Marie de Bourgogne / Mary of Burgundy: Reign, 'Persona', and Legacy of a Late Medieval Duchess / Figure, Principat et Postérité d'une Duchesse Tardo-Médiévale 2503588085, 9782503588087

Mary of Burgundy (r. 1477-1482) occupies an important place in the history of late medieval and Early Modern Europe, yet

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French, English Pages 475 Year 2021

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Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth
L’Estrange & Samuel Mareel. 1. Mary of Burgundy. Agency, Government, and Memory
Jean Devaux. 2. Galans de Picardie, de Flandres et d’Artois… La poésie de circonstance sous le règne de Marie de Bourgogne
Jonathan Dumont &
Élodie Lecuppre-Desjardin. 3. Construire la légitimité d’un pouvoir féminin. Marie de Bourgogne dans le Mémoire de Jean d’Auffay
Kathleen Daly. 4. Pour la preminence de la Couronne et l’evidente utillité de la Chose Publique du royaulme. The Medieval French State versus Mary of Burgundy
Lisa Demets. 5. Gendered Political Ideology in Late Medieval Bruges. Mary of Burgundy as City Maiden in the Manuscripts of the Excellente Cronike van Vlaenderen
Olga Karaskova. 6. Panthasilia virgo in civitatem Tryona amicabiliter recepta fuit. La Joyeuse Entrée de Marie de Bourgogne à Bruges en 1477
Andrea Pearson. 7. Rulership, Ridership, and the Perils of Sealing
Ann J. Adams. 8. Evidencing the Right to Rule. Mary of Burgundy and the Tombs of Isabella and Jacques of Bourbon
Sherry C.M. Lindquist. 9. Beauty and the Beasts. Rereading the Hours of Mary of Burgundy
Erica O’Brien. 10. Mothers and Daughters. Isabella of Bourbon in the Vienna Hours of Mary of Burgundy
Jean-Marie Cauchies. 11. Des conseillers protecteurs ? L’entourage politique de Marie de Bourgogne
Valérie Bessey. 12. L’hôtel de Marie de Bourgogne d’après l’ordonnance de cour du 26 mars 1477. Continuités et adaptations
Sonja Dünnebeil. 13. Mary, a “Diplomatic Weapon of Universal Value” for Charles the Bold
Violet Soen. 14. The House of Croÿ and Mary of Burgundy. Or How to Keep Noble Elites at the Burgundian-Habsburg Court (1477-1482)
Michael Depreter. 15. Les armées « bourguignonnes » après Nancy. Ruptures et continuités structurelles d’un instrument politique
Jean-Marie Yante. 16. Le règne de Marie de Bourgogne et l’économie des Pays-Bas dans la seconde moitié du XVe siècle
Federica Veratelli. 17. Entre continuité dynastique et pouvoir du luxe. La « Petite Italie » de Marie de Bourgogne
Giovanni Ricci. 18. Le nord en Méditerranée. Influx franco-bourguignons à la cour des Este entre Charles le Téméraire et Marie de Bourgogne
Alain Marchandisse, Christophe Masson &
Bertrand Schnerb. 19. L’ultime voyage de Marie de Bourgogne. Des funérailles de duc ou de duchesse ?
Pierre-Gilles Girault. 20. L’héritage de Marie de Bourgogne dans les collections et les commandes artistiques de Marguerite d’Autriche
Emmanuel Berger. 21. La disparition du cercueil présumé de Marie de Bourgogne à l’époque de la Révolution française. Enquête sur le vol d’un « effet appartenant à la République »
Dominique Le Page. 22. La mémoire de Marie de Bourgogne dans les anciens duché et comté de Bourgogne(XVIe-XIXe siècle)
Gilles Docquier. 23. Les aléas d’une « Iphigénie bourguignonne ». Mémoire, culture et historiographie de Marie de Bourgogneen Belgique
Éric Bousmar & Jelle Haemers. 24. Conclusions. Triste plaisir. Mary of Burgundy in a Turbulent Era
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Marie de Bourgogne / Mary of Burgundy: Reign, 'Persona', and Legacy of a Late Medieval Duchess / Figure, Principat et Postérité d'une Duchesse Tardo-Médiévale
 2503588085, 9782503588087

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Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy

Burgundica XXXI

Publié sous la direction de Jean-Marie Cauchies Centre européen d’études bourguignonnes (XIVe-XVIe s.)

Marie de Bourgogne Figure, principat et postérité d’une duchesse tardo-médiévale

Mary of Burgundy ‘Persona’, Reign, and Legacy of a Late Medieval Duchess

sous la direction de / edited by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel

F

Collection BURGUNDICA Peu de périodes, de tranches d’histoire ont suscité et continuent à susciter auprès d’un large public autant d’intérêt voire d’engouement que le « siècle de Bourgogne ». Il est vrai qu’ à la charnière de ce que l’on dénomme aussi vaguement que commodément « bas moyen âge » et « Renaissance », les douze décennies qui séparent l’avènement de Phillipe le Hardi en Flandre (1384) de la mort de Philippe le Beau (1506) forment un réceptacle d’idées et de pratiques contrastées. Et ce constat s’applique à toutes les facettes de la société. La collection Burgundica se donne pour objectif de présenter toutes ces facettes, de les reconstruire – nous n’oserions écrire, ce serait utopique, de les ressusciter – à travers un choix d’études de haut niveau scientifique mais dont tout « honnête homme » pourra faire son miel. Elle mettra mieux ainsi en lumière les jalons que le temps des ducs Valois de Bourgogne et de leurs successeurs immédiats, Maximilien et Philippe de Habsbourg, fournit à l’historien dans la découverte d’une Europe moderne alors en pleine croissance. Illustration de couverture : Mary of Burgundy (c. 1532-1541), Gaasbeek Castle (Belgium). © Gaasbeek Castle.

© 2021, Brepols Publishers n. v., Turnhout, Belgium. All rights reserved. No part of this publication may be reproduced, stored in a retrieval system, or transmitted, in any form or by any means, electronic, mechanical, photocopying, recording, or otherwise without the prior permission of the publisher. ISBN 978-972-503-58808-7 E-ISBN 978-972-503-58809-4 DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.119386 ISSN 1780-3209 E-ISSN 2295-0354 D/2021/0095/88 Printed in the EU on acid-free paper.

Table des matières / Table of Contents

Table des abréviations / Table of abbreviations Remerciements / Acknowledgements 1.  Mary of Burgundy Agency, Government, and Memory Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’estrange & Samuel Mareel

9 11 13

Construire l’autorité et la légitimité d’une princesse naturelle Building the Authority and Legitimacy of a Natural Princess 2.  Galans de Picardie, de Flandres et d’Artois… La poésie de circonstance sous le règne de Marie de Bourgogne Jean Devaux

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3.  Construire la légitimité d’un pouvoir féminin Marie de Bourgogne dans le Mémoire de Jean d’Auffay Jonathan Dumont & Élodie Lecuppre-Desjardin

41

4.  Pour la preminence de la Couronne et l’evidente utillité de la Chose Publique du royaulme The Medieval French State versus Mary of Burgundy Kathleen Daly 5. Gendered Political Ideology in Late Medieval Bruges Mary of Burgundy as City Maiden in the Manuscripts of the Excellente Cronike van Vlaenderen Lisa Demets

61

83

6.  Panthasilia virgo in civitatem Tryona amicabiliter recepta fuit 103 La Joyeuse Entrée de Marie de Bourgogne à Bruges en 1477 Olga Karaskova

6

Ta bl e d e s m at i è r e s / Tab l e o f Co n t e n t s

7.  Rulership, Ridership, and the Perils of Sealing Andrea Pearson

115

8.  Evidencing the Right to Rule Mary of Burgundy and the Tombs of Isabella and Jacques of Bourbon Ann J. Adams

137

9.  Beauty and the Beasts Rereading the Hours of Mary of Burgundy Sherry C.M. Lindquist

161

10.  Mothers and Daughters Isabella of Bourbon in the Vienna Hours of Mary of Burgundy Erica O’Brien

181

Cour, économie et institutions Court, Economics and Institutions 11.  Des conseillers protecteurs ? L’entourage politique de Marie de Bourgogne Jean-Marie Cauchies 12.  L’hôtel de Marie de Bourgogne d’après l’ordonnance de cour du 26 mars 1477 Continuités et adaptations Valérie Bessey 13.  Mary, a “Diplomatic Weapon of Universal Value” for Charles the Bold Sonja Dünnebeil

193

211

225

14.  The House of Croÿ and Mary of Burgundy Or How to Keep Noble Elites at the Burgundian-Habsburg Court (1477-1482) Violet Soen

237

15.  Les armées « bourguignonnes » après Nancy Ruptures et continuités structurelles d’un instrument politique Michael Depreter

251

16.  Le règne de Marie de Bourgogne et l’économie des Pays-Bas dans la seconde moitié du xve siècle Jean-Marie Yante

275

Tab l e d e s m at i è re s / Tab le o f Co nte nts

17.  Entre continuité dynastique et pouvoir du luxe La « Petite Italie » de Marie de Bourgogne Federica Veratelli

287

18.  Le nord en Méditerranée Influx franco-bourguignons à la cour des Este entre Charles le Téméraire et Marie de Bourgogne Giovanni Ricci

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Mémoires contestées d’une princesse bourguignonne Contested Memory of a Burgundian Princess 19.  L’ultime voyage de Marie de Bourgogne Des funérailles de duc ou de duchesse ? Alain Marchandisse, Christophe Masson & Bertrand Schnerb 20.  L’héritage de Marie de Bourgogne dans les collections et les commandes artistiques de Marguerite d’Autriche Pierre-Gilles Girault 21.  La disparition du cercueil présumé de Marie de Bourgogne à l’époque de la Révolution française Enquête sur le vol d’un « effet appartenant à la République » Emmanuel Berger 22.  La mémoire de Marie de Bourgogne dans les anciens duché et comté de Bourgogne (xvie-xixe siècle) Dominique Le Page

309

323

341

351

23.  Les aléas d’une « Iphigénie bourguignonne » Mémoire, culture et historiographie de Marie de Bourgogne en Belgique Gilles Docquier

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24. Conclusions Triste plaisir. Mary of Burgundy in a Turbulent Era Éric Bousmar & Jelle Haemers

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Index Nominum407 Planches en couleurs / Colour Illustrations431

7

Michael Depreter est docteur en histoire, art et archéologie de l’Université de Bruxelles. Ses recherches sont consacrées à l’histoire politique, militaire et diplomatique du bas moyen âge et de la Renaissance dans les anciens Pays-Bas, en Angleterre, en France, et en Empire. Parmi ses publications, Artillerie, Argent et Artisans. « Révolution militaire » et pouvoir princier dans les États bourguignons, monographie à paraître aux Presses universitaires du Septrentrion. Il est actuellement chercheur postdoctoral de la British Academy à l’Université d’Oxford. Jonathan Dumont est « Research Fellow » à l’Österreichische Akademie der Wissenschaften (Vienne, Autriche). Ses travaux portent sur l’histoire politique et l’histoire des cultures politiques tardo-médiévales et premières modernes en Europe, et principalement dans les pays burgondo-habsbourgeois et en France, auxquelles il a consacré plusieurs articles et sa première monographie intitulée Lilia florent. L’imaginaire politique et social à la cour de France durant les Premières Guerres d’Italie (1494-1525) (Honoré Champion 2013), ouvrage couronné en 2014 de la Seconde médaille des Antiquités de France de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Elizabeth L’Estrange est spécialiste de manuscrits du Moyen Âge tardif et actuellement Lecturer en Histoire de l’Art à l’Université de Birmingham. Elle a publié plusieurs articles sur le mécénat féminin. Sa première monographie, Holy Motherhood: Gender, Dynasty and Visual Culture (Manchester University Press, 2008), s’est vu décerner le prix du premier livre de la Society for Medieval Feminist Scholarship. Sa deuxième monographie (à paraître chez Boydell et Brewer) consiste en la première étude approfondie d’Anne de Graville, écrivaine et bibliophile (c. 1490-1540). Samuel Mareel est conservateur du Musée Hof van Busleyden à Malines et professeur invité au département de Littérature de l’Université de Gand. Il a obtenu son doctorat (2007) à l’Université de Gand et a effectué des postdoctorats à Gand, à Berkeley, à Groningue et à Londres (Queen Mary). Il s’intéresse principalement à la littérature et aux arts visuels des Pays-Bas burgondo-habsbourgeois. Il a récemment publié Call for Justice. Art and Law in the Low Countries, 1450-1650 (Hannibal, 2018).

Table des abréviations / Table of abbreviations

Institutions ADCO: ADN: AGR: AM: ANF: BL: BM: BnF: CA: JPGM: KBR: LB: MET: ÖNB: ÖSHHS: PL:

Archives Départementales de la Côte-d’Or Archives Départementales du Nord Archives Générales du Royaume (Belgique) Archives municipales Archives Nationales de France British Library Bibliothèque municipale Bibliothèque nationale de France City Archives J. Paul Getty Museum Bibliothèque royale de Belgique Library of Congress Metropolitan Museum of Art Österreichische Nationalbibliothek Österreichisches Staatsarchiv, Haus-, Hof- und Staatsarchiv Public Library

Dictionnaires/Dictionnaries B.N.B:

Biographie Nationale de Belgique

Revues/Journals A.B.: A.P.A.é.: B.C.R.H.: B.N.B.: B.M.G.N.: L.M.A.: N.B.N.: N.B.W.: P.C.E.é.B.: R.B.P.H.: R.H.: R.N.:

Annales de Bourgogne Anciens Pays et Assemblées d’États Bulletin de la Commission Royale d’Histoire Biographie nationale de Belgique Bijdragen en Mededelingen betreffende de Geschiedenis der Nederlanden Le Moyen Âge. Revue d’Histoire et de Philologie Nouvelle Biographie nationale Nationaal Biografisch Woordenboek Publication du Centre européen d’études bourguignonnes (xive-xvie s.) Revue belge de Philologie et d’Histoire Revue historique Revue du Nord

Remerciements / Acknowledgements Ce livre se situe dans le prolongement d’un colloque pluridisciplinaire tenu en mars 2015 à Bruxelles et à Bruges. Les communications présentées à cette occasion furent complétées par plusieurs articles d’auteurs n’ayant pas participé au colloque, et ce afin de couvrir les trois axes de recherche de la manière la plus complète possible. Les directeurs de ce volume veulent saisir ici l’occasion de remercier les institutions sans le soutien financier, matériel et logistique desquelles cette entreprise n’aurait pas pu voir le jour : le Fonds National de la Recherche Scientifique (F.R.S.-FNRS), l’University of Birmingham, l’Université libre de Bruxelles (en particulier sa Faculté de Philosophie et Lettres et son centre Sociamm), l’Université de Liège (en particulier sa Faculté de Philosophie et Lettres et le Patrimoine, ainsi que les centres Femmes enseignement université et Transitions), l’Universiteit Gent (en particulier sa Faculteit Letteren en Wijsbegeerte), l’University of Oxford, la British Academy, l’Österreichische Akademie der Wissenschaften (en particulier l’Institut für Mittelalterforschung), Medium Aevum, la Fondation pour la protection du patrimoine culturel, historique et artisanal de Lausanne, Musea Brugge, le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et des médias de la Fédération Wallonie-Bruxelles et Visit.Brussels. Toutes ont apporté leur soutien à différentes étapes de ce projet. Les directeurs du volume souhaitent également adresser des remerciements chaleureux envers les auteurs et les collègues qui, au cours des années passées, ont pris le temps d’échanger avec eux dans le cadre du colloque et de l’élaboration du volume, en particulier : Éloïse Adde, Dominique Allart, Adrian Armstrong, Franz Bierlaire, Jean-Christophe Blanchard, Wim Blockmans, Marc Boone, Éric Bousmar, Thalia Brero, Andrew Brown, Frederik Buylaert, Jean-Marie Cauchies, Hans Cools, Kathleen Daly, Mario Damen, Els De Paermentier, Michel de Waha, Gilles Docquier, Juliette Dor, Jan Dumolyn, Catherine Emerson, Laure Fagnart, Ingrid Falque, Lisa Ford, Murielle Gaude-Ferragu, Laura Gelfand, Pierre Gresser, Steven Gunn, Jelle Haemers, Marie-Élisabeth Henneau, Manfred Hollegger, Wim Hüsken, Erin L. Jordan, David Kusman, Gilles Lecuppre, élodie Lecuppre-Desjardin, Anne-Marie Legaré, Christina Lutter, Alain Marchandisse, Christophe Masson, Jean-François Nieus, Jeanne Nuechterlein, Johan Oosterman, Klaus Oschema, Bertrand Schnerb, Dirk Schoenaers, Susie Sutch, Laurent Vissière, Beth Williamson, Kathleen Wilson-Chevalier et Andreas Zajic. * *** This book is the result of a journey that began in March 2015 with an interdisciplinary conference held in Brussels and Bruges. The majority of the articles were presented as papers at the original conference but we are also pleased to have been able to

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Ack n owl e dg e m e n t s / R e m e rc i e m e n t s

include several additional articles by authors whose work complements and expands the three areas of investigation into Mary’s life and principate around which the volume is organized. We would like to thank a series of institutions without whose funding the conference and publication would never have been achieved: the Fonds National de la Recherche Scientifique (F.R.S.-FNRS), the University of Birmingham, the Université libre de Bruxelles (especially the Faculté de Philosophie et Lettres and the centre Sociamm), the Université de Liège (especially the Faculté de Philosophie et Lettres and the Patrimoine, as well as the centres FERULg. Femmes Enseignement Recherche and Transitions), the University of Ghent (especially the Faculteit Letteren en Wijsbegeerte), the University of Oxford, the British Academy, the Österreichische Akademie der Wissenschaften (especially the Institut für Mittelalterforschung), Medium Aevum, the Fondation pour la protection du patrimoine culturel, historique et artisanal (Lausanne), Musea Brugge, the Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et des médias de la Fédération Wallonie-Bruxelles, and Visit.Brussels, all provided valuable support at different stages of this project. The editors also wish to express their appreciation to a number of colleagues who have generously given of their time during the preparation of this collection: Éloïse Adde, Dominique Allart, Adrian Armstrong, Franz Bierlaire, Jean-Christophe Blanchard, Wim Blockmans, Marc Boone, Éric Bousmar, Thalia Brero, Andrew Brown, Frederik Buylaert, Jean-Marie Cauchies, Hans Cools, Kathleen Daly, Mario Damen, Els De Paermentier, Michel de Waha, Gilles Docquier, Juliette Dor, Jan Dumolyn, Catherine Emerson, Laure Fagnart, Ingrid Falque, Lisa Ford, Murielle Gaude-Ferragu, Laura Gelfand, Pierre Gresser, Steven Gunn, Jelle Haemers, Marie-Élisabeth Henneau, Manfred Hollegger, Wim Hüsken, Erin L. Jordan, David Kusman, Gilles Lecuppre, élodie Lecuppre-Desjardin, Anne-Marie Legaré, Christina Lutter, Alain Marchandisse, Christophe Masson, Jean-François Nieus, Jeanne Nuechterlein, Johan Oosterman, Klaus Oschema, Bertrand Schnerb, Dirk Schoenaers, Susie Sutch, Laurent Vissière, Beth Williamson, Kathleen Wilson-Chevalier and Andreas Zajic.

michael depreter, jonathan dumont, elizabeth l’estrange & samuel mareel 

1.  Mary of Burgundy Agency, Government, and Memory On 13 February 1457, a princess was born at the ducal palace on the Coudenberg in Brussels: the first child of Charles the Bold and Isabella of Bourbon, and hence prospective heir to the Burgundian Union, was named Mary. From the very start, the sex of the new-born child proved to be a topic of conversation, not to say tension: according to George Chastelain, official court chronicler, Philip the Good, duke of Burgundy and Mary’s grandfather, did not hide his disappointment that the child was a girl. Even her father, Charles the Bold, would have preferred his first-born to be a boy.1 Mary’s sex was an issue that dominated the politics of her reign, even after her death; it has also obscured her legacy which has long been in the shadow of the men to whom she was connected: her father, Charles the Bold, her husband Maximilian, and even her son, Philip the Fair.2 Indeed, Mary and her reign as duchess of Burgundy have been largely neglected by historians, despite her intrinsic importance to the survival of Burgundian rule. Significantly, no thorough academic biography has yet been devoted to her.3 A recent volume devoted to 37 late medieval queens, 1 George Chastelain, Chroniques, in Id., Œuvres, ed. J.B.M.C. Kervyn de Lettenhove, t. 3, Brussels, 1864, pp. 297-298. 2 Most recent and up-to-date biographies: R. Vaughan, Charles the Bold. The Last Valois Duke of Burgundy, new ed., Woodbridge, 2002 (1st ed. 1973); H. Dubois, Charles le Téméraire, Paris, 2004; H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. Das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, 4 vol., Munich, 1971-1986; M. Holleger and M. Gneiβ, Maximilian I. (1459-1519). Herrscher und Mensch einer Zeitenwende, Stuttgart, 2021 (1st ed. 2005); J.-M. Cauchies, Philippe le Beau. Le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, 2003. 3 At the moment, the best available academic biography is the short biographical note by W.P. Blockmans and A. Delva, Maria van Bourgondië, in Nationaal Biografisch Woordenboek, t. 12, Brussels, 1987, col. 487-493. Older biographical notes, rather narrative and positivistic, are E. de Borchgrave, Marie de Bourgogne, in Biographie Nationale, t. 13, Brussels, 1894-1895, col. 685-694 and L.M.G. Kooperberg, Maria van Bourgondië, in Nieuw Nederlandsch Biographisch Woordenboek, t. 6, Leiden, 1924, col. 990-1003. Although successful in terms of reaching a broad audience, three biographies have been devoted to Mary, but none are up to academic standards and their respective titles reveal the insignificant role attributed to the duchess: L. Hommel, Marie de Bourgogne, ou le Grand heritage, 4th ed., Brussels, 1951; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, témoin d’une grande entreprise à

Michael Depreter • British Academy/University of Oxford Jonathan Dumont • Österreichische Akademie der Wissenschaften Elizabeth L’Estrange • University of Birmingham Samuel Mareel • Museum Hof van Busleyden/Universiteit Gent Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 13-23.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122530

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michael depreter, jonathan dumont, elizabeth l’estrange & samuel mareel

princesses and other women of political importance, many of them related to the Low Countries, did not consider Mary.4 History is, however, never a fixed or singular narrative. Over 570 years after Mary’s birth, on 22 June 2020, a commission installed by the government of the Netherlands added Mary of Burgundy to its revised “Canon of the Netherlands” (Canon van Nederland), a list of 50 “windows” into the history of the Netherlands. The Burgundian duchess now replaces her grandson Charles V, who featured in the first Canon, launched in 2006. This decision is part of a growing attention to the role of women in history that nevertheless highlights the work that still needs to be done to bring about more gender balance. In its report, the commission points out that Mary’s role in fifteenth-century politics was more important than previously assumed. She made a number of strategic political decisions, especially in her dealings with the Estates General and her matrimonial alliance with the Habsburg dynasty. Mary’s inclusion in the Canon van Nederland will ensure her a place in the historical curriculum for at least a generation of secondary school students in the Netherlands. Such a revaluation would not have been possible without preliminary scholarly research and debate. It is to that ongoing scholarly investigation into Mary of Burgundy that this book contributes. The present volume redresses the relative lack of attention given to the duchess through a series of in-depth studies that shed new light on her life, her reign and the way she was remembered. Moreover, these studies demonstrate the wider importance of Mary’s role in political and social developments in the late medieval Low Countries, as well as in the historiographical construction of Burgundy and its rulers. The volume is organised around three distinct, yet interwoven, areas: female rulership, late medieval state-building, and memory and its political purposes. * *** The first area, female rulership —whether exercised officially or unofficially— has received much attention in recent decades.5 In this regard, late medieval France and l’origine des nationalités européennes, Paris, 1967; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, princesse d’entre deux mondes, Paris, 1982 (1st ed. 1941). P. Van Ussel, De regeering van Maria van Bourgondië over de Nederlanden, Leuven, 1943, is devoted to the constitutional significance of the few months between the death of Charles the Bold and the arrival of Maximilian of Austria, during what the author considers to be the only moment of Mary’s real government. 4 é. Bousmar, J. Dumont, A. Marchandisse and B. Schnerb, Avant-propos, in Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, ed. Id., Brussels, 2011, pp. 3-8, here part. p. 5. 5 It would be impossible here to summarize the diverse developments of this field of research in the last decades. The following volumes offer an overview of the late medieval and Renaissance periods: Th. Earenfight, Queenship in Medieval Europe, New York, 2013; A. Fössel, Die Königin im mittelalterlichen Reich. Herrschaftsausübung, Herrschaftsrechte, Handlungsspielräume, Stuttgart, 2000; Donne di potere nel rinascimento, ed. L. Arcangeli and S. Peyronel, Rome, 2008.

Mary o f Bu rgu ndy

Burgundy have been particularly investigated by scholars.6 Scholars have noted in particular the “longue durée” of women’s regencies in the Netherlands, from Mary’s stepmother, Margaret of York to her daughter Margaret of Austria and grand-daughter Mary of Hungary.7 In France, women were also at the centre of power, with Anne of France and Louise of Savoy acting as regents for their brother and son respectively, and Anne of Brittany effecting religious and political influence during her two reigns as queen of France.8 These women were often astute negotiators, operating in political realms traditionally seen as the preserve of men. Mary is notably absent from such studies, probably because of her relatively short life and the fact that the early years of her marriage, as would have been expected, were devoted to strengthening the Burgundian-Habsburg dynasty through the birth of children: Philip the Fair (22 June 1478), Margaret of Austria (10 January 1480), and Francis, who died in early infancy (1481), were all born within five years of her marriage to Maximilian. As Colette Beaune has noted, many noble women assumed positions of power and influence

6 J.L. Laynesmith, The Last Medieval Queens. English Queenship, 1445-1503, Oxford, 2004; M. GaudeFerragu, La Reine au Moyen Âge. Le pouvoir au féminin, xive-xve siècle, Paris, 2014; Femmes de pouvoir, op. cit.; E. Viennot, La France, les femmes et le pouvoir, t. 1, L’invention de la loi salique (ve-xvie siècle), Paris, 2006; Th. Earenfight, Queenship in Medieval Europe, op. cit. 7 On Margaret of York, see H. Schnitker, Margaret of York. Princess of England, Duchess of Burgundy, 1446-1503, Donington, 2016; M. Triest, Macht, vrouwen en politiek 1477-1558. Maria van Bourgondië, Margareta van Oostenrijk, Maria van Hongarije, Leuven, 2000; Chr. Weightman, Margaret of York. The Diabolical Duchess, 2nd ed., Stroud, 2009. On Margaret of Austria, see D. Eichberger, Leben mit Kunst, Wirken durch Kunst. Sammelwesen und Hofkunst unter Margarete von Österreich, Regentin der Niederlande, Turnhout, 2002; L.D. Gelfand, Regency, Power, and Dynastic Visual Memory. Margaret of Austria as Patron and Propagandist, in The Texture of Society. Medieval Women in the Southern Low Countries, ed. E.E. Kittell and M.A. Suydam, New York, 2004, pp. 203-225; A. Pearson, Envisioning Gender in Burgundian. Devotional Art, 1350-1530. Experience, Authority, Resistance, Aldershot, 2005; K. Ragetli, Duchess between Prince and People. A Thematic Approach to the Lives, Influence and Actions of the Duchesses of Burgundy (1430-1530), PhD Thesis, University of Leiden, 2017-2018; U. Tamussino, Margarete von Österreich. Diplomatin der Renaissance, Graz, 1995; Women of Distinction. Margaret of York / Margaret of Austria, ed. D. Eichberger, Leuven, 2005; Women at the Burgundian Court. Presence and Influence, ed. D. Eichberger, A.-M. Legaré and W. Hüsken, Turnhout, 2010. On Mary of Hungary, see L. Gorter-van Royen, Maria von Ungarn als Regentin der Niederlande, in Karl V. 1500-1558. Neue Perspektiven seiner Herrschaft in Europa und Übersee, ed. A. Kohler, B. Haider and Chr. Ottner, Vienna, 2002, pp. 451-460; Maria von Ungarn (1505-1558). Eine Renaissancefürstin, ed. M. Fuchs and O. Réthelyi, Munster, 2007; Marie de Hongrie. Politique et culture sous la Renaissance aux Pays-Bas, ed. B. Federinov and G. Docquier, Mariemont, 2009; O. Réthelyi, Mary of Hungary. The Queen and her Court, 1521-1531, Budapest, 2005. Comparisons between Mary of Burgundy and Bianca Maria Sforza, second wife of Maximilian I, have also been made by Chr. Lutter, Zur Repräsentation von Geschlechterverhältnissen im höfischen Umfeld Maximilians I., in Maximilian Welt. Kaiser Maximilian I. im Spannungsfeld zwischen Innovation und Tradition, ed. J. Helmrath, U. Kocher and A. Sieber, Göttingen, 2018, pp. 41-60. 8 See, for instance, the articles in Patronnes et mécènes en France à la Renaissance, ed. K. Wilson-Chevalier and E. Pascal, Saint-Étienne, 2007 (articles by M. Beth Winn, E. L’Estrange, C. Brown); Louise de Savoie, 1476-1531, ed. P. Briost, L. Fagnart and C. Michon, Rennes, 2015; A. David-Chapy, Anne de France, Louise de Savoie, inventions d’un pouvoir au féminin, Paris, 2016 ; P. Matarasso, Queen’s Mate. Three Women of Power in France on the Eve of the Renaissance, Aldershot, 2001.

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around the age of 35, once the focus on their childbearing capacity had disappeared.9 Sometimes, the status of being a widow further strengthened a woman’s ability to function in the masculine political realm, as was the case with Margaret of Austria or Louise of Savoy. Like her near contemporary Queen Claude of France (14991524), who died at the age of 24 after numerous pregnancies which kept her out of the political spotlight, Mary’s untimely death in 1482 at the age of 25 means there has often been a perceived lack of material for historians to explore concerning her contribution to politics, religion, and the state.10 Certainly, very little is known about Mary’s childhood. Existing biographies speculate about the conditions of her upbringing as a future ruler but rarely investigate beyond the scarce chronicled evidence. Daniel Lievois and Jelle Haemers’ study of Mary’s presence at Hof ten Walle, the ducal residence in Ghent has nonetheless gone some way towards understanding the social environment and material culture that the young princess would have experienced.11 Although there is mention of her presence at some Joyous Entries, such as that of her stepmother Margaret of York at Mons in 1470,12 Mary’s experience of and participation in princely power during the reigns of her father and grandfather remains uncertain. However, as the heiress to an important and influential polity, Mary would, from the moment of her birth, become a pawn in the political matrimonial strategies developed by Philip the Good and Charles the Bold. In this volume Sonja Dünnebeil examines the many suitors who sought Mary’s hand over the years, bearing witness to the key part that Mary played in her father’s diplomatic strategy.13 Although Mary may have had little say in matters relating to her future, after her father’s death she apparently chose to go through with the planned marriage to Maximilian of Austria. Some historians have claimed this marriage as the only moment in Mary’s life when she acted with agency, indicating the little amount of power she has traditionally been seen to have held. Scholars like Jean Devaux have suggested, however, that one should be careful not to overestimate this agency, given the lack of opposition to the Habsburg marriage

9 C. Beaune, Conclusions, in Femmes de pouvoir, op. cit., p. 636. 10 For recent work on Claude of France and her patronage/political influence, see C.J. Brown, Like Mother, Like Daughter. The Blurring of Royal Imagery in Books for Anne de Bretagne and Claude de France, and K. Wilson-Chevalier, Claude de France. In Her Mother’s Likeness, a Queen with Symbolic Clout?, in The Cultural and Political Legacy of Anne de Bretagne. Negotiating Convention in Books and Documents, ed. C.J. Brown, Cambridge, 2010, pp. 101-121,123-144 respectively; Les Entrées royales à Paris de Marie d’Angleterre (1514) et de Claude de France (1517), ed. C.J. Brown, Geneva, 2005. 11 D. Lievois and J. Haemers, Maria van Bourgondië. Over een jonge prinses en haar Gentse residentie (1465-1475), in Handelingen van de Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te Gent, t. 68, 2014, pp. 141-163. Further investigation of the ducal libraries may help to understand how Mary was being prepared to fulfil political duties. 12 A. Lacroix, Relation en prose et en vers de la Joyeuse entrée à Mons, en 1470, de Marguerite d’Yorck d’Angleterre et de Marie de Bourgogne, Mons, 1842, pp. 1-30. 13 On similarly desirable heiresses: Die Erbtochter, der fremde Fürst und das Land. Die Ehe Johannes des Blinden und Elisabeths von Böhmen in vergleichender europäischer Perspektive, ed. M. Pauly, Luxemburg, 2013.

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from within the Low Countries.14 In fact, the recent theorizing of women’s agency in the later Middle Ages and early modern period is useful to evoke here as it brings a more subtle understanding of the ways in which women were able to negotiate —as well as to resist— the constraints of a patriarchal society that marginalised them sexually, economically, and socially.15 As Martha Howell has argued, it is important to consider what is meant by “agency” if, according to Marx, “all historical actors, female or male, may ‘make their own history, but they do not make it as they please; […] but under circumstances existing already, given and transmitted from the past’”.16 In Mary’s case —as with that of women more generally— it thus seems important to take into account the situation in which she was operating and the tools she had at her disposal when analysing the extent of her agency or her success as a ruler.17 Mary’s wielding of political power after her marriage and after she had become duchess has been the subject of much speculation. Undoubtedly, the extent of her own views, those of her husband, and those of their counsellors, will always remain difficult to assess. However, from the very start of her principate, Mary was discursively represented in a letter to Louis XI as a helpless orphan. The image of a “damsel in distress” appears to have been heavily influenced by the predominant chivalric culture at the Burgundian court. Depictions of Mary in need of being rescued by noble knights and a chivalrous Maximilian are found in texts such as Jean Molinet’s Naufrage de la Pucelle ( Jean Devaux) and the Excellente Cronike van Vlaenderen (Lisa Demets).18 The primary goals of such representations, however, may have been to strengthen the nobility’s will to fight for the Burgundian cause through an appeal to chivalric ideology. Indeed, Mary’s legitimacy and political power was contested on legal and representational grounds, not least by Louis XI who made claims to the duchy and county of Burgundy and to the county of Artois in particular. Perhaps surprisingly, Mary’s sex seems less central to French juridical propaganda than might be expected: as Kathleen Daly demonstrates, it was not only the right of women to inherit apanages that was an issue for Louis XI but also the historical threats posed by the Burgundian dukes to the French Crown, whether as beneficiaries of unlawfully alienated Crown lands, as disobedient vassals and subjects, or as a menace to the peace and integrity

14 J. Devaux, Le Rôle politique de Marie de Bourgogne au lendemain de Nancy. Vérité ou légende?, in L.M.A., t. 97/2, 1991, pp. 389-405. 15 See M. Howell, The Problem of Women’s Agency in Late Medieval and Early Modern Europe, in Women and Gender in the Early Modern Low Countries, ed S.J. Moran and A. Pipkin, Leiden, 2019, pp. 21-31. 16 Ibid., p. 22, quoting Karl Marx, The Eighteenth Brumaire of Louis Bonaparte (1852). 17 The situation of other female rulers (Margaret of Austria or Bianca Maria Sforza) in the Habsburg monarchy is studied by Chr. Lutter, Herrschaft und Geschlecht. Relationale Kategorien zur Erforschung fürstlicher Handlungsspielräume, in Geschlechterdimensionen von Macht und Herrschaft, ed. M. Becher e.a., Bonn, 2021, forthcoming. 18 é. Bousmar, Duchesse de Bourgogne ou povre desolée pucelle? Marie face à Louis XI dans les chapitres 45 et 46 des Chroniques de Jean Molinet, dans Jean Molinet et son temps. Actes des rencontres internationales de Dunkerque, Lille et Gand (8-10 novembre 2007), ed. J. Devaux, E. Doudet and É. Lecuppre-Desjardin, Turnhout, 2013, pp. 97-113 ; S. Lopez Martínez-Morás, Le Naufrage de la Pucelle de Molinet ou la formulation allégorique d’une crise d’État, in Zeitschrift für romanische Philologie, t. 135, 2019, pp. 333-355.

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of the French kingdom. As Jonathan Dumont and élodie Lecuppre-Desjardin argue in their contribution, legal discourse developed in Jean d’Auffay’s Mémoire to counter Louis XI’s claims on Burgundian territories emphasised Mary’s rights to lordship and dynastic inheritance by veiling any specific feminine traits. The issue of Marie’s sex resurfaced, however, whenever the specific exercise of these rights was raised, and Mary was given second place to Maximilian in the Mémoire and a host of male counsellors flocked to advise her. These contributions thus raise the possibility that Mary’s sex may have been considered more problematic on the Burgundian than on the French side. Beyond juridical rights, the new duchess’s reputation was of the utmost importance. At the very start of her reign Mary’s irreproachable morality was emphasized in both theatrical performances and literary works. Susie Speakman Sutch and Anne-Laure Van Bruaene have analysed the association between Mary of Burgundy and the Virgin Mary for the propagation of the devotion of the Seven Sorrows of the Virgin Mary and the creation of a spiritual community in support of the Burgundian-Habsburg dynasty.19 As Olga Karaskova shows here in her article, Mary’s virginity was thus a central theme in the “tableaux vivants” at her Joyous Entry in Bruges which presented models of virtuous or chaste mythological and biblical women to Mary. Not only was Mary’s chastity fêted as the guarantor of the duchy’s future prosperity, drawing a parallel between her and the protective nature of the Virgin Mary, but the birth, which would surely follow, of an heir, could then be assimilated to that of Christ the Saviour, further strengthening the idea of God’s protection of Burgundy. In the francophone courtly political poetry studied in this volume by Jean Devaux, Mary was equally celebrated as the Virgin’s most perfect image on earth and as the saviour of the Burgundian Union through bearing a male heir. However, her presence in these small political verbal jousts is quickly overshadowed by the arrival of the imperial eagle, Maximilian, and an emphasis on military struggles in which Mary did not participate, even when these struggles were destined to preserve her legitimate claim to the Burgundian inheritance. Similarly, Lisa Demets analyses how communication strategies developed at court and well-adapted to an urban audience praised Mary both as a young, virgin princess who had to be protected by her people, and, after her marriage, as the natural princess of the Low Countries, ensuring peace through affection by and for her subjects. This theme was developed in the Bruges’ manuscripts of the Excellente Chronike van Vlaenderen as a way to counter Maximilian’s autocratic tendencies of the 1480s. In opposition to this, perhaps, after Mary’s death, Maximilian developed a rhetoric emphasizing the duchess’s childish behavior and, hence, her need for counsel and protection.20 19 S. Sutch and A.L. Van Bruaene, The Seven Sorrows of the Virgin Mary. Devotional communication and politics in the Burgundian-Habsburg Low Countries, c. 1490-1520, in Journal of Ecclesiastical History, t. 61/2, pp. 252-278. 20 On Maximilian’s propaganda and especially on the Theuerdank (1517), see L. Silver, Marketing Maximilian. The Visual Ideology of a Holy Roman Emperor, Princeton, 2008; M. Hollegger, Erwachen und Aufsten als ein starcker Stryter. Zu formen und Inhalt der Propaganda Maximilians I., in Propaganda, Kommunikation und Öffentlichkeit (11.-16. Jahrhundert), ed. K. Hruza, Vienna, 2002, pp. 223-234;

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Examples of Mary managing her own image are relatively few and far between. The most famous depiction of Mary is that found in her Vienna Book of Hours which was probably commissioned for her, rather than by her. However, both Sherry Lindquist and Erica O’Brien explore how Mary might have learned to see herself in this manuscript. Lindquist’s article discusses how the prayer book’s visual programme —not just the main images but also the more deviant depictions found in the margins— were meant to stimulate Mary’s piety and encourage her chastity, both considered essential virtues in a princess, with the aim of encouraging her to provide the dynasty with a (preferably male) heir. O’Brien offers a new interpretation of the woman in the church choir behind Mary’s portrait in the Vienna Hours —a figure that has divided art historians for decades. Paying close attention to elements such as heraldry, she argues that the woman represents Mary’s mother, Isabella of Bourbon, who had died when Mary was still very young. Isabella’s presence in Mary’s Book of Hours was intended to provide the young duchesses with a model of Marian piety and a means to remember her mother. Isabella of Bourbon was certainly central to one of the few surviving instances of Mary’s personal patronage: the tombs that she commissioned for her and for her uncle Jacques of Bourbon. As Ann Adams shows, these monuments indicate a clear desire to actively and visually claim the Burgundian inheritance through the female line, an inheritance which was being contested by Mary’s opponents. To make this visual claim effective, Mary drew upon examples from her grandfather, Philip the Good, who had previously commissioned a series of dynastic tombs in well-frequented religious places to assert his authority over contested principalities. Similarly, on the “grisailles” panels at the abbey of the Dunes in Flanders, Mary may have claimed her inheritance through being visually represented alongside the counts of Flanders whereas Maximilian was placed at the side of the consorts. Mary also appears to have favoured the motif of a princess riding on horseback to claim a degree of power and sovereignty during her lifetime, since it evoked the seals of previous rulers of the Low Countries and the Amazon Virgin Queen Penthesilea. Such images are found on her seals and were used in Joyous Entries and in the Excellente Cronike manuscripts.21 In this volume, however, Andrea Pearson reexamines the rider-motive suggesting that it might have conveyed a degree of ambiguity regarding Mary’s claims to authority which heavily depended on the pre-existing visual culture of the intended audience. Id., Persönlichkeit und Herrschaft. Zur Biografie Kaiser Maximilian I., in Kaiser Maximilian I. und die Kunst der Dürerzeit, ed. E. Michel and M.L. Sternath, Munich-London-New York, 2012, pp. 23-35; A. Kagerer, Macht und Medien um 1500. Selbstinszenierungen und Legitimationsstrategien von Habsburgern und Fuggern, Munich, 2017; Kaiser Maximilian I. Ein großer Habsburger, ed. K. Kaska, Vienna, 2019; J.-D. Müller, Gedechtnus. Literatur und Hofgesellschaft um Maximilian I., Munich, 1982; G. Naegle, Pouvoir, Mémoire et Imprimerie. Maximilien Ier forge son image, in Images, pouvoirs et normes. Exégèse visuelle de la fin du Moyen Âge (xiiie-xve siècle), ed. Fr. Collard, Fr. Lachaud and L. Scordia, Paris, 2017, pp. 342-363. 21 A.M. Roberts, The Horse and the Hawk. Representations of Mary of Burgundy as Sovereign, in Excavating the Medieval Image. Manuscripts, Artists, Audiences. Essays in Honor of Sandra Hindman, ed. D.S. Areford and N.A. Rowe, Aldershot, 2004, pp. 135-150; O. Karaskova, Le Mécénat de Marie de Bourgogne. Entre dévotion privée et nécessité politique, in L.M.A., t. 117/3-4, 2011, pp. 507-529.

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Despite the brevity of her reign and the relative lack of historical sources, it appears that Mary of Burgundy wielded a certain amount of political power and agency through which she negotiated the demands placed on her as a female ruler. Following her father’s defeat at Nancy, she sought to maintain stability in her territories through her choice of a suitable husband, a union which fulfilled patriarchal society’s expectations with the birth of a male heir. No doubt aware of the perceived limitations of the female sex, but perhaps inspired by some of the female members of her family, including Margaret of Male and Margaret of York, Mary also sought to defend her right to the Burgundian legacy which she did not only through reference to her male ancestors but also, perhaps somewhat defiantly, through a privileging of the female line. * *** The second area to which this study of Mary’s reign substantially contributes concerns late medieval state-building processes, a topic which has generated much research since the major research programmes coordinated by Jean-Philippe Genet and Wim Blockmans in recent decades.22 Essential to the survival of the Burgundian polity, Mary’s reign highlights the development and the nature of the early modern state. The traditional notion of centralised state-building in early modern Europe has been challenged by the concepts of composite and, more recently, dynastic states.23 The Low Countries have not escaped this debate.24 Recently, Jelle Haemers has convincingly demonstrated how a new power balance toppled autocratic government in favour of political participation at urban and regional levels, leading to competition to define policies of Common Good.25 Taking a complementary approach, this book’s focus

22 See, among others, L’État moderne. Genèse, bilans, et perspectives, ed. J.-P. Genet and W.P. Blockmans, Paris, 1990; The Heritage of the Pre-industrial European State. The Origins of the Modern State in Europe, 13th to 18th Century, ed. W.P. Blockmans, J. Borges de Macedo and J.-P. Genet, Lisbon, 1996; and more recently the volumes of the programme Le Pouvoir symbolique en Occident (1300-1640), especially the first one: La Légitimité implicite. Actes des conférences organisées à Rome en 2010 et en 2011 par SAS en collaboration avec l’école française de Rome, 2 vols, ed. J.-Ph. Genet, Rome, 2015; and the very recent monograph on political participation by W.P. Blockmans, Medezeggenschap. Politieke participatie in Europa voor 1800, Amsterdam, 2020, summarized in Id., Civil Rights and Political Participation in Ancien Régime Europe, in Vestnik of Saint Petersburg University. History, t. 65/3, 2020, pp. 842-864. 23 J. Elliott, A Europe of Composite Monarchies, in Past & Present, t. 137, 1992, pp. 48-71; J. Duindam, Dynasties. A Global History of Power, 1300-1800, Cambridge, 2016. 24 J.-M. Cauchies, État bourguignon ou états bourguignons? De la singularité du pluriel, in Power and Persuasion. Essays on the Art of State Building in Honour of W.P. Blockmans, ed. P. Hoppenbrouwers, A. Janse and R. Stein, Turnhout, 2010, pp. 49-58; R. Stein, Magnanimous Dukes and Rising States. The Unification of the Burgundian Netherlands, 1380-1480, Oxford, 2017; é. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé des ducs de Bourgogne (xive-xve siècles), Paris, 2016. 25 W.P. Blockmans, La Signification “constitutionnelle” des privilèges de Marie de Bourgogne (1477), dans 1477. Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne pour les Pays-Bas, ed. Id., Kortrijk-Heule, 1985, pp. 495-516; J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009.

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on Mary and the courtly centre of power explores the dynastic over the composite nature of the Burgundian polity. In terms of institutions and power structures, the contributions to this volume challenge long-prevailing assumptions about the disruptive nature of 1477 and the defeat at Nancy for the Burgundian polity, pointing to the high degree of continuity during Mary’s reign. Thus, Valérie Bessey, Jean-Marie Cauchies, Michael Depreter, and Violet Soen, all underline how political structures and personnel were largely kept in place, or were quickly re-established. Bessey highlights how Mary’s household, during the first months of her reign, still exhibited all forms of a ducal, sovereign household, despite being much smaller due to financial circumstances. If her marriage to Maximilian shifted decision-making to the new duke’s household, the basis of the latter was still the households of the last Valois dukes of Burgundy. Focusing on the ducal counsellors during Mary’s reign, Cauchies further emphasises the continuity of personnel not only in household ordinances but also during decision-making processes as attested in official documents. The absence of foreign Austrian counsellors, however, did not necessarily entail a lack of informal influence which remains more difficult to discern. At the level of the high nobility, Soen’s analysis shows how Mary of Burgundy continued Charles the Bold’s policy towards the reintegration of the Croÿ family and the promotion of its collateral Chimay branch. Comparing Mary and Maximilian’s armies with those raised and organised by Charles the Bold, Depreter underlines how military structures were a place for negotiation between the prince, the nobility and the towns. The reorganisation of the Burgundian army after the defeat at Nancy reflected, and contributed to the reshaping of, changing power dynamics within the Burgundian dynastic state, but also demonstrates how quickly Maximilian tried to reinstate Charles the Bold’s policies and, to a certain extent, institutions which were maintained, albeit in a reduced capacity. In his contribution, Jean-Marie Yante rightly pleads for a more in-depth analysis of princely economic policies through ordinances and accounts. In statistical economic trends, however, it seems hard to separate Mary’s reign from the broader economic context of the second half of the fifteenth century. Although the wars with France and Lorraine during Mary’s principate certainly disrupted trade and agriculture, as is clearly perceivable in Luxemburg, they may only have been catalysts for underlying, pre-existing trends, as in the case of Antwerp slowly replacing Bruges as the main international market place. Court consumption of Italian credit and luxury goods, especially cloth, remained continuous —and probably even increased regarding princely loans: despite the regime change, Italian bankers and merchants diligently continued to visit the Burgundian court, as Federica Veratelli argues in her article. However, cultural exchanges between Italian and francophone worlds went both ways, as outlined in Giovanni Ricci’s contribution. He stresses how court culture in fifteenth-century Ferrara, due to its aristocratic composition, was more similar to French and Burgundian court culture than to civic culture in the other Italian (city-)states. * ***

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Mary died on 27 March 1482. Since her death, her image and that of her reign have been reshaped over the centuries in order to serve political, social and cultural purposes. The third and last part of this volume thus contributes to recent historiographical trends concerning memory and its political uses. Examining the duchess’s funeral, Christophe Masson, Alain Marchandisse and Bertrand Schnerb demonstrate how Mary was represented as sovereign in the same way as her immediate masculine predecessors, except for some specific male attributes of military power. Maximilian, however, was central to the ceremony, which he saw as a means to affirm his claim to Mary’s inheritance. His political discourse was countered by the Three Members of Flanders (Ghent, Bruges and Ypres) on 27 March 1483: their organisation of a commemorative service in memory of Mary’s death in the absence of Maximilian allowed them to claim governmental control for themselves, as Jelle Haemers has established elsewhere.26 Maximilian’s use of Mary to further his political agenda has already been well studied. For example, Ann Roberts has examined how Mary’s post-mortem portraits were destined to show Habsburg inheritance of the Burgundian wealth and how her tomb in the Bruges’ Church of Our Lady asserted inheritance through the female line by the representation of genealogical trees.27 In this volume, Pierre-Gilles Girault demonstrates how the use of Mary’s image to assert inheritance through the female line was not limited to Maximilian. Through genealogical and heraldic representations which did not refer solely to Mary, this imagery became essential to Margaret of Austria’s patronage and political power by stressing the Habsburg-Burgundian dynastic lineage and Margaret’s own rights to the Burgundian inheritance. In the late eighteenth century, the judicial case examined by Emmanuel Berger concerning the remains of Mary and her mother Isabella shows how Mary had been partially forgotten; her heart that had been interred in Antwerp’s church of Saint Michael was confused with that of her mother during the Revolution. One could suggest that Mary had supplanted Isabella in the collective memory, although it may have been easy for one faded figure to overshadow an even more forgotten one. For those opponents of the political and religious policies of the “Directoire” who tried to save the princesses’ remains, the distinction was still clear. For the Revolutionaries, the question of whether the remains were Mary’s or Isabella’s may have mattered little, since they both represented the overthrown “Ancien Régime”. The emergence of the nation state in the nineteenth century brought with it new interpretations of Mary of Burgundy and her reign. In Belgium, Mary’s reign was long perceived as a substantial setback in the creation of the nation state, as emphasised in Henri Pirenne’s highly influential Histoire de Belgique (1900-1932). As Gilles Docquier 26 J. Haemers, L’Anniversaire gantois de Marie, duchesse de Bourgogne (27 mars 1483). Autour de la participation des sujets urbains à un service commémoratif pour une princesse décédée, in Le Corps du prince, ed. é. Bousmar, H. Cools, J. Dumont and A. Marchandisse, in Micrologus, t. 22, Florence, 2014, pp. 341-365. 27 A.M. Roberts, The Posthumous Image of Mary of Burgundy, in Women and Portraits in Early Modern Europe. Gender, Agency, Identity, ed. A. Pearson, Abingdon, 2008, pp. 55-70; Id., The Chronology and Political Significance of the Tomb of Mary of Burgundy, in The Art Bulletin, t. 71/3, 1989, pp. 376-400.

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demonstrates, the memory of a meek and weak young princess, undergoing tragic events and throwing away the achievements of her ancestors in terms of unification and independence of the “Belgian” territories by marrying a foreign prince, was reinforced by a prevailing misogyny in nineteenth- and twentieth-century historiography. Despite regionalist tendencies re-emerging since the nineteenth century in the areas previously held by the dukes of Burgundy, Mary’s life and legacy have been similarly obscured by a collective memory that has tended to focus on her ancestors and on Louis XI. Both the dukes and the French king provided a common identity for French Burgundy and its inhabitants albeit in different terms, the dukes relating to forlorn glory, while Louis XI was associated with collective suffering through deceit and brutality. These discourses developed from the sixteenth century onwards but never questioned the fact that Burgundy belonged to France, as Dominique Le Page suggests here. How Mary has been perceived in other geographical areas over which her nominal authority extended, still remains to be examined. How was she portrayed in the Netherlands and in Luxemburg, for instance, where the Burgundian inheritance has proven to be less essential to nineteenth-century national state-building discourses, is yet to be explored. In the twenty-first century, Mary’s memory remains alive and well in the Austrian hereditary lands, as witnessed by the three-part TV series, Maximilian. Das Spiel von Macht und Liebe (MR Film, broadcast on ÖRF and ZDF, 2017). Mary’s integration into the Canon van Nederland in 2020 should ensure that her position in European history remains a serious subject of analysis for a long time to come. * *** As this rich collection of essays shows, Mary of Burgundy’s role within late medieval history and historiography is more subtle and complex than that of a powerless, weak woman saved by a chivalrous Maximilian who, in fact, lacked both financial and military means to be as effective as his propaganda. The studies brought together here, through their close analysis of historical, visual and political sources point to the different ways in which Mary, acting within the constraints and expectations of a patriarchal society, was sometimes able to exercise a degree of agency not usually attributed to her, shaping her own image and successfully ruling her duchy. Somewhat ironically, perhaps, Maximilian’s propaganda campaign following the death of Mary, whom he claimed to love very dearly, shaped later historiography in a way that has led to her almost being written out of history. This volume demonstrates instead that the view of Mary which has prevailed until now is only one side of the story and that a three- dimensional portrait of Mary can now be drawn and provide the impetus for further research into the last duchess of Burgundy and, more generally, inflect our understanding of female power in the late medieval and early modern Low Countries.

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Construire l’autorité et la légitimité d’une princesse naturelle Building the Authority and Legitimacy of a Natural Princess

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2.  Galans de Picardie, de Flandres et d’Artois… La poésie de circonstance sous le règne de Marie de Bourgogne Longtemps décriée par l’histoire littéraire, la poésie de circonstance a bénéficié, depuis un demi-siècle, d’un mouvement progressif de réhabilitation. S’il tend à s’éloigner de la tradition courtoise, ôtant à la poésie une part de son mystère, ce lyrisme du quotidien, ancré dans les réalités de la vie politique, n’en demeure pas moins fidèle à la vocation humaine du poète. De par sa communion affective avec l’événement, l’auteur s’emploie à exprimer l’état d’exaltation qui s’empare de lui en tant que témoin sensible de l’actualité. Pour citer les propos de Daniel Poirion, « le poète isole le fait et le geste. Il nous plonge dans l’atmosphère du moment, il nous met en situation. Il ne fait pas revivre simplement le spectacle d’une action, il nous la fait vivre dans l’émotion »1. Parallèlement à sa fonction propagandiste et à l’engagement politique qu’elle traduit, cette littérature de circonstance se veut dès lors l’émanation d’une conscience collective ou, en d’autres termes, de cette « opinion publique » qui lui confère une nouvelle légitimité. Or la production poétique qui fleurit sous le règne de Marie de Bourgogne constitue manifestement, de ce point de vue, un champ d’investigation privilégié. La crise politico-militaire traversée alors par l’État bourguignon suscita des pièces de tonalités diverses, où le poète entendait se faire l’interprète des sentiments nourris par ses contemporains. Si ce corpus est dominé par la figure éminente de l’indiciaire en titre Jean Molinet, il comporte des poèmes de facture plus modeste, émanant sans doute des milieux urbains. L’on sait la place déterminante qu’occupe le genre du prosimètre dans la littérature du bas Moyen Âge et de la première Renaissance : cette subtile alliance du vers et de la prose s’impose, chez les Rhétoriqueurs, comme « l’opus magnum, l’effort textuel le plus ambitieux et le plus complexe », expressément réservé à des sujets élevés2. Aussi est-il frappant de constater que trois des six grands prosimètres composés par Molinet durant une carrière longue de 43 ans lui furent inspirés par cette période 1 D. Poirion, Le Poète et le prince. L’évolution du lyrisme courtois de Guillaume de Machaut à Charles d’Orléans, Genève, 1978, p. 104 (1re éd., Paris, 1965). Voir de même Cl. Thiry, La Poésie de circonstance, dans La Littérature française aux xive et xve siècles. Partie historique, éd. D. Poirion, A. Biermann et D. Tillmann-Bartylla, Heidelberg, 1988, pp. 111-138 ; J. Blanchard et J.-Cl. Mühlethaler, Écriture et pouvoir à l’aube des temps modernes, Paris, 2002, pp. 33-58. 2 Cl. Thiry, Au Carrefour des deux rhétoriques. Les prosimètres de Jean Molinet, dans Du Mot au Texte. Actes du iiie Colloque international sur le moyen français, Dusseldorf, 17-19 septembre 1980, éd. P. Wunderli, Tübingen, 1982, pp. 213-227 (ici p. 216).

Jean Devaux • UR HLLI, EA 4030, Université Littoral – Côte d’Opale (ULCO) Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 27-39.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122531

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tourmentée de l’histoire bourguignonne. Bien loin de témoigner de la moindre redondance, ces trois pièces sont au demeurant de natures toutes différentes et illustrent à merveille trois des fonctions majeures dont le lyrisme de circonstance se trouve investi. Rédigé entre la fin avril 1477 et le 18 août de cette même année, le Naufrage de la Pucelle s’offre comme une œuvre de propagande active célébrant les bienfaits du mariage habsbourgeois : le prochain avènement de l’archiduc Maximilien y est décrit comme une chance inespérée d’assurer enfin le redressement du pays et de repousser l’invasion française. Le Chappellet des Dames, composé à un an d’intervalle, sans doute en juillet 1478, relève en revanche de la veine encomiastique : fondée sur le principe de l’étymologisation, la pièce célèbre les cinq vertus dont la somme des lettres initiales forme le nom de la duchesse Marie. Associée de la sorte à la figure de la Vierge, dont elle est en ce bas monde la plus parfaite image, la jeune princesse est vantée, à son instar, comme l’instrument du Salut, ayant donné le jour à l’héritier providentiel appelé à présider aux destinées de la dynastie. Quant à la fiction allégorique de la Ressource du petit peuple, datée du printemps 1481, elle relève plus proprement de la littérature de conseil, évoquant tour à tour les diverses calamités endurées alors par les populations et plaidant ardemment auprès des princes puissans pour le retour d’une paix ferme et durable3. C’est assurément à bon droit que les spécialistes de la période ont privilégié ces œuvres de haute volée, sortes de condensé de l’obscure poetrie cultivée par les maîtres de la Grande Rhétorique. Nous voudrions ici envisager plus globalement l’ensemble des pièces de circonstance datées du règne de Marie de Bourgogne, qui, en vertu de leur remarquable diversité, témoignent de la vitalité de cette forme de poésie. Les réactions les plus précoces au désastre de Nancy appartiennent tout naturellement au genre de la déploration funèbre. Les Loz, louange et plainctes du bon duc Charles de Bourgoingne se composent de 22 septains de décasyllabes, suivis d’un acrostiche de douze vers en hommage au défunt – LE DUC CHARLES – encadré lui-même de deux quatrains qui attribuent la pièce au seigneur de Trazegnye. Il convient, semble-t-il, de reconnaître dans ce noble féru de poésie Anselme II de Hamal, baron de Trazegnies (c. 1415-1490)4. Vouée comme il se doit à l’éloge des

3 Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, éd. N. Dupire, t. 1, Paris, 1936, pp. 77-99, 100-126, 137-161. Voir, pour nous limiter ici aux seuls ouvrages, P. Zumthor, Le Masque et la lumière. La poétique des grands rhétoriqueurs, Paris, 1978, passim ; Fr. Cornilliat, « Or ne mens ». Couleurs de l’Éloge et du Blâme chez les « Grands Rhétoriqueurs », Paris, 1994, passim ; J. Devaux, Jean Molinet, indiciaire bourguignon, Paris, 1996, passim ; A. Armstrong, Technique and Technology. Script, Print, and Poetics in France, 14701550, Oxford, 2000, passim ; Jean Molinet et son temps. Actes des rencontres internationales de Dunkerque, Lille et Gand (8-10 novembre 2007), éd. J. Devaux, E. Doudet et É. Lecuppre-Desjardin, Turnhout, 2013, passim ; Ph. Frieden, La Lettre et le miroir. Écrire l’histoire d’actualité selon Jean Molinet, Paris, 2013, passim. 4 Recueil de chansons, poèmes et pièces en vers français relatifs aux Pays-Bas, éd. Ch. Ruelens, t. 3, Bruxelles, 1878, pp. 1-6, qui édite le poème d’après le manuscrit de Vienne, ÖNB, ms. 3391, à l’exception de l’acrostiche et des deux quatrains, qui ne figurent que dans le manuscrit de Douai, BM, ms. 767 ; voir C. Dehaisnes, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de Douai, Paris, 1878. URL : http://ccfr.bnf.fr. Sur ce poème, voir en outre A. Dinaux, Les Trouvères brabançons, hainuyers,

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vertus et des hauts faits du prince, la complainte explique sa tragique disparition par la trahison du comte de Campobasso, mais aussi par l’action pernicieuse de dame Fortune, dont les mauvais tours mènent à leur perte les puissants de ce monde. De la succession de Charles le Hardi, il n’est en revanche nullement question : tout au plus le sire de Trazegnies proclame-t-il au dernier vers son attachement au défunt duc et à toute sa lignies, allusion fugace à la jeune héritière appelée à prendre en mains la destinée de ses États5. De même, une Epitaphe de Charles de Bourgogne a pu être restituée, avec assez de vraisemblance, à la plume de Jean Molinet : longue de 72 alexandrins à rimes plates, la pièce présente d’étroites correspondances thématiques et formelles avec l’Epitaphe du duc Philippe de Bourgogne, composition avérée du rhétoriqueur6. Soucieux de découvrir une raison plausible à la défaite de son prince, l’indiciaire en reporte lui aussi la responsabilité sur la seule personne du traître Campobasso, ung comte qui s’est révélé pire que Ganelon, coupable, à son instar, d’avoir pactisé avec l’adversaire et d’avoir causé la mort d’un vaillant chef de guerre7. Quant aux vers qui clôturent l’Epitaphe, placés, comme la pièce entière, dans la bouche du défunt, ils s’avèrent, selon nous, des plus révélateurs quant à l’époque précise où elle fut rédigée : Nul hoir masle n’ay eu de ma chair legitime pour gouverner ma terre. Au roy Loïs Unzyme recommanday ma fille, car il en fut parryn. Jesus luy soit garant, car elle est orphelyn8. Contemporain de l’annonce de la mort de Charles, le texte remonte de toute évidence à la fin janvier ou au début février 1477, soit à cette phase cruciale de

liégeois et namurois, Bruxelles, 1863, pp. 678-680 ; Recueil de chansons, op. cit., t. 3, pp. vii-viii, 61-62 ; H. Stein, Étude biographique, littéraire et bibliographique sur Olivier de La Marche, Bruxelles, 1888, pp. 105-106 ; A. Molinier, Les Sources de l’histoire de France des origines aux Guerres d’Italie, t. 5, Paris, 1904, p. 124, no 5247. 5 Recueil de chansons, op. cit., t. 3, pp. 5, 61 (pour la citation). 6 H. Servant, Artistes et gens de lettres à Valenciennes à la fin du Moyen Âge (vers 1440-1507), Paris, 1998, pp. 313-318, qui édite l’Epitaphe d’après le manuscrit de Douai, BM, ms. 1183, t. 2 ; voir C. Dehaisnes, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque de Douai, op. cit. Voir de même H. Servant, Un Poème inédit de Molinet à la Bibliothèque Municipale de Valenciennes, dans Valentiana, t. 12, décembre 1993, pp. 3-8 ; A. Armstrong, Un Cimetière bigarré. Les épitaphes poétiques de Jean Molinet, dans Texte et contre-texte pour la période pré-moderne, éd. N. Labère, Bordeaux, 2013, pp. 187-201, en particulier pp. 189-190. 7 H. Servant, Artistes et gens de lettres, op. cit., p. 318, vv. 61-62. Molinet renoncera plus tard à cette explication, préférant s’interroger plus en profondeur sur les causes effectives du désastre. Voir J. Devaux, Jean Molinet, op. cit., pp. 248-265. Sur le jugement porté par les contemporains sur le rôle de Campobasso dans la défaite de Nancy, voir B. Croce, Un Condottiere italiano del quattrocento. Cola di Monforte, conte di Campobasso, e la fide storica del Commynes, dans Critica, t. 31, 1933, pp. 403-430 ; t. 32, 1934, pp. 17-36, 88-121 ; J. Dufournet, La Destruction des Mythes dans les Mémoires de Philippe de Commynes, Genève, 1966, pp. 54-64 ; J. Devaux, La Fin du Téméraire… ou la mémoire d’un prince ternie par l’un des siens, dans L.M.A., t. 95/1, 1989, pp. 105-128 (ici pp. 117-119). 8 H. Servant, Artistes et gens de lettres, op. cit., p. 318, vv. 67-70.

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tractations diplomatiques où les pays bourguignons pouvaient encore espérer mettre un terme à l’offensive de l’armée française et obtenir, pour la jeune duchesse, la protection de son royal parrain. Ainsi la pièce fait-elle directement écho à la lettre, célèbre, du 18 janvier, où Marie de Bourgogne et Marguerite d’York demandent à titre officiel l’assistance de Louis XI, se décrivant adroitement comme deux désolées femmes, ses très humbles petites parentes, et où la jeune héritière juge invraisemblable que celui-là même qui l’a levée de saintz fontz de baptesme veuille devenir son persécuteur9. L’on est frappé, en outre, de l’extrême virulence des réactions suscitées, dans le camp français, par la mort du duc Charles. L’une de ces pièces de vers se compose de cinq huitains de décasyllabes construits sur deux rimes communes. Or est le parc orguilleux destendu / Le fier lyon ne l’a pas bien gardé : l’incipit du poème traduit bien, d’emblée, la jubilation éprouvée par l’ennemi à voir enfin terrassé le fier lyon de Bourgogne, dénoncé entre tous pour son outrecuidance10. De par la portée héraldique de cette entrée en matière, la pièce s’inscrit dans la droite ligne du cycle poétique du Lion Rampant, ensemble de ballades franchement polémiques échangées dix ans plus tôt entre les camps français et bourguignon (1467-1468)11. Eu égard aux souffrances infligées aux povres gens par le bellicisme et l’orgueil de ce prince, son trépas providentiel est présenté sans ambages comme une sérieuse raison d’avoir foi en l’avenir, d’autant que celluy seul a qui Dieu a aydé / S’est travaillé de mettre paix en France : en d’autres termes, son vainqueur, le roi Louis XI, n’a cessé quant à lui d’œuvrer pour le Bien Public12. Une autre de ces pièces, plus violente encore, va jusqu’à vouer le défunt duc aux infernauz paluz. Long de 26 décasyllabes à rimes plates, le poème revêt la forme d’un message porté en enfer par les soins d’un héraut d’armes. Le nocher Charon y est appelé à s’embarquer, sans délai, pour venir convoyer ceste ombre tant cruelle, coupable, sa vie durant, d’effroyables massacres, et dont la charoigne, par un juste retour des choses, est désormais souillée de son propre sang. De même que cette fin atroce constitue, pour le poète, la juste rétribution de sa damnable

9 J.-B.-M.-C. Kervyn de Lettenhove, Une Lettre inédite de Marie de Bourgogne et de Marguerite d’York à Louis XI, dans Bulletin de l’Académie royale des Sciences, Lettres et Beaux-Arts de Belgique, t. 21, 1854, pp. 104-111 (plus spécialement pp. 107-108). Sur ces événements, voir M.-A. Arnould, Les Lendemains de Nancy dans les « pays de par deçà » (janvier-avril 1477), dans 1477. Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne pour les Pays-Bas, éd. W.P. Blockmans, Courtrai-Heule, 1985, pp. 1-76 (en particulier pp. 10-11). 10 Recueil de chants historiques français depuis le xiie jusqu’au xviiie siècle. 1re série, xiie, xiiie, xive et xve siècles, éd. A.-J.-V. Le Roux de Lincy, Paris, 1842, pp. 380-384 (ici p. 383). Voir aussi ibid., p. 384 : Luy qui estoit sus tous oultrecuydé. Voir de même Splendeurs de la cour de Bourgogne. Récits et chroniques, éd. D. Régnier-Bohler, Paris, 1995, pp. 1024-1025 (traduction en français moderne par Cl. Thiry). 11 E. Doudet, Poétique de George Chastelain (1415-1475). Un cristal mucié en un coffre, Paris, 2005, pp. 738-741 ; A. Armstrong, The Virtuoso Circle. Competition, Collaboration, and Complexity in Late Medieval French Poetry, Tempe, 2012, pp. 128-132. 12 Recueil de chants historiques français, op. cit., p. 384.

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vie, Charles de Bourgogne a mérité, plus que tout autre, d’endurer à jamais les pires des tourments : Bien doit avoir aux enfers lieu et place ; Car il n’aima onques paix ne concorde, Ne n’eust pité, foy ne miséricorde, Mais cruaulté, felonnie et rancune. Qui veult le pleure, Dieu j’en loue et fortune13. Davantage même, dans une troisième pièce beaucoup plus ample, Charon prend lui-même la parole pour invectiver l’âme du défunt duc, après quoi le nocher se précipite sur elle avec l’aide du redoutable chien Cerberus14. Deux des poèmes de notre corpus se présentent, par ailleurs, comme de véritables appels au combat, composés l’un et l’autre par de farouches partisans de la cause bourguignonne15. L’on trouve ainsi retranscrite, dans le manuscrit autographe des Mémoires de Jean de Haynin, une cançon fete audit tenpore et exhortant les sujets de la duchesse Marie à défendre leurs territoires contre l’invasion française16. Située dans l’œuvre du mémorialiste après le récit de la reddition de la cité d’Arras (4 mars 1477), la pièce fut rédigée, selon toute vraisemblance, dans le courant de février 1477 : si l’auteur y signale la capitulation des villes de Picardie et de la place de Saint-Quentin, il ne fait nulle mention de la conquête de l’Artois, datée du début du mois de mars. Ainsi qu’en témoignent les premiers vers du poème, les plus fameux sans doute

13 Nouvelles portées en enfer par ung hérault de la mort du feu duc de Bourgogne, le jour qu’il fut tué en bataille devant Nancy, dans Recueil de chants historiques français, op. cit., pp. 381-382. Voir de même C. Lenient, La Satire en France au Moyen Âge, Paris, 1877, p. 274 ; Splendeurs de cour de Bourgogne, op. cit., p. 1025 (traduction en français moderne par Cl. Thiry). La pièce figure en outre dans le Paris, BnF, ms. fr. 12490, ff. 114v-115r, anthologie copiée par François Robertet. 14 La Mort du duc Charles de Bourgongne, Paris, BnF, ms. fr. 2375, ff. 82r-95v, en particulier ff. 92r95v. Voir de même A. Armstrong, The Virtuoso Circle, op. cit., p. 137. Des pamphlets en langue germanique portant sur le sujet furent parallèlement composés en Suisse et imprimés à Strasbourg (Chr. Pfister, Histoire de Nancy, t. 1, Paris-Nancy, 1902, pp. 472-475, 518-525 ; P. Marot, Les Sources allemandes de la bataille de Nancy. à propos d’une publication récente, dans Bulletin mensuel de la Société d’archéologie lorraine et du Musée historique lorrain, t. 73, 1929, pp. 102-104). La littérature lorraine, de plusieurs années postérieures, se montre plus mesurée (P. Marot, Le Duc de Lorraine René II et la Bataille de Nancy dans l’historiographie et la tradition lorraines, dans Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy (1477). Actes du colloque organisé par l’Institut de recherche régionale en sciences sociales, humaines et économiques de l’Université de Nancy ii (Nancy, 22-24 septembre 1977), Nancy, 1979, pp. 65-81 ; M.-Cl. Déprez-Masson, Poésie et politique. Le Songe du Pastourel de Jehan du Prier. Étude et édition, dans Le Moyen Français, t. 23, 1989. 15 Sur la place prépondérante des chansons de guerre dans la production bourguignonne, voir A. Marchandisse et B. Schnerb, La Bataille du Liège, dans Écrire la guerre, écrire la paix. Actes du 136e Congrès national des Sociétés historiques et scientifiques, Perpignan, 2011, éd. S. Mazauric, Paris, 2013, pp. 29-41 ; Id., Chansons, ballades et complaintes de guerres au xve siècle. Entre exaltation de l’esprit belliqueux et mémoire des événements, dans Les Paysages sonores. Du Moyen Âge à la Renaissance, éd. L. Hablot et L. Vissière, Rennes, 2015, pp. 113-124. 16 La pièce se compose de dix huitains d’hexasyllabes. Jean de Haynin, Mémoires (1465-1477), éd. R. Chalon, t. 2, Mons, 1842, pp. 308-309 ; Nederlandsche Geschiedzangen, éd. J. Van Vloten, t. 1, Amsterdam, 1852, pp. 113-114.

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dans ce registre populaire, cette vigoureuse apostrophe s’adresse collectivement à l’ensemble des combattants des pays de par-deçà : Galans de Picardie, De Flandres et d’Artois, De Haynau la jolie, Et vous de Boulenois, Ceuilliés trestous corage A léaument servir La dame et l’iretage Qui li doit partenir17. Si le poète fait jouer la fibre chevaleresque et engage d’emblée tous ceurs de gentillesse à voler au secours de cette noble pucelle18, il en appelle plus encore au loyalisme de ces frans galans, affirmant avec force la légitimité de la jeune Marie qui, en dépit des prétentions françaises, s’impose bel et bien comme la seule et unique dame et princhesse du pays. Aussi dénonce-t-il l’ignominie du roi Louis, qui encourt le déshonneur à prétendre déshériter une pauvre orpheline19. De surcroît, il s’emporte avec véhémence contre les places qui, sans combattre, se sont rendues à l’ennemi et semblent oublier à leur tour qu’elles sont le juste iretage De la dame de Gant20 : Ung noble franc corage Se lairoit escorchier D’avoir autre visage Que franc et droiturier, Car il convient morir En la fin de ses jours. Léal on doit tenir, Et n’eut-on point secours21. Toutefois, le constat de ces récentes défections n’en est pas moins orienté vers une propagande active, incitant les Bourguignons à la résistance. À en croire le poète, la

17 Jean de Haynin, Mémoires, op. cit., t. 2, p. 308. Galant : homme vaillant. Le terme est volontiers employé en appellatif. Voir de même l’expression galant de guerre : celui qui aime le métier des armes (Dictionnaire du Moyen Français, version 2015. URL : http://www.atilf.fr/dmf/). 18 Sur le succès de cette thématique, voir J. Devaux, Le Rôle politique de Marie de Bourgogne au lendemain de Nancy. Vérité ou légende ?, dans L.M.A., t. 97/2, 1991, pp. 389-405 ; É. Bousmar, Duchesse de Bourgogne ou povre desolée pucelle ? Marie face à Louis XI dans les chapitres 45 et 46 des Chroniques de Jean Molinet, dans Jean Molinet et son temps, op. cit., pp. 97-113. 19 Jean de Haynin, Mémoires, op. cit., t. 2, p. 308 : Che seroit vitupère / Et grand mal aporter, / Qui n’a père ne mère / Volloir desheriter. Cette même critique figure en bonne place dans la Recollection des merveilleuses advenues en nostre temps de Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, op. cit., t. 1, p. 309, vv. 593-600. 20 Jean de Haynin, Mémoires, op. cit., t. 2, p. 309 : Que devenrés Péronne / Ens u tans avenir, / Quant pour une personne / Ou deus n’osiés tenir ? / Vous estes l’iretage / De droit apartenant, / Maugré vostre visage, / A la dame de Gant. 21 Ibid.

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conquête des terres picardes ne démontre en rien la puissance des troupes royales : ce n’est pas en combattant mais par biau parler de bouche que Louis XI a obtenu la reddition de ces quelques places et ces succès faciles ne doivent, en aucun cas, faire redouter sa suprématie. Bien au contraire, assure l’auteur en guise d’épilogue, l’armée bourguignonne est de taille à repousser cette offensive et la renommée de Jacques Galiot, le plus vaillant de ses capitaines, est le meilleur gage de son efficacité22. Il convient d’évoquer, dans cette même veine, une chanson de guerre plus tardive, composée de quatre quatrains d’alexandrins monorimes et accompagnée, dans le manuscrit qui nous l’a conservée, de trois lignes de portée musicale23. Bien qu’il soit malaisé de déterminer avec précision sa date de rédaction, la pièce est manifestement postérieure à l’arrivée de Maximilien dans les Pays-Bas (18 août 1477) : elle vise à engager la population du Nord de ses États à l’épauler dans la reconquête des duché et comté de Bourgogne, tombés partiellement entre les mains de l’ennemi. Dépourvue de toute argumentation politique, cette chanson résonne avant tout comme un appel aux armes, qui devait trouver, sans doute, un surcroît d’efficacité dans la tonalité martiale de sa mélodie, de caractère monodique24 : Reveillez vous, Piccars, Piccars et Bourguignons, Et trouvez la manière d’avoir de bons bastons, Car veez cy le printemps et aussy la saison Pour aller a la guerre donner des horrions25. L’on y décèle, pourtant, quelque divergence de vue avec la stratégie de Maximilien de Habsbourg, jugée peu favorable à ces projets de reconquête : tandis qu’il s’obstine à séjourner en Basse Flandre, ses Piccars l’implorent nuyt et jour, au dire du poète, qu’il

22 Ibid. : Se le roy a des lanches / Bien quatre mil ou plus, / Nous avons des balanse / Pour les peser tou sus. / Mailles et piquenaires / Si ne nous fauront point, / Pour les ferre retraire / Il ne nous sont k’à point. Entré au service du Téméraire entre 1471 et 1473, Jacques Galéot ou Galiot combattit à ses côtés durant ses dernières campagnes (P.-M. Perret, Jacques Galéot et la république de Venise, dans Bibliothèque de l’École des chartes, t. 52, 1891, pp. 590-614). 23 Chansons du xve siècle, éd. G. Paris et Fr.-A. Gevaert, t. 1, Paris, 1935, pp. 140-141 (texte), 171-172 (apparat) ; t. 2, p. 76 (mélodie). Cette édition est établie d’après le Paris, BnF, ms. fr. 12744. Quatre quatrains apocryphes figurent dans diverses adaptations modernes de cette chanson, dont l’hymne régional picard et l’hymne du premier régiment d’infanterie de Sarrebourg. 24 Comme le signalent Alain Marchandisse et Bertrand Schnerb, l’on dispose, pour cette même chanson, d’une version polyphonique à quatre voix, apparentée au style du compositeur Pierre de la Rue (A. Marchandisse et B. Schnerb, Chansons, ballades et complaintes de guerres au xve siècle, op. cit., p. 123). François-Auguste Gevaert, qui avait collaboré, pour sa partie musicale, à l’édition de Gaston Paris, est l’auteur de l’arrangement musical de cette version, publié par les éditions À cœur joie, spécialisées dans les partitions de chant choral : Réveillez-vous, Picards. Chanson soldatesque du temps de Charles VIII, arrangement de Fr.-A. Gevaert, Lyon, s.d. Voir de même P. Barbier et Fr. Vernillat, Histoire de France par les chansons, t. 1, Des croisades à Richelieu, Paris, 1956, pp. 38-39 (avec les partitions musicales) ; la chanson qui nous occupe a été interprétée d’après cette édition par le Chœur de la Cité et enregistrée par la maison d’édition musicale Le Chant du Monde : Histoire de France par les chansons, t. 1, La Guerre de Cent Ans et François Ier, d’après l’œuvre de Fr. Vernillat et P. Barbier, Paris, 1958, face A, plage 2 (en ligne sur gallica.bnf.fr). 25 Chansons du xve siècle, op. cit., p. 140.

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les vueille mener / En la haulte Bourgoingne / pour la luy conquester. Quant aux motifs qui devraient l’amener à s’engager dans cette campagne militaire, ils se résument à l’évocation de trois villes maîtresses qui symbolisent ici toute la richesse de ces contrées : Adieu, adieu Salins, Salins et Bezançon, Et la ville de Beaulne la ou les bons vins sont ; Les Piccars les ont beuz, les Flamans les payeront Quatre pastars la pinte, ou bien bastuz seront26. Il est enfin une troisième catégorie de pièces de circonstance où, optant pour un ton franchement satirique, certains poètes prennent à partie les tenants du camp adverse pour dénoncer leur conduite ou réfuter leurs prétentions. Le siège de la ville d’Arras par les troupes royales, qui se prolongea du 4 mars au 4 mai 1477, donna lieu, on le sait, à une résistance acharnée. Non contents de dresser sur leurs remparts des gibets auxquels était suspendue la croix blanche, symbole de l’armée française, les Arrageois eurent recours à cette forme de pamphlets pour proclamer leur attachement à la cause bourguignonne. De ces chants populaires, nous ne conservons toutefois que deux courts fragments, transcrits par Jean le Clerc dans les interpolations qu’il adjoignit au Journal du Parisien Jean de Roye. Ce sont là, respectivement, deux octosyllabes et un quatrain tiré d’ung autre rondeau, qui suffisent néanmoins à nous donner quelque idée de la portée satirique de ces chansons : Quant les ras mingeront les cas, Le roy sera seigneur d’Arras. Quant la mer, qui est grande et lée, Sera à la Saint-Jehan gelée, On verra, par-dessus la glace, Sortir ceulx d’Arras de leur place27. Nous voudrions nous attarder plus longuement, à ce sujet, sur la véritable joute poétique où plusieurs auteurs d’obédience bourguignonne échangèrent avec leurs homologues tournaisiens des pièces polémiques assez élaborées. Enclave française en pays bourguignon, Tournai se trouva forcée, au lendemain de Nancy, de prendre fait et cause en faveur du roi Louis : ayant accueilli une puissante garnison royale en date du 23 mai 1477, la ville se transforma, à son corps défendant, en une véritable tête de pont française, s’exposant de la sorte, plus que toute autre place, aux agressions

26 Ibid., p. 141. Ce qui signifie sans doute que les habitants des pays de par-deçà devront financer cette campagne militaire s’ils veulent disposer à volonté du célèbre vin de Beaune. Pastard : monnaie de cuivre de peu de valeur frappée en Flandre sous Philippe le Bon. 27 Jean de Roye, Journal, connu sous le nom de Chronique scandaleuse, augmenté des interpolations de Jean Le Clerc, éd. B. de Mandrot, t. 2, Paris, 1896, pp. 363-364. Sur ces événements, voir notamment A. d’Héricourt, Les Sièges d’Arras. Histoire des expéditions militaires dont cette ville et son territoire ont été le théâtre, Arras, 1844, pp. 63-96 ; A. Sablon du Corail, Louis XI ou le joueur inquiet, Paris, 2011, pp. 377-379.

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des Bourguignons qui la tenaient encerclée28. Nous nous sommes penché ailleurs sur le témoignage du Tournaisien Jean Nicolay : son journal ou Kalendrier de la guerre de Tournay s’offre, de bout en bout, comme un violent réquisitoire où il recense, jour après jour, les forfaits innombrables perpétrés par les Bourguignons en pays tournaisien29. Or, le manuscrit de ce Kalendrier renferme, en appendice, un triple échange poétique qui fait directement écho à ces vives tensions politico-militaires30. Nous n’évoquerons que brièvement le troisième de ces échanges, commenté fort à propos par Adrian Armstrong dans l’un de ses derniers ouvrages31. Il se compose d’une pièce bien connue, la Journee de Therouenne de Jean Molinet, et de la Response que lui adressa Jean Nicolay en sa qualité de poète chevronné, membre de la Congregation de Escole de Rhetorique fondée à Tournai en cette même année 147732. Célébrant la victoire remportée à Guinegatte par les troupes de Maximilien de Habsbourg (7 août 1479), et donc rédigé durant l’été 1479, le poème de l’indiciaire est empreint d’une forte tonalité satirique et stigmatise tantôt la déroute de l’armée française, tantôt la tirannie de l’odieux roi Louis33. Aussi Jean Nicolay réfute-t-il point par point les allégations du chanoine de Valenciennes, témoignant à son endroit d’une réelle agressivité : de même qu’il lui emprunte son schéma strophique, le huitain de décasyllabes rimant abaabbcc, il le combat avec ses propres armes rhétoriques, transformant de la sorte en une attaque ad hominem cette pièce de circonstance à vocation politique34. Venons-en toutefois aux autres poèmes, tous quatre anonymes, transcrits à la suite de son journal par Jean Nicolay : s’ils ne peuvent guère rivaliser, sur le plan stylistique, avec les œuvres de Molinet et de son adversaire35, ils n’en présentent pas moins un réel 28 Sur ces événements, voir notamment Philippe de Commynes, Mémoires, éd. et trad. J. Dufournet, t. 2, Paris, 2007, pp. 232-234 ; G. Wymans, Le Déclin de Tournai au xve siècle, dans A.P.A.é., t. 22, 1961, pp. 111-134, en particulier pp. 119-120 ; A. Sablon du Corail, Louis XI ou le joueur inquiet, op. cit., pp. 383-384. 29 Jean Nicolay, Kalendrier des guerres de Tournay (1477-1479), éd. Fr. Hennebert, 2 vol., Bruxelles-Tournai, 1854-1856. Voir J. Devaux, Entre neutralité et guerre larvée. Images de la diplomatie tournaisienne dans le Journal de Jean Nicolay (1477-1478), dans P.C.E.é.B., t. 53, 2013, pp. 165-177. 30 Paris, BnF, ms. fr. 24052, ff. 340r-351r ; Jean Nicolay, Kalendrier des guerres de Tournay, op. cit., t. 2, pp. 14-27. 31 A. Armstrong, The Virtuoso Circle, op. cit., pp. 139-151. 32 Ritmes et refrains tournésiens, poésies couronnées par le Puy d’Escole de Rhétorique de Tournay (14771491), éd. Fr. Hennebert, Mons, 1837, pp. xiii, 3-4, 7-8, 14-15, 20-21, 116-118, 121-122 ; L. Cloquet, Monographie de l’église paroissiale de Saint-Jacques à Tournay, Lille-Bruges, 1881, pp. 195-201 ; J. Hoyois, Un Coin de l’histoire littéraire belge. Les lettres tournaisiennes, Gand, 1893, pp. 100-110 ; P. Rolland, Histoire de Tournai, Tournai, 1956, p. 170. 33 Jean Nicolay, Kalendrier des guerres de Tournay, op. cit., t. 2, p. 22, qui ne reproduit que le premier des 30 huitains. Pour l’édition intégrale, voir Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, op. cit., t. 1, pp. 127-136. 34 Jean Nicolay, Kalendrier des guerres de Tournay, op. cit., t. 2, pp. 23-27. Pour plus de détails, voir A. Armstrong, The Virtuoso Circle, op. cit., pp. 147-150. 35 Quoique correctes, les rimes ne se signalent guère par leur richesse ou leur originalité. Les rares équivoques ne produisent aucun effet de sens, à l’exception de trois d’entre celles du premier poème. Tandis que la rime de lys / delis stigmatise les belles illusions de ceux qui croient aveuglément en l’alliance française, l’équivoque Tournay / tour n’ay illustre la menace planant sur la cité rebelle. Quant à la rime franchois / franc choix (voir la citation ci-après), elle rappelle habilement la gratuité de l’attachement des Tournaisiens envers la France ( Jean Nicolay, Kalendrier des guerres de Tournay, op. cit., t. 2, pp. 14-15). Encore ces trois rimes, attestées dans d’autres pièces, ne semblent-elles pas des

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intérêt pour l’étude de cette veine polémique. Le premier de ces deux échanges peut être situé, nous semble-t-il, dans le courant de décembre 1477 ou dans les premiers mois de l’année suivante : le poème tournaisien se réfère clairement à la défaite bourguignonne survenue au Pont-à-Bouvines en date du 11 décembre 1477. La première des pièces, de provenance hainuyère36, constitue une virulente diatribe engageant fermement les habitants de Tournai à se soumettre au plus vite à l’archiduc Maximilien. Tout d’abord, le poète entend, à cette fin, condamner l’alliance française dans son principe même. Ainsi dénonce-t-il l’ingratitude des Tournaisiens, qui n’hésitent pas à renier leur mère patrie pour faire allégeance à un souverain étranger, tout disposé à dévaster les terres du Nord. Mais surtout, l’auteur engage les rebelles à se défier du sort funeste que l’avenir leur réserve : bénéficiant désormais de la teuthonique alliance, les Bourguignons ne tarderont guère à les réduire à leur merci. Alors que les Tournaisiens s’imaginent à grand tort que le roi Louis XI sera en mesure de les défendre, l’Aigle gentil et les Lions n’auront nulle peine à triompher des troupes françaises et seule une prompte reddition peut désormais sauver la ville d’un effroyable désastre : Notte bien ce que je te dis : Quy pense a la fin il est sage ; Se bien entendoies mes dits, Tu cognoistroies ton oultrage ; Quel bien, quel proufist, quel gaignage Te poelt venir du Roy franchois ? Finablement honte et damage, Car ung tiran est ton franc choix37. Les douze couplés composés, en guise de response, par aulcun retoricien de la ville de Tournai se signalent par le soin avec lequel ce dernier réplique, point par point, au réquisitoire du poète hainuyer38. Reprenant à dessein l’un ou l’autre de ses termes, lui empruntant çà et là telle ou telle de ses rimes, il veille systématiquement, dans chacun des sept premiers huitains, à réfuter les arguments avancés par son devancier dans chacune des sept strophes correspondantes de sa diatribe. Optant tout comme lui pour la forme strophique du huitain et le schéma de rimes ababbcbc, il se singularise quant au choix du mètre et préfère à l’octosyllabe le vers décasyllabique. Cette divergence, peu conforme aux usages formels qui régissent d’ordinaire les échanges poétiques39,

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créations propres à l’auteur. Chacune d’entre elles figure ainsi dans l’œuvre de Jean Molinet : Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, op. cit., t. 1, p. 91, vv. 22-26 (de lys / delictz) ; p. 184, vv. 89-90 ; p. 191, vv. 331-332 (Tournay / tour n’ay) ; p. 33, vv. 195-196 ; p. 191, vv. 319-320 ; p. 301, vv. 402-404 (franc chois / Franchois). Sur l’ancienneté du jeu de mots delis / de lis, voir Guillaume de Digulleville, Le Dit de la fleur de lis, éd. Fr. Duval, Paris, 2014, p. 57 et n. 173. Jean Nicolay, Kalendrier des guerres de Tournay, op. cit., t. 2, p. 14 : Les sept couplets qui s’ensieuent furent envoyez en la ville de Tournay durant la guerre dont le dessusd. Kalendrier fait mention en la première année d’icelle, c’est a scavoir en l’an 1477, du lez et quartier du Pays de Hainau. Ibid., pp. 14-15. Ibid., pp. 16-18. Le poète compose d’ordinaire sa réplique dans une forme identique à celle adoptée par son rival. Voir, outre La Journee de Therouenne de Molinet et la Response de Nicolay (supra, n. 31-32), Recueil de chants historiques français, op. cit., pp. 320-327 (Chansons sur le siège de Pontoise, 1441) ; Les Souhaitz faitz à Tournay

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peut s’expliquer, nous semble-t-il, par le désir qui l’anime de surpasser son adversaire : le huitain d’octosyllabes, forme commune du dit strophique40, est ainsi dédaigné au profit d’un mode d’expression jugé sans doute supérieur. De même, après avoir riposté en sept couplés aux sept huitains émanant de son homologue bourguignon, il pousse plus loin son plaidoyer, s’appliquant dans cinq nouvelles strophes à démontrer la toute-puissance du roi Louis XI et sa capacité à triompher de ses plus farouches ennemis. La noble cité de Tournai, qui s’exprime ici à la première personne, se targue en effet de sa loyauté indéfectible envers la terre de France, dont elle fait partie intégrante depuis la haute Antiquité41. Elle s’indigne des propos tenus par son détracteur qui, non content de calomnier son souverain légitime, ose inciter les Tournaisiens à le trahir. Face aux menaces proférées à son endroit, la ville se plaît à rappeler les revers essuyés par les troupes bourguignonnes au Pont d’Espierres (30 juin 1477) et au Pontà-Bouvines, mais aussi et surtout la cuisante défaite infligée sous ses propres murs aux Flamands menés par Adolphe de Gueldre, leur grand campion qui, de surcroît, périt dans la mêlée (27 juin 1477). Aussi adresse-t-elle en retour aux habitants du Hainaut ce même conseil qu’ils lui donnaient dans le premier poème. Qu’ils se soumettent sans plus tarder au roi Louis de France sous peine d’être châtié de leur rébellion : Vostre conseil pour vous meismes prenez, Se voulez vivre et faire sagement : C’est que touttes vos erreurs déposez Et venez faire au Roy léal serment. Ne attendez tant qu’il prenge vangement De luy offrir foy, service et homaige, Sans vous attendre a l’Aigle aulcunement, Car j’ay espoir qu’il arra son plumaige42. Quant à la deuxième des joutes poétiques étroitement associées à cette Guerre de Tournay, elle relève plus encore de la veine pamphlétaire, déplaçant la polémique sur

par quelque Franchois après la victoire de Mont-le-Héry. Response ausdits Souhaitz par aucun Bourgoignon, éd. R. Chalon, Mons, 1842 ; Documents relatifs aux troubles du pays de Liège sous les princes-évêques Louis de Bourbon et Jean de Horne, éd. P.F.X. De Ram, Bruxelles, 1844, pp. 335-347 (Complainte de Dinant et Réponse de Tournai). Cette pratique est attestée plus régulièrement encore dans les échanges de ballades politiques, ainsi qu’en témoigne, par exemple, chacune des quatre ballades répliquant au poème Lyon rampant de George Chastelain et au poème Souffle, Triton de Jean Molinet : George Chastelain, Œuvres, éd. J.-B.-M.-C. Kervyn de Lettenhove, t. 7, Bruxelles, 1865, pp. 207-208, 210-212 ; Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, op. cit., t. 2, pp. 851-852 ; Jean Robertet, Œuvres, éd. M. Zsuppan, Genève-Paris, 1970, pp. 92-95 ; H. Kondo, Le Lion rampant et l’universelle araignee, dans Revue des Amis de Ronsard, t. 7, 1994, pp. 1-28. 40 H. Chatelain, Recherches sur le vers français au xve siècle. Rimes, mètres et strophes, Paris, 1907, pp. 92-93, 263-266. 41 Sur les liens de Tournai avec le royaume de France, voir Gr. Small, Centre and Periphery in Late Medieval France. Tournai, 1384-1477, dans War, Government and Power in Late Medieval France, éd. Chr. Allmand, Liverpool, 2000, pp. 1-20. Sur l’histoire légendaire de cette ville, voir Id., Les Origines de la ville de Tournai dans les chroniques légendaires du bas Moyen Âge, dans Les Grands Siècles de Tournai (12e-15e siècles). Recueil d’études publié à l’occasion du 20e anniversaire des Guides de Tournai, Tournai-Louvain-la-Neuve, 1993, pp. 81-113. 42 Jean Nicolay, Kalendrier des guerres de Tournay, op. cit., t. 2, p. 17.

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un tout autre terrain. Bien que décrite expressément dans un bref préambule comme un aultre envoy fait en Tournay l’an soixante dix et wit, la pièce pro-bourguignonne est dépourvue de toute référence à la politique régionale et se présente de bout en bout comme une satire du roi Louis. Quant à la réplique composée en milieu tournaisien, elle constitue pour l’essentiel une violente invective à l’adresse du poète bourguignon, tenu tour à tour pour un meschant coquart, un piètre versiffieur et un fol menteur43. Témoignant là encore de la violence verbale qui investit bien souvent la poésie engagée, cet échange est en outre représentatif de la propagande menée en pays bourguignon à l’encontre de la personne même du monarque, accusé de couardise, d’impiété et de fratricide44. Colportés à l’envi par ses adversaires, ces propos diffamatoires étaient bien propres, il est vrai, à emporter l’adhésion du public. Ainsi les retrouve-t-on, à cette même époque, dans le Dictier sur Tournay de Jean Molinet, vigoureuse apostrophe adressée à la ville rebelle en vue de l’inciter à une prompte soumission : s’il relève ses critiques d’une fine ironie, l’indiciaire n’en brosse pas moins du roi un portrait monstrueux, où la fourberie le dispute à la cruauté45. * *** Telles sont les trop rares pièces de circonstance qui sont parvenues jusqu’à nous, le plus souvent à la faveur de leur transcription dans l’une ou l’autre chronique contemporaine. À la différence des œuvres de haut vol, tenues pour des chefs-d’œuvre de la seconde rhétorique, ces poèmes sans prétention n’avaient nullement vocation à être reproduits dans des recueils littéraires. Leurs relations étroites avec l’actualité tendaient en outre à les rendre bien vite obsolètes et n’engageaient guère à les transmettre à la postérité. Les quelques textes dont nous disposons n’en sont que plus utiles pour apprécier à sa juste valeur cette facette méconnue de la vie culturelle. De même que le théâtre est omniprésent dans la société du Moyen Âge tardif46, la poésie de circonstance y joue assurément un rôle non négligeable, au confluent de la vie urbaine et du monde de la cour47. Si elle fait certes office d’instrument de propagande, elle n’en traduit pas moins l’engagement de la population en faveur de

43 Ibid., t. 2, pp. 19-21. Coquart : benêt, imbécile. 44 Le poète se fait ici l’écho de la rumeur selon laquelle Louis XI aurait fait empoisonner son jeune frère, Charles de France, mort à Bordeaux le 24 mai 1472. À s’en remettre au jugement d’Henri Stein, ce n’est là toutefois qu’un « récit fabuleux » dont la légende s’est emparée. H. Stein, Charles de France, frère de Louis XI, Paris, 1921, pp. 449-456. 45 Jean Molinet, Les Faictz et Dictz, op. cit., t. 1, pp. 181-192. Pour plus de détails, voir J. Devaux, Jean Molinet, op. cit., pp. 317-321. 46 Voir en particulier, pour les pays bourguignons, K. Lavéant, Un Théâtre des frontières. La culture dramatique dans les provinces du Nord aux xve et xvie siècles, Orléans, 2011. 47 Sur les poèmes composés en moyen néerlandais et la place occupée par cette production dans la culture politique des Anciens Pays-Bas, voir J. Dumolyn et J. Haemers, Political Poems and Subversive Songs. The Circulation of « Public Poetry » in the Late Medieval Low Countries, dans Journal of Dutch Literature, t. 5/1, décembre 2014, pp. 1-22 ; Id., Political Songs and Memories of Rebellion in the Later Medieval Low Countries, dans Rhythms of Revolt. European Traditions and Memories of Social Conflict in Oral Culture, éd. E. Guillorel, D. Hopkin et W. Pooley, Aldershot, 2017, pp. 43-63 ;

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la jeune duchesse de Bourgogne et son hostilité envers l’ennemi français. Stimulés par les puys et les chambres de rhétorique qui fleurissent alors dans les villes du Nord, les poètes transposent ainsi dans le champ du politique les joutes verbales où ils aiment à s’affronter dans un mouvement d’émulation. Échauffés tout à la fois par leur esprit partisan et l’atmosphère belliqueuse qui les environne, ils impriment à leurs écrits une rare violence, à la mesure des événements dont ils sont les vivants témoins. À l’instar de ces « vieilles chansons » vantées jadis sous la plume de Gaston Paris, leurs poèmes ont « ce mérite et ce prix incomparable d’être l’expression fidèle et spontanée du génie français »48, ou, dans le cas présent, l’expression spontanée d’une forme de patriotisme, fût-il pro-français ou fût-il bourguignon.

Id., Je dis à cheus où fu rebellion. Chansons politiques en moyen néerlandais autour de 1500, dans Pour la singuliere affection qu’avons a luy. Études bourguignonnes offertes à Jean-Marie Cauchies, éd. A. Marchandisse, B. Schnerb, P. Delsalle et G. Docquier, Turnhout, 2017, pp. 207-219. 48 Chansons du xve siècle, op. cit., t. 1, p. 5.

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3.  Construire la légitimité d’un pouvoir féminin Marie de Bourgogne dans le Mémoire de Jean d’Auffay Dans le Naufrage de la Pucelle, Jean Molinet use de tous les artifices de la fiction pour mettre en scène une pauvre princesse, alias Marie, errant sur les flots avec toute sa maisnie, à bord de sa magnifique gallee, dépourvue de capitaine, et à la merci d’une terrible baleine (une merveilleuse belue) dans laquelle on aura aisément reconnu la figure du roi de France, Louis XI. Seule l’intervention in extremis d’un aigle impérial parvient à sauver la jeune demoiselle et son sublime navire du naufrage. La fiction allégorique a déjà fait couler beaucoup d’encre, mais le prosimètre expose une pièce remarquable permettant de saisir efficacement les enjeux qui animent le jeu politique et diplomatique à la mort du Téméraire1. Une femme, jeune, seule, à la tête d’une immense principauté, privée de gouvernement, comme si l’héritage politique pesait trop lourd sur les frêles épaules d’une demoiselle, incapable de tenir les rênes du pouvoir, parce que née demoiselle : telle est la situation qui aurait pu mener à la catastrophe si Maximilien d’Autriche n’avait, en l’épousant, sauvé en partie l’héritage ducal des prétentions envahissantes du roi de France. Le Mémoire de Jean d’Auffay, composé entre 1477 et 14782, apparaît comme l’un des textes les plus importants pour comprendre les enjeux et les modalités de cette lutte politique, militaire et juridique à laquelle se livrent Marie, duchesse de Bourgogne, et Louis XI, roi de France, au lendemain de la mort de Charles le Téméraire, survenue sur le champ de bataille de Nancy, le 5 janvier 1477. Dépossédée de ses terres des duché et comté de Bourgogne, par un roi de France réclamant la restitution de ses apanages et avançant dangereusement en Artois et en Picardie, la duchesse de Bourgogne, soutenue par son époux Maximilien de Habsbourg, déploie tous les moyens en sa possession pour récupérer les seigneuries qu’elle avait héritées de ses ancêtres. Le



1 En dernier lieu, voir M. Randall, Le Naufrage de la Pucelle de Molinet. La vérité sur la rébellion de 1477 ?, dans Illustrations inconscientes. Mélanges offerts à Tom Conley, éd. B. Renner et P. Usher, Paris, 2014, pp. 352-377. 2 L’écriture de ce mémoire s’est peut-être prolongée jusqu’au début de l’année 1479. Sur la date de composition du traité, voir K. Daly, Jean d’Auffay. Culture historique et polémique à la cour de Bourgogne, dans L.M.A., t. 112/3-4, 2006, pp. 603-618 (ici pp. 603-604, 608-609) et M. Milliez, La Succession de Charles le Téméraire d’après deux mémoires contemporains, Thèse de l’École des chartes, t. 1, Paris, 1941, p. 59 (voir un résumé dans Résumé de l’École nationale des Chartes, Positions des thèses, 1941, pp. 87-92).

Jonathan Dumont • Österreichische Akademie der Wissenschaften élodie Lecuppre-Desjardin • Université de Lille (IRHiS), Membre senior de l’IUF Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 41-60.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122532

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j o n at ha n d u m o n t & é lo d i e l ecu p p r e - d esjard i n

Mémoire fait partie de ses armes et doit contribuer à soutenir ses droits et sa pleine souveraineté sur les territoires contestés. Dès lors, dans ce texte, nous entendons montrer à quel point, à travers le mélange des genres lexicaux (juridique, lignager, genré), le Mémoire de Jean d’Auffay reflète l’état des luttes pour le pouvoir dans les Anciens Pays-Bas, autour de Marie de Bourgogne, au cours des années cruciales de 1477 et 1478.

1. Le Mémoire de Jean d’Auffay : une œuvre à clefs multiples Ancien avocat au Parlement de Malines (1474-1477), Jean d’Auffay est, à l’époque de la composition du traité, conseiller et maître des requêtes du couple ducal3. En compagnie de plusieurs collaborateurs, il est chargé de rassembler des documents d’archives, à Lille et à Rupelmonde essentiellement, pour composer un dossier de preuves réunissant la copie de nombreux actes à l’origine du Mémoire permettant d’étayer les récriminations de la duchesse4. Ce Mémoire a ainsi pour vocation de servir de référent juridique au cours des négociations entre France et Bourgogne qui ne manquent pas tout au long des années qui suivent la mort du Téméraire et aboutissent au traité d’Arras de 1482. Cette préparation soigneuse d’un argumentaire précis et solide occupe en parallèle le personnel du Châtelet, mobilisé par un Louis XI bien décidé à faire rassembler des pièces susceptibles de soutenir ses prétentions sur l’héritage de Charles le Téméraire. Le résultat en est un autre mémoire, dû à Guillaume II Cousinot, dont K. Daly traite en détail dans ce volume5. Le Mémoire d’Auffay, tout comme celui de Cousinot, ont continûment occupé une place importante dans les conflits entre les Maisons de France et de Bourgogne-Habsbourg, tant et si bien qu’ils ont été recopiés à plusieurs reprises aux xvie et xviie siècles6. Ce sont surtout les développements juridiques de ce recueil qui ont attiré l’attention des médiévistes, tels P. Saenger, M. T. Allemand et Ph. Contamine, travaillant essentiellement sur l’histoire du droit dans le royaume de France, et en particulier

3 Auffay est célébré, au xixe siècle, en tant que parfait patriote belge avant la lettre, notamment par F. Hennebert, Art. Jean d’Auffay, dans B.N.B., t. 1, Bruxelles, 1866, col. 543-545 et E. Gachet, Rapport sur ses recherches dans plusieurs dépôts littéraires de France, dans Comptes rendus des séances de la Commission royale d’Histoire, 2e sér., t. 4, 1852, pp. 293-297, mais l’article de H. Stein, Art. Jean d’Auffay, dans Dictionnaire de Biographie française, t. 1, Paris, 1948, pp. 471-473, précise la trajectoire biographique du personnage revenant notamment sur son passage en France dans les années 1480. Dès 1483, il reçoit une pension de Louis XI (K. Daly, Jean d’Auffay, op. cit., p. 604). 4 Lille, ADN, 9 B 241. Le dossier comprend aussi le Mémoire de Jean Jacquemin, ancien juriste de Charles le Téméraire, passé à Louis XI en 1477. Ce Mémoire présente des arguments à l’encontre des prétentions de Marie de Bourgogne. Sur ce dossier, voir K. Daly, Jean d’Auffay, op. cit., pp. 606-608. 5 Voir ici même Ead., Pour la preminence de la Couronne et l’evidente utillité de la Chose Publique du royaulme. The Medieval French State versus Marie de Bourgogne, pp. 61-82, ainsi que Ead., Jean d’Auffay, op. cit., pp. 607, 609 ; Ead., French Pretentions to Valois Burgundy. History and Polemic in the Fifteenth and Early Sixteenth Centuries, dans P.C.E.é.B., t. 44, 2004, pp. 9-22 (ici pp. 13-14). 6 Id., Jean d’Auffay, op. cit., pp. 616-617.



Co n s t r u i r e l a l ég i t i m i té d’u n po u vo i r f é mi ni n

sur les apanages et la loi salique. Le Mémoire entend en effet prouver que les fiefs rassemblés dans le royaume de France par les ducs de Bourgogne ne sont pas des apanages, mais qu’ils relèvent du droit des fiefs. Dans cette optique, les femmes peuvent donc tout à fait en hériter. Ce texte révèle ainsi en négatif la construction de la loi salique dans le royaume de France et le rôle particulier de Louis XI dans cette élaboration7. Mais il ne faut pas oublier que le Mémoire s’appuie en outre sur un contenu historiographique très important, dans la mesure où Jean d’Auffay a utilisé et, d’une certaine manière, réécrit l’histoire du royaume de France depuis Philippe le Bel, remontant parfois même jusqu’à Charlemagne8. C’est dans le sillage de ce projet d’écriture que l’historienne G. Wilangowski s’est intéressée au Mémoire, dans la mesure où celui-ci présente et synthétise les paix importantes établies entre les Maisons de France et de Bourgogne (Arras, 1435 ; Conflans, 1465 ; Péronne, 1468). On l’aura compris : ce bagage juridico-historiographique est d’une importance fondamentale pour comprendre non seulement la formation juridique de Maximilien de Habsbourg, mais aussi, plus généralement, une part des fondements idéologiques des négociations diplomatiques entre France et Empire dans les décennies qui suivent9. Cependant, la richesse des études évoquées n’épuise pas la matière de ce Mémoire qui fait actuellement l’objet d’une édition précise et qui peut être étudié sous d’autres angles tels le langage politique qui s’y déploie ou bien encore son apport à l’histoire du pouvoir féminin10. Intégrée dans une étude de plus grande ampleur, la présente contribution n’a donc pas pour objet de détailler le Mémoire sous toutes ses coutures. Elle ambitionne plutôt d’exploiter l’une de ses thématiques, à savoir la construction en droit d’un pouvoir féminin légitime. Si la destination de ce texte fait de cette thématique une évidence, force est pourtant de constater que les spécialistes ne s’y sont pas penchés jusqu’ici.

7 La place du Mémoire dans le processus de création de la loi salique a été mise en évidence par P. Saenger, Burgundy and the Inalienability of Appanages in the Reign of Louis XI, dans French historical Studies, t. 10, 1977, pp. 1-26 ; M.T. Allemand, Réversion du duché de Bourgogne au royaume de France, vue à travers des mémoires contemporains, dans Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy (1477). Actes du colloque organisé par l’Institut de recherche régionale en sciences sociales, humaines et économiques de l’Université de Nancy ii (Nancy, 22-24 septembre 1977), Nancy, 1979, pp. 207-235 et Ph. Contamine, Le Royaume de France ne peut tomber en fille. Fondement, formulation et implication d’une théorie politique à la fin du Moyen Âge, dans Perspectives médiévales, t. 13, 1987, pp. 67-81. À propos de la loi salique et de son influence sur le pouvoir féminin en France à la fin du Moyen Âge, voir C. Taylor, The Salic Law, French Queenship, and the Defense of Women in the Late Middle Ages, dans French Historical Studies, t. 29/4, 2006, pp. 543-564 ; S. Hanley, The Salic Law, dans Political and Historical Encyclopedia of Women, éd. C. Fauré, New York, 2013, pp. 2-17. 8 Cet aspect historiographique a été souligné par K. Daly dans un article antérieur, où elle a identifié les sources utilisées par Auffay. K. Daly, Jean d’Auffay, op. cit., pp. 613-614. 9 G. Wilangowski, Frieden schreiben im Spätmittelalter Vertragsdiplomatie zwischen Maximilian I., dem römisch-deutschen Reich und Frankreich, Berlin-Boston, 2017, pp. 25-34. 10 Cette édition préparée par les auteurs du présent article s’intègre dans un projet intitulé Une Idéologie du compromis dans les Pays-Bas bourguignons. Le Mémoire de Jean d’Auffay (1477-1478), et qui a reçu en 2018 le label « Projet Émergent » de la Maison Européenne des Sciences de l’Homme à Lille (MESHS). Voir https://www.meshs.fr/page/d_auffay...auffay.---3.



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Le pouvoir féminin à la cour de Bourgogne a bien sûr été étudié, et ce principalement dans deux directions : celle, tout d’abord, d’un pouvoir d’influence au sein des milieux curiaux dans lesquels certaines femmes évoluent – le mécénat étant, dans ce contexte, souvent privilégié comme activité d’influence féminine par excellence11. Par ailleurs, le pouvoir féminin juridiquement défini et établi, dans le cadre de régences ou de gouvernorats temporaires, a également fait l’objet de quelques études ponctuelles. Dans ce cas, les femmes sont des mères et/ou des veuves bénéficiant d’une certaine expérience politique et assumant la régence durant la minorité d’un parent mâle ou en l’absence de celui-ci. On songe ici, dans le contexte des États de la Maison de Bourgogne-Habsbourg, bien sûr à Marguerite d’Autriche et à Marie de Hongrie12. Elles peuvent aussi être les épouses des ducs et incarner le pouvoir légitime, à l’instar de Marguerite de Male, ou seconder leurs époux comme le font Marguerite de Bavière, Isabelle de Portugal et Marguerite d’York qui se voient déléguer certains pouvoirs, parfois très importants, en l’absence de leur époux13. Dans tous ces cas, la figure masculine, celle du mari, du fils ou du neveu – mineur ou non – demeure la source d’un pouvoir féminin qui n’existe que par délégation14. De ce point de vue, Marie de Bourgogne apparaît comme l’exacte antithèse des modèles esquissés ci-dessus puisqu’elle ne peut pas être classée dans l’une ou l’autre de ces catégories. Certes, elle est mère, jeune et inexpérimentée. Mais, elle est surtout l’héritière en ligne directe

11 Sur le mécénat de Marie, par ailleurs très influencé par sa belle-mère Marguerite d’York, voir ici même S. Lindquist, Beauty and the Beasts. Rereading the Hours of Mary of Burgundy, pp. 161-179 ; ainsi que H. Wijsman, Luxury Bound. Illustrated Manuscript Production and Noble and Princely Book Ownership in the Burgundian Netherlands (1400-1550), Turnhout, 2010, pp. 190-201, qui établit la liste des livres commandés par Marie et Marguerite, souvent conjointement. Sur l’influence de Marguerite d’York et celle de la fille de Marie, Marguerite d’Autriche, voir H. Schnitker, Margaret of York. Princess of England, Duchess of Burgundy, Donington, 2016, esp. pp. 93-163; Women of Distinction. Margaret of York / Margaret of Austria, éd. D. Eichberger, Turnhout, 2005. Plus généralement, le pouvoir d’influence des femmes s’incarne aussi dans les cours féminines qu’elles entretiennent, à l’intérieur ou à côté de la cour du prince : The Politics of Female Households. Ladies-in-Waiting across Early Modern Europe, éd. N. Akkerman et B. Houben, Leyde-Boston, 2013. 12 On pourra estimer le rôle politique de ces princesses grâce à leur correspondance éditée. Voir par exemple à ce propos Correspondance de Marie de Hongrie avec Charles Quint et Nicolas de Granvelle, éd. L. Gorter-Van Roeyn et J.-P. Hoyois, coll. H. Stratenwerth, t. 1, Turnhout, 2009. 13 Voir A. Marchandisse, Le Pouvoir de Marguerite de Bavière, duchesse de Bourgogne, dans Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, éd. E. Bousmar, J. Dumont, A. Marchandisse et B. Schnerb, Bruxelles, 2012, pp. 493-506 ; M. Sommé, Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne. Une femme au pouvoir au xve siècle, Villeneuve d’Ascq, 1998. Pour Marguerite d’York, on pourra aussi consulter, outre les études citées n. 11, Marguerite d’York et son temps. Rencontres de Malines (25 au 27 septembre 2003), éd. J.-M. Cauchies, dans P.C.E.é.B., t. 44, 2004. 14 Des remarques fondamentales sur ce modèle sont formulées par J. Duindam, Dynasties. A Global History of Power, 1300-1800, Cambridge, 2016, p. 59. Voir aussi Id., The Court as a Meeting Point. Cohesion, Competition, Control, dans Prince, Pen, and Sword, éd. M. van Berkel et J. Duindam, Leyde-Boston, 2018, pp. 32-128 (ici p. 42 s.). On observe une dynamique similaire dans le cas de l’Angleterre des Tudor (par exemple chez Élisabeth Ier) : J.M. Richards, « To Promote a Woman to Bear Rule. » Talking of Queens in Mid-Tudor England, dans Sixteenth Century Journal, t. 28/1, 1997, pp. 101-121.

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de Charles le Téméraire et c’est donc elle qui possède la souveraineté en droit – à la différence des régentes et des gouvernantes. Les hommes qui l’entourent, Maximilien de Habsbourg ou Philippe de Clèves par exemple, assument un pouvoir à ses côtés, certes indéniable, mais qu’ils ne sont légitimes d’endosser que par délégation de la duchesse. Cette légitimité en droit à régner est bien sûr attaquée par Louis XI, mais il ne faut pas oublier que cette mise en péril d’un pouvoir féminin, fragilisé par un contexte houleux de revendications urbaines et par la mort tout aussi violente que soudaine du Téméraire, relève d’un habitus culturel et intellectuel propre au Moyen Âge finissant15. En effet, si dans le modèle dynastique traditionnel européen le pouvoir se transmet par les femmes16, cela ne veut pas dire que le pouvoir féminin, c’est-à-dire incarné et assumé par une femme, est considéré comme « normal », c’est-à-dire comme socialement admis. Les femmes n’accèdent le plus souvent au pouvoir que lorsque la lignée masculine directe fait défaut. En outre, l’Aristotélisme politique, remis au goût du jour par la scholastique dès le xiiie siècle, ne joue pas en faveur du pouvoir au féminin17. Dans ce contexte, les femmes régnantes peuvent apparaître comme des exceptions « anormales » (i.e. n’entrant pas dans la norme), sinon illégitimes. C’est précisément à ce problème d’ordre culturel, juridique et donc politique que le Mémoire de Jean d’Auffay se confronte. En combinant une analyse lexicale quantitative (un catalogage des substantifs se référant à Marie de Bourgogne18 et, ensuite, à tous les noms de personnes, substantifs, adjectifs et formes verbales qui lui sont associés dans une phrase ou un même paragraphe) à une analyse lexicale empirique (certains passages clés et exemplaires seront reproduits et commentés dans le corps du texte), cette étude souhaite faire la lumière sur les stratégies mises en place pour affirmer l’autorité d’une femme menacée par celle du roi de France. En l’absence, à l’heure actuelle, d’une édition du Mémoire de Jean d’Auffay, nous utiliserons une copie française (Paris, BnF, ms. fr. 25210) datant d’avant 1500 et qui peut donc être considérée comme proche d’une autre version du texte, conservée, elle, aux Archives départementales du Nord à Lille, et qui se rapprocherait le plus de la version originale du texte d’Auffay19.

15 Voir les réflexions de G. Lecuppre sur d’autres cas de fragilisation du pouvoir féminin, Ungrateful Daughters and Unworthy Mothers. Political Misogyny at the Heart of Civil Wars in the Low Countries (13th-14th c.), à paraître. 16 J. Heers, Le Clan familial au Moyen Âge. Étude sur les structures politiques et sociales des milieux urbains, rééd., Paris, 1993, p. 24. 17 M. van der Lugt, L’Autorité morale et normative de la nature au Moyen Âge. Essai comparatif et introduction, dans La Nature comme source de la morale au Moyen Âge, éd. Ead., Florence, 2014, pp. 3-40 (ici pp. 19-21). 18 Exception sera faite des formes issues des lettres royales recopiées ou paraphrasées par Auffay dans le traité car elles ne peuvent être considérées comme le reflet du vocabulaire politique forgé par l’auteur, mais plutôt par celui de ses contradicteurs. 19 Nous avons choisi le Paris, BnF, ms. fr. 25210 car, d’une part, il est d’une grande accessibilité (il existe une copie numérisée en ligne) et, d’autre part, sa proximité chronologique et philologique avec le ms. Lille, ADN, 9B 241 est grande. Ce dernier manuscrit, future base de notre édition, constitue en réalité une sorte de dossier juridique, car aux côtés du mémoire proprement dit se trouve un

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À l’exception du prénom « Marie », utilisé une seule fois (madame Marie)20, et quelques pronoms (elle21, icelle22), Jean d’Auffay recoure essentiellement à des substantifs relevant de trois champs lexicaux différents pour désigner la duchesse de Bourgogne. Chacun de ces substantifs révèle différents aspects de l’identité juridique, politique et sociale de Marie. Le processus de légitimation de son autorité emprunte ainsi trois registres distincts : celui de l’institutionnel et du juridique, celui du lignage et de la parenté, et enfin tout ce qui touche plus précisément à la « féminité » socialement construite, ce que l’on pourrait qualifier de « femalehood » pour Marie.

2. Une princesse légitime en droit La quête et l’affirmation de la légitimité n’ont cessé d’occuper toutes les formes de communication et de propagande des ducs de Bourgogne, de l’écriture des manifestes jusqu’aux généalogies graphiques sculptées sur les soubassements des tombeaux ou mises en scène sur les tréteaux populaires23. La maîtrise du vocabulaire juridico-institutionnel intègre cette politique ancestrale et façonne un lexique dédié au statut ducal et princier qu’occupe Marie de Bourgogne au sein d’un ensemble d’institutions elles-mêmes définies par des textes. Ainsi, parce que le pouvoir s’estime à l’aune de celui des autres, dans un monde régi par les règles féodales, la notion de « Couronne de France » figure au cœur du discours juridico-institutionnel de Jean d’Auffay. Ce dernier s’emploie à démontrer, ainsi que Paul Saenger l’a établi, que les terres de la duchesse n’ont pas de liens avec la Couronne de France24. Marie hérite de ses terres en vertu du droit féodal et du droit romain, et non du droit des apanages25. Au-delà de cette notion essentielle, le lexique juridico-institutionnel se révèle foisonnant. Il crée la figure d’une duchesse de Bourgogne légitime en droit sur terre

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ensemble de preuves importantes (ibid., ff. 42v-113v). Celles-ci sont des copies d’actes, pour la plupart relatifs à l’Artois et à la Flandre, et qui visent à soutenir les droits de la duchesse. Ce manuscrit donne ainsi à voir le résultat des recherches d’Auffay et de son équipe dans les archives des Anciens Pays-Bas, ainsi que l’état du dossier utilisé par le camp ducal lors des négociations diplomatiques, comme à Arras en 1482. Il s’agit, à notre connaissance, du seul exemplaire du traité conservé en l’état. Une édition du xviiie siècle, insatisfaisante, existe également : G.W. Leibnitz, Mantissa codicis juris gentium diplomatici, t. 2, Hanovre, Gottfried Wilhelm, 1700, pp. 1-63. Jean d’Auffay, Mémoire, Paris, BnF, ms. 25210, fol. 70r-v. Ibid., ff. 7v, 10v, 11r. Ibid., fol. 15v. É. Lecuppre-Desjardin, Un Prince, des fiefs, des ancêtres. Des généalogies en partage dans la principauté de Bourgogne, dans L’Opération généalogique. Cultures et pratiques européennes, xve-xviiie siècle, éd. O. Rouchon, Rennes, 2014, pp. 51-71. Ibid., fol. 40v. L’argumentation de Louis XI s’est évidemment déployée a contrario : le duché de Bourgogne fait partie de la Couronne de France et, en tant qu’apanage de la Couronne, il doit y retourner. Voir P. Saenger, Burgundy and the Inalienability of Appanages, op. cit., pp. 12-13. On pourra lire avec profit la synthèse rédigée à ce sujet par B. Schnerb, L’État bourguignon. 1363-1477, Paris, 1999, pp. 41-43, qui rappelle notamment que la clause de masculinité apparaît en 1314 dans le royaume de France et que Jean II s’était fondé sur le coutumier de Bourgogne pour donner le duché à son fils Philippe le Hardi.

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par l’agrégation de termes et d’expressions qui, pris isolément n’auraient que peu de poids, mais qui, considérés dans leur ensemble, appuient cette légitimité. En effet, l’auteur emploie tout d’abord un ensemble de substantifs qui désignent Marie de Bourgogne par ses fonctions souveraines. Dame, madame, madite dame, par exemple, expriment son statut seigneurial, le terme « dame » (domina) équivalant à celui de « seigneur » (dominus, senior)26. Marie est également désignée comme une « princesse », ce qui renvoie à son statut souverain ainsi qu’à ses liens avec la Maison royale de France27. Au-delà d’une terminologie générique, Auffay prend soin également de la désigner par le titre qu’elle porte sur ses terres en particulier, ducesse d’Austrice, de Bourgogne28 (remarquons qu’ici l’auteur n’établit pas de hiérarchie entre l’archiduché d’Autriche et le duché de Bourgogne, de manière à ne pas inférioriser la Bourgogne), ou encore « comtesse » dans les cas de l’Artois, de la Flandre, du Hainaut et de la Bourgogne29. Le poids de la titulature bourguignonne, non plus rassemblée en une masse compacte, mais fractionnée et disséminée dans l’ensemble du texte, contribue sans aucun doute à diffuser l’image d’un pouvoir immense entre les mains de cette jeune princesse qui peut compter sur une assise territoriale solide. À cette titulature fragmentée30 s’ajoute un ensemble de substantifs et d’adjectifs connexes. Marie est ainsi présentée comme une droicture princesse. Auffay insiste sur le fait que, puisque sa maîtresse ne s’écarte jamais du droit, ses revendications ne peuvent qu’être fondées, contrairement à ce que le roi de France prétend31. Elle est aussi la vraie princesse de ses terres, soit une princesse légitime au regard du droit32. Dès lors, le substantif « droit » se révèle, on s’en doute, omniprésent dans le traité33. Auffay rappelle que ces droits portent soit, en général, sur l’ensemble des pays, possessions, proprietes, seigneuries, villes, forts de sa maîtresse34, soit en particulier sur un duché (de Bourgogne), un comté (d’Artois ou de Bourgogne le plus souvent), une seigneurie (de Bar-sur-Seine), un fief (désignation de Béthune, fief mouvant d’Artois)

26 Ibid., ff. 2r, 4r (2 fois), 5v (2 fois), 5v-6r, 6r, 6v, 7r (4 fois), 7v (3 fois), 8r, 10v, 14r, 15r, 15v (3 fois), 16r, 17r, 19r, 20r (2 fois), 20v, 22r, 31v, 32v, 40v, 59r, 59v, 60r, 61r, 62r, 62v, 70r-v, 70v, 71r, 71v (2 fois), 82r (2 fois), 82v, 83r, 85v, 96r, 99v, 110v, 111r, 111v, 113r (3 fois), 113v. 27 Ibid., ff. 2r, 2v, 6r, 7r (2 fois), 7v, 59r, 62v. 28 Ibid., fol. 2r. 29 Ibid., ff. 2r, 6r, 7r (3 fois), 85v, 110v. Signalons également qu’à deux reprises Marie est désignée par l’auteur comme sa « maîtresse », soit sa patronne, terme qui révèle le rapport économique et de clientèle – un rapport privé, de personne à personne – qui existe entre eux (ibid., ff. 2v, 59r). 30 Il est en effet mal aisé dans le cas du Mémoire de parler de « formule » au sens diplomatique restreint du terme. Même si certaines régularités sont observables, la formalisation du « sujet diplomatique » qu’est Marie de Bourgogne est très inégale dans le Mémoire par rapport à ce qui se passe dans les actes diplomatiques. 31 Ibid., fol. 6v. 32 Ibid., fol. 6v, 7r. 33 Ibid., ff. 4r (2 fois), 11r, 14r, 20r, 22r, 60r, 61r, 62v, 81v, 82r (2 fois), 82v, 111r, 113v. « Titre » apparaît également à deux reprises (ibid., ff. 70v, 81v). 34 Ibid., ff. 4r, 5v, 6r, 7v, 10v, 22r, 113r (pays) ; ff. 4r, 6r, 16v, 82v, 85r (possessions) ; fol. 4r (propriétés) ; ff. 4r, 6r, 10v, 22r (seigneuries, ce dernier terme est le plus souvent associé à « pays ») ; ff. 4r, 6v, 7r, 7v (villes) ; fol. 7v (forts).

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ou une ville (Arras)35. En outre, les droits de la duchesse reposent sur des traites, autre terme clé, qu’il s’agisse de la trêve signée en 1477 à Arras entre le roi et la duchesse, ou du tres saint traictié d’Arras fait l’an iiiic xxxv (« saint » car reconnu par le concile de Bâle)36. Par effet de citation, l’auteur crée en quelque sorte un répertoire des traités fondateurs de la puissance bourguignonne dans les Pays du Nord et du Sud, en les inscrivant dans le continuum des principats de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire37. Ces droits établis entre gouvernants sont enfin renforcés par le lien construit entre Marie et ses sujets38, et qui est établi par le sermens39 que ses derniers lui prêtent lorsqu’ils sont assemblés en corps représentatifs au sein des assemblées d’Estas40. Auffay évoque ici la notion de contrat-serment, socle synallagmatique qui détermine les relations établies sur des droits et des devoirs réciproques entre le prince et les corps représentatifs des Anciens Pays-Bas41. Ce contrat-serment fonde la légitimité du souverain à détenir le pouvoir, tandis que ses sujets l’ont reconnu, et qu’ils se sont engagés à le servir, tout en contrôlant, dans le même temps, l’usage qu’il fait de la Chose Publique. Rappelons que c’est sur cette base, que Philippe II fut destitué par les États Généraux en 1581.42 Enfin, Jean d’Auffay parachève la figure juridico-institutionnelle de Marie de Bourgogne grâce à une autre expression qui atténue son statut de femme faisant d’elle, dans une certaine mesure, un « seigneur » comme les autres. Il faut ici s’arrêter sur l’expression tres redoubtee dame, abondamment présente dans le texte. Il s’agit

35 Ibid., ff. 6r, 7v, 31v, 40v (duché) ; ff. 7v, 10v-11r, 20v, 59v, 60r, 61r, 62r, 62v, 70v, 71v, 85v (comté) ; ff. 4r, 6r (comtés) ; fol. 61r (seigneurie et châtellenie) ; fol. 82r (fief) ; ff. 7r, 20r (ville d’Arras). 36 Ibid., ff. 62r, 71r-v (trêve d’Arras), 82r (traité d’Arras de 1435). À côté des mots « droits » et « traité », d’autres termes moins fréquents, en rapport avec les fonctions et le statut juridiques de la duchesse de Bourgogne, apparaissent : ibid., ff. 14r (les sceaux de Marie), 20r (l’usufruit qu’elle conserve de certaines terres malgré l’occupation royale). 37 Une telle mise en série des traités centraux légitimant la puissance bourguignonne est inscrite au cœur du projet historiographique de Jean Germain, conseiller de Philippe le Bon : J. Dumont, Une « Sociodicée » des États bourguignons. Le Liber de virtutibus Philippi Burgundiae Ducis de Jean Germain (ca 1451-1452), dans Le Texte médiéval dans le processus de communication, éd. L. Evdokimova et A. Marchandisse, Paris, 2019, pp. 307-328. 38 Ceux-ci sont désignés par l’entremise des termes génériques de « sujets » ( Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., ff. 6r, 7v), « serviteurs » (ibid., fol. 7v), ou d’autres mots plus spécifiques, en rapport avec un groupe social : « nobles » (ibid., fol. 7r-v), « manants » (ibid., fol. 6r). 39 Ibid., fol. 7r. 40 Ibid., ff. 6r (3 fois), 70v-71r (toutes ces occurrences concernent les États d’Artois). 41 Sur l’importance du contrat-serment et le mélange de devoirs-obligations entre les États et le prince dans les Anciens Pays-Bas, voir M. Boone, L’État bourguignon, un État inventeur ou les limites de l’invention, dans La Cour de Bourgogne et l’Europe. Le rayonnement et les limites d’un modèle culturel, éd. W. Paravicini, T. Hiltmann et Fr. Viltart, Ostfildern, 2013, pp. 133-156 [ici p. 141 s.] ; É. Lecuppre-Desjardin, La Ville des cérémonies. Essai sur la communication politique dans les anciens Pays-Bas bourguignons, Turnhout, 2004, pp. 135-158. 42 Bien sûr, le rapport au contrat-serment dépasse largement le cas des Anciens Pays-Bas et caractérise les rapports des sujets au pouvoir princier dans l’Europe tardo-médiévale et première moderne. À ce propos, voir, par exemple, le collectif Des Chartes aux constitutions. Autour de l’idée constitutionnelle en Europe (xiie-xviie siècle), éd. Fr. Foronda et J.-Ph. Genet, Paris, 2016, notamment dans sa partie 3, pour des exemples anglais et ibériques.

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là d’une formule typique des xive et xve siècles destinée à renforcer l’autorité des monarques. Elle fait référence à la crainte qu’inspire ou que doit inspirer la majestas princière aux sujets et, plus particulièrement, à la crainte de la justice princière43. Cette justice redoutée fait écho à une force physique fondatrice du pouvoir44. En tant que princesse régnante, Marie est sémantiquement parée des attributs d’un pouvoir souverain qui emprunte à cette construction du masculin, minorant son statut de femme, ce qui contribue à la rendre encore plus légitime45. Ainsi, le lexique juridico-institutionnel élaboré autour de Marie de Bourgogne installe graduellement la duchesse dans une souveraineté fondée sur le(s) droit(s) et qui tend même à gommer ses caractéristiques féminines. Ce processus renforce la légitimité ducale sur trois plans au moins : tout d’abord, vis-à-vis du roi de France, lequel argue qu’une femme ne peut hériter de terres issues de la Couronne ; ensuite, par rapport à une culture politique dominante considérant le pouvoir féminin comme anormal – bien que non illégal –, même dans les Anciens Pays-Bas ; enfin, à l’égard des corps représentatifs qui occupent une place tout à fait décisive dans le processus de prise de décision politique dans les Anciens Pays-Bas au cours du

43 Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., ff. 2r, 4r, 5v, 8r, 14r, 15r, 15v, 22r, 32v, 59v, 60r, 61r, 62r, 82r (2 fois), 82v. La majestas princière a été particulièrement travaillée, en particulier sur le plan juridique, sous le principat de Charles le Téméraire, ainsi que le souligne W. Paravicini, Le Parchemin de Montpellier, une image troublante du règne de Charles le Téméraire, dans Journal des Savants, 2010/2, pp. 301-370. La construction qui se poursuit sous Marie de Bourgogne emprunte bien sûr à ces éléments antérieurs. Pour une vision plus générale sur l’héritage romain dans la construction de la majesté, voir Y. Thomas, L’Institution de la Majesté, dans Revue de synthèse, nos 3-4, Juillet-Décembre 1991, pp. 331-386. 44 Certaines princesses et gouvernantes, comme Marie Tudor et Élisabeth Ier d’Angleterre, sont même qualifiées de viriles dans la période qui suit, particulièrement celles qui possèdent les pleins droits à régner, à l’égal des hommes et sans délégation de leur part. Il semblerait donc que cette féminisation atténuée, puis masculinisation, soit une sorte de prérequis nécessaire au pouvoir féminin dans les sociétés pré-modernes et modernes en Europe. K. Keller en donne une definition très claire à partir de l’exemple de Marie-Thérèse d’Autriche : « This apparent paradox is explained by the fact that as heiress the queen possessed the full, i.e. “male”, right to rule, in contrast to her female predecessors as empress and queen. During the performative affirmation of this entitlement, the gender of rule was assigned to her despite her biological sex ». Elle parle dès lors de « gender reassignment ». K. Keller, Gender and Ritual. Crowning Empresses in the Holy Roman Empire, dans German History, ghy097, https://doi.org/10.1093/gerhis/ghy097, 14 p. (ici p. 11 et pp. 11-12 pour d’autres cas de souveraines masculinisées). Sur la construction tardo-médiévale du pouvoir souverain en tant qu’essentialisme viril, on lira les développements que lui consacre Chr. Fletcher, Richard II. Manhood, Youth and Politics 1377-1399, Oxford, 2008. Une masculinisation similaire de Marie de Bourgogne est observable dans les Excellente Cronike van Vlaenderen d’Anthonis de Roovere, chronique brugeoise écrite sous le principat de la duchesse, et, par la suite, modifiée et augmentée dans les décennies qui suivent, ainsi que le montre, dans ce volume, L. Demets, Gendered Political Ideology in Late Medieval Bruges. Mary of Burgundy as City Maiden in the Manuscripts of the Excellente Cronike van Vlaenderen, pp. 83-101 (ici p. 92). 45 C.J. Clover, Regardless of Sex. Women and Power in Early Northern Europe, dans Speculum, t. 68, 1993, pp. 363-387. En tenant compte des nuances imposées par les contextes chronologiques, les femmes, peuvent en effet agir comme des hommes, dès lors qu’elles assument une conduite énergique et ferme des affaires. La virilité ne nie cependant pas le genre contrairement à ce qu’écrit C.J. Clover.

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principat de Marie de Bourgogne46. Par extension de ce dernier aspect, le vocabulaire juridico-institutionnel qui entoure Marie de Bourgogne contribue à construire la fonction ducale comme issue du Bien Public et dès lors comme protectrice de celui-ci. À partir du moment où les droits de la duchesse ont été reconnus par ses sujets, à travers le contrat-serment, Marie devient la protectrice du Bien Public dont ses sujets, réunis au sein des États, sont l’expression47. En résumé, Auffay construit la représentation d’une unanimité autour des droits de Marie de Bourgogne, unanimité qui contribue à discréditer les arguments et l’action de Louis XI. Le juriste fait en quelque sorte de la question des droits de la duchesse un problème public (par la neutralisation du genre de la duchesse et l’usage du concept de « Bien Public ») – et non plus simplement un problème de droits personnels. Il montre que la querelle des droits n’est pas qu’un conflit entre deux personnes ou deux Maisons, mais qu’elle concerne le Bien Public. Il faut donc également considérer ce texte dans le grand mouvement tardo-médiéval de construction du public par le biais de stratégies discursives juridiques. Les juristes, en universalisant le particulier, à partir des intérêts particuliers, contribuent ainsi à façonner un imaginaire du public48.

46 Rappelons que le Grand Privilège de 1477 a considérablement renforcé le poids des États, en particulier leur composante urbaine, sur le gouvernement des Anciens Pays-Bas. Les juristes ducaux, comme Auffay, qui ont participé à la rédaction du texte, en sont très conscients : M. Boone, Les Juristes et la construction de l’État bourguignon aux Pays-Bas. État de la question, pistes de recherches, dans Les Pays-Bas bourguignons. Histoire et Institutions. Mélanges André Uyttebrouck, éd. J.-M. Duvosquel, J. Nazet et A. Vanrie, Bruxelles, 1996, pp. 105-120 (ici pp. 109-110). Voir aussi W.P. Blockmans, La Signification « constitutionnelle » des privilèges de Marie de Bourgogne (1477), dans 1477. Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne pour les Pays-Bas, éd. Id., Courtrai-Heule, 1985, pp. 495-516. 47 Ici, Auffay prolonge la culture politique du principat de Charles le Téméraire. Dans les textes issus de l’entourage ducal, le « Bien Commun » possède une grande polysémie, mais toujours il place la figure du prince au cœur de la défense de l’intérêt général, manière de légitimer les actions (guerres, prélèvements fiscaux) entamées par ce dernier : É. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé des ducs de Bourgogne (xive-xve siècles), Paris, 2016, pp. 89, 94, 130-131, 221, 306. Il est toutefois possible de faire remonter cette utilisation du « Bien Commun » à Jean sans Peur : B. Schnerb, Jean sans Peur. Le prince meurtrier, Paris, 2005, pp. 568-569. Le concept peut également être utilisé par d’autres acteurs politiques, les villes notamment, dans la lutte symbolique qu’elles mènent contre les prétentions ducales : J. Dumolyn et É. Lecuppre-Desjardin, Le Bien Commun en Flandre médiévale. Une lutte discursive entre princes et sujets, dans De Bono Communi. The Discourse and Practice of the Common Good in the European City (13th-16th c.), éd. É. Lecuppre-Desjardin et A.-L. Van Bruaene, Turnhout, 2010, pp. 253-266. 48 Sur les juristes créateurs d’un discours à valeur universel par le biais de leurs capacités professionnelles et sur ce vaste et long mouvement d’universalisation du particulier, résumé par la formule de « l’intérêt au désintéressement » du prince et de ses juristes, et plus généralement de tous ceux à qui profite l’élaboration de l’État, voir P. Bourdieu, Sur l’état. Cours au Collège de France (19891992), éd. P. Champagne, R. Lenoir, Fr. Poupeau et M.-Chr. Rivière, Paris, 2012, pp. 434, 451-457, 567-573.

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3. Le lexique de la Maison et du lignage Cette tendance à l’universalisation du particulier par le biais du concept de « Bien Public » s’avère un procédé d’écriture important au sein du Mémoire. Cependant, la stratégie de cette démonstration se double d’un autre phénomène, celui de l’omniprésence d’un lexique qui en appelle au lignage, à la Maison princière, en d’autres termes, à l’argumentation dynastique. De manière somme toute assez traditionnelle, il s’agit pour Jean d’Auffay d’adosser la légitimité de Marie non plus seulement au droit et par extension à une idée du Bien Public, mais au contraire au lien entretenu par la duchesse avec son lignage – celui des Valois de Bourgogne et même des Valois au sens large. En d’autres mots, l’officier mobilise le capital symbolique accumulé par ce lignage et Marie de Bourgogne devient légitime par la place qu’elle occupe au sein de ce vaste groupe familial et aux frondaisons d’un arbre généalogique prestigieux. Comme l’a explicité Olivier Rouchon, l’introduction de la généalogie est bien à considérer ici comme une arme politique, au croisement de la défense d’une souveraineté et des arguments probatoires en vue d’un éventuel procès49. La duchesse apparaît donc tout d’abord et avant tout comme la fille de Charles le Téméraire. La premiere que ma tres redoubtee dame n’est pas heritiere extrangiere, mais fille de feu monseigneur le duc Charles descendu en ligne directe et paternelle tant du roy Jehan donateur que de Philippe le Hardy donataire50. Ce rapport filial fonde en grande partie la légitimité de la duchesse à diriger les territoires qui appartenaient à son père. Être la « fille » de son père la place aussi, théoriquement, à la tête du groupe familial que dirigeait Charles à sa mort, même si, en tant que jeune femme, son autorité réelle sur ce groupe familial peut être supposée moindre que celle de son père. Marie de Bourgogne est aussi associée à ses ancêtres. Elle est présentée en tant que leur « héritière ». En cela, elle hérite de Charles51, mais également de son grand-père Philippe le Bon et de son arrière-arrière-grand-père Philippe le Hardi, leurs terres, leurs droits, tout comme leurs actions et leurs querelles52. L’association plus générale entre la duchesse, les ducs Valois de Bourgogne53 et même quelques Capétiens et Valois du rameau principal54 est récurrente dans le Mémoire. D’ailleurs

49 Voir l’introduction d’Olivier Rouchon de L’Opération généalogique. Cultures et pratiques européennes (xve-xviiie siècle), éd. O. Rouchon, Rennes, 2014, pp. 7-28. 50 Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., fol. 32v. Le terme se trouve aussi aux ff. 5r, 8r, 70v. 51 Ibid., fol. 14v. 52 Ibid., ff. 5r, 6r, 8r (Charles le Téméraire) ; ff. 82v (Philippe le Bon) ; ff. 31v, 96r (Philippe le Hardi). On rencontre également, à une reprise, le terme « héritage » (ibid., fol. 113r). 53 Ibid., ff. 4r, 5r, 6r, 14r, 32v, 59r, 70r-v (Charles) ; fol. 82v (Philippe le Bon) ; ff. 31v, 32v, 96r (Philippe le Hardi). 54 Ibid., ff. 32v ( Jean II le Bon) ; 59v ( Jeanne de Bourgogne, comtesse d’Artois et de Bourgogne, épouse de Philippe V le Long).

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cette connexion avec la famille de France est rappelée quelques années plus tard sur les deux côtés de la tombe brugeoise de Marie, élaborée entre 1488 et 1494 à l’instigation de Maximilien, et qui représentent d’un côté les ancêtres bourguignons et de l’autre la lignée maternelle d’Isabelle de Bourbon, mère de Marie et descendante de Louis IX par Robert de France, comte de Clermont55. Le terme « héritière » instaure également un lien particulier entre Marie et ses territoires, une connexion personnelle. Elle est celle qui « succède » à son père et à l’ensemble de sa lignée sur ses territoires56. Elle est l’heritiere universale seule et pour le tout57. Il faut ici souligner la tentative de Jean d’Auffay pour affirmer que l’héritage ducal forme un tout qui renvoie à l’idée d’une construction du Bien Public décrite ci-dessus. Certes, Marie demeure la légataire d’un territoire en particulier ; elle est ainsi vraye heritiere de ladite conté d’Artois58. Mais, face au risque de dislocation de la Grande Principauté de Bourgogne, Auffay manifeste l’unité de cet espace de pouvoir dont la cohérence s’affiche enfin sous la menace. En outre, Marie n’est pas heritiere extrangiere59, expression qui renvoie ici à une notion connexe, fondement de la légitimité des ducs de Bourgogne sur leurs territoires dans les Anciens Pays-Bas : la naturalité60. Marie est l’héritière naturelle de ses territoires ou encore la « princesse naturelle »61 parce qu’elle descend directement du lignage de Bourgogne et, à travers celui-ci, de tous les lignages qui ont précédé les ducs dans leurs principautés. La naturalité renvoie ainsi à l’antiquité du lignage de Marie et

55 Pour de plus amples développements sur cette généalogie figurée, voir É. Lecuppre-Desjardin, Un Prince, des fiefs, des ancêtres, op. cit., pp. 51-72. 56 Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., ff. 70r-v (Charles le Téméraire) ; 42v (Bourgogne) ; 62v, 70v (Artois) ; 82v (Boulogne). 57 Ibid., fol. 70v. 58 Ibid., ff. 71r, 71r-v. 59 Ibid., fol. 32v. 60 Pour des précisions sur le concept de « naturalité » du prince dans les Anciens Pays-Bas, voir les développements fondamentaux d’A .J. Vanderjagt, Qui sa vertu anoblist. The Concepts of noblesse and chose publicque in Burgundian Political Thought (Including Fifteenth Century French Translations of Giovanni Aurispa, Buonaccorso da Montemagno, and Diego de Valera), Groningue, 1981, pp. 55-56 (en général), 66 (dans les écrits de Guillaume Hugonet), ainsi qu’une mise à jour par J. Dumolyn, Justice, Equity and the Common Good. The State Ideology of the Councillors of the Burgundian States, dans The Ideology of Burgundy. The Promotion of National Consciousness, 1364-1565, éd. D’A .J.D. Boulton et J.R. Veenstra, Leyde-Boston, 2006, pp. 1-20 (ici p. 16 particulièrement). Notons que ce concept s’inscrit dans le mouvement plus vaste de construction juridique de l’État monarchique en Europe de l’Ouest au cours du Moyen Âge tardif, et l’on en trouve d’ailleurs des traces en France, ainsi que le souligne J. Krynen, L’Empire du roi. Idées et croyances politiques en France. xiiie-xve siècle, Paris, 1993, pp. 331-335. Soulignons enfin que le motif de la « naturalité » fait partie d’une stratégie discursive mise sur pied par l’entourage de Marie et que dévoile, dans ce volume, L. Demets, Gendered Political Ideology, op. cit. 61 Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., ff. 6r, 7v, 62v. L’expression possession […] naturelle (ibid., fol. 6r) se trouve aussi à une reprise pour qualifier de légitime la prise de possession par Marie des territoires appartenant à Charles le Téméraire. À noter également que cette naturalité repose sur les liens entre Marie et des ancêtres aussi bien femmes qu’hommes. Ainsi peut-on citer, au rang des femmes, Isabelle de Hainaut (ibid., fol. 63r), Marguerite Ier de Flandre (ibid., fol. 59r), Jeanne III, comtesse de Bourgogne (ibid., fol. 59r-v) et Mahaut, comtesse d’Artois (ibid., fol. 66r-v). Nous remercions Kathleen Daly d’avoir attiré notre attention sur ce point.

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mobilise son capital symbolique. Même si une étude reste à mener sur ce concept, à l’instar de ce qui a été fait pour les Sept Parties d’Alphonse X, il faut, semble-t-il, considérer la naturalité de Marie, non seulement dans une relation verticale (la seigneurie qu’exerce le prince sur son peuple), mais aussi horizontale (les liens que partagent les hommes d’un même pays, d’un même territoire)62. Il est également nécessaire d’insister sur le fait que le lien de parenté qui occupe le plus Jean d’Auffay dans son Mémoire est celui qui existe entre Marie de Bourgogne et son principal adversaire, le roi de France Louis XI. L’usage du terme « parente »63 permet à l’officier de replacer Marie dans le champ plus vaste de la Maison royale de France, en tant que cheffe de l’une de ses branches mineures64. Ce faisant, le caractère royal de la duchesse apparaît ; cette dernière participe d’une sorte de « souveraineté collective » partagée, de manière inégale, entre tous les membres du lignage et dont Louis XI n’est pas l’unique dépositaire, même s’il en est le principal. Cette participation de Marie à la souveraineté de la Maison royale de France permet d’appliquer aux ducs de Bourgogne et à la duchesse Marie le principe d’« immédiateté de la succession royale » propre à la Couronne de France65. Ainsi, telle que la mort saissist le vif son plus prouchain habille a lui succeder, Marie a esté par ledit trespas saisie de tout ce dont ledit seigneur son pere est mort possesseur66. Dès l’instant où son père est décédé, la duchesse s’est trouvée investie de la souveraineté sur ses terres et ses sujets. Nul besoin pour elle par conséquent de s’acquitter d’un relief pour l’Artois et la Bourgogne67. La souveraineté de Marie ne dépend nullement du bon vouloir du roi de France. Elle est propre à son lignage et se transmet en ligne directe, de la même manière que les rois de France transmettent, à leur mort, leurs droits et leurs terres à leur successeur68. Un autre terme, « filleule », exprime la relation particulière, religieuse et sacrée, qui existe entre Marie et Louis, une relation qui obligerait le roi à se comporter en protecteur et non en agresseur de la duchesse. C’est d’ailleurs là l’un des arguments majeurs déployés par Auffay afin de décrier la mainmise de Louis XI sur les terres bourguignonnes : le roi use de formes de violence illégitimes contre une parente, alors qu’en tant que parrain il devrait la protéger. Les portraits croisés de la duchesse et du roi sont à ce titre très manichéens. D’un côté, Marie reconnaît à Louis XI certains droits en tant que souverain seigneur, sans que ceci n’amoindrisse sa propre

62 Voir en comparaison, G. Martin, Le Concept de naturalité (naturaleza) dans les Sept parties d’Alphonse X le Sage, dans e-Spania, juin 2008, URL : http://journals.openedition.org/e-spania/10753. 63 Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., fol. 10v (pour les deux mots). 64 Notons qu’il n’est à aucun moment question dans le Mémoire de faire de Marie un membre par alliance de la Maison de Habsbourg, même si Maximilien est très présent dans le texte. 65 Les développements consacrés à ce concept dans le droit monarchique français sont expliqués par J. Krynen, L’Empire du roi, op. cit., pp. 135-153. 66 Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., fol. 5v. 67 Ce qu’elle ne peut de toute façon pas faire endéans les 40 jours que prévoit le droit féodal, vu que la guerre fait rage sur ses terres (ibid., fol. 19r). 68 Et ce, pour Auffay, contrairement à ce que le roi de France soutient : Marie aurait abandonné sa souveraineté en acceptant de prêter hommage pour l’Artois (ibid., fol. 15v).

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souveraineté ducale69. Dès la mort de son père, animée par la debonnaireté, Marie dépêche des ambassadeurs auprès de Louis XI afin de faire ses devoirs envers le roy et luy laissier ce que d’autrement estoit sien – autrement dit, afin de prêter hommage pour les comtés d’Artois et de Flandre70. De l’autre, Louis XI se montre quant à lui déraisonnable puisqu’il refuse lesdits offres tant raisonnablement que plus ne poevent71, et occupe les terres de Marie jusqu’à ce que cette dernière consente à épouser le dauphin, tout ceci pour les graves usurpation [sic] du droit d’elle72. En conséquence, Marie « a été spoliée »73 – expression récurrente dans le Mémoire – par son parrain qui lui a déclaré une guerre injuste74 et exerce sur elle un véritable chantage75. Auffay puise donc également dans le lexique des relations privées, de personne à personne, afin d’assoir son argumentation. Les liens qu’il établit entre Marie de Bourgogne et ses ancêtres, et par la suite avec son lignage étendu (Valois et même Capétien), font, au-delà du droit, reposer la légitimité du pouvoir sur l’élément familial, lignager et dynastique. Marie tire sa légitimité à régner de ses liens de parenté et du capital symbolique propre à son lignage étendu. De plus, elle possède une souveraineté non moins importante que celle du roi de France sur ses territoires, parce qu’elle descend d’un lignage souverain76. Cette puissante argumentation mettant en avant les liens familiaux, permet tout simplement de disqualifier la guerre menée par Louis XI, dont la tyrannie cruelle ne cesse de choquer un Jean Molinet qui lui rappelle ironiquement dans ses Chroniques qu’il est tres cristien roy des Franchois, lis odorant, precieux fruit77. Menée contre une très proche parente, une filleule, que le roi devrait normalement protéger, cette guerre devient non seulement injuste mais aussi indigne de la figure royale.

69 Ibid., fol. 15v. 70 Ibid., fol. 15r-v. La référence aux « devoirs » (hommage et relief) de Marie est également présente aux ibid., ff. 17r, 20r-v. Auffay insiste à nouveau sur la présence des « ambassadeurs » de la duchesse en ibid., fol. 20r. 71 Ibid., fol. 15v. 72 Ibid., fol. 11r. Le lexique de l’usurpation, des « spoliations » (ibid., ff. 5v, 6r) et des « querelles » (ibid., ff. 14r, 15v [2 fois], 20r, 110v) est régulièrement mis en relation avec Marie. 73 Ibid., ff. 5v, 7v, 16r. 74 Ibid., fol. 17r. 75 Auffay associe aussi la duchesse et le roi de France sur des questions plus spécifiques comme l’occupation de l’Artois par le roi et la question de l’usufruit de ces terres durant l’occupation (ibid., ff. 20r-v, 71r-v, 85r-v), ainsi que celle des villes bourguignonnes d’Auxerre, Mâcon et Bar-sur-Seine (ibid., fol. 61r). 76 Il n’est pas inutile ici de souligner que ce lien difficile à briser entre Maison de Bourgogne et Maison royale de France constitue l’une des entraves culturelles à la centralisation bourguignonne, par ailleurs bien entamée sur le plan institutionnel. À propos de cette thèse, voir É. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé, op. cit. 77 Sur cette ironie littéraire destinée à faire apparaître la cruauté du roi de France, voir J. Devaux, Jean Molinet, indiciaire bourguignon, Paris, 1996, p. 320 s.

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4. La stratégie du lexique de genre « Fille » de Charles le Téméraire, « Filleule » de Louis XI, Marie évolue très souvent, à la faveur de l’évocation de son lignage, dans l’ombre d’hommes puissants. Cette position délicate nous invite à interroger plus précisément la manière dont Jean d’Auffay s’accommode de ces rapports complexes du féminin et du masculin, lorsque le pouvoir est en jeu. Si, comme nous l’avons vu plus haut, Marie est une « fille », elle est aussi régulièrement renvoyée par Auffay à son statut d’épouse. En effet, l’auteur utilise régulièrement le terme « damoiselle »78, lequel renvoie à une période de la vie de Marie qui précède son mariage avec Maximilien de Habsbourg. Celui-ci avait été célébré le 21 avril 1477 par procuration, avant que la cérémonie n’ait lieu le 19 août suivant79. Cette union permet à l’officier d’établir une différence de qualité entre la « dame » qu’est Marie depuis son mariage et la « damoiselle » qu’elle était. La polysémie du terme « dame » s’en trouve ainsi soulevée : il renvoie certes à la fonction seigneuriale, comme nous l’avons souligné ci-dessus, mais possède également un sens matrimonial dont est privé son équivalent masculin. La damoiselle et future dame voit donc son statut social se transformer par son mariage. Elle sort du jeu matrimonial des alliances entre maisons ; elle entre dans un rôle d’épouse puis assez souvent de mère, et devient le trait d’union entre deux dynasties80. En ce sens, il faut reconnaître que si sa position se consolide grâce à l’union habsbourgeoise, cette place sur l’échiquier politique fait d’elle un pion au service d’une diplomatie internationale masculine. Privée d’autonomie politique, elle ne serait qu’un vaisseau, un médium légitimant l’autorité d’autres puissants personnages, qui sont ici des hommes. Plusieurs indices présents dans le Mémoire permettent d’abonder dans ce sens. La figure de la duchesse y est tout d’abord construite en comparaison avec celles de nombreux hommes. Ses conseilliers81 et plus généralement les membres masculins des élites politiques des Anciens Pays-Bas sont très souvent présentés autour d’elle dans les moments clés. Par exemple, la réception de Marie comme comtesse par les États d’Artois, réunis pour l’occasion à Gand, donne lieu à une description précise des serviteurs de la duchesse : Guy de Rochefort, son chambellan, et Guy Pierot, son secrétaire. Suivent les représentants des États du clergé : Pierre de Ranchicourt, évêque d’Arras, Jean IX de Lannoy, l’abbé de Saint-Bertin à Saint-Omer, Guillaume de Cluny, l’administrateur de l’évêché de Thérouanne, le vicaire de l’évêché, les députés du chapitre de Thérouanne, d’Arras, de Saint-Omer, de Saint-Vaast d’Arras. Les membres de la noblesse sont également évoqués, parmi ceux-ci on peut retenir : Pierre II de Luxembourg, comte de Saint-Pol, Philippe de Bourbon, seigneur de Duisans, Guy de Brimeu, seigneur d’Humbercourt, et Gauvain de Bailleul, maître de l’artillerie, ainsi 78 Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., ff. 4r, 6v, 7r, 15r, 20r. 79 H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. Das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 1, Vienne, 1971, pp. 122-136. 80 Marie serait de ce point de vue une « princesse dynastique », pour reprendre la catégorie développée par J. Duindam, Dynasties, op. cit., p. 50. 81 Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., fol. 20r.

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que les représentants de Philippe de Crèvecœur, seigneur d’Esquerdes, et de Jean de Saveuse, seigneur de Savye. La ville d’Arras est représentée par Martin de Boudart et Antoine Sacquespée, élus d’Artois, Jehan Demolins, procureur et conseiller, et Jehan de Beaumont, échevin. Il faut compter également sur la présence de Philippe de Sus Saint-Léger et Jacques de Rebecque, un échevin pour Saint-Omer, ainsi que le maire et un échevin de Boulogne, et plusieurs autres députés de Hesdin, Lens et Béthune, parmi lesquels Florent de Mont Saint-Eloy et Piron Certain. Au même moment, les grands capitaines engagés dans la guerre contre la France prêtent serments au gouverneur d’Arras, Philippe de Poitiers, seigneur d’Arcis-sur-Aube. Il s’agit des dessus-dits Philippe de Clèves, seigneur de Ravenstein, Philippe de Crèvecœur, seigneur d’Esquerdes, Raoul de Lannoy, capitaine de Hesdin, et Jean de Saveuse, seigneur de Savye, capitaine de Béthune82. Bien sûr, cette liste des grands seigneurs spirituels et temporels, d’édiles urbains et de serviteurs ducaux crée l’impression d’une véritable foule masculine autour de la duchesse, la secondant dans ses actions politiques. Mais on ne peut nier une autre impression : celle d’une autonomie politique réduite pour la duchesse83. Cette idée se confirme dans les passages du Mémoire où Marie et Maximilien apparaissent côte à côte dans des formules comme « monseigneur et madame ». Une attention portée à l’ordre de préséance révèle une véritable infériorisation de la duchesse par rapport à son époux, puisque sur treize passages de ce type, deux seulement voient Marie précéder Maximilien84. Ces mentions peuvent être réparties en cinq groupes en fonction des thèmes qu’ils abordent : droit (7), diplomatie (2), finance et fiscalité (2), militaire (1), territoires (1). Les deux passages dans lesquels 82 Sur ces serments multiples, voir Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., ff. 6r-7r. Sur ces personnages, voir les éléments biographiques dans O. Bled, Regestes des évêques de Thérouanne, (500-1553), t. 2 (14151558), Saint-Omer, 1907, p. 34 (Guillaume de Cluny, administrateur perpétuel du temporel de l’évêché de Thérouanne, nommé en 1470 par Louis XI) ; A. Carlier, Le Tombeau de Raoul de Lannoy à Folleville, trois niveaux de lecture, dans Bulletin de la Société des Antiquaires de Picardie, 3e trimestre 2000, pp. 469-484 (Raoul de Lannoy) ; H. Cools, Mannen met macht. Edellieden en de Moderne Staat in de Bourgondisch-Habsburgse landen (1475-1530), Zutphen, 2001, pp. 244, no 20 (Philippe de Bourbon) ; 338-339, no 133 (Philippe de Clèves) ; pp. 277-278, no 55 (Philippe de Crèvecœur) ; 361-362, no 165 (Pierre II de Luxembourg) ; 389-390, no 214 (Guy de Rochefort), 419, no 1 (Pierre de Ranchicourt) ; W. Paravicini, Terreur royale. Louis XI et la ville d’Arras, avril 1477, dans R.B.P.H., t. 89, 2011, pp. 551583 (ici pp. 575-576 et n. 124 [Philippe de Poitiers]). Sur Guy de Brimeu, voir l’essentiel Id., Guy de Brimeu. Der burgundische Staat und seine adlige Führungsschicht unter Karl dem Kühnen, Bonn, 1975 ; B. Schnerb, La Noblesse au service du prince. Les Saveuse. Un Hostel noble de Picardie au temps de l’État bourguignon (v. 1380-v. 1490), Turnhout, 2018, pp. 126, 327 (Gauvain de Bailleul), 63, 64, 68, 69-72, 277, 281, 285-292, 295, 298, 301, 305, 324, 325, 327, 332 ( Jean de Saveuse) ; les représentants d’Arras sont connus grâce à l’extrait des comptes communaux de 1476-1477 cité dans Actes des États Généraux des Anciens Pays-Bas, éd. J. Cuvelier, t. 1, Bruxelles, 1948, pp. 272, 313. 83 Bien sûr, cette liste remplit un autre office : celui de montrer que l’Artois, bien connu d’Auffay, reconnaît, à travers tous ses corps représentatifs, l’autorité de la duchesse, et aussi que la grande noblesse fait corps derrière elle, ce qui, on le sait, est en réalité loin d’être le cas au cours de cette période. Toutefois, l’un et l’autre aspect ne s’excluent nullement et participent plutôt d’une dynamique commune. 84 Jean d’Auffay, Mémoire, op. cit., ff. 2r, 20r, 82v-83r, 85r, (2 fois), 99r-v, 110v, 111r-v, 111v (2 fois), 113r, 116v-117r (Maximilien avant Marie) ; ibid., ff. 22r, 82r (Maximilien après Marie).

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Marie précède Maximilien concernent le droit. Il s’agit là pour Jean d’Auffay de monstrer le bon droit dont disposent ma tres redoubtee dame et mon tres redoubté seigneur à cause et comme mary et bail d’elle85. En somme, l’auteur se place du côté de la légitimité juridique la plus pure : sur les terres appartenant à la Maison de Bourgogne, Maximilien est un prince-consort qui ne possède aucun droit en propre, mais qui se voit concéder un titre et une autorité par son lien matrimonial avec Marie. Cependant, en d’autres occasions, Auffay laisse de côté ce rapport strict au droit, même dans des cas relevant du juridique, puisque dans les cinq autres occurrences concernant le droit, Maximilien apparaît avant Marie. C’est le cas lorsque Jean d’Auffay évoque le droit appartenant a mesdits seigneur et dame par le tracitiez de Conflans fais en l’an mil iiiic lxv et de Peronne fait en l’an lxviii86. Maximilien est en quelque sorte ici sujet de droit des traités de Conflans et de Péronne, alors qu’à strictement parler, il n’est pas concerné par ces textes. Dans toutes les autres matières, Maximilien apparaît avant Marie. L’officier parle ainsi des ambaxade (sic) ou des embaxeurs de mesdits seigneur et dame87, et il en va de même dans le cas des dommages et interestz que réclame le roi à monseigneur et madame pour les châtellenies de Lille, Douai et Orchies, et des iiii mil livres parisis monnoye royal qu’il doit à monseigneur et madame88, ou de la guerre qui s’exploicte entre le roy et mesdits seigneur et dame et des pays de mesdits seigneur et dame89. Certes, le Mémoire donne bien sûr à voir un gouvernement ducal reposant sur l’autorité partagée entre une duchesse naturelle, son époux et chef-militaire, et un personnel politique étendu rassemblant des membres des trois ordres. Il y a là une démonstration claire que la période autoritaire du gouvernement d’un seul – Charles le Téméraire – est désormais révolue, de même qu’une mise en garde, à ceux qui se laisserait tenter par le choix de la France, à l’encontre d’un autre pouvoir potentiellement aussi autoritaire, car peu partagé, celui de Louis XI. Force est également de constater que le Mémoire reflète en réalité la nature des rapports de pouvoir réels qui se nouent entre Marie et Maximilien. Si, en effet, Maximilien est exclu de tout droit sur l’héritage bourguignon, ce qui est notamment confirmé dans son contrat de mariage avec la duchesse, il entend bien s’imposer comme gouvernant légitime de facto, suscitant dès lors la réprobation des élites dirigeantes des Anciens Pays-Bas90. Rien d’étonnant à ce que sa figure participe, dès lors, dans ce texte, d’une infériorisation symbolique de la figure politique de la duchesse, qui se trouve en quelque sorte mise « lexicalement » sous la protection de son époux. 85 Ibid., fol. 22r. Le second passage présente les choses d’une manière similaire mais pour le comté de Boulogne seulement (ibid., fol. 82r). 86 Ibid., fol. 112r. Voir également, ibid., ff. 82v-83r, 85r (2 fois), 111r-v. Notons qu’une infériorisation similaire est présente au début du traité lorsque Jean d’Auffay évoque les gens et ambaxadeurs de Charles le Téméraire puis de Marie le père décédé a plus de poids ici que la fille vivante (ibid., fol. 2r). 87 Ibid., ff. 20r, 111v. 88 Ibid., ff. 99r-v, 110v. 89 Ibid., ff. 16v-17r, 113r. 90 Maximilien parvient même, le 17 septembre 1477, à obtenir de son épouse un accord par lequel cette dernière lui cède les droits à sa succession sur ses territoires. C. Debris, Tu, felix Austria, nube. La dynastie de Habsbourg et sa politique matrimoniale à la fin du Moyen Âge (xiiie-xvie siècles), Turnhout, 2005, pp. 199-200.

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Marie de Bourgogne est ainsi (re)définie comme une « faible femme », incapable de régner seule, sans son époux et d’autres hommes, sans ceux qui sont considérés comme réellement forts et incarnant une « virilité » qui va au-delà de la fiction juridique créée précédemment par d’Auffay autour de la duchesse. En cela, qu’elle soit povre desolée pucelle victime d’un Louis XI inspiré par le Diable et sauvée par un preux chevalier du nom de Maximilien, dans la propagande du temps orchestrée par Jean Molinet, ou soutenue par une cohorte de conseillers issus des différents états, la princesse de Bourgogne ne doit son affirmation politique qu’à l’autorité masculine qui l’accompagne91.

5. Conclusions Marie de Bourgogne apparaît dans le Mémoire comme une figure de compromis entre des champs lexicaux qui tous visent à la légitimer mais qui, ce faisant, donnent d’elle une image mosaïque semblant à priori peu convaincante. À la duchesse « très redoutée » dont les actions et le pouvoir s’enracinent dans le droit et le Bien Public succèdent la « fille » de Charles le Téméraire et la « filleule » de Louis XI dont la souveraineté repose sur un rapport privé, de personne à personne, inhérent au lignage Valois de Bourgogne. Le troisième registre, celui du genre, pourrait faire aussi naître la contradiction dans ce portrait. Marie de Bourgogne voit ici sa légitimité reposer sur un entourage masculin fort, incarnant la véritable « virilité » politique, tandis qu’elle est renvoyée à son statut de femme, fragile, dont le ventre demeure la promesse d’un équilibre masculin restauré. Les différentes occurrences de la formule où la duchesse apparaît aux côtés de Maximilien, et le plus souvent après lui, confirment bien ce sentiment92. La contradiction est patente avec le portrait neutralisé, voire masculinisé, que l’on retrouve dans le premier registre, celui du droit strict. Pourtant, ces contradictions constitutives du portrait de Marie de Bourgogne ne nous semblent qu’apparentes. Le mélange des lexiques relevant du Bien Commun et du lignage font en réalité écho au processus même de constitution de l’État dynastique à la fin du Moyen Âge : le pouvoir y est tenu par des héritiers participant d’une logique de Maison, tandis que les institutions, elles, sont justifiées par un discours 91 Le Mémoire rejoint ici l’image de la faible princesse que véhicule la littérature bourguignonne dans les années 1477-1478, notamment les Chroniques de Jean Molinet : É. Bousmar, Duchesse de Bourgogne ou povre desolée pucelle ? Marie face à Louis XI dans les chapitres 45 et 46 des Chroniques de Jean Molinet, dans Jean Molinet et son temps. Actes des rencontres internationales de Dunkerque, Lille et Gand (8-10 novembre 2007), éd. J. Devaux, E. Doudet et É. Lecuppre-Desjardin, Turnhout, 2013, pp. 97-113. 92 Le fait que Marie est morte jeune ne lui a pas permis d’agir avec grande efficacité sur la fabrique de son image. À l’inverse, Maximilien a considérablement développé le souvenir de la duchesse dans la construction de sa propre image politique. Sur ceci, voir Chr. Lutter, Herrschaft und Geschlecht. Relationale Kategorien zur Erforschung fürstlicher Handlungsspielräume, dans Transkulturelle Annäherungen an Phänomene von Macht und Herrschaft. Geschlechterdimensionen und Spannungsfelder, éd. M. Becher, Bonn, 2021, n. 19 (sous presse). L’auteure met en parallèle les images de Marie de Bourgogne et de Bianca Maria Sforza, seconde épouse de Maximilien.

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juridique et technique, de plus en plus précis, dégageant du privé dynastique une certaine notion du public. Le Mémoire de Jean d’Auffay est à ce titre très original, puisqu’il transcrit en français ce chevauchement lexical qui s’exprime le plus souvent encore à cette époque en latin. Quant à la superposition entre la neutralisation, voire la masculinisation de la duchesse, et la présence permanente de figures masculines autour d’elle, celle-ci n’est pas non plus contradictoire. Tout d’abord, cette présence masculine est bien entendu une réalité : le conseil ducal et les réseaux de pouvoir qui entourent Marie de Bourgogne sont avant tout masculins. Mais il ne faut pas s’arrêter là. Si Marie de Bourgogne est attaquée par Louis XI, dans la mesure où son genre lui interdit d’hériter d’un apanage – argument contre lequel tout le Mémoire est construit –, il n’en demeure pas moins que, culturellement parlant, un pouvoir féminin, et qui plus est, jeune et inexpérimenté, est perçu dans les Anciens Pays-Bas comme un danger. Montrer, dans le traité et ailleurs, que la duchesse n’est pas isolée et qu’elle est même soutenue par des hommes d’expérience, contribue assurément à rassurer. Ce message est bien entendu adressé aux lecteurs du Mémoire sous sa forme matérielle – ceux-là sont avant tout les juristes des deux camps, mais il ne faut pas oublier qu’il est sans aucun doute destiné à être véhiculé oralement et à nourrir une politique de communication pleinement maîtrisée par la Maison de Bourgogne93. La situation l’exige, tant les hommes qui gravitent autour du pouvoir ducal (officiers, nobles, financiers et représentant des villes), dont certains, déjà entre 1477 et 1478, sont en passe de quitter le navire bourguignon qu’ils estiment perdu. En ce sens, si le traité révèle un certain sens commun misogyne, ce serait avant tout pour une raison stratégique : réaffirmer sur le plan du capital juridique et symbolique, la capacité du pouvoir bourguignon à tenir le choc dans la tourmente. On pourrait enfin ajouter que Jean d’Auffay exprime peut-être également un point de vue qui lui est propre sur la défense du personnel politique masculin. Il semblerait en effet que l’auteur se situe plutôt du côté des opposants à Maximilien de Habsbourg, ainsi que l’atteste le compte rendu du chapitre de la Toison d’Or de Termonde du 19 juin 148494. Bien que des sources similaires à celle de 1484 manquent pour la période de rédaction du Mémoire (1477-1478), quelques éléments internes au traité permettent de suggérer que l’« anti-maximilianisme » de Jean d’Auffay est déjà latent à cette période. Le lexique du féminin et du masculin présent dans son

93 Voir le chap. 1 d’É. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé, op. cit. 94 C’est notamment par la bouche de Jean d’Auffay que le conseil de Philippe le Beau et les Membres de Flandre s’expriment pour demander que le traité de mariage entre Marie de Bourgogne et Maximilien de Habsbourg soit respecté par ce dernier, notamment en ce qui concerne les privilèges des différents pays de la défunte duchesse. Die Protokollbücher des Ordens vom Goldenen Vlies, éd. S. Dünnebeil, t. 5, § 210 (en préparation). Nous remercions chaleureusement Sonja Dünnebeil de nous avoir fourni cette information. Un dernier élément s’ajoute à ce faisceau de présomptions. En 1483, Auffay reçoit le serment des gens des comptes au nom de son prince Philippe le Beau. L’auteur apparaît ici comme l’exécutant d’une procédure mise en place par les États Généraux et visant à s’assurer de la fidélité des gens des finances à l’encontre des visées du roi de France et de Maximilien de Habsbourg (M. Jean, La Chambre des comptes de Lille. L’institution et les hommes (1477-1667), Genève-Paris, 1992, p. 200).

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Mémoire pourrait ainsi refléter le soutien qu’il accorde au personnel bourguignon « autochtone » contre Maximilien de Habsbourg et les soutiens qu’il amène avec lui. Ce qui expliquerait l’intégration de ces longues listes de serviteurs présents aux côtés de la duchesse en permanence. Le Mémoire pourrait donc aussi être considéré comme le reflet – certes atténué – de luttes qui se jouent à la cour de Bourgogne durant les années 1477-147895. De la sorte, Auffay incarnerait une tendance légitimiste, hostile envers le règne effectif du prince-consort, qui caractérise souvent une partie de l’entourage des reines et princesses régnantes dans l’Europe tardo-médiévale et renaissante96. « Lutte », voilà le mot qui résume parfaitement les enjeux du Mémoire de Jean d’Auffay et par extension du vocabulaire qui y est mobilisé. Ce répertoire se place en effet au service de cette bataille juridique que se livrent la duchesse et le roi de France, mais aussi les factions actives à la cour de Bourgogne97. Ce champ juridique est d’autant plus le lieu de luttes lexicales qu’il est au cœur d’une machine à produire de la légitimé : légitimité des acteurs, légitimité des institutions, et, finalement, légitimité de cette structure que l’on appelle l’État et qui, dans les Anciens Pays-Bas en conflit durant ces années 1477-1478, se consolide dans l’adversité.

95 L’article ici-même de V. Bessey, L’Hôtel de Marie de Bourgogne d’après l’ordonnance de cour du 26 mars 1477. Continuités et adaptations, pp. 211-223, reflète un autre aspect de ces querelles à travers le remaniement de l’hôtel de Marie après l’arrivée de Maximilien dans les Anciens Pays-Bas. D’un hôtel ducal, celui-ci se mue en un hôtel d’épouse princière et donc privé de fonctions de gouvernement propres. 96 E. Woodcare, Questionable Authority. Female Sovereigns and their Consorts in Medieval and Renaissance Chronicles, dans Authority and Gender in Medieval and Renaissance Chronicles, éd. J. Dresvina et N. Sparks, Cambridge, 2012, pp. 376-406 (ici p. 405). L’auteure prend des exemples entre le xiie et le début du xvie siècles, essentiellement à Naples et dans les États latins d’Orient. Voir aussi W. Monter, The Rise of Female Kings in Europe, 1300-1800, Londres, 2012. 97 P. Bourdieu, Sur l’État, op. cit., pp. 528-529.

Kathleen Daly 

4.  Pour la preminence de la Couronne et l’evidente utillité de la Chose Publique du royaulme The Medieval French State versus Mary of Burgundy1 1. Introduction The most comprehensive justification of French royal claims to the inheritance of Charles the Bold survives in a treatise beginning: Sur la question qui est entre le duc d’Autriche et madame la duchesse sa femme d’une part et le roy de France tres crestien nostre souverain signeur Loys neufiesme [sic] de ce nom d’aultre part touchant les terres et seigneuries que le duc Charles de Bourgongne dernier trespassé, pere de la dicte madame la duchesse tenoit, possidoit, occupoit, usurpoit ou pretendoit y avoir droit.2





* The author, who has retired, was formerly a Senior Lecturer at The Open University, UK. 1 The use of the term “State” in a medieval context is still controversial. Part of the problem is semantic: contemporaries used a range of words or phrases (including status regis et regni, “police”, “Couronne”, “royaume”, “Chose Publique”, “souveraineté”), which have some, but not all, of the same connotations. Another part is chronological and interpretative: the meaning of the concept has changed according to time, place and intellectual discipline. For the purposes of this article, the French “state” denotes a monarchy within the recognisable though not uncontested boundaries of the kingdom, whose authority was acknowledged by most if not all inhabitants, and which exercised (through a sometimes rudimentary administration), judicial, financial and military powers, even if these were not applied uniformly within its frontiers, and might be shared with, or delegated to, other groups (including the Church, the nobility, local communities and representative institutions). B. Guenée, Y-a-t-il un état des xive-xve siècles?, in Id., Politique et histoire au Moyen Âge. Recueil d’articles sur l’histoire politique et l’historiographie médiévale (1956-1981), Paris, 1981, pp. 33-40, developed in States and Rulers in Later Medieval Europe, Oxford, 1983 (trans. J. Vale of B. Guenée, L’Occident aux xive-xve siècles, Paris, 1971), passim; for an alternative perspective, see R. Davies, The Medieval State. The Tyranny of a Concept?, in Journal of Historical Sociology, t. 16/2, 2003, pp. 280-300. For a useful discussion of more recent theories of the concept of the “State”, in a Burgundian context, see é. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé des ducs de Bourgogne (xive-xvesiècles), Paris, 2016, pp. 16-20; and J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009, pp. 2-6. 2 “On the dispute between the duke of Austria and my lady the duchess his wife on the one hand and the most Christian King of France our sovereign lord Louis, the ninth (sic) of that name on the other, regarding the lands and lordships that the late Duke Charles of Burgundy, father of the aforesaid lady duchess held, possessed, occupied, usurped or to which he claimed to have rights”. Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 1r-v (see Ill. 4).

