique : Cicéron essaie de gagner le large et les vents contraires le ramènent vers la côte) ; prouectum ne peut donc être que le COD de retulissent : c’est comme si on avait Cum uenti… retulissent eum prouectum in altum ; possent : dépend aussi du cum historique, qui n’est pas répété ; la construction de la phrase est donc la suivante :

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Cum modo uenti… retulissent (eum) prouectum in altum (cum) modo ipse non posset pati… (caeco… fluctu)

Waedium…eumcepit(regressus…uillam quae… abest) et inquit : « Moriar… »

Taedium est sujet du 1er verbe princ. (cepit) ; fugae et uitae sont compl. du nom tae‐ dium ; superiorem uillam : il ne s’agit pas d’une villa « située plus haut (qu’une autre) », mais de sa villa « qui est sur une hauteur » ; passibus : 2e terme de comparaison à l’Abl. ; inquit est le 2e verbe princ. ; in patria saepe seruata : litt. « dans ma patrie souvent sauvée (par moi) » ; uoluĕre, ‑o : tourner, rouler ; caeco… fluctu : Abl. absolu (« le flot aveugle roulant »). 7–9. Le verbe princ. (constat) introduit une prop. inf. (seruos… fuisse) ; fuisse (inf. pft) marque l’antériorité par rapport à constat ; dimicandum : gérondif précédé de ad pour exprimer le but ; deponi, pati et iussisse ne sont pas sur le même plan : iussisse introduit 2 prop. inf. (lecticam deponi et quietos pati) ; ipsum est sujet de iussisse, qui dépend tou‐

jours de constat ; quod… cogeret : c’est soit une prop. causale, soit une prop. relative : la 2e analyse s’impose (quod est COD de pati) ; cogeret : subj., car iussisse introduit un style indi‐ rect : « il leur ordonna de déposer la litière et de supporter avec calme ce qu’un sort injuste (le) forçait (à subir). » 9–10. Caput est sujet de praecisum est ; praecidĕre, ‑o : couper, trancher ; prominenti et praebenti : part. prés. au D. (ei prominenti… : D. d’avantage) ; prominēre, ‑eo : être en avant, dépasser ; ceruix, ‑icis : le cou ; inmotus pour immotus (adj. formé sur mouēre, ‑eo : bouger) : sans mouvement, immobile. 10–11. Nec… fuit : pas de sujet exprimé ; stolidae détermine crudelitati, qui est au D. (litt. « pour la stupide cruauté des soldats ») ; satis est alicui : il est suffisant pour qqn ; manus est COD de praeciderunt ; exprobrantes (de exprobrare : reprocher) désigne les assassins de Cicéron ; scripsisse sans sujet exprimé : eas (les mains) scripsisse, litt. « leur reprochant d’avoir écrit contre Antoine » (allusion à une série de discours virulents que Cicéron avait prononcés contre Antoine en 44–43 av. J.‑C. et qu’il intitula Philippiques, en référence aux discours homonymes que Démosthène avait prononcés à Athènes au IVe s. pour dénoncer la politique impérialiste de Philippe de Macédoine, le père d’Alexandre le Grand). 11–13. Il y a 2 verbes princ. : relatum (est) et positum (est), dont caput est le sujet ; referre : rapporter, remettre ; iussu : sur l’ordre de ; rostra, ‑orum : les rostres, c’est-à-dire l’endroit du Forum où étaient exposés les éperons (rostrum, ‑i) des navires pris à l’ennemi, et qui servait de tribune d’où les hommes politiques s’adressaient au peuple ; ille = Cicéron ;

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consularis : consul sorti de charge, consulaire ; ubi est un adv. relatif de lieu (situation) qui introduit une prop. relative dont le verbe est auditus fuerat ; la construction de la phrase est : ubi auditus fuerat cum admiratione eloquentiae (tanta) quanta… uox (audita fuerat) : litt. « où il avait été écouté avec une admiration telle pour son éloquence qu’avec laquelle aucune voix n’avait jamais été écoutée » ; eo anno : Abl. de temps ; umquam : forme posi‐ tive de numquam (car il y a déjà une négation dans la phrase : nulla) ; quanta introduit une prop. relative (qui est souvent — mais pas ici — annoncée par un démonstratif tel que tantus) ; quanta ne peut être un nominatif (« avec une admiration telle qu’aucune voix n’a jamais été écoutée » n’aurait aucun sens) ; il s’agit d’un Abl. de manière correspondant à cum (tanta) admiratione. 13–14. Vix : à peine ; prae + Abl. : en raison de, à cause de ; attollĕre, ‑o : élever, lever ; homines est sujet de poterant, dont dépend intueri (fixer son regard sur) ; trucidata : part. pft de trucidare (massacrer, égorger) ; membra ciuis : les membres de leur concitoyen (les mains et la tête de Cicéron).

Traduction Peu avant l’arrivée des triumvirs, Cicéron avait quitté la ville, certain — et c’était vrai — qu’il ne pouvait pas échapper davantage à Antoine que Cassius et Brutus à César. Il s’était d’abord réfugié dans sa propriété de Tusculum, puis, par des chemins de traverse, dans celle de Formies, comme pour embarquer à Gaète. De là, il tenta de gagner le large à plu‐ sieurs reprises ; mais, comme les vents contraires l’avaient rabattu vers la côte et qu’il ne pouvait supporter le bateau qui tanguait sous le caprice des vagues, il finit par en avoir assez et de fuir et de vivre. Il regagna sa propriété située sur les hauteurs à un peu plus de mille pas du littoral et dit : « Je mourrai dans mon pays, que j’ai souvent sauvé. » On sait que ses esclaves étaient prêts à se battre avec courage et dévouement, mais il les pria de déposer sa litière et de supporter avec sérénité l’issue qu’un sort injuste lui imposait. Il se pencha hors de la litière, tendit la nuque sans plus bouger et eut la tête tranchée. Ce n’était pas encore assez pour ces brutes de soldats sans pitié, qui lui coupèrent aussi les mains, au motif qu’elles avaient écrit contre Antoine. Ainsi, on apporta sa tête à Antoine, qui la fit exposer entourée des deux mains sur les rostres, là où, pendant son consulat, à maintes reprises après son consulat et cette année même contre Antoine, on avait entendu son éloquence susciter l’admiration comme aucune voix humaine ne l’avait jamais fait. C’était à peine si les gens en pleurs pouvaient soutenir du regard le spectacle des membres mutilés de leur concitoyen.

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G. Un rêve prémonitoire Dans son ouvrage intitulé La divination (interprétation de la volonté des dieux), Cicéron illustre le caractère prémonitoire des rêves par deux anecdotes édifiantes, dont voici la seconde (d’où alterum, l. 1) Alterum ita traditum clarum admodum somnium. Cum duo quidam Arcades familiares iter una facerent et Megaram uenissent, alterum ad cauponem deuertisse, ad hospitem alterum. Qui ut cenati quiescerent, concubia nocte uisum esse in somnis ei qui erat in hos‐ pitio illum alterum orare ut subueniret, quod sibi a caupone interitus pararetur ; eum primo perterritum somnio surrexisse ; dein cum se conlegisset idque uisum pro nihilo habendum esse duxisset, recubuisse ; tum ei dormienti eundem illum uisum esse rogare ut, quoniam sibi uiuo non subuenisset, mortem suam ne inultam esse pateretur ; se interfec‐ tum in plaustrum a caupone esse coniectum et supra stercus iniectum ; petĕre ut mane ad portam adesset, prius quam plaustrum ex oppido exiret. Hoc uero eum somnio commotum mane bubulco praesto ad portam fuisse, quaesisse ex eo quid esset in plaustro ; illum per‐ territum fugisse, mortuum erutum esse, cauponem re patefacta poenas dedisse. Cicéron, Divination, I, 57

Commentaire 1. Alterum : l’autre de deux (il s’agit de la 2e anecdote rapportée par Cicéron) ; le verbe est traditum (est) ; admodum (adv.) : tout à fait ; clarus : manifeste, édifiant. 1–3. Cum… facerent… et… uenissent : cum historique ; Arcas, ‑adis : arcadien, originaire d’Arcadie (région du centre du Péloponnèse, en Grèce) ; iter facĕre, ‑io : voyager ; una ne peut pas aller avec iter : c’est un adv. (ensemble, en même temps) ; alterum… alterum : ce sont 2 prop. inf. (alterum ad cauponem deuertisse, alterum ad hospitem deuertisse) ; puisqu’il n’y a pas de verbe princ. dans la phrase, il s’agit très probablement d’un discours indirect introduit dès la 1re phrase par traditum (est) : Cicéron rapporte une anecdote dont il a eu connaissance, ce qui explique que tout le texte est en style indirect au passé. Deuertĕre, ‑o : « se détourner », mais aussi « aller loger chez, descendre chez » ; caupo, ‑onis : aubergiste ; hospes, ‑itis : ici « celui qui offre l’hospitalité, celui qui invite ». 3–4. Qui… pararetur : qui : rel. de liaison (= et ei) ; cenati : part. pft de cenare (dîner, prendre le repas du soir), qui a, contrairement à la règle générale, un sens actif ; ut… quies‐ cerent : il doit s’agir d’un ut temporel (avec le subj. dans le style indirect). Le verbe est uisum esse : le passif de uidēre, ‑eo (uideri) est employé dans la tournure du passif personnel avec le sens de « paraître, apparaître, se montrer » ; le sujet est donc illum alterum ; de uisum esse dépend orare, qui introduit lui-même une prop. complétive (ut… subueniret) ; concubia nox, litt. « moment de la nuit où l’on se couche » (première partie de la nuit, pleine nuit) ;

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nocte est un Abl. de temps ; ei : COI de uisum esse ; qui… hospitio : relative dont l’antéc. est ei ; quod pararetur : prop. causale au subj. dans le style indirect (c’est l’Arcadien menacé de mort qui fournit ce motif à son compagnon). 4–6. Construction de la phrase : (Traditum) eum… surrexisse cum se conlegisset et duxisset id uisum… esse dein recubuisse.

Nous sommes toujours dans le style indirect ; eum est sujet de surrexisse ; conlegisset et duxisset (coordonnés par le ‑que de idque) sont introduits par cum : le subj. s’explique soit par le cum, soit par le style indirect (on aurait alors, en style direct, un ind. avec cum temporel) ; il s’agit plutôt d’un cum historique (qui, en plus d’un rapport temporel, indique qu’il y a relation de cause à effet) ; conlegisset pour collegisset (subj. p-q-pft de colligĕre, ‑o ; se colligĕre : se ressaisir, reprendre ses esprits) ; duxisset (de ducĕre, ‑o : mener, conduire ; estimer, croire, penser) introduit une prop. inf. dont le verbe est habendum esse : uisum ne peut donc pas être une forme de uideri (comment justifier un part. pft ou un inf. pft ?) ; c’est le nom uisum, ‑i (vision, rêve) ; recubuisse (inf. pft de recubare) est sur le même plan que surrexisse ; recubare : le dictionnaire propose la traduction « être couché sur le dos », mais le verbe signifie ici « se recoucher » (re‑ : « en arrière », mais aussi « de nouveau »). 6–7. Visum esse : même construction que ci-dessus : eundem illum est sujet, ei est COI, rogare dépend de uisum esse et introduit une complétive (ut… pateretur) ; inultus : adj. formé sur le part. pft de ulcisci, ‑or (venger) avec le préfixe in‑ négatif (sans vengeance, impuni) ; de pateretur dépend une prop. inf. (mortem… esse) ; quoniam… subuenisset : prop. causale au subj. dans le style indirect (introduit par rogare) ; alicui subuenire : porter secours à qqn ; uiuo est apposé de sibi (puisque son ami ne l’avait pas secouru avant qu’il ne meure) ; ne : dans les prop. complétives et finales, on trouve parfois la construction ut… ne (avec une subord. enclavée entre ut et ne) ; dans ce cas, ne ne fait que reprendre ut en ajoutant une négation (ut… ne pour ne). 7–8. Interfectum et coniectum ne sont pas sur le même plan : ils ne sont ni coordonnés ni juxtaposés. Coniectum esse et iniectum, par contre, sont coordonnés par et ; coniectum esse (inf. pft passif de conicĕre, ‑io : jeter) et iniectum (esse), de inicĕre, ‑io (jeter sur) sont des inf. dans le style indirect ; plaustrum, ‑i : chariot ; stercus, ‑oris (Nt.) : fumier ; il faut comprendre « du fumier avait été jeté au-dessus (de lui) » : stercus (qui est à l’Acc.) est donc sujet d’iniectum ; supra est par conséquent un adv. (au-dessus) et non une prép. qui régirait stercus (« il a été jeté sur du fumier » n’aurait pas de sens après « il a été jeté sur un chariot »).

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8–9. Petĕre, ‑o (demander) introduit une complétive (ut adesset : subj. impft, car petĕre, dans le style direct, serait à un temps passé) ; prius quam… exiret : en style direct, on aurait de toute façon le subj. pour indiquer qu’il y a une intention de faire une chose avant une autre (être là avant que le chariot ne sorte). 9–10. Fuisse est le verbe, eum le sujet, avec commotum (part. pft de commouēre, ‑eo : bouleverser) comme apposé ; hoc somnio : Abl. de cause ; bubulcus, ‑i : conducteur de bœufs, bouvier. Quant à praesto, ce ne peut être une forme de praestare (comment justifier une 1re p. sg. ?) : c’est l’adv. praesto, qui, joint au verbe esse (ici : fuisse), signifie « être à la disposition de, se présenter » (à qqn : alicui ; ici : bubulco) ; quaesisse est un autre verbe juxtaposé à fuisse ; ce verbe introduit une interrog. indir. (quid… esset) ; quaerĕre ex ali‐ quo : demander à qqn. 10–11. La phrase comporte 3 prop. infin. juxtaposées, toujours en dépendance de tradi‐ tum : – illum fugisse – mortuum erutum esse – cauponem… dedisse. Erutum esse : inf. pft passif de eruĕre, ‑o (déterrer, extraire) ; poenas dare : « être puni, subir un châtiment » ; le sens premier de poena est « compensation, réparation » ; poenas dare, c’est fournir les compensations (pour racheter un crime), c’est-à-dire « être puni, être condamné » ; re patefacta : Abl. absolu ; patefacĕre, ‑io : dévoiler, mettre au jour.

Traduction Voici le second rêve tout à fait édifiant, tel qu’on le rapporte. Deux amis arcadiens qui voyageaient ensemble étaient arrivés à Mégare ; l’un était descendu à l’auberge, l’autre chez un hôte. Après le dîner, alors qu’ils dormaient, celui qui était chez un hôte rêva en pleine nuit que son ami lui demandait de venir à son secours, car l’aubergiste, disait-il, allait le tuer. Dans un premier temps, pris d’angoisse, il se réveilla, puis se ressaisit, se disant qu’il devait s’agir d’un rêve sans importance, et se recoucha. Mais, une fois rendormi, son com‐ pagnon lui apparut de nouveau, l’implorant, vu qu’il n’était pas venu à son secours quand il était en vie, de ne pas laisser sa mort impunie : assassiné par l’aubergiste, il avait été jeté sur un chariot et recouvert de fumier ; il lui demandait de se trouver le matin à la porte de la ville, avant que le chariot n’en sortît. Complètement bouleversé par ce rêve, il se rendit le matin à la porte pour arrêter le bouvier et lui demanda ce que contenait son chariot ; celuici, en proie à la panique, prit la fuite. On découvrit le corps et, une fois l’affaire élucidée, l’aubergiste fut condamné.

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H. Acte d’héroïsme de deux centurions rivaux Erant in ea legione fortissimi uiri centuriones qui iam primis ordinibus adpropin‐ quarent, Titus Pullo et Lucius Vorenus. Hi perpetuas inter se controuersias habebant uter alteri anteferretur, omnibusque annis de loco summis simultatibus contendebant. Ex his Pullo, cum acerrime ad munitiones pugnaretur : « Quid dubitas, inquit, Vorene ? aut quem locum tuae probandae uirtutis exspectas ? hic dies de nostris controuersiis iudicabit. » Haec cum dixisset, procedit extra munitiones quaeque hostium pars confertissima est uisa inrumpit. Ne Vorenus quidem sese tum uallo continet, sed omnium ueritus existimationem subsequitur. Mediocri spatio relicto Pullo pilum in hostes inmittit atque unum ex multitu‐ dine procurrentem traicit. Quo percusso exanimatoque hunc scutis protegunt hostes, in illum uniuersi tela coniciunt neque dant progrediendi facultatem. Transfigitur scutum Pulloni et uerutum in balteo defigitur. Auertit hic casus uaginam et gladium educĕre conanti dextram moratur manum, impeditumque hostes circumsistunt. Succurrit inimicus illi Vorenus et laboranti subuenit. Ad hunc se confestim a Pullone omnis multitudo conuer‐ tit ; illum ueruto transfixum arbitrantur. Vorenus gladio rem comminus gerit atque uno interfecto reliquos paulum propellit ; dum cupidius instat, in locum inferiorem deiectus concidit. Huic rursus circumuento subsidium fert Pullo, atque ambo incolumes com‐ pluribus interfectis summa cum laude intra munitiones se recipiunt. Sic fortuna in conten‐ tione et certamine utrumque uersauit, ut alter alteri inimicus auxilio salutique esset neque diiudicari posset uter utri uirtute anteferendus uideretur. César, Guerre des Gaules, V, 44

Commentaire 1–2. Viri est sujet de erant ; centuriones est apposé de uiri ; legio, ‑onis : la légion, corps d’infanterie de l’armée romaine ; chaque légion (4200 hommes environ) se subdivise en principe en 10 cohortes, 30 manipules et 60 centuries. Centurio, ‑onis : centurion (com‐ mandant d’une centurie) ; qui… adpropinquarent : subj. dans une relative du type sunt qui… ; primis ordinibus : D. avec un verbe composé de ad‑ (adpropinquare pour appropin‐ quare : approcher) ; primi ordines : il y avait une hiérarchie entre les 60 centurions d’une même légion ; on appelait primorum ordinum centuriones les centurions de la 1re cohorte (donc des 6 premières centuries) ; le rang le plus envié était celui de primipilus (centurion de la 1re centurie de la 1re cohorte). 2–3. Hi est sujet de habebant ; controuersia : dispute, rivalité ; uter… alteri (COI de ante‐ ferretur) : on trouve plus souvent uter… utri ; anteferretur : subj. impft dans une interrog. indir. qui dépend de controuersias (« une perpétuelle rivalité [pour savoir] qui l’emporte‐ rait ») ; omnibus annis : Abl. de temps ; contendĕre de aliquo : se battre, rivaliser pour (obte‐ nir) qqch ; simultas, ‑atis : rivalité, compétition ; summus : le plus élevé ; simultatibus est 470

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un Abl. de manière : « par des disputes très violentes » ; locus : le rang (qui était attribué aux centurions au sein de la légion lors de chaque promotion annuelle). 3–5. Cum… pugnaretur : cum historique (avec un verbe au passif impersonnel) ; acer‐ rime : superl. de l’adv. correspondant à l’adj. de la 2e cl. acer (acharné, violent) ; munitio, ‑onis : fortification, rempart ; Vorene : vocatif de Vorenus, ‑i ; quem locum est COD de expec‐ tas ; pro + Abl. : en proportion de, en échange de, pour ; tuae uirtutis : G. objectif (compl. du nom laude) ; hic dies : sujet de iudicabit ; iudicare : juger, décider. 5–7. Cum dixisset : cum historique ; le p-q-pft marque l’antériorité par rapport à proce‐ dit, qui est un présent historique (considéré comme un temps secondaire) ; procedĕre, ‑o : s’avancer ; extra + Acc. : hors de ; quaeque… uisa : quaeque ne peut être une forme de quisque, car ‑que est le seul mot qui puisse coordonner les 2 verbes princ. procedit et inrum‐ pit ; quaeque équivaut dès lors à et quae ; c’est donc une prop. relative, dont la syntaxe est un peu particulière : l’antécédent de quae (fém. sg., car le verbe est est uisa et non sunt uisa) doit être pars (seul nom qui soit F. sg.) ; or, cet antécédent se trouve à l’intérieur de la prop. relative et est au même cas que le pron. relatif : il y a, dit-on dans ce cas, attraction de l’antécédent dans la prop. relative ; quaeque pars équivaut donc à in eam partem quae… uisa ; uisa est : ind. pft de uideri (sembler, paraître) ; confertus (part. pft de confercire « entasser ») : entassé, serré, compact, dru ; inrumpit pour irrumpit (de irrumpĕre, ‑o : faire irruption, se précipiter, foncer) : il s’agit à nouveau d’un présent historique (comme pro‐ cedit). 7–8. Ne… quidem : ne pas… même, ne pas… non plus ; sese : forme renforcée du pronom se ; se continēre, ‑eo : se maintenir ; uallo (de uallum, ‑i : retranchement) : Abl. de lieu sans in ; ueritus : part. pft de uereri (craindre) ; omnium : compl. du nom existimationem (qui est COD de ueritus) ; subsequi, ‑or : suivre immédiatement. 8–10. Mediocri (de mediocris, ‑is, ‑e : moyen, faible) s’accorcle avec spatio ; relicto : Abl. sg. du part. pft passif de relinquĕre, ‑o (abandonner) ; il s’agit d’un Abl. absolu (litt. « un faible espace ayant été laissé [entre lui et les ennemis] ») ; pilum, ‑i : javelot ; traicĕre, ‑io : traverser, transpercer ; unum est COD de traicit ; procurrentem (part. prés. de procurrĕre, ‑o : s’avancer en courant) est apposé de unum ; quo… exanimatoque : Abl. absolu ; quo : relatif de liaison (= et eo, c’est-à-dire le soldat ennemi) ; percusso : part. pft de percutĕre, ‑io (frapper) ; exanimatus : part. pft de exanimare (ôter le souffle, tuer) ; hostes est sujet de protegunt (protegĕre, ‑o : couvrir, protéger) ; scutis (de scutum, ‑i : bouclier) est un Abl. de moyen ; hunc est COD de protegunt ; coniciunt et dant sont 2 verbes princ. ; tela (de telum, ‑i : trait, javelot) est COD de coniciunt, facultatem de dant ; progrediendi : gérondif au G. déterminant facultatem ; universus : tout entier (au pl. : tous ensemble) ; uniuersi est sujet de coniciunt.

Chapitre 1

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10–11. Scutum est sujet de transfigitur (transfigĕre, ‑o : transpercer) ; Pulloni : D. d’avan‐ tage ; uerutum (de uerutum, ‑i : javelot) est sujet de defigitur (defigĕre, ‑o : enfoncer, ficher) ; balteus, ‑i : baudrier, ceinturon. 11–12. Hic casus est sujet de auertit ; auertĕre, ‑o : détourner ; uagina : gaine, fourreau ; morari : retarder ; manum est COD de moratur ; conanti : part. prés. de conari (essayer, tenter), D. d’avantage ; de conanti dépend un inf. (educĕre) ; circumsistĕre, ‑o : s’arrêter autour, se tenir autour ; impeditus : embarrassé, empêché, gêné. 12–13. Succurrĕre, ‑o : courir au secours ; illi et laboranti : D. compl. de verbes compo‐ sés de sub‑ (succurrit et subuenit) ; laborare : travailler ; peiner, être dans l’embarras, être en danger. 13–14. Hunc : Vorénus ; se conuertĕre, ‑o : se tourner, se diriger ; confestim : immédiate‐ ment ; le sujet de arbitrantur est multitudo (accord selon le sens avec un mot comme mul‐ titudo : « la masse [des ennemis] ») ; transfixum, part. pft de transfigĕre, est un inf. pft dépendant de arbitrantur transfixum (esse) ; illum (Pullo) est sujet de la prop. inf. ; ueruto : Abl. (agent inanimé, moyen). 14–16. Rem gerĕre, ‑o : litt. « exécuter une chose » (dans un contexte militaire : exécuter une entreprise de guerre, combattre) ; comminus (adv.) : sous la main, de près ; gladio doit être qu’un Abl. de moyen ; gladio rem gerĕre, ‑o : combattre à l’épée ; comminus indique qu’il s’agit d’un combat rapproché, corps à corps ; uno interfecto : Abl. absolu ; propellĕre, ‑o : pousser devant soi, repousser, chasser. Dum… instat : prop. de temps (dum + ind. prés. pour exprimer la simultanéité de deux actions) ; instare : se tenir sur, serrer de près, pres‐ ser ; cupidius : l’adj. est cupidus (désireux, avide), et la finale ‑ius indique qu’il s’agit du comparatif de l’adverbe ; deiectus : part. pft de deicĕre, ‑io (jeter en bas, faire tomber) ; concidit : forme du verbe concidĕre, qui est un composé soit de cadĕre (*cum-cadĕre > concĭdĕre, ‑o : tomber, s’écrouler), soit de caedĕre (*cum-caedĕre > concīdĕre, ‑o : couper, tailler, massacrer) ; concidit est ici une forme d’un composé de cadĕre (la phrase indique clairement que Vorénus est en difficulté : litt. « s’étant jeté dans un creux, il tomba »). 16–17. Pullo est sujet de fert et huic COI ; circumuento est apposé à huic ; rursus : en retour, à son tour, à nouveau (litt. « Pullo porte secours à celui-ci encerclé à son tour ») ; incolumis, ‑is, ‑e : sain et sauf ; cum : prép. + Abl. (summa laude) ; se recipĕre, ‑io : se retirer ; intra + Acc. : à l’intérieur de ; compluribus interfectis : Abl. absolu ; conplures pour complures (plusieurs, bon nombre de). 17–19. Fortuna (la chance, le hasard, la Fortune) est sujet de uersauit (uersare : faire tourner, ballotter, malmener) ; contentio, ‑onis : rivalité, conflit ; certamen, ‑inis (Nt.) : lutte, combat ; ut introduit un verbe au subj. (esset) ; la présence de sic dans la princ. fait penser à une prop. consécutive (à ne pas confondre avec sic… ut + ind. introduisant une prop. comparative) ; alter inimicus est sujet de esset ; alteri et auxilio salutique sont des D. : il s’agit de la construction du double datif avec esse (D. d’avantage, alteri ; D. de destination, auxilio

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salutique) ; esse auxilio alicui : porter secours à qqn ; pour exprimer « l’un… l’autre (de deux) », le latin répète alter ; posset est coordonné à esset par neque : ce verbe est donc toujours en dépendance de ut (prop. conséc.) ; diiudicare (séparer par un jugement, décider, trancher) doit dépendre de posset ; uter introduit une interrog. indir. (uideretur) ; uidēri, dans le sens de « paraître, sembler », se construit avec la tournure dite du « passif person‐ nel » : anteferendus (adj. verbal de anteferre au N. M. sg.) équivaut donc à anteferendus esse ; uirtute : Abl. de point de vue ; uter… utri : même remarque que pour alter… alteri ; on a donc, litt. « si bien qu’on ne pouvait décider lequel des deux paraissait devoir l’emporter sur l’autre en bravoure » ; anteferre : l’emporter sur qqn ; utri : D. avec un verbe composé de ante‑ ; grammaticalement, l’interrog. indir. est donc sujet de posset (« lequel des deux paraissait… ne pouvait être décidé »).

Traduction Il y avait dans cette légion deux centurions d’une grande bravoure, qui approchaient des premiers grades, T. Pullo et L. Vorénus. C’était entre eux une perpétuelle rivalité à qui passerait avant l’autre, et chaque année la question de l’avancement les mettait en violent conflit. Pullo, au moment où l’on se battait avec le plus d’acharnement au rempart, s’écria : « Qu’attends-tu, Vorénus ? De quelle promotion comptes-tu donc voir récompenser l’éclat de ta valeur ? C’est ce jour qui décidera entre nous. » À ces mots, il s’avance hors du retran‐ chement, et choisissant l’endroit le plus dense de la ligne ennemie, il fonce. Vorénus ne reste pas davantage derrière le rempart, mais, craignant de passer pour moins brave, il suit de près son rival. Quand il n’est plus qu’à peu de distance de l’ennemi, Pullo jette son javelot et atteint un Gaulois qui s’était détaché du gros de l’ennemi pour courir en avant ; trans‐ percé et mourant, ses compagnons le couvrent de leurs boucliers, cependant que tous à la fois ils lancent leurs traits contre le Romain et l’empêchent d’avancer. Il a son bouclier traversé d’un javelot qui se plante dans le baudrier de l’épée : du coup, celle-ci n’est plus en place, et tandis que sa main droite cherche à la sortir du fourreau, il perd du temps, s’embarrasse, et l’ennemi l’enveloppe. Son rival, Vorénus, accourt à son aide. Aussitôt toute la multitude des ennemis se tourne contre lui et laisse là Pullo, croyant que le javelot l’a percé de part en part. Vorénus, l’épée au poing, lutte corps à corps, en tue un, écarte un peu les autres ; mais, emporté par son ardeur, il se jette dans un creux et tombe. C’est à son tour d’être enveloppé ; mais Pullo lui porte secours, et ils rentrent tous deux au camp sains et saufs, ayant tué beaucoup d’ennemis et s’étant couverts de gloire. La Fortune traita de telle sorte ces guerriers rivaux, qu’ils se secoururent l’un l’autre et se sauvèrent mutuellement la vie, et qu’il fut impossible de décider à qui revenait le prix de la bravoure1.

1. Trad. L.-A. Constans, Paris, Belles Lettres, 1926. Chapitre 1

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I. L’astrologue de Tibère L’empereur Tibère, qui avait lui-même étudié l’astrologie avec Thrasylle, décide de mettre son ancien maître à l’épreuve… Quotiens super tali negotio consultaret, edita domus parte ac liberti unius conscientia utebatur. Is litterarum ignarus, corpore ualido, per auia ac derupta (nam saxis domus imminet) praeibat eum cuius artem experiri Tiberius statuisset et regredientem, si uani‐ tatis aut fraudum suspicio incesserat, in subiectum mare praecipitabat, ne index arcani existeret. Igitur Thrasullus isdem rupibus inductus, postquam percontantem commouerat, imperium ipsi et futura sollerter patefaciens, interrogatur an suam quoque genitalem horam comperisset, quem tum annum, qualem diem haberet. Ille positus siderum ac spatia dimensus haerēre primo, dein pauescĕre, et quantum introspiceret magis ac magis trepi‐ dus admirationis et metus, postremo exclamat ambiguum sibi ac prope ultimum discrimen instare. Tum complexus eum Tiberius praescium periculorum et incolumem fore gratatur, quaeque dixerat oracli uice accipiens inter intimos amicorum tenet. Tacite, Annales, VI, 21

Commentaire 1–2. Quotiens… consultaret : dans le latin de l’époque impériale, on trouve habituelle‐ ment le subj. dans les prop. relatives indéterminées pour exprimer la répétition, alors qu’en latin classique on a d’habitude l’ind. ; super tali negotio (sur une telle affaire) : chaque fois que Tibère voulait mettre un astrologue à l’épreuve ; le verbe utebatur a 2 compl. à l’Abl. (parte et conscientia) ; editus : part. pft de edĕre, ‑o (faire sortir, produire), mais aussi, pris comme adj., « élevé, haut » ; domus ne peut guère être qu’un G. dépendant de parte (« la partie supérieure de sa maison ») ; edita est donc un Abl. se rapportant à parte ; conscientia unius liberti : litt. « la conscience (le fait de savoir) d’un seul affranchi » ; liberti est un G. subjectif de conscientia : un seul affranchi était au courant du manège. 2–5. Construction de la phrase : Is… praeibat eum cuius Tiberius statuisset experiri artem et praecipitabat (eum) regredientem (si… incessemt) ne… exsisteret.

Litterarum détermine ignarus ; corpore ualido : Abl. de qualité ; auia (Nt. pl.) : lieux impraticables (litt. « sans chemins ») ; derupta : chemins abrupts, précipices ; alicui imminēre, ‑eo : menacer qqn (employé dans un sens figuré à propos d’une maison : dominer, surplomber) ; praeire : marcher devant, précéder qqn (aliquem ; ici : eum) ; cuius… 474

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statuisset : relative qualificative (d’où le subj.) dont l’antéc. est eum ; regredientem : Acc. sg. du part. prés. de regredi, ‑ior (revenir), COD du verbe praecipitabat (litt. « il précipitait lui qui revenait », c’est-à-dire « lors du retour »). Si… incesserat : prop. condit. réelle ; incedĕre, ‑o : s’avancer, se manifester ; uanitatis et fraudum : G. objectifs de suspicio ; uanitas : état de vide, vanité, mensonge, illusion ; fraus, fraudis : tromperie, mensonge ; in mare subiec‐ tum : litt. « dans la mer qui se trouvait en-dessous » ; index : qui montre, qui fait connaître, dénonciateur ; arcanus, ‑i : le secret ; exsistĕre, ‑o : s’élever, se dresser, se manifester ; donc : « afin que le détenteur du secret ne se manifeste pas ». 5–7. Le sujet est Thrasullus, le verbe princ. interrogatur, dont dépendent trois interrog. indir. : – an… comperisset – quem… (haberet) – qualem… haberet. Interrogatur est un présent historique : la concord. des temps se fait comme s’il s’agissait d’un verbe au passé ; isdem rupibus : Abl. de lieu (passage) ; postquam percunctantem com‐ mouerat : seul Thrasullus peut être sujet du verbe (il n’y a pas d’autre sujet exprimé) ; percunctantem : part. prés. de percunctari (s’enquérir, interroger) ; il s’agit de Tibère, qui mettait Thrasylle à l’épreuve en lui posant des questions ; litt. « après avoir impressionné celui qui l’interrogeait » ; patefacĕre, ‑io : découvrir, dévoiler ; sollerter : adroitement, habi‐ lement ; ipsi : D. d’avantage ; an équivaut à num (particule interrog. indir.) ; comperire : découvrir, apprendre ; genitalis hora : litt. « heure de la naissance » (thème astral, horo‐ scope) ; quem annum haberet (litt. « quelle année il avait ») : « comment l’année se présentait pour lui ». 7–10. Ille : Thrasylle ; dimensus : part. pft de dimetiri (prendre toutes les dimensions) ; positus ne peut être aussi un part. pft (de ponĕre, ‑o) : c’est le nom positus, ‑us (place, posi‐ tion) ; spatia : les distances (entre les astres) ; haerēre et pauescĕre sont coordonnés avec exclamat : il s’agit donc d’inf. historiques ; haerēre, ‑eo : hésiter ; pauescĕre, ‑o : être pris d’épouvante, s’effrayer ; quantum : dans la mesure où, autant que ; inspiceret : subj. impft d’inspicĕre, ‑io (examiner) ; subj. dans une relative pour exprimer la répétition (cf. ligne 1) ; trepidus : qui s’agite, tremblant ; admirationis et metus sont des G. qui dépendent de trepidus (tremblant d’étonnement et de crainte) ; exclamat introduit une prop. inf. (discrimen… ins‐ tare) ; discrimen : moment décisif ; instare : être là, être présent. 10–11. Complexus (de complecti, ‑or : embrasser) : part. pft dont le sujet est Tiberius ; le verbe princ. est gratatur (de gratari : féliciter), qui introduit deux prop. inf. : praescium (esse) et incolumem fore ; praescius : qui sait à l’avance qqch (avec G. : periculorum) ; fore = futurum esse (qu’il sera sain et sauf, qu’il sortira indemne de l’épreuve) ; quaeque : relatif de liaison (= et quae) ; uice : Abl. de *uix (tour, succession, alternative) employé comme une préposi‐ tion (à la place de, en guise de, comme). Chapitre 1

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Traduction Chaque fois qu’il voulait consulter sur une telle affaire, il utilisait l’étage supérieur de sa maison et ne se confiait qu’à un seul affranchi. Celui-ci, un illettré, d’une grande vigueur, menait par des sentiers mal frayés et abrupts — car la maison domine les rochers — celui dont Tibère avait décidé de mettre le talent à l’épreuve, et, sur la voie du retour, au moindre soupçon de charlatanisme ou d’imposture, il le précipitait dans la mer située au-dessous, pour supprimer le détenteur du secret. Donc Thrasylle fut amené le long de ces mêmes rochers ; après l’avoir interrogé, vivement frappé de ses réponses, qui, habilement, lui pré‐ disaient l’empire et lui dévoilaient l’avenir, Tibère lui demande s’il avait tiré aussi son propre horoscope et comment se présentaient pour lui l’année et le jour même. Lui, calcu‐ lant la position des astres et les distances qui les séparaient, hésite d’abord, puis se met à pâlir, et, à mesure qu’il poursuivait ses recherches, tremble de plus en plus de surprise et de crainte ; enfin il s’écrie qu’un moment critique, sinon la dernière extrémité, le menace. Alors Tibère, l’embrassant, le félicite d’avoir prévu les périls et d’en sortir indemne, et, prenant ses paroles pour un oracle, il l’admet parmi ses intimes1.

J. L’avènement de Claude À Rome, il appartenait théoriquement au sénat et au peuple romain de désigner le suc‐ cesseur de l’empereur. Mais, vu que les pouvoirs de celui-ci étaient à la fois civils et militaires, il était presque inévitable que, lors de la succession, l’armée joue aussi un rôle souvent important. Voici, selon Suétone, dans quelles circonstances pour le moins accidentelles Claude succéda à Caligula en 41 apr. J.‑C. et comment l’armée parvint à imposer son candidat au sénat. Per haec ac talia maxima aetatis parte transacta quinquagesimo anno imperium cepit quantumuis mirabili casu. Exclusus inter ceteros ab insidiatoribus Gai, cum quasi secretum eo desiderante turbam submouerent, in diaetam cui nomen est Hermaeum recesserat, neque multo post rumore caedis exterritus prorepsit ad solarium proximum interque praetenta foribus uela se abdidit. Latentem discurrens forte gregarius miles, animaduersis pedibus, e studio sciscitandi quisnam esset adgnouit extractumque et prae metu ad genua sibi adcidentem imperatorem salutauit. Hinc ad alios commilitones fluctuantis nec quic‐ quam adhuc quam frementis perduxit. Ab his lecticae impositus et, quia sui diffugerant, uicissim succollantibus in castra delatus est tristis ac trepidus, miserante obuia turba quasi ad poenam raperetur insons. Receptus intra uallum inter excubias militum pernoctauit,

1. Trad. P. Wuilleumier, Paris, Belles Lettres, 1975.

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aliquanto minore spe quam fiducia. Nam consules cum senatu et cohortibus urbanis forum Capitoliumque occupauerant asserturi communem libertatem, accitusque et ipse per tr. pl. in curiam ad suadenda quae uiderentur ui se et necessitate teneri respondit. Verum postero die et senatu segniore in exequendis conatibus per taedium ac dissensionem diuersa cen‐ sentium et multitudine quae circumstabat unum rectorem iam et nominatim exposcente, armatos pro contione iurare in nomen suum passus est promisitque singulis quina dena sestertia, primus Caesarum fidem militis etiam praemio pigneratus. Suétone, Vie de Claude, 10

Commentaire 1–2. Le verbe princ. est cepit ; imperium (N. ou Acc. sg.) ne peut guère être que COD du verbe ; le sujet de cepit n’est donc pas exprimé : il s’agit de Claude ; quinquagesimo anno : Abl. de temps ; maxima… transacta : Abl. absolu ; transigĕre, ‑o : faire passer à travers, mener à bonne fin, passer (le temps) ; per haec ac talia (litt. « dans ces conditions et dans [d’autres] telles [= du même genre] ») : renvoie au chapitre précédent, où Suétone expose comment Claude, considéré par son entourage comme un anormal, fut tenu à l’écart du pouvoir jusqu’à l’âge de 50 ans environ) ; imperium cepit : Claude succéda à l’empereur Caligula en 41 ; quantumuis (adv.) : autant que tu voudras (porte sur mirabili) ; mirabili casu : Abl. de manière ; casus, ‑us : circonstance, occasion, hasard. 2–3. Le verbe princ. est recesserat (recedĕre, ‑o : se retirer) ; exclusum : part. pft de excludĕre, ‑o (faire sortir, ne pas admettre, exclure) ; insidiator, ‑oris : celui qui tend un piège (insidiae, ‑arum), assassin ; Gai : G. de Gaius (G. objectif ; il s’agit de l’empereur Cali‐ gula) ; cum… submouerent : cum historique ; le sujet de submouerent est « les assassins » (insidiatoribus) ; submouēre, ‑eo : écarter, éloigner ; turba : la foule ; eo desiderante : Abl. absolu ; eo, c’est Caligula ; secretum (de secretum, ‑i : lieu à l’écart, retraite, solitude) est COD de desiderante ; quasi : comme si (porte sur desiderante) ; on a donc : « comme ils éloignaient la foule comme si (sous prétexte qu’) il voulait être seul ». Diaeta : « régime (alimentaire) », mais aussi « pièce, pavillon » : cui… Hermaeum : relative dont l’antécédent est diaeta ; la construction est : mihi est nomen (+ nom au nominatif) : « je m’appelle » (litt. « … est comme nom à moi » : cui, D. de possession) ; Hermaeum, ‑i : endroit consacré à Hermès. 4–5. Exterritus : part. pft de exterrēre, ‑eo (épouvanter) ; rumore : Abl. de cause ; multo ne peut se rapporter, pour le sens, à rumore ; post est l’adv. (après), car la prép. se construit avec l’Acc. ; neque multo post au lieu de *et non multo post (litt. « et pas longtemps après » ; peu de temps après) ; prorepsit (prorepĕre, ‑o : s’avancer en rampant) et abdidit (abdĕre, ‑o : cacher, dissimuler) sont 2 verbes princ. coordonnés par le ‑que de interque ; solarium, ‑ii : terrasse (endroit exposé au soleil) ; praetenta (part. pft de praetendĕre, ‑o : tendre en

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avant) se rapporte à uela (de uelum, ‑i : voile, tenture), qui est un Acc. régi par la prép. inter. Foribus : D. ou Abl. de fores, ‑ium (pl.) : la porte (ici D. avec un verbe composé de prae‑). 5–7. Gregarius : du troupeau (grex, gregis) ; gregarius miles : un soldat de la troupe, un simple soldat ; discurrĕre, ‑o : courir de tous côtés ; animaduersis pedibus : Abl. absolu ; animaduertĕre, ‑o : remarquer ; studio sciscitandi : litt. « par envie de demander » (scisci‐ tari : questionner, demander ; sciscitandi : G. du gérondif) ; quisnam esset : interrog. indir. introduite par sciscitandi ; adgnouit pour agnouit, de agnoscĕre, ‑o (reconnaître) : verbe princ. dont le sujet est miles ; latentem (part. prés. de latēre, ‑eo : se cacher) est COD de adgnouit ; salutauit est un autre verbe princ. (salutare : saluer) ; imperatorem : Acc. sg. d’imperator (général, empereur) ; un peu de logique : à ce moment-là, Claude n’est pas encore empereur (donc « saluer l’empereur » ne convient pas) ; un peu de bon sens : le soldat, découvrant Claude caché derrière des tentures, salue l’empereur (c’est-à-dire Caligula !) : c’est absurde (et comment justifier le reste de la phrase ?) ; imperatorem n’est donc pas COD : il doit être attribut du COD (aliquem imperatorem salutare : saluer qqn du nom d’empereur, reconnaître qqn comme empereur) ; le COD est adcidentem (< accidĕre, ‑o) ; il existe 2 verbes accidĕre, ‑o, l’un composé de cadĕre (tomber), l’autre de caedĕre (couper, tailler) : avec ad genua (sur les genoux), il s’agit d’un composé de cadĕre (tomber) ; sibi (le soldat) : D. d’avan‐ tage ; prae + Abl. : « devant », mais aussi « à cause de, en raison de » ; il reste extrac‐ tumque ; extractum : part. pft de extrahĕre, ‑o (tirer hors de) ; ce part. à l’Acc. sg. est aussi COD de salutauit ; le ‑que coordonne les 2 verbes adgnouit et salutauit, le et qui suit unit extractum et adcidentem. 7–8. Perduxit est le verbe princ. (perducĕre, ‑o : conduire, amener) ; commilito, ‑onis : compagnon d’armes ; fluctuantis : part. prés. de fluctuare (être agité, ballotté, ne pas être décidé, hésiter) ; fluctuantis ne peut être un G. sg. (Claude ?), qui serait injustifiable ; rappelez-vous que certains Acc. pl. de la 3e décl. (dont ceux des part. prés.) étaient à l’origine en ‑is (devenu ‑es par analogie avec les autres noms : ciuis, nauis sont des formes tout à fait régulières d’Acc. pl.) : fluctuantis pour fluctuantes ; nec quicquam adhuc quam frementis : nec quicquam pour *et nihil ; le latin fait porter la négation sur la conjonction de coordina‐ tion : nec (ou neque) pour *et non, nec quisquam pour *et nemo, etc. ; quicquam ou quidquam (neutre de quisquam : quelqu’un) ; adhuc : jusqu’à présent, encore ; frementis : forme d’Acc. pl. pour frementes (fremĕre, ‑o : murmurer, gronder) ; quam ne peut être un pronom relatif (il n’y a pas d’antécédent) ; il introduit un 2e terme de comparaison (frementis) : ce type de construction, relativement fréquent chez des auteurs comme Suétone ou Tacite, est « (ne faisant) encore rien (d’autre) que murmurer » (« ne faisant rien, sinon murmurer » ; le 1er terme de la comparaison, aliud ou aliter, n’est pas exprimé). 8–10. Impositus : part. pft d’imponĕre, ‑o (placer sur, dans) ; impositus est coordonné à un autre verbe (delatus est) par et : impositus (est) ; lecticae (de lectica : litière) : D. avec un verbe composé de in‑ (impositus) ; sui : forme de suus au G. sg. ou au N. pl. ; il s’agit du N.

