Maniiu Et La Mythologie Protozoroastrienne: Etude de Textes Vieil-Avestiques (ACTA Iranica) (French Edition) 9789042941045, 9789042941052, 9042941049

Dieux et deesses aniconiques, abstraits, souvent anonymes, imbriques les uns dans les autres, impliques dans les rouages

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Table of contents :
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
CHAPITRE I
Index général
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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Maniiu Et La Mythologie Protozoroastrienne: Etude de Textes Vieil-Avestiques (ACTA Iranica) (French Edition)
 9789042941045, 9789042941052, 9042941049

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MAŃIIU ET LA MYTHOLOGIE PROTOZOROASTRIENNE ÉTUDE DE TEXTES VIEIL-AVESTIQUES

par ÉRIC PIRART

PEETERS

ACTA IRANICA

ACTA IRANICA EDITED BY Ernie HAERINCK † (Ghent University) and Bruno OVERLAET (Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Bruxelles)

IN AEDIBUS PEETERS LOVANII

ACTA IRANICA 59

MAŃIIU ET LA MYTHOLOGIE PROTOZOROASTRIENNE ÉTUDE DE TEXTES VIEIL-AVESTIQUES

par

Éric PIRART

PEETERS LEUVEN - PARIS - BRISTOL, CT

2020

A catalogue record for this book is available from the Library of Congress. ISBN 978-90-429-4104-5 eISBN 978-90-429-4105-2 © 2020 by Peeters, Bondgenotenlaan 153, 3000 Leuven, Belgium All rights reserved. No part of this book may be reproduced or translated in any form, by print, photoprint, microfilm, microfiche or any other means without written permission from the publisher PRINTED IN BELGIUM D/2020/0602/80

TABLE DES MATIÈRES

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Chapitre I. At.tā.vaxšiiā Hāiti (Y 30) . . . . . . . . . . Chapitre II. Tā.və.uruuātā Hāiti (Y 31) . . . . . . . . . Chapitre III. Uštauuaitī Hāiti (Y 43) . . . . . . . . . . Chapitre IV. Spәntā.maniiu Hāiti (Y 47) . . . . . . . . . Annexe aux chapitres I-IV. Lexique des hāiti Y 30-31, 43 et 47 Chapitre V. Le mańiiu vieil-avestique . . . . . . . . . . Chapitre VI. Le manyú védique . . . . . . . . . . . .

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11 67 131 229 245 349 413

Abréviations et symboles . . . . . . . Index locorum . . . . . . . . . . . Index verborum . . . . . . . . . . . Index général . . . . . . . . . . . . Références bibliographiques et textuelles .

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439 441 449 455 475

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INTRODUCTION

1. Les textes vieil-avestiques Nous ne conservons de la littérature de lʼIran ancien que deux ensembles de textes. Le premier, non daté, nous est parvenu grâce à la tradition manuscrite toujours vivante des mazdéens zoroastriens tandis que le second, de première main, est constitué des inscriptions cunéiformes que les souverains achéménides firent graver sur des parois rocheuses ou les murs de leurs palais à partir de 519 avant notre ère. Les textes de ce dernier ensemble sont rédigés dans une langue hybride, probablement un mélange artificiel du dialecte des Perses avec celui des Mèdes. Les manuscrits zoroastriens, quant à eux, nous ont transmis uniquement des textes liturgiques. Ceux-ci sont rédigés dans un dialecte vieil-iranien mal identifié, en principe du vieux mède, mais orthographié selon une prononciation médiévale, probalement celle qui était en vigueur vers la fin de lʼépoque sassanide. Le récitatif de la liturgie longue sassanide sous sa forme abrégée porte le nom de Yasna « sacrifice »1. Il réunit 72 chapitres appelés hāiti « unités ». Le dialecte de ces textes liturgiques est appelé « avestique » faute de mieux puisque nous ne savons pas de façon certaine de quelle tribu iranienne cʼétait la langue. Ce nom dʼavestique dérive du nom traditionnel moyen-perse dʼAbestāg donné aux textes originaux par opposition à leur traduction en moyen perse appelée Zand 2. Lʼétymologie et le sens premier du mot abestāg dont on a fait Avesta sont inconnus. Leur conservation tient du miracle : ils appartiennent à une tradition inconnue, distincte de celle des Achéménides, et les occupations grecque ou parthe laissèrent les traditions mazdéennes pratiquement dans l’oubli ou l’abandon durant de nombreux siècles. 1

Abréviation usuelle : Y. Le phl. zand provient de l’av. āzaiṇti-, le subst. fém. en -ti- issu du thème de prés. kryādi de *ā+√ xšnā (= véd. ā JÑĀ). Sur ce type de formation, PIRART, 2012c, p. 138-9. Les deux seules attestations du verbe ā JÑĀ que nous trouvions dans la RS concernent précisément la connaissance de mots : RS 1.94.8c tád ā jānītaotá pusyatā vácah « Reconnaissez cette parole et faites-la fleurir ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 24) ; RS 1.156.3c āsya jānánto nāma cid vivaktana « (Les) sachant, énoncez ses noms mêmes ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XV p. 38). 2

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INTRODUCTION

Au cœur du Yasna, nous trouvons une série de textes, en vers pour la plupart, rédigés dans une langue nettement plus ancienne à laquelle a été donné le nom conventionnel de vieil avestique. Ceux en vers, appelés Gāθā « cantates », occupent les hāiti Y 28-34, 43-51 et 53 tandis que les hāiti 35-41 contiennent le Yasna Haptaŋhāiti « sacrifice fait de sept unités » rédigé en prose ou selon une prosodie plus libre. La brève collection de textes archaïques à laquelle le récitatif de la liturgie longue des zoroastriens sert donc d’écrin constitue sans aucun doute la matière que les philologues ont le plus de peine à traiter au monde. Et nous ne savons même pas complètement pourquoi. Ce sont 24 unités textuelles, authentiques ou artificielles, réparties en six blocs selon le type métrique employé. Sept d’entre elles observent un mètre assez libre, à moins qu’il faille y reconnaître purement et simplement une prose soutenue. Nous ignorons déjà ce que sont les Gāθā, leur statut premier, mais nous sommes assez assurés de leur statut final, une fois que la liturgie longue les eut retenues en son sein. Je ne pense pas qu’il soit possible de dire qu’elles en sont une partie congénitale ou qu’elles n’avaient pas existé avant la formation de la liturgie longue que nous connaissons. Les Gāθā avaient existé préalablement : l’évidence linguistique est nette. Lʼexamen approfondi des deux premières unités de la première mʼa conduit à formuler lʼhypothèse que les Gāθā auraient eu primitivement le même statut que leurs homologues des grandes Upanisad védiques3 : elles auraient été, sous forme métrique, la cristallisation de réflexions sacerdotales sur le rituel et ses rouages conceptuels. Cette conclusion nʼest pas invalidée par lʼexamen approfondi de lʼUštauuaitī Hāiti (Y 43) à ceci près que, dans la plus grande partie de cette unité, lʼauteur des réflexions mises en vers passe pour être Zaraθuštra lui-même. Il les avait intégrées à la déclaration rituelle convenue de ses convictions concernant le grand dieu. La raison en avait été que ses réflexions portaient précisément sur cette déclaration, laquelle porte le nom de maniiu-. Le procédé ainsi est-il assez voisin de ceux employés respectivement dans lʼAhiiāsā Hāiti (Y 28)4 où la réflexion sur la prière en avait adopté la forme et dans la Xšmāuuaiia.gəuš.uruuā Hāiti (Y 29)5 où la réflexion sur le rôle de lʼimmolateur avait conduit le poète à l’endosser. Une sorte de nombrilisme. 3 4 5

Voir MINARD, 1949-56, vol. II §295b. PIRART, 2017a. PIRART, 2018.

INTRODUCTION

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De telles conclusions dans le cas de lʼUštauuaitī Hāiti (Y 43) ne sont certes pas aussi nettes que dans ceux des deux premières unités de la première Gāθā en raison même des difficultés du texte. Lʼinterprétation en est souvent approximative. En plus des injures liturgiques et diascévastiques souffertes, le sens de ce texte manquant de ponctuation et dépourvu de toute accentuation, çà et là, est devenu obscur. Comment une phrase complète dont tous les mots et leurs formes, voire leurs relations syntaxiques, sont parfaitement connus peut-elle résister à notre compréhension ? Comme si la phrase avait du toupet ou nous disait : « Chiche ! » Lʼabstraction des réflexions entamées, lʼabsence de tout fil narratif ou conducteur et la poésie pure qui nous les transmet doivent en être les causes principales, mais il y a aussi l’usage extrêmement rare de prépositions ou dʼautres mots-outils, voire leur économie. Et, de toute évidence, la volonté didactique de l’auteur des Gāθā est nulle. L’homogénéité ou l’hétérogénéité qui peut leur être reconnue, à mon avis, ne sont pas à prendre pour le fruit de constats clairs et nets. Les paris de l’homogénéité et de l’hétérogénéité ne s’opposent pas vraiment : il s’agit bien plutôt de méthodes d’approches. Le texte, mémorisé, relu ou récité d’innombrables fois, référence obligatoire, objet de réflexions, point d’appui, pièce à l’appui, est tout à la fois forcément homogène et forcément hétérogène, soit pour l’être devenu, soit pour l’avoir été. La recherche dʼarguments en faveur de lʼhétérogénéité du texte me paraît être le préalable nécessaire ou indispensable à celle dʼarguments en faveur de son homogénéité. Le pari de lʼhétérogénéité conduit à relever toutes les solutions de continuité possibles ou avérées, tous les accrocs grammaticaux, toutes les anomalies logiques. À mes yeux, défendre dʼemblée son homogénéité, cela revient à brûler une étape essentielle de lʼinvestigation. Découper le texte et en recoller les morceaux, ce sont deux opérations complémentaires qui ont pour but la compréhension du texte. Et telle est la mission du philologue des Gāθā. Les arguments statistiques que d’aucuns veulent avancer dans l’idée de l’homogénéité des Gāθā ou dans celle de récurrences qui les structureraient n’ont aucune valeur : il n’y en a jamais que cinq dont deux faites d’une seule unité. Le survol des textes est un préalable que je ne pratique pas dans mes analyses. La vue d’ensemble, pour moi, doit toujours s’enraciner dans le détail. La chasse aux anomalies grammaticales est le meilleur outil de départ des analyses ; la collecte de faits

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INTRODUCTION

parallèles, le meilleur argument ; l’hypothèse inverse ou la recherche de contre-exemples, la plus sûre des expériences. La fixation écrite, récente et secondaire, reproduit une fixation orale qui fut opérée en plusieurs étapes parmi lesquelles trois sont imaginables : l’étape de la diascévase primitive des textes archaïques, celle de la diascévase liturgique et celle de l’uniformisation de la prononciation médiévale. La deuxième est datable : les inscriptions achéménides partagent leur obéissance à certaines règles diascévastiques dites scolaires avec les textes avestiques récents. Quant à elle, la première diascévase, celle d’une collection des textes archaïques bien avant l’intégration de certains d’entre eux au Yasna, dut établir un premier padapātha, le travail de défaire les vieux sandhi. La présence des Gāθā au cœur du Yasna reste à justifier puisque ce sont des textes de réflexions plutôt que des prières, des hymnes ou des louanges à lʼadresse du grand dieu Ahura Mazdā. Que font-elles donc là, et depuis quand ? Sur la base de lʼexamen des noms dʼintronisation quʼils en tirèrent, nous pouvons, sans trop de risque, avancer que les Achéménides connurent les Gāθā. En revanche, ils nʼutilisèrent sûrement pas de Yasna similaire à celui que nous connaissons : leur calendrier religieux recourait à un lexique distinct ; les mois, chez eux, ne portaient pas les mêmes noms que dans le Yasna. Chaque Gāθā est unique pour ce qui est de la prosodie employée. Il s’ensuit que chacune d’elles pourrait être issue du rassemblement de toutes les strophes présentant une même prosodie. La division de chacune des Gāθā en unités textuelles appelées hāiti-, imposée par leur intégration dans le Yasna, n’est pas originale. En effet, la hāiti est le produit d’une division de l’ensemble liturgique de base, le Yasna, obéissant assez souvent à des principes arithmologiques qui ne sont pas réservés au traitement des seules Gāθā. L’unité littéraire authentique des textes vieil-avestiques ainsi n’est-elle ni la Gāθā ni la hāiti. Elle est à trouver : seul l’examen approfondi de leur contenu peut nous permettre d’avoir quelque idée de leurs divisions primitives. 2. Quatre textes vieil-avestiques sur le mańiiu Nous nous penchons sur les textes vieil-avestiques pour nous proposer l’étude du mańiiu, l’un des fondements de la pensée zoroastrienne primitive ou protozoroastrienne. En effet, les Gāθā en sont, avec le Yasna Haptaŋhāiti, le seul témoignage arrivé jusques à nous. La collection de

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lʼAvesta archaïque conserve notamment quatre textes métriques concernant le mańiiu, la « conviction » que lʼorant se fait à propos du grand dieu et qui déterminera son attitude : ― ― ― ―

un ensemble de 4 strophes dans lʼAt.tā.vaxšiiā Hāiti (Y 30.3-6) ; un autre dans la Tā.və.uruuātā Hāiti (Y 31.7-10) ; pratiquement toute lʼUštauuaitī Hāiti (Y 43) ; la Spǝntā.maniiu Hāiti (Y 47) dans sa totalité.

Ces textes se caractérisent par la mention récurrente du mot maniiuou du verbe correspondant dans un refrain ou dans un même segment prosodique. Composite ou non, l’Uštauuaitī Hāiti (Y 43) est l’un des quatre principaux textes vieil-avestiques traitant du mańiiu avec les strophes 3-6 de l’At.tā.vaxšiiā Hāiti (Y 30), auxquelles nous avions collé l’étiquette de « dissertation sur le mańiiu », les strophes 7-10 de la Tā.və.uruuātā Hāiti (Y 31), où lʼemploi des octosyllabes souligne la présence dʼun mańiiu, et lʼintégralité de la Spəṇtā.mańiiu Hāiti (Y 47), qui énumère les qualités de Spəṇta Mańiiu, lʼallégorie du sentiment que le grand dieu, savant, nous sera dʼune aide des plus utiles. Au vu de lʼimportance du concept de mańiiu dans le zoroastrisme de la première heure, nous ne pouvons, pour sûr, faire lʼéconomie de lʼexamen des attestations de son homologue védique manyú-. Lʼimportance de la notion que le mot avestique maniiu- recouvre se déduit déjà du nombre de ses attestations, fort élévé et, de toute façon, proportionnellement plus élevé que celui de son correspondant védique manyú-, les dimensions du Veda étant nettement plus grandes que celles du corpus vieil-avestique. En effet, le grand nombre des attestations du mot maniiu- est une autre preuve de l’importance du concept ainsi nommé. Proportionnellement, si nous tenons compte de la différence de volume existant entre les deux collections, le nombre des occurrences du vieil-avestique maniiu(37 fois) est nettement supérieur à celui des occurrences du védique manyú- (88 fois dans RS) puisque le corpus des textes vieil-avestiques comprend 24 hāiti tandis que nous trouvons non moins de 1028 sūkta dans la Rgvedasaṁhitā (RS), la collection des strophes du Véda. En avestique récent, le mot entre généralement dans la désignation de lʼarchidémon Aŋhra Mańiiu ou dans la désignation annexe ou alternative, Spǝnta Mańiiu, du grand dieu Ahura Mazdā. Les exceptions sont rares.

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INTRODUCTION

Le mańiiu est, en effet, l’un des mots-clés du système de pensée des Gāθā au point d’avoir fourni le nom de deux entités cadres fondamentales de la mythologie avestique dont l’antagonisme définit le dualisme zoroastrien. Avec l’évolution, Spәnta Mańiiu « le sentiment que le grand dieu est savant », par hypallage, allait se confondre avec Ahura Mazdā « le Roi qui apporte la sagesse » et Aŋhra Mańiiu « le sentiment, la conviction quʼil est funeste », faire la figure de lʼarchidémon. C’est dire si l’analyse des quatre unités gâthiques en question ainsi que des autres attestations vieil-avestiques du mot maniiu- est de première importance dans notre abord de la mythologie zoroastrienne et de son histoire. La lecture des quatre textes traitant du mańiiu nous permettra de dégager toute une série de données mythologiques ou idéologiques de la pensée zoroastrienne primitive qui diffèrent de celles connues par la suite. Nous lui donnerons le nom de protozoroastrisme. Le mot a disparu du moyen perse puisque les livres pehlevis recourent à lʼavesticisme mynvd < maniiaōiia- (cf. gytyy < gaēθiia-). La pensée pure, celle qui est dépourvue de toute influence extérieure ou quʼaucun des cinq sens ne vient sustenter, qui a pour objet un objet encore absent ou impréhensible, qui en est réduite à lʼimaginer, à le prévoir, à le projeter, à lʼinventer, à anticiper sur sa connaissance ou à croire à son existence, tel est le mańiiu. 3. Mańiiu, une donnée fondamentale En Iran, Spǝnta Mańiiu est, disons, une hypostase du grand dieu qui a fini par se confondre avec lui. Dans la RS aussi, le grand dieu se voit à l’occasion dédoublé d’une hypostase du nom de Manyu, mais le manyu védique, pour le sens, divergerait de l’avestique. La divergence apparente pourrait trouver son origine dans les deux constructions du verbe correspondant, le divādi MAN  :: mányate, deux accusatifs ou un nominatif, « l’adorateur pense que tel dieu est le plus grand » et « tel dieu pense être le plus grand ». Cependant, nous ne pouvons pas toujours être sûrs du choix à opérer entre les deux puisque, bien souvent, la portée exacte de la strophe, qu’elle soit gâthique ou védique, nous échappe ou n’est guère assurée alors même que tous ses mots sont parfaitement connus, d’autant que le *maniú, tant en Inde qu’en Iran, est lʼoutil auquel recourt le grand dieu dans les actions menées en faveur de l’adorateur et contre les impies. Il convient donc de vérifier l’ampleur de la divergence en posant comme hypothèse gratuite de départ l’inverse de celle qui a été admise

INTRODUCTION

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jusqu’ici, à savoir que le dieu Manyu des deux Mānyava Sūkta6 ou de lʼAtharvavedasaṁhitā, au lieu de n’être jamais qu’un développement tardif, serait bel et bien hérité de la préhistoire proto-indo-iranienne si bien que l’absence de biographie ou de personnalité ne pourrait plus être avancée comme argument de la thèse qu’aucun dieu *Mani̯ú ne figurât au panthéon proto-indo-iranien. Jacques Duchesne-Guillemin7, dans le commentaire donné du témoignage dʼEudème de Rhodes8, a bien reconnu que Vaiiu était lʼespace (Τόπος), lʼune des deux figures mythiques avec Zruuan, le temps (Χρόνος), entre lesquelles certaines traditions hésitaient à lʼinstant dʼidentifier le géniteur des deux Mańiiu vus comme des jumeaux : Μάγοι δὲ καὶ πᾶν τὸ ἄριον γένος, ὡς καὶ τοῦτο γράφει ὁ Εὔδημος, οἱ μὲν Τόπον, οἱ δὲ Χρόνον καλοῦσιν τὸ νοητὸν ἅπαν καὶ ἡνωμένον, « Parmi les Mages et les autres Iraniens, écrit Eudème, certains donnent au tout intelligible et dʼun seul tenant le nom de Lieu, dʼautres lʼappellent Temps » ; ἐξ οὗ διακριθῆναι ἢ θεὸν ἀγαθὸν καὶ δαίμονα κακόν, ἢ φῶς καὶ σκότος πρὸ τούτων, ὡς ἐνίους λέγειν. « De ce (tout) sont issus par différenciation ou bien le dieu bon et le démon méchant, ou bien, selon certains, plutôt la lumière et lʼobscurité » ; Οὗτοι δὲ οὖν καὶ αὐτοὶ μετὰ τὴν ἀδιάκριτον φύσιν διακρινομένην ποιοῦσι τὴν διττὴν συστοιχίαν τῶν κρειττόνων, τῆς μὲν ἡγεῖσθαι τὸν Ὡρομάσδην, τῆς δὲ τὸν Ἀρειμάνιον. « Quoi quʼil en soit, les Iraniens eux aussi pensent que la nature, jusque-là indifférenciée, se différencie alors en deux séries dʼêtres supérieurs, conduites respectivement par Horomasdès et Areimanios »9.

La situation du Mańiiu par rapport aux dieux cadres Vaiiu et Zruuan démontre son statut de donnée clé du système : la conviction que les individus se forgent concernant le grand dieu Ahura Mazdā est à la source du signe positif ou négatif des actions quʼils développeront dans le temps et dans lʼespace :

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RS 10.83-84 = AS 4.32-31. DUCHESNE-GUILLEMIN, 1953, p. 121-2. 8 Philosophe grec du quatrième siècle avant lʼère commune, élève dʼAristote, cité ici par Damascius. 9 Voir DUCHESNE-GUILLEMIN, 1953, p. 120 ; ZAEHNER, 1955, p. 447 ; WESTERINK et COMBÈS, 2002, p. 165. 7

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INTRODUCTION

Τόπος ou Χρόνος (Vaiiu ou Zruuan) Ὡρομάσδης Ἀρειμάνιος (Spǝnta Mańiiu (Aŋhra Mańiiu) [= Ahura Mazdā]) Les Yazata

Les Daēuua

4. Le projet Avec le présent ouvrage, nous projetons de mettre en lumière tout ce qui peut être su du mańiiu protozoroastrien. Dans ce but, nous commencerons par lʼexamen des quatre textes vieil-avestiques qui en traitent. Après en avoir donné sèchement le texte et la traduction, nous examinerons les unités concernées in extenso (chapitres I-IV) dans lʼespoir de comprendre comment les passages qui parlent du mańiiu y ont été amenés ou intégrés. Ces quatre premiers chapitres seront accompagnés d’une annexe, un lexique dans lequel seront rejetées la plupart des discussions morphologiques ou étymologiques. La découpe des Gāθā en unités par la liturgie est un artifice qu’il a fallu négocier. Sur base des contenus, j’ai donc joint la dernière strophe de la Xšmaibiiā Hāiti (Y 29.11) à l’ensemble de l’At.tāuuaxšiiā Hāiti (Y 30) et la dernière de cette dernière (Y 30.11) à l’ensemble de la Tā.və.uruuātā Hāiti (Y 31). Le reste des attestations vieil-avestiques viendra étoffer ensuite, de façon exhaustive, la collecte des données protozoroastriennes concernant le mańiiu (chapitre V), mais, afin de compléter la lecture des textes archaïques, il conviendra de passer aussi en revue les attestations du mot védique avec lequel il coïncide étymologiquement (chapitre VI). La synthèse des données mythologiques concernant le mańiiu protozoroastrien aura déjà fait l’objet de la fin du cinquième chapitre. 5. La présentation des textes Les difficultés inhérentes aux textes vieil-avestiques m’ont conduit à en donner une présentation spéciale. Tout d’abord, le texte est donné avec toutes les indications utiles à la reconnaissance de sa métrique, en plaçant le compte syllabique entre parenthèses au terme de chaque hémistiche, en mettant en exposant les voyelles que j’ajoute ou en indice

INTRODUCTION

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celles que je soustrais et coiffant du tilde celles qui sont à considérer comme dissyllabiques. Les quelques corrections automatiques des textes concernent la distinction des phonèmes ŋ, ŋ et ŋv ; š, š et š ; lʼorthographe de la diphtongue aō ; lʼemploi de m̨ au lieu de hm en position médiale et celui de n devant ii. Dans le commentaire, afin de faciliter sa lecture et de déjouer les pièges de la prononciation liturgique médiévale, chaque pan de la traduction du texte est accompagné de sa reconstitution vieil-iranienne donnée entre crochets. Les spécialistes ainsi pourront-ils voir du premier coup d’œil l’analyse proposée des mots et des phrases. Le commentaire des quatre unités examinées dans les quatre premiers chapitres concerne surtout la syntaxe, la cohérence et la portée de leurs strophes, les questions de lexique et de morphologie, afin d’alléger la présentation, étant systématiquement rejetées dans le lexique donné en annexe aux quatre premiers chapitres. En plus de celles que Kellens et moi avions produites entre 1988 et 1991, il ne sera tenu compte que des dernières études et traductions de Humbach (en collaboration avec Faiss), 2010, de Kellens, 2015a, et de Lecoq, 2016. Je n’ai pas toujours tenu compte des parallèles que Schmitt, 1967, ou Schlerath, 1968, ont rassemblés, certains d’entre eux restant illusoires, abusifs ou peu utiles. La traduction, volontariste pour ce qui est de la sémantique, recourt à quelques nouveautés, notamment pour la désignation des grandes entités du panthéon et de leurs adversaires, qu’il y ait ou non personnification. Parmi celles-ci, plusieurs formeront la catégorie des Amәša Spәnta dans l’Avesta récent. Toutes sont signalées par l’usage de majuscules, y compris lorsqu’elles ne sont pas divinisées, à l’exception de l’énumération pensées + paroles + gestes. J’intègre ces nouveautés au tableau qui suit : Aša Vahišta Druj Vohu Manah Aka Manah Xšaθra Vairiia Aōjah Spәntā Ārmaiti Tarō.maiti Pairī.maiti Tušnā.maiti

Agencement excellent Erreur Penser bon Penser mauvais Envoûtement recommandé Ascendant Déférence savante Insolence Négligence Pensée silencieuse

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INTRODUCTION

Amәrәtatāt Hauruuatāt Utaiiūiti Tәuuīšī Spәnta Mańiiu Aŋhra Mańiiu Ahura Mazdā Aēšma Sraōša Aši Ātar Haōma Daēnā

Immortalité Intégrité, Exhaustivité Jeunesse nouvelle, Jouvence Bonne Forme, Tonicité Sentiment qu’il donne d’être savant Sentiment qu’il donne d’être funeste Roi qui apporte la sagesse Furieux Phrasé Dédicace, Fortune Feu Suc Doctrine

CHAPITRE I AT.TĀ.VAXŠIIĀ HĀITI (Y 30)

Le texte 1. zōt .·. at tā1 vaxšiiā išəṇtō (7) yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē (9) staōtācā {vaiiā} ˟ahurā (7) yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō (9) humązdrā +ašā.yecā (7) yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā (9) .·. 2. sraōtā gəušāiš vahištā (7) auuaēnatā sūcā manaŋhā (9) āuuarənā vīciθahiiā (7) narəm.narəm xvaxiiāi tanuiiē (9) parā mazə yaāŋhō (7) aāi [nə]2 sazdiiāi baōdaṇtō paitī (9) .·. 3. at tā maniiū pauruiiē (7) yā yəmā xvafənā asruuātəm (9) manahi[cā] vacahicā (7) šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā (8)3 ˟aiiāscā4 hudaāŋhō (7) ərəš vīšiiātā nō[it] duždaāŋhō (9) .·. 4. atcā hiiat tā həm maniiū (7) jasaētəm paōuruuīm 5 dazdē (9) gaēmcā ajiiāitīmcā (7) yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš (9)6 acištō drəguuatąm (7) at ašāunē vahištəm manō (9) .·.

1 La séquence at tā reproduit le padapātha puisquʼune dentale finale y est maintenue devant une dentale initiale. Les exemples semblables sont nombreux pour lesquels cette remarque ne sera pas répétée. 2 Lʼinterpolation [nə] devant sazdiiāi est due à lʼinfluence de Y 51.16c2 aθā nə sazdiiāi uštā. 3 Le seul autre second hémistiche de lʼAhunauuaitī Gāθā qui contienne vahiiō, Y 31.5a2 hiiat mōi ašā dātā vahiiō, ne compte lui aussi que huit syllabes, mais aucun déficit ne caractérise l’heptasyllabe Y 48.4a2 vahiiō mazdā ašiiascā. 4 Voir le lexique. 5 Restitution incertaine. Pour la métrique de jasaētәm, voir le commentaire. 6 Y 30.4b2 = Yt 1.26.2b.

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CHAPITRE I

5. aiiā mainiuuā varatā (7) yə drəguuā acištā vərəzaiiō (9) ašəm maniiuš spəništō (7) yə xraōždištəṇg asənō vastē (9) yaēcā xšnaōšən ahurəm (7) haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm (9) .·. 6. aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā (7) daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā (9) pərəsəmanəṇg upā.jasat (7) hiiat vərənātā acištəm manō (9) .·.7 at aēšəmə[m] həṇduuārəṇtā (7) yā bąnaiiən ahūm marətānō (9) .·. 7. aāicā xšaθrā jasat (7) manaŋhā vohū ašācā (8) at kəhrpəm utaiiūitiš (7) dadāt ārəmaitiš ąnmā (8) aēšąm tōi ā.aŋhat (7) yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō (8) .·.8 8. atcā yadā aēšąm (7) kaēnā jamaitī aēnaŋhąm (9) at mazdā taibiiō xšaθrəm (7) vohū manaŋhā vōiuuīdaitē (9) aēibiiō sastē ahurā (7) yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm (10)9 .·. 9. atcā tōi vaēm xiiāmā (7) yōi īm fərašəm kərənāun10 ahūm (9) mazdāscā ahurāŋhō (7) †ā.mōiiastrā baranā† ašācā (9) hiiat haθrā.manā bauuat (7) yaθrā (< yaθrā *u) cistiš aŋhat maēθā (9) .·.

Ponctuation avec GELDNER, 1886-96, vol. I p. 107. La raison de lʼoctosyllabisme des trois seconds hémistiches est inconnue. 9 L’excès de syllabes dans l’hémistiche a été justifié par la prononciation rapide de drujәm, sans doute motivée par un tabou, mais, curieusement, le phénomène n’est pas constant puisque, pour drujәm dans l’Ahunauuaitī Gāθā, nous ne trouvons cette prononciation rapide que trois fois (ici, Y 32.12c2 [?] et 33.4b2) sur quatre (Y 31.4c2 : voir chapitre II). De surcroît, elle n’est jamais pratiquée dans l’Uštauuaitī Gāθā (Y 44.13b1, 44.14b2). Il n’est nulle part fait usage de la prononciation rapide pour d’autres formes que l’accusatif singulier de druj-, à ceci près que des inconnues lexicales nous empêchent d’aborder la prosodie des hémistiches Y 53.6b1 et 53.6c1. Et nous devrions nous interroger sur la raison dʼune prononciation lente de lʼhémistiche Y 49.11b1 duždaēnəng (3) au lieu de rapide. 10 KELLENS et PIRART, 1988-91, p. 112, donnent +kǝrǝnaon. 7 8

Y 30

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10. adā zī auuā drūjō (7) [auuō.]buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā (9) at asištā yaōjaṇtē (7) ā hušitōiš vaŋhəuš manaŋhō (9) mazdaā ašaxiiācā (7) yōi zazəṇtī vaŋhāu srauuahī (9)11 .·. 11. hiiat tā uruuātā sašaθā (7) yā mazdā dadāt mašiiāŋhō (9) xuvīticā ənəitī (7) hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō (9) sauuacā ašauuabiiō (7)12 at aipī tāiš aŋhaitī uštā (9) ºoº 12. zōt u rāspī .·. 12.1. 13 ahiiā yāsā nәmaŋhā ustānazastō rafәδrahiiā maniiəuš mazdā paōuruuīm spәntahiiā ašā vīspəng šiiaōθanā vaŋhəuš xratū[m] manaŋhō yā xšnәuuīšā gəušcā uruuānәm º du bār º .·. 12.2. yaθā ahū vairiiō ... º cihār bār º .·.

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12.3. 15 ašәm vohū ... º si bār º .·. 12.4. at.tāuuaxšiiąm hāitīm yazamaide .·. 12.5. 16 yeŋhē hātąm ... ºoº ºoº

11 Cet hémistiche est la source dʼinspiration dʼun passage récent dont il existe trois recensions identiques : A 1.11.2 = Ny 5.12.2 = Y 62.6.2 zazә buiie V vaŋhāuca mižde V vaŋhāuca +srauuahi V urunaēca darәγe hauuaŋvhe ºoº « Puissé-je laisser en arrière (les impies) le jour où il sera question pour mon âme-moi de bénéficier longtemps de la bonne récompense, du bon verdict et de la bonne résidence ! » : voir PIRART, 2016a, p. 253 et 260-1. 12 L’hémistiche 11c1, auspicieux, est vénéré dans le Vīsp-rat : Vr 13.1.6 sauua ašauuabiiō yazamaide ušta amәšaēibiiō spәntaēibiiō yazamaide .·.. 13 Y 30.12.1 = Y 28.1, 28.12.1, 29.12.1, 31.23.1, 32.17.1, 33.15.1, 34.16.1. 14 Y 30.12.2 = Y 27.13, 28.12.2, 29.12.2, 31.23.2, 32.17.2, 33.15.2, 34.16.2. 15 Y 30.12.3 = Y 11.19.2, 27.14, 28.12.3, 29.12.3, 31.23.3, 32.17.3, 33.15.3, 34.16.3. 16 Y 30.12.5 = Y 27.15.3, 28.12.5, 29.12.5, 31.23.5, 32.17.5, 33.15.5, 34.16.6.

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CHAPITRE I

Traduction Y 29.11. Où sont lʼAgencement (excellent), le Penser bon et lʼEnvoûtement ? Vous, (Roi) qui apportes la sagesse, lorsquʼil sera question de (sa) Dédicace, reconnaissez-moi, car je sais mʼorienter, et accordez-moi le bénéfice (de cette célébration) : les rois applaudissent toujours à la générosité dont ceux qui vous accompagnent (= vos adorateurs) font preuve envers nous (qui officions). Y 30.1. Vous les Rois qui cherchez à venir, je vais alors dire ―le sage seul en a la compréhension― les hymnes (à chanter) et ceux à réciter, les (hymnes) que le Penser bon régit, à vous qui êtes bien intelligents et au (bon) Agencement, lui qui, beau avec les jours, me sert à (vous) réjouir. 2. Avant d’exaucer la prière des hommes, tenez compte/ servez-vous de l’excellent Penser pour écouter de vos oreilles et regarder de votre acuité les préférences résultant de (leur) discernement, vous qui les éveillez et, de la sorte, leur faites apparaître à chacun dʼeux la propre personne. *** 3. Deux Sentiments fondamentaux sont alors connus comme songes jumeaux lorsque l’on pense ou parle, (mais cʼest) lorsque l’on agit quʼils (se différencient clairement comme étant) le bon geste et le mauvais ; entre les deux, ceux à qui les offrandes sont bonnes à faire (= les dieux Adorables) font correctement la différence, non ceux à qui les offrandes sont mauvaises à faire (= les démons Hasardeux). 4. En effet, la rencontre des deux Sentiments est à l’origine de ce que, (dans lʼau-delà,) vive (l’un) tandis que (les autres) ne le pourront : la très mauvaise existence à la fin sera le lot des égarés tandis que l’excellence de la pensée (fera celui) du pieux (adorateur). 5. Celui des deux Sentiments que lʼErreur accompagne choisit de faire exécuter les plus mauvais gestes, (mais,) vêtu des pierres les plus dures (= vêtu de la voûte céleste), le Sentiment de la grande science du Roi qui apporte la sagesse (opte pour) le (bon) Agencement tout comme les (âmes-moi de ceux) qui, (de leur vivant,) auront satisfait (ce Roi) avec des gestes effectifs et empressés. 6. Entre les deux (Sentiments), aucun des (démons/ mauvais dieux) Hasardeux ne fait correctement la différence puisque l’égarement leur advient en pleine délibération : quand ils choisissent le pire Penser, le Furieux est leur perte, lui qui les pousse à plonger l’existence du mémorisateur dans la maladie. ***

Y 30

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7. Si (le Phrasé) va à la rencontre du (moi) avec lʼEnvoûtement, le Penser bon et le (bon) Agencement, la Jouvence lui offre alors la forme tandis que la Déférence (lui apporte) le souffle. Que le premier des (trois) (= lʼEnvoûtement ?) te soit présent (= soit à ta disposition), (Roi de la Sagesse,) pour que (tu viennes) avec le métal (en fusion des ordalies) ! 8. En effet, si la punition de tels crimes doit arriver, le Penser bon doit aider (Zaraθuštra) à expliquer comment t’envoûter, Roi qui apportes la sagesse, aux (adorateurs) qui livreront lʼErreur aux mains de lʼ(excellent) Agencement. 9. Puissions-nous donc t’appartenir ! *** Le Roi qui apporte la sagesse et dʼautres (Adorables) qui, avec ā.mōiiastrā baranā et avec le (bon) Agencement, rendront luxuriante/ parachèveront lʼexistence que voici, lorsque son penser sera concentré quant à savoir ce dont la compréhension restera encore hésitante, (...). *** 10. En effet, si (nous parvenons) à placer en bas le skәnda du spaiiaθra de lʼErreur, très rapides seront alors les (chevaux) attelés de (la Déférence) qui offre bonne habitation, (ceux) du Penser bon, (ceux) du (Roi) qui apporte la sagesse ou (ceux) du (bon) Agencement : ils (nous) permettront de semer (nos) concurrents dans la course pour le bon énoncé (= verdict). 11. [voir chapitre II]. Le plan de lʼunité La raison du relief accordé à Aša, le bon Agencement, dans la première strophe sans doute est-elle à rechercher dans le thème dont il sera traité, l’agencement des hymnes (staōta-) et des déclarations dʼengagement (āuuarǝnā). Ils devront prendre place avant les prières (Y 30.2c1) afin que les dieux puissent vérifier leur bon aloi ou la recevabilité des demandes qu’elles contiennent. Nous l’avons vu avec lʼAhiiāsā Hāiti17, leur recevabilité dépend du mańiiu ou du ciθra : non seulement de la conviction que l’adorateur se forge concernant la divinité, mais aussi de son signe positif ou négatif. Il s’ensuit que le poète qui avait traité de la 17

PIRART, 2017a.

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CHAPITRE I

prière et de la place de la vache dans le sacrifice examinera, avec les strophes Y 30.3-6, la conviction (maniiu-) qui sous-tend les prières adressées aux dieux et explique le rôle que le sacrifiant fait tenir à la vache. L’examen des personnes grammaticales en usage dans la troisième unité de l’ Ahunauuaitī Gāθā doit pourtant nous inviter à la prudence18. En effet, l’assez bonne homogénéité des deux unités précédentes, lʼAhiiāsā Hāiti et la Xšmaibiiā Hāiti, contraste avec l’impression de décousu que donne celle-ci, mais il est bien difficile d’en avancer une explication ou d’y justifier le manque de fil conducteur. Quoi qu’il faille penser de la versatilité grammaticale quʼelle présente, le plan de l’unité est apparemment celui-ci : ― les deux premières strophes (1-2), avec lesquelles le poète sʼadresse aux divinités, peuvent être rattachées à l’unité précédente. Il y est question notamment de lʼintelligence des hymnes adressés aux dieux au cours des rites. Le poète leur déclare ses intentions et brandit quelques arguments pour qu’ils écoutent les hymnes ; ― les dieux et les démons figurent à la troisième personne grammaticale dans les quatre strophes suivantes (3-6) qui constituent la « dissertation sur le mańiiu » ; ― plusieurs inconnues lexicales nous empêchent de préciser la portée du tr̥ca19 (7-9) avec lequel le poète s’adresse ensuite directement à Mazdā, mais il semble y être question de la Frašō.kǝrǝiti et de la fin du temps linéaire ; les deux dernières strophes (10-11), dans lesquelles les dieux sont nommés à la troisième personne grammaticale tandis que les mortels (mašiiāŋhō) sont interpellés, elles aussi, sont d’un abord malaisé. Certains indices tels que la mention de 18 La troisième hāiti (Y 30) de la première Gāθā fait un usage des personnes grammaticales radicalement distinct de celui que nous avons observé dans les deux précédentes (PIRART, 2017a et 2018). Ahura Mazdā apparaît ici à la troisième personne grammaticale (1b1 ahurāi, 5c1-2 ahurǝm ... mazdąm, 9b1 mazdāscā ahurāŋhō, 10c1 mazdā, 11a2 mazdā) sauf aux septième, huitième et neuvième strophes (7c1 tōi, 8b1 mazdā taibiiō, 8c1 ahurā, 9a1 tōi). Le datif ahurāi est chocant avec la deuxième personne du pluriel que nous rencontrons dans les deux premières strophes (1a1 išǝntō vocatif, 1b1 , 1c1 humązdrā, 2a1 sraōtā, 2a2 [a]uuaēnatā, 2c2 baōdantō paiti) si nous devons identifier ici les dieux. Nous serons donc conduits à corriger ahurāi en ˟ahurā. Nous trouvons aussi la 2e pers. plur. dans la dernière strophe (11a1 sašaθā, 11a2 mašiiāŋhō vocatif), mais, là-bas, il ne sʼagit clairement pas des dieux. Quant à elle, la première personne apparaît, au sing., dans la première strophe (1a1 vaxšiiā, 1c2 uruuāzā) et, au plur., dans la neuvième (9a1 vaēm xiiāmā). 19 Comme la langue française ne dispose pas dʼun mot signifiant « ensemble de trois strophes », je me sers par commodité de ce terme sanscrit.

Y 30

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chevaux attelés font penser quʼil y est question de la course dans laquelle lʼâme-moi du défunt se lance en char pour gagner lʼau-delà. Nous devons probablement joindre les deux dernières strophes du Y 30 au début de lʼunité Y 31. Elles ne sont pas adressées aux dieux puisque le poète nomme ceux-ci à la troisième personne grammaticale (Y 30.10b2-c1 hušitōiš vaŋhəuš manaŋhō mazdā ašaxiiācā  ; 30.11a2 mazdā) et que la deuxième personne présente dans la dernière comme dans les deux premières de lʼunité suivante vise plutôt les hommes. Il faut en outre souligner que le trca formé de la dernière strophe du Y 30 et des deux premières du Y 31 constitue un discours sur les uruuata. Nous examinerons donc la dernière strophe du Y 30 avec l’ensemble du Y 31. Lʼunité donne ainsi lʼimpression dʼêtre le collage de trois parties que jʼintitule respectivement comme suit : ― I. Autour des hymnes (Y 29.11-30.2) ; ― II. La conviction (Y 30.3-6) ; ― III. La fin du monde (Y 30.7-10). Réunion sans doute secondaire de groupes de strophes de thématiques diverses, lʼAt.tā.vaxšiiā Hāiti contient pourtant quelques données de première importance pour notre connaissance et notre compréhension des rouages de la pensée ritualiste mazdéenne la plus ancienne20. Nous y apprenons ainsi lʼexistence dʼune réflexion concernant lʼagencement dʼhymnes qui devaient être successivement récités et chantés à la gloire des dieux ; la raison pour laquelle la conviction que lʼorant sʼest forgée à propos des dieux doit être vue comme déterminante dans le succès du sacrifice ; la présence des dieux dans le rôle que, pour lʼAvesta récent ou les livres pehlevis, les trois Saōšiiant issus de Zaraθuštra tiennent au terme du temps linéaire ; la survie de la vieille métaphore de la course de chars dans la description de lʼaccès à lʼau-delà. Lʼétat de la pensée mazdéenne dont lʼAt.tā.vaxšiiā Hāiti témoigne diverge au moins sur deux points des conceptions connues par lʼAvesta récent ou les livres pehlevis : dans la hāiti, les dieux eux-mêmes font figures de frašō.carǝtar « chargés du Parachèvement du monde » à la 20 La raison du collage de ces groupes de strophes est à rechercher dans la volonté hendécatropiste de la diascévase qui est arrivée à placer le mot uštā au terme absolu de la hāiti. Rappelons-le, chaque Gāθā n’est jamais que l’accumulation artificielle ou secondaire d’une série de strophes obéissant à une même prosodie exclusive tandis que la hāiti est une division du Yasna qui affecte aussi les Gāθā dès lors qu’elles y ont été intégrées.

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CHAPITRE I

place des Saōšiiant, et les âmes-moi des défunts, en vue du paradis, se lancent dans une course de chars. Nous enregistrons donc des différences ou des nuances entre le protozoroastrisme vieil-avestique et le zoroastrisme avestique récent ou pehlevi. Le titre de lʼunité Le titre, at.tā.vaxšiia21 hāitiš « Unité Alors-les-dirai », n’est jamais donné dans les manuscrits liturgiques. Pour le connaître, il convient de se tourner vers les manuscrits exégétiques ou de consulter, au terme de l’unité, le texte du sacrifice offert à son allégorie (Y 30.12.4). Le titre est formé à partir de lʼincipit du texte comme dans le cas de la plupart des autres hāiti. Parmi les graphies attestées du titre pehlevi de la troisième unité, la plus complexe nous est offerte par le manuscrit MR du neuvième livre du Dēnkard22 concernant le compte rendu du sixième chapitre du Stut-gar Nask ; elle reflète lʼavestique jusque dans le détail23 : ʼt|tʼvhšyyʼ

Les incipits ne coïncident avec un premier hémistiche heptasyllabique que pour Y 27.13a1 et Y 54.1a1, mais, notons-le, c’est en biffant un invariable initial (yaθā ; ā). Pour la formation du titre, la plupart des hémistiches heptasyllabiques sont amputés dʼun mot. Il y a coïncidence lorsque le premier hémistiche est tétrasyllabique à lʼexception de Y 43.1a1 : Références Hémistiches

Titres

Y 27.13a1 Y 28.1a1 Y 29.1a1

ahuna- vairiia- masc. ahiiāsā- hāiti- fém. xšmaibiiā- hāitixšmāuuaiia.gəuš.uruuā- hāitiat.tā.vaxšiiā- hāititā.və.uruuātā- hāitixvaētumaitī- hāitiyaθāišiθā- hāiti-

Y 30.1a1 Y 31.1a1 Y 32.1a1 Y 33.1a1

ahū vairiiō (7) ahiiā yāsā (7) xšmaibiiā (7) xšmaibiiā gəuš uruuā (7) at.tā.vaxšiiā (7) tā.və.uruuātā (7) xvaētuš (7) yaθā āiš iθā (7)

21 Ou at.tāuuaxšiia. Cet incipit du premier hémistiche de lʼunité figure dans le N 32.11 : KOTWAL et KREYENBROEK, 1991-2009, vol. III p. 147. 22 DRESDEN, 1966. 23 Voir PIRART, 2018, p. 48.

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Y 30

Y 34.1a1 Y 43.1a1 Y 44.1a1 Y 45.1a1 Y 46.1a1 Y 47.1a1 Y 48.1a1 Y 49.1a1 Y 50.1a1 Y 51.1a1 Y 53.1a1 Y 54.1a1

yā šiiaōθanā (7) uštā (4) tat θβā pǝrǝsā (4) at frauuaxšiiā (4) kąm nǝmōi ząm (4) spǝntā maniiū (4) yezī adāiš (4) at mā yauuā (4) kat mōi uruuā (4) vohū xšaθrǝm (7) vahištā īštiš (7) airiiəmā išiiō (7)

yā.šiiaōθanā- hāitiuštauuaitī- hāititat.θβā.pǝrǝsā- hāitiat.frauuaxšiiā- hāitikamnamaēzā- hāitispǝntāmaniiu- hāitiyeziδā- hāitiat.māiiauuā- hāitikat.mōi.uruuā- hāitivohuxšaθrā- hāitivahištōišti- hāiti- fém. airiiaman- išiia- masc.

Toutes les unités vieil-avestiques sont considérées comme des déesses aux exceptions de l’Ahuna Vairiia, du Yasna Haptaŋhāiti et de l’Airiiaman Išiia qui sont de genre masculin. Commentaire Première partie. Autour des hymnes (Y 29.11-30.2) Le poète avait déjà repris la parole avec la dernière strophe de l’unité précédente (Y 29.11). La division en unités (hāiti) sʼavère être malencontreuse pour avoir séparé la strophe Y 29.11 des deux premières de lʼAt.tā.vaxšiiā Hāiti. En effet, la question liminaire de Y 29.11, kudā ašәm « Où est l’agencement ? », qui mettait en évidence la notion pii. de *rtá (aša-), certes sans qu’aucune personnification ne lui soit accordée, paraît relayée par la strophe qui ouvre la nouvelle unité et dans laquelle le dieu Aša retient toute l’attention du poète. Tout comme il l’avait fait à l’ouverture des deux unités précédentes, le poète s’adresse à nouveau à l’ensemble des dieux, mais, cette fois-ci, parmi eux, ne nomme quʼAša. La strophe Y 30.1 apparaît comme étant le second volet du discours qui, dans la strophe Y 29.11, suit la question kudā ašәm vohucā manō xšaθrәmcā24. Les deux volets ainsi sont-ils solidarisés au moyen de la particule at qui les ouvre chacun. Soulignons alors deux opportunités : le pronom yūžəm de l’hémistiche Y 29.11b1 du premier volet trouve un 24

PIRART, 2018, p. 92.

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CHAPITRE I

relai dans le vocatif išәntō du second et lui sert d’ancrage ; la première personne du singulier des verbes vaxšiiā et uruuāzā de la strophe Y 30.1 offre un écho au pronom mā de l’hémistiche Y 29.11a2. Y 29.11 kudā ašǝm vohucā (7) manō xšaθrǝmcā at mā [m]ašā (9) yūžəm mazdā *frāxšnǝnǝm (7) mazōi magāi.ā paitī.zānatā (9) ahurā †nū.nā.auuarə† (7) əā.rātōiš yūšmāuuatąm (9) ºoº Où sont lʼAgencement (excellent), le Penser bon et lʼEnvoûtement [kuda rtam vahu ca manah xšaθram ca] ? Vous, (Roi) qui apportes la sagesse, lorsquʼil sera question de (sa) Dédicace [at... ārtā yužam mazdā], reconnaissez-moi, car je sais mʼorienter, et accordez-moi le bénéfice (de cette célébration) [mā... fra-xšninam mazai magāya patizānta] : les rois applaudissent toujours à la générosité dont ceux qui vous accompagnent (= vos adorateurs) font preuve envers nous (qui officions) [ahurā *ā-nunuʼar ahmā-rātaiš yušmavataʼam]25. Le trca que la dernière strophe de lʼunité précédente forme probablement avec les deux premières du Y 30 ne constitue en rien un dialogue puisque la question initiale, posée de façon purement oratoire, est à mettre dans la bouche de celui qui prononce les phrases qui suivent. La question « Où sont Aša, Vohu Manah et Xšaθra ? »26 équivaut à un titre. Le poète s’interroge, manifeste sa volonté de savoir en quoi consiste le rite. Pour avoir la prétention de connaître la réponse comme dans le but quʼils valident ses connaissances en la matière, il demande aux dieux de bien vouloir le reconnaître comme blanc de leur générosité. Il leur déclare son intention (vaxšiiā) de leur adresser alors les hymnes qu’il convient et de le faire dûment de jour. Dès lors, il leur demande dʼen écouter le texte et de tenir compte de la frauuaši (āuuarәnah-) des adorateurs avant même qu’ils aient formulé leurs prières (yāh-). Le genre littéraire rituel du trca formé de la dernière strophe de l’unité précédente (Y 29.11) et des deux premières de l’At.tā.vaxšiiā Hāiti (Y 30.1-2) est mal définissable, mais le verbe vaxšiiā pourrait parfaitement en être le liṅga, le verbe clé. Il s’agirait d’une déclaration d’inten-

Légère modification de la trad. PIRART, 2018, p. 56. Ces trois Amәša Spәnta sont nommés dans l’ordre archaïque avec Aša à la première place: PIRART, 2007a, p. 46 n. 51. Le poète expérimentera l’ordre inverse à la strophe Y 30.7. 25 26

Y 30

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tion. Le constat des parallélismes que les strophes Y 30.1-2 tracent avec le Y 45.1 nous permet d’avancer que vaxšiiā 27 signifie frauuaxšiiā 28 et que le genre littéraire rituel illustré avec le trca qui nous occupe, mais surtout avec les strophes Y 45.1-6, porte le nom de frauuāka- « fairepart, annonce »29. Ce genre dut avoir son importance pour que le nom de l’un des premiers hommes y fasse allusion : le petit-fils du premier couple humain se nommait *Frauuāka « auteur dʼun frauuāka »30. Cependant, la fonction de la séquence rituelle appelée frauuāka- « déclaration d’intention » ne doit guère différer de celle de l’engagement que le sacrifiant prend au début de la cérémonie, la fraōrǝiti ou frauuaši nommée ici āuuarәnah. Y 30.1 zōt .·. at tā vaxšiiā išəṇtō (7) yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē (9) staōtācā {vaiiā} ˟ahurā (7) yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō (9) humązdrā +ašā.yecā (7) yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā (9) .·. Vous les Rois qui cherchez à venir [īšantah... ahurā], je vais alors dire ―le sage seul en a la compréhension― les hymnes [at tā vaxšyā yā mazdaθā yat cit vidušai stautā ca ] (à chanter) et ceux à réciter [{vahmi’ā} yasni’ā ca], les (hymnes) que le Penser bon [vahauš manahah] régit, à vous qui êtes bien intelligents et au (bon) Agencement [humanzdrā rtāya ca], lui qui, beau avec les jours, me sert à (vous) réjouir [yā raucah-biš darsatā vrāzā]. Le poète, en sʼadressant à eux, nʼhésite pas à placer lʼun des dieux sur le pavois, Aša (Rta), dans la mesure où ce dernier nʼest autre que le propre culte qui leur est rendu31 et dont tous dépendent donc.

27

Y 30.1, 46.15, 51.8. Y 44.6, 45.1-6. 29 H 1.1, Vr 15.2,3, Y 19.14,20, Yt 1.28, 14.28, 16.3. Le mot védique *pravāka- n’est pas attesté. 30 Le père du fondateur de la dynastie mède selon Hérodote se nommait Φραόρτης, un nom qui s’explique par le vieil-iranien *fraurti- « auteur d’une déclaration d’engagement ». 31 Nous pouvons voir clairement, grâce à lʼopposition entre les hémistiches Y 30.5a2 et 5b1, que aša- est le nom du culte rendu aux dieux. 28

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CHAPITRE I

1a. at tā vaxšiiā32 išəṇtō V yā mazdāθā33 hiiatcīt vīdušē « Vous qui cherchez à venir, je dirai alors les (hymnes) qui ne peuvent être compris que du sage ». Selon Kellens et Pirart34, la particule at « alors » annoncerait le parallélisme que cette strophe trace avec la troisième. La distance existant entre les deux strophes n’est guère favorable à cette idée, mais il est inusuel de trouver la particule at au début d’un texte. Certes la particule marque presque toutes les strophes de la section, mais il est sans doute préférable de considérer que la division est artificielle entre les deux unités Y 29 et Y 30. Nous en avons déjà traité ci-dessus à propos du plan de lʼunité. Par sa position, le vocatif išəṇtō clôture la prodose, mais le manque d’ancrage syntaxique de ce vocatif pose problème. Son statut de vocatif ne fait guère de doute dès lors que nous tenons compte de la strophe suivante : « Je vais dire ... Écoutez ... ». Pour la détermination des personnages invoqués de la sorte, le signe négatif de ceux que l’autre occurrence du participe išǝntō désigne, dans le vers Y 47.6d35, ne doit avoir aucune importance. Le parallélisme que les hémistiches 1a1 at tā vaxšiiā išǝntō et 2a1 sraōtā gəušāiš vahištā présentent avec Y 45.1a2-b2 le démontre clairement dʼailleurs : nū gūšō.dūm nū sraōtā (7) yaēcā asnāt (4) yaēcā dūrāt išaθā (7) « Prêtez donc lʼoreille ! Écoutez donc, vous qui désirez venir, que ce soit des environs ou du lointain ! »

Le vocatif išǝntō est dépourvu dʼancrage chez Humbach et Faiss36, mais aussi chez Kellens37. En revanche, Lecoq38 fait de mazdāθā un verbe conjugué à la deuxième personne du pluriel, contre toute vraisemblance grammaticale : « Or je dirai, vous qui venez, les choses que vous annoncerez même à qui les sait : | Les louanges pour Ahura et les paroles de vénération de Vohu Manah, | Et pour Aša, les choses sages, radieuses, perceptibles dans les lumières ». Humbach et Faiss39, suivis par Lecoq40, 32 Lʼindic. fut. en -hiia- de première personne a la valeur dʼune déclaration dʼintention immédiate : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 65. 33 Il ne peut sʼagir dʼune forme conjuguée puisque le verbe məng+√ dā ne se conjugue quʼà la voix moyenne. 34 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 113. 35 hā zī pōurūš (4) išəntō vāurāitē (7) .·. « La (déférence) arrive donc à repousser ceux qui, en grand nombre, cherchent à (y) parvenir » (trad. PIRART, 2017a, p. 165). 36 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 80. 37 KELLENS, 2015a, p. 28. 38 LECOQ, 2016, p. 727. 39 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 80. 40 LECOQ, 2016, p. 727.

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effacent du participe išǝntō le sens désidératif pour une raison inconnue : « Such (things) I wish to proclaim, O you who are approaching, that are noteworthy even to Him, the Knowing/Initiated One, | praises for (Him,) the Lord, and sacrificial (words) of good thought, | and (for those) attentive with truth (I wish to proclaim) the grace visible through the lights ». Pour Humbach et Faiss41 comme pour Kellens ou moi42, mazdāθā est un adjectif accordé avec tā ... yā. L’antécédent, intégré, du pronom relatif yā qui ouvre la première apotase, une nominale, est à trouver au début de l’hémistiche suivant : c’est staōtāº. Il y a corrélation avec le démonstratif tā figurant dans le premier hémistiche. L’attribut du sujet yā est mazdāθā « compréhensibles », le nominatif neutre pluriel de lʼadjectif verbal en -aθa- tiré du verbe məng+√ dā43. Cet adjectif verbal est accompagné d’un complément dʼagent vīdušē, lequel est conditionné par le conglomérat hiiatcīt « seulement »44. Ceci tient donc du chantage, voire de la pique : les dieux, asticotés de la sorte, devraient sʼempresser de comprendre les hymnes qui leur sont adressés. Lʼauteur du vers parallèle Y 45.1c a préféré le ton impératif à celui du défi : nū īm vīspā (4) ciθrə zī mazdāŋhō.dūm (7) « vous tous, prêtez donc attention à cet (hymne), car il est de signe (positif) ! »

1b. staōtācā {vaiiā} ˟ahurā V yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō « (Je vous dirai), à les Rois, les hymnes du Penser bon, ceux (à chanter) et ceux à réciter ». Ce vers précise les objets de vaxšiiā. Les hymnes (staōta-) dont il est question sont aussi bien ceux que lʼon récite pour offrir le sacrifice aux Yazata que ceux chantés pour leur éloge. Les deux adjectifs dʼobligation en -iia-, yesniia- et vaiia-, dans lʼAvesta récent, qualifient les dieux. La bizarrerie de lʼellipse de vaiia- est à relever45. Comme une altération du texte nʼest pas à exclure, je propose à tout hasard **staōtācā vaiiā. Les diascévastes pourraient bien être responsables de cette altération : en donnant ahurāi à la place de HUMBACH et FAISS, 2010, p. 80. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 285 ; KELLENS, 2015a, p. 28. 43 Voir le lexique. 44 La conjonction de subordination hiiat est employée ici en combinaison avec la particule emphatique ºcīt dans le but de souligner le complément dʼagent vīdušē que régit lʼadj. verbal mazdāθā : « compréhensibles uniquement si leur auditeur est un sage ». Pour un cas assez semblable dʼusage de hiiat avec un substantif isolé, voir Y 31.14c2. 45 À la rigueur, la bizarrerie de l’ellipse de vaiiā est levée si, sur base des pratiques védiques, nous estimons que l’éloge, en l’absence de toute indication explicite, implique le chant. 41

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vaiiā, ils auraient voulu résoudre lʼellipse du premier terme dans une primitive coordination de type Bºcā : ahurāi... ašā.yecā. Lʼincongruïté dʼahurāi46, mal admissible en combinaison avec la deuxième personne, du fait même de coïncider avec une irrégularité métrique47, nous invite en effet à considérer que sa présence est secondaire : son introduction doit avoir été motivée par lʼapparente présence de mazdā dans mazdāθā. Nous devons aussi restaurer un pronom de la deuxième personne du pluriel offrant lʼancrage attendu aux vocatifs išǝntō... humązdrā et le coordonner avec ašā.yecā comme objet indirect de vaxšiiā : staōtācā [ahurāi] yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō humązdrā ašā.yecā yā.... Pareille restauration, faut-il souligner, satisfait la métrique. La disparition du pronom enclitique est très probablement due à une analyse du diascévaste : celui-ci, jugeant trop tardive son apparition dans la phrase, lʼavait biffé48. Nous pourrions aussi corriger ahurāi en ˟ahurā et justifier lʼaltération par lʼinfluence de lʼinitiale du mot suivant yesniiācā. Dans cette alternative, il serait certes envisageable dʼadmettre une coordination elliptique, mais elle manquerait de clarté : staōtācā ˟ahurā yesniiācā... ašā. yecā « et les hymnes (que nous devons vous entonner) et ceux que nous devons vous réciter, à vous, roi, et à Aša ». Avec le génitif vaŋhəuš manaŋhō, il nous est précisé que les hymnes sont ceux que la bonne doctrine recommande dʼentonner ou de réciter ―ils relèvent de la pensée bonne―, mais aussi que la pensée bonne, pour les avoir mémorisés, les véhicule ―ils font sa matière―. 1c. humązdrā +ašā.yecā49 V yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā50 .·. « (À vous, Rois) très intelligents, et au (bon) Agencement qui, beau avec les jours, me sert à (vous) réjouir ». La suite de la prodose, ouverte 46 Les trésors dʼargutie que KELLENS, 1994, p. 59-60 et 89 n. 2, amoncelle concernant la difficulté de combiner le voc. plur. avec la coordination ahurāi... ašā.yecā, à cet égard, me paraissent éloquents. 47 Sur la métrique dʼahura- en premier hémistiche heptasyllabique, PIRART, 2017a, p. 163 n. 45. 48 PIRART, 2017a, p. 147-8 n. 6. 49 GELDNER, 1886-96, donne ašā yecā en deux mots. ||| LECOQ, 2016, p. 727, interprète fort bizarrement lʼemploi des ºcā : « les choses que vous annoncerez même à qui les sait : | Les louanges pour Ahura et les paroles de vénération de Vohu Manah, | Et pour Aša, les choses sages, radieuses, perceptibles dans les lumières ». HUMBACH et FAISS, 2010, p. 80, vont jusquʼà ignorer la lecture +ašā.yecā en un mot que HOFFMANN, 1975, avait proposée et préfèrent corriger yecā en ˟yaēcā : « and (for those) attentive with truth (I wish to proclaim) the grace visible through the lights ». 50 Indic. prés. de première personne pour lʼexpression de la coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 71, 73).

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avec le vocatif (pluriel) humązdrā, précise aussi le second objet indirect de vaxšiiā : +ašā.yeº est coordonné à . Le vocatif išǝntō est prolongé ou repris avec humązdrā chez Kellens51, tandis que Humbach et Faiss52 accordent bizarrement humązdrā avec ˟yaēcā, mais le complément exprimé au datif que nous attendons dans la rection de vaxšiiā, ahurāi... ˟yaēcā chez Humbach et Faiss53, ahurāi... + ašā.yecā chez Kellens54, ne peut, malgré Humbach et Faiss55, représenter les mêmes êtres que ceux qui sont interpellés au vocatif, mais ni Lecoq56 ni Kellens57 ne sʼexpliquent sur ce point. La coordination n’est pas exactement du type vāyav índraś ca si nous devons considérer que la mention dʼAša arbore la troisième personne grammaticale. Cependant, le dédoublement fréquent auquel nous assistons entre appellatif et théonyme ne permet aucune certitude. Comme les vocatifs išǝntō... humązdrā, pour moi, doivent se référer aux mêmes personnes que lʼensemble datif ahurāi... +ašā.yecā, que lʼemploi dʼun vocatif sans ancrage nʼest guère envisageable et quʼune syllabe manque dans lʼhémistiche 1b1, je restaure derrière staōtācā et, pour autant que sa présence soit authentique, corrige ahurāi en ˟ahurā pour en faire le premier terme dʼune coordination du type védique vāyav índraś ca avec + ašā.yecā. Le vocatif humązdrā fait bien évidemment écho à lʼadjectif verbal mazdāθā de lʼhémistiche 1a2 : les hymnes ne peuvent être compris que des sages, mais vous êtes intelligents. L’antécédent du pronom relatif yā qui ouvre la seconde apotase est à reconnaître dans le second objet indirect +ašā.yecā de vaxšiiā. En effet, le Yasna Haptaŋhāiti plaide en faveur de +ašā.yecā pour lʼantécédent de yā58 : Y 37.4 ašəm at vahištəm yazamaidē (6+4) hiiat sraēštəm hiiat spəntəm aməšəm (4+6) hiiat raōcōŋhuuat hiiat vīspā.vohū (4+5).

Le caractère diurne dʼAša est à souligner : il nous invite à faire d’ašaune désignation de la cérémonie sacrificielle. Et le caractère diurne, ensoleillé, fait de la cérémonie lʼesquisse ou la maquette de lʼexistence paradisiaque : 51 52 53 54 55 56 57 58

KELLENS, 2015a, p. 28. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 80. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 80. KELLENS, 2015a, p. 28. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 170. LECOQ, 2016, p. 727. KELLENS, 2015a, p. 28. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 45.

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Y 16.7 xuvanuuaitīš ašahe vǝrǝzō yazamaide (9+4) yāhu iristanąm uruuąnō + š[ā]iieinti (8+2) ˟yāhu ašāunąm frauuašaiiō (9) .·. vahištǝm ahūm ašaōnąm yazamaide (8+4) raōcaŋhǝm vīspō.xuvāθrǝm (8) .·. « Nous offrons le sacrifice aux plaisirs ensoleillés du (bon) Agencement où habitent les âmes-moi et les préférences des pieux défunts. Nous offrons le sacrifice à lʼexcellente existence purement diurne et bienheureuse de chacun des pieux (adorateurs) »59.

Soulignons encore, dans ce dernier passage, la présence du nom-racine varǝz- (= védique ūrj-) « la joie, le plaisir » avec lequel il est offert un écho au verbe uruuāzā « je réjouis » qui referme lʼhémistiche gâthique. Il faut aussi tenir compte de la possible idée dʼobligation que comportent les adjectifs du type de darǝsata- : la cérémonie sacrificielle dont Aša constitue lʼensemble parfaitement articulé est à célébrer de jour. Lʼobligation du culte diurne va de pair avec le souhait de voir Aša, le souhait que, dans lʼau-delà, nos âmes aient le plaisir de rejoindre la traduction que pareille célébration doit y avoir : Y 60.11-12 yaθa nō †āŋhąm šiiātō manā (9) vaštō uruuąnō (5) xuvāθrauuaitīš tanuuō (8) +hǝntō †vahištō aŋhuš (7) ākāscōït ˟ahūire mazdāi˟ jasǝntąm (9+3) .·. aša vahišta [aša] sraēšta (8) darǝsāma θβā (4) pairī θβā jamiiama † hamǝm θβā haxma†60 (?) .·. « (Lʼespoir) que, pour gagner l’Existence excellente, nos pensées soient tranquilles ; nos âmes-moi, transportées ; nos personnes, bienheureuses, à se rendre individuellement en présence du Roi qui apporte la sagesse61. Excellent et très bel Agencement, puissions-nous te voir ! Puissions-nous vous servir, toi et ta suite ! »

Le grand dieu le lui avait d’ailleurs spécifié, Zaraθuštra devra prendre soin d’agir au soleil pour remplir nombre de charges sacerdotales lors du culte rendu : Yt 3.1 mraōt ahurō mazdā (6) spitamāi zaraθuštrāi (7) āat yat aša vahišta fradaiθīša (7+4) spitama zaraθuštra (7) ††staōtarәca zaōtarәca zbātarәca mąθranaca yaštarәca āfrītarәca aibijarәtarәca†† (?)†vaŋhāna62 xšaēta raōcā (7) uv x anuuaitīšca vәrәzō (7) aākәm yasnāica vaāica (9) yat amәšanąm spәntanąm (8) .·. « Ahura Mazdā dit à Zaraθuštra descendant de Spitāma : Alors, (de façon) que tu puisses, ô Zaraθuštra descendant de Spitāma, te

Voir PIRART, 2012a, p. 50. KELLENS, 2006-13, vol. IV p. 132, parle dʼune salade verbale. Pour son traitement, nous devons tenir compte de la strophe Y 28.5 et du paragraphe Y 40.2. 61 Voir PIRART, 2012a, p. 60-1. 62 Les obèles signalent un ensemble de formes nues employées en lieu et place de loc. nt. sing. Nous ne pouvons y voir une série de vocatifs puisque ºca serait alors impossible. 59 60

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mettre, avec (= en récitant) l’excellent Aša (= Y 27.14)63, dans la peau tour à tour du laudateur, du libateur, de l’invocateur, du dépositaire des conseils (de la bonne Doctrine), du consécrateur, du propitiateur ou du glorificateur, vêtu des jours splendides et des plaisirs ensoleillés, en vue du sacrifice offert et du chant adressé aux Amǝša Spǝnta que nous sommes »64.

La séquence +ašā.yecā yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā 65 renferme donc un phénomène exceptionnel et remarquable : alors même quʼil accède au statut de théonyme dans la proposition principale, le mot aša-, antécédent du pronom relatif, retrouve son statut dʼappellatif au sein de la subordonnée relative. Le dédoublement ainsi est-il manifeste. La strophe a beau avoir clairement attiré l’attention des diascévastes et leur avoir inspiré le nom des deux premiers Friiāna, il semble que sa place soit bien originale et non le fruit d’un artifice. Y 30.2 sraōtā gəušāiš vahištā (7) auuaēnatā sūcā manaŋhā (9) āuuarənā vīciθahiiā (7) narəm.narəm xvaxiiāi tanuiiē (9) parā mazə yaāŋhō (7) aāi [nə] sazdiiāi baōdaṇtō paitī (9) .·. Avant d’exaucer la prière (des hommes) [parā mazah yaʼahah], tenez compte de l’excellent Penser [vahištā... manahā] pour écouter de vos oreilles et regarder de votre acuité [srauta gaušāiš... ā-vainata sucā] les préférences résultant de (leur) discernement [ā-varnāh vi-ciθahya], vous qui les éveillez et, de la sorte, leur faites apparaître à chacun dʼeux la propre personne [naram-naram hvahyāi tanuʼai... ahmāi sazdyāi baudantah pati]. 2a. sraōtā 66 gəušāiš vahištā V auuaēnatā67 sūcā 68 manaŋhā « Tenez compte/ Servez-vous de l’excellent Penser pour écouter de vos oreilles et regarder de votre acuité ». Avec cette strophe, pour leur 63 Ou : en prenant place dans le cours du rite dans la mesure où celui-ci, en définitive, se nomme aša. 64 Voir PIRART, 2003, p. 105-9. Ceci correspond curieusement à lʼusage tardif dʼun seul et même individu assumant plusieurs fonctions sacerdotales successives. 65 Sur les relations que le vers 1c entretiendra avec le nom de lʼun des premiers Friiāna, voir le commentaire des vers Y 43.1ab. 66 Sur lʼemploi de cet impératif aoriste, voir KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 93. 67 Sur cet impér. prés., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 93, 97. 68 Instr. sing. du nom-racine suc- : HUMBACH, 1959, vol. II, p. 20 ; KELLENS, 1974, p. 83. Pour sa part, LECOQ, 2016, p. 727, alors même que le véd. śúci- est toujours adj., traduit sūcā comme si cʼétait le locatif dʼun substantif de thème suci- : « dans la clarté ».

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demander de bien vouloir jouer leur rôle de façon judicieuse lors des cérémonies du culte qui leur est rendu, le poète implique les dieux dans la réussite sacrificielle et fait appel à leur responsabilité. Les deux impératifs, juxtaposés ou en asyndète, se trouvent pourtant unis moyennant lʼastucieuse distribution dʼun complément commun vahištā... manaŋhā. Cependant, sur base du vers Y 46.18e tat mōi xratəuš V manaŋhascā vīciθәm, nous pourrions y voir tout aussi bien le complément implicite de vīciθahiiā : l’excellent penser est celui de l’adorateur qui a pu discerner quel était le bon choix. Le pluriel de gəušāiš reflète celui de sraōtā tandis que le singulier de sūcā69, face au pluriel de auuaēnatā, se justifie par son sens abstrait. Humbach et Faiss70 analysent correctement sraōtā et auuaēnatā comme des impératifs : « Hear the best with your ears, view, with thought (enlightened) by the flame, | the preferences/cooptations (resulting) from the discrimination ». Par contre, Lecoq71, contre toute vraisemblance grammaticale, y voient des imparfaits : « Vous avez entendu de vos oreilles, vous avez vu dans la clarté, avec Vahišta Manah, | Les deux choix du jugement ». Pour sa part, Kellens72 fait preuve dʼoriginalité sémantique : « Entendez aux bruits et voyez à la flamme, avec la meilleure Pensée, les préférences de la discrimination ». Les idées dʼécouter les préférences et de les regarder ne vont pas de soi : pour que nous comprenions, il faut nécessairement que les āuuarǝnā soient des textes prononcés et que leur prononciation soit accompagnée de gestes ou dʼattitudes rituelles explicites visibles, voire différenciables ou requises. Il sʼensuit que les āuuarǝnā sont dʼores et déjà des fraōrǝiti, des déclarations dʼengagement. Lʼhypothèse du nombre duel que Lecoq73 reconnaît à āuuarənā est tout à fait gratuite. Jean Kellens a signalé74 le parallélisme que les deux premières strophes de lʼAt.tā.vaxšiiā Hāiti (Y 30.1-2) présentent avec la première de lʼAt.frauuaxšiiā Hāiti (Y 45.1)75. Dans lʼAvesta récent, sūka-/ saōka- « le fait dʼavoir allumé le feu, la clarté, lʼacuité visuelle » fera lʼobjet dʼune déification qui en modifiera le genre grammatical masc. en fém. : la déesse Saōkā. 69 Le FiO 504 traduit suca par vynʼk. 70 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 81. 71 LECOQ, 2016, p. 727. 72 KELLENS, 2015a, p. 28. 73 LECOQ, 2016, p. 727. 74 KELLENS, 1994, p. 59-61. 75 La strophe Y 31.2 est sans doute à lʼorigine du premier terme du composé srūtat.fәδrī- avec lequel la tradition ultérieure nomme la mère du premier des trois Saōšiiant issus de Zaraθuštra, mais lʼimpératif sraōtā de ce parallèle figure aussi à la strophe

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2b1. āuuarənā vīciθahiiā « Les préférences résultant du discernement ». Le syntagme āuuarənā vīciθahiiā76 est l’objet commun des deux impératifs du premier vers. Rappelons ici que le védique VR˳ « choisir » est employé aussi fréquemment avec le préverbe ā que seul ou avec le préverbe prá. En effet, pour « choisir qqn. comme hótar », nous trouvons aussi bien le verbe composé prá VR˳ que le simple VR˳ et, pour « rechercher ou choisir la faveur des dieux », aussi bien ā VR˳ que VR ˳ : ― RS 1.17.1ab índrāvárunayor aháṁ V samrājor áva ā vrne « Je choisis une faveur, moi, (la demanderai) aux deux souverains IndraVaruna »77 ; ― RS 1.36.3ab prá tvā dūtáṁ vrnīmahe V hótāraṁ viśvávedasam « Nous tʼélisons pré(férablement comme) messager (et) oblateur, toi qui connais toutes choses »78 ; ― RS 3.19.1a agníṁ hótāram prá vrne miyédhe « Cʼest Agni que jʼélis comme oblateur pour le repas-rituel »79 ; ― RS 4.25.3a kó devānām ávo adyā vrnīte « Quel (adorateur), aujourdʼhui, recherche la faveur divine ? »80 ; ― RS 5.20.3ab hótāraṁ tvā vrnīmahéVʼagne dáksasya sādhanam « Nous tʼélisons pour Oblateur, ô Agni, toi qui mènes à son but la pensée-agissante »81 ; ― RS 8.94.8ab kád vo adyá mahānāṁ V devānām ávo vrne « Quelle faveur aujourdʼhui souhaité-je des grands dieux ? »82 Dʼaprès le védique ā VR˳ , le substantif vieil-avestique āuuarǝnahdésignerait donc la faveur que lʼadorateur attend de la divinité plutôt que lʼadoption dʼune conviction, mais, dans le vers gâthique, le contexte paraît bien imposer malgré tout le sens de frauuaši-/ fraōrǝiti- « la déclaration d’une préférence, la promesse ».

Y 33.11 : PIRART, 2013a, p. 145-6. Le premier terme du composé, la citation d’un mot des Cantates, pouvait être vu comme un nom d’Ahura Mazdā. 76 PIRART, 2012a, p. 185 n. 31 et 189 n. 42. 77 Trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 95. 78 Trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 7. 79 Trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 63. 80 Trad. PIRART, 1995-2000, vol. II p. 124. 81 Trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 31. 82 Trad. RENOU, 1955-69, vol. X p. 51.

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2b2. narəm.narəm xvaxiiāi tanuiiē « Chacun des hommes, (vous qui leur faites apparaître) à chacun dʼeux la propre personne ». L’hémistiche 2b2 contient le début de la participiale (2b2-c) apposée au sujet « vous » des impératifs sraōtā... auuaēnatā et précise de la sorte lʼobjet direct du participe baōdaṇtō paitī et lʼobjet de lʼinfinitif sazdiiāi régime de ce participe. Le syntagme indo-iranien xvā- tanū-/ svā- tanū- est fréquent83. Sa combinaison avec lʼāmredita84 narəm.narəm insiste probablement sur le caractère individuel de la relation qui sʼétablit entre les hommes et lʼensemble des dieux, mais le sens précis de lʼexpression ou sa portée exacte nous échappe en bonne partie, si ce nʼest que, par sa teneur, elle paraît faire écho à H 2.11 qui combine aussi le mot tanū- avec le verbe √ sand85. 2c. parā mazə yaāŋhō V aāi [nə]86 sazdiiāi baōdaṇtō paitī .·. « Avant d’exaucer la prière, vous qui les éveillez et, de la sorte, leur faites apparaître à chacun dʼeux (la propre personne) ». La circonstance de temps qui remplit l’hémistiche87 c1 complète le participe baōdantō paitī ou lʼinfinitif sazdiiāi. Le participe présent baōdaṇtō paitī constitue la base de la participiale apposée au sujet des impératifs. Ce participe est précédé de la proposition infinitive xvaxiiāi tanuiiē... aāi [nə] sazdiiāi. Cette infinitive doit entrer dans la rection du participe, mais son analyse fait difficulté : en effet, dans cette rection de baōdantō paitī, il est recouru au datif (aāi)

83 RS 3.53.8b, 5.4.6b, 6.11.2d, 7.3.9b, 7.86.2a, 8.11.10c, 8.44.12b, 10.54.3d, 10.83.5d, 10.95.9c, 10.120.9b, V 8.36-39,40, 9.31, 10.5, 16.7, Vd 15, Y 11.18, 13.4, Yt 4.4. 84 L’āmredita est un type de composé vieil-indo-iranien consistant à répéter immédiatement un mot en vue d’exprimer une distributivité. 85 PIRART, 2012a, p. 25. 86 LECOQ, 2016, p. 727, ignorant à tort la métrique, tient compte de cette glose abusive : « afin que, attentifs à cela, vous nous lʼannonciez ». La glose erronée de aāi par nə, due à lʼinfluence de lʼhémistiche Y 51.16c2, pourrait avoir aussi sa source dans l’interprétation qui fut donnée du vers Y 43.1a, reflétée notamment par un passage de la Rivāyat (RPDD 23.2). 87 mazə est l’abl. de 1maz- « le fait de conférer » (nom-racine tiré de √ mąz), déterminé par le gén. de yāh- « la demande (pour avoir) ». Non seulement contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 110 et vol. II p. 283, « avant la grande interpellation », mais aussi contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 81, « before the great apportionment », contre KELLENS, 2015a, p. 28, « avant la grande demande » et contre LECOQ, 2016, p. 727, « Avant la grande épreuve », qui tous font ici de mazə lʼabl. sing. de lʼadj. 2maz« grand » accordé avec yāŋhō.

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en lieu et place de lʼaccusatif en raison de la priorité rectionnelle88 de sazdiiāi : « eux (les) éveillant de sorte que leur apparaisse à chacun dʼeux la propre personne ». Notons enfin le caractère triple du datif : « pour la propre personne [xvaxiiāi tanuiiē], pour chacun dʼeux [aāi], pour apparaître [sazdiiāi] ». Deuxième partie. La conviction (Y 30.3-6) Selon Kellens et Pirart89, les strophes de 3 à 6 forment ce qui pourrait sʼintituler « dissertation sur le mańiiu ». Elle avait été préparée ou annoncée à la strophe précédente par 2b1 āuuarәnā vīciθahiiā. Il sʼagit de lʼesquisse dʼune analyse du comportement humain, dʼune psychologie qui, ne concevant encore « lʼexistence de la pensée » que comme manifestation de lʼactivité rituelle, sʼinterroge sur le processus caché par lequel lʼhomme fait le choix dʼune conduite. La pensée ne devient perceptible et ne revèle son caractère positif ou négatif, son signe (ciθra-), quʼau moment où elle se traduit en acte. Dans lʼAhiiāsā Hāiti (Y 28), nous avions vu90 que le signe de la pensée était déterminant dans le succès quʼune prière pouvait remporter auprès des dieux. Avant de se distribuer sur la triade du comportement rituel faite d’idées, de paroles et de gestes, la pensée est celle que le sacrifiant adopte, c’est la conviction, le sentiment (maniiu-) qu’il a concernant le grand dieu ou concernant ce dont ce dernier est capable : le grand dieu avait-il ou non transmis à Zaraθuštra la bonne marche à suivre ? s’était-il montré utile (spәnta-) aux hommes ? ceux-ci connaîtront-ils le salut ? Le mańiiu constitue l’un des genres littéraires convenus des rites. Il consiste à faire étalage de ses convictions sur la nature ou l’action des dieux et de le faire en recourant à la première personne de l’aoriste du verbe √ man « penser, avoir le sentiment, être convaincu », məŋhī, construit avec deux accusatifs91. En revanche, le genre littéraire du discours qui remplit les quatre strophes Y 30.3-6 n’est pas connu : il s’agit non d’un mańiiu, mais de réflexions à propos du mańiiu. Comme les dieux et les démons figurent à la troisième personne grammaticale, nous

88 Le cas requis est celui qu’impose le verbe annexe lorsque le verbe principal partage avec ce dernier un même complément. 89 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 43. 90 PIRART, 2017a. 91 Ceci est illustré par les strophes Y 29.11, 31.8, 43.5,7,9,11,13,15.

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ne savons pas, en l’absence de toute deuxième personne possible, à qui lʼexposé de telles réflexions est destiné. Y 30.3 at tā maniiū pauruiiē (7) yā yəmā xvafənā asruuātəm (9) manahi[cā] vacahicā (7) šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā (8) ˟aiiāscā hudaāŋhō (7) ərəš vīšiiātā nō[it] duždaāŋhō (9) .·. Deux Sentiments fondamentaux sont alors [at tā manyū parviyā] connus comme songes jumeaux [yā yamā hvafnā ā-sruʼātam] lorsque l’on pense ou parle [manahi vacahi ca], (mais cʼest) lorsque l’on agit quʼils (se différencient clairement comme étant) [śyāuθnai hī] le bon geste et le mauvais [vahyah akam ca] ; entre les deux, ceux à qui les offrandes sont bonnes à faire (= les dieux Adorables) [aiʼāh ca hu-daʼahah] font correctement la différence, non ceux à qui les offrandes sont mauvaises à faire (= les démons Hasardeux) [rš vi-śyata na duš-daʼahah]. Le diascévaste, pour coller le deuxième groupe de strophes au premier, s’est laissé guider par ce qui est devenu une concaténation lexicale (2b1 vīciθahiiā... 3c2 vīšiiātā) et par lʼidée que choix et mańiiu ne font quʼun. La « strophe des jumeaux », lʼune des plus fameuses du corpus vieil-avestique, a fait couler beaucoup dʼencre. S’il est vrai que son contenu est assez fondamental, la littérature pehlevie ne confirme pourtant pas ce succès92. 3a. at tā maniiū pauruiiē93 V yā yəmā xvafənā asruuātəm94 « Deux Sentiments fondamentaux sont alors connus comme songes jumeaux ». Les hémistiches 3ab1 forment la protase d’un diptyque tonal

KELLENS et PIRART, 1997. KELLENS, 2015a, p. 28, pour at ... pauruiiē, propose : « Maintenant que se produit le fait initial, (je vais dire) », estimant donc que pauruiiē nʼest pas à accorder avec maniiū. 94 Il sʼagit de lʼindic. aor. selon KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 80, mais, aujourdʼhui, pour moi, la présence d’un augment dans la forme verbale asruuātәm, mal justifiable, est catégoriquement à refuser. Mieux vaut reconnaître le préverbe *ā dans la prothèse aº et penser au védique ā ŚRU moyen-passif tel quʼil est employé dans RS 9.97.13c índrasyeva vagnúr ā śrnva ājáu « comme le grondement d’Indra est entendu sur le champ de bataille ». 92 93

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dont lʼapodose est constituée de lʼhémistiche 3b2. Le syntagme duel tā maniiū pauruiiē y est le sujet de asruuātəm. Lʼattribut du sujet est introduit par yā. 3b. manahi[cā] vacahicā V šiiaōθanōi 95 hī vahiiō akəmcā « (Connus comme songes jumeaux) lorsque l’on pense ou parle ; (cʼest) lorsque l’on agit quʼils (se différencient clairement comme étant) le bon geste et le mauvais ». Humbach et Faiss96, pour qui manahiº, vacahiº et šiiaōθanōi sont au nominatif-accusatif duel, ne tiennent aucun compte de hī dans leur traduction : « These are the two spirits, the twins who, at the beginning (of the existence/life,) came to be heard of as both kinds of dreams, | thoughts and words, as both kinds of actions, the very good and the evil one, | and between these two the munificent ones discriminate rightly, not so the misers ». Lecoq97, grosso modo, fait de même. Pour moi, la triade figure ici au locatif singulier tandis que le pronom enclitique hī reprend les deux mańiiu, étant entendu que le changement de genre grammatical que ce pronom féminin-neutre duel entérine par rapport à maniiū, un mot masculin, est dû à l’accord avec le tandem attribut : ce sont le meilleur geste et le mauvais, car, à l’instant d’exécuter le geste, le mańiiu n’est plus que geste alors qu’il était encore de nature abstraite ou songe aux instants de la pensée ou de la parole. Situation exceptionnelle, le geste est donc nommé tout à la fois au locatif et au nominatif dans une seule et même proposition. N’ayant pu trouver comment éviter l’écueil de pareille anomalie, je lui accorde le statut d’exception. Dans le premier hémistiche du deuxième vers, la métrique indique qu’il y a un ºcā de trop. Lequel ? À mes yeux, Kellens coordonne abusivement les trois locatifs, car la coordination inverse Aºcā B C n’est pas plus vraisemblable du fait de la place de hī. Ce pronom enclitique est un indicateur d’initialité si bien que šiiaōθanōi est à considérer comme un premier mot et que nous ne pouvons, dès lors, le ranger à la suite de manahi[cā] vacahicā.

95 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 81, ainsi que LECOQ, 2016, p. 727, multiplient les duels : « thoughts and words, as both kinds of actions, the very good and the evil one ». 96 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 81. 97 LECOQ, 2016, p. 727.

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3c. ˟aiiāscā hudaāŋhō

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ərəš vīšiiātā98 nō[it] duždaāŋhō .·.

« Entre les deux, ceux à qui les offrandes sont bonnes à faire font correctement la différence, non ceux à qui les offrandes sont mauvaises à faire ». Le dernier vers semble constituer un diptyque bâti sur la corrélation ºcā... nōit, les seuls mots nō[it] duždaāŋhō en formant lʼapodose elliptique : « tandis que bien les uns, les autres en revanche, non ». Pour moi, contre Humbach et Faiss99, contre Lecoq100 et contre Kellens101, l’adjectif hudāh-, au lieu de présenter les dieux en question comme étant des êtres généreux, indique qu’il est bon de leur faire des offrandes. Lʼensemble du troisième vers intervient dans la suite logique des deux vers précédents : dʼune part, les deux mańiiu sont le meilleur et le mauvais geste ; dʼautre part, entre les deux, seuls les dieux bons font correctement la différence. Lʼaction de vī+√ ci était déjà présente dans le vers Y 30.2b1 de la strophe précédente. Si la strophe, appartenant au même mouvement du texte que les précédentes, sʼavère être adressée aux išǝntō qui désirent venir, nous y détecterons alors un chantage : ceux dʼentre vous auxquels les offrandes sont bonnes à faire font correctement la distinction entre le bon rituel et le mauvais. Les duždāh sont identifiés par Y 30.6a1 comme étant les Daēuua. Y 30.4 atcā hiiat tā həm maniiū (7) jasaētəm paōuruuīm dazdē (9) gaēmcā ajiiāitīmcā (7) yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš (9) acištō drəguuatąm (7) at ašāunē vahištəm manō (9) .·. En effet, la rencontre des deux Sentiments [at ca yat tā ham manyū jasaitam] est à l’origine de ce que, (dans lʼau-delà,) vive (l’un) tandis que (les autres) ne le pourront [parviʼam dazdai gayam ca a-jyātim ca] : la très mauvaise existence à la fin sera le lot des égarés [yaθā ahat apamam ahuš acištah drugvataʼam] tandis que l’excellence du Penser (fera celui) du pieux (adorateur) [at rtaunai vahištam manah]. La strophe fait état des conséquences bonnes ou mauvaises que les adorateurs des dieux hudāh et ceux des duždāh connaîtront respectivement. Il y est ainsi question dʼeschatologie. 98 Sur lʼemploi de cet injonctif aor. exprimant lʼantériorité, KELLENS et PIRART, 198891, vol. II p. 75. 99 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 81. 100 LECOQ, 2016, p. 727. 101 KELLENS, 2015a, p. 28.

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4a. atcā102 hiiat tā103 həm maniiū104 V jasaētəm105 paōuruuīm dazdē106 « En effet, la rencontre des deux Sentiments est à l’origine de cela ». La protase est apposée au sujet (paōuruuīm) du verbe principal (dazdē). Le verbe jasaētəm est la base de la protase. Il est suivi du début de lʼapodose, paōuruuīm dazdē. Le numéral neutre paōuruuīm est lʼantécédent de hiiat. Le déficit métrique, mal justifiable autrement, paraît souligner lʼenjambement jasaētəm comme en 5a2. Comme si la virgule que nous placerions derrière jasaētǝm faisait un pied. Cependant, la disparition d’un corrélatif de hiiat n’est pas à écarter devant dazdē même si l’accident de cette disparition, forcément préhistorique, reste inexplicable. Avançons à tout hasard que la place que tat occupe en initiale différée de lʼapodose avait incommodé le diascévaste. Avec les mots hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē, il est exposé pourquoi, dans la strophe précédente, les deux maniiū reçoivent lʼépithète de pauruiiē : ils sont premiers ou fondamentaux pour se situer à lʼorigine des sorts opposés que les uns et les autres connaîtront respectivement. Et, pour sûr, les strophes 5-6 nous préciseront en quoi les maniiū sont à lʼorigine de tels sorts. Personnifiés, les deux Mańiiu, surtout dans lʼAvesta récent et les livres pehlevis, feront dʼailleurs figures dʼentités cadres. Humbach et Faiss107, mais aussi Kellens108, font de la teneur de la subordonnée en hiiat le sujet de dazdē, ce qui me paraît assez juste, mais Lecoq109 n’hésite pas à donner cette fonction aux deux Mańiiu contre la grammaire : « Et alors, lorsque les deux Mainyu se rencontrèrent, ils établirent d’abord | La vie et la non-vie ». Comme on voit, chez Lecoq, paōuruuīm est un adverbe, mais, selon Humbach et Faiss, paōuruuīm est 102 Sur les incertitudes concernant l’emploi ou le sens de atcā, voir KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 120-4. 103 hiiat tā  : sandhi analysé. 104 həm maniiū  : sandhi analysé, mais la place de həm, préverbe de jasaētǝm, est assez inusuelle, car jʼattendais *atcā həm hiiat tā maniiū* avec həm en initiale nouvelle. Une intervention du diascévaste ici non plus nʼest pas à exclure. 105 L’étymologie de la désinence du duel a beau imposer d’y reconnaître une laryngale initiale (pie. *g̑m-sk̑ó-HiHtom), l’irrégularité métrique n’en est pas aplanie pour autant puisque *ºo-Hiº donne *ºōiº monosyllabique. Sur lʼemploi de cet inj. prés., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 71, 78. 106 Sur cet indic. prés., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 71, 72-3. 107 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 81. 108 KELLENS, 2015a, p. 28. 109 LECOQ, 2016, p. 728.

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l’objet de dazdē et sous-entend ahūm, et le tandem gaēmcā ajiiāitīmcā y est apposé : « When these two spirits meet (to fight for a person, then this) determines (his) first (existence/life,) | vitality or lack of it ». Je préfère rapporter paōuruuīm à hiiat ou y en reconnaître lʼantécédent : le fait que les deux mańiiu se soient rencontrés ou opposés situe d’abord le tandem de la possibilité de la vie et de son impossibilité, leur rencontre est à l’origine de ce que les uns pourront vivre et les autres, non. Autrement dit, c’est l’affrontement qui rejettera finalement les Daēuua en dehors de toute existence ou qui fera de la très mauvaise existence le destin des impies, pour réserver l’excellence de la pensée aux seuls pieux défunts. 4b1. gaēmcā ajiiāitīmcā « (La rencontre des deux Sentiments est à l’origine de) ce que, (dans lʼau-delà,) vive (l’un) tandis que (les autres) ne le pourront ». La coordination structure lʼobjet du verbe de lʼapodose : « Le fait initial que les deux Mańiiu se rencontrent place leur possibilité et leur impossibilité de vivre ». 4b2c. yaθā[cā] aŋhat110 apəməm aŋhuš111 V acištō drəguuatąm at ašāunē vahištəm manō .·. « En ce sens que la très mauvaise existence à la fin sera le lot des égarés tandis que l’excellence du Penser (fera celui) du pieux (adorateur) ». Lʼexplicative en yaθā est constituée dʼun diptyque dans lequel les hémistiches 4b2 et 4c1 forment la protase. LʼOhrmazd Yašt rapproche astucieusement les hémistiches Y 28.11c2 et Y 30.4b2 en y voyant des interrogatives indirectes112 : Yt 1.26 vaēθāca tat cikaēθāca (8) āi ašāuәm zaraθuštra (8) mana xraθβāca cistica (8) .·. yāiš ā aŋhuš pōuruiiō bauuat (9) .·. yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš (9) .·. « Ma performance et mon intelligence, (sache-le), pieux Zaraθuštra, me donnent de savoir et de discerner ceci : les (hymnes) avec lesquels prend place l’existence fondamentale et ce que sera l’existence qu’à la fin (connaîtront les drǝguuant) ». 110 Sur lʼemploi de ce subj. présent comme expression du futur en complétive, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. 111 L’hémistiche est à rapprocher de Y 43.5e2 dāmōiš uruuaēsē apəmē .·., de Y 45.3e aēibiiō aŋhəuš auuōi aŋhat apəmǝm .·., de Y 51.6c yə hōi nōit vīdāitī apəmē aŋhəuš uruuaēsē .·. et de Y 71.14.2 aēte zī zaraθuštra ustǝme uruuaēse gaiiehe framrūiδi .·.. 112 PIRART, 2007b, p. 61-2.

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Lʼemploi du subjonctif semble prouver que la notion dʼahu « existence » est dʼores et déjà vue davantage comme le reflet ou lʼeffet post mortem de la célébration sacrificielle que comme ce quʼelle est de façon tout à fait immédiate. Il ne sʼagirait plus de la seule vertu sacralisante du sacrifice offert, mais bien plutôt déjà du fruit que lʼâme-moi du sacrifiant pourra en retirer au-delà de la mort, voire de la place quʼelle gagnera ou méritera dʼoccuper dans lʼau-delà : le cas échéant, aŋhuš acištō « l’existence très mauvaise »113. Bizarrement ou par refus dʼaccorder quelque crédit à la métrique, Humbach et Faiss114 séparent le dernier vers de ce qui précède, sans doute en raison du ºcā qui accompagne yaθāº qui leur a semblé dès lors introduire une complétive déterminant comment serait l’existence de la personne pour laquelle les deux Mańiiu combattent : « ([...] then this) determines (his) first (existence/life,) | vitality or lack of it, and how his existence/life will be at last. | That of the deceitful (will be) very bad, but best thought (will be in store) for the truthful one ». Lecoq115 fait de même : le dernier vers répond à la question de savoir comment sera l’existence à la fin des temps. Pour ma part, je tiens compte de la métrique et détecte ainsi une interpolation. En effet, ºcā, secondaire, n’appartient pas au texte original. Et je préfère accorder acištō avec aŋhuš et comprendre la subordonnée en yaθā + subjonctif comme une explicative ou une consécutive à l’intérieur de laquelle figure un diptyque articulé au moyen de la particule at : « en ce sens que/ si bien que, d’une part, la très mauvaise existence appartiendra aux égarés et que, d’autre part, la pensée sera excellente pour celui qui fut pieux ». Kellens116, grosso modo, fait de même, mais en plaçant curieusement yaθāº dans la rection de √ dā moyen « soumettre acc. à ce que » : « Or, le fait fondamental que ces deux mainiius se confrontent soumet la vie et l’absence de vie à ce que sera finalement l’état-d’existence, très mauvais pour les trompeurs, mais pour l’harmonieux sera la très bonne Pensée ». Emploi remarquable des nombres grammaticaux : le poète, pour souligner le contraste, mentionnent les impies au pluriel et réserve le singulier à la mention du pieux adorateur. En effet, la particule at structure

113 114 115 116

PIRART, 2012a, p. 216. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 81. LECOQ, 2016, p. 728. KELLENS, 2015a, p. 29.

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l’opposition117, mais la disparité de nombres que nous détectons entre drəguuatąm et ašāunē118 la renforce. Y 30.5 aiiā mainiuuā varatā (7) yə drəguuā acištā vərəzaiiō (< *varəzaiiō ?) (9) ašəm maniiuš spəništō (7) yə xraōždištəṇg asənō vastē (9) yaēcā xšnaōšən ahurəm (7) haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm (9) .·. Il a choisi des deux Sentiments [aiʼāh manyuʼāh vrta] celui que lʼErreur accompagne [yah drugvāh] en exécutant les très mauvais gestes119 [acištā vrzyah] / Celui des deux Sentiments [aiʼāh manyuʼāh] que lʼErreur accompagne [yah drugvāh] choisit de faire exécuter les plus mauvais gestes [vrta... acištā varzayah], (mais,) vêtu des pierres les plus dures (= vêtu de la voûte céleste) [yah xraudištānh asanah vastai], le Sentiment de la grande science du Roi qui apporte la sagesse (opte pour) le (bon) Agencement [rtam manyuš spaništah... ahuram... mazdaʼam] tout comme les (âmes-moi de ceux) qui, (de leur vivant,) auront satisfait (ce Roi) [yai ca xšnausan] avec des gestes effectifs et empressés [haθyāiš śyāuθnāiš fravrt]. La strophe Y 30.5 paraît être un exposé que lʼauteur fait à ses auditeurs humains : les dieux y figurent en effet à la troisième personne grammaticale. Les dieux nommés sont les plus importants, Aša, Spǝnta Mańiiu et Ahura Mazdā, mais nous ne pouvons du tout exclure que les autres Amǝša Spǝnta se cachent dans lʼanonymat du pronom yaēº. Une question importante est celle de savoir si la strophe nous invite à reconnaître que Spǝnta Mańiiu était encore distinct dʼAhura Mazdā. Autrement dit, il s’agira de déterminer si un même être peut figurer sous deux noms à la fois comme sujet de la proposition principale et comme objet du verbe d’une subordonnée relative épithète d’un terme coordonné avec le sujet en question. 5a1. aiiā mainiuuā varatā120 « Entre les deux Sentiments, il a choisi ». Début de la protase du diptyque tonal, donnant une première partie du groupe objet (aiiā mainiuuā) KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 114. Cf. Y 43.4c yā dā ašīš drǝguuāitē ašāunaēcā. 119 PIRART, 2018, p. 82 n. 107. 120 Sur lʼemploi de cet inj. aor. relevant du réel du présent, KELLENS et PIRART, 198891, vol. II p. 75, 87. 117 118

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et le verbe, mais devons-nous faire du mańiiu le sujet ou l’objet de √ var ? Les vers Y 43.16ab sont en faveur de la seconde alternative, mais nous devons bien admettre que le choix opéré par conviction ne se distingue guère de l’inclinaison que l’orant peut avoir pour cette conviction. En effet, c’est en faisant de yə drəguuā le sujet de varatā que nous pourrons donner, dans la phrase, une place à l’infinitive acištā vərəziiō. À moins de prendre vərəziiō pour un participe présent en *ºá-, ce qui permettrait que la fausse relative yə drəguuā valût pour l’accusatif : « (Celui) qui exécute les très mauvais gestes a choisi des deux mańiiu celui qui est drǝguuant ». La rareté des participes en *ºá- que nous trouvons en vieil avestique ne nous pousse guère à accepter cette possibilité même si aucun argument absolument rédhibitoire ne peut être avancé121. Tout au plus pouvons-nous souligner le nominatif maniiuš présent dans le vers suivant, mais, comme on sait, les deux volets d’un contraste tonal ne recourent pas nécessairement à de mêmes procédés syntaxiques. Il y a hésitation quant à savoir si vǝrǝziiō est un infinitif en ºō ou le nominatif masculin singulier d’un participe présent en *ºá-. Soulignons alors la personnification des deux Mańiiu si nous devons, comme je le crois, faire de la fausse relative yə drəguuā le sujet de varatā. C’est sur ce point que prend appui la divergence que ce passage présente par apport aux vers Y 43.16ab. Ici l’un des deux Mańiiu est un dieu, et, comme tel, peut fonctionner en tant que synecdoque du sacrifiant. Ce sacrifiant, dans les vers Y 43.16ab, n’est autre que Zaraθuštra, mais, au-delà de sa figure, il convient de s’interroger sur celle du dieu Mańiiu, d’autant que le Véda connaît un dieu du même nom122. Humbach et Faiss123, suivis par Lecoq124 et Kellens125, font de yə drəguuā le sujet de varatā et de l’infinitive acištā vәrәziiō son objet, mais, comme l’idée du choix peut impliquer de faire la part des choses entre deux Sentiments, je ne puis exclure, du moins dans un premier temps, que yə drəguuā, avec son faux pronom relatif, fût plutôt l’objet de varatā tandis que vәrәziiō, nominatif du participe présent en *ºá-, serait accordé avec son sujet ou définirait ce dernier : c’est celui qui accomplit de très mauvais gestes qui a opté pour le mauvais sentiment. Tous comptes faits, cette possibilité me paraît 121 Car rareté n’est pas inexistence comme le prouve la combinaison de vāstraiiaavec fšuiiant-. 122 Voir chapitre VI. 123 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 82. 124 LECOQ, 2016, p. 728. 125 KELLENS, 2015a, p. 29.

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préférable dès lors que le sentiment ne peut lui-même être l’accomplisseur des gestes, mais, si nous adoptons l’idée du causatif *varәzaiiō, le sentiment yə drəguuā ne ferait jamais que pousser à commettre de mauvais gestes. Comme la coexistence de Mańiiu Spəništa et d’Ahura Mazdā est remarquable, il faut en tirer toutes les conséquences. Pour être le même que dans le premier, le verbe du second volet du diptyque tonal sur lequel la strophe est bâtie est sous-entendu. L’objet de ce verbe y est ašәm et son sujet, la coordination de deux termes. Ceux-ci sont tous deux affublés d’une subordonnée relative épithète : le premier, maniiuš spəništō, est agrémenté de la subordonnée yə xraōždištəṇg asənō vastē tandis que le second est à reconnaître dans l’antécédent sous-entendu du pronom relatif introduisant la subordonnée yaēcā xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm. Comme il est vraisemblable que, pour ce qui est du fond, un certain parallélisme existe entre les deux volets du diptyque et que, dans le second, le sujet du verbe sous-entendu est double, il convient que nous cherchions dans le premier à identifier un tandem du même type. Cette idée d’un tandem devant faire le sujet du premier volet me paraît aller en faveur de la restitution *varәzaiiō, l’infinitif en ºō ou le nominatif singulier du participe présent en *ºá- du causatif « qui pousse (les mortels) à commettre les pires gestes » dans la mesure où ce causatif suppose l’existence d’individus constituant la version négative de ceux qui sont décrits dans la subordonnée relative avec laquelle la strophe se referme. Résumons ceci avec le tableau ci-dessous : Premier volet Premier sujet aiiā mańiuuā ... yə drəguuā Second sujet

Objet

Les mortels que le premier sujet pousse à l’accomplissement des gestes acištā L’accomplissement des gestes acištā

Second volet maniiuš spəništō yə xraōždištəṇg asənō vastē Les mortels yaēº xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm ašәm

L’examen de ce tableau nous conduit à mieux appréhender ou définir Aša : « l’agencement » est l’activité rituelle de bonne obédience par opposition aux gestes acištā. Le choix ainsi est-il opéré entre deux pratiques religieuses tout à la fois par les mortels et les dieux, mais la strophe ne nous certifie pas complètement que Mańiiu Spəništa ne soit jamais qu’une désignation alternative d’Ahura Mazdā. En tout cas, la personnification des deux Mańiiu ne fait aucun doute du fait même de

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tenir l’un le rôle du sujet causatif et d’entrer l’autre dans une coordination avec le groupe des mortels qui rendent un culte à Ahura Mazdā. La caractéristique de ce dernier groupe, le culte rendu à Ahura Mazdā, coïncide alors avec la bonne pratique portant le nom d’Aša. La sixième strophe montre que le choix des deux Mańiiu peut être compris tout à la fois comme le choix qu’ils ont opéré chacun entre deux pratiques ou comme le choix dont ils ont chacun fait l’objet, puisque les Daēuua choisissent alors entre les deux Mańiiu quand, dans la cinquième strophe, les Mańiiu choisissaient entre Aša et l’accomplissement des mauvais gestes. 5a2. yə drəguuā acištā vərəzaiiō « (Il a choisi) celui que lʼErreur accompagne en exécutant les pires gestes / Celui que lʼErreur accompagne (choisit) de faire exécuter les pires gestes ». Fin de la protase dans le diptyque tonal, donnant la suite du groupe sujet (yə drəguuā) et une infinitive objet (acištā vərəziiō), à moins qu’il faille y reconnaître une participiale apposée au sujet de varatā dans la mesure où, pour « choisir de faire », il serait recouru au tour « choisir (d’être) faisant ». Le choix des mauvais gestes (varatā... acištā vərəziiō) va de pair avec celui des mauvaises idées dont il sera question dans l’hémistiche Y 30.6b2 hiiat vәrәnātā acištәm manō. Le déficit métrique, non justifié, jette le doute sur lʼinterprétation et la lecture de vǝrǝziiō. Pourrions-nous y voir l’infinitif ou le participe présent du causatif de √ varz :: pir. *varzaiah « pousser / poussant à lʼexécution (de mauvais gestes) » ? Autre possibilité : le dénominatif de varǝz- (= védique ūrj-), pir. *varzaiah (≈ védique ūrjáyan) « (se) réjouir / (se) réjouissant (de très mauvais gestes) » ? Dans un cas comme dans l’autre, il faudrait éventuellement améliorer la graphie en ˟varәzaiiō126. 5b. ašəm maniiuš spəništō

V

yə xraōždištəṇg asənō vastē127

« Le très savant Sentiment (opte pour) le (bon) Agencement, lui qui est vêtu des pierres les plus dures ». Début de lʼapodose elliptique dans le diptyque tonal, donnant lʼobjet ašǝm et une première partie du groupe 126 Cette amélioration ne va pas de soi graphiquement puisque la finale ºō peut avoir imposé vǝrǝº au lieu de varǝº. Cʼest du moins ce que montrent le génitif du nom-racine varǝz- « le plaisir » (= védique ūrj-), vǝrǝzō, ou celui de hąm.varǝiti- « la bravoure », hąm.vǝrǝtōiš. 127 Sur cet indic. prés., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 71, 73.

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sujet constituée d’un premier terme de coordination maniiuš spəništō accompagné d’une subordonnée relative épithète. La correspondance contrastée que nous constatons entre acištā vǝrǝziiō et ašǝm (= védique rtám) démontre que ce dernier est le nom du rite adéquat128. La proposition relative épithète de maniiuš fournit la preuve de la mythologisation dʼun Spǝnta Mańiiu qui ne se confond peut-être pas encore avec Ahura Mazdā, mais elle rappelle le passage du Fravardīn Yašt où il est dit quʼAhura Mazdā est vêtu du ciel étoilé : Yt 13.3ab aōm asmanәm ... .·. yim mazdā vaste vaŋhanәm (8) stәhrpaēsaŋhәm maniiu.tāštәm (8) « C’est le Ciel orné d’étoiles dont le Roi apportant la sagesse fait son vêtement, œuvre du Sentiment qu’il est savant »129.

Il est à noter que le Yašt se souvient du vers gâthique et reflète encore la distinction de façon claire et nette : il est grammaticalement impossible que, dans cette phrase du Yašt, mazdā, le sujet du verbe vastē, et maniiu.º, le premier terme d’un composé adjectif qualifiant l’objet du verbe en question, désignent un seul et même dieu. Remarquons-le aussi : Spǝnta Mańiiu qui lʼavait porté devint ensuite le tailleur du vêtement. Cependant, faisons preuve de prudence ! Le substantif maniiu- avec lequel est nommée la déclaration d’une conviction est un grand habitué des hypallages si bien qu’il n’est pas du tout exclu de comprendre la proposition relative comme étant l’expression de son contenu : ce serait alors la conviction, le sentiment qu’Ahura Mazdā est très savant et qu’il est vêtu de la voûte céleste. 5c. yaēcā xšnaōšən130 ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš 131 fraōrət mazdąm.·. « Tout comme les (âmes-moi de ceux) qui, (de leur vivant,) auront satisfait le Roi qui apporte la Sagesse avec des gestes effectifs et avec 128 Dans le second terme du composé désignant le plus fameux des Saōšiiant, Astuuat.ǝrǝta, les exégètes médiévaux reconnaissaient dʼailleurs un nom d’agent tiré d’une racine signifiant √ kar « agir (rituellement) » : PIRART, 2013a, p. 155. 129 Voir PIRART, 2010b, p. 193. 130 Emploi de √ xšnu à rapprocher de Y 46.1e kaθā θβā mazdā xšnaōšāi ahurā .·. et de Y 53.2b xšnūm mazdā vaāi.ā fraōrǝt yasnąscā. Pour moi aujourdʼhui, il est malaisé de déterminer si ce subj. aor. figurant dans le procès relatif qui constitue la raison du choix exprimé à lʼinj. aor. (varatā) traduit ou non le futur. Jʼy verrais plutôt un éventuel du passé, une sorte de fut. antérieur (contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 86). Place emphatique du verbe immédiatement derrière le pron. relatif. 131 Pluriel elliptique pour « pensées, paroles et gestes » ?

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empressement ». Suite et fin du groupe sujet de lʼapodose dans le diptyque tonal : sans antécédent exprimé, la nouvelle proposition subordonnée relative commençant avec cet hémistiche est coordonnée à maniiuš spəništō. Y 30.6 aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā (7) daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā (9) pərəsəmanəṇg upā.jasat (7) hiiat vərənātā acištəm manō (9) .·. at aēšəmə[m] həṇduuārəṇtā (7) yā bąnaiiən ahūm marətānō (9) .·. Entre les deux (Sentiments), aucun des Hasardeux (= les démons ou mauvais dieux) ne fait correctement la différence [aiʼāh na rš vi-śyata daivā cana] puisque l’égarement leur advient en pleine délibération [yat īnš ā-dbauma prsamnānh upa-jasat] : quand ils choisissent le pire Penser, le Furieux [yat vrnata acištam manah at išmā] est leur perte [ham-dvaryanta], lui qui les pousse à plonger l’existence du mémorisateur dans la maladie [yā bānayant ahum hmrtānah]. Le sujet de vǝrǝnātā nʼétant pas explicite, nous avancerons quʼil est identique à celui de ǝrǝš vīšiiātā : « En optant pour les pires idées, les (autres Daēuua) embrassent celles d’Aēšma et, avec lui, infectent l’existence de celui qui a mémorisé les textes ». Pareille interprétation conduira davantage à faire dʼAēšma un archidémon. Aēšma plonge l’existence dans la maladie, mais Sraōša, qualifié dʼahūm.biš, l’en guérit (Y 44.16c2)132. Le Sraōš Yašt ī Se-šabag confirme cet antagonisme : Yt 11a.24.2 (= Y 57.25.2) uuaēibiia nō ahubiia nipaiiā (7+3) āi sraōša ašaiia huraōδa (1+8) ahe[ca] aŋhəuš †yō133 astuuatō (8) yasca asti manahiiō (8) pairi druuatat mahrkāt (7) pairi druuatat aēšmāt (7) pairi †druuatbiiō haēnaēibiiō†134 (?) yā us xrūrǝm drafšǝm gǝrǝβnąn (8) aēšmahe parō draōməbiiō (8) yā aēšmō duždā drāuuaiiat (8) mat vīδātaōt daēuuō.dātāt (8) .·. « Puisses-tu nous défendre, Phrasé soucieux du (bon) Agencement, toi qui es bien développé, dans cette existence qui est osseuse comme dans celle du Penser, contre lʼégaré Destructeur, contre lʼégaré Furieux, contre la Horde des Égarés qui arborent de sanglants étendards, contre les Abus du Furieux, (contre) les (Égarées) que le Furieux à qui les dons sont mauvais à faire a poussées à (nous) abuser de concert avec le Désordre des os que le Hasardeux (= le Sentiment funeste) a mis en place ! »135 PIRART, 2018, p. 64-5. Mis pour yat. 134 Graphie approximative pour pir. **pari druguatībyah hainiʼābyah Égarées formant une horde » ? 135 Voir PIRART, 2010b, p. 170. 132 133

(10)

« contre les

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6ab1. aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā136 V daēuuācinā | hiiat īš ā.dəbaōmā pərəsəmanəṇg upā.jasat

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« Entre les deux (Sentiments), aucun des Hasardeux ne fait correctement la différence puisque l’égarement leur advient en pleine délibération ». La prodose est ouverte avec aiiā, et lʼapotase, introduite par la conjonction de subordination hiiat. Le verbe ərəš vīšiiātā est une reprise de 3c2. La concaténation lexicale est à relever aussi avec 2b1 āuuarәnā vīciθahiiā, mais elle pourrait être le fruit du collage diascévastique. 6b2c. hiiat vərənātā137 acištəm manō .·. at aēšəmə[m] həṇduuārəṇtā yā bąnaiiən138 ahūm marətānō .·. « Quand ils choisissent le pire Penser, le Furieux est leur perte qui les pousse à plonger l’existence du mémorisateur dans la maladie ». La protase de temps et lʼapodose sont balisées au moyen de la corrélation hiiat ... at139. Humbach et Faiss140, suivis par Lecoq141, reconnaissent un sens de consécutive à la seconde subordonnée en hiiat par rapport à ce qui précède et pensent que le premier hiiat plutôt que le second entre en corrélation avec la particule at qui ouvre le dernier vers : « Particularly the Daēvas/devils do not rightly discriminate between these two (spirits). Since delusion | comes over them while they hold counsel so that they choose worst thought, | therefore they gather at fury, by which the mortals sicken the existence/world ». La réalité de la corrélation entre le second hiiat et la particule at s’était pourtant imposée à nous142 en raison de l’emploi des modes puisqu’une consécutive aurait dû arborer le subjonctif, et tant l’un que l’autre, nous persistons dans cette analyse. Kellens143 ainsi traduit-il comme suit : 136 Sur lʼemploi de cet inj. aor. comme expression du prétérit, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 75. 137 Sur lʼemploi de cet inj. prés. pour lʼexpression de lʼitératif du réel du présent, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 78. Place emphatique du verbe. 138 Sur lʼemploi de cet inj. prés. pour lʼexpression du réel du présent duratif, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. Place emphatique du verbe immédiatement derrière le pronom relatif. 139 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 107, mais pour LECOQ, 2016, hiiat introduit une consécutive par rapport au premier hémistiche de ce deuxième vers. 140 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 82. 141 LECOQ, 2016, p. 728. 142 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 111 et vol. II p. 107-8. 143 KELLENS, 2015a, p. 29.

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« D’entre ces deux mainiius, les dieux surtout ne font pas bien la différence, car l’illusion leur advient quand ils délibèrent. Comme ils choisissent la très mauvaise pensée, ils courent vers la Rage, dont les hommes rendent malade leur état-d’existence ». Comme souvent, l’articulation de la seconde phrase avec la première reste inapparente. La nécessité d’expliquer la voyelle longue radicale de la forme həṇduuārəṇtā conduit à examiner l’ensemble des attestations du verbe hąm+√ duuar dans l’Avesta144. L’enquête révèle que la voyelle radicale, ailleurs, est toujours brève, que ce sont normalement les Daēuua qui perpètrent l’action que ce verbe connote et que l’accusatif aēšəməm rencontré ici est donc tout à fait inattendu. Dès lors, je propose d’analyser həṇduuārəṇtā comme un passif en reconnaissant dans ºāº une ligature pour ºaiº145, dans ºәº une graphie de pir. *ºiaº et dans aēšәmәm, le fruit d’une erreur diascévastique pour l’instrumental : pir. *išmā ham+duarianta*. Il faut donc comprendre que ceux qui opèrent un mauvais choix sont ceux qui « sont corrompus par Aēšma ». Le message véhiculé par le dernier vers de la strophe ainsi fait-il d’Aēšma un archidémon avec lequel nous sommes en mesure de compléter le tableau suivant : Spәnta Mańiiu Angra Mańiiu

Ahura Mazdā Aēšәma

Troisième partie. La fin du monde (Y 30.7-10) L’apparition de la deuxième personne grammaticale avec l’hémistiche 7b2 nous invite à considérer qu’une nouvelle partie commence avec la septième strophe. Jean Kellens a reconnu146 que les strophes 7-9 forment un bloc particulier, incompatible avec ce qui précède ou avec ce qui suit, à moins que nous en retranchions les deux vers initiaux 7ab et reconnaissions dans lʼensemble restant le contenu de la « pensée docile » (ārmaiti) nommée dans lʼhémistiche 7b2. Je préfère séparer complètement ce trca du reste de la hāiti et imputer lʼartifice de sa situation à la diascévase arithmétique. Cependant, avec leur analyse, nous verrons que les strophes 9-10 font un usage complexe des personnes grammaticales, ce qui nous obligera à critiquer la réalité du trca 7-9. 144 145 146

Voir le lexique. Comme dans uruuānē (voir le lexique). KELLENS, 1994, p. 42-3.

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Y 30.7 aāicā xšaθrā jasat (7) manaŋhā vohū ašācā (8) at kəhrpəm utaiiūitiš (7) dadāt ārəmaitiš ąnmā (8) aēšaąm tōi ā.aŋhat (7) yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō (8) .·. Si (le Phrasé) va à la rencontre du (moi) avec lʼEnvoûtement [ahmāi ca xšaθrā jasat], le Penser bon et le (bon) Agencement [manahā vahū rtā ca], la Jouvence lui offre alors la forme [at krpam uta-yūtiš dadāt] tandis que la Déférence (lui apporte) le souffle [aram-matiš anma]. Que le premier des (trois) (= lʼEnvoûtement ?) te soit présent (= soit à ta disposition), (Roi de la sagesse,) [aišaʼam tai ā-ahat... parviyah] pour que (tu viennes) avec le métal (en fusion des ordalies) [yaθā ayahā {ā-ayaha}] ! La grande difficulté de la septième strophe réside dans lʼellipse du sujet de jasat et dans celle du datif complément de dadāt, mais il est possible que lʼanonyme aāiº complément de jasat vaille aussi dans la rection de dadāt147. Si aāiº représente l’uruuan du pieux défunt, son âme masculine, le personnage qui va à sa rencontre pourrait être la daēnā, son âme féminine, mais, verrons-nous, Sraōša « le Phrasé » est un meilleur candidat. Remarquons quʼAhura Mazdā dans le dernier vers joue le rôle qui, dans lʼAvesta récent ou les livres pehlevis, est celui de Rašnu si ce dernier est bien le dieu des ordalies148. 7a. aāicā xšaθrā jasat V manaŋhā vohū ašācā « Si (Sraōša) va à sa rencontre avec lʼEnvoûtement, le Penser bon et le (bon) Agencement ». Protase en ºcā « si ». Le verbe y est précédé dʼun datif de lieu et du premier membre dʼune coordination formant le groupe instrumental. La place que les deux derniers membres de la coordination A... B Cºcā formant le groupe instrumental occupent au-delà du verbe est parfaitement licite. La personnification des trois concepts de lʼenvoûtement ou exercice de lʼemprise rituelle sur les dieux, du recours au penser bon et de la mise en place du bon agencement rituel nʼest pas vérifiable, mais nous avions déjà rencontré la triade qui les rassemble dans le premier vers de la dernière strophe de lʼunité précédente (Y 29.11a). Je ne sais si l’ordre inverse dans lequel les trois Amәša Spәnta sont énumérés ici a été 147 148

Voir KELLENS, 1994, p. 42-3. À mon avis, non.

