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French Pages 566 [572] Year 1970
MARGUERITES D E LA M A R G U E R I T E D E S P R I N C E S S E S , TRESILLUSTRE ROYNE DE NAVARRE
FRENCH RENAISSANCE CLASSICS Series published under the editorship of M. A. SCREECH, D.LITT Professor of French Literature University College London
S. R. P U B L I S H E R S L T D JOHNSON REPRINT CORPORATION MOUTON PUBLISHERS 1970
CLASSIQUES DE LA RENAISSANCE EN FRANCE Série d'éditions publiées sous la direction de M. A. SCREECH, D.LITT Professeur de français University College London
S. R. P U B L I S H E R S LTD J O H N S O N REPRINT C O R P O R A T I O N M O U T O N ÉDITEUR 1970
MARGUERITES DE LA MARGUERITE DES PRINCESSES, TRESILLUSTRE R O Y N E DE N A V A R R E
Introduction aux volumes i et par
n
RUTH T H O M A S
S. R. PUBLISHERS LTD JOHNSON REPRINT CORPORATION MOUTON ÉDITEUR 1970
Reprinted 1970 by courtesy of the trustees of the British Museum from the edition of Jean de Tournes, printed in Lyons in 1547 (British Museum Press-mark G. 18190) The original copy in the British Museum's Collection measures 64/6" X 43/io"
© 1970 jointly by S. R. Publishers, Johnson Reprint Corporation and Mouton & Co SBN. 85409-204-8 Library of Congress Catalog Card No. 78-86091
S. R. Publishers Ltd. East Ardsley, Wakefield Yorkshire, England Johnson Reprint Corporation HI Fifth Avenue New York, N . Y . 10003, U.S.A. Mouton 7 rue Dupuytren, Paris V I e , France Herderstraat 5, The Hague, Netherlands Printed in the Netherlands
Introduction Le texte que nous reproduisons ici, avec l'aimable autorisation des conservateurs du British Muséum, fut imprimé à Lyon par Jean de Tournes en 1547 et se trouve au British Muséum sous la cote G. 18190. Ce texte est la première édition collective des poèmes de Marguerite de Navarre et le plus complet recueil publié de son vivant. C'est donc le plus important pour nous. Récemment, Marguerite de Navarre a attiré l'attention de nombreux spécialistes de la Renaissance. Il est d'autant plus surprenant qu'aucune édition critique des Marguerites n'ait été publiée, édition qui mettrait à jour celle de Frank, datant de 1873, elle-même devenue presque aussi inaccessible que l'original. L'Heptaméron et les pièces de théâtre sont les seules parties de l'œuvre de Marguerite de Navarre auxquelles on puisse avoir facilement accès de nos jours; ceci joint au fait que la critique littéraire a évolué, tend à nous faire oublier qu'aux yeux de beaucoup de ses contemporains, l'œuvre de Marguerite de Navarre se limitait probablement aux Marguerites. Elle semble avoir acquis sa renommée non pour son recueil de contes, mais pour des poèmes tels que «Le Miroir» et «La Coche». Si l'on fait abstraction du «Dialogue en forme de vision nocturne», publié précédemment avec « Le Miroir », et pour une raison inconnue exclu des Marguerites, ces poèmes-là représentent l'unique partie de son œuvre qui ait touché le grand public, et ceci jusqu'à la publication de Y Heptaméron, dix ans après sa mort. Les Dernières Poésies, qui comprennent deux de ses plus beaux poè-
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mes - «La Navire» et «Les Prisons» - , ont certainement circulé sous forme de manuscrit et il est probable que certaines de ses pièces furent représentées à la cour; ces deux moyens de diffusion n'atteignaient cependant qu'un public restreint. D'autre part, les Marguerites furent rééditées en 1549, 1552 et 1554 et certains des poèmes furent réimprimés plusieurs fois et ceci au moins jusqu'en 1602, ce qui prouve que ce recueil devait être connu et apprécié. L'édition des Marguerites de 1547 présente la seule source d'étude de plusieurs des poèmes et constitue un document très important pour les spécialistes de cette période, bien que certains poèmes aient été publiés auparavant. «Le Miroir», «Discord estant en l'homme », et 1'« Oraison à nostre Seigneur Jésus Christ» furent réimprimés plusieurs fois entre 1531 et 1547. «L'Histoire des Satyres» (ou «Fable du faux cuyder») parut d'abord seule en 1543, et ensuite dans le Voyage de Constantinople de B. de La Borderie (Paris, Arn. L'Angelier ou Gilles Corrozet, 15 46), avec « L'Umbre » et « La Mort et Résurrection d'Amour ». L'épître III («Après la peur de quelque trahison») fut publiée à Rouen en 1543. Dans son article sur «La Coche» ( H R , 1938), R. Marichal cite d'autres poèmes contenus dans des manuscrits : «La Coche» même, trois des «Chansons spirituelles», «L'Histoire des Satyres», les «Epistres» I et II, les «Responses» III et IV, «Les quatre Dames & les quatre gentilzhommes », la «Comedie. Deux Filles, Deux Mariees...», et la «Farce, de Trop. Prou. Peu. Moins». En ce qui concerne les quatre pièces sacrées, la plus grande partie des « Chansons spirituelles », «Le Triomphe de l'Agneau», la «Complainte pour un detenu prisonnier », ainsi qu'un ou deux autres poèmes, il n'a jusqu'à ce jour été découvert aucune autre source. La lecture du privilège et de l'épître à Jeanne d'Albret (p.7) (viii)
porterait à penser que « Silvius, dit de la Haye » eut la charge de cette édition, mais Jourda compare dans son «Tableau chronologique» (RSS, 1925) la liste des poèmes cités dans le privilège et ceux qui paraissent dans l'ouvrage et conclut que la décision qui avait été prise d'exclure certains poèmes et d'en ajouter d'autres, tel que « Le Miroir », qui avait déjà suscité de nombreuses controverses, était beaucoup trop importante pour être laissée à un secrétaire, même à un secrétaire en qui on aurait eu toute confiance. «C'est Marguerite elle-même en réalité, qui dut, après le mois de mars, revoir ses poèmes, éliminer tel d'entre eux, ajouter tel autre, modifier enfin l'économie de son livre et faire publier les Marguerites telles que nous les avons ». Par contre, R. Marichal, qui dans son article de 1938 avait présenté un argument semblable, fondé sur une comparaison entre certains manuscrits et l'édition de 1547, a récemment été amené, par la découverte d'un autre manuscrit jusqu'ici inconnu, à inverser ses conclusions et à donner toute responsabilité à Jean de la Haye.* Nous ne connaissons toujours pas l'identité exacte de Simon Silvius, «dit de la Haye». Il avait publié, l'année précédente, à la demande de Marguerite, une traduction française du commentaire de Ficin sur le Banquet de Platon. Il ne faut pas le confondre avec Siméon Bosius, qui écrivit un commentaire des Lettres à Attique de Cicéron, car Sainte-Marthe, dans ses Éloges des hommes illustres qui depuis un siècle ontfleuryen France... (traduit par G. Colletet, Paris, 1644) nous dit que Bosius - qu'il appelle Siméon du Bois, et parfois Jacques du Bois - mourut plutôt *
J e voudrais ici exprimer ma reconnaissance envers M. Marichal
qui a eu la bonté de me communiquer personnellement ce précieux renseignement. Les résultats de ses recherches sur le nouveau manuscrit seront publiés dans son édition critique de La Coche.
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jeune tandis que J . de la Haye écrit, dans son épître à Jeanne d'Albret, qu'il est maintenant à l'automne de la vie. Bien que ce rapprochement soit tentant, il n'y a aucune preuve qui permette d'identifier Silvius à l'imprimeur évangélique Simon du Bois qui fut impliqué dans l'affaire des Placards en 15 34 et dont on ne trouve aucune trace après 1535. Il est plus plausible que «Silvius» soit la forme latinisée de «du Bois» plutôt que celle de « de la Haye » et l'on constate avec intérêt qu'aucun « Silvius » ou «de la Haye» ne paraît, ni dans le «livre de dépense» de Marguerite de Navarre (1540-1549; cf. Lefranc et Boulenger et La Ferrière-Percy), ni dans «l'état de la maison». Le seul nom qui soit vaguement semblable est celui du «varrelet de chambre» Jacques Simon (cf. aussi Annie Tricard, «La propagande évangélique en France. L'imprimeur Simon du Bois », in Aspects de la propagande religieuse, préface de H. Meylan, Genève, 1957). Il convient de ne pas interpréter trop littéralement l'appellation de «valet de chambre»: notons, en effet, que Bonaventure des Périers se trouvait également rangé dans cette catégorie. * *
*
Il est évident que l'édition des Marguerites publiée en 15 47 était une édition de luxe, composée avec soin, imprimée et illustrée avec goût. Cette édition mérite une réimpression à cause certes de sa beauté mais aussi de la richesse et de la variété des textes présentés. On y trouve une grande variété de genres littéraires, poèmes lyriques et méditations telles que «Le Miroir» et les « Oraisons », pièces religieuses et profanes, épîtres, longs récits situés dans un décor pastoral, courtes « chansons spirituelles » qui tiennent, par la grande variété de leur mètre, des chansons populaires de l'époque.
«
Onze gravures sur bois illustrent le second volume. La première, qui représente les nymphes et satyres de « L'Histoire des Satyres, et Nymphes de Dyane» (folio ajr 0 ) se trouve également dans l'édition de Saulsaye, de Maurice Scève, publiée par De Tournes durant la même année (Harvard Coll. Cat., II, p. 463). Les gravures qui illustrent «La Coche » sont généralement attribuées, en vue de leur style, à Bernard Salomon, «le petit Bernard», qui illustra beaucoup des plus beaux livres des De Tournes. Il y aura lieu de les comparer aux gravures desQuadrins Historiques de la Bible (De Tournes, 15 5 3) et à celles des Hymnes du Temps. ..(15 60), œuvres qui sont, l'une et l'autre, de sa main. Selon R. Marichal (HR, V , 1938, p.67) les gravures qui illustrent « La Coche » correspondent de si près à la description donnée dans le manuscrit «B» des miniatures qui illustrent les manuscrits «C» et «D», que le graveur les a, sans aucun doute, eu à sa disposition. Voici par exemple la description de la sixième gravure de «La Coche»: «Cy endroict est la sixieme histoire pareille a la quinte fors que la premiere des troys dames, estant couchée et pasmée, a sa teste appuyée au giron de la Royne de Navarre. La seconde des dames est tombée d'autre cousté comme esvanouye et la tierce est levée à genoulx faisant signe de la main comme parlante d'audace et est tournée vers la Royne. Soit noté que avec les histoires preceddantes et ceste cy est ung arbre au coing dudict pré soubz lequel arbre sont couchées et esvanouyes les dictes troys dames ». Les gravures de l'édition de 15 49 sont d'un autre format et Brun déclare que quatre d'entre elles sont «une contrefaçon grossière» des dessins de Salomon. * *
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*
Dans son article «A propos de l'édition originale des Marguerites de la Marguerite des princesses» (BHR, 1956, XVIII, p.282), Lucien Scheler démontre clairement qu'il existe au moins deux états distincts de la première édition. Les deux exemplaires du British Museum, celui que j'ai utilisé et celui qui se trouve sous la cote C.40 c.73, ainsi que celui de la Bibliothèque Bodléienne d'Oxford, correspondent tous trois exactement à l'état «B». Malheureusement M. Scheler ne fournit pas de collation; il est donc impossible d'affirmer que les états «A» et «B» qu'il distingue correspondent aux deux états de la première édition dont on trouve la description dans le catalogue de la bibliothèque du Harvard College. Pour l'état «A», les éditeurs donnent les traits particuliers suivants : 1. le «T» de «tresillustre» apparaît en majuscule dans l'entête du folio a2r° du tome I; 2. l'orthographe «Esluz et Souldats» dans la première ligne du folio A71:0 dans le tome I ; 3. l'orthographe «Response» dans l'entête du folio djv° dans le tome II. Dans l'état «B» nous trouvons «tresillustre» sans majuscule, «Eslus et Souldars» et «Rfsponse». Or, l'exemplaire que nous reproduisons ici présente les traits particuliers 1) et 2) de l'état «B», mais l'orthographe «Response» de l'état «A». L'autre exemplaire du British Museum correspond exactement à l'état «B». Les collations diffèrent toutefois énormément de celles de l'exemplaire du Harvard College (Harvard Coll. Cat., II, p.464). La Bibliothèque dramatique de M. de Soleinne, catalogue rédigé par P. L. Jacob, Bibliophile (Paris, 1843, t. I, supplément I, n° 93), décrit un exemplaire qui contient un «envoi» à Madame la Princesse de Navarre et qui se termine par trois pages numérotées de 343 à 437 (sic), d'une impression postérieure, contenant (xii)
un «chant» de G. Aubert à la louange des deux Marguerite de Valois. L'existence des différents états de la première édition des Marguerites pose un problème complexe qui nécessitera encore maintes comparaisons de textes et des recherches plus approfondies.* Londres
RUTH THOMAS
* J e tiens ici à exprimer ma sincère gratitude envers Mme. Michelle Pépratx-Evans, L. ès L., Agrégée de l'Université, qui a bien voulu traduire en français cette introduction.
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Description du texte présenté T o m e I : M A R G V E R I T E S / / D E L A M A R G V E R I T E / / DES PRINCESSES, / / T R E S I L L V S T R E / / R O Y N E / / D E / / N A V A R R E . / /
[Fleuron.] / / [Vignette : Cupidon, avec devise : PER IPSVM FACTA S V N T OMNIA.] / / A L Y O N , / / PAR I E A N D E T O V R N E S . / / M . D . X L V I I .
/ / A u e c Priuilege pour six ans. / / B . M . , G . 1 8 1 9 0 . In-8°. Ital. 541 pp. chiff. 3 - 5 4 1 , commençant au f ° a 2 r ° ; signât, a - z 8 , A - L 8 (tj mal sign. S5). A u verso de la page de titre: extrait du privilège, daté: Bordeaux «le xxix iour de Mars, Lan mil cinq cens quarantesix auant Pasques ». pp. 3 - 1 1 (a2r°-a6r°): Epître: A trèsillustre et trèschrétienne Princesse, Madame la Princesse de Navarre, I. de la Haye son trèshumble serviteur, souhaite entière prospérité, p. 1 2 (a6v°): Sonnet: A u x Dames des vertus de la trèsillustre et trèsvertueuse Princesse Marguerite de France, Reine de N a v a r re dévotement affectionées. M . Se. (c.-à-d., Maurice Scève.) pp. 1 3 - 1 4 ( a 7 r ° - v ° ) ; Marguerite de France, par la grâce de Dieu Reine de Navarre, au lecteur. (En vers.) pp. 1 5 - 7 0 (a8r°-e3V°): L e Miroir de l ' A m e pécheresse, pp. 7 1 - 7 7 (e4r°-e7r°): Discord étant en l'homme par la contrariété de l'Esprit et de la Chair, et paix par vie spirituelle, pp. 7 7 - 1 3 5 (e7r°-i4r°): Oraison de l ' A m e fidèle, à son Seigneur Dieu. pp. 13 5 - 1 4 7 (i4r°-k2r°) : Oraison à notre Seigneur Jésus-Christ.
pp. 148-206 (k2v°-n7v°): Comédie de la Nativité de JésusChrist. pp. 207 [mal numérotée 206 dans les deux exemplaires du B.M.] -270 (n8r°-r7v°): Comédie de l'adoration des Trois Rois à Jésus-Christ. pp. 2 7 1 - 3 1 5 (r8r°-v6r°): Comédie des Innocents, pp. 316-380 (v6v°-A6v°): Comédie du Désert, pp. 381-443 (A7r°-E6r°): Le Triomphe de l'Agneau, pp. 444-466 (E6v°-Giv°) : Complainte pour un détenu prisonnier. pp.» 467-5 41 (G2r°-I_7r 0 ): Chansons spirituelles, p. [542] (L7V 0 ): Sonnet: «L'Esprit de Vie en corps de Mort mussé». Au-dessous: «Amour demourra le maistre». f°L8r°: marque typographique de De Tournes (Cartier, t.I, p. 36, « senestrochère I»). f ° L 8 v ° : grand ornement en arabesques. *
*
*
Tome II (les deux livres sont reliés en un seul volume) : S V Y T E DES / /
M A R G V E R I T E S / / DE LA MARGVERITE / /
DES PRINCESSES, / / T R E S I L L V S T R E / / R O Y N E / / D E / / N A V A R R E . / /
[Fleuron.] / / [Vignette: Cupidon avec devise:
PER IPSUM F A C T A
SVNT OMNIA.] I L A L Y O N , / / PAR I E A N D E T O V R N E S . / / M . D . X L V I I .
/ / Auec Priuilege pour six ans. / / In-8°. Ital. 342 pp. chiff. 2-342, commençant au £°av° et finissant à y3V 0 ; signât, a-x 8 , y 4 (dj, h4, y5 non sign.), p. 2 (av°) Sonnet: A trèsillustre et trèsvertueuse Princesse Madame Jeanne Infante de Navarre. M.Se. (c.-à.d., Maurice Scève.)
pp. 3-37 (a2r°-C3r°): L'Histoire des Satyres et Nymphes de Diane. pp. 38-45 (C3v°-C7r°): Epître de la Reine de Navarre, au Roi François son frère. pp. 46-53 (c7V°-d3r°): Epître II. envoyée par la Reine de Navarre, avec un David au Roi François, son frère, pour ses étrennes. pp. 54-57 (d3V°-d5r°): Réponse envoyée par le Roi François à ladite Dame, avec une sainte Catherine pour ses étrennes. pp. 58-64 (d5v°-d8v°): Epître III. de la Reine de Navarre, au Roi François, son frère. pp. 65-71 (eir°-e4r°): Epître de la Reine au Roi François son frère. pp. 72-75 (e4v°-e6r°) : Epître de la Reine de Navarre, au Roi de Navarre, malade. pp. 76-177 (e6v°-mir°): Les quatre Dames et les quatre gentilshommes. pp. 178-2 n (miv°-02r°) : Comédie. Deux Filles, Deux Mariées, La Vieille, Le Vieillard, et les Quatre Hommes, pp. 212-264 (o2v°-r4v°): Farce, de Trop. Prou. Peu. Moins, pp. 265-323 (r5v°-x2r°): La Coche, pp. 323-328 (x2r°-x4v°): L'Umbre. pp. 3 28-3 31 (x4v°-x6r°) : La Mort et Résurrection d'Amour, pp. 332-336 (x6v°-x8v°): Chanson faite à une Dame, sur laquelle la Reine a fait la réponse suivante, pp. 337-341 (yir°-y3r°): Les Adieux des Dames de chez la Reine de Navarre, allant en Gascogne, à ma Dame la Princesse de Navarre. p. 342 (y3v°): deux «Enigmes». f°y4r°: blanc. f°y4V° : grand ornement en arabesques, cf. le tome I, f°L8v°. (xvi)
Des exemplaires de cette édition se trouvent à : Lyon, Genève, Oxford, Manchester, Cambridge, Londres (British Museum et Victoria and Albert Museum), Harvard, et dans la collection Terrebasse.
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Bibliographie I. Éditions des Marguerites publiées durant le 16e siècle La liste la plus complète des éditions des Marguerites parues au 16 e siècle se trouve dans le «Tableau chronologique des publications de Marguerite de Navarre» (RSS, iz, 1925), de P. Jourda, qui a aussi étudié la chronologie des poèmes dans un appendice à sa thèse Marguerite d'Angoulême (Paris, 1930, t. II, appendice C.) R. Marichal fournit des renseignements complémentaires dans son article intitulé de Marguerite de Navarre», HR, 1938). Cinq éditions complètes des Marguerites parurent au 16 e siècle (y compris l'édition de 1547): 1. Marguerites de la Marguerite des Princesses, Lyon, Pierre de Tours, 1549, in-16 0 ; deux livres en un volume, 816 pp. (Brunei et Graesse) ou 814 pp. (Baudrier, Bibliographie lyonnaise, série 9, p. 167). D'autres exemplaires de cette édition portent les noms G. Rouillé ou Th. Payen, Rouillé paraissant plus fréquemment. Selon Baudrier, «La Coche» est illustrée de dix gravures sur bois, dont quelques-unes semblent être les copies de celles de l'édition de 1547. Le texte est presque identique à celui de 1547, mais, en tête de cet ouvrage, l'ordre de quelques morceaux a été changé et quelques-uns ont été omis. A la page 1, il y a un titre spécial pour « Le Miroir ». Selon Jourda, P. de Tours sortit une nouvelle édition sans les feuillets liminaires et qui commençait donc (xviii)
avec «Le Miroir». Il espérait ainsi ne pas être accusé d'avoir violé le privilège de J . de Tournes {cf. Jourda, «Tableau», pp. 231-232). Exemplaires à Aix-en-Provence, Bibliothèque nationale, Orléans, Rouen et Toulouse. 2. Marguerites..., Paris, Benoist Prévost, 1552 (ou Arnoult L'Angelier, ou Jehan Ruelle, ou Est. Groulleau), in-i6°, ital., deux tomes en un volume, respectivement 260 et 160 pp. (Brunet III, 1415 ; Graesse, IV, 391.) 3. Marguerites..., Paris, vefve François Regnauld, M.D.L.IIII (ou J . Caveillier, ou B. Prévost, ou J . Ruelle), in-16 0 , ital., un tome en deux volumes, 398 pp., plus 2 pages non numérotées. Cette édition est fidèle à celle de 1547. Selon Jourda, le privilège et le sonnet «L'esprit de Vie en corps de Mort mussé» sont omis, mais dans l'exemplaire du British Museum il ne manque que le privilège, et le sonnet se trouve à la fin de la première partie comme en 1547. Les exemplaires qui portent les noms de J . Caveillier et B. Prévost présentent au verso de la page de titre une «Epitaphe de M. de Valois, Royne de Navarre » de G. Aubert et le « chant » du même auteur - en l'honneur des deux Marguerite de Valois - qui se trouvent dans certains exemplaires de l'édition de 1547 (voir ci-dessus). Pas de gravures sur bois. Exemplaires à la bibliothèque Sainte-Geneviève de Paris, et au British Museum. 4. Marguerites..., Paris, Jehan Ruelle, 1558 (Jourda et Brunet) ou E. Groulleau (Graesse), in-16 0 (Graesse) ou in-12 0 (Brunet). Selon E. Picot, il s'agit d'une reproduction de l'édition de 1547 (Jourda, «Tableau», p. 234).
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Tchémerzine (t. VII, p. 382 seq.) donne des reproductions de la page de titre de certaines des éditions précitées.
II. Sources bibliographiques des premières éditions, de leurs imprimeurs et illustrateurs BAUDRIER,
Bibliographie lyonnaise, Lyon, 1895-1963. Omet De
Tournes mais fait mention des autres éditions des Marguerites publiées,au 16 e siècle. BRUNET, J . C., Manuel du libraire, Paris, 1860-1865, 6 vol., et 2 vol. en supplément, 1878-1880. C f . t. III, col. 1414-1415 et
Suppl. I, col. 943-944. CARTIER, A . , Bibliographie des éditions des De Tournes,
imprimeurs
lyonnais, Paris, 1937, 2 vol. C f . en particulier t. I, § 105, pp. 253-260. GRAESSE, J . G . T., Trésor des livres rares et précieux, Dresde, 18591869, 7 vol. C f . en particulier t. IV, p. 391.
Harvard College Library Department of Printing and Graphic Arts: Catalogue of Books and Manuscripts, part I: French XVIth century books, Cambridge, Mass., 1964, 2 vol. PICOT, E . , Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le baron fames de Rothschild, Paris, 1884-1920, 5 vol. TCHÉMERZINE, A . , Bibliographie d'éditions originales et rares d'auteursfrançais des XVe, XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, MORTIMER, R U T H ,
1927-1934, 10 vol. C f . en particulier t. VII, p. 382. *
*
BRUN, R . ,
*
Le livre illustré en France au XVIe siècle, Paris, 1930,
p. 255. JOHNSON,. A.
F., French Sixteenth Century Printing, Londres, 1928.
(xx)
LIEURE,
J., La gravure en France au XVIe
siècle, Paris-Bruxelles,
1927. M.,Jean de Tournes, Londres, 1959. Précédemment publié dans Motif, n° 2, février 1959. M O R I S O N , S . , Four Centuries of Fine Printing, Londres, s.d. [1949]. R O N D O T , N., Bernard Salomon, peintre et tailleur d'histoires à Lyon au XVIe siècle, Lyon, 1897. Pour d'autres détails sur Salomon, cf. aussi l'introduction de Ruth Calder à L'Amour de Cupido et de Psiché d'Apulée, dans la coll. «Classiques de la Renaissance en France ».
MACROBERT, T .
III. Éditions modernes (partielles) des Marguerites et d'autres mivragcs (Il n'y a eu aucune édition complète des Marguerites depuis celle qui fut publiée par F. Frank en 1873 : Paris, Librairie des Bibliophiles.) Œuvres choisies, I : Poèmes; I I : Théâtre, nouvelles, New York, Appleton-Century-Crofts, 1968. G O H I N , F . , «Huitains inédits de Marguerite de Navarre», in Mélanges Picot, Paris, 1913, t. I, pp. 395-407. J O U R D A , P., «Epîtres et comédie inédites», RSS, X I I I , 1926. Tirage à part, Paris, Champion, 1926. «Dialogue en forme de vision nocturne», RSS, X I I I , 1926. Tirage à part, Paris, Champion, 1926. «Poésies inédites», RSS, X V I I , 1930, pp. 42-63. Comédie de la Nativité de Jésus-Christ. Texte établi et présenté par P. Jourda, Paris, Livre de l'Etudiant, s.d. [1939]. M A R I C H A L , R . , La Navire ou Consolation du roi François I E R à sa saur Marguerite, édition critique, Paris, Champion, 1956. CLIVE, H . P.,
(xxi)
La prima opera de Margherita di Navarra e la ter^a rima in Francia, Catania, «Biblioteca di critica storica e letteraria», 1920. Contient le texte du «Dialogue en forme de vision nocturne». S A U L N I E R , Y . L., Théâtre profane, Paris, T L F , 1946. S C H N E E G A N S , F . E . , La Nativité de Jésus-Christ. L'Adoration des trois roys. Les Innocents. Comédie du désert. Comédie sur le trespas du roy. Comédie jouée au Mont-de-Marsan, Strasbourg, «Bibliotheca romanica», 1924. «La Coche ». Texte de l'édition de 1J4J avec les variantes des mss. Bibliothèque nationale, ms. fr. 124SJ et Arsenal, 112. Accompagné de la reproduction des gravures sur bois de l'édition originale, Strasbourg, coll. « Singularia », 2, 1936.
PELLEGRINI, C.,
«Petit œuvre dévot et contemplatif», Neuedition und Versuch einer Erklärung, Francfort-sur-le-Main, « Analecta Romanica», 9, i960. S T U R E L , R . , «Poésies inédites de Marguerite de Navarre», RS S, II, 1914, pp. 149-168. Les dernières poésies de Marguerite de Navarre, de A . Lefranc (Paris, 1896), reste un ouvrage important sur la question. SCKOMMODAU, H . ,
I V . Ouvrages et études modernes {cf. aussi III, et les bibliographies de Cabeen et de Cioranescu) «Marguerite et Briçonnet d'après leur correspondance manuscrite», BSHPF, 49, Paris, 1900, pp. 393-477 et 661-667. «Margareta von Navarra und die », Herrigs Archiv, c u , 1899, pp. 95-108. B E R T H O U D , G . , «L'édition d'Avignon du n feul commandement,
Pfal.jr.
il ne maduint en ma ~vie fray ment. En moy ie fens la force de péché,
Romi.7.
Dont moindre n'efl mon mal deftre caché: Tant plus dehors fe cele & Pitts dens le cœur s'affèmble
dtjitmuk, accumule.
Ce que D i E v ~veult,ie ne le puits yotdoir:
Roma.7.
Ce qu'il ne ~veult,fouuent defîre auoir. Qui me contraint par ennuy importable, De ce fafcheux corps de mortjntferable, Defirer -voir la fin tant defiree, Eilant la -vie eileinte & defîiree. Qui fera ce,qui me deliurera: b
Et
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MIKOIR
DE
Et qui tel bien pour moy recomrera? Las,ce ne peult eftre ~»n homme mortel Car leur pouoir,& fçauoir n'eftpastel: Mais ce fera laftule bonne grâce Vu Toutpuijfant,qut iamdvs ne fe laße, Rom.*. Par i e s v s c h r i s t , duquel il fe recorde. Nous preuenir,par fa mifericorde. Las,quel maiftre,fans auoir defferuy Nul bien de luy,mais l'ayant mal feruy, Et fans ceffer offensé chacun iour, mon fecours ne fdit pu long feiour. il voit le mal que tay,quel,& combien: Siere.io. ¿rr ^ fa ^¡y ¡e w puis faire bien: Mais cœur,& corps,ß enclin au contraire, Que mlpouoir nefins,quede mal faire. il n attend pas qu'humblement ie le prie, Ne que yoyant mon enfer à luy crie, Rom.?, par fon Efpritfait ~vngemiffement Dens mon cœur,grand inenarrablementz Et poiïulant le don,dont le fçauoir Eft incongnu a mon foible pouoir. Et lors foudain cefl ignoréfoujpir Me i>a caufant vn tout nouueau defir: En me monïirant le bien que i'ay perdu Par mon péché: lequel bien,m'efl rendu Et redonné par fa grâce bontéj
LAME
PECHERESSE.
Qui tout péché a vaincu & domté. O Monfeïgneur,&' quelle eft cellegrdce, Quel eft ce bien,qui tant de maux efface? Vous cites bien remply de toute amour, D'ainft me faire vn fy bonnette tour. Helks,mon D I E V , ie ne vous cerchoispas, Mais vousfuyois en courdnt le grandpas: Ht vous ça baf a moy ettes venu, J[ moy,qui fuis ver de terre tout nud. Que dy'ie ver ? ie luy fais trop d'iniure: jC moy,qui juts tant infâme & pariure, D'orgueil remply par mondaine raifon, De fatdfetéjncdtce,& trahifon. Ce qu'ont prorm mes amys eut baptefme, Et que depufs i'ay confermé moymefme, (Qui eft fans fin de vottrepajiion Sentir en moy mortification, Ettre touftours auecques vous en croix, Ou vous aue%jloué,comme ie crois, Et rendu mortzja Mort,& tout péché, Que foment i'ay reprins,& détaché) Rompu ie l'ay,denyé & faubé, jfyant f y fort ma volunté haulsé, Par vn orgueil plein d'indiferetion, Que mon deuoir ¿7» obligation Ettoit du tout oublié par pareffe. h t
19
LEAN 3.
PFAL.NS.
R.OMA.I.8. PFAU*
RONN.I.
Et
2-Q
LE
MIR.OIK
DE
Marc \iens & trejgrande recepte L'auex^fy bien enrichie & douée, Que fe fentant de vous femme aduouee, Quitte fe tient de tout ce qu'elle doit, Peu eftimant ce que ça bas ell' voit. Sonpere vieil,tous les biens qu'il donne, Pour fon efpoux de bon cœur abandonne. Vraiment,mon D I E V , mon ameejlbien gailee, Eftre par vous de tel bien appailee: Et de laifjêr le plaifir de la terre Pour l'injîny,la ou ejlpaix fans guerre, le mesbahts,que tout foudainement Elle ne fort de fon entendement. Je m'esbahis qu'elle ne deuient folle, En perdant fens,contenance,& parole. Queputi'ie,helas,o mon Pere penferl Ofera
LAME ofera De
PECHERESSE.
bien mon ejprit foin
jCinfi
nommer
l'aue^jdit
Or Pere
?ouy,&
en la
donc^nais
L'aue%jvous Hclàs
s'amncer
Pere
noftre:
Patenoftre. voilre
fille,quoy?
dit i mon d i e v,dites
ouy.quand
par grande
Dites,Fille,preite^moy O mon Pere,en De fe donner
-voftre
a nom
cœur. prefl,
du tout e j i p r e j i :
ne
vuciUexjpermettre,
Que loing de nota nully le puiffe Et qu'à tamais il vota
en fermeté
ayme
penfer
la raifon
Quand Ceux
eiles
que te fuis voilre
C'efl bien vn cas,dont Mais
filiale. vont
Vous engendrer,vous,par
mettre.
loyale
d'y ne amour
Mats,Monfeigneur,fi Puis'ie
qui ie fuis ne fçay
la
a ma doute bien
Les motx,
meites,
de mon
oyant,ou
f t c r e ^ , que vous
Et qu'aue^dttpar Et quencores
par
faite:
dejfaite:
Pere,
ma fœur,&
ie croy,qu'en
ma
En Id croyant,defirant
mere.
hfant
eftes
difant,
voct^Saint^T vozjbons
Pere,
vozJbras de ce tiltre marrie. Ntdlarrecinne f a i t j i y facrilege: itien ne pretens fur -vottre priuilege. Car -vous(fans plus)aue\fur toute femme Luc i. jReceu de luy l'honneur f y grandjna dame, Que nulefprit de foy ne peult comprendre, Conme a -voulu en -vous nofhe chair prendre. Et mere & -vierge efles parfaitement, j(uant,apres,& en l'enfantement. En voftre faint -ventre lauezjporté: Nourry,feruy,aUaifté, conforté: Suyui aucafes prédications, L'acompagnant en tribulations. Luc i. Bref, vous aue^jde D I E V trouué la çrace, Que l'ennemy par malice &fallace lAuoit du tout fait pet Jre en -vérité, jCupoure j(dam& fa poilerité. R om. 5. par Eue ¿7* luy,nous l'auions tous perdue, ican 1. par ^,0ftre ficelle nom efl rendue. Luc 1. Vous enaue^eftépleine nommee, Dont n'en efl pasfaulfe la renommee. Car de yertuxj & de grâce & de dons Faute
LAME
PÉCHERESSE.
Faute riaue%jpuif que le bon des bons, Et la four ce de bonté & puiffance (Qui yous a faite en J y pure innocence, Que de yertu\a tous eftesexemple') fait de -vous fa demeure & fon Temple. TL* ~»otts il ejlpar amour confermee-, Et ~vom en luy rauie & transformée. De cuyder mieux TOUS louer,c'efl blafyheme. il nefl louenge telle,que de D I E V mefme. Foy aue\eu f y tresferme & confiante, Quelle a efté,par la grâce puijfante De i>om faire du tout déifier. Parquoy ne yeux cuyder édifier Louenge a voui pltagrande,que l honneur, Que vous a fait le fouuerain Seigneur. Car ~uous eiles fa. mere corporelle, Et mere encor par FoyjpirttueUe: Maison fuyuant yoftre Foy humblement Mere ie fuUfpirituelîement. Mats,mon Sauueur,de la fraternité Quauezjt moy par yoibe humilité, M'appelant fœur,en auezjvous rien dit? Heùs ouy,car du pere maudit jiuexjompu lafiliation, En me nommant fille d'adoption. Or donquespuis,que nom nattons quim Pere,
Ienc
LE
MIROIR.
DE
le ne craindray de -vont nommer mon frere. Vous l'aue^Jtt en lieu bien autenttcjue Par Salomon,en voibre doux Cantique-, Canti.4. Difa^Mt famrju tu naurémon coeur, Tu as nauré mon cœur par la douceur D'vn de tes yeux & d'vn de tes cheueux. Las,mon doux frere,autre bien ie ne -peux. Que,vow naurant,nauree me fentir Par voilre amour,bien m'y veux confentir. Pareillement efpoujè me clame^ En et lieu lk,monïbrant que vous m'ayrnezj Et m'appeliez^ ar vraye amour ialoufe, Canti.1. Voilre colombe,& aufîivoibe Efpouje. Parquoy diray par amoureufe Toy, Qua vorn ie fuis,& vous eftes à moy. Vous me nommezjtmye)eflx>ufe}&' belle: Si ie le fuis,vous maue^jaite telle. Las vousplaijl iltelzjioms me départir? Vignes ilxjont de faire vn cœur partir, Mourir, brusler par amour importable: Penfant l'honneur trop plus que raifonnable. Mere,comment merei las,de quel enfanté C'efl d'vn telflaque tout le cœur m en fend. Monfh^mon D I E V , O I E S V S , quel langage*. Et pere,& fiïïeio bienheureux lignage! Que de douceur ¿que de fuduité Me
LAME M e
P E C H ER. E S S E .
y a caufant
M a t * quell'
cefle p a t e r n i t é !
amour
Q u e l l e crainte
doy
Pere,quoy
Mon
p r o t e 6 l e u r
Or
?
filiale.