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pl. : sui (les siens, ses esclaves) est sujet de diffugerant (diffugĕre, ‑io : fuir de tous côtés) ; uicissim (adv.) : successivement, à tour de rôle ; succollantibus (part. prés. de succollare : charger sur ses épaules) est au D. ou à l’Abl. (ici D. d’avantage qui exprime aussi l’agent ; l’Abl. serait introduit par ab) ; tristis et trepidus (tremblant) sont apposés du sujet de delatus est (Claude) ; miserante turba : Abl. absolu ; miserari : plaindre, s’apitoyer ; obuius (adj.) : qui se trouve sur le passage ; quasi… insons : prop. comparative conditionnelle (comme si…) ; aliquem ad poenam rapĕre, ‑io : traîner qqn au châtiment (à la mort) ; insons (innocent) est apposé du sujet de raperetur (Claude) ; raperetur : subj. impft, car quasi réclame la concord. des temps pure et simple (donc, simultanéité par rapport à un verbe princ. passé) ; castra : il s’agit du camp situé au nord de la ville de Rome où étaient casernées les cohortes dites « prétoriennes », qui constituaient la garde personnelle de l’empereur. 10–11. Receptus : part. pft de recipĕre, ‑io (recevoir, accueillir) ; uallum, ‑i : retranchement, rempart ; excubiae, ‑arum (pl.) : les sentinelles, la garde ; pernoctauit (de pernoctare : passer la nuit) est le verbe princ. ; spe et fiducia sont des Abl. marquant, en quelque sorte, l’accom‐ pagnement, la circonstance (en ayant…, avec…) ; aliquanto : Abl. de aliquantum (une cer‐ taine quantité) avec un comparatif (minore) pour exprimer la mesure de la différence (« plus petit d’une certaine quantité ») ; spes, ‑ei (5e décl.) : l’espoir ; fiducia : la confiance. On a donc, litt. « avec assez bien moins d’espoir que de confiance » ; cette phrase quelque peu elliptique se comprend mieux lorsqu’on lit la suite (Nam…) : Claude, dans la situation où il se trouvait, avait moins d’espoir dans le sénat (qui devait désigner le successeur de Caligula, mais qui se montrait hésitant : cf. plus bas) que de confiance dans les soldats (qui, eux, étaient disposés à le placer à la tête de l’empire). 11–12. Cohortibus urbanis : Abl. avec la prép. cum ; asserturi : part. fut. de asserĕre, ‑o (défendre, soutenir) ; le part. fut. exprime le but, l’intention ; communis libertas : la liberté « commune » (expression désignant ici le régime républicain, que le sénat notamment aurait voulu rétablir). 12–13. Accitus : part. pft de accire, ‑io (faire venir, convoquer) ; tr. pl. : abréviation cou‐ rante de tribunus plebis (ici : tribunos plebis, à l’Acc. avec la prép. per) ; les tribuns de la plèbe étaient à l’origine des magistrats chargés de défendre les intérêts de la plèbe (plebs, plebis) ; ils avaient notamment le droit de convoquer le sénat pour lui soumettre une ques‐ tion ; curia : la curie, qui était l’endroit de réunion habituel du sénat ; ad suadenda : adj. verbal précédé de ad pour exprimer le but ; uideri : sembler, sembler bon ; uiderentur : interrog. indir. introduite par suadenda ; ui : Abl. de uis (la force, la violence) ; necessitas : force contraignante, obligation impérieuse ; ui et necessitate sont des Abl. d’agent ; se teneri : prop. inf. dépendant de respondit (se est sujet). 13–17. Verum : mais ; postero die : le lendemain (Abl. de temps). Identifions les prop. et les groupes de mots de cette longue phrase : senatu et segniore peuvent aller ensemble (segniore : comparatif de l’adj. segnis, ‑is, ‑e : lent, hésitant, inactif) ; in exequendis conatibus

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est un compl. introduit par la prép. in : exequendis pour exsequendis (adj. verbal de substi‐ tution de exsequi, ‑or : suivre jusqu’au bout, faire aboutir, exécuter) ; conatibus : Abl. pl. de conatus, ‑us (effort, tentative, entreprise) ; taedium (de taedium, ‑ii : le dégoût, la lassitude) et dissensionem (de dissensio, ‑onis : le désaccord) sont des Acc. introduits par per ; censen‐ tium : G. pl. du part. prés. de censēre, ‑eo (estimer, être d’avis) ; diuersa : N. F. sg. ou N. Acc. Nt. pl. de diuersus (opposé) ; diuersa est COD de censentium, lui-même compl. de dissensio‐ nem (G. subjectif) : litt. « le désaccord de ceux qui avaient des opinions opposées » ; multi‐ tudine : Abl. sg. de multitudo, ‑inis (la foule) ; le et n’unit pas multitudine et censentium (qui ne sont pas au même cas), mais multitudine et un autre nom à l’Abl. qui précède : il n’y a guère que senatu ; multitudine… exposcente : Abl. absolu (exposcĕre, ‑o : demander instam‐ ment, réclamer) ; senatu segniore, qui est coordonné à multitudine… exposcente, est donc, lui aussi, un Abl. absolu (sans part. exprimé) ; rector, ‑oris : directeur, maître ; iam : adv. aux sens multiples, variant avec les contextes (il y a un instant, déjà, maintenant, désormais, dès lors) ; nominatim (adv.) : nommément, en désignant par le nom (la foule réclame Claude comme empereur) ; circumstare : se tenir autour (ici : autour de la curie, où le sénat était réuni) ; passus est (ind. pft de pati, ‑ior : supporter, permettre) est un verbe princ. qui intro‐ duit une prop. inf. dont le sujet est armatos (armatus : armé) et le verbe iurare (jurer, prêter serment) ; contio, ‑onis : assemblée (des soldats) ; pro : devant, à la place de, en tant que ; in nomen alicuius iurare : litt. « prêter serment sur le nom de qqn », prêter serment à qqn ; promisit est un autre verbe princ. ; singulis (de singuli : « chacun un », mais aussi « chacun en particulier ») : D. dépendant de promisit ; quina dena sestertia : COD de promisit ; quina dena (Nt. pl. de quini deni : quinze chacun) est un adj. distributif qui exprime la notion de « chacun tant » ; sestertia : sestertius, ‑ii signifie « le sesterce » (monnaie) ; employé au Nt. pl., sestertia, ‑orum signifie 1 000 sesterces ; quina dena sestertia : chacun 15 000 sesterces ; pigneratus : part. pft de pignerari (prendre en gage, s’assurer) ; fidem (de fides, ‑ei : la bonne foi, la confiance, la loyauté) est COD de pigneratus et militis compl. du nom fidem ; praemio (de praemium, ‑ii : avantage, faveur, récompense) est un Abl. de moyen.

Traduction Alors que Claude avait passé la plus grande partie de sa vie dans des conditions de ce genre, il devint empereur dans sa cinquantième année par un effet du hasard tout à fait extraordinaire. Tenu à l’écart avec les autres par les assassins de Caligula, au moment où ils repoussaient la foule en prétendant que l’empereur désirait rester seul, il s’était retiré dans un pavillon qu’on appelle la chapelle d’Hermès ; peu après, effrayé par la nouvelle du meurtre, il se glissa jusqu’à une terrasse voisine, où il se cacha derrière les tentures de la porte. Le hasard fit qu’un simple soldat courant de tous côtés aperçut ses pieds et qu’il voulut savoir qui c’était ; il le tira de sa cachette, le reconnut et le salua du nom d’empereur, alors qu’il était tombé à ses genoux sous le coup de la peur. Il le conduisit ensuite auprès 480

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de ses camarades, qui étaient encore indécis et dont le ressentiment ne faisait encore que gronder. Ils l’installèrent eux-mêmes sur une litière, car sa suite s’était enfuie, le portèrent à tour de rôle sur leurs épaules et l’emmenèrent au camp, abattu, terrorisé ; sur sa route, la foule le prenait en pitié, comme si on traînait un innocent au supplice. On le fit entrer à l’intérieur du camp, où il passa la nuit au milieu des sentinelles, avec encore moins d’espoir que de soulagement, car les consuls, en accord avec le sénat et les cohortes prétoriennes, avaient fait occuper le forum et le Capitole dans l’intention de rétablir un régime de liberté pour tous. Quand les tribuns de la plèbe le convoquèrent en personne à la curie pour y exposer la solution qui lui semblait la bonne, il répondit qu’il était retenu contre son gré par une force supérieure. Mais, le lendemain, alors que le sénat tardait à mettre son projet à exécution, dégoûté, en raison des divergences apparues entre les avis et comme, d’autre part, la foule qui se tenait autour de la curie réclamait un seul chef et nommait Claude, il autorisa les soldats à lui prêter serment en armes devant les cohortes assemblées et leur promit à chacun quinze mille sesterces ; il fut ainsi le premier des Césars à s’assurer la loyauté de l’armée par de l’argent.

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3. Textes traduits A. Bon mot d’Hannibal In libris ueterum memoriarum scriptum est Hannibalem Carthaginiensem apud regem Antiochum facetissime cauillatum esse. Ea cauillatio huiuscemodi fuit. Ostendebat ei Antio‐ chus in campo copias ingentis quas bellum populo Romano facturus comparauerat, conuer‐ tebatque exercitum insignibus argenteis et aureis florentem ; inducebat etiam currus cum falcibus et elephantos cum turribus equitatumque frenis, ephippiis, monilibus, phaleris praefulgentem. Atque ibi rex, contemplatione tanti ac tam ornati exercitus gloriabundus, Hannibalem aspicit et : « Putasne, inquit, conferri posse ac satis esse Romanis haec omnia ? » Tum Poenus eludens ignauiam inbelliamque militum eius pretiose armatorum : « Satis, plane satis esse credo Romanis haec omnia, etiamsi auarissimi sunt. » Nihil prorsum neque tam lepide neque tam acerbe dici potest : rex de numero exercitus sui ac de aesti‐ manda aequiperatione quaesiuerat, respondit Hannibal de praeda. Aulu-Gelle, Nuits attiques, V, 5

Traduction Dans les livres d’histoire ancienne figure une plaisanterie pleine d’esprit que fit le Car‐ thaginois Hannibal à la cour du roi Antiochus1. Voici la plaisanterie en question. Antiochus lui faisait voir sur une plaine de parade les troupes innombrables qu’il avait levées dans l’intention de mener la guerre contre le peuple romain. Il faisait manœuvrer une armée toute resplendissante de décorations d’argent et d’or ; il faisait aussi défiler des chars armés de faux, des éléphants avec leurs tours et des chevaux, dont les mors, les couvertures, les colliers et les décorations brillaient d’un vif éclat. Alors le roi, tout fier de contempler une armée aussi nombreuse et aussi magnifique, se tourne vers Hannibal et dit : « Penses-tu qu’on puisse se mesurer aux Romains et que tout cela soit suffisant pour eux ? » Le Car‐ thaginois, se moquant de la lâcheté et de l’incapacité d’une armée si richement équipée, répliqua : « Tout cela est suffisant, je crois, amplement suffisant pour les Romains, malgré leur cupidité sans borne. » On ne saurait faire une réponse ni plus spirituelle, ni plus mor‐ dante. Le roi l’avait interrogé sur la taille de son armée et sa capacité à rivaliser ; Hannibal, dans sa réponse, parlait de butin.

1. Il s’agit du roi séleucide Antiochos III, à la cour duquel Hannibal s’était réfugié après sa défaite à Zama (202 av. J.‑C.) contre les Romains.

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B. Comportement exemplaire de deux esclaves Claudius Quadrigarius in duodeuicesimo annalium tradit, cum obsideretur Grumentum et iam ad summam desperationem uentum esset, duos seruos ad hostem transfugisse et operae pretium fecisse. Deinde urbe capta passim discurrente uictore illos per nota itinera ad domum in qua seruierant praecucurrisse et dominam suam ante egisse ; quaerentibus quaenam esset, dominam et quidem crudelissimam ad supplicium ab ipsis duci professos esse. Eductam deinde extra muros summa cura celasse, donec hostilis ira consideret ; deinde, ut satiatus miles cito ad Romanos mores rediit, illos quoque ad suos redisse et dominam sibi ipsos dedisse. Manu misit utrumque e uestigio illa nec indignata est ab his se uitam accepisse in quos uitae necisque potestatem habuisset. Potuit sibi hoc uel magis gratulari ; aliter enim seruata munus notae et uolgaris clementiae habuisset, sic seruata nobilis fabula et exemplum duarum urbium fuit. Claudius Quadrigarius, fr. 81 Chassignet (Sén., Bienfaits, III, 23, 2–3)

Traduction Claudius Quadrigarius1 raconte au livre XVIII de ses Annales que, lors du siège de Gru‐ mentum2, alors qu’on avait atteint le comble du désespoir, deux esclaves passèrent à l’ennemi et en furent récompensés. Ensuite, une fois la ville prise, le vainqueur s’y répandit de tous côtés, et ces deux hommes, empruntant des chemins qu’ils connaissaient, se pré‐ cipitèrent pour arriver les premiers à la maison où ils avaient été esclaves et firent sortir leur maîtresse devant eux. Quand on leur demandait qui elle était, ils déclaraient que c’était leur maîtresse, une femme vraiment abominable, et qu’ils l’emmenaient pour l’exécuter. Ils la firent ensuite sortir de la ville et la mirent à l’abri dans le plus grand secret, en atten‐ dant que la furie de l’ennemi se calmât. Puis, une fois que le soldat repu retrouva bien vite un comportement de Romain, ils retrouvèrent aussi leur situation et reprirent spontané‐ ment leur place auprès de leur maîtresse. Elle les affranchit tous deux immédiatement, sans s’offusquer de devoir la vie à des gens sur qui elle avait eu droit de vie et de mort. Elle aurait pu s’en féliciter davantage encore. En effet, avec la vie sauve en d’autres circons‐ tances, elle aurait bénéficié de l’heureux effet d’un geste de clémence connu et banal ; mais, sauvée comme elle le fut, elle devint une belle histoire et un modèle pour les deux villes.

1. Historien latin contemporain de Sylla (début du Ier s. av. J.‑C.), dont on n’a conservé que des fragments. 2. Ville de Lucanie (sud de l’Italie) assiégée et prise par Rome lors de la guerre sociale (90-89 av. J.‑C.). Chapitre 1

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C. La clémence d’Auguste On rapporte à Auguste, qui allait entreprendre un voyage, qu’un homme s’est laissé aller à formuler un vœu bien imprudent. Rufus, uir ordinis senatorii, inter cenam optauerat ne Caesar saluus rediret ex ea pere‐ grinatione quam parabat ; et adiecerat idem omnes et tauros et uitulos optare. Fuerunt qui illa diligenter audirent. Vt primum diluxit, seruus qui cenanti ad pedes steterat narrat quae inter cenam ebrius dixisset et hortatur ut Caesarem occupet atque ipse se deferat. Vsus consilio descendenti Caesari occurrit et, cum malam mentem habuisse se pridie iurasset, id ut in se et in filios suos recideret optauit et Caesarem ut ignosceret sibi rediretque in gratiam secum rogauit. Cum dixisset se Caesar facĕre : « Nemo, inquit, credet te mecum in gratiam redisse, nisi aliquid mihi donaueris », petitque non fastidiendam etiam a propitio summam et impetrauit. Caesar ait : « Mea causa dabo operam ne umquam tibi irascar. » Honeste fecit Caesar, quod ignouit, quod liberalitatem clementiae adiecit ; quicumque hoc audierit exemplum, necesse est Caesarem laudet, sed cum seruum ante laudauerit. Sénèque, Bienfaits, III, 27

Traduction Rufus, membre de l’ordre sénatorial, avait exprimé au cours d’un dîner le souhait que César Auguste ne revînt pas sain et sauf d’un voyage auquel il s’apprêtait ; et il avait ajouté que taureaux et veaux faisaient tous le même vœu1. Il se trouva des gens pour recueillir soigneusement ces propos. Dès le lever du jour, l’esclave préposé à son service lors du dîner lui rapporte les propos qu’il avait tenus au dîner sous le coup de l’ivresse et l’engage à prendre les devants et à se dénoncer spontanément à César. Suivant son conseil, il courut audevant de César qui sortait ; jurant qu’il avait perdu la tête la veille, il fit le vœu de voir retomber son souhait sur sa tête et celle de ses fils, pria César de lui pardonner et de lui rendre ses bonnes grâces. Alors que César avait dit qu’il acceptait, il dit : « Personne ne me croira rentré en grâce, si vous ne manifestez pas votre générosité à mon égard. » Il lui demanda une somme que n’aurait pas refusée même un sujet en faveur et il l’obtint. César lui dit : « Dans mon intérêt, je veillerai à ne jamais m’emporter contre toi. » César eut une noble attitude en lui accordant son pardon et en ajoutant la générosité à la mansuétude. Quiconque entendra cette histoire ne pourra que féliciter César, non sans avoir d’abord félicité l’esclave.

1. Car, à son retour, César, c’est-à-dire Auguste, célébrerait le succès de son voyage en offrant aux dieux des tau‐ reaux et des veaux en sacrifice ; ils avaient donc aussi, pour ainsi dire, tout intérêt à ce que le voyage d’Auguste fût un échec.

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D. La mort d’Archimède Comment Archimède, qui avait déployé ses talents d’inventeur pour défendre Syracuse, mourut lors du sac de la ville par le général romain Marcellus en 212 av. J.‑C. Archimedis fructuosam industriam fuisse dicerem, nisi eadem illi et dedisset uitam et abstulisset. Captis enim Syracusis Marcellus, etsi machinationibus eius multum ac diu uic‐ toriam suam inhibitam senserat, eximia tamen hominis prudentia delectatus, ut capiti illius parceretur edixit, paene tantum gloriae in Archimede seruato quantum in oppressis Syracusis reponens. At is, dum animo et oculis in terra defixis formas describit, militi, qui praedandi gratia domum inruperat strictoque super caput gladio quisnam esset interro‐ gabat, propter nimiam cupiditatem inuestigandi quod requirebat nomen suum indicare non potuit, sed protecto manibus puluere : « Noli, inquit, obsecro, istum disturbare », ac perinde quasi neglegens imperii uictoris obtruncatus sanguine suo artis suae liniamenta confudit. Quo accidit ut propter idem studium modo donaretur uita, modo spoliaretur. Valère Maxime, Faits et dits mémorables, VIII, 7, ext. 7

Traduction Je dirais que les recherches d’Archimède furent fécondes, si elles ne lui avaient en même temps accordé et enlevé la vie. En effet, après la prise de Syracuse, Marcellus s’était rendu compte que les talents d’inventeur de celui-ci avaient gravement et longtemps retardé sa victoire. Néanmoins, séduit par l’intelligence supérieure de cet homme, il décida de lui laisser la vie sauve, attachant pour ainsi dire autant de gloire à la vie sauve d’Archimède qu’au siège de Syracuse. Mais, tandis que celui-ci était concentré, les yeux fixés sur les figures qu’il dessinait au sol, un soldat se précipita dans sa maison pour la piller, brandit son épée au-dessus de sa tête et lui demanda qui il était. Archimède, trop absorbé par les recherches qu’il menait, ne put dire son nom, mais protégea le sol de ses mains en disant : « De grâce, ne dérangez pas ceci ! » Et, tout comme s’il avait fait montre d’arrogance envers la toute-puissance du vainqueur, il eut la tête tranchée et son sang vint brouiller les figures qu’il avait su tracer. Ainsi il arriva qu’une même passion lui valût tantôt d’avoir la vie sauve, tantôt de la perdre.

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E. Scrupules d’un pythagoricien Les pythagoriciens croyaient notamment à la réincarnation des êtres après leur mort (métempsychose), ce qui pouvait poser quelques problèmes de conscience dans la vie quotidienne. Pythagoricus quidam emerat a sutore phaecasia, rem magnam, non praesentibus num‐ mis. Post aliquot dies, uenit ad tabernam redditurus et, cum clusam diu pulsaret, fuit qui diceret : « Quid perdis operam ? sutor ille, quem quaeris, elatus, conbustus est ; quod nobis fortasse molestum est, qui in aeternum nostros amittimus, tibi minime, qui scis futurum ut renascatur », iocatus in Pythagoricum. At philosophus noster tres aut quattuor denarios non inuita manu domum rettulit subinde concutiens ; deinde, cum reprehendisset hanc suam non reddendi tacitam uoluptatem, intellegens adrisisse illud lucellum sibi, redit ad eandem tabernam et ait : « Ille tibi uiuit ; redde quod debes. » Deinde per clostrum, qua se conmissura laxauerat, quattuor denarios in tabernam inseruit ac misit poenas a se exigens inprobae cupiditatis, ne alieno adsuesceret. Sénèque, Bienfaits, VII, 21

Traduction Un pythagoricien avait acheté chez un cordonnier des sandales de luxe, un gros achat, sans payer comptant. Quelques jours plus tard, il vint à la boutique pour payer ; comme il frappait avec insistance à la porte, quelqu’un lui dit : « Pourquoi perdre ton temps ? Le cordonnier que tu cherches est mort et a été incinéré ; c’est sans doute triste pour nous, qui perdons nos proches à jamais, mais pas le moins du monde pour toi, qui sais qu’il doit renaître », se moquant ainsi du pythagoricien. Aussi notre philosophe rapporta-t-il chez lui les trois ou quatre deniers en les faisant sonner de temps à autre d’une main satisfaite. Puis, se reprochant le plaisir secret qu’il avait éprouvé à ne pas payer et comprenant qu’il avait succombé à l’appât d’un gain dérisoire, il retourna à la boutique et dit : « Pour toi, cet homme est vivant : paie ta dette. » Puis, par une fente de la porte disloquée, il glissa quatre deniers dans la boutique et réprima sa convoitise coupable, pour éviter de prendre goût au bien d’autrui.

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F. Auguste et les corbeaux savants Octave mit un terme à la 3e guerre civile en battant Antoine à la bataille d’Actium (31 av. J.‑C.). Un artisan, anticipant l’issue du conflit, avait tout prévu pour accueillir le vai‐ queur, quel qu’il fût. Sublimis Actiaca uictoria Caesar Romam reuertebatur. Occurrit ei inter gratulantes coruum tenens quem instituerat haec dicĕre : « Aue, Caesar uictor imperator. » Miratus Caesar officiosam auem uiginti milibus nummum emit. Socius opificis, ad quem nihil ex illa liberalitate peruenerat, adfirmauit Caesari habēre illum et alium coruum, quem ut adferre cogeretur rogauit. Adlatus, uerba quae didicerat expressit : « Aue, uictor imperator Antoni. » Nihil exasperatus satis duxit iubēre illum diuidĕre donatiuum cum contubernali. Salutatus similiter a psittaco, emi eum iussit. Idem miratus in pica, hanc quoque redemit. Exemplum sutorem pauperem sollicitauit ut coruum insititueret ad parem salutationem ; qui, impendio exhaustus, saepe ad auem non respondentem dicĕre solebat : « Opera et impensa periit. » Aliquando tamen coruus coepit dicĕre dictatam salutationem. Hac audita dum transit Augustus, respondit : « Satis domi salutatorum talium habeo. » Superfuit coruo memoria, ut et illa quibus dominum querentem solebat audire subtexeret : « Opera et impensa periit. » Ad quod Caesar risit emique auem iussit quanti nullam adhuc emerat. Macrobe, Saturnales, II, 4, 29–30

Traduction Après sa victoire à Actium, César Auguste rentrait à Rome couvert de gloire. Parmi les gens venus le féliciter, un homme se pressa vers lui avec un corbeau auquel il avait appris à dire : « Salut, César, général victorieux. » Auguste, admiratif, acheta l’aimable volatile pour vingt mille sesterces. Un camarade du dresseur, qui n’avait pas profité de cette libéralité, affirma à César que l’autre avait aussi un second corbeau et demanda qu’on le fît apporter. Une fois sur place, l’oiseau débita les mots qu’il avait appris : « Salut, général victorieux, Antoine. » Sans s’offusquer, Auguste se contenta d’ordonner que les deux comparses partagent la somme entre eux. Salué de la même façon par un perroquet, il le fit acheter. Il admira la même capacité chez une pie, qu’il acheta également. Ces précédents poussèrent un modeste cordonnier à dresser un corbeau à saluer de la même manière ; mais, l’oiseau restant muet, il lui disait souvent, complètement abattu : « J’ai perdu ma peine et mon argent. » Un jour, cependant, le corbeau se mit à dire la formule qu’on lui avait si souvent répétée. Auguste, entendant ces mots sur son passage, répondit : « J’ai assez de gens chez moi qui me saluent ainsi. » Le corbeau eut assez de mémoire pour ajouter la plainte qu’il avait l’habitude d’entendre dans la bouche de son maître : « J’ai perdu ma peine et mon argent. » À ces mots, César se mit à rire et fit acheter l’oiseau à un prix auquel il n’en avait jamais acheté aucun jusque-là.

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G. Cicéron découvre le tombeau d’Archimède Pendant sa questure en Sicile (75 av. J.‑C.), Cicéron découvre le tombeau du savant Archimède de Syracuse, tombeau dont les habitants avaient oublié jusqu’à l’existence. Archimedis ego quaestor ignoratum ab Syracusanis, cum esse omnino negarent, saep‐ tum undique et uestitum uepribus et dumetis indagaui sepulcrum. Tenebam enim quos‐ dam senariolos quos in eius monumento esse inscriptos acceperam, qui declarabant in summo sepulcro sphaeram esse positam cum cylindro. Ego autem cum omnia conlustra‐ rem oculis — est enim ad portas Agragantinas magna frequentia sepulcrorum —, animum aduerti columellam non multum e dumis eminentem, in qua inerat sphaerae figura et cylindri. Atque ego statim Syracusanis — erant autem principes mecum — dixi me illud ipsum arbitrari esse quod quaererem. Inmissi cum falcibus multi purgarunt et aperuerunt locum. Quo cum patefactus esset aditus, ad aduersam basim accessimus. Apparebat epi‐ gramma exesis posterioribus partibus uersiculorum dimidiatum fere. Ita nobilissima Grae‐ ciae ciuitas, quondam uero etiam doctissima, sui ciuis unius acutissimi monumentum ignorasset, nisi ab homine Arpinate didicisset. Cicéron, Tusculanes, V, 64–66

Traduction Quand j’étais questeur, j’ai découvert la sépulture d’Archimède — alors que les Syracu‐ sains ignoraient et niaient même son existence — entourée tout entière et recouverte de ronces et de buissons. J’avais en mémoire quelques petits vers dont je savais qu’ils étaient gravés sur le monument et qui indiquaient qu’une sphère et un cylindre étaient posés au sommet de la sépulture. Un jour donc que je scrutais toutes les sépultures alentour (car il y en a une multitude près de la porte d’Agrigente), je remarquai une petite colonne émer‐ geant à peine des buissons, qui était surmontée d’une sphère et d’un cylindre. Tout de suite, je dis aux Syracusains (les notables m’accompagnaient) que, selon moi, c’était bien la sépul‐ ture que je cherchais. On fit venir des gens en nombre avec des faux pour nettoyer et déga‐ ger l’emplacement. Puis, quand on put y avoir accès, nous approchâmes tout près de la base. L’inscription y figurait à moitié lisible, la fin des vers rongée par le temps. Ainsi, la cité la plus fameuse de Grèce, la plus savante aussi autrefois, aurait continué à ignorer le monu‐ ment du plus génial de ses fils, si un homme d’Arpinum ne l’avait fait connaître.

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H. L’épée de Damoclès Comment Denys l’Ancien (c. 430–367), tyran de Syracuse, fit comprendre à Damoclès de quelle nature est le bonheur des tyrans. Cum quidam ex Dionysi adsentatoribus, Damocles, commemoraret in sermone copias eius, opes, maiestatem dominatus, rerum abundantiam, magnificentiam aedium regiarum negaretque umquam beatiorem quemquam fuisse : « Visne igitur, inquit, o Damocle, quo‐ niam te haec uita delectat, ipse eam degustare et fortunam experiri meam ? » Cum se ille cupĕre dixisset, conlocari iussit hominem in aureo lecto strato pulcherrimo textili stragulo, magnificis operibus picto, abacosque compluris ornauit argento auroque caelato. Tum ad mensam eximia forma pueros delectos iussit consistĕre eosque nutum illius intuentis dili‐ genter ministrare. Aderant unguenta, coronae, incendebantur odores, mensae conquisi‐ tissimis epulis extruebantur. Fortunatus sibi Damocles uidebatur. In hoc medio apparatu fulgentem gladium e lacunari saeta equina aptum demitti iussit, ut impenderet illius beati ceruicibus. Itaque nec pulchros illos ministratores aspiciebat nec plenum artis argentum nec manum porrigebat in mensam, iam ipsae defluebant coronae ; denique exorauit tyran‐ num ut abire liceret, quod iam beatus nollet esse. Satisne uidetur declarasse Dionysius nihil esse ei beatum cui semper aliqui terror impendeat ? Cicéron, Tusculanes, V, 61–62

Traduction Damoclès, un des courtisans de Denys, évoquant dans une conversation les richesses du tyran, sa puissance, son prestige de souverain, l’abondance de ses ressources et la splendeur de son palais, affirmait que jamais personne n’avait été plus heureux. « Eh bien, Damoclès, ditil, puisque ma vie te plaît tant, veux-tu y goûter en personne et connaître ce qu’est mon bon‐ heur ? » Damoclès ayant dit qu’il en avait très envie, Denys installa notre homme sur un lit doré, recouvert d’un superbe tapis orné d’une broderie magnifique ; il fit dresser quantité de buffets dans de la vaisselle ciselée d’or et d’argent et fit s’installer près de la table de jeunes esclaves choisis et d’une rare beauté, chargés spécialement de le servir au moindre signe du regard. Il y avait des essences, des couronnes, on brûlait des parfums, les mets les plus recher‐ chés garnissaient les tables. Damoclès se voyait au comble du bonheur. Au milieu de la fête, Denys fit attacher au plafond une épée rutilante avec un crin de cheval, de sorte qu’elle pen‐ dît au-dessus de la tête de notre bienheureux. Dès lors, Damoclès n’avait plus d’yeux ni pour les beaux serviteurs, ni pour l’argenterie fine ; ses mains ne touchaient plus aux plats, les cou‐ ronnes glissaient d’elles-mêmes de sa tête ; il finit par supplier le tyran de l’autoriser à s’en aller, parce que, dit-il, il ne voulait plus être heureux. Denys ne paraît-il pas avoir bien montré que le bonheur n’existe point pour qui vit en permanence dans la terreur ?

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I. Entretien de Scipion et d’Hannibal En 202 av. J.‑C., Scipion l’Africain mit fin à la 2e guerre punique en battant Hannibal à la bataille de Zama. Claudius Quadrigarius (une des sources de Tite-Live) rapporte un entretien que les deux généraux auraient eu à Éphèse en 193, alors que le Carthaginois s’était réfugié à la cour du roi Antiochus III. Claudius P. Africanum tradit Ephesi conlocutum cum Hannibale et sermonem unum etiam refert. Quaerenti Africano quem fuisse maximum imperatorem Hannibal crederet, respondisse Alexandrum, Macedonum regem, quod parua manu innumerabiles exercitus fudisset, quod ultimas oras quas uisĕre supra spem humanam esset peragrasset. Quaerenti deinde quem secundum poneret, Pyrrhum dixisse : castra metari primum docuisse, ad hoc neminem elegantius loca cepisse, praesidia disposuisse ; artem etiam conciliandi sibi homines eam habuisse ut Italicae gentes regis externi quam populi Romani, tam diu prin‐ cipis in ea terra, imperium esse mallent. Exsequenti quem tertium duceret, haud dubie semet ipsum dixisse. Tum risum obortum Scipioni et subiecisse : « Quidnam tu diceres, si me uicisses ? » — « Tum uero me, inquit, et ante Alexandrum et ante Pyrrhum et ante alios omnes imperatores esse. » Et perplexum Punico astu responsum et improuisum adsenta‐ tionis genus Scipionem mouisse, quod e grege se imperatorum uelut inaestimabilem secreuisset. Claudius Quadrigarius, fr. 65 Chassignet (= T.-L., XXXV, 14, 5–12)

Traduction Claudius (Quadrigarius1) raconte que P. (Scipion) l’Africain s’entretint à Éphèse avec Hannibal et rapporte même leur conversation. L’Africain lui demandant quel avait été, à son estime, le plus grand général, Hannibal répondit que c’était Alexandre, roi de Macé‐ doine, parce qu’avec une poignée d’hommes, il avait mis en déroute des armées gigan‐ tesques et parcouru les ultimes confins qu’aucun homme ne pouvait espérer voir. Scipion lui demandant ensuite qui il plaçait en second, Hannibal répondit que c’était Pyrrhus : il avait été le premier à enseigner à établir un camp ; en outre, personne n’avait choisi ses positions ni disposé ses défenses plus judicieusement ; il avait eu aussi une manière de s’attacher les hommes, au point que les peuples d’Italie préférèrent l’autorité d’un roi étranger à celle du peuple romain, prééminent depuis si longtemps dans cette contrée. Scipion voulant savoir qui il plaçait en troisième, Hannibal répondit sans hésiter que c’était lui-même. Scipion se mit alors à rire et demanda : « Que dirais-tu donc, si tu m’avais vaincu ? » — « Dans ce cas, dit-il, que je surpasse et Alexandre et Pyrrhus et tous les autres

1. Cf. supra p. 483.

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généraux. » Cette réponse ambiguë, d’une finesse toute punique, et un tel compliment inat‐ tendu touchèrent Scipion, car Hannibal, pensait-il, l’avait distingué de la masse des géné‐ raux comme un homme d’une valeur incomparable.

J. L’instituteur de Faléries Mos erat Faliscis eodem magistro liberorum et comite uti, simulque plures pueri, quod hodie quoque in Graecia manet, unius curae demandabantur. Principum liberos, sicut fere fit, qui scientia uidebatur praecellĕre erudiebat. Is cum in pace instituisset pueros ante urbem lusus exercendique causa producĕre, nihil eo more per belli tempus intermisso, diu modo breuioribus modo longioribus spatiis trahendo eos a porta, lusu sermonibusque uariatis, longius solito ubi res dedit progressus, inter stationes eos hostium castraque inde Romana in praetorium ad Camillum perduxit. Ibi scelesto facinori scelestiorem sermonem addit : Falerios se in manus Romanis tradidisse, quando eos pueros quorum parentes capita ibi rerum sint in potestatem dediderit. Quae ubi Camillus audiuit : « Non ad similem, inquit, tui nec populum nec imperatorem scelestus ipse cum scelesto munere uenisti. Nobis cum Faliscis quae pacto fit humano societas non est, quam ingenerauit natura utrisque est eritque. Sunt et belli, sicut pacis, iura, iusteque ea non minus quam fortiter didicimus gerĕre. Arma habemus non aduersus eam aetatem, cui etiam captis urbibus parcitur, sed aduersus armatos et ipsos qui, nec laesi nec lacessiti a nobis, castra Romana ad Veios oppu‐ gnarunt. » Denudatum deinde eum manibus post tergum inligatis reducendum Falerios pueris tradidit, uirgasque eis quibus proditorem agerent in urbem uerberantes dedit. Tite-Live, Histoire romaine, V, 27, 1–9

Traduction Traditionnellement, chez les Falisques, l’instituteur remplissait en même temps les fonctions de surveillant et, comme c’est encore aujourd’hui le cas en Grèce, tout un groupe d’enfants était confié aux soins d’un seul homme. L’instruction des fils des notables — il en va presque toujours ainsi — était confiée au maître qui passait pour le plus savant. En temps de paix, il avait pour habitude de mener les enfants aux abords de la ville pour jouer et faire du sport. La guerre ne l’avait pas fait renoncer à cette pratique. Longtemps, il se contenta de les entraîner plus ou moins loin de la porte, tout en les laissant s’ébattre et en leur parlant de choses et d’autres. Mais, dès que l’occasion se présenta d’allonger la pro‐ menade habituelle, il les fit traverser les postes ennemis et, de là, pénétrer dans le camp romain jusqu’au quartier général de Camille. Là, il poussa à son comble son action crimi‐ nelle en tenant des propos plus criminels encore : il avait, disait-il, livré Faléries aux Romains, puisqu’il avait remis entre leurs mains les enfants des familles qui dirigeaient la

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cité. À ces mots Camille répliqua : « Ce ne sont pas des gens comme toi, ce peuple et ce général que tu es venu trouver, criminel, avec ton offre criminelle. Nous ne sommes pas liés aux Falisques par une de ces alliances que font les hommes, mais il est une règle de nature, qui vaut et vaudra toujours pour les deux camps. Si la paix a ses lois, la guerre aussi a les siennes, et nous avons appris à les appliquer avec équité en même temps que courage. Nous ne sommes pas en guerre contre ces jeunes, à qui on laisse la vie sauve même après le sac d’une ville, mais contre des hommes en armes que nous n’avons ni blessés ni agressés et qui ont attaqué le camp romain près de Véies. » Il fit ensuite déshabiller l’instituteur, le livra aux enfants les mains liées dans le dos pour être reconduit à Faléries et leur donna des bâtons pour y mener le traître sous les coups.

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4. Quelques grands textes A. Salluste Salluste (c. 86–35), contraint d’abandonner sa carrière politique après la mort de César, se fait l’historien des derniers soubresauts de la République. Dans une préface au ton moralisateur, il dénonce la faiblesse de la nature humaine, y compris dans la vie publique de son temps, et justifie implicitement son propre parcours : mieux vaut écrire l’histoire qu’y participer.