Kathleen Daly* Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 61-82.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122533

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k at hl e e n da ly

The treatise Sur la question is best known through Paul Saenger’s seminal article on apanages. As the text refers to arguments put forward by Louis XI’s “procureur general”, Saenger identified the author in 1977 as Michel de Pons, who held the office from 1479-1483, and his theory has been generally accepted.3 Like most other scholars since, Saenger was unaware that in 1941, Margaret Milliez had argued convincingly in her unpublished thesis that Guillaume Cousinot, seigneur de Montreuil, was its author, on the basis of an attribution to him in the earliest version, in Paris, BnF, MS fr. 5042, a rough draft with many corrections (A1). This version was composed probably in the winter of 1478-1479, in the aftermath of negotiations held at Boulogne between representatives of Louis XI and Mary of Burgundy.4 A partial revision and “mise au net” (A2), probably made by another hand before the death of Louis XI, is inserted in the middle of the first draft.5 The two drafts form part of a dossier of papers on the relations of the kings of France and the dukes of Burgundy, particularly Mary’s claims to the inheritance of Charles the Bold. The many different hands in MS fr. 5042 indicate that if Cousinot was the author of A1, A2 or both, or had oversight of the finished treatises, he was assisted by a team of specialists and royal officers, and the materials were assembled over several years.6 3 P. Saenger, Burgundy and the Inalienability of Appanages in the Reign of Louis XI, in French Historical Studies, t. 10/1, 1977, pp. 1-26 (here pp. 14-15), followed among others by R. Descimon, Les Fonctions de la métaphore du mariage politique du roi et de la république en France, xve-xviiie siècles, in Annales. Histoire. Sciences sociales, t. 47/6, 1992, pp. 1127-1147 (here p. 1139), who did not realise that Paris, BnF, MS fr. 5079, which he cites on pp. 1131-1132, was a copy of the same treatise: T. Lange, The First French Reformation. Church Reform and the Origins of the Old Regime, Cambridge, 2014, pp. 227-228. 4 Paris, BnF, MS fr. 5042, fol. 166v: Intendit fait par feu Me Ge de Cusinot. An intendit was a document provided by each party in a judicial case, setting out the basis of their arguments (Dictionnaire du Moyen Français, URL: http://www.atilf.fr/dmf/definition/intendit, accessed 4 November 2017). For the attribution, see M. Milliez, La Succession de Charles le Téméraire d’après deux mémoires contemporains, 2 vol., Paris, Bibliothèque de l’Institut de France, MS 7020, summarised in Positions des thèses de l’École nationale des chartes, 1941, pp. 87-92. These authors accept M. Milliez’s identification: M.T. Allemand, La Réversion du duché de Bourgogne au royaume de France, vue à travers de deux mémoires contemporains, in Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy (1477), Nancy, 1977, pp. 207-235; C. Taylor, Debating the Hundred Years War. Pour ce que plusieurs (La Loy Salique) and a Declaration of the Trew and Dewe Title of Henry VIII, Cambridge, 2006, p. 11 and n.; K. Daly, French Pretensions to Valois Burgundy. History and Polemic in the Fifteenth and Early Sixteenth Century, in P.C.E.É.B., t. 44, 2004, pp. 9-22 (here pp. 13-16). See also G. Wilangowski, Frieden Schreiben in Spätmittelalter. Vertragsdiplomatie zwischen Maximilian I., dem römisch-deutschen Reich und Frankreich, Berlin-Boston, 2017, pp. 34-40. 5 The first draft (A1) occupies ff. 105r-115r and 122r-166r; a section is missing between ff. 136v and 137r, corresponding to Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 29r-37r. Another section (corresponding to ibid., ff. 25v-28v) is omitted by A1. Only the first quire of the second draft (A2), has survived, Paris, BnF, MS fr. 5042, ff. 117r-121r, corresponding to Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 1r-10v; however, the extant section of A2 already has the amendments to the text in A1 that also appear in MS fr. 5079, suggesting that the latter was based on the version in A2. A1 refers to Louis XI as the reigning king. There is nothing in the surviving segment of A2 to suggest it was written after the king’s death. 6 For example, a copy of the deliberations of the royal council at Villefranche on 26 and 28 July 1460 concerning the duke of Burgundy, was made and collated by Louis le Blanc, royal secretary and chief clerk (“greffier”) in the “Chambre des comptes”, on 30 August 1475 (with his seign manuel, or distinctive signature, Paris, BnF, MS fr. 5042, fol. 33r); a reference to the death of King René (1480) occurs in another document (ibid., fol. 43v).

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It is possible that the whole dossier was part of Cousinot’s papers. The version in A1 was reworked before Louis XI’s death, in Tours, BM, MS 1047 (T). Paris, BnF, MS fr. 5079, which forms the basis for the present article, was copied from A2, possibly just after Charles VIII’s accession.7 Sur la question explores French pretensions to the duchy of Burgundy and, more concisely, royal claims to the counties of Burgundy, Mâcon and Auxerre.8 The essentials of Mary’s case, according to the treatise, rested squarely on blood relationships with previous rulers. King John II of France inherited the duchy and county of Burgundy from Philippe de Rouvres († 1361), the last Capetian duke, as his nearest successor, and granted it to his own son Philip the Bold in 1363.9 Mary asserted her rights as the natural and legitimate heir of the Valois dukes of Burgundy. Her claim to Mâcon and Auxerre rested on the grant made by Charles VII to her grandfather Philip the Good, by the treaty of Arras (1435), which stated that Mâcon and Auxerre would be inherited by Philip’s “heirs procreated from his body in direct line, […] whether male or female”.10 Each part of Sur la question favours a different approach to Mary’s pretensions. First, the duchy was an apanage, inseparable and inalienable from the French Crown, that could not be inherited by a woman. Secondly, the county of Burgundy or Franche-Comté was a fief of Burgundy and a rerefief of the French Crown. Thirdly, the treaty of Arras (1435), which granted Mâcon and Auxerre to Philip the Good, was iniquitous and illegitimate. Within this scheme, the different sections are connected by four important themes: the dynastic state and the “utility of the kingdom” (utilité du royaulme); the feudal state, subjection and sovereignty; the judicial state, royal law



7 In T (fol. 10v), Louis XI is still the reigning king, but in Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 13r, he is the father of the reigning king. Although I was able to study T in detail only after this article was written, the text in Paris, BnF, MS fr. 5079 is very similar, apart from its references to the reigning king, and its translations of Latin passages in T into French, so references in this article come from the Paris manuscript. Another version composed in Charles VIII’s reign (Paris, BnF, MS fr. 19796) resembles A1 and T in its use of extensive Latin quotations, although it has some readings also found in A2 and Paris, BnF, MS fr. 5079. It also repeats arguments first used in a discussion on the duchy of Burgundy within a section on Mâcon, and omits passages present in MS fr. 5079, A1 and T. In the version represented by Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 27v (and in T, but not in A1 and A2), a reference is made ou cayer qui se fera de la conté d’Artois. Paris, BnF, MS fr. 5075, ff. 99r-136r contains a section on Artois absent from other manuscripts, which may be the missing cayer. However, it refers to Louis XI as the late king (ibid., ff. 99r, 131r), and thus it may have been made between 1491, when the king repudiated Margaret of Austria while retaining her dowry lands, including Artois, and the treaty of Senlis in 1493, when he renounced possession of her dowry, while retaining certain royal rights there. 8 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 1r-32v, for the duchy; Ibid., ff. 33r-46r, for the county of Burgundy; Ibid., ff. 46r-56v for Mâcon; Ibid., ff. 57r-59r for Auxerre, with a general conclusion in ibid., ff. 59r-60v. 9 Documents published by Fr.-A. Isambert e.a., Recueil général des anciennes lois françaises, t. 5, Paris, 1821-1833, p. 150 ff. 10 […] hoirs procreez de son corps en directe ligne […] soient masles ou femelles (E. Cosneau, Les Grands traités de la Guerre de Cent Ans, Paris, 1889, clauses 11-16, pp. 130-135; a slightly different version of the treaty is printed in Olivier de La Marche, Mémoires, ed. H. Beaune and J. d’arbaumont, t. 1, Paris, 1883, pp. 215-220). Compare the treatise: […] pour luy et ses heritiers masles ou femmelles descendans de luy (Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 1r-4v, here at fol. 4v).

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and custom; and the affective state: the appeal to emotions, beliefs and feelings about French kings, the Crown and the kingdom. This article will consider the significance of these themes within the specific context of the treatise, and within the broader context of the late French medieval state.

2. The Dynastic State and the utilité du royaulme: The Case of Apanages Historians and sociologists have pointed out the influence of family structures on political organisation in the medieval and early modern period.11 The dispute over the inheritance of Charles the Bold highlighted traditional tensions between the role of the wider royal family as essential buttresses for monarchical power and service to the state, and their possession of power and resources that could severely restrict, and at times even threaten, the monarch.12 Sur la question resolves these tensions by asserting that the special attributes of the Crown and the Public Good of the kingdom must override mere family concerns. Jean d’Auffay, Mary’s apologist, argued that King John II had not made the duchy a royal apanage and that as the exclusion of women did not apply to the succession, she should inherit it as the nearest legitimate heir of the last duke.13 In contrast, Sur la question insists that the duchy of Burgundy returned to John II in his capacity as king, as well as the nearest heir, and that the duchy was indeed an apanage of the Crown, where only direct male heirs could succeed. It traces the first “reunion” of duchy and kingdom14 back to the death at Roncevaux of a certain Duke “Sansom”, one of the twelve peers of France and “close relative of the King Saint Charlemagne”.15

11 For examples, R. Lenoir, Famille et politique. Les métaphores familiales de l’ordre politique, in Regards sociologiques, t. 15, 1998, pp. 7-14; M. Nassiet, Parenté, noblesse et États dynastiques, xve-xviesiècles, Paris, 2000. 12 Fr. Autrand, Charles V le sage, Paris, 1994, pp. 661-668; J. Collins, Dynastic Instability. The Emergence of the French Monarchical Commonwealth and the Coming of the Rhetoric of “L’état”, 1360s-1650s, in Monarchy Transformed. Princes and their Elites in Early Modern Western Europe, ed. R. von Friedeburg and J. Morrill, Cambridge, 2017, p. 113 ff. 13 Pour obeyr a ceulx qui sur moy ont auctorité et puissance […]. Jean d’Auffay, Mémoire, Paris, BnF, MS fr. 18730, fol. 21r. See generally K. Daly, Jean d’Auffay. Culture historique et polémique à la cour de Bourgogne, in L.M.A., t. 112/3-4, 2006, pp. 603-618; J. Dumont and é. Lecuppre-Desjardin, Construire la légitimité d’un pouvoir féminin. Marie de Bourgogne dans le Mémoire de Jean d’Auffay, pp. 41-60, in this volume. 14 Although the French text does not state when Burgundy was first united to France, earlier French writers had traced the connection to Roman Gaul and/or the Merovingian kings: K. Daly, French Pretensions to Valois Burgundy, op. cit., pp. 10-13. 15 […] prochain parent du roy saint Charlemaigne (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 5r). The reference to Roncevaux does not appear in A1, but is present in A2 (fol. 119r). On Sanson, see A. Moisan, Les Sépultures des Français morts à Roncevaux, in Cahiers de civilisation médiévale, t. 24, 1981, pp. 129-145 (esp. pp. 135-136, 144). On the role of French kings, especially Louis XI, in promoting the cult of “Saint” Charlemagne, see R. Folz, Aspects du culte liturgique de saint Charlemagne en France, in Karl der Grosse, ed. W. Braunfels and P.E. Schramm, t. 4, Düsseldorf, 1967, pp. 77-99.

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It implies that the duchy had been part of the royal domain in the distant past, which gave its union to the Crown an imprescriptible character that far exceeded the three years John II had held it.16 Lothair I received it from his father Louis the Pious, and by division gave it as an apanage to his third son Hugh.17 As there was a direct line of succession from Lothair to King John II, the duchy had been a royal apanage long before King John’s accession.18 As King John II really derived his claim from the French Crown, he stressed his blood links to the last duke, Philippe de Rouvres primarily to “please some of those of the land of Burgundy” and avoid unrest: perhaps a veiled allusion to more recent hostile reactions in the duchy to French occupation.19 The king’s true intentions were reflected in his subsequent decision: “by profound and mature deliberation by his council, with his certain knowledge and royal authority, and for the clear utility of himself and his successors, kings of France, of the Crown, and of the whole kingdom, that the aforesaid duchy of Burgundy should be united and incorporated indissolubly to the Crown of France.”20 The duchy could legitimately be separated from the Crown only through the grant of an apanage, which must be subject to: “the law of the kingdom and the usage and custom manifestly kept and observed in the matter of apanages [which] […] are granted with reversion to the Crown,

16 This counters Jean d’Auffay’s argument that, as the Valois dukes had held the duchy for over a century, it had been permanently alienated from the Crown: Paris, BnF, MS fr. 18730, fol. 19v. See also M.T. Allemand, La Réversion du duché de Bourgogne, op. cit., p. 229. For contemporary theories about the imprescriptibility of the royal domain, see G. Leyte, Domaine et domanialité publique dans la France médiévale, xiie-xve siècles, Strasbourg, 1996, pp. 149-150. 17 […] et par partage ou appanage la bailla a Hugues son tiers filz (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 5r). Lothair I had no such son; there is confusion here with Hugh, duke of Lotharingia, illegitimate son of Lothair II and grandson of Lothair I. 18 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 6v: […] la duché de Bourgongne est partie et yssue de la tres crestienne maison de France par l’aisné filz du roy Loys le Debonnaire, filz du roy saint Charlemaigne. Et si est escheue avec ce audit roy Jehan comme le plus prochain hoir […]. The final phrase is present in A2 but omitted in A1. There are numerous historical errors in this account (ff. 5r-6v), as the dukes of Burgundy are confused with the Robertians, and Henry I’s grant of Burgundy to his brother Robert is either unknown to the author, or deliberately omitted. 19 complaire a aucuns du païs de Bourgongne (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 8r). A. Leguai, The Relations between the Towns of Burgundy and the French Crown in the Fifteenth Century, in The Crown and Local Communities in England and France in the Fifteenth Century, ed. J.R.L. Highfield and R. Jeffs, Gloucester, 1981, pp. 128-145 (esp. pp. 136-141). 20 […] par grande et meure deliberation de conseil, de sa certaine science et auctorité royale et pour l’evidente utilité de luy et ses successeurs roys de France, de la Couronne, et de tout le royaulme, que la dicte duché de Bourgongne seroit unye et consolidee inseparablement a la Couronne de France (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 8r-v). The formula ex certa scientia / de certaine science, which recognised the ruler’s knowledge and application of reason to law, also signified his or her absolute power to overrule customary law. J. Krynen, L’Empire du roi. Idées et croyances politiques en France. xiiie-xve siècles, Paris, 1993, pp. 395-402.

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in the event that he to whom the apanage is given has no male heir descending from him in the direct line.”21 The historical reality was more ambiguous. Louis XI’s apologists were inhibited by the legacy of earlier reigns, when neither the doctrine of inalienability nor that of female exclusion from apanages were stated as explicitly as they might have wished.22 In spite of numerous precedents, royal letters only consistently restricted succession to royal apanages to male heirs from the time of Charles V; John II’s grant to the first Valois duke of Burgundy referred generally to his “heirs” without specifying their sex,23 an omission seized upon by Mary’s supporters.24 Moreover, while John II pledged in November 1361 that his successors should take an oath of inalienability, which Charles VI indeed took in 1380, this referred to the superioritas, jura et nobilitates (“supremacy, rights and nobilities”) of the Crown and not specifically to Crown lands, although Charles did pledge to restrict such grants to members of his lineage.25 The treatise also had to confront the explicit concession made in the treaty of Arras (1435), as the price of a difficult peace, that the counties of Mâcon and Auxerre should descend to Philip the Good’s legitimate heirs, both male and female.26

21 […] la loy du royaulme et l’usaige et coustume noterement gardéz et observéz ou fait des appanages [qui] […] se baillent par retour a la Coronne, en cas qu’il y a faulte de hoir masle descendant en droicte ligne de celluy a qui ledict appanage a esté baillé (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 9r). The phrase se baillent […] baillé is omitted by A1 but present in A2 and T. 22 E.A.R. Brown, Royal Marriage, Royal Property and the Patrimony of the Crown. Inalienability and the Prerogative in 14th Century France, in Humanities Working Paper, t. 70, January 1982, URL: https:// authors.library.caltech.edu/15158/ (accessed 4 November 2017); J. Collins, Dynastic Instability, op. cit., pp. 113-114. Cousinot was expert in dealing with the need encountered by diplomats to “compensate for the deficiency or at least the absence of documents” (“pallier [la] carence ou à tout le moins [le] vide documentaire”), as he had experienced similar problems in using the Salic Law to defend the Valois right to the French throne: P. Contamine, “Le Royaume de France ne peut tomber en fille.” Une théorie politique à la fin du Moyen Âge, in Institutionen und Geschichte. Theoretische Aspekte und mittelalterliche Befunde, ed. G. Melville, Cologne, 1992, pp. 193-194. 23 This point was exploited by Jean d’Auffay (Paris, BnF, MS fr. 18730, ff. 21v-23r). For the context, see Fr.-A. Isambert e.a., Recueil général, t. 5, pp. 150 ff.; A. Lewis, Royal Succession in Capetian France. Studies in Familial Order and the State, Cambridge (Mass.), 1981, pp. 171-178; P. Saenger, Burgundy and the Inalienability, op. cit., pp. 12-13; Fr. Autrand, Charles V, op. cit., pp. 663-664. 24 Paris, BnF, MS fr. 18730, fol. 18v (see n. 13 supra). Although P. Saenger, Burgundy and the Inalienability, op. cit., pp. 2-4, and M.T. Allemand, La Réversion du duché de Bourgogne, op. cit., p. 224, agreed that the reference to heirs implicitly allowed female succession, other historians have argued that the exclusion of women was already so well established by 1363, no specific reference was considered necessary (G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., p. 397). 25 See J. Krynen, L’Empire du roi, op. cit., pp. 153-160. E.A.R. Brown, Royal Marriage, op. cit., pp. 2-3, traces the application to the French Crown of the principle of inalienability of private property in Roman Law; as she points out (ibid.), even the edict of Moulins in 1566 allowed the king to alienate the domain under specific circumstances, including the creation of apanages and raising money for war. 26 See n. 10 above. The status of the duchy of Burgundy is not specifically mentioned in the treaty of Arras, as the duke of Burgundy already ruled it under the terms of the grant of 1363.

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Sur la question rises to the challenge of justifying royal claims with a wealth of precedents and legal citations. It follows other royal apologists27 by citing the Decretum, that in legal matters, spirit and context take priority over the mere letter of the law.28 Judgements in the “Parlement of Paris”29 and feudal law30 demonstrated that the simple term “heirs” referred soley to direct male descendants, even though the king’s adversaries claimed that women were included.31 While the term “heirs and successors” had been included in letters of apanage for the future Philip V, this had not benefited his daughters, or prevented his apanage from returning to the Crown:32 an implicit precedent for excluding Mary from the Burgundian succession. Where daughters of kings inherited, or were granted, lands for their “livelihood” (portion de vivre), these were not apanages, and consequently were not joined inseparably to the Crown.33 The treatise is more equivocal about the duchy of Auvergne. This had been held as an apanage by John, duke of Berry, and granted by the Crown to his daughter Mary and her husband John I of Bourbon. While maintaining that the apanage had reverted to the Crown in due form after the duke of Berry’s death (in 1416), the treatise alleges that the new grant was engineered in dubious circumstances by two of Charles VII’s officials. This questionable deal nonetheless ensured that the rest of the Bourbon inheritance would henceforth be treated as an apanage, and return to 27 […] ce qui se part de la Couronne par forme d’empanage ne vient point a filles, et s’il est bailli a filz, en deffaulte de hoirs masles, il revient a la Couronne. Et se aultrement a esté fait ce a esté mal fait et plus de voulenté que de raison, et ne doit on pas regarder ce qui est fait mais ce qui se doit faire; et ne se doit pour tant traire a consequence, ne prejudicier aux successeurs roys de France (my underlining). Jean Juvénal des Ursins, Tres crestien, tres hault, tres puissant roy, (1446), in Id., Écrits politiques, ed. P.S. Lewis, t. 2, Paris, 1985, p. 26. See also J. Krynen, L’Empire du roi, op. cit., pp. 156-157. 28 […] que les choses ne sont pas subjectz aux parolles, mais les parolles sont subjectz a l’entendement des choses (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 9r), present in T (in Latin), and A2 but omitted by A1: Intelligentia. De verborum significatione (Decret. Greg. ix, v. 40.6, Corpus iuris canonici pars secunda ed. E. Friedberg, Graz, 1959, col. 913): Intelligentia dictorum ex causis est assumenda dicendi, quia non sermoni res, sed rei est sermo subiectus (a quotation also applied to discrepancies in evidence in the case of the county of Burgundy, in Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 38r). 29 Examples (ibid., fol. 9r-v) include the “arrêt” of the “Parlement” of Paris in 1284 in favour of Philip III’s succession to lands held by his uncle Alphonse de Poitiers, against his uncle Charles d’Anjou, which was later taken as a precedent that apanages should revert to the Crown if the apanagist died childless (for the original context and meaning, see A. Lewis, Royal Succession, op. cit., pp. 174-177); and an “arrêt” of 22 January 1323 between Charles IV and Duke Eudes IV of Burgundy on behalf of Eudes’s wife Jeanne, daughter of Philip V, that she should not inherit her father’s apanage of Poitou, because property held by the king on his accession should automatically be united to the royal domain (G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., pp. 211-213, points out that the “Parlement” only granted possession to the king, it did not decide on proprietorial right or proprietas). 30 See Liber feudorum, ii, 11, in K. Lehmann, Das Langobardische Lehnrecht. Handschriften, Textentwicklung, ältester Text u. Vulgattext nebst d. capitula extraordinaria, Göttingen, 1896, p. 129. 31 Paris, BnF, MS fr. 18730, fol. 18r-v. 32 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 13v. Philip IV had restricted his son Philip (V)’s apanage of Poitiers to male heirs; Louis X at his brother’s request removed this restriction in August 1315. E.A.R. Brown, Royal Marriage, op. cit., pp. 17, 22 and n. 48, 79. 33 Thus Jeanne of évreux, daughter of Louis X, inherited Navarre but not Champagne, and her cousin Blanche was given lands other than her father’s apanages (Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 14v-15v). On this matter, see G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., p. 213.

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the Crown if Mary and her husband died without heirs34. In fact, the original grant made by Charles VI in 1409 at the duke of Berry’s request had encountered fierce opposition from the “Parlement” of Paris and the “Chambre des comptes” between 1416-1418, only being confirmed by Charles VII in 1425 as the price of maintaining the Bourbons in his alliance. Sur la question’s interpretation of events reflects how royal officials’ insistence that the rules of succession to apanages should be observed, conflicted with the king’s power to override these principles, in order to favour his relatives or win political support.35 The treatise argues that apanages were distinct from a king’s personal property, that could be divided among his relatives. According to legal commentators, the apanagist only held the usufruct, and the Crown retained its lordship and proprietary rights.36 An apanage was a privilege, not an entitlement. Thus Philip IV enlarged the apanage of Charles of Valois as a reward for “the great service he had given to the king, the Crown, the kingdom and the Public Good”, not just because it had previously been inadequate for the status of the king’s brother.37 A familial metaphor is set against the demands of daughters and other ineligible relatives “for each to have a share”.38 The king is like a husband to the Crown; just as a wife’s dowry is inalienable in law, so the domain which the Crown grants to the king on the occasion of his “moral and political” marriage with his polity (Chose Publique) cannot be separated from the Crown.39 If apanages had been granted to women in the past, and had not returned to the Crown in the absence of male heirs, it would be so impoverished, it would

34 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 16r-v. Jean d’Auffay expressed incredulity that the duchies of Auvergne and Berry were ever apanages where the succession was restricted to males, although he accepted that they might have been subject to special arrangements (Paris, BnF, MS fr. 18730, ff. 28v-29r). 35 Fr. Autrand, Charles V, op. cit., p. 662-663; G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., pp. 398-399; O. Mattéoni, Servir le prince. Les officiers des ducs de Bourbon à la fin du Moyen Âge (1356-1523), Paris, 1998, pp. 79-80; G. du Fresne de Beaucourt, Histoire de Charles VII, t. 2, Paris, 1882, pp. 95, 563-564. 36 […] et demoure tousjours la droite seigneurie et la proprieté a la Coronne de France (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 32r). 37 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 13r: […] veu les grans services [qu’il] avoit faitz au roy, a la Coronne, au royaulme et a la Chose Publique d’ycelluy. The short-lived grant of Normandy to Charles of France (1465), which was wrenched from his brother Louis XI after that king’s defeat in the War of the Public Weal, also recorded that Charles was disposé pour grandement pouvoir servir […] nous et la Chose Publique du royaulme (Louis seized back Normandy at the earliest opportunity and substituted Guyenne). See Ordonnances des rois de France de la troisième race, ed. A.-M. de Pastoret, t. 16, Paris, 1814, pp. 394-397; t. 17, 1820, pp. 209-212 (here t. 16, p. 395); P.-R. Gaussin, Louis XI. Un roi entre deux mondes, Paris, 1988, pp. 231-232. 38 […] pour en bailler a chascun sa piece (ibid., fol. 32r). 39 […] ainsi que le douaire donné a cause de mariage charnel par la prohibition de la loy est inalienable, aussi le demaine de la Couronne qu’elle baille au roy comme par douaire, et pour contemplation du mariage moral et politique qui est entre le roy et la Chose Publique est aussi inalienable (ibid., fol. 30v). In T, missing from A1 and A2 because the manuscript is mutilated. The use of the metaphor of marriage to accentuate inalienability can be traced back to the jurist Lucas de Penna (c. 1320-1390), see P. Arabeyre, Un “Mariage politique.” Pouvoir royal et pouvoir local chez quelques juristes méridionaux de l’époque de Charles VIII et Louis XII, in Annales du Midi, t. 117, 2005, pp. 145-162 (esp. pp. 159-162 and bibliography, n. 61). Our treatise is frequently cited as an example of its use, though following Saenger, it is attributed to the king’s “procureur”, Michel de Pons (see supra, p. 62).

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be unable to carry out its duty to keep the peace and administer justice.40 Like a human body,41 or the robe of Christ,42 the Crown “must remain entire, without partition or division, […] otherwise it would not be a true Crown but an aberration or monstrosity”.43 Even where a grant is consistent with “the law of the kingdom and the usage and custom manifestly kept and observed with respect to apanages”, family considerations should not outweigh the king’s duty to safeguard the rights of the Crown.44 For that reason, John II’s grant of the duchy of Burgundy to Philip the Bold should be void: “it was neither for the profit nor the utility of the king nor the kingdom, but to the evident harm and prejudice of the king, the Crown and the Public Good of the kingdom”.45As the counties of Burgundy, Mâcon and Auxerre were attached to the Crown at some stage, they are subject to the same rules as the duchy of Burgundy; they cannot be inherited by a woman. To maintain this argument the treatise discredits the treaty of Arras as a failure, because it did not achieve its declared objective of bringing peace, it was badly drafted, and in addition, even its main beneficiaries, the dukes of Burgundy, ignored its terms. Sur la question thus subverts Mary’s claims by tracing the duchy’s status as an apanage to the distant past, by arguing that law and precedent excluded women, and by discrediting the treaty of Arras. Its overarching claim, however, is that the well-being of the kingdom takes precedence over familial claims, and its rulers must set aside ties of blood where they threaten the integrity of the Crown and its possessions.

40 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 29v-32r. 41 Ibid., fol. 31r (in T, missing from A1 and A2, see supra, n. 5). Baldus de Ubaldis, Super feudis, Lyon, Jacques Myt, 1522, fol. 5v, § 32: […] imperium est in similitudine corporis humani a quo si abscinderetur auricula non esset corpus profectum sed monstruosum. 42 Et dist […] Jehan Regnault […], lequel traicta fort sur le faict des fiefz, que la Coronne est a comparage[r] a la robbe d[e] nostre Seigneur. […] Nous vivons tous en ce monde ainsi soubz la couverture de la Coronne de France bien administree et puissante pour ce faire; nous vivons en justice, en pollice, en paix et en transquillité. Et que ainsi comme la robbe de nostre Seigneur demoura entiere sans estre divisee ne decoupee pour en bailler a chascun sa piece, pareillement la Coronne doit demourer entiere et sans partition ne division (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 32r); in T, missing from A1 and A2. Jean Raynaud was the author of a Comprehensorium feudale, and other works published in Lyon in 1516: G. Giordanengo, Art. Jean Raynaud, in Dictionnaire historique des juristes français, xiie-xxe siècle, ed. P. Arabeyre, J.-L. Halpérin and J. Krynen, Paris, 2007, pp. 654-655. I have been unable to locate this citation in Raynaud’s texts, but the Songe du Vergier (éd. M. Schnerb-Lièvre, t. 1, Paris, 1982, p. 285, § 30), does compare the alienation of sovereignty and the “ressort” of the Crown to the division of the robe of Christ: […] et dividet inconsutilem tunicam Domini; […] et divisera la coste de nostre Seigneur, laquelle estoit sanz cousture, car un royaume ne doit mie estre divisé quant a souveraineté et ressort […]. 43 […] doit demourer entiere et sans partition ne division, […] aultrement ne seroit pas vraye coronne mais ung eschantillon ou ung monstre de coronne (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 32r). 44 […] la loy du royaulme et l’usaige et coustume noterement gardéz et observéz ou fait des appanages (ibid., fol. 9r, omitted A1, present in A2, T). 45 Ibid., fol. 11v: […] n’estoit ne [au] prouffit ne [a] l’utilité du roy ne du royaulme, mais [a] l’evident dommage et prejudice du roy et de la Couronne et de la Chose Publique du royaulme. This citation is in T, omitted by A1 but similar arguments are used elsewhere in this version, and missing from A2 (see supra, n. 5).

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3. The Feudal State, Subjection and Sovereignty Sur la question reflects the continuing importance of the fief in political relationships and discourse. It sets out to prove the existence, and explain the nature, of the feudal bond between the Crown and the counties of Mâcon and Burgundy, and to explain its implications. It asserts that the county of Burgundy is a fief dependent on the duchy of Burgundy, and as such, a rerefief of the French Crown. At its origins, the county was a collection of lands, lordships and castellanies, without a “chef-lieu” characteristic of other counties, until Dole was made the capital. Besançon, which some believed to be the capital of the county, had close ties to France, as one of its ten ancient archbishoprics, whereas the counts of Burgundy only had limited rights there.46 Subsequently Count Otto IV (Ostelin) had given the whole, or most of, the county, and the seigneurie of Salins, to Philip IV, during a dispute with Robert, duke of Burgundy. The king had never surrendered his rights there, even when he adjudged the county to its immediate overlord, Duke Robert. When it passed by marriage to the king’s son, Philip (V), husband of Otto’s daughter Jeanne, the duke of Burgundy had received his homage as count.47 The treatise refutes the allegation that the county was not subject to the Crown of France because its ruler was count palatine and held a “Parlement”, and that it “was free land and was held of no man living, and recognises no sovereign”.48 Such titles and “Parlements” were held by other princes, who were nonetheless subject to an overlord.49 Furthermore, the terms “franche” and “franchise” did not preclude the inhabitants from being “men and vassals (holding) in full fief from their lord, […] and subject to the ‘ressort’ and sovereignty of the sovereign in rerefief ”.50 As the duchy of Burgundy was a fief held of the Crown, the lands within its jurisdiction or “mouvance” must be rerefiefs of the Crown.51 Moreover, the attachment of the county to the duchy made it subject to the rules of apanages.52

46 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 33r-34r; in T, absent from A1, A2 (see supra, n. 5). As Jean d’Auffay does not consider the choice of capital in his treatment of the county (see Paris, BnF, MS fr. 18730, ff. 33r-35r), this argument may be directed against the Empire because Besançon was an imperial city. 47 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 34r-36r. I have not identified the source of this account. 48 […] est terre franche qui n’est tenue de homme vivant, et ne recognoist point de souverain (ibid., fol. 36r); in T, absent from A1, A2 (see supra, n. 5). 49 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 42r-43r. 50 Ibid., fol. 36v: […] hommes et vassaulx en plain fief de leur seigneur de qui ilz tiennent en fief et en resort [sic] et souverainneté du souverain par arriere fief; in T, absent from A1 and A2. As, according to Jean d’Auffay, Paris, BnF, MS fr. 18730, fol. 1v, Mary’s case rested on her hereditary rights, French arguments were probably aimed principally at the élite of the county of Burgundy, many of whom had resisted French incursions in 1477 and 1479: H. Cools, Quelques considérations sur l’attitude des nobles comtois entre 1477 et 1500, in P.C.E.é.B., t. 42, 2002, pp. 167-182. 51 Ibid., ff. 37r-38r; present in T. Part of this section is missing from A1 and all of it from A2. Auffay refused to engage with this argument on the pretext it was not relevant (non est presentis speculationis, Paris, BnF, MS fr. 18730, fol. 35r). 52 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 45v.

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Significantly, the emperor’s status as overlord of the county of Burgundy is totally ignored by the treatise.53 Sur la question challenges Burgundian claims to the counties of Mâcon and Burgundy by citing the dukes’ ingratitude towards the Crown. Philip the Bold owed his possession of the rich heritage of King John II and the county of Flanders to his father’s and brother’s generosity; Charles V sacrificed the Crown’s interests to arrange his marriage with Margaret of Male, heiress of Flanders. The kings of France did not need to openly challenge Margaret’s claim through her paternal grandmother, Margaret, countess of Burgundy and Flanders, because after his marriage Philip the Bold was in possession of the county of Burgundy.54 Afterwards, there was no opportunity to resolve the issue, for the dukes of Burgundy held the Crown in their power, and caused the civil war in France. John the Fearless murdered his own cousin, Charles VI’s brother, Louis, duke of Orleans, and resisted all attempts to punish him. He and his successors allied with the English, traditional enemies of the French Crown.55 Then Philip the Good exploited the weakness of the Crown to secure the iniquitous treaty of Arras, in which he was depicted as an equal, when he was no more than a subject, of the king.56 Given their unequal rank, the treaty could not be a “peace”, as the Burgundian dukes contended, but was only a “reconciliation” between the king and his “subject”, concerning the disputes and armed conflicts that had arisen between them.57 Furthermore, the treaty portrayed John the Fearless as a victim, rather than a criminal who had committed lèse-majesté against his king, and who deserved his fate.58 For these reasons, the duke was not entitled to compensation for the death of his father, and certainly not to the grant of Mâcon and Auxerre, which was a “huge, unreasonable and immoderate donation, against God and Reason”, a phrase that echoes the protests of royal officers against inappropriate alienations of the royal domain.59

53 The exclusion of the emperor from consideration in what was legally an imperial fief was foreshadowed in the case of the Dauphiné, in the Registre delphinal, a text commissioned by Louis as dauphin in 1456: Mathieu Thomassin, Registre delphinal, ed. K. Daly, coll. G. Labory, Paris, 2018, pp. 27-28, n. 109. 54 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 39r-v. Margaret of France, countess of Burgundy and Flanders and mother of Louis of Male, had featured prominently in Auffay’s discussion of the county: Paris, BnF, MS fr. 18730, ff. 34r-35r. In an interesting parallel to Sur la question, Auffay had argued that as Mary inherited either through Philip the Bold or in her own right (through women such as her ancestor countess Margaret), she was indubitably the vray heritier de l’un et de l’aultre descendant en ligne directe (ibid., fol. 34v). 55 Ibid., ff. 39v-42r. 56 Ibid., fol. 51r. 57 […] ne se peult appeller paix entre le souverain et son subgect […]. Car le subgect doit obeyssance a son souverain et son souverain luy doit garde et recognoissance. […] Et pour venir au propre nom qui appartient audict traictié d’Arras, c’est une reconsiliation entre le roy nostre souverain seigneur d’une part et le duc de Bourgongne d’aultre, sur les questions et desbatz, guerres et divisions qui estoient entre eulx (ibid., fol. 51v). 58 Ibid., ff. 48r-50r. 59 Ibid., fol. 56r-v: […] immensa donatio […] desraisonnable et sans mesure […] contre Dieu et contre raison. A1 and T give a slightly different formulation (missing from A2, see n. 5). G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., pp. 383-389 gives examples of resistance in the “Parlements” of Paris and Toulouse and the royal “Chambre des comptes” against grants from the royal domain.

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Even allowing that Philip the Good gained exemption from his feudal relationship with the French Crown through the treaty of Arras during his and Charles VII’s lifetimes, subsequently “he had [paid homage] in general terms for all the lands and lordships that he held [of King Louis XI], so there was no question of one land more than another”.60 By implication, Duke Philip acknowledged the feudal bond with the Crown for all his lands.61 Although his heir, Duke Charles, “always refused to do homage, and give his oath of fidelity and [his promise] to protect [royal] rights, to the king, […] nevertheless the rights of the Crown and [of its] sovereignty are not lost at all, and no prescription can run against [them]”, nor can the difficulties of the Crown in pursuing its rights prejudice their future exercise.62 This was not the first time that the Crown had asserted its superiority over the dukes of Burgundy, regardless of the treaty of Arras. In 1459, a French embassy reminded Duke Philip that he was a vassal and subject of the Crown, and that as a peer and relative of the king, he owed him loyalty, and should work for his good, honour and prosperity.63 The terms vassal and subject are used interchangeably in Sur la question, which underlines the subjection of peers and princes to the Crown, in spite of their titles and “Parlements”.64 The treatise’s interest in the rights of subjects is also striking. It claims that Charles VII should have consulted the Auxerrois before he granted the county of Auxerre to Philip the Good, and implies that they could even legitimately have

60 […] il [l’]a faict en termes generaulx de toutes les terres et seigneuries qu’il tenoit de luy, par quoy n’a esté question en plus d’une terre que d’aultre (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 41v). This was correct: according to the treaty, the duke would be free from “subjection, homage, the ‘ressort’, [and] sovereignty” (subjeccion, hommage, ressor, [et] souveraineté (E. Cosneau, Les Grands traités, op. cit., pp. 143-144), but this freedom was limited to his own and Charles VII’s lifetimes. 61 An accurate assessment of the implications of Philip the Good’s homage to Louis XI in 1461 (Dom Urbain Plancher, Histoire générale et particulière de Bourgogne, t. 4, Dijon, Louis Nicolas Fantin, 1781, p. 305, nr cxxiii). 62 […] a tousjours desnyé de faire au roy son hommage et le serement de fidelité et de garder ses droitz […] pourtant les droitz de la Couronne ne la souveraineté n’en sont point perdus, ne prescription n’a peu courir contre lesdictz droitz et souveraineté (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 41v). 63 A.-B. Spitzbarth, De la vassalité à la sujétion. L’application du traité d’Arras (21 septembre 1435) par la Couronne, in R.N., t. 349, 2003, pp. 43-72. 64 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 42r-v. It is probably no coincidence that two examples mentioned in the treatise, the dukes of Brittany and Normandy, had challenged the authority of French kings. Breton dukes, like those of Burgundy, had tried to establish independence from France. Normandy had been in English hands from 1419 to 1450, and then in those of Louis’s disloyal brother, Charles of France, from 1465-1466. Guillaume Cousinot had been active in negotiating with, and challenging the contentions of, both the English and the Bretons. He had also helped to set out the royal case for denying Normandy to Charles of France at the Estates General at Tours in 1468. C. Taylor, Debating the Hundred Years War, op. cit., pp. 5-13; P. Contamine, Méthodes et instruments de travail de la diplomatie française. Louis XI et les régale des évêchés bretons, in Id., Des Pouvoirs en France 13001500, Paris, 1992, pp. 147-167 (p. 153). Champagne and Brie, also mentioned in the treatise, had been proposed as an apanage for Charles of France during negotiations at Péronne between Duke Charles the Bold and Louis XI.

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disobeyed the royal letters that alienated them from the royal domain.65 Subjects had an interest in the grant of apanages, since royal generosity might mean the Crown would no longer be able to protect them and provide them with justice.66 In Sur la question, the feudal bond is a useful weapon because it binds lord and vassal together through ties of affection as well as reciprocal duties, ties which the dukes had consistently violated. Nevertheless, the Crown sets the king apart from other French feudal lords, including the duke, who are royal subjects as well as vassals, inferiors and not equals. The treaty of Arras, which undermined the Crown’s status and robbed it of its territories, can never form a legitimate basis for the claims of Mary of Burgundy.

4. The Judicial State: Royal Law and Custom Charles the Bold had denied that his French fiefs were subject to the judicial competence of the French Crown and the “Parlement” of Paris.67 Conversely, Sur la question depicts the Crown as the embodiment of justice, one of its inalienable prerogatives. Kings of France are portrayed as acting with the advice of their council, and displaying their “certain knowledge” and sovereign power to issue ordinances or take judicial decisions.68 The text underscores the importance to the Crown of retaining its “ressort” or ultimate jurisdiction when granting land from the royal domain, particularly in the case of the county of Burgundy. To do otherwise would deprive the Crown of its incorporeal rights which, like a body deprived of its soul, would be left inanimate.69 Even the so-called “Franche Comté”, or Free County, was subject to the Crown’s “ressort” or judicial competence.70 In the same way, Charles VII retained the “ultimate jurisdiction and sovereignty” over the county of Mâcon when

65 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 58r-v: […] se aucunes lectres en estoient donneez par [les] […] roys de France, qu’il ne soit point obey […] (in T; part of the text in A1 is missing as the folio is torn; A2 is incomplete). The principle that subjects should consent to alienations was discussed by jurists such as Baldus de Ubaldis. In areas that were to be detached from the French royal domain, subjects’ complaints were usually given a hearing, and the need for their consent was applied at least by the “Parlement” of Toulouse in Louis XI’s reign (G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., pp. 309, 392-394). 66 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 31v; G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., pp. 400, 404. 67 é. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé, op. cit., pp. 166-168. 68 For example, King Philip IV judging the case between Otto IV, count of Burgundy and Robert, duke of Burgundy (Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 34v-35r), and see supra, p. 65, for King John II. 69 […] quant une Coronne si pert ses droiz incorporelz (c’est assavoir de son ressort et de sa souveraineté), ce qui adherent a celle comme l’arme [sic] au corps, elle n’est ne si doit plus estre reputee Coronne, mais est ung monstre (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 37v). The words in parentheses are omitted by A1 and T. 70 Ibid., fol. 38r. The “ressort” was regarded as an inalienable royal right by the author of the Songe du Vergier (see supra, n. 41) and was specifically reserved to the king in the grant of the duchy and county of Burgundy to Philip the Bold by King John II in 1363: retentis nobis […] ressorte dictorum donatorum (Fr.-A. Isambert e.a., Recueil général, op. cit., t. 5, p. 152).

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it was granted to the duke of Burgundy and his heirs by the treaty of Arras.71 “Sur la question” is apparently unconcerned that royal jurisdiction and the “ressort” are delegated to local “parlements”, as in the case of Brittany, Normandy and Champagne, for their princes are still vassals and subjects of the Crown.72 The judgements of the “Parlement” of Paris that determined the application of rules on apanages are crucial to the argument against Mary. The “Parlement” was both an expression of the king’s absolute power in matters of justice and of its disinterested equity (in theory the king’s claims, like those of his subjects, were treated on their merits). According to the treatise, the “Parlement” was founded as “the court of last resort for all legal cases in France”, which would deal with the cases of peers;73 by implication, as the dukes of Burgundy were peers, they should have taken note of the “Parlement”’s decisions on apanages, and so should Mary of Burgundy. Yet Mary’s claims ignored the series of “arrêts” or judgements invalidating female claims to inherit their fathers’ apanages, an indication of the futility of her arguments.74 In its quest to justify the exclusion of women from apanages, the treatise explores the relationship between the different types of law current in the kingdom. The formulation of these different types is not always clear;75 nonetheless, certain principles do emerge: that feudal, canon and civil law and local customs are subject to the overarching authority of the Crown and kingdom, which are bound by their own specific laws and customs. Arguments that women had a right to succeed to their fathers, and that the general term “heirs” included females as well as males, relied on Roman Law.76 Sur la question therefore appeals to more recent “Imperial constitutions” and “the law of

71 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 46v. For the grant of Mâcon to the duke of Burgundy and his heirs in the treaty of Arras, see E. Cosneau, Les Grands traités, op. cit., pp. 131-133. 72 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 42r-v. See also supra n. 64. This attitude is consistent with B. Guenée’s observation, that the king and his council were satisfied with “une centralisation institutionnelle” of royal justice, even if it entailed geographical decentralisation: B. Guenée, Espace et état dans la France du Bas Moyen Âge, in Id., Politique et histoire au Moyen Âge, op. cit., pp. 111-125 (esp. 122-125). It is not clear whether the author of the treatise was aware that Champagne and Normandy, as well as Burgundy, were reunited inseparably to the Crown by John II in 1361 (Ordonnances des rois de France, op. cit., t. 4, p. 212). 73 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 7v. 74 Ibid., ff. 16v-17r. 75 When denying female succession to apanages, loy is often linked to usage and coustume; on other occasions, usage et coustume and commune observance are invoked together, as if the treatise were spreading its net as widely as possible to cover all eventualities (for example, ibid., ff. 9, 15v, 16v-17). The corresponding Latin legal terms would be lex, mos, consuetudo and communis observantia. See J. Hepburn, A Lawyer and his Sources. Nicolas Bohier and Legal Practice in Sixteenth Century France, in Reassessing Legal Humanism and its Claims. Petere Fontes?, ed. P.J. du Plessis and J.W. Cairns, in Edinburgh Studies in Law, t. 15, 2016, pp. 244-281 (p. 258). 76 Amongst other examples (Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 2-3v), Digest, 50, 16, 148: De verborum significatione: Non est sine liberis, cui vel unus filius unave filia est: haec enim enuntiatio “habet liberos”, “non habet liberos” semper plurativo numero profertur, sicut et pugillares et codicilli; Digest, 50, 16, 152: “Hominis” appellatione tam feminam quam masculum contineri non dubitatur; Digest, 50, 16, 195: Pronuntiatio sermonis in sexu masculino ad utrumque sexum plerumque porrigitur.

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fiefs”, that is, the Consuetudines feudorum, to undermine Mary’s case. As the Digest could not provide for every eventuality,77 the “ancient law […] is now corrected by imperial constitutions made since then, concerning fiefs […] and the succession of daughters”.78 The treatise establishes that there are many types of fief, and rules of succession vary from one kingdom to another. Accordingly, “daughters have never succeeded [in France] from the time of the Salic Law, which was the first law of the French, and which has been kept and observed inviolably since then”. The exclusion of women from the royal succession gives rise to related Crown prerogatives, such as female exclusion from the succession to apanages.79 According to the Consuetudines feudorum, women can only succeed under very specific conditions in great fiefs such as duchies. Those conditions do not apply to French royal apanages. Where female succession is not specifically mentioned (as in the case of John II’s grants), the apanage is heritable only by males.80 Sur la question explores the relationship between royal and customary law at some length, and reflects the recent extension of the king’s interest into that area. The ordinance of Montils-lez-Tours (1454) had prescribed the redaction of local customs, and at the end of his reign, Louis XI had intended that his “grand conseil” should examine the customs, usages and style of each bailliage and sénéchaussée, and create a single or “general” custom for the whole kingdom.81 The treatise contrasts custom with “droit”, that is, “imperial, papal or royal constitutions”,82 or written law. Customs could be general, such as the “general custom of France”83 or local and specific, such as customs of the pays and lordships of the kingdom.84 Where local or specific custom does not cover a case, the general custom of the kingdom should

77 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 18r-v. 78 [Le] droit ancien […] est maintenant corrigé par les constitutions depuis faictez par les empereurs touchant la matiere des fiefz […] au regart de la succession des filles (ibid., ff. 21r, 24v). This quotation is omitted by A1 and missing from A2 (present in T with a minor variant). 79 […] filles […] n’y succedent jamais des le temps de la Loy salique qui fut la premiere loy des François, et depuis a esté gardé et observé sans infraction nulle (ibid., ff. 17v-18r). Cousinot had prior experience in framing arguments to defend royal rights based on the Salic Law in his treatise Pource que plusieurs: C. Taylor, Debating the Hundred Years War, op. cit., pp. 57-63, 67. In his treatise defending Mary’s rights, Jean d’Auffay responded with the assertion that the Salic Law was pagan, and should not apply within the kingdom, while citing examples of female succession to French fiefs: Paris, BnF, MS Fr. 18730, fol. 30r; K. Daly, Jean d’Auffay, pp. 611-612. 80 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 17r-20v. 81 It is worth noting that the customs of Burgundy (a principal source of Mary’s arguments) had been redacted as early as 1459, under the aegis of Philip the Good. J. Krynen, Entre science juridique et dirigisme. Le glas médiéval de la coutume, in Cahiers de recherches médiévales et humanistes, t. 7, 2000, pp. 1-16 (here p. 1), on line. URL: https://journals.openedition.org/crm/892 (consulted 16 November 2017); R. Gandilhon, L’Unification des coutumes sous Louis XI, in R.H., t. 194, 1944, pp. 317-323; A. Rigaudière, Un Rêve français. L’unification du droit, in Comptes rendus de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. 148/4, 2004, pp. 1553-1567. 82 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 57r. 83 Ibid., fol. 28v. 84 Ibid., fol. 25r.

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be applied.85 Although custom “completes” written law, which cannot cover all circumstances, it must conform to reason and truth, otherwise it is not custom but abuse.86 The “coutumiers” or collections of customary laws “approved and received by the local inhabitants, like the Customs of Normandy”, are acceptable because of their long standing, and their just and legal usage, unlike the styles of court, which changed often and were subject to abuses.87 Unwritten customs established by enquêtes par tourbes are also acceptable if they conform to reason and truth.88 The rules on the descent of apanages are the “law of the kingdom”,89 the “general custom of the kingdom”, and “the specific custom of the Crown”,90 which are founded on reason and truth and should be preferred above all others by any good and right-thinking man, “for the pre-eminence of the Crown and the obvious benefit of the Public Good […]”.91 They take priority not only over other customs but also over the Roman Law sources cited by Mary of Burgundy.92 The potential conflict between laws promulgated by the king and customary law is explored in the cases of Mâcon and Auxerre. A new constitution enacted by a pope or prince needs no qualification, as they know the law. But where there might be a conflict with custom, existing law, or private agreements and contracts, the clause non obstant (“notwithstanding”) is required for a document to be valid. The absence of this clause from the treaty of Arras invalidates all the grants made by Charles VII to the duke of Burgundy. As Mary of Burgundy could demand no rights to Mâcon

85 Ibid., fol. 26r, and T. Note that the sections from ibid., ff. 25v-28v, are omitted by A1, and ibid., ff. 28v37v, are missing because the manuscript is damaged. For A2, see supra, n. 5. On the legal distinctions, see M. Grinsberg, La Rédaction des coutumes et les droits seigneuriaux. Nommer, classer, exclure, in Annales. Histoire. Sciences sociales, t. 52/5, 1997, pp. 1017-1038 (here pp. 1021-1022). 86 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 25v-26v. 87 Ibid., ff. 26v-27r; in T, omitted by A1 and missing from A2. According to some late medieval jurists, stilus was unwritten law introduced by a single judge while custom (consuetudo) was used by many judges and implied the tacit consent of the populace. J. Hepburn, A Lawyer and his Sources, op. cit., pp. 258-266. 88 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 27r. In T, omitted by A1 and missing from A2. Enquêtes par tourbes were held when the judge in a case was not familiar with a local custom; the custom was put in writing and placed before knowledgeable people summoned for the purpose, who reported what they knew about how it operated in practice. This procedure was made compulsory by the ordinance of Saint Louis in 1270. A. Watson, Sources of Law, Legal Change, and Ambiguity, 2nd ed., Philadelphia, 1997, pp. 41-43. 89 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 9r. 90 Ibid., fol. 28v. Passage present in T, omitted or missing from A1, missing from A2. 91 Ibid., fol. 27r: […] laquelle coustume encores pour la preminence de la Couronne et l’evidente utillité de la Chose Publique du royaulme doit estre en tout bon et raisonnable jugement de homme preferee a toutes aultres. Passage omitted or missing from A1, missing from A2. The treatise may mean that the rules governing apanages and excluding female succession are loy, in the sense that they are determined by the Salic Law and royal ordinances. The references to general and specific (particulier) royal custom may be intended to cover situations where royal ordinances do not consistently and specifically exclude female succession. Jean d’Auffay, by contrast, claimed that the “general custom of the kingdom of France” allowed women to succeed in fiefs, and that they were preferred to more distantly related males (Paris, BnF, MS fr. 18730, fol. 19r). 92 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 21v, 25v-27v. Present in T, omitted by A1 and missing from A2.

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and Auxerre by right of the treaty, her claims to the counties were null and void.93 The importance of the clause non obstant is well supported by canon and civil law, and it was employed by the French royal chancellery from the fourteenth century. It was a manifestation of the king’s supreme authority in judicial matters: by using the term, he set aside any restrictions on his power to make a grant.94 It is more questionable whether the clause had its rightful place in what was intended to be a peace treaty, though it is present in the treaty of Péronne between Duke Charles the Bold and Louis XI in 1465, which granted the duke the Somme towns and confirmed the county of Boulogne to Charles’s male and female heirs.95 In the treatise, the plurality of legal forms —written law, constitutions, “arrêts” in the “Parlement”, general, local and specific customs— and their partial “democratisation”, through approval by the representatives of the inhabitants of the pays, to some extent disguises, and to some extent reflects, a more complex situation. In fifteenth century France, the Crown, the embodiment of justice, and its judges (with the assistance and sometimes the resistance of local assemblies and interested parties), determined which customs were acceptable and which were “abuses” contrary to reason, a tendency that was to become more pronounced in the following century.96 Sur la question in its turn unleashes the overarching authority of the “general custom of the kingdom” and the “specific law of the Crown” on apanages, against Mary’s claims to inherit through customary law.

5. The Affective State: The Appeal to Emotion Royal apologists were skilled in appealing to beliefs and feelings about the French kings, Crown and kingdom, in their defence of royal rights.97 The treatise follows this tradition by diminishing the status of the king’s opponent and exalting the status of the Crown. From the outset, Sur la question refers to Mary only as duchess of Austria, underplaying her connection with the Valois dukes of Burgundy, in contrast to her own apologist, Jean d’Auffay, for whom she is principally: “my lady the duchess of Austria (and) Burgundy” (ma dame la ducesse d’Austriche [et] de Bourgogne).98 On

93 Ibid., ff. 53v-54v, 56r, 57r. 94 J. Krynen, Entre science juridique, op. cit., p. 8; G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., pp. 376-379. Jean d’Auffay used the clause against the French by claiming that the use of non obstante in the grant of 1363 meant that the duchy of Burgundy could not lawfully have been united to the kingdom (Paris, BnF, MS fr. 18730, fol. 19v). 95 Ordonnances des rois de France, op. cit., t. 16, pp. 355-365. 96 J. Krynen, Entre science juridique, op. cit., passim; M. Grinsberg, La Rédaction des coutumes, op. cit., pp. 1017-1022. 97 Amongst the wealth of literature on this subject, see the seminal article by P.S. Lewis, War Propaganda and Historiography in Fifteenth Century France and England, in Id., Essays in Later Medieval French History, London, 1985, pp. 193-213; C. Beaune, Naissance de la nation France, Paris, 1985, passim. 98 By listing all Mary’s titles at the beginning of his treatise, Auffay asserts her right to her father’s lands (Paris, BnF, MS fr. 18730, fol. 1r). Ironically, illustrations in two manuscripts of the French treatise appear to contradict its case, by depicting Mary, not her husband, and giving her the title “lady of

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the other hand, the treatise underlines the ties of the duchy of Burgundy to the Crown, and the dangers posed to these ties if Mary were the heiress. Burgundian dukes bore the fleur-de-lys in their coat of arms, testimony that they “descended from the Crown and the very Christian House of France”.99 As Mary had a son, the arms of Burgundy would be inferior to those of Austria on his coat of arms, and would eventually vanish altogether.100 The duchy had been part of France since the time of Saint Charlemagne, “and even though it was more than five centuries since the aforesaid duchy of Burgundy separated from the Crown, nonetheless it was still a part of it”.101 This history would be lost because of Mary’s marriage. The memory that Burgundy was part of France, and even the arms of Burgundy themselves, “will be totally abolished and annihilated, and perhaps (the duchy) will fall into the hands of a foreign enemy of the aforesaid Crown”.102 France was set apart from other kingdoms, which had passed by usurpation or election, or had been tainted with heresy. French kings had never deviated from the Christian faith, “(t)here alone no monsters (of heresy) are found […] and there are ten special things which are gifts of grace, in which the kings and the Crown of France excel all other kings and other Crowns”.103 Yet if women could inherit apanages, the kingdom might split into 100 000 fragments; great lordships

Burgundy,” see infra, p. 80 and Ill. 3-4. See also J. Dumont and é. Lecuppre-Desjardin, Construire la légitimité, op. cit., pp. 55-56, in this volume. 99 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 6v-7v. In contrast, Jean d’Auffay denied that the duchy had been part of the inheritance of the Crown of France, citing the distinctive arms of the duchy before Philip the Bold (bendy of six or and azure a bordure gules). He alleged, rather disingenuously, that Philip’s decision to quarter the French royal arms (azure semy de lis or a bordure compony argent and gules) with the Burgundian coat of arms actually signified his attempt to “distinguish” Burgundy from the Crown’s possessions (Paris, BnF, MS fr. 18730, ff. 30v-31r). 100 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 22v-23r. Section present in T, omitted by A1 and missing from A2 (mutilated manuscript). Mary and Maximilian’s son Philip the Fair was born on 22 June 1478. 101 […] [e]t mesmement qu’il y avoit plus de cinq cens ans que ladicte duché de Bourgongne estoit partie de la Couronne, mais non pourtant elle en estoit partie ainsi (Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 5r-8r). 102 […] seront de tous poinctz aboliez et adnichillees et viendra la chose en estrange main ennemie peult estre […] de la dicte Coronne (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 23r). Present in T, omitted by A1 and missing from A2. In Pour ce que plusieurs, Cousinot had made a similar argument that the Crown of France would be endangered if its heiress married a royal enemy (C. Taylor, Debating the Hundred Years War, op. cit., p. 64). Mary’s status as a mere intermediary for a future male heir, and the consequent dilution of the Burgundian inheritance, is confronted here. See J. Dumont and É. LecuppreDesjardin, Construire la légitimité, op. cit., p. 51, in this volume. 103 […] que sola monstris caruit […] et y a dix choses singulieres qui sont dons de grace dont les roys et la Coronne de France si precellent tous les roys et aultres Coronnes (Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 29r, present in T, missing from A1 and A2). These “dons” are not specified in our text par cause de briefveté; the section on Artois added to a later manuscript of the text (Paris, BnF, MS fr. 5075, ff. 109v-110r, see n. 5 supra) lists them as the ampulla and fleurs-de-lys; touching for the King’s Evil; the oriflamme; the healing of ten schisms in the Church; championing the Christian faith, founding more churches, and serving the Church more devotedly, than any other Christian ruler; and the freedom of France from the stain of heresy from the time of Clovis. For the significance of these claims, and contemporary use of the quotation on the monsters of heresy (from Saint Jerome), see C. Beaune, Naissance de la nation France, op. cit., pp. 213, 226-229; P. Arabeyre, Un “Mariage politique”, op. cit., pp. 146-149.

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and towns might pass into enemy hands.104 A religious metaphor compares the kingdom of France to the robe of Christ, under which the subjects of the king shelter, and which must not be divided, if justice and good government are to be maintained. Comparing the relationship between the king and the Crown or Public Good to a “marriage” also had emotional connotations, as it evoked the relationship between parent and child: subjects/children owed loyalty and love to these symbols of political authority.105 The treatise also appeals to the compassion and outrage of royal subjects in its account of the crimes of John the Fearless. He ill-treated Charles VI and held the royal family hostage; he murdered the king’s brother, and conspired to kill the king and his children; and he massacred the people of Paris. The iniquity of the treaty of Arras, which placed the burden of reparation for the outrages of the French civil wars on Charles VII rather than on the Burgundian dukes, is thus thrown into sharper relief.106 The implications are clear. Three generations of Mary’s family divided France. Her own claims to the Burgundian inheritance once more threaten the integrity of the kingdom and the bond between the French king and his subjects, and cannot be countenanced.

6. Conclusion In its original form, the treatise defending Louis XI’s rights to the Burgundies, Mâcon and Auxerre was not primarily a political discourse, but a diplomatic document presenting the king’s case and justifying his occupation of some of the lands he claimed. Yet Sur la question is more a discourse on the nature of royal power than a mere “pièce occasionelle” created for a specific dispute.107 It argues that the well-being and interests of the “family” or kingdom of France, personified in the king and the Crown, must take precedence over all other families, notwithstanding their claims to inherit land; that even the greatest nobles are subject to the king; and that royal custom and law, particularly on apanages, must override other types of written and customary law. These restrictions are softened by its emphasis on the special place of the Crown and the very Christian dynasty of France in the eyes of God and the hearts of its people. Mary’s claims run counter to all these criteria, and must be resisted. It is therefore understandable that the treatise was adapted for an audience beyond the legal and diplomatic experts in the royal entourage, one that was less familiar with

104 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 29v, present in T, missing from A1 and A2. 105 Ibid., ff. 30v-32r, present in T, missing from A1 and A2. For comparable use of Christological metaphors in the Burgundian dominions, see J. Dumont, The Christ Figure in Burgundian Political Thought at the Time of Philip the Good, in Christo e il potere dal Medioevo all’Età moderna. Teologia, antropologia e politica, ed. L. Andreani and A. Paravicini Bagliani, Florence, 2017, pp. 225-245. For the marriage metaphor, see n. 39 supra. 106 Paris, BnF, MS fr. 5079, ff. 48r-52r. 107 Compare the conclusions reached by J. Dumont and é. Lecuppre-Desjardin, Construire la légitimité, op. cit., pp. 58-60, in this volume, about Jean d’Auffay’s treatise.

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Latin and the heavily abbreviated legal references found in the “working” version (A1). In the textual families represented by the Tours manuscript and Paris, BnF, MS fr. 5079, the text explains legal terms and adds digressions on the nature of royal power.108 In addition, a miniature present in these manuscripts shows the main themes of the treatise in pictorial form. Though neither manuscript contains the royal coat of arms, either would have been an appropriate vehicle to educate Louis XI’s son about his rights to the Burgundian inheritance and may have been intended for him.109 Within a chamber, a generic French king, wearing the Crown, is enthroned with his feet on a lion, the symbol of justice and power, and here, possibly, of his opponents, the dukes of Burgundy.110 He holds the French regalia of sceptre and “main de justice”. On his right are Rectitude (Droicture) holding a mason’s set square, and Reason with a mirror or chalice111 and on his left, Justice with a sword and scales, and Truth with a book. Rectitude and Reason present the coats of arms of the duchy and counties of Burgundy, Mâcon and Auxerre112 not directly to the king, but to the Crown: “We present these four shields to you / To whom the lordship returns”, while Truth adds “By justice they are your due / For so Truth decrees”. The Crown in turn addresses the king: “My spouse and protector / I present to you these four lands / Belonging to you and me”.113 In the foreground, a figure, identified as “Professor of both (canon and civil) laws”, with the banderole, “My lady, do not approach / For you have no right there”,114 confronts the figure identified on a silver shield as “My lady of Burgundy” (Ma demoiselle de Bourguanie [sic]) who grasps at the coats of arms of the Burgundies. The arrangement of these female figures within the picture and their banderoles emphasise their subordination to the male figure of the king, while Mary’s authority 108 This question will be explored more fully in my edition of Sur la question. Similar questions arise in the manuscript history of Auffay’s treatise: K. Daly, Jean d’Auffay, op. cit., pp. 615-617. The treatises were copied, separately or together, well into the 17th century. J. Dumont and É. Lecuppre-Desjardin are currently editing d’Auffay’s treatise and we are planning to publish the two texts together. 109 Tours, BM, MS 1047, fol. 1r (Ill. 3); Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 1r (Ill. 4); the latter is a direct or indirect copy of the former. The complex iconography suggests that the original artist was guided by detailed instructions. I intend to study these images in greater depth in my edition of the text (see previous note). 110 I would like to thank Dr Jonathan Dumont for this suggestion. John the Fearless was represented as a lion attacking a wolf (Duke Louis of Orleans) in Vienna, ÖNB, MS 2657, fol. 1v (after 1408). For an example of heraldic lions as supporters of the arms of Charles the Bold, see the engraving attributed to Master WA (after 1472) reproduced by É. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé, op. cit., Fig. 8. 111 In the Tours manuscript, a mirror; in the Paris manuscript, a chalice. Figures may have been inspired by the iconography of the Virtues; Prudence was represented sometimes with a mirror and sometimes a chalice, Faith with a book or a chalice, and Justice with a sword. é. Mâle, Religious Art in France. The Late Middle Ages, Princeton, 1986, pp. 286, 288, 295-296. However, some manuscripts of Christine de Pisan’s Cité des dames from the early fifteenth century depict Reason with a mirror and Rectitude with a set square (for example, London, BL, MS Harley 4431, fol. 290r. URL: http://www. bl.uk/manuscripts/Viewer.aspx?ref=harley_ms_4431_f001r, accessed 3 February 2018). 112 The coats of arms of the counties of Mâcon and Auxerre are blank, but they are identified by name. 113 Ces quatre escus vous presentons / Dont vous revient la segnorie / Par Justice elles vous sont dues / Car ainsi Verité ordonne / Mon espous et protecteur / Ces quatre terres vous presente / A vous et a moi appertenans. 114 My translation respectively of Professor in omni jure and Ma demoyselle n’en approchés / Car nul droit vous n’y avés.

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seems visually diminished by her relegation to the same level as the figure of a royal advocate. Although feminine personification was common, this specific image accentuates the patriarchal nature of royal authority, for only a male could succeed to the French throne.115 Above all, as in the text, the image assigns the leading role to the Crown, which endows its “spouse” the king with its dowry of duchy and counties, echoing the words that “kings do not give the kingdom to the Crown, but the Crown gives the kingdom to them”.116 The illustration, like the text, encapsulates the difference between French kings, whose apologists could draw on the notion of the kingdom as a mystical body, and Burgundian rulers who, lacking that advantage, relied on more personal heraldic symbols to represent their power and dominions.117 In spite of its justification of the Crown’s interests, the treatise broaches issues that might undermine the king’s exercise of absolute royal power. Its appeal to public utility was a double-edged sword; the “Bien Public” had been a rallying call in revolts against the king in 1465-1467.118 Taken to their logical conclusion, the arguments used against Mary could limit the king’s freedom, to the extent that one historian has suggested the author favoured a constitutional position which would restrict the plenitude of royal power.119 Whether or not Louis XI or his successors 115 I wish to thank Dr Elizabeth L’Estrange for this observation. For the personification of the Virtues as women, see é. Mâle, Religious Art in France, op. cit., pp. 286-301. Contrast the images in Cousinot’s earlier treatise Pour ce que plusieurs, which also discussed territorial claims, but these are not personified. Instead, officials debate the merits of the case, while the protagonist kings are either not depicted at all (Brussels, KBR, MS 9469-9470; Paris, BnF, MS fr. 5058) or are enthroned above the fray (Paris, BnF, MS Naf 20962). These images are reproduced in C. Taylor, Debating the Hundred Years War, op. cit., Fig. 1-3. 116 Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 10v: […] ne baillent point les roys le royaulme a la Couronne, mais la Coronne leur baille le royaulme. Missing from A2. C. Beaune, Le Miroir du pouvoir. Les manuscrits des rois de France au Moyen Age, introd. F. Avril, Paris, 1997, p. 95, suggested that the addressee of these speeches is the king, who in turn presents the territories to God. However, the banderoles clearly converge on, and the response issues from, the Crown: the miniature is a visual counterpart and epitome of the text. P. Saenger, Burgundy and the Inalienability, op. cit., p. 20, correctly identified the Crown as the central element in the Paris manuscript. As it possesses a dowry, the Crown must be female, but this inconsistency apparently did not worry the patrons or the artists. 117 Although at their installation the dukes put on a ruby ring that symbolised a marriage with the duchy of Burgundy, the ceremony did not involve their other territories. See é. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé, op. cit., pp. 173, 293-295 (where our treatise is attributed to Michel de Pons), and ibid., pp. 91-94, 144, 147-150, 193, 337-341, for a general discussion. 118 See for example the proclamation of the duke of Bourbon (13 March 1465) and a letter from the count of Charolais (the future Charles, duke of Burgundy) to the inhabitants of Amiens, 16 June 1465, in Mémoires, instructions et autres documents relatifs à la Guerre du Bien Public, ed. J. Quicherat, in Documents historiques inédits tirés des collections manuscrites de la Bibliothèque du Roi, ed. J.J. Champollion-figeac, t. 2, Paris, 1843, no 52, pp. 196, 297-299. The flexibility of the concept of the Public Good was not unique to France: Mary of Burgundy, her predecessors, and their opponents, all invoked the concept to justify their competing political aspirations. é. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé, op. cit., pp. 89-90, 131-132, 341 and J. Haemers, For the Common Good, op. cit., passim, summarised on p. 263. 119 T. Lange, The First French Reformation, op. cit., pp. 227-228 (who, following Saenger, believed the “procureur du roi” was the author), argues that the treatise “conveys the predominance of political conciliarist constitutionalism within the Parlement”.

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envisaged this possibility is another matter. In the case of the royal domain, kings had traditionally endorsed laws on inalienability when it suited them, and dispensed with them when it did not.120 While wary of building up the immediate royal family, Louis XI granted out apanages and other domain lands, though, as Paul Saenger observed, not on the frontiers of the kingdom.121 In comparison, royal officers in the “Parlement” and “Chambre des comptes”, who also took an oath to protect the rights of the Crown, but lacked the king’s latitude to dispense with the law, were rather more zealous in observing it.122 As a piece designed for a specific “querelle”, Sur la question may have appealed to the Public Good, at least in part, in order to steal the opposition’s clothes. Nevertheless, in the final analysis, Cousinot, the “procureur du roi”, and their colleagues may have held rather different views about the basis and exercise of royal power than their master, like other royal servants before and since.123

120 “[…] la souveraineté ne veut pas s’encombrer de limites juridiques […]”. G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., p. 379, see also p. 324. 121 P. Saenger, Burgundy and the Inalienability, op. cit., pp. 25-26, observing (n. 98) that on 16 August 1478, Louis granted the county of Burgundy to René II of Lorraine and his male and female heirs. As printed by F.A. Isambert e.a., Recueil général, op. cit., t. 10, pp. 794-795, this grant does not include the clause non obstant. 122 G. Leyte, Domaine et domanialité, op. cit., pp. 383-386. 123 See for example, Peter Lewis’s analysis of the views propounded by Jean Juvénal des Ursins, Écrits politiques. La vie et l’œuvre, t. 3, Paris, 1992, pp. 124-132, 168-189. See also Mathieu Thomassin, Registre delphinal, op. cit., pp. 39-42, 51, 62, and for the wider context, K. Daly, Private Vice, Public Service? Civil Service and Chose publique in Fifteenth Century France, in Concepts and Patterns of Service in the Later Middle Ages, ed. A. Curry and E. Matthew, Woodbridge, 2000, pp. 99-118.

Lisa Demets 

5. Gendered Political Ideology in Late Medieval Bruges Mary of Burgundy as City Maiden in the Manuscripts of the Excellente Cronike van Vlaenderen In the course of June 1477, a short poem circulated in Bruges,1 entitled Mine gheminde, ic bidde hu hertelic (“My beloved ones, I beseech you cordially”). In the poem, Duchess Mary of Burgundy was encouraging the citizens of Bruges to stand up against the recent military attacks of the French King Louis XI.2 The nineteen-year-old Mary stressed her weaknesses as an unmarried young female ruler and demonized the harassment of her godfather Louis XI, who should have been protecting her instead. She assured the inhabitants of Bruges that “the people never had such a just cause” (Noyt ‘t volc zo goede cause besief) than to fight for an orphaned, virgin princess. The poem was added to the Bruges manuscripts of the Excellente Cronike van Vlaenderen (or “Excellent Chronicle of Flanders”), a fifteenth-century chronicle narrating the history of the county of Flanders from its legendary origin until the rule of the Burgundian dukes. The chronicle was partly written —approximately from the years 1440 until 1482— by the Bruges rhetorician and master-mason Anthonis de Roovere during Duchess Mary’s lifetime and continuously rewritten after her death.3 Until recently, the Excellente Cronike has been interpreted as a dynastic Burgundian chronicle, with a particular focus on Bruges. As the Burgundian Duke Charles the Bold helped instigate







1 Research for this article was funded by the Research Foundation - Flanders (FWO) as part of my PhD project. For the (partially) published version of my doctoral thesis, see L. Demets, Onvoltooid verleden. De handschriften van de Excellente Cronike van Vlaenderen in de laatmiddeleeuwse Vlaamse steden, Hilversum, 2020. In particular the chapter on political discourses, pp. 208-231. 2 Although it is not clear whether the poem was actually spread in Bruges, there is evidence of Mary sending letters to different cities within and outside of her realm to ask for support against the French king. For instance, the chronicler Jean Nicolay incorporated a letter from Mary to the people of Tournai in his Kalendrier (Paris, BnF, MS fr. 24052). Many thanks to Laura Crombie for this information. 3 There are nineteen manuscript versions and one print version of the Excellente Cronike van Vlaenderen dated between 1480 and 1550. This study examines a cluster of seven manuscripts that can all be connected to similar networks in the city of Bruges. I call them the “Bruges” Excellente Cronike manuscripts to distinguish them from the other (Ghent) variants. See further: L. Demets, The Late Medieval Manuscript Transmission of the Excellente Cronike van Vlaenderen in Urban Flanders, in The Medieval Low Countries, t. 3, 2016, pp. 123-173.

Lisa Demets • Ghent University Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 83-101.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122534

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the grant that the city council gave to Anthonis de Roovere in 1466,4 some scholars even suggested the chronicle was written on the initiative of the Burgundian rulers.5 The Excellente Cronike manuscripts reflect a specific politically biased view of the history of Flanders. Although the manuscripts offer an elaborate, detailed look at the reign of Mary of Burgundy, the material must be viewed with caution. The most significant consideration is the context in which the surviving late medieval Excellente Cronike manuscripts were written. After the death of the duchess, the authority of her widower, Maximilian of Austria, and his regency over their young son, the Burgundian heir, Philip the Fair, was challenged in the county of Flanders, by some of the nobility and representatives of the three largest Flemish cities: Ghent, Bruges and Ypres.6 This opposition led to a civil war that lasted for almost ten years. The seven Bruges Excellente Cronike manuscripts, most frequently used by scholars today, were all written during or shortly after this so-called “Flemish revolt” against Mary’s widower, and they were produced by individuals associated with anti-Habsburg factions in Bruges.7 In addition, these political factions used a fictionalized and stereotypical representation of Mary of Burgundy to support their causes during her lifetime, as well as after her death. Official political communication about Duchess Mary had little to do with the woman of flesh and blood. It was not so much Mary’s personality that gave rise to different interpretations, but rather the way she was deployed as a positive or negative exemplum both during and after her lifetime. Recent research in gender studies and art history has brought the young duchess’s rule back into the spotlight by looking at her authority and legitimacy through iconographical representations and cultural patronage politics.8 The fifteenth-century manuscripts as well as the printed version of the Excellente Cronike van Vlaenderen (edited in 1531 by the Antwerp printer Willem Vorsterman) seemed to be particularly useful for this kind of research because of the exceptional miniatures that illustrate the duchess’s short reign. Few scholars, however, have actually analysed the text, the writing context, or the material composition of the manuscripts. Most surviving sources

4 J. Oosterman, Anthonis de Roovere. Het werk. Overlevering, toeschrijving en plaatsbepaling, in Jaarboek de Fonteine, t. 37-38, 1995-1996, pp. 29-104; Id., De Excellente Cronike van Vlaenderen en Anthonis de Roovere, in Tijdschrift voor Nederlandse Taal- en Letterkunde, t. 118, 2002, pp. 22-37. 5 O. Karaskova, Ung dressoir de cinq degrez. Mary of Burgundy and the Construction of the Image of the Female Ruler, in Authority and Gender in Medieval and Renaissance Chronicles, ed. J. Dresvina and N. Sparks, Newcastle, 2012, pp. 331-332; S. Mareel, Voor vorst en stad. Rederijkersliteratuur en vorstenfeest in Vlaanderen en Brabant (1432-1561), Amsterdam, 2010, p. 102. 6 W. Blockmans, Autocratie ou Polyarchie? La lutte pour le pouvoir politique en Flandre de 1482 à 1492, d’après des documents inédits, in B.C.R.H., t. 140/3, 1974, pp. 257-368; J. Haemers, De strijd om het regentschap over Filips de Schone. Opstand, facties en geweld in Brugge, Gent en Ieper (1482-1488), Ghent, 2014. 7 L. Demets and J. Dumolyn, Urban Chronicle Writing in Late Medieval Flanders. The Case of Bruges During the Flemish Revolt of 1482-1490, in Urban History, t. 43/1, 2016, pp. 28-45. 8 O. Karaskova, Ung dressoir de cinq degrez, op. cit., pp. 319-344; A. Roberts, The Horse and the Hawk. Representations of Mary of Burgundy as Sovereign, in Excavating the Medieval Image. Manuscripts, Artists, Audiences-Essays in Honor of Sandra Hindman, ed. D.S. Areford and N.S. Rowe, Aldershot, 2004, pp. 135-150; Bruges à Beaune. Marie, l’héritage de Bourgogne, Paris, 2000.

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on the reign and life of Mary, especially the chronicles, were profoundly influenced by the events after her death. During and after the Flemish revolt, Mary’s image was shaped as an ideological instrument by both pro- and anti-Habsburg parties. The influence of the Flemish revolt is particularly noticeable in these Bruges Excellente Cronike manuscripts, which circulated in anti-Habsburg networks.9 These centered on the religious confraternity, Our Lady of the Snow, and the Three Female Saints (De Drie Santinnen) chamber of rhetoric in Bruges. Many scribes or owners of the Bruges Excellente Cronike, such as Jacob van Malen, are connected to these cultural networks in Bruges, as well as the political networks around the rebel leader Willem Moreel.10 In the strictest sense, the Excellente Cronike van Vlaenderen is the name of the printed version of the chronicle. However, henceforth, I will use “the Excellente Cronike manuscripts” to refer to the complete manuscript tradition leading up to the Vorsterman edition, and “the Bruges Excellente Cronike” to refer to the branch of seven manuscripts written in Bruges between 1480s and 1500.11 In the seven interrelated manuscripts in this Bruges manuscript network, the text covers the history of the county of Flanders from its legendary beginnings until the death of Mary of Burgundy.12 As mentioned, the latest section of these manuscripts (from the Bruges revolt against Philip the Good until the death of Mary of Burgundy) was attributed to the famous Bruges rhetorician Anthonis de Roovere († 1482).13 However, De Roovere did not intend merely to write a dynastic chronicle. Instead, the Bruges Excellente Cronike manuscripts offer an idealised view of court-city relations from the perspective of an urban citizen of the Burgundian lands. Significantly, this Bruges Excellente Cronike manuscript branch is the only one that ends with the death and burial of Mary of Burgundy. Its idealised view of Mary’s reign announces the “end of an era”. In this essay, I connect the political context of the Burgundian war against France during Mary’s reign and the Flemish revolt against Maximilian of Austria after her death to the two discursive strategies that dominate the image of duchess Mary in the Bruges Excellente Cronike manuscripts: her representation as a “virgin” and as a “natural” princess. I stress the unity of the iconographical and textual representations of Mary in the Bruges Excellente Cronike, rather than considering either the text or the iconography in isolation. In addition, I argue that the close similarity of Mary’s image in the urban and court chronicles points towards a deliberate communication

9 L. Demets and J. Dumolyn, Urban Chronicle Writing, op. cit., pp. 28-45. 10 L. Demets, Onvoltooid verleden, op. cit., pp. 188-208. 11 J. Oosterman, De Excellente Cronike, op. cit.; J. Dumolyn, J. Oosterman, T. Snijders and S. Villerius, Rewriting Chronicles in an Urban Environment. The Middle Dutch Excellent Chronicle of Flanders Tradition, in Lias, t. 41/2, 2014, pp. 85-116. For a complete overview of all late medieval and early modern Excellente Cronike manuscripts, see L. Demets, The Late Medieval Manuscript Transmission, op. cit., pp. 123-173. 12 Bruges, PL, MSS 436, 437; Brussels, KBR, MS 13072-73; Douai, BM, MS 1110; New York, The Morgan Library & Museum, MS 435; Paris, BnF, MS Néerl. 105; The Hague, Royal Library, MS 132A13. For a description of the manuscripts, see L. Demets, The Late Medieval Manuscript Transmission, op. cit., pp. 135-141. 13 J. Oosterman, De Excellente Cronike, op. cit.

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strategy constructed and spread by her entourage.14 As this article shows, however, existing discourses were used and reused: ideologies already circulating among different social strata (court or urban societies) were reused to shape the duchess’s image in the Low Countries.

1. The Maiden of Bruges: Mary of Burgundy’s Gendered Representation in the Bruges Excellente Cronike van Vlaenderen In January 1477, Mary of Burgundy, the only child of the Burgundian Duke Charles the Bold, unexpectedly inherited a large dominion stretching from the Low Countries to the duchy and county of Burgundy.15 After the defeat and death of her father in the battle of Nancy, most of his recently conquered counties and duchies took advantage of the new duchess’s uncertain military position to reclaim their independence. At the same time, King Louis XI of France refused to recognise Mary as the legitimate heir to the duchy of Burgundy and invaded the Burgundian homelands. As Duchess Mary appealed to cities in Flanders, Brabant, Holland and Hainaut for military aid, they took the opportunity to reclaim their former privileges.16 The political upheaval gave rise to a series of narrative sources, the greatest number devoted to any Flemish female ruler. Scholars have generally focused on Burgundian and French court writers, such as Jean Molinet, Olivier de La Marche and Philippe de Commynes.17 However, not only court chroniclers dedicated parts of their chronicles to Mary’s person and her reign. The representation of the Burgundian Duchess Mary in the Bruges Excellente Cronike is similar to the political discourses characterized by previous scholars as “traditionally appealing to the nobility”.18 The focus on Mary as an orphan and a virgin 14 É. Bousmar, Duchesse de Bourgogne ou povre desolée pucelle? Marie face à Louis XI dans les chapitres 45 et 46 des Chroniques de Jean Molinet, in Jean Molinet et son temps. Actes des rencontres internationales de Dunkerque, Lille et Gand (8-10 Novembre 2007), ed. J. Devaux, E. Doudet and é. LecuppreDesjardin, Turnhout, 2013, pp. 97-113. 15 See the contributions in 1477 Het algemene en de gewestelijke Privilegiën van Maria van Bourgondië voor de Nederlanden, ed. W. Blockmans, Kortrijk-Heule, 1985; J. Devaux, Le Rôle politique de Marie de Bourgogne au lendemain de Nancy. Vérité ou légende?, in L.M.A., t. 97/2, 1991, pp. 389-405; R. Vaughan, Charles the Bold. The Last Valois Duke of Burgundy, London, 1973; M. Boone, La Justice en spectacle. La justice urbaine en Flandre et la crise du pouvoir “Bourguignon” (1477-1488), in R.H., t. 305, 2003, pp. 43-65; J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009. 16 M. Boone, La Justice en spectacle, op. cit., pp. 49-50. 17 For instance, Jean Molinet et son temps, op. cit.; 1511-2011 Philippe de Commynes. Droit, écriture. Deux piliers de la souveraineté, ed. J. Blanchard, Geneva, 2012; Rencontres de Chalon-sur-Saône (26 au 29 septembre 2002). Autour d’Olivier de La Marche, ed. J.-M. Cauchies, in P.C.E.é.B., t. 43, 2003. 18 é. Bousmar, Duchesse de Bourgogne, op. cit., p. 107. Similar stereotypical representations of the duchess as a poor orphaned child can be retrieved in letters sent by Duchess Mary of Burgundy and Dowager-Duchess Margaret of York to the nobles in the Low Countries: L.-P. Gachard, Analectes historiques, ser. 3, t. 1, 1956, pp. 155-157, nr 59.

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were well-known themes of Burgundian propaganda, continued by the Habsburg regime after Mary’s death.19 While previous scholars have linked these discursive tactics to court historiography by Jean Molinet and Philippe de Commynes, these so-called noble discourses were equally used by the Bruges rhetorician Anthonis de Roovere in his description of Duchess Mary as a ruler. On 23 May 1477, for instance, a procession was held in Bruges to pray for an end to the persistent aggression of France. In the Excellente Cronike, Anthonis de Roovere included a poem written for the occasion:20 Merckelic es nu int lant van Vlaenderen Commende moyte ende groote enlede, Coninc Lodewijc wil ons slaen in spaenderen, Cracht doende zijnre nichte ende mette mede, Confuselic vermiedende casteel ende stede, Langhende na der Vlaminghen bloed Voorwaer, het es een simpel zede Up een weese te stridene, een maecht zoet Verghetende tbestant ende belofte ghedaen, Van den welken wij nu processie draghen Veertiene in meye met fierters behoed In Sinte Cruuskerke. Nood doet’ons claghen, Ihesus behoede Vlaenderen van plaghe’.20

“Notable now in the land of Flanders Expecting trouble and great sorrow, King Louis wants to wipe us out, With force, his niece and likewise Shamefully bribing castle and city Longing for Flemish blood Truly, it is a simple act To fight against an orphan, a sweet virgin Forgetting truce and promises made That’s why we now hold a procession Fourteenth of May with the relics, kept In the Church of the Holy Cross. Distress makes us complain Jesus, preserve Flanders from any plague.”

In this poem, De Roovere clearly represented Duchess Mary as a virgin to condemn the aggressive acts of the French king: Voorwaer, het es een simpel zede. Up een weese te stridene, een maecht zoet (“Truly, it is a simple act to fight against an orphan, a sweet virgin”). This discursive theme is more than an occasional literary construct. During Duchess Mary’s Joyous Entry into Bruges on 5 April 1477, each craft guild made little statues of virgins dressed in white to decorate their guild houses. The beguines of the Wijngaerde offered the princess a hat decorated with roses and the Burgundian coat of arms carried by “sweet little virgins”. And as Anthonis de Roovere narrated, all this was ter heeren van den maechdeliken state (“in honour of the virginal state”).21 The image of Duchess Mary as a maiden was clearly also present in the urban sphere in the Low Countries As éric Bousmar concludes in his analysis of Molinet’s Chroniques, the image of Duchess Mary as a helpless maiden had little to do with her actual personality, but was a political construct serving two purposes.22 First, the concept demonised Mary’s 19 S. Speakman Sutch and A.-L. Van Bruaene, The Seven Sorrows of the Virgin Mary. Devotional Communication and Politics in the Burgundian-Habsburg Low Countries, c. 1490-1520, in Journal of Ecclesiastical History, t. 61, 2010, pp. 252-278 (here pp. 252-254). 20 Douai, BM, MS 1110, fol. 342r. 21 Ibid., fol. 335r-v. 22 é. Bousmar, Duchesse de Bourgogne, op. cit., pp. 107-112.

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adversaries and turncoats because attacking or abandoning an innocent maiden was never honourable. Second, the image encouraged her subjects to stand by her side. The poem Mine gheminde, ic bidde hu hertelic, mentioned in the introduction, illustrates both purposes.23 Indeed, Anthonis de Roovere stated that the poem was composed to encourage the people of Bruges during the war against France: “To give the people of Flanders courage, a little poem was made in Bruges in the name of our young princess as if she had sent it”.24 Deploying the supposed themes of court propaganda, the poem directly addresses the urban public, as the princess herself encourages her subjects through direct speech:25 Mine gheminde, ic bidde hu hertelic, Aensiet hoe lettel mijn voys gheacht es. Remedieert mijn liden smertelic In also vele alst in hu macht es, Aen weese, een maecht die dus vercracht es Van hem die mi ten vonten hief. Ach doet mi bijstant eerd al versmacht es, Noyt volc zo goede cause besief, Betraut in Gode, hebdi mij lief, Voor een maecht vechten es heere ende vruecht, Raept moet, ghij bluscht hu eyghen grief. God zal ons helpen bij zijnder duecht, Ooc biddic u minlic, hebt of ghij muecht Eendrachticheit tsamen wats ghesciet, Ne weist in zijn eercracht niet onthuecht In tmeeste volc licht de victorie niet, Eere, jonste ende duecht mijn ziele u biet. Bi mi als jonghe princesse cleene, doet bijstant dat hu God vruecht verleene.25

“My beloved ones, I beseech you cordially, See how little my voice is esteemed. Heal my grievous suffering As much as is in your power, An orphan, a maiden, who is thus violated By him who carried me to the baptismal font. Oh, stand by my side before all is lost, The people never had such a just cause, Trust in God, love me, To fight for a virgin is honour and joy, Take courage, smother your own grief. God will help us by his virtue, Also, I beseech you lovingly that you may be United, together, come what may, Do not be discouraged by his forces Victory does not lie in the greatest number of men, My soul offers you honour, favour and virtue. Stand by me, a young princess of low esteem, so that God may bring you joy.”

Furthermore, the depiction of the French King Louis XI as a violator is noteworthy: “[I am] an orphan, a maiden, who is thus violated by him who carried me to the baptismal font” (Een weese, een maecht die dus vercracht es; / Van hem die mi ten vonten hief). De Roovere demonised the French king by referring to his duties as Mary’s godfather. Subsequently, Duchess Mary encourages the citizens of Bruges to take up the task of being her protector instead: “To fight for a virgin is honourable and 23 For a devotional interpretation of the poem, see J. Oosterman, Brugge, bid God om vrede. Vroomheidsoffensief van vijftiende-eeuwse rederijkers, in Conformisten en rebellen. Rederijkerscultuur in de Nederlanden (1400-1600), ed. B. Ramakers, Amsterdam, 2003, p. 155. 24 Item omme tvoorseide volc van Vlaenderen moet te ghevene, zo was te Brucghe een dichtkin ghemaect up de name van onse jonghe princesse, als quansus of zout in theer ghezonden hadde (Douai, BM, MS 1110, fol. 348v). Afterwards, the poem was also spread in Ghent and Brussels: Ende dit zelve ghescrifte was ghesonden int Ghentsche ende int Brussche, ende was alomme wellecomme (ibid., fol. 349r). 25 Ibid., ff. 348v-349r.

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joyful” (Voor een maecht vechten es heere ende vruecht). Referring to King Louis’s invasion of her dominions as “raping Mary” is significant, especially in an urban context. The allegoric representation of the city as a “maiden” was already widespread in the late medieval Low Countries. This allegory represented not only the purity of the urban “body” politic and the beauty of the city, but also its permanent need for protection from “invaders”. Visuals depicting the allegory situated the maiden in a hortus conclusus, a garden enclosed by a wooden fence or a brick wall, often associated with religious depictions of the Virgin Mary.26 By the late Middle Ages, this allegory had become an important component of urban identity in the cities of the Low Countries. In Ghent, for instance, the oldest reference to a city maiden appears in a poem composed by Boudewijn van der Luere around 1380 and copied into the so-called “Van Hulthem” manuscript.27 Referring to the war between Ghent and Louis of Male, count of Flanders, in 1379-1385, the poem tells the story of a savage knight with a black lion (Count Louis) who threatens his own daughter (Ghent). The Lys and Scheldt rivers that run through the city of Ghent, serve to delimit a hortus conclusus. In addition, the urban maiden is also protected by the twenty-five Ghent city saints. Similarly to De Roovere’s poem in the Excellente Cronike, Van der Luere’s text emphasizes the attack of a family member on the maiden’s purity. Almost a century later, around 1480, the famous Bruges painter Hans Memling created a similar allegory of an “enclosed” maiden (Ill.  5).28 Although little is known about the context of this small painting, the similarities to the depiction of the Ghent city maiden in Boudewijn van der Luere’s poem are striking. The picture shows a young woman with loose blonde hair enclosed by a mountain. While the maiden is not being attacked, she is protected by two lions with shields sitting on opposite shores of a river spouting from the gemstone mountain.29 There were similar representations in late medieval Ghent as well. For the Joyous Entry of Mary of Burgundy in 1477, one of the few (known) female painters in Ghent, Agnes van den Bossche, was commissioned by

26 J. De Rock, A.-L. Van Bruaene and Fr. Buylaert, City Portrait, Civic Body, and Commercial Printing in Sixteenth-Century Ghent, in Renaissance Quarterly, t. 68/3, 2015, pp. 803-839 (here p. 828). On the biblical origin of the representation of the Virgin Mary in a hortus conclusus, see B. Daley, The “Closed Garden” and the “Sealed Fountain.” Song of Songs 4:12 in the Late Medieval Iconography of Mary, in Medieval Gardens: Dumbarton Oaks Colloquium, Washington, 1986, pp. 254-278. Other examples in L. Demets and J. Dumolyn, La Ville comme Sainte Vierge. Un aspect de l’idéologie urbaine en Flandre médiévale (fin du xive siècle-début du xvie siècle), in Cahiers électroniques d’histoire textuelle du Laboratoire de Médiévistique Occidentale de Paris, t. 9, 2016, pp. 24-52. 27 J. De Rock, A.-L. Van Bruaene and Fr. Buylaert, City Portrait, op. cit., p. 829; J. Dumolyn, Une Idéologie urbaine “bricolée” en Flandre médiévale. “Les sept portes de Bruges” dans le manuscrit Gruuthuse (début du xve siècle), in R.B.P.H., t. 88/4, 2010, pp. 1039-1084 (p. 1079); J. Reynaert, Boudewijn van der Luere en zijn “Maghet van Ghend”, in Koninklijke Soevereine Hoofdkamer van Retorica De Fonteine te Gent, t. 23, 1981, pp. 109-129. 28 M. Comblen-Sonkes, Les Musées de l’Institut de France. Musées Jacquemart-André et Marmottan à Paris, Musée Condé à Chantilly, Bruxelles, 1988, pp. 77-86. 29 The city view was probably added later by an enthusiastic restorer (ibid., p. 82).

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the Ghent city council to paint several standards bearing the Ghent city maiden protected by a lion.30 Although allegorical representations of the city of Bruges as a maiden or “pucelle” are perhaps less common than in Ghent, there are additional examples of this ideological strategy in this city. An early fifteenth-century poem in the so-called Gruuthuse Songbook refers to the integrity of Bruges as the “Little Flower of Bruges” (Blomkin van Brucghe) in a similar context.31 The Virgin Mary protects the flower, which is also surrounded by walls and towers. In this poem, there are seven gates in the walls of the enclosure, and each represents two virtues which form the seven letters of Brucghe. The virtues in this Gruuthuse poem closely resemble those Anthonis de Roovere lists in the Excellente Cronike poem Mine gheminde, ic bidde hu hertelic: “honour” (eere), “unity” (eendrachticheit) and “favour” (jonste), which he relates directly to Mary of Burgundy: “My soul offers you honour, favour and virtue” (Eere, jonste ende duecht mijn ziele u biet). These were common urban values in the fifteenth-century cities of the Low Countries.32 However, instead of relating the virtues to the people of Bruges, De Roovere represented Mary of Burgundy as a personification of “the people”.33 Furthermore, associations of Mary of Burgundy with a flower were not uncommon in Bruges. Describing her Joyous Entry into Bruges on 4 April 1477, De Roovere stated in the Excellente Cronike that the Kruispoort (“Cross Gate”) was decorated with white cloth, several golden letters “M”, and covered with periwinkles or maagdenpalm, in Dutch the flower literally refers to virginity.34 Moreover, in the Vorsterman edition of the Excellente Cronike, Mary of Burgundy is portrayed with a flower before she married, and only with her more common attribute, a falcon, after her marriage to Maximilian (Ill. 6). Anthonis de Roovere made similar allegorical references in a political poem that was not included in the Excellente Cronike. The poem was probably written around 1480.35 “The New Year of Bruges” (het Nieuwe Jaer van Brugghe) represented the city of Bruges as an unprotected and dilapidated garden (the city) housing a dying lady (the people).36 This is probably the most direct representation of Bruges as a woman

30 One of these (dated around 1482) is still preserved in the Ghent city museum (= STAM): Ghent, STAM, Inv. 787. See D. Wolfthal, Agnes van den Bossche. Early Netherlandish Painter, in Woman’s Art Journal, t. 6/1, 1985, pp. 8-11. 31 J. Dumolyn, Une Idéologie urbaine, op. cit., p. 1077; K.H. Heeroma, Andermaal “die Blomkin van Brucghe”, in Tijdschrift voor Nederlandse Taal- en Letterkunde, t. 88, 1972, pp. 216-235. There is still much discussion regarding the meaning and reference(s) of the Blomkin. According to Jan Dumolyn “the Flower of Bruges” represented the literary interest and activity of an elite group of patricians in Bruges: the Society of the Witte Beer. 32 Id., Une Idéologie urbaine, op. cit., p. 1074. 33 é. Bousmar, Duchesse de Bourgogne, op. cit., p. 113. 34 Douai, BM, MS 1110, fol. 335r. 35 J.J. Mak, De Gedichten van Anthonis de Roovere naar alle tot dusver bekende handschriften en oude drukken, Zwolle, 1955, p. 360. 36 J. Dumolyn, Une Idéologie urbaine, op. cit., p. 1078; A. Viaene, Nieuwe jaer van Brugghe. Een gelegenheidsgedicht van Anthonis de Roovere 1480, in Biekorf, t. 60, 1959, pp. 7-11. In contrast to what has been stated by some researchers, the lady is not depicted as “old”, but as “ill” and “dying of an

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in an enclosed garden. The woman is cared for by three ladies: “Alms” (Aelmossene), “Jewel of the Church” (Kercken Verchiernisse) and “Divine Service” (Goddelijcken Dienst). Suddenly, the sun rises and six rays of sunshine fall upon the neglected garden. The six rays stand for the six financial commissioners (gecommiteerden) who were appointed after the death of Charles the Bold to combat corruption in city institutions. The rejuvenation of the garden symbolises the building campaign of the new city government, a way of praising the new political elite appointed after the revolt of 1477 in Bruges.37 This new elite would play an important role in the war against Mary’s widower after her death.38 Furthermore, the poem ends with a glorification of the Holy Virgin —“Guarding you all, free from punishment, Mary the supreme queen” (U allen beware / vry los van vare / Maria de opperste Coninghinne)— stressing the intermediate, protective role of the Holy Virgin.39 It is certainly not uncommon that such references point indirectly to the contemporary ruler named after the Queen of Heaven. Jean Molinet actually drew a comparison between Mary of Burgundy and the Virgin Mary.40 As we have seen, these allegories of urban maidens were closely connected to religious depictions of the Virgin Mary in an enclosed garden.41 Moreover, rhetoricians often used the Virgin Mary herself as an allegory of the ideal city in the Low Countries.42 It was only a small step to relate this allegory to the duchess named after the Holy Virgin. One of the most famous illustrations of Duchess Mary, in manuscripts Bruges 437 and Brussels 13072-73, represents her in armour on horseback (Ill. 2).43

incurable abscess”. There are similar allegories of Amsterdam as an “ill lady”. B. Ramakers, Van maagden en poorten. Stadsmetaforen in historische toneelstukken, in Nederland stedenland. Continuïteit en vernieuwing, ed. E. Taverne, J.E. Abrahamse and J. Van den Bos, Rotterdam, 2012, p. 191. 37 J. Dumolyn, Une Idéologie urbaine, op. cit., p. 1078; J. Haemers, For the Common Good, op. cit., p. 206. 38 A. Viaene, Nieuwe jaer van Brugghe, pp. 9-10; J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 176-177. This political faction around Willem Moreel (one of the financial commissioners in the period 1477-1482) would eventually lead the revolt in Bruges against Maximilian of Austria. Other financial commissioners at the time, Pieter van Meulenbeke and Jan de Blasere, belonged to same cultural networks as Anthonis de Roovere and the scribes of the Bruges Excellente Cronike: the religious confraternity, “Our Lady of the Snow”, and the “the Three Female Saints” chamber of rhetoric. See also L. Demets and J. Dumolyn, Urban Chronicle Writing, op. cit., pp. 34-40. 39 On the role of female rulers as mediatrices in chronicles see J. Devaux, A vostre priere et parole il en auldra grandement mieulx. Images de la médiatrice dans les Chroniques de Froissart, in Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, ed. É. Bousmar, J. Dumont, A. Marchandisse and B. Schnerb, Brussels, 2012, pp. 601-614. 40 É. Bousmar, Duchesse de Bourgogne, op. cit., p. 104. Jean Molinet, Chroniques, ed. G. Doutrepont, t. 1, Brussels, 1935, p. 231: Et aussy, puis qu’elle porte le nom de la glorieuse Vierge Marie, empereis celestienne, elle doibt ensievir sa très patiente marine, royne de misericorde, en doulceur, pité et clemence et en toutte perfection de vertus et de bonnes meurs. 41 L. Demets and J. Dumolyn, La Ville comme Sainte Vierge, op. cit., pp. 23-52. 42 For instance, the play on the similarities between Jerusalem and the Virgin Mary by the Bruges rhetorician Cornelis Everaert. B. Ramakers, Van maagden en poorten, op. cit., pp. 182-184. See also A. Van Elslander, De Mariavereering bij de Rederijkers, in De Fonteine, 1945-1946, pp. 57-74. 43 The illustration was probably inspired by a painting made by the court painter Pierre Coustain for the Joyous Entry of Mary in Bruges. As Pierre Coustain was the official court painter, the miniature also reflects an “official” image of Mary approved by the court. Furthermore, the miniature shows a strong

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The miniature shows the duchess holding a falcon surrounded by the seventeen coats of arms of the lands under her rule. While scholars have focused on the falcon as the only “gendered” element in the representation of the duchess in the miniature,44 the image is also influenced by representations of the Virgin Mary. The garden enclosure behind her and the crown floating above her head resemble popular contemporary depictions of the Queen of Heaven by medieval painters in Bruges such as Jan van Eyck, Hans Memling and the Master of the Legend of Saint Lucy. The above analysis shows that Anthonis de Roovere used different discursive registers (“religious”, “courtly” and “urban”) to compose a complex political image of the duchess both in words and image that would appeal to an urban audience. However, the fact that these “composed discourses” also appear in the so-called “official” court historiography points to the duchess and her supporters instrumentalising these gender motifs in an intentional political communication strategy.45 The youthful maiden served as a powerful symbol of ideal womanhood in late medieval culture. It was less transgressive for female rulers to take advantage of their gender by focusing on traditional feminine weaknesses than to adopt masculine attributes to pursue power.46 Equating her virginity with the purity of the city or the realm had clear political advantages and gave the duchess the necessary legitimacy as a female ruler without a male spouse.47 The “virgin” image of Mary of Burgundy was founded upon existing discourses, and these representations were already widespread in late medieval Flemish cities and in courtly and religious circles. It was so successful that this representation influenced historiographical perspectives on Mary of Burgundy until well into the twentieth century.48 As Bruges Excellente Cronike manuscripts show, this representation of Mary as a ruler was “constructed” in a dialectical relationship between courtly, religious and urban societies. Like the urban writers, Mary’s court authors and artists intentionally used themes appealing to different audiences in their political communication, but they never gained complete control over the use and reception of those themes. As I discuss below, anti-Habsburg factions in Bruges also recycled the image of Mary as an ideal ruler after her death to discredit her widower Maximilian of Austria.

resemblance to the representation of Mary on her official seals (A. Roberts, The Horse and the Hawk, op. cit., pp. 137-138). 44 On the iconographical use of the falcon see O. Karaskova, Ung dressoir de cinq degrez, op. cit., p. 332; A. Roberts, The Horse and the Hawk, op. cit., pp. 137-138. 45 This has already been suggested by é. Bousmar, Duchesse de Bourgogne, op. cit., pp. 107-112. 46 N. Tomas, Alfonsina Orsini de’ Medici and the “Problem” of a Female Ruler in Early Sixteenth-Century Florence, in Renaissance Studies, t. 14, 2000, pp. 70-90 (here p. 71); P. Stafford, More than a man or less than a woman? Women rulers in early modern Europe, in Gender and History, t. 7, 1995, pp. 486-490. 47 E.H. Kantorowicz, The King’s Two Bodies. A Study in Mediaeval Political Theology, Princeton, 1957; D. Davies, The Body Politic of Spanish Habsburg Queens, in Las relaciones discretas entre las monarquías hispana y portuguesa. Las casas de las reinas (siglos xv-xix), ed. J. Martínez Millán and P. Lourenço, Madrid, 2008, pp. 1469-1536. 48 See the many romantic biographers, for instance G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, Paris, 1942; P. Van Ussel, Maria van Bourgondië, Bruges, 1944; L. Hommel, Marie de Bourgogne ou le Grand Héritage, Brussels, 1945.

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2. Mary of Burgundy and the “Natural Prince” in the Bruges Excellente Cronike van Vlaenderen Duchess Mary and her court adapted and created communication strategies that suited the new political situation. The succession crisis made it imperative that they reaffirmed her legitimacy as a ruler. However, after Mary’s marriage to Maximilian, the focus on her virginity was no longer relevant, and new ideological strategies were needed. They seized upon one of the most important fifteenth-century political concepts, a revival of “le prince naturel”, which the Burgundian dukes were already using to justify their territorial expansion.49 Fifteenth-century writers interpreted the concept of the “natural prince” in three ways.50 The first cornerstone was origin. A natural prince was born in the principality or realm over which he was expected to rule, while other candidates were “foreign”. Secondly, the feudal understanding of the term “natural” was related to hereditary legitimacy.51 Dynastic lineage was the most “natural” way of succession, simply because it made a prince the most direct heir of the dynasty. Jean Gerson and Christine de Pizan proposed a final, but no less important interpretation.52 A “natural” prince guaranteed peace and unity. He/she would bring about peace and stability, because his/her subjects had “natural” feelings of affection and obedience towards him/her. Late medieval Burgundian court writers, such as Jean Molinet, frequently used this concept to legitimise Mary’s claims and demonise the actions of Louis XI.53 Of course, Mary was the “princesse naturelle” in a dynastic sense, as her father’s only heir. In the Low Countries, if a ruler had no direct male descendants, the firstborn daughter inherited, a cognatic system adopted to avoid disputes between various male claimants that might occur under the system of agnatic primogeniture.54

49 Similarly, during the Hundred Years War in France, for instance, court intellectuals created this new political concept, the “natural prince”, to preserve unity ( J. Krynen, Naturel. Essai sur l’argument de la Nature dans la pensée politique à la fin du Moyen Âge, in Journal des savants, year 1982/2, pp. 169-190 (here p. 173). 50 R. Stein, Natuurlijk Filips de Goede. De Bourgondische erfopvolging in de Nederlanden, in Bourgondië voorbij. De Nederlanden 1250-1650. Liber alumnorum Wim Blockmans, ed. M. Damen and L. Sicking, Hilversum, 2010, pp. 15-29 (here p. 16). 51 K. Oschema, Maison, noblesse et légitimité. Aspects de la notion d’“hérédité” dans le milieu de la cour bourguignonne (xve s.), in L’Hérédité entre le Moyen Âge et l’Époque moderne, ed. Ch. de Miramon and M. van der Lugt, Florence, 2008, pp. 211-244. 52 J. Krynen, Naturel, pp. 184-186; K. Green and C.J. Mews, Healing the Body Politic. The Political Thought of Christine de Pizan, Turnhout, 2005. 53 é. Bousmar, Duchesse de Bourgogne, op. cit., pp. 99-106. 54 R. Stein, Natuurlijk Filips de Goede, op. cit., pp. 17-18. Several treatises were written in the course of 1477 and later on during the war against France to legitimize the duchess’s claim. The treatise of Jean d’Auffay for instance, written in 1477-1478 to support Mary’s rights on her lands, used, as a main argument, the idea that women are rightful heirs in Burgundy, Flanders, Artois, etc. See K. Daly, Jean d’Auffay. Culture historique et polémique à la cour de Bourgogne, in L.M.A., t. 112/3, 2006, pp. 603-618. See also in this volume Ead., Pour la preminence de la Couronne et l’evidente utillité de la Chose Publique du royaulme. The Medieval French State versus Marie de Bourgogne, pp. 61-82; J. Dumont and É. Lecuppre-Desjardin, Construire la légitimité d’un pouvoir féminin. Marie de Bourgogne dans

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Nevertheless, because her right to inherit the duchy of Burgundy was contested by the French King Louis XI, Duchess Mary was in a difficult feudal position. Even more because the duchess was unmarried, a problematic situation from a practical, military point of view. Furthermore, the future advent of an unknown “foreign husband” with no experience or knowledge of the urban customs made many urban patricians and craft guilds in the Low Countries extremely nervous. The Flemish cities, along with other parties, therefore attempted to gain control over Mary’s choice of husband. The political language discussed in the previous section —depicting Mary as a weak maiden in need of protection by a (future) husband, but even more urgently by her subjects— suited these Flemish urban concerns. As mentioned, this discourse was not invented from scratch, but based on existing discursive registers. Moreover, as we have seen, there was no top-down hierarchy in the use of these discourses, nor were they used exclusively by the court writers. The same applies to the concepts of “prince naturel”. In the course of the fifteenth century, the “prince naturel” discourse was already commonly deployed during negotiations between the cities in the Low Countries and the Burgundian dukes.55 The concept features both in Molinet’s Chroniques and the Excellente Cronike of Anthonis de Roovere. However, Anthonis de Roovere never literally referred to Duchess Mary as “the natural princess” in the prose section of his chronicle. However, he based his idealised description of Mary’s rule almost exclusively on the three interpretations of a “natural prince”. In addition to his dynastic legitimation of Duchess Mary in Flanders as the only daughter of Duke Charles, his emphasis on her as a “Bruges” princess and on her peaceful rule stem directly from the “natural prince” discourse. In the Excellente Cronike, De Roovere depicted Mary of Burgundy as a true “Bruges princess”. He recounted at length Mary’s participation in Bruges public life. She was “visible” in the Bruges urban sphere when she engaged in local processions.56 Another example, one of the famous passages in the Excellente Cronike, offers a constructed view of Mary’s personality as the duchess went ice-skating with her ladies in Bruges just a few weeks before her death:

le Mémoire de Jean d’Auffay, pp. 41-60. Equally, the Bruges printer Jan Brito printed a defence of Mary of Burgundy and Maximilian of Austria: La Deffense de monseigneur le duc et de madame la duchesse d’Autriche et de Bourgogne, à l’encontre de la guerre que le roi a suscitée, Bruges, Jan Brito, between 1477 and 1488. 55 J. Dumolyn, Privileges and Novelties. The Political Discourse of the Flemish Cities and Rural Districts in Their Negotiations with the Dukes of Burgundy (1384-1506), in Urban History, t. 35, 2008, pp. 5-23; J. Braekevelt, Popular Voices Within Princely Legislation. Assessing the Discourse of Flemish Petitions and Burgundian Narrations, in The Voices of the People in Late Medieval Europe. Communication and Popular Politics, ed. J. Dumolyn, J. Haemers, H.R. Oliva Herrer and V. Challet, Turnhout, 2014, pp. 149-166. 56 Some examples: Douai, BM, MS 1110, fol. 381v: Item up den helighen sacramentsdach, daer [Prinsenhof] was theleghe sacrament zeere weerdelike ghedreghen in processien van den canoneken van der cappelle, daer de princesse Marie devotelic mede ginc met hueren edele mannen ende vrauwen […] twelke excellent om ziene was ende zeere devoot; Ibid., ff. 399r, 400v.

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“Item, around the same time, the Princess Mary of Burgundy did not take advice easily, although she should, but, over the course of many days, she was playing on the ice between the Ghent gate and the Cross gate outside Bruges running on skates and often falling on the ice, as it is common with those games, and her ladies were with her in great pleasure as long as it lasted.”57 Three particular strategies are embodied in this Excellente Cronike fragment. First, De Roovere shows the visibility and presence of Mary in the urban space of Bruges. Secondly, he emphasizes Mary’s character, or at least the traits he had deliberately constructed for his audience. She represents innocence, youth and peace. Due to her youth, she disregards her advisors. The urban audience would sympathize, but also recognize that this attitude was not without risks. Thirdly, this fragment is clearly a portent of her death, a way to foresee and cope with the dramatic event of 1482, as the same discourse of Mary ignoring advice is present in the narrative of her death that occurred only a few weeks after the ice-skating incident: “Item, during an evening in Lent, the princess rode out playing with her court, her horse stumbled, and she fell down on the ground, but she did not want to talk about it. Nevertheless, the aforementioned fall was very dangerous, and shortly after, she became sick and she was confined to bed.”58 In the sixteenth century, the ice-skating anecdote was also included in Die Wonderlijcke Oorloghen van Keyser Maximiliaen (“The Wondrous Wars of Emperor Maximilian”), a chronicle printed in the same year as the Excellente Cronike (1531) by the same printer, Willem Vorsterman.59 The anecdote in the Wonderlijcke Oorloghen is much more elaborate than in the Excellente Cronike. The Wonderlijcke Oorloghen narrated how the Flemish nobleman Adolph of Cleves, lord of Ravenstein, advised against the ice-skating plan, but the duchess ignored his advice. The courtiers amused themselves, repeatedly falling on the ice. The chronicler portrayed Duchess Mary rather negatively, as he wrote: Si was vrolijc, seer wilt van gheeste, hoochmoedich ende prues (“she was cheerful, wild of spirit, proud and haughty”).60 He even stated that some observers assumed the fall on the ice caused an initial swelling in her body, thus making a direct link between the ice-skating episode and Mary’s subsequent death a year later. In the Wonderlijcke Oorloghen the ice-skating incident occurred a year before her hunting accident, while it took place just weeks before in the Excellente Cronike: “This fall did not harm her, but the fall of the horse that was her death, so I will tell you when it comes”.61 57 Ibid., fol. 412v. 58 Ibid., fol. 413r. 59 Anthonis de Roovere, Dits die Excellente Cronike van Vlaenderen, Antwerp, Willem Vorsterman, 1531, fol. 223v. 60 Dit sijn die wonderlijcke oorloghen van den doorluchtighen hoochgheboren prince, keyser Maximiliaen. Hoe hij eerst int landt quam ende hoe hij vrou Marien troude, ed. J. Alberts, W. Enklaar and J.M. Van Winter, Groningen, 1957, pp. 145. 61 Niet dyen val en deerde haer niet, maer tvallen van den peerde dat was haer doot, so ic u noch wel vertellen sal alst verre comt (Dit sijn die wonderlijcke oorloghen, op. cit., p. 145).

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The ice-skating stories have puzzled scholars. Herman Pleij interpreted the anecdote in the Wonderlijcke Oorloghen as a positive portrayal of the young duchess.62 Rather than connecting the depiction of the duchess as hoochmoedich to the deadly sin of superbia, he read the text positively as bezield van hoge moed (“of great courage”). In contrast, Johan Oosterman related the anecdote to a song in the Antwerp Songbook about the duchess tempting fate, which eventually lead to her death.63 I agree with Oosterman: the story in the Wonderlijcke Oorloghen reflects badly on Mary, and hoochmoedich should be read negatively. Nevertheless, the Excellente Cronike fragment is far less judgmental regarding the young duchess than the Wonderlijcke Oorloghen. Whereas the Excellente Cronike only related the two events by implication, the Wonderlijcke Oorloghen deployed the story as a negative exemplum. The sentence ending hoochmoedich ende prues clearly builds a culminating progression. The final epithet, prues (or “preux” in French) was more unusual and ambiguous than hoochmoedich. Although Christine de Pisan used “preux” to describe Jeanne d’Arc in Ditié de Jehanne d’Arc, and the Neuf Preuses refer to the Amazon styled “Nine Worthies”, prues has both a positive (“courageous”) and negative (“overconfident”) connotation. Use of the word here emphasizes perhaps a more negative image of Duchess Mary, as “preux” is a male characteristic. As vrolijc, seer wilt van gheeste, hoochmoedich and prues were all positive male attributes, the chronicler was stressing the unusual assignment of these characteristics to a woman.64 While Maximilian could be positively represented as “preux”, in a male-dominated political world, Mary could not. This served the aim of the Wonderlijcke Oorloghen: praising and justifying Maximilian’s deeds. In addition to Duchess Mary’s presence in the Bruges public sphere, the Bruges Excellente Cronike manuscripts show an exceptional, pronounced focus on Duchess Mary’s good, peaceful reign, an important characteristic of the “natural prince”. For instance, the manuscripts merely touch on the uprising in Bruges during her reign in passing. In reality, there was extensive turbulence in the cities of the Low Countries related to Mary’s succession. De Roovere also presented the issuing of the new privileges in Bruges as a common practice, consented to by Mary in a “friendly” manner: “and [they] humbly prayed my lady that she, as countess of Flanders, would ratify this, to which my lady consented in a friendly manner”.65 Furthermore, Mary doubted

62 H. Pleij, De sneeuwpoppen van 1511. Literatuur en stadscultuur tussen middeleeuwen en moderne tijd, Amsterdam, 1988, p. 240. 63 J. Oosterman, O Fortuna. Tragiek, troost en vastberadenheid, in Nederlandse Letterkunde, t. 10, 2005, pp. 98-105 (here p. 98). 64 It is a typical noble feature, for instance “un preux et hardi chevalier”. See W. Van Anrooij, Helden van weleer. De Negen Besten in de Nederlanden (1300-1700), Amsterdam, 1997; A.-M. Legaré, Joanna of Castile’s Entry into Brussels. Viragos, Wise and Virtuous Women, in Virtue Ethics for Women 1250-1500, ed. K. Green and C.J. Mews, Dordrecht, 2011, pp. 177-186. I thank Susie Speakman Sutch for this suggestion. A similar masculinisation of Mary’s figure can be found in the juridical treaty written by Jean d’Auffay in order to defend the duchess’s rights on her lands ( J. Dumont and é. LecuppreDesjardin, Construire la légitimité, op. cit., pp. 48-49). 65 […] ende baden mer joncfrauwe oetmoedelic dat zoe, als graefnede van Vlaenderen, hemleden dat beseghelen wilde, om twelke mijn joncfrauwe voorseide vriendelike consenteerde (Douai, BM, MS 1110, fol. 330r).

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whether to make her Joyous Entry in Bruges, because of the persistent unrest there. Reassuring the duchess, the citizens of Bruges solemnly swore that she would not encounter any armed gatherings during her visit: “They asked her cordially if she would come to Bruges, which she was favourably disposed to do, but she said that if she had to move from armed gathering to armed gathering, she preferred to stay in Ghent. Therefore, they promised her that she would not find any armed gatherings in Bruges.”66 In reality, however, there was an uprising during her inauguration. De Roovere’s focus on the friendly relations between the city of Bruges and the duchess and on the peace and unity during her reign is accentuated most clearly in the last acrostic of the Bruges Excellente Cronike, a poem mourning Mary’s death, in which he described her reign as “unifying” (een eendrachtelic regement). These examples reflect the concept of an idealised natural prince. The natural prince guarantees peace and unity. He or she brings about stability, because subjects have “natural” feelings of affection and obedience towards their natural prince. The entire Excellente Cronike text emphasizes this particular affection of the people of Bruges towards their princess. Analysis of the duchess’s representation shows the use of existing political communication strategies to legitimize her reign as a female ruler.

3. Political Propaganda: The Legacy of Mary of Burgundy during the War against Maximilian of Austria in Bruges (1482-1490) Only, the Bruges Excellente Cronike manuscripts include the continuation dealing with the reign of Mary of Burgundy by Anthonis de Roovere. As mentioned, the surviving manuscripts of the Bruges Excellente Cronike van Vlaenderen all date to the period between 1485 and 1495, after both Duchess Mary and Anthonis de Roovere had died.67 Furthermore, these manuscripts can specifically be related to members of an anti-Habsburg faction in Bruges.68 This image of the duchess described above gained significance in the aftermath of her death. After Duchess Mary’s tragic hunting accident, a civil war broke out in the Low Countries and persisted in the county of Flanders. For almost ten years, a coalition of Flemish cities and prominent noblemen resisted the regency of Mary’s widower, the Habsburg prince and King of the Romans Maximilian of Austria, over their minor

66 Ibid., fol. 335r. 67 L. Demets, The Late Medieval Manuscript Transmission, op. cit., pp. 135-141. 68 Ead. and J. Dumolyn, Urban Chronicle Writing, op. cit., pp. 37-40: MSS Douai, BM, 1110 and Bruges, PL, 436 were written by Jacob van Malen who was imprisoned by Maximilian’s troops in 1485. MSS Brussels, KBR, MSS 13071-72 and Bruges, PL, MS 437 were written by scribes (such as Jan de Lenesse) belonging to the same cultural network —the chamber of rhetoric the Three Female Saints— and the same political factions as Jacob van Malen.

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son and the Burgundian heir, Philip the Fair.69 Therefore, it should be scrutinized how this favourable portrayal of Duchess Mary in the Excellente Cronike served anti-Habsburg ideas and ideologies. The discourses discussed above were recycled during the Flemish revolt. The Excellente Cronike shows its bias in the passage about the duchess’s death. The Excellente Cronike does not contain the so-called “deathbed scene” of the Wonderlijcke Oorloghen for instance, which features an emotional dying duchess praying for the wellbeing of her children and husband.70 This scene sought to legitimize Maximilian of Austria’s claim, not only by portraying his young wife as inexperienced and reckless, but also by making the duchess transfer her authority to him on her deathbed and forcing the noblemen of the Golden Fleece to swear their “loyalty” to him: “‘Therefore, I [Mary of Burgundy] beseech you all, lords of the Order of the Golden Fleece, do unto my lord the duke as you have sworn to him, and do not leave him in his hour of need, stay with him, be as good and loyal after my death as you have been before my death, hold to your oath that you have sworn, to stand together as brothers, and not to leave each other in times of need. This is my prayer and my wish that you will be his friend and the friend of my children’. The Lords of the Order understood the words of the princess and swore all together to be and to remain true and loyal to the Duke Maximilian until their death and help him against his or his child’s enemies.”71 The Wonderlijcke Oorloghen and the Excellente Cronike were printed in the same year, 1531, which was probably timed to mark the arrival of Emperor Charles V into the Low Countries. Whereas the Excellente Cronike offered a view of Flemish history from an urban perspective, the Wonderlijcke Oorloghen celebrated the glorious deeds of the emperor’s grandfather, Maximilian. For this reason, the Excellente Cronike did not include this fictional “deathbed scene”. While the dying duchess was scarcely involved in the events recorded in the chronicle, Maximilian’s role was more pronounced. He received the representatives from Ghent at the court in Bruges and reconfirmed the privileges issued by Mary. In return, they offered Maximilian their loyalty: “When those of Ghent came to the court [the “Prinsenhof ” in Bruges], they found our princess lying in bed, sick and almost dead. The prince and the lords of the court listened well and it was consented to them [those of Ghent] that

69 J. Haemers, De strijd om het regentschap over Filips de Schone. Opstand, facties en geweld in Brugge, Gent en Ieper (1482-1488), Ghent, 2014; J.-M. Cauchies, Philippe le Beau. Le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, 2003; M. Hollegger, Maximilian I (1459-1519). Herrscher und Mensch einer Zeitenwende, Stuttgart, 2005. 70 The scene was probably inspired by a contemporary political song: J. Oosterman, O Fortuna, op. cit., pp. 98-105. 71 Dit sijn die wonderlijcke oorloghen, op. cit., p. 153.

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they could keep their privileges and just law, and therefore they promised the prince in return to do as good and loyal subjects ought to do.”72 This suggestive scene in the Bruges Excellente Cronike reflects the political interests of the Flemish cities. Highlighting Maximilian’s consent to respect the privileges issued by Mary —which he had already tried to bypass during her lifetime— implied that Maximilian later committed perjury, which justified the subsequent Flemish revolt.73 The Flemish war against Maximilian of Austria reinforced disunity and factional struggles inside the Flemish cities. Although it was the first time that the three largest Flemish cities (Ghent, Bruges and Ypres) had cooperated in revolt, internal discord eventually caused their defeat.74 Consequently, the contemporary Bruges Excellente Cronike manuscripts addressed the trouble caused by internal factional strife. In the acrostic poem about Mary’s death, the “unifying” character of Mary’s reign contrasted with factionalism: Een eendrachtelic regement ware tijd. Nu es ons van noden vrienscap ende duecht (“A unifying rule, truthful time. Now we need friendship and virtue”). This stanza stressed the unifying role of Mary of Burgundy. After her death, the people of Bruges needed “friendship and virtue”. Instead, they received a horrible factional war provoked by the prince, emphatically underscored by the text of the first poem discussed in this article, Mine gheminde, ic bidde hu hertelic. In the poem, Mary had explicitly urged her citizens to stand together: Ooc biddic u minlic hebt of ghij muecht eendrachticheit tsamen wats ghesciet (“I beseech you lovingly that you may be united, together, come what may”). The constructed image of Mary of Burgundy as the unifying, ideal and natural princess contrasts sharply with the image of Maximilian. Since openly criticizing a ruler was not commonly acceptable, a chronicle idealizing the reign of his Burgundian predecessors was a perfect alternative to an account of current events. Other criticism of Maximilian was subtle. In contrast to Mary’s presence in the Bruges urban sphere, the text blamed Maximilian for not attending public events.75 In 1481, Willem Moreel, a major rebel leader, was imprisoned along with other members of his faction. The Bruges Excellente Cronike circulated between members of the Moreel faction.76 According to the chronicle, Maximilian, not Duchess Mary, ordered Willem Moreel’s arrest. Furthermore, the text stated that the prince had been partial in his decision

72 Douai, BM, MS 1110, fol. 414r. 73 Perjury was equally one of the main indictments against Maximilian of Austria after his imprisonment in 1488 ( J. Dumolyn and J. Haemers, Les Bonnes causes du peuple pour se révolter. Le contrat politique en Flandre médiévale d’après Guillaume Zoete (1488), in Avant le contrat social. Le contrat politique dans l’Occident médiéval. xiiie-xve siècle, ed. Fr. Foronda, Paris, 2008, pp. 327-346. 74 J. Haemers, Factionalism and State Power in the Flemish Revolt (1482-1492), in Journal of Social History, t. 42/4, 2009, pp. 1009-1039. 75 Douai, BM, 1110, fol. 377r: Aldus ne zach de prinche niet den ommeganc van Brucghe daer nochtans om zinen wille grooten cost ghedaen was. 76 L. Demets and J. Dumolyn, Urban Chronicle Writing, op. cit., pp. 28-45.

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making: “and one should understand that these accusations were found upon bad information, and partiality”.77 The Excellente Cronike’s perspective on the “foreign” husband appears clearly in the description of a revolt in Brussels that broke out in 1478, after Maximilian had intervened in local factional politics by liberating some exiles. According to the chronicle, the people of Brussels feared that during the Joyous Entry ceremony, Maximilian would enter the city by himself without Duchess Mary, the legitimate heir. To disprove these rumors and reaffirm her presence, the chronicle describes how Duchess Mary had to show herself to the people in the middle of the night.78 The Excellente Cronike was thus turning to an event in the neighbouring duchy of Brabant to strike at the legitimacy of Maximilian’s authority. Anthonis de Roovere might have included the event because of the references to actual feelings of fear about Maximilian’s increasing political dominance in Brabant and other principalities. It was a statement —a reminder to Maximilian even— that some tasks were the privilege of the heir. For the people in the Low Countries, Maximilian of Austria was only the “ducal consort”. His role as duke was only justified by his marriage to the heir, Mary. This equally implicated that his princely role ended after her death. As a result, the Bruges Excellente Cronike focused on the traditional tasks of the male consort that could not be performed by the female ruler, such as leading military expeditions.79

4. Conclusion In 1492 the last rebellious Flemish city, Ghent, capitulated to the king of the Romans. Subsequently, Maximilian of Austria gained control over the complete inheritance of his wife, Mary of Burgundy, and continued to fulfill his role as regent of their minor son, Philip the Fair, until his majority in 1494. The new Habsburg House actively invested in its legitimacy, and the image of Mary of Burgundy played a key role in the consolidation of the new dynasty’s power and authority. One of the most marked examples of this was the establishment of a new religious confraternity, Our Lady of the Seven Sorrows, closely connected to the Brussels chambers of rhetoric and spread throughout the entire Low Countries.80 The confraternity reused the image of the Virgin Mary and her son Christ as a comparison to the suffering of Mary

77 Douai, BM, MS 1110, fol. 411v: […] ende es wel te verstane dat dese pointen waren inghestelt bij quader informacie ende dat partyelicke. 78 Ibid., fol. 366v: Item te Bruesele was tcommuun in roere omdat de hertoghe Maximiliaen […]. Dies moeste de voorseide hertoghinne snachs omtrent xi hueren uut haren bedde upstaen ende commen ter veistere haer vertoghen ende spreken jeghens tcommuun, bij den welke de moyte ghestilt was ende tcommuun ghinc thusewaert, ende up de nieudach dede zou haren eed te Bruesele als erfachtighe vrauwe van Brabant. 79 E. Woodacre, Questionable Authority. Female Sovereigns and Their Consorts in Medieval and Renaissance Chronicles, in Authority and Gender in Medieval and Renaissance Chronicle, ed. J. Dresvina and N. Sparks, Newcastle, 2012, pp. 376-407 (here p. 380). 80 S. Speakman Sutch and A.-L. Van Bruaene, La Dévotion des septs douleurs de la Vierge Marie aux Pays-Bas. Propagande princière et sensibilité urbaine, in Jean Molinet et son Temps, op. cit., pp. 45-57.

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of Burgundy over her son Philip. This image clearly imitates the existing political discourses of Duchess Mary as an innocent virgin princess utilised by herself during her lifetime, and re-used shortly after her death, by both pro- and anti-Habsburg factions during the Flemish revolt. Until now, researchers have used the Bruges Excellente Cronike as a “contemporary” source for the reign of Mary. However, the motives that inspired the writing of these manuscripts are more complex. The surviving manuscripts are edited copies of Anthonis de Roovere’s chronicle, and their content cannot be isolated from the political context surrounding their composition. Nevertheless, the Excellente Cronike still exposes the political communication strategies of a female ruler and her entourage, as well as the adoption of those strategies by urban societies. The success of the constructed images of the female ruler, Mary of Burgundy, stemmed from the deployment of these interdiscursive strategies. Bruges writers instrumentalized the figure of Duchess Mary as a virgin, as a “pucelle”, to represent their city, an illustration of the many-layered meanings and multiple functions of these discourses. Equating a female ruler with her duchies, counties and cities had clear political advantages. The image of Mary as a “weak maiden” was intentionally spread by her supporters. This style of political communication, composed of previously existing (courtly, urban and religious) discourses, appealed to different social and political groups in late medieval society. Ideologies already circulating among different social strata were reused to shape the duchess’s image in the Low Countries. In the same way, Duchess Mary’s court intentionally promoted the idea of a natural princess. After her death, opponents of Maximilian stressed the dichotomy between the “natural princess” and the “foreign husband”. The political context of the war against France during Mary’s reign and the Flemish revolt against Maximilian of Austria after her death are reflected in the two discursive strategies that dominate the representation of Mary in the Bruges Excellente Cronike manuscripts: her representation as a city maiden and as a “natural” princess. The unity of the iconographical and textual image of Mary in the Bruges Excellente Cronike is equally striking. In addition, the close similarities between the image of Mary in these urban historiographical sources and the so-called “court” chronicles point towards the existence of a communication strategy constructed and spread by Mary and her entourage during her lifetime. However, surviving historiographical sources give a distortet picture as Mary’s image was as much influenced by the political troubles after her death.

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6.  Panthasilia virgo in civitatem Tryona amicabiliter recepta fuit La Joyeuse Entrée de Marie de Bourgogne à Bruges en 1477* Le 18 avril 1477, Marie de Bourgogne fait sa Joyeuse Entrée à Bruges. La Chronike van den lande van Vlaendre (composée dans les années 1480), qui contient la description détaillée de cet événement1, évoque comment la ville salue la jeune duchesse par l’entremise de trois « tableaux vivants ». Relativement modeste à l’échelle des entrées bourguignonnes2, cette cérémonie n’a guère attiré l’attention des chercheurs3. Elle présente néanmoins un intérêt considérable car elle est la première entrée princière bourguignonne – et elle restera d’ailleurs la seule – à saluer l’arrivée d’une duchesse souveraine. Les Joyeuses Entrées, qui permettent d’établir un dialogue symbolique entre le souverain et ses sujets, sont un élément essentiel pour le maintien de la cohésion

* Ce texte est tiré de ma thèse Marie de Bourgogne et le Grand Héritage. L’iconographie princière face aux défis d’un pouvoir en transition (1477-1530), Thèse de doctorat, Université de Lille-Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2014. 1 De Chronike van den lande van Vlaendre, Douai, Bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore, ms. 1110, ff. 335r-336r. Voir S. Vandekerckhove, De Chronike van den lande van Vlaendre. Studie van het handschrift en uitgave van f. 148v tot f. 415v, t. 2, Mémoire de licence, Université de Gand, 2006-2007, pp. 27-30. URL : http://lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/001/311/469/RUG01-001311469_2010_0001_ AC.pdf (consulté le 2 avril 2013). Sur la chronique et son auteur, voir J. Oosterman, Anthonis de Roovere. Het werk. Overlevering, toeschrijving en plaatsbepaling, dans Jaarboek de Fonteine, t. 37-38, 19951996, pp. 29-104 ; Id., De Excellente Cronike van Vlaenderen en Anthonis de Roovere, dans Tijdschrift voor Nederlandse Taal- en Letterkunde, t. 118, 2002, pp. 22-37 ; L. Demets, The Late Medieval Manuscript Transmission of the Excellente Cronike van Vlaenderen in Urban Flanders, dans The Medieval Low Countries, t. 3, 2016, pp. 123-173 ; ainsi que dans ce volume Ead., Gendered Political Ideology in Late Medieval Bruges. Mary of Burgundy as City Maiden in the Manuscripts of the Excellente Cronike van Vlaenderen, pp. 83-101. 2 Philippe le Bon est accueilli en 1440 à Bruges par 21 « tableaux vivants ». En 1458, Gand lui en présente également une vingtaine. Pour l’entrée de Marguerite d’York à Bruges en 1468, la ville lui offre au moins 9  tableaux, tandis que, pour celle de Jeanne de Castille à Bruxelles en 1496, 29 sont mis en place. 3 À ma connaissance, le seul auteur ayant consacré quelques pages à cette entrée est G. Kipling, Enter the King. Theatre, Liturgy, and Ritual in the Medieval Civic Triumph, Oxford, 1998, pp. 342-344, mais son interprétation des « tableaux » n’est à mon avis pas très convaincante.

Olga Karaskova • Université de Lille Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 103-114.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122535

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sociale au bas Moyen Âge4. Cérémonies complexes, procession et spectacle à la fois, elles donnent l’occasion au seigneur d’affirmer son pouvoir, et aux habitants des villes de lui manifester leur fidélité, tout en lui rappelant ses devoirs et lui exprimant leurs attentes en matière de bon gouvernement5. Les voix des citadins se font ainsi « entendre » au travers de scènes allégoriques à caractère religieux ou mythologique jouées sur des échafauds dressés tout au long du chemin parcouru par le prince. Les principaux personnages de ces « tableaux vivants » servent de modèles au prince, faisant de celui-ci à la fois l’« acteur et [le] lecteur de l’entrée »6. Cependant, comme le souligne Joël Blanchard, il ne convient pas d’établir un simple rapport d’équivalence entre les scènes et leur signification ; la cérémonie doit plutôt être analysée « à partir des éléments qui constituent cette mise en scène urbaine et qui lui donnent une réalisation historique particulière »7. C’est à partir de cette logique que j’analyse la Joyeuse Entrée de Marie de Bourgogne à Bruges en avril 1477. Il convient de noter que le programme iconographique de cette entrée prouve que la tâche des organisateurs – celle de trouver des exemples de femmes vertueuses pouvant servir de modèles à la duchesse Marie – n’est pas facile. Tout d’abord, ils font face à une situation sans précédent dans les pays bourguignons depuis l’apparition de la cérémonie : recevoir une femme régnant de son propre droit et, qui plus est, une princesse encore non mariée. Marguerite d’York, à Bruges en 1468 et à Mons en 14708, fut saluée en tant que jeune mariée et duchesse consort. Un vocabulaire emblématique approprié mettant en valeur essentiellement son rôle de médiatrice fut établi à cette occasion. Or, tandis que « la réception d’une princesse consort n’avait aucune signification constitutionnelle et n’était alors, purement et simplement, qu’une opération de bonne volonté »9, la position très particulière de Marie met ses sujets face à un problème à la fois conceptuel et iconographique, ainsi que le souligne Gordon Kipling10. Doit-elle, en tant que cheffe d’un corpus reipublicae, être saluée de la même manière que ses homologues masculins, et donc comparée au Christ ? Ou est-elle tout simplement une variété particulière de consort, mariée à un époux 4 Pour un résumé des diverses théories concernant les Joyeuses Entrées, voir M. Damen, Princely Entries and Gift Exchange in the Burgundian Low Countries. A Crucial Link in Late Medieval Political Culture, dans Journal of Medieval History, t. 33, 2007, pp. 233-249. 5 J. Blanchard, Le Spectacle du rite. Les entrées royales, dans R.H., t. 305/3, 2003, pp. 475-519 ; W. Blockmans et E. Donckers, Self-Representation of Court and City in Flanders and Brabant in the Fifteenth and Early Sixteenth Centuries, dans Showing Status. Representation of Social Positions in the Late Middle Ages, éd. W. Blockmans et A. Janse, Turnhout, 1999, pp. 81-111. 6 J. Blanchard, Le Spectacle du rite, op. cit., p. 478. 7 Ibid., p. 477. 8 Le récit le plus détaillé de l’entrée de 1468 se trouve dans la Chronike van den lande van Vlaendre, op. cit., ff. 265v-267r (voir aussi S. Vandekerckhove, De Chronike, op. cit., pp. 27-30). Voir également Olivier de La Marche, Mémoires, éd. H. Beaune et J. d’Arbaumont, t. 3, Paris, 1885, pp. 114-115 ; Relation en prose et en vers de la Joyeuse Entrée à Mons en 1470 de Marguerite d’Yorck d’Angleterre et de Marie de Bourgogne, éd. A. Lacroix, Mons, 1842. 9 W. Blockmans et E. Donckers, Self-Representation, op. cit., p. 94. 10 G. Kipling, Enter the King, op. cit., pp. 342-343. Sur la métaphore christologique des entrées princières, voir également E.H. Kantorowicz, The « King’s Advent » and the Enigmatic Panels in the Doors of Santa Sabina, dans The Art Bulletin, t. 26/4, 1944, pp. 207-231.

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abstrait comme l’État ou le Bien Public ? Faut-il donc souligner son rôle de médiatrice, et si oui, vis-à-vis de qui, et pour qui peut-elle intercéder ? Toutes ces questions rendent sans doute bien perplexes les organisateurs de la Joyeuse Entrée brugeoise de Marie ; le répertoire « classique » des femmes vertueuses, Judith, Esther, Lucrèce, etc., toutes ayant déjà connu l’état de mariage, n’est pas approprié pour la duchesse vierge, et il faut donc trouver d’autres personnages dans le vaste corpus biblique et mythologique. Les trois sujets finalement choisis, tous figurant des femmes célibataires, sont assez révélateurs de la perception qu’ont les Brugeois de leur jeune princesse. Le premier tableau représente la fille de Pharaon sauvant des eaux le jeune Moïse11 : « Près du vieux pont du Moulin était installée une plateforme richement décorée avec des figures muettes représentant comment l’enfant Moïse fut sauvé, et il était écrit : “La pucelle tremble, sauvant Moïse des eaux” ; et il était aussi écrit : “Le Seigneur Dieu de vos pères, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob l’a envoyé vers nous”12. » Le choix de Moïse pour les festivités brugeoises, orchestrées par Anthonis de Roovere, exprime clairement les espoirs et les attentes des citoyens vis-à-vis de leur princesse : apporter le salut du pays en lui procurant un héritier. D’ailleurs, ce parallèle typologique est employé plus tard, en 1478, par Jean Molinet lorsqu’il célèbre la naissance de Philippe, cet enfant tant attendu, dans un panégyrique élaboré, comparant la situation des Bourguignons à celle du peuple juif oppressé jadis par ses ennemis : Et, comme le peuple de Dieu fut jadis traveillé soubz la main du roy Pharaon et mené en captivité dessoubz Nabugodonozor, les povres subgez de la Maison de Bourgoigne, naguaires tant honnourée, maintenant toutte deschirée, sont piteusement cruciéz, foulléz, flagelléz et boutéz en misérable servitude13. Les sujets sont donc délivrés de la servitude par le mariage de Marie et la naissance de Philippe, sorte de nouveau Moïse : Le povre commun et petit peuple des pays longuement oppresséz de tirannie estoit tant joyeux en cœur qu’il ne lui souvenoit de nulle tribulation precedente. Il estoit comme retiré du limbe et revenu de tenèbres à lumière et ne se reputoit moins heureux du peuple d’Israel lors qu’il yssu de la miserable servitude du roy Pharaon14. La comparaison entre le sauvetage de Moïse, considéré comme une préfiguration du Christ, et la naissance de Philippe le Beau apparaît tout à fait logique. Notons, en

11 Ex 2, 5-6. 12 Chronike van den lande van Vlaendre, op. cit., fol. 335v : Item an de houde Muelenbrucghe, daer stonc een rijckelic paerc in stomme figueren hoe dat Moyses, jonc zijnde, verlost was, ende daer stont ghescreven « Tremit virgo de aquis Moysem liberavit », ende daer stont noch ghescreven « Dominus deus patrum vestrorum, deus Abraham, deus Ysac, deus Jacop miset ad nos » (S. Vandekerckhove, De Chronike, op. cit., pp. 172-173). La deuxième citation latine provient, avec un petit changement, d’Ex 3, 15. 13 Jean Molinet, Chroniques, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, t. 1, Bruxelles, 1935, p. 225. 14 Ibid., p. 273.

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outre, que deux scènes figurant ce personnage – son sauvetage par la fille de Pharaon et la réception des Dix Commandements – ornent l’arrière-plan de L’Annonciation de Jan Van Eyck (c. 1434/1436)15. La tradition considère ce tableau comme une commande de Philippe le Bon pour la chartreuse de Champmol16, probablement pour célébrer la naissance de son fils, le futur Charles le Téméraire17. Si cela est vrai, la métaphore Philippe/Moïse/Christ devient encore plus complexe, liant Philippe à son grand-père Charles, un autre héritier tant attendu et dont les droits sur les possessions bourguignonnes étaient incontestables. Toutefois, reconnaissons que le personnage de Moïse et les épisodes de sa vie sont des topoi dont personne n’ignore le sens à la cour de Bourgogne18. On pourrait par contre s’étonner du choix de la fille de Pharaon comme modèle pour la jeune duchesse. Après tout, elle n’est qu’une mère adoptive pour Moïse. Cependant, il ne faut pas comprendre les messages des tableaux vivants au premier degré, en y cherchant des parallèles directs avec la situation réelle de leurs destinataires. Dans la large panoplie des figures « héroïques » disponibles aux organisateurs des cérémonies princières, il n’existe probablement pas d’autre exemple d’un personnage féminin réunissant à la fois l’identité d’une jeune fille non-mariée et l’idée de la maternité salvatrice. L’image de la fille de Pharaon constitue alors une trouvaille ingénieuse permettant aux Brugeois de souligner le statut virginal de leur duchesse et, en même temps, d’exprimer leurs espoirs qu’elle porte bientôt un fils, tout en renouant avec l’image de Moïse déjà présente dans l’iconographie princière bourguignonne. Qui plus est, dans le cas particulier de Marie de Bourgogne, la figure de la fille de Pharaon 15 Washington, National Gallery of Art (= NGA), inv. 1937.1.39. 16 C.J. Nieuwenhuys, Description de la galerie des tableaux de S.M. le roi des Pays-Bas, Bruxelles, 1843, p. 2, dit à propos de l’histoire du tableau : « D’après les meilleurs renseignements qu’on a pu obtenir, ce tableau faisait suite à deux autres peintures du même maître ; il a été peint pour Philippe le Bon, duc de Bourgogne, et destiné à orner un monument religieux à Dijon ». Voir aussi S. Reinach, Three Early Panels from the Ducal Residence at Dijon, dans The Burlington Magazine, t. 50, 1927, pp. 234, 239-241, 245 (ici p. 239), qui a publié la description fragmentaire des trois tableaux provenant de la chapelle ducale de la chartreuse, faite en 1791 : « Dans la chambre du prieur on conserve deux tableaux sur bois dans le genre des premiers peintres flamands, qui proviennent des chapelles [sic] des ducs : ils ont environ quatre pieds de haut. Le premier, d’à peu près un pied de large, est une Annonciation […] ». Voir également la notice sur le site de la NGA. URL : http://www.nga.gov/ collection/gallery/gg39/gg39-46.html (consultée le 29 avril 2012). 17 C. Fergusson O’Meara, Isabelle of Portugal as the Virgin in Jan Van Eyck’s Washington Annunciation, dans Gazette des Beaux-Arts, t. 97, 1981, pp. 99-103. 18 Lors de la Joyeuse Entrée de Marguerite d’York à Bruges en 1468, en vue de son mariage avec Charles le Téméraire, un des « tableaux » présentés à la princesse figurait Moïse se mariant avec Tarbis, fille du roi d’Éthiopie. Chronike van den lande van Vlaendre, op. cit., fol. 266v : Item voor de Westpoorte bin der Burch stont een bequamelicke poorte daer bovenup stont een vriendelic paerc, daer Moyses stont als een brudecomme ende hij trauwede Tarbis, des sconyncx dochtere van Saba, eerlic ghestoffeert van persenagen, ende daer stont aldus ghescreven : « Moyses, postquam divicius obsedisset civitatem Saba, Tarbis, filia regis Egipti, in eum oculos iniecit quam ipse post modum in uxorem duxit » (S. Vandekerckhove, De Chronike, op. cit., p. 29). Le choix de représenter cette scène insolite dont le sujet est inspiré de Flavius Josèphe (Antiquités judaïques, ii, 10) témoigne de l’importance de la figure de Moïse dans l’iconographie princière bourguignonne, le mariage du futur prophète évoquant ici celui du duc Charles lui-même.

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peut avoir des connotations supplémentaires : techniquement parlant, la duchesse doit rendre hommage, pour certaines de ses terres, au roi de France Louis XI, qui est en même temps son parrain19. L’identification de son (futur) fils à Moïse associe Louis XI à Pharaon, roi tyrannique, et la résistance armée à son invasion devient dès lors légitime20. Si le premier tableau présente un rôle attendu pour une femme – donner naissance à un héritier masculin –, le deuxième, présentant la pucelle Aksa recevant les terres de son père, désigne clairement Marie comme successeur légitime de Charles le Téméraire et lui promet la fidélité de ses sujets : « Devant la [maison nommée] Blankenberge21 était installée une autre plateforme richement décorée, où la belle pucelle Aksa recevait la bénédiction de son père, et il était écrit : “Aksa la vierge a reçu la bénédiction” ; et dessous il était écrit : “Toutes ses œuvres s’accomplissent avec fidélité, et sa fidélité ne lui retira jamais”22. »

19 L’accusation portée à l’encontre de Louis XI d’avoir trahit sa filleule et donc d’avoir commis une offense à l’encontre de Dieu se trouve aussi dans le Mémoire de Jean d’Auffay, ainsi que le montrent dans ce volume J. Dumont et É. Lecuppre-Desjardin, Construire la légitimité d’un pouvoir féminin. Marie de Bourgogne dans le Mémoire de Jean d’Auffay, pp. 53-54. 20 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, p. 213, accuse ouvertement le roi : Très cristien roy des Franchois, comment peulz tu permettre ceste excecrable tirannye ? Où est la doulceur de ta misericorde ? Où sont les vertuz de tes bienheuréz pères, qui en toy doyvent resplendir par excellence ? Tu doibs subvenir à la chose publicque, tu dois nourrir les orphenins, regarde et voy les oppreséz qui demandent à Dieu vengence, regarde en pitié la desolée pucelle sans le deshiriter de son seigneureux patrimonne. C’est ta parente, c’est ta filloeule ; mostre doncques comment tu es très crestiien roy des Franchois. Veulz tu degrader celle que tu dois garder ? Veulz tu envayr et offendre celle que tu dois deffendre ? Convertis rigueur en vigueur, severité en serenité, demence en clemence et crudelité vicieuse en nobilité vertueuse. Les glorieux rois triumphans, tes nobles predicesseurs desployèrent jadis leur auriflambe sur les mescreans, hereticques, payens, sarrasins et barbarins en exultation de la foy catolicque, dont ilz ont acquis honneur de perpetuelle memoire et, toy, qui es renommé le non pareil des aultrez, destruis tes frères cristiens et, sans regarder sexe, vocation, eage, affinité, consanguinité ne filiation espirituele, tu te combas contre la quenoulle d’une povre pucelle et fais desrompre sa Maison par ta crueuse mesnye. Comment peulz tu doncques permettre ceste execrable tirannye ? 21 Je remercie Geert Martens de Bruges pour les nombreux renseignements et précisions qu’il m’a apportés concernant la topographie de la ville au temps de Marie de Bourgogne. 22 Chronike van den lande van Vlaendre, op. cit., fol. 335v : Item voor Blanckeberghe stont een ander rijckelic paerc hoe die scoone maecht Axsa de benediccie ontfinc van haren vadere ende daer stont ghescreven « Axsa virgo benediccionem suscepit », ende daeronder stont ghescreven « Omnia opera eius in fide, nec fidem suam unquam mutavit ab eo » (voir aussi S. Vandekerckhove, De Chronike, op. cit., p. 173). La deuxième inscription latine est, en fait, une combinaison de phrases provenant de Ps 33, 4 et Tb 2, 18. C’est probablement cette citation qui amène Gordon Kipling à conclure que ce « tableau vivant » représente le mariage de Tobie et Sara, bien que la référence qu’il donne (Tb 7, 15 : « Et prenant la main droite de sa fille, il la mit dans la main droite de Tobie, en disant : “Que le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob soit avec vous, que lui-même vous unisse et qu’il répande sur vous sa pleine bénédiction !” ») n’a rien à voir avec la description faite par le chroniqueur. L’allusion à l’éventuel mariage de la princesse pouvait bien s’y trouver, mais le message de cette scène ne se limite pas à présenter Marie « comme une femme qui peut transmettre la souveraineté à un conjoint royal plutôt que comme une souveraine indépendante dans son propre droit » (G. Kipling, Enter the King, op. cit., p. 344).

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Il s’agit là d’un sujet insolite et unique en son genre, puisé dans la Bible – une fille recevant les terres et la bénédiction de son père : « Caleb a dit : “À celui qui battra Cariath-Sépher et qui la prendra, je donnerai pour femme ma fille Aksa.” Othoniel, fils de Cénez, frère de Caleb, s’en empara, et Caleb lui donna sa fille Aksa pour femme. Lorsqu’elle alla chez Othoniel, elle l’encouragea à demander à son père un champ. Elle descendit de son âne, et Caleb lui dit : “Qu’as-tu ? ” Elle répondit : “Donne-moi ta bénédiction, car tu m’as donné la terre australe et aride ; donne-moi aussi des sources d’eau. ” Et il lui donna les sources supérieures et les sources inférieures23. » Ce passage est évidemment utilisé en raison de sa pertinence eu égard à la situation de la duchesse. En outre, il a aussi l’avantage de la présenter comme une future mariée et, éventuellement comme une mère. Les deux premiers « tableaux » proposent donc un message clair, mettant l’accent sur la continuité dynastique . Quant à la fidélité évoquée dans l’inscription accompagnant la seconde scène, elle renvoie à la fonction politique de la Joyeuse Entrée brugeoise. L’intronisation de Marie dans ses fonctions de duchesse trois mois auparavant, en janvier 1477, avait été accompagnée d’une série d’évènements désastreux24. Jeune orpheline, en dangier et peril de ses ennemis, et en petite obeissance de ses subjectz25, attaquée par son parrain, délaissée par de nombreux vassaux faits prisonniers ou ayant embrassé le parti français, tenue en quasi-captivité par les Gantois – auxquels les circonstances ont donné l’occasion d’influer sur le pouvoir princier –, assiégée par des prétendants, la situation de Marie pendant les premiers mois de son principat n’est certes pas des plus enviables. Outre la guerre avec les Français, Marie de Bourgogne dut aussi faire face, dans les Anciens Pays-Bas, à des événements de nature insurectionnelle. Les villes, agacées par la violation de leurs privilèges, la politique centralisatrice et les lourds impôts mis en place par le Téméraire, voulurent profiter de l’affaiblissement du pouvoir central, suite à la mort du duc, pour regagner leurs anciens droits et obtenir d’importantes concessions de la part de la jeune princesse. Obligée de céder aux revendications de ses pays, notamment celle d’être gouvernés dans le respect de leurs privilèges, la duchesse ratifia, le 11 février, le Grand Privilège. En outre, le même jour, le comté de Flandre obtinrent de Marie un privilège particulier. Cependant, les esprits ne furent pas apaisés, ce qui conduisit à plusieurs soulèvements populaires contre des magistrats urbains et des représentants du pouvoir princier, dont plusieurs furent exécutés. À Gand, cette insurrection populaire fut particulièrement violente. Des 23 Jos 15, 16-19. 24 Pour l’exposé détaillé des évènements, voir M.-A. Arnould, Les Lendemains de Nancy dans les Pays de par deçà (janvier-avril 1477), dans 1477. Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne pour les Pays-Bas, éd. W.P. Blockmans, Courtrai-Heule, 1985, pp. 1-78 ; J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009. 25 Olivier de La Marche, Mémoires, op. cit., t. 1, p. 143.

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soulèvements semblables éclatèrent dans le courant du mois de mars 1477 dans d’autres villes, en ce compris à Bruges26. Ayant normalisé ses relations avec Gand le 4 avril par l’octroi de lettres de pardon et de grâce, la duchesse s’était rendue le lendemain à Bruges où le rétablissement de relations apaisées entre la ville et le gouvernement s’imposait également. Marie y fait donc sa Joyeuse Entrée le 18 avril. Il est important de noter que dans ce « monde hyper-orchestré de la cérémonie et de l’étiquette »27 qu’est la cour de Bourgogne, les entrées ne sont pas que de simples instruments de contrôle social ; elles permettent surtout de déplacer les tensions et les conflits sur le plan rituel et d’ouvrir ainsi de potentielles négociations politiques. Le rituel vise avant tout à canaliser les émotions de la foule et à pacifier les esprits. La symbolique de l’’amour mutuel et du rétablissement de la paix, dans une sorte de catharsis collective, permet de cimenter les relations entre le prince (la princesse ici) et ses sujets28. Comme l’indique Jelle Haemers, « une fois la révolte terminée, le pouvoir rituel des rebelles devait être balayé par une somptueuse Joyeuse Entrée »29. C’est dès lors dans ce contexte de fin de révolte et de réconciliation qu’il faut considérer l’entrée de Marie de Bourgogne à Bruges : en la reconnaissant comme héritière de Charles et en lui prêtant allégeance, les sujets urbains – et en particulier leurs représentants – cherchent à rétablir symboliquement l’ordre, soit les relations normées entre la ville et la duchesse. Cette recherche d’une alliance entre la ville et le pouvoir princier est encore plus explicite dans le troisième « tableau » que les Brugeois consacrent à la glorification de Marie : « Et devant le palais de mes seigneurs était installée une troisième riche plateforme, où la reine Penthésilée était joyeusement reçue par le roi Priam de Troie, et il était écrit : “La vierge Penthésilée fut aimablement reçue dans la ville de Troie” ; et dessous aussi il était écrit : “Et il y eut une grande joie dans cette ville”, “avec un grand rassemblement” etc.30 »

26 M. Boone, La Justice en spectacle. La justice urbaine en Flandre et la crise du pouvoir « bourguignon » (1477-1488), dans R.H., t. 625/1, 2003, pp. 43-65. 27 P. Arnade, Realms of Ritual. Burgundian Ceremony and Civic Life in Late Medieval Ghent, Ithaca, 1996, pp. 24. 28 A. Brown, Ritual and State-Building. Ceremonies in Late Medieval Bruges, dans Symbolic Communication in Late Medieval Towns, éd. J. van Leeuwen, Louvain, 2006, pp. 1-28. Pour un contrepoint, on verra l’ouvrage de É. Lecuppre-Desjardin, La Ville des cérémonies. Essai sur la communication politique dans les Anciens Pays-Bas bourguignons, Turnhout, 2004, qui considère ces manifestations publiques non comme des rituels mais comme des cérémonies. 29 J. Haemers, A Moody Community? Emotion and Ritual in Late Medieval Urban Revolts, dans Emotions in the Heart of the City (14th-16th Century) / Les émotions au cœur de la ville (xive-xvie siècle), éd. É. Lecuppre-Desjardin et A.-L. Van Bruaene, Turnhout, 2005, pp. 63-81 (p. 79). 30 Chronike van den lande van Vlaendre, op. cit., fol. 335v : Item voor mijns heeren hof stont een rijckelic derde paerc hoe de conighinne Panthasilia van den coninc Pryam van Troyen blijdelic ontfanghen was ende daer stont ghescreven « Panthasilia virgo in civitatem Tryona amicabiliter recepta fuit », ende daeronder stond noch ghescreven « Et factum est gaudium in illa civitate », « Cum turba plurima ». (voir aussi S. Vandekerckhove, De Chronike, op. cit., p. 173). La deuxième citation latine vient des Ac 8, 8.

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Cette scène est sans doute l’une des trouvailles les plus ingénieuses faites par les organisateurs du spectacle : non seulement, elle évoque les origines troyennes auxquelles prétend se rattacher la dynastie bourguignonne31, mais encore, elle souligne, par l’évocation de la reine des Amazones, la position de Marie de Bourgogne en tant que femme régnante32. Qui plus est, Penthésilée, l’une des Neuf Preuses33, championne venant au secours de la ville de Troie, symbole par excellence de la femme virile, remplace, dans une certaine mesure, le Christ Salvator Mundi des entrées princières masculines en tant que modèle pour le souverain et que figure à qui les sujets doivent avant tout obéir. Dramatisant l’avènement d’un sauveur féminin, les Brugeois mettent un soin tout particulier à souligner chaque fois que cela s’avère possible le statut virginal des protagonistes des scènes : tremit virgo, Axsa virgo, Panthasilia virgo. Outre le souhait de créer un lien évident entre la jeune duchesse et les personnages des « tableaux », les concepteurs du programme sont-ils également mus par d’autres considérations ? La virginité au Moyen Âge est étroitement liée à l’idée de défense et de sauvegarde34. Ce concept est venu en Occident par le biais de l’Empire byzantin, qui l’a lui-même hérité de l’Antiquité grecque et romaine, et son culte des déesses protectrices (Rhéa, Hécate, Déméter, Perséphone et, surtout, la déesse-vierge Athéna, patronne des villes et gardienne des murailles). Ce riche substrat culturel, adopté puis transformé par le monde chrétien, produit l’image d’une autre vierge : Marie, protectrice de Constantinople35, ville dont elle devient la patronne officielle au viie siècle. Sa robe (maphorion), rapportée de Palestine en 473 et déposée dans l’église de Blachernes, devient le nouveau palladium de la capitale byzantine. On attribue à cette relique de nombreux miracles et notamment les échecs des sièges successifs de la cité entre le viie et le ixe siècles par les Avars, les Arabes et les Russes36. Le lien entre la Vierge et la protection de la ville est maintes fois souligné dans les sources byzantines. Au xiie siècle, au plus tard, cette idée est également adoptée en Occident, et nombreux

31 Voir, par exemple M. Cheyns-Condé, L’Épopée troyenne dans la « librairie » ducale bourguignonne au xve siècle, dans P.C.E.é.B., t. 31, 1991, pp. 37-65 ; J.-M. Cauchies, Qui vous estes et le noble lien dont vous estes yssu. Olivier, Philippe d’Autriche et la Bourgogne, dans P.C.E.é.B., t. 43, 2003, pp. 149-160. 32 Notons aussi qu’Olivier de La Marche comparera également Marie de Bourgogne à Penthésilée : Celle sembloit Penthasilee / Qui vint la mort d’Hector vengier (Olivier de La Marche, Le Chevalier délibéré (The Resolute Knight), éd. C.W. Caroll, trad. L. Hawley Wilson et C. W. Caroll, Tempe, 1999, p. 232). 33 Sur Penthésilée, voir S. Cassagnes-Brouquet, Penthésilée, reine des Amazones et Preuse, une image de la femme guerrière à la fin du Moyen Âge, dans CLIO. Histoire, femmes et sociétés, t. 20, 2004. URL : http://clio.revues.org/1400 (consulté le 8 juin 2012). 34 Pour plus de détails à ce sujet, voir O. Togoïéva, Jeanne d’Arc, Pallas Athéna et la Vierge Marie. La vierge à la défense de la cité, dans Le Porche. Bulletin de l’Association des Amis de Jeanne d’Arc et de Charles Péguy, t. 35, 2011, pp. 41-74. 35 V. Limberis, Divine Heiress. The Virgin Mary and the Creation of Christian Constantinople, Londres, 1994. 36 Sur les reliques mariales, voir J. Wortley, The Marian Relics at Constantinople, dans Greek, Roman and Byzantine Studies, t. 45/2, 2005, pp. 171-187. URL : https://web.duke.edu/classics/grbs/FTexts/45/ Wortley.pdf (consulté le 12 avril 2013).

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sont les villes et les souverains qui cherchent la protection de Marie pour leur peuple et en font leur patronne37. En France, sa vénération atteint son apogée pendant la Guerre de Cent Ans. Perçue comme la « mère de la Chrétienté tout entière » et l’avocate universelle de l’humanité, elle est invoquée par le dauphin Charles (futur Charles VII) qui lui demande d’intercéder auprès de son Fils pour qu’il l’aide à vaincre ses ennemis : Indigne de adresser sa prière à Dieu, suplia à sa glorieuse Mère qui est royne de miséricorde et consolation des désolez, que, s’il estoit vray filz du roy de France et héritier de sa couronne, il pleust à la dame suplier son filz que il luy donnast ayde et secours contre ses ennemys mortelz et adversaires en manière que il les peust chasser hors de son royaume et icelluy gouverner en paix38. Cette prière aurait ensuite été répétée devant Charles par Jeanne d’Arc venue à Chinon, afin de convaincre le roi du bien fondé de sa mission et de le persuader de lui confier ses troupes : Et dit le roy que à ces parolles que portées luy furent par la Pucelle, il cogneut bien que véritablement Dieu avoit revelé ce mystère à ceste jeune pucelle; car ce qu’elle luy avoit dict estoit vray39. Voilà donc la nouvelle vierge protectrice qui apparaît sur le devant de la scène, avec pour mission de sauver le pays et son peuple. Que la Pucelle soit fréquemment comparée, par des auteurs bienveillants, à la Vierge Marie, cela est bien connu. Il est toutefois plus intéressant de remarquer que cette comparaison n’apparaît qu’à l’été 1429, après la libération d’Orléans40. Dans beaucoup de traditions anciennes, notamment en Moyen Orient, les villes sont féminines : elles sont comparées, voire même identifiées, à des femmes. La Bible leur attribue souvent les épithètes de « mère », « veuve », « putain » ou, par opposition à ce dernier terme, « fille », « vierge », « fiancée », dont la chasteté symbolique garantit la force et l’inviolabilité des remparts41. Ce lien étroit entre la protection de la ville et la préservation de la

37 À ce sujet, voir K. Schreiner, Maria Patrona. La Sainte Vierge comme figure des villes, territoires et nations à la fin du Moyen Âge et au début des Temps modernes, dans Identité régionale et conscience nationale en France et en Allemagne du Moyen Age à l’époque moderne, éd. R. Babel et J.-M. Moeglin, Sigmaringen, 1997, pp. 133-153. 38 Le Miroir des femmes vertueuses, dans J. Quicherat, Procès de condamnation et de réhabilitation de Jeanne d’Arc, dite la Pucelle, publiés pour la première fois d’après les manuscrits de la Bibliothèque royale, suivis de tous les documents historiques qu’on a pu réunir et accompagnés de notes et d’éclaircissements, t. 4, Paris, 1847, pp. 267-276 (p. 271). 39 Ibid., pp. 271-272. 40 O. Togoïéva, Poutechestvie kak missia v epopee Janny d’Ark (Le Voyage comme mission dans l’épopée de Jeanne d’Arc), dans Odisseï. Tchelovek v istorii. 2009, Moscou, 2010, pp. 98-112 (en russe). 41 I. Frank-Kamenetski, Jenchtchina-gorod v bibleïskoï eskhatologii (Femme-ville dans l’eschatologie biblique), dans Sergueïou Fiodorovitchou Oldenbourgou, K piatidesiatiletiou nautchno-obchtchestvennoï deïatelnosti. 1882-1932. Sbornik stateï (À S.F. Oldenbourg, pour le 50e anniversaire de son activité scientifique et sociale. 1882-1932. Recueil d’articles), Léningrad, 1934, pp. 535-548 (en russe). URL : http:// ec-dejavu.ru/w/Woman_town.html (consulté le 20 juin 2019) ; V. Toporov, Tekst goroda-devy i

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virginité, comme l’a fait remarquer Olga Togoïéva, est très présent dans l’image d’Athéna, et est aussi propre à la Vierge Marie, incarnation même de la chasteté et du salut. À cet égard, l’intégration de Jeanne d’Arc parmi les protectrices virginales (notamment par son vœu de chasteté et sa première victoire « miraculeuse » à Orléans) est tout à fait logique42. L’entrée de Marie de Bourgogne à Bruges (ville qui se considère d’ailleurs comme « la ville de la Vierge »43) doit être lue, à mon avis, dans le même sens44. La métaphore implicitement érotique, inhérente à l’entrée princière – celle de l’arrivée de l’époux et du sauveur, du mariage symbolique avec la ville, de la « pénétration » par la porte et de la prise de possession45 –, n’est valable que dans le cas d’un souverain masculin. Lors de son entrée brugeoise, Marie ne devient donc ni « l’époux » ni « l’épouse » de la ville. Elle devient l’équivalent de la ville elle-même ; elle est une vierge porteuse de salut dont la chasteté est garante de la sécurité et de la protection de la ville ; elle est la fiancée dont l’alliance éventuelle avec un époux transformera cette chasteté en abondance et en prospérité. Notons, d’ailleurs, la manière avec laquelle Marie de Bourgogne est saluée à l’entrée de la ville : « Les demoiselles de Wijngaerde, qui sont allées en procession à la rencontre de notredite demoiselle de Bourgogne, lui offrirent une précieuse couronne de roses sur un plateau de cristal lequel était porté par trois belles jeunes filles qui avaient chacune une belle couronne de roses sur la tête, et la couronne principale avait les armoiries complètes de Bourgogne en l’honneur de son état virginal, et elle fut très contente de ces cadeaux et les prit en remerciant46. »

goroda-bloudnitsy v mifologitcheskom aspekte (Le Texte de la ville-vierge et de la ville-putain dans les aspects mythologiques), dans Id., Issledovania po strukture teksta (Recherches sur la structure du texte), Мoscou, 1987, pp. 121-132 (en russe). URL : http://ec-dejavu.ru/p/Publ_Toporov_Babilon.html (consulté le 14 avril 2013). 42 O. Togoïéva, Jeanne d’Arc, Pallas Athéna et la Vierge Marie, op. cit., p. 71. 43 A. Brown, Civic Ceremony and Religion in Medieval Bruges c. 1300-1520, Cambridge, 2011, p. 115. 44 Nous ne disposons d’aucun élément explicite permettant de statuer sur l’influence possible de l’image de Jeanne d’Arc sur les concepteurs de la cérémonie, mais la figure de la Pucelle n’est pas étrangère à la cour de Bourgogne à cette époque : Jean Molinet dans Le Naufrage de la Pucelle (écrit en 1477 et dédié à Marie de Bourgogne), faisant l’éloge des femmes qui ont mené à bien leurs guerres, la mentionne directement ( Jean Molinet, Le Naufrage de la Pucelle, dans Les Faictz et dictz, éd. N. Dupire, t. 1, Paris, 1936, pp. 77-99 [ici p. 85]). 45 O. Freidenberg, Viezd v Ierousalim na osle (Iz evangelskoï mifologii) (L’Entrée à Jérusalem sur le dos d’un âne (de la mythologie évangélique)), dans Id., Mif i literatoura drevnosti (Mythe et littérature de l’Antiquité), Moscou, 1998, pp. 623-665 (en russe). URL : http://ec-dejavu.ru/f/Freidenberg_ass.html (consulté le 14 avril 2013). 46 Chronike van den lande van Vlaendre, op. cit., fol. 335v : Item de joncvrauwen van den wijngaerde, die ginghen met processien jeghens mer joncfrauwe van Bourgoingnen voors., huer presenterende een rijckelicken hoed van roosen in een platteel cristalkin, dewelke platteel droughen drie scoone maechdekins, elc hebbende een roosen hoedt up thooft, ende de principale hoed hadde de vulle wapene van Bourgoingnen ter heeren van den maechdeliken state, twelke zou in grooten dancke nam (S. Vandekerckhove, De Chronike, op. cit., p. 172).

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Tant la couronne de roses que le plateau en cristal constituent des cadeaux originaux47 et chargés de fortes allusions mariales : le cristal est un symbole de pureté et la rose est liée depuis des siècles à la vénération de la Vierge, « rose mystique » sans épines48. La couronne de roses, « le chapelet », pourrait aussi renvoyer au culte du rosaire qui se répand en Europe du Nord à l’instigation du dominicain Alain de la Roche49. Ce sont de toute évidence des cadeaux appropriés pour une future mariée50. * *** Le programme de l’entrée brugeoise de Marie de Bourgogne ne révèle donc pas « un manque évident d’imagination chez les organisateurs »51. Bien au contraire, il apparaît avoir été très consciencieusement réfléchi et investi d’une grande charge symbolique, désignant Marie de Bourgogne en tant que femme régnante, héritière légitime de

47 Les cadeaux consistaient ordinairement en tonneaux de vin, en sommes d’argent ou en vaisselle précieuse. Par exemple, en 1454, Isabelle de Bourbon reçoit de la ville de Lille douze tasses dorées (L. Lefebvre, Histoire du théâtre de Lille, de ses origines jusqu’à nos jours, t. 1, Lille, 1901, p. 51) ; en 1458 une couppe d’argent doret dedans et dehors est offerte à la petite Marie par la ville de Mons, tandis que sa belle-mère, en 1470, reçoit une couppe d’or […] avec [du] vin (Relation en prose et en vers de la Joyeuse Entrée à Mons en 1470, op. cit., pp. 10-11) ; en 1483, la ville de Béthune donna à la petite Marguerite d’Autriche ung drageoir d’argent, doré au pié, au pomel et au bor de deseure, et où sont paintes au milieu les armes de mondit sieur le Daulphin et madame Dame son espouse, et aveuc ce lui fu présenté ung ponchon de vin de Beaune (A. Champollion-Figéac, Documents historiques inédits tirés des collections manuscrites de la Bibliothèque Royale et des archives ou des bibliothèques des départements, t. 4, Paris, 1848, p. 340). Voir M. Damen, Princely Entries, op. cit. Philippe le Beau, par contre, reçut de la ville de Douai un livre de Cicéron : à Jehan Leclerc, escripvain pour son sallaire de avoir escript de sa main le livre de Tulle (Cicéron) De Officiis, en fin vellin pour d’icelluy faire présent de par la ville à Nostre très redoubté seigneur et prince monseigneur l’Archiduc en luy recommandant les affaires de ceste sa dite ville, pour ce marchié fait à luy en ce comprins les estoffes la somme de 52 l. et sy at esté paiet à maistre Jehan Lendel pour avoir aidié à icelluy livre à collationner et corrigier les deffaultes, une maille de vin vaillable 54 s. (Douai, Archives communales, CC 234 [1493-1494], fol. 123r). Voir Ch. Dehaisnes, Département du Nord. Ville de Douai. Série CC. Inventaire analytique des archives communales antérieures à 1790, Lille, 1876, pp. 32-33. 48 La symbolique de la rose est expliquée, par exemple, dans A.M. Migdal, Regina Coeli. Les images de la Vierge et le culte des reliques. Tableaux-reliquaires polonais à l’époque médiévale, Thèse de doctorat, Université Lumière Lyon 2, 2010, p. 171. 49 Sur l’histoire du rosaire, voir A. Winston-Allen, Stories of the Rose. The Making of the Rosary in the Middle Ages, University Park (PA), 1997. 50 La Chronike van den lande van Vlaendre, op. cit., fol. 265r (S. Vandekerckhove, De Chronike, op. cit., p. 26) mentionne que Marguerite d’York, lors de son entrée en 1468 reçoit également une couronne de roses de la part des béguines : Ende es te wetene dat buten der Cruuspoorte quamen met devoter processien de joncvrauwen van den wingaerde, ghezeit baghinen, ende prosenteerden der bruut voors. eenen hoet van roosen, zeere meesterlic ghewrocht dat men dies ghelijcke niet vele ghezien en heift, den welken hoed de voors. bruud in grooten dancke ontfinc ende zou dede den voors. hoed blidelicke stellen binnen haer croone die zou up thooft hadde. Comme le note L. Van Biervliet, les demoiselles du béguinage princier du Wijngaard, dont les compositions florales sont célèbres, jouent un rôle particulier dans la célébration des jeunes mariées (L. Van Biervliet, Maria van Bourgondië als bruid gevierd in het prinselijk begijnhof, Brugge 21 april 1477, dans Biekorf, t. 77, 1977, pp. 13-21 [ici p. 17]). 51 G. Kipling, Enter the King, op. cit., p. 344.

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son père, et en même temps en tant que vierge porteuse de salut, protectrice de la ville, et fiancée potentielle dont l’alliance espérée apportera abondance et prospérité ; enfin, en tant que future mère dont l’enfant deviendra le sauveur de ses sujets face à la menace de la conquête française52.

52 L’ambivalence de la figure de Marie – tantôt figure d’autorité quasi masculine, tantôt faible femme devant être protégée par des hommes – est également très présente dans le traité juridique de Jean d’Auffay. Voir, dans ce volume, J. Dumont et É. Lecuppre-Desjardin, Construire la légitimité, op. cit., par exemple, pp. 58-60..

Andrea Pearson 

7.  Rulership, Ridership, and the Perils of Sealing* Early in 1477, Mary of Burgundy commissioned two matrices with which to seal legal acts.1 It was vital that she do so. Having succeeded to the Burgundian polity after the sudden death of her father, Duke Charles the Bold, at Nancy on 5 January 1477, Mary faced the prospect of renegotiating the unpopular policies he had imposed upon his subjects. The financial and military support she hoped to gain through this process was crucial, for King Louis XI of France was asserting Salic Law to challenge her right to rule.2 In this period of heightened political uncertainty, Mary obtained support through a series of substantial concessions to the Estates of the Burgundian Low Countries and to the independent governing bodies of major urban centers, including Ghent, Bruges, and Ypres. These negotiations resulted in the development of acts that necessitated “great” seals to legalize their content. The first of Mary’s great seal-dies, which was produced by the goldsmith Cornelius de Bont, was delivered to the duchess in Ghent in March 1477.3 It depicted Mary at the hunt, mounted on horseback with a falcon perched on her wrist and a greyhound beneath her feet. A second, very similar equestrian seal-die, produced for Mary as duchess of Brabant by Jan Van Lombeke in Brussels, a separate design which reflects the composite nature of the Burgundian polity, was delivered by the end of May (Ill. 7).4 The equestrian theme was likely considered beneficial for conveying leadership, for not only was







* With thanks to the organizers and participants of the conference from which the present volume originated; to Michael Depreter, Jonathan Dumont, Jelle Haemers, Olga Karaskova, Elizabeth L’Estrange, Sherry C.M. Lindquist, Samuel Mareel, Walter Prevenier, Ann M. Roberts, and Susie Sutch for their assistance along the way; and to the essay’s anonymous readers for their wise advice. 1 The patronage, use, imagery, and dating of the Burgundian ducal seals have been surveyed by R. Laurent, Les Sceaux des princes territoriaux Belges du xe siècle à 1482, t. 1, Brussels, 1993, pp. 575-639; t. 2, pl. 365-387. Mary’s seals are discussed in ibid., t. 1, pp. 619-632. 2 The renegotiation of the privileges is analysed in J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009. A nuanced analysis of Salic Law is provided in this volume by K. Daly, Pour la preminence de la Couronne et l’evidente utillité de la Chose Publique du royaulme. The Medieval French State versus Marie de Bourgogne, p. 66, n. 23; p. 75, n. 80. 3 The matrix does not survive. For the delivery date, see R. Laurent, Les Sceaux, op. cit., t. 1, p. 621. Some acts to which Mary had agreed prior to this date were sealed retroactively with this die (ibid., t. 1, p. 665). 4 Surviving examples of the wax impressions for Mary’s seals are catalogued in ibid., t. 1, pp. 665669; the earliest known use of the seal for Brabant is 29 May 1477, as on ibid., p. 666. See also 1477. Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne pour les Pays-Bas, ed.