? bien r e u e r e n t i a l e .
Mon
V o f t r e fœur
ie anoir
? y cire >
&
mon C r é a t e u r ,
& mon
conjeruateur.
? l à s , y o i c y grand'
f c n d e x j v o u t j n o n cœur,par
E t f a i t e s place
a ce f r e r e tant
E t que luy f e u l [ o i t enfermé Sans
qu'autre
nom
Tors
i E s v s
iamis
la m o i t i é : d o u x ,
en
TOUS:
y tienne
lieu,
fiul,monfrere,filzjie
D I E V.
V a u t r e nul ne y e u x rendre
la p l a c e ,
Pour
me f a c e .
batterie,ou
mine
qu'on
G a r d e % j n o n cœur/non
f r e r e mon
E t n'y
l a i f f e x j n t r e r y o f t r e
O
bon f r e r e ^ n f a n t , p e r e &
mon
Les
iointes
Dont
il yows
E t f y tresbien
p l a i f l moy
de grâce
JSle y o y e x p l u s ; tant Si que
Foy
terre,cendre
de yous
&
femblent
de moy amour
qui
& " f i t n g e
cœur c o n t e n i r :
me y e i i i r ,
c o u u r i r , q u e mes
Voire&
e ß x M X , hgenoux
m e r c y , g l o r i e , & * louenge;
- » O l l i t o u r n e r , & mon
E t me
amy:
ennemy.
humblement
TOUS rendx^
Grâces
j i
mains
Pfal.itf.5«.
amitié.
maux
les
&
aue^cacheç:
en oubly les a y t o u s
ni en donnent
péchés
m û , commis.
oubliance, METTANT
3Q
LE
MIROIR.
DE
Mettant du tout en vous feulma fiance. laques 3. x>onc,o mon Pere,ougtjl amour non feinte, De quoyfault il,qu'en mon cœur i'aye crainte? Je recongnois auoirfait tous les maux Que faire on peult : ¿7* que rien ie ne Taux, Et que TOUS ay,comme l'enfant prodigue, ^Abandonné :fuyuant la folle ligue, Ou deftendu i'ay toute ma. fubjtance: Et tous vo^biens receu^en abondance: Maispoureté m'afeichc comme fein, Et r.ton ejprit rendu tout mort de faim, Cerchant manger le reliefdes Pourceaux: Mais peu de goujl trotmis en telxjnorfeaux. Dont en Voyant mon cas mal attourné, Iean 6. Mon Pere,a vous,par vous,fuis retourné. Luc Las,i'ay péché au Ciel,& deuant vous: Digne nefitis(iele dy deuant tous) Me dire enfant j mais Pere dehmnaire, lie me fais pis que à vn mercenaire. Las,qu'efl cecy ? pas nauezjtttendtt Mon orai fondais aue^eilendu La dextre mainjme venant recevoir, Quand ne penfois,que me daignifîic%voir. En lieu d'auoir par vous punition, Vous m'affeure^de ma ftluation. Ou ejl celuy donc qui me punira, Quand
L A M E
PECHER.R.ESSÉ.
Quand mon péché mon T>ieu luy niera, ? luge nefl point qui puiffe condemner Nu!,puis que D i E v ne le Teult point damner. Doute ie riay d'auoir faute de biens, Puu que mon D / E v pour mon Pere ie tiens. Mon ennemy nul mal ne me fera: Car fon pouoir mon Pere deffèra. Si ie doy rien, il rendra tout pour moy: Si i'aygaigné la mort,luy comme Roy, Me donnera grâce & mifericorde, Me deliurant de prifon,& de corde. Mais voicy pis ; Quelle mere ky ie efté, jipres auoir par Foy & feureté fieceu le nom de vraye & bonne mereï Trop ie ~vom ay efté rude & amere: Car vous ayant conceu & enfanté, Laiffant raifon fubiette à -volunté, Sans TOUS garder,ie me fuis endormie: Et donné lieu a ma grande ennemie, Qui en la nui6l d'ignorance,en dormant Vous a robbé près de moy : finement En -voftre lieu nia mis le fien tout mort, Perdu vous ay,qui mefl vn dur remord, Perdu i>ous ay,par ma faute,mon flx^ Car trop de vous mauuaife garde fei%j Ma voifine,ma fenfmlité
3 2,
LE
MIROIR.
DE
En mon dormir de beftialité Priueema. de-vous,par fonenuie: En me donnant ~vn autre enfant fans yie, Qui ejl Peché ¿duquel te ne -veux point, le le quitte du uut,T>oyla lepoinól. Elle m'a dit,qu'il ejl mienne 'ejl à elle: Car aujli tofi que vins a la chandelle De la grâce,que -vous m'aue^ donnee, le congnu^bten ma gloire eftre tourner, Voyant le mort,n eftre miemcar le yi f , Quelle auoitprinsfjloit le mien naïf. Entre i E s v s Peché,ejl le change Trop apparent.Mais yoicy cas effrange; Ceñe -vieille méfait le mort tenir, Quelle dit mien,&> le yeult maintenir. O iuge -vray Salomon,veritable, Ouy aunóle procès lamentable: Et ordonné,contentant les parties, Que mon enfantfufl mis en deux parties, oí cela s'ejt la, traiftrejfe accordee: Mais quand me fuis de mon fd^recordee, Plus toit en -veux foujfrir priuation, Que de fon corps U feparation: Car yraye amour bien par faite,ardente De la moitié iamats ne fe contente, ïayme trop mieux dit tout pleurer ma perte,
L'A ME
PECHERESSE.
Que de ïauoir a demy recouuerte. Peu fatisfait aurois à mon enuie, Si la moytié de luy auois fans -vie. Lks}donne%luy plus tojkl'enfantyiuant. Bien meilleur meft,qne te meure devant, Que de fouffrir I E S V S C H R I S T diuisé, Mais,Monfeigneur,mieux aue^jtduisé: Car en 'voyant mon mal en tout endroit, J.t que fins tojl renonçois a mon droit, Que de fouffrir cruauté fy amere, Diftes de moy,Cefle ejl la yraye mere: JLn mefaifant mon enfant rebailler, Pour qui ~i>oye%jnon cœur tant trauailler. O doux I E s v s, youi ay ie retrouuéî ^Apres auoir par ennuy efproitué, Si "vous aymoit : moy,qui youf ay perdu, Ji moy mefmes ~i>ow ~wtts ejles rendit. Làs,n grand regret. Helasjnon D I E V , mon frere)& -yray Moïfe Trefdebonnaire& trefdoux fansfeintife, Qui faites tout en bonté & iuilice, l'ay eftimé yozjxuures eftre -vice: Et dire ofant par façon trop legere, Pourquoy auous ejpoust l'eihangere ? Vom nous donne\Loy& punition, Sans y youloir auoir fubieflion. Vous nous faites de malfaire defenfe, Et pareil malfaitesfans confcience. Vous defendeçde tuer, a chacun; Mais nous tue\j fans efpargner aucun De yingt trots mil,que yousfeiiles defaire. Commandement D r E V par -vous nous feit faire, De nefyoujer file de l'eibanger : Mais yofire efpoufe en prinfies,fans danger. Monfrere,belàs, tant de telles paroles, Que ie congnois,& fçay bien efire foies, tAuec iAaron(qui efî mon propre fens) le TOUS ay dit : dont le regret i'en fent^J. Mais par grace la viue yoix de D I E V Bien me reprint,auantpartir du lieu. Quefeiftis TOUS alcrs ? de mon péché
36
NOMBR.U.
LT
MIROIR
DE
Las,monfrere,yotts fuites empefcht: Non pour prier pour ma punition, Mais pour mon bien,&* ma remifîion: JE» demandant pour trefgrand benefice, Qutlpleujl a D I E V mitiguer fa iujlicet Ce que du tout ne peujles obtenir, Car me conuïnt lepreufe deuentr: . yA celle fin,qu'en -voyant mon vifage. Chacun congnufl,que nauois e f l é f a g e . jùnfi ie fuzjntfe,comme ladreffe, Dehors du parc du peuple& de la preffei Car mieux ne peult -vue ame efirepmie, Que d'eslongner U fainte compagnie Ves -vertueux,fideles,bons,&faintxj Qui par péché ne font Ldresjnais fa'tns. Mais qua'uous fait -voyant ma repentance? Tojl auezjntifin à ma penitence: Par -yraye amour,en -vous non feiournee, ie fuis retournee. lAue^prit:& O frere doux,qui en lieu de punir Sa folle fœurja "veuh a luy ~vnir. Et pour murmure,inmre,ou grande o f f e n f e , Grace & amour luy donne en recompenfe. ( f e f l trop,cefl trop,helas c'ejl trop,mon frere; Point ne deue%Ji moy f y grans biens faire, f a y fait le mal,yotts me rendezje bien; VoSbre
LAME
PÏCHERESSE.
Voilre ie fuu,0* TOUS yous dites mien. Voflre iefuts,^* yoftre doublement: Et ejire yeux yofbre éternellement. Plus ie ne crains d'^faron la grand'folie: Nul ne fer a,qui de yous me deslte. Or fuit que jrere &foewr enfetnble fommes, lime chaultpeu de tous les antres hommes: Voflre terre,cefl mon yray heritage: Nefaifons plus/il nousplaifl,qu'yn mefnage. Puts qu'il yousplaifl tant yous humilier, Que,yoftre cœur auec le mien lier, En -vous fatfont homme naïuement, le yous en rend^graces treshumblentent. Comme ie doy,neftpas enmapuijfance: Prene^jnon coeur exeufe^J'ignorance. Puis que ie fuis de f y bonne maifon, Et yoflre fœur mon D I E V , i'ay bien raifort De yous louer,aymerjerutr fans feindre: Et rien,fors yous,ne dtfirer,ne craindre. Carde^moy donc,à yous me recommande: Point d'autre jrere,ou amy,ne demande. Si pere a eu de fon enfant mercy, Si mere a eu pour fonfl^du foucy, Sifrere à fœur a couuert le péchéj le n'ay pomt y eu,ou il efl bien caché, Que ::ul mary,pour a luy retourner, c î
3?
LE
MIKOIK
DE
iAyt a fa femme onc -voulu pardonner. tAjfezen ejl,qui pour yenger leur tort, Par Jugement les ont fait mettre a mort, jfutres,voyans leur péché, tout foudain jC les tuer n'ont efpargnéleur main. iAutres,voyans leurs maux trop apparent^ Renuoyees les ont chezjeurs parent% iAutres,cuydans punir leur mauuaii tour, Enfermees les ont dens ~vne tour. Bref,regarde%joutes complexions, La fin n'en tend,qu'à grands punitions. Et le moins manque l'en ay peu fçauoir, (fefl,que iamati ikjK les yeulent yoir. Flus toft feriexjourner le firmament. Que d'yn mary faire l'appointement, Quand il efl feur du péché qu'elle a fait, Pour l'auoir yeue,ouprinfe en fon meffait. Parquoyjnon d i e v, nulle comparaifon Ne puis trouver en nul temps ne faifon : Mats par amour,qui efl en -vous fy ample, Efles icy feul,& parfait exemple. Icy,mon d i e v, plus que iamats confeffe, Que ie ~fous ayfaulséfoy&promeffe. Las,efpoufe m'auie^conflituee, Et en l'eflat d'homeur reilituee; {Mats quel honneur ? d'eftre au lieu de l'efî/oti
LAME
P E C H E P. E S S E .
Qui doucement près de vous fe repoufe: De tous~vo\bicns roynejnai{lreffe,& dame, En feureté d'honneur ¿de corps,& d'ame) Vtlaine moy,ce quefault que n'oublie, Par vous trefijble,noblement anoblie. Bref,plus,& mieux,ous,en moy efleinte, Tant que le nom de i e s v s mon ejpoux, (Que par auant i'auots trouuéfi doux) rit,ou liberté,ha lieu. Or prions D I E V nous donner la prudence De faire tant,qv; l'Efprit ayt regence Vejfus la Chair,la matte,& domine: S'il nous vient bien,gardons trop de licence\ S'il nous ~vient mal,prenons en patience: Si Chair nous poingt,demandons continence: En implorantgrace &fau:ur Diuine. i.Ican t. Etfi faillons par charnelle infolence> Tournons deu:rsl infallible clemence, Dolent^d'auoir eflédefor^onne^j Et retenons & Foy,& confidence,
Rom.s.
O 5. A I S O N DE L'A ME FIDELE. iAu moins -vaincrons ayons ceñe defenfe, Encor que nom ayons fait mainte o f f e n f e , Puis qu'à peché,ne nousfommés donné%¿
FIN.
Oraiion de l'Ame fidele, à ion SEIGNEVR % DIEV. E teneur,duquel le fiege,font les Cieuxi Le marchepied, la terre, & ces bas lieux; Qui en tes bras enclosje firmament, Qui es toujiours nouueau,antique & mieux, Rien nefl caché au regard de tes yeux} jiu fonds du roc tu vois le diamant, j£u fonds d'Enfer ton iufte iugement, jÇu fonds du ciel ta Maieilé reluire, jiu fonds du cœur le couuert penfement, Qui efl celuy qui te vouiroit vtihuire? Plus qu'vn efclair ton œil efl importable, Plus qu'vn tonnerre efl ta noix ejjrayable, Plus qu'~»n orand vent ton efprit nom eilonne, Pltff quefoaldre efl ton coup ineuitable, Plus
77
78
O R . A I S O N
DE
Plus que Mort efl ton ire ejpouentable, Plus que nidfeu ton courroux peine donne: Tu penfe & ~»eux,& pi^gr f i ordonne Ce aui te plaifl ; tuer, refufciter, Efl en ta main,dont l'œuure efl toufiours bonne; Qui efl le fot qui penfe y rejîfler? Plus qu'im Soleil ton regard efl luifant, Pltfi quyn beau iour ton yifage efl plaifant, Plut que rofee au coeur ton ejprù doux, Plus ton parler qu'yn -vent au chaud dut fane, Plus ton jùnour le noftre efl conduifant Quyn cler ruijfeau,qui nous emporte tous iAu treffeur port, ou nous attend l'Ejjtoux: Dont le doux bruit rend le cœur endormy, Bonté,beauté,& fens,fe monflre a nous. Qui efl le fol qui n'en ~veult eflre amyl Qui efl le fol qui cuyde confetUer Celuy duquel Ion doit efmerueiUer La grand "vertu & haute fapience? Qui peult l'efprit efueillant,efueiller, Qm ne doit point, ny ne peult fommeiiler? Qui apprendra fçauoir à la fcience? Quiefmomra la longue patience Veuant le temps de luy determiné? Nul qui aura dedens fd confcience L'ejj>rit duquel tout efl illuminé. Quand
L'A
ME
F I D E L E .
Quand il formoit les deux par fa Parole, Le feu & l'air,la Terrel'eaue tant molle, Qui le feruoita f y grande œuure faire? Quand tant d'Esku%jfcriuoit en fon rolle Quel ferutteur eftoit fon prothocole, Pour n'oublier ce quil vouloitparfaire? Mais qui baillé luy a tout l'exemplaire De tant d'oyféaux,de befîes & poiffons? O, le Cuyder,ilt/om fault icy taire-, Celuy qui feme,fait aufii les moiffons. Seigneur,Cttyder a "voulu entreprendre XV ta hauteur, fens,&puiffance entendre, Et deuifer de tes grâces biens: Mats il auroit befoingpremier d'apprendre Que cefl de luy,&" dedens foy defcendre; lors trouueroit que s'il eji,ilefl Riens. Rien qwpeult il ? moindre ejl que fange &fiens. Mais fi ce Rien au yray fe congnoiffoit, Rien & toy Tout faiUiroit des liens, Ou le Cuyder le poure Rien déçoit. Tu aymes tant ta gloire & ton honneur, Que tu en -veux a ceux eflre donneur Que rien en eux ne congnoijfent de bon; Car confeffans Rien leur jfme ¿7* leur coeur, Quand de toy ont la diuine liqueur, Difent que cefl purement de ton don.
80
O R A I S O N
DE
Et de tant plus leur dorme en abandon Grâce four orace& plus leurs cœurs sabaijfent, (En demandant,comme pecheurs,pardon) Car tout ce bien 'venant de toy confeffent. O Donateur de grâces fans me fure, Cette clarté de 'vérité tant pure Enuoye au coeur qui ne te cerche par, Tu luyfats voir du péché la laidure, Et de fon j£me,& de fans corps l'ordure, Et le profond d'Enfer iufqu? au plus bas. La ou il efl,les liens & les la ^ Par le menu,lors fais l'une captiue De près compter : mais enfin tu rabbas ^Ainfi qu'ilplatfl a ta bonté ndiuz. l!Ame eflfans yeux ; car elle nepeultvoir, Et fon oreille efl fans aucun pouoir De rien ouyr ; ¿7* muette eflfa bouche> S'il ne teplaiflpar ton tresbon -vouloir L'illuminer,& luy faire fçauoir Que morte elle efl plus qu'une vieillefouche; Morte fe voit quand ta clarté la touchej Elle oyt ta voix,luy omrant les oreilles: Si ton ejprtt dens fa bouche s'approche, • Elle ne fait qu; louy tes merueiUes. L'kueuole voit,mais non pas de fa ve'ùc, Son oeil charnel comme me beile nue
Ne
L ' A M I
F I D E L E .
81
Ne peuLt rien yoir}finon l'exterieur. Mais ta clarté & donnee & recette Par ta bontépar ton don conceue, Luy ouvre l'œil pour yoir l'intérieur. Lors il te -voit comme fuperieur, D î E v tout en tout,de tous la -vie & l'efhre. Et luy de tous damnezjinférieur, Rien,en la main de ta puijfante dextre. Se Sourd qui ha fon oreille fermee Par noncbaloir en erreur confermee, Eft cler oyant,qui d'ouyr rieitoitdtgne. Nature en luy par toy eft reformee, Et en la tienne eft fy bien transformée, Qu'il oyt ; mats c'eft de l'ouye diuine. il oyt na yoixgracieufe & benigne. Par cefte yoix te congnoit fon PaSieur, Luy ta Brebis ; qui de crier ne fine. Las,te periz^ fans toy¿non Saluateur. Le Muet denc à qui parole fault, En cefte chair parle & crie bien hault, Quand en fa bouche a ta parole ~»iue il fe confeffe,& congnoitfon default, Et qu'il eft rien,qui nulle chofe yault. Et toy¿Seigneur,bontépure & ndiue, Il crie a toy remply d'amour aéliue, Demandant l'eau du don tant defirable. f L'ayant
8 2.
O B . A I S O N
DE
¿Ayant receu,fon jime efl ententiue Jt fans ceffer crier, D I E v efl aymable. Mais cefle -voix de Iacob qui s'eflimc Le plia petit Je dernier ¿7» l'infime, j( toy Seigneur & Pere efl agreable. Car du plus bas tufque au hault de la fyme Ta main le cherche,&> l'efpreuue,& le lime: Mais rien ne voit a cefle yoix femhlable. Car de la peau tant digne & admirable De ton cherfîl^J'a fy bien reueflu Ta ftpience & bontéfecourabk, Que tu n'y peux trouuer que ta -vertu. Seigneur,Seigneur,cjuelle efl ta charité, Voyant celuy qui na rien mérité, Et qui n'efl Rienjuy donner congnoiffknce De ce qu'il efl Ipuif de ta vérité, De ton jimour,parole,& purité Tu le remplit en trefgrande abondance. Tu le reuefl^par f y belle ordonnance Du yeflemcnt qui cceuure tout péché, Nonfeulement comme par apparence, Mais qui le rend mort en lieu de caché. Cefle -voix U,va criant n'auoir Eflre Sinon toy (eul,[on feigneur & fon maiftrei Par les defert^ fe fait tresbien ouyr, Difant,o coeur dur,rural & champeflre, Deslie^
L'A M E
F I D E T. E.
Deslie\yows de yoftre vieux cheuettrc> PrenexJe ioug qui vowspeult refiouyr, Par fit douceur il i>om fera iouyr Vu bien cjue D I E V promet à fies Eslu\. Mats qui voudra ce fieruicefiouyr Sera fait ferfaux eternelx^palm. Ceñe -voix là defioynefa.it la fefte, Ny ne dit rien forgé dedens fit tefte, Ny ne fe fait prophete,tuile,ou faint, Mats vn chacun a congnoiilre admonnefte, Qne lefieulSaint,bon,& iufte,& honneße, C'efl D I E V toutfieul,quin'eft forgé ny painty La main duquel à donner nefiefeint ¡A fon Esleufiatrefdoulce promefifie ; ¡¿fu. Reprouué,en fon peché efteint, Le lieu ou eft immortelle triftejfie. Qui eft la voix quify hautement crie, Quifiytresbien & fiy humblement prie, Qui eft o'.iye,& pourfiareuerence Eft exaucee,& fit fiemble periq Quant à la chair,mifie a la moquerie, De tous voyans en trefipoure apparence? Las,ce ft ï Amour ou gift noftre ejferancei Qui a criéfiyhault dedens U Croix, Que nom auons de tous maux deliurance Par ja vertu,& ainfii ie le crois. f * Et
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Et cefie -voix encore crie en nous, Poñuleen nout,&* nom fuit a genoux* Par im foujpir qui e f i inenarrable, Sans crainte aller a toy,Pere,tant doux, Te demander ton Fthl pour noftre effioux; Dedens lequel ejl ton jùne immuable, Et tout tes biens, o bonté incroyable, Qui ton efprit nom donnes pour prier, Duquel la voix te rend doux & placable, Tant qu'au criant ne peux le don nier} Tu txwre en nous ; parquoy noflre oeuure ejl bonnet Quand nom fçawns que tu l'œuure ordonne. Mais tu te plaisf y fort en ton ouurage, Que tu par fats l'œuure,& pm la couronne j i ton honneur,dont la gloire enuironne De mille honneurs,&gloire dauantagq Mais le proufit de ce bon labourage En ejl à nom,qui t'en donnons l honneur, Plus t'en rendons,plus de ton héritage, Et de tes biens enuers nous es donneur. Ton don defcend,& puis retourne a toy¡ En defcendant en im autre,ou en moy, Te monfbre bon,humble,doux,gracieux; Car tu defcends,toy DIZV, Seigneur,& Roy, En cede ordure,& yilajn defarroy Pour la purger,& convertir en mieux-, Puis
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Tutt la ioinptant à toy¿remonte aux deux, En te monjbant Pere & pafteur paiffant, Ta Brebif met%Jx>rs de fon yAdam ïteux, JEn la [amant de ce Loup rauijfdnt. Cejle defcente qui monibre ta bonté, Par laquelle eft noihe mal furmontéy Te donne honneur & immortelle gloire. Mais le proujit(quand tout e f i bien compté> Voyant par toy nofire ennemy damé, i f nous tirezjde prifon orde & noire, Voire & portexjpour figne de ~Uiélotre j i toy,qui ai l'oemre entiereparfaite) En e f i k nous j qui nouéfais en toy croire, Et demeurer par alliance faite. Si cefle ^Amour dont te devons aymer Vernit de nousjon pourroit eflimer Quelleferoit bien courte &fortpetite: Mais Ji l'Amour de toy "vient enflammer Nojh-e ame & coeurguettant afecla mer De ruKtipechés,par fa grâce & mérité, Cejle tAmour la n'aura fin ny limite. Pldijtr,tourment} honte,douleur,ny mort, N aurontpouoir qu'elle nous laifjê & quittej Car elle yient de ïimmuable & fort. Tu es ¡Amour,qui toy feul te comprens, Qui en no^coeurs cefle lumiereapprend f 3
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Quand noílre miñen efl tütminee, L'obfcurité des tenebres reprens; Et tiojlre ejprit de noftre chair dejprens, Lp tirant hors de cefte cheminee Noircie au fe»,dont elie eflfy minee, Que ft l'efjjrttyfaifoit fon feiour, Luy tnflny en cefle chair finee Seroit en nuiéí eterneüe,fans iour. Mats ton tAmour comme yn feu yehement Ce cœur de fer plus dur que n'efl l'aymant, Vient amollir & conuertir en eau¡ Et ft froideur,ft peur,fon tremblement Tourne en ardeur d'amour de fray aymant, Tant que luy laid,froid,& noir,deuient beau. Ce corps pefant efl refait tout nouueau, Leger, luifant,chauld,contre fa nature-, Par l'ymon du doux feu de l'Agneau, jCu Createur femble la creature. Quand le fer efl remply du feu ardent, Tout œil dira que cefl feu euident, Et fila main yn peu y yeult toucher, JDifant que c efl fer,& froid le cuydant7 Trouuera feu ce trefcler accident, Et n'en youdrapltts fy près approcher} lAinfljùnour yny a noftre Chair, La fait fembkr clere,chaulde,&• legere-, Mais
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Mais cefi luy fcul auquel a confié cher, Cefie ynion de tenebre à lumiere. O yray Vray D I E V d\t#tour,qui d'aymer nom corme, Qui i>i%jn nous : car fans toy,Jómmes mort%¿ Mais ton ofmour^nt nofire J6me efi rauie, Vnfaint de fir luy cattfe enuie, Ve delaijfer U poifon de fon corps, Pour
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Tour retourner dont elle Tint alors, Que tu la mys dedens,pour en ~»fer jC ton 'vouloir,luy donnant tm remors S elle -voulait de luy trop abufer. Qui peult auoir Eflre que de toy feul, Qui as formé tout par ~m feul clin d'œil? Nul,siln¿mitautre D I E V Createw, Ce qu'il ne peult,qui qu'en ayt ioye ou dueil. Tu Es qui Es,Nom rien,fors le recueil Que tu en fats comme putffantfaéleur. De ce qui n'efl,tu es le rédempteur, Le rachetant,de non Ejbe,à iamais, Par l'union de toy fon Seruateur: Rien,Eftre en toy ha ; car tu luy promet Si tu n'eflois de fon Eflre fubflance, De qui aurait l'homme fa fuffifancei ïlperiroit ; car il ne s'efi pas fait. Cent ans auant qu'au monde il eufl naiffance Eflre n'auoit en foy,matf en pre fence De toy efloit,en qui tout efl parfait. Son Efbe donc n'efl,luy mourant,défait} Car il efloit auant qu'ilfufl au monde. S'il te congnoit fon Eflre,il efl refait, Et efl heureux en font & l'autre monde. Voyant en foy,& non en toy fon Eflre, Commence toy & luy a defcongttoiftrei Jîtpretid
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It prend Cuyder pour certaine fcience, il fe ~veult tel que tu es appdroiftre, BonJufle,Sditttj fe faire à tout congnoiflre Sdg mon Seigneur & mon Roy Toute bonté,fapience O* puijfance. O i E s v s C H R I S T , en qui mon Dieu ie voy,
Var ceflefoy que de toy jêulreçoy, Tu es mon bten & ma fraye innocence. j(uo\r ne puis de mon Rien congnoiffance, Si te nefuii en tcy ; qui tes daigné Te faire Rien,des hommes l'oubliance, Vn poure vers tout nud en fang baigné, Las,tire moy a toy,doux I E S V S C H R I S T , Fais qu'en ton Rien foye,mort &prefcript-t Tarn
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Tant que nul œil,ny le mien ne me t o y e , hruiÎe mon cœur d'amour par ton e fer it, lEt mon yAàam}mon cruel jfntecrift, Qui trop méfait rttarder en ta -voye. Ton faint ejprit me¿wide & me conuoye, Non plut mon fensjiy mon Cuyder menteur} j i fin qu'en toy & non en moy ie foye. Lors tu yiurds en moy,mon Redempteur. Tu tes pour nom du tout aneanty, iApres auoir & porté & fenty De noo^pechés punition entiere, mort & croix pour nous totit confenty\ Promis l'auots (aujii n'as tu menty) Que tu ferOPS redemption pleniere. O mon doux Rien,yien rompre la barrière JDe mon Cuyder,me faifant eiire Rien, Et tout ainf. que foleil en yerriere Reluys en moy,qm fans toy tiay nul bien. Très yoluntiers a Rien tu tes fôubmt^j xA fin qu'a Rien Adam par toyfujl mis} Duquel auots prins la robe & figure: ,Aujii yiuant par Foy en tes amys, Les eu fats Rien ; ¿r d 'eux mefmes defmi^, Ne fentent rien en eux,que ta nature. D'eux ikjt ont plus congnoiffance,ny cure: Car en toy font,qui Rien M uoulu efbe;
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Lors ayant mis a Rien la Creature, La remis a fon Tout,par ta dextre. Seigneur,qui, as ceftediuinité Voulu cacher foub%noflre humanité, Pour Enfer -vaincrela Mort & Pechéi U\Adam a pris l'habit d'humilité, Lequel as mys par ta grand charité J( rien j l'ayant mort, en croix attaché. Toy feid l'as fait, t'en es empefcht; Mais jiàam mort,mi%ji Rien fur la Croix, Soubzje manteau ducjuel eftois caché, jis monflré D I E V , par toy, en tous endroit O tAdam mort, O I E S V S C H R I S T viuant; O morte chair, o Cuyder mi\au -vent; Opoure Rien, tufau'a Tout esleué\ O la nertu,qui rendpuiffant,fçauant, Cilcjui eftoitfoible & jot par auantl Que ton .Amour icy efl approuué, Eslire Rien, damné & reprouué, Le transformant en Tout,en fih^, &frere} ^fme QUI as ce parfait Rien trouué, Cours a ton Tout ; plus ça bas ne différé. Eternel Tout,qui peult à toy courir, Sinon celuy que tu as fait mourir, Et mettre a Rien par ton filetant amableî Qui parfa mort l'efl venufecourir
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J)e fon Cuyder qui le fatfoit perir, in le rendant du tout pareil au Diablej Qui KAnge feut en D i e v beau & louable: Mais fe -voyant en luy)&' non en d i e v, Par ~pn Cuyder d'eilreafonx>iz\ femblabU, Perdit le Ciel,& n'eut plus autre lieu. O i e s v s c h m s t , mon piteux redempteur,
Qui mas tiré de ce Cuyder menteur, in me monftrant mon Rien,ce que ie fuis. Tu es l'amy ¿7* le [age inventeur De tirer Rien à fon Tout & autheur, i/tpres l'auoir plongé au fonds du puits De defefpoir,&'puis porté a l huy ^ £>m haut du ciel,pour a fon Tout le ioindre, JLa Creature unie au Createur; Ce doux fçauoir a taymer nous doit poindre. Pere, qui yois dens tonjUzJwnnort Ce poure Rien,du tout incorporé Par la uertu de ton efprit trejfaint, i/fuquel toy feules -peu & adoré, Non comme ~»n d i e v paint,Vifible,& doré, Mais comme d i e v puiffant,poureibre craint, Pour eftre aymé de tous,dun coeur non feint. L'eftre & la i>ie de toute creature, Tu tire a toy,par ton fil^ mainte & maint} it Rien a Tout,par Eleflionpure. £
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O d i e V J Ô Tout,qui ce Rien as tiré jC toypar c h m s t , auquel l'as martyre, Et mis a Rien far fa mort tant cruelle; i/tyres qu'il a longuement foufpiré, Pour du tout efire a fan Tout retiré Se fent vny a toy, Vie etemelle. Ot e f i ce Rien,creature nouuelle, Incorporé tout en l'homme nouueaul Sa morte chair refufcite immortelle, Var Imion de c h k x s t parfait & beau. Tout e f if y Tùut/jue Ion n'y fcauroit mettre, Ny adioufier/ty tirer,ny omettre Chofe qui foit,Tout ne petdt augmenter: D i tv e f i feul d i e v,&'feidTout-> qui foubmettre Ne fe voudroit a nully, ny commettre Ce qui ejî ften a nul; car contenter Se petdt tout feul : & nully prefenter Ne luy fcauroit, finon ce qui ejl ften. Luy feulfe petdt d'éfire tout bien uanter, Car hors de luy n'y a Eflre ny bien. Quife peult donc ioindre a ce Tout parfait? Chofe qui foit. Car qu'ejl ce qu'il n'a fait, Et dont aytprU hors de foy la matiereî Tout contient Tout,parfait ¿7* imparfait, Vouloir,cuyder,penfer,&' dit,& fait, La mort,la vie,& tenebre & lumiere, Le
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Le Ciel}enfer,pdr fy [eure mattiere, Quirn autre Tout,n autre D I E V ne doit craindre. Ce mot luy feulpeult dire en fa bamiere, le s v i s o_y i s v i s, autre n'y peult attaindre. Le malheureux Je fotJe glorieux, Qui bien cuyde eftre ¿7* iuiie,& vertueux, Se veult de DÎ E v par foy mefme approcherJ Mats ce Tout la d'orgueil viélorienx, Ne yeult fouffrir ce Cuyder vicieux, Se ioindre a luy ; mais du hault du rocher Jufqu'auplus bais le fait bien defcocher, JEn luy montrant que Cuyder neftpat preft De voir,d'ouyr,de congnoiilre,ou toucher Ce D I E V -0* Tout,cjui Eft celuy qui Eft. 0,qu'ileft clo^deuantno^yeuxce Liure! Qui l'ouurira pour nousfaire tous viure, Rompant pour nous les feaulx de cefte Mort? O doux Jfgneau,qui les captif^deliure, Qui de ton fang lesguaris & enyure, Tu as pour nous icyfait ton ejfort. Car par ta force m mis a rien le fort, Que nous ternit en prifon d'ignorance. O que tu as aymé les tiens bien fort, Qui par ton fang en as fait delturancel Toy I E S V S C H R I S T , KAgneau pour nous occif, Qui de ton Pere à la dextre es aßtf, g
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jCsfd.it des featdx & du liure ottuerturc, Car nom damne%j&' de péchés noirci y/s retirczjpdr peines ¿7* fouci De ceCuyder : prenant noitre nature, Que tA as mije a rien par fygrand cure, Que ce Rien la auec [on Tout as ioint. Toy D 1 E v ¿7* homme,en es feule iointure, Car Rien a Tout,fans toy/ie ioindroit point. Chris T,tu ai mls& Dieu,et l'home enfcmbicj Les deux paroyzjlifferentes affemble, Et Rien a Toutfy bien yni%j&* colle, Qu en tous les deux rien qu'tm tout feul nefemblt, Qui efl en toy par grâce,ilte reffemble, Ht n'haplm rien de la -vieille chair molle. Chair tu t'es fait,0 trefuiue Parole, Pour noftre chair toute en toy transformer. En toy -uiuons,en nom iotte ton rolle Qui contraint ù 1 £ v comme enfans nom aymer. D 1 E v n'ayme rienque fon Jeulfilxjvnique, Et à fa voix ne fait nulle répliqué-, S7Heß en nom& qu'ilface prier e, Exaucé efl -, dont nom auons pratique. Car fapriere au falut il applique De fesEsleu^, tireçdelaperriere De l ignorance,& obfcure carriere, Dedens fon corps trefcler lumineux: En
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En luy -voyons D X E V fans mile baniere, Car nom fommes par O H M S y,hommes tous neufe Homme nouueau,Rien en Tout transformé, Combien tu ne ce qui nef rien aymé, En te ioingnant a luy ; par tell' amour, Que tufu%Jlien,&' non homme e f i i m f , ^A fin que l'iwmme a ce Rien conformé, Fuji ioint à Tout par toy. o quel bon tour, Faire en ce Rien & "vieil homme feiour, Tour a fon Eftre, Tout,& D I E V retirer, Le Verbe chair, D I E V homme en yn iourl Cefçauoir la je doit bien deftrer. Que fçauroit plus noflre jime conuoiter, Ny a quel bien plus grand peult afpirer Qu'effre à fon DI EV, fon Eftre, & Tout yniei tApres tel bien chacun doitfoußiirer, Et a ce Rienpeuapeu fe tirer: Parquoy Ion Vient a celle compagnie Des bienheureux,fy pleine & fygarnie De D Î £ V , que D I E V tout feul Ion y peult yoir. Car Chair & Mort en e f i du tout bannie: D I E V feul en tous fit par fon grand pouoir. O que noççjcorps ça bas tant tenebreux Seront luy fans au reng des bienheureux, Quand D I E V en eux par fa clarté luyra} La f e y erra l'/jnye & l'Amoureux Perdre
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ORAISON
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Perdre fon nom maudit & malheureux, Prenant celuy qui bien mieux luy duyra Ve fon ejpoux ¡ Iks,quitte s'ennuyra Durant le temps de ceñe longue abfence? O le bon iour qu'à l'ejpoufe on dira, iAme}~i>oicy l'fpoux fient en pre fence. O vray cJpoux,qui t'amye refueille, En Iappellant par douceur nompareillr, Ta voix eft douce à qui la peult ouyr, Ta Parole eftplaifante à fon oretlle, Mais plus au cœur j qui Jy fort s'efmerueille Quen toy fe perd par trop fe refiouir. Ouyr,& voir,pofJèder,&' iouyr. Toy fon Efpoux,fon Tout,fon d i e v, fon Pere. Elle te tient garde n'as de fouyr; Car ta vertu entre fes bras opere. le n'ay pouoir,ny force,ny de fir, Pour affez^fort defirer ce platfir, Pour ajfezjort fouhaitter ceñe gloire-, le la contemple a part moy à loifvr, En attendant qu'il te plaife choifir Mon cœur au fonds de ceile abyfme noire, Et luy donner de ton eau viue a boire, Pour le tirer hors de moy & de luy; En luy montrant ce qu'il ne fçauroit croire, Si ta Foy neft fa guide £7* fon appuy. Seigneur,
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I I D E I I ,
Seigneur,mon D I E V , mon bien eft en ta main» Je le tiens feur,car toy Roy treshumain Vesgrans threfors prens plaifîr à donner, it ton fil^hoilre frere germain Veux habiter au poure genre humain, Et [es péchés & fautes pardonner. Voire & tes loix en leurs cœurs ordonner, O quelle amour & qui s'en dejfiera, Puts qu'il te plaift tes Esleuz^gouuernerï Maudit foit il qui ne s'y confiera. Tu es lajoy,tef)poir,la confiance, la charité ¡réponde confcience De tes Esleuxj qui fans toy font douteux, Defefyerez^,& fans fby,fans fcience, Sans charité,repo^j, ny patience-, Mais font toufîours en ton chemin boiteux. Et toy qui es de leur bien conuoiteux, Leur donnes c H R I S T,qui ofte leur foiUejfè, Rendant hardizjes couardxgr honteux. Et rempliffant les filains de nobleffè. Par ton cherfU\de tout biens les remplit^ Par luy en eux,Jont du tout accompli^ Les mandemens de ton diuin 'vouloirf Leurs cceursjeurs corps,font d'amourf y remplis. Que pouotr n'ont receuoir autres plizj Mais font exempt^de tout autre pouoir Que
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Que de toy feul; qui les fais tant valoir, Et qui en eux te monflres valoir tant, Qu'défont rauixjie toy feul en eux3voirf Et de te voir en eux,tu es content. Mais qui pourvoit le grand platfir defcrire De ïvnion de toy,Seigneur Sire, ^Au poure Rien plein d'inutilité ? Que peult ce Rien en toypenfer ny dire, Qui tout bruslant en toy d'amour fcufpire, S'efmerueiUant de ton humilité ? Se voir vny a ta diuinité, La i l f e perdfoymdfme s'oublie Pour te louer,dontfa nichilité Par ta bonté as ainfi ennoblie. Plus il te rend de louenges & graces, Ht plus tes dons enluy ayme & embraffes, Multipliant les premiers biens donne*[. Car de donner iamais tu ne te l a f f e s j De fort aymer aufîi tu ne te paffès Ceux que tu as esleitçjy* ordonne^ Pour eflre aymtxj & qui font addonne^ j£ receuoir cefl^AntoHr,& la rendre Par ton efprit. o que ceuxfont bien nés Qui ce grand bienpeuuent tenir & prendrel Mais qui es tu, Sire,& qui fuis ie au f i , Et que m'as tu donnépar ta mercy? Et
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Et que tky ie iufques icy rendit Ces quatre poinfl^jne rendent tout tranfia Car de péchés ie futs f y très farcy, Que ie n'en dy vr» feul bien entendu. HtlaySeigneur, f i i'ay trop attendu jC me mirer, ¿7» 'voir que c'efl de moy, Vien moy tirer du lieu ou fuis perdu, Me~fdifd.nt noir vrt peu que c'ejlde toy. Si ie te ditxbon,beau,putffxnt,& fage, Pere de torn,l antique,degrand'aage, Celuy qui fait tonner, venter,plouuoir, Le feul amour fadeur de tout ouvrage, Qui tiens l'amour & l'enfer en feruage, La vie aufiifubiette a ton vouloir, Qui as fur terre & fur le Cielpouoir, Ce n'efl rien dit,point au vray ie ne touche; Car tu es tel que te nommer & voir D'vn corps charnel ne fçauroi't œilny bouche. Tu es feul bon, & parfaite bonté> Tu es feul beau,& la mefme beauté\ Seulf i g e & fort,puiffant, vitforieux; Seul Roy, tenant la vraye Royauté, jÇmour,douceur, fans nulle cruauté} Lefeur mary,le parfait amoureux, Jje redempteur du falutdefïreux; Qui tiens ce Monde en ta main,& ten iottr,
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Tu es f y grand,parfaitglorieux, Quimpoßible efl qu'homme mortel te loue. Tout les vtuans ne te peuuent louer, il ne faut point à f y grand ieu iouer; Car l'homme en chair ne tefçauroit congnotftrc. Nous auons beau au tour de toy rouer, Nous nefaifons que ton Nom embouer, Plus le cuydons faire k tous apparoiitre\ Car ta grandeur nul ne fçauroit accroifire; Ton Nom efl tel}&f y trefadmirable, Que de tonfik^ feul nommé ilpeult eibre. Car a tout autre Heß incomprenable. Quifuti'ie moy,qui veux monter f y hault> Sans aesle auoir,efchelle,ou efchafauhl fliepuiSie bien au -pray congnoUtre voir? le Jûts defange,ou chofe qui moins vault, Vn corps en qui toute vertu default; jC quijûruient la nuiÛ amnt le foir De brejùe vie ; ¿7" f y trefteinte en noir Que le mal dure& le bien y efl court, Tant ignorant qu'il ne fe peultpas feoir, Mais à la mort,fans la congnoiftre,court. Ma vie doit vn fonge eflre eftimee, D'ombre pajfant de vapeur ou fumeq Car tous les ans & les beaux iours fon tek^ Force & beauté n'eß rien qu'vne mtee, D'vn
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FIDELE.