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recherché, mais, au vu du dernier hémistiche, il faut l’envisager puisque Xšaθra préside les ordalies. L’identification de ce que représente le pronom aāiº ne varie guère entre les traducteurs. Humbach et Faiss149, suivis par Lecoq150, restent fidèles aux traductions médiévales : axvān ī mardōmān [...] .·. ō ōy šahrevar rased ; bhuvanam manusyānām [...] || tatra ca saharavarah prāpnoti ; « to this (existence/ world) », mais Kellens151, dernièrement, ne se prononce plus. Il y a plus de trente ans, lui et moi152, nous avions dû négocier le tournant allant de la strophe précédente à celle-ci : comme la forme marәtānō de Y 30.6c2 ne peut être analysée comme relevant de marәtan- « mortel »153, la forme présente dans la désignation du premier mortel Gaiia Marәtan, Kellens et moi, nous avions opté pour un dérivé en +an- (suffixe de Hoffmann) de marәta- (= véd. márta-) et, très logiquement, lui avions donné le sens de « possesseur d’hommes, maître d’hommes » pour y voir la désignation d’un personnage connoté négativement. Ce mauvais signe du personnage nous faisait alors reculer devant l’idée que le pronom aāiº pût le représenter, et nous avions pensé pouvoir y reconnaître Ahura Mazdā. Il fallait encore trouver le sujet de jasat. Les traducteurs médiévaux, ignorant des déclinaisons avestiques, n’eurent aucune peine à le trouver dans la série instrumentale xšaθrā ... manaŋhā vohū ašācā. Pour Kellens et moi, sous-entendu, le sujet devait être un élément de Y 30.6c qui ne fût pas connoté négativement. Il s’imposa donc d’opter pour la reprise d’ahūm : « l’existence (rituelle) du maître d’hommes. | Mais (l’existence rituelle) vient à lui (, Mazdā,) avec emprise ». Kellens, aujourd’hui, ne se prononce plus tandis que Humbach et Faiss se contentent du fade « one comes » ou que Lecoq se résout à donner à jasat le même sujet qu’au verbe suivant : « Et à celle-ci [= l’existence de l’être humain], en compagnie de Xšaθra, de Vohu Manah et d’Aša, viendra | Ārmaiti, au corps juvénile, alors elle donnera l’énergie vitale ». Pour ma part, il me paraît aujourd’hui peu vraisemblable qu’une notion aussi abstraite que « l’existence » vienne à faire le sujet d’un verbe aussi animé que √ gam « aller », mais la corrélation des particules ºcā et at ne peut être ignorée : elle empêche de considérer ārmaitiš comme sujet commun aux deux verbes jasat et dadāt. Et faire de 149 150 151 152 153

HUMBACH et FAISS, 2010, p. 82. LECOQ, 2016, p. 728. KELLENS, 2015a, p. 29. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 111. Morphologie rare : masculinisation de l’infinitif en -tan- ?

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kəhrpəm un accusatif de relation complétant utaiiūitiš vu comme épithète d’ ārmaitiš, de l’aveu même de Lecoq, est une analyse fort risquée. En réalité, elle n’a d’autre but que d’ignorer celle que Kellens et moi, nous avions proposée et qui consistait à tenir mieux compte de l’ordre des mots et à faire de kəhrpəm utaiiūitiš dadāt ārəmaitiš ąnmā un diptyque tonal154 « tandis qu’Utaiiūiti donne la forme, Ārmaiti (donne) le souffle ». Humbach et Faiss avaient pourtant entériné cette interprétation du deuxième vers de la strophe : « youthfulness grants bodily form, (and) right-mindedness (grants) breath/life ». Vu la distance, il est alors impossible de tenir ārmaitiš pour le sujet de jasat. Si je ne puis accepter ni la série instrumentale ni « l’existence » ni « Ārmaiti » ni le fade « one », quel est donc le sujet de jasat ? La question est bien évidemment liée à celle de l’identification de aāiº. Il me semble impératif que ce dernier fonctionne aussi dans le diptyque tonal : il y convient de compléter ainsi la rection de dadāt. Autrement dit, pour être le bénéficiaire de l’action de donner, aāiº est probablement un personnage, et la question est alors de déterminer à qui les déesses Utaiiūiti et Ārmaiti octroient forme et souffle. Et, ensuite, celle de savoir qui vient au devant du personnage en question. Il n’est guère aisé de répondre à de telles questions : les syntagmes kəhrpəm + √ dā et ąnmā + √ dā n’existent nulle part ailleurs ; et √ gam construit avec un datif et un instrumental n’est attesté que bien rarement155. L’attestation du Y 46.3d, non seulement pour renfermer le mot ūθāi de sens hypothétique et d’étymologie inconnue, mais aussi pour rester silencieux sur l’identité du sujet et sur celle du datif, ne peut nous aider : kaēibiiō ūθāi (4) vohū jimat manaŋhā (7)

Notre attention ainsi se focalisera-t-elle sur les vers Y 44.16de : at hōi vohū (4) sәraōšō jantū manaŋhā (7) mazdā aāi (4) yaāi vašī kaāicīt (7) .·. « Son Phrasé doit aller avec le Penser bon, (Roi) qui apportes la sagesse, à la rencontre de celui, quel qu’il soit, à la rencontre de qui tu désires (qu’il aille) ».

Nous y trouvons le nom de Sraōša, le dieu de la récitation, comme sujet de √ gam, mais il est affublé du génitif pronominal de celui qui exécute la récitation, hōi. En effet, si aāi est complément de jantū, le pronom hōi sera forcément un génitif complément de sәraōšō ou de manaŋhā. La première alternative est à préférer sur base du vers Y 45.5c 154 155

Sur ce type de diptyque, MINARD, 1949-56, vol. I §149. Le sens nº 3 dans KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 237-8.

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où le nom de Sraōša se combine aussi avec cette sorte de tandem grammatical : yōi mōi aāi (4) sәraōšәm dąn caiiascā ront mon Phrasé »156.

(7)

« tous les (mortels) qui lui offri-

Il est donc question d’un personnage divin allant à la rencontre d’un personnage indéfini. Certes, nous pourrions penser à Daēnā allant à la rencontre du jeune homme sous la forme duquel l’âme-moi d’un pieux défunt quel qu’il soit aborde l’au-delà, mais le parallélisme nous conduit à tenir compte du sujet qui est explicite dans le vers Y 44.16d, Sraōša. Cette suggestion est à retenir puisque Sraōša, dans la tradition ultérieur, sera l’un des juges ou lʼun des guides des âmes des défunts aux portes de l’au-delà et que la strophe suivante, Y 30.8, évoque d’ailleurs la punition (kaēnā-) qui, le cas échéant, leur sera infligée pour les crimes commis (aēnah-). Et l’analyse nous conduit aussi à mieux comprendre le tandem pronominal de Y 44.16d et de Y 45.5c : hōi ou mōi y est l’officiant qui récite et aāi, l’âme-moi du défunt. 7b. at kəhrpəm utaiiūitiš V dadāt ārəmaitiš ąnmā « La Jouvence offre alors à ce (moi) la forme tandis que la Déférence (lui apporte) le souffle ». Apodose en at  : au lieu de considérer que la particule at souligne le parallélisme de 7b avec 7a157, mieux vaut y voir le corrélatif du ºcā conjonction de subordination de 7a1. Deux volets constituent la proposition dont nous pourrions faire un diptyque tonal dans lequel le verbe commun ne serait exprimé que pour le premier volet, kəhrpəm utaiiūitiš dadāt, tandis que le second, ārəmaitiš ąnmā, resterait elliptique. Avec l’allusion que ce vers et les mots aiiaŋhā ādānāiš du suivant font à l’au-delà, nous sommes conduits à admettre que le pronom aāiº représente une divinité ou lʼâme-moi du défunt. Comme les déesses de la Jouvence et de la Déférence158 lui confèrent « corps » et « âme », nous devons envisager quʼil est ici question de ce que les livres pehlevis nommeront tan ī pasēn « la personne future », la forme que les individus revêteront au terme du temps linéaire lors du parachèvement du monde 156

Voir chapitre V. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 113. 158 La personnification des deux concepts de la Jouvence (Utaiiūiti) et de la Déférence (Ārmaiti) est évidente. Sur la première de ces deux déesses, PIRART, 2007a, p. 36 n. 27, p. 37, 54, 101. 157

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(frašō.kǝrǝiti-). Comme lʼâme nommée ici, plus exactement le « souffle »159, nʼest jamais mentionnée nullepart ailleurs, nous ne pouvons apprécier ni commenter davantage lʼopportunité des tandems en jeu : kǝhrpąnman-

utaiiūitiārmaiti-

Le mythe védique de Sukanyā et de Cyavāna160 garantit pourtant lʼantiquité du lien qui solidarise le tandem formé de kǝhrp- et dʼutaiiūiti-. La kǝhrp de l’uruuan du pieux défunt, en effet, sera celle dʼun jeune homme de quinze ans (yauuan-), savons-nous par le Haδaōxt Nask. Le vers 7b nous fait entrevoir ainsi un pan de lʼeschatologie archaïque pour lequel il existe, par rapport aux données avestiques récentes et pehlevies, une différence qui est au moins lexicale. Il nous reste à nous interroger sur la raison pour laquelle le nom de Sraōša a été tu dans Y 30.7. Remarquons la métrique spéciale de cette strophe, l’emploi de seconds hémistiches octosyllabiques, à la différence des strophes environnantes. Comme si nous étions en présence d’une strophe isolée, dépourvue de ce contexte original qui dût nous renseigner sur l’identité du sujet de jasat. Kellens161 l’avait reconnu, la strophe est incompatible avec ce qui précède, mais il faut encore souligner que l’absence de la particule at à son ouverture fait de cette strophe un début de texte : aāicā au lieu d’ atcā hōi. Comme lʼhétérogénéité du texte est sérieusement envisageable, il est donc malaisé de répondre à la question de lʼomission du nom de Sraōša. 7c. aēšąm tōi ā.aŋhat V yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō .·. « Que le (premier) des (trois) (= lʼEnvoûtement ?) te soit présent, (Roi de la Sagesse) ! » ou « si bien que le (premier) des (trois) (= lʼEnvoûtement ?) te sera présent, (Roi de la Sagesse) » Prodose. « Le premier pour que (tu viennes) avec le métal (en fusion des ordalies) ! » Apotase, mais pōuruiiō pourrait bien appartenir à la prodose. En effet, dans lʼidée que le pronom aēšąm en est le complément, pōuruiiō appartient nécessairement aussi à la prodose, l’apotase étant dès lors limitée aux deux mots yaθā aiiaŋhā. 159 ąnman- < pie. *H2énH1mn-. À ne pas confondre avec lʼinfinitif datif ąnmənē < *H2nH1-ménH2oi. 160 Notamment ŚBM 4.1.5. 161 KELLENS, 1994, p. 42-3.

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Dans ce dernier vers, la première question qui se pose est celle d’identifier à nouveau ce qui se cache derrière un pronom, cette fois aēšąm. Ce génitif pluriel complète très vraisemblablement pōuruiiō : « le premier d’entre eux ». Il ne peut être question de l’existence rituelle ou fondamentale (aŋhu- paōuruiia-) puisqu’il n’y a jamais que deux existences, l’osseuse et celle de la pensée qui est aussi la fondamentale, car le pronom aēšąm fait référence à un nombre plus élevé que deux. Dès lors, penserons-nous, il est probablement fait allusion aux trois entités présentes dans le premier vers. Le premier de ces bons ingrédients rituels divinisés (Vaŋhu), dans l’ordre où ils sont énumérés, est Xšaθra. Or, faut-il bien voir, ce que ce Vaŋhu patronne n’est autre que le métal, lequel est précisément nommé ici dans le dernier hémistiche avec aiiaŋhā. Le caractère extrêmement limité de l’apotase est remarquable. Ceci dit, il nous est loisible de voir dans la forme aiiaŋhā un subjonctif (≈ védique *áyase) « de façon que tu arrives le premier ». La glose ādānāiš « avec les chaînes » certes nʼy est pas favorable, mais les traducteurs médiévaux162 ont pourtant eu l’idée d’y trouver le verbe « aller ». Prods Oktor Skjærvø a suggéré dʼy reconnaître la deuxième personne du singulier de lʼinjonctif de ā+√ yā « demander pour avoir »163 : « Of these (rewards) there shall be for you according as you shall be the first to request (them) on account of (your) *presentations », i.e., « if your performance makes you first in line to receive the rewards, you shall have them ». Remarquons-le aussi, une haplologie de mots est envisageable entre aiiaŋhā instrumental singulier de aiiah- « le métal » et *ā.aiiaŋhā deuxième personne du sing. du subj. présent de ā+√ 1i : yaθā164 aiiaŋhā {ā.aiiaŋhā} « pour que {tu viennes} avec le métal ». En effet, le matériel védique, pour conjuguer le verbe I au subjonctif, illustre

162 Même si je nʼarrive pas à bien comprendre leur interprétation du vers : OLEšʼn| Y LK ZK AYT| AYḴ ʼytvn| YHMTVNd MNV ʼytvn| YATVNšn| cygvn dhšn| Y pltvm AYḴš kʼmk V kvnšn| ZK Y gʼyvmlt .·. (avēšān ī tō ast kū ēdōn rasend {kē ēdōn āyišn} ciyōn dahišn ī fradom {kū-š kāmak ud kunišn ān ī gaiiō.marǝt}) « (ce) sont les tiens en ce sens quʼils arrivent de la même façon {celui qui a la même arrivée} que la première créature {en ce sens que son désir et son action sont ceux de Gaiia Marǝtan} » ; te ca te tasmin santi | kila tasmin prāpnuvanti | ya evam āgantā yathā dātih pūrvā | yathā gaïomardah « et cʼy sont les tiens en ce sens quʼils (t’)y parviennent, celui qui viendra comme (le fit) la première créature {= comme (le fit) Gaiia Marǝtan} ». 163 SKJÆRVØ, 1998, p. 191. 164 Sur yaθā + subj. de but, voir notamment RS 7.104.3c yáthā nātah púnar ékaś canódáyat « so that not a single one will come up from there again » (trad. DONIGER, 1981, p. 293).

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qu’il pouvait être recouru à la voix moyenne et que les désinences secondaires pouvaient être employées aussi bien que les primaires165. Si nous refusons de faire confiance à la glose de aiiaŋhā par ādānāiš166 et reconnaissons dans pōuruiiō une référence faite au premier terme de la triade présente dans le premier vers, Aiiah pourra être vu comme le futur acolyte de Xšaθra, Aiiah Xšusta « Métal en fusion », lʼallégorie des ordalies167. Cependant, pōuruiiō peut tout aussi bien viser celui des Amǝša Spǝnta qui, par ailleurs, était vu comme le premier : Aša168. Il convient de s’interroger aussi sur le lien tissé entre les deux premiers vers et le troisième. Comme souvent, aucune particule ni aucun mot outil n’ouvrent ce dernier vers où font presque tout de suite irruption et le subjonctif et la deuxième personne du singulier, car ni l’un ni l’autre ne marquent les deux premiers vers. Le subjonctif présent ā.aŋhat169 est employé comme substitut de lʼimpératif en vers conclusif de strophe170, à moins que nous y reconnaissions un subjonctif consécutif. La présence du subjonctif pourrait nous inviter à considérer une conséquence de ce qui est exposé dans les deux premiers vers, mais, sémantiquement, cette idée ne débouche apparemment sur aucun résultat satisfaisant : si Sraōša va à la rencontre de l’âme-moi du pieux adorateur défunt et qu’Utaiiūiti et Ārmaiti lui offrent respectivement la forme et le souffle, nous voyons mal comment le fait que le grand dieu ait le xšaθra sous la main et, de la sorte, puisse venir à la rencontre de l’orant avec le métal des ordalies en constitue une conséquence. Ceci dit, l’hypothèse d’une exhortative, sémantiquement, ne s’impose pas non plus. Je reste perplexe.

165 RS 6.26.1c sáṁ yád víśó’yanta śūrasātau « when the tribes gather on the field of battle » (trad. GRIFFITH, 1973, p. 301) ; 7.83.2a yátrā nárah samáyante krtádhvajah « Là où les seigneurs se rencontrent, bannière érigée » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 100). 166 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 82, ne tiennent aucun compte de la métrique ni du statut de glose qu’il convient d’octroyer à ādānāiš : « so that through their allotment by the (ordeal with glowing) metal, this (existence/ world) will be your first/ foremost one ». 167 Lʼantiquité de cette divinité est confirmée par la présence de son nom au premier terme de lʼandronyme composé aiiō.asti- (Yt 13.112). 168 D’après aša.paōiriia- (Vr 19.2, Y 19.19) et ašō.paōiriia- (Yt 13 117). 169 La métrique de ā.aŋhat diverge de celle que supposent les lois de lʼaccentuation védique en vigueur chez les Vājasaneyin : MINARD, 1949-56, vol. I §16a. Par contre, il y a coïncidence pour ce qui est de la fusion vocalique entre aši- / ārǝiti- et védique ārti(< *ā+r-ti). 170 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 81.

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Y 30.8 atcā yadā aēšąm (7) kaēnā jamaitī aēnaŋhąm (9) at mazdā taibiiō xšaθrəm (7) vohū manaŋhā vōiuuīdaitē (9) aēibiiō sastē ahurā (7) yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm (10) .·. En effet, si la punition de tels crimes doit arriver [at ca yat ā aišaʼam kainā jamati ainahaʼam], le Penser bon doit aider (Zaraθuštra) à expliquer comment t’envoûter, Roi qui apportes la sagesse, aux (adorateurs) [at mazdā tabya xšaθram vohū manahā vaividatai aibyah sastai ahurā] qui livreront lʼErreur aux mains de lʼ(excellent) Agencement [yai rtāi dadan zastaiʼah drujam]. L’auteur ou celui qui a ici la parole souhaite ou demande que le xšaθra fasse en sorte qu’Ahura Mazdā soit à la barre lorsqu’il s’agira non seulement de juger, mais aussi de châtier les âmes des défunts. 8a. atcā yadā aēšąm

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kaēnā jamaitī 171 aēnaŋhąm

« En effet, si la punition/ vengeance de tels crimes doit arriver ». Protase dans un diptyque construit sur la corrélation yad° ... at172. Son statut de sujet d’un verbe de mouvement est l’indication d’une amorce de personnification de kaēnā, une sorte de Νέμεσις : l’Avesta récent et les livres pehlevis feront de Kaēnā l’une des Daēuuī. 8bc1. at mazdā taibiiō xšaθrəm V vohū manaŋhā vōiuuīdaitē 173 aēibiiō sastē ahurā

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« Le Penser bon doit aider (Zaraθuštra) à leur expliquer (comment) t’envoûter, Roi qui apportes la sagesse ». Apodose. Il est logique de trouver la forme tonique du pronom de la deuxième personne du singulier derrière un vocatif atone, mais, dans la Rgvedasaṁhitā, cette règle est souvent transgressée. Les traducteurs médiévaux font de xšaθrəm 171 Le subj. aor. de cette prop. subordonnée conjonctive et celui de la principale se trouvent en relation conditionnelle dʼéventuel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 88. Pour leur part, HUMBACH et FAISS, 2010, p. 82, pensent à un prétérit, « has arrived », contre KELLENS, 2015a, p. 29, « advient », et LECOQ, 2016, p. 729, « viendra ». Comme il détermine kaēnā, le génitif se situe licitement derrière le verbe, d’autant que son groupe a déjà démarré auparavant (aēšąm). 172 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 108. 173 Le subj. prés. des présents secondaires (ici lʼintensif) exerce la fonction du subj. aor. dans la corrélation éventuelle yadº... at : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 81 et 88.

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l’objet de vōiuuīdaitē174. Humbach et Faiss175 font de même : « then [...] one will, with good thought commit to you the power (over it) ». Par contre, Kellens176 donne le sens passif à ce verbe : « il te sera attribué par la bonne pensée [...] le Pouvoir ». Lecoq177 aussi, mais en modifiant son sens intrinsèque : « Alors [...] ton royaume sera établi, avec Vohu Manah ». Donner à xšaθrәm le statut d’objet de vōiuuīdaitē, en pensant que le nom de Zaraθuštra est à sous-entendre comme sujet de ce verbe, est une alternative, mais, du fait d’une synecdoque, Zaraθuštra peut aussi se cacher dans un instrumental ressenti comme un complément d’agent. Il est malaisé de faire de l’infinitive aēibiiō sastē yōi... le complément de vōiuuīdaitē. Et le statut de datif pour l’infinitif en -tē est résolument à rejeter puisque, théoriquement, les cas obliques devaient être formés à partir du thème *-tan- du suffixe. De surcroît, le manque de coordination entre taibiiō xšaθrǝm et aēibiiō sastē fait difficulté tout aussi bien. La question morphologique nʼaffecte pas autant l’interprétation des vers Y 46.12de : at īš vohū (4) həm.aibī.mōist manaŋhā (7) aēibiiō rafәδrāi (4) mazdā sastē ahurō (7) .·. « Ahura Mazdā se refuse à les [= ?] leur [= ?] expliquer avec Vohu Manah et à leur apporter son secours ».

Devant de tels écueils, il n’est guère étonnant que Humbach et Faiss178 fassent de sastē le locatif de l’adjectif verbal en -ta- : « at the (judgment) pronounced to those who », que Kellens179 cherche à rattacher de force cet infinitif à xšaθrәm : « le Pouvoir d’expliquer (comment faire) à ceux qui » et que Lecoq180 inaugure une nouvelle phrase en décrétant que cet infinitif est employé avec le sens de l’impératif : « Il faudra l’annoncer [...] à ceux qui ». Pour ma part, j’adopterais volontiers la solution de Kellens en admettant que le xšaθra exercé sur la divinité consisterait à expliquer aux orants comment ils doivent s’y prendre. La rareté du cas de figure me pousse pourtant à reprendre la phrase. Soulignons alors le rôle de clôtures que les termes du vocatif mazdā... ahurā 174 ʼytvn| ʼvhrmẕd MNV ʼv| LK hvtʼdyh ʼš vhvmn BRA YHBVNyt mzd .·. (ēdōn ohrmazd kē ō tō xvadāyīh ā-š vohu.man be dahed mīžd .·.) « ainsi, à qui te (donne) le royaume, Ahura Mazdā, Vohu Manah donne la récompense » ; evam mahājñānin tvadīyānāṁ rājyaṁ gvahmano dadāti « ainsi Vohu Manah donne-t-il le royaume à tes adorateurs, Ahura Mazdā ». 175 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 83. 176 KELLENS, 2015a, p. 29. 177 LECOQ, 2016, p. 729. 178 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 83. 179 KELLENS, 2015a, p. 29. 180 LECOQ, 2016, p. 729.

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y jouent : ils en assurent pour ainsi dire le compactage tant et si bien que, dans sa compréhension, le souhait d’une plus grande solidarité des termes m’amène à placer xšaθrәm dans la rection de sastē et à considérer que ce dernier est le sujet de vōiuuīdaitē : « leur expliquer (comment) t’envoûter, (cela) sera fourni par le Penser bon ». Dans cette analyse, remarquons-le, le verbe occupe une place parfaitement recevable et licite puisque ce qui le suit en constitue le sujet. 8c2. yōi ašāi dadən181 zastaiiō drujəm .·. « Les (adorateurs) qui livreront lʼErreur aux mains de lʼ(excellent) Agencement ». Lʼantécédent du pronom relatif yōi est aēibiiō. Le contenu de lʼhémistiche rappelle celui du vers Y 44.14b kaθā ašāi (4) drujәm diiąm zastaiiō (7). Y 30.9 atcā tōi vaēm xiiāmā (7) yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm (9) mazdāscā ahurāŋhō (7) ā.mōiiastrā baranā ašācā (9) hiiat haθrā.manā bauuat (7) yaθrā cistiš aŋhat maēθā (9) .·. Puissions-nous donc tʼappartenir [at ca tai vayam hyāma] ! | Le Roi qui apporte la sagesse et dʼautres (Adorables) [mazdāh ca ahurāhah] qui, avec... et avec le (bon) Agencement [yai... ā.mōiiastrā baranā rtā ca], rendront luxuriante/ parachèveront lʼexistence que voici [im fraxšam krnavan ahum], quand son penser sera concentré [yat haθramanāh buvat] quant à savoir ce dont la compréhension restera encore hésitante [yaθra u cistiš ahat miθā], (...). La difficulté, comme nous le verrons, réside dans lʼimpossibilité de ranger syntaxiquement 9a1 avec le reste de la strophe et de trouver ailleurs une proposition principale : avec 9a2 commencerait une phrase incomplète ! Si nous pensons que ceci est le fruit dʼune intervention secondaire, lʼauteur du collage a voulu reconnaître les Saōšiiant derrière « nous ». Soulignons que cette difficulté dépourvue de solution en est précédée d’une autre, celle de savoir que faire de l’infinitif sastē de 8c1 que, ci-dessus, je n’ai pu résoudre que de façon forcenée. La zone du texte faisant la fin de la précédente et le début de cette strophe pourrait donc bien avoir été endommagée. 181 Ce subj. prés. indique que lʼaction ne pourra sʼaccomplir quʼau terme du procès principal : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. Place spéciale du verbe.

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9a. atcā tōi vaēm xiiāmā182 V yōi īm fərašəm kərənāuǝn183 ahūm « Puissions-nous donc tʼappartenir ! | Les (Adorables) qui rendront luxuriante/ parachèveront lʼexistence que voici ». Lʼanomalie de la divergence de personnes grammaticales que nous constatons entre les deux hémistiches nʼa pas été aplanie. Niriosaṅgha n’hésite pas à la corriger : evaṁ ca te vayaṁ svādhīnāh smo ya idam aksayatvaṁ kurmahe bhuvane184. Par sa position devant vaēm, tōi serait plutôt le génitif-datif du pronom enclitique de la deuxième personne du singulier. Cette constatation place l’hémistiche 9a1 dans la foulée du vers 8c où le pronom tōi de deuxième personne du singulier figurait d’ores et déjà. Cependant, je ne vois pas comment ordonner ce premier hémistiche avec la suite de la strophe. Lʼaffirmation que cet hémistiche véhicule de se situer du bon côté, dʼappartenir à la bonne obédience, de figurer au nombre des pieux adorateurs ou de le souhaiter est une profession de foi que nous retrouvons dans le Haōm Staōt185. 9b1. mazdāscā ahurāŋhō « Le Roi qui apporte la Sagesse et dʼautres (Adorables) ». En dehors du singulier employé généralement pour la désignation du grand dieu et peut-être quelques fois pour celles du feu, de Zaraθuštra ou d’un autre 182 Opt. prés. dans lʼexpression du souhait dans une prière : KELLENS et PIRART, 198891, vol. II p. 88. 183 Sur lʼemploi de ce subj. prés., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. Place licite du verbe. Par le syntagme fәrašəm kǝrǝnāun quʼil contient, lʼhémistiche est à rapprocher des passages suivants : Aog 69 ˟ā aŋhəuš ˟frašō.carәθrat (JAMASPASA, 1982) ; Y 34.15c2 fәrašəm vasnā haiθiiəm dā ahūm ; Yt 13.17.2e frašō.carәθrąm saōšiiantąm .·. ; 19.11a yat kәrәnauuąn frašәm ahūm ; 19.89.2a yat kәrәnauuāt frašәm ahūm. 184 Cela n’inquiète pas HUMBACH et FAISS, 2010, p. 83 : « May we thus be those who make the existence/ world perfect, | O Wise One and you (other) Lords/ Ahuras by the bringer-of-turns and through truth, | with (our) thoughts concentrated on where insight is a partner ». 185 Y 10.16 pancanąm ai (5) pancanąm nō[it] ai (6) .·. humatahe ai (6) dušmatahe nō[it] ai (7) .·. hūxtahe ai (6) dužūxtahe nō[it] ai (7) .·. huuarǝštahe ai (6) dužuuarǝštahe nō[it] ai (7) .·. sraōšahe ai (5) asruštōiš nō[it] ai (6) .·. ašaōnō ai (5) druuatō nō[it] ai (6) atcit aāt yaθa apǝmǝm (8) mańiuuā aŋhat ńiuuāitiš (8) ºoº « Je relève des cinq et suis sans relation avec les cinq autres : je relève de la pensée bonne et suis sans relation avec la pensée mauvaise, relève de la parole bonne et suis sans relation avec la parole mauvaise, relève du geste bon et suis sans relation avec le geste mauvais, relève du (bon) Phrasé et suis sans relation avec lʼAbsence de déclamation, relève de celui qu’accompagne le (bon) Agencement et suis sans relation avec lʼÉgaré, et cela jusquʼà ce quʼait lieu le combat décisif des deux Sentiments » (voir PIRART, 2004, p. 102 ; 2010b, p. 340).

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chef, le vieil-avestique ahura- est attesté deux fois au pluriel, mais toutes deux fois sous la forme ahurāŋhō. En effet, nous ne devons analyser comme relevant certainement du pluriel aucune attestation vieil-avestique de la forme ahurā186. En utilisant la finale lourde ºāŋhō, l’auteur a donc voulu marquer le coup. Il convient alors de nous interroger sur ses motivations. Les deux fois, la forme ahurāŋhō est précédée de mazdāscā. Il s’agit donc les deux fois d’une même séquence. Il est alors à mes yeux recommandable d’en donner la même analyse les deux fois. La première fois, malheureusement, le contexte est désespéré187. En effet, il est malencontreux que le pronom tōi de deuxième personne du singulier ne soit l’ancrage d’aucun vocatif puisque l’hémistiche mazdāscā ahurāŋhō dans lequel le nom du grand dieu ne figure pas au génitif appartient forcément à la proposition subordonnée relative basée sur un verbe conjugué à la troisième personne grammaticale et en constitue la clôture pour rejeter l’hémistiche ā.mōiiastrā.baranā ašācā dans la proposition principale, mais nous voyons mal qui d’autre que le grand dieu le pronom tōi devrait représenter. Remarquons que la proposition subordonnée relative yōi īm fərašəm kərənāun ahūm V mazdāscā ahurāŋhō n’est pas coordonnée à ce pronom et que, dès lors, il faudrait admettre, mais de façon tout à fait ad hoc, que la particule ºcā de mazdāscā pût jouer ce rôle. Si nous nous tournons vers l’autre analyse possible de tōi ―ce serait l’adjectifpronom corrélatif de yōi―, nous butons sur une autre aporie : aucune place ne peut être aisément donnée à tōi du fait de la différence de personne grammaticale existant entre les deux volets du diptyque tōi vaēm xiiāmā yōi ... kərǝnāun « Et puissions-nous être ceux qui vont faire ». La situation est donc désespérée188. 186 Les seules attestations où, à la rigueur, nous pourrions ou devrions hésiter sont celles des hémistiches 1b1 (voir ci-dessus) et Y 29.10a1. Dans ce dernier, la forme ahurā est, en effet, le seul élément d’explicitation du pron. yūžəm  : yūžəm aēibiiō ahurā V aōgō dātā ašā xšaθrəmcā « Vous, ô Roi (qui apportes la Sagesse), / Vous les Rois, permettez-leur de recourir à l’Agencement pour exercer l’ascendant (sur la déesse) et (lʼ)envoûter ! » Quant à elle, lʼattestation du nom. plur. ahurā au vers Y 29.11c qui résiste à lʼanalyse est très incertaine : PIRART, 2018, p. 56, 91-5. 187 Quoi qu’il en aient pu être dit dans les diverses études menées à ce sujet : voir KELLENS, 1994, p. 90. Niriosaṅgha ne s’est apparemment pas interrogé sur ces difficultés et traduit le syntagme mazdāscā ahurāŋhō par mahājñānine ca svāmine. 188 À moins que nous acceptions de nous appuyer sur la présence de la même anomalie dans RS 5.6.8cd té syāma yá ānrcús V tvādūtāso dámedame « Puissions nous être ceux qui ont chanté-toujours, maison après maison, tʼayant (pris pour leur) messager ! » Cette traduction que RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 23, nous en offre ne peut me convaincre : pour moi, la différence grammaticale présente dans ces vers védiques entre la principale et la subordonnée est à négocier en sous-entendant un gén. comme antécédent du pron.

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Cependant, sur base des parallèles avestiques récents189 de la proposition subordonnée relative, nous pourrions avancer que, si Mazdā n’était pas mentionné, les Ahura nommés ici ou, du moins, certains d’entre eux ne seraient autres que les futurs Saōšiiaṇt. Autrement dit : toute la question est de savoir quels êtres, selon la conception vieil-avestique, accompagnent Mazdā dans le rôle que l’Avesta récent attribuera aux Saōšiiant. Comme les Saōšiiant accompliront leur mission en offrant d’importants sacrifices lors des derniers millénaires du temps linéaire et que le propre terme de saōšiiant- paraît, en vieil avestique, désigner le sacrifiant, il n’est guère aventureux ni difficile de penser que les Ahura de la strophe Y 30.9 ne soient autres que de futurs Amǝša Spǝnta ou Yazata Mańiiauua, autrement dit : de ces allégories des forces sacrificielles que les organisateurs de la fête célébrée lors des derniers millénaires ne manqueront pas de solliciter ou de mettre en œuvre. La compréhension médiévale de la strophe Y 30.9, remarquons-le dʼailleurs, fait du Parachèvement du monde (frašō.kǝrǝiti-) l’occasion que les hommes auront de rejoindre la communauté (hanjamana-) des dieux, de côtoyer Ahura Mazdā et Aša Vahišta ou de jouir de l’indestructibilité corporelle. Aucune analyse parfaitement claire n’a pu être donnée du problème190. La seconde occurrence de la séquence mazdāscā ahurāŋhō confirme son statut de nominatif. Comme nous ne pouvons être les dieux et que ceux-ci sont nommés à la troisième personne grammaticale, force nous est de douter de l’authenticité de cette première attestation d’ahurāŋhō : le caractère incongru de la syntaxe m’invite à penser qu’elle est issue d’un collage et que la strophe Y 31.4 pourrait se trouver à la source de l’une des pièces de ce collage. Quant à elle, cette seconde attestation d’ahurāŋhō, en effet, ne fait aucune difficulté : Y 31.4 yadā ašəm zəuuīm (7) aŋhən mazdāscā ahurāŋhō (9) ašicā ārəmaitī (7) vahištā išasā manaŋhā (9) maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat (7) yehiiā vərədā vanaēmā drujəm (9) .·. « Quand les Rois seront présents, (au nombre desquels nous comptons) l’Agencement qu’il (nous) convient d’appeler et le (Roi) qui apporte la Sagesse, je recourrai à la Déférence et à la Dédicace de l’excellent Penser pour exiger que la faculté me soit accordée d’exercer

rel. : « Dès lors, puissions-nous appartenir (aux dieux) qui célèbrent de trouver en toi, (Agni,) leur messager dans chaque maison ! » 189 Voir JAMASPASA, 1982, p. 73 n. 190 À moins que nous acceptions quʼune formule vāyav índraś ca ait été transfigurée par la combinaison de deux singularités, lʼordre inverse índraś ca vāyo et lʼintégration à la relative : KELLENS, 1994, p. 90.

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(sur eux) l’Ascendant et l’Envoûtement sans l’accroissement de(s)quel(s) nous ne pourrions vaincre l’Erreur »191.

Coïncidence ou non, les commentaires médiévaux de cette strophe y ont trouvé la mention du plus fameux des Saōšiiant, Astuuat.ǝrǝta, mais sous le nom d’Aōjaŋvhant. Et, en effet, il y serait fait allusion à la victoire eschatologique que le Saōšiiaṇt remportera sur la Druj, un événement corrolaire du Parachèvement du monde (frašō.kǝrǝiti-) évoqué dans la strophe Y 30.9, mais, si ceci est logique, nous n’accordons pourtant aucun crédit à de tels commentaires : les Ahura de cette seconde strophe sont bel et bien les futurs Amǝša Spǝnta. Une divergence mythologique existerait ainsi entre l’Avesta ancien et l’Avesta récent : selon les Cantates, les dieux, à commencer par Ahura Mazdā, se chargeront de la Frašō.kǝrǝiti tandis que, selon les Yašt, ce sera surtout le rôle d’Astuuat.ǝrǝta. L’auteur du commentaire médiéval a voulu aplanir cette divergence. Cependant, la divergence, pouvons-nous considérer, nʼest quʼapparente : comme le grand Parachèvement du monde consiste en lʼoffrande dʼun sacrifice planétaire, lequel suppose lʼexistence non seulement de sacrifiants et dʼofficiants, mais aussi de dieux honorés de la sorte, il est tout à fait attendu que les frašō.carǝtar soient à reconnaître tant parmi ces derniers que parmi les Saōšiiant. Le groupe des entités personnifiées, à savoir celles qui reçoivent le titre de « rois », n’est explicité que pour deux de ses membres, Aša et Mazdā, l’emploi du pluriel ahurāŋhō nous indiquant avec clarté que la coordination ašəm... mazdāscā est elliptique : d’autres « rois » sont à tenir en ligne de compte. En toute rigueur, nous devons aussi nous interroger sur la valeur exacte du pluriel ahurāŋhō : est-il lui aussi elliptique ? Ce pluriel est-il, dans son emploi, plutôt comparable au duel védique aśvínā « Aśvin et *Yavin » ? Au lieu de penser que toutes les entités envisagées auraient également droit au titre de « rois », peut-être devrions-nous comprendre que seule l’une d’elles y avait réellement droit et que, dès lors, le pluriel ahurāŋhō signifiait au juste « le roi et les autres (dieux) ». Nous pourrions pencher en faveur de cette interprétation dans la mesure où les exemples de l’emploi du mot ahura- comme titre accordé à un autre dieu qu’Ahura Mazdā sont assez rares et où la souveraineté, par nature, ne se partage pas. Jean Kellens et moi, nous avions relevé la 191 Comme à la strophe Y 30.9, la forme ahurāŋhō est employée ici comme clôture de la subordonnée, contre KELLENS, 1994, p. 21, qui range l’hémistiche 31.4b1 dans la prop. subordonnée introduite par yadº. Voir le chapitre II.

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possibilité que le feu reçût ce titre aux strophes Y 33.5, 43.3, 48.3 et 51.3192, mais il faut souligner que le feu est une divinité d’un type assez spécial : visible, situé en ce bas monde, le Feu est doué du don d’ubiquité. Cette ubiquité, le fait d’avoir été ou d’être allumé à plusieurs endroits à la fois193, se déduit de la multiplicité des chemins au bout desquels les strophes gâthiques le disent habiter194. Son statut de « fils d’Ahura Mazdā »195, certes, reflète ce caractère exceptionnel, mais y ajoute aussi de l’huile : immatérielle et visible pourtant, sa flamme traduirait une image du grand dieu. Le feu védique, lui aussi, occupe une place spécifique dans le panthéon de l’Inde ancienne. Tout comme le védique Agni est installé à ce bout-ci du chemin rituel196, lʼavestique Ātar se trouve ici-bas tandis que le grand dieu est là-bas. Devons-nous donc voir dans le Feu un roi sur terre ? En dehors de la désignation du grand dieu, le titre d’ahura, dans l’Avesta récent, est, quelques rares fois, donné au maître de nation (daŋhupati-). Ceci pourra justifier son emploi à propos de Miθra197 puisque ce dieu est donné pour un daŋhupati198. Au duel, le titre d’ahura accompagne le dvandva que le nom de Miθra forme avec celui de 192 Respectivement KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 101, 160, 222 et 254. Pour l’identification de l’Ahura, les deux dernières strophes font difficulté. Le parallélisme que Y 48.3 at vaēdәmnāi (4) vahištā sāsnanaąm (7) yąm hudaā (4) sāstī ašā ahurō (7) spәntō vīduuā (4) yaēcīt gūzrā sənghāŋhō (7) θβāuuąs mazdā (4) vaŋhəuš xraθβā manaŋhō (7) montre avec Y 43.3 at huuō vaŋhəuš (4) vahiiō nā aibī.jamiiāt (7) yə nā әrәzūš (4) sauuaŋhō paθō sīšōit (7) ahiiā aŋhəuš (4) astuuatō manaŋhascā (7) haiθiiəng āstīš (4) yəng ā.šaēitī ahurō (7) arәdrō θβāuuąs (4) huzəntušә spәntō mazdā (7) où θβāuuąs ne s’accorde pas nécessairement avec ahurō nous amène, pour cette identification, à hésiter entre le feu et l’enseignant humain en qui nous devrions éventuellement reconnaître Zaraθuštra (voir, dans le chap. III, le comm. de Y 43.3). À la strophe Y 51.3, c’était en désespoir de cause que j’avais proposé (PIRART, 2007a, p. 87 n. 209) d’identifier ici le dieu Feu : +ā.və.gəuš.ā həmiiantū (7) yōi ˟vī šiiaōθanāiš sārәntē (7) ahurō ašā +hizuuā.- (7) uxδāiš vaŋhəuš manaŋhō (7) yaēšąm tū pōuruiiō (7) mazdā fradaxštā ahī (7) .·. « Les invocateurs doivent se réunir, eux qui se trouvent sans union avec l’Agencement malgré les gestes que le Penser bon accompagne des mots de la langue, gestes dont, (Roi) qui apportes la sagesse, tu es le premier propulseur » (sur ce passage, voir, dans le lexique, la note concernant gəuša-). 193 dámedame, est-il dit dans le vers RS 5.6.8d. 194 Y 33.5c әrәzūš paθō V yaēšū ˟mazdā ahurō šaēitī « les chemins rectilignes au bout desquels, Mazdā, se tient le roi (ton fils) » ; 43.3bd әrәzūš... paθō... V haiθiiəng āstīš V yəng ā.šaēitī ahurō « les chemins qui vont tout droit, (les chemins) infaillibles et carrossables au bout desquels le roi s’installe ». 195 Il est malaisé ou délicat de savoir si c’est avec raison que les Cantates taisent le mot « fils » et se limitent à dire qu’il est le feu d’Ahura Mazdā. 196 Agni se situe à ce bout-ci du sacrifice et Visnu, en trois enjambées, a pu atteindre ce bout-là (AB 1.1). 197 Yt 10.25. 198 Y 1.11, 2.11, Yt 10.78,145, 19.35.

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Bǝrǝzant199 ; or, ce dernier est le seul autre Yazata à recevoir aussi par ailleurs le titre d’ahura200, sans que, pourtant, nous puissions en expliquer la raison. Cette dernière aporie ne nous permet alors aucune garantie quant à savoir si nous devons rejeter complètement que la forme ahurāŋhō pût désigner une pluralité de « rois » divins ou que d’autres dieux que Mazdā pussent recevoir le titre d’ahura dès les Cantates. Si nous ne pouvons nier complètement la possibilité que les Ahura fussent une catégorie divine vieil-avestique, il est assez clair, en revanche, que l’Avesta récent ne recourait pas à ce mot pour la désignation catégorielle d’aucune partie de son panthéon et que, dans le cas de Miθra ou de Bǝrǝzant, nous pourrions parler du reliquat d’une situation plus ancienne. Je ne le pense pourtant pas : la synonymie d’ahura- et de daŋhu.paiti-201 est un argument de poids pour justifier l’emploi du premier à propos de Miθra. Par contre, pour défendre l’à-propos de cet emploi dans la fiche signalétique de Bǝrǝzant202, nous sommes assez démunis en raison de l’incertitude qui pèse sur xšaθriia-. En effet, j’ai voulu y voir un dérivé de xšaθra- « envoûtement, emprise rituelle (exercée sur les dieux) » et, par ce biais, en faire un synonyme du vieux-perse x-š-a-y-θ-i-y- « (roi) exerçant l’emprise rituelle (sur les dieux) »203, assez en accord avec Bartholomae204, mais Kellens205 renoue avec l’exégèse indigène qui fait dériver le mot de xšaθrī- « épouse, femelle »206. Comme xšaθriia- appartient aussi à la fiche signalétique de Haōma Frāšmi207 et figure déjà dans les Gāθā208, il me semble difficile de tenir compte ici d’une tradition médiévale versatile qui fait du dieu Bǝrǝzant Apąm Napāt le « nombril des rivières », d’autant plus que, pour ces autres contextes, elle ne nous invite nullement à établir de lien avec xšaθrī-. 199

Y 1.11, 2.11, Yt 10.113. Y 1.5, 2.5, 65.12. 201 PIRART, 1998a. 202 De cette fiche signalétique connue à l’acc. (S 2.7, Y 2.5, Yt 19.52) et au voc. (Y 65.12), la mouture gén. (S 1.7), abrégée, ne reprend pas le mot qui nous occupe. En voici la version acc. : bərəzantəm ahurəm xšaθrīm xšaētəm apąm napātəm auruuat.aspəm. 203 PIRART, 2007b, p. 73. 204 BARTHOLOMAE, 1904, col. 548 : « imperiosus, Gebieter, Machthaber ». 205 KELLENS, 2010-1, p. 477-8. 206 bvlc Y hvt’d Y NKB’n| Y lvšn| Y ’p’n n’p Y ’lvndsp| (bərəz ī xvadāy ī mādagān ī rōšn ī ābān nāf ī arvand-asp) ; burjam svāminam nārīnām tejasvinam apām nābhim pradhānāśvam. 207 Yt 11a.18bc (= Y 57.19.2bc) haōmō frāšmiš baēšaziiō (7) srīrō xšaθriiō zairi.dōiθrō (9)   ; hvm Y plʼšm byšʼcynytʼl Y nyvk hvtʼd Y zlyn| dvysl AYKš cšm tlnk (haōm ī frāšm bēšazēnīdār ī nēk xvadāy ī zarrēn-dōiθr {kū-š cašm taranag}). 208 PIRART, 2007b, p. 92-3. 200

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9b2. ā.mōiiastrā baranā ašācā « Avec... et avec le (bon) Agencement ». Deux inconnues lexicales rendent inabordable l’interprétation de l’hémistiche. De surcroît, la lecture métrique reste indécise : ā.mōiiastrā baranā, ā.mōiiastrā baranā ou ā.mōiiastrā baranā209 ? La place de cette coordination d’instrumentaux dans la phrase ne va pas de soi non plus si le syntagme mazdāscā ahurāŋhō est à identifier comme la clôture de la relative ouverte avec yōi. C’est bien évidemment en fermant les yeux sur cette anomalie que je suis arrivé à proposer une traduction. L’impossibilité apparente de maintenir 9a1 à l’intérieur d’un même discours que la suite, l’ouverture de chacun des hémistiches 9a2, 9c1 et 9c2 au moyen d’un subordonnant, étant donné que 9b1 continue et termine 9a2 ou que 9b2, en principe, ne contient que des instrumentaux coordonnés, tout cela nous conduit inéluctablement à la conclusion qu’une principale fait défaut et que la phrase est donc incomplète, mais je n’ai rien à offrir pour la solution de cette énigme. 9c. hiiat haθrā.manā bauuat 210 V yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·.211 « Quand son penser sera concentré quant à savoir ce dont la compréhension restera encore hésitante, (...) ». Le déficit syllabique du second hémistiche ne peut avoir été causé par maēθā, et ce dernier mot ne peut faire plus de deux syllabes au vu de Y 31.12c2 ou de Y 33.9b1, même si le déficit syllabique de Y 34.6b2, apparemment, n’aurait pas d’autre explication. Il faut dès lors restituer la particule ā (< *u) « encore »212 et faire de maēθā ou bien l’instrumental singulier213 du nom-racine miθ« le doute, lʼhésitation » tiré de √ miθ « alterner », ou bien une graphie diascévastique spéciale de lʼadverbe pir. *miθu (= védique míthū 214). Remarquons l’écho que maēθā offre à miθahuuacā dans la strophe Y 31.12 : 209 Comme les manuscrits hésitent sur son timbre, il est probable que ce soit la deuxième voyelle de baranā/ barәnā qui soit d’origine anaptyctique. 210 Sur lʼemploi de ce subj. aor., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 88. Lʼépenthèse en ºauº de *u sur *ū est à rétablir, contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 112 (buuat). Lʼoccurrence manque dans KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 273. 211 Le Dk 3.210 commente ce vers. 212 Contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 112, II p. 277 et III p. 52. 213 Comme le suggère maiiā dans lʼhémistiche Y 33.9b1 xuvāθrā maēθā maiiā (voir le chapitre V). 214 Exemple : RS 6.18.8a sá yó ná muhé ná míthū jáno bhūt « l’homme qui ne s’est laissé ni embobiner ni ébranler ».

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aθrā vācәm baraitī (7) miθahuuacā vā әrәš.vacā vā (9) vīduuā vā әuuīduuā vā (7) ahiiā zәrәdācā manaŋhācā (9) ānuš.haxš ārәmaitiš (7) maniiū pәrәsaitē yaθrā maēθā (9) .·..

Au vu de cette même strophe, yaθrā introduirait une subordonnée ou une interrogation indirecte complétant haθrā.manā. Ici se refermerait le trca avec lequel le poète, sʼadressant à Mazdā dans le premier hémistiche, évoque les événements qui clôtureront le temps linéaire, mais la suite de la strophe, répétons-le, nous empêche de conclure. La septième strophe ainsi avait-elle touché un mot de la tan ī pasēn en disant que les déesses Utaiiūiti et Ārmaiti conféreront respectivement kǝhrp et ąnman à lʼâme-moi du pieux défunt ; la huitième, un mot de la soumission que les sacrifiants assureront de lʼErreur (Druj) au pouvoir du bon Agencement (Aša) ; la neuvième, un mot du Parachèvement (frašō.kǝrǝiti-) du monde auquel les Yazata procéderont alors. L’emploi de la troisième personne grammaticale qui caractérise la divinité dans la suite de la neuvième strophe perdure avec la dixième où le contexte paraît concerner pourtant aussi le sort de l’âme du défunt ou l’eschatologie générale. Y 30.10 adā zī auuā drūjō (7) [auuō.]buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā (9) at asištā yaōjaṇtē (7) ā hušitōiš vaŋhəuš manaŋhō (9) mazdaā ašaxiiācā (7) yōi zazəṇtī vaŋhāu srauuahī (9) .·. En effet, si (nous parvenons à) placer en bas le skәnda du spaiiaθra de lʼErreur [at u zi ava drujah buvati skandah spayaθrahya], très rapides seront alors les (chevaux) attelés de (la Déférence) qui offre bonne habitation [at āsištā yaujantai ā {aram-mataiš} hu-šitaiš], (ceux) du Penser bon [vahauš manahah], (ceux) du (Roi) qui apporte la sagesse [mazdaʼah] ou (ceux) du (bon) Agencement [rtahya ca] : ils (nous) permettront de semer (nos) concurrents dans la course pour le bon énoncé (= verdict) [yai zazanti vahāu sravahi]. L’évocation du voyage que les âmes entreprennent pour l’au-delà est clairement identifiable avec les verbes yaōjantē et zazәntī, mais, faut-il relever, chars et chevaux ne sont pas la propriété des âmes des pieux défunts : les dieux énumérés ici leur en prêteront. Et le srauuah, nommé au terme de la strophe, est le texte que nous faisons entendre aux dieux, lʼécho que notre piété rencontre chez eux et, par suite, la déclaration que Rašnu prononce au terme du jugement de notre âme aux portes de lʼaudelà. Parmi les qualités de lʼâme du pieux défunt figure ainsi celle de

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posséder un bon srauuah ou de mériter quʼun verdict favorable soit prononcé la concernant215. 10a. adā zī auuā drūjō V [auuō.]buuaitī 216 skəṇdō spaiiaθrahiiā « En effet, si (nous parvenons à) placer en bas le skәnda du spaiiaθra de lʼErreur ». Protase en zī dans la pseudo-corrélation zī ... at. Le conglomérat particulaire adā (< proto-indo-iranien *ád u*) est un ersatz pour atcā en présence de zī, mais la relation de cette strophe avec les précédentes reste floue. De fait, lʼinterprétation de la strophe est déjà fortement compromise par les inconnues lexicales qui remplissent 10a2 auuō.buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā217. Combiné avec la particule zī, le subjonctif aoriste ([auuō.]buuaitī) exprime un futur de nécessité teinté dʼexhortation (« il faut que... »). Jean Kellens et moi, nous avions admis que cette fonction se maintenait dans la phrase juxtaposée sans que la particule zī fût répétée218, mais, actuellement, je préfère admettre une pseudo-corrélation zī... at « si... alors ». 10b1. at asištā yaōjaṇtē « Très rapides seront alors les (chevaux) attelés ». Le mode subjonctif et lʼaoriste dans le verbe yaōjantē de cette apodose introduite par at reflètent respectivement les caractères éventuel et ponctuel du procès dʼatteler les chevaux. Le préverbe ā est rejeté au début du second hémistiche de ce vers. 10b2-c1. ā hušitōiš219 vaŋhəuš manaŋhō V mazdaā ašaxiiācā « (Les chevaux attelés) de (la Déférence) qui offre bonne habitation, (ceux) du Penser bon, (ceux) du (Roi) qui apporte la Sagesse ou (ceux) du (bon) Agencement ». Au lieu d’y voir une préposition régissant l’ablatif au sens de « jusqu’à », je pense à présent que ā est un postverbe PIRART, 2012a, p. 63 n. 275. Avec KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 112 et II p. 273, car lʼencerclement labial qui a infecté la voyelle finale du préverbe et la présence dʼune épenthèse dans la syllabe qui suit empêchent de considérer la possibilité dʼune épenthèse en ºauº de *u sur *ū : la présence de la voyelle ºī au terme du mot est la cause probable du blocage de cette épenthèse. Il convient donc de rejeter la leçon auuō.bauuaitī < *auabhūuati. 217 Voir le lexique. 218 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 84 et 184. 219 Sur Hušiti = Ārmaiti, PIRART, 2018, p. 90 n. 145. 215 216

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qu’il convient d’ordonner avec yaōjantē. Et les génitifs hušitōiš et vaŋhəuš manaŋhō ouvrent une série qui se prolonge dans 10c1. Il sʼagit de la coordination des compléments déterminatifs du sujet asištā de yaōjantē ā selon le schéma A B C Dºcā. Facilité par celui du préverbe, le rejet de ces génitifs au-delà du verbe est licite pour déterminer un élément exprimé avant le verbe : les chevaux très rapides. Les chevaux rapides sont aussi le symbole de la condition enviable de l’âme du pieux défunt tant dans l’Avesta220 que dans le Véda221. Il faut donc nécessairement comprendre les entités nommées au génitif comme une série de synecdoques du sacrifiant ou du pieux défunt qui, de son vivant, avait offert correctement les sacrifices aux Yazata. Concernant ā, « jusqu’à » est le sens adopté par Humbach et Faiss222. Kellens223 et Lecoq224 font de même, mais la préposition ā construite avec l’ablatif signifie toujours « avant, jusqu’à tel instant » et n’assume jamais le sens local « jusqu’à tel endroit ». Il est donc nécessaire de faire de ā le préverbe et de le rattacher au verbe yaōjantē. Cette composition du verbe se défend sur base de l’indien ā YUJ bien attesté tant en védique225 qu’en sanscrit classique. Quant à hušitōiš, nous en ferons logiquement un génitif au même titre que vaŋhəuš manaŋhō V mazdaā ašaxiiācā. L’analyse de hušitōiš comme ablatif ne tenait d’ailleurs aucun compte de l’ordre des mots.

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āsu.aspiia- : Yt 5.86, 5.98, 10.3. RS 5.6.10cd (≈ 8.6.23c-24a, 8.31.18ab) dádhad asmé suvīriyam V utá tyád āśuváśviyam « Quʼil nous confère lʼabondance en hommes-dʼélite et la-fameuse possession de chevaux rapides ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 23). Lʼexistence dʼune descendance qui puisse poursuivre la succession des cérémonies du culte est une garantie dʼéternité immortelle pour le défunt. 222 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 83 : « For then the breakdown of deceit will come about by clearing it off, | and the swiftest (steeds) will be yoked (to drive) up to the comfortable dwelling of the good thought | of the Wise One and of truth, (steeds) which, at the good fame/winning post, will let (the others) behind at the good prize of victory ». 223 KELLENS, 2015a, p. 29 : « Que l’effondrement du ... de la Tromperie se produise, mais que les très rapides (coursiers) qui gagneront la bonne rumeur soient attelés pour aller jusqu’à la bonne habitation de la bonne Pensée, de Mazdā et de l’Agencement ! » 224 LECOQ, 2016, p. 729 : « C’est alors, que se produira la ruine de la géhenne de la Druj, | Alors, seront attelés les coursiers jusqu’à la bonne demeure de Vohu Manah, | de Mazdâ et d’Aša, eux qui l’emporteront dans la bonne renommée ». 225 RS 1.64.7d yád ārunīsu távisīr áyugdhvam « quand vous avez attelé (vos) forcesvives à celles provenant-des-(juments)-rousses/ quand vous avez pris pour attribut-deforce les (femelles) au poil roux » (trad. RENOU, 1955-69, vol. X p. 17 et 65) ; 3.50.2a ā te saparyū javáse yunajmi « Jʼattelle pour toi les deux (chevaux) fidèles pour (quʼils) se hâtent » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 89) ; 5.58.7c vātān híy áśvān dhuríy āyuyujré « Ils se sont attelé les vents au timon (en guise de) chevaux » (trad. RENOU, 1955-69, vol. X p. 35). 221

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10c2. yōi zazəṇtī226 vaŋhāu srauuahī .·. « (Les chevaux) qui (nous) permettront de semer (nos) concurrents dans la course pour le bon énoncé ». Proposition relative présentant une nuance consécutive. Lʼantécédent du pronom relatif yōi est le sujet de yaōjantē ā. La déesse Ārmaiti, la première des divinités nommées ici, par les chevaux prêtés à leurs âmes, assure le salut des pieux défunts, mais ce salut revêt la forme d’un texte, le srauuah. Le nom d’Ἡρακλῆς qui combine celui de la déesse avec la mention de ce salut en forme de texte est à considérer comme un parallèle. Y 30.11 Voir le chapitre II. Y 30.12 Avant le sacrifice offert à son allégorie et la Yeŋhē.hātā qui joue le rôle de filet, l’At.tāuuaxšiiā Hāiti, dans le Yasna, est clôturée, comme toutes les autres de la même Cantate, par la double répétition (º du bār º) de la première strophe de la première unité (Y 28.1), la quadruple (º cihār bār º) de l’Ahuna Vairiia et la triple (º si bār º) de l’Ašәm Vohū, le tout prononcé par les deux officiants (zōt u rāspī .·.). Le Y 30.12 totalise ainsi une quantité de onze éléments.

226 Ce subj. prés., situé dans cette prop. subordonnée relative épithète, rend une action qui ne pourra sʼaccomplir quʼaprès lʼaccomplissement du procès principal yaōjantē : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. Place emphatique du verbe immédiatement derrière le pronom relatif.

CHAPITRE II TĀ.VƎ̄ .URUUĀTĀ HĀITI (Y 31)

Le texte 1. zōt .·. tā və uruuātā marəṇtō (7) +aguštā.vacā1 səṇghāmahī (9) aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō (7) ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē (9) atcīt aēibiiō vahištā (7) yōi zarazdaā aŋhən mazdāi (9) .·. 2. yezī āiš nō[it] uruuānē (7) adauuā aibī.dərəštā vax́iiā (9) at vā vīspəṇg āïiōi (7) yaθā ratūm ahurō vaēdā (9) mazdā aiiā ąsaiiā (7) yā ašāt hacā jīuuāmahī (9) .·. 3. yąm dā mańiiū āθrācā (7) ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm (9) hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō (7) tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā (9) hizuuā θβahiiā āŋhō (7) yā jīuuaṇtō vīspəṇg vāuraiiā (9) .·. 4. yadā ašəm zəuuīm (7) aŋhən mazdāscā ahurāŋhō (9) ašicā ārəmaitī (7) vahištā išasā manaŋhā (9) maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat (7) yehiiā vərədā vanaēmā drujəm2 (9) .·.

GELDNER, 1886-96, vol. I p. 109 : aguštā vacā. Sur la métrique de drujǝm, voir la note qui accompagne le texte de lʼhémistiche Y 30.8c2. Le vers a été exploité dans V 20.8 yeŋhe varәda vanaēma drujim †druje varәda vanaēma† V [yeŋhe] xšaθrәm aōjōŋhuuat maibiiō ahura .·. « Roi, (fais en sorte que) l’Envoûtement sans l’accroissement duquel nous ne pourrions vaincre l’Erreur (soit) à ma disposition avec l’Ascendant ! » : DARMESTETER, 1892-3, vol. II p. 279 n. 20. Un parallèle véd. de la combinaison de xšaθra- et de √ van figure dans le vers RS 1.162.22d kṣatráṁ no áśvo vanataṁ havíṣmān « Que le cheval quʼaccompagnent les offrandes nous procure le pouvoir royal ! » (trad. DUMONT, 1927, p. 174). 1 2

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CHAPITRE II

5. tat mōi vīcidiiāi vaōcā (7) hiiat mōi ašā dātā vahiiō (8)3 vīduiiē vohū manaŋhā (7) †məṇcā daidiiāi 4 yehiiā mā ərəšiš (9) tācīt mazdā ahurā (7) yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā (9) .·. 6. am̨ āi aŋhat vahištəm (7) yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm (9) mąθrəm yim hauruuatātō (7) ašahiiā amərətātascā (9) .·. mazdāi auuat xšaθrəm (7) hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā (9)5 .·. 7. yastā maṇtā pōuruiiō (7) raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā (9)6 huuō xraθβā dąmiš ašəm (7) yā dāraiiat vahištəm manō (9) tā mazdā mańiiū uxšiiō (7) yə ā (< *u) nū[rəm]cīt ahurā hāmō (9) .·. 8. at θβā məŋhī paōuruuīm (7) mazdā yazūm stōi manaŋhā (8) vaŋhəuš patarəm manaŋhō (7) hiiat θβā həm cašmainī [həṇ]grabəm (8) ˟hiθąm7 ašahiiā dąmīm (7) aŋhəuš ahurəm šiiaōθanaēšū (8) .·.8 9. θβōi (< *u) as ārəmaitiš (7) θβə ā (< *u) gəuš tašā aš.xratuš (8) + mańiiuš9 mazdā ahurā (7)10 hiiat ax́iiāi dadā paθąm (8) vāstraiiāt vā ˟ā ˟itē11 (7) yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō (8) .·.

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Sur l’octosyllabisme dû à vahiiō, voir le commentaire. Le sandhi de məṇg avec ºcā est tout à fait irrégulier : jʼattendais *mąscā [məṇ] daidiiāi*. 5 Y 31.6c = P 4. 6 L’hémistiche 7a2 est cité par Y 12.1.2ef yeŋhe gāuš yeŋhe ašәm V yeŋhe raōcəbīš rōiθβәn xvāθrā « (Mazdā) à qui appartiennent la vache, le (bon) Agencement et le mélange des bien-être avec la lumière des jours ». 7 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 109 : haiθīm. 8 Sur l’octosyllabisme des seconds hémistiches du tr̥ca 8-10, voir ci-dessous le plan de l’unité. 9 Avec INSLER, 1975, p. 38 ; KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 115 ; III p. 66, contre la leçon mańiiəuš qu’adoptent GELDNER, 1886-96, vol. I p. 111, BARTHOLOMAE, 1904, col. 1138, HUMBACH et FAISS, 2010, p. 86, PIRART, 2012a, p. 185, et LECOQ, 2016, p. 733. En effet, lʼaccord avec θβə étant recommandé au vu de Y 28.11b2-c1 (θβam̨āt... mańiiəuš), de Y 36.1.2a (θβā... mańiiū), de Y 43.2c1-c2 (θβā... mańiiū) et de Y 43.6a2 (θβā mańiiū), mieux vaut exclure la leçon mańiiəuš. 10 Lʼhémistiche b1 est à rapprocher de Y 47.5a2 mańiiū mazdā ahurā. 11 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 111, sur la base des manuscrits, donne āitē en un mot. 4

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10. at hī aiiā frauuarətā (7) vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm (8) ahurəm ašauuanəm (7) vaŋhəuš fšəŋhīm manaŋhō (8) nō[it] mazdā auuāstraiiō (7) dauuąscinā humərətōiš baxštā (8) .·. 11. hiiat nə mazdā paōuruuīm (7) gaēθāscā tašō daēnāscā (8)12 θβā manaŋhā xratūšcā (7) hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm (9) hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā (7) yaθrā varənəṇg vasā dāiietē (9) .·. 12. aθrā vācəm baraitī (7) miθahuuacā vā ərəžuuacā vā (9) vīduuā vā əuuīduuā vā (7) ahiiā zərədācā manaŋhācā (9) .·. ānuš.haxš +ārəmaitiš13 (7) mańiiū pərəsaitē yaθrā maēθā (9) .·. 13. yā ˟frasī14 āuuīšiiā (7) yā vā mazdā pərəsaētē taiiā (9) yə vā kasəuš aēnaŋhō (7) ā mazištąm [a]iiamaitē būjim (9) tā cašməṇg θβisrā hārō (7) aibī ašā [aibī.]vaēnahī vīspā (9) .·. 14. tā (< *tat) θβā pərəsā ahurā (7) yā zī āitī jəṇghaticā (9) yā išudō dadəṇtē (7) dāθranąm hacā ašāunō (9) yāscā mazdā drəguuōdəbiiō (7) yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat (9) .·. 15. pərəsā auuat yā maēiniš (7) yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī (9) duš.šiiaōθanāi ahurā (6) yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī (9) vāstraiiehiiā aēnaŋhō (7) pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō (9) .·. 16. pərəsā auuat yaθā huuō (7) yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm (9) šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā (7) ašā fradaθāi15 aspərəzatā (9) θβāuuąs mazdā ahurā (7) yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā (9) .·.

12 L’octosyllabisme du second hémistiche est justifié par la présence de daēnā-, un mot perturbateur de la métrique. Sur son étymologie, PIRART, 2018, p. 297-305. 13 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 112 : ārmaitīš. 14 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 112 : frasā. Voir le lexique. 15 Les mots dәmanahiiā... fradaθāi sont exploités dans Y 4.5b ahe nmānahe fradaθāi.

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17. katārəm ašauuā vā (7) drəguuā vā vərənauuaitē maziiō (9) vīduuā vīdušē mraōtū (7) mā əuuīduuā aipī.dəbāuuaiiat (9) zdī nə mazdā ahurā (7) vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō (8)16 .·. 18. mā ciš at və drəguuatō (7) mąθrąscā gūštā sāsnāscā (8)17 ā zī dəmānəm vīsəm vā (7) šōiθrəm vā dax́iiūm vā [ā]dāt (8) dušitācā marakaēcā (7) aθā †īš (< *hīš  ?) sāzdūm snaiθišā (8) .·.18 19. gūštā yə maṇtā ašəm (7) ahūm.biš vīduuā ahurā (8) ərəžuxδāi vacaŋhąm (7) xšaiiamnō hizuuō vasō (8) θβā āθrā suxrā mazdā (7) vaŋhāu vīdātā rąnaiiā (8) .·. 20. yə āiiat ašauuanəm (7) diuuamnəm hōi aparəm xšiiō (8) darəgəm āiiū təmaŋhō (7) dušxvarəθəm auuaētās vacō (8) təm vā ahūm drəguuaṇtō (7) šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat (7)19 .·. 21. mazdā dadāt ahurō (7)20 hauruuatō amərətātascā (9) būrōiš ā ašax́iiācā (7) xuvāpaiθiiāt xšaθrahiiā sarō (9) vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō (7) yə hōi mańiiū šiiaōθanāišcā uruuaθō(9).·.

16 Perturbation de la métrique : l’octosyllabisme du second hémistiche semble être dû à la présence du gén. de la désignation de Vohu Manah comme dans Y 28.7a2, 28.10a2, 32.4b2, 32.15c2, 33.3c2, 33.5b2, 33.13b2. L’hémistiche 17c2 est évoqué dans le Baγān Yašt (Y 19.13.2) en vue de gloser Y 27.13b1 vaŋhəuš dazdā manaŋhō  : dazda manaŋhō V para (< *frā) īm iδa [manaŋhe] cinasti V yaθa fradaxštārәm manaŋhe .·. « Par dazdā manaŋhō, il faut entendre qu’il est un propulseur de la pensée ». 17 Y 31.18 = P 7. Y 31.18a2 ≈ Yt 13.87 manasca gūšta sāsnāsca ; Yt 13.95 mąθrәmca gūšta sāsnāsca. 18 La raison de l’octosyllabisme des seconds hémistiches du tr̥ca 18-20 reste inconnue. 19 Le déficit métrique du second hémistiche est justifié par la présence du mot daēnā-. Sur l’étymon de ce perturbateur de la métrique, PIRART, 2018, p. 297-305. Y 31.20c est réutilisé partiellement dans V 5.62.2 = 7.22.2. 20 Y 31.21a1 = 51.21c1, 53.4d1.

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22. ciθrā ī hudaāŋhē (7) yaθanā 21 vaēdəmnāi manaŋhā (8) vohū huuō xšaθrā ašəm (7) vacaŋhā šiiaōθanācā haptī (8) huuō tōi mazdā ahurā (7) vāzištō aŋhaitī astiš (8) ºoº22 23. zōt u rāspī .·. 23.1. ahiiā yāsā nәmaŋhā ustānazastō rafәδrahiiā mańiiəuš mazdā paōuruuīm spәṇtahiiā ašā vīspəṇg šiiaōθanā vaŋhəuš xratū[m] manaŋhō yā xšnәuuīšā gəušcā uruuānәm º du bār º .·. 23.2. yaθā ahū vairiiō... º cihār bār º .·. 23.3. ašәm vohū... º si bār º .·. 23.4. tā.və.uruuātąm hāitīm yazamaide .·. 23.5. yeŋhē hātąm... ºoº ºoº Traduction Y 30.11. Les attendus (rituels) que le (Roi) apportant la sagesse détermine et que, vous les mortels, vous observez tant bien que mal satisferont (sa) volonté (puis)que la longue ruine reviendra aux (Hasardeux) accompagnés de lʼErreur et que les ressources (stimuleront) les (Adorables) attentifs au (bon) Agencement. Y 31.1. Nous qui les mémorisons, nous vous affirmons que les attendus en question ont des mots inaudibles pour ceux qui, (parmi vous), à suivre les attendus de lʼErreur, détruisent les troupeaux du (bon) Agencement, mais il se pose la question de savoir si (ces attendus) sont 21 La leçon yaθәnā, que retiennent HUMBACH et FAISS, 2010, p. 90, ne me paraît pas être préférable à yaθanā : cette dernière graphie est comparable à celle de šiiaōθanā. 22 La raison de l’octosyllabisme des seconds hémistiches de cette strophe reste inconnue.

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excellents pour ceux qui, (parmi vous,) font confiance au (Roi) qui apporte la sagesse. 2. Si les (attendus) que voici ne conduisent pas à choisir les (faveurs) sur lesquelles je puisse tabler, les visibles, les meilleures, je vous demande alors à tous (de m’accorder la nécessité) qui coïncide avec l’insertion que le Roi qui apporte la sagesse (me) connaît, (celle) des deux nécessités grâce à laquelle nous vivons en conformité avec le (bon) Agencement. *** 3. Lʼattention que tu prêtes aux deux exécutants en raison du Sentiment (que nous avons te concernant), de (la présence du) Feu et de (la mise en œuvre du bon) Agencement, lʼattendu que (tu imposes) aux désireux, fais-le-nous savoir, dis-nous de vive voix (comment y arriver), (Roi) qui apportes la sagesse, de sorte que je puisse épargner (la condamnation) à tous les (êtres) vivants ! *** 4. Quand les Rois seront présents, (notamment) le (bon) Agencement qu’il (nous) convient d’appeler et le (Roi) qui apporte la sagesse, je recourrai à la Déférence et à la Dédicace de l’excellent Penser pour exiger que la faculté me soit accordée d’exercer (sur eux) l’Ascendant et l’Envoûtement sans l’accroissement desquels nous ne pourrions vaincre l’Erreur. *** 5. Fais-moi distinguer, en me disant comment y arriver, le mieux qu’en échange de l’Agencement, vous me faites connaître avec le Penser bon, et (fais-moi) comprendre de qui le poète fut (le fils/ le disciple) ! Roi qui apportes la sagesse, (je veux savoir) si tout cela existera ou non. *** 6. Pour que le (Roi) qui apporte la sagesse me dise avec science le conseil judicieux de lʼExhaustivité, du (bon) Agencement et de lʼImmortalité, exercé sur lui, le meilleur Envoûtement sera celui-là dont le Penser bon de (Zaraθuštra) aura permis l’accroissement. 7. Lui qui, avec l’excellent Penser qui soutient le bon Agencement, a pensé le premier que les bien-être se distillent aux lumières du jour, celui-là (= Zaraθuštra) est, avec la performance, le Fondateur du (bon Agencement). (Dans la foulée, il a pensé aussi ceci :) « Roi qui apportes

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la Sagesse, avec/ malgré (mon) Sentiment que tu es pourtant resté le même jusqu’ici, tu ne cesses de t’accroître ! » *** 8. Jʼai le Sentiment, (Roi) qui apportes la sagesse, que, comme père du Penser bon, tu es tout à la fois le premier et le cadet, car jʼai saisi par la vue que tu étais impliqué dans le (bon) Agencement en tant que Fondateur et Roi de lʼexistence (rituelle) lors des gestes (qui la marquent). 9. Ta fille, la Déférence, c’est l’os (= le monde matériel) tandis que ton fils, le très performant Configurateur de la Vache, c’est le Sentiment (que tu me donnes), Roi qui apportes la sagesse : lorsque, parmi les chemins, tu donnes (le choix à la Déférence) que la (vache) que voici suive celui qui vient de chez le pâtre ou (celui qui vient de chez) qui ne le sera pas, 10. elle, des deux, lui choisit alors (le chemin venant de chez) le pâtre éleveur ; celui-ci, en roi pieux, recourt au Penser bon pour attacher la (vache tandis que, Roi) qui apportes la sagesse, le non pâtre, ni même à le tremper, ne peut (rien) retirer de (la plante dont) le suc (sera extrait) avec une bonne consistance. *** 11. Comme les performances de la pensée, (de la parole et du geste) t’ont servi, (Roi) qui apportes la sagesse, à configurer dʼabord nos troupeaux et nos consciences, à placer la faculté du mouvement sur lʼos et à définir les (pensées, les paroles et les) gestes, (dès lors,) là où les décisions correspondent aux choix, 12. avec ou sans respect de la bonne diction, sʼy connaissant ou non, (lʼorant ou lʼofficiant,) cœur et pensée, y porte la parole : « La Déférence, dévouée, sʼentretient avec le Sentiment sur les fondements de lʼhésitation ». 13. Si la question (est) posée en public ou si deux individus sʼentretiennent à la dérobée ou si quelquʼun est contraint à une grande expiation pour un petit tort, surveillant tout cela du (rai) étincelant de ta vue, (Roi) qui apportes la sagesse, tu en juges sur base du (bon) Agencement. 14. Je te pose cette question, Roi qui apportes la sagesse : lors de lʼordonnancement, quʼadviendra-t-il, sʼils (vous) sont destinés, des tirs dʼoffrandes venant du pieux (adorateur) ou des (impies) égarés, puisquʼelles vont et iront ? 15. Je (te) demande aussi, Roi (qui apportes la sagesse), quel châtiment est prévu pour celui qui, envoûtant l’égaré (Furieux) avec de

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mauvais gestes, ne (peut) fournir de victuailles sans faire de tort, chez le pâtre innocent, ni au bétail ni au garçon. 16. Je (te) demande aussi comment est celui qui, avec générosité, aspire à (tʼ)envoûter et à te rendre un culte en recourant au (bon) Agencement, Roi qui apportes la sagesse, dans le but dʼassurer la prospérité de la maison, du terroir ou du pays, (je te demande donc) quand et avec quels gestes il sera là. 17. Lequel des deux gains est le plus grand, est-ce celui du (pieux adorateur) qui recourt au (bon) Agencement ou celui de lʼégaré ? Que le savant le dise au savant ! Que lʼignorant cesse de (nous) induire en erreur ! Roi qui apportes la sagesse, sois le propulseur de notre Penser bon ! *** 18. Que nul dʼentre vous ne continue dʼécouter les conseils ni les leçons de lʼégaré ! Si (celui-ci) venait à plonger la maison, le village, le terroir ou le pays dans la mauvaise habitation et dans la désolation, coupez de votre couteau ses (conseils et ses leçons) ! 19. Que (chacun de vous), Roi qui apportes la sagesse, écoute (plutôt) (les conseils et les leçons de celui) qui, avec science, est arrivé à la conclusion que le (bon) Agencement est guérisseur de lʼexistence, se contrôlant, avec ton Feu enflammé, la langue en vue de la prononciation rectiligne des strophes ! (Que chacun de vous les écoute) pour que la bonne (récompense) (lui soit accordée), lors de la répartition des rôles entre les deux exécutants ! *** 20. L’agresseur du (pieux adorateur) qui recourt au (bon) Agencement finit par connaître les lamentations, la longue durée des ténèbres où la nourriture est mauvaise (et) la détresse de la parole. Vous les égarés, vos propres gestes font que la Doctrine vous conduise à pareille existence. *** 21. (À) celui qui se soumet à l’observance (des pensées, des paroles) et des actes (bons) que le Sentiment (lui suggère d’accomplir) pour lui, le Roi qui apporte la sagesse donne le charme du Penser bon avant/à partir de la richesse abondante et fructueuse que l’union avec lʼExhaustivité, lʼImmortalité et le (bon) Agencement procure lors de lʼEnvoûtement. ***

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22. Devant le (Feu) des bonnes offrandes qui se sert de (leur) signe, s’efforce et les trouve, l’idée, le mot et le geste aident le (sacrifiant) à recourir au bon Envoûtement pour la mise en service du (bon) Agencement, au point que(, défunt,) ce (sacrifiant), Roi qui apportes la sagesse, te sera l’hôte très convoyeur (d’offrandes). Le plan de lʼunité La dernière strophe de lʼunité précédente forme avec les deux premières de celle-ci un trca auquel nous pourrions donner le titre de « dissertation sur les uruuata ». La troisième personne grammaticale marque la désignation dʼAhura Mazdā dans chacune des strophes du trca avec lequel le poète fait aux mortels un exposé sur les uruuata-23 (= védique vratá-) « observances, attendus, requis (de la cérémonie sacrificielle) ». La dernière strophe de la précédente unité doit former, en effet, un même ensemble avec les deux premières de celle-ci dans la mesure où la deuxième personne du pluriel, présente avec le verbe sašaθā de Y 30.11a1 et avec les pronoms və de Y 31.1a1 ou vā de Y 31.2b1, ne peut représenter les dieux. Il sʼagit donc dʼun trca que le poète adresse à son public et dans lequel il traite des uruuata, mais il nʼest pas exclu que Y 30.10 soit de même à ranger ici. Le mot uruuta- est pourtant aussi la clé de la strophe Y 31.324, mais le poète, avec cette dernière, à la différence des précédentes qui étaient adressées aux hommes, se tournent vers les dieux. De surcroît, lʼidentification des « vivants » du dernier hémistiche de la troisième strophe fait difficulté. Nous ne pouvons y reconnaître lʼensemble des dieux, car la troisième personne grammaticale qui marque le syntagme juuaṇtō vīspəṇg est incompatible avec le vocatif mazdā. Remarquons dʼailleurs la concaténation lexicale avec la strophe précédente : juuāmahī y figurait dans le dernier hémistiche tout comme nous trouvons ici juuaṇtō, mais les dieux figurent ici au vocatif, ce qui est incompatible avec la troisième personne qui les caractérisait dans les strophes précédentes. Pour être adressée aux dieux, la strophe 3 a beau traiter elle aussi des uruuata, nous ne pouvons donc la ranger à la suite des précédentes. Elle ne pourra pas non plus être réunie avec la suivante puisque les dieux y sont à nouveau mentionnés à la troisième personne 23 Je ne sais sur quelle base KELLENS, 2015a, p. 29, peut traduire ce mot par « alliance ». 24 PIRART, 2011, p. 66 n. 173.

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grammaticale. À moins dʼimaginer que le poète, en présence des « vivants » à lʼensemble desquels il appartient, en les prenant donc à témoins, se tournerait, de façon théâtrale, vers les dieux, le temps de cette strophe. Si nous adoptons pareille conjecture, la strophe suivante où revient la première personne du pluriel (vanaēmā) pourrait appartenir au même mouvement textuel que les précédentes. Nous pourrions appliquer le même raisonnement à la cinquième strophe qui est adressée à Ahura Mazdā en raison de lʼécho qu’elle offre à la troisième puisque vaōcā, de part et d’autre, est construit pareillement avec un infinitif datif (vīcidiiāi et məṇº... daidiiāi  ; vīduuanōi). Ceci nous permettrait de rester à lʼintérieur du même mouvement textuel avec la sixième strophe qui est adressée aux dieux. Cependant, nous ne pouvons aller facilement plus loin dans lʼunité : la septième strophe dont seul le dernier vers est adressé aux dieux évoque un personnage anonyme qui a toute chance dʼêtre Zaraθuštra, et le mańiiu dont il y est question pourrait parfaitement être reconnu dans les trois suivantes (8-10) dont le statut particulier est souligné par le recours fait à de seconds hémistiches octosyllabiques. Pour une approche plus saine, nous admettrons que, de la troisième à la cinquième, nous sommes en présence dʼune accumulation peu motivée de strophes isolées, un collage hasardeux. Les sixième et septième paraissent aller ensemble pour concerner toutes deux un personnage en qui nous reconnaîtrons Zaraθuštra au moins provisoirement. Le trca qui suit est un mańiiu. De toute façon, le retour à lʼennéasyllabisme des seconds hémistiches avec la onzième strophe ne constitue en rien lʼindication que le poète reprend le ton normal du discours quʼil tenait à son auditoire humain. En effet, la onzième strophe est adressée au grand dieu. Je serais alors enclin à considérer cette onzième strophe comme la première dʼun nouveau mouvement, mais les trois strophes du mańiiu, pour être adressées à Ahura Mazdā. peuvent appartenir à un même vaste ensemble que les suivantes de 11 à 19, qui le sont tout aussi bien. Les trois dernières strophes de lʼunité (Y 31.20-22) qui ne constituent en rien un trca homogène nʼont aucun rapport non plus avec les précédentes. Nous y reconnaîtrons une collection de strophes choisies, utilisées comme maximes, et envisagerons à nouveau lʼaccumulation de pièces sans autre motif que l’hendécatropisme, la volonté dʼarriver à la quantité de 22 strophes. Le plan de lʼunité peut donc être ramené au tableau qui suit :

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Y 30.11-31.2 Y 31.3-7 Y 31.8-10 (trca) Y 31.11-19 Y 31.20-22

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Uruuata, les attendus de la cérémonie Divers Mańiiu, le sentiment que, lui déclarent-ils, Ahura Mazdā donne aux orants Autres strophes adressées à Ahura Mazdā Divers

Commentaire Uruuata, les attendus de la cérémonie (Y 30.11-31.2) Y 30.11 hiiat tā uruuātā sašaθā (7) yā mazdā dadāt mašiiāŋhō (9) xuvīticā ənəitī (7) hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō (9) sauuacā ašauuabiiō (7) at aipī tāiš aŋhaitī uštā (9) ºoº Les attendus (rituels) que le (Roi) Apportant-la-sagesse détermine [tā vratā... yā mazdāh dadāt] et que, vous les mortels, vous observez [yat... saśyaθa... martiʼāhah] tant bien que mal [hu-itī ca an-itī] satisferont (sa) volonté [at api tāiš ahati uštā] (puis)que la longue ruine reviendra aux (Hasardeux) accompagnés de lʼErreur [yat ca dargam drugvadbyah rašah] et que les ressources (stimuleront) les (Adorables) attentifs au (bon) Agencement [savā ca rtavabyah]. La dernière strophe de l’unité précédente est bâtie selon un plan complexe. Avec la protase, nous voyons le poète s’adresser aux mortels (sašaθā... mašiiāŋhō), mais aucune indication n’est donnée sur l’identité du personnage dont la volonté sera satisfaite selon l’apodose. Il nʼest pourtant pas trop difficile dʼappréhender le sens général de la strophe : les mortels observent (sašaθā) dans la mesure du possible ou tant bien que mal (xvīticā ənəitī) les attendus (uruuātā) qu’Ahura Mazdā a déterminés ou fixés, mais le destin qui n’est autre que sa volonté (uštā) est inéluctable ; les effets que l’observance des uruuata peut avoir sur les Yazata ou sur les Daēuua sont conformes à la volonté d’Ahura Mazdā.

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Y 30.11a. hiiat tā uruuātā sašaθā 25 yā mazdā dadāt 26 mašiiāŋhō « Lorsque, vous les mortels, vous observez les attendus que Mazdā a fixés ». Corrélation hiiat ... at27. Le début de la protase comporte tout de suite le corrélatif tā annonciateur de la proposition subordonnée secondaire ouverte avec le second hémistiche de ce vers. Corrélation tā ... yā. a1 a2 b1 b2 c1 c2

hiiat PROTASE APODOSE at

tā (acc. nt. plur.) yā subordonnée secondaire hiiatº subordonnée secondaire tāiš

Y 30.11b1. xuvīticā ənəitī « Avec la facilité et la difficulté d’accès », autrement dit : « tant bien que mal », mais le sens premier, dans le cadre d’un discours traitant du voyage pour l’au-delà, n’est pas à écarter28. Lʼusage de ºcā inverse évite la coordination avec hiiatcā et permet ainsi le rattachement de cet hémistiche à ce qui précède, mais la place du vocatif mašiiāŋhō indique que les instrumentaux xvīticā ənəitī doivent compléter sašaθā plutôt que dadāt29. En effet, faisant office de clôture, ce vocatif permet de renouer avec la proposition basée sur sašaθā, un verbe conjugué à la deuxième personne du pluriel.

25 Sur lʼemploi de cet indic. prés. exprimant le duratif du réel du présent dans une prop. subordonnée conjonctive de temps ou de condition, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 72, 78. Place licite du verbe, mais une partie de la prop., faite du sujet voc. mašiiāŋhō et des instr. de b1, est retardée. 26 Sur lʼemploi de cet inj. prés. comme expression du momentatif dans une prop. rel., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. La retouche diascévastique dʼun indic. pft. marquant une caractéristique divine nʼest pourtant pas à exclure. Place normale du verbe. 27 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 108. 28 KELLENS, 2015a, p. 29, a récemment tenté l’expérience : « Puisque, ô hommes, vous maîtrisez les alliances que Mazdā concède par l’aller facile ou par l’impossibilité d’aller (pour ces coursiers), que, par ces (alliances), la longue résorption pour les trompeurs et les puissances-sauuah pour les harmonieux contribuent au bonheur-final ! ». 29 Contrairement à l’analyse que nous avions donnée de cette strophe il y a plus de trente ans (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 112 ; III p. 53).

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Mon interprétation de la strophe diverge de celles de Humbach30, de Kellens31 et de Lecoq32 non seulement par l’analyse syntaxique, mais aussi pour ce qui est du sens attribué à ses mots essentiels. En voici quelques exemples : Mots

Selon Humbach Selon Kellens

uruuātā the commandments sašaθā you master/heed rašō the harm uštā

the (things) desired (acc. nt. plur.)

les alliances

Selon Lecoq

Selon moi

ces règles

les attendus

vous maîtrisez vous apprenez la résorption le dépérissement au bonheurselon votre final désir (loc. sing.) (loc. sing.)

vous observez la ruine (conforme) à sa volonté (loc. sing.)

Y 30.11b2c1. hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō V sauuacā ašauuabiiō « (Alors avec) la longue ruine (qu’il y a) pour les drǝguuaṇt et (avec) les ressources qui stimuleront les ašauuan ». Corrélation hiiat°... tāiš. Allitération darəgəm drəguuōdəbiiō. La présence des sauuah suggère que les ašauuan dont il est question ne sont autres que les Yazata33. L’ensemble des deux hémistiches 11b2 et 11c1 rappelle Y 49.3b ašәm sūidiiāi (4) tkaēšāi rāšaiieŋhē druxš (7) et Y 51.9c rāšaiieŋhē drәguuaṇtәm (7) sauuaiiō ašauuanәm (7) .·.. D’une façon générale, il est malaisé de distinguer les mortels des êtres surnaturels lorsque les mots employés sont ašauuan- ou drәguuaṇt-. Y 30.11c2. at aipī tāiš aŋhaitī 34 uštā ºoº « (Les attendus) alors, avec (la ruine et) les (ressources), seront conformes à la volonté (de Mazdā) ». Apodose. Le sujet de aipī... aŋhaitī est le neutre pluriel tā uruuātā. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 83. KELLENS, 2015a, p. 29. 32 LECOQ, 2016, p. 730. 33 Contre LECOQ, 2016, p. 730, pour qui ce sont des hommes. 34 Sur lʼemploi de ce subj. prés. exprimant le futur de consécution en vers conclusif de strophe, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 81. Place licite du verbe : uštā suit pour être le régime du préverbe qui, quant à lui, précède. L’ordre ainsi est-il comparable à celui que nous trouvons dans 15b2c yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī V vāstraiiehiiā aēnaŋhō V 30 31

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CHAPITRE II

L’unité Y 30 finit avec un mot qui avait retenu l’attention des diascévastes, uštā, si bien que nous devons douter que le texte ou le chapitre arrive ici à son terme. D’autant que les uruuata dont il est question dans cette strophe feront aussi l’objet des premières de l’unité suivante. Lecoq35, sans doute influencé par son emploi en tête de l’ Uštauuaitī Hāiti, croit qu’il est question, avec uštā, des souhaits que les mortels formulent : « Si vous apprenez ces règles que Mazdā a établies, ô hommes, | La liberté et la non-liberté, à savoir le long dépérissement pour les menteurs | Et les avantages pour les ašavans, il en sera alors, grâce à cela, selon votre désir ». Pour leur part, Humbach et Faiss36 font eux aussi des hémistiches b2 et c1 des appositions faites au contenu de l’hémistiche b1, mais analysent uštā comme le nominatif neutre pluriel de l’adjectif verbal en -ta- de √ vas « the (things) desired » : « If you master/heed the commandements that the Wise One issues, O mortals, | (implying) freedom of movement and lack of it, the long-lasting/endless harm (in store) for the deceitful | and the benefits for the truthful, then the (things) desired will be (available) through them, indeed ». Et non plus que chez Lecoq, aipī n’est pour Humbach et Faiss un préverbe devant être ordonné avec aŋhaitī. Le locatif uštā était pourtant là pour leur suggérer de comparer la construction de cette hémistiche avec celle du védique ápy AS + loc. comme Kellens et moi l’avions indiqué37. Y 31.1 zōt .·. tā və uruuātā marəṇtō (7) +aguštā.vacā səṇghāmahī (9) aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō (7) ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē (9) atcīt aēibiiō vahištā (7) yōi zarazdaā aŋhən mazdāi (9) .·. Nous qui les mémorisons [hmarantah], nous vous affirmons [vah... sanhāmahi] que les attendus en question [tā... vratā] ont des mots inaudibles [a-gušta-vacāh] pour ceux qui, (parmi vous), à suivre les attendus de lʼErreur [aibyah yai vratāiš drujah], détruisent les troupeaux du (bon) Agencement [rtahya gaiθāh vi-mrncatai], mais il se pose la question de savoir si [at cit] (ces attendus) sont excellents pour ceux pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō .·. « qui ne fournit de victuailles sans causer de tort au pasu ni au vīra du vāstriia innocent ». 35 LECOQ, 2016, p. 730. 36 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 83. 37 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 212-3 ; III p. 53.

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[aibyah vahištā] qui, (parmi vous,) font confiance au (Roi) qui apporte la sagesse [yai srazdaʼah ahant mazdaʼai]. Même dans lʼimpossibilité de distinguer sûrement qui est qui parmi ceux que des pronoms y dissimulent, nous pouvons dire que le dualisme exacerbé marque cette strophe : quoi que fassent leurs troupes respectives, quoi que dʼautres leur disent, ce qui est bon revient aux bons, et les mauvais récoltent le mal, ce qui est tout à fait dans le ton de la strophe Y 30.11. Il semble que la strophe complète effectivement l’information que Y 30.11 nous a apportée concernant les effets que l’observance des uruuata pouvait avoir sur les dieux et les démons : il est à présent question des effets qu’elle a sur les pieux adorateurs et les impies. Pour l’occasion, les uns et les autres sont définis : l’impie est celui qui détruit les troupeaux du bon Agencement tandis que le pieux adorateur se reconnaît à la confiance qu’il a dans le grand dieu. La strophe Y 31.1 nʼest adressée ni aux dieux ni aux Daēuua puisque mazdāi comme drūjō arborent la troisième personne grammaticale. 1a. tā və uruuātā marəṇtō V +aguštā.vacā səṇghāmahī 38 « Nous qui les mémorisons, nous vous affirmons que les attendus ont des mots inaudibles ». Les incertitudes syntaxiques présentes dans le premier vers sont nombreuses, et les deux vers suivants ne feront quʼaggraver la situation : le démonstratif tā « en question » est accordé ou bien avec uruuātā, ou bien avec vacā  ; le pronom və ou bien est un génitif complément du nom uruuātā39, ou bien un datif complément du verbe səṇghāmahī  ; le substantif uruuātā est lʼobjet direct ou bien de marəṇtō, ou bien de səṇghāmahī  ; le participe présent marəṇtō ou bien est un vocatif accompagnant lʼancrage və, ou bien un nominatif accordé avec le sujet du verbe səṇghāmahī40. Et il est incertain que nous puissions faire de aguštā vacā un second acc. attribut de lʼobjet tā və uruuātā du verbe səṇghāmahī. Si aguštā 38 L’hémistiche est à rapprocher de V 2.18C.2 srīra uxδa vacā sąsaŋhąm .·. ; RS 8.8.11cd vatsó vām mádhumad vácó ’śaṁsīt kāvyáḥ kavíḥ. Indic. prés. de première pers. exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Place normale du verbe. 39 Ainsi KELLENS, 2015a, p. 30 : « Vos alliances que nous murmurons ». 40 LINCOLN, 2015, p. 141, adopte cette seconde alternative : « Remembering these rules of yours, we proclaim unheard words | To those who destroy the creatures of Truth by the rules of the Lie, | But these (words) are best for those who would be faithful to the Wise Lord ». Cette interprétation de la strophe lui fut sans doute inspirée par HUMBACH et FAISS, 2010, p. 84. Et LECOQ, 2016, p. 731, fait de même.

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vacā est un second acc. dans la rection de √ saŋh, nous ne pouvons écarter d’y voir un bahuvrīhi attribut de lʼobjet, « exprimés avec des mots inaudibles ». Le sens « interdits d’écoutes » n’est pas impossible. Devant de telles alternatives, personne ne s’étonnera que je m’écarte des positions que nous avions prises en 198841, mais aussi de celles de Humbach et de Faiss42 ou de Lecoq43, mais il semble qu’un certain consensus soit atteint aujourd’hui à l’instant d’accorder marәṇtō avec le sujet du verbe. Kellens44, dernièrement, opère d’ailleurs aussi cette analyse : « Vos alliances que nous murmurons, nous les définissons comme des paroles que ne peuvent entendre ceux qui, conformément aux alliances de la Tromperie, détruisent les êtres-vivants de l’Agencement, mais comme (des paroles) très bonnes pour ceux qui ont confiance en Mazdā ». 1b. aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō V ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē45 « (Les attendus ont des mots inaudibles) pour ceux qui, (parmi vous), à suivre les attendus de lʼErreur, détruisent les troupeaux du (bon) Agencement ». Le pronom aēibiiō est ou bien un datif dʼagent régi par aguštā, ou bien un datif du bénéficiaire de l’action de səṇghāmahī. Si le pronom və représente les mortels, les démonstratifs aēibiiō de b1 et de c1 devront désigner respectivement les mauvais dieux et les bons, à moins que nous puissions distinguer les orants des officiants. Ceux qui détruisent les troupeaux du bon Agencement, selon les passages donnés ci-après, sont la Druj, les Daēuua ou les Yātu ainsi que leurs adorateurs : — SrB 3.4 mā †mǝrǝṇcainīš gaēθā astuuaitīš ašahe .·. « (Druj), tu ne peux détruire les troupeaux osseux dʼAša » ; — V 18.55.2 xšaiiamna pascaēta †mǝrǝγǝṇte (?) gaēθā astuuaitīš ašahe (8) yaθa zaṇda yātumǝṇta (8) mǝrǝṇcīta gaēθā ašahe (8) .·. « En exer-

41 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 113 : « Vos règles, ô Vous qui les conservez en mémoire, nous les définissons comme des paroles inaudibles ». 42 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 84 : « Reciting these commandments of yours, we pronounce unheard words ». 43 LECOQ, 2016, p. 731 : « Tout en mémorisant ces règles de vous, nous proclamons des paroles, inaudibles ». 44 KELLENS, 2015a, p. 30. 45 Différence dialectale : le vieil av. recourt au rudhādi √ marc préverbé de vī tandis que lʼav. récent thématise le rudhādi et lʼemploie sans préverbe. Indic. prés. en prop. rel. exprimant un procès duratif : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 72-3. Place normale du verbe.

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çant ensuite l’envoûtement sur eux, ils détruisent les troupeaux d’Aša comme le font les sorciers adorateurs des Yātu » ; — Y 8.3h †yāθβa gaēθā ašahe †mǝrǝγǝṇte (?) « les Yātu détruisent les troupeaux dʼAša » ; — Yt 19.41.1 yō janat gaṇdarǝβǝm yim zairi.pāšnǝm (3+8) yō †apatat † vīzafārō mǝrǝxšānō (?) gaēθā astuuaitīš ašahe (8) .·. « (Kǝrǝsāspa) qui frappa le Gaṇdarǝβa aux talons jaunes qui, en vol la gueule béante, cherchait à détruire les troupeaux osseux dʼAša ». Comme les vratá, dans la Rgvedasaṁhitā, appartiennent aux dieux46 ou à Rtá47, nous pouvons avancer lʼidée que, par opposition à ceux de Druj nommés en b1, les uruuata du premier hémistiche sont ceux des Yazata, mais le pronom və doit représenter les mortels. Notons ici aussi bien lʼexistence de vrata négatifs que celle de vrata positifs. En effet, sʼil est parfois taxé de sans-vrata (avratá-), lʼimpie védique passe aussi pour obéir à dʼautres usages (anyávrata-). 1c. atcīt aēibiiō vahištā V yōi zarazdaā aŋhən48 mazdāi .·. « Mais il se pose la question de savoir si (de tels attendus) sont excellents pour ceux qui, (parmi vous,) font confiance au (Roi) qui apporte la sagesse ». En principe, la particule emphatique derrière at est ºcā. Dès lors, ºcīt doit être l’interrogatif49. Allitération zarazdā ... mazdāi.

46 Exemple : RS 1.31.2b kavír devnām pári bhūṣasi vratám « (en qualité de) poète tu entoures-dʼéclat le décret des dieux » (trad. RENOU 1955-69, vol. XII p. 5). Et, affranchis de Drúh, les dieux védiques veillent sur leurs propres vratá : RS 8.67.13 yé mūrdhnaḥ kṣitīnm V ádabdhāsaḥ sváyaśasaḥ | vrat rákṣante adrúhaḥ « (Les dieux), têtes des populations, intrompables, se distinguant dʼeux-mêmes, qui/ veillent sur les vœux, (ces dieux) exempts de dolosité » (trad. RENOU 1955-69, vol. V p. 109). 47 Exemple : RS 1.65.3a rtásya dev ánu vrat guḥ « Les dieux se sont conformés aux décrets sur lʼOrdre-sacré » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 13). 48 Contrairement à ce que nous avons indiqué (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83), il ne s’agit pas, pour ce subj. prés., de rendre un état ou une action qui ne pourra s’accomplir qu’après l’accomplissement du procès principal. L’emploi du subj. est dû au ton interrogatif de la prop. principale. La nouvelle traduction que KELLENS, 2015a, donne du vers sans y reconnaître de ton interrogatif ne me paraît plus rendre compte de l’emploi que nous y trouvons du subj. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 84, non plus. LECOQ, 2016, p. 731, quant à lui, fait de ce subj. un futur : « ce sont les meilleures choses pour ceux qui seront fidèles à Mazdā ». Place licite du verbe : mazdāi complète l’adj. 49 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 163-4. Contre KELLENS, 2015a, p. 30 : « nous les définissons comme [...], mais comme (des paroles) très bonnes pour ceux qui ont confiance en Mazdā ».

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CHAPITRE II

Y 31.2 yezī āiš nō[it] uruuānē (7) adauuā aibī.dərəštā vaxiiā (9) at vā vīspəṇg āïiōi (7) yaθā ratūm ahurō vaēdā (9) mazdā aiiā ąsaiiā (7) yā ašāt hacā jīuuāmahī (9) .·. Si les (attendus) que voici ne conduisent pas à choisir [yat zi āiš {vratāiš} na urvanai] les (faveurs) sur lesquelles je puisse tabler, les visibles, les meilleures [a-davāh {avāh} abi-drštā vahyāh], je vous demande alors à tous (de m’accorder la nécessité) [at vāh vispānh ā-iyai] qui coïncide avec l’insertion/ le rôle que le Roi qui apporte la sagesse (me) connaît [yaθā ratum ahurah vaida mazdāh], (celle) des deux nécessités grâce à laquelle nous vivons en conformité avec le (bon) Agencement [aiʼāh ansaiʼāh yā rtāt haca jīvāmahi]. Strophe pleine d’énigmes que je ne suis pas arrivé à débrouiller complètement. En plus des hapax legomena, le sens exact qu’y prennent les mots ąsa- et ratu- m’échappe. D’après l’étymologie50, ąsa- désignerait un facteur inéluctable et ratu-, la possibilité de prendre part au bon Agencement ou d’en être l’un des éléments. J’ai risqué respectivement « nécessité, sort » et « insertion, rôle ». 2a. yezī āiš nō[it] uruuānē V adauuā aibī.dərəštā vaxiiā « Si, avec ces (attendus)-ci, les (faveurs) sur lesquelles je puisse tabler, les visibles, les meilleures, ne sont pas à choisir ». À l’intérieur de la subordonnée conjonctive en yezī, nous trouvons d’abord une infinitive, mais le vers comporte des difficultés lexicales51. 2b. at vā vīspəṇg āïiōi52 V yaθā ratūm ahurō vaēdā « Je vous demande alors à tous (l’ąsa) dont Ahura Mazdā connaît comment est le ratu ». Nous ne pouvons accepter que ā+√ yā « demander 50 Voir le lexique. Il n’est plus recevable de donner à ratu- le sens de « temps-rituel » comme le fait encore KELLENS, 2015a, p. 30. 51 Voir le lexique. La traduction de LECOQ, 2016, p. 731, est tout à fait inacceptable. Parmi les aberrations qu’elle contient, citons uruuānē analysé comme le datif anomal de uruuan- « âme » ; aduuā, comme le nominatif de aduuan- « chemin », qui, de surcroît, serait construit avec un acc. de direction ; āiiōi, comme une forme de √ 1i  ; juuāmahī, comme un subj. : « Si, malgré cela, il n’y a point de chemin pour l’âme vers les meilleures choses visibles, | Alors, j’irai vers vous tous, car Ahura Mazdā connaît le ratu | Des deux partis, grâce à qui nous vivrons selon Aša ». 52 Indic. prés. de première pers. exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Place normale du verbe à ceci près que la séquence aiiā ąsaiiā qui doit en fournir l’objet, pour constituer aussi l’antécédent de yā, a été différée.

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pour avoir » soit employé comme si cʼétait √ fras « demander pour savoir »53. Lʼobjet sous-entendu de āïiōi doit rencontrer cette exigence. Malheureusement, la comparative ne nous suggère rien qui vaille, dʼautant que les mots yaθā ratūm... vaēdā... ašāt hacā rappellent ceux du second hémistiche du premier vers de lʼAhuna Vairiia ou ceux du second vers de la Xšmaibiiā Hāiti où rien de bien concret ne peut être trouvé qui fît lʼobjet dʼun verbe comme « demander pour avoir » ou comme « donner » : Y 27.13a2 aθā ratuš ašātcīt hacā (9) ; Y 29.6b nōit aēuuā ahū vistō (7) naēdā ratuš ašātcīt hacā (9).

En effet, le sous-entendu de l’objet demandé est sans doute la grande difficulté sur laquelle achoppe l’exégèse de la strophe. Si Mazdā figure à la troisième personne grammaticale dans le second hémistiche, la locution pronominale vā vīspəṇg « vous tous », dans le premier, ne peut désigner lʼensemble des Yazata54. Comme la prière peut difficilement être adressée à d’autres dieux que les dieux, nous penserons forcément que c’est à son public que le poète adresse ici une demande. J’émets alors la conjecture qu’il la lui adresse en tant qu’officiant et n’a pas envie de se retrouver en mauvaise posture du fait de l’avarice de ses ouailles : il ne faudrait pas que la nécessité ne correspondît pas à son statut ou à son rôle d’officiant. La charge que l’officiant assume, son rôle par rapport aux orants et à la divinité, tel est ce que représente ici le mot ratu- : « l’insertion » de l’officiant dans le processus rituel. La place du verbe vaēdā est licite : le sujet ahurō... mazdā l’entoure. La séquence aiiā ąsaiiā, en raison de la clôture marquée par mazdā, ne peut être considérée comme une sorte d’antécédent introduit dans la subordonnée en yaθā. Dès lors, elle doit appartenir à la principale et constituer un complément de āiiōi  : l’objet demandé est l’un des deux ąsa.

Contre KELLENS, 2015a, p. 30. Malgré ses attestations dans la strophe Y 28.1 : ahiiā yāsā nǝmaŋhā (7) ustānazastō rafǝδrahiiā (9) mańiiəuš mazdā paōuruuīm (7) spǝṇtahiiā ašā vīspəṇg šiiaōθanā (9) vaŋhəuš xratū[m] manaŋhō (7) yā xšnǝuuīšā gəušcā uruuānǝm (9) .·. (voir PIRART, 2017a) ou dans le vers RS 6.51.9d víśvān va  name mahó yajatrāḥ « Dieux adorables, je vous rends grand hommage à tous ». La forme du nominatif, quant à elle, est attestée à propos des Daēuua dans le vers Y 32.3a at yūš daēuuā vīspāŋhō (7) akāt manaŋhō stā ciθrǝm (8). 53

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2c. mazdā aiiā ąsaiiā 55 V yā ašāt hacā jīuuāmahī 56 .·. « (Celui) des deux ąsa par lequel nous vivons en conformité avec le (bon) Agencement ». L’un des deux ąsa est celui dont le poète souhaite bénéficier, la nécessité étant alors une bonne fortune, mais elle dépend de la décision que les membres de la communauté prendront. L’idée du choix, présente de façon sous-entendue dans l’Ahuna Vairiia, ainsi le serait-elle ici aussi d’une manière ou d’une autre, d’autant plus que le premier substantif de la strophe suivante n’est autre que mańiiū. Divers (Y 31.3-7) Les strophes de 3 à 7 traitent de sujets divers : il est question des exécutants et des sacrifiants dans la troisième ; de lʼenvoûtement, dans la quatrième. La cinquième contient une prière tandis que les strophes 6 et 7 paraissent exalter le rôle de Zaraθuštra. Y 31.3 yąm dā mańiiū āθrācā (7) ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm (9) hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō (7) tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā (9) hizuuā θβahiiā āŋhō (7) yā jīuuaṇtō vīspəṇg vāuraiiā (9) .·. Lʼattention que tu prêtes aux deux exécutants [yām dāh ... caiš rānaibyā xšnutam] en raison du Sentiment (que nous avons te concernant), de (la présence du) Feu et de (la mise en œuvre du bon) Agencement [manyū āθrā ca rtā ca], lʼattendu que (tu imposes) aux désireux [yat vratam cazdahvadbyah], fais-le-nous savoir, dis-nous de vive voix (comment y arriver), (Roi) qui apportes la sagesse [tat nah mazdā 55 Sur les rapports que le vers entretient avec le mythe brāhmaṇique de Kutsa roi des Poussières, PIRART, 2011, p. 65-6. Le duel de áṁśa- figurant dans deux strophes védiques ne nous aide en rien : RS 5.86.5 t vr̥dhántāv ánu dyuū́n V mártāya devv adábhā [*dev ādábhā*] | árhantā cit puró dadhé V ʼaṁśeva devv árvate [*dev árvº*] « Eux qui prennent croissance au long des jours, (ces) deux dieux qui pour le mortel sont exempts de dommages, / bien quʼils soient des dignitaires, je les place devant (moi). (Ces) deux dieux (sont) comme deux parts (de gain) pour le coursier » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIV p. 52 ; notes p. 124) ; « cʼest en raison de leur valeur que je les place devant moi, comme deux Aṁśa Deva devant le destrier » ; 10.106.9 br̥hánteva gambháreṣu pratiṣṭhm V pdeva gādháṁ tárate vidāthaḥ | kárṇeva śsur ánu hí smárāthó V ʼṁśeva no bhajataṁ citrám ápnaḥ « Like giants, ye will find firm ground to stand on in depths, like feet for one who fords a shallow. Like cars ye will attend to him who orders: ye Two enjoy our wondrous work as shares » (trad. GRIFFITH, 1973, p. 619) ; « lʼinsigne richesse distribuez-nous comme si vous étiez deux Aṁśa ». 56 Indic. prés. avec KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 243, contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. Place normale du verbe.

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vidvanai vauca hizuʼā θvahya āhah], de sorte que je puisse épargner (la condamnation) à tous les (êtres) vivants [yā jīvantah vispānh vvraiʼa] ! Lʼimpérative qui remplit la strophe équivaut en pratique à une interrogative double : quelle attention prêtes-tu aux deux exécutants ? Quelles obligations imposes-tu aux désireux ? Il peut être déduit des deux questions que les dieux écouteront la performance des deux officiants (rāna-) pour autant que les « désireux » (cazdōŋhuuaṇt-) se plient à leurs obligations. Par « désireux », il faut entendre « sacrifiants formulateurs dʼune prière », car il nʼy a pas de sacrifice offert aux dieux sans quʼune demande ne leur soit adressée57. 3a. yąm dā 58 mańiiū āθrācā V ašācā cōiš 59 rānōibiiā xšnūtəm60 « Lʼattention que tu prêtes aux deux exécutants en raison du Sentiment (que nous avons te concernant), de (la présence du) Feu et de (la mise en œuvre du bon) Agencement ». Première protase. Elle est pourvue de deux verbes coordonnés dā ... ºcā cōiš. La déification de Mańiiu est envisageable ici sur base de sa coordination avec le Feu. Le grand dieu ne prête attention aux paroles prononcées que si les deux exécutants se font une haute idée de lui et procèdent à leur prononciation devant le feu dans le cadre dʼune cérémonie caractérisée par un bon agencement rituel. Le parallélisme des places respectives que rānōibiiā et cazdōŋhuuadǝbiiō occupent dans les deux protases nʼest guère favorable à lʼhypothèse de Xavier Tremblay61 concernant lʼétymologie et le sens du premier.

PIRART, 2014. Inj. aor. se rapportant au présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76. Place emphatique du verbe, fréquente pour les formes monosyllabiques (voir Y 43.1d). 59 Inj. aor. se rapportant au présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76. Place emphatique du verbe, fréquente pour les formes monosyllabiques. 60 Y sont comparables les vers suivants : Y 31.19c, Y 34.12b, Y 43.12c, Y 47.6b ; Y 51.9 yąm xšnūtәm rānōibiiā dā V θβā āθrā suxrā mazdā V aiiaŋhā xšustā aibī V ahuuāhū daxštәm dāuuōi V rāšaiieŋhē drәguuaṇtәm V sauuaiiō ašauuanәm .·.. La traduction de LECOQ, 2016, p. 731, contient notamment les aberrations de donner le sens de « rétribution » à xšnūtәm, celui d’« antagonistes » à rānōibiiā, celui de « perspicaces » à cazdōŋhuuadәbiiō et celui de « je puisse convertir » à vāuraiiā. 61 Je rejette l’interprétation de TREMBLAY, 2006, p. 259 n. 86 ; 2015, p. 25 n. 28, pour qui les strophes Y 31.3, 31.19, 43.12 et 47.6 évoqueraient la répartition au moyen du feu des offrandes entre ce qui sera consommé par les hommes et ce qui sera consommé par les dieux, rąna- dérivant de √ rā « gratifier » et signifiant « largesse ». 57 58

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CHAPITRE II

Une autre possibilité existe, celle de recourir à lʼautre racine √ rā62, et de donner à rāna- le sens dʼ « exécutants » dʼautant que, pour le parallélisme avec cazdōŋhuuadəbiiō, nous attendons que le mot désigne des personnages. Le duel ferait alors allusion à deux types de prononciations, effectuées chacune par un spécialiste différent. Ce pourraient être, par exemples, le chant et la récitation comme je le pense ou bien la diction continue et la récitation mot à mot. 3b1. hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō « Lʼattendu que (tu imposes) aux désireux ». Seconde protase. Ses verbes, identiques à ceux de la précédente, sont sous-entendus, mais j’ignore pourquoi le poète fait l’économie d’une coordination des deux propositions relatives. 3b2-c1. tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā 63 V hizuuā θβahiiā āŋhō « Fais-le-nous savoir, dis-nous de vive voix (comment y arriver), (Roi) qui apportes la sagesse ». Ces hémistiches constituent la proposition principale. Celle-ci remplit tout à la fois les rôles dʼune apodose et dʼune prodose. Le corrélatif tat est accordé avec le pronom relatif le plus proche. En recourant à lʼimpératif vaōcā quʼil construira aussi avec un infinitif datif à la cinquième strophe et commentera à la sixième, le poète, avide de savoir, cherche à donner la parole au grand dieu, à lui faire prendre la parole, mais la question se pose de connaître quelle est au juste la teneur escomptée des propos divins : Vers Formes Accusatifs 3a vaōcā 3b 5ab1 vaōcā 5b2 5c 6 vaōcaāt

62

Datifs Infinitifs

yąm ... xšnūtəm nə hiiat uruuatəm ... V tat mōi tat ... V hiiat ... vahiiō V vīduiiē yehiiā mā ərəšiš tācīt ... V yā nōit vā aŋhat aŋhaitī vā mąθrǝm mōi

vīduuanōi vīcidiiāi məṇº ... daidiiāi

Voir le lexique et le commentaire de Y 43.12. Lʼimpér. vaōcā construit avec un infinitif dat. revient en 5a1. Sur l’emploi de l’impér. aor. en fin de strophe, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 95. Ce verbe n’occupe pas la dernière place dans sa prop. : il fallait éviter que les mots hizuuā θβahiiā āŋhō parussent compléter l’infinitif vīduuanōi. 63

Y 31

89

Le syntagme hizuuā θβahiiā āŋhō, littéralement « avec la langue de ta bouche », sans doute est-il un idiomatisme pour « de vive voix, sans intermédiaire »64. 3c2. yā jīuuaṇtō 65 vīspəṇg vāuraiiā 66 .·. « De sorte que je puisse épargner (la condamnation) à tous les (êtres) vivants ! » Apotase de but. Lʼensemble des « vivants » paraît regrouper les sacrifiants et les officiants dont il a été respectivement question dans les deux protases. Y 31.4 yadā ašəm zəuuīm (7) aŋhən mazdāscā ahurāŋhō (9) ašicā ārəmaitī (7) vahištā išasā manaŋhā (9) maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat (7) yehiiā vərədā vanaēmā drujəm (9) .·. Quand les Rois seront présents [yat ā... ahant... ahurāhah], (au nombre desquels nous comptons) le (bon) Agencement qu’il (nous) convient d’appeler [rtam zaviʼam] et le (Roi) qui apporte la sagesse [mazdāh ca], je recourrai à la Déférence [aram-matī] et à la Dédicace [ārtī ca] de l’excellent Penser [vahištā... manahā] pour exiger que la faculté me soit accordée d’exercer (sur eux) l’Ascendant et l’Envoûtement [išsā... maibya xšaθram aujahvat] sans l’accroissement desquels nous ne pourrions vaincre l’Erreur [yahya vrdā vanaima drujam]. 4a. yadā ašəm zəuuīm V aŋhən67 mazdāscā ahurāŋhō 68 « Quand les Rois seront présents, (au nombre desquels nous comptons) le (bon) Agencement qu’il (nous) convient d’appeler et le (Roi) qui 64 La bouche et la langue en liaison avec le feu figurent aussi dans le vers RS 1.140.2c anyásyās jihváyā jéniyo vŕ ṣā « Avec la bouche, avec la langue de lʼune (de ses deux formes, il est) un mâle choyé (dans la maison de lʼhomme) » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 31). 65 Manque chez BARTHOLOMAE, 1904, col. 502. 66 Voir PIRART, 2017a, p. 164. Opt. de but dans une prop. conjonctive introduite par yā « de sorte que », contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 89. Place normale du verbe. Le sens ou l’étymon de ce verbe divisent les traducteurs. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 84, par exemple, traduisent l’hémistiche comme suit : « so as to let me test thereby all the living ». 67 ºā... aŋhәn subj. prés. en conjonctive de temps pour l’expression du futur : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83-4. Place licite du verbe. 68 Comme à la strophe Y 30.9, la forme ahurāŋhō est employée ici comme clôture de la subordonnée (contre KELLENS, 1994, p. 21, qui range l’hémistiche 31.4b1 dans la prop. subordonnée introduite par yadº).

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CHAPITRE II

apporte la sagesse ». Les dieux seront présents puisque nous allons les appeler : zǝuuiia- est employé au singulier par accord avec le terme le plus proche, mais l’appel sans doute concerne-t-il tous les dieux. Par contre, à la clôture de la subordonnée, la place résomptive a suggéré l’emploi du pluriel ahurāŋhō. 4b. ašicā ārəmaitī V vahištā išasā 69 manaŋhā « (Quand ils seront présents), je recourrai à la Déférence et à la Dédicace de l’excellent Penser pour exiger ». Deux groupes70 se partagent les deux premiers vers de la quatrième strophe : d’une part, les Ahura parmi lesquels figurent Aša et Mazdā ; d’autre part, trois outils auxquels l’orant recourra à l’instant d’exiger une faveur de ces Ahura et dont les désignations coïncident avec celles de trois divinités importantes, Aši, Ārmaiti et Vohu Manah. Cependant, nous remarquerons que deux des instrumentaux les exprimant doivent n’en faire qu’un : ašicā... vahištā... manaŋhā « avec la Dédicace et l’excellent Penser » est un hendiadys pour *ašicā... vahištahiiā... manaŋhō* « avec la Dédicace de l’excellent Penser »71. 4c. maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat72 V yehiiā73 vərədā vanaēmā74 drujəm.·. « (Je vais exiger) que la faculté me soit accordée d’exercer (sur les dieux) l’Ascendant et l’Envoûtement sans l’accroissement desquels nous 69 Subj. prés. exprimant le futur d’intention : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 81. Place licite du verbe dans la mesure où l’hémistiche maibiiō xšaθrәm aōjōŋhuuat peut être vu comme un discours direct : « j’exigerai : «Pour moi, l’aōjah et le xšaθra !» ». LECOQ, 2016, p. 731, de façon inacceptable, donne ašicā ārmaitī pour l’objet de išasā  : « J’implorerai [...] à la fois Aši et Ārmaiti ». 70 Les traducteurs médiévaux, contre la grammaire, admettent un seul groupe tout en prenant vahištā pour un abstrait et manaŋhā pour un vocatif : AMT PVN ZK dhšn| {...} ’švhšt| KRYTVNt’l HVE|’nd ’vhrmzdc {...} .·. OLEc Y tlsk’d spndrmt| {...} p’hlvmyh BOYHVNm vhvmn {...} .·. « Lorsque la mise en place {...} nous permettra de convoquer Aša Vahišta, {...} Ahura Mazdā {...} et la dévote Ārmaiti {...}, je rechercherai l’excellence, ô Vohu Manah {...} » ; yadi dānenāśavahistasya nimantrakāḥ smaḥ puṇyasya mahājñāninaś ca svāmino bhaktiśīlāyāś ca pr̥thivyāḥ... | utkr̥ṣṭatvam abhīpsāmo gvahmana | « Si le don nous permet de convoquer Aša Vahišta {= le Bien}, le très sage Seigneur et la Terre dévote {...}, ô Vohu Manah, nous recherchons l’excellence ». HUMBACH et FAISS, 2010, p. 85, font de ašicā ārmaitī des instr. sociatifs du sujet de aŋhәn et font commencer l’apodose avec b2. 71 Comme nous le savons notamment par l’hémistiche Y 33.13b2 yā vaŋhəuš ašiš manaŋhō  : PIRART, 2006b, p. 89. 72 Sur lʼinterprétation médiévale qui fait de ce mot un nom dʼAstuuat.ǝrǝta, voir le commentaire de Y 30.9b1. 73 Sur la possibilité, sans doute secondaire, de voir en ašǝm lʼantécédent de yehiiā, PIRART, 2007a, p. 69 n. 134.

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ne pourrions vaincre l’Erreur ». Une cheville métrique du même acabit a été débusquée au vers précédent : tout comme ašiº y était une façon renforcée ou précisée d’exprimer l’instrumental de manah-, l’auteur a recouru ici à yehiiā vәrәdā au lieu de l’instrumental du pronom relatif dont le syntagme xšaθrәm aōjōŋhuuat constitue l’antécédent. 74 Ce dernier vers nomme le tandem xšaθra + aōjah dans lequel seul le premier ingrédient fera l’objet d’une déification dans l’Avesta récent. La strophe prépare donc l’avènement du futur groupe des Amǝša Spǝṇta même si la personnification n’est présente que pour les deux premiers : Entités nommées dans Y 31.4

Personnification

Futurs Amәṣ̌a Spәṇta

Aṣ̌a « Agencement » Mazdā « Apportant la sagesse » Ārmaiti « Déférence » Aṣ̌i « Dédicace » Vahišta Manah « Penser excellent » Xšaθra « Envoûtement » Aōjah « Ascendant »

+ + – – – – –

+ + + – + + –

La première variation savante de lʼénumération des Amǝša Spǝṇta que nous trouvions dans la Tā.və.uruuātā Hāiti. Il y en a deux autres, aux strophes 6 et 21. Dans toutes les trois, il est fait usage de la troisième personne grammaticale. Le tandem des deux seules entités féminines, Aši et Ārmaiti, se retrouve aux vers Y 43.1de75. La présence des dieux, pouvons-nous tirer de la quatrième strophe, conditionne le secours que l’orant trouve dans la déférence ou dans l’excellent penser et le succès de la demande qu’il leur adresse. Quoi de plus logique ? Comment demander quelque chose aux rois et le faire poliment si ceux-ci sont absents ? Il leur est demandé de bien vouloir tolérer que l’orant ait une certaine emprise sur eux, les envoûte et que pareille force magique aide l’homme à vaincre l’Erreur. Nous pouvons détecter ici un paradoxe : voici l’orant y aller en douceur et chercher à se gagner les dieux en exerçant pourtant sur eux une force qui, par ailleurs, doit lui servir à vaincre la pire force démoniaque. 74 vanaēmā opt. évocatif de ce qu’il est dans la nature même de l’antécédent d’accomplir ou de permettre : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 90. Place spéciale du verbe puisque son objet suit. 75 Voir aussi Y 28.7ab, 33.13bc.