Andrea Pearson • American University, Washington (DC) Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 115-136.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122536

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a n dr e a p e a rs o n

Mary a highly skilled hunter, but she likely commanded hunting parties in her own right. The iconography of the seal therefore seems intent on ascribing to the duchess’s qualities that would be useful for her rule.5 This objective suits the seals’ function, for Mary used the matrices by de Bont and Van Lombeke to legalize the acts that were negotiated on her behalf and to which she had agreed: the seals bound her to the political and legal commitments conveyed therein. The circumstances of her succession in fact demanded politically effective seal imagery that would convey Mary’s authority as duchess of Burgundy. The present essay makes two principal contributions: the first is to the study of Mary’s great seals in particular and the second is to the discipline of sigillography more broadly. Regarding the first point, the study investigates Mary’s imagery through the lens of reception to demonstrate how the iconography could have both advanced and jeopardized the polity’s objectives.6 Indeed, while certain iconographic interpretations offered here are consistent with the ostensible aims of Mary and her counsellors, others conflict with those objectives. Responses in the latter category draw into question the utility of the duchess’s imagery on the political landscape. This argument hinges in part on the subjectivity of seeing, on defining late medieval interpretive practices as contingent upon the diverse experiences and skills of spectators. In this model, which I have articulated at greater length elsewhere with reference to work by Elizabeth L’Estrange and Sherry C.M. Lindquist, visual response is understood as highly subjective and richly varied depending on a viewer’s points of reference and visual dexterity.7 Boundaries between pictorial subjects could be rendered porous; themes could inflect upon one another in unreliable and unpredictable ways. However, such interpretive reciprocity was not necessarily intended by those who developed and produced the imagery. Although it is difficult to reconstruct the reception of Mary’s great seals as precisely as we might do for other aspects of late medieval visual culture, exploring broader socio-visual contexts of these works makes it

W.P. Blockmans, Kortrijk-Heule, 1985. On the Burgundian composite state, see R. Stein, Magnanimous Dukes and Rising States. The Unification of the Burgundian Netherlands, 1380-1480, Oxford, 2017. 5 As explored by A.M. Roberts, The Horse and the Hawk. Representations of Mary of Burgundy as Sovereign, in Excavating the Medieval Image. Manuscripts, Artists, Audiences. Essays in Honor of Sandra Hindman, ed. D.S. Areford and N.A. Rowe, Aldershot, 2004, pp. 135-150. 6 Earlier publications on the social import of Mary’s seals include ibid.; O. Karaskova, Le Mécénat de Marie de Bourgogne. Entre dévotion privée et nécessité politique, in L.M.A., t. 117/3-4, 2011, pp. 507-529; Ead., Ung dressoir de cinq degrez. Mary of Burgundy and the construction of the image of the female ruler, in Authority and gender in Medieval and Renaissance Chronicles, ed. J. Dresvina and N. Sparks, Newcastle, 2012, pp. 319-344. 7 A. Pearson, Visuality, Morality, and Same-Sex Desire. Images of the Infants Christ and St John the Baptist in Early Netherlandish Art, in Art History, t. 38, 2015, pp. 434-461, further developed as chapter 6 in Ead., Gardens of Love and the Limits of Morality in Early Netherlandish Art, Leiden-Boston, 2019; E. L’Estrange, Holy Motherhood. Gender, Dynasty and Visual Culture in the Later Middle Ages, Manchester, 2008, pp. 25-43; and S.C.M. Lindquist, Agency, Visuality and Society at the Chartreuse de Champmol, Aldershot, 2008, pp. 121-187 (chap. 4: Visuality).

R u l e r s h i p, R i d e r s h i p, and the Pe ri ls o f Se ali ng

possible to propose how they were variously received by beholders. I offer a series of possibilities in this vein. In advancing reception as a fundamental approach to understanding Mary’s seals, the present essay also helps to transform late medieval sigillography. This may seem a bold claim, but it is nonetheless sound and for two primary reasons. Firstly, recent writings tend to emphasize the iconography of seal imagery and the objectives of sealers to the deprioritization or exclusion of the imagery’s reception.8 This situation is perhaps symptomatic of the comparatively restricted viewerships of seals, and especially great seals like Mary’s that were affixed to official decrees: spectators were often limited to those individuals in a sealer’s immediate familial and political circles. Certainly, Mary’s examples were accessible only to a small group, as discussed below. However, the limited audiences for the wax impressions in no way lessened the importance of their messaging for sealers and seal viewers in the Burgundian territories, including in this case the new duchess and her supporters. Indeed, investigating the reception of seals is crucial not only for a fuller understanding of Mary’s situation in particular but also for other contexts in which seals were made and used. Secondly, the newly revealed interpretive volatility around Mary’s seals draws into question the assumed stability of other aspects of sealing. Reexamining the evidence with the potential for instability in mind reveals that the culture of seals was in fact highly unpredictable. From the loss of seal matrices, to the erratic flux of hot wax, to the questionable ability to conserve impressions over time, the culture of sealing was far less stable than specialists generally have acknowledged. It was, in fact, a deeply troubled enterprise on several fronts. Mary’s rule of the Burgundian territories may have been unprecedented in many ways, but aspects of the tensions around her seals and sealings were hardly exceptional.

1. What Was Riding on Seals? Like the seals of other European leaders, the imagery of a Burgundian great seal was expected both to proclaim and strengthen its subject’s political authority.9 It was thus no different in intention from the court’s hyper-ritualized display culture that was designed to consolidate ducal power, even if the audiences and perhaps the interpretive





8 As exemplified in A Companion to Seals in the Middle Ages, ed. L. Whatley, Leiden-Boston, 2019. A new book by B.M. Bedos-Rezak, Seals-Making and Marking Connections Across the Medieval World, Leeds, 2019, which was still in press as this essay was finished, may include discrete attention to reception: “This examination of documentary seals, archaeologically recovered seal dies, and commercial and conceptual seals from cultures across the medieval world shows how skillful manipulation of their iconography, inscriptions, technology, and metaphorical meanings disseminated information, negotiated influences, asserted hegemony, and forged connections” (https://arc-humanities.org/products/s-83101-108100-64-6620/). 9 See the survey of the function of medieval seals by J. Cherry, Heads, Arms and Badges. Royal Representation on Seals, in Good Impressions. Image and Authority in Medieval Seals, ed. N. Adams, J. Cherry and J. Robinson, London, 2008, pp. 12-16.

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outcomes were different.10 The court thus placed considerable emphasis on seals and seal culture. Highly skilled artists specializing in the design and manufacture of seal-dies of gold and silver were brought to court to produce such works: hence, the Italian sculptor Niccolò Spinelli was employed by Charles the Bold.11 The matrices resulting from these acts of patronage were carefully safeguarded. Great seals were secured by the chancellor, second in administrative rank only to the duke, while the so-called secret seals used primarily for letters of finance and correspondence were kept by the first chamberlain.12 The seal-dies were important in and of themselves, but most of all for what they produced, namely, the sealer’s wax impressions. The impressions “informed the medieval perception of seal agency and significance”, as Brigitte Bedos-Rezak has explained: the wax “received the impression of fingers, whether accidentally or intentionally, and of the matrix”, a process through which the image “was understood to embody, to incorporate the presence of its originator”.13 The impressions were therefore symbolically weighty, not only politically in the case of great seals but also personally for the individual sealers embodied by them. The notion of embodiment was a potent force in binding sealers such as Mary to the arrangements specified in legal acts and in aligning expectations among all parties concerned that the obligations presented in them, to which the sealer(s) theoretically had agreed, would be upheld. For example, Mary’s integrity was put on the line in the well-known privileges of Bruges and Ghent drawn up in January of 1477, which stated outright that the duchess promised to uphold the terms to which she agreed: the cities were to be released from their obligations if she or her political successors violated the acts.14 Mary implied her sensitivity to the individualized political 10 Among the many outstanding studies on Burgundian court ritual are P. Arnade, Realms of Ritual. Burgundian Ceremony and Civic Life in Late Medieval Ghent, Ithaca, 1996; À la cour de Bourgogne. Le duc, son entourage, son train, ed. J.-M. Cauchies, Turnhout, 1998; Showing Status. Representations of Social Positions in the Late Middle Ages, ed. W.P. Blockmans and A. Janse, Turnhout, 1999; and Court and Civic Society in the Burgundian Low Countries c. 1420-1530, ed. A. Brown and G. Small, Manchester, 2007. For the visual arts, see among others A. Pearson, Introduction. Performing Gender in the Burgundian Netherlands, in Ead., Envisioning Gender in Burgundian Devotional Art, 1350-1530. Experience, Authority, Resistance, Aldershot, 2005, pp. 1-28. 11 D. Schmutz, Die of Charles the Bold’s Secret Seal, in Splendour of the Burgundian Court. Charles the Bold (1433-1477), ed. S. Marti, T.-H. Borchert and G. Keck, Brussels, 2009, p. 334, nr 146; H. van der Velden, The Donor’s Image. Gerard Loyet and the Votive Portraits of Charles the Bold, Turnhout, 2000, p. 30. I have been unable to consult the Brussels, AGR, Inventaire des Chambres des Comptes, which may yield more evidence about the commission and production of Mary’s seals. 12 As discussed by R. Laurent, Les Sceaux, op. cit., t. 1, pp. 575-576; D. Schmutz, Die of Charles the Bold’s Secret Seal, op. cit., p. 334, nr 146; C. Henin, La Charge d’Audiencier dans les anciens Pays-Bas (1413-1744), Brussels, 2001, pp. 21-36. 13 B.M. Bedos-Rezak, Outcast. Seals of the Medieval West and their Epistemological Frameworks (Twelfth to Twenty-First Century), in From Minor to Major. The Minor Arts in Medieval Art History, ed. C. Hourihane, Princeton-University Park, 2012, pp. 122-140 (here p. 138). See also Ead., Ego, Ordo, Communitas. Seals and the Medieval Semiotics of Personality (1200-1350), in Die Bildlichkeit Korporativer Siegel im Mittelalter. Kunstgeschichte und Geschichte im Gespräch, ed. M. Späth, Cologne, 2009, pp. 47-64 (republished in Ead., When Ego was Imago. Signs of Identity in the Middle Ages, LeidenBoston, 2011, pp. 231-252, chap. 9). 14 J. Haemers, For the Common Good, op. cit., p. 167 and n. 148.

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consequences of a great seal in a comment she wrote on an act of 30 January 1477, while she waited for delivery of her matrix from Cornelius de Bont: “we have signed the present [document] with our hand and have put there the seal that was used by our lord and father [Charles the Bold] in the absence of ours”.15 As Ann M. Roberts has demonstrated, and a point discussed further below, the iconography of Mary’s great seals resonated clearly with the imagery of her father’s great seal. Available evidence about the production and use of Mary’s great seals suggests that the duchess was confident in the utility of her imagery in the political sphere.16 For example, she used her initial equestrian matrices over an extended period of eighteen months. René Laurent’s inventory of the surviving wax impressions cites 41 examples of Mary’s great equestrian seal on documents dating between 12 January and 16 August 1477, and sixteen examples of her use of the seal for Brabant dating between 29 May 1477 and 10 August 1478.17 She made other known impressions that do not survive, and she certainly made more still. Moreover, new seal-dies designed after Mary’s marriage to Archduke Maximilian of Austria, whom she wed by proxy four months after her succession, retained the hunting iconography for Mary.18 On this new seal, Maximilian appears behind Mary as a mounted armored knight, with his sword raised as if charging into battle (Ill. 8).19 The couple’s matrices sealed at least 29 known acts over nearly three years, from 22 June 1479 to 31 May 1482.20 Ultimately, these patterns of seal usage —there are in sum at least 86 surviving wax impressions made over more than five years— signal a perception by Mary and her advisors that the equestrian designs would fulfill the socio-political demands of ducal seal iconography.

2. Seeing Mary’s Seals Mary’s use of her equestrian seals over a period of five years intermittently brought the imagery under the eyes of individuals with a stake in the political outcomes of

15 Nous avons signé les presentes de nostre main et a icelles fait mettre le seel dont usoit nostre dit feu seigneur et pere en l’absence du nostre (Lille, ADN, B 430/16293; cited by R. Laurent, Les Sceaux, op. cit., t. 1, p. 621, n. 215). 16 Many other figures of political consequence, female and male, were undoubtedly concerned about the political utility of their seal imagery in a gendered context. In some cases, innovative iconographies were developed, presumably to ensure the seals’ effectiveness. See, for example, for two fourteenth-century French queens, M. Gil, Question de goût, question de genre? Commandes de sceaux royaux et princiers autour des reines Jeanne II de Bourgogne (1328-1349) et Jeanne II de Navarre (13291349), in Les Femmes, la culture et les arts en Europe, entre Moyen Âge et Renaissance, ed. C.L. Brown and A.-M. Legaré, Turnhout, 2016, pp. 327-343. 17 R. Laurent, Les Sceaux, op. cit., t. 1, pp. 665-666. 18 Mary began to use the new dies after Maximilian arrived in the Low Countries in August 1478. The absence of surviving impressions of her original equestrian seals after this point suggests that she stopped using the original matrices in favour of those representing her and Maximilian together. 19 Ibid., pp. 666-667. 20 Ibid., pp. 623-628.

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1477 and beyond. As with all late medieval seals, among the primary viewers of the imagery was the owner of the seal-die, in this case Mary, who seems to have considered it politically beneficial as we have seen. Another key beholder was Maximilian, who like Mary was deeply invested in her political imagery and its effectiveness. Mary sealed a pivotal act pertaining to him —her will— on 17 September 1477, a month after the couple’s marriage.21 The will bequeathed Mary’s territories and possessions to her bankrupt husband, an action to which some of the duchess’s subjects were hostile. Maximilian took a sealed copy of the will to Austria when he returned there after her death, in anticipation that his inheritance would continue to be challenged. The wax impression affixed to the document served to convey, legitimize, and legalize Mary’s intention to bequeath her property to her husband, an intention that Maximilian considered crucial to his own political future. Another set of viewers of Mary’s great seals comprised court officials and functionaries upon whose loyalty the duchess depended. Among them were the Burgundian chancellor who safeguarded the great-seal matrices, along with chamberlains, artists, secretaries, notaries, witnesses, and key signatories. The composition of this group varied depending on the situation. For example, the Bruges privilege Mary signed and sealed in Ghent on 30 March 1477, by which time she was in possession of the equestrian seal matrix by Cornelius de Bont, was also signed by John I, duke of Cleves; Louis of Bourbon, bishop of Liège; Louis of Bruges, lord of Gruuthuse; Jean de la Bouverie, president of the great council; and Jean le Doulx, president of the chamber of accounts of Lille, among others.22 Georg Hessler, the pontifical and imperial protonotary for Maximilian, authenticated the will Mary sealed on 17 September 1477. Margaret of York, third wife of Charles the Bold and Mary’s stepmother, was a co-signatory of the testament.23 Although the signature does not establish beyond doubt that Margaret saw the matrix or its wax impression, it at least indicates a degree of courtly access that could have permitted it. It would in fact be difficult to believe that she had not seen it, for she was Mary’s closest confidant at the court. Certain members of the urban elite also had opportunities to consider and respond to Mary’s seals.24 Indeed, sensitivity to the communicative role of imagery in courtly ritual extended into the cities, where images and performances were carefully developed to connect ducal subjects to their rulers during, for instance, their Joyous Entries.25 Members of the governing bodies and secretaries of the cities with which Mary was negotiating in 1477 were among the viewers of Mary’s seal imagery, since the acts she sealed were provided to various parties to which

21 Vienna, ÖSHHS, Familienurkunden, 735, illustrated and discussed by S. Marti, The Testament of Mary of Burgundy, in Splendour of the Burgundian Court, op. cit., p. 352, nr 163. 22 Bruges, CA, PO, 1152; discussed by J. Haemers, For the Common Good, op. cit., p. 167, n. 146. See also C. Henin, La Charge d’Audiencier, op. cit., pp. 22-31. 23 S. Marti, The Testament of Mary of Burgundy, op. cit., p. 352, nr 163. 24 I thank Jelle Haemers for sharing his insights about the urban audiences of Mary seals. 25 Further context on urban ceremonies is provided in é. Lecuppre-Desjardin, La Ville des cérémonies. Essai sur la communication politique dans les anciens Pays-Bas bourguignons, Turnhout, 2004.

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they pertained.26 As one example, members of the Bruges city administrative boards who were charged with negotiating the General Privilege and the Flemish privilege with the court in 1477 certainly saw the impressions.27 Furthermore, some of Mary’s wax impressions were occasionally made accessible in later moments as well, including when Maximilian dispatched her will to Austria as mentioned above. Other viewing opportunities for small audiences are known, such as when the duchess read the Bruges privilege from the belfry on 23 April 1477 before a crowd of onlookers assembled below (although they certainly could not have seen it from that distance), and in 1478 a clerk tipped over a pot of ink that damaged beyond rescue the sealed Bruges privilege of 30 March 1477.28 The version of the act now in the City Archives in Bruges, which bears Mary’s seal, is a replacement copy that was produced in August of that year. The beholders of Mary’s great seals thus came to the imagery from a range of socialized, largely male spectator positions (aside from Mary and Margaret), with varying visual skills, points of reference, and, at times, conflicting political aims. It seems likely that these viewers were particularly sensitive to the iconography in periods of heightened political tension, such as that which Mary encountered at the start of her rule. The authoritative strength of the imagery’s messaging may have mattered most to Mary and her allies in these periods of turbulence. They may have mattered just as deeply to those who benefited from the content of the acts she sealed: she would, the seal assured, uphold her end of the bargain. Nonetheless, the reception of Mary’s seal imagery could not have been consistent across these varied audiences or even necessarily between individuals of the same or similar socio-political groups. Some noblemen at the court in 1477, for instance, were motivated more by self-interest than the collective good.29 They found themselves in conflict with Louis of Bruges, who as “chevalier d’honneur et premier chambellan” attempted to squelch expectations for favouritism with a directive that any order Mary signed had also to include his signature, a move supported by governor-general Adolph of Cleves. It is probable that Mary’s status as a female ruler motivated this decision, for it is unlikely that Louis would have made such an assertion with a male lord like Charles. This is but one example of the subtler ways in which gender shaped the political terrain of 1477, beyond Louis XI’s effort to claim the Burgundian lands through Salic Law.

26 Mary sealed some acts retroactively; others were postdated. For the former, see M.-A. Arnould, Les Lendemains de Nancy dans les « pays de par deçà » (janvier-avril 1477), in 1477. Le Privilège Général, op. cit., pp. 1-83 (here pp. 35-36); R. Laurent, Les Sceaux, op. cit., t. 1, p. 621, n. 215. For the latter, see J. Haemers, For the Common Good, op. cit., p. 171, with the example of the two copies of the Flemish privilege preserved today. 27 See ibid., pp. 153-154, for the context of the negotiations and the individuals involved. 28 As conveyed in the Excellente Cronicke, Bruges, Openbare Bibliotheek, Historisch Fonds, MS 437, fol. 184r; and Bruges, CA, SR, 1477-1478, fol. 150v and BCA, 14, fol. 295r; cited by J. Haemers, For the Common Good, op. cit., p. 167, n. 146. 29 Ibid., pp. 103-106.

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3. Riding and Ruling With the above considerations in mind, I offer some ways of seeing Mary’s seals that are raised by the visual and historical evidence, and by the possibilities of subjective, referential viewing, to demonstrate how Mary’s iconography could have both advanced and damaged her cause. Certainly, some beholders understood the imagery of the duchess’s great seals as departing significantly from the seals of other women in her immediate family and from those she had used earlier, before her inheritance. These were secret seals and signets that were developed not for legal purposes but rather for correspondence. The secret seals and signets of Mary, of her mother Isabella of Portugal, and of her step-mother Margaret of York, depicted their heraldry.30 Margaret of York’s great seal too was heraldic in design.31 The equestrian iconography of Mary’s great seals was thus novel for women of the Burgundian court. Its departure from the earlier imagery distinguished Mary as the only one among them who occupied a key political position in her own right as duchess of Burgundy. It also implies a sensitivity to the tense political situation of 1477 and the implications of imagery to shape perceptions among the great seals’ viewers. This is not to say that Mary’s iconography was historically unique among ruling women in the Burgundian regions, however. Yolanda, countess of Namur, for example, was depicted as a mounted hunter on her great seal (1213). Neither was the iconography reserved only for female rulers, for it was deployed for the seals of John I (r. 1267-1294), II (1294-1312), and III of Brabant (r. 1312-1331) and Henry VII of Luxemburg (1289-1296) before their succession.32 Yet the salient points of reference for the viewers of Mary’s equestrian seals were hardly those of distant individuals like Yolanda of Namur and young men who were in line to inherit centuries earlier, but rather the great seals of Dukes Philip the Good and especially Charles the Bold that were in the immediate orbit of the Burgundian court.33 Like Mary, the dukes were portrayed on their seals as equestrians. They were presented not as hunters, however, but as armored knights on galloping steeds (Ill. 9), just as Maximilian was portrayed in his and Mary’s great seal.34 Such imagery claimed lordship for their subjects through archetypal masculinity —they are courageous, highly skilled knights— as an enduring trope in princely representation. Burgundian examples abound, including dozens of representations of knights of the chivalric Order of the Golden Fleece, which Philip the Good had established in 1430, in Le

30 R. Laurent, Les Sceaux, op. cit., t. 2, pl. 391-392. 31 Ibid., pl. 392, nr 85. 32 Ibid., pl. 277-278 (for Yolanda); t. 1-3, pl. 114, 119, 122 (for John); ibid., t. 7, pl. 244 (for Henry). It is possible that Mary’s claims to power through her equestrian imagery may have been weakened by these earlier images of young male riders who were not yet ready to assume power. 33 Ibid., t. 2, pl. 328-361. 34 Surveyed by ibid., t. 1, pp. 575-639; ibid., t. 2, pl. 310363. For aspects of social constructions of Burgundian masculinity that are relevant here, see A. Pearson, Envisioning Gender, op. cit., with bibliography.

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Grand armorial équestre de la Toison d’Or, a manuscript made between c. 1429 and 1461, probably under the patronage of a Burgundian courtier.35 In one miniature from it, Philip the Good, represented as the count of Flanders and wielding a sword of chivalric heroism, is in full control of a bucking beast (Ill. 10). He does not merely command the horse, however. Rather, his body literally forms the beast’s chest and head, the latter depicted as the helmet of a knight. In turn, the steed’s hindquarters are formed by fabric adorned with the heraldic lion of the count of Flanders, with the shape of the horse lost to it. Other images in the Armorial, including one of Charles the Bold as count of Charolais, similarly conflate rider and mount through form, pattern, and color, such that the bodies of man and beast become nearly one and the same. In these images, Philip and Charles both assume and expertly command their steeds’ might. The representations claim for them refined combat skills upon which they could draw in defeating their enemies and, by extension, keen leadership skills to govern their subjects.36 For certain viewers familiar with the equestrian imagery of the great seals of Philip and Charles, Mary’s seals must have clearly asserted, by association, her claim to the Burgundian territories. Indeed, the political utility of medieval seals, especially their power to proclaim rulership through pedigree, were predicated upon visual and thematic points of contact with seals of one’s forbears. Seal owners were “identified, indeed defined, by their placement within status-sensitive categories” that “operated through principles of sameness and categorization”, as Brigitte Bedos-Rezak has made clear.37 The sociopolitical success of a seal thus depended specifically on its resemblance to other seals of like categories and, by extension, to the connections it made to their social and cultural freight. The referential nature of Mary’s iconography to that of her predecessors therefore reflected a conventional approach to understanding and interpreting seal imagery that was intended to deepen a sealer’s temporal authority: it was a crucial strategy for connecting Mary to the elite and highly consequential political category she occupied as duchess of Burgundy. These points of contact aligned Mary’s rule sequentially with the lordships of her male forbears to counter the pressures of Salic Law: male primogeniture had assured Philip’s and Charles’s legal inheritance of the Burgundian lands even in the eyes of France, and Mary’s imagery placed her as the rightful heir to their patrimony via referentiality. Mary, 35 Paris, BnF, Arsenal, MS 4790. See M. Pastoureau and M. Popoff, Grand Armorial équestre de la Toison d’Or, 2 vol., Saint-Jorioza, 2001. 36 Man-beast associations were capitalized upon as well in several major literary and artistic projects Maximilian commissioned after he returned to Austria, albeit with a very different aesthetic. In Freydal (1512-c. 1516), Teuerdank (c. 1510-1517), and Weisskunig (c. 1505-1516 and 1526-1527), Maximilian is presented as an all-around expert rider in hunts, tournaments, crusades, and battle. In Hans Burgkmair’s woodcut of Maximilian on Horseback of 1508, Maximilian, in full “kuris” armour, a type worn in both tournaments and combat, is mounted on a horse likewise equipped with plate as discussed by L. Silver, Marketing Maximilian. The Visual Ideology of a Holy Roman Emperor, Princeton, 2008, p. 112. The woodcut was produced in celebration of Maximilian’s crowning as emperor-elect. It deployed male ridership and knightly heroism in that crucial context to express and aggrandize political hegemony. 37 B.M. Bedos-Rezak, Ego, Ordo, Communitas, op. cit., p. 48.

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however, was not permitted to fight by virtue of her sex.38 The hunt, in which she could and did participate, must have been understood as the next best option for a politically-driven Burgundian seal design, as Ann M. Roberts has demonstrated: Mary’s equestrian iconography bridged the categories of female and male to negotiate masculinist claims to lordship for Mary while also advancing the legitimacy of female succession.39 That Mary had used Charles’s great equestrian seal as her own at least once prior to the arrival of her matrices must surely have strengthened the father-daughter connection for those present at the time. The heraldry on Mary’s seal by Cornelius de Bont, namely, the shields of Artois, Bourgogne-Comté, and Namur, further connected her directly to Charles and to her other male forebears, for these crests had appeared on their great equestrian seals as well beginning in 1429. The theme of the hunt was advantageous for Mary in another way, for it invoked the seemingly conflicting gendered tropes of purity and procreation that were important to her at the start of her rule, before she wed Maximilian and continuing into her marriage. To begin with purity, horses, falcons, and dogs were considered in some contexts as symbolic of the ideal of virginity, a status that women were expected to maintain until their nuptials, with chaste behavior preferred within the marriage after that.40 Restraining a horse, for example, was akin to controlling one’s bodily desires, as Hugh of St. Victor wrote: “we sit upon our beast of burden just as we press down the wantonness of our flesh”.41 As for Mary, virginity was subtly if effectively advanced as an ideal state in a description of her Joyous Entry into Bruges in 1477 from a manuscript called Dits die Excellente Cronicke van Vlaenderen, which was written by Anthonis de Roovere around 1481 and printed by Willem Vorsterman in Antwerp in 1531, suggesting that the trope of Mary’s virginity (and, by extension, that of other female rulers) was alive and well some five decades after her death.42 It describes the cordial reception

38 See M. Depreter, Les Armées “bourguignonnes” après Nancy. Ruptures et continuités structurelles d’un instrument politique, pp. 251-274, in this volume. 39 A.M. Roberts, The Horse and the Hawk, op. cit. The masculinist trope of fighting is discussed in the context of female political legitimacy by Fr. Canadé Sautman, Constructing Political Rule, Transforming Gender Scripts. Revisiting the Thirteenth-Century Rule of Joan and Margaret, Countesses of Flanders, in Representing Medieval Genders and Sexualities in Europe. Construction, Transformation, and Subversion, 600-1530, ed. E. L’Estrange and A. More, Aldershot, 2011, pp. 49-66. 40 See the discussion on horses by P.F. Cuneo, Mad Mares and Wilful Women. Ways of Knowing Nature — and Gender— in Early Modern Hippological Texts, in Ways of Knowing. Ten Interdisciplinary Essays, ed. M. Lindemann, Leiden, 2004, pp. 1-21. On falcons and dogs, see D. Wolfthal, In and Out of the Marital Bed. Seeing Sex in Renaissance Europe, New Haven, 2010, esp. pp. 170-173; M. Camille, The Medieval Art of Love. Objects and Subjects of Desire, New York, 1998, pp. 95-104. See also B.M. BedosRezak, Women, Seals, and Power in Medieval France, 1150-1350, in Women and Power in the Middle Ages, ed. M. Erler and M. Kowaleski, Athens (GA), 1988, pp. 61-82: the “sigillographic use of the hawk conveys an ambivalent perception of women” (ibid., p. 76). 41 Quoted in S.L. Smith, The Power of Women. A Topos in Medieval Art and Literature, Philadelphia, 1995, p. 119. 42 Anthonis de Roovere, Dits die Excellente Cronike van Vlaenderen, Antwerp, Willem Vorsterman, 1531, fol. 182r. See also L. Demets, Gendered Political Ideology in Late Medieval Bruges. Mary of Burgundy as City Maiden in the Manuscripts of the Excellente Cronike van Vlaenderen, pp. 83-101, in this volume.

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by King Priam of Troy of the Amazon warrior Penthesilea, a virgin queen: Panthasalia virgo. Penthesilea was upheld at the Burgundian court as one of the Neuf Preuses (Nine Female Worthies), who were models of fortitude and virtue.43 Mary was at times favourably compared to Penthesilea, such as in Le Chevalier délibéré composed by Oliver de La Marche shortly after Mary’s death in 1482, where the Amazon queen’s traits of bravery, strength, and agility were grafted onto the duchess.44 On the other hand, the falcon in Mary’s seals, and the horse and greyhound as well, invoked the literary tradition of courtly love and the carnal relations in which lovers engaged.45 The hunt had been understood as a metaphor for sexual relations since the time of Ovid, where training falcons for hunting was sometimes equated with the taming of a paramour in the courtly love tradition. Mary’s figure on her great seal by Jan Van Lombeke (Ill. 7) coalesces with some of the female figures depicted in themes of courtly love: the women represented in these works, with their broad hips that signaled fertility and drapery folds that resemble the reproductive aperture of the female body, concord with Mary’s depiction, where her close-fitting gown emphasizes her abdomen and legs (the clarity of these features would depend in part on the quality of the wax impression, which was not consistent). This approach to the depiction of the female form is evident in an ivory mirror case that portrays a chess-game of love, where chess is a metaphor for romantic dalliances that terminate in sexual encounters (Ill. 11).46 For some viewers, such referentiality may have suggested female promiscuity in the invocation of extramarital affairs.47 Yet for others, the imagery may have strengthened the duchess’s inheritance claim by associating Mary with the gendered ideals of marriage and procreation. Mary had in fact been on the marriage market for quite some time by 1477 and was seeking an alliance when her seal matrices were under development. She found one in Maximilian, with whom

43 Anthonis de Roovere, Dits die Excellente Cronike, op. cit., fol. 182r. 44 Olivier de La Marche, Le Chevalier délibéré (The Resolute Knight), ed. C.W. Carroll, trans. L. Hawley Wilson and C.W. Carroll, Tempe, 1999, pp. 233-243. Among the excellent studies on Penthesilea are A.-M. Legaré, L’Entrée de Jeanne de Castille à Bruxelles. Un programme iconographique au féminin, in Women at the Burgundian Court. Presence and Influence/Femmes à la cour de Bourgogne. Présence et Influence, ed. D. Eichberger, A.-M. Legaré and W. Hüsken, Turnhout, 2010, pp. 43-55, published in English as Ead., Joanna of Castile’s Entry into Brussels. Viragos, Wise and Virtuous Women, in Virtue Ethics for Women, 1250-1500, ed. K. Green and C.J. Mews, Dordrecht, 2011, pp. 177-186; W.P. Blockmans, La Dialogue imaginaire entre princes et sujets. Les joyeuses entrées en Brabant en 1494 et 1496, in À la cour de Bourgogne, op. cit., pp. 155-170; I. Sedlacek, Die Neuf Preuses. Heldinnen des Spätmittelalters, Marburg, 1997; B. Franke, Female Role Models in Tapestries, in Women of Distinction, op. cit., pp. 155-165; O. Karaskova, Panthasilia Virgo in civitatem Tryona amicabiliter recepta fuit. La Joyeuse Entrée de Marie de Bourgogne à Bruges en 1477, pp. 103-114, in this volume. 45 P.F. Cuneo, Mad Mares and Wilful Women, op. cit., pp. 1-21; D. Wolfthal, In and Out of the Marital Bed, op. cit., esp. pp. 170-173; M. Camille, The Medieval Art of Love, op. cit., pp. 95-104. 46 Described by M. Camille, The Medieval Art of Love, op. cit., p. 124. 47 In her contribution, S.C.M. Lindquist, Beauty and the Beasts. Rereading the Hours of Mary of Burgundy, pp. 161-179, in this volume, S. Lindquist discusses the drolleries of breasts/penises in relation to expectations of motherhood and promiscuity.

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she had two children who reached maturity: Philip the Fair and Margaret of Austria. The offspring of the former ensured dynastic continuity.48 Mary’s seal imagery also correlated with certain ritualized riding practices that performed lordly identity and helped to shore up ducal power. Such practices were exemplified in the mounted entries of the Burgundian dukes into the urban centres under their control. Equestrian themes were sometimes chosen for images commissioned by the cities for these events. For example, when Mary entered Bruges on 17 April 1477, she was greeted at the Kruispoort with a painting by court artist Pierre Coustain, now lost, that was described in a payment record as depicting “a lovely maid on a horse, regally appointed, before shields with the arms of all the lands of our fearsome lady”.49 The presence of the arms of the ducal territories made it likely that Mary and others saw the duchess herself in the figure of the depicted maid, as Coustain probably intended. Furthermore, the description bears a loose resemblance to certain fifteenth-century images of Penthesilea skillfully leading the Amazons into battle against the Greeks in defense of Troy (albeit the description of Coustain’s painting does not mention Penthesilea’s attributes of a sword and helmet). Military valor was at the heart of some images of Penthesilea known in wider circles around this time, as demonstrated by an edition of Boccaccio’s De Mulieribus Claris printed in Ulm in 1473 and in Leuven, Antwerp, and Strasbourg shortly thereafter. In a woodcut from this volume, Penthesilea knocks a knight off his horse while bravely facing a menacing spear that threatens to dismount her in turn (Ill. 12). For those who associated Mary with Penthesilea, as did Olivier de La Marche in Le Chevalier délibéré, certain character traits that defined military prowess, such as bravery and fortitude, may have been grafted onto the “fearsome” Amazon rider and thus Mary in Coustain’s painting, even if the duchess herself did not strategize campaigns and command troops. Such imagery connects as well to other visual presentations of Penthesilea that offered her as a model of virtuous leadership, albeit not necessarily as a rider. One such example is a tapestry set, made in Tournai between c. 1470 and 1490, that illustrates episodes from the Trojan War.50 In the ninth panel, Penthesilea is shown before King Priam, promising to defend Troy against the Greeks. Such imagery was available at the Burgundian court, for Charles the Bold, who claimed

48 See S. Dünnebeil, Mary, a “Diplomatic Weapon of Universal Value” for Charles the Bold, pp. 225-235, in this volume. 49 Item, Pieter Coustain den scildere van ghemaect thebbene van schilderyen een figure van eene scoone maecht te paerde, heerlike ghestoffeert; voord van den scilden metter wapene van alden landen van onzer voors. gheduchter joncvrauwe; voord van iiij andere groote scilden ooc heerlyke ghestofieert; van twee groote zydene bannieren ende van vele groote menichte van cleenen scildekins; al welke voors. scilderye ghestelt ende ghesleghen was voor de voors. cruuspoorte ende coste jn al vj Ib. gr. Cited in L. Gilliodts-Van Severen, Inventaire des Archives de la Ville de Bruges, Section Première, Inventaire des Chartes, t. 6, Bruges, 1876, p. 159. 50 The work discussed here is in London, Victoria and Albert Museum, inv. nr 6-1887, with other tapestries from the series located elsewhere. For Penthesilea’s imagery in the context of the tapestries, see S. Cassagnes-Brouquet, Penthésilée, reine des Amazones et Preuse, une image de la femme guerrière à la fin du Moyen Âge, in Clio. Histoire‚ femmes et sociétés, t. 20, 2004, pp. 169-179.

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descent from Priam, owned a set of Trojan War tapestries.51 However, the laudatory traits they conveyed for Penthesilea had long been embedded into Burgundian court culture: Christine de Pizan had presented the Amazon warrior as steadfast, valiant, and worth of emulation in her Livre de la Cité des Dames (finished by 1405), manuscript versions of which were present in the ducal library.52 The most animated, indeed the most powerful visual expression of rulership among Mary’s equestrian images is found not on the duchess’s seals but rather in the Excellente Cronicke van Vlaenderen from c. 1481 (Ill. 2). Here, Mary, surrounded by heraldry representing her territories, rides a caparisoned mount and holds a falcon, a feature not mentioned in the description of the Coustain painting discussed above. She skillfully commands her bucking horse and bird of prey, all while effortlessly maintaining an impossibly erect bearing and taut arm. The control she exercises over her form recalls depictions of her ducal forbears, such as Philip the Good in Jean Miélot Presents his Book to Phillip from the Traité sur l’oraison dominicale of c. 1457 (Ill. 13). In this miniature, the duke is distinguished from those in his company by his mastery of an impossibly rigid bodily stance and posture. Similarly, Mary’s image claims the duchess’s mastery not only over steed and fowl, but also over her own physicality in alignment with the depiction of her father. In such representations of the body politic —images that inscribe qualities of leadership on a lordly form— bodily dominion is political dominion.53

4. Perilous Seeing It is clear that some beholders of Mary’s great seals would have responded favourably to these images of the duchess, just as the sustained use of the hunting theme strongly suggests that Mary herself did. That said, the iconography also intersects with gendered ideologies in leadership that could have undermined her rule. For example, in comparison to Mary’s image in the Excellente Cronicke van Vlaenderen, the duchess’s portrayal on the great seals is comparatively passive: her upper arms are held close to her body and, rather than command her steed, she appears ready to slip off the saddle to land on the ground below. The examples that depict Mary as a hunter and Maximilian as a warrior (Ill. 8) also may have posed a challenge to the duchess’s authority, this time by point of contrast: she seems even more passive next to the knightly Maximilian. Additionally, the tropes of marriage and procreation raised by the hunt were a reminder that Mary’s obligation to produce 51 W.H. Forsyth, The Trojan War in Medieval Tapestries, in The Metropolitan Museum of Art Bulletin, new ser., t. 14/3, 1955, pp. 76-84 (here p. 77). 52 Examples are noted in La Librairie des ducs de Bourgogne. Manuscrits conservés à la bibliothèque royale de Belgique, t. 3, Textes littéraires, ed. B. Bousmanne, T. Van Hemelryck and C. Van Hoorebeeck, Turnhout, 2006, pp. 92-98, 190-194. 53 The state of the question of the body politic is represented by essays in Performing the Renaissance Body. Essays on Drama, Law, and Representation, ed. S. Fiorato and J. Drakaki, Berlin, 2016.

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an heir meant the surrender of the virginal status for which she had been publicly praised in association with Penthesilea. The loss of a Mary’s virginity carried an even deeper implication, however, one that reached to the very salvation of the soul: hagiography and conduct books emphasized that Jesus would fully love the devout woman only if she preserved her purity.54 Married women and widows were therefore in greater jeopardy than virgins in the quest for Christ’s love and for redemption. Such ideas were in circulation in the Burgundian realm, for example in the story of the sexually penitent Mary Magdalene, whose relics were implicated in Burgundian myth-making and the court’s perceptions of its own authority.55 Mary of Burgundy’s obligation to produce an heir in her new stage of life may not have precluded her from lamenting the loss of her purity. Indeed, perhaps with an understanding that Mary’s stepmother Margaret of York could have thought this way when she married Charles the Bold in 1467, her spiritual advisor Nicholas Finet composed for her a catechism that conflated Charles with Jesus. The latter invited Margaret into a marriage bed, as Charles also did when he took Margaret as his bride, such that marrying the Savior and marrying the duke became not only entwined but equally inviting concepts.56 The associations between Mary and Penthesilea bear further discussion in light of a previously overlooked pejorative thread in Penthesilea’s visual legend that began before Mary’s reign and extended into the era of Maximilian. In this thread, an emphasis on Penthesilea’s achievements as a warrior, and thus on the chivalric heroism and laudatory character traits that aggrandized both her and Mary, diminished over time, if slowly and unevenly: the heroic Penthesilea was replaced by a sometimes sexualized figure divested of action and agency. As such, she was not only less useful than before for strengthening female political hegemony, but her image was even capable of undermining female rulers by association. Penthesilea’s pacification is evident in both courtly and urban contexts, in media ranging from luxury illuminated manuscripts to playing cards, and thus available in ways that suggest widespread exposure to her new persona. The visual remaking of Penthesilea is represented in an elite context by a richly illuminated manuscript called Le Petit armorial équestre de la Toison d’Or, made between 1460 and 1470, probably for a member of the Order of the Golden Fleece. A miniature in the volume (Ill. 14) situates the Amazon queen precariously on her mount, as if she is sliding down its flank. Her gown is shaped with an aperture, a sexualized feature of the amorous chess game on the mirror-valve discussed above (Ill. 11). This image seems intent on presenting a less threatening and therefore more palatable representation of the Amazon warrior than in the printed version of Boccaccio (Ill. 12). Both Penthesilea’s position on her steed and the apertured frock that envelops her body are akin to 54 A. Pearson, Gardens of Love, op. cit., pp. 69-70. 55 Ead., Gendered Subject, Gendered Spectator. Mary Magdalen in the Gaze of Margaret of York, in Gesta, t. 44, 2005, pp. 47-66 (here pp. 58-61). 56 London, BL, Add. MS 7970, discussed in these terms in A. Pearson, Gendered Subject, op. cit., pp. 56-57. On the subject of Christological marriage, see R. Gregory, Marrying Jesus in Medieval and Early Modern Northern Europe, Farnham, 2016.

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Mary’s representation in her great seal by Jan Van Lombeke (Ill. 7). The passivity and sexual vulnerability suggested by both representations were unlikely to have successfully asserted female political authority.57 Another means of remaking Penthesilea implied her impending downfall or positioned her clearly in defeat at the hands of the Greeks during the Trojan War. In a manuscript version of Christine de Pizan’s Epître d’Othéa of 1400, commissioned by Charles the Bold’s half-brother and first chamberlain Anthony of Burgundy in 1460, the spear of a mounted Penthesilea falls languidly to the side as she is impaled by Achilles (the point of entry is decorously blocked by her shield).58 In a version of the history of Troy printed in Strasbourg in 1489, Penthesilea charges forward on her steed but the tip of her lance is not depicted, as though she has no chance of victory against her target, and her unarmored torso is about to be pierced.59 A miniature from a French Histoire ancienne jusqu’à César dated to the third quarter of the fifteenth century shows Penthesilea pierced in the neck not by Achilles but by his son Pyrrhus.60 In the form of a continuous narrative, at the right Pyrrhus severs her head, as blood from the earlier wound runs across her shoulder. In a woodcut from L’istoire de la destruction de Troye la Grant, translated from Latin into French by Jacques Milet and printed in thirteen editions in Paris and Lyon between 1484 and 1544, Penthesilea has fallen from her horse and is mortally wounded, her helmet and broken sword lying useless on the ground beside her.61 It is possible that these latter two, and perhaps other, French interpretations of a defeated Penthesilea were intended to undermine Burgundian hegemony, as counterpropaganda to Mary of Burgundy’s imagery even after her death.62 At the same time, however, in the 1492 entry into Paris by Anne of Brittany, consort to Charles VIII, Anne was discouraged from choosing Penthesilea and other powerful women from antiquity as exemplars: “Do not bring Penthesilea into play any longer, or [Queen] Menalippe or all her power […] given that they have not accomplished any divine deeds”.63 Anne was instead encouraged to model herself after pious biblical women with traits of wisdom and

57 Paris, BnF, MS Clairambault 1312, fol. 248r. 58 Cologny, Fondation Martin Bodmer, Cod. Bodmer 49, fol. 30r. 59 Martin Schott, Ein hubsche Histori von der kunnigelichenn Stat Troy wie si zerstörett wartt (1489), Washington (DC), LC, Rosenwald Collection, Incun. 1489, C65PA8310.C6, without pagination. URL: http://hdl.loc.gov/loc.rbc/Rosenwald.0136.1, image 111. 60 Oxford, Bodleian Library, MS Douce 353, fol. 162r. As Penthesilea’s legend was rewritten, her death was attributed variously, to Achilles and Pyrrhus. A standard inscribed “Pirus” appears twice in the miniature, leaving no doubt of the intention to depict Pyrrhus and not Achilles. 61 Illustrated in L’istoire de la destruction de Troye la Grant. Translatée de Latin en francoys mise par personnages et composée par Jacques Milet, ed. E. Stengel, Marburg, 1883, p. 350; for editions of Milet’s printed text, see L.L. Durham III, Jacques Milet’s Destruction de Troie la Grant. Reassessing French Theater in the Late Medieval Period, PhD Thesis, University of Pittsburgh, 2009, pp. 46-48. 62 I thank Michael Depreter for suggesting counterpropaganda as a motivation for the reframing of Penthesilea. 63 C.J. Brown, The Queen’s Library. Image-Making at the Court of Anne of Brittany, 1477-1514, Philadelphia, 2011, p. 25, citing refrains from a double ballade produced for Anne’s entry: N’amenez plus en jeu Panthasillee, / Menalippe ne toute sa puissance / […] Veu qui n’ont faict nulles oeuvres divines.

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humility, such as the queen of Sheba and Judith. The undercutting of Penthesilea was not an isolated instance among the female heroines represented at the time. Rather, it was part of a wider deployment of this kind of passive and, therefore to some viewers, more palatable exemplary imagery for women within and beyond political contexts.64 Alongside the production of images that depict Penthesilea as a defeated warrior was another strategy of representation that likewise divested her of agency and action. These images are characterized by the containment of her body and its movement. For example, a miniature in a manuscript depicting events pertaining to Joanna of Castile’s Joyous Entry into Brussels in 1496 shows Penthesilea wearing a heavy gown and holding a sword by its hilt, with the tip raised neither in action nor triumph but rather embedded into the ground; her companions bear her standard and helmet.65 She stands motionless in a late-fifteenth-century woodblock for playing cards, with the potential for action suppressed by the tight frame of the scene despite the shield she holds.66 In an edition of Boccaccio’s De Mulieribus Claris printed by Matthias Apiarius in Bern in 1539, she strikes an inert contrapposto pose in an isolated landscape, enveloped in a classicizing robe and with only a military-style headpiece to allude to her narrative (Ill. 15).67 Other figures in this volume, among them the Amazon sister-queens Marpesia and Lampedo, are portrayed in a similar fashion.68 Voids in the printed lines at the upper borders and at the shoulders of the figures in the three woodcuts signal a two-step production process in which the heads and bodies were printed at different moments: the same block was used for the bodies of all three figures while the heads were designed and printed separately. This approach permitted the assignment of different attributes to the figures in the form of headwear, enabling Penthesilea to be depicted with military headgear while the other figures were not. Yet the overarching effect is one of generalization: the dipartite printing process may have arisen from convenience or economic necessity, yet the result for viewers was both a sense of sameness among the figures and an absence of the virtuous traits and acts of courage that were previously attributed to Penthesilea. Once again, it is De Mulieribus Claris, a printed version with images that presumably had a more substantial audience than the manuscript examples, that makes this transformation evident.

64 The pacification of Penthesilea was not an isolated case in visual imagery of this period. Parallel strategies are discussed for Dido from Virgil’s Aeneid in A. Pearson, Gardens of Love, op. cit., pp. 260268, and for St Colette of Corbie, a reforming Poor Clare, in Ead., Margaret of York, Colette of Corbie, and the Possibilities of Female Agency, in Les Femmes, la culture et les arts en Europe, op. cit., pp. 357-365, and Ead., Imaging and Imagining Colette of Corbie. An Illuminated Version of Pierre de Vaux’s Vie de Colette, in A Companion to Colette of Corbie, ed. J. Mueller and N. Bradley Warren, LeidenBoston, 2016, pp. 130-172. 65 Berlin, Staatliche Museen, Kupferstichkabinett, MS 78 D 5, fol. 51r. 66 The woodblock is illustrated in E. Morrison and A.D. Hedeman, Imagining the Past in France. History in Manuscript Painting, 1250-1500, Los Angeles, 2010, p. 312 (Fig. 67b). 67 At the opening to chap. 32. I have examined this book at Washington (DC), LC, Rosenwald Collection 902, PQ4274.D4 1539. The volume is unfoliated and I thus have used chapter numbers as points of reference. 68 Ibid., chap. 11-12.

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The example of Penthesilea illustrates by reciprocity with Mary’s seals that equestrian iconography could have worked both for and against the duchess’s claims to Burgundian political authority. Not all beholders necessarily connected Mary’s imagery to images of Penthesilea, of course, and neither were all the pictorial resources cited here available as points of reference for every viewer. Nonetheless, it is clear that images of the Amazon queen invoked for some beholders of Mary’s seals positive traits for female rulership that were assigned to her at the court. In other cases, Penthesilea’s iconography likely decentered these values to assert passivity, compliance, and even defeat. These negative associations certainly would not have elevated Mary’s ability to negotiate from advantageous positions. If references such as these did not neutralize the potency of Mary’s equestrian imagery, they may certainly have undermined its effectiveness.

5. Remaking Mary’s Image It seems no accident that certain images of Mary that postdate the production of her seal matrices were modified in ways that counteracted the potential for interpretive equivocation in the gendering of equestrian themes. Mary’s image from the Excellente Cronicke van Vlaenderen from c. 1481 (Ill. 2) is a case and point, for it emphasizes purity in the context of female ridership. In specific, the blossom-laden arch and crown that frame Mary can be compared visually and thematically to depictions of the Virgin Mary under a rose bower in an enclosed garden. Enclosed garden imagery and its interpretations were inspired by the Song of Songs (the Canticum Canticorum of the Vulgate): its passage, “a garden enclosed, sister my bride, a garden enclosed, a fountain sealed”,69 was understood in exegesis and devotional tracts as a reference to the Virgin’s purity.70 Pictorial examples of the subject abounded, and some were visually akin to Mary’s image in the Excellente Cronicke. One of these is a painting of the Virgin Mary with the Christ Child and saints by the Master of the Legend of St. Lucy, made in the late 1470s for the convent of St. Catherine in Bruges:71 similarities include not only the garden locale but also a crown to signify, on the one hand, the Virgin’s role as Queen of Heaven and, on the other, Mary’s status as the duchess of Burgundy. Furthermore, crowns became associated with virginal status through the description of the crowned Women of the Sun and the Moon in Revelation 12, 1, whom theologians had come to understand as the Virgin Mary.72 Mary of Burgundy’s image in the Excellente Cronicke thus connects the

69 Song 4, 12. I use the translation of the Song of Songs by E.A. Matter, The Voice of My Beloved. The Song of Songs in Western Medieval Christianity, Philadelphia, 1990, pp. xvii-xxxiii. 70 A more developed discussion of the socio-sexual consequences of enclosed garden imagery is found throughout A. Pearson, Gardens of Love, op. cit. 71 For an argument that links the painting to this convent, see A.M. Roberts, The City and the Convent. The Virgin of the Rose Garden by the Master of the Legend of Saint Lucy, in Bulletin of the Detroit Institute of Arts, t. 72, 1998, pp. 56-65. See also A. Pearson, Gardens of Love, op. cit., pp. 146-148. 72 Ibid., pp. 53-54, 173-175.

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duchess to the bodily values exemplified by the crowned Virgin and the garden she occupies. Such connections are further developed in the chronicle miniature (but not in the seals), where visual access to the lower half of Mary’s body is obfuscated by the fabric that envelops it. Similarly, in a miniature from the c. 1500 Hours of Joanna of Castile, which has been described as Mary attempting to outride death, Mary rides sidesaddle but her legs face away from the viewer and her abdomen is hidden behind her sleeve.73 In an image of Mary’s entry into Bruges from the 1531 printed version of Dits die Excellente Cronike van Vlaenderen, the duchess is nearly fully sequestered in a horse-drawn carriage: only her head and shoulders are visible through a small aperture.74 These later images of Mary, in contrast to the iconography of Mary’s great seals that could conjure up notions of indecorous behavior, desexualize or otherwise contain Mary’s body to claim for her the ideals of purity before her wedding and chastity except for procreative efforts in her marriage to Maximilian, in the hope to ensure heirs to the Burgundian patrimony. The image of Mary riding in a carriage and not on horseback also disassociates her from the means of her untimely death.75 Other posthumous images of Mary reveal additional strategies for shaping her visual persona after her death. These too avoid the equestrian iconography of her seals. In this period Maximilian was the most avid proponent of her image: he commissioned numerous representations of her after he returned to Austria in 1482, continuing into his rule as emperor starting in 1508 and until his death in 1519. A number of these works were panel portraits in profile format, where Mary appears with generalized facial features and in gowns of rich brocade with luxury jewels.76 These choices helped to define her as an unreachable and therefore unknowable elite figure, as a timeless beauty and passive conduit for Maximilian’s political authority.77 Other projects, such as the Triumphal Arch, a monumental woodcut project that was printed in a first edition of 700 in 1517-1518 to be disseminated by Maximilian as gifts, advanced Maximilian’s Burgundian 73 The Book of Hours of Joanna of Castile (London, BL, Add. MS 35313) belonged to Mary’s daughterin-law Joanna, which explains the presence of an image of Mary therein. 74 Pictorial bodily containment was not an unfamiliar strategy for grappling with excessive female authority in the Burgundian realm, for it was deployed in other contexts to reduce the hazards of that authority. See A. Pearson, Imaging and Imagining Colette of Corbie, op. cit., pp. 156-161; Ead., Margaret of York, Colette of Corbie, op. cit., pp. 361-362. 75 An image of Mary riding a horse was in the collection of her daughter, Margaret of Austria, as noted in an entry in her inventory of 1524: Une chasse de bois de chasne, bien ouvrée au cler, dehors et dedans la representatcion de madame Marie de Bourgogne, que dieu pardoint, mere de Madame, estant sus ung cheval, et l’oyseau sus le point, et au frontal du dit cheval a ung grant plumal, et plusieurs chiens la suyvent (H. Zimerman, Inventar des gesammten Besitzes der Erzherzogin Margarethe, in Jahrbuch der kunsthistorischen Sammlungen des allerhöchsten Kaiserhauses, t. 3, 1885, p. ii, nr 156). A.M. Roberts, The Horse and the Hawk, op. cit., p. 141, n. 19, notes that the grant plumal points to a ceremonial context rather than a hunt, as also suggested by L. Campbell, Renaissance Portraits, New Haven, 1990, p. 252, n. 75. 76 On the importance of sartorial choices for strengthening female elitism and leadership, see Sartorial Politics in Early Modern Europe. Fashioning Women, ed. E. Griffey, Amsterdam, 2019. 77 A.M. Roberts, The Posthumous Image of Mary of Burgundy, in Women and Portraits in Early Modern Europe. Gender, Agency, Identity, ed. Ead., Aldershot, 2008, pp. 55-70.

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claims through images of his marriage to Mary and of their children, Philip the Fair and Margaret of Austria. These new ideals in the representation of female rulership kept Maximilian’s marriage to Mary alive in the collective memory and proclaimed the legitimacy of the emperor’s inheritance. However, the transformative iconography also elided any claims to political strength that the seal imagery may have raised in the minds of viewers. It is no small point that Maximilian had an example of Mary’s great equestrian seal at his disposal, affixed to the will he brought back with him to Austria. He and his artists chose instead to ground Mary’s image in pictorial conventions of beauty and passivity that did not challenge feminine decorum.

6. Perilous Sealing The referentiality of seal imagery has long suggested that the meaning of seals was definitive, stable, and enduring, and that seals were therefore useful for shoring up political authority. Certainly many were. Yet as we have seen, Mary’s example divulges a more complex situation. The uncertainties around reception reveal that her iconography could very well have brought into question the potency of her rule in the eyes of some viewers. Interpretive variety was not the only way in which the culture of sealing was made precarious, however. Evidence for instability is clear with other aspects of Mary’s seals, and with practices and concerns about seals, matrices, and sealing practices in the broader Burgundian orbit. For example, the care with which Burgundian seal-dies were designed, fabricated, and preserved for their owners, as discussed at the start of this essay, suggests an unease around the possibility of their loss. Such concerns bore out clearly when Swiss forces confiscated a secret seal-die of gold, engraved for Charles the Bold probably by Spinelli, at the devastating battle of Grandson in March of 1476. Charles implied a certain distress over the loss of his matrix when, in correspondence with Galeazzo Maria Sforza, duke of Milan, he felt it necessary to explain that he could not seal the letter as he preferred because he did not have the die: “below is our signature, in the absence of our seal”.78 On the Swiss side, the capture of the matrix was considered a key political and military triumph against the Burgundian enemy, as the chronicler Diebold Schilling noted. In a 1513 manuscript version of his account, Charles’s die, and another belonging to Anthony of Burgundy also captured at Grandson, are illustrated on a table in the foreground of a miniature depicting the Burgundian booty.79 The prominent

78 Sub signet nostro in absentia sigilli nostri ( J. Chmel, Briefe und Aktenstücke zur Geschichte der Herzoge von Mailand von 1452 bis 1513, in Notizenblatt. Beilage zum Archiv für Kunde österreichischer Geschichtsquellen, t. 6, 1856, pp. 169-184 [here pp. 180-181]). 79 Anthony’s seal-die is discussed by D. Schmutz, Die of Anthony of Burgundy’s Seal, in Splendour of the Burgundian Court, op. cit., p. 334, nr 147. For the miniature depicting the Swiss booty in Diebold Schilling, Chronicle (the Lucerne Schilling, 1480-1484), Lucerne, Korporationsgemeinde, fol. 99v. See S. Marti, The Swiss Confederates and their Burgundian Booty, in Splendour of the Burgundian Court, op. cit., p. 332.

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position of the matrices is indicative of their status as among the most important objects seized at the battle. Of further distress for sealers was that matrices could be misused once in the enemy’s hands. In a move to which Burgundian courtiers would have strenuously objected, the Swiss captain Peter Rot jestingly sealed a battle dispatch to the council of Basel with Anthony’s seized seal-die.80 The political implications of a lordly seal’s capture, and the fear that a die would be deployed by adversaries to humiliate its owner, explains in part why matrices were normally buried with their owners or destroyed at the time of a sealer’s death.81 Certainly, Mary knew of the loss of Charles’s matrix; surely she would have lamented this unfortunate outcome along with her father. Additional evidence from the Burgundian court further demonstrates the instability or irregularity in the culture of sealing. Concern about the safekeeping of matrices was expressed by Nicolas Rolin, who as chancellor was charged with protecting Philip the Good’s great seal-dies: near the end of his life Rolin asked his children to see that a ducal matrix with which he was entrusted was returned to the court by hand so that he would not be posthumously blamed for negligence.82 Furthermore, the pictorial and textual content of matrices was not always as permanent as one might expect. These aspects of seal-dies were sometimes reworked, as when Charles the Bold ordered a new legend to be added to a matrix already in his possession.83 Similarly, the heraldry on Mary’s seal included territories that no longer belonged to her but that she aspired to reclaim; however, their presence may have reminded beholders of the loss of these lands.84 Dies were sometimes used by allies of those they represented despite their individualized referents, such as when Mary used Charles’s matrix, and those of Adolph of Cleves and Louis of Bourbon, prior to the delivery of her first commissioned seal-die in March of 1477.85 In another form of irregularity, Mary’s seal was attached only posteriorly to copies of the Great Privilege signed by the duchess on 11 February 1477, in the absence of her die at the time.86 The expectation that wax impressions would survive in perpetuity as emblems of agreement with the content of the acts they sealed was sometimes not met, for seals were at times intentionally removed from the documents to which they were affixed. When authorities in Bern declared

80 Johannes Knebel, Diarium, in Basler Chroniken, ed. W. Vischer and H. Boos, t. 2, Basel, 1880, pp. 360-361, 366; cited by Fl. Deuchler, Die Burgunderbeute und Werke Burgundischer Hofkunst. 18 Mai-20 September 1969, Bernisches Historisches Museum, Bern, 1969, p. 237. 81 B.M. Bedos-Rezak, Medieval Seals and the Structure of Chivalric Society, in The Study of Chivalry. Resources and Approaches, ed. H. Chickering and Th.H. Seiler, Kalamazoo (MI), 1988, p. 314. 82 P. Cockshaw, Le Personnel de la chancellerie de Bourgogne-Flandre sous les ducs de Bourgogne de la Maison de Valois (1384-1477), Kortrijk-Heule, 1982, p. 9, n. 35. 83 R. Laurent, Les Sceaux, op. cit., t. 1, p. 575, n. 3. 84 For an interesting case of such manipulation pertaining to Mary and Maximilian’s son Philip the Fair, see J. Haemers, Zegels, Eden, Taal en Liturgie. Ideologie, propaganda en het symbolische gebruik van publieke ruimte in Gent (1483), in Handelingen der Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te Gent, t. 61, 2007, pp. 183-212. 85 A.M. Roberts, The Horse and the Hawk, op. cit., p. 136. 86 M.-A. Arnould, Les Lendemains de Nancy, op. cit., p. 32 and n. 166; p. 34.

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war on Charles in 1474, administrators removed the town’s seal from a treaty of friendship it had drawn up with Philip the Good and Charles in 1467, thereby nullifying their support of it.87 The material nature of the seals could also bring about unexpected and sometimes undesirable results, both during and after the sealing process. Mary’s wax impressions reveal a number of examples like this: her matrix slipped under the fingers to create a double impression of sorts; the wax was insufficient in mass or malleability to fill the template and form a crisp image; and the material fragility of the impressions led to wear and damage over time, sometimes to the point of illegibility of a seal’s design.88 Furthermore, in the early months of Mary’s rule, acts bearing equestrian seals upon which Mary’s own seal iconography was ultimately modeled were subject to ritualized destruction in the court’s negotiation with the cities. For example, on 7 March 1477, under a ceremonial baldachin erected on the Burg of Bruges by the city council, Louis of Bruges sliced up the treaty of Arras sealed by Philip the Good in 1438 to enable negotiations for the participation by the craft guilds in the city’s governance.89 The wax impression must also have been destroyed in the process, and with it the fast hold of Burgundian ducal hegemony. Perhaps in these moments, imagery meant to convey political might and assurance instead invoked failure and defeat. Lordly seals may well have achieved what their owners wished, but the Burgundian situation suggests that it was rarely a simple matter. Similar evidence will undoubtedly emerge from other contexts over time to build a new, broadly-based means of understanding the tensions that underpinned medieval and early modern sealing.

7. Conclusion The consequences of Mary of Burgundy’s seal designs and experiences as a sealer were both personal and sociopolitical, as attested by evidence about seal-dies, acts of sealing, and the wax impressions that resulted from the practice. The referential nature of ducal seal imagery granted Mary’s equestrian imagery considerable potential as symbolic capital, the kind of capital the Burgundian court advantageously cultivated through its display culture. The matrices and wax impressions may have had smaller audiences than most courtly performances, yet they were critically important for the sealers. For some viewers, the seals likely invoked notions of constancy, permanence, and timelessness, all of which could work to a sealer’s advantage on the political stage. The situation with Mary seems no different at first glance, especially given the dependency of her imagery on that of her predecessors. Neither Mary nor her immediate advisers or artists seem

87 Bern, Staatsarchiv des Kantons Bern, F. Frankreich, 22-25-1467; discussed by B. Studer Immenhauser in Splendour of the Burgundian Court, op. cit., p. 320, nr 132. 88 Brussels, AGR, Chartes de l’Audience 1998 (20 March 1482), 1844 (12 January 1477), 1994 (20 March 1482). See also Ill. 8. 89 See the discussion and documentation in J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 168-173.

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to have anticipated trouble with the political messaging of her seal imagery. Indeed, Mary had several opportunities to intervene in its iconography, to modify it if she had wished. She could have replaced the initial seal-die from Cornelius de Bont with a new commission, and she could have asked Jan Van Lombeke to adopt different imagery for the Brabantine seal that followed. She also could have commissioned different imagery for the three great seals developed for her and Maximilian after their marriage in April of 1477. In effect, Mary had the option to replace all of these matrices at any moment during her rule. She chose not to, which points to her confidence in the equestrian motif as performative political stagecraft. Yet some of the readings of the imagery presented here challenge the perceptions of its effectiveness by problematizing female ridership as a political symbol. Mary’s seals and other equestrian imagery had the potential to undermine the duchess’s political position, for example by association with Penthesilea, whose positive and previously useful traits of leadership were undermined through the remaking of her image. The French examples that show the Amazon queen in defeat may have been purposefully deployed to lessen her effectiveness as a proponent of and exemplar for female rulership, as a means to decouple female ridership from political authority and thereby weaken Mary’s position and Burgundian power at large. Some of these images appeared in printed texts that were produced in multiple editions over decades, which suggests widespread access to the remade Penthesilea. Furthermore, the Amazon queen was admonished at the French court, when in 1492 Anne of Brittany was discouraged from taking her as an exemplar. The tensions around the interpretive variety of women’s equestrian imagery found a parallel in the anxieties around seal culture more broadly. Seal matrices were carefully guarded from loss and enemy capture, and they were at times used by others, both with and without permission, by supporters and by detractors. Matrices were remade, and wax impressions were removed from acts and destroyed, sometimes in highly public, ritualized ways. The interpretive, gendered tensions around Mary’s great seals rendered their iconography ineffective as an enduring symbol for Burgundian might. Maximilian may have been concerned enough about protecting his inheritance that he carried with him to Austria a will that Mary had sealed with her equestrian matrix, to serve in perpetuity as a lawful testament of her bequest. Yet some of his most ambitious artistic commissions advanced his claim to the Burgundian territories by depicting Mary not as a masterful and therefore politically problematic rider, but rather as a passive and therefore palatable figurehead who had produced offspring through whom he could, he hoped, unquestionably stake his entitlement. In this period Mary was remade in images from the Low Countries as well, such as in the depiction in Dits die Excellente Cronike van Vlaenderen of 1531 that encased her form. This work likewise posthumously rendered her bereft of the leadership qualities and agency that she ostensibly believed her equestrian imagery would help to ensure. The reshaping of Mary’s visual persona may very well have been part and parcel of a wider, pan-European effort to remake the images of powerful women, real and imagined, in ways that elided female political authority. Yet to Mary’s mind, it seems, the emblematics of ridership were advantageous in this very way.

Ann J. Adams 

8.  Evidencing the Right to Rule Mary of Burgundy and the Tombs of Isabella and Jacques of Bourbon* Scholarship has tended to overlook the agency of Mary, duchess of Burgundy (1457-1482), regarding her rule as an interlude between that of male dukes and highlighting her reliance on male advisors in the short period between the death of her father, Charles the Bold (1433-1477), and her marriage to Maximilian (1459-1519). Her tragic early death has overshadowed her life and her image has been largely shaped by commissions in which she played no part, with the series of posthumous portraits ordered by her widower depicting her as “an eternally young and passive conduit of power and wealth for her husband”.1 The knights of the chivalric Order of the Golden Fleece, to which she could not succeed as sovereign due to her gender, described her as “the orphaned duchess”, the adjective serving to diminish her authority.2 In the political sphere, she was compelled to sign the “Great Privilege” restoring rights to the cities of the Low Countries, and her intercession failed to prevent the execution in Ghent of her counsellors, Guillaume Hugonet and Guy of Brimeu.3

* I would like to thank the editors for the opportunity to present at the conference and for their detailed reading of this paper and their helpful suggestions. For reading previous versions, I am most grateful to Professor Susie Nash, Dr. Douglas Brine, Dr. Samantha Darrell and Dr. Lesley Milner. 1 A.M. Roberts, The Posthumous Image of Mary of Burgundy, in Women and Portraits in Early Modern Europe. Gender, Agency, Identity, ed. A. Pearson, Aldershot, 2008, pp. 55-70 (here p. 55). See, for example, Bernhard Strigel, The Family of Emperor Maximilian I (c. 1515-1520), Vienna, Kunsthistorisches Museum, inv. GG 832, reproduced in Emperor Maximilian I and the Age of Dürer, ed. E. Michel and M.L. Sternath, Vienna, 2012, pp. 152-153. 2 The statutes provided for a temporary regent until an heiress married a knight capable of assuming the sovereignty. J. D’Arcy Dacre Boulton, The Knights of the Crown. The Monarchical Orders of Knighthood in Later Medieval Europe 1325-1520, Woodbridge, 1987, p. 373. The context was the expulsion of Philippe Pot; for the letter sent by Toison d’Or, see Jean Molinet, Chroniques, ed. J.A. Buchon, t. 2, Paris, 1828, pp. 292-293. 3 For the crisis of authority, see W.P. Blockmans and W. Prevenier, The Promised Lands. The Low Countries under Burgundian Rule, 1369-1530, trans. E. Fackelman and E. Peters, Philadelphia, 1999, pp. 196-199; Id., La Signification “constitutionelle” des Privilèges de Marie de Bourgogne (1477), in 1477. Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne pour les Pays-Bas, ed. Id., Kortrijk-Heule, 1985, pp. 495-516. For Hugonet and Brimeu, see L.-P. Gachard, Note sur le jugement et la condamnation de Guillaume Hugonet […] et de Guy de Brimeu […] décapités à Gand le 3 avril, 1477, Brussels, 1839; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, témoin d’une grande entreprise à l’origine des nationalités européennes, Paris, 1967, p. 217; W. Paravicini, Guy de Brimeu. Der burgundische Staat und seine adlige Führungsschicht unter Karl dem Kühnen, Bonn, 1975, pp. 485-490.

Ann J. Adams • Independent Scholar Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 137-159.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122537

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This picture of powerlessness and minimal influence can and has been challenged through consideration of patronage. Scholars have provided many examples of the ways in which aristocratic women used patronage to exert influence within gender-constrained boundaries.4 Although the commissions that can be firmly attributed to Mary are few, investigations into her seals and a series of grisaille paintings of counts and countesses of Flanders originally at the Cistercian abbey of Ter Duinen have demonstrated that they fit within this model of active agency.5 Mary also commissioned tombs for her mother, Isabella of Bourbon (1436-1465), and her maternal uncle Jacques of Bourbon (1445-1468), an aspect of her patronage that has been recognised but not critically examined, other than through a stylistic assessment of the extant elements of Isabella’s tomb. By examining the evidence for the timing, iconography and location of both tombs, and by placing them within the context of Mary’s other commissions, I propose that Mary’s patronage arose from the political challenges that she faced. Moreover, I argue that the tombs drew on a tradition of Burgundian ducal monuments and that Mary emulated her grandfather, Philip the Good, in evidencing —in a medium that would last for generations— a right to inherit and rule.

1. Location, Iconography, Patron and Date Isabella of Bourbon died in 1465 in the abbey of Saint Michael in Antwerp. Around a decade later, her tomb would be placed before the altar in the choir of this abbey. The French Revolution separated the gisant from the pleurants





4 Inter alia. The Cultural Patronage of Medieval Women, ed. J. Hall McCash, Athens, 1996; V. Sekules, Dynasty and Patrimony in the Self-Construction of an English Queen. Philippa of Hainault and Her Images, in England and the Continent in the Middle Ages. Studies in Memory of Andrew Martindale, ed. J. Mitchell, Stamford, 2000, pp. 157-174; L.D. Gelfand, Regency, Power, and Dynastic Visual Memory. Margaret of Austria as Patron and Propagandist, in The Texture of Society. Medieval Women in the Southern Low Countries, ed. E.E. Kittell and M.A. Suydam, New York, 2004, pp. 203-225; Women of Distinction. Margaret of York / Margaret of Austria, ed. D. Eichberger, Turnhout, 2005; A. Pearson, Envisioning Gender in Burgundian Devotional Art, 1350-1530. Experience, Authority, Resistance, Aldershot, 2005; Women at the Burgundian Court. Presence and Influence, ed. D. Eichberger, A.-M. Legaré and W. Hüsken, Turnhout, 2010; Le Mécénat féminin en France et en Bourgogne, xive-xvie siècles. Nouvelles perspectives, ed. E. L’Estrange and L. Fagnart, in L.M.A, t. 117/3-4, 2011; Reassessing the Role of Women as “Makers” of Medieval Art and Architecture, ed. Th. Martin, Leiden, 2012. 5 On the seals, see A.M. Roberts, The Horse and the Hawk. Representations of Mary of Burgundy as Sovereign, in Excavating the Medieval Image. Manuscripts, Artists, Audiences. Essays in Honour of Sandra Hindman, ed. D.S. Areford and N.A. Rowe, Aldershot, 2004, pp. 135-150; A. Pearson, Rulership, Ridership, and the Perils of Sealing, pp. 115-136, in this volume. For Ter Duinen, see B. Janssens de Bisthoven, De Graven van Vlaanderen en de Abten van de Duinenabdji, in De Duinenabdij (1627-1796) en het Grootseminarie (1833-1983) te Brugge, ed. A. Denaux and E. Vanden Berghe, Tielt, 1984, pp. 287-335; C. Van Nerom, Les Panneaux des Comtes de Flandres au Grand Séminaire de Bruges, in Revue belge d’Archéologie et d’Histoire de l’Art, t. 61, 1992, pp. 261-262; O. Karaskova, Le Mécénat de Marie de Bourgogne. Entre dévotion privée et nécessité politique, in Le Mécénat féminin en France, op. cit., pp. 507-529 (here pp. 514-515, 521-523).

E vi d e nci ng the Ri ght to Ru le

still in place after the iconoclasm (1566) and the sack of Antwerp (1576) and the extant elements are now divided between the Cathedral of Our Lady, Antwerp, which houses the brass gisant of the countess and a black “marble” tomb slab, and the Rijksmuseum, Amsterdam, which has ten of 24 original pleurants (Ill. 16-17).6 The identity of the gisant has never been in doubt, with the result that the historiography has focused on the ten pleurants which re-surfaced in Amsterdam in 1691.7 It was not until 1951 that the pleurants were finally confirmed as belonging to Isabella’s tomb, with the result that the geographically-dispersed elements have been assessed primarily as sculpture.8 Scholarship has largely ignored the potential socio-political message of the tomb as an entity. Even when the gisant and pleurants were temporarily reunited in 2009 at the exhibition, Rogier van der Weyden, Master of Passions, the notion of individual pieces of sculpture was reinforced by displaying the gisant on the floor and the pleurants on a shelf above.9 Mary’s patronage of her mother’s tomb has never been in question, but the reason for its commission has not been critically analysed. There has been an

6 Antwerp, Cathedral of Our Lady, inv. 204; Amsterdam, Rijksmuseum, inv. BK-AM 33A-J. The tomb slab measures 290 x 160 cm, the gisant 193 x 68 cm, and the pleurants range in height from 54,4 cm to 58 cm. For bibliographies of Isabella’s tomb, see Rogier van der Weyden, 1400-1464, Master of Passions, ed. L. Campbell and J. Van der Stock, Leuven, 2009, p. 303, and Borman. A Family of Northern Renaissance Sculptors, ed. M. Debaene, London-Turnhout, 2019, pp. 190-191, nr 29-30. This paper will refer to small statues set against the side of the tomb chest as pleurants, irrespective of type of dress. Unless there has been a technical analysis the term copper-alloy will be used, given the difficulty of distinguishing by sight between different alloy compositions. I am grateful to Arie Pappot, Rijksmuseum, for the following technical information: Isabella’s pleurants have fairly consistent alloys, with slightly more zinc and less lead than the gisant (zinc 20.3% ± 1.2; lead 6.3% ± 1.8; tin 0.9% ± 0.3). His XRF (X-Ray Flourescence) examination in September 2019 of Isabella’s gisant has revealed its composition to be leaded brass, rather than bronze, as described in most of the literature. The gisant’s alloy (zinc 14.4% ± 0.8; lead 7.8% ± 1.2; tin 1.3% ± 0.1) is of lower quality than the high-zinc brass used for the tomb of Mary of Burgundy (E. Pegues, Borman and Bronze. Carving for Casting, in Borman, op. cit., pp. 170-177). References to black “marble”, in this region and period, indicate polished black limestone (sourced primarily from Tournai, Antoing and Dinant). For the quarries in the Tournai region, see L. Nys, La Pierre de Tournai. Son exploitation et son usage aux xiiie, xive et xve siècles, Tournai-Louvain-la-Neuve, 1993, pp. 49-84. 7 The slab and effigy were in the École Centrale in Antwerp from 1796-1872. The abbey was sequestered in 1789, sold in 1797 and then used for administration under the French and Dutch regimes; it was largely destroyed by the bombardment of the town in 1831: Rogier van der Weyden, 1400-1464, op. cit., p. 303; M. Comblen-Sonkes and Chr. Van den Bergen-Pantens, Les Mémoriaux d’Antoine de Succa, Brussels, 1977, p. 224. 8 J. Leeuwenberg, De tien bronzen “plorannen” in het Rijksmuseum te Amsterdam, hun herkomst en de voorbeelden waaraan zij zijn ontleend, in Gentse bijdragen tot de kunstgeschiedenis en oudheidkunde, t. 13, 1951, pp. 13-57. The possibility of the pleurants originating from Isabella’s tomb had been raised earlier: M. Konrad, Meisterwerke der Skulptur in Flandern und Brabant, Berlin, 1928, pp. 30-34; C.M.A.A. Lindeman, De datering, herkomst en identificatie der “Gravenbeeldjes” van Jacques de Gerines, in Oud-Holland, t. 58, 1941, pp. 49-58, 97-105, 161-168, 193-219. For treatment as sculpture, see Th. Müller, Sculpture in the Netherlands, Germany, France and Spain, 1400-1500, Harmondsworth, 1966, pp. 61-62, 92; Rogier van der Weyden, 1400-1464, op. cit., pp. 303-307. 9 Leuven, Museum M, 20 Sept.-6 Dec. 2009.

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underlying assumption that it was ordered by a loving daughter and was motivated by a desire to cherish her mother’s memory,10 a concern with honourable burial,11 or the realisation that she was the last of her line.12 No testaments are known to have survived for Isabella of Bourbon or her brother, nor any contract or payment accounts for their tombs. A better understanding of the motivation behind Mary’s commission requires a reconstruction of the original appearance, for which the starting point is the remaining physical evidence. The brass gisant portrayed Isabella as a member of the high nobility, dressed in a surcoat, under a mantle fastened with jewelled clasps, and wearing a rich necklace and a coronet on her long flowing hair. The extant pleurants comprise five noblemen and five noblewomen wearing court dress rather than the hooded mourning robes worn by relatives at a funeral. Their brownish-black lacquer patina dates from the seventeenth or eighteenth century and both the gisant and pleurants were likely to have been gilded, at least in part.13 The tomb chest would have been higher and more imposing than the one currently in the Cathedral of Our Lady, due to the need to accommodate the pleurants and their accompanying coats of arms. An examination of the extant tomb slab suggests the former existence of an epitaph on a metal strip. The only visual record of Isabella’s tomb when it was still in the abbey is an anonymous engraving first published in 1678 by Jacques le Roy (Ill. 18).14 The tomb was by then already incomplete, retaining only three pleurants (not part of the extant ten).15 The evidence provided by the engraving is supplemented by two seventeenth-century descriptions by the Bollandists (Appendix A).16 The first, the Acta Sanctorum Junii, provided the information that the tomb was erected by Mary, was formed of black marble, with a bronze effigy of the countess and three small statues, and that there had formerly been a bronze epitaph around the tomb. Hands had been broken off the statues and later replaced.17 This information was expanded upon by Daniel Papebroch

10 F. Donnet, Les Aventures posthumes d’une princesse bourguignonne, in Bulletin de l’Académie Royale d’Archéologie de Belgique, t. 3, 1919, pp. 44-80 (here p. 51); F. Scholten, Isabella’s Weepers. Ten Statues from a Burgundian Tomb, Amsterdam, 2007, p. 18. 11 A.M. Roberts, The Chronology and Political Significance of the Tomb of Mary of Burgundy, in The Art Bulletin, t. 71/3, 1989, pp. 376-400 (here p. 379). 12 F. Scholten, Isabella’s Weepers, op. cit., p. 18. 13 As seen, for example, with Eleanor of Castile († 1290), Westminster Abbey; Margaret Beaufort († 1509), Westminster Abbey; Richard Beauchamp, duke of Warwick († 1439), St Mary’s Church, Warwick; and Mary of Burgundy († 1482), Church of Our Lady, Bruges. 14 Jacques le Roy, Notitia Marchionatus Sacri Romani Imperii hoc est Urbis et Agri Antverpiensis, Amsterdam, Frans Lamminga, 1678, p. 35. Albrecht Dürer visited the abbey in 1520 leaving only a drawing of a pleurant: London, British Museum, 1848, 1125.3. 15 The Rijksmuseum’s ten, which were purchased by the city of Amsterdam as a series of counts and countesses of Holland, were stolen or hidden during iconoclasm in 1566 and/or the Spanish sacking of Antwerp in 1576 (F. Scholten, Isabella’s Weepers, op. cit., pp. 51-58). 16 Belgian Jesuits who edited and publish the Acta Sanctorum, a collection of biographies and legends of the saints. 17 Godefridus Henschenius, Daniel Papebrochius, Franciscus Baertius e.a., Acta Sanctorum Junii, t. 1, Antwerp, Henricus Thieullier, 1695, p. 943.

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(1628-1714) in his history of Antwerp.18 Papebroch tells us that there were originally 24 pleurants (twelve on each side of the tomb chest) identified by coats of arms and names; two inscriptions on copper-alloy, one around the edge of the tomb and one either at the head or the foot of the tomb which included the marital shield of Mary of Burgundy; and two copper-alloy angels on either side of the choir, one holding the arms of Burgundy and one of Bourbon. Papebroch provided the Latin epitaph (as recorded by Franciscus Sweertius) and gave the identities of the pleurants (as discovered in a collection of epitaphs by Natalis le Boucq).19 These identities confirm that the pleurants represented family members, bringing Isabella’s tomb within the model of funerary monuments described by Anne McGee Morganstern as “tombs of kinship”.20 The significance of the pleurants will be discussed below. The tomb of Jacques of Bourbon, originally located in the sanctuary of Saint Donatian, Bruges, was destroyed with the church in 1799-1800.21 The loss of all elements of the tomb has meant that, apart from inclusion in Valentin Vermeersch’s comprehensive survey of monuments in Bruges, it has attracted little attention.22 The earliest surviving evidence about the tomb is provided by a description in the Mémoriaux of Antoine de Succa: Item, binnen de zelve kercke, binnen de choor aen de slincker zijde, staet een blauwe tombe van steen, op beijde de zijden een coper plaete ende boven de zelve een personaige van metael in t’harnas met een langhe mantel, een leu aen zijn voeten, het Ghulde Vlies aen den hals, een cussen honder het hooft, ende in de voorseijde plaeten van buuten de choor staende sijn wapenen, op de ander zijde, van binnen de choor staen dese naerschreven woorden: Cy gist trés illustre prince, monseigneur Jaques de Bourbon, chevalier et frère de l’ordre de la Thoison d’Or, bel et adroit de corps, sage, vertueux, chevalereux, bien amé, et filz de feurent de trés noble memoire monseigneur Charles, duc du Bourbonnois et d’Auvergne etz., et de madame Agnes de Bourgoigne, et oncle maternel de trés haulte, trés excellente et trés puissante princesse, madame Marie, par la grace de Dieu, duchesse d’Austriche, de Bourgoingne, de Lotrick, de Brabant, de Lembourg, de Luxemburg et de Gheldres, contesse de Flandres, d’Artois, de Bourgoingne, de

18 Daniel Papebrochius, Annales Antverpienses ab urbe condita ad annum m.dcc collecti ex ipsius civitatis monumentis, t. 2, Antwerp, 1845, pp. 67-69. 19 Franciscus Sweertius, Monumenta sepulchralia et inscriptiones publicae privataeque Ducatus Brabantiæ, Antwerp, G. Bellerus, 1613, pp. 129-130. Natalis le Boucq may be Nöel le Boucq (referred to as “Natalis” in his epitaph), the father of Jacques le Boucq, herald to Charles V; to date it has not proved possible to locate this source. P. Le Boucq, Histoire des choses les plus remarquables advenues en Flandre, Hainaut, Artois et pays circonvoisins depuis 1596 jusqu’à 1674, Douai, 1857, p. 243. For Jacques le Boucq, see L. Campbell, The authorship of the Recueil d’Arras, in Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, t. 40, 1977, pp. 301-313. 20 A. McGee Morganstern, Gothic Tombs of Kinship in France, the Low Countries and England, University Park (Pa), 2000. 21 Fr. Suys, Dood van een kathedraal, in Sint-Donaas en de voormalige Brugse kathedraal, Bruges, 1978, pp. 47-50. 22 V. Vermeersch, Grafmonumenten te Brugge voor 1578, t. 2, Bruges, 1976, pp. 278-282, nr 288.

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Haynnau, de Hollande, de Zeellande etz., lequel trespassa de ce siècle ou xxiiie an de son eage, le xxii jour de may mil quatre cens soixante huict. En memoire duquel ma dicte dame sa niece fist faire ceste sepulture et fonda l’aulte prouchain en l’an mil quatre cens soixante dix neuf. Priez Dieu tout puissant pour l’ame de luy. Amen.23 The epitaph, transcribed by Succa, makes it clear that Mary of Burgundy was the patron.24 This description is consistent with two later visual records, one in a manuscript by a canon of Saint Donatian, Pierre de Molo, dated 1785 (i.e. before the destruction of the church, Ill. 19); and the other in Jean Jacques Gailliard’s Inscriptions funéraires which was compiled after the church was destroyed.25 The image from the de Molo manuscript reveals that the effigy wore a surcoat with the Bourbon arms, whilst the colour employed for the effigy and the plate on the side of the tomb is clearly intended to indicate that they were made of copper-alloy. A tomb was neither conceived nor perceived in isolation from its surroundings, and a conscious interplay could be created with pre-existing objects. The coats of arms (number unknown) on the sinister side of the tomb chest were supplemented by the inclusion of Jacques’s coat of arms (Bourbon impaled Burgundy) encircled by the collar of the Golden Fleece on the nearby door on the north side of the choir (Ill. 19).26 A “magnificent” triptych donated by Jacques for the high altar, with wings that showed the eight quarters each of his paternal and maternal ancestry, meant that it was unnecessary for Mary to replicate his full ancestry on the tomb itself.27 Representing

23 Antoine de Succa (c. 1567-1620) was charged by Archdukes Albert and Isabella to record the monuments of their predecessors who had reigned in the Spanish Netherlands. M. ComblenSonkes and Chr. Van den Bergen-Pantens, Les Mémoriaux, op. cit., fol. 99v: “Item, within the same church, inside the choir, on the left side stands a tomb of blue stone, on both sides a copper plate and above it an effigy of metal in armour with a long mantle, a lion at his feet, the Golden Fleece around his neck, a cushion under his head, and on the aforementioned plates, outside the choir are his coats of arms, on the other side, inside the choir, are inscribed these words: ‘Here lies the most illustrious Prince, Jacques of Bourbon, knight and brother of the Order of the Golden Fleece, handsome and agile of body, wise, virtuous, chivalrous, well-loved, and son of those of noble memory my Lord Charles, duke of Bourbon and of Auvergne, etc., and my Lady Agnes of Burgundy, and maternal uncle of the most high, most excellent and most powerful Princess Marie, by the grace of God duchess of Austria, of Burgundy, of Lothier, of Brabant, of Limburg, of Luxemburg and of Guelders, countess of Flanders, of Artois, of Burgundy, of Hainaut, of Holland, of Zeeland, etc., and who left this world aged 23 on the 22nd day of May 1468, in whose memory madame his niece has commissioned this tomb and founded the neighbouring altar in the year 1479. Pray God for his soul. Amen.’” Author’s translation; my thanks to Anna Koopstra for assistance with the Dutch. 24 The epitaph is also transcribed in Anonymous, Le Mausolee de la Toison d’Or, Amsterdam, Henry Desbordes, 1689, pp. 49-50; Pierre de Molo, Recueil de tous les tombeaux, épitaphes et pierres sépulchrales qui ont existé dans la ci-devant église cathédrale de S. Donas à Bruges, Bruges, PL, MS 595, fol. 58r; J.-J. Gailliard, Inscriptions funéraires et monumentales de la Flandre Occidentale, t. 1, Arrondissement de Bruges, 2, Bruges, Église de Notre Dame, Bruges, 1866, p. 49. 25 Pierre de Molo, Recueil, op. cit., fol. 58r; J.-J. Gailliard, Inscriptions, op. cit., p. 49. 26 Illustrated, Pierre de Molo, Recueil, op. cit., fol. 58r. 27 Gailliard refers to un magnifique triptyque ( J.-J. Gailliard, Inscriptions, op. cit., pp. 50-51, where the coats of arms are illustrated). The triptych was later placed against columns to the north of the choir above the tomb.

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the collar of the Order of the Golden Fleece —although Jacques died only eight days after he was inducted into the Order— conveyed his status and signified allegiance to the Burgundian dukes.28 In addition to understanding the original appearance of the tombs and their relationship to their physical environment, narrowing down the probable date enables their commission to be placed in a socio-political context. Scholars have traditionally proposed that Isabella’s tomb was commissioned between 1475 and 1478.29 This rather precise dating can be traced back to Daniel Papebroch who, in his history of Antwerp, referred to Isabella’s tomb under the entry for the year 1465 (the date of Isabella’s death) and stated that “afterwards her daughter [Mary] erected a very splendid monument”.30 In the Acta Sanctorum Junii, a marginal inscription — “in the year 1476, duchess Isabella was brought to it”— has been interpreted as referring to the monument but may equally refer to a move of Isabella’s coffin to, or within, the abbey church, possibly in anticipation of a monument.31 The presence of Mary’s marital shield on Isabella’s monument, set within the inscription at the foot or head, would seem to indicate that the tomb was not completed until after Mary’s marriage to Maximilian in August 1477. Mary was in Antwerp for a prolonged period from 16 January to 13 February 1478,32 and founded (8 February) an anniversary for her mother to be celebrated on 26 September,33 which supports Fernand Donnet’s assertion that Isabella’s remains were moved to the new monument on 8 February 1478.34 A monument with gisant, tomb chest and pleurants could be expected to take a minimum of two years, plausibly placing the commission in 1476.35 28 A. Leguai, Art. Jacques de Bourbon, in Les Chevaliers de l’Ordre de la Toison d’Or au xve siècle. Notices bio-bibliographiques, ed. R. de Smedt, Francfort, 2000, pp. 156-157. 29 1475: F. Scholten, Isabella’s Weepers, op. cit., p. 18; 1476: M. Konrad, Meisterwerke, op. cit., p. 31; Rogier van der Weyden, 1400-1464, op. cit., p. 303; 1478: J. Van den Nieuwenhuizen, Gids voor de kathedraal van Antwerpen, Antwerp, 1957, pp. 58-59; P. Quarré, Les Pleurants dans l’art du Moyen Âge en Europe, Dijon, 1971; tomb built 1476 and remains interred 1478: The Cathedral of Our Lady in Antwerp, ed. W. Aerts, Antwerp, 1993, p. 173. 30 […] ubi postea eidem monumentum praeclarum erexit filia sua […]. Daniel Papebrochius, Annales Antverpienses, op. cit., t. 2, p. 67. See Appendix A for full text. 31 […] allata in eam anno est Dux Isabella […]. Godefridus Henschenius e.a., Acta Sanctorum Junii, t. 1, op. cit., p. 943. Eam, as it is feminine, cannot refer to sepulchrum but could refer to tumba, sepulturam or basilica, with the latter most probable, cross-referring to basilica in the preceding marginal inscription. I thank Oliver Norris and Lydia Hansell for discussing the Latin text with me. 32 H. vander Linden, Itinéraires de Marie de Bourgogne et de Maximilien d’Autriche, 1477-1482, Brussels, 1934, pp. 27-29. 33 Jacques Le Roy, Notitia Marchionatus, op. cit., p. 36; J. Van den Nieuwenhuizen, Abbaye de SaintMichel à Anvers, in Monasticon belge, Maredsous, t. 8, 1993, pp. 195-262 (here p. 229), quotes the date 1478 (n.s). Papebroch gives the date of Isabella’s death as 13 September (Daniel Papebrochius, Annales Antverpienses, op. cit., t. 2, p. 67); an anniversary would usually be founded to commemorate the day of death but could mark the burial, and was a repetition of the funeral with obsequies and the Mass (Chr. Daniell, Death and Burial in Medieval England 1066-1550, London-New York, 1997, p. 62). 34 F. Donnet, Les Aventures, op. cit., pp. 50-51, 54. Donnet gave the date as 1477 (o.s.). 35 Execution periods could vary significantly. The contract dated 29 October 1453 between Philip the Good and Jacques de Gerines for the tomb of Louis of Male specified two years: Lille, ADN, B3375; J. Finot, Inventaire sommaire des archives départementales du Nord antérieures a 1790, Série B,

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The evidence for dating Jacques of Bourbon’s tomb is limited to his epitaph which states that his niece [Mary] fist faire ceste sepulture et fonda l’aulte prouchain en l’an mil quatre cens soixante dix neuf.36 Although the date of 1479 is apparently clear, it still contains some potential ambiguity. The altar for the chapel and the tomb are clearly related —Mary provided for a gold-cloth frontal embroidered with two of Jacques’s coats of arms37— but may not have been commissioned at precisely the same time, with the wording of the epitaph connecting the date more closely to the founding of the altar. Furthermore, without a contract date as confirmation, the epitaph date may refer to a tomb nearing completion at the point when the epitaph itself was composed. All that can be said with certainty is that the monument for Mary’s uncle seems to have been commissioned soon after that for her mother, and parts may have been executed in parallel. The best assessment of the date range for both tombs is, then, 1476-1479. A four-year period would often be insignificant in trying to interpret the reason for a commission, but these years were far from insignificant for Mary. Following the death of her father, Charles the Bold, on 5 January 1477 at the battle of Nancy, her status moved from heir apparent to duchess. She immediately faced external opposition from France and internal challenge from her major towns, a turbulent time during which the commission of a tomb might have seemed a distraction. It appears, however, that it was these events and the need to assert her right to rule that provided a catalyst for these commissions for her mother and her uncle.

2. Monuments of the Valois Dukes of Burgundy and the Tombs of Isabella and Jacques: Emulation of a Grandfather Further support for the suggestion that the political challenges facing Mary acted as a catalyst can be found by considering her commissions within the context of the Burgundian ducal tradition. In particular, it will be argued that Mary drew political as well as iconographical inspiration from a series of tombs commissioned by her grandfather, Philip the Good.

Chambres des comptes de Lille, t. 7, Lille, 1892, pp. 364-365; English translation in R. Vaughan, Philip the Good. The Apogee of Burgundy, repr., Woodbridge, 2002, p. 154. It took thirteen years to complete Mary of Burgundy’s own tomb. See A.M. Roberts, The Chronology and Political Significance, op. cit.; E. Duverger, Testament, uitvaart en grafmonument van Maria van Bourgondië, in Gentse bijdragen tot de kunstgeschiedenis en oudheidkunde, t. 30, 1995, pp. 21-70. 36 See n. 23 above. 37 This may have been executed posthumously. Receipt dated 7 November 1497 given by the Bruges embroiderer Jehan Ghisbrecht to Thibaut Barradot: Brussels, AGR, Acquits de Lille, carton 356. Transcribed in J. Versyp, Het parement van Maria van Boergondië in de O.L. Vrouwekerk te Brugge, in Artes Textiles. Bijdragen tot de geschiedenis van de Tapijt-, Borduur-, en Textielkunst, t. 5, 1959-1960, pp. 134-148 (here p. 143). Thibaut Barradot was charged by Mary, in her testament dated 24 March 1482, to pay her debts. See E.M. Lichnowsky, Geschichte des Hauses Habsburg, Vienna, 1844, pp. dccxxxii-dccxxvii (here p. dccxxxiii).

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Even for the ducal family, provision for the soul could be made without commissioning a monument.38 Mary’s father, Charles, failed to commission a tomb for either Isabella in 1465, or his brother-in-law Jacques in 1468, but he did make provision for their souls.39 On 27 April 1468, by then duke of Burgundy, Charles placed the abbey of Saint Michael, where Isabella was buried, under his protection, an expression of authority but also of personal interest.40 Payments were made in July and August 1468 for wax and offerings for the countess of Charolais.41 Charles also provided Jacques with a splendid burial in Saint Donatian, with the obsequies on 24 and 25 May 1468 costing over 925 livres parisis.42 Forming a pattern, there is no record of any monument to Charles’s first wife, Catherine of Valois, whose funeral took place in August 1446 in the collegiate church of Saint Michael and Saint Gudula, Brussels.43 Nor did Charles commission a monument for his parents, Philip the Good and Isabella of Portugal, although he had their bodies disinterred and carried to the Charterhouse of Champmol, Dijon.44 Charles’s apparent lack of interest in commissioning monuments was not shared by his father, Philip the Good, who did commission monuments although not for all family members. Philip did not commission a tomb for his second wife, Bonne of Artois († 1425), nor in advance for himself and his third wife, Isabella of Portugal († 1471), but he did for his first wife, Michelle of Valois († 1422), daughter of Charles VI of France and Isabella of Bavaria, and for his sister, Anne of Burgundy, duchess of Bedford († 1432).45 He also commissioned monuments for his grandmother, Margaret of

38 This can be seen for the high nobility, e.g. a study of 97 knights of the Golden Fleece elected at chapters from 1430 to 1491, revealed a probable total of 46 monuments: 14 had extant remains, a further 26 were known through image or description, and another 6 probably had monuments as epitaphs were recorded. See A.J. Adams, Spiritual Provision and Temporal Affirmation. Tombs of Les Chevaliers de la Toison d’Or from Philip the Good to Philip the Fair, PhD Thesis, Courtauld Institute of Art-University of London, 2018, p. 11. For England, Peter Sherlock, who analysed a corpus of 2, 075 peers and consorts who died 1400-1700, found that at worst one-fifth and at best half the nobility were commemorated in material form (P. Sherlock, Monuments and Memory in Early Modern England, Aldershot, 2008, pp. 20-21). 39 This failure is unlikely to be due to financial constraints, given the magnificence of Charles’s wedding to Margaret of York in 1468 ( J. Goossenaerts, Charles the Bold’s Ten Days of Marriage Celebration. Material Culture as a Means of Political Communication between the Duke and City Council, in Staging the Court of Burgundy, ed T.-H. Borchert, W.P. Blockmans, N. Gabriëls, J. Oosterman and A. Van Oosterwijk, Turnhout, 2013, pp. 97-104). 40 J. Van den Nieuwenhuizen, Abbaye, op. cit., p. 227. 41 Court and Civic Society in the Burgundian Low Countries c. 1420-1530, ed. A. Brown and G. Small, Manchester, 2007, p. 262. 42 J.-J. Gailliard, Inscriptions, op. cit., pp. 49-50, n. 1; Court and Civic Society, op. cit., p. 260; A. Brown, Civic Ceremony and Religion in Medieval Bruges c. 1300-1520, Cambridge, 2011, p. 222. 43 Charles was only thirteen when he was widowed (R. Vaughan, Philip the Good, op. cit., p. 342). 44 Philip the Good had been buried initially in Saint Donatian, Bruges, and Isabella of Portugal at Gosnay (W. Paravicini, Die zwölf “Magnificences” Karls des Kühnen, in Formen und Funktionen öffentlicher Kommunikation im Mittelalter, ed. G. Althoff, Stuttgart, 2001, pp. 319-395 [here p. 322]). 45 Bonne of Artois and Isabella of Portugal were both buried in the Charterhouse of Champmol, Dijon. For Michelle of Valois, tomb executed 1435-1445, see E.E. Lowinsky, Music in the Culture of the Renaissance and Other Essays, Chicago-London, 1989, pp. 354-358. For Anne of Burgundy, tomb executed 1436/1437-1444/1445, see F. de Guilhermy, Inscriptions de la France du ve siècle au xviiie.

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Flanders († 1405), and her parents, Louis of Male, count of Flanders († 1384), and Margaret of Brabant († 1380) (Ill. 20); and for his great-great-aunt, Joanna of Brabant († 1406) and her great-great-nephew William of Brabant († 1412) (Ill. 21). Moreover, he financed the restoration of the tomb of Henry III, duke of Brabant († 1261) and Adelaide of Burgundy († 1273).46 The materials and iconography differed and, in all cases, there was a significant time lapse between death and execution of the tomb. The tombs of both Michelle of Valois, Philip’s first wife, and that of his sister, Anne of Burgundy, wife of John, duke of Bedford († 1435), were commissioned and built 1435-1445.47 These years signalled a rapprochement between Burgundy and France, starting with the treaty of Arras (21 September 1435) between Philip the Good and Charles VII (r. 1422-1461). The tombs conveyed, through materials and iconography, a political message linked to this apparent reconciliation. The materials —marble and alabaster— referenced the black and white aesthetic of the royal tombs at Saint Denis and of the tombs of the first two Valois dukes of Burgundy in the Charterhouse of Champmol, Dijon, creating the impression of an unbroken bond between France and Burgundy. The clarity of the message provided by the Valois association of the materials was modified, however, through choice of location and the type of pleurants used. Anne was buried in the city where she died and her tomb was placed in the Célestins in Paris, a church with strong Valois associations, having been founded in 1365 by Charles V (brother of Philip the Bold) and his wife, Jeanne of Bourbon. This choice may have been deliberately ambiguous, capable of being interpreted as either returning to the Valois fold, or a reminder —Anne’s marriage in 1423 to the duke of Bedford had marked Philip the Good’s support for England— that the current alliance could be broken in future.48 In contrast to that of Anne, the marriage of Michelle de Valois,

Ancien diocèse de Paris, Paris, 1873, pp. 438-441; J. Chipps Smith, The Tomb of Anne of Burgundy, Duchess of Bedford, in the Musee du Louvre, in Gesta, t. 23/1, 1984, pp. 39-50; Fr. Baron, Le Décor du soubassement du tombeau d’Anne de Bourgogne, duchesse de Bedford, in Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, year 1990, 1992, pp. 262-274. 46 For Louis of Male, tomb executed 1453-1455, see E.E. Hamilton, Louis of Male, Philip the Good. Commemoration, Devotion, Propaganda, M.A. Thesis, Courtauld Institute of Art, 2003; A. McGee Morganstern, Gothic Tombs, op. cit., pp. 140-149, 195-196; P.J. Vincart, Histoire de Nostre-Dame de la Treille, patronne de la ville de Lille, Lille, 1874. For Joanna of Brabant, tomb executed late 1450s, see L. Campbell, The Tomb of Joanna, Duchess of Brabant, in Renaissance Studies, t. 2/2, 1988, pp. 163-172; J.W. Steyaert, coll. M. Tahon-Vanroose, Late Gothic Sculpture. The Burgundian Netherlands, Ghent, 1994, pp. 20-21. For Henry III, duke of Brabant, see A. de Valkeneer, Inventaire des tombeaux et dalles à gisants en relief en Belgique. Époques romane et gothique, in Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites, t. 14, 1963, pp. 90-256 (here pp. 178-186); A. McGee Morganstern, Gothic Tombs, op. cit., pp. 32-37, 159-160. Philip the Good financed the restoration in the Church of the Dominicans, Leuven, in 1435. 47 Paris, Musée du Louvre, inv. L.P. 442 (effigy of Anne of Burgundy), N15012c (pleurant). A fragment of Michelle of Valois’ tomb slab is in the crypt of St. Bavo, Ghent. Anne of Burgundy’s tomb is dated by a payment order to the widow of the sculptor, Guillaume Vluten: Louis Courajod in Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1870, pp. 144-146. Documents relating to Michelle of Valois’ tomb are transcribed and translated in E.E. Lowinsky, Music in the Culture, op. cit., pp. 354-358. 48 Anne’s marriage, as well as that of her sister Margaret of Burgundy to Arthur of Brittany, supported the treaty of Amiens signed April 1423 by the dukes of Bedford, Burgundy and Brittany, pledging their support for English rule in France (R. Vaughan, Philip the Good, op. cit., pp. 9-10).

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daughter of Charles VI, in August 1404, had served to strengthen the alliance between Burgundy and France.49 At her death, a time of tension with France, she was held firmly within Burgundian territory, being buried in the abbey of Saint Bavo, Ghent. Mixed messages were present in the type of pleurants used: those of Michelle represented grieving relatives in hooded mourning robes, as seen on the tombs of Philip the Bold and John the Fearless at Champmol, but Anne’s tomb included three pleurants not in mourning.50 Jeffrey Chipps Smith has argued that the inclusion amongst Anne’s pleurants of Philip the Good (wearing the collar of the Golden Fleece) and the duke of Bedford conveyed the message that “Philip sought peace but warned through the tomb statues of the consequences of the failure of this reconciliation”.51 Similarly, the timing of two subsequent tombs reveals political intent, although the emphasis shifted away from the alliance with France to Philip the Good’s relationships with his towns. This was reflected visually in a change of materials to copper-alloy, and the use of pleurants identified by inscriptions and heraldry as specific family members. The commission for a triple tomb in Saint Pierre, Lille —for Louis of Male, count of Flanders, his wife Margaret of Brabant, and their daughter Margaret of Flanders— almost 50 years after the death of Philip the Good’s grandmother, coincided with Philip’s decisive victory in the battle of Gavere on 23 July 1453, which ended the Ghent rebellion.52 Lille had become the administrative centre for the northern territories and erecting the tomb there, albeit where the bodies had been interred, was symbolic of Burgundian possession.53 Furthermore, the epitaph was in French, the administrative language of the Burgundian state and also the language of the Ghent peace treaty.54 The effigies and the pleurants served to trace a line of descent, and hence of rule in Flanders, from Louis of Male, via Margaret of Flanders, to Philip the Good and his heir Charles.55 Moreover, Saint Pierre, with its miracle-working image of Notre Dame de la Treille, attracted pilgrims who would disseminate that message.56

49 Michelle of Valois’ marriage was one of four used by Philip the Bold to strengthen the alliance between Burgundy and France (R. Vaughan, Philip the Bold. The Formation of the Burgundian State, new ed., Woodbridge, 2002, pp. 90-92). 50 Fr. Baron, S. Jugie and B. Lefay, Les Tombeaux des ducs de Bourgogne, Paris, 2009. 51 J. Chipps Smith, The Tomb of Anne of Burgundy, op. cit., p. 48. 52 For the Ghent rebellion, see R. Vaughan, Philip the Good, op. cit., pp. 303-333. 53 Id., Philip the Bold, op. cit., pp. 5-6, 94-95. As part of the marriage settlement between Philip the Bold and Margaret of Flanders, the French Crown (Charles V) restored French Flanders to Louis of Male, including the cities of Lille, Douai and Orchies, which had been ceded to France in 1322. 54 For a transcription of the epitaph, see M. Comblen-Sonkes and Chr. Van den Bergen-Pantens, Les Mémoriaux, op. cit., fol. 55r; Ch.A.J. Armstrong, The Language Question in the Low Countries. The Use of French and Dutch by the Dukes of Burgundy and their Administration, in Europe in the late Middle Ages, ed. J.R. Hale, J.R.L. Highfield and B. Smalley, London, 1965, pp. 386-409 (here pp. 389, 393). 55 A. McGee Morganstern, Gothic Tombs, op. cit., pp. 140-146. 56 Laura Gelfand has similarly suggested that the two thorns provided by Pope Julius from the crown of thorns would have attracted diplomats and nobles to Margaret of Austria’s burial site at St. Nicolas of Tolentino, Brou. See L.D. Gelfand, Margaret of Austria and the Encoding of Power in Patronage. The Funerary Foundation at Brou, in Widowhood and Visual Culture in Early Modern Europe, ed. A. Levy, Aldershot, 2003, pp. 145-159.

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The tomb of Joanna, duchess of Brabant, and her great-great-nephew William of Brabant, erected in the Carmelite church in Brussels, was commissioned in the late 1450s and paid for in 1459. It was connected to the Lille tomb visually —the pleurants were identical (although assigned different identities) as were the effigies of Joanna of Brabant and Margaret of Flanders— but there was no political event in Brabant to act as a catalyst for its creation. Instead it has been suggested that the opportunity was taken to create a “magnificent monument and a useful piece of Burgundian propaganda” at little expense through recycling the wooden models used to cast the copper-alloy effigies and pleurants on the Lille tomb.57 The focus to date has been placed on Joanna, but consideration of why William was included suggests that the purpose of the tomb may have been more than just an afterthought. William, who was the son of Anthony of Burgundy († 1415 at Agincourt), Joanna’s great-nephew and heir, predeceased his father and was buried in the same grave as his great-great aunt.58 Replicating the relationship between bodies and effigies, however, required a positive decision as there was no effigy of a child on the Lille tomb and William’s effigy had to be carved rather than just repaired.59 It seems probable that this decision was related to the fact that William’s mother, Elizabeth of Görlitz, duchess of Luxemburg († 1451), had made her nephew Philip the Good “mambour” of Luxemburg and her heir in the treaty of Hesdin signed 4 October 1441. The duchy of Luxemburg, which formed an important link between the northern and southern parts of Philip’s territories, was contested before and after Elizabeth’s death, with a conference in Mainz in October 1455 failing to resolve the claims of Philip the Good, Duke William of Saxony and King Ladislav of Bohemia.60 Ladislav died in November 1457, having earlier that year sought the assistance of King Charles VII, who then in 1458 persuaded William of Saxony to sell him his claims to the duchy.61 The timing of these events with the commission of the tomb appears more than a coincidence. It is probable that William of Brabant, had he lived, would have inherited his mother’s territory of Luxemburg (the duchy of Brabant fell to Anthony’s sons by his first marriage to Jeanne of Saint-Pol) and the inclusion of his effigy on Joanna’s tomb placed Philip’s claim to Luxemburg

57 L. Campbell, The Tomb of Joanna, op. cit., p. 170. 58 Ibid., p. 168. For the Brabantine succession, see W.P. Blockmans and W. Prevenier, The Promised Lands, op. cit., pp. 30-31, 54-56; R. Vaughan, Philip the Bold, op. cit., pp. 96-102; S. Boffa, Warfare in Medieval Brabant 1356-1406, Woodbridge, 2004, p. 89. 59 Brussels, AGR, Chambre des comptes, Reg. 2419 20, fol. 95r: Janne de le Mer, beeldesnyder, voir zijnen loon van te hebben gesneden ende gelevert die beelde van den voirscreven Willemen van Brabant, mit oic te hebben gerepareert die voirscreven andere beelden by den voirscreven Jacoppe gelevert […]; L. Campbell, The Tomb of Joanna, op. cit., p. 171. 60 By a treaty negotiated with Wenceslaus, king of Bohemia and hereditary duke of Luxemburg, Elizabeth had received the duchy of Luxemburg in lieu of a dowry, with Wenceslaus retaining the right to buy back the duchy. Wenceslaus’ brother, Emperor Sigismund, also used the title of duke of Luxemburg, and it was his granddaughter’s husband, William, and his grandson, Ladislav, who pursued the claim against Philip the Good. See R. Vaughan, Philip the Good, op. cit., pp. 274-285. 61 Ibid., pp. 347-349.

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on Burgundian soil.62 It also symbolised the juridical placement of that claim within the Brabantine tradition of cognatic succession, a construction which was then being employed to justify succession to principalities owned by the Burgundian dukes inside the Holy Roman Empire.63 The epitaph for Joanna alone has been recorded.64 This was in Flemish, a language that could be used to indicate opposition to Burgundian power, suggesting that Philip the Good, at this time, had no need to assert his authority over Brabant by imposing French, but rather that there was an alternative message that could be spread more widely through use of the vernacular.65 There is no record of the specific identities attached to the pleurants on Joanna’s tomb and it is tempting to speculate that one may have represented Elizabeth of Görlitz. These tombs evidenced legitimate Burgundian territorial acquisition through dynastic inheritance and, in particular, inheritance through the female line. Louis of Male and Joanna of Brabant had been the last independent rulers respectively of the county of Flanders and the duchy of Brabant before they came under Burgundian rule. Flanders came to Philip the Bold through his marriage to Louis’s daughter, Margaret of Flanders, who, as Joanna’s niece, was also the route to Brabant: Margaret’s son, Anthony, became duke after the death of his great-aunt. As noted above, Anthony’s second wife, Elizabeth of Görlitz, mother of William of Brabant, ceded the duchy of Luxemburg to Philip the Good. This use of funerary monuments to evidence succession rights was clearly well-understood and the two tombs commissioned by Mary of Burgundy fit precisely the precedents set by her grandfather, Philip the Good: a tomb commissioned many years after the death of the person being commemorated and at a time of political tension, pleurants not in mourning robes, and the use of copper-alloy. The contract for the tomb of Louis of Male could almost have been written for Isabella’s tomb: a slab of black “marble”, a copper-alloy effigy, two kneeling angels, an inscription in brass letters around the base of the tomb giving titles and dates of death, and 24 princes or princesses each identified by a coat of arms and his/her name.66 Indeed, the Lille pleurants provided the archetypes for eight of those on Isabella’s tomb but in mirror image, a puzzling detail that has been noted before. It has been suggested that, as the wooden models from the Lille tomb could not have been reused (having been appropriated for the tomb of Joanna), they were used as examples but reversed to give them a more individual character.67 If, however, greater individuality had been the 62 Elizabeth of Görlitz was buried in the Jesuit church, Trier. For her epitaph, see https://kulturdb.de/ einobjekt.php?id=17859, last accessed 10 June 2019. 63 R. Stein, Philip the Good and the German Empire. The Legitimation of the Burgundian Succession to the German Principalities, in P.C.E.é.B., t. 36, 1996, pp. 33-48 (here p. 33, for 1460 memorandum by Antoine Haneron, Burgundian ambassador). 64 F. Christophe Butkens, Trophées tant sacrés que prophanes du duché de Brabant, The Hague, Chrétien van Lom, 1724, p. 525. 65 Ch.A.J. Armstrong, The Language Question, op. cit., pp. 388, 403-404. 66 See n. 35. 67 Rogier van der Weyden, 1400-1464, op. cit., p. 307. Scholten notes that the figures derived their true identities from the coats of arms (F. Scholten, Isabella’s Weepers, op. cit., p. 29) and only three identities corresponded (A. McGee Morganstern, Gothic Tombs, op. cit., p. 148).

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objective, then more changes could have been made, since pleurants on tombs were identified through heraldry and inscriptions. This implies that, despite the absence of existing wooden models, the intention was to evoke a direct visual comparison with the tombs commissioned by Philip the Good and to position Mary, who was represented on Isabella’s tomb as a pleurant and mentioned in the epitaph as the single daughter of the illustrious marriage, in the line of succession to Brabant and Flanders.68 The identities of Isabella’s pleurants are known from the list provided by Papebroch.69 These did not, however, replicate precisely her quarters of lineage, as shown on the wings of the triptych in Saint Donatian. All of Isabella’s great-grandparents were represented. Two sets of great-great-grandparents were included from the side of her mother, Agnes of Burgundy, the sister of Philip the Good, but only one from that of her father Charles, duke of Bourbon, as well as one shared set of great-great-great grandparents, John of Luxemburg, king of Bohemia, and Elizabeth of Bohemia. Missing on the paternal and maternal sides were John the Good, king of France, and his wife, Bonne of Luxemburg.70 The effect of this combination was to prioritise Burgundy over France —John the Good was represented only indirectly through his sons, Philip the Bold and John, duke of Berry— and to emphasize female inheritance: Margaret of Flanders and Elizabeth of Bohemia. In omitting John the Good, Mary may have drawn on the precedent of a genealogical roll probably commissioned in 1467-1468 for her father, Charles the Bold, the layout of which failed to grant Louis XI any power of lordship over Charles.71 The wording in Papebroch’s list for Bonne of Luxemburg’s parents —“John of Bohemia and Elizabeth, daughter and heir”— placed the emphasis on Elizabeth’s relationship to her father, Wenceslaus II, king of Bohemia. Following her brother’s assassination, Elizabeth became the centre of a power struggle as heir to Bohemia: the parallel with Mary’s own position is striking. Elizabeth and John of Bohemia’s son, Charles IV, became Holy Roman Emperor, and this would also have served to reference Mary’s marriage to Maximilian, the son of the ruling Holy Roman Emperor Frederick III († 1493).72 This programme, with its deviations from the strict quarters of lineage, responded to the political situation facing Mary after the death of her father, and suggests that the coats of arms of the pleurants may have been commissioned or amended in, or after, 1477. Mary

68 Daniel Papebrochius, Annales Antverpienses, op. cit., t. 2, p. 67: […] unici filii, coniux carissima, quae MARIAM, unicam et illustrissimo marito relinquens filiam […]. 69 See Appendices A2 for text and B. Papebroch listed some names more than once, with a total of 26 unduplicated names. The last two names “Charles, count of Forez and Auvergne and Maria, countess of Auvergne” have no obvious fit with the family tree. 70 The other missing maternal great-great parents were Louis, duke of Brieg, and Agnes of Głogów; on the paternal side, Beraud II, dauphin of the Auvergne, and Jeanne, countess of Forez, as well as John I of Armagnac and Beatrice of Clermont. 71 Chicago, Newberry Library, MS 166; Ch. Bauer-Smith, Mapping Family Lines. A Late FifteenthCentury Example of Genealogical Display, in Reputation and Representation in Fifteenth-Century Europe, ed. D.L. Biggs, S.D. Michalove and A. Compton Reeves, Leiden-Boston, 2004, pp. 123-144. 72 Olga Karaskova has pointed out an imperial connection in the panel commissioned by Mary for the abbey of Ter Duinen. O. Karaskova, Ung Dressoir de Cinq Degrez. Mary of Burgundy and the Construction of the Image of the Female Ruler, in Authority and Gender in Medieval Renaissance Chronicles, ed. J. Dresvina and N. Sparks, Newcastle, 2012, pp. 319-344 (here p. 334, n. 51).

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was highly conscious at this point of the need to assert her right to inherit through the female line, as attested by her letter of January 1477 to her counsellors in Dijon insisting that the duchy of Burgundy was not an apanage of France.73 As with the tombs commissioned by her grandfather, a political message required an audience and it is therefore important to consider the significance of the location of the monuments and the written language used to complement the visual message discussed above. Isabella and Jacques both received monuments in the towns where they died and, as it was not unusual for bodies to be moved after death, the presumption must be that the locations were considered desirable. The Premonstratensian abbey of Saint Michael was the most important religious institution in Antwerp; the abbot hosted visiting rulers and nobility including the dukes of Brabant for whom the abbey was the endpoint of their Joyous Entry.74 Although it was by chance that Isabella died at the abbey, having been taken ill on her journey from Gorcum to Ghent, there could not have been a more fitting setting for a monument to the mother of Mary, duchess of Brabant, who made her own Joyous Entry into Antwerp on 19 June 1477.75 The presence of Isabella’s tomb would have served as a constant reminder to visiting nobility of Mary’s status, and to the abbey of her patronage and protection.76 The tomb of Mary’s uncle was placed in the sanctuary of Saint Donatian, the most prestigious church in Bruges which housed the relics of the town’s patron saint.77 Saint Donatian was an established burial place for the counts and countesses of Flanders, including the tombs of Louis of Nevers († 1346), the father of Louis of Male, and Margaret of Alsace († 1194).78 The proximity of Jacques’s tomb to that of Margaret of Alsace appears more than coincidence as she had faced —and overcome— a similar challenge to Mary about the right to inherit as a female. On the death of her brother, Philip of Alsace, in 1191, she

73 Mary of Burgundy, Letter to the Council of Dijon, 23 January 1477, in Dom Urbain Plancher, Histoire générale et particulière de Bourgogne, repr., t. 4, Farnborough, 1968, p. 269 (Preuve). For cognatic versus agnatic system of inheritance, and apanage versus fief, see A. de Ridder, Les Droits de Charles-Quint au duché de Bourgogne, Leuven, 1890; P. Saenger, Burgundy and the Inalienability of Appanages in the Reign of Louis XI, in French Historical Studies, t. 10/1, 1977, pp. 1-26; A.M. Roberts, The Chronology and Political Significance, op. cit., pp. 392-393; C. Taylor, The Salic Law and the Valois Succession to the French Crown, in French History, t. 15/4, 2001, pp. 358-377. 74 B. Haeger, Abbot Van der Sterre and St. Michael’s Abbey. The Restoration of its Church, its Image, and its Place in Antwerp, in Sponsors of the Past. Flemish Art and Patronage in Flanders, ed. H. Vlieghe and K. van der Stighelen, Turnhout, 2005, pp. 157-180 (here p. 158). 75 H. vander Linden, Itinéraires, op. cit., p. 14. 76 I thank Douglas Brine for the latter suggestion. Mary had joined with the magistracy of Antwerp and the Estates of Brabant to protect the abbey’s independence in the choice of a new abbot, following the death of Joannes Fierkens. Mary wrote to the Holy See on 15 April 1477, followed by Maximilian on 18 October 1478: C.B. de Ridder, Les Elections abbatiales dans les Pays-Bas avant le dix-neuvième siècle, in Analectes pour servir à l’Histoire ecclésiastique de la Belgique, t. 5, 1868, pp. 315-343 (here p. 317). 77 For Saint Donatian, see L. Devliegher, Het koor van de Romaanse Sint-Donaaskerk te Brugge, in Sint-Donaas, op. cit., pp. 32-45; R. Strohm, Music in Late Medieval Bruges, Oxford, 1985, pp. 10-41; M.P.J. Martens, Artistic Patronage in Bruges Institutions, c. 1440-1482, PhD Thesis, University of California, Santa Barbara, 1992, pp. 171-203. 78 For the tombs of Margaret of Alsace and Louis of Nevers, and for an eighteenth-century drawing of them, see V. Vermeersch, Grafmonumenten, op. cit., t. 2, pp. 17-23, Pl. 2, nr 3; , pp. 45-52, nr 43.

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became countess of Flanders despite a challenge from the King of France Philip Augustus (1165-1223), that Flanders had escheated to the crown in default of male heirs.79 Although the primary users of the sanctuary would have been the clerics with responsibility to pray for the dead, privileged laity are likely to have been permitted access, with evidence that Jacques’s tomb was seen by foreign travellers.80 Visitors would have seen his effigy on a tomb chest that held his coat of arms and an epitaph that included Mary’s full titles, including that of countess of Flanders. His line of descent, and that of Mary, was revealed through the coats of arms on the nearby triptych wings. It is notable, in the light of the tombs of Louis of Male and Joanna of Brabant, that neither the epitaph on Isabella’s nor on Jacques’s tomb was in Flemish. Isabella’s epitaph was in Latin, which Charles Armstrong has noted could bridge difficulties in reading local dialects, and Jacques’s was in French.81 Although Mary had been forced to make concessions to the Estates on her succession, after 1477 the core territories of the Low Countries remained “Burgundian”, and became increasingly united in the face of the French threat.82 The tombs of Mary’s mother and uncle commemorated the deceased but also served as a reminder of the external threat and an assertion of ducal authority —in a medium intended to last for generations— in one of the four capitals of Brabant (complementing the tomb of Joanna and William of Brabant erected by Philip the Good in Brussels) and one of the Four Members of Flanders.83

3. The Tombs as Part of a Dynastic Patronage Programme Mary’s acute awareness of the threat, immediately after the death of her father, to her right to rule, particularly as a female, can be perceived in her need to assert her authority and the basis for it. The letter to her Dijon counsellors has been noted above, and a further example is provided by an inscription in a manuscript, Les Chroniques des comtes de Flandres, commissioned in 1477 and offered as a gift to her stepmother Margaret of York, which emphasised that she had become countess of Flanders and duchess of Brabant.84 Mary’s responses to the political challenges she faced can be seen not only in the commission of the two tombs, but in other media. Before looking

79 For the succession to Philip of Alsace, see D. Nicholas, Medieval Flanders, London-New York, 1992, pp. 74-75. 80 Monetarius, Voyage aux Pays-Bas 1495, trans. P. Ciselet and M. Delcourt, Brussels, 1942, p. 46; Thomas Platter, Beschreibung der Reisen durch Frankreich, Spanien, England und die Niederlande 1595-1600, ed. R. Kaiser, Basel, 1968, p. 760. 81 A caveat must be that Sweertius provided all epitaphs in Latin; Isabella’s epitaph may have been originally in Latin or translated by him (Ch.A.J. Armstrong, The Language Question, op. cit., pp. 387-388). 82 W.P. Blockmans and W. Prevenier, The Promised Lands, op. cit., p. 195. 83 Ibid., p. 236. The four capitals of Brabant were Leuven, Brussels, Antwerp, and ‘s-Hertogenbosch, and the Four Members of Flanders were Ghent, Bruges, Ypres, and the Franc of Bruges. 84 Wells-next-the-Sea, Holkham Hall, Library of the Earl of Leicester, MS 659, fol. 1v; O. Karaskova, Le Mécénat de Marie de Bourgogne, op. cit., p. 510; Th. Kren and S. McKendrick, Illuminating the Renaissance. The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, Los Angeles, 2003, pp. 305-306; M. Madou, Marie et l’héritage de Bourgogne, in Bruges à Beaune. Marie, l’héritage de

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at these, and as certain omissions can be as revealing as commissions, it is worth considering that Mary asked René, duke of Lorraine, for the return of her father’s body for burial.85 Although her request was refused, Mary neither commissioned a tomb in anticipation of her request being granted nor chose the option of a cenotaph which could still have acted as a focus for commemoration and remembrance. This reinforces the argument made above that, as for her grandfather, Philip the Good, her primary concern for care for the soul was honourable burial. Monuments served an additional function and —when that function was to emphasize inheritance through the female line— a tomb for her mother was preferred to one for her father. Another commission, delivered in March 1477 by a Ghent goldsmith, Cornelis de Bont, was Mary’s official seal. This showed her on horseback holding a falcon in place of a sword, an equestrian iconography that echoed not only the seals of her father and her grandfather, but those of earlier countesses of Flanders.86 Mary’s identification with her female predecessors as countess of Flanders is even more apparent in her patronage of a series of grisaille paintings of counts and countesses of Flanders originally at the Cistercian abbey of Ter Duinen. Mary’s patronage, and the date (1480), are known from the Latin inscription on the first panel.87 This panel is sub-divided into two, with the upper half showing Mary kneeling before the nativity, with the abbot, Jan Crabbe, and the cellarer, Petrus Vailliant, behind her. Subsequent panels are divided into four, with each quarter showing a count and countess. In this genealogical sequence the countesses who had inherited in their own right stood in the position of precedence on the dexter side, as did Mary herself, holding the coat of arms of Burgundy (her father’s arms) rather than her impaled marital arms.88 The

Bourgogne, Paris, 2000, pp. 85-108 (here pp. 93-94); W.O. Hassall, The Holkham Library. Illuminations and Illustrations in the Manuscript Library of the Earl of Leicester, Oxford, 1970, pp. 14, 40, Pl. 25-30. A translation from Latin to French had been made in 1476. 85 Pontus Heuterus, Opera historica omnia; Burgundica, Austriaca, Belgica. De rebus a principibus Burgundis atque Austriacis, qui Belgis imperarunt […], Leuven, J. Coppenius, 1651, p. 45. I thank Olga Karaskova for this reference. For the tomb erected by René of Lorraine, see H. Chabeuf, Le Tombeau de Charles le Téméraire à Nancy, in Mémoires de la Commission des Antiquités de la Côte-d’Or, t. 16, 19091913, pp. 87-93; and P. Marot, Le Tombeau de Charles le Téméraire à Nancy, in La Lorraine et la Mort, ed. Id., Nancy, 1991, pp. 111-131. 86 A.M. Roberts, The Horse and the Hawk, op. cit., pp. 135-150; O. Karaskova, Le Mécénat de Marie de Bourgogne, op. cit., pp. 508-509, 514-515; E.L. Jordan, Swords, Seals and Coins. Female Rulers and the Instruments of Authority in Thirteenth-Century Flanders and Hainaut, in Medieval Coins and Seals. Constructing Identity, Signifying Power, ed. S. Solway, Turnhout, 2015, pp. 229-246; A. Pearson, Rulership, op. cit., p. 115-136, in this volume. 87 B. Janssens de Bisthoven, De Graven, op. cit., pp. 287-335; C. Van Nerom, Les Panneaux, op. cit., pp. 261-262. The inscription uses the term renovari (renewed) and the suggestion has been made that they were copies of lost frescoes: O. Karaskova, Le Mécénat de Marie de Bourgogne, op. cit., pp. 514-515, 521-523. The panel can be viewed on http://balat.kikirpa.be/object/108352, last accessed 29 May 2019. 88 The duchesses were Margaret of Flanders and Baudouin V of Hainaut (Pl. 6); Jeanne I of Flanders and her two husbands, Ferdinand of Portugal and Thomas II of Savoy (Pl 7); Margaret II of Flanders and William II of Dampierre (Pl 7); and Margaret III of Flanders and Philip the Bold (Pl 9): O. Karaskova, Le Mécénat de Marie de Bourgogne, op. cit., p. 522. For the gendered rhetoric of left and right, with examples showing that divergences from the norm are rare and have specific explanations,

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date on the panels is after the birth of Mary and Maximilian’s heir, Philip the Fair (born 22 July 1478), and it is probably no coincidence that there is only one panel showing a child: Mary’s great-great-grandmother, Margaret of Flanders (the heiress of Louis of Male), is shown joining right hands with her son, the future John the Fearless, whilst her husband, Philip the Bold, stands protectively with sword raised, only the shield of Burgundy forming a connection between him and his son.89 The visual message is that John’s inheritance is transmitted via the flesh of his mother, and it is not hard to imagine contemporaries interpreting Margaret as Mary, John as Philip the Fair, and Philip the Bold as Maximilian.

4. Conclusion Mary of Burgundy was granted too short a life to leave much evidence of her own commissions, but what survives suggests a deliberate intent and agency in responding to a challenging political situation. The commission of monuments was not a requirement for spiritual reasons; her mother and uncle had already received honourable burial, and the religious communities of Saint Michael and Saint Donatian could be trusted to pray for their souls. This is not to disregard familial affection —indeed, Mary’s heart was sent to Antwerp to be enclosed in her mother’s grave90— nor the spiritual benefits that could be provided by monuments in stimulating the prayers of the living. However, the evidence of Isabella and Jacques’s tombs, the absence of a tomb for Charles the Bold, the similarity with the tombs commissioned by her grandfather in Lille and Brussels, and a resonance with the imagery of Mary’s seal and the Ter Duinen countesses, suggest that these tombs primarily provided “a pious setting for a political statement”.91 Isabella’s pleurants were not weeping and the programme was chosen carefully to emphasize female inheritance. Jacques’s tomb, close to that of Margaret of Alsace and with the triptych displaying Mary’s maternal lineage, placed her visually in the line of succession of countesses of Flanders. The commission of funerary monuments to create a permanent record of dynastic claims is well-attested,92 and through these tombs Mary of Burgundy used the same medium as her grandfather, Philip the Good, with the same objective: their commissions —in Lille, Brussels, Antwerp and Bruges— evidenced in metal the inheritance of the Valois dukes of Burgundy. see C. Schleif, Men on the Right – Women on the Left. (A)Symmetrical Spaces and Gendered Places, in Women’s Space. Patronage, Place and Gender in the Medieval Church, ed. V. Chieffo Raguin and S. Stanbury, Albany, 2005, pp. 207-249. 89 Pl 9, illustrated in B. Janssens de Bisthoven, De Graven, op. cit., p. 307, who refers to the child as a girl (“een meisje”). I concur with Olga Karaskova that this must represent John the Fearless: O. Karaskova, Le Mécénat de Marie de Bourgogne, op. cit., p. 522. 90 Pontus Heuterus, Opera historica, op. cit., p. 64: Cor Antverpiae in matris sepulcro clauditur. 91 A. McGee Morganstern, Gothic Tombs, op. cit., p. 152. 92 J.M. Luxford, English Medieval Tombs as Forensic Evidence, in Church Monuments, t. 24, 2009, pp. 7-25; E. Tingle, The Afterlives of Rulers. Power, Patronage and Purgatory in Ducal Brittany 14801600, in The Image and Perception of Monarchy in Medieval and Early Modern Europe, ed. S. McGlynn and E. Woodacre, Newcastle, 2014, pp. 281-297.

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Appendix Appendix A1: Godefridus Henschenius, Daniel Papebrochius, Franciscus Baertius, Conradus Janningus e.a., Acta Sanctorum Junii, t. 1, Antwerp, Henricus Thieullier, 1695, pp. 933-960 (here p. 943: Corollarium ii. De Ecclesia & Abbatia S. Michaelis Antverp)93.94 Perfecti tamen Templi & Claustri,94 praestructique iisdem Refectorii, aulaeque Abbatialis gloria datur Joanni Fierkens, anno mcccclii electi, qui etiam primus sibi ac successoribus suis acquisivit jus Mitrae, eamque gessit usque ad annum mcccclxxvi. Hujus tempore, anno scilicet mcccclxv obiit, et huc delata ad sepulturam fuit, Ducissa Isabella; cui deinde in Choro ante altare, ex nigro marmore, monumentum grande erigi fecit Maria filia, quale hodiedum superest; sed aeneo Epitaphii limbo per circuitum tumbae, cui ipsamet aenea tota superjacet, spoliatum ab Iconoclastis. Quorum tamen furori superstites ac postea reperti statunculi tres aenei, restituti sunt; manus vero truncatas suppleri novis aptatis curavit D. Paschalis van Gessel, loci sacrista et meus olim condiscipulus.

The glory of the completed church and cloisters, and of the refectory constructed in front of them, and of the abbot’s palace, is given to Joannes Fierkens, elected in the year 1452; who was the first to obtain the right to the mitre for himself and his successors, and he bore it until 1476. During his time, in 1465 to be exact, Duchess Isabella died, who was brought here for burial; for whom her daughter, Mary, had erected thereafter a large tomb of black marble in the Choir before the altar, which still survives today; but it has been robbed by the Iconoclasts of the brass border of the Epitaph around the tomb, on which she herself [the duchess], all in bronze, lay. To the fury of whom [the iconoclasts], however, three little bronze statues survived, which were later recovered and replaced; Paschalis van Gessel, the sacristan of this place and my former classmate, had the hands that had been broken off replaced with new ones.

Epitaphium ne quereremur amissum, conservavit nobis Franciscus Swertius inter collecta a se monumenta sepulcralia et inscriptiones publicas Ducatus Brabantiae pag. 129. Ipsum in altera pagina lege, sub Iconismo ejusdem monumenti, ut nunc visitur nobis commodato per D. Baronem le Roy, qui illud sculpendum curavit.

Lest we should mourn the missing epitaph, Francis Sweertius preserved it for us among the funeral monuments and public epitaphs of the duchy of Brabant collected by him, p. 129. On another page you can read, under an image of the same monument, the epitaph that is now on view to us due to Baron le Roy, who had it engraved.

93 Part-translated in F. Scholten, Isabella’s Weepers, op. cit., pp. 18-19. My thanks to Oliver Norris for assistance with the remainder. 94 A marginal inscription (allata in eam anno 1476 est Isabella) is placed against the opening line.

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Appendix A2: Daniel Papebrochius, Annales Antverpienses ab urbe condita ad annum m.dcc collecti ex ipsius civitatis monumentis, t. 2, Antwerp, 1845, pp. 67-69.95 ii. Interim ISABELLA, uxor Caroli, Antverpiae ad S. Michaelis decumbebat aegra et mariti vice sollicita. Morbo autem ingravescente, in octava Assumptae Virginis die, xxii Augusti, extra ordinem (nec enim is dies Dominicus erat, quo amburbalia Mariana circumducuntur, sed feria v, currente tunc littera Dominicali F) instituta specialis supplicatio fuit, cum Dominico Praeputio, non solito alias tunc circumferri. Id factum docuit me Chronica rhythmica, pluribus, sed male tornatis versibus rem explicans, et locum, ubi Princeps erat, nominans, non item causam ob quam vel hinc aberat, vel supplicatio instituta erat. Primam ex nostra historia novimus, alteram colligimus ex obitu Ducissae, sequenti mense Septembri secuto, die xiii, in eadem Abbatia, ubi postea eidem monumentum praeclarum erexit filia sua, cum epitaphio, quod inter sepulcralia Brabantiae monumenta Sweertius noster sic descripsit:

ii. Meanwhile, Isabella, wife of Charles, laid down unwell at St Michael, Antwerp and was troubled by the fate of her husband. With the disease becoming more serious, however, on the eighth day after the Assumption of the Virgin Mary, 22 August, extraordinarily (for it was not a Sunday, on which the procession of the Virgin Mary is conducted, but the fifth day of holiday, running from the dominical letter F) a special prayer was made, processed with the foreskin, at another time than usual.95 The Chronica Rythmica has informed of this fact and explains what happened in many badly concocted verses, and names the place where the prince was, but not however the reason why either he left that place or why that prayer was made. We know the former from our history and the latter we have picked up from the later death of the duchess on the following month of September, on the 13th day, in that same abbey where afterwards her daughter erected a very splendid monument, with an epitaph, which amongst other tombs and monuments of Brabant our Sweertius has thus transcribed: “Here lies the most noble Isabella, as the “Hic iacet nobilissima ISABELLIS, ut lineage engraved from both her parents shows: subscripta utriusque parentis demonstrat countess of Charolais, most devoted daughter progressio; Karolesii Comitissa, Karoli, of Charles, duke of Bourbon; most beloved Ducis Borbonii, filia devotissima; Domini spouse of Lord Charles, only son of the most Karoli, Ilustrissimi Principis, Philippi, illustrious prince, Philip, by the grace of God, Dei gratia, Burgundiae, Lotharingiae, duke of Burgundy, Lotharingia/Lorraine, Brabantiae, Limburgi Ducis; Flandriae, Brabant & Limburg, count of Flanders, Artois, Artesiae, Burgundiae, Palatini Hannoniae, Burgundy, Hainaut, Holland, Zeeland & Hollandiae, Zelandiae, Namurci Comitis; S.R.I. Marchionis; Salinarum et Machliniae Namur; margrave of the Holy Roman Empire; lord of Salins and Mechelen; leaving a single Domini, unici filii, coniux carissima, quae daughter, Mary, thanks to this most illustrious MARIAM, unicam et illustrissimo marito marriage. Departed in the bloom of life in relinquens filiam, in florida aetate decessit, anno Dominicae Incarnationis m.cccc.lxv, the year of Our Lord 1465, the 13th day of die xiii Septembris. In Christi pace requiescat”. September. May she rest in the peace of Christ”.

95 The abbey of Saint Michael held the prized possession of the foreskin of Christ: P.J. Arnade, Beggars, Iconoclasts and Civic Patriots. The Political Culture of the Dutch Revolt, Ithaca, 2008, p. 138.

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Uti epitaphium in aere circa tumbae oram ductum, sic etiam utriusque parentis progressionem in epitaphio notatam, invidit aetati nostrae harpyiarum Calvinisticarum rapacitas, detractis, quibus exprimebatur, laminis aenis. Superest ex nigro mamore magnificum monumentum, cum aenea defunctae statua, et tribus circum tumbam statunculis, ex maiori numero reliquis.

The rapacity of the Calvinist Harpies did not allow our age to see the inscription in bronze around the edge of the tomb, nor the lineage of both parents shown on the tomb, because the brass plates on which they were written were removed. All that remains is the magnificent monument in black marble with the bronze image of the deceased and three small statues around the tomb, the only survivors of a greater number.

iii. Istud, ne aboleri totum aliquando possit, Baro Le Roy aeri curavit insculpi, prout in eius lib. pag. 35, conspicitur, et ex lamina, nobis ab illo donata, spectatur in nostro Corollario Norbertino, ad diem vi Iunii, Reliquorum memoriam reperio, post Collectionem epitaphiorum Natalis Le Boucq, fol. 168, gallice descriptam, quam sic latine reddo: “Circum tumbam inferne visuntur statunculi utrimque duodecim, cum insignibus et nominibus parentum defunctae.

iii. That, lest it be completely destroyed at some time, Baron Le Roy had taken care to engrave in bronze just as observed in his book page 35, bestowed to us by him, and from that plate observed in the Corollary of Norbert, at the 6th of June, I discover a record of the remaining [statues] following a collection of epitaphs Natalis Le Boucq, fol. 168, written in French, which I have restored to Latin: “Around the tomb may be seen underneath on both sides twelve statues, with coats of arms and names of the relatives of the deceased.

A dextris, Ioannes, Dux Burgundiae, et Margarita Bavara; Philippus Audax, et Margarita Flandra; Albertus, Dux Bavariae, et Margarita Burgunda; Ioannes, Rex Bohemiae, et Elisabeth, filia et heres Bohemiae; Ludovicus, Comes Flandriae, et Margarita Brabanta; Ludovicus, Imperator Romanus, et Margarita, Hanoniensis, Comes Foresti et Comitissa Arverniae; Petrus Borbonius et Isabella Valesia; Ioannes Armaniacus atque Burgundus, et Ioanna, eius uxor; Ludovicus Borbonius et Anna Arvernensis; Carolus Borbonius et Agnes Burgunda; Carolus, Dux Burgundiae, et Maria, eius filia.

On the right, John, duke of Burgundy and Margaret of Bavaria; Philip the Bold and Margaret of Flanders; Albert, duke of Bavaria and Margaret of Burgundy [error for “Brieg”?]; John, king of Bohemia and Elizabeth, daughter and heir to Bohemia; Louis, count of Flanders and Margaret of Brabant; Louis, Roman emperor and Margaret of Hainaut, count of Forez and countess of the Auvergne; Peter of Bourbon and Isabelle of Valois; John of the Armagnac and of Burgundy, and Joanna, his wife; Louis of Bourbon and Anna of the Auvergne; Charles of Bourbon and Agnes of Burgundy; Charles, duke of Burgundy and Mary, his daughter.

A sinistris, Maria Burgunda, filia unica Ducis Caroli et Isabellae, uxoris eius; et Carolus, Dux Borbonii atque Arverniae, pater Isabellae; Ioannes, Dux Borbonii et Arverniae, avus paternus; Maria, filia Ioannis, Ducis Bituricensis; Ludovicus,

On the left, Mary of Burgundy, only daughter of duke Charles and Isabella, his wife; and Charles, duke of Bourbon and of the Auvergne, father of Isabella; John, duke of Bourbon and of the Auvergne, paternal grandfather; Mary, daughter of John, duke of Berry; Louis, duke of

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Dux Borbonii et Arverniae, proavus paternus; et Anna Arvernica, eius uxor; Ioannes, Dux Bituricensis, abavus paternus; Petrus, Dux Borbonii, triavus paternus; Elisabeth Valesiae, filia Comitis Caroli; Carolus, Comes Foresti et Arverniae; Maria, Comitissa Arverniae”.

Bourbon and the Auvergne, paternal greatgrandfather; and Anna of the Auvergne, his wife; John, duke of Berry, paternal great-great grandfather; Peter, duke of Bourbon, paternal great-great-great grandfather; Elizabeth [Isabelle] of Valois, daughter of count Charles; Charles, count of Forez and the Auvergne; Mary, countess of the Auvergne”.

iv. His omnibus sic duplicatis nominibus similiter geminata superponebantur scuta, quae, pro sinistro quidem latere, rudi calamo designata Collector reliquit, pro dextro designare ea neglexit. Inscriptionem autem primarium, ad caput vel pedes defunctae collocatam, grandiori in lamina sic depinxit, ut, ad locum positae hic † crucis, prioribus posterioribusque lineis interpositum habeat scutum Mariae, monumentum hoc statuentis. Est autem scutum quadratum, atque ex suis et mariti Maximiliani armis compositum, et regaliter exornatum. Notat etiam Collector, ex utroque chori latere stetisse angelos duos (aeneos reor), quorum unus arma Burgundica, alter Borbonica tenebat. Atque haec de ornamentis istius monumenti iam deperditis, inter quae qualem locum tenuerint tres, qui supersunt, statunculi, nemo nunc divinaverit.

iv. With all of these names similarly repeated, above the twin shields, which the collector sketched out in rough on the left side, but on the right he neglected to copy them out. He depicted full-scale on the page, on the other hand, the main inscription, situated either at the head or the feet of the deceased, so that interposed between the first and subsequent lines was the shield of Mary who established this monument, arranged around the place of the cross. Moreover, this shield is quartered, and royally decorated with her arms and those of her husband Maximilian. That collector noted that, on either side of the choir stood two angels (I believe of bronze), one of which held the arms of Burgundy, the other those of Bourbon. These are the ornaments of this monument that have already been lost; it is a fact that to this day no one has endeavoured to discover what positions the three remaining statues were in.

Jacques of Bourbon (1445-1468)

+

Isabella of Bourbon, (1436-1468)

Charles I, duke of Bourbon (1401-1456)

Agnes of Burgundy (1407-1476)

Parents

Marie of Berry

John I, duke of Bourbon

Margaret of Bavaria

John the Fearless, duke of Burgundy

Grand­parents

Joanna of Armagnac

John, duke of Berry

Anna of the Auvergne, countess of Forez

Louis II, duke of Bourbon

Margaret of Brieg

Albert of Bavaria, count of Hainaut

Margaret of Flanders

Philip the Bold, duke of Burgundy

GreatGrandparents

John I of Armagnac Beatrice of Clermont

Bonne of Luxemburg

Peter I, duke of Bourbon Isabelle of Valois Beraud II, dauphin of Auvergne Jeanne, countess of Forez John the Good, king of France

Louis of Male Margaret of Brabant Louis IV, Holy Roman emperor Margaret II, countess of Hainaut Louis, duke of Brieg Agnes of Bohemia

Bonne of Luxemburg

Great-GreatGrandparents John the Good, king of France

John of Luxemburg Elizabeth of Bohemia

John of Luxemburg Elizabeth of Bohemia

Great-Great-GreatGrandparents

Appendix B: Ancestors of Isabella and Jacques of Bourbon (the pleurants on Isabella’s tomb, as listed by Daniel Papebroch are underlined)

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Sherry C.M. Lindquist 

9.  Beauty and the Beasts Rereading the Hours of Mary of Burgundy* The tour-de-force illusionistic miniature of a princess at prayer in the Vienna Hours of Mary of Burgundy has secured this manuscript a place in the Western art-historical canon (Ill. 1).1 That is to say: it functions in a narrative in which a concept of “art for art’s sake” is thought to originate in Classical Antiquity, and is revived and superseded by Renaissance and modern artists who mastered the representation of nature on the way to transcending it through pure, abstract forms. Here the artist, named the Master of Mary of Burgundy, makes a single illusionistic space of the central miniature and its margins, thus bringing the Albertian window, linear perspective, and a Renaissance sensibility to book design.2 Drawing on the philosophy of Ernst Cassirer, Erwin Panofsky argued that the regularization of this kind of illusionism in linear perspective constituted a “symbolic form”.3 Scholars such as William Ivins, Samuel Edgerton, A.W. Crosby, Martin Jay, and others, make the case for wide-ranging cultural implications of linear perspective, including scientific advances, concepts of the rights of individuals, and the development of the humanist subject.4 And yet, critics point out that these ideas were developed and codified during centuries of European exploration, conquest, imperialism,



* I would like to express my gratitude to Kristin Sazama and Jean-Baptiste D’Espinose, without whose kind support this paper could not have been written. Thanks are also due to Elizabeth L’Estrange, Jonathan Dumont, and two anonymous readers, for their astute suggestions. 1 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 14v. Facsimiles of this manuscript have been published by F. Unterkircher, Das Stundenbuch der Maria von Burgund. Codex Vindobonensis 1857 der Österreichischen Nationalbibliothek, Graz, 1993; E. Inglis, The Hours of Mary of Burgundy. Codex Vindobonensis 1857, Vienna, Österreichische Nationalbibliothek, London, 1995. The manuscript is now fully digitized on the website of the ÖNB. URL: http://digital.onb.ac.at/RepViewer/viewer. faces?doc=DTL_7456416&order=1&view=SINGLE. 2 O. Pächt, The Master of Mary of Burgundy, London, 1948, esp. pp. 25-28. Michael Camille describes the trompe l’œil borders in fifteenth-century Flemish manuscripts as examples of the “demise of the marginal tradition” and “the end of the edge” (M. Camille, Image on the Edge. The Margins of Medieval Art, Cambridge [MA], 1992, pp. 153-160). 3 E. Panofsky, Perspective as Symbolic Form, New York-Cambridge, MA, 1991. 4 W.M. Ivins, On the Rationalization of Sight, with an Examination of Three Renaissance Texts on Perspective, New York, 1973; S.Y. Edgerton, The Renaissance Rediscovery of Linear Perspective, New York, 1975; A.W. Crosby, The Measure of Reality. Quantification and Western Society, 1250-1600, Cambridge-New York, 1997; M. Jay, Downcast Eyes. The Denigration of Vision in Twentieth-century French Thought, Berkeley, 1993.

Sherry C.M. Lindquist • Western Illinois University Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 161-179.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122538

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slavery, and colonialism, that the ideological construct of “Western Civilisation” functions to denigrate, distort, and/or cast as “other” both non-European societies, and that these “others” are “artless” and even “primitive.” Furthermore, when we rely on what has been called the “triumphant Renaissance” as a lens, we skew our understanding of even canonical Renaissance objects, foreclosing on their other, rich and layered meanings.5 The outsized attention by art historians to only a few miniatures in the Vienna Hours has led to the relative neglect of one of the most expansive, varied, and inventive marginal programmes in the period variously labelled “late medieval,” “Renaissance,” and “early modern”. The famous miniature of the lady reading in her oratory, presumed to portray Mary of Burgundy, takes on additional meanings when notions of centre and margin are considered in relationship to the facing folio (Ill. 22).6 Art historians generally assume that the scene unfolding behind Mary is meant to be a vision, or at least a product of Mary’s active devotional imagination.7 These two pages implicitly compare her experience to that of Saint Thomas Becket shown in the initial on the facing folio, in which the saint looks up from his prayer and beholds a vision of the Virgin and Child. But this folio with the prayer provides not only a model for Mary, but an anti-model: in the lower right margin of the opening, an ape swings a club at a bird in flight —an illustration of what Horst Jansen calls “a polar relationship between ‘body-apes’ and ‘spirit-birds’ that was a commonplace in marginal art” (Ill. 22).8 Because the princess’s location in the corner margin mirrors the position of the ape opposite, Anja Grebe suggests that it may call into question Mary’s attention to her devotions —to imply that like the ape, she is preoccupied with bodily rather than spiritual experiences.9 And it is true that Mary 5 For discussion of the “triumphant” versus “non-triumphant Renaissance”, see A. Nagel, The Controversy of Renaissance Art, Chicago-London, 2011. 6 Although the identification of the lady on Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 14v, cannot definitely be determined through specific heraldry or documentation, it is widely accepted that she is Mary of Burgundy, first proposed in the foundational study of the manuscript (F. Unterkircher and A.D. de Schryver, Gebetbuch Karls des Kühnen vel potius, Stundenbuch der Maria von Burgund, Graz, 1969). Subsequent literature is summarized in the authoritative T. Kren and S. McKendrick, Illuminating the Renaissance. The Triumph of Flemish Manuscript Painting in Europe, Los Angeles, 2003, pp. 137-141. For more on proposed identities of what appear to be contemporary figures on Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 14v, 43v, see below, pp. 181-190. 7 The classic article on the devotional imagination is S. Ringbom, Devotional Images and Imaginative Devotions. The Place of Art in Late Medieval Private Piety, in Gazette des Beaux Arts, ser. 6, 1969, pp. 159-170. There is a large literature on this topic, for example, see C. Harbison, Visions and Meditations in Early Flemish Painting, in Simiolus, t. 15, 1985, pp. 87-118; B.L. Rothstein, Sight and Spirituality in Early Netherlandish Painting, Cambridge-New York, 2005; the essays in Push Me, Pull You. Imaginative and Emotional Interaction in Late Medieval and Renaissance Art, ed. S. Blick and L.D. Gelfand, Leiden-Boston, 2011; A.K. Sand, Vision, Devotion, and Self-representation in Late Medieval Art, Cambridge, 2014. 8 H.W. Janson, Apes and Ape Lore in the Middle Ages and the Renaissance, London, 1952, p. 179. See also J. Wirth, Les Singes dans les marges à drôleries des manuscrits gothiques, in Micrologus, t. 8, 2000, pp. 429-444. 9 A. Grebe, Frames and Illusion. The Function of Borders in Late Medieval Book Illumination, in Framing Borders in Literature and Other Media, ed. W. Wolf and W. Bernhart, Amsterdam, 2006, pp. 43-68 (here 43-46).

Be au ty and the Be asts

is looking down and does not seem to see the vision of the Virgin and Child behind her, in contrast to the saint’s direct view. We cannot know for sure, of course, what the artist intended or how Mary responded. Even so, a motif in the margin of the opening of the book stages the productive tension in the larger decorative programme of the manuscript between sin and virtue, model behavior and negative example. It is when one considers the kaleidoscopic intervisual relationships and interweaving themes that crisscross its folios that posthumanist themes become apparent in this manuscript. Growing out of postmodernism, posthumanism does not take for granted the centered humanist subject. It deemphasizes the difference between humans and other animals and destabilizes the category of human by considering the possibilities and consequences of transcending human biology via technology.10 Posthumanism emerges out of our current moment to respond to the wide-ranging implications of computational technology on human-consciousness as well as concerns for the future of the human species and other animals in the face of climate change. And yet, it can be argued that the blurring of lines between human and not-quite-human or no-longer-human, and the notion that technology can help us be our best selves, are just as much at home in the fifteenth century as in the twenty-first.11 Theories of posthumanism help us to explore what it means to be human, to lose, or to transcend one’s humanity. Posthumanism explores this process in relationship to machines, as well as to animals, and imagined nonhuman or subhuman beings, like monsters. There is an argument to be made that Books of Hours operate as technology, that their open-ended imagery functioned as a kind of “identity machine” with which a reader might forge a better self.12 The interrelationship between texts and images offered Mary tools to hone her devotional practice, as explored by Erica O’Brien in this volume. A broader analysis of how devotional and secular imagery interact through the extensive marginal programme complicates things even more. A posthumanist lens disrupts standard interpretations that treat the page as an Albertian window through which we can view a likeness of Mary of Burgundy that captures something of her authentic self. Thus, it troubles traditional accounts of the development of portraiture as a genre; it allows us to see that the unified subject is an ideological

10 A key text of posthumanism is K. Hayles, How We Became Posthuman. Virtual Bodies in Cybernetics, Literature, and Informatics, Chicago, 1999. See also C. Wolfe, What is Posthumanism?, Minneapolis, 2010 (including a critique of Hayles); and R. Braidotti, The Posthuman, Cambridge, 2013. 11 As S. Herbrechter writes in his review of Rosi Braidotti’s The Posthuman, 2013, “The posthuman reminds ‘us’ that we have never been as human as humanism tried to make us believe. The myth of one humanity, based on universal values, an essential human ‘nature’ and human exceptionalism with regard to nonhuman others, has always worked to exclude some humans that didn’t correspond to the ideal which tacitly underlies the apparent universalism: there have always been fine gradations within the category of the human, according to gender, race, class, culture, nation, etc.” (Culture Machine. URL: http://www.nuvol.com/wp-content/uploads/2015/11/Posthuman-Braidotti.pdf, pp. 1-13 [here p. 6]). 12 “What if corporeality and subjectivity —themselves inseparable— potentially included both the social structures (kinship, nation, religion, race) and the phenomenal world (objects, gadgets, prostheses, animate and inanimate bodies of many kinds) across which human identity is spread?” ( J.J. Cohen, Medieval Identity Machines, Minneapolis, 2003, p. xii).

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construct, and one that privileges some subjects over others.13 It shows that in spite of Mary’s exalted sociopolitical rank, her gender proved an obstacle to her being considered fully (or optimally?) “human” according to the social hierarchies into which she was born. This paper considers one among the myriad themes generated by the thousands of images in Mary’s book: how the marginalia address anxieties about the capacity of women to rule —given that the young princess was the heiress to the affluent and politically unstable Burgundian territories.14

1. The Posthuman Margin Before offering the manuscript evidence for this new perspective on the Hours of Mary of Burgundy as a gendered, posthuman, identity machine, it makes sense to review the kinds of explanations made for marginalia in general, and for the marginalia of the Hours of Mary of Burgundy in particular. This study aims to complement rather than supersede previous explanations, taking as given that no single theory is adequate to the task of fully explaining the complex, layered meanings present in such a work, many of which are no doubt irretrievable. Margins in medieval art have long been proposed —by Meyer Schapiro and Ernst Gombrich, among others— as providing opportunities for artistic freedom in dialogue with the authoritative narratives asserted in its central spaces.15 Such opportunities persisted even as the nature of much late medieval manuscript production became more collaborative and commercial.16 While affirming the margin’s potential for opening up a “space of the imagination”, and even a “space of otherness”, Michael Camille concludes that the margins typically reinforce rather than subvert dominant ideologies and power structures.17 Jean Wirth’s study of marginalia sensibly cautions against reading too much into formulaic marginal motifs, especially considering that they often derive from common artist models.18 Indeed, as Antoine de Schryver has noted, manuscripts associated with the scribe and artists responsible for the Vienna Hours of Mary of Burgundy repeat motifs from what appear to be a standard repertoire.19 Bernard Bousmanne advises against ascribing great political, sociological or subversive weight

13 For a revisionist view of the history of portraiture, see S. Perkinson, The Likeness of the King. A Prehistory of Portraiture in Late Medieval France, Chicago-London, 2009. 14 On this topic, see also in this volume A. Pearson, Rulership, Ridership, and the Perils of Sealing, pp. 115-136. 15 In his 1970 review of L. Randall, Images in the Margins of Gothic Manuscripts, Berkeley, 1966, M. Schapiro calls marginal images “convincing evidence of the artist’s liberty” (M. Schapiro, Marginal Images and Drôlerie, in Id., Late Antique, Early Christian and Mediaeval Art, New York, 1979, p. 197). Ernest Gombrich echoes this view in his consideration of Renaissance ornament: E.H. Gombrich, The Sense of Order. A Study in the Psychology of Decorative Art, Ithaca, 1979, p. 251. 16 M.D. Orth, What Goes Around. Borders and Frames in French Manuscripts, in The Journal of the Walters Art Gallery, t. 54, 1996, pp. 189-201. 17 M. Camille, Image on the Edge, op. cit., pp. 65, 158. 18 J. Wirth, Les Marges à drôleries des manuscrits gothiques (1250-1350), Geneva, 2008, pp. 19-39. 19 F. Unterkircher and A.D. de Schryver, Gebetbuch Karls des Kühnen, op. cit., pp. 72-83.

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to recurring fantasies, jokes and satires in manuscript margins, asserting that their prime purpose was to amuse.20 Bret Rothstein proposes a hybrid model, arguing, quite astutely, that the manuscript encourages what he calls “a comparative and dynamic manner of viewing (and reading)” aimed to stimulate visualization.21 For Rothstein, a savvy reader consciously reacts to the lively relationship between text and image as part of a programme of spiritual improvement.22 “Correctly” reading the book was a matter of mental agility, “the ability to recognize points of contact between disparate visual stimuli, to strengthen those points and thus to bring both the stimuli and their referents into contact”.23 And yet, none of these reasonable, if sometimes contradictory, suggestions quite account for marginal motifs incorporating what seem to be uncomfortable or critical messages, including examples found in the Vienna Hours to be discussed here. Scribes and artists whose livelihoods depended on making luxury products for aristocratic courts would likely have been keen to avoid offending their patrons through reference to their potential political weaknesses or moral failings. In trying to understand the surprising socially fraught motifs that sometimes crop up in the margins of medieval manuscripts, the approaches and themes of posthumanism have some utility. In his classic study on Orality and Literacy, Walter Ong argues that writing is a technology that “re-structures consciousness”.24 If we similarly interpret images as a kind of technology, as Mary Carruthers does when she interprets the Plan of St. Gall as “a meditation machine”, the incorporation of images with writing makes for particularly high-tech books.25 Thus, posthuman precepts about how technology restructures human identity become relevant to the study of medieval manuscripts. In fact, although it is not clear where the notion originated, a number of scholars have begun to refer to Books of Hours as “technologies”; both Bret Rothstein and Beth Williamson have applied this term specifically to the Hours of Mary of Burgundy.26 Like any technology, devotional technologies extended human capacity, and the Book of Hours was understood to be a tool to forge a better soul through a programme

20 B. Bousmanne, Le Monde en désordre. Aux confins des marges médiévales, in Miniatures flamandes, 1404-1482, ed. B. Bousmanne, T. Delcourt and I. Hans-Collas, Paris-Brussels, 2011, pp. 112-125 (here p. 113). 21 B. Rothstein, The Rule of Metaphor and the Play of the Viewer in the Hours of Mary of Burgundy, in Image and Imagination of the Religious Self in Late Medieval and Early Modern Europe, ed. R.L. Falkenburg, W.S. Melion and T.M. Richardson, Turnhout, 2007, pp. 237-275, 245. 22 Ibid., p. 245. 23 Ibid., pp. 258-259. 24 W.J. Ong, Orality and Literacy. The Technologizing of the Word, London-New York, 2002, p. 77. 25 M. Carruthers, The Craft of Thought. Meditation, Rhetoric, and the Making of Images, 400-1200, New York, 1998, p. 229. 26 B. Rothstein, Rule of Metaphor, op. cit., p. 239. Williamson refers to the Hours as a “piece of technology, harnessed to the work of devotion”, in B. Williamson, “The Ordered Exercise of Intellection.” The Manipulation of Devotional Technologies, in Image, Memory and Devotion. Liber Amicorum Paul Crossley, ed. Z. Opačić and A. Timmermann, Turnhout, 2011, pp. 121-128 (here p. 123).

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of texts and images aimed at self-improvement.27 In luxury books, certain themes may have been deliberately personalized, very likely in consultation with a spiritual advisor. The details of how this was accomplished in the books’ graphic design was no doubt left to the artists, the professional experts in the powerful technology of the visual. Indeed, the ability of artists to devise particularly clever, innovative, affective, even daring, moralizing programmes may have created a demand for their work among practised readers. The moralizing mission of a Book of Hours did not presume a stable, unified subject, but a transforming subject. Artists provided multivalent, interactive, open-ended imagery to consumers habituated to seeking meaningful associations with a spectacularly rich environment of texts and images such as is represented by the Hours of Mary of Burgundy. Responses were not easily predictable, nor were they necessarily entertaining, even when the imagery seems appealing or humorous.28 The meanings and effects of texts and images could shift according to the viewer’s situation, as suggested by Elizabeth L’Estrange’s model of the “situational eye”.29 In the twenty-first century, digital technology makes it possible for something ordinary or unlikely to go viral, to take on unexpected importance in the difficult-to-control realm of the Internet. Content providers and late medieval illuminators may study past attempts, and learn formulas and conventions for creating successful imagery, but that is not enough to guarantee success. What posthumanist scholar N. Katherine Hales calls inscription technologies (i.e. manuscript, print, digital) can shape what the sociologist/geographer Nigel Thrift calls a “technological unconscious” influenced by things like repetition, positioning, and juxtaposition.30 It was the powerful technology of the illustrated book itself that was prone to generating unexpected meanings, all of which we cannot presume to have been anticipated by the artists, since the connotative potential of the rich imagery they created is inexhaustible. Thus, the illuminated book can be said to have a kind of agency of its own, as suggested by the anthropologist Alfred Gell, whose foundational writings on Art and Agency are being refined and used profitably by historians of medieval and early modern art.31 A new understanding of the technological unconscious, made possible by our current moment, expands our understanding of the workings of medieval marginalia.

27 The classic work on technology as an extension of human capacity is M. McLuhan, Understanding Media. The Extensions of Man, New York, 1964. 28 See Madeline Caviness’s rereading of marginalia in the Hours of Jeanne d’évreux from the perspective of the queen as a young bride in M. Caviness, Patron or Matron? A Capetian Bride and a Vade Mecum for Her Marriage Bed, in Speculum, t. 68, 1993, pp. 333-362. 29 E. L’Estrange, Holy Motherhood. Gender, Dynasty and Visual Culture in the Later Middle Ages, Manchester, 2008. L’Estrange adapts the influential notion of the “period eye” expounded by M. Baxandall, Painting and Experience in Fifteenth-Century Italy, Oxford, 1972, pp. 29-108. 30 K. Hayles, After Shocks. Posthuman Ambivalence, in Postmedieval. A Journal of Medieval Cultural Studies, t. 1, 2010, pp. 262-273 (here p. 267); N. Thrift, Remembering the Technological Unconscious by Foregrounding Knowledges of Position, in Society and Space, t. 22, 2004, pp. 175-190 (here p. 177). 31 A. Gell, Art and Agency. An Anthropological Theory, Oxford-New York, 1998. For recent discussion and additional bibliography relevant to late medieval art, see G. Jurkowlaniec, I. Matyjaszkiewicz and Z. Sarnecka, The Agency of Things in Medieval and Early Modern Art. Materials, Power and Manipulation, New York-London, 2018.

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The agency implicit in material things works in concert with human agency, and interpretations of the technological unconscious must take into account the historical “situation” that shaped the response of its audience. To illustrate, I consider aspects of the marginalia of Mary’s manuscript with the potential to generate meanings specific to the political crisis in which the Ghent artists and their newly orphaned sovereign found themselves when the manuscript was produced.

2. Making Mirrors for Princes and Princesses Although “mirrors for princes” —works of political theory describing the ideal prince as well as offering pragmatic strategies meant to advise rulers— may seem far afield from devotional books, the intense desire to influence sovereigns in medieval and early modern courts meant that this sort of imagery migrated to other genres and media.32 Lavish, personalized Books of Hours presented likely opportunities for such discourse, especially since they were significant enterprises involving multiple parties, including spiritual advisors. In the case of Mary’s prayer book, it is probable that the formidable dowager Duchess of Burgundy Margaret of York —Charles’s third wife and Mary’s stepmother— was involved.33 Although historians often emphasize Books of Hours as personal objects for private devotion,

32 For a comparative approach and introduction to the literature on the mirror of princes, see R. Forster and N. Yavari, Global Medieval. Mirrors for Princes Reconsidered, Boston-Cambridge (MA), 2015; for analysis of late medieval illuminations in relationship to mirror-for-princes themes, see A.D. Hedeman, Translating the Past. Laurent de Premierfait and Boccaccio’s De casibus, Los Angeles, 2008. 33 O. Pächt and D. Thoss (Die illuminierten Handschriften und Inkunabeln der Osterreichischen Nationalbibliothek. Flämische Schule ii, ed. O. Pächt and D. Thoss, Vienna, 1991, p. 1189) proposed that Margaret of York commissioned the manuscript for herself, and that it is Margaret pictured on Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 14v. Anne van Buren first endorsed and then modified this hypothesis by suggesting that Margaret of York commissioned the manuscript for her stepdaughter in her review of Die illuminierten Handschriften, op. cit., in Speculum, t. 68, 1993, pp. 1187-1190; and A. van Buren, A Window on Two Duchesses of Burgundy, in Tributes in Honor of James H. Marrow. Studies in Painting and Manuscript Illumination of the Late Middle Ages and Northern Renaissance, ed. J.F. Hamburger and A. Korteweg, London-Turnhout, 2006, pp. 505-520. In the latter, Van Buren proposes that Margaret is included among the ladies (dressed in blue and gold) on fol. 14v, that the male figure on fol. 14v may be meant to represent Mary’s future husband, the Holy Roman Emperor, Maximilian I (ibid., p. 515). Erica O’Brien makes the case that this is Mary’s mother, Isabella of Bourbon. See E. O’Brien, Mothers and Daughters. Isabella of Bourbon in the Vienna Hours of Mary of Burgundy, pp. 181-190, in this volume. It seems plausible that Margaret played some role in commissioning or advising aspects of this manuscript because of her significant activity as a collector of manuscripts, her close relationship to Mary of Burgundy, and evidence of English preferences in the book, such as the prominent prayer to Thomas Becket opposite the donor portrait on fol. 14v, and the banner with the arms of England on fol. 45r discussed below. I believe the figure is generic enough to evoke either or both of the important mother figures in Mary’s life. For the manuscript collections of Mary of Burgundy and Margaret of York and additional bibliography, see H. Wijsman, Luxury Bound. Illustrated Manuscript Production and Noble and Princely Book Ownership in the Burgundian Netherlands (1400-1550), Turnhout, 2010, pp. 190-201.

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they had a communal, semi-public character, and were made with legacy in mind.34 In a court context, they were material testimony to their owners’ piety, considered an important quality of good rulers. Both Mary of Burgundy and Margaret of York were likely evoked in flattering imagery of Burgundian ladies shown with intimate access to Mary and Christ in the famous oratory miniatures (Ill. 1 and 23).35 Even though in the first miniature Mary is shown seated demurely with downcast eyes, “a conventional lady of piety”, the miniature nevertheless presumed the active, discriminating gaze of the duchess looking at herself.36 In one possible reading, it constructs an individual, who, through her own actions of pious reading and prayer, forges an advantageous female community: both on earth with the dowager duchess and her ladies, and in heaven with the Virgin.37 The circumstances of production and reception of this extraordinary book contributed to its utility as an “identity machine” for a young princess about to ascend to a position of power. This becomes clearer when one studies the famous miniatures by the Master of Mary of Burgundy in light of the larger decorative scheme of the book, rather than in isolation, as has so often been done. Although this paper cannot do justice to the whole book, a brief orientation to this dauntingly complex manuscript is called for. Anne van Buren characterizes it as, a “heterogeneous volume of disrupted gatherings and many styles […] with anomalies in its decoration”, which she sees as “scars of successive modifications of the program”.38 The scribe Nicolas Spierinc was responsible for the layout, which was probably conceived in coordination with the principal illuminator, Lieven van Lathem.39 Scribe and artist no doubt consulted with the patron(s) Margaret of York and/or Mary of Burgundy, and likely also a spiritual advisor.40 Anne van Buren supports the idea that multiple artists were needed to swiftly assemble the final manuscript in response to Charles the Bold’s death in 1477 and the subsequent need to settle on a husband for the heiress; she speculates that because the book was bound before Mary’s marriage officially took place, the coats of arms were left blank.41 In addition to works by Van Lathem and his workshop, who

34 See, for example, E. Duffy, Marking the Hours. English People and their Prayers, 1240-1570, London, 2006. 35 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 14v, 43v. 36 A. Roberts, The Posthumous Images of Mary of Burgundy, in Women and Portraits in Early Modern Europe. Gender, Agency, Identity, ed. A.G. Pearson, Aldershot, 2008, pp. 55-71 (here p. 56). 37 A.G. Pearson, Envisioning Gender in Burgundian Devotional Art, 1350-1530. Experience, Authority, Resistance, Aldershot, 2005, p. 51. 38 A. van Buren, A Window on Two Duchesses, op. cit., p. 505. 39 A.D. de Schryver identifies Spierinc as the scribe and even makes the case that the scroll held by a lady in the margin of Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 94v, is an anagram of Spierinc’s name, in F. Unterkircher and A.D. de Schryver, Gebetbuch Karls des Kühnen, op. cit., pp. 45-50, 95-97. 40 See De Schryver’s discussion of Spierinc and Van Lathem’s working process in making a prayer book for Mary’s father, Charles the Bold of Burgundy (A.D. de Schryver, The Prayer Book of Charles the Bold. A Study of a Flemish Masterpiece from the Burgundian Court, Los Angeles, 2008, pp. 236-246). 41 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 44v, 57v, 129v-130r. See A. Van Buren, A Window on Two Duchesses, op. cit., pp. 512-513. It may also be that Spierinc and Van Lathem parcelled out commissions to select collaborators as a way of solidifying professional relationships.

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were responsible for the majority of the illuminations in the manuscript, there are illuminations by the eponymous Master of Mary of Burgundy (Ill. 1 and 23);42 Simon Marmion;43 William Vrelant or his workshop;44 the Master of the Burial Scenes;45 the illuminator of the miniatures introducing the prayer O intemerata and the reading from John;46 and a (Dutch?) illuminator responsible for the opening introducing the Hours of the Virgin.47 The heterogeneous nature of this manuscript is consistent with many others from this period, and was likely an intended and desired aesthetic, one in which visual variety was employed to surprise and delight at every turn, to generate new and unexpected meanings for readers.48 Even though the multiple stages of production and personalities involved make it unlikely that there was a systematic approach to iconography in Mary’s Hours, instances in which the images coordinate with nearby texts nevertheless necessitate a fair degree of planning.49 Highly suggestive for assessing the ways in which artists tailored marginal imagery to Mary of Burgundy are comparisons between motifs in this manuscript and those appearing in the prayer book of Mary’s father, Charles the Bold, orchestrated by the same scribe/artist team responsible for the Hours of Mary of Burgundy just several years earlier.50 The latter volume was undoubtedly intimately known by both the 42 43 44 45 46 47

Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 14v, 43v, 94v, 99v. Ibid., fol. 35v. Ibid., fol. 51r. Ibid., ff. 146v-147v. Ibid., ff. 24r, 27r. Ibid., ff. 56v-57r. For discussion, see T. Kren and S. McKendrick, Illuminating the Renaissance, op. cit., pp. 137-141; and A. van Buren, A Window on Two Duchesses, op. cit., with additional bibliography. 48 Friedrich Winkler conjectured that a manuscript functioning as a kind of gallery of popular artists would have been desirable to patrons of the period: F. Winkler, Die Flämische Buchmalerei des xv. und xvi Jahrhunderts, Leipzig, 1925, p. 204, as cited by E. Inglis, The Hours of Mary of Burgundy, op. cit., p. 11. Anja Grebe discusses the manuscript as a conceptual collection in her dissertation: A. Grebe, Die Ränder der Kunst. Buchgestaltung in den burgundischen Niederlanden nach 1470, PhD Thesis, Universität Konstanz, 2000, pp. 241-245. 49 See Erica O’Brien’s discussion of the relationship between miniatures by the Master of Mary of Burgundy and nearby texts in the Vienna Hours (E. O’Brien, Mothers and Daughters, op. cit., pp. 181-190). In addition to correspondences I suggest below, Anne van Buren observes angels near the words, laus angelorum (Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 37v-38r); a blind man and his dog below the word fides (ibid., fol. 39r); girls with passion flowers beneath a prayer on the Passion (ibid., fol. 45v); and beggars beneath nobis miseris peccatoribus (ibid., fol. 47v): A. van Buren, A Window on Two Duchesses, op. cit., p. 511. Eric Inglis observes a lamb of God pictured below the words agnus dei (Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 40v); an image of Christ showing his wounds beneath a prayer to the sacrament (ibid., fol. 41r); an aerial, or “God’s eye view” of a man beneath the words of Ps 5, 9: “Direct my way, O Lord, my God, in thy sight” (ibid., fol. 166r); and other instances in which the margins have evident though less explicit relationships to nearby texts and images (E. Inglis, The Hours of Mary of Burgundy, op. cit., pp. 53-55, 57). 50 Los Angeles, JPGM, MS Getty 37. The luxury facsimile of this manuscript published by Faksimile Verlag (A. de Schryver and T. Kren, i. Das Gebetbuch Karls des Kühnen. MS. 37, The J. Paul Getty Museum, Los Angeles. ii. Das Gebetbuch Karls des Kühnen / The Prayerbook of Charles the Bold, Lucerne, 2007) has been translated into English and made more broadly available: A. de Schryver, The Prayer Book of Charles the Bold. A Study of a Flemish Masterpiece from the Burgundian Court, Los Angeles, 2008.

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artists and patrons of Mary’s Book of Hours. It appears that looking for quotations and meaningful adaptions from prestigious books was a habit of viewing among the elite bibliophiles of fifteenth-century court culture.51 Thus, it hardly seems coincidental that one of Van Lathem’s signature motifs appearing in Charles’s prayer book, the comic tournament (Ill. 24A),52 which had been repeated from the prayer book of Charles’s own father, Philip the Good —also by Van Lathem—53 is incorporated into the Book of Hours for Mary —but with a significant twist (Ill. 24B).54 One of the hybrid knights, parodically hyper-masculinized in Charles’s book by showing its tail lifted to expose its anus and testicles, is replaced by a female ape who wields a shuttle and spindle instead of a lance. This witty transformation seems to call attention to the fact that the artists were customizing their familiar drolleries for a female audience. Personalization of this sort is a kind of flattery, to be sure, but it may have engendered —perhaps inadvertently— a particular tension in the intended viewer nonetheless. For the scribe and artists of the Hours of Mary of Burgundy belonged to the bourgeois class whose leaders were, at the moment the book was being made, holding her a virtual prisoner in Ghent, and who had just pressured her to sign the Great Privilege, conceding many more rights to the town than her father had allowed.55 This self-conscious substitution of one of the knightly combatants borrowed from a book associated with her bellicose father with an unarmed female ape might have been discomfiting to a princess struggling to establish her authority over a rebellious city —especially considering that it was placed in the margin of the suffrage to St. Bavo, the patron saint of Ghent. That the artists are playing with the gender of the drolleries in their standard repertoire as a way of customizing the book for their female patron is further confirmed by the additional ways in which Mary’s prayer book is feminized. For example, the marginal programme of her book far exceeds Charles’s in the number and variety of mammary glands. These include the female ape in the comic tournament56 and four more apes that also appear to be female.57 There are also: a sow holding a distaff and spindle giving suck to two piglets with her six engorged teats;58 an enigmatic naked blue woman balancing on the back of a unicorn;59 a naked mermaid with a comb admiring her blond locks and

51 See, for example, E. L’Estrange, Holy Motherhood, op. cit., pp. 150-151; and J.H. Marrow, History, Historiography, and Pictorial Invention in the Turin-Milan Hours, in In Detail. New Studies of Northern Renaissance Art in Honor of Walter S. Gibson, ed. L.S. Dixon, Turnhout, 1998, pp. 1-14. 52 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 45r. 53 Paris, BnF, MS Naf 16428, fol. 48r. 54 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 123r. 55 There is a prodigious literature on the consequential events in the months following Charles the Bold’s death in 1477. For a lucid account with additional bibliography, see J. Haemers, For the Common Good? State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy, 1477-1482, Turnhout, 2009. 56 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 123v. 57 Ibid., ff. 31r-v, 32r-v. 58 Ibid., fol. 31r. 59 Ibid., fol. 158v.