D'impeu de yent de faite & abyfmee; Courte fanténous monftre tous mortel tfhonnorons point noçyeaux fur les autek^ En nous louant, efimant noftre corps; Car s'il nefl mis au reng des immortel^ Mieux que y montferoit au reng des mort Plaifir, honneur,fanté,force & richefjè, Grâce & beauté & fçauoir & noblefje, líe font le bien de la felicité} Car qui enfaitrecérche bien expreffe, T trouue plus d'ennuy £7* de triiiejfe, De mal, douleur,tourment, necefitté, Que de plaifir. Si ceñe cécité De fon orgueilpeuu hors de luy yuyder Qui fuis ie donc ? Rien,plein d'aduerfité, Jtemply de yent par yn tresfaux Cuyder. Puis que par toy Rien me fut* apperceu> Quejl ce, Seigneur, que iay de toy receu Depuis le temps que ie yins fur la terre? L'ÉJke O* la Vie. Et qui plus ejl,iay fceuQue moyjUzjl'ire, enfant d'^fdam deceu, Noir par peché jrrias fait çlçr comme yerre Par le baptefme ; qu'au corps me referrç De ton cherfU^ou e f t comert mon malp Sans l'ynion duquel en ceile guerre, ie ferois moins que le moindre animal. h
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ufpres amir du baptefme rompu Le grand ferment & fait lepixjjuaypett, Tu mus donné AH cœur contritionF Puis au parler, de confejfer -vertu Tout mon péché ; ¿7" après mas repeit Du facrçment plein de dileftion} Et déclarer par prédication M'as fait ta Loy,remplie de douceur; Me donnant Foy,par ton Uleélion, Dejbe de toy Efpoufe}Mere & Sœur. Entre le ciel & terre m as fait yiure, Tour contempler en ce naturel liure, Ton excellent & merueilleux ouurage. De tant de maux me fuis fenty desliure Far ta bonté,que ie deurots ejbeyure De charité bradant en mon courage. O Tu n'euffesfçeu plus faire d'auantage Que de mauoir ton Fil^aymé donné} McM tous tes biens,& celejle héritage, M'as pour lamour de luy abandonné. Tu as ouuertfon coeur iufjues au fonds, Dont par amour tes ennemys confonds, En ne pouant ta charité nyer, C'efllafournaife ou tous no^coeurs tu fonds, JLes rendant purs comme cjuandfur lesfontx^ il te les pleut remir & lier
t'AME
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j[u corps de c h r i s t , qui rihd demain ne hyer. Carfon temps eft toufiours preft &prefent. Ne doit pas bien thomme s'humilier, Qui rihd nul bien,finon de tonprefent? Le don eft grand ; & felon le donneur, Duquel le nom eft tant digne d'honneur, Qu'il ne peult eftre en nout mortek^comprU. Le don duftid'un fypuijfdnt Seigneur, Qui du [dut de tous eft enfeigneur, Eftre ne peult nombre ne mis a prix, util poure Rien du tout mys a defyr ¡As donnéTout, ton Fih^ & toy enfemblq Seigneur, tes dons m'ont tant $ amour efpris, Que ierienputt dire ce qu'il m'en femble. Le don d'enhdult ne peult eftre compris Ny entendu ça bas deno^efprit^, Si le donneur pdr fon diuin efprit Ne le nom a en feigne & dpprtf. Mais s'il luy pldift,foudain fommes efpris D'ardente amour,quand de fon faint efcrit L'efprit -voyons, qui rend jÇdam prefer ipt^ Voire ¿7* le mort en terre viuijie, Voyxt en chair noftre efpoux iesvs c h r i s t , Qui noftre corps en fon corps deïjie. Pour ce grand don donné & entendu, Qrieft ce, Seigneur, que ie "vow ay rendu? h z Hclds,
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Hélasse riejl que toute ingratitude, L 'honneur qui ejl a "veutfeulement de* De le tirer à moy i'ay pretenditi jiufìi i'ay eugrande folicitude Ve cejt jCmoHr}& feruice,& ejiude Que Ion vout doit,ofter & arracher} L'attribuant far ignorance rude j i ma mefehante & malheureufe chair. En lieu day mer toy,quifculle mérité, Je nayme rien jinon ma chair mauditej De qui iefdis mon D IEV mon idole. Las}trop fouuent pour elle ie te quitte, Ve monproçhainjrefmal ie m'en aquitte; Encore moins d hotmorcr ta Parole. Si ie la b z j c e f i comme ~vn autre rollej Ou fe i'y prens quelque peu deplaifir, Soudainement hors de mon cœur s'en voUe^ Pour donner lieu a quelque Tain dejir. Las,ignorer tes jatnt^commandemens^ Ta -volonté, & tes enfeignemens le ne feauroif : car i'ay leu ta doflrine: Et par dedens mille aditertijjemens, Mille remords mille bons penfemens Ve toy i'ay euXjparl'efyrtt qui ne fine Ve m enseigner ta douce difcjpline: Mais a lajîn,dont ie dois arnir honte,
LAME
F I D E L f.
Et dejplaifir en mon cœur, .ta racine Prendre n'a peu,pour n'en tenir grand comptet Mon cœur qui doit ejhe à toy totit entier, Pour te feritir de temple &
de mouftier,
Seruir l ay fait pour larrons & mefchans> Car tous péchés y ont pris leur Jentier; Que pkfieurs fois as -Voulu nettoyer, Chaffant dehors les Vendeurs & marchant-, Mais retourn&^font, fy auant marchants, Qu aufonds du cœur ont vfurpé ta place; Et ie les ay recevra ioyeux chants, En defprifanttoy, ton nom, ¿7* ta grace. JÎ qmy tient il, Seigneur, que tu ne danirté Moy trefmefchant, qui moyrriefme condemns Mon cœur,mon corps à torment etemeU tay delaiJSé ta falutaire manne,
a Ieattne
Trop plus croyant a Perrette &
Qua ton parler doux ¿7* ftirituel. Ingrat ie fuis, &
infidele-, &
tel
Que ton Enfer trefiuilement deffers, Et tu me monflre ~m Jùnour paternel, Qui fuis indigne d'eflre au ïeng dé tes ferfxj> Qui ta efmtue> o diuinè Clemence, Qui t'a -vaincue, ê trésfortepuijfance, Qui ta tiré &fait
Venir cy bas,
Qui etfait prendre aljCgneaU noitre offènfe, h
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DE
Qui l'a contraint donner fon innocence j£ moy pecheur, qui ne te cerchoit pas? Qui ta bailé de courir legrand pas Comme ~vn géant j me mettre hors de la meule Qui me brifoit,pour en faire im repas jÇu grand enfer, qui m'omit en fa gueule? Efi ce pour bien qu'en peuffes efperer Que nitu famé ? de me defefperer En auras tu plusde gloire ou proufit? Peux tu par moy nullement profperer? Veu, Monfeigneur, qu'en lieu d'exafperer Ton iugement, tu as dit, ilfoujfit, Voyant ton Fil*qui pour tous fatisfeit: Donné m as remijlion pleniere ce pecheur, qui onques bien nefeit. Vont "vient cecy ? quelle e(l cefie maniéré? N'y cerchons rien que bontéfîmple & pure Du Createur,qui a fa Creature Communiquer -veult fes biens ¿7" threfors; Quifans auoir horreur de fon ordure, Du corps d.\Xdam la fepare & l'ejpure, Tour riauoir plus tous deux qu'un mefme corps> Quun feul Touloir, fans triftejjè ou remord^j Monfirant qu'aymer ejl fon yray naturel, Que charitéfait de fy ¿rrans effort Que le mortel ¿Amour, rend immortel Pour
L'A M E F I D E L E .
II?
Pour no^jvertu^,no^biemfdit^, no^beauxyeuxs Pour ton honneur,ton proufit, ou ton mieux, Nations receu de toy (Seigneur) tel donj Matf pour ton Fiki, pour qui ta fait les deux. Par le regard lant doux & gracieux X>e toy A luy, nom M donnépardon} Par cette jixrmr donné en abandon; Qui de toy feul', -voyant ton Filzj, precede j[mour,tu es l'efcharpe & le bourdon Du Pèlerin,que DI ev par toy poffede. O mon coeur dur, plus que ferree enclume, Vien au marteau ; qui felon fa couiiume, Frappant fur toy,du tout te brifera; Et te rendra plus leger que la plume: Vien au foleil', qui ta froideur confumr, Ne crainsj car point ne te dejprifera; Mefprife toy,plus il te prifera; Congnois ton Rien, lors il luy donra Efbv} Delaijfe toy, Une te laijfera; Ne mange plus, il te 'viendra repaiftre. Ne mange plus la terreftre -viande, Mais par jCmour la celejle demande: Qu'tlta donnee,auantque demander. Son pain ejl tel,quilguarit ¿7* amende; il refufcite ; -voire & ce qu'il commande Fait acomplir ; luy feulfeult amender
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Tout
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Tous no^defauhjparquoy recommander Sefdult à luy ; criant, le meurs de faim, fielas, Seigneur, imeilles ça bas mander jCux languijfants vn morfeau de ton pain. Suis ie damné, Seigneur ? efl ilpofiible Que ta bontéfygrande & inuincibîe Par mon pecké & forfait foit efleinte* Y a il cas qui foit irremijiible JC tonpouoir ,fygrand. & indicible Que tu peux tout ? Celuy qui ha ta crainte Et ton tAmour par foy au cœur emprainte, Combien qu'ilpeche & tojfenfe a toute heure, .Le lairras tu quand a toyfait fa plainte, Et fon péché,pour l'amour de toy,pleuré1. N'as tu pas dir,quà quelconque heure & iour Que le pecheur par foy & par amour, Son péchépleure,vers toy fe retourne, En confejfantfon lafche ¿7" mefchant tour, Ne -voulant plus en malfaire feiour, Ton oeil piteux pour le regarder pleure: Voire & fi mettra ta milice bourne Pour la changer en miferatior,ç Et du péché, ~»eu que plus ne feioume, Tu n'auras plus de recordation. Quas tu donné au larron en la Croix, sA Magdeleine, ejlant en tous endroit^ Pleins
LAME
FIDELE.
Pleins de péchés¿tt tu ferme ta porte? Ton feruiteur,qui des fois iufquà trots Te renya, o puijfantkoydes Roys, L'M tu chajiéhors de toy,par main forte? Heîàs nermy : mais bien d'une autreforte En a* vsé, comme d'amour ardent, Par ton oeil doux,qui chacun reconforte, Leur as donné O¡race en les regardant. o O doux regard iufques au cœur perçant L ame & le corps£f l'ejprit trauerfant, Vien moy naurer,fais tonpouoir fentir jC mon dur coeur,en péché maluerfanti Que defefyoir ya defy près preffant, Qu il fait quafi l'ejpoir de moy fortir. O forte ïAmour, -vien moy anneantir Par ce regard tant doux & amyablr, Ofle péché, qui ne fait que mentir En fe difant eflre irremediable. Si ta bonté, Seigneur, me -veultfamer, Pourra Sathan fur moy péché trouuer, Quifoit vainqueur de ta dileflion? Si ton fçauoir,qui toutfçatt ejprouuer, Me prend pour fikjqui me peult reprouuer En allegant mon imperfection? Si tonpouoir donne remifîion j i mes péchés,qui s'y peult oppôferl h S Hélas
Ill
IZZ
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DE
Heùs nully : car ton lleÛton L'indigne fat digne,(Je tefyoufrr. Digne par foy,ie fçay tresbien que non) Mais en ayant la chair,le ftngje nom De ion cher Fik^non plus de l'homme Vieux-, Pere eternel,duquel tout bien tenon, Sentons en nom cefle odeur & renom, De ce i E s v s, fers nous tourne les yeux. En nous tuprensplaiftr delicieuxj Car quand tufens la treffuaue odeur Du ~i>ejlement,qui ejl fy precieux, Nous prens pour beaux,couurantnojbre laideur. Sauué ie[m je n'en puis plus douter, Nul ne me peultfeparer ny ojler De cejle jCmour,quepar ton Filzjne portes. Puis que i'ay peu par Foy ce dongoujler, Le haultdu Ciel ne m en peult débouter: Car mon Sauueur ha la clef de [es portes} Le bas enfer,ne fes puiffonces fortes, N'y ont pouoir,ny mort,ny maladie. O c h r i s t -vainqueur,qui falut nous apportes. L'une tremblante rens trejjeure &
hardie.
Qui craindra plut, yoyant telle promeffei Qui pleur ra plus, yoyant tant de liejfe? Qui cerchera meilleure feuretel Qui ne lairra tout ermuy &
triflejfe? Qui
L A M E
F I D È L E .
Qui ne prendra en [on cœur hardiejfe? Qui ne fera par la Foy arrefté De s'ajfeurer, -voyant la fermeté Vu D I E v d'amour¿¡ui pour rien ne fe mueJ Mais no%j>echésjnijêre,&,poureté} En (es -uertm mérités commue? O mon ejprit, afin que "vous foyez^ Vu tout content,par l'œil de Foy voye^ C H R I S T , quia pris fur luy tous no%mejfait%j Et de fon fang bien chèrement paye^j Parquoy plus rien ne deuons. car croyez^ Quila portéfus luy tout noftrefaixj Pour en fon corps nom rendre tous parfait%j Plaifans a D I E V, & purs comme les linges. O Seigneur D I E V, qui tant de biens nous fais, 'Remplis nvxjœurs d'etemeiles louenges. O cœur craintif, qu'efl ce donc que tu crains? Va a ton D I E V, de parler ne feintzj Luy déclarant tout ce que tu defires. Ne me crois tu?-va aux Saintes & Saint^j Vemande leur qui les a fait^Jy pleins Ve cette grâce,après qui tu foufpires; Et f i ce font leurs biensfait%j& martyres: Croy en leurs dit^jfais ce qu'ilote diront, Suy leur exemple& deuers eux te tirej Ou autrementJes Sainteté iugeront. Saint
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O K . A I S O N
DE
Saint Paul a dit, Toutes no%j>afîiout, Croix, mort, tourment, ieufnes, a f f l i f l i o n s , V'dtioir le Ciel ne font en rien condignes: tettois Pecheur, remply d'ajfètlions, Exécutant les perfccutions Enuers tous ceux qui duc H KI s T portoyent fîgnesp Les bons Chreiiiens pleins de vertuxjnfignes Mettois à mort,& cuydois faire bien; Mou C H R I S T foudain par fes yertueuxfignes, I) Tm grand tyrant parfit vn bon Chfeftien. N'a pas aufii im Prophete chanté Que noxbiensfditxj, no^œmres a planté, Voire & no^plus excellentes milices, Quand deuant D I E V le tout e f i efuenté, Pesé,reueujbehttté,& Tanté, Sont trciwxjpleins d'ordures & de ~»icest lAinfi qùtm drap,pis que ceux des nourrices, De fang yilain, que Ion n'ofe nommer, Sont wxbiemfaitxjtT no%deuot%ojfices't Zefquel%jie veulr de rien plus ejlimer. Mais quel confeil nous donnas tu,faint Pot, Pour rendre fort noftre cœur faible & moli Nous demandons ton ayde & adreffe. Or puis qu'auons retiré nofbre col, Ce ditfatnt Paul, du peuple -vain & fol, Et qu'auons mis noiire fiance expreffe D'entrer
L A M E
F I D E L E .
J)'entrer attx lieux fawt^&
1 ZF
pleins de lieffe
Par le pur fang de i e s y s, par la yoye Quila monjlré en douLur & oppreffe, La nom donnant y iue,afin qu'on U yoye; ]?ar yoile cler de fa chair precieufe Vouons bien yoir qu'en chaireglorieufe New tuons tous yn Sacrificateur, Gr/tnd&puijfant
fus la maifon heureujê
Denoilre DIEVJparquoy,^Ametmoureufe, Va donc fans peur a ce doux SaJuateur, iAyant,par foy, certitude en ton cœur, Oflant de toy mauuaife confiance^ Çonfejlion tien ferme, fans erreur De ton eftoir & parfaite fiance. Et qu'en dis tu, faint lean, doux fecretabre, qttt fault il adrejfer noftre affaire! Enfans, dit il, Si "vous aue^peche, Vh aduoeat tant doux 0* débonnaire Que l'ennemy ne fçauroit faire taire, De yoftre fait s'eft toutfetd empefché} Or ya a luy pour eftre depefché De tous péchés-, cefi I E S V S
C H R I S T le iufte,
Qui pour toy fut à la Croix attache, Et ne crains rien,combien que fou iniufle.
Toy qui plouras fyfort ton dur mefehef, Pierre, auquelfut commife U grand clef D*
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OKAISON
DE
Du vray Dauid,qui feule ferme & œuurr, Dy nom qui efl le Seigneur & le chef ¡A qui devons racompter noflre gref, Pour en auoir fecours. Or nous defcœuure Cegrand fecret jle d i e V, dit il, qui amure De fon Jimour tout ce grand firmament, jC donné c h r i s t fon feulFih^y chefd'oeunre, Pierre,fur qui tout bien prendfondement. Pierre,qui feut iettee & reprouuee, Et comme rien aes Iuiftjtpprouuee, Qui feut^nfm,pour chefde Iedifice Mife en l'angler ; quand bien feut ejprouuee, Des deuxparoys l'union feut trouuee: Luy feul nous efl & Preflre & Sacrifice, Zuy feul pour nous a faitfy bon office, Quen autre nul nefault falut cercher. Nid autre nom nefl aux hommes propice Pour les fauuerjque ce i e s v s tant cher. O Dame heureufe,& digne par fus toutes, le te requiers que maintenant mefcoutes, Par la douceur dont tu es toute pleine. Et que du tout hors d'erreur tu me boutes, En me rendant trefcertain de mes doutes} Car enfcauoir tu es la fouueraine. Tu as en toy la fource & la fontaine De fapience & de drnnité, D ï EV
LA H E
F I D E L E .
D i E v parle en toy,non de parole vaine, Mai* i>erité,douceur& Unité. Fille de DIEV, & de fon feul Fthçmere} Vu faint Efyrit l'ejpoufe non amere, Car de douceur & d'amour es remplie: En toy reluit la puijjance du Pere, La fapience aufît du Filxopere Dedens ton cœur ; & pour eftre acomplie, Vu faint Ej^rit l'amour qui multiplie Se Toit en toy ; tant qu'à la yerité Pour t'honnorer fault que toutgenoilplie, Voyant en toy le D i E v de Charité. ilejl en toy ce pui(fant,ftge,& bon} Qui ta f y fort remplie de fon don, Que rien que luy en toy Ion ne peult itoir. Vierge de cœur,de fait,& de renom, Qui as receu le trefexceUent nom V'eilre la mere au D i E v de tout pouoirj Mats toutes fois pour tant de grace auoir Tu n'as de toy iamaii estime faite: Car d'vn coeur humble as toufiours fait deuoir Ve rendre ¿ D I E V gloire entiere, & parfaite. le fais certain jna Vamejieilre qu'y» Ton Fih'JÎT toy ; & que tout en commun Sont mi* les biens de D I E V auecques toy, Mais nous y wans ça bas,en cefl aer brun, Nous
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Nous y querons D J E V & toy ; car chacun luge de toy,ainfi qu'ilfait de foy. Mais s'il te plaifljampe pleine de foy, En (¡ni fe mit de Charité lç feu, M'illuminer de ce quefaire doy, le ne tiendray cegrafid bienfait a peu. Lds,ie me meurs, car ie n'ay plus de y'pi, De ce breuvage amoureux ¿7* diuin, Qui donne yie au corps¿tufli a l'Ame} J01er ne yeux à forcier ny diuin, Mais en pleurant,ayant le chefenclin, Secours ie yiens cercher de toy, ma Dame. Quen dis tu donc, o tresheureufefemme, De tout péché exempte 0» nette & pure? Oye\ces moft^qui font plus doux que bafme, Que plus au long yerre^en l'Efcriture. jCme,qui us par faute de breuuage Extremefotfjieue toy,prens courage-, Va a monplzjfais ce quil te commande: C'efl tonfaéleur,&> tu es fon outrage; il t'a,par mort,acquis fon héritage, il efl a toy/te crains ; ya,& demande Ce qu'il te fault ; il te dit que tagrande Hydrie & coeur tu ailles remplir cteau, Et ft de cœur tu pleures,pour l'amendef Ton eaufera tournee en y in notmeau, Prens
L'A M E
F I D E L E .
Prens donc exemple amoy,ioue mon rolle} Et fors dehors d'ignorance ht foie. En mefltyuant ; ¿7" voy ce que tay fait, tayfermement creu ld fainte Parole, far qui le coeur de thomme àfonoiEV yole, l'ayAymé d i e v d ' y n a m o u r t r e j p a r f a i t , Et mon prochain d'yn coeur non contrefait: Et deuant luy me fuit moins eflimee, Quimpoure Rien j s'ainfi faisan e f f e f l , jCyméferas,comme ie fuis aymee. Puis qu'ainfl e f l , o mon ^ûne plaintiue, Que tu conçois cefle Parole yiue De cefle Dame O*Tnere Sauueur, Et des bons Saint^rempli^defoy tmue, D'aller ¿die v ne dois eflre craintiue, Mais y courir par trefgrande ferueur. Puis que confeilt'efl donne &faueur Des benoifl^Saint^, & de fa digne Mere, Va hardimentgouder cefle faueur, Sans tarrefler pour compère ou commère. toyßeigneurrfui me donne confeil Par tes ayme%j lefqueh^comme yn Soleil, Ont efclarcy ma doute tenebreufe, KA toy ie yiens,qui n'has point de pareil-, Et par ton Fih^couuert de fang yermeil, Dont fon corps e f l ht.fontaine amoureuß:
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Par ce ruiffeau mon efldefireufè De fauter naulta toypiie eternelle; Mais pour garder qu'elle ne fait peur eufe, Tonfaint Efprit luy donneras pour elle. Sur la montaigne}&' le fleuue Iordain, Et en la tourbe,a d'yn chant treshumain Dit,à qui c'efl qu'on f e doit addreffer-, Cejhiy c y e f t mon Eih^, o Peuple vain, Oyex, jes dit^fans attendre a demain. En luy tay prit tout plaiftr,fans c e j j ê r , Je me complais en luy ; c'ejl mon penfer, Ma "volonté,& mon (mure tresbonne, Quà totts Eslu%j, pour ners.moy les dreffer tA leur Salut,par charité ie donne. Saint Iean a dtt,C'efl l'Agneau pur & munde, Portant fui luy tous les péchés du monde. Chacun Prcphete en a autant prédit-, Mais i e s v s Chriil,auquel tout bien abonde, Pierre tresferme ou D I E V l'Eglife fonde, Oyons ~»n peu que c'efl qu'il mus a dit} Vcnexjt moy,-»ons tous qui du maudit Monde remply,de péchéjmart& peine Ejlcs charge^) i'aypcuoir crédit Vcttsfotdager^y donner grâce pleine. Tu as les brtu ouuerts}clouezjn Croix, t'a tu m'attens,pour (ainft que ie crois) Me faire
L A M !
N O U E .
Me fa ire aller,à fin que ie tembraffe, Dedens mon cocur,dont tout le fonds tu yoifj Me tire a toy par ~vne douce -voix: Et qui plut ejl,tu tiens la tefle baffe, Me conuiant d'aller baifer ta face} Ton coeur omert,de charité la four ce. Tu Ai pour moy j afin que ie ne face plus defeiour depefcher en ta bourfe. O C H R I S T en Croix,tu es la -vraye efchelle Par qui le Cielfe rauiji & efchelle, Qui as pour nous fait telle "violence, Que m as prins Hierufalem la belle, Par vne mort plut dure & plus cruelle, Et de qui -vault trop mieux la recompenfe, Que le péché n'eiloitgrand,ny l'ojfenfe Du poure ^fddm,qui nom enfeit bannir. O douce efchelle,à tembrajfer mauance; Car tu me peux feule à mon D I E V unir. O I E S V S Cljrijl^en croix crucifié, Ou mon Salut tu at édifié, Sçauoir ne feux ftnon toy feulement. Car fi en toy ie fuis mortifié, Et bien cloué,ie fuii certifié D'auoir Salut en ta mort O* tourment. "En toy ne crains de D I E V le iugement, Veu que pour moy as efié condemné\
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Car en mourant m m acquis faimment, Qui iuSlement demis ejtre damné. Pour obéir ¿ D I E V le Toutpuijfant, Tour ejlre à toy, I E S V S , obeiffant, Et à ta Mere & a tous Saint^j^ Saintes, Par ton efl>rit}dont le feu mon cœur fent, JÎ toy ie -,viens j clerement congnoijjant, Quilfouit ofler toutes doutes & craintes, Pour embraffer ton corpsj>u font efieintes Par ta -vertu,no\imperjêélionsi Et dedens luy,qui comte maint%j&* maintes Joyeufementfouffrirfes payions. Entre mon cœur hardiment au coflé De ce I E s v s, auquel a* cher confié: Laiffe le corps d'jdam& ~na aufien. Sois aufîifeur,comme tu as doué, Quau corps de C H R I S T ton péché tejl oflr, Lequel pour toyJL'a du tout mu a rien. N'aye regard a nul bien terrien, prens ton plaifir en tourment,mort,peine, Baife la Mort comme le doux liai, Qui a ton D I E V par I E S V S C H R I S T te nteine. O Mort,que fu^tant crainte par la Loy, Que belle & douce en i E s v s ieteiwyl le te defire,H ie voit clerement Cefle laideur de fliert entièrement, Morte & defaite,auec fon amertume^ JLt transformée en f y beau vejlement, Que la -voyant en toy,par fait amant, Pour toy ie l'ayme encontre ma couflume: Et les tour mens,ou trejmalm'acoujhme, En toy ie prens doucement & retiens^ Car en toy font plut levers que la plume, Qui de ta main leur pefanteur fouftiens. Puis qu'en ton corps par grace tu mvnys, Et de tes dons xjvoihe
forte
Tous les humains,monftratit Te yiens
&
omettre;
dextre, yoflrepuijfance}
reuerence
a yous me
foubmettre, i
4
Corn
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Comme a celuy ou i'ay ma confiance. Vous fuppltant en tresferme affeurance Tous mes péchés effacer & remettre, Et yoflre amour me donner : & permettre, Que vine Foy mofle toute doutance: En me baillant de voilregrace lettre, Qui contre tous meferue de defenfe. O Redempteur,craindray ie d'approcher Voflre bonté ? veu que la propre chair, Que nous portons/vous aue^daignéprendre? Comme DIEV, nul ne vouspouoit toucher, Ne a terre du hatdt ciel arracher, Si par amour ne -vous eufl pieu defeendre. Diuinité auecques noftre cendre iAùe%yny : làs,tjui le petdt comprendre? C'ejl yn ejfeél,qui TOUS a couflé cher. Bien efl le cœur de fer, ou de rocher, Qui par amour ne deufi partir,ou fendre: Car fans femblantfaire de 'vous fafcher, Tout -voflre corps auezjaifîé hafcher: Piedmains percer,mort en la croix prendre, Et par ruiffeaux -voflre faint fang rejpandrej Pour,duflgne TAV, noz^frontxjnercher. Qui ne TOUS rend amour,efl à reprendre; Et luy doit on tous vozjtiens reprocher. Des tenebres vray illuminateur, Doux
A IÏSVS
CHRIST.
Doux Paracletjt mm cecy i'addrejjè, Des défuoye^ inm efles conduéleur, De tous dangers lagarde & protefleur, Qui deliure^noflre ejbrit de triiîeljê: Et legarde^que péché ne l'opprefje, En le tirant du tout hors de la preffe: Car de -vice -vous efles deihuéleur, Et de yertus l'entier reftaurateur> Tant qu'une ame,pts que morte/m ladrejjè VousguarijJeXj O viuificateur, Voye%ji>n peu l'eflat ou efl mon cœur, iAride,fec,fansgrâce,ne fans g r e f f e : Puis qu'ainfi efl,que Charité maiftrejfe Efi de tous biens,& ixm le donateur, ¡Amour méfait vous demander fans c e f f e Grâce,amour:dont du refu%ji'ay peur. Voftre nom efl f y grand & admirable, Que naturel ejprit,ou raifonnable Ne vousfçauroit nommer parfaitement: Tous noms aue^j, eflant innommable, •Dont noflre fens e f if y trejpeu capable, Quilnecongnoit que cefl,quoy,ne comment. Jl m e f i t f f i t de croire feulement, Que de tout bien efles commencement, Moyen,& fin ; en tous temps immuable} Puiffant,bon,beau,fapient,rentable.