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CHAPITRE II

La combinaison des deux bouts de la strophe, yadā ašәm... vanaēmā drujәm « Puisse la présence dʼAša nous permettre d’évincer Druj ! », dont les ingrédients fondent l’étymologie mystique d’ašauuan- < pir. *rtāuan- « accompagné de l’Agencement, pieux » par pir. *rtā + √ uan « vaincre avec l’Agencement », connut un certain succès dans l’Avesta récent76. La présence dʼAša rend possible que l’orant exerce la force appelée xšaθra sur ce même Aša et en retire le bénéfice de vaincre Druj. La strophe nous aide à comprendre comment l’Avesta récent et les livres pehlevis en sont venus à placer Druj en face d’Aša, à opposer l’Erreur à l’exactitude du bon Agencement. Les hostilités marquaient déjà les strophes Y 30.11-31.1. Y 31.5 tat mōi vīcidiiāi vaōcā (7) hiiat mōi ašā dātā vahiiō (8) vīduiiē vohū manaŋhā (7) məṇcā daidiiāi yehiiā mā ərəšiš (9) tācīt mazdā ahurā (7) yā nōit vā aŋhat aŋhaitī vā (9) .·. Fais-moi distinguer, en me disant comment y arriver [tat mai vicidyāi vauca], le mieux qu’en échange de l’Agencement, vous me faites [yat mai rtā dāta vahyah] connaître avec le Penser bon [vidvai vahū manahā], et (fais-moi) comprendre [manh ca dadyāi] de qui le poète fut (le fils/ le disciple) [yahya hma ršiš] ! Roi qui apportes la sagesse, (je veux savoir) si tout cela existera ou non [tā cit mazdā ahura yā na vā ahat ahati vā].

76 Le syntagme est attesté aussi au vers Y 48.1a dont Y 44.14b peut être rapproché, dont Y 60.5g est une citation (corriger ainsi PIRART, 2007a, p. 69 n. 134) et dont Yt 1.28.1b (voir PIRART, 2007b, p. 63) ou Yt 19.95.4a (voir PIRART, 2007a, p. 70-1) dérivent, mais plusieurs incertitudes (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 220-1) en obscurcissent la réalité : nous avons voulu faire de ašā.drujәm un composé. C’est l’accumulation des instr. qui nous y avait poussés, mais cette accumulation est elle-même incertaine : yezī adāiš (4) ašā drujәm vəṇghaitī (7) hiiat ąsašutā (4) yā daibitānā fraxtā (7) amәrәtāitī (4) daēuuāišcā mašiiāišcā (7) at tōi sauuāiš (4) vam̨ әm vaxšat ahurā (7) « Car, si de tels (moyens) permettent (au pieux adorateur) de vaincre l’Erreur avec le (bon) Agencement malgré que les (paroles) fourbes prononcées en vue de gagner l’Immortalité aient été mises en mouvement avec (l’aval) des Hasardeux et des mortels les honorant, dès lors, Roi (qui apportes la sagesse), (cet adorateur) accroîtra de (tels) moyens la séquence chantée en ton (honneur) » L’Inde védique n’a pas vu la possibilité de retrouver la racine VAN dans rtvan-, RS 1.46.14c rt vanathaḥ étant plutôt à comprendre comme le fruit pur et simple de l’haplologie de **ŕ tāvānā vanathaḥ « Vous qui êtes accompagnés du (bon) Agencement, vous gagnez » (voir PIRART, 1995-2000, vol. I p. 88).

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5ab1. tat mōi vīcidiiāi vaōcā 77 V hiiat mōi ašā dātā78 vahiiō79 vīduiiē80 vohū manaŋhā

V

« Fais-moi distinguer, en me disant comment y arriver, le mieux qu’en échange de l’Agencement, vous me faites connaître avec le Penser bon ». Le procédé employé à la troisième strophe se retrouve ici : lʼimpérative basée sur vaōcā équivaut au jeu de deux questions posées au grand dieu. Le dém. tat ne sous-entend pas {uruuatәm}81. Lʼantécédent de hiiat que nous devons accorder avec tat a été introduit dans la subordonnée : vahiiō vīduiiē « le fait de mieux connaître »82. La corrélation tat... hiiat permet de placer a2-b1 dans la dépendance de lʼinfinitif vīcidiiāi. La place syntaxique de vīduiiē, qui n’a pas la valeur d’un datif, ne va pas de soi. En principe, c’est l’objet direct de dātā, mais ašā s’ordonne aisément avec dātā, et vohū manaŋhā, avec vīduiiē. 5b2. †məṇcā daidiiāi yehiiā mā ərəšiš « Et (fais-moi) comprendre de qui le poète fut (le fils/ le disciple) ». Lʼinfinitif məṇº daidiiāi est coordonné à vīcidiiāi. La détermination de lʼantécédent de yehiiā ou de son statut fait difficulté. De surcroît, la proposition introduite de la sorte paraît bien maigre. Comme elle ne contient aucun verbe, nous nʼavons guère dʼautre choix que de prendre mā non pour le pronom de la première personne, mais bien pour la particule correspondant au védique sma. Si la subordonnée yehiiā mā ǝrǝšiš est bien une interrogation indirecte83 revenant à dire « Qui fut le père du poète ? », nous tiendrons compte du sens de « disciple » que peut Impér. aor. de premier hémistiche : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 93. Inj. aor. se rapportant au présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76-7. Place licite du verbe puisque vahiiō est l’antécédent de hiiat et que l’infinitif vīduiiē le régit : « le mieux que vous me donnez de connaître ». 79 Sur la métrique de vahiiō, voir le commentaire de Y 30.3b2. 80 Le syntagme vahiiō vīduiiē rappelle certains ingrédients des passages suivants : Vr 16.3.1 yaēšąm nō ahurō mazdā ašauua V yesnē paiti vaŋhō vaēδa V aēšąm zaraθuštrō aŋhuca ratušca .·., Y 27.15.3 yeŋhē hātąm āat V yesnē paitī vaŋhō mazdā ahurō vaēθā V ašāt hacā yāŋhąmcā V tąscā tāscā yazamaidē .·., Y 51.22a-b1 yehiiā mōi ašāt hacā vahištәm yesnē paitī V vaēdā mazdā ahurō. 81 Contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 305. 82 KELLENS, 2015a, p. 30, fait de vīduiiē un infinitif datif : « Dis-moi [...] ce que tu me donnes de meilleur selon l’Agencement, pour que je le sache par bonne Pensée et m’en imprègne en m’en faisant le rṣi ! » 83 Les traductions que HUMBACH et FAISS, 2010, p. 85, KELLENS, 2015a, p. 30, ou LECOQ, 2016, p. 731, avancent de ceci sont impossibles : « (from that one) whose seer (I am) » ; « en m’en faisant le rṣi » ; « cela dont je suis le voyant ». 77 78

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CHAPITRE II

acquérir le mot « fils ». Dans lʼaffirmative, le syntagme Ζωροάστρου τοῦ Ὡρομάζου « de Zoroastre fils dʼHoromazès » que nous trouvons chez Platon84 en constituera un parallèle. Le mot « fils », sous-entendu dans lʼinterrogative et chez Platon, est employé de façon explicite avec ce sens dans le Vīštāsp Yašt : Vyt 8.1.2 bʼstʼn YHVVNʼš ʼy ʼhlvb| BRE [Y] kd vyštʼsp| « Tiens-toi prêt, ô ašauuan, mon fils, Kǝuui Vīštāspa ».

5c. tācīt mazdā ahurā V yā nōit vā aŋhat aŋhaitī 85 vā .·. « Roi qui apportes la sagesse, (je veux savoir) si tout cela existera ou non ». Vers résomptif. Le pronom relatif yā ne pourra être que du neutre pluriel si nous devons en faire le sujet de aŋhat et admettre que tāº est son antécédent, mais ce dernier, coincé entre lʼindigence de la proposition yehiiā mā ǝrǝšiš et le vocatif mazdā ahurā, reste en lʼair. La forme ºcīt de la particule emphatique au lieu de ºcā86 suggère que tāº est la forme de nominatif-accusatif neutre pluriel plutôt que celle d’instrumental masculin-neutre singulier. Y 31.6 am̨ āi aŋhat vahištəm (7) yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm (9) mąθrəm yim hauruuatātō (7) ašahiiā amərətātascā (9) .·. mazdāi auuat xšaθrəm (7) hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā (9) .·. Pour que le (Roi) qui apporte la sagesse [mazda’ai] me dise avec science le conseil judicieux [yah mai vidvāh vauca’at haθyam manθram] de lʼExhaustivité, du (bon) Agencement et de lʼImmortalité [yam harvatātah rtahya amrtatātah ca], exercé sur lui, le meilleur Envoûtement sera celui-là [ahmāi ahat vahištam... avat xšaθram] dont le Penser bon de (Zaraθuštra) aura permis l’accroissement [yat hai vahū vaxšat manahā]. Après les strophes 3 et 5 avec lesquelles il sʼétait tourné vers Mazdā et lui avait dit de dire (vaōcā), le poète à présent commente le fait à son auditoire humain en disant « il dira » (vaōcāt) et en ciselant une

84 85

KELLENS, 1984b, p. 2. Subjonctifs présents en combinaison avec vā : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II

p. 82. 86 Comme dans les vers Y 44.3e tācīt mazdā vasǝmī aniiācā vīduiiē .·. et Y 46.19e tācīt mōi sąs tuuəm mazdā vaēdištō .·..

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Y 31

variation savante de lʼénumération des Amǝša Spǝṇta, la deuxième du genre après celle de la 4e strophe : Références

Entités

Personnification

6b1 6b2 6b2 6c1 6c1 6c2

hauruuatātašaamǝrǝtatātmazdāxšaθravohu- manah-

− − − + − −

6a. am̨ āi aŋhat 87 vahištəm V yə mōi vīduuā vaōcāt 88 haiθīm89 « Le meilleur (Envoûtement) sera exercé sur celui qui me dira avec science le (conseil) judicieux ». Le démonstratif am̨ āi90 est à ordonner avec mazdāi ; lʼadjectif vahištəm, avec xšaθrəm. La proposition principale sʼétend sur les deux hémistiches a1 et c1. Le démonstratif am̨ āi entre en corrélation avec le pronom relatif yə qui introduit lʼapotase couvrant les hémistiches a2, b1 et b2. Lʼapotase, basée sur le verbe vaōcāt, équivaut à la formulation dʼune question : quel est lʼefficace conseil des dieux Hauruuatāt, Aša et Amǝrǝtatāt ? Le bahuvrīhi védique satyámantra-91 et le syntagme cor-

87 Subj. prés. exprimant l’éventuel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 81. Place licite du verbe puisque vahištәm qui suit est son sujet. 88 Ce subj. aoriste, contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 86, n’est pas celui qui se trouve en relation conditionnelle d’éventuel du présent avec le subj. prés. de la principale : c’est vaxšat. La proposition subordonnée relative yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm mąθrəm yim hauruuatātō ašahiiā amərətātascā, secondaire par rapport à hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā, comporte une nuance de but. Place spéciale du verbe qui ne se situe pas au terme de la proposition : son objet suit. 89 Ceci est à rapprocher des vers Y 45.3b yąm mōi vīduuā (4) mazdā vaōcat ahurō (7), RS 1.74.1b mántraṁ vocemāagnáye « nous voudrions adresser une Formule-sacrale à Agni » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 20), RS 2.35.2ab imáṁ sv àsmai hrdá  sútaṣṭam V mántraṁ vocema kuvíd asya védat « Cette formule-dʼévocation, bien façonnée du (fond du) cœur pour ce (dieu), nous voulons la dire : ne la connaît-il pas ? » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIV p. 33). 90 KELLENS, 2015a, p. 30, rend ce dém. comme si ce fût un gén. et détruit bizarrement les corrélations : « À lui appartient le meilleur ! (Lui, c’est) Mazdā, le savant qui me dira que la formule essentielle est celle de la santé, de l’Agencement et de l’immortalité, (et le meilleur, c’est) le Pouvoir qu’il fait croître par la pensée ». 91 RS 1.20.4b, 7.76.4d.

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CHAPITRE II

respondant92 sont lʼassurance quʼil faut ordonner haiθīm avec mąθrǝm de 6b1. 6b. mąθrəm yim hauruuatātō V ašahiiā amərətātascā « Le conseil de lʼExhaustivité, du (bon) Agencement et de lʼImmortalité ». Suite de lʼapotase. Le groupe génitif complément du nom mąθrǝm, introduit par une eżāfe, est constitué dʼune triade dont les termes sont coordonnés selon le schéma A B Cºcā. Kellens93 traduit « le savant qui me dira que la formule essentielle est celle de la santé, de l’Agencement et de l’immortalité », mais, pour moi, actuellement, ni mąθra- ne signifie « formule », ni haiθiia- ne signifie « essentiel » ni hauruuatāt- ne signifie « santé ». Ma compréhension est que le savant conseille à l’adorateur ou lui recommande (vaōcāt ... mąθrәm), de façon judicieuse (haiθīm), de recourir à l’agencement rituel (ašahiiā) consistant à lui rendre un culte que l’exhaustivité (hauruuatātō) et la (libation d’)immortalité (amәrәtātascā) caractérisent. 6c1. mazdāi auuat xšaθrəm Début de la prodose

a1

Première apotase (de statut secondaire) Suite de la prodose

a2b

Seconde apotase (de statut primaire)

c2

c1

am̨ āi vahištәm yə mazdāi auuat xšaθrǝm hiiat

« Sur le (Roi) qui apporte la sagesse, lʼEnvoûtement (sera) celui-là ». Suite de la proposition principale94. Le démonstratif auuat marque lʼantécédent de hiiat.

92 RS 1.67.5b tastámbha dym mántrebhiḥ satyáiḥ « il étaie-toujours la Terre (et) le Ciel à lʼaide de Formules-sacrales réelles » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 14), 1.152.2b satyó mántraḥ kaviśastá ŕ ghāvān « la Formule réalisée, récitée par le Poète, virulente » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 76). 93 KELLENS, 2015a, p. 30. 94 Sans quoi mazdāi dût être accordé avec mōi.

Y 31

97

6c2. hiiat hōi 95 vohū vaxšat 96 manaŋhā .·. « (L’Envoûtement) dont le Penser bon de (Zaraθuštra) aura permis l’accroissement ». Seconde apotase. Le pronom relatif hiiat introduit une subordonnée épithète de auuat xšaθrәm. La forme verbale vaxšat doit être celle du subjonctif actif (pir. *uaxš-a-t), et nous devons faire de lʼinstrumental vohū... manaŋhā un complément de moyen. Y 31.7 yastā maṇtā pōuruiiō (7) raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā (9) huuō xraθβā dąmiš ašəm (7) yā dāraiiat vahištəm manō (9) tā mazdā mańiiū uxšiiō (7) yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō (9) .·. Lui qui, avec l’excellent Penser [yah tā {vahištā manahā}] qui soutient le bon Agencement [rtam yat dārayat vahištam manah], a pensé le premier que les bien-être se distillent aux lumières du jour [manta parviʼah raucah-biš raiθvayānt huʼāθrā], celui-là (= Zaraθuštra) est, avec la performance, le Fondateur du (bon Agencement) [hah xraθvā dāmiš {rtahya}]. (Dans la foulée, il a pensé aussi ceci :) « Roi qui apportes la Sagesse, avec/ malgré (mon) Sentiment que tu es pourtant resté le même jusqu’ici, tu ne cesses de t’accroître ! [tā mazdā manyū uxšyah yah u nū cit ahura hāmah] » Le fondateur du bon agencement, celui qui a instauré la bonne pratique rituelle de célébrer le sacrifice exclusivement de jour, avait compris que seule la lumière était source de joie et que les adorateurs ne pourraient accéder autrement à lʼexcellente existence paradisiaque. La difficulté de la strophe, la plus ardue de toute la hāiti, consiste à justifier le changement de personne grammaticale concernant Mazdā : la troisième personne dans la première phrase (ab) si dąmi- est bien un de ses noms, mais la seconde personne, dans la seconde (c). Comme souvent, le dernier vers fait bande à part. Le discours qui, dans les trois strophes suivantes, fait la teneur du Mańiiu mentionné ici commence donc d’ores et déjà avec ce dernier vers. Celui-ci fait état dʼun paradoxe : le grand dieu, malgré lʼexpansion quʼil a connue sous la forme dʼune progéniture, est resté égal à lui-même. 95 Tandis que HUMBACH et FAISS, 2010, p. 85, dans la traduction, l’omettent, ce pronom, pour LECOQ, 2016, p. 732, reprendrait mazdāi : « À Mazdâ, ce royaume qui pour lui s’accroîtra grâce à Vohu Manah ». 96 Voir ci-dessus la note concernant vaōcāt, contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 87. Place licite du verbe.

98

CHAPITRE II

7a. yastā maṇtā 97 pōuruiiō V raōcəbīš rōiθβən98 xuvāθrā « Lui qui, avec l’(excellent Penser), a pensé le premier que les bienêtre se distillent aux lumières du jour ». Protase. Le démonstratif tā est corrélatif de yā (7b2), mais ce dernier doit être le fruit dʼun sandhi pour hiiat. Nous ne pouvons faire de rōiθβәn la forme de la troisième personne du pluriel si le sujet xuvāθrā est de genre neutre et qu’un sujet du nt. plur. exige un verbe conjugué au singulier. Il s’agit donc forcément du participe présent : < pii. *raitua+ia-nt-H2. Le mélange des bien-être avec les lumières du jour pourrait être une façon de dire qu’ils se confondent avec les lumières ou prennent l’aspect des lumières, mais l’expression est probablement à comparer avec celles que nous trouvons dans deux passages des Yašt, qui, malheureusement, résistent à l’analyse et dont je ne puis dès lors offrir qu’une traduction approximative : ― Yt 8.13cde tištriiō raēuuā xvarәnaŋvhā (8) kәhrpәm +raēθβaiiete99 raōxšnuua vazәmnō (6+6) narš kәhrpa paṇca.dasaŋhō100 (8) « Tištriia, lui qui est accompagné de la richesse et de l’aliment, évoluant parmi les lumières, mêle sa forme à celle de l’homme de quinze ans » ; ― Yt 13.81 yeŋhe uruua mąθrō spәṇtō (8) aurušō raōxšnō frādәrәsrō (8) kәhrpasca yā +raēθβaiiete101 (8) srīrā amәšanąm spәṇtanąm (9) vәrәzdā amәšanąm spәṇtanąm (9) .·. huuarәxšaētәm auruuat.aspәm yazamaide (8+4) ºoº « (Ahura Mazdā), lui de qui le Mąθra Spәṇta, rosé, lumineux et admirable, est l’âme-moi et les formes, glorieuses et accrues qu’il mêle (à celles) des Amәša Spәṇta. Nous offrons le sacrifice au Soleil splendide qui (roule dans un char attelé) de chevaux de combat ».

Dans le premier de ces deux passages, il faut apparemment comprendre que Tištriia change de forme, adopte l’apparence d’un homme de quinze ans lorsqu’il évolue parmi les lumières du jour. Sur base de cette compréhension, nous pouvons avancer que la lumière conditionne non seulement les formes adoptées, mais aussi les bien-être. Ajoutons que le même usage du verbe raēθβaiia- est à reconnaître dans l’étymon du pāzand rāspī, la désignation de l’officiant qui, au cours de la cérémonie, assume successivement plusieurs fonctions, endosse plusieurs rôles : il s’agit du participe en ºá- de ce verbe. 97 Inj. aor. exprimant le passé : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76. Place spéciale du verbe. 98 < *rōiθβāәn < *rōiθβāin ? 99 Moyen possessif, contre GELDNER, 1886-96, vol. II p. 109, qui donne raēθβaiieiti. 100 Mis pour paṇca.dasahe. 101 GELDNER, 1886-96, vol. II p. 185, donne raēθβaiieiti.

Y 31

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7b1. huuō xraθβā dąmiš ašəm « Celui-là (= Zaraθuštra) est, avec la performance/ l’intelligence, le Fondateur du (bon) Agencement ». Apodose. Le démonstratif huuō est corrélatif de yasº. Dʼaprès 8c1, nous devons, plutôt que Zaraθuštra, y reconnaître Mazdā, mais ce dernier figure à la deuxième personne grammaticale dans le vers suivant. L’anomalie accusative de la rection ašәm de dąmiš102 en face du génitif illustré par Y 31.8c1 ˟hiθąm ašahiiā dąmīm et Y 34.10b2 dąmīm vīduuā hiθąm ašahiiā est à résorber en considérant que ašǝm appartient à la subordonnée relative, en est une anticipation103. 7b2. yā dāraiiat 104 vahištəm manō « (Avec) l’excellent Penser qui soutient (le bon Agencement) »105. Subordonnée secondaire. Pour suivre le verbe, le syntagme vahištəm manō doit en être le sujet même si l’expression d’objets directs après le verbe, en principe illicite, est un phénomène assez courant. Lʼantécédent du pronom relatif yā (< *hiiat) est donc intégré à la proposition subordonnée relative introduite de la sorte puisque tā, instrumental interne dans la construction de maṇtā, en est le corrélatif. L’apparente rection accusative ašәm de dąmiš n’est peut-être pas innocente si nous devons enregistrer cet ašǝm en tant quʼobjet sous-entendu de dāraiiat et que yā (< *hiiat), dont l’antécédent est tā, s’accorde avec le sujet vahištәm manō. En réalité, ašǝm appartient à la subordonnée. Lʼhémistiche 7b2 pourrait être à lʼorigine du nom de Darius106. 102 Rappelle le premier hémistiche du vers RS 1.71.3a dádhann rtáṁ dhanáyann asya dhītím. 103 Cette difficulté grammaticale est ignorée tant de HUMBACH et FAISS, 2010, p. 86, que de LECOQ, 2016, p. 732. 104 Inj. prés. exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 71 et 74. Place licite du verbe : ce qui suit en forme le groupe sujet. 105 KELLENS, 2015a, p. 30, ni LECOQ, 2016, p. 732, qui ne tiennent aucun compte de l’ordre des mots, font de vahištәm manō l’objet de dāraiiat, d’ašәm l’antécédent de yā et de ce dernier un instr. nt. sing. : « le fondateur de l’Agencement, par lequel il soutient la très bonne Pensée » ; « C’est celui qui, par l’intelligence, a créé Aša, avec qui il maintiendra Vahišta Manah ». Quant à eux, HUMBACH et FAISS, 2010, p. 86, établissent une corrélation entre yā et tā en plus de celle existant entre ce dernier et yə, clôturant ainsi une première phrase avec ašәm : « the establisher of truth. (Through that spirit) by which one holds on to best thought, | through that spirit you are growing, O Wise One, who (are) the same even now, O Lord ». 106 PIRART, 2013a, p. 149. Le syntagme ašǝm + √ dar est attesté aussi par les hémistiches Y 43.1d1 ašǝm dǝrǝidiiāi et Y 51.8b2 uštā yə ašǝm dādrē. Il en existe un parallèle védique à la strophe RS 5.15.2 rténa rtáṁ dharúṇam dhārayanta V yajñásya śāké paramé

100

CHAPITRE II

7c. tā mazdā mańiiū uxšiiō107 V yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. « Roi qui apportes la Sagesse, avec/ malgré (mon) Sentiment que tu es pourtant resté le même jusqu’ici, tu ne cesses de t’accroître ! » Le mot mańiiū, déjà rencontré à la troisième, doit annoncer ici lʼensemble des strophes 8-10. Au vu de ces dernières, le paradoxe dont il est fait état avec le vers 7c réside dans une expansion du grand dieu sous la forme dʼune progéniture en contraste avec la conservation de sa dimension individuelle grâce à une renaissance. 31.7a

Protase

31.7b1 31.7b2

Apodose Subordonnée secondaire

31.7c1 31.7c2 31.8-10

Introduction du mańiiu

yasº ºtā huuō yā {manō} (< yat) Prodose Apotase

tā yə

Mańiiu

Nous placerons, certes sans autre argument que celui de la cohérence, ce dernier vers de la septième strophe entre guillemets comme les suivants pour y reconnaître le contenu d’une réflexion que Zaraθuštra avait dû se faire à l’instant de se forger la conviction à laquelle font allusion les deux premiers vers. Comme la septième ne recourt pas à la même personne du verbe √ man (maṇtā) que la huitième (məŋhī), nous devons considérer que le mańiiu des strophes 8-10 est la citation de mots du personnage resté anonyme en qui nous pouvons reconnaître Zaraθuštra. Le mańiiu contenu dans les strophes 8-10 concerne la progéniture du grand dieu, mais le poète, avec la longue phrase couvrant la seconde moitié de la neuvième strophe et toute la dixième, sʼattachera à répondre à certaines questions de la Xšmāuuaiiā Hāiti :

víyòman | divó dhárman dharúṇe sedúṣo nr̄́ ñ V jātáir ájātām̐ abhí yé nanakṣúḥ « Grâce à lʼOrdre (les Aṅgiras) ont fondé lʼOrdre (comme) fondement (du monde), afin dʼaider le sacrifice au plus haut (du) firmament, / eux qui avec les (humains) nés ont abordé (au monde des) non-nés, des seigneurs assis dans la fondation du ciel, au fondement (même de lʼOrdre) » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 88). 107 Inj. prés. de valeur persévérative : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Place normale du verbe.

Y 31

Réf.

Les enfants de Mazdā

8a2 8b1 8c1 9a1 9a2-b1 9b2-10

lui-même Vohu Manah Aša Ārmaiti Gəuš Tašan ... Mańiiu ---

101

Cohérence des strophes 3-7 Lʼinsertion de la quatrième qui énumère un panthéon au sein duquel Mazdā figure à la troisième personne grammaticale ne peut être justifiée entre les strophes 3 et 5, avec lesquelles le grand dieu est interpellé, toutes deux étant basées sur lʼimpératif de deuxième personne vaōcā. La cohérence entre ces deux dernières, forte du fait de recourir à une phraséologie similaire, reste pourtant imparfaite : le nombre du pronom datif de première personne est le pluriel en 3, le singulier en 5, une différence que je nʼexplique pas. Cependant, au vu de la combinaison de maibiiō avec vanaēmā au sein dʼune seule et même phrase à la strophe 4, la variation du nombre grammatical de la première personne ne gênait aucunement le poète. Certes, nous pouvons imaginer quʼil était officiant à lʼintérieur dʼune communauté. Je nʼai pas non plus dʼexplication nette à offrir du passage de lʼimpératif vaōcā des strophes 3 et 5 au subjonctif vaōcāt employé dans la sixième. Tout au plus la conjecture dʼun poète qui se tourne vers son auditoire humain pour lui commenter les prières précédemment adressées à Ahura Mazdā. La zone dʼinstabilité grammaticale des strophes de 3 à 6 arrive à son comble avec la septième dans laquelle le grand dieu apparaît dʼabord à la troisième personne grammaticale et à la seconde ensuite sans que nous puissions comprendre en toute certitude la raison de pareille versatilité. Mańiiu, le sentiment que, lui déclarent-ils, Ahura Mazdā donne aux adorateurs (trca Y 31.8-10) Y 31.8 at θβā məŋhī paōuruuīm (7) mazdā yazūm stōi manaŋhā (8) vaŋhəuš patarəm manaŋhō (7) hiiat θβā həm cašmainī [həṇ]grabəm (8) ˟hiθąm ašahiiā dąmīm (7) aŋhəuš ahurəm šiiaōθanaēšū (8) .·.

102

CHAPITRE II

À y penser, jʼai le Sentiment, (Roi) qui apportes la sagesse, que, comme père du Penser bon, tu es tout à la fois le premier et le cadet [at θvā mansi parviyam mazdā yazum stai manahā vahauš ptaram manahah], car jʼai saisi par la vue que tu étais [yat θvā ham cašmani grabam] impliqué dans le (bon) Agencement en tant que Fondateur et Roi de lʼexistence (rituelle) lors des gestes (qui la marquent) [˟hīθām rtahya dāmim ahauš ahuram śyāuθnaišu]. 8a. at θβā məŋhī108 paōuruuīm V mazdā yazūm stōi manaŋhā109 « Jʼai le Sentiment, (Roi) qui apportes la Sagesse, que tu es tout à la fois le premier et le cadet ». La séquence məŋhī paōuruuīm de 8a fait jeu avec maṇtā pōuruiiō de 7a1. Le paradoxe de 7c annonçait celui de 8a. Ceci vient confirmer que 7c appartient au même mouvement textuel que le mańiiu des strophes 8-10. En principe, stōi est le nominatif-accusatif de l’infinitif de √ ah « exister », employé, semble-t-il, adverbialement au sens de « tout en étant, bien qu’étant »110. Le védique Dakṣa, le père des huit Āditya, est aussi lʼun dʼentre eux, lʼaîné, mais Ahura Mazdā, quant à lui, sʼest auto-engendré en tant que dernier des Amǝša Spǝṇta, un paradoxe que les livres pehlevis confirmeront. Dans lʼInde védique, le plus jeune des Āditya, Indra, certes n’est pas leur géniteur, mais acquiert d’emblée le statut d’aîné. Il est exceptionnel de trouver, au sein dʼune seule et même proposition, la même donnée à deux cas différents : manaŋhā... manaŋhō. Ceci sʼexplique aisément comme suit : lʼappellatif manaŋhā est complément interne de məŋhī tandis que manaŋhō, théonymique111, complète lʼattribut du sujet de lʼinfinitif stōi  : « Je te pense par la pensée être le père du Penser bon ».

108 Inj. prés. de première pers. exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 69. Place licite du verbe. 109 Le syntagme manaŋhā √ man est attesté dans Aog 25 et le correspondant védique mánasā MAN, dans RS 7.4.8b, mais tant HUMBACH et FAISS, 2010, p. 86, que LECOQ, 2016, p. 732, considèrent que manaŋhā appartient à l’infinitive : « I realize that you [...] are youthful through (your) thought » ; « Alors, je pense [...] que tu es, avec Manah, le jeune originel ». 110 Jʼy verrais donc un emploi adverbial de lʼacc. de lʼinfinitif. 111 Sur ce type de dédoublement, PIRART, 2017a et 2018.

Y 31

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8b. vaŋhəuš patarəm manaŋhō V hiiat θβā həm cašmainī 112 [həṇ] grabəm113 « Père du Penser bon, depuis que jʼai saisi par la vue que tu étais (le Fondateur) ». Le second hémistiche doit appartenir à lʼinfinitive basée sur stōi114. Le verbe de 8a1, məŋhī, est pratiquement glosé par celui de 8b2, həm cašmainī [həṇ]grabəm. De même, məŋhī de l’hémistiche Y 43.5a2, par darәsәm de Y 43.5b2. Et nous pouvons encore signaler viiādarәsәm de Y 45.8b2 que reprend le mot mańiiəuš de Y 45.8c1. Le mańiiu, sur la base de ces gloses, est donc une vision intérieure. 8c. ˟hiθąm ašahiiā dąmīm V aŋhəuš ahurəm115 šiiaōθanaēšū .·. « Lui qui sʼimplique (dans le bon Agencement rituel) en tant que Fondateur du (bon) Agencement et Roi de lʼexistence (rituelle) lors des gestes (qui la marquent)/ Roi parmi les gestes de lʼexistence (rituelle) ». Lʼemploi des cas dans le syntagme ašahiiā dąmīm dénonce lʼartifice de celui observé au terme de lʼhémistiche 7b1 huuō xraθβā dąmiš ašǝm. Il est à souligner que 7b1 octroyait probablement le titre de dąmià Zaraθuštra plutôt quʼà Mazdā. Il nʼy a pas vraiment de contradiction dès lors que Zaraθuštra est le disciple du grand dieu et que ce dernier peut de toute façon être vu comme la synecdoque ou le symbole du sacrifiant. Rappelons ici que les Yašt font d’ailleurs d’Ahura Mazdā le premier des sacrifiants116. Le premier hémistiche de ce vers rappelle étroitement Y 34.10b2 dąmīm vīduuā hiθąm ašahiiā. La correction de haiθīm en ˟hiθąm sʼimpose donc, mais j’ignore d’où Kellens117, pour ce mot, tire le sens de 112 Instrumental nt. sing. : PIRART, 1988 ; voir CANTERA, 1993, p. 227 ; TREMBLAY, 2003, p. 240 n. 32. 113 Inj. aor. exprimant un procès antérieur à celui du verbe principal : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 79. Place normale du verbe. Pour la subordonnée en hiiat, KELLENS, 2015a, p. 31, donne une traduction qui ne tient pas compte de la valeur de l’aoriste : « quand je saisis par la vue que tu es le fondateur (et le) consolidateur de l’Agencement, l’Ahura parmi les actes de l’état-d’existence ». 114 Contre PIRART, 2012a, p. 185 : « Jʼai la conviction, Roi de la Sagesse, que tu es le premier quoique tu sois le cadet, depuis que jʼai saisi par la vue que tu étais le père du Penser bon, le fondateur actif de lʼAgencement et le roi de lʼexistence (rituelle) lors des gestes (qui la marquent) », mais avec KELLENS, 2015a, p. 31 : « Je pense par la pensée, ô Mazdā, que tu es l’aîné/ancien, quoique tu sois le cadet/celui d’aujourd’hui, et le père de la bonne Pensée ». 115 Allitération pir. *ahauš ahuram*. 116 Par exemple, Yt 5.17 : PIRART, 2010b, p. 62. 117 KELLENS, 2015a, p. 31.

104

CHAPITRE II

« consolidateur ». Trois titres sont ainsi octroyés au grand dieu qui peuvent tout aussi bien être appliqués à des êtres humains : Titres

Donnés Donnés à Mazdā à un être humain

hiθu- « impliqué, participant » dąmi- « fondateur » ahura- « roi »

Y 31.8 Y 31.8 Passim

Y 11.1 Y 44.4 Yt 5.85, etc.

Pour nous fier à lʼusage vieux-perse, nous considérerons que le locatif marque le domaine sur lequel règne le roi. Le génitif aŋhəuš, alors, complétera plutôt šiiaōθanaēšū quʼahurǝm. Le grand dieu, dans cette alternative, est vu comme le roi des trois niveaux du comportement rituel requis chez le sacrifiant, le leader des futurs Amǝša Spǝṇta qui en sont la déification. Y 31.9 θβōi as ārəmaitiš (7) θβə ā gəuš tašā aš.xratuš (8) mańiiuš mazdā ahurā (7) hiiat axiiāi dadā paθ˜ąm (8) vāstraiiāt vā āïtē (7) yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō (8) .·. Ta fille, la Déférence, c’est l’os (= le monde matériel) [θvai u as aram-matiš] tandis que ton fils, le très performant Configurateur de la Vache [θvah u gauš taxšā aš-xratuš], c’est le Sentiment que j’ai (te) concernant, Roi qui apportes la sagesse [manyuš mazdā ahura]. Lorsque, parmi les chemins, tu donnes (le choix à la Déférence) que la (vache) que voici [yat ahyāi dadāh paθa’am] suive celui qui vient de chez le pâtre [vāstrayāt vā ā-itai] ou (celui qui vient de chez) qui ne le sera pas [yah vā na ahat vāstrayah], La strophe est coupée en deux. La première moitié est faite de deux indépendantes nominales 9a1 et 9a2b1 coordonnées par ā... ā (= védique u... u). La seconde moitié constitue une protase dans un diptyque droit dont la strophe suivante fera l’apodose. La cohésion des strophes du trca 8-10 est soulignée par le recours fait aux octosyllabes. 9a1. θβōi as ārəmaitiš « Ta fille, la Déférence, c’est l’os (= le monde matériel) ». La métrique nous invite à restituer derrière θβōi non le préverbe de ā+√ ah « être présent », mais bien la forme diascévastique ā de la particule *u.

105

Y 31

La forme θβōi de lʼadjectif possessif de la deuxième personne du singulier obéit à la déclinaison des démonstratifs dans laquelle la terminaison du nominatif féminin singulier coïncidait avec celle que nous trouvons pour le vocatif singulier des noms féminins en ºā-, authentiquement *ºai < *ºH2ei. Comme lʼemploi de lʼimparfait de √ 1ah n’a aucune justification et que l’augment, de toute façon, ne nous permet pas de résoudre le déficit syllabique, nous devons explorer une autre voie pour l’interprétation de as118. L’aoriste de √ 2ah n’offrant non plus aucune solution, je propose d’y voir le nom de l’os. Il entrerait dans un tandem contrasté avec mańiiuš présent en b1. Il y a chiasme dans l’ordre des mots entre les deux volets du tandem : Hémistiches

Attribut

Sujet

31.9a1 31.9a2-b1

as mańiiuš

θβōi... ārəmaitīš θβə... gəuš tašā aš.xratuš

9a2b1. θβə ā gəuš tašā aš.xratuš 119

V

mańiiuš mazdā ahurā

« Tandis que ton fils, le très performant Configurateur de la Vache, c’est la conviction/ le Sentiment que (j’ai te concernant), Roi qui apportes la sagesse ». Le syntagme vocatif mazdā ahurā clôture la première moitié de la strophe. Le contraste du sentiment et de lʼos préfigure celui qui, dans lʼAvesta récent et les livres pehlevis, opposera lʼabstrait (mańiiauua-, mynvd120) et le concret (gaēiθiia-, gytyd). 9b2 hiiat axiiāi dadā 121 paθąm « Lorsque, parmi les chemins, tu donnes (à la Déférence le choix) concernant la (vache) que voici ». La conjonction hiiat paraît former une 118 KELLENS, 2015a, p. 31, s’en tient à l’interprétation qui fait de ce mot l’indicatif imparfait de √ 1ah et imagine une triade en sous-entendant gratuitement un troisième adj. possessif : « Tienne était la Juste-pensée, tien le menuisier de la vache (et tien) le mainiiu (avis/passion) très apte, ô Ahura Mazdā ». 119 Le xratu auquel fait allusion ce composé est celui de Vohu Manah d’après le vers Y 28.1c : PIRART, 2017a, p. 147, et ci-dessous chapitre V. LECOQ, 2016, p. 733, en est encore à reconnaître l’imparfait de √ 1ah dans le premier terme du composé aš.xratuš. 120 Étymologiquement, le pehlevi mynvd qui rend habituellement lʼav. mańiiauua- (< pir. *māniaua-) est un avesticisme reproduisant plutôt lʼav. mańiiaōiia- (< pir. *maniauiʼa). 121 Inj. prés. employé en temporelle-causale comme mode itératif du réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 78. Place spéciale du verbe.

106

CHAPITRE II

corrélation avec la particule at qui ouvre la strophe suivante122. La raison pour laquelle il a été recouru à la forme tonique axiiāi plutôt quʼà lʼenclitique hōi vient du fait que, l’enclitique faisant défaut pour la valeur forte du démonstratif proche, il est forcément recouru à la forme tonique. Autrement dit, comme cette forme tonique figure là où l’enclitique est attendu, il s’agit forcément du démonstratif proche. 9c. vāstraiiāt123 vā ˟ā ˟itē V yə vā nō[it] aŋhat124 vāstraiiō .·. « (Le choix entre lui faire) suivre celui qui vient de chez le pâtre ou (celui qui vient de chez) qui ne le sera pas ». La forme ˟itē, plutôt que comme accusatif dʼun infinitif en -tē/-tōi/-tan-, est à analyser comme datif du nom-racine it-. En effet, cette seconde alternative doit être la bonne : il est question de donner un chemin à suivre à partir d’un certain endroit. La postposition ˟ā qui régit l’ablatif125 marque forcément le point de départ du chemin, mais nous ignorons ici son point dʼarrivée. Jʼémets alors la conjecture que les deux bouts du chemin sont la demeure du sacrifiant vāstriia où la vache sera sacrifiée et celle des dieux où son âme arrivera. Le second hémistiche du vers est constitué dʼune proposition subordonnée secondaire. La séquence yə vā vaut pour **ahmāt vā yə. Y 31.10 at hī aiiā frauuarətā (7) vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm (8) ahurəm ašauuanəm (7) vaŋhəuš fšəŋhīm manaŋhō (8) nō[it] mazdā auuāstraiiō (7) dauuąscinā humərətōiš baxštā (8) .·. elle, des deux, lui choisit alors (le chemin venant de chez) le pâtre éleveur [at hī aiʼāh fra-vrta vāstrayam ahyāi fšuyantam]. Celui-ci, en roi pieux [ahuram rtavānam], recourt au Penser bon pour attacher [vahauš fšahiyam manahah] la (vache tandis que, Roi) qui apportes la sagesse, le non pâtre, même à le tremper, ne peut (rien) retirer de (la Avec KELLENS, 2015a, p. 31. Sur la morphologie du mot, PIRART, 2007b, p. 73. 124 Subj. prés. en combinaison avec la particule vā : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 82. Place licite du verbe. 125 Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 86 : « to take side with the herdsman or with (that one) who will be no herdsman » ; KELLENS, 2015a, p. 31 : « chemins dont l’un mène au pâtre, l’autre à celui qui ne sera pas pâtre » ; LECOQ, 2016, p. 733 : « chemins de Mainyu | Pour aller, soit chez l’agriculteur, soit chez celui qui ne serait pas agriculteur ». Sur ā + abl., voir aussi le commentaire de l’hémistiche Y 30.10b2. 122 123

Y 31

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plante dont) le suc (sera extrait) avec une bonne consistance [na mazdā a-vāstrayah dvants cana hu-martaiš baxšta]. Attacher avec une corde, mettre en bottes, ce sont là des méthodes réprouvées ou daiviques comme nous le savons notamment par le Haōm Staōt 126. L’Avesta récent connaît un démon de la mise en bottes : Driβika127. La condamnation de l’usage de cordes pour attacher la vache est attestée dans la Xšmaibiiā Hāiti 128. Pour attacher la vache ou la plante de Haōma, le pieux adorateur recourt plutôt à Vohu manah, mais nous ne sommes pas en mesure de décripter pleinement cette donnée. 10a. at hī aiiā frauuarətā129 V vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm « Elle, des deux, choisit alors (le chemin venant de chez) le pâtre éleveur pour celle-ci ». La particule at, en corrélation avec la conjonction hiiat qui ouvre lʼhémistiche 9b2, marque le début dʼune apodose faite de deux volets, le second commençant avec nō[it]. Les pronoms hī et ax́iiāi représentent respectivement Ārmaiti et la vache130. Lʼimportance accordée à Ārmaiti dans les deux dernières strophes du trca contraste avec son absence constatée dans les énumérations divines des strophes 6 et 21. 10b. ahurəm131 ašauuanəm V vaŋhəuš fšəŋhīm132 manaŋhō « (Celui-ci), en roi pieux, recourt au Penser bon pour attacher la (vache) ». Suite dʼépithètes de lʼobjet du verbe frauuarǝtā. L’adj. fšəŋhiiaY 11.3.2 : PIRART, 2004, p. 110-1. PIRART, 1998b, p. 538-40. C’est l’origine du nom des Derbices. 128 Y 29.1 : PIRART, 2018, p. 65. 129 Inj. aor. exprimant le réel du présent et, plus exactement, une action ponctuelle : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 75. Place licite ou spéciale du verbe : tandis que le groupe de l’objet direct, avec aiiā, a bel et bien commencé avant le verbe, celui de l’objet indirect ax́iiāi, par exception, figure dans la suite. Cette exception se justifie du fait que deux autres adj.-pron., hī aiiā, installés avant le verbe, y font obstacle à l’installation d’un troisième. Sur frauuarǝtā connotant le choix opéré entre deux ensembles de données, lʼun positif et lʼautre négatif, affectant dʼabord lʼimmolateur, PIRART, 2012a, p. 187. Sur lʼemploi de cette forme verbale comme nom des Frauuaši, PIRART, 2007b, p. 65 n. 232 ; 2012a, p. 186-7. Sur le régime accusatif de frauuarǝtā, PIRART, 2012a, p. 190. 130 Chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 86, tous deux pronoms représentent un seul et même être : la vache. Incroyable. 131 Sur ahurəm désignant un roi humain, PIRART, 2007a, p. 87 n. 209. 132 TREMBLAY, 2006, p. 241. 126 127

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« qui se sert de gén. pour attacher » (ici et Y 49.9) dérive de fšah« corde, lien » (V 4.51)133. 10c. nō[it] mazdā auuāstraiiō V dauuąscinā134 humərətōiš baxštā135 .·. « (Tandis que, Roi) qui apportes la Sagesse, le non pâtre, même en le trempant, ne peut (rien) retirer du (haōma) qui présente bonne consistance ». Second volet de lʼapodose. La compréhension du second hémistiche de ce vers bute sur deux inconnues lexicales, dauuąsº et humərətōiš, pour lesquelles des solutions sont proposées dans le lexique. Dʼautres strophes adressées à Ahura Mazdā (Y 31.11-19) Y 31.11 hiiat nə mazdā paōuruuīm (7) gaēθāscā tašō daēnāscā (8) θβā manaŋhā xratūšcā (7) hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm (9) hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā (7) yaθrā varənəṇg vasā dāiietē (9) .·. Comme les performances de la pensée, (de la parole et du geste) t’ont servi, (Roi) qui apportes la Sagesse, à nous [yat nah mazdā... θvā manahā xratūš ca] configurer/ façonner dʼabord les troupeaux et les doctrines/ consciences [gaiθāh ca taxšah daināh ca], à placer la faculté du mouvement sur lʼos [yat astvantam dadāh uštānam] et à définir les (pensées, les paroles et les) gestes [yat śyāuθnā ca sanhānh ca], (dès lors,) là où les décisions correspondent aux choix [yaθra varnānh vasāh dāyatai], Lʼénumération contenue dans cette strophe rappelle celle qui remplit les vers Y 45.2cde nōit nā manā (4) nōit səṇghā nōit xratauuō (7) naēdā varanā (4) nōit uxδā naēdā šiiaōθanā (7) nōit daēnā (3) nōit uruuąnō haciṇtē (7) .·.136, mais la succession et la distribution des termes sont bien différentes. La strophe est faite de plusieurs propositions subordonnées tandis que la proposition principale est à trouver dans la strophe suivante137. Voir PIRART, 2012c, p. 137. Le conglomérat particulaire ºcinā (= védique caná) paraît agir à la fois à la suite de dauuąsº et de humǝrǝtōiš : « même... (rien) ». 135 Injonctif présent exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 75. Place normale du verbe. 136 Voir chapitre V. 137 Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 87, ou LECOQ, 2016, p. 733. 133 134

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Les trois protases en hiiat établissent chacune un tandem, mais seul celui de la deuxième est connu par ailleurs : 11a1-b1 11b2 11c1 11c2 12ab 12c

Première protase en hiiat Deuxième protase en hiiat Troisième protase en hiiat Protase en yaθrā Apodose en aθrā Nouvelle phrase

les gaēθā et les daēnā138 l’ast et l’uštāna les šiiaōθana et les səṇgha

11ab1. hiiat nə mazdā paōuruuīm V gaēθāscā tašō139 daēnāscā V θβā manaŋhā xratūšcā140 « Comme (les performances de la pensée, de la parole et du geste t’ont servi), (Roi) qui apportes la Sagesse, à nous façonner dʼabord les troupeaux141 et les consciences/ Doctrines), (comme) les performances de la pensée, (de la parole et du geste) te lʼont permis ». La première protase qui prend son envol avec le premier vers se poursuit avec le premier hémistiche du suivant. Au lieu de prendre paōuruuīm comme un adverbe et de lui donner le sens de « d’abord »142, Humbach et Faiss143, contre toute vraisemblance grammaticale, y voient une anticipation sur la coordination gaēθāscā... daēnāscā : « what (is) fundamental to us ». La forme xratūšº pourrait être celle de lʼinstrumental pluriel dans un hendiadys mis pour *θβāiš xratūš manaŋhō vacaŋhō šiiaōθanahiiācā*.

138 Le tandem des gaēθā et de la tanū est documenté notamment par l’hémistiche Y 43.7e2 : PIRART, 2012a, p. 83-4. 139 Injonctif aor. exprimant un procès antérieur à celui du verbe principal : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 78-9. Voir Y 29.1a2 kam̨ āi mā θβarōždūm kə mā tašat (9) : PIRART, 2018, p. 57. Place spéciale du verbe : tandis que daēnāscā figure licitement derrière le verbe pour appartenir à une coordination dont le premier membre est donné avant, les instrumentaux de l’hémistiche b1 occupent une place pleinement ultérieure. Ceci est le signe probable que leur vigueur est commune aux deux protases. 140 Acc. plur. chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 87, KELLENS, 2015a, p. 31, ou LECOQ, 2016, p. 733. 141 Je ne vois pas la nécessité de traduire autrement le mot, contre LECOQ, 2016, p. 733, qui, assez gratuitement, propose : « nos vies ». 142 LECOQ, 2016, p. 733 : « au début ». 143 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 87.

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11b2. hiiat astuuaṇtəm dadā 144 uštanəm145 « (T’ont servi) à placer la faculté du mouvement sur lʼos ». Deuxième protase. Le tandem des os et de l’uštāna se retrouve notamment dans V 5.9.7 ātarš haṇdažaiti asta uštanәmca .·. « le feu consume les os et la faculté du mouvement ». 11c1. hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā « Et à définir les (pensées, les paroles et les) gestes ». Troisième protase. Le verbe sous-entendu sans doute est-il identique à celui de la première protase. Dʼaprès Y 48.12c šiiaōθanāiš ašā (4) θβahiiā mazdā səṇghahiiā (7), la séquence šiiaōθanācā səṇghąscā doit constituer un nouvel hendiadys146. 11c2. yaθrā varənəṇg147 vasā dāiietē148 .·. « (Dès lors,) là où les décisions rencontrent les choix/ correspondent aux choix ». Quatrième protase. Le substantif neutre pluriel vasā est forcément le sujet de dāiietē : l’absence de coordination avec varənəṇg interdit d’y voir un accusatif149, mais varənəṇg qui en est un doit forcément compléter dāiietē. Comme ce verbe a tout l’air d’être un passif, varənəṇg est à justifier comme accusatif de temps ou de relation : « là où durant les choix/ quant aux choix les décisions sont prises ». La strophe donne une liste des composantes de l’individu dans laquelle manque notamment l’uruuan, l’âme-moi, mais l’emploi du pluriel pour plusieurs d’entre elles contraste avec le singulier arboré par uštāna-. J’en ignore la raison. Y 31.12 aθrā vācəm baraitī (7) miθahuuacā vā ərəžuuacā vā (9) vīduuā vā əuuīduuā vā (7) ahiiā zərədācā manaŋhācā (9) .·. ānuš.haxš +ārəmaitiš (7) mańiiū pərəsaitē yaθrā maēθā (9) .·. 144 Inj. prés. exprimant un procès antérieur à celui du verbe principal : contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 78. Place licite du verbe. 145 Sur la relation unissant lʼos et lʼuštāna, PIRART, 2012a, p. 35, 79-80. Voir aussi le vers Y 43.16c. 146 PIRART, 2012a, 153 et 186. 147 PIRART, 2012a, p. 43, 181, 184, 185. 148 Indic. prés. comme mode duratif du réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 77. Place normale du verbe. 149 Contre KELLENS, 2015a, p. 31.

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avec ou sans respect de la bonne diction [miθah-vacāh vā rš-vacāh vā], sʼy connaissant ou non [vidvāh vā a-vidvāh vā ahya], (lʼorant ou lʼofficiant,) cœur et pensée [zrdā ca manahā ca], y porte la parole : « La Déférence, dévouée [anu-haxš aram-matiš], sʼentretient avec le Sentiment [manyū prsatai] sur les fondements de lʼhésitation [yaθra miθā] ». Les phrases qui excèdent les limites d’une strophe sont rares, mais nous en avons déjà relevé une entre les strophes 9 et 10. 12ab. aθrā vācəm baraitī150 V miθahuuacā vā ərəžuuacā vā V vīduuā vā əuuīduuā vā V ahiiā zərədācā manaŋhācā151 « Avec ou sans respect de la bonne diction, (lʼorant ou lʼofficiant) y porte la parole, sʼy connaissant ou non, cœur et pensée ». Ouverte avec aθrā, lʼapodose qui remplit les deux premiers vers de cette strophe correspond aux diverses protases contenues dans la strophe précédente en vertu de la corrélation hiiat... hiiat... hiiat... yaθrā... aθrā. Nous pouvons faire du pronom ahiiā lʼobjet commun de vīduuā vā əuuīduuā vā. Ce démonstratif paraît avoir le sens cataphorique et annoncer le vers 12c que nous placerons dès lors entre guillemets. 12c. ānuš.haxš +ārəmaitiš V mańiiū152 pərəsaitē 153 yaθrā maēθā 154 .·. « La Déférence, dévouée, sʼentretient avec le Sentiment sur les fondements de lʼhésitation ». La proposition yaθrā maēθā, pour compléter pǝrǝsaitē, est une interrogation indirecte155. Littéralement : « où/ en quoi 150 Indic. prés. d’emploi courant : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place licite du verbe : tout ce qui suit appartient au groupe du sujet. Le syntagme vācәm baraitī... manaŋhāº rappelle le vers véd. RS 10.177.2a pataṅgó vācam mánasā bibharti « The bird carries in his heart Speech » (trad. DONIGER, 1981, p. 193). 151 Les deux termes sont dûment coordonnés face à lʼasyndète véd. RS 1.61.2cd índrāya hrdā mánasā manīṣā V pratnāya pátye dhíyo marjayanta « Pour Indra (leur) antique époux, (les Gotama) ont adorné les pensées-poétiques avec le cœur, lʼesprit, lʼinspiration » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 23). 152 Acc. duel selon LECOQ, 2016, p. 733 : « Là où la secourable Ārmaiti est présente, elle interroge les deux Mainyu ». 153 Indic. prés. d’emploi courant : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place normale du verbe. 154 Sur la strophe, PIRART, 2012a, p. 152-3 et 186. 155 Avec KELLENS, 2015a, p. 31, mais contre LECOQ, 2016, p. 733, qui offre une trad. aberrante de ce dernier vers : « Là où la secourable Ārmaiti est présente, elle interroge les deux Mainyu ».

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(est-ce) avec alternative/ avec doute ». Lʼanalyse du vers Y 30.9c hiiat haθrā.manā buuat V yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·. doit être similaire. Nous avions déjà rencontré, dans la strophe 9, le tandem réunissant Ārmaiti et Mańiiu. L’ensemble des strophes 11-17 est adressé à Mazdā. Le vers 12c et les strophes 13-17 sont marqués par le fait d’interroger. Il s’agit d’interrogations indirectes au vers 12c et aux strophes 14-16, mais d’interrogations directes à la strophe 17. Il s’agit plus exactement d’entretiens au vers 12c et à la strophe 13, mais de questions posées au grand dieu dans les strophes 14-17. Le poète ne cesse de se tenir face aux dieux avec les strophes 18 et 19, mais il est clair que, dans la vingtième, il interpelle les impies. Dans la strophe 21, Mazdā figure à la troisième personne grammaticale, mais, dans la dernière strophe, à la deuxième, ce que l’octosyllabisme des seconds hémistiches vient peut-être souligner. Y 31.13 yā ˟frasī āuuīšiiā (7) yā vā mazdā pərəsaētē taiiā (9) yə vā kasəuš aēnaŋhō (7) ā mazištąm [a]iiamaitē būjim (9) tā cašməṇg θβisrā hārō (7) aibī ašā [aibī.]vaēnahī vīspā (9) .·. Si la question (est) posée en public [yā frasī āvišiʼā] ou si deux individus sʼentretiennent à la dérobée [yā vā... prsaitai tāyā] ou si quelquʼun est contraint à une très grande expiation [yah vā... ā mazištām yamatai bujim] pour un petit tort [kasauš ainahah], surveillant tout cela du (rai) étincelant de ta vue, (Roi) qui apportes la sagesse [mazdā... tā caxšmanh θvisrā hārah... visvā], tu en juges sur base du (bon) Agencement [abi rtā vainahi]. La strophe réunit trois protases coordonnées selon le schéma A B vā C vā situées dans ses deux premiers vers et une apodose remplissant son dernier vers. 13a. yā156 ˟frasī āuuīšiiā

V

yā157 vā mazdā pərəsaētē158 taiiā

« La question qui (est) posée en public ». Première protase. « Ou, (Roi) qui apportes la sagesse, deux individus qui sʼentretiennent en secret ». Deuxième protase. 156

Nominatif féminin singulier. Nominatif masculin duel. 158 Duel. Indic. prés. d’emploi courant : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. LECOQ, 2016, p. 734, fait de {mańiiū} le sujet de pәrәsaētē et traduit le vers comme suit : « Quand ils enquêtent sur les choses visibles ou cachées ». 157

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13b. yə vā kasəuš aēnaŋhō V ā mazištąm [a]iiamaitē 159 būjim160 « Ou quelquʼun qui est contraint à une très grande expiation pour un petit tort ». Troisième protase. Elle fait écho à ce détail quʼHérodote161 rapporte concernant la morale et la justice des Perses : « pour une seule faute, le roi lui-même ne met personne à mort ; et aucun autre Perse nʼinflige à personne de sa maison à lʼoccasion dʼune seule faute, une peine irréparable ; cʼest après avoir réfléchi, et sʼil trouve les méfaits du coupable plus nombreux et plus graves que les services rendus, quʼil cède à sa colère »162. 13c. tā cašməṇg θβisrā hārō V aibī ašā [aibī.]vaēnahī 163 vīspā .·. « Surveillant tout cela du (rai) étincelant de ta vue, tu en juges par comparaison avec le (bon) Agencement ». Apodose. L’adjectif θβisrā sous-entend mańiiū dʼaprès le vers Y 44.2e hārō mańiiū (4) ahūm.biš uruuaθō mazdā (7) .·.164 où le mot mańiiu- pourrait avoir conservé son sens premier. À l’instant d’apprécier la teneur du vers 13c, nous nous souviendrons que le nom d’Ahura Mazdā en vint à désigner le Soleil en khotanais. Y 31.14 tā θβā pərəsā ahurā (7) yā zī āitī jəṇghaticā (9) yā išudō dadəṇtē (7) dāθran˜ąm hacā ašāunō (9) yāscā mazdā drəguuōdəbiiō (7) yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat (9) .·. Je te pose cette question, Roi qui apportes la sagesse [tat θvā prsā ahura... mazdā] : lors de lʼordonnancement [ham-krtā yat], quʼadviendra-t-il [yaθā... ahant], sʼils (vous) sont destinés [yāh... dadantai... tāh], 159 Subj. aor. connotant une action virtuelle, qui n’existe que dans l’esprit du locuteur, ou exprimant, d’une certaine manière, une action imaginée, étrangère aux temps et aux modalités : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 86-7. Place licite du verbe. 160 Par son syntagme aēnaŋhō... būjim, le vers rappelle les védiques suivants : RS 6.51.7a m va éno anyákr̥tam bhujema « Puissions-nous ne pas payer pour le péché commis par autrui, contre vous » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 35), 7.52.2c m vo bhujemaānyájātam énaḥ « Puissions-nous ne pas payer pour le péché commis par autrui contre vous » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 105), 7.88.6c m ta énasvanto yakṣin bhujema « puissions-nous ne pas payer, (comme si nous étions) porteurs-du-péché (fait) à ton endroit, (dieu) qui régis-le-mal ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 72). 161 Histoires 1.137. 162 Trad. LEGRAND, 1932-66, vol. I p. 153-4. 163 Indic. prés. d’emploi courant : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place licite du verbe : le groupe de l’objet direct, avec tā, a commencé avant. 164 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 116 ; vol. III p. 70.

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des tirs dʼoffrandes [išu-dah... dāθrānaʼam] venant du pieux (adorateur) [haca rtaunah] ou des (impies) égarés [yāh ca... drugvat-byah], puisquʼelles arrivent et s’en iront [yat zi ā-aiti janhati ca] ? 14a1. tā θβā pərəsā 165 ahurā « Je te pose cette question, Roi (qui apportes la sagesse) ». Présentative. La forme tā pour tat du corrélatif de yaθā est le résultat dʼun sandhi166. Cʼest ce que suggère Y 44.1a1 tat θβā pǝrǝsā. Lecoq167 donne une traduction incompréhensible de cette strophe. 14a2. yā zī āitī jəṇghaticā 168 « Puisquʼelles arrivent et s’en iront ». Proposition subordonnée conjonctive antéposée. La locution conjonctive qui lʼintroduit, pii. *iát źhí* > yā zī169, dans lʼAvesta récent, apparaît souvent avec dʼautres graphies : yezi, yat zī, yeiδi zī. Le singulier des verbes conjugués est à justifier par le genre neutre du sujet sous-entendu, *dāθrā170. 14bc1. yā išudō dadəṇtē 171 V dāθran˜ąm hacā ašāunō V yāscā mazdā drəguuōdəbiiō 172 « Sʼils (vous) sont destinés, (Roi) qui apportes la sagesse, (quʼadviendra-t-il) des tirs dʼoffrandes venant du pieux (adorateur) ou des (impies) égarés ? » Vieille façon de parler héritière d’une époque où certaines offrandes étaient attachées sur des flèches tirées en direction du ciel. 165 Indic. prés. de première pers. exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Place normale du verbe. 166 PIRART, 2012a, p. 171 n. 344. 167 LECOQ, 2016, p. 734. 168 Temps en contraste, l’indic. prés. et le subj. aor. représentant respectivement le présent et le futur : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 66. Place normale du verbe. 169 = védique yád dhí : PIRART, 2012a, p. 171 n. 345. 170 Contre KELLENS, 2015a, p. 31, qui établit une corrélation tā... yā : « Je te pose ces questions [...] qui viennent et qui viendront (encore. Je te demande) comment seront ». 171 Subj. prés. (ou parfait) employé dans une phrase énonçant une alternative : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 82. Place spéciale du verbe : certes, dāθranąm appartient au groupe du sujet, mais hacā ašāunō est un complément du verbe situé anormalement dans la suite, sans doute pour donner de l’emphase au contraste établi avec drәguuōdәbiiō. 172 Lʼopposition entre ašāunō et drǝguuōdǝbiiō est soulignée aussi par le recours fait à des nombres grammaticaux différents : PIRART, 2012a, p. 171 n. 347.

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Les pronoms relatifs yā... yāscā introduisent deux propositions relatives coordonnées et sont repris par le corrélatif tā 173 présent dans lʼinterrogative indirecte du dernier hémistiche de la strophe. Lʼantécédent išudō, sujet interne174 de dadǝṇtē175, apparaît intégré dans la première des deux subordonnées relatives. Le verbe est sous-entendu dans la seconde pour être identique à celui de la première. La voix moyenne de ce verbe a le sens passif. 14c2. yaθā tā aŋhən176 həṇkərətā177 hiiat 178 .·. « Lors de lʼordonnancement, quʼadviendra-t-il des (tirs dʼoffrandes) ? » Interrogation indirecte. Y 31.15 pərəsā auuat yā maēiniš (7) yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī (9) duš.šiiaōθanāi ahurā (6) yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī (9) vāstraiiehiiā aēnaŋhō (7) pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō (9) .·. Je (te) demande aussi, Roi (qui apportes la sagesse), quel est le châtiment [prsā āvat yā mainiš... ahura] prévu pour celui qui, envoûtant avec de mauvais gestes lʼégaré (Furieux) [yah drugvatai xšaθram hunāti dušśyāuθnāi], ne (peut) fournir de victuailles [yah na jyātum... vinasti] sans faire de tort, chez le pâtre innocent, ni à la tête de bétail ni au garçon [hanar... vāstrayahya ainahah pasauš vīrāt ca a-drujyantah]. Avec le culte rendu aux démons, les impies causent du tort aux bestiaux et aux fils de lʼéleveur. La question du châtiment quʼil serait prévu de leur infliger reste sans réponse. Sans doute pour aller de soi.

173 L’interprétation de HUMBACH et FAISS, 2010, p. 88, qui ne tiennent aucun compte de la corrélation yā... yāscā... tā est inacceptable : « I ask you [...] about the compensations (consisting) of gifts which (the pious) will obtain from the truthful one | and which [...] from the deceitful, (and) of what kind they will be when (the items) are reckoned up ». Traduction incompréhensible chez LECOQ, 2016, p. 734. 174 Voir le lexique. Contre KELLENS, 2015a, p. 31, qui rend išudō dāθranąm hacā ašāunō par « la vigueur des dons à la manière de l’harmonieux ». 175 Ce subj. se justifie par le schéma de lʼéventuel : PIRART, 2012a, p. 171 n. 346. 176 Subj. présent exprimant le futur en interrogative indirecte : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. Place normale du verbe. 177 Loc. de temps : PIRART, 2012a, p. 171. 178 Souligne sans doute la valeur métonymique du loc. de temps : PIRART, 2012a, p. 171 n. 348. Selon KELLENS, 2015a, p. 31 : « à l’aboutissement, pour autant qu’il y ait aboutissement ».

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15a1. pərəsā179 auuat yā maēiniš « Je (te) demande en outre quel châtiment il y a ». Le neutre adverbial auuat « autant » revient à dire « aussi, en outre », < proto-indoiranien *āuát. Lʼinterrogation indirecte qui complète pǝrǝsā est ouverte avec lʼadjectif interrogatif yā. Cette interrogative se compose dʼune partie principale faite des seuls mots yā maēiniš (a1) et duš.šiiaōθanāi (b1). Deux propositions subordonnées relatives sont épithètes de duš.šiiaōθanāi  : la première le précède pour sʼétendre sur le seul hémistiche a2 et la seconde le suit pour occuper les trois derniers hémistiches de la strophe (b2, c1, c2). 15a2b1. yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī 180 V duš.šiiaōθanāi ahurā181 « Pour celui qui envoûte le Drǝguuaṇt (= le Daēuua Aēšma) en recourant à de mauvais gestes, ô Roi ». Il nʼest pas clair que lʼantécédent de yə soit duš.šiiaōθanāi. Il faut nécessairement envisager lʼhypallage : l’impie certes recourt à de mauvais gestes, mais les mauvais dieux, honorés avec de mauvais gestes, sont à la même enseigne que lui : les démons et ceux qui leur rendent un culte sont, les uns comme les autres, « accompagnés de mauvais gestes »182. Le vocatif ahurā clôture au terme de b1 la subordonnée relative ouverte en a2. 15b2c. yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī 183 V vāstraiiehiiā aēnaŋhō V pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō .·. « Et qui ne fournit de victuailles sans causer de tort au pasu ni au vīra du vāstriia innocent ». Le vers 15c contient le régime de hanarә184. Le 179 Indic. prés. de première pers. exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Place licite du verbe, auuat n’étant jamais qu’un adverbe. 180 Indic. prés. d’emploi courant : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place licite du verbe. 181 Sur la métrique des premiers hémistiches de vers terminés par ahura- dans lʼAhunauuaitī Gāθā, voir le commentaire de l’hémistiche Y 28.2a1 : PIRART, 2017a. 182 KELLENS, 2015a, p. 31-2, assez différemment : « Je (te) demande aussi, ô Ahura, quel est le châtiment pour celui qui confie le Pouvoir au trompeur, qui fait de mauvais actes et ne trouve aucune force-de-vie sans faire le tort-aēnah au bétail et au personnel du pâtre qui ne trompe pas ». 183 Indic. prés. d’emploi courant : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place licite du verbe : tout ce qui suit est un groupe régi par la préposition hanarә, laquelle apparaît astucieusement avant le verbe. 184 hanarǝ + deux abl. « sans... envers... » : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 326. Sur le vieux tandem pasu- + vīra-, voir SCHLERATH, 1968, p. 153.

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tort (aēnah-) dont il est question est une faute rituelle ou un acte rituel honni avec lequel la mort est donnée à la tête de bétail ou au garçon bouvier. Y 31.16 pərəsā auuat yaθā huuō (7) yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm (9) šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā (7) ašā fradaθāi aspərəzatā (9) θβāuuąs mazdā ahurā (7) yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā (9) .·. Je (te) demande aussi comment est celui [prsā āvat yaθā hah] qui, généreux, aspire à (tʼ)envoûter [yah hu-dānuš... xšaθram... ā-sprzata] et à te rendre un culte en recourant au (bon) Agencement, Roi qui apportes la sagesse [rtā... θvāvants mazdā ahura], dans le but dʼassurer la prospérité de la maison, du terroir ou du pays [dmānahya šaiθrahya vā dahyauš vā... frādaθāi], quand il sera là et avec quels gestes [yat ā hah ahat yā-śyāuθnah ca]. Trois interrogations indirectes complètent pǝrǝsā, ouvertes respectivement avec lʼadverbe yaθā « comment », la particule yadº « quand » et lʼadjectif yā.šiiaōθanasº « ayant quels gestes ». Les deux dernières questions, fort brèves, sont rassemblées dans le seul dernier hémistiche de la strophe. En opposition avec la strophe précédente, celle-ci traite du pieux adorateur. Le culte quʼil rend aux dieux apporte la prospérité aux troupeaux, mais la question de savoir à quoi le pieux adorateur est reconnaissable, elle aussi, reste sans réponse. Elle devait tomber sous le sens. 16ab. pərəsā 185 auuat yaθā huuō V yə hudānuš 186 dəmanahiiā xšaθrəm V šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā V ašā fradaθāi aspərəzatā 187 « Je (te) demande aussi comment est celui qui, généreux, aspire à (tʼ) envoûter, dans le but dʼassurer la prospérité de la maison ». Les génitifs dəmanahiiā... šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā complètent le nom fradaθāi188 dʼaprès Yt 5.6cd fradaθāi nmānaheca ˟vīsasca189 zaṇtəušca daŋhəušca. La place occupée par ašā est stratégique : ne complétant, pour la stricte 185 Indic. prés. de première pers. exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Place licite du verbe, auuat n’étant jamais qu’un adverbe. 186 Le mot hudānuš est cité dans Yt 1.15 : PIRART, 2007b, p. 101 n. 437. 187 Inj. prés. exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 71 et 74. Place licite du verbe. La voyelle initiale de ā+√ sparz (≈ véd. SPRH) est abrégée en raison des deux consonnes qui suivent. 188 Dérivé en -aθa- de √ frād. 189 Les manuscrits donnent vīsaheca.

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grammaire, que xšaθrǝm... aspǝrǝzatā, cet instrumental, pour le sens, complète aussi fradaθāi. 16c1. θβāuuąs mazdā ahurā « Te rendant un culte, Roi qui apportes la sagesse ». Le vocatif de la désignation du grand dieu clôture la première interrogative. Par son accord avec le sujet de cette interrogative, il est assez clair que θβāuuaṇtsignifie « qui te rend un culte » tout comme daēuuauuaṇt- et yātumaṇt-, dans le Y 12.4, désignent des adorateurs de démons. Voir aussi le commentaire de la strophe Y 43.3. 16c2. yadā huuō aŋhat190 yā.šiiaōθanascā .·. « Quand il sera là et avec quels gestes ». La longueur de la question précédente a rendu souhaitable la répétition de huuō dans la deuxième afin de préciser quʼil y est question du même personnage. Ce personnage, pouvons-nous penser, n’est autre que Zaraθuštra. La mention de ses « gestes » dans l’adj. interrogatif est elliptique pour « pensées, paroles et gestes ». Y 31.17 katārəm ašauuā vā (7) drəguuā vā vərənauuaitē maziiō (9) vīduuā vīdušē mraōtū (7) mā əuuīduuā aipī.dəbāuuaiiat (9) zdī nə mazdā ahurā (7) vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō (8) .·. Lequel des deux gains est le plus grand, est-ce celui du (pieux adorateur) qui recourt au (bon) Agencement ou celui de lʼégaré [kataram rtāvā vā drugvāh vā vrnavatai mazyah] ? Que le savant le dise au savant [vidvāh vidušai mrautu] ! Que lʼignorant cesse de (nous) induire en erreur [mā a-vidvāh api-dbāvayat] ! Roi qui apportes la sagesse, sois le propulseur de notre penser bon [zdi nah mazdā ahura vahauš fra-daxštā manahah] ! Après les questions des deux strophes touchant respectivement aux conséquences fâcheuses de lʼimpiété et aux bénéfices du culte rendu aux dieux, celle de la dix-septième paraît faire la synthèse. Les questions nʼayant reçu aucune réponse, le poète implore alors Ahura Mazdā de bien vouloir lui donner enfin satisfaction. Imploration rhétorique puisque les réponses attendues devaient tomber sous le sens ou aller de soi. 190 Subj. prés. employé pour l’expression du futur en interrogation indirecte : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. Place normale du verbe.

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17a. katārəm ašauuā vā V drəguuā vā vərənauuaitē 191 maziiō « Lequel des deux gains est le plus grand, est-ce celui du (pieux adorateur) qui recourt au (bon) Agencement ou celui de lʼégaré ? » Proposition indépendante constituant une interrogation directe. Lʼemploi de lʼadjectif comparatif maziiah- va de pair avec celui de katāra-. Au lieu dʼy voir un adverbe, il vaut donc mieux accorder katārəm avec lʼobjet interne sous-entendu du verbe vərənauuaitē, car maziiō est épithète de cet objet. Malheureusement, le sens du svādi √ var nʼa pu être précisé. Est-ce « entourer », « couvrir » ou « bloquer » ? La voix moyenne, même si les graphies ne peuvent jamais tout à fait la garantir, nous oriente vers lʼidée de « gagner, prendre possession »192. Pour Kellens193, il faut sous-entendre xšaθrәm : « De deux choses l’une, est-ce celui qui soutient l’Agencement ou le trompeur qui obtiendra le plus grand (Pouvoir) ». 17b. vīduuā vīdušē mraōtū194 V mā əuuīduuā aipī.dəbāuuaiiat 195 « Que le savant le dise au savant ! Que lʼignorant cesse de (nous) induire en erreur ! » Tandem contrasté de propositions indépendantes impératives. La forme verbale aipī.dəbāuuaiiat est citée dans le Veh Yašt 196. 17c. zdī 197 nə mazdā ahurā V vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō .·. « Roi qui apportes la sagesse, sois le propulseur de notre penser bon ! » Proposition indépendante impérative. Lʼauteur du Baγān Yašt sʼest clairement servi de la teneur du second hémistiche de ce vers dans son interprétation des mots dazdā manaŋhō de lʼAhuna Vairiia198. La 191 Subj. prés. combiné avec la particule vā dans une interrogative directe : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 82. Place licite du verbe. 192 Traductions aberrantes de ce vers chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 88, et LECOQ, 2016, p. 735 : « What about? Will the truthful one convince (you) more or the deceitful one? » ; « Lequel des deux, l’ašavan ou le menteur, choisira-t-il le mieux ? » 193 KELLENS, 2015a, p. 32. 194 Impér. prés. dans un ensemble d’impératifs occupant toute la fin de la strophe : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 96. Place normale du verbe. Cf. Y 51.8a2, 51.8.c2. 195 Inj. prés. en combinaison avec la particule mā de négation dans l’expression de la prohibition inhibitive : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 67. Place normale du verbe. 196 Yt 15.45c : PIRART, 2007b, p. 106 n. 465. 197 Impér. prés. en fin de strophe : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 97. Place emphatique du verbe monosyllabique en tête de proposition. 198 PIRART, 2012a, p. 174 n. 367.

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comparaison de cette dernière strophe établie avec la Gāyatrī Sāvitrī védique pousse à attribuer à Ahura Mazdā le rôle qui, dans le Véda, est celui que tient le dieu Savitár consistant à donner de l’impulsion à la pensée : RS 3.62.10c dhíyo yó naḥ pracodáyāt « (Savitár) qui nous propulse les idées ».

Malgré les réticences reflétées chez Cheung199, lʼanalyse de fradaxštar- par frā+√ dis « orienter, exposer », à mon avis, nʼest pas complètement à écarter. La graphie ºaxšº que nous y trouvons en lieu et place de ºaēsº / ºaēšº nʼest pas un obstacle insurmontable à lʼinstant de lʼavancer : même si nous ne pouvons lʼexpliquer, son équivalence est garantie par la comparaison des vers Y 33.13c ou Yt 4.9.1 frō spǝṇtā ārǝmaitī (7) ašā daēnā [fra]daxšaiiā (7) .·. « (Roi de la Sagesse,) sers-toi de lʼutile agencement pour (nous) exposer les Doctrines eu égard à (notre) Déférence ! » ; zaraθuštra aētǝm mąθrǝm (8) mā fradaxšaiiō †ańiiāt200 (8) †piθre vā puθrāi brāθre vā haδō.zātāi† (8+4) †āθrauuanāi vā θrāiiaōne†201 (8) « Zaraθuštra, nʼexpose ce conseil à personne dʼautre que ton père, ton fils, ton frère germain ou un prêtre connaisseur de la triple (science) [= un prêtre accompli] »

respectivement avec les vers V 2.1.3 et Yt 14.46.1 kahmāi fradaēsaiiō daēnąm (8) yąm āhūirīm zaraθuštrīm (8) .·. « À qui as-tu exposé la Doctrine mazdéenne zoroastrienne ? » ; zaraθuštra aētǝm mąθrǝm (8) mā fradaēsaiiōiš †ańiiāt (8) †piθre vā puθrāi brāθre vā haδō.zātāi† (8+4) †āθrauuanāi vā θrāiiaōne† (8) .·.202.

Cohérence des strophes 11-12 avec les cinq suivantes Une seule et même phrase remplit la strophe 11 et les deux premiers vers de la douzième. Lʼhésitation dont il est question dans le troisième vers paraît être née des alternatives dont les deux premiers vers ont fait état. Celle de 12c2 portant sur les fondements de lʼhésitation est la première de toute une série de questions qui rempliront les strophes de 13 à 17 et concerneront la morale (13), les offrandes (14), la protection du bétail (15), la prospérité (16) et lʼassurance dʼune information correcte (17). CHEUNG, 2007, p. 70-1. Mis pour le datif (*ańiiam̨ āi) : phénomène d’inversion ludique des cas. 201 Mis pour lʼabl. (**fǝδrat vā puθrāt vā brāθrat vā haδō.zātāt āθrauuanat vā θrāiiaōnat). 202 Voir PIRART, 2002, p. 222. 199 200

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Y 31.18 mā ciš at və drəguuatō (7) mąθrąscā gūštā sāsnāscā (8) ā zī dəmānəm vīsəm vā (7) šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt (8) dušitācā marakaēcā (7) aθā †īš sāzdūm snaiθišā (8) .·. Que nul dʼentre vous ne continue dʼécouter les conseils ni les leçons de lʼégaré [mā ciš at vah drugvatah manθrānh ca gušta sāsnāh ca] ! Si (celui-ci) venait à plonger la maison, le village, le terroir ou le pays [ā zi dmānam visam vā šaiθram vā dahyum vā daʼat] dans la mauvaise habitation et dans la désolation [duš-šitā ca markai ca], coupez de votre couteau ses (conseils et ses leçons) [aθa *hīš sāzdvam snaθišā] ! 18a. mā ciš at və drəguuatō V mąθrąscā gūštā 203 sāsnāscā « Que nul dʼentre vous ne continue dʼécouter les conseils ni les leçons de lʼégaré ! » Proposition indépendante impérative. Le vers paraît offrir un écho à 17b2. 18bc1. ā zī dəmānəm vīsəm vā V šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt 204 V dušitācā marakaēcā « Si (celui-ci) venait à plonger la maison, le village, le terroir ou le pays dans la mauvaise habitation et dans la désolation ». Protase dans un diptyque tonal construit sur la pseudo-corrélation zī... aθā. 18c2. aθā †īš sāzdūm205 snaiθišā .·. « Coupez alors de votre couteau ses (conseils et ses leçons) ! » Apodose. Une fausse étymologie du substantif sāsnā-, repris ici par īš, paraît être établie à partir du verbe sāzdūm206. Cependant, l’enclitique īš est du masculin alors que l’accord aurait dû être effectué avec sāsnāsº qui est 203 Inj. prés. en combinaison avec la particule mā de négation dans l’expression de la prohibition inhibitive : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 67. Place licite du verbe. 204 Dans la protase du diptyque marqué par la pseudo-corrélation de zī avec aθā, subj. aor. exprimant une éventualité : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 104. Place licite du verbe : les deux locatifs coordonnés de l’hémistiche c1 s’ordonnent avec le préverbe ā qui apparaît naturellement en tête de phrase. 205 Impér. aor. dans une prop. introduite par aθā dans le dernier hémistiche d’une strophe : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 96. Place spéciale du verbe : j’ignore ce qui justifie la place de snaiθišā après le verbe. 206 PIRART, 2012a, p. 160.

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du féminin, le plus proche des deux termes de la coordination mąθrąscā sāsnāscā. Corriger īš en *hīš ? Y 31.19 gūštā yə maṇtā ašəm (7) ahūm.biš vīduuā ahurā (8) ərəžuxδāi vacaŋhąm (7) xšaiiamnō hizuuō vasō (8) θβā āθrā suxrā mazdā (7) vaŋhāu vīdātā rąnaiiā (8) .·. Que (chacun de vous), Roi qui apportes la sagesse, écoute (plutôt) (les conseils et les leçons de celui) qui, avec science, est arrivé à la conclusion que le (bon) Agencement est guérisseur de lʼexistence [gušta yah manta rtam ahu-biš vidvāh ahura... mazdā], se contrôlant, avec ton Feu enflammé, la langue en vue de la prononciation rectiligne des strophes [rš-ugdāi vacahaʼam xšayamnah hizuʼah vasah θvā āθrā suxrā] ! (Que chacun de vous les écoute) pour que le bon (verdict)/ la bonne (récompense) (lui soit accordée) [vahāu {sravahi/ miždai}] lors de la répartition des rôles [vi-dātā] entre les deux exécutants [rānaiʼāh] ! 19a. gūštā207 yə maṇtā208 ašəm V ahūm.biš vīduuā ahurā « Que (chacun de vous), Roi (qui apportes la sagesse), écoute (plutôt) (les conseils et les leçons de celui) qui, avec science, est arrivé à la conclusion que le (bon) agencement est guérisseur de lʼexistence ! » Comme il vaut mieux garder lʼinterprétation que nous en avons donnée à la strophe précédente, nous ferons de gūštā la 3e personne du singulier moyen de lʼinjonctif présent de lʼadādi √ guš au lieu dʼy voir le locatif singulier du substantif qui en est le dérivé par suffixation en -ti-. Le vocatif ahurā, par sa place en fin de vers, clôture la proposition subordonnée relative ouverte avec yə. Kellens209 accorde ahūm.biš avec yə, mais il me paraît plus naturel d’y voir un acc. neutre et d’en faire l’attribut de l’objet ašəm du verbe maṇtā.

207 Inj. prés. de valeur prescriptive : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 89 ou LECOQ, 2016, p. 735 : « The healer of the existence/ world listens (to your mantras) » ; « Le médecin de l’existence [...] a entendu ». 208 Inj. aor. exprimant le passé par rapport au procès principal : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76. Place emphatique ou spéciale du verbe : son objet suit, mais — astuce du poète — les mots ašəm ahūm.biš peuvent compléter plutôt vīduuā que maṇtā. 209 KELLENS, 2015a, p. 32.

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19b. ərəžuxδāi vacaŋhąm V xšaiiamnō hizuuō vasō « Se contrôlant la langue en vue de la prononciation rectiligne des strophes ». Participiale épithète de yə. Remarquons la rection accusative de √ xšā moyen à moins que vasō ne soit à prendre adverbialement. 19c. θβā āθrā suxrā mazdā V vaŋhāu vīdātā rąnaiiā .·. « Avec ton feu enflammé, (Roi) qui apportes la sagesse, pour que le bon (verdict)/ la bonne (récompense) (lui soit accordée), lors de la répartition des rôles entre les deux exécutants ». Pour la grammaire du moins, le syntagme instrumental θβā āθrā suxrā complète xšaiiamnō. Comme le vocatif mazdā, par sa place, marque le terme de la participiale, les locatifs vaŋhāu et vīdātā rąnaiiā doivent sʼordonner plutôt avec gūštā ou avec maṇtā. Le contrôle de la prononciation au moyen du feu, voilà qui demande une explication. Seule l’imagination nous la fournira : dans le but d’éviter tout dérapage phonétique, l’officiant chercherait à se délayer ou à s’assouplir la langue en lui imposant d’imiter les mouvements des flammes. Cohérence des strophes 17-19 La prière de la strophe 17 avec laquelle le poète aspire à être rassuré sur la correction de ses informations est naturellement relayée par une mise en garde contre les propos infondés que les impies arrivent à tenir. Cet avertissement lancé aux dieux remplit les strophes 18 et 19. Il sʼagit probablement de la tentative, présente aussi dans les hymnes védiques, de se rallier les dieux aux dépens de voisins, de rivaux ou dʼautres adorateurs. Y 31.20 yə āiiat ašauuanəm (7) diuuamnəm hōi aparəm xšiiō (8) darəgəm āiiū təmaŋhō (7) dušxvarəθəm auuaētās vacō (8) təm vā ahūm drəguuaṇtō (7) šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat (7) .·. L’agresseur du (pieux adorateur) qui recourt au (bon) Agencement [yah āyat rtāvānam] finit par connaître les lamentations [dyumnam hai aparam xšiʼah], la longue durée des ténèbres où la nourriture est mauvaise [dargam āyu tamahah duš-hvarθam] (et) la détresse de la parole [avai-tāts vacah]. Vous les égarés [drugvantah], vos propres gestes font que [śyāuθnāiš hvāiš] la Doctrine vous conduise à pareille existence [tam vāh ahum... dainā naišat].

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20a1. yə āiiat210 ašauuanəm « Qui agresse le (pieux adorateur) qui recourt au (bon) Agencement ». Protase dans le cadre dʼun diptyque construit sur la corrélation yə... hōi. 20a2b. diuuamnəm hōi aparəm xšiiō V darəgəm āiiū təmaŋhō dušxvarəθəm auuaētās vacō211

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« Le sort de lʼ(agresseur), à la fin, ce sont les lamentations, la longue durée des ténèbres où la nourriture est mauvaise (et) la détresse de la parole ». Apodose. L’absence de coordination entre xšiiō, āiiū et auuaētas n’est pas justifiée. 20c. təm vā ahūm drəguuaṇtō V šiiaōθanāiš xvāiš daēnā212 naēšat213.·. « Vous les égarés, vos propres gestes font que la Doctrine vous conduise à pareille existence ». Indépendante. Remarquons le nombre singulier de daēnā-. Le mot, laissé sans concordance avec « vous », dès lors, ne pourra désigner l’âme féminine de l’individu214. Il s’agit forcément de la déesse Daēnā. À moins que cette daēnā ne soit celle de l’ašauuan ayant subi l’agression. Rien ne sert de célébrer correctement les cérémonies si l’on attaque un pieux adorateur : voilà qui contrasterait avec certains passages invitant les dieux à ignorer ou à dédaigner les offrandes de voisins. Y 31.21 mazdā dadāt ahurō (7) hauruuatō amərətātascā (9) būrōiš ā ašaxiiācā (7) xuvāpaiθiiāt xšaθrahiiā sarō (9) vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō (7) yə hōi mańiiū šiiaōθanāišcā uruuaθō (9).·. (À) celui qui se soumet à l’observance [yah... vraθah] (des pensées, des paroles) et des actes (bons) [śyāuθnāiš ca] que le Sentiment (lui 210 Subj. prés. exprimant l’éventuel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 82. Ou aoriste, car ce verbe est apparenté au substantif aēnah-. Place spéciale ou emphatique du verbe. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 89, ou LECOQ, 2016, p. 735, y voient le subj. de ā+√ 1i. 211 Forcément un génitif singulier. 212 Sur la métrique de daēnā-, PIRART, 2018, p. 297-305. 213 Subj. aor. exprimant le futur : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 85. Place normale du verbe. Sur la combinaison de daēnā- avec √ nī, PIRART, 2012a, p. 130, 136, 140, 152. 214 Sur le nombre grammatical de daēnā- ici, PIRART, 2012a, p. 123.

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suggère d’accomplir) pour lui [hai manyū], le Roi qui apporte la sagesse donne [mazdāh dadāt ahurah] le charme du Penser bon [vahauš vazdvar manahah] avant/à partir de la richesse abondante et fructueuse [būraiš ā... hu-apaθyāt] que l’union avec lʼExhaustivité, lʼImmortalité et le (bon) Agencement procure lors de lʼEnvoûtement/ lors de l’exercice de lʼemprise (rituelle) [harvatah a-mrtatātah ca... rtahya ca... xšaθrahya sarah]. 21ab. mazdā dadāt 215 ahurō V hauruuatō amərətātascā V būrōiš ā ašaxiiācā V xuvāpaiθiiāt {rāiiō} xšaθrahiiā sarō 216 « Le Roi qui apporte la sagesse donne, avant/à partir de la (richesse) abondante et fructueuse que l’union avec lʼExhaustivité, lʼImmortalité et le bon Agencement procure lors de lʼEnvoûtement ». La phrase contient presque la même variation savante de lʼénumération des Amǝša Spǝṇta que celle rencontrée à la sixième strophe. Lʼaccusatif et le datif qui complètent √ dā « donner acc. à dat. » sont respectivement c1 et lʼantécédent sous-entendu du pronom relatif qui ouvre la subordonnée remplissant c2. La préposition ā, de sens incertain, régit le groupe ablatif būrōiš... xvāpaiθiiāt {rāiiō}. Le génitif sarō complète lʼablatif {rāiiō}, mais sarō lui-même est déterminé par deux compléments exprimés au génitif, le premier, hauruuatō amǝrǝtātascā... ašaxiiācā, faisant le régime de lʼidée de √ sar et le second, xšaθrahiiā, ayant la valeur dʼun instrumental de moyen ou dʼun locatif de temps217. 21c. vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō V yə hōi mańiiū šiiaōθanāišcā uruuaθō218 .·. « (Mazdā donne) le charme du Penser bon (à) celui qui se soumet à l’observance (des pensées, des paroles) et des actes (bons) que le 215 Inj. prés. exprimant le réel du présent pour une action momentative : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 72 et 74. Place spéciale du verbe : l’expression de son objet vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō est assez retardée : elle n’intervient que bien plus loin. 216 Manque au lexique de KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 314. Non traduit chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 90. La combinaison sar- + gén. de aša- + loc. de xšaθra- se retrouve à la strophe Y 49.8. 217 KELLENS, 2015a, p. 32, ne tient aucun compte du schéma de coordination : « Afin qu’il accède à une abondante et féconde union avec la santé, l’immortalité, l’Agencement et le Pouvoir, Ahura Mazdā accorde la vénusté de la bonne Pensée à celui qui est son allié (uruuaθa) par le mainiiu (avis/passion) et par les actes ». 218 Sur lʼétym. de uruuaθa-, PIRART, 1999, p. 505 n. 143 ; 2007b, p. 59 n. 181.

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CHAPITRE II

Sentiment (lui suggère d’accomplir) pour lui ». La proposition subordonnée, introduite par le pronom relatif yə, est clôturée par son antécédent intégré. L’hendiadys mańiiū šiiaōθanāišcā pour **mańiiəuš šiiaōθanāiš a permis de déterminer mańiiu- avec un hōi objectif et de gagner in fine deux syllabes. La traduction « vénusté » que Kellens219 propose pour vazduuarə est un jeu étymologique, mais qui ne satisfait que l’étymon : le vazduuandésigne plus exactement la valeur du penser bon en tant qu’outil de vénération. L’orant y recourt pour se gagner les faveurs de la divinité. Y 31.22 ciθrā ī hudaāŋhē (7) yaθanā vaēdəmnāi manaŋhā (8) vohū huuō xšaθrā ašəm (7) vacaŋhā šiiaōθanācā haptī (8) huuō tōi mazdā ahurā (7) vāzištō aŋhaitī astiš (8) ºoº Devant le (Feu) des bonnes offrandes [hu-daʼahai] qui se sert de (leur) signe [ciθrā], s’efforce [yaθnā] et les (= l’idée, le mot et le geste) trouve [ī... vaidamnāi], l’idée, le mot et le geste aident [manahā... vacahā śyāuθnā ca] le (sacrifiant) à recourir au bon Envoûtement pour la mise en service du (bon) Agencement [vahū hah xšaθrā rtam... hapti], au point que, (défunt,) ce (sacrifiant), Roi qui apportes la sagesse [hah tai mazdā ahura], te sera l’hôte très convoyeur (d’offrandes) [vāzištah ahati astiš]. 22ab. ciθrā 220 ī hudaāŋhē V yaθanā vaēdəmnāi 221 manaŋhā V vohū huuō xšaθrā ašəm V vacaŋhā šiiaōθanācā haptī 222 « Devant le (Feu) des bonnes offrandes qui se sert de (leur) signe, s’efforce et les (= l’idée, le mot et le geste) trouve, l’idée, le mot et le geste aident le (sacrifiant) à recourir au bon Envoûtement/ à l’exercice de lʼemprise (rituelle) pour la mise en service du (bon) Agencement ».

219 KELLENS, 2015a, p. 32. Pour sa part, LECOQ, 2016, p. 736, propose bizarrement « la plénitude ». 220 Nous savons par la Dahmā Āfriti que le ciθra est le signe positif ou négatif qui déterminent les trois niveaux (idée, mot, geste) du comportement rituel du sacrifiant : PIRART, 2012a, p. 117. 221 Clôture du groupe datif. 222 Indic. prés. d’emploi courant : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place normale du verbe. Le syntagme ašәm... haptī rappelle RS rtáṁ SAP et rtasáp-. Clôture de la prop. principale.

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Le premier vers contient le groupe datif de lieu et manaŋhā, qui est une anticipation sur le deuxième. Les instrumentaux ciθrā et yaθanā complètent vaēdǝmnāi. Objet direct de ce dernier, le pronom ī représente par anticipation les trois niveaux du comportement de lʼadorateur dont le premier apparaît déjà au terme de 22a, mais manaŋhā, vacaŋhā et šiiaōθǝnāº complètent le verbe principal haptī par lʼintermédiaire de xšaθrā. Cascade d’instrumentaux dans l’expression des différents rouages du processus rituel : les gestes permettent l’exercice du xšaθra dans le cadre de la mise en service d’aša. 22c. huuō tōi mazdā ahurā V vāzištō aŋhaitī 223 astiš 224 ºoº « Au point que(, défunt,) ce (sacrifiant), Roi qui apportes la sagesse, te sera l’hôte très convoyeur (d’offrandes) ». Indépendante consécutive. Le Feu, dans le cadre de l’échange, est présenté comme étant chargé d’acheminer à destination les offrandes faites aux divinités. Le Feu avestique, faut-il remarquer, partage ce titre avec le défunt. En effet, dans la déclaration du Y 13.2.1, le Feu, pour nʼêtre que son modèle, est forcément à distinguer de lʼhôte : friiehē225 vāzištahē astōiš (9) ratūm āmruiiē (5) ātrəm ahurahe mazdā (8) « Avec cette déclaration, je fais du Feu (fils) d’Ahura Mazdā le paradigme de lʼhôte propice et très convoyeur (de richesses) ».

Subj. prés. de sens consécutif en fin de strophe : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 81. Place licite du verbe. 224 Le mot asti- qui, de surcroît, clôture toujours le vers, figure le plus souvent dans des strophes que l’hendécatropisme diascévastique souligne : Y 31.22, 33.2, 46.11, 49.11. 225 Parallèles védiques : RS 5.1.9 prá sadyó agne átiy eṣiy anyn V āvír yásmai crutamo babhū́tha | īḷéniyo vapuṣiyò vibhvā V priyó viśm átithir mnuṣīṇām « Dʼemblée, ô Agni, tu vas outre les autres (gens, vers celui) auquel tu tʼes-toujours manifesté (comme étant) le plus cher (à ses yeux), / toi digne dʼêtre invoqué, beau, resplendissant, hôte aimé des tribus humaines » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 18), 6.2.7ab ádhā hí vikṣúv ī́ḍiyóʼasi priyó no átithiḥ « Tu es en effet dans les tribus notre hôte aimé, digne dʼêtre invoqué » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 37), 6.15.6 agnímagniṁ vaḥ samídhā duvasyata V priyámpriyaṁ vo átithiṁ grṇīṣáṇi | úpa vo gīrbhír amŕtaṁ vivāsata V devó devéṣu vánate hí vriyaṁ V devó devéṣu vánate hí no dúvaḥ « Privilégiez Agni, (puis) Agni (encore), [vous (autres)], avec la bûche-flambante ; chantez, [vous (autres)], lʼhôte cher, (puis lʼhôte) cher (encore) ! / Gagnez, [vous (autres)], lʼimmortel par vos chants ! Car le dieu gagne (pour lʼhomme) chez les dieux un bien-dʼélection ; car le dieu gagne pour nous chez les dieux un traitement-privilégié » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 47), 6.16.42 ā́ jātáṁ jātávedasi V priyáṁ śiśītā́atithim | siyoná ā́ gr̥hápatim « Aiguisez le (feu) qui est né en Jātavedas, lʼhôte aimé, / maître de maison en son séjour-natal ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 51). 223

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Et cela alors même que lʼhôte en question, comme le Feu, reçoit les épithètes traditionnelles de « propice » (friia- = védique priyá-)226 et de « très convoyeur dʼoffrandes » (vāzišta- = védique vāhiṣṭha-). Il faut inévitablement en conclure que lʼhôte humain des dieux leur est des plus agréables et que, vecteur des bonnes offrandes, le pieux défunt sait les réjouir. Ceci ressort aussi de la strophe 22. Certes mon interprétation en est assez conjecturale, mais, me semble-t-il, le culte assure clairement à celui qui le rend un accès à l’au-delà : le sacrifiant qui met aša en service (ašәm ... haptī) et observe tous les attendus rituels devient chez les dieux un hôte convoyeur de richesses ou d’offrandes. Soulignons ici le subjonctif consécutif aŋhaitī. Kellens227 offre une traduction assez différente de cette strophe : « Les signaux-lumineux sont pour le généreux qui les repère par l’effort et la pensée. Celui-ci flatte l’Agencement avec Pouvoir, parole et acte : qu’il soit, ô Ahura Mazdā, ton hôte très véhiculeur ! » Question de sémantique. Il faut encore souligner que le nom de l’hôte, littéralement ou étymologiquement, signifie « voyageur »228. Cohérence des trois dernières strophes de la hāiti Une nouvelle zone dʼinstabilité grammaticale (20-22) fait la clôture de lʼunité : aucune mention divine ne marque la vingtième strophe, tandis que le grand dieu, dans la pénultième, figure à la troisième personne grammaticale à lʼoccasion de la variation savante que nous y trouvons de lʼénumération des Amǝša Spǝṇta, et, dans la dernière, à la deuxième personne. Conclusion La cohérence fait défaut à lʼensemble de lʼunité ; les relations entre les différents blocs de strophes sont lâches, illusoires ou indétectables : ― trca sur les uruuata (Y 30.11 + Y 31.1-2) ; ― zone dʼinstabilité grammaticale (Y 31.3-7) ; ― trca faisant un mańiiu concernant lʼexpansion et les dimensions de la divinité (Y 31.8-10) ; 226 L’anthroponyme para-indien *priyātithi- documente ce théonyme qui, selon toute vraisemblance, concerne le Feu. 227 KELLENS, 2015a, p. 32. 228 Voir le lexique.

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― deux strophes concernant Ārmaiti et la vache (Y 31.11-12) ; ― questions posées à Ahura Mazdā (Y 31.13-17) ; ― tentative de détourner les dieux des sollicitudes que leur adresseraient certains rivaux (Y 31.18-19) ; ― nouvelle zone dʼinstabilité grammaticale (Y 31.20-22). Tout au plus pouvons-nous relever les faits suivants : ― comme la troisième strophe concerne aussi les uruuata, un lien secondaire est envisageable avec le trca qui la précède ; ― le vers 7c, pour contenir le mot mańiiū, pourrait annoncer le trca qui suit ; ― le vers 12c, pour contenir aussi le mot mańiiū, pourrait faire écho au trca 8-10 ; ― la douzième sʼachève sur une question qui sera suivie de nombreuses autres dans les strophes 13-17 ; ― la dernière question de la série des strophes 13-17 tout comme les deux suivantes concerne les discours fallacieux que produiraient des rivaux. Y 31.23 Voir le commentaire de la strophe Y 30.12.

CHAPITRE III UŠTAUUAITĪ HĀITI (Y 43)

Texte 0. zōt u rāspī .·. nǝmō və gāθā ašāunīš .·. 1. uštā aāi (4) yaāi uštā kaāicīt (7)1 + vasə xšaiiąs+2 (4) mazdā dāiiāt ahurō (7) utaiiūitī.- (4) təuuīšī[m] +gat.tōi+3 vasəmī (7) ašəm dərəidiiāi (4) tat mōi dā +ārǝmaitī4 (7) rāiiō ašīš (4) vaŋhəuš gaēm manaŋhō (7) º du bār º .·. 2. zōt .·. atcā aāi (4)5 vīspanąm vahištəm (7) xuvāθrōiiā (4) nā xuvāθrəm daidītā (7) θβā +cīcīθβā (4) spəništā mańiiū mazdā (7)6 yā (< *hiiat) dā ašā (4) vaŋhəuš māiiā manaŋhō (7) vīspā aiiārə (4) darəgō.jiiātōiš uruuādaŋhā (7) .·. 3. at7 huuō vaŋhəuš (4) vahiiō nā aibī.jamiiāt (7)8 yə nā ərəzūš (4) sauuaŋhō paθō sīšōit (7) ahiiā aŋhəuš (4) astuuatō manaŋhascā (7) haiθiiəṇg āstīš (4) yəṇg ā.šaēitī ahurō (7) arədrō θβāuuąs (4) huzəṇtušə spəṇtō mazdā (7) .·. 1 2 3 4 5 6 7 8

Y 43.1ab = H 2.2.3, 2.4.3, 2.6.3, Vyt 8.1.2, Y 21.3.2 ; Y 43.1a = Vyt 8.2.4. GELDNER, 1886-96, vol. I p. 140 : vasə.xšaiiąs. GELDNER, 1886-96, vol. I p. 140 : gat tōi. Voir le lexique. GELDNER, 1886-96, vol. I p. 140 : ārmaitē. Y 43.2a1 = 49.3a1. Y 43.2c2 = 33.12b1, 51.7b2. Y 43.3 = 60.1 : DARMESTETER, 1892-3, vol. I p. 279 n. 10. Y 43.3a ≈ 59.31a jamiiāt vō vaŋhaōt vaŋhō.

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CHAPITRE III

4. at θβā məṇghāi (4) taxməmcā spəṇtəm (< **θβəm... spǝntā) mazdā (7) hiiat tā zastā (4) yā tū hafšī auuā 9 (7) yā dā ašīš (4) drəguuāitē ašāunaēcā (7) θβahiiā garəmā (4) āθrō ašā.aōjaŋhō (7) hiiat mōi vaŋhəuš (4) hazə jimat manaŋhō (7) ºoº 5. spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7)10 hiiat θβā aŋhəuš (4) ząθōi darəsəm paōuruuīm (7) hiiat dā šiiaōθanā (4) mīždauuąn yācā (< *hiiatcā  ?) uxδā (7) akəm akāi (4) vaŋvhīm ašīm vaŋhauuē (7) θβā hunarā (4) dāmōiš uruuaēsē apəmē (7) .·. 6. yaī spəṇtā (4) θβā mańiiū uruuaēsē jasō (7)11 mazdā xšaθrā (4) aī vohū manaŋhā (7) yehiiā šiiaōθanāiš (4) gaēθā ašā frādəṇtē (7)12 aēibiiō ratūš (4) səṇghaitī ārǝmaitiš (7) θβahiiā xratəuš (4) yəm na[ē]ciš dābaiieitī (7) ºoº 7. spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7)13 hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7)14 pərəsatcā mā (4) .·. ciš ahī kahiiā ahī (7)15 kaθā aiiārə (4) daxšārā fərasaiiāi dīšā (7) aibī θβāhū (4) gaēθāhū ˟tanuuicā 16 (7) .·. 8. at hōi aōjī (4) zaraθuštrō paōuruuīm (7) + haiθiiō.duuaēšā 17 (4) hiiat isōiiā drəguuāitē (7) 9

Voir le lexique. Y 43.5a = 43.7a, 9a, 11a, 13a, 15a. 11 Y 43.6a = 68.23.3. 12 Y 43.6c est cité par G 4.9, Vr 2.5, 3.4 et Y 19.17 avec l’orthographe récente : yeŋhe šiiaōθnāiš gaēθā aša frādәnte .·.. 13 Y 43.7a = 5a, 9a, 11a, 13a, 15a. 14 Y 43.7b = 9b, 11b, 13b, 15b. 15 Y 43.7c2 = VSM, MBh kòʼsi kásyāsi. 16 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 142 : tanušicā. 17 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 143 : haiθiiō duuaēšā. Voir le lexique. 10

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at ašāunē (4) +rafənō.xiiǝm18 †aōjōŋhuuat (< *aōjaŋvhā) (7) hiiat +ā būštīš+19 (4) +vasasə.xšaθrahiiā 20 diiā (7) yauuat ā (< *u) θβā (4) mazdā stāumī ufiiācā (7) ºoº 9. spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7) ahiiā +fərasīm21 (4) kaāi vīuuīduiiē vašī (7) at ā θβaāi (4) āθrē rātąm nəmaŋhō (7) ašahiiā mā (4) yauuat isāi mańiiāi (7) .·. 10. at tū mōi dāiš (4) ašəm hiiat mā zaōzaōmī (7) ārǝmaitī (4) hacimnō +īt.ārəm (< *idā arəm*)22 (7) † pərəsācā (< *pәrәsatcā) nā (4) yā (< *yā u*) tōi +əā 23 parštā (7)24 parštəm zī θβā (4) yaθanā25 tat [ə]mauuatąm (7)26 hiiat θβā xšaiiąs (4) aēšəm diiāt əmauuaṇtəm (7)27 ºoº 11. spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7) hiiat +xšmā.uxδāiš 28 (4) dīdaŋhē paōuruuīm (7) sādrā mōi sąs (4) mašiiaēšū zarazdāitiš (7) tat vərəziieidiiāi (4) hiiat mōi mraōtā vahištəm (7) .·. 12. hiiatcā mōi mraōš (4) ašəm jasō frāxšnənē (7) at tū mōi nō[it] (4) asruštā pairī.aōγžā (7) + uziraidiiāi (4)29 parā hiiat mōi ā.jimat (7) GELDNER, 1886-96, vol. I p. 143 : rafǝnō xiiəm. GELDNER, 1886-96, vol. I p. 143 : ābūštīš. 20 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 143 : vasasǝ xšaθrahiiā. 21 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 143 : fǝrasəm. Voir le lexique. 22 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 143 : īt ārǝm. 23 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 144 : əhmā. 24 Y 43.10c = A 4.3.2a pǝrǝsaca nā ašāum zaraθuštra yā tē †aāi paršta. 25 La leçon yaθәnā, que retiennent HUMBACH et FAISS, 2010, ne me paraît pas être préférable à yaθanā : cette dernière graphie est comparable à celle de šiiaōθanā. 26 Y 43.10d = A 4.3.2b parštǝm zī θβā yaθanā tat †amauuantąm. 27 Y 43.10e = A 4.3.2c yat θβā xšaiiąs aēšǝm daiiāt amauuantǝm .·.. 28 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 144 : xšmā uxδāiš. 29 Y 43.12c1 = 14d1. GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145, uzirәidiiāi. Voir le lexique. 18 19

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CHAPITRE III

səraōšō ašī (4) +mązā.raiiā 30 hacimnō (7)31 yā vī ˟ašiš 32 (4) +rānōibiiā 33 sauuōi [vī]dāiiāt (7) ºoº 13. spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7) arəθā vōizdiiāi (4) kāmahiiā təm mōi dātā (7) darəgahiiā +yaōš 34 (4) yəm vā +na[ē]ciš 35 dārəšt itē (7) vairiiā stōiš (4) yā θβaī xšaθrōi vācī (7) .·. 14. hiiat nā friiāi (4) +vaēdǝmnō 36 isuuā daidīt (7) maibiiō37 mazdā (4) tauuā rafənō ˟frāxšnənē 38 (7) hiiat θβā xšaθrā (4) ašāt hacā +frąš tā+39 (7) + uziraidiiāi (4)40 azəm sarədanā †səṇghahiiā (< *sənghāi) (7) mat tāiš vīspāiš (4) yōi tōi mąθrā (< *mąθrǝm) marəṇtī (7) ºoº 15. spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7) + daxšat.ušiiāi 41 (4) +tušnā.maitiš 42 vahištā (7) nō[it] nā pōurūš (4) drəguuatō xiiāt cixšnušō (7) at tōi vīspəṇg (4) aṇgrəṇg ašāunō ādarə (7) .·.

GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145 : mązāraiiā. Y 43.12d ≈ 27.6.2a, Vr 12.1.4a. 32 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145, ašīš. 33 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145, rānōibiiō. 34 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145, yāuš. Voir le lexique 35 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145, naēcīš. 36 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 168, contre GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145, vāedamnō. 37 La finale ºō de maibiiō au lieu de ºā attendu est probablement à retenir puisque nous pouvons la justifier comme celle du second terme du dvandva de Y 42.2.2 aspǝnācā yǝuuīnō yazamaidē « Et nous offrons le sacrifice aux (deux Yazata) Aspin et Yǝuuin » ou comme celle du premier terme de la coordination présente dans V 2.3.2 vīsaŋvha mē yima srīra vīuuaŋvhana mǝrǝtō bǝrǝtaca ˟daēnaiiā .·. « Charge-toi, beau Yima descendant de Vīuuaŋvhan, de mémoriser et dʼentretenir ma doctrine ! » 38 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145, frāxšnǝnǝm. Voir le lexique. 39 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145, frąštā. 40 Y 43.14d1 = 12c1. 41 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 146, daxšat ušiiāi. 42 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 146, tušnā maitiš. 30 31

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16. at ahurā (4) huuō mańiiūm zaraθuštrō (7) vərəṇtē mazdā (4) yastē cišcā spəništō (7) astuuat ašəm (4) xiiāt uštānā aōjōŋhuuat (7) xuvəṇg darəsōi (4) xšaθrōi xiiāt ārǝmaitiš (7) + ašәm43 šiiaōθanāiš (4) vohū daidīt manaŋhā (7) ºoº 17. zōt u rāspī .·. 17.1. uštā aāi... º du bār º .·. 17.2. ašәm vohū... º si bār º .·. 17.3 uštauuaitīm hāitīm yazamaide .·. 17.4 yeŋhē hātąm... ºoº ºoº Traduction 1. À volonté sera pour celui-là, quel qu’il soit, de qui le Roi qui apporte la sagesse, lʼEnvoûtement l’en ayant rendu capable, exaucera le souhait (que voici :) « Je souhaite retrouver la jeunesse et la bonne forme en vue de maintenir l’Agencement. Dès lors, tiens compte de (ma) Déférence et de la Dédicace de (ma) richesse à l’heure de m’octroyer la vie du Penser bon ! » *** 2. Car, devant celui-ci (= le Feu), l’homme, jour après jour, avec la position debout (qu’il observe à l’instant) de (te) soumettre à l’Envoûtement source de longue vie, puisse-t-il accumuler le meilleur de tous les bien-être, (Roi) qui apportes la sagesse, lui qui, avec l’idée que tu es très savant, comprend que, pour appliquer les plans du Penser bon, tu recours à l’Agencement.

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Y 43.16e1 = 44.6c1. Contre GELDNER, 1886-96, vol. I p. 146, ašīm.

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3. Et puisse cet homme accéder à mieux que bon, lui qui nous enseignera les (chemins) assurés et carrossables qu’habite le Roi (= le Feu), les chemins rectilignes des ressources dont (les deux existences te dotent), celle-ci qui est osseuse (= l’existence matérielle) et celle du Penser, (puisse cet homme accéder à mieux que bon, lui) qui remporte le succès à l’instant de te rendre un culte et de générer la bonne (existence rituelle) avec science, (Roi) qui apportes la sagesse ! 4. Et, (si tu exauces mes souhaits,) je penserai que ton (fils) et (l’homme) qui se tient fixe (devant lui), (Roi) qui apportes la sagesse, sont (tous deux) savants, car ce sont deux mains : celle des deux qui te sert à (ré)partir les Fortunes entre l’égaré et le pieux (adorateur), cʼest ton (fils) le Feu, lui qui tire son autorité de l’Agencement, et la chaleur lui appartient, pour autant que le Penser bon me donne la force (de lʼallumer). *** 5. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, car, dans la génération de l’existence (rituelle), je vois que tu es le premier, que tu soumets à rétribution les gestes et les mots, (réservant) un mauvais (salaire) au mauvais et bonne fortune au bon, faisant montre de tes aptitudes, au dernier tournant du monde. 6. Le tournant auquel (j’ai) le Sentiment que, savant, tu es à même d’arriver, (Roi) qui apportes la sagesse, à ce tournant(-ci) (= l’aire sacrificielle), le Penser bon me donne de t’envoûter, (à moi) qui, par lʼ(idée), le (mot) et le geste, recours au (bon) Agencement à lʼinstant dʼassurer la multiplication des troupeaux. | La Déférence définit pour les (impies) les éléments (textuels) de ta décision, toi que nul ne peut leurrer. 7. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon et me pose ces questions : Qui es-tu ? Qui est ton père ? Comment sont les jours durant desquels, en vue des questions, tu arboreras la marque sur tes troupeaux et ta personne ? 8. Et, (moi qui suis) Zaraθuštra, je lui dis tout d’abord souhaiter être d’une hostilité avérée envers l’égaré, mais, pour le pieux (adorateur), d’un secours empreint d’autorité, pour autant que je sois doté de moyens (comme) qui en dispose à sa guise, dans la même mesure que, pourtant, je t’adresse l’éloge et le chant, (Roi) qui apportes la sagesse. 9. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon, tout au long de la question que voici : « Pour qui veux-tu faire la différence ? » Et (jʼai ce Sentiment pour connaître la réponse à cette question lorsque, chez moi, le

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lait) est offert en hommage à ton (fils) le Feu (et que je le fais) dans le seul but de me faire, autant que possible, une idée du (bon) Agencement. 10. Et toi, montre-moi donc le (bon) Agencement : accompagné de la Déférence comme il convient, je n’ai jamais cessé ici de l’appeler à grands cris. Et (j’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse,) lorsque (la déesse) nous demande ce que tu nous as pourtant déjà demandé, car ceux qui sont avec moi (= mes adeptes, mes disciples) ont pris place pour te demander si (le Feu), grâce à l’Envoûtement, est à même de te rendre vigoureux et offensif. 11. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon : par vos paroles, je suis en mesure dʼapprendre que le (Penser bon) est le premier (des trois niveaux du comportement requis du sacrifiant). | Décevante me paraît la confiance faite aux mortels pour que soit accompli le (Penser) que vous me déclarez être le meilleur. 12. Car, à me dire, à moi qui sais m’orienter, d’aller à l’Agencement, toi, alors, tu me répètes de me lever (et ajoutes) « non sans récitation », avant que vienne le Phrasé accompagné de la Dédicace, elle qui octroie la richesse, la Dédicace capable d’opérer la distribution entre les deux exécutants lorsquʼil est question de renforcer (les dieux) (= quand il convient de donner aux dieux les moyens dʼexaucer nos désirs). 13. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon, cherchant à me faire trouver les objets de mon désir : donnez-moi celui de la longue durée de vie (= celui dʼéternité), celui que nul ne vous contraint à exaucer, (à savoir celui) du bien de choix, nommé lors de ton Envoûtement. 14. Le secours que l’homme, le trouvant ou en disposant, offre à (lʼofficiant) positif, à moi qui sais m’orienter, (Roi) qui apportes la sagesse, il t’appartient de me lʼ(offrir) en tenant compte de ton Envoûtement/ de l’emprise exercée sur toi depuis l’Agencement, afin que je me lève. Dʼautant que je mʼimplique dans les sessions sacrificielles avec tous ceux-là qui mémorisent ta recommandation. 15. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque la Pensée silencieuse m’entoure du Penser bon, excellente dans lʼinterprétation des marques. | Puisse le (...) ne donner accueil d’aucune façon aux nombreux égarés, car ceux-là disent funestes tous ceux qui sont accompagnés du (bon) Agencement. ***

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16. Alors, Roi qui apportes la sagesse, c’est Zaraθuštra qui a le Sentiment que de tous tu es le plus savant. | Puisse l’Agencement être osseux et plein d’autorité avec la faculté du mouvement ! Sous le regard du Soleil, lors de (votre) Envoûtement, puisse la Déférence être là ! Puissent le Penser bon et les autres gestes lui servir à mettre le (bon) Agencement (rituel) en place ! Le plan de l’unité Tout texte a des antécédents et peut avoir des descendants. Si lʼUštauuaitī Hāiti (Y 43) est le fruit dʼun collage, nous imaginerons lʼexistence de textes antérieurs. De toute façon, parmi les descendants, nous devrons mentionner au moins lʼAšǝm Vohū, les fragments du Haδaōxt Nask, le huitième chapitre du Vīštāsp Yašt, un hydronyme du Zǝm-yazat Yašt et le nom de plusieurs héros mentionnés dans le Fravardīn Yašt. Il y a ainsi, en plus de la genèse du texte original, toute une généalogie textuelle. Les limites de l’Uštauuaitī Hāiti paraissent assurées : c’est la première unité de cette Cantate, lʼUštauuaitī Gāθā ; le début de l’unité suivante, la Tat.θβā.pǝrǝsā Hāiti, est clairement identifiable par la présence du refrain ; la dernière strophe de celle-ci concerne bel et bien le mańiiu, la déclaration d’une conviction, la manifestation d’un sentiment, comme les précédentes. Cependant, la tétrade initiale, Y 43.1-4, pour n’en parler que de façon marginale (2c2 et 4a), pourrait parfaitement avoir constitué un tout indépendant que les nécessités du rituel funéraire reflété par le fragment H 2 du Haδaōxt Nask auraient installé en tête de l’ensemble vieil-avestique métrique situé à la suite du Yasna Haptaŋhāiti. Nous avions considéré ou estimé que la division en hāiti, surtout dans le cas de la première Gāθā, était imputable à quelque diascévase, était donc secondaire et obéissait assez souvent à ce que j’avais appelé hendécatropisme44. C’est là l’une des raisons pour lesquelles le nombre des strophes du maniiu contenu dans lʼUštauuaitī Hāiti me paraît inquiétant ou suspect. Ce nombre de onze strophes dont se compose le maniiu est-il 44 Dans lʼAhunauuaitī Gāθā (Y 28-34), lʼAhiiāsā Hāiti (Y 28), la Xšmāuuaiia.gəuš.uruuā Hāiti (Y 29) et lʼAt.tā.vaxšiiā Hāiti (Y 30) rassemblent chacune 11 strophes tandis que la Tā.və.uruuātā Hāiti (Y 31) en rassemble 22 ; dans lʼUštauuaitī Gāθā (Y 43-46), en plus du total de ses 66 strophes et du maniiu hendécastrophe de sa première unité, signalons les 11 strophes de lʼAt.frauuaxšiiā Hāiti (Y 45) ; dans la Spǝntā.maniiu Gāθā (Y 47-50), les 11 de la Kat.mōi.uruuā Hāiti (Y 50) ; dans la Vohuxšaθrā Gāθā, les 22 de son unique hāiti (Y 51). Il faut peut-être signaler aussi les onze syllabes que renferme chacun des vers de lʼUštauuaitī Gāθā et de la Spǝntā.maniiu Gāθā.

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bel et bien authentique ? Il est malaisé de répondre à la question, car nous ne pouvons exclure ni son artifice ni son authenticité, lʼhendécatropisme étant une tendance présente aussi bien dans lʼInde védique quʼen Mésopotamie dès lʼépoque sumérienne45. Quoi quʼil faille penser de ce nombre de onze strophes, il est assez clair que, pour une unité faite de seize strophes46, il sʼagit dʼune quantité tout à fait considérable et que le maniiu doit donc être tenu pour la matière dont il y est principalement traité : le maniiu est la déclaration convenue, voire ritualisée, de lʼidée que lʼorant se fait du grand dieu. Le maniiu de lʼUštauuaitī Hāiti, la déclaration de la conviction que Zaraθuštra se forge le concernant, l’expression du sentiment que le grand dieu lui donne est directement adressée à ce dernier : il est à souligner que seuls les deux premiers vers de la première strophe de lʼUštauuaitī Hāiti ne sont pas adressés à Ahura Mazdā. Celui-ci figure partout ailleurs à la deuxième personne grammaticale dans cette unité. En effet, nous ne pouvons ignorer que la deuxième personne du singulier caractérise la divinité dans toutes les strophes de lʼUštauuaitī Hāiti aux seules exceptions du pluriel de deuxième personne présent aux strophes 11 et 13 ou de la troisième personne du singulier des deux seuls premiers vers de la première strophe, précisément ceux qui connurent un bel avenir : les vers initiaux de la première strophe, dans le mythe de l’eschatologie individuelle, font les mots de l’âme-moi du pieux défunt assise au chevet de sa dépouille mortelle les trois premières nuits qui suivent le trépas tandis que certains mots de la dernière strophe, celle qui est isolée après le maniiu, serviront à forger le nom du troisième Saōšiiant, la figure clé de l’eschatologie générale, Astuuat.ǝrǝta, un personnage considéré comme le dernier des fils futurs de Zaraθuštra. Cette simple constatation que la première et la dernière strophe de lʼUštauuaitī Hāiti fournirent leurs matériaux essentiels exclut que les mythes de lʼeschatologie individuelle et de lʼeschatologie générale existassent dans lʼenseignement de Zaraθuštra, du moins sous une forme recourant à la même onomastique. Ceci me paraît être dʼune importance capitale pour lʼhistoire du zoroastrisme ou pour notre connaissance du protozoroastrisme. Il est difficile de croire que c’est par hasard si la première strophe et la dernière sont clés dans les genèses respectives de l’eschatologie individuelle et de l’eschatologie générale : la première strophe, limitée ou 45 46

FELIU MATEU et MILLET ALBÀ, 2014, p. 45. Seize est aussi le nombre des strophes de la Xvaētumaitī Hāiti (Y 32).