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shapely bosom in a mirror;60 a lovely blond nude dancing with a veil (Ill. 25A);61 a hairy wildwoman framed by strawberry plants (Ill. 25B);62 and another wildwoman suckling a child with breasts shown clear of fur just around the nipples (Ill. 28B).63 Other hybrids and hermaphroditic figures have breasts or other female features, but seem masculine in some way —bald, and/or bellicose. A blue armed, bare-footed, bearded bell-ringer is inexplicably provided with pendulous flesh-coloured breasts;64 a blue-headed large-breasted hybrid with matted hair and furry eyebrows emerges from a flower and blows a horn;65 another horn-blowing hybrid with a five-o’clock shadow nevertheless has two heavy breasts projecting from its snakelike body;66 a bald bat-winged archer is shown drawing its arrow across shapely breasts;67 and a naked, sword-wielding sciopod seated on a blossom has both beard and breasts.68 By contrast, there are only two marginal figures in the Prayer Book of Charles the Bold that can be read as having female breasts: a pair of winged centaurs with bare torsos taking aim with a bow at a bird and a dragon, respectively.69 The emphasis on female secondary sex characteristics in Mary’s book coexists uneasily with genteel betrothal imagery like faithful dogs and forget-me-nots, and the heartsease (viola flower), which symbolized new love.70 Perhaps the rabbits, and the ubiquitous presence of mating pairs of birds, appearing only in Mary’s book, are also there to highlight the need for Mary to marry and produce heirs (Ill. 29B).71 It is also notable that the artists treat male anatomy differently in Mary’s book. In both volumes, penises and testicles only appear on animals and other non-human creatures (with the exception of babies, including the Christ Child). Most of these penises are quite inconspicuous, but even the barely visible penises remind us that the artists had to consciously decide whether or not to include genitals for the beings portrayed as male, female, or ambiguous. Charles’s book has more than twice as many penises as Mary’s.72 And they have a proportionately larger impact, given that the decorative programme in Mary’s book is more expansive. A comparison of the 60 Ibid., fol. 166v. 61 Ibid., fol. 170v. 62 Ibid. 63 Ibid., fol. 37r. 64 Ibid., fol. 163v. 65 Ibid., fol. 161r. 66 Ibid., fol. 147v. 67 Ibid., fol. 174v. 68 Ibid., fol. 184v. 69 Ibid., fol. 30r-v. 70 A. van Buren, A Window on Two Duchesses, op. cit., pp. 512-513. Dogs appear on Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 20r, 48r, 52v, 68r-v, 70r-v, 76v, 78v, 89v, 112r-v, 144r, 180r-v. Forget-me-nots appear on over 50 folios, for examples, on ibid., ff. 7r-v, 85r-v, 177r-v. Heartsease, too, appears more than 50 times, for examples, on ibid., ff. 4r-v, 69r-v, 162v. For lovers, see ibid., ff. 5r, 7r, 98r. 71 Although rare in Charles’s book, paired birds apparently belonging to the same species appear on most folios of Mary’s book. In a handful of cases, the birds are (likely) shown actually mating — though these might also be interpreted as violent squabbles (ibid., ff. 16r-v, 18r, 19v, 20r-v, 21r-v). 72 Mary’s book: Vienna, ÖNB, Cod. 1857, has 13 penises; Charles’s book: Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, has 27.

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books suggests that size matters. Some penises are so small that they practically need magnification to confirm they are there.73 Some are more or less inconspicuous —one has to look twice to notice them.74 And others seem emphatically large, sometimes with an oversized hind-view of testicles.75 In sum, Charles’s book has more and bigger male genitalia. Furthermore, erections seem to have different meanings in their respective manuscript contexts. Charles’s book features two marginal dragonish creatures with frontal (erect?) penises. These creatures are engaged in combat with other marginal figures,76 and seem to indicate uncontrolled bestial qualities —an antimodel to be avoided. By contrast, the one animal in Mary’s book with an apparent erection is a lion, which cannot but evoke the lion of Flanders, especially since it is shown holding a blue heraldic banner with gold scrolls similar to the extant banners captured from Charles the Bold after he was defeated by the Swiss at Grandson and Nancy (Ill. 26).77 The lion is placed in the Office of the Dead in Mary’s book. If this folio were painted following Charles’s death in battle, perhaps the lowered banner commemorated the formerly potent duke. It is near the text reassuring the reader that “Our Lord keepeth strangers, the fatherless and widow”.78 At the moment the book was made, this may well have been a particularly meaningful passage to the newly orphaned Mary of Burgundy, and her newly widowed stepmother, Margaret of York. In the Hours of the Cross, another heraldic-looking lion, this one with a barely noticeable phallus, holds an upright banner, red with a gold lion passant, a potential evocation of the lion of England. Perhaps this is a reference to Margaret of York, provided as a matching heraldic remembrance in her stepdaughter’s book.79 Regardless of whether the banner-bearing lions were meant to refer to specific people, depictions of the lion of Flanders with prominent phallus and testicles and/or military banners visualize a disconnect between the female ruler who owned the book and the masculinized symbol of her secular power.80 Another phallic lion appearing at 73 Mary’s book: Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 2r, 33v, 141r; Charles’s book: Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, ff. 14r (2), 36r, 50v. 74 Mary’s book: Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 8r, 9r-v, 74v, 125v; Charles’s book: Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, ff. 19v, 22r, 23v (3), 31v, 38r, 41v (2). 75 Mary’s book: Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 4r, 33v, 129r, 152v; Charles’s book: Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, ff. 15v (3), 22r, 29r, 31v, 33r, 36r, 49v, 67v, 111v. 76 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 31v, 36v. 77 Ibid., fol. 152v. See E. Inglis, Hours of Mary of Burgundy, op. cit., p. 15; illustrated in F. Deuchler, Die Burgunderbeute, Bern, 1963, pl. 1, nr 79. 78 Dominus custodit advenas, pupillum et viduam suscipiet (G. Gunhouse, A Hypertext Book of Hours. URL: http://medievalist.net/hourstxt/deadves.htm.). 79 A. Van Buren, Window on Two Duchesses, op. cit., p. 512, first suggested that the lion with the red banner refers to Margaret of York. 80 In Mary’s book, lions supplied with penises appear on Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 8r, 45r, 74v, 129r, 152v; lions arranged to appear without displaying genitalia appear on ibid., ff. 8v, 90r, 105r, 120r, 115v, 111v, 115r-v. In Charles’s book, four of the six lions have evident genitalia (Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, fols 19v, 22r, 29r, 111v); another’s genitals are emphasized but obscured by the hand of a wildman attacking it (ibid., fol. 18r); and one is difficult to tell (ibid., fol. 71r).

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the opening of the seven penitential psalms is personalized to the princess, as discussed below. In Mary’s book, there is also a collection of humans and semi-humans with phallic lances, swords, clubs, and hobbyhorses as well as testicular bagpipes that do not appear (save one bagpiper) in Charles’s book.81 The jokey references to penis substitutes and to breasts in Mary’s book do not seem arbitrary —neither do the gendered references to heraldic lions, nor the replacement of a male warrior with a female ape in the comic tournament. In fact, the artists create a series of genital jokes that exploit the practical visual strategy and work-saving technique of repeating drolleries on the recto and verso of the same folio. The first drollery in the manuscript is a web-footed hybrid in the calendar, whose microscopic penis is replaced with a fierce genital mask when you turn the page.82 Later in the calendar, a bighorn sheep, identifiable as male by its curly horns, turns into a female with straighter horns on the verso.83 In several cases, the artists add and subtract penises: the lion on the bas-de-page of July loses its penis when you turn the page,84 and later in the manuscript, a centaur warrior gains one.85 An unexpectedly endowed transgendered lute-playing centaur on fol. 124r (Ill. 27A) loses their penis on the verso (Ill. 27B). On the very next folio,86 a smooth-groined hybrid soldier on the recto gains a penis on the verso. The repetition of these kinds of motifs, and the fact that they do not appear in Charles the Bold’s book, make it likely that such details were deliberate references to the future owner’s gender, and not unintended coincidences. Another apparently gendered difference between the prayer books of Charles and Mary seems significant: Mary’s Hours show a marked emphasis on simians and wildmen/women —containing around sixty simians and almost a dozen wild people (among other semi-humans) compared to a total of only six simians and two wildmen in her father’s book.87 These themes in Mary’s book may be connected to a political milieu where female rulers faced inconsistent and paradoxical attitudes about the power of women.88 Such attitudes reflect a long history of misguided scientific and theological notions about women’s putative lesser rational capacity and propensity

81 In Mary’s book, see Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 47v, 52v, 77r-v, 107r, 154r, 162r-v; Charles’s book contains one bagpiper on Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, fol. 34v. 82 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 2r-v. 83 Ibid., fol. 4r-v. 84 Ibid., fol. 8r-v. 85 Ibid., fol. 33r-v. 86 Ibid., fol. 125r. 87 Simians appear in the margins of Mary’s book: ibid., ff. 10r-v, 15r-v, 17r-v, 24r-v, 27r, 29r, 31r-v, 32r-v, 36v, 49r, 62r, 63r, 64r-v, 72r, 73r-v, 76v, 78r-v, 79v, 80r-v, 82r-v, 85r, 89v, 90r, 95r, 102r, 103v, 107r, 111v, 117r, 120r, 123r, 134v, 137r, 138r-v, 143v, 154r, 159r, 164r, 171v, 179r. Wildmen/women appear also: ibid., ff. 37r, 57v, 100v, 108r, 158v, 163v, 167r, 170v, 179v, 185r. Simians and wildmen/women in Charles’s prayer book (Los Angeles, JPGM, MS Getty 37) appear on ff. 15v, 18r, 30r, 32v, 36r, 41v, 48r. 88 See é. Bousmar, Neither Equality nor Radical Oppression. The Elasticity of Women’s Roles in the Late Medieval Low Countries, in The Texture of Society. Medieval Women in the Southern Low Countries, ed. E.E. Kittell and M.A. Suydam, New York, 2004, pp. 109-127.

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to sexual sin —both views used to justify the place of women as subject to men.89 In his ambivalent discussion of “monstrous” peoples, St. Augustine identified the core elements of being human: reason and mortality.90 Those who are ruled by the flesh rather than the rational soul —as women were thought to be— distance themselves from reason, and deficiency of the rational soul placed one’s humanity in question. Lack of rational capacity was thought to diminish the ability to recognize God, as exhibited by heretics, infidels, pagans, and sinners. The medieval imaginary is populated with categories of subhuman beings whose hold on reason was thought precarious or non-existent, whose irrational ways could serve as object lessons for those still able to repent. Such creatures include mythical hybrids like centaurs and mermaids, the monstrous races, wildmen, and simians, whose meaningful role in medieval and Renaissance art Horst Janson masterfully explored in his classic work on Apes and Ape Lore.91 A certain group of simians in Mary’s book is depicted in ways that show they cannot control their passions: exposing their anuses (Ill. 28C),92 showing an inappropriate interest in the anuses of other creatures (Ill. 28C),93 battling other creatures,94 dancing,95 and playing what was likely understood to be secular, passion-inducing music.96 Their licentious, undisciplined behavior justifies fettering the apes, as depicted twice in Mary’s Hours.97 Moralists equated the image of the fettered ape with the sinner metaphorically chained by misdirected desires.98 The connection between the sinful simians and the human reader in Mary’s book is reinforced by apes that mimic humans by wearing human clothes and engaging in human activities. Most of these apes seem to be mimicking types with whom Mary would be unlikely to identify closely: they wear what appear to be male garments;99 they mimic male professions like doctors,100 merchants,101 and clergy;102 they mock

89 For an overview of such attitudes, see D. Elliott, Gender and the Christian Traditions, in The Oxford Handbook of Women and Gender in Medieval Europe, ed. J.M. Bennett and R.M. Karras, OxfordNew York, 2013, pp. 21-35. 90 Augustine of Hippo, City of God, trans. M. Dods, New York, 1886, p. 721; published online by Christian Classics Ethereal Library. URL: http://www.ccel.org/ccel/schaff/npnf102.pdf. 91 H.W. Janson, Apes and Ape Lore, op. cit. See also J. Wirth, Les Singes, op. cit. 92 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 36v, 134r-v, 164r. 93 Ibid., ff. 36v, 78r-v, 95r. 94 Ibid., ff. 15r-v, 117v. 95 Ibid., fol. 111v. 96 Ibid., ff. 31v, 63r, 76v, 80v, 82r-v, 90r, 179r. B. Rothstein proposes that the anus-exposing ape on ibid., fol. 134v, acts out a competitive relationship between word and image, artist and scribe: “This interaction is particularly frisky, for the scribe has a tendency to endow his anthropomorphic flourishes with elaborate tongues —a theme that, in this particular variation, implies that script will perform analingus on its marginal counterpart” (B. Rothstein, Rule of Metaphor, op. cit., p. 245). 97 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 73v, 171v. 98 H.W. Janson, Apes and Ape Lore, op. cit., pp. 146-147. 99 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 24r-v, 27r, 29r, 62r, 79v, 80r, 85r, 89v. 100 Ibid., fol. 49r. 101 Ibid., fol. 10r. 102 Ibid., fol. 72r.

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the laboring classes.103 The simian sideshow parodying wide swathes of society may take the edge off critical images that mirror the actions of the reader herself. For example, as B. Rothstein points out, the presumably unenlightened reading by the apes on fol. 138r & v is in dialogue with the beneficial reading referenced not only in the famous window miniatures by the Master of Mary of Burgundy,104 but also by the marginal depictions of an angel opening a book toward the reader,105 and a devout nun with a book sharing an opening with Moses and his tablet.106 Such contrasts made it easy for the reader both to recognize moralizing messages and distance herself from the objects of mockery by identifying with more positive images in the book. Even so, some of the sexual motifs seem to embed contradictory messages, given that the book was made for the future mother upon whose fertility the viability of the Burgundian state rested. In fact, an alternative suggestion of the motivating impulse for this book’s creation is that it was not made on the occasion of Mary’s marriage, but in advance of the birth of her second child, Margaret of Austria (b. 1480).107 A sequence of maternal apes, boars, and wild women —not found in Charles the Bold’s book— convey ambivalent attitudes about sex and motherhood. Certain apes and boars shown with distaffs108 appear to demonstrate positive interactions between parent and progeny, but perhaps their animal nature was enough to convey negative connotations, especially considering that the distaff, by the later Middle Ages, was associated with harridans and witches.109 The apes tending to their offspring in cradles110 may evoke tales about wicked apes who snatch human babies from their cradles and replace them with their own infants.111 It is notable that one of these is seated on a block and chain, recalling the negative connotations associated with the fettered ape.112 But then again, perhaps these are less sinister mother apes who are merely entertaining in their imitation of human practices. Would a reader compare this mother ape who funnels milk to her infant with a horn to the miniature in which the Virgin lovingly nurses the Christ Child at the breast (Ill. 29A-B)?113 How would the aristocratic female reader have situated herself in relationship to this contrast? What attitude did it convey about noblewomen like Mary who typically did not breastfeed like the Virgin, but engaged wet nurses? Another maternal simian scene114 also diverges somewhat from the common exemplum. The standard tale derives from medieval bestiaries, in which a mother ape fleeing a hunter abandons her beloved child, while 103 Ibid., ff. 143v, 164r. 104 Ibid., ff. 14v, 43v. 105 Ibid., fol. 136r. 106 Ibid., ff. 102v, 103r. See B. Rothstein, Rule of Metaphor, op. cit., pp. 261-262. 107 See ibid., p. 238, n. 4; A.G. Pearson, Envisioning Gender, op. cit., p. 56. 108 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, ff. 17r-v, 31r. 109 T. Husband, G. Gilmore-House and Cloisters (Museum), The Wild Man. Medieval Myth and Symbolism, New York, 1980, p. 139. 110 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 73r-v. 111 H.W. Janson, Apes and Ape Lore, op. cit., p. 173. 112 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 73r. 113 Ibid., fol. 24r. 114 Ibid., fol. 120r.

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its hated twin clings to her back and survives (Ill. 28A). The despised offspring was commonly interpreted to represent over-attachment to earthly passions and/or material things —a moralizing meaning in keeping with the too-passionate simians and other misbehaving marginalia in Mary’s book.115 But the hunter here is replaced by another ape, making this seem like a family grouping, possibly to be contrasted with a family of wild people pictured at the bottom of folio 37r (Ill. 28B). They are unusually appealing for a savage family, pleasingly proportioned, with well-kept hair on their heads and inviting smiles; the squirming infant nuzzles the mother’s breast in a tender gesture that recalls the affectionate relationship of the Virgin and Christ Child pictured a little earlier in the book (Ill. 29B).116 A moralizing antimodel is not so apparent here. This nuclear family of wild people seems to deliberately oppose not only the sinful simian family represented later in the book, but also the non-productive sexuality of the apes on the facing folio (Ill. 28C),117 where one playfully points the sharp end of a one of Spierinc’s cadels at the exposed anus of another. Elsewhere, tamed wildmen hold aloft heraldic shields,118 a worthy function shared in the book by angels119 and lovely maidens.120 The appeal of these wild people makes it easier to collapse the distance between them and the reader, even though identification with nonhuman beings thought to have an inferior, sinful nature could be uncomfortable. Such ambiguity intensifies the potential for an active, soul-searching response to a complicated marginal programme in which semi-humans, mythical creatures, animals, angels, and heraldic beasts, as well as humans of different sacred status, professions, classes and genders all interrelate. The number and variety of such creatures in Mary’s book is a notable feature that distinguishes her book from that of her father.121 And while both books feature an array of battling fauna, marginal characters in Charles’s book are engaged in unusually prominent, viciously violent encounters featuring prone victims with agonized expressions on their faces (e.g. Ill. 31A-B).122 Perhaps the emphasis on anger and violence in the margins of Charles the Bold’s personal prayer book addressed what was perceived to be the notoriously hot-headed duke’s most urgent areas of potential self-improvement.123 The concern expressed by the riotous semi-human menagerie in Mary’s Hours alternatively addresses worries raised by her singular status as the female heir to one of the wealthiest, most powerful, and contested realms in Europe. 115 H.W. Janson, Apes and Ape Lore, op. cit., p. 36. 116 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 24r. 117 Ibid., fol. 36v. 118 Ibid., fol. 57v. 119 Ibid., fol. 44v. 120 Ibid., ff. 51v, 52r. 121 In addition to the simians and wildmen listed in n. 87 above, there appear a large number of centaurs (ibid., ff. 2r-v, 9r-v, 21r-v, 25r-v, 33r-v, 88v, 123r, 124r-v, 125r-v, 157v, 180r), and a couple of sciopods (ibid., ff. 169v, 184v). 122 See, for example, Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, ff. 17r, 22r, 26r, 29r, 49v, 106r. 123 See the political biography by R. Vaughan, who characterizes Charles as violent, cruel, moody, temperamental, and obstinate: R. Vaughan, Charles the Bold. The Last Valois Duke of Burgundy, new ed., New York, 2002, pp. 166-167.

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One of the intervisual motifs that seems personalized to Mary’s own moral contemplation and identity as a ruler occurs in the section of Mary’s Hours dedicated to the seven penitential psalms. This section of the Book of Hours was considered a tool for effecting the contrition needed before the soul could be purged in anticipation of heaven.124 The historiated initial “D” opening the first penitential Psalm (Ps 6), encloses a Last Judgment scene featuring a devout female soul draped in a white winding cloth, with hands raised in prayer (Ill. 30).125 This pious soul with flowing blonde hair rises from her grave at the very front of the picture plane; her arms restrict the view of her breasts and her winding cloth modestly drapes in front of her sex. Given her prominence, the care with which the artist rendered this figure, and the fact that Mary, too, is typically portrayed with long blonde hair, this figure may be offered as a surrogate for Mary of Burgundy. The words of Ps 6 on this folio to be recited by the reader forges a connection between the petitioner’s soul and the pictured soul: “And my soul is troubled exceedingly: but thou Lord how long? Turn thee O Lord, and deliver my soul: save me for thy mercy”. In the margin is a rampant lion evoking the lion of Flanders, testicles dangling beneath its lifted leg. On the facing page is the penitent King David, famously torn between secular and sacred love, praying for forgiveness. The opening thus offers flexible messages about sovereignty, sin, and gender. It is David, and not the heaven-bound pious female soul who seems troubled. The reader has a choice about which figure to focus on when reciting those words: the nearly nude pious soul gendered female, close to God and seemingly heaven-bound, or David —shown in rich robes near the gates of a prosperous city, but granted only a glimpse of a distant and fierce-looking angel brandishing a sword. In the margin, the phallic lion shown in a heraldic pose also brings up issues about gender and sovereignty. Did it highlight the divide between a soul gendered feminine and a position of power considered to be masculine? Was this configuration of motifs to serve as a warning for Mary to avoid the temptation of abusing her power as ruler? Did it function as advice to the reader to prioritize the health of her soul over the dangerous business of wielding power in the world? The virtuous feminine soul in this initial seems connected to another representation of a female soul in the book —this one in the bas-de-page in the Office of the Dead (Ill. 25A).126 This soul also has flowing blonde hair, is also nude, and she also holds a white cloth. The figure seems identifiable as the sinner petitioning via the antiphon on this folio, “Heal O Lord my soul because I have sinned to thee”. The words “my soul” (anima mea) in Ps 41 are written near the nude woman. This is a sinful soul, then, cavorting with a diaphanous veil that dips in a “V” to emphasize her sex. She is to be associated with the sciopod opposite her in this opening, a member of the monstrous peoples described in dubious “travelogues”, whose human status was not 124 M.S. Driscoll, The Seven Penitential Psalms. Their Designation and Usages from the Middle Ages Onwards, in Ecclesia orans, t. 17, 2000, pp. 153-201 (esp. pp. 185-191). For the penitential psalms in Books of Hours, see R.S. Wieck, Time Sanctified. The Book of Hours in Medieval Art and Life, New York, 1988, pp. 97-102. 125 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 129r. 126 Ibid., fol. 170r.

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fixed in theological writings.127 Sin was thought to endanger one’s human status, a point demonstrated when Mary turned the folio to find the figure in the same place on the verso, among strawberries that stood for the desires of the flesh, apparently morphing into a less-than-human wild woman (Ill. 25B).128 This soul, transformed through sin into a wildwoman with long, flowing blond hair, appears again, climbing hand over hand along a strawberry stem beneath a passage from Ps 62 comparing virtuous and sinful souls: “My soul hath stuck close to thee: thy right hand hath received me. But they have fought my soul in vain, they shall go into the lower parts of the earth”. Through these motifs, the artists link a mechanism for penance meant to help assure the reader’s salvation to a negative moralizing example warning against the sexual sin to which women were thought more susceptible. Especial concern with the dangers of sexual sin may also help explain why there are so many more nude and partially nude human and semi-human beings in the margins of Mary’s book compared to her father’s, where nudity was mostly restricted to figures in miniatures as called for by sacred narratives.129 Such motifs served as an admonitory counterpoint to the betrothal and fertility imagery that also teemed in the book’s crowded margins. Mary’s Hours thus conveyed what was a typical, reproachful, and contradictory message concerning women’s sexual identities: that they should be blamed for sexual thoughts, and punished for acting on them, but also that their first responsibility was to produce children. Abundant references both to sexual misbehavior and to fertility in Mary’s book convey the anxieties and tensions inherent in the fact that Mary’s sex was thought to endanger her status as sovereign, and that the hopes of the precarious Burgundian dynasty rested on the legitimate children produced by the successful marriage of its last scion.

3. Conclusion The fertile borders of the Vienna Hours of Mary of Burgundy generate meanings appropriate to a wide variety of viewing situations. No doubt these agile wild women, as well as the simians, hybrids, phallic surprises, and other droll innovations in the margins

127 A.S. Mittman, Are the “Monstrous Races” Races?, in Postmedieval. A Journal of Medieval Cultural Studies, t. 6, 2015, pp. 36-51. 128 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 170v. 129 For nudity or partial nudity of sacred figures in Charles’s book: Christ (Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, ff. 5v, 10r, 14r, 19v, 43r, 45r, 46v, 90r, 106r, 111v, 119v); the saints (ibid., ff. 29r, 31v); and the beggars aided by St. Martin (ibid., fol. 34v). In the margins there is one nude semi-human creature (ibid., fol. 15v), two human males lacking breeches (ibid., ff. 80v, 31v); and a mostly nude king being tempted by a demon (ibid., fol. 90r). Mary’s prayer book also features an array of sacred nudity in the miniatures, including Christ (ibid., ff. 14v, 24r, 35v, 43v, 51r, 89v, 90r, 95r, 99v, 100r, 104v, 111v, 112r); Saint Sebastian (ibid., fol. 119r); and biblical protagonists like Lazarus (ibid., fol. 146v) and the children in the Massacre of the Innocents (ibid., fol. 105r). The people shown rising from the dead at the Last Judgment are also shown nude (ibid., fol. 129r). Nude humans abound in the margins of Mary’s book (ibid., ff. 54v, 195r-v, 141r, 150r, 157r, 158v, 160v, 167r, 168v, 170r, 173r, 176r, 184v), as well as nude semi-human beings (excluding simians, these are found on ibid., ff. 157v, 159v, 161r, 163v, 164v, 168v, 169v, 170v, 174v, 179v, 185r).

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had entertainment value —which scholars attribute to them in their different ways.130 But the marginalia in this prayer book was more than a space of intellectual play and whimsical distraction, outlet for artistic expression, showcase for technical mastery and/ or ostentatious surplus ornament to display the wealth and status of the patron —though aspects of the marginal programme surely fulfilled all of these roles. The marginalia was also an integral part of its larger programme, designed for self-improvement and to encourage the reader to transcend particular human weaknesses. The prodigious array of figures, fauna, flora, imaginings, themes, narratives, and exempla in the borders of the duchess’s book created a meditation machine of epic scope. The reader’s devotional success turns on the intricate gears of the illuminated manuscript. The window miniatures by the Master of Mary of Burgundy promise results —presuming that the viewer properly uses the tools provided. The first miniature shows Mary absorbed in her devotions, which have evidently led to privileged access to the Virgin and Child (Ill. 1).131 The companion to Mary’s pious portrait later in the book increases the sense of immediacy by removing the surrogate image of the duchess, thus further collapsing the distance between the reader’s reality and the world of the book (Ill. 23).132 These scenes flatter the duchess by presenting her with the “fait accompli”: participatory visions or at least “imaginative devotions” of the Virgin and Child and of Christ at the Crucifixion.133 But Mary of Burgundy was not known to be a mystic, and it is likely that she, like most, never believed she experienced bona fide revelations like those described in the legends of the saints such as St. Thomas Becket, who is pictured in her book having such a vision (Ill. 22). We cannot assume that these miniatures necessarily engendered the hoped-for visionary outcomes or even the positive emotions that scholars typically associate with them. Perhaps Mary’s own devotional experiences made the ideal shown in the pictures seem depressingly unachievable. Perhaps she was counselled to focus on the sinning anti-models in the margins as a way of keeping her desires in check. The category of personalized luxury Books of Hours to which the Vienna manuscript belongs created scenarios that were flattering and delightful, surely, but also which could be cajoling and chiding. The infinite, fluctuating meanings enabled by the dynamic tensions between centre and margin on a page, intervisual connections among motifs from folio to folio, and day-to-day changes in the circumstances of the reader’s situation, emerge through the interpretive lens of posthumanism, which calls into question the stable, unified, subject position postulated by post-fifteenth-century philosophical traditions. Such manuscripts reminded the reader of deficiencies that demanded powerful inscription technology to maximize the rational capacities of her wayward, fragile, changeable, posthuman soul. 130 B. Bousmanne, Le Monde en désordre, op. cit.; B. Rothstein, Rule of Metaphor, op. cit. 131 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 14v. 132 Ibid., fol. 43v. See B.L. Rothstein’s discussion of levels of illusion in the two miniatures and the dynamic and reflexive viewing operations that they encouraged (B.L. Rothstein, Sight and Spirituality, op. cit., pp. 107-108, 113). See also B. Williamson, “The Ordered Exercise of Intellection”, op. cit., p. 124. 133 The phrase belongs to S. Ringbom, Devotional Images and Imaginative Devotions, op. cit.

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Erica O’Brien 

10.  Mothers and Daughters Isabella of Bourbon in the Vienna Hours of Mary of Burgundy* One of the most enigmatic illuminated portraits produced during the late medieval period is the well-known image of Mary of Burgundy at prayer in her personal Book of Hours, now in Vienna.1 While scholarship on this miniature and on the manuscript as a whole is extensive, a few questions remain unresolved, not least the question regarding the identity of the woman kneeling before the Virgin and Child in the portrait’s background. Following Susan Groag Bell’s identification, many scholars have agreed that this kneeling lady also represents Mary, appearing in a scene imagined by the seated, reading Mary.2 In contrast, Andrea Pearson and Anne van Buren have argued more recently that this lady depicts Mary’s stepmother, Margaret of York.3 Margaret was certainly involved in the manuscript’s production, possibly intending it as a wedding gift for Mary to use to teach her future children.4 My aim in this contribution is to re-evaluate the evidence for



* I would like to thank the reviewers and editors for their invaluable suggestions, and Eliza Garrison, Sophie Hatchwell, Catherine Hunt, Bret Rothstein, and Richard Stone for their comments on past versions of this essay. 1 Vienna, ÖNB, Cod. 1857. Scholarly consensus holds that the foreground figure represents Mary. The idealised portrait closely resembles Mary’s more realistic tomb effigy, which was taken from her death mask. See A. Pearson, Envisioning Gender in Burgundian Devotional Art, 1350-1530. Experience, Authority, Resistance, Aldershot, 2005, pp. 53, 56. 2 The following identify the kneeling woman as Mary: J. Alden, Reading the Loire Valley Chansonniers, in Acta Musicologica, t. 79, 2007, pp. 1-31 (here p. 7); S. Groag Bell, Medieval Women Book Owners. Arbiters of Lay Piety and Ambassadors of Culture, in Signs, t. 7, 1982, pp. 742-768 (here p. 761); E. Duffy, Marking the Hours. English People and their Prayers, New Haven, 2006, p. 30, fig. 18; Chr. Grössinger, Picturing Women in Late Medieval and Renaissance Art, Manchester, 1997, p. 56; S. Penketh, Women and Books of Hours, in Women and the Book. Assessing the Visual Evidence, ed. J.H.M. Taylor and L. Smith, London, 1997, pp. 266-281 (here p. 266); J. Chipps Smith, The Northern Renaissance, London, 2004, p. 121; J. Spreitzer, Framing Mary of Burgundy, in Chicago Art Journal, t. 4, 1994, pp. 2-13 (here p. 9). 3 A. Pearson, Envisioning Gender, op. cit., p. 56; A. van Buren, A Window on Two Duchesses of Burgundy, in Tributes in Honor of James H. Marrow. Studies in Painting and Manuscript Illumination of the Late Middle Ages and Northern Renaissance, ed. J.F. Hamburger and A.S. Korteweg, LondonTurnhout, 2006, pp. 505-520 (here p. 515). 4 It is beyond the scope of this essay to address the significant quantity of artistic and technical evidence for when the Vienna Hours was produced and for whom. The most recent and comprehensive survey of this evidence is A. van Buren, A Window on Two Duchesses, op. cit., in which she argues for three phases of production between the late 1460s and the late 1470s. While

Erica O’Brien* • University of Bristol Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 181-190.

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DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122539

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these identifications before suggesting a third possible candidate for this figure’s identity: Mary’s mother, Isabella of Bourbon, who died in 1465 when Mary was still a child and about a decade before the miniature was painted. A number of factors support this identification, including the heraldic significance of the colours on the lady’s gown and evidence relating to Isabella’s death and Mary’s public efforts to commemorate her mother. This new reading of the illumination will argue that it presents Isabella as a model of Marian devotion, consistent with her posthumous image as established by her courtiers’ poetic laments, and that in the context of Mary’s Book of Hours it functioned as a daughter’s private remembrance of her mother, presenting Isabella as the devotional guiding force that she was not able to be as her daughter grew up. In the portrait miniature, Mary sits at a window reading a Book of Hours. Her finger points to the letter “O”, which could signify the initial of the Obsecro te or O intemerata, popular prayers to the Virgin commonly found in Books of Hours (Ill. 1).5 The Marian theme continues not only in the background, where the lady kneels before the Virgin and Child inside a church, but also in the following prayer. This prayer, Saint Thomas Becket’s Gaude flore virginale, has a customised introduction in the Virgin’s voice in which she enumerates her Seven Joys.6 The fact that both the seated and kneeling women are venerating the Virgin Mary, Mary of Burgundy’s namesake, and that the kneeling lady appears to be of high standing because she is accompanied by three ladies-in-waiting, has led some scholars to identify the kneeling woman as Mary. The miniature’s architectural features have also been used to support this identification, with at least one critic suggesting that the setting represents the Church of Our Lady in Bruges, where Mary is buried.7 An oratory in the house of Louis, lord of Gruuthuse, overlooked the Church’s choir and it has been assumed that Mary knew this house because Gruuthuse was one of her closest advisers and she could have visited him while in Bruges. However, the Gruuthuse oratory gives a

I concur with van Buren’s assessment that the production of the Vienna Hours was influenced by Margaret, I believe Dagmar Thoss’s suggestion that Margaret was the original intended owner of the Vienna Hours is worth reconsidering. I reach my conclusion that the Vienna Hours was produced over two phases between the late 1460s and mid- to late 1470s, most likely begun for Margaret and reconceived for Mary, in my doctoral thesis. See E. O’Brien, Opening the Interior Eyes. Modes of Sensory Perception in the Devotional Portrait Illuminations of Margaret of York and Mary of Burgundy, PhD Thesis, University of Bristol, 2014, pp. 138-150. For Thoss on Margaret of York, see Die illuminierten Handschriften und Inkunabeln der Österreichischen Nationalbibliothek. Flämische Schule ii, ed. O. Pächt and D. Thoss, Vienna, 1991, p. 1189, in which van Buren accepts Thoss’s idea that Margaret was the original intended owner. She reverses her conclusion in A. van Buren, A Window on Two Duchesses, op. cit., p. 505, n. 2. 5 A. Pearson, Envisioning Gender, op. cit., p. 51. 6 Because of Margaret’s known attachment to Becket (see below, n. 9), this unusual addition most likely reflects Margaret’s early involvement in the manuscript’s production, possibly even her intended ownership at the time the scribe, Nicolas Spierinc, was working on the text in the late 1460s. See above, n. 4. 7 Chr. Weightman, Margaret of York, the Diabolical Duchess, Chalford, 2009, p. 193.

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view of the high altar from the side, not from the front as shown in the illumination.8 Similarly, an argument for Margaret’s ownership of the manuscript has suggested that the interior depicted in the miniature represents Canterbury Cathedral, Becket’s burial place and the destination of two of Margaret of York’s pilgrimages.9 In fact, the architectural scheme is not so literal and attempting to definitively identify the setting misses the point of the miniature. The church interior inhabited by the kneeling lady and the Virgin and Child is like the centre panel of an open triptych, with the window panes acting as the open wings. It thus becomes what Sixten Ringbom terms an “image in the image”.10 In the examples Ringbom discusses, this pictorial device served to visualize what was in the central figure’s mind as part of the larger narrative. In other words, the church interior, framed by the open window, could be described as the seated Mary’s “thought bubble”, meaning that the setting could be in any church, real or imagined. As she engages in her religious reading, the seated Mary envisions the kneeling woman worshipping the Virgin and Child. With this understanding of the image, we can turn to a closer consideration of the kneeling lady’s identity. Linking the illumination and Gaude flore virginale, Eric Inglis suggests that the miniature presents a double portrait of Mary, with the kneeling woman experiencing an encounter with the Virgin Mary evocative of the one the Virgin herself describes in the prayer’s introduction.11 She says: Et quicu[m]q[ue] in hiis gaudii[s] letando me venerabitur in exitu anime ip[s]ius a corpore presentem consolati omnem eam obtinebit. Et anima[m] suam ab hostibus malignis liberabo et in conspectus filii mei ut mecum gaudia paradisi p[er]petuo possideat p[raese]ntabo.12 According to Inglis, the seated Mary in the foreground is meditating on the Virgin’s Seven Joys and the kneeling Mary in the background receives a spiritual vision of

8 For the oratory, see J. Nuechterlein, The Domesticity of Sacred Space in the Fifteenth-Century Netherlands, in Defining the Holy. Sacred Space in Medieval and Early Modern Europe, ed. A. Spicer and S. Hamilton, Aldershot, 2005, pp. 49-79 (here pp. 69-71). 9 For Margaret’s devotion to Becket, which included a pilgrimage to Canterbury on her journey to be married and again when she visited England in 1480, see H. Schnitker, Margaret of York on Pilgrimage. The Exercise of Devotion and the Religious Traditions of the House of York, in Reputation and Representation in Fifteenth-Century Europe, ed. D.L. Biggs, S.D. Michalove and A. Compton Reeves, Leiden, 2004, pp. 81-122 (here pp. 117-120). For Canterbury Cathedral, see B. Brinkmann, Die Flämische Buchmalerei am Ende des Burgunderreiches. Der Meister des Dresdener Gebetbuchs und die Miniaturisten seiner Zeit, 2 vols, Turnhout, 1997, p. 24. 10 S. Ringbom, Some Pictorial Conventions for the Recounting of Thoughts and Experiences in Late Medieval Art, in Medieval Iconography and Narrative. A Symposium, ed. F.G. Andersen, F.T. Stubkjær, E. Nyholm and M. Powell, Odense, 1980, pp. 38-69 (here p. 61). 11 See E. Inglis, The Hours of Mary of Burgundy. Codex Vindobonensis 1857, Vienna, Österreichische Nationalbibliothek, London, 1995, p. 21. 12 Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 16r: “And whoever, rejoicing, will venerate me with these joys will obtain at the soul’s departure from the body my [comforting] presence. And I will deliver that person’s soul from evil enemies, and I will introduce [it] into the presence of my son, in order that the person may possess with me the perpetual joys of paradise” (translation from E. Inglis, The Hours of Mary of Burgundy, op. cit., p. 21).



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the Virgin and Child, a foretaste of the ultimate heavenly reward for her devotion, as promised by the Virgin in the prayer.13 If so, this illumination would be an exception in late medieval devotional art, as I know of no other image in which a lay devotee so explicitly contemplates his or her own act of devotion in such a mise en abyme. Other portrait miniatures in which a single lay individual is shown reading a Book of Hours and receiving a vision of the Virgin and Child —such as the well-known images of Catherine of Cleves, which predates Mary’s portrait, and of Margaret Tudor, which postdates it14— usually show only one worshipping figure. While these illuminations suggest that the intended viewer is meant to imagine themselves having such a devotional experience, they do not actually offer a double portrait in the way Inglis suggests. Given the lack of precedents, I suggest that it is unlikely that the seated Mary is envisioning her own devotional activity. Moreover, as van Buren has already observed, Flemish artists generally used identical costumes for multiple appearances of the same person within a single image, usually in depictions of several scenes from a continuous narrative.15 When a figure’s dress does change within the same image to reflect a different time and place or a change in the figure’s status, an element of the original costume is usually retained to ensure the figure is recognizable. This is the case, for example, in a nearly contemporary panel painting depicting events from Saint Catherine of Alexandria’s life by the Master of the Legend of Saint Catherine.16 If the seated lady and kneeling lady were both intended to represent Mary, then, according to Van Buren, we would expect to see them in identical or closely similar gowns; the fact that they wear gowns of distinctly different colours and patterns strongly suggests that the two figures represent different women. On the basis that both women cannot be Mary, Pearson and van Buren both identify the kneeling woman as Margaret of York, Mary’s stepmother. Pearson suggests that her physiognomy conforms to a description of Margaret, written by the courtier Jean de Haynin, as tall and pale, with an oval face and rigid posture.17 Van Buren refers to the fact that the kneeling lady wears a gown of blue and gold, colours van Buren says were associated with the Burgundian court, although she does not mention the red girdle that the kneeling lady also wears, to which I will return.18 That the kneeling woman imagined by Mary of Burgundy could be Margaret of York

13 Ibid., p. 21. 14 Catherine of Cleves in the Hours of Catherine of Cleves: New York, The Morgan Library & Museum, MS M.917/945, fol. 1v. Margaret Tudor in the Hours of James IV of Scotland: Vienna, ÖNB, Cod. 1897, fol. 243v. 15 See A. van Buren, A Window on Two Duchesses, op. cit., p. 515 n. 39. 16 Although Catherine’s costume changes to reflect her conversion, she retains the dark blue gown underneath her open surcot; notably, she is the only female figure to wear a surcot, further ensuring that she is recognizable. The painting, c. 1480, is in the Royal Museum of Fine Arts in Brussels. 17 A. Pearson, Envisioning Gender, op. cit., p. 56. For Haynin’s description of Margaret, see Chr. Weightman, Margaret of York, op. cit., p. 51; L. Hommel, Marguerite d’York ou la duchesse Junon, new ed., Brussels, 2003, p. 53. 18 A. van Buren, A Window on Two Duchesses, op. cit., p. 515. However, Richard Vaughan, biographer of the Burgundian dukes, describes the ducal colours as blue and white. Vaughan cites one of Charles’s military ordinances of 1471, which stipulates a uniform of blue and white for archers and swordsmen.

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is in many ways a logical suggestion. With only eleven years between them, the two women are known to have had a close relationship.19 Mary accompanied Margaret on at least five of Margaret’s well-documented pilgrimages to miraculous sites associated with the Virgin to remedy her childlessness.20 The two women also exchanged gifts, an important social ritual during this period.21 In 1477, Mary gave Margaret a copy of Les chroniques des comtes de Flandre, adding to Margaret’s remarkable personal library.22 Margaret may have given the Vienna Hours to Mary as a wedding present around the same time, perhaps as a tool of religious education for Mary to use with her future children.23 If the kneeling woman represents Margaret, then she seems to have had herself depicted in a privileged position in relation to the Virgin Mary, who, as shown in Gaude flore virginale’s introduction, was humanity’s primary intercessor with Christ her son.24 Margaret is thus presented as a model not only for the younger Mary to emulate, as Pearson has suggested, but also for Mary’s children.25 By giving Mary a Book of Hours as a wedding present, and by having herself represented as an exemplar of Marian piety in this Book of Hours, Margaret was fulfilling her responsibilities not only as Mary’s stepmother, performing the roles that would have been Isabella’s had she lived, but also as a potential step-grandmother, continuing a matrilineal heritage of devotional instruction. There are, however, some factors that make this identification of Margaret problematic. For instance, surviving portraits of Margaret such as the devotional panel now in the Louvre (Ill. 32) —although almost certainly idealised— show her with a much more angular face and a more pointed nose and chin than those of the kneeling lady. Moreover, the colours of the kneeling lady’s gown are inconsistent with the colours Margaret used in her own self-presentation and the colours with which she was publicly associated as duchess of Burgundy. In her portraits produced around the time of her marriage, including the Louvre panel, Margaret is depicted wearing various patterned combinations of crimson, black, and gold.26 Crimson and black were also Burgundian colours, and Margaret Considering the use of other colours for ceremonial livery (see n. 27), blue and white could have been used in a military context. See R. Vaughan, Charles the Bold. The Last Valois Duke of Burgundy, new ed., Woodbridge, 2002, p. 206. 19 See Chr. Weightman, Margaret of York, op. cit., pp. 122-123. 20 For these pilgrimages, see H. Schnitker, Margaret of York, op. cit., pp. 85-95. For Margaret and Mary’s itinerary, see H. Vander Linden, Itinéraires de Charles, duc de Bourgogne, Marguerite d’York, et Marie de Bourgogne (1467-1477), Brussels, 1936, pp. 22-23, 26, 59, 74. 21 See B. Buettner, Past Presents. New Year’s Gifts at the Valois Courts, c. 1400, in The Art Bulletin, t. 83/4, 2001, pp. 598-625. 22 Les Chroniques des comtes de Flandre, Wells-Next-the Sea, Holkam Hall, MS 659. 23 For mothers giving Books of Hours as weddings gifts to their daughters, see B. Buettner, Women and the Circulation of Books, in Journal of the Early Book Society, t. 4, 2001, pp. 9-31 (here pp. 17-18). For mothers using Books of Hours in their children’s primary education, see S. Groag Bell, Medieval Women Book Owners, op. cit., pp. 756-758; Ead., Mothers as Teachers, in Women and Gender in Medieval Europe. An Encyclopedia, ed. M. Schaus, New York, 2006, pp. 589-590; D.H. Green, Women Readers in the Middle Ages, Cambridge, 2007, pp. 93-94. 24 A. Pearson, Envisioning Gender, op. cit., pp. 56-57. 25 Ibid., p. 56. 26 Besides the Louvre portrait, Margaret’s earliest portraits are two miniatures in Benois seront les misericordieux, Brussels, KBR, MS 9296, ff. 1r, 17r, in which she appears multiple times in crimson,

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appears to have adopted these colours as part of her self-fashioning as the new duchess of Burgundy.27 Indeed, Christine Weightman observes that Margaret wore a gown of crimson and black when she disembarked upon her arrival in Flanders for her wedding to Mary’s father, Duke Charles the Bold, in 1468.28 Margaret seems to have been publicly associated with the colour red throughout her marriage. According to Jean de Haynin, at her wedding Margaret’s rooms were hung with tapestries chequered in red, green, and white, “the colours of the marguerite”.29 In 1477, a member of the Vienna Master’s circle depicted Margaret in red in the frontispiece to the register of Ghent’s Guild of Saint Anne.30 In her own manuscripts’ illuminated portraits, produced around the same time as the miniature in the Vienna Hours, Margaret is depicted in muted, monochrome gowns quite unlike the one the kneeling lady wears.31 Clearly a variety of colours were used for heraldic or symbolic purposes at the Burgundian court, but considering how Margaret chose to present herself as duchess, how she was publicly linked to particular colours, especially crimson, and how she was costumed in her portrait miniatures contemporary to the Vienna Hours’ illumination, it seems unlikely that she would have allowed herself to be depicted in uncharacteristic colours in a manuscript she was involved in producing. I would venture, instead, that the kneeling woman (Ill. 1) is more likely to represent Mary’s mother, Isabella of Bourbon. The figure more closely resembles an illuminated portrait of Isabella from her lifetime (Ill. 33), a painted copy of a contemporary portrait recorded in the Recueil d’Arras (Ill. 34), and her tomb effigy.32 Although idealised, they share multiple recognizable features, including an elongated oval face, a long and slightly flattened nose, and a round chin. Moreover, previous scholarship has overlooked the fact that the colours of the kneeling lady’s gown —blue, gold, and red— are the colours of the Bourbon coat of arms —azure three fleurs de lys or and a bend gules— and thus those of Isabella’s arms. The Bourbon coat of arms are prominently displayed beneath Isabella in her illuminated portrait, and while they do not appear in the painted version of the Recueil d’Arras drawing, or in the drawing itself, black, and gold, and one in Le Dyalogue de la duchesse de Bourgogne à Jésus Christ, London, BL, MS 7970, fol. 1v, in which she wears black and gold. 27 Vaughan cites an entry in Charles’s accounts from 1473, which includes expenditure for crimson and black livery for 226 people. This figure does not include other livery of “crimson-violet” and black. The occasion was the meeting between Charles and the Holy Roman Emperor Frederick III at Trier. See R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., pp. 141-144. 28 Chr. Weightman, Margaret of York, op. cit., p. 23. 29 Haynin quoted in R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 51; see also Tapestry in the Renaissance. Art and Magnificence, ed. Th.P. Campbell, New York, 2002, pp. 18-19. 30 Register of the Ghent Guild of Saint Anne: Windsor, Royal Library, MS RCIN 1047371, fol. 2r. 31 These later portraits are: Traités religieux et moraux, Oxford, Bodleian Library, MS Douce 365, fol. 115r; La Consolation de philosophie, Jena, Universitätsbibliothek, MS E1 f.85, fol. 13v; La Vie de Sainte Colette, Ghent, Monasterium Bethlehem, MS 8, fol. 40v. 32 See A. Adams, Evidencing the Right to Rule. Mary of Burgundy and the Tombs of Isabella and Jacques of Bourbon, p. 139, Ill. 16, in this volume. The illumination shows Isabella with Charles venerating Veronica’s veil (Copenhagen, Kongelige Bibliotek, MS Gl. Kgl. 1612, 4o, fol. 1v, URL: http://www. kb.dk/permalink/2006/manus/279/, accessed 15 July 2019). For the Lille panel, see Charles the Bold, (1433-1477). Splendour of Burgundy, ed. S. Marti, T.-H. Borchert and G. Keck, Brussels, 2009, p. 176.

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the drawing does identify Isabella by name and the original portrait probably had some way to identify Isabella, either symbolically or heraldically. Furthermore, the Bourbon arms were also displayed on Isabella’s tomb, discussed by Ann Adams in this volume.33 I would suggest that the Vienna Master used Isabella’s heraldic colours as an efficient way to identify her in a posthumous portrait, which would be plausible considering that Isabella’s coat of arms were displayed in images of her both in life and in death. Other factors also suggest that this figure can be read as Isabella of Bourbon. Although Isabella had already passed away at the time the miniature was painted, it is not necessarily unusual to find portraits of deceased relatives alongside those of people still living in both panel paintings and manuscript illuminations of the period.34 For instance, Isabella Stuart included a portrait of her late husband, Duke Francis I of Brittany, in a Book of Hours she commissioned after 1455, some five years after his death.35 Furthermore, in 1480 Antoinette de Masmines commissioned a book of psalms and hymns containing a double devotional portrait with her late husband, Martin Vilain, an advisor to Philip the Good, who had died fifteen years earlier.36 Although Mary was only eight years old when Isabella died and she had not seen her mother for two years, there is considerable evidence that she was concerned for both her mother’s memory and her mother’s soul. In particular, Isabella’s inclusion in the Vienna Hours both coincides with and complements Mary’s commissioning of her mother’s tomb. Between 1475 and 1478 —about the same time the Vienna Master produced her portrait illumination— Mary commissioned the tomb for her mother’s burial place in Antwerp’s abbey of Saint Michael. It included an effigy and 24 pleurants depicting Isabella’s and Mary’s immediate family and ancestors, which, as Ann Adams argues in this volume, Mary intended as an assertion of the legitimacy of female inheritance. Susan Broomhall and Jennifer Spinks have suggested that Mary’s commission of her mother’s tomb may be the best evidence of Mary’s self-representation, not least because one of these pleurants represented Mary herself, although we do not know which, if any, of the ten surviving pleurants it was.37 By having herself represented as a pleurant alongside Isabella’s effigy, Mary not only created a physical and visual connection between herself and her mother, which was presumably intended to be everlasting, but also publicly asserted Isabella’s ancestry as her own, fashioning herself as the vessel of her 33 See A. Adams, Evidencing the Right to Rule, op. cit., in this volume. 34 In altarpieces depicting whole families, deceased children could be represented holding small crosses in their hands, as the child does in Gerard David’s Sedano Triptych of c. 1495. See M.W. Ainsworth, Gerard David. Purity of Vision in an Age of Transition, New York, 1998, p. 160. 35 Hours of Isabella Stuart, Paris, BnF, MS lat. 1369, p. 38. I am grateful to Elizabeth L’Estrange for reminding me of this example. See E. L’Estrange, Holy Motherhood. Gender, Dynasty, and Visual Culture in the Later Middle Ages, Manchester, 2008, pp. 212-213. 36 Toronto, Royal Ontario Museum, MS 997-158.15, fol. 3r. See Miniatures flamandes 1404-1482, ed. B. Bousmanne and Th. Delcourt, Paris, 2011, p. 426. 37 S. Broomhall and J. Spinks, Early Modern Women in the Low Countries. Feminizing Sources and Interpretations of the Past, Farnham, 2011, p. 37.

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mother’s heritage and the primary actor in Isabella’s remembrance. As such, Mary dutifully paid for the abbey to celebrate a low mass daily for her mother’s soul and to perform annual vigils, mass, and almsgiving on the anniversary of Isabella’s death.38 Additional literary evidence reveals how Isabella was commemorated within the Burgundian court and how her posthumous image as a devotee of the Virgin Mary was established. Multiple poetic laments were written in the aftermath of the countess’s death. One of Isabella’s valets de chambre, Amé de Montgesoie, was present at her death and later wrote La Complainte sur la mort d’Isabelle de Bourbon, describing the event.39 According to de Montgesoie, after expressing the wish for her family to pray for her soul and receiving the sacraments, Isabella read the Ars moriendi, kissed the Cross, and prayed before an image of the Virgin Mary before dying without any worldly regret.40 Court secretary Pierre Michault related similar events in his own Complainte, which he may have based partly on de Montgesoie’s version as Michault was not with Isabella at her death.41 What is most striking about Michault’s Complainte is that it is partly written in Isabella’s own voice.42 Isabella addresses God for six stanzas, then turns to the Virgin Mary: O vous aussy, Dame tres glorieuse, vierge nourrice et pucelle feconde, mere de Dieu tresdigne et precieuse, a tous humains trespropice et piteuse, en qui tout bien sans nul moyen habonde, offrez a Dieu pour moy priere monde, car, s’il vous plait me prendre en saulvegarde, de l’Ennemy infernal je n’ay garde. […] recordez donc voz doulceurs uterines a vostre enfant, en priant pour mon ame, qui n’a seigneur que ly, ne que vous, Dame.

38 Instructions for masses and alms were usually made in wills, but Isabella does not seem to have left a will, at least not one that is currently known. I am grateful to Ann Adams for confirming this for me. For Mary making these provisions for her mother’s soul, see A. Adams, Evidencing the Right to Rule, op. cit., in this volume and D. Verdonck, Isabelle de Bourbon, comtesse de Charolais et mère de Marie de Bourgogne, M.A Thesis, Université de Lille, 1989, pp. 195-196. I am grateful to Olga Karaskova for this reference. 39 Chr. Kiening, Rhétorique de la perte. L’exemple de la mort d’Isabelle de Bourbon (1465), in Médiévales, t. 27, 1994, pp. 15-24 (here p. 18). 40 The poem is reproduced in full in Th. Walton, Les Poèmes d’Amé de Montgesoie, in Medium Aevum, t. 2/1, 1933, pp. 1-33 (pp. 21-28). 41 Chr. Kiening, Rhétorique de la perte, op. cit., p. 20. 42 Laments in the deceased’s own voice are less common but not unknown. One of the five laments composed for Margaret of Scotland († 1445) was partly written in her voice. See Six Scottish Courtly and Chivalric Poems, Including Lyndsay’s Squyer Meldrum, ed. R. Purdie and E. Wingfield, Kalamazoo, 2018. URL: https://d.lib.rochester.edu/teams/text/purdie-and-wingfield-introductionto-the-complaint-for-the-death-of-margaret-princess-of-scotland, accessed 24 June 2019.

Mothe rs and Dau ghte rs

Tout mon vivant, mon singulier reffuge, j’ay mis en vous mon entiere esperance; maintenant, donc, par raison y reffuz je en ce derrain et extreme deluge ou quel la Mort de me poindre s’avance. Helaz! ma Dame, en sy fiere balance ne me laissiez, ains par vostre priere soyez secours a vostre chambriere. Donques, ma Dame, en la protection de vostre filz et de vous, mere vierge, tres humblement en toute affection submés m’ame sans variation, et par cecy doulcement vous requier je que la faciez estre des cieulx concierge et luy soyez deffendeur et garant jusques au port des cieulx doresnavant.43 Like Becket’s prayer Gaude flore virginale, Michault’s poem highlights the Virgin’s role as a deliverer from evil and an intercessor with Christ. Isabella’s words emphasize her devotion to the Virgin Mary: for her whole life she has put her hope in the Virgin, her personal refuge, and now she asks the Virgin not to abandon her servant. As works in the medieval tradition of funerary laments, Michault’s and de Montgesoie’s Complaintes are evidence less of what was actually said and done at Isabella’s death and more of the concerted effort to depict Isabella as having had a “good death”, most importantly submitting her soul to God without any hesitation. Michault’s and de Montgesoie’s poems survive in a small number of manuscripts, so it is probable that they circulated at the Burgundian court, spreading Isabella’s posthumous reputation for an ideal Christian death and particular devotion to the Virgin Mary.44

43 “O! You too, very glorious Lady / Nourishing virgin and fertile maiden, / Mother of God very worthy and precious, / To all humans very propitious and pitiful, / In whom all good abounds without any intercessor, / Offer to God pure prayer for me, / Because, if it pleases you to take me in safekeeping, / For the infernal Enemy I will have no care. / […]. Remember then your maternal tenderness / To your Child, praying for my soul, / Who has no Lord but Him, nor do you, Lady. / All my life, my own refuge, / I have put in you my entire hope; / Now, therefore, by reason I take refuge there / In this last and ultimate adversity / In which Death advances to wound me. / Alas! My Lady, in this terrible uncertainty / Do not leave me, so through your prayer / Help your servant. / So, my Lady, to the protection / Of your Son and of you, mother Virgin, / Very humbly in all affection / I submit my soul without hesitation, / By this you tenderly require me / To make my soul be Heaven’s protector / And be defender and guardian / Until the arrival of Heaven to come”. Author’s translation. The poem is reproduced in full in B. Folkart, Perspectives médiévales sur la mort. La Complainte de Pierre Michault sur la mort d’Ysabeau de Bourbon (1465), in Le Moyen Français, t. 3, 1980, pp. 28-74 (here pp. 54-71). 44 For the manuscripts containing Michault’s Complainte and de Montgesoie’s Complainte, see ibid., p. 45, and Th. Walton, Les Poèmes, op. cit., p. 3, respectively.

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Mary would have likely grown up with this image of her mother, even if she was not directly familiar with these laments, and the portrait illumination in the Vienna Hours is in keeping with Isabella’s posthumous depictions. Indeed, the portrait miniature achieves within the private sphere what Isabella’s tomb and the Complaintes accomplish publicly. Firstly, it connects Mary and Isabella by depicting Mary reading her prayers, like Gaude flore virginale, for the benefit of her mother’s soul. By imagining Isabella herself at prayer, as the illumination shows, Mary re-creates her mother’s devotion to the Virgin, thus adding Isabella’s prayers to her own. Secondly, the miniature reinforces Isabella’s posthumous image of devotion to the Virgin, presenting her as the model of Marian piety that she was not able to be for her daughter during Mary’s youth. For the woman who did oversee Mary’s religious education, Margaret of York, the manuscript and its portrait illumination enabled her to facilitate her stepdaughter’s devotions in a personally meaningful way; Margaret must have been aware of Mary commissioning Isabella’s tomb and of its significance, and her gift of the Vienna Hours to Mary —most likely as an educational tool for Mary’s children, particularly her daughter, Margaret of Austria, as Pearson has suggested45— created a matrilineal tradition of Marian devotion and connected the younger Margaret to her grandmother’s Bourbon dynasty. * *** If the kneeling lady represents Isabella of Bourbon, as I suggest, then our understanding of Mary’s portrait illumination in the Vienna Hours changes, and this identification invites reconsideration of the manuscript’s place in Mary of Burgundy’s life and devotional practice. Taking into account the evidence considered here, including Mary’s memorialisation of her mother through Isabella’s tomb and Isabella’s depiction in the Complaintes, Isabella’s appearance in the Vienna Hours is a more personal and devotional complement to her tomb and laments. It suggests that there was a wider effort to commemorate Isabella both publicly and privately, and reveals that Mary’s devotional concerns included not only her own soul, but also her mother’s. Although Mary died too early to use her Book of Hours as it might have been intended, Isabella’s inclusion in the manuscript suggests that the connection between mother and daughter mattered to Mary, not only dynastically but also personally and devotionally.

45 A. Pearson, Envisioning Gender, op. cit., p. 56.

Cour, économie et institutions Court, Economics and Institutions

Jean-Marie Cauchies 

11.  Des conseillers protecteurs ? L’entourage politique de Marie de Bourgogne Dans l’entourage des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, comme dans celui d’autres princes de leur temps, foisonnent en très grand nombre de personnes porteuses du titre de conseiller, ainsi qu’en attestent actes princiers, correspondance, comptabilité les mentionnant et les dénommant1. Beaucoup d’entre elles sont de condition noble, fût-ce d’une noblesse modeste, et voient leur titre de conseiller flanqué d’une dénomination complémentaire, celle de chambellan, indice d’une fonction dans les services de la cour, de l’hôtel. Ils ne siègent pas tous pour autant, loin de là, dans le ou les conseil(s) princier(s) et ne sont d’ailleurs pas tous davantage en fonction effective ou continue à la cour. Leur qualité toutefois reconnue leur permet de bénéficier d’une pension, de se voir confier une honorable mission, de jouir d’une considération. Certes, ici, le duc ou la duchesse peut-il, s’il le souhaite, les convoquer et les faire participer à une décision, mais ils n’en font pas usage comme de ministres, d’auxiliaires politiques permanents ou quasi permanents. À tout le moins peut-on en tenir certains pour des figurants, meublant et rehaussant, en y faisant nombre, la suite ducale2. D’autres individus appelés conseillers se sont taillé au fil des années et des générations une place notable dans la même suite eu égard à leur formation plutôt qu’à leur naissance : ce sont ces légistes bien identifiés auprès des dynastes du bas Moyen Âge que l’on va rencontrer sous la qualification de conseillers maîtres des requêtes3. Il ne nous importe guère ici de distinguer conseillers nobles et non-nobles, non cependant sans rappeler qu’il ne sera pas dans les Pays-Bas, avant le temps des archiducs Albert et Isabelle, de charge anoblissante qualitate qua pour des légistes4.

1 Les principaux ouvrages récents en la matière sont certainement À l’ombre du pouvoir. Les entourages princiers au Moyen Âge, éd. A. Marchandisse et J.-L. Kupper, Genève, 2003 ; Conseils et conseillers dans l’Europe de la Renaissance (v. 1450-v. 1550), éd. C. Michon, Tours-Rennes, 2012. 2 J. Van Rompaey, De Grote Raad van de hertogen van Boergondië en het Parlement van Mechelen, Bruxelles, 1973, p. 155 ; J.-M. Cauchies, « Croit conseil » et ses « ministres ». L’entourage politique de Philippe le Beau (1494-1506), dans À l’ombre du pouvoir, op. cit., p. 392 ; rééd. dans Conseils et conseillers, op. cit., p. 53. 3 J. Van Rompaey, De Grote Raad, op. cit., pp. 160-161. 4 P. De Win, « Queeste » naar de rechtspositie van de edelman in de Bourgondische Nederlanden, dans Tijdschrift voor rechtsgeschiedenis, t. 53, 1985, p. 225 ; P. Janssens, Les Charges anoblissantes dans les conseils des Pays-Bas espagnols et autrichiens, dans Beleid en bestuur in de oude Nederlanden. Liber amicorum prof. dr. M. Baelde, éd. H. Soly et R. Vermeir, Gand, 1993, pp. 225-239.



Jean-Marie Cauchies • Académie royale de Belgique / Université Saint-Louis Bruxelles Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 193-209.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122540

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C’est par dizaines que chaque année, les comptes de la Recette Générale des Finances, par exemple, mentionnent de tels conseillers, sans plus ou avec une précision : chambellans ou maîtres des requêtes de l’hôtel. S’ils jouissent sans conteste d’une faveur ducale, ils ne peuvent tous être tenus pour des collaborateurs proches du pouvoir, sinon fort occasionnellement et dans une mesure malaisément appréciable. Une précieuse mention du compte de 1479 esquisse à cet égard une sorte de portrait du conseiller effectif. L’homme5 est alors rétribué par les soins du receveur général pour les journees par lui vacquees par devers mondit seigneur [Maximilien] et en son conseil estant lez lui (nous soulignons) et pourvu6 d’une pension : pour le remunerer des services par lui faiz et qu’il fait journellement a grant soing et diligence, icellui [seigneur] l’a retenu par sesdittes lettres en l’estat de son conseillier et chambellan ordonné du nombre de ceulx qu’il a ordonné ou ordonnera en son conseil estant lez lui, pour oudit estat et doresenavant le servir, sievir, vaquier et entendre a la consultacion et expedicion de ses affaires7. De toute évidence, voici un conseiller chambellan qui ne se contente pas de porter un simple label, une « étiquette » de cour. La question dès lors se pose : où ceux que nous dénommons ici proches collaborateurs du prince vont-ils être appelés à exercer leurs tâches et leurs responsabilités spécifiques ? En d’autres termes, quels sont, s’il en est, les institutions, les corps à prendre en considération pour les y repérer ? Certes Marie de Bourgogne, à l’instar de ses prédécesseurs, va-t-elle disposer d’un conseil, que les historiens, à défaut d’une appellation contrôlée fixe du temps, dénommeront « aulique » (« hofraad »), ou « de gouvernement ». On lit bien, ici ou là, qu’une décision est prise « en conseil »8. Mais que l’on songe, sans s’attarder à des rétroactes, que pareil conseil ne s’est réellement vu organiquement définir, par Philippe le Bon, aïeul de Marie, qu’en 1446, alors qu’il était évidemment déjà « opérationnel » depuis longtemps : ung conseil notable de gens saiges, expers, preudommes et feables qui continuelment soient tous ou la plus grant partie residens de nosdis pays9. Le conseil aulique de Marie ne sera réglementé nulle part, en tout cas dans aucun texte connu. On a considéré jadis que le Grand Privilège du 11 février 1477 en régissait le fonctionnement : il n’en est rien car – des travaux plus récents l’ont clairement établi – cet acte important demeure tout à fait silencieux sur un quelconque conseil de gouvernement et se préoccupe du conseil de justice, l’organe bien distinct appelé « grand conseil », « grooten raed », voué

5 Il s’agit de Guy de Rochefort. Voir infra et annexe. 6 En date du 1er avril 1479, n. st. 7 Lille, ADN, B 2118, fol. 98r-v. 8 Par exemple, à propos du projet de mariage avec Maximilien, en avril 1477, est-il conclud en conseil : Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Blanchard, t. 1, Genève, 2007, p. 440. 9 Ordonnances générales de Philippe le Bon (1430-1467), éd. J.-M. Cauchies, coll. G. Docquier, Bruxelles, 2013, p. 56 (Bruxelles, 6 août 1446). Un conseil proprement judiciaire, quant à lui, bien que l’existence en soit perceptible dès c. 1440, ne « surgit » véritablement que dans une ordonnance de l’hôtel ducal de 1469 : J. Van Rompaey, Hofraad en Grote Raad in de hofordonnantie van 1 januari 1469, dans Recht en instellingen in de oude Nederlanden tijdens de Middeleeuwen en de Nieuwe Tijd. Liber amicorum Jan Buntinx, Louvain, 1981, pp. 303-324.

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à reprendre le flambeau du Parlement de Malines, quant à lui aboli10. Un manuscrit contemporain, simple cahier énumérant, à la suite d’une traduction française des articles concernés du Grand Privilège, treize noms, en révèle la composition initiale : trois membres sont des nobles de haut rang (monseigneur), dix des légistes (maistre), et la provenance géographique de chacun, pour répondre au prescrit de répartition du texte du 11 février 1477, est indiquée, ainsi que les langues (latin, français et/ou flamand) qu’il maîtrise11. Trois d’entre eux mériteront à notre estime de figurer dans le répertoire des « ministres »12. Plutôt que de voir en ce « conseil » une section judiciaire juxtaposée à une seconde section, politique, d’un organe unique, il faut le tenir pour un corps à part entière, plus autonome qu’il avait pu l’être antérieurement à 1473, lorsqu’avant sa mutation en Parlement de Malines, il cohabitait déjà avec un conseil de gouvernement13. Jamais toutefois le cordon ombilical reliant ces deux institutions ne sera complètement sectionné14. Pour le reste, le Grand Privilège, en mettant radicalement fin aux activités des institutions établies à Malines15, a visé en quelque sorte à restreindre le degré de structuration institutionnelle, de spécialisation techn(ocrat)ique, voulu par Charles le Hardi, avec les chambres du trésor et des aides, et à ramener dans le giron du conseil ducal tout le processus de décision en matière financière16. Ce n’est donc pas à travers des structures mais à travers les hommes eux-mêmes qu’il faut aller à la découverte du haut personnel politique au service de la duchesse. Ce sera, ici

10 Privilegie voor alle landen van herwaarts over […], éd. W.P. Blockmans e.a., dans 1477. Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne pour les Pays-Bas, éd. Id., Courtrai-Heule, 1985, pp. 90-91. 11 Bruxelles, AGR, Manuscrits divers, ms. 174, ff. 31v-32r. 12 Voir annexe. Il s’agit du Flamand Gruuthuse, de l’Artésien La Bouverie et du Comtois Carondelet, que l’on retrouve d’ailleurs aussi dans la rubrique « conseil » de l’ordonnance de l’hôtel du 26 mars suivant (n. 19 infra). 13 J. Stengers, Composition, procédure et activité judiciaire du Grand Conseil de Marie de Bourgogne pendant les trois premières années de son existence (février 1477-février 1480), dans B.C.R.H., t. 109, 1945, pp. 1-51 ; J. Van Rompaey, De Grote Raad, op. cit., p. 130. À l’inverse du premier de ces auteurs, qui le considérait comme formé de deux sections, politique et judiciaire, le second a mis en exergue le caractère exclusivement judiciaire du « grand conseil » de 1477. A. Walther, Die burgundischen Zentralbehörden unter Maximilian I. und Karl V., Leipzig, 1909, p. 15, avait déjà bien cerné l’organe comme « Zentralgerichtshof » et non « Hofrat », ce que contesta à tort J. Stengers. Plus tôt encore, J. Frederichs, Le grand conseil ambulatoire des ducs de Bourgogne et des archiducs d’Autriche (14461504). Contribution à l’étude du droit public des Pays-Bas au xve siècle, dans B.C.R.H., 4e sér., t. 17, 1890, p. 459, avait souligné que le « grand conseil » de 1477 n’était pas destiné à se substituer à ce qu’il appelait le « conseil privé » de la duchesse, en arguant que celle-ci gardait toute latitude « d’avoir devers elle et de consulter, quand il lui plaisait, un conseil composé d’un petit nombre de personnes dévouées ». 14 Et de même encore à la génération suivante : J.-M. Cauchies, « Croit conseil », op. cit., p. 393 (rééd. dans Conseils et conseillers, op. cit., p. 53). 15 Item, dat de consistoriën van den Parlemente ende andre te Mechelen onlancx upghezet, cesseren zullen […] (Privilegie voor alle lande, op. cit., p. 91, art. 7). 16 J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009, pp. 105-106.

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comme ailleurs, à travers des mentions de personnes dans les textes princiers17 que l’on devra tenter de reconstituer, ou plus modestement d’esquisser, un vrai « conseil de gouvernement ». N’est-il pas plus souvent encore à l’époque « des » conseillers davantage qu’« un » conseil ? Considérons d’abord ce que nous baptiserions volontiers du nom de « textes fondateurs » du principat de la duchesse Marie. L’incontournable Grand Privilège du 11 février 1477 ne livre naturellement aucun nom puisque, on vient de le rappeler, il ne traite même pas du conseil politique ; les contraintes précises qu’il impose, en termes de nombre, d’origines géographiques et d’appartenances fonctionnelles (nobles et « clercs de droit », « edele » et « clerken van rechte »), visent en son premier article le « grand conseil » pour la justice, auquel, précise-t-on encore, les princes et seigneurs du sang auront accès selon leur gré, et ce om onse zaken te besorghene. On peut admettre que la duchesse, assistée sans doute déjà de ses soutiens de la première heure, a gardé une marge de manœuvre suffisante dans le choix de ses « ministres »18. L’ordonnance de l’hôtel promulguée dès le 26 mars suivant énumère treize noms de conseillers chambellans, dits ordonnéz estre au conseil : notons déjà que quatre d’entre eux seulement vont se retrouver parmi les collaborateurs répertoriés plus loin19. Dans l’ordonnance de l’hôtel pour Maximilien (septembre 1477), devenu entre-temps l’époux de la duchesse Marie, 115 personnes se voient « retenues » – c’est le mot – et gagées en qualité de « chevaliers chambellans », sans que le terme « conseiller » apparaisse le moins du monde à leur sujet20. Enfin, Maximilien et Marie édictent le 10 octobre 1477 une ordonnance pour leurs domaine et finances portant création d’une charge de superintendant des finances. Ce très haut fonctionnaire aura le pas sur les commissaires des domaine et finances, alors déjà en place, eux-mêmes substitués

17 Comme le note dans un stimulant article de synthèse P. Moraw, Conseils princiers en Allemagne au xive et au xve siècle, dans Les Courtiers du pouvoir au Bas Moyen Âge. Les Pays-Bas bourguignons dans un contexte européen, éd. R. Stein, Turnhout, 2001, pp. 165-176 (partcl. p. 168). 18 C’est notamment là l’opinion parfaitement fondée de M.-A. Arnould, Les Lendemains de Nancy dans les « pays de par deça » (janvier-avril 1477), dans 1477. Le Privilège Général, op. cit., pp. 49-50. 19 Gand, Archives de l’État, Conseil de Flandre, 34323 (anc. série F, 45). Cette ordonnance figurera dans l’édition en préparation, par V. Bessey et J.-M. Cauchies, des ordonnances de l’hôtel de Marie de Bourgogne, Maximilien et Philippe le Beau (Les Ordonnances de l’hôtel des ducs de Bourgogne, t. 3, Marie de Bourgogne, Maximilien d’Autriche et Philippe le Beau 1477-1506, éd. V. Bessey, J.-M. Cauchies et W. Paravicini, Berlin, 2019, voir § 383-396). Les quatre noms épinglés sont ceux de Jean de La Bouverie, Louis de Bruges (seigneur de la Gruuthuse), Jean Carondelet et Guy de Rochefort (voir infra). À propos de ce texte, on verra, dans le présent volume, la contribution de V. Bessey, L’Hôtel de Marie de Bourgogne d’après l’ordonnance de cour du 26 mars 1477. Continuités et adaptations, pp. 211-223. 20 Bruxelles, AGR, Manuscrits divers, ms. 391A, ff. 68r-74v. Précédemment éditée par L.-P. Gachard, Ordonnance et état de la Maison de Maximilien duc d’Autriche et de Bourgogne, septembre 1477, dans B.C.R.H., 2e sér., t. 9, 1857, pp. 117-127, elle figurera aussi dans la publication annoncée à la note précédente : voir § 2-117. H. Cools, Mannen met macht. Edellieden en de Moderne Staat in de Bourgondisch-Habsburgse landen (1475-1530), Zutphen, 2001, p. 32, et J. Haemers, For the Common Good, op. cit., p. 121, justifient ce nombre élevé par la volonté de l’archiduc de retenir au maximum les nobles des Pays-Bas à sa cour et d’en éviter les défections.

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aux chambres financières malinoises abolies par le Grand Privilège. Appelé à concentrer entre ses mains toute la politique et l’administration, les charges de gestion et de contrôle des affaires financières, le superintendant pourra être tenu à bon droit pour un véritable « ministre des finances »21. On y reviendra plus loin en identifiant les titulaires de la charge. Dans le corps des textes émanés des gouvernants, il est d’ordinaire fait état en des termes sibyllins de conseils et avis préalables recueillis sur les décisions à prendre22. Il est excessivement rare que des individus y soient nommément désignés. On n’y apprend donc rien sur le rôle effectif des personnes. Ainsi l’ordonnance sur les domaine et finances d’octobre 1477 a-t-elle été établie eu sur ce bon et meur advis et deliberacion de gens en ce congnoissans23. Datent du même jour, 10 octobre, une commission de secrétaires appelée à signer les lettres se rapportant aux mêmes domaine et finances, et du lendemain les lettres de commission du superintendant ; en se référant à l’ordonnance elle-même, on y précise qu’elle a été faite par grant et meur adviz et deliberacion d’aucuns de nostre sang, des gens de nostre grant conseil et d’aucuns de la chambre de noz comptes a Malines24. Tout en se révélant plus loquace qu’il n’en va d’ordinaire, la formule ne livre aucun nom, et ce ne serait d’ailleurs pas le rôle de cette partie du discours de l’acte. C’est ailleurs qu’il faut rechercher des noms, en l’occurrence dans la mention de service, composante des notes dites extra sigillum ou encore hors teneur25. La mention dite de service ou de commandement fait état de la jussio. Apposée de la main du secrétaire signataire de l’acte original, elle vise l’identification de ceux qui ont pris une part réelle à la décision, ne fût-ce que par leur présence effective quand l’ordre fut donné de procéder à la confection des lettres patentes. Par madamoiselle la duchesse ou Par madamoiselle la duchesse en son conseil (in zijnen raedt) ou encore Par madamoiselle la duchesse a la relation du conseil (ter relacie vanden raide) sont des formes qui ne nous apportent rien ici. Bien vite, suite au mariage princier célébré le 19 août 1477, on lira au bas des actes : Par monseigneur le duc et madame la duchesse (bij mijnen heere den hertoghe ende mijner vrauwe der hertoghinne), ou encore in hueren raedt. Les occurrences utiles seront celles où la référence à la princesse seule, puis au couple princier, et, éventuellement, à leur conseil s’accompagneront de l’énumération d’un nombre variable de conseillers : [X, Y, Z] presens, ou bien conseil, ouquel [X, Y, Z] estoient. Sans que l’on puisse se prononcer sur la portée

21 J Van Rompaey, De Grote Raad, op. cit., pp. 124-126. 22 J.-M. Cauchies, La Législation princière pour le comté de Hainaut. Ducs de Bourgogne et premiers Habsbourg (1427-1506). Contribution à l’étude des rapports entre gouvernants et gouvernés dans les PaysBas à l’aube des temps modernes, Bruxelles, 1982, pp. 106 s. 23 Lille, ADN, B 1610, fol. 187r. 24 Ibid., ff. 188r-189r. 25 À ce propos, on verra J.-M. Cauchies, Indices de gestion, formules de décision. Les mentions de service dans les actes princiers pour les Pays-Bas au xve siècle, dans Décisions et gestion. Septièmes rencontres, 26 et 27 novembre 1998, Toulouse, 1999, pp. 15-24. Pour une exploitation de ces précieuses données, voir Id., « Croit conseil », op. cit.

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de l’enregistrement sélectif, suggéré parfois par les mots et [plusieurs] autres presens (ende [meer] andere tegenwordich), il est permis, nous semble-t-il, de déceler une intention de mettre en exergue certaines participations plus notables que d’autres à une prise de décision. Cela étant dit, il ne conviendrait pas d’attribuer à des mentions de service une valeur absolue et exclusive. Ainsi, en juillet 1477, Marie consent-elle la cession à Pierre de Luxembourg, fils du défunt connétable de France Louis, de tous droits et revendications sur le comté de Saint-Pol et les autres seigneuries paternelles autrefois saisies, eu premierement l’adviz de noz améz et feaulx les gens de noz comptes a Malines et apréz de beau cousin le duc de Cleves et des gens de nostre grant conseil estans lés nous : la mention de service de l’acte ne mentionne pour autant ni le duc Jean Ier de Clèves, ni quelque officier de la chambre des comptes de Malines, mais seulement trois autres conseillers26. Cela n’a rien d’une anomalie. Et souvent, bien sûr, sera-t-il seulement fait état d’une décision prise bij deliberacien van onsen rade27, ou bien eu sur icelles bon advis et meur[e] deliberacion de conseil28, ou encore dairup gehadt goed adviz ende rijpheit29. * *** Marie de Bourgogne, pour les avis qu’elle déclare prendre, se réfère donc en octobre 1477 à trois catégories d’hommes bien identifiables : ceux de nostre sang, ceux du grant conseil, ceux de la chambre de noz comptes. Un autre binôme est aussi possible : gens du grant conseil et des finances. La dénomination grant conseil pourrait ici être déroutante. S’il s’agit ailleurs, comme, on l’a vu, notamment dans le Grand Privilège, de l’expression désignant l’organe de justice, pourvu d’un président en bonne et due forme dit « chef », on vise ici le conseil politique. Il en va ainsi dans des lettres ducales du 28 janvier 1477 prolongeant à titre provisionnel l’activité de la chambre des comptes de Malines, faisant état de l’advis et deliberacion des chancelier et autres gens du grant conseil30. Le chancelier en fonction est alors encore Guillaume Hugonet, qui a servi à ce titre Charles le Hardi depuis 1471 et à qui les événements ôteront bientôt la vie, puisqu’il sera victime quasi propitiatoire, deux mois plus tard, de la vindicte flamande31. Quant aux mots grant conseil, ils ne peuvent de toute manière ici, deux semaines avant l’octroi du Grand Privilège, concerner un organe de justice non

26 Lille, ADN, B 1610, fol. 182r-v. 27 Lille, ADN, B 1700, fol. 79r (février 1479, n. st. ; restitution d’une seigneurie à un vassal). 28 Lille, ADN, B 1610, fol. 279r (3 janvier 1480, n. st. ; traité avec la ville de Tournai, pour elle et le bailliage de Tournaisis et Saint-Amand). 29 Rijp = « mûr ». Lille, ADN, B 1701, fol. 3r (mai 1479 ; amortissement au profit d’une chapelle en Flandre). 30 M.-A. Arnould, Les Lendemains, op. cit., p. 18 n. 86. 31 À son propos, voir W. Paravicini, Zur Biographie von Guillaume Hugonet, Kanzler Herzog Karls des Kühnen, dans Id., Menschen am Hof der Herzöge von Burgund. Gesammelte Aufsätze, éd. K. Krüger, H. Kruse et A. Ranft, Stuttgart, 2002, pp. 107-142 (article publié initialement en 1972).

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encore (r)établi. Il en est de même, par exemple, quand Maximilien, le 22 novembre suivant, exige pour lui et son grant conseil un rapport de la chambre des comptes sur les aliénations domaniales consécutives aux privilèges concédés depuis février32. En fait, il y a foison de textes33 où il est fait usage de la formule grand conseil pour désigner l’organe politique. Ailleurs, sensible variante, voici onsen hoogen raide34. Mais en novembre 1477, à propos des services du futur chancelier Carondelet, c’est incidemment et exceptionnellement qu’il est question d’un conseil secret de Marie et Maximilien35. Ce conseil de gouvernement ne paraît en tout cas pas autrement structuré. Il n’est pas explicitement pourvu d’un président identifié comme il le sera plus tard, sous Philippe le Beau36. Il y a lieu de considérer que ce rôle sera ipso facto dévolu au chancelier, lors de la restauration officielle de la fonction37, en 1480 seulement, au profit de Jean Carondelet. Mais jusque-là, il avait dû relever, tradition des ducs antérieurs obligeait, de l’évêque de Tournai, Ferry de Clugny. Celui-ci est en effet mis en évidence dans la mention de lettres émanant de monseigneur de Tournay et autres du conseil et des finances, ou encore de mesdis seigneurs de Tournay, du conseil et des finances, mais sans être personnellement autrement qualifié38. Dans des lettres patentes du 10 octobre 1477, il est fait état, sans désignation nominative, du chef du grand conseil en l’absence de nostredit chancellier39. Au total, nous estimons pouvoir épingler à bon droit 21 noms, parmi les conseillers avérés, dont on a tout lieu de penser que le rôle est bien effectif. Partons à leur rencontre.

32 M.-A. Arnould, Les Lendemains, op. cit., p. 72. 33 Il suffit pour s’en convaincre de parcourir les nombreuses lettres patentes ducales enregistrées dans les séries des registres aux chartes (Lille, ADN, B 1610 et 1611) et des registres de l’audience (Lille, ADN, B 1699-1703). 34 Dans l’exposé des motifs de la Joyeuse Entrée (Brabant) du 29 mai 1477 : De Blijde Inkomst van Maria van Bourgondië (29 mei 1477), éd. R. Van Uytven, coll. P. De Ridder, dans 1477. Le Privilège Général, op. cit., p. 289. 35 H. Cools, Mannen met macht, op. cit., p. 184. 36 J.-M. Cauchies, « Croit conseil », op. cit., p. 395 ; rééd. dans Conseils et conseillers, op. cit., p. 54. 37 Sous réserve toutefois de l’intervention à ce titre, de manière, si l’on peut dire, intérimaire et apparemment éphémère, de Georg Heßler, durant l’automne 1477 : Si donnons en mandement a nostre amé et feal chancellier le prothonotaire de Hesler […] (Lille, ADN, B 1610, fol. 188v [10 octobre 1477]). Cet ecclésiastique, futur évêque de Passau et cardinal († 1482), avait joué un rôle éminent, au cours des mois précédents, dans les négociations et la conclusion du mariage de Maximilien et Marie : H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. Das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 1, Munich, 1971, passim ; H. Noflatscher, Räte und Herrscher. Politische Eliten an den Habsburgerhöfen der österreichischen Länder 1480-1530, Mayence, 1999, passim (nombreuses mentions). 38 Lille, ADN, B 2115, ff. 74v-75v, 88r (octobre-décembre 1477). Sur Ferry de Clugny, chief jusqu’en 1480, voir n. 54 infra. 39 En l’espèce de Georg Heßler, voir supra n. 37.

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Les princes du sang sont trois. Le duc Jean Ier de Clèves40 et son frère Adolphe, seigneur de Ravenstein41, neveux de Philippe le Bon, chevaliers de la Toison d’Or, ont été éduqués à la cour de Bourgogne. Le second exerce d’emblée, dès l’avènement inopiné de Marie, la charge de lieutenant et gouverneur général42, qu’il conservera jusqu’à l’arrivée de Maximilien dans les Pays-Bas et l’accomplissement du mariage, en août 1477. Oncle maternel de la duchesse, Louis de Bourbon, prince-évêque de Liège, est mentionné dans divers actes de privilèges de mars 1477, mais il disparaît ensuite bien vite des mentions de service, conséquence plus que probable d’une disgrâce due au fait que ce prélat avait opté en faveur d’une union matrimoniale entre Marie et le dauphin Charles43. De grands officiers voient associer leurs tâches de conseil à une fonction de premier plan au sein de l’hôtel. Les figures de proue en sont Louis de Bruges et Philippe de Croÿ. Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse, chevalier de la Toison d’Or, est dénommé d’ordinaire comte de Winchester par référence à un titre reçu quelques années plus tôt du roi Édouard IV pour services rendus ; il est premier chevalier d’honneur, c’est-à-dire chambellan, de la duchesse, mentionné comme tel dans l’ordonnance de l’hôtel de mars 147744. Philippe de Croÿ, comte de Chimay, lui aussi chevalier de la Toison d’Or, sera premier chambellan de Maximilien, l’homologue donc du seigneur de la Gruuthuse pour l’époux de la duchesse45. Trois autres nobles

40 † 1481. P. De Win, Art. Jean Ier, duc de Clèves, comte de La Marck, dans Les Chevaliers de l’Ordre de la Toison d’Or au xve siècle. Notices bio-bibliographiques, éd. R. de Smedt, 2e éd., Francfort, 2000, pp. 109112 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., p. 240. Présent à la cour au début de 1477, il la quitte ensuite, si l’on en croit Philippe de Commynes, Mémoires, op. cit., t. 1, pp. 438-440, et se retire en son pays, en raison du mécontentement qu’il éprouve lors de la conclusion, en avril, du mariage escompté dans son chef pour son fils… Sur les négociations ayant mené au mariage de Marie et la cohorte des candidats évincés – dix-huit au moins, dont Jean (II) de Clèves –, l’étude de référence est aujourd’hui celle de S. Dünnebeil, Handelsobjekt Erbtochter. Zu den Verhandlungen über die Verehelichung Marias von Burgund, dans Aussenpolitisches Handeln im ausgehenden Mittelalter. Akteure und Ziele, éd. Id. et Chr. Ottner, Vienne-Cologne-Weimar, 2007, pp. 159-184 ; ainsi que son texte ici-même Id., Mary, a « Diplomatic Weapon of Universal Value » for Charles the Bold, pp. 225-235. 41 † 1492. P. De Win, Art. Adolphe de Clèves, seigneur de Ravenstein, dans Les Chevaliers de l’Ordre, op. cit., pp. 131-134 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 238-240 ; J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 106-108, 112-113. 42 Commission en date du 28 janvier 1477 : L.-P. Gachard, Analectes historiques. Douzième série, dans B.C.R.H., 3e sér., t. 8, 1866, pp. 279-280. 43 † 1482. H. Cools, Mannen met macht, op. cit., p. 163 ; Philippe de Commynes, Mémoires, op. cit., t. 1, pp. 436-437 : lui aussi « se retire » dans le contexte du mariage ducal. J. Haemers, For the Common Good, op. cit., p. 120, met en outre cette rupture en relation avec la politique « agressive » de Maximilien en Gueldre, mais ce n’est que plus tard que ce facteur a pu accroître le malaise. W.P. Blockmans, Privilegie voor alle landen, op. cit., p. 126, situe le départ du prélat pour Liège peu après le 30 mars et le motive par des troubles dans son évêché. 44 † 1492. M. Martens, Art. Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse, dans Les Chevaliers de l’Ordre, op. cit., pp. 148-151 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 180-182 ; J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 108-113. 45 † 1482. M. Debae, Art. Philippe de Croÿ, comte de Chimay, dans Les Chevaliers de l’Ordre, op. cit., pp. 174-176 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 194-195. Pourvu de la commission de premier chambellan le 28 août 1477 (M.-R. Thielemans, Les Croÿ, conseillers des ducs de Bourgogne. Documents

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sont de la partie : Baudouin de Lannoy, premier maître d’hôtel de Marie, chevalier de la Toison d’Or46, le comte Engelbert de Nassau, maréchal de l’hôtel, lui aussi membre de l’ordre47, et le célèbre mémorialiste Olivier de La Marche, premier maître d’hôtel de Maximilien, déjà titulaire de pareille fonction sous Charles le Hardi48. Nous avons encore identifié, quoique plus épisodiquement, trois seigneurs bien introduits dans les allées du pouvoir. Josse de Lalaing, également d’ailleurs en fonction dans l’hôtel et qui avait déjà servi Charles le Hardi, va être honoré de la Toison d’Or lors du chapitre tenu par Maximilien en 1478 ; il sera surtout gouverneur en Hollande49. Pierre (II) de Luxembourg, comte de Saint-Pol, fils du tristement célèbre connétable, va accéder au cercle des chevaliers de l’ordre lors du même chapitre de 147850. Enfin, voici Guy de Rochefort, de souche comtoise, possessionné en Bourgogne, qui passera au service de Louis XI après le traité d’Arras de 1482 et deviendra même chancelier de France51. Outre Louis de Bourbon, déjà répertorié, trois ecclésiastiques peuplent assidument le conseil. Si deux d’entre eux interviennent, on va le voir plus loin, au titre de techniciens, il en est un qui perpétue la tradition des prélats de cour. Ferry de Clugny, évêque de Tournai depuis 1473, promu cardinal en 1480, avait été un des hommes clés du gouvernement des Pays-Bas sous le défunt duc Charles, aux côtés du chancelier Hugonet et du seigneur de Humbercourt, victimes physiques d’une réaction au régime et frappés d’un triste sort auquel Ferry ne dut d’échapper qu’en

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extraits de leurs archives familiales, 1357-1487, dans B.C.R.H., t. 124, 1959, pp. 130-131), il n’est toutefois pas mentionné dans l’ordonnance de l’hôtel de l’archiduc de septembre suivant. † 1501. J. Devaux, Art. Baudouin de Lannoy, seigneur de Molembaix, dans Les Chevaliers de l’Ordre, op. cit., pp. 210-213 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., p. 248 ; J.-M. Cauchies, Maximilien d’Autriche et le traité d’Arras de 1482. Négociateurs et négociations, dans Arras et la diplomatie européenne (xve-xvie siècles), éd. D. Clauzel, Ch. Giry-Deloison et Chr. Leduc, Arras, 1999, p. 159 ; Id., « Croit conseil », op. cit., p. 404, no 16 (rééd. dans Conseils et conseillers, op. cit., p. 60). † 1504. P. De Win, Art. Englebert II, comte de Nassau-Dillenburg, dans Les Chevaliers de l’Ordre, op. cit., pp. 180-183 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 269-272 ; J.-M. Cauchies, « Croit conseil », op. cit., p. 404, no 22 (rééd. dans Conseils et conseillers, op. cit., p. 61). † 1502. H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 262-263 ; Autour d’Olivier de La Marche, éd. J.-M. Cauchies, dans P.C.E.É.B., t. 43, 2003. † 1483 (au siège d’Utrecht). Il est dénommé d’ordinaire seigneur de « Montigny », i.e. MontigniesSaint-Christophe : Belgique, prov. Hainaut, arr. Thuin, com. Erquelinnes. M. Baelde, Art. Josse de Lalaing, seigneur de Montignies, dans Les Chevaliers de l’Ordre, op. cit., pp. 194-196 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., p. 246 ; J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 71, 120. † 1482. J.-M. Cauchies, Art. Pierre de Luxembourg, comte de Saint-Pol, dans Les Chevaliers de l’Ordre, op. cit., pp. 200-201 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 260-261. † 1507. Il apparaît aussi sous le nom de seigneur d’« Abergement » ou de « L’Abergement » (Labergement-lès-Auxonne : France, rég. Bourgogne–Franche-Comté, dpt Côte-d’Or, arr. Dijon, cant. Auxonne). A.J.M. Kerckhoffs-de Hey, De Grote Raad en zijn functionarissen 1477-1531. Biografieën van raadsheren, Amsterdam, 1980, p. 121 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 283284 ; J.-M. Cauchies, L’Hommage de Philippe le Beau à Louis XII pour la Flandre et l’Artois (5 juillet 1499). Tradition, paix et bravade, dans Relations, échanges, transferts en Occident au cours des derniers siècles du Moyen Âge. Hommage à Werner Paravicini, éd. B. Guenée et J.-M. Moeglin, Paris, 2010, pp. 420-421.

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raison de son état de clerc52. S’il est simplement qualifié de conseiller, il y a tout lieu de penser, on l’a dit, qu’une fonction de chef, à tout le moins de facto, lui seyait bien, comme par le passé53, au sein du conseil. Postérieurement au décès de Marie, une « enquête » de 1482 sur l’utilité du « conseil du prince », visant évidemment Maximilien, proposera d’en « rebouter » tous ecclésiastiques : en réfutation de cette proposition, il sera répondu, entre autres arguments doctrinaux et historiques, par référence à la tradition ducale bourguignonne, que monseigneur de Tournay a esté oudit estat de chief de conseil jusques a sa promocion a l’estat de cardinal54. Nous intégrerions donc volontiers Clugny dans un trio de tête des « ministres » ducaux hors la grande noblesse. Deux légistes l’y accompagneraient. Jean de La Bouverie, toujours désigné sous le nom de seigneur de Wierre55, est appelé chief, chief et president du grand conseil de justice, en charge depuis le 26 mars 147756. Second président du Parlement de Malines avant 1477, il poursuit donc une carrière de juriste de très haut rang et l’ordonnance de l’hôtel de ce même 26 mars 1477 le situe en effet comme tel57. Son proche collègue Jean Carondelet, toujours dénommé seigneur de Champvans58, n’est pas moins présent que lui à la proue du bateau. Ce juriste comtois, après avoir exercé la charge de premier président du ci-devant Parlement de Malines, domicilié d’ailleurs encore à Malines59, est investi de la dignité – virtuelle, vu l’occupation française – de président des parlements de Bourgogne, mais il accède à la charge rétablie de chancelier le 26 mars 148060. Des références, dans des actes ducaux, à la consultation de gens de la chambre des comptes sont corroborées par la présence dans des mentions de service de deux fonctionnaires de cette institution. L’un, qualifié de maître, est Jean Le Doulx 52 † 1483 (à Rome). Il avait été en fonction au grand conseil de justice, en qualité de maître des requêtes, dès 1456, puis au Parlement de Malines. A.J.M. Kerckhoffs-de Hey, De Grote Raad en zijn functionarissen, op. cit., p. 49 ; M. Dykmans, Art. C[lugny], Ferry de, dans Lexikon des Mittelalters, t. 2, Munich-Zurich, 1983, col. 2171 (où il est mentionné à tort comme « président » du Parlement de Malines) ; B. Bousmanne, Item a Guillaume Wyelant aussi enlumineur. Willem Vrelant. Un aspect de l’enluminure dans les Pays-Bas méridionaux sous le mécénat des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire, Bruxelles, 1997, pp. 204-206, 300-301, 371 n. 380 (bibliographie détaillée). 53 Voir J. Van Rompaey, De Grote Raad, op. cit., pp. 505, 508 (décembre 1473). 54 J. Frederichs, Le Grand conseil ambulatoire, op. cit., pp. 470, 475. 55 Wierre-au-Bois : France, rég. Hauts-de-France, dpt Pas-de-Calais, arr. Boulogne-sur-Mer, cant. Desvres. 56 Lille, ADN, B 2118, fol. 97r (bien avant, donc, le 15 avril 1478, date indiquée par J. Stengers, Composition, procédure et activité judiciaire, op. cit., p. 7). 57 † 1493. H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 173-174 ; J.-M. Cauchies, Maximilien d’Autriche et le traité d’Arras, op. cit., pp. 159-160. Dans l’ordonnance de l’hôtel, citée supra n. 19, voir § 383. 58 Champvans : France, rég. Bourgogne–Franche-Comté, dpt Jura, arr. Dole, cant. Dole 1. 59 Lille, ADN, B 2115, fol. 60v. (septembre 1477). Il demeure très attaché à cette ville et souhaite même y garder établi le grand conseil de justice : J. Van Rompaey, De Grote Raad, op. cit., p. 133. 60 † 1501. A.J.M. Kerckhoffs-de Hey, De Grote Raad en zijn functionarissen, op. cit., pp. 38-40 ; J. Theurot, L’Université de Dole au service de Bourgogne. L’université, les gens de savoir et le prince (1423-début xvie siècle), dans P.C.E.É.B., t. 38, 1998, pp. 288-293 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 183-185 ; F. Buylaert, Repertorium van de Vlaamse adel (c. 1350-c. 1500), Gand, 2011, pp. 159-160. La date précise du 26 mars 1480 est attestée par A. Walther, Die burgundischen Zentralbehörden, op. cit., p. 18.

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(ou Le Doulz), président de la chambre malinoise puis, après réinstallation en juillet 1479 dans la principale ville de Flandre gallicante, lilloise61. L’autre, dit messire, Thomas Malet, maître des comptes, est identifié sous le nom de seigneur de Berlettes (châtellenie de Lille)62. Leur profil politique, au-delà de leur spécialisation professionnelle, peut être dû à leur ancienneté dans une charge à la chambre, respectivement depuis 1447 et 1451. Viennent enfin les cinq responsables financiers mentionnés plus souvent qu’à leur tour dans les consultations. Georges de Bade, évêque de Metz, fut un artisan de poids de l’union de Marie et Maximilien. Membre de l’ambassade impériale venue à Bruges en avril 1477 pour le mariage per procuram, porte-parole de Frédéric III à cet effet, il va se voir pourvu par commission du 11 octobre suivant d’une charge nouvelle, celle de superintendant, autant dire de ministre, des finances, concentrant tout à la fois gestion de la trésorerie et contrôle de la Recette générale63. C’est une personnalité d’un tout autre profil, le marchand et banquier brugeois Guillaume Moreel, qui lui succédera en mai 1479, avant que la fonction ne soit abolie fin 1480, Maximilien en reprenant en mains les hautes responsabilités. Moreel obtiendra alors une charge de commis des domaine et finances, jusqu’à sa disgrâce et son arrestation en décembre 148164. Trois titulaires l’avaient déjà simultanément précédé dans les habits de commis, à savoir l’ecclésiastique Pierre Bogaert, doyen du chapitre collégial Saint-Donatien de Bruges65, Nicolas de Gondeval66 et Pierre Lanchals, ce dernier d’abord receveur général des finances jusqu’au 31 août 1477, promu en outre maître d’hôtel le 30 janvier

61 † 1490/91. M. Jean, La Chambre des comptes de Lille (1477-1667). L’institution et les hommes, Paris, 1992, pp. 319-320 ; Id., Les Gens des comptes à Lille à la fin du xve siècle, dans Les Courtiers du pouvoir, op. cit., p. 95 ; J. Dumolyn, Staatsvorming en vorstelijke ambtenaren in het graafschap Vlaanderen (1419-1477), Anvers-Apeldoorn, 2003, CDRom, no 145. 62 † 1487. M. Jean, La Chambre des comptes, op. cit., pp. 325-326 ; Id., Les Gens des comptes, op. cit., p. 98. Il est cité comme premier maître des comptes en 1479 : Lille, ADN, B 2118, fol. 249r. Voir aussi J. Dumolyn, Staatsvorming, op. cit., CDRom, no 154. 63 † 1484. J. Schneider, Un Conseiller des ducs de Bourgogne. Georges de Bade, évêque de Metz (14591484), dans Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy (1477). Actes du colloque organisé par l’Institut de recherche régionale en sciences sociales, humaines et économiques de l’Université de Nancy ii (Nancy, 22-24 septembre 1977), Nancy, 1979, pp. 305-338 (partcl. pp. 329-330, 332-333) ; H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I., op. cit., t. 1, p. 125 ; J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 34-35. 64 † 1503. J. Haemers, Art. Moreel, Willem (III), dans N.B.W., t. 18, Bruxelles, 2007, col. 681-689 ; Id., For the Common Good, op. cit., partcl. pp. 35, 37, 80 s. Gages fixés par lettres patentes de Maximilien en date du 23 mai 1479 : Lille, ADN, B 2121, fol. 104r. Après un bref emprisonnement et une libération sous caution, Moreel devait poursuivre une carrière dans l’orbite du conseil de régence alors imposé à Maximilien. Voir aussi J. Haemers, De strijd om het regentschap over Filips de Schone. Opstand, facties en geweld in Brugge, Gent en Ieper (1482-1488), Gand, 2014, passim. 65 Précédemment au service de Philippe le Bon et Charles le Hardi, notamment en qualité de procureur à Rome et ambassadeur à Naples. R. Walsh, Charles the Bold and Italy (1467-1477). Politics and personnel, Liverpool, 2005, pp. 103-103 ; J. Haemers, For the Common Good, op. cit., partcl. p. 37. 66 Ci-devant argentier de Charles le Hardi. C. Albrecht, Eine reformierte Zentralfinanz. Die Finanzverwaltung während der Herrschaft Karls des Kühnen untersucht anhand der Rechnungsüberlieferung des burgundischen Argentiers, dans Finances publiques et finances privées au bas Moyen Âge, éd. M. Boone et W. Prevenier, Louvain-Apeldoorn, 1996, pp. 223-224, 231.

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1481 et qui, pour son grand malheur en fin de parcours, comptera plus tard au nombre des hommes de confiance de Maximilien régent67. Un inventaire des mentions de service permet encore de répertorier d’autres noms, mais de manière toujours fugitive, mentions uniques en l’occurrence. Dans un acte de Maximilien seul, relatif aux privilèges des chevaliers de la Toison d’Or (octobre 1478)68, sont mentionnés à côté de conseillers souvent appelés, à savoir Georges de Bade, La Bouverie, Carondelet et Bogaert, le marquis Christophe de Bade, cousin germain de l’archiduc69, et le comte autrichien Werdenberg, alors conseiller impérial influent70. Dans un seul acte aussi, voici Jacques (Ier) de Luxembourg, seigneur de Fiennes, chevalier de la Toison d’Or, un militaire bien typé puisque maréchal de l’ost71 : mais il est vrai que l’acte, de Marie seule, concerne une exemption de tailles pour Douai72 et que le seigneur de Fiennes – est-ce un hasard ? – exercera par la suite la charge de capitaine de cette ville. Louis, comte de Veldenz73, un Wittelsbach de la branche palatine, titré duc en Bavière, avait aussi fait partie de l’ambassade d’avril 1477 pour le mariage per procuram et c’est même lui qui en avait accompli le rituel, au nom de Maximilien74 ; un mois plus tard, il est exceptionnellement présent dans la mention de service de la Joyeuse Entrée de Brabant du 29 mai75. * *** Que nous apprend ce survol d’une panoplie à la fois fournie et bien cernée de conseillers agissants, dont certains, de toute évidence, ont pu s’élever du rang 67 † 1488 (exécuté). Il est bien connu grâce aux travaux de M. Boone, Art. Lanchals, Pieter, dans N.B.W., t. 13, Bruxelles, 1990, col. 471-480 ; Id., Un Grand commis de l’État burgondo-habsbourgeois face à la mort. Le testament et la sépulture de Pierre Lanchals (Bruges, 1488), dans Miscellanea in memoriam Pierre Cockshaw (1938-2008). Aspects de la vie culturelle dans les Pays-Bas méridionaux (xive-xviiie siècle), éd. F. Daelemans et A. Kelders, Bruxelles, 2009, pp. 63-88 ; Id., La Hollande, source de capital social pour un flamand ambitieux ? Les intérêts et les aventures de Pierre Lanchals, grand commis de l’État burgondohabsbourgeois (vers 1441/42-1488), dans Power and Persuasion. Essays on the Art of State building in Honour of W.P. Blockmans, éd. P. Hoppenbrouwers, A. Janse et R. Stein, Turnhout, 2010, pp. 197-223. Voir aussi H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 247-248 ; J. Haemers, For the Common Good, op. cit., partcl. pp. 78-79 (outre de nombreuses autres mentions) ; Id., De strijd om het regentschap, op. cit., passim. 68 Recueil des ordonnances des Pays-Bas. Deuxième série. 1506-1700, éd. Ch. Terlinden et J. Bolsée, t. 7, Bruxelles, 1957, pp. 116-119. 69 Et neveu de l’évêque Georges. H. Cools, Quelques hommes de cour originaires des pays germaniques aux Pays-Bas à l’époque de Maximilien Ier, dans P.C.E.É.B., t. 46, 2006, pp. 165-167 ; P.-J. Heinig, Akteure und Mediatoren burgundisch-österreichischer Beziehungen im 15. Jahrhundert, ibid., pp. 135-136. 70 Voir H. Noflatscher, Räte und Herrscher, op. cit., passim (nombreuses mentions). Il devait être bien informé des affaires bourguignonnes, ayant participé en qualité de conseiller impérial aux négociations de Trèves de 1473 : H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I., op. cit., t. 1, p. 98. 71 J.-M. Cauchies, Art. Jacques Ier de Luxembourg, seigneur de Fiennes, dans Les Chevaliers de l’Ordre, op. cit., pp. 196-197 ; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 257-258. 72 Lille, ADN, B 1699, fol. 23v. 73 Veldenz : Allemagne, land Rhénanie-Palatinat, arr. Bernkastel-Wittlich. 74 H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I., op. cit., t. 1, p. 126 ; t. 5, 1986, p. 387. 75 De Blijde Inkomst, op. cit., p. 356.

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d’exécutants à celui d’inspirateurs d’une politique ? Une continuité tout d’abord76. La disparition tragique de Charles le Hardi, si elle a donné lieu à des manifestations hostiles à la centralisation et à certains de ses agents, qui ont pu y laisser la vie, n’a toutefois pas entraîné un bouleversement et un renouvellement radical du personnel politique associé aux grandes décisions. Un Carondelet, un La Bouverie, d’autres encore, avaient exercé des charges en vue sous le duc précédent. Louis de Bruges avait gouverné depuis 1462 Hollande, Zélande et Frise. Le doyen brugeois Bogaert, commis des domaine et finances, était déjà conseiller de Philippe le Bon puis de son fils, tandis que Gondeval et Lanchals, ses proches collègues, avaient respectivement servi Charles le Hardi en qualité d’argentier et de receveur général… Les données de l’ordonnance de l’hôtel du 26 mars 1477, avec une liste de treize hommes ordonnéz estre au conseil, ne doivent pas faire illusion et laisser croire que ce serait là le « gouvernement » de la duchesse au grand complet77. Officiellement, peut-être. Mais c’est l’examen des mentions de service, véritables reflets d’une pratique de la décision politique, qui permet bien mieux de toucher du doigt la réalité. Dans plus d’un acte, une forme de logique institutionnelle se fait jour, comme dans la mention de service de lettres augmentant les gages d’un échanson de l’hôtel qui livrent le seul nom du comte de Chimay, premier chambellan, grand officier du même hôtel78. Les adversaires de Maximilien, les Gantois en particulier, lui reprocheront volontiers d’avoir introduit nombre d’étrangers dans les rouages, les offices de la Flandre, plus largement des Pays-Bas. Les griefs ad hoc porteront particulièrement sur une double méconnaissance, linguistique et juridique, affichée dans leur chef79. Qu’il y ait eu dans l’entourage du Habsbourg des hommes natifs d’Allemagne et d’Autriche, parmi ses chambellans, n’est pas douteux, que certains, usant ainsi d’un tremplin, aient exercé par la suite une influence déterminante, avant de poursuivre une « belle » carrière sous d’autres cieux d’ailleurs, ce ne peut être nié sans preuves80. Mais pour les années antérieures au décès de Marie, cela n’apparaît guère dans notre enquête, au plus haut niveau de la décision politique – celui de conseillers et non de

76 V. Bessey, L’Hôtel de Marie de Bourgogne, op. cit., p. 212, formule un constat analogue. 77 C’est l’opinion, trop tranchée, de M.-A. Arnould, Les Lendemains, op. cit., p. 50 n. 257. 78 Lille, ADN, B 2117/68318 (13 juin 1478). 79 J. Haemers, Faire son prouffit. Die Finanzpolitik Maximilians I. und die städtischen Aufstände in den Niederlanden (1477-1488), dans Habsburger Herrschaft vor Ort-weltweit (1300-1600). Beiträge der internationalen wissenschaftlichen Tagung auf Schloß Lenzburg bei Zürich, 9.-11. Oktober 2008, éd. J. Rauschert, S. Teuscher et Th. Zotz, Ostfildern, 2013, pp. 195-196. 80 Nous avons abordé ailleurs le cas des cousins Polheim (de Haute-Autriche), dont l’un sera d’ailleurs pourvu du collier de la Toison d’Or dès 1481 (le second en 1501), et de Veit de Wolkenstein (du Tyrol), jamais mentionnés dans les processus de décision, quoiqu’appelés à des responsabilités, tel Martin de Polheim dans l’administration des finances : J.-M. Cauchies, Les Etrangers dans l’entourage politique de Philippe le Beau, dans R.N., t. 84, nos 345-346, 2002, pp. 413-428. Un autre noble tyrolien, Bartholomäus de Liechtenstein-Karneid, sexagénaire, chevalier de la Toison d’Or en 1478 déjà et potentiel conseiller « allemand » de l’archiduc, nous semble davantage l’avoir servi en qualité de diplomate. à son propos, voir G. Pfeifer, Art. Bartholomäus de Liechtenstein-Karneid, dans Les Chevaliers de l’Ordre, op. cit., pp. 203-204.

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simples détenteurs d’offices – même si nous ignorons par la force des choses ce que peut dissimuler la fréquente formule et autres présents81. Une exception toutefois : Guillaume de Moroltinger. Trois mentions de service, en 1479, font état de son nom. Par lettres patentes du 7 septembre de cette année, messire Guillaume [de] Moroltingher, dénommé conseiller et maître des requêtes de l’hôtel de l’archiduc, est pourvu d’une pension pour consideration des grans, loyaulx et continuelz services par lui faiz parcidevant dés sa jonesse a mondit seigneur, tant avant la venue d’icellui seigneur par deça que depuis, comme encores fait journellement oudit estat et autrement en pluisieurs et diversses [sic] manieres a grant soing et diligence82. Cet ami d’enfance ou, à tout le moins, d’adolescence de Maximilien serait à identifier mieux, quoique sa présence aux affaires dans les Pays-Bas soit apparemment demeurée éphémère83. Une question, dans cette optique, devrait encore être approfondie, à savoir si le mode de gouvernement de Maximilien et d’éventuels conseillers aussi « étrangers » au pays que lui84 fut alors déjà susceptible d’en « fâcher » les habitants, comme ce sera le cas après 148285. Leur laissa-t-on le temps, au sein des élites politiques, de négocier une éventuelle intégration ? Nous prendrons volontiers en considération l’expression utilisée par Paul-Joachim Heinig au sujet de ces « deutsche und österreichische Gefolgsleute » de l’archiduc : associés à la gestion, notamment financière, ils ont pu – demeurons prudent ! – s’y montrer à tout le moins « informell einflußreich »86… L’on convient volontiers de la place déterminante qu’ont pu tenir l’époux, Maximilien, et avant lui déjà la belle-mère, Marguerite d’York, absente jusqu’ici de ces pages car non investie d’une charge officielle, dans le cheminement de Marie de Bourgogne comme princesse des Pays-Bas. Il est bien avéré que la veuve de Charles le Hardi a joué un rôle effectif dans la prise de décisions importantes au lendemain du désastre de Nancy, de concert avec Marie, ce qui ne manqua

81 Il y a lieu de se demander si dans le chef des nobles autochtones des Pays-Bas, la défiance voire la détestation n’étaient pas plus intenses à l’égard de « parvenus » tels que Lanchals et Moreel qu’à l’égard de leurs homologues « importés » d’Outre-Rhin… Voir à propos des « parvenus », J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 126-129. 82 Lille, ADN, B 2118, fol. 97v. 83 Il n’est identifié ni par H. Wiesflecker (voir supra, n. 37), ni par H. Noflatscher, Räte und Herrscher, op. cit., ni par P.-J. Heinig, Akteure und Mediatoren, op. cit., et n’est pas davantage mentionné par H. Cools, Quelques hommes de cour, op. cit., pp. 161-170. P. Van Ussel, De regeering van Maria van Bourgondië over de Nederlanden, Louvain, 1943, p. 118, l’intègre, sous la dénomination de « Willem Mortingle », à l’ambassade venue à Bruges en avril 1477 pour le futur mariage burgondohabsbourgeois, mais elle ne se réfère à aucune source explicite (voir aussi l’index du livre, p. 142 : « gezant van Maximiliaan »)… 84 Notons bien que c’est davantage des conceptions et des pratiques – l’« esprit » politique, l’autoritarisme –, de sa méconnaissance des coutumes et usages indigènes, que des origines étrangères de Maximilien qu’on lui fera grief. 85 Cette remarque nous est notamment inspirée par la lecture de l’article de J. Haemers, Un Régent « qui est à l’origine de tous les maux et désordres du pays » ou « das ungetreu volck zur Flanndren » ?, dans L’Héritière, le prince étranger et le pays. Le mariage de Jean l’Aveugle et d’Élisabeth de Bohême dans une perspective comparative européenne, éd. M. Pauly, Luxembourg, 2013, pp. 241-262. 86 P.-J. Heinig, Akteure und Mediatoren, op. cit., p. 125.

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pas de susciter le mécontentement d’opposants radicaux à la politique du défunt duc87. Épinglons cependant une référence – exceptionnelle – à Marguerite dans un acte ducal, en l’espèce une exemption de tailles pour deux chartreuses du Hainaut (24 juin 1478) : […] eu premierement l’advis de noz améz et feaulx les president et gens de noz comptes a Malines aprés communicacion par eulx eue sur ceste matiere avec nostre amé et feal conseillier et receveur general de Haynnau Jehan du Terne et consequamment des gens de nostre grant conseil et de noz finances, et sur tout eu bon et meur advis et deliberation de conseil et singulierement a la requeste, priere et instance [nous soulignons] de nostre trés chiere dame et belle mere88. Le processus de la concession est ainsi graduellement décrit : consultation du receveur régional, du conseil politique et des financiers, avis de la chambre des comptes suivi d’une délibération politique. La duchesse douairière ne s’y inscrit pas comme acteur à part entière mais son intervention n’en est pas moins relatée et il est spécifié plus loin qu’elle a agi par grant devotion, donc en toute légitimité, et qu’elle a été écoutée à ce titre, privé et non public. Quoi qu’il en soit, la jeune duchesse dut être bien entourée pour franchir les obstacles qui se dressaient devant elle. Le début de son principat est à cet égard jalonné de quelques mentions de service fournies et révélatrices, quoiqu’il ne faille en rien généraliser : le Grand Privilège pour les Pays-Bas et le privilège flamand du 11 février 1477 portent seulement Bi miner joncfrauwe der hertoghinne (« Par madamoiselle la duchesse »), mais il est vrai que l’exposé des motifs du second de ces textes se réfère à Louis de Bourbon et Adolphe de Clèves. Le privilège du 14 mars suivant pour la Hollande et la Zélande livre six noms, celui du Namurois (mai) deux seulement, la Joyeuse Entrée de Brabant du 29 mai six encore89. Mais une impression générale, qu’il faudrait idéalement soumettre à l’épreuve d’un relevé systématique, fait apparaître un « appauvrissement » relatif des données nominatives dans le courant du principat de Marie. Changement d’habitude ? Volonté de la duchesse ou plutôt – ou plus encore – de son époux l’archiduc de suggérer davantage le caractère personnel des décisions ? Défiance, de Maximilien en tout cas, envers de grands seigneurs qui, selon une expression de Commynes, auraient privilégié leurs affaires particuliers90 par rapport au service franc et loyal de Marie, et volonté d’en limiter le pouvoir acquis en restreignant leur participation pleine et déclarée aux décisions ? Propension du

87 W.P. Blockmans, Margaret of York. The subtle influence of a duchess, dans Women of distinction. Margaret of York and Margaret of Austria, éd. D. Eichberger, Louvain, 2005, p. 45. Sur les griefs formulés à son égard et sa retraite, à regret, à Audenarde puis Malines, sur des terres de son douaire, voir Chr. Weightman, Margaret of York, duchess of Burgundy (1446-1503), Gloucester, 1989, pp. 111-112. 88 Lille, ADN, B 1699, ff. 53v-54r. 89 Sur tout cela, dans l’ordre des textes mentionnés, voir 1477. Le Privilège Général, op. cit., pp. 95, 128, 144, 234, 252, 356. 90 Philippe de Commynes, Mémoires, op. cit., t. 1, p. 390.

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Habsbourg à concentrer davantage en sa personne politique et décision financières91 et militaires ? Faut-il dès lors y voir les ferments de l’hostilité que manifesteront plus tard, à l’adresse de l’archiduc veuf, un Adolphe de Clèves ou un Louis de Gruuthuse ? On l’admet volontiers, en tenant compte aussi qu’il était presque « naturel » que des difficultés surgissent, assez tôt peut-être, dans les relations entre Maximilien et ceux qui, avant son arrivée, avaient tenu les rênes de l’attelage politique des Pays-Bas pour Marie et qu’il sera amené à tenir ces grands nobles pour des rivaux plus que potentiels. Mais nous conviendrons sans peine qu’en 1477, comme l’a notamment bien souligné Jelle Haemers, il convenait avant tout d’assurer une transition difficile, de gérer la réforme brutale du système mis en place par feu le duc Charles, en protégeant la princesse naturelle et la dynastie elle-même. Collaborateurs, les conseillers associés aux décisions, par ailleurs inspirateurs souvent sans doute, se devaient donc avant tout d’être protecteurs92, et il importait, comme tels, de les bien nommer. À présent que le haut personnel politique est mieux cerné, il serait souhaitable, dans la mesure où les sources le permettent, de faire la part des choses, de tenter de déterminer en quoi Marie de Bourgogne seule – « nature énergique » ou « dolente pucelle » ( Jean Molinet) ? –, ensuite elle-même et Maximilien ont assumé personnellement des choix politiques et en quoi les conseillers protecteurs – et puis d’autres –, au-delà des formules, ont été réellement décideurs93. On ne peut se risquer à attribuer à la jeune duchesse, dans les premiers mois, une activité personnelle percutante. Nul doute qu’à l’instar de Molinet, d’aucuns lui conseillent alors de s’en remettre à ses proches. L’entrée en scène, précoce dans le principat de sa femme, de Maximilien a dû à cet égard changer la donne. Le terrain reste encore bien à défricher.

91 En témoigne notamment la suppression – mentionnée supra – de la charge de superintendant des finances, jugée superflue, dont les compétences seront désormais exercées par Maximilien en personne (1480). 92 J. Haemers, For the Common Good, op. cit., p. 105, évoque à cet égard quelques « anges gardiens » de la dynastie ducale bourguignonne, issus de la haute noblesse des Pays-Bas – sauf Olivier de La Marche – bienvenus au lendemain de la débâcle de Nancy : leur gratitude envers cette lignée dut stimuler leur loyauté, sans oublier que simultanément, c’étaient leurs acquis politiques qu’ils s’efforçaient de préserver. 93 Un excellent point de départ, balayant l’historiographie contemporaine des événements, serait l’article de J. Devaux, Le Rôle politique de Marie de Bourgogne au lendemain de Nancy. Vérité ou légende ?, dans L.M.A., t. 97/2, 1991, pp. 389-405.

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Annexe Les conseillers de Marie de Bourgogne. Essai de « reconstitution » d’un « conseil de gouvernement »94 1. Jean Ier, duc de Clèves et comte de La Marck – T.O.95 2. Adolphe de Clèves, seigneur de Ravenstein, lieutenant et gouverneur général – T.O. 3. Louis de Bourbon, (prince-)évêque de Liège 4. Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse, comte de Winchester, premier chevalier d’honneur (de Marie) – T.O. 5. Philippe de Croÿ, comte de Chimay, premier chambellan (de Maximilien) – T.O. 6. Baudouin de Lannoy, seigneur de Molembaix – T.O. 7. Engelbert, comte de Nassau – T.O. 8. Olivier, seigneur de La Marche, premier maître d’hôtel 9. Josse de Lalaing, seigneur de Montigny (Montignies-Saint-Christophe) – T.O. 10. Pierre de Luxembourg, comte de Saint-Pol – T.O. 11. Guy de Rochefort, seigneur de Labergement(-lès-Auxonne) 12. Ferry de Clugny, évêque de Tournai, cardinal (1480) 13. Jean de La Bouverie, seigneur de Wierre(-au-Bois), président du grand conseil (de justice) 14. Jean Carondelet, seigneur de Champvans, chancelier (1480) 15. Jean Le Doulx, président de la chambre des comptes (Malines puis Lille) 16. Thomas Malet, seigneur de Berlettes, premier maître à la chambre des comptes 17. Georges de Bade, évêque de Metz, superintendant des finances 18. Guillaume Moreel, superintendant puis commis des finances 19. Pierre Bogaert, doyen du chapitre Saint-Donatien de Bruges, commis des finances 20. Nicolas de Gondeval, commis des finances 21. Pierre Lanchals, commis des finances

94 Il s’agit évidemment là d’un conseil « idéal », de composition factice, puisqu’un certain nombre de ces hommes, chronologiquement, n’auraient jamais pu, dans la réalité, siéger ensemble ; l’exercice de reconstitution nous a semblé néanmoins tentant pour schématiser les résultats de la recherche. 95 Chevalier de l’Ordre de la Toison d’Or.

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12. L’hôtel de Marie de Bourgogne d’après l’ordonnance de cour du 26 mars 1477 Continuités et adaptations Les circonstances politiques qui suivent la mort de Charles le Téméraire sont particulièrement difficiles pour la dynastie des Valois de Bourgogne. Entre janvier et mars 1477, la nouvelle duchesse de Bourgogne, Marie, doit faire face à l’invasion française1 et à une situation quasi-insurrectionnelle dans les villes de Flandre opposées à la centralisation bourguignonne, en particulier à Gand2 où elle résidait alors. C’est dans ce contexte que le 26 mars 1477, Marie de Bourgogne fait promulguer à Gand une ordonnance pour l’organisation de son hôtel, applicable au 1er janvier3. C’est la seule ordonnance conservée pour le règne de Marie (1477-1482)4 sous la forme d’une copie du xviie siècle, d’une copie collationnée à l’original, probablement par un secrétaire ducal de Philippe le Beau et de Charles Quint. Il s’agit de l’exemplaire de travail du bureau des maîtres de l’hôtel car l’ordonnance est tenue à jour et comporte









1 Louis XI, sous le faux prétexte de protéger Marie de Bourgogne, sa filleule, occupe le duché de Bourgogne, organise ses conquêtes (un Parlement de Bourgogne est créé le 18 mars), menace le comté de Bourgogne, attaque l’Artois, la Picardie et le Hainaut (H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. Das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 1, Vienne, 1971, pp. 113-121). 2 Marie doit concéder des privilèges aux États Généraux des Pays-Bas bourguignons, pour éviter l’effondrement de l’État. Par ailleurs, le chancelier de Bourgogne, Guillaume Hugonet, et Guy de Brimeu, seigneur de Humbercourt, fidèles serviteurs de son père, passés à son service, sont arrêtés à Gand en mars et exécutés le 3 avril sur la place du marché. Voir M. Boone, La Justice en spectacle, dans R.H., no 625, 2013/1, pp. 43-65. 3 L’ordonnance de Marie a été publiée par M. Morseau, L’Hôtel de Marie de Bourgogne. Essai d’étude sociale sur son personnel, Mémoire de licence, Université catholique de Louvain, 1964, pp. 105-144 (pour le texte proprement dit), 147-174 (pour les notes). Une nouvelle édition, revue et corrigée, de l’ordonnance a été menée dans le cadre de la publication du vol. 3 des ordonnances des ducs de Bourgogne relatives à l’hôtel de Marie de Bourgogne, de Maximilien d’Autriche et de Philippe le Beau (Les Ordonnances de l’hôtel des ducs de Bourgogne, t. 3, Marie de Bourgogne, Maximilien d’Autriche et Philippe le Beau 1477-1506, éd. V. Bessey, J.-M. Cauchies et W. Paravicini, Berlin-Berne-BruxellesNew York-Oxford-Varsovie-Vienne, 2019, pp. 41-119). 4 Seule ordonnance connue dans W. Paravicini, « Ordonnances de l’hôtel » und « escroes des gaiges ». Wege zu einer prosopographischen Erforschung des burgundischen Staats im fünfzehnten Jahrhundert, dans Menschen am Hof der Herzöge von Burgund. Gesammelte Aufsätze, éd. K. Krüger, H. Kruse et A. Ranft, Stuttgart, 2002, p. 42, mais le dépouillement de Lille, ADN, Recette Générale des Finances, B 2108-B 2128 (principat de Marie) a toutefois permis de trouver la mention d’une nouvelle ordonnance de Marie de Bourgogne (Lille, ADN, B 2127, fol. 252r, compte de 1482).

Valérie Bessey • UMR 8529-IRHIS CNRS, Université de Lille Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 211-223.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122541

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de nombreuses corrections et additions enregistrant les changements intervenus depuis sa promulgation. L’ordonnance, document normatif et financier, donne une liste complète et nominative des personnes formant l’hôtel de la duchesse, fixe leurs temps de service et leurs rétributions. En suivant l’ordre des offices, elle fait apparaître la structure de son hôtel5. Traditionnellement, l’hôtel stricto sensu est formé de la réunion des services domestiques du prince, les six offices ou métiers suivant le modèle en usage à la cour de France depuis le xiiie siècle : d’abord, les quatre services de bouche, la paneterie (chargée de l’approvisionnement en pain, du linge et de la table), l’échansonnerie (des boissons, principalement du vin), la cuisine (des repas du prince et des titulaires nourris aux frais de l’hôtel), la fruiterie (de l’achat des fruits et de la cire pour l’éclairage) ; puis la fourrière et l’écurie organisent les déplacements et les logements d’une cour plus ou moins itinérante. À cela vient se rattacher le service de la chapelle et de la chambre, une extension de la fourrière (valets de chambre, garde-robe, médecins). L’hôtel est placé sous l’autorité d’un ou plusieurs maîtres d’hôtel. En haut de la hiérarchie figurent aussi les chambellans – avec le premier chambellan à leur tête – (dans les hôtels féminins, un chevalier d’honneur et des dames et demoiselles d’honneur), puis les chefs des quatre offices (écuyers panetier, échanson, tranchant et d’écurie). On trouve encore du personnel administratif (secrétaires, fonctionnaires financiers), politique et judiciaire (conseillers et maîtres de requêtes), des officiers d’armes, des archers. Les membres de l’hôtel, qu’il faut loger, nourrir, habiller, divertir, gager, sont rétribués par les soins du maître de la chambre aux deniers, comptable de la caisse réglant les dépenses de l’hôtel. Dans les hôtels féminins, de taille plus modeste, figurent, à la suite du chevalier d’honneur et du personnel féminin, maîtres d’hôtel, offices de bouche et autres, chapelle, personnel administratif. Suivant la définition donnée par Alexandra Beauchamp6, l’hôtel, c’est donc l’ensemble des serviteurs qui satisfont les besoins – principalement domestiques – du prince, l’escortent, le conseillent. Tout le personnel ne servait pas à l’hôtel en même temps, en raison de la systématisation du service à tour adopté en Bourgogne peu après son introduction à la cour de France à la fin du xive siècle7. Si l’ordonnance prescrivait que des officiers soient présents en permanence à l’hôtel, d’autres servaient à tour de rôle, tous les 3, 4 ou 6 mois8. Les ordonnances antérieures de l’hôtel ducal s’inscrivent dans la tradition bourguignonne et présentent une continuité de structure et de personnel. Qu’en est-il pour l’ordonnance de Marie promulguée dans un contexte de crise de l’État bourguignon ? Quelles en sont les répercussions sur l’organisation et la composition de son hôtel ?

5 W. Paravicini, Ordre et règle. Charles le Téméraire en ses ordonnances de l’hôtel, dans Comptes rendus des séances de l’année, Académie des inscriptions et belles-lettres, 143e année, no 1, 1999, p. 323. 6 A. Beauchamp, Introduction, dans Les Entourages princiers à la fin du Moyen Âge, Madrid, 2013, p. 2, n. 7. 7 W. Paravicini, Structure et fonctionnement de la cour bourguignonne au xve siècle, dans P.C.E.É.B., t. 28, 1988, p. 71. 8 Sur l’organisation de l’hôtel, voir Höfe und Hofordnungen 1200-1600. 5. Symposium der ResidenzenKommission der Akademie der Wissenschaften in Göttingen, éd. H. Kruse et W. Paravicini, Sigmaringen, 1999 ; W. Paravicini, Structure, op. cit., pp. 67-74.

L’H ôt e l d e Mari e d e Bo u rgo gne

1. L’organisation de l’hôtel 1.1. Structure

Marie de Bourgogne occupe une place centrale à la cour après la mort inopinée de Charles le Téméraire, en raison de sa position d’unique enfant, d’héritière des principautés bourguignonnes et de jeune fille à marier. L’organisation de l’hôtel reflète sa nouvelle condition de femme-souveraine, de femme au pouvoir. Si l’ordonnance de Marie s’inscrit dans la tradition des hôtels féminins bourguignons, elle offre aussi la particularité de présenter, à la suite des offices que l’on trouve habituellement dans un hôtel féminin, des organes de conseil et de gouvernement propres à l’hôtel ducal9. Plus qu’une ordonnance de l’hôtel, on peut parler ici d’une ordonnance de cour et de gouvernement, qui reflète son nouveau rôle de « duc » de Bourgogne10. Dans l’ordonnance de 1458 pour Isabelle de Bourbon11 – mère de Marie et deuxième épouse de Charles alors comte de Charolais – et dans celle de 1468 pour Marguerite d’York12 – troisième et dernière épouse du duc Charles –, les femmes servant dans l’hôtel sont groupées en tête de l’ordonnance. C’est le cas ici, comme l’usage prévaut depuis Isabelle de Portugal13 : une dame d’honneur, douze demoiselles de l’hôtel dont deux ne seront désignées qu’au mois de mai 1477, une dame de l’hôtel, une berceresse, les femmes de chambre et servantes, les femmes affectées à l’entretien du linge (lavandières et repasseuse), soit 25 personnes qui composent son personnel féminin (22 en 1468). Puis 3 chevaliers d’honneur, 6 maîtres d’hôtel, 24 chevaliers de compagnie. Sont énumérés ensuite le personnel servant dans les 6 offices de l’hôtel – 25 pour la paneterie et l’échansonnerie, 47 pour la cuisine, 4 pour la fruiterie, 45 pour l’écurie –, puis le personnel financier (le maître de la chambre aux deniers et son clerc, 2 clercs d’office et le contrôleur de sa dépense), sa chapelle, 2 secrétaires, les médecins, les musiciens. Cette énumération des offices suit pour l’essentiel celle des ordonnances réglant l’hôtel d’Isabelle de Bourbon et de Marguerite d’York. Toutefois, le nombre de maîtres d’hôtel et d’écuyers servant dans les quatre offices a été renforcé pour l’adapter à la taille d’un hôtel incluant le personnel attaché au service de la duchesse et le conseil. À cet égard, un des chevaliers d’honneur porte le titre de premier chambellan, un autre celui de premier chambellan en absence. Une autre différence avec un hôtel féminin 9 Sur les conseillers de Marie, voir la contribution de J.-M. Cauchies, Des Conseilleurs protecteurs ? L’entourage politique de Marie de Bourgogne, pp. 193-209, dans le présent volume. On verra aussi la contribution de M. Depreter, Les Armées « bourguignonnes » après Nancy. Ruptures et continuités structurelles d’un instrument politique, pp. 251-274, dans ce même volume, sur les continuités et nouveaux usages d’une autre institution après le désastre de Nancy, celle de l’armée bourguignonne. 10 Sur la terminologie, voir J.-M. Cauchies, De la « régenterie » à l’autonomie. Deux ordonnances de cour et de gouvernement de Maximilien et Philippe le Beau (1495), dans B.C.R.H., t. 171, 2005, p. 47. 11 Die Hofordnungen der Herzöge von Burgund, t. 1, Herzog Philipp der Gute, 1407-1467, éd. H. Kruse et W. Paravicini, Ostfildern, 2005, pp. 354-367. 12 Die Hofordnungen der Herzöge von Burgund, t. 2, Die Hofordnungen Herzog Karls des Kühnen, 1467-1477, éd. W. Paravicini, V. Bessey, S. Dünnebeil, Berlin, 2021, pp. 33-53. 13 Selon l’ordonnance de 1438 (M. Sommé, Isabelle de Portugal, duchesse de Bourgogne, une femme au pouvoir au xve siècle, Villeneuve d’Ascq, 1998, p. 261 ; la troisième partie concerne l’hôtel, pp. 219-371).

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est la présence des chevaliers de compagnie dont la fonction n’est pas définie dans le document, mais qui, on peut le supposer, sont chargés d’accompagner la princesse dans ses déplacements jusqu’à son hôtel. Le document liste ensuite les offices d’armes, le conseil de la duchesse composé de 13 conseillers et chambellans, 16 conseillers et maîtres des requêtes, les 24 secrétaires, les 16 huissiers d’armes et les 2 fourriers du conseil, enfin la chapelle domestique de l’hôtel, copie conforme de celle du duc Charles, comptant 23 membres14. Aucune mention en revanche n’est faite du personnel chargé de la sécurité physique de la princesse, les archers et les autres hommes d’armes, présents en nombre dans la dernière ordonnance de son père. 1.2. Taille

L’ordonnance fixe l’effectif total théorique de l’hôtel. Elle mentionne 354 titulaires dont les deux tiers servent quotidiennement (232 ou 233)15. Certains offices sont pourvus plus tard : le clerc du maître de la chambre aux deniers est retenu le 14 avril 147716, deux demoiselles d’honneur sur les douze prévues par l’ordonnance sont désignées en mai 147717, ainsi qu’une autre dame de l’hôtel18 ; deux chirurgiens ne sont nommés qu’en mai et juin 147719. Non prévus dans l’ordonnance, les sommeliers de la fruiterie sont ajoutés le 6 juillet 147720, entraînant des changements parmi les aides de la fruiterie. Ces modifications portent en juillet 1477 le total des personnes servant théoriquement dans l’hôtel à 362. Dans la pratique, les écrous de gages21, dont quelques-uns sont conservés pour l’année 1477, entre juin et septembre22, enregistrent les noms de 195 à 210 personnes qui ont servi le jour même et ont droit à ce titre de percevoir des gages. Ces effectifs sont modestes. Rien de comparable avec la taille de l’hôtel de Charles le Téméraire, vitrine de la puissance princière : 1 030 titulaires dans l’ordonnance

14 La constitution de la chapelle domestique de l’hôtel se réfère à la réglementation paternelle, celle de l’ordonnance de 1474, de façon très explicite : selon l’ordonnance faicte par feu monseigneur le duc que Dieu absoille. Voir à ce propos, J.-M. Cauchies, Des Autels à l’hôtel. Le personnel ecclésiastique à la cour de Bourgogne de Philippe le Bon à Philippe le Beau, dans Les Clergés de cour en Europe (fin xvexviiie siècle). Service religieux et service politique dans les systèmes curiaux. Actes du colloque de Versailles, 24-26 janvier 2013, en préparation. 15 Les personnes inscrites sur l’ordonnance étaient officiellement attachées à l’hôtel par une lettre de retenue présentant les conditions de leur nomination. Des recherches en archives seraient nécessaires pour repérer l’existence de ces lettres de retenue, dont une seule a été conservée pour l’hôtel d’Isabelle de Portugal (M. Sommé, Isabelle de Portugal, op. cit., p. 251). 16 Les Ordonnances de l’hôtel, op. cit., t. 3, p. 92, no 1, § 348a. 17 Ibid., p. 49, § 14-15. 18 Ibid., p. 49, § 17. 19 Ibid., pp. 95-96, § 369-370. 20 Ibid., p. 77, § 238a. 21 Les écrous de gages et de dépenses sont regroupés dans la base de données Prosopographia Curiae Burgundicae (1407-1477) (= P.C.B.), mise à la disposition du public sur le site internet de l’Institut historique allemand de Paris (http://www.prosopographia-burgundica.org/). 22 Lille, ADN, B 3441, nos 119281 (4 juin 1477)-119320 (22 septembre 1477).

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de 1474, 590 personnes dans les écrous de 1475, plus 294 hommes de la garde23. Point ici de grandeur et de splendeur. Le coût de fonctionnement d’un hôtel était considérable24. Or, la situation financière de l’État bourguignon, précaire sous Charles le Téméraire, est désastreuse en 147725, en raison de la guerre avec la France, de la perte des territoires bourguignons et des dettes de la dynastie bourguignonne. Aussi l’état des ressources financières réduit-il les possibilités de financement de l’hôtel, et donc les effectifs26. L’ordonnance contient à cet égard des dispositions prévoyant une réduction de certains offices par le non-remplacement de ceux laissés vacants. C’est le cas des chevaliers d’honneur (3 à 1), des maîtres d’hôtel (6 à 3), des valets de pied (3 à 2, comme il a esté parcidevant), des secrétaires en ordonnance (10 à 6). Dans ce dernier cas, l’adaptation des effectifs pour cause d’impécuniosité est clairement exprimée : pour ce que ledit estat de secretaire est fort grant, attendu la diminution de la recepte de madamoiselle27. 1.3. Fonctionnement

Les dispositions générales sur l’organisation de l’hôtel de Marie de Bourgogne sont placées à la fin de l’ordonnance comme c’est le cas dans toute ordonnance de l’hôtel ducal. Werner Paravicini a montré dans un copieux article que Charles le Téméraire a pesé sur la formulation de certaines règles des ordonnances de 1469 et de 1474, des éléments plus ou moins contraignants, révélateurs de sa capacité d’intervention28. Qu’en est-il dans l’ordonnance du 26 mars 1477 ? Marie a-t-elle joué un rôle dans sa confection29 ? Les dispositions générales reproduisent les règlements antérieurs, mais le dispositif a été ici nettement allégé : nombre de prescriptions n’y figurent pas. Les dispositions normatives totalisent 27 articles réglant la vie de l’institution : les onze premiers articles30 reprennent, à quelques mots près, celles des hôtels d’Isabelle de Bourbon et de Marguerite d’York. Les seize articles suivants31 comptent au nombre des prescriptions figurant à la fin de l’ordonnance de Philippe le Bon de 1458, et certains d’entre eux se retrouvent dans celle de Charles le Téméraire de 1474.

23 W. Paravicini, Structure, op. cit., p. 70. 24 Pour ordre de grandeur, l’entretien de l’hôtel et les dépenses personnelles du prince représentent en 1419-1420 au maximum 10 à 12 % du total des dépenses ducales (M. Mollat, Recherches sur les finances des ducs Valois de Bourgogne, dans R.H., no 219, 1958, p. 310). 25 J. Haemers et B. Lambert, Pouvoir et argent. La fiscalité d’État et la consommation du crédit des ducs de Bourgogne (1384-1506), dans R.N., t. 379, 2009/1, pp. 54, 56. 26 Sur les liens entre situation économique et fluctuation des effectifs de l’hôtel, voir Les Entourages princiers, op. cit. 27 Les Ordonnances de l’hôtel, op. cit., t. 3, p. 101, no 1, § 424. 28 W. Paravicini, Ordre et règle, op. cit., p. 324 s. 29 J. Devaux, Le Rôle politique de Marie de Bourgogne au lendemain de Nancy. Vérité ou légende ?, dans L.M.A., t. 97/2, 1991, pp. 389-405. 30 Les Ordonnances de l’hôtel, op. cit., t. 3, pp. 108-112, no 1, § 481-491. 31 Ibid., no 1, pp. 112-117, § 492-507.

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Une seule prescription est nouvelle dans l’ordonnance. Il s’agit d’une règle additive figurant dans le document après le mandement d’exécution dont voici la teneur : Maditte tres redoubtee damoiselle veult et ordonne que doresenavant nul, quel qu’il soit, se avance d’entrer en la chambre de couchier de maditte damoiselle et par especial en son retraict, pour quelque affaire qu’il soit, sans l’expres congié de maditte damoiselle, et que premierement l’on le appelle et ordonne d’y entrer, et avec ce, que nul secretaire ne autre ne s’avance ou ingere de parler ou faire signer lettres, cedules ne autres choses quelsconcques a maditte damoiselle, senon en presence de monseigneur de la Gruthuze [Louis de Bruges], premier chevalier d’onneur, et semblablement que celles des dames ou damoiselles de l’ostel ne autres ne facent semblablement signer lettres ne cedules, senon en presence de monseigneur de la Gruthuze ou de madame Halewin [ Jeanne de Comines], dame d’onneur de maditte damoiselle, et que premier icelles lettres ne soyent signees de secretaire. Fait a Gand le xxvie jour de mars l’an mil quatre cens soixante seize avant Pasques, ainsi signé par maditte damoiselle, mondit seigneur de Cleves [ Jean Ier duc de Clèves] et autres dessusdits presens. [Signé : Charles] Soillot [secrétaire ducal]32. Les prescriptions réglementant l’accès au prince, et donc les possibilités d’audience, ne sont pas nouvelles. Charles le Téméraire autorisait à un groupe limité l’accès de sa chambre à toute heure du jour et de la nuit33. Ce qui l’est ici, c’est l’interdiction d’accéder à la chambre à coucher de la duchesse sans sa permission, quelle que soit la personne. Quant à la dernière partie de la prescription, elle stipule qu’aucun ordre ne pourrait porter la signature de Marie sans la présence du premier chevalier d’honneur, voire de sa première dame d’honneur. Jelle Haemers voit dans cette règle additive la main de son plus fidèle conseiller et protecteur, Adolphe de Clèves, seigneur de Ravenstein, lieutenant et gouverneur général de toutes les terres bourguignonnes depuis le 28 janvier 1477, prescription visant à soustraire la duchesse aux sollicitations des nobles arrivistes de la cour et à contrôler le processus de prise de décision à la cour34. 32 Ibid., no 1, pp. 118-119, § 509. 33 W. Paravicini, Ordre et règle, op. cit., p. 333, et ordonnance de 1474, Paris, BnF, ms. fr. 3867, fol. 72r, § 1333 : […] mais non pas en la chambre du corps de mondict seigneur, en laquelle nul ne pourra entrer, a quelque heure que ce soyt, fors ceulx qui y ont accoustumé entrer, asscavoir : le premier chambellan, les seigneurs du sang, les xij chambellans, les chiefz des termes, les maistres d’ostelz, les xvj gentilzhommes de la chambre, et ceulx qui, comme dict est, mondict seigneur fera illec demeurer pour le accompagner ce jour et aussy ceulx ausquelx pour les necessaires et hastifz affaires mondict seigneur donnera congié a leur requeste de parler a luy, et nulz aultres sans licence. 34 J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009, p. 106. Voir aussi la contribution de J.-M. Cauchies, Des Conseillers protecteurs ?, op. cit., dans ce volume. Qu’en est-il d’Olivier de La Marche dont il n’est pas exclu qu’il ait participé à la rédaction des ordonnances de 1469 et 1474 (W. Paravicini) et qui fut partie prenante dans celle de Maximilien de l’automne 1477 (H. Cools) ? Le maître d’hôtel et le capitaine des gardes de Charles le Téméraire, fait prisonnier devant Nancy le 5 janvier 1477, n’a été libéré suivant ses Mémoires que trois mois plus tard, aux environs de Pâques, soit au début d’avril 1477, avant de se mettre au service de Marie de Bourgogne et d’être nommé premier maître d’hôtel de Maximilien. Il

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Cette organisation spécifique, celle d’un hôtel féminin avec des organes de conseil et de gouvernement, s’est-elle maintenue après le mariage de Marie avec l’archiduc Maximilien d’Autriche35 ? La question qui se pose en effet pour toute ordonnance de l’hôtel est celle de sa durée d’application. Plusieurs éléments permettent de penser qu’après l’entrée en vigueur le 1er novembre 1477 de l’ordonnance36 qui réglemente celui de son mari, l’hôtel de Marie de Bourgogne a connu des modifications dans sa structure et sa composition, le rapprochant ainsi des hôtels des précédentes duchesses de Bourgogne. 1. La dernière annotation portée sur le document, qui est – on le rappelle – l’exemplaire de travail, tenu à jour, du bureau du premier maître d’hôtel, date du 2 octobre 1477 et est signée de la main du secrétaire Jean Luilier37. 2. Une déclaration en bref38 de la dépense et des gages de l’hôtel de Marie selon les ordonnances darrenierement faictes par mon tresredoubté seigneur monseigneur le duc et par madite dame, est dépourvue de date. Cependant, une mention du comte de Charolais permet de proposer une fourchette comprise entre le 22 juin 1478, naissance du fils de Marie et de Maximilien, Philippe le Beau, et le 10 janvier 1480, naissance de sa sœur, dont nul état n’est fait dans le texte. Le document, qui n’est pas un texte normatif mais descriptif, contient une structure très complète de l’hôtel avec l’énumération des offices et leurs gages correspondants – parfois un nom est donné. Voici les principales différences avec l’ordonnance du 26 mars 1477, dont a été retenu à des fins de comparaison le nombre de titulaires servant à la fois (et non leur nombre total) : un chevalier d’honneur, placé en tête de liste, au lieu de 3, mais l’on se souvient que cette réduction avait été prévue dans l’ordonnance ; réduction de moitié des maîtres d’hôtels, panetiers, échansons, écuyers tranchants, chevaucheurs chevauchant, secrétaires de l’hôtel ; 2 écuyers d’écurie contre 5 auparavant ; 4 valets de chambre au lieu de 3 ; aucune mention des chevaliers de compagnie, du garde des joyaux, du contrôleur de sa dépense, du chapelain des maîtres d’hôtel, du chirurgien. Le plus frappant est l’absence de la liste des offices d’armes, des conseillers et chambellans, des maîtres des requêtes, des secrétaires, des huissiers d’armes, du fourrier

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n’a donc pu prendre part à la rédaction des ordonnances. W. Paravicini, La Cour de Bourgogne selon Olivier de La Marche, dans P.C.E.É.B., t. 43, 2003, p. 93 ; H. Cools, Quelques hommes de cour originaires des pays germaniques aux Pays-Bas à l’époque de Maximilien Ier, dans P.C.E.É.B., t. 46, 2006, p. 163 ; Olivier de La Marche, Mémoires, éd. H. Beaune et J. d’Arbaumont, t. 3, Paris, 1885, pp. 241-242. Son mariage avec le fils de l’empereur Frédéric III est célébré à Gand le 19 août (H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I., op. cit., t. 1, pp. 122-136). L’ordonnance de septembre 1477 pour l’hôtel de Maximilien d’Autriche publiée par L.-P. Gachard, Ordonnance et état de la Maison de Maximilien duc d’Autriche et de Bourgogne, septembre 1477, dans B.C.R.H., 2e sér., t. 9, 1857, pp. 117-127, a fait l’objet d’une nouvelle édition dans le cadre de la publication du vol. 3 des ordonnances des ducs de Bourgogne relatives à l’hôtel de Marie de Bourgogne, de Maximilien d’Autriche et de Philippe le Beau (Les Ordonnances de l’hôtel, op. cit., t. 3). Ibid., no 1, p. 69, § 159a. Lille, ADN, B 3378, no 113559.

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du conseil, de la chapelle domestique39. Ces ordonnances darrenierement faictes, si elles sont perdues, ont laissé une trace dans la Recette Générale des Finances40. Aussi dans le compte de 1482 peut-on lire dans un article relatif à Robert de Manneville, chevalier, conseiller et chambellan de Maximilien, bailli de Saint-Omer et maître d’hôtel de Marie : toutesvoyes en faisant les derrenieres ordonnances sur la restrinction de l’estat de madicte dame et pour mettre ordre et riegle ou grant nombre superflu de ses maistres d’ostel tousiours comptez41. 3. Les états journaliers conservés pour Marie, après la promulgation de l’ordonnance de Maximilien, confirment cette réduction : 110 noms relevés dans l’écrou de gages du 11 mai 1478, 118 le 4 novembre 1478 et le 23 mai 1479, 123 le 4 mars 1480, 113 le 27 juillet 1481, 121 le 27 mars 148242. On retrouve seulement en tête de liste les noms du chevalier d’honneur (et premier chambellan) Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse, occasionnellement celui du chevalier d’honneur (et premier chambellan en absence) le seigneur de Montignies, Josse de Lalaing. Dans l’ordonnance de Maximilien par ailleurs, une grande partie des chevaliers de compagnie (19 sur 24) figurent au nombre des chambellans de l’hôtel. Les écrous de gages ont livré le nom de certains d’entre eux servant durant les temps de service qu’ils occupaient dans l’hôtel de Marie, tels les seigneurs d’Espierres – Jean de Bruges – et de Piennes – Louis de Halluin – (janvier-mars)43 ou le seigneur de Boussu – Pierre de Hennin-Liétard – (avril-juin)44. Qu’en conclure ? Les sources de la pratique que sont les écrous de gages indiquent de façon manifeste un changement à partir de 1478 dans la structure de l’hôtel de la duchesse, resserrement confirmé par la déclaration en bref et la mention d’une nouvelle ordonnance restrictive réglementant l’hôtel de Marie. Ce changement perceptible dans les documents n’est-il pas révélateur de la prise en charge du gouvernement par Maximilien d’Autriche après son mariage le 19 août 1477 avec Marie de Bourgogne et de l’exercice par Marie d’un pouvoir au féminin ?

39 On trouve en revanche du personnel de vénerie (un fauconnier et un épréveteur), ainsi qu’un bouffon (le Glorieux) qui apparaît dans les écrous au moins à partir de novembre 1478 (Lille, ADN, B 3442, no 119427) et était déjà au service de son père (P.C.B., no 3710 et ordonnance de 1474, Paris, BnF, ms. fr. 3867, fol. 31r). 40 R.-H. Bautier et J. Sornay, Les Sources de l’histoire économique et sociale du Moyen Âge, 2e sér., Les États de la Maison de Bourgogne, t. 1, Archives centrales de l’État bourguignon (1384-1500), Archives des principautés territoriales, 1. Les principautés du Sud, 2. Les principautés du Nord (Supplément), Paris, 2001, p. 105, n. 3, se sont interrogés sur l’existence de ces ordonnances que laisse supposer la déclaration en bref ; ils notent à ce propos : ordonnances perdues ? Pour Maximilien, une mention d’ordonnance faite au plus tard le 1er janvier 1479 a également été trouvée dans Lille, ADN, Recette Générale des Finances, B 2118, ff. 371v-372r, compte de 1479. 41 Lille, ADN, B 2127, fol. 252r. 42 Lille, ADN, B 3442, nos 119410, 119427, 119452 ; B 3443, no 119527 ; B 3444, no 119728 ; B 3445, no 119874. Cette dernière publiée par H. Glorieux, Liste du personnel officier et dames de la Maison de Marie de Bourgogne, archiduchesse d’Autriche, en mars 1482, dans L’Intermédiaire des généalogistes, t. 126, 1966/6, pp. 286-288. 43 Lille, ADN, B 3442, no 119323 (écrou du 4 janvier 1478). 44 Ibid., no 119339 (écrou du 4 mai 1479).

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2. La composition de l’hôtel 2.1. Continuité dans le service des personnes

Là encore, le trait déterminant qui ressort de l’étude du personnel de Marie est celui de la continuité avec les ordonnances précédentes. Un examen de la composition des hôtels de Charles le Téméraire, Marguerite d’York et Marie de Bourgogne alors comtesse de Charolais, à partir de trois sources, les ordonnances, les écrous de gages et les comptes de l’argentier45, a permis de retrouver près des trois-quarts des titulaires46. 1. Près d’une personne sur cinq citée dans l’ordonnance a déjà servi Marie de Bourgogne quand elle était comtesse de Charolais. Certaines d’entre elles l’accompagnent depuis la constitution d’un premier hôtel à sa naissance. Aussi, l’état de Marie, inséré dans l’ordonnance de 1458 pour Isabelle de Bourbon47, mentionne-t-il la berceresse Simone de Sauvegrain qui fut également la nourrice de Charles le Téméraire48, sa femme de chambre Jeanne de Watenes et son premier valet de chambre Jacotin du Man qui occupait alors les fonctions de valet de chambre. L’ordonnance de 1468 pour Marguerite d’York dont relevait l’hôtel de Marie49 livre encore les noms de la dame du Chasteler, Marguerite de Lattre, et de Jean Fricot, son aumônier, alors chapelain de son hôtel. Ce premier hôtel n’a alors pas d’autonomie financière et est géré par le maître de la chambre aux deniers d’Isabelle de Bourbon, puis de Marguerite d’York. Dans les écrous de gages de Marie de Bourgogne établis en 1472 par les clercs d’office aus despens de madame la duchesse sont comptés aucuns officiers de l’ostel de madite dame, estans de present au service de madicte damoiselle50 : 23 noms de l’ordonnance de 1477 y sont mentionnés. Dans les écrous de 1472, comptant en moyenne 25 à 27 noms, la dame du Chasteler Marguerite de Lattre est placée en tête de la liste. Dans l’ordonnance du 26 mars 1477, c’est Madame de Halluin, Jeanne de Comines. Ces deux cas illustrent bien la continuité de service d’un hôtel à l’autre et les liens de fidélité avec la dynastie bourguignonne. Marguerite de Lattre, dont le père Boquet, un hennuyer, était maître d’hôtel d’Isabelle de Portugal, était l’épouse de Simon du Chasteler, maître d’hôtel de Marguerite d’York et fut, avant d’entrer

45 Comptes de l’argentier de Charles le Téméraire duc de Bourgogne, 5 vol., Paris, 2001-2014. 46 Ont été écartés tous ceux qui n’ont pas été identifiés dans un hôtel ou dont le nom n’a pu être associé à une fonction curiale. Certains officiers de l’hôtel de Marie ont ainsi pu faire carrière au service de Charles le Téméraire en dehors de l’hôtel, en exerçant des offices dans l’administration centrale de l’État bourguignon. 47 L’hôtel de Marie comprend sept personnes : une nourrice, une berceresse, une femme de chambre, une lavandière, un chapelain, un valet de chambre, un queux qui sera aide de chambre (Die Hofordnungen der Herzöge von Burgund, t. 1, op. cit., pp. 363-364, no 19, ordonnance de l’hôtel d’Isabelle de Bourbon de 1458). 48 M. Sommé, Isabelle de Portugal, op. cit., p. 53 et n. 81. 49 Six personnes composent son hôtel : Madame du Chasteler (la fonction n’est pas précisée, mais elle est certainement gouvernante), une nourrice, une femme de chambre, un chapelain, un valet de chambre, un queux qui sera aide de chambre (Die Hofordnungen der Herzöge von Burgund, t. 2, op. cit., p. 48, § 209-215; Lille, ADN, B 3376, no 113546, fol. 13r, de l’ordonnance de l’hôtel de Marguerite d’York). 50 P.C.B., Lille, ADN, B 3436, nos 118925-118949 (écrous du 3 mai au 13 juin 1472).

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au service de Marie, dame d’honneur d’Isabelle de Portugal, puis d’Isabelle de Bourbon et de Marguerite d’York51. Jeanne de Comines, qui a dû remplir la fonction de gouvernante de Marie avant de devenir dame d’honneur de son hôtel52, sera par la suite gouvernante de Philippe le Beau et dame d’honneur de Jeanne de Castille53. Sa famille, elle aussi, a servi fidèlement la dynastie bourguignonne : son père Jean de La Clite est conseiller et chambellan de Philippe le Bon et de Charles le Téméraire, sa mère est dame d’honneur d’Isabelle de Portugal et de Marguerite d’York. Elle est par ailleurs apparentée à la famille de Gruuthuse par son mari, le seigneur de Halluin, souverain bailli de Flandre et conseiller et chambellan de Charles le Téméraire jusqu’à sa mort en 147354. 2. Un tiers des personnes de l’ordonnance a servi dans l’hôtel de Marguerite d’York, la plupart d’entre elles ayant été également au service de Marie, comtesse de Charolais. Proviennent de l’hôtel de l’ancienne duchesse près des deux tiers des femmes servant en 1477 dans l’hôtel de Marie, la moitié des maîtres d’hôtel dont le premier maître d’hôtel de la duchesse douairière Guillaume de Poupet ; dans les services financiers, son maître de la chambre aux deniers Jacques Donche, ses clercs d’office et son contrôleur de la dépense. On rencontre également des personnes de l’hôtel de Marguerite d’York dans les six offices, la fruiterie (3/4), la fourrière (2/3), la paneterie et l’écurie (1/2), l’échansonnerie et la cuisine (1/3). 3. L’hôtel de Charles le Téméraire fournit également son contingent d’officiers et de subalternes : 40 % des personnes de l’ordonnance proviennent de l’hôtel ducal, principalement parmi les chevaliers d’honneur, les chevaliers de compagnie (4/5), la chapelle domestique (3/4), les maîtres d’hôtel (1/3), dans l’échansonnerie, la cuisine et l’écurie (1/3). Ils sont peu représentés dans la paneterie (1/6) et la fourrière (1/10) ; aucun ne figure dans la fruiterie. Certains de ces officiers sont au service de la dynastie des Valois de Bourgogne depuis le principat de Philippe le Bon. Aussi, son chevalier d’honneur et premier chambellan, Louis de Bruges, seigneur de la Gruuthuse55, appartenant à l’une des familles les plus puissantes du comté de Flandre, est-il entré au service du duc en 1445, tout comme son premier maître d’hôtel Baudouin II de Lannoy en service depuis 145856. Sont ainsi restés en service des membres des hôtels du règne précédent, les plus hautes responsabilités étant assurées par un personnel expérimenté. Peu de nouveaux titulaires semblent avoir fait leur entrée dans l’hôtel.

51 En 1477, ses deux frères, Antoine et Charles, servent à l’écurie, ainsi qu’une parente Marie du Chasteler en qualité de demoiselle d’honneur (Les Ordonnances de l’hôtel, op. cit., t. 3, no 1, pp. 48, 78-79, § 11, 241, 243, 248, 260). 52 L. Hommel, Marie de Bourgogne ou le grand héritage, Bruxelles, 1945, p. 84. 53 J.-M. Cauchies, Philippe le Beau, le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, 2003, p. 6. 54 P.C.B., nos 1550, 3324, 2483. 55 Sur le rôle politique de Louis de Bruges, voir J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 109-111. 56 P.C.B., nos 1475, 2601.

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2.2. Les changements dans la composition de l’ordonnance après sa promulgation

Fidélité à la duchesse Marie, mais aussi rupture de fidélité, dont l’ordonnance témoigne au travers des mises à jour de l’exemplaire du bureau des maîtres d’hôtel, quand fidélité au prince et intérêt personnel ne sont plus conciliables. La version de travail de l’ordonnance en consignant les changements intervenus depuis sa publication (résignation d’office, décès, modification des temps de service, du nombre de bouches, etc.) permet de suivre les fluctuations du personnel, mais aussi les changements d’allégeance de membres de l’hôtel passés au service du roi de France. Quatre apostilles en témoignent. La première est datée du 17 juillet 1477 : Pour ce que monseigneur d’Esquerdes [Philippe de Crèvecoeur] tient a present parti contraire de madamoiselle la duchesse, elle a ordonné, en la presence de madame la duchesse, de monseigneur de Mets [Georges de Bade] et autres, que messire Josse de Lalaing, seigneur de Montigny, aura le lieu dudit seigneur d’Esquerdes ; et veult que doresenavant il soit compté et joisse de l’estat tout ainsy qu’il est contenu en ce present article, et que eust peu faire ledit seigneur d’Esquerdes s’il eust esté present ; lequel a par le moyen dessusdit esté royé de ces presentes ordonnances ainsi que [commandé] de par maditte damoiselle, en presence des dessusdits, le xvii[e] jour de juillet l’an lxxvii, ainsi signé Halewin57. Les trois suivantes portent la date du 27 août 1477 : 1. Au lieu de monsr de la Roiche [Philippe Pot] cy nommé, madame la duchesse a retenu messire Jean de Lannoy, seigneur de Mingoval, et m’a commandé cy l’enregistrer et royer ledit seigneur de la Roiche, fait au bureau le xxvii[e] jour d’aoust l’an mil iiiic lxxvii, ainsi signé Luilier58. 2. Ou lieu de monsr de Savye [ Jean de Saveuse] cy nommé, lequel madame la duchesse a depporté, actendu qu’il tient party contraire, a retenu messire Philippe de Bawançon, seigneur de Wiege, et m’a commandé cy enregistrer et royer ledit seigneur de Savye, fait au bureau le xxviie jour d’aoust l’an mil iiiic lxxvii, ainsi signé Luilier59. 3. Aujourd’huy, madame la duchesse a retenu Philippe de Villers son eschançon faisant la despence au lieu de Jacob de Toisy, cy nommé, pour ce qu’il tient parti contraire comme l’on dit, toutesfois s’il est autrement et qu’il reviengne au service de maditte dame, consideré son ancien aage et le vouloir qu’elle a de le pourveoir, il aurat sa provision et partant ledit de Villers retiendra ledit office, fait au bureau le xxvii[e] d’aoust l’an mil iiiic lxxvii, ainsi signé Luilier60.

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Les Ordonnances de l’hôtel, op. cit., t. 3, pp. 51-52, § 32a. Ibid., p. 56, § 49a. Ibid., p. 58, § 74a. Ibid., p. 63, § 117a.

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Dans ces extraits de l’ordonnance, les destitutions et les remplacements des titulaires de l’hôtel n’ont pas seulement une visée administrative. Ils ont aussi une portée politique. Une des raisons d’être de l’ordonnance du 26 mars 1477, outre l’organisation de l’hôtel de la duchesse, était d’enrayer l’exode de la cour, de s’assurer la loyauté des nobles bourguignons qui restaient auprès de Marie61, mais aussi de ceux qui, encore prisonniers depuis les évènements tragiques de Nancy, risquaient de faire défection. Le préambule du mandat d’exécution de l’ordonnance réglant l’hôtel de Maximilien en fait clairement état : Savoir faisons à tous comment, aprés le trespas de feu, de noble memoire, nostre tres chier seigneur et beaupere le duc Charles de Bourgoingne, que Dieu absoille, plusieurs chevaliers, escuiers, hommes d’armes, archiers et officiers qui avoient esté retenuz de son hostel s’estoient, aprés leur retour de la journee et rompture qu’ilz eulrent devant la ville de Nancy en la compaignie de nostredit tres chier seigneur et beau pere, espars en plusieurs lieux, les ungs en places de frontieres, les aultres en Bourgoingne et ailleurs, ou service de nostre tres chiere et tres amee compaigne la duchesse, et que au retour des aucuns d’iceulx, l’on avoit desja fait les ordonnances des hostelz de nous et de nostredite compaigne, ou avions retenuz aultres es lieux et estatz ou ilz souloient servir ledit feu duc Charles, nostre beau pere, a leur tres grant desplaisir, interest et dommaige, et journellement nous faisoient poursuytes bien aigres pour avoir quelque provision pour vivre et eulx entretenir soubz nous et en nostre service, actendu qu’ilz avoient perdu tout le leur ou service d’icelluy feu duc Charles, ou aultrement force leur estoit nous habandonner et querir leurs vyes en estranges terres et marches62. Il s’agit également de récompenser de fidèles serviteurs. Les cas des seigneurs de Montigny et de Mingoval, qui ont remplacé les chevaliers de la Toison d’Or Philippe de Crèvecoeur63 et Philippe Pot64 dans leurs fonctions curiales, sont à cet égard révélateurs. Ils appartiennent à deux familles piliers de l’entourage des ducs de Bourgogne, les Lalaing et les Lannoy65. Le Hennuyer, Josse de Lalaing, seigneur de Montignies, entré au service des ducs de Bourgogne en 1456 comme échanson, devient en 1466 chambellan de Philippe le Bon, puis de Charles le Téméraire. Il est fait prisonnier

61 J. Haemers, For the Common Good, op. cit., p. 106. Sur l’attitude de la noblesse après le 5 janvier 1477, voir Bruges à Beaune. Marie, l’héritage de Bourgogne, Paris, 2000 ; H. Cools, Quelques considérations sur l’attitude des nobles comtois entre 1477 et 1500, dans P.C.E.É.B., t. 42, 2002, pp. 167-182 ; Id., Noblemen on the Borderline. The Nobility of Picardy, Artois and Walloon Flanders and the Habsburg-Valois Conflict, 1477-1529, dans Secretum Scriptorum. Liber alumnorum Walter Prevenier, éd. W. Blockmans, M. Boone et T. de Hemptinne, Louvain, 1999, pp. 371-382 ; J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 103-104. 62 Les Ordonnances de l’hôtel, op. cit., t. 3, p. 138, no 2, § 401. 63 Philippe de Crèvecoeur, seigneur d’Esquerdes, pourvu par Marie du commandement des troupes de Picardie, gouverneur d’Arras, a livré la ville à Louis XI avant de passer à son service ( J.-B. de Vaivre, Un Primitif tiré de l’oubli. Le panneau de Philippe Pot de Notre-Dame de Dijon (note d’information), dans Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. 149, 2005, p. 826, n. 55). 64 Philippe Pot, seigneur de la Roche, chambellan, conseiller et grand-maître d’hôtel de Charles le Téméraire (ibid., p. 818 s.). 65 J.-M. Cauchies, Philippe le Beau, op. cit., p. 64.

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devant Nancy et libéré peu avant sa nomination comme chevalier d’honneur de Marie de Bourgogne. Jean III de Lannoy, seigneur de Mingoval, chambellan de Charles le Téméraire en 1474, devient chevalier de compagnie de Marie. Il rejoint d’autres membres de la famille de Lannoy ou apparentés en service à l’hôtel : Baudouin II de Lannoy, son premier maître d’hôtel, Pierre de Lannoy, seigneur du Fresnoy, son chevalier de compagnie, Christophe de Lannoy, son échanson, Sidrac de Lannoy, son écuyer d’écurie, un proche parent Jacques de Jauche, seigneur de Mastaing66. * *** En conclusion, l’ordonnance du 26 mars 1477 témoigne d’abord d’une grande continuité avec les pratiques antérieures. Dans les grandes lignes, l’organisation de l’hôtel de Marie ne diffère guère de celle des précédents ducs de Bourgogne dans la hiérarchie des offices, le service à tour ou les prescriptions réglementaires réglant la vie de l’institution. Toutefois, son hôtel présente la particularité d’être structuré comme un hôtel féminin avec des organes de conseil et de gouvernement adapté à son statut de nouveau « duc » de Bourgogne, et donc de compter un nombre de serviteurs plus élevé que celui d’un hôtel féminin. Par la suite, après son mariage avec Maximilien, son hôtel retrouvera « une couleur plus domestique »67. Il est frappant aussi de constater la permanence des personnels de l’ordonnance, dont une grande partie était déjà en service avant 1477 dans les hôtels des précédents duc et duchesse de Bourgogne. Fidélité donc à la dynastie bourguignonne, mais aussi défection de hauts fonctionnaires passés au service de Louis XI, symptomatique de la crise de l’État bourguignon, dont témoigne l’ordonnance dans ses apostilles. L’ordonnance montre enfin l’adaptation du nombre de serviteurs à l’état des ressources financières. La crise qui frappe l’État bourguignon dans les premiers mois du principat de Marie a en effet pesé sur la composition numérique de son hôtel, la diminution des finances ducales ne permettant pas de rémunérer un personnel aussi important que par le passé, comme ce fut le cas pendant le règne de Charles le Téméraire.

66 Marié à Philippa de Lannoy, sœur de Baudouin II de Lannoy. 67 Suivant l’expression de M. Narbona Cárceles, De casa de la senyora reyna. L’entourage de Marie de Castille, épouse d’Alphonse le Magnanime (1416-1458), dans Les Entourages princiers, op. cit., p. 155.

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13. Mary, a “Diplomatic Weapon of Universal Value” for Charles the Bold* In the late Middle Ages, social, religious and economic interests played a major role in the choice of a spouse: patrician and noble families used marriages as political instruments to serve their dynastic, territorial and political interests. Through marriages, family alliances were forged or strengthened, territories increased, financial bottlenecks compensated, and conflicts —or even wars— ended. After all, princely marriages were not only meant to enhance dynastic prestige but were often instruments of diplomacy and foreign policy employed to reverse existing networks of alliances in Europe.1 In a collection dedicated to the The “Persona”, the Reign and the Legacy of Mary of Burgundy, re-tracing the path to her marriage seems essential. Given that Mary was one of the richest princely heiresses of her time, members of the most important aristocratic houses in Christian Europe strove for her hand. Her marriage eventually resulted in a sustained rearrangement of European power structures.2





* This article is based on an already published essay: S. Dünnebeil, Handelsobjekt Erbtochter – Die Verhandlungen um die Verehelichung Marias von Burgund, in Außenpolitisches Handeln im späten Mittelalter. Akteure und Ziele, ed. Ead. and C. Ottner, Vienna-Cologne-Weimar, 2008, pp. 159-184. This paper explored the ways in which the marriage of Mary was an instrument of foreign affairs, who the actors were (candidates, negotiating partners, preventers), and how uninvolved third parties observed the negotiations and disseminated corresponding information. The present study is the result of two research projects, Austria, Frederick III and Burgundy (P15038-G08), and The Order of Golden Fleece between Loyalty and Felony (1484-1493) (P 25157-G18), generously supported by the Austrian Science Fund (FWF). I am grateful to Andrea Rzihacek for converting for improving this paper’s English. 1 On princely marriages see J. Rogge, Nur verkaufte Töchter? Überlegungen zu Aufgaben, Quellen, Methoden und Perspektiven einer Sozial- und Kulturgeschichte hochadeliger Frauen und Fürstinnen im deutschen Reich während des späten Mittelalters und am Beginn der Neuzeit, in Principes. Dynastien und Höfe im späten Mittelalter, ed. C. Nolte, K.-H. Spiess and R.-G. Werlich, Stuttgart, 2002, pp. 235276; C. Debris, Tu, felix Austria, nube. La dynastie de Habsbourg et sa politique matrimoniale à la fin du Moyen Âge (xiiie-xvie siècles), Turnhout, 2005, pp. 23-134; Die Erbtochter, der fremde Fürst und das Land. Die Ehe Johanns des Blinden und Elisabeths von Böhmen in vergleichender Perspektive / L’Héritère, le prince étranger et le pays. Le mariage de Jean l’Aveugle et d’Elisabeth de Bohême dans une perspective comparative européenne, ed. M. Pauly, Luxemburg, 2013. 2 For the different marriage efforts, see particularly K. Rausch, Die burgundische Heirat Maximilians I., Vienna, 1880; L. Hommel, Marie de Bourgogne ou Le grand héritage, Brussels-Paris, 1951; A. Besson, Marie de Bourgogne. La princesse aux chaînes, Paris, 1981; R. Vaughan, Charles the Bold. The Last Valois Duke of Burgundy, new ed., Woodbridge, 2011, pp. 126-128 and passim; B. Schnerb, La plus grande héritière du monde, in Bruges à Beaune. Marie, l’héritage de Bourgogne, Paris, 2000, pp. 21-38; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., pp. 190-202, 577-582; C. Estepa Díez, Política matrimonial en el siglo xv. El Ducado

Sonja Dünnebeil • Österreichische Akademie der Wissenschaften Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 225-235.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122542

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Negotiations for her marriage have already been the subject of extensive discussion among scholars; accordingly, the present article aims at offerering an overview of the most important candidates and their respective intentions. By the mid-fifteenth century, the dukes of Burgundy had managed, by skillful political action, to expand their rule and become one of the leading and most influential dynastic states in Europe. Duke Charles, well known for his unbridled ambition, sought to obtain an independent kingdom or at least a major role within the leading houses of Europe.3 Even before the birth of his only child, Mary, Duke Charles traded her hand in marriage within the framework of his alliances. Richard Vaughan pointedly called Mary of Burgundy Charles’s “diplomatic weapon of universal value”.4 Seventeen candidates from various major European royal and princely houses have been identified as potential spouses for Mary, all of them more or less seriously interested (Ill. 35).5 Some sources also mention other candidates whose actual interest nevertheless remains unverifiable: John II, son of Albrecht Achilles, elector

de Borgoña, los reinos ibéricos y el Imperio, in “Das kommt mir spanisch vor”. Eigenes und Fremdes in den deutsch-spanischen Beziehungen des späten Mittelalters, ed. K. Herbers and N. Jaspert, Munster, 2004, pp. 65-85 (here pp. 75-83); S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit. 3 On the ambitious plans of the dukes of Burgundy, see H. Grüneisen, Die westlichen Reichstände in der Auseinandersetzung zwischen dem Reich, Burgund und Frankreich bis 1473, in Rheinische Vierteljahresblätter, t. 26, 1961, pp. 22-77 (here p. 54 et sq.); R. Stein, Philipp the Good and the German Empire. The legitimation of the Burgundian succession to the German principalities, in P.C.E.É.B., t. 36, 1996, pp. 33-48; M. de Roos, Les Ambitions royales de Philippe le Bon et Charles le Téméraire. Une approche anthropologique, in ibid., pp. 71-88; P. Ehm, Burgund und das Reich. Spätmittelalterliche Außenpolitik am Beispiel der Regierung Karls des Kühnen (1465-1477), Munich, 2002, pp. 117-122; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., pp. 176-194. 4 R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 126 et sq. 5 Ill. 35 shows (clockwise from the fleur-de-lis) in chronological order the following candidates: Ferdinand, son of John II, king of Aragon (1461/1462); Maximilian I, son of Emperor Frederick III (1463-1477); Charles of France, duke of Guyenne, Berry and Normandy (1463-1472); Nicholas, duke of Calabria and Lorraine (1464 and 1472/1473); George, duke of Clarence (1466 and 1477); Philip, heir of the elector palatine of the Rhine (1467); Francis II, duke of Brittany (1469); Charles VIII, dauphin of France (1471 and 1477); Philibert I, duke of Savoy (1467 and 1472); Frederick IV, prince of Taranto, son of Ferdinand I, king of Naples (1474-1476); Gian Galeazzo Sforza, son of the duke of Milan (1475); John, son of Christian I, king of Denmark (1475); Anthony Woodville, earl Rivers and lord Scales (1475 and 1477); John II, son of John I, duke of Cleves (1477); Philip of Cleves-Ravenstein, son of Adolph of Cleves, governor general of the Low Countries (1477); Adolph of Egmont, former duke of Guelders (1477) and Charles, count of Angoulême (1477). Lists of the different candidates can be found in Johann Jakob Fugger, Spiegel der Ehren des Hoechstloeblichsten Kayser- und Koeniglichen Erzhauses Oesterreich, Nuremberg, S. von Birken, 1668, p. 844 et sq.; A. Besson, Marie, op. cit., pp. 307-311; R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 127 et sq.; B. Schnerb, La plus grande héritière, op. cit.; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., pp. 577-582; C. Estepa Díez, Política, op. cit., pp. 75-83; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 161 et sq.; O. Karaskova, Marie de Bourgogne et le Grand Héritage. L’iconographie princière face aux défis d’un pouvoir en transition (1477-1530). Art et histoire de l’art, PhD Thesis, University of Lille-The State Hermitage Museum, Saint Petersburg, 2014, p. 37 et sq., 60 et sq. URL: https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01145202/document.