Grandeur et misère du genre humain Falso queritur de natura sua genus humanum, quod inbecilla atque aeui breuis forte potius quam uirtute regatur. Nam contra reputando neque maius aliud neque praestabilius inuenias magisque naturae industriam hominum quam uim aut tempus deesse. Sed dux atque imperator uitae mortalium animus est ; qui, ubi ad gloriam uirtutis uia grassatur, abunde pollens potensque et clarus est neque fortuna eget, quippe quae probitatem, indus‐ triam aliasque artis bonas neque dare neque eripĕre quoiquam potest. Sin captus prauis cupidinibus ad inertiam et uoluptates corporis pessum datus est, perniciosa lubidine pau‐ lisper usus, ubi per socordiam uires tempus ingenium diffluxere, naturae infirmitas accu‐ satur : suam quisque culpam auctores ad negotia transferunt. Quod si hominibus bonarum rerum tanta cura esset quanto studio aliena ac nihil profutura multaque etiam periculosa ac perniciosa petunt, neque regerentur magis quam regerent casus et eo magnitudinis procederent, ubi pro mortalibus gloria aeterni fierent. Nam uti genus hominum conpositum ex corpore et anima est, ita res cunctae studiaque omnia nostra corporis alia, alia animi naturam secuntur. Igitur praeclara facies, magnae diuitiae, ad hoc uis corporis et alia omnia huiusce modi breui dilabuntur ; at ingeni egregia facinora sicuti anima inmortalia sunt. Postremo corporis et fortunae bonorum ut initium sic finis est, omniaque orta occidunt et aucta senescunt : animus incorruptus, aeternus, rector humani generis agit atque habet cuncta neque ipse habetur. Quo magis prauitas eorum admiranda est qui dediti corporis gaudiis per luxum et ignauiam aetatem agunt, ceterum ingenium, quo neque melius neque amplius aliud in natura mortalium est, incultu atque socordia torpescĕre sinunt, quom praesertim tam multae uariaeque sint artes animi quibus summa claritudo paratur. Verum ex iis magistratus et imperia, postremo omnis cura rerum publicarum minume mihi hac tempestate cupiunda uidentur, quoniam neque uirtuti honos datur neque illi quibus per fraudem fuit tuti aut eo magis honesti sunt. Nam ui quidem regĕre patriam aut parentis, quamquam et possis et delicta corrigas, tamen inportunum est, quom praesertim

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omnes rerum mutationes caedem, fugam aliaque hostilia portendant. Frustra autem niti neque aliud se fatigando nisi odium quaerĕre extremae dementiae est ; nisi forte quem inhonesta et perniciosa lubido tenet potentiae paucorum decus atque libertatem suam gratificari. Guerre de Jugurtha, 1–3

Traduction C’est à tort que le genre humain se plaint de sa nature et déplore que, impuissante et de courte durée, son existence soit régie par le hasard plus que par le mérite. À bien y réfléchir au contraire, on ne saurait trouver rien de plus grand ni de plus excellent, et l’on constate que c’est moins la force ou le temps qui lui manquent que l’art de les bien employer. Or, ce qui guide et ce qui commande la vie des hommes, c’est l’âme. Marche-t-elle vers la gloire par la voie de la vertu, elle possède en abondance la force, la puissance, l’éclat, et n’a pas besoin de la Fortune, car celle-ci ne peut donner ni ravir a personne la probité, l’énergie, et les autres qualités morales. Mais si, prisonnier de passions vicieuses, l’homme sombre dans la paresse ou les plaisirs des sens, après avoir joui quelque temps de ces voluptés pernicieuses, et vu se dissiper dans l’inaction ses forces, son temps, son intelligence, il accuse alors la faiblesse de sa nature : chacun fait retomber sur les circonstances les fautes dont il est lui-même responsable. Que si les hommes recherchaient les biens véritables avec la même ardeur qu’ils mettent à poursuivre des objets étrangers à leur nature, inutiles, souvent même dangereux et pernicieux, loin d’être régis par les événements, ils les gou‐ verneraient eux-mêmes, et ils s’élèveraient à un degré de grandeur qui de la condition mortelle les mènerait par la gloire à l’immortalité. Car l’homme étant composé du corps et de l’âme, toutes nos activités, tous nos penchants procèdent de la nature de l’un ou de l’autre. Aussi la beauté physique, la richesse, ajoutons la force corporelle et autres choses de ce genre, passent en peu de temps, mais les produc‐ tions éclatantes de l’esprit sont, comme l’âme, immortelles. Enfin les avantages du corps et de la fortune ont un terme, comme ils ont un commencement ; tout ce qui naît, périt ; tout ce qui grandit, vieillit ; l’âme, incorruptible, éternelle, souveraine du genre humain, dirige et domine tout, sans être dominée par rien. Aussi est-ce chose d’autant plus étonnante que la déraison de ces gens qui, adonnés aux plaisirs du corps, passent leur vie dans le luxe et la paresse, et qui, négligeant leur intelligence, la partie pourtant la plus belle et la plus noble de la nature humaine, la laissent s’engourdir dans l’ignorance et l’apathie, et ce, quand l’esprit leur offre tant de moyens si divers d’acquérir la gloire la plus haute. Mais parmi ceux-ci, les magistratures, les commandements militaires, bref toute activité politique ne me semblent nullement désirables à notre époque, où les honneurs ne sont pas donnés au mérite, et où les hommes qui les ont acquis par la fraude n’en sont ni plus en sûreté ni plus en honneur. Quant à l’emploi de la violence pour gouverner parents et 494

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patrie — dût-on y réussir et corriger des abus — il n’est pas non plus sans danger, surtout si l’on considère que toutes les révolutions entraînent à leur suite le meurtre, l’exil, et autres violences1.

B. Lucrèce Pessimiste dans la vie et angoissé devant la mort, Lucrèce (c. 94–55/51 ?) prêche en mystique le matérialisme épicurien dans La nature (De rerum natura), un poème scientifique et philosophique plein d’anticipations troublantes et contenant quelquesuns des plus beaux vers de la langue latine.

Éloge de l’épicurisme Suaue, mari magno turbantibus aequora uentis, e terra magnum alterius spectare laborem ; non quia uexari quemquamst iucunda uoluptas, sed quibus ipse malis careas quia cernĕre suauest. 5 Suaue etiam belli certamina magna tueri per campos instructa tua sine parte pericli ; sed nil dulcius est bene quam munita tenere edita doctrina sapientum templa serena, despicĕre unde queas alios passimque uidere 10 errare atque uiam palantis quaerĕre uitae, certare ingenio, contendĕre nobilitate, noctes atque dies niti praestante labore ad summas emergĕre opes rerumque potiri. O miseras hominum mentes, o pectora caeca ! 15 Qualibus in tenebris uitae quantisque periclis degitur hoc aeui quodcumquest ! Nonne uidere nil aliud sibi naturam latrare, nisi ut qui corpore seiunctus dolor absit, mensque fruatur iucundo sensu cura semota metuque ? La nature, II, 1–19

1. Trad. A. Ernout, Paris, Belles Lettres, 1941. Chapitre 1

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L’illusion du pouvoir Lucrèce compare l’homme politique à Sisyphe, qui avait été condamné par les dieux à rouler éternellement, en remontant une pente, un rocher qui retombait chaque fois dans la plaine : le pouvoir n’est qu’une illusion et toute tentative d’y accéder est vouée à l’échec. 995

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Sisyphus in uita quoque nobis ante oculos est, qui petĕre a populo fasces saeuasque secures imbibit et semper uictus tristisque recedit. Nam petĕre imperium, quod inanest nec datur umquam, atque in eo semper durum sufferre laborem, hoc est aduerso nixantem trudĕre monte saxum quod tamen e summo iam uertice rusum uoluitur et plani raptim petit aequora campi. La nature, III, 995–1002

Traduction Il est doux, quand sur la vaste mer les vents soulèvent les flots, d’assister de la terre aux rudes épreuves d’autrui : non que la souffrance de personne nous soit un plaisir si grand ; mais voir à quels maux on échappe soi-même est chose douce. |5 Il est doux encore de regarder les grandes batailles de la guerre, rangées parmi les plaines, sans prendre sa part du danger. Mais rien n’est plus doux que d’occuper solidement les hauts lieux fortifiés par la science des sages, régions sereines d’où l’on peut abaisser ses regards sur les autres hommes, les voir |10 errer de toutes parts, et chercher au hasard le chemin de la vie, riva‐ liser de génie, se disputer la gloire de la naissance, nuit et jour s’efforcer, par un labeur sans égal, de s’élever au comble des richesses ou de s’emparer du pouvoir. Ô misérables esprits des hommes, ô cœurs aveugles ! |15 Dans quelles ténèbres et dans quels dangers s’écoule ce peu d’instants qu’est la vie ! Ne voyez-vous pas ce que crie la nature ? Réclamet-elle autre chose que pour le corps l’absence de douleur, et pour l’esprit un sentiment de bien-être, dépourvu d’inquiétude et de crainte1 ? Sisyphe lui aussi existe dans la vie ; nous l’avons sous nos yeux, qui s’acharne à briguer auprès du peuple les faisceaux et les haches redoutables, et qui toujours se retire vaincu et plein d’affliction. Car solliciter le pouvoir n’est qu’une illusion et n’est jamais donné, et dans cette recherche supporter sans cesse de dures fatigues, |1000 c’est bien pousser avec

1. Trad. A. Ernout, Paris, Belles Lettres, 1920.

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effort sur la pente d’une montagne un rocher qui, à peine au sommet, retombe et va aussitôt rouler en bas dans la plaine1.

C. Virgile « Le plus grand génie que l’humanité ait produit, inspiré d’un souffle vraiment divin, le prophète de Rome » : les Romains auraient approuvé, pour la plupart, ce jugement sans doute excessif de Claudel. L’Énéide fut très tôt le poème national par excellence, où la légende d’Énée, protégé des dieux à cause de ses vertus, était le miroir de la conscience romaine.

La descente d’Énée aux Enfers

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Ibant obscuri sola sub nocte per umbram perque domos Ditis uacuas et inania regna : quale per incertam lunam sub luce maligna est iter in siluis, ubi caelum condidit umbra Iuppiter, et rebus nox abstulit atra colorem. Vestibulum ante ipsum primisque in faucibus Orci Luctus et ultrices posuere cubilia Curae ; pallentesque habitant Morbi tristisque Senectus, et Metus et malesuada Fames ac turpis Egestas,

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terribiles uisu formae, Letumque Labosque ; tum consanguineus Leti Sopor et mala mentis Gaudia, mortiferumque aduerso in limine Bellum, ferreique Eumenidum thalami et Discordia demens uipereum crinem uittis innexa cruentis. In medio ramos annosaque bracchia pandit ulmus opaca, ingens, quam sedem Somnia uolgo uana tenēre ferunt, foliisque sub omnibus haerent. Multaque praeterea uariarum monstra ferarum,

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Centauri in foribus stabulant Scyllaeque biformes et centumgeminus Briareus ac belua Lernae horrendum stridens, flammisque armata Chimaera, Gorgones Harpyiaeque et forma tricorporis umbrae. Corripit hic subita trepidus formidine ferrum

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1. Trad. A. Ernout, Paris, Belles Lettres, 1920. Chapitre 1

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Aeneas strictamque aciem uenientibus offert, et ni docta comes tenuis sine corpore uitas admoneat uolitare caua sub imagine formae, inruat et frustra ferro diuerberet umbras. Hinc uia Tartarei quae fert Acherontis ad undas. Turbidus hic caeno uastaque uoragine gurges aestuat atque omnem Cocyto eructat harenam. Portitor has horrendus aquas et flumina seruat terribili squalore Charon, cui plurima mento canities inculta iacet, stant lumina flamma, sordidus ex umeris nodo dependet amictus. Ipse ratem conto subigit uelisque ministrat et ferruginea subuectat corpora cumba, iam senior, sed cruda deo uiridisque senectus. Huc omnis turba ad ripas effusa ruebat, matres atque uiri defunctaque corpora uita magnanimum heroum, pueri innuptaeque puellae, impositique rogis iuuenes ante ora parentum : quam multa in siluis autumni frigore primo lapsa cadunt folia, aut ad terram gurgite ab alto quam multae glomerantur aues, ubi frigidus annus trans pontum fugat et terris immittit apricis. Stabant orantes primi transmittĕre cursum tendebantque manus ripae ulterioris amore. Énéide, VI, 268–314

Traduction Ils allaient obscurs dans la nuit solitaire, à travers l’ombre, à travers la demeure vide de Dis et son royaume sans vie. |270 Tel, par une lune incertaine, sous une lueur avare, un chemin en forêt, quand Jupiter a enfoui le ciel dans l’ombre et que la noire nuit a ôté aux choses leur couleur. Devant le vestibule même, à l’entrée des corridors d’Orcus, le Deuil et les Tourments vengeurs ont installé leurs grabats. |275 Y habitent les pâles Maladies, la triste Vieillesse, la Peur, la Faim mauvaise conseillère, la Misère honteuse, larves terribles à voir, le Trépas et la Peine. Puis la Torpeur, sœur du Trépas, les Joies mauvaises de l’âme ; et, en plein milieu de la porte, la Guerre meurtrière, |280 les loges de fer des Euménides et la Discorde insensée, avec sa chevelure de vipères nouée de bandelettes sanglantes. Juste devant l’entrée, un orme touffu, géant, étend ses branches, ses bras chargés d’années, que, 498

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dit-on, peuplent en foule les Rêves vains, accrochés sous toutes les feuilles. |285 En outre sont parquées à une porte une foule de bêtes monstrueuses de toutes formes, Centaures, Scylles biformes, centuple Briarée, hydre de Lerne à l’horrible sifflement, Chimère armée d’une flamme, Gorgones, Harpyes et l’ombre d’une forme à trois corps. |290 Alors, saisi d’une terreur soudaine, Énée met la main à l’épée, la tire du fourreau et en présente la pointe à qui viendrait à lui. Et si sa docte compagne ne l’avertissait que ce ne sont là que de minces existences dépourvues de corps, qui flottent sous les apparences d’une forme vide, il se ruerait sur elles et pourfendrait des ombres, inutilement. |295 De là, un chemin mène dans le Tartare, vers les eaux de l’Achéron. C’est là qu’un tourbillon bourbeux, en un gouffre énorme, bouillonne et vomit tout son limon dans le Cocyte. Un passeur effrayant d’une saleté épouvantable, Charon, veille sur ces eaux, sur ces fleuves. À son menton, |300 une barbe blanche, touffue et hirsute. Ses yeux ne sont que flammes. Un manteau sordide est suspendu à son épaule par un nœud. À l’aide d’une gaffe, son bras dégage la barque noircie, la dirige à la voile et y transporte les morts, tout vieux qu’il est ; mais la vieillesse d’un dieu est fraîche et verte. |305 C’était vers lui que toute une foule se ruait et venait se répandre sur la rive : des matrones, des hommes, les corps de héros magnanimes qui en avaient fini avec leur vie, des fils, des filles qui n’avaient pas connu le mariage, des enfants mis au bûcher sous les yeux de leurs parents. Aussi nombreuses, dans les bois, aux premiers

froids de l’automne, |310 sont les feuilles qui s’envolent et qui tombent ; aussi nombreux sont les oiseaux, venus de la profonde mer, qui s’attroupent à terre, quand l’année qui fraîchit les fait fuir au-delà des mers et les envoie au pays du soleil. Ils restaient debout, priant qu’on les fît traverser les premiers, et tendaient les bras, dans leur désir de l’autre rive1.

D. Pétrone Souvent considéré comme le premier représentant d’un genre qui devait avoir le succès qu’on sait dans les littératures occidentales — le roman —, Pétrone (m. ier s. apr. J.‑C. ?) est un représentant tout aussi typique d’un des genres romains les plus traditionnels, la satura, où se mêlent le conservatisme social, l’observation féroce de la réalité et la paillardise.

Scène de ménage Sumptis igitur matteis, respiciens ad familiam Trimalchio : « Quid uos, inquit, adhuc non cenastis ? Abite, ut alii ueniant ad officium. » Subiit igitur alia classis, et illi quidem

1. Trad. P. Veyne, Paris, Belles Lettres, 2013. Chapitre 1

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exclamauere : « Vale Gai ! », hi autem : « Aue Gai ! » Hinc primum hilaritas nostra turbata est ; nam cum puer non inspeciosus inter nouos intrasset ministros, inuasit eum Trimalchio et osculari diutius coepit. Itaque Fortunata, ut ex aequo ius firmum approbaret, male dicĕre Trimalchionem coepit et purgamentum dedecusque praedicare, qui non contineret libidi‐ nem suam. Vltimo etiam adiecit : « Canis ! » Trimalchio contra offensus conuicio calicem in faciem Fortunatae immisit. Illa tanquam oculum perdidisset, exclamauit manusque tre‐ mentes ad faciem suam admouit. Consternata est etiam Scintilla trepidantemque sinu suo texit. Immo puer quoque officiosus urceolum frigidum ad malam eius admouit, super quem incumbens Fortunata gemĕre ac flēre coepit. Contra Trimalchio : « Quid enim, inquit, ambubaia non meminit se ? de machina illam sustuli, hominem inter homines feci. At inflat se tanquam rana, et in sinum suum conspuit, codex, non mulier. Sed hic, qui in pergula natus est, aedes non somniatur. Ita genium meum propitium habeam, curabo domata sit Cassandra caligaria. Et ego, homo dipundiarius, sestertium centies accipĕre potui. Scis tu me non mentiri. Agatho, unguentarius here proxime, seduxit me et ‘Suadeo, inquit, non patiaris genus tuum interire.’ At ego dum bonatus ago et nolo uideri leuis, ipse mihi asciam in crus impegi. Recte, curabo me unguibus quaeras. Et, ut depraesentiarum intelligas quid tibi feceris : Habinna, nolo statuam eius in monumento meo ponas, ne mortuus quidem lites habeam. Immo, ut sciat me posse malum dare, nolo me mortuum basiet. » Satiricon, 74, 6–17

Traduction Une fois ces friandises avalées, Trimalcion se tourna vers la valetaille et dit : « Quoi ? Vous avez pas encore dîné ? Vous pouvez sortir, et dites à d’autres de venir vous remplacer. » Une nouvelle brigade entra ; « Au revoir, Gaius ! » criaient ceux qui sortaient, et les autres répondaient : « Bonjour, Gaius ! » C’est là que notre gaieté fut troublée pour la première fois. En effet, comme un jeune esclave, qui était loin d’être laid, venait d’entrer avec le reste de la troupe, Trimalcion se jeta sur lui et se mit à le couvrir de baisers. Mais Fortunata, reven‐ diquant l’égalité des droits, se mit à insulter Trimalcion et à le traiter tout haut d’ordure et de vicieux, incapable de maîtriser ses pulsions. « Chien ! » ajouta-t-elle pour finir. Trimal‐ cion, de son côté, outré de cette injure, lança une coupe à la figure de Fortunata. Elle, comme si on lui avait crevé l’œil, poussa un cri et porta ses mains tremblantes à son visage. Scintilla, bouleversée elle aussi, prit dans ses bras son amie terrifiée. Un serviteur approcha avec empressement de la joue de Fortunata une cruche d’eau froide sur laquelle elle se pencha en pleurant et en gémissant. Mais Trimalcion reprit : « Quoi ? Elle se souvient pas qu’elle était joueuse de flûte ? Je l’ai ramassée sur l’estrade du marchand d’esclaves, j’ai fait d’elle un humain parmi les humains. Et elle, elle s’enfle comme une grenouille et elle crache pas

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dans sa robe1 — c’est une bûche, pas une femme ! Mais quand on est né dans une boutique, faut pas rêver de palais. Que mon Génie me soit favorable, je veillerai à mater cette Cas‐ sandre en bottines. Et moi, pauvre imbécile, j’aurais pu épouser dix millions ! Tu sais bien, toi, que je mens pas. Agathon, le parfumeur de la dame d’à côté, m’a pris à l’écart pour me dire : « Je te conseille de ne pas laisser périr ta race. » Mais moi, comme je suis bien brave et que je veux pas avoir l’air volage, j’ai scié la branche sur laquelle j’étais assis. C’est bon, tu feras des pieds et des mains pour me récupérer, fais-moi confiance. Et pour que tu com‐ prennes tout de suite ce que t’as gagné, je refuse — je parle à Habinnas — que tu mettes sa statue sur mon monument, qu’au moins j’aie pas de scènes après ma mort2.

E. Juvénal Juvénal (2e m. du ier s. – d. iie s.) n’est pas, comme le croyait Hugo, la « vieille âme libre des républiques mortes » (Shakespeare, I, 2). Il est tout simplement le plus grand sati‐ rique de la littérature latine et peut-être de la littérature universelle.

Dangers des sorties nocturnes à Rome

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Respice nunc alia ac diuersa pericula noctis : quod spatium tectis sublimibus unde cerebrum testa ferit, quotiens rimosa et curta fenestris uasa cadant, quanto percussum pondere signent et laedant silicem. Possis ignauus haberi et subiti casus inprouidus, ad cenam si intestatus eas : adeo tot fata, quot illa nocte patent uigiles te praetereunte fenestrae. Ergo optes uotumque feras miserabile tecum, ut sint contentae patulas defundĕre pelues. Ebrius ac petulans, qui nullum forte cecidit, dat poenas, noctem patitur lugentis amicum Pelidae, cubat in faciem, max deinde supinus ; ergo non aliter poterit dormire : quibusdam somnum rixa facit. Sed quamuis improbus annis atque mero feruens, cauet hunc, quem coccina laena uitari iubet et comitum longissimus ordo,

1. Pour conjurer le sort. 2. Trad. L. Méry, Paris, Belles Lettres, 2016. Chapitre 1

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multum praeterea flammarum et aenea lampas. Me, quem luna solet deducĕre uel breue lumen candelae, cuius dispenso et tempero filum, contemnit. Miserae cognosce prohoemia rixae, si rixa est ubi tu pulsas, ego uapulo tantum. Stat contra starique iubet : parēre necesse est ; nam quid agas, cum te furiosus cogat et idem fortior ? « Vnde uenis ? exclamat. Cuius aceto, cuius conche tumes ? Quis tecum sectile porrum sutor et elixi ueruecis labra comedit ? Nil mihi respondes ? Aut dic aut accipe calcem. Ede ubi consistas, in qua te quaero proseucha ? » Dicĕre si temptes aliquid tacitusue recedas, tantumdem est : feriunt pariter, uadimonia deinde irati faciunt. Libertas pauperis haec est : pulsatus rogat et pugnis concisus adorat ut liceat paucis cum dentibus inde reuerti. Satires, III, 268–301

Traduction Avise maintenant d’autres périls qui te guettent la nuit : ces toits aériens d’où |270 un tesson vient foudroyer ta tête, combien de pots fêlés, ébréchés pleuvent des fenêtres, et de quels coups ils marquent et blessent le pavé. On te pourrait taxer de négligence, d’impré‐ voyance à l’égard des accidents, si tu t’en allais dîner en ville sans avoir fait ton testament : autant de fenêtres ouvertes où l’on veille, |275 autant de risques de mort pour le passant. Ainsi, ne souhaite modestement qu’une chose : c’est de n’être inondé que du contenu des cuvettes. Un poivrot batailleur, s’il n’a encore bigorné personne, a des remords, il dort aussi mal qu’Achille pleurant |280 Patrocle. Il se couche sur le nez puis sur le dos. Décidément, il ne pourra pioncer qu’à ce prix : pour ces olibrius, pas de castagne, pas de sommeil. Mais, malgré sa jeunesse et la chaleur du vin, il n’ira pas se frotter au citoyen que lui conseillent d’éviter un manteau de laine écarlate, une escorte fournie, |285 force flambeaux et une lampe de bronze. Moi, qui n’ai que la lune pour me reconduire chez moi ou la lueur fluette d’une chandelle dont j’économise la mèche, il me prend pour un cave. Écoute comment s’engage la bagarre, si l’on peut parler de bagarre quand c’est l’autre qui cogne et moi qui déguste. |290 Il se plante devant moi : « Stop ! » Il faut obéir, car que veux-tu faire contre un énergumène, en outre plus costaud que toi ? « Tu viens d’où ? gueule-t-il. Tu t’es goinfré

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du pinard de qui ? des fayots de qui ? Avec quel gnaf t’as partagé le museau de moutonciboulette ? |295 T’es sourdingue ou quoi ? Jacte ou je te botte le cul ! Où c’est-y qu’tu fais la manche ? Dans quelle synagogue tu crèches ? » Que tu médites une réponse ou une silen‐ cieuse retraite, c’est tout un : dans les deux cas, cet enragé t’assaisonne. Et en plus il te défie de lui faire un procès. |300 Étrillé, boxé, il ne reste au pauvre qu’une seule liberté : supplier qu’on le laisse filer au moins avec quelques dents1.

1. Trad. P. Feuga, Paris, La Différence, 1992. Chapitre 1

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Chapitre 2 Histoire et usages de la langue latine Cette méthode a pour ambition d’exposer les structures de base d’un système linguis‐ tique présenté, par commodité, comme homogène. Mais l’usage décrit ici n’est, à propre‐ ment parler, que celui de la prose dite « classique », celle, en gros, de César et de Cicéron. Le latin est bien loin de se réduire à cela : comme toute langue, il présente de grandes disparités à la fois diachroniques et synchroniques. Du point de vue diachronique, rappelons que le latin, connu depuis le milieu du ier millénaire avant J.-C. (cf. introduction), est encore, à l’occasion, utilisé aujourd’hui. Même si les modernes partisans du latin « vivant », comme les humanistes de la Renaissance, tentent plus de reproduire artificiellement un usage déterminé — celui, précisément, de Cicéron — que de continuer à faire évoluer la langue, leurs incorrections et leurs approxi‐ mations, qui sont inévitables (rien ne remplace le sentiment de sa langue que possède un locuteur natif), font de leur latin, quoi qu’ils en aient, quelque chose d’un peu à part. Mais surtout, pendant ses quelque dix siècles d’existence vivante, la langue des Romains a beau‐ coup évolué : le latin de Plaute ou d’Ennius, souvent dit « archaïque », n’est pas celui, dit « classique », de Cicéron ; la latinité « d’or » (aurea) ou augustéenne, qui se sépare déjà de la précédente sur certains points, évoluera elle-même en un usage dit « d’argent » (celui de Sénèque ou de Tacite). Que dire enfin des autres formes du latin (« vulgaire », chrétien, médiéval, etc.), qui possèdent aussi leurs caractéristiques propres ? Du point de vue synchronique, l’analyse linguistique permet de dégager dans le latin, comme dans toute langue, un certain nombre de « niveaux ». Tout le monde ne parle pas de la même façon ; on n’écrit pas comme l’on parle ; on n’écrit pas en toute circonstance dans le même style ni avec les mêmes mots. On sait par exemple que les discours de Cicéron, tels qu’ils ont été effectivement prononcés, n’avaient pas grand-chose de commun avec les textes que nous lisons : minutieusement revus pour la publication, ils sont devenus presque incompréhensibles pour le Romain moyen, dont l’usage quotidien était tout différent. Cette langue effectivement parlée — et qui a donné naissance aux langues romanes — ne nous est connue qu’indirectement, par des graffiti, par les dialogues réalistes d’auteurs mettant en scène des personnages appartenant aux couches les plus basses de la société ou par les textes mêmes, pleins d’incorrections, rédigés par de tels personnages.

Chapitre 2

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La fin de l’Antiquité n’a en rien signifié la mort du latin. D’un côté, le latin « vulgaire » a connu une lente évolution vers le proto-roman, lui-même à l’origine des langues romanes. De l’autre, une longue tradition savante s’est maintenue, faisant du latin la langue de culture de tout l’Occident médiéval. Si la Renaissance illustre le renouveau des études des lettres latines, elle marque en même temps une rupture. La redécouverte des grands génies littéraires de l’Antiquité et leur diffusion par l’imprimerie en fait des modèles. Le latin devient alors un objet d’étude, mais, en même temps, une langue morte, que soutiendront vaillamment deux piliers — l’Église et l’École — jusque dans les années soixante. Depuis lors, le latin n’est plus une discipline prestigieuse dans l’enseignement secondaire et on peut penser que ses jours y sont comptés. La dispartition des humanités fait donc du latin une discipline dont la véritable maîtrise est désormais du ressort presque exclusif de l’ensei‐ gnement supérieur. Ce chapitre offre un panorama aussi diversifié que possible de l’histoire du latin et de ses usages, depuis la période archaïque jusqu’à l’époque contemporaine.

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1. Le latin archaïque A. Éloge de L. Cornélius Scipion Barbatus Ce texte est gravé sur un sarcophage trouvé à proximité de Rome. Le personnage, L. Cornélius Scipion Barbatus (« le Barbu »), issu d’une grande famille de la nobilitas romaine, fut consul en 298 av. J.‑C. Il s’agit d’une inscription en vers dits « satur‐ niens », la plus ancienne forme connue de versification latine.

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Cornelius Lucius Scipio Barbatus Gnaiuod patre prognatus, fortis uir sapiensque, quoius forma uirtutei parisuma fuit, consol censor aidilis quei fuit apud uos, Taurasia Cisauna Samnio cepit, subigit omne Loucanam opsidesque abdoucit. CIL I2, 7

Transposition en latin classique

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Cornelius Lucius Scipio Barbatus Gnaeo patre prognatus, fortis uir sapiensque, cuius forma uirtuti parissima fuit, consul censor aedilis qui fuit apud uos, Taurasiam Cisaunam Samnio cepit, subigit omnem Lucaniam obsidesque abducit1.

Traduction Lucius Cornélius Scipion Barbatus, fils de Gnaeus, homme courageux et sage, dont la prestance égalait parfaitement la valeur, qui fut chez vous consul, censeur, édile, prit Tau‐ rasia Cisauna au (ou dans le ?) Samnium, soumit toute la Lucanie et ramena des otages.

1. Parmi les traits archaïques : abl. sg. en ‑d (2 : Gnaiuod), ī noté ei (3, 4 : uirtutei, quei), ae noté ai (4 : aidilis). Subigit et abducit (6), après un parfait (cepit), sont des formes de présent historique. Chapitre 2

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B. Sénatus-consulte des Bacchanales En 186 av. J.‑C. éclate à Rome un scandale mémorable : un culte oriental importé depuis peu en Italie a donné lieu à la constitution de véritables sociétés secrètes qui se livrent à des rites plus ou moins suspects. Le pouvoir prend peur et édicte des mesures d’inter‐ diction draconiennes. L’épisode est connu par le récit de Tite-Live (Histoire romaine, XXXIX, 8–19), mais aussi par une inscription contemporaine, dont voici le texte. Q(uintus) Marcius L(uci) f(ilius) S(purius) Postumius L(uci) f(ilius) co(n)s(ules) senatum consoluerunt N(onis) Octob(ribus) apud aedem Duelonai ; sc(ribundo) arf(uere) M(arcus) Claudi(us) M(arci) f(ilius), L(ucius) Valeri(us) P(ubli) f(ilius), Q(uintus) Minuci(us) C(ai) f(ilius). De Bacanalibus quei foideratei esent ita exdeicendum censuere : neiquis eorum Bacanal habuise uelet ; seiques esent quei sibei deicerent necesus ese Bacanal habere, eeis utei ad pr(aitorem) urbanum 5 Romam uenirent, deque eeis rebus, ubei eorum uerba audita esent, utei senatus noster decerneret, dum ne minus senatoribus C adesent quom ea res cosoleretur. Bacas uir nequis adiese uelet ceiuis Romanus neue nominus Latini neue socium quisquam, nisei pr(aitorem) urbanum adiesent isque de senatuos sententiad, dum ne minus senatoribus C adesent quom ea res cosoleretur, iousisent. Censuere. 10 Sacerdos nequis uir eset ; magister neque uir neque mulier quisquam eset ; neue pecuniam quisquam eorum comoinem habuise uelet ; neue magistratum neue pro magistratud, neque uirum neque mulierem quisquam fecise uelet, neue posthac inter sed coniourase neue comuouise neue conspondise neue conpromesise uelet, neue quisquam fidem inter sed dedise uelet. 15 Sacra in oquoltod ne quisquam fecise uelet neue in poplicod neue in preiuatod, neue exstrad urbem sacra quisquam fecise uelet, nisei pr(aitorem) urbanum adieset isque de senatuos sententiad, dum ne minus senatoribus C adesent quom ea re cosoleretur, iousisent. Censuere. Homines plous V oinuorsei, uirei atque mulieres, sacra ne quisquam 20 fecise uelet, neue inter ibei uirei plous duobus, mulieribus plous tribus arfuise uelent, nisei de pr(aitoris) urbani senatuosque sententiad, utei suprad scriptum est. Haice utei in couentionid exdeicatis ne minus trinum noundinum, senatuosque sententiam utei scientes esetis, eorum sententia ita fuit : sei ques esent quei aruorsum ead fecisent quam suprad 25 scriptum est, eeis rem caputalem faciendam censuere ; atque utei hoce in tabolam ahenam inceideretis, ita senatus aiquom censuit uteique eam figier ioubeatis, ubei facilumed gnoscier potisit ; atque utei ea Bacanalia, sei qua sunt exstrad quam sei quid ibei sacri est,

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ita utei suprad scriptum est, in diebus X quibus uobeis tabelai datai 30 erunt faciatis utei dismota sient. In agro Teurano. CIL I2, 581

Transposition en latin classique Q(uintus) Marcius L(uci) f(ilius) S(purius) Postumius L(uci) f(ilius) co(n)s(ules) senatum consuluerunt n(onis) Octob(ribus) apud aedem Bellonae ; sc(ribendo) adf(uere) M(arcus) Claudi(us) M(arci) f(ilius), L(ucius) Valeri(us) P(ubli) f(ilius), Q(uintus) Minuci(us) C(ai) f(ilius). De Bacchanalibus qui foederati essent ita edicendum censuere : nequis eorum Bacanal habuisse uellet ; si qui essent qui sibi dicerent necesse esse Bacchanal habēre, ei uti ad pr(aetorem) urbanum 5 Romam uenirent, deque eis rebus, ubi eorum uerba audita essent, uti senatus noster decerneret, dum ne minus senatoribus C adessent cum ea res consuleretur. Bacchas uir nequis adiisse uellet ciuis Romanus neue nominis Latini neue sociorum quisquam, nisi pr(aetorem) urbanum adiissent isque de senatus sententia, dum ne minus senatoribus C adessent cum ea res consuleretur, iussisset. Censuere. 10 Sacerdos nequis uir esset ; magister neque uir neque mulier quisquam esset ; neue pecuniam quisquam eorum communem habuisse uellet ; neue magistratum neue pro magistratu, neque uirum neque mulierem quisquam fecisse uellet, neue posthac inter se coniurasse neue comuouisse neue conspondisse neue compromisisse uellet, neue quisquam fidem inter se dedisse uellet. 15 Sacra in occulto ne quisquam fecisse uellet neue in publico neue in priuato, neue extra urbem sacra quisquam fecisse uellet, nisi pr(aetorem) urbanum adiisset, isque de senatus sententia, dum ne minus senatoribus C adessent cum ea re consuleretur, iussisset. Censuere. Homines plus V uniuersi, uiri atque mulieres, sacra ne quisquam 20 fecisse uellet, neue inter ibi uiri plus duobus, mulieribus plus tribus adfuisse uellent, nisi de pr(aetoris) urbani senatusque sententia, uti supra scriptum est. Haec uti in conuentione edicatis ne minus trinum nundinum, senatusque sententiam uti scientes essetis, eorum sententia ita fuit : si qui essent qui aduersum ea fecissent quam supra 25 scriptum est, eis rem capitalem faciendam censuere ; atque uti hoc in tabulam aeneam incideretis, ita senatus aequum censuit utique eam figi iubeatis, ubi facillime nosci possit ; atque uti ea Bacchanalia, si qua sunt extra quam si quid ibi sacri est, ita uti supra scriptum est, in diebus X quibus uobis tabellae datae 30 erunt faciatis uti dimota sint. In agro Teurano.

Chapitre 2

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Traduction Les consuls Q. Marcius fils de Lucius et Sp. Postumius fils de Lucius ont consulté le sénat aux nones d’octobre1 dans le temple de Bellone. Assistèrent à la rédaction M. Claudius fils de Marcus, L. Valerius fils de Publius, Q. Minucius fils de Gaius. Au sujet de ceux qui se sont associés en Bacchanales, (le sénat) a décidé de faire proclamer ce qui suit : que nul parmi eux ne s’avise d’avoir un bacchanal2. S’il y en a pour dire qu’ils ont l’obligation d’avoir un bacchanal, qu’ils se présentent au préteur urbain |5 à Rome ; qu’après leur audition sur ce sujet, notre sénat décide, pour autant que cent sénateurs au moins aient été présents lors de l’examen de cette question. Que nul homme ne s’avise de se présenter comme bacchant, ni citoyen romain, ni de droit latin, ni allié, à moins de s’être présenté au préteur urbain et que celui-ci, sur la résolution du sénat, pour autant que cent sénateurs au moins aient été présents lors de l’examen de cette question, l’y ait autorisé. Adopté. |10 Que nul homme n’en soit prêtre ; que nul, homme ou femme, n’en soit le président ; que nul ne s’avise de détenir de caisse commune ; que nul ne s’avise d’en élire le président ou le vice-président, homme ou femme ; que nul ensuite ne s’avise d’échanger des serments, des vœux, des engagements ou des promesses, et que nul ne s’avise d’engager sa parole. | 15 Que nul ne s’avise d’accomplir de rites en secret, ni en public ni en privé ; que nul non plus ne s’avise d’accomplir de rites hors de la ville, à moins de s’être présenté au préteur urbain et que celui-ci, sur la résolution du sénat, pour autant que cent sénateurs au moins aient été présents lors de l’examen de cette question, l’y ait autorisé. Adopté. À plus de cinq personnes en tout, hommes ou femmes, que nul |20 ne s’avise d’accomplir de rites et que ne s’avisent pas d’y assister plus de deux hommes et de trois femmes, sinon sur la résolution du préteur urbain et du sénat, comme il a été stipulé plus haut. Ces dispositions, que vous les proclamiez en assemblée publique pendant trois inter‐ valles de marché au moins, et que vous soyez instruits de la résolution du sénat ; la réso‐ lution du sénat est la suivante : s’il existe des contrevenants à ce qui |25 a été stipulé plus haut, le sénat a décidé qu’ils seront passibles de la peine capitale ; le sénat a estimé juste que vous graviez ces dispositions sur une table de bronze et que vous la fassiez afficher là où l’on pourra en prendre connaissance le plus aisément ; et s’il existe des bacchanals en dehors des lieux consacrés, conformément à ce qui a été stipulé plus haut, que, dans les dix jours de la réception de ces tables, |30 vous les fassiez disparaître. Dans l’ager Teuranus.

1. Le sénat s’est réuni le 7 octobre 186 av. J.‑C. 2. Bacchanal : lieu de réunion où les associations célébraient les fêtes (« mystères ») liées au culte de Bacchus (Bacchanalia).

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C. Ennius Ennius (239–169 av. J.‑C.), le premier grand poète latin, ne sera supplanté que par Vir‐ gile. Très hellénisé, il adapte des tragédies grecques, écrit des comédies, des poèmes philosophiques, des satires, et surtout les Annales, grande épopée en hexamètres qui racontait l’histoire de Rome depuis sa fondation jusqu’au IIe siècle. L’influence d’Homère y est évidente, notamment dans les fameuses « comparaisons homériques » : 535

Et tum, sicut equos, qui de praesepibus fartus uincla suis magnis animis abrumpit et inde fert sese campi per caerula laetaque prata celso pectore, saepe iubam quassat simul altam, spiritus ex anima calida spumas agit albas… Ann., fr. 79 (v. 535–539) Manuwald

Traduction Alors, tel un cheval lassé de l’écurie, qui brise ses liens de toutes sa fougue et se porte dans l’azur des riantes prairies de la plaine, l’encolure altière, sans cesse il secoue en même temps sa crinière dressée, et le souffle de son haleine brûlante provoque une blanche écume…1 On a aussi conservé quelques épigrammes d’Ennius, parmi lesquelles figure sa propre épi‐ taphe : Aspicite, o ciues, senis Enni imaginis formam : hic uestrum panxit maxuma facta patrum. Nemo me lacrimis decoret nec funera fletu faxit ! Cur ? Volito uiuos per ora uirum2. Épigrammes, fr. 2 Manuwald

1. La suite manque ; le personnage qu’Ennius compare à un cheval (equos, N. sg. archaïque pour equus) échappé était probablement un guerrier s’élançant au combat : cf. Homère, Iliade, VI, 506–511 ; XV, 263–268. 2. uestrum (2) = uestrorum ; uiuos (4) = uiuus ; uirum (4) = uirorum. Remarquez, aux v. 3–4, les allitérations f - f - f, u - u - u - u. Chapitre 2

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Traduction Regardez, concitoyens, le portrait du vieil Ennius et sa fière allure : c’est lui qui a célébré les hauts faits de vos pères. Que nul ne m’honore de larmes et ne verse de pleurs lors de mes funérailles ! Pourquoi ? Je volette, vivant, sur les lèvres des hommes.

D. Plaute Plaute (c. 254–184 av. J.‑C.) est le premier auteur de comédies dont on ait conservé des pièces entières. Volontiers truculent, amateur de paillardises et de jeux de mots, il a notamment influencé Molière, mais se rapproche davantage, à certains égards, de Rabelais. Voici une scène célèbre que Molière a imitée dans L’Avare (et que Louis de Funès a rendue plus célèbre encore). Euclion vient de s’apercevoir que la petite marmite (d’où le titre de la pièce : Aulularia) où il avait caché son trésor a disparu. Il arrive affolé et interpelle le public. Perii, interii, occidi. Quo curram ? quo non curram ? Tene, tene ! Quem ? Quis ? Nescio, nihil uideo, caecus eo atque equidem quo eam aut ubi sim aut qui sim 715 nequeo cum animo certum inuestigare. Obsecro ego uos, mi auxilio, oro, obtestor, sitis et hominem demonstretis quis eam abstulerit. Quid ais tu ? Tibi credĕre certum est ; nam esse bonum ex uoltu cognosco. Quid est ? Quid ridetis ? Noui omnis : scio fures esse hic complures, qui uestitu et creta occultant sese atque sedent quasi sint frugi. 720 Hem, nemo habet horum ? Occidisti. Dic igitur, quis habet ? nescis ? Heu me misere miserum, perii ! Male perditus, pessime ornatus eo : tantum gemiti et mali maestitiaeque hic dies mi optulit, famem et pauperiem ! Perditissimus ego sum omnium in terra ; nam quid mi opust uita, tantum auri perdidi, quod concustodiui sedulo ? Egomet me defraudaui 725 animumque meum geniumque meum ; nunc ergo alii laetificantur meo malo et damno. Pati nequeo. Aulularia, 713–726

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Traduction Je suis perdu ! je suis mort ! je suis assassiné ! Où courir ? Où ne pas courir ? Arrêtez-le, arrêtez-le ! Mais qui ? Et qui l’arrêtera ? Je ne sais, je ne vois rien, je vais en aveugle… Où vais-je, où suis-je, qui suis-je, |715 je ne sais plus, j’ai la tête perdue… Par pitié vous autres, je vous en prie, je vous en supplie, venez à mon secours : indiquez-moi l’homme qui me l’a ravie ! (Au public) Que dis-tu, toi ? Je veux t’en croire : tu as la figure d’un honnête homme. Qu’y a-t-il ? pourquoi riez-vous ? Je vous connais tous : je sais que les voleurs sont légion parmi vous ; ils ont beau se cacher sous des vêtements blanchis à la craie, et demeurer sagement assis tout comme de braves gens… |720 Hein, quoi ? personne ne l’a ? Tu m’assas‐ sines. Dis-moi, voyons : qui l’a ? tu ne sais pas ? Ah, pauvre, pauvre malheureux ! je suis mort. C’en est fait, je suis un homme perdu, au plus mal arrangé, tant cette fatale journée m’apporte de larmes, de maux, de chagrin, sans compter la faim et la pauvreté… Perdu, ah oui, je le suis bien, et plus qu’aucun homme au monde. Que me sert de vivre, à présent que j’ai perdu tout cet or que je gardais avec tant de soin ? Je me privais du nécessaire, me refusant |725 toute joie, tout plaisir : et maintenant d’autres en profitent, et se gaussent de mon malheur et de ma ruine. Non, je n’y résisterai pas1.