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non à ses deux premiers vers, est prononcée par l’âme-moi du pieux défunt les trois premières nuits qui suivent le trépas ; la dernière strophe, quant à elle, est à l’origine du nom du troisième Saōšiiant, l’acteur principal de la Frašō.kәrәiti, le parachèvement du monde. La place artificielle de la strophe Y 43.1 à l’ouverture de l’Uštauuaitī Hāiti peut d’ailleurs être défendue sur base de celle, tout aussi initiale, réservée aux strophes que prononcent respectivement les âmes qui prennent le chemin du purgatoire (Y 33.1) et celles qui échoueront dans les enfers (Y 46.1). Ajoutons que le mot uštā fait tout à la fois l’initiale absolue de l’Uštauuaitī Hāiti (Y 43.1) et la finale absolue de l’At.tāuuaxšiiā Hāiti (Y 30.11). La place artificielle de la strophe Y 43.16 au terme de la hāiti, mise en exergue des matériaux utilisés dans la formation du nom du plus important des frašō.carәtar, trouve quelques échos dans celle, finale dans les trois grandes Gāθā, des strophes Y 34.15, 46.19 et 50.11 contenant fәraša-, le mot clé du parachèvement du monde47. Jʼy ai déjà insisté : partout en dehors du maniiu, Zaraθuštra figure à la troisième personne grammaticale et le récitant, à la première, un triangle48 y étant ainsi dessiné avec le grand dieu ; dans le maniiu, c’est Zaraθuštra qui parle, mais un personnage anonyme ou énigmatique est présent çà et là à la troisième personne grammaticale, qui n’est peut-être pas toujours le même, pour la formation d’un triangle ou dʼun trapèze assez semblable, mais distinct. Lʼunité fait figure dʼexception non seulement à donner la parole à Zaraθuštra, mais surtout à le faire sur 11 strophes. Il sʼagit ainsi dʼun discours de dimensions importantes attribué à Zaraθuštra lui-même par l’un de ses contemporains. Ceci fait donc de cette unité vieil-avestique un texte fondamental. Le maniiu hendécastrophe se compose de six mouvements, chacun des cinq premiers étant fait de deux strophes et le dernier, d’une seule49. Les six mouvements partagent un même vers initial ; les cinq derniers montrent aussi un même deuxième vers. La suite du mouvement est toujours articulée syntaxiquement ou sémantiquement avec ce refrain. Il n’est ni possible ni utile que nous cherchions à déterminer tout de suite la nature exacte des relations syntaxiques ou autres qui unissent 47

Même s’il est vrai que Y 30.9 déroge à la règle. Par « triangle », jʼentends le cas de figure dʼun individu A parlant dʼun individu B à un individu C. 49 La ponctuation qui, chez GELDNER, 1886-96, vol. I p. 146, devrait en rendre compte est ici déficiente. 48

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à la première la seconde strophe de chacun des cinq premiers mouvements du maniiu, la mise en évidence de leur seule existence suffisant à notre propos, me semble-t-il. Le constat d’importantes concaténations lexicales entre les deux strophes sert cette mise en évidence : ― premier mouvement (5-6). Le reste de la strophe 5 dépend syntaxiquement du refrain, et le début de la strophe 6 est soudé à la strophe 5 au moyen de la concaténation assurée par la répétition du mot uruuaēsē, mais s’achève avec deux vers apparemment volants ; ― deuxième mouvement (7-8). Le reste de la strophe 7 dépend du refrain, et la strophe 8 doit faire la réponse donnée aux questions formulées dans la strophe 7 ; ― troisième mouvement (9-10). Le vers 9c au moins dépend du refrain, mais toute la suite fait difficulté. Néanmoins, soulignons que Zaraθuštra, au terme de la neuvième strophe cherche à se faire une idée d’Aša (ašahiiā... maniiāi) et, assez logiquement, demande, à l’ouverture de la dixième, que le grand dieu lui montre Aša (dāiš ašәm) ; ― quatrième mouvement (11-12). Le vers 11c dépend du refrain, mais toute la suite paraît être volante. Néanmoins, signalons la concaténation de mraōtā (11e2) avec mraōš (12a1) et la possibilité que la seconde strophe soit subordonnée dans son intégralité à la principale qui ouvre la première ; ― cinquième mouvement (13-14). Le reste de la strophe 13 dépend du refrain, mais la strophe 14 paraît faite de phrases volantes. Néanmoins, signalons l’écho que vaēdǝmnō (14a2) offre à vōizdiiāi (13c1) ; ― sixième mouvement (15). Le vers 15c dépend du refrain, mais les deux derniers restent apparemment en lʼair. L’hendécatropisme du maniiu (Y 43.5-15) ne peut que nous inquiéter : faut-il y voir le fruit d’un artifice ? En effet, il est étonnant que le dernier mouvement du maniiu soit limité à un seul volet (Y 43.15) face aux deux volets dont se compose chacun des autres mouvements (Y 43.56, 7-8, 9-10, 11-12, 13-14). Deux autres signes possibles de manipulations secondaires sont, d’une part, les anomalies détectées non seulement pour ce qui est de la cohérence interne de la strophe initiale de lʼunité (Y 43.1), mais aussi concernant les relations que cette première strophe devrait entretenir avec la suite de la tétrade initiale ; d’autre part, le caractère isolé de la dernière strophe de lʼunité (Y 43.16). À mon avis, les grandes difficultés de la première unité de lʼUštauuaitī Gāθā sont dʼailleurs les suivantes :

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― comment arranger Y 43.1ab avec le reste du Y 43.1 ? ― comment arranger Y 43.1 avec le reste de la tétrade initiale ? ― comment analyser et comprendre le syntagme rāiiō ašīš ouvrant le dernier vers de la première strophe ? ― comment arranger le pronom θβā du premier vers de la quatrième strophe avec « les deux mains dont tu te sers » puisque, logiquement, le grand dieu ne peut tout à la fois être lui-même l’une des deux mains et être celui qui s’en sert ? ― comment aplanir la cascade syntaxique de la quatrième strophe ? ― comment arranger la tétrade avec le maniiu et avec la dernière strophe de l’unité ? ― comment identifier le personnage énigmatique présent dans le maniiu ? Ceux qui soulignent la mention de Zaraθuštra dans les huitième et seizième strophes pour avancer que l’unité est faite de deux moitiés égales ignorent superbement leur différence de statuts : la huitième strophe appartient au maniiu tandis que la seizième se situe en dehors. De surcroît, la place remarquable de la strophe Y 43.16 au terme de la hāiti est due non à la mention de Zaraθuštra, mais bien à la présence des matériaux utilisés dans la formation du nom d’Astuuat.әrәta50. Le titre de l’unité La tradition avestique a réservé un traitement de faveur à lʼUštauuaitī Hāiti puisque lʼAšǝm Vohū est un commentaire qui concerne son premier vers et quʼun fragment fameux du Haδaōxt Nask, relayé par divers parallèles, met ses deux premiers vers dans la bouche de lʼâme-moi du pieux défunt, mais il y a aussi les Yašt : le Fravardīn Yašt montre que cinq héros au moins tirent leur nom de passages de cette unité gâthique, à savoir Uštauuaitī (Y 43.1), Ašǝm.yaāi.ušta (Y 43.1), Tušnā.maiti (Y 43.15), Aša.šiiaōθna (Y 43.16) et Astuuat.ǝrǝta (Y 43.16). Et un octosyllabe du Zǝm-yazat Yašt donne le nom dʼUštauuaitī à la quatrième des sept rivières de Drangiane (Yt 19.67.1e) : uštauuaitica yā sūra51. 50 Le même procédé de formation du nom d’un autre de ses enfants est illustré avec la strophe Y 49.12 où le verbe frīnāi, situé aussi aux environs d’une mention du sien, conduisit à ce que l’aînée des filles de Zaraθuštra se prénommât Frīnā. Sur ce nom que portent plusieurs héroïnes, PIRART, 2013b, p. 80. 51 La cheville de lʼeżāfe garantit le statut métrique de cette ligne.

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Lʼincipit uštā aāi est à lʼorigine du titre donné à la deuxième Gāθā et à sa première unité (hāiti-). Pour sa formation, il a été recouru au suffixe secondaire +uant- sur le seul premier mot plutôt quʼà un composé qui refléterait lʼintégralité de lʼincipit. La raison en est à rechercher dans la difficulté de trouver, certes moyennant un aménagement, une finale acceptable pour un composé féminin singulier devant refléter lʼintégralité de lʼincipit uštā aāi52, mais aussi et surtout dans la volonté de mettre le locatif uštā en évidence suite à lʼimportance quʼil avait acquise dans la mythologie et dans lʼeschatologie53. De toute façon, la formation de ce titre est dʼun type tout à fait exceptionnel puisque le suffixe +uanty a été plaqué sur une forme primaire déclinée54. Le nom dʼUštauuaitī que portent une rivière et une héroïne dans les Yašt nous prouve que la deuxième Gāθā et sa première hāiti le portaient déjà comme titre à lʼépoque de la composition des plus anciens textes avestiques récents. Cependant, ce titre nʼest pas heureux : lʼunité ne traite pas du sort de lʼâme-moi du pieux défunt ; il y sera question du maniiu spǝnta de Zaraθuštra, la conviction zoroastrienne quʼAhura Mazdā est admirable, génial ou savant. Malheureusement, nous ne pouvons en savoir davantage concernant le titre dʼUštauuaitī, puisque les mythes où intervenaient lʼhéroïne et la rivière du nom dʼUštauuaitī sont perdus et inconnus55. En plus de celle-ci, une seule autre unité reçoit un titre forgé au moyen du suffixe +uant- : la Xvaētumaitī Hāiti (Y 32). Ajoutons-y lʼAhunauuaitī56 Gāθā (Y 28-34). Commentaire Y 43.0 zōt u rāspī .·. nǝmō və gāθā ašāunīš .·. 52

La même constatation ne peut pourtant pas être faite concernant la Xvaētumaitī

Hāiti. 53 Cette importance qui est aussi celle de la première strophe est encore soulignée par le statut de bišāmrūta vac de cette dernière. 54 Pour un autre exemple de cette rareté, il faut consulter les Brāhmana où nous ne trouverons guère quʼ apsumánt- « avec (le mot) «dans lʼeau» » : DEBRUNNER, 1954, p. 874 et 878-9. 55 Il y aurait tout au plus lʼhypothèse que lʼhéroïne passât pour une fille de Vīštāspa et fût née le jour épagomène que lʼallégorie de la deuxième Cantate patronne. 56 L’adj. ahunauuaitī- ne signifie pas « avec (le mot) ahuna- » ; il s’agit d’une forme tout à fait exceptionnelle qui, par son sens, est tout aussi exceptionnelle : « faisant suite à la strophe Y 27.13, laquelle contient le mot ahū ».

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Les deux officiants : Hommage à vous [namah vah], Cantates du (bon) Agencement [gāθāh rtaunīš]. Comme lʼUštauuaitī Hāiti est la première unité de la deuxième Cantate, il convient non seulement dʼen réciter deux fois la première strophe, mais aussi de la faire précéder du Nǝmō Gāθanąm57 « l’hommage rendu aux Cantates ». Les Cantates y reçoivent lʼépithète dʼ ašāunī- pour accompagner le bon Agencement puisque leur récitation constitue lʼun des ingrédients principaux de la cérémonie sacrificielle et que cette dernière est, en définitive, ce que le mot aša- désigne. Les deux officiants fixent probablement ici la répartition de leurs rôles respectifs de déclamateur et de chanteur ou la façon dont les strophes sont ventilées entre eux deux. La tétrade apéritive (Y 43.1-4) Y 43.1 uštā aāi (4) yaāi uštā kaāicīt (7) + vasə xšaiiąs+ (4) mazdā dāiiāt ahurō (7) utaiiūitī.- (4) təuuīšīm +gat.tōi+ vasəmī (7) ašəm dərəidiiāi (4) tat mōi dā +ārǝmaitī (7) rāiiō ašīš (4) vaŋhəuš gaēm manaŋhō (7) º du bār º .·. À volonté sera pour celui-là [uštā ahmāi], quel qu’il soit, de qui [yahmāi... kahmāi cit] le Roi qui apporte la sagesse, lʼEnvoûtement l’en ayant rendu capable [xšayants mazdāh... ahurah], exaucera le souhait [uštā... vasah... dāyāt] (que voici :) « Je souhaite retrouver la jeunesse et la bonne forme [utayūtī-tavišī gātai vasmi] en vue de maintenir l’Agencement [rtam drdyāi]. Dès lors, tiens compte de (ma) Déférence et de la Dédicace de (ma) richesse [tat... aram-matī rāyah ārtīš] à l’heure de m’octroyer la vie du Penser bon [mai dāh... vahauš gayam manahah] ! » La première strophe de lʼunité, pour être aussi celle de toute la Cantate, est dite deux fois. Dans le Vīdaēuu-dāt, les strophes qui sont répétées de la sorte au début des cinq Cantates reçoivent le nom de bišāmrūtavac-58. Comme ce sont les deux officiants qui en sont chargés et que, 57 58

PIRART, 2017a, p. 159-60. V 10 : PIRART, 2007a, p. 57-9.

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selon la théorie exposée dans les propres Gāθā, ceux-ci se répartissent les rôles de déclamateur et de chanteur, la question se pose de savoir si, dans le cas des bišāmrūta vac, le déclamateur et le chanteur se marchent sur les pieds ou sʼils se succèdent sur la scène. Et, dans cette seconde alternative, il se pose aussi la question de savoir si la strophe, en fin de compte, est ici prononcée quatre fois, si elle est, de façon simultanée ou non, récitée deux fois par le déclamateur et entonnée deux fois par le chanteur. Les rôles de déclamateur et de chanteur sont tenus respectivement par le zōt et le rāspī, le « libateur » et le « polyvalent/ factotum »59. La strophe nʼa jamais été traduite sainement, tous les traducteurs ayant ou bien cherché lʼinspiration dans les traductions médiévales, ou bien produit une traduction en fermant les yeux sur toute une série dʼanomalies grammaticales. 1ab. uštā aāi yaāi uštā kaāicīt ahurō

V +

vasə xšaiiąs+60 mazdā dāiiāt 61

« À volonté sera pour celui-là, quel qu’il soit, que comblera le Roi qui apporte la sagesse, lʼEnvoûtement l’en ayant rendu capable ». Le caractère artificiel ou secondaire de l’attribution des deux premiers vers à l’âme-moi du pieux défunt saute aux yeux surtout à la lecture de la paraphrase avec laquelle la Rivāyat pehlevie qui accompagne le Dādestān ī Dēnīg sauve la situation en montrant comment il faut adapter ou comprendre leur texte62. Le caractère indéfini du bénéficiaire du bienfait divin ne peut qu’étonner si les deux premiers vers de l’unité sont à placer dans la bouche du jeune homme sous les traits duquel l’âme-moi du

59 Il est lʼofficiant qui « mélange » ou assume plusieurs rôles : pāzand rāspī < lʼspyk < *lʼyspyy < *raēθβaiia-. Ce rôle ne doit pas être confondu avec celui du raēθβiškara, le préparateur du haōma. 60 Voir le lexique. 61 Lʼopt. aor. marque le verbe de la relative de façon à exprimer que le procès est inhérent à la nature de lʼantécédent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 91. Place licite ou nomale du verbe. 62 RPDD 23.2 nēk-im būd ka-m kār ud kirbag kard ajXhv ohrmazd xvēš hem u-m pad kāmag ī xvēš nēkīh padiš ˟kuned (OB̠YDVN-B̠YN) « It was good for me if I did good deeds: I belong to Ohrmazd, and according to his wish he therefore treats me with goodness » (trad. WILLIAMS, 1990, vol. II p. 47). Le zand du Y 43.1ab est : nēk ōy kē ān ī ōy nēkīh kadār-iz-ēv {...} .·. u-š pad kāmag pādixšaiiīh dahed ohrmazd {...} ; Niriosaṅgha : sundarah sa yasya śubhaṁ kebhyaś cit | ... | asya svecchayā rājyam mahājñānī dadāti svāmī.

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CHAPITRE III

pieux défunt reste au chevet de sa propre dépouille mortelle. Sans doute aāi a-t-il été compris comme un pronom de la première personne63. Le chapitre Uštauuaitī du Stut-gar Nask64, celui du Varǝšt-mąθr Nask65 et celui du Baγ Nask66 ne mettent pas les vers Y 43.1ab dans la bouche de l’âme-moi du pieux défunt les trois premières nuits qui suivent le trépas. Nombre de textes qui traitent du sort de cette âme-moi tels que le fragard 19 du Vīdaēuu-dāt, le Dādestān ī Dēnīg, le Dēnkard, le Nāmag ī Kirdīr ī Movbad, le Dādestān ī Maniiaōi Xrat ou les Vizīdagīhā ī Zādsparam ne font aucune allusion à la récitation des vers Y 43.1ab. Elle n’est évoquée que dans le second fragment du Haδaōxt Nask67, dans le huitième fragard du Vīštāsp Yašt 68, dans lʼArdāy Vīrāz Nāmag69 et dans la Zand-āgāhīh70. Nous pouvons y ajouter la Rivāyat71 qui contient une version déformée, retouchée ou adaptée des vers Y 43.1ab. La tradition zoroastrienne nʼest donc pas unanime concernant ces deux vers. Le paragraphe Y 21.3 du Yasna confirme la limitation aux deux premiers vers de la première strophe de l’unité72. 63

Cʼest en tout cas ce que reflète la Rivāyat, une interprétation dont un écho subsiste aussi dans l’hémistiche Y 30.2c2 où la diascévase glose le pronom aāi par nə. Quant à elles, les traductions médiévales de l’Uštauuaitī Hāiti conservent bel et bien la 3e pers. grammaticale. Cependant, cette compréhension artificielle que le zand du Yasna nʼa pas recueillie a pu contaminer certaines traductions occidentales comme celles dʼHyacinthe ANQUETIL DU PERRON, 1771, ou de Jacques DUCHESNE-GUILLEMIN, 1948. 64 Dk 9.12. 65 Dk 9.35. 66 Dk 9.57. 67 H 2.2.3, 2.4.3, 2.6.3. 68 Vyt 8.1(53).3, 8.2(54).3. 69 AVN 4.5. 70 ZA 30.8. 71 RPDD 23.2. 72 Y 21.3 āat mraōt mazdā V uštā aāi yaāi uštā kaāicīt V vasa1 xšaiiąs mazdā dāiiāt ahurō .·. « Alors Ahura Mazdā dit : «Bonheur à celui, quel quʼil soit, à qui Ahura Mazdā, qui, lui, le peut, donne dʼaccomplir sa volonté !» »2. Notes : 1. Pluriel tiré du thème en ºa-, face au singulier du thème en ºah- du Y 43.1 vasə  ? ||| 2. Trad. KELLENS, 2006-13, vol. III p. 67. ||| Les paragraphes Y 21.3-4, fragment de lʼexégèse (paiti.paršti-) dʼune conversation (hąm.paršti-) concernant les deux premiers vers de la première strophe de lʼUštauuaitī Hāiti (Y 43.1ab), ne constituent pas la suite des paragraphes Y 21.1-2 qui, eux, traitent de la Yeŋhē.hātā. Les paragraphes Y 21.3-4, quoi quʼen dise Jean KELLENS, 2006-13, vol. III p. 65, ont été brutalement placés à la suite des paragraphes Y 21.1-2 et nʼont aucun reflet ni dans le chapitre Yeŋhē.hātā du Baγ Nask (BN 3 = Dk 9.48) ni dans son chapitre Uštauuaitī (BN 12 = Dk 9.57). Avec Y 21.3, Ahura Mazdā sans doute répond-il à la question que son interlocuteur (= Zaraθuštra ?) lui pose de savoir ce que lʼâme-moi du pieux défunt, assise au chevet du cadavre, récite lors des trois premières nuits qui suivent le trépas. Cette réponse qui doit forcément appartenir à une hąm.paršti est reproduite (Y 21.3) avant de faire lʼobjet de la paiti.paršti (Y 21.4). Celle-ci est ellemême présentée comme une hąm.paršti  : Y 21.4 cīm1 aētaiia paiti.vaca [+paiti.]āmraōt2

Y 43

147

Pour le premier mot de lʼUštauuaitī Hāiti, les traducteurs médiévaux restèrent héritiers de la tradition. Selon cette tradition millénaire, le mot uštā « à volonté » décrivait la condition enviable de lʼâme du pieux défunt. Les docteurs brahmaniques parlèrent de sa beauté. Les traducteurs médiévaux des Gāθā firent de même et avancèrent que le mot uštā, la première fois, était employé adjectivement au sens de « beau » et, la seconde fois, devait être compris comme un substantif abstrait, « la beauté ». Le cas datif du pronom personnel aāi « à celui-là, pour celui-là » ne fut pas reconnu, les langues moyen-iraniennes ayant, comme les romanes, perdu les déclinaisons. Devenu nominatif, ce pronom, par sa position, jouait alors le rôle de sujet dans une proposition nominale, avec copule sous-entendue ou non exprimée, tandis que l’adjectif « beau » faisait le prédicat, devenait l’attribut de ce sujet : nēk ōy « Beau est celui-là ». Le pronom relatif indéfini yaāi... kaāicīt « à qui, quel quʼil soit », sans doute en raison de la tmèse, cʼest-à-dire pour avoir été divisé en deux parties par la présence du second uštā, ne fut pas non plus reconnu correctement. Le traducteur médiéval, dans les deux parties du pronom indéfini en question, en vint à identifier plutôt deux personnages distincts. De surcroît, il comprit le datif yaāi « à qui, pour qui » comme si ce fût un ablatif : kē az ī ōy « de qui, à partir de qui » tandis que kaāicīt « pour qui que ce soit, pour tout un chacun » fut traité comme si ce fût un génitif complément déterminatif du second uštā : nēkīh ī kadār-iz-ēv « la beauté de tout un chacun ». Le traducteur sanscrit nʼa pas suivi tout à fait son modèle moyen-perse : « Beau est celui de qui la beauté est pour tout un chacun ». Sans doute pour se fourvoyer dans lʼinterprétation du syntagme nēkīh ī kadār-iz-ēv du fait .·. uštatātǝm +paiti.āmraōt2 V uštatāitiiaca3 vīspǝm ašauuanǝm V hǝntǝmca bauuantǝmca būšiiantǝmca .·. vahištǝm vahištō +paiti.āmraōt .·. vahištō mazdā +paiti.āmraōt V vahištǝm ašauuanǝm vahištāi ašaōne .·. « Quelle (est la substance) de la réponse quʼil (lui) donne avec pareille parole (gâthique) ? Il a répondu avec la formule contenant (le mot) uštā et, ce faisant, que tout soutien de lʼAgencement aurait un passé, un présent et un futur. Le meilleur a répondu le meilleur (texte). Ahura Mazdā, qui est le meilleur, a répondu que le meilleur soutien de lʼAgencement appartenait au meilleur soutien de lʼAgencement »4. Notes : 1. La leçon caēm me paraît meilleure, mais ne figure que dans Mf1. ||| 2. GELDNER, 1886-96, vol. I p. 82, donne paitiiāmraot. ||| 3. Sur +tāitiiaº, voir PIRART, 2012a, p. 112 n. 16. La particule ºca a permis de sous-entendre le verbe. ||| 4. Je modifie ainsi la traduction KELLENS, 2006-13, vol. III p. 67. Ce statut de réponse donnée par Ahura Mazdā à la question de savoir ce que lʼâme du défunt récite est signalé pour le Y 43.1ab dans la marge de certains manuscrits : pshv| gvbšnyh Y ʼvhrmzd. Il faut encore remarquer que lʼindication de la question à laquelle cette réponse est donnée manque tant en marge des manuscrits du Y 43 que dans le Y 21, comme si elle avait été perdue depuis belle lurette ou nʼavait jamais existé.

148

CHAPITRE III

que la séquence ºīh ī comportant une eżāfe ī qui disparaît facilement ne pouvait plus être identifiée correctement : Y 43.1a uštā aāi (4) yaāi uštā kaāicīt (7) nyvk OLE MNV ZK OLE nyvkyh Y ktʼlcHD AYḴ ktʼlcHD ANŠVTA MN nyvkyh OLE nyvkyh º AYT| MNV ʼytvn| YMLLVNyt ʼy nyvkyhš MN ZNE V MN dyn| Y KRA AYŠ-1 nyvkyh ºoº (nēk ōy kē az ī ōy nēkīh ī kadār-iz-ēv {kū kadār-iz-ēv mardōm az nēkīh ī ōy nēkīh} {ast kē ēdōn gōved ay nēkīh-iš az ēn dēn ud az dēn harv-kas-ēv nēkīh} ºoº) sundarah sa[h] yasya śubhaṁ kebhyaś cit | kila kebhyaś cin manusyebhyah śubhād yasya śubham | asti kaś cid evam brūte yac chubhaṁ dīnitah | dīnitah sarvasya cic chubham « Beau est celui de qui dépend/ provient la beauté de tout un chacun. En ce sens quʼà tous les hommes la beauté vient de la beauté de celui-là. Il y a (un passage avestique) où il est dit que sa beauté vient de cette doctrine (mazdéenne) et que la doctrine (mazdéenne) est à lʼorigine de la beauté de tous ».

Le premier vers, aux yeux des traducteurs médiévaux73, formait une phrase complète pour la compréhension de laquelle il nʼy avait aucune nécessité de continuer la lecture et de passer alors à lʼexamen du deuxième hendécasyllabe. Le deuxième vers offre pourtant un verbe « donner/ placer » avec lequel il eût été bien aisé de justifier pleinement la présence du datif : yaāi... kaāicīt... mazdā dāiiāt ahurō « à qui, à destination de qui, quel quʼil soit, Ahura Mazdā puisse donner/ placer (quelque chose) » : Y 43.1b vasə xšaiiąs (4) mazdā dāiiāt ahurō (7) APš PVN kʼmk ŠLYTAyh YHBVNyt ʼvhrmẕd PVN ʼpʼdst Y OLE ºoº (u-š pad kāmag pāitixšaiiīh dahed ohrmazd {pad abāyist ī ōy} ºoº) asya svecchayā rājyaṁ mahājñānī dadāti svāmī | samīhitenāsya « Et, à son gré {pour autant quʼil le veuille}, Ahura Mazdā lui offre le gouvernement ».

Il est malaisé de tirer profit du parallélisme que le premier vers trace avec un vers de lʼunité suivante en raison des incertitudes syntaxiques devant rattacher ce dernier vers au reste de sa strophe. En effet, lʼemploi du pronom aāi, dʼune part, est incompatible avec celui de la forme enclitique correspondante hōi figurant dans le vers précédent et, dʼautre part, lʼobjet du verbe vašī reste inexprimé : Y 44.16de at hōi vohū (4) sǝraōšō jantū manaŋhā (7) mazdā aāi (4) yaāi vašī kaāicīt (7) .·. « Et que son Sraōša aille avec le Penser bon à celui que, Mazdā, tu veux (secourir), quel quʼil soit ! »

73

DARMESTETER, 1892-3, vol. I p. 279, leur emboite le pas.

Y 43

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Humbach et Faiss74 considèrent que la première phrase ne sʼachève quʼau terme du troisième vers. Dans cette idée, ils font dʼ uštā lʼaccusatif neutre pluriel de lʼadjectif verbal en -ta- de √ vas « vouloir, désirer » et lui assignent apparemment un sens cataphorique, lui apposant alors tǝuuīšīm et tenant utaiiūitī pour un instrumental sociatif complétant ce dernier  : « I wish bodily strength along with youthfulness to come | as desired to whomsoever the Wise Lord | ruling at will would accord (the things) desired ». Pareille solution extrêmement contournée ne peut me convaincre dʼautant que le statut de locatif quʼuštā doit avoir au moins la première fois nous est garanti par le parallélisme que les phrases en uštā + datif tracent avec celles en auuōi/ auue/ ˟auuōiiā + datif, notamment dans le vers Y 51.8b : hiiat ˟auuōiiā75 drǝguuāitē V uštā yə ašǝm dādrē « que lʼ(impie) égaré connaîtra la détresse tandis que ce sera à volonté (pour celui) qui maintient le (bon) Agencement ».

Ce parallélisme régit bien sûr aussi tous les passages qui, comme ceux du second fragment du Haδaōxt Nask, font état du sort de lʼâme du pieux défunt ou de celui quʼendure lʼâme égarée : H 2.16.4 76kaθa tē darǝγǝm ušta77 abauuat « Comment se fait-il que le long «À volonté !» te soit advenu ? » ; H 2.34.4 78kaθa tē darǝγǝm āuuōiia aŋhat « Comment se fait-il que le long «Hélas !»79 soit pour toi ? »

Lʼinterprétation proposée par Humbach et Faiss80 ou leurs émules est à qualifier de forcenée dès lors que nous avions averti du sens réfléchi intrinsèque du verbe vasǝmī qui interdisait de placer aāi dans sa rection81. La principale nominale de Y 43.1a1 n’est pas exhortative82 : nous ne devons pas y sous-entendre l’impératif astū. Il s’agit de l’énoncé pur et simple d’une vérité générale, voire de sa citation, pour l’expression de HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114. Les manuscrits donnent akōiiā. 76 = Vyt 8.10(62).4, cf. AVN 10.3.3, DD 30.8, RPDD 23.14.4. 77 Notons ici que le statut locatif d’ušta est pleinement confirmé grâce à la présence de la postposition *ā comme dans le cas de āuuōiia : cette postposition a été soudée secondairement au verbe ºbauuat. 78 ≈ MX 2.186, RPDD 23.33.2. 79 Voir le lexique s. v. auuaetat-. 80 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114. 81 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 158. 82 KELLENS, 1994, p. 56, admet une exclamative sans exhortation : « Cʼest bonheur pour celui à qui le Maître Attentif accorde lʼemprise et fait réussir le souhait ! » 74 75

150

CHAPITRE III

laquelle l’ellipse d’une copule indicative est de règle. Lʼoptatif du verbe subordonné dāiiāt pourra dʼailleurs être interprété comme évocatif. La phrase, à la rigueur, est articulée avec le reste de la strophe pour autant que nous fassions preuve d’imagination83 : ce serait sur base de cette vérité générale que le locuteur de la suite formulerait ses prières, mais, si nous nous y refusons, il y a bel et bien incompatibilité logique des deux premiers vers avec les trois suivants puisque ni l’individu anonyme indéfini ni le grand dieu ne conservent la même personne grammaticale de part et d’autre : Vers

ab

cde

Individu anonyme 3e aāi yaāi ... kaāicīt 1ère vasәmī ; mōi Ahura Mazdā 3e xšaiiąs mazdā dāiiāt ahurō 2e dā

La compatibilité dʼune troisième personne indéfinie avec la première ou le voisinage qui les mettrait en concurrence, cela pourrait éventuellement être défendu sur la base dʼun passage de lʼĀrd Yašt si la perte de lʼoctosyllabisme nʼy diminuait la relevance du premier vers : Yt 17.7.2 ušta bā yim hacahi (7) uta mąm upaŋhacahi (8) ˟pōuru.sarәiδe amauuaiti (8) .·. « À volonté pour celui que tu accompagnes ! Et te voilà m’aider avec la force offensive, toi qui disposes de toutes sortes (de richesses) »84.

Cependant, cette compatibilité, me semble-t-il, nʼest même pas à envisager ici puisque les deux parties de la strophe appartiennent à des discours distincts, le grand dieu figurant à la troisième personne grammaticale dans la première phrase, mais à la deuxième dans la seconde. Il est donc parfaitement envisageable que le second fragment du Haδaōxt Nask eût, à tort et secondairement, placé les deux premiers vers de la strophe Y 43.1 dans la bouche de ce jeune homme représentant l’âme du pieux défunt qui, les trois premières nuits suivant le décès, reste au chevet de sa propre dépouille mortelle. De toute façon, il est étonnant que le paragraphe Y 71.16 place tous les cinq vers, voire toute

83 KELLENS, 1994, p. 56, propose une interprétation qui vaut ce quʼelle vaut : « Mon souhait à moi est dʼaccéder à la jouvence et à la robustesse, de soutenir lʼAgencement (et je le formule comme suit) : fais-moi ce (cadeau), ma Docilité, à savoir que la manifestation-vivante de ma bonne Pensée suscite des mises en route vers la richesse ». 84 Voir PIRART, 2006b, p. 117 et 168-9.

Y 43

151

la Gāθā (Y 43-46), dans la bouche du jeune homme85 en question. Comme sʼil y avait eu persévération dans l’erreur. Il convient de remarquer l’absence d’emploi de la particule at aussi bien avec les deux premiers vers qu’avec les trois derniers : « À volonté sera pour celui-là, quel qu’il soit, que comblera le Roi qui apporte la sagesse, lʼEnvoûtement lʼen ayant rendu capable. Je souhaite retrouver la jeunesse et la bonne forme en vue de maintenir le (bon) Agencement. Dès lors, tiens compte de (ma) Déférence et de la Dédicace de (ma) richesse à l’heure de m’octroyer la vie du Penser bon ! » Cette absence est attendue avec une phrase isolée ou initiale, mais, dans le cas des trois derniers vers, je ne vois guère d’autre façon de justifier son absence qu’en tirant argument du statut de phrase isolée que nous pourrions accorder ou reconnaître aussi à la prière qu’ils constituent ou en admettant de placer les deux premiers vers entre guillemets en tant que citation. À penser que le grand dieu, comme lʼexposent les deux premiers vers, est dʼune générosité sans limites à lʼégard de ses pieux adorateurs, le poète, avec les trois derniers vers, se tournerait vers lui et lui adresserait sa prière, mais, nous le verrons, une meilleure solution existe. Il faut, de toute façon, refuser de faire abusivement preuve dʼimagination, sʼabstenir devant cette bizarrerie. La construction uštā... vasə... dāiiāt est dʼun type idiomatique que nous retrouverons au vers 2b (xvāθrōiiā... xvāθrǝm daidītā « puisse-t-il accumuler le bien-être ! »), illustré en védique par la strophe RS 8.74.9 (śrávasi śrávah | dádhīta)86. Le parallélisme que uštā présente avec xvāθrōiiā, révélateur, conforte lʼidée que ce locatif traduit la condition de vie bienheureuse de lʼâme du pieux défunt. Il est pourtant incertain que la deuxième strophe constituât la suite de la première.

85 yaθa vaši (< ˟vasō) ašāum V iδa (< ˟aθa) aŋhō ašauua V frapāraiiāŋhe uruuānəm V tarō cinuuatō pərətūm V vahištahe aŋhəuš ašauua jasō V uštauuaitīm gāθąm srāuuaiiō V uštatātəm nimraōmnō .·. uštā aāi yaāi uštā kaāicīt V vasə xšaiiąs mazdā dāiiāt ahurō V utaiiūitī.təuuīšī[m] gat.tōi vasəmī V ašəm dərəidiiāi tat mōi dā +ārǝmaitī V rāiiō ašīš vaŋhəuš gaēm manaŋhō .·. « Comme tu le veux, ašauuan, tu seras ašauuan et feras passer ton uruuan à travers le passage du trieur pour arriver à l’excellente existence tout en récitant l’ Uštauuaitī Gāθā et en mettant l’accent sur1 la strophe contenant le mot uštā2 : Y 43.1 »3. Notes : 1. La traduction « en mettant lʼaccent sur » de nimraōmnō est conjecturale. ||| 2. uštatāt- « qualité dʼêtre uštauuant ou de contenir le mot uštā » est lʼabstrait en +tāt- tiré de uštauuant- : il y a eu ablation dʼun premier suffixe secondaire devant un nouveau suffixe secondaire comme dans gaōtǝma- (= véd. gótama-) superlatif de gaōmant- (= véd. gómant-). ||| 3. Voir PIRART, 2012a, p. 62. 86 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 159.

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CHAPITRE III

Parmi les « descendants » du distique Y 43.1ab, les noms que le Fravardīn Yašt donne aux Friiāna sont trop souvent oubliés : Yt 13.120 ašəm.yeŋhe.raōcā nąma ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. ašəm. yeŋhe.varəza nąma ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. ašəm.yaāi.ušta nąma ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. yōištahe friiānanąm ašaōnō frauuašīm yazamaide usmānaraheca paēšataŋhō paitištātəe nāfiiō.karštahe tbaēšaŋhō .·. « Nous offrons le sacrifice à la Préférence du pieux (adorateur) dénommé Chez qui l’Agencement est célébré durant les jours. Nous offrons le sacrifice à la Préférence du pieux (adorateur) dénommé Chez qui l’Agencement est célébré avec plaisir. Nous offrons le sacrifice à la Préférence du pieux (adorateur) dénommé Pour qui l’Agencement est (source de richesse) à volonté. Nous offrons le sacrifice aux Préférences respectives des pieux (adorateurs) que sont (Quatrième,) le plus jeune des fils de Propice, et Uº, le fils de Pº, en vue dʼarrêter la nuisance que la famille génère ».

Le nom du troisième Friiāna, ašəm.yaāi.ušta, sʼexplique clairement à partir de lʼAšǝm Vohū et du distique initial de lʼUštauuaitī Hāiti. En revanche, lʼexplication de ceux des deux premiers, ašəm.yeŋhe.raōcā et ašəm.yeŋhe.varəza, nʼest pas aussi facile, mais leurs ingrédients, faut-il signaler, se retrouvent dans le dernier vers de la strophe initiale de lʼAt. tā.vaxšiiā Hāiti. Il est donc possible que, remarquable, la place de ce vers soit artificielle : Y 30.1 at tā vaxšiiā išəṇtō (7) yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē (9) staōtācā {vaiiā} ˟ahurā (7) yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō (9) humązdrā ašā.yecā (7) yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā (9) .·. « Vous les Rois qui cherchez à venir [īšantah... ahurā], je vais alors dire ―le sage seul en a la compréhension― les hymnes (à chanter) et ceux à réciter [at tā vaxšyā... yā mazdaθā yat cit vidušai stautā ca {vahmiʼā}... yasniʼā ca], les (hymnes) que le Penser bon régit [vahauš manahah], à vous qui êtes bien intelligents et au (bon) Agencement [humanzdrā rtāya ca], lui qui, beau avec les jours, me sert à (vous) réjouir [yā raucah-biš darsatā vrāzā] ».

Dans Le sort des Gâthâs, jʼavais déjà souligné que les strophes clés de lʼonomastique dʼorigine gâthique occupaient des positions stratégiques ou remarquables87. Le sens de la strophe Y 30.1 qui fut la source dʼinspiration du créateur des noms des deux premiers Friiāna peut avoir été détourné. Un passage du Yasna récent permet de savoir comment, dans lʼesprit de ce créateur, il convient de la comprendre : Y 16.7 xuvanuuaitīš ašahe vǝrǝzō yazamaide (9+4) yāhu iristanąm uruuąnō + š[ā]iieinti (8+2) ˟yāhu ašāunąm frauuašaiiō (9) .·. vahištǝm ahūm ašaōnąm

87

PIRART, 2013a, p. 149-50.

Y 43

153

yazamaide (8+4) raōcaŋhǝm vīspō.xuvāθrǝm (8) .·. « Nous offrons le sacrifice aux plaisirs ensoleillés de lʼAgencement où habitent les âmes et les Préférences des pieux défunts. Nous offrons le sacrifice à lʼexcellente existence purement diurne et heureuse de chacun des pieux (adorateurs) »88.

Le nom de « plaisirs ensoleillés dʼAša » fut donné à lʼ« excellente existence »89, le paradis où les âmes des pieux défunts doivent connaître des conditions de vie « à volonté », le paradis où il ne fait jamais nuit et où la lumière du jour règne en permanence. À lʼimage des pratiques sacrificielles de la bonne obédience qui ne peuvent avoir lieu que de jour. À lʼépoque des Cantates, les grands mythes avestiques devaient forcément diverger, au moins dans le détail, de ceux que nous connaissons par lʼAvesta récent et les livres pehlevis : les deux premiers vers de lʼUštauuaitī Hāiti ne constituaient pas encore les mots que lʼâme-moi du pieux défunt prononce durant les premières nuits qui suivent le trépas ; les trois frères aînés de Tūra Friiāna ne portaient pas les noms que le Fravardīn Yašt allait leur retenir par la suite. Néanmoins, les différentes occurrences vieil-avestiques dʼuštā le démontrent, avec ce mot, il est bel et bien fait allusion au sort enviable de lʼâme du pieux défunt. Tous les autres traducteurs ont considéré que vasə était un adverbe ou lui ont donné cette valeur en proposant sa composition avec xšaiiąs  : Charles de Harlez90 : « qui gouverne à son gré » ; James Darmesteter91 : « le tout-puissant » ; Christian Bartholomae92 : « der nach Wunsch schaltende Mazdāh Ahura » ; Jacques Duchesne-Guillemin93 : « régnant à son vouloir » ; Stanley Insler94 : « who rules at will » ; Helmut Humbach et Klaus Faiss95 : « ruling at will » ; Pierre Lecoq96 : « qui règne selon son gré ». À tort, puisque cet adverbe nʼexiste pas : avec ce sens, en védique, nous trouverons lʼavyayībhāva yathāvaśám ou le syntagme ˙ ánu, non jamais lʼemploi du seul accusatif de váśa(s)-. En outre, váśām il est impossible de faire entrer vasə dans le composé afin de lui donner

88 89 90 91 92 93 94 95 96

Texte et trad. dʼaprès PIRART, 2012a, p. 50. PIRART, 2012a, p. 36 n. 43 et p. 50. DE HARLEZ, 1881. DARMESTETER, 1892-3. BARTHOLOMAE, 1879. DUCHESNE-GUILLEMIN, 2016. INSLER, 1975. HUMBACH et FAISS, 2010. LECOQ, 2016.

154

CHAPITRE III

le sens de ce syntagme : la composition est interdite avec un second terme si celui-ci est un participe présent. Jean Kellens et moi-même, nous avons donc été les seuls à proposer quelque chose de vraiment différent et de grammaticalement recevable, forcément puisque, sur base de données védiques, nous avions estimé que vasə devait être lʼun des ingrédients du syntagme idiomatique devant signifier « exaucer les souhaits, combler ». Nous avions effectivement séparé vasə de xšaiiąs97 et simplement donné à ce participe présent le sens d’un auxiliaire de mode : « qui le peut », mais, depuis lors, l’exégèse a pu progresser, trouver comment il convenait de comprendre cette capacité du grand dieu et découvrir lʼidée qui se cachait derrière lʼemploi de ce participe. Avec xšaiiąs, il est fait allusion aux moyens dont la divinité est dotée, les moyens dont elle dispose à lʼinstant de rencontrer les prières de ses adorateurs, les moyens que ceux-ci précisément lui fournissent en lui rendant un culte, en lui offrant le sacrifice et en lui adressant lʼéloge, car la cérémonie religieuse se définit comme une plateforme dʼéchanges entre les dieux et les hommes, comme un processus régi par le principe de do ut des. Pareille interprétation semble bien avoir été celle quʼen avait donnée, au moins partiellement, lʼauteur du Haōm Staōt : Y 9.25.1 ušta tē yō xvā aōjaŋha (8) vasō.xšaθrō ahi haōma (8) .·. « À volonté pour toi, ô Haōma, qui, par ta propre autorité, bénéficies à ton gré des effets de lʼEnvoûtement (des dieux) »98.

Néanmoins, il convient de souligner que cet auteur, contre la grammaire, nʼa pas hésité à faire de vasə un premier terme de composé avec xšaiiąs. En réalité, il a corrigé le vieil avestique et remplacé xšaiiąs par xšaθrō obtenant ainsi un composé parfaitement licite, vasō.xšaθrō. Certes, cet auteur ne mérite pas toute notre confiance, le vieil avestique faisant visiblement déjà difficulté à lʼépoque de lʼavestique récent, mais il faudrait lʼapplaudir pour son ingéniosité si le vers 8d nʼoffrait déjà la solution dʼun vibhaktibahuvrīhi vasasǝ.xšaθra-.

97 98

KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 158. Voir PIRART, 2004, p. 82-3.

Y 43

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1cd1. utaiiūitī.təuuīšī[m]99 +gat.tōi100 vasəmī101 V ašəm dərəidiiāi « Je souhaite retrouver la jeunesse et la bonne forme en vue de maintenir le (bon) Agencement ». La strophe est ouverte avec les deux vers que le second fragment du Haδaōxt Nask a rendus fameux et se poursuit avec une prière que nous pourrions placer dans la bouche du personnage indéfini du premier vers, mais sans aucune garantie102. Le personnage en question s’exprime logiquement à la première personne du singulier, souhaite retrouver la jeunesse et arborer aussi le statut d’ašauuan (ašəm dərəidiiāi), indispensable à l’heure d’affronter le verdict de Rašnu. Le zand et Darmesteter103 ordonnent le syntagme ašǝm dǝrǝidiiāi avec la dernière phrase. La difficulté réside dʼabord dans notre ignorance de la morphologie exacte du suffixe -diiāi : sʼil sʼagit dʼun datif de but, il est tout à fait attendu quʼaucune coordination ne le relie à gat.tōi104 puisque ce dernier est un accusatif, mais ceci, pour en faire un complément de but et donc un syntagme libre, ne garantit rien ni nʼinterdit de lʼordonner avec la dernière phrase. Jʼopte pour me démarquer du zand et ordonne ce syntagme avec le troisième vers. Ailleurs, de toute façon, lʼinfinitif de but se situe aussi dans le premier hémistiche du vers suivant105. Le syntagme ašǝm √ dar, attesté aussi dans le vers Y 31.7b huuō xraθβā dąmiš ašǝm V yā dāraiiat vahištǝm manō, dans Y 46.3b aŋhəuš darǝθrāi V frō ašahiiā [fr]ārǝntē et dans l’hémistiche Y 51.8b2 uštā yə ašǝm dādrē, est 99 Dvandva duel. Cʼest avec effroi que je constate que, malgré lʼindication de DARMESTETER, 1892-3, vol. I p. 279 n. 3, qui parlait de dvandva imparfait et malgré la proposition que Jean KELLENS et moi-même, 1988-91, vol. III p. 158-9, avions formulée de tenir compte des autres attestations de ce dvandva, HUMBACH et FAISS, 2010, ou LECOQ, 2016, restent fidèles au zand et font de utaiiūitī un instrumental sociatif de lʼobjet du verbe, que ce dernier soit vasǝmī ou dāiiāt : « bodily strength along with youthfulness » ; « La force avec la fraîcheur juvénile ». Certes la leçon tǝuuīšī est trop inférieure pour être retenue, mais une intervention diascévastique visant à identifier le dvandva comme un accusatif nʼest aucunement à écarter. 100 Acc. de lʼinfinitif de √ gā : voir le lexique. La construction faisant du dvandva le sujet de cet infinitif régime de vasǝmī est inouïe. Le dvandva doit forcément être analysé comme un accusatif de direction dans le tour idiomatique bien connu « aller vers une qualité » signifiant « devenir tel ». 101 Cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Place licite ou normale du verbe : voir aussi les vers Y 43.10a (dāiš) et Y 31.3a. 102 Selon lʼindication pehlevie donnée à la verticale dans la marge de certains manuscrits, les trois derniers vers de la strophe forment un yʼn| Y zltvšt|, une « prière de Zaraθuštra ». Nous ne pouvons accepter cette affirmation qui ferait de Zaraθuštra n’importe qui. 103 DARMESTETER, 1892-3, vol. I p. 279 n. 4. 104 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 158, ont affirmé gratuitement ou a silentio quʼil nʼy a pas dʼexemple indo-iranien dʼinfinitifs coordonnés. 105 11e1, 12c1, 13c1, 14d1.

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porteur dʼune idée fondamentale de la pensée religieuse proto-indo-iranienne106 à laquelle le sanscrit dharma- a donné une grande visibilité. La raison de chercher à retrouver la jeunesse et lʼentrain, exprimée avec lʼinfinitive ašǝm dǝrǝidiiāi, ne va pas de soi : il faut probablement y détecter un chantage selon lequel le poète menacerait le grand dieu de ne plus maintenir lʼagencement, autrement dit, de ne plus lui rendre de culte si lʼimmortalité ne lui était pas accordée. La future immortalité des adorateurs assurerait donc celle des dieux. 1d2e. tat mōi dā 107 +ārǝmaitī 108 V rāiiō ašīš V vaŋhəuš gaēm manaŋhō .·. « Dès lors, tiens compte de (ma) Déférence et de la Dédicace de (ma) richesse à l’heure de m’octroyer la vie du Penser bon ! » Comme tat neutre singulier dont le caractère cataphorique, de toute façon, est à rejeter, contre Lecoq, ne peut être accordé avec ašīš ... gaēm, la solution dʼen faire un mot outil de phrase, une particule au sens de « dès lors » sʼimpose tout en nous offrant la possibilité d’ordonner cette troisième indépendante dans la foulée de la précédente, mais Humbach et Faiss109 y voient plutôt un anaphorique reprenant la substance de la phrase vasǝmī ašǝm dǝrǝidiiāi : « I wish to take possession of truth, grant it to me, O Right-mindedness ». Ahura Mazdā est nommé partout à la deuxième personne grammaticale sauf dans la première strophe, à moins qu’il faille corriger ārmaitē en +ārmaitī et admettre que la deuxième personne grammaticale du verbe dā, comme jʼen ai actuellement la conviction, se justifie en faisant du grand dieu son sujet. Dans cette dernière alternative, la troisième personne grammaticale du second hémistiche du deuxième vers de la première strophe, mazdā dāiiāt ahurō, reste pourtant inamovible. Lʼarticulation des trois derniers vers avec les deux premiers telle que Jean Kellens et moi lʼavions proposée110 ne peut donc être retenue. La strophe

106 Une idée sur laquelle la strophe védique RS 5.15.2, signalée SCHLERATH, 1968, p. 155, paraît insister lourdement. Voir le commentaire du vers Y 31.7b. 107 HOFFMANN, 1967, p. 256 et 261-2, a montré que la deuxième personne du singulier de lʼinj. aor. véd. pouvait avoir une valeur hortative. Cʼest le cas aussi en vieil av., comme le démontre lʼentrelac des formes injonctives et impératives de dā dans les strophes Y 28.6-7 : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 67. Place emphatique du verbe comme aux vers 2d et 4c, typique de la forme dā. 108 Cf. Y 28.7b1. 109 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114. 110 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 155.

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paraît bien être composée de trois phrases indépendantes, 1ab, 1cd1 et 1d2e. Le zand111, confirmé par la traduction que Niriosaṅgha en donne112, a beau en faire un nominatif sujet du verbe dā, il ne me semble guère usuel que la déesse soit interpellée au vocatif. Je préfère donc corriger ārmaitē en +ārmaitī instrumental et considérer que le sujet de dā nʼest autre que le vocatif sous-entendu dʼune désignation du grand dieu. J’opte pour la correction du vocatif ārmaitē en instrumental, considérant que le caractère nettement minoritaire de la leçon +ārmaitī du manuscrit J2 n’est aucunement rédhibitoire : au vu de la fréquence avec laquelle les finales ºē et ºī se confondent, nous pouvons affirmer qu’écrire ºē revient à écrire ºī et vice versa ou que les corrections de ºē en ºī ou de ºī en ºē ne sont à opérer que par commodité. Si ašīš, comme instrumental113, est à ordonner avec +ārmaitī, l’absence de coordination est à justifier, mais, faut-il bien voir, le pluriel reste injustifiable si rāiiō est un singulier. La seule façon que j’aie trouvée de satisfaire à de telles exigences est de voir en ašīš un instrumental pluriel elliptique et de considérer +ārmaitī comme l’explicitation partielle de ce dernier : « avec les deux aši (que sont ārmaiti et aši), c.-à-d. avec ārmaiti (notamment) ». La coordination dʼAši et dʼĀrmaiti est attestée avec le vers Y 31.4b : ašicā ārǝmaitī (7) vahištā išasā manaŋhā 114 rence et lʼexcellent Penser, jʼexigerai ».

(9)

« Avec la Dédicace, la Défé-

Pour avoir rangé utaiiūitī tǝuuīšīm avec la première phrase, Lecoq115 limite la deuxième aux mots gat.tōi vasǝmī ašәm dǝrǝidiiāi « je désire aller, | Pour saisir Aša », ce qui me paraît assez malheureux. De surcroît, au lieu dʼy voir un accusatif duel, il fait dʼ utaiiūitī un instrumental singulier et, lui donnant, comme le zand ou Humbach et Faiss116, un sens

111 Dʼaprès K5 : ZK Y ʼhlʼdyh dʼlšn| dhšn| ZKm Y PVN mzd ʼhlʼdyh dʼlšnyh BRA YHBVNd ZK Y ʼv| L YHBVNʼt spndrmt .·.. 112 yat punyagrahanasya dānaṁ tan mahyaṁ dadātu prthivī | kila yah prasādah punyasaṁgrahe dīyate tam mahyaṁ dadātu spindārmadā | « Le don fait à qui sʼen tient à la sainteté, la Terre doit me le donner {= la grâce accordée en cas dʼaccumulation de sainteté, Spindārmadā doit me la donner} ». 113 Le manque de coordination avec gaēm interdit dʼen faire un accusatif (contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 159). 114 Hendiadys pour « avec la Dédicace de lʼexcellent Penser » : il fallait éviter que « lʼexcellent Penser » déterminât ārmaitī au lieu dʼašiº. 115 LECOQ, 2016, p. 767. 116 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114.

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CHAPITRE III

sociatif, lʼordonne avec lʼobjet tǝuuīšīm complément de dāiiāt : « Puisse Mazdā Ahura [...] accorder | La force avec la fraîcheur juvénile ». Humbach et Faiss comme Lecoq, sans sʼexpliquer sur la disparité des nombres, font dʼ ašīš est un acc. pluriel déterminé par le gén. singulier rāiiō  : « (grant me) rewards (consisting) of wealth and a life in good thought » ; « donne-moi cela, ô Ārmaiti : | Les profits de la richesse, la vie de Vohu Manah »117. Ils nʼhésitent pas non plus à admettre une asyndète inusuelle entre ašīš et gaēm. Le syntagme dā ... gaēm explique le nom de gaiiō.dā- que Miθra reçoit dans un passage du Mihr Yašt118 et dans l’héroonyme gaiiaδāsti-119. Par ricochet, ce nom de Miθra nous conforte dans lʼidée que seul le dernier hémistiche de la strophe constitue lʼobjet de dā. Remarquons enfin ceci : par sa place, gaēm empêche que vaŋhəuš ... manaŋhō complète ašīš. Astucieux. La prière de l’orant est que le grand dieu tienne compte de la déférence, de la piété qui aura été la sienne ou des offrandes qu’il lui aura destinées lorsque son heure arrivera. En effet, si le grand dieu lui accorde de vivre de la vie de Vohu Manah, cela signifie qu’il ne jouira plus de l’existence matérielle au-delà de la mort, mais qu’Ahura Mazdā lui accordera de vivre une autre vie, celle de la pensée. C’est aussi la doctrine que le Véda véhicule en établissant l’upanisad dans laquelle les ancêtres sont placés en regard du mánas. Les trois derniers vers de la strophe traitent donc bien du sort de lʼâme au-delà de la mort comme les deux premiers, mais la divergence constatée entre ces deux parties pour la personne grammaticale du grand dieu dénoncerait le caractère hétérogène de la strophe. La seule façon de résoudre cet écueil est de considérer que le second uštā du premier vers annonce lʼensemble ou la teneur des trois derniers vers. Le mot ušti« souhait, expression dʼun souhait » ainsi sera-t-il la désignation dʼun discours articulé autour dʼune forme de la première personne de lʼindicatif présent du verbe √ vas : « À volonté sera pour celui-là, quel quʼil soit, de qui Ahura Mazdā exaucera le souhait (que voici :) «Je souhaite retrouver la jeunesse...» ». Cette solution de placer entre guillemets les trois derniers vers et de les tenir pour le contenu de lʼušti dont il est question dans le second hémistiche du premier vers a aussi lʼavantage dʼexpliquer pourquoi la particule at nʼest pas employée. 117 118 119

LECOQ, 2016, p. 767. Yt 10.65. Yt 13.112,114,140.

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Cependant, comme on verra, ceci nʼaplanit pas les difficultés existant à lʼheure de trouver ce qui relie les trois strophes suivantes à celle-ci. Il a pourtant déjà été noté que lʼidiomatisme qui, dans la première, unit le locatif uštā et lʼaccusatif vasə au verbe √ dā sera relayé, dans la seconde, par celui combinant le locatif xvāθrōiiā et lʼaccusatif xvāθrəm avec ce même √ dā. Cette simple constatation nous engage donc à découvrir le lien menant de la première strophe à la suivante. Y 43.2 zōt .·. atcā aāi (4) vīspanąm vahištəm (7) xuvāθrōiiā (4) nā xuvāθrəm daidītā (7) θβā +cīcīθβā (4) spəništā mańiiū mazdā (7) yā (< *hiiat) dā ašā (4) vaŋhəuš māiiā manaŋhō (7) vīspā aiiārə (4) darəgō.jiiātōiš uruuādaŋhā (7) .·. Car, devant celui-ci (= le Feu) [at ca ahmāi], l’homme, jour après jour, avec la position debout (qu’il observe à l’instant) d’exercer (sur toi l’Envoûtement/ l’emprise rituelle) source de longue vie [nā... visvā ayār darga-jyātaiš vrādahā], puisse-t-il accumuler le meilleur de tous les bien-être [visvānaʼam vahištam hu-āθrai ā... hu-āθram dadīta], (Roi) qui apportes la sagesse, lui qui, avec le Sentiment que tu es très savant [θvā... spaništā manyū mazdā], comprend que, pour appliquer les plans du Penser bon, tu recours à l’Agencement [ciciθvāh... yat dāh rtā vahauš māyāh manahah]. 2ab. atcā aāi vīspanąm vahištəm V xuvāθrōiiā nā xuvāθrəm daidītā 120 « Car, devant celui-ci (= le Feu), puisse l’homme accumuler le meilleur de tous les bien-être ». Signe dʼune nouvelle rupture possible après celle qui séparait 1ab de 1cde, la prière que le poète adresse au grand dieu ne le concerne plus directement : cʼest au profit de quelquʼun dʼautre que sa prière est lancée. Lʼemploi différent des personnes grammaticales empêche de prendre le pron. aāi pour un écho de 1a1. Il est tout aussi inacceptable de lui donner le sens dʼun pronom réfléchi comme nous lʼavions fait.

120 Opt. prés. en indép.-principale exprimant le souhait : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 89. Sur le syntagme xvāθrōiiā... xvāθrǝm √ dā, voir ad 1ab uštā... vasə... √ dā. Place licite ou normale du verbe.

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CHAPITRE III

Humbach et Faiss121 rendent aāi ... nā ... daidītā par « the man would like to obtain for himself », mais il ne peut être donné aussi facilement à daidītā le sens du védique ā DĀ moyen « obtenir, recevoir » ni donné aussi gratuitement à aāi la valeur dʼun pronom réfléchi qui renforcerait pléonastiquement la voix moyenne. Pour éviter ces écueils grammaticaux, Lecoq122 nʼhésite pas à couper la phrase en deux parties, la première, une nominale, sʼachevant au terme de 2b1 : « Et pour lui, la meilleure de toutes les choses | Est dans le bien-être ». Kellens et moi123, certes sans éviter de donner le sens réfléchi à aāi, nous avions pourtant bien signalé lʼexistence de la strophe védique RS 8.74.9 où DHĀ moyen est construit exactement comme ici, tout à la fois avec lʼaccusatif et le locatif dʼun seul et même substantif : « placer pour soi qqch. sur ce même qqch. » > « accumuler qqch. ». Pour justifier lʼemploi de ºcā et celui de la forme tonique du pronom aāi, une conjecture serait que le premier hémistiche du premier vers de cette strophe constituât une protase nominale elliptique « Dès lors, si c’est pour lui,... »124. Une autre possibilité, nettement préférable, est de considérer que aāi est ici le datif masc. sing. du pron. dém. proche plutôt que celui de ta- : « pour/ devant celui-ci ». L’analyse qui en fait le démonstratif proche rend compte de l’usage de cette forme qui, autrement, servirait de datif tonique de ta- : Datif masc. sing. Dém. normal Dém. proche

Position tonique aāi aāi

Position enclitique hōi aāi

Dans cette alternative, aāi représente obligatoirement un personnage distinct de nā. Je propose le Feu. La particule at ouvre dûment les strophes 2, 3 et 4 pour nous inviter à penser que les quatre premières strophes de l’unité conforment un ensemble cohérent, mais, ci-dessus, lʼexamen de lʼemploi des personnes grammaticales avait isolé la

HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114. LECOQ, 2016, p. 767. 123 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 159. 124 Dans Y 49.3a1 atcā aāi, l’emploi du sarvanāman tonique aāi est justifié par son statut adj. : il détermine varәnāi. De même, dans Y 50.3a1 atcīt aāi, où il y a corrélation adjective avec yə nā  : « pour l’homme qui ». Dans Y 49.3a1, le conglomérat particulaire atcā paraît avoir, grosso modo, le sens de « car » et relier ainsi la strophe à la précédente. Dans Y 50.3a1, at marque la reprise du discours interrogatif après les questions de Y 50.1abcd et 2abc suite à l’incise impérative de 2d. 121 122

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première strophe. La troisième strophe est en effet basée comme la deuxième sur un verbe conjugué à l’optatif dont, de surcroît, le sujet est identique, nā « l’homme ». L’identité du personnage qui a la parole dans les trois derniers vers de la strophe initiale ne pouvait être déterminée. Celle du nar dont il est question dans cette deuxième strophe reste tout aussi énigmatique de prime abord, mais nous devons prendre en considération le triangle que ce personnage forme avec le grand dieu et avec lʼinterlocuteur de ce dernier. Le mode optatif du verbe principal daidītā fait de cette strophe une prière. Il en va de même des deux strophes où figurent les parallèles de l’hémistiche 2c2 : le verbe principal y est conjugué à l’impératif (Y 33.12a us mōi [uz]ārәšuuā... dasuuā ; Y 51.7a dāidī mōi), mais ici la prière, au lieu de contenir le datif dʼun pronom de la première personne, est lancée en faveur d’un nar anonyme, distinct du locuteur et en qui, sans trop de risque, nous reconnaîtrons Zaraθuštra125. La différence dans lʼidentité de celui que les dieux vont assister à la demande du poète, le poète lui-même pour les trois derniers vers de la première strophe, Zaraθuštra pour la suite, non vraiment rédhibitoire, est à souligner. Le ton de la prière sera aussi celui de la troisième strophe. Lʼaccord de vahištǝm avec xvāθrǝm ne va pas de soi, lʼidée que le bien-être accumulé fût le meilleur des bien-être pouvant nous inspirer quelque méfiance : pareille idée ne serait-elle pas un peu trop jouette ? Quʼa-t-il été voulu dire au juste ? Je propose alors de détecter, dans le syntagme vīspanąm vahištǝm, une allusion faite aux concurrents dans la course pour lʼau-delà paradisiaque : le bonheur auquel il est aspiré est supérieur à ceux auxquels tous les voisins ou les autres orants pourraient prétendre. Le fondement rituel du bonheur pourrait être visible aussi à lʼétymologie de sa désignation si xvāθra- est bien à expliquer comme le composé du préfixe hu+ et du nom de lʼindispensable feu rituel āθr-126 : le bien-être serait ainsi le fait de disposer ici dʼun bon feu, celui devant lequel (aāi) l’orant se tient debout (uruuādaŋhā).

KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 156. Pour autant quʼil faille tenir le pehlevi hvʼ(h)lyh (manichéen xvʼryy) pour un avesticisme. 125 126

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2cd. θβā +cīcīθβā 127 spəništā mańiiū mazdā V yā dā 128 ašā vaŋhəuš māiiā manaŋhō « (Roi) qui apportes la sagesse, lui qui, avec le Sentiment que tu es très savant, comprend que, pour appliquer les plans de Vohu Manah, tu recours à l’Agencement »129. La complétive que le participe +cīcīθβā régit est ouverte avec le subordonnant *hiiat qui s’est transformé en yā par sandhi devant dentale : yā < *hiiat. Ceci évite lʼaccord impossible que Lecoq130 admet de yā avec māiiā et la bizarrerie dʼune relative antéposée : « Toi qui perçois [...] | Les grâces de Vohu Manah, que tu as données avec Aša ». Malheureusement, pour cet usage dʼune complétive dans la rection de √ cit « comprendre que », assez parallèle à √ vid « savoir que »131, je ne puis exhiber aucun exemple védique. Portant un nom que nous devons expliquer par √ mā « mesurer », les māiiā sont ce qui font lʼorganisation rituelle qui, régie par Vohu Manah, prévaut dans la communauté des fidèles132. En effet, les māiiā de Vohu Manah, encore nommées dans le Haōm Staōt133, sont ce que lʼadorateur et les officiants, représentés par Vohu Manah, planifient en se pliant aux exigences rituelles, la marche à suivre. L’instrumental contenu dans lʼhémistiche spəništā mańiiū mazdā est aussi libre que dans ses deux autres attestations. La hāiti, à de 127

Sur le lien unissant √ cit « penser, comprendre » et le maniiu, voir Y 47.2d. Lʼinj. aor. exprime le réel du présent en prop. rel. lorsquʼil y a un réel du présent en principale (Y 43.4bc tā zastā yā tū hafšī auuā V yā dā ašīš drǝguuāitē) : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76. Cependant, la confusion est grande lorsque le verbe principal exprime un procès inaccompli, mais il serait vraisemblable que lʼinj. aor. se rapportât au présent avec un verbe prescriptif (lʼopt. prés. pour Y 43.2 dā  ; lʼimpér. aor. pour Y 43.13 dārǝšt ... vācī) : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76-7. Place emphatique du verbe comme aux vers 1d et 4e. 129 Je ne partage pas lʼinterprétation de HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114, quand ils donnent à dʼaussi nombreux mots un sens non étymologique, figuré ou secondaire, à lʼoccasion empruntée au zand sans vérification : maniiu- « spirit », māiiā- « miracle », aša- « truth », uruuādah- « enthusiasm ». Ni celle de LECOQ, 2016, p. 767, pour la même raison : « Les grâces [māiiā] de Vohu Manah [...] avec la félicité [uruuādaŋhā] de la longue vie ». Les substantifs māiiā- (= véd. māyā-) et uruuādah- (cf. véd. ūrdhvá-), pour le sens, sont respectivement à interpréter à partir des racines pii. √ *mā « mesurer » et √ *urādh « être vertical ». 130 LECOQ, 2016, p. 767. 131 ≈ védique VID + yáthā. 132 PIRART, 2012a, p. 163 n. 246. Les māiiā de Vohu Manah sans doute sont-elles comparables aux māyā d’Índra, le dieu du mánas : PIRART, 2010a. Sur les māiiā, voir aussi H 2.16. 133 Y 10.12.2 ā tē baēšaza irīriθβarǝ (8) vaŋhəuš manaŋhō maiiābiiō (8) .·. « (Haōma,) les médecins tʼont toujours mélangé (à du lait) pour suivre les plans de Vohu Manah » : voir PIRART, 2004, p. 98. 128

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nombreuses reprises, fait état du sentiment quʼAhura Mazdā est savant. Cette conviction est abondamment arborée dans tout lʼAvesta. Pour son expression, il est recouru à tous les degrés de lʼadjectif « admirable, génial, savant » : spǝnta-, spaniiah-, spəništa-. 2e. vīspā aiiārə134 darəgō.jiiātōiš uruuādaŋhā .·. « Jour après jour, avec la position verticale/ debout (qu’il observe à l’instant) d’exercer (sur toi l’Envoûtement/ l’emprise rituelle) source de longue vie ». L’adjectif darəgō.jiiātōiš sous-entend xšaθrahiiā dʼaprès Y 33.5b : apānō darǝgō.jiiāitī[m] V ā xšaθrǝm vaŋhəuš manaŋhō135 « pour avoir pu développer avec le Penser bon, source de longue vie, lʼEnvoûtement (du Roi qui apporte la sagesse) ».

Il est l’indice probable que l’objet de la prière touche au sort de l’âme au-delà de la mort. Quant à elles, les prières des strophes Y 33.12 et Y 51.7 expriment de façon explicite que leur objet est du même acabit : toutes deux font allusion aux jumelles aśviniennes136. Il est assez clair que la strophe fait allusion aux bénéfices post mortem de la célébration correcte des cérémonies sacrificielles. L’absence de coordination entre ašā et uruuādaŋhā fait difficulté. La solution de rattacher le dernier vers à la principale est envisageable puisque lʼautre instrumental y figurant, spəništā mańiiū, est plutôt inféodé au participe +cīcīθβā. Y 43.3 at huuō vaŋhəuš (4) vahiiō nā aibī.jamiiāt (7) yə nā ərəzūš (4) sauuaŋhō paθō sīšōit (7) ahiiā aŋhəuš (4) astuuatō manaŋhascā (7) haiθiiəṇg āstīš (4) yəṇg ā.šaēitī ahurō (7) arədrō θβāuuąs (4) huzəṇtušə spəṇtō mazdā (7) .·. Et puisse cet homme accéder à mieux que bon [at hah vahauš vahyah nā abi-jamyāt], lui qui nous enseignera les (chemins) assurés et carrossables qu’habite le Roi (= le Feu) [yah nāh... sišait... haθyānh ā-stīnš 134

Le syntagme vīspā aiiārə est comparable au véd. viśvāhā ou áhā víśvā. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 159. Cet emploi de darǝgō.jiiāiti- comme épithète de xšaθra- est reflété en av. réc. par Yt 13.135.1ab (= Yt 19.76ab) xšaθraheca paiti bānumatō V darəγaiiāsca [paiti] darəγō.jītōiš. 136 Voir chapitre V. 135

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yānh ā-šaiti ahurah], les chemins rectilignes des ressources dont (les deux existences te dotent) [rzūnš savahah paθah], celle-ci qui est osseuse (= l’existence matérielle) et celle du Penser [ahya ahauš astvatah manahah ca], (puisse cet homme accéder à mieux que bon, lui) qui remporte le succès à l’instant de te rendre un culte et de générer la bonne (existence rituelle) avec science, (Roi) qui apportes la sagesse [ardrah θvāvants huzantuš spantah mazdā] ! 3a. at huuō vaŋhəuš vahiiō nā aibī.jamiiāt 137 « Et puisse cet homme accéder à mieux que bon ! » Le personnage présent dans la corrélation huuō ... nā ... yə doit être distinct de l’Ahura de l’hémistiche d2, mais le doute quant à savoir si les nominatifs masculins sing. du dernier vers sont à ordonner avec nā ou avec ahurō est aisément levé sur base de lʼensemble des attestations archaïques et récentes du syntagme nar- spǝnta-, la désignation de lʼadorateur modèle ou paradigmatique. Un triangle est à nouveau formé entre le nar, Ahura Mazdā et celui qui s’adresse à ce dernier, mais, resté tout à fait en retrait dans les strophes précédentes, le locuteur cette fois-ci dit « nous » (nā), ce qui contraste avec le singulier de la première personne employé dans les trois derniers vers de la strophe Y 43.1. Le personnage appelé nar dans les strophes 2-3 doit être le taxma de la quatrième. Il est bien difficile de déterminer à quoi se réfère au juste le syntagme vaŋhəuš vahiiō « mieux que bon », mais, avec ses deux autres attestations, nous apprenons quʼil concerne les conditions de vie que les âmes connaissent dans lʼau-delà : ― Y 51.6 yə vahiiō vaŋhəuš dazdē (7) yascā hōi vārāi rādat (7) ahurō xšaθrā mazdā (7) at aāi akāt ašiiō (7) yə hōi nō[it] vīdaitī (7) apəmē aŋhəuš uruuaēsē (7) .·. « Au dernier tournant de l’existence, Ahura Mazdā offre mieux que bon à celui qui recourt à lʼEnvoûtement et rencontre ses volontés, mais plutôt pis que mauvais à celui qui ne lui rend aucun culte » ; ― Y 59.30-31 †vaŋhu tū tē vaŋhaōt vaŋhō (8) buiiāt †huuāuuōiia yat zaōθre† (8) hanaēša [tū] tūm tat mīždǝm (8) yat zaōta hanaiiamnō āŋha (8) frāiiō.humatō frāiiō.hūxtō frāiiō.huuarǝštō (15) .·. jamiiāt vō vaŋhaōt vaŋhō (7) mā vō jamiiāt akāt ašō (8) mā mē jamiiāt akāt ašō (8) .·. « Puisse(nt) bon (et) meilleur que bon tʼadvenir en propre à toi le libateur ! Toi qui penses toujours plus de bonnes pensées, dis toujours plus de bons textes, fais toujours plus de bons gestes, puisses-tu gagner le prix de victoire que le libateur a conquis pour lui-même ! Puisse vous advenir 137 Opt. aor. en indép.-principale exprimant le souhait : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 90. Place normale du verbe.

Y 43

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meilleur que bon ! Puisse ne pas vous advenir pire que mauvais ! Puisse ne pas mʼadvenir pire que mauvais ! »138

3bc. yə nā ərəzūš sauuaŋhō paθō sīšōit139 V ahiiā aŋhəuš astuuatō manaŋhascā « Lui qui nous enseignera les chemins rectilignes des ressources dont (les deux existences te dotent), celle-ci qui est osseuse (= lʼexistence matérielle) et celle du Penser ». Humbach et Faiss140 font du sauuah une faveur que la divinité fait aux pieux adorateurs : « the straight paths of benefit/salvation of this osseous/material existence and (of that) of thought ». Lecoq141 fait de même : « les droits chemins de lʼavantage, | Ceux de cette existence matérielle et celui de Manah », mais je vois mal pourquoi Zaraθuštra devrait montrer aux adorateurs le chemin de cette faveur qui leur vient de la divinité. Il est bien plus logique que cette dernière leur en montre le chemin sʼil sʼagit de la faveur dont ils la régaleront. À mes yeux, les chemins dont il est question sont donc ceux par lesquels le sauuah arrive chez l’Ahura grâce aux efforts des deux mondes. Lʼaccusatif paθō est accompagné de deux compléments donnés au génitif. Lʼabsence de coordination entre ces deux compléments est probablement à justifier par leur différence de statut ou bien en faisant du second le complément du premier : « le chemin du sauuah, des deux existences (= par lequel les deux existences font arriver le sauuah au grand dieu) ». Le sauuah est la force que le pieux adorateur, en lui rendant un culte, apporte à la divinité, les ressources ou les moyens dont il la dote à lʼinstant de repousser les démons et d’exaucer ses prières du pieux adorateur. Les deux mondes sont ici lʼexistence mentale que le rite a installée et lʼexistence dite « osseuse » des offrandes matérielles. Dans lʼAvesta récent, le sauuah entre dans la formation dʼun tandem avec le xvarǝnah, mais, dans les textes archaïques, le second terme est plutôt īš- (= véd. ís-). Tandis que les dieux sont les bénéficiaires du 138 Trad. KELLENS, 2006-13, vol. IV p. 121. Pour tout dire, le passage comporte deux énigmes : vaŋhu (graphie interdite à lʼétat isolé) et huuāuuōiia yat zaōθre (syntagme combinant au moyen dʼune eżāfe inverse le datif dʼun nom dʼagent avec ce qui serait un monstre morphologique). 139 Opt. aor. par attraction modale. Ici où se trouve définie une des fonctions de Zaraθuštra, paraît bien substitué à un mode du réel : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 90-1. Place licite du verbe dès lors que le vers 3c qui le suit complète sauuaŋhō qui, pour sa part, précède. 140 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 115. 141 LECOQ, 2016, p. 767.

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sauuah « renfort » que les sacrifices offerts leur fournissent, les adorateurs tirent profit du xvarǝnah « lʼaliment » ou de lʼīš « la vigueur ». La différence de statut existant entre les deux compléments exprimés au génitif qui déterminent paθō, à savoir sauuaŋhō dʼune part et le tandem qui remplit 3c dʼautre part, est soulignée par le rejet du second dans un vers distinct qui, de surcroît, se situe au-delà du verbe sīšōit. 3de. haiθiiəṇg āstīš yəṇg ā.šaēitī 142 ahurō V arədrō θβāuuąs huzəṇtušə spəṇtō mazdā .·. « (Lʼhomme qui nous montrera les chemins rectilignes) assurés/ infaillibles et carrossables qu’habite (= emprunte) le Roi/ au bout desquels le Roi s’installe, (lʼhomme) qui remporte le succès à l’instant de te rendre un culte et de générer la bonne (existence rituelle) avec science, (Roi) qui apportes la sagesse ! » Malgré notre suggestion quʼil fallait admettre un adjectif tiré de ā+√ stā « prendre la voiture », Humbach et Faiss143 font de ā stīš un syntagme réunissant une préposition et son régime, puis nʼhésitent pas non plus, contre toute vraisemblance grammaticale, à y voir un complément adnominal : « (paths leading) toward the properties ». Lecoq144 non plus nʼa pas retenu notre suggestion. En effet, pour lui, āstīš est un substantif apposé à paθō, ce qui est un procédé inusuel : « Les séjours véridiques quʼhabite Ahura ». La disparité grammaticale constatée entre ahurō et mazdā, le premier faisant le sujet dʼun verbe conjugué à la 3e personne du singulier et le second étant un vocatif dont θβāuuąs fournit lʼancrage, nous impose dʼadmettre lʼexistence dʼun Ahura distinct dʼAhura Mazdā145. Les épithètes que cet autre Ahura reçoit au dernier vers de la 3e strophe, arǝdrō θβāuuąs huzəntušǝ spǝntō « qui, avec succès, te rend un culte et, (pour ce faire), génère (lʼexistence de la pensée) avec science »146, pour autant quʼil ne faille pas plutôt les ordonner avec le sujet nā de la proposition principale, en font un adorateur exemplaire du grand dieu. Deux suggestions viennent dʼemblée à lʼesprit pour lʼidentification de cet 142 Indic. prés. en prop. rel. exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 198891, vol. II p. 73. Place licite de ce verbe. 143 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114. 144 LECOQ, 2016, p. 767. 145 Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114, qui, sans sʼexpliquer, ordonnent le tout à la suite dʼahurō. 146 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114, accordent un sens trop secondaire aux différents ingrédients de cette théorie dʼépithètes : « the efficient one, the one such as you, noble (and) beneficient ».

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Ahura : le Feu et Zaraθuštra, mais aucune garantie nʼest offerte ni dans un cas ni dans lʼautre. Comme les épithètes en question conviennent mieux à la qualification de Zaraθuštra147 quʼà celle du Feu et que Zaraθuštra est probablement à reconnaître sous la désignation de nā, il faudra rattacher bien plutôt le dernier vers à la principale et faire dʼahurō la désignation du Feu148. Y 43.4 at θβā (< *θβəm) məṇghāi (4) taxməmcā spəṇtəm (< *spǝntā) mazdā (7) hiiat tā zastā (4) yā tū hafšī auuā (7) yā dā ašīš (4) drəguuāitē ašāunaēcā (7) θβahiiā garəmā (4) āθrō ašā.aōjaŋhō (7) hiiat mōi vaŋhəuš (4) hazə jimat manaŋhō (7) ºoº Et, (si tu exauces mes souhaits,) je penserai que ton (fils) et (l’homme) qui se tient fixe (devant lui), (Roi) qui apportes la sagesse [at θvam manhāi taxmam ca spantā mazdā], sont (tous deux) savants, car ce sont deux mains : celle des deux qui te sert [yat tā zastā yā tu hafši avaiʼāh] à (ré)partir les Fortunes entre l’égaré et le pieux (adorateur) [yāh dāh ārtīš drugvatai rtaunai ca], cʼest ton (fils) le Feu qui tire son autorité du (bon) Agencement, et la chaleur lui appartient [θvahya garmā āθrah rtā-aujahah], pour autant que le Penser bon me donne/ mʼait donné la force (de lʼallumer) [yat mai vahauš hazah jamat manahah]. 4a. at θβā məṇghāi149 taxməmcā spəṇtəm mazdā « Et, (si tu exauces mes souhaits,) je penserai/ j’aurai le Sentiment que ton (fils) et (l’homme) qui se tient fixe (devant lui), (Roi) qui apportes la sagesse, sont (tous deux) savants ». Le dernier vers de la strophe précédente finissait avec la séquence spǝntō mazdā comme pour annoncer le premier de celle-ci qui sʼachève de façon semblable150. La concaténation 147 Contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 160, mais avec BARTHOLOMAE, 1904, et dʼaprès RS 2.20.1d sumnám íyaksantas tvāvato nn « cherchant à atteindre la faveur de lʼhomme qui te vénère » (différemment RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 66) ou RS 10.29.4a kád u dyumnám indra tvāvato nn « et (dis-moi,) Indra, quand (arrivera) la chance de lʼhomme qui te vénère ? » Sur le gén. sing. de n-, PIRART, 1989. 148 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 160. 149 Place licite du verbe tout à la fois avant le second terme de la coordination formant le groupe du premier acc. et avant le second acc. 150 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 156.

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des strophes 3 et 4 ainsi est-elle évidente. Humbach et Faiss151 ou Lecoq152 considèrent bizarrement que ºcā, de surcroît inverse, sert à coordonner les deux attributs taxmǝmº et spǝntǝm de lʼobjet θβā du verbe məṇghāi  : « I will realize that you are firm and beneficent, O Wise One ». Lʼemploi du subjonctif aoriste məṇghāi qui certes peut exprimer le futur dʼintention, se comprend tout aussi bien dans lʼhypothèse du sous-entendu dʼune protase conjonctive elle-même au subjonctif aoriste avec laquelle il y aurait ainsi une relation conditionnelle dʼéventuel du présent. Cette hypothèse présente lʼavantage dʼune forte cohésion avec les deux strophes précédentes. De la prière, il serait ainsi passé à un nouveau chantage : en décevant son adorateur, le grand dieu perd toute crédibilité. La principale qui remplit le premier vers est clôturée par le vocatif mazdā. Comme il serait absurde ou peu vraisemblable qu’Ahura Mazdā luimême fut l’une de ses propres mains153, il convient de faire de θβā le fruit d’un sandhi devant mº pour *θβəm « ton (fils) ». Le feu, selon toute vraisemblance, entre ici dans la formation d’un tandem avec Zaraθuštra. Si nous attendons deux accusatifs pour la rection de √ man, il est probable que la diascévase ait changé *spǝntā masculin duel en spǝntǝm, croyant, sur la base de 5a, y défaire un sandhi. En outre, le nar, dans la strophe précédente, était dʼores et déjà qualifié de spǝnta-. La connaissance des habitudes décisionnelles de la diascévase est dʼune importance capitale dans les avancées de notre compréhension des Gāθā. La première personne du pluriel, dans la strophe précédente, caractérisait le locuteur qui entrait dans la formation d’un triangle avec la divinité et le nar. Dans cette strophe-ci, nous voyons ce locuteur, sans doute l’auteur de l’unité, s’exprimer à la première personne du singulier et parler à Ahura Mazdā d’un personnage en qui nous devons très probablement reconnaître le nar des deux strophes précédentes. Ce nar, appelé ici taxma-, pour entrer dans la formation d’un tandem avec le feu fils d’Ahura Mazdā, sans doute est-il Zaraθuštra. Ailleurs dans les Cantates, le syntagme narspǝnta- désigne avant tout le sacrifiant modèle154. Dans lʼAvesta récent, les deux adjectifs taxma- et spǝnta- qualifieront encore le feu155 aussi bien HUMBACH et FAISS, 2010, p. 115. LECOQ, 2016, p. 768. 153 Contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 161. 154 Y 34.2b1, 48.7c2, 51.21a1. 155 Y 62.8C ātrǝm spǝntǝm taxmǝm hǝntǝm raθaēštārǝm « le Feu savant et fixe, un dieu guerrier »  ; Yt 13.85.2ab yąmca āθrō uruuāzištahe spəntahe viiāxanahe « et (nous offrons le sacrifice) à la (Frauuaši) du Feu très réjouissant, savant et lanceur de défis ». 151 152

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que le nar156, mais lʼéquation nʼy sera plus établie nécessairement ou automatiquement entre ce sacrifiant paradigmatique et Zaraθuštra. 4bc. hiiat tā zastā V yā tū hafšī 157 auuā 158 V yā dā 159 ašīš drəguuāitē ašāunaēcā

V

« Car ce sont deux mains : celle des deux qui te sert à (ré)partir les Fortunes entre l’égaré et le pieux (adorateur) ». Faisant fi de la métrique, Humbach et Faiss160 font dʼ auuā lʼaccusatif féminin pluriel du démonstratif pour lʼaccorder avec yā... ašīš, prennent tā zastā pour un instrumental singulier et placent ce dernier dans la dépendance du verbe jimat du dernier vers où, phénomène grammatical inouï, hiiat, en raison de la distance, se trouverait répété : « when from that hand in which you hold those requitals | [...] | when (from that hand) the superiority of good thought has come to me ». Lecoq161 fait de même, mais traduit hazahpar « violence » : « Car cʼest de la main [...] | Que [...] | Viendra à moi la violence de Vohu Manah ». La proposition subordonnée hiiat tā zastā est une explicative « parce que ce sont deux mains », mais la suivante, yā tū hafšī auuā dont le sens ne fait guère de difficulté, me cause pourtant quelques soucis : lʼantécédent de yā, pour bien faire, doit être un singulier « lʼune de ces deux mains-là », or ceci fait obstacle à toute corrélation possible de lʼinstrumental yā avec tā puisque ce dernier est un duel. Il y a donc une rupture syntaxique entre les deux hémistiches du deuxième vers si, pour se référer aux deux mains, le premier contient le nominatif duel tā et le second, le génitif duel auuā. Il sʼensuit que lʼantécédent de yā est à trouver dans la suite de la strophe, forcément dans lʼavant-dernier vers 156 Vr 19.1.3 spǝntǝm narǝm ašauuanǝm yazamaide .·. « Nous offrons le sacrifice à (lʼallégorie du sacrifiant modèle,) lʼhomme savant qui est accompagné dʼAša » ; Yt 13.67 tā yūiδiieinti pəšanāhu (8) hauue asahi šōiθraēca (8) ... [mąnaiiən ahe] yaθa nā taxmō raθaēštā (8) huš.hąm.bərətat haca šaētāt (8) +yāstō.zaēnuš paiti.γnīta (8) .·. « Lors des combats, chacune des (Frauuaši) lutte pour son propre terroir ou sa propre contrée,... tout comme lʼhomme fixe/ valeureux, le guerrier monté sur son char, le fourreau en bandoulière, repousse (les ennemis) loin de ses silos ». 157 Indic. prés. en prop. rel. exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 198891, vol. II p. 73. 158 Voir le lexique. 159 Inj. aor. exprimant le réel du présent en prop. rel. lorsquʼil y a un réel du présent en principale : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76. Place emphatique du verbe comme aux vers 1d et 2d. 160 HUMBACH et FAISS, 2010. 161 LECOQ, 2016.

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si le dernier, introduit par hiiat, est une nouvelle subordonnée : θβahiiā garəmā āθrō ašā.aōjaŋhō. Comme le Feu, précisément, y est nommé, nous nʼhésiterons guère à faire de sa désignation lʼantécédent recherché, mais il se posera tout de suite la question de savoir ce que ferons alors de garǝmā. Lʼobjet du verbe hafšī de la subordonnée relative introduite par lʼinstrumental yā sans doute est-il lʼantécédent de yā, lequel est ašīš : « la (main) par laquelle (yā) tu tʼoccupes (hafšī) des fortunes (ašīš) que (yā) ». Lʼantécédent ašīš du pronom relatif yā a donc été introduit dans la subordonnée. Le thème des fortunes qu’Ahura Mazdā destine aux uns et aux autres reviendra avec les vers 5cd. Rappelons que le substantif aši- a le sens du verbe causatif « faire arriver »162 et quʼil est question aussi bien de ce que les humains font arriver chez les dieux que des envois que ceux-ci leur adressent en échange. La déesse Aši, dans lʼAvesta récent, est significativement donnée pour lʼaurige du char de Miθra163, le dieu qui préside à cet échange de bons procédés. 4de. θβahiiā garəmā V āθrō ašā.aōjaŋhō164 V 165hiiat mōi vaŋhəuš V hazə jimat166 manaŋhō ºoº « La chaleur appartient à ton fils le Feu, lui qui tire son autorité du (bon) Agencement, pour autant que le Penser bon me donne la force (de lʼallumer) ». La difficulté principale de la strophe se situe donc dans lʼavant-dernier vers : que faire de garǝmā ? En effet, si nous devons y 162

Tout comme frasrūiti-, celui du causatif de frā+√ sru (Y 9.14) : PIRART, 2004,

p. 72. 163

Yt 10.68. ZK MNV PVN ʼhlʼdyh ʼvc. 165 AMT ʼv| L ZK Y PVN vhvmn| sthmk YHMTVNyt svšydns .·. « lorsque vers moi Saōšiiant arrivera avec la contondance de Vohu Manah » ; yaś ca mahyam uttamena hathī prāpnoti manasā | saośioso yo hathena srstim āharmanasya nihanti (Niriosaṅgha). Le zand, qui divague et ne mérite aucunement notre confiance, est arrivé à broder tout un récit mythologique autour de la figure de Saōšiiant dont le nom est introduit çà et là. Sans doute en raison des ingrédients qui sont à lʼorigine de son nom dʼAstuuat.ǝrǝta présents dans 16c1. Le caractère tout à fait secondaire de ce récit tombe sous le sens dès lors que le Saōšiiant de ce nom nʼavait pu exister à lʼépoque de la composition des Gāθā, que, selon la mythologie en vigueur alors, les frašō.carǝtar « chargés du grand parachèvement du monde » ne sont autres que les dieux et que ceux qui portent le nom de saōšiiant « qui se proposent dʼapporter le sauuah aux dieux » nʼy sont pas les trois descendants eschatologiques de Zaraθuštra. 166 Sur cet emploi du subj. aor., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 88. Place licite du verbe. 164

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reconnaître lʼinstrumental singulier de garǝma-, il est impossible dʼen faire un adjectif accordé avec yā et tout aussi chimérique dʼen faire un substantif dès lors que la proposition θβahiiā garəmā āθrō ašā.aōjaŋhō ne contiendrait quʼun groupe génitif en plus de cet instrumental. La seule solution envisageable, me semble-t-il, sera de donner une autre analyse de garǝmā en dépit de lʼabsence de tout matériel pour y procéder, celle dʼy voir le nominatif singulier dʼun substantif masculin garәman- du type proto-indo-européen en *-mén- comme le védique ślesmán« viscosité »167 : garəmā āθrō « la chaleur appartient au Feu ». Aucune particule at ne vient signaler quʼune nouvelle phrase commence avec yā dans la mesure où lʼensemble qui va de ce pronom relatif jusquʼau terme de la strophe est à considérer comme un développement de lʼidée contenue dans lʼhémistiche 4b1 hiiat tā zastā. Nous168 avions affiché un grand pessimisme en abordant le commentaire de la quatrième strophe, mais, avec la compréhension que jʼen ai actuellement, ce pessimisme est en partie résorbé si nous tenons compte de tous les indices faisant allusion au feu rituel. À mes yeux, la contrainte (hazah-) nommée dans le dernier hémistiche de cette quatrième strophe est lʼun de ces indices. Le substantif hazah- est connoté positivement ici et dans Y 33.12c1, mais négativement dans Y 29.1b1. C’est que, dans la tétrade initiale de lʼUštauuaitī Hāiti, le hazah est l’une des trois données relevant de Vohu Manah : ― 1e2 vaŋhəuš gaēm manaŋhō ; ― 2d2 vaŋhəuš māiiā manaŋhō ; ― 4e vaŋhəuš V hazə ... manaŋhō. Les traductions quʼen donnent Humbach et Faiss169 ou Lecoq170 sont fades ou imprécises : sur base du védique sáhas-, nous pouvons avancer que hazah- désigne ici la force dʼinsistance nécessaire à lʼallumage du Feu par friction. En effet, le dieu-feu est donné, dans la Rgvedasaṁhitā, pour le fils de Sáhas171. Il nʼest donc guère douteux quʼil soit ici fait allusion à lʼallumage du Feu. Le rôle de Vohu Manah dans lʼopération nʼest pas apparent. Je conjecture que la friction nʼétait vue donner naissance au Feu du bon rituel que si le penser bon lʼavait projetée ou y avait 167 168 169 170 171

Sur ce type, DEBRUNNER, 1954, p. 754-5. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 160. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 115. LECOQ, 2016, p. 768. PIRART, 2010a, p. 60 n. 85.

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présidé. Il est donc possible que le poète endosse ici le rôle du prêtre boutefeu (ātrauuaxša). Cohérence interne de la tétrade initiale de lʼUštauuaitī Hāiti Si nous laissons de côté la première strophe, la cohésion des trois dernières strophes de la tétrade initiale de lʼUštauuaitī Hāiti, dʼailleurs renforcée par la concaténation lexicale des strophes 3 et 4, est assez indéniable. Le ton y est celui de la prière. Elle est adressée au grand dieu en faveur de Zaraθuštra : il est lʼhomme de la situation, celui de qui dépend le sort de tout un chacun. Son importance est aussi grande que celle de lʼindispensable Feu. La relation que cette prière doit entretenir avec les trois derniers vers de la première strophe reste à préciser. Nous avons vu quʼil était parfaitement possible de faire des vers 1cde le contenu du souhait dont il était question avec le second uštā. En outre, nous avons vu que les deux premières strophes partageaient un même usage idiomatique de √ dā en combinaison avec le locatif et lʼaccusatif de désignations dʼune seule et même notion, le désir dans la première et le bien-être dans la deuxième. Il doit donc bien y avoir un lien permettant dʼaller de la première strophe à la seconde. Comme la première strophe est faite de deux parties qui ne peuvent en aucun cas être mises ensemble dans la bouche dʼun seul et même personnage, grande sera la tentation de répartir la strophe entre eux deux : le poète aurait la parole dans les trois derniers vers, mais ne considérerait le sort de Zaraθuštra quʼà partir de la strophe suivante, car le sien propre dépendrait de celui de Zaraθuštra, tandis que ce dernier, avec les deux premiers vers de lʼunité, aurait exprimé une vérité générale. Pure conjecture. Lʼoptatif des strophes 2-3 relaierait alors le verbe vasǝmī de la seconde partie de la première strophe. Cependant, nous avons relevé que les trois derniers vers de la première strophe constituaient très vraisembablement le contenu de lʼušti dont il était question dans le second hémistiche du premier vers. Ceci les retirera de la bouche du poète pour les placer dans celle du personnage indéfini que le premier vers a mentionné dʼemblée. La difficulté qui se fait jour alors est celle de la troisième personne grammaticale que la désignation du grand dieu arbore dans le vers 1b quand cʼest la deuxième que nous constatons avec le vocatif mazdā des vers 2c, 3e et 4a. La grande cohésion des quatre strophes qui précèdent le maniiu ainsi serait-elle contestable à lʼoccasion de ses premiers indices, ceux du

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parallélisme de uštā... +vasə... dāiiāt avec xuvāθrōiiā... xuvāθrəm daidītā et de la récurrence de vaŋhəuš... manaŋhō qui unissent les deux premières strophes, alors que les suivants rencontrent la logique, à savoir le retour de nā entre les deuxième et troisième strophes et celui dʼune clausule formée de spǝnta- et du vocatif mazdā entre les troisième et quatrième. Nous serions donc acculés à donner, dans les guillemets ouverts pour le contenu de lʼušti, une place à lʼensemble des trois strophes qui suivent. Je nʼai pu résoudre autrement lʼénigme de la différence grammaticale qui pèse sur le théonyme entre les vers 1ab et les strophes 2-4, mais il est vrai que les strophes 2-3, rédigées à lʼoptatif, forment une prière qui peut parfaitement avoir sa place dans le prolongement du souhait exprimé dans les vers 1cde. Quant à elle, la quatrième se rattacherait aux précédentes par le biais de lʼemploi du subjonctif aoriste məṇghāi : celui-ci nʼest justifiable que par rapport à une donnée antérieure, soit comme expression de lʼobjectif poursuivi, soit comme conséquence. Dans la traduction ci-dessous de la tétrade initiale, je marque dʼun double danda les fractures auxquelles les analyses ont donné lieu et que la discussion a cherché à colmater tant bien que mal : À volonté est pour celui-là, quel qu’il soit, de qui le Roi qui apporte la sagesse, pour en être capable, exaucera le souhait. || Je souhaite retrouver la jeunesse et la bonne forme en vue de maintenir le (bon) Agencement. Dès lors, tiens compte de (ma) Déférence et de (ma) Dédicace de la richesse à l’heure de m’octroyer la vie du Penser bon ! || Car, devant celui-ci (= le Feu), l’homme, jour après jour, avec la position verticale/ debout (qu’il observe à l’instant) d’exercer (sur toi l’Envoûtement) source de longue vie, puisse-t-il accumuler le meilleur de tous les bien-être, lui qui, avec le Sentiment que, (Roi) qui apportes la sagesse, tu es très savant, comprend que, pour appliquer les plans du Penser bon, tu recours au (bon) Agencement. Et puisse cet homme accéder à mieux que bon, lui qui nous enseignera les (chemins) assurés et carrossables qu’habite le Roi (= le Feu), les chemins rectilignes des ressources dont (les deux existences te dotent), celle-ci qui est osseuse (= l’existence matérielle) et celle du Penser, (puisse cet homme accéder à mieux que bon, lui) qui remporte le succès à l’instant de te rendre un culte et de générer la bonne (existence rituelle) avec science, (Roi) qui apportes la sagesse ! Et, (si tu exauces mes souhaits,) je penserai que ton (fils) (= le Feu) et (l’homme) qui se tient fixe (devant lui), (Roi) qui apportes la sagesse, sont (tous deux) savants, car ce sont deux mains : celle des deux qui te sert à (ré)partir les Fortunes entre l’égaré et le pieux (adorateur), cʼest ton (fils) le feu qui tire son autorité du (bon) Agencement, et la chaleur lui appartient, pour autant que le Penser bon me donne la force (de lʼallumer). ||

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CHAPITRE III

Au vu de la versatilité dans lʼemploi des personnes grammaticales, je ne suis plus aussi convaincu que la tétrade initiale de lʼUštauuaitī Hāiti introduise progressivement le personnage de Zaraθuštra dont le discours remplira les onze strophes qui suivent172. Il serait dʼailleurs assez anormal quʼaucun verbe déclaratif nʼannonçât ce discours173. Et le maniiu avec lequel la tétrade est clôturée ne peut aisément le préparer si le sujet « moi » du verbe √ man ne représente pas le même personnage de part et dʼautre, mais, si nous devions, malgré tout, penser que le poète expose de la divinité ce que Zaraθuštra déclare en avoir pensé, ce dernier ferait alors figure de maître à penser. Ceci dit, lʼidentité du personnage qui prononce les strophes 2-4 est loin dʼêtre acquise. Si nous devons les placer dans la même bouche que les vers 1cde, lʼidée que ce personnage serait le poète ou le récitant est à revoir. Il était exclu de penser à Zaraθuštra, mais nous ne pourrions pas non plus faire du poète le personnage ayant la parole dans ces trois strophes. Il reste que le grand nombre de vers que totalisent les trois derniers de la première strophe et ceux des trois strophes suivantes paraît bien abusif à lʼinstant de définir lʼindéfini, car, remarquons-le lourdement, le personnage en question, qui ne serait ni le poète ni Zaraθuštra, ne serait jamais quʼun individu parmi dʼautres, anonyme, celui-là-même que le premier vers de lʼunité avait envisagé avec les mots aāi yaāi ... kaāicīt. Qui donc a la parole ? Comment exclure le bricolage ? Les obscurités de la quatrième strophe174 ont beau pouvoir être résorbées, je ne vois pas en quoi cette avancée que les deux mains du grand dieu ne seraient autres que le tandem formé de Zaraθuštra et du feu rituel aiderait à comprendre mieux pourquoi le maniiu de Zaraθuštra apparaît à sa suite. Le mańiiu de Zaraθuštra (Y 43.5-15) Y 43.5 spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat θβā aŋhəuš (4) ząθōi darəsəm paōuruuīm (7) hiiat dā šiiaōθanā (4) mīždauuąn yācā uxδā (7) akəm akāi (4) vaŋvhīm ašīm vaŋhauuē (7) θβā hunarā (4) dāmōiš uruuaēsē apəmē (7) .·. 172 173 174

Cʼest ce que nous avions pensé, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 155. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 156. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 156.

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J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse [spantam at θvā mazdā manhi ahura], car, dans la génération de l’existence, je vois que tu es le premier [yat θvā ahauš zanθai darsam parviʼam], que tu soumets à rétribution les gestes et les mots [yat dāh śyāuθnā miždavānt yā ca ugdā], (réservant) un mauvais (salaire) au mauvais et bonne Fortune au bon [akam akāi vahvīm ārtim vahavai], faisant montre de tes aptitudes, au dernier tournant du monde [θvā hunarā dāmaiš vraisai apamai]. 5a. spəṇtəm at 175 θβā mazdā məŋhī 176 ahurā « J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse ». Comme Zaraθuštra est identifiable à la première personne grammaticale sur base de la huitième strophe et que la quatrième le nomme à la troisième personne grammaticale, il est clair que la tétrade initiale et le maniiu consécutif ne se situent pas au même niveau. Chaque mouvement du maniiu est fait d’une déclaration qui est toujours la même, à l’ouverture de la première de ses deux strophes. Elle est suivie d’éléments d’une argumentation qui, introduits par hiiat, s’étendent aussi sur la seconde strophe. Le deuxième vers de la première strophe de chaque mouvement sera aussi toujours le même à partir du suivant, mais, quel que soit ce deuxième vers, lʼidée dʼune homogénéité syntaxique des deux premiers vers basée chaque fois sur la corrélation at... hiiat me paraît assurée177 : la suite de chacun des mouvements du maniiu nʼest guère compréhensible si nous rejetons cette idée puisque le deuxième vers du refrain joue précisément un rôle de passe-partout permettant de rattacher chaque fois la suite à la déclaration présente dans le premier vers, certes parfois en recourant à une syntaxe assez tortueuse. 175 Place stratégique de la particule, à lʼinitiale différée, dans le but de séparer les deux acc. régis par √ man. Sur le concept dʼinitiale différée, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 190. 176 Selon HOFFMANN, 1967, p. 214 et 250-1, la première pers. de lʼinj. aor. véd. peut exprimer la constatation résultative, le procès immédiatement consécutif ou le cas de coïncidence. En vieil avestique, seule lʼexpression du cas de coïncidence peut être considérée comme certaine : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 69. L’expression du maniiu de première pers. du sing. (məŋhī), en dehors du Y 43, est attestée par le Y 29.10c et le Y 31.8. La forme véd. correspondante est attestée dans RS 7.88.2ab : ádhā nv àsya saṁdśaṁ jaganvān V agnér ánīkaṁ várunasya maṁsi « Ainsi, une fois arrivé à la vue de ce (Varuna), je-me-mis-à-considérer que le visage de Varuna (nʼétait autre que celui dʼ)Agni » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 71). 177 Malgré la prudence que nous avions affichée : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 156.

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CHAPITRE III

La présence du verbe məṇghāi « jʼaurai le sentiment » dans le premier hémistiche de la quatrième strophe doit avoir joué un rôle, primaire ou secondaire, dans lʼinstallation du maniiu (Y 43.5-15) à sa suite, mais il y a aussi la récurrence du thème de la rétribution des actes entre 4c et 5cd. 5b. hiiat θβā aŋhəuš ząθōi darəsəm178 paōuruuīm « Car/ Depuis que, dans la génération de l’existence (rituelle), je vois que tu es le premier ». Humbach et Faiss179 ou Lecoq180 croient quʼil est ici fait allusion au rôle créateur dʼAhura Mazdā : « when I perceive you, the Primal One, (engaged) in the procreation of the existence/life », mais, pour moi, paōuruuīm est lʼattribut de lʼobjet θβā181, et la « génération de lʼexistence » (aŋhəuš ząθa)182 est bien plutôt une métaphore, la mythologisation de la mise en place du rite : lʼoffrande des sacrifices est vue comme étant le processus par lequel est engendrée lʼexistence mentale ou fondamentale qui préfigure celle de lʼâme du défunt dans lʼaudelà183. Cette métaphore rappelle celle du sacrifiant védique qui, dans la séquence de la dīksā, se mue en embryon. Le syntagme aŋhəuš ząθōi est encore présent dans le vers Y 48.6d où la césure y sabre de façon identique, mais, de cet autre vers, je déduis que, par haplologie, paōuruuīm a oblitéré paōuruiiehiiā et que lʼexistence dont il est question est donc bel et bien la fondamentale184 : ahurō aŋhəuš (5) ząθōi paōuruiiehiiā (6) .·. « (Et, pour la Vache immolée,) le Roi (qui apporte la sagesse, avec le bon Agencement, fera pousser les plantes) lors de lʼengendrement de lʼexistence fondamentale ».

Avec le vers Y 43.5b, il est fait état de la position première que le grand dieu occupe dans lʼexistence fondamentale. Ceci signifie très probablement quʼAhura Mazdā, dans un arbre généalogique de données rituelles déifiées, se situe au point de départ ou chapeaute le panthéon. 178 Lʼinj. aor. des prop. conjonctives, comme celui des prop. relatives, exprime un procès antérieur à celui du verbe principal. Il apparaît notamment avec la corrélation causale at... hiiat : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 79. 179 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 115-6. 180 LECOQ, 2016, p. 768. 181 Malgré KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 161. 182 SCHLERATH, 1968, p. 155, signale aussi le parallélisme de RS 1.140.8d ásum páraṁ janáyañ jīvám ástrtam « (Agni) [...] engendrant un souffle-vital plus haut, indestructible » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 32). 183 PIRART, 2012a, p. 215-6. 184 Sur lʼexistence fondamentale, PIRART, 2012a, p. 215-6.

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Lʼargument généalogique du sentiment que le grand dieu est spǝnta est invoqué notamment aussi dans le fameux trca de la Tā.və.uruuātā Hāiti (Y 31.8-10). Notons le contraste de deux existences distinctes : il y a, dʼune part, lʼexistence fondamentale ou mentale, ahu-, avec laquelle lʼargumentation est ouverte, et, dʼautre part, la matérielle, dont la durée est limitée, dāmi-, sur la mention de laquelle la strophe se referme. Pour enclencher de la sorte le processus générateur dʼun monde abstrait, le sacrifiant ou pieux adorateur se fait le reflet de lʼAhura Mazdā de la théorie des millénaires qui, avant les 9000 ans du monde concret (gaēiθiia), avait dʼores et déjà installé 3000 ans de sa version abstraite (maniiauua)185. 5cd. hiiat dā186 šiiaōθanā 187 mīždauuąn yācā 188 uxδā V akəm akāi vaŋvhīm ašīm vaŋhauuē « (Je vois) que tu soumets à rétribution les gestes et les mots, (réservant) un mauvais (salaire) au mauvais et bonne Fortune au bon ». Lʼemploi de yācā (< *hiiatcā  ?) me paraît être dû à la construction de dā avec deux accusatifs : la répétition du subordonnant pour éviter la confusion des premiers accusatifs ne suffisait plus, et la coordination au moyen de ºcā fut requise. Le lien quʼil convient de trouver entre paōuruuīm et les vers qui suivent nʼest pas explicite. La parataxe paraît régir les trois volets de la vision du poète : ― le grand dieu est vu comme étant « premier » ; ― le grand dieu a déterminé le salaire des actes ; ― le rôle du grand dieu est décisif au terme de lʼexistence. akəm sous-entend mīždəm comme le suggère le nom de *mīždušī- que la déesse Aši reçoit à Persépolis189. Lʼexposé des motifs du sentiment ou Sur la théorie des millénaires, PIRART, 2018, p. 219-29. Prétérit dʼantériorité : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 79. 187 Sur ºaōº dans ce mot, voir le lexique. 188 < *hiiatcā ? Il est vrai que la séquence hiiat dā pourrait tout aussi bien être mise pour *yā dā. De toute façon, quʼil faille opter pour hiiat dā ou pour *yā dā, dans un cas comme dans lʼautre, le saṁhitāpātha original devait être le même, pir. *yā dāh*, comme pour 2d1. Lʼabsence de manah dans 5c est à souligner : il nʼy aurait donc de délit dʼopinion chez ces libres penseurs que si celle-ci devait se traduire en paroles ou en actes. Il nʼen est rien : le pluriel auquel, en dépit de la coordination, leur énumération a conduit suppose au moins trois termes si bien que la pensée est forcément à sous-entendre. 189 PIRART, 2015, p. 52-3. 185 186

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CHAPITRE III

de la conviction, nous le voyons, est celui dʼun enseignement, une leçon de zoroastrisme. 5e. θβā hunarā dāmōiš uruuaēsē apəmē .·. « Faisant montre de tes aptitudes, au dernier tournant du monde ». Le jeu paōuruuīm... apəmē peut indiquer quʼil est question tout à la fois dʼeschatologie individuelle et dʼeschatologie générale. Dans cette hypothèse le vers 5e rassemblerait des compléments du refrain au même titre que les vers 5cd : « Jʼen suis convaincu pour deux raisons : dʼune part, tu soumets à rétribution les gestes et les mots ; dʼautre part, tu montreras de bonnes aptitudes lors du dernier tournant du monde ». En effet, le possessif θβā du dernier vers nʼest guère attendu si le verbe de la phrase est conjugué à la deuxième personne du singulier, mais il faut peut-être tenir compte dʼexigences lexicales pesant sur lʼemploi de la diathèse dans le cas de √ dā. Bartholomae190 admet deux dąmi-/ dāmi-, mais les autres attestations de celui qui ne serait pas nom d’agent ont beau être incertaines, la cohabitation du possessif θβā et du génitif dāmōiš nous impose la distinction. Concaténation avec la strophe suivante au moyen des mots uruuaēsē et spәnta-. Signalons une répartition dialectale : pour nommer le dernier tournant de lʼexistence, lʼAvesta récent dit ustǝma- uruuaēsa- gaiiehe (H 1.15, Y 71.15), mais lʼAvesta archaïque hésite entre les syntagmes dāmōiš uruuaēsa- apəma- (Y 43.5) et apəma- aŋhəuš uruuaēsa(Y 51.6)191. Il va de soi que lʼexistence à laquelle ces contextes font allusion est, en principe, la secondaire, la matérielle : ― H 1.15 paiti šē aōxta ahurō mazdā V hāu bā ašāum zaraθuštra V yąm bā nā ustǝme uruuaēse gaiiehe V ašǝm192 staōiti V frastauuanō humataca hūxtaca huuarštaca V nižbarǝmnō vīspa dušmataca dužūxtaca dužuuarštaca .·. « Le Roi qui apporte la sagesse lui répondit : Pieux Zaraθuštra, cʼest, pour sûr, lʼéloge du (bon) Agencement que produit, au dernier tournant de la vie, lʼhomme qui a adopté les pensées bonnes, les paroles bonnes et les gestes bons, lui qui, chaque fois, sʼest démarqué des pensées mauvaises, des paroles mauvaises et des gestes mauvais » ; ― Y 51.6 yə vahiiō vaŋhəuš dazdē (7) yascā hōi vārāi rādat (7) ahurō xšaθrā mazdā (7) at aāi akāt ašiiō (7) yə hōi nō[it] vīdaitī (7) apəmē aŋhəuš uruuaēsē .·. «  Tout en conférant mieux que bon à celui qui rencontre ses volontés, le Roi qui apporte la sagesse, lors de lʼEnvoûtement, confère, au dernier 190 191 192

BARTHOLOMAE, 1904, colonne 736. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 162. Voir aussi Y 30.4b. Mis pour *ašō.stūitīm ?

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tournant de l’existence, plutôt pis que mauvais à celui qui ne lui rend aucun culte » ; ― Y 71.15 yeiδi zī zaraθuštra aēte vācō V ustəme uruuaēse gaiiehe framrauuāi V pairi tē tanauua V azəm yō ahurō mazdā V uruuānəm haca acištāt aŋhaōt V †auuauuaitiia bązasca fraθasca V pairi.tanuiia yaθa īm zā V astica īm zā auuaiti V bązō yauuaiti fraθascit .·. « (Sache-le,) Zaraθuštra, si tu récites ces paroles au dernier tournant de ta vie, moi le Roi qui apporte la sagesse, jʼempêcherai que ton âme rejoigne lʼexistence très mauvaise. (Comme si) je le faisais avec une (barrière) aussi épaisse et vaste que cette Terre. Et, (faut-il savoir,) cette Terre est bien aussi épaisse que large »193.

Dans le troisième volume de Textes vieil-avestiques, nous avons mis en doute quʼil soit ici fait allusion à lʼeschatologie générale194 : lʼexistence nommée pourrait effectivement nʼêtre jamais que celle du monde mental que lʼactivité rituelle installe, le cours de la cérémonie sacrificielle faite de plusieurs parties. Parmi celles-ci, le « dernier tour ». Cependant, si cette idée est parfaitement recevable lorsquʼil est question dʼune « existence » appelée ahu- comme dans la Vohuxšaθrā Gāθā (apəma- aŋhəuš uruuaēsa-), nous pouvons, en revanche, hésiter à y voir la désignation du déroulement des opérations rituelles lorsquʼil est plutôt recouru au lexème dāmi- comme ici (dāmōiš uruuaēsa- apəma-). Quelle que soit notre hésitation, lʼexistence rituelle en question, au moins par la suite, servit de modèle ou de préfiguration à celle des âmes au-delà de la mort, puis à celle du monde au-delà de son parachèvement. Cohérence des strophes 4-5 La cohérence, à mes yeux, est illusoire ou secondaire entre la tétrade initiale et lʼensemble des onze strophes du maniiu que nous trouvons à sa suite. En effet, le changement dʼinterlocuteur du grand dieu nʼest aucunement indiqué alors même que lʼanalyse détaillée de lʼunité nous conduit à lʼenregistrer : Et, (si tu exauces mes souhaits,) je penserai/ j’aurai le Sentiment que ton (fils) et (l’homme) qui se tient fixe (devant lui), (Roi) qui apportes la sagesse, sont (tous deux) savants, car ce sont deux mains : celle des deux qui te sert à (ré)partir les Fortunes entre l’égaré et le pieux (adorateur), cʼest ton (fils) le feu qui tire son autorité du bon Agencement, et la chaleur lui appartient, pour autant que le Penser bon me donne la force (de lʼallumer).

193 194

Voir PIRART, 2012a, p. 62. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 157.

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CHAPITRE III

(Moi qui suis Zaraθuštra,) j’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, car, dans la génération de l’existence, je vois que tu es le premier, que tu soumets à rétribution les gestes et les mots, (réservant) un mauvais (salaire) au mauvais et bonne Fortune au bon, faisant montre de tes aptitudes, au dernier tournant du monde.

Et, comme la première personne nʼest plus la même, je ne détecte rien qui me permette de dire que mənghāi annonce məŋhī. Y 43.6 yaī spəṇtā (4) θβā mańiiū uruuaēsē jasō (7) mazdā xšaθrā (4) aī vohū manaŋhā (7) yehiiā šiiaōθanāiš (4) gaēθā ašā frādəṇtē (7) aēibiiō ratūš (4) səṇghaitī ārǝmaitiš (7) θβahiiā xratəuš (4) yəm na[ē]ciš dābaiieitī (7) ºoº Le tournant auquel (j’ai) le Sentiment que, savant, tu es à même d’arriver [yahmi spantā θvā manyū vraisai jasah], (Roi) qui apportes la sagesse, à ce tournant(-ci) (= l’aire sacrificielle), le Penser bon me donne de t’envoûter [mazdā xšaθrā ahmi {ahmi} vahū manahā], (à moi) qui, par lʼ(idée), le (mot) et le geste, recours au (bon) Agencement à lʼinstant dʼassurer la multiplication des troupeaux [yahya śyāuθnāiš gaiθāh rtā frādantai]. | La Déférence définit pour les (impies) les éléments (textuels) de ta décision [aibyah ratūnš sanhaiti aram-matiš θvahya xratauš], toi que nul ne peut leurrer [yam na ciš dābayati]. 6ab. yaī spəṇtā θβā mańiiū uruuaēsē jasō195 V mazdā 196 xšaθrā aī vohū manaŋhā « Le tournant auquel (j’ai) le Sentiment que, savant, tu es à même d’arriver, (Roi) qui apportes la sagesse, à ce tournant(-ci) (= l’aire sacrificielle), le Penser bon me sert à t’envoûter ». La présomption de lʼhypallage dans le syntagme spǝntā θβā maniiū non plus quʼailleurs nʼa été retenue ni chez Humbach197 ni chez Lecoq198. Le sacrifiant ou lʼofficiant ont beau se trouver dans le monde matériel, le penser bon leur permet dʼy installer un monde abstrait à lʼinté195

Place licite ou normale du verbe. Avec KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 162, mais HUMBACH et FAISS, 2010, lisent +mazdā : « (being) wise through power ». 197 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 116. 198 LECOQ, 2016, p. 768-9. 196

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rieur duquel le contact puisse être établi avec les dieux. Le tournant est cet endroit, matérialisé par lʼaire sacrificielle, où, une fois arrivés, les dieux feront pivoter leur char en vue dʼentreprendre le retour. La concaténation des strophes 5 et 6 au moyen de la répétition du mot uruuaēsē ne doit donc pas nous induire en erreur : il faut éviter de confondre les deux tournants. Le second est celui auquel arrivent les dieux lors des cérémonies sacrificielles célébrées en leur honneur tandis que le premier est celui de la Frašō.kǝrǝiti. Certes, tous deux sont de toute façon apparentés puisque, dans un cas comme dans lʼautre, le tournant se situe dans le cadre de lʼoffrande dʼun sacrifice. La possibilité d’une haplologie de mots aī < **aī aī199 est à envisager en tête de l’hémistiche 6b2 entre le locatif masculin singulier du démonstratif (≈ védique tásmin/ asmín) et la première personne du singulier de lʼindicatif présent de √ ah « exister, se trouver » (= védique ásmi). Possibilité ignorée de Humbach et Faiss200 qui, suivis par Lecoq201, préfèrent admettre une seule phrase sur lʼensemble de la strophe et ordonner donc 6b2 aī vohū manaŋhā avec 6de1 : « At that turn at/to which you come with your beneficent spirit, | (being) wise through power, at that (turn) right-mindedness, (inspired) by good thought | by whose actions the herds are furthered in truth, | pronounces to those (in question) the judgements of your intellect, which no one deceives ». La difficulté principale de la phrase est de combiner et de rendre les trois compléments exprimés à lʼinstrumental, spәntā θβā maniiū, xšaθrā et vohū manaŋhā. La place du vocatif mazdā me paraît imposer de ranger xšaθrā avec la principale. La combinaison ne rassemble donc plus que les deux derniers instrumentaux. Lʼasyndète est le signe que le procès dénoté par le premier ne peut être mené à bien quʼavec le concours du second. 6c. yehiiā šiiaōθanāiš gaēθā ašā frādəṇtē202 « (À moi) qui, par lʼ(idée), le (mot) et le geste, recours au (bon) Agencement à lʼinstant dʼassurer la multiplication des troupeaux ». Lʼantécédent de yehiiā est-il bien vohū manaŋhā ? La question mérite KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 162. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 116. 201 LECOQ, 2016, p. 768-9. 202 Lʼindic. prés. employé en prop. rel. exprime le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Pour gaēθā ... frādәntē, voir V 2.4-5, Vr 11.1, Vyt 3.3, Y 16.1, 55.3, etc., 34.14, 44.10, 46.12, 46.13, 65.1, Yt 6.1. Place normale du verbe. 199 200

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d’être posée puisque le pluriel šiiaōθanāiš dont yehiiā est le complément déterminatif, en principe, est elliptique pour *manaŋhācā vacaŋhācā šiiaōθanācā* et que « la pensée de la pensée » est une invraisemblance. La solution sera de trouver un autre antécédent : le sujet de aī doit faire lʼaffaire : « (moi) par les gestes de qui ». La correction rituelle (aša), située dans le monde abstrait ou dans lʼexistence fondamentale, garantit le bon développement du monde matériel. Celui-ci est représenté par les troupeaux qui en sont le constituant le plus évident. 6de. aēibiiō ratūš səṇghaitī 203 ārǝmaitiš V θβahiiā xratəuš yəm na[ē] ciš dābaiieitī 204 ºoº « Ārmaiti définit pour les (impies) les éléments (textuels) de ta décision, toi que nul ne peut leurrer ». Je nʼai pu rendre compte de lʼabsence de lien syntaxiquement manifeste de la phrase occupant les deux derniers vers avec ce qui précède, une anomalie apparente du moins. De surcroît, jʼignore complètement ce que nous devons entendre par « ratu du xratu dʼAhura Mazdā » : la teneur de lʼincise ou aparté que ces deux derniers vers paraissent former est énigmatique ; le mot ratu- y est apparemment employé dans un sens spécifique, distinct de celui, habituel, que nous lui connaissons lorsqu’il désigne les divers éléments ou membres d’un ensemble structuré205. À tout hasard, je propose qu’il est ici question de décider du sort réservé aux impies. Un tabou, pouvons-nous penser, quelque prudence affichée devant les pouvoirs de la parole, a empêché l’identification explicite d’êtres négativement connotés, car il est inattendu206 de trouver ici le pronom aēibiiō dès lors quʼil ne remplace la désignation dʼaucun groupe de personnes mentionné ou connu préalablement. Lʼanonymat dans lequel lʼusage du pronom aēibiiō plonge les impies se justifie si nous savons que nommer fortifie. En effet, lʼadorateur offre le sacrifice à la divinité en la

203 Indic. prés. en indép.-principale exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place licite ou normale du verbe. 204 Indic. prés. en prop. rel. exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 198891, vol. II p. 73. Place normale du verbe. 205 PIRART, 2018, p. 350. Pour lʼinterprétation de cette occurrence du mot ratu-, LECOQ, 2016, p. 768 n., se montre hésitant tandis que HUMBACH et FAISS, 2010, donnent « judgements ». 206 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 162.