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of Brandenburg (1467),6 Louis de Luxembourg, count of Saint-Pol (before 1475),7 Galeazzo Maria Sforza, duke of Milan (1475),8 and René II, duke of Lorraine.9 It is perhaps surprising that Matthias Corvinus, king of Hungary, seems not to have been among the suitable candidates since Matthias, like Charles the Bold, had aspirations to expand his power in Central Europe and in order to do so was looking for an appropriate wife.10 The list of Mary’s marriage candidates clearly reveals a pan-European project, as various contenders were from distant Spain, Italy and Denmark. Most of her suitors, however, originated from the vicinity of Burgundy. Several criteria were likely crucial in the selection of suitors, including the extension of the Burgundian territories, dynastic enhancement, confirmation of foreign alliances, reinforcement of the opposition against King Louis XI of France, or the search for allies in the scheme to turn Burgundy into an independent kingdom. In the early days of Mary’s life, it had been her grandfather in particular, Duke Philip the Good, who sought out potential marriage candidates for her and considered their connections. In 1457, before Mary was even born, Duke Philip had come to an agreement with the French Dauphin, Louis XI, that the first child of his son Charles was to be married into the French royal House.11 At the same time, Duke Philip was also negotiating the same kind of arrangement with King John II of Aragon for his son Ferdinand12 and with Emperor Frederick III for his son Maximilian. In 1463, Duke Philip is reported to have offered the brother of the French king, Charles of France, a dowry of 200 000 écus to marry Mary. Dynastic issues played a major role in Philip’s decision. Due to his family’s descent from French House of Valois, the dukes of Burgundy were keen to demonstrate their royal status in various ways. Philip himself had chosen to marry Princess Isabella of Portugal because, like him, she descended from a royal house. Philip also founded the Order of the Golden

6 A. Bachmann, Deutsche Reichsgeschichte im Zeitalter Friedrich III. und Max I. mit besonderer Berücksichtigung der österreichischen Staatengeschichte, 2nd ed., t. 2, Hildesheim, 1970, p. 264. 7 Johann Jakob Fugger, Spiegel, op. cit., p 845; probably for one of his sons. 8 A. Besson, Marie, op. cit., p. 308 (without references). 9 J.J. Fugger, Spiegel, op. cit., p. 844 et sq. He campaigned for his nephew and successor Nicolaus (B. Schnerb, La plus grande héritière, op. cit., p. 26). 10 O. Réthelyi, King Matthias on the Marriage Market, in Matthias Corvinus the King. Tradition and Renewal in the Hungarian Royal Court, 1458-1490, ed. P. Farbaky and A. Végh, Budapest, 2008, pp. 247-250; A. Bárány, Matthias Corvinus and Charles the Bold, in Chronica, t. 12, 2012-2016, pp. 69-88. URL: https://www.academia. edu/34203135/_Matthias_Corvinus_and_Charles_the_Bold_Chronica_12_2012-2016_69_88. 11 B. Schnerb, La plus grande héritière, op. cit., p. 22 et sq. 12 See the instructions of King John, on 27 September 1461, printed in J. Calmette, La Question du Roussillon sous Louis XI, in Annales du Midi, t. 7, 1895, pp. 369-431; ibid., t. 8, 1896, pp. 15-42 (here pp. 14-17, esp. p. 16). See also R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 127; B. Schnerb, La plus grande héritière, op. cit., p. 24; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 579 et sq.; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 161.

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Fleece in imitation of other chivalric orders founded by European monarchs.13 His son, Charles the Bold, was married to Catherine, the daughter of the French king. When she died, Charles re-married, this time Isabella of Bourbon, Mary’s mother, who also died a few years later. Charles’s third wife, Margaret of York, whom he married in 1468, was not only the sister of King Edward IV but also the only wife he was allowed to choose for himself. During the negotiations for his third marriage, Duke Charles also considered marrying Mary to a brother of Edward IV, namely George of York, duke of Clarence, at the same time.14 These alliances between Burgundy and England, created by marriage, were not only driven by dynastic aims, but would also have strengthened bilateral relations and affronted the French king. It has been sufficiently ascertained that Philip the Good practised an extensive matrimonial diplomacy to reinforce the Burgundian position within the European balance of power.15 This cannot be said of Charles the Bold who, having only a few relatives and only one daughter, was quite limited in terms of seeking alliances using the tool of matrimonial diplomacy.16 Philip de Commynes said Charles wanted “to support people in order to be served and helped by them, because he worked to realise such great things that his time life did not suffice to accomplish them; it was almost impossible, because half of Europe could not have satisfied him”.17 Charles attempted to realise his project of an independent Burgundian kingdom by offering various candidates the possibility of his daughter’s hand in marriage. In accordance with changing political circumstances, he pursued different aims like neutrality, alliances or military aid.18 However, his most ambitious goal in connection with choosing Mary’s possible future husband was to become emperor of the Holy Roman Empire himself. Some pretenders, like King Ferdinand of Naples, rightly assumed that he wanted to raise high hopes in the candidates without actually committing himself too much to any of them.19 Some contemporaries, like Philip de

13 See H. Müller, Warum nicht einmal die Herzöge von Burgund das Königtum erlangen konnten, in Id., Frankreich, Burgund und das Reich im späten Mittelalter. Ausgewählte Aufsätze, ed. G. Annas, P. Gorzolla, C. Kleinert and J. Nowak, Tubingen, 2011, pp. 421-461. 14 R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., pp. 45, 127. Duke George was again considered as a potential husband in 1477, see below. 15 See Ch.A.J. Armstrong, La Politique matrimoniale des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, in Id., England, France and Burgundy in the Fifteenth Century. Collected Studies, London, 1983, pp. 237-342; C. Estepa Díez, Política, op. cit.; Invitations au mariage. Pratique sociale, abus du pouvoir, intérêt de l’Etat à la cour des ducs de Bourgogne 1399-1489. Documents, ed. W. Paravicini, Stuttgart, 2001. 16 Ch.A.J. Armstrong, La Politique, op. cit., p. 259; R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 127. 17 […] entretenir gens, pour s’en servir et aider: car il taschoit à tant de choses grandes, qu’il n’avoit point le temps à vivre pour les mectre à fin, et estoient choses presque impossibles, car la moytié d’Europe ne l’eust sceü contenter (Philippe de Commynes, Mémoires, ed. J. Calmette and G. Durville, t. 1, Paris, 1924, p. 189). See also Ch.A.J. Armstrong, La Politique, op. cit., p. 261; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 160 et sq. 18 W. Paravicini, Karl der Kühne. Das Ende des Hauses Burgund, Gottingen-Zurich-Frankfurt,1976, p. 85 et sq. 19 See the report of the Venetian ambassador on 1 June 1472 (K. Bittmann, Ludwig XI. und Karl der Kühne. Die Memoiren des Philippe de Commynes als historische Quelle, t. 2/1, Gottingen, 1970, p. 444).

Mary, a “Diplomatic Weapon of Universal Value” for Charles the Bold

Commynes, believed that Charles never seriously planned to marry Mary off during his lifetime, because he would then have had to share his dominance.20 Nevertheless, Charles the Bold did consider several candidates who could enhance his position against his long-term enemy, King Louis XI of France.21 Among them were the already-mentioned duke of Clarence, Duke Francis II of Brittany22 and Philibert of Savoy.23 One of the most favoured candidates in this respect, however, was probably Charles of France.24 As a younger brother of King Louis XI, Charles was constantly dissatisfied with his share of his father’s inheritance. Charles the Bold used this knowledge to his advantage and even managed to persuade the young man to join his political alliances against Louis XI, as, for example, in 1465 the so-called “Ligue du Bien Public”. In 1469, serious marriage negotiations had apparently been under way concerning Mary and Charles that resulted in Louis XI launching a massive counter-campaign in order to prevent the union. Louis not only offered his brother new financial benefits, titles and dominions, he even requested an intervention from the Pope himself in order to prevent the marriage, stating that Mary and Charles were too closely related to each other. While he himself was courting the daughter and heiress of King Henry IV of Castile, Louis XI simultaneously searched for a new suitable bride for Charles of France. He also warned his brother in advance that, as Charles the Bold was still young as well as married to a young woman, this held the real possibility that a male heir could be born to him, and that Mary’s future husband would therefore end up getting nothing.25 The sudden death of Charles of France in May 1472 eventually thwarted Charles the Bold’s marriage plans for his daughter.26 The ambitious plans concerning Mary and Charles might well have failed even before Charles’s untimely death. Only two weeks after his demise , Mary’s hand was promised to Nicholas, duke of Calabria and Lorraine.27 As it turned out, Nicholas,

20 For example, Philippe de Commynes (W. Paravicini, Karl, op. cit., p. 85; Ch.A.J. Armstrong, La Politique, op. cit., p. 261; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., pp. 160, 181). 21 See also ibid., p. 176 et sq. 22 R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 128; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 167. 23 See below p. 230, n. 31. 24 See Philippe de Commynes, Mémoires, ed. J. Calmette and G. Durville, t. 1, op. cit., pp. 179-182; H. Stein, Charles de France, frère de Louis XI, Paris, 1921, pp. 399-410. 25 Car le duc de Bourgogne est jeune & marié à femme bien seurement disposée pour avoir des enfans & s’il advient qu’elle ait un fils mondit seigneur [Charles de France] ne aura rien à la succession dudit Duc de Bourgogne, & ainsi aura pris mariage sans profit & partie […]. See the instructions of King Louis XI for his ambassador sent to Charles de France (10 August 1471), in Philippe de Commynes, Mémoires, ed. D. Godefroy and N. Lenglet-Dufresnoy, t. 3, Paris, Rollin Fils, 1747, pp. 160-164 (here p. 162). 26 For Charles of France’s interest in marrying Mary in February 1472, see the various printed instructions in ibid., pp. 164-169. 27 Mary’s promise (13 June 1472) in ibid., p. 192 et sq. See also the English translation in R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 128 et sq., who called this document a “curious letter”. For this marriagecandidate —who was already considered in 1464 (ibid., p. 127)— see Philippe de Commynes, Mémoires, ed. J. Calmette and G. Durville, t. 1, op. cit., p. 226 et sq.; K. Rausch, Die burgundische Heirat, op. cit., pp. 61, 197, n. 13; G. Krause, Beziehungen zwischen Habsburg und Burgund bis zum Ausgang der Trierer Zusammenkunft im Jahre 1473, Göttingen, 1876, p. 33 et sq.; Ch.A.J. Armstrong, La Politique, op. cit., pp. 262-264; B. Schnerb, La plus grande héritière, op. cit., p. 28 et sq.; C. Debris,

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who up until then had been staying at the Burgundian court as a guest, had not been permitted to leave before he had signed a pledge to the marriage.28 Moreover, King Louis XI also tried to intervene by repeatedly offering duke Nicholas the hand of his daughter, Anne.29 By the summer of 1473 and only when marriage negotiations with Maximilian I had intensified, the engagement between Mary and Nicholas was broken.30 Family liaisons with Lorraine would have supported Charles the Bold in his effort to unite the two Burgundian countries, but in the end, they came to nothing due to the sudden death of Nicholas in the early days of July 1473. As a result of a burgeoning conflict with the Swiss that was being strongly encouraged by Louis XI, new marriage candidates for Mary were put forward. Initially these included Philibert, son of the duke of Savoy,31 and Gian Maria, son of Galeazzo Maria Sforza, duke of Milan.32 In addition, there was also Prince Frederick IV of Tarento who offered important dynastic prospects as he belonged to the powerful royal House of Aragon in Southern Europe. Marriage negotiations with Prince Frederick seemed to have already been rather advanced at this time, because he can be found at the court of Charles the Bold in the spring of 1476.33 Understandably, when in May 1476 Charles publicly announced the engagement of Mary to Maximilian, Frederick left the camp outraged. Taking his mercenary soldiers with him, Frederick thus deprived Charles of urgently needed military assistance right before the disastrous battle of Morat which took place a few days later.34

Tu, Felix, op. cit., p. 579 et sq.; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., pp. 161, 177 et sq.; W. Paravicini, Colleoni und Karl der Kühne. Mit Karl Bittmanns Vortrag “Karl der Kühne und Colleoni” aus dem Jahre 1957, Berlin, 2014, pp. 49 and n. 267. 28 See R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 76. See Nicholas’ undated agreement in Philippe de Commynes, Mémoires, ed. D. Godefroy and N. Lenglet-Dufresnoy, t. 3, op. cit., p. 193. 29 See K. Bittmann, Ludwig XI, op. cit., pp. 135-137. 30 Printed in Philippe de Commynes, Mémoires, ed. D. Godefroy and N. Lenglet-Dufresnoy, t. 3, op. cit., pp. 193-195, 256 et sq. See also C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 579 et sq., and n. 537 et sq. (with additional information regarding sources and literature). 31 Philippe de Commynes, Mémoires, ed. J. Calmette and G. Durville, t. 1, op. cit., p. 221; R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 300; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 174. 32 C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 581 and n. 547. 33 To support his son Frederick, King Ferdinand had sent Francesco Bertini to the Burgundian court in November 1474. See J. Calmette, Le Projet de mariage bourguignon-napolitain en 1474, in Bibliothèque de l’Ecole des chartes, t. 72, 1911, pp. 459-472. On this mariage-candidate, see E.-P. Toutey, Charles le Téméraire et la Ligue de Constance, Paris, 1902, p. 169 et sq.; E. Pontieri, Per la storia del Regno di Ferrante I d’Aragona Re di Napoli, Naples, 1969, pp. 161-208; K. Bittmann, Ludwig XI, op. cit., p. 444; B. Schnerb, La plus grande héritière, op. cit., p. 32; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 581; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 174 et sq.; A. Bárány, Matthias, op. cit., p. 79; E. Scarton, Tra “dualicità et tradimenti”. La politica (matrimoniale) di Ferrante d’Aragona nei primi anni Settanta del Quattrocento letta attraverso i dispacci sforzeschi da Napoli, in eHumanista / IVITRA. Journal of Iberian Studies, t. 38, 2018, pp. 186-200 (here pp. 189-195, with additional information to source and literature). URL: http://www.ehumanista.ucsb.edu/sites/secure.lsit.ucsb.edu.span.d7_eh/files/sitefiles/ehumanista/ volume38/12%20ehum38.rg.cor.scarton.pdf. 34 Another potential marriage candidate, Anthony Woodville, earl Rivers, left the Burgundian camp. See K. Bittmann, Ludwig XI, op. cit., p. 444.

Mary, a “Diplomatic Weapon of Universal Value” for Charles the Bold

The duchy of Burgundy was subject to the French Crown but also included farflung domains in the Holy Roman Empire. Therefore, in his diplomatic manoeuvers and marriage projects, Charles not only tried to satisfy his political interests, but also pursued a policy that would consolidate his position in his territories. Negotiations to forge a marriage between Mary and Philip, the upcoming Elector Palatine of the Rhine (1467), must be seen in this context.35 In 1475, Charles also offered Mary to Prince John, son of King Christian I of Denmark, in the hope that the king who had stayed in the camp of Neuss during his journey to Italy would arbitrate in the conflict with Emperor Frederick III in Charles’s favour.36 However, the highest potential profit for both sides could be gained by a marriage between the emperor’s son Maximilian and Mary of Burgundy.37 The Habsburgs, by incorporating the Burgundian dominions into their territories, anticipated enormous gains including access to a prosperous economy while at the same time enhancing their own dynasty in the west of the Holy Roman Empire. Charles the Bold, in his turn, mainly expected a higher social position and the possibility of creating his own independent kingdom of Burgundy. He even bargained to be elected king of the Romans during Emperor Frederick III’s lifetime and to become emperor after Frederick’s death. Only after his own death would these titles then be passed on to Maximilian. Frederick, understandably, rejected these demands. It was Pope Pius II who, in 1463, had first suggested a marriage between Mary and Maximilian, when they were six and four years old respectively. During the years that followed, the terms of this marriage were repeatedly negotiated with varying intensity. The highlight of the negotiations was a meeting in Trier in the autumn of 1473, when Frederick III, Maximilian, Charles the Bold and their respective counsellors held

35 A. Bachmann, Deutsche Reichsgeschichte, op. cit., p. 264 et sq.; R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 127; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 579 et sq.; P. Ehm, Burgund, op. cit., pp. 105, 108; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 166 et sq. 36 See W. Paravicini, König Christian in Italien (1474), in König, Reich und Fürsten im Mittelalter. Festschrift für Karl-Heinz Spieß zum 65. Geburtstag, ed. O. Auge, Stuttgart, 2016, pp. 255-364; reprinted in Id., Ehrenvolle Abwesenheit. Studien zum adligen Reisen im späteren Mittelalter. Gesammelte Aufsätze IV, ed. J. Hirschbiegel and H. von Seggern, Ostfildern, 2017, pp. 411-502, 591-594 (here p. 449 et sq. and n. 212). He shows (ibid., pp. 447-450) that King Christian explored the marriage possibilities of his son during a journey to various courts. 37 The negotiations of this marriage are dealt with comprehensively by S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., pp. 163-181 (with extensive references to sources and older secondary literature); still essential are K. Rausch, Die burgundische Heirat, op. cit.; Ch.A.J. Armstrong, La Politique, op. cit., pp. 259-265; W. Blockmans, Maximilian und die burgundischen Niederlande, in Kaiser Maximilian I. Bewahrer und Reformer, ed. G. Schmidt-Von Rhein, Ramstein, 2002, pp. 51-67 (here pp. 52-54); P. Ehm, Burgund, op. cit., pp. 117-224; C. Estepa Díez, Política, op. cit., pp. 75-83; P.J. Heinig, Kaiser, Reich und Burgund. Habsburgs “neue Weltpolitik” im 15. Jahrhundert, in Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, t. 106, 2004, pp. 55-76 (here pp. 59-69); M. Hollegger, Maximilian I. (1459-1519). Herrscher und Mensch einer Zeitwende, Stuttgart, 2005, pp. 29-37; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., pp. 191-194, 577-582; J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009, pp. 18-21; S. Dünnebeil, Die Rolle Burgunds. Karl der Kühne – Friedrich III., in Der Trierer Reichstag von 1512 in seinem historischen Kontext. Ergebnisse der Trierer Tagung vom 19.-21.10.2012, ed. M. Embach and E. Dühr, Trier, 2012, pp. 69-87 (here pp. 73-76).

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discussions over two months. Charles’s exorbitant claims were partly satisfied insofar as Frederick III invested him with the duchy of Guelders and was willing to grant him a newly created kingdom. However, shortly before the ceremony of Charles’s inauguration, the imperial party took their leave unexpectedly and without farewell, probably after Charles had put forward even bolder demands. The following years saw Charles gradually losing his fortune. In November 1475, after he had unsuccessfully besieged the town of Neuss on the Lower Rhine over a period of twelve months, Charles was finally willing to agree to the marriage between Maximilian and Mary. He did this on the understanding that an additional secret contract would ensure a peace treaty with the emperor.38 After Charles’s devastating defeat in Grandson against the Swiss in 1476, he officially agreed to the wedding on 6 May.39 The wedding date, scheduled for 11 November 1476 in Cologne, was postponed, but the couple exchanged several letters, portraits40 and engagement gifts. * *** The events after Charles the Bold’s unexpected death in 1477, including a French invasion, the desertion of several nobles, and social trouble in the Low Countries, show that the pledge of marriage between Mary and Maximilian was not without controversy. Various parties took advantage of the fact that the heiress was a young unmarried woman: internal and external forces threatened the existence of the Burgundian Lands. To save her Burgundian heritage, it became essential that the twenty-year-old Mary marry as soon as possible and, thus, the carousel of engagement plans began to spin once again.41 Louis XI promised to maintain the independence of the Burgundian Lands if Mary was prepared to choose his successor, the seven-year-old Charles VIII, as a

38 K. Rausch, Die burgundische Heirat, op. cit., p. 141 et sq.; H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. Das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 1, Vienna, 1971, p. 107 et sq.; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 578; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 174. 39 Vienna, Haus-, Hof- und Staatsarchiv, Familienurkunden, nr 727; printed in J. Chmel, Aktenstücke und Briefe zur Geschichte des Hauses Habsburg im Zeitalter Maximilian’s I. aus Archiven und Bibliotheken, t. 1, Hildesheim, 1968, p. 134 et sq., nr 32. See also K. Rausch, Die burgundische Heirat, op. cit., p. 154; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 578; Karl der Kühne (1433-1477) – Kunst, Krieg und Hofkultur, ed. S. Marti, T.-H. Borchert and G. Keck, Bern-Brussels-Bruges, 2008, p. 348, nr 157 (with image). 40 Le tableau lui [Maximilian] fut présenté, et elle [Mary] le reçut avec si grande statisfaction, qu’elle l’examina plus de vingt fois durant ce jour (Chronique des Faits et Gestes admirables de Maximilien I durant son mariage avec Marie de Bourgogne, ed. O. Delepierre, Brussels, 1839, p. 18). 41 See Philippe de Commynes, Mémoires, ed. J. Calmette and G. Durville, t. 2, op. cit., pp. 249-260; Olivier de La Marche, Mémoires, ed. H. Beaune and J. d’Arbaumont, t. 3, Paris, 1885, pp. 242245; B. Schnerb, La plus grande héritière, op. cit., pp. 32-37; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., pp. 178-181; O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 60 et sq.

Mary, a “Diplomatic Weapon of Universal Value” for Charles the Bold

husband.42 Many at the Burgundian court favoured this marriage, because it “would have been good and honourable for the young lady”.43 There were others, however, like Mary’s maid who reportedly remarked that Mary needed a man, not a child, because she should have children to ensure the continuation of the House of Burgundy.44 Philippe Commynes, on the other hand, suspected that the king in fact considered one of his allies Charles, count of Angoulême, as a more suitable husband for Mary.45 Furthermore, in the context of the urban uprisings that followed Charles’s death, the representatives of Ghent preferred Mary to marry Duke Adolph of Guelders. He was nearly 20 years older than her and had been imprisoned by Charles the Bold before he took possession of the duchy of Guelders on his release (May 1477).46 The idea of Adolph marrying the daughter of his former opponent did not find great favour with the courtiers of Burgundy. According to the plan to encourage King Edward IV of England to support Burgundian interests, Mary’s marriage to George, duke of Clarence, or to Anthony Woodville, who were Edward’s brother and brother-in-law respectively, was also discussed. It was mainly Charles’s widow, Margaret, the sister of King Edward, who promoted them as prospective candidates. This hope, however, was rapidly destroyed when the English king forged an alliance with Louis XI shortly after Charles’s death.47 Additionally, two noblemen who had grown up at the Burgundian court were taken into account. On the one hand, there was John II, son of Duke John I of Cleves,

42 This argument is at the core of the juridical treaty written by Guillaume II Cousinot in order to support Louis XI’s claim to Mary’s lands, as it is emphasised in this volume by K. Daly, Pour la preminence de la Couronne et l’evidente utillité de la Chose Publique du royaulme. The Medieval French State versus Marie de Bourgogne, pp. 61-82. In response, Mary’s lawyer, Jean d’Auffay, argued that Mary’s father-in-law Louis XI broke his sacred vow to protect the duchess, as shown in this volume by J. Dumont and é. Lecuppre-Desjardin, Construire la légitimité d’un pouvoir féminin. Marie de Bourgogne dans le Mémoire de Jean d’Auffay, pp. 41-60. 43 […] eust esté bien propice et grand honneur pour ladicte damoiselle (Philippe de Commynes, Mémoires, ed. J. Calmette and G. Durville, t. 2, op. cit., p. 251). 44 Qu’ilz avoyent besoing d’ung homme et non point d’ung enfant, disant que sa maitresse estoit femme pour porter enfans et que de cela le pays avoit besoing (ibid.). See also C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 580 et sq. and n. 544; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 178 et sq. As early as 1471 the Dauphin —who was one year old— was a candidate: prospects of his marriage with Mary was the decoy for a FrenchBurgundian peace agreement, which was, however, short-lived. See R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 128. 45 Philippe de Commynes, Mémoires, ed. J. Calmette and G. Durville, t. 2, op. cit., p. 252; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 579, n. 533, doubts the authenticity of this statement. 46 Philippe de Commynes, Mémoires, ed. J. Calmette and G. Durville, t. 2, op. cit., p. 238 et sq.; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 582; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 179; M. Böck, Herzöge und Konflikt. Das spätmittelalterliche Herzogtum Geldern im Spannungsfeld von Dynastie, ständischen Kräften und territorialer Konkurrenz (1339-1543), Geldern, 2013, p. 556 et sq.; O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 62; H. von Seggern, Geschichte der Burgundischen Niederlande, Stuttgart, 2018, p. 169. 47 K. Rausch, Die burgundische Heirat, op. cit., p. 164 et sq.; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 581; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 179 et sq.

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whom Mary disliked intensely.48 On the other hand, Philip, the son of the powerful Adolph of Cleves-Ravenstein, was also considered, but although very popular, he was without power and prosperity.49 However, still by far the most promising prospect to save the Burgundian heritage was held by Maximilian because of his father, the emperor’s, unequalled status of legitimacy.50 Thus, soon after Charles’s death was confirmed, Emperor Frederick sent ambassadors to the Low Countries.51 The negotiating parties quickly reached an agreement, and the marriage between Mary and Maximilian was concluded per procuram on 21 April 1477. Four months later Maximilian arrived in Ghent, where the couple were married on 19 August with a great feast. Since this marriage was concluded against the will of King Louis XI and the Estates of Flanders, members of the Burgundian court started an extensive “multi-media” based campaign to advertise the legitimacy of this marriage.52 Rumors were even spread that Charles, shortly before he had mounted his horse to ride to the battle of Nancy, had ordered, in speech and writing, that in case of his death, the marriage between Mary and Maximilian was to be concluded immediately.53 For the Habsburgs, family liaisons with the ducal House of Burgundy meant the incorporation of a powerful, prestigious duchy into their own dynasty. This marked the starting-point of Habsburg dominance over wide territories, of far-reaching influence as well as power, which following generations managed to expand immensely, thus allowing them to emerge as one of the leading dynasties in Europe.54 Maximilian’s union with Mary was short-lived. Five years after their marriage, Mary died in a riding accident. Following this, Maximilian quickly realised that he, as a foreign prince consort, was not welcome amongst the nobles of Burgundy: the majority of them only accepted Prince Philip, Maximilian and Mary’s son, as the legitimate duke of Burgundy and their rightful sovereign.55

48 Philippe de Commynes, Mémoires, ed. J. Calmette and G. Durville, t. 2, op. cit., pp. 197, 252 et sq.; C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 581; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 179. As a consequence, Duke John I was offended and in the following years did not participate to the chapters of the Order of Golden Fleece (Die Protokollbücher des Ordens vom Goldenen Vlies, ed. S. Dünnebeil, t. 4, Frankfurt, 2016, pp. 7, 23). 49 C. Debris, Tu, Felix, op. cit., p. 582; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 179. 50 P. Ehm, Burgund, op. cit., p. 117. 51 See several documents in J. Chmel, Aktenstücke, op. cit., pp. 137-158, nr 35-48. See also K. Rausch, Die burgundische Heirat, op. cit., pp. 166-171; H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian, op. cit., pp. 121-126; S. Dünnebeil, Handelsobjekt, op. cit., p. 180 et sq. 52 See P.J. Heinig, Kaiser, op. cit., p. 71 et sq.; Die Protokollbücher, op. cit., t. 4, p. 115 et sq. 53 […] einem seiner Vertrautesten mündlich anbefahle, auch einen geschriebenen Zettel darüber zustellte, wie es mit seinem Landen nach seinem Tod gehalten und an wen seine Tochter Maria vermählt werden sollte ( J.J. Fugger, Spiegel, op. cit., p. 835). See also Die Protokollbücher, op. cit., t. 4, pp. 18, 45. 54 See A. Kohler, Tu felix Austria nube… Vom Klischee zur Neubewertung dynastischer Politik in der neueren Geschichte Europas, in Zeitschrift für historische Forschung, t. 21, 1994, pp. 461-482. 55 See J. Haemers, De strijd om het regentschap over Filips de Schone. Opstand, facties en geweld in Brugge, Gent en Ieper (1482-1488), Ghent, 2014; P. Moraw, Kaiser Maximilian I. (1493-1519). Bewahrer und Neuerer, in Kaiser Maximilian I. Bewahrer und Reformer, op. cit., pp. 17-29 (here p. 20); see also S. Dünnebeil, Die Rolle Burgunds, op. cit., pp. 77-83.

Mary, a “Diplomatic Weapon of Universal Value” for Charles the Bold

* *** Mary of Burgundy was, without a doubt, one of the richest and most eligible heiresses of her time. Using her as a tool for their own ambitious political plans, both her grandfather, Duke Philip the Good, and her father, Duke Charles the Bold, offered her hand to a large number of representatives of the European nobility, a practice which was quite common in the late Middle Ages and the Renaissance. By the time of her wedding, at the age of twenty, Mary would have been aware of the large number of suitors that had been considered without having been allowed to exercise any choice of her own. After the sudden death of her father, she found herself abandoned and was reduced to a mere plaything of different interests. In order to safeguard her heritage, she had no other choice but to marry as soon as possible. Her decision fell on the emperor’s son, Maximilian, the candidate who, in 1477, would one day be the most powerful ruler in Christian Europe, thus securing the Burgundian heritage once and for all.56

56 Despite having been a pawn on her father’s chessboard, Mary managed —to a certain extent— to shape her own agency and power, as has been shown in several articles of this volume, such as A. Pearson, Rulership, Ridership, and the Perils of Sealing, pp. 115-136 and A. Adams, Evidencing the Right to Rule. Mary of Burgundy and the Tombs of Isabella and Jacques of Bourbon, pp. 137-159 (on Mary’s visual communication); V. Bessey, L’Hôtel de Marie de Bourgogne d’après l’ordonnance de cour du 26 mars 1477, pp. 211-223 (on Mary’s sovereign household in the first month of 1477); V. Soen, The House of Croÿ and Mary of Burugndy. Or How to Keep Noble Elites at the Burgundian-Habsburg Court (1477-1482), pp. 237-250 (on Mary’s capacity at keeping the loyalty of high-nobles).

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14.  The House of Croÿ and Mary of Burgundy Or How to Keep Noble Elites at the Burgundian-Habsburg Court (1477-1482) Mary of Burgundy’s rule is conspicuously lacking from the standard history of the House of Croÿ.1 Over the course of the 15th and 16th centuries, this noble family of Picard origin represented a true success story, with its noblemen rising from modest knights to rich dukes, who, for a long time, held the only ducal title in the Low Countries and controlled territories that straddled the southern borderlands along France and the Empire. To be fair, the family’s spectacular rise in power and prestige was greatly facilitated by Burgundian-Habsburg patronage. As a result, almost all family members have been linked in an intimate way with either the Burgundian dukes or their Habsburg successors and their splendid courts. In the mid-fifteenth century, Philip the Good, then duke of Burgundy, allegedly had Antoine de Croÿ as his eternal confident and favourite, even against the will of his own son and heir.2 At the end of the same century, his great-grandson, Philip the Fair, was mockingly said to be guided by a croit conseil, a pun pointing at the



1 While the history of the House of Croÿ still awaits a modern study, the core bibliography for the late fifteenth century consists of two important editions and an article by Werner Paravicini: L.-P. Gachard, Notice des Archives de M. le duc de Caraman, précédée de recherche historiques sur les princes de Chimay et les comtes de Beaumont, in B.C.R.H., t. 11, 1845, pp. 1-148 ; M.-R. Thielemans, Les Croy, conseillers des ducs de Bourgogne. Documents extraits de leurs archives familiales, 1357-1487, in B.C.R.H., t. 124, 1959, pp. 1-141; W. Paravicini, Moers, Croy, Burgund. Eine Studie über den Niedergang des Hauses Moers in den zweiten Hälfte des 15. Jahrhunderts, in Annalen des Historischen Vereins für den Niederrhein, t. 179, 1977, pp. 7-113 (repr. Bonn, 1978). Two modern genealogies of the family should be handled with care: R. Born, Les Croÿ. Une grande lignée hennuyère d’hommes de guerre, de diplomates, de conseillers secrets, dans les coulisses du pouvoir, sous les ducs de Bourgogne et la Maison d’Autriche (1390-1612), Brussels, 1981; G. Martin, Histoire et généalogie de la maison de Croÿ, Lyon, 1980 (repr. 2001). Arenberg in de Lage Landen. Een hoogadellijk huis in Vlaanderen & Nederland, ed. J. Roegiers, M. Derez, M. Nelissen, J.-P. Tytgat and A. Verbrugge, Leuven, 2002, situates the history of the House of Croÿ within that of its main successors, the House of Arenberg. Also important is J. Scohier, La Généalogie et descente de la très illustre maison de Croy, Douai, Widow Jacques Boscard (= Christine de Roovere), 1589 (anastatic repr. Brussels, 1996). 2 R. Vaughan, Philip the Good. The Apogee of Burgundy, London, 1970, pp. 334-372 (chap. 11: Burgundy, France and the Crusade, 1454-1464), pp. 372-378 (chap. 12: The Close of the Reign). This should, however, be compared to the critical observations in C.A.J. Armstrong, Had the Burgundian Government a Policy for the Nobility?, in Id., England, France and Burgundy in the Fifteenth Century, London, 1983, pp. 213-236 (here pp. 234-235).

Violet Soen • Katholieke Universiteit Leuven Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 237-250.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122543

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family’s dominance in Burgundian politics.3 Even in the sixteenth century, the young Emperor Charles V had Guillaume de Croÿ, lord of Chièvres, as his infallible companion.4 This makes it all the more surprising that Mary of Burgundy’s reign seems to have faded out of the pages of the Croÿ family history. This lacuna even occurs in a recent overview on the late medieval nobility in the Low Countries: while this work specifically highlights both the hesitations felt by many noblemen to stay loyal to the Burgundian party when Mary’s rule started in 1477, and the decision of others to turn to the French king for support, it neglects to examine the Croÿ family at this crucial stage.5 Mary of Burgundy might be absent from the historiography on the rise of the House of Croÿ, yet this contribution argues that she still played a prominent role in the family’s history at a particularly eventful moment of time: the duchess smoothed over the relations between the House of Burgundy and this crucial noble family after her father had first exiled its members from court in 1465, and then had individually pardoned them throughout the next decade. By doing so, she succeeded in reintegrating a powerful “frontier family” along the southern borderlands in a troubled era, when many similar aristocratic families chose to serve the French king instead. To achieve this aim, Mary, and eventually her consort, Maximilian of Habsburg, implemented a three-pronged approach to the Croÿ family. First, as specifically requested by the Croÿ family, they restored functions and restituted confiscated lands as already promised by Charles the Bold. Secondly, they gradually and selectively provided the family members with prestigious functions at court, in the army, and in the border provinces where they were the main fief holders. Thirdly, in doing this, they copied Charles the Bold’s divide et impera strategies and played upon the inner rivalries between the main and collateral branch of the House of Croÿ. Hence, Mary and Maximilian used the different sources of patronage available to them to tie the Croÿ family to their sphere of influence between 1477 and 1482, while turning two nephews, both named Philippe de Croÿ, into competitors at court.

1. Exile Before detailing how Mary of Burgundy engaged with the extended House of Croÿ, it is first necessary to describe the latter family’s history. The Croÿ took their dynastic

3 J.-M. Cauchies, “Croit conseil” et ses “ministres”. L’entourage politique de Philippe le Beau (1494-1506), in À l’ombre du pouvoir. Les entourages princiers au Moyen Âge, ed. A. Marchandisse and J.-L. Kupper, Liege-Geneva, 2003, pp. 291-411; B. Sterchi, Über den Umgang mit Lob under Tadel. Normative Adelsliteratur und politische Kommunikation im burgundischen Hofadel, Turnhout, 2005. 4 G. Dansaert and T. de Limburg-Stirum, Guillaume de Croÿ-Chièvres, Kortrijk, 1942, to be supplemented with the more recent biographical entry in H. Cools, Mannen met Macht. Edellieden en de Moderne Staat in de Bourgondisch-Habsburgse landen (1475-1530), Zutphen, 2001, pp. 200-201. 5 Ibid., pp. 99-100 discusses the “peripatetic movements” of the members of the Croÿ clan in a chapter dedicated to the “choices of Burgundian-Habsburg noblemen”, but the crucial years surrounding 1477, as discussed here, are omitted.

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name after the Picard lordship of Crouy(-Saint-Pierre) on the left bank of the river Somme, next to the town of Picquigny and the better-known city of Amiens. The lordship of Crouy itself, part of which had initially been donated to the monastery of Gard, lacked a castle, but compensated for this default by generating income from the rural activities performed on the land; the family castle was in nearby Airaines, a territory later joined to the Crouy seigneury.6 Originally belonging to the warrior nobility from Picardy that rose to fame during the unpredictable course of the Hundred Years War, the Croÿ family made their fate and fortune by serving the duke of Burgundy at court and on the battlefield. After the signing of the peace treaty of Arras in 1435, the brothers Antoine (c. 1402-1475) and Jean (after 1402-1473) became invaluable advisors of Philip the Good, guiding him through most of his financial, diplomatic, and martial decisions. The brothers advocated a Francophile policy, a logical move due to the patronage of the French king, their positions at his court, and their lordships within French territory. In fact, Antoine (later dubbed “le Grand”) took great pride in his purchase of the county of Château-Porcien in Champagne, which bestowed upon him the important rank of count and forced him to pay direct homage to the king of France.7 Jealous of their status as Philip the Good’s favourites, the duke’s heir, Charles, count of Charolais, expelled the members of the House of Croÿ from the court of Burgundy by March 1465.8 The scene had all the ingredients of an ancient drama, and it was, in fact, theatrically staged by the participants themselves. Charles’s outspoken views on lese-majesty made him framed the expulsion of the Croÿ as an inevitable result of ingratitude, deception, and even fraud from his vassals, who, he alleged, ought to show him unconditional loyalty and service.9 As a result, Charolais denounced the members of the House of Croÿ as “enemies”, confiscated their lordships, and required them to leave the Burgundian court and its territories. The Croÿ deeply felt

6 R. Fossier, La Terre et les hommes en Picardie jusqu’à la fin du xiiie siècle, t. 2, Paris, 1968, map between pp. 678-679; J. Scohier, La Généalogie, op. cit., p. 5. 7 The position of the family under Philip the Good is best treated by W. Paravicini, Moers, Croy, Burgund, passim; G. Robert, Documents relatifs au comté de Porcien, Monaco, 1935, discusses how Antoine de Croÿ could buy the county from its imprisoned owner Charles d’Orléans, in return for his ransom in 1437-1438. The deal was clearly facilitated by Duke Philip the Good. 8 The rival factions at Burgundian court were an important reason for the downfall of the favourites: M. Damen, Rivalité nobiliaire et succession princière. La lutte pour le pouvoir à la cour de Bavière et à la cour de Bourgogne, in R.N., t. 91, 2009, pp. 361-383; W. Paravicini, Acquérir sa grâce pour le temps advenir. Les hommes de Charles le Téméraire, prince héritier (1433-1467), in À l’ombre du pouvoir, op. cit., pp. 361-383. 9 Ce sont les points que le seigneur de Charroloys met et impose au seigneur de Croÿ (Paris, BnF, MS fr. 5040, ff. 170v-171r, published and dated 22 March 1465 in Mémoires de Messire Philippe de Comines, seigneur d’Argenton […]. Nouvelle édition, ed. D. Godefroy and N. Lenglet du Fresnoy, t. 2, London-Paris, pp. 443-444). However, the views expressed by these chroniclers should be read within the context of their political stance: C. Thiry, Les Croÿ face aux indiciaires Bourguignons. George Chastelain, Jean Molinet, in Et c’est la fin pour quoy nous sommes ensemble. Hommage à Jean Dufournet. Littérature, histoire et langue du Moyen Âge, ed. J.-C. Aubailly, E. Baumgartner, F. Dubost, L. Dulac and M. Faure, t. 3, Paris, 1993, pp. 1363-1380; for the exceptionally outspoken ideas of the future Charles the Bold on lese-majesty: W. Blockmans,

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this violation of the codes of chivalry, as they had believed that they were assisting their overlord with consilium et auxilium. To add to the drama, as described by at least one chronicler, family leader Antoine le Grand alleged that he did “not want to give up service to a French king for a count of Charolais”, pointing out that the duke of Burgundy was still a member of a collateral branch of the Valois dynasty, and that he had to recognize French suzerainty over their territories in Artois and Flanders.10 When asked to leave Burgundian lands, the Croÿ did so, henceforth taking up residence in their castles in the kingdom of France, with Antoine sojourning in and around Château-Porcien in Champagne for the next eight years. This is the point at which the historiography usually ends. Richard Vaughan, though a prolific writer on the reign of Philip the Good, explained the expulsion by remarking that “it was not till after Charles had become duke that they were pardoned and reinstated”.11 Still, there were many complications and complexities in this prolonged and painful reconciliation between the members of the House of Croÿ, a process which I have previously described at great length; in this case, a brief summary will be sufficient.12 The eventual outcome —the reconciliation of Croÿ with Burgundy— was unpredictable, as Antoine’s ability to easily “stay away” in France for eight years shows. Instead, the reconciliation of the family clan happened in three troublesome stages between 1468 and 1475: the many contingencies of each episode underline the fact that Croÿ family members had a remarkable resilience towards the centralization policies of the duke of Burgundy. Rather than simply genuflecting before the duke, they negotiated their reconciliation on their own terms, securing for themselves increased family properties and prestige in the end. The first to reconcile were Jean, Antoine’s younger brother, and his son Philippe (1434-1482), both of whom did so in 1468, three years after their initial expulsion.13 Before their banishment, both father and son had served as grand bailiffs and

Crisme de leze magesté. Les idées politiques de Charles le Téméraire, in Les Pays-Bas bourguignons. Histoire et institutions. Mélanges André Uyttebrouck, ed. J.-M. Duvosquel, J. Nazet and A. Vanrie, Brussels, 1996, pp. 71-91. 10 […] cesser le service d’un roi de France pour un comte de Charolais (George Chastelain, Œuvres, ed. J.-B.-M.-C. Kervyn de Lettenhove, t. 5, Brussels, 1864, p. 192; translation provided by H. Zmora, Monarchy, Aristocracy and the State in Europe 1300-1800, London, 2001, p. 63). 11 R. Vaughan, Philip the Good, op. cit., pp. 377-378 (here p. 378). 12 V. Soen, La Causa Croÿ et les limites du mythe bourguignon. La frontière, le lignage et la mémoire (14651475), in P.C.E.é.B., t. 52, 2012, pp. 81-97. 13 Philippe de Croÿ, lord of Sempy and Quiévrain and count of Chimay (c. 1434/1436-1482): Général Guillaume, Croÿ (Philippe de), comte de Chimay, baron de Quiévrain, in B.N.B., t. 4, 1873, col. 563-564; M. Debae, Philippe de Croÿ, comte de Chimay, seigneur de Sempy et de Quiévrain, in Les Chevaliers de l’Ordre de la Toison d’or au xve siècle, ed. R. de Smedt, Frankfurt, 2000, pp. 174-176; H. Cools, Croÿ, Filips, graaf van Chimay, heer van Sempy en van Quiévrain, in Id., Mannen met Macht, op. cit., pp. 194-195 (but with a couple of instances in which he is wrongfully equated with his homonymous cousin, the count of Porcien, listed in the next footnote); Prosopographia Curiae Burgundicae (1407-1477), nr 1263; J. Maris, De aanstelling van Philips van Croy, graaf van Chimay, tot stadhouder van Gelderland in 1474, in Gelre. Bijdragen en mededelingen, t. 60, 1961, pp. 157-162. His bibliophily is discussed by: J. Devaux, Un Seigneur lettré à la Cour de Bourgogne. Philippe de Croÿ, Comte de Chimay, in Liber Amicorum Raphaël De Smedt, ed. A. Tournieu, t. 4, Leuven, 2001, pp. 12-33, and earlier but shorter

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provincial governors of Hainaut. They were also among the main fief holders within the county of Hainaut: Jean held the frontier lordship of Chimay, and his son inherited the lordship of Quiévrain after his mother’s death in 1461. Upon Charles the Bold’s pardon, they could firmly establish themselves as a collateral, but powerful, cadet branch of Chimay within the House of Croÿ. Although they would no longer gain special financial privileges or commissions at court as under Philip the Good, they did receive gages spéciaux extraordinaires, and, by 1470, they were again paid regularly as chambellans. By two separate acts, passed in 1469 and 1470, they recovered their lordships in Hainaut, and, more importantly, took possession of some of Antoine’s confiscated lands in and around Louvain in Brabant. In January 1473, Charles the Bold elevated the lordship of Chimay to county, most likely with the aim of providing the sick Jean with a status and rank similar to that of his elder brother, who was then still in exile in the county of Château-Porcien. Two months after Jean’s death, his son Philippe, henceforth count of Chimay was accepted as knight of the Golden Fleece at the chapter of Valenciennes. The brief period of exile, as well as the rapid reconciliation of father and son Croÿ-Chimay, eventually led to an honourable ascent within the Burgundian court. The same return to favour cannot be documented for Antoine’s son, Philippe (1433-1511), lord of Renty in the county of Artois.14 He also reconciled in 1468, and is registered as having received gages ordinaires at the court from at least 30 March until 26 August 1470. However, in a sequence of events, Philippe de Croÿ-Renty discovered that his return to Burgundian service did not convince Charles the Bold to restore all of his personal and family goods and lands; instead, as mentioned, he had to accept the fact that some parts of it went to his uncle and nephew. His frail position likely facilitated his “volte-face” in 1471, when he returned to the service of the French King Louis XI. By making this decision, Croÿ-Renty followed in the footsteps of his father-in-law, Louis of Luxemburg, the (in)famous count of Saint-Pol. As such, he found himself sent back to the French camp, where his father had remained since his expulsion. He could participate in the royal council, commanded over 600 knights, and, most importantly, controlled Boulogne-sur-Mer, a crucial position to anyone holding Picardy. It was around this time, that he was likely admitted to the Order of Saint Michel. Even if his “volte-face” implied a new confiscation of his lordships in Burgundian territories, he could at least boast of proximity to a king, a governorship

by M. Debae, Une Lignée de chevaliers bibliophiles. Jean, Philippe et Charles de Croÿ, comtes de Chimay, in L’Ordre de la Toison d’Or de Philippe le Bon à Philippe le Beau (1430-1505). Idéal ou reflet d’une société, ed. P. Cockshaw and C. Van den Bergen-Pantens, Brussels, 1996, pp. 201-205. 14 Philippe de Croÿ, lord of Renty and Aarschot and count of (Château-)Porcien (c. 1433-1511): H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 195-196; Prosopographia Curiae Burgundicae (1407-1477), op. cit., nr 3059; additional information about his ambitions to obtain a membership of the Golden Fleece: A. Châtelet, Antoine de Croÿ et Hugo van der Goes, in Der Fall des Günstlings. Hofparteien in Europa vom 13. bis zum 17. Jahrhundert, ed. J. Hirschbiegel and W. Paravicini, Stuttgart, 2004, pp. 481-487. As mentioned, his biography often suffers from the authors wrongfully equating him with his homonymous cousin, Philippe de Croÿ-Chimay (both named after their godfather, Philip the Good, duke of Burgundy).

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over a crucial port, and a substantial number of soldiers under his command.15 By making his troops plunder the Picard family castle of the Croÿ in Airaines in the campaign of 1472, Charles the Bold reacted violently against this “volte-face”.16 The second round of reconciliation began in 1473, when family leader Antoine de Croÿ literally went on his knees before Charles the Bold during a meeting of the aforementioned Valenciennes chapter of the Golden Fleece. Taking matters into his own hands, Antoine tried to reclaim his family’s goods and possessions, especially as Jean de Croÿ had died just two months earlier. With vast confiscated lands that he had once owned still under the guardianship of his brother, Antoine likely wanted to ensure the property rights of his main branch, especially as his son was now serving the French king again. This time, allegedly due to the applicant’s estat et l’ancien eaige, the attempt at reconciliation worked. Still, Duke Charles would only accept a reconciliation on the condition that Antoine returned to live in Burgundian territory.17 This did not deter Antoine to be buried in the chapel at Château-Porcien on his main property in France when he died in 1475. Even then, Philippe, Antoine’s son, continued in French service. There are some clear indications that reconciliation with Burgundy was being prepared in the spring and summer of 1475, as Philippe had the positions of conseiller et chambellan conferred upon him.18 Yet, for unknown reasons, he was excluded from the Franco-Burgundian treaty of Soleuvre on 13 September 1475.19 When soon after Soleuvre his father died from natural causes, and his father-in-law met his own violent death on the scaffold, Philippe de Croÿ definitively reconciled with the Burgundian duke, in December 1475. Rather than a capitulation, his final reconciliation should be perceived as a strategic attempt to regain confiscated goods as the new head of family and count of Château-Porcien.20 Even if some questions and peculiarities surrounding this reconciliation remain unanswered, we can confidently say that the whole Croÿ family had reconciled with the duke of Burgundy by the end of 1475. When the widow of Antoine de Croÿ, Marguerite de Lorraine, member of the princely House 15 W. Paravicini, Peur, pratiques, intelligences. Formes de l’opposition aristocratique à Louis XI d’après les interrogatoires du connétable de Saint-Pol, in La France de la fin du xve siècle. Renouveau et apogée. économie – Pouvoirs – Arts – Culture et conscience nationale, ed. B. Chevalier and Ph. Contamine, Paris, 1985, pp. 186-189; D. Soumillion, Le Procès de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol, connétable de France (1418-1475), Enghien, 2007. 16 H. Cools, Mannen met macht, op. cit., p. 100. 17 B. Sterchi, Über den Umgang, op. cit., p. 524. 18 Neuss, 18 March 1475: Dülmen, Herzog von Croÿ’sche Verwaltung, Mons, Archives de l’état, 38, listed by M.-R. Thielemans, Les Croy, op. cit., p. 131, but not indexed by H. Stein, Catalogue des Actes de Charles le Téméraire (1468-1477), Sigmaringen, 1999. 19 Treaty of Soleuvre, 13 September 1475: Jean Dumont, Corps universel diplomatique du droit des gens; contenant un recueil des traitez d’alliance, de paix, de treve […] depuis […] Charlemagne jusques à présent, t. 3, Amsterdam-The Hague, Brunel and Wetstein-Husson and Levier, 1726, pp. 505-507. 20 Lettre de mainlevée pour Philippe de Croÿ, 18 December 1475, Leuven, University Archives, Arenberg, 39b (chartarium): instigations d’aucuns […] gens ses serviteurs natifz du Royaulme de France, et aussi pour complaire a MMr Loys de Luxembourg connetable de France son beau-pere, il fut legierement meu de partir de noz pays et seigneuries et soy distraire de notre obeissance et à le demeurer en party a nous contraire.

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of Lorraine-Vaudémont, died in Reims on 23 May 1477, the younger generation of Croÿ family members took over in the crucial year where Mary of Burgundy ascended to power.21

2. Reintegration As Mary of Burgundy succeeded her father after his unfortunate death on 5  January 1477, the entire House of Croÿ had been reconciled with the Burgundian family for a little more than a year. It had two new heads of the familly: the homonymous and similarly-aged nephews Philippe de Croÿ-Porcien (the former Renty), from the family’s main branch, and Philippe de Croÿ-Chimay (the former Quiévrain), from the collateral cadet branch. Both men held the title of count, a precious possession in the context of the Burgundian Low Countries. Philippe took his title from the county of Château-Porcien in Champagne in the kingdom of France, where his father and mother had been buried in the chapel of the castle. The younger Philippe was count of Chimay in Hainaut, a Burgundian province, where his father and his mother were both buried in the new family chapel in the collegial church. Despite their similar ranks and titles, the status of the two nephews at the Burgundian court was very unequal. Since his reconciliation in December 1475, head of the family Philippe de Croÿ-Porcien, had yet to enjoy all of his landed property, and the longer standing confiscation of the crucial Hainaut lordship of Beaumont had not been overturned after all. While at court, he had retained the fairly common status of counsellor and chamberlain, and was chiefly employed as the head of a Burgundian “compagnie d’ordonnance” during the ducal campaign in Lorraine in 1476-1477. In contrast to this profile of stemming from a cadet branch, his longer-reconciled nephew held all his lordships in full rights, had been admitted to the Order of the Golden Fleece in 1473, had been granted the privilege by Ferdinand of Aragon to carry the Spanish arms in his blazon, and had received a senior commission during the Lorraine campaign (even if he primarily tried to disengage the duke from his ambitious plans). As for all noble families along the Franco-Burgundian frontier, the year 1477 came with many uncertainties for the Croÿ family as well, aggravated by the fact that both nephews had been imprisoned after the battle of Nancy, and thus had to steer family affairs from captivity. The renewed war with France once again turned their cross-border properties into a clear liability. Before trying to annex all the territories that the duke of Burgundy held from him in fief, Louis XI had initially sent his armies throughout Picardy and occupied a number of Somme towns. The French king clearly targeted his former ally, Croÿ-Porcien, as he confiscated the lordships of Crouy and Airaines in Picardy and Château-Porcien and Bar-sur-Aube in Champagne in January,

21 J.-B. Lépine, Histoire de Château-Porcien, Vouziers, 1858 (facsimile repr. Paris, 1989), even if the county was legally confiscated after the battle of Nancy. See also J. Scohier, La Généalogie, op. cit., p. 11.

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while sacking the already-damaged family castle of Airaines.22 In a well-known contemporary observation, chronicler Philippe de Commynes suggested that many noblemen turned to Louis XI out of necessity, “because they were staying near or in cities which already were in the power of the French king”.23 Given the new balance of power and the many confiscations, the Croÿ nephews could have chosen to act similarly, at least after being released from captivity. During the early French invasions in 1477, a significant minority of “frontier families” soon switched sides, most notably Philippe de Crèvecœur, lord of Esquerdes, the then-serving Burgundian governor of Picardy and Artois, who handed the crucial city of Arras over to the French king on 5 March 1477. Esquerdes had a very similar background to that of the Croÿ nephews: he shared their Picard roots, had married into an Artois family, had been appointed as a knight of the Golden Fleece, and had served the Burgundian duke at court and during his last campaigns in France. Still, his switch meant that he could exert the same influence as the governor of Picardy and Artois. As a result of his new French loyalties, he also received stricter control over the recently occupied crucial Somme towns. He was promoted to knighthood of the Order of Saint Michel, and could take part in the royal council, just as Philippe de Croÿ-Porcien between 1471 and 1475.24 One could ask why the Croÿ did not take advantage of their French connections, especially when the count of Porcien had so many landed properties and assets in Picardy and Artois which now mostly fell under French rule. An obvious reason is that many bridges had been burned with the decapitation of Philippe’s father-in-law in 1475. Another reason might have been the immediate confiscation of his Picard and Champagne lordships by Louis XI in January 1477, which was probably a clear signal not to return to the French king. It might also have been the fact that the Croÿ nephews were still being held captive during the first months of this turbulent period, and that Philippe de Crèvecœur used this time to take over all the positions they may have hoped to obtain, the Burgundian option only being left to the Croÿ. As a result, the Croÿ nephews did not engage in what Commynes (himself a turncoat since 1472) famously dubbed the “marché des nobles”. It seems more likely that the reconciled Croÿ family had more to gain from holding firm with the Burgundian dynasty, especially by advocating an alliance with the House of Austria. The Croÿ henceforth turned to their connections in the Holy

22 J.-M. Roger, Le Don de Bar-sur-Aube à Antoine de Croÿ (1435-1438), in Actes du 104e Congrès National des Sociétés savantes, Bordeaux, 1979, Section de Philologie et d’Histoire jusqu’à 1610, t. 1, Paris, 1981, pp. 161-215 (here p. 182). Although we are only certain that the last one was really confiscated and given to his marshal Pierre de Rohan, it is clear that the revenues fell back. 23 Ils se tournoyent (vers le roi) par necessité, pour ce qu’ilz estoient situéz ou demourans près des villes ou dedans celles qui estoient jà en l’obéissance dudit seigneur (le roi), cited by H. Cools, Mannen met Macht, op. cit., p. 102. 24 Id., Noblemen on the Borderline. The Nobility of Picardy, Artois and Walloon Flanders and the Habsburg-Valois Conflict, 1477-1529, in Secretum Scriptorum. Liber alumnorum Walter Prevenier, ed. W. Blockmans, M. Boone and Th. de Hemptinne, Leuven-Apeldoorn, 1999, pp. 371-382. He was ousted from the Order of the Golden Fleece in 1478.

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Roman Empire, which represented a stark contrast to most noblemen from the county of Flanders, who continued to lobby for a French match. Louis of Bavaria, count Palatine of Zweibrücken, married to Jeanne of Croÿ, who was the sister of Porcien (still being held in captivity after Nancy), became both one of the main intermediators in arranging the matrimony between Mary and Maximilian and stood as procurateur of the marriage on 21 April 1477. At the same time, Chimay, who must have been released by this time, activated his own imperial connections that linked him to the network of his spouse, Walburgis of Moers. He was chosen to accompany the archduke to the Low Countries, and joined him in Cologne during the summer. While French incursions into Burgundian territory gradually slowed to a standstill, Maximilian’s arrival in the Low Countries made the Burgundian-Austrian match tangible and viable, while Chimay’s presence at these ceremonies underlined the Croÿ’s family continued support. Throughout these early stages of Mary’s reign, troubled with external threats and internal revolts, the still-imprisoned count of Porcien showed considerable concern about his lordships, and tried to secure the arrangements he had made with the duchess’s father. By 1 May at the latest, he sent mediators to “Mademoiselle de Bourgogne” in Dendermonde, where she found herself in a precarious position after the decapitation of her closest noble advisors, Humbercourt and Hugonet. In these tense circumstances on the eve of her Joyous Entry into Brabant, Philippe de Croÿ-Porcien requested that the duchess confirmed the acts that her father had passed in 1475 confirming his reconciliation. She “voluntarily” did so, endorsing the pardon of any action committed when “seduced by the enemies in France”, and reiterating Charles’s letter of withdrawal regarding the confiscated lands.25 This deliberate action towards the new duchess shows that Philippe de Croÿ wanted to have certainty over his recent reconciliation and that he offered her his continued loyalty, even if the recent decapitations did not exactly foretell good tidings for aristocrats. Mary of Burgundy understood the challenge: by the summer, the duchess had raised an assignation of 3 000 florins from lands in Tournai to have his ransom paid.26 The French concurrently declared open war by sending troops to Franche-Comté, Cambrai, and Hainaut, further helping to push the Croÿ nephews to the Burgundian side, as they would obviously try to protect their castles and properties in Hainaut as well as those remaining in what was left of Burgundian Artois. Thus, over the course of the summer, Chimay chased the French troops out of his province and the now-released Porcien had to immediately proceed to Flanders and Artois to do the same.27

25 Re-Confirmation pardon, 1 May 1477, Leuven, University Archives, Arenberg, 41 (chartarium): […] avons audit comte et à sesdits serviteurs remis, quicté, pardonné et aboly, et par ce presentes de grace especial remettons, quittons, pardonnons et abolissons. 26 Assignation de 3 000 florins, July 1477, Dülmen, Herzog, op. cit., Mons, Archives de l’état, 1, s.f. relating to the Extraits des titres de la Maison de Croÿ tires des archives de Mgr. Le Duc d’Orléans au palais Royal de Paris dans une grande caisse des papiers de la maison de Croÿ venant D’Avesnes extrait en 1750, s.f.; L.-P. Gachard, Notice, op. cit., p. 87. 27 H. Cools, Mannen met Macht, op. cit., pp. 195-196.

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3. Serving Mary While Charles the Bold formally reconciled the branches of Croÿ-Chimay and Croÿ-Porcien, Mary and Maximilian more firmly reintegrated the House of Croÿ into the Burgundian sphere of influence. The first important moment occurred during the reconfiguration of the court after their marriage in August 1477. Chimay was appointed by Maximilian of Austria as his first chamberlain, with a salary of 200 francs per month, and benefiting from the same prerogatives as his late uncle, Antoine.28 In the following years, the count received additional pensions, sums, and gifts in order to compensate for the damages caused by French incursions on his properties, while he stood as godfather at the baptism of Philip the Fair. Curiously, Porcien did not immediately receive an appointment at the court. Yet he soon provided Mary and Maximilian with the patent letters Charles the Bold had given him to confirm his appointment as “conseiller et chambellan ordinaire”. Just as he had done in the previous spring, when still imprisoned by the French, he used the final favours of Mary’s father as his bargaining base: by obtaining the confirmation of these letters and, thus, a subsequent appointment, he likely sought another method of rehabilitation after not having been included in the first list, and resorted to a final desperate attempt to not give too much leeway to his nephew.29 A second round of French confiscations in late 1477 forced Porcien to also sort out his seigniorial affairs, since Louis XI now firmly denied Croÿ claims over the previously-gifted county of Guînes, transferring it to his new ally, Anthony of Burgundy. He simultaneously donated the confiscated Croÿ-lordships of Renty and Seneghem in Artois to Crèvecœur.30 To make things worse for Porcien, his Hainaut lordships of Beaumont, Fumay, and Revin, all of which were in Burgundian territory, had still not been restored, leaving him with only his Brabantine and Flemish possessions. By December 1477, he finally convinced Maximilian and Mary to raise the restraints (the accompanying letter of withdrawal stated quite flatly that this had not happened earlier because Porcien had been imprisoned).31 After this date, Porcien received firmer support from Mary and Maximilian. In 1478, they wrote to both the “drossard” of Brabant and the city of Louvain to inform them that Porcien legally possessed the lands of Aarschot, despite former confiscations and the ongoing litigation of the

28 Dülmen, Herzog, op. cit., Mons, Archives de l’état, 206 (28 August 1477), listed in M.-R. Thielemans, Les Croÿ, op. cit., p. 130. 29 Dülmen, Herzog, op. cit., Mons, Archives de l’état, 39 (16 October 1477); M.-R. Thielemans, Les Croÿ, op. cit., pp. 133-134. 30 Paris, ANF, Trésor des chartes, J 794, fol. 19r. 31 J. Haemers, “Ende hevet tvolc goede cause jeghens hemlieden te rysene”. Stedelijke opstanden en staatsvorming in het graafschap Vlaanderen (1477-1492), t. 1, PhD thesis, University of Gent, 2007, p. 81: Philippe de Croÿ received in December 1477 the lordships “Beaumont, Fumay, Revin, Esperlesques et Bello,” with a right of Maximilian of Austria to buy them back. Reference given is to Lille, ADN, B 1610, fol. 202v; B 17725, Croy. In September 1480 Maximilian used his option of purchase and paid 21 011 lb. 18 s. par. (Lille, ADN, B 2121, fol. 555v). I thank my colleague Jelle Haemers for his help in providing these citations and other suggestions for this chapter.

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Lorraine and Harcourt families-in-law.32 The archduke would also help favour Porcien’s plaint with a local rival over a conflict on the use of the windmills of Steenbergen, near the Meerdalwoud in Brabant.33 Thus, the Burgundian-Habsburg couple not only confirmed the acts initially signed by Charles the Bold, but also gradually restituted his confiscated goods and lands under their control to Porcien. Even if both nephews chose to support Mary and Maximilian in 1477, it did not mean that they would turn into amicable friends and staunch allies. Instead, the division between the nephews grew as more lavish favours were handed down to Chimay. The frustration and competition certainly had its origins in the different positions of each branch after their reconciliation with Charles the Bold, but it also seems that Mary and Maximilian simply favoured Chimay over Porcien. One crucial anecdote hints at the continued rivalries. In an attempt to regain what his father had lost, Porcien sought to be included in the Order of the Golden Fleece, but this never happened. In one of the Order’s first chapter meetings under Maximilian, Chimay aired bitter complaints that one of the knights had told Porcien that he was solely responsible for obstructing this nomination. The affair was brought before the archduke, but put off to a later date. Moreover, Chimay was later formally accused of having acted to the detriment of Porcien’s brother-in-law, Pierre of Luxemburg, and had to stage an official reconciliation with him.34 Despite their ongoing competition, the two nephews received similar commissions in 1478, as both were sent as envoys in ducal inquiries to pacify counties and cities after the troubles of the previous year. Yet their missions differed significantly in importance. In October, Porcien headed the delegation which Maximilian and his ambulant “grand conseil” sent to the city of Ypres in the county of Flanders. This was likely meant to represent a kind of safe appointment, as the city had (vainly) solicited Porcien to be its governor. On 20 March 1479, together with other noble delegates and a ducal secretary, the count formulated a verdict which went more or less uncontested.35 Three months later, Chimay was sent on a more important embassy to the county of Holland, where he was meant to pacify both the troubles of 1477 and the longer-standing factional strife between “Hoeken” and “Kabeljauwen”. He would receive a similar task in 1480.36 In the summer of 1479, both nephews joined ducal campaigns in France and Luxemburg. While Porcien maintained a minor command, Chimay served as the captain of a company of 50 lances of Maximilian’s army and was made provincial governor of Luxemburg afterwards. His son, Charles (c. 1450-1527), was knighted after the famous battle of Guinegate in 1479. These decisions continued to show the

32 Leuven, University Archives, Arenberg, 40, s.f., and Arenberg, 2468 (chartarium). 33 P. De Fraine, Het artsengeslacht van Wesele (Vesalius) en het “Zoet Water” bij Leuven, in Eigen Schoon en de Brabander, 1962, pp. 285-295. 34 F.-A. de Reiffenberg, Histoire de l’Ordre de Toison d’Or depuis son institution jusqu’à la cessation des Chapitres généraux, Brussels, 1830, pp. 99-103. 35 J. Haemers, “Ende hevet tvolc goede cause”, op. cit., t. 1, pp. 168-170. Their final report, with collected testimonies against the chief insurgents, was probably well-documented, yet the city leaders did not further oppose the conclusion of the commission. 36 H. Cools, Mannen met Macht, op. cit., p. 195.

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favouritism for the Chimay line, and it left the head of the family distinctly in his nephew’s shadow. The archduke perhaps hoped to redress the unequal situation by promoting Porcien to the position of general lieutenant of the county of Hainaut, but the then-serving Adolph of Cleves protested through his receiver-general that this would bring la diminucion totale de son dit etat de lieutenant.37 The unexpected death of Mary of Burgundy on 27 March 1482, and the new cycle of violence aimed against France that followed, finally brought about Porcien’s desired promotion. By August, he was installed by Maximilian as provincial governor and lieutenant of the troops in Hainaut, with the responsibility of mastering the musters and campaigns against the French king. Thus, like his father, he finally seemed to have emerged as an omnipresent nobleman covering both sides of the southern border of the lands de “par-deçà”.38 The treaty of Arras, signed in December 1482 between Burgundy and France, indeed codified the “in-between” position of the count of Porcien. While Maximilian had to temporarily accept that Louis XI had incorporated Picardy, Artois, Burgundy and the Franche-Comté into his own kingdom, he also attempted to secure the property rights of some of the important noblemen in these areas. In the second part of article 53, Porcien’s name appears, as the treaty promised to return the biens, terres & seigneuries inherited by his father and mother to him, specifying the county of Porcien, the dependencies in Montcornet, the lordship of Bar-sur-Aube, and “other lands in Picardy” (with the county of Guînes now having disappeared from the list). According to the treaty of Arras, Porcien would be able to profit from the incomes of those lands in France, but he was not expected to return to them in person. If problems arose from the implementation of these clauses, he would be able to pursue a solution with the French king at his convenience.39 As such, the Arras treaty recognized the Croÿ family, and particularly its main branch, to be a part of a transregional elite, with properties on both sides of the border, although without any rights to visit those in France for the time being. When Porcien’s commission as governor of Hainaut ended in June 1483, he seemed to completely withdraw from government matters. The exact reasons for his nineteen year political “retirement” after this date remain unclear. On the one hand, his youngest son, the lord of Chièvres, was acquiring significant power and prestige of his own during the regency of Philip the Fair, and thus seemed more successful on securing the influence of the main branch of Croÿ. On the other hand, Porcien probably needed 37 Lille, ADN, B 2121, fol. 350v, cited by J. Haemers, Philippe de Clèves, op. cit.; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., p. 196. 38 J. Haemers, “Ende hevet tvolc goede cause”, op. cit., t. 1, pp. 168-170; H. Cools, Mannen met macht, op. cit., p. 196. 39 Treaty of Arras, article 53: […] & pareillement Monsieur de Croy Comte de Porcien, pour lequel ils ont requis qu’il retourne en ses biens, Terres, & Seigneuries, dont feu Monsieur de Croy son Père, & Madame Marguerite de Lorraine sa Mere ont esté jouyssans; é nommément à la Compté de Porciens, les Greniers à Sel du Chasteuau de Cambarsoy, Montcornet, & autres appendances dudit Compté, à la Seigneurie de Bar-sur-Aube, & autres Terres en Picardie, ladite Veuve & enfans dudit feu Messire Pierre de Luxembourg, & ledit Sieur de Croy jouïront du benefice de la Paix, sauf qu’ils ne retourneront présentement à leurs biens, & pourront poursuivre leur cas devers le Roy quand bon leur semblera ( Jean Dumont, Corps Universel, op. cit., t. 3/2, p. 104).

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time to administer his seigniorial affairs within the continued Franco-Burgundian rivalry, playing safe on both sides. In any case, he had for the time being to render homage directly to the French king for his Artois lordship of Renty. He also initiated requests with the French king to lift the confiscations of the Champagne lordships, which eventually happened by 1484. Three years later, he even received wages as chamberlain from the French king.40 Soon hereafter, he invested in the area surrounding Château-Porcien in an attempt to re-establish local economic activity, and started to refurbish his castle and decorate its chapel, where his parents were buried. One could allege that the death of Mary coincided with the end of the reign of the homonymous nephews Philippe de Croÿ, as one retired and the other one died shortly after the duchess. On either the 13 or 18 September 1482, the powerful Chimay died in Bruges.41 The nephews passed the baton to their sons Chièvres and Chimay junior, who turned into important councillors for the young Philip the Fair. Another generation later, their respective grandson and granddaughter married in order to reunite the properties of the two branches, as the Croÿ-Chimay line had not produced a male heir of its own.42 This union temporarily ended the strife between the two branches, but the regrouping of properties across borders would cause difficulties for future generations, providing for a whole new sequence of family stories and political intrigue.43

4. Conclusions A two-part conclusion can be drawn from the particular and peculiar fate of the Croÿ clan under the rule of Mary of Burgundy. First, from the perspective of the rulers, it is clear that both Mary and Maximilian aspired to reincorporate the members of the House

40 J. Spangler, Those in Between. Princely Families on the Margins of the Great Powers. The Franco-German Frontier, 1477-1830, in Transregional and Transnational Families in Europe and beyond. Experiences since the Middle Ages, ed. C.H. Johnson, D.W. Sabean, S. Teuscher and F. Trivellato, New YorkOxford, 2011, pp. 131-154 (see also the introduction of the editors); C. Lipp, Being Noble in the Borderlands. The Family de Mahuet of Lorraine, 1599-1737, in Proceedings of the Western Society for French History, t. 29, 2001, pp. 72-79 (here p. 75). 41 A poem related to his death, probably written by Jean Molinet, relates Douloureuse complaincte pour le trespas de hault et puissant seigneur, Monseigneur le comte de Chimay, is edited in Jehan and Charles Bocquet, Le “Livre de ballades” de Jehan et Charles Bocquet, bourgeois de Mons au xvie siècle, ed. A. Louant, Brussels, 1954, pp. cxxiii, 186-189. 42 V. Soen and H. Cools, L’Aristocratie transrégionale et les frontières. Les processus d’identification politique dans les maisons de Luxembourg-Saint-Pol et de Croÿ (1470-1530), in L’Identité au pluriel. Jeux et enjeux des appartenances autour des anciens Pays-Bas, xive-xviiie siècles. / Identity and Identities. Belonging at Stake in the Low Countries 14th-18th Centuries, ed. V. Soen, Y. Junot and F. Mariage, Villeneuve d’Ascq, 2014, pp. 209-228. 43 V. Soen, The Chièvres Legacy, the Croÿ Family and Litigation in Paris. Dynastic Identities between the Low Countries and France (1519-1559), in Dynastic Identity in Early Modern Europe. Rulers, Aristocrats and the Formation of Identities, ed. L. Geevers and M. Marini, Farnham-Burlington, 2015, pp. 87-102, and Noblesses transrégionales. Les Croÿ et les frontières pendant les Guerres de Religion (France, Lorraine, Pays-Bas, xvie-xviie siècle), ed. V. Soen and Y. Junot, Turnhout, 2021.

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of Croÿ into their court, and to force them to loyally serve the Burgundian-Habsburg cause, especially in regard to the renewed campaigns against France and the internal troubles in Flanders and Brabant. Therefore, they first confirmed the acts of pardon and restitution that Duke Charles the Bold had granted to the family members. This symbolically and materially reinforced the alliance between the House of Burgundy and the House of Croÿ. Afterwards, Mary and Maximilian turned to more traditional channels of patronage by offering them positions at court, in the councils, and in the armies. Thus, the two homonymous nephews Philippe de Croÿ collected and combined a variety of roles, serving as captains, counsellors, and provincial governors, and defended their Burgundian-Habsburg overlords on the battlefield against the French troops. However, by playing upon the divisions between the two branches, Mary and Maximilian steered upon a divide et impera strategy. At the sudden death of Charles the Bold in 1477, and with much of the Burgundian nobility switching its allegiance to the French, the eventual reconciliation of the House of Croÿ might have seemed doubtful, but Mary and Maximilian successfully restored them to the Burgundian-Habsburg court, paving the way for their sons to continue service.44 A look at the same events from the perspective of the Croÿ family leads to a second conclusion. Here, their reintegration at the Burgundian court more closely resembles a deliberate and contingent choice made by family members rather than a fate forced upon them by their overlords. Their reconciliation might have brought them prestige and power under Mary and Maximilian, but they lost serious revenues due to the confiscation or destruction of their Picard, Artesian, and Hainaut lordships in the continued war. As such, the 1482 peace treaty of Arras endorsed that the main branch held on to an “in-between” position, as they served Burgundian-Habsburg rulers but maintained properties in France. Moreover, family members would continue to advocate Francophile policies at the Burgundian court, which became especially clear in the croit conseil under Mary’s son, Duke Philip the Fair. The Croÿ family’s most tangible contact with Mary of Burgundy was the validation of its acts of pardon initially given by her father, which symbolically guaranteed the family’s continued service to the dynasty. These confirmations, first by Mary, and then by both Mary and Maximilian, were copied and recopied many times. As such, the familial archives bear an enduring modern witness to the claim that Mary of Burgundy and her consort might have had a much greater share in Croÿ family history and tradition than has been acknowledged by recent genealogists and historians.

44 Fr. Buylaert and J. Dumolyn, L’Importance sociale, politique et culturelle de la haute noblesse dans les Pays-Bas Bourguignons et Habsbourgeois (1475-1525). Un état de la question, in Entre la ville, la noblesse et l’Etat. Philippe de Clèves (1456-1528), homme politique et bibliophile, ed. J. Haemers, C. Van Hoorebeeck and H. Wijsman, Turnhout, 2008, pp. 279-294; Th. de Hemptinne and J. Dumolyn, Historisch adelsonderzoek over de late middeleeuwen en de vroegmoderne periode in België en Nederland. Een momentopname, in B.M.G.N., t. 103, 2008, pp. 481-489.

Michael Depreter 

15.  Les armées « bourguignonnes » après Nancy Ruptures et continuités structurelles d’un instrument politique* Grandson (2 mars 1476), Morat (22 juin), Nancy (5 janvier 1477) : trois batailles, trois défaites successives en l’espace de 10 mois1. Tant au niveau du matériel que des effectifs, l’armée princière « bourguignonne » mise au point avec un soin méticuleux par Charles le Hardi et ses proches conseillers depuis 14652 en sort ébranlée. Or, cette armée n’était pas qu’un instrument de guerre. Elle était aussi un instrument politique. Par la création d’institutions militaires de nature permanente – les compagnies d’ordonnance, la garde ducale et un « corps » d’artillerie embryonnaire mais bien réel3 –, financées par une









* L’auteur tient à remercier pour leurs commentaires constructifs les professeurs Jean-Marie Cauchies (Académie royale de Belgique/USL-B), Michel de Waha (ULB) et Steven Gunn (University of Oxford), ainsi que les professeurs Jelle Haemers (KULeuven) et Bertrand Schnerb (Université de Lille), ainsi que, pour ses conseils relatifs aux archives hennuyères, Marie Van Eeckenrode (Archives de l’état/UCLouvain). 1 Quant au contexte et au déroulement de ces batailles, on se reportera en particulier à R. Vaughan, Charles the Bold. The Last Valois Duke of Burgundy, 2e éd., Woodbridge, 2002, pp. 359-432, ainsi qu’aux volumes collectifs sortis à l’occasion de leurs 500e anniversaires : Grandson. 1476. Essai d’approche pluridisciplinaire d’une action militaire du xve siècle, éd. D. Reichel, Lausanne, 1976 ; La Bataille de Morat. Un événement suisse d’histoire européenne entre le Moyen Âge et les Temps Modernes, 1476-1976. Actes du colloque international du 5e centenaire de la bataille de Morat. Morat, 23-25 avril 1976, éd. H. Schöpfer, P. Rück, H.A. Michel et U. Robé, Fribourg-Berne, 1976 ; Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy (1477). Actes du colloque organisé par l’Institut de recherche régionale en sciences sociales, humaines et économiques de l’Université de Nancy ii (Nancy, 22-24 septembre 1977), Nancy, 1979. 2 Assumant le commandement militaire depuis 1465 (P. Bonenfant et J. Stengers, Le Rôle de Charles le Téméraire dans le gouvernement de l’État bourguignon en 1465-1467, dans Annales de Bourgogne, t. 25, 1953, pp. 7-29, 118-133), Charles, encore comte de Charolais, ne tarda pas à marquer de son empreinte l’instrument militaire ducal comme en attestent notamment les développements au niveau de l’artillerie (introduction de nouveaux types d’armes, désir d’accroître la mobilité des canons, recrutement de canonniers-fondeurs sur une base permanente) : M. Depreter, De Gavre à Nancy (1453-1477). L’artillerie bourguignonne sur la voie de la « modernité », Turnhout, 2011, pp. 181-182. 3 Pour un aperçu de ces réformes, voir R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., pp. 197-229 ; B. Schnerb, L’État bourguignon, 1363-1477, 2e éd., Paris, 2005, pp. 269-274. Garde et artillerie ducales ont fait l’objet d’études récentes : Fr. Viltart et B. Schnerb, Olivier de La Marche et la garde du duc Charles de Bourgogne, dans P.C.E.é.B., t. 43, 2003, pp. 125-136 ; M. Depreter, De Gavre à Nancy, op. cit. ; Id., Estoit moult belle et poissant. Artillerie, artisans et pouvoir princier dans les pays bourguignons (1450-1493), 2 vol., Thèse de doctorat, Université libre de Bruxelles, 2014. Pour les compagnies d’ordonnance, voir les travaux vieillis mais encore utiles d’H. Guillaume, Histoire de l’organisation militaire sous les ducs de Bourgogne, Bruxelles, 1848, partcl. pp. 117-138 ;

Michael Depreter • British Academy Postdoctoral Fellow, University of Oxford Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 251-274.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122544

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fiscalité croissante et, à défaut, par le recours à l’emprunt4, Charles de Bourgogne n’avait pas seulement mis en place un outil princier destiné à réaliser ses rêves de conquête et de gloire5. Il désirait aussi, et peut-être surtout, se dégager d’une dépendance vis-à-vis de pouvoirs communaux et seigneuriaux freinant l’établissement d’un pouvoir monarchique de tendance absolutiste6. Tant en matière de financement que de recrutement, la participation des pouvoirs subalternes aux campagnes ducales impliquait en effet des négociations parfois laborieuses, souvent par le biais des États provinciaux. Non seulement ces négociations entravaient-elles une mise aux champs rapide et flexible de l’armée ducale7 ; les traditionnelles levées féodales et communales étaient aussi de nature à limiter le rayon d’action du prince ou à l’amener à des concessions politiques

Id., Histoire des bandes d’ordonnance des Pays-Bas, Bruxelles, 1873, pp. 1-51 ; J. de La Chauvelays, Mémoire sur la composition des armées de Charles le Téméraire dans les deux Bourgognes d’après les documents originaux, dans Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 3e sér., t. 5, 1878-1879, pp. 259-346 ; Ch. Brusten, Les Compagnies d’ordonnance dans l’armée bourguignonne, dans Grandson. 1476, op. cit., pp. 112-169. Ces compagnies et, plus largement, les structures et le recrutement des composantes à cheval et piétonnes, c’est-à-dire du « gros » de l’armée bourguignonne, mériteraient une étude nouvelle qui gagnerait à élargir la focale traditionnelle, des nouveautés aux permanences, du niveau central aux niveaux « provinciaux », voire locaux. Certes chronophage, une approche non seulement structurelle mais aussi prosopographique de l’armée princière contribuerait en outre à mettre en lumière des disparités régionales révélatrices d’une intégration différenciée à l’ensemble « bourguignon » – une entité politique « bourguignonne » à plusieurs vitesses ? 4 Voir J. Bartier, Charles le Téméraire, Bruxelles, 1972, pp. 174-175, 227-232 ; R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., pp. 407-415 ; M. Mollat Recherches sur les finances des ducs Valois de Bourgogne, dans R.H., t. 219, 1958, pp. 285-321 (ici pp. 315-319) ; Id., Une Enquête à poursuivre. La situation financière de Charles le Téméraire dans les derniers temps de son règne, dans Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy, op. cit., pp. 175-185. 5 Nous ne suivons donc pas ici Ph. Contamine, L’Armée de Charles le Téméraire. Expression d’un État en devenir ou instrument d’un conquérant ?, dans Aux armes, citoyens ! Conscription et armée de métier des Grecs à nos jours, éd. M. Vaïsse, Paris, 1998, pp. 61-77 ; ni É. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé des ducs de Bourgogne (xive-xve siècles), Paris, 2016, pp. 231-232, pour qui « il n’y a assurément pas eu de prise de conscience étatique dans cette réforme voulue par un Charles le Téméraire dont les ambitions personnelles étaient vraisemblablement le seul moteur d’action ». Si les ambitions du prince menèrent assurément à une précipitation aux conséquences dramatiques sur le terrain, nous n’oserions pas être aussi catégorique quant à l’absence, dans son chef, d’une volonté plus réfléchie d’affirmation d’un pouvoir princier fort, souverain et centralisateur, notamment par le biais des réformes de l’armée. 6 Voir, à propos de la conception qu’avait le duc Charles de son pouvoir, W. Paravicini, Karl der Kühne. Das Ende des Hauses Burgund, Göttingen, 1976, p. 32 (« Ausschließlichkeit nach innen ») ; A.J. Vanderjagt, Qui sa vertu anoblist. The Concepts of noblesse and chose publique in Burgundian Political Thought, Groningue, 1981, pp. 54-69 ; W.P. Blockmans, Crisme de leze magesté. Les idées politiques de Charles le Téméraire, dans Les Pays-Bas bourguignons. Histoire et institutions. Mélanges André Uyttebrouck, éd. J.-M. Duvosquel, J. Nazet et A. Vanrie, Bruxelles, 1996, pp. 71-81. 7 R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., pp. 219-220 ; B. Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 272. Dans un discours adressé le 12 juillet 1475 aux États de Flandre, le duc Charles se plaint explicitement du fait que ses sujets flamands ne scevent riens faire en temps deu (L.P. Gachard, Collection de documents inédits concernant l’histoire de la Belgique, t. 1, Bruxelles, 1833, p. 250).

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en échange de l’appui militaire recherché8. De la sorte, les institutions militaires n’étaient pas seulement le reflet de rapports de pouvoir dans la société bourguignonne : leur (re) configuration pouvait également contribuer à modeler les relations triangulaires entre prince, villes et seigneurs9. Dès lors, la reconstruction des armées bourguignonnes – le pluriel s’imposant dans la mesure où l’unité et la permanence des cadres établis par le Hardi sont remises en cause –, leur réorganisation après les revers de 1476 et 1477, doivent être étudiées à la lumière de l’évolution de ces rapports de force dont les institutions militaires sont à la fois le reflet et un outil. Évaluer les armées de Marie de Bourgogne sous cet angle nécessite ainsi la comparaison avec l’armée que désirait créer le duc Charles. Dans le cadre de cette contribution, l’objectif ne sera pas tant d’offrir une synthèse complète et définitive sur les armées bourguignonnes sous le principat de la duchesse que de proposer une réflexion d’histoire politique et des pistes de recherche pour l’étude des rapports de pouvoir appréhendés sous l’angle des institutions militaires10. Pour étayer cette réflexion, on s’appuiera sur une littérature déjà riche qui, si elle a fait récemment la part belle au financement des armées de Marie et Maximilien, n’a guère envisagé l’étude systématique de leurs structures sous l’angle politique11.

8 Exemplaires sont assurément les revendications politiques des milices communales et l’impact de leur retraite, une fois le temps de service dû révolu, sur le déroulement de la campagne de Jean sans Peur contre ses adversaires Armagnacs en 1411, ou encore sur celle de Philippe le Bon contre Calais en 1436 : R. Vaughan, John the Fearless. The Growth of Burgundian Power, 2e éd., Woodbridge, 2002, pp. 142-145 ; Id., Philip the Good. The Apogee of Burgundy, 2e éd., Woodbridge, 2002, pp. 75-87 ; B. Schnerb, Jean sans Peur. Le prince meurtrier, Paris, 2005, pp. 536-538 ; J. Dumolyn. De Brugse opstand van 1436-1438, Courtrai-Heule, 1997, pp. 138-140, 147-157. Encore sous Charles le Hardi, le service communal se négociait, parfois de manière plus pacifique mais non moins gênante du point de vue du pouvoir central, contre des concessions, notamment fiscales, octroyées par le prince (R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., p. 220). 9 Sur ces rapports triangulaires, voir notamment l’article fondamental de R. Van Uytven, Vorst, adel en steden : een driehoeksverhouding in Brabant van de twaalfde tot de zestiende eeuw, dans Bijdragen tot de geschiedenis, t. 59, 1976, pp. 93-122. Quant aux institutions militaires reflétant et, le cas échéant, contribuant à modifier la nature de ces rapports, comparez avec le cas de l’artillerie : M. Depreter, Estoit moult belle, op. cit., t. 1, pp. 367-371 ; Id., Le Prince face à l’artillerie communale dans les Pays-Bas au début du xve siècle. Flandre, Brabant, Hainaut, dans Autour d’Azincourt. Une société face à la guerre (v. 1370-v. 1420), éd. A. Marchandisse et B. Schnerb, Lille, 2017, pp. 285-304. 10 Comparez à S. Gunn, D. Grummitt et H. Cools, War, State, and Society in England and the Netherlands, 1477-1559, Oxford, 2007, qui se focalisent toutefois moins sur les institutions militaires elles-mêmes que sur l’impact général de la guerre en termes socio-politiques. 11 Outre les travaux positivistes de Guillaume, La Chauvelays et Brusten déjà cités aux notes précédentes – remarquons au passage que deux des auteurs furent officiers de l’armée belge –, citons en particulier l’ouvrage essentiel de J.F. Verbruggen, De slag bij Guinegate, 7 augustus 1479. De verdediging van het graafschap Vlaanderen tegen de koning van Frankrijk, 1477-1480, Bruxelles, 1993 ; ainsi que J. Paviot, La Politique navale des ducs de Bourgogne, 1384-1482, Lille, 1995, pp. 180-188. Dans une perspective plus politique, on y ajoutera les travaux récents d’Amable Sablon du Corail, portant principalement son attention sur les différents modes de financement de la guerre : A. Sablon du Corail, L’Armée, le prince et ses sujets. Le financement de la guerre aux Pays-Bas bourguignons après la mort de Charles le Téméraire, 1477-1482, dans Revue internationale d’histoire militaire, t. 83, 2003, pp. 289308 ; Id., L’État princier à l’épreuve. Financer et conduire la guerre pendant la crise de l’État bourguignon (1477-1493), dans R.H., t. 679, 2016, pp. 549-576, paru depuis la tenue du colloque et abordant les

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Cette littérature sera complétée par plusieurs types de sources. Si organisation rime avec règlementation, le principat de Marie, contrairement à celui de son père12, ne foisonne pas en textes normatifs définissant les structures de l’armée princière. Et pour cause, on le verra… La comptabilité s’avère plus loquace. Malgré un état de conservation lacunaire, les comptabilités de guerre centrales sont assurément les plus révélatrices quant aux structures militaires ducales. D’autres dépenses de guerre éclairant les structures des armées sont ventilées dans des comptabilités princières locales ou « provinciales » et dans les comptabilités communales. S’il eut été impossible d’exploiter l’ensemble de ces sources de niveau subalterne dans le cadre de la présente recherche, il faudra s’en souvenir. Parfois, les assemblées représenta­ tives des principautés tenaient, elles aussi, une comptabilité de dépenses qu’elles désiraient gérer elles-mêmes. Cette comptabilité est, hélas, rarement conservée13. Enfin, parmi les sources narratives, des chroniqueurs et mémorialistes comme Jean Molinet, Olivier de La Marche et Jean de Dadizeele étaient bien informés, de première main sinon comme acteurs, du fonctionnement et des opérations des armées « bourguignonnes »14. En un premier temps, notre réflexion portera sur l’importance de la présence princière sur le terrain. Ensuite, l’apport considérable des forces vives des principautés aux armées « bourguignonnes » sous le principat de Marie doit être mis en lumière. Enfin, nous interrogerons la survivance et l’adaptation des institutions créées ou développées par Charles le Hardi pour s’affranchir d’une dépendance estimée néfaste vis-à-vis de l’apport des corps sociaux en tant que forces politiques. Amorçant de futures recherches sur les rapports entre pouvoirs et structures militaires, on conclura en dégageant quelques caractéristiques des armées de la duchesse et leurs implications politiques.

armées royale française, princière habsbourgeoise et communale flamande s’affrontant dans les Pays-Bas entre 1477 et 1493. Voir aussi Id., Les étrangers au service de Marie de Bourgogne. De l’armée de Charles le Téméraire à l’armée de Maximilien (1477-1482), dans R.N., t. 84, 2002, pp. 389-412. 12 En dernier lieu F. Delpu, Aux sources d’une armée permanente. Édition critique et commentaire des ordonnances militaires de Charles le Téméraire (1471-1476), Thèse inédite, École des chartes, 2013 (table et résumé : http://theses.enc.sorbonne.fr/2013/delpu), ainsi que Fr. Viltart, La Garde et les ordonnances militaires de Charles le Téméraire : des modèles militaires ?, dans La Cour de Bourgogne et l’Europe. Le rayonnement et les limites d’un modèle culturel, éd. W. Paravicini, T. Hiltmann et Fr. Viltart, Ostfildern, 2013, pp. 157-181. Sur l’importance liminaire de ces textes législatifs pour les armées modernes et l’influence qu’y exerçait le modèle de l’armée impériale romaine, voir C. Allmand, Did the De Re Militari of Vegetius influence the military ordinances of Charles the Bold ?, dans P.C.E.é.B., t. 41, 2001, pp. 135-143 ; ainsi que Id., The De Re Militari of Vegetius. The Reception, Transmission and Legacy of a Roman Text in the Middle Ages, Cambridge, 2011, pp. 132-137. 13 Les différentes caisses sur lesquelles furent allouées les dépenses de guerre reflétant la structure évolutive des armées, elles seront abordées plus en détail, ainsi que l’état de conservation de leurs comptabilités, dans le corps de cette contribution. 14 Jean Molinet, Chroniques, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, 3 vol., Bruxelles, 1935-1937 ; Olivier de La Marche, Mémoires, éd. H. Beaune et J. d’Arbaumont, 4 vol., Paris, 1883-1888 ; Jean de Dadizeele, Mémoires, Bruges, 1850.

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1. Le prince, une présence indispensable sur le terrain D’emblée, l’accession au pouvoir d’une jeune femme en la personne de Marie pose un problème majeur, celui du commandement de l’armée « bourguignonne » sur le terrain. Dans un récent article, Bertrand Schnerb a souligné à quel point les quatre ducs Valois eurent à cœur d’exercer « en personne » leur pouvoir de commandement militaire. Relaté pour la postérité par les chroniqueurs, ce pouvoir était mis en scène sur le terrain : paré et signalé par la richesse, et la qualité de son armement et de sa monture, par le déploiement de signes héraldiques et emblématiques, notamment la bannière et l’étendard, le corps armé du prince était l’« image allégorique de sa puissance et de son pouvoir ». Faisant l’objet d’une protection particulière, ce corps n’en restait pas moins exposé aux coups de l’ennemi, la mort violente du duc Charles en atteste15. Or, ce rôle masculin, la jeune duchesse ne peut l’assumer. Si, dans l’absolu, la présence du monarque à la tête des armées n’est pas indispensable – Louis XI lui-même ne commande pas systématiquement en personne ses armées lors des offensives de 1477 et de 147916 –, la figure du prince guerrier prend néanmoins de l’ampleur pour s’imposer avec force au début du xvie siècle : Charles Quint, François Ier et Henri VIII en seront les parangons17. Facteur plus important encore, au niveau de l’entité politique composite « bourguignonne », le corps princier était le lien fondateur entre les principautés rassemblées sous forme d’union personnelle par les ducs18. En ce sens, sa présence à la tête de troupes « bourguignonnes » d’origines diverses n’était-elle pas un élément essentiel à leur cohésion ? Pour combler le vide laissé par l’absence du corps princier face à l’offensive française, des substituts se présentent ou sont avancés durant les premiers mois de 1477. Le cas le plus marquant se manifeste dans le comté de Flandre : retenu prisonnier à Courtrai par Charles le Hardi depuis 1471, Adolphe d’Egmont, libéré par les États Généraux et rétabli en sa qualité de duc de Gueldre, est fait capitaine général de Flandre le 9 mai 1477. Lors d’une cérémonie sur le marché du Vendredi à Gand, la duchesse, peut-être à l’instigation de ses sujets flamands, lui confie l’étendard comtal

15 B. Schnerb, Le Corps armé du prince. Le duc de Bourgogne en guerre, dans Le Corps du prince, éd. é. Bousmar, H. Cools, J. Dumont et A. Marchandisse, dans Micrologus, t. 22, Florence, 2014, pp. 297-315. 16 Si le roi de France accompagne son armée en 1477 et en 1478 en Artois et en Hainaut, le commandement en terres bourguignonnes revient par contre à Georges de La Trémoille, seigneur de Craon, puis à Charles d’Amboise, seigneur de Chaumont. À partir de 1479, le roi ne prit plus la tête de l’armée française : P.M. Kendall, Louis XI. The Universal Spider, Londres, 1971, pp. 318-322, 326 ; A. Sablon du Corail, Louis XI ou le joueur inquiet, Paris, 2011, pp. 371-373, 379, 383, 385-387. 17 J.R. Hale, War and Society in Renaissance Europe, 1450-1620, Montréal-Kingston-Londres-Buffalo, 1998, pp. 30-31. Notons, avec l’auteur, que cette situation changera quelque peu au milieu du xvie siècle en raison du nombre de femmes jouant alors un rôle prépondérant dans le gouvernement des États européens. Voir aussi G. Richardson, Renaissance Monarchy. The Reigns of Henry VIII, Francis I and Charles V, Londres, 2002, pp. 27-28, 36-38. 18 é. Bousmar et H. Cools, Le Corps du prince dans les Anciens Pays-Bas, de l’État bourguignon à la Révolte (xive-xvie siècles), dans Le Corps du prince, op. cit., pp. 253-295.

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de Flandre – étendard étroitement associé à la personne princière et protégé comme elle sur le champ de bataille19. Placé à la tête des milices communales flamandes, notons que le duc de Gueldre, sans doute poussé par une frange des États Généraux, fit partie du cortège des prétendants de la princesse. N’agit-il pas alors en successeur (potentiel) des ducs de Bourgogne ? Dans ces circonstances, on comprend mieux l’ardeur guerrière qui le mena à la mort au Pont d’Espierres, le 27 juin20. On ne

19 Dit sijn die wonderlijcke oorloghen van den doorluchtighen hoochgheboren prince, keyser Maximiliaen. Hoe hij eerst int landt quam. Ende hoe hij vrou Marien troude, éd. W. Jappe Alberts, Groningen-Jakarta, 1957, pp. 10-11. On notera le mécontentement signalé du grand noble flamand Louis de Bruges, seigneur de Gruuthuse, portant jusqu’alors l’étendard comtal. Sans faire état du contentieux entre Gruuthuse et Gueldre, la remise de l’étendard se retrouve aussi chez Philippe Wielant, Recueil des antiquités de Flandre, dans Corpus chronicorum Flandriae, éd. J.-J. de Smet, t. 4, Bruxelles, 1865, p. 379. Maître des requêtes du grand conseil en 1477 ( J. Buntinx, Art. Wielant, Filips, dans N.B.W., t. 5, Bruxelles, 1972, col. 1009-1019), Wielant suggère que, si les Gantois désiraient le raid devant Tournai, l’initiative de la libération d’Adolphe de Gueldre et la décision de l’investir du commandement des troupes et de lui remettre l’étendard procédèrent de la duchesse. Dans le même sens, Nicolas Despars, Cronijcke van den lande ende graefscepe van Vlaenderen, éd. J. de Jonghe, t. 4, Bruges, 1840, p. 138 (onder die conduyte van Adolf van Gheldre, fs. Aernouts, die heere van den gulden vliese, als daer toe wel expresselick gheauthoriseert zijnde byder hertoghinne Marie van Bourgoengnen, die welcke hem zelven den standaert van Vlaenderen in handen ghaf, recommanderende hem met alder herten die beschermenesse ende bewarenesse van haren lande), bien que l’autorité dont fut investi Gueldre par Marie de Bourgogne ne signifie pas nécessairement qu’elle en fut à l’initiative. Une voix dissonante est celle de Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, p. 215, pour qui ce sont bien les Flamands qui, entre les nobles qui les conduisoyent, choisirent pour chief et ducteur de leur armée monseigneur le duc de Gueldres. Contrairement à l’auteur anonyme des Wonderlijcke oorloghen, pourtant lui aussi un partisan de Maximilien, Molinet, l’indiciaire de cour, tait la remise de l’étendard – on comprend pourquoi. Voir aussi Philippe de Commynes, Mémoires, éd. J. Blanchard, t. 1, Genève, 2007, pp. 378 (Et [les Flamands] tirerent le duc de Gueldres hors de prison, que le duc Charles y avoit mis, pour en faire leur chief), 399 (et le firent chief d’une armee qu’ilz firent d’entre eulx mesmes, c’est assavoir de Bruges, Gand et Ypre). Quant à l’assimilation de l’étendard à la personne du prince, voir B. Schnerb, Le Corps armé, op. cit., p. 310. 20 J.F. Verbruggen, De slag bij Guinegate, op. cit., p. 35, et à propos du duc de Gueldre en tant que prétendant de Marie, H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. Das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 1, Munich, 1971, p. 123 ; S. Dünnebeil, Handelsobjekt Erbtochter. Zu den Verhandlungen um die Verehelichung Marias von Burgund, dans Aussenpolitisches Handeln im ausgehenden Mittelalter. Akteure und Ziele, éd. Id. et C. Ottner, Vienne-Cologne-Weimar, 2007, p. 179, et sa contribution au présent volume Ead., Mary, a « Diplomatic Weapon of Universal Value » for Charles the Bold, pp. 225-235 ; ainsi que C. Debris, Tu, felix Austria, nube. La dynastie de Habsbourg et sa politique matrimoniale à la fin du Moyen Âge (xiiie-xvie siècles), Turnhout, 2005, p. 582, avec des références à la littérature et aux sources : si de nombreux auteurs mentionnent ce projet d’alliance (dont aussi, non cité par Debris, G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, Paris, 1982, p. 209, sans références), une seule source d’époque semble en faire part explicitement, à savoir Philippe de Commynes, Mémoires, op. cit., t. 1, pp. 241 (et [les Gantois] avoient vouloir luy faire espouser celle qui despuis a esté duchesse d’Autriche, par force), 425 (Madamoiselle de Bourgongne […] eut tres grant joye de ceste adventure [= la mort d’Adolphe d’Egmont], et ceulx qui l’aymoient ; car l’on dict pour certain que lesdictz Gantoys estoient desliberéz de la luy faire expouser par force, car de son consentement ne l’eussent ilz sceu faire). Dès lors, on peut se demander si ce n’est pas le fait d’incarner, le temps d’une campagne, le corps armé du prince qui fait d’Adolphe d’Egmont un prétendant de la duchesse aux yeux de Commynes et d’autres contemporains. D’autant que, plus que des Gantois, un mariage avec Adolphe d’Egmont aurait sans doute eu la faveur des Brabançons, ceux-ci désirant ardemment conserver

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s’étonnera pas que Jean Molinet, pour sa part, soit resté relativement discret quant à l’action d’Egmont : postérieure aux évènements, la version officielle de l’indiciaire de cour présente le duc de Gueldre comme un champion de la duchesse. L’histoire retiendra cette version d’une mort chevaleresque21. Mais il semble bien qu’Adolphe de Gueldre ait pu, l’espace de deux mois, assumer un pouvoir de commandement militaire de nature princier… Cet ersatz de corps du prince se trouve-t-il dupliqué dans d’autres principautés ? Dans les Bourgognes, Jean IV de Chalon-Arlay, regrettant amèrement de ne pas avoir été nommé gouverneur par Louis XI, est institué lieutenant et gouverneur général des pays de Bourgogne pour la duchesse. En cette qualité, il y dirige la défense contre l’agresseur français22. Vassal principal des ducs dans les comté et duché de Bourgogne, chef d’une Maison souveraine au titre de sa principauté d’Orange, Jean de Chalon y fait-il alors figure de corps concurrent, substitué à celui du duc, à la tête des troupes bourguignonnes23 ? Dès la mi-août 1477, l’arrivée de Maximilien et son mariage avec la duchesse lèvent l’ambiguïté. Peut-être le pacifisme de Molinet le rend-il moins dithyrambique qu’un Monstrelet ou un Chastelain à l’égard du corps armé du prince. Son récit de la bataille de Guinegatte, le 7 août 1479, n’en comporte pas moins une série de références au

l’union personnelle avec la Gueldre comme en témoigne la Joyeuse Entrée brabançonne éditée dans De Blijde Inkomst van Maria van Bourgondië (29 mei 1477), éd. R. Van Uytven, coll. P. De Ridder, dans 1477. Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne pour les Pays-Bas, éd. W.P. Blockmans, Courtrai-Heule, 1985, pp. 286-357, en particulier les articles quatre et cinq. La nature des sources suggérant qu’Adolphe de Gueldre est imposé par les communes flamandes – tant Molinet que Commynes sont très (trop ?) prompts à blâmer celles-ci de tous les maux –, comme le sort réel réservé à Adolphe, abandonné par les milices gantoises à Espierres, pourraient militer en faveur d’un prétendant ayant la faveur des Brabançons, mais l’hypothèse ne peut être étayée plus solidement. Une étude sur la longue durée des rapports conflictuels entre Gueldre et Brabant devrait par ailleurs encore être menée. Espierres : Belgique, prov. Flandre occidentale, arr. Courtrai, com. Espierres-Helchin. 21 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, pp. 216-217. On notera toutefois qu’Adolphe, dans la tradition du corps armé des ducs Valois, est richement paré et donc signalé sur le champ de bataille (estoit vestu de ung rice hocqueton chargié d’orfaverie), et que sa mort entraîne, d’une part, de grandes scènes de joie du côté des Tournaisiens (firent feus, chansons et danses, et comme s’ilz eussent assommé le Grant Turcq, batelèrent et sonnèrent leurs cloches sy haultement que à peine oyoient l’ung l’autre parler), et, d’autre part, le deuil de sujets flamands qui sont comme membres sans chief. 22 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, pp. 181, 206 ; H. Guillaume, Histoire de l’organisation, op. cit., p. 170. 23 Sur ce personnage et sa Maison, « trop grande pour qu’elle puisse s’accommoder du rôle de servante d’un maître tel que le duc de Bourgogne ou le roi de France, et trop petite pour qu’il soit possible de mener une politique indépendante bien qu’elle possédât grâce à la principauté d’Orange le titre de Maison souveraine » (citation de M. Harsgor, Recherches sur le personnel du conseil du roi sous Charles VIII et Louis XII, t. 1, Paris, 1980, p. 769), voir H. Cools, Mannen met macht. Edellieden en de moderne staat in de Bourgondisch-Habsburgse landen (1475-1530), Zutphen, 2001, pp. 186-189 ; Id., Quelques considérations sur l’attitude des nobles comtois entre 1477 et 1500, dans P.C.E.é.B., t. 42, 2002, pp. 179-180. Pour l’idée de corps princiers concurrents, voir é. Bousmar et H. Cools, Le Corps du prince dans les Anciens Pays-Bas, op. cit., pp. 291-292.

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corps paré, signalé, protégé et exposé du prince24. Même si sa présence n’implique pas nécessairement un commandement effectif25, le corps princier est ainsi à nouveau au premier plan, sur le terrain comme dans l’écrit. Mais quelle armée mènerait ce prince ? Sa seule présence corporelle suffit-elle à assurer la cohésion des éléments issus des diverses principautés et à leur imposer les objectifs militaires ducaux ? Cette question conduit à examiner la composition de l’armée et le rôle des institutions militaires permanentes, objets des second et tiers volets de cette contribution.

2. Villes, seigneurs, États. Les forces vives et la défense des territoires « bourguignons » Au début de l’année 1477, non seulement le duc est-il mort, mais encore l’armée princière a-t-elle été plus ou moins anéantie. Non sans une pointe d’exagération, Commynes signale que : […] tout le pays estoit despourveu de gens de deffence, à cause de ces trois batailles perduez. […] je croy que en huit jours, ilz n’eussent sceu finer huyt hommes d’armes ; ny d’autres gens de guerre n’en y avoit en tous ces païs la que envyron [mil et cinq cens] hommes, tant de pied que de cheval […] et estoient tous eschappéz de ladicte bataille ou estoit mort ledict duc de Bourgongne26. Aussi, dès janvier, la duchesse et ses conseillers se rendent compte que, pour assurer la défense de son héritage contre l’offensive française, il leur faut solliciter le soutien financier des sujets, mais aussi et surtout, dans l’immédiat, obtenir leur participation humaine et matérielle directe à l’effort de guerre27.

24 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, pp. 301-317 (partcl. p. 315 : Et jassoit ce que le très illustre duc d’Austrice demorast victeur sur le champ, ce ne fut pas sans estre en grant dangier de sa personne et par le sens, astuce, advis et hardy entreprendre des grans personages de sa Maison, comtes, barons, chevaliers et escuiiers. Et meismes le duc d’Austrice, qui estoit comme le signe du bersail aprèz qui ses ennemis tiroyent et qui, à l’abordement des 2 batailles, avoit vigoreusement rompu sa lance et ne cessoit de encoragier ses gens à bien faire, fut, par pluseurs fois, en grant peril d’estre attrappé. […] arriva le duc, accompagniét de 10 chevaulx Alemans, entre lesquelz estoit Josse de Brant, son escuiier d’escuirie, portant ung penon aucunement samblable à grant estandart, par lequel ledit seigneur de Quievrain recognut que c’estoit son maistre). Quant au pacifisme de l’indiciaire, non dénué toutefois d’un attrait paradoxal pour les prouesses d’armes, voir J. Devaux, Jean Molinet. Indiciaire bourguignon, Paris, 1996, pp. 475-480. Pour la mise en scène narrative de la présence de Maximilien comme commandant en chef à la bataille, voir aussi Kaiser Maximilians I. Weisskunig, t. 1, Textband, Stuttgart, 1956, pp. 250-251, 351-352. 25 Plus expérimentés, Jacques de Savoie, comte de Romont, et Englebert, comte de Nassau, sont ainsi investis de fonctions de commandement à Guinegatte ( J.F. Verbruggen, De slag, op. cit., pp. 91-92). 26 Philippe de Commynes, Mémoires, op. cit., t. 1, pp. 365-366. Voir aussi H. Guillaume, Histoire de l’organisation, op. cit., p. 167. 27 R. Wellens, Les États Généraux des Pays-Bas des origines à la fin du règne de Philippe le Beau (1464-1506), Heule, 1974, pp. 153-156 ; M.-A. Arnould, Les Lendemains de Nancy dans les « pays de par deçà » (janvier-avril 1477), dans 1477. Le Privilège Général, op. cit., pp. 1-83 (ici pp. 18-19).

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2.1. Privilège Général et privilèges provinciaux. Redéfinir les conditions du service dû

La rupture est-elle radicale ? Contrairement à une idée parfois répandue28, Charles le Hardi n’a jamais renoncé à la participation active de ses sujets à la guerre. Naturellement, le recrutement de volontaires pour servir dans les institutions militaires permanentes impliquait déjà une forme d’adhésion, fut-elle motivée par des perspectives de promotion et d’enrichissement personnel, sous forme de solde ou de butin29. En outre, le transport de l’artillerie et la guerre de siège nécessitaient le recrutement de milliers de chevaux et de centaines de pionniers, un recrutement qui se heurtait toutefois à des résistances passives30. Mais, bien plus, dès le début de son principat et jusqu’en 1475 au moins, le duc prit des mesures pour augmenter le rendement des levées féodales. Plusieurs ordonnances se succédèrent par lesquelles il précisait, en fonction d’une échelle des revenus des fiefs, la nature du service dû, notamment en termes d’équipement et de nombre de combattants31. Néanmoins, il

28 Voir notamment, pour le comté de Flandre après 1473 : R. Wellens, Les États Généraux, op. cit., pp. 140-141. Idée générale de la fin du service féodal sous les ducs Valois en Hollande et Zélande dans H. Kokken, Steden en Staten. Dagvaarten van steden en Staten van Holland onder Maria van Bourgondië en het eerste regentschap van Maximiliaan van Oostenrijk (1477-1494), La Haye, 1991, p. 237 ; H.P. Jansen et P. Hoppenbrouwers, Heervaart in Holland, dans Bijdragen en mededelingen betreffende de Geschiedenis der Nederlanden, t. 94, 1979, pp. 1-26, passim. 29 À l’origine, le duc envisageait le recrutement des effectifs pour ses compagnies d’ordonnance au sein de ses principautés, comme en atteste un mandement du 23 octobre 1470 ordonnant à tous les sujets désireux d’y servir en tant qu’homme d’armes ou archer de s’inscrire auprès d’officiers ducaux chargés de sélectionner les candidats : H. Guillaume, Histoire des bandes, op. cit., p. 4. Une étude prosopographique des compagnies d’ordonnance devrait révéler les filons de recrutement et le degré d’adhésion et d’intégration variable des forces vives des différentes principautés à l’armée ducale. Voir, pour la période postérieure, une première approche par S. Gunn, D. Grummitt et H. Cools, War, State, and Society, op. cit., pp. 142-147. 30 M. Depreter, De Gavre à Nancy, op. cit., pp. 111-117, 146-151 ; Id., Estoit moult belle, op. cit., t. 1, pp. 334-359 ; Id., Charles le Hardi devant Nancy (1476/77). Folie suicidaire, stratégie militaire ou crise de l’État bourguignon ?, dans Pour la singuliere affection qu’avons a luy. Études bourguignonnes offertes à Jean-Marie Cauchies, éd. P. Delsalle, G. Docquier, A. Marchandisse et B. Schnerb, Turnhout, 2017, pp. 177-186. 31 Quant aux mesures générales prises par le duc pour s’assurer du service dû par les fieffés et augumenter son rendement, voir R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., pp. 218-220 ; B. Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., pp. 271-272. Même les fieffés servant en l’armée permanente n’échappaient pas au service dû pour la possession de leur fief : H. Guillaume, Histoire des bandes, op. cit., p. 12 ; J. de La Chauvelays, Mémoire, op. cit., p. 266 (ordonnance d’Abbeville, 31 juillet 1471). Il en allait de même pour les bourgeois qui, malgré l’acquisition de petits fiefs en guise d’investissement, étaient coutumièrement exemptés du service de guerre : W.P. Blockmans, De volksvertegenwoordiging in Vlaanderen in de overgang van Middeleeuwen naar Nieuwe Tijden (1384-1506), Bruxelles, 1978, pp. 454457. Le 12 juillet 1475 encore, prononçant devant les États de Flandre un discours devenu célèbre, Charles soulignait avoir voulu recourir aux levées féodales (fieffés et arrière-fieffés) afin de résister à l’armée impériale devant Neuss – un service exigé, on le soulignera, en dehors des principautés concernées. Néanmoins, lesdits de Flandre n’en ont tenu conte, et n’y ont obey en aucune manière, se ce ne soient aucuns particuliers nobles en bien petit nombre qui, à cause des services de leurs fiefz, ilz sont comparus, ains ont delaissié et abandonné leur seigneur et prince ausdits dangiers. Le duc opposait ici

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semble que le duc, confiant en ses droits, ait imposé ce recrutement plus qu’il n’ait souhaité en négocier les modalités32. En outre, augmentant la marge de manœuvre du prince face aux résistances passives, les États Généraux lui avaient accordé en 1470 une aide annuelle de 120 000 couronnes pendant trois ans, suivie en 1473 d’une aide annuelle de 500 000 couronnes pour six ans, afin de financer des institutions militaires permanentes33. De facto au service exclusif du prince, ces institutions devaient lui permettre de conduire des campagnes militaires indépendamment de l’appui matériel et humain des seigneurs et des villes en tant que corps socio-politiques aux intérêts potentiellement divergents. En 1477, ces mêmes corps représentés aux États Généraux sont désormais en position de force pour négocier leur appui à la princesse. Dès la séance d’ouverture du 3 février, l’aide de 500 000 couronnes est abolie : en fait, la duchesse demande par-là aux États Généraux de reprendre entièrement en main la gestion de la défense de ses pays34. Les États en profitent pour imposer leurs conditions, notamment sous forme du Privilège Général pour les pays de par-deçà. Celui-ci contient un nombre de dispositions relatives à la guerre et au service dû au prince. En la matière, la mesure principale est bien connue : les princes ne pourront plus déclencher de guerre sans le consentement des États. Ou, plus précisément, ils ne pourront plus contraindre leurs vassaux et sujets au service militaire lorsqu’ils entrent en guerre sans le consentement des États35. La nuance, nous semble-t-il, est de taille. Certes, au

l’attitude de ses vassaux flamands et brabançons à celle des fieffés de Hollande, Zélande, Frise, Roye, Montdidier et de ses autres longtains pays dont il fut loyalement servi : L.-P. Gachard, Collection, op. cit., t. 1, pp. 253-254, 256. Malgré ces déboires – et malgré les promesses d’exemption faites à l’occasion de l’octroi de l’aide de 1473 (R. Wellens, Les États Généraux, op. cit., pp. 140-141) –, le duc ne renonçait pas au service armé de ses fieffés et désirait que ceux-ci se tiennent prêts à servir dès que l’ordre de ralliement leur viendrait : L.P. Gachard, Collection, op. cit., p. 259. Voir également, ainsi que sur les difficultés de ce type de recrutement, C. Leroux, Guerre et enquêtes féodales sous Charles le Téméraire, dans R.N., t. 402, 2013, pp. 859-880. 32 W.P. Blockmans, De volksvertegenwoordiging, op. cit., pp. 445-446 (levée de troupes sur le pays, par mandement, sans passer par les États), 455-457 (confiscation des fiefs de ceux qui refusaient le service ; affirmation par le prince de ses droits immuables). 33 R. Wellens, Les États Généraux, op. cit., pp. 128-142. 34 Ibid., pp. 156, 159. 35 Article 10 du Privilège Général édité par W.P. Blockmans, coll. M.-A. Arnould et E.I. Strubbe, Privilegie voor alle landen van herwaarts over, 11 februari 1477, dans 1477. Le Privilège Général, op. cit., pp. 85-95 (ici p. 92). Ces dispositions sont reproduites ou précisées dans certains privilèges provinciaux particuliers accordés en cette même période de troubles, entre le 11 février et le 29 mai 1477. Si les représentants flamands estiment peut-être que le Privilège Général, à l’élaboration duquel ils ont grandement participé et acté le même jour que le privilège provincial flamand, à savoir le 11 février, suffit pour garantir les limites du service militaire (édition par ibid., pp. 126-144) –, il n’en va pas de même pour les comtés de Hollande et Zélande (A.G. Jongkees, Privilege voor Holland, Zeeland en (West-)Friesland, dans 1477. Le Privilège Général, op. cit., pp. 209-234, particulièrement les articles 19, stipulant que la guerre ne peut être menée sans le consentement des sujets et que le service ne peut être exigé hors du pays, et 23, stipulant que service des arrière-fieffés doit toujours être presté sous les fieffés et non autrement, nonobstant les usages sous le principat du duc Charles – disposition qui semble viser la volonté de ce prince de remplacer les liens vassaliques par une relation directe de sujets au souverain, aussi au niveau militaire, on y reviendra), pour le comté de

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moment de la rédaction, les moyens ducaux propres étant anéantis, les États Généraux disposent de facto d’un veto. Mais, dans le futur, rien n’empêche le prince d’avoir recours à des moyens militaires propres pour autant qu’il trouve les financements nécessaires. Le texte du Privilège Général ne comporte-t-il pas dès lors une brèche par laquelle Maximilien pourra s’engouffrer pour reprendre la politique du Hardi ? Dans l’absolu, le texte semble ainsi moins restrictif qu’il n’y parait au premier abord. En effet, en rapport à la guerre, la préoccupation majeure des rédacteurs du Privilège Général semble plutôt son impact néfaste sur l’économie et le commerce. Les articles dix à treize contiennent, dans un certain désordre, des dispositions destinées, d’une part, à garantir la circulation des marchands et des marchandises étrangères, même lorsqu’un conflit éclate, et, d’autre part, à limiter un service militaire qui éloigne les fieffés et les hommes enrôlés dans les milices communales de leurs activités quotidiennes36. À cet égard, il n’est sans doute pas inutile de rappeler que Charles le Hardi n’imposait pas seulement le service militaire à ses fieffés, mais aussi aux autres gens riches et puissants, grands marchands et autres riches bourgeois dont certains, voulant vivre noblement, avaient d’ailleurs acquis des fiefs37. L’abolition par le Privilège Général de toutes les ordonnances du Hardi relatives au service de guerre dû par les fieffés et les stipulations relatives au service exigible, payé et limité aux frontières de chaque principauté, ne doivent-elles pas être interprétées en ce sens38 ? 2.2. Organisation locale et « provinciale » de la défense

Sur le terrain, le monopole temporaire des États en matière militaire et l’application des dispositions du Privilège Général vont se traduire par une organisation locale et « provinciale » de la défense. Directement menacées ou lieux de refuge, les villes fortifiées constituent des points d’appui autour desquels s’organise une défense qu’elles paient d’abord de leurs propres deniers. En soi, cette prise en main reproduit les conceptions régnantes sous Philippe le Bon et Charles le Hardi, à cette différence près que la question défensive se pose désormais avec plus d’acuité. Ainsi, Saint-Omer, Lille, Douai et Valenciennes recrutent dès les premiers mois de l’année 1477 des

Namur (C. Douxchamps-Lefèvre, Privilège de Marie de Bourgogne pour les États de Namur, dans 1477. Le Privilège Général, op. cit., pp. 244-252, partcl. l’article 8, précisant qu’aucun service ne serait dû hors du pays) et pour le duché de Brabant (De Blijde Inkomst, op. cit., pp. 286-357, partcl. l’article 3, stipulant qu’aucune guerre ne doit être menée sans le consentement des États). Dans une tradition remontant au début du siècle, au moins, les stipulations de la Joyeuse Entrée brabançonne semblent ainsi les plus restrictives au regard de toute entreprise guerrière princière. Néanmoins, dans la mesure des ressources disponibles dans d’autres principautés, les ducs de Bourgogne sont moins dépendants des États de Brabant que leurs prédécesseurs. Voir V. Vrancken, De Blijde Inkomsten van de Brabantse hertogen. Macht, opstand en privileges in de vijftiende eeuw, Bruxelles, 2018, pp. 320-321. 36 W.P. Blockmans, coll. M.-A. Arnould et E.I. Strubbe, Privilegie, op. cit., p. 92. 37 Ainsi, par exemple, Lille, ADN, B 3515, no 123989 (Bruges, 20 avril 1472) : ordonnance du duc relative au service dû par les vassaux et autres gens riches et puissants. Sur la frontière poreuse entre bourgeois et nobles fieffés, et le service militaire impliqué, voir aussi Fr. Buylaert, Lordship, Urbanization and Social Change in Late Medieval Flanders, dans Past and Present, t. 227, 2015, pp. 31-75 (ici p. 63). 38 Voir, pour le comté de Flandre, W.P. Blockmans, De volksvertegenwoordiging, op. cit., pp. 457-458.

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canonniers expérimentés, parfois anciens serviteurs du duc, mais aussi des hommes d’armes, des archers et un nombre important d’haquebutiers, souvent d’origine germanique39. Dans le même sens, le 19 mai 1477, la duchesse accorde aux autorités d’Auxonne, en Bourgogne, la perception des revenus princiers dans la prévôté afin de financer la fortification et l’artillerie communales. Déguisé en privilège, cet aveu d’impuissance à venir militairement en aide aux principautés méridionales semble confirmé le 11 septembre, lorsqu’il est accordé aux habitants d’Auxonne la garde de nostre ville d’Auxonne ainsi et par la manière qu’ils l’ont eue du temps de nos prédécesseurs et qu’ilz ne soient contraings de prendre garnison ou gens de guerre. Malgré son isolement et l’absence d’aide militaire princière, Auxonne tiendra jusqu’au 4 juin 147940. En règle générale, les villes ne sont toutefois pas des îlots isolés. Aussi, et notamment pour la défense de l’arrière-pays, bourgeois, seigneurs et villageois sont rapidement contraints de coordonner leurs efforts. Dès 1477, cette coordination se fait le plus souvent au niveau d’une principauté, comme en témoignent les quotas de contingents que les différentes principautés s’engagent à fournir pour le 1er mars : sur une armée aux effectifs théoriques de 34 000 hommes, 12 000 seraient fournis par la Flandre, 8 000 par le Brabant, 6 000 par la Hollande et la Zélande, 4 000 par l’Artois et le Boulonnais, 3 000 par le Hainaut, et 1 000 par le Namurois41. En Flandre, complétées par un contingent non négligeable de la noblesse provinciale (700 à 800 chevaux), les villes et châtellenies de Bruges (1 659 à 1 745 hommes) et de Gand (1 587 hommes) fournissent le gros des troupes rassemblées au camp d’Espierres pour résister aux Français42. En Hainaut, Mons et Valenciennes, moins directement menacées, viennent en aide à Avesnes43. Dans le comté de Bourgogne, reflet de rapports de force différents entre les pouvoirs traditionnels, l’action défensive repose plutôt sur l’apport de grands seigneurs comme Jean de Chalon, prince d’Orange, et les frères Claude et Guillaume de Vaudrey, et leurs réseaux et clientèles44. Aux

39 Lille, AM, Fonds Ancien, Comptes de la ville, no 16217, fol. 51r-v ; Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, pp. 219, 241. Voir aussi A. Salamagne, La Défense des villes des Pays-Bas à la mort de Charles le Téméraire (1477), dans La Guerre, la violence et les gens au Moyen Âge, éd. Ph. Contamine et O. Guyotjeannin, t. 1, Paris, 1996, pp. 295-307 ; A. Sablon du Corail, Les étrangers, op. cit., pp. 403-405. 40 P. Camp, Histoire d’Auxonne au Moyen Âge, Dijon, 1960, p. 72 ; Auxonne, AM, Inventaire Bridat, chartes 20, 20bis. 41 R. Wellens, Les États Généraux, op. cit., p. 163. 42 J.F. Verbruggen, De slag bij Guinegate, op. cit., p. 31. 43 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, p. 183. 44 Ibid., pp. 179-180 (Guillaume de Vaudrey print Alemans a son aide et print grant diligence de garder la ville et chasteau de Vesou), 181 (Monseigneur le prince [d’Orange] se dit avoir par vous [la duchesse] la charge du gouvernement de Bourgoigne et, à ceste cause, liève tous les deniers que possible lui est, tant de vostre demaine comme aultres), 204-205 (Durant ce tempz, messire Glaude et Guillame de Vauldrey avoyent en leur compaignie 900 ou mil Alemans de cheval et de pied et donnoyent tel estonnement aux François par leurs merveilleux exploix de guerre qu’ilz se retirèrent en la ducé), 206 (Monseigneur le prince d’Orenge, messire Glaude de Vauldrey, ayans 4 000 Alemans, firent une assamblée de 8 000 hommes ou environ, cuidans avoir entendement aveuc aucuns de la ville de Dijon, et firent emmener engiens, eschielles et aultres instrumens convenables à faire leur emprinse). Significatifs quant à leur rayon d’autonomie seront

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défenseurs indigènes s’ajoutent souvent des étrangers, recrutés dans l’Empire ou en Angleterre et soldés en conséquence par les villes ou les États. On y reviendra45. Parfois, la coordination se fait au niveau de principautés voisines. En théorie, à la réunion des États Généraux de mars 1477, a été décidé que la Flandre soutiendra l’Artois, alors que les forces militaires brabançonnes assisteront le Hainaut et le Namurois46. Dans la même optique, Hollande et Zélande veilleront ensemble à la défense de leurs intérêts maritimes. Ici encore, la participation militaire semble refléter les rapports de pouvoir existant au sein des principautés : sur les 36 navires à armer, 12 le seront par les 6 villes principales de Hollande (Dordrecht, Haarlem, Delft, Leyde, Amsterdam et Gouda), 12 par les petites villes et villages du même comté, 11 par le comté de Zélande et 1 par La Brielle et le pays de Voorne47. En cas d’invasion générale, les États Généraux précisent que l’ensemble des contingents se réuniront pour y faire face48. L’arrivée de Maximilien comme des échecs en Flandre, dans les Bourgognes et dans la guerre navale conduisent après 1477 à une meilleure coordination de l’action militaire49. Mais le recrutement et l’organisation communale et « provinciale » des armées des États semblent se maintenir durant tout le principat de Marie de Bourgogne. L’armée « bourguignonne » à Guinegatte en est sans doute un bel exemple : réunie sous le commandement du prince, Molinet la décrit comme une assemblée hétéroclite de 27 400 combattants composée de compagnies d’ordonnance mais aussi de Bourgongnons, Alemans, Flamengz, Picquars, Anglèz et aultres nations, sans comprendre les armées de monseigneur le prince d’Orenge, de monseigneur le conte

aussi 78 200 l. payés en vrac sur la Recette générale des finances à Jean de Chalon, prince d’Orange, en 1479, alors même que les autres dépenses militaires soldées par le prince passaient par des caisses de guerre centrales (Trésorerie des guerres et Recette de l’artillerie) : Lille, ADN, B 2118, ff. 89r-90r. 45 Voir la note précédente, ainsi que Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 293 (aide de Valenciennes à Cambrai en 1479, sous forme de 50 haquebutiers allemands, une grosse bombarde, 6 maîtres bombardiers, 1 gros veuglaire, 1 serpentine et 3 tonneaux de poudre). Voir aussi Jean de Dadizeele, Mémoires, op. cit., p. 119, no 86 : lettre du magistrat de Gand à Dadizeele, en date du 9 août 1480, par laquelle il est suggéré que la ville dirige les mouvements des mercenaires anglais. Comparer à A. Sablon du Corail, Les étrangers, op. cit., p. 392 ; A. Salamagne, La Défense des villes, op. cit., pp. 295-307. 46 R. Wellens, Les États Généraux, op. cit., p. 163. 47 Entre l’apport théorique et l’apport réel de chacun à la flotte de guerre, un écart substantiel pourrait toutefois exister puisqu’en novembre 1477, seules cinq chef-villes et cinq petites villes de Hollande remplissent leurs obligations. A.G. Jongkees, Armement et action d’une flotte de guerre. La contribution des comtés maritimes à l’armée générale des Pays de par-deçà en 1477, dans P.C.E.é.B., t. 26, 1986, pp. 74-75 ; J. Paviot, La politique navale, op. cit., p. 180 ; H. Kokken, Steden, op. cit., p. 233. Remarquons que, dans les faits, les Membres de la troisième province maritime des Pays-Bas, à savoir la Flandre, ne peuvent négliger la protection des flottes marchandes et de pêche, et arment également des navires tout au long du principat de Marie. Sur ces préparatifs, voir J. Paviot, La politique navale, op. cit., pp. 181-185, ainsi que, mettant en évidence la prise en main de cette organisation par les petites villes de Flandre maritime à défaut d’intervention efficace du gouvernement central et des Membres, W.P. Blockmans, De volksvertegenwoordiging, op. cit., pp. 453-454. 48 R. Wellens, Les États Généraux, op. cit., p. 163. 49 J.F. Verbruggen, De slag, op. cit., p. 47.

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de Chimay avec aulcunes guernisons50. Assemblage donc de contingents des États – les Flamands dont on sait par ailleurs qu’ils sont à forte composante urbaine51 –, de contingents seigneuriaux de « petits princes » pouvant incarner un corps concurrent, et, enfin, de troupes ducales permanentes ou mercenaires sur lesquelles on reviendra. En 1479-1480, il est encore fait mention de troupes organisées, ou à tout le moins payées, par les États de Brabant et de Flandre dans la Recette générale des finances52. Quant aux opérations maritimes, elles restent, elles aussi, organisées au niveau des assemblées représentatives des provinces concernées (Flandre, Hollande et Zélande), voire au niveau des villes côtières, en concertation entre elles. Si le prince peut aspirer à la coordination de ces efforts par le biais de messageries et de mandements, son pouvoir d’influence semble fort limité sinon abdiqué, une situation qui, en matière navale, reflète celle connue sous les ducs Valois53. Soulignons que villes et États payent désormais directement les troupes qu’ils fournissent à la défense du pays54. Dès lors, ils gardent le contrôle sur une action

50 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, p. 301. 51 J.F. Verbruggen, De slag, op. cit., pp. 81, 87-88, 92. 52 Lille, ADN, B 2121, ff. 571v (paiement du solde des gages de septembre et octobre 1479, montant à 1 220 l., à 22 écuyers de l’hôtel du prince, ayant servi hors du temps de service de l’hôtel, sur quoy fault desduire cincq cens vint huit livres qu’ils ont receuz des deputéz des pays), 579r (paiement de Charles de Saveuse, capitaine de 50 lances, pour le service de sa compagnie en mars et avril 1480 en garnison à Saint-Omer, dont il a certifié n’avoir receu aucuns gaiges ou soldees par ceulx de Bruges ne d’autres à la charge de mondit seigneur, de son pays de Flandres ni autrement, certification vérifiée par celle du trésorier de Bruges commis à faire le paiement des gens d’armes estans en garnison es villes de Saint-Omer et Aire pour le quartier de Bruges – suggérant ainsi que le gros des dépenses était bien à charge des États), 582r-v (paiement du reste des gages de 123 combattants à cheval et 60 combattants à pieds, tous allemands, sous la conduite de Charles de Vy, pour la défense du duché de Luxembourg, du 6 mai au 6 septembre 1480, dont cinq tranches avaient déjà étaient payées tant par ceulx de Louvain que par ceulx d’Anvers). 53 J. Paviot, La Politique, op. cit., pp. 174-188 ; L. Sicking, Neptune and the Netherlands. State, Economy, and War at Sea in the Renaissance, Leyde, 2004, pp. 17-18, 41-42, 61 ; H. Kokken, Steden, op. cit., pp. 233-234. 54 Pour les États de Hollande, voir ibid., pp. 238-240, 243-244, ainsi que, pour les comptabilités conservées, H. Kaajan, Inventaris van de archieven van de Staten van Holland voor 1572, La Haye, 1993, pp. 135-150. Pour la Flandre, voir W.P. Blockmans, De volksvertegenwoordiging, op. cit., pp. 447449, qui souligne que cette gestion directe des moyens financiers avec le consentement du prince constitue un unicum dans l’histoire des États de Flandre. Hélas quasi entièrement annihilées en 1940 (voir L. Verriest, La Perte des archives du Hainaut et de Tournai, dans R.B.P.H., t. 21, 1942, p. 189), les archives des États de Hainaut recelaient une série de comptes d’aides affectées à des dépenses de guerre contrôlées et, à tout le moins en partie, gérées directement par les (représentants du) pays – ce qui n’empêchait évidemment pas la concertation avec le prince et ses officiers. Si de tels comptes existaient déjà sous Philippe le Bon et Charles le Hardi, la description de L. Devillers, Inventaire analytique des archives des États de Hainaut, t. 3, Mons, 1906, pp. 361-365, se fait plus précise quant à l’utilisation concrète des deniers – nombre d’hommes d’armes, d’archers et de piétons à entretenir, garnisons, artillerie – sous le principat de Marie. Si cette précision est le reflet de la nature de la comptabilité et non du travail de l’archiviste, ne pourrions-nous pas y déceler un contrôle, voire une prise en main accrue des dépenses de guerre par les États ? Dans la mesure où cette situation semble en partie remonter à la fin du règne du Hardi avec la mention d’un compte relatif à une aide de 8 000 écus accordée le 21 août 1475 pour l’entretien de 200 hommes d’armes et 600 archers à

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guerrière que le prince ne peut diriger ou détourner vers des objectifs militaires qu’ils jugeraient non pertinents. Outre la lenteur du recrutement liée à ce système de participation négociée, la dépendance politique et militaire du prince vis-à-vis des forces vives des principautés reste problématique pour le premier. Ainsi, Bruges préfère-t-elle systématiquement rémunérer des hommes plutôt que d’octroyer de l’argent au prince. Sa politique ne change qu’avec la nomination de Guillaume Moreel et Martin Lem, notables marchands brugeois, à la tête des finances ducales en 1480. Toutefois, dès le printemps 1481, la ville reprend en main la défense du comté et coupe le flux financier alimentant les caisses d’un prince dont les dépenses ne correspondent pas aux souhaits brugeois55. Dans le même sens, le 19 mai 1478, Jean de Dadizeele, alors capitaine des troupes de Gand et de sa châtellenie, reçoit des ordres contradictoires émanant de Maximilien, d’une part, et du magistrat gantois, de l’autre, la ville ordonnant la défense du pays de West-Flandre alors que le prince mande Dadizeele auprès de lui à Ath. Si, le jour suivant, Maximilien contremande d’abord Dadizeele, lui enjoignant de défendre le pays de Flandre et lui envoyant des renforts, il ne tarde pas à le rappeler auprès de lui après s’être assuré que d’autres gens de guerre défendront les passages de la Lys. Assurément, le prince tient ici à maintenir un semblant de contrôle56. L’été suivant, Guinegatte, malgré la victoire, met toutefois au grand jour le caractère illusoire de ce contrôle : la menace française contrée, les États rappellent leurs troupes57. Dans ce contexte, Maximilien ne peut exploiter la victoire dans l’immédiat pour reconquérir l’Artois.

3. L’armée princière, une armée offensive ? Pour reprendre l’offensive, pour avoir l’initiative, Marie, Maximilien et leurs conseillers doivent constituer, comme l’avait fait Charles, une armée véritablement « ducale », servant le prince avant, et éventuellement contre, les autres pouvoirs politiques des cheval pour la défense du prince et du pays de Hainaut, cette prise en main pourrait aussi être liée à la nature des opérations, opposant campagne offensive, gérée à un niveau global par le prince, et guerre défensive, gérée au niveau de la principauté par les États. Quoi qu’il en soit, des bribes de comptabilité de ces aides éditées par Id., Le Hainaut après la mort de Marie de Bourgogne (1482-1483), dans B.C.R.H., 4e sér., t. 8, 1880, pp. 169-312, passim ; Id., Le Hainaut sous la régence de Maximilien d’Autriche (1483-1494) (Première partie : 1483-1485), dans B.C.R.H., 4e sér., t. 10, 1882, pp. 327-445 ; Ibid. (Deuxième partie : 1486-1488), t. 14, 1887, pp. 191-270 ; Ibid. (Troisième partie : 1488-1489), t. 15, 1888, pp. 155-306 ; Ibid. (Quatrième et dernière partie : 1490 à 1494), t. 16, 1889, pp. 179-260, 411-516, passim, attestent en tout cas encore de paiements directs de dépenses de guerre effectués par les États sous la régence de Maximilien. Pour des villes payant directement les opérations, voir par exemple le cas de Valenciennes, bien documenté par Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, pp. 219, 297-298. 55 J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009, pp. 187-193. 56 Jean de Dadizeele, Mémoires, op. cit., pp. 63-67, nos 29-32. À propos de Dadizeele et de son commandement, voir J. Haemers, Le Meurtre de Jean de Dadizeele (1481). L’ordonnance de cour de Maximilien d’Autriche et les tensions politiques en Flandre, dans P.C.E.é.B., t. 48, 2008, pp. 227-248 (ici pp. 232, 240). 57 H. Guillaume, Histoire de l’organisation, op. cit., p. 173 ; H. Wiesflecker, Kaiser, op. cit., t. 1, p. 150.

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États bourguignons. On abordera successivement le sort des compagnies d’ordonnance, de la garde, et de l’artillerie ducales. 3.1. Compagnies d’ordonnance et infanterie germanique

La défaite de Nancy ne sonne pas le glas des compagnies d’ordonnance58. Adressée à Maximilien, une requête, hélas non datée, d’Antoine de Salenove, capitaine de 100 lances sous Charles le Hardi, atteste en effet de la persistance de sa compagnie au début du principat de Marie. Ses effectifs (théoriques) sont de 100 lances. Par ordonnance de Maximilien, ils sont néanmoins réduits à 50, puis, peut-être, par les commissaires chargés des montres, à 25 lances – reflet d’effectifs réels en chute libre ou résultat d’une politique délibérée s’adaptant au caractère défensif de la guerre ? Autre bémol, outre les arriérés réclamés, le requérant souhaite être tenu quicte et deschargié de sa dite charge car il ne lui est possible de soy plus entretenir en vostre service comme il a fait par cidevant59, témoignant de la faiblesse des finances ducales. Néanmoins, au 26 novembre 1477, au plus tard, 800 lances et les archers des « nouvelles ordonnances » de Maximilien doivent être rémunérés pour un mois de service60. En 1480, la Trésorerie des guerres est abolie et une partie des dépenses de guerre

58 Nous ne suivons donc pas le postulat de Ch. Brusten, La Fin des compagnies d’ordonnance de Charles le Téméraire, dans Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy, op. cit., pp. 363-375, dont le titre accrocheur ne reflète toutefois pas le contenu d’un article consacré aux campagnes ducales après la mise en place des compagnies d’ordonnance et à l’efficacité de ces dernières, l’auteur n’offrant que quelques références relatives à la chute des effectifs après Grandson et Morat. Voir aussi M. Nell, Die Landsknechte. Entstehung der ersten deutschen Infanterie, Berlin, 1914, p. 95 (da die Ordonnanzkompagnien Karls der Kühnen fast völlig vernichtet waren, so musste er [Maximilien] sehen, wie er ein neues Heer organisierte). Pour sa part, H. Guillaume, Histoire des bandes, op. cit., p. 55, admet que « les bandes d’ordonnance ne furent pas licenciées à la mort de Charles […], mais il est positif qu’aucun document historique ne fait allusion, même indirectement, à l’existence des compagnies d’ordonnance depuis l’époque de la mort de Charles de Bourgogne jusqu’aux premières années du seizième siècle ». Si l’auteur cite en note deux comptes, respectivement de Louis Quarré (1479) et de Dumont (1481), dans lesquels il trouve quelques mentions de capitaines de « bandes » de 100 ou 50 lances, il estime au final que, malgré la présence continuée de lances, notamment à Guinegatte, « rien ne prouve, rien n’autorise à croire que ces hommes d’armes ou ces lances aient formé des compagnies analogues à celles qui avaient existé sous le dernier duc de Bourgogne. […]. On s’explique très bien, du reste, que pendant la période si troublée de l’administration de Maximilien, les bandes d’ordonnance soient restées à l’écart et aient fini par tomber à peu près complétement dans l’oubli ». Guillaume se trompe, à tout le moins pour le principat de Marie, comme en atteste, fort explicitement, le compte du receveur général des finances qui consignait en 1479, parmi l’argent distribué aux autres officiers comptables une somme de 13 953 l. pour payer le second mois des gens de guerre des ordonnances de mondit seigneur et aultrement (Lille, ADN, B 2118, fol. 85v). 59 J. Chmel, Actenstücke und Briefe zur Geschichte des Hauses Habsburg im Zeitalter Maximilian’s I., t. 2, Vienne, 1855, pp. 424-425. 60 Lille, ADN, B 2115, fol. 33v : paiement d’un mois pour huis cens lances et les archiers des nouvelles ordonnances de mondit seigneur estans sur les frontieres, d’après la lettre de recette absolute délivrée par le commis au paiement des garnisons au receveur général des finances, en date du 26 novembre 1477.

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revient au receveur général des finances61. Malgré l’abolition de l’institution créée par Charles le Hardi pour payer son armée permanente, la recette générale révèle alors (au moins) 11 compagnies, pour 22 en 147462 : 7 d’entre elles comptent 100 lances, les 4 autres en comptent 5063. Alors que chaque lance comptait 9 combattants sous Charles le Hardi, elle n’en compte désormais plus que 5, la part de l’infanterie se trouvant fort réduite. Les effectifs réels semblent par ailleurs nettement inférieurs à la théorie64 ! Si le receveur général ne rémunère ces compagnies que pour un temps limité, de quinze jours à un mois, le gros de leurs gages semble être assumé par d’autres payeurs qu’il conviendrait d’identifier65. L’une de ces compagnies, au moins, semble ainsi être principalement à charge des États de Flandre, suggérant une perte de contrôle princier sur cette institution militaire66. Dès lors, gardons-nous d’opposer radicalement les compagnies d’ordonnance aux moyens guerriers des pouvoirs politiques des principautés bourguignonnes. Une part importante des forces vives y est sans doute intégrée. En l’absence de montres d’armes conservées, nous ne pouvons toutefois pas aller au-delà de l’hypothèse. Par contre, si Charles le Hardi, dès l’hiver 1472-1473, choisit plutôt des fidèles d’extraction relativement modeste devant leur carrière au service du prince – ainsi, Pierre de Hagenbach ou Jean de Dommarien – et des étrangers, souvent Italiens et détachés de la politique intérieure des pays bourguignons à l’instar de Troylo da Rossano, des

61 Lille, ADN, B 2121, ff. 569v-589v : Autre despence faicte par ledit receveur general Loys Quarré, tant pour le paiement des gens de guerre des ordonnances de mondit seigneur comme autres durant le temps de ce compte. 62 B. Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 273. 63 Lille, ADN, B 2121, ff. 569v-589v. Se basant sur un compte du trésorier des guerres de 1478 qui semble avoir disparu s’il ne l’a pas confondu avec la recette générale des finances de 1480 (A. Pinchart, Inventaire des Archives des chambres des comptes, t. 4, Bruxelles, 1865, pp. 199-206, 394 ; H. Nelis, Inventaire des Archives des chambres des comptes, t. 6, révisé par A. Dierkens et R. Laurent, Bruxelles, 1995, pp. 471-474 ; M. Bruchet, Archives départementales du Nord. Répertoire numérique. Série B : chambre des comptes de Lille, t. 1, Lille, 1921, pp. 103-108), H. Guillaume, Histoire des bandes, op. cit., p. 54, signale 17 compagnies d’ordonnance, dont 2 à 100 lances, et 1 à 25 lances seulement. 64 Lille, ADN, B 2121, ff. 569v-589v : compagnies comptant théoriquement 100 hommes d’armes à trois chevaux (un écuyer et un valet, outre l’homme d’armes), 200 archers à cheval et 100 archers à pied. Voir A. Sablon du Corail, Les étrangers, op. cit., pp. 389-390, n. 2. Sur la composition des lances sous Charles le Hardi, voir B. Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 273. 65 Lille, ADN, B 2121, ff. 569v-589v. 66 Ibid., fol. 579r : […] messire Charles de Saveuses, seigneur de Souverain Molin, chevalier, conseillier chambellan de mondit seigneur et capitaine de cincquante lances de ses ordonnances estans en garnison en la ville de Saint-Omer touche 350 l. du receveur général des finances sur et entant moins de ce qui lui est deu de ses gaiges et soldees et desdis cinquante lances, cent archiers a cheval et cincquante a pié de sadicte charge et compaignie des mois de mars et avril mil iiiiC lxxix et iiiiXX qu’il a certiffié et affermé en sa conscience avoir entretenuz soubz lui en ladicte garnison de Saint-Omer lesdis gens de guerre sans pour ledit temps avoir receu aucuns gaiges ou soldees par ceulx de Bruges ne d’autres à la charge de mondit seigneur, de son pays de Flandres ni autrement comme il appert par certiffication de Guillaume Oudemarc, tresorier de la ville de Bruges et commis a faire le paiement des gens d’armes estans en garnison es villes de Saint-Omer et Aire pour le quartier de Bruges.

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frères da Lignana, ou du tristement célèbre comte de Campobasso67, les capitaines des compagnies semblent désormais choisis au sein de la grande noblesse, parfois du sang, des Pays-Bas : Philippe de Bourgogne-Beveren, Philippe de Clèves (ayant pour lieutenant Antoine de Fontaines), Englebert de Nassau (ayant pour lieutenant Corneille de Berghes), les deux Philippe de Croÿ, comtes de Chimay et de Porcien, Pierre et Jean de Luxembourg, Pierre de Hennin-Liétard, seigneur de Boussu, Charles de Saveuse, seigneur de Souverain-Moulin, Érard de La Marck, seigneur d’Arenberg68. Seul étranger parmi les onze capitaines mentionnés en 1480, Jean de Salazar, originaire de Biscaye, est d’ailleurs tellement bien intégré qu’il participe aux États Généraux pour la noblesse de Flandre en 148269. Si, par le biais d’un commandement annuellement renouvelé, par l’adoption d’une hiérarchie de commandement verticale fondée sur les dizaines, puis les escadres, et par le remplacement de la signalétique de guerre héraldique par des enseignes de formation, Charles le Hardi a visé à couper les liens féodaux ou personnels qui pouvaient unir les conducteurs aux hommes de leur compagnie70, rien n’indique que Maximilien peut ou veut procéder de cette

67 À titre d’exemple, les conducteurs de 100 lances payés au camp de Lausanne en mai 1476 sont Jean de Dommarien, Jean François da Rossano, Olivier de Somme, Antoine de Salenove, Louis de Taillant, Guillaume da Lignana, Antoine da Lignana, Angelo de Montforte, Jacques Galiot, Alexandre da Rossano, Dom Denis de Portugal et Guillaume de Vergey. À noter, en outre, la présence du Petit Salazar, qu’on rencontrera ci-dessous, en tant que chef de certain nombre de gens de guerre espaignolz naguaires venuz ou service de mondit seigneur. Sur les conducteurs italiens, voir B. Schnerb, L’État bourguignon, op. cit., p. 274 ; Id., Troylo da Rossano et les Italiens au service de Charles le Téméraire, dans Francia, t. 26/1, 1999, pp. 103-128 ; G. Soldi-Rondinini, Condottieri italiens au service de Charles le Hardi, pendant les guerres de Suisse (1474-1477), dans P.C.E.é.B., t. 20, 1980, pp. 55-62 ; R. Vaughan, Charles the Bold, op. cit., pp. 213-216 ; R. Walsh, Charles the Bold and Italy (1467-1477). Politics and Personnel, Liverpool, 2005, pp. 341-405. Sur Hagenbach, voir H. Brauer-Gramm, Der Landvogt Peter von Hagenbach. Die burgundische Herrschaft am Oberrhein, 1469-1474, Göttingen, 1957, pp. 169-171. À propos de Dommarien, voir M. Depreter, Estoit moult belle, op. cit., t. 1, pp. 19-21 ; t. 2, pp. 183-184. 68 Capitaineries attestées dans Lille, ADN, B 2121, ff. 569v-589v. Étayant notre propos malgré la prudence de mise dans la mesure où nous n’avons pu retrouver le compte de 1478 sur lequel l’auteur se base, H. Guillaume, Histoire des bandes, op. cit., p. 54, permet d’y ajouter les noms suivants : Daniel van Praet, seigneur de La Merwede et de Moerkerke, Jean de Hames, seigneur de Sangatte et de Bondues, Jean de Gruuthuse, seigneur d’Espierres, Jacques de Luxembourg, seigneur de Fiennes, Louis de Halewin, seigneur de Piennes, Jean de Berghes, seigneur de Bergen-op-Zoom, Antoine du Sye et Jean IV de Ligne. 69 Lille, ADN, B 2121, ff. 576r-v, 588r. À propos de Salazar, voir H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 288-289, no 227. Voir A. Sablon du Corail, Les étrangers, op. cit., pp. 391, 411. Rien ne permet, à notre sens, d’aller aussi catégoriquement dans le sens de ce dernier auteur affirmant que « les gendarmes de l’ordonnance bourguignonne, qui étaient pour leur majorité des nobles picards ou bourguignons dont les Français avaient confisqué les terres, devenaient eux-mêmes des étrangers au sein des Pays-Bas » et que, « représentant aux yeux des Flamands l’ancienne classe dirigeante honnie, leur déclin était irrémédiable ». 70 À propos du renouvellement des capitaines, de la stricte hiérarchie verticale et des nouvelles enseignes des compagnies, voir H. Guillaume, Histoire des bandes, op. cit., pp. 10-12, 22 ; Fr. Viltart, La garde et les ordonnances, op. cit., pp. 163, 169-171. À notre sens, il s’agit toutefois moins, par ces mesures, de réduire les différences sociales au sein des unités (l’auteur se réfère ici à T.B. James, Chivalry. Fact or fantasy ?, dans Literature and History, t. 9, 1983, p. 104) – l’armement et les gages des combattants reflètent un statut social auquel le duc ne porte pas et, considéré son attachement

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manière71. Au contraire, il semble probable que le recrutement des compagnies se fait par l’intermédiaire de ces capitaines, comme cela se faisait précédemment pour les compagnies italiennes. L’absence de montres d’armes conservées ne permet toutefois pas de vérifier l’hypothèse par le biais d’une analyse prosopographique. Dès lors, aux mercenaires Italiens viennent se substituer, semble-t-il, quelques compagnies d’archers anglais et, surtout, des Allemands. Si les Anglais sont déjà 700 à Guinegatte, ils sont alors rémunérés par les États de Flandre. Suite aux négociations intenses de Marguerite d’York avec Édouard IV, un corps de 1 500 archers payés directement par le receveur général des finances arrive aux Pays-Bas en octobre 1480, Maximilien étant toutefois obligé de le renvoyer dès le 30 avril 1481, faute de moyens financiers propres72. Du côté germanique, les princes, chevaliers et écuyers allemands de l’hôtel de Maximilien sont environ 200 en 147773. Si le prince d’Orange et les Vaudrey semblent s’appuyer sur de forts contingents « allemands », peut-être suisses, pour la défense du comté de Bourgogne74, ce n’est qu’après Guinegatte, nous semble-t-il, que le nombre de mercenaires d’origine germanique engagés aux Pays-Bas croît de manière exponentielle – une croissance reflétée dans l’institution, en 1480, d’une nouvelle caisse de paiement confiée à Andrieu Andries, alors commis à faire le payement des Almans75. Les comptes d’Andries n’étant pas conservés, leur nombre reste difficile à chiffrer. Des mentions éparses et le récit de Molinet permettent toutefois de penser qu’ils sont au moins quelques milliers76. Principalement composée de lansquenets, cette infanterie à la solde et au service exclusif du prince ne tarde pas à susciter de nombreuses récriminations de la part des populations des Pays-Bas…

à l’ordre établi par le divin, ne souhaite probablement pas porter atteinte – que de rompre, tant au niveau du regroupement concret que de la symbolique de ralliement, les liens féodaux au profit d’un service exclusif du souverain. 71 Si les noms proposés par H. Guillaume, Histoire des bandes, op. cit., p. 54, sont exacts, au moins huit des capitaines rencontrés en 1480 étaient déjà en fonction en 1478. 72 A. Sablon du Corail, Les étrangers, op. cit., pp. 391-398. 73 Ibid., p. 398. H. Guillaume, Histoire de l’organisation, op. cit., p. 170, suggère que Maximilien est accompagné à son arrivée de 700 à 800 chevaux formant le noyau de troupes allemandes appelées à grossir. Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, pp. 264-265, suggère que Maximilien, en 1478, rassembla à Mons une grant armée, et aveuc la noblesse d’Alemaigne, dont il estoit accompagniet, comptant en outre quelques 4 000 fantassins allemands et suisses. Ne suivant pas A. Sablon du Corail, Les étrangers, op. cit., p. 408, ce chiffre nous semble, à ce stade, largement surestimé, le recrutement d’Allemands ne prenant son réel envol qu’après Guinegatte, on le verra. 74 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., t. 1, pp. 179-181 (Guillaume de Vaudrey print Alemans à son aide […] 200 pietons Alemans), 204-205 (Durant ce tempz, messire Glaude et Guillame de Vauldrey avoyent en leur compaignie 900 ou mile Alemans de cheval et de pied), 206 (Monseigneur le prince d’Orenge, messire Glaude Vauldrey, ayans 4 000 Alemans, firent une assamblée de 8 000 hommes ou environ). 75 Première mention d’activité, et mention du premier compte de cet officier comptable, au 22 janvier 1480 : Lille, ADN, B 2121, fol. 75v. Voir aussi, à propos du rôle de Guinegatte dans ce changement d’échelle du recrutement, M. Nell, Die Landsknechte, op. cit., pp. 128-134. 76 A. Sablon du Corail, Les étrangers, op. cit., pp. 408-410.

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3.2. La garde ducale

Corps d’élite destiné à protéger la personne du prince en temps de paix comme de guerre, la garde instituée par Charles le Hardi en février 1473 et développée dans les années suivantes est décimée à Nancy : sur 288 combattants comptés au 31 décembre 1476, seuls 173 semblent avoir survécu à leur prince77, soit un taux de mortalité de près de 40 %. Leur capitaine, Olivier de La Marche, est fait prisonnier78. Si l’état de conservation des sources ne permet pas d’être catégorique, rien ne semble attester, au cours des premiers mois du principat de Marie, la permanence, fût-elle en effectifs réduits79, d’une unité qui put théoriquement compter jusqu’à 126 hommes d’armes, 134 archers à cheval et 140 coutiliers, sans comprendre les 400 archers anglais ayant rejoint la garde en octobre 147480. Peut-être l’existence de cette unité d’élite qui assume aussi des tâches de police militaire est-elle liée trop directement à la figure du prince guerrier, à son rôle de commandant en chef en campagne, rôle que Marie, nous l’avons vu, ne peut assumer. Si la duchesse n’a pas de garde81, l’ordonnance d’hôtel du duc rédigée en septembre 1477 pour entrer en vigueur au 1er novembre assure à nouveau la protection du corps princier, en l’occurrence celui de Maximilien, 56 archers y étant nommés. Toujours en septembre, la comptabilité mentionne 53 archers anglais arrivés pour servir en sa garde82. Au 2 janvier 1478, les écrous de l’hôtel du prince mentionnent 49 archers de corps, dont 2 rayés, situation confirmée le 483. En situation d’urgence, il semble que ces hommes effectuent désormais aussi un service militaire en dehors de l’hôtel, ce service rémunéré sur les caisses de guerre nous étant parfois renseigné par l’intermédiaire de la Recette générale des finances. En décembre 1477, 26 gentilshommes, 1 trompette et 77 Fr. Viltart et B. Schnerb, Olivier de La Marche et la garde, op. cit., pp. 128, 132-135. 78 H. Stein, Étude biographique, littéraire et bibliographique sur Olivier de La Marche, Bruxelles, 1888, pp. 76-78. 79 Si Olivier de La Marche, Mémoires, op. cit., t. 3, 1885, pp. 241-242, suggère qu’à sa libération, aux environs de Pâques 1477, furent présents à Carignan (anciennement Yvois) bien cent chevaulx de la garde dont j’estoye cappitaine, et qui attendoient mon retour de prison, ces effectifs restés en Luxembourg après Nancy ne reflètent-ils pas le désarroi et l’attachement de ces hommes à un capitaine qu’ils attendent pour se rendre à la cour – attente qui semble, elle aussi, témoigner de l’absence de la garde auprès de la princesse ? 80 Fr. Viltart et B. Schnerb, Olivier de La Marche et la garde, op. cit., p. 130 ; Fr. Viltart, La garde et les ordonnances militaires, op. cit., p. 162. 81 Comparez dans le présent volume, la contribution de V. Bessey, L’Hôtel de Marie de Bourgogne d’après l’ordonnance de cour du 26 mars 1477. Continuités et adaptations, pp. 211-223. Les écrous des gages journaliers semblent confirmer la législation. Ainsi, ceux du 7 juin 1477 ne font-ils mention ni de garde ni de capitaines probables : Lille, ADN, B 3441, no 119284. 82 L.-P. Gachard, Ordonnance et état de la Maison de Maximilien duc d’Autriche et de Bourgogne. Septembre 1477, dans B.C.R.H., 2e sér., t. 9, 1857, pp. 117-127. Mention d’une lettre de recette datant du 16 septembre 1477 et donnée par Louis Quarré, commis au paiement des garnisons, au receveur général des finances pour une somme de 100 l. pour en payer cincquante trois archiers angloix presentement venuz ou service de mondit seigneur pour estre de sa garde : Lille, ADN, B 2115, fol. 31v. Les écrous des six services et des gages du 28 août 1477 suggèrent qu’à cette date, la garde n’avait pas encore été rétablie : Lille, ADN, B 3441, nos 119303, 119304. 83 Lille, ADN, B 3442, no 119323.

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50 archers de la garde sont ainsi envoyés en garnison à Gravelines, révélant peut-être que le rôle de l’unité dans la protection du prince et le cérémonial de cour passe alors à l’arrière-plan au profit de l’urgente défense du territoire84. Peut-être dès septembre 1477, et au plus tard en septembre 1479, le commandement de la garde est confié à Jean Galliot, seigneur de Chanteraine, qui prendra part à la révolte contre Maximilien de 1488 à 1492. Unité distincte sous Charles le Hardi85, les archers de corps semblent alors adjoints à la garde86. Si un capitaine des archers de corps est nommé en novembre 1478, au plus tard, en la personne d’Antoine, bâtard d’Auxy87, reflétant peut-être une croissance des effectifs, Chanteraine retient néanmoins le commandement suprême des troupes chargées d’assurer la sécurité du prince, à savoir les archers de corps comme une garde composée d’archers et de gentilshommes de l’hôtel, hommes d’armes peut-être accompagnés de coutiliers88. En janvier 1481, les effectifs semblent enfin fixés, et ce jusqu’à la fin du règne de Marie : la garde ducale compte désormais 60 gentilshommes, choisis parmi les 73 qui ont servi précédemment, 20 archers de corps extraordinaires et 50 archers de la garde, tous placés sous le commandement du seigneur de Chanteraine89. Comparée aux effectifs mis sur pied par Charles le Hardi, ce nouveau corps de 60 hommes d’armes et 70 archers fait pâle figure en un temps où les gardes princières semblent en plein

84 Lille, ADN, B 2115, fol. 34r : mention d’une lettre de recette datant du 1er décembre 1477, par laquelle Louis Quarré, commis au paiement des garnisons, quitte le receveur général des finances pour une somme de 872 l. pour convertir ou payement d’un mois de vingt six gentilz hommes, une trompette de l’ostel et cincquante archiers de la garde de mondit seigneur que icellui seigneur a envoyé presentement de sa ville de Brouxelles en garnison a Gravelinghes. 85 Fr. Viltart et B. Schnerb, Olivier de La Marche et la garde, op. cit., p. 127. 86 Lille, ADN, B 2118, fol. 86r : mention de 2 818 l. 12 s. versés au trésorier des guerres pour convertir tant ou paiement de la crue des gaiges des gentilzhommes de l’ostel, archiers de corps et de la garde de mondit seigneur estans soubz monseigneur de Chanteraine comme ou paiement des gentilzhommes de la langue d’Almaigne, aussi de l’ostel de mondit seigneur, avec lettre de recette du 12 septembre 1479. À propos de Chanteraine, voir H. Cools, Mannen met macht, op. cit., pp. 209-210, no 82. Au 9 juin 1479, il est encore capitaine de 100 lances des ordonnances, le prince s’engageant alors par lettre à faire rembourser au magistrat de Lille 1 200 l. avancés pour les gages de sa compagnie, devant venir des premiers deniers à recevoir par les États de Flandre (Lille, ADN, B 2119, no 68410). 87 Trois mentions dans nos sources, aux 4 et 20 novembre 1478 (mandement de livraison et lettre de récépissé du capitaine des archers de corps pour arcs et flèches : Lille, ADN, B 3522, no 124730), en septembre 1479 (gages comme capitaine des archiers de corps : Lille, ADN, B 2121, fol. 571v), et au 2 mars 1480 (mandement de livraison d’arcs et de flèches au capitaine des archers de corps : Lille, ADN, B 3521, no 124702). 88 Ainsi Lille, ADN, B 2121, fol. 581r-v : Chanteraine touche 400 l. pour en faire prest et paiement aux gentilz hommes, archiers de corps, de la garde et autres gens de guerre estans soubz sa charge et conduicte sur leur deu à cause de leurs gaiges et soldees des mois de fevrier, mars, avril l’an lxxix, may, juing, juillet et aoust ensuivant l’an iiiiXX. 89 Lille, ADN, B 2124, ff. 320v, 326v, 328v, 331v ; B 2127, ff. 67v, 68r ; B 2128, no 69077 (quittance de Chanteraine, capitaine des chevaliers et gentilshommes de l’hôtel ducal, pour 2 300 l. en prêt sur son état et pour faire les prêts sur gages aux 60 gentilshommes, 20 archers de corps extraordinaires et 50 de la garde qu’il a sous lui depuis le 1er janvier 1481). Notons que les écrous du 1er janvier 1481 révèlent 72 « gentilshommes » de l’hôtel (chambellans, écuyers et maîtres d’hôtel) dont 25 sont rayés ce jour. Parmi les chambellans, Chanteraine figure en deuxième position (Lille, ADN, B 3444, no 119587).

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essor en Europe occidentale90. Toutefois, notons que Philippe le Beau n’aura que 40 hommes de garde en Espagne en 1501, et que son fils Charles ne disposera que de 65 archers dans les Pays-Bas en 151591. Si la protection du prince reste assurée, le rôle de la garde dans un cérémonial de cour visant à mettre le prince à distance sous Charles le Hardi semble néanmoins régresser avec la démilitarisation d’un hôtel qui n’est d’ailleurs plus directement engagé sur le théâtre d’opération comme ce fut le cas au temps du dernier Valois92. 3.3. L’artillerie ducale

Au cours de leur principat, Philippe le Bon et Charles le Hardi, surtout, avaient créé un véritable « embryon » de corps permanent d’artillerie ducale, unité autonome du point de vue de la gestion, des finances et même de la justice militaire : la professionnalisation et la spécialisation d’un personnel, le recrutement d’une élite de canonniers, la normalisation des calibres suite à l’adoption du bronze et la centralisation de la puissance de feu ducale à l’arsenal de Lille étaient les maîtres mots d’un véritable programme d’armement reflétant un programme politique. Outre l’efficacité accrue de l’arme, l’objectif était aussi l’indépendance du duc vis-à-vis de l’apport traditionnel des villes en la matière93. Les défaites de 1476-1477 changent temporairement la donne. D’une part, le fameux butin suisse révèle l’ampleur des pertes matérielles subies94. D’autre part, les rangs des spécialistes du prince sont décimés. Or ces artisans-soldats s’avèrent difficiles à remplacer : une véritable lutte entre prince, villes et pouvoirs étrangers se déclenche pour s’assurer leur savoir-faire95. Temporairement, la Recette de l’artillerie est même abolie et son receveur se retrouve emprisonné à Bruxelles96. Si la Recette est rapidement rétablie, les montants qui y sont alloués sont désormais insignifiants : 6 769 l. en 1479, pourtant l’année du siège de Thérouanne et des ambitions de reconquête de l’Artois par Maximilien, pour 78 193 l. en 1474, celle du siège de Neuss97. Bien qu’en 1481, 90 À ce propos, voir Ph. Contamine, La Guerre au Moyen Âge, 6e éd., Paris, 2003, pp. 297-300. 91 H. Cools, The Burgundian-Habsburg Court as a Military Institution from Charles the Bold to Philip II, dans The Court as a Stage. England and the Low Countries in the Later Middle Ages, éd. S. Gunn et A. Janse, Woodbridge, 2006, p. 164. 92 Comparez, sur le rôle de la garde dans cette mise à distance du prince (ibid., pp. 162-163), ainsi que, sur la dépersonnalisation du pouvoir sous Charles (é. Lecuppre-Desjardin, Le Royaume inachevé, op. cit., passim). 93 À ce propos, voir en particulier M. Depreter, De Gavre à Nancy, op. cit., pp. 181-184. 94 F. Deuchler, Die Burgunderbeute. Inventar der Beutestücke aus den Schlachten von Grandson, Murten und Nancy, 1476-1477, Berne, 1963 ; Die Burgunderbeute und Werke burgundischer Hofkunst (18. Mai20. September 1969), éd. R.L. Wyss, Berne, 1969. 95 Voir, en particulier, M. Depreter, Les Canonniers-fondeurs des ducs de Bourgogne. Recrutement, implantation et rapports au prince (v. 1450-1494), dans Cuivres, bronzes et laitons médiévaux. Histoire archéologie et archéométrie des productions en laiton, bronze et autres alliages à base de cuivre dans l’Europe médiévale (12e-16e siècles), éd. N. Thomas et P. Dandridge, Namur, 2018, pp. 169-180 (ici pp. 173-175). 96 M. Depreter, Estoit moult belle, op. cit., t. 1, pp. 38-40. 97 Lille, ADN, B 2099, ff. 54v-57v ; Lille, ADN, B 2118, ff. 87v-88v.

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l’investissement princier monte à 14 274 l. et bien que la volonté de Maximilien de reprendre la politique du Hardi en matière d’artillerie transparaît dans les sources, notamment par le biais des fontes effectuées à la fonderie ducale98, elle se heurte aux réalités des ressources humaines et financières : l’uniformisation des calibres est désormais moins systématique – aucun programme d’armement n’étant dressé ou réalisé – et l’arsenal central de Lille est bientôt temporairement désaffecté (1485)99. Les structures de production et d’encadrement établies semblent réduites100. Dès lors, le prince doit derechef s’appuyer sur l’artillerie communale, un appui qui, s’il lui est acquis pour la défense du territoire, n’est pas sans contreparties politiques pour toute entreprise offensive101.

4. Conclusion Sous le principat de Marie de Bourgogne, les armées reflètent bien la modification des rapports de force entre les pouvoirs politiques traditionnels des pays bourguignons après la bataille de Nancy. Face à l’abondante législation d’un Charles le Hardi, le principat de la duchesse se trouve manifestement dépourvu de textes fixant les structures militaires. Face à l’urgence, la mobilisation rapide des forces vives du pays l’emporte sur l’érection de cadres organisationnels favorisant les intérêts princiers. Quand législation il y a, elle émane d’assemblées représentatives désireuses de rétablir des levées coutumières. Ce retour à la coutume explique l’absence de l’écrit, aucun des pouvoirs ne désirant voir fixé sur parchemin un service dû dans le temps et dans l’espace à la dynastie, service qui peut être un objet de négociation entre prince, seigneurs et communes. Gardons-nous toutefois d’exagérer la rupture. Au final, celle-ci semble plutôt conjoncturelle que structurelle. D’une part, aux effectifs et moyens certes réduits, les compagnies d’ordonnance, la garde et le corps d’artillerie se maintiennent. Ces institutions pourront reprendre vigueur dans le futur ou, dans le cas de compagnies d’ordonnance peut-être trop investies par une noblesse non nécessairement fidèle aux intérêts du prince, être remplacées par une infanterie plus sûrement au service de Maximilien lorsque ce dernier recouvrera une marge de manœuvre financière suffisante. D’autre part, la participation militaire active des vassaux et sujets dans le cadre de la défense du pays s’inscrit dans une longue tradition à laquelle Charles le Hardi n’a jamais renoncé. Une ordonnance de 1473 mobilisa même explicitement les fieffés et les milices communales pour la défense du pays alors que le prince comptait emmener toutes les compagnies d’ordonnance dans une campagne offensive.

98 Lille, ADN, B 2124, fol. 66r-v ; Lille, ADN, B 3524, no 124900, édité dans M. Depreter, Estoit moult belle, op. cit., t. 2, pp. 158-160, annexe 47. 99 M. Depreter, Estoit moult belle, op. cit., t. 1, pp. 127, 160. 100 Ibid., t. 1, pp. 239-245. 101 Ibid., t. 1, pp. 226-228.

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Défensive plutôt qu’offensive, la nouvelle situation militaire permit néanmoins aux États, mais aussi aux seigneurs ou aux villes particulières, de prendre en main l’organisation des armées, devenant ainsi un outil assurant leur poids participatif dans les décisions politiques en 1477. Des efforts réels du prince pour se dégager d’une trop forte dépendance vis-à-vis de ces pouvoirs se traduisent au niveau des institutions militaires permanentes qu’il tente, tant bien que mal, de rétablir. Néanmoins, l’argent manquant, le contrôle de ces institutions lui échappe, à tout le moins partiellement, au profit des villes et des États. Dès lors, une forme d’interdépendance semble s’imposer : interdépendance entre types de pouvoirs – princier, seigneurial, communal – mais aussi entre principautés constitutives de l’État composite « bourguignon » dont les moyens militaires sont chapeautés par le corps du prince qui assure leur cohésion en assumant le commandement militaire supérieur. Sous l’angle des structures militaires, ce constat pose la question de l’intégration des forces vives de cet État. Cette intégration militaire variable dans des structures locales, principautaires ou étatiques mériterait d’être étudiée dans la durée. À cet égard, formulons ici l’hypothèse que, au regard des structures des armées comme de la nature de l’entité politique bourguignonne, le décès de la duchesse aura, au final, plus d’impact que celui de Charles, malgré un état de faiblesse financière et militaire du pouvoir central mettant temporairement les États sur le devant de la scène en 1477-1479. Du vivant de Marie, Maximilien reprend en effet la politique du Hardi en matière de financement et de structures militaires, certainement après Guinegatte avec l’introduction massive de mercenaires d’origine germanique, le rétablissement des cadres de la garde, et des investissements plus substantiels dans l’artillerie ducale102. Cette politique en matière militaire reflète d’ailleurs la politique générale de ce prince103. Néanmoins, se heurtant comme son prédécesseur à la résistance des États, en particulier en Flandre, entrant bientôt en révolte ouverte contre un prince étranger, ce ne sera qu’avec l’arrivée en 1488 d’Albert de Saxe qu’une nouvelle stratégie financière et militaire basée sur l’étranglement lent des villes par la faim plutôt que par la force permettra d’établir un nouveau rapport de force à l’issue des guerres civiles104.

102 Si l’arrivée en plus grand nombre de mercenaires germaniques dans les Pays-Bas dès 1480 constitue certes une rupture par rapport à l’après-Nancy (A. Sablon du Corail, Les étrangers, op. cit., pp. 410-412), ce changement de cap nous semble à nouveau plus conjoncturel que structurel et reflète des conceptions déjà présentes sous Charles le Hardi, les Allemands prenant la place des Italiens, on l’a dit. 103 À ce propos, voir J. Haemers, For the Common, op. cit., pp. 18-85. 104 Pour la nouvelle stratégie financière et militaire adoptée par Albert de Saxe en 1488, voir A. Sablon du Corail, L’État princier à l’épreuve, op. cit., passim. À propos de la résistance passive des États de Flandre et de Brabant sous Charles le Hardi, voir M. Depreter, Estoit moult belle, op. cit., t. 1, p. 368, ainsi que Id., Guerre, charroi et corvées. Les abbayes brabançonnes et le pouvoir princier au bas Moyen Âge, dans R.B.P.H., t. 96, 2018, pp. 327-348.

Jean-Marie Yante 

16. Le règne de Marie de Bourgogne et l’économie des Pays-Bas dans la seconde moitié du xve siècle On connaît le célèbre passage de Philippe de Commynes sur les terres de promission que sont les États de la Maison de Bourgogne1. En 1961, dans la Revue du Nord, Raymond van Uytven soumettait cette affirmation à une critique rigoureuse pour la Flandre et le Brabant2 et, 35 ans plus tard dans les Mélanges Uyttebrouck, il proposait une « récapitulation » à l’échelle des Pays-Bas3. Entretemps, lors de la commémoration en 1977 du 500e anniversaire de la bataille de Nancy, Henri Dubois se demandait « si la disparition du Téméraire, de par les difficultés politiques et les changements territoriaux qu’elle a inaugurés, a agi sur la vie économique, et en quelle mesure ». Au terme de son analyse, il concluait qu’« il n’y a […] pas eu de rupture dans la vie économique en 1477, ou à cause de 1477. Il y a eu une secousse, inégalement ressentie »4. Le présent propos est de replacer le règne de Marie de Bourgogne dans l’évolution économique des Pays-Bas durant la seconde moitié du xve siècle. Il bénéficie des travaux des éminents devanciers qui viennent d’être mentionnés, et est forcément tributaire des recherches des dernières décennies, qu’il s’agisse des réalités agricoles, de l’industrie, de l’artisanat, du commerce, de la monnaie ou du crédit.

1. L’agriculture Les données relatives à l’agriculture, plus particulièrement à la production céréalière, résultent d’investigations dispersées dans l’espace et relevant de diverses problématiques. À Bruges, à Louvain ou à Namur, les prix céréaliers sont à la hausse des alentours de

1 Philippe de Commynes, Mémoires sur Louis XI (1464-1483), éd. J. Dufournet, Paris, 1979, p. 45. 2 R. van Uytven, La Flandre et le Brabant, « terres de promission » sous les ducs de Bourgogne ?, dans R.N., t. 43, 1961, pp. 281-317. 3 Id., La Conjoncture commerciale et industrielle aux Pays-Bas bourguignons. Une récapitulation, dans Les Pays-Bas bourguignons. Histoire et institutions. Mélanges André Uyttebrouck, éd. J.-M. Duvosquel, J. Nazet et A. Vanrie, Bruxelles, 1996, pp. 435-468. 4 H. Dubois, 1477, une rupture dans la vie économique des pays bourguignons ?, dans Cinq-centième anniversaire de la bataille de Nancy (1477). Actes du colloque organisé par l’Institut de recherche régionale en sciences sociales, humaines et économiques de l’Université de Nancy ii (Nancy, 22-24 septembre 1977), Nancy, 1979, pp. 147-174 (ici pp. 150, 171).

Jean-Marie Yante • Université catholique de Louvain Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 275-285.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122545

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1463-1464 jusqu’au début de la décennie 1490. Cette conjoncture doit-elle être mise en rapport avec la dévaluation de la monnaie de compte ? Celle-ci n’expliquerait que faiblement l’ascension des cours, laquelle s’est également produite en d’autres lieux, tel Paris, où la dépréciation n’est pas comparable. L’influence de l’évolution démographique –  de graves épidémies sont attestées dans la décennie 1480 – mériterait d’être scrutée. Dans le Brabant, aux environs de Bruxelles et de Louvain, aucun effondrement durable de la production céréalière (froment, seigle ou blés de printemps) n’est patent après 14775. Dans le Luxembourg, au lendemain de l’installation des Bourguignons, un redressement de la production se dessine dans certains domaines princiers. Aux environs d’Arlon, la décennie 1460-1469 constitue un palier auquel succède un renversement rapide et spectaculaire. La moyenne décennale 1480-1489 accuse une perte de 81,6% par rapport à 1460-1469. En 1478 et 1481, à cause des hostilités, aucun champ n’est ensemencé ni en froment ni en seigle. Une reprise réelle s’amorce à la fin de la décennie 1480 et, pendant un demi-siècle, la tendance est à la hausse, la production demeurant toutefois en deçà de son niveau des années 1460. Le domaine de Luxembourg connaît pareillement une chute à la fin de la décennie 70, sensiblement de même ampleur que dans les campagnes arlonaises. Un redressement est également perceptible dès les dernières années 1480 et s’y avère plus vigoureux6. Les opinions de Raymond van Uytven et de Marie-Jeanne Tits-Dieuaide divergent quant au volume des importations de blés des pays de la Baltique. Le premier dénonce la tendance à surestimer l’arrivée de ces grains, laquelle n’acquiert de l’ampleur qu’aux alentours de 1475-14807.

5 Ibid., pp. 152-157. 6 J.-M. Yante, Le Luxembourg mosellan. Productions et échanges commerciaux. 1200-1560, Bruxelles, 1996, pp. 49-51. On se référera également aux enquêtes publiées à la fin de la décennie 1970 sur les mouvements décimaux dans plusieurs contrées des Pays-Bas : Productivity of Land and Agricultural Innovation in the Low Countries (1250-1800), éd. H. van der Wee et E. Van Cauwenberghe, Louvain, 1978 ; Landbouwproduktiviteit in Vlaanderen en Brabant 14de-18de eeuw, éd. A. Verhulst et C. Vandenbroeke, Gand, 1979. Dans le premier ouvrage, H. van der Wee évoque des difficultés de 1437 à 1495 (H. van der Wee, The Agricultural Development of the Low Countries as revealed by the Title and Rent Statistics, 1250-1800, dans Productivity of Land, op. cit., pp. 6-9). A. Verhulst et C. Vandenbroeke constatent, quant à eux, un rétablissement du niveau antérieur dans la première moitié du xve siècle puis une chute à la fin de celui-ci (A. Verhulst et C. Vandenbroeke, Inleiding, dans Landbouwproduktiviteit, op. cit., p. xvi). Dans le comté de Hainaut, du point de vue frumentaire, « à la profonde dépression de 1460 à 1473 succède une période de crises violentes » (G. Sivery, Structures agraires et vie rurale dans le Hainaut à la fin du Moyen Âge, t. 2, Lille, 1980, pp. 550-551). 7 M.-J. Tits-Dieuaide, La Formation des prix céréaliers en Brabant et en Flandre au xve siècle, Bruxelles, 1975, pp. 156-166, 214-242 ; R. van Uytven, Politiek en economie. De crisis der late xve eeuw in de Nederlanden, dans R.B.P.H., t. 53/4, 1975, pp. 1097-1149 (ici p. 1112).