E. Lettre de Cornélie à son fils C. Gracchus Ces extraits de lettres adressées par Cornélie, mère des Gracques (les deux tribuns révolutionnaires de 133 et de 123–122 av. J.‑C.), à son fils Gaius en 124, quelques années après l’assassinat de son fils aîné Tibérius, sont les plus anciens textes latins attribués à une femme que nous ayons conservés. Dices pulchrum esse inimicos ulcisci. Id neque maius neque pulchrius cuiquam atque mihi esse uidetur, sed si liceat re publica salua ea persequi. Sed quatenus id fieri non potest, multo tempore multisque partibus inimici nostri non peribunt atque, uti nunc sunt, erunt, potius quam res publica profligetur atque pereat. (…) Verbis conceptis deierare ausim, praeterquam qui Tiberium Gracchum necarunt, nemi‐ nem inimicum tantum molestiae tantumque laboris quantum te ob has res mihi tradidisse ; quem oportebat omnium eorum quos antehac habui liberos partis eorum tolerare atque curare ut quam minimum sollicitudinis in senecta haberem utique, quaecumque ageres, ea uelles maxime mihi placēre, atque uti nefas haberes rerum maiorum aduersum meam sententiam quicquam facĕre, praesertim mihi, cui parua pars uitae restat. Ne id quidem tam breue spatium potest opitulari quin et mihi aduersere et rem publicam profliges ?

1. Trad. A. Ernout, Paris, Belles Lettres, 1932. Chapitre 2

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denique quae pausa erit ? ecquando desinet familia nostra insanire ? ecquando modus ei rei haberi poterit ? ecquando desinemus et habentes et praebentes molestiis desistĕre ? ecquando perpudescet miscenda atque perturbanda re publica ? Sed si omnino id fieri non potest, ubi ego mortua ero, petito tribunatum ; per me facito quod lubebit, cum ego non sentiam. Vbi mortua ero, parentabis mihi et inuocabis deum parentem. In eo tempore non pudebit te eorum deum preces expetĕre quos uiuos atque praesentes relictos atque deser‐ tos habueris ? Ne ille sirit Iuppiter te ea perseuerare nec tibi tantam dementiam uenire in animum ! Et, si perseueras, uereor ne in omnem uitam tantum laboris culpa tua recipias, uti in nullo tempore tute tibi placēre possis. Cornélius Népos, fr. 15 Marshall

Traduction Il est beau, diras-tu, de se venger de ses ennemis. Nul ne peut avoir d’ambition plus grande ou plus belle, j’en suis convaincue, si d’aventure il arrive à ses fins sans porter atteinte à la république. Mais, dans la mesure où c’est impossible, pour longtemps encore et à bien des égards, j’aime mieux voir nos ennemis ne pas disparaître et continuer d’être les mêmes qu’aujourd’hui, plutôt que de voir la république aller à sa ruine et à sa perte. (…) J’oserais en faire le serment solennel : à l’exception des assassins de Tibérius Gracchus, nul ennemi ne m’a infligé autant de mal ni de douleur que toi en cette circonstance, toi qui aurais dû, survivant à tous les enfants que j’ai eus auparavant, tenir leur place et veiller à me causer le moins de tracas possible dans mes vieux jours, toi qui, dans tous tes actes, devais chercher avant tout à m’être agréable et à éviter scrupuleusement de rien entre‐ prendre d’important contre mon avis, quand il me reste peu de temps à vivre. Ce temps si court ne suffira-t-il donc pas à me donner la satisfaction de te voir renoncer à t’opposer à moi et à vouloir la ruine de la république ? Quel répit y aura-t-il enfin ? Quand donc cessera cette folie dans notre maison ? Quand donc pourra-t-on en avoir raison ? Quand donc arrêterons-nous de nous faire souffrir, nous-mêmes ainsi qu’autrui ? Quand donc cesserons-nous de jeter sans scrupule le désordre et la confusion dans la république ? Mais si rien de tout cela n’est possible, après ma mort, brigue le tribunat ; vas-y, tu feras à ta guise, quand je ne serai plus là pour le voir. Après ma mort, tu offriras un sacrifice à mon intention et tu invoqueras notre dieu ancestral. À ce moment-là, tu n’auras pas honte d’implorer les dieux de ceux-là même que tu auras délaissés et abandonnés quand ils étaient vivants et à tes côtés ? Puisse le grand Jupiter ne pas permettre que tu persévères dans cette voie et qu’une telle folie te vienne à l’esprit ! D’ailleurs, si tu persévères, je crains que, pour le reste de ta vie, tu sois la proie d’un tel chagrin par ta faute, que tu ne pourras plus en aucune circonstance vivre en paix avec toi-même.

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2. Le latin « vulgaire » A. Les graffiti de Pompéi La ville de Campanie ensevelie sous les cendres du Vésuve en 79 apr. J.‑C. s’est arrêtée de vivre d’un seul coup. Elle nous livre nombre de précieux témoignages sur la vie quo‐ tidienne, dont les plus émouvants et les plus amusants sont peut-être les « graffiti » (inscriptions murales peintes ou incisées).

Messages électoraux 1. M. Marium aed(ilem) faci(atis) oro uos1. (CIL IV, 61) 2. C. Cuspium Pansam aed(ilem) d(ignum) r(e) p(ublica) o(ro) u(os) f(aciatis). Saturninus cum discentes [sic] rogat. (CIL IV, 275) 3. Sabinum aed(ilem), Procule, fac et ille te faciet. (CIL IV, 635) 4. C(aium) Iulium Polybium IIuir(um) muliones rog(ant). (CIL IV, 113)

Souvenirs touristiques 5. C. Pumidius Dipilus heic fuit a(nte) d(iem) V Nonas Octobreis M. Lepid(o) Q. Catul(o) co(n)s(ulibus). (CIL IV, 1842) 6. Venimus hoc cupidi, multo magis ire cupimus2. (CIL IV, 9849)

Auberges et hôtels 7. Vrna aenia pereit de taberna. Sei quis rettulerit, dabuntur HS LXV3. (CIL IV, 64) 8. Hospitium. Hic locatur triclinium cum tribus lectis. (CIL IV, 807) 9. Talia te fallant utinam medacia, copo : tu uedes acuam et bibes ipse merum4. (CIL IV, 3948)

Jeux 10. Pugnabitur a(nte) d(iem) V IV III pridie Kal(endas) Dec(embres). Venatio. (CIL IV, 1199) 11. Heic uenatio pugnabit (ante diem) V K(alendas) Septembres et Felix ad ursos pugna‐ bit. (CIL IV, 1989)

1. Les parenthèses signalent les lettres ou parties de mots abrégés qui n’ont pas été incisées sur le support. L’abréviation CIL IV désigne le tome IV du Corpus inscriptionum Latinarum, consacré aux inscriptions pariétales de Pompéi et d’Herculanum. 2. Hoc = huc, « ici » (avec mouvement). Ce vers est un hexamètre dactylique. 3. aenia = aenea ; pereit = periit ; HS : sigle de l’unité monétaire du sesterce. 4. medacia = mendacia ; uedes = uendis ; acuam = aquam ; bibes = bibis. Les deux vers forment un distique (hexa‐ mètre + pentamètre : cf. p. 567). Chapitre 2

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12. Cumis gl(adiatorum) p(aria) XX et eorum suppos(iticii) pugn(abunt) K(alendis) Oct(obribus) (ante diem) III pr(idie) N(onas) Oct(obres). Cruciarii, uen(atio) et uela er(unt). (CIL IV, 9983)

Amour 13. Amo te. (CIL IV, 10234) 14. Marcellum Fortunata cupit. (CIL IV, 111) 15. Marcellus Praenestinam amat et non curatur. (CIL IV, 7679) 16. Serena Isidorum fastidit. (CIL IV, 3117) 17. Hic ego cum ueni, futui, deinde redei domi1. (CIL IV, 2246) 18. Si quis hic sederit, legat hoc ante omnia : si qui futuĕre uolet, Atticen quaerat. A(ssibus) XVI. (CIL IV, 1751) 19. Quisquis amat ualeat, pereat qui nescit amare, bis tanto pereat quisquis amare uetat2. (CIL IV, 4091)

Le mot de la fin 20. Admiror, pariens, te non cecidisse ruinis, qui tot scriptorum taedia sustineas3. (CIL IV, 1904)

Traduction 1. Élisez M. Marius édile, je vous le demande. 2. Élisez C. Cuspius Pansa édile, je vous le demande ; il mérite une charge publique. Saturninus le demande avec ses élèves(?)4. 3. Élis Sabinus édile, Proculus, et il en fera autant pour toi. 4. Les muletiers demandent d’élire C. Iulius Polybius duumvir. 5. C. Pumidius Dipilus était ici le 5e jour des nones d’octobre, sous le consulat de M. Lepi‐ dus et de Q. Catulus [= le 3 octobre 78 av. J.‑C. : c’est l’un des graffiti les plus anciens du site].

6. Nous sommes venus ici pleins d’envie, nous avons bien plus envie de partir. 7. Une cruche de bronze a disparu de l’auberge. Si quelqu’un la rapporte, on lui donnera 65 sesterces.

1. redei = redii ; domi (locatif) pour domum (Acc. attendu après un verbe de mouvement). 2. Les deux vers forment un distique (cf. p. 515, n. 4). 3. pariens = paries, ‑etis (le mur). Les deux vers forment un distique (cf. p. 515, n. 4). 4. Les graffiti offrent quelques emplois de la prép. cum (avec) avec l’Acc. au lieu de l’Abl. Celui-ci serait particu‐ lièrement savoureux si Saturninus était un maître d’école, mais il pourrait s’agir d’un patron et de ses apprentis (discipuli).

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8. Chambres d’hôtes. À louer ici : pièce avec trois lits. 9. Puissent de telles combines entraîner ta perte, aubergiste ! Tu vends de l’eau et toi, tu bois du vin pur. 10. Il y aura combat les 5e, 4e, 3 e jours et la veille des calendes de décembre [= du 27 au 30 novembre]. Combat contre des bêtes sauvages.

11. Ici aura lieu un combat contre des bêtes sauvages le 5e jour avant les calendes de septembre [= 28 août], et Felix combattra contre des ours. 12. À Cumes, 20 paires de gladiateurs et leurs doublures combattront aux calendes d’octobre, l’avant-veille et la veille des nones d’octobre [= 1, 6 et 7 octobre]. Il y aura des condamnés à la crucifixion, un combat contre des bêtes sauvages et des paresoleil1.

13. Je t’aime. 14. Fortunata a envie de Marcellus. 15. Marcellus aime Praenestina et elle ne fait pas attention à lui. 16. Serena en a assez d’Isidorus. 17. Ici, quand je suis venu, j’ai baisé, puis je suis rentré chez moi. 18. Si quelqu’un s’assied ici, qu’il lise ceci avant toute chose : si quelqu’un veut baiser, qu’il demande Atticè. C’est 16 as. 19. Que vive celui qui aime et que crève celui qui ne sait pas aimer, que crève deux fois autant celui qui empêche d’aimer. 20. Je m’étonne, ô mur, que tu ne te sois pas effondré, toi qui supportes les niaiseries de tant d’écrivains2.

B. Les tablettes de défixion La defixio (< defigĕre, ‑o : « ficher, clouer », d’où « maudire ») consistait à inscrire sur une lamelle de plomb (tabella) une formule de malédiction visant à paralyser, à rendre impuissant, voire à faire mourir un adversaire en justice, un concurrent en affaires ou un rival en amour. La demande était déposée dans le sanctuaire de diverses divinités ou de génies (désignés nommément ou non), que l’on invoquait pour infliger à la victime visée la liste, souvent longue et détaillée, des tourments énumérés dans le texte.

1. Des voiles (uela) étaient tendus au-dessus des gradins pour protéger le public du soleil. 2. Certains considèrent scriptorum comme le G. pl., non pas de scriptor, ‑oris (écrivain), mais de scriptum, ‑i (l’écrit) : « un tel fatras d’écrits ». Chapitre 2

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Tablette d’Arretium (Étrurie, iie s. apr. J.‑C.) A. Kropp, Defixiones, n° 1.1.1/1 (Audollent, 129) (recto)

5

10

(verso)

Q. Letinium Lupum, qui et uocatur Caucadio, qui est filius Sallusties1 Veneries siue Venerioses, hunc ego aput uos-

15

numen demando deuoueo desacrifico, uti uos Aquae feruentes siue uos Nimfas2 siue quo alio nomine uoltis adpellari, uti uos eu-

trum

20

m interemates3 interficiates intra annum itusm4.

Traduction Quintus Letinius Lupus, qu’on appelle aussi Caucadio, qui est le fils de Sallustia Veneria ou Veneriosa, celui-là, moi, je le destine, je le voue, je le consacre à votre puissance divine, de sorte que vous, Eaux bouillonnantes, ou vous, Nymphes, ou de quelque autre nom que vous voulez être appelées, vous l’anéantissiez, vous le tuiez cette année même.

Tablette de Nomentum (Latium, ier s. av. J.‑C.) A. Kropp, Defixiones, n° 1.4.2/3 (Audollent, 135) (recto) Malcio Nicones : oculos manus dicitos bracias uncis capilo caput pedes femus uenter natis umlicus pectus mamilas 5 collus os bucas dentes labias

1. 2. 3. 4.

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(verso) Rufa Publica : manus detes oclos bracia uenter mamila pectus osu merilas uenter [– –] crus os pedes frontes 15 uncis dicitos uenter

Sallusties, Veneries, Venerioses : formes de G. sg. de la 1re décl. (= Sallustiae, Veneriae, Veneriosae). Après le V. Aquae, on attend Nimfae (= Nymphae). interemates, interficiates : formes de subj. prés. (= interimatis, interficiatis). itusm : faute de gravure pour istum.

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metus oclos fronte supercili scaplas umerum neruias ossu merilas uenter mentula crus quastu lucru ualetudines defico 10 in as tabelas.

umlicus cunus quastum Rufas Publica defco in as tabelas.

Transposition en latin classique (recto) Malchio Niconis : oculos manus digitos bracchia ungues capillum caput pedes femur uentrem nates umbilicum pectus mamillas 5 collum os buccas dentes labia mentum oculos frontem supercilia scapulas umerum neruos ossum medullas uentrem mentulam crus quaestum lucrum ualetudines defigo

(verso) Rufa Publica : manus dentes oculos bracchia uentrem mamillas pectus ossum medullas uentrem [– –] crus os pedes frontes 15 ungues digitos uentrem umbilicum cunnum quaestum Rufae Publicae defigo in has tabellas.

10 in has tabellas.

Traduction Malchio, fils de Nico : les yeux, les mains, les doigts, les bras, les ongles, les cheveux, la tête, les pieds, la cuisse, le ventre, les fesses, le nombril, la poitrine, les tétons, le cou, la bouche, les joues, les dents, les lèvres, le menton, les yeux, le front, les sourcils, les épaules, l’avant-bras, les tendons, les os, les moelles, le ventre, le sexe, la jambe, l’argent, le profit, la santé, je les cloue sur ces tablettes. Rufa Publica : les mains, les dents, les yeux, les bras, le ventre, les tétons, la poitrine, les os, les moelles, le ventre, la jambe, la bouche, les pieds, le front, les ongles, les doigts, le ventre, le nombril, le sexe, le profit de Rufa Publica, je les cloue sur ces tablettes.

Chapitre 2

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C. Le voyage d’Égérie Une religieuse, supérieure d’un couvent de Galice ou d’Aquitaine, fait un pèlerinage aux lieux saints (c. 381–384) et adresse à sa communauté le récit de son voyage (Itinera‐ rium) dans un latin savoureux et populaire. Itaque ergo in nomine Christi Dei nostri profecta sum de Antiochia ad Mesopotamiam habens iter per mansiones seu ciuitates aliquot prouinciae Sirie Celen, quae est Anthiociae, et inde ingressa fines prouinciae Augustofratensis, perueni ad ciuitatem Gerapolim, quae est metropolis ipsius prouinciae, id est Augustofratensis. Et quoniam haec ciuitas ualde pulchra et opulenta est atque abundans omnibus, necesse me fuit ibi facĕre statiuam, quo‐ niam iam inde non longe erant fines Mesopotamiae. Itaque ergo proficiscens de Ierapolim in quintodecimo miliario in nomine Dei perueni ad fluuium Eufraten de quo satis bene scriptum est esse flumen magnum Eufraten, et ingens, et quasi terribilis est ; ita enim decurrit habens impetum, sicut habet fluuius Rodanus, nisi quod adhuc maior est Eufrates. Itaque ergo quoniam necesse erat eum nauibus transire, et nauibus non nisi maioribus, ac sic immorata sum ibi forsitan plus media die ; et inde in nomine Dei transito flumine Eufraten ingressa sum fines Mesopotamiae Siriae. Journal de voyage, 18

Traduction Au nom du Christ notre Dieu, je suis donc partie d’Antioche vers la Mésopotamie en passant par plusieurs étapes et villes de la province de Cœlé-Syrie, qui est celle d’Antioche ; de là je suis entrée sur le territoire de la province d’Augustophratensis et je suis arrivée à la ville d’Hiérapolis, métropole de cette province d’Augustophratensis. Comme cette ville est très belle et opulente et que tout s’y trouve en abondance, il m’a fallu y faire une halte ; on n’y est pas loin du territoire de la Mésopotamie. Partant ensuite d’Hiérapolis, au quin‐ zième mille, je suis arrivée, au nom de Dieu, au fleuve de l’Euphrate, dont il est très bien dit dans l’Écriture que l’« Euphrate est un grand fleuve1 » ; il est énorme et presque terri‐ fiant, car son courant est aussi impétueux que celui du fleuve du Rhône, sauf que l’Euphrate est encore plus large. Comme il fallait le traverser en bateau, et seulement sur de grands bateaux, je suis restée là un peu plus d’une demi-journée ; puis, au nom de Dieu, le fleuve de l’Euphrate franchi, je suis entrée dans le territoire de la Mésopotamie de Syrie2.

1. Cf. Genèse, 15, 18. 2. Trad. P. Maraval, Paris, Cerf, 1982.

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3. Le latin chrétien A. L’art de la traduction Saint Jérôme (c. 347–420), Père de l’Église, a notamment traduit la Chronique d’Eusèbe de Césarée (chronologie universelle d’Abraham à 325 apr. J.‑C.) et l’a complétée jusqu’en 378. Dans sa préface, celui qui deviendra le patron des traducteurs s’exprime sur les difficultés de son entreprise. Vetus iste disertorum mos fuit, ut exercendi ingenii causa Graecos libros Latino sermone absoluerent et — quod plus in se difficultatis habet — poemata inlustrium uirorum addita metri necessitate transferrent. Vnde et noster Tullius Platonis integros libros ad uerbum interpretatus est et cum Aratum iam Romanum hexametris uersibus edidisset, in Xeno‐ fontis Oeconomico lusit. In quo opere ita saepe aureum illud flumen eloquentiae quibus‐ dam scabris et turbulentis obicibus retardatur, ut qui interpretata nesciunt a Cicerone dicta non credant. Difficile est enim alienas lineas insequentem non alicubi excedĕre, arduum ut quae in alia lingua bene dicta sunt eundem decorem in translatione conseruent. Signi‐ ficatum est aliquid unius uerbi proprietate : non habeo meum quo id efferam et dum quaero implēre sententiam, longo ambitu uix breuis uiae spatia consummo. Accedunt hyperbatorum amfractus, dissimilitudines casuum, uarietas figurarum, ipsum postremo suum et, ut ita dicam, uernaculum linguae genus. Si ad uerbum interpretor, absurde re‐ sonat, si ob necessitatem aliquid in ordine, in sermone mutauero, ab interpretis uidebor officio recessisse. (…) Quodsi cui non uidetur linguae gratiam interpretatione mutari, Homerum ad uerbum exprimat in Latinum, — plus aliquid dicam — eundem in sua lingua prosae uerbis interpretetur : uidebit ordinem ridiculum et poetam eloquentissimum uix loquentem. Jérôme, Chronique, Préf., 1–2 ; 4

Traduction Autrefois les lettrés avaient l’habitude, pour exercer leur intelligence, de traduire les livres grecs en latin et — ce qui est en soi plus difficile — de transposer les poèmes des hommes illustres avec la contrainte supplémentaire de la métrique. C’est ainsi que notre Tullius a traduit mot à mot des livres entiers de Platon et, après avoir publié un Aratus romanisé en hexamètres, s’est amusé avec l’Économique de Xénophon1. Mais, dans ce

1. « Notre Tullius » : Cicéron. Il avait traduit des dialogues de Platon (Protagoras, Timée), le poème didactique d’Aratos (Phénomènes ; sur l’astronomie et les phénomènes météorologiques) et un traité d’économie domestique de Xénophon (Économique). Chapitre 2

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travail, le cours doré de son éloquence est si souvent ralenti par des écueils et des tour‐ billons, que ceux qui ignorent qu’il s’agit d’une traduction ne croient pas avoir affaire à du Cicéron. Il est en effet difficile à qui suit les lignes tracées par autrui de ne pas s’en écarter par endroits ; il est malaisé de conserver dans la traduction les beautés qui se rencontrent dans la langue originale. Une idée est-elle exprimée par le sens propre d’un seul mot, je n’ai pas d’équivalent pour la rendre dans ma langue et, pendant que je cherche à tourner ma phrase, c’est à peine si par un long détour je viens à bout d’une courte distance. Sans comp‐ ter les méandres des hyperbates1, les différences des cas, la diversité des figures, le génie propre de la langue enfin, génie que j’oserais dire vernaculaire. Si je traduis mot à mot, cela sonne faux ; mais si la nécessité me pousse à modifier un tant soit peu l’ordre ou le style, j’aurai l’air de faillir à mon office de traducteur. (…) Si quelqu’un ne croit pas que la tra‐ duction modifie le charme de la langue, qu’il transpose Homère en latin mot à mot ; mieux encore, qu’il le traduise dans sa langue avec le vocabulaire de la prose : il verra que l’ordre des mots est ridicule et que le poète le plus éloquent sait à peine parler2.

B. Le voleur de poires Saint Augustin (354–430), évêque d’Hippone (Afrique), n’est pas seulement l’un des Pères les plus importants de l’Église latine, dont l’œuvre (en particulier la Cité de Dieu) aura une influence déterminante du point de vue doctrinal ; il est aussi l’auteur de la première véritable autobiographie de la littérature universelle, les Confessions, qui inspireront Jean-Jacques Rousseau. Furtum certe punit lex tua, domine, et lex scripta in cordibus hominum, quam ne ipsa quidem delet iniquitas : quis enim fur aequo animo furem patitur ? Nec copiosus adactum inopia. Et ego furtum facĕre uolui et feci nulla conpulsus egestate nisi penuria et fastidio iustitiae et sagina iniquitatis. Nam id furatus sum, quod mihi abundabat et multo melius, nec ea re uolebam frui, quam furto appetebam, sed ipso furto et peccato. Arbor erat pirus in uicinia nostrae uineae pomis onusta nec forma nec sapore inlece‐ brosis. Ad hanc excutiendam atque asportandam nequissimi adulescentuli perreximus nocte intempesta, quousque ludum de pestilentiae more in areis produxeramus, et abstu‐ limus inde onera ingentia non ad nostras epulas, sed uel proicienda porcis, etiamsi aliquid inde comedimus, dum tamen fieret a nobis quod eo liberet, quo non liceret. (…)

1. Procédé de style consistant en une dislocation ou un renversement de l’ordre usuel des mots ou des proposi‐ tions, qui peut prendre la forme de différentes figures (tmèse, anastrophe, parenthèse, etc.). 2. Trad. B. Jeanjean, Rennes, PUR, 2004.

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Quid ego miser in te amaui, o furtum meum, o facinus illud meum nocturnum sexti decimi anni aetatis meae ? Non enim pulchrum eras, cum furtum esses. Aut uero aliquid es, ut loquar ad te ? Pulchra erant poma illa, quae furati sumus, quoniam creatura tua erat, pulcherrime omnium, creator omnium, deus bone, deus summum bonum et bonum uerum meum ; pulchra erant illa poma, sed non ipsa concupiuit anima mea miserabilis. Erat mihi enim meliorum copia, illa autem decerpsi, tantum ut furarer. Nam decerpta proieci epu‐ latus inde solam iniquitatem, qua laetabar fruens. Nam et si quid illorum pomorum intrauit in os meum, condimentum ibi facinus erat. (…) Quem fructum habui miser aliquando in his, quae nunc recolens erubesco, maxime in illo furto, in quo ipsum furtum amaui, nihil aliud, cum et ipsum esset nihil et eo ipso ego miserior ? Et tamen solus id non fecissem — sic recordor animum tunc meum — solus omnino id non fecissem. Ergo amaui ibi etiam consortium eorum, cum quibus id feci. Non ergo nihil aliud quam furtum amaui ; immo uero nihil aliud, quia et illud nihil est. (…) Ecce est coram te, deus meus, uiua recordatio animae meae. Solus non facerem furtum illud, in quo me non libebat id quo furabar, sed quia furabar : quod me solum facĕre prorsus non liberet, nec facerem. O nimis inimica amicitia, seductio mentis inuestigabilis, ex ludo et ioco nocendi auiditas et alieni damni appetitus nulla lucri mei, nulla ulciscendi libidine, sed cum dicitur : « Eamus, faciamus », et pudet non esse impudentem. Augustin, Confessions, II, 4, 9 ; 6, 12 ; 8, 16 ; 9, 17

Traduction Le vol, en tout cas, est puni par ta Loi, et par ta Loi qui est écrite dans le cœur des hommes, et que leur iniquité n’abolit pas : car existe-t-il un voleur qui supporte avec sérénité de se faire voler ? Non, fût-il dans l’opulence, et son voleur traqué par l’indigence ! Eh bien, moi, j’ai consenti à commettre un vol ; et je l’ai commis sans y être poussé par la misère, mais tout simplement par pénurie et dégoût de justice, gavé que j’étais d’iniquité. Car ce que j’ai volé, je l’avais en abondance, et de bien meilleure qualité ; et, ce dont je voulais jouir, ce n’était pas l’objet visé par le vol, mais le vol lui-même et la transgression. Il y avait, proche de nos vignes, un poirier chargé de fruits qui n’étaient alléchants ni par leur apparence, ni par leur saveur. Entre jeunes vauriens, nous allâmes secouer et dépouiller cet arbre, par une nuit profonde — après avoir, selon une malsaine habitude, prolongé nos jeux sur les places —, et nous en retirâmes d’énormes charges de fruits. Ce n’était pas pour nous en régaler, mais plutôt pour les jeter aux porcs : même si nous y avons goûté, l’important pour nous, c’était le plaisir que pouvait procurer un acte interdit. (…) Mais, moi, dans ma misère, qu’ai-je donc aimé en toi, ô larcin qui fus le mien, ô crime nocturne de ma seizième année ? C’est que tu n’étais même pas beau, puisque tu étais un vol (au fait, es-tu même quelque chose, pour que je puisse te parler ?). Ils étaient beaux les fruits, objets de notre vol, beaux parce que c’était là ta création, ô toi, de tous les êtres le Chapitre 2

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plus beau, de tous les êtres le Créateur, ô Dieu bon, Souverain Bien, et mon Bien véritable. Oui, ils étaient beaux ces fruits-là, mais ce n’était pas pour eux-mêmes que les convoita mon âme misérable : j’en avais de meilleurs, et en abondance. Si je les ai cueillis, c’était unique‐ ment pour voler, puisque à peine cueillis je les ai jetés, n’en ayant tiré que le seul régal de l’iniquité dont je jouissais gaiement : même si j’en ai goûté une bouchée, c’est mon crime qui leur donnait de la saveur. (…) Ah ! misère ! Quel fruit ai-je jamais retiré de ces actes dont le souvenir aujourd’hui me fait rougir, et tout particulièrement de ce larcin, dans lequel je n’ai aimé que le larcin pour lui-même, et rien d’autre, alors qu’il n’est que néant, ce qui augmentait ma misère ? En tout cas, seul, je ne l’aurais pas commis ; telle était alors, dans mon souvenir, ma disposition à ce moment-là. Non, seul, je ne l’aurais pas commis. C’est donc que ce que j’y ai aussi aimé, c’était la compagnie de ceux avec qui je l’ai commis. Il n’est donc pas exact que je n’aie rien aimé d’autre que le larcin, ou plutôt si ! J’ai aimé un autre rien, car cette autre chose aussi est du rien. (…) Voilà devant toi, ô mon Dieu, le souvenir de mon âme, à vif. Seul, je n’aurais pas commis ce larcin où le plaisir venait non de l’objet du larcin, mais du larcin lui-même : seul, je n’aurais pas du tout éprouvé du plaisir, et je ne l’aurais pas fait. Ô amitié trop ennemie, inscrutable tentation de l’esprit, soif ludique de nuire par manière de plaisanterie, envie de nuire à autrui sans désir de profit ni de vengeance ! Dit-on : « Allons-y ! Faisons-le ! », et voilà que l’on a honte d’avoir honte1 !

C. De la façon de recevoir les frères En 529, Benoît de Nursie (480–547) fonde une communauté de moines (abbaye de Mon‐ tecassino), pour laquelle il rédige une règle destinée à guider ses frères dans la vie monastique. Cette Règle de saint Benoît, écrite dans une langue simple et claire, sera adoptée par de nombreux monastères en Occident. De disciplina suscipiendorum fratrum Nouiter ueniens quis ad conuersationem, non ei facilis tribuatur ingressus, sed sicut ait apostolus : « Probate spiritus si ex Deo sunt. » Ergo si ueniens perseuerauerit pulsans et inlatas sibi iniurias et difficultatem ingressus post quattuor aut quinque dies uisus fuerit patienter portare et persistĕre petitioni suae, annuatur ei ingressus et sit in cella hospitum paucis diebus. Postea autem sit in cella nouiciorum ubi meditent et manducent et dormiant. Et senior eis talis deputetur qui aptus sit ad lucrandas animas, qui super eos omnino curiose intendat.

1. Trad. P. Cambronne, Paris, Gallimard, 1998.

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Et sollicitudo sit si reuera Deum quaerit, si sollicitus est ad opus Dei, ad oboedientiam, ad obprobria. Praedicentur ei omnia dura et aspera per quae itur ad Deum. Si promiserit de stabilitate sua perseuerantia, post duorum mensuum circulum legatur ei haec regula per ordinem et dicatur ei : « Ecce lex sub qua militare uis ; si potes obseruare, ingredere ; si uero non potes, liber discede. » Si adhuc steterit, tunc ducatur in supradictam cellam nouiciorum et iterum probetur in omni patientia. Et post sex mensuum circuitum legatur ei regula, ut sciat ad quod ingreditur. Et si adhuc stat, post quattuor menses iterum rele‐ gatur ei eadem regula. Et si habita secum deliberatione promiserit se omnia custodire et cuncta sibi imperata seruare, tunc suscipiatur in congregatione, sciens et lege regulae con‐ stitutum quod ei ex illa die non liceat egredi de monasterio, nec collum excutĕre desub iugo regulae quem sub tam morosam deliberationem licuit aut excusare aut suscipĕre. Benoît, Règle, 58, 1–16

Traduction De la façon de recevoir les frères Quand un nouveau venu arrive pour la vie religieuse, on ne lui accordera pas facilement l’entrée, mais, comme dit l’Apôtre : « Éprouvez les esprits, pour voir s’ils sont de Dieu1. » Si donc l’arrivant persévère à frapper, se montre patient à supporter, au bout de quatre ou cinq jours, les mauvais traitements qu’on lui inflige et les difficultés d’entrée, et persiste dans sa demande, on lui permettra d’entrer, et il sera dans le logement des hôtes pendant quelques jours. Après cela, il sera dans le logement des novices, où ils apprennent, mangent et dorment. On leur donnera un ancien qui soit apte à gagner les âmes, qui veillera sur eux avec la plus grande attention. On observera soigneusement s’il cherche vraiment Dieu, s’il s’applique avec soin à l’œuvre de Dieu, à l’obéissance, aux pratiques d’humilité. On lui prédira toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu. S’il promet de tenir bon et de persévérer, après une période de deux mois on lui lira cette règle à la suite, et on lui dira : « Voici la loi sous laquelle tu veux servir. Si tu peux l’observer, entre ; si tu ne peux pas, tu es libre de t’en aller. » S’il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l’éprouver en toute patience. Et. après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu’il sache ce pour quoi il entre. Et s’il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d’observer tout ce qu’on lui commande, alors il sera reçu en com‐ munauté, en sachant que la loi de la règle établit qu’il ne lui sera pas permis, à dater de ce

1. 1 Jean, 4, 1. Chapitre 2

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jour, de sortir du monastère, ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu’il lui était permis de refuser ou d’accepter durant cette délibération si prolongée1.

1. Trad. A. de Vogüé, Paris, Cerf, 1972.

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4. Le latin médiéval A. Le baptême de Clovis Grégoire de Tours (c. 538–594), à la fois évêque et homme d’action, est l’auteur d’une Histoire des Francs, qui lui vaut souvent d’être considéré comme le « Père de l’histoire de France ». C’est dans cette œuvre que figure l’épisode de la conversion au christia‐ nisme de Clovis, roi des Francs Saliens (481–511). Regina uero non cessabat praedicare ut Deum uerum cognusceret et idola neglegerit. Sed nullo modo ad haec credenda poterat commoueri, donec tandem aliquando bellum contra Alamannos conmoueretur, in quo conpulsus est confiteri necessitate, quod prius uoluntate negauerat. Factum est autem ut confligente utroque exercitu uehementer cae‐ derentur, atque exercitus Chlodouechi ualde ad internitionem ruĕre coepit. Quod ille uidens, eleuatis ad caelum oculis, conpunctus corde, commotus in lacrimis, ait : « Iesu Christi, quem Chrotchildis praedicat esse filium Dei uiui, qui dare auxilium laborantibus uicturiamque in te sperantibus tribuĕre diceris, tuae opis gloriam deuotus efflagito ut, si mihi uicturiam super hos hostes indulseris et expertus fuero illam uirtutem, quam de te populus tuo nomine dicatus probasse se praedicat, credam tibi et in nomine tuo baptizer. Inuocaui enim deos meos, sed, ut experior, elongati sunt ab auxilio meo ; unde credo eos nullius esse potestatis praeditos, qui sibi oboedientibus non occurrunt. Te nunc inuoco, tibi credĕre desidero, tantum ut eruar ab aduersariis meis. » Cumque haec dicerit, Alamanni terga uertentes in fugam labi coeperunt. Cumque regem suum cernirent interemptum, Chlodouechi se ditionibus subdunt, dicentes : « Ne amplius, quaesumus, pereat populus, iam tui sumus. » Ad ille prohibito bello, cohortato populo cum pace regressus, narrauit reginae qualiter per inuocationem nominis Christi uicturiam meruit obtenire. [Actum anno 15. regni sui.] Tunc regina arcessire clam sanctum Remedium Remensis urbis episcopum iubet, depraecans ut regi uerbum salutis insinuaret. Quem sacerdos arcessitum secritius coepit ei insinuare ut Deum uerum, factorem caeli ac terrae, crederit, idola neglegerit, quae neque sibi neque aliis prodesse possunt. At ille ait : « Libenter te, sanctissime pater, audiebam ; sed restat unum, quod populus, qui me sequitur, non patitur relinquĕre deus suos ; sed uado et loquor eis iuxta uerbum tuum. » Conueniens autem cum suis, priusquam ille loqueretur, praecurrente potentia Dei, omnes populus pariter adclamauit : « Mortalis deus abigimus, pie rex, et Deum quem Remegius praedicat inmortalem sequi parati sumus. » (…) Rex ergo prior poposcit se a pontifeci baptizare. Procedit nouos Constantinus ad lauacrum, deleturus leprae ueteris morbum sordentesque maculas gestas antiquitus recenti latice

Chapitre 2

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deleturus. Cui ingresso ad baptismum sanctus Dei sic infit ore facundo : « Mitis depone colla, Sigamber ; adora quod incendisti, incende quod adorasti. » Grégoire de Tours, Histoire des Francs, II, 30–31

Traduction La reine priait sans cesse (Clovis) de reconnaître le vrai Dieu et d’abandonner les idoles ; mais rien ne pouvait l’y décider, jusqu’à ce qu’une guerre s’engageât un jour avec les Ala‐ mans et qu’il fût contraint par la nécessité de reconnaître ce qu’il s’était obstiné à nier jusque-là. Il se fit que les deux armées se battaient avec beaucoup de ténacité et que celle de Clovis commençait à se faire mettre en pièces ; lorsqu’il s’en rendit compte, il leva les yeux au ciel et, le cœur serré, fondant en larmes, dit : « Jésus-Christ, toi qui es Fils de Dieu vivant, comme l’affirme Clotilde, toi qui, dit-on, viens au secours de ceux qui sont en danger et accordes la victoire à ceux qui espèrent en toi, j’implore avec dévotion la gloire de ton secours. Si tu m’accordes la victoire sur mes ennemis et me donnes la preuve de cette puis‐ sance dont le peuple consacré en ton nom prétend avoir reçu tant de manifestations, je croirai en toi et me ferai baptiser en ton nom ; car j’ai invoqué mes dieux, mais — je m’en rends compte — ils se sont abstenus de me secourir, ce qui me fait croire qu’ils ne possèdent aucun pouvoir, eux qui ne secourent pas les hommes qui leur sont soumis. Je t’invoque à présent, je désire croire en toi, pour autant que j’échappe à mes ennemis ! » Comme il disait ces mots, les Alamans firent demi-tour, commencèrent à battre en retraite et, voyant que leur roi avait été tué, se rendirent à Clovis, en lui disant : « Nous te supplions de ne pas faire périr notre peuple : nous sommes désormais tes sujets. » Clovis arrêta le combat, soumit le peuple et rentra en paix dans son royaume où il raconta à la reine comment il avait obtenu la victoire en invoquant le nom du Christ. [Arrivé la 15e année de son règne1.] La reine fit alors venir en secret saint Rémi, évêque de Reims, et le pria de faire pénétrer dans le cœur du roi la parole du Salut. L’évêque fit venir Clovis et commença à l’engager secrètement à croire au vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre, et à abandonner ses idoles qui ne pouvaient lui être d’aucun secours, ni à lui, ni aux autres. Clovis lui dit : « Très saint père, je t’écoutais volontiers, mais un problème subsiste, c’est que le peuple, qui m’obéit, ne veut pas abandonner ses dieux. Je vais le voir et lui parler d’après tes paroles. » Lorsqu’il eut assemblé ses sujets, avant même qu’il ne parle et par l’intervention de la puissance de Dieu, tout le peuple s’écria d’une seule voix : « Nous rejetons les dieux mortels, Roi pieux, et sommes prêts à obéir au Dieu immortel que prêche Rémi. » (…) Le roi demanda donc le

1. Vers 496, lors de la bataille de Tolbiac, près de Cologne (lat. Tolpiacum ; auj. Zülpich).

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premier à être baptisé par l’évêque. Tel un nouveau Constantin1, il s’avance vers le bassin pour s’y faire guérir de la vieille flétrissure qui le souillait et laver dans une eau nouvelle les fautes de sa vie passée. Comme il s’avançait pour recevoir le baptême, le saint de Dieu lui adressa ces mots élégants : « Sicambre2, incline humblement la tête ; adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré ! »

B. Conditions de vie des Finnois Paul Warnfried, dit Paul Diacre (c. 720 – c. 799), moine bénédictin, historien et poète d’origine lombarde, auteur d’une Histoire des Lombards (Historia Longobardorum, c. 785). Il consacre un chapitre aux conditions de vie des Finnois (les Fenni de Tacite) dans le nord de la Scandinavie. Scritobini etiam aestatis tempore niuibus non carent, nec aliud, utpote feris ipsis ratione non dispares, quam crudis agrestium animantium carnibus uescuntur ; de quorum etiam hirtis pellibus sibi indumenta coaptant. Hi a saliendo iuxta linguam barbaram ethimolo‐ giam ducunt. Saltibus enim utentes, arte quadam ligno incuruo ad arcus similitudinem feras assequuntur. Apud hos est animal ceruo non satis absimile, de cuius ego corio, ut fuerat pilis hispidum, uestem in modum tunicae genu tenus aptatam conspexi, sicut iam fati, ut relatum est, Scritobini utuntur. Quibus in locis circa aestiuale solstitium per aliquot dies etiam noctu clarissima lux cernitur, diesque ibi multo maiores quam alibi habentur ; sicut e contrario circa brumale solstitium, quamuis diei lux adsit, sol tamen ibi non uidetur, diesque minimi quam usquam alibi, noctes quoque longiores existunt ; quia scilicet, quanto magis a sole longius disceditur, tanto sol ipse terrae uicinior apparet et umbrae longiores excrescunt. Denique in Italia, sicut et antiqui scripserunt, circa diem natalis Domini nouem pedes in umbra staturae humanae hora sexta metiuntur. Ego autem in Gallia Belgica in loco qui Totonis uilla dicitur constitutus, status mei umbram metiens, decem et nouem et semis pedes inueni. Sic quoque contrario modo, quanto propinquius meridiem uersus ad solem acceditur, tantum semper umbrae breuiores uidentur, in tantum ut solstitio aestiuali, respiciente sole de medio caeli, in Aegypto et Hierosolimis et in eorum uicinitate constitutis locis nullae uideantur umbrae. Paul Diacre, Histoire des Lombards, I, 5

1. Clovis fut le seul monarque barbare de l’époque à ne pas adopter les thèses de l’arianisme ; en cela, il rappelle Constantin, l’empereur romain (306–337) qui avait reconnu le christianisme comme religion d’État et avait condamné les hérésies. 2. Les Sicambri (Sugambri) étaient à l’origine une peuplade germanique (ou celtique) établie sur la rive droite du Rhin au Ier s. av. J.‑C. À partir du Ve s. apr. J.‑C., le terme se trouve surtout en poésie pour désigner les Francs. Chapitre 2

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Traduction Les Scritobini ne manquent pas de neige même en été et, un peu à la manière des bêtes sauvages elles-mêmes, ne se nourrissent que de la chair crue d’animaux sauvages, dont ils utilisent aussi les peaux velues en guise de vêtements. Leur nom tire son étymologie du verbe « sauter » en langue barbare1. En effet, ils chassent le gibier en sautant et le pour‐ suivent au moyen de bois recourbés en forme d’arc2. Chez eux, il y a un animal assez sem‐ blable au cerf3, dont j’ai vu qu’ils utilisaient la peau très velue pour en faire une espèce de tunique descendant jusqu’au genou, comme les Scritobini — on l’a dit — en portent. Dans ces contrées, aux environs du solstice d’été, la lumière reste très vive durant plusieurs jours, même pendant la nuit, et les journées y sont beaucoup plus longues qu’ailleurs. En revanche, aux environs du solstice d’hiver, quelle que soit l’intensité de la lumière du jour, on ne voit pourtant pas le soleil, les journées y sont plus courtes que partout ailleurs, et les nuits plus longues aussi, pour cette raison que plus on s’éloigne du soleil, plus le soleil paraît proche de la terre et plus les ombres s’allongent. Ainsi en Italie, comme en témoignant aussi les anciens, vers le jour de la Nativité du Seigneur, l’ombre d’un homme mesure neuf pieds à la 6e heure. Mais moi, un jour où je me trouvais en Gaule Belgique en un lieu appelé Thionville, j’ai mesuré l’ombre de mon corps et ai trouvé la taille de dix-neuf pieds et demi. Ainsi, au contraire, plus on s’approche du soleil en direction du sud, plus courtes paraissent toujours les ombres, si bien qu’au solstice d’été, quand le soleil est au milieu du ciel4, on ne voit aucune ombre à Jérusalem, en Égypte et dans ces régions.