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nommant207. Il y aurait ainsi, en dehors du groupe des pieuses gens, le groupe de « ceux-là ». Ārmaiti entérine les décisions que le grand dieu a prises à lʼégard des impies. Comme elle nʼest jamais que la déification de la déférence avec laquelle les pieux adorateurs prennent position, il est à supposer que ces derniers, obéissant aux injonctions de la doctrine, prennent part aux châtiments infligés aux impies ou en approuvent la sévérité. Pour concerner les impies, ce dernier vers contraste alors avec les précédents où Zaraθuštra, en pieux adorateur, se donnait tout entier au culte du grand dieu. Ārmaiti, à lʼintérieur de la phrase lapidaire qui clôture la strophe, apparaît avec autant de sévérité que dans le vers Y 47.6d. Jʼavance alors la conjecture que cette déesse, à lʼépoque des Cantates, avait joué le rôle dʼune justicière chargée dʼune basse besogne que le grand dieu ne pouvait assumer : la mort ! Bien évidemment, le syntagme « les éléments textuels de ton xratu » est une façon étoffée de dire « les éléments des décisions que tu prends ». La déesse définit les mots à insérer dans le verdict condamnant les impies afin de refléter la décision du grand dieu. La mention du xratu- « performance, intelligence » tient probablement de la cheville métrique, la possibilité étant négligeable que les décisions fussent celles « de ton fils Xratu » même si lʼAvesta récent et les livres pehlevis208 connaissent un Yazata de ce nom209, mais il est vrai que ce Xratu récent est aussi à tenir pour une hypostase du grand dieu tout comme, dans le Véda, Krátu peut faire figure d’Indra. Cohérence du premier mouvement du mańiiu (Y 43.5-6) La concaténation forgée moyennant la répétition du mot uruuaēsē « au tournant » suffit à prouver la cohérence du premier mouvement, mais sa seconde strophe sʼachève de façon énigmatique avec une phrase volante dans laquelle, de surcroît, le mot ratu- revêt une signification inhabituelle : J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, car, dans la génération de l’existence (rituelle), je vois que tu es le premier, que tu soumets à rétribution les gestes et les mots, réservant un mauvais salaire au 207

Y 51.22, Yt 10.31. En commençant par le Dādestān ī Maniiaōi Xrat qui lui donne la parole : MX 1.1 pvrsyt| dʼnʼk OL mynvd hlt| AYḴ...; 1.3 V mynvd hlt| pshv| krt| AYḴ... 209 Le Vr 19.1.8 établit son équation avec Ahura Mazdā : xratūm vīspō.vīδuuāŋhǝm yazamaide yim ahurǝm mazdąm .·. « nous offrons le sacrifice à lʼomniscient Intellect : le Roi qui apporte la sagesse ». 208

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mauvais et bonne Fortune au bon, faisant montre de tes aptitudes, au dernier tournant du monde. Le tournant auquel (j’ai) le Sentiment que, savant, tu es à même d’arriver, (Roi) qui apportes la sagesse, à ce tournant(-ci) (= lʼaire sacrificielle), le Penser bon me donne d’exercer sur toi l’Envoûtement, (à moi) qui, par lʼ(idée), le (mot) et le geste, recours au (bon) Agencement à lʼinstant dʼassurer la multiplication des troupeaux. La Déférence définit pour les (impies) les éléments (textuels) de ta décision, toi que nul ne peut leurrer.

La répartition du maniiu entre six mouvements ne semble obéir à aucun plan dʼensemble ni à aucun critère : leur succession ainsi seraitelle aléatoire. En voici une table des matières par laquelle nous prenons aussi connaissance de quelques grandes lignes du protozoroastrisme : Mvts Vers I 5b 5cde 6abc II 7cde 8abc 8de III 9c 9de-10 IV

V VI

11c 11de 12 13cde 14 15cde

Matières ― théogonie ; ― eschatologie ; ― les fruits de la correction rituelle en ce monde ; ― les 3 questions de Tušnā.maiti ; ― Zaraθuštra fait état dʼun programme ― tout en se plaignant de ses faibles moyens ; ― nouvelle question de Tušnā.maiti ; ― Zaraθuštra se montre avide de savoir rituel ou de connaître Aša ; ― lʼimportance du penser bon ― et de sa mise en pratique ; ― lʼimportance de la déclamation et du chant ; ― Zaraθuštra prie les dieux de lui assurer lʼau-delà ― et de tenir compte de son rôle ; ―?

Y 43.7 spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7) pərəsatcā mā (4) .·. ciš ahī kahiiā ahī (7) kaθā aiiārə (4) daxšārā fərasaiiāi dīšā (7) aibī θβāhū (4) gaēθāhū ˟tanuuicā (7) .·. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse [spantam at θvā mazdā manhi ahura], lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon et me pose ces questions [yat mā vahū pari-jasat manahā prsat ca mā] : Qui es-tu ? Qui est ton père ? [ciš ahi kahya ahi] Comment sont les jours durant lesquels, en vue des questions, tu arboreras la

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marque [kaθā ayār daxšarā frasyāi dīša abi] sur tes troupeaux et ta personne [θvāhu gaiθāhu tanuʼi ca] ? 7ab. spəṇtəm at θβā mazdā məŋhī ahurā V hiiat mā vohū pairī.jasat 210 manaŋhā « J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (...) m’entoure du Penser bon ». Le refrain, la première fois, était limité à un seul vers, mais, toutes les cinq suivantes, est formé de deux vers. L’argumentation du maniiu, à l’exception du premier mouvement, est toujours ouverte avec ce même vers 7b. Le sujet non exprimé des verbes coordonnés pairī.jasat... pǝrǝsatcā, forcément distinct de Zaraθuštra et dʼAhura Mazdā qui coïncident respectivement avec les première et deuxième personnes du singulier, est une énigme de poids. Ce personnage énigmatique211 est encore présent dans la strophe suivante avec le pronom hōi. Pour son identification212, la dernière strophe du maniiu propose un bouddhisme : +tušnā.maitiš « la pensée silencieuse, le fait de penser en silence ». La déesse Tušnā.maiti, que nous devrons chercher à mieux identifier, est inconnue par ailleurs. LʼAvesta nʼillustre la voix active de pairī+√ gam que deux autres fois213, mais le sens de « servir » des traductions, imité de celles de la diathèse moyenne214, nʼest aucunement garanti : ― Y 60.12.1abc aša vahišta aša sraēšta V darǝsāma θβā V pairī θβā + jamiiāma « Excellent Agencement, splendide Agencement, puissions-nous te voir et te servir ! » ; ― Yt 17.26.1 pairi.tacat pairi.jasat (8) ašiš vaŋvhi yā bǝrǝzaiti (8) .·. « La haute bonne Conduite accourut à son service »215.

Les attestations du verbe védique correspondant pári GAM ne sont pas nombreuses. Le sens premier « aller autour »216 y évolue parfois vers 210 Lʼinj. prés., mode itératif du réel du présent, après hiiat temporel ou causal : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 78. Place licite du verbe. 211 Pour lʼauteur du zand, la question nʼa pas pu se poser puisque lʼinstr. vohū... manaŋhā fut pris pour un nom. : AMT ʼv| L vhvmn| BRA mt .·. ; yan mahyam uttamaṁ samāgacchan manah | gvahmano ʼmarah (Niriosaṅgha). 212 LECOQ, 2016, p. 769 n., pense à Vīštāspa. 213 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 156. 214 Ainsi HUMBACH et FAISS, 2010. p. 116, qui traduisent « when one serves me with good thought », mais LECOQ, 2016, p. 769, fait mine d’éviter l’embûche : « Lorsqu’il s’est approché de moi avec Vohu manah ». 215 Trad. PIRART, 2010b, p. 291. 216 RS 5.64.1, 9.98.7.

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« éviter »217 ou « assiéger »218, mais, pour un emploi similaire à celui des vers Y 43.7bc, nous pouvons nous appuyer plutôt sur les vers védiques suivants : ― RS 1.173.11ab yajñó hí sméndraṁ káś cid rndháñ V juhurānáś cin mánasā pariyán « Car tout sacrifice qui va-droit-au-but, même sʼil sʼégare lorsquʼil entoure par la pensée Indra »219 ; ― RS 10.81.4cd mánīsino mánasā prchátéd u tád V yád adhyátisthad bhúvanāni dhāráyan « Vous (humains) doués de réflexion, demandez (vous) en pensée (ce quʼétait) ce sur quoi (Viśvakarman) se tenait quand il mit en place les mondes ! »220

La déesse Tušnā.maiti, si tel est le sujet des verbes, irait ainsi en pensée autour de Zaraθuštra, voletant à la manière dʼun oiseau ou dʼun insecte, et lʼinterrogerait en pensée. La personnification de lʼentité abstraite est évidente, mais, naturellement, jʼy reviendrai avec lʼanalyse de la quinzième strophe. 7c. pərəsatcā221 mā .·. ciš ahī222 kahiiā ahī « Et lorsquʼ(elle) me pose ces questions : Qui es-tu ? Qui est ton père ? » Le sentiment que le grand dieu est savant se base habituellement sur les réponses quʼil donne aux questions qui lui sont posées. En toute logique, le jeu des questions et des réponses étant vu comme la source de la science. En effet, dans lʼAvesta récent, Zaraθuštra pose les questions, mais ce nʼest apparemment pas ce cas de figure que nous trouvons dans cette strophe où lʼidentité de lʼinterrogateur est autre et énigmatique. Le vers 15c proposera de sous-entendre ici le nom de Tušnā.maiti, une déesse qui, pour nous, est une inconnue. De surcroît, les questions, au lieu de lʼêtre au grand dieu, sont posées à Zaraθuštra. Les deux premières, celles de son identité, dans dʼautres textes, lui sont posées par Haōma ou Daēnā223. Lʼargumentation, pour recourir à un échange de questions éventuellement posées par une RS 4.43.6 : PIRART, 1995-2000, vol. II p. 145-6. RS 2.15.4 : RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 61. 219 Trad. RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 50. 220 Trad. RENOU, 1955-69, vol. XV p. 168. 221 Lʼinj. prés. est le mode itératif du réel du présent après hiiat temporel ou causal : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 78. 222 Les seuls verbes attestés à lʼindic. prés. en interrogative sont ceux qui construisent usuellement un indic. prés. Il est hors de doute quʼils expriment le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 66. 223 H 2.10.2a, Y 9.1.4a. 217 218

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divinité satellite dʼAhura Mazdā et de réponses données par Zaraθuštra, constitue une rareté. 7de. kaθā aiiārə daxšārā fərasaiiāi dīšā 224 V aibī θβāhū gaēθāhū ˟tanuuicā .·. « Comment sont les jours durant desquels, en vue des questions, tu arboreras la marque sur tes troupeaux et ta personne ? » La construction d’aibī avec le locatif reste étonnante. Comme elle porte sur ses gaēθā et sa tanū225, la troisième question concerne aussi lʼidentité de Zaraθuštra. Il y a donc une forte cohérence entre les trois questions qui lui sont posées. Cependant, notre ignorance du sens de daxšārā 226 et de celui de la préposition aibī incroyablement construite avec le locatif nous empêche dʼappréhender la portée exacte de la dernière question. Il faut probablement tenir compte des vers Y 51.9bc qui rassemblent eux aussi, en plus du prév. aibī et dʼun complément exprimé au loc. fém. plur., un mot dérivé de √ daxš et une forme de √ dā  : aiiaŋhā xšustā aibī ahuuāhū daxštəm dāuuōi sauuaiiō ašauuanəm .·.

V

rāsaiieŋhē drəguuantəm

Dans les vers Y 43.7de kaθā aiiārə (4) daxšārā fərasaiiāi dīšā (7) aibī θβāhū (4) gaēθāhū ˟tanuuicā (7) .·., si aibī est préverbe plutôt que préposition, les bizarreries du locatif placé à sa suite comme si cʼen était le régime ou du rejet dʼun complément au-delà du verbe tombent. De la comparaison avec le vers Y 43.7e, il ressort que le loc. fém. plur. ahuuāhū, dans les vers Y 51.9bc, sous-entend gaēθāhū, doit être analysé comme celui du composé du possessif xva- avec le préfixe négatif a+ et être interprété avec un sens résultatif : « lui imprimer aux (troupeaux) une marque au fer rouge (avec laquelle il est indiqué) quʼils ne lui appartiennent pas afin de nuire à lʼégaré, (mais) apporter lʼopulence à lʼharmonieux ». Pour nuire au drǝguuant, il est entrepris de le désautoriser aux yeux des dieux en apposant au fer rouge sur ses troupeaux une marque dénonçant quʼil nʼen est pas le propriétaire, car les troupeaux sont ce dont il devrait disposer à lʼinstant de sʼacquitter des honoraires sacerdotaux ou de mener des victimes sur lʼaire sacrificielle. Le mot 224 Opt. aor. en interrogative après kaθā « comment faire pour que ? » : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 90. 225 Sur le tandem que les gaēθā forment avec la tanū, PIRART, 2012a, p. 109-19. 226 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 116 : « O expert » ; LECOQ, 2016, p. 769 : « par un signe ».

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daxšāra- signifie donc aiiaŋha xšusta... daxšta- « marque (apposée) au fer rouge ». À moins que cette marque apposée au fer rouge ne soit la version daivique du daxšara. Dans le voisinage du préverbe aibī, le locatif se justifiera comme indication de lʼendroit où lʼindividu arbore le distinctif appelé daxšāra-227. Jʼimagine que Zaraθuštra porte sur le corps, mais aussi sur celui de ses bestiaux une marque qui en font des offrandes faites à la divinité en échange des réponses quʼelle voudra bien donner aux questions envisagées. Quoi quʼil faille penser de cette proposition, il va de soi que la traduction des deux derniers vers est bien évidemment conjecturale. La dernière question serait celle de savoir ce qui caractérise les jours que Zaraθuštra pense consacrer aux questions. Lʼinterrogatoire (frasī-) dont fait état cette troisième question que lui pose lʼénigmatique déesse, pour nous en tenir aux données de la littérature zoroastrienne ultérieure, est celui auquel Zaraθuštra, avide de savoir, a soumis le grand dieu qui dʼailleurs nʼattendait que cela, celui des fameux entretiens (hąm.paršti-). Cette idée dʼune question concernant les jours adéquats pour lʼentretien est présente dans le zand228 ou chez Humbach et Faiss229 qui parlent de date en corrigeant aiiārə230 en +aiiarə, ce dont je ne vois guère la nécessité : « Why, O expert, would you get a date for consultation | about your herds and yourself? ». De son côté, Lecoq opte pour une interprétation assez similaire : « Comment, par un signe, pourrais-tu désigner un jour pour la question, | Parmi tes êtres vivants et tes corps ? », mais, apparemment, nʼa pas retenu la correction que Humbach, à lʼoccasion de sa première traduction des Gāθā231, avait proposée de la leçon tanušiº de Geldner232 en ˟tanuuiº. Lecoq233 paraît avoir préféré ˟tanušuº, mais il est vrai que Humbach et Faiss234 ont incroyablement abandonné la correction en ˟tanuuiº et préféré admettre ici le loc. sing. dʼun thème bizarre ou inouï tanuš-. 227 La multiplicité des endroits où la marque est visible, sur le corps de Zaraθuštra, mais aussi sur celui de ses bestiaux, sans doute explique-t-elle que le mot daxšāra- soit employé au pluriel. 228 cygvn ZK YVM dhšk YVM Y prʼc ʼv| hmpvrskyh nmvt YKOYMVNyt AYK dhšk cygvn OBYDVN .·.. 229 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 116. 230 Nominatif-acc. pluriel de aiian- nt. 231 HUMBACH, 1959. 232 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 142. 233 LECOQ, 2016, p. 769. 234 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 116.

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Y 43.8 at hōi aōjī (4) zaraθuštrō paōuruuīm (7) haiθiiō.duuaēšā (4) hiiat isōiiā drəguuāitē (7) at ašāunē (4) +rafənō.xiiǝm †aōjōŋhuuat (< *aōjaŋvhā) (7) hiiat +ā būštīš+ (4) +vasasə.xšaθrahiiā diiā (7) yauuat ā (< *u) θβā (4) mazdā stāumī ufiiācā (7) ºoº +

Et, (moi qui suis) Zaraθuštra, je lui dis tout d’abord souhaiter être d’une hostilité avérée envers l’égaré [at hai auji zarat-uštrah parviʼam haθya-dvaišāh yat isaiʼa drugvatai], mais, pour le pieux (adorateur), d’un secours empreint d’autorité [at rtaunai +rafnahyaiʼam *aujahvāh], pour autant que je sois doté de moyens comme qui en dispose à sa guise [yat ā buštīš vasah-xšaθrahya diʼa], dans la même mesure que, pourtant, je t’adresse l’éloge et le chant, (Roi) qui apportes la sagesse [yāvat u θvā mazdā stāumi ufyā ca]. 8ab. at hōi aōjī 235 zaraθuštrō paōuruuīm V +haiθiiō.duuaēšā hiiat isōiiā236 drəguuāitē « Et, (moi qui suis) Zaraθuštra, je lui dis tout d’abord souhaiter être d’une hostilité avérée envers l’égaré ». Dans cette huitième strophe, il y a présence dʼun triangle formé de Zaraθuštra (aōjī zaraθuštrō ; ā ... diiā ; stāumī ufiiācā), dʼAhura Mazdā (θβā mazdā) et de lʼénigme dʼune troisième personne (hōi) pour lʼidentification de laquelle lʼhypothèse du féminin nʼest aucunement exclue. Comme ce nʼest pas une forme du démonstratif proche, il vaut mieux exclure Feu de la liste des candidats pour lʼidentification du personnage énigmatique représenté par le pronom hōi. La réponse aux questions posées dans la strophe précédente est introduite par l’hémistiche 8a1, lequel est dûment ouvert avec la particule at. Avec la première partie (paōuruuīm) de la réponse (8a2), Zaraθuštra décline son identité (« Pour commencer, je lui dit être Zaraθuštra »), mais le fait de façon incomplète puisque l’interrogateur lui avait demandé aussi son nom de famille237.

235 Inj. prés. en indép.-principale exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. Place licite du verbe. 236 Nous pouvons reconnaître une fonction votive aux optatifs isōiiā et rafәnō.xiiəm : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 92. Place emphatique du verbe. 237 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 164.

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Numérotée au moyen de paōuruuīm comme étant la première, la réponse par laquelle Zaraθuštra décline son identité n’est pourtant pas délimitée physiquement par l’annonce numérotée d’une réponse donnée à une question ultérieure. Aucune justification de ce silence ne peut être fournie. À défaut d’y avoir trouvé quelque alternative, je pourrais reprendre, du moins sur ce point, l’interprétation que Humbach et Faiss238 ont offerte de la strophe : « Yet I say to him: «Firstly, (I am) Zarathushtra.» (Secondly:) | “Since, (being) an honest person, I would seek for myself (people of) hostility toward the deceitful one, | would be a strong support for the truthful one, | if I could gain the adornments of one ruling at will | through the extent to which I praise and extol you, O Wise One.” » Le statut d’attribut du sujet que cette interprétation accorde à zaraθuštrō (« je dis être Zaraθuštra ») ne va pourtant pas de soi. En effet, nous pouvons tout aussi bien y voir le sujet lui-même : « moi qui suis Zaraθuštra, je lui dis... ». Pareille alternative, faut-il bien voir, présente l’avantage de nous offrir la possibilité d’accorder paōuruuīm avec hiiat et de nous affranchir de l’idée encombrante d’une numérotation des réponses. La seule réponse que Zaraθuštra donne à la déesse n’en est pas vraiment une. Au lieu de répondre aux questions divines, Zaraθuštra passe directement à une déclaration. L’idée d’une numérotation des réponses doit être abandonnée : Zaraθuštra déclare ceci : il souhaite avant tout ou tout d’abord ―tel serait le sens de paōuruuīm― se montrer haiθiiō.duuaēšah envers les drәguuant et favoriser plutôt les ašauuan. hiiat sert forcément à introduire l’ensemble des vers bcde pour en faire une vaste et complexe complétive en dépendance du verbe principal aōjī dans la mesure où une corrélation avec la particule at qui ouvre le troisième vers est à exclure : la corrélation hiiat ... at est inusuelle dans l’expression des deux volets d’un contraste. Il faut encore souligner que la réponse que Zaraθuštra donne à la déesse est une réponse rapportée par ce même Zaraθuštra à Ahura Mazdā : Zaraθuštra dit à Ahura Mazdā faire cette déclaration à la déesse. Et cette déclaration est, après la question de la déesse, une nouvelle raison de la conviction qu’il se forge concernant le grand dieu. De surcroît, Jean Kellens, dans un message, me le fait remarquer, pour le cas de coïncidence, l’indicatif aōjōi eût été requis. Au vu de l’injonctif aōjī, nous devons donc penser que Zaraθuštra expose son programme chaque fois que la déesse lui pose de telles questions. Et le programme qu’il met alors en exergue lui apparaît comme un argument de plus à l’instant de penser qu’Ahura Mazdā est spәnta. 238

HUMBACH et FAISS, 2010, p. 117.

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8cd. at ašāunē †rafənō xiiə˜m aōjōŋhuuat† V hiiat +ā būštīš+ +vasasə. xšaθrahiiā 239 diiā 240 « Mais (souhaiter être), pour le pieux (individu), d’un secours empreint d’autorité, pour autant que je sois doté de moyens comme qui en dispose à sa guise ». La déclaration, un souhait exprimé à l’optatif, est faite du contraste de deux propositions articulées autour de at. Au lieu de répondre aux questions et notamment à la troisième qui concernait ses biens et sa propre personne (θβāhu gaēθāhū ˟tanuuicā), Zaraθuštra expose un programme, le projet d’être bon avec les bons et méchant avec les méchants, mais aussi en soumettant la réalisation de son programme à la condition d’en recevoir les moyens, car les anciens n’hésitaient pas à recourir au chantage dans leurs relations avec les dieux. Le programme de Zaraθuštra fait écho à la métaphore des deux mains (Y 43.4) et à la rétribution des actes que, par ce biais des deux mains, le grand dieu entend assurer pour les impies et les pieux adorateurs (Y 43.5). Ce programme se justifie peut-être comme argument : il serait destiné à convaincre le grand dieu dʼinviter Zaraθuštra à lʼentretien, de se soumettre à ses interrogatoires et de faire de lui son messager. Tušnā.maiti serait venue tâter le terrain avant que Zaraθuštra, âgé de trente ans, ne fût invité à poser ses questions au grand dieu. Le composé vasasǝ.xšaθra- définit ou qualifie un personnage dont le caractère paradigmatique et indéfini, « quelquʼun comme ça », reste indécis. Ce personnage est bien évidemment à distinguer de celui auquel se réfère le pronom hōi du premier vers. Le tour ašāunē rafәnō xiiəm aōjōŋhuuat « pour le pieux (individu), je serais d’un secours empreint d’autorité », dans lequel un substantif abstrait neutre jouerait le rôle d’attribut d’un sujet animé, est tout à fait inusuel. Il convient donc de lire +rafәnō.xiiəm en un mot et d’y voir la première personne du singulier de la voix active de l’optatif présent du verbe dénominatif tiré de rafәnah-241 comme le suggère, dans le Y 58.7, 239 Le sandhi présent dans le composé vasasə.xšaθrahiiā contraste avec son absence dans le syntagme correspondant : Y 43.1b1 vasə xšaiiąs et Y 50.9c2 vasə xšaiiā. Ce maintien du sandhi souligne qu’il y a composition. Le sens du composé, au lieu de « one ruling at will » (HUMBACH et FAISS, 2010, p. 117) est à préciser comme je l’ai indiqué pour le Y 9.25.1 ci-dessus à l’occasion du commentaire de l’hémistiche Y 43.1b1. 240 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 117 : « if I would gain the adornments » ; LECOQ, 2016, p. 769 : « Car je voudrais recevoir ». Le second volet du contraste présent dans la déclaration est affublé d’une subordonnée conjonctive de condition en hiiat (8d) dans laquelle l’optatif aoriste du verbe ā ... diiā exprime l’irréel du présent : contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 92. Place normale du verbe. 241 < pie. *-nes-ió-iH-m. Place licite du verbe.

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l’existence du datif singulier haplologique du substantif féminin abstrait correspondant, rafәnō.xiiāi 242. Cependant, l’adjectif aōjōŋhuuat que cette nouvelle lecture nous oblige à séparer de rafәnō nous reste alors sur les bras. Je ne vois d’autre solution que d’accuser la diascévase d’avoir retouché un original masculin singulier *aōjaŋvhā accordé avec le sujet du verbe et de l’avoir mis au nominatif-accusatif neutre singulier de façon à l’accorder avec rafәnō en s’inspirant de l’hémistiche Y 28.6b2 : zaraθuštrāi aōjōŋhuuat rafǝnō243.

Le mot būšti-244 renverrait bien aux troupeaux de la dernière question. Ce serait ainsi un synonyme approximatif de gaēθā-. Les troupeaux en question, à la rigueur, désigneraient lʼensemble escompté de futurs disciples ou adeptes, tels que Vīštāspa, qui lui apporteront la richesse et leurs moyens. De toute façon, la richesse dont les adeptes lui feront cadeau à titre dʼhonoraires ou de daksinā, ce sera un troupeau de vaches comparables à celles que les dānastuti védiques célèbrent245. 8e. yauuat 246 ā 247 θβā mazdā stāumī ufiiācā 248 ºoº « Dans la même mesure que, pourtant, je t’adresse l’éloge et le chant, (Roi) qui apportes la sagesse ». Zaraθuštra dénonce que sa pauvreté en biens matériels est aussi grande que sa richesse en éloges et en hymnes adressés à Ahura Mazdā. Il menace Ahura Mazdā de mettre son projet < pii. *rapnasiāiāi. Sur cette forme, PIRART, 1992 ; ALBINO, 2001. Voir PIRART, 2017a. 244 Lʼauteur du zand, dʼune ingéniosité sans limites, y a reconnu le conglomérat dʼune forme de √ bū et du mot uštā : AMT ZK YHVVNyt nyvkyh AYK tn| Y psyn| YHVVNyt PVN kʼmk hvtʼdyh YHBVNyhyt AYK ŠLYTAyh PVN ʼpʼdst| KN YHBVNyhyt .·., mais Niriosaṅgha, y méconnaissant la beauté, me paraît avoir manqué le coche : yo ʼsau bhavisyati svecchayā rājyasya dātā | kila vapusi pāścātye rājyaṁ samīhitena dāsyati. Les troupeaux, source de nourriture, sont la richesse par excellence, son paradigme. Sans eux, aucune prospérité ni aucun bien-être ne sont envisagés : comme la racine de būšti- correspondant à lʼancien causatif sigmatique de √ bū paraît lʼindiquer, les troupeaux « font devenir » leur propriétaire, font sa prospérité. 245 PIRART, 2016b. 246 Le vers 8e contient une subordonnée tertiaire, une comparative en yauuat donnant la mesure de būštīš, l’objet du verbe de l’irréelle qui remplit 8d. 247 Dans leur refus systématique et irrationnel, partagé avec LECOQ, 2016, p. 769, de tenir compte des propositions ou des solutions que KELLENS et moi, 1988-91, nous avions apportées, HUMBACH et FAISS, 2010, p. 117, lisent yauuat.ā en un mot : « through the extent to which I praise and extol you, O Wise One ». 248 Lʼindic. prés., mode duratif du réel du présent, apparaît avec yauuat : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 78. Place normale des deux verbes. 242 243

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en veilleuse si, par leur importance, les moyens mis à sa disposition ne sont ni à la hauteur de ses espérances ni proportionnels à l’éloge dont il a voulu se faire le champion. En tout cas, les questions posées ne sʼadressent pas à lʼâme-moi dʼun Zaraθuštra défunt : le mode optatif de la réponse donnée à la troisième question, pour appartenir à lʼinaccompli, interdit de le penser. Zaraθuštra nʼa pas encore atteint lʼâge de trente ans, et ses fameux entretiens avec le grand dieu n’ont pas encore démarré. Cohérence du deuxième mouvement du mańiiu (Y 43.7-8) La cohérence sauterait aux yeux si la seconde strophe du mouvement renfermait les réponses données aux trois questions formulées dans la première, mais la correspondance logiquement attendue entre questions et réponses ne serait évidente que pour la première des trois. Si ce nʼest que les būšti de 8d paraissent bien faire écho aux gaēθā de la troisième question. Comme le phénomène a lieu aussi entre les strophes 1-2 et 6 de la Xšmāuuaiia.gəuš.uruuā Hāiti (Y 29)249, force nous est de penser que la correspondance approximative ou peu rigoureuse trouvée ici entre questions et réponses est une habitude à laquelle les poètes aimaient à sacrifier ou que lʼimprécision était de bon aloi. Néanmoins, j’ai finalement préféré l’exploration d’une autre solution : Zaraθuštra, au lieu de répondre docilement aux trois questions, se serait lancé dans une déclaration vigoureuse, allant jusqu’à menacer les dieux. Il mʼa donc fallu passer par dʼénormes conjectures pour trouver un fil conducteur auquel mʼagripper qui fût susceptible de relier les deux strophes du mouvement : J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon et me pose ces questions : Qui es-tu ? Qui est ton père ? Comment sont les jours durant desquels, en vue des questions, tu arboreras la marque sur tes troupeaux et ta personne ? Et, (moi qui suis) Zaraθuštra, je lui dis tout d’abord souhaiter être d’une hostilité avérée envers l’égaré, mais, pour le pieux (individu), d’un secours empreint d’autorité, pour autant que je sois doté de moyens comme qui en dispose à sa guise, dans la même mesure que, pourtant, je t’adresse l’éloge et le chant, (Roi) qui apportes la sagesse.

Si mon interprétation est la bonne, le mouvement fait allusion à quelques péripéties, inconnues par ailleurs, qui auraient précédé les 249

PIRART, 2018, p. 83.

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fameux entretiens que le grand dieu avait accordés à Zaraθuštra. Et le maniiu aurait donc été déterminant dans leur organisation. Lʼabsence de réponse donnée à la troisième question nʼest sans doute quʼapparente dʼautant quʼune gestuelle devait accompagner le texte et que la déesse, si ma compréhension in extremis du vers 15c est la bonne, était à même de constater, sur la personne de Zaraθuštra, la présence des marques requises : il lui était impératif dʼarborer certains signes à lʼinstant de se rendre à lʼentretien, et la déesse savait les lire. Il importait bien davantage à Zaraθuštra de faire savoir aux dieux de quel bois il allait se chauffer. Y 43.9 spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7) ahiiā +fərasīm (4) kaāi vīuuīduiiē vašī (7) at ā θβaāi (4) āθrē rātąm nəmaŋhō (7) ašahiiā mā (4) yauuat isāi mańiiāi (7) .·. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse [spantam at θvā mazdā manhi ahura], lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon [yat mā vahū pari-jasat manahā], tout au long de la question que voici [ahya frasīm] : « Pour qui veux-tu faire la différence ? » [kahmāi vividvai vaši]. Et (jʼen suis convaincu pour connaître la réponse à cette question lorsque, chez moi, le lait) est offert en hommage à ton (fils) le Feu [at ā θvahmāi āθrai rātām namahah] (et que je le fais) dans le seul but de me faire, autant que possible, une idée du (bon) Agencement [rtahya hma yāvat īsāi manyaʼai]. 9abc. spəṇtəm at θβā mazdā məŋhī ahurā V hiiat mā vohū pairī.jasat manaŋhā V ahiiā +fərasīm (4) kaāi vīuuīduiiē vašī 250 (7) « J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon, tout au long de la question que voici : «Pour qui veux-tu faire la différence ?» » L’ensemble 7-8 avait permis de reconnaître Zaraθuštra dans la première personne du singulier. Le mouvement suivant du maniiu, constitué des strophes 9-10, nomme le Feu, mais il est sans doute abusif de penser que la quatrième

250

Réel du présent en interrogative.

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strophe où il était question des deux mains du grand dieu le laissait prévoir. Avec le pronom ahiiā, nous sommes confrontés à un personnage énigmatique de plus, forcément distinct du sujet du verbe pairī.jasat. Le triangle auquel jʼavais eu recours dans la description des relations existant entre les personnages mentionnés dans le maniiu serait à remplacer ici par un trapèze : Zaraθuštra, en parlant avec Ahura Mazdā, fait allusion à deux personnages, celui qui lʼentoure du penser bon et celui aux questions duquel il dit répondre ou avoir répondu. Le plus vraisemblable, à mes yeux, ne sera pourtant pas de leur reconnaître à tous deux le statut divin, le statut de satellites du grand dieu. De surcroît, rien ne nous oblige vraiment à faire du pronom ahiiā l’évocation d’un personnage : il peut parfaitement faire référence à lʼobjet de la question. Dans cette hypothèse, ahiiā serait cataphorique et annoncerait le discours direct de 9c2. Et, comme +fǝrasīm ne sʼexplique pas dans la rection de pairī.jasat251, nous en ferons un accusatif de durée. Humbach et Faiss252 ouvrent une nouvelle phrase avec ahiiā fәrasəm  : « To his question “To whom do you want to pay honor?” » Pour sa part, Lecoq253 situe ce syntagme à l’intérieur de la question : ««Pour qui veux-tu connaître sa question ?»» Humbach et Faiss254 rapprochent vīvīduiiē du véd. VIDH « honorer »255 tandis que Lecoq paraît bien y reconnaître √ vid « savoir ». Lʼinfinitif vīuuīduiiē de 9c2 est la seule attestation avestique de vī+√ vid256. Et les attestations de ví VID dans la Rgvedasaṁhitā ne sont guère nombreuses : ― RS 1.185.1 katarā pūrvā katarāparāyóh V kathā jāté kavayah kó ví veda | víśvaṁ tmánā bibhrto yád dha nāma V ví vartete áhanī cakríyeva « Laquelle des deux (entités cosmiques, Nuit et Aurore, a été celle) dʼavant, laquelle des deux (celle) dʼaprès ? Comment (sont-elles) nées ? Qui (le) sait dis(tinctement) ? / (Ciel et Terre) portent dʼeux-mêmes tout ce qui (a) un nom. Les deux portions-du-jour roulent-alternativement comme des roues »257 ; ― RS 1.189.7ab tuváṁ tā agna ubháyān ví vidvān V vési prapitvé mánuso yajatra « O Agni, toi qui connais, les distinguant, ces deux (espèces

KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 164. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 117. 253 LECOQ, 2016, p. 769. 254 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 182. 255 Pour moi, cette racine est à séparer de ví DHĀ : voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 555. 256 BARTHOLOMAE, 1904, col. 1445. 257 Trad. RENOU, 1955-69, vol. XV p. 117. 251 252

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dʼêtres, les bons et les méchants), tu attaques les hommes avant le (temps du) repas (rituel), ô (dieu) adorable »258 ; ― RS 7.10.2cd agnír jánmāni devá ā ví vidvān V dravád dūtó devayāvā vánisthah « Agni le dieu, qui discerne les engendrements (des dieux et des hommes, sʼavance) rapidement (comme) messager, abordant les dieux, procurant (aux hommes des biens) par excellence »259 ; ― RS 10.12.5 kíṁ svin no rājā jagrhe kád asyaVāti vratáṁ cakrmā kó ví veda | mitráś cid dhí smā juhurānó devāñ V chlóko ná yātām ápi vājo ásti « De quoi donc le roi (Varuna) nous a-t-il accusés ? Quʼavons-nous commis contre son décret ? Qui le sait ex(plicitement) ? / Mitra lui-même (aurait-il) égaré les dieux ? (Pourtant) il est (là), prix-de-victoire (incarné), pareil à la rumeur même des (guerriers) qui partent »260 ; ― RS 10.88.17ab yátrā vádete ávarah páraś ca V yajñaníyòh kataró nau ví veda « Là où deux (êtres) discutent, (lʼun étant) de ce côté-ci, (lʼautre) de lʼautre bord, (disant :) lequel de nous deux qui conduisons le sacrifice connaît exactement (la clé) ? »261.

Aucune dʼentre elles ne documente la rection dʼun accusatif et dʼun datif pour laquelle nous avions posé le sens « annoncer quelque chose à quelquʼun »262. Je préfère donc m’en tenir au sens de « connaître la différence » qu’elles documentent. Nous devons rechercher dès lors les deux termes entre lesquels une différence serait à détecter. Pour leur identification, je ne vois guère que les deux maniiu ou le tandem que le feu rituel formerait avec Zaraθuštra et dont il avait été question à la quatrième strophe avec la métaphore des deux mains. De surcroît, lʼobjet de vīuuīduiiē, malencontreusement sous-entendu dans la question, nʼapparaîtrait que lors du sous-entendu de ce verbe, dans la réponse. Et ce verbe sous-entendu serait construit avec une particule mā bizarrement rejetée dans le vers suivant, au sein dʼun complément libre. Dʼaprès lʼensemble des passages védiques, ví VID doit signifier « connaître la différence devant être opérée entre deux êtres ou deux données ». Dans la phrase qui nous occupe, la brève interrogative kaāi vīuuīduiiē vašī, aucune des deux données nʼapparaît entre lesquelles la distinction serait à opérer, mais, comme il est question de convictions, nous pourrions songer à la bonne et à celle quʼil convient de réfuter : « En faveur de qui souhaites-tu connaître la différence (à opérer entre les deux convictions) ? »

258 259 260 261 262

Trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 40. Trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 60. Trad. RENOU, 1955-69, vol. XIV p. 9. Trad. RENOU, 1955-69, vol. XIV p. 24. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 305.

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L’emploi védique de ví VID à propos du tandem divin mitrāvárunā à la strophe RS 10.12.5 me conduit à envisager aussi cette seconde alternative et suggère que la distinction à opérer entre le bien et le mal se reflète dans les interrogateurs qui ne seraient autres que les avocats entourant Rašnu lors du jugement de lʼâme-moi du défunt, Sraōša qui lʼaccuse et Miθra qui vient à son secours. Ceci, bien sûr, est une conjecture hâtive devant lʼindigence des informations que la strophe gâthique nous fournit, mais, comme je lʼai dit sur base du mode dʼinaccompli caractérisant les verbes de la réponse donnée à la troisième question de la septième strophe, Zaraθuštra nʼest pas encore mort. Et nos connaissances du protozoroastrisme sont trop pauvres pour que les juges de lʼau-delà soient identifiables. 9d. at ā θβaāi āθrē rātąm nəmaŋhō « Et (jʼen suis convaincu pour connaître la réponse à cette question lorsque, chez moi, le lait) est offert en hommage à ton (fils) le Feu ». La particule at est ici l’indication visible d’une nouvelle phrase et, par suite, de la limitation de l’interrogative directe au seul hémistiche 9c2. Cette remarque ne nous aide guère pourtant à savoir comment la nouvelle phrase est articulée sémantiquement avec ce qui la précède. En effet, la nouvelle phrase, avec les mots θβaāi āθrē, paraît bien offrir une réponse à la question kaāi alors même que cette dernière est posée par la déesse et que la strophe, dans son ensemble, constitue, tout comme le reste du maniiu, un discours que Zaraθuštra adresse au grand dieu. Nous devons donc douter263 du statut de réponse qu’il faudrait accorder à la nouvelle phrase dans la mesure où elle n’y a aucune place en tant que réponse. De surcroît, le verbe qui devrait régir lʼaccusatif rātąm manque. Si le préverbe ā en était une trace, ce pourrait être le verbe ā+√ zu « verser » comme le suggère le vers védique RS 4.7.7c : mahām̐ agnír námasā rātáhavyah « le grand Agni, auquel on donne lʼoblation avec hommage »264.

Le locuteur, Zaraθuštra, rend hommage au Feu fils d’Ahura Mazdā afin de se faire une idée d’Aša : la séquence fait état de la relation étroite qu’Aša entretient avec le Feu. Au lieu de la faire à Aša, l’orant Zaraθuštra 263 264

Contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 157. Trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 12.

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fait l’offrande au Feu dont l’idée lui semble plus facile à appréhender. Dans la strophe suivante, il ne désarmera pourtant pas et, à nouveau, demandera à voir Aša malgré la difficulté, mais sans jamais se départir de la correction et de la déférence requises à l’instant de s’adresser de la sorte au grand dieu. Le genre féminin de rātąm ne peut être justifié. Parmi les rares objets féminins singuliers des attestations du védique RĀ, seule la vache pourrait convenir au passage qui nous occupe, étant entendu que « vache » vaut pour « lait ». Cependant, lʼautre attestation de la forme rātąm, dans la strophe Y 33.14, mʼempêche de poursuivre lʼinvestigation dans cette direction. L’emploi de rātąm dans la strophe Y 33.14 est tout aussi énigmatique que dans celle-ci : où se trouve donc le verbe dont rātąm serait l’objet dans la présente strophe Y 43.9 ? Dans Y 33.14, pourquoi rātąm n’est-il pas accordé avec uštanәm ? Le schéma de coordination y est étrangement complexe : at rātąm zaraθuštrō V tanuuascīt xvaxiiā uštanәm V dadāitī pauruuatātәm V manaŋhascā vaŋhəuš mazdāi V šiiaōθanahiiā ašā.yācā V uxδaxiiācā sәraōšәm xšaθrәmcā .·.

Il faut peut-être y explorer une autre piste, celle qui fait de rātąm un verbe conjugué : la troisième personne du singulier de la voix moyenne de lʼimpératif présent265 de √ rā « offrir ». Cʼest du moins ce que suggèrent les deux passages suivants : Y 11.18 fǝrā və rāhī amǝšā spǝntā V yasnǝmcā vaǝmcā V fǝrā manaŋhā fǝrā vacaŋhā V fǝrā šiiaōθanā fǝrā aŋhuiiā V fǝrā tanuuascīt xvaxiiā uštanǝm .·. « Je vous offre, ô Immortels bienfaisants, le sacrifice et le chant dʼadoration par la pensée, le mot, le geste, lʼeffort pour atteindre lʼétat rituel et (la strophe Y 33.14 qui dit que lʼon fait don de) «lʼanimation de son corps» »266 ; Y 13.4 pairī və amǝšā spǝntā V huxšaθrā huδaāŋhō daδąmi V tanuuascīt xvaxiiā uštanǝm V pairī vīspā hujītaiiō .·. rāspī .·. iθā maniiū mamnāitē V iθā vaōcātarə iθā vāuuǝrǝzātarə .·. « Immortels bienfaisants qui êtes généreux et acceptez la bonne emprise rituelle, je vous donne «lʼanimation de mon corps» et «toutes les bonnes vies» (en pensant, disant et faisant) «comme les deux Avis ont pensé, dit et fait» »267.

Ceci pourrait convenir à lʼinterprétation du vers Y 33.14a, mais, au vers Y 43.9d, je ne vois pas comment faire de rātąm une forme 265 Sur la désinence -tąm de la 3e pers. sing. de la voix moyenne de lʼimpératif, KELLENS, 1984a, p. 317 et 393. 266 Trad. KELLENS, 2006-13, vol. II p. 132. 267 Trad. KELLENS, 2006-13, vol. II p. 140.

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conjuguée : le génitif nǝmaŋhō paraît bien déterminer rātąm. Nous devons donc admettre la possibilité dʼhomophones. Revenons à la question ou, plus exactement, à la réponse qui devrait lui être donnée avec 9d, car il semble bien que Zaraθuštra réponde à la question tout en étant tourné vers le grand dieu. J’avancerais qu’il le fait incidemment puisque le verbe de la réponse n’est apparemment pas celui de la question : il afficherait devant le grand dieu que sa conviction est fondée sur la question de la déesse et sur la réponse qu’il y trouve tout en offrant la libation de lait. En effet, c’est devant le feu que Zaraθuštra rend manifeste la différence à faire entre la bonne et la mauvaise conviction, et cette réponse est donnée du fait même de verser le lait devant ce fils du grand dieu. La phrase ouverte avec la particule at ainsi n’est-elle pas la réponse que Zaraθuštra aurait donnée à la déesse, mais en tient lieu à l’intérieur d’un discours adressé exclusivement à Ahura Mazdā. 9e. ašahiiā268 mā269 yauuat isāi270 mańiiāi271, .·. « Dans le seul but de me faire une idée du (bon) Agencement autant quʼil me sera possible ». La forme maniiāi, par sa quantité de trois syllabes, ne peut être expliquée comme le datif dʼun thème féminin mainī« compréhension » comme nous lʼavions avancé272 en tablant sur lʼattestation de ce mot dans la phrase Y 35.9.1 où il est complété, étonnamment dʼailleurs, de lʼaccusatif ašǝm : imā āt uxδā vacā ahuramazdā ašǝm maniiā vahehiiā frauuaōcāmā « Ces mots, ces paroles, ô Maître Mazdā, nous les proclamons par intérêt pour une meilleure compréhension de lʼHarmonie »273.

Si le caractère substantif de maniiā, du fait de recevoir lʼépithète vahehiiā, ne fait aucun doute dans la phrase Y 35.9.1, nous ne pouvons, en revanche, en dire autant de maniiāi dans la strophe Y 43.9, car, en plus du dissyllabisme de ºiiāi dans le datif dʼun thème féminin en ºī- qui, 268 Le gén. pour l’objet du véd. MAN est bien attesté. Exemple : RS 10.2.5b ná yajñásya manvaté mártyāsah. 269 La particule mā (= védique sma) donne sans doute de l’emphase au subjonctif maniiāi : « (dans le) seul (but) de me faire une idée », mais KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 164, prenaient maniiāi pour le datif d’un substantif. 270 Subj. prés. avec yauuat : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. Le début de 9e2 se retrouve dans Y 28.4c1. 271 Place normale du verbe. 272 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 281 ; vol. III p. 164. 273 Trad. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 134.

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mal documenté274, reste incertain, il convient de remarquer la différence de rection entre ašǝm maniiā et ašahiiā... maniiāi. Le vers 9e contient donc probablement une subordonnée de but en parataxe dans laquelle est insérée une conjonctive en yauuat et dont maniiāi, en accord avec le zand275, est le verbe. Malgré tous ces écueils grammaticaux, jʼarrive à la conclusion que Zaraθuštra cherche à connaître la place qui lui est assignée, le rôle que le grand dieu lui enjoint de tenir à côté du Feu dans le processus sacrificiel appelé Aša. Il est argumenté que, pour le connaître, il lui est nécessaire de connaître aussi celui du Feu et de voir Aša, d’avoir une vue d’ensemble sur la célébration que le maniiu lui suggère. Y 43.10 at tū mōi dāiš (4) ašəm hiiat mā zaōzaōmī (7) ārǝmaitī (4) hacimnō +īt.ārəm (< *idā arəm*) (7) † pərəsācā (< *pәrәsatcā) nā (4) yā (< *yā u*) tōi +əā parštā (7) parštəm zī θβā (4) yaθanā tat [ə]mauuatąm (7) hiiat θβā xšaiiąs (4) aēšəm diiāt əmauuaṇtəm (7) ºoº Et toi, montre-moi donc l’Agencement [at tu mai dāiš rtam] : accompagné de la Déférence comme il convient [aram-matī hacamnah... aram], je n’ai jamais cessé ici de l’appeler à grands cris [yat mā zauzaumi... ida]. Et (j’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse,) lorsque (la déesse) nous demande ce que tu nous as pourtant déjà demandé [prsat ca nāh yā u tai ahmā prštā], car ceux qui sont avec moi (= mes adeptes, mes disciples) ont pris place pour te demander [parštam zi θvā yaθnā tat māvataʼam] si (le Feu), grâce à l’Envoûtement, est à même de te rendre vigoureux et offensif [yat θvā xšayants aišam dyāt amavantam].

274 Le datif fém. sing. des thèmes féminins en ºā- (type védique urvárā-) et en ºī- (type védique devī-) est extrêmement mal documenté en vieil avestique métrique : deux des trois mots féminins en ºā- ou en ºī- dont le dat. sing. est attesté, daēnā- (daēnaiiāi Y 46.7, 51.17, 53.4) et vaŋvhī- (vaŋhuiiāi Y 51.17, 53.4), sont connus comme des perturbateurs du mètre tandis que le troisième, frasī- (fǝrasaiiāi Y 43.7), est de morphologie incertaine. Quant à lui, lʼinstr. sing. des thèmes féminins en ºī- nʼest documenté que par un mot qui serait perturbateur du mètre (Y 33.12b2 vaŋhuiiā zauuō ādā heptasyllabe avec valeur dʼoctosyllabe  ; Y 51.10c2 vaŋhuiiā ašī gat.tē hexasyllabe avec valeur dʼheptasyllabe) et deux mots de morphologie incertaine, frasī- (fǝrasaiiā Y 44.13) et viiānī- (viiānaiiā Y 29.6, 44.7). Les déductions théoriques que jʼavais formulées il y a plus de trente ans (PIRART, 1986a, p. 163-4, 168 et 173) ne peuvent donc être vérifiées sainement. 275 mynm ; dhyāyāmi.

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10abc. at tū mōi dāiš276 ašəm hiiat mā zaōzaōmī277 V ārǝmaitī hacimnō +īt.ārəm278 V pərəsācā279 nā yā tōi +əā parštā « Et toi, montre-moi donc l’Agencement : accompagné de la Déférence comme il convient, je n’ai jamais cessé ici de l’appeler à grands cris. Et (je suis convaincu que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse,) lorsque (la déesse) nous demande ce que tu nous as pourtant déjà demandé ». La recherche d’Aša, l’un des thèmes favoris des Cantates, faisait déjà l’objet du vers 9c. La nature impérative de pәrәsāº280 est douteuse puisque son interprétation comme troisième personne du singulier de l’injonctif, *pәrәsatcā, et sa coordination avec pairī.jasat de 9b ne peuvent être écartées. C’est du moins ce que suggère la comparaison avec 7c, mais il nʼy a pas vraiment de nouvelle question : si ma compréhension de cette logomachie construite sur √ fras est la bonne, la déesse en serait à enfoncer des portes ouvertes dès lors que le grand dieu aurait dʼores et déjà posé luimême ces autres questions. La particule *u « déjà » tapie dans le pronom relatif yā dissyllabique281 interdit probablement de comprendre ce dernier comme un interrogatif, car, en son absence, il pourrait y avoir ambiguïté : la déesse pose-t-elle les mêmes questions ou pose-t-elle celle de savoir les questions quʼAhura Mazdā avait posées ?

276 HOFFMANN, 1967, p. 256 et 261-2, a montré que la deuxième personne du sing. de lʼinj. aor. véd. pouvait avoir une valeur hortative. Cʼest le cas aussi en vieil avestique : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 67. Place emphatique du verbe. Il est à remarquer que la forme est monosyllabique et que plusieurs autres exemples de cette place emphatique concernent pareillement des formes monosyllabiques. 277 La particule mā (= védique sma) permet de combiner fonction du parfait et sémantique secondaire : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 65. Place licite du verbe. 278 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 164. Dans ārmaitī hacimnō īt.ārəm, il y a jeu sur arəm (= védique áram). De leur côté, HUMBACH et FAISS, 2010, p. 117, suivis par LECOQ, 2016, p. 770, lisent īt ārәm et font de ārәm un verbe conjugué : « in harmony with right-mindedness I have deserved it » ; « Je me suis levé, avec Ārmaiti, en le suivant ». 279 Je ne crois plus à lʼanalyse qui fait de dāiš ... pǝrǝsācā la coordination dʼun impér. prés. avec une 2e sing. de lʼinj. aor. de valeur prescriptive : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 98. Dans le vol. III p. 165, avec renvoi au vol. II p. 145, il est souligné que la coordination dʼun impératif et dʼun injonctif aoriste est très suspecte, mais, bien évidemment, HUMBACH et FAISS, 2010, p. 117, suivis par LECOQ, 2016, p. 770, n’hésitent pas à faire de pәrәsāº un impératif. 280 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 98. 281 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 117, tout comme LECOQ, 2016, p. 770, ignorent superbement la métrique.

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Le pluriel de la première personne fait tache : mōi... zaōzaōmī... nā... əā. Celui de la deuxième, tout aussi bien à la strophe suivante. Leur explication passe par lʼhypothèse facile que le groupe auquel appartiendrait la première personne rassemblerait collègues, disciples et adeptes tandis que la deuxième personne du pluriel renverrait au panthéon. 10d. parštəm zī θβā282 yaθanā tat [ə]mauuatąm « Car ceux qui sont avec moi (= mes adeptes, mes disciples) ont pris place pour te le demander ». Le second hémistiche est-il à corriger en [tat] əmauuatąm, en tat [ə]mauuatąm ou en [tat] əauuatąm ? Jean Kellens et moi avons opté pour la deuxième possibilité283 : elle permet de conserver la corrélation tat ... hiiat et de comprendre « nous » comme étant l’addition de « moi » et de « ceux qui sont avec moi ». Deux possibilités, certes non exclusives, existent pour leur identification : « mes adeptes » ou « les autres membres du collège sacerdotal », car il est question d’y tenir une place rituelle (yaθanā). Selon lʼAvesta récent et les livres pehlevis, lʼentretien avec la divinité suppose que lʼhomme se rende à un point de rencontre, un lieu apte à lʼorganisation dʼune rencontre (hanjamana), y rejoigne une place spécifique et observe certaines règles de comportement. Lʼinstrumental yaθanā pourrait faire allusion à ce lieu requis et à la place que, respectueux de telles convenances auliques, sʼy voit attribuer lʼhomme qui se propose dʼinterroger les dieux. 10e. hiiat θβā xšaiiąs aēšəm diiāt 284 əmauuaṇtəm285 ºoº « (Pour te demander) si (le Feu), grâce à l’Envoûtement, est à même de te rendre vigoureux et offensif ». Que nous acceptions ou refusions d’interpréter pәrәsācā comme une troisième personne du singulier, un troisième terme du triangle apparaîtrait de toute façon avec diiāt, mais xšaiiąs est l’indication que le sujet de ce verbe conjugué est une divinité de genre masculin. Sans doute le Feu. À travers les flammes du fils 282 Contre toute vraisemblance grammaticale, HUMBACH et FAISS, 2010, p. 117, suivis par LECOQ, 2016, p. 770, font de ce θβā un instrumental d’agent. 283 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 165. Lʼerreur est répétée dans A 4.3.2. 284 Opt. aor. expression du virtuel dans une prop. rel. équivalant à une complétive : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 91. Place licite du verbe. 285 Les deux adjectifs figurent ensemble aussi dans Y 9.20.1c et dans Y 41.4d : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 165.

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d’Ahura Mazdā, nous pouvons reconnaître la silhouette d’Aša qui, savons-nous par la tradition ultérieure, patronne lʼélément feu. Le Feu est la face visible du processus qui doit donner aux dieux la capacité de satisfaire les demandes des humains et d’exaucer leurs prières. Comme, avec xšaiiąs, il est fait allusion à l’Envoûtement des dieux et que le Feu, l’un d’eux, à l’identification duquel mon hypothèse conduit, est l’un des rouages essentiels du processus, il devient difficile de savoir comment il convient au juste de le comprendre. Apparemment, la déesse chercherait à poser à Zaraθuštra certaines questions quʼAhura Mazdā aurait déjà posées à son cénacle au cours dʼun échange de questions, mais, malgré mes efforts, le désespoir que nous avions argumenté dans le troisième volume de Textes vieil-avestiques286, dû à des incertitudes de lecture et au caractère logomachique de la strophe, nʼa pu être résorbé. Cohérence du troisième mouvement du mańiiu (Y 43.9-10) Nous287 avions déclaré que le troisième mouvement défiait le commentaire et que seule une traduction mot à mot sans illusion pouvait en être tentée, mais quelques progrès ont pu être enregistrés ci-dessus. La recherche dʼAša, le désir de pouvoir le contempler et lʼimportance du Feu, ce sont les principales idées permettant dʼarticuler entre elles les deux strophes de ce mouvement : J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (la déesse) m’entoure du penser bon, tout au long de la question que voici : « Pour qui veux-tu faire la différence ? » Et (jʼen suis convaincu pour connaître la réponse à cette question lorsque, chez moi, le lait) est offert en hommage à ton (fils) le Feu (et que je le fais) dans le seul but de me faire, autant que possible, une idée du (bon) Agencement. Et toi, montre-moi donc l’Agencement : accompagné de la Déférence comme il convient, je n’ai jamais cessé ici de l’appeler à grands cris. Et (je suis convaincu que tu es savant, Roi qui nous apportes la sagesse,) lorsque (la déesse) nous demande ce que tu nous as pourtant déjà demandé, car ceux qui sont avec moi (= mes adeptes, mes disciples) ont pris place pour te demander si (le Feu), grâce à lʼEnvoûtement, est à même de te rendre vigoureux et offensif.

La conviction, le sentiment quʼil est savant amène Zaraθuštra à se tourner vers le grand dieu : lui seul pourra lui montrer comment il convient au juste de lui rendre un culte, en quoi consiste ou à quoi 286 287

KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 165. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 165.

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ressemble une cérémonie sacrificielle correctement organisée. Celle-ci est un agencement d’une grande complexité, à lʼimage des flammes du Feu. Y 43.11 spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7) hiiat +xšmā.uxδāiš (4) dīdaŋhē paōuruuīm (7) sādrā mōi sąs (4) mašiiaēšū zarazdāitiš (7) tat vərəziieidiiāi (4) hiiat mōi mraōtā vahištəm (7) .·. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse [spantam at θvā mazdā manhi ahura], lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon [yat mā vohū pari-jasat manahā] : par vos paroles, je suis en mesure dʼapprendre que le (Penser bon) est le premier (des trois niveaux du comportement requis du sacrifiant) [yat xšma-ugdāiš didahiʼa parviʼam]. | Décevante me paraît la confiance faite aux mortels [sādrā mai sānts martiʼaišu srats-dātiš] pour que soit accompli le (Penser) que vous me dites excellent [tat vrzyadyāi yat mai mrauta vahištam]. 11c. hiiat +xšmā.uxδāiš288 dīdaŋhē289 paōuruuīm « Par vos paroles, je suis en mesure dʼapprendre qu’il est le premier (des trois niveaux du comportement requis du sacrifiant) ». En tête du vers 11c, hiiat doit avoir manaŋhā pour antécédent290. Vohu Manah ainsi est-il qualifié de « premier »291. Contrairement à ce que nous avons 288 Nul ne s’en étonnera, HUMBACH et FAISS, 2010, p. 118, contre toute vraisemblance grammaticale, lisent xšmā uxδāiš en deux mots et font donc du premier un instr. d’agent : « through statements by you ». 289 Lʼopt. prés. de plusieurs relatives peut difficilement avoir une valeur modale. Ces formes optatives semblent exprimer un procès quʼil est dans la nature même de lʼantécédent dʼaccomplir, de subir ou de permettre. La signification de la combinaison pron. relatif + opt. prés. serait analogue à « qui est du genre à, qui est homme à ce que » : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 89-90. Place licite du verbe. 290 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 118, y voient une conjonction introduisant une subordonnée dont la principale est située en 11d : « When, through statements by you, I learn what is primal/fundamental, (then) faith in mortals proves to me to cause distress ». Pour LECOQ, 2016, p. 770, les trois vers 11cde constituent chacun une phrase et, ensemble, forment un discours rapporté, placé semble-t-il dans la bouche du personnage anonyme de 11b : « «C’est avec vos paroles que je comprends ce qui est originel ; | La foi chez les hommes m’a paru être une faillite ; | Il faut faire ce qu’il dit être le mieux.» » 291 PIRART, 2007a, p. 36 n. 27 ; 2012a, p. 169 n. 330.

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affirmé292, la construction de la seule autre attestation de √ daŋh nʼest pas si différente, lʼinstrumental y pouvant être vu comme une sorte dʼattribut de lʼobjet : Y 49.9b nō[it] ǝrǝš.vacā (4) sarəm didąs drǝguuātā (7) « ceux qui parlent en observant une diction continue nʼenseigne pas que lʼunion est avec lʼégaré ».

11de. sādrā mōi sąs 293 mašiiaēšū zarazdāitiš V tat vərəziieidiiāi 294 hiiat mōi mraōtā 295 vahištəm .·. « Décevante me paraît la confiance faite aux mortels pour que soit accompli le (Penser) que vous me dites excellent ». Le locatif mašiiaēšū nʼest pas celui du point de vue296, mais bien plutôt celui des personnes dans lesquelles la confiance est placée, et lʼinfinitif, qui nʼest pas à proprement parler le complément que régirait zarazdāitiš, exprime le but dans lequel cette confiance est erronément placée dans les mortels (mašiia-). Par leur contenu, il est peu probable que les deux derniers vers de la strophe constituent un discours direct complément de manaŋhā. Je préfère donc y voir une incise servant à meubler la fin de cette strophe, mais je ne puis écarter qu’il y soit question du manah ou que ce soit ce dernier qu’il nous faille reconnaître dans la corrélation pronominale tat... hiiat. Lʼabsence de particule at me paraît inféoder la substance de ces deux vers au fait dʼavoir une opinion en la matière : le syntagme mōi sąs revient à dire məŋhī. Zaraθuštra a le sentiment quʼAhura Mazdā est savant et, sur cette base, estime que toute confiance placée dans les mortels à lʼinstant de mener à bien le sacrifice à lui offrir est tout à fait illusoire et décevante. Lʼhémistiche 11e2 rappelle le jeu de mots du Y 49.12d2 hiiat və ištā vahištǝm. Lʼidée dʼaccomplir le penser bon et celle dʼy reconnaître ce quʼil y a de mieux suggèrent quʼil est ici KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 166. Sʼil est évident que certains inj. aor. de prop. rel. expriment le prétérit, plusieurs passages montrent clairement que ce nʼest pas le cas en indép.-principale où lʼinj. aor. exprime le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 75. Place emphatique (voir 10a dāiš) ou licite du verbe. 294 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 118, mais aussi LECOQ, 2016, p. 770, admettent qu’un infinitif en -diiāi ou en -aidiiāi (ici, 12c1, 13c1 et 14d1) puissent avoir la valeur d’un impératif. Pour moi, ceci est tout à fait exclu. 295 Inj. prés. en prop. rel. exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. Bizarrement, LECOQ, 2016, p. 770 n., fait de mraōtā une 3e pers. du sing. Place licite du verbe. 296 Contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 165-6. 292 293

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question, au moins de façon prototypique, de la mise en place de cet au-delà paradisiaque auquel lʼAvesta récent ou les livres pehlevis donneront le nom de Vahišta. Lʼimportance de cette mise en place invite logiquement à la précaution et à repousser lʼintervention douteuse des mašiia. La divinité apparaît deux fois à la deuxième personne du pluriel : xšmā.uxδāiš... mraōtā. Malheureusement, je nʼai pu trouver de réponse à la question de savoir pourquoi Zaraθuštra, tout à coup, se réfère à lʼensemble du panthéon plutôt quʼau seul Ahura Mazdā. Y 43.12 hiiatcā mōi mraōš (4) ašəm jasō frāxšnənē (7) at tū mōi nō[it] (4) asruštā pairī.aōγžā (7) + uziraidiiāi (4) parā hiiat mōi ā.jimat (7) səraōšō ašī (4) mązā.raiiā hacimnō (7) yā vī ˟ašiš (4) +rānōibiiā sauuōi [vī]dāiiāt (7) ºoº Car, à me dire, à moi qui sais m’orienter [yat ca mai mrauš... fraxšninai], d’aller à l’Agencement [rtam jasah], toi, alors, tu me répètes de me lever [at tu mai... pari-augža us-īradyāi] (et ajoutes) « non sans récitation » [na a-sruštā], avant que vienne le Phrasé accompagné de la Dédicace, elle qui octroie la richesse [parā yat mai ā-jamat sraušah ārtī manzārayā hacamnah], la Dédicace qui puisse opérer la distribution entre les deux exécutants lorsquʼil est question de renforcer (les dieux) (= quand il convient de donner aux dieux les moyens dʼexaucer nos désirs) [yā vi ārtiš rānaibyā savai dāyāt]. 12a. hiiatcā mōi mraōš297 ašəm jasō frāxšnənē « Car, si tu me dis/ à me dire, à moi qui sais m’orienter (plutôt quʼaux mašiia), d’aller à l’Agencement ». Et complétons la phrase en disant « plutôt quʼaux mašiia » afin de donner davantage de visibilité à la cohérence devant rassembler les deux strophes du mouvement. Quant à elles, les traductions que Humbach et Faiss298 ou Lecoq299 proposent de ce vers ne méritent aucun commentaire : « And when you say to me: «in prudence you reach truth» » ; « Et lorsque tu m’as dit: «Tu es venu à Aša dans la prudence» ». 297 298 299

Lʼinjonctif présent, mode itératif du réel du présent. Place licite du verbe. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 118. LECOQ, 2016, p. 770.

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Remarquons la concaténation lexicale hiiat mōi mraōtā... hiiatcā mōi mraōš : Jean Kellens300 parle dʼun enchevêtrement inextricable concernant lʼensemble syntaxique réunissant les vers 11cde et la strophe 12. Cependant, la valeur différentielle de ºcā nous impose de distinguer l’antécédent du premier de celui du second des deux relatifs neutres. En réalité, le corrélatif at suggère que le second est la conjonction de subordination « lorsque ». Pour raccrocher plus solidement cette strophe à la précédente, il y a lʼalternative intéressante de considérer hiiatº de 12a comme lʼintroduction dʼune subordonnée devant être placée, malgré de longues incises, sur le même pied que celle qui, là-bas, est basée sur le verbe pairī.jasat. Dans cette alternative, nous ferons de ºcā une conjonction de subordination entrant en corrélation avec at pour introduire une subordonnée secondaire, et nous comprendrons que Zaraθuštra se forge la conviction que le grand dieu est spǝnta parce que ce dernier, à lui dire dʼenclencher le processus rituel (ašǝm jasō301), lui répète dʼéviter lʼabsence de toute récitation à lʼinstant de se mettre debout. Il sʼagit là dʼun détail technique dont lʼimportance ou lʼopportunité nous échappent302. 12bcd. at tū mōi nō[it] asruštā pairī.aōγžā 303 V +uziraidiiāi parā hiiat mōi ā.jimat 304 V səraōšō305 ašī mązā.raiiā hacimnō « Toi, alors, tu me répètes de me lever (et ajoutes) «non sans récitation», avant que vienne Sraōša accompagné d’Aši, la (déesse) qui octroie la richesse ». Lʼincompatibilité des particules at et nōit recommande de considérer un discours direct nōit asruštā306. La personnification, la KELLENS, 1994, p. 100. jasō sans doute est-il un injonctif à valeur d’impératif de discours direct plutôt qu’un infinitif. Nous lui reconnaissons une valeur persévérative « continue à » : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 67-8. 302 Néanmoins, rappelons ici que la position debout avait déjà retenu lʼattention du poète au dernier vers de la deuxième strophe. 303 Inj. prés. en indép.-principale exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. Place licite ou normale du verbe. 304 Le subj. aor. paraît automatiquement requis avec la locution parā hiiat « avant que » : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 87-8. Un autre exemple en figure dans le vers Y 48.2b parā hiiat *mōi (4) *ā məng pǝrǝθā jimaitī (7) « avant que la pleine lune vienne à moi ». Place licite ou normale du verbe. 305 Dans le zand, le dieu Sraōša, prototype du roi Vīštāspa, a été pris pour ce dernier : slvšʼhlʼd vštʼsp| MNVš ZK ms lt| LVTE zltvšt .·. ; śrośah punyātmā gustāspo mahādātrā jarathuśtrena sammiśrah « Sraōša Ašaiia = Vīštāspa flanqué du très généreux Zaraθuštra ». 306 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 166. Les traductions que HUMBACH et FAISS, 2010, p. 118, ou LECOQ, 2016, p. 770, proposent de ces vers nʼen tiennent aucun 300 301

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déification de Sraōša et dʼAši paraît assez indéniable, mais lʼopposition entre asrušti- et sǝraōša-, connue aussi par lʼAvesta récent307, nʼen a cure puisque le terme négatif nʼest pas ici personnifié : tandis que sǝraōša- est la désignation dʼun Yazata, asrušti- nʼest pas le nom dʼun Daēuua. La subordonnée introduite par la locution conjonctive parā hiiat a tout lʼair de gloser asruštā. En réalité, elle en donne lʼéquivalent mythologique : « sans déclamation » revient à dire que le dieu de la déclamation nʼest pas encore arrivé. Il s’agit donc de la traduction d’un fait technique en une donnée mythique, du passage d’une lecture à une autre plutôt que d’une vraie glose. Avec lʼanalyse de lʼAhiiāsā Hāiti, jʼavais déjà mis en évidence ce type de dédoublement308 permettant dʼenvisager à lʼintérieur dʼune seule et même phrase tout à la fois la présence dʼun théonyme et de lʼappellatif qui est à sa source. La teneur du vers 12d309 est à l’origine de l’épithète d’ašiuuant-310 que Sraōša reçoit dans l’Avesta récent, non de celle d’ašaiia-311. 12e. yā vī ˟ašiš +rānōibiiā sauuōi [vī]dāiiāt 312 .·. « (La déesse) Aši qui puisse opérer la distribution entre les deux exécutants (= la répartition des deux registres oraux) lors du sauuah (= lorsquʼil est question de doter les dieux des ressources nécessaires à lʼaccomplissement de leur mission) ». L’antécédent est répété à l’intérieur de la subordonnée relative : ašī... yā... ˟ašiš. Ceci est un fait dʼexception pour lequel je nʼai pas dʼexplication. Sans doute est-ce la raison qui poussa Geldner313 à garder la leçon ašīš 314. compte : « then you speak to me not without being obeyed (by me). | Let me arise (already) before hearing/ obedience has reached me, | in company with wealth-granting Reward » ; « Alors, tu ne t’es pas adressé à moi, non sans que j’écoute : | «Il faut se lever avant que n’arrive à moi | Sraoša, à la suite d’Aši dispensatrice de richesses» ». 307 Y 60.5 : PIRART, 2007a, p. 69. 308 PIRART, 2017a. 309 Sur les parallèles de 12d, PIRART, 2018, p. 298 n. 17. 310 Y 1.7, 56.3. 311 ≈ védique rtāyú-. 312 La subordonnée relative à lʼopt. aor. explique en quoi consiste lʼaction principale : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 91. À moins que lʼopt. soit le mode du procès inhérent à la nature de lʼantécédent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 91. Place normale du verbe. 313 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145. 314 Les traductions, fort différentes de la mienne et fort différentes l’une de l’autre, que HUMBACH et FAISS ou LECOQ proposent de ce vers, bien évidemment, retiennent aussi la leçon ašīš : « who, in the favorable (case,) will distribute the rewards with the

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Le substantif rāna- figurant à ce nombre dans toutes ses autres attestations, nous penserons, certes sans pouvoir le justifier, que rānōibiiō est fautif pour le duel même si la leçon +rānōibiiā est nettement inférieure : ― Y 31.3 yąm dā maniiū āθrācā (7) ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm (9) hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō (7) tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā (9) hizuuā θβahiiā āŋhō (7) yā jīuuaṇtō vīspəṇg vāuraiiā (9) .·. « Lʼattention que tu prêtes aux deux exécutants en raison du Sentiment (que nous avons te concernant), de (la présence du) Feu et de (la mise en œuvre du bon) Agencement, lʼattendu que (tu imposes) aux désireux, fais-le-nous savoir, disnous avec la langue de ta bouche (= de vive voix, sans intermédiaire) (comment y arriver), (Roi) qui apportes la sagesse, de sorte que je puisse épargner (la condamnation) à tous les (êtres) vivants ! »315 ; ― Y 31.19 gūštā yə maṇtā ašəm (7) ahūm.biš vīduuā ahurā (8) ərəžuxδāi vacaŋhąm (7) xšaiiamnō hizuuō vasō (8) θβā āθrā suxrā mazdā (7) vaŋhāu vīdātā rąnaiiā (8) .·. « Que (chacun de vous) écoute (plutôt) (les conseils et les leçons de celui) qui, avec science, est arrivé à la conclusion que le (bon) Agencement est guérisseur de lʼexistence, Roi qui apportes la Sagesse, se contrôlant, avec ton feu enflammé, la langue en vue de la prononciation rectiligne (= en diction continue) des strophes ! (Que chacun de vous les écoute) pour que le bon (verdict) (lui soit accordé)/ la bonne (récompense) (lui soit accordée) lors de la répartition des rôles entre les deux exécutants ! »316 ; ― Y 47.6 tā dā spǝntā (4) maniiū mazdā ahurā (7) āθrā vaŋhāu (4) vīdāitīm rānōibiiā (7) ārǝmatōiš (4) dǝbązaŋhā ašaxiiācā (7) hā zī pōurūš (4) išǝntō vāurāitē (7) ºoº « Roi qui apportes la sagesse, le Feu, avec le Sentiment que tu es savant, avec le soutien que la Déférence offre au (bon) Agencement, te permet de procéder à la répartition du (texte) entre les deux exécutants lors du bon (octroi de moyens quʼil est question de vous assurer), car (la Déférence) arrive alors à repousser ceux qui, en grand nombre, cherchent à rejoindre (lʼexcellente existence) »317 ; ― Y 51.9a yąm xšnūtəm rānōibiiā dā (7) θβā āθrā suxrā mazdā (7) « Lʼattention que tu prêtes aux deux exécutants, (Roi) qui apportes la sagesse, pour autant que ton (fils) le Feu soit allumé  ».

Dans la strophe Y 31.3, le parallélisme des places respectives que rānōibiiā et cazdōŋvhadǝbiiō occupent dans les deux protases nʼest guère balance » ; « «[...] | Pour qu’il donne les rétributions à l’avantage des deux protagonistes» ». Sur rānōibiiō « with the balance », HUMBACH et FAISS, 2010, p. 182 et 71-2. La traduction « protagonistes/ antagonistes » que LECOQ, 2010, p. 770, avance pour rānōibiiō/ rānōibiia lui a été suggérée par le zand : MNV BRA lʼst| ʼv| ptkʼltʼlʼn| svt| YHBVNyt ZK vštʼsp| .·. ; yo viśesatah satyam prativādibhyo lābhaṁ dadāti (Niriosaṅgha). 315 Voir chapitre II. 316 Voir chapitre II. 317 Voir chapitre IV.

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favorable à lʼhypothèse de Xavier Tremblay318 concernant lʼétymologie et le sens du premier. Il existe une autre possibilité, celle que la présence du contraste asrušti- ↔ sǝraōša- dans la strophe Y 43.12 suggère, celle de recourir à lʼautre racine √ rā et de donner à rāna- le sens de « chargé de prononcer le texte d’une certaine façon, exécutant », dʼautant que, pour le parallélisme avec cazdōŋhuuadəbiiō, nous attendons que le mot désigne des personnes. Le duel ferait alors allusion à deux types de prononciations, chacune étant effectuée par un spécialiste différent. Ce pourraient être, par exemples, le chant et la récitation comme je le pense, la diction continue et la récitation mot à mot ou bien encore les deux parties dʼun texte prononcé en alternance par deux exécutants. Cette dernière alternative est illustrée par les versions dialoguées de lʼAhuna Vairiia319. Le génitif adnominal peu explicite employé dans le syntagme vīdātā rąnaiiā de la strophe Y 31.19 est à comprendre sur base du vers Y 43.12e dans lequel rāna- figure au datif comme complément de vī+√ dā. À la strophe Y 47.6, la métrique dénonce que vīdāitīm nʼest pas une forme de vīdāiti-, mais le poète, astucieux, est parvenu à placer le datif de rānaà la suite de ce mot. Lʼadjectif vīdāitiia- signifie donc « devant faire lʼobjet dʼune répartition » et sous-entend la désignation dʼun texte. Comme il sʼagit de faire écouter aux dieux les paroles en les récitant ou en les chantant et quʼelles doivent leur arriver, cʼest la déesse Aši qui est à la barre : elle est le processus même de lʼenvoi. Dʼautant que lʼenvoi des paroles revient à leur fournir le sauuah, les ressources nécessaires à ce quʼils puissent exaucer les souhaits du sacrifiant. Cohérence du quatrième mouvement du mańiiu (Y 43.11-12) Nous320 avions déclaré que le quatrième mouvement défiait le commentaire et que seule une traduction mot à mot sans illusion pouvait en être tentée. Lʼabsence de progrès substantiels est à déplorer si bien que, pour défendre la cohérence du mouvement, je ne puis signaler que la

Selon TREMBLAY, 2006, p. 259 n. 86 ; 2015, p. 25 n. 28, les strophes Y 31.3, 31.19, 43.12 et 47.6 doivent évoquer la répartition au moyen du feu des offrandes entre ce qui sera consommé par les hommes et ce qui sera consommé par les dieux, rąna- dérivant de √ rā « gratifier » et signifiant « largesse ». 319 Voir PIRART, 2010b, p. 58 n. 66. 320 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 165. 318

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concaténation lexicale mraōš... mraōtā entre 11e et 12a, car les deux strophes diffèrent lʼune de lʼautre par leur objet, la première centrée sur le manah et la seconde, sur la récitation : J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon : par vos paroles, je suis en mesure dʼapprendre qu’il est le premier (des trois niveaux du comportement requis du sacrifiant). Décevante me paraît la confiance faite aux mortels pour que soit accompli le (Penser) que vous me dites être le meilleur. Car, à me dire, à moi qui sais m’orienter, d’aller à l’Agencement (= dʼenclencher le processus sacrificiel), toi, alors, tu me répètes de me lever (et ajoutes) « Non sans récitation ! », avant que vienne le Phrasé/ Sraōša accompagné de la Dédicace/ d’Aši, la (déesse) qui octroie la richesse, la Dédicace qui puisse opérer la distribution entre les deux exécutants lorsquʼil est question de doter les dieux des moyens utiles.

Zaraθuštra, convaincu de leur science, sʼen remet à ce que les dieux lui disent, mais nʼaccorde aucune confiance aux mašiia quant à savoir comment opérer. Il attend quʼAhura Mazdā lui précise lui-même certains points de détails de la cérémonie sacrificielle, pouvons-nous comprendre. Si telle est bien son attitude à lʼégard des mortels, Zaraθuštra soulignerait de la sorte son exception : lui seul est à même de transmettre la bonne doctrine. Y 43.13 spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7) arəθā vōizdiiāi (4) kāmahiiā təm mōi dātā (7) darəgahiiā +yaōš (4) yəm vā +na[ē]ciš dārəšt itē (7) vairiiā stōiš (4) yā θβaī xšaθrōi vācī (7) .·. J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse [spantam at θvā mazdā manhi ahura], lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon [yat mā vohū pari-jasat manahā], cherchant à me faire trouver les objets de mon désir [arθā vaizdyāi kāmahya] : donnez-moi celui de la longue durée de vie (= celui de lʼéternité) [tam mai dāta dargahya yauš], celui que nul ne vous contraint à exaucer [yam vāh na ciš dāršt itai], (à savoir celui) du bien de choix, nommé lors de ton Envoûtement [variʼāh staiš yā θvahmi xšaθrai vāci].

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CHAPITRE III

13cde. arəθā vōizdiiāi 321 kāmahiiā təm mōi dātā 322 V darəgahiiā +yaōš yəm vā +na[ē]ciš dārəšt 323 itē V vairiiā stōiš yā θβaī xšaθrōi vācī 324.·. « Cherchant à me faire trouver les objets de mon désir : donnez-moi celui de la longue durée de vie (= celui dʼéternité), celui que nul ne vous contraint à exaucer, (à savoir celui) du bien de choix, nommé lors de ton Envoûtement ». Lʼimpérative « donnez-moi » (mōi dātā) relaie la mention du souhait (kāma), mais je ne puis justifier pleinement la cohabitation de la deuxième personne du pluriel (dātā... vā) avec celle du singulier (θβā mazdā... θβaī)325. Au vu de darәgahiiā +yaōš et de vairiiā stōiš, l’incise ouverte avec təm traite d’eschatologie individuelle. Lʼasyndète inattendue observée entre ces deux objets nʼest peut-être quʼapparente puisque le premier génitif détermine forcément təm et le second, yəm. Cependant, cet autre cas de figure, la distribution de deux compléments entre des corrélatifs, nʼest pas moins inattendu. Je reste donc assez perplexe devant ces deux derniers vers, mais, sur base de ses attestations récentes, il peut être enregistré que le substantif sti- désigne les biens que lʼâme du pieux défunt mérite de retrouver dans lʼau-delà326. La seule façon de justifier lʼasyndète est de la déclarer obligatoire et dʼen rechercher la raison : la coordination des deux syntagmes exprimés au génitif nʼa pas été requise du fait de leur différence de statuts. Dans cette hypothèse, le premier, darǝgahiiā +yaōš, aurait la valeur dʼun complément circonstanciel de temps par rapport au désir tandis que le second, celle de son objet. Il sʼagirait ainsi dʼobtenir une sti pour lʼéternité : le pieux adorateur, pour sa survie dans lʼau-delà, souhaite que son âme retrouve là-bas les bestiaux nommés au cours de la cérémonie sacrificielle. En effet, je lʼavais exposé dʼores et déjà dans Corps et âmes : lʼessentiel de la sti, ce sont les gaēθā.

321 Le verbe pairī.jasat de 13b2 est construit avec cet infinitif de but. La morphologie de cet infinitif radical en -diiāi est irrégulière : nous attendions le degré zéro radical comme dans srūdiiāi. Lʼhypothèse avancée est alors celle dʼun thème tiré de lʼaor. sigmatique : KELLENS, 1984a, p. 349 §3.2.1 n. 1. 322 2e pers. du plur. de la voix active de lʼimpér. aor. Place licite du verbe. 323 Inj. aor. exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76-7. Place licite du verbe. 324 Inj. aor. exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76-7. Place normale du verbe. 325 Pour un cas semblable, voir la strophe 11. 326 PIRART, 2012a, p. 109-17.

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Y 43.14 hiiat nā friiāi (4) +vaēdǝmnō isuuā daidīt (7) maibiiō mazdā (4) tauuā rafənō ˟frāxšnənē (7) hiiat θβā xšaθrā (4) ašāt hacā +frąš tā+ (7) + uziraidiiāi (4) azəm sarədanā †səṇghahiiā (< *sənghāi  ?) (7) mat tāiš vīspāiš (4) yōi tōi mąθrā (< *mąθrǝm) marəṇtī (7) ºoº Le secours que l’homme, le trouvant ou en disposant, puisse offrir à (lʼofficiant) positif [yat nā friʼāi vaidamnah isvā dadīt... rafnah], à moi qui sais m’orienter [mabya... fraxšninai], (Roi) qui apportes la sagesse, il t’appartient de me lʼ(offrir) [mazdā tava] en tenant compte de ton Envoûtement exercé depuis l’Agencement [yat θvā xšaθrā rtāt haca fraʼanxš tā], afin que je me lève [us-īradyāi]. (Dʼautant que) je mʼimplique dans les sessions sacrificielles [azam sardanāh sanhāi] avec tous ceux-là [hmat tāiš visvāiš] qui mémorisent ta recommandation [yai tai manθram hmaranti]. 14a. hiiat nā friiāi +vaēdǝmnō isuuā daidīt327 « Le (secours) que l’homme, le trouvant ou en disposant, puisse offrir à friia ». Présente dans la précédente, lʼidée que les dieux doivent rencontrer les souhaits de Zaraθuštra se retrouve probablement avec cette strophe-ci. Le premier vers de la strophe comporte deux inconnues : qui sont ce nar et ce friia ? Nous devons probablement comparer le tandem nā friiāi avec celui de Y 46.2d2, hiiat friiō friiāi daidīt. Comme dans le Véda où priyá- convient tant à la désignation du pieux adorateur quʼà celle du Feu ou de tout autre intervenant positivement connoté, je conjecture que le friia auquel le nar ou sacrifiant modèle fait face est un officiant dʼautant que cʼest « moi », cʼest-à-dire Zaraθuštra. Quant au sacrifiant modèle, lʼemploi de lʼoptatif daidīt semble indiquer quʼil reste dʼune existence théorique ou quʼil nʼest pas encore présent. Seul Ahura Mazdā serait capable dʼaider Zaraθuštra et de faire en sorte que le sacrifiant escompté vînt lui apporter quelque soutien matériel.

327 Opt. prés. en prop. rel. exprimant un procès quʼil est dans la nature même de lʼantécédent dʼaccomplir, de subir ou de permettre, la signification de la combinaison pronom relatif + optatif présent étant analogue à « qui est du genre à, qui est homme à ce que » : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 89-90. Place normale du verbe.

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CHAPITRE III

14b. maibiiō mazdā tauuā 328 rafənō ˟frāxšnənē « À moi qui sais m’orienter, (Roi) qui apportes la sagesse, il t’appartient de me lʼ(offrir) ». Lʼadjectif frāxšnənəm qui doit être accordé avec maibiiō est fautif pour le datif ˟frāxšnәnē d’après 12a329. Comme lʼhypallage330 qui accorde cet adjectif avec rafǝnō me paraît forcée ou peu vraisemblable, je propose de considérer une corruption. 14cd1. hiiat θβā xšaθrā ašāt hacā +frąš tā+ V +uziraidiiāi « En tenant compte de ton Envoûtement/ l’emprise exercée sur toi depuis l’Agencement, afin que je me lève ». Il convient de corriger frąštā en +frąš tā+, car il est tout à fait impossible d’expliquer frąštā à partir de frā+√ nas331. Nous devons déterminer alors avec quoi le nominatif masculin singulier +frąš est accordé. Il est forcément à accorder avec le sujet de la subordonnée relative sise au début du troisième vers et ouverte avec le pronom relatif hiiat dont +tā devra être lʼantécédent : hiiat θβā xšaθrā ašāt hacā +frąš « le fait que (...) celui qui est de lʼavant au moyen de lʼEnvoûtement exercé sur toi sur base du (bon) Agencement ». Malheureusement, cette subordonnée, dépourvue de verbe, ne contient aucun autre nominatif. La proposition principale ne comporte non plus aucun nominatif masculin singulier, le grand dieu y étant interpellé au moyen dʼun vocatif dont lʼancrage, tauuā, est un génitif : maibiiō mazdā tauuā rafənō ˟frāxšnənē... +tā +uziraidiiāi « au moyen de ce fait, ô Mazdā, pour moi qui sais mʼorienter, pour me lever, lʼaide est à toi ». La seule solution, me semble-t-il, est alors, sur base de sa présence en 14b1 et en 14d2, de sous-entendre le nominatif du pronom de la première personne du singulier dans la relative et de faire de +frąš son attribut. Dʼautant que la présence de la deuxième personne implique celle de la première : « le fait que (je suis) de lʼavant au moyen de lʼEnvoûtement exercé sur toi à partir du (bon) Agencement, au moyen de ce fait, ô 328

Derrière la césure, la forme tonique du pronom est obligatoire. PIRART, 2018, p. 93-4. 330 Admise chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 119 : « (grant) me, O Wise One, your prudent support ». De surcroît, pour ne reculer devant aucune aberration, LECOQ, 2016, p. 771, admet aussi la possibilité de l’idée qu’un personnage apporte à un deuxième l’aide d’un troisième : « Que l’homme aisé, informé, ô seigneur, puisse me donner à moi, | Qui suis un ami, ô Mazdâ, ton aide prévoyante ». 331 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 168. Contre HUMBACH et FAISS, 2010, « obtains », ou LECOQ, 2016, p. 771, « qu’il a obtenue ». 329

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Mazdā, pour moi qui sais mʼorienter, pour me lever, lʼaide est à toi/ tʼincombe ». En outre, nous pouvons faire de +frąš un écho de ˟frāxšnǝnē. 14d2e. azəm332 sarədanā †səṇghahiiā 333 V mat tāiš vīspāiš yōi tōi † mąθrā 334 marəṇtī 335 .·. « Moi je mʼimplique dans les sessions sacrificielles avec tous ceux-là qui mémorisent ta recommandation ». Le pronom azəm ouvre une incise, une phrase volante ou un aparté. La métrique et la présence du nominatif de ce pronom de la première personne du singulier suggèrent que səṇghahiiā est le fruit de la corruption dʼun verbe conjugué : sans doute *sənghāi, la première personne du singulier de la voix moyenne de l’indicatif présent de √ saŋh. Ceci ferait écho à 6d. En outre, remarquons que lʼidée de *sənghāi prolonge celle de məŋhī : c’est pour avoir le Sentiment qu’Ahura Mazdā est spәnta que l’officiant en vient à se définir et à s’impliquer dès lors dans l’organisation et dans la célébration de grands rassemblements sacerdotaux. Le sens de « session sacrificielle » que jʼaccorde à sarǝdanā- est conjectural tout comme celui prêté à √ saŋh moyen, « définir pour soi, accepter de prendre part à, sʼimpliquer dans ». Certes, tout ceci reste malheureusement fort incertain336, mais cʼest à ce prix que jʼarrive à comprendre que Zaraθuštra, convaincu que le grand dieu est savant, ne prend part aux sessions sacrificielles avec dʼautres que si ces derniers, comme lui, mémorisent le mąθra, la recommandation, le recueil de la science divine dont le Fravardīn Yašt fait lʼâme dʼAhura Mazdā337. Au lieu dʼy voir une incise, une autre analyse possible de la phrase ouverte avec azəm me vient à lʼesprit : le pronom fort azəm, si nous le mettons sur le même pied que son alter ego maibiiō, ouvrira une seconde indépendante-principale. La mise en exergue de lʼego à deux reprises, pour sûr, est à souligner. Et nous la comprendrons aisément comme une volonté de soulignement : non seulement, mais encore. 332 Mal transmis, azə étant mieux représenté : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 168. 333 Transmission anormalement trouble : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 168. Place licite du verbe. 334 L’apparence féminine de mąθrā est à critiquer. J’avance l’hypothèse d’un sandhi pour *mąθrәm devant *hmº. 335 Indic. prés. en prop. rel. exprimant le réel du présent : KELLENS et PIRART, 198891, vol. II p. 73. Place normale du verbe. 336 Voir le lexique. 337 Yt 13.81.1 : PIRART, 2012a, p. 44.

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CHAPITRE III

Non seulement, le secours que lʼhomme puisse offrir à lʼofficiant, il tʼappartient, Mazdā, de me lʼoffrir, mais tu tiendras compte tout aussi bien de ma participation aux sessions. Il tʼappartient de me lʼoffrir lorsque je suis lʼofficiant au service dʼun sacrifiant dʼautant que, par ailleurs, mes activités sacerdotales ne se limitent pas à cela : en plus de tels services, je me réunis avec mes pairs, en lʼabsence de tout sacrifiant, avec tous ceux qui, lors des sessions, mémorisent la doctrine. Cohérence du cinquième mouvement du mańiiu (Y 43.13-14) Je nʼai pu trouver de cohérence sémantique évidente entre les deux volets du cinquième et avant-dernier mouvement, mais il convient de relever les concaténations lexicales de 13c1 vōizdiiāi avec 14a2 vaēdǝmnō et de 13c2 dātā avec 14a2 daidīt. Et la récurrence de lʼidée que les dieux sauront se montrer généreux et secourables nous rassure : J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse, lorsque (la déesse) m’entoure du Penser bon, cherchant à me faire trouver les objets de mon désir : donnez-moi celui de la longue durée de vie, celui que nul ne vous contraint à exaucer, (à savoir celui) du bien de choix, nommé lors de ton Envoûtement. Le secours que l’homme qui le trouve et en dispose puisse offrir à friia, à moi qui sais m’orienter, toi qui apportes la sagesse, il t’appartient de me lʼoffrir en tenant compte de l’Envoûtement exercé sur toi depuis le (bon) Agencement, afin que je me lève. (Dʼautant que) je mʼimplique aussi dans les sessions sacrificielles avec tous ceux-là qui mémorisent ta recommandation.

Le secours escompté concerne lʼau-delà : cʼest dans lʼespoir que lʼâme du pieux défunt y retrouvera ses troupeaux et connaîtra une éternité nommée « longévité ». La compréhension générale du cinquième mouvement ainsi nʼest-elle pas aussi compromise que celle des deux précédents338. Y 43.15 spəṇtəm at θβā (4) mazdā məŋhī ahurā (7) hiiat mā vohū (4) pairī.jasat manaŋhā (7) + daxšat.ušiiāi (4) +tušnā.maitiš vahištā (7) nō[it] nā pōurūš (4) drəguuatō xiiāt cixšnušō (7) at tōi vīspəṇg (4) aṇgrəṇg ašāunō ādarə (7) .·.

338

KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 158.

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J’ai le Sentiment que tu es savant, Roi qui apportes la sagesse [spantam at θvā mazdā manhi ahura], lorsque la Pensée silencieuse m’entoure du Penser bon [yat mā vohū pari-jasat manahā... tušnīm-matiš], (elle qui est) excellente dans lʼinterprétation des marques [daxšta-uśyāi... vahištā]. | Puisse le (...) ne donner accueil d’aucune façon aux nombreux égarés [na nu parūnš drugvatah hyāt cixšnūšah], car ceux-là disent funestes tous ceux qui sont accompagnés du (bon) Agencement [at tai visvānh ahrānh rtaunah ādar]. 15c. +daxšat.ušiiāi 339 +tušnā.maitiš vahištā « (Lorsque) la Pensée silencieuse (m’entoure du Penser bon), excellente dans lʼinterprétation des marques ». Humbach et Faiss340 lisent daxšat ušiiāi tušnā maitiš en quatre mots, faisant du premier une forme verbale conjuguée, du deuxième le datif masculin singulier d’un adjectif apparenté à uši- selon une morphologie indéterminée et du troisième le nominatif féminin singulier d’un adjectif de thème tušna- divergeant de ce que le védique tūsnīm suggère, accordé avec le quatrième : « An appeased mind suits best the sensitive one ». Lecoq341 paraît avoir analysé le vers de façon assez semblable, mais en faisant des trois vers 15cde une suite de trois maximes indépendantes placées dans la bouche du personnage énigmatique de 15b : « Lorsqu’il s’est approché de moi avec Vohu Manah : | «Une pensée silencieuse enseigne les meilleures choses à l’intelligent ; | Puisse l’homme ne pas chercher à plaire aux nombreux menteurs ! | Et ceux-là ont appelé tous les méchants, ašavans.» » Respectons la métrique : la finale ºiiāi de ušiiāi ne fait quʼune syllabe. Il sʼagira donc dʼy reconnaître le suffixe des divādi et de dériver alors le mot du divādi √ uc « avoir lʼhabitude »342, mais plusieurs possibilités existent ensuite. Nous pouvons y voir le datif singulier haplologique de lʼabstrait féminin (< pii. *uciāi < *uciāiāi) ou le datif masculin singulier du participe présent en ºá-. Quant à daxšat, nous en ferons le complément de ušiiāi soit en tant quʼaccusatif, soit en tant que premier terme de composé. Pour lʼanalyse morphologique de ce complément, nous pouvons partir de √ daxš / dis « marquer, faire signe, instruire », mais cela ne nous ouvre aucune piste claire pour lʼinterprétation du vers. Le zand en est le suivant : 339 Les mots daxšat ušiiāi ou le composé qu’ils pourraient former résistent à l’analyse : KELLENS, 1984a, p. 108. 340 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 119. 341 LECOQ, 2016, p. 771. 342 = védique UC samavāye  :: úcyati.

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CHAPITRE III

dhšk 343 PVN ʼvš 344 OLE345 346 tvšt| 347 GBRA {...} vhšynšn| {...} .·. « Le signe doit se manifester dans la pensée de lʼhomme ayant une pensée silencieuse {...} » ; cihnaṁ caitanye vyavasāyino manasi samunmīlatu.

Faire de daxšat une forme conjuguée va à lʼencontre des habitudes : le troisième vers de chacun des mouvements pouvait toujours être rattaché syntaxiquement au tandem initial : Mvts

Procédés utilisés

Formes concernées

I (5-6)

Ouverture dʼune subordonnée complétive Coordination Circonstance de temps : accusatif de durée Ouverture dʼune subordonnée relative Infinitif de but Explicitation in extremis du sujet de pairī.jasat

darǝsǝm ... hiiat

II (7-8) III (9-10) IV (11-12) V (13-14) VI (15)

pairī.jasat ... pǝrǝsatcā pairī.jasat ... ˟fǝrasīm manasā hiiat pairī.jasat ... vōizdiiāi pairī.jasat ... tušnā.maitiš

Je propose à tout hasard de reconnaître dans +daxšat.ušiiāi un composé du type vrtrahátyāya « en vue de frapper Vrtra » dans lequel le premier terme serait daxšta- « le signe, la marque ». Le ºa+ final du premier terme du composé aurait été éludé comme dans dəjīt.arǝta-, ce qui aurait fait naître une voyelle dʼanaptyxe ºaº entre xš et t. Pour autant que +daxšat.ušiiāi soit à considérer comme un datif de but ou comme le complément de vahištā, lʼhémistiche 15c2 révélerait enfin lʼidentité du sujet du verbe pairī.jasat : selon Bartholomae348, tušnā.maiti- désignerait une divinité comparable ou identique à Ārmaiti. Cette proposition est confortée par lʼexistence dʼune diablesse nommée Pairī.maiti qui constituerait sa version négative et sur laquelle je me suis penché dans Georges Dumézil face aux démons iraniens349. Cependant, comme il serait peu vraisemblable, voire exclu quʼun héros ou une 343 344 345 346 347 348 349

Avec le Dk 9.58.27 (SUNJANA et SANJÂNÂ, 1874-1928, vol. XIX p. 44 lignes 9-10). Avec le Dk 9.58.27 (SUNJANA et SANJÂNÂ, 1874-1928). K5 ʼv|. Avec le Dk 9.58.27 (SUNJANA et SANJÂNÂ, 1874-1928). Avec le Dk 9.58.27 (SUNJANA et SANJÂNÂ, 1874-1928). BARTHOLOMAE, 1904, col. 658. PIRART, 2007a, p. 64, 82-7.

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héroïne portât le même nom quʼune divinité, nous devons envisager que soit ici nommée lʼhéroïne à la Frauuaši de laquelle un culte est rendu dans le trentième mouvement du Fravardīn Yašt350 : Yt 13.139 huuōuiiā ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. frəniiā ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. θritiiā ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. pōurucistaiiā ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. hutaōsaiiā ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. humāiiā351 ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. zairiciiā352 ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. vīspataurušiiā ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. uštauuaitiiā353 ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. tušnā.maitiiā354 ašaōniiā frauuašīm yazamaide .·. « Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Huuōuuī (= la troisième épouse de Zaraθuštra). Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Frīnā (= lʼune des filles de Zaraθuštra). Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Θritā (= lʼune des filles de Zaraθuštra). Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Pōurucistā (= lʼune des filles de Zaraθuštra). Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Hutaōsā (= lʼépouse de Vīštāspa). Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Humāiiā (= lʼune des filles de Vīštāspa). Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Zairicī (= lʼune des filles de Vīštāspa). Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Vīspataurušī (= lʼune des filles de Vīštāspa). Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Uštauuaitī (= lʼune des filles de Vīštāspa). Nous offrons le sacrifice à la Frauuaši de la pieuse Tušnā.maiti (= lʼune des filles de Vīštāspa) ».

Avec ce passage du Fravardīn Yašt, culte est rendu aux Frauuaši de dix personnages féminins : 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

350

Huuōuuī Frīnā Θritā Pōurucistā Hutaōsā Humāiiā Zairicī Vīspataurušī Uštauuaitī Tušnā.maiti

Épouse de Zaraθuštra Filles de Zaraθuštra

Épouse de Vīštāspa Filles de Vīštaspa

Je cite le passage sans donner dʼindication sur la façon dʼy compter les syllabes. Il y a haplologie pour *humāiiaiiā  : REMMER, 2006, p. 140. 352 Si le thème est zairicī-, la loi du sandhi interne est bafouée. 353 La loi du sandhi interne est bafouée. 354 La morphologie est clairement endommagée ou retouchée : nous attendions *tušnā.matōiš. 351

220

CHAPITRE III

Bartholomae355 sépare la Tušnā.maiti honorée dans Fravardīn Yašt de celle nommée dans la dernière strophe du maniiu hendécastrophe rapporté dans lʼUštauuaitī Hāiti, mais, précisément, une autre héroïne, celle nommée juste avant elle, y porte comme nom le propre titre de lʼunité gâthique en question. Il va de soi que le nom dʼUštauuaitī nʼest pas historique, mais le doute pourrait subsister concernant Tušnā.maiti. Comme il a été reconnu que Humāiiā était lʼune de ses filles356, il est assez vraisemblable que les héroïnes que le Fravardīn Yašt nomme à sa suite soient dʼautres filles de Vīštāspa. Et, puisque le nom de Pōurucistā fille de Zaraθuštra y est attesté, il serait tout à fait envisageable que lʼune des filles de Vīštāspa tout aussi bien fût nommée dans les Gāθā. Cependant, il est peu vraisemblable quʼune fille de Vīštāspa portât un nom tel que Tušnā.maiti dès les Gāθā, car, faut-il bien voir, tušnā.maitiest fondamentalement un abstrait. Le sens de ce dernier est à déterminer sur base de la dernière strophe du deuxième mandala de la Rgvedasaṁhitā : RS 2.43.3 āvádaṁs tváṁ śakune bhadrám ā vada V tūsnīm āsīnah sumatíṁ cikiddhi nah | yád utpátan vádasi karkarír yathā V brhád vadema vidáthe suvīrāh « Si tu parles, (oiseau) Śakuni, aie des propos auspicieux et, si tu restes assis en silence, contracte une pensée qui nous soit favorable. Si tu tʼenvoles en parlant comme le fait lʼ(oiseau) Karkari, puissions-nous, lors de la cérémonie, dire tout haut que nos (fils) sont héroïques ».

Nous avancerons donc pour tušnā.maiti-357 le sens de « pensée qui reste inexprimée ». Comme tušnā.maitiš est le sujet de pairī.jasat, force nous est dʼenvisager que cette abstraction fait ici lʼobjet dʼune personnification ou déification. Et cette abstraction, cette entité divine nʼaurait plus été reconnue comme telle pour que la tradition ultérieure sʼaventurât à en faire lʼune des filles de Vīštāspa. Je suis donc enclin à penser quʼune rupture culturelle importante dut avoir lieu entre les Cantates et les textes récents pour que ni les filles de Vīštāspa ni les frères de Tūra Friiāna, par exemple, ne pussent conserver leurs noms originaux.

355 356 357

BARTHOLOMAE, 1904, col. 658. Voir REMMER, 2006, p. 139 n. 119. Voir le lexique.

Y 43

221

15de. nō[it] nā pōurūš drəguuatō xiiāt358 cixšnušō V at tōi vīspəṇg aṇgrəṇg ašāunō ādarə359 .·. « Puisse le (...) ne donner accueil d’aucune façon aux nombreux égarés, car ceux-là disent que sont mauvais tous ceux qui sont accompagnés de l’Agencement ». Le pronom tōi de 15e1 paraît offrir un écho au pronom aēibiiō du vers 6d1. Dans le vers 15d, nous ne pouvons identifier de façon sûre le personnage qualifié de cixšnuša-, mais il semble bien quʼil faille reconnaître ici lʼun ou lʼautre des Yazata aux exceptions logiques dʼAhura Mazdā et de Tušnā.maiti. Telle est la grande difficulté de cette dernière strophe du maniiu. Lʼinscription des deux derniers vers de la strophe parmi les arguments devant justifier le maniiu est incertaine. Comme le quatrième vers est une optative que rien ne laissait prévoir, je ne puis écarter quʼil soit anticipé sur la dernière strophe de lʼunité ou que le maniiu ait pris fin avec le vers 15c. En faisant de nā360 le nominatif de nar-, nous serions plutôt enclins à penser que serait ici donnée une suite aux prières des strophes 2-3, mais, pour y arriver, nous devrions admettre que le texte aurait subi, à une date très ancienne, une désorganisation extrême. Quelle que soit la position que nous adoptions, il faut bien le dire, lʼargumentation du maniiu présente dans son dernier mouvement, embryonnaire, tronquée ou énigmatique, reste hors de portée. À moins de revenir en arrière : le mot clé pour la compréhension de lʼargumentation contenue dans le dernier mouvement du maniiu, +daxšat. ušiiāi, fait inévitablement penser au mot daxšārā du vers 7d. Sʼil faut tenir compte de ce dernier et sʼabstenir dʼaccuser le hasard pour expliquer sa présence, la déesse, devinerons-nous, est à même de lire les signes que Zaraθuštra voulut arborer à lʼinstant de se rendre à lʼentretien. La présente occurrence de lʼadjectif désidératif cixšnuša-, même si sa forme est attestée ailleurs361, est devenue le nom propre de l’un des ancêtres de Zaraθuštra. Je ne puis écarter que le Fravardīn Yašt 362, avec cāxšnōiš, fasse allusion à ce personnage363 : 358 Opt. prés. en indép.-principale exprimant le souhait : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 89. Place licite du verbe. 359 Parfait tantum : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 65. Place normale du verbe. 360 Deux interprétations de la séquence nōit nā sont envisageables, avec la particule emphatique *nū ou avec le nominatif de nar- : véd. ná nú/ nanú ou ná nā. 361 Y 32.8b1, 45.9a2. 362 Je cite le passage sans donner dʼindication sur la façon dʼy compter les syllabes. 363 La proximité des hémistiches 15d2 et 16e1 est en faveur dʼune explication unitaire du Yt 13.114.

222

CHAPITRE III

Yt 13.114 yuxtāspahe ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. aša.šiiaōθnahe364 gaiiaδāstaiianahe ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. vohu.nəmaŋhō katəuš ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. vohuuazdaŋhō katəuš ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. ašasarəδahe †ašasairiiąš365 ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. ašasarəδahe †jairiiąš ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. cāxšnōiš ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. siiāuuaspōiš ašaōnō frauuašīm yazamaide .·. pōuruštōiš kauuōiš ašaōnō frauuašīm yazamaide .·.

Il nʼest pas anodin que ce paragraphe du Fravardīn Yašt contienne deux andronymes explicables à partir du Y 43 : aša.šiiaōθna- et *cixšnuša-. De nombreux héros avestiques portent un nom hérité, qui leur vient de la tradition mythologique proto-indo-iranienne, mais certains noms naquirent en cours de route. Citations de mots trouvés dans de vieux textes, ils bafouent les habitudes anciennes et les lois de la morphologie. Cependant, pour que cāxšnōiš représente le génitif de cixšnuša-, nous devrons passer par lʼidée de la corruption ºōiš dʼune finale ºaōš et lʼhypothèse dʼun thème *cāxšnu- < *cixšnu- provenant de lʼanalyse erronée de la lecture pāzand dʼun pehlevi *cyhšnvš comme si cʼétait le nominatif dʼun thème en ºu-. Si jʼai raison de reconnaître ici lʼorigine du nom de lʼun des ancêtres de Zaraθuštra, il sʼensuit que la généalogie que nous lui connaissons par les livres pehlevis est postiche. Celle que Jean Kellens et moi-même avions élaborée à partir des seules données archaïques ainsi ne serait-elle pas si folle que je lʼai cru par la suite. Les vers 15de sont dʼune grande importance pour lʼhistoire des religions et, en particulier, pour celle du mazdéisme zoroastrien. Visiblement, à lʼépoque protozoroastrienne, la revendication pour soi-même du titre dʼašauuan et la condamnation qui taxe lʼautre de drǝguuant était réciproque366 et donc automatique. Ceci rapproche indéniablement le protozoroastrisme de lʼobédience védique primitive telle que nous la connaissons par des strophes dans lesquelles le poète invite les dieux à ignorer les offrandes de ses voisins : dans le but de voler leurs troupeaux et dʼéloigner les dieux de leurs appels, dʼaucuns nʼhésitent pas à taxer les autres dʼimpies dans le plus pur style « America first ».

364

Voir Y 43.16e1. Mis pour le gén. de lʼimpossible ašasairiiānc- « qui (se) manifeste (par) l’union avec Aša » : KELLENS, 1974, p. 169. 366 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 158. 365

Y 43

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Cohérence de lʼensemble du mańiiu La cohérence de lʼensemble des mouvements du maniiu (Y 43.5-15) est avant tout formelle et matérielle, assurée par un refrain et de mêmes procédés dʼargumentation. Souvent la suite ou partie de la suite du mouvement dépend du refrain. Dans chaque mouvement, une difficulté empêche de situer, avec toute lʼassurance souhaitable, les éléments que nous comprenons bien dans la perspective qui nous ferait saisir avec précision leur portée conceptuelle367. Cependant, quelques échos internes, en plus des concaténations lexicales déjà signalées, nous assurent aussi que lʼensemble des strophes du maniiu forment bel et bien un seul et même texte : ― 12c1 = 14d1 +uziraidiiāi ; ― 6d2 sənghaitī ārmaitiš et 14d2 azəm ... *sənghāi. Sans compter que lʼargumentation, dans les strophes 7-10, passe de façon récurrente par le questionnement : ― ― ― ― ―

7c1 pǝrǝsatº ; 9c1 +fǝrasīm ; 10c1 *pǝrǝsatº ; 10c2 parštā ; 10d1 parštəm.

La strophe de conclusion Y 43.16 at ahurā (4) huuō mańiiūm zaraθuštrō (7) vərəṇtē mazdā (4) yastē cišcā spəništō (7) astuuat ašəm (4) xiiāt uštānā aōjōŋhuuat (7) xuvəṇg darəsōi (4) xšaθrōi xiiāt ārǝmaitiš (7) + ašәm šiiaōθanāiš (4) vohū daidīt manaŋhā (7) ºoº Alors, Roi qui apportes la sagesse [at ahura... mazdā], c’est Zaraθuštra qui se forge la conviction [hah manyum zarat-uštrah vrntai] que de tous tu es le plus savant [yah tai ciš ca spaništah]. | Puisse l’Agencement être osseux et plein d’autorité avec la faculté du mouvement [astvat rtam hyāt uštānā aujahvat] ! Sous le regard du Soleil [huvanh darsai], lors de (votre) Envoûtement [xšaθrai], puisse la Déférence être 367

KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 157.

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CHAPITRE III

là [hyāt aram-matiš] ! Puissent le Penser bon et les autres gestes lʼaider à mettre le (bon) Agencement (rituel) en place [rtam śyāuθnāiš vahū dadīt manahā] ! 16ab. at ahurā huuō mańiiūm zaraθuštrō V vərəṇtē368 mazdā yastē369 cišcā spəništō « Alors, Roi qui apportes la sagesse, c’est Zaraθuštra qui a le Sentiment/ qui se forge la conviction que de tous tu es le plus savant ». La dernière strophe de l’unité, pour le nommer objectivement, ne peut appartenir au maniiu, dʼautant que la mention qu’il y est faite de Zaraθuštra à la troisième personne grammaticale est incompatible avec l’équation que la huitième strophe impose d’établir entre lui et la première personne du singulier. Le maniiu nʼest donc fait que de onze strophes de cinq vers, Y 43.5-15. La prodose qui ouvre la strophe est balisée par le vocatif ahurā... mazdā tandis que la complétive qui dépend de maniiūm occupe b2. Cette prodose est à considérer comme la donnée sur base de laquelle sont formulées les trois prières distribuées sur les trois derniers vers. Certes, la relation devant exister entre les deux premiers vers et les suivants n’est pas explicite, mais nous pouvons sans trop de risque conjecturer que les optatives des trois derniers sont conditionnées par les deux premiers. Il nʼy a pas dʼautre façon de rendre compte de lʼabsence de particule at à lʼouverture de chacune des trois prières. En effet, cʼest dans la mesure où Zaraθuštra, se trouvant à la barre, sʼest forgé pareille conviction concernant le grand dieu que la mise en place des rouages rituels de la bonne obédience fait lʼobjet des trois prières.

368 Sur cet emploi de lʼindic. prés., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 72 et 73. Le syntagme maniiūm... vәrәntē nous éclaire sur le mot à sous-entendre avec vairiiō dans l’Ahuna Vairiia : PIRART, 2018, p. 82 n. 107, mais voir aussi ad Y 30.5a1. Place normale du verbe. 369 Le pron. ºtē vaut le possessif *θβə : contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 169, qui en font un datif régi par le superlatif.

Y 43

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16cde. astuuat ašəm xiiāt370 uštānā aōjōŋhuuat V xuvəṇg darəsōi371 xšaθrōi xiiāt372 ārǝmaitiš V +ašәm šiiaōθanāiš373 vohū daidīt374 manaŋhā ºoº « Puisse l’Agencement être osseux et plein d’autorité avec la faculté du mouvement/ avec la vitalité ! Sous le regard du Soleil, lors de (votre) Envoûtement, puisse la Déférence être présente ! Puissent le Penser bon et les autres gestes lʼaider à mettre le (bon) Agencement (rituel) en place ! » La relation que les optatives des trois derniers vers de lʼunité entretiennent avec tout ce qui précède nʼapparaît pas. Nous pouvons imaginer que seul le ton y pourvoyait : « Comme cʼest Zaraθuštra qui se forge pareille conviction, nous avons bon espoir en formulant de tels souhaits ». Avec le vers 16c, il est souhaité que l’agencement soit astuuat, mais le statut d’attribut du sujet qu’il faudrait accorder au syntagme uštānā aōjōŋhuuat reste incertain. La phrase astuuat ašəm xiiāt n’est pas limpide même si l’instr. uštānā nous invite à tenir compte du lien qui, dans l’Avesta récent et les livres pehlevis, attache la faculté du mouvement au squelette. Pour justifier leur asyndète, les deux locatifs darəsōi xšaθrōi ne sont pas au même niveau375 : le premier est un complément de lieu et le second, un complément de temps quoique ce distingo soit des plus friables. L’hémistiche Y 43.16e1 permet-il d’amender le nom dʼun héros du Fravardīn Yašt  ? Non : c’est l’inverse, car šiiaōθana- aurait dû figurer au génitif comme complément déterminatif d’ašīm  : Yt 13.114.2 aša.šiiaōθnahe gaiiaδāstaiianahe ašaōnō frauuašīm yazamaide .·.

370 Opt. prés. en indép.-principale exprimant le souhait : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 89. Place spéciale du verbe. 371 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 120, suivis par LECOQ, 2016, p. 771, admettent un adjectif composé xvəṇg.darәsa- : « may right-minedness abide in the sunlit dominion » ; « Puisse Ārmaiti être dans le royaume où l’on voit le soleil ». 372 Opt. prés. en indép.-principale exprimant le souhait : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 89. Place licite du verbe. 373 šiiaōθanāiš vohū... manaŋhā  : pluriel elliptique accompagné d’une explicitation partielle. 374 Opt. prés. en indép.-principale exprimant le souhait : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 89. Place licite du verbe. 375 Contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 169.

226

CHAPITRE III

Cʼest ce que montre lʼhémistiche Y 28.4b1 ašīšcā šiiaōθǝnanąm. De toute façon, +ašǝm est la lecture que le zand et Niriosaṅgha recommandent : MNV ʼhlʼdyh PVN kvnšn| ʼš vhvmn BRA YHBVNyt mzd .·. « Celui qui montre de la sainteté dans ses actes, Vohu Manah lui offre récompense » ; dharmakarmibhya uttamaṁ dadāti manah | gvahmano ʼmarah.

Le nom dʼAši ainsi nʼest-il pas aussi fréquent que nous lʼavions pensé376. Et, de lʼanalyse de cette dernière strophe de lʼunité, nous devons conclure que, logiquement, à lʼépoque des Cantates, il nʼexistait pas de Saōšiiant nommé Astuuat.ǝrǝta ni de héros portant le nom dʼAša.šiiaōθna. Il nʼest pas inutile de souligner ici que le même paragraphe du Fravardīn Yašt contiendrait aussi le nom dʼun ancêtre de Zaraθuštra qui a toute chance de pouvoir être expliqué par un mot de la strophe précédente, cixšnuša-. Comme cet ancêtre non plus ne pouvait donc avoir porté ce nom à lʼépoque des Cantates, je suis persuadé de la profondeur de la rupture qui dut se produire entre elles et le reste de la tradition zoroastrienne, mais ceci solidarise peut-être abusivement les strophes 15 et 16. La mention de Zaraθuštra dans une dernière strophe d’unité gâthique est un phénomène secondaire, dû à une réorganisation des textes et visant à mettre certaines données en évidence. Avec la dernière strophe de l’Uštauuaitī Hāiti, le réorganisateur a voulu donner à Zaraθuštra un fils futur nommé Astuuat.әrәta. Cohérence de lʼensemble de la hāiti Les principaux arguments formels en faveur de la cohérence de lʼensemble des seize strophes de la hāiti sont les suivants : ― tandis que la dernière strophe de lʼunité paraît bien clôturer le maniiu de lʼextérieur et lui donner le nom de mańiiūm ... yastē cišcā spəništō, la dernière strophe de la tétrade, avec məṇghāi, paraît l’annoncer. Cependant, nous ne sommes pas en droit de lʼenvisager puisquʼil faudrait fermer les yeux sur la différence dʼidentité de la première personne entre les deux formes verbales məṇghāi et məŋhī  : nous avions, Jean Kellens et moi377, été abusivement opti-

376 377

KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 155. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 155.

Y 43

227

mistes à lʼinstant de souligner que la dernière strophe de la tétrade initiale et la dernière strophe de l’unité se répondaient ; ― le mode optatif est employé pour lʼexpression de prières à la fois dans les deux strophes centrales de la tétrade qui précède le maniiu et dans celle qui, isolée au terme de la hāiti, le suit. En revanche, lʼincohérence interne la tétrade initiale, pour moi, reste indélébile dans le détail. Y 43.17 Avant le sacrifice offert à son allégorie et la récitation de la Yeŋhē.hātā qui joue le rôle de filet, lʼunité est clôturée avec la nouvelle double répétition (º du bār º) de sa première strophe et la triple (º si bār º) de l’Ašǝm Vohū, le tout prononcé par les deux officiants (zōt u rāspī .·.). Lʼhendécasyllabisme des vers de lʼUštauuaitī Gāθā et de la Spǝntā.maniiu Gāθā est assez semblable à celui de vers védiques tels que ceux des tristubh. En effet, lʼune des formes courantes de lʼhendécasyllabe védique exige aussi une césure au terme de la quatrième syllabe.

CHAPITRE IV SPƎNTĀ.MANIIU HĀITI (Y 47)

Le texte 0. zōt u rāspī .·. 1nǝmō və gāθā ašāunīš .·. 1. 2 spǝntā maniiū (4) vahištācā manaŋhā (7) hacā ašāt (4) šiiaōθanācā vacaŋhācā (7) aāi 3 dąn (4) hauruuātā.amǝrǝtātā (7) mazdā xšaθrā (4) ārǝmaitī ahurō (7) º du bār º .·. 2. zōt .·. 4 ahiiā maniiəuš (4)5 spəništahiiā vahištǝm (7) + hizuuā.uxδāiš 6 (4) vaŋhəuš əǝānū manaŋhō (7) ārǝmatōiš (4) zastōibiiā šiiaōθanā vǝrǝziiat (7) ōiiā cistī (4) huuō ptā ašahiiā mazdā (7) .·. 1

Y 47.0 = 28.0, 43.0, 51.0, 53.0, 68.24.0. Y 47.1 = 18.2, 18.8, 68.24.1, V 10.4.8 ; Y 47.1b2 ≈ Y 34.1a1. Lʼensemble des six strophes de la Spǝntā.maniiu Hāiti est mentionné dans N 32.5 : PIRART, 2018, p. 209. 3 Selon KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 214, le parallèle de lʼhémistiche Y 45.10e1 permet de restituer ici et de résoudre ainsi le déficit métrique, mais CANTERA, 1993, p. 232, sʼy oppose. 4 Y 47.2 = 18.3, 68.24.2. Cette strophe est la source dʼinspiration dʼun passage du Veh Yašt qui nous est arrivé dans un piteux état : Yt 15.40 1āat hīm2 jaiδiiǝn3 .·. auuat āiiaptǝm dazdi nō4 V vaiiuš yō uparō.kairiiō V 5yat nmānō.paitīm vindāma3 V yuuānō6 sraēštō.kǝhrpa V yō6 nō4 hubǝrǝtąm7 barāt3 V yauuata gaiia jīuuāuua V frazaintīmca hō6 vǝrǝziiāt3 V daŋrō.dantō6 hizuxδō6 .·. « La (vierge et la génisse) demandèrent à lʼ(Espace) : Accorde-nous cette faveur, Espace des prouesses incomparables, que nous puissions nous trouver un mari maître de maison (et un mâle protecteur) jeunes et beaux de corps, qui nous traitent bien toute la vie que nous vivrons et sachent, de leurs dents expertes ou de vive voix, honorer notre fécondité ! » Notes : 1. Voir PIRART, 2010b, p. 258. Yt 15.40.1 = Yt 5.58.1, 5.73.1. ||| 2. Mis pour le masc. ||| 3. Mis pour le duel. ||| 4 . Mis pour le duel si ce nʼen est pas déjà un : < pir. *nău. ||| 5. Yt 15.40.3a ≈ Yt 5.87.1c. ||| 6 . Mis pour le masc. duel. ||| 7. Mis pour le fém. duel. 5 Y 47.2a1 = 3a1. 6 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 166 : hizuuā uxδāiš. 2

230

CHAPITRE IV

3. 7 ahiiā maniiəuš (4)8 tuuəm ahī

tā9 spǝntō (7) yə aāi gąm (4) rāniiō.skǝrǝitīm həm.tašat (7) at hōi vāstrāi (< *vāstrōi)10 (4) rāmā dā +ārǝmaitī 11 (7) hiiat həm vohū (4) mazdā [həmǝ.]fraštā manaŋhā (7) .·. 4. aāt maniiəuš (4) rārǝšiieintī drǝguuantō (7) mazdā spǝntāt (4) nō[it] +aθā13 ˟ašauuanō14 (7) 15 kasəušcīt nā (< *nu) (4) ašāunē +kāθū (< *kāt u*)16 aŋhat (7) isuuācīt hąs (4) paraōš akō drǝguuāitē (7) .·. 12

5. tācā spǝntā (4) maniiū mazdā ahurā (7)18 ašāunē cōiš (4) yā zī cīcā vahištā (7)19 17

7

Y 47.3 = Y 18.4, 68.24.3. Y 47.3a1 = 2a1. 9 Alors même que ni le zand ni la traduction sanscrite ne la confirment, la correction de tā en

tā que HUMBACH et FAISS, 2010, p. 140, suivis par LECOQ, 2016, p. 787, opèrent sur base du seul manuscrit K5 me paraît nécessaire : PIRART, 2018, p. 59 n. 14. 10 Allongement secondaire de la diphtongue finale du duel vāstrāi : PIRART, 2018, p. 59. 11 Correction de ārmaitīm en +ārmaitī : PIRART, 2018, p. 59. Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 140, et contre LECOQ, 2016, p. 787, qui traduit 3c comme suit : « Et tu as donné Ārmaiti pour la paix de son pâturage ». 12 Y 47.4 = 18.5, 68.24.4. 13 Voir la note suivante. 14 Avec KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 216, contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 140, qui sʼen tiennent à la leçon de GELDNER, 1886-96, vol. I p. 167, iθā ašāunō, et traduisent comme suit : « From this beneficent spirit the deceitful keep off | those not really truthful, O Wise One ». LECOQ, 2016, p. 788, lui non plus, nʼa pas retenu cette correction. 15 Les deux vers cd paraissent avoir été la source d’inspiration de V 18.34.3 yat nā kasuuikąmcina yāŋhuiianąm auuarǝtanąm naire ašaōne jasta ašaiia vaŋhuiia nōit daδāiti .·. « c’est l’homme qui, prié par un fidèle, refuse de lui donner en charité si peu que ce soit des biens qu’il a amassés » (trad. DARMESTETER, 1892-3, vol. II p. 248). 16 kasəušcīt nā... +kāθū < pii. **kaśáuš | cít | nú (ou nā) | ... | kāt | u, contre GELDNER, 1886-96, vol. I p. 167, kāθē. Le processus pir. *ºduº > *ºt.uº (analyse) > ºθuº (sandhi ultérieur), illustré ici par kāθū < *kāt ū* < pir. *kādu, se retrouve notamment dans le nom de Zaraθuštra et dans celui de Vīθušī. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 188, dans leur refus habituel dʼadopter toute correction proposée par dʼautres spécialistes, font appel au sogdien kʼδy « very » pour voir dans kāθē un adverbe signifiant « at will ». 17 Y 47.5 = 18.6, 68.24.5. 18 Y 47.5a2 = 6a2. 19 L’hémistiche Y 47.5b2 a été réutilisé dans Y 12.1 nāismī daēuuō .·. frauuarānē1 mazdaiiasnō zaraθuštriš V vīdaēuuō ahura.tkaēšō V staōtā amǝšanąm spǝntanąm V yaštā amǝšanąm spǝntanąm .·. ahurāi mazdāi vaŋhauuē vohumaitē V vīspā vohū cinahmī V ašāunē raēuuaitē xvarǝnaŋvhaitē V yā zī cīcā vahištā V yeŋhē gāuš yeŋhē ašǝm yeŋhē raōcā 8

Y 47

231

hanarǝ θβaāt (4) zaōšāt drǝguuā ˟baxšaitē 20 (7) ahiiā šiiaōθanāiš (4) akāt ā šiiąs manaŋhō (7) .·. 6. 21 tā dā spǝntā (4) maniiū mazdā ahurā (7)22 āθrā vaŋhāu (4) vīdāitīm rānōibiiā (7) ārǝmatōiš (4) dǝbązaŋhā ašaxiiācā (7) hā zī pōurūš (4) išǝntō vāurāitē (7) ºoº 7. 23zōt u rāspī .·. 7.1. 24 spǝntā maniiū (4) vahištācā manaŋhā (7) hacā ašāt (4) šiiaōθanācā vacaŋhācā (7) aāi dąn (4) hauruuātā.amǝrǝtātā (7) mazdā xšaθrā (4) ārǝmaitī ahurō (7) º du bār º .·. 7.2. 25 ašәm vohū ... º si bār º .·. 7.3. spǝntā.maniiūm hāitīm yazamaide .·. 7.4. 26 yeŋhē hātąm ... ºoº ºoº V

yeŋhē 2raōcəbīš rōiθβǝn xuvāθrā .·. « Je repousse les Daēuua et opte pour l’offrande faite du sacrifice au (Roi) qui apporte la sagesse selon les recommandations de Zaraθuštra, pour la lutte contre les Hasardeux selon les enseignements royaux, pour faire l’éloge des Immortels Savants et leur offrir le sacrifice. Je fournis au Roi qui apporte la sagesse, le Bon accompagné des Bons, toutes les bonnes choses, à lui qui est accompagné du (bon) Agencement, qui dispose de richesses et de réserves de nourriture telle que la bien excellente (vache), lui à qui appartiennent la vache, le (bon) Agencement et la lumière des jours, lui qui distille les bien-être à la lumière des jours ». Notes : 1. Indicatif présent. ||| 2 . = Y 31.7a2. 20 La clausule drǝguuā ˟baxšaitē se retrouve dans le vers Y 50.3d yąm nazdištąm (4) gaēθąm drǝguuā ˟baxšaitē (7) .·.. Le sens exige la correction de baxšaitī en ˟baxšaitē : voir le lexique. 21 Y 47.6 = 18.7, 68.24.6. 22 Y 47.6a2 = 5a2. 23 Y 47.7 = 18.8-9, 68.24.7-8. 24 Y 47.7.1 = 47.1, 48.13.1, 49.13.1, 50.12.1. 25 Y 47.7.2 = 11.19.2, 27.14, etc., 48.13.2, 49.13.2, 50.12.2. 26 Y 47.7.4 = 27.15.3, etc., 48.13.4, 49.13.4, 50.12.4.