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Car tout les noms que noftre entendement Vowspeult donner en chofe vray femblable, Celarieflrien j yen qùindiciblement Efles celuy,qui Eftes/vrayement-, Vont a nous ejl le fçauoir importable. Mais congnoijfant que noftre fauuement Vient de I E S V S , Nom fur tous admirable, Sameur I E S V S , yotu appelle humblement. Quel ejl le Nom,telle eji yoftre louenge, Tant que ie croy,qutlny a Saint ny litige, Qui au Parfait iamats y fceufl atteindre: Si pour ieufner^tller nuis pied^, en lange, Battre mon corps ainfi que blé en grange, Ou cent Pfaultiers à dire me contraindre, Je youtpouoU affezjouer ;fans feindre Je le ferou : mats ie ne put* reflreindre (yAinfi qùyn corps tient en foy ce qu'il mange") Voflre yertu,non le bout de la frange ijjfexjouer : car la louenge efl moindre, Que la bonté,qui ne fe mue ou change. Varquoy yoyant que ne puis faire efchange De la louenge à yous(dont le Nompainare Nul ne fçauroit)mieux yault que ie me range jC humblement aymer ce que doy craindre, En me taifant,conftderant ma fange: Et par taifer,de louenge me ceindre.
A I £ S V S CHRIST. De vox. glaces,de yoflre Charité, De tant de biens,que ie n'ay mérité, Le grand mercy yom rendre ejl impofiiblc. D'auoir créé par grand' bénignité, Non pour^roujitjwnneur,commodité Nojbre ame corps,c ejl i>n bien indicible-, Pw racheter en douleur f y pafîible, Par honte,mort,croix,paflion penible, Vejlu du corps de noftre humanité, Et fans l'ayde de la Diuinité, Qui delaijfa la partie fenfible. O doux i E s v s, a dire -vérité, Voftre amour ejl de telle qtultté, Que la fcurce en ejl inejpuiféle. Bien que l'ejjecï par mort nom efi fifitie, Si ejl il tel,que mon infirmité Le mercier treuue incompreheujible: Contentexjvous de noftre humilité. He\as,mon d i e y, on ne fçauroit tromer Semblable à vousjjui daigne^Jtreferuer Vozjachetezj&' créé^ feruitews. Vous les i>ouk%jnaintesfoii eftrouuer, Pour vo^graces mieux en eux approuver, P'ar maints plaiftrs,richejfes& honneurs} Puis par peines,maladies,labeurs, Craintes,hontes,pertes,emrnys,douleurs, Enles
En les faifont en voilre vigne ouurer, Pour voxjvertuç^ctt eux mieux conferuer. Mais quand -voyelle trauailde leurs coeurs Importable,par leur ame obferuer, Les deliure^fans vouloir reprouuer Vojbre ouurage,en couvrant leurs erreurs. Pour cjui auezjetté larmes & pleurs, ^A fin de tottspar amour recomrer: Et leur Enfer,punition,langueurs, iXuezjvotdu pour votts feul referuer. Que diray ie de mes maux &pechésl Làs,Monfeigneur,tl^jne fontf y cachez^. Que ie n'en fçay le nombre,ne la fomme: Vedens mon cœur les fents f y attache Quefipar vous il%ne font arrache ihjne feront dormir en piteuxfomme; Car ma :vertu ie n'eftime TW pomme Pour les ofler : & ml autre ne chomme Me faire mal} fors -vous feiâ : qui tafche^ j( meguarir des maux/jue ïay mafchezj, Voyant mon coeur,qui en eux trop s'ajjômme. Mes ennemis ont contre moy lafchea^ Tons leurs^ejfortTi, fans en efhrefafche^, Pour m enterrer,ou tout bien fe confbmme. Car mes pechésÇdont vpfeul ie ne nomme) Sont infinys& f y menu trenche^
A IESVS
C H M S T.
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Que fans l'ejpoir de vom,vray Vieu& Homme, ¡amas de nwy ne feront defiache le ne crains point pour la punition De mes péchés,auoir damnation Ne voilre Enfer,ou fe punit tout vicr, Car mérité ie l'ayfans fiéiion, Si pargrace ie n'ay remifîion. Certes iedy que rigueur de Iuilice Me condemnant^nefait quefindeuohr, Mais mon regard efl,que par ma malice fay ojfensé tant de perfeélion, Tant de bonté,douceur,dileÔion. Source d'amour¿Tordre}reigle& police, De moy,fans plus,vient la perdition^ Qui par amour engrand' deuotion, Ne doy cejjèr de vous faireferuice. L&,vueiUe%moy/non P I E v, eflre propice, Non pour la peur de ma confufton: Mais pour auoir toufiourspart au calice Vu mérité de voftrepafiion. En me damnant,fere%yojfre deuoir, le l'ay gaieté ¡chacun le doitfçauoir, Car devant ~vowi,& le Cielfft notoire: Matsjnon Sauueur,vous auez^ le pouoir Vu fond d'Enfer me tirer,& auoir: Rien qui ne vattxjy ne puis rien valoir, Et qui
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C H A I
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Et que ma vie foit d'inutile h'tftoire, Mon cœur poue^changer en blanc pour noir, Et pargrace de vertu mepouruoir} Couvrant mes mauxfans en auoir mémoire. La Mort ne crains,ny Enfer vne poire: Mais de perdre le grand bien devons voir, Sy dur penfer ne puis doucement boire: Sauuezynoy donc par voflregrand vouloir* lJis,oubliexJes fautes de iemeffe; Soit par vouloir,par malice}oufineJJê, fragilité,folie¡pu ignorance. Je viens a vom3prenantU hardiejjè, Me confiant du tout en la promejjè De mon falut,par vofire grand'fouffrance; Car de penfer que peine,ou penitence Peujì meriter d'emporter L balance De mes péchés,ceferoitgrand'fimpleffe. Parquoy fats plus en la trejgrand' largejfe De vojbre amour fonde mon ejperance. Mette^mes maux du tout en oubliance, Et les couure^jpar vostregrand,' fagejjê, En me fai fontfentir l'experience Par vine Foy,de la bonté immenjé; Qui procede de voflre grand' hautejje, Me retirant par voflre Sapience, De l'abyfme de péché & baffejfe.
A IESVS
CKUJT.
Puis qu'il vous plait,que Pere te -vous dame, le le feray j bien que ce me [oit blafme De n'auoir rien de vo^joonditions. O doux Pere,doux Nom,ie vous reclame, Ne foujfrez^pas que l'ennemy infâme Me ietts hors de mes pofpjïions: Carfujfent il^jcent miue millions, Et tout Enfer plein de tentations, le ne les crainsjie leurfeu¿te leur flamme: Md'nque mon cœur voflre amour bien enflamme> Tant que mes f a i t & mes intentions Puiffent monfirer,fans craindre homme ne femme, Que ie ne crains,que voftre honneur&famc. En yous rendant de grâces aélionr, Croyant pour ~vray,quc vo%jtffèilions De bon Pere,veulent bien ftuuerl'ame, j( qui dotmexjes tribulations, Quand le corps mort repofe foubxja lame, Mon Pere donc/nais quel Pere ? eternel, Jrmifible, immuable, immortel, Qui pardonne^par grâce tout forfait, le me iette,ainfi quvn criminel, J£ VOT^ faint^ pieds. O doux Emmanuel, yAyexjnercy de moy,Pere parfait: Car i'ay pensé,voulu,& dit,& fait Tant de fautes,que mon coeur ejl défait,
1 4 4
O K A I S O K
Plein de péchépire^ue yenieli Dont iefettts bien le malefbre mortel; Mais par fous feuî ilpetdt efire refait. Sacrifice fous eftes & autel, Quf aue^faitfn facrifice tel', Que -vous mefmes en ejies fattsfa.it. Vozjnerites effacent mon méfiait. Receue^donc Preflre fempiternel, Cœur^corpSjgjpritJe tout trop imparfait, Vous monflrant doux,piteuxJ& paternel. Quand la bonté de foflre amour recorde, Et que ie foy l'abyfme obfcure & orde, Vont le profond me veult trop retenir, le "vous requier,que par mifericorde, Vous me iettie^yne bien longue corde, Pour me tirer ou ie me feux tenir. Helàs,mon o i e v , f u e i l l e ^ f o u s f o u u e n i r , Que fous aue^en terre fait -venir Voftre feulFdzj qui à ~vout nous accorde: Sans luy a -vous¡Seigneur}rud ne concorde: Mais puis qu'homme luy a pieu deuenir, Donné nous a par mort ¿paix & concorde; Le Tefiament eflfeeUéfans dtfcorde, Que vous aua^ promis de maintenir, jÇinfi le croy, pu*
youi
trnp
,e
chiche;
Mor logif ejl remply d'~»n homme riche. I O s H p
H.
¡Allons nous en,l'aumofne ejl icy faite. O charité,qui rend^ l'ame parfaite, Dijfictie ejl que Ion te trome au cœur De l'homme riche,fi
DIEV
n'y ejl vainqueur
En -uoyla im,a dire -vente, Regardant le Qui femble bon:Monfieur,par charité, fécond hoftc. yom
plaimt
j/
my
^
mttfemme?
Car entende^que cette poure dame Ejl fur le poinâl de fon acouchement. LE
II.
H o s T E.
Icy riaure\point de logis,-vrayment; Vn mien amy,qui n ejl petit feigne ur, "T ejl logé,dont ie reçoy honneur: Mon logis n'ejl pour telle gens que vous, Vousn'ypoue^apporter que des poux. Princes &
Roys font icy bien i>enu^,
Sans rien payer il\font
entretenu^
Car efperer ie puis par leur moyen, D'auoir enfin quelque honneur terrier,; Tel^gens que yom ne mypement feruir;
D E
1ESVS
CHRIST.
1/3
Parquoy ny -veux mon logis afferuir, De y oui y voir certes t'auroisgrand honte. I O S E î
H.
JÎ dieu,Seigneur. Quand orgueil l'homme domte, D'humilité perdfyfort l'appétit, Quil ne peult plia receuoir le Petit: Mais ceiluy U qui le Petit refufe Pour eflre grand,bien clerement s'abufe. Car nul ne peult monter a la hauteffe, Qui defcendu nefl a la petiteffe. En voila vn qui ha bien bon vifage-, Regardant le ticrs Mais effayons vn petit fon courage. Bon foir,Seigneur:voutplaijl il heberger Ma femme & may,& pour annuit loger*. LE
III.
H o s T E.
le ne fçauroU-,en vain eftes parlans; Car i'ay icy logé dautresgallans, En efperantpajfer la nuiél a boire; Qui ne fera f y obfcure ny noire, Quelle ne foit entre nom bien ioyeufe. Nous mènerons vie delttieufe, Danfes & ieu^, & femmes & banquet^ Ne noiufaudront,& mille bons caquet^j Cure n'auons degens pleins de triflejfe: Vrene^ailleurs,mes amys,voilre addrejfe. Sine fçaue\bien dan fer baUer, k S
1 / 4
D E
L A
N A T I V I T E
Vottspoue^bien en autre lieu aBer; Sy fagesgens ne muions receuoir, il nous fait mal feulement de yom yoir. I O S E P H,
En fen a l l a n t .
Or 4Adieu donc. O que Volupté foie Ce poure monde aueuglit & ajfole^ .E« leur oflant lu parfaite fcience, Fait refufer ht haulte fapience! O Salomon,TOUS l'aue^bien prédit, Çuen l'hme ou efl ce yice tant maudit> Za Sapience a iamais n entrera:. xAÏÏom plus loing ; & Dieu nous monSîrent Ou il luyplaijl que nous facions demeure. M A R. I E.
Las,mon amy,ie yoy approcher l'heure Que naiilre doit lefruit tant defiré; Regardons ou. I O S E P H,
Regardant
yXufort,ie -vous diré Voicy tm lieu qui fert de poure ejlable; Bien qu'il ne foit pour l'enfant honorable, Necepité nous contraint d'y entrer: Et ie mettray peine de l'acouiher, Tour -vousgarder de l'iniure du yent. M A R. i E.
Iofeph,ilfouit que
TOUS
foye^fçauant
DF
IE S V 5
CHllST.
Qu'il riefl nul lieu ou Dieufoit en pre fence, Qu'il nefot plein de lumière &plaijance; Prenons en gré ce qu'il donne à no^corps; Ne regardons iamaii a ce dehors. II o h, O Ss F E V P H
En allant i ]avilIc
En ceñe Tille iray,pour nous pourvoir De ce quauons necejiité d'auoir. M A R I E .
amy,feule ne me laijjhi; Car ou Dieu ejl,i'ay compaignie a j f e . Pere eternel,dont ht bonté ejl telle Quelle ne peult de nature mortelle Eiîre congnue,entendue,ou comprinfe; Mm toutes fois uAmour -veult que ne cele Les bietis qu'as fait à ta petite ancelle; Car i'en feroU comme ingrate reprinjè. O Dieu d'hmour qui embrafe & attife Les cœurs trefdurs que ta charité fend, Graces te renddont pour Mere mu priji De ton trefeher & trefamé enfant. En moy ne fens ne yertu ne indue Qui meritajl eñre de toy eslue Et appellee a f y digne feruice. O Toutpuijfant,ie t'adore & fainej Te merciant}que de terre poltte
S$
DE
LA
NATIVITE
M'as retiree exemple de tout -vice. Qm fuis ie moy,pour faire tel office? Rien.Mais ce Rien tu rempli* tant d'honneur, Que coeur,efyrit,& corps en facrifice, Voire & mon Tout ie offre a toy feul Seigneur, fay ta Parole & creuë& obferuee, Dont mere fuit j las,tu nitu conferuee lAuec lefruit quen moy il t'a pieu mettre-, De tout danger,Seigneur,ma* preferuee, Mais ie fçay bien que tu dont ie pleure & Joufpire Par yray plaijtr. O des Eslux_le deftré defir, Las,teplaijî tien ta terregefir Comme vn enfant,&pour mere choifir Moytonancelle? Ceft yngrand cas,point nefault que le cele, Heme yoir mere e fiant vierge &pucelle, Mere d'yn Fil^qui tout autre prtcelle-, l
Vray
16z
DE t A
N X T i v n i
Vray d i e v ^ t * homme, Je fents en moy de tes biens telle fômme, Que mon pouoir tu abforbe & affommei Car charité qui ton -vouloir conforme, Me tient fujpenfe. Tojlible n'es1 que mon Jênilfnent penfe, Ne mon penfer pur parole difpenfe-, Car f y grand efl de toy la congnoijfance, Que plus ne fents Q»e cejî de moy.donne force à mes fens Tour mieux feruir le Roy des innocents; Car de bon cœur¡Seigneurje me confents ton feruice. Tour le porter fois à mes bras propice, Hemplu mon fein de laiél pur, fans nul vice. Tour de ton Til^jûre "vierge nourrice. Or fus,mon ame, Zouë ton d i e v-,qui a moy poure femme Fait tel honneur,que chacun me dit Dame, Tar le regard de celuy qui enflamme Mon cœur de ioye. O mon enfant,efl il -vray que te -voye Ce que long temps tant defiré iauoye, d i e v auec nous,vérité,T>ie,& ~voye, En corps mortel*. Foy la dejfoubzyne le moniire immortel,
DE
I E S V S
CHRIST.
Car quant au corps,mnn Filmic yous ~voy tel Qu'vn autre enfant.Ogrand Prebilre & autel Tant admirable! Voire & hoflte,à D I E V feule agreable, Qui auxpecheurs rens le Pere placable. O douce odeur,o encensdeleélable-, O doux vfvneau, O
Qui entreprens de porter le jar deau De tout péchés,rendant l homme nouueau, Damné en foy,en Dieu platjant beau! O Dieu en chair, immanuel du Pere fil^trefcher, Pourray te bien de mes mains vont toucher, Et de ma bouche à la voflre approcheri O Dieu quelle ayfe! Comme mon Dieu l'adore,&puis le baife Comme mon fih^Matf que ie luy complaife, Jiuoir ne pun chofe qui me defplaife. le nay maifon Pour -vous feruir,comme ilferoit raifon; Mais Dieu,auquel s'addreffe l'orai fou, Fera le lteu,& la froide faifon Pour ta fanté Telle qu'il fault ; nom donnant à planté Ce que Toirra fa bonne -volmté\ C'ejl ce qui rend mon £fj>rit contenté.
164
DE
LA
NATIVITE
Or fault qu'à lœuure Mette ld maince petit corps cœuure, Qui efl de d x e v le trefame chefd'œuure, Des drappelet^nonfait^jdargent,ny d'or, Fers que le lin,dont affezjon recoeuure; Mais de rien,neß moms riche ce threfôr. LE
I.ANGE.
le te fdue,o dame bienheureufe, Mere du Fil^jiont tu es amoureufe, Sans offenfer pure -virginité; Tu as receu nom de maternité, Et du Puiffant es ld mere & la fiUe. En i>n moment plut prompt que l'oeil ne fille Foy ajjembla en toy diuinité, Sans defyrtfer la poure humanité. Or -voyons nous en yn fuppoß yny le mejfaitpuny L'homme auec v 1 e Du -vieil .Adam,par -vne mort cruelle-, Dont la façon ne fault que te reuele. L E 1 I. A N G E.
Honneur deuons a l'agneau pur & munde, Voire & occixjtuant que fuß le monde Coniîitué-, lequel ouurit le hure Qui rend tAdam de tout péché deliure; Nulnepouoit lire fui eferiture, Chacun pleuroit pour en faire leélure;
DE
IESVS
CHRIS
T.
Mai* cefl Agneau l'ouurit quafi occi^ Dont luy deuons louenge & grand merci^. LE
III.
ANGE.
O du threfbr ditttn le coffre & l'arche, Duquel n'y a prophete ou patriarche, Qui nayt chanté,prophétisé,jprédit, Que du ferpent -venimeux & maudit Seroit par toy force ¿7- teile brifee, Nom t'adorons ; & la vierge prifee Nous faluons fur toutes humblement; Car par fa Foy a receu fauuement Pour elle & tous ceux de l'humain limace, t i r 1 Dont luy deuons feruice d'auantage. L E I I I I. A N G E.
O vray fauueur que le Pere a tenté, Voire tous biens & honneur prefenté, Pour en platfir regner defftts la terre, Eslu aue^jpluilofl porter la guerre Contre la mort,le péché & Sathan, Quentre leurs ma;ns laiffer le pour e ^Adam. Des biens mondains vous n'auc^jenu compte, Car charité qui tout threfôr furmonte, Vota a contraint de faire tel effort, Que pour tons biens aue^choify la mort: Ce que ic fuii,&puis eflre,foubmet De vont ferutr&louer a laman. I 3
j66
DI U NATIVITE IE CIN QJV I E M E ANGE. Petit enfant,ne vuetllexjjpargner Moy trcßietit ; OH foit pour vom baigner, Ou pour chauffer vo7^draps}ou vodre hé1, JÎ tom ferutr te prendray grand deltél.
LES ANGES, cliantansen-
O ^Admirable hautejfe, fcrablc* Grâce nom te rendons, Dont voyons en liejfe Le bien que prétendons: G lotre,lonenge,honneur, En foit a toy,Seigneur. Par Chrtß fommes en grâce Vour iamats confirme^ Pecheurs de terre baffe Par luy font reforme De toye nom repais, tAllons crier la paix.
i o s e ni. Je m'en renots jfceilefois Vers mon TLjpottfe, Tour mon deuotr Faire de voir Nouuelle chou je. De ce qutl fault
tour
DE
IESVS
CHH.IST.
Pour ce fruit hault N'ay lapuijjànce. S'y auotis nous Non les biens tous, Mais fuffifaace. Point d'indigence, Ne negliger.ce De ymre au labeur de no^jmains-, Des biens donnons Et aulmofnons: Qui plus en ha,en donne moins. Quelle lumiere Voila derrierel Je fuis comme yn homme efcarté. ilmejladuts, Que te ne yi^ Jamais defemblable clarté. Je yoy Marie Non pas marrie, Mats d'yn yijkoir:s'ilafermé[on huys, Nous le yoirrons au moins par yn pertm. N E P H A U E .
En la maifon qui ejl f y humble & baffe, il y aura quelque fente ou creuace, Par ou Terrons nojlre Seigneur & maifbre, Si nous trouuons fermezj'huys&feneflre. SOPHRON.
Partons,chantons tous enfemble etaccord, Et que chacun de courir face effort. SOrHK.ON,&
PHlLETlNE.
Van fons,chantons,(aifons ra?é, ;
i °
Lcs
Pm qu auonsgrâce pour pardon; Chantons Noël de bon courage, Car nous auons Chrifî en pur don. ELPISON,
Bergers, &
Bcrgcres s en vont chantam.
&CRI5TILLA.
Laiffons ^Adam & fon lignage, Plus auec luy ne demeurons, Quittons tout noilre -vieil bagage-, Chcures, Brebis, Chien, Moutons, Chantons Noël,&c. N E P H A L L E , ÔC D O K O T H E E .
félons -voir Marie la fage Jiuec l'Enfant de grand renom, Dont les „Anges en doux langage Nous ont fait vn f y beau fermon, Chantons Noel&c. m
s
OP
I7&
DE. LA
NATIVITE
S O P H R, O N,
ÏHILETINE
Portons à leur poure mefnage De noy biens à grand abandon. DOROTHEE.
le luy porteray monfourmagc Dens cette fetjfelle de Ion. Chantons Noely&c. CHR.ISTILLA.
Et moy ce grand pot de Lttélage ; Marte le trouuera bon. F H 1 L E T I N E.
le luy donray ma belle cage, Ou ejl mon petit oyftllon. Chantons Noel,&c. ï L P I S O N.
Ce fagot aura pour chauffage, ilfait froid en cette ftifon. N E P H A L L E.
MwflageolletpGur fon vf*ge> JJenfant en aymera le fon. Chantons Nozl,&c. SOPHRON.
Et moy,ieferay le mejfage, fentens mieux que -vous la raifort. P H I L E T I N E.
le le bai feray au yifrge. cuis
DE
I E SV S
CHR.IST.
C H R. I S T I L L A.
Non,cejï bien affe^au talon. Chantons Noel, S O P H ïl O N , ¿ 7 " P H I L E T I N E .
Courons toil à ce faint -voyage Plus ne fault cpîicy nous tardons, Ne craingnons mlmauuaiipaffage, Prenons houlette pour bourdott. Chantons Nod,&c. E L P I S O N , ¿ 7 * C R I S T I L L A.
Et Dieu dens cepetit Image Croyons,adoronsaymon, Faifbns luy de no^cœurs hommage, Car certes rien nous n'y fer don. Chantons Noeh&c. N H Î H A L L F . , ^
DOKOTHHH.
Mes freres,encores bien fçay ie, Que fi en luy nom nous fion, En nous fera pour heritage, Et nous en luy toufioursferon. Chantons Noel de bon courage, Car nous auons Chrtjl en pur don. SOP
HB.ON.
Voila le lieu & petite cité Dont tant de biens on nous a récité-, Cerchons icy l'endroit tant delegable, m x
í8o
DE L A
N A T I V I T E
Qtàfemble mieux quvn palan un ettable. E L P I S O N.
Pas nejl icy en cette mai fon painte, Ou habiter veult la per forme fainte. NEPHALLE.
Ce triomphant palais nejlpas celuy Vont le Petit -veult faire (on ettuy, P H I L E T I N E.
Voila yn lieu dens ce rocher ettrange, Seroit ce pomt cette honnoree grangei C R. I S T I L L A.
Ce lieu aue^,mamye,mal merché, C'ejî ou Ion met les bettes du marché, Quand on les meine en cette cité'Vendre. DOROTHEE.
lAufii nota a l'knge bien fait entendre, Qu'enpoure lieu lté de drapelet^ Le trornerions¡non en ces grans palais. S O P H R. O N .
»,Approchons notu,faifons nottre deuoir De cercher lieu,par ou le puijîions -voir. E L P I S O N.
Le plus heureux, & le premier ie fûts, Qui le yerray par le trou de cejl huys. P H I L E T I N E.
Voicy yn lieu qui ejl jyfort ouuert,
D E
1ES
VS
C H M S T .
|8J
Que le dedens ne fera defcouuert. C R I S
T I L L A.
Voye^l'enfant,&
celle qui tallat ¿le.
D O R O T H E E .
O le poupon,regard.'^comme il tette! s O p H R O N.
C'ejl -un threfor,tant il ejl bien formé: Sera iamats l'huyspour nom defermé? E L P I s O N.
Mavs appelions ceji homme que -voila Pour nom
ouurtr.Hau,Monfeigneur,hola. I O s E p H.
Qui font ceux la,qui la dehors font bruitl s o p H R o
N.
Qui -vont cerchant de -vie le yrayfrmtCar nous fçauons ¿7* croyons fermement» Qu'en cefl enfant ejî noilre fauuement. M A R I E .
Si Dieu leur a ce grand cas reuelé, il nefault pas que par nom foit celé; Car aux croyons il fault le Chrijl monilrer. Ouure\leur
l'huys.
I O I Ï P H .
Vouspouc^bien
entrer.
£ L P 1 S O N.
Entrons. m
3
S O Î H
lîa
DELA
NATIVITE
SOPHE.ON.
Tout beau,fans l'vn l'autre fouler. NEPHALLE.
Las,de le voir ne me pourray faouler. s o P H RO N.
Dieu immortel,qui fur les deux imperc, jEf qui plus eft,pour nom fais ton repaire, En cejl enfant,auquel nous t'adorons, Et jaluons la tresheureufe Mere De cefl enfant,dont toy feul es le pere; De tous wzjcœurs lay mons & reuerons; tout tamaii leuevges chanterons, Pour ce diuin &falutairc ouurage. No^biens,no^cœurs,nuilre tout t'offrirons, Nous t'aymerons tout le cours de noilre aage. H L P I s O N.
Nous tadorons, o dtutne putffance, Qui us daigné foubzja forme d'enfance, tAuecques nous humblement habiter; Lœil voit l'enfant impmffant en prefence, Mau Foy qui croit par feure congnoiffance Dénient naître œil,& nous vient inciter De t adorer,honnorer,vifiter, Comme vray Dieu,& celtiy feul qui Efl, Qui peux tuer,&puis refufeiter Tous les viuans,quand & comme il te plaift.
NEFH
DE
I ES V S
C H R I S T
N E f H A L L E. Tu es de Dieu Jiu
poure
lapromife
.Adam
fetnence
après f a lourde
Qui trop s'esioit
au ferpent
uAbraham
cc'ie
Dauid
n'eut
heureufe
aitjii,pourquoyfeit
¿Et l'y» Noé
&
eufeuttuftifié.
en toy s'ejì fermement iljeut
fauué
Qui croit
en toy,iieJi
tout iamais
fentencc,
penitence-,
l'autre
Vourquoy
Qifa
offenfè;
confié.
fié,
du grand
deluge.
certifié,
tu luy feras
refuge
n déleur, En admirant le Chrijl &fes trauaux, Dit que deuons -voir noilre Redempteur En poure lieu, entre deux animaux, D O R O T H E E .
Or -voit mon œil ce quay creu & pensé-, C'eji,qu'on ycrroit la i>erge de iejié, Et puii après d'elle monter en hault La fleur par qui fera re compensé Dieu,beaucop plus qu'il ne fut offensé Du poure ^fdam,par le premier de fault. Vierge,de toy encor dire me fault, Tu es le mont dontfut prife la pierre Sans main d'ouurier,fors Dieu feul-, qui le fault> Feit a fon Ftlzjaire du Ciel en terre. I O S E P H.
¡Amys, comment auexjvous fceu cecyl S O P H R. O N.
Seigneur,herfoir le Ciel de fia noircy, Vifmes de Dieu jinges replendtffans; Nous eufmes peur.Lors nom refiouyffans Dirent,le Fil^de Dieu efl né pour TOUS. Penfe^Seigneur,s'ily eujl ml de nom,
DE
I E S V S
CHP-IST.
I?/
Qui ne courufl de bon cœur,pour potibir, Ce qu'auons tous defiré receuoir. I O S EPH.
Loué[oit Dieu,qui à l'orgueilleux cache Ce que luy plaifi que l'humble & petit fache; Croyeçje Grand defjoub^ ce petit corps, En l'impuijjànt giß la force des forts. Soub^je muet couuerte efl la Parole. Soub^ceile chair tant delicate & molle Le fort Dauidy eß ; qui de fa fonde ji mys a mort le plus grand de ce monde. Ne doutons plus, Dieu eßauec nous; Et pour iamaii,l'Eß>oufe auec l'Efpoux Par ceß enfant enfemble font ~t>ni%j Comme par luy tows les maux font puni^ s O P H R O N.
Vousplairoit il par foilre humilité, Vierge portant nom de maternité, No'Xjquettions en patience entendre? MARIE.
lcypourre\la -véritéapprendre; Necraingne^rien,mauparlexhardiment. P H i r. E T I N E.
le Toudroif bien fcauoir premièrement, Pourquoy au hfl ne -vom trouuons couchee, Veu qu'autourdhuy -vous eiles acouchce? m f
mar.
I&6
DE
IA
N A T I V I T I
MARIE.
Le digne fruit qui dorme à tous lieffè, Par fa -vertu m'exempte de fotbleffè* I O S E P H.
So i corps qui ejî fans tache ne macule, JEjl touftoursftin ; tout mal de luy recule. CRIST
I L L A.
Pourquoy nefiné Chrtjl en grande maifon? M A R. I E.
Bien facile ejî d'en dire la raifm: il a ayméparfaite poureté, Pour enrichir cil qui euflpoureeflé. I O S E P H.
Vous hailijfeurs de grands palais fy amples Editeurs demaifms & de temples, Voye^celuy qui tout en fa main tient, Qui en ce Iteu poure & petit fe tient-, Sy riaurexjvow en fhi de Toftre guerre, Que la longueur de voilre corps JE terre. N E P H A L L E.
Pourquoy n'a il de beaux acouflremens D'or & dargent}rubys & diamans? MARIE.
Simplicité dont il efl amoureux, Luy fait haïr tout efiat curieux. I O S
DE I E S V S C H R I S T. 1 O S E P H.
Bien que l'habit neface le peché, Qui a [on cœur a Dieu feul attaché, Sy eji toufiours la curiofité, ta -vanité & Jûperfluité De Dieu haiedes bons réprimée: Par Chrifi en e f i la Parole approuuee: Et en trouuant tous ces ornemens Iaxis S'ejl contenté de petts drappelets. ÎHILETINE.
Pourquoy n'auezjtumoins quelque femmte, Pour vows feruir d'ajfeélion ardentel marie.
le nay befoing deñre de nul feruif, f a y deferutrgrandplaifir & enuie. i o s e p H.
L'indigent fault feruir en diligence, Mais de rien n'a ceñe dame indigence-. L'enfant luy efl pain y if pour nourriture, Sa charité layfert de couuerture En ceñe -pie ; £7- en ce veñement Elle ha toufiours parfait contentement. CKISTILtA.
Dame pourquoy ne -vient icy le monde, Pour adorer le Bien,ou tout abondé?
ï8g
DE LA NATIVITE MARIE. Prou d'appelîe^y a,mais peu ¿tEslu^j Mais les Eslu^y viendront & non flus. i o s E P H. Dauid, Noé,^Abrabdm,&' Iacoh, JEn ont parlé à ce monde beaucop; Chacun Prophete à chanter s'ejl efpris, Pour inciter chacun courir atiprys De Dieu promis,& a tout exposé: Mais chacun a ou [on parler glosé, Ou deprisé,ou comme nul tenu, Tant que bien peu de peuple y efl venu. DOROTHEE. Pourquoy le Beau n'efl par fus tous aymél Pourquoy le Bon n'eflfur tous eiliméi MARIE. Pource qu Amour efl f y trefraifonnableT Qu'entrer ne peult finon en f on femblable. i o s E P H. wAmour,de nous iamais ne prend naiffance, Mais "vient de Dieu ; qui donne conjniotjfance De fon amour en nous,qui ne feiourne, Mais tout foudain dont elle -vient retourne. Jjt crcature efl bien andacieufe, Quifent en f o y ceñe flamme amoureufe> Et attribue à f o y le fortement,
DE I I S V S
CHRIST.
Qui -vient de Dteu,& ejl Dieu purement, Dieu ejî JÎmour,qut en fa creature Se -veult aymer par fa charité pure. s
OPHJ.ON.
Quel\motxjvoicy ! de plaiftr ie meflonne. i L P I
SON.
Voicy le iour,fault 11 que ie retourne? NEPHALLE.
Fault il laiffer cefl enfant nompareiU P H 1 L E T I N E.
Ma Dame,au moinsfon petit bout d'orteil Four le bai fer vous plaife me donner. C M S T I L I A .
moyaufîi:làs*-vueiUe%jpardonner Mapriuauté& tropgrand' hardiejfe, DOROTHEE.
Pour menyurer iufqu'au bout de liejfe, Termette\moy que t'en baife la plante, Maintenant (ui* bienhettreufe & contente. No\,yeuxl'ont -peu ; & noxjnains l'ont touché. L'Agneau trejpurjjui oile le péché. SOPHUON.
Las,receue\depouretéles dons jfuec noxjœurs,quk -vousJêruir tendons. PHILETINE.
Cejl oyfelet,qui n'ejl laid ne mefchant
ity
>
DE
t A
NATIVITE
jCureTzjk moy ; car il ha plaifmt chant. CR.ISTILLA.
Tene^jce laittjpourfaire fa bouille-, Encor en ay : la cheure n'eflfaillie. DOROTHEE.
Fourmagefrat^. dedens ceilefeiffeUe, Sera pour vot*s,tresheureufe pueelle. NEPHALLE.
Monfiageollet,s'dvous plai/l de l'ouyr, il vous fera tout le coeur refiouyr. E L P I S O N.
De mon fagot aufii vous fait prefent; Le feu vous efi bien fkin^tu temps prejènt. SOfHlON.
Moy,qui pour tous doisfaire la harangue, Confejfer veux nauoirforce ny langue, Ny nulfçamrjpwr vous remercier. Rien ne pouons,fors nous humilier Deuant L'enfant,ou la diuinité Veult habiter par fin humilité, Offrant tout ce qu'en nous le Pere a mys, xAmys d'amys,ennemys etennemys. Viwre & mourir voulons en te feruant; Viure fans toy eflimons moins que vent. tA Dieu,Enfant-, lequeltoufioursbenie Toy & ta belle O1 tMe compagnie. jCDicu,
DE I E S V S CHfllST.
191
»X Dieu,Marie > oirgrand esbat. S A T H A N.
le n'en croy rien ; TOUS ~»enexjlu ftbbaih; Ou enchanteurs "vota ont trop amufees, Et tellement en doélrine abufees, Que -vous croye^ce qui ne fçauroit eilre. LES
BERGERS
lleft yray.
¿7"
BERGERES Enfcmble.
s A T H A N,
Toures,Ion Tout fait paiiîre Comme Ion veult de tresfaulfes doélrines. s o p H R o N.
Les grands -vertus,puifftntes & diurnes DM faint ejprit en no^coeurs injpirecst Sont de nom tant creues que deftrees-, Nul ne fçauroit a l'efyrit reftiler* s a r H
DE
IESVS
CHRIST.
S A T H A N.
lAueugle^Jolx,) ie vous yeux inciter De defificr de cefie foie Foy. Si vous youle'xjvi. petit crcire en moyt Voir vomferay que ce Dieu de la hault Du monde beu rim cure,& ne luy chault; Mou plus en ha celuy qui plus en prends Malheureux ejî qui ne veult eftre grand. Si adorer me vouleferuir, Croire & aymcr,vous pom-re^dejferuir Biens & honneurs & plaifir.Car pourquoy, Donner lespuys.Ie fuis du monde Roy; le changeray vo^ros -vilains bureaux En torn draps d'or,d'argent,riches & beaux. Vom qui fcruexjorebti & ftmples belles, le vousferay feruir àgrands requeiles; Voflre labeur engrand oyfiueté le tourneray,&en lafciuité. Brefj de petitions fer ay venirgrands; Pour les petit ronger à belles dénis, le vousferay & craindre & e il truer, Voire par tel qui ne y oui daigne aymer. Ma ts ft fault il que vous ne croye^pM Que Dieu defeendevn fi malheureux pus, Du ciel treshdult,la ou il fe tepoufe, Tour prendre ainfi yne me pour efyoufe, n
2
19$
DELA NATIVITE
Ne que iamais yueille a .Adam donner Sonparddu,& fes maux pardonner. Si cefi jldtm n'auoit par fon labeur Tait œuure dt*nç o à ceñe oçrand 'valeur, Ir dcomply la Loy,fans yn Iota I» delaiffèr ; retene^ce Nota. Yarquoy laijfe^à Dieu toits fes haults Cieux, Et regar de^Lt terre pour le mieux: Sagloire il tient aux hommes par trop chere-, Venera moy,nousferons bonne chere.