C. Précautions d’un biographe de Charlemagne Éginhard (c. 770–840), intellectuel proche de la cour carolingienne, est l’auteur d’une Vie de Charlemagne (Vita Karoli, c. 830). Prenant la Vie d’Auguste de Suétone comme modèle littéraire et stylistique, il donne par la même occasion la première biographie d’un roi européen. Vitam et conuersationem et ex parte non modica res gestas domini et nutritoris mei Karoli, excellentissimi et merito famosissimi regis, postquam scribĕre animus tulit, quanta potui breuitate conplexus sum, operam inpendens ut de his quae ad meam notitiam per‐ uenire potuerunt nihil omitterem neque prolixitate narrandi noua quaeque fastidientium

1. Le nom latin de ce peuple varie beaucoup dans les sources (Scerefennae, Scirifini, Scritofinni, Scritobini, etc.). En vieux-norrois (la lingua barbara de Paul), première manifestation d’une langue scandinave médiévale, ils s’appelaient Skriðfinner, litt. « Finnois glissants » (< skrið, « glisser, sauter »). 2. Des skis. 3. Le renne. 4. Au zénith.

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animos offenderem, si tamen hoc ullo modo uitari potest ut noua scriptione non offendan‐ tur qui uetera et a uiris doctissimis atque disertissimis confecta monumenta fastidiunt. Et quamquam plures esse non ambigam qui, otio ac litteris dediti, statum aeui praesentis non arbitrentur ita neglegendum, ut omnia penitus quae nunc fiunt uelut nulla memoria digna silentio atque obliuioni tradantur potiusque uelint, amore diuturnitatis inlecti, alio‐ rum praeclara facta qualibuscumque scriptis inserĕre quam sui nominis famam posteri‐ tatis memoriae nihil scribendo subtrahĕre, tamen ab huiuscemodi scriptione non existimaui temperandum, quando mihi conscius eram nullum ea ueracius quam me scribĕre posse, quibus ipse interfui quaeque praesens oculata, ut dicunt, fide cognoui et utrum ab alio scriberentur necne liquida scire non potui. Satiusque iudicaui eadem cum aliis uelut communiter litteris mandata memoriae posterorum tradĕre quam regis excel‐ lentissimi et omnium sua aetate maximi clarissimam uitam et egregios atque moderni temporis hominibus uix imitabiles actus pati obliuionis tenebris aboleri. Éginhard, Vie de Charlemagne, Prol.

Traduction La vie, la conduite et, pour une part non négligeable, les hauts faits de mon seigneur, celui qui m’a nourri, Charles, roi très excellent et à juste titre très célèbre, après avoir arrêté en mon esprit la décision de les mettre par écrit, je les ai rassemblés en usant de la plus grande brièveté que j’ai pu, mettant tous mes soins à ne rien omettre de ce qui pouvait venir à ma connaissance, à ne point non plus heurter les esprits que rebute toute nouveauté en raison de la prolixité dans la narration, si tant est cependant que l’on puisse éviter, en quelque manière que ce soit, de heurter par un récit nouveau ceux que rebutent les œuvres commémorant les faits anciens et les grands textes composés par des hommes d’un savoir et d’une éloquence achevés. Et bien qu’ils soient nombreux, je ne l’ignore pas, ceux qui, voués à l’étude et à la litté‐ rature, loin de penser que la situation des temps présents soit à négliger, au point que tout ce qui se produit maintenant ne soit digne pour ainsi dire d’aucune mémoire et soit livré au silence et à l’oubli, préfèrent de beaucoup, attirés qu’ils sont par le désir de perdurer, insérer en tout écrit, quel qu’il soit, les faits remarquables des autres, plutôt que soustraire à la mémoire des générations à venir la gloire de leur nom en n’écrivant rien sur eux, malgré tout, je n’ai pas estimé devoir m’abstenir d’un récit de ce genre, tout en étant bien conscient que je ne pouvais rien écrire qui fût plus vrai que ces événements au cœur des‐ quels je me suis personnellement trouvé, dont j’ai une connaissance assurée pour les avoir vus se dérouler, comme on dit, sous mes propres yeux ; et il m’était impossible de savoir si un autre pourrait les écrire et les écrirait honnêtement. J’ai donc estimé préférable de livrer ces mêmes événements, avec d’autres, à la mémoire des générations à venir en les confiant pour ainsi dire à l’écrit, et donc à tout un chacun, plutôt que de laisser la vie très illustre Chapitre 2

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d’un roi très excellent et le plus grand de tous les hommes de son âge, ainsi que ses actes remarquables et difficilement imitables pour les hommes du temps présent, disparaître dans les ténèbres de l’oubli1.

D. Charlemagne et l’inspection scolaire Notker le Bègue (840–912), moine de l’abbaye de Saint-Gall, raconte les hauts faits de l’empereur Charlemagne (Gesta Karoli, c. 880–888), dans un récit émaillé d’anecdotes édifiantes, qui a contribué à façonner la légende du monarque soucieux de l’instruction des enfants. Cumque uictoriosissimus Karolus post longum tempus in Galliam reuerteretur, prae‐ cepit ad se uenire pueros quos Clementi commendauerat et offerre sibi epistolas et carmina sua. Mediocres igitur et infimi praeter spem omnibus sapientiae condimentis dulcoratas obtulerunt. Nobiles uero omni fatuitate tepentes praesentarunt. Tunc sapientissimus Karo‐ lus, aeterni iudicis iusticiam imitatus, bene operatos ad dexteram segregatos his uerbis allocutus est : « Multas gratias habete, filii, quia iussionem meam et utilitatem uestram iuxta possibilitatem exequi fuistis intenti. Nunc ergo ad perfectum attingĕre studete, et dabo uobis episcopia et monasteria permagnifica, et semper honorabiles eritis in oculis meis. » Deinde ad sinistros cum magna animaduersione uultum contorquens et flammante intuitu conscientias eorum concutiens, hyronice haec terribilia tonando potius quam loquendo iaculatus est in illos : « Vos nobiles, uos primorum filii, uos delicati et formosuli, in natales uestros et possessionem confisi, mandatum meum et glorificationem uestram postponentes, litterarum studiis neglectis, luxuriae ludo et inerciae uel inanibus exercitiis indulsistis. » Et his praemissis solitum iuramentum, augustum caput et inuictam dexteram ad caelum conuertens fulminauit : « Per regem celorum ! non ego magni pendo nobilitatem et pulchritudinem uestram, licet alii uos admirentur ; et hoc procul dubio scitote, quia, nisi cito priorem neglegentiam uigilanti studio recuperaueritis, apud Karolum nihil unquam boni acquiretis. » Notker le Bègue, Gesta Karoli, 3

Traduction Comme Charles le très victorieux revenait en Gaule après une longue absence, il fit venir auprès de lui les enfants qu’il avait confiés à Clément2 et se fit donner leurs lettres et leurs poèmes. Les élèves d’origine modeste et humble remirent contre toute attente des textes

1. Trad. M. Sot et al., Paris, Belles Lettres, 2014. 2. Clément (lat. Clemens Scotus), clerc irlandais, écolâtre au service de Charlemagne en Gaule.

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agrémentés de toutes les saveurs de la science ; en revanche, les élèves de haute naissance en présentèrent qui étaient pleins de prétention. Alors Charles le très sage, imitant la justice du Juge éternel, fit venir à sa droite ceux qui avaient bien travaillé et leur adressa ces mots : « Recevez toutes mes félicitations, mes enfants, car vous avez eu le souci d’exécuter mon ordre et d’en tirer profit autant que vous pouviez. À présent, appliquez-vous donc à atteindre la perfection, et je vous donnerai les évêchés et les monastères les plus magni‐ fiques, et vous serez toujours des gens honorables à mes yeux. » Puis, se tournant vers ceux qui étaient à sa gauche, les yeux lourds de reproches, il pénétra leurs consciences d’un regard enflammé et leur lança avec ironie ces mots terribles, en tonnant plutôt qu’en par‐ lant : « Vous les nobles, vous les fils des grands, vous qui êtes délicats et si mignons, confiants dans votre naissance et votre fortune, en rechignant à suivre mon ordre et à soigner votre gloire, en négligeant vos études, vous vous êtes abandonnés aux plaisirs, au jeu, à la paresse et à de futiles occupations. » Et après avoir prononcé ces mots, levant vers le ciel son auguste tête et son bras droit invincible, il lança ce serment solennel : « Par le roi des cieux, je ne fais guère de cas, moi, de votre noblesse et de votre beauté, même si les autres vous admirent ; et sachez sans le moindre doute que, si vous ne corrigez pas rapidement votre négligence passée par une application attentive, jamais vous n’obtiendrez auprès de Charles aucun bien. »

Chapitre 2

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5. Le latin de la Renaissance A. Lettre à Cicéron En 1345, Pétrarque (1304–1374) découvre à Vérone un manuscrit des Lettres à Atticus de Cicéron et entre soudain dans l’intimité de la vie d’un homme à la personnalité com‐ plexe et parfois trouble. Il lui adresse une lettre, dans laquelle il informe « son cher Cicéron » de la postérité de ses œuvres1. Ad Marcum Tullium Ciceronem Expectas audire de libris tuis, quaenam illos exceperit fortuna, quam seu uulgo seu doctioribus probentur ? Extant equidem praeclara uolumina, quae ne dicam perlegĕre, sed nec enumerare sufficimus. Fama rerum tuarum celeberrima atque ingens et sonorum nomen ; perrari autem studiosi, seu temporum aduersitas seu ingeniorum hebetudo ac segnities seu, quod magis arbitror, alio cogens animos cupiditas causa est. Itaque librorum aliqui, nescio quidem an irreparabiliter, nobis tamen qui nunc uiuimus, nisi fallor, periere : magnus dolor meus, magnus saeculi nostri pudor, magna posteritatis iniuria. Neque enim satis infame uisum est ingenia nostra negligĕre nequid inde fructuosum perciperet sequens aetas, nisi laboris etiam uestri fructum crudeli prorsus et intoleranda corrupissemus incu‐ ria ; profecto namque quod in tuis conqueror, et in multis uirorum illustrium libris accidit. Tuorum sane, quia de his michi nunc sermo erat, quorum insignior iactura est, haec sunt nomina : reipublicae, rei familiaris, rei militaris, de laude philosophiae, de consolatione, de gloria, quamuis de his ultimis spes michi magis dubia quam desperatio certa sit. Quin et superstitum librorum magnas partes amisimus, ut uelut ingenti proelio obliuionis et ignauiae superatis, duces nostros non extinctos modo, sed truncos quoque uel perditos sit lugēre. (…) Apud superos, ad sinistram Rhodani ripam Transalpinae Galliae, eodem anno XIV Kalendas Ianuarias. Pétrarque, Fam., XXIV, 4, 11–14

Traduction À Marcus Tullius Cicéron Veux-tu maintenant avoir des nouvelles de tes livres, apprendre quel sort ils ont eu, comment ils sont estimés par la foule ou les savants ? Il reste de toi des livres remarquables,

1. Cette lettre fait partie d’une correspondance fictive (Lettres familières, XXIV) adressée à d’illustres anciens (Homère, Socrate, Horace, Tite-Live, etc.).

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que nous pouvons à peine je ne dirais pas lire en entier, mais même dénombrer. Célèbre est ta renommée, grand et retentissant ton nom ; peu nombreux cependant sont tes lecteurs, en raison soit des malheurs de l’époque, soit de la faiblesse et de la paresse des esprits, soit — ce que j’estime plus conforme à la réalité — de ce désir qui pousse les esprits vers autre chose. C’est pourquoi certains de tes livres, si je ne m’abuse, sont perdus — je ne sais si c’est de façon irrémédiable — pour nous qui vivons maintenant ; grande en est ma douleur, grande la honte de notre siècle, grand le tort causé à la postérité. Et il ne nous a pas semblé assez ignominieux de négliger nos intelligences au point que l’époque suivante ne pût rien en retirer d’avantageux, il nous a même fallu, par notre cruelle et intolérable incurie, rendre vain le fruit de votre labeur, car ce que je déplore au sujet de tes livres est arrivé au sujet de ceux de nombreux autres hommes illustres. Ceux de tes livres — puisque c’est d’eux dont je parle maintenant — dont la perte est particulièrement déplorable, sont les suivants : les livres sur la république, les affaires domestiques, les affaires militaires, l’éloge de la philosophie, la consolation, la gloire1 ; toutefois, même si j’ai bien peu d’espoir de les retrouver, je ne désespère pas tout à fait2. Quant aux livres qui nous restent, nous en avons perdu de grandes parties, et c’est ainsi qu’après avoir été vaincus au cours de la grande bataille que nous ont livrée l’oubli et la paresse, il nous faut pleurer non seulement la mort de nos guides, mais aussi leur mutilation ou leur perte. (…) Dans le monde des hommes, sur la rive gauche du Rhône en Gaule Transalpine3, la même année4, le 14e jour avant les calendes de janvier (= 19 décembre)5.

B. Des auditeurs mécontents s’adressent à leur professeur Conrad Celtis (Konrad Pickel, 1459–1508), humaniste allemand, géographe et poète latin, enseigna la poétique et la rhétorique à la Faculté des arts de l’université d’Ingol‐ stadt (1492–1497). Malgré le succès de ses leçons, des auditeurs mécontents lui adressent, en 1497, une lettre pour se plaindre de ses piètres qualités d’enseignant et de

1. Pétrarque évoque, dans l’ordre : le De republica, dont il ne connaissait qu’un des six livres (découverts sur un palimpseste lacunaire au XIXe s.) ; la traduction de l’Économique de Xénophon ; un De re militari d’un pseudoCicéron ; l’Hortensius ; la Consolatio pour la mort de sa fille et le traité De gloria. L’existence de ces œuvres, hormis la première, nous est connue par le seul témoignage d’auteurs chrétiens que Pétrarque avait lus (Lactance, Jérôme, Augustin). 2. Pétrarque avait ainsi reconnu, lors de son passage à Liège en 1333, le manuscrit d’un discours fameux de Cicéron dont on ne connaissait alors que le titre (Pro Archia poeta). Il en prit une copie et fit connaître le texte en Italie dès son retour (cf. Sen., XVI, 1, 15–17). 3. apud superos (deos), « chez (les dieux) d’en haut », d’où « dans le monde des vivants » (formule empruntée à Virg, Énéide, VI, 481), par opp. à apud inferos (deos), « chez (les dieux) d’en bas, dans le monde des morts ». La lettre a été écrite lors d’un séjour en Avignon. 4. eodem anno : la même année que la lettre précédente du recueil (Fam., XXIV, 3), « adressée » également à Cicéron et portant la date de 1345. 5. Trad. A. Longpré, Paris, Belles Lettres, 2015 (modifiée). Chapitre 2

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son attitude méprisante à leur égard. Ces critiques, dont un rapport d’inspection éta‐ blira le bien-fondé, provoqueront la démission de Celtis. Conrado Celti plerique auditores s.1 Compulisti nos diuturnis et continuis conuiciis tuis, quibus frequenter dimidium horae absumis, aliquantum ueritatis nomine respondēre. Tu nos dementiae accusas insimu‐ lasque, barbaros, stultos ac feros esse dicis, quorum stipendio sustineris ac quum prope uiuis. Quod aliquanto maiori animo tulissemus, nisi quibus nos damnas uitiis maxime habundares. Quid enim, quum de nobis curiosus sis, ipse nimia licentia torpeas, qui pigro capite in cubitum deflexo tamquam uni priuate loquaris. Plura in quaestionibus constrin‐ gis, non planum argumentum, neque cultum sermonem, non Latinas et limatas exposi‐ tiones, non ueram orationis ligaturam, nec ordinem obseruas ac dicis, qui tamen ad latus sententiam habes : clare docet, qui clare intelligit. Aut non intelligis, quod turpe doctori est, aut nos tua doctrina indignos censes, quod minime credendum est, quippe qui tam studio‐ sos, frequenter doctos auditores magnaque te laude ornantes quotidie experiris, aut lec‐ tiones spernis et laborem, quod liquido sentimus, intelligimus uidemusque. Hoc uno et tuae laudi derogas et nobis omnibus deesse uideris. Sed nunc clara uoce : res satis est ! Quam‐ obrem, si praeceptoris et doctoris nomen dignitatemque uendicare uolueris, doctoris offi‐ cio fungere et persuasum quoque habeas nos obseruantiores fore, si primus, ut te decet, quod nobis uitio uertis te abstergas ; diligentiores ista tua diligentia, iam diu desiderata, nos efficies, si studio ac labore fastidiosam tarditatem tuam superes deuincasque. Quod si minus feceris, efficaciori modo nobis erit agendum. Vale. Corresp., n° 174 Rupprich

Traduction À Conrad Celtis, la plupart de ses auditeurs, salut. Vous nous avez forcés par vos invectives longues et incessantes — vous y passez souvent la moitié de l’heure — à vous répondre en quelques mots au nom de la vérité. Vous nous accusez et nous taxez de folie ; vous nous traitez de barbares, d’idiots et de sauvages, nous qui vous payons votre salaire et alors que vous vivez en notre compagnie2. Nous aurions mieux supporté cette attitude, si vous n’aviez vous-même en abondance les défauts au nom desquels vous nous condamnez. Vous qui êtes si pointilleux quand il s’agit de nous, pour‐ quoi pourriez-vous vous laisser aller sans retenue et, la tête paresseusement appuyée sur

1. s. : abréviation de s(alutem dicit ou dicunt). C’est une des manières habituelles dont les Romains commençaient leurs lettres. 2. quum prope uiuis, « quand vous vivez près (de nous) ; on attend plutôt une idée de concession au subj. (cum uiuas, « alors que vous vivez… »).

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le coude, vous parler en aparté1, comme si vous étiez seul ? Vos développements sont trop longs dans les questions que vous traitez ; le sujet n’en est pas clair ni la langue correcte ; l’exposé n’est ni en bon latin ni assez châtié ; vous ne respectez ni les divisions qui s’imposent, ni le plan du discours. Vous avez pourtant toujours cette phrase à la bouche : celui qui comprend bien explique bien. Dès lors ou bien vous ne comprenez pas, ce qui est honteux pour un professeur, ou bien vous nous jugez indignes de votre science, ce qui est bien peu vraisemblable — vous qui faites tous les jours l’expérience d’un auditoire savant et nombreux, et qui vous couvre d’éloges —, ou bien vous négligez vos cours et votre travail : c’est bien ce que nous sentons, comprenons et voyons. Par cette seule attitude, vous portez atteinte à votre réputation et vous passez pour ne pas respecter vos obligations envers nous tous. Il est temps de parler clair : cela suffit ! Si donc vous voulez revendiquer le nom et la qualité de maître et de professeur, acquittez-vous des tâches d’un professeur et soyez éga‐ lement persuadé que nous serons nous-mêmes plus consciencieux, si vous vous débarras‐ sez le premier, comme il est normal, du défaut que vous nous reprochez ; cette attention soutenue, que nous attendons depuis longtemps déjà de votre part, nous rendra plus atten‐ tifs, pour peu que vous veniez à bout de votre fâcheuse nonchalance et parveniez à vous en défaire à force de persévérance et d’efforts. Dans le cas contraire, il nous faudra recourir à des méthodes plus efficaces. Portez-vous bien.

C. L’invention de l’imprimerie typographique Jean Trithème (Johann von Tritheim, 1462–1516), abbé de Würzbug, est l’auteur d’Annales Hirsaugienses (1514), chronique de l’histoire de France et d’Allemagne, fon‐ dée sur la chronologie des abbés de l’abbaye de Hirsau (Bade-Wurtemberg). L’extrait est relatif à l’année 1450. His temporibus in ciuitate Moguntina Germaniae prope Rhenum — et non in Italia, ut quidam falso scripserunt — inuenta et excogitata est ars illa mirabilis et prius inaudita imprimendi et characterizandi libros per Iohannem Guttenberger, ciuem Moguntinum. Qui cum omnem paene substantiam suam pro inuentione huius artis exposuisset et nimia difficultate laborans iam in isto, iam in alio deficeret iamque prope esset ut desperatus negotium intermitteret, consilio tandem et impensis Iohannis Fust, aeque ciuis Moguntini, rem perfecit inceptam. In primis igitur characteribus litterarum in tabulis ligneis per ordi‐ nem sculptis formisque compositis Vocabularium Catholicon nuncupatum impresserunt, sed cum hisdem formis nihil aliud potuerunt imprimĕre, eo quod characteres non fuerint amouibiles de tabulis, sed insculpti, sicut diximus. Post haec inuentis successerunt

1. priuate n’existe pas en latin classique, où on aurait priuatim. Chapitre 2

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subtiliora inueneruntque modum fundendi formas omnium Latini alphabeti litterarum, quas ipsi matrices nominabant, ex quibus rursum aereos siue stanneos characteres fun‐ debant ad omnem pressuram sufficientes, quos prius manibus sculpebant. Ann. Hir., éd. 1690, t. II, p. 421

Traduction À cette époque, dans la ville allemande de Mayence sur le Rhin — et non en Italie, comme certains l’ont écrit par erreur — Johann Gutenberg, citoyen de cette ville, inventa et mit au point une technique extraordinaire, inconnue avant lui, qui consiste à imprimer des livres avec des caractères mobiles. Ayant dépensé presque toute sa fortune dans la mise au point de ce procédé, il connaissait de grandes difficultés et était dans le besoin, tantôt pour une chose, tantôt pour une autre. Comme il était prêt, par désespoir, à interrompre son entre‐ prise, finalement, sur le conseil de Johann Fust1, qui était aussi de Mayence, et grâce à son aide financière, il mena son projet à bonne fin. Pour commencer, ils imprimèrent, au moyen de caractères gravés l’un après l’autre sur des plaques de bois, un Vocabularium intitulé Catholicon2. Mais, avec ces mêmes caractères, ils ne pouvaient rien imprimer d’autre, puisqu’il était impossible de les retirer des plaques et qu’ils étaient gravés, comme nous l’avons dit. Par la suite, ils mirent au point un procédé plus élaboré et découvrirent le moyen de couler des modèles de toutes les lettres de l’alphabet latin, qu’ils appelaient eux-mêmes des matrices, à partir desquelles ils coulaient des caractères en bronze ou en étain réutili‐ sables, qu’ils gravaient auparavant à la main.

D. Comment j’ai écrit l’Éloge de la folie Érasme (1466–1536), le « prince des humanistes », raconte dans quelles circonstances il a rédigé son Éloge de la folie (Morias encomium) à l’été 1509, lors d’un séjour à Londres. Cette œuvre, que l’auteur présente non sans humour comme un coup de folie, allait connaître un succès retentissant dans toute l’Europe dès sa publication (1511). Erasmus Roterodamus Martino Dorpio theologo eximio s(alutem) d(icit). Diuersabar id temporis apud Morum meum ex Italia reuersus, ac renum dolor com‐ plusculos dies domi continebat. Et mea bibliotheca nondum fuerat aduecta. Tum si maxime fuisset, non sinebat morbus quicquam in grauioribus studiis acrius agitare. Coepi per

1. Johann Fust (c.1400–1468), d’abord associé de Gutenberg, devint par la suite son concurrent ; on ne peut d’ailleurs déterminer avec certitude la part exacte qui revient à l’un et à l’autre dans l’invention de l’imprimerie à caractères mobiles. 2. Premier dictionnaire latin alphabétique, rédigé par Jean de Gênes en 1286 et imprimé en 1460.

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ocium Morias encomium ludĕre, nec in hoc sane ut aederem, sed ut morbi molestiam hoc uelut auocamento leuarem. Operis incoepti gustum amiculis aliquot exhibui, quo iucun‐ dior esset risus cum pluribus communis. Quibus cum uehementer placuisset, institerunt uti pergerem. Obsecutus sum, et in hoc negocii septem plus minus dies impendi ; qui sane sumptus mihi pro argumenti pondere nimius etiam uidebatur. Deinde quorum instinctu scripseram, eorundem opera deportatus in Galliam libellus formulis excusus est, sed ab exemplo non solum mendoso, uerum etiam mutilo. Porro quam displicuerit uel illud satis est argumenti, quod intra pauculos menses plus septies fuerit typis stanneis propagatus, idque diuersis in locis. Demirabar ipse quid ibi cuiquam placeret. Hanc, mi Dorpi, si inep‐ tiam uocas, habes reum confitentem, aut certe non reclamantem. Ad hunc modum et per ocium et amiculis obsecundans ineptiui, idque semel duntaxat in uita. Quis autem omnibus horis sapit ? Érasme, Epist. 337, 126–145 Allen (mai 1515)

Traduction Érasme de Rotterdam à Martin Dorpius1, éminent théologien, salut. Je séjournais alors, de retour d’Italie, chez mon ami More2 ; un mal de reins me retenait depuis plusieurs jours à la chambre, et ma bibliothèque n’était pas encore arrivée. Eût-elle même été là, la maladie ne me permettait pas de mener activement des travaux sérieux. Étant de loisir, je me mis à faire, par jeu, l’éloge de la Folie, sans aucune intention de le publier, mais pour alléger le désagrément de la maladie par une sorte de divertissement. Je fis goûter le début de l’ouvrage à quelques bons amis, pour avoir plus de plaisir à en rire en leur compagnie. Ce début leur plut vivement, et ils m’engagèrent à continuer. Je cédai à leurs instances et consacrai à cet ouvrage environ une semaine, dépense de temps qui, pour l’importance du sujet, me semblait même excessive. Puis ces mêmes amis qui m’avaient poussé à écrire firent en sorte que ce petit livre arrivât en France, où on l’imprima, mais à partir d’une copie à la fois fautive et incomplète. J’en fus d’autant plus contrarié que le livre connut plus de sept impressions en quelques mois, et cela en diffé‐ rents endroits. J’étais moi-même surpris d’un tel engouement général. Si c’est cela, mon cher Dorpius, que tu appelles une folie, tu as devant toi un accusé qui avoue ou, en tout cas, qui ne proteste pas. Voilà comment, étant de loisir, pour complaire à de bons amis, j’ai eu un accès de folie, et ce fut ni plus ni moins la seule fois de ma vie. Mais qui est sage à toute heure ?

1. Martin Dorpius (Maarten van Dorp, c.1485–1525), théologien et professeur à l’Université de Louvain. 2. Thomas More (1478–1535), savant anglais, auteur de l’Utopie (cf. texte suivant). C’est précisément à lui qu’Érasme dédie l’Éloge de la folie, dont le titre, Morias encomium (du gr. mōria : « folie »), évoque avec malice le nom du dédicataire (Morus). Chapitre 2

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E. Le mariage en Utopie L’humaniste, homme politique et théologien anglais Thomas More (1478–1535), dans son roman intitulé l’Utopie (1516), prête aux habitants d’un État imaginaire (d’où le titre Utopie, « l’endroit de nulle part ») des pratiques d’un genre particulier… Femina non ante annum duodeuicesimum nubit. Mas non nisi expletis quatuor etiam amplius. Ante coniugium, mas aut femina si conuincatur furtiuae libidinis, grauiter in eum eamue animaduertitur ; coniugioque illis in totum interdicitur, nisi uenia principis noxam remiserit, sed et pater et mater familias cuius in domo admissum flagitium est, tanquam suas partes parum diligenter tutati, magnae obiacent infamiae ; id facinus ideo tam seuere uindicant, quod futurum prospiciunt, ut rari in coniugalem amorem coalescerent, in quo aetatem omnem cum uno uideant exigendam, et perferendas insuper quas ea res affert molestias, nisi a uago concubitu diligenter arceantur. Porro in deligendis coniugibus ineptissimum ritum, uti nobis uisum est, adprimeque ridiculum illi serio ac seuere obseruant. Mulierem enim seu uirgo seu uidua sit, grauis et honesta matrona proco nudam exhibet, ac probus aliquis uir uicissim nudum puellae pro‐ cum sistit. Hunc morem quum uelut ineptum ridentes improbaremus, illi contra caetera‐ rum omnium gentium insignem demirari stultitiam, qui quum in equuleo comparando, ubi de paucis agitur nummis, tam cauti sint, ut quamuis fere nudum nisi detracta sella tamen, omnibusque reuulsis ephippiis recusent emĕre, ne sub illis operculis hulcus aliquod delitesceret, in deligenda coniuge, qua ex re aut uoluptas, aut nausea sit totam per uitam comitatura, tam negligenter agant, ut reliquo corpore uestibus obuoluto, totam mulierem uix ab unius palmae spatio (nihil enim praeter uultum uisitur) aestiment adiungantque sibi non absque magno (si quid offendat postea) male cohaerendi periculo. More, Utopie, II, p. 161–162 Delcourt

Traduction Une femme ne se marie pas avant l’âge de dix-huit ans, et un homme avant de compter quatre ans de plus. Si, avant le mariage, un homme ou une femme sont convaincus d’amours clandestines, ils sont sévèrement punis et tout mariage leur est dorénavant inter‐ dit, à moins que le prince ne leur fasse grâce. Le père et la mère dont la maison a vu le scandale tombent en grand discrédit, pour avoir négligé leurs devoirs. Si la sanction est si sévère, c’est qu’ils estiment que le pacte de l’amour conjugal, qui exige que l’on passe toute sa vie avec un seul conjoint et que l’on supporte tous les pénibles devoirs qui pourront en résulter, liera difficilement deux êtres qui n’auront pas été attentivement détournés de toute union inconstante.

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Le choix d’un conjoint comporte chez eux une coutume absurde à nos yeux et des plus risibles, mais qu’ils observent avec le plus grand sérieux. La femme, qu’elle soit vierge ou veuve, est montrée nue à son prétendant par une femme honnête ; un homme également digne de confiance montre à la jeune femme son prétendant nu. Nous rions de cela comme d’une extravagance ; eux au contraire s’étonnent de l’extraordinaire folie des autres peuples où l’on refuse d’acheter un bidet de deux sous sans prendre la précaution de le mettre nu en lui enlevant sa selle et son harnachement, de peur qu’un défaut ne soit caché dessous ; lorsqu’il s’agit de prendre une épouse, source de délices ou de dégoût pour une vie entière, on y met une telle incurie qu’on juge toute la personne d’après une surface grande tout juste comme la main, seul le visage étant visible et tout le reste du corps dis‐ paraissant sous les vêtements ; après quoi on se l’attache, non sans risque de faire avec elle mauvais ménage si un défaut se découvre plus tard1.

F. Défense et illustration de la langue française… en latin Huit ans avant la publication de la Deffence et illustration de la langue francoyse de J. du Bellay en 1549 (« il se devrait faire à l’avenir qu’on peut parler de toute chose par tout le monde et en toute langue »), Jean Canappe (1505–1594), médecin ordinaire de

François Ier, encourage le recours à la langue française plutôt que latine pour traduire les auteurs médicaux grecs. Il est piquant de constater qu’il rédige cette défense en latin, langue traditionnelle, il est vrai, des dédicaces. Ioannes Canapaeus Gulielmo Rondeleto Monspessulano medico s.2 Falso queruntur nonnulli nostrae aetatis medici, Rondelete charissime, quod libros aliquot Galeni Gallicitate (si, ut aliis suam Latinitatem aut Patauinitatem Hispanitatemue, ita nobis uocabulum hoc innouare liceat) donauerimus. Cuius ego laboris primus author non extiti, quando priores me uiri non indocti hoc praestiterunt, neque citra successum : quorum alter secundum artis curatoriae librum ad Glauconem, alter tertium methodi the‐ rapeuticae ad Hieronem Gallice iam reddiderat. Nam contra reputando, neque commodius aliud neque prestabilius inuenies quam si eo sermone utamur qui nobis notus est. Cur enim alienam ac peregrinam sectabimur linguam, ut nostram deseramus ? Si quidem permultos noui (ut ingenue fatear) qui, ubi uix tria uocabula aut Graece aut Latine didicerant, Demos‐ thenem ipsum uel Ciceronem sibi posthabendos (nescio qua temeritate) censerent. (…) Non sum tamen adeo hebeti stupidoue ingenio, ut Graece aut Latine doctos infamare uelim, sed hortari potius ut, quam quisque linguam exacte norit, in ea se exerceat. (…) Quis M. Tullium

1. Trad. M. Delcourt, Paris, 1966. 2. Cf. p. 536, n. 1. Chapitre 2

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Graeci sermonis rudem fuisse putet ? Latine tamen omnia scripsit ac in primis sapientiae studium Latinis literis illustrandum curauit, non quod philosophia Graecis et literis et doc‐ toribus percipi non posset, sed quia eo semper iudicio fuit omnia Romanos aut inuenisse per se sapientius quam Graecos, aut accepta ab illis fecisse meliora. « Doctrina Graecia nos et omni literarum genere superabat. In quo erat facile uincĕre non repugnantes. » Iisdem argumentis pro gente Gallica contenderim complures esse ex nostris hoc seculo qui in omni disciplinarum genere exteris non cedant (quod citra patriae affectum ac gratiam dictum existimari uelim), qui quod sentiunt sua lingua polite eloqui possint, mandare literis, dis‐ ponĕre, illustrare et mira delectatione uel auditores uel lectores allicēre, non minus certe quam exterae nationes. Cuius generis hominum percelebris est copia cum in senatu Pari‐ siensi, tum in aliis Galliae urbibus. Neque tamen id me contendĕre putes, ut a Graecis Lati‐ nisue literis quenquam dehortari studeam — ut qui in his a paruulo hactenus insudo, in illis uero utcunque institutus succisiuis horis uersor — sed ut semel demonstrem nihil esse quod nostra lingua apte, distincte et ornate enunciari non possit. Canappe, Du mouvement des muscles, p. 3–4

Traduction Jean Canappe à Guillaume Rondelet1, médecin montpelliérain, salut. Certains médecins de notre temps, mon très cher Rondelet, se plaignent à tort que nous ayons gratifié quelques livres de Galien de la « francité » (s’il m’est permis d’ainsi créer ce mot, comme d’autres recourent à leur latinité, leur patavinité2 ou leur hispanité). Je ne suis pas le premier à prendre ce parti, vu que deux hommes assez doués m’ont précédé, et non sans succès : l’un avait déjà traduit en français le second livre de l’Art de guérir adressé à Glaucon, l’autre le troisième livre de la Thérapeutique à Hiéron3. Au contraire, à bien y réfléchir, on ne trouvera rien de plus avantageux ni de plus profitable que de recourir à une langue que nous connaissons. Pourquoi donc aller chercher une autre langue, étran‐ gère, et abandonner la nôtre ? J’en connais bon nombre, pour parler franchement, qui, sitôt qu’ils avaient appris trois mots de grec ou de latin, estimaient que Démosthène lui-même et Cicéron — quelle présomption ! — devaient être relégués au second rang. (…) Je ne suis ni assez obtus ni assez stupide, pour vouloir décrier ceux qui maîtrisent le grec et le latin, mais je voudrais inciter chacun à utiliser la langue qu’il connaît le mieux. (…) Qui pourrait penser que M. Tullius ne connaissait pas le grec ? Il a pourtant écrit toute son œuvre en

1. Canappe adresse sa traduction de Galien (Du mouvement des muscles, 1541) à Guillaume Rondelet (1507–1566), médecin de Montpellier. 2. Quintilien résumait par ce terme — sans le définir — le style de Tite-Live, originaire de Padoue (Patauium). 3. Il s’agit de François Juste (Deuxiesme livre de Claude Galene intitule L’art curatoire à Glaucon, Paris, c.1530) et de Pierre Tolet (Le troisiesme livre de la Therapeutique ou methode curatoire de Claude Galien, Paris, 1539).

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latin et a veillé tout particulièrement à exposer ses recherches en philosophie dans cette langue, non que la philosophie ne pût être comprise par des écrits ou des savants grecs, mais parce qu’il fut toujours d’avis que les Romains ou bien avaient tout trouvé par euxmêmes avec plus de sagesse que les Grecs, ou bien avaient perfectionné ce qu’ils avaient reçu d’eux. « Dans le domaine du savoir et dans tous les genres littéraires, la Grèce l’empor‐ tait sur nous. En cela, il lui était facile de remporter une victoire qu’on ne leur disputait pas1. » Avec les mêmes arguments, je voudrais prendre la défense de la nation française et soutenir qu’il se trouve parmi les nôtres, dans ce siècle, une masse d’hommes qui, dans tous les domaines de la science, ne le cèdent pas aux étrangers (et je voudrais qu’on n’y voie ni chauvinisme ni complaisance de ma part), d’hommes capables d’exprimer leurs sentiments dans leur langue avec finesse, de le faire par écrit, de les expliquer, de les mettre en valeur et d’attirer par un charme remarquable les auditeurs et les lecteurs, non moins, à coup sûr, que les nations étrangères. Il y a une foule de ces gens tant dans le parlement de Paris que dans les autres villes de France. Qu’on n’aille cependant pas penser que je veuille détourner quiconque du grec et du latin, moi qui ne cesse de travailler mon latin depuis ma tendre enfance et qui consacre au grec, dont j’ai quelque connaissance, mes heures de loisir : je veux prouver une fois qu’il n’est rien que notre langue ne puisse exprimer avec précision, netteté et élégance.

G. La découverte de l’Amérique Le cardinal Pietro Bembo (1474–1547), l’un des grands humanistes de la Renaissance italienne, est l’auteur d’une histoire bilingue de Venise, dont il fut l’historiographe offi‐ ciel pour les années 1487–1512 (Rerum Venetarum historiae libri XII, 1551 ; Dell’istoria viniziana libri XII, 1552). L’extrait est consacré à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb en octobre 1492. Anno ab urbe condita millesimo septuagesimo primo, Tribus cum nauibus Columbus ad insulas Fortunatas, quas Canarias appellant, profectus, atque ab iis tres et triginta totos dies occidentem secutus solem, sex numero insulas reperit, quarum sunt duae ingentis magnitudinis ; quibus in insulis lusciniae Nouembri mense canerent, homines nudi, inge‐ nio miti, lintribus ex uno ligno factis uterentur. Frumentum hi habent quod maicem appel‐ lant, multo quam nos spica et culmo grandioribus harundineisque foliis et plurimo ac rotundo grano, quod spicae infixum membrana pro aristis uestitur, quam quidem matu‐ rescens reiciat. Animalium quadrupedum genera habent perpauca, ex his canes pusillos, qui muti etiam sint nec latrent ; auium uero longe plurima, nostris tum grandiora, tum

1. Citation de Cicéron (Tusculanes, I, 3). Chapitre 2

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etiam minora, adeo ut auiculae inueniantur quae singulae suo cum nido uigesimam quar‐ tam unciae partem non exsuperent ; psittacorum magnam copiam, forma et colore uariam. Vellera sponte nascentia ex nemoribus atque montibus colligunt. Sed ea cum uolunt can‐ didiora melioraque fieri, ipsi purgant atque apud domos suas serunt. Aurum, quod in flu‐ minum arenis legunt, habent ; ferrum non habent. Itaque praeduris atque acutis lapidibus et ad lintres cauandos et ad reliquam materiam in usum domesticum formandam aurumque molliendum pro ferro utuntur. Sed aurum cultus tantummodo gratia molliunt, idque auribus et naribus perforatis pendulum gerunt ; neque enim nummos nouerunt neque stipis ullo genere utuntur. Harum duarum insularum unius cum rege amicitia foe‐ dereque inito, Columbus, duodequadraginta ex suis apud illum relictis qui mores et ser‐ monem gentis addiscerent seque breui rediturum exspectarent, decem ex insularibus secum ducens in Hispaniam rediit. Bembo, Histoire de Venise, VI, 3

Traduction En l’an 1071 de la fondation de la ville (de Venise1), Colomb partit avec trois nefs pour les Îles Fortunées, qu’on appelle Canaries. De là, naviguant en direction du couchant pen‐ dant trente-trois jours entiers, il découvrit six îles, dont deux sont immenses2. Là-bas, les rossignols chantaient au mois de novembre ; les hommes étaient nus, d’un naturel doux et utilisaient des barques en bois faites d’une seule pièce. Ils ont une céréale qu’ils appellent « maïs », dont les épis et les tiges sont beaucoup plus grands que chez nous, avec des feuilles semblables à celles des roseaux et avec des grains ronds et abondants, fixés à l’épi et entou‐ rés, au lieu de barbes, d’une membrane qu’ils perdent en mûrissant. Ils ont très peu d’espèces de quadrupèdes, parmi lesquelles de tout petits chiens, qui sont muets et n’aboient pas. Mais ils ont de très nombreuses espèces d’oiseaux, certains plus grands que les nôtres, d’autres aussi plus petits, au point qu’on en trouve de très petits, qui, avec leur nid, ne pèsent pas plus d’un vingt-quatrième d’once3. Ils ont une grande quantité de per‐ roquets, d’aspect et de couleur variés. Ils récoltent dans les bois et les montagnes une laine qui pousse toute seule4 ; mais lorsqu’ils veulent la rendre plus blanche et améliorer sa qualité, ils la nettoient et la filent dans leurs maisons. Ils ont de l’or, qu’ils trouvent dans les sables des rivières ; ils n’ont pas de fer. À sa place, ils se servent de pierres très dures et pointues, aussi bien pour évider les troncs que pour fabriquer les autres objets d’usage courant et travailler l’or. Mais ils ne travaillent l’or que pour en faire des bijoux qu’ils

1. 2. 3. 4.