L e R ègn e d e M ar i e d e B o u rg o g n e e t l’éco no mi e d e s Pays-Bas

2. L’artisanat et l’industrie Dans le domaine de l’artisanat et de l’industrie, le regard doit forcément se focaliser sur l’évolution du secteur textile, essentiellement en Flandre et dans le Brabant, et sur la vitalité de la métallurgie en pays mosan. Déjà à l’époque de Philippe le Bon, les draps flamands et brabançons, naguère fort recherchés, subissent une concurrence grandissante. Des tentatives de diversification, par la production de tissus plus légers et en recourant à des laines meilleur marché, ne sont pas couronnées de succès. Les étoffes des Pays-Bas restent toutefois bien présentes sur le marché européen. Quoique le secteur demeure le premier pourvoyeur d’embauche dans de nombreuses villes, le déclin de la draperie urbaine n’est pas moins patent. Les causes en sont multiples. Une industrie drapière apparaît en Hollande, en Normandie et en Italie du Nord. Le développement du tissage en Angleterre prive les Pays-Bas de débouchés commerciaux ainsi que de la matière première. À certains moments, sous Philippe le Beau, l’importation de draps anglais est prohibée dans ses États. Spécialisés dans des tissus moins coûteux, les centres secondaires résistent mieux que leurs aînés. Et l’on ne peut taire l’influence d’un changement dans la mode et la structure du marché8. Dans la seconde moitié du xve siècle, la draperie brabançonne accuse une reprise temporaire et toute relative, liée à une baisse progressive de la monnaie de compte depuis 1466, à un accroissement des exportations de laines anglaises et à une défaillance du commerce des draps d’Outre-Manche dans les pays de la Baltique. Les gains restent limités : Bruxelles ne compte qu’une quarantaine de maîtres tisserands en 1470 et, à Hérentals, les tisserands et les foulons en grand nombre quittent la ville9. Tout élan est brisé lors de la crise politique, économique et sociale des dernières décennies du siècle. Le fait s’observe à Ypres, Louvain, Hulst, Comines, Courtrai, Lille…10 Dans le Hainaut, en 1481, Maximilien de Habsbourg et Marie de Bourgogne donnent une impulsion décisive, à Mons, à une nouvelle branche de l’industrie textile : la sayetterie. Le déclin d’Arras, spécialisé dans cette production et dont le roi de France vient d’expulser les habitants, contribue au succès de l’entreprise. La

8 Id., La Flandre et le Brabant, op. cit., pp. 292-293 ; Id., La Conjoncture, op. cit., pp. 436-437. Dans une perspective de longue durée, voir H. van der Wee, Industrial Dynamics and the Process of Urbanization and De-Urbanization in the Low Countries from the Late Middle Ages to the Eighteenth Century. A Synthesis, dans The Rise and Decline of Urban Industries in Italy and in the Low Countries (Late Middle Ages,  Early Modern Times), éd. Id., Louvain, 1988, pp. 307-381 (ici notamment pp. 321-329). 9 R. van Uytven, La Draperie brabançonne et malinoise du xiie au xviie siècle. Grandeur éphémère et décadence, dans Atti della « Seconda settimana di studio » (10-16 aprile 1970). Produzione, commercio e consumo dei panni di lana (nei secoli xii-xviii), éd. M. Spallanzani, Florence, 1976, p. 94. 10 H. Dubois, 1477, une rupture, op. cit., p. 165.

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capitale du Hainaut, ainsi que Valenciennes et Tournai seront au xvie siècle de grands foyers d’exportation de petite draperie dans le Sud des Pays-Bas11. Le succès de l’industrie linière, principalement dans le pays d’Alost et la poche de l’Escaut entre Audenarde et Gavere, est dû essentiellement à l’exclusion de la production française dans le contexte de la Guerre de Cent Ans. La toilerie a vécu une croissance soutenue dans la première moitié du xve siècle, connaît un recul temporaire dans la décennie 1450 et une rechute dans les années 1470. Vers le milieu du siècle, le commerce des toiles de lin l’emporte à Anvers sur celui des draps de laine12. À cette époque, parmi les toiles importées en Angleterre, s’observe une baisse de la part flamande au profit des toiles de provenance brabançonne et, dans une moindre mesure, hainuyère ou hollandaise. Les rébellions urbaines expliqueraient le recul des productions flamandes. Les foires d’Anvers et de Bergen-op-Zoom constituent le pivot d’une pratique commerciale centrée dans les « bouches de l’Escaut »13. Quant à la tapisserie, industrie de luxe, elle bénéficie du séjour des souverains bourguignons dans les Pays-Bas et de la renommée internationale que le prestige de leur cour confère aux productions artistiques régionales14. Les métallurgies contribuent largement à l’essor et au rayonnement des régions méridionales des Pays-Bas (comté de Namur et duché de Luxembourg), tout comme de leur voisin liégeois. Dans la seconde moitié du xve siècle, le nombre d’usines ne cesse d’augmenter dans le pays mosan, notamment dans l’Entre-Sambre-et-Meuse où s’entremêlent terres liégeoises et namuroises15. L’expansion du haut fourneau y est lente tout au long du xve siècle. Au xvie siècle, il est le seul instrument de production. La sidérurgie est pareillement bien présente dans le duché de Luxembourg : au nord dans la terre de Durbuy, au sud dans la région de Virton et dans la vallée de la Fensch entre Thionville et Metz16.

11 J.-M. Cauchies, La Législation princière pour le comté de Hainaut. Ducs de Bourgogne et premiers Habsbourg (1427-1506). Contribution à l’étude des rapports entre gouvernants et gouvernés dans les PaysBas à l’aube des Temps modernes, Bruxelles, 1982, pp. 448-449. 12 É. Sabbe, De belgische vlasnijverheid, t. 1, De Zuidnederlandse vlasnijverheid tot het Verdrag van Utrecht (1713), rééd., Courtrai, 1975, pp. 63-163 ; R. van Uyven, La Flandre et le Brabant, op. cit., pp. 296-297 ; Id., La Conjoncture, op. cit., pp. 437-438. 13 M. Boone, Les Toiles de lin des Pays-Bas bourguignons sur le marché anglais (fin xive-xvie siècles), dans P.C.E.é.B., t. 35, 1995, p. 74. 14 R. van Uyven, La Flandre et le Brabant, op. cit., p. 298 ; Id., La Conjoncture, op. cit., p. 438. 15 A. Gillard, L’Industrie du fer dans les localités du comté de Namur et de l’Entre-Sambre-et-Meuse de 1345 à 1600, Bruxelles, 1971, pp. 89-103. 16 M. Bourguignon, La Sidérurgie, industrie commune des pays d’entre Meuse et Rhin, dans A.P.A.É., t. 28, 1963, pp. 93-94 ; article reproduit dans Id., L’ère du fer en Luxembourg (xve-xixe siècles). Études relatives à l’ancienne sidérurgie et à d’autres industries au Luxembourg, Arlon-Luxembourg, 1999, pp. 129164 ; F. Pirotte, L’industrie métallurgique de la Terre de Durbuy de 1480 à 1625. Ses rapports avec la métallurgie liégeoise, dans Bulletin de l’Institut archéologique liégeois, t. 79, 1966, pp. 154-155 ; J.-M. Yante, Le Luxembourg mosellan, op. cit., pp. 106-107 ; M. Dorban, J.-M. Yante et J.-P. Lehners, Quatre siècles de sidérurgie luxembourgeoise (1380-1815), dans Wandlungen der Eisenindustrie vom 16. Jahrhundert bis 1960 / Mutations de la sidérurgie du xvie siècle à 1960, éd. H.-W. Herrmann et P. Wynants, Namur, 1997, p. 117.

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Depuis le xiiie siècle, le travail du laiton, « l’or des dinandiers », participe notablement à la prospérité et à la renommée du pays mosan, singulièrement de Bouvignes la namuroise et de Dinant la liégeoise. Le sac de cette dernière en 1466 par le comte de Charolais, futur Charles le Hardi, amène l’exode de ses habitants. D’aucuns trouvent refuge plus ou moins durablement à Bouvignes, Namur, Huy, Malines, Middelbourg ou Aix-la-Chapelle. Les marchands-batteurs pâtissent par ailleurs, dans les années 1469-1474, de la guerre entre l’Angleterre et les villes hanséatiques. Non sans susciter de nombreux et longs procès, il leur faut procéder à la liquidation de la Compagnie d’Angleterre, puissante association des hommes opérant Outre-Manche. Ceci n’interrompt toutefois pas tout rapport avec ce pays17. Dans la seconde moitié du xve siècle, du plomb et du zinc sont extraits dans le Limbourg, du plomb dans le Namurois. Dans le Limbourg, les fonctionnaires ducaux stimulent la réouverture de mines délaissées et la prospection de nouvelles couches de minerai. La calamine est une matière indispensable à la production de cuivre, mais le revenu des dîmes minières décline fréquemment aux alentours de 1470. En 1480 est instauré le monopole étatique d’achat du plomb dans le duché. Deux ans plus tard, une ordonnance réglemente l’inspection des exploitations et le contrôle de la quantité de main-d’œuvre18. Pour l’heure, de solides études manquent singulièrement en matière de houillerie. Le pays de Liège connaît une croissance continue de son industrie charbonnière jusqu’au xvie siècle, mise à part la période troublée des guerres bourguignonnes et de ses séquelles (1465-1492). Non seulement le combustible fossile est largement utilisé pour la consommation indigène, mais il s’exporte aussi régulièrement vers la Hollande et les Pays-Bas du Sud19. Quelques autres secteurs industriels sont pareillement à évoquer. L’industrie brassicole connaît un remarquable essor après le milieu du xve siècle. Le fait est imputable à un changement dans le choix des consommateurs, qui abandonnent les vins relativement coûteux pour une bière améliorée20. Le travail du cuir et la pelleterie – assurément des mal aimés de l’historiographie – sont en expansion. En cause, une consommation accrue de viande et de laitage entraînant la progression

17 J.-M. Yante, Dinant et Bouvignes, pôles majeurs de la batterie mosane (xiiie-xvie siècles), dans L’Or des dinandiers. Fondeurs et batteurs mosans au Moyen Âge, éd. N. Thomas, I. Leroy et J. Plumier, Bouvignes-Dinant, 2014, p. 18. 18 M. Yans, Histoire économique du duché de Limbourg sous la Maison de Bourgogne. Les forêts et les mines, Bruxelles, 1938, pp. 222, 230 ; R. van Uyven, La Conjoncture, op. cit., p. 439. 19 Cl. Gaier, Huit siècles de houillerie liégeoise. Histoire des hommes et du charbon à Liège, Liège, 1988, p. 146. 20 E. Aerts et R. Unger, Brewing in the Low Countries, dans Production, Marketing and Consumption of Alcoholic Beverages since the Late Middle Ages (Proceedings Tenth International Economic History Congress Leuven, August 1990. Session B-14, éd. E. Aerts, L.M. Cullen et R.G. Wilson, Louvain, 1990, pp. 92-101 ; E. Aerts, Het bier van Lier. De economische ontwikkeling van de bierindustrie in een middelgrote Brabantse stad (einde 14de-begin 19de eeuw), Bruxelles, 1996 (expansion et haute conjoncture, 1440-1475 ; crise et dépression, 1475-1490 ; redressement 1490-1525) ; R. van Uytven, La Conjoncture, op. cit., p. 441.

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de l’élevage en Flandre et en Hollande21. Par contre, vers le milieu du xve siècle, la saunerie pâtit de l’épuisement graduel des tourbières salines et des inondations partiellement provoquées par l’action des tourbiers22. Enfin, la vague du luxe dans les Pays-Bas bourguignons stimule l’orfèvrerie, la sculpture et l’armurerie. Et le nombre de peintres accuse une hausse spectaculaire dans le troisième tiers du siècle23.

3. Le trafic fluvial et terrestre La rareté des séries comptables disponibles handicape sérieusement les tentatives de cerner et de mesurer les courants commerciaux, fluviaux et terrestres, dans la seconde moitié du xve siècle24. La Meuse moyenne a naguère retenu l’attention de Marie-Louise Fanchamps25 et plus récemment de Marc Suttor26. Les documents comptables, fort rares, tardifs et espacés dans le temps, ne permettent pas de saisir et de dater certaines évolutions. À Vireux-Wallerand, proche de Givet, on enregistre 334 passages en 1466-1467 (minimum) et 570 en 1469-1470 (maximum)27. Une mention particulière doit être réservée aux « barques marchandes » assurant des liaisons régulières entre les villes de la vallée et tôt affermées aux métiers des bateliers28. Le fleuve contribue à l’approvisionnement des localités riveraines et de l’arrière-pays en produits de consommation courante et en matières premières indispensables à l’artisanat et à l’industrie. La Meuse moyenne participe aussi à l’écoulement des ressources du pays, notamment en bois et en matériau lithique, et à celui de produits portant au loin la réputation du savoir-faire régional, spécialement dans le secteur des métallurgies du fer et d’autres métaux29.

21 Id., La Flandre et le Brabant, op. cit., pp. 297-298. 22 J.A. Mertens, Biervliet, een laatmiddeleeuws centrum van zoutwinning (1e helft xve eeuw), dans Handelingen der Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te Gent, nlle sér., t. 17, 1963, pp. 105117 ; J.A.J. Vervloet, De exploitatie vóór de bedijkingen, dans Steenbergen in de Middeleeuwen, éd. P.C. Vos et R.M. van Heeringen, Steenbergen, 1972, pp. 113-140. 23 R. van Uytven, La Conjoncture, op. cit., p. 439. 24 Dans cette perspective, on mentionnera Het transport en het stedelijke netwerk in de Zuidelijke Nederlanden, dans Bijdragen tot de Geschiedenis, t. 82/3-4, 1999, pp. 135-310 ; M. Limberger, Regional and Interregional Trading Networks and Commercial Practices at the Port of Antwerp in the 14th and 15th centuries. The Testimony of Merchants and Skippers in Court Records, dans Nuevo Mundo Mundos Nuevos, en ligne, 2016, URL : http://journals.openedition.org/nuevomundo/69938, consulté le 13 septembre 2018. 25 Notamment M.-L. Fanchamps, Le Commerce sur la Meuse moyenne dans la seconde moitié du xve siècle et dans la première moitié du xvie siècle d’après des comptes de tonlieux, dans Histoire économique de la Belgique. Traitement des sources et état des questions. Actes du Colloque de Bruxelles 17-19 novembre 1971 (ier-ive sections), Bruxelles, 1972, pp. 273-296. 26 Entre autres travaux, voir M. Suttor, Vie et dynamique d’un fleuve. La Meuse de Sedan à Maastricht (des origines à 1600), Bruxelles, 2006. 27 M.-L. Fanchamps, Le Commerce, op. cit., p. 283. 28 M. Suttor, Vie et dynamique, op. cit., pp. 444-446, 459-470. 29 J.-M. Yante, Les Transports sur la Meuse moyenne. Les articles et les hommes (xive-xvie siècles), dans Les Hommes, la Meuse, Bouvignes-Dinant, 2013, pp. 23-29.

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Les recettes du tonlieu d’Iersekeroord fournissent quelques indications sur l’évolution des marchés brabançons. Les marchandises qui remontent ou descendent le cours de l’Escaut étant taxées sans distinction, on ne peut établir une balance commerciale avec quelque exactitude. Le montant des droits perçus révèle toutefois l’ascension de ces marchés au xve siècle. Les revenus du péage marquent une dépression vers 1471 pour ne se relever qu’après 149630. En matière de trafic terrestre, deux indicateurs peuvent être mobilisés. L’évolution du grand tonlieu de Brabant est révélatrice du changement essentiel dans la vie des Pays-Bas, à savoir le transfert du centre de l’activité commerciale de Bruges vers les foires du Brabant et surtout vers Anvers31. Dans le lointain Luxembourg, le haut conduit livre l’approche la plus globale du trafic routier, encore que les bestiaux et les vins d’Alsace soient imposés séparément. Le droit est dû quel que soit l’itinéraire suivi mais est perçu principalement à Luxembourg et à Arlon. Le revenu est particulièrement sensible à la conjoncture politique. On observe, après le siège de la capitale en 1443, un redressement rapidement compromis, une flambée sans lendemain en 1462 et 1463, ainsi qu’en 1476. Les guerres burgondo-lorraines et le difficile héritage de Marie de Bourgogne et Maximilien de Habsbourg entraînent alors des pertes considérables. La situation demeure tendue pendant une quinzaine d’années. Le rétablissement, bien en deçà des meilleurs scores du xve siècle, n’est réel qu’au début du xvie siècle. Sur base du taux en vigueur en 1444, le revenu du haut conduit correspond à la taxation annuelle de 254 « convois » en 1449, 380 en 1475 et 287 dans les années 1515-151832.

4. Les destins de Bruges et d’Anvers L’évocation du péage scaldien d’Iersekeroord et du grand tonlieu de Brabant conduit tout naturellement à esquisser le déclin de Bruges et l’essor d’Anvers dans le second xve siècle. Les causes du déclin brugeois sont multiples. L’ensablement du Zwin revêt des proportions de plus en plus alarmantes. En 1470, le mauvais état du port contraint Charles le Hardi à renoncer à rassembler une flotte de guerre à L’Écluse. Des améliorations radicales sont alors projetées. Malgré la remise en état du canal de Bruges à L’Écluse, les travaux effectués en 1486-1487 et l’organisation d’un service de pilotage en 1499, le déclin des ports du Zwin s’avère inexorable. Les désordres en Flandre au décès de Charles le Hardi et durant le gouvernement de Maximilien contribuent à l’effondrement du commerce brugeois. En 1484 et 1488, Maximilien, soucieux de punir les révoltés, intime aux nations étrangères l’ordre formel de s’établir à Anvers. Toutes ne s’y conforment pas. Contrainte de se soumettre en 1490, la ville de Bruges connaît une situation catastrophique mais, par tous les moyens, s’efforce de faire revenir les étrangers dans ses murs. L’étape de la laine espagnole y est officiellement rétablie en

30 R. van Uytven, La Flandre et le Brabant, op. cit., pp. 285, 287-288. 31 H. Dubois, 1477, une rupture, op. cit., p. 167. 32 J.-M. Yante, Le Luxembourg mosellan, op. cit., pp. 236-237.

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1493. La Venise du Nord demeure la véritable bourse aux fourrures de l’Occident. La Hanse, puissance alors déchue, lui reste fidèle. Mais on ne peut oublier que, en 1498, Philippe le Beau défend aux commerçants de séjourner à Anvers au-delà du temps des foires. Principalement marché régional pour la Flandre et ses centres drapiers, Bruges ne peut offrir un fret de retour comparable à celui disponible dans des centres internationaux comme Anvers et Bergen-op-Zoom, où les draps anglais, prohibés en Flandre, se vendent librement33. Qu’advient-il de la position de Bruges comme place financière ? Portinari continue à prêter au gouvernement de Marie de Bourgogne et de Maximilien de Habsbourg. Les difficultés des Médicis en Flandre résultent tout à la fois de la balance commerciale de plus en plus déficitaire des Pays-Bas avec l’Italie et de la prise en charge par l’établissement brugeois des pertes de la filiale londonienne liquidée en 147334.Ce ne sera qu’en 1480 que Laurent de Médicis décidera de se retirer de toutes affaires à Bruges35. Bien que des compagnies italiennes, florentines notamment, s’y maintiennent dans la dernière décennie du siècle, la puissance financière est alors à Anvers. Le port scaldien est assurément le grand gagnant. Un exemple illustre ce propos. Pour les années 1488 à 1513/1514, les archives anversoises conservent une double série documentaire émanant des échevins : les lettres scabinales (« schepenbrieven ») et les certificats (« certificatieboeken ») ou attestations de faits portés à la connaissance de cette autorité. Pour ces années correspondant à un temps de transition dans le déplacement de Bruges à Anvers du centre des affaires en Europe septentrionale, on dispose d’un témoignage chiffrable des groupes d’étrangers présents dans la seconde ou y opérant. Il s’agit assurément de chiffres minima car tous les étrangers ne passent pas devant les échevins. Sur un total de 2 194 individus, on dénombre 1 227 Allemands, 261 Italiens, 247 Français, 216 Britanniques, 171 Espagnols et 72 Portugais36.

33 R. van Uytven, La Flandre et le Brabant, op. cit., pp. 282-286. Parmi de nombreux travaux, voir notamment H. van Werveke, Bruges & Anvers. Huit siècles de commerce flamand, nlle éd., Bruxelles, 1944 ; Bruges et l’Europe, éd. V. Vermeersch, Anvers, 1992 ; R. van Uytven, Stages of Economic Decline. Late Medieval Bruges, dans Peasants & Townsmen in Medieval Europe. Studia in honorem Adriaan Verhulst, éd. J.-M. Duvosquel et E. Thoen, Gand, 1995, pp. 259-269. Sur base de données financières récemment mises en œuvre, le déclin brugeois débuterait plus tôt qu’on l’admet généralement : J.L. Bolton et F. Guidi Bruscoli, When did Antwerp replace Bruges as the Commercial and Financial Centre of North-Western Europe ? The Evidence of the Borromei Ledger for 1438, dans Economic History Review, t. 61/2, 2008, pp. 360-379. 34 H. Dubois, 1477, une rupture, op. cit., p. 168. 35 R. de Roover, The Rise and Decline of the Medici Bank, 1397-1494, Cambridge (Mass.), 1963, p. 348. Voir aussi M. Boone, Apologie d’un banquier médieval. Tommaso Portinari et l’État bourguignon, dans L.M.A., t. 105/1, 1999, pp. 31-54 ; B. Lambert, The Political Side of the Coin. Italian Bankers and the Fiscal Battle between Princes and Cities in the Late Medieval Low Countries, dans Economies, Public Finances and the Impact of Institutional Changes in Interregional Perspective. The Low Countries and Neighbouring German Territories (14th-17th centuries), éd. R. van Schaïk, Turnhout, 2015, pp. 103-112 (ici pp. 110-112). 36 R. Doehaerd, Études anversoises. Documents sur le commerce international à Anvers 1488-1514, t. 1, Paris, 1962, pp. 31-36 ; J.-M. Yante, Le Commerce espagnol dans les Pays-Bas (xve-xvie siècles), dans P.C.E.é.B., t. 51, 2011, pp. 222-223. Sur le port scaldien, voir H. van Werveke, Bruges & Anvers, op. cit. ;

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5. La monnaie et le crédit « Last but not least », il convient d’évoquer l’évolution monétaire dans les Pays-Bas dans la seconde moitié du xve siècle. La question a été étudiée notamment par Peter Spufford dans le cadre de la commémoration déjà évoquée du 500e anniversaire de la bataille de Nancy. Pour lui, « il n’y eut aucun tournant monétaire à la bataille de Nancy, ni rupture, ni même une secousse ». Il regrette l’opinion de certains historiens, dont Raymond van Uytven, pensant que « Charles (le Hardi) était un prince qui manipulait les monnaies dans son propre intérêt ». Selon lui, aucun changement de la politique monétaire n’intervient au lendemain de Nancy. Il faut attendre le gouvernement de Maximilien, comme tuteur de Philippe le Beau, pour que le prince tire d’énormes profits des monnaies, en l’occurrence pour rémunérer les troupes suisses et allemandes venues l’épauler dans sa lutte contre les grandes villes en révolte37. Les changements dans la quantité de monnaie en circulation résultent de l’augmentation, à partir de 1464, des stocks européens d’argent grâce à l’ouverture de nouvelles mines en Saxe et dans le Tyrol et à l’introduction de nouvelles techniques dans les anciennes exploitations. Aux Pays-Bas, les monnaies de Flandre, de Brabant et de Hollande rouvrent en 1466, dans le Hainaut l’année suivante38. Sans revenir sur le destin de la place financière brugeoise, on rappellera que, dans les Pays-Bas, les financiers italiens traversent plusieurs périodes de crise au xve siècle. Après la déconfiture et la fuite des tenanciers brugeois, Philippe le Bon interdit temporairement leurs activités. Son fils supprime à son tour tous les comptoirs et en confisque les biens en 1473, mais les tables sont rétablies après moins de six mois. Une nouvelle saisie des avoirs des Piémontais intervient en 1476, du fait vraisemblablement de considérations d’ordre politique et de besoins financiers du souverain. D’autres péripéties se profilent à l’horizon, dont la révocation temporaire en 1511 par Maximilien, alors régent, de tous les octrois en cours39. En matière de crédit public, des innovations interviennent dans la décennie 1480, en Flandre en tout cas, avec l’émission en 1485 et 1488 de rentes à l’échelle non plus d’une ville mais de la principauté40.

H. van der Wee, The Growth of the Antwerp Market and the European Economy (Fourteenth-Sixteenth Centuries), 3 vol., Louvain, 1963 ; Anvers. Douze siècles d’art et d’histoire, éd. K. van Isacker et R. van Uytven, Anvers, 1986. 37 P. Spufford, Dans l’espace bourguignon. 1477 – un tournant monétaire ?, dans Cinq-centième anniversaire, op. cit., pp. 196-197, 204. 38 Ibid., p. 201. 39 J.-M. Cauchies, La Législation, op. cit., pp. 477-479. 40 J. Haemers, A Financial Revolution in Flanders ? Public Debt, Representative Institutions and Political Centralisation in the County of Flanders during the 1480s, dans Economies, Public Finances, op. cit., pp. 135-160.

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6. Quelle(s) action(s) économique(s) à l’actif de Marie de Bourgogne ? La brièveté du règne de Marie de Bourgogne n’interdit nullement de recenser ce qui a été entrepris (sans pouvoir toujours en apprécier le succès), de mesurer des évolutions à court terme mais, exception faite du comté de Hainaut et partiellement du duché de Luxembourg, on manque d’un relevé des dispositions édictales et, du point de vue statistico-comptable, les études font largement défaut. On est donc condamné, avant tout, à un plaidoyer pour de futures investigations. Le Hainaut bénéficie des travaux de Jean-Marie Cauchies qui a recensé une soixantaine d’ordonnances émanant de Marie de Bourgogne (et de son époux), parmi lesquelles des ratifications de franchises, des ordonnances monétaires, l’autorisation de commercer avec Tournai et le Tournaisis, des défenses d’exportation des grains, des dispositions relatives au commerce des chevaux et des concessions de revenus d’accises41. S’y ajoute, le fait a déjà été mentionné, un octroi pour la sayetterie montoise. Dans le Luxembourg, on relève en 1480 cinq confirmations de privilèges corporatifs42 et quelques ordonnances révélant des préoccupations fiscales et/ou commerciales, comme la confirmation du droit d’étape dans la capitale43 et celle du traité commercial séculaire avec Trèves44. Plus intéressant, en 1480, sur requête de la municipalité de Luxembourg, Marie et Maximilien tentent – vainement en l’occurrence – d’obliger tous les voituriers venant de Bourgogne ou d’ailleurs et gagnant le Brabant, la Flandre ou autres (pays) de par deçà, à prendre à nouveau le chemin de Luxembourg. Leur souci est tout à la fois d’assurer un meilleur rendement du hault passaige et d’attirer dans la ville, durement touchée par les guerres, des marchands susceptibles de s’y arrêter45.

7. En guise de conclusions L’expression ressassée à souhait de « terres de promission » doit être sérieusement nuancée pour le second xve siècle dans les Pays-Bas bourguignons puis habsbourgeois.

41 J.-M. Cauchies, Liste chronologique des ordonnances de Charles le Hardi, Marie de Bourgogne, Maximilien d’Autriche et Philippe le Beau pour le comté de Hainaut (1467-1506), dans Bulletin de la Commission royale pour la Publication des Anciennes Lois et Ordonnances de Belgique, t. 31, 1982-1984, pp. 40-55. 42 J.-M. Yante, Les Métiers dans le pays de Luxembourg-Chiny (xive-xvie siècles), dans Les Métiers au Moyen Âge. Aspects économiques et sociaux. Actes du Colloque international de Louvain-la-Neuve, 7-9 octobre 1993, éd. P. Lambrechts et J.-P. Sosson, Louvain-la-Neuve, 1994, p. 382, n. 11 ; p. 393, n. 62 ; p. 400, n. 92 ; p. 401, n. 94 ; pour Namur, Cartulaire de la commune de Namur, éd. St. Bormans, t. 3, Namur, 1876, pp. 201-224, no 227. 43 F.-X. Würth-Paquet et N. van Werveke, Cartulaire ou recueil de documents politiques et administratifs de la ville de Luxembourg. De 1244 à 1795, Luxembourg, 1881, pp. 127-128, no 56. 44 F.-X. Würth-Paquet, Table chronologique des chartes et diplômes relatifs à l’histoire de l’ancien pays de Luxembourg, dans Publications de la Section historique de l’Institut grand-ducal de Luxembourg, t. 35/2, 1879, no 169. 45 Id. et N. van Werveke, Cartulaire, op. cit., pp. 132-133, no 59.

L e R ègn e d e M ar i e d e B o u rg o g n e e t l’éco no mi e d e s Pays-Bas

Le sort de Bruges et celui d’Anvers sont alors scellés, assurément en sens opposé. Aux dires de Raymond van Uytven, déjà largement mis à contribution, « le marché intérieur et le commerce international se sont conjugués pour façonner les aléas de l’économie dans les Pays-Bas au xve siècle »46. On ajoutera que les soubresauts politiques, ceux notamment du difficile gouvernement de Marie et de Maximilien, ont pareillement pesé d’un poids considérable. Peut-on parler de politique économique des dynastes ? Bernard Guenée a naguère repoussé à la fin du xve siècle, voire à l’aube du xvie siècle, l’apparition de véritables politiques économiques47. Alors que René Gandilhon avait consacré en 1941 sa dissertation doctorale à la Politique économique de Louis XI48, Jean Favier, 60 ans plus tard, déniait à ce roi et à ses conseillers « une vision d’ensemble de la répercussion à moyen terme des décisions à court terme qui doivent assurer l’autonomie du royaume »49. À l’évidence, il convient de distinguer « politique économique », dans l’acception actuelle du terme, et « décision économique », répondant à une demande des sujets, émanant d’une initiative princière ou résultant de la rencontre de desiderata et d’une action délibérée plus ou moins étalée dans le temps50. Henri Dubois s’est livré à un premier relevé des domaines d’intervention du prince dans la sphère économique51. Seul un patient repérage des actes normatifs (les ordonnances)52 et des sources de la pratique (documents comptables et judiciaires notamment) permettra peu à peu de cerner cette action, d’en apprécier la cohérence et d’en mesurer les résultats.

46 R. van Uytven, La Conjoncture, op. cit., p. 450. 47 B. Guenée, L’Occident aux xive et xve siècles. Les États, 4e éd., Paris, 1991, pp. 223-224. 48 R. Gandilhon, Politique économique de Louis XI, Paris, 1941. 49 J. Favier, Louis XI, Paris, 2001, pp. 860-861. 50 J.-M. Yante, Acteurs et processus de la décision économique dans les Pays-Bas (xive-xvie siècles). Sources et premiers constats, dans P.C.E.é.B., t. 57, 2017, pp. 215-216. 51 H. Dubois, Le Pouvoir économique du prince, dans Les Princes et le pouvoir au Moyen Âge. Actes du xxiiie congrès de la Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public (Brest, 1992), Paris, 1993, pp. 229-246. 52 Une première tentative dans J.-M. Yante, Philippe le Bon et l’économie des Pays-Bas. L’apport des ordonnances, dans Pour la singuliere affection qu’avons a luy. Études bourguignonnes offertes à JeanMarie Cauchies, éd. P. Delsalle, G. Docquier, A. Marchandisse et B. Schnerb, Turnhout, 2017, pp. 537-549.

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17. Entre continuité dynastique et pouvoir du luxe La « Petite Italie » de Marie de Bourgogne 1. Avant-propos. Des biens et des hommes à la mode italienne Dans un ouvrage capital pour l’étude des relations diplomatiques et culturelles entre la cour de Bourgogne et l’Italie, Richard Walsh voit dans la mort de Charles le Téméraire le crépuscule d’un âge d’or, celui de la présence italienne à la cour de Bourgogne. Fort bien représentée par des générations entières d’humanistes, de diplomates et de marchands, la composante curiale italienne semble tomber en disgrâce suite à la disparition de son plus grand protecteur, marquant ainsi le début de ce que l’auteur qualifie de véritable « dispersal of the Italians from the Court »1. À l’appui de cette hypothèse, Walsh cite la fuite et l’exode, au lendemain même de la mort du Téméraire, des humanistes et des hommes d’affaires, c’est-à-dire des personnes actives dans deux des sphères les plus emblématiques et les plus souvent associées à l’Italie : la culture classique et l’argent. Pourtant, tous les Italiens n’abandonnent pas les Anciens Pays-Bas. Médailleur cultivé et nourri de culture classique, Giovanni Candida, par exemple, semble demeurer quelques années au service de la duchesse Marie et de Maximilien de Habsbourg en qualité de secrétaire. Pour sa part, l’homme d’affaires Tommaso Portinari (Florence, 1424-1501) ne quitte pas les Anciens Pays-Bas malgré les difficultés financières qu’il connaît après la mort de Charles le Téméraire, son principal client. Il continue de se consacrer au commerce d’étoffes précieuses et à la diplomatie (Ill. 36)2. En réalité, le départ de quelques personnages importants, au lendemain de la mort du Téméraire, ne peut expliquer une situation très complexe et en constante évolution : loin d’abandonner totalement l’État bourguignon, les Italiens y demeurent et continuent d’y incarner une composante sociale essentielle. C’est précisément de la dissonance entre la vision d’une historiographie traditionnelle et une analyse approfondie des sources qu’est né cet article. Son objectif est d’examiner les carrières d’un nombre d’hommes d’affaires

1 R.J. Walsh, Charles the Bold and Italy, 1467-1477. Politics and personnel, Liverpool, 2005, pp. 178-192. 2 F. Veratelli, Folco et les autres. Documents inédits sur une génération oubliée de Portinari dans les Flandres, dans Revue de l’Art, t. 177/3, 2012, pp. 11-12.

Federica Veratelli • Università degli Studi di Parma Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 287-298.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122546

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appartenant à de grandes familles marchandes italiennes installées depuis des générations en Europe du Nord, et particulièrement actifs à la cour de Bourgogne entre 1477 et 1482. C’est cette véritable « Petite Italie » que nous allons mettre en lumière en nous appuyant sur une sélection de documents issue du dépouillement systématique d’une partie de la comptabilité centrale des ducs de Bourgogne, celle de la chambre de comptes de Lille, aujourd’hui conservée aux Archives départementales du Nord à Lille. Cette documentation permet en effet de caractériser les activités exercées à la cour de Bourgogne par des générations entières de marchands italiens, d’origine florentine pour la plupart3. Leurs carrières et leurs affaires présentent deux grands traits distinctifs : elles s’enracinent dans le commerce du luxe qui semble être le secteur que privilégie la communauté italienne proche de la cour ; elles se caractérisent par une fidélité quasi inébranlable envers la Maison de Bourgogne-Habsbourg, sorte de fidélité « dynastique » puisqu’elle traverse les générations successives de marchands, et qu’elle ne cessera d’être récompensée et encouragée par la maison régnante. Une petite parenthèse s’impose ici. De quel type de luxe s’agit-il ? En fait, il existe deux activités auxquelles les Italiens sont le plus souvent associés dans les documents : les prêts aux princes suite à la mise en gage de joyaux ducaux et la fourniture de biens de luxe pour la cour. En recherchant les traces de leurs échanges commerciaux dans le secteur du luxe, nous découvrons des informations sur les origines, la biographie et la carrière de ces Italiens actifs entre l’Italie et les Anciens Pays-Bas. Mais ce n’est pas tout. Nous en apprenons davantage sur leurs activités, dans leur patrie comme à l’étranger, sur leurs biens et parfois sur les commandes qu’ils passent, le plus souvent à des peintres flamands renommés comme Hans Memling ou d’autres artistes actifs à Bruges entre la fin du xve siècle et le début du siècle suivant.

2. Marchands. Luxe sur gage Le 6 février 1477, Pierre Bogard, doyen de Saint-Donatien de Bruges, et Guy de Baenst, tous deux conseillers de Marie de Bourgogne, dressent une liste des différentes pièces constituant la vaisselle d’argent de la collection ducale, dont s’occupe le garde des joyaux, Woultre van Heusden. Ce trésor fait l’objet d’un inventaire détaillé en vue de sa mise en gage destinée à garantir un prêt de 20 000 l. pour résister à l’invasion française4. Nous laissons ici aux spécialistes les questions politiques et stratégiques pour attirer l’attention sur la valeur esthétique et artistique de ce trésor dont font partie plusieurs pièces d’orfèvrerie d’art, telles que des représentations de saints et des scènes sacrées en argent, des drageoirs, pots de diverses tailles, gobelets, sallieres, escuelles, tasses, flascons, etc.

3 Id., À la mode italienne. Commerce du luxe et diplomatie dans les Pays-Bas méridionaux, 1477-1530, Villeneuve d’Ascq, 2013. 4 Ibid., pp. 135-146, no 1.

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Nous ne possédons aucune information sur les auteurs de ces pièces et il paraît impossible d’en retracer la reproduction dans la mémoire figurative de l’époque5. Par contre, nous savons de manière certaine à quelles mains ce trésor est confié ; des mains habituées à manipuler de fortes sommes d’argent : celles du Florentin, Pierre Antoine Bandin, autrement dit Pierantonio Bandini Baroncelli, gouverneur de la banque de la famille Pazzi à Bruges, immortalisé avec son épouse Maria Bonciani par un maître néerlandais anonyme dans un double portrait conservé aux Offices, daté de 1480-1490 et peut-être peint à l’occasion de leur mariage (Ill. 37-38)6. Ces deux portraits révèlent, comme l’a suggéré P. Nuttall, « une réelle immersion dans la haute société brugeoise, la recherche d’un style de vie bourguignon à la façon de Tommaso Portinari ». Ils témoignent d’une assimilation de la culture curiale bourguignonne par le couple ; cette adoption étant tout particulièrement perceptible à travers la magnificence des intérieurs, la préciosité et le faste des livres de prière, des bijoux – notamment ceux portés par Maria Bonciani, peu différents de ceux arborés par Maria Portinari (Ill. 39) – et des vêtements7. Comme l’a déjà indiqué Aby Warburg, Bandini Baroncelli, qui paraît ne pas avoir plus de 40  ans sur le portrait, est le seul membre de sa famille à remplir des fonctions importantes à Bruges où il est documenté à partir de 14758. Dans les registres de la chambre des comptes de Lille, son nom est souvent associé à diverses affaires, et ce dès 1477. En août de cette année-là, il figure comme mandataire du facteur Tommaso Bertoli, chargé de fournir des draps de soye et autres étoffes précieuses en provenance d’Italie à Marie de Bourgogne à l’occasion de son mariage9. Par la suite, son nom est souvent lié à des prêts d’argent garantis par le dépôt en gage de joyaux et d’objets précieux appartenant aux ducs de Bourgogne10, ou à la fourniture de tissus précieux destinés à divers usages11.



5 Voir, à titre d’exemple, la représentation de la salle des fêtes avec un buffet à gradins servant à l’exposition de la vaisselle précieuse en argent, dans les Chroniques d’Angleterre (c. 1470), Vienne, ÖNB, ms. 2534, fol. 17r, dans Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, éd. S. Marti, T.H. Borchert et G. Keck, Bruges, 2008, p. 270, Ill. 106. 6 Les époux ont été identifiés par A. Warburg grâce à leurs armoiries (trois bandes de gueules sur champ d’argent) qui figurent au dos du portrait masculin et qui sont semblables à celles que l’on rencontre sur les monuments funéraires des Bandini Baroncelli dans leur chapelle de l’église florentine de Santa Croce. A. Warburg, Flandrische Kunst und florentinische Frührenaissance. Studien i, dans Jahrbuch der Preußischen Kunstsammlungen, t. 23, 1902, pp. 247-266 (ici p. 264). 7 P. Nuttall, From Flanders to Florence. The Impact of Netherlandish painting, 1400-1500, New Haven, 2004, p. 72. 8 A. Warburg, Flandrische Kunst, op. cit., p. 202 ; B.W. Mejier, Notice de catalogue no 43, dans Firenze e gli antichi Paesi Bassi. 1430-1530, dialoghi tra artisti, da Jan van Eyck a Ghirlandaio, da Memling a Raffaello, éd. Id. et S. Padovani, Livourne, 2008, pp. 188-191 (p. 190). 9 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 146-149, no 2. 10 Ibid., pp. 135-146, no 1 ; pp. 185-200, no 22. 11 Ibid., pp. 202-203, no 28 ; pp. 237-239, no 35-38 ; p. 240, no 40 ; pp. 248-249, no 44-45 ; p. 250, no 49.

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À l’instar de nombreux marchands italiens de l’époque, Pierantonio prend part à différentes affaires commerciales et occupe des charges d’une certaine importance12. En 1497, il est enregistré comme fermier du tonlieu de Calloo, où est prélevé le tonlieu sur les harengs caqués, fonction pour laquelle il obtient une prorogation de trois ans13. Par ailleurs, on sait qu’il exerce la charge de consul de la nation florentine à Bruges et celle de gouverneur de la filiale brugeoise de la banque des Pazzi14. Sa parenté avec Bernardo Baroncelli, l’un des acteurs de la conjuration des Pazzi (1478) menant à l’assassinat de Julien de Médicis, lui porte sans doute préjudice. Pour autant, sa fuite –  présumée – de Bruges est de courte durée15 au vu de la fréquence à laquelle son nom apparaît dans les documents de la série B de l’année 147816. Ces documents révèlent que Pierantonio décède le 3 septembre 150117. Mais revenons à l’inventaire de la vaisselle dressé en 1477. Les pièces de grande valeur, mises en gage chez Pierantonio et auprès de la banque des Pazzi, donnent lieu à plusieurs versements en faveur de Marie et Maximilien entre 1477 et 148118. On repère une longue série de paiements destinés à réunir le crédit nécessaire, opérations pour lesquelles on eut recourt à des prêts auprès d’autres marchands italiens, dont certains Lucquois résidant à Bruges : Pietro Carincioni et Enrico Arnolfini19. On finit par perdre la trace de cette vaisselle d’argent. Nous apprenons toutefois que Pierantonio Bandini Baroncelli et ses compagnons ont eux-mêmes emprunté une partie du crédit à des marchands anglais, auxquels ils avaient remis en garantie la plupart des pièces d’argenterie qu’ils avaient préalablement reçues en gage20. Ces opérations financières, surtout celles effectuées par les marchands italiens et gagées sur les joyaux des princes, deviennent très fréquentes sous le règne de Maximilien d’Autriche, lequel avait besoin de sommes considérables pour financer ses campagnes militaires21. Comme les bijoux ducaux garantissent

12 Il est l’unique membre de sa famille à occuper une position sociale élevée à Bruges (S. Ammirato, Delle Famiglie dei Baroncelli e dei Bandini, dans I. di S. Luigi, Delizie di Eruditi Toscani, t. 17, Florence, Cambiagi, 1783, pp. 214-215) ; à son sujet, voir B.W. Meijer, Notice de catalogue no 43, op. cit. 13 Calloo (Kallo), village sur l’Escaut, en Flandre orientale, dépendant de la commune de Beveren, non loin d’Anvers. Voir Lille, ADN, B 1611, ff. 267v-268v (Bruxelles, 12 janvier 1497, n.st.) ; pour la prorogation, ibid., ff. 300v-301v (Bruxelles, 2 décembre 1497). 14 B.W. Meijer, Notice de catalogue no 43, op. cit., p. 190. 15 Comme le soupçonnait déjà R. De Roover, The Rise and Decline of the Medici Bank, 1397-1494, Cambridge, 1963, pp. 355, 480 n. 199 (qui cite Folco d’Adoardo Portinari, Lettre à Tommaso Portinari, Bruges, 23 mai 1478, Florence, Archivio di Stato, Regio Arcispedale di Santa Maria Nuova, no 130). 16 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., p. 373 (Bandini Baroncelli, Pierantonio di Guasparre, ad vocem, dans le répertoire des Italiens). 17 Ibid., no 22l. Meijer avance 1499, année de la mort de Pierantonio, comme terminus ante quem pour la réalisation du double portrait (B.W. Meijer, Notice de catalogue no 43, op. cit., p. 190). 18 Ibid., pp. 135-145, no 1a-h. 19 Ibid., pp. 145-146, no 1i. 20 Ibid., p. 135, n. 6. 21 M. Boone, Apologie d’un banquier médiéval. Tommaso Portinari et l’État bourguignon, dans L.M.A., t. 105/1, 1999, pp. 31-54 (ici p. 51).

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les emprunts de l’archiduc auprès des marchands, le contrôle des joyaux devint un enjeu majeur lors des démêlés entre Maximilien d’Autriche et les villes flamandes22. Bien qu’il ne s’agit pas de productions italiennes, ces joyaux présentent un intérêt majeur en raison du rôle joué par les Italiens dans ces transactions et, plus généralement, en ce qu’ils permettent d’élaborer une histoire des objets de luxe. Le recours constant de Maximilien à la mise en gage des joyaux se perçoit bien dans sa correspondance avec Marguerite d’Autriche. Dans une lettre datée du 7 août 1509, ce dernier rappelle à sa fille que, confronté à la nécessité de récolter des fonds pour financer la guerre contre les Vénitiens, il lui faut mettre en gage deux colliers d’or garniz de beaucop de bonnes et riches pierres dont l’un se trouve encore chez les Fugger (es mains des Furkers)23. Les traces de ces transactions subsistent dans les registres de la Recette générale de toutes les finances, ainsi que dans les pièces comptables, les lettres missives et les inventaires des hôtels des archiducs – en effet, ces derniers documents sont souvent accompagnés de descriptions détaillées des bijoux mis en gage24. Les interventions des grandes familles de marchands italiens et toscans en particulier (Cambi, Ricasoli, Martelli, Altoviti, Frescobaldi, Bandini Baroncelli et Portinari) sont ici essentielles et ressemblent à celles de banquiers italiens d’autres villes d’Europe. Il en va ainsi, par exemple, des opérations effectuées par les marchands toscans à Barcelone25. Plusieurs bijoux et joyaux célèbres sont sujets à ces tractations financières auxquelles sont mêlés les Italiens. Il s’agit de bijoux du trésor ducal, dont il est possible de se faire une idée grâce aux représentations de l’époque ou à des objets qui nous sont parvenus – comme dans le cas du célèbre butin de Charles le Téméraire26. On songe en particulier au fameux chapeau ducal ou à

22 Ibid., p. 51 ; R.H. Bautier et J. Sornay, Les Sources de l’histoire économique et sociale du Moyen Âge, 2e sér., Les États de la Maison de Bourgogne, t. 1, Archives centrales de l’État bourguignon, 13841500, Archives des principautés territoriales, 1. Les principautés du Sud, 2. Les principautés du Nord (Supplément), Paris, 2001, p. 56. Sur le crédit dans les villes flamandes et le rôle qu’y jouent les Italiens, voir M. Boone, Le Crédit financier dans les villes de Flandre (xive-xve siècles). Typologie des crédirentiers, des créditeurs et des techniques de financement, dans Barcelona Quaderns d’Historia, t. 13, 2007, pp. 59-78. 23 Maximilien de Habsbourg, Lettre à Marguerite d’Autriche, Bassano, 7 août 1509, Lille, ADN, B 18830, no 25817 (éditée dans Correspondance de l’empereur Maximilien Ier et de Marguerite d’Autriche, éd. A.J.G. Le Glay, t. 1, Paris, 1839, p. 177, no 134). Dans la lettre, il est question d’autres bijoux mis en gage. 24 Comme signalé également dans R.H. Bautier et J. Sornay, Les États de la Maison de Bourgogne, op. cit., 2e sér., t. 1, p. 56. 25 M.E. Soldani, Uomini d’affari e mercanti toscani nella Barcellona del Quattrocento, Barcelone, 2010, pp. 282-283, 509, 544. 26 Le contenu du butin racheté par les troupes confédérées après la bataille de Grandson a été reconstitué à l’occasion de l’exposition Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, op. cit., pp. 332-333. Sur la « Schatzkammer » de Maximilien Ier immortalisée par Dürer sur une gravure de 1515, voir D. Eichberger, Leben mit Kunst, wirken durch Kunst. Sammelwesen und Hofkunst unter Margarete von Österreich, Regentin der Niederlande, Turnhout, 2002, pp. 133-135, no 46 (ici p. 134).

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des bijoux tels que la Rose blanche ou les Trois frères dont nous possédons des représentations27. Grâce aux documents lillois, il est possible d’identifier certains des joyaux mis en gage par Maximilien Ier. Une épée, dont le manche et le fourreau sont faits de licorne et garny de deux cc de six perles sur le pommeau et d’un balays, peut ainsi être rapprochée de l’épée Ainkhürn conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne (Ill. 40)28. Le nom de cette épée et l’admiration qu’elle a suscitée des siècles durant sont dus à la matière légendaire dont seraient faits sa poignée et son fourreau : de la corne de licorne29. L’épée, d’abord propriété de Philippe le Bon, est sans doute l’une des armes d’apparat et de cérémonie réparées par l’orfèvre Gérard Loyet à la demande de Charles le Téméraire ; c’est en référence au relevé du trésor ducal de 1469 que les doubles C opposés de ses attaches ont été assimilés aux initiales de Charles30. Les documents lillois révèlent qu’à l’époque de Maximilien l’épée est constamment mise en gage, surtout auprès de marchands italiens, parmi lesquels apparaissent régulièrement les noms de Pierantonio Bandini Baroncelli et de Folco d’Adoardo Portinari31. Outre l’épée, le trésor ducal compte d’autres objets précieux, dont la Belle nef32 ou le Riche drageoir33, vraisemblablement décrits dans l’inventaire ducal de 146734. Le rôle important joué par le drageoir dans les cérémonies de la cour de Bourgogne, rôle qui retient l’attention d’Olivier de La Marche, pourrait expliquer l’extraordinaire richesse de ce type d’objet35. Maximilien met le Riche drageoir garny de plusieurs perles, dyamans et autres pierres en gage chez des marchands italiens en garantie de prêts considérables. Les documents qui en attestent révèlent l’implication des

27 Voir les notices de catalogue rédigées par G. Himmelheber et S. Marti, Notice no 93a-c ; S. Marti, Notice nos 96-97, dans Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, op. cit., pp. 277-280. 28 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 149-150, no 3a (21 septembre 1477). 29 Sur l’épée, voir la notice de catalogue, avec une description détaillée du bijou, par H. Trnek, Notice no 98, dans Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, op. cit., pp. 280-281. 30 Ibid., p. 281. Les documents lillois ne mentionnent pas les deux médaillons avec la Sainte Vierge et le Christ en croix en émail champlevé, alors qu’ils citent la série de perles sur le pommeau (F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 149-150, no 3a). 31 Ibid., pp. 135-138, no 1a ; pp. 149-151, no 3. Ce n’est qu’en 1630 que l’épée réintègre les possessions impériales grâce à une donation de l’abbé de Fulda (H. Trnek, Notice no 98, op. cit., p. 281). 32 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 135-138, no 1a ; pp. 150-151, no 3b. La description de cette Belle nef (3a) correspond à celle ayant appartenu à Charles le Téméraire, dont on trouve trace dans son inventaire : Item, une nef d’or, le pié garny de iiii rubis, de iiii troches de perles, trois à trois, et est la poingnie faicte de massonerye, et dedens les chapiteaulx a petis personnaiges de hommes et de femmes, le corps de laquelle nef est esmaillé de blanc à petites fleurs de rouge cler, et est la bordure d’icelle garnye de xi rubis et de dix troches de perles, trois à trois, pesant : v m v estrelins (Lille, ADN, B 3500, ff. 27r-v, 34r ; publié dans L. de Laborde, Les Ducs de Bourgogne. Études sur les lettres, les arts et l’industrie pendant le xve siècle, t. 2, Paris, 1851, p. 42, no 2317). 33 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 149-150, no 3a ; pp. 158-171, no 10. 34 Lille, ADN, B 3500 ; publié dans L. de Laborde, Les Ducs de Bourgogne, op. cit., t. 2, pp. 31-33, nos 2261-2262. 35 Drageoir, ad vocem (L. de Laborde, Glossaire Français du Moyen Âge à l’usage de l’archéologue et de l’amateur des arts, précédé de l’inventaire des bijoux de Louis, duc d’Anjou, dressé vers 1360, Paris, 1872, pp. 255-256).

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marchands Giovanni Cambi, les Ricasoli, Niccolò Martelli et les Altoviti (1478-1506), et l’emprunt de sommes importantes36. Outre le Riche drageoir, d’autres objets de très grande valeur appartenant aux ducs passent entre les mains des Italiens. C’est le cas de la Riche manteline parsemée de pierres précieuses37 de Charles le Téméraire, qui est mise en gage à plusieurs reprises auprès de prêteurs florentins. Comme l’indiquent les documents, elle est déposée entre les mains des Portinari pour le compte des Médicis38, et entre celles des Doria39 auprès de qui elle est échangée contre le Riche drageoir40. D’autres séries de documents décrivent minutieusement le passage du bijou appelé Riche fleur de lys entre les mains de Giovanni Cambi en 1482, en garantie d’un prêt de 36 000 l.41, puis, à partir de 1488, entre celles de Tommaso Portinari42. Déposé en gage, dès 1480, chez Tommaso, semble-t-il, le bijou est mis en sécurité chez lui à Florence à l’hôpital de Santa Maria Nuova. Les documents de Lille permettent de suivre l’histoire du bijou jusqu’en 1498, date à laquelle il demeure en possession des Portinari43. Il est racheté par les Habsbourg en 1500 pour un montant de 4 000 ducats et une grande quantité de laine anglaise44. L’aspect précis de la Riche fleur de lys ne nous est pas connu. On peut toutefois s’en faire une idée en recourant aux portraits d’époque, tel celui de Marguerite d’Autriche enfant peint par Jean Hey et conservé au Metropolitan Museum de New York (Ill. 41)45. Même si nous ne pouvons affirmer qu’il s’agisse là du même bijou46, la valeur symbolique de cette fleur de lys – récemment

36 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 158-171, no 10. Sur le Riche drageoir, sur Giovanni Cambi et Gasparre Bonciani, voir aussi la série de documents ibid., pp. 171-173, no 11. 37 Pour un rapprochement, voir la notice rédigée par A. Stauffer, Notice no 86, dans Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, op. cit., pp. 272-273. 38 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 173-177, no 12. 39 Ibid., pp. 206-218, no 32. 40 Ibid., pp. 217-218, no 321. Dans certains inventaires postérieurs sont citées des pierres précieuses qui faisaient partie de la Riche manteline : ainsi, un grand balai qui autrefois a servi à la Riche manteline. Lille, ADN, B 3506, no 123890 (1520-1522) ; signalé dans J. Finot, Inventaire sommaire des Archives départementales du Nord. Archives civiles, t. 8, Série B, Chambre des comptes, nos 3390-3665, Lille, 1895, p. 207. 41 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., p. 203, no 29. 42 Ibid., pp. 226-237, no 34. 43 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 233-237, no 34d. 44 R. De Roover, The Rise and Decline, op. cit., p. 356 ; M. Boone, Apologie d’un banquier médiéval, op. cit., p. 51 ; M.L. Koster, New Documentation for the Portinari Altarpiece, dans The Burlington Magazine, t. 145, no 1200, 2003, p. 178. 45 À propos duquel on verra les observations de P. Lorentz, Children’s Portraits. Between Politics and Family Memories, dans Women of Distinction. Margaret of York, Margaret of Austria, éd. D. Eichberger, Turnhout-Leuven, 2005, pp. 121, 123 n. 25. Sur le tableau, voir la notice de M. Wolff, Notice no 66, dans France 1500. Entre Moyen Âge et Renaissance, éd. G. Bresc-Bautier, T. CrépinLeblond et E. Taburet-Delahaye, Paris, 2010, p. 165 (avec bibliographie antérieure). 46 Les inventaires livrent des informations sur des éléments additionnels : deux angelots et un pied pour la Riche fleur de lys. Lille, ADN, B 3505, no 123857 (1505-1519), signalé dans J. Finot, Inventaire sommaire, op. cit., t. 8, p. 204.

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mise en évidence par l’historiographie relative à ce portrait47 – tient à ce qu’elle contient une relique d’une valeur exceptionnelle48. Enfin, il ne faut pas oublier l’attention accordée à la mise en gage d’autres objets fort précieux, à l’instar des pièces du harnois de guerre de Maximilien garni de pierres precieuses et de perles. Dès 1480, ce harnois permet d’emprunter 3 600 l. grâce à l’intervention de Girolamo Frescobaldi49. La documentation lilloise présente, en date du 2 octobre 1480, un inventaire détaillé de ces pièces permettant de suivre l’histoire de la mise en gage de ce riche harnoiz de jambes (1483-1501), opération à laquelle prennent part Pierantonio Bandini Baroncelli et Girolamo Frescobaldi, puis Giovanni Cambi50. De facture néerlandaise, semble-t-il, l’armure complète ne devait guère différer de celle conservée au Kunsthistorisches Museum, et avec laquelle Maximilien est représenté dans l’Armamentarium Heroicum de J. Schrenck von Notzing51.

3. Marchands. De la soie et des armes Le rôle des Italiens à la cour de Marie de Bourgogne et de Maximilien d’Autriche se manifeste de manière plus concrète encore dans le domaine de l’acquisition d’objets de luxe. Nous nous situons là dans le domaine du faste quotidien que se doit d’entretenir une cour princière européenne comme celle de Bourgogne-Habsbourg. Les produits fournis par les Italiens sont avant tout textiles. Ceux-ci se distinguent par leur qualité, leur quantité, leur variété et aussi par leur présence continue dans les sources. Ils constituent une vaste gamme d’étoffes, transformées ou non – dans ce dernier cas, la destination et le traitement ultérieur sont souvent précisés dans les documents. L’emploi et la destination des produits textiles sont variés, certains étant utilisés pour confectionner des vêtements de cour portés lors de mariages ou de voyages diplomatiques, d’autres pour aménager et décorer des lieux de culte ou des camps militaires. Au rang des fournisseurs de textiles de luxe, on trouve Tommaso Bertoli, facteur du très connu Pierantonio Bandini Baroncelli. Bertoli s’occupe de la fourniture d’une partie des étoffes pour le mariage de Marie de Bourgogne et de Maximilien d’Autriche52, étoffes décrites avec précision dans un inventaire qui en détaille les caractéristiques, les qualités et les quantités53. 47 P. Lorentz, Children’s Portraits, op. cit., pp. 115-123. 48 Parmi les décharges des bijoux, pierreries et joyaux donnés par Philippe, archiduc d’Autriche, prince de Castille, comte de Flandre, à Dierick van Heetvelde, garde de ses joyaux, se trouve celle concernant une pièce de la Vraie Croix enlevée du fleuron droit de la Riche fleur de lys, datée du 6 octobre 1504. Lille, ADN, B 3503, no 123774 (1504-1505), cité dans J. Finot, Inventaire sommaire, op. cit., t. 8, p. 198. 49 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., p. 185, no 22a. 50 Ibid., pp. 186-200, no 22c-l. 51 Innsbruck, Oeniponti, 1601. Sur l’histoire de cette armure et sa tradition figurative, voir C. BeaufortSpontin, Notice no 79, dans Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, op. cit., p. 267. 52 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 146-149, no 2. 53 Ibid., pp. 148-149, no 2b.

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On trouve aussi, dans ce document très intéressant, plusieurs variétés de damas, étoffe très appréciée à la cour de Bourgogne jusqu’aux environs des années 1470, comme en témoignent les portraits officiels des princes. Dans un tableau attribué à Niklas Reiser (c. 1500), Marie de Bourgogne est coiffée d’un hennin (Ill. 42) et vêtue d’une robe de damas italien brodée de larges motifs en forme de grenades54, rappelant la tenue qu’elle porte sur l’une des premières représentations la figurant aux côtés de Maximilien de Habsbourg (Ill. 43)55. À l’occasion de son mariage avec l’archiduc, Marie de Bourgogne commande du damas et d’autres étoffes italiennes aux marchands florentins56. D’une grande variété chromatique (blanc, noir, cramoisi, vermeil, vert, violet, rouge, jaune, bleu gris), d’impression (à deux fleurs, à fleurs d’or, broché d’or, figuré) et de qualité (précieux : bon, fin ; ou plus ordinaire), le damas continue d’être importé à la fin du xve siècle et au début du xvie siècle par les marchands toscans et génois. Le prix du damas, exprimé en sous57, oscille entre 44 et 720 s. l’aune, fourchette peu différente de celle du début du xve siècle58. Les draps de damas sont destinés à la confection de vêtements réservés aux ducs et à la cour, et portés lors d’événements officiels59. Ils sont aussi utilisés pour confectionner des parements militaires60 et liturgiques61, ou encore afin d’orner, entre autres, des chambres à coucher62. Ainsi, par exemple, le damas destiné à la chapelle et à l’oratoire de Maximilien de Habsbourg, fourni par Folco d’Adoardo Portinari, en septembre 147963 ; ou encore ces draps de damas noir offerts à l’oratoire d’Alost, et du drap de damas vermeil destiné à la chapelle privée du duc fournis par Pierantonio Bandini Baroncelli en 148264. La présence d’argent mais aussi et surtout d’or contribue à augmenter la valeur de l’étoffe : c’est le cas du damas brochié d’or, que nous trouvons, en août 1479, dans la livraison de tissus et de fourrures pour le corps et usance d’icellui seigneur (Maximilien de Habsbourg), par Folco d’Adoardo Portinari65. Dans les mêmes fournitures, on trouve aussi du satin, fort apprécié à la cour, notamment pour son aspect lisse et brillant66,

54 Voir K. Schütz, Notice no 167, dans Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, op. cit., pp. 354-355. 55 Voir S. Marti, Notice no 160, dans Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, op. cit., p. 350. 56 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 146-149, no 2. 57 Rappelons que 1 l. de 40 gros de Flandre correspondait à 20 s. 58 S. Jolivet, Les Italiens et le commerce du luxe à la cour de Philippe le Bon, dans P.C.E.é.B., t. 49, 2009, pp. 249-250. 59 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 250-251, no 50. 60 Ibid., p. 255, no 57. 61 Ibid., pp. 180-181, no 15. 62 Ibid., pp. 202-203, no 28. 63 Ibid., pp. 180-181, no 15. 64 Ibid., p. 203, no 28. 65 Ibid., pp. 179-180, no 14. 66 Sur le satin à la cour de Bourgogne à l’époque de Philippe le Bon, voir S. Jolivet, Les Italiens et le commerce du luxe, op. cit., p. 252.

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en particulier du très riche satin cramoisi de Venise dont le prix varie de 4 à 6 l. (80 à 120 s.) l’aune67. Le velours occupe la première place parmi les étoffes que fournissent les Italiens. La fourchette des prix dépend des types de velours et oscille habituellement entre 70 et 240 s. l’aune68. Les draps de velours aux coloris et aux formes variés ont aussi différents usages, allant des pièces de vêtement masculin ou féminin, aux parements liturgiques et aux ornements de chambre à coucher ou de cavalerie (Ill. 44). À la différence de l’époque de Philippe le Bon où l’origine italienne des draps de soie était rarement précisée69, au cours de la période suivante, et en particulier en ce qui concerne le velours, la ville de provenance est la plupart du temps indiquée afin d’identifier clairement le produit. Nous avons donc du velours de Lucques (de Luc / de Lucques), noir et double de préférence, mais aussi cramoisi rouge70 ; du velours de Gênes (de Je[n]nes / Ge[n]nes) surtout noir et double71 ; et le cramoisi rouge de Florence, plus rare72. On peut aussi citer les nombreuses aulnes de velu noir de Gennes fournies par Jehan Nyvart, marchand de draps et facteur de la Maison Médicis à Bruges, et devant servir à Marie de Bourgogne et à ses dames de compagnie pour en faire robes, cotteletes et pluiseure autres habillemens, à l’occasion de ses noces avec Maximilien73. Les étoffes les plus précieuses sont souvent choisies comme cadeaux diplomatiques. C’est le cas du velours cramoisi fourni par Folco d’Adoardo Portinari et destiné aux ambassadeurs d’Angleterre de passage à la cour en 147974. Pour conclure cette évocation des étoffes italiennes, il faut insister sur le rôle clé d’une famille florentine de marchands-banquiers très connue et qui apparaît à maintes reprises dans les documents cités : les Portinari. Hommes d’affaires liés à la banque des Médicis et commanditaires d’œuvres d’art flamandes, les Portinari

67 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 179-180, no 14. Dans l’échantillon des documents exploités, le satin se présente sous diverses formes, pour lesquelles la fourchette des prix oscille entre 42 et 270 s. l’aune. 68 Sur les draps de velours à la cour de Bourgogne, voir S. Jolivet, Les Italiens et le commerce du luxe, op. cit., pp. 251-252. Comme au début du Quattrocento, nous trouvons le velours cramoisi à 117 s. l’aune ; le velours sur velours cramoisi sur toille de satin tres riche à 12 l. l’aune (240 s.), y compris des mentions pour du velu à 5 l. 8 s. l’aune (108 s.), 7 l. et 4 s. (144 s.), 108 s., velours noir riche à 4 l. 16 s. (96 s.). On remarque une inversion de la tendance par rapport à l’époque de Philippe le Bon où l’utilisation du satin dominait. Voir ibid., p. 252. 69 Ibid., p. 249. 70 Normalement le prix de ce double et noir oscille entre 80 et 96 s. l’aune, et celui du bon cramoisi rouge peut atteindre 110 s. Pour la production de draps de soie lucquois et le phénomène de l’émigration des artisans, voir L. Molà, La comunità dei lucchesi a Venezia. Immigrazione e industria della seta nel tardo Medioevo, Venise, 1994. 71 Son prix est d’environ 4 l. et 14 s. l’aune (94 s.). 72 En 1510, son prix est d’environ 10 l. l’aune (200 s.) : F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 348350, no 170. Pour les draps de soie florentins entre Moyen Âge et Renaissance, voir S. Tognetti, Un’industria di lusso al servizio del grande commercio. Il mercato dei drappi serici e della seta nella Firenze del Quattrocento, Florence, 2002. 73 F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., pp. 154-155, no 5. 74 Ibid., pp. 13-14, no 13.

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sont présents dans les Anciens Pays-Bas sur plusieurs générations. Que l’on songe au très célèbre Tommaso mais également à ses cousins ou ses neveux, comme Folco et Benedetto di Pigello, commanditaires de Hans Memling et héritiers des activités commerciales et financières de leur oncle, activités au nombre desquelles il faut rappeler le contrôle du tonlieu de Gravelines, ainsi que leur rôle sans cesse croissant dans l’approvisionnement de la cour en étoffes précieuses75. Une telle continuité s’explique, semble-t-il, par la fidélité, consolidée au fil des ans, du marchand et de son lignage envers la Maison de Bourgogne-Habsbourg. Une fidélité qu’éclaire d’ailleurs un ensemble de lettres de recommandation que Marguerite d’Autriche fait rédiger pour les fils des hommes d’affaires italiens à son service : alors que Giovan Battista Portinari, fils de Tommaso, ou Leonardo Frescobaldi, fils de Girolamo, connaissent des problèmes financiers, ces lettres rappellent les liens qui existent entre les familles de ces marchands et la princesse, de même qu’avec les membres, passés et présents, du lignage de cette dernière. Dans le cas de Portinari, la formule utilisée est claire : sondit pere a tousiours esté bon serviteur de la maison par quoy toute faveur es deue a ses enfans76. C’est précisément aux Portinari que Marie de Bourgogne et Maximilien de Habsbourg s’adressent en plusieurs occasions pour se fournir en étoffes destinées notamment à la confection de vêtements pour leurs enfants : les nombreux documents relatifs aux acquisitions du couple nous renseignent sur leurs goûts. Ils correspondent grosso modo à ceux des principats précédents, par exemple à celui de Philippe le Bon77. Au nombre des autres produits de luxe « made in Italy » ou importés par des marchands italiens, il faut signaler, pour cette période, les harnais de guerre, tels ceux fournis en 1481 par Paolo da Casale (Paule de Cassal), marchand milanais résidant à Bruges et dont les origines ne laissent planer aucun doute quant à la provenance des armures78. Parmi les petites (et curieuses) dépenses, il faut aussi citer certains produits « de luxe » spécifiques, importés d’Italie : de petites chandelles de cire, bénies par le pape en 1481 et en 1482, et que l’on retrouve à deux reprises dans les sources. Dans le premier cas, il s’agit d’une chandelle importée par le plumassier Ghislain Chastel lors d’un voyage à Rome et à Naples, ville d’où il revient en outre

75 Hans Memling, Folco et Benedetto Portinari (1487 ou plus tard), huile sur bois, 35 x 25 cm (chaque panneau), Florence, Galeries des Offices, inv. 1890, no 1101 et no 1123 (disparu). Voir aussi F. Veratelli, Folco et les autres, op. cit., pp. 9-23. 76 Marguerite d’autriche, Lettre à Giovanni Battista Portinari, Anvers, 8 juin 1518. Elle y recommande Giovanni Battista Portinari, fils de Tommaso, auprès de son cousin Philippe de Bourgogne, évêque d’Utrecht ; dans Id., Lettre à un ambassadeur, Gand, juin 1518, elle demande à cet ambassadeur qu’il apporte l’aide nécessaire à la bonne conduite des affaires de Leonardo Frescobaldi, fils de Girolamo. Voir F. Veratelli, À la mode italienne, op. cit., p. 335, nos 151-152. 77 Les noms qui figurent le plus souvent dans les documents au cours de la période comprise entre 1477 et 1482 sont ceux de Folco d’Adoardo et de Tommaso di Folco Portinari (ibid., nos 16, 17, 18, 24, 25). 78 Ibid., pp. 200-201, no 23. Sur la réputation des armures milanaises dans les Anciens Pays-Bas, voir Cl. Gaier, L’Industrie et le commerce des armes dans les anciennes principautés belges du xiiie à la fin du xve siècle, Paris, 1973.

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avec deux chevaux napolitains79. Dans le second cas, Giacomo di Stefano, messager italien du pape Sixte IV, est remboursé de 7 l. et 4 s. pour avoir rapporté de Rome trois chandelles bénies80.

4. Secrétaires et chevaliers Pour compléter ce panorama de la présence italienne à la cour de Marie de Bourgogne et Maximilien de Habsbourg, telle qu’elle se présente dans les documents comptables, mentionnons encore quelques Italiens occupant des fonctions administratives ou institutionnelles précises à la cour. L’analyse des documents lillois nous en apprend par exemple beaucoup sur Giovanni Candida dont la longue carrière est récompensée par sa nomination comme secrétaire des archiducs, par une pension, ainsi que par le défraiement de son voyage de retour à Naples, ville dont il était natif et où il avait l’intention de terminer ses jours81. L’analyse permet également d’épingler la présence de plusieurs chevaliers : Luigi da Rossano, probablement originaire de Rossano Calabro, dans le royaume de Naples, qui signe, le 16 octobre 1477, une quittance de 160 l. pour avoir entretenu ou service de madame la duchesse […] depuis le trespas de feu monseigneur le duc Charles de Bourgoingne, son pere, cui Dieu absoille, jusques a present. La quittance est signée par Giovanni Candida en qualité de secrétaire82. Une autre quittance, du 14 octobre de la même année, octroie à Rondoleto Bulcanno la même somme pour un service équivalant83. Ces personnages exercent ainsi des fonctions importantes à la cour, témoignant de l’existence de rapports fondés sur une fidélité profonde et réciproque entre eux et le lignage de Bourgogne-Habsbourg, fidélité née au temps de Charles le Téméraire et qui se maintient sous le principat de sa fille. * *** La présence des Italiens à la cour de Bourgogne ne s’interrompt donc pas à la mort du duc Charles. Au contraire, les Italiens demeurent une composante essentielle de la cour de Marie de Bourgogne et Maximilien de Habsbourg. La présence italienne contribue aussi, bien que très brièvement, à assurer une transition entre la fin du principat de Charles le Téméraire et le début de celui des Habsbourg. Les Italiens demeurent des spectateurs attentifs et d’infatigables acteurs de cette transition, agents de transmission efficaces d’une certaine culture du luxe et d’un rapport particulier au pouvoir. 79 80 81 82 83

Ibid., p. 202, no 26. Ibid., p. 202, no 27. Ibid., pp. 156-157, nos 6-7 ; pp. 184-185, nos 20-21. Ibid., p. 157, no 8. Ibid., pp. 157-158, no 9.

Giovanni Ricci 

18.  Le nord en Méditerranée Influx franco-bourguignons à la cour des Este entre Charles le Téméraire et Marie de Bourgogne 1. Le portrait bien connu de François d’Este réalisé par Rogier Van der Weyden, aujourd’hui au Metropolitan Museum de New York, constitue le trait d’union le plus marquant entre deux mondes : d’une part, l’Italie – à laquelle appartient le personnage sur ce tableau –, d’autre part, la Flandre, d’où est issu le mouvement artistique des Primitifs flamands auquel l’artiste est rattaché. Il n’est pas dans notre propos ici de présenter la figure de Rogier Van der Weyden, ni d’analyser son tableau. C’est le personnage qu’il représente qui nous intéresse et qu’Ernst H. Kantorowicz a identifié de manière certaine1. Le portrait, daté de 1460 environ, montre François, fils illégitime du marquis de Ferrare Lionel d’Este. Né vers 1430, François quitte Ferrare en 1444 pour les Anciens Pays-Bas, accompagné de l’évêque de Liège Jean de Heinsberg2. La dynastie des Este a engendré beaucoup de bâtards. Même si ceux-ci ne sont pas toujours exclus de la succession et obtiennent souvent des privilèges, leur statut reste précaire. Il arrive donc qu’ils cherchent fortune dans des contrées lointaines3. Éduqué à la cour de Philippe le Bon, François y fait carrière grâce à ses talents et aussi à l’amitié qui le lie à Charles, comte de Charolais, futur Charles le Téméraire. Capitaine de Westerlo, près d’Anvers, et du Quesnoy, dans le Hainaut, François devient également chambellan du duc. Il retourne plusieurs fois en Italie en qualité d’ambassadeur et continue à participer à la vie politique de la Maison d’Este. Son portrait, exécuté par un peintre officiel comme Van der Weyden, reflète son ascension sociale dans les Anciens Pays-Bas. Remarquons qu’un autre bâtard célèbre, actif lui aussi entre les Anciens Pays-Bas et l’Italie, fut également portraituré par le Maître de Tournai : Antoine de Bourgogne, fils de Philippe le Bon, connu aussi

1 E.H. Kantorowicz, The Este Portrait by Rogier van der Weyden, dans Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, t. 3, 1939-1940, pp. 165-180 (repris dans ses Selected Studies, éd. M. Cherniavsky et R.E. Giesey, Locust Valley (N.Y.), 1965, pp. 366-380). Voir aussi L. Campbell, Lord Northwicks’s Collection and Rogier van der Weiden’s Portrait of Francesco d’Este, dans Burlington Magazine, t. 144, 2002, p. 696 ; Cosmé Tura e Francesco del Cossa. L’arte a Ferrara nell’età di Borso d’Este, éd. M. Natale, Ferrare, 2007, pp. 43, 412. 2 A. Marchandisse, Le Prince-évêque de Liège Jean de Heinsberg (1419-1455). Un modèle pour le « Saint Georges » de Pisanello ?, dans Annales de Bourgogne, t. 70, 1998, notamment p. 140. 3 G. Ricci, Les Dangers de la bâtardise. La péripétie de l’état seigneurial des Este entre xve et xvie siècles, dans La Bâtardise et l’exercice du pouvoir en Europe du xiiie au début xvie siècle, éd. É. Bousmar, A. Marchandisse, Chr. Masson et B. Schnerb, Villeneuve d’Asq, 2015, pp. 411-420.

Giovanni Ricci • Università degli Studi di Ferrara Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 299-306.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122547

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sous le nom de Grand Bâtard4. Il s’agit dans les deux cas d’une légitimation par l’art, trait commun entre les Maisons de Bourgogne et d’Este5. Dans son article, Kantorowicz suppose que François est mort au cours de la bataille de Grandson, remportée en mars 1476 par les Suisses sur les Bourguignons. Plus récemment, les recherches de Richard J. Walsh ont permis de prolonger sa vie d’au moins onze ans. On ignore s’il participe à la journée de Nancy en janvier 1477 ; par contre, on sait que peu après, Louis XI le nomme gouverneur de Montpellier. Comme beaucoup de partisans du Téméraire, il s’assure, après la chute de son premier maître, un avenir au service de son vainqueur, bien que l’exercice de sa charge dans le Languedoc s’avère pénible. On perd sa trace après juillet 1486 6. Sur des bases toutes physionomiques, Kantorowicz suppute que le personnage aux traits italiens peint par Hans Memling et connu sous le nom d’homme à la flèche, pourrait être ce même François d’Este, plus vieux de quelques années. Entre le visage jeune et fin de la peinture de Van der Weyden et celui plus mûr et charnu de Memling, il existe en effet une ressemblance, mais on sait que la physionomie est souvent trompeuse. Aujourd’hui, le tableau est daté des années 1478-1480. Si celui-ci représente bien François d’Este, il doit alors être situé à l’époque où François a déjà abandonné le camp bourguignon pour celui de Louis XI7. Initialement homme de frontières, François adopte peu à peu une identité plus flamande et bourguignonne qu’italienne. Honoré du titre de courtoisie de « marquis de Ferrare », François rédige sa correspondance envoyée depuis Bruxelles et Bruges vers l’Italie non plus en italien mais en français. Cette transformation, déterminée par les hasards de la vie, est facilitée par ses origines ferraraises. Ici notre regard doit s’éloigner – géographiquement mais pas intellectuellement – des Anciens Pays-Bas pour se diriger au Sud des Alpes, vers le duché d’Este. 2. Davantage que sa voisine Mantoue8, Ferrare est un carrefour d’échanges entre l’Italie centrale, gagnée par l’humanisme, et l’Europe transalpine. Les épisodes les plus significatifs concernent le domaine artistique : la rencontre du toscan Piero della Francesca avec les tapisseries, les enluminures et les tableaux flamands acquis par les Este ; le probable passage de Van der Weyden par la cour ferraraise lors de son

4 A. Marchandisse et C. Masson, Les Tribulations du Grand Bâtard Antoine de Bourgogne en Italie (1475), dans P.C.E.é.B., t. 49, 2009, pp. 23-49. 5 S. Slanicka, L’Art d’être bâtard. La bâtardise et la légitimation artistique à la Renaissance (Maisons de Bourgogne et d’Este, vers 1450), dans La Bâtardise et l’exercice du pouvoir, op. cit., pp. 450-478. 6 R.G. Walsh, Charles the Bold and Italy (1467-1477). Politics and Personnel, Liverpool, 2005, pp. 281-291. 7 B.G. Lane, Hans Memling. Master Painter in Fifteenth-Century Bruges, Londres-Turnhout, 2009, p. 319. 8 I. Lazzarini, Mantoue et la Bourgogne au xve siècle, dans La Cour de Bourgogne et l’Europe. Le rayonnement et les limites d’un modèle culturel, éd. W. Paravicini, T. Hiltmann et Fr. Viltart, Ostfildern, 2013, pp. 541-556.

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voyage vers Rome pour le jubilé de 14509 ; sans parler de l’influence de la musique bourguignonne à la suite des séjours ferrarais de Guillaume Dufay10. Les arts ne sont pourtant pas tout. Ferrare est un haut lieu de la civilisation courtoise et cosmopolite, et de ce point de vue elle ressemble assez à Bruxelles, Bruges ou encore Dijon, cités où la culture de cour itinérante des ducs de Bourgogne se manifeste avec éclat11. L’Italie tardo-médiévale et renaissante n’est alors pas très différente, sur le plan culturel, de la France et des états bourguignons, deux espaces souvent confondus dans les sources italiennes en partie à cause du fait que la terminologie concernant la Bourgogne n’est pas stabilisée à cette époque12 ; de là l’expression de « franco-bourguignon » employée dans ce texte, certainement moins pertinente d’un point de vue géopolitique, vu que ces deux ensembles sont très souvent antagonistes au xve siècle. Toutefois, les liens culturels entre les cours de Ferrare, de France et de Bourgogne demeurent solides. La cour de Ferrare échange en français avec ses deux homologues, les conflits faisant rage entre France et Bourgogne n’altérant nullement ces contacts avec l’une ou l’autre. Dès lors, on pourrait dire qu’une sorte de triangle culturel existe entre ces trois cours, en marge ou à côté des échanges commerciaux entre la Flandre et Gênes, ou encore avec Lucques et Florence13. En tout cas, ces rapports nord-sud, personnifiés par François d’Este, loin de s’interrompre à la mort du duc Charles, lui survivent tout au long du règne de Marie de Bourgogne, voire au-delà. Culturellement orienté vers le nord (le nord-ouest à vrai dire), l’état des Este est politiquement conditionné par des dynamiques italiennes. Dans la seconde moitié du xve siècle, Ferrare, déjà tributaire du pape, est menacée par l’expansion de Venise sur la Terre Ferme. Les états des ducs de Bourgogne doivent aussi faire face à la menace d’un puissant voisin, la France, face à laquelle ils plient d’ailleurs sous le principat de Marie de Bourgogne. Il y a certainement là un parallèle de plus à établir entre Ferrare et Bourgogne. Un autre lien entre Ferrare, France et Bourgogne apparaît, sur le plan symbolique, en 1431, au moment des démêlés romains et vénitiens de l’état ferrarais : le roi de France Charles VII concède au marquis Nicolas III, grand-père de François, le privilège d’écarteler des lys d’or sur ses armoiries (par la vraye amour et affection que icelluy notre cousin et ses prédécesseurs ont toujours eue à la couronne de France, Ill. 45)14. Par la suite,

9 B.W. Meijer, Ferrare et le Nord, dans Une Renaissance singulière. La cour des Este à Ferrare, éd. J. Bentini et G. Agostini, Gand, 2003, pp. 221-233 ; C. Limentani Virdis, Primizie del gusto paesistico fiammingo a Ferrara, dans Archivi dello sguardo. Origini e momenti della pittura di paesaggio in Italia, éd. F. Cappelletti, Florence, 2006, pp. 143-160. 10 L. Lockwood, Music in Renaissance Ferrara. 1400-1505, Oxford, 1984. 11 B. Schnerb, L’état bourguignon. 1363-1477, Paris, 2005, pp. 275-304, 319-337. 12 J.-M. Cauchies, Des pays joinctz et uniz en concorde et obéissance… et de la difficulté de les nommer, dans « Petite patrie ». L’image de la région natale chez les écrivains de la Renaissance, éd. S. LaigneauFontaine, Genève, 2013, pp. 67-77. 13 F. Veratelli, À la mode italienne. Commerce de luxe et diplomatie dans les Pays-Bas méridionaux, 1477-1530, Villeneuve d’Ascq, 2013, pp. 91-99 ; ainsi que son essai dans le présent volume : Ead., Entre continuité dynastique et pouvoir du luxe. La « Petite Italie » de Marie de Bourgogne, pp. 287-298. 14 A. Spaggiari et G. Trenti, Gli stemmi estensi ed austro-estensi, Modène, 1985, pp. 45-48 ; C. Magoni, I gigli d’oro e l’aquila bianca. Gli Estensi e la corte francese tra ‘400 e ‘500. Un secolo di rapporti, Ferrare, 2001, p. 19.

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les membres de la Maison ducale séjournent régulièrement dans les cours de France et de Bourgogne. Plus généralement, la culture féodale et chevaleresque de Ferrare ressemble beaucoup à celle de ses pendants français et bourguignons. Comme dans le nord, on élabore à Ferrare des justifications théoriques du pouvoir dynastique. On y insiste sur le sang et la richesse ancestrales en tant que fondements de la noblesse par opposition à la vertu personnelle et à la richesse produite par le travail, deux qualités vantées par la plupart des théoriciens italiens. De la culture du sang dérive le culte de la mémoire, de l’étiquette et de l’héraldique, le refus de la mobilité sociale également, ainsi que l’horreur de la « mécanique » et de la dilapidation des biens afin de montrer son statut15 ; choses que l’on ne rencontre pas souvent ailleurs en Italie où la noblesse est en général plus formée de patriciens urbains que d’aristocrates féodaux. À la différence de celle de Ferrare, l’aristocratie de beaucoup de villes italiennes n’est la plupart du temps ni très ancienne, ni sans liens matrimoniaux avec la bourgeoisie. 3. L’éthique chevaleresque à Ferrare est respectée à la lettre. Des chevaux de tout type, des faucons et des braques peuplent les fresques commandées par le duc Borso vers 1470 pour son palais de Schifanoia (« Chasse l’ennui », Ill.  46)16. Exemples de luxe à la bourguignonne, ces animaux sont très présents dans les résidences ducales où ils influent sur la vie quotidienne. En disciplinant le corps physique et le corps politique, les cultures équestro-cynégétique et courtoise se fondent inextricablement à Ferrare comme en Bourgogne17. Il suffit de penser à l’iconographie de la duchesse Marie, tenant un faucon dans sa main18 – sans parler de sa mort à la suite d’un accident de chasse au faucon – pour évaluer les liens entre Ferrare et Bourgogne dans ce domaine. Tout témoigne qu’à Ferrare on a affaire à une aristocratie ancienne comme au Nord des Alpes, et non à un patriciat à l’italienne. Imitant un « preux chevalier », le duc Borso aime lancer des pièces d’or au peuple, pratique qui rappelle le « sparsio triomphale » des Anciens et que le Moyen Âge français qualifie de « largesse ». Borso le fait, par exemple, à Rome, lors de sa visite au pape en 1471. Il est d’ailleurs représenté par le peintre Francesco del Cossa sur les fresques de Schifanoia remettant une pièce de monnaie au bouffon Scocola (Ill.  47)19. L’exemple du bouffon de cour sert aussi de trait d’union entre Ferrare et le nord. D’ailleurs, un autre bouffon ferrarais, Gonella, apparaît sur un tableau de Jean Fouquet, peint vers 1450, probablement lors d’un passage à Ferrare. Le portrait, aujourd’hui au Kunsthistorisches Museum de 15 C. Donati, L’idea di nobiltà in Italia. Secoli xiv-xviii, Rome-Bari, 1988, pp. 165-176 ; G. Ricci, Povertà, vergogna, superbia. I declassati fra Medioevo e Età moderna, Bologne, 1996, pp. 89-108. 16 C.A. Callegarini, La fauna, dans Atlante di Schifanoia, éd. R. Varese, Ferrare-Modène, 1989, pp. 211-212 ; B. Van Den Abeele, La Fauconnerie dans les lettres françaises du xiie au xive siècle, Louvain, 1990, pp. 74-125. 17 G. Lorenzoni, Pratica e simbologia della caccia presso le aristocrazie nobiliari tra Medioevo ed Età moderna, dans Schifanoia, t. 26-27, 2004, pp. 179-188. 18 O. Karaskova, Marie de Bourgogne et le Grand Héritage. L’iconographie princière face aux défis d’un pouvoir en transition, Thèse de doctorat, Université de Lille-Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2014, pp. 200-216. 19 S. Macioce, Schifanoia e il cerimoniale. Il trionfo del « preux chevalier » Borso d’Este, dans Atlante, op. cit., pp. 65-78 ; L. Chiappini, Art. Borso d’Este, dans Dizionario Biografico degli Italiani, t. 13, Rome, 1971, pp. 134-143 ; T. Saffioti, Scocola, « soavissimo » buffone di Borso d’Este, dans Ludica. Annali di storia e civiltà del gioco, t. 23, 2017, pp. 52-56.

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Vienne, est sans doute le plus ancien portrait d’un bouffon20. Il s’agit là d’un autre peintre d’au-delà des Alpes, à Ferrare, qui manifeste une passion toute ultramontaine pour les bouffons, passion que l’Italie goute peu. À Ferrare, la chevalerie apprécie également la littérature de cour. La bibliothèque ducale contient, par exemple, de nombreux traités sur l’art de guérir les chevaux. Déjà avant l’Arioste, deux des principaux poètes chevaleresques du xve siècle italien, Matteo Maria Boiardo et Tito Vespasiano Strozzi, sont liés à la cour d’Este21. En Bourgogne, on connaît cette culture équestre et littéraire ferraraise. En 1473, le duc Charles envoie deux belles haqueinees blanches à longues queues à Éléonore d’Aragon, l’épouse d’Hercule Ier d’Este, auxquelles il joint des selles de dame et harnas22. Mais pour se procurer les chevaux, les Este en arrivent à s’adresser aux barbaresques ou aux Ottomans, vers lesquels sont envoyés plusieurs missions de 1462 jusqu’à la fin du siècle23. Les Este doivent se réapprovisionner constamment car, comme les Bourguignons, ils ont coutume d’offrir des animaux en guise de cadeaux diplomatiques. En 1452, l’empereur Frédéric III séjourne à Ferrare afin d’investir Borso du titre ducal. L’empereur en revient avec « 50 faucons pèlerins et 40 magnifiques coursiers, habillés de couvertures brodées d’or de la plus belle manière qui soit », selon le rapport d’un diplomate toscan24. 4. La mosaïque culturelle entre Bourgogne et Ferrare est cohérente, car leurs deux cultures chevaleresques entretiennent des rapports avec le grand mythe dominant les milieux courtois : la croisade25. Toutefois, à Ferrare, plus qu’en Bourgogne, mythe et réalité se mélangent, l’Italie étant en première ligne face aux puissances musulmanes. Peu d’endroits au monde jouissent comme l’Italie d’un caractère de centralité – celui de cœur de la chrétienté latine – et en même temps de marginalité – celui de frontière vulnérable. Constantinople tombée, l’esprit « bourguignon » de croisade des ducs d’Este doit désormais considérer les Turcs avec un pragmatisme tout vénitien26. L’appel aux armes sonne en 1459 lorsque le pape Pie II promulgue une croisade au concile de Mantoue, croisade destinée à ne jamais se réaliser. À la différence du roi de France, le duc de Bourgogne n’hésite pas : Philippe le Bon envoie à Mantoue Jean de Clèves, lequel emmène avec lui le jeune clerc Ferry de Clugny27. Pie II connaît le lien entre Ferrare et le monde transalpin : « Ces seigneurs soutiennent être de souche française,

20 C. Ginzburg, Le Peintre et le bouffon. Le « Portrait de Gonella » de Jean Fouquet, dans Revue de l’Art, t. 111, 1996, pp. 25-39. 21 T. Matarrese, Parole e forme dei cavalieri boiardeschi, Novare, 2004, pp. 19-31 ; Espaces chevaleresques et héroïques de Boiardo au Tasse, éd. M. Residori, Paris, 2009. 22 Lille, ADN, B 2096, nos 67215 et 238. Je remercie Federica Veratelli de m’avoir signalé ces documents. 23 G. Ricci, I giovani, i morti. Sfide al Rinascimento, Bologne, 2007, pp. 130-131 ; Id., Appello al Turco. I confini infranti del Rinascimento, Rome, 2011, pp. 75-76. 24 G. Agnelli, Relazione dello Stato di Ferrara di Orazio della Rena (1589), dans Atti della Deputazione ferrarese di storia patria, t. 7, 1895, p. 260. 25 R. Schwoebel, The Shadow of the Crescent. The Renaissance Image of the Turk. 1453-1517, Nieuwkoop, 1967, pp. 82-115 ; J. Paviot, Les Ducs de Bourgogne, la croisade et l’Orient (fin xive siècle-xve siècle), Paris, 2003 ; M. Pellegrini, Le crociate dopo le crociate, Bologne, 2013, pp. 252-315. 26 G. Ricci, Ossessione turca. In una retrovia cristiana dell’Europa moderna, Bologne, 2002, pp. 19-26. 27 K.M. Setton, The Papacy and the Levant (1204-1571), t. 2, Philadelphie, 1978, pp. 231-270 ; Il sogno di Pio II e il viaggio da Roma a Mantova, éd. A. Calzona, P.F. Fiore, A. Tenenti et C. Vasoli, Florence, 2003.

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ce qui n’est pas rejeté par les rois de France, desquels les Este ont reçu l’enseigne des lys ». Cependant, le duc Borso demeure un Italien et la situation géopolitique de la Péninsule le pousse à ne pas s’engager à la légère dans la croisade. En plus, il y a les souvenirs familiaux. Ferrare a accueilli, en 1438, le concile pour l’union des Églises grecque et latine. Attaché au service du basileus Jean VIII Paléologue, le jeune Lionel d’Este, père de François, avait entendu de ses hôtes byzantins la description terrifiante de la puissance ottomane28. Dès lors, Pie II n’obtient de Borso de l’argent que pour armer deux galères, même après lui avoir durement rappelé qu’il « gouverne sa ville comme vicaire de l’Église »29. Sur la question de la croisade, les différences entre la Bourgogne et Ferrare sont grandes. Les Este préfèrent un Orient moins menaçant, fait de pages barbaresques, comme ceux attestés dans leur château, à la même époque, sur des tapis d’Anatolie que Francesco del Cossa réalise pour Schifanoia, en s’inspirant sans doute des exemplaires existants en ville30. Quand la situation politique devient difficile, la chevalerie se replie sur la cour. 5. Cette chevalerie se nourrit de rites mondains et de lectures. Les enfants de la Maison d’Este sont baptisés sous des noms empruntés à la tradition littéraire française. Rinaldo (Renaud) provient du cycle carolingien. Le cycle arthurien fournit Meliaduse (Méliaduse), Leonello (Lionel), Gurone (Guiron), Ginevra (Guenièvre), Isotta (Iseult) et Borso (Bohort dans les romans français ; Bors dans les romans anglais)31. Il s’agit de noms très rares en Italie, voire de véritables hapax pour certains, à la différence des noms à l’espagnole (Alphonse, Ferrante) qui apparaissent ensuite. Le français est alors la deuxième langue de la cour. Borso ignore probablement le latin, ce qui est surprenant pour un prince italien. Par contre, il est avide de lectures françaises. En 1461, il commande un « Lancelot en français » et « une Bible en gaulois ». Ces livres, Borso les dévore. Après quoi, il se plaint à l’un de ses vassaux d’avoir « désormais fini de lire tous les livres français » qu’il a ; et il prie celui-ci de lui envoyer au plus vite un chevalier « chargé de tous les livres français qu’il pourra porter ». Le duc n’est donc pas le seul à en posséder. Ici, « livres français » signifie soit des livres dans cette langue, soit des livres contenant ladite Matière de France (le cycle carolingien). Borso proclame qu’il en aurait pris « plus de plaisir que d’une ville qu’il aurait gagnée »32.

28 Ferrara e il Concilio. 1438-1439, éd. P. Castelli, Ferrare, 1989. 29 E.S. Piccolomini, I Commentarii, éd L. Totaro, Milan, 1984, pp. 400-402. 30 G. Pardi, Borso d’Este duca di Ferrara, Modena e Reggio (1450-1471), dans Studi storici, t. 15, 1906, pp. 3-58, notamment p. 48 ; A. Boralevi, I tappeti, dans Atlante, op. cit., pp. 217-220 ; G. Curatola, Tappeti ottomani nella pittura. Dalla devozione mariana all’uso profano, dans Incontri di civiltà nel Mediterraneo. L’Impero ottomano e l’Italia del Rinascimento, éd. A. Naser Eslami, Florence, 2014, pp. 75-88. 31 T. Tuohy, Herculean Ferrara. Ercole d’Este, 1471-1505, and the Invention of a Ducal Capital, Cambridge, 1996, p. 7. 32 G. Bertoni, Lettori di romanzi francesi nel Quattrocento alla corte estense, dans Romania, t. 45, 1918-1919, pp. 117-122, notamment p. 119 ; Id., La biblioteca di Borso d’Este, dans Atti della Regia Accademia delle Scienze di Torino, t. 61, 1925-1926, pp. 705-772 ; M. Veneziale, Sur les romans français de la bibliothèque des Este. Alexandre sous le manteau de Platon, dans Réforme, Humanisme,

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C’est précisément des livres chers à Borso que naît chez lui l’idée de faire enterrer son cœur séparément, comme cela arrive souvent dans le Cycle breton (« Lancelot »), présent dans la bibliothèque ducale. Quand Borso meurt en 1471, il reçoit des funérailles grandioses : « on donna à tout le monde du tissu noir pour faire les vêtements de deuil », révèle un chroniqueur33. On imagine que seuls les notables peuvent porter le grand deuil à la bourguignonne, à savoir une longue traîne et un capuchon tombant jusqu’aux yeux ; un véritable triomphe du noir, la couleur majestueuse de la Maison de Bourgogne que la descendance de Marie de Bourgogne transmettra aux Habsbourg d’Espagne34. L’une des meilleures figurations de cette tenue provient du tombeau, aujourd’hui au Louvre, du grand sénéchal Philippe Pot, le conseiller du Téméraire devenu adversaire de la duchesse Marie. Après quoi, un autre chroniqueur informe que « le cœur et les entrailles de Borso, sur ordre de l’héritier Hercule Ier, sont déposés dans une colonne à l’église de Saint-Paul »35. Malgré les censures ecclésiastiques, la coutume de la sépulture multiple est répandue dans des terres à forte tradition féodale, telles la Bourgogne, la France et l’Angleterre36. Par contre, cette coutume est rare en Italie. Même si le remaniement baroque de Saint-Paul a effacé la colonne de Borso37, le sort réservé à ses entrailles confirme l’exception « nordique » que représente la cour d’Este en Italie, tant le modèle des tombeaux de cœur est présent en France et dans les états des ducs de Bourgogne. Est-il utile de rappeler que le cœur du fils de Marie de Bourgogne, Philippe le Beau, mort en 1506 à Burgos, sera envoyé à Bruges pour être placé dans un coffret à l’intérieur du tombeau de sa mère38 ?

Renaissance, t. 38, 2012, pp. 19-28 ; M. Orcel et A. Pérès, Armorial des poèmes carolingiens de la Cour de Ferrare (Le Roland amoureux de Matteo M. Boiardo et Le Roland furieux de l’Arioste), Paris-Nice, 2018. 33 Mario Equicola di Alveto, Annali della città di Ferrara, Ferrare, Biblioteca Ariostea, ms. cl. ii 355, s.p., ad annum 1471. Voir aussi Paolo da Lignago, Cronica Estense, Modène, Archivio di Stato, Biblioteca, ms. 69, fol. 133r-v. 34 M. Pastoureau, Noir. Histoire d’une couleur, Paris, 2008, pp. 123-125. 35 Chronicon Estense gesta marchionum Estensium complectens, dans Rerum Italicarum Scriptores, t. 15, Milan, 1729, col. 543. 36 E. Panofsky, Tomb Sculpture. Four Lectures on its Changing Aspects from Ancient Egypt to Bernini, New York-Londres, 1992, pp. 79-80 ; J. Nagle, La Civilisation du Cœur. Histoire du sentiment politique en France du xiie au xixe siècle, Paris, 1998 ; G. Ricci, Il principe e la morte. Corpo, cuore, effigie nel Rinascimento, Bologne, 1998, pp. 87-118 ; A. Bräm, Von Herzen ein Beitrag zur Systematischen Ikonographie, dans Micrologus, t. 11, 2003, pp. 175-179 ; M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres. Les funérailles des princes dans le royaume de France au bas Moyen Âge, Villeneuve d’Ascq, 2005, pp. 315344 ; A. Bande, Le Cœur du roi. Les Capétiens et les sépultures multiples, xiiie-xve siecles, Paris, 2009. 37 Marc’Antonio Guarini, Compendio historico dell’origine delle chiese […] di Ferrara, Ferrare, Héritiers V. Baldini, 1621, pp. 170-190. 38 A.A. Moerman, Jan Borman en Reinier van Thiene. Praalgraf van Maria van Bourgondië, dans Openbaar Kunstbezit in Vlaanderen, 1964, col. 27B ; J.-M. Cauchies, Philippe le Beau. Le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, 2003, p. 210.

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6. En 1494, lors de la venue du roi Charles VIII en Italie, on ne voit à Ferrare que des « bérets et chaussures à la française ». La raison, comme nous l’explique un chroniqueur, est que « presque tous sont partisans du roi de France et s’en vont vêtus, chaussés et coiffés à la française, surtout les courtisans »39. On ne nous décrit pas dans les détails ces vêtements et chaussures « à la française ». En revanche, nous savons qu’à Ferrare la mode de type « nordique » est courante. En 1475, Charles le Téméraire, « en signe de fraternité entre les deux ducs », envoie à Hercule Ier d’Este « un manteau de velours cramoisi, ouvert sur une épaule à la bourguignonne, avec un collier en or sur le col ». Hercule l’arbore solennellement lors de la messe dominicale à la cathédrale de Ferrare40. D’autres témoignages de ces vêtements venus du nord sont présents sur les fresques du palais Schifanoia réalisées vers 1470. La déesse Cérès – divinité typiquement italienne – y apparaît coiffée d’un double hennin, tout comme deux dames assistant à une cérémonie de fiançailles, protégées par un Jupiter triomphant (Ill. 48-49)41. Dans l’espace franco-bourguignon, ce genre de couvre-chef, qui parfois prend la forme de deux cornes très voyantes rappelant le diable (on les appelle aussi « à cornets »), est répandu depuis le début du xve siècle. On peut également citer les portraits de la duchesse Isabelle de Portugal, grand-mère de Marie de Bourgogne, réalisés par Van der Weyden et Petrus Christus, ou encore l’épouse de Jan van Eyck, Marguerite, sur un tableau du Groeningemuseum à Bruges. En Italie, l’origine ultramontaine du double hennin demeure consciente, notamment par le biais de l’expression de coiffe « alla di là », soit d’au-delà des Alpes. Les critiques des prédicateurs en freinent toutefois la diffusion dans la Péninsule, à l’exception de certaines dames d’origine nordique, telle Barbara de Brandebourg-Kulmbach, l’épouse du marquis Louis III Gonzague, que Mantegna peint coiffée de la sorte sur les fresques du palais de Mantoue entre 1465 et 147442 ; ou encore, bien entendu, l’exception offerte par la cour de Ferrare43. Cependant, en 1494, au moment du passage des troupes françaises en Italie, lors de la campagne de Charles VIII vers Naples, le port des vêtements à la française devient inadmissible… et peu importe que ces habits soient surtout bourguignons. Dès lors, Hercule Ier d’Este interdit par prudence les vêtements transalpins44. Ainsi, à Ferrare, l’attraction pour les modes venues du nord est si forte qu’il faut les interdire par décret somptuaire !

39 Diario ferrarese dall’anno 1409 sino al 1502 di autori incerti, éd. G. Pardi, Bologne, 1928-1933, p. 144. 40 Ugo Caleffini, Croniche. 1471-1494, Ferrare, 2006, p. 129. 41 Cosmé Tura e Francesco del Cossa, op. cit., pp. 444-446 (fiches de G. Sassu). 42 C. Antenhofer, From local « Signori » to European High Nobility. Family Networks in the Fifteenth Century, dans Transregional and Transnational Families in Europe and Beyond. Experiences since the Middle Ages, éd. C.H. Johnson, D.W. Sabean, S. Teuscher et F. Trivellato, New York-Oxford, 2011, pp. 62-69. 43 E. Gnignera, I soperchi ornamenti. Copricapi e acconciature femminili nell’Italia del Quattrocento, Sienne, 2010, pp. 59-83. 44 Diario ferrarese, op. cit., p. 171. Voir aussi T. Dean, Art. Ercole I d’Este, dans Dizionario Biografico degli Italiani, t. 43, Rome, 1993, pp. 97-107, notamment p. 105.

Mémoires contestées d’une princesse bourguignonne Contested Memory of a Burgundian Princess

Alain Marchandisse, Christophe Masson & Bertrand Schnerb 

19.  L’ultime voyage de Marie de Bourgogne Des funérailles de duc ou de duchesse ? Décédée, comme on le sait, à Bruges à la suite d’une partie de chasse le 27 mars 1482 vers deux heures de l’après-midi1, Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, emportait dans la tombe, pour reprendre l’expression de Jean-Marie Cauchies, « une part des fondements de la loyauté [de ses] sujets2 ». Son époux, l’archiduc d’Autriche Maximilien de Habsbourg, ne dut son pouvoir qu’aux dernières volontés de la défunte qui firent de lui le gardien et régent de son fils, et, par voie de conséquence, de ses États. Leur possesseur de jure était bien le jeune Philippe, alors âgé de moins de quatre ans. Cette situation suscita de nombreuses tensions dans les Anciens Pays-Bas, entre autres lors des États Généraux qui s’ouvrirent à Gand en avril 1482. À cette occasion, les députés les plus virulents furent les Brabançons et, plus encore, leurs homologues flamands. Ils obtinrent satisfaction, pour un temps, en contraignant Maximilien, le 5 juin 1483, à concéder à un conseil indigène le gouvernement du comté de Flandre et à remettre la régence – qui devait durer jusqu’à la majorité de l’héritier – à un autre conseil où dominait la composante flamande. Il se trouva en outre poussé à conclure à Arras, le 23 décembre 1482, un traité le liant à Louis XI par lequel il promettait la main de Marguerite, sa fille, à l’héritier de la couronne des lys, Charles, le futur Charles VIII. Décidément, les Anciens Pays-Bas ne voulaient plus des guerres de l’archiduc3. 1 Het boeck van al ‘t gene datter gheschiedt is binnen Brugghe, sichtent jaer 1477, 14 februarii, tot 1491, éd. C. C[arton], Gand, 1859, p. 37 ; Jean Molinet, Chroniques, t. 1, 1474-1488, éd. G. Doutrepont et O. Jodogne, Bruxelles, 1935, p. 369 (est le seul à donner l’heure précise) ; Thomas Basin, Histoire de Louis XI, éd. C. Samaran, M.C. Garand et G. Grand, t. 3, Paris, 1972, pp. 122-125 ; le Dagboek der Gentsche collatie bevattende een nauwkeurig verhael van de Gebeurtenissen te Gent, en elders in Vlaenderen, voorgevallen, van de jaren 1446 tot 1515, éd. A.G.B. Schayes, Gand-Rotterdam, 1842, p. 491, se trompe sur la date du décès, qu’il fixe au lendemain ; L. Hommel, Marie de Bourgogne ou le Grand Héritage, Bruxelles, 1951, pp. 358-359 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, témoin d’une grande entreprise à l’origine des nationalités européennes, Paris, 1967, pp. 320-323 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, Paris, 1982, pp. 316-320. 2 J.-M. Cauchies, Philippe le Beau. Le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, 2003, p. 8. 3 Sur ces événements, on se référera à W. Blockmans, Autocratie ou polyarchie ? La lutte pour le pouvoir politique en Flandre de 1482 à 1492, d’après des documents inédits, dans B.C.R.H., t. 140, 1974, pp. 257-368 ; J. Haemers, For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy

Alain Marchandisse • F.R.S.-FNRS / ULiège Christophe Masson • F.R.S.-FNRS / ULiège Bertrand Schnerb • Université de Lille Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 309-321.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122548

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Les funérailles de la duchesse ont lieu à Bruges dans ce contexte particulièrement tendu et difficile pour Maximilien. Dans un premier temps, le cœur de Marie est séparé de son corps et déposé à l’abbaye Saint-Michel d’Anvers, dans le tombeau que Marie avait fait réaliser pour sa mère, Isabelle de Bourbon4. Elle imite ainsi ses prédécesseurs dont, à l’exception du duc Charles5, le cœur avait été séparé du corps et inhumé loin de celui-ci6. Dans le cas présent, plutôt que par des desseins politiques, le choix du lieu de la sépulture de cœur, bien que non mentionné dans le testament dicté par la duchesse trois jours avant sa mort7, paraît relever de l’amour filial. À défaut de pouvoir retrouver son père, dont le corps est toujours en Lorraine à ce moment8, elle rejoint sa mère.

(1477-1482), Turnhout, 2009 ; Id., De strijd om het regentschap over Filips de Schone. Opstand, facties en geweld in Brugge, Gent en Ieper (1482-1488), Gand, 2014. 4 Seul en témoigne Die alder excellenste Cronycke van Brabant, van Vlaenderen Hollant Zeelant, int generael Ende die nieuwe gesten gheschiet zijnde bi onsen prince ende coninc Kaerl die in die ander Cronijcken niet en sijn, Anvers, Jan van Doesborch, 1512, n.p. (p. 428, chap. 66) ; E. Duverger, Testament, uitvaart en grafmonument van Maria van Bourgondië, dans Gentse Bijdragen tot de Kunstgeschiedenis en Oudheidkunde, t. 30, 1995, p. 30 (n’évoque que le monument, pas ce qu’il a pu contenir). Marie de Bourgogne fit également réaliser le tombeau de son oncle, Jacques de Bourbon. Sur ces tombeaux, voir F. Scholten, Isabella’s weepers. Ten statues from a Burgundian tomb, Amsterdam, 2007 ; V. Vermeersch, Grafmonumenten te Brugge voor 1578, t. 2, Catalogus nrs 1-355, Bruges, 1976, pp. 278-282, no 288 ; O. Karaskova, Marie de Bourgogne et le Grand Héritage. L’iconographie princière face aux défis d’un pouvoir en transition (1477-1530), Thèse de doctorat, Université de Lille-Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2014, pp. 93-95 ; Ead., Le Mécénat de Marie de Bourgogne. Entre dévotion privée et nécessité politique, dans Le Mécénat féminin en France et en Bourgogne, xve-xvie siècles. Nouvelles perspectives. Actes de la journée d’étude internationale organisée à l’Université de Liège le 10 mai 2010, éd. L. Fagnart et E. L’Estrange, dans L.M.A., t. 117, 2011, pp. 507-529 (ici p. 508) ; A. Marchandisse, Jacques de Bourbon, un éphémère chevalier de la Toison d’Or, dans P.C.E.é.B., t. 59, 2019, pp. 65-91 (ici pp. 84-85) ; A.M. Roberts, The Chronology and Political Significance of the Tomb of Mary of Burgundy, dans The Art Bulletin, t. 71, 1989, pp. 379-380, et la contribution dans le présent volume d’A. Adams, Evidencing the Right to Rule. Mary of Burgundy and the Tombs of Isabella and Jacques of Bourbon, pp. 137-159. 5 Les sources ne sont pas catégoriques sur ce point. Jean de Roye, Chronique scandaleuse, éd. B. de Mandrot, t. 2, Paris, 1896, p. 42 (dit que le défunt a été nettoyé, lavé) ; Guillaume Paradin de Cuyseaulx, Annales de Bourgogne, Lyon, Antoine Gryphius, 1560, p. 988 ; P. Frédérix, La Mort de Charles le Téméraire, 5 janvier 1477, Paris, 1966, p. 218. 6 A. Marchandisse, The Funerals of the Dukes of Burgundy in the Fifteenth Century, dans Princely Funerals in Europe 1400-1700. Commemoration, Diplomacy, and Political Propaganda, éd. M. Chatenet, M. Gaude-Ferragu et G. Sabatier, Turnhout, 2021, pp. 73-88 (ici pp. 75-76). Ce choix s’est diffusé des rois capétiens aux familles princières. A. Bande, Le Cœur du roi. Les Capétiens et les sépultures multiples, xiiie-xve siècles, Paris, 2009, spéc. pp. 164-172. 7 Vienne, ÖSHHS, Urkundenreihen, Siegelabguß- und Typarsammlungen, Staatsverträge Abschriften und Drucke, Habsburg-Lothringische Familienurkunden (= UR FUK 772), no 735 ; éd. E.M. Lichnowsky, Geschichte des Hauses Habsburg, t. 8, Vienne, 1844, pp. dccxxxii-dccxxxvii. 8 Le duc René II, le vainqueur de Nancy, refuse de le rendre à ses proches. Hans Erhart Tuesch, Chronique rimée, trad. dans Recueil de pièces historiques imprimées sous le règne de Louis XI, éd. É. Picot et H. Stein, t. 1, Paris, 1923, pp. 209-210.

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Le second temps des funérailles, leurs aspects « publics » ou « politiques » pourrait-on dire, nous occupera plus particulièrement ici. Marie avait pris certaines dispositions dans son testament. Toutefois, à l’image de la majorité des princes du temps, elle n’avait guère insisté sur le cérémonial, privilégiant plutôt le salut de son âme, on le verra plus loin9, ce qui n’empêche pas de saisir l’occasion de réaffirmer la puissance et l’autorité bourguignonnes. Le corps est embaumé10 afin d’occuper le centre du cérémonial funéraire. On le pare peut-être d’une robe noire ornée d’une grande croix dorée avant de l’agrémenter d’un blason aux armes de la défunte11. Conformément aux dispositions prises lors du décès de Philippe le Bon12, la dépouille est exposée du 29 mars au 2 avril dans la chapelle du Prinsenhof, l’une des principales résidences flamandes des ducs de Bourgogne13. Disposée

9 Voir n. 7 ; M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres. La mort et les funérailles des princes dans le royaume de France au bas Moyen Âge, Villeneuve d’Ascq, 2005, p. 103. 10 Lille, ADN, B 2127, fol. 317v ; Die Wonderlijcke Oorloghen van Keyser Maximiliaen, éd. W. Jappe Alberts, Groningue, 1957, p. 157, traduite sous le titre Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I durant son mariage avec Marie de Bourgogne, éd. O. Delepierre, Bruxelles, 1839, p. 433 (la seconde partie du texte, qui concerne les éléments postérieurs à 1480, a été achevée après 1519, de sorte que la prudence est de rigueur vis-à-vis des informations qu’il contient ; outre l’introduction de l’édition de 1957, voir à ce sujet B. Van Vlaenderen, Verhalende bronnen en mentaliteitgeschiedenis. Het voorbeeld van een anonieme, ongedateerde kroniek over de jaren 1477-1482. Die wonderlijcke oorloghen van Keyser Maximiliaen, dans Handelingen der Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te Gent, nlle sér., t. 38, 1984, pp. 42-45) ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 320 ; E. Duverger, Testament, op. cit., p. 53 ; L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 359. D’habitude, l’embaumement a lieu entre l’exposition de la dépouille et les funérailles. Peut-être le but est-il ici d’empêcher la propagation de l’odeur nauséabonde dégagée par un corps blessé. M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres, op. cit., pp. 116-117, 122-123. 11 Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., p. 437 ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 320 ; L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 359 ; E. Duverger, Testament, op. cit., p. 26 (qui affirme qu’il n’y a pas trace de cette robe dans les sources qu’il a consultées), 51. 12 Et, par suite, peut-être à l’imitation de ce qui avait été fait pour Charles VI. George Chastelain, Œuvres, éd. J.B.M.C. Kervyn de Lettenhove, t. 5, Bruxelles, 1864, pp. 228, 233-234 ; Jacques Du Clercq, Mémoires, éd. F. de Reiffenberg, 2e éd., t. 4, Bruxelles, 1823, pp. 302-303 ; Jean de Wavrin, Recueil des Croniques et anchiennes istories de la Grant Bretaigne, à présent nommé Engleterre, éd. W. Hardy, t. 5, Londres, 1891, pp. 536-537 ; Olivier de La Marche, Mémoires, éd. H. Beaune et J. d’Arbaumont, t. 3, Paris, 1885, p. 57 ; Poly Bulland, Lettre escritte aux mayeur et echevins de la ville de Lille, contenant la relation de la maladie et de la mort de Philippe duc de Bourgogne, Bruges, 16 juin 1467, éd. G. Peignot, dans Choix de testamens anciens et modernes, remarquables par leur importance, leur singularité ou leur bizarrerie ; avec des détails historiques et des notes, t. 1, Paris-Dijon, 1829, pp. 116-117 ; M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres, op. cit., pp. 112, 114, 356-358 (éd. du compte des funérailles de Philippe le Bon). 13 Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., pp. 434-435 ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 320 ; E. Duverger, Testament, op. cit., pp. 50-51 ; L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 359 ; B. Hillewaert, The Bruges Prinsenhof. Absence of Splendour, dans Staging the Court of Burgundy, éd. W.P. Blockmans, T.H. Borchert, N. Gabriëls, J. Oosterman et A. van Oosterwijk, Turnhout, 2013, pp. 25-31.



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sur un lit éclairé aux angles par quatre cierges, la défunte reçoit les hommages de l’archiduc, littéralement anéanti par le chagrin, nous disent certaines sources, des courtisans et des habitants de la ville, sous la garde ininterrompue de 33 religieux mendiants14. Le corps doit être exposé, vu. Il ne s’agit pas uniquement de susciter la compassion et les prières à même d’assurer à Marie l’accession rapide à un autre monde, mais aussi de faire comprendre que le règne de la duchesse est achevé et que celui de son successeur commence. Le 2 avril, le convoi funèbre, où le noir et les blasons de Bourgogne dominent parmi les habits des participants, s’ébranle au Prinsenhof15. En partant de l’hôtel princier, il souligne l’identité de la défunte autant qu’il laisse le centre du pouvoir politique symboliquement libre pour ceux qui sont appelés à lui succéder. Les flambeaux, portés par une sélection nombreuse de pauvres et de bourgeois, au nombre de 150, à tout le moins, vêtus de noir, ouvrent la marche. S’avancent ensuite les ecclésiastiques avec, dans l’ordre, des représentants des quatre ordres mendiants, les chanoines de l’église Notre-Dame et plusieurs prélats16. La ville se voit, elle aussi, représentée par le biais de messeigneurs de la loy de Bruges. Le pouvoir ducal annexe de la sorte les cérémonies que les autorités urbaines et les guildes organisent traditionnellement, entre autres pour les funérailles des comtes de Flandre17. Suivent les cercles les plus proches du pouvoir, à savoir les gentilzhommes de la court, plusieurs chevaliers de la Toison d’Or, les gens de conseil, les chanceliers et, au plus près du corps, les officiers

14 Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., pp. 417-418, 425-426, 434 ; Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 369 ; Jeannet de la Ruyelle, Relation des États Généraux tenus à Gand, avril-mai 1482, éd. L.-P. Gachard, dans Analectes historiques, 8e-10e sér., Bruxelles, 1863, p. 5 ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., pp. 157-158 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 320 ; E. Duverger, Testament, op. cit., p. 51 ; L. Smagghe, Les Émotions du prince. Émotion et discours politique dans l’espace bourguignon, Paris, 2012, p. 341. La peine de l’archiduc est encore évoquée par un chroniqueur du xviie siècle : François Vinchant, Annales de la province et comté du Hainaut, contenant les choses les plus remarquables advenues dans cette province, depuis l’entrée de Jules César, jusqu’à la mort de l’infante Isabelle, Mons, 1852, p. 44. 15 Les armoiries apparaissent autant sur les cierges que sous forme d’écus, réalisés dans ce dernier cas, et à l’image des autres blasons utilisés par le valet de chambre et peintre de Maximilien Pierre Coustain. Het boeck, op. cit., pp. 37-38 ; Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., p. 435 ; Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 369 ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 320 ; L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 360 ; E. Duverger, Testament, op. cit., pp. 50-51. 16 Lille, ADN, B 2127, fol. 317r, parle clairement de 150 pauvres ; Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 369 ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158 (qui y ajoute les écoliers) ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 320. La présence de pauvres a été exigée par Marie dans son testament (Vienne, ÖSHHS, UR FUK 772). Het boeck, op. cit., p. 37, n’évoque que les ordres mendiants, dont les pères de l’observance. La Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., p. 435, ne compte quant à elle que trois ordres mendiants et confond les chanoines de Notre-Dame avec ceux de Saint-Donatien. 17 A. Brown, Civic Ceremony and Religion in Medieval Bruges c. 1300-1520, Cambridge, 2013, p. 273 ; E. Duverger, Testament, op. cit., p. 51.

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d’armes, rois et hérauts. Dix nobles hommes soutiennent la dépouille mortelle18 sur laquelle avait été déposé le chapeau ducal de fin or19. Somme le tout ung rice pale – sans doute un dais, élément apparu lors de la cérémonie funèbre tenue en l’honneur de Philippe le Bon et témoin des ambitions souveraines de la dynastie puisqu’il s’agit là d’un objet initialement associé aux figures royales et impériales, et non princières – d’or et de velours noir orné d’une croix de damas blanc20, porté par quatre notables personnages. Les suivent les seigneurs en grand deuil, embronchiez de chaperons, très cler et resplendissant21 : Maximilien d’Autriche – qui s’est fourni chez un marchand brugeois22 –, Charles d’Egmont, le futur duc de Gueldre, Philippe de Clèves, futur seigneur de Ravenstein23, Pierre II de Luxembourg, comte de Saint-Pol, de Conversano, de Brienne, seigneur d’Enghien, Georges Ier de Bade, évêque de Metz, Englebert II, comte de Nassau-Dillenburg, Philippe de Bourgogne, seigneur de Beveren, le fils du Grand Bâtard Antoine, et enfin, originalité propre aux cortèges funéraires des

18 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 369, ajoute un « et cet… » entre les chanceliers et les rois d’armes. Het boeck, op. cit., p. 37, parle uniquement du collège de la loi, des officiers de la cour, de six hérauts habillés de noir portant chacun les armoiries de la défunte et du seigneur de Gruuthuse, puis, de part et d’autre du corps, de 25 personnes, également en noir avec un blason sur la poitrine, portant un cierge auquel pend le blason de Bourgogne, et de menegen nobles et chevaliers portant le corps. Il signale de plus que le corps se trouve sur un drap d’or orné de blasons. Les Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158, et donc la Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., p. 436, ne signalent que quatre personnes pour porter le corps, Brandenborch, Baden, die prince van Oraengnen, ende heer Pieter van Brianen, suivis de Maximilien et de Philippe, d’Adolphe et de Philippe de Ravenstein, de Fiennes, Chimay (qui à l’époque est en Bretagne selon Lille, ADN, B 2127, fol. 110r), Louis de Gruuthuse et Philippe de Beveren, des pages des princes, des chevaliers, des porteurs d’écus, des baillis et de la Loi, des doyens des métiers et des marchands. G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 321, et L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 359, affirment que le corps se trouve sur le char nuptial utilisé en 1430 à Bruges pour le mariage de Philippe le Bon et d’Isabelle de Portugal. Pour Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324, il est porté par les dix nobles jusqu’au char. 19 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 369 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres, op. cit., pp. 233-234 ; G. Himmelheber et S. Marti, Parures perdues. Chapeau ducal, « Rose blanche » et « Trois frères », dans Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, éd. S. Marti, T.H. Borchert et G. Keck, Berne-BruxellesBruges, 2008, pp. 277-278. Molinet désignant Maximilien avec le titre de « duc » d’Autriche, on pourrait croire que Marie porterait un chapeau « autrichien » au moment de ses funérailles. Mais l’indiciaire ne signale pas une telle parure lorsqu’il mentionne, à cette occasion ou à d’autres, l’époux de Marie de Bourgogne, alors qu’il évoque le chappel que Charles porta en chief devant le Parlement de Malines ( Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 172). Plus largement, O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., n’a pas découvert de représentation de Marie de Bourgogne parée d’un chapeau autrichien. 20 Het boeck, op. cit., pp. 37-38 ; Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 369 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; E. Duverger, Testament, op. cit., pp. 49, 52 (un autre « pale » ou « ciel » est réalisé en laine noire avec une croix de taffetas blanc) ; M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres, op. cit., pp. 229-232. 21 Het boeck, op. cit., p. 38, ne mentionne que Maximilien et le dit accompagné de quelques nobles ; Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 369 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324. 22 Lille, ADN, B 2128, no 69025 ; E. Duverger, Testament, op. cit., p. 51. 23 Ibid., p. 52, pour l’achat de drap destiné au deuil.

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reines et princesses24, des dames, dont trois sont identifiées dans les Chroniques de l’indiciaire Jean Molinet : Jeanne de Bourbon, épouse du prince d’Orange Jean de Chalon et nièce de Philippe le Bon, la fille de Gueldres, sans doute Marguerite, fille du duc Arnoul d’Egmont, épouse de feu Frédéric Ier, comte palatin et duc de Palatinat-Simmern-Sponheim, même si d’autres identifications sont possibles25, et la dame de la Vère, selon toute vraisemblance l’une des quatre filles du comte de Grandpré et de Bochem, seigneur de Veere, Wolfart VI de Borselen, créé chevalier de la Toison d’Or lors du premier chapitre tenu par Maximilien, comme chef et souverain de l’ordre, probablement Anne, alors promise à Philippe de Clèves, mais destinée à Philippe de Bourgogne26. On remarquera que Maximilien rassemble autour de lui nombre de nobles alors dévoués à sa cause, qu’il s’agisse d’Englebert de Nassau, son lieutenant, ou de Philippe de Clèves, qui quelques mois plus tard viendra faire la guerre en pays de Liège pour le compte de l’archiduc27. Un dévouement qui, pour certains d’entre eux, ne survit que quelques mois, quelques années tout au plus au décès de Marie de Bourgogne. Le modèle du cortège est sans conteste celui qui avait accompagné Philippe le Bon, en 1467, lequel répondait vraisemblablement au cérémonial mis en œuvre à l’occasion du retour en Bourgogne du corps de Jean sans Peur en 142028. Seules les pièces d’honneur chevaleresques, dont l’épée, symbole du pouvoir martial, politique et judiciaire, semblent absentes, et pour cause29.

24 Car les femmes sont systématiquement empêchées de prendre part aux funérailles d’hommes. M. Gaude-Ferragu, Les Femmes et la mort. Sépultures et funérailles des reines et des princesses au bas Moyen Âge, dans Inhumations de prestige ou prestige de l’inhumation ? Expressions du pouvoir dans l’audelà (ive-xve siècle), éd. A. Alduc-Le Bagousse, Caen, 2009, p. 400. 25 Lille, ADN, B 2127, ff. 412r-413r, pour les tissus achetés par ces deux dames. Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 497, utilise ailleurs la même formule, la fille de Gueldres, pour désigner un personnage qui ne peut être que Marguerite. Notons que, d’autre part, la présence de Charles d’Egmont pourrait expliquer celle de sa sœur Philippa, future duchesse de Lorraine et de Bar. 26 Jean Molinet, Chroniques, op. cit., pp. 369-370. Selon Het boeck, op. cit., p. 38, toutes les jeunes filles de la cour sont présentes. Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; E. Duverger, Testament, op. cit., p. 52, ne mentionne que la princesse d’Orange et la dame de Gueldre ; J. Haemers, Philippe de Clèves et la Flandre. La position d’un aristocrate au cœur d’une révolte urbaine (1477-1492), dans Entre la ville, la noblesse et l’État. Philippe de Clèves (1456-1528), homme politique et bibliophile, éd. Id., C. Van Hoorebeeck et H. Wijsman, Turnhout, 2007, pp. 31-33, 84-87 (éd. du traité de mariage entre Philippe de Clèves et Anne de Borselen). Le cortège est décrit de façon pour le moins fantaisiste – il compterait 15 000 participants – par H. Wiesflecker, Kaiser Maximilian I. Das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. 1, Vienne, 1971, p. 161. 27 C. Gaier, Grandes batailles de l’histoire liégeoise au Moyen Âge, Liège, 1980, pp. 195-200 ; J. Haemers, Philippe de Clèves, op. cit., pp. 34-37. 28 B. Schnerb, Les Funérailles de Jean sans Peur, dans Annales de Bourgogne, t. 54, 1982, pp. 122-134 ; A. Marchandisse, The Funerals of the Dukes of Burgundy, op. cit. 29 Dijon, ADCO, B 310, pp. 256-258 ; George Chastelain, Chroniques, op. cit., pp. 234-235 ; Jacques Du Clercq, Mémoires, op. cit., pp. 304-305 ; Jean de Wavrin, Croniques, op. cit., pp. 537-538 ; M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres, op. cit., pp. 178-186, 306-363 (éd. du compte des funérailles de Philippe le Bon) ; B. Schnerb, Les Funérailles de Jean sans Peur, op. cit., pp. 122-134. O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 231, indique d’ailleurs que « Marie ne transgressait presque jamais des limites virtuelles du “champ d’action” féminin – et même lorsqu’elle proclamait et affirmait son autorité, elle ne s’appropriait aucun attribut spécifiquement masculin, tels que les vêtements ou l’épée,

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Conformément aux vœux de la défunte, le cortège achève son parcours à l’église Notre-Dame de Bruges. Toute de laine noire tendue, décorée de centaines de blasons aux armes ducales et illuminée d’innombrables cierges et chandelles, eux aussi armoriés, la collégiale accueille une chapelle ardente. Blasonnée et richement éclairée, elle offre à chacun de ses angles un grand cierge aux armes de Marie et de ses pays. Aux derniers instants de sa présence parmi les vivants, la duchesse se donne à voir, ou plutôt est donnée à voir, comme maîtresse de ses multiples principautés. Son identité est donc tout entière subsumée dans sa fonction30. Au terme de la messe31, le corps est descendu au centre du chœur. Il va y reposer dans l’habituelle succession de trois cercueils, respectivement de bois, de plomb et de nouveau de bois, ce dernier renforcé de bandes de fer, qu’un chroniqueur brabançon dit réalisé à grand prix par un atelier bruxellois32. En prévision de la cérémonie, Maximilien a fait déplacer les tombes qui s’y trouvaient déjà pour que le corps de sa défunte épouse soit déposé dans le lieu le plus saint de l’édifice. D’après les comptes lillois, la sépulture, de briques, de pierres bleues et blanches et de chaux, mesure douze pieds de long, neuf pieds de large et huit piés de hault, cette dernière expression faisant sans doute état de la profondeur du lieu car le reste des dépenses n’évoquent que des opérations de repavement. Les travaux s’effectuent du 27 mars au 3 avril33. Selon le testament, une image de la Vierge devait précéder sa tombe – ante

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par exemple ». Il en va autrement dans le domaine du droit où la personne de la duchesse se trouve masculinisée, comme par exemple dans le traité par lequel Jean d’Auffay défend les droits de Marie sur le duché de Bourgogne (Paris, BnF, ms. fr. 25210, ff. 5v-6r ; nous remercions Jonathan Dumont de nous avoir communiqué cette référence). Vienne, ÖSHHS, UR FUK 772 ; Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., p. 437 ; Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 369 ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 320 ; E. Duverger, Testament, op. cit., pp. 26-27, 47, 49-51 ; L. Hablot, En chair et en signes. Le corps héraldique et emblématique du prince au cœur des rituels de cour, dans Le Corps du Prince, éd. É. Bousmar, H. Cools, J. Dumont et A. Marchandisse, dans Micrologus, t. 22, Florence, 2014, p. 675 ; L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 359. Die alder excellenste Cronycke van Brabant, op. cit., n.p. (p. 428, chap. 66) et l’Histoire des comtes d’Hollande et estat et gouvernement des Provinces unies du Pays Bas, La Haye, Adrian Vlaq, 1664, p. 90, affirment, à tort, que la cérémonie a lieu à Saint-Donatien, se faisant peut-être de la sorte l’écho de la volonté de cette église d’accueillir la dépouille ducale. Les chanoines considèrent en effet leur église comme une potentielle nécropole comtale flamande (A. Brown, Civic Ceremony, op. cit., pp. 273, 276 ; A.M. Roberts, The Tomb of Mary of Burgundy, op. cit., p. 379). Célébrée par l’évêque de Tournai, c’est-à-dire Ferry de Clugny, selon la Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., p. 436 ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 321 ; L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 360. Vienne, ÖSHHS, UR FUK 772 ; Die alder excellenste Cronycke van Brabant, op. cit., n.p. (p. 428, chap. 66) ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 325 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 321 ; E. Duverger, Testament, op. cit., pp. 26, 49, 52 ; L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 360 ; M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres, op. cit., p. 127. Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158, et la Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., p. 436, parlent effectivement d’une tombe « maçonnée » ; E. Duverger, Testament, op. cit., pp. 23, 48, 50.

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eius sepulcrum sive sarcophagum sit et construatur una grandis et pulcra ymago Virginis Marie – mais aucune autre source ne vient confirmer qu’il en fut ainsi34. À l’image du cortège, la décoration de l’église tout comme l’installation d’une chapelle ardente inscrivent Marie dans la continuité funéraire dynastique. Certes, le dispositif en lui-même n’est pas propre aux ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, mais la présence des blasons sur les cierges souligne l’identité bourguignonne dont non seulement Marie mais également ses époux et enfants Habsbourg entendent se doter. Toutefois, la tradition est bien forcée d’évoluer puisqu’il n’est désormais plus question de se faire inhumer à Champmol, compte tenu des conquêtes militaires de Louis XI opérées dans les terres françaises des ducs, Charles à peine tombé devant Nancy. Le choix de Marie, respecté par Maximilien, est donc de véritablement faire des Pays-Bas le centre de gravité de ses États et de marquer son attachement à la ville de Bruges dans laquelle elle avait trouvé un soutien relatif à la politique qu’elle menait avec son époux35. Si la volonté n’est peut-être pas de créer une nécropole familiale en terre flamande – le silence des sources nous empêche d’en émettre même l’hypothèse –, force est de constater que la décision prise par Charles Quint en 1550 d’y rapatrier les restes du Téméraire, jusqu’alors enterrés en Lorraine, complète parfaitement celle de la duchesse36. Le cortège se retire ensuite au Prinsenhof où le repas est servi. Maximilien n’y mange pratiquement rien, manifestement tout à son deuil, alors que les pauvres reçoivent en aumônes vivres et boisson en quantité, en l’honneur de la défunte qui l’avait exigé sur son lit de mort37. L’archiduc tenterait-il d’utiliser les émotions des sujets de son épouse ? En se montrant abattu – et que ce soit sincèrement ou non importe peu –, il pouvait tenter de s’unir à eux dans le chagrin et donc d’abattre leurs réserves quant à l’autorité qu’il s’arrogeait depuis son mariage avec l’héritière de Bourgogne. Une façon, en somme, de faire primer les émotions – les condoléances – sur les dispositions du contrat de mariage qui dénient à Maximilien tout pouvoir sur les États bourguignons, même si le testament lui en confie la garde. Tout au long de la cérémonie, Marie apparaît constamment comme feue la détentrice des autorité et pouvoir ducaux. Même si elle n’a jamais été, évidemment,

34 Vienne, ÖSHHS, UR FUK 772 ; E. Duverger, Testament, op. cit., p. 47. On peut y voir l’une des prémices de la fusion effectuée entre la duchesse et la Vierge par Maximilien et Philippe dans les années qui suivent. Voir à ce propos O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., pp. 307-317 ; A.-L. Van Bruaene, The Habsburg Theatre State. Court, City and the Performance of Identity in the Early Modern Southern Low Countries, dans Networks, Regions and Nations. Shaping Identities in the Low Countries, 1300-1650, éd. R. Stein et J. Pollmann, Leyde-Boston, 2010, pp. 138-139. 35 Ce soutien n’est en effet pas unanime et deux partis s’opposent à l’époque : les partisans et les adversaires de l’archiduc et de ses politiques gouvernementales ( J. Haemers, For the Common Good, op. cit., pp. 226-227). 36 Translation des restes de Charles-le-Téméraire de Nancy à Luxembourg. Manuscrit d’Antoine de Beaulaincourt, roi d’armes de la Toison d’Or, éd. C. de Linas, Nancy, 1855. 37 Vienne, ÖSHHS, UR FUK 772 (elle veut qu’une distribution de pain soit faite à tous les pauvres qui seront présents pour demander l’aumône) ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158 ; Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., pp. 436-437 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 321.

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maîtresse de l’Ordre de la Toison d’Or38 et qu’à ce titre son dernier voyage n’est pas accompagné du collier de l’Ordre, comme dans le cas de Philippe le Bon, le chapeau ducal la désigne, sans contredit, comme la véritable duchesse de Bourgogne. Conçu par Charles le Téméraire afin de faire pendant à la couronne royale française et de symboliquement rehausser son état, il dit clairement à tous les spectateurs que le pouvoir, comme incarné dans cet objet, est bien passé du père à la fille. En cela, Marie revêt, à l’exception de l’épée, tous les attributs princiers, ce qui explique la « fastualisation » marquée de ses funérailles, décalque presque parfait de celles de ses prédécesseurs masculins. Le but des organisateurs des funérailles est non seulement de donner à la défunte une célébration digne d’elle mais aussi de profiter de cet intense moment de communion religieuse entre tous les participants aux « cérémonies » pour souligner un état de fait à la base de bien des tensions : Marie de Bourgogne est morte, son pouvoir doit désormais être transmis. En somme, pour reprendre les mots de Jelle Haemers, le « discours religieux du quotidien » est utilisé pour « exprimer [un] message politique39 ». Qu’en est-il, justement, de la transmission de ce message ? Le discours, ici, nous paraît double. D’une part, il est attendu que Philippe le Beau, alors confié à la garde d’Adolphe de Clèves40, succède à sa mère. C’était l’évidence même. Mais, on n’aura pas manqué de le constater, Philippe n’apparaît manifestement pas dans le convoi funèbre et il n’est pas non plus mentionné parmi l’assistance réunie en l’église NotreDame41. Or, même s’il est trop jeune pour être effectivement le nouveau maître des États bourguignons, cette absence ne laisse pas d’étonner. N’a-t-il pas été, l’année précédente, élu chevalier de l’Ordre de la Toison d’Or et donc identifié clairement comme duc de Bourgogne en puissance42 ? Quelques années plus tard, le futur Charles Quint, à peine âgé de six ans, sera partie prenante des funérailles de son père où on l’acclamera comme le nouvel archiduc d’Autriche et prince des Espaignes43.

38 Les statuts de l’Ordre de la Toison d’Or prévoient l’extinction de la lignée masculine du souverain : Et se, du trespas du souverain, demouroit fille son heritiere, non mariee, voulons et ordonnons que […], soit esleu ung des freres de l’ordre pour conduire les faiz de l’ordre jusques ladicte fille heritiere soit mariee et que son mary soit chevallier en aage de emprendre et conduire la charge et le fait de souverain de l’ordre dessus dit, et qu’il en ait fait le serement (Die Protokollbücher des Ordens vom Goldenen Vlies, éd. S. Dünnebeil, t. 1, Stuttgart, 2002, p. 229). 39 M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres, op. cit., pp. 301-302 ; Ead., Les Femmes et la mort, op. cit., p. 395 ; J. Haemers, L’Anniversaire gantois de Marie, duchesse de Bourgogne (27 mars 1483). Autour de la participation des sujets urbains à un service commémoratif pour une princesse décédée, dans Le Corps du Prince, op. cit., p. 345. 40 Maximilien lui écrit le jour du trépas de son épouse pour lui recommander de prendre « bonne garde » de ses enfants. Lille, ADN, B 2127, fol. 108v ; J. Haemers, De strijd om het regentschap, op. cit., p. 63. 41 Notons tout de même que Philippe reçut un habit de deuil (E. Duverger, Testament, op. cit., p. 52). 42 Lors du quatorzième chapitre de l’Ordre qui se tint du 6 au 25 mai 1481 à Bois-le-Duc ( J.M. Cauchies, Philippe le Beau, op. cit., p. 7). 43 Jean Lemaire de Belges, Chronique de 1507, éd. A. Schoysman, Bruxelles, 2001, p. 127 ; Obsèques de Philippe le Beau, célébrées à Malines les 18 et 19 juillet 1506, éd. C. Ruelens, dans Revue d’Histoire et d’Archéologie, t. 2, 1860, p. 423 ; Pompe funèbre de Philippe le Beau, roi de Castille (mort le 25 septembre 1506), célébrée à Malines, éd. A. de La Fons-Mélicocq, dans ibid., pp. 218-219.

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Ainsi donc, alors que d’ordinaire la tradition bourguignonne associe la mise en terre et l’inauguration du prince44, il n’en va pas ainsi en 1482. Philippe se voit refuser le moindre rôle, alors même qu’il pourrait y prétendre45. Dans le même temps, celui qui est au centre des attentions est bien son père, Maximilien de Habsbourg. Il semble donc que ce dernier ait fait une priorité, non pas d’affirmer la légitimité de son fils comme nouveau duc de Bourgogne ou comte de Flandre, mais de s’imposer comme le personnage central de la vie politique des Pays-Bas et, si Mars lui est favorable, le libérateur du duché de Bourgogne46. Cette « dissimulation du fils » se répète d’ailleurs à l’occasion de la Joyeuse Entrée de Frédéric III à Bruges en 1486 alors que des statues de la Vierge, de Charles le Téméraire, de Marie de Bourgogne et de Maximilien, mais pas de Philippe, ont été installées dans la maison des échevins47. À Bruges, Maximilien fait donc équivaloir, comme ses prédécesseurs Valois48, son corps physique – au centre du cérémonial – à son corps politique – au centre de ses États. On peut cependant douter du pouvoir performatif et de la force de conviction de telles cérémonies. Il n’est pour s’en convaincre que de constater les difficultés, pour parler d’euphémisme, qu’a l’archiduc pour se faire obéir des sujets des ducs de Bourgogne, pour lesquels, regret amer, il ne compte pas. Reste qu’il réussit à inscrire les cérémonies funéraires à la fois dans la tradition bourguignonne et dans les usages civiques et religieux des populations des Anciens Pays-Bas. Il y inclut non seulement les ecclésiastiques, dont l’intercession est indispensable à l’accomplissement de la cérémonie, et ses proches et serviteurs, mais également certains de ses sujets les plus éminents. Pour autant, cette ouverture et cette bonne volonté ne sont pas sans limite. Certes, les Brugeois participent au cortège mais les Gantois qui, pourtant, sont alors présents à la cour, n’y sont pas plus conviés que les autres bourgeois de ses États49.

44 É. Bousmar et H. Cools, Le Corps du prince dans les Anciens Pays-Bas, de l’État bourguignon à la révolte (xive-xvie siècles), dans Le Corps du Prince, op. cit., p. 259 ; M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres, op. cit., pp. 260-261. 45 Il se trouve alors pourtant, selon toute vraisemblance, non loin de son père. Ce ne sera que quelques mois plus tard que le conseil de régence flamand le retiendra en « otage », sous couvert de défendre ses intérêts (J.-M. Cauchies, Philippe le Beau, op. cit., pp. 8-11 ; J. Haemers, De strijd om het regentschap, op. cit., pp. 64-82). 46 L’intuition selon laquelle « Maximilien a sans doute utilisé le langage habituel de ces rites de passage pour accentuer la continuité dynastique en général et son exercice de la régence de Philippe le Beau en particulier » est déjà présente dans Id., L’Anniversaire gantois, op. cit., p. 355. Par ailleurs, même si Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158, et la Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., p. 437, attribuent l’organisation des funérailles à Nassau, Fiennes et Romont, il nous semble que c’est bien l’archiduc qui, au vu de la configuration de la journée, est à la manœuvre. Enfin, Maximilien, dès le 29 mars, envoie plusieurs courriers pour confirmer ses différents officiers dans leurs charges (Lille, ADN, B 2127, fol. 110v s.). 47 J. Haemers et É. Lecuppre-Desjardin, Conquérir et reconquérir l’espace urbain. Le triomphe de la collectivité sur l’individu dans le cadre de la révolte brugeoise de 1488, dans Voisinages, coexistences, appropriations. Groupes sociaux et territoires urbains (Moyen Âge-16e siècle), éd. C. Deligne et C. Billen, Turnhout, 2007, p. 128. 48 É. Bousmar et H. Cools, Le Corps du prince dans les Anciens Pays-Bas, op. cit., pp. 267-268. 49 Contrairement aux usages qui sont de les associer (M. Gaude-Ferragu, D’Or et de cendres, op. cit., pp. 168-169 ; J. Haemers, De strijd om het regentschap, op. cit., pp. 63-64).

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Cette sélection des participants tend donc à indiquer que l’archiduc n’envisage pas d’utiliser la cérémonie pour convaincre – car dans ce cas il y associerait au moins les Gantois – mais plus simplement pour « dire » son pouvoir selon des cadres particuliers, ceux des cérémonies bourguignonnes et flamandes. Les funérailles ne peuvent légitimer Maximilien à elles seules, mais il est inconcevable de ne pas les célébrer avec faste : outre un manque de respect envers la défunte, il y aurait rupture avec une tradition dont, le cas échéant, le poids se ferait peut-être sentir avec plus d’acuité encore. Le lendemain, 3 avril, trois messes furent célébrées, dont les deux dernières respectivement par l’abbé de Saint-Bertin et par l’évêque in partibus de Silivri, confesseur de Maximilien50. Conformément aux volontés de la défunte, des messes sont également prononcées dans tous les établissements religieux de la ville, dont certains reçoivent, comme lors de la mort de Philippe le Bon, les blasons de la défunte pour orner leurs portes. Pour sa part, Notre-Dame de Bruges doit à perpétuité être le lieu de prières pour l’âme de Marie et pour celles de ses ancêtres. Ces œuvres de foi se complètent de l’offrande faite aux nécessiteux qui se rendent le lendemain à l’hôtel ducal. Leurs prières pour l’âme de Marie leur valent à chacun un sou. On dit qu’ils sont 4 00051. Ce n’est que bien plus tard que le tombeau tel que nous le connaissons aujourd’hui est achevé. Il faut en effet attendre septembre 1488 pour que, sur l’ordre de Maximilien, qui paraît bien, là aussi, avoir géré les opérations, le chantier débute, ainsi qu’en témoignent les comptes de la Recette générale de toutes les finances. On abandonne alors la formule de l’ensevelissement – retenue par la défunte dans son testament, ainsi qu’on l’a vu plus haut – au profit d’un véritable monument princier. Celui-ci ne quitte pas, on le comprend aisément, le centre du chœur. Plusieurs artistes, principalement bruxellois, sont mobilisés à partir de cette date : le tailleur d’ymaiges Jean Borman, le fondeur de laiton Renier van Thienen, l’orfèvre Pierre de Backere, le peintre brugeois Jean Hervy, le tailleur de pierre dinantais Hubert Nonnon et les frères Van Lathem, Jacques, le peintre, et Lieven, l’orfèvre. Le travail s’achève finalement en 1501, au moment où une treille de fer est dressée tout autour du monument. Elle disparaît lors de l’installation de la tombe de Charles le Téméraire52.

50 Michel Francisci, O.P., Salubriensis episcopus. Lille, ADN, B 2127, fol. 314r ; Jean Molinet, Chroniques, op. cit., p. 370 (utilise la forme Monseigneur de Salubrie), 413 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 324 ; C. Eubel, Hierarchia catholica medii aevi sive summorum pontificum, S.R.E. cardinalium, ecclesiarum antistitum series, t. 2, Regensberg, 1901, p. 252. On remarquera l’habitude bourguignonne de confier la charge de confesseur à des frères prêcheurs (B. Schnerb, La Piété et les dévotions de Philippe le Bon, duc de Bourgogne (1419-1467), dans Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, t. 149, 2005, pp. 1322-1323). 51 Vienne, ÖSHHS, UR FUK 772 ; Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien I, op. cit., p. 437 ; Die Wonderlijcke Oorloghen, op. cit., p. 158 ; A. Brown, Civic Ceremony, op. cit., pp. 272, 277 ; Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., pp. 324-325 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 321 ; E. Duverger, Testament, op. cit., pp. 28-29, 48, 51. 52 Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 325 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 338 ; E. Duverger, Testament, op. cit., pp. 30-31, 38-39, 41, 53-61, 63-68 ; L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 359 ; A.M. Roberts, The Tomb of Mary of Burgundy, op. cit., pp. 380-381, 383, 386, 388-389,

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Dans son décor, le tombeau rompt avec la tradition des sépultures de Champmol. Auparavant, des pleurants étaient placés sur les quatre côtés des tombes, comme sur celles de Philippe le Hardi ou de Jean sans Peur, mais aussi de Louis de Male dont le monument funéraire fut commandé par Philippe le Bon53. Dans le cas d’Isabelle de Bourbon, ces personnages semblent représenter des ancêtres du lignage de Bourgogne, Aubert de Bavière ou l’empereur Louis de Bavière, par exemple. Or, à Bruges, ils se voient remplacés par des arbres généalogiques. Plutôt qu’une continuation entre les ancêtres du défunt et ses successeurs, le décor évoque le lignage de la duchesse, comme pour placer les Habsbourg que sont Maximilien et Philippe dans la droite ligne des Valois de Bourgogne54, une fusion des deux lignages qui peut aussi se trouver illustrée par le choix d’une couronne archiducale autrichienne pour Marie55. Ce recours aux armoiries plutôt qu’à la représentation de personnages doit peut-être beaucoup au goût habsbourgeois pour l’héraldique56. Mais plus encore que cette rupture dans la forme, c’est la richesse des arbres qui doit retenir l’attention. En effet, à plusieurs reprises, ils remontent jusqu’au roi de France Jean II le Bon. En plus d’illustrer le prestige de la lignée de Marie, le but est peut-être aussi de souligner que jamais la Bourgogne n’a été un apanage de la Couronne de France. Elle est au contraire un fief transmis depuis Philippe de Rouvres, dernier duc capétien de Bourgogne, un fief donc sur lequel Louis XI, roi de France, n’a aucun droit. Si nous devons nous contenter d’hypothèses quant à ce que devait « dire » le tombeau57, on peut avancer avec plus de certitude que ce sont les événements politiques qui poussent Maximilien à décider de la mise en œuvre de la sépulture. La coïncidence entre le début de celle-ci – septembre 1488 – et la libération récente du roi des Romains, en mai de cette même année58, n’est évidemment pas fortuite. Célébrer le souvenir de son épouse lui apparaît comme l’un des moyens de souligner sa légitimité à régner au nom de son fils, le toujours enfant Philippe59. Peut-être est-ce aussi une façon de

395-399. Le fils de Renier van Thienen, également prénommé Renier, lui succède sur ce chantier après sa mort en 1498. 53 À ce propos, voir L. Nys, En ramembrance de ses predecesseurs. Tendances de la sculpture officielle sous Philippe le Bon et Charles le Téméraire, dans La Cour de Bourgogne et l’Europe. Le rayonnement et les limites d’un modèle culturel, éd. W. Paravicini, T. Hiltmann et Fr. Viltart, Ostfildern, 2013, pp. 340343 ; A. McGee Morganstern, Gothic Tombs of Kingship in France, the Low Countries, and England, University Park, 2000, pp. 140-149, 195-196 ; J. Dumont et A. Marchandisse, La Signature dans les lettres du duc de Bourgogne Philippe le Bon, dans L’épistolaire politique ii. Authentiques et autographes (vie-xvie s.), éd. B. Dumézil et L. Vissière, Paris, 2016, pp. 77-78. L. Nys prépare une étude sur le tombeau de Louis de Male à paraître sous l’égide de la Société d’Histoire de Courtrai. 54 A.M. Roberts, The Tomb of Mary of Burgundy, op. cit., p. 390. 55 O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 311. 56 A.M. Roberts, The Tomb of Mary of Burgundy, op. cit., p. 392. 57 Nous mettons en effet au conditionnel l’affirmation d’ibid., p. 393, qui nous paraît trop catégorique dans son interprétation. 58 Sur le sujet, voir W. Blockmans, Um 1488. Wie der römische König in Flandern zum Gefangenen seiner Untertanen wurde, dans Die Macht des Königs. Herrschaft in Europa vom Frühmittelalter bis in die Neuzeit, éd. B. Jussen, Munich, 2005, pp. 275-286 ; R. Wellens, La Révolte brugeoise de 1488, dans Annales de la Société d’Émulation de Bruges, t. 102, 1965, pp. 5-52. 59 A.M. Roberts, The Tomb of Mary of Burgundy, op. cit., p. 395.

L’U lt i m e voyag e d e Mari e d e Bo u rgo gne

répondre physiquement à l’atteinte à son autorité qu’a constitué l’auweet qui s’est tenu à Bruges au mois de mars. À cette occasion, les rebelles ont paradé en armes dans la ville, comme pour montrer que, désormais, le pouvoir militaire était entre leurs mains, au moment même où Maximilien se trouvait être leur prisonnier60. * *** Ici encore, comme à l’occasion des funérailles, le discours politique qui se dévoile ne peut emporter l’adhésion par lui-même. Sa complexité le limite, de fait, aux élites. Or, ces élites ont déjà des avis politiques extrêmement marqués qui, on l’imagine, ne peuvent être renversés par quelques journées de fête et une sculpture, aussi remarquables soient-elles. Mais même si les adversaires de Maximilien ne se soumettent pas à ses arguments, ils entendent et voient tout de même ses réalisations, comprenant de la sorte que l’archiduc entend toujours soumettre les Anciens Pays-Bas à son autorité61. En cela, sans doute ses actions commémoratives – l’organisation de funérailles et l’érection d’un monument funéraire – ont-elles avant tout pour but de doubler ses efforts politiques et militaires, et de maintenir sous tension ceux qui, parmi ses sujets, espèrent encore soumettre le prince à leurs désirs et coutumes.

60 J. Haemers et é. Lecuppre-Desjardin, Conquérir et reconquérir l’espace urbain, op. cit., pp. 127-128. 61 Nous rejoignons donc tout à fait les conclusions d’É. Lecuppre-Desjardin, La Ville des cérémonies. Essai sur la communication politique dans les Anciens Pays-Bas bourguignons, Turnhout, 2004, p. 328, pour laquelle « la cérémonie ne résout rien » mais dit plutôt les tensions, les ambitions et les relations des personnages qui y sont impliqués.

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20. L’héritage de Marie de Bourgogne dans les collections et les commandes artistiques de Marguerite d’Autriche Pour offrir un prolongement et former en quelque sorte un premier épilogue à ce volume, il nous a paru opportun de nous interroger sur l’héritage que Marie de Bourgogne a laissé à son unique fille, Marguerite d’Autriche, et sur la manière dont celle-ci a pu s’en emparer1. De fait, Marguerite ne devait pas conserver de souvenir personnel de sa mère, morte alors qu’elle n’avait que deux ans. Dans quelle mesure peut-on alors parler d’héritage ? Bien que l’archiduchesse n’ait pas connu sa mère, l’étude montrera comment et sous quelles formes elle a évoqué et cultivé le souvenir de Marie. On pense généralement que celle-ci n’a finalement été pour sa fille, comme pour les Habsbourg postérieurs, qu’un maillon généalogique, le « chaînon manquant » ou le « pivot » entre la dynastie ducale de Bourgogne-Valois et la Maison des Habsbourg d’Autriche2. Néanmoins, il convient d’interroger cette notion et de s’assurer que, si le lien entre les deux femmes n’est pas souvent évoqué, il en existe bien un que l’on peut détecter en interrogeant les sources3. On sait en effet que Marguerite d’Autriche a réservé une grande place à la dimension bourguignonne de son héritage maternel. Que la princesse apparaisse comme l’héritière de Marie n’est d’ailleurs pas qu’une figure de style. Dans son testament, la duchesse désigne ses deux enfants comme ses héritiers universels : item instituit heredes suos universales in sequentem consuetudinem patrie suos liberos filium et filiam

1 Ce texte développe, corrige et précise mon article Marguerite d’Autriche princesse bourguignonne et l’héritage de Marie de Bourgogne dans l’art, dans Femmes en Bourgogne, 26e colloque de l’Association bourguignonne des Sociétés savantes, Monastère royal de Brou, 22-23 octobre 2016, Bourg-en-Bresse, 2017, pp. 10-33. 2 Je reprends ici des expressions utilisées par G. Docquier, Les Aléas d’une « Iphigénie bourguignonne ». Mémoire, culture et historiographie de Marie de Bourgogne en Belgique, ici même p. 373. 3 G. De Boom, Marguerite d’Autriche et la Pré-Renaissance, Paris, 1935 ; U. Tamussino, Margarete von Österreich. Diplomatin der Renaissance, Graz-Vienne-Cologne, 1995. Sur les commandes et les collections de la princesse, voir l’ouvrage fondamental de D. Eichberger, Leben mit Kunst, Wirken durch Kunst. Sammelwesen und Hofkunst unter Margarete von Österreich, Regentin der Niederlande, Turnhout, 2002, et pour la peinture Primitifs flamands. Trésors de Marguerite d’Autriche, de Jan van Eyck à Jérôme Bosch, Monastère royal de Brou, 8 mai-26 août 2018, éd. P.-G. Girault et M. Briat-Philippe, Rennes, 2018.

Pierre-Gilles Girault • Monastère royal de Brou Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 323-339.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122549

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qui sibi in omnibus dominiis, rebus et bonis succedant4. À la mort de son frère Philippe le Beau en 1506, c’est donc Marguerite qui demeure sa seule héritière directe. Elle porte dans son testament du 20 février 1509 les titres d’« archiduchesse d’Autriche, duchesse douairière de Savoie, comtesse de Bourgogne, de Charolais, etc. », et plus tard dans les actes de sa chancellerie, ceux d’« archiduchesse d’Autriche, duchesse et comtesse de Bourgogne », donnant à ces derniers la prééminence sur ses autres titres5. Marguerite d’Autriche exprime à nouveau cet attachement à la Bourgogne ducale dans les dispositions qu’elle prend pour ses obsèques : après sa mort le 1er décembre 1530 à Malines, son corps est transporté à Bruges en suivant le rituel des funérailles ducales6. Le 20 janvier 1531, sa dépouille est déposée durant deux jours dans l’église Notre-Dame, près des tombeaux de Charles le Téméraire et de Marie, et son cœur est placé dans le caveau, près de celui de sa mère et de son frère, exprimant ainsi sa filiation7. Peu après, ses restes sont transférés dans l’église du couvent de l’Annonciade de Bruges qu’elle avait fondé. Son cœur y demeurera, tandis qu’un an plus tard, en mars 1532, son corps quitte Bruges pour être transporté à Bourg-en-Bresse, au monastère de Brou, afin d’y rejoindre son époux, conformément à ses volontés8.

4 Cité par Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, témoin d’une grande entreprise à l’origine des nationalités européennes, Paris, 1967, p. 348. 5 Sur cette titulature, voir C. Mottier, Brou, église funéraire princière. Enjeux d’une fondation (1480-1509), dans Mémoires de la Société pour l’Histoire du Droit et des Institutions des Anciens Pays bourguignons, t. 73, 2016, pp. 13-36 (ici p. 32), d’après les documents publiés par J. Baux, Histoire de l’église de Brou, 3e éd., Bourg-en-Bresse, 1867, p. 311 s., et M. Bruchet, Marguerite d’Autriche, duchesse de Savoie, Lille, 1927, p. 301 s. Or, si Marguerite a bien été pourvue des comtés de Bourgogne et de Charolais par lettres du 17 février 1509 (éd. dans E. de Quinsonas, Matériaux pour servir à l’histoire de Marguerite d’Autriche, duchesse de Savoie, régente des Pays-Bas, 3e part., Analectes ou choix de pièces justificatives, Paris, 1860, pp. 197-206), l’héritier direct du duché est Charles. Toutefois, les théoriciens des États bourguignons insistent alors sur la transmission de toutes les possessions du lignage par les femmes, en contradiction avec l’argument avancé par les Français. Voir É. Viennot, L’Invention de la loi salique et ses répercussions sur la scène politique de la Renaissance, dans Le Genre face aux mutations, masculin et féminin. Du Moyen Âge à nos jours, éd. L. Capdevilla, S. Cassagnes, M. Cocaud, D. Godineau, Fr. Rouquet et J. Sainclivier, Rennes, 2003. URL : http://www.elianeviennot.fr/Articles/ Viennot-LS-repercussions.pdf. 6 D. Coenen, Le Transfert de la dépouille de Marguerite d’Autriche à Brou en 1532, dans Nouvelles Annales de l’Ain, 2008, pp. 6-61. Les funérailles de Marie sont étudiées dans le présent volume par A. Marchandisse, Chr. Masson et B. Schnerb, L’Ultime voyage de Marie de Bourgogne. Des funérailles de duc ou de duchesse ?, pp. 309-321. 7 Philippe le Beau exprime une intention semblable dans son testament rédigé à Bruges le 26 décembre 1505 : Item, ou cas que je voyse de vye a trespas ès pays d’Espagne, je vueil estre inhumé et ensevely en Grenade avec la feue royne d’Espaigne, ma belle mere. Et se je decede ès pays de par deça, je choisiz le lieu de sepulture en l’eglise de Nostre Dame a Bruges, près madame ma mere. Et si la duchié de Bourgoingne estoit lors entre noz mains, je veulz estre ensepulturé aux Chartreux de Dijon avec les ducs de Bourgogne, mes predecesseurs. Mort le 25 septembre 1506 à Burgos, Philippe fut enterré provisoirement à la chartreuse Santa Maria de Miraflores, avant d’être enseveli définitivement en 1525 dans la chapelle royale de Grenade. Voir J.-M. Cauchies, Philippe le Beau. Le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, 2003, pp. 265-267. 8 D. Coenen, Le Transfert, op. cit. ; Id., De Quelques informations complémentaires concernant le transfert de la dépouille de Marguerite d’Autriche, dans Nouvelles Annales de l’Ain, 2011, pp. 22-25.



L’H é r i tag e d e M ar i e d e B o u rg o g ne dans le s co llecti o ns

Or, si les historiens ont souvent exploré les liens entre la princesse et la veuve de son grand-père, Marguerite d’York9, nous entendons montrer comment cet attachement au duché de Bourgogne et à l’héritage de sa mère se sont manifestés à travers son mécénat. Marguerite d’Autriche étant l’une des plus importantes commanditaires et collectionneuses de son temps, on se propose d’explorer, à la recherche du souvenir de sa mère, non seulement ses collections, notamment les portraits qu’elle conservait dans son palais de Malines, mais aussi et surtout ses commandes artistiques dans le vitrail ou la tapisserie, pour se concentrer finalement sur ce qui fut son grand œuvre : la fondation et la construction du monastère de Brou, dont l’historiographie récente n’évalue sans doute pas à sa juste valeur la double dimension dynastique bourguignonne et féminine. Nous verrons alors que l’héritage de Marie de Bourgogne dans le « mécénat » de Marguerite d’Autriche réside peut-être moins dans la transmission ou l’imitation de pratiques artistiques que dans les représentations et la présence symbolique de Marie dans les commandes de Marguerite.

1. Les collections et l’introuvable portrait Dagmar Eichberger a étudié les collections que Marguerite d’Autriche réunit dans son palais de Malines, où elle retourne résider en 1507 et dont elle poursuit la construction et l’aménagement jusqu’à sa mort10. Un inventaire rédigé en 1523-1524 énumère huit pièces d’habitation à son usage et décrit une imposante collection de curiosités et d’objets d’art, dont plus de 80 portraits11. La « première chambre », véritable galerie de portraits officiels, en contient à elle seule une trentaine, presque tous identifiables12. Il est intéressant pour notre propos de noter que les plus nombreux sont liés à sa parenté et à ses alliances, dont ceux des ducs de Bourgogne : Jean sans Peur, Philippe le Bon et son grand-père Charles le Téméraire, ces deux derniers portraits officiels portant la Toison d’Or. Seules deux femmes sont présentes, Isabelle de Portugal, troisième épouse de Philippe le Bon, et l’une des filles illégitimes de ce

9 Voir notamment Women of Distinction. Margaret of York, Margaret of Austria, éd. D. Eichberger, Turnhout-Louvain, 2005 ; A.-M. Legaré, Les Bibliothèques de deux princesses. Marguerite d’York et Marguerite d’Autriche, dans Livres et lectures des femmes en Europe entre Moyen Âge et Renaissance, éd. Id., Turnhout, 2007, pp. 255-264. 10 D. Eichberger, Leben mit Kunst, op. cit., passim ; Id., A Noble Residence for a Female Regent. Margaret of Austria and the « Court of Savoy » in Mechelen, dans Architecture and the Politics of Gender in Early Modern Europe, éd. H. Hills, Aldershot-Burlington, 2003, pp. 25-46. 11 Inventaire des vaisselles, joyaux, tapisseries, peintures, livres et manuscrits de Marguerite d’Autriche, éd. H. Michelant, Bruxelles, 1870, pp. 10-132. 12 Sur les portraits, voir D. Eichberger et L. Beaven, Family Members and Political Allies. The Portrait Gallery of Margaret of Austria in Mechelen, dans The Art Bulletin, t. 77/2, 1995, pp. 225-248 ; D. Eichberger, Margaret of Austria’s Portrait Collection. Female Patronage in the Light of Dynastic Ambitions and Artistic Quality, dans Journal of the Society for Renaissance Studies, t. 10/2, 1996, pp. 259279 ; Id., Leben mit Kunst, op. cit., pp. 153-166 ; P.-G. Girault, Trois pourtraictures faictes sur thoille à la semblance de mesdames… La collection de portraits de Marguerite d’Autriche, dans Primitifs flamands. Trésors de Marguerite d’Autriche, op. cit., pp. 38-53.

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dernier, Madame de Charny. Côté Habsbourg, on trouve notamment les empereurs Frédéric III et Maximilien. Deux représentations de Marie apparaissent dans les collections de sa fille. Le premier portrait assuré de sa mère est cité dans un inventaire antérieur, daté de 1516. Cette autre paincture sur thoille de madame Marye, mère de Madame, est localisée en la librairye de Madame13. Il fait partie d’un ensemble de portraits familiaux décrits dans sa bibliothèque, à l’instar du portrait en diptyque de sa grand-mère Isabelle de Bourbon, deuxième femme de Charles le Téméraire14. On rencontre également dans cette pièce les portraits des ducs de Bourgogne Jean sans Peur et Philippe le Bon, de son grand-père Charles le Téméraire, de Charlemagne et de Frédéric III, de son père Maximilien, de la seconde épouse de Maximilien, Bianca Maria Sforza, de son frère Philippe le Beau et de son épouse Jeanne de Castille, de ses neveux Charles et Ferdinand et de ses nièces Éléonore, Isabelle et Marie15. Il est significatif que ce soit dans cet espace semi-privé, presque une pièce intime, qu’est citée la paincture sur thoille de madame Marye, mère de Madame, qui prend ainsi place parmi les portraits des ducs de Bourgogne. Il s’y trouve toujours lors de l’inventaire de 1523-1524, parmi vingt tableaux de painctures estans à l’entour du manteau de la chemynée, car on le reconnaît en tête des cinq pourtraitures en toille de madame Mairie, l’empereur, et de mes trois dames ses sœurs16. Il ne paraît pas conservé, sauf à supposer que l’un des rares portraits connus de la princesse dérive de ce prototype. Parmi ceux-ci figure un portrait de jeune femme en sainte Marie-Madeleine, connu par plusieurs versions anciennes, attribué au Maître de la légende de sainte Madeleine (Bernard van der Stockt ?)17. L’un des exemplaires, conservé au musée Condé à Chantilly, porte l’inscription – tardive – « Marie de Bourgogne » (Ill. 50)18. S’il s’agit bien de cette dernière, c’est évidemment un portrait posthume, puisque l’œuvre paraît datable des années 1510. Néanmoins certains historiens d’art préfèrent y reconnaître les traits de Marguerite d’Autriche elle-même plutôt que ceux de sa mère19. En fait, les variantes existant entre les quatorze versions connues m’incitent à penser que certaines, comme celle de Londres (National Gallery, inv. NG 2614), sont

13 Cité dans Correspondance de l’empereur Maximilien Ier et de Marguerite d’Autriche, sa fille, gouvernante des Pays-Bas, de 1507 à 1519, éd. A.J.G. Le Glay, t. 2, Paris, 1839, p. 482 ; D. Eichberger et L. Beaven, Family Members, op. cit., p. 226 n. 14 ; D. Eichberger, Leben mit Kunst, op. cit., p. 155 n. 41, p. 167. 14 Ung petit tableau d’une Nostre-Dame et de madame de Charollois, de illuminure, mis en ung estuy ensemble, cité par Correspondance de l’empereur Maximilien Ier, op. cit., t. 2, p. 481 ; D. Eichberger, Leben mit Kunst, op. cit., p. 155 n. 40, p. 207 n. 61. 15 Ibid., pp. 167-174. 16 Inventaire des vaisselles, op. cit., p. 59. 17 M.J. Friedländer, Early Netherlandish Painting, t. 12, Leyde-Bruxelles, 1975, p. 93, pl. 17, fig. 24 ; Women of Distinction, op. cit., pp. 266-267, no 107 (notice par A. Mensger). 18 Sur la version de Chantilly, voir M. Comblen-Sonkes, coll. I. Vandeviviere, Les Musées de l’Institut de France, Musées Jacquemart-André et Marmottan à Paris, Musée de Condé à Chantilly, Bruxelles, 1988, pp. 113-122 et en dernier lieu Marie-Madeleine, la Passion révélée, éd. M. Briat-Philippe, M.-P. Botte et M.-N. Maynard, Saint-Étienne, 2016, pp. 84-86, no 14 (notice par M. Briat-Philippe). 19 En dernier lieu A. Mensger et M. Briat-Philippe. M. Comblen-Sonkes estime d’ailleurs qu’il pourrait s’agir de plusieurs personnes différentes.

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bien des portraits rétrospectifs de Marie de Bourgogne, et que d’autres représentent Marguerite, qui, par un double jeu spéculaire, se voit ainsi assimilée à la fois à sa mère et à Marie-Madeleine. Le second portrait de Marie qui se trouvait dans la collection de Marguerite est cité dans un troisième inventaire, dressé en 1530, qui mentionne dans sa chambre : Une chasse de bois de chasne, […] et dedans la representation de madame Marie de Bourgoigne, qui Dieu pardoint, mere de Madame, estant sur un cheval et l’oyseau sur le point, et au frontal dudit cheval a ung grant plumail, et plusieurs chiens la suyvent20. S’agit-il d’un tableau dont l’iconographie dériverait des sceaux équestres de Marie21 ? Toutefois, la mention d’une boîte en chêne, inhabituelle pour les tableaux, et l’emploi du terme « représentation », fréquent pour les sceaux, m’inciterait plutôt à y voir une matrice du sceau de sa mère que Marguerite aurait conservée par devers elle comme une relique, la matrice d’un sceau, véritable alter ego juridique de son possesseur, étant habituellement brisée à la mort de celui-ci ou enterrée avec lui22.

2. Les commandes artistiques de Marguerite d’Autriche L’intérêt que Marguerite porte au souvenir de sa mère apparaît surtout dans ses commandes artistiques23. Ainsi fait-elle réaliser vers 1520, dans des circonstances et pour une destination qui nous échappent, un diptyque, attribué à Jan Mostaert24, dans lequel la Vierge bénéficie de l’apparition de son Fils ressuscité, suivi par des

20 H. Zimmermann, Urkunden und Regesten aus dem K. und Haus-, Hof- und Staats-Archiv in Wien, dans Jahrbuch der Kunsthistorischen Sammlungen des Allerhöchsten Kaiserhauses, t. 3, 1885, pp. xciii-cxxiii (ici p. xcix, no 156). Cité par D. Eichberger, Leben mit Kunst, op. cit., p. 156, n. 41 ; O. Karaskova, Marie de Bourgogne et le Grand Héritage. L’iconographie princière face aux défis d’un pouvoir en transition (1477-1530), t. 1, Thèse de doctorat, Université de Lille-Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2014, p. 208, n. 494. 21 Sur les sceaux de Marie de Bourgogne, voir R. Laurent, Les Sceaux des princes territoriaux belges du xe siècle à 1482, t. 1/2, Bruxelles, 1993, pp. 620-632 ; t. 2, pl. 366-370, 373-385, 387 ; O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., t. 1, pp. 200-216, qui suggère (p. 204) que les sceaux ont pu donner naissance à une iconographie officielle de Marie dont témoignerait l’illustration des deux manuscrits de l’Excellente Cronyke van Vlaenderen. 22 M. Pastoureau, Les Sceaux et les fonctions sociales de l’image, dans L’Image. Fonctions et usages des images dans l’Occident médiéval, éd. J.-Cl. Schmitt et J. Baschet, Paris, 1996, pp. 275-308. Voir aussi l’article d’A . Pearson, Rulership, Ridership, and the Perils of Sealing, pp. 115-136, dans le présent volume. 23 Voir O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., t. 1, pp. 404-408. Je remercie l’autrice de m’avoir signalé et communiqué sa thèse encore inédite à l’occasion du colloque de 2015. 24 Le peintre est documenté à son service au moins de 1519 à 1521. M. Briat-Philippe, Par ta beaulté, pour décorer ton tiltre… Marguerite d’Autriche, ses peintres et ses sculpteurs, dans Primitifs flamands, trésors de Marguerite d’Autriche, op. cit., pp. 54-67 (ici p. 60).

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justes libérés des Limbes25. On n’a me semble-t-il pas relevé que la Vierge semble y prendre les traits de Marguerite elle-même, car elle porte certes un voile blanc, mais aussi une guimpe blanche et surtout une robe noire de deuil, tout à fait inhabituelle pour la Vierge, et qu’elle est agenouillée en prière les mains jointes comme le serait une donatrice26. Le cortège se poursuit sur le volet droit, aujourd’hui séparé, où Marie de Bourgogne, bien reconnaissable par analogie avec d’autres portraits posthumes de la duchesse, lui faisait face (Ill. 51A-B)27. On y a vu un « tendre et émouvant hommage » à la mémoire de sa mère Marie de Bourgogne28. Une telle peinture demeure néanmoins isolée et Olga Karaskova observe que « nous ne connaissons pas d’autres représentations de Marie de Bourgogne provenant d’une commande de sa fille ; force est donc de constater que l’emploi de l’image de la duchesse par celle-ci fut très limité »29. Ces rares occurrences n’en sont toutefois que plus significatives. Marguerite participe aussi au paiement de vitraux représentant sa mère30. Elle fait en effet réaliser pour plusieurs églises « des séries de vitraux représentant toute sa famille, comme ceux de la Chartreuse de Scheut près de Bruxelles ou de l’abbaye de La Cambre (Bruxelles) »31. Si la plupart ont disparu, trois de ces ensembles subsistent encore de nos jours. Les plus anciens vitraux conservés sont ceux de l’abside du chœur de la collégiale Sainte-Waudru à Mons, qui sont datés de 1511-151232. La verrière centrale représente la Crucifixion avec Maximilien et Philippe le Beau. Les hommes –  Philippe et ses deux fils Charles et Ferdinand – prennent place à droite, auprès de

25 Enschede, Rijksmuseum Twenthe, inv. 13. Ce diptyque est absent des inventaires des collections de Malines. 26 Cette scène peut être rapprochée du vitrail axial de l’église de Brou, dont le registre inférieur montre également l’apparition du Christ ressuscité à sa mère, dans laquelle on a parfois suggéré de reconnaître un portrait de Marguerite elle-même. 27 Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza, inv. 293 (1930.76). La ressemblance est frappante avec le portrait de Marie conservé au château de Gaasbeek, inv. 223, dont le modèle est identifié par l’inscription Maria karoli filia. Voir O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., t. 1, pp. 254-264 (notamment p. 255). 28 Prayers and Portraits. Unfolding the Netherlandish Diptych, éd. J. Hand, C. Metzger et R. Spronk, New Haven-Londres, 2007, pp. 192-199, no 28 (ici p. 198) ; O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., t. 1, pp. 407-408. 29 Ibid., t. 1, p. 408. 30 Voir Y. Vanden Bemden, Le Vitrail sous les ducs de Bourgogne et les Habsbourg dans les anciens PaysBas, dans Liber amicorum Raphaël de Smedt, éd. J. Vander Auwera, t. 2, Louvain, 2001, pp. 19-46 ; Id., Les Vitraux de Brou et le mécénat de Marguerite d’Autriche dans le domaine du vitrail, dans Brou, un monument européen à l’aube de la Renaissance. Actes du colloque international de Bourg-en-Bresse, Musée de Brou, 13-14 octobre 2006, Bourg-en-Bresse, 2008, pp. 171-182. URL : http://editions.monumentsnationaux.fr. 31 Y. Vanden Bemden, L’Amour, la mort et la gloire. Marguerite d’Autriche et les vitraux du monastère de Brou, dans Lire, écrire et éduquer à la Renaissance. Mélanges en l’honneur de Franz Bierlaire, éd. A. Delfosse et Th. Glesener, Bruxelles, 2013, pp. 199-227 (ici p. 200). 32 Id., Les Vitraux de la première moitié du xvie siècle conservés en Belgique. Province du Hainaut. Fascicule 1, La collégiale Sainte-Waudru, Mons, Namur, 2000.

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l’Apparition du Christ à sa mère33. Les femmes sont figurées en prière auprès de la Fuite en Égypte, qui occupe la lancette de droite : dans la lancette centrale, Marie de Bourgogne – surmontée de la devise de son père, Je l’ay empris – est présentée par Marie-Madeleine et, dans la lancette gauche, sa fille par sainte Marguerite (Ill. 52). C’est d’ailleurs la seule verrière où Marguerite figure immédiatement à côté de sa mère34. Faut-il voir dans l’association des princesses à la Fuite en Égypte une allusion à la perte du duché de Bourgogne et à leur « exil » dans les Pays-Bas bourguignons ? Comment interpréter ce choix rétrospectif de Marie-Madeleine comme patronne de la duchesse – tant dans le vitrail de Mons que dans les portraits de Londres et Chantilly –, alors que rien n’atteste que celle-ci ait porté une vénération particulière à la sainte de son vivant ? Le choix de ce patronage nous paraît justifié non seulement par l’homonymie entre Marie de Bourgogne et Marie de Magdala, mais aussi par l’ancrage bourguignon de la sainte du fait de l’abbaye de Vézelay, qui lui vaut d’être vénérée comme une quasi-patronne du duché par les derniers ducs Valois35. En effet, comme l’ont montré Susan Haskins et Magali Briat-Philippe, Madeleine apparaît à la fin du xve siècle comme une sainte identitaire bourguignonne. Son effigie figure dans les collections ducales, tandis que les ducs Valois s’intéressent à l’abbaye de Vézelay dont ils confirment les privilèges contre les prétentions de Saint-Maximin à détenir les reliques de la sainte. Le roman Girart de Roussillon, mis en prose par Jean Wauquelin pour Philippe le Bon, raconte et illustre l’arrivée du corps de la sainte à Vézelay36. Plus tard, c’est probablement Maximilien qui fait exécuter à Bruges, vers 1485, une Chronique abrégée des anciens rois et ducs de Bourgogne qui attribue à Marie-Madeleine la conversion du premier roi légendaire de Bourgogne. Son baptême par saint Maximin et la résurrection de son fils Étienne apparaissent dans une miniature, ainsi que l’adoption par ce fils, devenu roi de Bourgogne, de la croix de saint André37. Une autre commande, réalisée entre 1516 et 1519, concerne les verrières de la collégiale Saint-Gommaire de Lierre, en Flandre. Ces cinq verrières se composent de trois registres superposés réunissant les armoiries, les portraits en prière et les saints patrons de la famille impériale. Trois d’entre elles, « celles de Maximilien et Marie, de Philippe et Jeanne et de Charles Quint et Ferdinand, furent octroyées en 1516 par l’empereur et par son petit-fils à l’occasion de l’intronisation de celui-ci à Lierre comme duc de Brabant »38. Deux autres, données la même année par des 33 Marguerite paraît décidément avoir une dévotion particulière pour ce thème qui réapparaît encore à Brou dans le retable sculpté des Sept Joies de la Vierge. 34 O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., t. 1, pp. 401-402. 35 S. Haskins, Mary Magdalen and the Burgundian Question, dans Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, t. 73, 2010, pp. 99-135 ; M. Briat-Philippe, La Dévotion de la Maison de Bourgogne et de Marguerite d’Autriche pour Marie-Madeleine, dans Marie-Madeleine, la Passion révélée, op. cit., pp. 42-53 ; Id., Marie-Madeleine et les duchesses de Bourgogne, de Marguerite de Bourgogne à Marguerite d’Autriche, dans Femmes en Bourgogne, op. cit., pp. 34-61. 36 Vienne, ÖNB, Cod. 2549, fol. 141r ; reproduit dans S. Haskins, Mary Magdalen, op. cit., p. 105, fig. 1. 37 Chronique abrégée des anciens rois et ducs de Bourgogne, Londres, BL, ms. Yates Thompson 32, fol. 2r ; reproduit dans S. Haskins, Mary Magdalen, op. cit., p. 107, fig. 2. 38 Ibid., t. 1, pp. 323, 402-403.