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CHAPITRE IV

Traduction 0. Hommage à vous, Cantates du (bon) Agencement ! 1. À lʼinstant de lui offrir lʼIntégrité et lʼImmortalité, le Sentiment (que le Roi qui apporte la sagesse est) savant ou que l’Envoûtement lui permet dʼentrer en contact avec la Déférence poussent les (Adorables) à tenir compte des excellents pensers, des gestes et des mots auxquels (lʼadorateur) recourt pour lui rendre un culte. 2. Pour suivre lʼexcellent (conseil) du Penser bon, il recourt aux (†gestes)27 que le Sentiment de sa grande science lui dicte de vive voix à lʼinstant dʼexécuter les †gestes avec les mains de la Déférence dans lʼidée/ la compréhension que (le Roi) qui apporte la sagesse est le père du (bon) Agencement. *** 3. (Roi) qui apportes la sagesse, tu es le père savant du Sentiment (= le Configurateur) qui a collaboré avec (lʼadorateur) à la configuration de la vache, source de joie pour celui-ci. (De concert) avec la Déférence (= déesse assimilée à la Terre), tu offres fourrage et tranquillité à la (vache) depuis que (cet adorateur) sʼest entretenu avec le Penser bon. 4. De ce Sentiment que tu es savant, (Roi) qui apportes la sagesse, les égarés sʼécartent, mais il nʼen va pas de même des pieux (adorateurs). Pourquoi et jusques à quand le pauvre se montrera-t-il donc en faveur du pieux (adorateur) et le méchant, pourtant riche, en faveur de lʼégaré ? 5. Roi qui apportes la sagesse, tu fournis la si bonne (vache) au pieux (adorateur) en tenant compte de son Sentiment que tu es savant, (mais,) pour avoir pu s’installer à cause du Penser mauvais, lʼégaré profite (dʼelle) sans ton consentement grâce aux actes du (pieux adorateur). 6. Roi qui apportes la sagesse, le Feu, avec le Sentiment que tu es savant, avec le soutien que la Déférence offre au (bon) Agencement, te permet de procéder à la répartition du (texte) entre les deux exécutants lors du bon (octroi de moyens quʼil est question de vous assurer), car (la Déférence) arrive alors à repousser ceux qui, en grand nombre, cherchent à rejoindre (lʼexcellente existence).

27 Je nʼai pu éviter cette grave anomalie de la présence de « gestes » à deux cas distincts dans une seule et même proposition.

Y 47

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Le titre de lʼunité La mention du Spǝnta Maniiu dans le premier hémistiche du premier vers de sa première strophe constitue lʼheureux incipit du texte et fait le titre28 de l’unité : la Spǝntā.maniiu Hāiti traite du Spǝnta Maniiu, la conviction, tour à tour personnifiée ou non, que le grand dieu est savant ou que ses leçons ne sont ni erronées ni fallacieuses. Lʼopinion quʼils ont de lui dicte aux adorateurs la conduite à tenir, les pousse à rendre un culte à Ahura Mazdā et détermine toutes les formes ou tous les aspects techniques du sacrifice offert à cette occasion. La Spǝntā.maniiu Hāiti dresse une liste des qualités ou des facultés de Spǝnta Maniiu. Le plan de l’unité Pour en être la première unité, la Spǝntā.maniiu Hāiti porte le même nom que la Spǝntā.maniiu Gāθā. Celle-ci, comme les deux Cantates précédentes ou comme la suivante, est marquée par lʼhendécatropisme en ce sens que sa dernière unité est faite de onze strophes : Gāθā Ahunauuaitī Uštauuaitī Spǝntā.maniiu Vohuxšaθrā Vahištōišti

Nombre de strophes (100 + 66 + 41 + 22 + 9 = 238) 11 + 11 + 11 + 22 + 16 + 14 + 15 = 100 16 + 20 + 11 + 19 = 66 6 + 12 + 12 + 11 = 41 22 9

Avec seulement six strophes, la Spǝntā.maniiu Hāiti est la plus petite des unités gâthiques. Le maniiu spǝnta est nommé dans le premier vers de chacune des strophes de la Spǝntā.maniiu Hāiti quasi à la manière d’un refrain  : Vers

Mention

1a1 2a 3a 4a1 4b1

spǝntā maniiū ... maniiəuš V spəništahiiā ... ... maniiəuš V ... spǝntō ... maniiəuš ... spǝntāt

28 Le retour de lʼinstrumental nous interdit de penser que lʼunité aurait son origine dans un exercice de déclinaison.

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CHAPITRE IV

5a 6a

... spǝntā V maniiū ... ... spǝntā V maniiū ...

Dans les deux premières strophes, il est fait mention d’Ahura Mazdā à la troisième personne grammaticale, mais, pour une raison inconnue, le grand dieu est directement interpellé avec les quatre dernières. Commentaire Y 47.1 spǝntā maniiū (4) vahištācā manaŋhā (7) hacā ašāt (4) šiiaōθanācā vacaŋhācā (7) aāi dąn (4) hauruuātā.amǝrǝtātā (7) mazdā xšaθrā (4) ārǝmaitī ahurō (7) º du bār º29 .·. À lʼinstant de lui offrir lʼIntégrité et lʼImmortalité [ahmāi dan harvatā-amrtātā], le Sentiment (que le Roi apportant la sagesse est) savant [spantā manyū] ou que l’Envoûtement lui permet dʼentrer en contact avec la Déférence [mazdāh xšaθrā aram-matī ahurah] poussent les (dieux Adorables) à tenir compte des excellents pensers, des gestes et des mots auxquels (lʼadorateur) recourt [vahištācā manahā... śyāuθnā ca vacahā ca] pour lui rendre un culte [haca rtāt]. La conviction (maniiu-) que lʼadorateur est arrivé à se forger concernant Ahura Mazdā pousse le groupe anonyme auquel lʼaction de dąn (1c) doit être attribuée à tenir compte des trois niveaux du comportement observé durant la cérémonie sacrificielle. Sa conviction est faite de deux volets : dʼune part, il estime que le grand dieu est savant ou quʼil est la source de toute science utile ; dʼautre part, il est convaincu de lʼefficacité de lʼemprise que le rite lui permettra dʼexercer sur lui. Ce second volet tient dans une sorte de maxime venant clore la strophe (1d). 1ab. spǝntā maniiū vahištācā manaŋhā V hacā ašāt šiiaōθanācā vacaŋhācā « Le Sentiment (que Mazdā est) savant pousse les (Yazata) à tenir compte des excellents pensers, des gestes et des mots auxquels (l’orant) 29 La première strophe de lʼunité, pour être aussi celle de toute la Cantate, est dite deux fois. Dans le Vīdaēuu-dāt, les strophes qui sont répétées de la sorte au début des cinq Cantates reçoivent le nom de bišāmrūta- vac- (V 10) : PIRART, 2007a, p. 57-9.

Y 47

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recourt pour lui rendre un culte ». Le premier hémistiche (1a1) contient le premier volet du maniiu tandis que les trois suivants (1a2, 1b1, 1b2) égrènent les trois niveaux du comportement rituel (vahištācā manaŋhā... šiiaōθanācā vacaŋhācā) autour de la désignation de la cérémonie qui lʼa requis (hacā ašāt). Il sʼagit donc de deux groupes syntaxiques de statuts distincts même si le cas instrumental les caractérise tous deux. Le maniiu spǝnta profile le comportement rituel fait des trois niveaux de la pensée, de la parole et du geste, le comportement que le rite (aša-) requiert. 1c. aāi dąn hauruuātā.amǝrǝtātā « Les (Yazata) lui offrent lʼIntégrité et lʼImmortalité ». Le vers, illustration de lʼidée de « donner quelque chose à quelquʼun », constitue la plaque tournante de la strophe : les précédents et le suivant font figures de satellites. Lʼanonymat de lʼauteur de lʼaction et celui de son bénéficiaire font toute la difficulté. La justification de lʼemploi de lʼinfinitif stōi, elle aussi, est assez malaisée. Le parallèle des vers Y 45.10de ne dissipe aucun mystère : xšaθrōi †hōi (3) hauruuātā.amǝrǝtātā (7) aāi stōi dąn (4) tǝuuīšī.utaiiūitī (7) .·. « Lors de son (?) Envoûtement, (...) lui confèrent lʼIntégrité, lʼImmortalité, la Bonne Forme et la Jeunesse nouvelle ».

La situation y est encore plus complexe ou incertaine du fait dʼun éventuel personnage supplémentaire ou imprévu, représenté par lʼincroyable pronom hōi, mais aussi en raison du déficit métrique inexpliqué qui se situe précisément à lʼentour de ce pronom. Et la présence de ce dernier nʼest guère compatible avec celle de aāi. Nous en sommes donc réduits à nous passer de ce parallèle et à réfléchir dans lʼabsolu. Les personnages possibles sont forcément les suivants : le poète et les autres officiants, les adorateurs ou lʼun dʼeux, le grand dieu, les autres dieux, les adversaires. Comme intermédiaires entre le grand dieu et lʼadorateur, je ne vois guère que les officiants ou les autres dieux. Pour autant, bien sûr, que le pronom aāi représente bel et bien le pieux adorateur. Si, comme ailleurs, le poète appartient au groupe des officiants et que ces derniers doivent donc être représentés avec lui par le pronom de la première personne du pluriel, nous admettrons que les auteurs de lʼaction de dąn ne sont autres que les Yazata, surtout que ce qui est donné ne peut que difficilement lʼêtre par des êtres humains même aussi surdoués que des officiants ou des poètes. Il y aurait ainsi un dédoublement de la divinité qui, dʼune part, est le blanc des honneurs sacrificiels et,

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CHAPITRE IV

dʼautre part, vient au secours de lʼadorateur. Dans le premier cas, elle garderait son unicité, mais, dans le second, se plierait aux nécessités du nombre. 1d. mazdā xšaθrā ārǝmaitī ahurō .·. « L’Envoûtement permet au (Roi) qui apporte la sagesse dʼentrer en contact avec la Déférence ». Lecoq30 admet deux phrases juxtaposées en vertu dʼun chiasme : « Mazdâ est avec Xšaθra, Ahura avec Ārmaiti », mais ceci nʼest possible quʼen théorie. Pour ma part, je reconnais à ce vers le ton de la maxime, le déduisant de son caractère nominal et de lʼordre exceptionnel des mots le composant : le sujet fait du syntagme théonymique mazdā ... ahurō embrasse deux compléments exprimés lʼun comme lʼautre à lʼinstrumental, mais lʼasyndète en dénonce la différence de valeurs ou de statuts. Le premier, xšaθrā, est un instrumental de moyen tandis que le second, ārmaitī, marque lʼaccompagnement, la jonction ainsi facilitée : lʼenvoûtement, lʼinfluence que le rite permet dʼexercer sur le grand dieu vêtu du Ciel le met en relation avec lʼadorateur situé ici-bas, sur la Terre. Lʼadorateur nʼest présent quʼà travers la synecdoque de la Déférence. Ceci a permis lʼassimilation de cette déesse avec la Terre et fait dʼelle lʼépouse du grand dieu. Échange de bons procédés, le rite propose à Ahura Mazdā le plaisir dʼun accouplement et promet lʼimmortalité à son adorateur. Sur base de 2d, nous pouvons coller lʼétiquette de « compréhension » (cisti-) à la maxime de ce dernier vers. Y 47.2 zōt .·. ahiiā maniiəuš (4) spəništahiiā vahištǝm (7) + hizuuā.uxδāiš (4) vaŋhəuš əǝānū manaŋhō (7) ārǝmatōiš (4) zastōibiiā šiiaōθanā vǝrǝziiat (7) ōiiā cistī (4) huuō ptā ašahiiā mazdā (7) .·. Le zaōtar récite : Pour suivre lʼexcellent (conseil) du Penser bon [vahištam... vahauš anu manahah], il recourt aux (†gestes) que le Sentiment de sa grande science lui dicte de vive voix [ahya manyauš spaništahya... hizvā-ugdāiš] à lʼinstant dʼexécuter les †gestes [śyāuθnā vrzyat] avec les mains 30

LECOQ, 2016, p. 787.

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de la Déférence [aram-mataiš zastaibyā] dans lʼidée/ la compréhension que le (Roi) qui apporte la sagesse est le père du (bon) Agencement [ayā cistī hah ptā rtahya mazdāh]. La conviction du pieux adorateur, divinisée, parlante même, intervient dans l’organisation concrète de la cérémonie à la manière d’un directeur d’opérations ou d’un metteur en scène. 2ab. ahiiā maniiəuš spəništahiiā vahištǝm V +hizuuā.uxδāiš vaŋhəuš əǝānū manaŋhō « Pour suivre lʼexcellent (conseil) du Penser bon, il recourt aux (†gestes) que le Sentiment de sa grande science lui dicte de vive voix ». Les deux premiers vers contiennent chacun un groupe génitif et un autre complément. Pour régir lʼaccusatif31, la préposition əǝānū nous oblige à faire du syntagme génitif vaŋhəuš... manaŋhō quʼelle noyaute le complément de vahištǝm. Par voie de conséquence, devons-nous penser, lʼautre groupe génitif, ahiiā maniiəuš spəništahiiā, complète lʼinstrumental +hizuuā.uxδāiš. Malencontreusement, le substantif šiiaōθanāiš que le parallèle des vers Y 51.3ab suggère de sous-entendre avec ce dernier adjectif se heurte ici à sa présence à un autre cas32. Comme, de surcroît, ce parallèle nous pousse à faire de vaŋhəuš... manaŋhō le complément de +hizuuā.uxδāiš, je ne puis que baisser les bras : ā.və.gəuš.ā33 həmiiantū (7) yōi ˟vī34 šiiaōθanāiš sārǝntē (7) †ahurō ašā†35 hizuuā.-(7) uxδāiš vaŋhəuš manaŋhō (7) « Les invocateurs doivent se réunir

+

+

31 Nous avions avancé mécaniquement lʼabl. en désespoir de cause (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 220). 32 Ce que je signale avec † dans la traduction. 33 Nous avions admis ā + abl. enclitique (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 37), mais, maintenant, ceci me paraît aventureux. Et la répétition de və dans la relative était d’ailleurs bien suspecte. La solution est dʼanalyser ā.və.gəuš.ā comme le nominatif plur. du mot coïncidant avec le sanscrit avaghosa-. 34 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 180, donne və. Le pronom və n’ayant aucune place, il faut très probablement le corriger en ˟vī et admettre que ce préverbe est à ordonner avec sārәntē. Ce verbe est conjugué au passif : < pii. *śiántai. Une opposition se fait jour entre hąm+√ i « se réunir » et vī+√ sar « être séparé ». 35 L’apparence nominative du vocatif ahurō placé devant ašā doit être appréhendée comme la forme mǝrǝtō du V 2.3. C’était en désespoir de cause que j’avais proposé (PIRART, 2007a, p. 87 n. 209) d’identifier ici le dieu Feu. Si nous devons traduire alors « Que le Roi, avec le bruit (du pressurage), concentre la faveur ou la conduise à ceux qui sont unis au (bon) Agencement ! », la place aberrante que ahurō occupe dans la proposition subordonnée relative invite à penser que le passage est corrompu. Le brouillage de la limite qui doit exister entre les propositions principale et subordonnée est intolérable. Faudrait-il donc placer ahurō avant yōi et rejeter sārәntē en tête de b ? Pareil écueil

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CHAPITRE IV

[avagaušā ham-yantu], les Rois (?) qui se trouvent sans union avec l’Agencement malgré les gestes [yai vi śyāuθnāiš saryantai ahurā rtā] que le Penser bon (leur) dicte de vive voix [hizvā-ugdāiš vahauš manahah] ».

Le mot que vahištǝm sous-entend, malgré vaŋhəuš... manaŋhō, nʼest sans doute pas ahūm, car le sens de la strophe resterait mal intelligible si nous devions penser à lui dans la rection de əǝānū  : que signifierait donc « se conformant à lʼexcellente (existence) du Penser bon » ? Et la redondance de vahištǝm avec vaŋhəuš devait nous alerter. Nous avions avancé36 de sous-entendre plutôt mąθrǝm « conseil, recommandation », mais sans grande conviction. Le fait même que Spǝnta Maniiu lui dicte de vive voix les gestes à exécuter nous conduit à envisager sa personnification, mais, comme nous nous situons sur lʼaire sacrificielle, il faut probablement imaginer les cris ou les ordres dʼun immolateur (tašan-) en pleine action. Les officiants sans doute devaient-ils observer les indications de ce tašan afin de synchroniser leurs propres interventions avec les étapes de la mise à mort et de la reconstruction de la victime sacrificielle. Spǝnta Maniiu est la déification de la bonne coordination des officiants autour dʼactes de boucherie. 2c. ārǝmatōiš zastōibiiā37 šiiaōθanā vǝrǝziiat « À lʼinstant dʼexécuter les gestes avec les mains de la Déférence ». Comme dans la première, les deux premiers vers (2ab) et le dernier (2d) de cette strophe-ci sont faits de satellites du troisième (2c). Le sujet de vǝrǝziiat nʼest pas explicité. Les mains de la déesse qui sera assimilée à la Yazatā de la Terre démontrent toute la matérialité des opérations techniques dont lʼauteur sut enfouir lʼévocation dans les arcanes poétiques de la Cantate.

compromet toute certitude dans l’identification de l’Ahura dont il est ici question. Dʼautre part, le sens de « bruit » que Kellens et moi nous avions avancé pour gəuša- est démenti par la tradition (voir le commentaire de lʼhémistiche Y 30.2a1). Remarquons alors, le Fravardīn Yašt suggère que la séquence ahurō ašā serait fautive pour +ašā ahurō+ : Yt 13.113.1 ašāhurahe jīštaiianahe ašaōnō frauuašīm yazamaide .·.. 36 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 300. 37 zastōibiiā... vǝrǝziiat  : cf. Y 33.2b1 zastōibiiā vā varǝšaitī ; P 27a manaŋhasca humaiti hizuuasca hūxti zastaiiāsca huuaršti raθβiiō.varšti ; RS 10.137.7ab hástābhyāṁ dáśaśākhābhyāṁ jihvā vācáh purogavī.

Y 47

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2d. ōiiā cistī huuō ptā ašahiiā mazdā .·. « Dans lʼidée que le (Roi) qui apporte la sagesse est le père du (bon) Agencement ». Lʼidée ou la conviction exprimée au terme de cette strophe fonde toute lʼactivité rituelle : le poète découvre et comprend que le grand dieu est à lʼorigine de son propre culte ou le justifie. Apparemment, cisti- serait un synonyme approximatif de maniiu-. Dʼautant que son emploi est clairement à rapprocher de celui du participe +cīcīθβā dans le vers Y 43.2c. Y 47.3 ahiiā maniiəuš (4) tuuəm ahī

tā spǝntō (7) yə aāi gąm (4) rāniiō.skǝrǝitīm həm.tašat (7) at hōi vāstrāi (4) rāmā dā +ārǝmaitī (7) hiiat həm vohū (4) mazdā [həmǝ.]fraštā manaŋhā (7) .·. (Roi) qui apportes la sagesse, tu es le père savant du Sentiment (= le Configurateur) [ahya manyauš tuʼam ahi ptā spantah... mazdā] qui a collaboré avec (lʼadorateur) à la configuration de la vache, source de joie pour celui-ci [yah ahmāi gām rana-krtam ham-taxšat]. (De concert) avec la Déférence (= la Terre), tu offres fourrage et tranquillité à la (vache) [at hai vāstrăi rāma dāh aram-matī] depuis que (cet adorateur) sʼest entretenu avec le Penser bon [yat ham vahū... frašta manahā]. La personnification du Maniiu ressort de son statut explicite de fils dʼAhura Mazdā. Le passage est très clairement à rapprocher des hémistiches Y 31.9a2b1 où Maniiu est assimilé à Gəuš Tašan. La seule présence du verbe √ taš, bien évidemment, nous y invite déjà : cette équation est reproduite avec le présent contexte. Et Maniiu forme ici aussi un tandem avec Ārmaiti. Selon les conceptions gâthiques, il devait donc y avoir coïncidence entre les figures mythiques de Spǝnta Maniiu et de Gəuš Tašan. Nous en verrons la logique en pensant que le pieux adorateur, avec la conviction que le grand dieu est savant, place tous ses espoirs dans la science divine : celle-ci lui dictera les façons dʼimmoler la vache et de la reconstruire sur le barǝziš, la litière où les dieux viennent sʼasseoir. La reconstruction assure lʼimmortalité à la vache ou offre la garantie à lʼorant ou au défunt de la retrouver dans lʼau-delà.

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CHAPITRE IV

3ab. ahiiā maniiəuš tuuəm ahī

tā spǝntō V yə aāi38 gąm rāniiō. skǝrǝitīm həm.tašat « (Roi qui apportes la sagesse,) tu es le père savant du Sentiment (= le Configurateur) qui a collaboré avec (lʼadorateur) à la configuration de la vache, source de joie pour celui-ci ». La strophe est faite de deux diptyques inverses, le premier articulé par la corrélation pronominale ahiiā... yə, le second, par la corrélation particulaire at... hiiat. La relation que le premier entretiendrait avec le second pourrait être purement tonale. Sans doute les accents théogoniques partagés avec elle ont-ils permis de raccrocher secondairement la troisième strophe à la suite de la deuxième : ōiiā cistī huuō ptā ašahiiā mazdā .·. ahiiā maniiəuš tuuəm ahī

tā spǝntō. 3cd. at hōi vāstrāi39 rāmā dā40 +ārǝmaitī V hiiat həm vohū mazdā [həmǝ.]fraštā manaŋhā41 .·. « (De concert) avec la Déférence, tu offres fourrage et tranquillité à la (vache) depuis que (cet adorateur) sʼest entretenu avec le Penser bon ». Le dvandva de vāstra- et de rāman-, maquillé ici en duel elliptique suivi dʼune explicitation partielle —les deux vāstra dont rāman—, est à lʼorigine de la figure du Yazata récent Rāman Xvāstra qui, pour répondre à des impératifs mythiques méconnus, nʼa pas hésité à troquer le genre grammatical neutre pour le masculin. Y 47.4 aāt maniiəuš (4) rārǝšiieintī drǝguuantō (7) mazdā spǝntāt (4) nō[it] +aθā ˟ašauuanō (7) 38 Au lieu de penser à un emploi spécial du pronom tonique aāi (PIRART, 2018, p. 59 n. 15), il vaut mieux considérer que les formes tirées du thème a-, lorsquʼelles se trouvent en une position où la forme enclitique est requise, concerne le démonstratif proche (voir le lexique). 39 Voir le texte. 40 Le tandem de la tranquillité et du fourrage figure aussi dans le Yasna Haptaŋhāiti : Y 35.4.2a rāmācā vāstrǝmcā dazdiiāi. Contre toute vraisemblance grammaticale, il conviendrait, selon HUMBACH et FAISS, 2010, p. 140, dʼadmettre un composé +rāmā.dā et de coordonner ārmaitīm à gąm au moyen de at : « You are the beneficent father of this spirit, | who fashioned for it the joy-giving cow | and, establishing peace for her pasture, right-mindedness, | when he held counsel with good thought, O Wise One ». 41 Plusieurs ingrédients de ces deux vers se retrouvent dans Y 49.2cd nōit spǝntąm dōrǝšt ahmāi stōi ārǝmaitīm V naēdā vohū mazdā fraštā manaŋhā .·..

Y 47

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kasəušcīt nā (4) ašāunē +kāθū aŋhat (7) isuuācīt hąs (4) paraōš akō drǝguuāitē (7) .·. De cette conviction que tu es savant, toi qui apportes la sagesse [ahmāt manyauš... mazdā spantāt], les égarés sʼécartent [hrahršyanti drugvantah], mais il nʼen va pas de même des pieux (adorateurs) [na aθā rtāvānah]. Pourquoi et jusques à quand le pauvre se montrera-t-il donc en faveur du pieux (adorateur) [kasauš cit nā rtaunai kāt u ahat] et le méchant, pourtant riche, en faveur de lʼégaré [isvā cit hants parauš akah drugvatai] ? 4ab. aāt maniiəuš rārǝšiieintī drǝguuantō V mazdā spǝntāt nō[it] + aθā ˟ašauuanō « De ce Sentiment que tu es savant, (Roi) qui apportes la sagesse, les égarés sʼécartent, mais il nʼen va pas de même des pieux (adorateurs) ». La strophe rassemble deux phrases. Toutes deux font allusion à lʼopposition des ašauuan et des drǝguuant. Les uns comme les autres se définissent par rapport au maniiu spǝnta, les pieux adorateurs en restant à son écoute, mais les impies en se détournant de ses leçons. 4cd. kasəušcīt nā ašāunē +kāθū aŋhat V isuuācīt hąs paraōš akō drǝguuāitē .·. « Pourquoi et jusques à quand le pauvre se montrera-t-il donc en faveur du pieux (adorateur) et le méchant, pourtant riche, en faveur de lʼégaré ? » La question —une plainte— demeurera-t-elle sans réponse ? Elle rappelle celle de la vache dans la Xšmaibiiā Hāiti42. Y 47.5 tācā spǝntā (4) maniiū mazdā ahurā (7) ašāunē cōiš (4) yā zī cīcā vahištā (7) hanarǝ θβaāt (4) zaōšāt drǝguuā ˟baxšaitē (7) ahiiā šiiaōθanāiš (4) akāt ā šiiąs manaŋhō (7) .·. Roi qui apportes la sagesse [mazdā ahurā], tu fournis la si bonne (vache) au pieux (adorateur) [rtaunai caiš yā zi cī ca vahištā] en tenant compte de son Sentiment que tu es savant [tā ca spantā manyū], (mais,) pour avoir pu s’installer à cause du Penser mauvais [akāt ā šyants 42

Y 29.9 : PIRART, 2018.

242

CHAPITRE IV

manahah], lʼégaré profite (dʼelle) sans ton consentement [hanar θvahmāt zaušāt drugvāh baxšatai] grâce aux actes du (pieux adorateur) [ahya śyāuθnāiš]. 5ab. tācā spǝntā maniiū mazdā ahurā V ašāunē cōiš yā zī cīcā vahištā43 « Roi qui apportes la sagesse, en tenant compte de sa conviction que tu es savant, tu fournis la si bonne (vache) au pieux (adorateur) ». Spǝnta Maniiu, ici et en 6a comme à la première strophe, figure à lʼinstrumental pour être lʼinstrument fondamental ou fondateur de la pratique rituelle recommandée. Lʼidentité des hémistiches 5a2 et 6a2 consolide la fin de lʼunité. Comme cette strophe est censée contenir la réponse à la question formulée dans la précédente, il est avancé que lʼantécédent sous-entendu du pronom relatif yā est gąm. Ceci est en conformité avec la présence à peine voilée de Gəuš Tašan dans les vers 3ab. 5cd. hanarǝ θβaāt zaōšāt drǝguuā ˟baxšaitē44 V ahiiā šiiaōθanāiš akāt ā šiiąs45 manaŋhō .·. « Pour avoir pu s’installer à cause du Penser mauvais, lʼégaré profite (dʼelle) sans ton consentement grâce aux actes du (pieux adorateur) ». Les vers 5cd font état de failles dans le système : lʼadversaire les met à profit et tire indûment bénéfice des pratiques du pieux adorateur. Lʼidentité du personnage représenté par le pronom ahiiā, forcément distinct du drǝguuant dont il est ici question, est une énigme, calculée : il nʼest guère aventureux de penser à Zaraθuštra. Y 47.6 tā dā spǝntā (4) maniiū mazdā ahurā (7) āθrā vaŋhāu (4) vīdāitīm rānōibiiā (7) ārǝmatōiš (4) dǝbązaŋhā ašaxiiācā (7) hā zī pōurūš (4) išǝntō vāurāitē (7) ºoº

Sur la vache qualifiée dʼexcellente, PIRART, 2018, p. 10. Voir le lexique. 45 Le sens de lʼablatif accompagné de la postposition ā dans la rection de √ ši reste inconnu. La traduction proposée est conjecturale, mais il est recommandable d’y voir un complément circonstanciel de cause : le Penser mauvais serait ainsi à l’origine de l’installation de l’égaré. 43

44

Y 47

243

Roi qui apportes la sagesse [mazdā ahurā], le Feu [āθrā], avec le Sentiment que tu es savant [tā... spantā manyū] (et) avec le soutien que la Déférence offre au (bon) Agencement [aram-mataiš dbanzahā rtahya ca], te permet de procéder à la répartition du (texte) entre les deux exécutants [dāh... vidātiʼam rānaibyā] lors du bon (octroi de moyens quʼil est question de vous assurer) [vahāu], car (la Déférence) arrive alors à repousser ceux qui, en grand nombre, cherchent à rejoindre (lʼexcellente existence) [hā zi pōurūnš īšantah vāvraʼatai]. 6ab. tā dā spǝntā maniiū mazdā ahurā V āθrā vaŋhāu vīdāitīm rānōibiiā « Roi qui apportes la sagesse, le Feu, avec le Sentiment que tu es savant, te permet de procéder à la répartition du (texte) entre les deux exécutants lors du bon (octroi de moyens quʼil est question de vous assurer) ». Le préverbe, en cas de complément interne, nʼintervient quʼune fois : dā... vīdāitīm46. Lʼadjectif vīdāitiia- sous-entend un substantif désignant le texte à prononcer et fait donc allusion à la répartition des paroles à réciter ou à chanter entre les deux exécutants47. La correction des opérations dépend de lʼidée que lʼadorateur se fait du grand dieu. Dʼaprès le vers Y 43.12e yā vī ˟ašiš +rānōibiiā sauuōi [vī]dāiiāt ºoº, lʼadjectif vaŋhāu sous-entend sauuōi. 6c. ārǝmatōiš dǝbązaŋhā ašaxiiācā « Avec le soutien que la Déférence offre au (bon) Agencement ». Au premier abord, nous pourrions penser à une cheville métrique devant expliciter la valeur de lʼinstrumental. Pour cette cheville, dǝbązah- serait accompagné du génitif des mots qui, sans lui, auraient pu figurer à lʼinstrumental, mais la comparaison avec le vers Y 44.6c ašǝm šiiaōθanāiš V dǝbązaitī ārǝmaitiš « La Déférence épaule le (bon) Agencement avec les gestes »

démontre que les deux génitifs coordonnés ne sont pas du même acabit, le premier étant subjectif et le second, objectif.

Voir PIRART, 2006b, p. 31-2. Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 141, pour qui ce serait la désignation des plateaux dʼune balance, ou contre LECOQ, 2016, p. 788, qui traduit le vers comme suit : « Avec le feu, en partage dans le bien, pour les deux antagonistes ». 46 47

244

CHAPITRE IV

6d. hā zī pōurūš išǝntō vāurāitē ºoº « Car (la Déférence) arrive alors à repousser/ retenir ceux qui, en grand nombre, cherchent à rejoindre (lʼexcellente existence) ». Les personnages auxquels le syntagme pōurūš išǝntō fait référence sont marqués du signe négatif48. Je propose la conjecture suivante : la déesse de la Terre représentée ici par la Déférence que les pieux adorateurs sʼy trouvant montrent envers Ahura Mazdā aura la capacité dʼinterdire aux âmes des impies, au-delà de la mort, de sʼélever vers lui. Ils resteront ensevelis. Une autre interprétation est envisageable si nous admettons que ceux qui cherchent à rejoindre un lieu enviable sont bien plutôt les mauvais dieux qui assiègent lʼaire sacrificielle. Soulignons enfin la forte présence dʼĀrmaiti dans la Spǝntā.maniiu Hāiti : 1d 2c 3c 6c 6d

mazdā xšaθrā ārǝmaitī ahurō .·. ārǝmatōiš zastōibiiā šiiaōθanā vǝrǝziiat at hōi vāstrāi rāmā dā ārǝmaitī ārǝmatōiš dǝbązaŋhā ašaxiiācā hā zī pōurūš išǝntō vāurāitē ºoº

Y 47.7 Lʼunité est clôturée avec la nouvelle double répétition de la première strophe, trois Ašǝm Vohū, le sacrifice offert à lʼallégorie de lʼunité et une Yeŋhē.hātā, le tout prononcé par les deux officiants.

48

PIRART, 2017a, p. 165.

ANNEXE AUX

CHAPITRES

I-IV

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

Ordre de succession des lettres : a ā ā ą e/ē ǝ/ə o/ō i/ī u/ū k x g/γ t/t θ d/δ p f b/β ŋ/ŋ/ŋv n/n/n m/ y v/uu r s z š/š/š ž h x xv a- (= véd. a-) complète, aux cas obliques, la déclinaison de lʼadj.pron. dém. proche ou cataphorique i- et celle de lʼadj.-pron. dém. normal ta-. → at, aθā, aθrā, auuat. — Instr. fém. sing. de i47.2d ōiiā cistī huuō ptā ašahiiā mazdā .·. — Dat. masc. sing. de i47.3b yə aāi gąm rāniiō.skǝrǝitīm həm.tašat — Dat. masc. sing. de ta30.2c parā mazə yaāŋhō aāi [nə] sazdiiāi baōdaṇtō paitī .·. 30.7a aāicā xšaθrā jasat manaŋhā vohū ašācā 31.6a aāi aŋhat vahištəm yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm 43.1a uštā aāi yaāi uštā kaāicīt (ou i-) 43.2a atcā aāi vīspanąm vahištəm (ou i-) 47.1c aāi dąn hauruuātā.amǝrǝtātā 47.4a aāt maniiəuš rāǝrǝšiieintī drǝguuantō — Dat. fém. sing. de i31.9b maniiuš mazdā ahurā hiiat axiiāi dadā paθąm 31.10a at hī aiiā frauuarətā vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm — Gén. masc. sing. de i43.3c ahiiā aŋhəuš astuuatō manaŋhascā — Gén. masc. sing. de ta47.2a ahiiā maniiəuš spəništahiiā vahištǝm 47.3a ahiiā maniiəuš tuuəm ahī

tā spǝntō 47.5d ahiiā šiiaōθanāiš akāt ā šiiąs manaŋhō .·. — Gén. nt. sing. de i31.12b vīduuā vā əuuīduuā vā ahiiā zərədācā manaŋhācā .·. 43.9c ahiiā +fərasīm kaāi vīuuīduiiē vašī. — Loc. masc. sing. de ta43.6b mazdā xšaθrā aī vohū manaŋhā (ou forme de √ 1ah).

246

ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Gén. masc. du. de ta30.3c ˟aiiāscā1 hudaāŋhō ərəš vīšiiātā nō[it] duždaāŋhō .·. 30.5a aiiā mańiuuā varatā yə drəguuā acištā vərəzaiiō 30.6a aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā 31.2c mazdā aiiā ąsaiiā yā ašāt hacā jīuuāmahī .·. 31.10a at hī aiiā frauuarətā vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm — Instr. nt. plur. de i31.2a yezī āiš nō[it] uruuānē adauuā aibī.dərəštā vaxiiā — Dat. masc. plur. de ta30.8c aēibiiō sastē ahurā yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm .·. 31.1b aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē 31.1c atcīt aēibiiō vahištā yōi zarazdaā aŋhən mazdāi .·. 43.6d aēibiiō ratūš səṇghaitī ārǝmaitiš — Gén. masc. plur. de ta30.7c aēšąm tōi ā.aŋhat yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō .·. — Gén. nt. plur. de ta30.8a atcā yadā aēšąm kaēnā jamaitī aēnaŋhąm. a+/ an+ (= véd. a+/ an+) est la forme compositionnelle de la négation (→ nō[it]). → aguštā.vacah-, ajiiāiti-, adauuah-, adrujiiant-, amǝrǝtatāt-, auuāstraiia, asrušti-, ənəiti, ǝuuīduuah-. aēnah- nt. « tort, exaction » (= véd. énas-). Substantif en -nah- tiré de √ 2i (→ ā+√ 2i). — Gén. sing. 31.13b yə vā kasəuš aēnaŋhō ā mazištąm [a]iiamaitē būjim — Abl. sing. 31.15c vāstraiiehiiā aēnaŋhō pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō .·. — Gén. plur. 30.8a atcā yadā aēšąm kaēnā jamaitī aēnaŋhąm. aēša- « vigoureux » (= véd. esá-). — Acc. masc. sing. 43.10e hiiat θβā xšaiiąs aēšəm diiāt əmauuaṇtəm ºoº. 1 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 106, donne āscā. L’idée que ās° est une forme que le neutre partage avec le féminin ne va pas de soi. Devons-nous corriger āscā en ˟aiiāscā ? CANTERA, 2014, p. 349-50, sur base de lʼanalyse des transmissions manuscrites, y est favorable. Il est pourtant remarquable que le phénomène se retrouve notamment au terme de lʼhémistiche Y 43.4b2 et dans les phrases Yt 13.115.4-5.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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aēšәma- masculin sing. « Furieux, Aēšma » (cf. véd. ismín-). Nom dʼun daēuua. — Instr. 30.6c at aēšəmə[m] həṇduuārəṇtā yā bąnaiiən ahūm marətānō .·.. aōjaŋvhant-/ aōjōŋhuuant- « accompagné de lʼautorité, doté dʼautorité ou dʼascendant, avec Aōjah ». Adjectif en +uant- tiré de aōjah- nt. « autorité, ascendant » (= véd. ójas-). → ašā.aōjah-. — Nominatif masc. sing. 43.8c at ašāunē +rafənō.xiiǝm *aōjaŋvhā — Nominatif nt. sing. 31.4c maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat yehiiā vərədā vanaēmā drujəm .·. 43.16c astuuat ašəm xiiāt uštānā aōjōŋhuuat. aōjī → √ uj. aka- « douloureux, mauvais, Aka ». Adjectif en ºa- tiré de la racine qui explique aussi axti- fém. « douleur ». → acišta-. — Nominatif masc. sing. 47.4d isuuācīt hąs paraōš akō drǝguuāitē .·. — Nominatif nt. sing. 30.3b manahi[cā] vacahicā šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā — Acc. nt. sing. 43.5d akəm akāi vaŋvhīm ašīm vaŋhauuē — Dat. masc. sing. 43.5d akəm akāi vaŋvhīm ašīm vaŋhauuē — Abl. nt. sing. 47.5d ahiiā šiiaōθanāiš akāt ā šiiąs manaŋhō .·.. aguštā.vacah- « avec des mots inaudibles ». Bahuvrīhi de lʼadj. verbal en -ta- négatif de √ guš et du substantif vacah-. — Acc. nt. plur. 31.1a tā və uruuātā marəṇtō +aguštā.vacā səṇghāmahī. acišta- « très mauvais ». Superlatif de aka-. — Nominatif masc. sing. 30.4c acištō drəguuatąm at ašāunē vahištəm manō .·. — Acc. nt. sing.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

30.6b pərəsəmanəṇg upā.jasat hiiat vərənātā acištəm manō .·. — Acc. nt. plur. 30.5a aiiā mańiuuā varatā yə drəguuā acištā vərəzaiiō. ajiiāiti- fém. « impossibilité de vivre ». Karmadhāraya de a+ et du dérivé en -ti- (forme compositionnelle de jiiōtu-) de √ jiiā. ||| Le contraste morphologique présent dans gaēmcā ajiiāitīmcā obéit à des règles semblables à celles que nous observons entre sraōša- et asrušti-2. — Acc. sing. 30.4b gaēmcā ajiiāitīmcā yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš. at « alors, mais ». Particule occupant la première place (sauf dans les vers 43.5a et parall. : voir le commentaire). — Ayant une fonction mal déterminée 30.3a at tā maniiū pauruiiē yā yəmā xvafənā asruuātəm 43.16a at ahurā huuō mańiiūm zaraθuštrō — En combinaison avec ºcā au sens de « en effet, donc, car » 30.4a atcā hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē 30.8a atcā yadā aēšąm kaēnā jamaitī aēnaŋhąm 30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm 43.2a atcā aāi vīspanąm vahištəm — En combinaison avec ºā (< *u) au sens de « en effet, donc » 30.10a adā zī auuā drūjō [auuō.]buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā — Servant à introduire le second volet dʼun discours ou dʼun contraste 30.1a at tā vaxšiiā išəṇtō yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē 30.4c acištō drəguuatąm at ašāunē vahištəm manō .·. 43.8c at ašāunē +rafənō.xiiǝm *aōjaŋvhā — Servant à introduire une nouvelle phrase dans un développement 43.3a at huuō vaŋhəuš vahiiō nā aibī.jamiiāt 43.4a at θβā (< *θβəm) məṇghāi taxməmcā spəṇtəm (< *spǝntā) mazdā 43.8a at hōi aōjī zaraθuštrō paōuruuīm 43.9d at ā θβaāi āθrē rātąm nəmaŋhō — Corrélatif de ºcā 30.7b at kəhrpəm utaiiūitiš dadāt ārəmaitiš ąnmā 43.12b at tū mōi nō[it] asruštā pairī.aōγžā — Corrélatif de hiiat 30.8b at mazdā taibiiō xšaθrəm vohū manaŋhā vōiuuīdaitē 30.11c sauuacā ašauuabiiō at aipī tāiš aŋhaitī uštā ºoº 2

Y 10.16, 43.12, 60.5.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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— Corrélatif de yezī 31.2b at vā vīspəṇg āïiōi yaθā ratūm ahurō vaēdā — « Alors » 30.10b at asištā yaōjaṇtē ā hušitōiš vaŋhəuš manaŋhō — « Mais » 31.1c atcīt aēibiiō vahištā yōi zarazdaā aŋhən mazdāi .·. 43.15e at tōi vīspəṇg aṇgrəṇg ašāunō ādarə .·. — En corrélation inverse at... hiiat 31.8a at θβā məŋhī paōuruuīm mazdā yazūm stōi manaŋhā 31.10a at hī aiiā frauuarətā vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm 43.10a at tū mōi dāiš ašəm hiiat mā zaōzaōmī 43.5a=7a=9a=11a =13a=15a spəṇtəm at θβā mazdā məŋhī ahurā 47.3c at hōi vāstrāi rāmā dā +ārǝmaitī — Support pour un second enclitique 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā. at.tāuuaxšiiā- fém. « qui commence avec les mots at tā vaxšiiā ». — Acc. sing. 30.12.4 at.tāuuaxšiiąm hāitīm yazamaide .·. aθā « ainsi, de la sorte, alors » (≈ véd. táthā). Adverbe de manière en -θā tiré de a-. — Corrélatif de zī 31.18c dušitācā marakaēcā aθā īš sāzdūm snaiθišā .·. — Dans nō[it] aθā « mais non de même » 47.4b mazdā spǝntāt nō[it] +aθā ˟ašauuanō. aθrā « là, à cet endroit » (≈ véd. tátra). Adverbe de lieu en -θrā tiré de a-. — Corrélatif de yaθrā 31.12a aθrā vācəm baraitī miθahuuacā vā ərəžuuacā vā. √ ad « dire » (= véd. AH). Indic. pft. à sens de prés. — 3e plur. act. 43.15e at tōi vīspəṇg aṇgrəṇg ašāunō ādarə .·.. adā  : → at, *u. adauuah- « qui ne déçoit pas, sur quoi pouvoir compter ». ||| Dans Y 31.2ab1 yezī āiš nō[it] uruuānē V adauuā aibī.dərəštā vaxiiā V at vā

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

vīspəṇg āïiōi « Si, avec ces (attendus)-ci, les (faveurs) sur lesquelles je puisse tabler, les visibles, les meilleures, ne sont pas pour (le) choisir, je vous demande alors à tous... », que vaxiiā dicte une catalexe ou non, il est invraisemblable que la séquence at vā soit répétée3. Nous devons forcément analyser aduuā dʼune autre façon. Il faut ou bien corriger aduuā en ˟auuā, lʼaccusatif pluriel de auuah- (= véd. ávas-), sur base de Y 50.5c aibī.dǝrǝštā (4) āuuīšiiā auuaŋhā (7), ou bien y voir plutôt le mot qui coïncide étymologiquement avec le védique áduvas-4, mais le sens de ce dernier nʼa pas été débrouillé5. Une dernière possibilité sera dʼy reconnaître un bahuvrīhi formé du préfixe privatif a+ et du dérivé en -ah- dʼune racine pour lʼidentification de laquelle nous avons le choix entre √ du « brûler, affliger » (= véd. DU upatāpe  :: dunóti)6, √ du « courir, laver » (= véd. DHĀV gatiśuddhyoh  :: dhāvati, dhāvate)7, √ dū « secouer » (= véd. DHŪ vidhūmane, kampane  :: dhūnóti)8, √ dū̆  :: dauuaite « parler de façon démoniaque »9. Jʼopte de façon expérimentale pour la première possibilité et donne à adauuah- < pir. *a+dauas- le sens de « qui nʼafflige pas, qui ne déçoit pas, sur quoi pouvoir compter ». Dans cette hypothèse, le sous-entendu de {auuā} serait dû à une haplologie de mots. — Nominatif nt. plur. 31.2a yezī āiš nō[it] uruuānē adauuā aibī.dərəštā vaxiiā. adrujiiant- « innocent » (≈ véd. adrúh-). Participe présent négatif tiré du divādi de √ druj. — Nominatif masc. plur. 31.15c vāstraiiehiiā aēnaŋhō pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō .·.. an+ : → a+. apara- « ultérieur » (= véd. ápara-). — Acc. nt. sing. adv. Contre PIRART, 2011, p. 66. RS 7.4.6cd mā tvā vayám sahasāvann avīrā V māpsavah pári sadāma māduvah « Puissions nous, nous (autres), ne pas rester assis autour de toi, ô (dieu) à la force-dominante, étant dénués de fils, dénués de bétail, dénués de faveur ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 55 ; notes p. 140-1). 5 MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 63 et 734. 6 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 707-8 ; CHEUNG, 2007, p. 67-8. 7 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 789-90 ; CHEUNG, 2007, p. 65. 8 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 782-3 ; CHEUNG, 2007, p. 68-9. 9 Voir CHEUNG, 2007, p. 65. 3 4

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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31.20a yə āiiat ašauuanəm diuuamnəm hōi aparəm xšiiō. apəma- « dernier » (= véd. apamá-). — Acc. nt. sing. adv. 30.4b gaēmcā ajiiāitīmcā yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš — Loc. masc. sing. 43.5e θβā hunarā dāmōiš uruuaēsē apəmē .·.. aipī (= véd. ápi) préverbe. → aipī+√ ah, aipī+√ dbu. aipī+√ ah « collaborer à loc. avec instr. » (= véd. ápy AS)10. — 3e sing. act. subj. prés. 30.11c sauuacā ašauuabiiō at aipī tāiš aŋhaitī uštā ºoº. aipī+√ dbu « induire en erreur » (→ ā.dǝbaōman-). Présent causatif. — 3e sing. act. inj. prés. 31.17b vīduuā vīdušē mraōtū mā əuuīduuā aipī.dəbāuuaiiat. aibī (= véd. abhí) préverbe. → aibī+√ gam, aibī+√ dā, aibī+√ dǝrǝšta-, aibī+√ vaēn. aibī+√ gam « accéder à acc. ». Aoriste radical. — 3e sing. act. opt. aor. 43.3a at huuō vaŋhəuš vahiiō nā aibī.jamiiāt. aibī+√ dā act. « faire arborer acc. à acc. sur loc. » (Y 51.9b) ; moy. « arborer acc. sur loc. » (= véd. abhí DHĀ). Aoriste radical. — 2e sing. opt. aor. 43.7de kaθā aiiārə daxšārā fərasaiiāi dīšā V aibī θβāhū gaēθāhū ˟tanuuicā .·.. aibī.dərəšta- « visible, envisageable ». ||| Lʼindien abhí DRŚ est attesté dans le MBh. — Nominatif nt. plur. 31.2a yezī āiš nō[it] uruuānē adauuā aibī.dərəštā vaxiiā. 10 Exemple védique : RS 10.71.6ab yás tityāja sacivídaṁ sákhāyaṁ V ná tásya vācy ápi bhāgó asti « Celui qui a laissé en plan son ami, son collègue en savoir, | pour lui il nʼy a plus de droit à la parole » (trad. RENOU, 1956, p. 72).

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

aibī+√ vaēn « embrasser du regard ». Bhvādi. ||| Lʼindien *abhí VEN* nʼest pas attesté. — 2e sing. act. indic. prés. 31.13c tā cašməṇg θβisrā hārō aibī ašā [aibī.]vaēnahī vīspā .·.. angra- « funeste » (= av. réc. aŋhra-). Adjectif en -ra- tiré de la racine qui explique aussi ąsta- masc. « malheur ». — Acc. masc. plur. 43.15e at tōi vīspəṇg aṇgrəṇg ašāunō ādarə .·.. aŋhu- / ahu- masc. « existence » (= véd. ásu-). — Nominatif sing. 30.4b gaēmcā ajiiāitīmcā yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš — Acc. sing. 30.6c at aēšəmə[m] həṇduuārəṇtā yā bąnaiiən ahūm marətānō .·. 30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm 31.20c təm vā ahūm drəguuaṇtō šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat .·. — Gén. sing. 31.8c ˟hiθąm ašahiiā dąmīm aŋhəuš ahurəm šiiaōθanaēšū .·. 43.3c ahiiā aŋhəuš astuuatō manaŋhascā 43.5b hiiat θβā aŋhəuš ząθōi darəsəm paōuruuīm. anū  : → əǝānū. amǝrǝtatāt- fém. « immortalité, Amәrәtatāt » (cf. véd. amŕta-). — Gén. sing. 31.6b mąθrəm yim hauruuatātō ašahiiā amərətātascā .·. 31.21a mazdā dadāt ahurō hauruuatō amərətātascā — Acc. du. 47.1c aāi dąn hauruuātā.amǝrǝtātā. aiian- nt. « jour ». Dérivé dʼune racine inconnue11. — Acc. plur. 43.2e vīspā aiiārə darəgō.jiiātōiš uruuādaŋhā .·. 43.7d kaθā aiiārə daxšārā fərasaiiāi dīšā. aiiah- nt. « métal, Aiiah » (= véd. áyas-). — Instr. sing. 11

Voir PIRART, 2018, p. 211 n. 35.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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30.7c aēšąm tōi ā.aŋhat yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō .·.. auua- adj.-pron. dém. lointain (= véd. áva-). ||| Graphiquement, le nom.-acc. nt. sing. auuat se confond avec lʼadverbe auuat « autant ». — Nominatif masc. sing. → huuō — Nominatif nt. sing. 31.6c mazdāi auuat xšaθrəm hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā .·. — Gén. masc. du. 43.4b hiiat tā zastā yā tū hafšī auuā 12. auuaētāt- fém. « qualité de commencer avec le mot auuōi «hélas !», détresse ». Dérivé en +tāt- du loc. sing. de auua- « la déconvenue, le tourment », un mot à rapprocher du grec ἀάω « je perturbe, j’induis en erreur». Sur l’emploi d’auuōi, voir le commentaire de 43.1a. — Nominatif sing. 31.20b darəgəm āiiū təmaŋhō dušxvarəθəm auuaētās vacō. auuaēnatā  : → ā+√ vaēn. auuat « aussi, autant » (≈ véd. tāvat). — Coordination de phrases parallèles 31.15a pərəsā auuat yā maēiniš yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī 31.16a pərəsā auuat yaθā huuō yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm. auuā (= véd. áva) préverbe. → auuā+√ bū. auuā+√ bū « ...?... ». Aoriste radical. ||| Pour lʼhapax auuā+√ bū du vers 30.10a, Bartholomae13 donne « stattfinden, sich ereignen », sans conserver donc au préverbe son sens premier « de haut en bas »14. Certes, lʼindien áva BHŪ nʼest pas attesté, mais nous pouvons imaginer 12 Pour expliquer la déformation de *auuaiiā en auuā, il faut éventuellement tenir compte de la présence de yā à sa suite : *auuaiiā yā > auuā yā, mais ce type de déformation nʼest pas isolé. Dʼautres exemples sont āsº qui ouvre le vers Y 30.3c et certains génitifs duels de Yt 13.115.4-5 ǝrǝzuuā srūtō.spādā ašaōnā frauuašīm yazamaide .·. zraiiaŋhā spǝntō.xratuuā ašaōnā frauuašīm yazamaide .·. « Nous offrons le sacrifice aux Préférences des pieux Paroles-rectilignes et Contingent-écouté. Nous offrons le sacrifice aux Préférences des pieux Pressure-océan et Performancesavante ». 13 BARTHOLOMAE, 1904, col. 932. 14 Dans sa traduction récente, KELLENS, 2015a, p. 29, rend auuō.bauuaitī skəṇdō par « Que lʼeffondrement [...] se produise ! »

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

quʼil pût avoir le sens du passif de áva KR / DHĀ « placer en bas, descendre ». — 3e sing. act. subj. aor. (< proto-indo-iranien *aua+bhū-Ha-ti) 30.10a adā zī auuā drūjō [auuō.]buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā. auuāstraiia- masc. « non pâtre, qui omet dʼapporter le fourrage au bétail ». Participe présent en ºá- négatif tiré du dén. de vāstra- nt. « fourrage ». — Nominatif sing. 31.10c nō[it] mazdā auuāstraiiō dauuąscinā humərətōiš baxštā .·.. auuōi : → auuaētāt-. √ 1ar  : → arәθa-, aši-. √ 2ar  : → arəm, aša-. √ 3ar  : → us+√ 3ar. arəm « conformément, comme il faut » (= véd. áram). Adverbe tiré de √ 2ar « agencer », employé aussi comme préverbe (→ ārǝmaiti-). 43.10b ārǝmaitī hacimnō +īt.ārəm (< *idā arəm*). arəθa- nt. « objet, but, azimut » (= véd. ártha-). Dérivé en -θa- de √ 1ar. — Acc. plur. 43.13c arəθā vōizdiiāi kāmahiiā təm mōi dātā. arǝdra- « qui réussit ». Adjectif en -ra- tiré du degré zéro de √ rād « réussir » (= véd. RĀDH). — Nominatif masc. sing. 43.3e arədrō θβāuuąs huzəṇtušə spəṇtō mazdā .·.. asan- masc. « pierre » (≈ véd. áśman-). ||| Le défaut métrique de 30.5b2, sʼil y en a un, nʼest pas justifié. Dʼautant que le dernier hémistiche de la strophe est bel et bien ennéasyllabique. La lecture asənō de l’accusatif pluriel du nom de la pierre ainsi serait-elle à revoir. Remarquons-le, comme *ś nʼest pas devenu š, le thème montre probablement le degré plein ou fléchi du suffixe : *H2ek-H3e/on-. Dans l’Avesta récent, la seule forme que nous trouvons présentant de telles caractéristiques est

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asānō dont le trisyllabisme est vérifiable et qui vaut tant pour le nominatif pluriel15 que pour l’accusatif pluriel16. Il faut donc bien avouer que la forme asənō reste une énigme tant morphologique que phonétique : le compte des syllabes du vers suggère que le mot en rassemble trois, ce qui est inattendu pour l’accusatif pluriel ; si le mot ne devait faire que deux syllabes comme la forme avestique récente du génitif singulier ašnō et les lois de la morphologie proto-indo-iranienne invitent à le penser, le traitement phonétique de la séquence *ºśnº > ºsnº au lieu de ºšnº aurait de quoi surprendre, à ceci près que les autres exemples de pareille séquence ne sont guère unanimes17. — Acc. plur. 30.5b ašəm maniiuš spəništō yə xraōždištəṇg asənō vastē. asišta- « très véloce » (= véd. āśistha-). — Nominatif masc. plur. 30.10b at asištā yaōjaṇtē ā hušitōiš vaŋhəuš manaŋhō. ast- nt. « os » (≈ véd. asthán-). → astuuant-. — Nominatif sing. 31.9a θβōi as ārəmaitiš θβə ā gəuš tašā aš.xratuš. asti- masc. « voyageur, hôte » (= véd. átithi-)18. — Nominatif sing. 31.22c huuō tōi mazdā ahurā vāzištō aŋhaitī astiš ºoº.

15 Yt 1.18 nōit dim ˟narš ... aēšmō.drūtahe... vazra nōit [vīsәnte] asānō auuasiiāt .·. « Qu’à aucun instant de l’homme qu’Aēšma a corrompu ni les massues ni les pierres ne puissent atteindre celui (qui récite ces noms) ! » (texte et trad. PIRART, 2007b, p. 54-55) ; Yt 13.72 yaθa nōit tat paiti karәtō (8) hufraŋharštō... V nōit asānō arәmō.šūtō (8) †auuasiiāt .·. « Que ne l’atteignent ni le couteau bien forgé... ni les pierres de fronde que le bras (de l’impie) pourrait mettre en mouvement ! » (texte et trad. PIRART, 2007b, p. 54 n. 136 ; voir aussi 2010b, p. 207). 16 V 19.4.1e asānō zasta dražimnō (8) « tenant des pierres en main ». ||| Quant à elle, la forme asānasca du Yt 10.136.2 est douteuse : yaāi auruša auruuanta (8) yūxta vāša ˟θanjaiiānte (8) aēuua.caxra zaranaēna (8) †asānasca vīspō.bāma (8) « l’Échange pour qui deux destriers roses, aux os de gemme [*asan+asta-], lumière du monde, sont attelés à un char monocycle tout en or » (trad. PIRART, 2010b, p. 151). 17 *ºś/z/zh-nº > ºšnº dans ašnō, dans auua.ašnaōiti (voir PIRART, 2007b, p. 54 n. 136), dans frašna-, dans rašnu-, dans barәšnu- ou dans rāšnąm, mais ºsnº dans asnąm, dans asniia-, dans āsna-, dans yasna- ou dans vasnā. Pour lʼexhaustivité, signalons ici lʼexistence dʼun traitement ºxšnº dans des formes de √ xšnā (notamment zixšnāŋhǝmna-). 18 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 90 : « guest » ; LECOQ, 2016, p. 736 : « hôte ». †

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

astuuant- « osseux, matériel » (≈ véd. asthanvánt-). — Acc. masc. sing. 31.11b θβā manaŋhā xratūšcā hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm — Gén. masc. sing. 43.3c ahiiā aŋhəuš astuuatō manaŋhascā — Nominatif nt. sing. 43.16c astuuat ašəm xiiāt uštānā aōjōŋhuuat. asrušti- fém. « absence de récitation, Asrušti ». Karmadhāraya de a+ et du dérivé en -ti- de √ sruš « réciter » (→ sәraōša-). — Loc. sing. 43.12b at tū mōi nō[it] asruštā pairī.aōγžā. azəm pron. de la première pers. La forme compositionnelle du sing. est ma+ (→ mauuant-). La graphie əā confond l’acc. et la forme compositionnelle du plur. — Nominatif sing. (= véd. ahám) 43.14d +uziraidiiāi azəm sarədanā *sənghāi — Acc. sing. enclitique (= véd. mā) 43.7b=9b=11b=13b=15b hiiat mā vohū pairī.jasat manaŋhā 43.7c pərəsatcā mā .·. ciš ahī kahiiā ahī — Dat. sing.19 (≈ véd. mahyám) 31.4c maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat yehiiā vərədā vanaēmā drujəm .·. 43.14b maibiiō mazdā tauuā rafənō ˟frāxšnənē — Dat. sing. enclitique (= véd. me) 31.5a tat mōi vīcidiiāi vaōcā hiiat mōi ašā dātā vahiiō 31.5a tat mōi vīcidiiāi vaōcā hiiat mōi ašā dātā vahiiō 31.6a aāi aŋhat vahištəm yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm 43.1d ašəm dərəidiiāi tat mōi dā +ārǝmaitī 43.4e hiiat mōi vaŋhəuš hazə jimat manaŋhō ºoº 43.11d sādrā mōi sąs mašiiaēšū zarazdāitiš 43.11e tat vərəziieidiiāi hiiat mōi mraōtā vahištəm .·. 43.12a hiiatcā mōi mraōš ašəm jasō frāxšnənē 43.12b at tū mōi nō[it] asruštā pairī.aōγžā 43.12c +uziraidiiāi parā hiiat mōi ā.jimat 43.13c arəθā vōizdiiāi kāmahiiā təm mōi dātā — Nominatif plur. (= véd. vayám) 19 maibiiō au lieu de maibiiā attendu. Il y a de même taibiiō au lieu de taibiiā (→ tuuəm)  : voir le commentaire.

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30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm — Acc. plur. (≈ véd. asmān) 43.10c *pәrәsatcā nā yā tōi +əā parštā — Acc. plur. enclitique (≈ véd. nah) 43.3b yə nā ərəzūš sauuaŋhō paθō sīšōit 43.10c *pәrәsatcā nā yā tōi +əā parštā — Dat. plur. enclitique (= véd. nah) 30.2c parā mazə yaāŋhō aāi [nə] sazdiiāi baōdaṇtō paitī .·. 31.3b hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā 31.11a hiiat nə mazdā paōuruuīm gaēθāscā tašō daēnāscā — Gén. plur. enclitique (= véd. nah) 31.17c zdī nə mazdā ahurā vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō .·.. aša- nt. « (bon) agencement (rituel), Aša » (= véd. rtá-). ||| Substantivation de lʼadj. verbal en -ta- tiré de √ 2ar « agencer ». → ašauuan-, ašā.aōjah-. — Nominatif sing. 30.5b ašəm maniiuš spəništō yə xraōždištəṇg asənō vastē 31.4a yadā ašəm zəuuīm aŋhən mazdāscā ahurāŋhō 43.16c astuuat ašəm xiiāt uštānā aōjōŋhuuat — Acc. sing. 31.7b huuō xraθβā dąmiš ašəm yā dāraiiat vahištəm manō 31.19a gūštā yə maṇtā ašəm ahūm.biš vīduuā ahurā 31.22b vohū huuō xšaθrā ašəm vacaŋhā šiiaōθanācā haptī 43.1d ašəm dərəidiiāi tat mōi dā +ārǝmaitī 43.10a at tū mōi dāiš ašəm hiiat mā zaōzaōmī 43.12a hiiatcā mōi mraōš ašəm jasō frāxšnənē 43.16e +ašәm šiiaōθanāiš vohū daidīt manaŋhā ºoº — Instr. sing. 30.7a aāicā xšaθrā jasat manaŋhā vohū ašācā 30.9b mazdāscā ahurāŋhō ā.mōiiastrā baranā ašācā 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm 31.5a tat mōi vīcidiiāi vaōcā hiiat mōi ašā dātā vahiiō 31.13c tā cašməṇg θβisrā hārō aibī ašā [aibī.]vaēnahī vīspā .·. 31.16b šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā ašā fradaθāi aspərəzatā 43.2d yā dā ašā vaŋhəuš māiiā manaŋhō 43.6c yehiiā šiiaōθanāiš gaēθā ašā frādəṇtē — Dat. sing. 30.1c humązdrā +ašā.yecā yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā .·. 30.8c aēibiiō sastē ahurā yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm .·.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Abl. sing. 31.2c mazdā aiiā ąsaiiā yā ašāt hacā jīuuāmahī .·. 43.14c hiiat θβā xšaθrā ašāt hacā +frąš tā+ 47.1b hacā ašāt šiiaōθanācā vacaŋhācā — Gén. sing. 30.10c mazdaā ašaxiiācā yōi zazəṇtī vaŋhāu srauuahī .·. 31.1b aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē 31.6b mąθrəm yim hauruuatātō ašahiiā amərətātascā .·. 31.8c ˟hiθąm ašahiiā dąmīm aŋhəuš ahurəm šiiaōθanaēšū .·. 31.21b būrōiš ā ašaxiiācā xuvāpaiθiiāt xšaθrahiiā sarō 43.9e ašahiiā mā yauuat isāi mańiiāi .·. 47.2d ōiiā cistī huuō ptā ašahiiā mazdā .·. 47.6c ārǝmatōiš dǝbązaŋhā ašaxiiācā. ašauuan- « pieux (adorateur) » (= véd. rtāvan-). ||| Le mot, dont le sens littéral « accompagné du (bon) agencement, harmonieux » est trop lourd, est commodément traduisible par « pieux (adorateur) » lorsqu’il est question d’êtres humains, aša- désignant en définitive toute l’activité sacrificielle qu’ils mettent en œuvre du fait même de leur piété. — Nominatif masc. sing. 31.17a katārəm ašauuā vā drəguuā vā vərənauuaitē maziiō — Acc. masc. sing. 31.10b ahurəm ašauuanəm vaŋhəuš fšəŋhīm manaŋhō 31.20a yə āiiat ašauuanəm diuuamnəm hōi aparəm xšiiō — Dat. masc. sing. 30.4c acištō drəguuatąm at ašāunē vahištəm manō .·. 43.4c yā dā ašīš drəguuāitē ašāunaēcā 43.8c at ašāunē +rafənō.xiiǝm *aōjaŋvhā 47.4c kasəušcīt nā ašāunē +kāθū aŋhat 47.5b ašāunē cōiš yā zī cīcā vahištā — Abl. masc. sing. 31.14b yā išudō dadəṇtē dāθranąm hacā ašāunō — Nominatif masc. plur. 47.4b mazdā spǝntāt nō[it] +aθā ˟ašauuanō — Acc. masc. plur. 43.15e at tōi vīspəṇg aṇgrəṇg ašāunō ādarə .·. — Dat. masc. plur. 30.11c sauuacā ašauuabiiō at aipī tāiš aŋhaitī uštā ºoº — Voc. fém. plur. 43.0 nǝmō və gāθā ašāunīš .·..

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ašā.aōjah- « qui tire son autorité du (bon) agencement (rituel) ». Vibhaktibahuvrīhi de aša- et de aōjah- nt. « autorité, ascendant » (= véd. ójas-). — Gén. masc. sing. 43.4d θβahiiā garəmā āθrō ašā.aōjaŋhō. aši- fém. « action de faire arriver, envoi, chance, fortune, dédicace, Aši » (= véd. ārti-). ||| La comparaison du syntagme rāiiō ašīš (43.1e) et du contenu de la strophe védique RS 8.7.13 permet d’avancer pour ašil’étymon que suggère la graphie ārәiti-20, le dérivé en -ti- de ā+√ 1ar « arriver » (= véd. ā+R). — Nominatif sing. 43.12e yā vī ˟ašiš +rānōibiiā sauuōi [vī]dāiiāt ºoº — Acc. sing. 43.5d akəm akāi vaŋvhīm ašīm vaŋhauuē — Instr. sing. 31.4b ašicā ārəmaitī vahištā išasā manaŋhā 43.12d səraōšō ašī mązā.raiiā hacimnō — Acc. plur. 43.4c yā dā ašīš drəguuāitē ašāunaēcā — Instr. plur. 43.1e rāiiō ašīš vaŋhəuš gaēm manaŋhō .·.. aš.xratu- « avec une grande performance, très intelligent ». Bahuvrīhi de la forme compositionnelle ou préfixale aš+ de mazānt- « grand » (= védique mahānt-). — Nominatif masc. sing. 31.9a θβōi as ārəmaitiš θβə ā gəuš tašā aš.xratuš. √ ah « exister, y avoir » (= véd. AS). Adādi. → aipī+√ ah, aŋhu-, ā+√ ah, sti-. — Première sing. act. indic. prés. 43.6b mazdā xšaθrā aī vohū manaŋhā (ou forme de a-) — 2e sing. act. indic. prés. 43.7c pərəsatcā mā .·. ciš ahī kahiiā ahī 43.7c pərəsatcā mā .·. ciš ahī kahiiā ahī 20 ā no rayím madacyútam V puruksúṁ viśvádhāyasam | íyartā maruto diváh « Marut, envoyez-nous du haut du ciel la richesse enivrante dʼavoir de nombreux bestiaux et de quoi garantir lʼalimentation de tous ! » : PIRART, 2006b, p. 27-33.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

47.3a ahiiā maniiəuš tuuəm ahī

tā spǝntō — 3e sing. act. subj. prés. primaire 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā .·. 31.22c huuō tōi mazdā ahurā vāzištō aŋhaitī astiš ºoº — 3e sing. act. subj. prés. secondaire 30.4b gaēmcā ajiiāitīmcā yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš 30.9c hiiat haθrā.manā bauuat yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·. 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā .·. 31.6a aāi aŋhat vahištəm yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm 31.9c vāstraiiāt vā āïtē yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō .·. 31.16c θβāuuąs mazdā ahurā yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā .·. 47.4c kasəušcīt nā ašāunē +kāθū aŋhat — 3e plur. act. subj. prés. secondaire 31.1c atcīt aēibiiō vahištā yōi zarazdaā aŋhən mazdāi .·. 31.14c yāscā mazdā drəguuōdəbiiō yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat .·. — 3e sing. act. opt. prés. 43.15d nō[it] nā pōurūš drəguuatō xiiāt cixšnušō 43.16c astuuat ašəm xiiāt uštānā aōjōŋhuuat 43.16d xuvəṇg darəsōi xšaθrōi xiiāt ārǝmaitiš — Première plur. act. opt. prés. 30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm — 2e sing. act. impér. prés. 31.17c zdī nə mazdā ahurā vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō .·. — Nominatif masc. sing. participe prés. act. 47.4d isuuācīt hąs paraōš akō drǝguuāitē .·. — Acc. infinitif en -tan31.8a at θβā məŋhī paōuruuīm mazdā yazūm stōi manaŋhā 47.1c aāi dąn hauruuātā.amǝrǝtātā. ahu- : → aŋhu-. ahūm.biš- « guérisseur de lʼexistence ». Tatpurusa dʼaŋhu- et du nomracine tiré de √ biš « guérir » (cf. véd. bhisáj-). — Acc. nt. sing. 31.19a gūštā yə maṇtā ašəm ahūm.biš vīduuā ahurā. ahura- masc. « roi, Ahura » (= véd. ásura-). — Nominatif sing. 31.2b at vā vīspəṇg āïiōi yaθā ratūm ahurō vaēdā 31.21a mazdā dadāt ahurō hauruuatō amərətātascā

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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43.1b +vasə xšaiiąs+ mazdā dāiiāt ahurō 43.3d haiθiiəṇg āstīš yəṇg ā.šaēitī ahurō 47.1d mazdā xšaθrā ārǝmaitī ahurō .·. — Acc. sing. 30.5c yaēcā xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm .·. 31.8c ˟hiθąm ašahiiā dąmīm aŋhəuš ahurəm šiiaōθanaēšū .·. 31.10b ahurəm ašauuanəm vaŋhəuš fšəŋhīm manaŋhō — Voc. sing. 30.1b staōtācā ˟ahurā yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō 30.8c aēibiiō sastē ahurā yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm .·. 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā .·. 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. 31.9b maniiuš mazdā ahurā hiiat axiiāi dadā paθ˜ąm 31.14a tā θβā pərəsā ahurā yā zī āïtī jəṇghaticā 31.15b duš.šiiaōθanāi ahurā yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī 31.16c θβāuuąs mazdā ahurā yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā .·. 31.17c zdī nə mazdā ahurā vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō .·. 31.19a gūštā yə maṇtā ašəm ahūm.biš vīduuā ahurā 31.22c huuō tōi mazdā ahurā vāzištō aŋhaitī astiš ºoº 43.5a=7a=9a=11a=13a=15a spəṇtəm at θβā mazdā məŋhī ahurā 43.16a at ahurā huuō mańiiūm zaraθuštrō 47.5a tācā spǝntā maniiū mazdā ahurā 47.6a tā dā spǝntā maniiū mazdā ahurā — Nominatif plur. 30.9b mazdāscā ahurāŋhō ā.mōiiastrā baranā ašācā 31.4a yadā ašəm zəuuīm aŋhən mazdāscā ahurāŋhō. ā (= véd. ā) préverbe, postverbe, préposition ou postposition. → aši-, ā+√ ah, ā+√ 1i, ā+√ 2i, ā+√ gam, ā+√ dā, ā+√ yam, ā+√ yā, ā+√ yuj, ā+√ vaēn, āuuarǝnā, āsti-, ā+√ sparz, ā+√ sru, ā+√ ši. — Employé seul (?) 43.9d at ā θβaāi āθrē rātąm nəmaŋhō — Régissant lʼabl. « avant, jusquʼà » ou « à partir de » ? 31.21b būrōiš ā ašaxiiācā xuvāpaiθiiāt xšaθrahiiā sarō — Étoffant lʼabl. dʼorigine 31.9c vāstraiiāt vā ˟ā ˟itē yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō .·. — Étoffant le loc. « dans, sur » 43.2b xuvāθrōiiā nā xuvāθrəm daidītā. ā  : → *u.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

ā+√ ah « être présent, se situer ». Adādi. — 3e sing. act. subj. prés. 30.7c aēšąm tōi ā.aŋhat yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō .·. — 3e plur. act. subj. prés. 31.4a yadā ašəm zəuuīm aŋhən mazdāscā ahurāŋhō. ā+√ 1i « venir » (= véd. ā+I). Adādi. — 3e sing. act. indic. prés. 31.14a tā θβā pərəsā ahurā yā zī āitī jəṇghaticā. ā+√ 2i « agresser » (= véd. ā+2I). Le verbe simple explique aēnah-. — 3e sing. act. subj. prés. ou aor. 31.20a yə āiiat ašauuanəm diuuamnəm hōi aparəm xšiiō. āïtē  : univerbation secondaire de la postposition ā et du datif sing. du nom-racine tiré de √ 1i : → itē. ā+√ gam « venir » (= véd. ā GAM). Aoriste radical. — 3e sing. act. subj. aor. primaire 30.8a atcā yadā aēšąm kaēnā jamaitī aēnaŋhąm — 3e sing. act. subj. aor. secondaire 43.12c +uziraidiiāi parā hiiat mōi ā.jimat. ātar- masc. « feu, Ātar » (cf. véd. ātmán-). Masculinisation du dérivé nt. en -tar- tiré dʼune racine mal connue. → xuvāθra-. — Instr. sing. 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm 31.19c θβā āθrā suxrā mazdā vaŋhāu vīdātā rąnaiiā .·. 47.6b āθrā vaŋhāu vīdāitīm rānōibiiā — Dat. sing. 43.9d at ā θβaāi āθrē rātąm nəmaŋhō — Gén. sing. 43.4d θβahiiā garəmā āθrō ašā.aōjaŋhō. ā+√ dā moy. tantum « prendre, recevoir » (= véd. ā DĀ). Aoriste radical. — 3e sing. act. subj. aor. 31.18b ā zī dəmānəm vīsəm vā šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt — Première sing. opt. aor.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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43.8d hiiat +ā būštīš+ +vasasə.xšaθrahiiā diiā. ādāna- nt. « chaîne » (= véd. ādāna-). — Instr. plur. 30.7c aēšąm tōi ā.aŋhat yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō .·.. ā.dәbaōman- nt. « égarement », dérivé en -man- de *ā+√ dbu « égarer » (→ aipī+√ dbu ; cf. véd. ádbhuta-). — Nominatif sing. 30.6a aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā. əǝānū

« selon, conformément à », préposition (= véd. ánu). — Préverbe avec √ hac (→ ānuš.hac-). — Régissant lʼacc. 47.2b +hizuuā.uxδāiš vaŋhəuš əǝānū manaŋhō.

ānuš.hac- « dévoué » (cf. véd. ānusák)21. — Nominatif fém. sing. 31.12c ānuš.haxš ārəmaitīš maniiū pərəsaitē yaθrā maēθā .·.. ā.mōiiastrā baranā  : voir le commentaire. — Instr. sing. 30.9b mazdāscā ahurāŋhō ā.mōiiastrā baranā ašācā. ā+√ yam moy. « recevoir acc. » (= véd. ā YAM). Aoriste radical. — 3e sing. subj. aor. 31.13b yə vā kasəuš aēnaŋhō ā mazištąm [a]iiamaitē būjim. ā+√ yā « demander acc. à acc. » (= véd. ā YĀ). Adādi. — Première sing. moy. indic. prés. 31.2b at vā vīspəṇg āïiōi yaθā ratūm ahurō vaēdā. āiiu- nt. « durée de vie » (= véd. āyu-). — Acc. sing. 21 D’après le védique ānusák, cet adjectif, accordé avec ārmaitiš, signifie « dévouée » : PIRART, 2012a, p. 153. Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 87 : « following up (this question) Right-mindedness shall hold counsel with the spirit where she (is) a partner » ; KELLENS, 2015a, p. 31 : « à la suite, la Juste-pensée discute avec leur mainiiu (avis/passion) du point de savoir où est leur opposition » ; LECOQ, 2016, p. 733 : « Là où la secourable Ārmaiti est présente, elle interroge les deux Mainyu ».

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

31.20b darəgəm āiiū təmaŋhō dušxvarəθəm auuaētās vacō — Gén. sing. 43.13d darəgahiiā +yaōš 22 yəm vā na[ē]ciš dārəšt itē. ā+√ yuj « atteler » (= véd. ā YUJ). Aoriste radical. — 3e plur. moy. subj. aor. 30.10b at asištā yaōjaṇtē ā hušitōiš vaŋhəuš manaŋhō. ā+√ vaēn « regarder » (cf. aibī+√ vaēn). Bhvādi. ||| Lʼindien *ā VEN nʼest pas attesté. — 2e plur. act. impér. prés. 30.2a sraōtā gəušāiš vahištā auuaēnatā sūcā manaŋhā. āuuarәnā « préférences, promesses ». La morphologie et le genre grammatical de ce dérivé de ā+√ 1var « préférer » (= véd. ā VR˳ ) sont mal déterminés. ||| La tradition manuscrite ne nous permet pas de choisir aisément entre āuuarǝna-, āuuarǝnah- et āuuarǝnā-23, mais Bartholomae24 signale que certains manuscrits vénérables donnent āuuarǝ.nā en deux mots, une lectio dont le zand kʼmk LNE se fait lʼécho. La finale ºā serait donc à préférer25, même s’il est vrai qu’un ā long final se ferme facilement en ā devant vº. Le mot gâthique āuuarǝna(h)- représente probablement la même notion que les vocables récents varǝna- ou frauuaši-26, mais la présence du préverbe ā dans sa formation me laisse perplexe puisque varәna-, qui, de toute façon, est déjà vieil-avestique (→ varǝna-), ne confirme pas son existence. — Acc. plur. 30.2b āuuarənā vīciθahiiā narəm.narəm xvaxiiāi tanuiiē. āuuīšiia- « manifeste, public » (≈ véd. āvístiya-). — Nominatif fém. sing. 31.13a yā ˟frasī āuuīšiiā yā vā mazdā pərəsaētē taiiā. 22 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 145, édite yāuš. Jʼai maintenu sans conviction la correction +yaōš  : aucune étude jusquʼici nʼa pu débrouiller la question de savoir quand *ºăuº sʼécrit ºāuº (exemple : ašāunō) ni celle de savoir quand *ºāuº sʼécrit ºaōº (exemple : šiiaōθanā). 23 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II, p. 218. 24 BARTHOLOMAE, 1904, col. 333. 25 Au vu du parallélisme avec Y 12.7j, 16.2.6, 31.11c2 et 48.4c2, il est peu probable que le mot soit attesté dans l’hémistiche Y 45.2d1 (= Y 19.15.4b1) naēdā varanā même si la particule *u nʼy a pas de justification nette. 26 PIRART, 2012a, p. 184-8.

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ārǝmaiti- fém. « pensée conforme, déférence, Ārmaiti » (= véd. arámati). Dérivé en -ti- de arəm+√ man « être déférent ». — Nominatif sing. 30.7b at kəhrpəm utaiiūitiš dadāt ārəmaitiš ąnmā 31.9a θβōi as ārəmaitiš θβə ā gəuš tašā aš.xratuš 31.12c ānuš.haxš +ārəmaitiš maniiū pərəsaitē yaθrā maēθā .·. 43.6d aēibiiō ratūš səṇghaitī ārǝmaitiš 43.16d xuvəṇg darəsōi xšaθrōi xiiāt ārǝmaitiš — Instr. sing. 31.4b ašicā ārəmaitī vahištā išasā manaŋhā 43.1d ašəm dərəidiiāi tat mōi dā +ārǝmaitī 43.10b ārǝmaitī hacimnō +īt.ārəm. 47.1d mazdā xšaθrā ārǝmaitī ahurō .·. 47.3c at hōi vāstrāi rāmā dā +ārǝmaitī — Gén. sing. 47.2c ārǝmatōiš zastōibiiā šiiaōθanā vǝrǝziiat 47.6c ārǝmatōiš dǝbązaŋhā ašaxiiācā. āsti- « carrossable ». Adjectif en -i- tiré de ā+√ stā « prendre la voiture » (= véd. ā STHĀ). — Acc. masc. plur. 43.3d haiθiiəṇg āstīš yəṇg ā.šaēitī ahurō. ā+√ sparz moy. « aspirer à » (cf. véd. SPRH). — 3e sing. inj. aor. (ou prés.) 31.16b šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā ašā fradaθāi aspərəzatā. ā+√ sru moy. « être connu comme nominatif » (= véd. ā ŚRU). — 3e du. inj. aor. 30.3a at tā maniiū pauruiiē yā yəmā xvafənā asruuātəm. ā+√ ši « habiter, sʼinstaller dans acc.27 » (= véd. ā KṢI). ||| La rection ablative étant inattendue, il faut faire de lʼablatif figurant dans le vers Y 47.5d lʼexpression dʼun complément circonstanciel de cause28. 27 Au vu de la construction la plus habituelle du véd. ā KṢI, lʼacc. yəṇg, dans le vers Y 43.3d, est parfaitement attendu comme complément de ā+√ ši. Le parallèle véd., dans le vers AS 6.117.3d (WERBA apud MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 427) sárvān pathó anrnā ā ksiyema « all the roads may we abide in guiltless » (trad. WHITNEY, 1905, vol. I p. 367), est dʼailleurs impérieux. 28 Voir le commentaire.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— 3e sing. act. indic. prés. 43.3d haiθiiəṇg āstīš yəṇg ā.šaēitī ahurō. — Nominatif masc. sing. participe prés. act. 47.5d ahiiā šiiaōθanāiš akāt ā.šiiąs manaŋhō .·.. ąnman- nt. « souffle vital » (cf. latin animus). ||| Pourrait avoir le même sens que lʼav. réc. gaiia- tandis que le v.-av. gaiia- au lieu de « principe vital » signifierait « possibilité de vie ». — Acc. sing. 30.7b at kəhrpəm utaiiūitiš dadāt ārəmaitiš ąnmā. ąsa- masc. « lot, destin, nécessité » (= véd. áṁśa-, cf. grec ἀνάγκη). — Gén. du. 31.2c mazdā aiiā ąsaiiā yā ašāt hacā jīuuāmahī .·.. āŋh- nt. « bouche » (= véd. ās-). — Gén. sing. 31.3c hizuuā θβahiiā āŋhō yā jīuuaṇtō vīspəṇg vāuraiiā .·.. ənəiti- fém. « impossibilité dʼaller ». Karmadhāraya de an+ (= véd. an+) et du dérivé en -ti- de √ i « aller » (= véd. I). — Instr. sing. 30.11b xuvīticā ənəitī hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō. əmauuaṇt- « pourvu de force offensive, impétueux » (= véd. ámavant-). — Acc. masc. sing. 43.10e hiiat θβā xšaiiąs aēšəm diiāt əmauuaṇtəm ºoº. əā  : → azəm. əuuīduuah- « ignorant ». Karmadhāraya de a+ et de vīduuah-. — Nominatif masc. sing. 31.12b vīduuā vā əuuīduuā vā ahiiā zərədācā manaŋhācā .·. 31.17b vīduuā vīdušē mraōtū mā əuuīduuā aipī.dəbāuuaiiat. ərəzu- « rectiligne » (= véd. rjú-). — Acc. masc. plur. 43.3b yə nā ərəzūš sauuaŋhō paθō sīšōit. әrәš « de façon rectiligne, continûment ». Forme préverbiale de razah- nt. « étendue rectiligne » (= véd. rájas-).

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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→ ərəžuxδa-, ərəžuxδa-, ərəžuuacah-. — En combinaison avec vī+√ ci 30.3c ˟aiiāscā hudaāŋhō ərəš vīšiiātā nō[it] duždaāŋhō .·. 30.6a aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā. әrәši- masc. « poète » (= véd. si-)29. — Nominatif sing. 31.5b vīduiiē vohū manaŋhā məṇcā daidiiāi yehiiā mā ərəšiš. ərəžuxδa- nt. « prononciation rectiligne, diction continue ». Substantif en -θa- tiré de ǝrǝš+√ uj ou de ǝrǝš+√ vac « observer la diction continue ». — Dat. sing. 31.19b ərəžuxδāi vacaŋhąm xšaiiamnō hizuuō vasō. ərəžuuacah- « observant la diction continue », bahuvrīhi de ǝrǝš et de vacah-. — Nominatif masc. sing. 31.12a aθrā vācəm baraitī miθahuuacā vā ərəžuuacā vā. √ i « aller » (= véd. I). Adādi. Présent désidératif. → ā+√ i, āïtē, ənəiti-, itē, xuvīti-. — Nominatif masc. plur. participe prés. act. désidératif 30.1a at tā vaxšiiā išəṇtō yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē 47.6d hā zī pōurūš išǝntō vāurāitē ºoº. 1

i- « ceci, celui-ci » (≈ véd. idám). Adj.-pron. dém. proche. ||| La diascévase en a utilisé lʼacc. nt. sing. adverbial īt « précisément » pour étoffer la négation pii. *ná ít* > nōit. Le vers Y 30.9a apporte la preuve que lʼacc. masc. sing. īm, bel et bien employé en tant que forme tonique, équivaut donc à lʼav. réc. imǝm et au védique imám. → idā. — Acc. masc. sing. 30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm. 2

i- « le, la, les » (= véd. i-). Pron. enclitique. ||| Pour le fém. du nominatif ou de lʼacc., il est recouru au thème hī-. Au nominatif-acc. duel, il

29

PIRART, 2003, p. 98 n. 7.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

y a confusion entre le nt. et le fém. Le datif-gén. sing. est commun aux trois genres. La forme tonique correspondante est ta-. — Nominatif fém. sing. 31.10a at hī aiiā frauuarətā vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm — Dat.-gén. masc.-fém. sing. 31.6c mazdāi auuat xšaθrəm hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā .·. 31.20a yə āiiat ašauuanəm diuuamnəm hōi aparəm xšiiō 31.21c vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·. 43.8a at hōi aōjī zaraθuštrō paōuruuīm 47.3c at hōi vāstrāi rāmā dā +ārǝmaitī — Nominatif nt. du. (forme empruntée au fém.) 30.3b manahi[cā] vacahicā šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā — Acc. masc. plur. 30.6a aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā — Acc. fém. plur. 31.18c dušitācā marakaēcā aθā †īš (< *hīš) sāzdūm snaiθišā .·. — Acc. nt. plur. 31.22a ciθrā ī hudaāŋhē yaθanā vaēdəmnāi manaŋhā. itē dat. sing. du nom-racine30 fém. tiré de √ i. — Utilisé comme infinitif de but 31.9c vāstraiiāt vā ˟ā ˟itē yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō .·. 43.13d darəgahiiā +yaōš yəm vā na[ē]ciš dārəšt itē. idā « ici » (= véd. ihá). Adv. de lieu tiré de lʼadj.-pron. démonstratif proche i-. 43.10b ārǝmaitī hacimnō +īt.ārəm. √ is moy. tantum « être capable, disposer de » (= véd. IŚ). Hvādi. → isuuan-. — Première sing. subj. prés. : 43.9e ašahiiā mā yauuat isāi mańiiāi .·.. isuuan- « qui a pouvoir ». Adjectif en -uan- tiré de √ is. ||| Le correspondant védique de isuuan- est attesté dans le composé mātar+íśvan«...?...»31 où la brève radicale confirme que le thème de présent de √ is, itē est le datif de it- : KELLENS, 1984a, p. 346 §2.3.10. Nom dʼAgni. Le sens reste inconnu malgré le jeu pseudo-étymologique présent dans RS 3.29.11c mātaríśvā yád ámimīta mātári : voir RENOU, 1955-69, vol. XII p. 126. 30 31

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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pour renfermer un redoublement, ne peut servir à expliquer la formation de ce dérivé en -uan- de √ is. Il sʼagit clairement de lʼétoffement en -uandu nom-racine. — Nominatif masc. sing. 43.14a hiiat nā friiāi +vaēdǝmnō isuuā daidīt 47.4d isuuācīt hąs paraōš akō drǝguuāitē .·.. √ 1iš « chercher, désirer » (= véd. IS). Présent inchoatif. — Première sing. moy. opt. prés. 43.8b +haiθiiō.duuaēšā hiiat isōiiā drəguuāitē. išǝnt- : → √ i. išud- fém. « tir » (= védique isídh-). Composé de išu- fém. « flèche » (= véd. ísu) et du nom-racine de √ dā32. ||| La forme archaïque *+dh- que le nom-racine tiré de pie. √ *dheH1 prend au second terme de ce composé est documentée notamment aussi par le védique agnídh- « boutefeu ». — Nominatif plur. 31.14b yā išudō dadəṇtē dāθranąm hacā ašāunō. √ ižd « exiger » (= véd. ĪD). Présent inchoatif. — Première sing. act. subj. prés. 31.4b ašicā ārəmaitī vahištā išasā manaŋhā. *u « aussi, déjà, pourtant » (= véd. u). Particule enclitique de coordination. La diascévase en a souvent modifié le timbre vocalique. — Substitut de ºcā devant zī 30.10a adā zī auuā drūjō [auuō.]buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā — Coordination de phrases parallèles 31.9a θβōi as ārəmaitiš θβə ā gəuš tašā aš.xratuš 31.9a θβōi as ārəmaitiš θβə ā gəuš tašā aš.xratuš — Coordination dʼinterrogatives 47.4c kasəušcīt nā ašāunē +kāθū aŋhat — « Pourtant » 30.9c hiiat haθrā.manā bauuat yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·. 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. 43.8e yauuat ā θβā mazdā stāumī ufiiācā ºoº 43.10c *pәrәsatcā nā yā tōi +əā parštā. 32

Sur lʼétymologie, PIRART, 2012a, p. 171 n. 343.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

uxδa- nt. « mot ». Substantivation de lʼadj. verbal en -ta- de √ uj ou en -θa- de √ vac. → әrәžuxδa-, xšmā.uxδa-, hizuuā.uxδa-. — Acc. plur. 43.5c hiiat dā šiiaōθanā mīždauuąn yācā uxδā. √ uj moy. tantum « dire » (= véd. UH  :: óhāna-). Présent protérodynamique. → uxδa-, pairī+√ uj. — Première sing. inj. aor. 43.8a at hōi aōjī zaraθuštrō paōuruuīm. utaiiūiti- fém. « jouvence, nouvelle jeunesse » (≈ védique itáūtiadj.)33. ||| Le mot védique itáūti- correspondant à utaiiūiti- est plutôt employé comme adjectif et se rencontre parfois avec son synonyme approximatif ajára-, par exemple dans le vers RS 1.146.2b ajáras tasthāv itáūtir rsváh « [Agni] à lʼabri de vieillir, toujours-jeune, il sʼest tenu là, immense »34. Quant à lui, le védique távisī- est un substantif comme son correspondant avestique. Un synonyme approximatif, śúsma-, lʼaccompagne parfois aussi, par exemple dans les vers RS 3.32.3ab yé te śúsmaṁ yé távisīm ávardhann V árcanta indra marútas ta ójah « Les Marut qui ont renforcé ta fougue, ta force-active en chantant, ta force-formidable, ô Indra »35. Les traductions que HUMBACH et FAISS, 2010, ou LECOQ, 2016, ont offertes du substantif utaiiūiti-, « youthfulness » et « fraîcheur juvénile », ne tiennent pas compte des données védiques sur lesquelles jʼavais pourtant insisté. — Nominatif sing. 30.7b at kəhrpəm utaiiūitiš dadāt ārəmaitiš ąnmā — Acc. du. 43.1c utaiiūitī.təuuīšī[m] +gat.tōi+ vasəmī. upā (= véd. úpa) préverbe. → upā+√ gam. upā+√ gam « advenir » (= véd. úpa GAM). Présent inchoatif. — 3e sing. act. inj. prés. 33 34 35

Voir Y 34.11c1, 45.10e2, 51.7c1. Trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 37. Trad. RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 73.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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30.6b pərəsəmanəṇg upā.jasat hiiat vərənātā acištəm manō .·.. ufiiāº → √ vaf. uruuānē → √ var. us (= véd. út) préverbe. → us+√ 3ar. us+√ 3ar moy. « se dresser, se lever » (= véd. úd R). Rudhādi. ||| Comme l’hiatus que devrait justifier la laryngale dans lʼinfinitif uzĩrəidiiāi (pii. *uts+HiHr-dhiāi) est peu crédible, il vaut mieux lire +uziraidiiāi36 et admettre que c’est un infinitif du type védique en -ádhyai : pii. *uts+HiHr-adhiāi. D’autant que daidiiāi37, dont la formation haplologique (< pii. *dha-dhH-ádhiāi) est confirmée par le védique vandádhyai38, montre que, pour les présents athématiques à redoublement (hvādi), l’infinitif est de ce type, même si dazdiiāi39 va à l’encontre de cette loi. — Inf. de but en -adiiāi 43.12c +uziraidiiāi parā hiiat mōi ā.jimat 43.14d +uziraidiiāi azəm sarədanā *sənghāi. +

uziraidiiāi : → us+√ 3ar.

uštauuant- « accompagné du loc. sing. de ušti-, commençant avec le loc. sing. de ušti- ». Adjectif en +uant- tiré du loc. sing. de ušti-. — Acc. fém. sing. 43.17.3 uštauuaitīm hāitīm yazamaide .·.. uštāna- nt. ou masc. « appartenant au voulu, faculté du mouvement, animation, vitalité ». Dérivé en +na- (< pie. *+H3no-) de ušta- « voulu » (= véd. ustá-), lʼadj. verbal en -ta- de √ vas40. — Acc. sing. 31.11b θβā manaŋhā xratūšcā hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm — Instr. sing. 43.16c astuuat ašəm xiiāt uštānā aōjōŋhuuat. 36 37 38 39 40

Contre BEEKES, 1979. Y 31.5b2, 44.8b1, 51.20a2. RS 1.27.1b, 1.61.5c, 3.4.3c. Y 35.4.2a, 44.1d. PIRART, 2009b, p. 279 ; 2012a, p. 34-6.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

ušti- fém. « volonté, souhait, expression verbale dʼun souhait » (= védique ustí-). → uštauuant-. — Loc. sing. 30.11c sauuacā ašauuabiiō at aipī tāiš aŋhaitī uštā ºoº 43.1a uštā aāi yaāi uštā kaāicīt 43.1a uštā aāi yaāi uštā kaāicīt. ušiiāi  : → daxšat.ušiiā-. ka- (= véd. ká-) adj.-pron. interrogatif. Pour le nominatif du pronom, il est recouru au thème ci-, mais pour celui de lʼadjectif, au thème ka-. En combinaison avec le pron. rel. et la particule ºcīt, cet adj.-pron. forme le pron. rel. indéfini (43.1a). La forme enclitique de lʼindéfini est ºci-. → katārəm, kaθā, kāt, ci-. — Dat. masc. sing. 43.1a uštā aāi yaāi uštā kaāicīt 43.9c ahiiā +fərasīm kaāi vīuuīduiiē vašī — Gén. masc. sing. 43.7c pərəsatcā mā .·. ciš ahī kahiiā ahī. kaēnā- fém. « vengeance, châtiment » (= grec ποινή). — Nominatif sing. 30.8a atcā yadā aēšąm kaēnā jamaitī aēnaŋhąm. katārəm « de deux choses lʼune, (est-ce que... ou est-ce que...) » (= véd. katarám), adverbe interrogatif. — En combinaison avec vā ... vā 31.17a katārəm ašauuā vā drəguuā vā vərənauuaitē maziiō. kaθā « comment ? » (= véd. kathā). Adv. interrogatif de manière tiré de ka- par suffixation en -θā. — Introduit une interrogative avec verbe à lʼopt. aor. 43.7d kaθā aiiārə daxšārā fərasaiiāi dīšā. √ kar « faire, accomplir » (= véd. KR). Svādi. → həṇkərəiti-. — 3e plur. act. subj. prés. secondaire 30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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kasu- « petit, peu » (= véd. kaśú-). — Gén. nt. sing. 31.13b yə vā kasəuš aēnaŋhō ā mazištąm [a]iiamaitē būjim 47.4c kasəušcīt nā ašāunē +kāθū aŋhat. *kāt « pour combien de temps ? ». Adv. interrogatif de temps tiré de ka-. — Introduit une interrogative avec verbe au subj. prés. 47.4c kasəušcīt nā ašāunē ˟kāθū aŋhat. ˟kāθū < *kāt u*. kāma- masc. « désir » (= véd. kāma-). — Gén. sing. 43.13c arəθā vōizdiiāi kāmahiiā təm mōi dātā. kәhrp- fém. « corps » (= véd. kp-). — Acc. sing. 30.7b at kəhrpəm utaiiūitiš dadāt ārəmaitiš ąnmā. xraōždišta- « très dur ». Superlatif de xruždra- « dur », lʼadj. en -ratiré de √ xružd « être dur » (= véd. KRŪD). — Acc. masc. plur. 30.5b ašəm maniiuš spəništō yə xraōždištəṇg asənō vastē. xratu- masc. « capacité dʼagir, performance, intelligence » (= véd. krátu). Dérivé en -atu- de √ kar. — Instr. sing. 31.7b huuō xraθβā dąmiš ašəm yā dāraiiat vahištəm manō — Gén. sing. 43.6e θβahiiā xratəuš yəm na[ē]ciš dābaiieitī ºoº — Instr. plur. 31.11b θβā manaŋhā xratūšcā hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm. xšaθra- nt. « envoûtement, empire, exercice de lʼemprise rituelle (sur la divinité) » (= véd. ksatrá-). Dérivé en -aθra- de √ xšā. → vasasə.xšaθra-. — Nominatif sing. 31.6c mazdāi auuat xšaθrəm hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā .·. — Acc. sing.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

30.8b at mazdā taibiiō xšaθrəm vohū manaŋhā vōiuuīdaitē 31.4c maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat yehiiā vərədā vanaēmā drujəm .·. 31.15a pərəsā auuat yā maēiniš yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī 31.16a pərəsā auuat yaθā huuō yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm — Instr. sing. 30.7a aāicā xšaθrā jasat manaŋhā vohū ašācā 31.22b vohū huuō xšaθrā ašəm vacaŋhā šiiaōθanācā haptī 43.6b mazdā xšaθrā aī vohū manaŋhā 43.14c hiiat θβā xšaθrā ašāt hacā +frąš tā+ 47.1d mazdā xšaθrā ārǝmaitī ahurō .·. — Gén. sing. 31.21b būrōiš ā ašaxiiācā xuvāpaiθiiāt xšaθrahiiā sarō — Loc. sing. 43.13e vairiiā stōiš yā θβaī xšaθrōi vācī .·. 43.16d xuvəṇg darəsōi xšaθrōi xiiāt ārǝmaitiš. xšaiiant- « disposant de moyens (en faveur dʼun adorateur) ». Participe prés. act. de √ xšā. ||| Le correspondant daivique est xšaiia- : voir chapitre V n. 39. — Nominatif masc. sing. 43.1b +vasə xšaiiąs+41 mazdā dāiiāt ahurō 43.10e hiiat θβā xšaiiąs aēšəm diiāt əmauuaṇtəm ºoº. xšaiiamna- → √ xšā. √ xšā « être soumis à l’exercice de l’emprise rituelle, à l’envoûtement » (= véd. KSĀ). Présent en -aiia-. À la voix moyenne, ce verbe a le sens de « envoûter, exercer lʼemprise rituelle, donner à une divinité les moyens dʼagir (en faveur dʼun adorateur) ». → xšaθra-, xšaiiant-. — Nominatif masc. sing. participe prés. moy. 31.19b ərəžuxδāi vacaŋhąm xšaiiamnō hizuuō vasō. xšī- fém. « plainte » (d’après le phl. šyvn|)42. 41 En deux mots comme le pense BARTHOLOMAE, 1904, col. 1383 (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 158), contre GELDNER, 1886-96, vol. I p. 140, qui, en dépit de lʼinterdit grammatical, admettait un composé vasə.xšaiiąs. Sur xšaiiant- épithète divine, PIRART, 2018, p. 66 n. 44 et p. 71 n. 61. 42 Voir Y 71.17 varǝzǝmca haōmanaŋhǝmca yazamaide V haōmanaŋhǝmca varǝzǝmca yazamaide .·. paitištātəe tǝmaŋhąm V paitištātəe xšaiiasca amaiiauuaiiāsca .·. MN varǝzǝmca OD amaiiauuaiiāsca si bār .·. dasuuarǝca baēšazǝmca yazamaide .·.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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— Nominatif plur. 31.20a yə āiiat ašauuanəm diuuamnəm hōi aparəm xšiiō. √ xšnu « accueillir, écouter » (= v.-p. √ xšnu)43. Aoriste sigmatique. → xšnut-, cixšnuša-. — 3e plur. act. subj. aor. 30.5c yaēcā xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm .·.. xšnut- fém. « accueil », nom-racine tiré de √ xšnu. — Acc. sing. 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm. xšmā.uxδa- nt. « dit par vous ». Vibhaktitatpurusa de la forme compositionnelle de yūžəm et de uxδa-. — Instr. plur. 43.11c hiiat +xšmā.uxδāiš dīdaŋhē paōuruuīm. gaēθā- féminin pluriel « êtres vivants, têtes de bétail, troupeau ». Dérivé en -θā- de la variante √ jī de √ jiiā « vivre ». Cette variante explique aussi gaiia- tandis que √ jiiā apparaît dans ajiiāiti-, jiiōtu-, darəgō.jiiāiti-. — Nominatif 43.6c yehiiā šiiaōθanāiš gaēθā ašā frādəṇtē — Acc. 31.1b aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē 31.11a hiiat nə mazdā paōuruuīm gaēθāscā tašō daēnāscā — Loc. 43.7e aibī θβāhū gaēθāhū ˟tanuuicā .·.. gaō- fém. « vache » (= véd. gó-). — Acc. sing. 47.3b yə aāi gąm rāniiō.skǝrǝitīm həm.tašat fradaθǝmca varǝdaθǝmca yazamaide .·. paitištātəe axtinąmca astarǝmanąmca .·. ; FiO 303 xšim º šyvn .·. 43 CHEUNG, 2007, p. 456-8, admet deux racines. Quoi quʼil en soit de cette divergence sémantique, remarquons quʼelle est encore plus grande si nous tenons compte du védique KSNU : le vers RS 2.39.7d atteste le substantif ksnotra- « pierre à aiguiser » (voir PIRART, 1995-2000, vol. II p. 53-4) tandis que le verbe, préverbé de áva, figure dans le vers RS 10.23.2d áva ksnaumi dāsasya nāma cit « The Dāsaʼs very name I utterly destroy » (trad. GRIFFITH, 1973, p. 545).

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Gén. sing. 31.9a θβōi as ārəmaitiš θβə ā gəuš tašā aš.xratuš. gat.tan-, gat.tōi → √ 2gā. √ gam « aller, marcher ». Présent inchoatif, aoriste radical et aor. sigmatique. → aibī+√ gam, ā+√ gam, upā+√ gam, jəṇghatiº, pairī+√ gam, hąm+ √ gam. — 2e sing. act. inj. prés. 43.6a yaī spəṇtā θβā mańiiū uruuaēsē jasō 43.12a hiiatcā mōi mraōš ašəm jasō frāxšnənē — 3e sing. act. inj. prés. 30.7a aāicā xšaθrā jasat manaŋhā vohū ašācā — 3e sing. act. subj. aor. 43.4e hiiat mōi vaŋhəuš hazə jimat manaŋhō ºoº — 3e sing. act. subj. aor. à sens de futur 31.14a tā θβā pərəsā ahurā yā zī āitī jəṇghaticā. gaiia- masc. « possibilité de vivre, vie » (= védique gáya-). ||| Le sens de « principe vital » que possède lʼav. réc. gaiia- (ou gaiiāna-) paraît être assumé en vieil avestique par ąnman- « souffle vital ». L’étymologie pie. du substantif gaiia- conduit à admettre une exception de taille : la racine « vivre » présenterait tout à la fois les deux thèmes radicaux pie. *gueiH et *guieH : gaiia- < *guóiHo- et jiiōtu- < *guiéHtu-. — Acc. sing. 30.4b gaēmcā ajiiāitīmcā yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš 43.1e rāiiō ašīš vaŋhəuš gaēm manaŋhō .·.. garəman- masc. « chaleur » (≈ véd. gharmá-). — Nominatif sing. 43.4d θβahiiā garəmā āθrō ašā.aōjaŋhō. √ 1gā « chanter » (= véd. 1GĀ). → gāθā-. √ 2gā « marcher, aller » (= véd. 2GĀ). — Acc. de lʼinf. en -tan43.1c utaiiūitī.təuuīšī[m] +gat.tōi+44 vasəmī. 44

Conversion de la syllabe longue par nature en longue par position : gātai > gat.tōi.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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gāθā- fém. « cantate » (= véd. gāthā-). — Voc. plur. 43.0 = 47.0 nǝmō və gāθā ašāunīš .·.. gəuša- masc. « oreille » (≈ véd. ghósa- « bruit »). ||| Les traductions que Jean Kellens a proposées dernièrement45 de gəuša- par « bruit » et de sū̆c- par « flamme », que la tradition avestique récente ne permet pas, sont insolites46. Il est vrai que Jean Kellens et moi47, nous avions avancé « cri » pour Y 51.3a1, mais le contexte était assez obscur48. — Instr. plur. 30.2a sraōtā gəušāiš vahištā auuaēnatā sūcā manaŋhā. √ guš « écouter » (= véd. GHUS). Aoriste radical. → aguštā.vacah-, gəuša-. — 3e sing. moy. inj. aor. 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā 31.19a gūštā yə maṇtā ašəm ahūm.biš vīduuā ahurā. cazdōŋhuuant- « désireux ». Adjectif en +uant- tiré de cazdah- nt. « désir ». Dérivé en -ah- de √ dā en combinaison avec la forme préverbiale *cah+ de *cinah- « amour » (≈ véd. cáno DHĀ)49. — Dat. masc. plur.

KELLENS, 2015a, p. 28. CANTERA, 1993, p. 227. 47 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 239. 48 En effet, dans ā və gəuš.ā həmiiantū yōi... « Que le maître conduise jusquʼà vous en faisant hue! ceux qui... » (trad. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 181), il est impossible de faire de və un ablatif, et lʼordre ā... həm est tout à fait inusuel. Aujourdʼhui, les difficultés de la strophe Y 51.3 peuvent être levées : ā.və.gəuš.ā1 həmiiantū (7) yōi ˟vī2 šiiaōθanāiš sārəntē (7) ahurō3 ašā +hizuuā.-(7) uxδāiš vaŋhəuš manaŋhō (7) yaēšąm tū pōuruiiō (7) mazdā fradaxštā ahī (7) .·. «  Les invocateurs doivent se réunir, eux qui se trouvent sans union avec l’agencement malgré les gestes que Vohu Manah leur dicte de vive voix, gestes dont toi, Mazdā, tu es le premier propulseur ». Notes : 1. ā.və.gəuš.ā est à analyser comme le nominatif pluriel du mot coïncidant avec le sanscrit avaghosa-. ||| 2. Le pronom və (GELDNER, 1886-96, vol. I p. 180) n’ayant aucune place, il faut sans doute le corriger en ˟vī et admettre de l’ordonner avec sārәntē. Ce verbe est conjugué au passif : < pii. *śiántai. Une opposition se fait jour alors entre hąm+√ i « se rassembler » et vī+√ sar « se séparer ». ||| 3. L’apparence nominative du vocatif ahurō placé devant ašā doit être appréhendée comme la forme mǝrǝtō que, dans le V 2.3.2, nous trouvons devant bǝrǝtaca. C’était en désespoir de cause que j’avais proposé (PIRART, 2007a, p. 87 n. 209) d’identifier ici le dieu Feu. 49 PIRART, 1984 ; 2010a, p. 254 ; 2013b, p. 85, mais tant HUMBACH et FAISS, 2010, p. 84 (« in favor of the conscientious »), que LECOQ, 2016, p. 731 (« pour les perspicaces ») ignorent cette étymologie. 45 46

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

31.3b hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā. cašman- nt. « vue » (≈ véd. cáksus-). ||| La racine du mot a subi une altération due à la diascévase : cašº < pir. *caxšº. Cette racine est issue du redoublement de celle du nom de lʼœil : < pie. *H3kue-(H3)kus-. — Instr. sing. 31.8b vaŋhəuš patarəm manaŋhō hiiat θβā həm cašmainī [həṇ]grabəm — Gén. sing. 31.13c tā cašməṇg θβisrā hārō aibī ašā [aibī.]vaēnahī vīspā .·.. ºcā « et ; si » (= véd. ca). Particule de coordination ou de subordination ; entre aussi dans la formation du nominatif masc. sing. du pron. indéfini. → ºcinā. — Interpolation 30.3b manahi[cā] vacahicā šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā 30.4b gaēmcā ajiiāitīmcā yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš — Coordination selon le schéma A Bºcā 30.3b manahi[cā] vacahicā šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā 30.3b manahi[cā] vacahicā šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā 30.5c yaēcā xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm .·. 31.5b vīduiiē vohū manaŋhā məṇcā daidiiāi yehiiā mā ərəšiš 31.11b θβā manaŋhā xratūšcā hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm 31.14a tā θβā pərəsā ahurā yā zī āïtī jəṇghaticā 31.14c yāscā mazdā drəguuōdəbiiō yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat .·. 31.15c vāstraiiehiiā aēnaŋhō pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō .·. 31.16c θβāuuąs mazdā ahurā yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā .·. 31.21c vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·. 43.3c ahiiā aŋhəuš astuuatō manaŋhascā 43.4a at θβā (< *θβəm) məṇghāi taxməmcā spəṇtəm (< *spǝntā) mazdā 43.4c yā dā ašīš drəguuāitē ašāunaēcā 43.5c hiiat dā šiiaōθanā mīždauuąn yācā uxδā 43.7c pərəsatcā mā .·. ciš ahī kahiiā ahī 43.7e aibī θβāhū gaēθāhū ˟tanuuicā .·. 43.8e yauuat ā θβā mazdā stāumī ufiiācā ºoº 43.10c *pәrәsatcā nā yā tōi +əā parštā 47.6c ārǝmatōiš dǝbązaŋhā ašaxiiācā

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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— Coordination selon le schéma A Bºcā X 31.4a yadā ašəm zəuuīm aŋhən mazdāscā ahurāŋhō — Coordination selon le schéma A B Cºcā 30.7a aāicā xšaθrā jasat manaŋhā vohū ašācā 30.9b mazdāscā ahurāŋhō ā.mōiiastrā baranā ašācā 31.6b mąθrəm yim hauruuatātō ašahiiā amərətātascā .·. 31.22b vohū huuō xšaθrā ašəm vacaŋhā šiiaōθanācā haptī — Coordination selon le schéma A B C Dºcā 30.10c mazdaā ašaxiiācā yōi zazəṇtī vaŋhāu srauuahī .·. — Coordination selon le schéma A Bºcā Cºcā 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm 31.21a mazdā dadāt ahurō hauruuatō amərətātascā 31.21b būrōiš ā ašaxiiācā xuvāpaiθiiāt xšaθrahiiā sarō — Coordination selon le schéma Aºcā Bºcā 30.1b staōtācā ˟ahurā yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō 30.1b staōtācā ˟ahurā yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō 30.4b gaēmcā ajiiāitīmcā yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš 30.4b gaēmcā ajiiāitīmcā yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš 30.11b xuvīticā ənəitī hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō 30.11c sauuacā ašauuabiiō at aipī tāiš aŋhaitī uštā ºoº 31.11a hiiat nə mazdā paōuruuīm gaēθāscā tašō daēnāscā 31.11a hiiat nə mazdā paōuruuīm gaēθāscā tašō daēnāscā 31.11c hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā yaθrā varənəṇg vasā dāiietē .·. 31.11c hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā yaθrā varənəṇg vasā dāiietē .·. 31.12b vīduuā vā əuuīduuā vā ahiiā zərədācā manaŋhācā .·. 31.12b vīduuā vā əuuīduuā vā ahiiā zərədācā manaŋhācā .·. 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā 31.18c dušitācā marakaēcā aθā īš sāzdūm snaiθišā .·. 31.18c dušitācā marakaēcā aθā īš sāzdūm snaiθišā .·. — Coordination selon le schéma Aºcā Bºcā Cºcā 47.1a spǝntā maniiū vahištācā manaŋhā 47.1b hacā ašāt šiiaōθanācā vacaŋhācā 47.1b hacā ašāt šiiaōθanācā vacaŋhācā — Coordination selon le schéma Aºcā X 30.9b mazdāscā ahurāŋhō ā.mōiiastrā baranā ašācā — Coordination selon le schéma Aºcā B 30.11b xuvīticā ənəitī hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō 31.4b ašicā ārəmaitī vahištā išasā manaŋhā

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Conjonction de subordination en corrélation avec at 30.7a aāicā xšaθrā jasat manaŋhā vohū ašācā 43.12a hiiatcā mōi mraōš ašəm jasō frāxšnənē — Conjonction de subordination en corrélation avec nō[it] 30.3c ˟aiiāscā hudaāŋhō ərəš vīšiiātā nō[it] duždaāŋhō .·. — Conglomérat particulaire atcā « en effet, donc, car » 30.4a atcā hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē 30.8a atcā yadā aēšąm kaēnā jamaitī aēnaŋhąm 30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāun ahūm 43.2a atcā aāi vīspanąm vahištəm — Entrant dans la formation dʼadj.-pron. indéfinis 43.16b vərəṇtē mazdā yastē cišcā spəništō 47.5b ašāunē cōiš yā zī cīcā vahištā — Substitut de ºcīt emphatique 47.5a tācā spǝntā maniiū mazdā ahurā. √ ci : → kaēnā-, vī+√ ci. ci- « qui ? » (= véd. kí-). Pron. interrogatif. Entre dans la formation du pron. rel. indéfini ya-... ci-ºcā. → 1ºcīt. — Nominatif masc. sing. 43.7c pərəsatcā mā .·. ciš ahī kahiiā ahī 43.16b vərəṇtē mazdā yastē cišcā spəništō — Nominatif fém. sing. 47.5b ašāunē cōiš yā zī cīcā vahištā. ºci- « quiconque » (= véd. ºki-, ºci-). Pron. indéfini enclitique. Lʼacc. nt. sing. adverbial est employé comme particule emphatique ou dʼindétermination : → ºcīt. — Nominatif masc. sing. 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā 43.6e θβahiiā xratəuš yəm na[ē]ciš dābaiieitī ºoº 43.13d darəgahiiā +yaōš yəm vā na[ē]ciš dārəšt itē. cixšnuša- « cherchant à accueillir ». Adjectif en ºá- tiré du prés. désidératif de √ xšnu. — Nominatif masc. sing. 43.15d nō[it] nā pōurūš drəguuatō xiiāt cixšnušō.

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cīcīθβah- : → √ cit. √ cit « comprendre » (= véd. CIT). → ciθra-, cisti-. — Nominatif masc. sing. participe pft. act. 43.2c θβā +cīcīθβā50 spəništā mańiiū mazdā. 1

ºcīt « est-ce que ? pourquoi ? » (≈ sanscrit kim). Adv. interrogatif tiré de l’acc. nt. sing. de ci-. ||| Il ne sʼagit pas dʼun enclitique. — « Est-ce que ? » 31.1c atcīt aēibiiō vahištā yōi zarazdaā aŋhən mazdāi .·. — « Pourquoi? » 47.4c kasəušcīt nā ašāunē +kāθū aŋhat 47.4d isuuācīt hąs paraōš akō drǝguuāitē .·.. 2

ºcīt « même, aussi » (= véd. cit). Particule enclitique tirée l’acc. nt. sing. de ºci-. — Emphatique dans le conglomérat hiiatcīt « précisément si cʼest, seulement » 30.1a at tā vaxšiiā išəṇtō yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē — Emphatique 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā .·. 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. — Entrant dans la formation des indéfinis 43.1a uštā aāi yaāi uštā kaāicīt. ciθra- nt. « signe (positif) » (≈ véd. citrá- « remarquable »). Substantivation de lʼadj. en -ra- tiré de √ cit. — Instr. sing. 31.22a ciθrā ī hudaāŋhē yaθanā vaēdəmnāi manaŋhā.

50 Pour en faire le nominatif masculin singulier du participe parfait actif de √ cit, nous devons corriger cīcīθβā en +cīcīθβā (= védique cikitvān) même si cette dernière leçon est assez minoritaire. La graphie cīcī.θβā est à expliquer comme une forme en sandhi devant spº ou plutôt comme le fruit dʼune persévération depuis θβā. Cette correction est proposée par HUMBACH et FAISS, 2010, p. 114, sur base de ses attestations dans le 18e fragard du Vīdaēuu-dāt, dont V 18.68 kat aŋhe asti paititiš (8) kat aŋhe asti āpǝrǝitiš (8) kat aētahe paiti varšta1 (8) šiiaōθna ciciθβā2 azaēta3 (8) .·. « Quand aura eu lieu sa pénitence ? Quand aura eu lieu son expiation ? Que fera pour sʼy soumettre celui qui comprend les gestes ? » Notes : 1. Locatif de varšti-. ||| 2. KELLENS, 1984a, p. 426-7. ||| 3. KELLENS, 1984a, p. 63.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

ºcinā « ne... pas du tout » (= véd. caná). Provient de lʼuniverbation de ºcā emphatique et de *na (> nō[it]). — En combinaison avec nō[it] 30.6a aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā 31.10c nō[it] mazdā auuāstraiiō dauuąscinā humərətōiš baxštā .·.. cisti- fém. « idée, compréhension » (= véd. cítti-). — Nominatif sing. 30.9c hiiat haθrā.manā bauuat yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·. — Instr. sing. 47.2d ōiiā cistī huuō ptā ašahiiā mazdā .·.. √ ciš « procurer » (cf. latin cura). Aoriste radical. — 2e sing. act. inj. aor. 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm 47.5b ašāunē cōiš yā zī cīcā vahištā. jəṇghatiº (31.14a) : → √ gam. √ jī « vivre » (= véd. JĪ). → gaēθā-, gaiia-. √ jiiā « vivre » (= véd. JYĀ). Présent en -ua-. Sur la racine, voir gaiia-. → ajiiāiti-, jiiōtu-, darǝgō.jiiāiti-. — Première plur. act. indic. prés. 31.2c mazdā aiiā ąsaiiā yā ašāt hacā jīuuāmahī .·.. jiiōtu- masc. « possibilité de vivre ». Dérivé en -tu- de √ jiiā. ||| Comme second terme de composé, ce mot prend la forme +jiiāiti-. Le védique jīvātu- « la vie » présente une morphologie différente51. — Acc. sing. 31.15b duš.šiiaōθanāi ahurā yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī. ta- « ce, celui » (= védique tá-). Adj.-pron. dém. ou corrélatif. ||| Certains cas obliques sont formés sur le thème a- ; les nominatif masc. et 51 Dérivé de jīvá- par suffixation haplologique en +tāt- agrémentée de lʼindice de polarité : < pii. *jīuá+tāt-u-. Cet indice se retrouve très logiquement dans mrtyú- « la mort » : < pii. *mr-ti-ú-.