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Selon la légende, Venise aurait été fondée en 421. Cuba et Haïti. Le colibri d’Elena (entre 1,6 et 1,9 gr), le plus petit oiseau du monde. Bembo se réfère à l’once de Venise (29,8 gr). Le coton.

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portent en pendentifs à leurs oreilles et à leurs narines percées, car ils ne connaissent pas la monnaie et n’utilisent aucune espèce d’argent. Colomb conclut un traité d’amitié avec le roi d’une de ces deux îles ; il laissa auprès de lui trente-huit de ses hommes qui étudieraient les coutumes et la langue de ce peuple, et qui devaient attendre son retour prochain ; luimême rentra en Espagne avec dix indigènes.

H. Superstition des Ottomans Ogier Ghislain (ou Ghiselin) de Busbecq (1520/1–1591), ambassadeur de Ferdinand Ier d’Autriche auprès de Soliman le Magnifique de 1554 à 1562, livre dans ses Lettres de Turquie (Legationis Turcicae epistolae) une description toute personnelle du monde ottoman, de ses institutions, du sérail, des us et coutumes des Turcs, mais aussi de leurs superstitions, qui expliquent bien des attitudes de défiance à l’égard des Occidentaux. Cum in xenodochiis, quae Turcae imaret uocant, hospitarer, animaduerti forte plures schedas parietum rimis insertas. Quas dum curiosius exemissem, non temere hoc fieri sus‐ picans, libuit ex Turcis meis sciscitari quid continerent. Sed comperi nihil habēre cur ita reponi mererentur ; eo auidior cognoscendi fio qua tamen re ibi seruarentur ; nam antea quoque pluribus locis id factum uideram. Turcae nihil mihi respondēre nec causam uelle indicare, an quod puderet rem narrare fidem apud me non habituram, an quod tantum mysterium homini profano aperire nollent. Postea ex iis quibus factus sum familiarior, cognoui Turcas multum honoris deferre chartae, quod in ea Dei nomen scribatur. Itaque chartulam nullam humi iacēre patiuntur, et si in aliquam incidunt, subito attollunt rimaeque alicui aut foramini indunt, ne pedibus proteratur. In quo fortasse nihil est hac‐ tenus quod reprehendas. Sed audi reliqua. Supremi iudicii tempore, cum Mahumetes suos sectatores ex iis locis ubi pro admissis criminibus poenas dant, in caelum uocabit, ut sem‐ piternae beatitudinis participes faciat, alia ad eum uia nulla patebit, quam per ingentem ferream createm igne feruefactam et candentem, per quam nudis pedibus incedendum erit ; quo dolore tu cogita, et tibi ob oculos pone gallum gallinaceum per prunas subsultim currentem. Ecce uero hic (mirabile dictu) charta illa omnis, quam ita ab iis a contumelia pedum asseruatam diximus, improuisa aderit seque eorum soleis substernet, magno futura auxilio, quominus noxam candentis ferri sentiant, tantum erit meritum uindicatae ab iniu‐ ria chartae. Et memini, cum aliquando meis famulis grauiter duces nostri irascerentur quod eos uiderent ad sordidissima quaeque ministeria charta uti, idque ad me tanquam magnum flagitium deferre ; quibus ego nihil id mirum esse respondi in meis famulis, quippe qui suillis etiam carnibus uesci consueuissent. Busbecq, Turc. epist., I, p. 49–51 (éd. 1633)

Chapitre 2

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Traduction Je descendis dans un hôtel, que les Turcs appellent imaret, où je remarquai par hasard que plusieurs papiers étaient fichés dans les fentes des murs. Je les en retirai, plein de curiosité, en supposant que cela n’était pas sans raison, et demandai à mes Turcs ce qu’ils contenaient. Mais je ne trouvai rien qui justifiât de les disposer de la sorte. J’avais d’autant plus envie de savoir pourquoi on les gardait ainsi, car j’avais vu auparavant la même chose en plusieurs endroits. Les Turcs ne me répondirent rien et ne voulurent pas m’en donner la raison, soit qu’ils étaient gênés de me parler d’une chose à laquelle je ne croirais pas, soit qu’ils refusaient de révéler un mystère de cette importance à un profane. Quand par la suite, je devins plus intime avec eux, j’appris que les Turcs accordent beaucoup de respect au papier, dans l’idée qu’on pourrait y écrire le nom de Dieu. C’est pourquoi ils ne tolèrent pas de voir le moindre bout de papier par terre ; et s’ils en trouvent un, aussitôt ils le ramassent et le glissent dans une fente ou un trou, pour éviter qu’on marche dessus. Mais écoute le reste. Au moment du jugement dernier, quand Mahomet appellera au ciel ses disciples des lieux où ils expient leurs crimes avoués, afin de leur faire connaître le bonheur éternel, aucun autre chemin ne mènera à lui qu’un immense grillage en fer brûlant et chauffé à blanc sur lequel il faudra marcher pieds nus : imagine-toi la douleur et représente-toi un coq qui court en sautillant sur des braises. Mais voilà — chose incroyable à dire — que tout ce papier, qu’ils ont préservé, avons-nous dit, des outrages des pieds, sera là à l’improviste et s’étalera sous leurs pieds, afin de les aider à ne pas sentir les atteintes du fer brûlant ; tel est le service que rendra le papier auquel on a épargné l’affront. Et je me souviens qu’un jour nos guides turcs s’étaient vivement mis en colère contre mes domestiques, car ils les avaient vus se servir de papier pour les offices les plus sales et m’avaient rapporté cette affaire comme étant un grand scandale ; je leur répondis que cela n’avait rien d’étonnant chez mes domestiques, eux qui avaient même pour habitude de manger de la viande de porc.

I. Plaidoyer pour la recherche fondamentale Dans son ouvrage De la dignité et de l’accroissement des sciences (De dignitate et augmentis scientiarum, 1623), Francis Bacon (1561–1626), homme politique, scienti‐ fique et philosophe anglais, prend la défense des sciences fondamentales et de la recherche empirique contre les attaques des théologiens et des praticiens, ce qui lui vaut d’être considéré comme un pionnier de la pensée scientifique moderne. Inter tot totius Europae collegia, praeclarissime fundata, omnia illa certis professionibus destinata esse demiror, nulla liberis atque uniuersalibus artium et scientiarum studiis dedicata. Nam si quis iudicet doctrinam omnem referendam esse ad usum et actionem,

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recte sapit. Veruntamen facile est isto modo prolabi in errorem illum quem fabula peran‐ tiqua perstringit ; in qua caetera corporis membra litem uentriculo intenderunt, quod neque motum praeberet, ut artus, neque sensum, ut caput, quamuis interea alimentum coctum atque confectum uentriculus ille in reliquum corpus diuideret. Plane eodem modo, qui in philosophia ac contemplationibus uniuersalibus positum omne studium inane atque ignauum arbitratur, non animaduertit singulis professionibus et artibus exinde succum et robur suppeditari. Atque certe persuasum habeo hanc ipsam haud minimam causam fuisse cur felicior doctrinae progressus hucusque retardatus sit ; quod opera hisce fundamenta‐ libus scientiis nauata sit tantum in transitu, neque haustus pleniores inde epoti. Nam si arborem solito fructuosiorem fieri cupias, de ramis medicandis frustra cogitaueris ; terra ipsa circa radicem subigenda, et gleba laetior admouenda, aut nihil egeris. Augm., II, p. 112 (t. VII, 1803)

Traduction Parmi tant de collèges excellents fondés dans toute l’Europe, je suis étonné de les voir tous affectés à certaines professions particulières et de n’en voir aucun qui soit consacré à l’étude libre et universelle des arts et des sciences. Si l’on juge en effet que tout savoir doit se mesurer à l’utilité et à l’action, on a raison. Cependant, il est facile de tomber de cette manière dans l’erreur si bien relevée par cette fable fort ancienne, selon laquelle toutes les parties du corps intentèrent un procès à l’estomac, lui reprochant de ne donner ni le mou‐ vement, comme les membres, ni l’intelligence, comme la tête, bien que cet estomac distri‐ buât en même temps dans tout le corps les aliments digérés et assimilés1. Exactement de la même manière, celui qui estime que l’étude qui a pour objet la philosophie et les contem‐ plations universelles est inutile et oiseuse, ne voit pas que c’est de là que viennent le suc et la force qui nourrissent toutes les professions et tous les arts. Je suis fermement convaincu qu’une des causes, et non des moindres, qui ont nui jusqu’à présent au progrès bienheureux du savoir est qu’on ne s’est occupé qu’en passant des sciences fondamentales, au lieu de s’en abreuver à longs traits. Car si l’on veut qu’un arbre donne plus de fruits qu’à l’ordinaire, il est inutile de songer à prendre soin des branches : c’est la terre même qu’il faut remuer autour de la racine, c’est une terre plus grasse qu’il faut lui apporter, autrement vous n’aurez rien fait.

1. Allusion à la fable des membres du corps et de l’estomac, que conta Ménénius Agrippa en 494 av. J.‑C. au petit peuple de Rome alors en sécession, pour le réconcilier avec les grandes familles (cf. Tite-Live, Histoire romaine, II, 32). Chapitre 2

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J. Acte d’abjuration de Galilée Après avoir subi une première fois la censure du Saint-Office (tribunal de l’Inquisition) en 1616, l’astronome Galilée (Galileo Galilei, 1564–1642) n’a cessé de privilégier la théorie copernicienne d’un univers héliocentrique. Son Dialogue sur les deux grands systèmes du monde (1632) lui valut d’être jugé « violemment suspect » d’hérésie en 1633 et, après avoir abjuré, d’être assigné à résidence jusqu’à sa mort. Il fallut attendre plus de trois siècles pour voir l’Église se saisir de « l’affaire Galilée » et faire acte de repentance — sans plus — en 1992. L’acte d’abjuration, rédigé en italien1, fut immédia‐ tement diffusé par l’Église dans toutes les nonciatures et une version latine très fidèle en fut donnée par l’astronome jésuite G.B. Riccioli en 1651. Ego Galilaeus Galilaei, filius quondam Vincentii Galilaei Florentinus, aetatis meae anno‐ rum 70, constitutus personaliter in iudicio et geneflexus coram uobis Eminentissimis et Reuerendissimis Dominis Cardinalibus uniuersae Christianae reipublicae contra haereti‐ cam prauitatem generalibus Inquisitoribus, habens ante oculos meos sacrosancta Euan‐ gelia, quae tango propriis manibus, iuro me semper credidisse et nunc credĕre et Deo adiuuante in posterum crediturum omne id quod tenet, praedicat et docet S. Catholica et Apostolica Romana Ecclesia. Sed quia ab hoc S. Officio, eo quod postquam mihi cum prae‐ cepto fuerat ab eodem iuridice iniunctum ut omnino desererem falsam opinionem quae tenet Solem esse centrum Mundi et immobilem, et terram non esse centrum ac moueri, nec possem tenēre, defendĕre aut docēre quouis modo uel scripto praedictam falsam doctri‐ nam, et postquam mihi notificatum fuerat praedictam doctrinam repugnantem esse Sacrae Scripturae, scripsi et typis mandaui librum, in quo eamdem doctrinam iam damnatam tracto et adduco rationes cum magna efficacia in fauorem ipsius, non afferendo ullam solutionem ; idcirco iudicatus sum uehementer suspectus de haeresi, uidelicet quod tenue‐ rim et crediderim Solem esse centrum Mundi et immobilem, et terram non esse centrum ac moueri. Idcirco uolens ego eximĕre a mentibus Eminentiarum uestrarum et cuiuscumque Chris‐ tiani Catholici uehementem hanc suspicionem aduersum me iure conceptam, corde sin‐ cero et fide non ficta abiuro, maledico et detestor supradictos errores et haereses, et generaliter quemcumque alium errorem et sectam contrariam supradictae S. Ecclesiae, et iuro me in posterum nunquam amplius dicturum aut asserturum uoce aut scripto quid‐ quam, propter quod possit haberi de me similis suspicio ; sed si cognouero aliquem hae‐ reticum aut suspectum de haeresi, denuntiaturum illum huic S. Officio aut Inquisitori et

1. Édition de référence de l’acte original : S. Pagano, I documenti vaticani del processo di Galileo Galilei (1611– 1741), 2e éd., Cité du Vatican, 2009, p. 165–166, n° 115 (en libre accès sur le site « www.pas.va »).

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Ordinario loci in quo fuero. Iuro insuper ac promitto me impleturum et obseruaturum integre omnes paenitentias quae mihi impositae sunt aut imponentur ab hoc S. Officio. Quod si contingat me aliquibus ex dictis meis promissionibus, protestationibus et iura‐ mentis (quod Deus auertat) contraire, subicio me omnibus poenis ac suppliciis quae a Sacris Canonibus et aliis Constitutionibus generalibus et particularibus contra huiusmodi delin‐ quentes statuta et promulgata fuerunt. Sic me Deus adiuuet et Sancta ipsius Euangelia, quae tango propriis manibus. Ego Galilaeus Galilaei supradictus abiuraui, iuraui, promisi et me obligaui ut supra, et in horum fidem mea propria manu subscripsi praesenti chirographo meae abiurationis et recitaui de uerbo ad uerbum Romae in Conuentu Mineruae hac die 22 Iunii anni 1633. Ego Galilaeus Galilaei abiuraui ut supra manu propria. Riccioli, Almagestum novum, t. I, 2 (1651), p. 499–500

Traduction Moi, Galileo Galilei, fils de feu Vincenzo Galilei, Florentin, âgé de 70 ans, placé person‐ nellement en jugement et agenouillé devant vous, Éminentissimes et Révérendissimes Car‐ dinaux, Inquisiteurs généraux de la république universelle Chrétienne contre la malice hérétique, ayant devant les yeux les sacrosaints Évangiles, que je touche de mes propres mains, je jure avoir toujours cru, croire maintenant et, avec l’aide de Dieu, croire à l’avenir tout ce que soutient, prêche et enseigne la sainte Église catholique et apostolique romaine. Mais puisque ce Saint-Office, — attendu que, après m’avoir enjoint formellement par un décret d’abandonner absolument la fausse opinion qui soutient que le Soleil est le centre du monde et qu’il est immobile, et que la Terre n’en est pas le centre et qu’elle se meut ; et de ne plus soutenir cette opinion, la défendre ou l’enseigner d’une quelconque manière, de vive voix ou par écrit ; et après m’avoir signifié que la doctrine susdite était contraire à l’Écriture sainte, j’ai écrit et fait imprimer un livre dans lequel je traite de cette même doctrine déjà condamnée et avance des arguments en sa faveur avec force, sans fournir aucune démonstration1 — pour ces motifs, m’a jugé violemment2 suspect d’hérésie, pour avoir soutenu et cru que le Soleil était le centre du monde et qu’il était immobile, et que la Terre n’en était pas le centre et qu’elle se mouvait. Pour ces motifs, voulant faire disparaître de l’esprit de vos Éminences et de tout Chrétien catholique ce violent soupçon conçu contre moi avec raison, d’un cœur sincère et d’une foi

1. Dans son Dialogue, Galilée présente de façon contradictoire les deux thèses sur l’organisation de l’univers, géocentrique et héliocentrique, tout en affichant sa préférence pour cette dernière, mais sans preuve irréfutable à l’appui. 2. Le Saint-Office avait défini trois degrés d’hérésie selon la gravité de la faute : de formali (haeresi) pour la per‐ sonne condamnée pour hérésie, de uehementi pour celle déclarée « violemment » suspecte d’hérésie, de leui pour celle déclarée « légèrement » suspecte. Chapitre 2

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non feinte, j’abjure, je maudis et je dénonce les erreurs et hérésies susdites, et généralement toute autre erreur et secte contraire à la sainte Église susdite ; et je jure à l’avenir de ne plus jamais rien dire ou affirmer, de vive voix ou par écrit, qui puisse faire naître pareil soupçon à mon égard ; et si j’ai connaissance de quelque hérétique ou suspect d’hérésie, je jure de le dénoncer au Saint-Office, à l’Inquisiteur ou à l’Ordinaire de l’endroit où je serai. En outre, je jure et je promets d’accomplir et d’observer pleinement toutes les pénitences qui me sont ou seront imposées par le Saint-Office. S’il m’arrivait jamais d’enfreindre mes promesses, assurances et serments (que Dieu m’en détourne), je me soumets à toutes les sanctions et pénitences qui ont été arrêtées et promulguées contre de tels coupables par les Saints Canons et les autres Constitutions générales et particulières. Ainsi, que Dieu me soit une aide et ses Saints Évangiles, que je touche de mes propres mains. Moi, Galileo Galilei susdit, j’ai abjuré, j’ai juré, j’ai promis et je me suis engagé sur ce que dessus, et, en foi de quoi, j’ai signé ci-dessous de ma propre main le présent chirographe de mon abjuration et je l’ai lu à haute voix mot à mot à Rome dans le Couvent de la Minerve, ce 22 juin de l’an 1633. Moi, Galileo Galilei, j’ai abjuré ce que dessus de ma propre main.

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6. Le latin « moderne » A. Épitaphe de Racine À sa mort, Jean Racine (1639–1699) fut enseveli dans le cimetière de l’abbaye janséniste de Port-Royal-des-Champs. En 1711, peu avant la destruction du site, ses restes furent exhumés et transférés à Paris par sa famille. La pierre tumulaire, longtemps présumée perdue, fut retrouvée en 1805 dans le dallage de l’église de Magny-les-Hameaux (site de Port-Royal) et déplacée en 1818 en l’église Saint-Étienne-du-Mont (Paris 5e), où elle se

trouve aujourd’hui. La pierre (dim. 1,30 × 0,67), qui a subi diverses dégradations (brisée en plusieurs fragments jointifs ; usure de surface dû au remploi ; martelage du nom du défunt), porte une épitaphe latine, qui est la traduction adaptée de l’épitaphe française composée par son collègue et ami Boileau. D(eo) O(ptimo) M(aximo). Hic jacet nobilis vir Joannes Racine Franciae Thesauris praefectus Regi a secretis atque a cubiculo nec non unus e quadraginta 5 Gallicanae Academiae viris, qui, postquam profana tragediarum argumenta diu cum ingenti hominum admiratione tractasset, Musas tandem suas uni Deo consecravit omnemque ingenii vim in eo laudando contulit qui solus laude 10 dignus. Cum eum vitae negotiorumque rationes multis nominibus aulae tenerent addictum, tamen in frequenti hominum consortio omnia pietatis ac religionis officia coluit. A Cristianissimo Rege Ludovico Magno selectus una cum familiari 15 ipsius amico fuerat qui res eo regnante praeclare ac mirabiliter gestas perscriberet, huic intentus operi repente in gravem aeque et diuturnum morbum implicitus est, tandemque ab hac sede miseriarum in meliuss domicilium translatus 20 anno aetatis suae LIX ; qui mortem longiori adhuc intervallo remotam valde horruerat, eiusdem praesentis aspectum placida fronte sustinuit obiitque, spe multo magis et pia in Deum fiducia

Chapitre 2

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erectus quam fractus metu. Ea iactura omnes 25 illius amicos, e quibus nonnulli inter Regni primores eminebant, acerbissimo dolore perculit ; manavit etiam ad ipsum Regem tanti viri desiderium. Fecit modestia eius singularis et praecipua in hanc Portus Regii domum benevolentia, 30 ut in isto caemeterio pie magis quam magnifice sepeliri vellet, adeoque testamento cavit ut corpus suum iuxta piorum hominum qui hic jacent corpora humaretur. Tu vero, quicumque es, quem in hunc domum pietas 35 adducit, tuae ipse mortalitatis ad hunc aspectum recordare et clarissimam tanti viri memoriam precibus potius quam elogiis prosequere. Ligne 2. Les mots jacet et joannes racine, martelés, ont été regravés au-dessus de la ligne ║ 6. traged‑ pour tragoed‑ ║ 19. meliuss pour melius ║ 34. hunc : erreur pour hanc (cf. l. 29)

Traduction À Dieu Très Bon Très Grand. Ici repose Messire Jean Racine, Trésorier de France, secrétaire du Roi et gentilhomme ordinaire de sa chambre, et l’un des quarante |5 de l’Académie française1, qui, après avoir longtemps traité de thèmes profanes dans ses tragédies et mérité la plus vive admiration des hommes, consacra enfin ses muses à Dieu seul et voua toute la force de son talent à le louer lui, le seul digne de louange. |10 Alors que les charges de la vie et des affaires le tenaient attaché à la cour à plusieurs titres, il s’acquitta néanmoins avec soin, au milieu du monde, de tous les devoirs de la piété et de la religion. Le Roi Très Chrétien Louis le Grand l’avait choisi, avec son ami |15 proche, pour consigner les hauts faits éclatants et admirables de son règne2 ; occupé à cet ouvrage, il fut soudain frappé d’une maladie longue et pénible, qui finit par l’emporter de ce séjour de misères dans un monde meilleur, |20 à l’âge de 59 ans. Lui qui avait tant redouté la mort quand elle se tenait encore à distance, supporta, quand elle advint, sa vue d’un front serein et trépassa bien plus grandi par l’espérance et la foi pieuse en Dieu que résigné par la crainte. Cette perte causa à tous |25 ses amis, dont certains brillaient aux premiers rangs du Royaume, la douleur la plus vive et fit éprouver

1. Racine fut élu à l’Académie française en 1673, nommé trésorier général de France (et anobli) en 1674, élu à l’Académie des inscriptions et médailles en 1683 ; il reçut en 1690 une des 24 charges de gentilhomme ordinaire de la chambre du roi et acheta en 1696 le charge de conseiller-secrétaire du roi. 2. Il fut nommé en 1677 historiographe du Roi avec son ami Nicolas Boileau.

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au Roi lui-même le regret d’un si grand homme. Son humilité profonde et son attachement particulier à cette maison de Port-Royal firent |30 qu’il voulut être enseveli dans ce cime‐ tière avec piété plutôt que faste, et il veilla par testament que son corps fût inhumé aux côtés des pieux hommes dont les corps reposent ici1. Et toi, qui que tu sois, que la piété |35 attire dans cette maison, souviens-toi, à cette vue, de ta condition de mortel et honore l’illustre mémoire de ce grand homme par des prières plutôt que par des éloges.

B. L’ancien et le nouveau De viris illustribus Une œuvre anonyme de la fin du ive s. apr. J.‑C., le De uiris illustribus urbis Romae (86 courtes biographies de Romulus à Antoine et Cléopâtre), a été adaptée par l’abbé Ch.‑Fr. Lhomond (1727–1794) dans son De viris illustribus urbis Romae a Romulo ad Augustum (1779). Ce manuel de lecture, destiné aux premières classes de latin dans l’enseignement, connut un immense succès pendant près de deux cents ans (plus de 280 éditions, adaptations, etc.). Le « De viris », comme on l’appelait, offrait à la fois des textes de difficulté croissante et un tableau des hauts faits des héros et grands hommes de l’histoire romaine. On comparera ici le premier chapitre de l’œuvre originale et l’adaptation qu’en a faite « le bon Lhomond », au prix d’un pillage sans vergogne (les graphies v et j aux vertus pédagogiques ont été maintenus à dessein ; les ajouts et amé‐ nagements de Lhomond sont donnés en italiques).

A. Original Proca, rex Albanorum, Amulium et Numitorem filios habuit, quibus regnum annuis uicibus habendum reliquit. Sed Amulius fratri imperium non dedit et, ut eum subole priua‐ ret, filiam illius Rheam Siluiam Vestae sacerdotem praefecit, ut uirginitate perpetua tene‐ retur ; quae a Marte compressa Remum et Romulum edidit. Amulius ipsam in uincula compegit, paruulos in Tiberim abiecit, quos aqua in sicco reliquit. Ad uagitum lupa accurrit eosque uberibus suis aluit. Mox Faustulus pastor collectos Accae Laurentiae coniugi edu‐ candos dedit. Qui postea Amulio interfecto Numitori auo regnum restituerunt ; ipsi pasto‐ ribus adunatis ciuitatem condiderunt, quam Romulus augurio uictor, quod ipse XII, Remus VI uultures uiderat, Romam uocauit ; et ut eam prius legibus muniret quam moenibus, edixit ne quis uallum transiliret ; quod Remus irridens transiliuit et a Celere centurione rastro fertur occisus. [Aurelius Victor], Vir. ill., 1

1. Il avait été enseveli, à sa demande, aux pieds de Jean Hamon, son maître de Port-Royal. Chapitre 2

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Traduction Proca, roi des Albains, eut pour fils Amulius et Numitor, à qui il laissa le royaume en charge par rotation annuelle. Mais Amulius ne donna pas le pouvoir à son frère et, pour le priver de descendance, il fit de la fille de celui-ci, Rhéa Silvia, une prêtresse de Vesta, afin de la maintenir dans une virginité perpétuelle ; or celle-ci, violée par Mars, mit au monde Rémus et Romulus. Amulius mit la mère dans les fers et fit jeter les bébés dans le Tibre ; mais l’eau les laissa au sec. À leurs vagissements accourut une louve, qui les nourrit de ses mamelles. Bientôt, un berger, Faustulus, les recueillit et les donna à élever à sa femme, Acca Laurentia. Par la suite, après avoir tué Amulius, ils rendirent le trône à leur aïeul Numitor ; de leur côté, avec des bergers qu’ils avaient rassemblés, ils fondèrent une cité, que Romulus, vainqueur à la consultation augurale — car il avait vu douze vautours, et Rémus six —, appela Rome. Et pour la munir de lois avant que de murailles, il édicta que nul ne devait en franchir le retranchement ; mais Rémus, par dérision, le franchit et fut tué, dit-on, d’un coup de bêche par le centurion Celer1.

B. Lhomond Proca, rex Albanorum, duos filios, Numitorem et Amulium, habuit. Numitori, qui natu major erat, regnum reliquit ; sed Amulius, pulso fratre, regnavit et, ut eum sobole privaret, Rheam Sylviam ejus filiam Vestae sacerdotem fecit, quae tamen Romulum et Remum uno partu edidit. Quo cognito, Amulius ipsam in vincula conjecit, parvulos alveo impositos abje‐ cit in Tiberim, qui tunc forte super ripas erat effusus ; sed, relabente flumine, eos aqua in sicco reliquit. Vastae tum in iis locis solitudines erant. Lupa, ut fama traditum est, ad vagitum accurrit, infantes lingua lambit, ubera eorum ori admovit, matremque se gessit. Quum lupa saepius ad parvulos veluti ad catulos reverteretur, Faustulus, pastor regius, rem animadver‐ tit, eos tulit in casam et Accae Laurentiae conjugi dedit educandos. Qui adulti inter pastores primo ludicris certaminibus vires auxere, deinde venando saltus peragrare coeperunt, tum latrones a rapina pecorum arcēre. Quare iis insidiati sunt latrones, a quibus Remus captus est ; Romulus autem vi se defendit. Tunc Faustulus necessitate compulsus indicavit Romulo quis esset ejus avus, quae mater. Romulus statim, armatis pastoribus, Albam properavit. Interea Remum latrones ad Amulium regem perduxerunt, eum accusantes, quasi Numitoris greges infestare solitus esset ; Remus itaque a rege Numitori ad supplicium traditus est ; at Numitor, considerato adolescentis vultu, haud procul erat quin nepotem agnosceret. Nam Remus oris lineamentis erat matri simillimus, aetasque tempori expositionis congruebat. Dum ea res animum Numitoris anxium teneret, repente Romulus supervenit, fratrem liberavit et, Amulio interfecto, avum Numitorem in regnum restituit. Deinde Romulus et Remus urbem

1. Trad. P.M. Martin, Paris, Belles Lettres, 2016.

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in iisdem locis ubi expositi educatique fuerant condiderunt ; sed orta est inter eos contentio uter nomen novae urbi daret eamque regeret ; adhibuere auspicia. Remus prior sex vultures, Romulus postea, sed duodecim, vidit. Sic Romulus augurio victor Romam vocavit ; et ut eam prius legibus quam moenibus muniret, edixit ne quis vallum transiliret. Quod Remus irri‐ dens transilivit ; eum iratus Romulus interfecit, his increpans verbis : « Sic deinceps malo afficiatur quicumque transiliet moenia mea. » Ita solus potitus est imperio Romulus. Lhomond, Vir. ill., 1

Traduction Proca, roi des Albains, eut deux fils, Numitor et Amulius. Il laissa le trône à Numitor, qui était l’aîné ; mais c’est Amulius qui régna, après avoir chassé son frère, et, pour le priver de descendance, il fit de sa fille Rhea Silvia une prêtresse de Vesta ; néanmoins, celle-ci mit au monde, en une seule fois, Romulus et Rémus. Ayant appris la chose, Amulius emprisonna la vestale et fit placer dans un berceau, puis jeter au Tibre ses petits ; le Tibre, par hasard, avait alors débordé de ses rives ; mais, quand le fleuve se retira, l’eau laissa les enfants sur la terre sèche. Il y avait, à 1’époque, de vastes déserts en ces lieux. Une louve, selon la tradition, accourut aux vagissements des enfants, les lécha, tendit ses mamelles à leurs bouches et se comporta avec eux comme une mère. Comme la louve s’en revenait fort sou‐ vent auprès des bébés comme auprès de ses propres petits, Faustulus, berger du roi, remar‐ qua le manège, emporta les enfants à sa cabane et les donna à élever à sa femme Acca Laurentia. Une fois devenus grands, ils développèrent d’abord leurs forces en jouant à des joutes entre bergers, puis se mirent à courir les bois à la chasse, et ensuite à empêcher les brigands de voler le bétail. Aussi, les brigands leur tendirent une embuscade et firent pri‐ sonnier Rémus ; Romulus, lui, se défendit énergiquement. Alors, poussé par la nécessité, Faustulus révéla à Romulus qui était son grand-père et qui était sa mère. Aussitôt, Romulus arma les bergers et marcha sans tarder contre Albe. Pendant ce temps, les brigands ame‐ nèrent Rémus devant Amulius, en prétendant, pour l’accuser, qu’il avait l’habitude d’atta‐ quer les troupeaux de Numitor. Rémus fut donc livré au supplice par le roi Numitor ; mais Numitor, après avoir bien considéré le visage du jeune homme, n’était pas loin de recon‐ naître son petit-fils. Rémus, en effet, ressemblait trait pour trait à sa mère, et son âge coïn‐ cidait avec l’époque où il avait été abandonné. Tandis que ces détails travaillaient l’esprit de Numitor, Romulus survint soudainement, libéra son frère, tua Amulius et rétablit sur le trône son grand-père Numitor. Puis Romulus et Rémus fondèrent une ville en ce même endroit où ils avaient été abandonnés et élevés ; mais une dispute éclata entre eux pour savoir lequel des deux donnerait son nom à la ville et en serait le roi ; ils prirent les auspices. Rémus, le premier, vit six vautours ; Romulus n’en vit qu’en second, mais douze. C’est ainsi que Romulus, désigné comme vainqueur par l’augure, donna à la ville le nom de Rome, et, pour la protéger par des lois avant de le faire par des remparts, décréta l’interdiction, pour Chapitre 2

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quiconque, de franchir son fossé. Or Rémus, en riant, franchit d’un bond ce fossé ; pris de colère, Romulus le tua, en l’accablant de ces mots : « Qu’ainsi désormais soit châtié qui‐ conque franchira mes murailles ! » C’est ainsi que Romulus se rendit seul maître du pou‐ voir1.

C. La contribution de Montesquieu à la constitution de la science sociale Jusqu’en 1903, dans l’Université française, l’épreuve du doctorat ès lettres imposait la rédaction de deux thèses, l’une en français, l’autre en latin, qui devait attester de la solidité des études classiques du candidat. Ainsi, en 1892, Émile Durkheim (1858– 1917 ; École normale supérieure, 1879–1882), le fondateur de la sociologie moderne, étudia le rôle de Montesquieu dans l’émergence d’une scientia politica qu’il n’appelait pas encore « sociologie » : Quid Secundatus2 politicae scientiae instituendae contulerit (La contribution de Montesquieu à la constitution de la science sociale). Historiae nostrae immemores, consuevimus scientiam politicam ducĕre alienam a moribus nostris Gallicoque ingenio. Quoniam enim clarissimi philosophi qui de his rebus recentissime scripserunt in Britannia aut Germania floruere, obliti sumus hanc scientiam apud nos primum exstitisse. Attamen non modo Comte noster eam primus omnium bene fundavit, in suas partes descripsit et nomine proprio, quanquam aliquatenus barbarico, sociologiam scilicet, appellavit, sed omnis ille impetus ad politicas quaestiones a philoso‐ phis nostris qui duodevicesimo saeculo vivebant exortus est. Ex illa autem inclyta scripto‐ rum manu longe ante omnes eminet Secundatus, quippe qui in suo libro qui De l’Esprit des Lois inscribitur novae disciplinae principia instituerit. Sane in hoc opere Secundatus non de omnibus politicis factis disseruit, sed de unico genere eorum, id est de legibus. At ratio qua ad interpretandas varias juris formas utitur et ad cetera civilia instituta valet omninoque transferri potest. Immo, cum leges ad totam civilem vitam pertineant, eam fere universam necessario attingit ; nempe ut exponat quid sit domesticum jus, quomodo leges cum religione, moribus, etc., concinant, naturam fami‐ liae, religionis, morum considerare cogitur, ita ut vere tractatum de summa rerum politi‐ carum scripserit. Quid Secundatus, p. 7–8

1. Trad. J. Gaillard, Arles, Actes Sud, 1995. 2. Charles Louis de Secondat (d’où le nom latin Secundatus), baron de la Brède et de Montesquieu (1689–1755), philosophe des Lumières, auteur notamment d’un ouvrage de philosophie politique, De l’esprit des lois (1748).

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Traduction Oubliant notre histoire, nous avons pris l’habitude de considérer la science sociale comme étrangère à nos mœurs et à l’esprit français. Le fait que d’éminents philosophes, qui ont écrit tout récemment sur ces matières, se sont illustrés en Angleterre et en Alle‐ magne1, nous a fait oublier que cette science s’est d’abord développée chez nous. Non seulement le Français Comte2 en a, le premier de tous, jeté les bases, en a distingué les différentes branches et lui a donné un nom particulier, quelque peu barbare à vrai dire, la « sociologie » ; mais tout ce courant d’intérêt porté aux questions sociales trouve son origine chez nos philosophes du xviiie siècle. Et parmi cette brillante cohorte d’écrivains, Montes‐ quieu se distingue entre tous : c’est lui, en effet, dans son livre De l’Esprit des Lois, qui a établi les principes d’une science nouvelle. Sans doute, dans cet ouvrage, Montesquieu n’a pas traité de tous les faits sociaux, mais d’une seule catégorie, à savoir des lois. Toutefois la méthode qu’il emploie pour analyser les différentes formes du droit est valable aussi pour les autres institutions sociales et peut leur être appliquée de manière générale. Bien mieux, comme les lois touchent à la vie sociale tout entière, Montesquieu aborde nécessairement celle-ci à peu près sous tous ses aspects : ainsi, pour exposer ce qu’est le droit interne, comment les lois s’harmonisent avec la religion, la morale, etc., il est tenu de considérer la nature de la famille, de la religion, de la morale, etc., si bien qu’il est l’auteur d’un véritable traité portant sur l’ensemble des faits sociaux.

1. En Angleterre : H. Spencer, Descriptive Sociology (1873–1881), Principles of Sociology (1874–1896 ; trad. fr. 1878– 1898) ; en Allemagne : F. Tönnies, Gemeinschaft und Gesellschaft (1887). 2. Auguste Comte (1798–1857), philosophe, fondateur du positivisme. Chapitre 2

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Annexes 1. Le système de datation romain Notre calendrier est fondé sur le cycle du Soleil. Une année correspond au temps qu’il faut à la Terre pour accomplir une révolution complète autour du Soleil (soit 365,242… jours). L’année comporte, en principe, 365 jours. Cependant, une année sur quatre, dite bissextile, on ajoute, en principe aussi, un jour supplémentaire (29 février) pour compenser le retard accumulé par le calendrier par rapport à la rotation de la Terre autour du Soleil. Une année correspondrait ainsi, en moyenne, à 365,25 jours — soit un peu plus que l’année solaire —, ce qui créerait un décalage de 7,5 jours tous les 1 000 ans. Pour serrer de plus près la réalité, on supprime trois années bissextiles séculaires (terminées par 00) sur quatre, pour ne conserver que les années dont le millésime est un multiple de 400. Ainsi, 2000, 2400, 2800 sont des années bissextiles, mais 1800, 1900, 2100, 2200, 2300, 2500 etc., ne le sont pas, car elles ne sont pas divisibles par 400 (sans décimale). Cette suppression de 3 années bissextiles séculaires sur 4 fut décidée en 1582 par le pape Grégoire XIII, qui donna ainsi son nom à notre calendrier moderne : le calendrier grégorien. Si notre système n’est pas encore parfait (en 3 000 ans, notre calendrier retarde d’un jour), celui des Romains l’était encore moins. À l’origine, le mois était défini en fonction du cycle lunaire (durée moyenne : 29,51 jours). Ainsi, l’année comporta d’abord dix mois (304 jours : calendrier lunaire), puis, à partir de 153 av. J.‑C., douze mois, avec un mois intercalaire tous les deux ans (354 jours : calendrier luni-solaire). L’année commençait le 15 mars : ceci explique qu’à l’origine, septembre (< septem) était le 7e mois, octobre (< octo) le 8e, novembre (< nouem) le 9e et décembre (< decem) le 10e1. Lorsqu’on ajouta les mois de janvier et de février, et que le début de l’année fut fixé au 1er janvier, les autres mois recu‐ lèrent de deux places (septembre devint le 9e mois, etc.). En 46 av. J.‑C., Jules César décida de réformer le calendrier, qui posait de nombreux problèmes dans l’organisation de la vie agricole, religieuse, mais aussi politique. À partir du 1er janvier 45, l’année compta 365 jours, avec un jour intercalaire tous les 4 ans (calen‐ drier solaire). Ce système est connu sous le nom de calendrier julien ; il resta en vigueur jusqu’en 1582, date à laquelle il fut corrigé par le calendrier grégorien, dont l’emploi se généralisa peu à peu dans les pays occidentaux.

1. Plus tard, le 5e mois (Quintilis < quintus), fut appelé Iulius (d’où « juillet ») en l’honneur de Jules César et le 6e mois (Sextilis < sextus) Augustus (d’où « août ») en l’honneur d’Auguste. Annexes

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A. Le calendrier julien ● L’année comporte 12 mois (mensis, ‑is, M.), qui ont le même nombre de jours que les

nôtres : Ianuarius (janvier), Februarius (février), Martius (mars), Aprilis (avril), Maius (mai), Iunius (juin), Quintilis/Iulius (juillet), Sextilis/Augustus (août), September (sep‐ tembre), October (octobre), Nouember (novembre), December (décembre). En latin, les noms de mois sont des adjectifs : ceux terminés en ‑ius se déclinent comme bonus, ceux en ‑is comme fortis et ceux en ‑er comme acer ; ils s’accordent donc avec le nom qu’ils accompagnent : Ianuario, Aprili, Octobri mense : au mois de janvier, d’avril, d’octobre. ● Trois jours de chaque mois portent un nom particulier :

– kalendae, ‑arum (Kal.) : les calendes, le 1er jour du mois1 ; – nonae, ‑arum (Non.) : les nones, le 5e jour du mois (le 7e jour de mars, mai, juillet, octobre2) ; – idus, ‑uum (Id.) : les ides, le 13e jour du mois (le 15e jour de mars, mai, juillet, octobre). kalendis Ianuariis3 : aux calendes de janvier, le 1er janvier nonis Decembribus : aux nones de décembre, le 5 décembre idibus Martiis : aux ides de mars, le 15 mars4 ● On désigne les autres jours du mois en comptant à rebours depuis les calendes (du

mois suivant5), les nones ou les ides (du mois en cours). Dans leur calcul, les Romains incluent le jour à partir duquel ils comptent (calendes, nones ou ides). – « Le premier jour avant » les calendes, les nones ou les ides s’exprime par pridie (< priore die [ante]) suivi de l’Acc. : pridie Nonas Ianuarias : la veille des nones de janvier (5 janvier), le 4 janvier pridie Kalendas Februarias : la veille des calendes de février (1er février), le 31 janvier pridie Idus Martias : la veille des ides de mars (15 mars), le 14 mars pridie Nonas Martias : la veille des nones de mars (7 mars), le 6 mars

1. En Grèce, on ne désignait pas le 1er jour du mois de la même manière. C’est pourquoi « renvoyer aux calendes grecques » signifiait et signifie encore aujourd’hui « remettre à une date qui ne viendra jamais ». Cf. fr. « reporter à la semaine des quatre jeudis ». 2. Nonae (de nonus, neuvième), conformément à son étymologie, signifie « le 9e jour (avant les ides) », ce qui explique que ces deux dates variaient toujours ensemble (5–13 ou 7–15), afin de conserver un écart constant entre elles. 3. À l’Abl., pour désigner le moment auquel un fait se passe : cf. chapitre 12. 4. Date célèbre de l’histoire romaine : c’est le jour où César fut assassiné (en 44 av. J.‑C.). 5. Quand on compte à rebours à partir des calendes du mois suivant, il ne faut pas oublier que le mois en cours comporte, comme chez nous, 30 ou 31 jours (28 ou 29 pour février).