SOrHKCN. Foy n'a en yom,creance,ne fiance, Dont mieux me plaiil repo^de confcience, Que tous les biens qu'il yom plaiß prefenter¡ Çar yn bon coeur ne s'en peult contenter.
ELP i so N. Ne penfê^pas que l'écrit dufidele, y/Cqui l'efprit de Pieu toufiours reuele Son bon plaiftr,fceufi de yom tenir compte: Çar tout honneur mondain il tient pour honte.
NEPHALLE. La pouretépoint le çorps ne nom b l e f f e , Car nom fçauons d'où yient noílre nobleffej Vn pere auons,qui eß bien riche affex,, Tom fes threfors font pour nous amaffe
PHI t
DE
ISS
VS
CHR.IST.
P H Î L E T 1 N E .
la nadutendra & pluflofl mort maduiemi Qu'au TreJJxtit,vrdy ejpoux,he me tienne', Car en luy -voy la parfaite grandeur; Toute beauté hors de luy m'ejî laideur. C R 1 S T I L L A .
Par Foy il ejl engendré en no^cœurs, D'amourgonflons les diuines liqueurs; Tous les plaifirs du monde,fottt trifiejjes ofu prix de fès indicibles hejjes. DOR.OTHEE.
Mon Pere il ejl>& mon Trere,& mon Tout' le fuis à luy de l'un à loutre bout; la nay qu'yn Dieu ; parquoy l'idolâtrie Ne m'o ñera ma celefie patrie. S A T H A N.
Voicy mesgentSont il^Jpirituel^, Mesinfênfex,- Ofol^continuel Efles "vous Dieux? s o p H R-O N .
Mak Rien nous confeffons. La gloire au Fil^ cCilre Dieu nous laijftms. il nous foujftt (Ceilre ce qui luyplaiil, Et dejçauotr qui ejl celuy qui Ejl. S A T H A N.
Cuydexjvous pas auoir [on faint Efyrit? n 3
i l
DE
LA
NATIVITE
F. I. P I S O N. S'il sfl deder.s noflre cœur bien Sy finement
le
fcctmis
efcrit,
&fentons,
Quirt:bo\iible ejl que idmdis en doutons. s A T H A N. Penfezjvout
bien entendre t
LE I I I .
BER.GER.
Nous en fdifons humblement Mdiitre
Efcriture?
rictirms fimi fa
ld leâlttre,
charité,
Qui nous apprend toute la verité-T Tins en[entons,moins en pouons parler; Car fort amour fait cefecret
celer.
S A T H A N. Ofc^oiH
bien nommer le grand Dieu Pt PHILF.TINE.
ïofe par luy ce que par luy Ce que ie croy &
fermement
i'efpere, ie tiens.
Pere il cji noilre ; & fommes de fes biens Vrdys héritiers ; a equi Je efl noilre party Dont eait &
feu n en feront le départ.
s A T H A N. Si foilre
pere eiloit,ainfi
Vous Idirroit il les pouretés Que
TOUSfoiffre'zjngrandnecefiitéì
OuiireiJ.esyeux,gens Jiue^jvom
que ditesy maudites
pleins de cécité;
-»eu jamais qu'-vn homme
riche
d e
Laiffe
i e s v s
fonfil^comme
il defandroit
c h r i s t .
defert en friche?
de -vouloir & p u i f f a n c e ,
S il ne dotmoit des biens en Q u e l r > J i l . x . d e Dieu Forsjaim
&
abondance.
! qui n'ont de [es
froidfiabit^jpoures
&
threfors ord%,
EL P i s O N .
Cefleparole,eß)ee Var Charité
les fiens fouuent
Et les cfraflie Moindres Mais
petit que la
les ayant iufques a rien pere à fes en fans
eßdeluyla
Quand Dont
argue,
; à fin de tous les rendre
que riens,fins
Se monSlre Lors
trefague,
fcubmys, amys.
"vie en nous
il nom a celle d'xdam legraud
loyeufement
cendre.
gouttee, oilee.
bien eß t e l } q u ' i l f a i t o f f r i r no^corps
à tout
Plus nous fôuffrons}noftre
ioye
fouffrir, redouble,
De - v o x j p l a i j i r s ne donnons pas yn
double.
s A T II A N.
Si en toyfufl Te Ltirroit
le F i l ^ j d c Dieu
d ainft fouuent
trefeher,
pecherî
Le pire ayroant f m f H ^ T / o t i i g a r d e r o i t Si ch:remcnt,que Or pechc^jvotu Varquoy
nul ne fouuent
pecheroit. contre fa
chacun pcult bien mger
S'il eß v r a y f l x j
Lay:
en foy
c a r
n
4
low
DE L A
NATIVITE
Ne fault iuger que Dieu y foitpour pere. DOROTHEE,
Noilre cœur n'efl de THK^dirçempefchc. Nous confeffons que nomfaifons péché, Et ne pouotts rienJinon péché faire; Alois Dieu en nous,pourfon oeuure parfaire Joint dedens nousfa trefcuile milice, xA quifert bien defiteiQe noilre -vice. Le tresbeau blanc,fefait bien plus blanc ~»ecir Quand on le metfur vnfondant efl noir. Péché efl noilre autant que nous cuydons Eilre & pouoir ; & que nous nousguy dons Par noilre fens.Maisquand il efl rendu Tel comme tl e f l , & Rien bien entendu, Nous nous perdons, en perdant ce Cuyder; Qui ne fçauroit hors de no^cœurs mtyderr Si -vérité pour y prendre fa place Ne len met hors,&par Foy ne le chaffer Et lors en lieu de celuy qui tiefl point, Celuy qui Efl,efl a noilre cœur ioint. xAinfl péché qui negift qu'au dehors, Ne peult toucher qu'a noilre mortel corps: Le Crifl auons -viuant en noilre cœur, Qui de péché & la mort efl "vainqueur. S A T H A N.
Ho,quefl cecyl yoicy ime faerie,
Voicy
DE
I ES V S
CHRIST.
Voicy propos pleins deforcenerie; Le Vêtit a fur moygaigné le reng. Ho,quel archer ! & comme il tire au bUncl il a. muré le cœur de [et fideles; Plus n'ay pouoir ne fur eux,ne fur elles. Agneau occis,qui du Cietfei%jchajfer Moy & les miens,me -viens tupourchajfer lufques icyi Ou trouueray ie place Pour euiter la fureur de tafacel jCu Cielmontay,ou tu fais ta demeure, Mais ie n'y peu%J>as demeurer vne heure, Pour ne vouloir toy Petit receuoir, Mais ouy bien tresbeau & grand me voir; Voire & à toy voulais eftre femblable, Mais non pas toy,parquoy iefeu^Jait diable-, Et ta vertu voyant Cuyder en moy, Me dechaffa du Ciel ; dauprès defby le fuis venu en cefie terre baffe, Ou montxjO" mers,& terre ie trefpaffe, Pour trouuer lieu feur hors de taprefence, Ou vn petit peuffe trouuer Sayfonce-, Mais fans ceffer touftours ta main me tient, Qui maugré moy me pouljè & me retient. Si ie defcends au plus profond d'enfer, La ie te fents,qut brusler & chaujfer Me fais du feu de diuine Indice. n S
202
D E LA
NATIVITE
Si i'duoii lieu ou peuffe ma malice Exécuterait tu ne juffes point, le regnerois.Maii quoyt y or y le poinéi, Tu espar tout par grace & par puijjànçe; Et qui j h eji,ton Fileta congnoiffance Enuoye au monde,ou i'efîots bien yenu Quand, tu eiloii des tiens plus incongnu. Ceux qui yerront maintenant ta lumière, Congnoislront bien mon effence & mattere, Vhjot Cuyder,& y ne yanité Suyui,aymé de la mondanité, Qui au foleil comme la neigefond. Parquoy m en fault aller au plus profond Du puits denfer,tourment de ton abfence: Car demourer ne puys en ta pre fence. Muffer men ym au fonds des cœurs de ceux Qui d'efeouter ta yoix font pareffeux-, JÎymans Cuyder,& ce qui nefeut onques. En euxferay tout mon effort adonques, Four chaffer hors de leurs cœurs la mémoire De l'Efcriturefalutaire histoire; Et trauatlîer parfurteufe rage Ceux qui auront ton Nom en leur courage: Et fans cejfer lesferay tourmenter, Craingnant de yoir le Petit augmenter. Malings EfyritZjycnc%t&' courezjviÎle, JlyoM
DE
IESVS
CHR.1ST.
,yf vous m'en ~voii au defêjperégifte» pour effayer d'auoir quelque confeil. Comme pourront tenebres le foleil faire echpfer ? Mau s'il ne fe peultfaire* En bref -verrons noilre regne deffaire. D I E V.
Or -voycT^yotti cy mon cher Fil^eslu, Mon trefaymé¡auquel me fuis complu: C'eß ceftuy cy,en luy vota deue^jcroire, Cefi la yiue eau,de laquelle fault boiret Qui vous fera iufques a moy faillir : En le croyant¿vous ne pouezjaillir. Or eß Sathan qui ne s'efl :voulu rendre j i ceß ¡Agneau,par luy mys non en cendre, Maii tout a Rien,comme il eftoit deuant Qu il fuß E$lu,pour eflre mon feruant. Par fa yertu me youloit reffembler, Mais a l'Agneau lefailloit affèmblery Vny à luy,aymant Rien &
la mortf
Mai< le rebours a fait,dont il ha tort. Car ml ne pcult iamais a moy yernrt Qui ne fe y cuit dens le Vêtit tenir. Sathan cuydoitpar fou Jens meriter, Steo-c pareil que le mien héritier. Et mny qui Sim ccluy qui Suis fans doute, laitutis en moy ne reçoy ny ne boute
Í04
DELA
NATIVITE
Nul qui ne foit dedens l'occix, Sans refiler à ton diuin vouloir. T H U V I A T I O N .
Reçoy ce coup,que dens ton coeur fait mif; Cejl,que Dieu prend tesplufprochaws amys, Et ou ton cœur faifott ferme feiour¿ Esleuer veult tes mortel^ennemys, ^/fufquel^ il veult que du tout fois foubsm Car quitterftult la kiyne,aufi l'amour. Ce
DES
TROIS
K.OYS.
Ce fécond coup te fera nuiél & tour plaindre & douloir dedcns im trifle lté1} Si fouffrir -veux patiemment ce tour, Ta grand douleur tournera en deliél. Le tiers coup ie te baille Pour mortelle bataille; C'efi, que de tel péché Eji ton ame fouillee, Contrefaite & brouillee> JEt ton corps fy taché, Qu'il n'efl pM en ta force De rompre cette efcorce, Ne de t'en retirer. Quelque chofe oy,engrand chere, Comme plus apparens. jCu lièifuti attaché Tant malade &fafché Que ie ne fay que face. iAu corps i'ay maladie, oit* coeur melancholies On le lit a ma face. MaifyVoicy bien le pif; En moy te fents tappi^ Tom les péchés du monde; Faute d'humilité, Par infidélité, Mon
DES
TROIS
JL O Y S.
Mon ame rend immunde. O Tribulation, Si ton affeâion Je porte doucement, Monflre moy fans faillir Comment ie doy faillir, l}ar qui,quoy,ne comment. T R I B V L A T I O N .
plions a Tme Dame antique C'efl Intelligence Diurne-, Tnileffe & mal par elle fine: Car deguarir ha la pratique. M E L C H I O R.
plions to(l,fans nulle répliqué, LAilleurs ie nay plia defterance-, Par fonfçauoir fy autentique l'cfpere d'auoir dehurance. I N S P I R A T I O N .
Dieu,pour monilrer fa grace purement, M'enuoye à toy,pour declarer comment il ejl ton Dieu,ton Createur,& Vere. Et qui plm ejl,tl yeult que -viuement Face en ton cœur vn diuin mouuement-, Te rendant feur que celuy qui impere Sur tout les deux,par moy en toy opere, Voire reuele a ton efyritJ'Eftrit,
Z2Z
DE
L'ADORATION
Le vray tefmoing de la vie projfyere, De f y long temps promis au funt Efcrit. GASPARD.
Qui fuis ie moy ? ne que peult eilre l'homme Venu d'Adam,qui mal mangea la pomme, x qui tu viens,Dame Infiltration? Tu mejais -voir de mes péchés la fomme, Mort^&* couuertspar >n rajfemble, Nous -pueille mener à bon port. GASPaRD.
No^cœurs qui l'un l'autre rejfemble, Nota i>mt par dtuin accord. I N T E L L I G E N C E
DIVINE.
Le fondement de tout mal & tout yice, L'occafion d'ob&inee malice, Vient feulement de l'obfcure Ignorance. L'homme Ignorant fon deuoir & feruice, Et dont luy fient la grâce la luflice, Ne fait que c'eji de Foy ne d i fj)erance-r L'extencur ayant belle apparence, Le rend aueuglede bon Jais priuê-, Mais faire peux du vray la demondrance-, Qui Tien à moy,ilejl bien artiué. p
4
PHILO
232
DE
L'ADORATION
P H I L O S O P H I E .
Voila la DamCyô Roy,que tay promifë; Oy,croy,retiens fon parler veritable. T M B V U T I O N .
Jrtelligcnce en ce fie chaire afiife Voy,& en prens doélrine prouftable. I N S P I R A T I O N .
le tay mené en ce lieu delegable, Regarde bien d'y faire ton prou ft. PHILOSOPHIE.
Or a Dieu dcnc. B A L T H A S A R .
O dame charitable, Me lairrat tu? PHILOSOPHIE.
Ceflafje^ilfuffit. T R I B V L A T I O N .
IA Dieu,amy ; tu es en bonne efchole. MELCHIOR.
Helasfourquoy parts de moy fy fôudain? T R I B V L A T I O N .
tay mys afincommifion & rolle, Retourner fault au feul bien fouuerain• I N S P I R A T I O N .
JC Dieu celuy cjui de ma douce main %A eu le coup,qui le conduit icy. GASP
DES
TROIS
R O Y S.
GASPARD.
obéir fault a ton -vouloir certain: jC Dieu te dy,auecvngrand mercy. BALTH
\ S A R.
Dame d'honneur,de tout fçauoir le chef, Qui de Dauid es la certaine clef, jC toy -venons en toute humilité. Si a l'obüiné ignorant fon mefchef, Tejerme & clos ; & le ciel derechef Luy efl fermé,c'efl pure -vérité: Celuy aufii duquel la charité Ouure le cœur,le ciel luy efl ouuert: Ta doflrine efl pleine depurité, Qui le captifdeslié a dejcouuert. MELCHIOR.
Philojôphie & Tribulation, Pareillement douce Injpiration, Nows ont contraint de yenir droit a yous: L'vn enfeignant par demonilration; L'autre par coups de grande affeflion: L'autre frappant le coeur fdns cousleau ne ouiîil. De ce au viendrons bien afin: ilfault vn peu faire le fin, Et vfer d'vn moyen fubtil. il fault par vn propos gentil D'vn vifage riant parler; Leur diftnt,voui poue%joller En Bethleem;car la efl il. Feindre fault d'en eflre bien ayfê, Et les prier de repaffer Par vous ; & les fault embraffer, Montrant que la chofe vom plaife. LE
II.
DOCTEVR.
Voila tresbonne inuention. Maisfemgnezjtufit de vouloir Comme eux au CnriJÏ faire deuoir, Vous fçaurezjeur intention. LE
PREMIER
DOCTEVR.
ïay de fiagrand deuotion De fçauoir le lieu ou il efl, Pour faire de luy,s'tl vouiplaifl, Bien cruelle execution. q
f
H ER O D
o
DE
L ' a d o r a t i o n
HEKODE5.
Fault tl qu'vn Royaume ie perde, Qù àgarder ma tant eouQé, Et au'd me foit ainft oilé Par vn petit enfant de merde? Le diable far le col maharde Si par l'ejpee il ne trejpajjè, Ou par dedens le feu ne paffe, Ou dens la mer ie ne l'ejfèrde. LE
PREMIER
DOCTïVR.
il nousfault fa mort machiner Tource que cejî >» Roy nouueau; Quelque tourment cruel & beat* Et nouueau fault imaginer. LE
II.
DOCT
EVR.
Si ne le pout^deuiner, Nul n'en fçauroit -venir à bout: tApres -»om,nom fault cheminer, Car pour ce cas vous fçaue^tout. LE
PREMIER.
DOCTEVK.
ufufli nous nouons autre affaire Que le Roy & fa royauté Conferuer,foit par cruauté, Ou autre manière défaire. LE
II.
DOCTEVR.
Çercher ne veux qu'à luy complaire
DES
TROIS
ROïS.
a/I
Tar tous moyens,bons ou maumif: S'ilJe courroucej\e me tais-, Car ie crains trop de luy dcjjylaire. H E KO DES.
le vout parler a ces trou fouh^, Qui ont laifîéfans grand befôing Leur pais,pour Tenir de loing Voir ce qui nefloit fceu de nous. LE PREMIER.
DOCTEVR.
Strejnonflre^vous vn peu doux, lAmft les pourre^attraper. H £ K O D E S.
Taife^yous,ie Jçay mieux tromper Que vous ne fçattriexjatre tous. Seigneursy ie TOUS yeux embraffer; Herod« parlant aux trois Kor> Car croye^que ie fuis ioyeux ' Depouoir voir de mes deux yeux Tel^Roys que vous,par cy pajfer. fay fait mes Douleurs amajjer, Et voir chacune prophetie Qui ont parlé dugrand Mejlie, Qui tous les maux doit effacer. Tous mont dit eju'il esloit venu, Et né au lieu de Bethleem. Meffeigneurs,encpterexyous en» Car la doit eflrepur & nu. B AL T
ift
D E L*A D O R A T I O K BALTHASAR.
Chacun de nous ejl bien tenu De mercier Dieu de la grace Que tu nous fait en ce fie place, Ton parler fera retenu. MHLCHIOR.
En Bethleem irons tout droit Voir fi l'Enfant nous trouuerons. GASPARD.
sA toy bien tenu^nous ferons Qui nous en as monflré l'endroit. H E R O DE S.
Meffeigneurs,retourner faudroit Tar moyi afin qu'à i/oilre exemple Luy porte prefent riche & ample; Car oiler ne luy feux fon droit. LES T R O I S ROYS
enfemble.
w/tf dieu, Seigneur. o
H E R O D E S.
Mais retenez¡¿, Qu'après auoir trouué ce Roy De repajfer icy par moy,. Vous fere^Jes bien retourne B A L T H A S A R.
Dieu,qui nous a tous trop mene Maintenant ne nous abandonne;
iliaU
Mais ceñe eñotlle notti redonne, Par qui nousfemmese {Irene M E L C H I O R .
Voye^l'eñotUe, -voila la, Qui de nous fe voulut cacher; Quand elle nous vifi approcher il femble quelle fe cela. G A S P A R D .
Elle nous monñra par celd Qu autre chemin faiüoit tenir, Non pas au mauuais Roy venir; Ce fecret là nom reuela. B A L T H A S A R .
Lon donne a Herodes le bruyt En cepaisyd'eflre cruel. Croye^qu'vn Prince qui ejï tel, N'eJÌ de l'ejprtt de Dieu inñruit. M E L C H I O R .
Lon congnoit l'arbre par le fruit. Las,que le peuple efl malheureux Qui -vit foubs vn Roy vicieux! Enfin l'vn & l'autre e fi deilruit. B A L T H A S A R
D.
L'eñoille ne va plufauant. Voicy Bethleem la cité; Voyons ou efl le heu cité
i f 4
DE
L ' a d o r a t i o n
Par elle. MELCHIOR.
Ceflicydeuant. CASÏARD.
JE»! ce lieu ouuert à tous -vents Penferie\?ous tel Roy trouueri BALTHASAR.
Nous ne pouons que l'efprouuer; La freme fait l'homme fçauant. O quelle confilationl Le premier R o y .voyant rEnfont dc loinSQuelle ¿ronde ioye me tient! MELCHIOR.
ìe ne f f a y dont cecy me vient, Mon cœur brusle en dileflion. GASPARD.
le voy ce quInß>iration Dedens mon cœur auoit bouté; De ce que far Foy ïaygoufîé tay maintenant fruition. BALTHASAR.
D'amour nous fommes tout ardens, BaiOe^moy l'or que ie luy porte. Frapper nom fault à cefie porte, Pour noir le threfor du dedens. GASPARD.
Trop fommes icy attendons
DES
TROIS
ROYS.
Cea cette myrrhe esine 0*finei En la portant puât que m encline, Me protternant dejftu les denfiç, MELCHIOR.
Bdillexjnoy cefi encens trefrur; De bon coeur luy prefenteray, Et à fis pied^me ietteray} Car tl ejl Dieu,t'enfoisbien fiur. BALTHASAR.
il n'y a coeur qui foit fy dur Qui degrande ioye ne pleure. Seigneur,ouure%jtous fans demeure La porte de ce poure mur. MARIE»
lofeph/ye%j Ion frappe a cefie porte; le fints l'écrit de Dieu,qui me conforte, 11 qui me rend de grand ioye remplie. Voicy le temps qu'il fault que dehors forte Des faints E feritala Vérité tresfortei Et que chacun devant ceji Enfant plie Tette &genoil -, parquoy ie nom fupplk Ouure%jouure%jtux Eslw\emoye%j La prophetie efl en eux acomplie, L'ettoille icy les a tous comoye BALTHASAR.
O Createur,quitoymfmc comprens,
Zf6
DE
t ' A D O R. A T O N
Dont tout bien -vient & de nul,rien ne prens; Qui de tes mains us fait ciel,terre,mer$ Tiens cejl Enfant auquel ie te comprens, Le potnélje but de monfalut i'apprens; Tant que (fors toy) rien ne puis eiltmer. Tu es celuy feulque Ion doit aymer, Craindre,honorer,reuerer,&' feruir; D'humilité ie me viens abyfmer tesJoints pied^ou me yeux afferuir. M E L C H I O R.
O Toupui(fant.quipar ton brat tresfort iAs retiré de péché A nul,fors a vous obéir;
s s
tin
DES
I N N O C I N f s .
il ne craint danger ne hafard Tour -vous,dont tl fefait haïr. Parquoy n'aye\peur quefoujr Puiffe nul enfant de [es yeux ; Four -voilre cœur bien refiouyr, Pofîible n'ejl de choifir mieux. H E R. O D E S •
ïay vnjaix fur ma confçience, Lequel ie ne peux plus celer, Et en TOUS f y grand' confiance, Que ie le ~vows yeux reueler. Las,à peine en peux ie parler; Car le dcfpit qui mon coeur creuc N^peult hors de mes dents aller, Qui me rend la parole breue. En Bethleem,il efl prédit, Qu'fn Fih^ej} né de tel crédit» Que fur les Iuifzjegnera; Dont pour faire i>n irefiufle edtél, J'ordonne que l'infant maudit Soit tué,qui le trouuera. Et celuy bien ejprouuerx Ma grande libéralité, Qui ~vn feul n'en ejpargnera Par extreme crudelité Sans regarder à poure ou richep
DES
I N N O C E N T S .
l 8 j
tfy a maifon petite ou grande; Trcncbezjom amft quinte mtche ji ocrrans morceaux,te le commande. jl nefault point que Ion demande Dont me fient cette cruauté; Car ~i>ti Roy doit payer l'amende, Qui pour rien perd fa Royauté. LE
C A P I T A I N E .
De t obéir tay telle enuie, Confcruant ton autorité, Que de tout masle auray la ine» Tour te donner prospérité. Mon cœur ejl fy très irrité, Contre celuy qui ejl Tenu, Qu'il mourra, cejl la yertté, Quand de mes mains fera tenu. Nota ferons tant de pas & tours Moy & mes gents^n diligence, Que Bethleem & [es entours yAuront des masles indigence. ô Bailleur ne feray d'indulgence^ Car de deux ans tirans en b.ts, >A nul n auray intelligence, Mais tueray tout,pour mes esbdts. H E R O D t S .
Or allczjdonc ; Tour en tirer a Dieu humbles requefles: Voy par cejl arc confédération, Taix,amitié,feure dileélion, De Dieu auons tant grandes & bonnettes* Voy ^fbraam,qut offrit ifaac, ^Auquelfon Dieu renouuelle ce paél: En luy monilrant le nombre des efloilles> Luy dit,En ~vn -venant de ta jemencs le monilreray ma trefgrande clemence* Et toutes gens beniray foubs fes œsles. Tuis ifraël autant en a receu-, j i Dieu ont creu,dont nully n'ejl deceu. ¿ipres iljault qu'en l'biftoire tu entre Du bon Dauid,auquel ilfut promis Que fur fon fiege à iamais ferait mis Le fruit promis,de fon trefroyal -ventre. Fais tout au Ion? de ce Hure leélure, O
Regarde bien ccftc Vieille Efcriturei Et tu -verras que la fin de la Loy C'ejl c h r i s t ton Fil\cejl le promis Mejîie La fin,le but,de toute prophetiey Qui acomplit la Loy par -viue Foy. tApres anoir par moy qui ¡ut* Mémoire, Bien ruminé yne chafcune hifloire,
D V
D ï S E R. T .
Qui de ton Fil^ fon treffeur
34I
tefmoigndge,
l'rcns de Dauid ton pere le Pfaultier, Pour le chanter à Dieu d'vn cœur entier, Refiouyjfant ton ofme,&
ton courage.
Quant ejl de moy ie te monftre la Lettre, Mai* cefi Efprit qu'il plaifl au Seigneur mettre in toy,qui es de luy toute remplie, T'enferà -voir le fens,fans rien omettre; Lu à loifir le tout,ie t'en fupplte. MARIE.
Loué foit Dieu qui t'a donnee a moy, Vdr qui f s fait^tres
antiques ie voy;
Qui mon firent bien fa puiffance indicible. O la bonté du feul Bon pour tous Bons, Qui a toufiours diflribué fes dons J[es
EsluxJ O Dieu,ejî tlpoJStble
De te louer
affezjûffifamment;
Et contempier ce beau commencement, ON toy pmfftnt &F*ge
Createur
De l Air,remply d'01 féaux de mainte forte, De Terre aujii,qui maint animal porte, It de la Mer te monilre
lefaéleur?
Tu o-rand' grandeur ton ouurd?e o
_
o
o
demonilre;
Ta ¡apience en tout lieux Ion rencontre; Car d'Eléphant iufques a la formas TU es la Vie,comme de tous,&
l'Eilre; y 3
Leur
Leur Createur>c onferuateur, & maistre; Mai* tout cecy ¿s fait pour tes amii. O poure ^Adam,par faulte de bien croire, Te pre finta tafemme ou pomme ou poire. Fruit de fcience,ou mort efloit cachee: Tu en mangeai,ton honneur ignorant, Qui en ce monde ettois jeul imperanti Lorsfeut ton Jíme en ce peché tachee. O bienheureux peché,heureufe offenfe, Qui merita jy digne recompenfe, Que Dieu fon Filxjpour du tout l'effacer Notti a donné.ô Filo trefgrand prix, Qui le peché d'jldam fur toy M pris, Tu t'en pouoù,s'il t'eufi pleu,bien paffer. O forte amour,ò femence promife, Par qui fera à riens la teile miß Du grand firpent,qui les mondains regitt; Las,te te voy,bien que foyes comerte, En mon Enfant ; qui deffus l herbe verte Bien pouranent aitift qu'un pecheurgiß. Cefi l'arc qui eß pour la paix mu au Ciel, Cornertiffant en douceur l'amer fiel De la iuttice & de l'ire de Dien fíelas Pecheurs,de ceß arc donc tire^ Et par luy feul cette grâce attire^ ; De l'Eternel,apprcne^touí ce ¡eu.
DV
DISERT.
3
Son corps efl l'arche,qui -vo^jnauxoÎlera, Qui fur les Eaues fy bien l'emportera, Que"VOUÎ n'aurexde~vom fubmergerpeur. C'ejî le Coulom,portant la branche -verte, Mon (Iront qu'amour la terre a dcfccuuerte JC tous Esluqui croiront de bon coeur. C'ejl de la Foy d'jibraam la puiffance, Cejl d'ifàac la grande obeïffance, Qui prend la mort pour autruy -volontiers. C'ejl des Eslw^Ja bonne -volonté, Cejl leur amour, ejpoir, [ens,& bonté, Cejl luy qui fait en eux tous ces meiliers, Qui entend bien de l'Ejprit l'harmonie, Aller te 'voit foubs la ceremcnie, Oblation mettant toute autre à jin: Cejl toy qui es Melchifedec lepreflre, Duquel n'a peu la race bien congnoiilre Homme -viuant,tant foit il [âge ou fin. Var cejl Enjant,Sacrijicc nomeau, L'ablation du Mouton & du Veau Ne font plus rien ; puis que de leur figure La -vérité nom ejl fy bien monfiree, Que Ion -voit bien la figure acoufiree N 'eslre rien qti'vmbre u la -ventépure. O Roy Dautd,de plaiftr fuis raute En contemplant ta Chreftiame -vie, y
4
Car
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D V
d e s e r t .
Car le vray Chrifl plut que mlreprefente, Tu et de Dieu le en s. is le -»ray Oin L'homme felon fon cœur,qui as le poinfl Gaigné d'auoir mu en Dieu tapretetite. Qui pen feroit que ce fuß pour mon Fil^ Ce grand ferment ,o Seigneur,que tu jet*, Que tuferois du -ventre de ce Hoy Saillir un Filant fou fiege tiendroit; Le -voyant nud & poure en tout endroit, Couché fur l herbe en piteux defarroyî Qui donneroït a ceß Enfant la gloire Jfeflre de toy la force & la vifloire, Et le fort bru contre tes ennemys? Qui le prendrait pour legrand Iofué, Pour Gedeon,(jut en a maint tué, En le -voyant foible & a terre mv& Qui iugeroityo Pere & Createur, Que ceß Enfant fuß le Législateur, Qui a ton peuple a déclaré la Loy ? Legrand Moife & feruiteur fidele, Qui eiloit plein de Foy,d'amour & %ele? Nul,s'il n'eiloit bien infpiré de toy. Tel que tu feu4,Sein parchemin; Et du doigt d'enhault Efcrit ce qu'il fault Faire en ce chemin. Ce Liure eß f y ample Qu il f u f f i ß d'exemple iA tous fes Eslu^j. ließ fol parfait
DV
D E S E R T .
Qui compte n'enjdit, JLt qui en veult plus. Que fçauroit plus l homme aumr cCauantdge J)e tout le bien qui ¡e peult deftrer, Quand il ha Chrtjlpour fon vray heritage Qui tout en luy l'a voulu retirer? S'il ejl en Cbrtjiylus ne doit foufpirer; Car Chrijl en Dieufans fin le fera viure, Sans que nully l'en putjje retirer, S'il e jl efcrit en ce bienheureux Liare. C'efl la feureaddrejfe De ce fie promejjè Tant reiteree, Que Dieu en iuiîice Tourneroit malice Trop inueteree. Sur foy le peché Sera fy caché, Porté & deffait, Que Dieu le tiendra Vn iour que viendra Pour bien fttisfait. Las,ce fera la piteufe iountee Que le payeur nefpargnera fim fang, Et que verras ta loye retournee En grand douleur,voyantfur le dur bane
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34 B
C V
DESliUT.
D vne grand Croix V \gtteau tant pur & blanc, Pour ti'X lesfiens:.utter*tentfatisjaiye, Car pour tiret [es Eslu^a fort reng J?eternité,ne lairra rien a faire. En h.y la Mort,morte (Qui esloit [y forte) Vour iamaisfera. Car le cuydant prendre, Luy fans fe defendre Son chefcaffera. Le Péché aufît Vilain & noircy Sera effacé; Enfer par ce Chrifl Sera tout prefcrit, Brisé,& cafié. Mais ^(dam mis à mort par Pafîiott Telle qu'ilfault pour fon forfait tileindre, Retournera par Refurreélion, Pour bien heureux le hault du Ciel atteindre. Celuy ejui s'eft -voulu faire le moindre Jufquauplus bas de l'enfer defcendant, Sera mit hault,ou minepeult aueindre, S'il n'eflpafîépar ce feu trefardent. Mais fa Créature De vile nature Qui
DV
DIJÏRT.
Qui reçoit par Foy Z' Agneau, f e colle xÁ /«J>c7*sen voile Du tout hors de f o y , Elle n'ejl plut elL: Mati par Foy & %ele Efi Fil\du Treshault. Son nom elle perd, Dont celuy appert De Dieu,qui mieux vault. Or contémplenla tresheureufe Dame, Quel bien,quel heurquel contentement Peult receuoir & reffentir ceñe ame; j£me non plut jnait ejprit feulement, Efprit remply de diuin mouuement. Qui plut fe perd en luy,plut fe retreuue Eílre en fon Dieu,toy feule fçaù comment Cecy fe fait,tu en OÍ fait l'efyrcuue. Or refiouti toy, Toy qui M par Foy Lagrace trouuee Que Eue auoit perdue, Tour s'eftre rendue yA voix reprouuee. Chante dens ton cœur Pour l'Agneau vainqueur
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D enfer
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DV
DESEKT.
D'enfer & de Marti Dieu a toy m'enuoye, Lequel efi ta ioye, Pldifir,^ confort. M A R. I £ .
Je ne puis pas fans admiration Ce Lture itotr fy plein de charité, le voy de Dieu,lamour,l affeflion, Enuers celuy qui auoit mérité Que Dieu à luyfufi toufiours irrité, le ~»oy ce Dieu^jut par bonté tmrncnjê Donne ait menteur,Jon Fd^ fa Vérité; Voire&jatt chair fon Verbe ja femence. O bonté trop grande, Qui la Loy commande Impojitble afaire; Puis tu met^pour l'homme Ton Fili^, qui la fomme Prend à fttitfaire. ïAmour vainc aux Cieux De Dieu les doux yeux Pour nous regarder; Et le coeur enflante Du Fil\,, qui fon ame Met pour nousgarder. Mais quand le Filxjfl bien glorifié,
tAytnt
DV
DESERT.
$/I
jCyant en nous Dieu tout feulfait congnoifire, Et noilre jCdam du tout mortifié, Son faint EJprtt donne,&fatt apparoiilre, Et que Dieu ejl en nom la Vic & I'Eilre. Ceile vnwn ejl la beatitude Du Tray croyant Jo Dieu,mon Pere & AUiilre, It que voicy vnepUifante eiludel Ce Liure de grace Tous les autres p a f f c Pour plat fir donner: Fleurer tourne en rire, Varquoy le veux lire Sans l'abandonner. Par dileâion En l'Eleâiott De Dieu ie me voy; De tous temps preueue jCymee&Eslue Megardant en foy. Puis quand le temps vint en fa plenitude Lequel feut tant des Peres attendu, il me choifit d'entre la multitude JL vn honneur de moy non pretendu: Car nouobilant que bien i'euffe entendu Que [on Ftl^Chrifl deuoit naiilre de Vierge> le ncïlimm vn tel bien mettre deu D'ettre
D'eftre d'vn tel threfor humble concierge. le mettimou rien, Vuydedetout bien» It moins m'eiîimoye Que poure y ermine. Ou morte racine; Mais Dieu feul taymoye. Lequelma trouuee Bornais esleuee Hault,par fy douxpiege, Que Mere honnoree M'a fdit,decoree Sur[on dextre ftege. Ce bien efi mien,auant que fuß le Monde Fait ny formé-, car jÇmour par luy feul De tout péché me fett exempte & munde. Fuit me feit natslre en ce -val plein de dueil. Et me donna ~»n regard de Jôn œil Sy amoureux,qu'il mefeit amoureufe; Dont toutes gens Toyans ce doux acueil Me chanteront & diront bien heureufe. Seigneur,quel mérité lAuoit ta petite Seruante peu faire, Pour eiïre eürenee yAuant queüre nee
Xìu bien qui doit pldireì Mon ajfeflion Mon Eleólton N'auoit pas efmuei Seigneur,ta bonté T'a pour moy domté, Parquoy mas eslue. O quel honneur d'amitié paterneliel Quelle faueur faite a ta chambrierel Non a moy feule, ia ne fault que le cele, (Bien que ie fuis des Eslu\ la,premiere) Mais a tout ceux qui deffoubs ma banniere, Par yiue Foy fuyuront l'occis .Agneau. VenexJPecheurs,fans regarder derriere, Ne doutexjpoint de mon celeSle appeau. Qui croit comme moy Var très yiue Foy, Mere ejì du Sauueur-, En fon cœur l'engendre Mais quii putjfe entendre Sagrande faueur. Foy fait receuoir Prendre & conceuoir Oyant Dieu parler. Son enfant trefcher Son yerbefait Chair, K.