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fém. sing., sur le thème ha-, mais la diascévase a remplacé le nominatif masc. sing. *hə par huuō. Lʼaccusatif neutre sing. tat est utilisé aussi comme particule au sens de « dès lors ». — Nominatif masc. sing. 31.7b huuō xraθβā dąmiš ašəm yā dāraiiat vahištəm manō 31.16a pərəsā auuat yaθā huuō yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm 31.16c θβāuuąs mazdā ahurā yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā .·. 31.22b vohū huuō xšaθrā ašəm vacaŋhā šiiaōθanācā haptī 31.22c huuō tōi mazdā ahurā vāzištō aŋhaitī astiš ºoº 43.3a at huuō vaŋhəuš vahiiō nā aibī.jamiiāt 43.16a at ahurā huuō mańiiūm zaraθuštrō 47.2d ōiiā cistī huuō ptā ašahiiā mazdā .·. — Nominatif nt. sing. 30.4a atcā hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē 43.10d parštəm zī θβā yaθanā tat [ə]mauuatąm — Nominatif fém. sing. 47.6d hā zī pōurūš išǝntō vāurāitē ºoº — Acc. masc. sing. 31.20c təm vā ahūm drəguuaṇtō šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat .·. 43.13c arəθā vōizdiiāi kāmahiiā təm mōi dātā — Acc. nt. sing. 31.3b hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā 31.5a tat mōi vīcidiiāi vaōcā hiiat mōi ašā dātā vahiiō 43.11e tat vərəziieidiiāi hiiat mōi mraōtā vahištəm .·. — « Dès lors » (= véd. tát) 43.1d ašəm dərəidiiāi tat mōi dā +ārǝmaitī — Instr. masc. sing. 30.3a at tā maniiū pauruiiē yā yəmā xvafənā asruuātəm 30.4a atcā hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. 31.13c tā cašməṇg θβisrā hārō aibī ašā [aibī.]vaēnahī vīspā .·. 47.5a tācā spǝntā maniiū mazdā ahurā 47.6a tā dā spǝntā maniiū mazdā ahurā — Instr. nt. sing. 43.14c hiiat θβā xšaθrā ašāt hacā +frąš tā+. — Nominatif masc. du. 43.4b hiiat tā zastā yā tū hafšī auuā. — Nominatif masc. plur. 43.15e at tōi vīspəṇg aṇgrəṇg ašāunō ādarə .·. — Nominatif fém. plur.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

31.14c yāscā mazdā drəguuōdəbiiō yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat .·. — Acc. nt. plur. 30.1a at tā vaxšiiā išəṇtō yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē 30.11a hiiat tā uruuātā sašaθā yā mazdā dadāt mašiiāŋhō 31.1a tā və uruuātā marəṇtō +aguštā.vacā səṇghāmahī 31.7a yastā maṇtā pōuruiiō raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā 31.14a tā θβā pərəsā ahurā yā zī āïtī jəṇghaticā 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā .·. — Instr. masc. plur. 30.11c sauuacā ašauuabiiō at aipī tāiš aŋhaitī uštā ºoº 43.14e mat tāiš vīspāiš yōi tōi †mąθrā (< *mąθrǝm) marəṇtī ºoº. taxma- « coagulé, fixe, vaillant ». Adj. en -ma- tiré de √ tanc « cailler, se figer » (= véd. TAÑC). — Acc. masc. sing. 43.4a at θβā (< *θβəm) məṇghāi taxməmcā spəṇtəm (< *spǝntā) mazdā. tat « dès lors » : → ta-. taibiiō  : → tuuəm. tanū- fém. « personne, corps » (= véd. tanū-). — Dat. sing. 30.2b āuuarənā vīciθahiiā narəm.narəm xvaxiiāi tanuiiē — Loc. sing. 43.7e aibī θβāhū gaēθāhū ˟tanuuicā .·.. taiiā  : → tāiiā-. tauuā  : → tuuəm. √ taš « tailler, configurer » (= véd. TAKS). Aoriste thématique. → tašan-, hąm+√ taš. — 2e sing. act. inj. aor. 31.11a hiiat nə mazdā paōuruuīm gaēθāscā tašō daēnāscā. tašan- masc. « configurateur, Tašan » (= véd. táksan-). — Nominatif sing. 31.9a θβōi as ārəmaitiš θβə ā gəuš tašā aš.xratuš.

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tāiiā- fém. « caractère dissimulé, dérobée ». Cʼest le substantif abstrait correspondant au nom dʼagent tāiiu- « voleur » (= véd. tāyú-)52. — Instr. sing. hapl. 31.13a yā ˟frasī āuuīšiiā yā vā mazdā pərəsaētē taiiā53. tā.və.uruuātā- fém. «qui commence avec les mots tā və uruuātā  ». — Acc. sing. 31.23.4 tā.və.uruuātąm hāitīm yazamaide .·.. tōi / ºtē → ta-, tuuəm. tǝmah- nt. « ténèbre » (= véd. támas-). — Gén. sing. 31.20b darəgəm āiiū təmaŋhō dušxvarəθəm auuaētās vacō. tǝuuīšī- fém. « tonus, bonne forme, Tәuuīšī » (= véd. távisī-). ||| Le tandem que ce mot forme avec utaiiūiti- est comparable à celui qui, chez Homère54, unit βίη à ἥβη. Voir aussi s. v. utaiiūiti-. — Acc. duel 43.1c utaiiūitī.təuuīšī[m] +gat.tōi+ vasəmī. tū « mais, certes » (= véd. tú). Particule emphatique ou adversative occupant la place seconde55. 43.10a at tū mōi dāiš ašəm hiiat mā zaōzaōmī 43.12b at tū mōi nō[it] asruštā pairī.aōγžā. +

tušnā.maiti- fém. « pensée silencieuse, Tušnā.maiti ». Dérivé en -tidu verbe composé *tušnīm+√ man « penser en silence ». ||| Dans le verbe *tušnīm+√ man, *tušnīm (= védique tūsnīm), que lʼon retrouve dans avestique tušnišad-56 « assis en silence », est un invariable, certes 52

Voir le chapitre VI p. 409. Au lieu de voir en taiiā un nominatif masculin duel en posant un adjectif taiia« caché, secret » (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 248), il vaut mieux en faire lʼinstrumental haplologique de lʼabstrait *tāiā- :: *tāiáiā > *tāiā « à la dérobée » tiré du divādi *tāiati « il dérobe » (= hittite ta-a-i-iz-zi) et apparenté à tāiiu- « voleur » (= védique tāyú-, voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 643). 54 Exemple : Iliade 11.670. 55 Sur le concept de place seconde, voir KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 190-1. 56 Sur ce mot, KELLENS, 1974, p. 306. Il sʼagit dʼun hapax legomenon du Yt 13.29 vīδāraiiat spəntō maniiuš (8) [yā] amauuaitīš tušnišāδō (8) hudōiθrīš +varəzi.cašmanō1 (8) sraōiθrīš ˟darəγō.rąrǝmā2 (8) ... upa.dāraiiən asmanəm (8) ºoº « (Tandis que) Spǝnta 53

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

dérivé de √ tūš « être calme, silencieux »57, mais quʼil est malaisé dʼexpliquer en pensant à une suffixation en -ni-58. Comme le premier terme du composé tušnišad- peut parfaitement remonter à pii. *tūšnīm et que le védique tardif, pour aller jusquʼà faire de tūsnīm un substantif neutre59, montre quʼaucune autre forme tirée de √ tūš nʼétait connue, quelques doutes doivent être émis concernant lʼorigine ou lʼauthenticité du ºāº de tušnā(.)maiti-. Jʼy vois ainsi une approximation graphique dans le cadre dʼun sandhi de ºm devant mº : tušnā.maiti- < pii. *tūšnīm+mati-. — Nominatif sing. 43.15c +daxšat.ušiiāi +tušnā.maitiš vahištā. tuuəm pron. de la 2e personne. La forme compositionnelle du sing. est θβa+ et celle du plur., xšma+. → θβa-, θβāuuant-, xšmā.uxδa-. — Nominatif sing. (= véd. tuvám) 47.3a ahiiā maniiəuš tuuəm ahī

tā spǝntō — Nominatif sing. enclitique (≈ véd. tvám monosyllabique) 43.4b hiiat tā zastā yā tū hafšī auuā — Acc. sing. enclitique (= véd. tvā) 31.8a at θβā məŋhī paōuruuīm mazdā yazūm stōi manaŋhā 31.8b vaŋhəuš patarəm manaŋhō hiiat θβā həm cašmainī [həṇ]grabəm 31.14a tā θβā pərəsā ahurā yā zī āïtī jəṇghaticā 43.5a=7a=9a=11a=13a=15a spəṇtəm at θβā mazdā məŋhī ahurā 43.5b hiiat θβā aŋhəuš ząθōi darəsəm paōuruuīm 43.6a yaī spəṇtā θβā mańiiū uruuaēsē jasō 43.8e yauuat ā θβā mazdā stāumī ufiiācā ºoº 43.10d parštəm zī θβā yaθanā tat [ə]mauuatąm Maniiu lʼavait déployé, les (Frauuaši), assise en toute tranquillité, ont soutenu le Ciel avec la force offensive, elles qui, dotées dʼune bonne vue, ont un vaste regard et, dotées dʼune ouïe fine, garde un calme éternel ». Notes : 1. Sur la correction, PIRART, 2010c, p. 112. ||| 2 . GELDNER, 1886-96, vol. II p. 174, donne darәγō.rąrōmanō, mais, dʼaprès Yt 13.40.2c où figure rąrәmā, cʼest le fruit dʼune corruption par alignement sur +varǝzi.cašmanō. Il sʼagit du participe en ºa- tiré de lʼintensif de √ ram. 57 Contre MINARD, 1949-56, vol. II §64a, MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 663, montre que le hittite impose de distinguer soigneusement cette racine de √ tuš « être vide ». 58 La relative rareté et la variété des emplois du suffixe -ni- (voir DEBRUNNER, 1954, p. 739-41) ne permettent aucun raisonnement. 59 ĀśvGS 1.20.10 agnim parisamūhya V brahmacārī tūsnīṁ samidham ādadhyāt V tūsnīṁ vai prājāpatyam V prājāpatyo brahmacārī bhavatīti vijñāyate « Le novice doit balayer autour du feu, puis y poser une bûche en silence. Pour sûr, le silence appartient à Prajāpati, et il est bien connu que le novice relève de Prajāpati ».

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43.10e hiiat θβā xšaiiąs aēšəm diiāt əmauuaṇtəm ºoº — Dat. sing. (≈ véd. túbhyam) 30.8b at mazdā taibiiō60 xšaθrəm vohū manaŋhā vōiuuīdaitē — Dat. sing. enclitique (= véd. te) 30.7c aēšąm tōi ā.aŋhat yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō .·. 31.22c huuō tōi mazdā ahurā vāzištō aŋhaitī astiš ºoº — Gén. sing. (= véd. táva) 43.14b maibiiō mazdā tauuā rafənō ˟frāxšnənē — Gén. sing. enclitique (= véd. te) 30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm 43.10c *pәrәsatcā nā yā tōi +əā parštā 43.14e mat tāiš vīspāiš yōi tōi †mąθrā marəṇtī ºoº 43.16b vərəṇtē mazdā yastē cišcā spəništō — Acc. plur. enclitique (≈ véd. vah) 31.2b at vā vīspəṇg āïiōi yaθā ratūm ahurō vaēdā 31.20c təm vā ahūm drəguuaṇtō šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat .·. 43.13d darəgahiiā +yaōš yəm vā na[ē]ciš dārəšt itē — Dat. plur. enclitique (= véd. vah) 30.1b staōtācā ˟ahurā yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō 31.1a tā və uruuātā marəṇtō +aguštā.vacā səṇghāmahī 43.0 nǝmō və gāθā ašāunīš .·. — Gén. plur. enclitique 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā. θβa- « tien, ton fils, ta fille », adj. poss. de la 2e pers. du sing. Employé seul au sens de « ton fils » (43.4a). ||| Il nʼest pas possible de déterminer la répartition des attestations entre lʼemploi possessif pur et simple et lʼindication généalogique. — Nominatif masc. sing. 31.9a θβōi as ārəmaitiš θβə ā gəuš tašā aš.xratuš — Nominatif fém. sing. 31.9a θβōi as ārəmaitiš θβə ā gəuš tašā aš.xratuš — Acc. masc. sing. 43.4a at θβā (< *θβəm) məṇghāi taxməmcā spəṇtəm (< *spǝntā) mazdā. — Instr. masc. sing. 31.19c θβā āθrā suxrā mazdā vaŋhāu vīdātā rąnaiiā .·. 60 Mis pour taibiiā en vertu dʼune loi diascévastique mal connue sur laquelle voir maibiiō.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

43.2c θβā +cīcīθβā spəništā mańiiū mazdā 43.5e θβā hunarā dāmōiš uruuaēsē apəmē .·. — Dat. masc. sing. 43.9d at ā θβaāi āθrē rātąm nəmaŋhō — Abl. masc. sing. 47.5c hanarǝ θβaāt zaōšāt drǝguuā ˟baxšaitē — Gén. masc. sing. 43.4d θβahiiā garəmā āθrō ašā.aōjaŋhō 43.6e θβahiiā xratəuš yəm naēciš dābaiieitī ºoº — Gén. nt. sing. 31.3c hizuuā θβahiiā āŋhō yā jīuuaṇtō vīspəṇg vāuraiiā .·. — Instr. nt. sing. 31.11b θβā manaŋhā xratūšcā hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm 43.14c hiiat θβā xšaθrā ašāt hacā +frąš tā+. — Loc. nt. sing. 43.13e vairiiā stōiš yā θβaī xšaθrōi vācī .·. — Loc. fém. plur. 43.7e aibī θβāhū gaēθāhū ˟tanuuicā .·.. θβā  : → tuuəm, θβa-. θβāuuant- « qui est avec toi, qui te rend un culte » (= véd. tvāvant-). Adj. en +uant- tiré de la forme compositionnelle de tuuəm. ||| Pour moi, θβāuuant- a le sens du védique tvāyú- tout comme devávant- est synonyme de devayú- « adorateur des Deva »61. Jʼopte pour cette solution du fait que les mots voisins renvoient plutôt à la figure dʼun orant ou dʼun officiant62. — Nominatif masc. sing. 31.16c θβāuuąs mazdā ahurā yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā .·. 43.3e arədrō θβāuuąs huzəṇtušə spəṇtō mazdā .·.. θβisra- « étincellant » (cf. véd. tvésas-). — Instr. masc. sing. 61 RS 3.41.7 vayám indra tvāyávo V havísmanto jarāmahe | utá tvám asmayúr vaso « Nous (autres), ô Indra, étant dévoués à toi, nous veillons, portant lʼoffrande, / et toi aussi (sois) dévoué à nous, ô Vasu » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 84). 62 Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 88 : « the one such as you », KELLENS, 2015a, p. 32 : « pareil à toi » ou LECOQ, 2016, p. 734 : « semblable à toi », malgré que le védique tvāvant- soit bel et bien attesté avec ce sens et que le zand LK hʼvnd ou Niriosaṅgha avec tvattulyah paraissent leur donner raison.

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31.13c tā cašməṇg θβisrā hārō aibī ašā [aibī.]vaēnahī vīspā .·.. daēnā- fém. « doctrine, Daēnā » (= véd. dhénā-)63. ||| Mot perturbateur de la métrique. — Nominatif sing. 31.20c təm vā ahūm drəguuaṇtō šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat .·. — Acc. plur. 31.11a hiiat nə mazdā paōuruuīm gaēθāscā tašō daēnāscā. daēuua- « hasardeux, démon, Daēuua » (≈ véd. devá-). — Nominatif masc. plur. 30.6a aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā √ daxš « signifier » (?), racine mal connue. → daxšat.ušiiā-, daxšra-, fradaxštar-. daxšat.ušiiā- fém. « interprétation des signes » (?), composé de daxšta- nt. « marque, signe », la substantivation de lʼadj. verbal en -tade √ daxš, et du substantif abstrait en -iiā- tiré de √ uc « prendre lʼhabitude » (= véd. UC). La graphie en ºt.º de la jonction des deux termes du composé pir. *daxšta+uśyā- est dʼun type attesté aussi dans dəjīt.arǝta« chez qui lʼagencement est détruit ». — Dat. fém. sing. hapl. 43.15c +daxšat.ušiiāi +tušnā.maitiš vahištā. daxšra- « significatif », nt. « marque, distinctif » (?). Substantivation de lʼadjectif en -ara- tiré de √ daxš. ||| Ce distinctif ou marque significative porte une désignation tirée de √ daxš par suffixation en -ara-64. Le suffixe montre un allongement dû à lʼépenthèse. — Acc. nt. plur. 43.7d kaθā aiiārə daxšārā fərasaiiāi dīšā. √ dab « tromper » (= véd. DABH). Présent causatif. — 3e sing. act. indic. prés. 43.6e θβahiiā xratəuš yəm na[ē]ciš dābaiieitī ºoº. PIRART, 2018, p. 295-305. Les exemples de ce suffixe sont rares, mais son existence ne fait aucun doute, les plus connus étant védique dravará- « qui se lance à la course » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XV p. 165) et suvásara- nt. « pâturage » : DEBRUNNER, 1954, p. 215. Voir aussi jauuara- (Y 48.8d : chapitre V). 63 64

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

√ daŋh moy. « apprendre » (= véd. DAM̐S). Hvādi. — Première sing. opt. prés. 43.11c hiiat +xšmā.uxδāiš dīdaŋhē paōuruuīm. dauuąsº → √ du. √ dar « tenir » (= véd. DHR). Présent causatif et aoriste sigmatique. Infinitif radical. — 3e sing. act. inj. prés. 31.7b huuō xraθβā dąmiš ašəm yā dāraiiat vahištəm manō — 3e sing. act. inj. aor. 43.13d darəgahiiā +yaōš yəm vā na[ē]ciš dārəšt itē — Dat. infinitif radical en -diiāi 43.1d ašəm dərəidiiāi tat mōi dā +ārǝmaitī. darəga- « long » (= véd. dīrghá-). → darəgō.jiiāiti-. — Nominatif nt. sing. 30.11b xuvīticā ənəitī hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō 31.20b darəgəm āiiū təmaŋhō dušxvarəθəm auuaētās vacō — Gén. nt. sing. 43.13d darəgahiiā +yaōš yəm vā na[ē]ciš dārəšt itē. darəgō.jiiāiti- « source de longévité ». Bahuvrīhi de darəga- et de +jiiāiti- (→ jiiōtu-). — Gén. nt. sing. 43.2e vīspā aiiārə darəgō.jiiātōiš uruuādaŋhā .·.. √ dars « regarder, voir » (= véd. DRŚ). Aoriste radical. → aibī.dǝrǝšta-, darəsa-, darәsata-. — Première sing. act. inj. aor. 43.5b hiiat θβā aŋhəuš ząθōi darəsəm paōuruuīm. darəsa- masc. « regard » (= véd. darśá-). — Loc. sing. 43.16d xuvəṇg darəsōi xšaθrōi xiiāt ārǝmaitiš. darәsata- « admirable, beau » (= véd. darśatá-). — Instr. nt. sing. 30.1c humązdrā +ašā.yecā yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā .·..

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daxiiu- fém. « nation » (cf. véd. dásyu- « tyran »). — Acc. sing. 31.18b ā zī dəmānəm vīsəm vā šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt. — Gén. sing. 31.16b šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā ašā fradaθāi aspərəzatā. √ dā confond « donner » (= véd. DĀ) et « placer » (= véd. DHĀ). Hvādi, aoriste radical, parfait. → aibī+√ dā, ā+√ dā, išud-, cazdōŋhuuant-, dāθra-, dāmi-, məng+√ dā (→ mazdā-), mīžda-, vazduuan-, vī+√ dā, zras+√ dā (→ zarazdāiti-). — 3e sing. moy. indic. prés. 30.4a atcā hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē 65 — 3e sing. pass. indic. prés. 31.11c hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā yaθrā varənəṇg vasā dāiietē .·. — 2e sing. act. inj. prés. 31.9b maniiuš mazdā ahurā hiiat axiiāi dadā paθ˜ąm 31.11b θβā manaŋhā xratūšcā hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm — 3e sing. act. inj. prés. 30.7b at kəhrpəm utaiiūitiš dadāt ārəmaitiš ąnmā 30.11a hiiat tā uruuātā sašaθā yā mazdā dadāt mašiiāŋhō 31.21a mazdā dadāt ahurō hauruuatō amərətātascā — 3e plur. act. subj. prés. 30.8c aēibiiō sastē ahurā yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm .·. — 3e sing. act. opt. prés. 43.14a hiiat nā friiāi +vaēdǝmnō isuuā daidīt 43.16e +ašәm šiiaōθanāiš vohū daidīt manaŋhā ºoº. — 3e sing. moy. opt. prés. 43.2b xuvāθrōiiā nā xuvāθrəm daidītā. — 2e sing. act. inj. aor. 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm 43.1d ašəm dərəidiiāi tat mōi dā +ārǝmaitī 43.2d yā dā ašā vaŋhəuš māiiā manaŋhō 43.4c yā dā ašīš drəguuāitē ašāunaēcā 43.5c hiiat dā šiiaōθanā mīždauuąn yācā uxδā. 47.3c at hōi vāstrāi rāmā dā +ārǝmaitī 47.6a tā dā spǝntā maniiū mazdā ahurā 65 Étymologiquement, dazdē (< proto-iranien *dadh-tai < pie. *dhédh[H1]-toi) diverge du védique dhatte (< proto-indien *dhad-tai < pie. *dhédh[H1]-toi) comme le démontre le sandhi interne.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— 3e plur. act. inj. aor. 47.1c aāi dąn hauruuātā.amǝrǝtātā — 2e plur. act. subj. aor. 31.5a tat mōi vīcidiiāi vaōcā hiiat mōi ašā dātā vahiiō — 3e sing. act. opt. aor. 43.10e hiiat θβā xšaiiąs aēšəm diiāt əmauuaṇtəm ºoº — 3e sing. act. opt. aor. 43.1b +vasə xšaiiąs+ mazdā dāiiāt ahurō. — 2e sing. moy. opt. aor. 43.7d kaθā aiiārə daxšārā fərasaiiāi dīšā. — 2e plur. act. impér. aor. 43.13c arəθā vōizdiiāi kāmahiiā təm mōi dātā — 3e plur. moy. subj. pft. 31.14b yā išudō dadəṇtē dāθranąm hacā ašāunō. dāθra- nt. « don, offrande » (= véd. dātrá-). — Gén. plur. 31.14b yā išudō dadəṇtē dāθranąm hacā ašāunō. dāmi-/ dąmi- masc. « fondateur ; monde66 ». Dérivé en -mi- de √ dā. — Nominatif sing. 31.7b huuō xraθβā dąmiš ašəm yā dāraiiat vahištəm manō — Acc. sing. 31.8c ˟hiθąm ašahiiā dąmīm aŋhəuš ahurəm šiiaōθanaēšū .·. — Gén. sing. 43.5e θβā hunarā dāmōiš uruuaēsē apəmē .·.. dǝrǝidiiāi → √ dar. diuuamna- → diuuamna-. √ dis « montrer » (= véd. DIŚ). Aoriste sigmatique. — 2e sing. act. inj. aor. 43.10a at tū mōi dāiš ašəm hiiat mā zaōzaōmī. √ du « tremper, laver, rincer » (= védique DHU). Aoriste thématique. ||| Comme le verbe √ du « tenir un mauvais discours » auquel Humbach et

66

Voir le commentaire du vers Y 43.5e.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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Faiss67 ou Lecoq68 ont pensé se conjugue exclusivement à la voix moyenne, nous ne pouvons le reconnaître dans la forme dauuąsº69. La métrique de cette forme (< *duant-s) suggère pourtant une racine anit √ du, mais lʼexistence dʼune racine √ du ayant le sens de « être adroit » a été mise sérieusement en doute70. Je lui préfère alors √ du « tremper, laver »71 (= DHU/ DHĀV gatiśuddhyoh)72, mais, pour le vérifier, il faudra connaître avec suffisamment de garantie le sens du mot humǝrǝtōiš qui suit. — Nominatif masc. sing. participe aor. act. 31.10c nō[it] mazdā auuāstraiiō dauuąscinā humərətōiš baxštā .·.. duš+ (= véd. duh+) préfixe péjoratif. Antonyme de hu+. → dušǝiti-, duš.šiiaōθana-, dušxvarəθa-, duždāh-. dušǝiti- fém. « mauvaise habitation, Dušiti ». Karmadhāraya de duš+ et du dérivé en -ti- de √ ši. — Loc. sing. 31.18c dušitācā marakaēcā aθā †īš (< *hīš) sāzdūm snaiθišā .·.. duš.šiiaōθana- « avec mauvais de gestes ». Bahuvrīhi de duš+ et de šiiaōθana-. — Dat. masc. sing. 31.15b duš.šiiaōθanāi ahurā yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī. dušxvarəθa- « avec mauvaise nourriture ». Bahuvrīhi de duš+ et du dérivé en -θa- de √ xvar « avaler, consommer » (= véd. 2SVAR)73. — Nominatif nt. sing. 31.20b darəgəm āiiū təmaŋhō dušxvarəθəm auuaētās vacō.

HUMBACH et FAISS, 2010, p. 86 : « however much he twaddles ». LECOQ, 2016, p. 733 : « puisqu’il ment ». 69 Contre PIRART, 2012a, p. 185 : « elle, des deux, choisit comme pâtre éleveur le roi harmonieux qui recourt au penser bon pour attacher la (vache) si aucun non pâtre, du fait de son mauvais discours (?), Roi de la Sagesse, nʼaccorde de bonne mise à mort » ; et contre KELLENS, 2015a, p. 31 : « Et celui qui n’est pas pâtre, ô Mazdā, vu qu’il hurle, ne jouit pas du bon murmure ». 70 Voir CHEUNG, 2007, p. 66. 71 Voir CHEUNG, 2007, p. 65. 72 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I, p. 789-90. 73 PIRART, 2001, p. 119-20 n. 90 ; 2018, p. 84. 67 68

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

duždāh- « à qui il est mauvais de faire un don, Duždāh74 ». Bahuvrīhi de duš+ et du dérivé en -ah- de √ dā. — Nominatif masc. plur. 30.3c ˟aiiāscā hudaāŋhō ərəš vīšiiātā nō[it] duždaāŋhō .·.. dǝbązah- nt. « soutien » (cf. véd. báṁhistha-). — Instr. sing. 47.6c ārǝmatōiš dǝbązaŋhā ašaxiiācā. dəmāna- nt. « maison » (= réc. nmāna-, véd. māna-). — Acc. sing. 31.18b ā zī dəmānəm vīsəm vā šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt — Gén. sing. 31.16a pərəsā auuat yaθā huuō yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm. diuuamna- nt. « sort » (= véd. dyumná-)75. — Nominatif sing. 31.20a yə āiiat ašauuanəm diuuamnəm hōi aparəm xšiiō. drǝguuant- « accompagné de lʼerreur, égaré » (≈ véd. drúhvan-). Adjectif en -uant- tiré de druj-. — Nominatif masc. sing. 30.5a aiiā mańiuuā varatā yə drəguuā acištā vərəzaiiō 31.17a katārəm ašauuā vā drəguuā vā vərənauuaitē maziiō 47.5c hanarǝ θβaāt zaōšāt drǝguuā ˟baxšaitē — Dat. masc. sing. 31.15a pərəsā auuat yā maēiniš yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī 43.4c yā dā ašīš drəguuāitē ašāunaēcā 43.8b +haiθiiō.duuaēšā hiiat isōiiā drəguuāitē 47.4d isuuācīt hąs paraōš akō drǝguuāitē .·. — Gén. masc. sing. 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā — Nominatif masc. plur. 31.20c təm vā ahūm drəguuaṇtō šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat .·. 47.4a aāt maniiəuš rāǝrǝšiieintī drǝguuantō — Acc. masc. plur. 74

Voir le commentaire. PIRART, 1998, p. 558 n. 134, mais HUMBACH et FAISS, 2010, p. 89, ou LECOQ, 2016, p. 735, dérivent ce mot de la racine du jour et lui donnent le sens de « splendeur ». 75

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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43.15d nō[it] nā pōurūš drəguuatō xiiāt cixšnušō — Dat. masc. plur. 30.11b xuvīticā ənəitī hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō 31.14c yāscā mazdā drəguuōdəbiiō yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat .·. — Gén. masc. plur. 30.4c acištō drəguuatąm at ašāunē vahištəm manō .·.. √ druj « causer un préjudice ou un dysfonctionnement » (= véd. DRUH). Divādi. → adrujiiant-, druj-. druj- fém. « dysfonctionnement, erreur, Druj » (= véd. drúh-). ||| Lʼacc. sing. est un perturbateur de la métrique. → drǝguuant-. — Acc. sing. 30.8c aēibiiō sastē ahurā yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm .·. 31.4c maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat yehiiā vərədā vanaēmā drujəm .·. — Gén. sing. 30.10a adā zī auuā drūjō [auuō.]buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā 31.1b aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē. paitī+√ bud « éveiller, faire prendre conscience » (= véd. práti BUDH). Bhvādi. — Nominatif masc. plur. participe prés. act. 30.2c parā mazə yaāŋhō aāi [nə] sazdiiāi baōdaṇtō paitī .·.. paθ- masc. « chemin » (= véd. path-). — Acc. plur. 43.3b yə nā ərəzūš sauuaŋhō paθō sīšōit — Gén. plur. 31.9b maniiuš mazdā ahurā hiiat axiiāi dadā paθąm. parā préposition « avant » (= véd. purā). — Régissant lʼabl. 30.2c parā mazə yaāŋhō aāi [nə] sazdiiāi baōdaṇtō paitī .·. — Entrant dans la formation de la locution conjonctive de subordination parā hiiat « avant que » 43.12c +uziraidiiāi parā hiiat mōi ā.jimat. pairī+√ uj moy. tantum « répéter ». Présent protérodynamique.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— 2e sing. inj. prés. 43.12b at tū mōi nō[it] asruštā pairī.aōγžā. pairī+√ gam « aller autour » (= véd. pári GAM). Présent inchoatif. — 3e sing. act. inj. prés. 43.7b=9b=11b=13b=15b hiiat mā vohū pairī.jasat manaŋhā. pauruiiē, paōuruuīm  : → pōuruiia-. paršta- : → √ fras. pasu- masc. « tête de bétail » (= véd. paśú-). La forme compositionnelle est fšu+ (= véd. ksu+). → fšuiiant-. — Abl. sing. 31.15c vāstraiiehiiā aēnaŋhō pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō .·.. pōuru- « nombreux » (= véd. purú-). — Gén. nt. sing. 47.4d isuuācīt hąs paraōš akō drǝguuāitē .·. — Acc. masc. plur. 43.15d nō[it] nā pōurūš drəguuatō xiiāt cixšnušō 47.6d hā zī pōurūš išǝntō vāurāitē ºoº. pōuruiia-/ pauruiia- « premier » (= véd. pūrviyá-). — Nominatif masc. sing. 30.7c aēšąm tōi ā.aŋhat yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō .·. 31.7a yastā maṇtā pōuruiiō raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā — Nominatif nt. sing. 30.4a atcā hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē — Acc. masc. sing. 31.8a at θβā məŋhī paōuruuīm mazdā yazūm stōi manaŋhā 31.11a hiiat nə mazdā paōuruuīm gaēθāscā tašō daēnāscā 43.5b hiiat θβā aŋhəuš ząθōi darəsəm paōuruuīm — Acc. nt. sing. 43.8a at hōi aōjī zaraθuštrō paōuruuīm 43.11c hiiat +xšmā.uxδāiš dīdaŋhē paōuruuīm — Nominatif masc. du. 30.3a at tā maniiū pauruiiē yā yəmā xvafənā asruuātəm.

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ptar- masc. « père » (= véd. pitár-). — Nominatif sing. 47.2d ōiiā cistī huuō ptā ašahiiā mazdā .·. 47.3a ahiiā maniiəuš tuuəm ahī

tā spǝntō — Acc. sing. 31.8b vaŋhəuš patarəm manaŋhō hiiat θβā həm cašmainī [həṇ]grabəm. fraōrət « avec empressement » (= véd. pravt)76. Adverbe de morphologie mal assurée. 30.5c yaēcā xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm .·.. fraxšnin- : → frāxšnin-. fradaxštar- masc. « propulseur ». Nom dʼagent en -tar- tiré dʼune racine mal connue (→ √ daxš) préverbée de frā. — Nominatif sing. 31.17c zdī nə mazdā ahurā vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō .·.. fradaθa- nt. « prospérité, multiplication ». Dérivé en -aθa- de √ frād. — Dat. sing. 31.16b šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā ašā fradaθāi aspərəzatā. √ fras act. « interroger acc. sur acc. », moyen « sʼentretenir, délibérer » (= véd. PRAŚ). Présent inchoatif. → fǝrasī, hąm+√ fras. — Première sing. act. indic. prés. 31.14a tā θβā pərəsā ahurā yā zī āïtī jəṇghaticā 31.15a pərəsā auuat yā maēiniš yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī 31.16a pərəsā auuat yaθā huuō yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm — 3e sing. moy. indic. prés. 31.12c ānuš.haxš ārəmaitīš maniiū pərəsaitē yaθrā maēθā .·. — 3e du. moy. indic. prés. 31.13a yā ˟frasī āuuīšiiā yā vā mazdā pərəsaētē taiiā — 3e sing. act. inj. prés. 43.7c pərəsatcā mā .·. ciš ahī kahiiā ahī 43.10c *pәrәsatcā nā yā tōi +əā parštā

76

PIRART, 2010a, p. 54 n. 67.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Acc. masc. plur. participe prés. moy. 30.6b pərəsəmanəṇg upā.jasat hiiat vərənātā acištəm manō .·. — Nominatif nt. sing. adj. verbal en -ta- (= véd. prstá-) 43.10d parštəm zī θβā yaθanā tat [ə]mauuatąm — Nominatif nt. plur. adj. verbal en -ta43.10c *pәrәsatcā nā yā tōi +əā parštā. fərasī- fém. « questionnement, interrogation ». Dérivé en -ī- de √ fras. ||| La morphologie du terme gâthique désignant la question est incertaine. Je suis enclin actuellement à poser un thème frasī- au lieu de frasā-, mais ceci suppose plusieurs retouches des attestations de ce mot : à la strophe Y 29.5, le datif pluriel frasābiiō, avec ā provenant de la ligature de a+i77, est à corriger en ˟frasaibiiō, la séquence ºaiº pouvant représenter le fruit de lʼépenthèse de *i sur *ī ; à la strophe Y 31.13, le nominatif singulier frasā, fruit d’une persévération, est à corriger en ˟frasī ; à la strophe Y 43.7, le datif fәrasaiiāi est éventuellement à améliorer en +fәrasiiāi ; à la strophe Y 43.9, lʼaccusatif fərasəm est éventuellement à améliorer en +fәrasīm78 ; à la strophe Y 44.13, le locatif frasaiiā est éventuellement à améliorer en +frasiiā. Quoi quʼil faille penser des retouches que nous sommes menés à opérer en posant un thème en ºī-, nous devrons pourtant bien admettre quʼelles ont lʼavantage dʼêtre techniquement possibles tandis que lʼadoption du thème en ºā-, clairement exclu dans le vers Y43.9c, nous obligerait à proposer lʼexistence dʼun mot distinct et nouveau. — Nominatif sing. 31.13a yā ˟frasī āuuīšiiā yā vā mazdā pərəsaētē taiiā — Acc. sing. 43.9c ahiiā +fərasīm kaāi vīuuīduiiē vašī — Dat. sing. 43.7d kaθā aiiārə daxšārā fərasaiiāi dīšā. fәraša- « luxuriant » (≈ véd. prksá-). — Acc. masc. sing. 30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm. frā (= véd. prá), préverbe. → fraōrət, fraxšnin-, fradaxštar-, frā+√ var, frānc-. 77 78

Phénomène fréquent devant n  : → uruuānē. Avec hésitation KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 164.

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frxšnin- « qui sait sʼorienter » (≈ véd. prajñātár-). Adjectif en -intiré de *fraxšnā-79 fém. « connaissance de lʼitinéraire » (= véd. prajñā-), le dérivé en ºā- du nom-racine tiré de frā+√ xšnā « connaître lʼitinéraire » (= véd. prá JÑĀ). — Dat. masc. sing. 43.12a hiiatcā mōi mraōš ašəm jasō frāxšnənē 43.14b maibiiō mazdā tauuā rafənō ˟frāxšnənē. √ frād moy. « prospérer, se multiplier » (cf. grec πλῆθος). Bhvādi. → fradaθa-. — 3e plur. indic. prés. 43.6c yehiiā šiiaōθanāiš gaēθā ašā frādəṇtē. frā+√ var moy. « préférer, choisir » (= véd. prá VR˳ ). Aoriste radical. — 3e sing. inj. aor. 31.10a at hī aiiā frauuarətā vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm. frānc- « placé devant, de face, oriental » (= véd. prāñc-). Adj. en +anc- tiré du prév. frā. ||| Il convient de corriger frąštā (Y 43.14c) en + frąš tā+, car il est tout à fait impossible d’expliquer frąštā à partir de frā+√ nas80. PIRART, 2018, p. 94 n. 161. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. III p. 168. Contre HUMBACH et FAISS, 2010, « obtains », ou LECOQ, 2016, « qu’il a obtenue ». Le pronom +tā est l’antécédent de hiiat. Les formes frąštā du Y 43.14 et frąšticina du Yt 11.5 seraient les seules de frā+√ nas à présenter la voyelle nasale ą (selon BARTHOLOMAE, 1904, col. 360). Pour BARTHOLOMAE, 1904, col. 1024, le nominatif masc. sing. frąš de frānc- est attesté dans les passages suivants : FiO 536 frąš prʼc ; Y 9.11.4ab (= Yt 19.40.4ab) frąš1 †aiiaŋhō frasparat V yaēšiiantīm āpǝm parāŋhāt « (Sruuara) sauta sous le (chaudron) en fer et renversa lʼeau bouillante » ; Yt 8.56ijkl nōit iθra airiiā †daŋhāuuō2 V †frąš hiiāt† haēna nōit vōiγna V nōit pąma nōit kapastiš V nōit haēńiiō raθō [nōit] uzgәrәptō.drafšō .·. « les nations iraniennes, dans ce cas, ne devront plus subir ni les invasions de la Horde3 ni les calamités ni la gale ni la peste ni le passage du char de la Horde qui arbore un (sanglant) étendard » ; Yt 10.71.1 yō4 ˟frąš ˟tacō5 ˟hamǝrǝθaja6 (8) upa.haxtō ā.manaŋha (8) haθra nairiia ˟hąm.varǝiti7 (8) stija8 nijainti hamǝrǝθə (8) « (Miθra) qui, à se jeter sur lʼadversaire en tueur dʼadversaires quʼil est, secondé tout à la fois d’Ā.manaŋha et de Nairiiā Hąm.varәiti, frappe la Gloire des adversaires et les extermine » ; Yt 14.48.2fghi nōit iθra airiiā † daŋhāuuō2 V †frąš hiiāt† haēna nō[it] vōiγna V nō[it] pāma nō[it] kapastiš V nō[it] haēńiiō raθō [nōit] uzgərəptō.drafšō .·. « dans ce cas, les nations iraniennes nʼauront plus à souffrir ni lʼinvasion de la Horde, ni lʼinondation, ni la gale, ni la peste, ni le passage des chars de la Horde, ni (la vision de) lʼétendard quʼelle brandit ». En plus du vers Y 43.14c2, il faut y ajouter : Yt 11.5j tbaēšō frąšticina10 [fr]āšnuiiāt .·.. Cʼest sur base de cette ligne que nous devons amender la séquence frąš hiiāt du Yt 8.56 ou du Yt 14.48.2 : frąš ˟frāšnuiiāt. Et nous y trouvons aussi la corruption de la construction redondante que CANTERA, 2005, p. 101-29, a mise en évidence, qui, à lʼemploi dʼun verbe préverbé de 79 80

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Nominatif masc. sing. 43.14c hiiat θβā xšaθrā ašāt hacā +frąš 81 tā+. friia- « propice, positif » (= véd. priyá-). — Dat. masc. sing. 43.14a hiiat nā friiāi +vaēdǝmnō isuuā daidīt. fšəŋhiia- « qui recourt à gén. pour attacher ». Adj. en -iia- tiré de fšah- « lien » (cf. véd. pāśa-). — Acc. masc. sing. 31.10b ahurəm ašauuanəm vaŋhəuš fšəŋhīm manaŋhō. fšuiiant- « qui sʼoccupe du bétail ». Participe prés. act. du dénominatif de la forme compositionnelle de pasu-. — Acc. masc. sing. 31.10a at hī aiiā frauuarətā vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm. √ baj moy. « profiter, tirer profit de acc./gén. » (= véd. BHAJ). Aoriste sigmatique. ||| Le sens exige que nous corrigions baxšaitī en ˟baxšaitē contre les manuscrits82. En avestique récent, le thème de présent baxša- paraît continuer le subj. aoriste vieil-avestique, mais la raison de lʼemploi du subjonctif dans le vers 47.5c nʼest pas claire. — 3e sing. inj. aor. 31.10c nō[it] mazdā auuāstraiiō dauuąscinā humərətōiš baxštā .·. — 3e sing. subj. aor. frā, allie le nominatif masc. sing. figé frąš mis pour lʼinstr. fém. sing. adv. fraša de frānc-, mais, de surcroît, il y a aussi un instr. interne *frāštiº, lui aussi redondant, auquel, de fait, fraša pourrait être accordé. Notes : 1. La métrique suggère que ce nominatif masc. sing. est mis pour lʼinstr. fém. sing. adv. fraša, car, en avestique réc., la forme du nominatif masc. sing. frąš doit être monosyllabique : PIRART, 2010a, p. 147 n. 1 (8). ||| 2. Mis pour l’acc. ||| 3. Dans le système dualiste zoroastrien, la Horde (haēnā-) sʼoppose à la troupe des Frauuaši. ||| 4. L’antécédent nʼest ni Vǝrǝθraγna ni le sanglier : cʼest Miθra. ||| 5 . Avec BARTHOLOMAE, 1904, contre GELDNER, 1886-96, vol. II p. 140, frąštacō. Ce sont le nom. masc. sing. de frānc- et celui du participe prés. en ºa- de √ tac. ||| 6. PIRART, 2010a, p. 168, contre GELDNER, 1886-96, vol. II p. 140, hamǝrǝθāδa et contre KELLENS, 1974, p. 84, et 1984a, p. 328. ||| 7. Contre Geldner, 1886-96, vol. II p. 140, hąm.varǝta. ||| 8 . Les étymologies rares ou complexes qui ont été données de ce mot sont liées à l’idée erronée que la relative concerne le sanglier ou Vǝrǝθraγna. Miθra est ici un stijan face aux adversaires tout comme il est un *stipā en faveur des mazdéens. ||| 9. Ce nominatif masc. sing. est mis pour lʼinstr. fém. sing. adv. fraša : PIRART, 2010a, p. 147 n. 1 (8). ||| 10 . Voir PIRART, 2015, p. 55 n. 96. 81 Avec ºš pour *ºxš en vertu dʼune décision diascévastique. 82 INSLER, 1975, p. 281-2.

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47.5c hanarǝ θβaāt zaōšāt drǝguuā ˟baxšaitē. √ ban « rendre malade »83. Présent causatif. — 3e plur. act. inj. prés. 30.6c at aēšəmə[m] həṇduuārəṇtā yā bąnaiiən ahūm marətānō .·.. √ bar « porter » (= véd. BHR). Bhvādi. → ā.mōiiastrā baranā. — 3e sing. act. indic. prés. 31.12a aθrā vācəm baraitī miθahuuacā vā ərəžuuacā vā. √ bū « devenir » (= véd. BHŪ). Aoriste radical. → auuā+√ bū, būiri-. — 3e sing. act. subj. aor. 30.9c hiiat haθrā.manā bauuat yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·.. būji- fém. « expiation » (= véd. bhují-). — Acc. sing. 31.13b yə vā kasəuš aēnaŋhō ā mazištąm [a]iiamaitē būjim. būiri- « nombreux » (= véd. bhūri-). — Abl. masc. sing. 31.21b būrōiš ā ašaxiiācā xuvāpaiθiiāt xšaθrahiiā sarō. būšti- fém. « moyens, facilités, ornement, prestance, abondance ». Dérivé en -ti- de √ būš « faire être, orner » (= véd. BHŪS). — Acc. plur. 43.8d hiiat +ā būštīš+ +vasasə.xšaθrahiiā diiā. *na : → a+, an+, ºcinā, na[ē]º, nō[it]. na[ē]ciš  : → nō[it], ºci-. nar- masc. « homme » (= védique nár-). — Nominatif sing. 43.2b xuvāθrōiiā nā xuvāθrəm daidītā 43.3a at huuō vaŋhəuš vahiiō nā aibī.jamiiāt 43.14a hiiat nā friiāi +vaēdǝmnō isuuā daidīt 83

Voir CHEUNG, 2007, p. 4.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

43.15d nō[it] nā pōurūš drəguuatō xiiāt cixšnušō (ou *nū) 47.4c kasəušcīt nā ašāunē +kāθū aŋhat — Acc. sing. 30.2b āuuarənā vīciθahiiā narəm.narəm xvaxiiāi tanuiiē. nə  : → azəm. nā  : → azəm. nǝmah- nt. « hommage » (= véd. námas-). — Nominatif sing. 43.0 nǝmō və gāθā ašāunīš .·. — Gén. sing. 43.9d at ā θβaāi āθrē rātąm nəmaŋhō. nō[it] « ne... pas » (= véd. ná). La forme compositionnelle de la négation est a+ devant consonne et an+ devant voyelle (→ a+). ||| La diascévase est responsable de lʼajout de la particule īt « précisément » (→ 1 i-) en univerbation derrière toutes les formes pleines de la négation, mais ce conglomérat est orthographié naēº devant ºci-. → ºcinā. — Corrélatif de ºcā 30.3c ˟aiiāscā hudaāŋhō ərəš vīšiiātā nō[it] duždaāŋhō .·. — En proposition indépendante ou principale 30.6a aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā 31.10c nō[it] mazdā auuāstraiiō dauuąscinā humərətōiš baxštā .·. 43.12b at tū mōi nō[it] asruštā pairī.aōγžā 43.15d nō[it] nā pōurūš drəguuatō xiiāt cixšnušō 47.4b mazdā spǝntāt nō[it] +aθā ˟ašauuanō — En proposition subordonnée 31.2a yezī āiš nō[it] uruuānē adauuā aibī.dərəštā vaxiiā 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā .·. 31.9c vāstraiiāt vā āïtē yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō .·. 31.15b duš.šiiaōθanāi ahurā yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī 43.6e θβahiiā xratəuš yəm na[ē]ciš dābaiieitī ºoº 43.13d darəgahiiā +yaōš yəm vā na[ē]ciš dārəšt itē. √ nī « mener, conduire » (= véd. NĪ). Aoriste sigmatique. — 3e sing. act. subj. aor. 31.20c təm vā ahūm drəguuaṇtō šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat .·.

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*nu « donc » (= véd. nú). Particule emphatique. — « Encore maintenant » 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. — Renforçant la négation (= véd nanú) 43.15d nō[it] nā pōurūš drəguuatō xiiāt cixšnušō (ou nar-). maēθā  : → miθ-. maēini- fém. « châtiment » (= véd. mení-). — Nominatif sing. 31.15a pərəsā auuat yā maēiniš yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī mat « avec instr. » (= véd. smát). Préposition. 43.14e mat tāiš vīspāiš yōi tōi †mąθrā marəṇtī ºoº. maibiiō  : → azəm. √ man moy. tantum « penser, avoir le sentiment, se forger la conviction » (= véd. MAN). Divādi, aoriste sigmatique et aoriste radical. → ārǝmaiti-, tušnā.maiti-, manah-, maniiu-, mąθra-. — Première sing. subj. prés. 43.9e ašahiiā mā yauuat isāi mańiiāi .·. — Première sing. inj. aor. 31.8a at θβā məŋhī paōuruuīm mazdā yazūm stōi manaŋhā 43.5a=7a=9a=11a=13a=15a spəṇtəm at θβā mazdā məŋhī ahurā — 3e sing inj. aor. 31.7a yastā maṇtā pōuruiiō raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā 31.19a gūštā yə maṇtā ašəm ahūm.biš vīduuā ahurā — Première sing. subj. aor. 43.4a at θβā (< *θβəm) məṇghāi taxməmcā spəṇtəm (< *spǝntā) mazdā. manah- nt. « penser, Manah » (= véd. mánas-). → mazdā-, məng+√ dā, haθrā.manah-. — Nominatif sing. 30.4c acištō drəguuatąm at ašāunē vahištəm manō .·. 31.7b huuō xraθβā dąmiš ašəm yā dāraiiat vahištəm manō — Acc. sing. 30.6b pərəsəmanəṇg upā.jasat hiiat vərənātā acištəm manō .·.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Instr. sing. 30.2a sraōtā gəušāiš vahištā auuaēnatā sūcā manaŋhā 30.7a aāicā xšaθrā jasat manaŋhā vohū ašācā 30.8b at mazdā taibiiō xšaθrəm vohū manaŋhā vōiuuīdaitē 31.4b ašicā ārəmaitī vahištā išasā manaŋhā 31.5b vīduiiē vohū manaŋhā məṇcā daidiiāi yehiiā mā ərəšiš 31.6c mazdāi auuat xšaθrəm hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā .·. 31.8a at θβā məŋhī paōuruuīm mazdā yazūm stōi manaŋhā 31.11b θβā manaŋhā xratūšcā hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm 31.12b vīduuā vā əuuīduuā vā ahiiā zərədācā manaŋhācā .·. 31.22a ciθrā ī hudaāŋhē yaθanā vaēdəmnāi manaŋhā 43.6b mazdā xšaθrā aī vohū manaŋhā 43.7b=9b=11b =13b=15b hiiat mā vohū pairī.jasat manaŋhā 43.16e +ašәm šiiaōθanāiš vohū daidīt manaŋhā ºoº 47.1a spǝntā maniiū vahištācā manaŋhā 47.3d hiiat həm vohū mazdā [həmǝ.]fraštā manaŋhā .·. — Abl. sing. 47.5d ahiiā šiiaōθanāiš akāt ā šiiąs manaŋhō .·. — Gén. sing. 30.1b staōtācā ˟ahurā yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō 30.10b at asištā yaōjaṇtē ā hušitōiš vaŋhəuš manaŋhō 31.8b vaŋhəuš patarəm manaŋhō hiiat θβā həm cašmainī [həṇ]grabəm 31.10b ahurəm ašauuanəm vaŋhəuš fšəŋhīm manaŋhō 31.17c zdī nə mazdā ahurā vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō .·. 31.21c vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·. 43.1e rāiiō ašīš vaŋhəuš gaēm manaŋhō .·. 43.2d yā dā ašā vaŋhəuš māiiā manaŋhō 43.3c ahiiā aŋhəuš astuuatō manaŋhascā 43.4e hiiat mōi vaŋhəuš hazə jimat manaŋhō ºoº 47.2b +hizuuā.uxδāiš vaŋhəuš əǝānū manaŋhō — Loc. sing. 30.3b manahi[cā] vacahicā šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā. maniiu- masc. « avis, sentiment, conviction, Maniiu » (= védique manyú-)84. — Nominatif sing. 30.5b ašəm maniiuš spəništō yə xraōždištəṇg asənō vastē 84

Voir l’introduction et le chapitre VI.

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31.9b +maniiuš mazdā ahurā hiiat axiiāi dadā paθ˜ąm — Acc. sing. 43.16a at ahurā huuō mańiiūm zaraθuštrō — Instr. sing. 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. 31.12c ānuš.haxš ārəmaitīš maniiū pərəsaitē yaθrā maēθā .·. 31.21c yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·. 43.2c θβā +cīcīθβā spəništā mańiiū mazdā 43.6a yaī spəṇtā θβā mańiiū uruuaēsē jasō 47.1a spǝntā maniiū vahištācā manaŋhā 47.5a tācā spǝntā maniiū mazdā ahurā 47.6a tā dā spǝntā maniiū mazdā ahurā — Abl. sing. 47.4a aāt maniiəuš rāǝrǝšiieintī drǝguuantō — Gén. sing. 47.2a ahiiā maniiəuš spəništahiiā vahištǝm 47.3a ahiiā maniiəuš tuuəm ahī

tā spǝntō — Nominatif du. 30.3a at tā maniiū pauruiiē yā yəmā xvafənā asruuātəm 30.4a atcā hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē — Gén. du. 30.5a aiiā maniuuā varatā yə drəguuā acištā vərəzaiiō. mauuant- « qui est avec moi, qui mʼaccompagne » (= véd. māvant-)85. — Gén. masc. plur. 43.10d parštəm zī θβā yaθanā tat [ə]mauuatąm. √ 1mar « mourir » (= véd. MR). → amǝrǝtatāt-, mašiia-. √ 2mar « prononcer de façon inaudible, réciter mentalement, mémoriser » (= véd. SMR)86. Bhvādi. → marәtān-. — 3e plur. act. indic. prés. 43.14e mat tāiš vīspāiš yōi tōi mąθrā (< *mąθrǝm) marəṇtī ºoº Pour le sens, voir θβāuuant-. Alberto CANTERA, oralement, me confirme que la séquence *hmº, à lʼinitiale, est toujours notée mº tandis que nous trouvons  en position médiane. Les exemples enregistrés dans le présent lexique sont mat, √ 2mar, marәtān- et 2mā. 85 86

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Nominatif masc. plur. participe prés. act. 31.1a tā və uruuātā marəṇtō +aguštā.vacā səṇghāmahī. √ 4mar « solidifier » (= véd. M⳰ ). → humǝrǝiti-. maraka-/ mahrka- masc. « destruction, Mahrka » (= véd. marká-). — Loc. sing. 31.18c dušitācā marakaēcā aθā †īš (< *hīš) sāzdūm snaiθišā .·.. marәtān- masc. « qui a mémorisé les textes ». Dérivé en +an- (< pie. *+H3on-) de lʼadj. verbal en -ta- de √ 2mar. ||| Le substantif marǝtan-, selon Bartholomae87, dérive de √ 1mar « mourir » et se retrouve dans la désignation du premier homme gaiia- marǝtan- « vitalité mortelle »88. Cependant, le génitif, dans cette dernière désignation, est marǝθnō89 tandis que, pour les deux attestations gâthiques90, nous devrions admettre un génitif marǝtānō. Cette différence morphologique me pousse à poser un étymon radicalement distinct : *smrto+H3nós « du possesseur de (mauvaises) mémorisations ». Certes, la traduction « avec qui les Daēuua plongent lʼexistence du mortel dans la maladie » est impossible, le génitif de marǝtan- étant marǝθnō, mais, très théoriquement, nous ne pourrions exclure de faire de marǝtānō le nominatif pluriel patronymique de marǝtan  : « avec qui les mortels [< les (descendants de Gaiia) Marǝtan] rendent lʼexistence malade »91. Cependant, c’est là me demander trop de bonne volonté. — Gén. sing. 30.6c at aēšəmə[m] həṇduuārəṇtā yā bąnaiiən ahūm marətānō .·.. maz- : → √ mąz.

87 BARTHOLOMAE, 1904, col. 1148. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 82, lui emboitent le pas : « therefore they gather at fury, by which the mortals sicken the existence/ world ». 88 marǝtan-, dans le syntagme gaiia- marǝtan-, est la masculinisation de lʼinfinitif en *-tan- de √ 1mar « mourir ». Le degré zéro radical *r y est écrit ºarǝº en vertu du renversement des qualités vocaliques a et ǝ entre labiale et rǝ. Sur le nom de Gaiia Marǝtan, voir le commentaire du vers Y 30.7a. 89 Yt 13.87, etc. 90 Y 30.6, 32.12. 91 KELLENS, 2015a, p. 29, paraît opter pour cette dernière possibilité : « comme ils choisissent la très mauvaise Pensée, ils courent vers la Rage, dont les hommes rendent malade leur état-dʼexistence ».

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mazišta- « très grand » (= véd. máhistha-). — Acc. fém. sing. 31.13b yə vā kasəuš aēnaŋhō ā mazištąm [a]iiamaitē būjim. mazdā- masc. « qui apporte la sagesse, Mazdā ». Nom-racine d’agent tiré de məng+√ dā/ mah-√ dā. ||| Ce théonyme figure peut-être dans lʼandronyme véd. médhātithi-. Pour le sens, mazdā- est rapprochable du véd. mandhātár- < pie. *méns+dheH1-tor-. — Nominatif sing. 30.9b mazdāscā ahurāŋhō ā.mōiiastrā baranā ašācā 30.11a hiiat tā uruuātā sašaθā yā mazdā dadāt mašiiāŋhō 31.2c mazdā aiiā ąsaiiā yā ašāt hacā jīuuāmahī .·. 31.4a yadā ašəm zəuuīm aŋhən mazdāscā ahurāŋhō 31.21a mazdā dadāt ahurō hauruuatō amərətātascā 43.1b +vasə xšaiiąs+ mazdā dāiiāt ahurō 47.1d mazdā xšaθrā ārǝmaitī ahurō .·. 47.2d ōiiā cistī huuō ptā ašahiiā mazdā .·. — Acc. sing. 30.5c yaēcā xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm .·. — Dat. sing. 31.1c atcīt aēibiiō vahištā yōi zarazdaā aŋhən mazdāi .·. 31.6c mazdāi auuat xšaθrəm hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā .·. — Gén. sing. 30.10c mazdaā ašaxiiācā yōi zazəṇtī vaŋhāu srauuahī .·. — Voc. sing. 30.8b at mazdā taibiiō xšaθrəm vohū manaŋhā vōiuuīdaitē 31.3b hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nōit vā aŋhat aŋhaitī vā .·. 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. 31.8a at θβā məŋhī paōuruuīm mazdā yazūm stōi manaŋhā 31.9b maniiuš mazdā ahurā hiiat axiiāi dadā paθąm 31.10c nō[it] mazdā auuāstraiiō dauuąscinā humərətōiš baxštā .·. 31.11a hiiat nə mazdā paōuruuīm gaēθāscā tašō daēnāscā 31.13a yā ˟frasī āuuīšiiā yā vā mazdā pərəsaētē taiiā 31.14c yāscā mazdā drəguuōdəbiiō yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat .·. 31.16c θβāuuąs mazdā ahurā yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā .·. 31.17c zdī nə mazdā ahurā vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō .·. 31.19c θβā āθrā suxrā mazdā vaŋhāu vīdātā rąnaiiā .·. 31.22c huuō tōi mazdā ahurā vāzištō aŋhaitī astiš ºoº 43.2c θβā +cīcīθβā spəništā mańiiū mazdā

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

43.3e arədrō θβāuuąs huzəṇtušə spəṇtō mazdā .·. 43.4a at θβā (< *θβəm) məṇghāi taxməmcā spəṇtəm (< *spǝntā) mazdā 43.5a=7a=9a=11a=13a=15a spəṇtəm at θβā mazdā məŋhī ahurā 43.6b mazdā xšaθrā aī vohū manaŋhā 43.8e yauuat ā θβā mazdā stāumī ufiiācā ºoº 43.14b maibiiō mazdā tauuā rafənō ˟frāxšnənē 43.16b vərəṇtē mazdā yastē cišcā spəništō 47.3d hiiat həm vohū mazdā [həmǝ.]fraštā manaŋhā .·. 47.4b mazdā spǝntāt nō[it] +aθā ˟ašauuanō 47.5a tācā spǝntā maniiū mazdā ahurā 47.6a tā dā spǝntā maniiū mazdā ahurā. mazdāθa- « compréhensible ». Adj. verbal en -aθa- de məng+√ dā92. — Acc. nt. plur. 30.1a at tā vaxšiiā išəṇtō yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē. maziiah- « plus grand » (= véd. máhīyāṁs-). — Acc. nt. sing. 31.17a katārəm ašauuā vā drəguuā vā vərənauuaitē maziiō. mašiia- masc. « mortel » (= véd. mártiya-). — Loc. plur. 43.11d sādrā mōi sąs mašiiaēšū zarazdāitiš — Voc. plur. 30.11a hiiat tā uruuātā sašaθā yā mazdā dadāt mašiiāŋhō. 1

mā « ne... pas » (= véd. mā). Particule de négation. — Dans lʼexpression de lʼinhibitif « cesser de »93 31.17b vīduuā vīdušē mraōtū mā əuuīduuā aipī.dəbāuuaiiat — Dans lʼexpression du préventif « il ne faut pas que »94 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā. 2

mā « en définitive » (= véd. sma). Particule enclitique. — Donnant de lʼemphase 31.5b vīduiiē vohū manaŋhā məṇcā daidiiāi yehiiā mā ərəšiš 92 93 94

Av. mazdāθa- < pir. *mazdaθa- < pie. *mns-dhH1e-tH2o-. HOFFMANN, 1967, p. 44 ; KELLENS, 1984a, p. 244. HOFFMANN, 1967, p. 44.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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43.9e ašahiiā mā yauuat isāi mańiiāi .·. — Transformant un prés. en pft. 43.10a at tū mōi dāiš ašəm hiiat mā zaōzaōmī. 3

mā  : → azəm.

māiiā- fém. « plan, organisation » (= véd. māyā-, ≈ grec μῆτις). Dérivé en -iā- de √ mā « mesurer » (= véd. MĀ). — Acc. plur. 43.2d yā dā ašā vaŋhəuš māiiā manaŋhō. mōi  : → azəm. mąθra- masc. « commandement, recommandation, conseil » (= védique mántra-). — Acc. sing. 31.6b mąθrəm yim hauruuatātō ašahiiā amərətātascā .·. 43.14e mat tāiš vīspāiš yōi tōi mąθrā (< *mąθrǝm) marəṇtī ºoº — Acc. plur. 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā. √ mąz « gratifier, octroyer » (= véd. MAM̐H). Infinitif radical. → mązā.iri-. — Abl. inf. radical 30.2c parā mazə yaāŋhō aāi [nə] sazdiiāi baōdaṇtō paitī .·.. mązā.iri- « qui octroie la richesse » (≈ véd. maṁhayádrayi-). — Instr. fém. sing. 43.12d səraōšō ašī mązā.raiiā hacimnō. məŋhī  : → √ man. məṇg+√ dā/ *mah-√ dā, « apporter la sagesse » à la voix active, mais « comprendre » à la voix moyenne. Hvādi. ||| Est attesté par les formes mǝndaidiiāi95, mazdāŋhō.dūm96, *mąscā... [mən]dazdūm*97 et † mąs... daθānahe98, par lʼadj. verbal mazdāθa- (Y 30.1a1), par les adj. 95 96 97 98

Y Y Y Y

44.8b1, cité par Y 11.9e, et *Y 31.5b. 45.1c2. 53.5b2 ††məncā... [mąz]dazdūm. 9.31.2c : PIRART, 2004, p. 88.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

mązdra- (= véd. médhira)99 et humązdra- (Y 30.1c1), par lʼhéroonyme mązdrāuuaŋhu-100, par le nom-racine dʼagent mazdā-, par les abstraits fém. mazdā-101 (= védique medhā-), mazdāiti-102 et masti- (< pie. *mns-dh(H1)-ti-)103. — Dat. inf. en -adiiāi hapl. 31.5b vīduiiē vohū manaŋhā məṇcā daidiiāi (< *mąscā mǝndaidiiāi*) yehiiā mā ərəšiš. miθ- fém. « hésitation ». Nom-racine tiré de √ miθ « alterner » (= véd. MITH). ||| Dans leur examen du vers Y 30.9c, Humbach et Faiss104 tirent maēθā de √ miθ « alterner » et lui donnent le sens de « partner », mais ne s’expliquent guère sur sa morphologie : « May we thus be those who make the existence/ world perfect, | O Wise One and you (other) Lords/Ahuras by the bringer-of-turns and through truth, | with (our) thoughts concentrated on where insight is a partner ». Kellens105 aussi tire maēθā de √ miθ « alterner », mais en lui donnant le sens de « contraire » : « Et si nos pensées se concentrent là où la lueur/ idée est confrontée à son contraire, puissions-nous être à vous, ô Mazdā, et aux Ahuras qui rendront parfait cet état d’existence [b2 : au moyen de... et de l’Agencement] ! ». Par contre, Lecoq106 rapproche maēθā de maēθana- « résidence, séjour » : « Puissions-nous être ceux qui rendront cette existence brillante, | Ô Mazdâ, ô ahuras, avec Aša qui fournit les séjours, | Quand les pensées seront ensemble là où Čisti séjournera ». → miθahuuacah-. — Instr. sing. 30.9c hiiat haθrā.manā bauuat yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·. 31.12c ānuš.haxš ārəmaitīš maniiū pərəsaitē yaθrā maēθā .·.. miθahuuacah- « avec une mauvaise diction », bahuvrīhi de lʼadv. miθō « en alternance » (= véd. mitháh) et de vacah- nt. « dire ». — Nominatif sing. 31.12a aθrā vācəm baraitī miθahuuacā vā ərəžuuacā vā. 99

V 18.51, Yt 5.91. Yt 13.118. 101 Y 40.1. 102 Vr 15.2 : KELLENS, 2006-13, vol. IV p. 25-6. 103 PIRART, 2007b, p. 72. 104 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 83. 105 KELLENS, 2015a, p. 29. 106 LECOQ, 2016, p. 729. 100

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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mīždauuant- « accompagné dʼune récompense ». Adj. en +uant- tiré de mīžda- nt. « récompense, salaire » (= véd. mīlhá-), le dérivé en -a- de la combinaison de √ dā avec la forme préverbiale atone de maiiah- nt. « joie » (= véd. máyas-). — Acc. nt. plur. 43.5c hiiat dā šiiaōθanā mīždauuąn yācā uxδā. √ mrū act. tantum « dire » (= véd. BRŪ). Adādi. — 2e sing. inj. prés. 43.12a hiiatcā mōi mraōš ašəm jasō frāxšnənē — 3e sing. impér. prés. 31.17b vīduuā vīdušē mraōtū mā əuuīduuā aipī.dəbāuuaiiat — 2e plur. inj. prés. 43.11e tat vərəziieidiiāi hiiat mōi mraōtā vahištəm .·.. ya- adj.-pron. rel. (= véd. yá-). Le nominatif nt. sing., souvent écrit hiiat, sert aussi à introduire une complétive et se confond avec la conj. de subord. de temps « lorsque » ou de cause « parce que ». → yaθā, yaθrā, yauuat, yā.šiiaōθana-. — Nominatif masc. sing. 30.5a aiiā maniuuā varatā yə drəguuā acištā vərəzaiiō 30.5b ašəm maniiuš spəništō yə xraōždištəṇg asənō vastē 31.6a aāi aŋhat vahištəm yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm 31.7a yastā maṇtā pōuruiiō raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. 31.9c vāstraiiāt vā āïtē yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō .·. 31.13b yə vā kasəuš aēnaŋhō ā mazištąm [a]iiamaitē būjim 31.15a pərəsā auuat yā maēiniš yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī 31.15b duš.šiiaōθanāi ahurā yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī 31.16a pərəsā auuat yaθā huuō yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm 31.19a gūštā yə maṇtā ašəm ahūm.biš vīduuā ahurā 31.20a yə āiiat ašauuanəm diuuamnəm hōi aparəm xšiiō 31.21c vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·. 43.3b yə nā ərəzūš sauuaŋhō paθō sīšōit 43.16b vərəṇtē mazdā yastē cišcā spəništō 47.3b yə aāi gąm rāniiō.skǝrǝitīm həm.tašat — Nominatif nt. sing. 30.4a atcā hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē — Nominatif fém. sing.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

31.13a yā ˟frasī āuuīšiiā yā vā mazdā pərəsaētē taiiā 31.13a yā ˟frasī āuuīšiiā yā vā mazdā pərəsaētē taiiā 43.12e yā vī ˟ašiš +rānōibiiā sauuōi [vī]dāiiāt ºoº 43.13e vairiiā stōiš yā θβaī xšaθrōi vācī .·. 47.5b ašāunē cōiš yā zī cīcā vahištā — Nominatif fém. sing. interrogatif 31.15a pərəsā auuat yā maēiniš yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī — Acc. masc. sing. 31.6b mąθrəm yim hauruuatātō ašahiiā amərətātascā .·. 43.6e θβahiiā xratəuš yəm na[ē]ciš dābaiieitī ºoº 43.13d darəgahiiā +yaōš yəm vā na[ē]ciš dārəšt itē — Acc. nt. sing. 30.11b xuvīticā ənəitī hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō (ou conj.) 31.3b hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā 31.5a tat mōi vīcidiiāi vaōcā hiiat mōi ašā dātā vahiiō 31.6c mazdāi auuat xšaθrəm hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā .·. 31.7b huuō xraθβā dąmiš ašəm yā (< hiiat) dāraiiat vahištəm manō 43.10a at tū mōi dāiš ašəm hiiat mā zaōzaōmī 43.11e tat vərəziieidiiāi hiiat mōi mraōtā vahištəm .·. 43.14a hiiat nā friiāi +vaēdǝmnō isuuā daidīt. — Conj. de subord. « car, parce que, depuis que » : 30.6b pərəsəmanəṇg upā.jasat hiiat vərənātā acištəm manō .·. 31.11a hiiat nə mazdā paōuruuīm gaēθāscā tašō daēnāscā 31.11b θβā manaŋhā xratūšcā hiiat astuuaṇtəm dadā uštanəm 31.11c hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā yaθrā varənəṇg vasā dāiietē .·. 43.4b hiiat tā zastā yā tū hafšī auuā 43.5b hiiat θβā aŋhəuš ząθōi darəsəm paōuruuīm 43.11c hiiat +xšmā.uxδāiš dīdaŋhē paōuruuīm (?) 43.12a hiiatcā mōi mraōš ašəm jasō frāxšnənē (?) 47.3d hiiat həm vohū mazdā [həmǝ.]fraštā manaŋhā .·. — Conj. de subord. « si, lorsque » 30.8a atcā yadā aēšąm kaēnā jamaitī aēnaŋhąm 30.9c hiiat haθrā.manā bauuat yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·. 31.4a yadā ašəm zəuuīm aŋhən mazdāscā ahurāŋhō 43.4e hiiat mōi vaŋhəuš hazə jimat manaŋhō ºoº 43.8d hiiat +ā būštīš+ +vasasə.xšaθrahiiā diiā 43.10e hiiat θβā xšaiiąs aēšəm diiāt əmauuaṇtəm ºoº — Conj. de subord. « si » donnant de lʼemphase à un substantif isolé 30.1a at tā vaxšiiā išəṇtō yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē 31.14c yāscā mazdā drəguuōdəbiiō yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat .·.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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— En combinaison avec zī « puisque » 31.2a yezī (< hiiat + zī) āiš nō[it] uruuānē adauuā aibī.dərəštā vaxiiā 31.14a tā θβā pərəsā ahurā yā zī (< hiiat + zī) āïtī jəṇghaticā — Conj. de subord. introduisant une complétive 43.2d yā (< *hiiat) dā ašā vaŋhəuš māiiā manaŋhō (en dép. de √ cit) 43.5c hiiat dā šiiaōθanā mīždauuąn yācā uxδā (en dép. de √ man) 43.8b +haiθiiō.duuaēšā hiiat isōiiā drəguuāitē (en dép. de √ uj) — En combinaison avec lʼinstr. nt. sing. adv. de ta- dans la formation du tour « avec le fait que » 43.14c hiiat θβā xšaθrā ašāt hacā +frąš tā+ — En combinaison avec parā dans la formation de la locution conjonctive de temps « avant (le fait) que » 43.12c +uziraidiiāi parā hiiat mōi ā.jimat — Corrélation hiiat... at 30.11a hiiat tā uruuātā sašaθā yā mazdā dadāt mašiiāŋhō 30.11b xuvīticā ənəitī hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō (ou acc. nt.) 31.9b maniiuš mazdā ahurā hiiat axiiāi dadā paθąm — Corrélation at... hiiat 31.8b vaŋhəuš patarəm manaŋhō hiiat θβā həm cašmainī [həṇ]grabəm 43.7b=9b=11b=13b=15b hiiat mā vohū pairī.jasat manaŋhā — Corrélation nō[it]... hiiat 30.6a aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā — Interrogatif indirect de temps 31.16c θβāuuąs mazdā ahurā yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā .·.. — Acc. fém. sing. 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm — Instr. masc. sing. 30.6c at aēšəmə[m] həṇduuārəṇtā yā bąnaiiən ahūm marətānō .·. 31.2c mazdā aiiā ąsaiiā yā ašāt hacā jīuuāmahī .·. 43.4b hiiat tā zastā yā tū hafšī auuā — Instr. nt. sing. 30.1c humązdrā +ašā.yecā yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā .·. — Instr. nt. sing. adverbial « de sorte que » + opt. 31.3c hizuuā θβahiiā āŋhō yā jīuuaṇtō vīspəṇg vāuraiiā .·. — Dat. masc. sing. 43.1a uštā aāi yaāi uštā kaāicīt — Gén. masc. sing. 43.6c yehiiā šiiaōθanāiš gaēθā ašā frādəṇtē — Gén. masc. sing. interrogatif 31.5b vīduiiē vohū manaŋhā məṇcā daidiiāi yehiiā mā ərəšiš

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Gén. nt. sing. 31.4c maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat yehiiā vərədā vanaēmā drujəm .·. — Loc. masc. sing. 43.6a yaī spəṇtā θβā mańiiū uruuaēsē jasō — Nominatif masc. du. 30.3a at tā maniiū pauruiiē yā yəmā xvafənā asruuātəm — Nominatif masc. plur. 30.5c yaēcā xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm .·. 30.8c aēibiiō sastē ahurā yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm .·. 30.9a atcā tōi vaēm xiiāmā yōi īm fərašəm kərənāuən ahūm 30.10c mazdaā ašaxiiācā yōi zazəṇtī vaŋhāu srauuahī .·. 31.1b aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē 31.1c atcīt aēibiiō vahištā yōi zarazdaā aŋhən mazdāi .·. 43.14e mat tāiš vīspāiš yōi tōi †mąθrā marəṇtī ºoº — Nominatif nt. plur. 43.10c *pәrәsatcā nā yā tōi +əā parštā 43.5c hiiat dā šiiaōθanā mīždauuąn yācā uxδā — Nominatif fém. plur. 31.14b yā išudō dadəṇtē dāθranąm hacā ašāunō 31.14c yāscā mazdā drəguuōdəbiiō yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat .·. — Acc. masc. plur. 43.3d haiθiiəṇg āstīš yəṇg ā.šaēitī ahurō — Acc. nt. plur. 30.1a at tā vaxšiiā išəṇtō yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē 30.11a hiiat tā uruuātā sašaθā yā mazdā dadāt mašiiāŋhō 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā .·. — Acc. fém. plur. 43.4c yā dā ašīš drəguuāitē ašāunaēcā. +

yaōš  : → āiiu-.

yaθā « comme, pour que ; comment ? » (= véd. yáthā). Adverbe relatif de manière. — comparatif « comme » 31.2b at vā vīspəṇg āïiōi yaθā ratūm ahurō vaēdā — consécutif ou explicatif « si bien que, en ce sens que » 30.4b gaēmcā ajiiāitīmcā yaθā[cā] aŋhat apəməm aŋhuš — final « pour que » 30.7c aēšąm tōi ā.aŋhat yaθā aiiaŋhā [ādānāiš] pōuruiiō .·.

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— Interrogatif indirect « comment » 31.14c yāscā mazdā drəguuōdəbiiō yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat .·. 31.16a pərəsā auuat yaθā huuō yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm. yaθana- masc. « mise en place rituelle, effort » (= scr. yatna-). — Instr. sing. 31.22a ciθrā ī hudaāŋhē yaθanā107 vaēdəmnāi manaŋhā 43.10d parštəm zī θβā yaθanā108 tat [ə]mauuatąm. yaθrā « où » (= véd. yátra). Adverbe relatif et interrogatif indirect de lieu. — En corrélation avec aθrā 31.11c hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā yaθrā varənəṇg vasā dāiietē .·. — Interrogatif indirect 30.9c hiiat haθrā.manā bauuat yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·. 31.12c ānuš.haxš ārəmaitīš maniiū pərəsaitē yaθrā maēθā .·.. yadā < hiiat + prév. de ā+√ ah ou de ā+√ gam  : → ya-. yauuat « autant que » (= véd. yāvat). Adverbe relatif de comparaison. 43.8e yauuat ā θβā mazdā stāumī ufiiācā ºoº 43.9e ašahiiā mā yauuat isāi mańiiāi .·.. √ yaz « offrir le sacrifice à acc. » (= véd. YAJ). Bhvādi. → yesniia-. — Première sing. moy. indic. prés. 30.12.4 at.tāuuaxšiiąm hāitīm yazamaide .·. 31.23.4 tā.və.uruuātąm hāitīm yazamaide .·. 43.17.3 uštauuaitīm hāitīm yazamaide .·. 47.7.3 spǝntā.maniiūm hāitīm yazamaide .·.. yazu- « cadet » (= véd. yahú-). — Acc. masc. sing. 31.8a at θβā məŋhī paōuruuīm mazdā yazūm stōi manaŋhā. 107 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 90 : < hiiat + particule nā ; LECOQ, 2016, p. 736 : « comme ». 108 Le sens du mot fait visiblement difficulté au vu de la différence que présente la traduction de LECOQ, 2016, « Une question posée par toi est en effet comme celle des puissants », par rapport à celle que HUMBACH et FAISS, 2010, proposent : « For by you the question was asked about the matter of the impetuous ones ».

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

yā < hiiat sandhi devant dentale ou devant z : → ya-. yā instr. nt. sing. adverbial « de sorte que » + opt. : → ya-. yā.šiiaōθana- « avec quels gestes ». Bahuvrīhi interrogatif indirect109. — Nominatif masc. sing. 31.16c θβāuuąs mazdā ahurā yadā huuō aŋhat yā.šiiaōθanascā .·.. yāh- nt. « prière ». Dérivé en -ah- de √ yā « demander pour avoir » (= védique YĀ). ||| yāh- désigne lʼaction dʼadresser une prière à la divinité tandis que yāna-110, le substantif dérivé neutre en -na- rencontré dans la première unité gâthique, fait référence à son contenu. — Gén. sing. 30.2c parā mazə yaāŋhō aāi [nə] sazdiiāi baōdaṇtō paitī .·.. yəma- « jumeau » (= véd. yamá-). — Nominatif masc. du. 30.3a at tā maniiū pauruiiē yā yəmā xvafənā asruuātəm. yesniia- « digne du sacrifice » (= véd. yajñíya-). — Acc. nt. plur. 30.1b staōtācā ˟ahurā yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō. yezī < hiiat + zī : → ya-, zī. yūžəm  : → tuuəm. vaēdǝmna- : → √ 2vid. vaēm  : → azəm. √ vaxš « croître » (= véd. VAKS). Divādi et aoriste radical. — 2e sing. act. inj. prés. 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·. — 3e sing. act. subj. aor. 31.6c mazdāi auuat xšaθrəm hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā .·.. 109 Formation identique à celle de bahuvrīhi relatifs indéfinis tels que celui ouvrant le vers védique RS 10.121.10c yátkāmās te juhumás tán no astu « Soit nôtre lʼobjet désiré pour lequel nous te faisons oblation ! » (trad. RENOU, 1956, p. 121). 110 PIRART, 2017a.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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√ vac « dire » (= véd. VAC). Aoriste à redoublement, futur en -hiia- et aoriste passif. → uxδa-, vac-, vacah-. — 2e sing. act. impér. aor. 31.3b hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā 31.5a tat mōi vīcidiiāi vaōcā hiiat mōi ašā dātā vahiiō — 3e sing. act. subj. aor. 31.6a aāi aŋhat vahištəm yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm — Première sing. act. indic. futur 30.1a at tā vaxšiiā išəṇtō yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē — 3e sing. inj. aor. passif 43.13e vairiiā stōiš yā θβaī xšaθrōi vācī .·.. vac- masc. « mot, parole » (≈ véd. vāc- fém.). — Acc. sing. 31.12a aθrā vācəm baraitī miθahuuacā vā ərəžuuacā vā — Gén. sing. 31.20b darəgəm āiiū təmaŋhō dušxvarəθəm auuaētās vacō. vacah- nt. « fait de dire, Vacah » (= véd. vácas-). → ǝrǝžuuacah-, miθahuuacah-. — Instr. sing. 31.22b vohū huuō xšaθrā ašəm vacaŋhā šiiaōθanācā haptī 47.1b hacā ašāt šiiaōθanācā vacaŋhācā — Loc. sing. 30.3b manahi[cā] vacahicā šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā — Gén. plur. 31.19b ərəžuxδāi vacaŋhąm xšaiiamnō hizuuō vasō. √ vaf « tisser, chanter » (= véd. VABH). Divādi. — Première sing. act. indic. prés. 43.8e yauuat ā θβā mazdā stāumī ufiiācā ºoº. vaŋhu-/ vohu- « divin, bon, Vohu, Vaŋhu » (= véd. vásu-). Comme préfixe, prend la forme hu+. Les degrés de comparaison sont vahiiah- et vahišta-. — Acc. fém. sing. 43.5d akəm akāi vaŋvhīm ašīm vaŋhauuē. — Instr. nt. sing. 30.7a aāicā xšaθrā jasat manaŋhā vohū ašācā

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

30.8b at mazdā taibiiō xšaθrəm vohū manaŋhā vōiuuīdaitē 31.5b vīduiiē vohū manaŋhā məṇcā daidiiāi yehiiā mā ərəšiš 31.6c mazdāi auuat xšaθrəm hiiat hōi vohū vaxšat manaŋhā .·. 31.22b vohū huuō xšaθrā ašəm vacaŋhā šiiaōθanācā haptī 43.6b mazdā xšaθrā aī vohū manaŋhā 43.7b=9b=11b= 13b=15b hiiat mā vohū pairī.jasat manaŋhā 43.16e +ašәm šiiaōθanāiš vohū daidīt manaŋhā ºoº 47.3d hiiat həm vohū mazdā [həmǝ.]fraštā manaŋhā .·. — Dat. masc. sing. 43.5d akəm akāi vaŋvhīm ašīm vaŋhauuē — Abl. nt. sing. 43.3a at huuō vaŋhəuš vahiiō nā aibī.jamiiāt — Gén. nt. sing. 30.1b staōtācā ˟ahurā yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō 30.10b at asištā yaōjaṇtē ā hušitōiš vaŋhəuš manaŋhō 31.8b vaŋhəuš patarəm manaŋhō hiiat θβā həm cašmainī [həṇ]grabəm 31.10b ahurəm ašauuanəm vaŋhəuš fšəŋhīm manaŋhō 31.17c zdī nə mazdā ahurā vaŋhəuš fradaxštā manaŋhō .·. 31.21c vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·. 43.1e rāiiō ašīš vaŋhəuš gaēm manaŋhō .·. 43.4e hiiat mōi vaŋhəuš hazə jimat manaŋhō ºoº 43.2d yā dā ašā vaŋhəuš māiiā manaŋhō 47.2b +hizuuā.uxδāiš vaŋhəuš əǝānū manaŋhō — Loc. nt. sing. 30.10c mazdaā ašaxiiācā yōi zazəṇtī vaŋhāu srauuahī .·. 31.19c θβā āθrā suxrā mazdā vaŋhāu vīdātā rąnaiiā .·. 47.6b āθrā vaŋhāu vīdāitīm rānōibiiā. vaŋvhī- : → vaŋhu-. √ van « vaincre » (= véd. VAN). Bhvādi. → vazduuan-. — Première plur. act. opt. prés. 31.4c maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat yehiiā vərədā vanaēmā drujəm .·.. ˳ ). Kryādi et aoriste √ 1var moy. tantum « préférer, choisir » (= véd. VR radical. → āuuarǝnā, frā+√ 1var, varəna-, vairiia-. — 3e sing. indic. prés. 43.16b vərəṇtē mazdā yastē cišcā spəništō

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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— 3e plur. inj. prés. 30.6b pərəsəmanəṇg upā.jasat hiiat vərənātā acištəm manō .·. — 3e sing. inj. aor. 30.5a aiiā mańiuuā varatā yə drəguuā acištā vərəzaiiō — Dat. infinitif en -uan-111 31.2a yezī āiš nō[it] uruuānē112 adauuā aibī.dərəštā vaxiiā. √ 2var moy. « retenir, bloquer » (= véd. VR). Présent thématique à redoublement. — 3e sing. subj. prés. 47.6d hā zī pōurūš išǝntō vāurāitē ºoº. √ 3var « envelopper » (= véd. VR). Svādi. — 3e sing. moy. subj. prés. 31.17a katārəm ašauuā vā drəguuā vā vərənauuaitē maziiō. varəna- masc. « choix ». Dérivé en -na- de √ 1var. — Acc. plur. 31.11c hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā yaθrā varənəṇg vasā dāiietē .·.. vairiia- « recommandé » (≈ véd. váreniya-). Adj. verbal en -iia- tiré de √ var. — Gén. fém. sing. hapl. 43.13e vairiiā stōiš yā θβaī xšaθrōi vācī .·.. √ varz « accomplir » (= grec √ Fεργ). Divādi et présent causatif. — 3e sing. act. inj. prés. 47.2c ārǝmatōiš zastōibiiā šiiaōθanā vǝrǝziiat — Dat. inf. en -diiāi tiré du divādi 43.11e tat vərəziieidiiāi hiiat mōi mraōtā vahištəm .·. — Nominatif masc. sing. participe prés. caus. act. 30.5a aiiā maniuuā varatā yə drəguuā acištā vərəzaiiō. varǝz- : → √ uruuāz. √ vas act. tantum « vouloir, souhaiter » (= véd. VAŚ). Adādi. → uštauuaitī-, uštāna-, ušti-, vasah-. 111 112

CANTERA, 2001a, p. 10 ; 2001b, p. 36, 39-47. Avec ºāº < *ºaiº.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Première sing. indic. prés. 43.1c utaiiūitī.təuuīšī[m] +gat.tōi+ vasəmī — 2e sing. indic. prés. 43.9c ahiiā +fərasīm kaāi vīuuīduiiē vašī. vasasə.xšaθra- « capable à volonté d’envoûter la divinité, qui dispose à volonté de lʼexercice de lʼemprise rituelle ». Vibhaktibahuvrīhi de vasah- et de xšaθra-. — Gén. masc. sing. 43.8d hiiat +ā būštīš+ +vasasə.xšaθrahiiā diiā. vasah- nt. « vouloir » (≈ véd. váśa-). → vasasə.xšaθra-. — Acc. sing. 31.19b ərəžuxδāi vacaŋhąm xšaiiamnō hizuuō vasō 43.1b +vasə xšaiiąs+ mazdā dāiiāt ahurō — Nominatif plur. 31.11c hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā yaθrā varənəṇg vasā dāiietē .·.. vazduuan- nt. « charme ». Dérivé en -uan- du verbe √ dā en composition avec la forme préverbiale du subst. en -ah- (= latin venus) tiré de √ van113. Cette forme préverbiale vah-114 est bien connue par vazdah« charmeur » (= védique vedhás-). — Acc. sing. 31.21c vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·.. √ vah moy. tantum « vêtir » (= véd. VAS). Présent protérodynamique. — 3e sing. indic. prés. 30.5b ašəm maniiuš spəništō yə xraōždištəṇg asənō vastē. vahišta- « excellent » (= véd. vásistha-). Superlatif de vaŋhu-. — Nominatif nt. sing. 30.4c acištō drəguuatąm at ašāunē vahištəm manō .·.

113 Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 90, ou LECOQ, 2016, p. 736 : « the cream of good thought » ; « la plénitude de Vohu Manah ». 114 vah- < *uns- en est la forme atone. La forme tonique est connue par le védique vandádhyai < pii. **uáns+dh(adh)ádhiāi. Le syntagme correspondant və.nə... daidiiāi < pii. **uánHah... dh(adh)ádhiāi figure dans le vers Y 51.20a : PIRART, 1987, p. 209-10.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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31.6a aāi aŋhat vahištəm yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm 31.7b huuō xraθβā dąmiš ašəm yā dāraiiat vahištəm manō — Nominatif fém. sing. 43.15c +daxšat.ušiiāi +tušnā.maitiš vahištā 47.5b ašāunē cōiš yā zī cīcā vahištā — Acc. masc. sing. 47.2a ahiiā maniiəuš spəništahiiā vahištǝm — Acc. nt. sing. 43.2a atcā aāi vīspanąm vahištəm 43.11e tat vərəziieidiiāi hiiat mōi mraōtā vahištəm .·. — Instr. nt. sing. 30.2a sraōtā gəušāiš vahištā auuaēnatā sūcā manaŋhā 31.4b ašicā ārəmaitī vahištā išasā manaŋhā 47.1a spǝntā maniiū vahištācā manaŋhā — Nominatif nt. plur. 31.1c atcīt aēibiiō vahištā yōi zarazdaā aŋhən mazdāi .·.. vahiiah- « meilleur » (= véd. vás(ī)yāṁs-). Comparatif de vaŋhu-. ||| Mot perturbateur de la métrique. — Nominatif nt. sing. 30.3b manahi[cā] vacahicā šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā. — Acc. nt. sing. en -uan 31.5a tat mōi vīcidiiāi vaōcā hiiat mōi ašā dātā vahiiō 43.3a at huuō vaŋhəuš vahiiō nā aibī.jamiiāt. — Acc. nt. plur. en -uan 31.2a yezī āiš nō[it] uruuānē adauuā aibī.dərəštā vaxiiā. vā « ou » (= véd. vā). Particule enclitique de coordination. — Coordination selon le schéma A vā B vā 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā .·. 31.5c tācīt mazdā ahurā yā nō[it] vā aŋhat aŋhaitī vā .·. 31.9c vāstraiiāt vā āïtē yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō .·. 31.9c vāstraiiāt vā āïtē yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō .·. 31.12a aθrā vācəm baraitī miθahuuacā vā ərəžuuacā vā 31.12a aθrā vācəm baraitī miθahuuacā vā ərəžuuacā vā 31.12b vīduuā vā əuuīduuā vā ahiiā zərədācā manaŋhācā .·. 31.12b vīduuā vā əuuīduuā vā ahiiā zərədācā manaŋhācā .·. — Coordination A vā B vā en combinaison avec katārəm 31.17a katārəm ašauuā vā drəguuā vā vərənauuaitē maziiō 31.17a katārəm ašauuā vā drəguuā vā vərənauuaitē maziiō

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Coordination selon le schéma A B vā C vā 31.13a yā ˟frasī āuuīšiiā yā vā mazdā pərəsaētē taiiā 31.13b yə vā kasəuš aēnaŋhō ā mazištąm [a]iiamaitē būjim 31.16b šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā ašā fradaθāi aspərəzatā 31.16b šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā ašā fradaθāi aspərəzatā — Coordination selon le schéma A B vā C vā D vā 31.18b ā zī dəmānəm vīsəm vā šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt 31.18b ā zī dəmānəm vīsəm vā šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt 31.18b ā zī dəmānəm vīsəm vā šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt. vāstra- nt. « fourrage ». Dérivé en -θra- de √ *vāh « faire paître » (voir latin vēscor115, véd. suvásara-116). → vāstraiia-. — Acc. nt. du. 47.3c at hōi vāstrāi rāmā dā +ārǝmaitī. vāstraiia- masc. « qui sʼoccupe du fourrage ». Participe présent en ºá- du dénominatif de vāstra- nt. « fourrage ». → auuāstraiia-. — Nominatif sing. 31.9c vāstraiiāt vā āïtē yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō .·. — Acc. sing. 31.10a at hī aiiā frauuarətā vāstrīm axiiāi fšuiiaṇtəm — Abl. sing. 31.9c vāstraiiāt vā āïtē yə vā nō[it] aŋhat vāstraiiō .·. — Gén. sing. 31.15c vāstraiiehiiā aēnaŋhō pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō .·.. vāzišta- « très convoyeur » (= védique vāhistha-). Superlatif tiré de √ vaz « véhiculer »117. — Nominatif masc. sing. 31.22c huuō tōi mazdā ahurā vāzištō aŋhaitī astiš ºoº. vā, və → tuuəm.

DE VAAN, 2008, p. 669. MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II, p. 796. 117 HINTZE, 2007, p. 119-34 : « the most invigorating » ; HUMBACH et FAISS, 2010, p. 90 : « best-provided » ; LECOQ, 2016, p. 736 : « le mieux pourvu ». 115 116

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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vǝrǝd- fém. « accroissement » (= véd. vdh-)118. — Instr. sing. 31.4c maibiiō xšaθrəm aōjōŋhuuat yehiiā vərədā vanaēmā drujəm .·.. vərəziieidiiāi  : → √ varz. vōizdiiāi  : → √ 2vid. vohu-  : → vaŋhu-. vī+√ ci « distinguer » (= véd. ví CI). Aoriste radical. → vīciθa-. — 3e plur. moy. inj. aor. 30.3c ˟aiiāscā hudaāŋhō ərəš vīšiiātā nō[it] duždaāŋhō .·. 30.6a aiiā nō[it] ərəš vīšiiātā daēuuācinā hiiat īš ā.dəbaōmā — Dat. inf. radical en -diiāi 31.5a tat mōi vīcidiiāi vaōcā hiiat mōi ašā dātā vahiiō. vīciθa- nt. « discernement ». Dérivé en -θa- de vī+√ ci. — Gén. sing. 30.2b āuuarənā vīciθahiiā narəm.narəm xvaxiiāi tanuiiē. √ 1vid « savoir » (= véd. VID jñāne). Parfait sans redoublement à sens de présent. → ǝuuīduuah-, vī+√ 1vid. — 3e sing. act. indic. 31.2b at vā vīspəṇg āïiōi yaθā ratūm ahurō vaēdā — Acc. infinitif en -uan31.5b vīduiiē vohū manaŋhā məṇcā daidiiāi yehiiā mā ərəšiš — Dat. infinitif en -uan31.3b hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō tat nə mazdā vīduuanōi119 vaōcā — Nominatif masc. sing. participe act. 31.6a aāi aŋhat vahištəm yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm 31.12b vīduuā vā əuuīduuā vā ahiiā zərədācā manaŋhācā .·. 31.17b vīduuā vīdušē mraōtū mā əuuīduuā aipī.dəbāuuaiiat KELLENS, 1974, p. 65. La forme vīduuanōi (< pii. *uid-uán-ai) est celle du datif, mais vīduiiē (< pii. *uiduái-Ø), celle de lʼaccusatif. Hétéroclisie *i/n avec maintien de lʼaccent sur le degré interne du suffixe. 118 119

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

31.19a gūštā yə maṇtā ašəm ahūm.biš vīduuā ahurā — Dat. masc. sing. participe act. 30.1a at tā vaxšiiā išəṇtō yā mazdāθā hiiatcīt vīdušē 31.17b vīduuā vīdušē mraōtū mā əuuīduuā aipī.dəbāuuaiiat. √ 2vid act. « fournir », moy. « trouver » (= véd. VID lābhe). Rudhādi act., bhvādi moy. et présent intensif moy. — 3e sing. act. indic. prés. 31.15b duš.šiiaōθanāi ahurā yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī — 3e sing. moy. subj. prés. intensif 30.8b at mazdā taibiiō xšaθrəm vohū manaŋhā vōiuuīdaitē — Dat. masc. sing. participe prés. moy. 31.22a ciθrā ī hudaāŋhē yaθanā vaēdəmnāi manaŋhā — Dat. inf. en -diiāi de formation douteuse 43.13c arəθā vōizdiiāi kāmahiiā təm mōi dātā. vī+√ dā « répartir, ventiler » (= véd. ví DHĀ). Aoriste radical. → vīdāiti-, vīdāitiia-. — 3e sing. act. opt. aor. 43.12e yā vī ˟ašiš +rānōibiiā sauuōi [vī]dāiiāt ºoº. vīdāiti- fém. « répartition ». Dérivé en -ti- de vī+√ dā. — Loc. sing. 31.19c θβā āθrā suxrā mazdā vaŋhāu vīdātā rąnaiiā .·.. vīdāitiia- « devant faire lʼobjet dʼune répartition », adj. verbal en -tiia- de vī+√ dā. — Acc. nt. sing. 47.6b āθrā vaŋhāu vīdāitīm rānōibiiā. vīduš-/ vīduuah-  : → √ 1vid. vī+√ marc « détruire » (cf. véd. MRC). Rudhādi. — 3e plur. moy. indic. prés. 31.1b aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē. vī+√ 1vid « faire la différence » (= véd. ví VID). Parfait sans redoublement à sens de présent. — Acc. infinitif en -uan43.9c ahiiā +fərasīm kaāi vīuuīduiiē vašī.

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vīra- masc. « suiveur, garçon » (= véd. vīrá-). — Abl. sing. 31.15c vāstraiiehiiā aēnaŋhō pasəuš vīrāatcā adrujiiaṇtō .·.. vīs- fém. « clan » (= véd. víś-). — Acc. sing. 31.18b ā zī dəmānəm vīsəm vā šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt. vīspa- « tout, chaque » (= véd. víśva-). Adj.-pron. — Acc. masc. plur. 43.15e at tōi vīspəṇg aṇgrəṇg ašāunō ādarə .·. 31.2b at vā vīspəṇg āïiōi yaθā ratūm ahurō vaēdā — Acc. nt. plur. 31.13c tā cašməṇg θβisrā hārō aibī ašā [aibī.]vaēnahī vīspā .·. 43.2e vīspā aiiārə darəgō.jiiātōiš uruuādaŋhā .·. — Instr. masc. plur. 43.14e mat tāiš vīspāiš yōi tōi †mąθrā marəṇtī ºoº — Gén. nt. plur. 43.2a atcā aāi vīspanąm vahištəm. raē- : → rāii-. raēθβaiia- thème de présent dén. d’étymologie mal établie « se distiller »120. — Acc. nt. plur. participe prés. act. 31.7a yastā maṇtā pōuruiiō raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā. raōcah- nt. « lumière du jour » (= véd. +rocas-). — Instr. plur. 30.1c humązdrā +ašā.yecā yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā .·. 31.7a yastā maṇtā pōuruiiō raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā. ratu- masc. « élément, insertion ». Dérivé en -atu- du degré zéro de √ 2ar (→ aša-). ||| Sur le sens du mot, voir le commentaire de la strophe Y 27.13 dans le chapitre V, mais aussi celui du vers Y 43.6d dans le chapitre III. — Acc. sing. 31.2b at vā vīspəṇg āïiōi yaθā ratūm ahurō vaēdā

120

Voir CHEUNG, 2007, p. 309-10.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Acc. plur. 43.6d aēibiiō ratūš səṇghaitī ārǝmaitiš. rafǝnah- nt. « secours ». Dérivé en -nah- de √ rap « secourir » (= védique 2RAP)121. → rafənō.xiia-. — Nominatif sing. 43.14b maibiiō mazdā tauuā rafənō ˟frāxšnənē. rafənō.xiia- « être de bon secours », dén. de rafǝnah-. — Première sing. act. opt. prés. 43.8c at ašāunē +rafənō.xiiǝ̃ m *aōjaŋvhā. √ raz « former une ligne droite » (= véd. RAJ) : ǝrǝzu-, ǝrǝš. rašah- nt. « dommage, ruine » (= véd. ráksas-). — Nominatif sing. 30.11b xuvīticā ənəitī hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō. √ rah « sʼécarter, sʼéloigner de abl. ». Présent thématique à redoublement et suffixation en -iia-122. — 3e plur. act. indic. prés. 47.4a aāt maniiəuš rārǝšiieintī drǝguuantō. rāta- « offert ». Adjectif verbal en -ta- tiré de √ 1rā « offrir » (= véd. RĀ dāne). — Acc. fém. sing. 43.9d at ā θβaāi āθrē rātąm nəmaŋhō.

JOHNSTON, 1934. Si Y 32.11c yōi vahištāt ašāunō... rārǝšiiąn manaŋhō « eux qui sʼéloignent ainsi de lʼexcellent penser et du bon agencement » nʼexistait pas, nous opterions pour la correction de rārǝšiieintī en ˟rārǝšiientē pour y voir lʼintensif moyen. La possibilité de lʼhiatus entre le redoublement et la racine mise au degré zéro paraît confirmée, mais ne va pas de soi. Au vu de lʼétymologie proposée (voir CHEUNG, 2007, p. 140), lʼhiatus serait dû à une aspirée invisible issue dʼune sifflante : < proto-indo-européen *sre-srs-ie-, contre BEEKES, 1979. ||| Le participe présent en ºá- est attesté au nominatif masc. sing. dans le vers Y 49.2b tkaēšō drǝguuā (4) daibitā ašāt rārǝšō (7) « le commentaire erroné qui, avec l’(existence) seconde (= profane), éloigne de lʼagencement ». 121 122

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rāna- masc. « chargé de prononcer le texte d’une certaine façon, exécutant ». Dérivé en -na- de √ 2rā « prononcer » (= véd. RĀ śabde  :: rāyati)123. — Loc. du. 31.19c θβā āθrā suxrā mazdā vaŋhāu vīdātā rąnaiiā .·. — Dat. du. 31.3a yąm dā maniiū āθrācā ašācā cōiš rānōibiiā xšnūtəm 43.12e yā vī +ašiš +rānōibiiā sauuōi [vī]dāiiāt ºoº 47.6b āθrā vaŋhāu vīdāitīm rānōibiiā. rāniiō.skǝrǝiti- « qui est source de joie » (= véd. ranakt-). La forme du mot a été retouchée. — Acc. fém. sing. 47.3b yə aāi gąm rāniiō.skǝrǝitīm həm.tašat. rāman- nt. « tranquillité ». Dérivé en -man- de √ 3rā « être tranquille » (= véd. RĀ :: iláyati)124. — Acc. sing. 47.3c at hōi vāstrāi rāmā dā +ārǝmaitī. rāii-/ raē- masc. « richesse » (= védique rayí-)125. → mązā.iri-. — Gén. sing. 43.1e rāiiō ašīš vaŋhəuš gaēm manaŋhō .·. rārǝšiia- : → √ rah. rōiθβən  : → raēθβaiia-. √ rit/ 2riθ « mélanger » : → raēθβaiia-. uruuaēsa- masc. « tournant ». Dérivé en ºa- de √ uruuis « tourner » (= véd. VRIŚ). — Loc. sing. 43.5e θβā hunarā dāmōiš uruuaēsē apəmē .·. 123 Ce verbe est apparenté au latin lātrāre et attesté dans gāθrō.raiiant- (Yt 13.105) : voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 443 ; CHEUNG, 2007, p. 306 ; PIRART, 2012c, p. 157. 124 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 443-4. 125 PIRART, 2018, p. 297-303.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

43.6a yaī spəṇtā θβā mańiiū uruuaēsē jasō. uruuata- nt. « requis, attendu, obligation, observance » (= véd. vratá-). ||| La racine de ce mot, √ uruuat (→ uruuaθa-), est probablement apparentée au védique VR « cerner ». — Acc. sing. 31.3b hiiat uruuatəm cazdōŋhuuadəbiiō tat nə mazdā vīduuanōi vaōcā — Acc. plur. 30.11a hiiat tā uruuātā sašaθā yā mazdā dadāt mašiiāŋhō 31.1a tā və uruuātā marəṇtō +aguštā.vacā səṇghāmahī — Instr. plur. 31.1b aēibiiō yōi uruuātāiš drūjō ašahiiā gaēθā vīmərəṇcaitē. uruuaθa- masc. « qui respecte les attendus, observant ». Dérivé haplologique en -aθa- de la racine de uruuata- : < pii. *urata-tHa-126 ? — Nominatif sing. 31.21c2 yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·.. uruuāta- : → uruuata-. uruuādah- nt. « position verticale ». Dérivé en -ah- de la racine présente au degré zéro dans le véd. ūrdhvá-127. — Instr. sing. 43.2e vīspā aiiārə darəgō.jiiātōiš uruuādaŋhā .·.. uruuānē  : → √ 1var. √ uruuāz « réjouir » (racine présente au degré zéro dans varǝz- = véd. ūrj- fém. « plaisir »). Bhvādi. ||| Humbach et Faiss128 analysent uruuāzā comme un substantif accompagné dʼune épithète : « the grace visible

126 Cette racine pourrait apparaître clairement dans le védique vratáti- si le sens premier et lʼorigine de ce dernier étaient connus (voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 595) : RS 8.40.6abc ápi vrśca purānavád V vratáter iva guspitám V ójo dāsásya dambhaya « Déchire comme (tu fis) autrefois, détruis la force-formidable du Dāsa comme lʼentrelacs de la plante-grimpante ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIV p. 58). 127 HUMBACH et FAISS, 2010, « enthusiasm », tout comme LECOQ, 2016, « félicité », ignorent notre proposition que la racine de ce mot est celle du védique ūrdhvá- et font plutôt confiance au zand ʼvlʼhmnyh. Ce dernier mot qui, en réalité, doit être lu ʼvlvʼz̠ymn[yh] est un avesticisme : < uruuāzǝman-. 128 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 80.

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through the lights », mais Lecoq129 nʼy voit quʼune série dʼadjectifs déclinés au nominatif-acc. nt. plur. : « les choses sages, radieuses, perceptibles dans les lumières ». Pour Kellens et moi130, uruuāzā, depuis notre traduction de 1988, est la première personne du singulier de la voix active de lʼindicatif présent du bhvādi tiré de √ uruuāz, mais Kellens131, à ce verbe, donne dernièrement un sens intransitif « se réjouir », contre la diathèse. — Première sing. act. indic. prés. 30.1c humązdrā +ašā.yecā yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā .·.. √ sac - « endurer, observer » (= véd. ŚAC). Divādi. — 2e plur. act. indic. prés. 30.11a hiiat tā uruuātā sašaθā yā mazdā dadāt mašiiāŋhō. √ saŋh act. « définir » (= véd. ŚAM̐S). Bhvādi. Infinitif radical. ||| Le sens que ce verbe prend au moyen, « définir pour soi, accepter de prendre part à, sʼimpliquer dans », reste malheureusement fort incertain dʼautant que lʼemploi de la voix moyenne, en védique, est inconnu pour ŚAM̐S132. → səṇgha-. — 3e sing. act. indic. prés. 43.6d aēibiiō ratūš səṇghaitī ārǝmaitiš. — Première sing. moy. indic. prés. 43.14d +uziraidiiāi azəm sarədanā *sənghāi — Première plur. act. indic. prés. 31.1a tā və uruuātā marəṇtō +aguštā.vacā səṇghāmahī. — Nominatif de lʼinfinitif radical en -tan30.8c aēibiiō sastē ahurā yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm .·. √ sand « sembler, paraître ; plaire » (= véd. CHAND). Aoriste sigmatique. Infinitif radical. — 3e sing. act. inj. aor. 43.11d sādrā mōi sąs mašiiaēšū zarazdāitiš. — Dat. infinitif radical en -diiāi LECOQ, 2016, p. 727. KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 110. 131 KELLENS, 2015a, p. 28, contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 110 et vol. II p. 313 ; KELLENS, 1994, p. 60. 132 Lʼexception praśáṁsamānah de RS 8.19.8a est probablement à rejeter et à considérer comme le fruit dʼun corruption pour le passif : ˟praśasyámāno átithir ná mitríyah « (Agni) qui est célébré en tant que voyageur lors de lʼéchange ». 129 130

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

30.2c parā mazə yaāŋhō aāi [nə] sazdiiāi133 baōdaṇtō paitī .·.. sauua- nt. : variante de sauuah-. — Loc. sing. 43.12e yā vī ˟ašiš +rānōibiiā sauuōi [vī]dāiiāt ºoº — Acc. plur. 30.11c sauuacā ašauuabiiō at aipī tāiš aŋhaitī uštā ºoº. sauuah- nt. « moyens (dont le sacrifice dote la divinité), ressources, renfort, embonpoint, opulence » (= véd. śávas-)134. → sauua-. — Gén. sing. 43.3b yə nā ərəzūš sauuaŋhō paθō sīšōit. sar- fém. « union » (cf. grec κεράννυμι)135. — Gén. sing. 31.21b būrōiš ā ašaxiiācā xuvāpaiθiiāt xšaθrahiiā sarō. sarədanā- fém. « attroupement, session sacrificielle ». Dérivé en -anā- de √ sard « faire série, former un groupe » (cf. véd. śárdhas-). — Acc. plur. 43.14d +uziraidiiāi azəm sarədanā *sənghāi. sastē  : → √ saŋh. sazdiiāi  : → √ sand. √ sā « sectionner » (= véd. CHĀ). Aoriste sigmatique de formation irrégulière : nous attendions le degré zéro radical pour la voix moyenne. — 2e plur. moy. impér. aor. 31.18c dušitācā marakaēcā aθā īš sāzdūm snaiθišā .·.. sādra- « décevant ». Adj. en -ra- tiré de la racine présente dans le grec τὸ κῆδος136. 133 En principe, pour déterminer le sens de sazdiiāi, nous devons choisir entre √ sad, √ sand, √ sah ou √ saŋh (= védiques CHAD, CHAND, ŚAS ou ŚAM̐S). La rection dative est favorable à √ sand. Sur le datif régime de √ sand actif, voir RS 10.31.4d só asmai cāruś ˟chadayed utá syāt « Puisse le (dieu) lui paraître cher et être présent ! » Dans ce vers, la métrique et le contexte recommandent la correction de chadayat en ˟chadayet. 134 Sur le sens, voir PIRART, 2010b, p. 117-8 ; 2017a, p. 155 n. 22. 135 CHANTRAINE, 1968, p. 517. 136 CHANTRAINE, 1968, col. 523b.

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— Nominatif fém. sing. 43.11d sādrā mōi sąs mašiiaēšū zarazdāitiš. sāsnā- fém. « leçon ». Dérivé en -nā- de √ sāh. — Acc. plur. 31.18a mā ciš at və drəguuatō mąθrąscā gūštā sāsnāscā. √ sāh « instruire, ordonner » (= véd. ŚĀS). Aoriste thématique. → sāsnā-. — 3e sing. act. opt. aor. 43.3b yə nā ərəzūš sauuaŋhō paθō sīšōit. səṇgha- masc. « définition, explication » (= véd. śáṁsa-). — Acc. plur. 31.11c hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā yaθrā varənəṇg vasā dāiietē .·.. suxra- « rougeoyant, flambant » (= véd. śukrá-). Adjectif en -ra- tiré de √ suc « flamber ». — Instr. masc. sing. 31.19c θβā āθrā suxrā mazdā vaŋhāu vīdātā rąnaiiā .·.. sūc- fém. « acuité » (= véd. śúc-). Nom-racine de √ suc (→ suxra-). — Instr. sing. 30.2a sraōtā gəušāiš vahištā auuaēnatā sūcā manaŋhā. skәndō doit provenir de √ 1skand (= védique SKAND) « sauter, surgir, monter » ou de √ 2skand (= védique SKANDH) « casser »137. Certes la séquence auuā... [auuō]... skǝndō nous conduit à nous intéresser au composé auuascastō.frauuaši- « qui, dans le récitatif, saute la Formule de la Préférence »138, mais le sens figuré de son premier terme ne permet pas de départager sûrement les deux possibilités. Bartholomae139 propose un substantif masculin skǝnda- « Bruch, Zerbrechen », mais il semble souhaitable de poser skǝnda- « infirme » dans le Y 9.28.2f skǝndǝm *hē manō kǝrǝnūiδi .·. « paralyse-lui le penser ! »140 et dans le V 5.59abcd yat ai nmāne yat māzdaiiasnōiš V nāirika daxštauuaiti aŋhat V yat vā skǝndō aipi.jatō.pištrō aipi.ǝrǝtō.gātuš « si, dans la maison du mazdéen, 137 138 139 140

Pehlevi škastan. Yt 13.106 : PIRART, 2012a, p. 211. BARTHOLOMAE, 1904, col. 1587. Trad. PIRART, 2010b, p. 337 ; voir aussi 2004, p. 86 et 339.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

il y a une femme dans ses règles ou un infirme marqué dʼune contusion ou incapable de se déplacer par lui-même »141. — Nominatif sing. 30.10a adā zī auuā drūjō [auuō.]buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā. staōta- nt. « texte de lʼéloge, hymne ». Dérivé en -ta- du degré plein de √ stu. — Acc. plur. 30.1b staōtācā ˟ahurā yesniiācā vaŋhəuš manaŋhō. stōi  : → √ ah. sti- fém. « bien, possession, mérite » (≈ véd. stí- masc.)142. — Gén. sing. 43.13e vairiiā stōiš yā θβaī xšaθrōi vācī .·.. √ stu « louer, chanter la louange, faire lʼéloge » (= véd. STU). Adādi. → staōta-. — Première sing. act. indic. prés. 43.8e yauuat ā θβā mazdā stāumī ufiiācā ºoº. spaiiaθra-143 nt. peut être tiré de √ spā  :: spaiieiti « il jette »144 comme lʼindien gāyatra- « le chant » de GĀ  :: gāyati « il chante », mais jʼignore avec quel sens. Lecoq145 propose « lieu où l’on est rejeté, la géhenne » tandis que Humbach et Faiss146 y voient une modalité de la 141 Passage incertain que jʼavais abordé sans grande conviction il y a plus dʼune quinzaine dʼannée (PIRART, 2001a, p. 102-3) et où BARTHOLOMAE, 1904, colonnes 1587, 908 et 83, admet le locatif singulier valant instrumental de skǝndō.aipi.jaiti- f. « Schlagen, Zufügen eines (körperlichen) Schadens », le nominatif de 2pištra- m. « Quetschung, Quetschwunde, mit stumpfem Instrument beigebrachte Wunde » comme glose de skǝndō et le nominatif féminin singulier de aipi.ǝrǝtō.gātu- « der einen fest bestimmten, fest zugewiesenen Platz hat(, den er nicht verlassen darf) » : « wenn in dem Haus .. eine Frau die Regel hat oder wenn sie wegen eines ihr zugefügten körperlichen Schadens auf einen bestimmten Platz angewiesen ist ». 142 PIRART, 2012a, p. 109-19. 143 Contre BARTHOLOMAE, 1904, col. 1612, pour qui le substantif spaiiaθra- « Gedeihen, Erfolg, Glück » sʼexplique comme suit : « Zu einem Praes. ir. *spaya- gebildet, in dem ar. *śuaia- Praes. 24 — zu sav-, Sp. 1561 — und *sphaia-, Praes. 4 oder 27 — zu 3spā- — zusammengefallen sein können ». 144 Sur ce verbe, KELLENS, 1984a, p. 137 et 138 n. 9. Pour la phrase V 3.41, voir CANTERA, 2010, p. 57-8. 145 LECOQ, 2016, p. 729. 146 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 83.

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destruction de Druj, « by clearing it off ». Kellens147 ne se prononce pas. — Gén. sing. 30.10a adā zī auuā drūjō [auuō.]buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā. spəništa- « très savant, très utile ». Superlatif de spəṇta-. — Nominatif masc. sing. 30.5b ašəm maniiuš spəništō yə xraōždištəṇg asənō vastē 43.16b vərəṇtē mazdā yastē cišcā spəništō — Instr. masc. sing. 43.2c θβā +cīcīθβā spəništā mańiiū mazdā — Gén. masc. sing. 47.2a ahiiā maniiəuš spəništahiiā vahištǝm. spəṇta- « admirable, génial, informé, savant, Spәnta » (≈ védique panitá148), adj. en ta- tiré de √ span « mettre au courant » (≈ véd. PAN). ||| Cet adjectif a généralement été rendu par « bienfaisant » ou « bénéfique » sous lʼinfluence du zand abzōnīg et suite à sa confusion avec un adjectif devenu homophone, appliqué à la vache ou à la terre et signifiant « grasse, prospère, fertile ». Cet homophone est apparenté au védique śuná-149, mais spǝnta-, comme épithète de Mazdā ou, par hypallage, de maniiu-, quant à lui, est à rapprocher de spānah-150 « lʼétude » et du védique PAN151 stutau « admirer ». La confusion a été facilitée non seulement parce que les deux qualités sont vues comme étant aussi « positives, utiles, profitables » lʼune que lʼautre, mais aussi en raison de lʼassimilation dʼĀrmaiti à la Terre. La première est habituellement qualifiée de spǝntā- tout comme la védique Arámati reçoit lʼépithète de pánīyasī-152, mais la seconde est *śuantā- au même titre que lʼIrlande est une Piérie, une terre pīvarī153. Le comparatif spaniiah- survit en pehlevi154. → spəništa-, spǝntā.maniiu-. KELLENS, 2015a, p. 29. RS 5.41.9c panitá {astu} āptyó yajatáh sádā nah « Loué soit toujours (Trita) Āptya, (ce dieu) digne du sacrifice ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 20). 149 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 646. 150 PIRART, 2007b, p. 76-9 ; 2018, p. 84 n. 114. 151 Sur ce bhvādi, voir GOTŌ, 1987, p. 206. 152 Les vers RS 10.64.15b et 10.92.4b sʼachèvent tous deux avec le syntagme arámatih pánīyasī « Aramati lʼadmirable » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 56 et 60). 153 Voir CHANTRAINE, 1968, col. 899a. 154 Le nominatif spaniiā a été réutilisé en pehlevi, mais le ductus de la finale y a été retouché : *spynʼy > spynʼk. 147 148

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Nominatif masc. sing. 43.3e arədrō θβāuuąs huzəṇtušə spəṇtō mazdā .·. 47.3a ahiiā maniiəuš tuuəm ahī

tā spǝntō — Acc. masc. sing. 43.5a=7a=9a=11a=13a=15a spəṇtəm at θβā mazdā məŋhī ahurā — Instr. masc. sing. 43.6a yaī spəṇtā θβā mańiiū uruuaēsē jasō 47.1a spǝntā maniiū vahištācā manaŋhā 47.5a tācā spǝntā maniiū mazdā ahurā 47.6a tā dā spǝntā maniiū mazdā ahurā — Abl. masc. sing. 47.4b mazdā spǝntāt nō[it] +aθā ˟ašauuanō — Acc. masc. du. 43.4a at θβā (< *θβəm) məṇghāi taxməmcā spəṇtəm (< *spǝntā) mazdā. spǝntā.maniiu- fém. « qui commence avec les mots spǝntā maniiū ». — Acc. sing. 47.7.3 spǝntā.maniiūm hāitīm yazamaide .·.. snaiθiš- nt. « tranchoir, couteau ». Dérivé en -iš- de √ snaθ (= védique ŚNATH). — Instr. sing. 31.18c dušitācā marakaēcā aθā īš sāzdūm snaiθišā .·.. səraōša- masc. « récitation, phrasé, Sraōša ». Dérivé en ºa- de √ sruš « réciter » (= véd. ŚRUS)155. — Nominatif sing. 43.12d səraōšō ašī mązā.raiiā hacimnō. srauuah- nt. « objet d’écoute, texte » (= véd. śrávas-). — Loc. sing. 30.10c mazdaā ašaxiiācā yōi zazəṇtī vaŋhāu srauuahī .·. √ sru « écouter » (= véd. ŚRU). Aoriste radical. → srauuah-. — 2e plur. act. impér. aor. 30.2a sraōtā gəušāiš vahištā auuaēnatā sūcā manaŋhā. 155

PIRART, 2018, p. 64.