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Méthode de langue latine

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– « Le deuxième jour avant… » se dit normalement tertio die ante…1, « le troisième jour avant… » quarto die ante…, etc. tertio die ante Kalendas Ianuarias : le 3e jour avant les calendes de janvier (1er jan‐ vier), le 30 décembre quarto die ante Nonas Ianuarias : le 4e jour avant les nones de janvier (5 janvier), le 2 janvier octauo die ante Kalendas Februarias : le 8e jour avant les calendes de février (1er février), le 25 janvier Mais on rencontre d’ordinaire une tournure un peu différente, où la préposition ante (+ Acc.) figure en tête de l’expression. Au lieu de tertio (quarto, etc.) die ante…, le latin dira plus volontiers ante diem tertium (quartum, etc.)…, et même, de façon abrégée, a. d. III (IV, etc.)… : a. d. IV Non(as) Ian(uarias) : le 4e jour avant les nones de janvier (5 janvier), le 2 jan‐ vier a. d. VIII Kal(endas) Febr(uarias) : le 8e jour avant les calendes de février (1er février), le 25 janvier En février, on comptait donc : ante diem sextum Kalendas Martias : le 6e jour avant les calendes de mars (1er mars), le 24 février ante diem quintum Kalendas Martias : le 5e jour avant les calendes de mars (1er mars), le 25 février Et, tous les 4 ans, les Romains ajoutaient entre le 24 et le 25 février un jour intercalaire qu’ils appelaient : ante diem bis sextum Kalendas Martias : le 6e jour « bis » avant les calendes de mars (1er mars), le 25 février C’est cette expression (bis sextum) qui est à l’origine de l’adjectif « bissextile » désignant une année de 366 jours. Le calendrier julien annuel se présente donc de la manière suivante (tableau 1).

1. Donc *secundo die ante… n’existe pas. Annexes

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Tableau 1. Calendrier julien Martius Maius Quintilis (= Iulius) October (31 jours)

Idus Martias etc.

Aprilis Iunius September Nouember (30 jours)

Februarius (28 jours)

Kalendas Martias

Kalendis Ianuariis etc. a. d. IV Nonas Ianuarias etc. a. d. III pridie Nonis Ianuariis etc. a. d. VIII a. d. VII a. d. VI a. d. V Idus Ianuarias etc. a. d. IV a. d. III pridie Idibus Ianuariis etc. a. d. XVIII a. d. XVI a. d. XVII a. d. XV a. d. XVI a. d. XIV a. d. XV a. d. XIII a. d. XIV a. d. XII a. d. XIII a. d. XI a. d. XII a. d. X a. d. XI a. d. IX a. d. X a. d. VIII a. d. IX a. d. VII a. d. VIII a. d. VI a. d. VII a. d. V a. d. VI a. d. IV a. d. V a. d. III a. d. IV pridie a. d. III pridie Kalendas (du mois suivant)

Méthode de langue latine

a. d. XIX a. d. XVIII a. d. XVII a. d. XVI a. d. XV a. d. XIV a. d. XIII a. d. XII a. d. XI a. d. X a. d. IX a. d. VIII a. d. VII a. d. VI a. d. V a. d. IV a. d. III pridie

Kalendas (du mois suivant)

Kalendas (du mois suivant)

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Kalendis Martiis etc. a. d. VI a. d. V a. d. IV a. d. III pridie Nonis Martiis etc. a. d. VIII a. d. VII a. d. VI a. d. V a. d. IV a. d. III pridie Idibus Martiis etc. a. d. XVII a. d. XVI a. d. XV a. d. XIV a. d. XIII a. d. XII a. d. XI a. d. X a. d. IX a. d. VIII a. d. VII a. d. VI a. d. V a. d. IV a. d. III pridie Nonas Martias etc.

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31

Ianuarius Sextilis (= Augustus) December (31 jours)

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31

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B. Le jour Le jour civil se divisait en 24 « heures » (hora, ‑ae) : 12 « heures » pour le jour naturel (entre le lever et le coucher du soleil) et 12 pour la nuit (entre le coucher et le lever du soleil), qui étaient groupées, dans la vie militaire, en quatre veilles (uigilia, ‑ae) de 3 « heures ». La durée des « heures » variait donc constamment selon les saisons : à Rome même, une « heure » comptait entre 75 min. (solstice d’été) et 45 min. (solstice d’hiver), une veille de 3 « heures » entre 2 heures 15 min. et 3 heures 45 min. Il existait deux repères fixes : la 7e heure du jour commençait toujours au milieu du jour (meridies, midi1) et la 7e heure de la nuit (ou la 3e veille) au milieu de la nuit (media nox, minuit).

C. La date Les Romains ne pouvaient dater un événement par rapport à la naissance de JésusChrist2, comme nous le faisons3. Ils procédaient principalement de deux manières. 1) Les historiens, notamment, adoptent une chronologie relative, prenant comme point de référence tel événement marquant de l’histoire. L’événement par excellence était la fondation de Rome (dans notre système, elle est fixée au 21 avril 753 av. J.‑C.). Les Romains disaient donc « la tantième année depuis la fondation de la Ville », (nombre ordinal) anno ab Vrbe condita ou anno Vrbis conditae (nombre ordinal), l’expression pouvant être abrégée dans les deux cas A.V.C. : Decimo anno ab Vrbe condita (ou A.V.C.). La 10e année depuis la fondation de la Ville = 744 av. J.‑C. Septingentesimo sexagesimo quarto anno ab Vrbe condita (ou A.V.C.). La 764e année depuis la fondation de la Ville = 11 apr. J.‑C.

1. Dans les pays anglo-saxons, le jour officiel n’est pas divisé en 24 heures, mais en 2 périodes de 12 heures, la première dite ante meridiem (a.m.), « avant midi », allant de minuit inclus à midi exclu, la seconde dite post meridiem (p.m.), « après midi », allant de midi inclus à minuit exclu. Dans ce système, on distingue ainsi 03:00 a.m. (3 h [du matin]) et 03:00 p.m. (15 h). 2. Il existe dans le monde d’autres systèmes de calcul. Ainsi, dans les pays musulmans, le « point zéro » est l’an 622 apr. J.‑C. (date de l’« hégire », fuite de Mahomet à Médine). On sait aussi que la Révolution française instaura un calendrier républicain entre 1792 et 1806 (an I à XIV). 3. L’établissement d’une chronologie fondée sur la date de naissance de Jésus-Christ (fixée au 25 décembre de l’an 753 de la fondation de Rome) repose sur les travaux du moine Denys le Petit (Dionysius Exiguus) dans les années 530. L’adoption par l’Église du comput selon l’ère chrétienne n’est pas antérieure au milieu du viiie s. Annexes

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Anno Vrbis conditae (ou A.V.C.) DCCLXXV. L’an de Rome 775 = 23 apr. J.‑C. Comme les Romains comptaient de manière inclusive, pour convertir leur date dans notre système, il faut procéder de la façon suivante : ● si la date A.V.C. est comprise entre 1 et 753, alors (754 – date A.V.C.) = date avant notre

ère : l’an 1 depuis la fondation de Rome = 754 – 1 = 753 av. J.‑C. l’an 600 depuis la fondation de Rome = 754 – 600 = 154 av. J.‑C. l’an 753 depuis la fondation de Rome = 754 – 753 = 1 av. J.‑C. ● si la date A.V.C. est supérieure à 753, alors (date A.V.C. – 753) = date de notre ère :

l’an 754 depuis la fondation de Rome = 754 – 753 = 1 apr. J.‑C. l’an 1000 depuis la fondation de Rome = 1000 – 753 = 247 apr. J.‑C. Il existe d’autres points de repère, notamment l’année de l’expulsion des rois, en 509 av. J.‑C., qui marque l’instauration du consulat et de la République (libera res publica) : 10 ans après l’expulsion des rois (post exactos reges) ou après l’instauration du consu‐ lat (post primos consules) = 499 av. J.‑C. 2) Dans les actes officiels, l’année est désignée par le nom des deux consuls en exercice (la magistrature est dite éponyme) : L. Pisone A. Gabinio consulibus1. Sous le consulat de L. Pison et A. Gabinius (= en 58 av. J.‑C.).

1. Ce complément de temps est un ablatif absolu sans participe (cf. p. 136).

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2. Le nom romain Sous la République, le citoyen romain porte un prénom (praenomen), un nom (nomen) et généralement un surnom (cognomen), appelés tria nomina (trois noms) : M. Tullius Cicero, C. Iulius Caesar.

A. Le prénom Il est donné par le père peu après la naissance. Les prénoms romains, très peu nombreux, apparaissent habituellement, dans les textes, abrégés de la façon suivante : A. : Aulus Ap. : Appius C. : Gaius Cn. : Gnaeus D. : Decimus

M. : Marcus M’. : Manius Mam. : Mamercus N. : Numerius P. : Publius

Ser. : Seruius Sex. : Sextus Sp. : Spurius Ti(b). : Tiberius T. : Titus

K. : Kaeso L. : Lucius

Pos. : Postumus Q. : Quintus

V. : Vibius

Il est important de connaître ces abréviations pour pouvoir lire correctement les textes. Les prénoms se déclinent comme des adjectifs de la 1re classe : L. Aemilius se lit Lucius Aemilius, L. Aemilium se lit Lucium Aemilium, etc. N.B. C. pour Gaius et Cn. pour Gnaeus peuvent surprendre : c’est qu’à l’époque où ces abréviations ont été instituées, l’alphabet latin ne distinguait pas encore entre C et G. La forme *Caius, qu’on lit souvent chez les modernes, n’a jamais existé en latin (pas plus que *Cnaeus).

B. Le nom Le nomen est celui de la gens (nomen gentilicium ou « nom gentilice »), c’est-à-dire de la famille au sens large : Tullius, Iulius, Cornelius, Metellus, etc.

C. Le surnom Le surnom peut être lié à la personne (ainsi L. Sergius Silus a eu pour fils L. Sergius Catilina), mais il est le plus souvent héréditaire. Lié à l’origine à une particularité physique (Cicero, de cicer « pois chiche », c’est-à-dire « verrue ») ou à une activité (Lentulus, de lens, lentis « lentille », parce qu’il en cultivait), il sert ainsi, désormais, à distinguer les différentes

Annexes

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branches d’une même gens (les Cornelii Scipiones, les Cornelii Lentuli, les Cornelii Sullae…). Mais il existe aussi des gentes sans cognomen (les Memmii, les Mummii…). Un surnom distinctif peut être attribué à un personnage à cause d’un haut fait, ainsi P. Cornelius Scipio Africanus, parce qu’il a vaincu Carthage en 202 av. J.‑C. En cas d’adoption, l’adopté prend les tria nomina de l’adoptant suivis de son ancien nomen avec le suffixe ‑anus. Ainsi : ● C. Octauius, adopté par César, est-il devenu C. Iulius Caesar Octauianus [d’où, en français,

les appellations successives Octave, Octavien, avant celle d’Auguste] ; ● le fils de Paul-Émile (L. Aemilius Paulus), adopté par P. Cornelius Scipio, est devenu

P. Cornelius Scipio Aemilianus (Scipion Émilien). Ce dernier personnage ayant également soumis et détruit Carthage en 146 av. J.‑C. fut, à l’image de son grand-père adoptif, appelé Africanus. Pour les distinguer, on ajoute alors un autre surnom : P. Cornelius Scipio Aemilianus Africanus Minor (le premier étant appelé Maior). Cette tendance à l’inflation des surnoms ne fera que s’accentuer : le nom complet des empereurs, dans les inscriptions officielles, prend souvent plusieurs lignes…

• Remarques

1) Nous ne désignons généralement les personnages romains, et en particulier les écri‐ vains, qu’au moyen d’un seul (parfois deux) de leurs trois noms. L’usage a fixé des pratiques arbitraires : T. Lucretius Carus : Lucrèce (nomen) ; M. Tullius Cicero : Cicéron (cognomen) ; T. Liuius : Tite-Live (praenomen et nomen), mais angl. « Livy » ; C. Iulius Caesar : Jules César (nomen et cognomen : « Jules » n’est donc pas ici un prénom !) ; L. Aemilius Paulus : Paul-Émile (nomen et cognomen inversés).

2) On trouve assez fréquemment dans les textes une désignation abrégée, le plus sou‐ vent praenomen et cognomen (M. Cicero, C. Caesar), parfois aussi praenomen et nomen (M. Tullius). 3) La femme ne porte que le nomen gentilicium : la fille de M. Tullius Cicero s’appelle sim‐ plement Tullia. S’il y a plusieurs sœurs, il arrive qu’on ajoute un « numéro » distinctif : Prima, Secunda, Tertia… 4) L’esclave porte soit son nom d’origine, s’il est (comme souvent) d’origine étrangère, ainsi Narcissus, Polybius (noms grecs), soit un surnom s’appliquant à l’une de ses qua‐ lités : Velox (rapide), Lepidus (mignon), etc. 5) L’affranchi prend le prénom et le nom de son ancien maître devenu son patron, et prend comme cognomen son ancien nom personnel : Narcissus, affranchi par l’empe‐ reur Claude (Ti. Claudius Nero), s’appellera désormais Ti. Claudius Narcissus.

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3. Les vers latins A. Prose et poésie Les grandes œuvres latines, comme celles de la plupart des littératures, se répartissent du point de vue formel en deux grands registres : la prose et la poésie. « Tout ce qui n’est point prose est vers, et tout ce qui n’est point vers est prose. » La prose, plus proche de la langue courante, sert à l’histoire, à la philosophie, au roman ; la langue poétique, celle de l’épopée, du théâtre, de la satire, se caractérise par des contraintes formelles plus grandes et par l’adoption d’un rythme défini.

B. Vers français et vers latins Le rythme du vers français classique repose sur un nombre fixe de syllabes (douze pour l’alexandrin) et sur le retour régulier de syllabes homophones en fin de vers, ou rimes. A-ri-a-ne, ma sœur, de quel a-mour bles-sée Vous mou-rû-tes aux bords où vous fû-tes lais-sée. Le principe du vers latin est tout différent. Nous avons vu que toute voyelle latine est soit longue (_), soit brève (∪). En prose, les longues et les brèves se succèdent de façon aléatoire, sauf effet particulier (prose rythmée). Le rythme poétique, lui, est obtenu grâce au retour régulier d’ensembles définis de longues et de brèves, par exemple _ ∪∪ ou ∪ _ ∪.

C. Les pieds Ces ensembles, au nombre de syllabes variable, sont appelés des pieds. Les plus fré‐ quents sont : _ ∪∪ __

dactyle spondée

D. Les vers

∪_

_∪

iambe trochée

Les principaux vers latins constitués à partir de ces pieds sont les suivants. ● Hexamètre dactylique (six dactyles, le dernier incomplet). Le plus fréquemment

employé ; c’est le vers de l’épopée (Virgile), de la poésie didactique (Lucrèce), de la satire (Horace, Juvénal) :

Annexes

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_ ∪∪ | _ ∪∪ | _ ∪∪ | _ ∪∪ | _ ∪∪ | _ ∪

● Pentamètre dactylique (deux fois deux dactyles et demi). Il n’est utilisé qu’avec l’hexa‐

mètre, pour former le distique élégiaque (hexamètre + pentamètre) ; employé par Catulle, Tibulle, Properce, Ovide : _ ∪∪ | _ ∪∪ | _ | _ ∪∪ | _ ∪∪ | _

● Sénaire iambique (six iambes ; cf. seni, « six » [distributif]) :

∪_∪_|∪_∪_|∪_∪_

● Septénaire trochaïque (sept trochées, plus un incomplet ; cf. septeni, « sept » [distribu‐

tif]) :

_∪_∪|_∪_∪|_∪_∪|_∪_

Les deux derniers vers constituent la plus grande partie des comédies (Plaute, Térence) et des tragédies (Sénèque).

E. Le temps fort Le retour régulier de ces séquences rythmiques est marqué par un temps fort (lat. ictus), c’est-à-dire par une syllabe prononcée plus fort que les autres. L’ictus frappe généralement la syllabe longue du pied : _̷ ∪∪ | _̷ ∪∪ | _̷ ∪∪ | _̷ ∪∪ | _̷ ∪∪ | _̷ ∪

Scander un vers latin, c’est-à-dire le lire en faisant ressortir son rythme, c’est donc : ● marquer les voyelles longues et brèves ; ● insister sur l’ictus.

F. Substitutions La succession parfaitement régulière de six dactyles, ou de six iambes, est difficile à réaliser ; elle engendrerait d’ailleurs une certaine monotonie. Le retour de l’ictus, rappelant le rythme, permet d’introduire une certaine variété et de remplacer certains pieds par d’autres ; on parle de substitution. Les quatre premiers dactyles de l’hexamètre peuvent ainsi être remplacés par des spondées, ce qui donne les schémas théoriques suivants : _̷ _ | _̷ ∪∪ | _̷ ∪∪ | _̷ ∪∪

_̷ ∪∪ | _̷ _ | _̷ ∪∪ | _̷ ∪∪

_̷ ∪∪ | _̷ ∪∪ | _̷ _ | _̷ ∪∪

_̷ ∪∪ | _̷ ∪∪ | _̷ ∪∪ | _̷ _ _̷ _̷ | _̷ _ | _̷ ∪∪ | _̷ ∪∪

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_̷ ∪∪ | _̷ _ | _̷ _ | _̷ ∪∪

etc., jusqu’à _̷ _ | _̷ _ | _̷ _ | _̷ _

G. Césure et élision Comme le vers français, le vers latin comporte une coupe ou césure (d’ordinaire indi‐ quée par ǁ), c’est-à-dire un bref arrêt marqué dans le vers (parfois deux). La césure inter‐ vient entre deux mots (elle ne coupe jamais un mot en deux) et au milieu d’un pied. Pas plus que le français, le latin n’admet l’hiatus ; c’est-à-dire que si un mot terminé par une voyelle est suivi d’un mot commençant lui-même par une voyelle, la première subit l’élision et ne compte pas dans le rythme : namque erit > nāmqu(e) ĕrĭt (dactyle). Voici un passage célèbre de Virgile scandé en tenant compte de tout ce qui précède. À la demande de Didon, Énée accepte d’évoquer les derniers moments de Troie : Īnfān|dūm, ǁ rē|gīnă, iŭ|bēs ǁ rĕnŏ|uārĕ dŏ|lōrem, Tro͞ı͞ ā|nās ŭt ŏ|pēs ǁ ēt | lāmēn|tābĭlĕ | rēgnum 5 ērŭĕ|rīnt Dănă|ī, ǁ quа͞е͞|qu(e) īpsĕ mĭ|sērrĭmă | uīdi ēt quō|rūm ǁ pārs | māgnă fŭ|ī. ǁ Quīs | tālĭă | fāndo Mȳrmĭdŏ|nūm Dŏlŏ|pūmu(e) ǁ а͞u͞t | dūrī | mīlĕs V̆|līxi tēmpĕrĕt | ā lăcrĭ|mīs ? ǁ Ēt | iām nōx | ūmĭdă | cа͞е͞lo prа͞е͞cĭpĭ|tāt ǁ sŭă|dēntquĕ ǁ că|dēntĭă | sīdĕră | sōmnos. 10 Sēd sī | tāntŭs ă|mōr ǁ cā|sūs cō|gnōscĕrĕ | nōstros ēt brĕuĭ|tēr Tro͞ı͞ |а͞е͞ ǁ sū|prēm(um) aū|dīrĕ lă|bōrem, quāmqu(am) ănĭ|mūs ǁ mĕmĭ|nīss(e) hōr|rēt ǁ lūc|tūquĕ rĕ|fūgit, īncĭpĭ|ām. Énéide, II, 3–13 Il est toujours utile de comparer différentes traductions d’un même texte et d’apprécier les choix d’un traducteur, le rythme et, le cas échéant, la dimension « poétique ». En voici quatre pour l’extrait de Virgile.

Deux traductions en prose « Tu me demandes, reine, de revivre une peine indicible, comment la force de Troie, sa

royauté déplorable |5 fut abattue par les Danaens, ces extrémités de misère que j’ai vues de mes yeux et dont je fus un grand exemple. Qui donc, à tel récit, des Myrmidons ou des Dolopes, ou soldat du farouche Ulysse pourrait retenir ses larmes ? Et déjà dans le ciel la nuit humide se précipite, les astres déclinants nous invitent au sommeil. |10 Mais si tu as tel désir de connaître nos malheurs et d’entendre en bref les suprêmes souffrances de Troie, Annexes

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quoique mon âme en deuil frissonne à ces souvenirs, déjà enfuie à leur approche, j’essaie‐ rai1. » « Tu veux, ô reine, que je revive un malheur indicible : comment les Grecs ont rasé l’opulente Troie, ce royaume au sort si déplorable. Ce comble de misère, |5 je l’ai vu de mes yeux et j’en ai eu ma large part. Qui donc, à ce récit, serait-il Myrmidon, Dolope ou soldat de l’exécrable Ulysse, pourrait retenir ses larmes ? Et puis la nuit humide quitte déjà le ciel, les étoiles sur leur déclin invitent au sommeil. |10 Mais si tu as un tel désir de connaître nos malheurs, d’entendre en bref quelles furent les épreuves suprêmes de Troie, et bien que mon esprit s’effraie de s’en souvenir et recule devant ce deuil, je commence2. »

Une traduction en prose qui tend à respecter la disposition des vers « C’est une indicible douleur, reine, que tu m’invites à renouveler : comment les richesses des Troyens et leur royauté déplorable 5 furent abattues par les Danaens, très grandes misères que je vis moi-même et dont je fus un élément majeur. Qui, à un tel récit, parmi les Myrmidons, les Dolopes, ou quel soldat du cruel Ulysse pourrait s’abstenir de larmes ? Et déjà la nuit humide se précipite du ciel, et les astres qui déclinent invitent au sommeil. 10 Mais s’il est un si grand amour de connaître nos malheurs et d’entendre brièvement l’ultime peine de Troie, quoique mon âme se hérisse à ce souvenir et qu’elle ait fui ce deuil, je commencerai3. »

Une traduction en alexandrins (rimés ou non) « Tu fais renaître, ô reine, une peine indicible. Les Grecs abattant Troie et son triste royaume, 5 ces malheurs que je vis, que je souffris moi-même ; Dolopes, Myrmidons, soldats du fier Ulysse, un seul à ce récit retiendrait-il ses pleurs ? Au ciel l’humide nuit déjà se précipite et l’astre qui se meurt au sommeil nous invite. 10 Mais si savoir nos maux tente à ce point ton cœur

1. Trad. J. Perret, CUF, Paris, Belles Lettres, 1977. 2. Trad. P. Veyne, Paris, Belles Lettres, 2013. 3. Trad. J. Dion – Ph. Heuzé, Pléiade, Paris, Gallimard, 2015.

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et d’entendre à grands traits la dure fin de Troie, dût l’âpre souvenir battre et navrer mon âme, voici1. » Les quelques pages qui précèdent ne prétendent nullement donner une idée même sommaire de tous les types de vers latins ni de leurs diverses caractéristiques ; ceci fait l’objet d’une science complexe, la métrique2. Elles n’ambitionnent pas davantage de vous apprendre à scander « à vue » (à la première lecture) : il faut pour cela une longue pratique. Il n’était cependant pas inutile que vous ayez au moins une idée du principe de ce qui fait, concrètement, que les vers latins sont des vers et non de la prose.

1. Trad. J.-P. Chausserie-Laprée, Paris, La Différence, 1993. On notera les rimes embrassées (A-B-B-A) aux v. 7–10. 2. Pour plus de détails, on consultera le chapitre relatif à la métrique dans les grammaires, voire l’ouvrage de L. Nougaret, Traité de métrique latine classique, 4e éd., Paris, Klincksieck, 1977. Annexes

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4. Carte de l’empire romain

Bretagne Germanie Belgique

Océan Atlantique

Lyonnaise Rhétie

Norique Dacie Pannonie

Aquitaine Alpes

ue iq at ri Ad

Tarraconnaise er

ie

Mésie

Mac

rh

yr

Th

ne édoi

Achaïe

ie

én

Bétique

at

Rome

M

Corse

Lusitanie

Da lm

er M

It al ie

Narbonnaise

e

nn

Sardaigne

Sicile

ri qu

e

Numidie

Méditerranée

Af

Maurétanie

L’empire romain à l’époque de Trajan (98-117 après J.C.) Domaine latin

572

Méthode de langue latine

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er

M e

nn

ie

sp Ca

Pont-Euxin (Mer Noire)

nie hy t i B Galatie

Thrace

Cappadoce As

opot

Ég ée

cie

ili

C Lycie et Pamphylie

amie

rie

er

Més

sy

Asie

M

Syrie

Chypre

ab

ie

Jud ée

Crète

Ar

Achaïe

Arménie

t on -P

Mésie

Cyrénaïque

Égypte

Domaine grec

Annexes

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5. Tableau synoptique d’histoire Le troisième siècle Odyssée, tragédies, comédies

Satires

De rerum natura

Lucilius

Livius Andronicus

Époque de Cicéron

-78

Le deuxième siècle

Lucrèce

–103

Catulle

Saturæ, Annales, tragédies, comédies

Poètes

d’Auguste

Élégies –55

Libellus de 116 pièces –239

-27

Tibulle

–19

Élégies Properce

–169

Ennius

20 comédies conservées Plaute

–43 –184

Amours, Métamorphoses, Fastes, Tristes, Ovide

Bucoliques, Géorgiques, Énéide –70

six comédies –159 Térence

280

220

200

180

160

2e guerre punique –201 –197

–219

140

240

220

200

180

100

80

–88

140

120

–51 Actium César en Gaule

–58

100

80

60

Prosateurs

–185

Scipion Émilien

Méthode de langue latine

Le deuxième siècle

20

–59

–129

(et le « cercle des Scipions »)

40

Suasoires, Controverses Sénèque le Rhéteur Histoire romaine

–149

Homme politique, orateur et littérateur hellénisant

Le troisième siècle

574

Caton l’Ancien

20

–63

Mithridate

De agri cultura, Origines, 150 discours, etc. –234

40

Jugurtha –49 –45 –40 Guerre civile –112 –106 Marius-Sylla César –88 –82 dictateur Paix Sylla –48 –44 de Brindes –79 –113 –101 –82 Cimbres et Teutons –31 –27 Catilina

Gaius Gracchus –123

160

60

Silves, Thé

Guerre civile

Tibérius Gracchus –133

–168 Pydna (Paul-Émile)

260

120

3e guerre punique –149 –146 Carthage détruite Grèce conquise

Cynoscéphales

–241

Zama

–272 –264

Sicile

1re guerre punique

Prise de Tarente

–282

240

Cannes

260

Guerre contre Pyrrhus

Trasimène

280

Virgile

Odes, Épodes, Satires, Épîtres –65 Horace

Discours, Lettres,

–63

écrits philos.

Tite-Live

–106 –43 Cicéron Consulat De lingua latina, De re rustica, Antiquitates, etc. –27 –116 Varron Guerrede•Gaules,Guerrecivile –44 –100 César Catilina, Jugurtha, Histoires Faits et dits mémorables ? ? –35 –86 Salluste De viris illustribus Histoire d’Alexandre ? Cornélius Nepos Époque -78 -27 d’Auguste de Cicéron

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romaine et de littérature latine

Amours, Métamorphoses, Fastes, Tristes, etc. Ovide

Épigrammes Martial

+17

+39

Silves, Thébaïde, Achilléide Stace

+1

–45 –40

–31

Catilina Mithridate

–12

–27

–14

–63 –51 Actium César en Gaule

–58

80

60

+5

Auguste

–88

40

60

Prise de Jérusalem

40

Claude en Bretagne +43 +44

Drusus et Tibère en Germanie

César dictateur Paix –48 –44 de Brindes

20

+37 +41 +54

Tibère

–49

Guerre civile Marius-Sylla –82 Sylla –79 –82

20 Germanicus en Germanie +14 +16

+1

20

40

80

100

Dacie conquise +101 +107

120

Agricola Guerre en Bretagne contre les Parthes +116 +77 +84 +114 +69 +81 +98 +117 +68 +79 +96

60

80

100

140

160

Révolte de la Judée +135 +132 +166

+138

120

140

180

Lutte contre les Germains

+161

+180 +192

160

180

Dialogues, Lettres à Lucilius, tragédies +4 Sénèque le Philosophe +65 Lettres, Panégyrique de Trajan Suasoires, Controverses +61 Sénèque le Rhéteur Pline le Jeune Métamorphoses, Apologie, Histoire naturelle Histoire romaine Florides, etc. +79 –59 +17 +24 Pline l’Ancien Tite-Live Apulée Discours, Lettres, –63 écrits philos. Satiricon +66 ? –43 Pétrone Cicéron Consulat La formation de l’orateur Nuits attiques De lingua latina, De re rustica, Antiquitates, etc. ? –27 Quintilien Aulu-Gelle Varron Guerre de Gaules, Guerre civile Dialogue, Agricola, Germanie, –44 César Histoires, Annales ? Catilina, Jugurtha, Histoires Faits et dits mémorables ? ? Tacite –35 –86 Salluste Valère Maxime Vie des 12 Césars De viris illustribus Histoire d’Alexandre ? ? Suétone Cornélius Nepos Quinte-Curce -78

Époque de Cicéron

-27

Époque d’Auguste

+14

De Tibère à Néron

+68

De Vespasien +117 à Trajan

+180

Commode

20

Marc-Aurèle

40

Guerre civile

Caligula

60

Antoine le Pieux

–65

80

+65

Hadrien

Odes, Épodes, Satires, Épîtres –8 Horace

Pharsale Lucain

+104 ?

Trajan

Virgile

?

Juvénal +62

Perse

–19

Le deuxième siècle

Satires

?

Satires

+34

Bucoliques, Géorgiques, Énéide –70

?

Phèdre

Élégies Properce

Catulle

–43

Fables

?

Domitien

Libellus de 116 pièces

–19

Nerva

Élégies Tibulle

–55

Vespasien

Lucrèce

De Vespasien +117 à Trajan

+68

Titus

De rerum natura –103

De Tibère à Néron

+14

Néron

Satires Lucilius

Époque d’Auguste

-27

Claude

Époque de Cicéron

-78

?

Le deuxième siècle

Annexes

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Bibliographie Cette bibliographie sommaire se veut essentiellement pratique. Seules figurent ici les références d’ouvrages disponibles chez les éditeurs en 2019.

1. Langue Dictionnaires Le Grand Gaffiot. Dictionnaire latin-français, 3e éd. revue sous la dir. de P. Flobert, Paris, Hachette, 2008. Successeur du Dictionnaire illustré latin-français de F. Gaffiot (1934). L’ouvrage appelé Gaffiot 2016 qui est en libre accès sur la toile est une version numérisée de l’éd. de 1934 (« gerardgreco.free.fr »). Le Gaffiot de poche. Dictionnaire latin-français, Paris, Hachette, 2001 (réimpr. 2016). Version compacte du Grand Gaffiot (en particulier, pas de références aux sources).

Lexiques G. Étienne, Cahier de vocabulaire latin, 20e éd., Louvain-la-Neuve, De Boeck, 2011 (réimpr. 2016). Les 2200 mots les plus fréquents classés par catégories grammaticales. M.-L. Podvin, Les mots latins. Les 2500 mots et constructions de base du latin, Paris, Scodel, 1981 (réimpr. 2003).

Grammaires M. Bizos, Syntaxe latine, Paris, Vuibert, 1965 (réimpr. 1997). A.-M. Boxus – M. Lavency, Clavis. Grammaire latine pour la lecture des auteurs, nouv. éd. avec la collab. de D. Longrée – G. Schouppe, Louvain-la-Neuve, De Boeck, 2014 (réimpr. 2019). Un précis de grammaire latine tiré de l’édition précédente (3e éd., 1999) est en libre accès sur le site « bcs . fltr . ucl . ac . be ». À ma connaissance, la seule grammaire complète et récente consultable en ligne.

Bibliographie

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R. Morisset – J. Gason – A. Thomas – Ed. Baudiffier, Précis de grammaire des lettres latines, Paris, Magnard, 1963 (réimpr. 2018). L. Sausy, Grammaire latine complète, 8e éd., Paris, Lanore, 1965 (réimpr. Eyrolles, 2015).

Méthodes et manuels de version C.-A. Chevallier, Exercices de version latine avec corrigés systématiques, 3e éd., Paris, Armand Colin, 2015. C. Durvye, Vade mecum de la version latine. Des grands débutants aux latinistes confirmés, Paris, Ellipses, 2019. A. Flobert, Réussir sa version latine, Paris, Ellipses, 2015. C. Kossaifi, Versions latines traduites et commentées, Paris, Ellipses, 2014.

2. Linguistique et littérature Linguistique Indo-européen J. Haudry, L’indo-européen, 3e éd., coll. « Que sais-je ? », Paris, PUF, 1994 (réimpr. Limoges, Lambert-Lucas, 2017). J. Manessy-Guitton, L’indo-européen, dans Le langage, sous la dir. d’A. Martinet, Encyclo‐ pédie de la Pléiade, Paris, Gallimard, 1968, p. 1240–1287.

Histoire de la langue latine J. Collart, Histoire de la langue latine, 3e éd., coll. « Que sais-je ? », Paris, PUF, 1980. A. Meillet, Esquisse d’une histoire de la langue latine, 3e éd., Paris, Klincksieck, 1977 (réimpr. 2004).

Du latin aux langues romanes M. Banniard, Du latin aux langues romanes, Paris, Armand Colin, 1997 (réimpr. 2011). Ph. Wolff, Les origines linguistiques de l’Europe occidentale, 2e éd., Toulouse, Publ. de l’Uni‐ versité, 1982.

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Histoire littéraire M. Diguet, Précis de littérature latine, Paris, Bréal, 2018. J. Gaillard, Introduction à la littérature latine. Des origines au Haut-Empire, 3e éd., Paris, Armand Colin, 2017. R. Martin – J. Gaillard, Les genres littéraires à Rome, 2 vol., Paris, Scodel, 1981 (réimpr. Nathan, 2013). H. Zehnacker – J.-Cl. Fredouille, Littérature latine, 2e éd., Paris, PUF, 1998 (réimpr. 2017).

Anthologies J. Gaillard – R. Martin, Anthologie de la littérature latine, Paris, Gallimard, 2005 (trad. seule). H. Zehnacker – J.-Cl. Fredouille, Anthologie de la littérature latine, Paris, PUF, 1998 (bilingue). R. Morisset – J.-Cl. Thévenot, Les lettres latines, 3 vol., Paris, Magnard, 1961 (réimpr. 1 vol., 1988 ; texte seul).

3. Histoire et civilisation Histoire Cl. Briand-Ponsart – Fr. Hurlet, L’Empire romain d’Auguste à Domitien, 4e éd., Paris, Armand Colin, 2019. M. Christol – D. Nony, Des origines de Rome aux invasions barbares, 5e éd., Paris, Hachette, 2014. Y. Clavé, Le monde romain, viiie siècle av. J.‑C. – vie siècle apr. J.‑C., Paris, Armand Colin, 2017. M. Humm, La République romaine et son empire. De 509 av. à 31 av. J.‑C., Paris, Armand Colin, 2018. Fr. Hurlet – J. France, Institutions romaines. Des origines aux Sévères, Paris, Armand Colin, 2019. J.-P. Martin – A. Chauvot – M. Cébeillac-Gervasoni, Histoire romaine, 5e éd., Paris, Armand Colin, 2019.

Bibliographie

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Civilisation J. Carcopino, La vie quotidienne à Rome à l’apogée de l’Empire, Paris, 1939 (dern. réimpr. sous le titre Rome à l’apogée de l’Empire : la vie quotidienne, Fayard, 2014). A. Giardina (éd.), L’homme romain, 2e éd., Paris, Seuil, 2002. P. Grimal, La civilisation romaine, Paris, Arthaud, 1960 (réimpr. Fayard, 2009). G. Hacquard – J. Dautry – O. Maisaini, Guide romain antique, 2e éd., Paris, Hachette, 1952 (réimpr. 2012). J. Scheid, La religion des Romains, 4e éd., Paris, Armand Colin, 2019.

Atlas Chr. Badel – H. Inglebert, Grand atlas de l’Antiquité romaine. Construction, apogée et fin d’un empire (iiie siècle av. J.‑C. – vie siècle apr. J.‑C.), 2e éd., Paris, Autrement, 2019. Y. Clavé – É. Teyssier, Petit atlas historique de l’Antiquité romaine, Paris, Armand Colin, 2019. H. Inglebert, Atlas de Rome et des barbares (iiie – vie siècle). La fin de l’Empire romain en Occident, 2e éd., Paris, Autrement, 2018.