3/4
D V
DESER.T.
Qu'il ne fault celer. Pim que par Foy i'ay rcceu en largejje, Sans que de rnoy vtnji la caufe ou raifon Le Fil*^ de Dieu,l'attenduepromjje, Que Gedeon congnut en la totfor,; Prie^ fans cejje en deuote oraifou Ce Pere Dieu,vous Pecheurs condemne^ Que Foy bruslant par amoureux tifon Mette en ~i>o^cœurs,pour n'eilre point damner le vous certifie, Que Dteu iuilifie Par c h r. i s r,lepecheur: Mais s tl ne le crott, Et Foy ne reçoit En luy ce bon heur Par ferme fiance» En (a confctence N'aura nul repou Dieu efl le donneur, Foy le receueur De ce c h r i s t tant doux. Qui donc aura par Foy ce c h u i s t receu, Fera tout ce que le Pere commande; Le faint Efj>rtt,qui n'a nuUy deceu, Fera en luy œuure louable &grande-, Et Dieu plus fort h l'homme ne demande,
D V
DESERT.
Que d'acomplir fa bonne volonté; Ce qu'il ne peult ; mais c K M S T paye l'amende parquoy tout mdl ejl vaincu domté. Or font ceux fa flere, Son Cou fui,& Frere, Qui le bon vouloir Vupuiffant & fage Font de bon courage. Pour en eux l auon . Car en eux ouurant Leur va defcouurant, Que c'ejl fa puifftnce, Qui fait tout en eux-, Qui fait vn de deux Parfa congnoiffance. Mere ie fuit de fon humanité, Qutlprint en moy laquelle i'ayportee: Mere ie fuis de fa diuinité; Car par la Foy i'eflou tant exhortee, Que i'ay receu, dont fuis reconfortee, Voire & conceu la Deïtetreshautei Et par fon don fa grâce rapportee, oiuec laquelle on ne peult faire faute. Croyc^, receuexj, Portes^, conceue^ Dieu par fa Parolej
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DV
DESERT.
Et fente^ le en TOUS I>ere,frere,EJ~poux, Qui ioue fon rolle. Fn -vous fe louera, Quant iliouyra De vous purement; En "vous fon amour Sans ceffer nul iour, L'.iymera vrayment. Tant plus te It» ce Liure d'amour plein, Et plus mon cœur,qui par Foy ejl certain, Liure de grâce & bonté & douceur, De ce fie amour fent la douce liqueur. Car fans douter ejl mon Efyrtt treffeur, Qu'en mon jimy ie fuis)& luy en moyt Dont poffedant mon puiffant poffeffeur, Vlw efmoyer ne mepeult nul efmoy, Mon Dieu ejl f y mien, Que ce qui ejl ften Dedens moy ie fents; Et dedens luy fuis, Dont fatUir ne pays, Car ie m y confens. En mes bras le porte, iAux fiens me conforte, Dont luy feulmembraffe;
DV
DESERT.
Mà bouche le baife, la ftenne m'appatfe, Qui tout plaiftr pajfe. Stfçay ie bien qu~wgrand iour qui viendra Pour mettre fin a ce qud a promis, Honteufement mourir luy conuiendra, Pour racheter de mort tons [es amys. Ce bouquet la de myrrhe i'en ay mis Dedens mon fein,mon cœur & ma memoire Long temps y a ; car ie riay riens omit J. contempler ce île piteufe hiSloire. Sirneon le vieux Voyant de fes yeux Ce douxfalutaire, In pleurant bien fort Ceile dure mort, Ne me voulut taire. Mais félon fon dit Tant en ont prédit Par le temps pajiê, Qu'il n'y a Ejprit Voyant leur Efcrit, Qui n'en foit lajlé. Mais regardant en ceile pafïion De l'œil de Foy,qui ne s'arreile au corps, k yoy au fonds la confolation,
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DÏSER.T.
Qui ne fepcult congnoiñre par dehors. Cejî que mon Ftl^femblable a im des Mort^, De ceñe mort,mourant,aura yiéloire: Et en fmblant fotble par fes ejfortz^, Sur les plusforts emportera la gloire. Par obeïfjance Rompra lapuijfance Z>u peché d'Adam: Qui pour leuer l'oeil Trop hault par orgueil Feut chaflé d'iden. CHMST cloué de cloux Donra de tel\coups, Qu'enfer brifera: Son corps attaché OÍlera peché, Et l'effacera. Puis ce corps là,mort par affeelton, Obeïjfant au Pere entièrement, Voy reuenir en refurreélion, Triumphateur de mort & de tourment, Viflorieux d'Enfer parfaitement, Et de peché,dont fes Eslu\retire-, Et puis monter au Ciel triumphamment uAuprès du Pere,ou efl ce qu'il deftre: le le -voy ajjy Hors
Hors de tout foucy, Du Pere a la dextre; Ou,quoy qu'il ayt fait, Par Foy en ejjefl Le yoy toujiours eilre. Moy qui en luy fuis, Veftrer ne pays Mieux qu'en chacun lieu, Par tout triumphant Voir par mon Enfant Tout en tous mon Dieu.
LES ANGES CHANTANS.
Louenge a Dieu fait donnée a toute heure. Qui [on cher Fih^ laijje en terre gefir, Pour le pecheur du bai Enfer chotftr, En le tirant a fa haulte demeure, il n'y a cœur qui de ioye ne pleure, Voyant en Dieu tant d'amoureux deftr, Qui à fauuer l'homme prend telplatfir, Qu'il efl content que pour luy fon Fd-^ meure.
LE PREMIER. ANGE. Vbicy des fruity que les pltti haultx, dattiers Nuttt ont donnez,i pour toy,jran & entiers: il te plaira ceprefent en gré prendre.
LE I I. A N G E. Vbicy du fruit que le bon Chresîien 4
Ernoye
O
DV
DESERT.
Enuoye a toy,arbrefort ancien-, Qui ne -peult riens que te louer pretendre. LE
III.
ANGE.
Pomme d'amour,qm le cœur reconforte, l'apporte a toy,qui es la femme forte, Ou croit touftours l'amour iufle & diuine. LE
I I I I.
ANGE.
Reçoy ces fleurs,ô blanche fleur de lu, Et layen fee entre toutes eslis, Et ceñe rofe tiree de l'efpine. LE
V.
ANGE.
Ce miel cele fie efl digne de ta bouche, tAuquel iamais ne toucha layde mouche, Car ta parole au doux miel efl femblable. LE
VI.
ANGE.
Ceñe viue eaue i'ayprijê de la pierre, Qui aux Enfans d'ifrael en la terre Du grand Defert leur feut tant fecourable. LE
PREMIER.
ANGE.
Du grand palmier qui au dur faix refifle, Vierge,en tout cœur la fermeté con fi fie; Car il n'en feut iamais de f y confiante. LE
II.
ANGE.
Du bon Chreflien qui à Dieu feul veult plaire Vierge tu es le parfait exemplaire, Par -viue Toy charité ardente.
DV LE
DESERT.
III.
361
ANGE.
Le fruit d'amour ejî en toy tout entier. Car d'aymer Dieu fçaù fy bien le meilier Que toute amour affres n'eji que painture. LE
11 I I .
ANGE.
Tu es le Li^blanc &cler,pur,&munde, Viuant parmy les efyines du Monde, Sans en fentir une feule pointure. L E V .
ANGE.
Tu es le miel,douceur faiUani du fort, Et celuy dont Ionatas reconfort Trouua,lequel luy redonna la i»euë. LE
VI.
ANGE.
Pleine tu es de leaue tant ¿1ère & belle, Qui fait faillir en la vie eternelle Ceux qui par Foy & Charité l'ont beué. LE
PREMIER
ANGE.
En nourrifjant ton pur ¿7* chdfie corps De miel,& fruit^dijferens par dehors, Tu voy en eux Dieu,qui de tout efl Vie. MARIE-
Qui a gouñé ceñe manne cele fie, Làs,il ejï plus ignorant qu'yne beile Si d'autre chofe ilpeult auoir enuie. LE
II.
ANGE.
Nom voyons bien qu'en gouslant ce doux miel, S Ton
3 6Z
DV
DESERT.
Ton œil de Foy reçoit du hault du Ciel Cette douceur,fachaat quelle en defcend. LE
111.
ANtiEi
Tout ce manger terrettre ne retarde Que te pain viffins ceffer ne regarde: Car autre pain ton cœur nayme ne fent. LE
I I I I.
ANGE.
Cette eau te plaifl plus Trouue que l'vn à l'autre n'eft femblable. Dieu l'a créé par fon diuinpouoir, Tout dtfferent l'a monilré fon fçauoir-, Mais foub\ces corps dijferens en grand nombre L'oeil de la Foy vn feul y voit rnomoir,
Sans
DV
DESERT.
Sans sarreSler OH dehors nya l'ombre. M A R I E .
^mysvn feiden tous ejl adorable, Car luy tout feul ejl la -vie de tous; Bette n'y a foit mute ou raijonnable, Dont Dieu ne [oit [on Eiîre, entendez^ ~»ou& Mais il s'ejl tant à l'homme monttré doux, Que dens fa chair a -voulu habiter, Pour tirer hault ce qui eilott dejjôub^j, Et luy faifant le haidt ael hériter. i o s E P H.
Ce Liure îcy bien a cler nous defcaeuure, Comme Dieu eujl de Nature pitié, Et comme en tous par fa bonté il oeuure, Monflrdnt l'ejfeél de fagrande amitié. Et comme après auoir bten chaiîié Eue & „Adamtous ceux de fa race, Leur a donne ,non point une moitié, Mais par fon Fil^, entiere & pleinegrâce. le ~»oy icy que tous ceux qui l'ont creu, Voire receu par joy yiue fansfeinte, il a leur bten & leur honneur accreu, Et fait gagner bataille & gloire mainte, Pour acquérir la terre bonne & fainte, Ou maints trauaux par Foy ont fouftenu^j Mais a lafin,mettanten fuy te & crainte A Leurs
|
•
DV
D E S E R T .
Leurs ennemudz^y font paruenu^j. M A R. X E.
jiufi Iofeph le peuple qui croira Le doux parler de Dieu qui point ne menu Ce qu'il a creu & defiré -verra, Qui ne fera fans grand empefchement. Car du cofié feneflre,mort,tourment, Douleur,foucy,luy donront defêfpoir: Vlaifirs,honneurs,& biens trop doucement tA dextre auront,del'empefcherpouuoir: Mati qui aura Foy de cettepromejfe, JEtgrand deftr d'acquérir cette terre, Vtéloire aura fur toute lafinejfe Des ennemi«,& de leur forte guerre. La viue Foy comme foudre ou tonner e Jiuinera toute infidélité-, Tarquoy pourront des vrais viuans conquerrez Terre & pais par grande humilité. JOSEPH.
Las,par fm torn ces Liures excellents le prens platftr a regarder ce tiers. O que les cœurs deshmmesferont lents, Qui ne -voudront le lire volontiers! La Vvyey eflfeure par tous fentiers, La Véritéi'y ~voy trcfclere,& nue, La Vie aujii en tous lieux & quartiers.
O quel plaifir a mon cœur & ma yeuel Cheminerfdult par fa ~voye & doélrine> Par on Ion i/aitu diuin & feur port. Receuoi* fault Ja douce difeipline, De Vérité plw forte que le fort, prendre aujli fouit contre l'horrible mort, Que chacun craint ceñe -vie immortellej ley te -voy mon falut,mon confort, La Loy de »race y ejlfyirituette. MARIE.
Le temps fera long en ce Defertgitte, Cor de Dieufault l'heure & le iour attendre, Que fon Enfant appellera d'Egypte, Comme il nous a ce long chemin fait prendre. O mon Enfant"Dieut'a bienfait defeendre, Pour le Pecheur cercher du centre bas, jCfin qu'a luy en toy lepuijfes rendre In hault au ciel,làs,tu n'y faudra* pas. En attendant ce iour¡nous pafferons Ioyeufement le temps a mediter Ces Limes cy ; & ne nous lajferons De contempler la terre ; ou heriter, Nous nom deuonsno^jcoeurs inciter iA ay.ner Dieu,& le louer fans ceffe; Qui par fon Fil^ tel bienfait meriter, Que ne pouoit gaigner noñre foibleffe.
37»
DV
D E S E R. T .
I O S E P H.
Long temps y a que fommes attendant Mais auec -vous ne ma duré vn iour. Car ie vous voy}& dehors & dedens, Le Liure efcrit plein de Foy & d'amour ^Auprès de voui(ou que fait le feiour) Sy content fut*,que le temps ne me dure. Donnons au corps le repos à Jim tour, Car h nuiél Vient qui le -veiller n'endure. Or repofons en noilre vray repos, Car hors de luy n'a repos ny fommeil. M A R. I E.
Voilre parole efl bonne, mon Efpoux; Seigneur,qui es toujiours mon vray Soleil, ¡Auquel ie fers,& moindre ne veux fuyure» Garde en tes mains ton Fibule nomparetl, Et nous pour luy,qui en toy voulons viure. L ' a n g e .
O lofeph,lojêph,leue toy, Ne crains plus Herodes le Roy, Prens le petit Fd^ & la Mere. Va en la terre d'ifrael, Ce que ie te dil'Etemel Le mande à ceux dont il efl Pere. Car ceux font mortmit foubzja lame,
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D E S E R T .
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Qui de l'Enfant cerchoyent l'ame-, Or ya bien toft fans craindre rien. JOSEPH.
O Bonté impojiible a croire, Qui de ton Fil^ as la memoire, jlu iourdhuy nous fais yn grand bien. Louenge & gloire ie te donne, Qui tes Eslu^point n'abandonne, Maif après trauail& tourment (Lequel auecques eux tu portes) Leur yiens de grace ouurir les portes, En leur donnant contentement. M'amye,allons ; car Dieu nous aduertit De desloger,c eft luy qui conuertit Ce long exil en retour tresheureux. MARIE.
Soit près ou loing toufiours en luy fui* feure, il eft par tout ma terre & ma demeure, Qui croit en luy,n'hapomt le cœur peureux. 1 0 S E P H.
Or commençons a ce ioyeux matin Noilre retourg?1 tresheureux chemin; Du demourant,fors de l'Enfant me charge. MARIE.
C'eft le threfor que ie ne puys laiffer, En l'embraffant,ie me fens embraffer, A
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ET
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D
V
D E S E R T .
Etfouftenir de luy qui eft ma charge. IOSÏPH.
Dens le pais d'ifraélnous marchons, le yoy yn homme,tlfault que nom cerchons Quelle nouuelle on peult de luy entendre. MARIE.
En Dieu fçauons toutes bonnes nouuetles, Mais en ce Monde ,amy,ne font pas telles-, Varquoy poue^ de luy quelqu'une apprendre. I OS E P H.
Dieu qui a fait ce Monde grand & beau Vousgard,amy,que dit on de nouueau? Quel bruit court il,qui regne en ce île part? L'HOMME.
lArcheUus le fil^ de ce yipere, Regne fur nous en lieu de fonfeupere, Mais ceiluy c y fera yn fin renard. I O s E P H.
M amye,il fault icy nous arrefler, Et noflre CAS en ce lieu apprefler Pour y dormir ; car le iour qttafi p a f f e . MARIE.
En demeurant ou allant repofôns, Mais il eft bon que noilre Enfant pofcns, Lequel ïamau de porter nefuis l a f f e . i o s EPH
r»V
D E S E R T .
I O S E P H.
Crainte me prend de vous auoirguidee En ce pais,pais que Herode en Iudec jlu lieu du pere eft maintenant regnanti Las,mon cœur ejl aufii froid comme marbre Car c'ejl le fruit du plus dangereux arbre, Qui on eques feut la couronne tenant. MARIE.
Fuffent les Roys a mille millions, Celuy qui cloft la bouche aux fiers Lions, Leur oilera en im moment leur force, Mais s'il luy platfl que pour luy nom jouffrons, Cœur & racine a ce grand Dieu offrons, Sans efyargner fleur, fruit, branche, ou efcorcc, Mais au danger m fe fault expo fer, Parquoy fault mieux en ce lieux repofer, Car Dieu pour nous fçaura tresbien veiller * I O S E P H.
En ta parole & feureté m'endors, Par qui mes fens reuenui font Jy forts, Que ie nay pUu de peur à fommetUer, L A N G E.
Iofêph,qui en ce lieu prens fomme, D'entendre a mon parler te fomme; Met^ hors de toy & crainte & peur, Diuinement ie tadmnnefle, A4
De
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DESERT.
De retirer la Dame honneile, Et fon Enfant le vray Sauueur, Es parties que Dieu ordonne De Galdee,ou il leur donne Lieu de demeurer pour un temps. En Nazarethpoure cité, La ou n'auront necefïité, Qui les garde d'eilre contents: J[ fin que le diél du Prophete Soit acomply, qu'ejî manifeile ; Difant de ce Fil^ tant de bien, Et quvn iour appelleferoit, (Pource que tous Saint*^ paffèroit) Vray & parfait Naçarien. 1 O S E P H.
O Dame eslue pour mere & pour amye, 11 n'efl plus temps que foye^ endormie, Car le hault Dieu ma enuoyéfon rit,c'efl la fleur amiable, Et qui la fent peult ma douceur fenttr. Na^arien fleuriffànt & la fleur Efl mon Enfant,duquel la douce odeur JC rappaisé contre l'homme mon ire; Qui le peult croire,&goutter fa fenteur, il changera crainte t r t f l e f f e & peur En tout plaifir,remply d'immortel rire. Ceñe fenteur fait porter tout martyre, Car qui la fent n'efl jamais perifjant; Le cœur deuot qui ïayme ¿7* la deftre, Fuji il defert,il fera flortßant. D I E v.
O doux Efprits,fl iamais me compleuñes, Et defirants de mobeïr vous feuñes, Soye\ ioyeux ; prenez vo-^jnñruments, Harpes,& Luc^j, OrgPKSyCymbales,Tluttes,
Et r ¿
DV
D E S E R T .
3 79
£r rdcompte^ comme charge -vom enfles De rendre doux tous les quatre Eléments; Tygres,Lions, Scrpens doux & clements, Itle Defert failes fruélifier, Sans que mon Filx, cufi faulte d'aliments, Chante^ qu'il fait bon en moy fe fier. LE
PREMIER.
ANGE.
il fer oit bien fèruiteur trop mefchant, Qui maintenant épargner oit fon chant, Vour hault louer tes bontés & tes dons. LE
II.
ANGE.
Nully de nous n'a garde defe feindre; Combien,Seigneur,que ne pouons atteindre V ajfez^ louer toy Dieu,le bon des bons. LE
III.
a n g e .
Ta grand' "vertu en nous hault te louera, o
Et ta bonté la louenoe aduouera, Puis que tu es dedens nous ta louenge. LE
I I I I.
ANGE.
Tim qu'il te plaifl de te louer par nous, Xoui chanterons en tous lieux deuant tom Ta gloire & lo^y chacun de nous s'y renge. LE
V.
ANGE.
Ciel,Te*re,& Mer .font tous pleins de ta gloire, Mais il enfault refrefchir la mernoire Inceffamment,par yoix continuelle. t
E
3&0
D V LE
D E S E R T . VI.
ANGE.
De tous les biens qu'à l'Ange dufit à l'homme ofs fait,Seigneur,dont nul ne fçait la fomme, Louenge a toy en fait continuelle. •
TOVS
.
ENSEMBLE.
Chantons tous la congnoifjance Qu'auons de l'ajfeélion De Dieu,qui en abondance Monilre fa dileélion. Son Fil^ il donne a la terre Tour faire la terre Dieu: Par fa Mort fine laguerre, Et donne paix en tout heu xA ceux qui ont affeurance, Que par fon Eleéhon *Auront de luy iouyffance Sur le hault mont de Zion. F I
N.
Sur le chant, Pourtant que ic fuis bon home.
Le Triomphe de l'Agneau.
Om les Esltts g» Souldarsdu Vainqueur, Tous -vrays feruants , qui noue^ en "pain cœur, jiux durs affaults de la cruelle guerre, Que fait Sathan contre C H R I S T fur la. terre; Toits les Signent?" Bourgeois de Zion, Vrays héritiers,enfatts d'adoption, jijfemblexyows ; pour chanter la yiéloire Vu feul lApneaujout reueilu de vloire. J
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o
^Ajiiflezjuy dedens [on capitoie, Tom bien amende la celefle e flolle. Sans ~vom ne peult fe parfaire l a f e f î e ; Le membre doit aller ou ejl la teile. Loups ramjfans,en -vitupéré & honte Ttctirc^i i>om ; yotts n'efles pat du compte, N\tpproche\ point du celeéie troupeau-,
Dieu
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Dieu ne prend pas la fer forme a la peau. Retirexjvous,l'Kgnew le ~wm commande, JUifon ne yeult quefoye^ defd bande. Mais "vous chacun ytélorteux genfdarmes, Qui tout auczjnduri'les alarmes Des fiers Géants en cruauté confit^, Sans eilre en Foy d'un feulpomfl defconft\y ^fppreite^jvous,les palmes en la dcxtre; Car il conuient aller après le maiflre. le "veux icy tes triomphes chanter Verbe dtuin-,Tien donc me prefenter Les doux accords de la muftque haulte, Tour non auoir en mon chant quelque jaulte. le yeux,Seigneur,exerciter ma plume yA tes grands lo^,ft ton ejprit m'allume. 1Allume donc par ta fplendeur tUuflre Mon bat penfer : ejfeurjy trouble, ji ceux d'embai faijant la crainte double, Que tout eilott circonfus & noircy, Meslé,troublé,tenebreux,obfcurcy. plus hault efioit vne obfcure nuee, Qui rendott fort la région muee, Non autrement qu'à yn plein tour d'xflé ton -voit fouuent le tonnerre appreflé, Non autrement qu'yne très noire tache Contre le Ciel,que le Soleil nous cache: Cela fembloit eiîre yn ventre pefant, Preß d'enfanter, & monflre nous fat font Deslugementx^de la diurne main, Voulans foudain perdre le genre humain. Là ne feut yeu ce bel arc afuré, Luifant,pourpré,parfait,& me fur é Du Souueram, qui pour yn tejmoignage De grâce grpaix donné feut comme engage, Qui feut tadti par diurne ordonnance Dugrand Noe,donné par alliance. Souuent außi à l'oeil Ion peult yoir, Que defenfler la nue fait deuoir Pour en après la Terre alimenter De fon humeur,les fruit^augmenter. Mais ceile cy n'eiloit de telle forte, B vAins
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lAins comme ~vn temps qui toits maux nous.apporte. De la bruyoient}efclattoient,tempefloient Tonnerre & -voix, & parmy je mettaient Force flcmbeaux luyfans comme l'cfclaire, Tant que la nue enfaifoit la nuiâ claire. lAu beau mylieu de ce diuers prodige lAjitfe ciloit la Loy,qui toits oblige, Monilrant l'efcrit par plufieurs ans fecret, Dit deycché chyrographe & decret, Vortant, difant,requérant franchement La mort de totts,ft la lettre ne ment. Ho,quel decret a l homme tant contraire! Quel obligé ! qui le pourra dejfaire? O quel arreil ! quelle dure fentencel Quel tue6lacle,trembloit,; Maif d'abondant,fa crainte luy doublott, Sam qu'yn feul nom en ce lieu apperceufi, En quifaueur ou grâce fonder fceufl. Toyljraèl,conftdere les tiltrçs Quauoit ton Dieu quand il tint fes chapitres, le [m (dit il) ialoux & courageux, Le Dieu gardant le forfait outraoeux, De Pere en Filvoire en telle mémoire, Qn'aux Fil^des Fil^javs mon courroux notoire, le fuis ton Dieu,qui cerche & examine Tous tes péchés : & qui mande Famine, La Guerre & Mort,pour bien toil me venger De toy,foudain que -viendrai au danger, line dit pas,le vuetlettre ton Pere, Pour te ietter dehors du -vitupéré De tofti péchés,& pour tes maux tollir, n 2 Pour
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Pour effacer ta faute^ abolir. Donc tellement ton Seigneur redoutoif En telxefjrois,n jac mouillé fe couurir, &(comme mi Vriefeut deceu par ignorance) Porter fa mort Joub^tiltre d'affeurance. Or fait ainfi tout homme qui propofe Sur l'ignorer excufe,&y repoje, Car l'ignorance argue negligence, Votre mejpris de diutne fcience. Elle nourrijl foubs fes Toiles Tmbreux, En fes fecretzj& palus tenebreux Monjlres diuers ¡terribles & enormes, Monflres qui font de tous forfairxjdifformes C'ejl en efjecl cefle fécondé mere De no%j>echés,& la maratre amere, Qui par abu^jde fornication, Enfante en nous preuarication. Et d'abondant,l'ifcriture nom dit, Que l'ignorant,fans aucun contredit, n fera par bon droit ignoré: Et que celuy qui n'ejl tant honoré lufqua fîauoir de la Loy la do firme, Si fans la Loy à tranfgreffer s 'encline, lAufb par droit périra fans icelle:
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L A C N E A V .
Rai fon en Dieu,comme en now,n'ejipas telle. L%mme brutal en autre abuz^fe fonde En quoy la Chatr en fon fens trop abonde: C'ejl, que pour vray il afferme & maintient, £t conjlamment contre équité foujlient Ce qui negijl en nojlre franc arbitre, De vice ou mal ne don auoir le tiltre. jimji concludccji ignorant cerueau, Homme de nom,mm de fens vn droit y eau, Que Ion fait tort à fon ejlat parfait Vouloir punir de nature le fait. Dire Ion peult par vn femblable cas, Que fi Ion voit pulluler vn grand tas D'ajpres buiffons au myheu d'vn -verger, Et qut décroît legatng du mefnager, Que (¡re ne doit arraché ne tatllé, Puis que tout tel Nature l'a baillé: Lon doit laiffer manger Vsgneau des Loups, Puu que tel ejl le naturel de tous. Mais tel erreur aprms fon origine D'vn fol amour,fondé fa racine. Car cefle chair en fon courbe penfer Se veult flatter; & comme dijpenfer Dufiable &fort & véritable efcrit: Et comme l'Ours tant leiche fa faélure, Quilla transforme en fa vile nature-, b
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jCinfi la Chair tellement s'acoquine j l Je complaire,&prifer ja doctrine, Que bten Jouuent elle offenfe ¿7* irrite Son Dteu,penfant y auoir grand mertte. Or il conuient toute bouche eflre clofe, Et qu'yn feul mot repltquer elle n'ofe Contre le vray de la piaffante noix Qui dit & fait par tout à vnejcu; Vuis quelle met Concuptfcence aux rengs De no\pechcs,que tenons des parents; Vm quelle dit que la rebellton De ce fie Chair,n'a tamais vnton IAUX loix de Dieu,mais touftoursy refifle, Et que fans fin de mal en mal perfifte-, Vlui on ne peult telle pefle exeufer, Plus on ne doit tellement s'abufer, ofer penfer que cela ejl inique, Qui contre Dieu dtreélement s'applique. Vnpoinél vuydé,de preferire innocence Sur l'tgnorer,ou fur Concupifcence, C'eflabufer ; quelque Raijon que glofe Le fage humain ; car trop clere ejl la chofê. yApres Péché,la Mort efpouentablc D'~i>n noir enfer,horrible,redoutable, D'y» gouffre ouuert de foulphre tout brwlant, Troublé d'horreur,& de fureur bouillant, Sailloi:»
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L'A
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Sdillott, courant de tyrannise
forte,
j)'yn dur regard,&de
diftorte,
ride
Voulant tirer en fes palu^ & lacs Le poure
prendre dem fes la%j
Voulant chacun ferrer en fes prifons, Et là fans fin brusler comme njons. JLlie tenott en fa dextre meur trier e Vu plein vaiffcau de mortelle matière, plein iujqu'aux bcrd^de De utgemens,&
malediéhons,
d'execratwns.
Or eßoit tel le defir & Dceile
l'attente
Mort htdeufe &
peñilente,
Jíejj) andre en nom fes peñes & poifons, Vau nota ietter meurtris en fes maifons. Car ou toucboit telle indignation, o Fuß au Iuif ou autre nation, Fuß bu ou hault,fuß par terre,ou par mer, Incontinent excitoient vn amer Etgreftourment,enuironné
d'ennuis,
L'homme tirant aux éternelles nuiéls. Toy poure ^Adam,regarde la fequellc Ve ton f o r f a i t l a dure tutelle En cjuoy tu es captif,ferf,& Banny de toy,&
recltfí^,
de tout biens forclux,-
Banny de toy,U chofe efl trop aperte, Puis que nos feeu te fauuer de ta perte,
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Puis que dens toy tu nos fceu habiter, Max en ton lieu m permit demourer Ton ennemy,qui t'a touftours conduit [on "vouloir,foub^ft main réduit. Penfe ae près a ces trotf exaéleurs, Qui contre toy Je font touifaitzjifleurs, jCuant qu'auoir lesfondemens posé Du firmament,& les Cteux difyosé; lAuant qu'auoir l'ouurage compafié De [on Taiffeau ; & dedens amaflé L'ordre complet de ce noble chef d'œuure; Et que leans le Soleil jeij} fon œuure, Qu'il retiendrait de l'ejlat des humains Vn nombre ditl'auroit en fes mains-, L'autre lairroit en fon malheur périr Trefiuflcment,& l'enfer acquérir-, Le tout toufiours a fa gloire Jortant Tant d'vn cofié que de l'autre ; pourtant Qu'enfes Eslu^quon dit uaiffeaux de gloire, Mtfericorde eflpatente & notoire. 6feront derechef Tous en e f f e é l a l'image conformes De ton cher Ftl^> & changeront leurs for Or a voulu ce hault Seigneur des Cieux, Par tel amour en eux ficher les yeux, Que pour l'arrefl de fon dire acompltr, Et pour iceux de fes -vertus remplir, Pour mettre fin à fa volonté fiable, Son propre Verbe immortel,immuable, délégué,pour icy bai venir, Voulant par luy fespromeffes tenir. Voulant qu'après qurf ferait defcendu, Que fon faint nomfuflpar tout eilendu, Et cjue des fiens il affemblafl l'Egltfë, Qui luy feroit famille bien acqrnfe: Voulant aufîi que l'eternel propos Du grand Sabbat & celefle repos,
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L ' A G N E A V .
fuß conferucpar vn faint teflament, Entreuenant le fuffifant payment D'vn offre faint, & facrifice unique, jiujii voulut que lefaix tyrannique, Le vieil decret de la Loy trop auiiere Fuß mort en luy,& tout fon miniftere. Et du furplus,que tous les ennemys De fes aymezjujfent vaincu^ & mu Hors du pouoir qu'.l^auoient obtenu Sur eux,auant qu'ilfeuß cy bas venu.
Ce Verbe donc touftours viélorieux, Tort3treß>uiflant,permanent,glorieux, Par qui le Ctel en toute fagrandeur Print ornement,& figure,& rondeur, Vcslu de chair au combat s'apprefia, Ei contre ce franchement s'arrefia Qui donnoit plus au poure Iwmme iaffatdt. Et pour bien tofi faire prendre le fault KA ce île Mort,des enfers la portiere, Et des humains la cruelle meurtriere, Voulut muffer deffoub%jnfirmttc Le grand pouoir de fa diuinité: Et d'autant plus qu'eilre vaincu fembloit, Tant plus foub^luy fon ennemy trembloit. Que dira Ion de ce Verbe tant fort? Lors qu'il fembloit quarriuéfufi au fort
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De f on déclin, & qu'à la mort foubmis, il eufl le pied ta en lafoffe mis, Lors qu'tl fembloit plus flejlry quvn Lepreux, Tant fenfatUoit qu'ilfeujl tenu des Preux, Lors vaillamment de la Mort & d'Enfer L'homme tiroit,& de serges de fer Son ennemy du fien regne chajié, yAinfi brifott comme vn vieil pot caflé. Pourtant tresbien ce Verbe efl comparé ¡Augrain de bled, lequel au champ aré Porter nepeult aucun fruit ne prouflt, S'ilnefl auant du tout mort & conjit. Semblablement,la menue mouflarde Sa grand vigueur dedens foy contregarde ¡Autant de temps qu'il efl en fon entier. Mai* quand il efl pilé dens le mortier, Incontinent a grand largejfe fort Son naturel, tant "violent & fort. Or efl venu ce beau Fih^de lefîé Ou le combat eflott mis & drefié, Portant im coeur virile & magnanime, Vne vertu qui fon defir anime. Or efl venu foubçjvn infirme corps Ce Trefpuiffant combatre les Trois Forts, Lefquelxjerchans a le rendre eflonné, L'ont d'vn accord,de près enuironné. Ma»
DE
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Mais ajfatllans ont eilé afjàillis, ¡t fe font yeu\vatncus ¿7" défaillis, la Mort fin tratél a ietté tout ¿coupj Mou enfrappants'pjl prmfe de fin coup: Enpenfant bten obtenir louant âge, tlle a perdu lajorce & le courage. Car le Vainqueur en ce feruent deftr, Pour yaincre mieuxjefl bien latjiéfaifir: Mais en mourant la force a recouuerte, Tant que la Mort a fa peine foujferte. Or es tu,Mort,par tes armures morte> Or n'es tu plus maintenant lapins forte. Dy maintenant,Quejl ton bras dcuenuî Ton grand pouoirlque t'ejî il aduenu ? Ou eft le bruit de tajiere yiéloiréi Ton aiguillon,ta puijjance tagloire? Seigneur, Seigneur,par taforce & prouejfe J(s acomply & tenu la promejjè Qui feut tadis en jiyle prophettque, Soub^telle forme efcrite & autentique; O Mort,ta mort ie feray,quand ton mors Mettrai fur moy,pour me compter des morts. Toy,Cœur humain,au nom de ton aymant, Grauc dens toy comme en dur diamant, Comment la Mort par la Mort ejl ferue, Ef que par Chrijl la Vie t'ejl rendue.