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notables ecclésiastiques et communaux, représentent respectivement Marguerite d’Autriche, vêtue en veuve, avec son époux Philibert de Savoie, et les quatre sœurs du nouveau duc39. Enfin, dans la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles, cinq verrières hautes occupent l’abside. Marguerite paye la fabrique de l’église pour sa verrière en 1524. Dans les trois baies centrales figurent Maximilien et Marie en prière devant la Vierge dans l’axe ; Philippe le Beau et Jeanne de Castille priant saint Michel au nord, Charles Quint et Ferdinand devant sainte Gudule au sud. Les deux verrières latérales représentent deux couples princiers en prière devant sainte Marguerite, qui apparaît donc deux fois. À droite, sa présence s’explique aisément : il s’agit incontestablement d’un portrait de Marguerite d’Autriche, portant une robe brune et un attifet de veuve, représentée avec son époux défunt Philibert de Savoie. Côté nord, les restaurations rendent l’identification des deux personnages plus incertaine. Toutefois, le fait que le couple porte couronnes et manteaux d’hermine, signes d’un rang royal, mais aussi la présence d’armoiries espagnoles et de sainte Marguerite nous semblent à nouveau désigner Marguerite d’Autriche, avec cette fois son premier époux l’infant Juan de Castille40. Ainsi Marguerite d’Autriche et sa sainte patronne, placées de part et d’autre, apparaissent-elles comme les protectrices du lignage Habsbourg-Bourgogne. Bien que les vitreries de Mons, Lierre et Bruxelles soient toutes « officiellement dues au mécénat de Maximilien et de Charles, ces verrières furent souvent payées par Marguerite d’Autriche qui se chargea des commandes pour son père et son neveu »41. Elle agit en effet au nom de l’empereur en sa qualité de régente et gouvernante des Pays-Bas et il est probable qu’elle en suivit le programme et l’exécution avec le même soin que plus tard pour les vitraux de Brou. Il est en tout cas frappant d’observer que, dans ces différents vitraux, la mère de Marguerite figure comme maillon généalogique au sein d’un ensemble familial dont elle fournit la clé, puisque c’est elle qui, par l’héritage qu’elle a transmis à son mari et surtout à ses enfants, fonde et légitime la domination des Habsbourg sur les territoires bourguignons et notamment les Pays-Bas méridionaux où ces verrières sont installées. En associant l’image de sa mère à la sienne et au lignage masculin représenté par son père, son frère et ses neveux dans ces commandes qui s’échelonnent de 1511 à 1524, Marguerite semble vouloir réaffirmer sa position et celle de son lignage comme héritiers légitimes de la Maison de Bourgogne tout au long de la période où elle exerce la gouvernance des Pays-Bas. Il en va de même dans une dernière réalisation, cette fois une tenture. Vers 1525, Marguerite commande au lissier Henri van Lacke une tenture de neuf tapisseries

39 J. Helbig, Les Vitraux de la première moitié du xvie siècle conservés en Belgique. Province d’Anvers et Flandres, Bruxelles, 1968, pp. 229-251. 40 J. Helbig et Y. Vanden Bemden, Les Vitraux de la première moitié du xvie siècle conservés en Belgique. Brabant et Limbourg, Bruxelles, 1974, pp. 17-48 ; Y. Vanden Bemden, Historique des vitraux. Vitraux anciens (xvie et xviie siècles), dans Les Vitraux de la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule de Bruxelles. Histoire, conservation et restauration, éd. I. Lecocq, Bruxelles, 2005, pp. 47-99 (ici pp. 55-71). Voir aussi O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., t. 1, pp. 409-410. 41 Ibid., t. 1, p. 404. Voir Y. Vanden Bemden, Historique des vitraux, op. cit., pp. 55-56.

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héraldiques. En 1528, le garde des joyaux de la princesse accuse réception de ces neuf pièces de belle et exquise tappisserie, faicte de soye et de sayette, par grans feullaiges, et a fort belle façon, armoyées des armes de la genalogie et descente de madite dame, et au bas d’une chascune desdites pièces y a ung lyon et une austriche42. Deux seulement sont encore conservées au musée des arts appliqués de Budapest (Ill. 53)43. Sur l’une d’elles se voient les armes de Marguerite d’Autriche comme duchesse de Savoie, de ses parents Maximilien et Marie, et de ses grands-parents maternels, le duc Charles et Isabelle de Bourbon. Sur la seconde, les armoiries mi-parties d’Espagne et de Marguerite, du fait de son premier mariage avec l’infant don Juan, sont entourées des armes de Ferdinand d’Autriche et de Marie de Hongrie d’une part, et de Marie d’Autriche et de Louis de Hongrie d’autre part. Cette tenture faisait partie de plusieurs ensembles de verdures héraldiques dont la princesse passa commande aux ateliers d’Enghien entre 1523 et 1528 et qu’elle donna ensuite aux églises de Poligny, Gand et Liège44. Avec d’autres trésors de ses collections, la tenture de neuf pièces fut léguée par la princesse au monastère de Brou45. Quatre pièces y subsistaient encore aux xviie et xviiie siècles, et étaient déployées dans le chœur à l’occasion des grandes fêtes46. Remarquons que les armoiries bourguignonnes occupent une place importante sur ces tapisseries qui étaient censées être placées dans les églises des territoires qu’elle gouvernait – les Pays-Bas bourguignons dont elle assurait la régence et la FrancheComté que son père lui avait cédée –, et qui faisaient d’elle une quasi duchesse de Bourgogne de facto malgré la perte du duché. Le don d’une dernière tenture à Brou apparaît alors comme une double revendication de son héritage et de son autorité sur un autre territoire, celui du comté de Bresse.

42 Inventaire des vaisselles, op. cit., p. 121, cite seulement quatre pièces. D. Eichberger, Leben mit Kunst, op. cit., p. 22 n. 13, complète d’après le manuscrit l’édition tronquée de Michelant en reproduisant la mention de « cinq autre pièces de la même tappisserie ». 43 Budapest, Iparmüvészeti múzeum, inv. 14764, 14765. Voir G. Delmarcel, Tapisseries anciennes d’Enghien, Mons, 1980, pp. 13-15 ; O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., t. 1, pp. 406-407. 44 G. Delmarcel, De Passietapijten van Margareta van Oostenrijk (ca 1518-1524). Nieuwe gegevens en documenten, dans Revue belge d’archéologie et d’histoire de l’art, t. 61, 1992, pp. 127-160, trad. anglaise en ligne The Passion Tapestries of Margaret of Austria (c. 1518-1524) – New Data and Documents. URL : https://www.arts.kuleuven.be/studiesinwesterntapestry/e-articles_delmarcel_passion. 45 M. Bruchet, Marguerite d’Autriche, op. cit., p. 429, no xcvi (récépissé des religieux de Brou en 1532) ; D. Eichberger, Leben mit Kunst, op. cit., p. 23, n. 14. 46 Raphaël de la Vierge Marie, Description historique de la belle église et du couvent royal de Brou (1692-1715), Bourg-en-Bresse, mss Archives départementales de l’Ain et Société d’Emulation de l’Ain (non cotés), transcription dactylographiée par M.-Fr. Poiret, p. 159, mentionne une Tenture de quatre pièces de tapisserie chargée des alliances de Marguerite d’Autriche, qui furent encore données par cette princesse. Le 26 février 1790, l’Inventaire du couvent royal de Brou dressé par le père Pacifique Rousselet décrit dans la troisième chambre [du logis destiné à Marguerite], quatre grandes tentures de tapisserie qui nous viennent de la princesse fondatrice. Elles représentent les alliances de Marguerite d’Autriche. On les expose dans le sanctuaire autour du rond-point dans certaines solennités (Bourg-en-Bresse, AM, 3P4).

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3. Brou, le grand-œuvre de Marguerite Brou est en effet son grand œuvre (Ill. 54). Le monastère est fondé en 1505 par Marguerite afin d’y enterrer son mari Philibert le Beau. La princesse accomplit ainsi le vœu de sa belle-mère Marguerite de Bourbon, qui avait promis dès 1480 de rétablir le petit prieuré bénédictin de ce lieu si son mari réchappait d’un accident47. Les bâtiments conventuels sont élevés pour l’essentiel de 1506 à 1513, date à laquelle les moines s’y installent. Le chantier de l’église prend une nouvelle ampleur quand, en 1509, trois jours après avoir été investie des comtés de Bourgogne et de Charolais, Marguerite décide d’y être elle-même enterrée. L’église est construite de 1512 à 1532 par un maître d’œuvre bruxellois, Louis (Lodwijk) van Boghem. Le chœur accueille les trois tombeaux de Philibert et des deux Marguerites, conformément à ses volontés48. Curieusement, comme on l’a dit, l’historiographie moderne de Brou a sous-évalué la double dimension dynastique bourguignonne49 et féminine50 du monument. L’historiographie romantique y reconnaît l’hommage d’une femme amoureuse à la mémoire de son mari défunt. Dans une thèse récente demeurée inédite, Françoise

47 En reprenant le vœu de sa belle-mère à son compte, Marguerite d’Autriche souligne une alliance Bourbon commune aux Maisons de Bourgogne et de Savoie. Marguerite de Bourbon était en effet la fille du duc Charles Ier de Bourbon et d’Agnès de Bourgogne, elle-même sœur de Philippe le Bon et nièce par alliance d’Amédée VIII de Savoie, et la sœur cadette d’Isabelle de Bourbon, deuxième femme de Charles le Téméraire, mère de Marie de Bourgogne et aïeule de Marguerite d’Autriche (C. Mottier, Brou, église funéraire princière, op. cit., pp. 20-21). En érigeant son tombeau, Marguerite d’Autriche renouvelle en outre le geste de Marie de Bourgogne qui avait commandé dès 1476 le tombeau de sa mère Isabelle de Bourbon à l’abbaye Saint-Michel d’Anvers (il n’en subsiste aujourd’hui que le gisant de bronze dans la cathédrale d’Anvers et 10 des 24 statuettes de pleurants, conservées au Rijksmuseum d’Amsterdam), puis en 1479 celui de son oncle, Jacques de Bourbon, érigé en l’église Saint-Donatien de Bruges. Voir Fr. Scholten, Isabella’s Weepers. Ten Statues from a Burgundian Tomb, Amsterdam, 2007 ; O. Karaskova, Marie de Bourgogne, op. cit., t. 1, pp. 93-95. 48 Outre J. Baux, Histoire de l’église de Brou, op. cit. ; M. Bruchet, Marguerite d’Autriche, op. cit., voir M. Hörsch, Architektur unter Margarethe von Österreich, Regentin der Niederlande (1507-1530). Eine bau- und architekturgeschichtliche Studie zum Grabkloster St-Nicolas-de-Tolentin in Brou bei Bourg-enBresse, Bruxelles, 1994 ; M.-Fr. Poiret, Le Monastère de Brou, le chef d’œuvre d’une fille d’empereur, Paris, 1994. Voir aussi les actes du colloque Brou, un monument européen à l’aube de la Renaissance, op. cit. 49 Pourtant, dès 1876, Jarrin observe que « notre église se fait résolument, éperdument bourguignonne » et que « l’intention du codicille [ajouté par Marguerite à son testament en 1530] et l’érection du monument ont un même but qui est d’empêcher que “le nom de Bourgogne soit aboli” » (Ch. Jarrin, Brou, histoire de l’église, ce qu’elle vaut comme œuvre d’art, dans Annales de la Société d’Emulation de l’Ain, t. 10, 1876, pp. 305-370 [ici pp. 340-343]). L’historiographie allemande récente souligne surtout la filiation entre la chartreuse de Champmol et Brou : M. Hörsch, Architektur unter Margarethe von Österreich, op. cit., pp. 180-181 ; R. Prochno, Die Kartause von Champmol. Grablege der burgundischen Herzöge (1364-1477), Berlin, 2002, passim. 50 Dès le xixe siècle, J. Baux, Histoire de l’église de Brou, op. cit., p. 149, souligne pourtant déjà « que toutes les compositions des sculpteurs et des peintres, dans le sanctuaire de Brou, ont pour objet la glorification de la femme ». Sur cette dimension féminine, voir S. Jacquot, Marguerite d’Autriche, une femme de pouvoir. L’exemple des vitraux, dans Les Femmes, supports de la tradition ou actrices de l’innovation ? Actes du 131e colloque national des Sociétés historiques et scientifiques (Grenoble, 2006), éd. N. Lemaître, Paris, 2010, pp. 13-30 ; M. Briat-Philippe, Le Monastère royal de Brou à Bourg-en-Bresse, un monument à la gloire des femmes, dans Et in Arcadia Ego. Revue du Cercle Poussin, t. 6, septembre 2016, pp. 18-21.

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Vial y voit un programme principalement inspiré par la Savoie et les Augustins de Lombardie, choisis par la princesse pour desservir le sanctuaire51. Pourtant, dans l’abondant décor emblématique de l’église, la Savoie demeure assez peu présente, ou du moins occupe-t-elle une place relativement discrète et surtout très localisée au regard de l’omniprésence bourguignonne52. La devise de la Maison de Savoie – un nœud en forme de huit horizontal – et la croix de leur écu sont de fait le plus souvent associées aux effigies du duc. Sur le tympan du portail occidental, face à Marguerite d’Autriche présentée par sainte Marguerite d’Antioche, surmontant son écu en losange timbré de la croix de saint André bourguignonne et des briquets ou fusils hérités de Philippe le Bon, on voit en effet le duc Philibert, présenté par son saint patron, l’évêque Philibert de Tournus, au-dessus de l’écu de Savoie, du mot FERT et du nœud de Savoie (Ill. 55)53. Ces devises, – nœud et mot FERT – figurent également sur son tombeau, placé au centre du chœur (sur le gisant supérieur et les socles des statuettes des sibylles) et, pour les nœuds, au revers du jubé regardant vers ce même tombeau. La panoplie emblématique ducale accompagne également les portraits du duc peints dans les vitraux, dans la chapelle de l’Assomption et surtout sur les verrières de l’abside où se voient, outre son portrait en orant, une verrière héraldique illustrant sa généalogie, tandis que le Christ ressuscité de la baie axiale tient la bannière crucifère timbrée de la croix de Savoie54. Des nœuds entrelaçant la croix de Bourgogne formées de bâtons noueux, comme pour signifier l’union des Maisons de Bourgogne et de Savoie, figurent encore sur les verrières aux armes de Marguerite placées dans la chapelle Sainte-Apolline,

51 Fr. Blattes-Vial, La Visibilité de la mort et l’expression de la vie. La fondation funéraire de Philibert II de Savoie et Marguerite d’Autriche à Brou (1504-1532), Thèse de doctorat, Université de Paris-Sorbonne, 2012. URL : http://www.centrechastel.paris-sorbonne.fr/theses/la-visibilite-de-la-mort-etlexpression-de-la-vie-la-fondation-funeraire-de-philibert-ii-de. Voir aussi Ead., Le Manuscrit de la Couronne margaritique de Jean Lemaire de Belges offert par Marguerite d’Autriche à Philippe le Beau en 1505. La rhétorique et l’image au service d’une princesse assimilée à la paix, dans Le Pouvoir par les armes. Le pouvoir par les idées, éd. J. Dumont et Chr. Masson, dans L.M.A., t. 121, 2015/1, pp. 81-124. 52 Chr. de Mérindol, Le Couvent de Saint-Nicolas de Tolentino à Brou. Réflexions sur les églises et les chapelles à destination funéraire à la fin du Moyen Âge, dans Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1993, pp. 140-152. 53 Le mot FERT a suscité depuis le xvie siècle de nombreuses explications souvent fantaisistes. La plus convaincante a été fournie par Nicolas Baptiste et Sylvain Macherat lors des journées d’étude Des Chiffres et des lettres. Lettres emblématiques, monogrammes et chiffres énigmatiques dans l’emblématique de la première Renaissance, organisées par Laurent Hablot au monastère royal de Brou les 5 et 6 novembre 2015. Ils proposent de reconnaître dans le nœud et le mot le rappel du vœu de prendre la croix et de porter l’étendard du Christ pour libérer son tombeau, vœu accompli par le comte Amédée VI lors de la croisade de 1366, renouvelé en 1396 par la participation d’Humbert le Bâtard, demi-frère d’Amédée VIII, à l’expédition de Nicopolis, puis au xve siècle par la revendication du royaume de Chypre. 54 Chr. de Mérindol, Le Décor emblématique et les vitraux armoriés du couvent Saint-Nicolas-de-Tolentin à Brou, dans Revue française d’héraldique et de sigillographie, t. 64, 1994, pp. 149-180.

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dite autrefois chapelle du prince, destinée au frère et successeur du défunt, le duc de Savoie Charles III, qui n’y vint jamais55. Mais il faut y regarder de plus près. En effet, si Marie de Bourgogne n’est pas représentée directement, Marguerite choisit surtout de mettre son héritage bourguignon à l’honneur. Dès l’extérieur, les voussures du portail ouest présentent en alternance les emblèmes personnels, conjugaux et héréditaires de la princesse fondatrice : la devise parlante de Marguerite, formée de fleurs de marguerites et de la palme du martyre de sa sainte patronne56 ; les lettres PM, initiales du couple, réunies par un lacs d’amour ; mais aussi le briquet ou fusil de Bourgogne, brochant sur une croix de saint André formée de bâtons noueux. Or ces emblèmes bourguignons envahissent l’édifice. Les acrotères placés sur les pignons de la façade ouest et du transept sont des lions de Flandre tenant un briquet ou une croix de saint André. Sur les contreforts nord de la nef, des putti et hommes d’armes tiennent des écus à la croix de saint André. Sous les niches des contreforts du chœur, les culots montrent les bâtons noueux, le briquet, ou les deux et ce sont encore ces emblèmes que l’on retrouve aux voussures du portail nord, dit de saint Augustin57. À l’intérieur, sur les vitraux en grisaille de la nef (Ill. 56), et surtout aux clefs de voûte ornées de la nef, des collatéraux, du transept, de la chapelle (Ill. 57) et de l’oratoire de Marguerite, les briquets entrelacés de la croix en X alternent avec les chiffres PM58. Briquets, marguerites et chiffres PM se voient également dans les voussures des fenêtres de l’abside et des arcades de son tombeau. Dans la chapelle de la princesse, briquets et bâtons noueux figurent encore de part et d’autre de la piscine liturgique, des arcatures du mur nord, et même sur le retable d’albâtre consacré aux Sept Joies de la Vierge. Dans les cloîtres enfin, chaque porte est surmontée de l’écu en losange de Marguerite, martelé à la Révolution, accompagné de marguerites et de bâtons noueux encore visibles, comme au frontispice du manuscrit de la généalogie de Charles Quint qu’elle a fait réaliser en 152759. En somme, les devises bourguignonnes, briquets et croix de saint André, sont omniprésentes ! Ce programme emblématique est complété par un programme héraldique non moins ambitieux. Si les clefs de voûtes aux armes de Marguerite situées dans l’axe

55 Le bénitier en pierre noire visible dans la nef est le seul objet qui réunisse le nœud de Savoie et le mot FERT avec la devise personnelle de Marguerite, Fortune infortune fort une, mais il est très postérieur à la mort de la princesse puisque sculpté seulement en 1548 ( J. Baux, Histoire de l’église de Brou, op. cit., pp. 451-453). 56 Cette palme, qui ne peut être que celle du martyre de Marguerite d’Antioche, a parfois été confondue avec une plume. 57 The Ideology of Burgundy. The Promotion of National Consciousness, 1364-1565, éd. J. d’Arcy Boulton et J.R. Veenstra, Leyde-New York-Cologne, 2006, qui retrace les origines de ces emblèmes. 58 A. Gaillard, Conservation-restauration de sept décors de clefs de voûte en pierre calcaire du monastère royal de Brou (Centre des monuments nationaux). Étude des altérations physico-chimiques des ancrages en fer scellés au plomb, Mémoire pour le diplôme de restaurateur du patrimoine (spécialité sculpture), Institut national du Patrimoine, 2016, pp. 20-30, pour l’iconographie, avec une précieuse cartographie des clefs de voûtes. 59 Jean Franco, Généalogie de Charles Quint, Paris, BnF, ms. fr. 5616, fol. 1r.

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de la nef et sous les galeries des cloîtres ont toutes été détruites à la Révolution60, l’abside conserve cinq grandes verrières qui font une large place à l’héraldique. Celles-ci, merveilleusement conservées, ont été restaurées à plusieurs reprises, mais leur authenticité est confirmée par une description détaillée publiée en 1767, avant toute restauration, par le père Pacifique Rousselet, dernier prieur de Brou61. La verrière axiale figure l’apparition du Christ ressuscité à deux femmes, à Marie-Madeleine au registre supérieur et à sa mère au registre inférieur. Au-dessous du Christ, à dextre, figure l’écu impérial de Charles Quint (plutôt que de Maximilien), l’aigle bicéphale chargée d’un écu mi-parti d’Autriche et de Bourgogne, et sous la Vierge, à senestre, l’écu en losange de Marguerite. De part et d’autre apparaît le couple ducal agenouillé et présenté par ses saints patrons : Philibert en armure et cotte armoriée à dextre, accompagné de ses armes, et Marguerite à senestre, avec son écu tenu par un ange. Au-dessus et dans les verrières latérales se déploie une formidable composition héraldique de 68 écus retraçant l’ascendance tant masculine que féminine du couple ducal. Chaque ascendant est identifié par un écu et une inscription, accompagnés au-dessous de l’écu de son épouse, soulignant ainsi les alliances illustres des différents lignages. Dans la verrière à gauche, la lancette dextre retrace l’ascendance de Philibert depuis le comte Amé (pour Aymon) de Savoie et Yolande de Montferrat, jusqu’à son père Philippe II. La lancette senestre figure son ascendance maternelle depuis Saint Louis et Marguerite de Provence, jusqu’à sa mère Marguerite de Bourbon. Au-dessus du portrait de Philibert se voient les écus des principales seigneuries dont le duc porte les titres. Au sommet trône l’écu de Berold, ancêtre de la dynastie et mythique neveu de l’empereur Othon III, qui rattachait les ducs de Savoie à la Maison impériale de Saxe dont l’écu figure à côté. Au-dessus du portrait de Marguerite et sur la verrière à droite s’étendent les généalogies des Maisons de Habsbourg et de Bourgogne, de Rodolphe Ier, premier empereur Habsbourg, à Maximilien et Marie de Bourgogne à dextre, et du duché de Bourgogne à son union à l’Empire et à Marguerite d’Autriche à senestre. Outre la généalogie masculine des quatre maisons, la présence des écus féminins vient souligner leurs alliances antérieures : Amédée VI et Bonne de Bourbon puis Amédée VIII et Marie de Bourgogne côté Savoie ; Robert de Clermont et Béatrice de Bourgogne (fille et héritière d’Agnès de Bourbon) ainsi que Louis Ier et Marie de Hainaut côté Bourbon. Leur répondent les unions de Léopold Ier et Catherine de Savoie côté Habsbourg, et de Charles le Téméraire et Isabelle de Bourbon côté Bourgogne. Les armes de Marie de Bourgogne apparaissent deux fois, la première sous leur forme personnelle, son écu en losange timbré de la couronne ducale, la seconde sous la forme d’armoiries de possession,

60 Seule a échappé à la destruction une clef de voûte armoriée encore visible dans l’ancienne dépense, située entre la salle capitulaire et le réfectoire. 61 Pacifique Rousselet, Histoire et description de l’église royale de Brou, Paris, P.F. Bottier, 1767, rééd. Bourg-en-Bresse, 1806, pp. 70-103. Elles sont analysées en détail par Chr. de Mérindol, Le Décor emblématique et les vitraux armoriés, op. cit., pp. 159-173.

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timbrées de la couronne impériale et accompagnées de la légende L’EMPIRE ET BOVRGOGNE. Qu’il s’agisse d’un choix délibéré de Marguerite, on n’en peut douter du fait de l’attention que la princesse porta à ces verrières héraldiques. Un état du chantier en 1527 mentionne la pose des verrières axiales et de gauche avec Philibert, tandis que l’on attend encore les instructions de la princesse pour le choix des armoiries de sa parenté : Oultre plus, on est après la verrière de madicte dame, en laquelle sainte Marguerite présente madicte dame, mais le dessus, dès le commencement où vont les armes, ne s’achèvera pas tant que maistre Loys [van Boghem] ait parlé à madicte dame, pour d’elle savoir son bon plesir et vouloir62. Marguerite s’était en effet donné pour rôle de garder la mémoire de son lignage, notamment de l’ascendance bourguignonne. On a vu qu’elle a commandé la même année – 1527 – à Jean Franco une généalogie illustrée63 et qu’elle avait formé dans son palais à Malines une galerie de portraits officiels. « En réunissant ainsi les ancêtres Bourgogne dans une sorte d’arbre généalogique illustré, ils légitimaient l’autorité de la régente et en réunissant les dynasties alliées, ils glorifiaient les Habsbourg en soulignant leurs alliances politiques en Europe64. » Ce rôle lui était déjà reconnu par ses contemporains et sa propre famille. À la fin de 1515, Maximilien lui envoya en effet une peinture sur papier de la Porte d’honneur, composition généalogique complexe qui servit ensuite de modèle à une gravure de Dürer65. En janvier 1516, Maximilien rappela à sa fille la demande d’avis qu’il lui avait adressée : Nous vous avons puis aucun temps envoye en painture la porte d’honneur que avons faite et conceute à celle fin que la corrigiez, augmentez ou diminuez de ce que vous sembleroit y estre bon, propice et duysable [utile]. Si vous requerons derechief nous mander la correction et amendement sur ce que il vous semblera estre à faire, pour en aprez avoir eu iceluy vostre adviz, la faire mectre et rédiger en belle et ample forme, telle que à perpetuité elle devra demourer pour nostre et vostre perpétuelle gloire66.

4. Des saints choisis Mais Brou n’est pas seulement un temple de l’emblématique ou de l’héraldique. C’est aussi et avant tout un sanctuaire religieux. Or, de même que le Livre 62 Cité par M. Bruchet, Marguerite d’Autriche, op. cit., p. 245 ; M.-F. Poiret, Le Monastère de Brou, op. cit., p. 104. 63 Paris, BnF, ms. fr. 5616. 64 P.-G. Girault, Trois pourtraictures faictes sur thoille, op. cit., p. 49. 65 D. Eichberger et L. Beaven, Family Members, op. cit., p. 247 ; D. Eichberger, Leben mit Kunst, op. cit., pp. 46, 56, 148. 66 Correspondance de l’empereur Maximilien Ier, op. cit., p. 341, no 634 (18 janvier 1516) ; citée par P.-G. Girault, Trois pourtraictures faictes sur thoille, op. cit., p. 49.

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d’Heures de Vienne étudié par Erica O’Brien et Sherry C.M. Lindquist, dans ce volume67, offre un aperçu sur les dévotions personnelles de Marie de Bourgogne et ses relations privilégiées avec les figures saintes qui y sont représentées, Brou nous permet un regard semblable sur la piété de Marguerite. Parmi les saints – et il convient de le souligner, un grand nombre de saintes – représentés à Brou, saint André, choisi comme patron du duché de Bourgogne et de l’Ordre de la Toison d’Or68, avait sa chapelle dans l’église. Il y est sculpté à quatre reprises, reconnaissable à la croix en X de son martyre : il trône au-dessus du grand portail69 ; il figure parmi les apôtres sculptés sur le dorsal des stalles côté nord ; sa statuette d’albâtre flanque l’enfeu du tombeau de Marguerite de Bourbon, mère de Philibert le Beau et fille d’Agnès de Bourgogne (Ill. 58), dont l’ascendance bourguignonne est encore rappelée par les pleurants empruntés aux tombeaux ducaux de la chartreuse de Champmol, aujourd’hui conservés au musée des Beaux-Arts de Dijon ; enfin, une statue de saint André se voit également dans un angle de la chapelle de Marguerite, en pendant à un saint Philippe, hommage au patron de son frère défunt et des ducs de ce nom70. À côté de sa sainte patronne Marguerite, sainte Marie-Madeleine occupe également à Brou une place à part71. Elle est la seule sainte à laquelle l’une des chapelles latérales de la nef est dédiée. Surtout elle figure dans la fenêtre axiale, dans un Noli me tangere librement inspiré de la gravure de la Grande Passion d’Albrecht Dürer (Ill. 59). C’est aussi l’une des trois statues qui couronnent le retable des Sept Joies de la Vierge, à côté de Notre-Dame et de sainte Marguerite : elle apparaît donc à Brou comme la seconde patronne de Marguerite d’Autriche72. Sa statuette apparaît également sur son tombeau, et il n’est jusqu’au gisant inférieur de Marguerite, figurant la défunte en cheveux, qui n’évoque l’iconographie de Marie-Madeleine (Ill. 60). L’assimilation de la princesse à « la parfaite amante du Christ » (selon l’expression de saint Vincent Ferrier) est d’autant plus frappante que le gisant inférieur du tombeau de Philibert est lui-même traité comme le Christ de la Déploration ou de la Mise au tombeau, allongé nu sur 67 S.C.M. Lindquist, Beauty and the Beasts. Rereading the Hours of Mary of Burgundy, pp. 161-179 ; E. O’Brien, Mothers and Daughters. Isabella of Bourbon in the Vienna Hours of Mary of Burgundy, pp. 181-190. 68 Ch. Denoël, Saint André. Culte et iconographie en France (ve-xve siècles), Paris, 2004, passim, notamment pp. 79-104. 69 Statue déjà refaite à la fin du xvie siècle et aujourd’hui remplacée in situ par une copie du xixe siècle. Comme à Brou, une statue de saint André domine le porche ouvrant sur la scène d’offrande du livre au duc en frontispice de l’Histoire d’Alexandre composée pour Philippe le Bon par Jean Wauquelin : Paris, BnF, ms. fr. 9342, fol. 5r (repris dans Miniatures flamandes, 1404-1482, Bruxelles-Paris, 2011, p. 71, fig. 33). 70 Ch. Jarrin, Brou, histoire de l’église, op. cit., p. 341. 71 S. Haskins, Mary Magdalen, op. cit., pp. 99-135 ; M. Briat-Philippe, La Dévotion de la Maison de Bourgogne, op. cit., pp. 42-53. 72 La sainte est pourtant peu présente dans ses collections puisque l’inventaire de 1523-1524 ne mentionne que l’un des panneaux de la suite de la Vie du Christ par Juan de Flandes : Item, le viiie, comme Nre Sgr estoit en l’hostel du pharisien où la Magdelaine luy vint lavez les piedz (H. Michelant, Inventaire des vaisselles, op. cit., p. 85). Voir M. Briat-Philippe, Marie-Madeleine et les duchesses de Bourgogne, op. cit., pp. 37-39.

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un linceul, les hanches seulement couverte du perizonium. Cette quasi-identification de la princesse avec la sainte n’est d’ailleurs pas sans précédent : on a déjà vu que les portraits en Marie-Madeleine de Londres et de Chantilly représentent ou Marie de Bourgogne, ou bien sa fille73. Il en existe encore d’autres exemples : ainsi Marguerite donne ses traits à sainte Madeleine dans un tableau de l’entourage de son peintre en titre Bernard van Orley, conservé à Munich74. Et l’on a pu également proposer que la sainte Madeleine de Jan Gossart récemment entrée au Louvre soit elle aussi un crypto-portrait de la princesse, bien que la ressemblance semble alors moins convaincante75. Ainsi la présence de Marie-Madeleine à Brou nous ramène encore une fois à la Bourgogne et sans doute à Marie, dont nous avons vu qu’elle apparaît comme la sainte patronne. Pour finir, je me plais à imaginer une autre allusion, plus personnelle, à Marie. Dans l’église de Brou, Marguerite a fait bâtir au nord du chœur une chapelle, qualifiée dans les documents relatifs à la construction de chapelle de Madame, dédiée à NotreDame de l’Assomption. L’Assomption figure dans le vitrail, dans une composition combinée avec le Couronnement de la Vierge, d’après une gravure de Dürer, et au centre du retable d’albâtre illustrant les Sept Joies de la Vierge. Encore Marie donc, sans qu’il soit possible de déterminer si ce choix relève de la dévotion courante à la Vierge, ou bien est investie par Marguerite d’une référence au nom de sa mère. À côté, la princesse a fait aménager à son usage un petit oratoire, contigu à la chapelle et ouvrant sur celle-ci par une baie oblique, à travers laquelle elle aurait pu voir l’office célébré devant l’autel (Ill. 61). Une telle disposition n’est pas sans rappeler la fameuse miniature du Livre d’Heures de Marie de Bourgogne la montrant en prière dans son oratoire (Ill. 1)76. L’image aurait-elle inspiré à Marguerite l’aménagement de Brou, qui paraît transposer dans la pierre le dispositif imaginé par le peintre de sa mère ? Allons plus loin encore. Dans le retable d’albâtre, Marguerite s’est fait représenter en prière au pied de l’Assomption, de sorte que, si elle était revenue à Brou, elle aurait prié devant sa propre effigie en adoration perpétuelle devant la Vierge. Or, dans la miniature des Heures de Marie, la fenêtre de l’oratoire ouvre également sur le chœur d’une église où apparaissent la Vierge et une princesse en prière dont l’identité est discutée, mais dans laquelle on convient le plus souvent de reconnaître Marie de

73 Voir supra, n. 17-19 ; S. Haskins, Mary Magdalen, op. cit., pp. 120-127. 74 Munich, Alte Pinakothek (Bayerische Gemäldestaatsammlungen), inv. 1133 ; repris dans S. Haskins, Mary Magdalen, op. cit., p. 129, fig. 14, et dans M. Briat-Philippe, La Dévotion de la Maison de Bourgogne, op. cit., p. 47, fig. 34. Voir aussi Id., Marie-Madeleine et les duchesses de Bourgogne, op. cit., pp. 39-43. 75 Dans sa monographie, C. Scailliérez, Quentin Metsys, Sainte Madeleine, Paris, 2007, ne fait d’ailleurs pas état de cette hypothèse. 76 Vienne, ÖNB, Cod. 1857. Voir The Hours of Mary of Burgundy, Codex Vindobonensis 1857, éd. é. Inglis, Londres, 1995. Anne van Buren a suggéré d’y voir une commande de Marguerite d’York, qui l’aurait offert à Marie à l’occasion de ses fiançailles avec Maximilien en 1477 (A. Hagopianvan Buren, A Window on Two Duchesses of Burgundy, dans Tributes in Honor of James H. Marrow. Studies in Painting and Manuscript Illumination of the Late Middle Ages and Northern Renaissance, éd. J.F. Hamburger et A.S. Korteweg, Londres, 2006, pp. 505-520).

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Bourgogne elle-même77. Par une vertigineuse construction en abyme, en ouvrant son livre, la princesse Marie découvrait donc son reflet méditant sur un livre et ayant la vision de sa réception par la reine du ciel. En renouvelant ce procédé à Brou, Marguerite aurait en quelque sort accompli dans sa chair et à l’échelle monumentale, l’expérience de dévotion imaginée par sa mère.

5. Conclusion Marguerite d’Autriche apparaît ainsi comme le miroir inversé de sa mère, morte prématurément, puisque dans le cas de Marguerite, c’est elle qui est restée veuve. Comme sa mère – et toutes les princesses de ce temps –, Marguerite a été l’objet de tractations diplomatiques en vue de réaliser des alliances politiques traduites par la conclusion d’un mariage78. On ignore l’image que Marguerite se fait de sa mère qu’elle a si peu connue, mais on observe que l’archiduchesse exprime au plus haut point, à l’instar de Marie, sa conscience d’être à la fois femme et princesse dépositaire de l’héritage bourguignon. Marguerite paraît en effet revendiquer pour elle-même l’héritage maternel, moins comme source d’inspiration de son action propre que comme un legs spirituel et territorial, au bénéfice de toute sa parenté. Ce rapport avec le droit à succéder par ligne féminine développé dans la littérature bourguignonne apparaît ainsi comme l’une des clés d’interprétation de la figure des deux princesses et Marguerite nous semble ici clairement reprendre à son compte une identité juridique façonnée à l’époque de Marie79. Princesse bourguignonne, Marguerite d’Autriche incarne et revendique hautement pour elle-même le rôle politique que la mort prématurée de sa mère l’a empêché d’accomplir pleinement. L’église de Brou, dont Marguerite a décidé, suivi, contrôlé et payé la construction, manifeste ainsi dès l’abord extérieur le triple rôle politique que sa fondatrice a voulu tenir : comme comtesse de Bresse, par l’implantation du monastère dans la capitale du comté ; comme régente des Pays-Bas, par le parti architectural brabançon de l’église dû au choix du maître d’œuvre bruxellois Louis van Boghem ; et enfin comme prétendante à la succession de Bourgogne, ce que rappelle orgueilleusement la toiture de tuiles vernissées à la mode bourguignonne.

77 Toutefois Erica O’Brien suggère dans ce même volume d’identifier la princesse en prière avec Isabelle de Bourbon (E. O’Brien, Mothers and Daughters, op. cit., pp. 181-182). 78 Voir dans le présent volume la contribution de S. Dünnebeil, Mary, a « Diplomatic Weapon of Universal Value » for Charles the Bold, pp. 225-235. 79 Voir dans le présent volume la contribution de J. Dumont et É. Lecuppre-Desjardin, Construire la légitimité d’un pouvoir féminin. Marie de Bourgogne dans le Mémoire de Jean d’Auffay, pp. 41-60.

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21. La disparition du cercueil présumé de Marie de Bourgogne à l’époque de la Révolution française Enquête sur le vol d’un « effet appartenant à la République » Le 1er octobre 1795, les territoires qui formeront la future Belgique sont annexés par la République française. Un an plus tard, le 15 décembre 1796, une patrouille de la garde d’Anvers arrête, de nuit, près de l’abbaye de Saint-Michel trois individus porteurs d’un « cercueil de plomb renfermant les mânes de Marie de Bourgogne ». Rapidement, une certaine confusion s’installe autour de l’objet du vol. Les autorités judiciaires et administratives parlent des « ossements de Marie de Bourgogne », du « sarcophage de Marie de Bourgogne » mais aussi des « restes troués du squelette d’une princesse, Ysabelle de Bourbon ». Dans le cadre de cet article, nous avons cherché à déterminer ce que les voleurs avaient réellement tenté d’emporter et dans quel dessein. Pour ce faire, nous avons analysé une source inédite consistant en un dossier de correspondances de la division criminelle du ministère de la justice conservé aux Archives nationales françaises1. Le dossier de procédure judiciaire a, quant à lui, malheureusement disparu. Pour combler cette lacune, nous avons consulté les fonds de la période française conservés aux archives communales d’Anvers. Avant de dévoiler les résultats de notre enquête, il importe de retracer l’« histoire » de la dépouille de Marie de Bourgogne en nous projetant en l’an 1482. Marie de Bourgogne décède le 27 mars 1482 des suites d’une chute accidentelle de cheval dans la forêt de Wijnendaele. Le 3 avril, ses funérailles sont célébrées à l’église Notre-Dame de Bruges où son corps est inhumé. Le cœur est transporté à l’église abbatiale de Saint-Michel à Anvers et placé aux côtés de sa mère, Isabelle de Bourbon, décédée à l’abbaye le 26 septembre 14652. Malgré les importants dommages subis par l’abbaye à l’occasion de la crise iconoclaste de 1566 et la disparition des statuettes entourant le gisant d’Isabelle de Bourbon, il semble que les sépultures des deux défuntes n’aient pas été profanées et soient restées relativement préservées jusqu’à la Révolution française. Durant toute cette période, l’abbaye demeure une institution importante. Plusieurs personnalités y logent dont Charles de Lorraine (1744, 1749, 1759), Kaunitz (1746) et même Louis XV (1746) lorsque Anvers est occupée par les troupes françaises. Les abbés sont régulièrement élus Membres des États de 1 Paris, ANF, BB18 563/DD691. 2 Monasticon belge, éd. L.-E. Halkin, R. Aubert, L. Milis, G. Despy et C. Wyffels, t. 8/1, Abbaye de Saint-Michel à Anvers, Liège, 1992, p. 227. Emmanuel Berger • Universidade Federal da Paraíba Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 341-349.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122550

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Brabant. Tel est le cas de Jacques Thomas en 1761, Antoine Varendonck en 1768 et Marcel de Vos en 1772. Le déclin politique de l’abbaye coïncide avec son opposition aux réformes de Joseph II. L’autorité centrale refuse notamment de nommer le nouvel abbé Augustin Pooters parce que les novices de l’abbaye ne fréquentaient pas le Séminaire général à Louvain. Le 13 septembre 1789, l’abbaye est placée sous séquestre et l’édit du 13 octobre 1789 prive les religieux de l’administration de leur abbaye étant donné leur résistance aux ordonnances de l’empereur. Un inventaire de la caisse de l’abbaye est réalisé et un administrateur-économe désigné. Dans le contexte de la Révolution brabançonne, Augustin Pooters sera finalement nommé abbé le 13 mars 1790 par les États de Brabant. Il recevra une seconde lettre de nomination de l’empereur Léopold le 20 août 17933. Lorsque les troupes françaises chassent définitivement les Autrichiens, l’abbaye est contrainte de vendre en juillet 1794 ses biens mobiliers et immobiliers afin de payer les 294 600 l. de contribution militaire. Ces taxations entraînent la ruine de l’abbaye. Suite à l’annexion des Pays-Bas, les lois françaises sont progressivement introduites dans les nouveaux départements « belges », qui se trouvent dès lors soumis aux politiques de sécularisation du gouvernement républicain. Celles-ci se succèdent au fil des mois : abolition des dîmes et des droits féodaux (1er octobre 1795), interdiction de l’usage des cloches (11 avril 1796), instauration de l’état civil (17 juin 1796), suppression des couvents et des monastères (1er septembre 1796), nationalisation et mise en vente de leurs biens (3 septembre 1796)4. Les mesures touchent 275 couvents, 110 abbayes, 15 béguinages, 29 hôpitaux, 21 maisons de sœurs grises ou noires. Au total, elles concernent près de 10 000 religieux et religieuses5, parmi lesquels se trouve la trentaine de moines de l’abbaye de Saint-Michel. L’exécution du décret du 1er septembre 1796 sur la suppression des monastères entérine sa décadence politique et économique. Le 16 décembre, les religieux sont expulsés de force et le complexe abbatial vendu comme propriété nationale peu de temps après6. Le vol du cercueil est perpétré par conséquent à la veille de la suppression de l’abbaye, dans un contexte tendu, laissant supposer que leurs auteurs ont agi suivant des motifs politico-religieux. De tels motifs expliquent la raison pour laquelle l’accusateur public près le tribunal criminel des Deux-Nèthes, Dominique Ogez, estime que « cette affaire ne [peut] traîner en longueur »7. L’exécution du décret sur la suppression des monastères et, de manière générale, toute la politique religieuse du Directoire provoquent en effet le mécontentement des populations locales et sont susceptibles de provoquer des troubles8. Cette appréhension pousse Dargonne, commissaire du gouvernement près

3 Monasticon belge, t. 8/1, op. cit., pp. 254-261. 4 é. Hélin, La Chute de deux colosses aux pieds d’argile. Noblesse et Clergé, dans La Belgique française. 1792-1815, éd. H. Hasquin, Bruxelles, 1993, pp. 99-133. 5 P. Verhaegen, La Belgique sous la domination française. 1792-1814, t. 2, Bruxelles, 1935, p. 298. 6 Ibid., pp. 260-261. 7 Lettre de l’accusateur public Ogez adressée au juge de paix de la 4e section du canton d’Anvers, Mellerio, 17 décembre 1796, Anvers, Felixarchief, 731#1497. 8 P. Verhaegen, La Belgique, op. cit., p. 309.

L a D i s pa ri t i o n d u c e rcu e i l p r é s u m é d e Mari e d e Bo u rgo gne

l’administration municipale d’Anvers, à requérir la force militaire afin de procéder à l’expulsion des moines de Saint-Michel9. Les circonstances du vol tendent à conforter l’existence de motifs politiques. D’après le témoignage des individus arrêtés par la garde de nuit, le vol aurait été commandité par Charles Bertina fils, qualifié d’« ex-noble » dans la correspondance ministérielle. Suivant la Kronijk van Antwerpen, Bertina était un gentilhomme qui avait en vénération la mémoire d’Isabelle de Bourbon et s’était donné pour mission d’empêcher la profanation de sa dépouille10. Le lendemain de leur arrestation, le 16 décembre, les trois individus « chargés d’un cercueil de plomb contenant un cadavre »11 sont présentés au juge de paix de la 4e section du canton d’Anvers, Mellerio. Le 19, ce dernier annonce à l’accusateur public : « […] citoyen, j’ai fait comparaître devant moi et interrogé les individus qui furent arrêtés en portant le cercueil en plomb, avant que votre lettre du 17 du courant m’eut été remise. Je ne crus point devoir mettre ces individus en arrestation, parce que ce sont des ouvriers que le nommé Bertina avait employés pour l’enlèvement de ce cercueil et qui ne se prêtèrent que pour gagner quelques sols, sans savoir ce qu’ils allaient faire ; c’est contre celui qui a donné les ordres de l’enlèvement dont s’agit qu’il faut exclusivement (c’est mon opinion) faire les poursuites et j’ai lancé un mandat d’amener à charge dudit Bertina12. » L’inculpation de Bertina ouvre un débat sur la qualification du vol et pousse André-Joseph Frison, le commissaire du gouvernement près le directeur du jury de l’arrondissement d’Anvers – le prédécesseur en droit du procureur actuel – à demander l’avis du ministre de la justice, Merlin de Douai, le 22 décembre. L’enjeu pour Bertina est d’importance. En effet, si le ministère considère que le vol du cercueil est un délit contre la propriété privée (vol simple), le prévenu sera renvoyé devant le tribunal correctionnel et sera passible d’une peine allant de 4 jours à 2 années d’emprisonnement (art. 32 du tit. 2 de la loi du 22 juillet 1791). Si au contraire, il estime qu’il s’agit d’un crime contre la propriété publique, Bertina sera jugé par le tribunal criminel et passible d’une peine allant de 4 à 24 années de travaux forcés (art. 6, section 6 du tit. 1er seconde partie du code pénal du 25 septembre 1791). Le 15 janvier 1797, Merlin tranche. Le cercueil étant devenu un « effet appartenant à la République » à la suite de la nationalisation des biens du clergé, Bertina doit être poursuivi devant la juridiction criminelle. Il est intéressant de noter que le ministre dénie toute justification politique à l’action de Bertina et réduit ce dernier au rang de vulgaire voleur : « c’est un cercueil de plomb qu’il a enlevé ou tenté d’enlever

9 Fl. Prims, Geschiedenis van Antwerpen, Bruxelles, t. 7, 1938, p. 476. 10 B. Deseure, « Den ouden luijster is verdwenen ». Geschiedenis, herinnering en verlies bij Jan Baptist Van der Straelen (1792-1817), dans Revue belge d’histoire contemporaine, t. 40/4, 2010, pp. 534-535 ; P. Génard, Anvers à travers les âges, t. 1, Bruxelles, 1888, p. 331. 11 Rapport au ministre, s.d., Paris, ANF, BB18 563/DD691. 12 Ibid.

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sans doute dans l’unique intention de profiter de cette matière et de la vendre à son profit, après en avoir changé la forme »13. Une fois la réponse de Merlin reçue, la procédure judiciaire dirigée à l’encontre de Bertina peut suivre son cours. Pour comprendre l’originalité de cette procédure, il convient de rappeler ici un certain nombre de caractéristiques de la justice pénale de la Révolution. La fin du xviiie siècle correspond à une époque de refondation du droit pénal dans de nombreux pays européens. Sous l’influence des Lumières, plusieurs initiatives sont prises afin de réformer les modèles inquisitoires d’Ancien Régime. Parmi les nouveaux principes défendus, la participation populaire à l’exercice de la justice et plus particulièrement l’institution du jury sont considérées comme les meilleurs garants d’une justice indépendante et équitable. Lorsque les Constituants décident de « révolutionner » le système judiciaire à partir de 1789, ils s’inspirent de la Common Law. Celle-ci partage en effet le même objectif que le législateur français, à savoir la défense des libertés individuelles face à l’arbitraire du roi. Tout comme en Angleterre, la pierre angulaire du nouveau modèle pénal est le jury populaire. Ce dernier est à l’époque double : un premier jury, appelé jury d’accusation, détermine s’il existe suffisamment d’éléments à charge pour justifier le renvoi du prévenu devant un jury de jugement. Celui-ci, prédécesseur en droit du jury d’assises, prononce la condamnation ou l’acquittement de l’accusé. En plaçant des jurés à l’entrée et à la fin de la chaîne pénale, les législateurs révolutionnaires confient à des citoyens la lourde responsabilité de poursuivre et de réprimer le crime14. Conformément à la procédure pénale révolutionnaire, Bertina est renvoyé le 27 janvier 1797 devant le jury d’accusation de l’arrondissement d’Anvers. Celui-ci est composé de huit jurés, tirés au sort, âgés de plus de 30 ans et remplissant les conditions d’électeur. Lorsque les jurés sont réunis le 29 janvier, le directeur du jury, Joseph Georgerie, leur fait prêter serment en présence du commissaire du gouvernement Frison, chargé de surveiller la légalité de la procédure : « […] citoyens, vous promettez d’examiner avec attention les témoins et les pièces qui vous seront présentés ; d’en garder le secret ; de vous expliquer avec loyauté sur l’acte d’accusation qui va vous être remis ; et de ne suivre ni les mouvements de la haine ou de la méchanceté, ni ceux de la crainte ou de l’affection15. » Une fois le serment prêté, le directeur expose aux jurés l’objet de l’accusation et explique leur fonction : « les jurés d’accusation n’ont pas à juger si le prévenu est coupable ou non, mais seulement s’il y a déjà des preuves suffisantes à l’appui de l’accusation »16. Après la lecture de cette instruction, Georgerie fait celle de l’acte

13 Consultation du ministre de la justice sur la nature du délit, 15 janvier 1797, Paris, ANF, BB18 563/ DD691. 14 Sur la problématique de la justice pénale à l’époque de la Révolution française, voir E. Berger, La Justice pénale sous la Révolution. Les enjeux d’un modèle judiciaire libéral, Rennes, 2008. 15 Code des délits et des peines du 3 brumaire an iv. (25 octobre 1795). Contenant les lois relatives à l’instruction des lois criminelles, art. 236, Paris, 1795. 16 Ibid., art. 237.

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d’accusation ainsi que des différentes pièces à l’exception des déclarations des témoins et des interrogatoires du prévenu. Les témoins sont ensuite entendus de vive voix. Bertina ne comparait à aucun moment et seuls des témoins à charge sont convoqués. Cette disposition découle de l’objet même du premier jury qui doit examiner uniquement s’il y a un commencement de preuves déterminantes ou de fortes présomptions à l’appui de l’accusation. En l’occurrence, le directeur du jury ne peut admettre que les témoins directs du fait et écarte ceux pouvant servir d’alibi ou apporter la preuve négative du crime. Une fois les témoins entendus, le directeur du jury et le commissaire du gouvernement se retirent, après avoir remis aux jurés les pièces légalement autorisées. Ceux-ci se réunissent et délibèrent17. À l’issue de leur délibération, les jurés déterminent à la majorité des suffrages qu’il n’y a pas lieu à accusation. Bertina est immédiatement remis en liberté et ne peut désormais plus être poursuivi à raison des mêmes faits. La décision paraît surprenante dans la mesure où la matérialité du vol n’est guère contestable. Elle n’est pas sans rappeler les fameux « acquittements scandaleux » prononcés par les jurés des cours d’assises au xixe siècle18. Frison fait part, dès le 2 février, au ministre de la justice de sa conviction que Bertina a bénéficié de la complaisance des jurés : « […] malgré les preuves irréprochables administrées par sept témoins différents que Charles Bertina était l’auteur de ce délit ; et malgré son aveu, le jury ordinaire d’accusation du 10 de ce mois, que le sort avait composé d’amis du prévenu, a déclaré qu’il n’y avait point lieu à accusation. Une semblable déclaration n’a laissé aucun doute, d’après toutes les démarches faites en faveur de ce prévenu, qu’on était parvenu à engager le jury à suivre le mouvement de son affection19. » S’il est difficile d’apporter la preuve de la collusion des jurés, il semble que ces derniers ne devaient initialement entendre que trois témoins, à savoir les trois ouvriers engagés par Bertina pour emporter le cercueil. Sans connaître le contenu de leurs déclarations, il est peu probable qu’elles aient été de nature à inculper le prévenu. Ce n’est que sur l’insistance du commissaire du gouvernement Frison que le directeur du jury convoqua également les trois membres de la patrouille ayant empêché le vol du cercueil. Ces dispositions favorables au prévenu se rencontrent régulièrement à l’époque de la Révolution. Elles s’expliquent par la réticence des jurés à poursuivre un individu pour un crime dont la sévérité de la peine (jusqu’à 24 années de travaux forcés) était considérée comme disproportionnée par rapport aux faits commis. D’autre part, tant les circonstances du vol que ses motifs politiques ou religieux étaient de nature à susciter l’indulgence des jurés populaires. Le projet initial de Georgerie de ne convoquer comme témoins que les trois ouvriers indique 17 Ibid., art. 238. 18 Voir à ce propos L. Gruel, Pardons et châtiments. Les jurés français face aux violences criminelles, Paris, 1991 ; E. Claverie, De la difficulté de faire un citoyen. Les « acquittements scandaleux » du jury dans la France provinciale du début du xixe siècle, dans Études rurales, nos 95-96, juillet-décembre 1984, pp. 143-166. 19 Lettre de Frison, commissaire du gouvernement près le directeur du jury d’accusation d’Anvers adressée au ministre de la justice, 2 février 1797, Paris, ANF, BB18 563/DD691.

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qu’il partageait la mansuétude des jurés. L’attitude du directeur du jury peut se comprendre par le fait que cette fonction était éligible et soumise au suffrage des citoyens actifs. D’autre part, Georgerie était fortement impliqué dans la gestion de la ville d’Anvers dont il fut à cinq reprises officier municipal20. Il n’avait dès lors aucun intérêt à soutenir une accusation qui contrevenait aux convictions religieuses d’une majorité de la population anversoise. Une telle circonspection n’était pas de mise dans le cas de Frison. Chargé d’assurer le respect de la légalité et l’exécution de la loi, le commissaire du gouvernement n’avait de compte à rendre qu’au ministre de la justice dont il tenait sa nomination. Frustré par l’issue de la procédure, il demanda à Merlin de Douai de vérifier si la décision du jury d’accusation « qui prouve que les riches trouvent toujours le moyen d’échapper à la punition réservée aux délits dont ils se rendent coupables » ne pouvait donner lieu à un pourvoi en cassation21. Le 19 février 1797, le ministre répondit par la négative : « je ne vois pas de nullité à […] reprocher à cette procédure »22. Si la réponse de Merlin de Douai met un terme aux poursuites judiciaires, une seconde question posée par Frison reste en suspens : que faire du cercueil et du cadavre qu’il renferme ? Cette question nous invite à présent à nous intéresser à la problématique de l’identité de la dépouille. Nous savons que l’église abbatiale de Saint-Michel conservait le cœur de Marie de Bourgogne et le corps de sa mère, Isabelle de Bourbon. Le corps de Marie de Bourgogne se trouvait, quant à lui, à l’église Notre-Dame à Bruges. Grâce à un document retrouvé par l’architecte Maurice Vermeersch, il est prouvé que son tombeau fut découvert en 1803 lors de l’établissement d’un nouveau pilier dans le chœur23. Des ouvriers ouvrirent le cercueil, répandirent les ossements sur le sol de la fosse puis le débitèrent et emportèrent les morceaux afin de les revendre. Au moyen du plan précis de la fosse produit par le document, des fouilles furent entreprises en 1979 et permirent de retrouver les ossements. En toute logique, les ossements emportés le 15 décembre 1796 ne peuvent être que ceux d’Isabelle de Bourbon. Cette hypothèse fut en réalité déjà avancée à l’époque par le commissaire du gouvernement près l’administration municipale d’Anvers, Simon Pierre Dargonne. Dès l’annonce du vol, ce dernier écrivit à l’accusateur public Ogez : « citoyen, plusieurs individus se sont permis de pénétrer dans l’asyle des morts et d’enlever du caveau de Saint-Michel, les restes troués du squelette d’une princesse,

20 R. Boumans, Het Antwerps stadsbestuur voor en tijdens de Franse overheersing. Bijdrage tot de ontwikkelingsgeschiedenis van de stedelijke bestuursinstellingen in de zuidelijke Nederlanden, Bruges, 1965, pp. 581-583. On notera à cet égard que les électeurs anversois semblent avoir été satisfaits de l’attitude de Georgerie et de Bertina puisque tous deux sont élus en juin 1797 officiers municipaux lors des élections organisées quelques mois après l’affaire (ibid., p. 569). 21 Lettre de Frison, 2 février 1797, op. cit. 22 Lettre du ministre de la justice adressée à Frison, commissaire du gouvernement près le directeur du jury d’accusation d’Anvers, 19 février 1797, Paris, ANF, BB18 563/DD691. 23 M. Vermeersch, De praalgraven van Maria van Bourgondië en Karel de Stoute in het koor van de O.-L.Vrouwkerk te Brugge, dans Handelingen van het genootschap voor geschiedenis gesticht onder de benaming Société d’émulation te Brugge, t. 107, 1970, pp. 152-156.

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Ysabelle de Bourbon »24. Étant réputé bon connaisseur du patrimoine artistique anversois, il est peu probable que Dargonne se soit trompé sur l’origine des ossements. Malgré son identification rapide, la personne d’Isabelle de Bourbon n’est plus jamais mentionnée dans la suite de la procédure. Désormais, les autorités judiciaires et le ministère de la justice font uniquement référence à Marie de Bourgogne. Ainsi, le 22 décembre 1796, Frison annonce au ministre de la justice que « Charles Bertina [est] prévenu d’avoir fait enlever, hors de son tombeau, érigé dans l’église de l’abbaye supprimée de Saint-Michel en cette commune, le cercueil de plomb, renfermant les mânes de Marie de Bourgogne ». Plus loin dans la même correspondance, il évoque les « ossements de Marie de Bourgogne »25. Le rapport de la division criminelle du ministère de la justice relate à son tour une requête de Frison en date du 23 décembre 1796 « à l’effet de vérifier la mutilation du sarcophage de Marie de Bourgogne dont les restes sont présumés avoir été renfermés dans le cercueil enlevé »26. Enfin, le 19 février 1797, dans un courrier adressé à son collègue des finances, le ministre de la justice se réfère toujours à « un cercueil de plomb que l’on présume avoir renfermé les restes de Marie de Bourgogne »27. La confusion entre Marie de Bourgogne et Isabelle de Bourbon peut s’expliquer par la présence du cœur de la première et du corps de la seconde dans l’église abbatiale de Saint-Michel. Les voleurs auraient-ils également reçu l’ordre d’emporter le cœur de Marie de Bourgogne ? Aucun document ne soulève l’existence d’un second « cercueil ». Seul celui renfermant les ossements est mentionné. Tout au long de la procédure judiciaire, le sort des « ossements de Marie de Bourgogne » préoccupe les autorités. Lors de l’arrestation des trois ouvriers le 15 décembre 1797, le cercueil est déposé à la prison de l’Amigo. Mais dès le 18, Dargonne écrit à l’accusateur public qu’« il convient […] que le cercueil de plomb soit déposé en tout autre lieu que celui dans lequel il se trouve maintenant, puisque ce cercueil devient pièce à conviction »28. Malgré la requête, le cercueil restera jusqu’au procès « ou à l’Amigo ou dans un autre endroit de la maison communale, pour servir de pièce à conviction, parce qu’il est impossible de le transporter d’un endroit à l’autre, sans inconvénient »29. Quelques jours après la séance du jury d’accusation, Frison demande au ministre de la justice de lui indiquer « ce que l’on doit faire du cercueil et du cadavre qu’il renferme, qui sont en dépôt au greffe de ce tribunal »30. Le 19 février 1797, Merlin déclare :

24 Lettre, 18 décembre 1798, citée par P. Génard, Verhandeling over de S. Michielsabdij te Antwerpen, dans Inscriptions funéraires et monumentales de la province d’Anvers, t. 4, Arrondissement d’Anvers, Anvers, 1859, p. 71. 25 Lettre de Frison, commissaire du gouvernement près le directeur du jury d’accusation d’Anvers adressée au ministre de la justice, 22 décembre 1796, Paris, ANF, BB18 563/DD691. 26 Rapport au ministre, s.d., Paris, ANF, BB18 563/DD691. 27 Lettre du ministre de la justice Merlin de Douai adressée au ministre des Finances Ramel, 19 février 1797, Paris, ANF BB18 563/DD691. 28 Lettre, 18 décembre 1798, citée par P. Génard, Verhandeling, op. cit., p. lxxi. 29 Ibid. 30 Lettre de Frison, 2 février 1797, op. cit.

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« […] il faut remettre [le cadavre] en terre secrètement de manière à n’exciter aucune rumeur parmi le peuple. Si le cercueil y était resté, on ne devrait pas se permettre de l’en retirer : il faut laisser en paix les cendres des morts. Mais dans l’état actuel, il appartient à la République31. » La réponse du ministre montre la crainte que le sort réservé aux « ossements de Marie de Bourgogne » ne provoque des troubles publics. Aussi recommande-t-il la plus grande prudence. Quant au cercueil de plomb, Merlin le considère comme un bien national dont le ministre des Finances déterminera « ce qu’il jugera convenable ». Le 4 mars 1797, Ramel annonce au ministre de la justice qu’il a chargé l’administration départementale des Deux-Nèthes de retirer le cercueil du greffe « pour le faire comprendre dans les matières métalliques »32. Le cercueil fut par conséquent fondu. * *** Au terme de notre recherche, il apparaît que le vol du cercueil présumé de Marie de Bourgogne a été commandité pour des motifs à la fois politiques et religieux, afin d’empêcher sa profanation à la veille de l’expulsion des moines de l’abbaye de SaintMichel. Lorsque Dargonne se rend le 16 décembre 1796 à l’abbaye afin de procéder à l’évacuation, il peut d’ailleurs constater que plusieurs autres biens culturels et cultuels ont également été soustraits : « […] tous les tableaux du réfectoire peints par Quiline, ainsi que le grand tableau de ce maître qui se trouvait dans l’église, avaient disparu de même que toutes les épitaphes en cuivre dont étaient revêtues plusieurs pierres sépulcrales ; les lames et l’épitaphe qui décorait la tombe d’Ysabel de Bourbon33. » Cependant, aux yeux du ministre de la justice, le vol du cercueil de plomb s’explique moins par la piété de Bertina que par son « unique intention de profiter de cette matière et de la vendre à son profit, après en avoir changé la forme »34. Le refus de Merlin de Douai de reconnaître dans le vol une contestation de la politique religieuse du gouvernement est caractéristique de l’attitude des autorités françaises sous le Directoire. Celle-ci se rencontrera également au moment de la « Guerre des paysans » (« Boerenkrijg ») en 1798. Les acteurs du soulèvement qui survient dans les départements belges sont alors dépeints moins comme des révoltés que comme des brigands35. Pour les jurés anversois et le directeur du jury Georgerie, il était toutefois

31 Lettre du ministre de la justice adressée à Frison, 19 février 1797, op. cit. 32 Lettre du ministre des Finances Ramel adressée au ministre de la justice Merlin de Douai, 4 mars 1797, Paris, ANF, BB18 563/DD691. 33 Cité par P. Génard, Verhandeling, op. cit., p. lxix. 34 Consultation du ministre de la justice, 15 janvier 1797, op. cit. 35 X. Rousseaux, Rebelles ou brigands ? La « guerre des paysans » dans les départements « belges » (octobre-décembre 1798), dans Cahiers d’Histoire. Revue d’histoire critique, nos 94-95, janvier-mars 2005, pp. 101-132.

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difficile d’interpréter l’action de Bertina sous l’angle d’un vol ordinaire. Partageant la même défiance vis-à-vis de la politique religieuse du Directoire, ils n’étaient pas insensibles à la volonté de Bertina de sauver le cercueil d’une destruction assurée. D’autre part, même pour les Anversois les plus républicains – Georgerie fut membre du comité de surveillance en novembre 179436 –, la peine éventuelle de 24 années de travaux forcés ne pouvait être regardée que comme totalement disproportionnée. Conformément à cette rationalité, les jurés refusèrent de mettre Bertina en accusation. Le vol commis à la demande de Bertina soulève une seconde problématique autour de l’identité de la dépouille. Alors que Dargonne déclare reconnaître « les restes troués du squelette d’une princesse, Ysabelle de Bourbon »37, la référence à l’épouse de Charles le Téméraire disparaît rapidement et seule subsiste la mémoire de Marie de Bourgogne. La raison de cette substitution réside sans doute dans la confusion provoquée par la conservation du cœur de Marie de Bourgogne et du corps de sa mère dans la même église abbatiale de Saint-Michel. Cela signifie-t-il qu’à l’époque de la Révolution le souvenir de Marie de Bourgogne a supplanté celui d’Isabelle de Bourbon dans l’imaginaire collectif ? C’est une hypothèse que les documents analysés ne permettent cependant pas de confirmer. Étant donné la découverte des ossements de Marie de Bourgogne en 1979 dans l’église Notre-Dame à Bruges, il semble en revanche incontestable que les ossements volés appartenaient à la comtesse de Charolais. Si le sort réservé au cœur de Marie de Bourgogne restera sans doute inconnu, nous savons que le cercueil de plomb contenant la dépouille d’Isabelle de Bourbon a été vraisemblablement fondu. Quant aux ossements, ils furent à la demande de Merlin de Douai remis en terre « secrètement »38. À moins que les ouvriers anversois chargés de ces basses œuvres n’en aient décidé autrement…

36 R. Boumans, Het Antwerps stadsbestuur, op. cit., p. 563. 37 Lettre, 18 décembre 1798, citée par P. Génard, Verhandeling, op. cit., p. lxxi. 38 Lettre du ministre de la justice adressée à Frison, 19 février 1797, op. cit.

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22. La mémoire de Marie de Bourgogne dans les anciens duché et comté de Bourgogne (xvie-xixe siècle) Le 23 septembre 1943, le sculpteur Henri Bouchard écrit à l’historien dijonnais Henri Drouot, spécialiste du xvie siècle, fondateur des Annales de Bourgogne et titulaire de la chaire d’histoire de la Bourgogne et de l’art bourguignon : « Permettez-moi de venir vous consulter et de faire appel à votre érudition pour m’aider à compléter l’esquisse d’un projet que j’étudie depuis plusieurs mois et dont je vous parle confidentiellement. J’ai rêvé que l’histoire de nos ducs de Bourgogne pourrait inspirer à un sculpteur ayant le sens de l’art monumental une œuvre importante qui, si l’idée était appréciée à Dijon, pourrait un jour orner la place Darcy sur le lieu où se trouve actuellement le piédestal de la statue de Rude, cette statue qui, dit-on, doit être placée ailleurs. » Il lui propose d’y faire figurer « les ducs bénéficiaires (888-1032) qui ont créé la dignité ducale, un peu dans le style des chevaliers de la tapisserie de Bayeux dont se détacheraient par un fort relief Richard le justicier et Robert le Pieux », « celui des ducs capétiens – qui firent le domaine ducal (1032-1361) – dont se détacheraient par le relief Eudes III, Robert II, Eudes IV d’après leurs sceaux et couronne et tout le groupe des quatre Valois (1364-1477) inspiré par leurs sceaux et ayant un peu la fière allure des Scaliger de Vérone aux chevaux houssés à leurs armes » et dont il précise « qu’ils furent établis en Bourgogne par le roi Jean de France et qu’ils furent si grands et puissants qu’aucun souverain ne put [les] dépasser en magnificence »1. Des inscriptions sur le piédestal en dessous des groupes devaient résumer « le zèle des personnages pour la formation de l’État bourguignon ». Le projet n’a pas abouti2 du fait des circonstances et malgré la faveur que connaissait alors le mouvement régionaliste3. L’esquisse n’en

1 Dijon, ADCO, 75 J 26. 2 Bien que Bouchard ait envisagé dans un second temps de faire un monument à la Bourgogne plutôt qu’aux ducs. 3 De la part des autorités de Vichy mais aussi de celles de l’Occupation. Les intentions de Bouchard ne sont d’ailleurs pas très claires puisqu’il a fait, comme d’autres artistes, le « voyage en Allemagne » en 1941.

Dominique Le Page • Université de Bourgogne Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 351-371.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122551

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est pas moins intéressante en ce qu’elle ne comporte aucune référence à Marie de Bourgogne4. Évoquer la mémoire de celle-ci dans la Bourgogne devenue province du royaume puis région de la France post-révolutionnaire peut donc paraître une gageure. À la différence de la Bretagne où le souvenir de la duchesse Anne est encore vivant comme en témoignent les nombreuses manifestations qui ont eu lieu tout au long de l’année 2014 pour célébrer le 500e anniversaire de son décès ainsi que l’émotion ressentie par une partie de la population bretonne lors du vol récent du reliquaire de son cœur, Marie de Bourgogne, dont le destin est lui aussi associé à l’intégration d’une principauté au royaume de France au tournant des xve et xvie siècles, n’a laissé guère de souvenir en Bourgogne5 et la nostalgie qui y perdure est avant tout celle des grands ducs de la Maison de Valois. Cet oubli s’explique en partie par le fait que Marie de Bourgogne n’a jamais séjourné dans le duché dont elle n’a pu prendre possession du fait des entreprises de Louis XI aussitôt après le décès de Charles le Téméraire le 5 janvier 1477 et que sa mort précoce ne lui a pas permis de construire un véritable projet politique même si la tendance, déjà présente sous Charles le Téméraire, à se détacher sur les plans symboliques et juridiques de la sphère d’influence de la Maison de France a perduré sous son règne. Plus que son personnage, ce sont les conditions de l’intégration du duché au royaume de France qui ont retenu l’attention des historiens à partir du xvie siècle. Ce faisant, Marie de Bourgogne n’a pas été totalement occultée puisque c’est finalement son droit en tant que femme à hériter du duché et partant les conditions dans lesquelles celui-ci a été intégré au royaume de France, qui ont servi de toile de fond aux débats menés. Ceux-ci ont connu globalement trois temps : dès 1477-1478 du fait du conflit entre les Habsbourg et les rois de France, deux récits concurrents se sont opposés, afin de légitimer leurs prétentions respectives sur le duché ; au xviiie siècle, à l’heure où se renforcent les identités nationales, c’est la version française qui s’impose ; le xixe siècle, terme chronologique de notre étude, voit en revanche la naissance d’un régionalisme bourguignon qui s’accompagne d’une lecture critique des conditions de la prise en main du duché par Louis XI à partir de 1477. La présentation de ces controverses, qui fera l’objet de notre seconde partie, ne peut se faire sans un rappel en premier lieu des événements qui se sont produits en Bourgogne après la mort de Charles le Téméraire.





4 Plus généralement, sur le panthéon des gloires bourguignonnes à Dijon et la place qu’y tiennent les « grands ducs », voir S. Jugie, La Salle des Gardes au musée des Beaux-Arts de Dijon, ou les avatars d’un panthéon dijonnais, dans Études d’histoire de l’art offertes à Jacques Thirion, des premiers temps chrétiens au xxe siècle, éd. A. Erlande-Brandenbourg et J.-M. Leniaud, coll. X. Dectot, Paris, 2001, pp. 287-306. Voir aussi É. Bousmar, Siècle de Bourgogne, siècle des grands ducs. Variations de mémoire en Belgique et en France, du xixe siècle à nos jours, dans P.C.E.é.B., t. 52, 2012, pp. 235-250. 5 On notera, à titre d’exception, le colloque qui s’est tenu à Beaune en 2000 et intitulé De Bruges à Beaune. Marie, l’héritage de Bourgogne, Beaune-Paris, 2001. Mais les actes qui ont été publiés ne s’intéressent pas à la mémoire de la duchesse en Bourgogne. Voir Cl. Challéat, Le Grand siècle de Bourgogne au miroir des expositions (1902-2004), dans A.B., t. 80, 2008, pp. 163-202.

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1. Une prise de contrôle de la Bourgogne 1.1. Les opérations militaires6

Contrairement à ce qu’une certaine tradition a pu laisser croire, la prise de contrôle du duché par Louis XI après la mort de Charles le Téméraire le 5 janvier 1477 ne s’est pas faite sans difficulté. Les premières opérations se sont pourtant déroulées sans susciter une forte résistance. Aussitôt le désastre de Nancy connu, Louis XI charge Georges de La Trémoille, comte de Ligny et baron de Craon, placé à la tête d’une armée de 6 000 hommes, Charles d’Amboise, gouverneur de Champagne, Jean IV de Chalon-Arlay, prince d’Orange, et l’évêque de Langres, Gui Bernard, de prendre possession du duché. Le 11 janvier, il adresse une proclamation aux gouverneurs des villes dans laquelle il affirme n’avoir pas d’autre intention que de préserver les droits de sa filleule Marie tout en exigeant, pour reprendre ses termes, qu’à nulle main ne soubs aultre ne vous mectez fors la notre et que vous êtes de la Couronne et du royaume. Le 16 janvier, La Trémoille et Amboise donnent douze jours aux autorités bourguignonnes pour faire leur soumission. Cette exigence est assortie de concessions : une amnistie est accordée à tous ceux qui avaient pris les armes contre le royaume de France, les immunités financières du clergé – mises à mal par Charles le Téméraire – sont rétablies et des taxes imposées depuis la mort de Philippe le Bon sur les vins et autres marchandises allant de Bourgogne en France et de France en Bourgogne sont abolies. Dès le 19 janvier, Auxerre se soumet au roi ainsi que des villes du duché voisines du comté de Bourgogne, Cuisery, Pontailler – ou le comté de Mâcon ou le comté d’Auxonne. À Dijon, les pourparlers sont engagés avec le conseil ducal qui gère le duché sur le plan administratif et, tout particulièrement, avec Jean Jouard qui le dirige. Celui-ci aurait dissimulé une lettre adressée par Marie de Bourgogne aux Bourguignons, en date du 23 janvier, où elle affirme que le duché de Bourgogne ne fut oncques de la Couronne de France et où elle demandait aux membres du conseil de Dijon de tenir en son obéissance et garder les meilleures villes et places et de maintenir la foy de Bourgogne quant ores ils seroient contraints de parler autrement. Aux yeux de la princesse, Louis XI se prévaut à tort du statut d’apanage qui aurait été celui du duché afin de le réunir au domaine de la Couronne par défaut d’héritier mâle alors que Charles V l’avait concédé à Philippe le Hardi et à tous ses héritiers, quels qu’ils fussent. La duchesse refuse que la garde de la Franche-Comté soit laissée à Louis XI qui n’y a aucun droit : il n’est point besoing, précisait-elle, que ceux qui veulent ôter le mien d’un côté s’avancent de le garder de l’autre7.

6 A. Leguai, Dijon et Louis XI. Notes sur quelques aspects de la réunion de la Bourgogne à la France, dans A.B., t. 17, 1945, pp. 101-115, 145-169, 239-263. Voir aussi J. Richard, Les Fidèles de la duchesse Marie et les soulèvements de 1477-1479 dans le duché, dans Bruges à Beaune, op. cit., pp. 61-84 ; A. Sablon du Corail, Aspects militaires de la guerre pour la succession de Bourgogne, de Nancy au traité d’Arras (5 janvier 1477-1423 décembre 1482), Thèse de l’École des chartes, 2001. 7 Marie de Bourgogne, Lettre au conseil de Dijon, dans Dom Urbain Plancher, Histoire générale et particulière de Bourgogne, t. 4, Dijon, Antoine de Fay-Louis Nicolas Fantin, 1781, pp. ccclxv-ccclxvi (ici p. ccclxvi). La démonstration faite par Louis XI et ses juristes que le duché de Bourgogne relève

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Jean Jouard est soutenu en la circonstance par le maire de Dijon, Étienne Berbisey, et d’autres notables comme Jean Jaquelin, gouverneur de la chancellerie du duché, Jean Vurry, receveur général de Bourgogne, Arnolet Macheco et Guillaume Cheval, receveur et procureur du duc au bailliage de Dijon. Le ralliement de tous ces notables contribue à expliquer pourquoi le 29 janvier 1477 les États de Bourgogne, réunis par le prince d’Orange, se soumettent au roi en précisant toutefois que les droits de la duchesse doivent être préservés et en suggérant un mariage entre elle et le dauphin Charles. Le 1er février 1477, les troupes royales font leur entrée solennelle à Dijon. À cette occasion, les droits et privilèges du duché sont confirmés ainsi que le Parlement de Bourgogne qui a été implanté dans la ville. Les États du comté de Bourgogne font, à la même période, également leur soumission à Louis XI. Très vite, une résistance se forme pourtant8. Elle est menée tout d’abord par les nobles comtois et charolais qui sont opposés en armes à la présence et l’action des agents du roi. Ils sont poussés en ce sens par Jean IV de Chalon-Arlay qui, mécontent de ne pas avoir obtenu la charge de gouverneur des deux Bourgognes – charge dans laquelle Louis XI a préféré nommer La Trémoille le 24 février 1477 – fait allégeance à Marie de Bourgogne. La résistance s’exprime ensuite dans les villes au sein des élites bourgeoises, jalouses de leurs privilèges. Les habitants de Dole se révoltent en février 1477 pour protester contre la présence d’une garnison française. Le mouvement s’étend aux autres villes du comté de Bourgogne et aux villes voisines du duché comme Auxonne et Saint-Jean-de-Losne avant d’affecter, sporadiquement, les cités de Beaune, de Semur, de Chalon où les notables prennent contact avec les représentants de Marie de Bourgogne. Dijon demeure en revanche en retrait bien que, dès le 26 mars 1477, le prince d’Orange lui lance un appel pour qu’elle rejoigne le camp de Marie, disant aux édiles : Messieurs, veuillez réduire à mémoire que votre dicte ville a toujours été plus honorée et enrichie par la Maison de Bourgogne, que ville quelconque de par-deçà. Cette fois encore, le maire Étienne Berbisey ne communique pas la lettre aux habitants mais, en revanche, la transmet aux Beaunois et aux Chalonnais pour leur demander quelle attitude ils comptent adopter. Si ces deux villes restent calmes9, un soulèvement se produit dans le Charolais en avril 1477. Un dernier acteur intervient en cette année 1477 : il s’agit du peuple urbain. Il se soulève surtout à Dijon où a eu lieu, du 25 juin au 29 juin 1477, la révolte de la Mutemaque. Des artisans et des vignerons aux cris de « Vive Bourgogne » et « À bas du droit des apanages est en réalité une construction juridique. Voir M.-Th. Allemand, La Réversion du duché de Bourgogne au royaume de France, vue à travers des mémoires contemporains, dans Cinqcentième anniversaire de la bataille de Nancy (1477). Actes du colloque organisé par l’Institut de recherche régionale en sciences sociales, humaines et économiques de l’Université de Nancy II (Nancy, 22-24 septembre 1977), Nancy, 1979, pp. 207-235 ; Ph. Contamine, Le Royaume de France ne peut tomber en fille. Fondement, formulation et implication d’une théorie politique à la fin du Moyen Âge, dans Perspectives médiévales, t. 13, 1987, pp. 67-81 ; P. Saenger, Burgundy and the Inalienability of Appanages in the Reign of Louis XI, dans French historical Studies, t. 10, 1977, pp. 1-26. 8 A. Leguai, Troubles et révoltes sous le règne de Louis XI. Les résistances des particularismes, dans R.H., t. 506, 1973, pp. 285-324. 9 Le 23 juin, Claude de Toulongeon fait sommer Tournus puis Chalon de reconnaître l’autorité de Marie. Les Chalonnais répondent qu’ils suivront l’exemple de Dijon.

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les gros » s’en prennent aux bourgeois au premier rang desquels, Jean Jouard, président du conseil de Bourgogne, qui est assassiné10, et font appel à Claude de Vaudrey, qui contrôle alors la ville d’Auxonne pour Marie de Bourgogne. Le soulèvement est bref et, dès le 29 juin, les troupes royales reprennent le contrôle de la ville. Dijon demeure calme par la suite. L’essentiel des opérations militaires en cette année 1477 se déroule dans le comté où le sire de Craon a reconquis des positions. Son échec devant Dole, le 1er octobre 1477, ainsi que les différentes exactions qu’il commet entraînent son remplacement par Charles d’Amboise qui fait échouer, le 4 décembre 1477, une attaque de Claude de Vaudrey contre Dijon. La situation se dégrade à nouveau début 1478. Des villes comme Semur, Châtillon, Seurre se révoltent ainsi que Beaune dont le bâtard de Chalon s’empare le 16 avril. L’agitation gagne des régions jusqu’alors épargnées comme l’Auxois, le Châtillonais, le Morvan, la côte et l’arrière-côte à la suite de l’action de partisans de Marie comme Hugues de Thoisy, bailli d’Auxois, et Jean de Damas, sire de Villarnoul. La reconquête est menée par Charles d’Amboise qui a repris Flavigny (soumise à une amende de 5 500 livres), Saulieu qui se rachète du pillage en payant 20 000 livres, Semur qui est prise à la suite d’un siège en juin 147811. La ville de Beaune capitule le 2 juillet après avoir résisté pendant cinq semaines. Auxonne quant à elle ouvre ses portes le 4 juin 1479 et, cette même année, l’ensemble du comté fait l’objet d’une reconquête systématique. Dole est reprise le 25 mai et sévèrement punie, et Besançon le 7 août. Au terme de près de trois années de combats, duché et comté passent sous le contrôle de Louis XI. 1.2. Les querelles juridiques

Ces opérations militaires sont suivies de querelles juridiques autour des prétentions de Louis XI et de Marie de Bourgogne sur le duché. Il y a alors élaboration d’argumentaires dans les deux camps pour justifier leurs prétentions respectives12. Du côté bourguignon, Jean d’Auffay affirme que Marie de Bourgogne est « en vraie possession du duché » et que le roi ne peut intervenir en Bourgogne car il avait conclu une trêve de neuf ans avec Charles en 1475. Plus largement, il soutient que le duché n’est pas un apanage mais un fief, et de surcroît féminin. Si la Bourgogne avait été bien réunie au domaine royal en 1361, cela n’avait pas duré. Le roi Jean II aurait d’ailleurs reconnu, en 1363, avoir reçu le duché du fait de sa mère et l’avoir ensuite cédé à son fils Philippe et à ses hoirs procréés en loyal mariage pour le récompenser de

10 Le meurtre est commis par Chrétiennot Vyon, un ancien « épicier » de la rue Saint-Nicolas de Dijon, qui après s’être ruiné, était devenu châtelain de l’abbaye de Cluny. L’hôtel du « scelleur de Langres », représentant à Dijon la juridiction de l’évêque de Langres, Louis d’Amboise, est également saccagé. 11 Les deux châteaux d’Hugues de Thoisy (Mineure et la Motte-Ternant) sont rasés. 12 M.-Th. Allemand, La Réversion du duché de Bourgogne, op. cit. ; K. Daly, French Pretentions to Valois Burgundy. History and Polemic in the Fifteenth and Early Sixteenth Centuries, dans P.C.E.é.B., t. 44, 2004, pp. 9-22. Ainsi que, dans ce volume, la contribution de J. Dumont et é. Lecuppre-Desjardin, Construire la légitimité d’un pouvoir féminin. Marie de Bourgogne dans le Mémoire de Jean d’Auffay, pp. 41-60.

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sa conduite courageuse à Poitiers. Les juristes français répondent point par point à ces mémoires en soutenant que la Bourgogne est un fief mouvant de la Couronne de France que les ducs tiennent du roi à titre d’apanage et qui doit revenir naturellement à ce dernier faute d’héritier mâle13. La paix d’Arras en 1482 puis le traité de Senlis en 149314 entraînent, sans régler les problèmes sur le fond, un certain apaisement des tensions. Celles-ci sont réveillées sous Charles Quint15. En 1515, celui-ci fait hommage à François Ier pour les fiefs français de la Maison de Bourgogne, mais, sous l’influence de Marguerite d’Autriche, il revient à une politique bourguignonne et fait rédiger des mémoires pour démontrer qu’il a droit à l’intégralité des anciens domaines dont il est l’héritier16. La victoire de Pavie en 1525 est l’occasion pour lui de faire aboutir ses prétentions puisqu’il lie en partie, on le sait, la libération du roi à la restitution du duché17. Ne voulant toutefois pas obtenir gain de cause du fait de sa seule victoire militaire, il accepte le principe d’une consultation des États de Bourgogne pour obtenir leur consentement au transfert. Le litige porte sur la question de savoir si la Bourgogne doit être remise à Charles Quint avant la libération de François Ier ou après. Les diplomates français font savoir en novembre 1525 que la restitution de la Bourgogne n’est possible que si le roi est présent en France pour persuader les États de l’accepter. Le 16 décembre, François Ier jure de revenir se constituer prisonnier dans les quatre mois s’il n’obtient pas satisfaction. Malgré cela, Charles Quint prend des initiatives pour affirmer ses droits : le 11 février, il fait publier le traité de Madrid, signé le 14 janvier précédent, à Anvers, Rome, Florence, ce qui constitue une violation des accords qui prévoient que les dispositions du traité doivent rester secrètes18 ; le 15 février, il écrit au prince d’Orange pour le charger avec Pont-de-Vaux et Nicolas Perrenot de prendre possession du duché de Bourgogne, vicomté d’Auxonne, Charolais, Château-Chinon et Noyers. Faute d’argent, cela ne peut être accompli et un coup de force des Impériaux sur Auxonne échoue. De ce fait, François Ier dispose de temps pour agir. Malgré ses engagements, il n’entend pas restituer le duché et est soutenu en cela par le conseil royal qui, dès l’automne 1525, lors de sa réunion à Lyon par la régente et le duc de Vendôme, décide

13 Une propagande iconographique est menée en même temps : O. Karaskova, Marie de Bourgogne et le Grand Héritage. L’iconographie princière face aux défis d’un pouvoir en transition (1477-1530), Thèse de doctorat, Université de Lille-Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2014. 14 J.-M. Cauchies, Philippe le Beau. Le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, 2003. 15 Comme l’a bien montré dans un ouvrage ancien mais toujours très utile de H. Hauser, Le Traité de Madrid et Charles-Quint. Étude sur le sentiment national bourguignon en 1525-1526, Paris, 1912. 16 Dont Mercurino Gattinara, Mémoire sur les droits de Charles-Quint au duché de Bourgogne, éd. Ch. Bornate, dans B.C.R.H., t. 66, 1907, pp. 391-533. On sait que, dans son testament de 1522, il demande à être enterré à Bruges auprès de Marie ou à Dijon, si la ville était redevenue libre entre-temps. 17 Pour une évocation récente de ces questions, voir J.-M. Le Gall, L’Honneur perdu de François Ier. Pavie, 1525, Paris, 2015. 18 La nouvelle de la signature du traité arrive à Lyon le 28 janvier ; le lendemain la régente la communique aux Dijonnais sans évoquer la question de la cession de la Bourgogne. Il n’y a en fait pas de publication officielle du traité en France car il est jugé honteux.

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qu’il ne sera fait aucune aliénation du royaume. Le 13 janvier 152619, François Ier proteste devant notaires contre ce qu’on cherche à lui imposer. Une fois de retour de captivité, il joue sur la clause relative à la consultation des sujets pour retarder la ratification20. S’il convoque les États de Bourgogne par lettres du 2 mai 1526 pour le 3 juin suivant et ceux du comté d’Auxonne pour le 6 juin, et s’il place Philippe Chabot à la tête des commissaires chargés de les consulter, le roi garde constamment, comme l’a bien montré Henri Hauser, le contrôle des opérations. Dès le 10 mai, le conseil royal dénonce le traité de Madrid en même temps qu’il favorise la conclusion de la Ligue de Cognac. La consultation des États provinciaux s’accompagne d’une prise en main méthodique de la Bourgogne : ainsi, en même temps qu’il est placé à la tête de la délégation des commissaires, Chabot est nommé gouverneur avec la charge de visiter les places du pays, de recevoir les serments des capitaines et des nobles et habitants des villes. C’est donc sans surprise que le 4 juin, les États répondent qu’ils entendent demeurer à tout jamais sous la très noble et très heureuse Couronne de France comme leurs prédécesseurs21. L’opération a été complétée par la publication en juillet 1526 à Paris d’une Apologie contre le traité de Madrid, en latin puis en français22, dans laquelle François Ier expose les motifs pour lesquels il n’a pas exécuté la clause concernant la Bourgogne. En avril 1527, des lettres sont envoyées avec le même objectif à tous les États provinciaux et aux élus des pays d’élection23. Le lit de justice des 16 et 20 décembre 1527 couronne ce processus. Le roi y fait un historique du traité de Madrid et le président de Selve précise que la Bourgogne, première pairie de France et l’un des principaux boulevards du royaume, est à ce titre inaliénable. La consultation des États de Bourgogne et du comté d’Auxonne au printemps 1526 s’inscrit donc dans un processus contrôlé de bout en bout par le roi de France, et rien n’a été laissé au hasard. Le fait que le roi ressente la nécessité, même de façon formelle, de s’appuyer sur les États, pour se libérer des engagements contractés à Madrid et qu’il considère dans l’Apologie qu’il est fondé en droit qu’on ne peut nulles villes ou provinces contre la volonté des habitants et sujets transférer en autre, et pour ce n’en saurait-on parvenir à translation ou aliénation,

19 Il avait fait de même dès le 16 août 1525. 20 Outre l’accord des États provinciaux, l’article 5 du traité de Madrid impose l’approbation des États Généraux et l’entérinement par le Parlement de Paris, la chambre des comptes et par les parlements de province. 21 Les États d’Auxonne font la même réponse le 8 juin. 22 Apologie contre le traité de Madrid, catalogue de Chantilly, nos 110-110 bis. Charles Quint y répond en 1527 en rejetant l’argument du sacre (qui ne vaut pas, selon lui, « pour la restitution de ce qui est injustement détenu et occupé »), en niant que la Bourgogne soit indispensable à la France pour assurer sa sécurité militaire, en affirmant que le consentement de la population n’est pas indispensable pour la restitution d’un domaine à son légitime propriétaire ni pour le transfert d’une terre d’un inférieur – le roi de France – à un supérieur – l’empereur. Il se moque enfin du souci de François Ier de consulter ses sujets alors qu’il n’a de cesse de se proclamer souverain absolu (Responce du tres puissant et invict empereur, Anvers, Guillaume Vorsterman, 1527, cité par H. Hauser, Le Traité de Madrid, op. cit., p. 96). 23 Ibid., pp. 175-180. Dijon, ADCO, C 748.

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sinon par leur consentement exprès24 constitue un précédent mémorable, sans bien sûr qu’il faille y voir une anticipation du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Ces réactions pour être pleinement comprises doivent être replacées dans le contexte du début du xvie siècle et examinées en fonction de la pensée juridique qui prévaut alors et dont on a un aperçu dans les remontrances que les États de Bourgogne rédigent pour justifier leur désir de demeurer dans le royaume de France. Il est sans doute excessif, comme l’a fait Henri Hauser, de voir dans les arguments avancés « un bric-à-brac juridico-archéologique » que les membres du conseil royal auraient transmis au greffier des États ou à quelque membre érudit du Parlement de Bourgogne qui auraient été chargés « de les accommoder à la sauce bourguignonne »25. On y retrouve en effet, en premier lieu, tous les arguments classiques invoqués alors par la monarchie pour refuser de céder le duché de Bourgogne qu’il s’agisse de l’ancienneté des liens existant entre ce dernier et le royaume de France, de l’inféodation faite par Jean II le Bon à Philippe le Hardi, de la loi salique, du droit des apanages, de l’inaliénabilité du domaine26, du serment du sacre, de la théorie en vertu de laquelle le Parlement de Paris était seul habilité à trancher le litige. Il ne s’agit pas là d’éléments de pure rhétorique mais il faut sans doute y voir plutôt, pour reprendre le point de vue du juriste Declareuil27, des éléments du « droit public » français tel qu’il s’est constitué progressivement au bas Moyen Âge et qui empêche le roi, quelles que soient ses intentions personnelles, d’aliéner la Bourgogne28. Y sont rajoutés des arguments de circonstance comme l’invalidité de la promesse de François Ier du fait qu’elle a été obtenue sous la contrainte, et que le roi a été de surcroît obligé, pour obtenir sa libération, de laisser en otage deux de ses enfants. Est invoqué aussi le fait que le duché de Bourgogne fait partie du royaume depuis plus de 40 ans, que les nobles ont prêté hommage aux rois pendant ce laps de temps29 et qu’ils ont résisté aux Habsbourg, qui l’ont attaquée ou revendiquée à plusieurs reprises bien que Philippe le Beau et Charles aient reconnu tous deux la souveraineté de la France sur ce territoire. Les arguments juridiques seraient donc confortés par

24 H. Hauser, Le Traité de Madrid, op. cit., p. 94. Ce dernier considère qu’un tel principe n’a jamais été formulé avant avec une telle netteté. 25 Ibid., p. 81. 26 On sait que la règle de l’inaliénabilité a été affirmée par l’édit de Moulins de 1566. Avant cette date, elle n’était pas, semble-t-il, encore étendue à l’inféodation des grands fiefs qui dépendait de la seule grâce royale. Le refus de François Ier de donner satisfaction à Charles Quint montre que celui-ci n’a pas mérité cette grâce. Voir R. Descimon, Declareuil (1913) contre Hauser (1912). Les rendez-vous manqués de l’histoire et de l’histoire du droit, dans Annales. Histoire. Sciences sociales, t. 57, 2002/6, pp. 1615-1636. 27 J. Declareuil, Le Traité de Madrid et le droit public français, dans Revue de législation de Toulouse, 2e sér., t. 9, 1913, pp. 96-122. 28 Pour Declareuil, les souverains européens savaient qu’en négociant avec François Ier en matière domaniale, ils traitaient avec « un incapable ». 29 L’appartenance de la Bourgogne au royaume est jugée incontestable car les comptes des receveurs ont été rendus pendant ces 40 années à la chambre des comptes de Dijon. Les remontrances précisent ainsi que depuis que une terre est longuement tenue par le roy et la recepte et despence en est faicte comme les autres terres de la Couronne de France et le compte rendu en la chambre des comptes, c’est incorporation suffisante.

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l’usage et l’absence d’opposition concrète à ce qui s’est produit depuis 1477. Les gens des États concluent en affirmant que les droits de la monarchie sont imprescriptibles et que si d’aventure François Ier cédait à Charles Quint, ses successeurs ne seraient pas tenus par ses engagements. Selon eux, la paix ainsi obtenue seroit si temporelle et de petite durée que nul fruyt s’en ensuyvroit, ains engendreroit pour les temps advenir plusieurs guerres et divisions. En parlant ainsi, ils affirment soutenir et poursuivre leurs droits et ne faire aulcune chose contre le roy et la Couronne de France soubz laquelle ilz veullent vivre et mourir, et employer leurs personnes et leurs biens comme l’on peult et doibt faire pour vivre en obeyssance de son prince naturel, qui est vraye franchise et liberté selon le commandement de Dieu30. S’il subsiste, ainsi que l’a montré Henri Hauser, un sentiment bourguignon dans le duché31, un attachement au royaume de France s’y manifeste aussi, particulièrement dans le monde des magistrats, des capitaines, des échevins32 ; c’est cet attachement qui explique en partie que de telles remontrances ont pu alors être formulées. La question est tranchée par le traité de Cambrai de 1529 qui reprend le traité de Madrid en excluant toutefois la cession de la Bourgogne, sans dissiper toutefois les doutes et mettre un terme aux débats33 comme le révèlent notamment les écrits de quelques historiens à partir de la seconde moitié du xvie siècle.

2. Marie de Bourgogne, entre histoire et mémoire 2.1. La concurrence des interprétations au xvie siècle

À partir de la seconde moitié du xvie siècle, les conditions du rattachement du duché de Bourgogne au royaume de France retiennent l’attention de plusieurs chroniqueurs qui font allusion de ce fait, directement ou indirectement, à Marie de Bourgogne dans le duché et le comté. On peut en retenir trois principalement : les Annales de

30 H. Hauser, Le Traité de Madrid, op. cit., pp. 164-168. 31 Des poésies antifrançaises ont été copiées en 1525-1526 à la suite d’un manuscrit de Faicts et Dicts de Jean Molinet. On y considère le transfert de souveraineté de la Bourgogne à Charles Quint comme imminent. On y parle de la Maison des ducs de Bourgogne estant en leur ville de Dijon, à présent occupée. Les auteurs supposés de ces vers seraient Claude Vaulot et Mathieu Largeot. Le « parti impérialiste » à Dijon aurait été composé des vignerons de Saint-Philibert, de quelques « serviteurs des métiers », et plus largement de ceux que Hauser qualifie de « vieux », c’est-à-dire des victimes du changement de régime. 32 Pour les autres catégories, la jalousie contre les Comtois, la peur du Suisse et de l’Espagnol, le désir de repos et de la paix sont, selon Hauser, les facteurs qui incitent à l’obéissance au roi de France. 33 Voir la journée d’études sur la Paix des Dames (Liège, 7-8 décembre 2017) : https://rmblf. be/2017/11/15/colloque-la-paix-des-dames-volet-i-entre-politique-diplomatie-et-ceremoniel/. En 1631, les juristes de Louis XIII écrivent un Mémoire pour conforter les droits du roi sur la Bourgogne ; il est intitulé Du droit du roy sur le duché de Bourgogne, contre les prétentions du roy d’Espagne à cause de la Maison de Bourgogne, traicté des appanages, Dijon, ADCO, Petit fonds de Bourgogne du ministère des affaires étrangères, 1 Mi 817, fol. 263r, cité par J. Loiseau, « Elle fera ce que l’on voudra ». La noblesse aux états de Bourgogne et la monarchie d’Henri IV à Louis XIV (1602-1715), Besançon, 2014, p. 65.

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Bourgongne publiées en 1566 par Guillaume Paradin de Cuyseaulx (c. 1510-1590), l’Histoire des Bourgongnons publiée en 1581 par Pierre Saint-Julien de Balleure34 (c. 1519-1593), les Mémoires historiques de la république séquanaise et des princes de la comté de Bourgogne du Franc-Comtois Louis Gollut (c. 1535-1595), professeur de littérature latine à l’Université de Dole (1570) au service du roi d’Espagne Philippe II35. Les deux premiers écrivent des histoires plutôt favorables au roi de France alors que le troisième est un partisan des Habsbourg. Mais leur propos n’est pas sans nuance comme on peut le voir à travers le traitement de quelques points. Les trois chroniqueurs s’accordent pour peindre Marie comme une femme jeune et fragile36. Si Paradin se contente de la qualifier de fille unique du feu Charles37, Saint-Julien de Balleure critique ce dernier – il l’oppose à Philippe le Bon, plus prudent – et l’accuse d’avoir pris des risques inconsidérés par les guerres qu’il a menées alors que l’avenir de sa maison n’était pas assuré : Or luy estant le dernier hoir masle de sa race, et père d’une seule fille, laissa sa succession embrouillée de maintes et diverses difficultez. Sa mort est une catastrophe car elle réduit la Maison de Bourgogne à désolation digne de pitié en faisant tomber le fait de tant d’affaires […] sur les bras d’une simple fille et jeune damoiselle, insuffisante pour faire teste et entrer en disceptation contre l’un des plus accorts rois, qui ayent régné en France38. Gollut reprend la même idée tout en accablant Louis XI, qui n’aurait pas eu, selon lui, d’autre objectif, du vivant même de Charles, que de prendre le contrôle de la Bourgogne ainsi que le révèlent les mesures qu’il avait alors adoptées comme la formation d’une armée en Champagne, l’autorisation donnée à des soldats de se mettre au service du duc de Lorraine et la mise en place, pour la première fois, des services postaux pour être tenu au courant de ce qui se passait dans le duché. Sa première intention aurait été de faire épouser à Marie soit le dauphin Charles, soit quelque petit prince françois (qu’il choisiroit) en ne lui laissant que quelques seigneuries de peu d’emport. Mais la mort du duc Charles l’aurait décidé à renoncer à cette option et à profiter des circonstances pour : […] ruiner et perdre entièrement le nom, les armes, la puissance, les devises et les mémoires de Bourgogne, en usurpant pleinement tout ce que la princesse tenoit […] car il estoit devenu plus hardy et mieux asseuré : veu mesme que pour chef contraire, il n’auroit autre qu’une désolée et jeune pucelle et contre son camp, ne trouveroit autres

34 L. Raffin, Saint-Julien de Balleure, historien bourguignon, Paris, 1926. 35 Voir Art. Louis Gollut, dans Dictionnaire des lettres françaises. Le xvie siècle, éd. M. Simonin, Paris, 2001, p. 569. Les citations faites ci-dessous de ces trois ouvrages sont empruntées aux éditions disponibles sur Gallica. 36 Sur ce thème, on peut voir aussi É. Bousmar, Duchesse de Bourgogne ou povre desolée pucelle ? Marie face à Louis XI dans les chapitres 45 et 46 des Chroniques de Jean Molinet, dans Jean Molinet et son temps. Actes des rencontres internationales de Dunkerque, Lille et Gand (8-10 novembre 2007), éd. J. Devaux, E. Doudet et É. Lecuppre-Desjardin, Turnhout, 2013, pp. 97-113. 37 Guillaume Paradin de Cuyseaulx, Annales de Bourgongne, Lyon, Antoine Gryphe, 1566, p. 994. 38 Pierre Saint-Julien de Balleure, Histoire des Bourgongnons, Paris, Nicolas Chesneau, 1581, p. 177.

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ennemis sinon quelques soldats désarmés, en petit nombre et fort rabaissés de cœur, par l’adversité des trois dernières batailles39. Selon le chroniqueur franc-comtois, Louis XI aurait même été disposé à marier son fils Charles avec la fille d’Édouard IV, à aider ce dernier à conquérir une partie de l’héritage bourguignon – Brabant, Flandres – et à lui fournir vivres, armes et munitions pour conquérir Anvers, Malines, Bruxelles et Louvain pour que le roi d’Angleterre ne s’oppose pas à ses projets et qu’il puisse faire plus facilement main basse sur le duché. La fragilité de Marie, constatée par Paradin et Saint-Julien de Balleure, constitue pour Louis XI, selon Gollut, l’occasion de pousser son avantage et de renoncer à toute solution de compromis. Le Louis XI « habile stratège » de Saint-Julien de Balleure est transformé en roi prédateur par Gollut. La même différence d’approche se retrouve dans la présentation des droits respectifs de Marie et de Louis XI sur la Bourgogne. Gollut reprend sans surprise à son compte l’argumentation des Habsbourg, qu’il expose longuement, et rejette les prétentions du roi de France. Saint-Julien de Balleure40 expose le point de vue des juristes français mais d’une façon que l’on pourrait qualifier d’objective. Selon lui : le roy Loys XI fondoit sa principale action sur ces deux droicts de pairie et d’appanage. Par le moindre desquels Bourgongne et Flandres comme pairries, et tout ce qui étoit des appendances et dependances d’icelles, estoient subiectes retourner de plain à la Couronne, de laquelle l’un et l’autre pays avoit esté distraict aux conditions ordinaires accoutumées en semblables affaires, et de tout temps observées sans contradiction. Sans se prononcer sur le fond, il tient à préciser que l’apanage de Bourgogne aurait été concédé par Jean le Bon à son fils Philippe et non par Charles V41 à son frère, et il reconnaît que c’est le temps qui a finalement tranché la question de savoir à qui appartenait le duché : Voilà ce que j’en ay bien voulu dire sans profonder cette querelle plus avant, et laquelle il ne faut plus refleschir puisque les roys de France en sont en possession de cent ans ou plus. Plus que le droit42, c’est finalement le fait que la Bourgogne soit sous le contrôle du roi de France depuis plus d’un siècle qui constitue l’élément déterminant

39 Louis Gollut, Mémoires historiques de la république séquanaise et des princes de la Comté de Bourgogne, Dole, Antoine Dominique, 1592, fol. 910r. 40 Paradin ne s’attarde pas sur cette question. 41 Cela le conduit à émettre des hypothèses sur les circonstances qui auraient valu à Philippe d’être qualifié de Hardi, soit pour avoir secouru son père à la bataille de Poitiers, soit pour avoir baillé un soufflet en Angleterre au prince de Galles, duquel il étoit prisonnier, ou d’avoir faict bravade à Loys, duc d’Anjou, son frère quand au sacre du roy Charles cinquiesme leur frère, Philippe entreprint de conserver le rang de sa dignité de pair, doyen des pairs de France. Il en conclut que le titre de Hardi n’était pas dû à un acte particulier mais qu’il révèle un trait de caractère plus profond du prince. 42 Signe du caractère peu décisif à ses yeux de l’argumentation juridique, il termine en disant : Toutefois ceux qui seront curieux de plus amplement estre instruicts du droit des parties, pourront avoir recours à ce que leurs advocatz en ont écrit respectivement. Car encore que tels plaidoyers ne soient imprimez, si n’y a-t-il faute d’hommes qui en ont esté soigneusement diligens à en faire des copies, sans que la prolixité de telles écritures les en aye retardé (Pierre Saint-Julien de Balleure, Histoire des Bourgongnons, op. cit., ff. 178r-179r).

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pour Saint-Julien de Balleure. On retrouve ainsi sous sa plume un argument qui avait déjà été formulé par les États de Bourgogne en 1526. Ce raisonnement le conduit à relativiser la portée de la prise de contrôle du duché par Louis XI. Il écrit : Le roy envoya gens de tous costez, pour s’emparer de tous les biens du défunt. Je croy bien que c’étoit à toutes fins : et tant pour la conservation des droits de la damoiselle, fille de son vassal, sinon pour la contraindre de ne se marier sinon à la dévotion du roy, auquel il importoit beaucoup que l’administration des biens et corps de ceste jeune princesse, tombassent es mains de quelqu’un de qui fust plus obéissant que n’avoient été les derniers ducs Charles son père et Philippes son ayeul. Et où il adviendroit autrement, le roy vouloit que sa main fust garnie et que s’il failloit entrer en disputes sa partie fut randue demanderesse. Toujours la même prudence donc chez Saint-Julien de Balleure que révèlent l’emploi de l’expression je croy, la prise en considération du fait que Louis XI, en occupant le duché a voulu préserver les droits de Marie, fille de son vassal, et contrôler le choix de son époux, ce qui est nuancé par l’idée qu’il a cherché en même temps à s’assurer que sa main soit garnie si ses droits étaient contestés et qu’il lui fallait s’engager dans un procès43. Pour Paradin, en revanche, il ne fait aucun doute que l’intervention de Louis XI dans le duché a visé à punir la félonie de Charles le Téméraire. Il disqualifie la résistance qui lui a été opposée en indiquant que ceste guerre se faisoit au nom de madame Marie de Bourgogne et du duc Maximilien d’Autriche son mary, qui envoya quelques Alemans. Marie, en épousant un prince étranger, aurait en quelque sorte donné une preuve supplémentaire de la duplicité de sa maison. Les opérations militaires n’auraient été, selon Paradin, qu’une simple opération de police. S’il reconnaît que le retournement du prince d’Orange44 a contribué à étendre un temps la révolte et que le sieur de Craon a échoué devant Dole en 1477, il réduit la portée de ces deux faits en mettant en cause la versatilité du premier et la nonchalance, doublée de cruauté inutile, du second. Dès que la conduite des opérations a été confiée à Charles d’Amboise, seigneur de Chaumont, les choses seraient rentrées très rapidement dans l’ordre d’autant qu’il aurait fait preuve d’habileté en conseillant au roi de faire la paix avec les Allemands et les Suisses, ce qui aurait eu pour effet de débiliter le prince d’Orange qui avait obtenu jusque-là leur soutien et qu’il aurait bénéficié de la supériorité de son artillerie. La Bourgogne serait donc rentrée sans difficulté dans l’obéissance du roi dont la justesse de la cause aurait été en quelque sorte démontrée par sa capacité à conclure les bonnes alliances et illustrée par la modernité de son armée45.

43 Ibid., fol. 178r. 44 Il critique l’attitude versatile de ce dernier qui a rallié le roi par mécontentement personnel puis qui a changé de camp quand Louis XI lui a préféré La Trémoille auquel le roi se fioit plus que au prince qu’il voyoit avoir désia abandonné le duc son seigneur par deux fois (Guillaume Paradin de Cuyseaulx, Annales de Bourgongne, op. cit., ff. 178r-179r). 45 Ibid.

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La vision donnée par Gollut est bien entendu totalement différente. Le soutien apporté par la population à Marie par les Bourguignons aurait été total46. Il se serait d’abord manifesté dans la comté à Dole dont la garnison française aurait été chassée au cri de Bourgogne et Dole, vive dame Marie et Bourgongne. L’ensemble du territoire aurait connu une mobilisation générale dont la description, idyllique, constitue un saisissant contraste avec ce qui devait se passer ordinairement. Qu’on en juge : L’on tient que les armes prinses par la plupart des valeureux chevaliers estoient levées avec telle discipline que les forteresses n’en estoient discommodées, ny les paisans aucunement foulés car, ainsi que les villes et villages estoient réglés et commandés d’envoier nombre de gens armés, l’on ne faisoit faulte de les depescher à la file, pour se trouver à jour préfix au rendés-vous général, vers les capitaines et officiers qui leur debvoient commander, où ils trouvoient leurs enseignes arborées et prestes à marcher. Là ces soldats se trouvoient avec leur paie d’un mois, qui leur estoit délivrée avec leurs armes, avant que de sortir de leurs maisons et donnoit-on l’ordre que les autres mois leur fussent paiés par quelques personnages députés particulièrement par le pais, pour passer par les mains des thrésoriers ou capitaines. Que s’il advenoit que l’un de ces soldats vînt à mourir, ou bien à faillir, de telle sorte qu’il ne pouvoit servir, subitement sa communauté en députoit un nouveau, qui entroit en sa place. Au moien de quoy le nombre ne se trouvoit longuement défourny. Lequel ordre estoit vraiment proffitable si l’on heut tenu la main à l’entretien d’iceluy, et que ensemblément, l’on heut évité les batailles générales ou les trop puissantes rencontres47. Gollut complète ce tableau en faisant l’éloge de l’action de Marie qui seconde en tout point l’action des Comtois, notamment sur le plan financier : La princesse, encouragée par ce bon debvoir de ses subiectz, ne voulut pas que la soulde du second mois fust prinse sur le paouvre peuple, scachant bien qu’il n’y estoit tenu et qu’il hauroit d’ailleurs assez à souffrir ; joinct qu’elle sçavoit qu’elle n’hauroit pas le moien d’y satisfaire, mais par l’advis de son conseil, elle voulut envoier provision de deniers, puisqu’elle n’havoit aucun moien de leur en faire tenir réellement […]48. Ce qui l’aurait amenée, selon Gollut, à aliéner son domaine, opération qui aurait été confié au prince d’Orange. Selon Gollut, la population du duché aurait, elle aussi, largement soutenu Marie. Pour preuves de cela, il fait référence à la révolte de la Mutemaque et à l’exécution de Jean Jouard par les Dijonnais après avoir constaté que le roi les havoit trompés et que les François déchassoient la vraie et légitime princesse. Le mariage de Marie avec Maximilien n’aurait pas refroidi leur enthousiasme pas plus que l’entrée de troupes (il parle de Bourguignons et d’Allemands) dans le duché car, selon lui, les François

46 Gollut s’attarde sur la description des problèmes que rencontre Marie de Bourgogne avec les Gantois, peut-être pour mieux suggérer la plus grande fidélité témoignée à son égard par la population du duché et du comté (Louis Gollut, Mémoires historiques, op. cit., ff. 910r s.). 47 Référence sur ce passage : ibid., ff. 1368r-1369r. 48 Ibid., fol. 1379r.

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ne méritoient pas les bonnes graces de la princesse puisqu’ils la traitèrent avec tant de rigueur et d’injustice49. Avec des effectifs plus importants, la victoire aurait pu alors être remportée facilement d’autant que Louis XI n’était pas disposé à mener une guerre longue. Dépeint comme vieil, mal voulu par les grands et haiant son fils en bas eage, plus habitué à se servir de la fortune que de la guerre, il ne pouvait faire front longtemps face à un ennemy en première vigueur et force, favorisé par l’Allemagne. Si les choses ont mal tourné, c’est, selon lui, la faute au prince d’Orange – dont l’image de prince parjure est brossée par les historiens des deux camps – qui aurait permis à Louis XI de prendre pied en Bourgogne et incité les États à bien recevoir les troupes françaises sous ce trompeur prétexte qu’ils en seroient mis pour en faire la seure garde à la princesse, nièpce et filleule du roy Louis50 ; la défaite serait aussi imputable à l’avarice de l’empereur Frédéric qui n’aurait pas suffisamment aidé son fils. Le manque de troupes aurait précipité l’échec des partisans de Marie alors qu’elle était dans son bon droit et que la population lui était acquise. Gollut rejoint ainsi d’une certaine façon Paradin qui, sans croire pour sa part à une mobilisation des Bourguignons en faveur de la duchesse, a fait lui aussi de la supériorité militaire française l’élément décisif. Les deux auteurs se différencient quand il s’agit de faire l’éloge funèbre de Marie de Bourgogne. Pour Paradin qui la désigne avant tout en tant qu’épouse de Maximilien et mère de Philippe le Beau, son décès signifie l’extinction du nom de ceux de Bourgogne et est prétexte à tirer une morale selon laquelle il n’est rien d’éternel entre les humains, ny de perpétuel sous le soleil, sinon que la parole de Dieu, qui demeure à perpétuité, es siècles des siècles. Au seul Dieu, roy immortel et invisible soit honneur et gloire51. Marie qui se voit dénier tout droit en tant qu’héritière devient ainsi paradoxalement la dernière représentante d’une maison condamnée, par sa mort, à la disparition. Le plus vibrant hommage est rendu sans surprise par Gollut qui écrit qu’au moment de son décès Marie est pleurée par tous ses subiects, comme celle qui havoit esté chérie et honorée, pour les singulières vertus et doulceurs d’icelle52. Pour lui, le drame de la période 1477-1479 se rejoue en 1491 lors de la rupture de la promesse de mariage entre le dauphin Charles et Marguerite. Charles VIII par « légèreté naturelle » ou par le conseil des siens aurait préféré alors l’alliance avec Anne de Bretagne : cela lui aurait certes permis d’accroître le royaume et d’affaiblir les Anglais mais aurait aussi eu pour effet de nourrir les causes des guerres de Bourgogne assoupies53. Gollut semble ainsi considérer que seul un mariage aurait pu mettre fin durablement à la querelle de Bourgogne et éviter la guerre entre les Habsbourg et la France. Paradin, Gollut, Saint-Julien de Balleure écrivent tous trois alors que la Bourgogne demeure encore, même de façon moins sensible, un enjeu dans la rivalité entre la France et l’Espagne. Gollut défend résolument la cause de celle-ci alors que Paradin prend fait et cause pour la première. Saint-Julien de Balleure est plus nuancé. S’il

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Ibid. Ibid. Guillaume Paradin de Cuyseaulx, Annales de Bourgongne, op. cit., p. 994. Louis Gollut, Mémoires historiques, op. cit., fol. 931r. Ibid., fol. 1393r.

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déplore que Charles le Téméraire a mis en péril l’avenir de sa maison, il note tout de même qu’il n’a pas été inhumé selon son rang54 ; il présente de façon nuancée, on l’a dit, la querelle juridique dont la Bourgogne a fait l’objet et conclut finalement que c’est seulement la possession durable du duché qui a donné une légitimité aux prétentions des rois de France. Écrivant à la demande des États provinciaux qui se posent en défenseurs des libertés bourguignonnes, il contribue à préserver l’idée d’une singularité du duché dans le royaume de France, point sur lequel il influence les historiens qui s’intéressent à ces questions à partir du xviiie siècle. 2.2. Les caractères contrastés d’un patriotisme bourguignon (xviiie-xixe siècles)

Au Siècle des Lumières, le point de vue qui s’impose chez les historiens de la Bourgogne est celui d’un rattachement inévitable du duché au royaume de France. On le voit à travers les histoires de Dom Plancher55 – continuée par Dom Merle – et de Courtépée-Béguillet56. La première innove un mettant en avant la notion de patriotisme bourguignon57. Elle dépeint une Marie de Bourgogne totalement favorable à la France (les dispositions de l’héritière de Bourgogne étaient toutes en faveur de la France, où se trouvoit toute sa famille) et des Bourguignons qui soupiroient ardemment après la réunion des deux États. Cet attachement est nuancé par l’idée d’une fidélité de la population à leurs princes naturels, qui ne s’opposerait pas aux liens qui l’uniraient à la France. Cette fidélité serait illustrée notamment par le fait que les villes auraient été persuadées que Charles le Téméraire n’était pas mort : […] le peuple de cette province s’était persuadé que le duc Charles, après la bataille de Nancy, s’était retiré dans un hermitage, d’où il ne devoit sortir qu’après un espace de sept

54 Il écrit : Pour venir doncques au point le trespas du duc Charles bien avéré et son corps bien recongneu, et ensevely moins honorablement que la grandeur de tel prince le méritoit (Pierre Saint-Julien de Balleure, Histoire des Bourgongnons, op. cit., p. 177). 55 Dom Urbain Plancher, né en 1666 à Chenu en Sarthe, fait profession de foi à Vendôme en 1685. Présent à Dijon dès 1689, il est prieur de Saint-Bénigne de Dijon de 1714 à 1720 puis de Saint-Martin d’Autun en 1720-1721. Il publie à Dijon le premier volume de l’histoire de Bourgogne en 1739, les deux volumes suivants en 1741 et 1748. Le quatrième était prêt quand il meurt le 12 janvier 1750. Ce volume sera publié à titre posthume en 1781. Dom Urbain Plancher, Histoire générale, op. cit., 4 vol., 1739-1781. 56 Claude Courtépée et Edmé Béguillet, Description générale et particulière du duché de Bourgogne, Dijon, Louis Nicolas Frantin, 1775. Toutes les citations faites ci-dessous sont empruntées à cette édition. 57 Dans une lettre qu’il adresse le 5 juin 1737 à l’abbé Lebeuf, l’avocat Henri Hubert Letors, lieutenant criminel à Avallon, écrit : Il a eu le chagrin d’avoir été obligé de refondre son ouvrage parce qu’il lui a été défendu de parler du royaume d’Arles et de traiter de nos ducs comme des souverains. Le 2 août suivant, Dom Joseph Vaissète explique au censeur royal, qui s’en est remis à son rapport pour accorder ou non l’approbation au libraire, que Dom Plancher a supprimé ce qui regardait les rois de Provence, de Bourgogne transjurane et d’Arles ainsi que l’histoire du comté et des comtes de Bourgogne (M.-L. Auger, La Collection de Bourgogne (ms 1-74) à la B.N. Une illustration de la méthode historique mauriste, dans Hautes études médiévales et modernes, t. 59, 1987).

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ans de pénitence. Les gens instruits ne s’arrêtaient point à ces propos de peuple, mais on était incertain si le prince était mort ou fugitif ; le roi Louis XI lui-même écrivait aux villes de Bourgogne dans la même incertitude […]58. Avec un Charles Téméraire toujours vivant, c’est la Maison de Bourgogne elle-même qui perdurait et qu’il fallait continuer à prendre en compte. Cette éventualité aurait dû inviter les différents acteurs à la prudence et à la recherche d’une solution de compromis. Pour Plancher, qui n’entre pas dans le détail des querelles juridiques, le compromis réside dans un mariage entre Marie et le dauphin Charles59 au nom du réalisme politique. Il remarque que les possessions de la Maison de Bourgogne formoient un objet trop considérable, pour n’être pas ambitionné. Le moyen de le faire tourner au profit de la France étoit facile. Celui qui aurait empêché l’union de se conclure est Louis XI qui aurait trahi sa promesse de défendre les intérêts de Marie et qui, constatant les dispositions des sujets du duché à entrer dans son obéissance, qui lui auraient permis de se rendre maître des biens de sa filleule sans lui donner le dauphin en mariage60, aurait poussé son avantage. Les bonnes dispositions de la population et des États de Bourgogne se seraient en quelque sorte tournées contre eux en incitant Louis XI à prendre possession du duché, sans faire de concessions. Dom Plancher ajoute qu’il sembloit que, pour les malheurs des peuples, il eût sur la fin de ses jours, hérité des fureurs guerrières du duc Charles et qu’à son exemple, il voulût acquérir le nom de Terrible61. La légende noire d’un Louis XI, tout à la fois tortueux dans ses façons d’agir et influençable, se retrouve ici62 ; en un xviiie siècle qui fait de plus en plus l’éloge des libertés politiques et de la monarchie tempérée, il devient le symbole, la préfiguration d’un absolutisme décrié. La politique qu’il a menée aurait eu des effets catastrophiques en posant, selon Plancher, les bases des guerres les plus sanglantes entre les Maisons de France et d’Autriche63. Elle aurait, jointe aux erreurs de La Trémoille à l’égard de quelques seigneurs bourguignons et aux errements de l’inévitable prince d’Orange, expliqué dans l’immédiat la révolte du duché. Mais Plancher minimise la portée de celle-ci. S’agissant des villes, il écrit que si quelques-unes comme Châlon, Beaune, Semur avaient paru tenir pour la princesse Marie par un attachement bien naturel, cela ne les avait pas détachées du corps des Bourguignons et elles avoient envoyé leurs députés aux états, ainsi que les autres villes64. La noblesse pour sa part aurait été française par les sentiments,

58 Dom Urbain Plancher, Histoire générale, op. cit., t. 4, p. 477. 59 Il écrit : Il y aurait eu cependant quelque espérance d’unir l’héritière de Bourgogne au duc d’Angoulême ou à quelqu’autre prince du sang royal de France, si le trop méticuleux Louis XI n’avoit redouté l’agrandissement des princes vassaux de la Couronne (ibid., t. 4, p. 481). 60 Son génie défiant lui fit préférer ce parti, et les ruses qu’on lui fit employer, l’éloignèrent totalement du but qu’il s’était proposé (ibid., t. 4, p. 485). 61 Ibid. 62 L. Avezou, Louis XII, père du peuple. Grandeur et décadence d’un mythe politique, du xvie au xixe siècle, dans R.H., t. 625, 2003/1, pp. 95-125. 63 Dom Urbain Plancher, Histoire générale, op. cit., t. 4, p. 485. 64 Ibid., p. 486.

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et n’aurait vu qu’avec douleur l’héritière du duc Charles devenir étrangère, et même ennemie du royaume. Elle n’aurait donc pas non plus opposé une résistance opiniâtre à l’armée royale. Ce qui aurait ainsi décidé de l’évolution des événements plus que les armes ou le droit et, écrit Plancher, heureusement pour le duché de Bourgogne, c’est le cœur françois de ses habitants [qui] les rapprocha sans cesse de la Couronne dont ils ne voulurent point être désunis ; tandis que les provinces des Pays-Bas échappèrent à Louis XI malgré les déshonorantes menées de ses émissaires65. L’attachement profond du peuple pour le royaume aurait constitué le facteur décisif permettant de comprendre l’issue des opérations66. Béguillet et Courtépée partagent peu ou prou les vues de Plancher. On retrouve dans leur œuvre la même vision d’une Marie de Bourgogne prête à épouser le dauphin Charles ; d’un Louis XI méfiant et rancunier qui n’aurait jamais voulu unir Marie à son fils du fait de la haine qu’il éprouvait envers la Maison de Bourgogne ni avec un prince français par méfiance à leur encontre67 ; d’États provinciaux qui se seraient prononcés résolument pour le rattachement du duché au royaume68 quand on leur avait promis le mariage du dauphin avec leur princesse souveraine ; d’une parole royale trahie, ce qui aurait provoqué la révolte de la Bourgogne qui aurait pu et qui aurait dû être évitée et dont les effets auraient été dramatiques dans le comté dont il est dit que jamais elle n’avoit essuyé de si grands malheurs depuis l’invasion des barbares69. Béguillet et Courtépée affirment plus nettement que Plancher que la félonie prétendument commise par Charles le Téméraire n’avait jamais été jugée et qu’il ne pouvait y avoir réversion du duché à la Couronne, en l’absence d’héritiers mâles puisqu’il existait encore un descendant en droite ligne de Philippe le Hardi, dans la personne de Jean, comte de Nevers. Leur propos est peu favorable au peuple : à leurs yeux la Mutemaque aurait été provoquée par quelques fauteurs du prince d’Orange et aurait échoué car la noblesse du duché, fidèle au serment qu’elle avait fait au roi, n’aurait pas secondé les émeutiers. Béguillet et Courtépée semblent écrire en faveur des États et du second ordre qui y jouait un rôle décisif. Réticents à l’égard des conditions dans lesquelles s’est produite l’intégration du duché au royaume, ils n’en tirent pas moins un bilan positif en notant que c’est cela qui a conféré à la Bourgogne la prérogative de donner son nom au fils aisné du dauphin70.

65 Ibid. 66 Avec un tel raisonnement, on comprend que ce soit Dom Merle, le continuateur de Plancher, qui ait contribué à accréditer le mythe des États Généraux tenus à Cognac en 1526. 67 Les deux auteurs écrivent : L’un ou l’autre de ces mariages qui eût infailliblement réussi, par le désir que la princesse avoit de demeurer alliée à la Maison de France, auroit empêché l’agrandissement prodigieux de celle d’Autriche qui donna tant d’occupation aux successeurs de Louis XI ; étrange effet de la haine et de la jalousie (Claude Courtépée et Edmé Béguillet, Description générale, op. cit., p. 218). 68 Ces États, selon Béguillet et Courtépée, se seraient convoqués d’eux-mêmes comme ils étoient en possession de le faire dans toutes les occasions qui interessoient le pays (ibid., p. 219). 69 Ibid., p. 219. 70 Ibid., p. 222.

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Le ton change avec Claude Rossignol71 (1805-1886) qui publie en 1853, alors que l’intérêt pour l’État bourguignon se développe72, son Histoire de la Bourgogne pendant la période monarchique. S’appuyant sur les auteurs précédents – Gollut, Courtépée, Plancher – et sur des érudits locaux comme Gandelot ou André Chenevez mais aussi sur des archives comme celles de la chambre des comptes de Dijon (dont les comptes des receveurs généraux, Vurry, Raboteau – qui étaient en charge dans les années 1470-1480), il reprend les principaux aspects des ouvrages précédents en les accentuant. Il présente Marie de Bourgogne comme une jeune fille de 19 ans, « d’une grande élévation de sentiments », dotée de beaucoup de courage et de toutes les grâces et objet de l’attention de toute l’Europe. Simple instrument dans la politique de son père et de Louis XI, elle n’aurait pas été de force à se mesurer avec ce dernier, qualifié de « vieillard sans parole, plein de ruses d’une politique tortueuse et triomphante, animé de la volonté d’abattre tout ce qui faisait ombrage à la couronne » alors que le droit était pourtant pour elle. Pour Rossignol, il ne fait pas de doute que le duché de Bourgogne était en dehors de la loi salique. La solution aurait résidé à ses yeux aussi dans un mariage entre Marie et le dauphin73 mais Louis XI n’aurait envisagé cette solution que par habileté politique pour mieux prendre le contrôle de la Bourgogne. Ce faisant, il se serait aliéné le soutien des habitants de la province. Rossignol se distingue des auteurs précédents en dépeignant les horreurs de la guerre qui aurait, selon lui, duré trois ans dans le duché. Pour faire face au soulèvement massif des Bourguignons, Amboise aurait été autorisé à recruter des troupes dans la majeure partie du royaume et une répression impitoyable aurait été menée dans le duché pour empêcher les ralliements au prince d’Orange. Rossignol regrette que « les documents qui pourraient nous éclairer sur cette malheureuse époque sont trop rares74 pour qu’il nous soit possible de passer en revue toutes les villes de la province et d’y compter les exécutions ; mais le voile qui les cache se soulève assez pour nous faire entrevoir sur toute la Saône, qui séparait le duché de l’armée du prince d’Orange, des têtes coupées et mises sur les portes des villes et des cadavres pendus

71 Conservateur en 1841 des Archives départementales de la Côte d’Or, Rossignol est renvoyé en 1848. Rétabli en 1849, il est nommé, le 8 mars 1862, conservateur du Musée des antiquités celtiques et galloromaines à Saint-Germain-en-Laye. Il prend sa retraite en 1864. On lui doit aussi un mémoire visant à identifier le site d’Alise Sainte-Reine avec celui d’Alésia. 72 Prosper de Barante publie son Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, 13 vol., Paris, 1824-1826. Rossignol en reconnaît la qualité mais regrette surtout qu’il parle des pays du nord qu’il ne s’occupe pas, comme la plupart des autres historiens, « de la Bourgogne proprement dite comme si le corps de bataille n’avait pas eu deux ailes, comme si, malgré leur distance, il n’y avait pas eu entre l’une et l’autre des relations intimes et de continuels chevaucheurs » (Cl. Rossignol, Histoire de la Bourgogne pendant la période monarchique, Dijon, 1853, pp. ii-iii). 73 Rossignol réfute longuement les raisons qui ont été avancées par d’autres auteurs dont Châteaubriand contre cette solution en faisant valoir notamment le trop jeune âge du dauphin Charles (ibid., p. 115). 74 Rossignol suggère l’idée d’une destruction volontaire des papiers par les représentants du roi pour éliminer toute trace de ce qui s’était réellement passé. Cela serait confirmé, selon lui, par la découverte postérieure de documents cachés comme ceux qui ont été mis à jour dans les murailles du château de Loisy (ibid., p. 310).

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aux arbres des routes75 ». Les biens des révoltés auraient été systématiquement saisis et les suspects pourchassés par la justice du roi qui, « pour tout au monde, voulait garder la Bourgogne qu’il appelait son “Paradis” »76. En plus de cette répression, la résistance de la Bourgogne aurait été affaiblie par le mariage de Marie avec Maximilien. Rossignol retrouve des accents patriotiques pour en dénoncer les effets démoralisateurs. Pour lui, le duché avait sa place naturelle aux côtés de la France et, selon lui, ses habitants avaient accepté dans une certaine mesure que les États le livrent à Louis XI en 1477 en considérant « que le sang de ses souverains était recueilli par la Maison royale, que les Bourguignons trouvaient une place sous la Couronne de France ». Pour eux, il était inadmissible de mettre « le blason de Bourgogne sous les pieds de l’aigle autrichienne » ; de voir « la Toison d’Or sur des cœurs tudesques, sur le cœur de Frédéric et de Maximilien d’Autriche77 » et ce d’autant plus que ces derniers, après avoir promis de l’aide, avaient manqué à leur parole et laissé les troupes du prince d’Orange seules face à l’armée royale. Dans ces conditions, Louis XI avait beau jeu de prendre le contrôle du duché et de gagner le soutien de la population. Mais au lieu de procéder avec intelligence, il aurait fait preuve à la fois de brutalité et de duplicité. Du premier registre relevaient les ordres de faire disparaître partout « sous des couches de plâtre et de chaux » les armes de Bourgogne, de briser les vitres de la chambre des comptes où elles se trouvaient, et d’y mettre à leur place celles du roi avec le cordon de Saint-Michel et les armes du dauphin » (p. 280) ; de sanctionner les villes qui avaient résisté – Beaune et Dole – et de récompenser celles qui s’étaient rapidement ralliées – Dijon et Salins – ; de construire des places fortes pour mieux contrôler la province, ainsi du château de Dijon dont les habitants auraient vu, selon Rossignol, chaque pierre supplémentaire « comme un anneau de plus à leur chaîne » (p. 297). Du second registre aurait découlé la décision de confirmer les institutions ducales au moins dans la forme car pour Rossignol, elles n’auraient plus été que des « vaines décorations », une coquille vide rappelant le temps de Philippe le Bon et non celui de Charles le Téméraire, qui les avait dotées de réels pouvoirs et cherché à les mettre au service de ses ambitions. Selon Rossignol, Louis XI n’aurait atteint ses objectifs qu’avec la mort de Marie de Bourgogne. Il dépeint celle-ci expirant « entourée des chevaliers de la Toison d’Or, pressant la main de Maximilien, prononçant les noms du prince d’Orange, de Claude de Toulongeon, d’Olivier de La Marche, de ses enfants, et disant à Jacques de Savoie, comte de Romont, le héros de Guinegate : « “Adieu, noble étendard de Bourgogne, vous qui avez si vaillamment défendu mon pays et mon honneur”78 ».

75 Ibid., p. 157. Rossignol écrit : « Dom Plancher dit quelque part qu’après la conquête de la FrancheComté et la soumission des villes qui s’étaient révoltées de ce côté de la Saône, la province fut “fort tranquille” (iv, 509) ; peu s’en faut qu’il ne s’extasie sur le bonheur de l’année 1480 ». « Mais comment n’a-t-il pas vu que toute la Bourgogne était couverte de troupes ? Que de Mâcon à Marcigny, par exemple, on comptait des groupes de gens de guerre stationnant l’arme au bras et n’osant pas encore retourner dans leurs garnisons de Picardie, à Franchise, à Béthune » (ibid., p. 311). 76 Ibid., p. 178. 77 Ibid., p. 254. 78 Ibid., p. 399.

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À cette nouvelle qui signifie que « la Maison de Bourgogne était tombée », Louis XI se serait redressé, lui qui n’est, selon Rossignol « qu’une ruine cheminante » au moment de son entrée dans la province et qui n’est pas capable de mettre fin à une guerre civile qui a épuisé la France ; « la joie aurait brillé dans ses yeux et ranimé ses joues pâles et amaigries »79. Par la vision qu’il donne des événements qui se sont produits de 1477 à 1482, Rossignol pourrait être considéré comme l’un des inventeurs du régionalisme bourguignon. La population du duché était selon lui fidèle à la Maison de Bourgogne et se serait soulevée massivement et spontanément à l’appel de Marie. La prise en main du duché aurait été violente et aurait entraîné des pillages, des confiscations ainsi qu’une certaine dénaturation des institutions. Rossignol considère que la solution résidait dans un mariage entre Marie et le dauphin Charles, ce qui aurait permis à la France de récupérer l’ensemble de l’héritage bourguignon. Dans une vision empreinte de nationalisme pro-français, il condamne fermement l’alliance avec Maximilien. La place du duché était selon lui aux côtés du royaume de France. La critique de la politique de Louis XI vaut condamnation de l’absolutisme dont celui-ci serait le symbole mais elle va plus loin comme le révèle cette dernière citation. Rossignol écrit : « Le roi devenu plus dur et plus absolu depuis la mort de Charles de Bourgogne, plus sombre et plus méfiant dans la résistance qu’on lui opposait, voulait tout ramener à lui et à ses féaux serviteurs, non pas dans l’intérêt d’une centralisation intelligente mais pour écraser librement quiconque lui ferait ombrage80. » La mort de Charles le Téméraire est interprétée comme la disparition du dernier obstacle qui empêchait le triomphe de l’autoritarisme royal et les conditions de la prise en main du duché, comme le contre-exemple, et l’expression vaut d’être notée, d’une « centralisation intelligente »81. C’est une telle politique, qui tiendrait compte des leçons du passé, que Rossignol appelle sans doute de ses vœux en écrivant son histoire de la Bourgogne en plein xixe siècle.

3. Conclusion Si Marie de Bourgogne n’a guère vu sa mémoire entretenue dans le duché de Bourgogne à partir de l’époque moderne, cela peut aisément se comprendre car, par son mariage avec Maximilien, elle a été associée à un État adversaire du royaume de France et elle n’a pu être intégrée dans un récit monarchique à la différence d’Anne de Bretagne qui a été deux fois reine. Son souvenir n’y a cependant pas été oublié totalement car il a permis de s’interroger sur les conditions de l’intégration du duché au royaume de France. Si Gollut, sujet espagnol, soutient pleinement les prétentions de Marie à

79 Ibid., p. 400. Il lui aurait fallu encore l’appui des Gantois pour imposer le traité d’Arras avant de mourir à son tour. 80 Ibid., p. 418. 81 Ibid., p. 419.

L a M é m o i r e d e Mari e d e Bo u rgo gne

succéder à son père, les historiens originaires du duché, du xvie au xixe siècle, tout en défendant les prétentions françaises, se montrent critiques à l’égard de Louis XI qui, par sa politique maladroite, aurait entraîné la perte d’une partie de l’héritage bourguignon et compromis durablement les relations entre la France et les Habsbourg. Pour eux, la solution était dans un mariage entre le dauphin Charles et Marie, ce qui supposait implicitement de reconnaître les droits de celle-ci. Le constat de l’échec de cette solution a tourné au fil du temps en critique de l’absolutisme dont Louis XI aurait été l’un des premiers partisans. Si, au xviiie siècle, les historiens, en critiquant ce qui s’est passé après 1477, semblent plaider la cause des États provinciaux, considérés comme les défenseurs des libertés bourguignonnes, au xixe siècle, avec Rossignol, le traitement de la question est mis au service d’une condamnation de la centralisation. Rossignol n’a pas eu de continuateur immédiat. Avec la création d’une chaire d’histoire de la Bourgogne à Dijon à la fin du xixe siècle, une approche universitaire a été privilégiée et pour la Période moderne, c’est l’influence de l’École des Annales, qui était, on le sait, peu intéressée par l’étude des grands personnages, qui s’est faite le plus sentir. Ce sont les médiévistes avec André Leguai et Jean Richard qui ont consacré des travaux à la fin du xve siècle. Dans sa communication au colloque de Beaune, en 2000, ce dernier en se référant à l’exemple de Jean de Sully, qui aurait dissimulé en 1477 des documents dans les murs de son château, témoignant ainsi de son désir de continuer à servir la duchesse, conclut qu’il n’est pas indifférent « qu’au moment où disparaissait la prestigieuse lignée ducale, des Bourguignons avaient manifesté ainsi leur attachement à celle-ci »82. La célébration de Marie à Beaune était donc encore une façon de rappeler que la Bourgogne, avant de devenir royale, avait participé à l’aventure de l’État bourguignon et qu’elle en préservait le souvenir.

82 J. Richard, Les Fidèles de la duchesse Marie et les soulèvements de 1477-1479 dans le duché, dans Bruges à Beaune, op. cit., pp. 61-82 (ici p. 82).

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Gilles Docquier 

23. Les aléas d’une « Iphigénie bourguignonne » Mémoire, culture et historiographie de Marie de Bourgogne en Belgique Une jeune femme, en pleine fleur de l’âge, promise à un avenir radieux, épouse d’un souverain fraîchement couronné et mère de trois enfants, disparaît accidentellement en laissant orphelin tout un peuple. En cette fin d’été 1935, l’émotion est intense en Belgique où fleurissent, un peu partout, les portraits de la reine Astrid. Une icône est née. Fin mars 1482, une autre princesse est « foudroyée par le destin »1, alors que tout semble enfin lui sourire. On peut, comme pour la reine Astrid – ou, plus proche de nous, pour l’ancienne princesse de Galles, Lady Di –, parler d’une « légende Marie de Bourgogne ». Parce que la fatalité, le sort ou, plus prosaïquement, le hasard les ont toutes frappées à un moment inattendu et dans des circonstances tragiques, tout à fait imprévisibles. Consciemment ou non, l’imaginaire collectif a figé, à des degrés divers, les traits et les actes de ces femmes dans nos esprits. « Princesse aux chaînes », « Princesse d’entre deux mondes », « Princesse maudite », « Iphigénie bourguignonne »2… Les qualificatifs ne manquent pas pour évoquer – et, d’une certaine manière, stigmatiser – la figure et la vie de Marie de Bourgogne. À l’ombre d’un père remuant, d’une belle-mère au fort tempérament, puis d’un jeune époux (étranger), appelé plus tard à occuper le trône impérial, Marie semble faire pâle figure. Autant son statut de princesse naturelle, « du pays », héritière légitime et continuatrice du sang de Bourgogne, est souligné par nombre d’auteurs et d’artistes, autant sa place comme figure souveraine des Pays-Bas est rapidement

1 A. Poncelet, Bruges et la région flamande, Paris, 2010, p. 42. Le parallélisme avec la figure d’Astrid de Belgique se reflète également dans la contribution d’A. Schwarzenbach, Rêves royaux. Réactions à la mort de la reine Astrid de Belgique, 1905-1935, dans Cahiers d’histoire du temps présent, t. 5, 1999, pp. 7-41. 2 « Princesse aux chaînes » et « Princesse d’entre deux mondes » sont les sous-titres des ouvrages suivants : A. Besson, Marie de Bourgogne. La Princesse aux chaînes, Paris, 1963 ; G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne. Princesse d’entre deux mondes, Paris, 1982 (rééd. Verviers, 1985). L’appellation d’« Iphigénie bourguignonne », utilisée dans le sous-titre de cet article, est empruntée à L. Hommel, Marie de Bourgogne ou le Grand héritage, 1re éd., Bruxelles, 1945, p. 96. Quant à la « Princesse maudite », il s’agit du nom donné, explicitement en « hommage » à la duchesse Marie, à une cuvée d’AOC Coteaux bourguignons, produit par la Maison Labouré-Roi à Nuits-Saint-Georges.

Gilles Docquier • Musée royal de Mariemont/Université Saint-Louis – Bruxelles Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 373-393.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122552

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esquissée, voire carrément balayée3. Si l’objectif de ce livre est bien de réévaluer la place de Marie au cœur de son époque, il semble intéressant de pouvoir retracer la manière dont elle a été perçue et (re)présentée dans l’espace géographique belge, de la seconde moitié du xviiie siècle à nos jours. Il n’y a pas, de ma part, une volonté exhaustive de répertorier ici tous les points de vue (historiographique, littéraire, artistique, culturel et folklorique) et tous les témoignages qui ont pu cohabiter – une entreprise bien trop vaste, et qui montrerait sans doute rapidement ses limites –, mais plutôt de livrer un panorama chronologique suffisamment représentatif de la « mémoire » de Marie de Bourgogne en Belgique. Car la vie et l’action de celle-ci ont souvent été réduites à une simple série de « moments clés », plus ou moins fidèles à la réalité, volontairement sélectifs, et qui montrent, aujourd’hui, combien cette vision demeure partielle et partiale.

1. Marie dans la « Belgique » avant l’heure. Une princesse politisée En 1784, l’imprimeur-libraire bruxellois Joseph Ermens réédite à son compte l’Histoire de Marie de Bourgogne de Gabriel-Henri Gaillard (1726-1806), membre de l’Académie française, parue à Paris en 17574. Dans sa préface, l’auteur entend narrer « l’origine de l’ancienne rivalité entre les Maisons de France et d’Autriche ». L’écriture d’une biographie de la duchesse de Bourgogne à ce moment n’est pas fortuite. En effet, après une nouvelle période de conflit (Guerre de Succession d’Autriche), Louis XV



3 Une tendance arrivée très tôt après la disparition de Marie, dans une « propagande » déjà mise sur pied par Maximilien d’Autriche et ses successeurs, ainsi que l’a souligné encore O. Karaskova, Marie de Bourgogne et le Grand Héritage. L’iconographie princière face aux défis d’un pouvoir en transition (14771530), Thèse de doctorat, Université de Lille-Musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg, 2014 ; Ead., Ung dressoir de cinq degrez. Mary of Burgundy and the Construction of the Image of the Female Ruler, dans Authority and Gender in Medieval and Renaissance Chronicles, éd. J. Dresvina et N. Sparks, Newcastle, 2012, pp. 319-344. Il convient également de souligner le poids historiographique du récit de Jean Molinet sur les événements du temps et sur le portrait d’une Marie de Bourgogne « désemparée ». Voir, entre autres, J. Devaux, Le Rôle politique de Marie de Bourgogne au lendemain de Nancy. Vérité ou légende ?, dans L.M.A., t. 97/2, 1991, pp. 389-405 ; É. Bousmar, Duchesse de Bourgogne ou povre desolée pucelle ? Marie face à Louis XI dans les chapitres 45 et 46 des Chroniques de Jean Molinet, dans Jean Molinet et son temps. Actes des rencontres internationales de Dunkerque, Lille et Gand (8-10 novembre 2007), éd. J. Devaux, E. Doudet et É. Lecuppre-Desjardin, Turnhout, 2013, pp. 97-113. 4 La première édition est cependant parue sans nom d’auteur : [Gabriel-Henri Gaillard], Histoire de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, femme de Maximilien, premier archiduc d’Autriche, depuis empereur, Paris, Leclerc, 1757. Sur Joseph Ermens, voir A. Wauters, Art. Ermens (Joseph), dans B.N.B., t. 6, Bruxelles, 1878, col. 623-628 ; B. Desmaele, Les Imprimeurs et libraires des Pays-Bas au xviiie siècle, dans Archives et Bibliothèques de Belgique, t. 56, 1985, p. 307 ; R. Adam, Le Libraire-imprimeur bruxellois Joseph Ermens (1736-1805) et l’étude des incunables à la fin du xviiie siècle, dans Bulletin du bibliophile, 2005/1, pp. 143-167. Joseph Ermens s’était spécialisé dans l’impression de catalogues de ventes de bibliothèques, d’ouvrages d’histoire « nationale » et de généalogie, ainsi que dans l’édition de textes juridiques et de sources diplomatiques. On trouvera un catalogue (provisoire) de sa production dans ibid., pp. 160-167.

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et l’impératrice Marie-Thérèse optent pour un rapprochement commun contre la menace anglaise et prussienne ; une alliance militaire défensive est signée à Versailles le 1er mai 1756, puis renouvelée en 1757 et en 17585. Gaillard entend donc célébrer cette amitié qui doit, comme il l’indique dans sa préface, réparer les fautes de Louis XI6. Par ailleurs, il veut explicitement soutenir la cause de Marie-Thérèse en la plaçant en droite ligne de l’héritage de Marie de Bourgogne, dont elle est issue de son sang, héritière de toutes ses vertus, et d’une partie de ses États7. Le portrait que Gaillard dresse de notre héroïne – et reproduit sans modifications par Joseph Ermens – est particulièrement intéressant et mérite que l’on s’y attarde un moment. Le Français dépeint une Marie de Bourgogne qui eut : […] dès l’enfance les vertus convenables à sa situation, de la douceur, de la bonté, un attachement inviolable à tous ses devoirs, une docilité tendre pour tous les caprices de son père, une soumission aveugle à tous ses ordres. Elle se regarda de bonne heure comme une victime d’État, qui devoit être immolée au gré de l’ambition et de la politique8. Après la disparition du duc – qui ne lui aurait jamais témoigné la moindre tendresse –, l’académicien assène que Marie de Bourgogne, fille unique de Charles, hérita de ses biens, de ses malheurs et de la haine de Louis XI9. La majeure partie du récit de Gaillard – à l’instar de ceux qui se pencheront sur la vie de Marie de Bourgogne par la suite – se focalise (ou se réduit, c’est selon) sur les événements de 1477. Désemparée, la nouvelle duchesse apprend à la fois la mort de son père, la perte de ses places, les succès de son ennemi10. Si la situation est déjà grave, elle devient tous les jours plus horrible. À Gand, centre toujours redoutable de la sédition et de la révolte, on lui compose un conseil de bourgeois insolens, sans l’avis duquel ils lui défendirent de rien entreprendre : ils la retinrent prisonnière dans son palais, en esclavage11. Esseulée, elle y est entourée par des tyrans et des oppresseurs, des prétendus amis […] attirés par des vues intéressées et dont tous abusoient de la foiblesse12. L’attitude des États et, plus encore, celle des Gantois, excitée par la joie criminelle de Louis XI13, est condamnée avec force par Gaillard. Il ne reconnait aucune légitimité au tribunal qui est constitué pour juger l’attitude d’Hugonet et Humbercourt, deux infortunés [qui] tentèrent en vain d’échapper à ces brigands ; Marie n’hésite pourtant pas à se jeter aux pieds de ces juges infâmes

5 Sur le traité de Versailles, prélude à la Guerre de Sept Ans, voir notamment J. Dull, La Guerre de Sept Ans. Histoire navale, politique et diplomatique, trad. T. Van Ruymbeke, Bécherel, 2009 ; E. Dziembowski, La Guerre de Sept Ans, Paris, 2015. 6 Gabriel-Henri Gaillard, Histoire de Marie de Bourgogne […], Bruxelles, Joseph Ermens, 1784, p. xviii. 7 Ibid., p. 205. 8 Ibid., pp. 32-33. 9 Ibid., p. 31. 10 Ibid., p. 80. 11 Ibid., pp. 98-100. 12 Ibid., pp. 104-105. 13 Ibid., pp. 107-108 : Le roi les vit partir avec une joie criminelle, et s’applaudit des horreurs qu’ils [les États] alloient commettre. Cette bassesse, la plus odieuse qui ait flétri son règne et dégradé son caractère, lui paroissoit le chef-d’œuvre de la politique la plus déliée.

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qui méritoient seuls la mort, mais ces tigres furent inflexibles. La condamnation à mort est prononcée, le crime et l’insolence triomphèrent14. Ce que reproche surtout l’auteur, ni plus ni moins, c’est la menée de sujets révoltés contre une autorité « naturelle », un véritable crime de lèse-majesté à l’encontre du pouvoir princier et une offense claire aux droits souverains de Marie. Dans ses Mémoires historiques et politiques des Pays-Bas autrichiens, publiés à la même époque, Patrice-François de Neny, chef et président du conseil privé et ferme chantre de l’action des Habsbourg dans les Pays-Bas, reconnaît les mêmes torts à l’universelle araigne et accuse également les Gantois qui se distinguèrent par les indignités qu’ils firent souffrir à cette princesse, avec moins de virulence toutefois15. Une vingtaine d’années plus tard, en 1806, Louis Dewez abonde, dans le même sens : « les indociles Gantois s’emparèrent de l’autorité et de la personne de la duchesse, qu’ils contraignent à confirmer leurs anciens privilèges » ; ils s’acharnent contre Hugonet et Humbercourt, dont la cause était « juste, mais leur perte était jurée »16. Le message est clair : des sujets ont abusé de la faiblesse de leur princesse naturelle pour s’arroger un pouvoir qu’elle était normalement la seule à détenir. Cette idée se reflète aussi dans le genre théâtral. Le statisticien et, à ses heures, dramaturge bruxellois (Mathieu-)Édouard Smits compose la tragédie Marie de Bourgogne, représentée pour la première fois au Théâtre royal le 5 mars 1823. D’emblée, le personnage de la jeune princesse est marqué du sceau de la fatalité : « Ils ont osé créer un conseil de régence De fléchir sous sa loi je dévore l’affront Sous le bandeau royal, je sens rougir mon front Je suis de ce conseil l’esclave couronnée »17. Marie de Bourgogne semblait née pour le drame, et le courant romantique allait encore l’appeler sur les planches18. 14 Ibid., pp. 112-116. 15 Et d’ajouter : Presque toutes les provinces profitèrent des circonstances pour se faire accorder de nouveaux privilèges, qui furent dans la suite révoqués & anéantis (Patrice-François de Neny, Mémoires historiques et politiques des Pays-Bas autrichiens, Neuchâtel, Fauche, Favre et Cie., 1784 [2e éd., Bruxelles, Benoît Le Francq, 1785], p. 15). L’on peut s’interroger sur un parallèle à établir avec les événements survenus à Bruxelles en 1717-1719, au moment de la révolte des Métiers mené par le doyen François Anneessens, événements bien connus du chef et président du conseil privé. À titre de supposition, Joseph Ermens y aura peut-être aussi songé ; on lui doit en effet également une copie manuscrite (s.d.) d’une Défense au nom des doyens des Neuf Nations contre l’arrestation d’Anneessens qui porte également son ex-libris ( J. Van den Gheyn, Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque royale de Belgique, t. 8, Bruxelles, 1908, p. 406, no 5866). 16 L. Dewez, Histoire générale de la Belgique depuis la conquête de César, t. 4, Bruxelles, 1806, pp. 132, 137. 17 É. Smits, Marie de Bourgogne, tragédie en cinq actes, Bruxelles, 1823, p. 5. Voir l’analyse de la pièce rédigée par Ph. Lesbroussart dans Annales belgiques des sciences, arts et littérature, t. 11, 1823, pp. 192-207. Sur Édouard Smits (1789-1852), voir notamment L. Willems, Art. Smits (Mathieu-Édouard, connu sous le nom de Édouard), dans B.N.B., t. 22, Bruxelles, 1914-1920, col. 868-876. 18 On signalera notamment Lucretia W. van Merken, Maria van Bourgondiën, gravinne van Holland, Amsterdam, Pietermeijer, 1774 ; H. et T. Cogniard, A. Poujol et F. Maillard, Micaela, ou Princesse et favorite, Paris, 1837 ; J. Domus (pseud. Schieldenvriend), Marie de Bourgogne, comtesse de

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Revenons un instant sur la figure de Joseph Ermens. Une recherche dans le catalogue de vente de sa bibliothèque personnelle (1805) permet de confirmer l’existence d’un exemplaire du texte original de Gaillard et de pointer les principales œuvres imprimées qui ont certainement incité Ermens à se pencher sur Marie de Bourgogne : les Chroniques de Chastelain, Philippe de Commynes, Olivier de La Marche, l’Excellente Chronycke van Vlaenderen, Pontus Heuterus, ainsi que divers autres récits des xve et xvie siècles y figurent en bonne place19. Hormis les travaux de Jean Molinet qui semblent absents de cette collection, nous rencontrons ici la plupart des sources généralement utilisées par les premiers biographes modernes de Marie de Bourgogne.

2. Les premiers temps de la Belgique indépendante. Le courant romantique L’historien et homme politique français Prosper de Barante s’est abreuvé aux mêmes sources que Gaillard – qu’il a d’ailleurs également utilisé20 – pour sa volumineuse Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois. La première édition parisienne (1824-1826) fait l’objet d’au moins trois contrefaçons bruxelloises dans les années qui suivent l’indépendance, preuve d’un réel engouement sur le marché du livre belge21. Elles sont agrémentées de notes dues respectivement au baron Frédéric de Reiffenberg, à Louis-Prosper Gachard et à François-Joseph-Ferdinand Marchal, trois grandes pointures du jeune monde scientifique belge, tous trois en prise directe avec les sources bourguignonnes22. Dans son récit, Barante consacre pas moins de 150 pages

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Flandre. Drame en 12 tableaux, Anvers, 1864 (rééd. 1866 sous nom d’auteur). La métropole scaldienne verra aussi la création de l’opéra Maria van Burgondië, représenté au théâtre national le 15 octobre 1865 (dialogues de Napoléon Destanberg sur une partition de Charles Miry). Ainsi que, plus tardivement, l’Histoire secrète de Marie de Bourgogne de Charlotte-Rose de Caumont de La Force, publiée à Lyon en 1694, une biographie romancée des prétendus amours de la duchesse. Voir J.-G. Simon, Catalogue de vente des livres de Joseph Ermens, du 12 novembre au 16 décembre 1805, t. 2, Bruxelles, [1805]. Comparez notamment le texte de Gabriel-Henri Gaillard, Histoire de Marie de Bourgogne, op. cit., p. 115, avec celui de A.-G.-P. de Brugière, baron de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, 1364-1477, éd. L.-P. Gachard, t. 2, Bruxelles, 1838, p. 559. On notera cependant que la contrefaçon de ce texte en Belgique n’avait pas tardé, puisque l’on connait notamment une édition réalisée à Louvain par François Michel en 21 volumes, couvrant les principats de Philippe le Hardi à Marie de Bourgogne, parue entre 1825 et 1827. Voir F. Godfroid, Aspects marginaux de la contrefaçon en Belgique, Bruxelles, 2012, pp. 109-112. A.-G.-P. de Brugière, baron de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, 1364-1477, éd. F. de Reiffenberg, 10 vol., Bruxelles, 1835-1836 ; Ibid., éd. L.-P. Gachard, op. cit., 2 vol. ; Ibid., éd. F.-J.-F. Marchal, 10 vol., Bruxelles, 1839. Si Barante n’a jamais caché ses sympathies libérales, « assouvies » sous la Monarchie de Juillet, il semble plus malaisé, en ces temps d’unionisme que connaît le jeune État belge, de distinguer les idées tantôt libérales tantôt catholiques de chacun des éditeurs belges. En revanche, il est important de rappeler qu’à cette même période, Reiffenberg, Marchal et Gachard, tous trois membres de l’Académie royale de Belgique, œuvrent aux destinées des manuscrits et des archives bourguignons, rassemblés pendant un temps dans la même institution. L’année 1831

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à la période 1477-1483 (mort de Louis XI), mais, ici aussi pourtant, la princesse semble emportée par les événements et réduite à jouer les seconds rôles face au roi de France, aux États Généraux, puis à Maximilien, « après une vie si courte et agitée par tant de malheurs que ne méritaient point sa douceur et son innocence »23. Pour Barante, les revendications du peuple sont justes, même si les Gantois « se réjouissaient de voir leur jeune duchesse faible, sans guide, sans soutien, hors d’état de remettre le bon ordre ». Marie paie, malgré elle, les conséquences de : « […] cette longue domination des quatre princes bourguignons, durant laquelle les Flamands s’étaient vus si souvent châtiés, privés de leurs franchises, chargés de pesants impôts, gouvernés par des lois nouvelles, [et qui] leur apparaissait comme le règne des Français, dont, grâce à Dieu, on allait voir la fin24. » Cependant, Marie bénéficie de circonstances atténuantes qui ne la rendent pas suspecte comme l’étaient ses prédécesseurs : son inexpérience, sa jeunesse et son statut de femme – une misogynie à peine déguisée – lui permettent de ne pas connaître le même jugement de valeur. À la dureté de ses ancêtres, on reconnait la bonté de la « Grande Héritière ». De même, lorsque paraît Maximilien, on relève la même distinction manichéenne : « Ce n’est point qu’elle s’entremît des affaires et du gouvernement ; elle n’avait nulle volonté, vivait en grande amitié conjugale avec son mari, et n’était connue voit la confirmation du poste de conservateur de la Bibliothèque de Bourgogne assuré par Marchal, un titre qu’il conserve par la suite, malgré la nomination de Reiffenberg à la tête de la Bibliothèque royale nouvellement créée (19 juin 1837) et l’incorporation (dès le mois de décembre suivant) de l’ancienne Librairie ducale. De son côté, nommé archiviste du royaume dès 1831, Gachard publie parallèlement trois volumes de sa Collection des documents inédits (1833-1835) et son premier tome de l’Inventaire des archives des chambres des comptes (1837). Ajoutons par ailleurs que Reiffenberg et Gachard jouent un rôle capital dans les premières années de vie de la Commission royale d’Histoire (1834) : Reiffenberg en assure le secrétariat, Gachard la trésorerie et, à la mort du premier en 1850, le second coiffe la casquette de secrétaire. Les contributions de ces trois conservateurs parues tant dans les Mémoires de l’Académie que dans les Bulletins de la Commission royale d’Histoire prouvent à l’envi leur intérêt pour la période bourguignonne. Voir, outre les notices biographiques parues dans les volumes de la (Nouvelle) Biographie nationale et du Nationaal Biografisch Woordenboek, entre autres, F. Vercauteren, Cent ans d’histoire nationale en Belgique, t. 1, Bruxelles, 1959 ; J. Tollebeek, Enthousiasme en evidentie. De negentiende-eeuwse Belgisch-nationale geschiedschrijving, dans Id., De ijkmeesters. Opstellen over de geschiedschrijving in Nederland en België, Amsterdam, 1994, pp. 57-74 ; E. Peeters, Het labyrinth van het verleden. Natie, vrijheid en geweld in de Belgische geschiedschrijving, 1787-1850, Louvain, 2003 ; E. Aerts, L. De Mecheleer et R. Wellens, L’âge de Gachard. L’archivistique et l’historiographie en Belgique (1830-1885), dans Archivi e storia nell’Europa del xix secolo. Alle radici dell’identità culturale europea. Atti del convegno internazionale di studi nei 150 anni dall’istituzione dell’Archivio Centrale poi Archivio di Stato, di Firenze. Firenze, 4-7 dicembre 2002, éd. I. Cotta et R. Manno Tolu, t. 2, Florence, 2006, pp. 571-599. 23 A.-G.-P. de Brugière, baron de Barante, Histoire, éd. L.-P. Gachard, t. 2, op. cit., pp. 668-669. 24 Ibid., pp. 556-557. Sur la position de Barante vis-à-vis des ducs Valois de Bourgogne et son impact sur l’historiographie belge, voir notamment J. Stengers, Le mythe des dominations étrangères dans l’historiographie belge, dans R.B.P.H., t. 59, 1981, pp. 382-401 ; P. Carlier, Contribution à l’étude de l’unification bourguignonne dans l’historiographie nationale belge de 1830 à 1914, dans Revue belge d’histoire contemporaine, t. 16, 1985, pp. 1-24 ; É. Bousmar, Siècle de Bourgogne, siècle des grands ducs. Variations de mémoire en Belgique et en France, du xixe siècle à nos jours, dans P.C.E.é.B., t. 52, 2012, pp. 235-250.

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que par sa douceur ; mais on l’aimait par opposition au duc Maximilien, en qui les villes de Flandre avaient mis tant d’espérance, et qui leur était chaque jour devenu moins agréable25. » Parallèlement, on assiste à une véritable passe d’armes entre historiens sur le rôle et l’influence d’Hugonet et Humbercourt. Le jugement et le supplice des deux ministres, étrangers au pays – un Picard et un Bourguignon et non des Flamands – auxquels assiste la princesse impuissante, suscitent un débat historique passionné entre accusateurs ( Jules de Saint-Genois et le chanoine Joseph De Smet, tous deux Gantois) et défenseurs (Gachard ou Octave Delepierre)26. On devine, en filigrane, quel jugement est également porté sur la jeune souveraine. Si Barante s’excuse presque que « mademoiselle de Bourgogne, les larmes aux yeux, les cheveux épars, […] vit tomber la tête et jaillir le sang de ses deux chers serviteurs », son commentateur Marchal accable, dans de copieuses notes, les deux ministres d’avoir agi « par l’usage anti-national ». Aussi, « leur procès était le seul moyen de délivrer les Pays-Bas des intrigues de l’étranger et de découvrir le vice secret qui entravait la marche du gouvernement ». Pour Marchal, le rôle de Marie dans cette affaire ne cause pas tant de polémique, car elle a été trompée par les deux hauts fonctionnaires « qui abusèrent de son inexpérience ». Rien d’étonnant pour lui, « car chacun sait que cette jeune princesse était le modèle de toutes les vertus domestiques, mais elle avait peu d’habitude des affaires politiques dont elle s’occupait à regret »27. À cause de son inexpérience (encore une fois) et d’une belle dose de candeur naïve, voilà donc notre duchesse lavée de tout soupçon. En somme, Marie de Bourgogne est couverte d’une certaine forme de bienveillance : elle règne, mais elle ne gouverne pas. Et donc elle n’est pas en contradiction avec les intérêts de ses sujets ou, selon l’idée de l’époque, avec ceux de la nation. L’illustration de l’œuvre de Barante est aussi révélatrice de la position qu’occupe Marie au sein du récit. Ainsi, si dans l’édition commentée par Gachard, Marie et

25 A.-G.-P. de Brugière, baron de Barante, Histoire, éd. L.-P. Gachard, t. 2, op. cit., pp. 667-668. On retrouve la même opposition entre Marie et son père dans H. Moke, Histoire de la Belgique, t. 2, Gand, 1840, p. 63 : « Marie de Bourgogne méritait cet amour du peuple. Pleine de grâce et de modestie, dévouée à Maximilien, qui l’aimait sincèrement, elle montrait autant de douceur que le Téméraire avait eu de rudesse ». 26 Le débat entre partisans et détracteurs des deux condamnés atteint son paroxysme avec les arguments longuement développés dans le Bulletin de l’Académie royale des Sciences et Belles-Lettres de Bruxelles, t. 6/2, 1839, pp. 89-102, 199-240, 296-361. À son tour, Kervyn de Lettenhove accuse (ou plutôt accable) les deux conseillers. Parmi leurs torts, le premier est sans doute de ne pas être natifs du comté : « La Flandre n’avait-elle pas été sans cesse menacée par les intrigues que des étrangers formaient pour sa perte ? Humbercourt n’était-il pas Picard ? Hugonet n’était-il pas Bourguignon ? ». Voir J.-M.B.-C. Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, t. 5, Bruxelles, 1850, pp. 242-244 (ici p. 242). De même, la place et le rôle de Marie dans la rédaction du « Grand Privilège » a fait également couler beaucoup d’encre chez les historiens. Je me bornerai à renvoyer le lecteur au volume 1477. Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne pour les Pays-Bas, éd. W.P. Blockmans, Courtrai-Heule, 1985, ainsi qu’à l’étude de M. Boone, La Justice en spectacle. La justice urbaine en Flandre et la crise du pouvoir « bourguignon » (1477-1488), dans R.H., t. 125, 2003, pp. 43-65. 27 A.-G.-P. de Brugière, baron de Barante, Histoire, éd. F.-J.-F. Marchal, op. cit., pp. 158-171.

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son époux bénéficient chacun d’un portrait lithographié en pleine page, l’archiduc occupe le premier rang sur le frontispice du t. 10 paru dans l’édition annotée par Marchal (Ill. 62). Mais on retrouve, toujours en 1839, ces mêmes illustrations dans la Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien Ier, publiée par l’historien et archiviste brugeois Octave Delepierre28. Ces deux portraits feront d’ailleurs l’objet d’une adaptation comme motif pour une série de faïences imprimées à décor historique de la manufacture Boch29 (Ill. 63). De là à dire que notre héroïne est une potiche, il y a un pas que je n’oserai pas franchir… Il n’empêche. Sa personnalité – avérée ou prétendue –, sa courte existence, sa disparition particulièrement dramatique et son rôle de « maillon » entre les dynasties Valois et Habsbourg évoqués par Barante attirent sur Marie de Bourgogne un courant de sympathie qui lui permet d’intégrer le panthéon national des « grands hommes » sollicités par le jeune État belge afin de légitimer sa place au sein de l’Europe des nations. En 1839, elle figure, comme d’autres représentants de la dynastie Bourgogne-Habsbourg, dans l’énorme toile – aujourd’hui détruite – d’Henri De Caisne, La Belgique couronnant ses enfants illustres, commandée par le gouvernement30. Richement vêtue, coiffée d’un long hennin, arborant un profil serein et sensuel, accompagnée d’un lévrier, Marie apparaît dans un rayon de lumière qui semble souligner la place privilégiée qu’elle occupe dans la composition. En 1837, on voit apparaître une locomotive baptisée Marie de Bourgogne prendre part à l’inauguration du tronçon ferroviaire Bruges-Ostende, en présence de la famille royale31. Deux ans plus tard, Octave Delepierre, à nouveau lui, consacre à la duchesse un ouvrage éponyme, grand format de luxe, dont chaque chapitre est agrémenté d’une lettre de l’alphabet gothique dit « de Marie de Bourgogne »32. Cette biographie est réalisée

28 O. Delepierre, Chronique des faits et gestes admirables de Maximilien Ier durant son mariage avec Marie de Bourgogne, Bruxelles, 1839. Il s’agit de la traduction française de l’ouvrage Dit sijn die wonderlijcke oorloghen van den doorluchtighen hoochgheboren prince keyser Maximiliaen […], Anvers, Jan van Ghelen, 1577. À la même période que l’ouvrage de Delepierre, on notera également la parution d’une étude de l’archiviste montois A.-F. Lacroix, Faits et particularités concernant Marie de Bourgogne et Maximilien d’Autriche, du 5 janvier 1476 au 2 novembre 1477 (v.st.) […], Mons, 1840. 29 Reproduction et commentaire dans M. Verboomen et R. Van Schoute, Dictionnaire des motifs de la faïence fine imprimée en Belgique, Bruxelles, 2006, p. 159. Plusieurs variantes, notamment dans le décor de l’aile, existent ; elles témoignent du succès que connaîtra cette série consacrée à la dynastie bourguignonne, directement inspirée des lithographies réalisées pour illustrer l’œuvre de Barante. 30 Le peintre Henri De Caisne a offert ses services au gouvernement belge pour la réalisation d’une œuvre monumentale sur ce thème ; celui-ci s’adresse alors à l’Académie royale des Sciences et des Belles-Lettres pour que celle-ci établisse la liste des « hommes les plus illustres jusque Grétry ». Présentée au salon de Bruxelles, l’œuvre est accueillie avec enthousiasme par les critiques et le public. Exposée un temps dans l’église des Augustins à Bruxelles, elle est déplacée au palais de justice où elle disparaît au cours de la Seconde Guerre mondiale. Voir La Renaissance. Chronique des arts et de la littérature, t. 1, 1839, pp. 49-50 ; J. Ogonovszky-Steffens, La Peinture monumentale d’histoire dans les édifices civils en Belgique (1830-1914), Bruxelles, 1999, pp. 299-301. 31 Cette locomotive, est mise en service le 16 septembre 1837. Quatre ans plus tard, elle est signalée comme étant en service à… Gand. Voir Chemin de fer. Rapport présenté aux Chambres législatives, le 4 février 1841, par le Ministre des Travaux publics, Bruxelles, 1841, tableau no 16. 32 L’ouvrage est tiré à 200 exemplaires numérotés : O. Delepierre, Marie de Bourgogne, Bruxelles, 1841.

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sous le patronage de la reine Louise-Marie ; le fait n’est pas anodin si l’on sait que la reine des Belges avait, lors d’un bal donné à la cour en 1837, été costumée en Marie de Bourgogne33. L’attrait manifeste dont jouit alors la figure de Marie de Bourgogne n’est sûrement pas fortuit dans le choix de la souveraine34.

3. La seconde moitié du xixe siècle. Une princesse toujours en vogue Malgré l’immense travail de publication d’anciennes chroniques et d’inventaires d’archives accomplit dès les premiers temps de la Belgique indépendante, le nouveau matériau historique qui voit progressivement le jour n’est pas suffisamment utilisé que pour nuancer la vision stéréotypée qui colle à la peau de Marie de Bourgogne. Bien que de valeur indéniable, les éditions de sources textuelles restent, de loin, les seules privilégiées, tandis que des pans entiers de sources d’archives sont négligés. Pourtant richement documentée, l’Histoire de Flandre de Joseph Kervyn de Lettenhove (1847-1850) entérine la vision romantique d’une Marie de Bourgogne à la destinée funeste, presque inscrite dans ses gènes, comme le laisse présager son inauguration en tant que comtesse de Flandre : « Et la cloche de Saint-Jean, que sa main ébranla à peine en s’appuyant sur une longue guirlande de roses qui descendait de la nef, fit entendre, à cinq reprises, un faible et douteux tintement, ce qui parut au peuple assemblé autour d’elle le signe certain que son règne ne se prolongerait pas plus de cinq années35. » Sous la plume de Kervyn, le danger est omniprésent : si la mort des « traîtres » Hugonet et Humbercourt sonne le glas de « toute la domination bourguignonne », la Flandre est toutefois « attaquée par la France, menacée par l’Angleterre ». Elle ne doit pas son salut à cette « jeune orpheline, faible héritière de tant de princes redoutés » ou à Maximilien, son époux, car « on ne pouvait compter ni sur ses promesses, ni sur ses serments ». Seuls le sang et le courage antiques de la patrie (flamande) parviendront

33 La tenue a manifestement fait sensation et est décrite dans la presse belge et française, notamment dans le Petit courrier des dames. Journal des modes, t. 32/9, 15 février 1837, p. 67 et le Journal des débats politiques et littéraires du 11 février 1837. Cette tenue a également donné lieu à une lithographie rehaussée due à l’artiste Jean-Baptiste Madou, faisant partie d’un recueil de Costumes historiques portés par la Reine des Belges, 1836-1837. 34 Ainsi qu’en témoigne aussi la présence de certains ouvrages dans sa bibliothèque personnelle. Outre les récits généraux d’histoire de Belgique (Dewez, De Smet…), on y retrouve également une édition complète de l’Histoire des ducs de Bourgogne de Barante (4e éd., Paris, 1826), le Marie de Bourgogne de Delepierre et celui de Gaillard (Paris, 1819). Voir S. Scheler, État de la bibliothèque particulière de Sa Majesté Louise, Reine des Belges, le 1er juin 1843, Bruxelles, 1843. Il convient de noter également que la reine se rend volontiers à la Bibliothèque de Bourgogne pour y découvrir certains manuscrits, sous la conduite de François-Joseph Marchal ; peut-être que cet attrait pour la vie de la duchesse est né lors d’une de ces visites. 35 J.-M.-B.-C. Kervyn de Lettenhove, Histoire de Flandre, op. cit., t. 5, 1850, pp. 219-220.