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Index A a, ab : sens général 304 ; prép. 372 ; préverbe 375 ; exprimant l’éloignement, l’origine, la séparation 305-306 ; avec noms de villes et de petites îles 305 ; introduisant le compl. d’agent animé 127-128, 306 abesse : conjug. 259 ; constr. 305 (ablatif avec ou sans prép.) abire : conjug. 258 ; constr. 305 (ablatif avec ou sans prép.) ablatif : abl. sg. de la 3e décl. et de la 2e cl. adj. 172 ; emploi de l’abl. sg. en -e/-i pour les part. prés. 136 ; sens fondamentaux 304 ; absolu : définition 136 ; emplois 135-136 (part. prés.), 216 (part. pft), 136 (sans part. exprimé) ; concurrence avec l’acc. pour exprimer la durée 203 ; avec le gén. pour exprimer l’abondance et la privation 300, la qualité 298-299, le prix 257 ; gérondif et adj. verbal à l’abl. 161-163, 362 ; 362 ; instrumental : accompagnement 306-307 ; agent 127, 306, 307 ; cause 306 ; compa‐ raison 170, 307 ; manière 307 ; moyen 306 ; passage 306 ; peine 306 ; prix 306 ; qualité 307 ; relation 307 ; locatif : lieu (situation) 201-202, 308 ; temps (époque, parfois durée) 202-203 ; v. loca‐ tif ; proprement dit : séparation, privation 305 ; éloignement, origine 305 ; avec noms de villes et de petites îles 305 ; supin en –u 363 ; prép. régissant l’abl. 372-375 abondance (verbes et adj. d’–) : gén. 300 ; abl. 305 absolu : v. ablatif, superlatif ac : introd. le compl. des adjectifs idem, par, similis, etc. 355 accedit : quod 324, ut 326 accent latin : 34-35 accidit : quod 324, ut 326 accompagnement : abl. 307

accord : syntaxe 129-130 ; par attraction 295 (genre du démonstratif) ; v. genre accusare : gén. 301 (délit), abl. 306 (peine) accusatif : sens fondamentaux 285 ; compl. d’objet direct et attr. du compl. d’objet direct 286 ; acc. adverbial 232 n. 3 ; double acc. 287 ; acc. de relation 287 n. 1 ; avec ad et le gérondif pour exprimer le but 162, 337 ; avec les verbes de mouv. composés de ad-, circum-, in-, praeter-, trans- 286 ; gérondif et adj. verbal à l’acc. 161-163, 362 ; marque de l’extension 201-202, 288-289 (étendue, direction, voisinage) ; 202-203, 289 (durée) ; sujet et attr. du sujet de la prop. infin. 133-134, 289 ; supin en -um 363 ; tableau des prép. régissant l’acc. 367-372, 374-375 ; concurrence avec l’abl. pour exprimer la durée 203 action judiciaire (verbes d’–) : gén. 301, abl. 306 activité (verbes d’–) : ut 227-228, infin. 333 ad : prép. 367 ; préverbe 375 ; construction des verbes composés de ad- 286 (acc.), 303 (dat.) ; exprimant le but : 162, 337 (avec le géron‐ dif), 362 (avec l’adj. verbal de substitu‐ tion) ; exprimant le mouvement (direction, voisi‐ nage) 201, 288 ; avec noms de villes et de petites îles 289 addĕre : quod 324 adeo : en corrélation avec ut pour annoncer une prop. consécutive 338 adesse : conjug. 259 ; constr. 303 (dat.) adire : conjug. 258 ; constr. 286 (acc. avec ou sans ad) adjectif : généralités , décl. 89-90 (1re cl.), 91-93 (2e cl.), 167-169 (formation et décl. du com‐ par. et du superl.) ; accord de l’adj. épithète et attribut  ; au gén. pour exprimer le prix  ; place de l’adj. 432 ; v. adjectif (verbal), com‐ plément (de l’adjectif) ; Index

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verbal : nature et sens 162 ; compense l’absence de part. fut. passif 190 ; constr. avec un dat. d’avantage (agent de l’action) 163, 303 ; avec dare, mittĕre, tradĕre pour exprimer le but 337 ; substitution avec le gérondif 361-363 adjectifs-pronoms : v. corrélatifs, démonstra‐ tifs, indéfinis, interrogatifs, numéraux, per‐ sonnels, possessifs, réfléchis, relatifs aduersus : 368 adverbes : formation 428 ; interrogatifs 232 (lieu), 202 (temps) ; ordinaux et multiplica‐ tifs 281 ; place des adverbes 381 adverbial (acc.) : 232 n. 3 aequus : gén. 298 ; dat. 298 aestimare : gén. 298 ; abl. 299, 306 ; prop. infin. 333 affirmation (adverbes d’–) : 233 agent : animé 127, 306 ; inanimé 127, 307 ; avec l’adjectif verbal 303 aliqui(s) : décl. et emploi 260-261 aliter : constr. 355 (ac ou atque) alius : décl. et emplois 265-266 ; constr. 355 (ac ou atque) alphabet latin : 31 alter : décl. et emplois 265-266, 281 (au lieu de secundus) amicus : gén. 298 an : dans l’interrog. double (dir. et indir.) 233 ; avec dubitare, nescire 235 analogie : 81 anaphorique : v. is année : 559-564 (datation) annon : 234 ante : prép. et adv. 368, 371 ; préverbe 375 ; constr. des verbes composés de ante 303 (dat.) ; pour exprimer une date 560-561 ; séparable dans antequam, priusquam 341 antécédent : définition 114 ; omission de l’anté‐ cédent 117, 248 antépénultième : définition 35 antequam : indic. 340 ; subj. 341-341 antériorité : v. concordance des temps aptus : dat. 302 appartenance (gén. d’–) : 297-298 apposition : définition 130 ; accord 130, 285 ; prop. apposée en quod 323-324 apud : exprimant le voisinage 201, 368 arbres (noms d’–) : genre article (absence d’–) : 39 n. 1 aspect : définition 183 ; v. infectum, perfectum, temps assimilation : 250 n. 1, 261 n. 1

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Index

astérisque : sens de l’astérisque précédant un mot 29 n. 1 asyndète : 402 at : 404 atque : v. ac attraction : modale 393 ; v. accord attribut : définition 95-96 ; accord 130, 284, 286 attribution (dat. d’–) : 302-303 audēre : verbe semi-déponent 213 ; constr. 333 (infin.) audire : prop. infin. 333, participe 334 auidus : gén. 300 aut : 403 autem : 404 auxiliari : dat. 302 avantage (dat. d’–) : 303 B belli : locatif 308 bissextile (année) : origine du nom 559 bonus : décl. 89-90 ; compar. et superl. 134 brève : v. voyelles but : dat. 304 ; v. finales (prop.) C calendes : v. calendrier romain calendrier romain : 560-564 ; v. année, data‐ tion, jour caractéristique (temporelle ou modale) : indic. impft 50 ; indic. fut. simple 51 (1re et 2e conj.), 68 (3e, 4e et 5e conj.) ; subj. prés. 147 ; subj. impft 147 ; part. prés. 113 ; géron‐ dif et adj. verbal 162 ; tableau récapit. 164 cardinaux : formation 279-280 ; tableau 282 carēre : abl. 305 cas : définition 40 ; v. désinence, nominatif, vocatif, etc. cauēre : ne 326, parataxe 326 causa : v. gérondif causales (prop.) : emploi des modes 316 ; indic. ou subj. 339 (quia, quod) ; indic. 339 (quo‐ niam) ; subj. 339 (cum) cause : abl. 306 ; v. causales (prop.) cedĕre : abl. (avec ou sans prép.) 305 censēre : prop. infin. 333 ceteri : 266 chiffres romains : système 283 ; tableau 282 chronogramme : définition et exemples 290 circa : 368

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circum : prép. 368 ; préverbe 376 ; construction des verbes composés de circum- 286 (acc.) cis, citra, 369 communis : gén. 298, dat. 302 comparaison : second terme de comp. 170-171, 307 (quam ou abl. seul) ; v. comparatives (prop.) comparatif : définition 167 ; formation 168 ; décl. 169 ; emploi 167, 171 ; compl. du com‐ par. 170, 307 ; au lieu du superl. 171, 236 n. 1 ; sans compl. 171 ; suivi de quam ut 339 comparatives (prop.) : indic. 354-356 (corréla‐ tifs) ; comparatives conditionnelles : indic. ou subj. 356 (ut si, uelut si) ; subj. 356 (quasi, tamquam) complément : de l’adjectif : gén. 298, 300 ; dat. 302 ; abl. 305 ; ac (ou atque) avec alius, simi‐ lis, etc. 355 ; qui (relatif) avec idem 355 ; de l’adverbe : gén. 300 ; quam avec minus, plus 355 ; ac (ou atque) avec aliter, simili‐ ter 355 ; v. corrélatifs ; du comparatif : quam ou abl. seul. 170, 307 ; du nom : gén. 297-301 (passim) ; du participe présent : acc. ou gén. 301 ; du pronom : gén. 299 ; du superlatif : gén. 171, 300 ; du verbe (compl. d’objet, compl. circonst.) : v. accusatif, génitif, datif, ablatif, prépo‐ sitions complétives (prop.) : nature et fonction 227, 317-318 ; introduites par quod 323-324 ; ut (ne, ut non) 227-228, 324-325 ; ne (quin, quominus ) 324-326 (parataxe) ; prop. infin. : 133-134, 333-334 ; interrog. indir. : 230-236 composés (verbes) : formation 375-378 ; syn‐ taxe 286 (acc.), 303 (dat.) composition des mots : v. composés (verbes) ; dérivation des mots concession : v. subjonctif, concessives (prop.) concessives (prop.) : indic. 353 (quamquam) ; subj. 353 (cum, quamuis) ; concessives conditionnelles : indic. 353 (etsi, tametsi) ; indic. ou subj. 353 (etiamsi) concordance des temps : à l’infinitif 215-216 ; au subjonctif 150 (but), 228 (complétives en ut), 234 (interrog. indir.), 339 (prop. consécutives) ; dans le style indir. 386-387, 390-392 conditionnelles (prop.) : généralités 349 ; réelles 350 ; potentielles 350-351

(hypothèse), 352 (atténuation, protestation, supposition) ; irréelles 351-352 ; avec posse, oportet, etc. 352-353 (indic. pour exprimer le potentiel et l’irréel) confidĕre : semi-déponent 214 ; constr. 303 (dat.) conjonctions : de coordination 401-403 (copu‐ latives), 403-404 (disjonctives), 404 (adver‐ satives), 405 (explicatives), 405 (conclusives) ; de subordination 406-407 (cum), 407-408 (ne), 408-409 (quam), 409-410 (quod), 410-411 (ut) ; v. aussi donec, dum, quia, quin, etc. place des conj. de subord. 430-431 conjugaisons : généralités 47-49 ; v. caractéris‐ tique, désinences, voyelle (thématique) ; temps de l’infectum actif à l’indic. 49-52 (1re conjug.), 58 (2e conjug.), 68-69 (3e conjug.), 80-81 (4e et 5e conjug.) ; au subj. 147 (formation), 148 (tableau) ; à l’impér. 112 ; temps de l’infectum passif à l’indic. 125-127 ; au subj. 148 ; à l’impér. 166 ; tableau récapit. des conjug. à l’infectum 199-200 ; temps du perfectum actif 183-186 (indic. pft), 199-200 (autres temps et autres modes) ; temps du perfectum passif 211-213 ; verbes déponents : sens 172, 173 ; conjug. 174 (temps de l’infectum), 213-214 (temps du perfectum) ; verbes irréguliers : v. esse, ferre, fieri, ire, malle, nolle, posse, uelle ; verbes semi-déponents : conjug. 213 connaissance (adj. expr. la –) : gén. 300 consécutives (prop.) : subj. avec ut, emploi des temps 337-338 constare : gén. 299 ; abl. 306 contra : 369 contraction : 50, 185 n. 1 coordination : v. conjonctions corrélatifs : nature et emploi 354-355 crainte (verbes de –) : ne, ne non 324 creare : constr. 286-286 (COD et attr. du COD) cum : prép. : sens général 304 ; se joint au pro‐ nom pers. et relat. 153 et n. 2 ; exprimant l’accompagnement et la manière 307, 372 ; constr. des verbes composés de cum- 303 (dat.) ; conj. de subord. : indic. 340 (temporel) ; subj. 339 (causal), 353 (concessif), 340 (histo‐ rique) ;

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tableau récapit. des emplois 406-407 cupĕre : infin. ou prop. infin. 229, 334 cupidus : gén. 300 curare : ut 228 D damnare : gén. 301 (délit), abl. 306 (peine) dare : double dat. 304 ; avec l’adj. verbal pour exprimer le but 337 datation : système 559-564 datif : sens fondamental 302 ; attribution (COI) 302-303 ; avec les verbes composés de ad-, ante-, cum-, in-, inter-, ob-, post-, pre-, sub-, super- 303 ; destination (but, double dat.) : 304 ; intérêt (avantage, possession) 303 ; avec l’adj. verbal pour exprimer l’agent 163, 304 de : sens général 304 ; prép. 372 ; préverbe 376 ; concurrence le gén. partitif 300 debēre : infin. 333 ; à l’indic. dans les prop. conditionnelles 352-353 déclaration (verbes de –) : prop. infin. 333-334 ; ut 228, 229 (empl. comme verbes de volonté) déclinaison : définition 40 ; adjectifs : 1re cl. 89-90 ; 2e cl. 91-93 ; compar. et superl. 169 ; adjectifs-pronoms : démonstratifs 249-250 ; indéfinis 260-262, 265 ; interrogatifs , 231 ; numéraux 279, 280 ; possessifs 152-154 ; relatifs 116 ; gérondif et adj. verbal : 161-163 ; noms : 1re décl. 57 ; 2e décl. 57-58, 77 ; 3e décl. 65-68, 78-80 ; 4e décl. 105 ; 5e décl. 106 ; participe : présent 113, 136 (abl. sg. en ‑e/‑i) ; parfait et futur 189 défense : ne 336, noli(te) 319 degrés (des adjectifs) : v. positif, comparatif, superlatif délibératif (subj.) : 319 délit (compl. exprimant le –) : gén. 301 démonstratifs (adj.-pron.) : décl. 249-250 ; emplois 246-247, 354 (corrél.) ; accord en genre par attraction 295 ; v. anaphorique déponents (verbes) : définition 172 ; particula‐ rités 173 ; valeur des participes 189 ; v. conjugaisons dérivation des mots : noms 425-427 ; adjectifs 427 ; adverbes 428 ; verbes 428 désinences : nominales 66, 79 (3e décl.), 91 (2e cl. adj.), 94 (tableau du nominatif des décl.) ;

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verbales 165 (infectum actif et passif), 184 (parfait actif) ; v. finale desinĕre : infin. 333 desistĕre : abl. avec ou sans prép. 305 désir (adj. exprimant le –) : gén. 300 destination (dat. de –) : 304 déterminatif (compl.) : v. complément (du nom) dicĕre : conjug. 113 (impér.) ; constr. 229 (ut, interrog. indir.), 333 (prop. infin.) difficilis : superl. 168 ; constr. 363 (supin en -u) diphtongues : 33 di(s)- (verbes composés de –) : 377 discours indirect : v. style indirect dissimilis : superl. 168 ; constr. 298 (gén.), 302 (dat.), 355 (ac ou atque) distance : acc. 288 distributifs : sens et emploi 281 ; tableau 282 docēre : double acc. 287 dolēre : acc. 287 ; prop. infin. 333 domus : décl. 106 ; acc. sans prép. 289 (direc‐ tion) ; acc. avec ad 289 (voisinage) ; locatif 308 (situation) donec : indic. 340, 342 ; subj. 342 double : – accusatif 287 ; – datif 304 ; v. néga‐ tions doubles dubitare : infin. 236 ; interrog. indir. 236 ; an 236 ; quin 325 dubium : non dubium est quin 325 ducĕre : conjug. 113 (impér.) dum : indic. 340, 342 (temporel) ; subj. 342 (tem‐ porel), 352 (restrictif) dummodo : v. dum (restrictif) durée : acc. (parfois abl.) 203, 289 ; per 203, 370 E e : v. ex efficĕre : ut 228 égalité (adj. exprimant l’–) : constr. : gén. 298 ; dat. 302 ; ac ou atque 355 ; compar. d’égalité : formation 167 ; syntaxe 170 egēre : gén. 300 ; abl. 305 ego : v. personnels (pron.) éloignement (verbes d’–) abl. 305 emĕre : gén. 298-299 ; abl. 299, 306 empêchement (verbes d’–) : avec ne, quin, quo‐ minus 325, 347 n. 1 ; locutions négatives 325-326 (quin) ; prop. infin. 324 enclitique : 260, 401 ; v. -ne, -que, quis, -ue enim : 405

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énumération : particules de liaison 401-402 environs : v. voisinage eo : eo… quo 354 épithète : v. adjectif erga : 369 ergo : 405 espace : lieu 288 (acc.) ; temps 202-203 (abl., intra + acc.) esse : conjug. aux temps de l’infectum 95 (indic.), 147, 149 (subj.) ; du perfectum 184 (indic. par‐ fait), 200 (autres temps et modes) ; 259 (infin. futur ; v. fore) ; 259 (part. futur ; v. futurus) ; 136, 259 (absence de part. prés.) ; constr. : nom. 285 (être) ; gén. 297 (être le propre de, appartenir à, valoir) ; dat. 303 (avant.) ; double dat. 304 ; dans les expressions sunt qui, nemo est qui, etc. 365 ; empl. comme auxiliaire 211, 213 estimation (verbes d’–) : gén. 298-299 ; abl. 299, 306 et : 401-403 étendue : acc. 288-289 etiam : 403 etiamsi : 353 etsi : 353 euenit : quod 323 ; ut 326 ex : sens général 304 ; prép. 373 ; préverbe 376 ; exprimant l’origine, la sortie, l’éloignement 201, 305 ; concurrence le gén. partitif 300 ; emplois particuliers 305 exclamatif : adjectif 232 ; subj. exclamatif (de protestation) 319 ; infin. exclamatif : 335 exhortation (subj. d’–) : 149, 319 explicatif : gén. 301 ; quod 323 ; ut 326 extension : acc. 288-289 extra : 369 F facĕre : impér. 113 ; inusité aux temps de l’infectum passif 257-258 (v. fieri) ; constr. 326 (ut, parataxe), bene (male) facĕre quod 324 ; facĕre non possum quin 325 facilis : superl. 168 ; constr. 363 (supin en ‑u) ferre : conjug. 245-246 fidĕre : verbe semi-déponent 214 ; constr. 302 (dat.) fieri : conjug. 257 ; constr. 323 (quod), 326 (ut) ; fieri non potest quin 325 finale : tableau récapit. des finales des noms et des adj. 109-111 ; v. désinences

finales (prop.) : prop. subord. en ut 150, 228-229, 336 ; en quo (avec un compar.) 228-229, 336 ; gérondif à l’acc. précédé de ad 162, 337 ; au gén. suivi de causa ou gratia 337 ; adj. verbal à sens d’obligation 162, 337 ; de substitution 361-362 ; prop. relat. au subj. 336, 365 ; supin en -um (verbes de mouv.) 337, 363 ; participe futur 337 finitimus : gén. 298, dat. 302 fit : quod 323, ut 326 fleuves (noms de –) : genre 94 fore : sens 259 ; v. futurus formation des mots composés : v. composés (verbes) ; dérivation des noms futur antérieur : emploi 340 (temporelles), 350 (condition) ; v. conjugaisons ; valeur absolue et relative 199 n. 2, 316-317 futur simple : emploi de l’indic. dans les tem‐ porelles 340 ; dans les condit. 350 ; de l’infin. dans la concord. des temps 215-216 ; du par‐ ticipe 189-190, 337 ; formes périphrastiques en -urus sum 189 ; en -urus sim, -urus essem dans la concord. des temps au subj. 235 ; en -urum esse dans les condit. du style indir. 391-392 ; v. futurus ; futur et concord. des temps au subj. 228, 316 ; v. conjugaisons ; valeur absolue et relative de l’indic. 316-317 ; parenté avec le subj. prés. 228 n. 1 futurus : sens 259 ; emploi des périphrases futurum esse ut et futurum fuisse ut dans le style indir. 391-392 G gaudēre : verbe semi-déponent 213 ; constr. 307 (abl.), 324 (quod), 333 (prop. infin.) génitif : tableau des gén. pl. de la 3e décl. et de la 2e cl. d’adj. 172 ; sens fondamental 297 ; appartenance : explicatif 301 ; possessif 297-298 ; de prix 298-299 ; de qualité 298 ; subjectif 297, 301 ; avec causa ou gratia précedé du gérondif pour exprimer le but 337 ; concurrence avec le dat. pour exprimer la ressemblance 298, 303 ; avec l’abl. pour exprimer l’abondance et la privation 300, 305, 306 ; le prix 298, 299, 306 ; la qualité 298, 307 ;

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de relation : objectif 300 ; avec les partic. prés. de verbes transitifs 301 ; gérondif et adj. verbal au gén. 361-363 ; partitif : 299-300 ; genre : des noms 93-94 (1re, 2e et 3e décl.), 106 (4e et 5e décl.) ; accord en genre 130 (adj. et pron.) ; accord en genre du démonstr. par attraction 295 gérondif : nature, sens et fonction 161-162 ; à l’acc. précédé de ad pour exprimer le but 162, 337 ; au gén. suivi de causa ou gratia pour exprimer le but 337 ; emploi de l’adj. verbal au lieu du gérondif 361-363 gratia : v. gérondif gratias agĕre : quod 324 gratulari : quod 324 H habēre : sens 303 heures : division du jour en heures 563 hic : décl. 249 ; sens et emploi 246 ; dans le style indir. 387 historique : cum historique 340 ; infin. historique (ou de narration) 335 hommes (noms d’–) : genre 94 humilis : superl. 168 hypothèse : v. conditionnelles (prop.) I idem : décl., sens et emploi 250 ; constr. 355 (avec ac, atque ou le relatif) ides : v. calendrier romain igitur : 405 ignarus : gén. 300 ignoscĕre : dat. 302 îles (noms d’–) : genre 94 ; compl. de lieu avec noms de petites îles : v. villes ille : sens et emploi 247 ; décl. 249 ; dans le style indir. 387 immo (uero) : 233 impar : gén. 298 ; dat. 302 imparfait : valeur absolue et relative de l’indic. 316-317, 352-353 ; au subj. : dans les indépend. 319 (délib.), 319 (protest.), 320 (regret) ; dans les subord. 150, 336 (but), 227-228 (concord. des temps), 338 (conséquence), 351 (potent. du passé), 351 (irréel du prés.), 392 (après futurum esse ut) ; v. conjugaisons

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impedire : ne (etc.) 325 imperare : ut 227 impératif : formation 112-113 (présent, futur) ; emploi 149, 319 imperitus : gén. 300 implēre : gén. 300 ; abl. 306 in : sens général 304 ; prép. 374 ; préverbe 376 ; concurrence avec le gén. objectif 301 ; construction des verbes composés de in286 (acc.), 303 (dat.) ; exprimant la situation (abl.) et la direction (acc.) 201, 288 incipĕre : infin. 333 incredibilis : constr. 363 (supin en -u) indéfinis (adj.-pron.) : décl. et emplois 260-266 ; v. les différents adj.-pron. indépendantes (prop.) : définition 318 ; emploi des modes 318-319 (indic.), 319 (impér.), 319-323 (subj.), 335 (infin.) ; dans le style indir. 384-385, 390-392 (condit.) indicatif : valeur 315 ; temps 316-317 ; v. pré‐ sent, imparfait, etc., indépendantes, complé‐ tives, relatives indo-européen : 29-30 infectum (thème de l’–) : 183 ; v. conjugaisons, temps infériorité (compar. d’–) : formation 167 ; syn‐ taxe 170 infinitif : nature, fonction et décl. 133-134, 161-162 ; tableau des infin. 215 ; avec les verbes d’activité et de volonté 333 ; infin. exclamatif 335 ; infin. historique 335 ; passif personnel 336 ; valeur des temps 216 ; infin. et concord. des temps 215-216 infinitive (prop.) : nature et fonction 133-134 ; avec les verbes de déclaration, d’opinion, etc. 333-334 ; avec certains verbes de volonté 229, d’empê‐ chement 325 ; concurrence avec quod 324, 334 (verbes de sentiment) ; dans le style indir. 384-385 infra : prép. et adv. 369 inimicus : gén. 298 ; dat. 302 inire : 286 (acc. avec ou sans in) instruĕre : gén. 300 ; abl. 306 instrumental : cas de l’indo-européen 304 ; v. ablatif inter : prép. 370 ; préverbe 376 ; avec un pron. pers. pour exprimer la réci‐ procité 267 ;

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concurrence avec le gén. partitif 171 ; constr. des verbes composés de inter- 303 (dat.) interdicĕre : ne 325 intérêt : v. datif interrogatifs (adj.-pron.) : 154-155, 230-232 ; adverbes 232 (lieu), 202 (temps) ; particules 232-233, 234 interrogation : directe 230-233 (simple), 233 (double) ; indirecte 234-235 ; oratoire 347 n. 1, 385 (dans le style indir.) ; v. interrogatifs, particules (interroga‐ tives) intra : 370 ; introduisant un compl. de temps 203 inuidēre : dat. 303 inutilis : dat. 302 ipse : décl. et emploi 250 ; avec le pron. réfléchi pour exprimer l’action réfléchie ou réci‐ proque 267 ire : conjug. 258-259 ; composés 258 ; passif impersonnel 335 ; pour former l’infin. futur passif ou déponent en -um iri 214 n. 2 irréel : à l’indic. avec posse, etc. 353 ; au subj. 351-352 (condit.), 353-354 (conces‐ sives condit.), 356 (comparatives condit.) ; à l’infin. 390-391 irréguliers (verbes) : v. conjugaisons is : décl. 249 ; sens et emplois : adj.-pron. démonstr. 247-248 ; tient lieu d’adj. possessif et de pron. personnel non-réfléchis 268-269 ; dans le style indir. 387, 395 iste : décl. 249 ; sens et emploi 247 ita : pour exprimer une réponse affirmative 233 ; en corrélation avec ut 338 (consécutif), 354 (comparatif) itaque : 405 iubēre : prop. infin. 229 iuxta : 370 J jour : 563 L laetari : abl. 307 latin : histoire 27-28 ; langue indo-européenne 28-30

leuare : abl. 305 (sans prép.) liber : abl. 305 (avec ou sans prép.) liberare : abl. 305 (sans prép.) licet : constr. 326 (parataxe) lieu : situation 308 ; direction 288 ; origine 305 ; passage 306 ; distance 288 ; adverbes inter‐ rog. 232 littérature latine : tableau 574-575 locatif : 304, 308 ; v. ablatif locutions latines : 411-415 lois phonétiques : définition 75 ; analogie 81 ; assimilation 250 n. 1, 261 n. 1 ; contraction 50, 185 n. 1 ; ĭ > e devant r en syllabe intérieure ouverte et en finale 76-77, 113, 127 ; rhotacisme 76, 200 ; syncope 185 n. 1, 259 n. 1 longue (voyelle) : v. voyelles M magis : magis… quam 409 (compar. de supério‐ rité) magnus : compar. et superl. 169 ; au gén. ou à l’abl. avec les verbes d’estimation et de prix 298-299, 306 malle : conjug. 243 malus : compar. et superl. 169 manière (abl. de –) : avec ou sans cum 307 meminisse : gén. 300 memor : gén. 300 metuĕre : ne + subj. 324 meus : v. possessifs (adj.) milia : constr. 280 (gén.) mille : indécl. 280 minari : constr. 287 minime : adverbe de négation 233 minus : au gén. (minoris) avec les verbes d’esti‐ mation et de prix 298-299 ; minus… quam 170, 355, 409 (compar. d’infériorité) mirabilis : constr. 363 (supin en -u) mirari : acc. 287 miseret : acc. de la pers. 288 ; gén. de la chose 300 mittĕre : double dat. 304 ; avec l’adj. verbal pour exprimer le but 337 modes : valeurs générales 315-316 modo : v. dum (pourvu que) mois : 559-564 monēre : constr. 229 (prop. infin., ut, ne) mouvement (verbes de –) : composés de ad-, circum-, in-, praeter-, trans- 286 ;

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avec le supin en -um pour exprimer le but 363 moyen (abl. de –) : 306 multiplicatifs : form. et emploi 281-282 multus : compar. et superl. 169 ; constr. 300 (avec ou sans gén. part.) N nam : 405 -ne : particule interrog. enclitique 232-233 (interrog. dir. simple), 233 (double), 234 (interrog. indir.) ne : négation 319-320 (défense), 321 (souhait et regret), 322 (concession), 404 (ne… quidem) ; conjonction de subord. introd. une prop. complétive 228, 324-326 ; finale 150, 336 ; tableau récapit. des emplois 407-408 nec, neque : 262 n. 1 ; emploi 263, 402 necne : 234 négation : double 263 ; simple ou composée 262 ; place des négations 432 ; précédée de et 262, 402-403 ; nemo : 262 ; nemo non et non nemo 263 ; nemo est qui 365 neque : v. nec nescire : interrog. indir. 234 ; an 235 ; infin. 333 neu : v. neue neue : 402 neuter : 261 nihil : 261 nisi : 350 nocēre : dat. 302 nolle : conjug. 242-243 ; impér. (noli, nolite) pour exprimer la défense 319 ; constr. 334 (infin.), 326 (parataxe) nombres : tableau 282 nomen : mihi est nomen 303 (nom. ou dat.) nominatif : sujet 130, 284 ; apposé 130, 284 ; attribut du sujet 130, 284 ; avec l’infin. historique 335 non : négation de l’indic. 315 ; tableau des emplois au subj. 322-323 ; v. négation nones : v. calendrier romain nonne : 233 nos : v. pronoms (pers.) noster : emploi des formes de gén. nostri / nos‐ trum 299 n. 1 ; v. possessifs nouisse : prop. infin. 333 nubĕre : dat. 302 nudus : abl. avec ou sans prép. 305

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nuit : 563 nullus : 261-262 num : particule interrog. 233 (dir.), 234 (indir.) numéraux (adj.) : cardinaux 279-280 ; distributifs 281 ; multiplicatifs 281-282 ordinaux 280-281 ; nunc (uero) : passage du mode irréel au mode réel 350 O ob : prép. 370 ; préverbe 376 ; construction des verbes composés de ob- 303 (dat.) objectif (gén.) : 300 objet : v. complément (d’objet), complétives (prop.) obliuisci : gén. 300 omnis : 263, 265 opinion (verbes d’–) : prop. infin. 333-334 oportet : prop. infin. 134 ; à l’indic. dans les prop. conditionnelles 353 opposition (verbes d’–) : ne, quin, quominus 325 optare : ut 227 optatif : formes 241 n. 1 ; notion 320 orare : ut 227 ordinaux : formation et emploi 280-281 ; tableau 282 ordre (expression de l’–) : impér. 319 ; subj. 319-320 ordre des mots : 431-432 origine (abl. d’–) : 305 oubli (verbes et adj. expr. l’–) : gén. 300 P paenitet : acc. de la pers. 287, gén. de la chose 300 par : gén. 298 ; dat. 302 ; ac ou atque 355 paradigme : définition 40 parare : infin. 333 parataxe : 326 parcĕre : dat. 302 parenté (adj. expr. la –) : gén. 298, dat. 302 parēre : dat. 302 parfait : indicatif : valeur générale 183-184 ; résultat de l’action 317 ; dans les condition‐ nelles avec posse, etc. 353 ; infinitif : antériorité 216 ; parfait et concord. des temps au subj. : 228, 235 ; v. conjugaisons ; participe : abl. absolu 216 ;

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subjonctif : défense 319-320, souhait passé 320, concession 321, conséquence 338, potentiel 351, attenuation 352, supposi‐ tion 352 pariter : constr. 355 (ac ou atque) participe : nature et fonction 113, 189 ; tableau des participes 189-190 ; emplois : part. employé comme nom 189 ; avec les verbes de perception 334 ; part. futur pour exprimer l’intention, l’imminence 189, le but 337 ; v. ablatif (absolu) participiales (prop.) : v. ablatif (absolu) particules : affirmatives et négatives 233 ; interrogatives 232-233, 234 ; v. conjonctions, négations partitif (gén.) : 299-300 paruus : compar. et superl. 169 ; au gén. ou à l’abl. avec les verbes d’estimation ou de prix 298-299, 306 passage (compl. expr. le –) : acc. avec per (entrée) ou praeter (voisinage) 201-202 ; abl. 306 passif : personnel et impersonnel 335 pauper : décl. 172 n. 1 pays (noms de –) : genre 94 peine (abl. de la –) : 301, 306 pénultième : définition 35 per : prép. 370 ; préverbe 376 ; exprimant le passage 201, la durée 202-203 perception (verbes de –) : prop. infin. 333 ; par‐ ticipe 334 perfectum (thème du –) : 183 ; v. conjugaisons, temps perire : conjug. 258 ; sert de passif à perdĕre 258 peritus : gén. 300 perniciosus : dat. 302 personnels (pron.) : généralités 151-152 ; 1re et 2e pers. (réfléchis et non-réfléchis ; ego, tu, nos, uos) : décl. 153 ; emploi 152-153, 299 n. 1 (nostri / nostrum ; uestri / ues‐ trum) ; dans le style indir. 387 ; 3e pers. (réfléchi : se) : décl. 153 ; emploi 267 ; dans le style indir. 395-396 (réfléchi dir. et indir.), 396 (emplois absolus) ; 3e pers. (non-réfléchi : is) : décl. 249 ; emploi 247-248, 268 ; dans le style indir. 395, 397 (non-réfléchi) persuadēre : dat. 302, ut 228 petĕre : ut 227 peuples (noms de –) : genre 94 piget : acc. de la pers. 287, gén. de la chose 300 plenus : abl. 306

plus : au gén. (pluris) avec les verbes d’estima‐ tion et de prix 298-299 ; plus… quam 355, 409 (compar. de supériorité) plus-que-parfait : valeur générale de l’indic. 199 n. 1, 317 ; du subj. 321 (regret passé), 352 (irréel du passé) ; 340 (cum historique) ; plus-que-parfait et concord. des temps au subj. 228, 235 ; v. conjugaisons point de départ (abl. de –) : 305 positif (degré) : 167 posse : conjug. 243 ; à l’indic. dans les condi‐ tionnelles 353 ; empl. comme auxiliaire pour rendre l’idée de potentiel 392 possessifs (adj.) : généralités 151-152 ; 1re et 2e pers. (réfléchis et non-réfléchis : meus, tuus, noster, uester) : décl. et emploi 154 ; 3e pers. (réfléchi : suus) : décl. et emplois 154 ; dans le style indir. 395-397 (réfléchi dir. et indir.), 396 (emplois absolus) ; 3e pers. (non-réfléchi : gén. de is) : emploi 268 ; dans le style indir. 397 possession (gén. de –) : 297-298 possibilité : v. potentiel, supposition post : prép. et adv. 371 ; constr. des verbes composés de post- 303 (dat.) postquam : indic. 340 potentiel : à l’indic. avec posse, etc. 353 ; au subj. 350-351 (potentiel du présent ou du passé) ; dans le style indir. 391-392 ; v.  compara‐ tives, concessives, indépendantes, rela‐ tives potiri : gén. ou abl. 300 potius : potius… quam 355 prae : prép. 373 ; préverbe 377 ; constr. des verbes composés de prae- 303 (dat.) praeesse : conjug. 260 ; constr. 303 (dat.) praeter : exprimant le passage (voisinage) 202, 371 ; constr. des verbes composés de praeter- 286 praeterire : quod 324 prépositions : nature et rôle 366 ; avec l’acc. 367-372 ; avec l’abl. 372-373 ; avec l’acc. ou l’abl. 374-375 présent : à l’indic. : valeur absolue et relative 316-317 ; après dum (tandis que) 340 ; au subj. : dans les indépend. : concession 321 ; condition 350-351 ; défense

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319-320 ; délibération 319 ; ordre 319, souhait 320-321 ; prés. et concord. des temps au subj. 228, 235 (interrog. indir.) ; 340 (conséquence) ; à l’infin. 215-216 ; dans le style indir. 386-387 primitifs (temps) : définition 183, 186 ; v. par‐ fait, supin principales (prop.) : v. indépendantes (prop.) priusquam : indic. 340 ; subj. 341 privation (abl. de –) : 305 prix (verbes de –) : 298 (gén.), 299, 306 (abl.) pro : prép. 373 ; préverbe 377 prohibēre : prop. infin. 325 pronoms : v. adjectifs-pronoms prononciation du latin : 31-35 propinquus : gén. 298, dat. 302 propositions : v. causales, comparatives, com‐ plétives, concessives, conditionnelles, consécutives, finales, indépendantes, infini‐ tive, participiale, relatives, etc. proprius : gén. 298, dat. 302 propter : 371 protestation (subj. de –) : 319, 322 proximus : gén. 298, dat. 302 pudet : acc. de la pers. 287, gén. de la chose 300 putare : prop. infin. 333 Q qua : adv. interrog. de lieu 232 (passage) ; adv. relatif 364 qualis : adj.-pron. interrog. 231 ; relatif 354 (talis… qualis) qualité : gén. 298-299 ; abl. 307 quam : introduit le compl. du compar. 170 ; en corrélation avec magis, minus, plus, tam 354-356, 408-409 ; quam ut après un compar. 339 ; tableau récapit. des emplois 408-409 quamdiu : adv. interrog. de temps 202 (durée) quamobrem : 405 quamquam : indic. 353 quamuis : subj. 353 quando : adv. interrog. de temps 202 (époque) quantité (adj. et adv. de –) : gén. 300 ; v. voyelles quantus : adj.-pron. interrog. 231 ; adj.-pron. relatif 354 (tantus… quantus), au gén. (quanti) avec les verbes d’estimation et de prix 298-299 quare : 405 quasi : subj. 356 -que : 401-402

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qui : adj.-pron. relatif 116-117 ; adj. interrog. 154-155, 230 quia : indic. ou subj. 339 quidam : 261 quidem : 404 quin : subj. 325-326 quis : pron. interrog. 154-155, parfois adj. 230 ; adj.-pron. indéfini 260 quisquam : 261, 262 quisque : 263-264 quo : adv. interrog. de lieu 232 (direction) ; adv. relatif 354 (eo… quo), 364 (de lieu) ; introd. une prop. finale avec un compar. 228, 336 quoad : indic. ou subj. 342 quod : indic. 323-324 (complétif), 339 (cause) ; subj. 339 (cause) ; tableau récapit. des emplois 409-410 quominus : subj. 325 ; après une interrog. ora‐ toire 347 n. 1 quoniam : indic. 339 quot : pron. interrog. (indécl.) 231 ; pron. relatif (tot… quot) 354 quotus : adj.-pron. interrog. 231 R radical : 41 re- : verbes composés de re- 377 réciprocité : 267 recordari : constr. 300 (de + Abl.) recusare : ne (etc.) 325 reddĕre : constr. 286 (COD et attr. du COD) redoublement : formation du parfait 186 réfléchis : v. personnels (pron.), possessifs (adj.) refus (verbes de –) : ne, quin, quominus 325 ; prop. infin. 325 regret (express. du –) : utinam et subj. 320 relatifs (adj .-pron.) : généralités 114-115 ; décl. et emploi 116-117 ; corrélatifs 354-355 ; avec idem 355 ; relatif de liaison 408 ; v. antécédent, rela‐ tives (prop.) relation : acc. 287 n. 1 ; gén. 300-301 ; abl. 307 relatives (prop.) : nature et fonction 114-117, 363 ; indic. 364 ; subj. 364-366 reliqui : 266

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répétition : d’un mot pour répondre à une question 233 ; de alius ou de alter pour exprimer la diver‐ sité et la réciprocité 266, 267 réponse : 233 reprehendĕre : quod 324 repugnare : ne (etc.) 325 resistĕre : ne (etc.) 325 ressemblance (adj. expr. la –) : gén. 298 ; dat. 302 ; ac ou atque 355 restriction (expr. d’une) : dum, modo, dum‐ modo 352 retinēre : retineri non possum quin 325 rhotacisme : 76, 200 ridēre : acc. 286 rogare : double acc. 287 ; ut 227, interrog. indir. 234 rus : acc. sans prép. 289 (direction) ; avec ad 289 (voisinage) ; locatif 308 (situation) S sane : 233 scire : infin. et prop. infin. 333 scribĕre : prop. infin. 229, 333, ut 229, interrog. indir. 234 se : v. personnels (pron.) se- : verbes composés de se- 378 sed : 404 semi-déponents (verbes) : 213 sentiment (verbes de –) : acc. 286, abl. 307, quod 324, prop. infin. 333 séparation (verbes de –) : abl. 305 si : indic. 350 (réel) ; subj. 350-352 (potentiel et irréel) sic : en corrélation avec ut 338 (conséquence), 354-355 (comparaison) similis : superl. 168 ; constr. 298 (gén.), 302 (dat.), 355 (ac ou atque) similiter : constr. 355 (ac ou atque) simultanéité : v. concordance des temps sine : 373 sinĕre : prop. infin. 229 siue : 404 solēre : verbe semi-déponent 214 ; constr. 333 (infin.) souhait (expr. du –) : 320 statuĕre : infin. ou ut 229 style indirect : définition 383-384 ; modes et temps 384-387 ; pron. pers. et adj. poss. 387, 395-397 ; style indir. au sens large 392-395 sub : sens général 304 ;

prép. 374 ; préverbe 377 ; construction des verbes composés de sub303 subjectif (gén.) : 297, 301 subjonctif : valeur et emploi 315-316 ; concord. des temps 150 (but), 234 (interrog. indir.), 338 (conséquence), 385 (style indir.) ; prop. indépend. : concession 321 ; défense 319-320 ; délibératif 319 ; ordre 319-320 ; protestation 319 ; regret 320 ; souhait 320 ; tableau des emplois du subj. dans les indép. et les princ. 322 ; prop. complétives 324-326 ; prop. subord. : causales 316, 339 ; condition‐ nelles 350-351 (potentiel), 351-352 (irréel) ; comparatives 356 ; concessives 353-354 ; consécutives 339 ; finales 150-150, 336 ; temporelles 340-342 ; dans les prop. relatives 364-365 subordination : v. conjonctions sujet : au nom. 40-42 ; à l’acc. 133, 285 (prop. infin.) ; à l’abl. 135 (abl. absolu) super : 374 ; construction des verbes compo‐ sés de super- 303 supériorité (compar. de –) : v. comparatif superlatif : définition et emploi 167 ; formation et décl. 168-169 ; compl. du superl. 171, 300 ; renforcé par uel 404, quam 409 supin : définition 186 ; formation 187, 188 n. 1 ; formes dérivées du thème du supin 189-190, 211 ; en -um avec les verbes de mouvement pour exprimer le but 337, 363 ; en -u avec facilis, difficilis, etc. 363 supposition (expr. de la –) : 352 supra : prép. et adv. 371 suus : v. possessifs (adj.) syncope : 185 n. 1, 259 n. 1 syntaxe : cadres généraux 128-129 ; syntaxe d’accord 129-130 ; syntaxe des cas 130-131 ; syntaxe des propositions 131-133 T taedet : acc. de la pers. 288, gén. de la chose 300 talis : en corrélation avec qualis 354 (comparai‐ son), avec ut 338 (conséquence)

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tam : pour exprimer le compar. d’égalité 167, 170 ; en corrélation avec quam 354 (comparai‐ son), ut 338 (conséquence) tamen : 404 tametsi : 353 tamquam : 356 tantus : au gén. (tanti) avec les verbes d’estima‐ tion et de prix 299 ; en corrélation avec quantus 354 (comparai‐ son), avec ut 338 (conséquence) temporelles (prop.) : indic. 340, 342 (cum, dum, ubi, etc.) ; subj. 340-342 (antequam, cum, dum) temps (compl. de –) : acc. 202-203, 289 ; abl. 202-203 temps (emploi des –) : v. indicatif, infinitif, par‐ ticipe, subjonctif, primitifs (temps) terminaison : 41 thème : 50 timēre : ne 324 tot : en corrélation avec quot 354 (comparai‐ son), avec ut 338 (conséquence) totus : 265 tradĕre : avec l’adj. verbal pour exprimer le but 337 trans : prép. 372 ; préverbe 377 ; construction des verbes composés de trans- 286 tu : v. personnels (pron.) tuus : v. possessifs (adj.) U ubi : adv. interrog. de lieu 232 (situation) ; adv. relatif 364 ; conj. de subord. (temps) 340 -ue : 403 uel : 403-404 uelle : conjug. 241-242 ; constr. 333 (infin.), 326 (parataxe) uelut si : 356 uendĕre : gén. 298 ; abl. 299, 306 uenire (être vendu) : conjug. 258 ; constr. 299 (gén.), 299, 306 (abl.) uereri : ne 324, infin. 324 uero : 404 ; adverbe d’affirmation 233 uerum : 404 uester : emploi des formes de gén. uestri / ues‐ trum 299 n. 1 ; v. possessifs uetare : prop. infin. 325 uetus : décl. 172 n. 1 uidēre : prop. infin. 333 ; participe 334 ; uideri 336 (passif pers.)

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ullus : 261, 261-262 unde : adv. interrog. de lieu 232 (origine) ; adv. relatif 364 unusquisque : 264 uos : v. personnels (pron.) ut : adverbe de manière 352 n. 1 ; conj. avec l’indic. : temps 340 ; comparaison 354-355 ; conj. avec le subj. : but 150, 336 ; complétif 227-228, 326 ; conséquence 338 ; suppo‐ sition 352 ; concurrence avec la prop. infin. 229, quod 326, subj. sans conj. (parataxe) 326 ; tableau récapit. des emplois 410-411 uter : 231 uterque : 265 utilis : dat. 302 utinam : dans l’expression du souhait et du regret 320-321 utrum… an : dans l’interrog. double 233 V vents (noms de –) : genre 94 verbal : v. adjectif (verbal) verbe : système verbal 47-49 ; verbes composés 367, 375-378, dérivés 428 ; place du verbe 431-433 ; v. conjugaisons, déponents, irréguliers, semi-déponents villes (noms de –) : genre 94 ; compl. de lieu avec noms de villes et de petites îles : acc. 289 (direction, voisi‐ nage) ; abl. 305, 308 (sortie, éloigne‐ ment) ; locatif 308 (situation) ; v. voisinage vocatif : formation 107, emploi 285 voisinage (adj. expr. le –) : gén. avec similis, etc. 298 ; dat. avec similis, etc. 302 ; compl. expr. le – : ad ou apud + acc. 201 (situation) ; ad + acc. 201, 288 (direction) ; ab + abl. 202, 305 (éloignement) ; praeter + acc. 202 (passage) voix : observations générales 47-49 ; tableau de conjugaison à la voix active 49 ; tableau de conjugaison à la voix passive 126 volonté (verbes de –) : ut 227-228 ; infin. et prop. infin. 229 ; parataxe 326 voyelles : prononciation et quantité 33 ; voyelle thématique 51, 68, 164 ; v. lois pho‐ nétiques (analogie, contraction, etc.)