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Par Chrtfl mourant la fentence eft etteinte De dure Loy,& laplaye reftreinte Du T>icl Péché-, le tribut eft ce fié Dugrmd tyrant,&[on règne abbaijlé. Fille Zton,chante la parabole, Chante treshault le fonnet & le rolle, Comment Je fait que le ioug tant pemble De l'exaélenr,& le feruage l)orrible Soit tout foudain comme mort expiré: Bénis celny qui ten a retiré; Bcneii l'Agneau,par qui tes ferrement, Tes durs liensytes emprifonnemens Sont tous brife^j Zton hbere & franche, Xjiouys toy,porte la noble branche, Le beau rameau de la palme honoree, Donnant a chrifl louenge decoree. lAyant ainfi tout d'i>n coup renuersé No^ ennemis,& tout oultre percé, Ce grand Vainqueur d'~»n parler élégant raifonné ; deuant tout aîlegant De fon confeil la Parole eternelle; Et d'un légat la maniéré nouuelle: O Premièrement a la Mort s'addrefjà; Puis tel propos enuers elle dreffa. Mort,des humains lapesle capitale, Qui CLÎ "voulu par vnc reigle égals
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Tous les mortelprofonder aux pahin^ Des noirs enfers ¡contre toy font concludx, Nouueaux décréta tant qu'iceux treftaffer Tu ne pourras ; par U te fouit paffer. Or entens donc le pomcl que te commande, Entens le mot que mon Père te mande. Quand tu Tiendrai appeller mes Eslu^t Qui font en moy tous cfcriti^ relu Pour leur monftrer prefenter ta face, le te defens que nvfës de menace. Quand tu Viendras à eux teprefenter, Ne les viens point de dejejpotr tenter; Ne leur fais pas lamentable ouuerture, Pour prefumer leur malheur ou torture, le te defens par editt autentiquet Que de F Enfer vue feule répliqué, Vn fetd foucy,penfer,ou fouuentr, Scrupule ou peur ne leur face venir: PAS ne conuient quil^fnent de cepaoureux, Car d'Enfer point referuéna pour eux. ui mes Esluz^ ne bailleras lageine, Ne les tourmens,ne la feuere peine, Comme ont tout ceux qui decedent fans Toy; Car leurfalut & feurtéprens fur moy. Tlm ne viendrai pour leur mettre en amant l'ire de Dieu,comme ai fait parauant: c
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Plus ne -viendrai de dueil noire & blefmie, Man leur ferai vne courtotfe amye, L'accès,l'apport,la douce meffagere De mes amours ; comme ma portiere Leur omriras benignement mon huys. Difant,Voicy la fin de TOZ^ ennuys. Vene^EsluxJJcur dira) fans efmoy, Venez^foudatn,¿courez^ tous à moy. Tu porteras yngeile f y ioyeux, Qu déferont tons de te -voir enuieux: Et leur feras tantgracieujè & belle, Qu'en te -voyant,fans frayeur ne querelle, D'vn franc defir cercheront t'embraffer-, sAfin qu'en toyfe pmffent delaßer. Tu effuyras les larmes de leurs yeux, Et leur diras qu'onques ne furent mieux. Bref,toy quifeu\ leur maledtflion, Seras muee en benediélion. Et quand auras affe^feruy déport Jt mes amis, (fans te faire nul tort) Mort,tu mourras dt»ne mort eternelle, Tant que de toy ne fera plus nouuellc. Jipres ces dit^, au Péchéfe tourna, Et puis ainfi fa bouche d'or tonna; Moniîre nourry en l'obfcure fentine, Jiu bas bourbier & puante latrine,
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YJfu du fond\ du confufible gouffre, tfotr, ténébreux,plus puant que nefl foulphre, produit
né des monilres ferpentms,
Puis allaité des peilrkns tetins pu yiel
Dragon,vigilant,tortueux;
Entrer tu fceu^aulteu
voluptueux,
Pour encharner en la poure nature J)u Serf Par moy fere\en ce faint heu rentifej Car près de moy place yous efl promtjê. Si yous eflie^JouiUee de l'ordure, Ou infeflee en l'antique ladreure, ï a y de mon fang yn lauoir préparé, Dens quoy fera yoslre corps reparé. Puis yous feray de mes biens telle part, Quainfi que l'eau de fa fource s'e/part, ïAmfi feront eslargit mes threfors Trefamplement fur yous & mes conforts. Comme iadit du noble chefd\aron Le riche ynguent coulait à l'enuiron; Si que le bord & la braue bordure, La frange aujli,^ toute fa yeslure Eiloient trempe^de la famte liqueur: xAinft ferexj, ô le gré de mon cœur, lAtnfi fcre^jde ma grâce f y pleine, Qu'en yous n'aura ouuerture ne yeine, La ou l'odeur de mon efprit n'abonde, Et qui ne foit de mon fang nette munde.
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jCtnfi prendre^ de mes larges torrents Grâce pour grâce ; & quand tiendra aux rengs De Confejjer dont -vient voilre innocence, juflice &,paix,enpure confcience Lors vous dire^ que non par vo^ bienfait^ Par oeuure ou ditz^, ne par biens qu'aye^fait^j MM que par moy voilre i" fltce vient, De vute Foy Jaquette pas n'aduient Par -volonté,par choix,ou parplaijir De Chair ou fang. Car auant que loifir Soit d'y penfer,comme vn don du Tresbault Elle defcend a cil a qui n'en chault. Ce bien vous vient feulement de mon gré-, Outre,»y a efchelle ny degré, Pourparuemr au repo^eternel, Ne pour auoir quelque bien paternel, Fors par moy feul.jlinfi de moy tiendrez Voilre fdut.Et puis quand yous viendrez^ jC bienpefer l'Efcriture & la Loy, Vous convr.oiïire^ qu'en nul autre qu'en moy Iamaisue doit voilre ejpoir repofer. Et s'ilctduicnt qu'on vuetlle fuppofer, Bafhr,ietter quelque autre fondement, Son hault ou bu,vous dire^ prompternent Que fur moy feulpeult durer l'edifice Du templefâmf,Ç7* que d'autre artifice
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Point ne voulez,. En outre ie inm dis, EJpoufè chere noble,que tondit Quicy fere^en ce monde peruers, Vo^ ennemys par fupplices dîners Vous affaudront en telle cruauté, Otiil^rouïront voilre teinél & beauté De voilre fang coulant a grans ruiffeaux: Et forgeront tortures k monceaux, Mille tourmens pour emplir leur courage, Et mettre à chef leur fdonnie ¿7* rage. Les vnsferont en la flambe roilir, Et par charbons ,dece monde partir; Prenons phàfir a dreffer de teh^ieuz^, Et repaijfans de tel^aéles leurs yeux. Cordes,liens,chaînes,feps & couSleaux, Efcorchementfdejrompemcnt^pofleaux, Roues,tourmens, Cheuaux, Lions,Serpens, La terre ¿7* teaujes flambes & les vents, Rien n'y aura de ce que le Ciel coemre, Que tout ne fait contre vous mis en œuure. Bref,déferont mille petit enfers, Ou tant de maux feront par vous foujferts; lufjues à tant cpta moy rejfemblere%j Et qu'à ma chair femblable vous fere MaU rien pourtant ne doit voilre ajfeurance Fairefléchir : car après telle outrance,
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Bien tofi viendrez^ en mon Palau royal, La ou fçqui à l'homme acquité Entrant vn coup au benoifl Santuaire Par lefienpingyd'yne offre volontaire, Sacrifiant fa fainte Chair & munde, SujfiJamment,pourfauuer tout le monde. Votre
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Voire en [on fang trop mieux parlant quhbel, Mieux que Nabot contre fa Iefabel: Car en mourant cryoit à haulte -poix Pardon pour ceux qui le mifrent en croix. Et n'a fallu qua plufteurs fois il f i l Telle o f f r e a Dieu ; dynefrisi l f u f f i t . Car autrement,mourir luy comiendroit KAutant défais qu'immoler fe youdroit. Pourtant «7 efl l'Euefque bienheureux De tout humains,puii qu'il a fait pour eux De fon faint corps la precieufe offerte, Duquel l'odeur iufquaux Cieux s'ejl offerte. O toy Seigneur ynoïlre Pontife ¿7* Preilre, Beneizjtous tous de ta diuine dextre, Parlons prefent de lepithete tiers, Et que fâchons les tiltres tous entiers Du faint compaße, Et en fin tour de toutes parts haulsé; Qui as außi de la terre affettré Lesfondemens,le Gouffre mefitré, La Mer emply,& reiglé fesßnages, Formé les vents,tempeîles & orages; Verbe treffaint,viue Image du Pere, Splendeur,fubflance,& exprès charaflere, ¿Apres auoir par la prolation De ta vertu,& viue expreßion, Fuit tout foudatn de fin Rien comparoir, Le monde tout,& vifible apparoir; Par ton hault fens & confeil inferutalîe, L'homme tufeide nature mirable:
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Non feulement creé à ton Image-, Mais le formas comme tefmoing & gage De ce Île tienne humanité heureu fe, De ceñe chair hoilie precieufê; Et lepo fas au lardm de plaifance, Nud de peché,& veftu d'innocence: Et luy donnai loifir de s'efiouyr xAuecques nous ; ¿7- pouoir de iouyr, Comme Seigneur de la terre tant belle-, Mats puis après il te deuint rebelle. Luy non content de ta -viue Parole, S'alla renger ou fe tenoit l'efchoie De faulfeté: dont le premier doéleur, Le fondateur,l'inuenteur & auéleur Teut le Serpent dommageux, tortueux-, Lequel tu fei^de ton bras -vertueux, Trefrudement de ce lieu tresbucher, Et tempeilant commefouldre bruncher. La l'homme apprint les premiers rudiments, Les fondements,principes,elements, De -vainement contre ton Nom forger Vlufieurs faux Dieux, & maints abuT^fônger; Dont tresbucha en telle cécité, Qu'il s'addonna à toute enormité. Et comme ceux qui de -vin s'eflourdiffent, Brutalementfans fin fe remphjfent-,
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Tait plut Patfon veulent fuyure&fç4uoir, Tant plus leur fens mfcnsé défont voir, jftnft eélant humaine nature jure De faulfeté, tant plus -voulait au Uure Ve fon fol fens, & [ans toy fe y fonder, Tant plmfaifôit fafollie abonder. Or eujîatnji toujtours l'homme vefcu, De cécité corrompu & vaincu, Si neufl efté l'expreffe volonté De l'Eternel; lequel par la bonté Quauecques toy ton feul Fd^ha commune En Dntéjoutesfots feule tme; Voyant ainfi la Chair fe fouruoyer, Determina au monde t'enuoyer, Sermon dtuin,Parole magnifique: Mais ton parler treshault & mirifique ji l'homme e fiant incongiu & eftrange, L'tternel dit pour fa gloire & louenge, Que toy qui es fa nayue dichón, Serou traduit par incarnation in tel parler,que le monde entendroit; Et que par toy le fecret comprendrait; Quifeut long temps en ton Lmre celé, Lequel tu a pleinement defeellé. Qu'aitififuft fait,ton Pere l'a voulu: Dont tout foudain qu'à efté reuolu
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Le temps par luyprejix à ta naijjance, Chair as efléjans muer ton ejjence. Or attendant que le temps fufijiny Par tEternel à ce fait prefiny, Par nous voulut que l'homme fufi conduit Dejjôufa^la Loy ; quamft tlfujlduit Par mains decrets & rudes elements, Pour mieux pouoir les dhtins[acrements De ton parler tant élégant comprendre, Et le vouloir du Saint des faints entendre. Donc fteut la Loy par nous en la main mifè Du Moyenneur ; & par tel s 1 commife, Que mot à mot au peuple l'efcriroit, Et pleinement deuant tous la liroir. jfufîi auant qu'en chair humaine vinfe, Tu nous commis la charge & la prouince Desjil^d'hdampar fur la terre eflxtrs, Le/queltu as femé de toutes parts, Soub^jnaintes loix,langues,tf'faéliont. Et as voulu qu'en toutes régions Fujjentpar nous les Gentih^gouuerne^, En attendant qudn^ feroyent amenez^ Comme Brebis au bienheureux troupeau, Duquel tu es le Pafleur & l'Agneau. Or maintenant que tu es héritier, Et poffejjeur légitimé & entier
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L ' A « N E A V.
j)c l'vniucrs,par ton Vere ordonné, Qui t'a expres le Royaume donné Sur toutes vents ¡comme Roy,Syre,(^ Dieu, Treshumblement nom te cédons le lieu> Recongnoiffans que tu et le vray Roy D'eux & de mws:& qu'il fault que par toy Soit des Estuale peuple moderé-, f i toypar luy & par nous adoré. Roy treftuiffant & fouuerain Seigneur» jivneau reçnant,dirne de tout honneur, i n Gloire,vertu,de grâces action, Force,valeur,domination> ,A toufiourfmatt tout le monde te rende, Et que ton bruit fur la terre seüendei Tant que tufoiide toute chair tenu, le Roy des Roys,& Sauueur recongñu. Quand eurent dit,pour Vmraifon conclure, les cieux enfemble>& toute creature, J. haulte voix, A I N S I S O I T , rejjmdirenti Tant qu'aux lieux bas les Enfers l'entendirent. oilors le Ciel,de lieffe & chanfons De maints accords,& cantiques,& fons, De tous cofie\ clerement refônna. Lors Vérité de fa harpe fonna, Trefdoucement la facree Vranie, Scmblablement la chañe compagnie,
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T R I O M P H E
Le faint Cornent desgrâces fupcrnelles, Les Chérubins eslendirent leurs aesles, Enuironnant le ftege fumptueux, Queflcit gardé au Roy i/iélorieux; Lecjuel veflu de [es Royaux habits, D'yn glaiue fort à deux trenchans fourbis Ceint au cofté,le beau fceptre en la main, Non compose par artifice humain, S'ejî colloque fur ce throne paré, Var l'Eternel long temps a préparé-, Vn fiege efiant de nature f y dure, Qu'après les cieux encor fault il qu'il dure; yA fin qu'au Nom de fa principauté Toute -vertu en fa communauté, Comme ~»n feruant les deux genoux phafi, En toute chair fa face fuppliaji: Et que foudain la hauteur & largef[è De tout les cieux aux abyfmes s'abbatjfe, Quand il aura feulement commandé. Car le Seigneur par exprès a mandé Par tous les lieux de la ronde fabrique, Quepromptement toute langue s'applique j£ confeffer que l'Agneau glorieux, Roy par fur tout,a fa dextre ejl aux cieux. Pourtant conuient que la terre l'adore, Et que le ciel le reuere & honnore;
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L ' A G N E A V .
Comprins en ce les cekftes
433
Eff>rit%,
les ailres tous qui leurs fieges ont pris jCu firmament,rien n'en ejt excepté; Car il ejl Roy du hault Sire accepté, Et les Enfers à fa yotx trembleront, jlinfifaifant
yn compte plein &
rond,
il ejl Seigneur de l'Empire informe, De Terre &
Cieux,&
de lEnfer enorme.
Roys de la Terre,Empereur s &
Primat
Quipojfede^ces incertains climat Vous de foudre^,
&
TO^ ans périront;
Mefmej les Cteux comme yn drap yieiUiront-, Maif le Seigneur fur fon throne fera jl
toufiourfmaii,&j
point ne ceffera.
Car l'Eternel tant a yous qu'à
yo^Ftl^
jC limité yn terme tout prefix. Mais a l'Agneau a dit queternité Conferuera fon throne en équité: Quoy que toufiours cy bas s'acoupleront Les grans tyrans ; & fe par forcer ont j i ruiner fon regne &
primauté;
Et que leurs cœurs yures de cruanté S'dffembleront contre luy pour la Beile; Si faudra il a tous laiffer la teSle: Maugré leurs cœurs & forcenant outrage JÎH feul tAgneau fera rendu l hommage. E
Et
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L E
T R I O M P H E
Et ne pourront par leur martyre & croix, Soient Empereurs}ou Monarques¡ou Roys, Taire que paix ne fe tienne au mylieu Des fesfubiet^ comme en [on propre lieu, La paix ie dy3nonpa$ repos de corps; Car Ionfiaitbien,que toy Sathan,ne dors. Mdisie dys Paix,l'tmmobile feurté, Le fondement dinuincible durté, Qu'ont les Eslu^ foire emmy les affault^ Voire en prifon & profond de leurs maux. tAinfifault il qu'il domine paiftble Dedens les fiens,d'vnepaix impofiible KAUX Reprouuexj ¿7* qu'en toute contree Soitfinfaint nomfa gloire monibree-t Qui veultpar tout la terre enuironner, Et de fon bruit faire le Ciel tonner. Pluficurs pais Babylone rendit Subiet^Jt foy,& fon regne efïendit lufquet au cours dugrand Nile fécond-, Fuisfucceda limpire en lieu fécond Le grand Cyrus; dont le fceptre honoré Feut quelque temps en jtfie adoré. Depuis furuint la brefue Seigneurie De Macedone j a qui Perfe & Syrie Pour du regner emplir l'ajfeélion, Et pour affoirfa folie ambition« Semblait
D T
L A G N E A V .
Semblait auoirfis confins trop
4 3 /
eflroit^;
Pource en paffant maint^penl^
&
deilroit
Emplit encor l Afrique fablonneufe, L'igypte toute, &
„Arabie l'heureufi;
Et puu ayant l'Indie furmontee, Pajfa le mont glacé de Promettre; Mon morte &
nulle en peu d'heure deuint,
Et en jon heu la mateilé furuint De la Cité qui feut edifiee, Par Romulm ;
par luy dédite
Du propre fang de fonjrere
Germain.
Laquelle ayant de fa fanglante main Du tout brtsé la fuperbe Carthage, Et des Gauloii affotbly le courage, Plufteurs pais
langages diuers,
Qut font efpars en ce bas vmuers, Par longs efjors,&
par guerres mortelles,
Tout d'yn accordfeit vture foubs fis tesles. Dont tellement fa putjfance elle accreut, Que par orgueil elle penfit &
creut
Eflrefondee enfermeffe immortellej Et que iamati Seigneurie après elle Lon ne -verrait au monde dominer, Ou qui lapeufî du tout exterminer. Mais en ce potnfl que tant de gens vainquit, De fon mylieu fa ruine nafqutfl. E
Z
Et
56
LE
T R - X O M P H E
Et tout ainfi que peu a peu la nue, Quand par -vapeurs le temps fe trouble & Vient tellement à s'eilendre &
mue,
enfler,
Quelle ne craint le bruyre ne foufjler De tous les yens qui a lentour fe meuuent. Mais toutesfou dedens elle s'ejmeuuent Certains débatinte Bruitx,&
fîmesguerres,
flambeaux,e[clairs,
aufii tonnerres-,
Puis dedens foy d'elle mefme troublee, Et tellement de tumulte comblee, Soit par plouuoir ou gresler,fe
défait.
Jtinft eftant l'Empire Rommain fait Sygrand,fy
hault,fy puiffant & f y fort,
Qu'd ne craingnoit des eflrangers
l'ejfort,
Secrètement joubi^fes xsles couuoit Sédition ; ¿7* ainfi fe mouuoit En peu de temps la tempe fie ciuile, Qui feit déchoir ce île fuperbe 7nlle. ïAmfi le nom ¿7* l'Empire
Rommain
ladts fondé par tant de fang humain, lApres auotr le monde combatu, Feut a la fin de fa force abbatu: Le tout Tenant par diuine ordonnance, Par le confeil & haulte Prouidence Du Sonnerait1 ; cjut de rien aograndtfl L'homme abbaijlé,&le
grand
amowdrifl;
D E
L ' A G N E A V .
QUI fait régner l'homme poure & Et le régnant fait deuemr
abieft,
fubtefl.
^Ainfi luy plaifï que tous les Potentat Qui font cy b.u, Seigneuries, Principauté^
Royales,
Communauté
Eilat^j,
tyrannicjues,
toutes
Républiques,
Facent leur temps ; & puis la place cedent, Et par momens çy termes fe
fuccedent.
Mats de lAgneau le Royaume
eflably
Ne peult déchoir, ne Tenir en oubly. Sy hault ne peult l'tncon Hante Lancer fon bru,ne
ictter
fortune
infortune.
Le Temps chanu,qui toufiours Qui tant de fait^foub^foy
enuietllit,
enfeuelit,
Plus hault que n'efl ce hault regne
demeure,
Plus bas il court fe changeant dheure en heure Parquoy l'Agneau toufiours
triomphera,
Toufiours régnant fur fon throne jera. Ne dites plut,o hommes Ne dites plm,ny en
infenfe^, -vo^cœurspenfe^,
Que fur les cieux Necejiité
fatale,
Tient par fur tout la dignité Royale; Ne pcnfe^plta
l'immuable
propos
JÎuec fes fœurs fans feiour ne repos, Faire ^juurnir
la fatale
filafje,
Ny obtenir fur les ma priere t'addrejfe. Etfi tu vois parmy mon larmoyer Que mon parler yienne à fe defuoyer, Outrepaffant quelquefois la mefure, Ne le prens pas,o Pere,pour murmure. La Chair ne peult quand fon mal luy empire Que quelque fo'ti fou fa^le faix ne fôufpire. Congnots comment d'une maffe d'argille Tu m'AS formé comme verre fragile-, Coninois
44^
C O M P L A I N T E
CongnoU comment la douleur qui m'oppreffe Jl foufpirer amerement me prefje. Tufei^jadu
vne yiue fontaine
Dedem mon coeur-,qui toufiours eiioit pleine-, La ou fouuent par finguliere grâce Rcfylendifjott le luilre de ta face: Mais maintenant (qui me tient en malaife) Tu as mon coeur fau deuemr fournaifê. Las,efl ce point quelque brandon d'enferl Quand te ferou non de chair,mai* de fer, De diamant,ou d'acier affiné, Si faudroit tl,eiîant ainft miné Dedens cefeu embrasé de tafouldre, Qu'en peu de temps me conuertiffe enpouldre. Si donc tu as la ftatmaifc allumee, Et que tu you en fortir lafumee, Supporte yn peu,o yray Dieu amyable, Supporte yn peu ce mien cry lamentable. Làs,Monfeigneur,ie nefais nulle doubte Que feulement s'il te plaift ynegoutte Sur moy chetifefpandre de ton eau, En yn moment eiletndrai ce fourneau: Lors de mon cœur ne fentiras fumer Vn feul regret,yn feul foufpir amer. Et fi tu yeux tenir l'oreille clofe xA mongémir,quifuis tant yile choje,
ÏOVR.
VN
PRISONNIER.
j(u moins orras le pitoyable fon Ve l'efyertt,quifait fon oratfon; JLtgemïjftnt pour mon fait l'interpelle, Tul'entendrai : car cefi toy qu'il appelle. Et toy,mon Rayjmon jfduocat,mon Preibe, De qui depend & ma Vie & mon Ettre-, Ma Chair,mon Satigjnon ¥rere,0* ma Nature» Bien que tu fou diurne geniture, Parle pour moy a toit pere & au mien; Toy,Monfeignettr/pà Mfentu combien Ejlgrand le mal de la tentation> Combien ardant le feu d'afflifhon, Qui aigouslé du temps de tonferuage Comme efiamer le doiareux breuuage Qite ma brafié maintenant mon malheur. O quel tourment,quellegre fue douleur Ma mys au coeur ceñe mixture amerei le croy pour yray que de fang de "vipere, Defield'Asie,de potfon ferpentin Quelque Megere a composé ce inn. Toy donc,Seigneur,qui premier en as heu, Quijçau que cefi,ft onc homme l'a fceut Parle pour moy.Pour yray ie me confie De toy,mon Roy ; & mettray fur mairie Premiei'ement,que pour tagrand clemence; Secondement,que pour lexperience
C O H U A 1 M
TE
Qge tu a* fait de ces ejpines dures, De ces buyjfons^mjli de leurs piquures, Ou mon malheur (me chajfant) m'a fait rendre> En temps & lieu tu me -viendras defendre, Et fouÙiendras la fin au Ciel ma caufe. Et fi Sathan mon aduerjâire caufe Que mon péché a bien pis mérité, Certes ie dis que c'efl la -vérité: le ne yeux pus dlleguer du contraire. Mais s'il teplaifi bien toji le faire taire, De luy comment ta prompte obedience xAtlegera le faix de mon offencei Et qu'en ta court les dons ¿7* auantages oCtxferuiteurs yalent mieux que lestages. le congiou bien,&' humblement conjejje Quepoilpofant ta diuinepromejjè. Si tu youloii la peine mefurer louxte mes fait^j, me faudroit endurer Non >» enfer,maiimiUe millions, Pour tant de maux,deltârebellions Que i'ay commis en trefpaffant ta Loy. Mais toutesfois ma trefeertaine Foy. Ne permet pat que te face ce tort De prefumer le mien péché plutfort Que n'ejl le don & entier benefice De tafaueur & digne facriftce. Simon
POVR. VN
PRISONNIER.
Si mon procès en toy feut ventiUé-, Si mon péché en toy feut flagellé, En toy cjui es le yray cœur de mon coeur, Chef de mon chef,-vigueur de mu -vigueur, Qttefl il befoing qu'une autrefois te fois jÇfîubietty de fou (tenir ce poix? St tu as beu mon langoureux calice, fault il en cor que ie le tranjgloutiffe? Pluilofl,mon Roy,fais moy humer le tien, Le tien,Seigneur,pour ejchange du mien, Que tu as beude tien tant fauoureux. (Helàs)pourcjuoy fuis ie tant malheureux V'auoirfuy fy long temps a le boire? Ce grand honneur,cefle noble couronne, Las,ce regret double tourment me donne. Combien plus doux, plus honnorable et digne Seroitfoujfrir pour ta fainte doflrine, Pour ton honneur, pour ta viue Parole'. O mon penfer,mon ame -vaine & foie. Que cuydois tu(Qu icy n y eufl du bois Dequoy malheur te deuil dreffer ta croix? Hk,mon jCdam, ha, ma chair tnfelice, Qum tugaigné à tantfuyr la lice, Et le combat pour t>n tant riche prix? Qu'as tu çaigné ? maintenant tu es pris, Et foubs la main des luges arrejlé,
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C O M P L A I N T E
Et f i ne fcais comme y feras traité. Que f i cefloit pour tlluftrer le nom, Tour auancer le triomphe & renom J)e Iefuchrifl ton Seigneur & ton maiflre* En ta prifon affeurépourrons e f l r e D'auoir pour toy ~vn Seigneur fouuerain, Qui tient les cœurs des Princes en fa main. JMaii quoy,helàs,voudrou ie donc conclure E fiant furprii de ce mal que i'endure, Que l'Eternel nefufl de mon coudé? Nenny ; mon Dieu, ie tay trop cher coudé, Pour e f l r e ainfi de ton cœur oublié. Et puU tu fcak que ie t ay deslié Mon entreprife,& mon cœur efpandu. Tu fcais f i i'ay en mon fait pretendu Chofe qui fait contraire a ton honneur, Ou pour d'autruy empefcher le bon heur: Si i'ay ietté lapierre emmy la voye, En eftiant quand l'aueugle s'auoye Tant feulement pour le faire brunchert Iepuiffe ainft lourdement trebucher-, Si i'ay -voulu de l'homme fourd mefdire, De mon malheur puiffe chacun fe rire: Si i'ay -voulu mon ennemy b l c f f e r , Ou faulfement le faire renuerfer; Si faulfement hy ay forgé diffame,
POVK
VN
PRISONNIER..
4/»
Que l'ememyperfecute mon ame, jC toufiourjmais qutl attrappe ma vie. Et de mon fang qu'ilpaffe fon enuie: Si i'ay mon cœur aux clameurs endurcy J)e l'affligé me requérant mercy, jíinfi me foit le cœur inexorable De qui me tient en ce cry lamentable: Soit contre moy fon courage plus dur, Que les ckvllcux de quoyfeutfait ce mur Lk ou ie fuis contre mon pré "venu, i
r
Et longuement prifonnier detenu: jítnfimi foit déformais intraitable, Comme autrefois ma e fié amyable. Ma» quoy ? Mon Dieu, quelle efl mon infortune> Quelefl le fort de ma triile fortune? Ha,quel ennuyjàs,elle m'a gardé! De quel afpefl ma le Ciel regardé Quandfuùyffu du -ventre de ma Mere? Certes ie tiens que de cholere amere lílant alors empris & attiré De tout malheur ma nayffant faciné. Non,dit Wfyrit, ne croye%_pas cela, Vofire malheur ne prouient pu de la. Le Ciel nha pas fur nota telle puiffance,
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Contente
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Contente^ TOMÎ d'ejlre eferit en [on rolle. Or fus,met Chair, dy ~vn peu qu'il t'en fonble, Et raijônnons de mon malheur enfemble. L'eJjjrit maintient qu'ejlant tel le vouloir De l'Eternel,il ne s'en fault douloir: Que rejjionds tu, dy ma Chair,tu foufpire. Las,te i>oy bien que n'ai pas faim de rire: Les yeux ternis qui en larmes Je jondent lAjfex, pour toy ce que tu fens rejjwndent; Et les foufyirs font plut certain mefjage De tes douleurs,que ne fait ton langage. Doy ie pas bien (dit cejle Chair) maudire Lheure & le iour qu'à mon Pere on ~vint dire L'enfant efl né-,l'heure que par naiffance Ma Merefeit de moy la delturanceî Mere,pour yray foudainquefcu^conceu Dedens ton corps, fi bien tu euffes feeu Le grand malheur que deuois enfanter, Tu euffes peu ~vi[ïcmctit Jôuhaiter, Que dens ton corps mon fcpulchre ie fetffe, Mourantche\toy auantque ienafquiffe. Qui fut celuy homme prudent & ftge Lequel difjtt à tout l humain lignage, Qu'ilferoit bon du tout ne naiflre point; Ou bien, mourir expriment aupoinéî De la naiffancedefeendre en lafoffel Quant
Ï O V R
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Quant eji demoy,iecroy ce paradoxe. Car des le temps de mon adolefccnce fortune print de moy la mamance, Me conduifant par maint^ affres buyffons, Me travaillant en cent millefaçons: Vuur ym fois qu'elle m'entretenait D:ja faueitr,cent fois je mutinait. Combien de tours¡combien de longues nuifl^ lit
a mon coeur acompaigné dennuysl
Certes celuy (¡M plus d'elle douteit, Quand en riant fes beaux Kami
babit^mettoit,
pas tort.Car quand elle fait fe île,
Lors en fecret quelfie malheur appreile. Quant ejl à moy,cesle hoftejje tant chere, M'a bien toufmurs -vendufa benne clxre. Te fouuient il,Fortune, c'tjl a toy, Te foument il du tour aue contre moy Mortellement te courrouçai a tort, Quand pour fuyr ton braspefant &
fort,
Tu me feu faire ~vn million depasi Tant de trauadne fufftfoit il pas, Sans me yenirfy fierement reprendre Jiu lieufacré,ou m'eilcif -venu rendre? ïeilou Tenu pour obtenir franchtfe KAU beau mylieu d'yne petite F^life, Ou ie trouuay les Mufes &
les Grâces, F
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Minerue
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Minerue aufti, qui toutes de leurs grâces Humainement fans delay me recourent, Et de leurs biens abondamment me peurent: Ou ie trouuay la royale femence, Qui m'accepta des fiens,par fa clemeuce. La arriué,te me ternis bien feur, Que tes ajfardt^jie me feront plus peur, Etpenfou bien qu'attenter n'oferois De -violer ce faint heu,ou la Croix De Iefùchrifl noflre Seignenr ejl mife, Et la -vertu de fin EJ^rit ajiijê: Mats toutes fois fans y auoir refpeél, Tu as tetté ton rigoreux afyeéî Sur moy eilant en cefle fauuegarde, Et as brisé cruellement ma zarde. O
Comment as tu, o fortune cruelle, Tant de pouoir,ou fur moy,ou fur celle Qui tant m'a fait & d'honneur & de grâce Que d'auoir fceu(o Dieu,quelle dt/gracet) Faire fon cœur yray marbre deuenir, Et contre moy en rigueur f e tenir? Comme as tu fceu fon naturel changer ? Si tu voulons contre moy te -venger, Ne fçauok tu armer quelque Néron, Quelque tyran,quelque cruel Yeron, Et l'enuoyerpour me faire la guetre?
POVH.
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PRISONNIER.
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A i Jçauo'ti tufaire yjitr de la terre torn les G cans Jes moniîres infernaux, Si tu youlo'ume faire tant de maux'i N'y a il point quelque fier luhan, N'y a il point de Diocletian, Qui contre moy -volontiers s'armeroient, it leur fureur foudain allumeroient? Si tu youloti en tes mams me faiftr, Et mattrapper,tefaillou il chotfir Celle qui ha par tout la renommer D'eflre fans fiel, celle qui ejî nommée Entre plufieurSiflambeau de charité, Tons de douceur,de benmùtci ^ o O cruauté ! o maligne Maratre, LAS tu osé pour me du tout abatre, jlrmer d'acier le cœur de ma Princeffet Et pour tenir mon peure coeur en preffe, Ofes tu bien toucher a la couronne, Que bruit commun pour fa douceur luy donne? Tays toy,toys toy,o mon Jidam charnel, Car tout cecy ejlfait de l'iternel: Lequel toufiours rcgiil trefmflement Tout ce qui efl dedens le firmament, Et ce qui e(l cy bu deffoubs la Lune. Luy feulfait tout,naccuje point Fortune* Si dii tu pourquoy tl te tira de France, ï
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C O M P L A I N T E
Ou tu viuois en repos fans foujfrancel Sçais tu pourauoy icy il t'enuoya, Quandpourcté fy lomg te conuoya? Dy,mm ^Adam,ne[COM tu point pourquoy En ton dormir il miß le feu che^joy? C'eßoit à fin cju'duecques maint\trauaux, Pafjant k pied les montz^, plumes, & vaux, LA ¡es Eslu^portajfes le threfor, Le diamant,la riche perle,& l'or, Le don heureux de la fainte Euangile, Que tu auoïs en ton vaiffeau fragile, il eß bien vray cju'vn tel don meritoit, Que Ion traitafl celuy cjui le portoit Plus doucement:vne telle nouuelle Meritoit bien que pour le refpeél d'elle, Lon traitaß mieux le poure meffager; Chacun peult bien,fi ie dis vray,tuger: Mais toutes fois il n'en fault plaidoyer. Car le Seigneur a voulu employer De fes feruans l honneur,vie,& cheuance, Pour retirer les autres d'ignorance. O Et fi pourtant les hommes n'en font compte, il ne fault pas cjue le Seruiteur compte ^Autant perdu.Car celuy qui fait faire Ceßuy labeur,en rendra bon falatre. Pourtant¡ma Chair, laiffes a Dieu U cure
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PRISONNIER..
j)e ton fuc ces j tu es fa creature. Que fi tu yeux me jaire y ne répliqué, Dijant que trop cejie ejpine te pique, Trop le regret te powgt,afflige &preffe V'auoir padu le gré de ta lJrmcejfe-, Venfes tty que le Seigneur te dit, Que l'homme ejl fol,qui fur l'homme baflit; Venfe toufiours le coeur humain muable, Et que la chair n 'ha rien de pardurable. Confole toy,ton Pere ha lepouuoir En peu de temps te faire apperceuoir Son cœur royal,plus gratteux,plus doux Que ne t'efl dur maintenant fon courroux. Confole toy,certes fa confcience Vn tour -viendra luyfera remonflrance De ta douleur-,y n tour yiendra fera Iuge,tcfnoing,aduocate ; ¿p dira Que touftours feuz^fidele feruitcur; Que n'ai eflé neflateur,ne menteur-, Que n'ai porté parole a fon oreille Qu'yn yray feruant au maiflre ne confcillc. Si fafureur obliquement expofe Tes dittes fait¿7* autrement lesglofe Que ne youdrois conceuoir nepenfer, Laiffe 7m peu cefîe fureur paffer. Car puis après confcience yiendra *
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Qui par la main la -vérité tiendra: JE t lors fera droitement ton excufe, Quoy que fureur ou calomnie accufe. Làs}mon efprtt,fi tant efioit facile c-fle Chair caduque & imbectlie De te fuyuir,comme a toy de voler, Cecy pourrait du tout me confier. Man fi tu es leger,prompî,& agile, Ma Chair n'en efl d'vn jeul poinfl moins fragile, Las,mon malheur ! qui eufl tamaU pensé Que par ce lieu tu te feujjes lancé Pour me venir furprendre dens mon fort, Ou ie penfoti bien eflre le pluifortî Qui eufl pensé de ce ferain vifage Pouoir venir vn[y terrible oragel Qui eufl pensé qu'vne telle tempeile De ce coiléfufl venu fur ma te île? De ce climat vn doux vent fauorable, Vn Zephyrm fuaue & amyable fai fou toufioursmon iardinet flourir, Et s'il fentoit contre moy accourir Par quelques fois l'impetueufe nue, La rechajfoit amit quejufl venue: Mais maintenant contre toute efjierance De ce cofié s'efl leué a outrance le ne f ay quel infelice jfquilon,
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PRISONNIER.