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au bout de tous les périls36. Lorsque la duchesse finit par trouver la mort cinq ans plus tard, Kervyn, à la plume décidément misogyne, moralise : « La transmission de la souveraineté par les femmes annonça toujours pour la Flandre un avenir prochain de désastres et de malheurs […], et toutefois la Flandre, indocile à l’autorité des monarques les plus redoutables et des capitaines les plus illustres, se prit toujours à aimer celle qui plaçait le soin de veiller sur ses destinées en de plus faibles mains […], comme si les traditions de la gloire des dynasties qui s’éteignent empruntaient un nouveau prestige et un dernier éclat en se reposant au sein de l’innocence et de la chasteté de la vierge et de la femme37. » Hormis dans de rares travaux38, c’est cette image d’une princesse infortunée (et assez mièvre) qui persiste dans la production des historiens contemporains (par exemple Théodore Juste, Alexandre-Joseph Namèche, Henri Moke…)39 (Ill. 64). Ce sont également ces traits de caractères qui sont relayés dans les manuels scolaires ou sous le pinceau de plusieurs artistes du courant romantique qui cherchent à en dresser le portrait. Tel Henri Leys (1815-1869), qui représente, devant un paysage urbain, la jeune duchesse au regard perdu, résignée, et dont le seul secours semble demeurer dans le chapelet qu’elle tient entre les mains40. De brefs instants de bonheur sont évoqués, comme la rencontre ou le mariage avec Maximilien, ou 36 Ibid., pp. 262, 281-282. 37 Ibid., p. 328. La suite (ibid., pp. 328-329) s’attarde sur la douceur et la grâce de la princesse, sous l’œil attendri des Brugeois : « Voyez Marie de Bourgogne au milieu des bourgeois de Bruges qui osèrent lutter contre la puissance de son ayeul : ils l’admirent et la vénèrent tandis qu’elle se mêle, pieds nus et un cierge à la main, aux processions qui demandent à Dieu la victoire de Guinegate. Ils applaudissent également à sa grâce et à son adresse lorsque, entourée de dames, elle effleure de ses patins légers la glace qui conserve à peine sa trace, prophétique image d’une existence fugitive et trop tôt éclipsée ; ils la saluent de leurs acclamations quand elle se prépare, le faucon au poing, à parcourir les bois et les marais ». 38 Par exemple, un ton plus neutre est employé par Émile de Borchgrave dans la notice qu’il lui consacre pour la B.N.B., t. 13, Bruxelles, 1894-1895, col. 685-694. 39 Ainsi, chez Théodore Juste, tout concourt à la catastrophe : « Ce fut sous les plus funestes auspices que s’ouvrit le règne d’une princesse de vingt ans, seul rejeton de cette Maison de Bourgogne, naguère encore si puissante et si redoutable. Charles avait légué à sa fille un trésor épuisé, des troupes battues, des alliés parjures et des ministres d’une fidélité équivoque. Pour comble de détresse, dans presque toutes les provinces le peuple prenait une attitude menaçante ». Th. Juste, Histoire de Belgique depuis les temps primitifs jusqu’à la fin du règne de Léopold Ier, t. 2, Bruxelles, 1868, p. 91 (le tout, pp. 91-102). Chez Namèche – qui emprunte beaucoup de son récit à Kervyn –, l’on retrouve les mêmes accents de fatalité : « Tout le monde s’attendrissait au souvenir de cette vie si courte et agitée par tant de malheurs, que ne semblaient mériter ni sa bonté ni ses vertus ». A.-J. Namèche, Cours d’histoire nationale, t. 7, Louvain, 1864, pp. 806-807 (le tout, pp. 723-807). Pour Henri Moke, Marie est innocente et n’a pas plus de prise sur les événements de 1477 : « […] ce ne fut point sur elle que retomba la haine publique. Sa jeunesse, son inexpérience et l’isolement où elle se trouvait l’excusèrent : ses conseillers seuls [Hugonet et Humbercourt] portèrent la peine de leur œuvre ». H. Moke, Histoire de la Belgique, op. cit., p. 56 (le tout, pp. 55-66). 40 Réalisée en 1863, cette œuvre (huile sur bois) est conservée à Bruxelles, Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique (= MRBA), inv. 3853. Il s’agit en réalité d’un modèle destiné à la décoration de la salle d’honneur de l’hôtel de ville d’Anvers. Il s’inscrit dans une série de « souverains qui ont régné avant l’époque de la construction de l’hôtel de ville et qui ont accordé de grands privilèges

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encore la visite impromptue auprès d’un Hans Memling convalescent41. Mais ce sont surtout les moments tragiques qui retiennent évidemment l’attention : les supplications en faveur d’Hugonet et Humbercourt ou la mortelle chute de cheval42. La seconde moitié du xixe siècle est également la période par excellence de la peinture monumentale et des commandes statuaires dans l’espace public43. À Bruxelles, Marie de Bourgogne est représentée à trois reprises sur la Grand-Place. Si la façade de la Maison des ducs de Brabant arborait, depuis le xviiie siècle, son buste parmi la suite chronologique des principaux souverains brabançons, deux autres monuments emblématiques de cet espace ménagent une place à notre héroïne : l’hôtel de ville et la Maison du roi. Impliquant de lourdes phases de restauration –  voire de reconstruction – et de décoration, ces chantiers de longue haleine sont soutenus par deux éminents bourgmestres libéraux, Jules Anspach (1863-1879) et Charles Buls (1881-1899), et menés de front par Pierre-Victor Jamaer et Alphonse Wauters, respectivement architecte et archiviste de la ville. D’une part, Marie est (logiquement) intégrée au lignage des ducs brabançons, dans cette énorme « galerie des personnages illustres » qui est créée pour orner les niches vides de l’hôtel de ville44. De l’autre, la duchesse de Bourgogne reçoit également les honneurs d’une

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à notre cité », ainsi que l’annonce l’artiste. Voir H. Leys, Notice sur la décoration de la grande salle de l’hôtel de ville d’Anvers, dans Bulletin des Commissions royales d’Art et d’Archéologie, t. 2, 1863, pp. 455-456. Ainsi, Édouard Wallays en 1866 (Bruges, Groeningemuseum) ou Nicaise De Keyser en 1847 (Amsterdam, B. Schoonderwoerd). Quelques exemples, cités dans l’ordre chronologique de leur réalisation : Gustave Wappers, Marie de Bourgogne implorant la grâce d’Hugonet et Humbercourt (c. 1830-1835), Worcester (Mass.), Worcester Art Museum ; Félix De Vigne, Marie de Bourgogne implorant la grâce d’Hugonet et Humbercourt (c. 1835), localisation inconnue ; Lambert Mathieu, Marie de Bourgogne tombant de cheval (1836), Bruxelles, MRBA ; Charles Wauters, Marie de Bourgogne demandant grâce pour Hugonet et Humbercourt (1842), Gand, Hôtel de ville ; Jules Storms, Les Derniers moments de Marie de Bourgogne (c. 1844), présenté au salon des Beaux-Arts de Bruxelles de 1845, localisation inconnue ; Émile Wauters, Marie de Bourgogne demandant grâce aux magistrats de Gand pour ses ministres Hugonet et Humbercourt (1870), Liège, Musée d’Art moderne et d’Art contemporain (une seconde version, réalisée en 1872 est conservée à Bruxelles, MRBA) ; Camille Van Camp, La Mort de Marie de Bourgogne (1878), en dépôt pendant de longues années à l’hôtel de ville de Bruges et, depuis peu, aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Voir à ce sujet notamment J. Ogonovszky-Steffens, La Peinture monumentale d’histoire, op. cit. ; La Sculpture belge au xixe siècle, éd. J. Van Lennep, 2 vol., Bruxelles, 1990 ; C. Engelen et M. Marx, La Sculpture en Belgique à partir de 1830, 7 vol., Louvain, 2006. L’archiviste Alphonse Wauters joue un rôle de premier plan pour déterminer les figures dignes d’être placées sur l’édifice. C’est également lui qui fournit les informations biographiques, les éléments iconographiques et d’utiles précisions sur le costume à travers les âges à l’attention des sculpteurs. Si les prémices de ce programme décoratif remontent à 1843 au moins, c’est véritablement sous les mayorats d’Anspach et de Buls que la plupart des sculptures sont réalisées. À terme, avec le placement de la dernière œuvre en 1903, ce ne sont pas moins de 294 statues qui sont exécutées par 91 artistes, débutants ou confirmés. Placée au premier étage, entre celles de Marguerite d’York et de son époux Maximilien d’Autriche, la statue de Marie de Bourgogne est due à Thomas Vinçotte (c. 1875-1878). Voir Les Sentinelles de l’histoire. Le décor sculpté des façades de l’hôtel de ville de Bruxelles, éd. V. Heymans, Bruxelles, 2000. On notera également que les autorités

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fonte en bronze destinée à décorer le portique d’entrée de la Maison du roi, faisant pendant à son petit-fils Charles Quint45. Sa présence est ici justifiée par le fait que Marie avait restitué à la ville l’ancienne halle au pain en 147746. Mais c’est surtout Bruges qui va valoriser – pour ne plus la « lâcher » – la « mémoire » de notre princesse. C’est en 1892 que Georges Rodenbach publie Bruges-la-Morte. À l’instar d’autres monuments de la ville, le gisant du tombeau de Marie de Bourgogne, tout à la fois paysage, décor et élément de passion, joue un rôle important dans le récit. Visitant régulièrement l’église Notre-Dame, le héros, Hugues Viane, y trouve le reflet de son épouse disparue dont il chérit le souvenir : « Elle surtout, la douce princesse, les doigts juxtaposés, la tête sur un coussin, en robe de cuivre, les pieds appuyés à un chien symbolisant la fidélité, toute rigide sur l’entablement du sarcophage. Ainsi sa morte [son épouse] reposait à jamais sur son âme noire. […]. II cherchait en lui le souvenir de la morte pour l’appliquer à la forme du tombeau qu’il venait de voir et imaginer tout celui-ci, avec un autre visage47. » Le succès de Bruges-la-Morte contribue à l’essor touristique que la Venise du Nord continuera de poursuivre jusqu’à nos jours. Dans le sillage de ce pèlerinage littéraire, la visite aux tombeaux de Notre-Dame devient une étape obligée, au même titre que la chapelle du Saint-Sang – où trône en façade la statue de Marie –, l’hôtel du Franc – où la célèbre cheminée de Lancelot Blondeel évoque aussi la grand-mère de Charles Quint –, l’hôtel de ville – dont la grande salle gothique est décorée, dès 1886, par Albrecht et Juliaan De Vriendt, autour d’un programme iconographique (dressé par Joseph Kervyn de Lettenhove) présentant les épisodes marquants de

communales passent commande à Émile Wauters, déjà cité, pour orner le grand escalier aux lions de l’hôtel de ville ; l’une des deux scènes sélectionnées représente Marie de Bourgogne jurant de respecter les privilèges de Bruxelles (1872), une scène choisie sans ambages pour exalter des valeurs communales alors très en vogue. 45 La sculpture en pied de Marie de Bourgogne pour la Maison du roi est exécutée en 1893 par Paul De Vigne. Voir D. Laoureux, L’Embellissement de la Grand-Place au xixe siècle. Confrontation des chantiers, dans Les Sentinelles, op. cit., pp. 96, 104 ; G. Paulus, La Restauration de la Maison du roi (18731895) à la Grand-Place de Bruxelles par l’architecte Pierre-Victor Jamaer (1825-1902), dans Bulletin de la Commission royale des Monuments et des Sites, t. 9, 1980, pp. 49-122. 46 En 1460, au plus tard, divers tribunaux et officiers brabançons relevant de l’autorité ducale s’installent dans la halle au pain – qui prend alors le nom de « Maison ducale » –, occupant une bonne partie de l’espace au détriment de la ville et des marchands. La situation politique défavorable que doit affronter la jeune duchesse l’oblige à restituer l’édifice aux autorités communales. Voir A. SmolarMeynart, A. Deknop et M. Vrebos, Le Musée de la ville de Bruxelles. La Maison du roi, Bruxelles, 1992, pp. 7-8. Dans un rapport en date du 24 octobre 1887, Alphonse Wauters propose ainsi à Charles Buls d’orner la travée centrale de « quatre de nos anciens souverains » : au premier étage, Marie de Bourgogne et Charles Quint – dont la reconstruction d’un nouveau bâtiment est menée sous son règne – ; au second, les ducs de Brabant Henri Ier – « qui donna à Bruxelles ses premières chartes de franchises » – et Jean Ier – « qui était de Bruxelles ». 47 G. Rodenbach, Bruges-la-Morte, Paris, 1892, pp. 22-24. Notons au passage que ce recueillement devant le tombeau de Marie de Bourgogne est directement suivi du moment clé du récit, lorsque, à la sortie de l’église, Hugues croise Jane, qui ressemble étrangement à la défunte, encore toute empreinte de la silhouette du gisant de la duchesse.

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Bruges et le panthéon des hommes et femmes illustres du comté de Flandre, et où l’on retrouve naturellement Marie de Bourgogne48… On signalera également une œuvre de Jules Lagae (1862-1931) placée sur la Muntplein en 1987, bien plus tardivement donc. Contrairement à ce que pensent bon nombre de touristes – et de Brugeois –, il ne s’agit nullement de Marie de Bourgogne à cheval, mais bien d’une allégorie de la Flandre, ainsi qu’en témoignent les armoiries comtales ornant son vêtement. Sans doute le souvenir de Marie de Bourgogne à Bruges et la proximité de cette place avec le Prinsenhof où elle rendit son dernier soupir expliquent-ils cet amalgame49.

4. La première moitié du xxe siècle. Une image persistante On connaît le poids historiographique considérable d’Henri Pirenne, « grand acteur de la réhabilitation mémorielle des ducs de Bourgogne »50. La place qu’il attribue cependant à Marie de Bourgogne est assez réduite et distincte « physiquement » de celle de ses prédécesseurs. Pirenne reconnaissant aux ducs Valois un rôle d’unificateurs des principautés territoriales, il n’est guère étonnant de voir le jugement sévère qu’il porte envers Marie, incapable à ses yeux de maintenir l’œuvre politique de ses ancêtres, tant envers la France que vis-à-vis de la « révolution réactionnaire » de 1477. En effet, le t. 3 de son Histoire de Belgique, paru en 1907, commence aux lendemains De la mort

48 Sur Bruges et le souvenir des ducs, voir notamment F. Welvaert, Het toerisme te Brugge 1890-1914, dans Handelingen van het Genootschap voor geschiedenis te Brugge (= H.G.G.B.), t. 121, 1984, pp. 167-219 ; M. Boone, Van Heilig Bloed en Blanke Zwanen. Omgaan met het middeleeuws verleden in het Brugge van de 19de en 20ste eeuw, een historiografische wandeling, dans Docendo discimus. Liber amicorum Romain Van Eenoo, éd. J. Art et L. François, t. 1, Gand, 1999, pp. 117-132 ; A. Hemeryck, Het verleden in Brugge. Een bijdrage tot de geschiedenis van het historisch besef, 1870-1914, dans H.G.G.B., t. 140, 2003, pp. 16-33 ; G. Docquier, « L’Heure du légitime tribut sonne pour Bruges ». Revendications brugeoises autour de l’ordre de la Toison d’Or, dans P.C.E.é.B., t. 52, 2012, pp. 251-266 ; C. Challéat, Le Grand siècle de Bourgogne au miroir des expositions (1902-2004), dans Annales de Bourgogne, t. 80/1-2, nos 317318, 2009, pp. 163-201 ; É. Bousmar, Ducs de Bourgogne et premiers Habsbourg à Liège, Bruxelles, Bruges et Malines. Des lieux de mémoire en mutation, dans Erinnerungsorte in Belgien. Instrumente lokaler, regionaler und nationaler Sinnstiftung, éd. H. Kamp et S. Schmitz, Bielefeld, 2020, pp. 85-111. 49 Lagae soumet son modèle en plâtre Flandria Nostra au concours destiné à édifier le monument commémorant le 600e anniversaire de la bataille des Éperons d’or. Il se propose de réaliser sa sculpture en grand format pour l’inauguration du port de Zeebruges (1907), mais son financement demeure insuffisant et le plâtre reste dans les réserves de l’hôtel de ville de Bruges. C’est seulement en 1986 que l’œuvre est coulée en bronze – à la même échelle – et inaugurée l’année suivante par le bourgmestre Frank Van Acker. Je remercie Geert Martens pour les utiles précisions qu’il a pu me fournir à ce sujet. 50 É. Bousmar, Siècle de Bourgogne, op. cit., p. 237. Sur la conception de Pirenne à l’égard des ducs de Bourgogne, voir A.G. Jongkees, Une Génération d’historiens devant le phénomène bourguignon, dans Bijdragen en mededelingen betreffende de geschiedenis der Nederlanden, t. 88/2, 1973, pp. 215232 ; P. Carlier, Contribution à l’étude de l’unification bourguignonne, op. cit. ; Id., L’Unification bourguignonne vue par Henri Pirenne, dans Cahiers de Clio, t. 84, 1985, pp. 5-13 ; A. Uyttebrouck, Henri Pirenne et les ducs de Bourgogne, dans La Fortune historiographique des thèses d’Henri Pirenne, éd. G. Despy et A. Verhulst, Bruxelles, 1986, pp. 87-111 ; H. Hasquin, Historiographie et politique en Belgique, 3e éd., Bruxelles-Charleroi, 1996, pp. 61 s.

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de Charles le Téméraire et s’ouvre sur le titre La crise, la restauration et l’achèvement de l’État bourguignon. Les premières lignes esquissent une situation catastrophique où sont propulsées : « […] au milieu de cette débandade et pour sauvegarder un avenir si compromis, une jeune fille et une femme : Marie, la fille unique de Charles, âgée de vingt ans à peine, inconnue du peuple dont l’avait séparée depuis sa naissance la sévère étiquette de la cour bourguignonne, caractère doux et faible, à la merci des événements, et sa belle-mère, l’intelligente et savante Marguerite d’York, capable de résolution et d’énergie, mais désorientée par la catastrophe soudaine qui la frappait51. » S’inscrivant en droite ligne de la vision historique initiée avant lui, Pirenne ne concède aucun mérite à notre héroïne, même s’il lui reconnaît sa qualité de princesse héréditaire : « Incapable de résistance, prête à toutes les capitulations et à tous les sacrifices pour rallier ses sujets à sa cause, Marie de Bourgogne leur octroya tout ce qu’ils demandèrent »52. Accusée de faiblesse, l’historien ne lui attribue, du reste, aucun rôle actif pour faire face à Louis XI. L’union avec l’archiduc d’Autriche est elle aussi désapprouvée, car « en mettant sa main dans celle de Maximilien, […] Marie de Bourgogne a condamné la Belgique à n’avoir plus de dynastie nationale avant l’époque contemporaine »53. Le savant semble oublier d’où provenaient les

51 H. Pirenne, Histoire de Belgique, 1re éd., t. 3, Bruxelles, 1907, p. 4. On notera que les passages reproduits n’ont connu aucune modification de la part de l’auteur entre la 1re et la 3e édition (Bruxelles, 1923). 52 Ibid., p. 8. Pirenne estime cependant qu’« une seule voie était ouverte à la duchesse, celle des négociations et des atermoiements » (ibid., p. 15). 53 Ibid., p. 23. Pirenne conçoit que si les Pays-Bas ont perdu leur indépendance politique par le fait du mariage de Marie avec le Habsbourg, cet hymen a eu le mérite de permettre le maintien de l’unité territoriale sous un même sceptre. Cette vision est également relayée dans un ouvrage signé par deux de ses élèves, Hermann Vander Linden et Henri Obreen, et dont il signe la préface : « Les Pays-Bas auraient été démembrés ou anéantis politiquement sans l’intervention d’une puissance étrangère, la Maison de Habsbourg ; en effet, le mariage de Maximilien avec l’héritière de Charles le Téméraire sauvegarda l’avenir des Pays-Bas et rétablit leur cohésion. […]. La politique des Habsbourg dépassa de loin l’horizon de notre pays, mais ils continuèrent, sous certains rapports, l’œuvre des ducs de Bourgogne en achevant entre autres l’unification territoriale ». Voir H. Vander Linden et H. Obreen, Album historique de la Belgique, Bruxelles, 1912, p. 36. Plus tard, Pirenne a des mots bien plus durs sur les conséquences de cette union dans son Histoire de l’Europe des invasions au xvie siècle, 1re éd., Paris-Bruxelles, 1936, pp. 474-475 : « C’était un expédient bâclé sous la pression de la nécessité. Et pourtant jamais mariage politique n’aura exercé une telle influence sur l’avenir de l’Europe. […]. Brusquement, l’Autriche, que tout semblait orienter vers les pays danubiens, prenait pied au bord de la mer du Nord […]. En acquérant les Pays-Bas, elle s’est trouvée entraînée dans cette voie de domination universelle, dans cette politique d’agrandissement pour l’agrandissement où les nations ne comptent que comme des héritages, les pays comme des domaines, et qui devait faire d’elle, jusqu’à nos jours, l’ennemie jurée de toutes les aspirations nationales et de toutes les libertés publiques. […]. On ne peut s’étonner que les Pays-Bas aient laissé s’accomplir en silence un acte aussi fatal pour eux-mêmes ». L’on se référera désormais volontiers à la nouvelle édition critique : H. Pirenne, Histoire de l’Europe éditée d’après les carnets de captivité (1916-1918), suivie des Souvenirs de captivité, éd. J.-P. Devroey et A. Knaepen, 2 vol., Bruxelles, 2014. Il est vrai que cet ouvrage, publié après la mort du savant par son fils, a été rédigé durant sa captivité en Allemagne (1916-1918) et est empreint

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Saxe-Cobourg-Gotha… La période 1478-1482 est balayée en moins de deux pages (!) et, in fine, le dernier portrait de la princesse n’est pas le plus flatteur : « Instrument inconscient de la plus importante des combinaisons politiques qui aient jamais intéressé l’avenir des Pays-Bas, elle ne joua, dans les événements auxquels elle fut mêlée, aucun rôle personnel. Elle subit tour à tour l’ascendant des conseillers de son père, des Gantois et de son mari. Aimable, gracieuse, effacée, ses malheurs, ses larmes, sa jeunesse lui ont valu une sympathie dont elle fut digne, s’il faut en juger par l’expression douce et pure de ses portraits et les longs regrets de l’époux que la diplomatie lui avait donné54. » Pureté, beauté et candeur sauvent la mise… Le succès des thèses de Pirenne soutient la vague de sentiment national, inscrite dans un discours unitaire et patriotique de bon aloi, qui culmine alors : multiplication d’écrits (de qualité très variable) sur les ducs de Bourgogne et leur temps, expositions de grande envergure, reconstitutions de tournois et cortèges historiques (à Bruxelles et à Bruges notamment)55, jubilés du 75e anniversaire de la Belgique (1905) et, plus encore, de son centenaire (1930)56. Marie de Bourgogne y trouve naturellement sa place, sans pour autant être particulièrement mise à l’honneur : elle figure toujours dans la liste du panthéon historique belge, sous le signe de la continuité dynastique qu’elle a simplement assurée. Dans l’imagerie populaire – celle véhiculée dans les manuels scolaires ou encore sous forme de chromos publicitaires et de livres-jeunesse –, rien ne semble se démarquer du portrait de la princesse douce et bonne au funeste destin57.

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d’un fort ressentiment envers les empires allemand et austro-hongrois. Voir également Id., La Nation belge et l’Allemagne. Quelques réflexions historiques, Gand, 1919, p. 10 : « Cette histoire [de l’Autriche], qu’est-ce autre chose, en effet, sinon celle de la dynastie la plus rapace et la plus intrigante qui ait jamais existé ? ». Sur cet ouvrage de Pirenne, voir G. Warland, L’Histoire de l’Europe de Henri Pirenne. Genèse de l’œuvre et représentation en miroir de l’Allemagne et de la Belgique, dans Textyles. Revue des Lettres belges de langue française, t. 24, 2004, pp. 38-51 ; M. Boone et S. Keymeulen, « Personne ne songe à l’Europe, sauf quelques utopistes sans voix et sans force ». Henri Pirenne (1862-1935) et l’histoire de l’Europe, dans Histoire de l’Europe, historiens de l’Europe, éd. D. Crouzet, Ceyzérieu, 2017, pp. 203-220. H. Pirenne, Histoire de Belgique, op. cit., pp. 29-30. Sur le cas de Bruges, voir notamment G. Docquier, « L’Heure du légitime tribut », op. cit. Pour Bruxelles, voir C. Billen et V. Devillez, Albert Marinus (1886-1979) et l’Ommegang de 1930, dans Ommegang !, éd. J.-P. Heerbrant, Woluwé-Saint-Lambert, 2013, pp. 113-127 ; B. Twyffels, La Reconstitution du cortège de l’Ommegang par Albert Marinus, dans Pleins feux sur l’Ommegang. La reconstitution du cortège en 1930 par Albert Marinus, Woluwé-Saint-Lambert, 1997, pp. 31-72. Voir M. Beyen, Féconder l’avenir par le passé. La politique commémorative de l’État belge pendant les années jubilaires 1880, 1905 et 1930, dans L’Argent des arts. La politique artistique des pouvoirs publics en Belgique de 1830 à 1940, éd. G. Kurgan-Van Hentenryk et V. Montens, Bruxelles, 2001, pp. 73-88. Ainsi, dans le manuel du professeur aux Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur, L. Willaert, Histoire de Belgique, 2e éd., Tournai-Paris, 1931, p. 111 : « Par la mort du duc Charles, tous ses domaines tombaient aux mains de sa fille et unique héritière, Marie de Bourgogne, âgée de vingt ans à peine, entourée d’ennemis, sans expérience, sans défenseurs, sans armée, sans trésor ». Autre exemple évocateur dans le manuel de R. Bynens, Histoire de Belgique, racontée aux élèves des 3e et 4e degrés primaires et des sections préparatoires des écoles moyennes, des athénées et des collèges, Bruxelles, 1939, pp. 70-71 : « Marie de Bourgogne s’efforça de travailler au bonheur de ses sujets. Par les belles qualités de son intelligence et de son cœur, elle gagna rapidement l’estime de son peuple. […]. Elle laissait

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Le Siècle des Grands Ducs est plus que jamais à la mode et la production scientifique sur la période devient une des « marques de fabrique » d’historiens catholiques et monarchistes. Il faut attendre le début des années 1940 pour voir aboutir trois biographies consacrées à la duchesse : en 1941, celle du jeune licencié en histoire Georges-Henri Dumont ; en 1943, celle de Paule van Ussel, fraîchement proclamée docteur en histoire ; en 1945, celle de Luc Hommel, juriste de formation et, avant le conflit mondial, chef de cabinet du Premier ministre catholique Paul van Zeeland58. On peut y ajouter l’ouvrage de Charles Terlinden paru en 1943, Princesses belges du passé, dont l’un des chapitres est consacré à Marie59. Un point commun entre ces quatre auteurs : tous ont réalisé leur cursus à l’Université de Louvain ; Hommel y est d’ailleurs maître de conférences et Terlinden professeur d’histoire moderne et contemporaine. Le texte du professeur est assez insipide et reste dans la veine romantique ; nous ne nous y attarderons guère. Les trois monographies, censées amener du « sang neuf » sur les connaissances liées au règne de Marie de Bourgogne, sont décevantes. Quelques impressions assez brèves, en accord avec les comptes rendus parus à l’époque dans la Revue belge de Philologie et d’Histoire60 : pour Dumont, une lecture trop servile de la production antérieure, trop peu de recours aux sources archivistiques, une attention portée sur le faste mais assez peu sur l’exercice du pouvoir ; pour Van Ussel, une étude centrée sur le gouvernement « personnel » de Marie (janvier-août 1477) sous le prisme quelque peu réducteur des seuls « privilèges » accordés – mais qui en fait cependant l’originalité –, non-exempte de sérieuses erreurs d’appréciation61 ; pour Hommel, une fresque sur l’époque bourguignonne et son faste (la grande politique des ducs, la cour, les arts) dont seuls cinq chapitres – soit 78 pages sur un total de 368 – se focalisent sur la période 1477-1482, une princesse « volontaire et courageuse », une « jeune fille énergique, une vraie fille de sa race, une Bourguignonne » dont Hommel dresse un intéressant portrait psychologique, mais où

deux enfants […] et emportait dans la tombe les regrets de tout un peuple en larmes ». On aura remarqué le parallélisme intentionnel de l’auteur avec la disparition récente de la jeune reine Astrid, citée au début de cet article. Cette volonté est d’autant plus manifeste au regard de la couverture de ce manuel, présentant un montage photographique où Léopold III et les enfants princiers contemplent la maquette de la chapelle qui sera érigée à Küssnacht, lieu de sa mort accidentelle. Sur ce sujet, voir également J.-J. Hoebanx, L’Histoire de Belgique dans quelques manuels scolaires, dans Histoire et historiens depuis 1830 en Belgique, éd. H. Hasquin, Bruxelles, 1982, pp. 61-80. 58 G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, Bruxelles, [1941] (rééd. en 1942 et 1943) ; P. Van Ussel, De regeering van Maria van Bourgondië over de Nederlanden, Louvain, 1943 ; rééd. partielle sous le titre Maria van Bourgondië, Bruges, 1944 ; L. Hommel, Marie de Bourgogne ou le Grand Héritage, 1e et 2e éd., Bruxelles, 1945. L’intérêt du public pour la figure de notre princesse durant cette période avait déjà été souligné par A. Colignon, Symboliques néo-bourguignonnes, dans L’Ordre de la Toison d’Or, de Philippe le Bon à Philippe le Beau (1430-1505). Idéal ou reflet d’une société ?, éd. P. Cockshaw et Ch. Van den Bergen-Pantens, Bruxelles-Turnhout, 1996, p. 244, n. 24. 59 Ch. Terlinden, Princesses belges du passé, Bruxelles, 1943, pp. 183-208. 60 Comptes rendus par F. Quicke (R.B.P.H., t. 21, 1942, pp. 314-316 [Dumont]), M.-A. Arnould (R.B.P.H., t. 24, 1945, pp. 313-323 [Van Ussel]) et F. Quicke (R.B.P.H., t. 25/3-4, 1946, pp. 721-723 [Hommel]). 61 À ce titre, l’article (consistant) du jeune J. Stengers, Composition, procédure et activité judiciaire du grand conseil de Marie de Bourgogne pendant les trois premières années de son existence (février 1477-février 1480), dans B.C.R.H., t. 109, 1944, pp. 1-51, est d’une autre trempe…

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l’on peine à trouver les actes62. Chez ces auteurs, l’écriture de ces travaux se fonde sur l’amour de la patrie malgré l’Occupation – et sans doute en réaction avec la récupération historique et symbolique de la période bourguignonne par les mouvements fascistes tels Rex ou le Verdinaso63 – ; il s’appuie tant sur les « gloires du passé » – dont bon nombre relèvent de la période bourguignonne, époque du futur rassemblement belge cher aux partisans des idées pireniennes – que sur le « ciment de l’unité nationale », le roi et la famille royale. Ce sentiment est encore plus manifeste dans le chef de Luc Hommel64. Néanmoins, au sortir de la guerre, l’ouvrage de synthèse tant attendu sur Marie de Bourgogne n’a pas encore vu le jour. Simultanément, d’autres tendances sollicitent le souvenir bourguignon à des fins politiques : mouvements flamand, wallon (dans une moindre mesure il est vrai) ou grand-néerlandais revendiquent leur part du passé bourguignon ou des Dix-Sept Provinces rassemblées par Charles Quint65. Marie de Bourgogne n’y est cependant pas spécifiquement mise en relief. La dérive rexiste s’accapare aussi – en la dénaturant – cette mémoire, mais je n’ai trouvé, à ce jour, qu’un seul témoignage lié explicitement à Marie de Bourgogne : le nom d’une école établie à Genval (dans l’actuel Brabant wallon), destinée aux jeunes filles de 18 à 25 ans et assurant « des cours de formation morale et intellectuelle, de formation pratique et ménagère, et

62 Voir L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., pp. 91-96 (chap. 6 : Portrait de Marie). Hommel réfute cependant l’image passive affirmée par Pirenne ; bien au contraire, Marie de Bourgogne a « une haute conscience de son rôle d’héritière de Bourgogne » (ibid., p. 94) et manifeste sa volonté souveraine à diverses reprises (intervention en faveur d’Hugonet et Humbercourt, puis de Jean Gros retenu prisonnier à Mons, choix de son époux). Ces quelques exemples cités, l’auteur assène qu’« ainsi s’évanouit l’image romantique d’une Marie qui n’aurait joué que le rôle passif d’une Iphigénie bourguignonne » (ibid., p. 96). 63 Signalons ici seulement la synthèse dressée par un proche de Léon Degrelle, le critique d’art et journaliste Paul Colin, véritable livre de chevet des sympathisants néo-bourguignons à la sauce rexiste : P. Colin, Les Ducs de Bourgogne. Philippe le Hardi, Jean sans Peur, Philippe le Bon, Charles le Téméraire, Bruxelles, 1941. Preuve de son succès en librairie, l’ouvrage connaît pas moins de douze éditions entre 1941 et 1943, année du décès de Colin ! Sur le Verdinaso (Verbond der Dietsche Nationaal-Solidaristen / Union des national-solidaristes thiois) et son chef Joris Van Severen, voir entre autres, L. Schepens, Joris van Severen, dans N.B.W., t. 8, Bruxelles, 1979, col. 704-709 ; L. Wils, Joris van Severen. Een aristocraat verdwaald in de politiek, Louvain, 1994. Sur le rexisme, comme mouvement et parti politique, et son dirigeant, voir entre autres M. Conway, Degrelle. Les années de collaboration 1940-1944. Le rexisme de guerre, trad. E. Efratas, Ottignies, 1994 ; A. Colignon, Degrelle, Léon, dans N.B.N., t. 6, Bruxelles, 2001, pp. 111-123 ; A. de la Croix, Degrelle, 1906-1994, Bruxelles, 2016. 64 S’arrêtant sur le mariage de Marie et Maximilien, il pose cette réflexion : « Peut-être que c’est ce matin d’août 1477 qu’est né le cœur de la future Belgique » (L. Hommel, Marie de Bourgogne, op. cit., p. 311). L’on soulignera aussi que cette mention n’est pas innocente, mais, au contraire, très révélatrice du sentiment patriotique et royaliste chez Luc Hommel aux lendemains de la Libération et aux premiers remous de la houleuse Question royale. En effet, Hommel, dans le sillage de son ancien « patron », Paul van Zeeland, est un chaud partisan du retour en Belgique de Léopold III. Voir V. Dujardin et M. Dumoulin, Paul van Zeeland (1893-1973), Bruxelles, 1997 ; Léopold III, éd. M. Dumoulin et M. Van den Wijngaert, Bruxelles, 2001. 65 Voir M. Beyen, Oorlog en verleden. Nationale geschiedenis in België en Nederland, 1938-1947, Amsterdam, 2002.

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de sports ». Celle-ci est fondée en 1944 et est rattachée directement au Mouvement féminin rexiste (MFR), la structure d’encadrement centralisé des femmes rexistes66. Dans les vues du chef de file de Rex, Léon Degrelle, Marie de Bourgogne, tout à la fois épouse, mère, femme cultivée et sportive pouvait prétendre à ce « titre de gloire »…

5. Depuis l’après-guerre. Enfin la « vraie » Marie ? La remise en question de la vision pirenienne s’opère plus lentement côté francophone qu’en Flandre. La réédition des travaux de Pirenne, tout comme celle des biographies de Dumont et Hommel, montrent que certaines images d’Épinal liées à Marie continuent d’avoir la dent dure. La série Nos Gloires / s’ Lands Glorie nous en offre un exemple très représentatif, datant du début des années 1950 mais rééditée jusqu’en 1983. Lancée par la toute jeune société « Historia », cette vulgarisation de l’histoire de Belgique par l’image et le texte destinée prioritairement à la jeunesse, touche un public très large dans les foyers et les écoles du pays67. Le pinceau du génial Jean-Léon Huens – repris plus tard par Auguste Vanderkelen – y côtoie la plume de l’abbé Jean Schoonjans (1897-1976), professeur à la Faculté de philosophie et lettres de l’Institut Saint-Louis de Bruxelles, pour offrir au lecteur une fresque empreinte d’une bonne dose de patriotisme revendiqué. Notre duchesse prend naturellement place au sein de cette galerie dans quatre brèves évocations68 : « Marie de Bourgogne devant l’échafaud – Charles le Téméraire laissait comme héritière, sa fille, Marie de Bourgogne. Elle perdit la Bourgogne, la Picardie, l’Alsace, la Lorraine, Liège et d’autres territoires. Les Gantois se révoltèrent et firent décapiter ses deux meilleurs ministres, Hugonet et d’Humbercourt. C’est en vain que la duchesse demanda leur grâce au pied de l’échafaud (Ill. 65). 66 L. Ben Djaffar, Les Femmes et l’Ordre nouveau en Belgique francophone, 1936-1945, dans Cahiers d’Histoire du temps présent, no 4, 1998, pp. 143-171. Dans le cadre de cette contribution, je n’ai cependant pas eu l’occasion d’opérer un dépouillement de la propagande rexiste, notamment via son principal journal, Le Pays réel. 67 J. Schoonjans, Nos Gloires. Vulgarisation de l’histoire de Belgique par l’image, 6 vol., Bruxelles, 1949-1961. 68 Ibid., t. 3, 1954, pp. 16-17. Au sujet de cette collection, voir À l’aune de Nos Gloires. Édifier, narrer et embellir par l’image. Actes du colloque tenu au Musée royal de Mariemont les 9 et 10 novembre 2012, éd. B. Federinov, G. Docquier et J.-M. Cauchies, Morlanwelz-Bruxelles, 2015. On consultera également la notice consacrée à l’abbé Schoonjans par É. Bousmar, Art. Schoonjans, Jean, dans N.B.N., t. 13, Bruxelles, 2016, pp. 302-304. On notera un élément symptomatique d’un relatif désintérêt iconographique pour la personne de Marie de Bourgogne. En effet, alors que tous les ducs de Bourgogne – de Philippe le Hardi à Charles le Téméraire – et leurs successeurs Habsbourg, tout comme Isabelle de Portugal (no 173), Marguerite d’York (no 181) ou Marguerite d’Autriche (no 197), bénéficient d’un portrait individualisé, notre princesse est clairement présentée « en retrait » ; par l’image donc, elle ne semble pas avoir trouvé grâce parmi le panthéon des souverains présentés dans Nos Gloires, et cela malgré le fait que ses traits soient parfaitement connus des auteurs de la série.

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« Maximilien – Marie de Bourgogne n’avait que dix-neuf ans à son avènement et elle se débattait dans d’affreuses difficultés. Heureusement elle se maria et elle trouva dans son mari, Maximilien de Habsbourg, archiduc d’Autriche, un appui et un réconfort ». « Écu d’Autriche – La mariage de Marie de Bourgogne avec Maximilien d’Autriche devait avoir de grandes conséquences pour notre pays. Désormais la Maison de Habsbourg régnera sur nos provinces. Nos souverains ne règneront pas seulement sur nous. Tout en restant nos “princes naturels”, ils nous deviendront de plus en plus étrangers ». « Mort de Marie de Bourgogne – Marie de Bourgogne et Maximilien d’Autriche avaient deux enfants : Philippe le Beau âgé de quatre ans, et Marguerite d’Autriche âgée de deux ans, lorsque la duchesse mourut à la suite d’une chute de cheval au cours d’une partie de chasse dans la forêt de Wijnendaele près de Bruges » (Ill. 66). On retrouve dans ces extraits le même ton que celui adopté par Pirenne ; Jean Schoonjans se réfère d’ailleurs explicitement à son Histoire de Belgique. Par ailleurs, Schoonjans a eu Charles Terlinden et Léon Van der Essen comme professeurs à l’Université de Louvain, avec qui il partageait la même vision d’une histoire de Belgique patriotique. En soi, ce discours, obsolète, ne renouvelait guère la compréhension de cette période, et encore moins le rôle personnel de la duchesse dans son contexte. En 1967, l’ancien préfet (français) Yves Cazaux dressait à son tour une nouvelle biographie de notre héroïne69. Si l’ouvrage n’est pas rédigé par un spécialiste de l’époque bourguignonne, il n’en demeure pas moins vrai que l’adhésion du grand public en fait un petit succès de librairie, tant en France qu’en Belgique. Ce n’est qu’en marge des années 1970 que des efforts sont enfin réalisés pour recourir de façon plus rigoureuse aux fonds d’archives. L’image de la duchesse tend progressivement à s’affiner, ses actions personnelles, ses décisions sont mises en lumière. Pendant que Robert Wellens scrute les séances des États Généraux70, l’édition des Actes des Membres et des états de Flandre de Wim Blockmans amène un éclairage neuf sur la situation dans le comté pendant le règne de Marie71. En 1982, année du 500e anniversaire de la disparition de Marie, il est associé, avec Walter Prevenier, pour conseiller l’équipe d’un téléfilm produit par la BRT Een begeerde bruid, Maria van Bourgondië72. Parallèlement, la synthèse

69 Y. Cazaux, Marie de Bourgogne, témoin d’une grande entreprise à l’origine des nationalités européennes, Paris, 1967. Un travail qualifié « d’amateur », n’apportant « rien de neuf au spécialiste » selon B. Guenée dans son bref compte rendu (Annales. Économies, sociétés, civilisations, t. 25/1, 1970, pp. 212-213). 70 R. Wellens, Les États Généraux des Pays-Bas des origines à la fin du règne de Philippe le Beau (14641506), Courtrai-Heule, 1974, pp. 153-198. 71 W. Blockmans, Handelingen van de Leden en van de Staten van Vlaanderen. Regeringen van Maria van Bourgondië en Filips de Schone (5 januari 1477-26 September 1506), t. 1, Bruxelles, 1973. 72 À ma connaissance, la diffusion de Een begeerde bruid – c’est-à-dire « Une fiancée convoitée » – a néanmoins été limitée aux ondes de Flandre. Le scénario de ce « docu-drama » a été dirigé par Edward De Maesschalck, docteur en histoire de la KULeuven et attaché à la BRT (actuelle VRT, chaîne publique de radio et télévision néerlandophones). Cette production a été suivie d’un ouvrage : E. De Maesschalk,

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menée par le duo Blockmans-Prevenier – Les Pays-Bas bourguignons – réintègre, en quelque sorte, Marie au sein de la lignée ; le siècle bourguignon ne s’arrête plus à la « cassure » fatidique de 1477 mais s’étend, avec raison, jusqu’au premier tiers du xvie siècle73. De même, le volume qu’il dirige sur Le Privilège Général et les privilèges régionaux de Marie de Bourgogne constitue une étude solide où, enfin, le rôle et l’action de la duchesse sont mis en évidence74. Conséquence « logique », en 1987, il signe, avec son épouse An Delva, sa notice pour le Nationaal Biografisch Woordenboek75. De son côté – et un peu à contre-courant de ce nouvel élan historiographique –, Georges-Henri Dumont réécrit une nouvelle biographie, mais où la part réservée aux sources archivistiques demeure toujours aussi vide76…

6. En guise de conclusion Se pencher sur l’historiographie consacrée à Marie de Bourgogne donne l’impression de parcourir les pages, parfois redondantes, de la « chronique d’un échec annoncé ». Le regard posé par bien des historiens a souvent épinglé les événements négatifs de l’existence de la jeune femme : la naissance qui déçoit la cour, le (mauvais) choix d’un parrain « rusé comme un renard », la disparition prématurée de sa mère, la fin pitoyable d’un père tourmenté par les guerres qu’il aurait semées, la perte d’une partie des principautés patrimoniales, la révolte contre un pouvoir princier affaibli, les concessions aux principautés, l’accident fatal, l’agonie lente et douloureuse dont l’issue ne pouvait laisser aucun doute. Pour Marie de Bourgogne, le drame et le malheur semblent génétiques ; chez les historiens romantiques, on frise l’authentique tragédie grecque ! Le problème réside, d’après moi, dans le fait que l’on a écrit, depuis 1482, une histoire de Marie de Bourgogne a posteriori. D’une part, les sources littéraires, composées après coup et réinterprétées, ont été souvent le seul vecteur auquel ont Maria van Bourgondië. Een begeerde bruid, Anvers, 1982. La même année, une autre biographie (grand public) voit également le jour sous la plume du journaliste J. Van Belle, Maria van Bourgondië. De tragiek van een vorstin, Beveren, 1982. Toujours à Bruges, on signale que trois expositions ont été organisées pour la circonstance, notamment l’exposition Munten en penningen in Bourgondisch Vlaanderen. Van Filips de Stoute tot Maria van Bourgondië 1384-1482, du 7 août au 7 novembre 1982 au Musée Gruuthuse. De même, des Journées bourguignonnes (19 août-3 septembre) et un Cortège nocturne Marie de Bourgogne (21 août) sont mis sur pied. Le succès populaire étant au rendez-vous, le Cortège sera à nouveau proposé cinq ans plus tard (22 et 29 août 1987), en pleine saison touristique. 73 W. Prevenier et W. Blockmans, Les Pays-Bas bourguignons, Anvers, 1983. On soulignera que cette conception d’un long « siècle de Bourgogne » est déjà soutenue par d’autres historiens à la même époque, à l’image de J.-M. Cauchies, La Législation princière pour le comté de Hainaut. Ducs de Bourgogne et premiers Habsbourg (1427-1506). Contribution à l’étude des rapports entre gouvernants et gouvernés dans les Pays-Bas à l’aube des temps modernes, Bruxelles, 1982. 74 1477. Le Privilège Général, op. cit. 75 W. Blockmans et A. Delva, Art. Maria van Bourgondië, dans N.B.W., t. 12, Bruxelles, 1987, col. 487-493. 76 G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne, Paris, 1982. Dans la bibliographie insérée en fin de volume, on ne trouve étrangement aucune mention de la première biographie rédigée par ses soins. Le couvert est cependant remis trois ans plus tard : G.-H. Dumont, Marie de Bourgogne. Princesse d’entre deux mondes, Verviers, 1985.

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recouru auteurs et historiens, faisant fi des sources archivistiques, pourtant sources du quotidien ; de l’autre, les représentations iconographiques de la princesse ont été façonnées, dès après sa mort par Maximilien et ses descendants, à des fins politiques et dynastiques. C’est donc une histoire « programmée » et conditionnée en fonction de l’issue funeste de la duchesse ; ce mouvement n’a fait que s’accentuer au fil du temps. Marie de Bourgogne n’est pas écartée des autres souverains, qu’ils soient antérieurs ou postérieurs ; il s’agit de la princesse naturelle, héritière des terres et du sang bourguignons, mais son rôle, bien que bref, a été sensiblement minimisé. Au fond, le tort de Marie de Bourgogne, c’est peut-être d’avoir été tout simplement une femme. Les qualités que les artistes et les auteurs lui ont volontiers reconnues (bonté, douceur, charité, beauté) ont été autant de défauts, car elles ne cadraient pas avec le profil attendu d’un chef dynastique, d’un « homme d’État » aux capacités viriles. Toute une série de stéréotypes (au fond misogynes) en ont découlé, dans les manuels scolaires, dans la littérature jeunesse, dans les travaux de vulgarisation, dans les représentations artistiques… Mais comment aurait été perçue Marie de Bourgogne si elle avait accompli un règne long et prospère ? Les événements qu’elle a traversés auraient-ils eu la même couleur à l’aune de l’histoire si la duchesse avait été un duc ? Par conséquent, Marie de Bourgogne semble avoir été, malgré elle, une figure « d’entre deux », de transition : entre Moyen Âge et Renaissance, entre Maison de Bourgogne et Maison de Habsbourg, entre politique « nationale » et politique dynastique européenne. À l’instar de son fils Philippe le Beau – tiré, lui aussi, d’une certaine forme d’oubli –, on a laissé peu de place à la dernière duchesse Valois de Bourgogne, « coincée » entre un grand-père, un père, un mari et un petit-fils « encombrants ». Il est heureux de voir que, désormais, des chercheurs contemporains, belges et étrangers, tentent de réévaluer la place de Marie de Bourgogne dans les événements qu’elle a réellement contribué à mettre en œuvre77. Parallèlement, plusieurs expositions ont été mises sur pied ces dernières années, où le rôle de Marie a été clairement mis en lumière78. Car derrière la bien dolente et desconfortée princesse se cache le vrai visage d’une femme pétrie d’émotions, mais aussi de chair et de sang : Marie, duchesse de Bourgogne.

77 L’on se bornera à fournir ici une sélection de travaux représentatifs réalisés ces 30 dernières années : J. Devaux, Le Rôle politique de Marie de Bourgogne, op. cit. ; W. Blockmans et W. Prevenier, De Bourgondiërs. De Nederlanden op weg naar eenheid (1384-1530), Amsterdam, 1997 ; M. Boone, La Justice en spectacle, op. cit. ; Id., Noblesse, politique urbaine et formation d’un État. Le trajet de Philippe de Clèves, homme d’armes et de lettres, homo Burgundicus, dans Entre la ville, la noblesse et l’État. Philippe de Clèves (1456-1528). Homme politique et bibliophile, éd. J. Haemers, C. Van Hoorebeeck et H. Wijsman, Turnhout, 2007, pp. 1-6 ; J. Haemers, Philippe de Clèves et la Flandre. La position d’un aristocrate au cœur d’une révolte urbaine (1477-1492), dans Entre la ville, la noblesse et l’État, op. cit., pp. 21-99 ; Id., Le Meurtre de Jean de Dadizeele (1481). L’ordonnance de cour de Maximilien d’Autriche et les tensions politiques en Flandre, dans P.C.E.é.B., t. 48, 2008, pp. 227-248 ; Id., For the Common Good. State Power and Urban Revolts in the Reign of Mary of Burgundy (1477-1482), Turnhout, 2009 ; É. Bousmar, Duchesse de Bourgogne ou povre desolée pucelle ?, op. cit. L’on n’omettra pas, bien entendu, de se référer aux autres contributions du présent volume et à la bibliographie citée en notes. 78 Ainsi les expositions et catalogues Bruges à Beaune. Marie, l’héritage de Bourgogne, Beaune-Paris, 2000, et Charles le Téméraire (1433-1477). Splendeurs de la cour de Bourgogne, éd. S. Marti, T.-H. Borchert et G. Keck, Berne-Bruxelles-Bruges, 2008 (2e éd., 2009).

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24.  Conclusions Triste plaisir. Mary of Burgundy in a Turbulent Era Triste plaisir et doulereuse joie, Aspre doulceur, reconfort ennuyeux, Ris en plourant, souvenir oublieux M’acompaignent combien que seul je soie.

With these words, a music festival in honour of Mary of Burgundy began on 16 August 2019, only a few steps from the place where Mary’s heart was originally buried in Antwerp. The song was composed by the fifteenth-century polyphonist Gilles Binchois (c. 1400-1460) on a text by Alain Chartier (c. 1385-1430), secretary of the French king, who had died a quarter-century before the birth of Mary.1 It constitutes an excellent starting point for the conclusion of a book that highlights many different aspects of Mary’s rich life: politics, culture, war, social struggle, perception, and also many “tristes plaisirs”. “Sad joy, and painful merriment, poignant gentleness, unpleasant consolation, the laughter when we cry […]”: many aspects of the first sentences of the song quoted fit the life of this duchess all too well. Without going so far as to take the old interpretation of Johan Huizinga at face value, who saw the “Autumn of the Middle Ages” as a time of strong emotional contrasts,2 we can still recognize that Mary lived in a tumultuous period full of war and passion, pain and joy. Many conflicting emotions came together, not only in the person of

1 As part of the annual festival Laus Polyphoniae, see Laus Polyphoniae 2019, Maria van Bourgondië, Antwerp, 2019, p. 53. The text can be found in Alain Chartier, La Belle dame sans mercy et les poésies lyriques, 2nd ed., ed. A. Piaget, Geneva, 1949, pp. 52-53. For the musicological and philological background, see B. Gagnepain, Binchois, Guillaume, in Guide de la musique du Moyen âge, ed. Fr. Ferrand, Paris, 1999, pp. 626-628; F. Bouchet, La Joie dans la peine au xve siècle. Du paradoxe à la sublimation, in Le Moyen Français, t. 62, 2008, pp. 7-26. 2 J. Huizinga, Herfsttij der middeleeuwen. Studie over levens- en gedachtenvormen der veertiende en vijftiende eeuw in Frankrijk en de Nederlanden, Haarlem, 1919. For a recent overview of the lauded (and contested) work of Huizinga, see Rereading Huizinga. Autumn of the Middle Ages, a Century Later, ed. P. Arnade, M. Howell and A. van der Lem, Amsterdam, 2019; L’Odeur du sang et des roses. Relire Johan Huizinga aujourd’hui, ed. é. Lecuppre-Desjardin, Villeneuve d’Ascq, 2019.

éric Bousmar • Université Saint-Louis – Bruxelles Jelle Haemers • KU Leuven Marie de Bourgogne/Mary of Burgundy, ed. by Michael Depreter, Jonathan Dumont, Elizabeth L’Estrange & Samuel Mareel, Burgundica 31 (Turnhout, 2021), pp. 395-406.

© FHG

DOI 10.1484/M.BURG-EB.5.122553

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the ill-fated duchess, but no doubt in many of the people with whom she suffered and shared love. The song’s contradictory phrase souvenir oublieux (“forgetful memory”) also holds true for Mary on the one hand, there have been numerous commemoration ceremonies for the young duchess from her death until today. Shortly after her tragic fall from a horse, chroniclers edited the first stories in which concrete memories created a certain image of Mary. That image is very selective, and thus already “forgetful”, because the memory of her reign carried deliberate messages, as this book has shown. On the other hand, we can speak of forgetfulness when we take a closer look at the historical memory of Mary. Nowadays, few people in the street can put the Burgundian duchess in the right historical context, and they are unlikely to be familiar with many of the topics discussed in this book. Moreover, there is still no academic biography of Mary that discusses recent insights into her time and life. This collection plays a part in remedying this serious lack. The editors must therefore be congratulated. With this book —and with the conference that was the first step in the preparation of the scholarship presented in the preceding pages— they have achieved several goals. This is a multidisciplinary project as well as an international one. They have brought together literary historians, art historians, social, cultural and political historians. Interdisciplinarity is always something of a challenge. But even if we are sometimes confronted with different schools of thought, or research traditions, we all pursue the same aim and we need to learn from each other. In this respect, the current volume brings renewed attention to many aspects of Mary’s life, moving beyond the existing biographies which, whatever their merits, are now somewhat outdated. The timely international character of the project also needs to be emphasized. One might discern a (relative) gap between the French-speaking research tradition on the Burgundian court and lands on the one hand, and the English- and German-speaking traditions on the other hand, while Flemish and Dutch scholars hold a kind of in-between or even go-between position. This gap might be observed in publications and quotations, or in the networks, projects and initiatives in which scholars do, or do not, circulate. There is none of that regional or linguistic bias here. The fact that the conference and the subsequent book were a joint initiative of scholars with different backgrounds is certainly not mere coincidence. It may also be a first, strong step towards a better integration of our respective research traditions. Thanks to this book, a significant set of new data has been gathered. To name but a few: the identification of the 21 close political collaborators of the reigning duchess and her husband, the presence of the writer and poet Olivier de La Marche among them —a man who depicted Mary in full armour in her allegorical joust against Accident, in the Chevalier délibéré, one year after her death—, the reorganisation of the army, a better understanding of the production of works of art and literature, and of the socio-economic situation. There are discussions about the meaning of inaugural entries versus urban revolts, and the complex interrelations between the Estates, the court, its networks, and urban factions, in the management of the crisis following the defeat of Mary’s father at Nancy in 1477. Even Mary’s well-studied

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Book of Hours, produced by urban artists, has been re-viewed as a tool expressing moral and governmental preoccupations. Another merit of this book is that it links the life and posthumous memories of the duchess into one volume. Indeed, as is mentioned in the introduction, the historical interpretation of Mary’s (mis)fortunes has long depended on the image generated by the propaganda that originated from the succession of Mary in 1477 and that was pursued by Maximilian after her death in 1482. This weight of propaganda also marks the historiographical and memorial fate of other princesses:3 in Mary’s case, it led to the image of a weak heiress needing to be saved. But as we know, this image is at least partially truncated: it was part of a successful strategy put in place, to a certain extent, by Mary and her entourage, testifying in fact to an agency that subverted patriarchal codes, before being taken over more literally by Maximilian.4 Even if we assume some sincerity in his positioning as Mary’s courtly lover and loving husband, we should not underestimate the political issues at stake. So, Maximilian’s rhetoric reduced Mary’s agency to a minimum and promoted the archduke as the effective ruler and saviour of the lands. Later on, Mary proved to be a prolific source of inspiration for writers and artists, especially in the romantic era. The focus is on the sentimental, not on the political. The story is that of a victim: victim of her inexperience, of her femininity and, obviously, of her horse. This is a tragic story too, because the fate of the princess had an impact on her people. This interpretation was passed on in historiographical works, and formed the interpretative key used by later scholars such as Henri Pirenne. This shows the extent to which analyses may depend on a long sedimentation of ideas, and plainly justifies the inclusion of Mary’s afterlife in this book. In this conclusion we attempt —in all modesty— to answer three questions that we believe the many case studies in this book have raised: 1. to what have the commemorations of Mary’s life led?; 2. what new material does this collection present that enables a greater understanding of the history of her era?; and, 3. what do we now know about the person of Mary herself that we did not know before?

1. Commemoration and Remembrance As many historians have already shown, commemorations of personalities often say more about the period in which they are commemorated than about the remembered

3 For instance, M. Bubenicek, Femme, pouvoir, violence. Une adéquation? Quelques pistes de réflexion autour du cas de Yolande de Flandre, in Femmes de pouvoir et pouvoir des femmes dans l’Occident médiéval et moderne, ed. A. Nayt-Dubois and E. Santinelli-Foltz, Valenciennes, 2009, pp. 259-272; E. Woodacre, Leonor of Navarre. The Price of Ambition, in Queenship, Gender, and Reputation in the Medieval and Early Modern West, 1060-1600, ed. Z.E. Rohr and L. Benz, Basingstoke, 2016, pp. 161-182. 4 É. Bousmar, Duchesse de Bourgogne ou povre desolée pucelle? Marie face à Louis XI dans les chapitres 45 et 46 des Chroniques de Jean Molinet, in Jean Molinet et son temps. Actes des rencontres internationales de Dunkerque, Lille et Gand (8-10 novembre 2007), ed. J. Devaux, E. Doudet and É. Lecuppre-Desjardin, Turnhout, 2013, pp. 97-113.



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person him- or her-self. Commemorations often have a social or political purpose that mainly serves the interests of those who take the initiative.5 The commemoration of Mary in the first years after her sudden death is a good example. The young duchess died at the age of 25 at a time when the policies of her husband and his entourage were being questioned by an important faction of nobles and the ruling elites in several major cities. Even during her funeral mass, the fault line became clear: Maximilian of Austria set himself up as the legitimate ruler of the Low Countries (see the chapter by Alain Marchandisse, Christophe Masson and Bertrand Schnerb). He was the father of Mary’s heir, and according to him the only candidate to take over the regency of the four-year-old Philip. The rituals during the funeral ceremony therefore had the purpose of establishing his rule. During a memorial mass held in Ghent a year after Mary’s death, however, a regency council presented itself as a fully-fledged alternative to the regency by Maximilian: the mass was organized by the Three Members of Flanders (Ghent, Bruges and Ypres) who wanted to take over the administration of the county.6 The conflict between the different parties would culminate in a war that would keep the Low Countries in its grip for a decade. When, after that war, Mary’s tomb was finally built and placed in the church of Our Lady in Bruges, the tomb was dominated by the struggle for authority (see the chapter by Ann Adams). The founders of the beautiful tomb hoped that its halo would radiate out to the rulers of the time, the Habsburg dynasty, who ultimately won the battle over the commemoration of the duchess. The Habsburg dynasty was a champion of glorifying Mary’s legacy. In present-day Austria, several exhibitions, catalogues and conference organised on the occasion of the 500th anniversary of the death of Maximilian of Austria in 1519, showed that the Habsburg prince did all he could to present himself as the rightful successor to the Burgundian dynasty. The same can of course be said of his grandson Charles V.7 The emphasis on the Habsburg dynasty as rightful heir to Burgundy happened through the posthumous staging of Mary less as a female ruler and more as Maximilian’s wife, with particular attention paid to the

5 G. Cubitt, History and Memory, Manchester, 2007, passim; Ph. Raxhon, Essai de bilan historiographique de la mémoire, in Bilans historiographiques. 2, ed. Jean-Pierre Nandrin, in Cahiers du CRHiDI, t. 30, Brussels, 2008, pp. 11-94; T. di Carpegna Falconieri, Médiéval et militant. Penser le contemporain à travers le Moyen Âge, Paris, 2015. 6 J. Haemers, L’Anniversaire gantois de Marie, duchesse de Bourgogne (27 mars 1483). Autour de la participation des sujets urbains à un service commémoratif pour une princesse décédée, in Le Corps du prince, ed. é. Bousmar, H. Cools, J. Dumont and A. Marchandisse, in Micrologus, t. 22, Florence, 2014, pp. 341-365. 7 In Austria alone there have been exhibitions in Vienna, Innsbruck and Wells, as well as a one-week conference travelling through each of these three cities, the proceedings of which will appear in separate volumes. The anniversary garnered attention from elsewhere too: see for example the catalogue of the exhibition held in The Metropolitan Museum of Art in New York: The Last Knight. The Art, Armor, and Ambition of Maximilian I, ed. P. Terjanian, Yale, 2019. In addition, the number of biographies and case studies on the life of the emperor has significantly shot up in recent years. See for example the overview by J.-M. Cauchies, Maximilien d’Autriche, cinq cents ans après. Diplomatie et propagande, in L.M.A., t. 126/1, 2020, pp. 99-105.

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legitimacy that his marriage to Mary conferred on him.8 The magnificent funerary monument of Maximilian who would later become Holy Roman emperor, is brimming with symbolism that glorifies the war of the Burgundian provinces against France (such as the battle at Guinegatte in 1479). Through a family tree it sets up Mary and her family as predecessors of Philip the Fair (see the chapter by Sonja Dünnebeil). Furthermore, the Burgundian duchess is presented as the ideal wife, who served Maximilian willingly and with a lot of love. Mary also appears as a loving wife in a German-language television series, Maximilian. Das Spiel von Macht und Liebe, which was made in 2017. In this sense, the old propaganda theme still found a revival on twenty-first-century screens. The love in that marriage not only symbolizes the union between the Burgundian and Habsburg “Hausmacht,” but also the transition between the reign of both dynasties. In late medieval terms, the union between the two princely bodies was already the basis of the political alliance between their respective polities.9 From that point of view, the 1477 marriage constituted the justification of Habsburg power, which would later develop into a world empire. Of course, there were other ways in which Mary could be represented. Maximilian’s opponents, for example, created a different historiographical and iconographic tradition to that of the Habsburg prince. This is evident in the chapters by Andrea Pearson and Lisa Demets. For instance, Pearson discusses the seal of Mary, which in 1477 presented her stylistically as a virgin on horseback, able to rule the Burgundian provinces independently. Maximilian would later make a seal on which Mary was also depicted on horseback, but obediently following in the footsteps of the knighted Habsburg prince. The image of a virgin who must be protected at the beginning of her reign also appears in the Middle Dutch chronicles produced by opponents of Maximilian in the Flemish Revolt that followed Mary’s death, as Lisa Demets shows.10 The protection offered to this “Virgin Mary” is no longer that of Maximilian, but that of the subjects. The nobles of the ducal household and the elite of the Flemish cities in particular financed the wars against France, accepted Maximilian as a husband, and protected the duchess from the hostile French in the most difficult days of her reign —namely those after the death of her father, and during the war with the French King Louis XI. According to this logic, her guardian angels (the Estates General) even averted dangers in her own land, such as factional struggles among the nobles, and violent revolts of the craftsmen in the main cities. In return, the duchess granted her subjects extensive privileges although, according to her subjects, this was a logical step in the recognition of Mary as their sovereign. In Brabant, for example,

8 See O. Karaskova, Marie de Bourgogne et le Grand Héritage. L’iconographie princière face aux défis d’un pouvoir en transition (1477-1530), 2 vol., PhD Thesis, Université de Lille-The State Hermitage Museum, Saint Petersburg, 2014. 9 É. Bousmar, Des Alliances liées à la procréation. Les fonctions du mariage dans les Pays-Bas bourguignons, in Mediaevistik. Internationale Zeitschrift für interdisziplinäre Mittelalterforschung, t. 7, 1994, pp. 11-69. 10 See also L. Demets, Onvoltooid verleden. De handschriften van de Excellente Cronike van Vlaenderen in de laatmiddeleeuwse Vlaamse steden (1440-1500), Hilversum, 2020, pp. 208-229.

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there was a long tradition of the promulgation of the so-called Joyous Entry (“Blijde Inkomst”), a charter that the duke or duchess of Brabant had to seal if he or she wished to be recognized as a rightful ruler.11 In short, Mary’s figure and legacy were deeply disputed in the decades following her sudden death, not only politically, but also iconographically and historiographically. In more recent times, Mary of Burgundy has also appeared as a contested figure in historiographical and memorial culture. The chapters by Dominique Le Page, Emmanuel Berger, and Gilles Docquier demonstrate how Mary is repeatedly portrayed as a victim in nineteenth-century works. Victim of the rebels who, according to historians at the time, unjustly took up arms against the central state, of the nobles who ruled her, of her father who got her in trouble because of his harsh policies, of the French king who invaded and ravaged her lands, and finally even of the Habsburg Prince Maximilian, who, according to a previous generation of historians, usurped her legacy. The precise vision of Mary’s era depends, of course, on the background and the intentions of the authors, often inspired by some form of misogyny: as a woman, Mary was considered incapable of running her principalities, reducing her to a pawn on the European chessboard of power. This process of “victimization” and even of misogyny was characteristic of interpretations of many female rulers in the past. However, that image improved with Henri Pirenne, who reassessed not only the Burgundian dukes but also Mary. Nevertheless, in Pirenne’s writings, the duchess remains a transitional figure, a symbolic bridge between the Burgundian and the Habsburg dynasties. She also fulfills this role in French historiography in present-day Burgundy. In the context of the current political regionalization of France, more attention is paid to the Burgundian dukes of the fifteenth century than to Mary,12 who heralded the French conquest of the region. Finally, the late eigthteenth-century search for the lost remains of Mary’s heart, buried with her mother’s in Antwerp’s abbey of Saint Michael, also shows that her legacy was controversial. As a report on the theft of these remains aptly put it: “il faut remettre [le cadavre] en terre secrètement de manière à n’exciter aucune rumeur parmi le peuple13”. So many centuries after her death, the government still feared civil commotion if anything happened to Mary. In this case she was —or could have been— a reminder of the “Ancien Régime’s” attempts to legitimize its presence in the Low Countries in the face of the late eighteenth-century French annexation and revolutionary regime. Mary has been a controversial figure in historiography and in the culture of remembrance, and many centuries after her death she was still identified with “rumour”.

11 V. Vrancken, De Blijde Inkomsten van de Brabantse hertogen. Macht, opstand en privileges in de vijftiende eeuw, Brussels, 2018. 12 É. Bousmar, Siècle de Bourgogne, siècle des grands ducs. Variations de mémoire en Belgique et en France, du xixe siècle à nos jours, in P.C.E.é.B., t. 52, 2012, pp. 235-250. 13 See E. Berger La Disparition du cercueil présumé de Marie de Bourgogne à l’époque de la Révolution française. Enquête sur le vol d’un “effet appartenant à la République”, p. 348, in this volume.

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2. Tumultuous Τimes The latter remark brings us to the second point: the tumultuous era of her reign. A number of images that circulate about Mary in later historiography and practices of remembrance found their inspiration in events during her reign. During the Joyous Entry in Bruges in the spring of 1477, for instance, it is striking that political communication was already very elaborate (see the chapter by Olga Karaskova). The aim was to present Mary as a helpless virgin who was able to rule only through the support of the court and her subjects, and without interference from the French king. She was, of course, the rightful ruler who had to give birth to a successor. When she entered the city, she was offered a crown of roses, a usual gift for a future bride. After all, Bruges hoped that a profitable marriage would end the war against France —the rulers of the city had in vain envisaged a matrimonial alliance between the dauphin (later Charles VIII) and Mary. The literature and propaganda that was produced during this war also presented Mary as the rightful ruler of the many regions in the Netherlands. The French poems studied by Jean Devaux in this book are a major witness to this political stance. In the war against France, several means were used to justify the struggle. Poetry and literature created an image of a wrongfully attacked duchess who could benefit from even the smallest amount of support against her French godfather. Finally, not only ceremonies and literature but also outright propaganda were used in this struggle. For instance, the text of the lawyer Jean d’Auffay, which is discussed in the chapter by Jonathan Dumont and élodie Lecuppre-Desjardin, is a brilliant political pamphlet employed in legal jousting with the French king. It cites many arguments to dismiss the military attack on Mary’s lands as an unjust act, particularly directed against “the Common Good”: a monarch monarch who wages unjustified wars goes against “le bien public”. This touches upon one of the core political concepts of Mary’s government: what is the “Common Good”? The nobles at court, urban artisans, the ruling elite in towns, Maximilian, and many others all had their own views of the best interests of the Low Countries in general, and of those of Mary and her dynasty in particular. In the difficult economic times characterising the area in the period, some major trends led to impoverishment, or hit certain groups in society harder than others (see the chapter by Jean-Marie Yante). To remedy this, or to safeguard their own interests, was the main concern for many power groups at the Burgundian court. The chapters by Jean-Marie Cauchies and Valérie Bessey go into this in more detail: who at court pulled the strings, and ultimately determined Mary’s policy? The issue is difficult to solve as the data are very fragmentary. While the surviving records of Mary’s predecessors are relatively useful to historians for charting the court staff and counsellors of the dukes, it is much more difficult to find archival evidence for the period between 1477 and 1482. Indeed, the tumultuous era in which the duchess lived has left gaps and disorder in the archives —as a recent study of public finances in this era has shown.14 For practical reasons, these difficulties have led many historians to

14 A. Sablon du Corail, La Guerre, le prince et ses sujets. Les finances des Pays-Bas bourguignons sous Marie de Bourgogne et Maximilien d’Autriche (1477-1493), Turnhout, 2019.

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see the start of Mary’s reign as a kind of “gap”, one that is often unjustified. Michael Depreter, for example, shows that, as far as military history is concerned, the fault line should be placed after Mary’s death rather than after that of her father in 1477. A variety of players were involved in determining Mary’s policies: Margaret of York, competing noble factions at court, and the main officials in the central institutions, among many others. This observation also shows that Mary’s government placed itself in a long tradition of fierce political struggles between subjects, courtiers and the monarchs themselves: Burgundian history is one of “consensus and confrontation”.15 In this book, for example, Violet Soen takes a closer look at some nobles in the border area between France and the Low Countries. Clearly, the power of the Burgundian dynasty was closely linked to the fortunes of these nobles, for without their support the Burgundians’ claim to power would have been weak. Equally, the financial strength of merchants was a welcome pillar for the court. After all, the many wars and the numerous expenses of the daily administration forced the ducal couple to borrow extensively from Italian (and other) merchants. Moreover, the court’s personal property, such as some of Mary’s jewels, were given as collateral to moneylenders (see the chapter by Federica Veratelli), a practice that was also common in other late medieval European courts.16 Since Mary’s subjects wished to scrupulously monitor the flow of money at the court, or manage some of the tax revenues themselves, the policymakers at the court were also bound by their desires and demands. The attempts (mostly in vain) of Maximilian and his confidants to avoid this bondage pushed the ducal couple into a deep dependence on financiers —but the situation at many other European courts at the time was sometimes just as precarious. As a result, however, the criticism of the policies of Mary and Maximilian intensified even more: rather than representing the “general interest” of the subjects, they took that of the moneylenders into account. It was a continuously heard complaint during their reign.17

3. Mary as a Person This leads us to the next problem of Mary’s government: to what extent did she influence the decision-making process at the Burgundian court? What do we know about her person? Is it possible to evaluate her contribution to the government of the Low Countries? As many studies on medieval rulers have shown, it is sometimes very hard to determine the personal contribution of a monarch to specific decisions,

15 J. Haemers, Consensus and Confrontation. The Low Countries in the Burgundian Period (1384-1506), in The Library of the Dukes of Burgundy, ed. B. Bousmanne and E. Savini, Turnhout, 2020, pp. 50-90. 16 For instance, for the court of England see J. Stratford, Richard II and the English Royal Treasure, Woodbridge, 2012, with numerous evidences of royal jewels being pledged, including during later reigns. 17 J. Haemers, Faire son prouffit. Die Finanzpolitik Maximilians I. und die städtischen Aufstände in den Niederlanden (1477-1488), in Habsburger Herrschaft vor Ort - weltweit (1300-1600), ed. J. Rauschert, S. Teuscher and Th. Zotz, Ostfildern, 2013, pp. 187-209.

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particularly in the case of female rulers.18 Historians only learn of a monarch’s own vision second-hand, through sources that often aim to present a particular decision as a shared process. Moreover, the question is whether letters from, for example, Mary, really represent her “own will”, or that of her husband, counsellors, court, and so on. Remarkably, almost everyone who has studied Mary’s reign stresses the great role that Maximilian of Austria and his immediate entourage had in decision-making at court. However, there is a clear lack of evidence that enables historians to determine the exact intentions of both Mary and Maximilian when studying their administration. An illustrative anecdote is the letter that the Habsburg prince sent to Mary on 29 November 1481. After numerous letters to the most important nobles in the country in the previous months, with the intention of planning a meeting of the Estates General in Bruges at the end of November, the duke finally sent an invitation to Mary herself. All the important nobles, such as the lords of Veere and Ravenstein (Wolfert of Borselen and Adolph of Cleves), were already invited to Bruges on 19 November because the duke, as he explained in the letter, wanted to discuss very important matters with them about the “Common Good of the land”.19 Almost all the important people of the court, as well as representatives of the different principalities, received a similar letter, but Mary was the last one to receive a messenger at her door. In the letter, Maximilian not only stated that he needed her to meet all these persons at court, but also offered her a present —the head of a boar that he had recently killed on a hunt.20 In short, almost all preparations for the Estates were made by Maximilian and the court, while Mary was the last person to be invited. Do such anecdotes show that Mary was not involved in the policy making? The above case can also be interpreted differently: the most important person is one of the last to receive an invitation. Moreover, entretenir les seigneurs, as Maximilian called the meeting of the Estates and the key noblemen at court, could mean not only receiving or entertaining them with due honour —thus flattering them and currying their favour— but also providing the opportunity to talk to them. Political influence might well be hidden in these mundane interactions. It is not the letter of convocation that conveys influence on the state of affairs, but the actual talk, even small-talk, during these meetings: the presence of Mary’s princely body was clearly seen as an asset by Maximilian, who did the preliminary work but who needed her to be able to go further. Finally, in this case, this meeting was scheduled around the time of the birth

18 See, for instance, the case studies in Femmes de pouvoir, femmes politiques durant les derniers siècles du Moyen Âge et au cours de la première Renaissance, ed. é. Bousmar, J. Dumont, A. Marchandisse and B. Schnerb, Brussels, 2012, and in Medieval Elite Women and the Exercise of Power, 1100-1400. Moving beyond the Exceptionalist Debate, ed. H. Tanner, Basingstoke, 2019. 19 Pour certaines matieres grandement touchant le bien, honneur et utilité de sa personne et de la chose publicque de ses pays lesquelles il leur desiroit declairer et communicquier (Lille, ADN, B 2124, fol. 157v). 20 Par lesquelles il luy mandoit entretenir les seigneurs de son sang, prelatz, nobles et autres grans seigneurs de ses pays, lesquelz il avoit mandé estre en sa ville de Bruges devers lui ledit jour jusques qu’il seroit par dela qui seroit en la sepmaine lors prouchaine venant. Et aussi que lui envoyoit par ledit Huchon [the messenger] la hure de la venoison d’un grant sangler qu’il print le xxviiie jour dudit mois à la chasse (Lille, ADN, B 2124, fol. 159r).

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and sudden death of Mary’s third child, Francis (2 September-26 December 1481), circumstances that might well explain why Mary seemingly took a backstage role before the actual meeting. This episode shows that the interpretation of documents evidencing the political life of Mary can clearly go in many directions. In any case, the political situation in any particular moment played an important part in her life. During the meeting of the Estates General noted above, many contradictions came to light. For example, although there was criticism of Maximilian’s policies in the Order of the Golden Fleece, everyone expected him to behave like a true leader.21 First, as a leader within his marriage, of his wife; second, as a leader in political government, of his wife’s lands. Not showing leadership in both his marriage and his politics could only presage a disorderly government of the body politic.22 Thus, even if Mary’s influence and authority had some importance, she had to comply, at least publicly, with the image of an obedient wife, following and assisting her husband; Maximilian could not, however, neglect the feelings and interests of his wife, as she was the sole source of his legitimacy in power. The “corps du prince” and its ability to rule the body politic was at risk: only through the political, sexual and hierarchical union of their two natural bodies, could Mary and Maximilian —or could Maximilian as the lord in his marriage while Mary “naturally” submitted— personify the institutional body of the prince to whom the Common Good was (supposed to be) entrusted.23 So the key issue might well be not so much whether he or she had the greater political agency, but rather how political power was negotiated within the ducal couple. Perhaps —but this remains in the realm of speculation— the later emphasis by the widowed Maximilian on their mutual love was a private reminder of this sort of negotiated complicity, a kind of mutual empowerment between husband and wife. It certainly was a tribute to the expectations of the public, an asset that would be partially spoilt by Maximilian in his difficult relations with the Low Countries and during the Flemish Revolt, but which remained a well-rehearsed argument of his propaganda in later years. Although it often remains difficult to determine Mary’s personal influence on Burgundian policies, it is nevertheless possible to reconstruct her material living conditions. As the chapters by Pierre-Gilles Girault, Sherry Lindquist and Erica O’Brien show, Mary lived in great luxury and had numerous exceptional art objects at her disposal. Her manuscripts, such as her Vienna Book of Hours, paint a picture of great attachment to luxury objects and of particular devotional interests, for

21 B. Sterchi, Über den Umgang mit Lob und Tadel. Normative Adelsliteratur und politische Kommunikation im burgundischen Hofadel, 1430-1506, Turnhout, 2005, p. 436. 22 For an interesting case study in this vein but on a somewhat earlier situation, see H. Bagerius and Chr. Eckholst, The Unruly Queen. Blanche of Namur and Dysfunctional Rulership in Medieval Sweden, in Queenship, Gender, and Reputation, op. cit., pp. 99-118. 23 On this duality, see é. Bousmar and H. Cools, Le Corps du prince dans les anciens Pays-Bas, de l’État bourguignon à la Révolte (xive-xvie siècles), in Le Corps du prince, op. cit., pp. 253-295 (esp. pp. 272-273, 276 and 283-285). After Mary’s death, the issue moved on to two other physical bodies (Maximilian and his son Philip), claimed or claiming to incarnate the institutional princely body (ibid., p. 273).

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example to her mother. But in this, of course, Mary differed little from other women at court, or from other holders of such positions in the late Middle Ages. A study of the accounts of construction works at the Prinsenhof, the palace of the Burgundian dukes in Ghent where Mary spent most of her youth, also shows some peculiarities about Mary’s teenage years. Not only do we find expenses for her bed, a cage for her parrot, the removal of rats from the paneling in her bedroom, the costs of some statues (for example of Saint Catherine) that were installed in her room, but also for a separate rose garden and a little zoo (with peacocks, swans, and even a bear) that she often visited in the Prinsenhof. Most charming is the detail that in 1467 the wooden floor of a wine cellar had to be replaced, for the simple reason that it was worn out as a result of the many dances that the ten-year-old princess organized there with her retinue.24 Charming, indeed, but also revealing: dancing had also undoubtedly an educative role and served to prepare the young princess not only to present herself in good society but also to be able to fulfil her expected role in the courtly interactions during mundane occasions (and this might include entretenir les seigneurs, that is, maintain and reinforce the personal and political links between herself and the courtiers and other nobles). To what music did the young teenage girl and her entourage dance? Perhaps not the song Triste plaisir which was not a dance tune per se, but who knows?

4. Epilogue In short, this book is a milestone for the study of the late medieval and early modern Low Countries and the Southern Burgundian lands, in their institutional, political, cultural, social and economic dimensions, and for the study of late medieval and early modern female power, a field that includes, but goes well beyond, that of so-called “Queenship Studies”. To end our concluding remarks, we would like to propose one further example for discussion. Virginity was used in two different ways in ducal propaganda. There is the idea of the Pucelle, the courtly Maid, aggressed by a tyrant king, crying for help and rescue, addressing her subjects and nobles, and then truly rescued, saved (and married) by her knight-servant Maximilian, or by her cities. This book offers many examples of this idea, in French, Dutch/Flemish and German/ Austrian literature for instance. This image is present in the first months of 1477 and later, and it will be used over and over by Maximilian in his self-fashioning writings. Some scholars will tend to see in this rhetoric a propaganda theme in favour of Mary, aiming at creating a male emulation among the ducal subjects in which the obligation is not only to serve as a vassal or as a subject, but also, simply, as a man (if one has the guts and honour to fight for the Maid). This would have been a very intelligent

24 D. Lievois and J. Haemers, Maria van Bourgondië in Hof ten Walle. Over een jonge prinses en haar Gentse residentie (1465-1475), in Handelingen van de Maatschappij voor Geschiedenis en Oudheidkunde te Gent, t. 68, 2014, p. 160: les danses que l’en y faisoit journellement par madamoiselle de Bourgoingne et les autres josnes damoiselles (Lille, ADN, B 4111, fol. 107v).

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subversion of the expected patterns of femininity: feign weakness to gather forces, which could be more effective than playing the virago. Others would claim this was a reflection of the real feelings of the orphaned and essentially feeble Mary. Some data seem to confirm the first hypothesis: virginity is also associated with strength, first when virginity is assimilated to strength (in the metaphor of the walls of the city that does not fall and does not even open her gates to the enemy), second when Mary is presented with the Amazon Queen Penthesilea as a model during her inaugural entry in Bruges. Other facts should be considered: the coins minted during her reign mentioned only Mary, not her husband,25 but was this a result of Mary’s agency, a recognition of her agency, a wish of the Estates to minimize Maximilian’s presence, or a conjunction of all this? Mary took her inaugural oath in Ghent als een goed heer pleeght te doen (“as a good lord has to do”), which reminds us of the notion of female lordship?26 During her funeral, the body was accompanied by the ducal hat, certainly a masculine attribute, but was it a marker of the Burgundian ducal lineage from which she came, or one of the Austrian archducal dignity of her widower? Such are the interpretative difficulties with which historians are confronted. Did Mary have an influence on the events, did she have a share in the decision-making process before her marriage, did she have an influence on it after Maximilian became her husband and legal guardian? The solutions offered to these questions greatly depend on the interpretative framework employed, but also on the comparative material which can be brought into the discussion. In the dialectic process of knowledge, scholars will now be able to improve their understanding of late medieval and early modern power structures by bringing together similar cases and by applying the insights offered by the new scholarship in the present book.

25 As was rightly observed by W. Monter (Northwestern University, USA) during the preliminary conference. See H. Enno van Gelder and M. Hoc, Les Monnaies des Pays-Bas bourguignons et espagnols, 1434-1713. Répertoire général, Amsterdam, 1960, pp. 24-30, nrs 37-49, and H. Vanhoudt, De munten van de Bourgondische, Spaanse en Oostenrijkse Nederlanden en van de Franse en Hollandse periode, 1434-1830, Heverlee, 2015, pp. 40-51, nrs 52-66. 26 See K. Lo Prete, Adela of Blois. Familial Alliances and Female Lordship, in Aristocratic Women in Medieval France, ed. Th. Evergates, Philadelphia, 1999, pp. 7-43; Ead., Adela of Blois. Countess and Lord (c. 1067-1137), Dublin, 2007.

Index Nominum “Low Countries/Anciens Pays-Bas”, “Mary of Burgundy/Marie de Bourgogne”, “Maximilian of Habsburg/Maximilien de Habsbourg” do not appear as entries since they are omnipresent in the volume. Names appear in their English version, complemented by the French version where the latter differs significantly. Members of princely dynasties are entered under their family names (e.g. Capet, Trastamara, Valois). Aachen, or Aix-la-Chapelle: 279. Aalst, Alost: 278, 295. Abraham (patriarch): 105 and n. 12, 107 n. 22. Achilles (Greek hero): 129 and n. 60. Achsah, or Aksa (biblical figure): 107-108. Airaines: 239, 242, 243, 244. Aix-en-Provence (Saint-Maximinus, abbey of): 329. Alfonso X (king of Castile): 53. Alsace, Margaret of (countess of Flanders): 151 and n. 78, 154. Alsace, Philip of (count of Flanders): 151, 152 n. 79. Amazons: 19, 96, 110, 125, 126, 127, 128, 130, 131, 136, 406. Amboise, Charles I of (lord of Chaumont, governor of Champagne): 255 n. 16, 353, 355, 362, 368. Amboise, Louis of (bishop of Langres): 355 n. 10. Amiens: (city) 81 n. 118, 239; (treaty, 1423) 146 n. 48. Amsterdam: 91 n. 36, 139, 140 n. 15, 263, 332 n. 47. Andrew: (Saint) 337 and n. 69; (cross) 329, 333, 334, 469. Andries, Andrieu (treasurer): 269. Anjou, Charles I of (king of the Two Sicilies): 67 n. 29. Anjou, Nicolas I of (duke of Calabria and Lorraine): 226 n. 5, 229, 230 and n. 28.

Anjou, René II of (king of the Two Sicilies): 62 n. 6, 82 n. 121. Anna (Saint): 447. Anneessens, François (dean of the masons’s guild of Brussels): 376 n. 15. Anne of Beaujeu, or Anne of France: see Valois, Anne of. Antoing: 139 n. 6. Antwerp, or Anvers: (city, margraviate) 21, 84, 96, 124, 126, 139 and n. 7, 140 n. 15, 141, 143, 151 and n. 76, 152 n. 83, 154, 278, 281, 282, 285, 290 n. 13, 299, 341, 395; (Our Lady, cathedral) 139, 140, 441; (Saint Michael, abbey) 22, 138, 151, 154, 156, 187, 310, 332 n. 47, 341, 343, 344, 346, 356, 361, 382 n. 40, 400, 441-442. Apiarius, Matthias (master printer): 130, 441. Arlon: 276, 281. Armagnac, Jean I (count of): 150 n. 70, 159. Armagnac, Jean II (count of): 157. Arnolfini, Enrico (merchant): 290. Arras: (city) 31, 34, 46 n. 19, 48 and n. 35-36, 55, 56 and n. 82, 222 n. 63, 244, 277; (“Franchise”) 369 n. 75; (Saint Vaast, abbey) 55; (treaty, 20-21 September 1435) 43, 63, 66 and n. 26, 69, 71, 72, 73, 74 and n. 71, 76, 79, 135, 146, 239; (treaty, 23 December 1482) 42, 201, 248 and n. 39, 250, 309, 356, 370 n. 79.

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Artois, Bonne of (duchess of Burgundy, second wife of Philip the Good): 145 and n. 45. Artois (county): 17, 31, 41, 46 n. 19, 47, 51 n. 54, 52 n. 56 and 61, 53 and n. 68, 54 and n. 75, 56 n. 83, 63 n. 7, 78 n. 103, 93 n. 54, 142 n. 23, 156, 211 n. 1, 240, 241, 244, 245, 246, 248, 249, 255 n. 15, 262, 263, 265, 272; (coat of arms) 124; (Estates) 48 n. 40, 55, 56. Artois, Mahaut (countess of Artois): 52 n. 61. Athena (goddess): 110, 112. Auffay, Jean d’ (lawyer): 18, 41, 42 and n. 3, 43 n. 8, 45 and n. 18, 46 and n. 19, 47, 48, 50 and n. 46-47, 51, 52, 53 and n. 68, 54 and n. 70, n. 75, 55, 56 n. 83, 57 n. 86, 58, 59 n. 94, 60, 64, 65 n. 16, 66 n. 23, 68 n. 34, 70 n. 46, n. 50, n. 51, 71 n. 54, 75 n. 79, 76 n. 91, 77 and n. 94 and n. 98, 78 n. 99, 79 n. 107, 80 n. 108, 93-94 n. 54, 96 n. 64, 107 n. 19, 114 n. 52, 233 n. 42, 315 n. 29, 339 n. 79, 355 and n. 12, 401. Augustin (Saint): 174, 334. Austria, or Autriche (archduchy): 22, 47, 205 and n. 80, 294 n. 48, 313 n. 19, 324, 335, 374; (House): 374. Autun (Saint-Martin, monastery): 365 n. 55. Auvergne (county, duchy): 67, 68 n. 34, 142 n. 23, 150 n. 69-70, 157, 158, 159. Auvergne, Marie of (countess of): 158. Auxerre: (city) 54 n. 75, 353; (county): 63 and n. 8, 66, 69, 71, 72, 76, 77, 79, 80 and n. 112. Auxois (region): 355. Auxonne: (city) 262, 354, 355, 356; (Estates) 357 n. 21. Auxy, Antoine of (bastard, captain): 271. Avesnes, Margaret II of (countess of Hainaut and Holland): 157, 159. Avesnes, Marie of, or Marie of Hainaut (duchess of Bourbon, wife of Louis I of Bourbon): 335. Avesnes-sur-Helpe: 262.

Aviz, Isabella of, or Isabella of Portugal (duchess of Burgundy): 44, 122, 145 and n. 44-45, 213, 214 n. 15, 219, 220, 227, 306, 313 n. 18, 325, 390 n. 68. Bade, Christoph of (margrave of): 204. Bade, Georg of (bishop of Metz, superintendent of ducal finances): 203, 204, 209, 221, 313. Baenst, Guy de (counsellor of Mary of Burgundy): 288. Bailleul, Gauvain of (master of the artillery): 55, 56 n. 82. Bandini Baroncelli, Bernardo (merchant): 290. Bandini Baroncelli, Pierantonio (banker): 289 and n. 6, 290 and n. 16, 292, 294, 295, 454. Barradot, Thibaut (treasurer): 144 n. 37. Bar-sur-Aube: 243, 248. Bar-sur-Seine: 47, 54. Basel (council): 48, 134. Bavo (Saint): 447. Bawançon, Philippe of (lord of Wiege): 221. Beauchamp, Richard (duke of Warwick): 140 n. 13. Beaufort, Margaret (mother to King Henry VII): 140 n. 13. Beaumont, Jehan de (alderman): 56. Beaumont (lordship): 243, 246 and n. 31. Beaune: 34 n. 26, 352 n. 5, 354, 355, 369, 371. Becket, Thomas (archbishop of Canterbury, Saint): 162, 167 n. 33, 179, 182 and n. 6, 183 and n. 9, 189, 445. Béguillet, Edmé (author): 365, 367 and n. 68. Belgium (kingdom): 22, 341, 373, 374, 377 and n. 21-22, 381 n. 34, 386, 387, 389 n. 64, 390, 391. Berbisey, Étienne (mayor of Dijon): 354. Bergen-op-Zoom: 268 n. 68, 278, 282. Bern, or Berne: 130, 134, 441. Bernard, Gui or Guy (bishop of Langres): 353.

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Berry (duchy): 68 n. 34, 226 n. 5. Berry, Jean of (duke of): 67, 68, 150, 157, 158, 159. Berry, Marie of (duchess of Auvergne, countess of Montpensier): 67, 150 n. 69, 157, 159. Bertina, Charles: 343-345, 346 n. 20, 347, 348, 349. Bertini, Francesco (Neapolitan ambassador): 230 n. 33. Bertoli, Tommaso (artisan and merchant): 289, 294. Besançon: 70 and n. 46, 355. Béthune: 47, 56, 113 n. 47, 369 n. 75. Beveren: 290 n. 13, 313. Blachernes (Saint Mary, church): 110. Blondeel, Lancelot (painter): 348. Boccaccio, Giovanni (poet): 126, 128, 130, 415, 441. Bogaert, or Bogard, Pierre (dean of the chapter of Saint Donatian of Bruges, clerk of finance): 203, 204, 205, 209, 288. Boiardo, Matteo Maria (poet): 303. Bonciani, Gasparre (merchant): 293 n. 36. Bonciani, Maria (wife of Pierantonio Bandini Baroncelli): 289, 454. Book of Hours, Mary’s: 19, 161, 162, 163, 164, 165 and n. 26, 166, 167, 169 and n. 49, 170, 172, 173, 174, 176, 177, 178, 179, 181 and n. 4, 182 and n. 4, 185, 186, 187, 190, 337, 338, 397, 404, 431, 445-450. Boquet (master of the household): 219. Borchgrave, Émile de (historian): 382 n. 38. Bordeaux: 38 n. 44. Borman, Jan or Jean (sculptor): 319. Borselen, Anne of (wife of Philip of Burgundy-Beveren): 314 and n. 26. Borselen, Wolfert VI of, or Wolfart VI of (count of Grandpré and Bochem, lord of Veere): 314, 403. Boudart, Martin (deputy of Artois): 56. Boulogne (county): 57 n. 85, 77.

Boulogne-sur-Mer: 52 n. 56, 56, 62, 241. Bourbon, Agnès of (lady of): 335. Bourbon, Bonne of (countess of Savoy, wife of Amédée VI of Savoy): 335. Bourbon, Charles I of (duke of): 142 n. 23, 150, 156, 157, 159, 332 n. 47. Bourbon, Charles of (duke of Vendôme): 356. Bourbon, Isabella of (duchess of Burgundy): 13, 19, 22, 52, 113 n. 47, 137, 138, 139 and n. 6 and 8, 140, 141, 143 and n. 33, 144, 149, 150, 151, 152 and n. 81, 154, 155, 156, 159, 157, 167 n. 33, 181, 182, 185, 186 and n. 32, 187, 188 and n. 38, 189, 190, 213, 215, 219 and n. 47, 220, 228, 310, 320, 326, 331, 332 n. 47, 335, 339 n. 77, 341, 343, 346, 347, 348, 349, 441-442, 452-453. Bourbon, Jacques of (knight of the Order of the Golden Fleece, brother of Isabella of Bourbon): 19, 137, 138, 141, 142 and n. 23, 143, 144, 145, 151, 152, 154, 159, 310 n. 4, 332 and n. 47, 443. Bourbon, Jean I of (duke of): 67, 157, 159. Bourbon, Jean II of (duke of): 81 n. 118. Bourbon, Jeanne of (princess of Orange, wife of Jean IV of Chalon-Arlay): 314. Bourbon, Jeanne of (queen of France): 146. Bourbon, Louis I of (duke of): 335. Bourbon, Louis II of (duke of): 134, 157, 158, 159. Bourbon, Louis XIII of (king of France): 359 n. 33. Bourbon, Louis XV of (king of France): 341, 374. Bourbon, Louis of (prince-bishop of Liège): 120, 200, 201, 207, 209. Bourbon, Margaret of (duchess of Savoy): 332 and n. 47, 335, 337, 469. Bourbon, Peter I of (duke of): 157, 158, 159. Bourbon, Philip of (lord of Duisans): 55, 56 n. 82. Bourg-en-Bresse: 324, 466-471.

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Bouvignes: 279. Brabant: (duchy) 86, 100, 115 and n. 4, 119, 142 n. 23, 148, 149, 150, 151, 152 and n. 83, 155, 156, 241, 246, 247, 250, 257 n. 20, 261 n. 35, 262, 275, 276, 277, 281, 283, 284, 329, 361, 383, 399, 400, 436, 444; (Estates) 151 n. 76, 261 n. 35, 264, 274 n. 104, 341-342; ( Joyous Entry) 199 n. 34, 204, 207, 245. Brabant, Henry I of (duke of): 384 n. 46. Brabant, Henry III of (duke of): 146 and n. 46. Brabant, Jean I of (duke of): 122, 384 n. 46. Brabant, Jean II of (duke of): 122. Brabant, Jean III of (duke of): 122. Brabant, Jeanne of (duchess of): 146 and n. 46, 148, 149, 152, 444. Brabant, Margaret of (countess-consort of Flanders): 146, 147, 157, 159, 444. Brandenburg-Kulmbach, Barbara of (marquess of Mantua, spouse of Ludovico III Gonzaga): 306. Bresse (county): 331, 339. Brieg, Louis II of (duke of): 150 n. 70, 159. Brieg, Margaret of (duchess-consort of Bavaria): 157, 159. Brill, Brielle or Den Briel: 263. Brimeu, Guy of (lord of Humbercourt): 55, 56 n. 82, 137 and n. 3, 201, 211 n. 2, 245, 375, 376, 379 and n. 26, 381, 382 n. 39, 383, 389 n. 62, 390. Brito, Jan (master printer): 94 n. 54. Brittany, or Bretagne (duchy): 72 n. 64, 74, 146 n. 48, 313, 352. Brittany, Anne of (queen of France): 15, 129 and n. 63, 136, 352, 364, 370. Brittany, Francis I (duke of): 187. Brittany, Francis II (duke of): 226 n. 5, 229. Brou (royal monastery, Bourg-enBresse): 147 n. 56, 324, 325, 328 n. 26, 329 n. 33, 330, 331 and 45, 332 and n. 49-50, 333 n. 53, 335, 336, 337 and n. 69, 338, 339, 466-471.

Bruges: (city) 18, 21, 22, 83 and n. 2-3, 84-89, 90 and n. 31, 91 and n. 38 and 42, 92-93, 94 and n. 54, 95-101, 109, 115, 118, 120, 121, 135, 144 n. 37, 152 n. 83, 154, 182, 203, 206 n. 83, 249, 262, 264 n. 52, 265, 275, 281, 282, 285, 288, 289, 290 and n. 12, 296, 297, 300, 301, 305, 306, 309, 310, 313 n. 18, 316, 318, 320, 321, 324 and n. 7, 329, 356 n. 16, 380, 382 n. 37, 383 n. 42, 384, 385 and n. 48-49, 387 and n. 55, 391, 392 n. 72, 398, 401; (Annunciation, convent) 324; (Estates General) 403; ( Joyous Entry) 18, 90, 91 n. 43, 97, 103 and n. 2, 104, 106 n. 18, 109, 112, 124, 126, 132, 141, 318, 401, 406; (Our Lady, collegiate church) 22, 140 n. 13, 182, 312 and n. 16, 315, 317, 319, 324, 341, 346, 349, 384, 398; (Saint Catherine, convent) 131 and n. 71, 405; (Saint Donatian, cathedral) 141, 142, 145 and n. 44, 150, 151 and n. 77, 154, 203, 209, 288, 312 n. 16, 315 n. 30, 332 n. 47, 443. Brugière, Prosper, baron de Barante (historian): 368 n. 72, 377 and n. 22, 378 and n. 24, 379, 380 and n. 29, 381 n. 34, 472. Brussels, or Bruxelles: (city) 88 n. 24, 100, 115, 152, 154, 272, 276, 277, 300, 301, 328, 330, 361, 376 n. 15, 380 n. 30, 383 n. 42, 384 n. 36, 387 and n. 55, 390; (Augustinian church) 380 n. 30; (Carmelite church) 148, 444; (Coudenberg, ducal residence) 13; (Grand Place) 383; ( Joyous Entry) 103 n. 2, 130; (La Cambre, abbey) 328; (Saint Michael and Gudula, collegiate church) 145, 330. Budapest: 331. Bulcanno, Rondoleto (merchant): 298. Burgkmair, Hans (engraver): 123 n. 36. Burgos: 305, 324 n. 7. Burgundy: (county) 17, 23 and n. 8, 33, 41, 47, 67 n. 28, 69, 70 and n. 50, 71, 73 and n. 70, 80, 82 n. 121, 86, 124, 211

i nd e x no mi nu m

n. 1, 248, 257, 262-263, 269, 284, 324 n. 5, 353, 354, 359, 360; (coat of arms) 78, 141, 142, 153, 154, 158, 312, 313 n. 18, 335, 369; (customs) 46 n. 25, 75 n. 81; (duchy) 17, 23, 33, 41, 46 n. 25, 47, 52 n. 56, 53, 63 and n. 7, 64 and n. 14, 65 and n. 18, 66 n. 26, 69, 70, 73 n. 70, 74, 77 n. 94, 78 and n. 99, 80, 81 n. 117, 86, 93 n. 54, 94, 124, 151, 211 n. 1, 231, 248, 257, 262-263, 314, 315 n. 29, 318, 320, 324, 325, 329, 332, 335, 337, 338, 352, 353 and n. 7, 354, 355, 356 and n. 18, 357 and n. 22, 358 and n. 29, 359 and n. 31, 360, 361, 362, 364, 365 and n. 55, 366, 367, 368 and n. 72, 369 and n. 75, 370, 371, 390; (Estates) 354, 356, 357, 358, 362, 364, 366; (Parliament) 202, 211 n. 1, 354, 358. Burgundy, Adelaïde of (duchess of Brabant): 146. Burgundy, Béatrice of (lady of Bourbon, wife of Robert of France): 335. Burgundy, Eudes III (duke of): 351. Burgundy, Eudes IV (duke of): 67 n. 29, 351. Burgundy, Jeanne II (queen of France, countess of Artois and Burgundy): 51 n. 54, 52 n. 61, 70. Burgundy, Jeanne III (countess of Artois and Burgundy): 52 n. 61, 67 n. 29. Burgundy, Otto IV (count of): 70, 73 n. 68. Burgundy, Philip I, or Philip of Rouvres (duke of): 63, 65, 320. Burgundy, Robert I (duke of): 65 n. 18. Burgundy, Robert II (duke of): 70, 351. Calloo, or Kallo (customs of): 290 and n. 13. Cambi, Giovanni (merchant): 293 and n. 36, 294. Cambrai: (city) 245, 263 n. 45; (treaty, 3 August 1529) 359. Campobasso (count): see Monforte, Nicola Pietravalle di.

Candida, Giovanni (medallist): 287, 298. Canterbury (cathedral): 183 and n. 9. Capet, Blanche, or Blanche of France (duchess of Orleans): 67 n. 33. Capet, Charles IV (king of France): 67 n. 29. Capet, Henry I (king of France): 65 n. 18. Capet, Joan, or Joan of Évreux (countess of Évreux, queen of Navarra): 67 n. 33. Capet, Louis IX (king of France, Saint): 52, 76 n. 88, 335. Capet, Louis X (king of France): 67 n. 32-33. Capet, Margaret I (daughter of King Philip V, countess of Artois and Burgundy, countess-consort of Flanders): 52 n. 61, 71 and n. 54. Capet, Philip II, or Philip II Augustus (king of France): 152. Capet, Philip III (king of France): 67 n. 29. Capet, Philip IV, or Philip le Bel (king of France): 43, 67 n. 32, 68, 70, 73 n. 68. Capet, Philip V (king of France): 51 n. 54, 67 and n. 29 and n. 32, 70. Carignan, or Yvois: 270 n. 79. Carincioni, Pietro (merchant): 290. Carondelet, Jean (lord of Champvans, chancellor of Burgundy): 195 n. 12, 196 n. 19, 199, 202, 204, 205, 209. Casale, Paolo da (merchant): 297. Catherine of Alexandria (Saint): 184 and n. 16, 405. Cerberus: 31. Certain, Piron (deputy): 56. Chabot, Philippe (lord of Brion, admiral of France): 357. Champagne: (province) 239, 240, 243, 244, 249, 353, 360; (county) 67 n. 33, 72 n. 64, 74 and n. 72. Champmol (charterhouse, Dijon): 106, 145 and n. 45, 146, 147, 316, 320, 332 n. 49, 337. Champvans (lordship): 202 and n. 58, 209.

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Chantilly: 326 and n. 18, 329, 338, 357 n. 22. Charlemagne (emperor, Saint): 43, 64 and n. 15, 78, 326. Charles the Bold, or Charles le Téméraire, or Charles le Hardi: see Valois-Burgundy, Charles of. Charles IV (king of France): see Capet, Charles IV. Charles V (king of France): see Valois, Charles V. Charles V (Holy Roman emperor), or Charles Quint: see Habsburg, Charles V. Charles VI (king of France): see Valois, Charles VI. Charles VII (king of France): see Valois, Charles VII. Charles of France: see Valois, Charles of. Chalon-Arlay, Jean IV of (prince of Orange, lord of Arlay): 257, 262, 263 n. 44, 314, 353, 354. Chalon-sur-Saône: 354 and n. 9. Charolais (county): 81 n. 118, 123, 145, 156, 213, 217, 219, 220, 239, 240, 251 n. 2, 279, 299, 324 and n. 5, 332, 349, 354. Charon: 30, 31. Chastel, Ghislain (plumassier): 297. Chastelain, Georges (official ducal historiographer, or “indiciaire” of Burgundy): 13, 37 n. 39, 257, 377. Chasteler, Antoine du (member of the stable): 220 n. 51. Chasteler, Charles du (member of the stable): 220 n. 51. Chasteler, Marie du (maid of honor): 219 and n. 49, 220 n. 51. Chasteler, Simon of (master of the Household): 219. Château-Porcien (county): 239, 240, 241 and n. 14, 242, 243, 249. Châtillonais (region): 355. Châtillon-sur-Seine: 355. Cheval, Guillaume (prosecutor of the bailiwick of Dijon): 354.

Chimay (county, lordship): 241. Chinon: 111. Christus, Petrus (painter): 306. Cicero, Marcus Tullius: 113 n. 47. Claude of France: see Valois-Orleans, Claude of. Clermont, Anne of, or Anne of the Auvergne (dauphine of Auvergne, countess of Forez): 157, 158, 159. Clermont, Béatrice of (lady of Charolais): 150 n. 70, 159. Clermont, Béraud II (count of, dauphin of Auvergne): 150 n. 70, 159. Clermont, Jeanne of, or Jeanne of Ussel (countess of Forez): 150 n. 70, 159. Cleves, Adolphe of (lord of Ravenstein): 95, 121, 134, 200, 207, 208, 209, 216, 226 n. 5, 234, 248, 313 n. 18, 317, 403. Cleves, Catherine of (duchess of Guelders): 184 and n. 14. Cleves, John I (duke of): 120, 198, 200, 209, 216, 226 n. 5, 233, 234 n. 48, 303. Cleves, John II (duke of): 200 n. 40, 226 n. 5, 233. Cleves, Philip of (lord of Ravenstein): 45, 56 and n. 82, 226 n. 5, 234, 268, 313 and n. 18, 314 and n. 26. Clovis (king of the Franks): 78 n. 103. Clugny, Ferry of (bishop of Tournai, cardinal): 199 and n. 38, 201, 202, 209, 303, 315 n. 31. Cluny (abbey): 355 n. 10. Cluny, Guillaume of (administrator of the bishopric of Thérouanne): 55, 56 n. 82. Cognac: (league, 22 May 1526) 357; (Estates General) 367. Cologne: 232, 245. Comines: 277. Commines or Commynes, Philippe de (memorialist): 86, 87, 207, 228-229 and n. 20, 233, 244, 256-257 n. 20, 258, 275, 377. Conflans (treaty, 5 October 1465): 43, 57. Constantinople: 110, 303.

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Corvinus, Matthias (king of Hungary): 227. Courtépée, Claude (author): 365, 367 and n. 68, 368. Cousinot, Guillaume II (lawyer): 42, 62, 63, 72 n. 64, 233 n. 42, 81 n. 115. Coustain, Pierre (painter): 91 n. 43, 126, 127, 312 n. 15. Crabbe, Jan (abbot of the abbey of the Dunes): 153. Crèvecœur, Philippe of (lord of Esquerdes): 56 and n. 82, 221, 222 and n. 63, 244, 246. Crouy-Saint-Pierre (lordship): 239, 243. Croÿ, Antoine I of, or Le Grand Croÿ (lord of Croÿ, Renty and Le Rœulx, count of Porcien): 237, 239 and n. 7, 240, 241, 242, 246, 247, 248. Croÿ, Jean II of (count of Chimay): 239, 240, 241, 242. Croÿ-Chièvres, William, or Guillaume of (lord of Chièvres): 238, 248, 249. Croÿ-Chimay, Charles I of (1st prince of Chimay): 247, 249. Croÿ-Chimay, Jean II (count of Chimay): 239, 240, 241. Croÿ-Chimay, Philip I of (count of Chimay, lord of Sempy and Quiévrain): 200, 205, 209, 238, 240 and n. 13, 241 and n. 14, 243, 245, 246, 247, 249, 250, 268, 313 n. 18. Croÿ-Porcien, Jeanne of (duchessconsort of Bavaria, wife of Louis I of Wittelsbach): 245. Croÿ-Porcien, Philip I of (count of Porcien, lord of Aarschot and Renty): 238, 240 n. 13, 241 and n. 14, 242-250, 268. Cuisery: 353. Cyprus (kingdom): 333 n. 53. Dadizeele, Jean of, or Jan of (captain, memorialist): 254, 263 n. 45, 265 and n. 56. Damas, Jean of (lord of Villarnoul): 355.

Dampierre, Louis I of (count of Flanders, Nevers and Rethel): 151 and n. 78. Dampierre, Louis II of, or Louis of Male (count of Flanders, Nevers and Rethel): 71 n. 54, 89, 143 n. 35, 146 and n. 46, 147 and n. 53, 149, 151, 152, 154, 157, 159, 320 and n. 53, 444. Dampierre, Margaret III of, or Margaret of Male (countess of Flanders, duchess of Burgundy): 20, 44, 71, 145-146, 147 and n. 53, 148, 149, 150, 153 n. 88, 154, 157, 159, 444. Dampierre, William, or Guillaume II of (count of Flanders): 153 n. 88. Dargonne, Simon Pierre (commissioner): 342, 346, 347, 348, 349. David (king of Jerusalem): 177. David, Gerard (painter): 187 n. 34. De Backere, Pierre, or Pieter (goldsmith): 319. De Blasere, Jan (financial commissioner): 91 n. 38. De Bont, Cornelius, or Cornelis (goldsmith): 115, 116, 119, 120, 124, 136, 153, 436. De Caisne, Henri (painter): 380 and n. 30. De Keyser, Nicaise (painter): 383 n. 41. Del Cossa, Francesco (painter): 302, 304, 459. De Lenesse, Jan (scribe): 97 n. 68. Delepierre, Octave (historian): 379, 380 and n. 28, 381 n. 34. Delft: 263. Della Francesca, Piero (painter): 300. Demeter (goddess): 110. Demolins, Jehan (counsellor, prosecutor): 56. Dendermonde, or Termonde: 59, 245. Denmark, Christian I (king of): 226 n. 5, 231 and n. 36. Denmark, John I (king of): 226 n. 5, 231.

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De Roovere, Anthonis, or Antoine (chronicler): 49 n. 44, 83, 84, 85, 87, 88, 89, 90, 91 n. 38, 92, 94, 95, 96, 97, 100, 101, 105, 124, 432, 435. De Smet, Joseph (historian): 379, 381 n. 34. Deux-Nèthes (department of the): 342, 348. De Vos, Marcel: 342. De Vriendt, Albrecht (painter): 384. De Vriendt, Juliaan (painter): 384. Dewez, Louis (historian): 376, 381 n. 34. Dido (mythical queen of Carthage): 130 n. 64. Dijon: (account chamber) 358 n. 29, 368; (bailiwick) 354; (city) 106 n. 16, 145 and n. 45, 146, 151, 152, 201 n. 51, 301, 337, 351, 352 n. 4, 353, 354 and n. 9, 355 and n. 10, 356 n. 16, 359 n. 31, 365 and n. 55, 369, 371; (Saint-Bénigne, cathedral): 365 n. 55. Dinant: (city) 139 n. 6; (sack, 1466) 279. Dole: (city) 70, 202 n. 58, 354, 355, 362, 363, 369; (university) 360. Dommarien, Jean of (captain of Luxemburg, master of the ducal artillery): 267, 268 n. 67. Donche, Jacques (master of expenses of Margaret of York): 220. Dordrecht: 263. Douai (city, castellany): 57, 113 n. 47, 147 n. 53, 204, 261. Dufay, Guillaume (musician): 301. Du Man, Jacotin (manservant): 219. Dunes, or Ter Duinen (abbey): 19, 138 and n. 5, 150 n. 72, 153, 154. Durbuy: 278. Dürer, Albrecht (painter): 140 n. 14, 291 n. 26, 336, 337, 338. Du Sye, Antoine (captain): 268 n. 68. Egmont, Adolph of (duke of Guelders): 37, 226 n. 5, 223, 255, 256 n. 19-20, 257 and n. 20-21.

Egmont, Arnold of, or Arnoul of (duke of Guelders): 314. Egmont, Charles of (duke of Guelders): 313, 314 n. 25. Egmont, Margaret of (countess palatine of Simmern, wife of Frederic I of Wittelsbach): 314. Egmont, Philippa of (duchess of Lorraine and Bar, sister of Arnold of Egmont): 314 n. 25. Eleanor of Castile (queen-consort of England): 140 n. 13. Empire, or Holy Roman Empire: 47, 70 n. 46, 149, 156, 228, 231, 237, 245, 263, 335, 336. Enghien, or Edingen: 313, 331. Entre-Sambre-et-Meuse (marches): 278. Ermens, Joseph (printer): 374 and n. 4, 375, 376 n. 15, 377. Espierres, or Spiere: (pont d’Espierres, battle, 30 June 1477): 37, 256, 257 n. 20, 262; (town) 218, 257 n. 20, 268 n. 68. Este, Borso of (duke of Ferrara): 302, 303, 304, 305, 459. Este, Ercole I of (duke of Ferrara): 303, 305, 306. Este, Francesco of (bastard son of Duke Leonello): 299, 300, 301, 304. Este, Leonello of (marquess of Ferrara): 299, 304. Este, Niccolò III of (marquess of Ferrara): 301. Esther (biblical figure): 105. Ethiopia (kingdom): 106 n. 18. Everaert, Cornelis (rederijker): 91 n. 42. Évreux, Jeanne of (queen of France and Navarra, wife of King Charles IV): 166 n. 28. Fensch (valley): 278. Ferrara, or Ferrare (city, duchy, marquisate): 21, 299-306. Ferrier, Vincent (Saint): 337. Fiennes (lordship): 204, 268 n. 68.

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Fierkens, Joannes (abbot of Saint Michael of Antwerp): 151 n. 76, 155. Finet, Nicolas (almoner of Margaret of York): 128. Flandes, Juan de (painter): 337 n. 72. Flanders: (county) 19, 54, 71 and n. 54, 83, 84, 85, 86, 87, 88, 89, 93 n. 54, 94, 96, 97, 123, 138, 142 n. 23, 146, 147 and n. 53, 149, 150, 151, 152, 153, 154, 156, 157, 172, 177, 186, 240, 245, 247, 250, 312, 361; (Estates) 234; (Members) 22, 152 and n. 83, 398. Flanders, Joan, or Jeanne I of (countess of Flanders): 153 n. 88. Flanders, Margaret I of (countess of Flanders): 153 n. 88. Flanders, Margaret II of, or Margaret of Constantinople (countess of Flanders and Hainaut): 153 n. 88. Flavigny-sur-Ozerain: 355. Flavius Josephus, Titus (historian): 106 n. 18. Florence: (city) 287, 296, 301, 356; (Santa Croce, basilica church) 289 n. 6; (Santa Maria Nuova, hospital) 293. Fontaines, Antoine of (lieutenant): 268. Fouquet, Jean (painter): 302. France: (Crown) 46 and n. 25, 53, 70, 320; (customs) 75, 76 n. 91, 78 and n. 99 and n. 102, 356, 369; (House) 42, 43, 47, 52, 53, 54 n. 76, 78, 79, 352, 374; (kingdom) 14, 15, 21, 23, 35 n. 35, 37 and n. 41, 41, 42 n. 3, 43 and n. 7, 45, 46 n. 25, 47, 49, 52 n. 60, 53 and n. 68, 54 and n. 75 and n. 77, 56, 57, 59 n. 94, 60, 61 n. 2, 62, 64 n. 14, 65, 70, 71, 72 n. 64, 73, 74, 75, 77, 78 and n. 103, 79, 81 n. 118, 85, 87, 88, 93 n. 49 and n. 54, 101, 107, 111, 123, 144, 146 and n. 48, 147 and n. 49 and n. 53, 150, 151, 152, 159, 198, 201, 212, 215, 221, 237, 239, 240, 242, 243, 244, 245, 247, 248, 250, 255 n. 16, 257 n. 23, 277, 301, 302, 303, 304, 305, 306, 320, 352, 353, 356 and n. 18, 357 and n. 22, 358, 359 and n. 32, 360, 361, 364, 365, 369, 370,

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371, 378, 381, 385, 399, 400, 401, 402; (Matière de) 304; (peers) 64. Franche-Comté (region): see Burgundy, county of. Franchise: see Arras. Francisci, or François, Michel (confessor of Maximilian, bishop of Silivri): 319 and n. 50. Franco, Jean (author): 336. Frescobaldi, Girolamo (merchant): 294, 297 and n. 76. Frescobaldi, Leonardo (merchant): 297 and n. 76. Fricot, Jean (chaplain): 219. Friesland, or Frise (lordship): 205, 260 n. 31. Frison, André-Joseph (commissioner): 343, 344, 345, 346, 347. Fumay (lordship): 246 and n. 31. Gachard, Louis-Prosper (historian): 377 and n. 22, 378 n. 22, 379. Galiot, Jacques, or Jacopo Galeotto (captain): 33 and n. 22, 268 n. 67. Gaillard, Gabriel-Henri (historian): 374, 375, 377, 381 n. 34. Galliot, Jean (lord of Chanteraine): 271. Gard (monastery): 239. Gavere, or Gavre (battle, 23 July 1453): 147, 278. Genoa, or Gênes: 296, 301. Gerines, Jacques de (sculptor): 143 n. 35. Germain, Jean (bishop of Chalon-surSaone, first chancellor of the Order of the Golden Fleece): 48 n. 37. Gerson, Jean (theologian): 93. Georgerie, Joseph (judge): 344, 345, 346 and n. 20, 348, 349. Ghent, or Gand: (castle of the counts of Flanders) 16, 405; (city) 55, 83 n. 3, 84, 88 n. 24, 89, 90, 95, 97, 98, 99, 100, 103 n. 2, 108, 109, 115, 118, 120, 137, 147 and n. 52, 151, 153, 167, 170, 211 and n. 2, 217 n. 35, 233, 234, 255, 262, 263 n. 45, 265, 331, 375, 380 n. 31, 398, 406; (Estates

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General) 309; (Guild of Saint Anne) 186 and n. 30; (Member of Flanders) 22, 152, 398; (Saint Bavo, cathedral) 146 n. 47, 147. Ghisbrecht, Jehan (embroider): 144 n. 37. Givet: 280. Głogów, Agnes of (duchess of Brieg): 150 n. 70, 159. Glymes-Berghes, Cornelis, or Corneille of (lieutenant): 268. Glymes-Berghes, John of (lord of Bergen-op-Zoom): 268 n. 68. Gollut, Louis (historian): 360, 361, 363 and n. 46, 364, 368, 370. Gondeval, Nicolas of (clerk of finance): 203, 205, 209. Gonella (Ferrarese fool): 302. Gonzaga, Ludovico III (marquess of Mantua): 306. Gorcum, or Gorichem: 151. Görlitz, Elizabeth of (duchess of Luxemburg): 148, 149 and n. 62. Gosnay (charterhouse): 145 n. 44. Gossart, Jan (painter): 338. Gouda: 263. Granada, or Grenade (royal chapel): 324 n. 7. Grandson (battle, 2 March 1476): 133, 172, 232, 251, 266 n. 58, 291 n. 26, 300. Gravelines: 271, 297. Gros, Jean (prosecutor of Dijon): 389 n. 62. Gruuthuse, Jean of, or Jean of Bruges (lord of Espierres): 218, 268 n. 68. Gruuthuse, Louis of, or Louis of Bruges (lord of Gruuthuse, earl of Winchester): 90, 120, 121, 135, 182, 195 n. 12, 196 n. 19, 200, 205, 208, 209, 216, 218, 220 and n. 55, 256 n. 19, 313 n. 18. Guelders (duchy): 142 n. 23, 226 n. 5, 232, 233. Guinegatte (battle, 7 August 1479): 35, 257, 258 n. 25, 263, 265, 266 n. 58, 269 and n. 73 and n. 75, 274, 399.

Guînes (county): 246, 248. Guyenne (duchy): 68 n. 37. Haarlem: 263. Habsburg, Albert VII of (archduke of Austria, ruler of Spanish Netherlands): 142 n. 23, 193. Habsburg, Charles V of (Holy Roman emperor): 98, 141 n. 19, 211, 238, 255, 272, 316, 317, 326, 328, 329, 330, 334, 335, 353, 356, 357 n. 22, 358 and n. 26, 359 and n. 31, 361, 384 and n. 46, 389, 398. Habsburg, Eleanor of, or Eleanor of Austria (queen-consort of Portugal, then queen of France): 326. Habsburg, Ferdinand of (Holy Roman emperor): 326, 328, 329, 330, 331. Habsburg, Francis of (3rd child of Mary of Burgundy and Maximilian of Habsburg): 15, 404. Habsburg, Frederick III of (Holy Roman emperor): 150, 186 n. 27, 203, 217 n. 35, 226 n. 5, 227, 231, 232, 234, 303, 318, 326, 364, 369. Habsburg, Isabella of (archduchess of Austria, ruler of the Spanish Netherlands): 142 n. 23, 193. Habsburg, Isabella of, or Isabella of Austria (queen of Denmark, Norway and Sweden): 326. Habsburg, Ladislaus of, or Ladislaus the Posthumous (king of Bohemia): 148 and n. 60. Habsburg, Leopold I of (archduke of Austria): 335. Habsburg, Margaret of, or Margaret of Austria (governor-general of the Low Countries): 15 and n. 7, 16, 17 n. 16, 22, 44 and n. 11, 63 n. 7, 113 n. 47, 126, 132 n. 75, 133, 147 n. 56, 175, 190, 291, 293, 297, 306, 309, 314 n. 25, 323, 324 and n. 5, 325, 326, 327, 328 and n. 26, 329 and n. 33, 330, 331 and n. 46, 332 and n. 47 and n. 49, 333, 334 and n. 55-56,

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335, 336, 337, 338, 339, 356, 364, 390, 391, 456, 462, 464, 465, 471. Habsburg, Maria Theresa of (empress): 49 and n. 44, 375. Habsburg, Mary of, or Mary of Hungary (governor-general of the Low Countries): 15 and n. 7, 44, 326, 331. Habsburg, Philip I of (king of Castile, archduke of Austria, duke of Burgundy): see Valois-Burgundy, Philip of, or Philip the Fair. Habsburg, Philip II of (king of Spain and Portugal): 48, 360. Habsburg, Rudolf I of (Holy Roman emperor): 335. Habsburg-Lorraine, Joseph II of (Holy Roman emperor): 342. Hagenbach, Peter of (grand bailiff of the Upper Alsace): 267, 268 n. 67. Hainaut (county): 37, 47, 86, 142 n. 23, 156, 159, 207, 211 n. 1, 241, 243, 245, 246, 248, 250, 255 n. 16, 262, 263, 265 n. 54, 276 n. 6, 277, 278, 283, 284, 299; (Estates) 264 n. 54. Hainaut, Baldwin, or Baudouin V of (count of, margrave of Namur, count of Flanders): 153 n. 88. Halewin, or Halewijn, or Halluin, Louis of (lord of Piennes): 218, 220, 221, 268 n. 68. Hamal, Anselme II of (baron of Trazegnies): 28. Hames, Jean of (lord of Sangatte and Bondues): 268 n. 68. Haneron, Antoine (Burgundian diplomat): 149 n. 63. Haynin, Jean of (memorialist): 31, 184 and n. 17, 186 and n. 29. Hecate (goddess): 110. Heinsberg, Jean of (prince-bishop of Liège): 299. Hennin-Liétard, Pierre of (lord of Boussu): 218, 268. Henry I (king of France): see Capet, Henry I.

Herentals: 277. Hervy, Jean (painter): 319. Hesdin: (town) 56; (treaty, 4 October 1441): 148. Heßler, Georg (ambassador of Maximilian): 199 n. 37 and n. 39. Heuterus, Pontus (chronicler): 377. Hey, Jean (painter): 293, 456. Hohenzollern, Albert III Achilles (elector of Brandenburg): 226-227. Hohenzollern, John II Cicero (elector of Brandenburg): 226-227. Holland: (county) 86, 140 n. 15, 142 n. 23, 156, 201, 205, 207, 247, 259 n. 28, 260 n. 31 and n. 35, 262, 263 and n. 47, 277, 279, 280, 283; (Estates) 264 and n. 54. Huens, Jean-Léon (illustrator): 390, 474-475. Hugh, duke of Alsace (bastard son of Lothair II): 65 n. 17. Hugonet, Guillaume (chancellor of Burgundy): 52 n. 60, 137 and n. 3, 198, 201, 211 n. 2, 245, 375, 376, 379 and n. 26, 381, 382 n. 39, 383, 389 n. 62, 390. Hulst: 277. Huy: 279. Iersekeroord (customs): 281. Isaac (biblical patriarch): 105, 107 n. 22. Isabella of Hainaut (queen of France): 52. Isabella of Portugal: see Aviz, Isabella of. Jacob (biblical patriarch): 105, 107 n. 22. Jagiellon, Louis II (king of Hungary): 331. Jamaer, Pierre-Victor (architect): 383. Jaquelin, or Jacquemin, Jean (lawyer, governor of the chancery of the duchy of Burgundy): 42 n. 4, 354. Jauche, Jacques (lord of Mastaing): 223. Jerome (Saint): 78 n. 103. Jerusalem: 91 n. 42. Jesus Christ: 18, 69 and n. 42, 79, 87, 100, 104, 105, 106, 110, 128, 131, 156 and

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n. 95, 168, 169 n. 49, 171, 175, 176, 178 n. 128-129, 179, 185, 189, 292 n. 30, 328 n. 26, 333 and n. 53, 335, 337, 446-447, 450, 463. Joan of Arc: 96, 111, 112 and n. 44. Joan of Castile: see Trastamara, Joan of. John (Saint): 169. John II (king of France): see Valois, John II of. John the Fearless (duke of Burgundy): see Valois-Burgundy, John of. Jouard, Jean (chair of the ducal council of Burgundy): 353, 354, 355, 363. Judith (biblical figure): 105, 130. Julius II (pope): 147 n. 56. Juste, Théodore (historian): 382 and n. 39, 473. Kaunitz-Rietberg, Wenzel Anton (prince of Kaunitz-Rietberg): 341. Kervyn de Lettenhove, Joseph M.B.C. (historian): 379 n. 26, 381, 382 and n. 39, 384. Kortrijk, or Courtrai: 255, 277. Labergement-lès-Auxonne: 201 n. 51, 209. La Bouverie, Jean de (lord of Wierre-auBois, president of the great council of Mechelen): 120, 195 n. 12, 196 n. 19, 202, 204, 205, 209. La Clite, Jean de, or Jan van der Clyte (counsellor): 220. La Clite, Jeanne de (lady of Comines and Halewijn): 216, 219, 220. Lagae, Jules (sculptor): 385 and n. 49. Lalaing, Josse of (lord of Montigny): 201, 209, 218, 222. La Marck, Eberhard of, or Érard of (prince of Arenberg): 268. Lampedo (Amazon): 130. La Marche, Olivier of (chronicler, memorialist): 86, 110 n. 32, 125, 126, 201, 208 n. 92, 209, 216 n. 34, 254, 270, 292, 369, 377, 396.

Lancaster, John of (1st duke of Bedford): 146 and n. 48, 147. Lanchals, Pierre (receiver general of finances, master of the Household): 203, 205, 206 n. 81, 209. Langres (bishopric of): 353, 355 n. 10. Lannoy, Baudouin II of (lord of Molembaix): 201, 209, 220, 223 and n. 66. Lannoy, Christophe of (cupbearer): 223. Lannoy, Jean III of (lord of Mingoval): 221, 223. Lannoy, Jean (IX) of (abbot of Saint Bertin): 55. Lannoy, Philippa of (sister of Baudouin II of Lannoy): 223 n. 66. Lannoy, Pierre of (lord of Fresnoy): 223. Lannoy, Raoul of (captain of Hesdin): 56 and n. 82. Lannoy, Sidrac of (squire of the stable): 223. Largeot, Mathieu (poet): 359 n. 31. La Roche, Alain de (dominican monk): 113. La Rue, Pierre de (composer): 33 and n. 24. La Trémoïlle, Georges II of (count of Ligny, lord of Craon, royal governor of the duchy of Burgundy): 255 n. 16, 353, 354, 355, 362 and n. 44, 366. Lattre, Marguerite de (lady of Chasteler): 219 and n. 49. Lausanne: 268 n. 67. Lazarus (Saint): 178 n. 129. Le Blanc, Louis (royal secretary): 62 n. 6. Le Boucq, Jacques (herald of Charles V of Habsburg): 141 n. 19. Le Boucq, Natalis, or Nöel (author): 141 and n. 19, 157. Le Clerc, Jean (chronicler): 34. Le Doulx, Jean, or Le Doulz (president of the chamber of accounts of Lille): 120, 202-203, 209.

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Leiden, or Leyde: 263. Lem, Martin (merchant, financial commissioner): 265. Lens: 56. Le Quesnoy: 299. Le Roy, Jacques (author): 140, 155, 157, 419. Leuven, or Louvain: (city) 126, 152 n. 83, 241, 246, 275, 276, 277, 342, 361, 377 n. 21; (Our Lady of the Dominicans, church) 146 n. 46; (University) 388, 391. Leys, Henri (painter): 382. Liechtenstein-Karneid, Bartholomäus of (counsellor of Maximilian): 205 n. 80. Lier, or Lierre: (town) 329, 330; (Saint Gummarus, collegiate church) 329. Lignana, Antonio da (captain): 268 and n. 67. Lignana, Guglielmo da (captain): 268 and n. 67. Ligne, Jean IV of (baron of): 268 n. 68. Lille: (chamber of accounts) 42, 45, 120, 288, 289, 293; (city, castellany) 57, 113, 147 and n. 53, 148, 149, 154, 186 n. 32, 203, 209, 261, 271, 272, 273, 277; (Our Lady of la Treille, cathedral) 147; (Saint Peter, collegiate church) 147, 444. Limburg, or Limbourg (duchy): 142 n. 23, 156, 279. Lombardy (region): 333. Lorraine: (duchy) 21, 153, 156, 226 n. 5, 227, 229, 230, 243, 247, 310, 314 n. 25, 316, 390; (House of LorraineVaudémont) 242-243. Lorraine, Charles Alexandre of (governor of the Austrian Netherlands): 341. Lorraine, René II of (duke of Lorraine): 82 n. 121, 153 and n. 85, 227, 310 n. 8, 360. Lorraine-Vaudémont, Margaret of (wife of Antoine I of Croÿ): 242. Lothair I (Carolingian emperor): 65 and n. 17. Lothair II (king of Lotharingia): 65 n. 17.

Lothier (duchy): 142 n. 23. Louis IX (king of France): see Capet, Louis IX. Louis X (king of France): see Capet, Louis X. Louis XI: see Valois, Louis XI of. Louis XII: see Valois-Orleans, Louis  XII of. Louis XIII (king of France): see Bourbon, Louis XIII. Louis XV (king of France): see Bourbon, Louis XV. Louis the Pious (Carolingian emperor): 65. Loyet, Gérard (goldsmith): 292, 455. Lucca, or Lucques: 296, 301. Lucretia (legendary noble Roman): 105. Luilier, Jean (ducal secretary): 217, 221. Luxemburg, or Luxembourg: (city) 281, 284; (duchy) 21, 23, 142 n. 23, 148 and n. 60, 149, 247, 264, 270 n. 79, 276, 278, 281, 284; (mambour/warden) 148. Luxemburg, Bonne of (queen of France): 150, 159. Luxemburg, Charles IV of (Holy Roman emperor): 150. Luxemburg, Henry VII of (Holy Roman emperor): 122 and n. 32. Luxemburg, John of, or John the Blind (king of Bohemia): 150, 157, 159. Luxemburg, Sigismund of (Holy Roman emperor): 148 n. 60. Luxemburg, Wenceslaus II of (duke of, king of Bohemia): 148 n. 60, 150. Luxemburg-Ligny, Jacques I of (lord of Fiennes): 204, 268 n. 68, 313 n. 18, 318 n. 46. Luxemburg-Ligny, Jean of (captain): 268. Luxemburg-Ligny, Louis of (count of Saint-Pol): 198, 227, 241. Luxemburg-Ligny, Pierre II of (count of Saint-Pol): 55, 56 n. 82, 198, 201, 209, 247, 268, 313. Lyon: 69 n. 42, 129, 356 and n. 18, 377 n. 19, 457. Lys (river): 89, 265.

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Macheco, Arnolet (receiver of the bailiwick of Dijon): 354. Mâcon: (city) 54 n. 75, 369; (county) 63 and n. 7-8, 66, 69, 70, 71, 73, 74 n. 71, 76, 79, 80 and n. 112, 353. Madou, Jean-Baptiste (artist): 381 n. 33. Madrid: (city) 357; (treaty of, 14 January 1526) 356, 357 and n. 20, 359. Mainz, or Mayence: 148. Male, Louis II of: see Dampierre, Louis II of. Male, Margaret of: see Dampierre, Margaret III of. Malen, Jacob van (scribe): 85, 97 n. 68. Malet, Thomas (lord of Berlettes, first master of the chamber of accounts of Lille): 203, 209. Malines, or Mechelen: (chamber of accounts) 198, 209; (city) 195, 202, 207 n. 87, 279, 324, 361; (lordship) 156; (palace) 325, 328 n. 25, 336; (Parliament) 42, 195, 202 and n. 52, 313 n. 19. Manneville, Robert of (counsellor and chamberlain of Maximilian): 218. Mantegna, Andrea (painter): 306. Mantua, or Mantoue: (city) 300; (council) 303; (palace) 306. Marchal, François-Joseph (historian): 377 and n. 22, 378 n. 22, 379, 380, 381 n. 34, 472. Marcigny: 369 n. 75. Margaret of Antioch (Saint): 329, 330, 333, 337. Margaret of Austria: see Habsburg, Margaret of. Margaret of Provence (queen of France, wife of Louis XI): 335. Marmion, Simon (illuminator): 169. Marpesia (Amazon): 130. Martelli, Niccolò (merchant): 293. Mary (Saint, Virgin): 18, 28, 89 n. 26, 90, 91 and n. 42, 92, 100, 110, 111, 112, 113, 131 and n. 71, 132, 156, 162, 163, 168, 169, 175, 176, 179, 181, 182, 183, 184, 185, 188, 189

and n. 43, 190, 292 n. 30, 315, 316 n. 34, 318, 327, 328, 329 n. 33, 330, 334, 335, 337, 338, 399, 447, 450, 463. Mary Magdalene (Saint): 128, 326, 337, 462. Mary of Hungary: see Habsburg, Mary of. Masmines, Antoinette of (lady of Calckene, Lichtervelde and Wetteren): 187. Master of Mary of Burgundy (illuminator): 161, 168, 169 and n. 49, 175, 179, 431, 446. Master of the Baroncelli’s portraits (illuminator): 289, 454. Master of the Burial Scenes (illuminator): 169. Master of the Legend of Saint Catherine (illuminator): 184. Master of the Legend of Saint Lucy (painter): 92, 131. Master of the Legend of Saint Mary Magdalene (Bernard van der Stockt?, painter): 326, 462. Master of Tournai (painter): 299. Medici, Giuliano de’ (lord of Florence): 290. Medici, Lorenzo de’ (lord of Florence): 282. Meit, Conrad (sculptor): 471. Memling, Hans (painter): 89, 92, 288, 297, 300, 383, 435, 454, 455. Menalippe (Amazon): 129. Merlin de Douai, Philippe-Antoine (lawyer): 343, 344, 346, 347, 348, 349. Metz: (bishopric) 203, 209, 313; (city) 278. Michault, Pierre (secretary): 188, 189 and n. 44. Middelburg, or Middelbourg: 279. Miélot, Jean (translator): 127, 439. Milet, Jacques (translator): 129 and n. 61. Mineure (castle): 355 n. 11. Miraflores (Santa Maria, charterhouse): 324 n. 7.

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Moers, Walburgis of (wife of Philip I of Croÿ-Chimay): 245. Moke, Henri (historian): 382 and n. 39. Molinet, Jean (official ducal chronicler or “indiciaire” of Burgundy): 17, 27, 29 and n. 7, 35, 36 n. 35 and n. 39, 37 n. 39, 38, 41, 54, 58 and n. 91, 86, 87, 91, 93, 94, 105, 112 n. 44, 208, 249 n. 41, 254, 256 n. 19, 257 and n. 20, 263, 269, 313 n. 19, 314, 359 n. 31, 374 n. 3, 377. Molo, Pierre of (canon of Saint Donatian of Bruges): 142, 443. Monforte, Angelo da (captain): 268 n. 67. Monforte, Nicola Pietravalle di (count of Campobasso): 29 and n. 7. Mons: (city) 113 n. 47, 262, 269 n. 73, 277, 389 n. 62; ( Joyous Entry) 16, 104; (Saint Waltrude, or Waudru, collegiate church): 328, 329, 330, 464. Montcornet (lordship): 248. Montferrat, Yolande Palaiologina of (countess of Savoy, wife of Aymon of Savoy): 335. Montgesoie, Amé de (poet): 188, 189 and n. 44. Montignies-Saint-Christophe (lordship): 201 n. 49, 209, 218, 222. Montils-lez-Tours (ruling, 1454): 75. Montpellier: 300. Mont Saint-Eloy, Florent de (deputy): 56. Moreel, Guillaume, or Willem (merchant, superintendent, clerk of ducal finances): 85, 91 n. 38, 99, 203 and n. 64, 206 n. 81, 209, 265. Moroltinger, Guillaume of (counsellor of Maximilian): 206. Morvan (region): 355. Moses, or Moïse: 105, 106 and n. 18, 107, 175. Mostaert, Jan (painter): 327, 463. Motte-Ternant (castle): 355 n. 11. Moulins (edict, February 1566): 66 n. 25, 358 n. 26. Munich: 338.

Murten, or Morat (battle, 22 June 1476): 230, 251, 266 n. 58. Namèche, Alexandre-Joseph (historian): 382 and n. 39. Namur: (city) 275, 279, 284 n. 42; (county) 122, 124, 156, 207, 261 n. 35, 262, 263, 278, 279. Nancy (battle, 5 January 1477): 20, 21, 28, 29 n. 7, 34, 41, 86, 115, 144, 172, 206, 208 n. 92, 213 n. 9, 216 n. 34, 222, 223, 234, 243 and n. 21, 245, 251, 266, 270 and n. 79, 273, 274 n. 102, 275, 283, 300, 310 n. 8, 316, 353, 396. Naples: (city) 203 n. 65, 297, 298, 306; (kingdom) 60, 226, 228, 298. Nassau-Dillenburg, Englebert of (count of, marshal of the Household): 201, 209, 258 n. 25, 268, 313, 314, 318 n. 46. Navarre (kingdom): 67 n. 33. Neny, Patrice-François de (historian): 376. Neuss (siege, 1474-1475): 231, 232, 259 n. 31, 272. Nicolay, Jean (chronicler): 35, 36 n. 39, 83 n. 2. Nicopolis (battle, 25 September 1396): 333 n. 53. Nonnon, Hubert (sculptor): 319. Normandy: (customs) 76; (duchy) 68 n. 37, 72 n. 64, 74 n. 72, 226 n. 5, 277. Nyvart, Jehan (artisan, merchant): 296. Ogez, Dominique (public prosecutor): 342, 346. Orchies (castellany, town): 57, 147 n. 53. Orleans: (city) 111, 112; (duchy) 71, 80 n. 110. Otto III (Holy Roman emperor): 335. Oudenaarde, or Audenarde: 207 n. 87, 278. Ovid (Roman poet): 125. Palaiologos, John VIII (Byzantine emperor): 304.

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Palestine: 110. Papebroch, Daniel (Bollandist): 140, 141, 143 and n. 33, 150 and n. 69, 155, 156, 159. Paradin de Cuyseaulx, Guillaume (chronicler): 360, 361 and n. 40, 362, 364. Paris: (Celestine convent) 146; (city) 79, 129, 276, 357; (Parliament) 67 and n. 29, 68, 71 n. 59, 73, 74, 357, 358, 374; (Royal Entry) 129. Passau (bishopric): 199. Pavia (battle, 24 February 1525): 356. Penna, Lucas of (lawyer): 68 n. 39. Penthesilea (queen of the Amazons): 19, 109, 110 and n. 32-33, 125 and n. 44, 126 and n. 50, 127, 128, 129 and n. 60 and n. 62, 130 and n. 64, 131, 136, 406, 438, 440-441. Périgord, Jeanne of (wife of John II of Armagnac): 157, 159. Péronne (treaty, 14 October 1468): 43, 57, 72 n. 64, 77. Perrenot de Granvelle, Nicolas (suzerain of Besançon): 356. Persephone (goddess): 110. Philibert of Tournus (Saint): 333, 467. Philip II Augustus (king of France): see Capet, Philip II. Philip III (king of France): see Capet, Philip III. Philip IV, or Philip le Bel (king of France): see Capet, Philip IV. Philip V (king of France): see Capet, Philip V. Philip (Saint): 337. Philip the Fair: see Valois-Burgundy, Philip of, or Philip the Fair. Philip the Good: see Valois-Burgundy, Philip of, or Philip the Good. Philip the Handsome: see ValoisBurgundy, Philip of, or Philip the Handsome. Picardy (region): 239, 241, 243, 244, 248. Picquigny: 239.

Pierot, Guy (secretary of Mary of Burgundy): 55. Pigello, Benedetto di (merchant): 297. Pirenne, Henri (historian): 22, 385 and n. 50, 386 and n. 52-53, 387 and n. 53, 389 n. 62, 390, 391, 397, 400. Pius II, Eneas Silvius Piccolomini (pope): 231, 303, 304. Pizan, Christine of (author, poet): 93, 127, 129. Plancher, Dom Urbain (historian): 365 and n. 55 and n. 57, 366, 367 and n. 66, 368, 369 n. 75. Plantagenet-York, Edward IV of (king of England): 200, 228, 233, 269. Plantagenet-York, George of (1st duke of Clarence): 226 n. 5, 228 and n. 14, 229, 233. Plantagenet-York, Margaret of (duchess of Burgundy): 15 and n. 7, 16, 20, 30, 44 and n. 11 and n. 13, 86 n. 18, 103 n. 2, 104, 106 n. 18, 113 n. 50, 120, 121, 122, 128, 152, 167 and n. 33, 168, 172 and n. 79, 181, 182 n. 4 and n. 6, 183 and n. 9, 184 and n. 17, 185 and n. 20 and n. 26, 186, 190, 206, 207, 213, 215, 219 and n. 49, 220, 228, 233, 269, 338 n. 76, 383 n. 44, 386, 390 n. 68, 402, 451. Poitiers (battle, 19 September 1356): 356, 361 n. 41. Poitiers, Alphonse of (count of): 67 n. 29. Poitiers, Philippe of (lord of Arcis-surAube, governor of Arras): 56 and n. 82. Poitou (county of): 67 n. 32. Polheim, Martin II of (counsellor of Maximilian): 205 n. 80. Polheim, Wolfgang of (counsellor of Maximilian): 205 n. 80. Poligny: 331. Pons, Michel de (lawyer, procurator): 62, 68 n. 39, 81 n. 117. Pont-à-Bouvines (battle, 11 December 1477): 36, 37.

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Pontailler-sur-Saône: 353. Pooters, Augustin (abbot of Saint Michael of Antwerp): 342. Portinari, Giovan Battista (merchant): 297. Portinari, Folco d’Adoardo (merchant): 292, 295, 296, 297 n. 77. Portinari, Maria (wife of Tommaso Portinari): 289, 455. Portinari, Tommaso (banker, merchant): 282, 287, 289, 293, 454. Portugal, Denis of (captain): 268 n. 67. Portugal, Ferdinand of (count of Flanders): 153 n. 88. Pot, Philippe (lord of La Roche-Nolay, grand seneschal): 137 n. 2, 221, 222 n. 64, 305. Poupet, Guillaume de (master of the Household of Margaret of York): 220. Přemyslid, Elizabeth (queen of Bohemia): 150, 157, 159. Priam (king of Troy): 109, 125, 126, 127. Pyrrhus (son of Achilles): 129 and n. 60. Quarré, Louis (receiver general of all finances): 266 n. 58, 270 n. 82, 271 n. 84. Ramel-Nogaret, DominiqueVincent (minister of finance of the Directoire): 348. Ranchicourt, Pierre de (bishop of Arras): 55, 56 n. 82. Raynaud, Jean (feudalist): 69 n. 42. Rebecque, Jacques of (alderman): 56. Reiffenberg, Frédéric de (historian): 377 and n. 22, 378 n. 22. Reiser, Niklas (painter): 295, 456. Revin (lordship): 246 and n. 31. Rhea (goddess): 110. Richemont, Arthur (earl of): 146. Robert of France, or Robert of Clermont (count of Clermont, founder of the House of Bourbon): 52, 335.

Rochefort, Guy of (lord of Labergement, chamberlain of Mary of Burgundy): 55, 56 n. 82, 194 n. 5, 196 n. 19, 201, 209. Rodenbach, Georges (author): 384. Rohan-Guéméné, Pierre I of (marshal of France, lord of Gié): 244 n. 22. Rolin, Nicolas (chancellor of Burgundy): 134. Rome: 202 n. 52, 203 n. 65, 297, 298, 301, 302, 356. Roncevaux (battle, 15 August 778): 64 and n. 15. Rossano (Calabria): 298. Rossano, Alessandro da (captain): 268 n. 67. Rossano, Gian Francesco da (captain): 268 n. 67. Rossano, Luigi da (knight): 298. Rossano, Troylo da (captain): 267. Rossignol, Claude (historian): 368 and n. 71-74, 369 and n. 75, 370, 371. Rot, Peter (Swiss captain): 134. Rousselet, Pacifique (prior of Brou): 331 n. 46, 335. Roye: 260 n. 31. Roye, Jean of (memorialist): 34. Rupelmonde: 42. Sacquespée, Antoine (deputy): 56. Saint Amand (bailiwick): 198 n. 28. Saint Denis (basilica): 146. Saint-Gall (abbey): 165. Saint-Genois, Jules de (historian): 379. Saint-Jean-de-Losne: 354. Saint-Julien de Balleure, Pierre (master printer): 360, 361, 362, 364. Saint-Omer: 55, 56, 218, 261, 264 n. 52. Saint-Philibert: 359 n. 31. Saint-Pol (county): 55, 198, 201, 209, 227, 241, 313. Saint-Pol, Jeanne of (duchess-consort of Brabant): 148. Saint-Quentin: 31. Saint Victor, Hugh of (theologian): 124.

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Salazar, Jean of (lord of Heule and Saint-Martin, captain): 268 and n. 67 and n. 69. Salenove, Antoine de (captain): 266, 268 n. 67. Salins: (lordship) 70, 156; (town) 369. Sarah (biblical figure): 107 n. 22. Sarrebourg: 33 n. 23. Saulieu: 355. Sauvegrain, Simone de (“berceresse”): 219. Saveuse, Charles of (lord of SoverainMolin): 264 n. 52, 268. Saveuse, Jean of (lord of Savye, captain of Béthune): 56 and n. 82, 221. Savoy (duchy): 332 n. 47, 333, 334 and n. 55, 335. Savoy, Amadeus VI (duke of): 333 n. 53, 335. Savoy, Amadeus VIII (duke of): 332 n. 47, 333 n. 53, 335. Savoy, Aymon, or Amé (count of Savoy): 335. Savoy, Catherine of (duchess of Austria, wife of Leopold I of Austria): 335. Savoy, Charles III (duke of): 334. Savoy, Humbert of, or Humbert the Bastard (bastard brother of Amadeus VIII of Savoy): 333 n. 53. Savoy, Jacques of (count of Romont): 258 n. 25, 318 n. 46, 369. Savoy, Louise of (duchess of Auvergne, Bourbon, and Nemours, mother of King Francis I): 15, 16. Savoy, Philibert I (duke of): 226 n. 5, 229, 230. Savoy, Philip II (duke of): 330, 332, 333, 335, 336, 337, 467. Savoy, Thomas II of (lord of Piedmont, count of Flanders): 153 n. 88. Savye (lordship): 56, 221. Saxony (duchy): 283. Saxony, William of (landgrave of Thuringia): 148 and n. 60. Scheldt, or Escaut (river): 89, 278, 281, 290 n. 13.

Scheut (charterhouse): 328. Schifanoia (palace): 302, 304, 306, 459-461. Schilling, Diebold (chronicler): 133. Schrenck von Notzing, Jakob (author): 294. Scocola (Ferrarese fool): 302, 459. Scotland, James IV (king of): 184. Selve, Jean de (president of the Parliament of Burgundy): 357. Semur-en-Auxois: 354, 355. Seneghem (lordship): 246. Senlis (treaty, 23 May 1493): 63 n. 7, 356. Seurre: 355. Seven Year’s War (1756-1763): 375 n. 5. Sforza, Bianca Maria (empress, second wife of Maximilian I of Habsburg): 15 n. 7, 17 n. 17, 58 n. 92, 326. Sforza, Galeazzo Maria (duke of Milan): 133. Sforza, Gian Galeazzo (duke of Milan): 226 n. 5, 227, 230. Sheba (queen of): 130. ‘s-Hertogenbosch, or Bois-le-Duc: 152 n. 83, 317 n. 42. Sixtus IV, Francesco della Rovere (pope): 298. Smits, Mathieu-Édouard (playwright): 376 and n. 17. Soillot, Charles (ducal secretary): 216. Soleuvre (treaty, 13 September 1475): 242 and n. 19. Somme: (river) 239; (towns) 77, 243, 244. Somme, Olivier de (captain): 268 n. 67. Spinelli, Niccolò (medallist): 118, 133, 437. Spierinc, Nicolas (scribe): 168 and n. 3941, 176, 182 n. 6. Steenbergen: 247. Stefano, Giacomo di (papal envoy): 298. Stewart, Margaret, or Margaret of Scotland (dauphine of France): 188 n. 42. Strasbourg: 31, 126, 129. Strozzi, Tito Vespasiano (painter): 303.

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Succa, Antoine de (author): 141, 142 and n. 23. Sully, Jean de: 371. Sus Saint-Léger, Philip of (alderman): 56. Sweertius, Franciscus (author): 141, 152 n. 81, 155, 156. Switzerland, or Suisse: 31 n. 14. Taillant, Louis of (captain): 268 n. 67. Tarbis (wife of Moses): 106 n. 18. Tavernier, Jean le (illuminator): 439. Thérouanne: (bishopric) 55, 56 n. 82; (siege) 272. Thionville: 278. Thoisy, Hugues of (bailiff of Auxois, chamberlain): 355 and n. 11. Thomas, Jacques (abbot of SaintMichael of Antwerp): 342. Tobias (biblical figure): 107 n. 22. Toulongeon, Claude of (lord of La Bastie): 354 n. 9, 369. Toulouse (Parliament): 71 n. 59, 73 n. 65. Tournai: 34, 35, 36, 37 and n. 41, 83 n. 2, 126, 139 n. 6, 198 n. 28, 199, 201, 209, 245, 256 n. 19, 278, 284, 299, 315 n. 31. Tournaisis (bailiwick): 139 n. 6, 198 n. 28, 284. Tournus: 354 n. 9. Tours (Estates General, 1468): 72 n. 64. Trastamara, Eleanor of (duchess of Ferrara, wife of Ercole I d’Este): 303. Trastamara, Frederick I of (prince of Taranto, then king of Naples): 226 n. 5, 230 and n. 33. Trastamara, Henry IV of (king of Castile): 229. Trastamara, Ferdinand II of (king of Aragon, king-consort of Castile): 226 n. 5, 243. Trastamara, Ferdinand I of (king of Naples): 226 n. 5, 227, 228, 230 and n. 33. Trastamara, John II of (king of Aragon): 226 n. 5, 227 and n. 12.

Trastamara, John of (infant of Castile): 330, 331. Trastamara, Joanna of, or “Juana the Mad” (queen of Castile): 103 n. 2, 130, 132 and n. 73, 220, 326, 329, 330. Trier, or Trèves: (bishopric, city) 186, 204 n. 70, 231, 284; ( Jesuit church) 149 n. 62. Troy, or Troie: 109, 110, 125, 126, 129. Tudor, Elizabeth I (queen of England): 44 n. 14. Tudor, Henry VIII (king of England): 255. Tudor, Margaret (queen of Scots): 184 and n. 14. Tudor, Mary I (queen of England and of Scots): 49 n. 44. Tyrol (county): 205 n. 80, 283 Ubaldis, Baldus de (Italian lawyer): 73 n. 65. Ulm: 126, 438. Utrecht (city, bishopric): 201 n. 49, 297 n. 76. Valenciennes: (city) 35, 261, 262, 263 n. 45, 265 n. 54, 278; (chapter of the Order of the Golden Fleece) 241, 242. Vailliant, Petrus (cellarer of the abbey of the Dunes): 153. Valois, Anne of, or Anne of France, or Anne of Beaujeu (regent of France, sister of King Charles VIII): 15, 230. Valois, Catherine of (daughter of King Charles VII, first spouse of Charles the Bold): 145, 228. Valois, Charles V of (king of France): 14, 66, 71, 146, 147, 361. Valois, Charles VI of (king of France): 66, 68, 71, 79, 145, 147, 311 n. 12. Valois, Charles VII of (king of France): 63, 67, 68, 72 and n. 60, 73, 76, 79, 111, 146, 148, 301. Valois, Charles VIII of (king of France): 63 and n. 7, 129, 200, 226 n. 5, 227, 232,

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306, 309, 354, 360, 364, 366, 367, 368 n. 73, 370, 371, 401. Valois, Charles of (duke of Guyenne, Berry and Normandy, brother of Louis XI): 38 n. 44, 68 n. 37, 72 n. 64, 226 n. 5, 227, 229. Valois, Charles of (count of Anjou, Maine and Valois): 68. Valois, John II of, or John the Good (king of France): 46 n. 25, 51 n. 54, 63, 64, 65, 66, 69, 71, 73 n. 68 and n. 70, 74 n. 72, 75, 159, 320, 326, 351, 355, 358, 361. Valois, Louis XI of (king of France): 17, 18, 23, 30, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38 and n. 44, 41, 42 and n. 3-4, 43, 45, 46 n. 25, 50, 53, 54, 55, 56 n. 82, 57, 58, 59, 62 and n. 5, 63 and n. 7, 64 n. 15, 66, 68 n. 37, 71 n. 53, 72 and n. 61 and n. 64, 73 n. 65, 75, 77, 79, 80, 81, 82, 82 n. 121, 83, 86, 87, 88, 89, 93, 94, 107 and n. 19, 115, 121, 150, 201, 211 n. 1, 222 n. 63, 223, 227, 229 and n. 25, 230, 232, 233 and n. 42, 234, 241, 243, 244, 246, 248, 255, 257, 300, 309, 316, 320, 352, 353 and n. 7, 354, 355, 360, 361, 362 and n. 44, 364, 366, 367, 368, 369, 370, 371, 375, 378, 386, 399. Valois, Michelle of (daughter of King Charles VI, first wife of Philip the Good): 146 and n. 47. Valois-Angoulême, Charles of (count of Angoulême): 226 n. 5, 233. Valois-Angoulême, Francis I of (king of France): 255, 356, 357 and n. 22, 358 and n. 26 and n. 28, 359. Valois-Burgundy, Agnes of (duchess of Bourbon): 142 n. 23, 150, 157, 159, 332 n. 47, 337. Valois-Burgundy, Anne of (duchess of Bedford): 145 and n. 45, 146 and n. 47-48, 147. Valois-Burgundy, Anthony of (duke of Brabant): 148, 149. Valois-Burgundy, Anthony of (grand bastard of Burgundy): 129, 133 and n. 79, 134, 246, 299, 313.

Valois-Burgundy, Charles of, or Charles the Bold, or Charles le Hardi, or Charles le Téméraire (duke of Burgundy): 13, 14, 16, 21, 29, 30, 31, 33 n. 22, 41, 42 and n. 4, 45, 48, 49 n. 43, 50 n. 47, 51 and n. 52-53, 61 n. 2, 52 n. 56 and n. 61, 55, 57 and n. 86, 58, 61 and n. 2, 62, 64, 72 and n. 64, 73, 77, 80 n. 110, 81 n. 118, 83, 86, 91, 94, 106 and n. 18, 107, 108, 109, 115, 118, 119, 120, 121, 122, 123, 124, 126, 128, 129, 133, 134, 135, 137, 144, 145 and n. 39 and n. 43, 147, 150, 154, 156, 157, 167, 168 and n. 40, 169, 170 and n. 55, 171 and n. 71-72, 172 and n. 73-75 and n. 80, 173 and n. 81 and n. 87, 175, 176 and n. 123, 178 n. 129, 184 n. 18, 186 and n. 27 and n. 32, 195, 198, 201, 203 n. 65-66, 205, 206, 208, 211, 213, 214, 215, 216 and n. 34, 219 and n. 46, 220, 222 and n. 64, 223, 226, 227, 228, 229 and n. 25-26, 230, 231, 232, 233, 234, 235, 238, 239 and n. 9, 240, 241, 242, 245, 246, 247, 250, 251 and n. 2, 252 and n. 5-7, 253 and n. 8, 254, 255, 259 and n. 31, 260 n. 35, 261, 264 n. 54, 265, 266 and n. 58, 267 and n. 64, 268, 270, 271, 272 and n. 92, 273, 274 and n. 102 and n. 104, 275, 279, 281, 283, 287, 291, 292 and n. 32, 293, 298, 299, 300, 301, 303, 305, 306, 309, 310, 313 n. 19, 316, 317, 318, 319, 324 and n. 5, 325, 326, 331, 332 n. 47, 335, 349, 352, 353, 355, 360, 361, 362, 365, 366, 367, 369, 370, 379 n. 25, 382 n. 39, 386 n. 53, 387 n. 57, 390 and n. 68, 437. Valois-Burgundy, John of, or John the Fearless, or Jean sans Peur (duke of Burgundy): 50, 71, 79, 80 n. 110, 147, 150, 154 and n. 89, 157, 159, 253, 314, 320. Valois-Burgundy, John II of (count of Nevers): 367. Valois-Burgundy, Margaret of, or Margaret of Nevers (dauphine of Viennois, and thereafter countess of Richmond): 146 n. 48.

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Valois-Burgundy, Mary of (countess of Savoy, wife of Amadeus VIII of Savoy): 335. Valois-Burgundy, Philip of (bishop of Utrecht): 297 n. 76. Valois-Burgundy, Philip of, or Philip the Bold, or Philippe le Hardi (duke of Burgundy): 46 n. 25, 51 and n. 52-53, 63, 69, 71 and n. 54, 73 n. 70, 78 n. 99, 146, 147 and n. 49 and n. 53, 149, 153 n. 88, 154, 157, 159, 320, 353, 355, 358, 361 and n. 41, 367, 377 n. 21, 390 n. 68. Valois-Burgundy, Philip of, or Philip the Good, or Philippe le Bon (duke of Burgundy): 13, 16, 19, 34 n. 26, 48 and n. 37, 51 and n. 52-53, 63, 66, 71, 72 and n. 61, 75 n. 81, 85, 103 n. 2, 106, 122, 123, 127, 134, 135, 138, 143 n. 35, 144, 145 and n. 44, 146 and n. 46, 147, 148 and n. 60, 149, 150, 152, 153, 154, 156, 170, 187, 194, 203 n. 64, 205, 215, 220, 222, 227, 228, 235, 237, 239 and n. 7, 240, 241 and n. 14, 253 n. 8, 261, 264 n. 54, 272, 277, 283, 292, 295 n. 66, 296 and n. 68, 297 and n. 76, 299, 303, 311 and n. 12, 313 and n. 18, 314 and n. 29, 317, 319, 320, 325, 326, 329, 330 n. 47, 333, 337 n. 69, 353, 355, 360, 369, 437, 439. Valois-Burgundy, Philip of, or Philip the Handsome, or Philip the Fair, or Philippe le Beau (king of Castile, archduke of Austria, duke of Burgundy): 4, 13, 15, 59 n. 94, 78 n. 100, 84, 98, 100, 101, 105, 106 and n. 16, 113 n. 47, 126, 133, 134 n. 84, 154, 196, 199, 200, 211 and n. 3, 217 and n. 36, 220, 234, 237, 246, 248, 249, 250, 272, 277, 282, 283, 294 n. 48, 305, 309, 313 n. 18, 316 n. 34, 317 and n. 41, 318 and n. 46, 320, 324 and n. 7, 326, 328, 329, 330, 358, 364, 391, 393, 398, 399, 404 n. 23. Valois-Burgundy, Philip of, or Philip of Burgundy-Beveren (captain): 268, 313 and n. 18, 314.

Valois-Burgundy, William of, or William of Brabant (son of Anthony of Burgundy and Elizabeth of Görlitz): 146, 148, 149, 152, 444. Valois-Orleans, Charles of (count of Orleans): 239 n. 7. Valois-Orleans, Claude of, or Claude of France (queen of France): 16 and n. 10. Valois-Orleans, Louis I of (count of): 71, 80 n. 110. Van Boghem, Louis, or Lodewijk (architect): 332, 336, 339. Van den Bossche, Agnès (painter): 89. Van der Luere, Boudewijn (poet): 89. Van der Stockt, Bernard: see Master of the Legend of Saint Mary Magdalene. Van der Weyden, Rogier (painter): 299, 300, 306. Van Eyck, Jan (painter): 92, 106, 306. Van Gessel, Paschalis (sacristan of Saint Michael of Antwerp): 155. Van Heetvelde, Dierick (keeper of jewels): 294 n. 48. Van Heusden, Woultre (keeper of jewels): 288. Van Lacke, Henri (artisan): 330, 465. Van Lathem, Jacques (painter): 319. Van Lathem, Lieven, the Elder (illuminator and painter): 168 and n. 40-41, 170, 319, 445, 447-451. Van Lombeke, Jan (medallist): 115, 116, 125, 129, 136, 436. Van Malen, Jacob (rederijker): 85, 97 n. 68. Van Meulenbeke, Pieter (financial commissioner): 91 n. 38. Van Orley, Bernard (painter): 338. Van Praet, Daniel (lord of Merwede and Moerkerke): 268 n. 68. Van Thienen, Renier, the Elder (goldsmith): 319. Van Thienen, Renier, the Younger (goldsmith, son of Renier Van Thienen the Elder): 320 n. 52.

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in d e x n o m i n u m

Varendonck, Antoine (abbot of SaintMichael of Antwerp): 342. Vaudrey, Claude of (lord of Aigle and Chilly): 262, 355. Vaudrey, Guillaume of (lord of Courlaouz and Du Pin): 262 and n. 44, 269 n. 74. Vaulot, Claude (poet): 359 n. 31. Veldenz (county): 204 and n. 73. Vergey, Guillaume of (captain): 268 n. 67. Veronica (Saint): 186 n. 32. Versailles (treaty, 1 May 1756): 375 and n. 5. Vézelay (abbey): 329. Vicenza, Gherardo da (painter): 460. Vienna Master (illuminator): 186, 187. Vilain, Martin (lord of Rassenghien, Sint-Jans-Steene and Huisse, counsellor of Philip the Good): 187. Villefranche: 32 n. 6. Villers, Philippe of (cupbearer): 221. Vinçotte, Thomas (sculptor): 383 n. 44. Vireux-Wallerand: 280. Virgil (poet): 130 n. 64. Virton: 278. Vluten, Guillaume (sculptor): 146 n. 47. Voorne (island, land): 263. Vorsterman, Willem (master printer): 84, 90, 95 and n. 59, 124 and n. 42, 357 n. 22, 435. Vrelant, Willem (illuminator): 169, 452. Vurry, Jean (receiver general of the duchy of Burgundy): 354, 368. Vy, Charles of (captain): 264 n. 52. Vyon, Chrétiennot (lord-castellan of the abbey of Cluny): 355 n. 10. Wallays, Édouard (painter): 383 n. 41. War of the Austrian Succession (17401748): 374. War of the Public Weal, or Guerre du Bien Public (1465): 68 n. 37, 229. Warwick (Saint Mary, church): 140 n. 13. Watenes, Jeanne of (chambermaid): 219.

Wauquelin, Jean (author, translator): 329, 337 n. 69. Wauters, Alphonse (historian): 383 and n. 44, 384 n. 46. Wauters, Émile (architect): 384 n. 44. Werdenberg, Georg II of (count of, counsellor of Maximilian): 204. Westerlo: 299. West-Flanders (land): 265. Westminster (abbey): 140 n. 13. Wettin, Albert of, or Albert of Saxony (duke of Saxony, governor of the Low Countries): 274 and n. 102. Wielant, Philippe (chronicler): 256 n. 19. Wierre-au-Bois (lordship): 202 and n. 55, 209. Wijnendaele (forest): 341, 391. Winchester (county): 200, 209. Wittelsbach-Bavaria, Albert I, or Aubert of (duke of Bavaria, count of Hainaut, Holland and Zeeland): 320. Wittelsbach-Bavaria, Louis IV of (Holy Roman emperor): 157, 159, 320. Wittelsbach-Bavaria, Isabella of (queen of France): 145. Wittelsbach-Bavaria, Margaret of (duchess of Burgundy): 44, 157, 159. Wittelsbach-Palatinate, Frederick of (count palatine of Simmern): 314. Wittelsbach-Palatinate, Louis I of (count palatine of Zweibrücken, count of Veldenz): 204, 245, 320. Wittelsbach-Palatinate, Philip of (count palatine of the Rhine): 226 n. 5, 231. Wolkenstein, Veit of (counsellor of Maximilian): 205 n. 80. Woodville, Anthony (earl Rivers, lord Scales): 226 n. 5, 230 n. 34, 233. Yolande of Flanders (marchioness of Namur): 122 and n. 32. York, Margaret of (duchess of Burgundy): see Plantagenet-York, Margaret.

i nd e x no mi nu m

Ypres: (city) 84, 99, 115, 247, 277 (Member of Flanders) 22, 152 n. 83, 398. Yvois: see Carignan.

Zeebrugge, or Zeebruges (port): 385 n. 49. Zeeland, or Zélande (county): 142 n. 23, 156, 205, 207, 259 n. 28, 260 n. 31, 260 n. 35, 262, 263, 264.

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Planches en couleurs / Colour Illustrations

Ill. 1 : Maître de Marie de Bourgogne, Marie de Bourgogne (?) faisant ses dévotions (c. 1477), Vienne, ÖNB, Cod. 1857, fol. 14v. © ÖNB.

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Ill. 2 : Représentation équestre de Marie de Bourgogne (c. 1481), dans Anthonis de Roovere, Excellente Cronike van Vlaenderen, Bruges, PL, MS 437, fol. 361v. © Bruges, PL.

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Ill. 3 : Tours, BM, MS 1047, fol. 1r. © Tours, BM.

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Ill. 4 : Paris, BnF, MS fr. 5079, fol. 1r. © BnF.

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Ill. 5 : Hans Memling, Allegory with a Virgin (c. 1479-1480), oil on oak panel, Paris, Musée Jacquemart-André. © Musée Jacquemart-André.

Ill. 6 : The Unmarried (left) and Married (right) Mary of Burgundy, in Anthonis de Roovere, Dits die Excellente Cronike van Vlaenderen, Antwerp, Willem Vorsterman, 1531, ff. 179r, 193v. © bruges, PL.

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Ill. 7 : Jan Van LomBeke, Great Equestrian Seal of Mary of Burgundy (designed 1477), wax impression, Brussels, AGR. © KIK-IRPA.

Ill. 8 : Cornelius de Bont, Great Equestrian Seal of Mary of Burgundy and Maximilian of Austria for the Duchy of Brabant (1480), wax impression sealing an act of 26 March 1482, Brussels, AGR, Collection de moulages de sceaux. © AGR.

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Ill. 9 : NiccolÒ Spinelli, Great Equestrian Seal of Charles the Bold, wax impression sealing an act of 16 October 1467, Valenciennes, AM, Fonds de l’Hôtel-Dieu, 8 JJ A 19. © Valenciennes, AM.

Ill. 10 : South-Netherlandish or French Anonymous, Le Conte de Flandres (Philip the Good), in Le Grand armorial équestre de la Toison d’Or (c. 1430), Paris, BnF, RES-MS-4790, fol. 117r. © BnF.

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Ill. 11 : Chess-Game of Love (c. 1300), ivory mirror case, London, Victoria and Albert Museum. © Victoria and Albert Museum.

Ill. 12 : Queen Penthesilea battles Pirus, hand-colored woodcut, in Giovanni Boccaccio, De Mulieribus Claris, Ulm, Johannes Zainer, 1473, fol. 33r (Washington [DC], LC, Rosenwald Collection, Incun. 1473. B7). © LC.

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Ill. 13 : Jean le Tavernier, Jean Miélot Presents his Book to Phillip the Good, in Traité sur l’oraison dominicale (c. 1457), Brussels, KBR, MS 9092, fol. 1r. © KBR.

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Ill. 14 : Penthesilea, in Le Petit armorial équestre de la Toison d’Or (c. 1460), Paris, BnF, MS Clairambault 1312, fol. 248r. © BnF.

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Ill. 15 : Penthesilea, in Giovanni Boccaccio, De Mulieribus Claris, Bern, Matthias Apiarius, 1539, opening folio for chap. 32 (London, BL, General Reference Collection 612.l.5.[1.]). © BL.

Ill. 16 : Effigy of Isabella of Bourbon (c. 1476-1478), Antwerp, Cathedral of Our Lady, inv. 204 (formerly Antwerp, Saint Michael). © J. Gelyns.

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Ill. 17 : Pleurants from the tomb of Isabella of Bourbon (c. 1476-1478), Amsterdam, Rijksmuseum, inv. BK-AM 33A-J. © S. Nash.

Ill. 18 : Tomb of Isabella of Bourbon, Antwerp, Saint Michael, engraving from Godefridus Henschenius e.a., Acta Sanctorum Junii, t. 1, Antwerp, Henricus Thieullier, 1695, p. 944. Reproduced earlier in Jacques le Roy, Notitia Marchionatus Sacri Romani Imperii hoc est Urbis et Agri Antverpiensis, Amsterdam, Frans Lamminga, 1678, p. 35. © A. Adams.

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Ill. 19 : Tomb of Jacques of Bourbon (c. 1477-1479), Bruges, Saint Donatian, in Pierre de Molo, Recueil de tous les tombeaux [de la] cathédrale de S. Donas à Bruges, Bruges, PL, MS 595, I, p. 515. © Bruges, PL.

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Ill. 20 : Tomb of Louis of Male, Margaret of Brabant and Margaret of Flanders (1453-1455), Lille, Saint Peter, engraving from Aubin-Louis Millin de Grandmaison, Antiquités nationales, t. 5, Paris, Marie-François Drouhin, n.d. (1795?), pl. 4. © BL Board: 144.g.21, p. 56.

Ill. 21 : Tomb of Joanna, duchess of Brabant, and her great-great-nephew, William of Brabant (late 1450s), Brussels, Carmelite church, engraving from F. Christophe Butkens, Trophées sacrés que profanes du duché de Brabant, t. 1, l. 4, The Hague, Chrétien van Lom, 1724-1726, p. 526. © BL Board: 156.k.5–8.

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Ill. 22 : Lieven van Lathem, Vision of Thomas Becket and Ape versus Bird (c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 15r. © ÖNB.

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Ill. 23 : Master of Mary of Burgundy, Christ Nailed to the Cross (c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 43v. © ÖNB.

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Ill. 24A (left) : Lieven van Lathem, Virgin and Child with Saint Anne, and Comic Tournament (c. 1468), Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, fol. 45r. © JPGM; Ill. 24B (right): Lieven van Lathem, Saint Bavo, and Comic Tournament (c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 123r. © ÖNB.

Ill. 25A (left) : Lieven van Lathem, Nude Woman (detail of margin, c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 170r. © ÖNB; Ill. 25B (right): Lieven van Lathem, Wild Woman (detail of margin, c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 170v. © ÖNB.

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Ill. 26 : Lieven van Lathem, Heraldic Lion (c. 1477), ÖNB, Cod. 1857, fol. 152v. © ÖNB.

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Ill. 27A (left) : Lieven van Lathem, Centaur (with penis) (detail of margin, c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 124r. © ÖNB; Ill. 27B (right): Lieven van Lathem, Centaur (without penis) (detail of margin, c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 124v. © ÖNB.

Ill. 28A (top) : Lieven van Lathem, Simian family (detail of margin, c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 120r. © ÖNB; Ill. 28B (middle): Lieven van Lathem, Family of Wild People (detail of margin, c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 37r. © ÖNB; Ill. 28C (bottom): Lieven van Lathem, Playful Apes (detail of margin, c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 36v. © ÖNB.

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Ill. 29A (left) : Lieven van Lathem, Mother Ape (detail of margin, c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 73r. © ÖNB; Ill. 29B (right): Anonymous Illuminator, Virgin and Child (c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 124r. © ÖNB.

Ill. 30 : Lieven van Lathem, Last Judgment (c. 1477), Vienna, ÖNB, Cod. 1857, fol. 129r. © ÖNB.

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Ill. 31A (top) : Lieven van Lathem, Violent Confrontation (detail of margin, c. 1468), Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, fol. 17r. © JPGM; Ill. 31B (bottom): Lieven van Lathem, Violent Confrontation (detail of margin, c. 1468), Los Angeles, JPGM, MS Getty 37, fol. 22r. © JPGM.

Ill. 32 : Anonymous Flemish Artist, Margaret of York (c. 1468), Paris, Musée du Louvre. © RMN-Grand Palais (Musée du Louvre) / T. Querrec.

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Ill. 33 : Willem Vrelant or workshop, Isabella of Bourbon (1460-1465), folio inserted into sixteenth-century Book of Hours, Copenhagen, Kongelige Bibliotek, MS Gl. Kgl. 1612, 4o, fol. 1v (detail). © Copenhagen, The Royal Danish Library.

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Ill. 34 : Anonymous, Isabella of Bourbon (c. 1500), Lille, Musée de l’Hospice Comtesse. © RMN-Grand Palais / J. Quecq d’Henripret.

Ill. 35 : Mary of Burgundy and her pretenders, designed by D. Giesriegl and S. DünneBeil. © Wikicommons.

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Ill. 36 : Hans Memling, Tommaso Portinari (c. 1470), New York, MET, inv. 14.40.626. © New York, MET, Dist. RMN-GP / image of the MMA.

Ill. 37-38 : Maître des Portraits Baroncelli, Pierantonio Bandini Baroncelli et Maria Bonciani (c. 1480-1490), Florence, Galerie des Offices, inv. 1890, nos 1036, 8405. © Florence, Scala, sur concession du Ministero per i Beni e le Attività Culturali.

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Ill. 39 : Hans Memling, Maria Portinari (ca 1470, détail) New York, MET, inv. 14.40.627. © New York, MET, Dist. RMN-GP / image of the MMA.

Ill. 40 : Épée Ainkhürn, Pays-Bas bourguignons, deuxième quart du Xve siècle, rénovation du fourreau due à Gérard Loyet (ca 1467). Épée : acier, défense de narval, or émail, rubis, perles, 106 cm ; fourreau : défense de narval, or argent doré, 92 cm, Vienne, Kunsthistorisches Museum, Weltliche Schatzkammer, inv. WS XIV 3. © Kunsthistorisches Museum.

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Ill. 41 : Jean Hey, Marguerite d’Autriche (c. 1490-1491), New York, MET, Robert Lehman Collection, inv. 1975.1.130. © New York, MET, Dist. RMN / image of the MMA.

Ill. 42 : Niklas Reiser (attribué à), Marie de Bourgogne (ca 1500), Vienne, Kunsthistorisches Museum, Gemäldegalerie, inv. GG44OO. © Kunsthistorisches Museum.

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Ill. 43 : Copiste Inconnu (d’après un modèle flamand), Marie et Maximilien (1560-1590), Vienne, Albertina, inv. 24425. © Albertina.

Ill. 44 : Motifs verts en étoiles à quatre branches disposées en quinconce (1er quart du xve siècle ou entre xve et xvie siècles), Florence (?), velours coupé simple corps sur fonds satin de 5,1 lat de broché, soie, fils métalliques dorés, Lyon, Musée des Tissus et des Arts décoratifs. © P. Verrier (MT 31231).

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Ill. 45 : Armoiries des Este aux fleurs de lys, dans Giovan Battista Pigna, Historia de principi di Este, Ferrare, Rossi, 1570, collection privée. © G. Ricci.

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Ill. 46 : Francesco del Cossa, Scène de chasse (détail), Ferrare, Palais Schifanoia. © Ferrare, Musei Civici di Arte Antica.

Ill. 47 : Francesco del Cossa, Le duc Borso donnant une pièce de monnaie au bouffon Scocola, Ferrare, Palais Schifanoia. © Ferrare, Musei Civici di Arte Antica.

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Ill. 48 : Gherardo da Vicenza (?), Triomphe de Cérès (détail), Ferrare, Palais Schifanoia. © Ferrare, Musei Civici di Arte Antica.

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Ill. 49 : Peintre ferrarais du xve siècle, Triomphe de Jupiter (détail), Ferrare, Palais Schifanoia. © Ferrare, Musei Civici di Arte Antica.

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Ill. 50 : Maître de la légende de sainte Madeleine (Bernard van der Stockt ?), Portrait de Marie de Bourgogne ou de Marguerite d’Autriche en Marie-Madeleine (c. 1510), Chantilly, Musée Condé, inv. PE 588. © RMN-GP (domaine de Chantilly) / R.-G. Ojéda.

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Ill. 51A et 51B : Attribué à Jan Mostaert, Apparition du Christ à Marie accompagnée des justes libérés des Limbes et par Marie de Bourgogne, diptyque (c. 1520), Enschede, Rijksmuseum Twenthe, inv. 13 ; Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza, inv. 293 (1930.76). © Museo ThyssenBornemisza.

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Ill. 52 : Fuite en Égypte, avec Marie de Bourgogne et Marguerite d’Autriche présentées par leurs saintes patronnes, vitrail (1511-1512), Mons, collégiale Sainte-Waudru. © KIK-IRPA.

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Ill. 53 : Henri van Lacke, Verdure aux armes de Marguerite d’Autriche (1525-1528), Budapest, Iparmüvészeti múzeum, inv. 14764. © Iparmüvészeti múzeum.

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Ill. 54 : Bourg-en-Bresse, Vue aérienne du Monastère royal de Brou. © Centre des monuments nationaux.

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Ill. 55 : Philibert le Beau présenté par saint Philibert de Tournus, accompagné d’emblèmes, sculptures (1522-1548, restaurées en 1850 et 2004), Bourg-en-Bresse, église du Monastère royal de Brou, détail du tympan et des voussures. © Centre des monuments nationaux.

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Ill. 56 : Briquet ou fusil de Bourgogne, vitrail (c. 1528-1530), Bourg-en-Bresse, église du Monastère royal de Brou, détail d’une verrière de la nef. © P.-G. Girault.

Ill. 57 : Briquet ou fusil de Bourgogne, clef de voûte polychrome (c. 1528), Bourg-enBresse, église du Monastère royal de Brou, chapelle de l’Assomption. © Centre des monuments nationaux / Ph. Berthé.

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Ill. 58 : Saint André, statuette d’albâtre (c. 1515-1522), Bourg-en-Bresse, église du Monastère royal de Brou, détail du tombeau de Marguerite de Bourbon. © Centre des monuments nationaux / C. Rose.

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Ill. 59 : Noli me tangere, vitrail (c. 1525-1528), Bourg-en-Bresse, église du Monastère royal de Brou, détail de la fenêtre axiale. © D. Vidalie.

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Ill. 60 : Conrad Meit, Gisant inférieur de Marguerite d’Autriche (1528-1532), Bourg-en-Bresse, église du Monastère royal de Brou, détail du tombeau. © D. Vidalie.

Ill. 61 : Hagioscope de l’oratoire de Marguerite d’Autriche, Bourg-en-Bresse, église du Monastère royal de Brou. © Centre des monuments nationaux / M. Tulane.

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Ill. 62 : P. Degobert, Maximilien et Marie de Bourgogne, lithographie frontispice, dans A.G.-P. de Brugière, baron de Barante, Histoire des ducs de Bourgogne de la Maison de Valois, 1364-1477, éd. F.-J.-F. Marchal, t. 10, Bruxelles, 1839. © Musée royal de Mariemont / Photo : M. Lechien.

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Ill. 63 : Marie de Bourgogne, assiette à décor imprimé (Sujets romantiques ou historiques – série A), La Louvière, Manufacture Boch Frères Keramis, 2e moitié du xixe siècle – Collection Keramis – Fonds Cosyns-Bragard (Inv. FLEB/19/061). © Keramis / Photo : M. Lechien.

Ill. 64 : A.-Fr. Pannemaeker et H. Hendrickx, Marie de Bourgogne, lithographie rehaussée, dans Th. Juste, Histoire de Belgique depuis les temps primitifs jusqu’à la fin du règne de Léopold Ier, 4e éd., t. 2, Bruxelles, 1868, intercalée entre les pp. 92-93. © Musée royal de Mariemont / Photo : M. Lechien.

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Ill. 65 : J.-L. Huens, Marie de Bourgogne devant l’échafaud, aquarelle originale, dans Nos Gloires, t. 3, no 183, Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, Inv. LP20 B 001/3/183. © Musée royal de Mariemont / Jean-Léon Huens – SOFAM.

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Ill. 66 : J.-L. Huens, Mort de Marie de Bourgogne, aquarelle originale, dans Nos Gloires, t. 3, no 186, Morlanwelz, Musée royal de Mariemont, Inv. LP20 B 001/3/186. © Musée royal de Mariemont / Jean-Léon Huens – SOFAM.

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