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Vn Bore XÎ,un fier eilourbillon, m'agailé,ruiné,tempeiié Qui Ce que l'auou en ma yigne planté. 0,fi t'efîois fur les vrdffes collines J)e toy, Vtda,dont les eaues argentines Courent en b>upar matnt^petis ruyffeaux! 0;fi te floudeffiules arbrt(féaux, Sur les cousîaux d'ifraellà oufont Mes compagnons,qui tous la -vigne font De l'Eternel, certes à haultc voix Pour eflre mieux entendu,ie crirois, Et leur dtrois en mon cry doloreux, Iepry * Dieu que foye^plus heureux En -vo^labeurs,pleins de foucy & cure, Que n'ay eftéen mon agriculture: Putjiie^chacun meilleurfruit receuoir, Plufgrandplaifirflujgrand foulas auoir Que n'efl celuy que ie fents à ce fie heure. Le Laboureur pour repofer labeure: Mail tentens bien f i le Seigneur mon Dieu Ne permet point que forte de ce lieu, j\ tout le moins ce mien petit efcrit Tra -vers Tout au nom de 1 e s v s c h r i s t . Lors ie juvs feur que chacun larmoyra Sur mon malheur, pm après s'efmoyra Comment a peu ainfi mettre contraire
Celle
C O M P L A I N T E
Celle enuers qui le Seigneur m'a fait faire De fon jalut t'amyable meffage. Comment aupi m a fermé Jon courage Celle che^ijut iejeuxje laboureur Del Eternd.Dira lyn,Quelerreur yA ¡aman peu ce poure homme commettrei L'autre dira ; non, l'oferou bien mettre Que cejl plu ftojl quelque maleuolence. Dites plu$lojl,que bonne patience Me doint celuy qui fera lugement, Qui yott Ls cœurs, & tuge feurement. Et toy,François,de mon cœur la moitié, jtmy entier,yray Patron d'amitié, Mon Ionathas,monfidele fichâtes, Mon yray Pollux,mon fyncere Oreiles, En me -voyant de malheur abbatu, lAmji traité,mon frere,qu'en du tu? Las fans t'ouyr bienprejumer te peux Que toy & moy n'ayans quvn cœur toits deux. Si dens mon corps l'yne moitié labeure, L'autre moitié dedens le tien en pleure. Te fouuient il,làs,fidele jimateur, Te fouuient il de quand l'eélots Pafteur? Vci \tu tamats que de tout le troupeau Îaye arraché feulement ynepeauï tAy lefon fang cruellement fnccél
PO VR V N P R I S O N N I E R . Me fuis te aujli de f i greffe engrefîé? jCy ie ccrché luy donner nourriture Sinon toufiours de la fainte paflurel le conduifoU mes jignelins exquis Non aux defèrts,mais aux heureux pafliz^ Dont i e s v s c h r i s t luy feul en ejl la porte. Et f i le Loup par quelque maie forte Varmy les bonforcé de faim hurloit, Ou que l'ardeur du Soleil les brusloit, Lors les fat foisfôubzjafrefche verdure De l'arbre faint dont le fruit toufiours dure jfjfeiirément a l'ombre fe pofer, Et là fans peur doucement repofer-, Puis tous les tours ma viue jontenelle Les abbreuuoitimaii fon eau n'efl plus telle Quelle feuloit, quand les Nymphes des bois, Quand les Pafleurs mes amys plufieurs fois Venoycnt la voir peur vn peu s'efiouyr. Defire^vous,o mes amys,ouyr Qm cfl cchiy qui l'a ainfi troubleci Qm la honnte,& de bourbe ccmblee? Certes te crains que vous le maudiriez^ Et d'vn accord tous enfemble diriez,^ Que fa maifon en bref temps foit deferte, Que le malheur)poureté,& fouffrette Vuijfe foudatn fa famille encombrer,
C O M P L A I N T E
Que le Seigneur le -vienne defmembrer, Tant que l'enfant fa mere mefcongnoiffe, Son cœur joitpaeu de t r i ï l e f f e & angoiffe, Soit fon ejprit frappé de cécité, PutJJè f o u f f r i r toute l'aduerfité Que le Seigneur fur le mefchant prononce. Maudit celuy qui bon heur luy annonce, Maudit foit il & dedens & dehors, Maudit foit tien fon ame & fon corps: Jamais au Ciel fon penfement ne tende, Jamais ini bien fon oreille n'entende, Et tout cela que fon cœur determine Luy foit tourné en malheur & ruine. Non,mes yfmys,ne dites pas ainft, Priezjpluflofl c h r i s t & le Pere aufîi, Que pleinement fon erreur luy pardonne: Le ~vray Chreflien ce fiifant enuironne D'ardans chabons le chef de l'ennemy, Et le contraint de deuenir amy. le -vous diray (comme Dieu fiait) fans hayne Qui m'a ainfi degafîé ma fontaine. C'eft ~vn torrent, Dieufçait bien dont il -vient, Et ou il -va,que c'efi,&J qu'il deuient. Quand efl de moy,certes le m'imagine Que des enfers "vienne fon origine. Mais l'auroit point quelque faulfe Medee,
Quelque
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PRISONNIER..
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Quelque Cyrcéforciere deshontee fait desborder des enfers par [es charmes? l'auroyent point fait les Parques par leurs larmes? Quoy que ce foit,ie ne le puys fonger, Mon fens ne peult f y auant fe plonger. Petit tAgneaux yefluide blanche laine, Ne yene^plus pour boire a ma fontaine; N'y venex plus,car fon eau ejî amere: Mais faites torn pour elle yne priere, Que tout ainfi que Moife autres fois feit adoucir par la yertu d'un bois Bens le defert lesfontaines d'Heltn, Le felaufii que ce torrettt moling J[ efyandu fur elle,tofi periffe, Par le y ray bois ou feut fait facrifce Pour les péchés de l humaine Nature: Vriexje aufîi en confcience pure Qu'il y oui enuoye y n plus heureux Pafleur Que nay efié. Et fi par negligence Ou par mefpris,OH bien par ignorance, le n'ay pxf bien acomply mon offtee, Pardonnexjnoyicar il n'efl nul Jans yice: Vardonne^jnoy, car i'en fus penitence : Prie^ le aujii qu'il me doint patience En tout le mal qui langoureux me tient. Et ft encor de moy il yom fomient, Somienne
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Souuienne TOUS aujli de ma doélrine; Etgarde\bien la parole diurne. Or maintenant en l'eflat ou ie fuis, Petit troupeau( bêlas) ji ie ne puis Comme voudrots autre o f f i c e te faire, *Au moins feray oraifon jalutaire, Et leueray au Ciel les mains pour toy, Comme ie croy qu'aufîi feras pour moy. le prie a Dieu le Pere du Seigneur c h r i s t }de tout bien doéleur & en feigne ur> Que de fes biens richement te re m p l i f f e , Et que touftours fa bouche te beniffe; Face fur toy fa digne face luire, Vueilîe toufiours en fa paix te conduire; le le requiers par fa mifericorde Te maintenir en amour & concorde; Et que toufiours de celefle roufee Soit le matin tapaflure arroufee. Mais ie feray fmguhere oraifon Pour la Brebis,qui a de fa toifon Plufieurs Pafîeurs -vejlu^en leur bcjôing, Et qui a eu des ~»rays poures le fowg. Nentens tu pas,François mon trefeher frere, C'efl la Brebis que t'appelloif ma mere. le pry a Dieu,Brebiette benigne, Que les deux yeux de nojlre Pafîeur digne
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VN
P R I S O N N I E R . ,
Toufiours fur toy, aufîifur ton chef Soyent regardans ; à fin que nul mejchef Puijfe ïamaii a tous deux furuenirï Vueilk en fonfoing doucement vous tenir, Et vox^jigneaux^ vo^deux Brebiettes, Le Setgneur doint quelles joyent toufiours nettes; Le Seigneurfait a ïamaii voilregarde. Et s'il aiment quelque fois par mefgarde, Qu'il y ayt rien en ce troupeau rompu, Troijiéy
cajiétdebileicorrompu,
Upry à Dieu vray Pere de famille, Que de fa main tout foudain le rabille. O vray Pafleur,efcoute ma demande: Efcoute moy ; de cœur te recommande Tout ce troupeau ; prens en donc le foucy, Car il efl tien,cefl chofefeure.Et fi Tu apperçois de tout ce petit nombre Que t'ay nourry tenu foub^jon vmbre Quelque Brebis follement s'efgarer, Et ça & la par les foreft^errer, Va les cercher : & quand la trouvera, Suii'ie pu feur que tu la chargeras Dejfus ton doT^J O pafieur & paflure, Hsureux bergeail de qui tu prens la cure. •Xy'ie tout dit! me tairay ie tout coy^ Non}Monfeigneur-,ie veux parler pour moy,
466 Et te diray quà toy feul ie me donne, Entre tes mains pleinement m'abandonne, Pour -vifou mort ta ~volonté fuyuir, Et s'il t? plait encores te feruir De moy,Seigneur,iefuii ton inflrument. S'ainfi te pltij},dt%je mot feulement-, Et tout foudain ces portes s'ouuriront, Dont mes amys toufiours te beneiront. Mais fi tu disque pltu te ne te plais, Fais ton -vouloir,Monfeigneur,te me tais: Tant feulement en mon grand -vitupéré, Soimenne toy quelquefois de (Ire Vere. i>
I
N.
4 67
C h a n i o n s
ipirituelles.
%
Penfccs de la Royne de Nauarre,eftant dens ia L jtierCjdurant la maladie du R oy. Sur le chant dcjCe qui m'efi: dcu & ordonne-
lia douleur de mon eferit le pouoii monttrer par parole, Ou la déclarer par eferit, Oncjues ne feut fy tri fie rolle; Car le mal cjui phps fort m'affole Je le cache couure plut fort; Parcjwy nay rien qui me confole, Fors l'efpoir de la douce mort. le ftay cjue ie ne dok celer Mon emuy,plu4 cjue raifonnable; Mais fi nefacturaitmon parler Atteindre -t mon ducil importable, t eferit ure -véritable Defiudroit la force à ma main.
68
C H A N S O N S
Le taire me feroit louable, S'il ne meiloit tant inhumain. Mes larmes,mes fôujpirs,mes cri^, Dont tant bien ie fcay la pratique, Sont mon parler ¿7- mes efcrifx Car ie n'ay autre rhetorique. Maii leurs efje£l\ a Dieu t'applique Deuant fon throne de pitié-, MonSirant par raijon & répliqué Mon cœur foujjrant plein d'amitié. O Dieu,qui les yoflres aymez^ ïadreffe a yons feul ma complainte; Vous qui les amys eilime^ Voye^J'amour que lay ¡ansfetnte; Ou par Toflre loy fuit contrainte, Et par naturepar raifon: f appelle chacun Samt & Sainte Pour fe ioindre a mon oraifon. Las,celuy que -vousaymettant Eft detenu par maladie, Qui rend fon peuple mal content, Et moy enuers TOUS f y hardie Que i'obtiendray,quoy que Ion die,
Pour luy tre fairfatte fanti: Ve yous feul ce bien ie mendie, Pour rendre chacun contenté. C'eJÌ celuy que yous aue^oinél IA Roy,fur nota par yoftregrâce: Cefi celuy qui ha fA receu famé acomphe. Lors feray de toye remplie. Las,Seigneur Dieu,efuetllexTH>tts, Et voflre œil fa douceur defplte Sauuant voflre Chrifl & nous tous. SauueSeigneur, Royaume & Roy, Et ceux qui viuent en fa vie; Voye^fon efpotr & fa Foy, Qui a le fauuer vous conuie. Son cœur,fon defir,fon enuie, o/f toufiours o f f e r t a vo^yeux: Rende\noflre toye ajfouute, Le nous donnant fatn & ioyeux. Vous le foule&
le pouezj
jCufi
S P U
! T V ! t t E J,
475
^Aufîi mon Dieu à -vont madreffe; Car le moyen "vous feulfçaue^ De m'ojler hors de U d e f t r e f f e De peur de pis,qui tant me p r e j f e , Que ie ne f ç a y là ou i'en fuis. ChangeT^en ioye ma t r i s l e f f e , LasJidjlexjvous ; car plut n'en puis.
Autres Penlees,faites vn mois après la m o r t d u R o y . Su rie chant de, Iou)ïTance vous donne ray.
L
^Asjant malhereufeie fuit, Que mon malheur dire ne puys, Sinon cjutl ejl fans efyerance: Defejpoir ejl défia a l'huys Pour me ietter au fond du puits, Ou na d'en faillir apparence.
Tant de larmes iettent mes yeux, Qu'tl^ne voyent terre ne deux, Telle ejl de leur pleur abondance. Ma bouchrf? plaint en tom lieux, De mon cœur nepïulr faillir mieux, Quefoujj>irs,fans nulle allcgeance. c
f
Tria
C H A N S O N S
T r i i l e f f e par fes grans e f f o r t s j i rendu f y foible mon corps, Qu'il n'ha ny -vertu ny puijfance. il eft femblable a l'vn des morts, Tant que le -voyant par dehors, Lon perd de lny la congnoiffance, le nay plus que la triiîe -voix De laquelle crier men tow, En lamentant la dure abfence. Las,de celuy pour qui ~vium, Que de f y bon coeur ie yoyou, f a y perdu l'heureufe pre fence, Seurc ie fuis que fon efprit Regne auec fon chef le fut Chrifî, Contemplant la dtuine effence. Combien que fon corps foit prcfcriptt Les promeffes du faint Efer it Le font yiure au ciel fans doutance. TandU qu'il eftoit fain &fort Lafoy efloit fon réconfort, Son Dieu poffedoit par crcance. En ce fie Foy vwe il eft mort. Qui la conduit au treffeur port, On il ha de Dieu m y f f a n c c .
SPIR.ITVELLES*.
47/
fÂm.hdks^mon corps ejl banny Du fien,auquel ilfeut yity Depuis le temps de noflre enfance! Mon ejpoir aujh ejl puny, Quand il je trouue defgarny Du fienplein de toute fcience. ijprit &
corps de dueil font pleins,
Tant cju défont conuerti^en plains; Seul pleurer ejl ma contendnce. le crie par bois & >Au ciel &
par plains,
terre me complains;
j i rien jors à mon dueil ne penfe. Mort cjui mas fait fy mauuais tottr D'abatre ma force & Tout mon refuge &
ma tour, ma. defenfe,
N'as feeu ruyner mon amour Que ie fens croiflre nuiél & Qui ma douleur croifï & Mon mal ne fepeult
iour,
auance.
reuder,
Et mefl fi dur a laualler, Que l'en perds toute patience. il ne m'en fault donc pltts parler Mais penjer de bien tofl dller, Ou Dieu l'a mu par fa clcmence O mort,
47* O mort,qui le Frere as domté, Vten donc par ta grande bonté Tranfyercer la Sœur de ta lance. Mon dueilpar toy foit fur monté; Car quand l'ay bien le tout compté, Combatre te -veux a outrance. Vien domptes,ne retarde pu; Mon cours la poile a bien grand pas, le t'enuoye ma dcjfiance. Puis que mon Frere ejl en tes la^ Vrens moy,àfin quvn feul foulxs Donne a tous efiouyjfance. FIN.
477
a
e
i e e i B e e e RONDE A V FAIT au meihie temps.
l'odeur de mort ejl de telle "vigueur, Que dejirer doit faire la liqueur De ce morceau,que ne yeult aualler L'homme ignorant-,lequel nepeult aller Que par la Mort au heu de tout honneur. La mort du Frere a changé dens la Sœur (En grand defir de mort)la crainte &peur; Et la rend prompte auec luy cTaualler L'odeur de mort. Sdgrand' douleur elle eflime douceur. Sachant que c'ejl la porte & chemin jêur, Par ou il fault au Createur -voler-, En attendant,de la mort 'vetdt parleri Car en a bien refufeité [on coeur L'odeur de mort.
47*
V
CHANSON.
Ray Dieu du Ciel réconforté^ mon orne, Et la brusle^de yoilre ardente flamme-, Puis la prenexjpour efpoufe & pour femme-, Par •voilre Filz^voui le maue^promts. Var péché eflpoure,-»ilc,&'petite, Qui yous,Seigneur,a la haïr incite; Mais regarde^ de Chrifl le grand mérité, Qui apriépour tous Jes ennemis. Las,par fa mort elle eflperie & morte, Var fa -vertu refufeitee & forte: Voye^que Chrtfl,qui les fiens reconforte, Pour les fauuer a tons maux s'efîfoubmis. Ce Chrtfl à fait pour nous f y bien l'office, Qu'en nous lauant par fa mort de tout -vice, tAfatUfait a diuine Iuflice; Car f n feulpoinél de la Loy n'a obmls. Voye^, Seigneur,fa grande obeiffance Depuis le iour de fon humble natffance lufqu'à fa mort}par fa grande puiffance Sauue\a ceux que luy aue^commis. Las,ce f i pour nous qu'il a fait cefl
ouurage,
&
C H A N S O N S
S ÎI8.I T V ELLES.
Eî Mérité nous a yoslre
heritage: o
jAon ame donc par Foy prens bon courage, in refueillant tes écrits
endormis.
Idites la -voir en jôy morte &
confufe,
£» y oui,yiuant pleme de grace tnfufe-, Voiîre bonté ce don point ne refufe j l qui pour vow de [on coeur s'ejî demii. Moins ellepeult fe lauer de fa fange, Et il vottsplatfl la blanchir comme vn Plits en aure^degloire
&
lAnge,
de louenge;
Car en TOUS feul fon efyoir efl remu. Ne defyrifexjvoûre Mats yoye^j
humble
l'image &
Creature,
pourtraiture
Du Chrifl qui eft yoflre ejfence &
nature,
Lequel par grace de dens etie aue%jnU. Ht par le Nom de ce
Fil^amiable
ReccuexJUpour ejpoufe agréable, Un l'y mon du corps tant defirable; Ou i>oii4 youlezjmettre AVTR.E
en -vn
-vo\dtm.
C H A N S O N .
T)ieu,m'amye, Car ie m'en yoii Cercher
4 7 ?
C H A N S O N
S
Cercher la -vie Dedens la Croix. Si par la prière Tirer t'y pouois, Certes en arrière Tu ne demourrois. Ne tarde mye, Viens & me croit Cercher la -vie Dedens la Croix. Defërife du monde Ce dont il te tente, Comme chofe immunde: Et met^ta pretente Non endormie Par tous endroits Cercher la i>ie Dedens la Croix. Si de ces delices Tu te laijjes prendre, Subiette a tous yices il te faudra rendre, De Dieu haie;
SPIRITVELLES.
Dont ne pourroU Ccrcher la vie DeJetis la Croix, Maufi par fa grâce Te donne courage Sans en eflre Ujje, feras le voyage-, Courant demie Par monts & bois CercherLtvie Dedens la crox. Or vien donc fans crainte J)'vne amour naiue jCymant l>t Mort fainte, Par qui ferai yiue, Voire & vnie j f u Roy des Roys Cercher la vie Dedens la Croix. AVTR.E
S
CHANSON.
¡quelque iniure Ion vous dit, Endure^ le toyeufement ; fi chacun de vom mefdit,
482,
C H A N S O N S
N'y mette^voilre penfement Ce nefl chofe nouuelle D'ouyr ainft parler fouuent, y/Tutartt en emporte le vent. Si quelcun parle de la Foy, En la mettant quafi a riens *Au prix des œuures de la Loy, Les esîimant les plus orans biens, Sa doéîrine ejl nouuelle, Laiffezje Lfajfei^auant-, »Autant en emporte le vent. Et f i pour voilre Foygasler, Vous vient louer de vo\beauxfait^ En vous diftnt (four vous flatter) Qu'il vom tient du reng desparfait^j Fuye^jparole telle, Qui aminé orgueil deceuant, „Autant en emporte le vent. Si le monde vous vient tenter De richejfe, honneur, & plaifir, Et le vom vient touiprefenterf Ny mette^ny cœur ny defîr: Car cette chofe temporelle,
Retourne
SPÏR.I T V E L I E 5 .
4*3
Retourne ou eiloit pdrdudnt, jiutdnt en emporte le -vent. Si Ion 'vous dit ^tten autre lieu L'on puijfe tromer reconfort Et vray [dut, qu'en yn feul Dieu, Cefi pour mettre yoSîre ame à mortj Monilre^ Tout lors rebelle, Et defmente^ le plus fçauant, jCutdnt en emporte le -vent.
V
AVTR.E
CHANSON.
Nieune Veneur demandoit J£ yne femme heureufe & juge, Si ht chajfe qu'il pretendoit Vourroit trouuer,n'en quel Bocdge-, Et qu'il duoit bien bon courdge DeOzdio-ner ceile yendifon O ' Vdr douleur,mérité,& Rdifon. Elle luy d dit,Monfeivneur, De Uprendre il eft bien fdijôn, Mais yorn efles muuudii chdjfeur. Ella ne fe prend pdr courir, Nepdr youloir d'homme du monde, Ne pour tourmentée pour mourir, H
2
Et
4
C H A N S O N S
Et fi ne ftult point que Ion fonde Son fdut,fors qu'au Créateur: Vertu peu vault s'il n'y abonde Tar[on Efprtt force -valeur. Las,-»ow en feriezi pojjèffeur St de Drnid auie\ Ûfonde, Mai6 -vous eSles mauuais ckafftur* Ce que cerches^ efl den$ le bois, Ou ne -va perfonne infidèle; C'efl l'afpre buyffon de la Croix, Qui efi chofe au mefehant cruelle. Les bons Veneurs la treuuent belle, Son tourment leur efl -urayplaifir; Or fi yom auiex le defir D'oublier tout,pour ce]} honneur, oiutre bien ne youdrien^choifin Mais vous eiles mauuaif chaffeur, Lors quand le Veneur l'entendit, il mua toute contenance, Et comme courroucé luy dit, Vous parle^pargrand ignorance: jlfinit que te deiloume & lance Le cerf& que ie coure après; Et vous me dites par expres,
SÎIMTVELtEλ
48/
Qu'il ne s'acquiert par mon labeur t Seigneur,le cerf ejî de "vous près, MÎùi "»ont eûes mauuais chaffeur. S*il yomplaifoit feoir & pofer Vejfus le bort d'yne fontaine, JEt corps &
Efprit repofer,
Vuifant de leau très i>iue &
faine,
Certes fans y prendre autre peine, Le cerfyiendroit tout droit a yom; Et pour l'arreÛer,nefaudroit Que la ret^de yoûre humble coeur, Ou par Charité fe prendroit; Mais yom eiles mauuais chaffeur. Or,ma Dame,ie ne croy pas Que Ion acquière ou bien ou gloire Sans trauailler ne faire ynpas, Seulement par aymer &
croire.
De l'eau yiue ne yeux point boire, Pour trauailler le yin yault mieux: La Dame a dit,de Terre &
deux
Sere^i Seigneur & pojfejfeur, Si la Foy yous ouure les yeux; Mais yous eiles mauuais chaffeur. Le cerfejl fy humain O* doux> H
3
Que
4
C
H
A
N
S
O N S
Que ft voilre cœur voute^ tendre En vous prenant, fe lairra prendre: Et alors TOUS pourra apprendre De manger fa chair & fin fang jC ceile curee par reng; Pour eilre remplis de douceur Vo\dejtrs courront à ce blanc-, Mais vous eiles mauuais chajfeur. En ceile delicate chair La voilre fera tranfmuee; O bien heureux quipeult toucher sA ceile grand te île muee, jï la chair courue & huce, Mife a mort,roilie pour nous, Sur la croix pendue a trois cloux! Helàs elle ejl voilre,o pecheur, Si "vous croye^ces ftint^propous; Mais vous eiles mauuais chajfeur. Le Veneur entendit la pâme, O
Et defcouurit la Poèjie, Et foudatn luy a dit,ma Dame, ïabandonne mafantafte; De la Foy mon ame ejl faifie, Qui trompe O" corïs me fat cajfer,
Colliers
SPIRITVHtLSÎ.
¿fS?
Colliersroubles & laiffes laiffer, Croyant U voix de mon Sauueur; ¡Autre cerfte ne feux chaffer, Pour neftre plus mauum chajjèur. Empereurs, Roys, Princes, Seigneurs, i/f -vous mu parole tadrejfe ; Vous tous Piqueurs, Chaffeurs, Veneurs, Renonce^trauail & deflreffè, Vont en lieu deplaiftr triilejfe Vous rapporte^Je plus [ornent: VAS voslreplaifir n'eji que 'veut} Laiffe^commemoy ce malheur, ¡Autre ie fuis qu'au parauant Pour rieflre plus mauum chajfeur. Vene^ Veneurs, vetie^, vene^ Ji la falutaire curee-, laiffer le monde apprenez Qui efl de fy courte durée-, Car charité immefuree De [on Tout vous fait le prefent, Par lequel Rien ejl fait plaifant, Remply de dtuine liqueur: De moy,te m'y rens à prejênt Pour n'eilreplus maman chajfeur. u
4
AVTM
C H A N S O N S
fus^Sur le Pont d'Auignon,iouys chanter Ja belle.
AVTKE
S
CHANSON,
Vr l'arbre de la Croix d'une -voix clerc 0- belle l'ety bien ouy chanter une chanfon nouuette. L'oyfedUqut la chantoit efmouuoit le courage De tottfvray Pelerin difant en doux tangage, le fu'ti le Pelican qui donne & fanté & -pie Pour faire viure ceux que jâuuert'ay enuie. La Mort qui eux & moy pefoît fes fubiet^rêdre, ï a y p r i f e & mife a mort¡me IdiJJant d'elle prendre. Mais efiant en fes la^n'apai eilé f y forte, Que n'en foye efchappé en rendant la Mort morte. Parquoy fur mes enfans n'hapltts nulle puiffance, Qui par mort de Tie ont parfaite iouyffance. Ou efl ton aiguillon,ô Mort tant redout eel Ta puiffance par moy de td force eft oitee. le fûts la Vérité la Vie & la Voye, Mort n'ha plut de pouoir en quelque part que foye. Les pecheurs feulement la trouueront cruelle, Maia les miens l'aymeront,& la trouueront belle. Par moy l'horrible Mort efl belle deuenue, Et les portes (f infer n'ont contre moy tenue. Car au mylieu d'v.nfer me trouue le Fidele, Qut fuis fon Paradis ¿7*fa ioye eternelle. Mes enfans font en moy f y très ~mys par grace, Qu infer,Péché,ny Mort,n'hapltts en eux déplace. lAdam
SPIKITVELLES.
^Xdarn plein de péchés t'ay mis en croix duflete, Je l'ay crucifié en iouant fon myflere. ïayprtns ce "vieil ^idam & fa concupifcena» Lequel iay mts a rien par Foy congnoiffance. ïaygouilé le morceau de Mort en patience, tful ne legouttera quiayt en moyfiance îay entré en Enfer fentant fes douleurs fortes: four en tirer les miens ten ay rompu les portes. NuÏÏy ne demourraplus en ces trois limites Si bien fe fie en moy receuant mes mérités: Mats s il fe -veultfier en fon labeur & peine, Eflimant mon tourment & mapajiim "vaine, il congnoiflra qu'Enfer,Mort,& Péché,& tnce Vaincre ne pourra pas par fa propre iuflice: De péchés fe "verra chargé à fy grandfomrne Qux lafinpourra voir ce que peultfans moy l'Home. Mais l'Home au cœur c otrit,petitJhuble et infime, Qui ne fent rien de foy,& nul bien n'en eihme; Qui tout en ma bonté fe confie,& s'arreÎle» sA luy toufiours ma mdm de fecourir ejl prefle. le le met^ en Enfer luy monflrant fon ordure, Et qu'il a mérité par Péché,mort trefdure; le le met^jout à rienjuy monflrant que fon Eflre Et fa Vie ie fuis,fon feijrneur,& fon maiilre. Mats quand le Trefpetit du tout Rien fe confejfe, le le retire à moy,luy monflrant mapromeffe: H s De
4 ? 0
C H A N S O N S
De ma chair, de mon fang, luyfaii prefent encore, En moy le reunis,l'embraffe & l'incorpore: Luy transformé en moy horsfinpéché tmmunde, Rien quegrâce ne -voit,qui en fon lieu abonde. En moy il voit la Mort fy tresbien acoufiree, Qu'il la defire voir comme de Vie entree, Par moy de fin Enfer voit les portes brifies, La congnoit Paradii,& les ioyes prifees. Poureté,faim, & fiif, travail,peine,& triflejje, Trouue viuant en moy tout repos & lisffe Or vene^donc,Pecheurs,efcouter ma doélrine; oipprenezma chanfonpleine dedifciplwe. le fuii monté en hault afin que chacun m'oye, Et quefcoutant mon chant fiye^remplis de loyc. Par Charité i'ay foif du falut de toute ame, Pour lafaire brutler de l'amoureufe flamme. Las donnezjmoy de l'eau de vraye amour a boire iAu vaiffeau de vo^ cœurs par fermemet me croire. De n'auoirfait nul bien,ne craingne^cc langage, Car tout ejl confommé-, l'aygaigné l'heritage. I'ay acomply la Loy,ïaygaigné la partie: Tout ejl pour vota, Pecheurs ,pour le/quel^ EÏt crie. I'ay du Pcre prié l'indicible clemence, xA vows tous ignorans pardonner voilre ojjence. i'ay pour vous delaijïé ma vie à mort amere, Et en trejgrand douleur ma trefaymee Mere: Tout
SPIK.ITVBLLES.
491
Pour vous moilrer que chair,tant foit elle eftimee, ¡Je doit ftnon four Dieu & en Dieueftre aymee. Puys ¡'¿y recommandé entre les mains du Pere Mon eft>rit,pour moilrer qu'en lay fault qu'en efyerc* Or ây ie le falut de chacun fatt Jy ample; Et four y paruenir mefui* rm pour exemple. Vene^ vene^treilous charge^, outre mefure% De labeurs & trauaux voye^ ma peine dure. Voye\ma croix,mes cloux,mes douleurs no petites Mon cœur d'amour ouuert & treflous mes mérités. Tous fes biens font a vous-, par grace ie les donne ¡¿qui par ferme Foy tout a moy s'abandonne. Vene^ embrajjè^ moy,mon troupeau,mon eglijê. Mes Eslu^hiïbles & doux,defquel^faisàmaguifê. Car vous vnij^en moy eiïes U mefme choufe, le feray voilre Eftoux,vous tous vnjmtm Ejpoufe: Vene^au vray repos ou fera endormie Entre mes bras toufours mon Efyoufe & amye.
V
AVTKE
CHANSON.
Oicy nomelle ioye, La nuiâl pleine d'obfcurité Efipaffee-,& voicy le iour, ^Auquel marchons en [cureté, Chajjàns toute peur par amour, Sans que nul fe defuoye. Voicy nouuclle ioye.
L'hyuer
492
C H A N S O N S
L'hyuer plein de froid & de fleuri ïfipajié tremblant glacé-, L'teiié plein de verdure & fleurs Nous -vient plus beau que Fan pajié; Or chacun le ~i>oye, Voicy nouueüe ioye. L'arbre fec & fâcheux a voirt Raboteux,& dur a toucher, Que nul ne defiroit avoir, Maintenant pouons le toucher: il fleurit & verdoye, Voicy nouueüe ioye. Le rofîigtiol qui s'eflfâché Pour la rigueur de l'hyuer froid, Maintenant ti n'efi plus caché: Mati fur la branchefe tient droit: ilgergonne & yerboye, Voicy nouuelle toye. Le Fidele dedens la Loy Tout caché,tremblant,&peureux Var la lumiere de la Foy Voit cler ; deuicnt amoureux De Dieu,(jui le conuoye: Voicy nouuelle ioye.
life congnoit tout delturé De péché & damnation-, il fe fent de ioye enyurc Par la diurne Eleél>on Qui tout bien luy ottroye, Voicy nouuelle ioye. L'arbre de Croix,de peine,& Que tant auoit eu en horreur, Maintenant c'eßle reconfort Ou il a attaché fon cœur lAfin qu'il ne defuoye; Voicy nouuelle ioye,
mort,
Luy qui craingnoit les gens hanter Et cachoit par crainte fa TOI*, Maintenant ne fait que hanter Deffus lefpine de la Croix-, il fault que Ion le croye: Voicy nouuelle ioye, ließ dehors cThyuer & nuiéf, il n'efi plus fcc,m4u florifjdnt; Mort Péché plus ne luy nuißi Il eß content dens le Puiffant, Vérité, Vie,& Voye, Voicy nouuelle ioye.
}
C H A N S O N S
L
AVTB.E
CHANSON.
IAs,pas n'duois appercett,
Que le Monde a mon defcen M'eufl tant deceu> Mai< quand i'ay i e s v s recett, Far Foy conceu, Me fuit du malheur non [cet* Bien aperce«. En ayant les dmoureux, le les tenoii bienheureux; ibyie parlent que des Dames, De miles & de tournois, De chiens,ctoyfiaitx & de hamoU, Oubliant leurs poures âmes. Las,pas n'auois apperceu. 1En noyant les riches gens D'amdjfer biens diligens, le penfoit que l'homme riche Fuji de ce Monde content} Car ie n'alloii point doutant La damnation du chiche. Las,pas n'aum apperceu. Voyant les Roys&» Empereurs
SPIfLITVELLES.
4 f f
fous enuironne^d'hotmeurs jEn mcymefmes ie difoye, Ces hommes icy font Dieux llzjie peuuent auoir mieux; frIris leur enfer ne fçauoye. Las,pas n'omis dpperceu, Voyant par ces trois moyens Que le monde en fes lient Tue toute creature Soub\le-voilede ht Loy, Hors des termes de la Foy, Ou nous meine l'Efcriture. Las,pas n'omis appereetu Mais par elle tay apprit Qu ily a ~un autre prix Que le Pere eternel donne, Ougiß noflre parfait bien; ¡Au regard duquel,ttefl rien Le Monde,que t'abandonne. Las,pas nauois appercetL Si ce bien i'euffe entendu Tant de temps n'euffe perdu; Mais la ou Péché abonde
Grâce
C H A N S O N S
Grace a fuperabondé; LA mon ejpoir fay fondé In dtfant .Adieu au monde. Las fiariauotiapperceu. H T M
CHANSON.
P
Ere,te -viens a tout de loingt Car necefiité & befoing Me font demander voftre grace; le demourant du porchingroing J>"amajpr par faim i'auots fotngi Iflantpriué de voilre face* JE« rnoymefmes,plein de douleursfay dit,combien de feruiteurs Sont faoule\de pain chexjnon Pere? j f luy tiray en cm de pleurs, il exaucera mes clameurs, Car par fa bonté te l'efyere. Parcjuoy,Pere piteux doux> En ferme Foy fe rend à vous L'indigne enfant pecheur,prodiguei lut larme à l'oeil, 4 deuxgenoux> Mercy vous crie,deu4
C H A N S O N S
Or pulí donc que Dieu efl leur -pie, Et que te le croy Tout en tota, il ejl mon jCmy ¿7* m'amye, Vere, Mere, Frere,
Efpoux-
Cejî mon efftoir, Mon feur fçauoir, Mon Eilre,ma force, pouoir, Qui ma. fauué par fon -vouloir, le
riayplM,&c.
Las,que fault il pim a mon ame Qui ejl tiree en jy bon heu, Sinon fe laiffcr en la flamc Bruiler de ceñe amour de Dieu? Et en brutlant, Le confolant D'amour,qui rend le cœur yolant, Et fans fin la bouche parlant, le n'ay plws,&c, tAmys contemplequelle ioye ïay e fiant deliure de moy, Et remis en la feure "»oye Hors des tenebres de la Loy. Ce reconfort Efl f y tresfort,
SPI RI T V E LLES.
fOf
Qte rien plia ne defire,au fort Que sire *ry à luy par ma Mort. je n'ay phust&c.
A
A V T R. F.
CHANSON.
La clere Fomenelle, Qui ejî l'eau vitte &