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zaōša- masc. « approbation » (= véd. jósa-). — Abl. sing. 47.5c hanarǝ θβaāt zaōšāt drǝguuā ˟baxšaitē. √ zan « générer ; naître » (= véd. JAN) : → ząθa-, huzəntu-. zaraθuštra- masc. sing. « avec des chameaux vieux, Zaraθuštra ». Bahuvrīhi de zarant- « âgé, vieux » (= grec γέρων) et de uštra- masc. « chameau » (= véd. ústra-). — Nominatif 43.8a at hōi aōjī zaraθuštrō paōuruuīm 43.16a at ahurā huuō mańiiūm zaraθuštrō. zasta- masc. « main » (= véd. hásta-). — Nominatif du. 43.4b hiiat tā zastā yā tū hafšī auuā — Instr. du. 47.2c ārǝmatōiš zastōibiiā šiiaōθanā vǝrǝziiat — Loc. du. 30.8c aēibiiō sastē ahurā yōi ašāi dadən zastaiiō drujəm .·.. √ zā « laisser en arrière, surpasser, abandonner » (= véd. HĀ). Hvādi. — 3e plur. act. subj. prés. primaire 30.10c mazdaā ašaxiiācā yōi zazəṇtī vaŋhāu srauuahī .·.. ząθa- masc. « engendrement ». Dérivé en -θa- de √ zan « générer ; naître » (= véd. JAN). — Loc. sing. 43.5b hiiat θβā aŋhəuš ząθōi darəsəm paōuruuīm. zǝuuiia- « devant être invoqué » (= véd. háviya-). — Nominatif nt. sing. 31.4a yadā ašəm zəuuīm aŋhən mazdāscā ahurāŋhō. zərəd- nt. « cœur » (= véd. hd-). — Instr. sing. 31.12b vīduuā vā əuuīduuā vā ahiiā zərədācā manaŋhācā .·.. zī « car » (= véd. hí). Particule occupant la place seconde156. 156 Sur le concept de place seconde, voir KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 190-1.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Accompagnant le subj. aor. exhortatif 30.10a adā zī auuā drūjō [auuō.]buuaitī skəṇdō spaiiaθrahiiā — Derrière hiiat conjonctif 31.2a yezī āiš nō[it] uruuānē adauuā aibī.dərəštā vaxiiā 31.14a tā θβā pərəsā ahurā yā zī āïtī jəṇghaticā — Derrière pron. rel. 47.5b ašāunē cōiš yā zī cīcā vahištā — Corrélation zī ... aθā « si ... alors » 31.18b ā zī dəmānəm vīsəm vā šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt — « Car » 43.10d parštəm zī θβā yaθanā tat [ə]mauuatąm 47.6d hā zī pōurūš išǝntō vāurāitē ºoº. √ zū « appeler » (= véd. HŪ). Présent intensif. → zǝuuiia-. — Première sing. act. indic. prés. int. 43.10a at tū mōi dāiš ašəm hiiat mā zaōzaōmī zarazdā- masc. « qui fait confiance ». Nom-racine tiré de zras+√ dā (→ zarazdāiti-). — Nominatif plur. 31.1c atcīt aēibiiō vahištā yōi zarazdaā aŋhən mazdāi .·. zarazdāiti- fém. « action de faire confiance à loc. pour dat. ». Dérivé en ti- de zras+√ dā « faire confiance » (= véd. śrád DHĀ), où zras est la forme préverbiale dʼun substantif inconnu (voir lʼentrée précédente). — Nominatif sing. 43.11d sādrā mōi sąs mašiiaēšū zarazdāitiš. šōiθra- nt. « région, terroir » (= véd. ksétra-). — Acc. sing. 31.18b ā zī dəmānəm vīsəm vā šōiθrəm vā daxiiūm vā [ā]dāt — Gén. sing. 31.16b šōiθrahiiā vā daxiiəuš vā ašā fradaθāi aspərəzatā. √ ši « habiter » (= véd. KSI). Adādi. → ā+√ ši, dušǝiti-, šōiθra-, hušǝiti-. šiiaōθana- nt. « geste, action, Śiiaōθna » (= véd. cyautná-). ||| Dérivé par vrddhi de la syllabe initiale et thématisation en ºa- de lʼinfinitif en

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-tan- de √ šiiu « se mouvoir » (= véd. CYU). La séquence *ºāuº est toujours notée ºaōº dans šiiaōθana-. La longueur de la diphtongue (vrddhi), visible dans le mot védique correspondant cyautná-, est exigée par la morphologie. — Instr. sing. 31.22b vohū huuō xšaθrā ašəm vacaŋhā šiiaōθanācā haptī 47.1b hacā ašāt šiiaōθanācā vacaŋhācā — Loc. sing. 30.3b manahi[cā] vacahicā šiiaōθanōi hī vahiiō akəmcā — Acc. plur. 31.11c hiiat šiiaōθanācā səṇghąscā yaθrā varənəṇg vasā dāiietē .·. 43.5c hiiat dā šiiaōθanā mīždauuąn yācā uxδā. 47.2c ārǝmatōiš zastōibiiā šiiaōθanā vǝrǝziiat — Instr. plur. 30.5c yaēcā xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm .·. 31.20c təm vā ahūm drəguuaṇtō šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat .·. 31.21c vaŋhəuš vazduuarə manaŋhō yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·. 43.6c yehiiā šiiaōθanāiš gaēθā ašā frādəṇtē 43.16e +ašәm šiiaōθanāiš vohū daidīt manaŋhā ºoº 47.5d ahiiā šiiaōθanāiš akāt ā šiiąs manaŋhō .·. — Loc. plur. 31.8c ˟hiθąm ašahiiā dąmīm aŋhəuš ahurəm šiiaōθanaēšū .·.. ha- : → ta-. √ hac « suivre ; être accompagné de instr. » (= véd. SAC). Bhvādi. — Nominatif masc. sing. participe prés. moy. (≈ véd. sácamāna-) 43.10b ārǝmaitī hacimnō +īt.ārəm 43.12d səraōšō ašī mązā.raiiā hacimnō. hacā « à partir de, sur base de abl. » (= véd. sácā). Préposition ou postposition. — Préposition 31.14b yā išudō dadəṇtē dāθranąm hacā ašāunō 47.1b hacā ašāt šiiaōθanācā vacaŋhācā — Postposition 31.2c mazdā aiiā ąsaiiā yā ašāt hacā jīuuāmahī .·. 43.14c hiiat θβā xšaθrā ašāt hacā +frąš tā+.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

hacimna- : → √ hac. haiθiia- « effectif, avéré, assuré, sur quoi pouvoir compter, judicieux » (= véd. satyá-, vieux-perse hašya-). ||| La formation de lʼadjectif haiθiia- est exceptionnelle si la finale ºiia-, monosyllabique comme le démontrent les traitements avestique et vieux-perse du *t pii., doit représenter ou avoir la valeur du suffixe iia- dʼappartenance ou de relation, lequel est dissyllabique. Les gestes haiθiia ne sont pas ceux qui, bâclés ou maladroits, ne feraient pas mouche. — Acc. masc. sing. 31.6a aāi aŋhat vahištəm yə mōi vīduuā vaōcāt haiθīm — Acc. masc. plur. 43.3d haiθiiəṇg āstīš yəṇg ā.šaēitī ahurō. — Instr. nt. plur. 30.5c yaēcā xšnaōšən ahurəm haiθiiāiš šiiaōθanāiš fraōrət mazdąm .·. haiθiiō.duuaēšah- « dʼune nuisance effective », bahuvrīhi de haiθiiaet de duuaēšah- nt. « nuisance » (= véd. dvésas-). ||| Humbach et Faiss157, suivis par Lecoq158, ont dédaigné la proposition de Bartholomae de reconnaître un bahuvrīhi +haiθiiō.duuaēšah-159. Pour la défense de cette proposition, nous pouvons, même si nous attendions mieux, faire valoir l’existence de l’antonyme *satyá+ūti- en védique dont l’hypothèse est basée sur le syntagme satyò’vitā de RS 8.2.36c et dont la forme, dans le souci d’éviter le sandhi ou de préserver une métrique visible, a été remplacée astucieusement par l’esatz graphique sadyáūti- notamment dans le vers RS 5.54.15a tád vo yāmi drávinaṁ sadyaūtayah « Je vous supplie (pour obtenir) cette possession-de-biens, (ô Marut’s, vous) dont l’aide est immédiate »160. La version positive de lʼidée que le bahuvrīhi haiθiiō.duuaēšah- véhicule est documentée notamment par le vers Y 50.5c aibī.dǝrǝštā āuuīšiiā auuaŋhā « au moyen dʼune faveur visible, manifeste »161. — Nominatif masc. sing. 43.8b +haiθiiō.duuaēšā hiiat isōiiā drəguuāitē. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 116-7. LECOQ, 2016, p. 769. 159 BARTHOLOMAE, 1904, col. 1762, assez en accord avec le zand ʼškʼlk byšytʼl AYK̠ SLYtlʼn| ʼškʼlk K̠N byšym. 160 Trad. RENOU, 1955-69, vol. X p. 32. Un autre ersatz probable figure dans le vers RS 10.37.2a sā1 mā satyóktih pári pātu viśvátah « Le (Soleil) sur les promesses de qui je puis compter doit me défendre de tous côtés ». Note : 1. Masc. ! 161 Rappelons ici que lʼétymon du zand āškārag de haiθiia- contient *āuiš+. 157 158

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haθrā.manah- « possédant un penser concentré ». Bahuvrīhi de haθrānc- et de manah162. Notons que les règles de la morphologie ont imposé la suppression du suffixe secondaire du premier terme du composé. — Nominatif masc. sing. 30.9c hiiat haθrā.manā163 bauuat yaθrā cistiš aŋhat maēθā .·.. √ hap « se servir de instr. » (= véd. SAP). Tandis que le vieil-avestique √ hap est un adādi, le grec ἕπω ou le védique SAP samavāye  :: sápati sont des bhvādi164. — 2e sing. act. indic. prés. 43.4b hiiat tā zastā yā tū hafšī auuā — 3e sing. act. indic. prés. 31.22b vohū huuō xšaθrā ašəm vacaŋhā šiiaōθanācā haptī. hanarə « sans abl. » (≈ véd. sanutár). Préposition. 31.15b duš.šiiaōθanāi ahurā yə nō[it] jiiōtūm hanarə vīnastī 47.5c hanarǝ θβaāt zaōšāt drǝguuā ˟baxšaitē. hant- : → √ ah. hauruuatāt- fém. « exhaustivité, intégralité, intégrité, Hauruuatāt ». Dérivé en +tāt- de hauruua- « complet, sauf » (= véd. sárva-). — Gén. sing. 31.6b mąθrəm yim hauruuatātō ašahiiā amərətātascā .·. 31.21a mazdā dadāt ahurō hauruuatō amərətātascā — Acc. du. 47.1c aāi dąn hauruuātā.amǝrǝtātā. hazah- nt. « fait de forcer, contrainte, acharnement, Hazah » (= védique sáhas-). — Nominatif sing. 43.4e hiiat mōi vaŋhəuš hazə jimat manaŋhō ºoº. hāiti- fém. « assemblage, unité ». Dérivé en -ti- de √ hā « lier » (= védique SĀ). 162 Exemple véd. : RS 7.100.1c prá yáh satrācā mánasā yájāte « sʼil (lui) sacrifie en premier, dʼune âme concentrée » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XV p. 41). 163 En deux mots chez KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 112, vol. II p. 280 et vol. III p. 52. 164 GOTŌ, 1987, p. 323.

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Acc. sing. 30.12.4 at.tāuuaxšiiąm hāitīm yazamaide .·. 31.23.4 tā.və.uruuātąm hāitīm yazamaide .·. 43.17.3 uštauuaitīm hāitīm yazamaide .·. 47.7.3 spǝntā.maniiūm hāitīm yazamaide .·.. hāma- « même, pareil » (= véd. samá-). — Nominatif masc. sing. 31.7c tā mazdā maniiū uxšiiō yə ā nū[rəm]cīt ahurā hāmō .·.. hāra- masc. « qui surveille ». Dérivé en -a- ou en -ra- de √ har « surveiller »165. — Nominatif sing. 31.13c tā cašməṇg θβisrā hārō aibī ašā [aibī.]vaēnahī vīspā .·.. həṇkərəiti- fém. « ordonnancement, combinaison ». Dérivé en -ti- de *hąm+√ kar « mettre ensemble ». — Loc. sing. 31.14c yāscā mazdā drəguuōdəbiiō yaθā tā aŋhən həṇkərətā hiiat .·.. həm+ : → hąm+. hōi  : → 2i-. hąm+√ gam moy. « se rencontrer » (= védique sáṁ GAM). Présent inchoatif. — 3e du. inj. prés. 30.4a atcā hiiat tā həm maniiū jasaētəm paōuruuīm dazdē. hąm+√ graf « saisir » (= véd. sáṁ GRABH). Aoriste radical. — Première sing. act. inj. aor. 31.8b vaŋhəuš patarəm manaŋhō hiiat θβā həm cašmainī [həṇ] grabəm. hąm+√ taš « collaborer à la configuration de acc. avec instr. » (= védique sáṁ TAKS). Aoriste thématique. — 3e sing. act. inj. aor. 47.3b yə aāi gąm rāniiō.skǝrǝitīm həm.tašat. 165

Voir CHEUNG, 2007, p. 129-30.

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hąm+√ duuar « se laisser corrompre » (cf. véd. DHVR/ DHRU). ||| Le sens du verbe hąm+√ duuar conjugué à la voix moyenne et régissant apparemment un accusatif (aēšәmәm) est mal assuré. Je propose à tout hasard « se laisser corrompre par instr., se perdre au contact de instr. » en pensant au védique DHVR166 et en admettant la suggestion des traducteurs médiévaux que l’accusatif est secondaire pour l’instrumental, mais en y voyant plutôt un instrumental d’agent que d’accompagnement167. De toute façon, je ne puis écarter que həṇduuārəṇtā168 représente une forme du passif puisque la voyelle longue radicale peut remonter à ºaiº et que ºәº peut dissimuler le morphème du présent passif : həṇduuārəṇtā < *həṇduuairiṇtā < proto-indo-iranien *sam+dhviánta169. Présent passif. Le sens de « courir » qui est attribué à √ duuar et à son reflet pehlevi dvāristan170 ne peut être défendu sur base du védique DRU dont la morphologie diffère171. D’autant que √ dru coïncide plutôt avec le védique DHRU172. En outre, nous devons prêter attention au rendu sanscrit médiéval : durā GAM signifie non « courir », mais plutôt « présenter un mauvais comportement, se conduire de façon illicite ». Néanmoins, le sens de « courir » doit avoir été suggéré par l’allitération que √ duuar montre avec √ dru et par le processus de l’abus ou de l’infection comme l’illustrent les emplois de √ dru avec la mention d’Aēšma dans quelques octosyllabes avestiques récents : Y 57.25.2ij173 aēšmahe parō draōməbiiō (8) yā aēšmō duždā drāuuaiiāt (8) « contre les Abus du Furieux, (contre) les (Égarées) que le Furieux à qui les dons sont mauvais MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 802. Selon le zand et son commentaire, aēšǝmǝm est un instrumental : ʼytvn| LVTE ʼyšm ʼn| hm dvbʼlyt HVEd APšʼn| nymʼlynyt ʼhvʼn Y mltvmʼn| {AYḴ LVTE ʼyšm ANŠVTAʼn| ʼhvkynynd} .·. ; evam āmarsena samaṁ durāgacchan ye nijaghnur bhuvanam manusyānām | sthānaṁ yat paralokīyam | kila samaṁ krodhena manusyān ākrośayanti. 168 Sur lʼemploi de cet injonctif présent pour lʼexpression du réel du présent duratif, KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. ||| Passage à comparer avec V 3.7.4 yat arǝzūrahe grīuuaiia (8) spitama zaraθuštra V yat aiia1 daēuua +handuuarǝnte2 V drujō haca gǝrǝδāδa .·. « En el cuello del monte Arәzūra, oh Spitama Zaraθuštra, adonde corren juntos los daēuuas desde la cueva de la Mentira » (trad. CANTERA, 1998, p. 116) ; 7.53.2e kuua daēuua +handuuarǝnte2 (8) .·.. Notes : 1. La séquence yat aiia paraît être mise pour le locatif féminin singulier du pronom relatif. ||| 2. GELDNER, 1886-96, JAMASP, 1907, et CANTERA, 1998, p. 116, donnent handuuarǝnti, mais KELLENS, 1984a, p. 53 n. 1 et p. 77, signale l’emploi du moyen dynamique avec hąm+√ duuar. 169 KELLENS, 1984a, p. 114, pour expliquer la voyelle longue radicale, a proposé d’y voir l’influence du moyen iranien, mais ceci ne fait que repousser le problème. 170 BARTHOLOMAE, 1904, colonnes 765-6 ; MACKENZIE, 1971, p. 29. 171 Contre KELLENS, 1984a, p. 108 n. 11. 172 MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 798 et 802 ; CHEUNG, 2007, p. 78. 173 = Yt 11a.24.2ij. 166 167

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à faire a poussées à nous abuser »174 ; Yt 13.57.2g daēuuanąm parō draōmōhu (8) .·. « avant l’agression que les Hasardeux perpètrent »175. En effet, les oppositions de nižduuaraiti avec auuāiti (Yt 8.20-21), de handuuaranāiš avec hanjamanāiš (Yt 11.4) ou de hąm.duuarat avec hąm.rāzaiiata (Yt 19.47, 49) ne sont pas décisives dans la détermination du sens fondamental de « courir » qu’il faudrait accorder à √ duuar puisque le Haδaōxt Nask oppose handuuaraiti à niš.hiδaiti « il reste assis » qui n’est pas un verbe de mouvement. — 3e plur. inj. prés. 30.6c at aēšəmə[m] həṇduuārəṇtā yā bąnaiiən ahūm marətānō .·.. hąm+√ fras moy. « sʼentretenir » (= védique sám PRAŚ). Aoriste radical. — 3e sing. inj. aor. 47.3d hiiat həm vohū mazdā [həmǝ.]fraštā manaŋhā .·.. hī  : → 2i-. hiθaō- masc. « qui sʼimplique, participant ». Dérivé en -θu-176 de √ hī « attacher » (= véd. SĪ bandhane). — Acc. sing. 31.8c ˟hiθąm ašahiiā dąmīm aŋhəuš ahurəm šiiaōθanaēšū .·.. hizū- masc. « langue » (≈ véd. jihvā-). → hizuuā.uxδa-. — Instr. sing. 31.3c hizuuā θβahiiā āŋhō yā jīuuaṇtō vīspəṇg vāuraiiā .·. — Gén. sing. 31.19b ərəžuxδāi vacaŋhąm xšaiiamnō hizuuō vasō. hizuuā.uxδa- « dit de vive voix », tatpurusa de la forme compositionnelle hizuuā+ de hizū- et de lʼadj. verbal en -ta- tiré de √ uj. — Instr. nt. plur. 47.2b +hizuuā.uxδāiš 177 vaŋhəuš əǝānū manaŋhō. 174 Ou : « contre les Abus du Furieux, eux que le Furieux à qui les dons sont mauvais à faire a poussés à nous abuser » (trad. PIRART, 2010b, p. 170). 175 Trad. PIRART, 2010b, p. 204. 176 Sur ce suffixe rarissime, voir DEBRUNNER, 1954, p. 174. 177 Pour HUMBACH et FAISS, 2010, pour qui la métrique nʼexiste pas, la composition reste inutile, mais, si hizuuā était à prendre pour lʼinstrumental de hizū-, nous devrions y compter trois syllabes : < pir. *hizuHā.

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√ hū « impulser » (= véd. SŪ). Rudhādi. — 3e sing. act. indic. prés. 31.15a pərəsā auuat yā maēiniš yə drəguuāitē xšaθrəm hunāitī hu+ préf. (= véd. su+) servant de forme compositionnelle à vaŋhu-. → hudānu-, hudāh-, hunara-, huzəṇtu-, xuvāθra-. hudānu- « généreux », composé de hu+ et du dérivé en -nu- de √ dā. — Nominatif masc. sing. 31.16a pərəsā auuat yaθā huuō yə hudānuš dəmanahiiā xšaθrəm hudāh- « à qui les offrandes sont bonnes à faire, Hudāh » (= véd. sudās-). ||| LʼAvesta récent178 et plusieurs contextes archaïques179 nous invitent à faire respectivement des hudāh et des duždāh les dieux de la bonne obédience et ceux de la mauvaise tandis que les hymnes védiques où sudās- est le nom dʼun roi suggèrent dʼy reconnaître plutôt les hommes180. La seule fois que sudās- la qualifie, la divinité apparaît plutôt comme la donatrice181. En avestique récent, sa combinaison avec huxšaθra- conduit à donner un sens différent à hudāh- « à qui donner est bon » plutôt que « généreux ». — Dat. masc. sing. 31.22a ciθrā ī hudaāŋhē yaθanā vaēdəmnāi manaŋhā — Nominatif masc. plur. 30.3c ˟aiiāscā hudaāŋhō ərəš vīšiiātā nō[it] duždaāŋhō .·.. hunara- nt. « talent, aptitude » (≈ véd. sūnára- adj.)182. 178

Y 4.4, 16.5, etc. Y 45.6, etc. 180 RS 5.53.2 aitān ráthesu tasthúsah V káh śuśrāva kathā yayuh | kásmai sasruh sudāse ánv āpáya V ílābhir vrstáyah sahá « Ces (Marut) montés sur les chars, qui les a entendus, (qui sait) comment ils ont pris-le-départ ? / À la suite de quel donateur se sont-ils élancés, (ces) associés, pluies (personnifiées) avec les réconforts-rituels (qui en résultent) ? » (trad. RENOU, 1955-69, vol. X p. 29). 181 RS 8.78.4 nákīṁ vrdhīká indra te V ná susā ná sudā utá | nānyás tvác chūra vāghátah « None other is there for the priest, Hero! but thou, to give him gifts, | To win much spoil and prosper him » (trad. GRIFFITH, 1973, p. 449). 182 Le substantif hunara- désigne aussi les aptitudes des grands rois Achéménides dans leurs inscriptions et de divinités, respectivement Daēnā, Vohu Manah et Cistā, dans les passages suivants : V 19.30 hāu srīra kərəta taxma V huraōδa jasaiti spānauuaiti V ˟nīuuiuuaiti +pusauuaiti V ˟yaōxštiuuaiti hunarauuaiti .·. hā druuatąm †aγəm uruuānō† V təmō.huua +nizaršaiti .·. hā ašāunąm †uruuānō V tarasca harąm bərəzaitīm †āsənaōiti V tarō cinuuatō pərətūm †vīδāraiieiti V ˟haētuuō maniiauuanąm yazatanąm .·. « La gravide une telle (= la Daēnā), vaillante et belle, bien développée, vient avec les deux chiens, 179

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Instr. sing. 43.5e θβā hunarā dāmōiš uruuaēsē apəmē .·.. humązdra- « bien intelligent » (≈ véd. sumedhás-). ||| Le sandhi spécial du terme préverbial məng dans ºmązdra- rappelle celui que nous trouvons dans le védique médhira183. Il sʼagirait du sandhi de type interne contrastant avec celui, externe, que nous trouvons dans mǝndaidiiāi184 ou dans le védique mandhātár185, mais lʼapparence de sandhi interne arborant ºzº est due probablement à la présence dʼun ºrº dans la suite du mot. — Voc. masc. plur. 30.1c humązdrā +ašā.yecā yā raōcəbīš darəsatā uruuāzā .·.. humǝrǝiti- « avec bonne consistance ». Bahuvrīhi de hu+ et du dérivé en ti- de √ 4mar « solidifier ». ||| Suivi tant par Humbach et Faiss186 que par Lecoq187, Bartholomae188, pour faire confiance au zand189, explique humǝrǝtōiš par √ 2mar « mémoriser »190 (= védique SMR cintāyām  :: smarati)191, mais cette explication est à refuser qui enfreint la loi ruki, vêtue de la nīuui1 et couronnée, pourvue de moyens dʼadéquation et dʼaptitudes. Elle entraîne le funeste Moi des égarés dans les ténèbres. Elle fait monter celui des harmonieux au-delà de la haute Vigie, lui fait traverser le Pont du Tri (ou emprunter) la jetée des Adorables issus du (Savant) Avis »2 ; Y 50.8 mat vā padāiš (4) yā frasrūtā īžaiiā (7) pairijasāi (4) mazdā ustānazastō (7) at vā ašā (4) arədraxiiācā nəmaŋhā (7) at vā vaŋhəuš (4) manaŋhō hunarətātā (7) .·. « Je viens à votre service avec la démarche dʼIžā et vous rends hommage les bras levés, toi qui apportes la sagesse, en recourant à lʼagencement rituel, à lʼhommage de qui réussit et à lʼaptitude du penser bon » ; Yt 16.1 razištąm cistąm mazdaδātąm ašaōnīm yazamaide V hupaθmaniiąm huaiβitacinąm V nimarǝzištąm barat. zaōθrąm V ašaōnīm hunarauuaitīm V frasrūtąm †āsu.kairīm3 V huuāiiaōnąm ˟xvāsaōkąm V yąm vaŋvhīm daēnąm māzdaiiasnīm .·. « Nous offrons le sacrifice à lʼharmonieuse Référence, la très rectiligne que le Roi qui apporte la sagesse mit en place, elle qui dispose de ce quʼil faut pour le voyage, qui bien accourt à notre secours, qui le mieux efface les défauts, qui apporte la libation, harmonieuse, talentueuse, fameuse, aux prouesses accomplies sans retard, qui nous offre dʼavoir bon accès (à la Maison de la Bienvenue), bonne illuminatrice, la bonne Doctrine de ceux qui offrent le sacrifice au (Roi) qui apporte la sagesse »4. Notes : 1. PIRART, 2018, p. 313 et 333. ||| 2. Légère modification de la trad. PIRART, 2012b, p. 42-6. ||| 3. Masc.-nt. mis pour le fém. ||| 4. Légère modification de la trad. PIRART, 2010b, p. 265. 183 < proto-indo-iranien *máns-dhǝ-ra- ou *máns+dhǝ-ra- ? 184 Y 44.8b1. ||| < proto-indo-iranien *mans+dhadh-ádhiāi. 185 RS 1.112.13b, 8.39.8d, 8.40.12b, 10.2.2b. 186 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 86, « good reputation ». 187 LECOQ, 2016, p. 733, « bonne réputation ». 188 BARTHOLOMAE, 1904, col. 1834, suivi par KELLENS, 2015a, p. 31. 189 pad ān ī xūb ōšmurišn[īh]. 190 CHEUNG, 2007, p. 137. 191 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 780-1.

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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laquelle devrait être dʼapplication derrière la voyelle finale du préfixe hu+. Comme y reconnaître « la belle mort », dʼautant que √ 1mar « mourir »192 (= védique MR prānatyāge  :: mriyate)193 est daivique, a toute chance dʼêtre absurde, nous devons explorer la possibilité que, derrière labiale, la séquence ºǝrǝº représente pii. * (< pie. *lH / *rH)194. Parmi les racines répondant à cet appel, √ 3mar « broyer, moudre, écraser »195 (= védique MR̄ / MRN hisāyām  :: mrnati)196 et √ 4mar « cailler, solidifier, donner forme »197 (= scr. MR̄ / MŪRCH mohasamucchrāyayoh  :: mūrchati)198 me paraissent les plus utiles. Jʼopte pour la seconde alternative et conjecture que humǝrǝiti- « avec bonne consistance » sous-entend haōma-, ce dernier étant dʼailleurs évoqué non seulement par les trois premiers phonèmes de lʼadjectif, mais aussi par la présence du verbe √ baj conjugué au moyen199. Les deux ingrédients fondamentaux des libations, le lait de la vache et le suc de haōma, ainsi seront-ils réunis dans la strophe. — Gén. masc. sing. 31.10c nō[it] mazdā auuāstraiiō dauuąscinā humərətōiš baxštā .·.. huzəṇtu- « à même de générer la bonne (existence rituelle) ». Bahuvrīhi de hu+ et du dérivé en -tu- de √ zan « générer, naître » (= véd. JAN). ||| Pour le sens de « générateur de la bonne (existence) », il convient de tenir compte du syntagme aŋhəuš ząθōi figurant dans les vers Y 43.5b et 48.6d, même si, en raison de la difficulté de leurs contextes, les deux autres attestations gâthiques de huzəntu-, Y 46.5b et 49.5c, ne permettent aucune confirmation200. — Nominatif masc. sing. 43.3e arədrō θβāuuąs huzəṇtušə spəṇtō mazdā .·.. hušәiti- fém. « offrant bonne habitation, Hušiti » (= véd. suksití-). CHEUNG, 2007, p. 264. Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 318-9. 194 Comme dans kamǝrǝδa- « sale tête » ≈ védique mūrdhán- « tête ». 195 CHEUNG, 2007, p. 267. 196 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 319-20. 197 CHEUNG, 2007, 268, ne retient pas cette racine en iranien. 198 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 321 et 367-8. 199 Cf. Y 10.13.3d : voir PIRART, 2004, p. 100. 200 Dans lʼAvesta récent, le mot paraît être employé comme substantif fém., mais, faut-il souligner, avec le complément attendu : Yt 13.134.5 (= Yt 19.75.5) huzantəuš paiti aparaiiā viiarəθaiiaiiā vahištahe aŋhəuš « afin de nous gagner, propre à renforcer lʼEspérance, la bonne Capacité future de générer lʼExistence excellente » (trad. PIRART, 2010b, p. 216). 192 193

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ANNEXE AUX CHAPITRES I-IV

— Gén. sing. 30.10b at asištā yaōjaṇtē ā hušitōiš vaŋhəuš manaŋhō. hiiat  : → ya-. huuō nominatif masc. sing. du dém. lointain (≈ véd. asáu). La diascévase lʼa utilisé en substitution de *hə, le nominatif masc. sing. de ta(= véd. sáh) : → auua-, ta-. xva- « propre » (= véd. svá-). — Dat. fém. sing. 30.2b āuuarənā vīciθahiiā narəm.narəm xvaxiiāi tanuiiē — Instr. nt. plur. 31.20c təm vā ahūm drəguuaṇtō šiiaōθanāiš xvāiš daēnā naēšat .·.. xvafәna- masc. (= véd. svápna-). — Nominatif duel 30.3a at tā maniiū pauruiiē yā yəmā xvafənā asruuātəm. xuvāθra- nt. « bien-être ». Pourrait être, moyennant thématisation en ºa-, le composé du préfixe hu+ « bon » et du nom du feu, ātar-/ āθr-201. — Acc. sing. 43.2b xuvāθrōiiā nā xuvāθrəm daidītā — Loc. sing. 43.2b xuvāθrōiiā nā xuvāθrəm daidītā — Acc. plur. 31.7a yastā maṇtā pōuruiiō raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā. xuvāpaiθiia- (= véd. suvapatyá-)202. — Abl. masc. sing. 31.21b būrōiš ā ašaxiiācā xuvāpaiθiiāt xšaθrahiiā sarō.

201

Voir le commentaire du vers Y 43.2b. Dʼaprès RS 4.2.11cd rāyé ca nah svapatyāya deva V dítiṁ ca rāsvāditim urusya « Pour (que nous obtenions) la richesse, la bonne descendance, ô dieu, accorde nous le don et écarte lʼabsence de don ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 4) : PIRART, 1986a, p. 182. Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 90, ou LECOQ, 2016, p. 736 : « From his own rich shelter/treasure » ; « grâce à sa riche autonomie ». 202

LEXIQUE DES HĀITI Y 30-31, 43 ET 47

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xuvən- nt. « Soleil » (≈ véd. suvàr)203. — Gén. sing. 43.16d xuvəṇg darəsōi xšaθrōi xiiāt ārǝmaitiš. xuvīti- fém. « bonne possibilité dʼaller ». Karmadhāraya de hu+ et du dérivé en -ti- de √ i « aller » (= véd. I). — Instr. sing. 30.11b xuvīticā ənəitī hiiatcā darəgəm drəguuōdəbiiō rašō.

203

Pour l’étymologie, voir PIRART, 2017b, p. 299-301.

CHAPITRE V LE MAŃIIU VIEIL-AVESTIQUE

Le maniiu protozoroastrien apparaît non seulement dans les unités Y 30, 31, 43 et 47, étudiées avec les quatre chapitres précédents, mais aussi dans les passages vieil-avestiques qui seront examinés ci-dessous. Le premier dʼentre eux concerne une occurrence sous-entendue du mot selon lʼhypothèse que je défends. Strophe retirée secondairement de lʼAhunauuaitī Gāθā, ce premier passage a été placé artificiellement en tête du corpus vieil-avestique1, au terme de lʼunité qui le précède, et a reçu le titre particulier dʼAhuna Vairiia avec lequel les textes avestiques récents manifestent que son premier hémistiche contient notamment les mots ahu- « existence » et vairiia- « à choisir, recommandé ». La strophe de lʼAhuna Vairiia (Y 27.13), que les deux officiants (zōt u rāspī .·.) doivent prononcer quatre fois (º cihār bār º), ne constitue donc pas à elle seule une unité (hāiti-) du Yasna : il sʼagit dʼune strophe isolée, observant la même prosodie que celles de la première Cantate, mais, placée au terme de lʼunité Y 27, elle est pourtant suivie de formules du type quʼil est dʼusage de trouver au terme de toute unité des Cantates, à savoir un triple Ašǝm vohū (Y 27.14), le sacrifice offert aux allégories de lʼAhuna Vairiia (Y 27.15.1)2 et de lʼAšǝm Vohū (Y 27.15.2)3 et la récitation de la Yeŋhē.hātā (Y 27.15.3). Y 27.13 yaθā ahū vairiiō (7) aθā ratuš ašātcīt hacā (9) vaŋhəuš dazdā manaŋhō (7) +šiiaōθənanąm aŋhəuš mazdāi (9) xšaθrəmcā ahurāi.ā (7) yim drigubiiō dadat vāstārəm (9) .·. « Exercez (l’Ascendant) sur le Roi qui apporte la sagesse et envoûtez-le [dazda... mazda’ai {augah} xšaθram ca ahurāya] en recourant à la (parole), au geste et au penser bon de l’existence (rituelle) [vahauš... Comme la Gāyatrī Sāvitrī dans le Véda : PIRART, 2017a, p. 146 n. 3. ahunǝm vairīm yazamaide .·.. 3 ašǝm vahištǝm sraēštǝm amǝšǝm spǝntǝm yazamaide .·.. Il est inattendu de trouver ici le sacrifice offert à l’allégorie de l’Ašәm Vohū : la place primitive de l’Ašәm Vohū, fragment de commentaire du vers Y 43.1a, ne se situe pas dans la présente unité ; et le titre de l’Ahunauuaitī Gāθā est l’indication que l’Ahuna Vairiia est bel et bien le texte devant la précéder. 1 2

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CHAPITRE V

manahah śyāuθnāna’am ahauš] (de sorte) que (cet Envoûtement) fasse de lui un pâtre (allant au secours) des indigents [yam drigubyah dadat vāstāram] ». (Cet) élément (textuel), sur base du (bon) Agencement, coïncide [aθā ratuš rtāt cit haca] avec le (Sentiment) qu’il est recommandé (de rendre un culte au grand dieu) au moyen de l’existence rituelle (= en la générant, en la mettant en place) [yaθā ahū vari’ah {manyuš}]. La traduction que Jean Kellens4 nous en a offerte récemment est, dans les grandes lignes, grammaticalement impeccable : « Tels quʼils doivent être choisis par lʼétat-dʼexistence (ahu), le temps-rituel (ratu) adapté à lʼAgencement et le pouvoir des actes de lʼétat de bonne Pensée sont donnés à Ahura Mazdā, dont ils feront un pâtre pour ceux qui en ont besoin ». En effet, il est tout à fait licite de considérer que, sous-entendu, le sujet de la protase introduite par yaθā est identique à celui de lʼapodose ouverte avec aθā et de trouver ce sujet dans la coordination ratuš... xšaθrǝmcā puisque le masculin singulier de vairiiō peut être justifié comme fruit d’un accord dûment établi avec le plus proche de ces deux sujets coordonnés et que le même type de raisonnement est applicable pour lʼexplication du nombre singulier arboré par le verbe dazdā. En revanche, pour faire encore dʼahū le nominatif du nom du « patron »/ « maître »5, les traductions que Humbach et Faiss6 ou Lecoq7 ont proposées récemment sont résolument à rejeter. KELLENS, 2015a, p. 25. Les citations avestiques récentes du type ahu ratušca que lʼon trouve notamment dans le Fravardīn Yašt (Yt 13.91) sont ce quʼelles sont : des citations. La coordination des mots ahū et ratuš qui marquent respectivement les deux hémistiches du premier vers ne constitue dʼaucune façon un argument en faveur dʼun nominatif ahū. Certes la tradition ultérieure a pu sʼen emparer et spéculer en ce sens pour comprendre ahu comme un duel elliptique dont ratušca offrirait une explicitation partielle (PIRART, 2018, p. 82 n. 106). Comme ratu-, désignation dʼun élément appartenant à un ensemble structuré, pouvait désigner le dastour ou tout autre membre de l’organigramme sacerdotal, le mot ahua voulu être interprété aussi comme la désignation dʼun personnage. Le tandem des pouvoirs temporel et religieux imposait alors de reconnaître dans lʼahu le détenteur du pouvoir politique dʼautant quʼun autre mot ahu-, ayant précisément ce sens et apparenté à ahura-, était connu, même sʼil est vrai que cet autre mot ahu-/ aŋhu-, un hapax legomenon, dont lʼétymologie coïncide parfaitement avec lʼanatolien hassu-, est attesté en contexte daivique, dans lʼhémistiche Y 32.11b1 aŋvhīšcā aŋhauuascā « maîtresses et maîtres » (voir ci-dessous l’examen de la strophe concernée). 6 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 73 : « Since (He is) the patron worth choosing therefore the judgement (to be passed) in accordance with truth itself | on the actions of good thought of the world is committed to the Wise One, | and the power (is committed to Him,) the Lord, whom (people) commend to the poor as a shepherd ». 7 LECOQ, 2016, p. 716 : « Comme un maître quʼil faut choisir, ainsi, selon Aša luimême, le ratu | des actes dʼexistence de Vohu Manah est établi pour Mazdâ, | Et la royauté, pour Ahura, lui quʼelle a établi comme pasteur pour les pauvres ». 4 5

LE MAŃIIU VIEIL-AVESTIQUE

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Cependant, basée sur la ressemblance quʼil présente avec le védique rtú-, lʼinterprétation que Kellens donne de ratu- comme désignation du temps rituel me paraît inacceptable. Certes, les temps rituels, pour former un ensemble structuré dans lequel les éléments, sʼagençant à la perfection, ne se chevauchent pas peuvent recevoir cette appellation tout comme les membres de lʼorganigramme sacerdotal dont il est question dans le Vīdaēuu-dāt ou dans le Yasna8, mais le mot qui ne signifie pas précisément « temps rituel » peut donc désigner tout élément requis, quʼil sʼagisse dʼobjets matériels ou de données abstraites, dʼanimaux ou de personnes, occupant une place précise ou jouant un rôle bien défini dans le cadre de la cérémonie sacrificielle. Lʼétymologie nous révèle que le mot ratu- dérive de la même racine quʼaṣ̌a- « lʼagencement » : les ratu, par le suffixe que leur désignation présente, sont les facteurs de cet agencement complexe quʼexige la célébration des sacrifices, ce sont des « pièces agençables » ou des « facteurs dʼharmonie ». Les litanies des premières unités du Yasna, pour énumérer nombre de ces pièces, nous montrent bien ce quʼil était primitivement convenu dʼappeler ratu- et combien ce terme nʼétait pas réservé à la seule désignation des temps rituels. Quant à la notion appelée ahu-/ aŋhu- « existence », il convient de souligner que, vu le contexte cultuel (ašātcīt hacā), nous devons y reconnaître toute la durée nécessaire à lʼagencement rituel, tout le temps considérable que prend ou génère la cérémonie sacrificielle, car la mise en marche de la célébration était vue comme la genèse dʼune existence, dʼun temps de vie différent de celui des occupations ordinaires. L’existence rituelle venait interrompre ou rythmer, à la manière dʼune fête, la routine des tâches paysannes. Pour la distinguer de la routine de ce monde, il est parfois donné à sa désignation d’ahu-/ aŋhu- « existence » lʼépithète de pōuruiia- « première, fondamentale » ou celle de manaxiia« appartenant à la pensée ». Le verbe de la protase, vairiiō, une forme non conjuguée, adjective, doit son genre masculin et son nombre singulier au sujet sous-entendu qui, pour moi, est maniiuš plutôt que ratuš... xšaθrǝmcā. Lʼinterprétation de Kellens passe aussi par lʼidée que la strophe est faite dʼune phrase unique : en plus dʼune subordonnée secondaire qui, de toute façon, remplit c2, lʼapodose ouverte avec aθā sʼétendrait sur les hémistiches a2, b1, b2 et c1.

8

V 1.15, Y 19.18 : PIRART, 2012a, p. 168-70, 247-8.

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CHAPITRE V

Selon la traduction de Kellens, la cascade de génitifs vaŋhəuš... manaŋhō +šiiaōθənanąm aŋhəuš « des actes de lʼétat de bonne Pensée » forme le groupe complément de xšaθrǝmº. Ceci nʼest possible que si la coordination est elliptique. En effet, la particule de coordination ºcā doit apparaître derrière le premier terme du groupe coordonné, lequel, dans le cas qui nous occupe, est vaŋhəuš. Ici, comme ºcā nʼapparaît que derrière xšaθrǝmº, force nous serait de considérer que la cascade de génitifs complète ratuš. Un complément commun aux deux termes coordonnés pourrait en être extrait physiquement, exprimé en anticipation, mais, bien évidemment, ce nʼest pas le cas de figure présent ici. Lʼinterprétation de Kellens passe encore par lʼidée que lʼinjonctif présent moyen dazdā, de façon tout à fait inusuelle, aurait un sens passif, que son sujet pourrait être ratuš et que le datif mazdāi nommerait le bénéficiaire du don fait du ratu, mais ni nʼexistent nulle part ailleurs de syntagme « donner le ratu à Ahura Mazdā » ni de coordination de ratuavec xšaθra-. Telles sont les raisons pour lesquelles je ne puis adopter la traduction que Kellens propose de lʼAhuna Vairiia. Et, si nous devions le sous-entendre dans la protase, ce serait aussi la seule fois que le mot ratu- ferait lʼobjet du verbe « choisir, préférer ». Ce que nous cherchons à identifier, ce sont donc deux mots sous-entendus : celui qui, de genre masculin, est qualifié de vairiiō et celui qui, complété de la cascade des génitifs, est coordonné à xšaθrǝmº. Le second est facile à déterminer : cʼest aōgō dʼaprès lʼhémistiche Y 29.10a2 aōgō dātā ašā xšaθrəmcā. Pour lʼidentification du premier, jʼai proposé maniiuš9 sur base des vers Y 30.5a et 43.16ab10. Le contexte de lʼAhuna Vairiia, inconnu puisque cette strophe fut déplacée, sans doute devait-il justifier le sous-entendu de maniiuš dans lʼhémistiche Y 27.13a1. Quant à dazdā, au lieu dʼen faire un invraisemblable moyen-passif de 3e personne du singulier, je suggère de lʼanalyser comme la 2e personne du pluriel de la voix active de lʼimpératif présent11, ce qui suppose quʼune nouvelle phrase commence avec vaŋhəuš puisque plus aucun accord nʼest alors possible entre ratuš et dazdā. Cependant, pour quʼune seconde phrase pût commencer de la sorte, il aurait fallu quʼune particule at vînt lʼouvrir. Nous devrons donc la considérer comme une première phrase et, pour ce faire, la placer entre guillemets en tant que contenu du ratu. PIRART, 2006a, p. 99 n. 150 ; 2006b, p. 141 n. 134. PIRART, 2018, p. 82 n. 107 ; voir, ci-dessus, les chapitres I et III. 11 PIRART, 2017a, p. 146-7 n. 4. 9

10

LE MAŃIIU VIEIL-AVESTIQUE

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En effet, il semble que, dans les Cantates, le mot ratu- ait été appliqué à certaines formules et maximes qui durent former un ensemble articulé. Les énumérations du Yasna connaissent dʼailleurs un emploi similaire du mot en lʼappliquant aux textes sacrificiels et aux éloges récités en lʼhonneur des divers Yazata. Il se pourrait aussi que ratu- désignât plus simplement un syntagme ou une phrase devant faire partie dʼun ensemble verbal complexe ou plus large tel quʼune strophe, un paragraphe ou un texte. Cet emploi du mot est indirectement documenté par son dérivé raθβiia- « texte dans lequel viennent sʼinsérer certains syntagmes ou mots prévus »12. Lʼ Ahuna Vairiia, strophe dont nous ignorons le contexte original, serait donc composé de deux phrases, la seconde étant apposée au mot ratuš de la première en tant que contenu de la maxime ou de lʼélément textuel ainsi désigné. La première phrase est articulée au moyen de la corrélation yaθā... aθā « Comme... ainsi »/ « Avec... coïncide ». Je comprends ceci : lʼélément textuel (ratuš) que définit lʼAgencement rituel (ašātcīt hacā) reflète ou traduit (yaθā... aθā) le Sentiment de lʼadorateur que le grand dieu lui est de bon conseil (maniiuš) et quʼil convient de se tourner plutôt vers lui (vairiiō) en mettant en place lʼhabitude du culte à lui rendre (ahū). La seconde phrase, celle qui fait la matière du ratu, est une impérative, un commandement adressé à lʼensemble des pieux adorateurs. Il leur est demandé de rendre un culte à Ahura Mazdā en exerçant sur lui les forces magiques ou surnaturelles appelées aōjah et xšaθra au moyen des pensées, des paroles et des gestes de lʼexistence rituelle mise ainsi en place (vaŋhəuš dazdā manaŋhō +šiiaōθənanąm aŋhəuš mazdāi xšaθrəmcā ahurāi.ā), car de telles forces leur permettront de le rendre favorable et feront de lui un protecteur (yim drigubiiō dadat vāstārəm). Revenons au premier vers de lʼAhuna Vairiia. Il peut être comparé avec un vers de la Xšmaibiiā Hāiti : Y 29.6b nō[it] aēuuā ahū vistō (7) na[ēd]ā ratuš ašātcīt hacā (9) « Ni la seule existence (profane) ne suffit à trouver (lʼAhura de la vache), ni lʼAgencement ne cause (son) rôle ».

12 Exemple : Yt 10.31 aōxtō.nāmana θβā yasna V raθβiia vaca sūra V miθra yazāi zaōθrābiiō .·. aōxtō.nāmana θβā yasna V raθβiia vaca sәuuišta V miθra yazāi zaōθrābiiō .·. aōxtō.nāmana θβā yasna V raθβiia vaca aδaōiiamna V miθra yazāi zaōθrābiiō .·. « Je te consacre ces libations, Miθra, en récitant le Yasna comportant la mention de ton nom et la phrase dans laquelle est inséré le mot sūra-/ sǝuuišta-/ adaōiiamna- ».

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CHAPITRE V

De part et dʼautre, la particule emphatique ºcīt souligne le syntagme ašātº ... hacā13  : le bon agencement est la clé du succès rituel. Dans ce vers comparable à celui de lʼAhuna Vairiia, il est manifesté que, pour la vache, les deux existences sont aussi importantes lʼune que lʼautre et que place lui est réservée dans lʼexistence rituelle dès lors quʼelle est mise entre les mains du tašan « configurateur » : elle est alors immolée, connaissant ainsi lʼimmortalité en compagnie de lʼâme du pieux défunt dont elle avait nourri la famille. Comme le tašan, savons-nous en dernière analyse, nʼest autre que le maniiu —nous y reviendrons—, il est clair que les deux phrases parlent bel et bien de la même chose : la relation existant entre la conviction des adorateurs et leur pratique cultuelle. La conviction sʼavère être déterminante dans la mise en œuvre du sacrifice, et la vache est immolée du fait des convictions de son propriétaire. La vache, inscrite à lʼintérieur de lʼexistence rituelle, y a une place significative, un rôle à jouer, lequel a été cristallisé dans une maxime. *** Chacune des sept unités de la première Cantate, lʼAhunauuaitī Gāθā, touche au moins un mot du maniiu. La première, lʼAhiiāsā Hāiti (Y 28), le fait immédiatement : Y 28.1 ahiiā yāsā nǝmaŋhā (7) ustānazastō rafǝδrahiiā (9) + maniiəuš mazdā +paōuruuīm (7) spǝntahiiā ašā vīspəng šiiaōθanā vaŋhəuš xratū[m] manaŋhō (7) yā xšnǝuuīšā gəušcā uruuānǝm (9) º du bār º .·. 14

(9)

(Le Sentiment que tu donnes d’être) de bon secours et savant ou que tu accueilleras (mon âme-moi) et celle de la vache [ahya... rafθrahya... spantahya... yā xšnuvīša {mam ruvanam} gauš ca ruvanam], ce Sentiment me conduit à lever les bras pour (vous) rendre hommage [namahā ustāna-zastah... manyauš], (Roi) qui apportes la sagesse, et à adresser à tous la demande (de pouvoir accéder à l’existence) première/ fondamentale [yāsā... ... mazdā parvi’am {ahum}... visvānh] en recourant au (bon) Agencement, en exécutant les gestes que pareil Sentiment me suggère et avec l’efficace du Penser bon [rtā... śyāuθnā vahauš xratū manahah]. Strophe à réciter deux fois. 13 Son importance trouve un reflet remarquable chez Xerxès (XPh) : rtāt haca brazmani « (offrir le sacrifice) avec le texte contenant le syntagme rtāt haca ». 14 Sur cette strophe, PIRART, 2017a, p. 147-8.

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Cette strophe vient confirmer lʼimportance du maniiu dans la mécanique rituelle, son rôle fondamental. La conviction que le grand dieu Ahura Mazdā les accueillera, lui et sa vache, au-delà de la mort, détermine la pratique de lʼadorateur qui recourt dès lors à la pensée bonne, à la parole bonne et au geste bon à lʼheure dʼinstaller lʼexistence fondamentale qui nʼest autre que la façon dont se déroule la célébration sacrificielle. Il est encore question du maniiu dans la dernière strophe de la première unité de lʼAhunauuaitī Gāθā : Y 28.11 15 yə āiš ašǝm +nipāŋhē (7) manascā vohū yauuaētāitē (9) tuuəm mazdā ahurā (7) frō mā +sīšā θβaāt +vaōcaŋhē (9) + mańiiəuš hacā θβā əǝāŋhā (7) yāiš ā aŋhuš pōuruiiō bauuat (9) ºoº Sur base de (mon) Sentiment que ces (textes) te servent à protéger le (bon) Agencement et le Penser bon pour l’éternité (dans ta maison)16 [yah āiš rtam ni-pāhai manah ca vahu yavai-tātai tu’am... θvahmāt... manyauš haca] ou à installer l’existence première [yāiš ā ahuš parvi’ah buʼat], (je te le demande), Roi qui apportes la sagesse : apprendsmoi de vive voix à les dire [mazdā ahura fra mā siša... vaucahai... θvā āhā] ! Ici aussi, le maniiu, le Sentiment de lʼadorateur, sa conviction est déterminante dans lʼinstallation des bonnes pratiques cultuelles dʼautant que le grand dieu, sollicité, dira ce quʼau juste il convient de faire et garantira leur prolongement éternel : la bonne existence rituelle, dans lʼau-delà, lʼaura pour protecteur tandis que les textes prononcés dans le cadre des célébrations lʼauront renforcé dans ce rôle. *** La deuxième unité de lʼAhunauuaitī Gāθā, bien connue sous le titre de Plainte de la Vache, mais traditionnellement intitulée Xšmāuuaiia.gəuš.uruuā Hāiti ou, plus simplement, Xšmaibiiā Hāiti (Y 29), elle aussi fait allusion au maniiu ou plus exactement, en exprime un, in extremis (Y 29.10). En effet, nous lʼavions vu notamment à lʼoccasion de la strophe Y 43.5, le maniiu est une déclaration avec laquelle est Sur cette strophe, PIRART, 2017a, p. 156-7. Y 28.11c2 = Yt 1.26.2a. D’après Y 49.10ab tatcā mazdā (4) θβaī +ā +dąm nipāŋhē (7) manō vohū (4) urunascā ašāunąm (7). 15 16

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manifestée une conviction ou révélée lʼune de ses rubriques. Techniquement, il sʼagit dʼune phrase basée sur le verbe məŋhī « je pense/ jʼai la conviction/ le sentiment que A = B » : Y 29.10 17 yūžəm aēibiiō ahurā (7) aōgō dātā ašā xšaθrəmcā (9) auuat vohū manaŋhā (7) yā +hušəitiš †rāmąmcā dāt (9) azəmcīt ahiiā mazdā (7) θβąm məŋhī paōuruuīm vaēdəm (9) .·. Vous, Roi qui apportes la sagesse [yužam... ahura... mazdā], eu égard à (leur) Penser bon, donnez aux (adorateurs) la faculté d’exercer (sur vous) l’Ascendant et l’Envoûtement [aibyah... augah dāta rtā xšaθram ca avat vahū manahā] leur permettant d’inviter (aussi la Déférence), (la déesse) qui (nous) offre bon habitat, à assurer le calme et (le fourrage à la vache) [yā {aram-matiš} hušitiš *rāma ca {vāstram ca gavai} da’at] ! Quant à moi, je t’en tiens pour le premier fournisseur [azam cit ahya... θva’am manhi parvi’am vaidam]. La conviction du poète est celle que le grand dieu, en dernière analyse, est, là bas, dans lʼau-delà de la nature, à la source du bon fonctionnement de cette dernière ou que cʼest lui qui, avec la pluie, fait reverdir les pâturages terrestres où se nourrit le bétail : cʼest en réalité Ahura Mazdā plutôt que la Terre ou la déesse la patronnant le vrai fournisseur du fourrage nécessaire à la vie et à la survie de la vache. Nous le voyons déjà avec ces deux premières unités de lʼAhunauuaitī Gāθā, une relation étroite est à relever entre la conviction du pieux adorateur et le sort de cette victime sacrificielle dʼexception que devait être la vache. *** Les deux unités suivantes (Y 30-31) ont, ci-dessus, fait lʼobjet des chapitres I et II. Lʼopposition des deux maniiu apparaît pour la première fois dans lʼAt.tāuuaxšiiā Hāiti où tout un trca lui est consacré (Y 30.35). Il est à souligner quʼaucune personnification évidente nʼy en est à enregistrer quand bien même le poète parle de songes jumeaux, mais il est vrai quʼelle nʼest pas non plus à écarter. La mythologie grecque est ici assez suggestive puisque le cas de figure y est représenté par les jumeaux Ὕπνος et Θάνατος :

17

Sur cette strophe, PIRART, 2018, p. 89-91.

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Signe

Avesta récent

Mythol. grecque

+ –

Spǝnta Maniiu Aŋhra Maniiu pōuru.mahrka

Ὕπνος Θάνατος

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Le trca commence par mettre en évidence le lien déterminant des maniiu avec le signe positif ou négatif des pratiques cultuelles en nʼhésitant pas à établir une équivalence brusque et rapide entre les convictions et les pratiques : la bonne conviction, cʼest le bon geste. Et seuls les dieux bons en bénéficient tandis que, dans la confusion, les mauvais se perdent en cherchant vainement à tirer profit du mauvais. Il est à noter que la rencontre des deux maniiu, exprimée avec la voix moyenne de hąm+√ gam, nʼapparaît pas clairement comme étant un combat mythologique. Il semble que la deuxième strophe du trca se lance bien plutôt dans une explication assez abstraite concernant lʼorigine de la faculté de vie dont bénéficient ou non les êtres surnaturels : son origine serait à rechercher, certes un peu vite, dans la différence existant entre les deux maniiu, une différence précisément intrinsèque à de tels êtres dès lors que certains dʼentre eux sont attachés au bon agencement tandis que les autres, à leurs dépens, chérissent lʼerreur. La différence que les dieux montrent par rapport aux mauvais dieux leur assurerait donc la vie éternelle. Le trca sʼachève sur la fameuse question du choix, mais une ambiguïté grammaticale, à vrai dire sans grande conséquence, nous fait hésiter quant à savoir si ce dernier est opéré entre ou par les deux maniiu. Quoi quʼil en soit de ce choix, son caractère déterminant est tout à fait clair. Et la personnification des deux maniiu, cette fois-ci, est une alternative dont il est malaisé de repousser la réalité alors même quʼaucune confusion nʼest à relever entre leur tandem et celui des êtres surnaturels bons et mauvais. Le bon maniiu nʼest pas identifié au grand dieu. Vêtu du ciel, le bon maniiu incite les mortels à recourir au bon agencement rituel et à rendre ainsi un culte à un Ahura Mazdā que la grammaire tient à distance. En revanche, lʼarchidémon que la mauvaise pratique devrait chercher à satisfaire manque à lʼappel sʼil faut éviter de le confondre avec le mauvais maniiu. Néanmoins, la strophe Y 30.6, à lʼinitiale du premier vers de laquelle les deux maniiu sont représentés par le pronom aiiā et dans laquelle il est revenu sur la question du choix, évoque les Daēuua, démons ou mauvais dieux, en plaçant Aēšma à leur tête et complétant ainsi un tableau dans lequel lʼarchidémon manquait à lʼappel. Cette même strophe

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CHAPITRE V

dénonce les mauvais dieux et lʼarchidémon en les tenant pour des fauteurs de maladies. Ils sont accusés de fomenter les mauvaises pratiques dont les maladies sʼavèrent être le solde. Pour Zaraθuštra et ses adeptes, il est clair que les mauvaises pratiques que le mauvais maniiu suscite ou que les mauvais dieux justifient expliquent les maladies. *** La quatrième unité de la première Cantate, la Tā.və.uruuātā Hāiti (Y 31), est riche en données concernant le maniiu, mais il ne sʼagit jamais que du fruit du hasard puisque cette unité est lʼaddition plus ou moins désordonnée de diverses pièces textuelles. La première de ces pièces, la strophe isolée Y 31.3, nomme le bon maniiu à côté du feu et du bon Agencement dans une coordination qui nous conduit à considérer lʼexistence dʼune triade divine de premier plan : Maniiu + Ātar + Aša. Cette triade sous-tend lʼappréciation que le grand dieu Ahura Mazdā réserve au jeu des officiants grâce auquel la déclamation et le chant viennent alterner sur lʼaire sacrificielle ou aux observances auxquelles les sacrifiants se soumettent dans lʼespoir que leurs prières seront entendues et leurs souhaits, exaucés. Le maniiu de Zaraθuštra, le sentiment que le dieu lui donne, prend une tournure particulière avec la septième strophe de la Tā.və.uruuātā Hāiti (Y 31.7), car sa conviction ne concerne pas précisément le grand dieu : la déclaration du grand mage porte sur les bien-être, sans doute ceux dont jouissent les âmes des pieux défunts. Zaraθuštra y affirme que de tels bien-être sont à reconnaître dans ce qui fait la lumière des jours, sans aucun doute parce que la cérémonie sacrifielle relevant de la bonne obédience est celle célébrée uniquement lorsquʼil fait jour et que la condition enviable des âmes des pieux défunts reflètent de telles cérémonies, lʼexistence rituelle étant aussi celle qui prévaut dans lʼau-delà paradisiaque. Cette conviction que la lumière du jour reflète le bien-être des bienheureux, est-il ajouté, fait de Zaraθuštra le fondateur du bon agencement rituel, ce qui revient à dire que le bon maniiu détermine la mise en place du culte de bonne obédience, mais, avec le dernier vers de la septième strophe, le poète paraît avoir donné la parole à Zaraθuštra : ce dernier, dans une déclaration faite au grand dieu, corrigerait la théogonie implicite présente dans les deux premiers vers où Maniiu avait pu être donné pour le père dʼAša. La correction de cette idée consiste à dire que la divinité est dʼune dimension constante ou que son expansion sous la forme dʼun fils ne lʼaltère aucunement. Certes, nous ne percevons pas

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clairement lʼenjeu ou lʼopportunité de ces tâtonnements mythologiques, mais les premiers diascévastes doivent avoir repéré quʼil était question de théogonie pour avoir fait suivre cette strophe de la huitième (Y 31.8), celle qui expose de façon tout à fait explicite que le père de Vohu Manah et dʼAša est, non Zaraθuštra ni Maniiu, mais bel et bien Ahura Mazdā. Ceci dit, rien ne nous empêche de placer le trca des strophes 8-10 dans la foulée du dernier vers de la septième. Nous serions alors en présence dʼun exposé conséquent. Zaraθuštra y déclare son sentiment que le grand dieu est lʼillustration de deux paradoxes : son expansion ne lʼaltère pas ; situé au début, présent à la naissance de tous les autres, Ahura Mazdā est aussi le plus jeune de tous les dieux. Ces paradoxes conduisent à comparer le grand dieu zoroastrien à Daksa qui, dans le Véda, est tout à la fois l’époux et le fils quʼil a lui-même eu de la grande déesse ou à Indra qui, dès sa naissance au terme des générations divines, prend le statut dʼaîné. Lʼexposé théogonique entamé avec ces deux paradoxes se poursuit à la neuvième strophe (Y 31.9) où la question du tandem réunissant Ārmaiti et Gəuš Tašan est abordée sans demi-mesures. Tout en les donnant pour deux autres enfants du grand dieu après Aša, Zaraθuštra qui doit avoir conservé la parole établit les équations brusques ou schématiques que la déesse en question est lʼos tandis que le maniiu est à reconnaître sous les traits du dieu boucher. Le caractère lapidaire de telles équations fait de la première phrase de la neuvième strophe une maxime dont la portée ne nous est pas complètement accessible : Ārmaiti Gəuš Tašan

= os = maniiu

Parmi les énigmes que recèlent ces équations, je relève au moins celle de savoir à qui appartient cet os et celle de la comparaison que nous sommes amenés à faire de ce tandem de lʼos et du maniiu avec celui, bien connu de lʼAvesta récent et des livres pehlevis, opposant le monde gaēiθiia au monde maniiauua, lʼunivers du concret à celui de lʼabstrait. Si nous nous en tenons aux données de la déclaration quʼil adresse à Ahura Mazdā, il est dʼores et déjà assez manifeste que le maniiu nʼest autre que celui de Zaraθuštra : le maniiu nʼest jamais que cette même déclaration ou son contenu. Si nous extrapolons le résultat de lʼidentification du propriétaire du maniiu au cas de figure de lʼos avec lequel lʼéquivalence dʼĀrmaiti avait été avancée, force nous sera de penser quʼĀrmaiti, la Déférence divinisée, se cache dans lʼossature du grand mage.

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CHAPITRE V

Comment devons-nous ou pouvons-nous comprendre de telles identifications ? La conjecture que je formule se base sur le tandem quʼĀrmaiti forme parfois avec Aši, une autre déesse importante du panthéon protozoroastrien. Rappelons ici le caractère non personnifié ou peu personnifié des divinités protozoroastriennes et, en tout cas, lʼabsence presque totale de tout anthropomorphisme. Comme la déesse Aši est celle de la dédicace des trois niveaux du comportement rituel requis du sacrifiant, à savoir la pensée bonne, la parole bonne et le geste bon, une même relation est parfaitement envisageable entre cette triade et la déesse de la déférence : lʼossature donne à Zaraθuštra la faculté dʼexécuter les gestes qui caractérisent la cérémonie sacrificielle relevant de la bonne obédience. Parmi les gestes en question, il y a ceux qui lui sont dictés par son rôle de Configurateur de la Vache (Gəuš Tašan). Rappelons ici que, par synecdoque, les dieux représentent le sacrifiant ou lʼofficiant et que, dès lors, les deux divinités nommées à lʼoccasion de lʼétablissement des équivalences lapidaires opérées avec lʼos et le maniiu ne sont autres que Zaraθuštra lui-même : Zaraθuštra = Zaraθuštra =

Ārmaiti Gəuš Tašan

= os = maniiu

La déférence que Zaraθuštra montre envers le grand dieu ne se différencie guère de son ossature et, en fin de compte, se confond avec lui. La dernière strophe du trca (Y 31.10) nous montre Zaraθuštra en plein travail : le pâtre-éleveur quʼil est en définitive recourt aux cordes du penser bon à lʼheure dʼattacher la victime sacrificielle ou de préparer les libations. Lʼossature qui est la sienne et se confond avec la déesse lui recommande de recourir à de telles cordes : ce sont celles que le bon geste mental noue autour du haōma ou avec lesquelles le bon geste mental attache la vache à ce poteau que le Véda appelle sváru- « mangeoire »18. Il nous est loisible de prendre cette corde du penser bon pour une absence de corde ou de conjecturer que la victime sacrificielle, quʼelle fût animale comme la vache ou végétale comme le haōma, selon les pratiques prônées par la bonne obédience, ne pouvait être attachée lors de son immolation, mais ce sont là des détails techniques qui nous échappent quand bien même certains échos paraissent en avoir été

18

PIRART, 2018, p. 84.

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conservés en creux dans la condamnation des pratiques en usage chez ceux qui, dès lors, furent traités de Derbices « utilisateurs de cordes »19. La douzième strophe de la Tā.və.uruuātā Hāiti (Y 31.12) confirme lʼimportance du tandem quʼĀrmaiti forme avec Gəuš Tašan puisquʼelle y est dite sʼentretenir avec Maniiu et que ce dernier, savons-nous par ailleurs, nʼest pas à distinguer du dieu boucher en question. Soulignons aussi le thème de lʼentretien que ce dieu accorde à la déesse : son Sentiment concernant le grand dieu, la bonne conviction quʼil se forge le concernant, cʼest ce qui suggère à lʼorant la façon dont il convient de résoudre les doutes de procédure rituelle pouvant surgir à lʼinstant de célébrer la cérémonie sacrificielle. Ici encore, nous voyons combien, de lʼavis de Zaraθuštra, le bon maniiu sʼavère être déterminant dans la qualité ou dans le succès des pratiques. Les dieux sont, eux aussi, à convaincre de la correction des bonnes pratiques, déduisons-nous de la dix-neuvième strophe (Y 31.19) où le pieux adorateur est celui qui voit dans le bon Agencement rituel la garantie de quelque succès. Il veille alors à ce que la fête soit accompagnée du jeu convenu des déclamations et des chants exécutés selon une diction continue, exempte dʼinterruptions fâcheuses. En effet, les temps morts des récitations ou des mélodies, surtout imprévus ou indus, sont autant de portes par où les forces adverses arrivent à sʼinfiltrer. Le succès de la cérémonie dépend encore des observances auxquelles se soumettent les adorateurs, est-il dit dans lʼavant-dernière strophe (Y 31.21) ; or, est-il ajouté, ces observances concernent les trois niveaux de leur comportement rituel, et la qualité de ces derniers est déterminée, comme nous le savons déjà, par la conviction des adorateurs. *** L’idée de l’hétérogénéité de lʼunité suivante, la Xvaētumaitī Hāiti « Unité Avec-la-famille »20 (Y 32), est assez inévitable. C’est ce qui ressort notamment de l’examen des personnes grammaticales et de la métrique. Kellens et moi21, nous nous sommes ingéniés à faire comme si le texte était bel et bien homogène, mais, actuellement, je ne professe plus cette opinion forcenée. L’examen révèle que l’unité se compose de cinq parties, que celles-ci lui soient propres ou le fruit de collages : PIRART, 1998b, p. 539-40 ; 2004, p. 143 n. 66. Sur le caractère exceptionnel de ce titre, voir le commentaire de l’unité Y 30 (chapitre I). 21 KELLENS et PIRART, 1988-91. 19

20

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CHAPITRE V

— I. Les deux premières strophes où Ahura Mazdā est nommé à la troisième personne grammaticale et où le dernier vers, chaque fois, reproduit ses paroles ne forment pas sûrement un premier ensemble homogène ; — II. Le trca 3-5, très homogène et souligné par l’usage des octosyllabes, est adressé aux Daēuua ; — III. Les strophes de 6 à 11, toutes adressées à Ahura Mazdā, rassemblent deux trca, le premier traitant des exactions rituelles (aēnah-) et le second, de la corruption des textes à faire entendre à la divinité (srauuah-) ; — IV. Le trca 12-14 concerne le sale puiseur de Haōma, celui qui, par ses façons de faire, est un impie, mais il y a des accidents dans l’emploi des personnes grammaticales ; — V. Les deux dernières strophes partagent l’usage des octosyllabes. La Xvaētumaitī Hāiti contient deux attestations du mot maniiu-, la première dans le trca du discours adressé aux Daēuua (Y 32.3-5) et la seconde dans le second des deux trca adressés à Ahura Mazdā (Y 32.911). J’analyse complètement les deux ensembles en raison tout à la fois de leur énorme intérêt et de leur extrême difficulté. La première grande difficulté est celle de l’ordre de succession anormale des strophes formant le discours adressé aux Daēuua. En effet, le poète eût employé yūžəm au lieu de la séquence at yūš si la troisième strophe de lʼunité fût authentiquement la première du discours adressé aux Daēuua. Force nous est donc de penser que ce discours fut amputé, car la strophe précédente ne les concerne pas, à moins de conjecturer que, primitivement, les deux strophes qui suivent eussent précédé celle-ci. Comme la quatrième strophe n’est pas ouverte au moyen de la particule at qui indiquerait son statut de nouvelle pièce à l’intérieur du discours adressé aux Daēuua, je ne puis que m’interroger sur la légitimité de la place de la précédente qui elle l’est bel et bien. Ceci nous conduit à penser que la troisième strophe de l’unité, à l’origine, se situait à la suite de la cinquième et que le discours en question commençait par le long et complexe diptyque qui s’étend sur les deux dernières du trca. Dès lors, nous aborderons les trois strophes de ce discours dans l’ordre attendu de leur succession : 4, 5 et 3. Une autre incertitude est celle qui entoure la métrique. Il semble que le discours adressé aux Daēuua soit, en quelque sorte, pointé du doigt par le recours fait aux octosyllabes pour les seconds hémistiches, mais

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l’octosyllabisme, dans le cas de la 5e strophe, est loin d’être assuré du fait de la nécessité d’une correction : Hémi.

Correction

5a2 5b2 5c2

hujiiātōiš amərətātascā yəṇg daēuuəṇg akascā maniiuš yā [fra]cinas drəguuaṇtəm xšaiiō

surtout que lʼennéasyllabisme du second hémistiche des trois vers en question est tout aussi envisageable : Hémi.

Correction

5a2 5b2 5c2

hujiiātōiš amərətātascā yəṇg daēuuəṇg akascā maniiuš yā fracinas drəguuaṇtəm xšaiiō

Y 32.4 yāt +yūš tā+22 framīmaθā (7) yā mašiiā †acištā daṇtō (8 si *akā) + vaxšəṇtī †daēuuō.zuštā (7) vaŋhəuš sīždiiamnā manaŋhō (8) mazdaā ahurahiiā (7) xratəuš nasiiaṇtō ašāatcā (8) .·. Tant que vous susciterez [yāt23 yuš tā fra-mimaθa24] les dons mauvais, que les mortels déclareront les faire avec (votre) approbation, (dieux mauvais appelés) Hasardeux [yā25 martiʼā *akā26 dantah 22 Lʼuniverbation yūštā que GELDNER, 1886-96, vol. I p. 115 édite, présente dans de nombreux manuscrits, est sans importance. 23 Avec KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 119, vol. II p. 293 et vol. III p. 83, ou KELLENS, 2015a, p. 33, contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91, « since » ou LECOQ, 2016, p.738 « puisque ». 24 Subj. prés. après yāt : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91, ou LECOQ, 2016, p. 738, ont confondu ce verbe avec frā+√ mā « commander, donner des ordres ». Place normale du verbe. 25 La corrélation exprimée au neutre pluriel tā... yā... acištā introduit une proposition subord. secondaire dans la subord. en yāt, mais, dans cette subord. secondaire, nous trouvons trois participiales successives (a2, b2, c) épithètes de son sujet mašiiā. Le pron. rel. yā peut compléter licitement ou aisément le participe dantō. 26 La strophe constitue la protase dans un diptyque formé avec la strophe suivante. Les neuf syllabes du second hémistiche de ce premier vers face aux huit des seconds hémistiches des vers de la strophe précédente ou de ceux du reste de cette strophe-ci ne peuvent que nous inquiéter, mais il est possible de ramener le vers à huit syllabes. En effet, comme aucune nécessité ne permet de justifier le superl. acištā, il nous est loisible dʼy voir le fruit dʼune retouche pour *akā dont serait coupable quelque diascévaste de la première heure.

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CHAPITRE V

vaxšyanti27 *daivā zuštā*28], et que (vous) les éloigner(ez) du Penser bon [vahauš siždyamnā manahah] ou les pousser(ez) à se passer de l’efficace/ lʼintelligence du Roi qui apporte la sagesse et du (bon) Agencement [mazdaʼah ahurahya xratauš29 nasyantah30 rtāt ca], Y 32.5 tā (< *tāt) dəbənaōtā mašīm (< *mašiiəng) (7) hujiiātōiš amərətātascā (8) hiiat vā akā manaŋhā (7) yəṇg daēuuəṇg akascā maniiuš (8) akā šiiaōθanəm vacaŋhā (7) yā [fra]cinas drəguuaṇtəm xšaiiō (8) .·.

27 KELLENS, 2015a, p. 33, qui conserve vaxšәntē, traduit comme si ce subj. aor. de √ vaxš était lʼindic. prés. du caus. et régissait acištā  : « les pires cadeaux que les hommes [...] font grandir ». Chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91, ou LECOQ, 2016, p. 738, qui paraissent avoir vu la difficulté, ce verbe est intransitif : « these very bad (thoughts, words, actions) by whose production the mortals | shall be promoted » ; « les pires choses qui permettent aux hommes | De sʼaccroître quand ils les font ». Pour moi, la forme vaxšəṇtē, d’après les traductions médiévales gōvend et vadanti, est à corriger en + vaxšəṇtī : < pir. *uaxšianti. La présence de daēuuō.zuštā à sa suite, au vu de certaines attestations de son correspondant véd., va dans le même sens : RS 1.77.1ab kathā dāśemaāgnáye káāsmai V devájustocyate bhāmíne gīh « Comment pourrons-nous honorer-adéquatement Agni ? Quelle parole appréciée du dieu est (digne dʼêtre) prononcée en lʼhonneur de cet (Agni) lumineux [...] ?» (trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 22) ; 5.45.4ab sūktébhir vo vácobhir devájustair V índrā núv àgnī ávase huvádhyai « Les paroles sont bien dites avec lʼapprobation des Deva pour appeler maintenant Indra et Agni à votre aide ». Place licite du verbe +vaxšәntī dès lors que zuštā est épithète de yā ou du sujet. 28 La présence de leur désignation au premier terme du composé daēuuō.zuštā est, contre KELLENS, 2015a, p. 33, mal compatible avec lʼidée que yūš représente les Daēuua. À moins de penser que le composé est secondaire et de le lire en deux mots, avec *daēuuā voc. et *zuštā acc. nt. plur. accordé avec yā ou nom. masc. plur. accordé avec le sujet (ainsi KELLENS, 2015a, p. 33 : « hommes approuvés de (vous), les dieux »). Le vocatif daēuuā occuperait alors une place spéciale. 29 De deux choses l’une, ou bien xratu- constitue une cheville, ou bien la cheville réside dans son sous-entendu avec aša-. En dʼautres termes, la question est celle de savoir si la séquence mazdā ahurahiiā xratəuš... ašāatcā est mise pour **mazdā ahurāt... ašāatcā ou pour **mazdā ahurahiiā xratəuš... ašaxiiācā xratəuš. 30 Le partic. présent nasiiantō appartient à √ nas « périr, se perdre, disparaître » (= véd. NAŚ  :: náśyati), mais KELLENS, 2015a, p. 33, fait preuve d’imagination. La rection ablative, certes, est illustrée en av., par les vers Y 10.7.1ab nasiieiti ˟hixra.frā.kǝrǝsta (8) aat haca nmānāt āhitiš (8) « Lʼaltération que le Pollueur y a perpétrée disparaît de la maison » (texte et trad. PIRART, 2004, p. 93-4 ; 2010b, p. 339), comme en véd., par les vers RS 8.27.18cd esā cid asmād aśánih paró nú sāVásredhantī ví naśyatu « Que cette foudre même se perde au loin pour lui, oui, sans causer de nuisance ! » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 47), mais il faut sans doute considérer quʼil y a synonymie entre sīždiiamnā et nasiiaṇtō ou que les deux derniers abl. mazdā ahurahiiā xratəuš et ašāatº, en pratique, sont coordonnés avec le premier vaŋhəuš... manaŋhō.

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vous frustrez les mortels [tāt31 dabnauta32 martiʼānh33] du Vivre bien et de lʼImmortalité [hu-jyātaiš34 a-mrtātah ca] depuis que le Sentiment mauvais et (le tyran), avec la mauvaise idée, (font) de vous les Hasardeux [35yat vāh akā manahā yānh daivānh akah ca manyuš] et, avec le mauvais mot36, (font) du geste [akā37 śyāuθnam vacahā] lʼoutil avec lequel (ce tyran) juge l’Égaré digne de l’Envoûtement (mauvais) [yā *cinas38 drugvantam xšayah39]. 31 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91, ou LECOQ, 2016, p. 738, sans s’expliquer, ont rejeté notre proposition (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 249) que tā, le fruit dʼun sandhi pour *tāt corrélatif de yāt, ouvre lʼapodose que cette strophe entière constitue par rapport à la protase qui remplit la précédente. Le vers 5a a été repris par Dk 9.31.4 : PIRART, 2012a, p. 64 n. 96. 32 Injonctif prés. dʼemploi courant en indép.-principale : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. 33 Comme le passage du plur. au sing. entre mašiiā (4a2) et mašīm (5a1) est incompréhensible si les deux strophes forment une seule et même phrase, je me résous à proposer la correction de mašīm en *mašiiəng, mais sans exclure que mašīm fût le fruit d’un sandhi dès lors que l’aspirée avec laquelle s’achevait l’accusatif pluriel entrait en contact avec l’initiale de hujiiātōiš. 34 Sous-entend xšaθrāt d’après le vers Y 46.4d yastəm xšaθrāt mazdā mōiθat jiiātəuš vā, mais nous ne pouvons exclure hauruuatātō. Ablatif. 35 L’absence du verbe dans le vers 5b paraît avoir été compensée par l’indication donnée au moyen de yəṇg que daēuuəṇg est un second acc. La restitution de derrière daēuuəng sur la base de Y 49.4b1 tōi daēuuəng dąn ne sʼimpose pas dès lors que lʼoctosyllabisme est requis. Le sujet du verbe sous-entendu est une coordination elliptique akascā maniiuš, mais le terme sous-entendu dans cette coordination reste à déterminer. Je propose *mašcā « et le tyran ». Le sous-entendu de √ dā est à défendre sur base de akō.dā- (Y 12.4). KELLENS, 2015a, p. 33, préfère voir dans la subordonnée en hiiat une comparative dans laquelle le verbe est sous-entendu pour être identique à celui de la principale : « vous frustrez... comme lorsque le mauvais mainiiu [...] (vous leurrent, vous,) les dieux ». Il est exclu par la phraséologie de coordonner akascā maniiuš et šiiaōθanәm au moyen d’un ºcā inverse comme le voudraient HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91 et 174, ou KELLENS, 2015a, p. 33. La traduction offerte par LECOQ, 2016, p. 738, est confuse. Voir plus bas le tableau dans le commentaire de ces strophes. 36 Contre l’idée d’un « adnominal use of the instrumental case » que défendent HUMBACH et FAISS, 2010, p. 174. 37 La répétition de akā assure la coordination de 5c avec 5b. L’antécédent sous-entendu de yā est à considérer comme un second acc. attribut de l’objet šiiaōθanәm. 38 < *fracinah-t  : 3e sing. de la voix active de lʼinj. prés. du rudhādi frā+√ ciš  : BARTHOLOMAE, 1904, col. 431. En réalité, la racine, homophone de √ ciš « procurer, fournir », est à analyser comme l’ancienne variante sigmatique de √ ci. Contre KELLENS, 2015a, p. 33, qui analyse la forme à partir de frā+√ cit. Place spéciale du verbe. J’ignore d’où sort la traduction « expects » de HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91 : « for which wailing expects the deceitful one ». 39 Lʼanomalie métrique du dernier hémistiche est à résoudre comme suit. En principe, xšaiiō est un daivisme : le nominatif masculin sing. de xšaiia-, la probable version connotée négativement de xšaiiant-. De deux choses lʼune, ou bien nous devons faire de xšaiiō le sujet, ou bien lʼéquivalent dʼun second acc. dans la rection de frā+√ ciš  :: fracinas. Contre BARTHOLOMAE, 1904, col. 550, qui faisait de xšaiiō un inf., ce nominatif masc.

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Y 32.3 40 at yūš daēuuā vīspāŋhō (7) akāt manaŋhō stā ciθrəm (8) yascā vā maš yazaitē (7) drūjascā +pairī.matōišcā (8) šiiaōmąm aipī daibitānā (7) yāiš asrūdūm būmiiā haptaiθē (8) .·. Et vous, (mauvais dieux) Hasardeux [at yuš daivā], et le tyran qui vous offre le sacrifice, vous êtes tous sous la coupe du Penser mauvais [visvāhah akāt manahah sta41 ciθram42 yah ca vāh maš43 yazatai44], de lʼErreur et de la Négligence [45drujah ca pari-mataiš46 ca], en prenant part aux gesticulations alternatives [śyaumān api47 sing. est à comprendre entre guillemets dans la rection de √ ciš. Contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91, qui tire xšaiiō de xšī- « lamentation ». Et contre KELLENS, 2015a, p. 33, pour qui xšaiiō, épithète du sujet du verbe, ferait office dʼauxiliaire de mode : « (choses) auxquelles (lʼhomme) peut identifier le trompeur ». Comme le préverbe nʼa pratiquement aucune pertinence sémantique et quʼaucune différence, dans le Baγān Yašt, nʼest palpable entre le verbe simple et le composé para+√ ciš, je propose de considérer ce dernier comme le fruit dʼune corruption pour frā+√ ciš « estimer que acc. est un nom. ». 40 Sur le parallélisme de Dk 9.31.3 avec ab, PIRART, 2007a, p. 63-5. 41 Indic. prés. dʼemploi courant en indép.-principale : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. 42 Sur ciθra- + abl., PIRART, 2012a, p. 37, mais KELLENS, 2015a, p. 33, nʼen tient pas compte. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91 : « But you Daēvas/devils altogether are seeds from bad thought ». LECOQ, 2016, p. 737, semblablement. KELLENS, 2015a, p. 33, reste perplexe : « Mais vous, tous les dieux, et celui qui vous offre déjà (?) le sacrifice, vous êtes le signal-lumineux issu (?) de la mauvaise Pensée ». Place spéciale du verbe, mais ciθrәm pourrait, avec lui, constituer un syntagme lexicalisé. 43 Avec KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 283 et vol. III p. 82, ou LECOQ, 2016, p. 737 (« Et le chef qui vous vénère »), mais contre KELLENS, 2015, p. 33, qui, incroyablement, ne reconnaît plus lʼexistence de ce personnage et cherche à faire de sa désignation un adverbe « déjà » sans doute sur la base d’une vague ressemblance du mot avec l’av. réc. mošu. Et contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91 : « who much celebrates you ». 44 Indic. prés. dʼemploi courant en prop. rel. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place normale du verbe. 45 Contre toute vraisemblance, LECOQ, 2016, p. 737, fait de lʼhémistiche b2 un groupe gén. complément déterminatif de šiiaōmąm : « ainsi que les actes doubles | De la Druj et de lʼarrogance ». 46 Pour l’interprétation de ce mot, il convient de tenir compte du védique pári MAN  : RS 7.93.6 imām u sú sómasutim úpa na V éndrāgnī saumanasāya yātam | nū cid dhí parimamnāthe asmān V ā vāṁ śáśvadbhir vavrtīya vājaih « To this our Soma-pressing, IndraAgni, come ye prepared to show your loving-kindness, | For not at any time have ye despised us. So may I draw you with all strengthenings hither » (trad. GRIFFITH, 1973, p. 380) ; 10.31.2 pári cin márto drávinam mamanyād V rtásya pathā námasā vivāset | utá svéna rtúnā sáṁ vadeta V śréyāṁsaṁ dáksam mánasā jagrbhyāt « A man should think on wealth and strive to win it by adoration on the path of Order, | Counsel himself with his own mental insight, and grasp still nobler vigour with his spirit » (trad. GRIFFITH, 1973, p. 552). 47 Kellens et moi (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 212 et vol. III p. 83), nous sous-entendions √ ah avec aipī, mais cʼétait en admettant la juxtaposition pure et simple de cette phrase à la précédente. Dernièrement, KELLENS, 2015a, p. 33, ne semble plus

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dvitānā48] qui vous ont rendus fameux sur la septième partie de la Terre [yāiš srudvam49 būmyāh haptaθai]. La quatrième strophe documente le tandem quʼAhura Mazdā forme avec Aša, « le (bon) Agencement ». Le triangle que ce tandem forme avec Vohu Manah, « le Penser bon », était déjà présent dans la deuxième où Vohu Manah sʼavérait être l’artisan du tandem (mazdā ahurō sārәmnō50 vohū manaŋhā... ašā « le Roi qui apporte la sagesse, lui que le Penser bon unit à l’Agencement »). La quatrième strophe expose ce qu’il est reproché aux dieux mauvais : instigateurs d’offrandes abominables, les Daēuua détournent les hommes du Penser bon et des avantages que le culte rendu à Ahura Mazdā aurait pu leur offrir, mais les rubriques de ce bref exposé sont tellement générales, vagues ou imprécises que, pratiquement, nous ne pouvons en tirer aucune information. Très exactement comme nous pouvions nous y attendre, les conséquences de telles offrandes, pour ceux qui obéissent aux suggestions démoniaques, seront terribles : une vie impossible et la mort. Néanmoins, une information moins insipide fait le filet du diptyque : les Daēuua ne sont ni réellement ni directement responsables de pareille déconvenue, victimes qu’ils sont du Sentiment mauvais et du sacrifice qu’un certain Maz, selon la troisième strophe, n’a de cesse de leur offrir. Nous sommes alors conduits à nous interroger sur lʼidentité de ce Maz. Le verbe sous-entendu de la subordonnée introduite par hiiat, dans la cinquième strophe, a pour sujet la coordination elliptique akascā maniiuš {mašcā} et régit, par deux fois, deux acc. : tout d’abord vā et yəṇg daēuuəṇg  ; ensuite šiiaōθanәm et l’antécédent sous-entendu de yā. Un instr. complète aussi le verbe sous-entendu chaque fois51 :

tenir compte d’ aipī : « Illusoires sont les actes qui vous font entendre sur toute la septième partie de la terre ». 48 Le sens que j’attribue à daibitāna-, « appartenant au second, alternatif », suggéré par l’étymologie, reste conjectural. La seule autre attestation de daibitānā concerne aussi les niveaux du comportement rituel de lʼimpie : Y 48.1b2 yā daibitānā fraōxtā (7). 49 Inj. aor. en prop. rel. exprimant le passé par rapport à un prés. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76. Place spéciale du verbe. 50 Participe prés. passif (< pii. *śiámHna-) accompagné d’un complément d’agent dûment exprimé à l’instr. à côté de l’instr. que ce verbe régit normalement. 51 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 91, ne reconnaissent pas que le verbe sous-entendu régit deux acc., car ils sous-entendent √ dab sur base de sa présence dans le premier vers : « Therefore you cheat the mortal one out of good life and immortality, | since through evil thought the evil spirit and the action (inspired) by evil word | (cheated) you Daēvas/ devils (out of them,) for which wailing expects the deceitful one ».

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Premier acc.

Second acc.

Instrumental

vā šiiaōθanәm

yəṇg daēuuəṇg (...) yā

akā manaŋhā akā... vacaŋhā

En effet, par comparaison avec le tandem de Vaŋhu Maniiu et de Spǝnta Nar52, nous pouvons penser que le personnage qui, à la cinquième strophe, accompagne Aka Maniiu est Maz. Quoi que nous pensions de cette identification, la personnification du mauvais Maniiu apparaît évidente, mais il n’est guère trop risqué de reconnaître dans le personnage appelé Maz une autorité politique, un chef. De toute façon, Maz, défini comme sacrifiant dans la troisième strophe, est très probablement un être humain au même titre que Spәnta Nar. Si ce dernier n’est autre que Zaraθuštra, la strophe nous ferait connaître sa contrepartie négative : Maz serait le chef de file de ceux auxquels l’Avesta récent donne le nom de daēuuaiiasna- « adorateurs du/ des Hasardeux (= mauvais dieu/ dieux) », celui qui est appelé *auui.miθra- dans le Mihr Yašt53. Le Zaraθušt Nāmag et d’autres livres pehlevis nous renseignent sur le nom de cet opposant paradigmatique qui devait assassiner Zaraθuštra : un certain Tūra Brāθrō.raēša54. Les équations données ici concernant cet opposant, faute d’être posées explicitement par aucun passage, ont beau relever de la logique, nous devons bien admettre leur caractère tout à fait conjectural, mais les trois désignations, de toute façon, doivent pourtant bien faire référence à trois être sinon identiques, du moins assez semblables ou proches l’un de l’autre : Maz = *Auui.miθra = Tūra Brāθrō.raēša ?

Qui que soit cet opposant, il convient de souligner que le mauvais Maniiu l’accompagne en raison tout à la fois du fait que la personnification de ce dernier lui donne le statut d’archidémon et du fait d’un hendiadys puisqu’il ne s’agit jamais, en définitive, que du maniiu de Maz, le propre Sentiment de Maz qu’Ahura Mazdā n’est pas ce que les mazdéens veulent bien dire. Les Daēuua auxquels, selon la troisième strophe, Maz offre le sacrifice sans doute sont-ils les Māzaniia de l’Avesta récent ou des livres

52 53 54

Présent notamment dans la strophe Y 34.2. Yt 10.20 : PIRART, 2000, p. 375 n. 20. PIRART, 2018, p. 229.

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pehlevis, « ceux de Maz ». Ils dépendent des Draōjina55, notamment dʼAka Manah « le Penser mauvais », de Druj « l’Erreur » et de Pairī.maiti56 « la Négligence ». Seule la troisième de ces trois entités présente quelque épaisseur : tandis que les deux premières ne reçoivent aucune définition nous disant ce qu’est un penser mauvais ou en quoi consiste l’Erreur, la Négligence, en revanche, même sans être explicitée, est ce qu’elle est, à savoir le fait d’omettre d’honorer les dieux, l’impiété la plus nette. Certes, la donnée n’est guère originale, mais le dernier vers nous apporte une précision tout à fait inattendue : sur la septième partie de la Terre. Nous ignorons à quel épisode mythique le dernier hémistiche de la troisième strophe fait allusion, mais il témoigne de l’existence d’une division de la surface terrestre en sept parties ou continents, lesquels, dans l’Avesta récent ou les livres pehlevis, sont appelés karšuuan-. La logique nous révèle que le septième ou dernier des karšuuan est le Xvainīraθa, le secteur situé au milieu, puisque leur nombre de sept est impair, que tous les autres sont habituellement nommés au moyen de dvandva ou deux par deux et que l’énumération qu’en donnent l’Avesta récent ou les livres pehlevis, invariable, s’achève toujours par la mention du Xvainīraθa57, le secteur du « Char sonore »58. Le seul passage avestique qui nous parle tout à la fois des Daēuua et du Xvainīraθa appartient au XIIe mouvement du Srōš Yašt ī Se-šabag : Yt 11a.29 (= Y 57.30) sraōšǝm ašīm... yazamaide... « Nous offrons le sacrifice au Phrasé soucieux de l’Agencement... » Yt 11a.30 (= Y 57.31) yō āθritīm hamahe (8) aiiąn hamaiiā vā xšapō (8) imat karšuuarǝ auuazāite (8) yat xvainiraθǝm bāmīm (8) snaiθiš zastaiia draōžimnō (8) brōiθrō.taēžǝm huuā.vaēγǝm (8) kamǝrǝδe paiti daēuuanąm (8) « lui qui, trois fois le même jour ou la même nuit, rejoint ce secteur-ci de la Terre, celui lumineux de Char-sonore, brandissant de la main le tranchoir dont la pointe acérée et le tourbillon facile servent à couper la sale tête des Hasardeux ». Yt 11a.31 (= Y 57.32) snaθāi aŋhrahe maniiəuš druuatō (2+8) snaθāi aēšmahe xruuīm.draōš (8) snaθāi māzaniianąm daēuuanąm (2+8) snaθāi vīspanąm daēuuanąm (8) .·.... « Nous le faisons dans le but de trancher l’égaré Sentiment funeste, de trancher le Furieux qui propulse de cruelles

55 J’ai adopté ce terme rare pour la désignation de la contrepartie négative des Amәša Spәnta : PIRART, 2007a, p. 62. Voir aussi ZA 5.2. 56 Sur la différence de statut existant entre les Vīspa Daēuua et la seule série de la contrepartie négative des Amǝša Spǝnta comme sur Maz, PIRART, 2007a, p. 63-5. 57 V 19.39, Vr 10.1, Yt 10.15, 10.133, 12.15. 58 PIRART, 2009a, p. 240-1.

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javelines, de trancher les Hasardeux honorés du tyran, de trancher tous les Hasardeux... »

Même si rien de bien significatif ne peut être tiré de ce mouvement qui puisse nous aider à comprendre l’allusion vieil-avestique, je relève le tandem qu’Aŋhra Maniiu y forme avec Aēšma. Ceci vient confirmer la teneur du tableau dressé à la page 45. La seconde occurrence du mot maniiu- dans la Xvaētumaitī Hāiti se situe dans le second trca (Y 32.9-11) parmi les strophes adressées à Ahura Mazdā (Y 32.6-11). Ce second trca est une plainte que Zaraθuštra lance aux dieux : les partisans des Daēuua, leurs suppôts lui font la vie impossible et, lui mettant des bâtons dans les roues, entravent les célébrations. La compréhension du trca, malaisée, passe par l’hypothèse de graves altérations du texte de la première des strophes le constituant : Y 32.9 duš.sastiš srauuā mōrəṇdat (7) *apō jiiātəuš səṇghanāiš xratūm (9) apō *mōi īštīm [apa]iiaṇtā (7) bərəxδąm hāitīm vaŋhəuš manaŋhō (9)59 tā uxδā maniiəuš mahiiā (7) mazdā *ašā.yecā [yūšmaibiiā] gərəzē (9).·. Avec de mauvaises définitions, (cet opposant) malmène les énoncés [duš-sastiš sravāh mrndat60] : ses mauvaises définitions lui permettent de faire obstacle à l’efficace de (ma) possibilité de vie et à ma capacité sacrificielle [*apa61 jyātauš sanhanāiš xratum apa *mai62 ištim63 yanta64], malgré la valeur que le Penser bon imprime à ces dernières

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Cf. Y 48.6b dāt tǝuuīšīm vaŋhəuš manaŋhō bǝrǝxδē. Inj. prés. dʼemploi courant en indép.-principale : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. Le syntagme srauuā mōrəṇdat se retrouve dans l’hémistiche 10a1. Place normale du verbe. 61 † huuō < *apō : †huuō est lʼaboutissement de la retouche de *hō, mais ce dernier 60

résulte de la ligature pehlevie des deux premiers signes de *apō (Opa > Oh). 62 mā est le fruit du sandhi de *mōi devant īº. Permuter a2 et b2 de façon à mieux situer *mōi  : Y 32.9ab **duš.sastiš srauuā mōrəṇdat V bərəxδąm hāitīm vaŋhəuš manaŋhō V apō *mōi īštīm [apa]iiaṇtā V *apō jiiātəuš səṇghanāiš xratūm. KELLENS, 2015a, p. 33-4, nʼadmet pas ces modifications. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 93, ou LECOQ, 2016, p. 739, font de mā une particule dépourvue de sens. 63 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 93 : « command » ; KELLENS, 2015a, p. 34 : « offrande-īšti » ; LECOQ, 2016, p. 739, « abondance ». 64 Inj. aor. exprimant un réel du présent ponctuel : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 75. Le correspondant indien d’apā+√ yam n’existe pas. Place licite du verbe puisque les éléments qui le suivent forment un groupe épithète de īštīm dûment situé avant.

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[brgdām hatīm vahauš manahah]65. Avec les mots que me dicte le Sentiment que tu me donnes [tā66 ugdā manyauš mahya67], je vous adresse cette plainte, (Roi) qui apportes la sagesse, (à toi,) au (bon) Agencement et (aux autres dieux) [mazdā rtāya ca 68 {yušmabya} grzai69]. Y 32.10 huuō.mā.nā srauuā mōrəṇdat (7) yə acištəm vaēnaŋhē aōgədā (9) gąm ašibiiā huuarəcā (7) yascā dāθəṇg drəguuatō dadāt (9) yascā vāstrā vīuuāpat (7) yascā vadarə vōiždat ašāunē (9) .·. +

(Ceux-là) malmènent semblablement les énoncés [hamānā70 sravāh mrndat]71 : celui qui dit un mauvais mot pour voir [yah acištam vainahai augda72] de ses yeux la vache73 et le Soleil [gām axšibyā74 huvar ca], celui qui prend les égarés pour convenables [yah ca dāθānh 65 Lʼhémistiche b2 contient le groupe de lʼépithète détachée de īštīm, mais le syntagme jiiātəuš... xratūm est probablement tout aussi concerné. Le tour consistant à étoffer lʼun des termes dʼune coordination en recourant à xratu- est illustré aussi dans le vers Y 32.4c. 66 Acc. ou instr. interne. Le démonstratif, résomptif, reprend la teneur des vers 9ab, mais, en pratique, englobe aussi les deux strophes suivantes avec lesquelles la plainte se poursuit. 67 KELLENS, 2015a, p. 34, donne ici à maniiu- un sens védisant : « Je vous adresse en plainte [...] ces paroles fougueuses ». Lʼemploi du possessif mahiiā n’est pas inattendu avec gǝrǝzē conjugué à la voix moyenne puisque cette diathèse est lexicale. Remarquons l’emploi subjectif du possessif ma- (« le sentiment que j’ai ») face à l’emploi objectif de θβa- (« le sentiment que tu donnes »). 68 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 117, ašāicā yūšmaibiiā. La forme tonique, inattendue en cette position, coïncide avec un excès de syllabes. La métrique est régularisée en restituant *ašā.yecā və* (cf. 6c2). 69 Indic. prés. ayant pour fonction dʼexprimer le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Place normale du verbe. La graphie gәrәzē est de type récent face à celle que nous trouvons dans l’hémistiche Y 46.2c1 gǝrǝzōi tōi (4). 70 Je lis +huuō.mā.nā en un mot et formule lʼhypothèse de fausses coupes : < pir. *hamānā haplologique pour pii. *hama+māna- « possédant la même dimension ». Lʼinstr. nt. sing. de ce mot serait employé adverbialement comme son descendant pehlevi homānāg. Car, contre KELLENS, 2015a, p. 34, il est impossible, en raison de la place occupée, de reconnaître ici le gén. du pron. tonique de la première personne du singulier *mana (≈ védique máma). Chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 93, ou LECOQ, 2016, p. 739, pour qui mā est une particule dépourvue de sens, les mots huuō... nā sont traduits par « That man » ; « Il [...] lʼhomme ». 71 srauuā mōrəṇdat aussi 9a1. 72 Inj. prés. dʼemploi courant en prop. rel. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. Place licite du verbe puisque les mots de b1 complètent l’infinitif. 73 = l’Aurore ? 74 L’infinitive vaēnaŋhē... gąm ašibiiā est la source d’inspiration des vers Y 9.29 cd mā ząm vaēnōit ašibiia V mā gąm vaēnōit ašibiia.

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CHAPITRE V

drugvatah dadāt75], celui qui dévaste les pâturages [yah ca vāstrā vi-vāpat] ou celui qui lève son arme contre le pieux (adorateur) [yah ca vadar vaiždat rtaunai]. Y 32.11 taēcīt †mā mōrəndən jiiōtūm (7) yōi drəguuantō mazbīš cikōitərəš (9) aŋvhīšcā aŋhauuascā (7) apaiieitī raēxənaŋhō vaēdəm (9) yōi vahištāt ašāunō (7) mazdā rārəšiiąn manaŋhō (9) .·. 76

(Roi) qui apportes la sagesse [mazdā77], ce sont bien eux qui me malmènent la vie [tai cit *mai78 mrndan79 jyātum], eux les Maîtresses et Maîtres (mauvais) [ahvīš ca ahavah ca], les Égarés qui, avec les tyrans détectives (?) [yai drugvantah mazbiš80 cikaitrš81], atteignent le fournisseur du reste [āpayanti82 raixnahah vaidam83] pour ensuite s’éloigner du Penser excellent que le (bon) Agencement accompagne [yai vahištāt rtaunah84... hrahršyaʼan85 manahah]. 75 Ce verbe et les deux suivants sont des injonctifs présents d’emploi courant en proposition relative : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. Place normale du verbe. 76 Pour cette strophe, KELLENS, 2015a, p. 34, baisse les bras. 77 Le manque d’ancrage de ce voc. est à justifier. Comme il constitue la répétition de celui de 9c2, nous pouvons avancer qu’il y est recouru ici dans le but de clôturer le trca. 78 La comparaison de 11a1 avec 12b2 yōi gəuš mōrəṇdən uruuāxš.uxtī jiiōtūm suggère que mā est mis pour *mōi. Chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 93, comme chez LECOQ, 2016, p. 739, mā est une particule dépourvue de sens. 79 Inj. prés. dʼemploi courant en indép.-principale : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 74. Place licite du verbe : le groupe complément dʼobjet, *mōi... jiiōtūm, commence avant. 80 maz- est « le tyran » (PIRART, 2007a, p. 63-4) aux strophes Y 32.3,11, 34.9, mais plutôt le nom-racine de √ mąz « conférer » (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 283) aux strophes Y 29.11, 30.2, 46.14. Lʼanalyse faisant de maz- la désignation de chefs impies est retenue ici par LECOQ, 2016, p. 739, tandis que HUMBACH et FAISS, 2010, p. 93, optent pour « with «great (achievements)» ». 81 Voir le commentaire donné plus bas. 82 Malgré sa citation possible dans le Yt 15.43.2a, sur quoi voir PIRART, 2007b, p. 104 n. 449. Indic. prés. d’emploi courant en prop. rel. Non repris chez KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73, du fait d’une analyse différente de la forme (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 201 et 218). En effet, actuellement, j’y vois l’indic. prés. en -aiia- tiré de √ āp au lieu de l’instr. sing. du substantif en -ti- dérivé de apā+√ yam (HUMBACH et FAISS, 2010, p. 93 : « with robbing » ; LECOQ, 2016, p. 739 : « par le détournement »). Place spéciale du verbe. 83 Ceci est à rapprocher de l’hémistiche Y 32.7c2 irixtǝm mazdā vaēdištō ahī. 84 Pour moi ou pour KELLENS, 2015a, p. 34, abl. sing. accordé avec manaŋhō, mais cʼest un acc. plur. selon HUMBACH et FAISS, 2010, p. 93, ou LECOQ, 2016, p. 739 : « who keep off the truthful from best thought » ; « Eux qui éloignent [...] les ašavans de Vahišta Manah ». 85 Subj. prés. exprimant une action dont lʼaccomplissement ne pourra avoir lieu quʼaprès celui du procès principal : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. Place licite du verbe : le groupe abl. commence avant.

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Dans la première des trois strophes, l’absence de coordination de mōrәndat avec apaiiantā suppose l’existence d’une relation spéciale entre les deux phrases, sans doute soutenue par la concaténation lexicale duš.sastiš... səṇghanāiš : la seconde gloserait en quelque sorte la première. Le sujet des deux verbes, sous-entendu, mais auquel se rapporte l’épithète de duš.sasti-, est assez identifiable comme étant l’opposant paradigmatique de Zaraθuštra. Le Sentiment (maniiu-) que les dieux donnent à Zaraθuštra d’être ce qu’ils sont, apprenons-nous au terme de la première des trois strophes, cʼest celui qui l’a conduit à se plaindre : Zaraθuštra supporte mal non seulement ses mauvaises conditions de vie, mais aussi son incapacité à procéder normalement à l’offrande des sacrifices dont le Penser bon prône pourtant la célébration. Le sabotage que les adversaires entreprennent des conditions de vie et des activités religieuses consiste à donner de mauvaises définitions des srauuah, les formules ou paroles rituelles que les célébrations font entendre aux dieux. L’écueil vital auquel donne lieu le simple fait de définir inadéquatement les formules est sans doute surprenant, mais, en réalité, nous ne savons pas au juste de quoi il s’agit. La strophe suivante poursuit en dévoilant la nature de certains srauuah : ceux en usage dans la célébration matinale, sans doute comparable à l’Agnihotra védique, mais menée contre les mazdéens par toutes les couches de la société des adversaires faite de prêtres qui donnent les égarés pour de convenables adorateurs, de pâtres qui gaspillent le fourrage et de guerriers qui, armes à la main, agressent les pieuses gens. Les trois dernières subordonnées relatives coordonnées de la dixième strophe de la Xvaētumaitī Hāiti obéissent en effet au schéma trifonctionnel dumézilien : Fonctions

Hémistiches Subord. rel.

I III II

b2 c1 c2

yascā dāθəṇg drəguuatō dadāt yascā vāstrā vīuuāpat yascā vadarə vōiždat ašāunē

La troisième strophe du trca, résomptive comme le souligne la particule ºcīt employée avec le démonstratif initial taēº, identifie les adversaires. Parmi ceux-ci, je considère que la future contrepartie des Amәša Spәnta, ceux que j’ai pris l’habitude d’appeler Draōjina, est ici désignée au moyen de la coordination aŋvhīšcā aŋhauuascā avec laquelle une répartition sexuée est pratiquée selon la même méthode que celle employée dans le Yasna Haptaŋhāiti pour les Amәša Spәnta :

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CHAPITRE V

Y 39.3 +ā at+86 iθā yazamaidē (8) vaŋhūšcā īt vaŋvhīšcā īt (8) spәntəng amәšəng (5) yauuaējiiō yauuaēsuuō (8) yōi vaŋhəuš ā manaŋhō87 šiieintī (9) yāscā +uitī88 (4) .·. « Et, de la sorte, nous procédons à l’offrande du sacrifice aux Immortels Savants, (qu’il s’agisse) des bons (dieux) ou des bonnes (déesses), de vie éternelle et de ressources éternelles, (qu’il s’agisse) de ceux qui habitent (les sentiers) du Penser bon ou de celles qui font de même ». À côté d’ahura- qui est un mot connoté positivement, la strophe vieil-av. Y 32.11 conserve la forme aŋhu-89 coïncidant avec l’anatolien hassu- « roi » ainsi que le féminin correspondant aŋvhī-, mais leur imprime une connotation négative. Le zand souligne que aŋvhī- est le féminin de aŋhu- : ktkhvt’d GBRA V NYŠE, mais la traduction par kadagxvadāy « maître de maison », comme le commentaire l’indique (m’npt), renvoie aussi au vieil-avestique inattesté *dəmąnō.paiti-90. Niriosaṅgha confirme cette interprétation : grhapatayo grhapatnyaś ca. Comme drəguuantō paraît bien concorder avec aŋhauuascā, nous avancerons qu’aŋhu- est la version daivique de *dəmąnō.paiti-, mais sans pouvoir déterminer de façon sûre si les êtres ainsi désignés sont ou non surnaturels. Les commentaires médiévaux les taxent de ’hlmvk| (ašәmaōγ) = āśmogāh kapatakarmānah « les ašәmaōγa qui agissent de façon frauduleuse », une qualification convenant plutôt aux hérétiques ou à des adversaires religieux, mais je ne leur accorde aucun crédit. En plus de la coordination aŋvhīšcā aŋhauuascā, nous y trouvons donc le terme ambigu de drәguuantō avec lequel les textes vieil-avestiques désignent aussi bien les démons que leurs suppôts. Ces derniers sont ici représentés par leurs dirigeants, ceux qui sont appelés mazcikaētar- « tyrans qui détectent ». Le statut de verbe conjugué qu’il faudrait accorder à cikōitərəš91 est ad hoc : le degré plein radical est 86 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 135, donne āt, mais, en faisant l’hypothèse de l’emploi d’ā+√ yaz, j’opère cette correction de façon à tenir compte de la différence que le passage, pour ce qui est de la place de iθā, présente par rapport à Y 39.1ab iθā āt yazamaidē gəuš (8) uruuānәmcā tašānәmcā (8) « Et nous offrons le sacrifice à l’âme-moi de la vache et à son configurateur ». 87 Ce génitif sous-entend le locatif ou l’accusatif de paθ- « chemin ». 88 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 135, donne ūitī. 89 BARTHOLOMAE, 1904, col. 281-3, enregistre plusieurs autres attestations de ce mot, mais, une fois admise l’analyse que je défends de l’Ahuna Vairiia, nous y verrons plutôt « l’existence ». 90 Selon le Frahang ī Ōīm, le sasthītatpurusa dəmąnō.paθnī- signifie kadag-bānūg « maîtresse de maison » (FiO 77 : KLINGENSCHMITT, 1968, p. 17-8). 91 JASANOFF, 1997 ; CHEUNG, 2007, p. 31 ; voir aussi HUMBACH et FAISS, 2010, p. 93, ou LECOQ, 2016, p. 739, qui traduisent yōi drəguuantō mazbīš cikōitərəš par « the

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inattendu, et ce serait le seul exemple de ºǝrǝš pour la désinence de troisième personne du pluriel de l’indicatif parfait actif92. C’est donc forcément le gén.-abl. de cikaētar-, le dérivé en -tar- du thème fort de présent hvādi de √ ci « remarquer »93 au même titre que manaōθrī-94 est tiré de celui de présent svādi de √ man « penser »95. Il nʼest pas exclu que cikōitǝrǝš soit un instrumental pluriel court accordé avec mazbīš. Ceci dit, j’ignore complètement à quoi cette désignation de « détectives » pouvait bien rimer. Si cikōitǝrǝš n’est pas une forme verbale, nous devons faire d’apaiieitī le verbe de la proposition subordonnée introduite par yōi et en corriger alors la forme en ˟apaiieintī. Comme vaēdәm en sera forcément l’objet et que, dès lors, nous ne pouvons reconnaître dans ˟apaiieintī une forme de l’intransitif apa+√ i, force nous est d’opter pour une analyse qui en fera le présent en -aiia- du transitif √ āp « atteindre ». Le substantif vaēda- devrait, en principe, désigner un animé et signifier « le fournisseur »96. La possibilité de ce caractère animé pour l’objet de √ āp est documentée par l’Ārd Yašt97, mais la compréhension générale et la portée de lʼhémistiche 11b2, apaiieitī raēxənaŋhō vaēdəm, m’échappent tout à fait. *** La Yaθāišiθā Hāiti (Y 33), la sixième unité de l’Ahunauuaitī Gāθā, contient trois attestations du mot maniiu-. La première, à la strophe Y 33.6, nous donne trop de fil à retordre pour qu’il nous soit possible d’en tirer quelque information suffisamment sûre que ce soit, utile à notre propos : Y 33.6 yə zaōtā ašā +әrәzuš (7) huuō maniiəuš ā vahištāt kaiiā (9) aāt +auuā.manaŋhā (7) yā vәrәziieidiiāi mantā vāstraiiā (9) tā (< *tat) tōi iziiāi ahurā (7) mazdā darštōišcā həm.parštōišcā (9) .·.

deceitful who show off with «great (achievements)» » ; « qui, avec leurs chefs, se manifestent comme menteurs ». 92 KELLENS, 1984a, p. 412. 93 √ ci :: subj. cikaiiat = védique CI :: cikéti. 94 Le masculin de ce mot est attesté en védique : manótar-/ manotár-. 95 Sur quoi, DEBRUNNER, 1954, p. 676 et 679. 96 Voir KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 294. 97 Yt 17.19.3 : texte PIRART, 2006b, p. 188 ; trad. PIRART, 2006b, p. 122 ; 2010b, p. 290.

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CHAPITRE V

Avec quel (rite sacrificiel) l’(officiant) libateur observant la diction continue lors de la Dédicace [yah zautā98 ārtā99 rzuš100... kayā101 {ištī}] se retrouve-t-il avec (ton) mépris/ connaît-il (ton) mépris [hah... ava-manahā102] avant d’(?)avoir le Sentiment de (ton) excellence et de (ton) rôle de pâtre en vue de (son) accomplissement [manyauš ā103 vahištāt... ahmāt104... yā105 vrzyadyāi106 manta107 vāstrayā108] ? Voilà ce que j’attends, Roi qui apportes la sagesse, de ta vision et de ta conversation [tat109 tai īzyāi110 ahura mazdā drštaiš ca ham-prštaiš ca]. 98 La ligne Yt 4.7e yə zaōta zaraθuštrō du Hordād Yašt identifie yə zaōtā à Zaraθuštra. Il s’impose de reconnaître la corrélation de yə avec huuō. 99 Instr. sing. de aša- « le (bon) Agencement » ou loc. sing. de aši- « la (bonne) Dédicace » ? 100 Sous-entend paθō d’après 33.5c, mais il est plus simple, certes moyennant la correction de ǝrǝzūš en +ǝrǝzuš, dʼy voir une épithète de zaōtā comme le pense LECOQ, 2016, p. 743 n. 101 Le dernier mot de la strophe suggère d’analyser kaiiā, non comme un verbe, mais comme l’instr. fém. sing. de l’adj. interrogatif : il pourra sous-entendre {īštī}. Le divādi védique KAN  :: kāyate « il se réjouit », qui se conjugue exclusivement à la voix moyenne, ne peut servir à l’analyse faisant de kaiiā une forme verbale : contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 97 ; KELLENS, 2015a, p. 35 ; LECOQ, 2016, p. 743. 102 Les mots auuā manaŋhā n’ayant aucune place, j’y vois une forme tirée de auuā+√ man « mépriser » (= scr. ava MAN). La seule analyse envisageable de +auuā.manaŋhā est d’y reconnaître l’instr. sing. du nom en dérivant par suffixation en -ahpuisque nous ne saurions que faire de la deuxième personne du sing. de la voix moyenne du subj. aor. radical. En l’absence de verbe, nous n’avons d’autre solution que celle de penser à une copule invisible : « il (est) avec (ton) mépris ». 103 La préposition ā construite avec l’ablatif signifie ou bien « à partir de (tel endroit) » ou bien « avant, jusqu’à (tel instant) ». 104 La seule façon de justifier le rejet de aāt au début du deuxième vers est d’admettre qu’il se trouve en corrélation avec yā. 105 Il est heureux de trouver maniiəuš ā vahištāt... aāt comme antécédent de yā si la base de la subord. que ce pron. rel. introduit n’est autre que mantā. 106 L’infinitif en -diiāi, par lui-même, ne comporte aucune idée d’obligation : contre KELLENS, 2015a, p. 35. 107 Inj. aor. exprimant le passé en prop. rel. par rapport à un réel du présent : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 76. Place licite du verbe. 108 De deux choses l’une, ou bien vāstriiā est à accorder avec le pron. rel., auquel cas, en fin de compte, ce serait une épithète de maniiu-, ou bien l’objet direct de vәrәziieidiiāi mantā. 109 Ce dém. placé en tête du dernier vers, sans doute le fruit d’un sandhi pour *tat devant un mot commençant avec une dentale, paraît reprendre la question faisant la teneur des deux premiers vers. En effet, il est interdit de lui donner le sens cataphorique : contre KELLENS, 2015a, p. 35. 110 Je nʼai pas retenu la correction en +iziiā que BARTHOLOMAE, 1904, col. 342, avait proposée, que KELLENS, 1984a, p. 19 et 123 avait défendue et que nous avions adoptée (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 123 et vol. II p. 223). Elle va à l’encontre du védique īhe, et les attestations récentes ne me paraissent pas suffisamment solides pour défendre la réalité de la voix active. En effet, la finale ºiieinti que, dans le FrA 10, la 3e plur. indic. prés. iziieinti montre au lieu de ºinti est suspecte (KELLENS, 1984a, p. 326).

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Comme il se situe dans une proposition dont le caractère interrogatif est incertain, dépourvue de verbe et grevée d’inconnues lexicales, mieux vaudrait laisser de côté cette occurrence du mot maniiu-, mais, malgré de telles apories, gardons à l’esprit l’évidence grammaticale de la corrélation aāt... yā qui nous conduit à accorder vāstriia- avec maniiu- : il est donc question du Sentiment, exprimé sous forme d’hypallage par le libateur, que le grand dieu se soucie du fourrage, est un vāstriia111. Malheureusement, la deuxième attestation du mot maniiu- dans la Yaθāišiθā Hāiti (Y 33.9) reste tout aussi inabordable, une nouvelle fois en raison des inconnues lexicales et des incertitudes métriques de son contexte : Y 33.9 112 at tōi +mazdā.təm113 maniiūm (7) ašaxšiiantā114 sarәidiiaiiā115 (9) uv x āθrā maēθā maiiā116 (7) vahištā barәtū117 manaŋhā (9)

Indicatif présent de première personne exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. Place spéciale du verbe. 111 Ceci rappelle le dernier hémistiche de lʼAhuna Vairiia. 112 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 98 : « Let thus one, O Wise One, through the confort (arranged) facing me | bring you with best thought that spirit of the two braves emiting truth. | The partnership of these two whose souls are in harmony is assured » ; LECOQ, 2016, p. 744 : « Et quʼil apporte, ô Mazdâ, le Mainyu des deux rivaux, excroissances dʼAša, | Les félicités avec la grâce, par Vahišta Manah, | Lʼunion des deux est en mouvement, eux dont les âmes sʼunissent ». 113 L’apparente inutilité de ce démonstratif pourrait suggérer de lire la séquence qu’il forme avec mazdā en un mot : *mazdātәm « ayant été compris ». 114 Les manuscrits ne permettent pas de lire facilement ˟ašā uxšiiantā˟ en deux mots, mais, apparemment, ašaōxšiiantā ou ašō.xšaiiantā sont des alternatives tout aussi stériles. Hypothèse très risquée chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 176, qui, malgré le genre affiché, considèrent que les duels ašaoxšaiiantā sarәidiiaiiā renvoient au dvandva Amәrәtatāt+Hauruuatāt. En effet, je relève que le premier de ces deux mots, si nous devons y reconnaître un participe en -nt-, arbore une finale masculine ou neutre tandis que le second, par sa terminaison, a tout l’air d’être du féminin si nous refusons de le corriger en +sarәidiiā. 115 sarәidiia- « appartenant à un groupe » ou « devant être rassemblés » ? 116 KELLENS, 2015a, p. 36, propose « mon usage-alterné », mais il faut souligner que maiiā ne pourra être instrumental féminin accordé avec maēθā que si ce dernier est l’instrumental sing. du nom-racine : < pii. *mitH-ā. La possibilité d’une graphie du dat.-gén. sing. pron. encl. de première personne *mōi en univerbation avec le préverbe d’ā+√ bar, du fait de l’ordre des mots, n’est guère vraisemblable. 117 Place licite du verbe. Comme le thème radical de √ bar ne serait attesté qu’ici et que *ºaraº est parfois écrit ºarәº devant une dentale (exemple : sarәδәm < pii. *śarádam acc. sing. du nom de l’automne), la métrique de l’hémistiche ne peut être garantie. Dans la Rgvedasaṁhitā, le présent radical de BHR est exceptionnel : bhárti dans RS 1.173.6d et ví... bharti dans RS 6.13.3b.

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aiiā ārōi119 hākurәnәm120 (7) yaiiāu hacintē121 uruuąnō122 (8) .·.

Et que, malgré mon hésitation, les bien-être [at... hu-āθrā miθā mayā], portent, avec le Penser excellent [vahištā baratu manahā], le sage Sentiment que tu donnes [tai mazdātam manyum] aux deux (...) qui, appartenant au groupe, font grandir avec l’Agencement (...) [rtā uxšyantāh sardiyayāh]! Le hākurәnәm des deux est toujours mis en mouvement lorsque leur (...) est pourtant accompagné des âmes-moi [ayāh ārai hākurәnәm yayāh u hacantai ruvānah]. La strophe des jumeaux (Y 30.3) pousserait à sous-entendre mańiuuā avec les génitifs duels de la strophe, mais lʼétymologie, la métrique et le sens de ceux du second hémistiche du premier vers sont incertains ou hors de portée tandis que, dans le dernier vers, le démonstratif aiiā ouvre une principale dans laquelle hākurǝnǝm est un mot inconnu et le pronom relatif yaiiā, une subordonnée dans laquelle nous sommes confrontés à lʼénigme du sous-entendu du mot dont ce pronom doit constituer le complément déterminatif. Relevons aussi le désaccord de deux duels et la présence de deux instrumentaux différents à l’intérieur de la première phrase. Notre incapacité à déterminer l’opportunité de la curieuse succession des deux phrases de cette strophe, l’impérative des deux premiers vers et le diptyque inverse du dernier vers, résulte bien évidemment de l’accumulation des embouteillages syntaxiques, des inconnues lexicales et des sous-entendus. La troisième et dernière attestation du mot maniiu- dans la Yaθāišiθā Hāiti, par contre, ne fait aucune difficulté :

118 Le diptyque inverse qui remplit le dernier vers de la strophe pourrait faire la matière du « maniiu que tu as compris ». 119 Parfait d’emploi habituel : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 80. Place licite du verbe. 120 Pour ce mot, KELLENS, 2015a, p. 36, avance « association », avec les traducteurs médiévaux, sans doute sur base de l’écho que hacintē paraît bien lui offrir dans la subordonnée. Il convient de souligner la rareté ou l’anomalie de la séquence ºkurº que nous y trouvons. L’hémistiche Y 44.1d at nə ašā (4) friiā dazdiiāi hākurәnā (7) qui contient sa seule autre attestation ne nous aide guère. 121 Indic. prés. d’emploi courant en prop. rel. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place licite du verbe. 122 Les autres occurrences du syntagme faisant du nom de l’âme-moi le sujet de √ hac moyen sont les suivantes : Y 34.2b2 yehiiā uruuā ašā hacaitē (9) ; 45.2abe at frauuaxšiiā (4) aŋhəuš maniiū pauruiiē (7) yaiiā spaniiā (4) +uitī mrauuat yəm angrǝm (7) ... V nō[it] daēnā (3) nō[it] uruuąnō +hacintē (7) .·.. Le plur. uruuąnō s’accorde mal avec yaiiā qui est du duel, mais, sans s’expliquer, HUMBACH et FAISS, 2010, p. 176, ne le trouvent pas gênant.

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Y 33.12 123 us mōi [uz]ārәšuuā ahurā (7) ārәmaitī tәuuīšī[m] dasuuā (9) spəništā maniiū mazdā (7)124 vaŋhuiiā zauuō ādā (8) ašā hazō əmauuat (7) vohū manaŋhā fsәratūm (8) .·. Dresse-toi devant moi, Roi qui apportes la sagesse [us mai īršva125 ahura... mazdā], et, en fonction de (mon) Sentiment de (ta) grande science [spaništā manyū], avec la Déférence, dote-toi (de la Jeunesse nouvelle) et de la Bonne Forme [aram-matī tavišī datsva] ; avec la bonne Présentation (des offrandes) que voici, de l’Élan [vahviyā zau’ah ādaʼā] ; avec le (bon) Agencement, de l’Acharnement (nécessaire à l’allumage du Feu) et du Combat (des adversaires) [rtā hazah amavat] ; avec le Penser bon, (des effets) de la Maîtrise (que j’exerce sur toi) [vahū manahā fsratuʼam126]. En effet, dans cette série de tandems instr. + acc., le syntagme spəništā maniiū, faisant figure de chapeau127, est l’expression de la garantie de leur effectivité. Une nouvelle fois, le Sentiment du pieux adorateur que le grand dieu est très savant fonde toutes les énergies du culte rendu, mais il est vrai que certaines d’entre elles ne nous sont pas familières : Instr.

Acc.

spəništā maniiū ārәmaitī vaŋhuiiā ... ādā ašā vohū manaŋhā

tәuuīšī[m] zauuō hazō əmauuat fsәratūm

Si nous pouvons parfaitement comprendre que le penser bon (vohumanah-) de l’adorateur soit déterminant à l’heure de maîtriser (fsәratū-) la volonté divine, l’opportunité que le bon agencement de la cérémonie 123

Y 33.11-14 = 27.8-12 ; 33.12-14 = Ny 5.1-3. Y 33.12b1 = 43.2c2, 51.7b2. 125 Les apparences graphiques sont trompeuses : nous devons reconnaître ici la deuxième personne du singulier de la voix moyenne de lʼimpératif présent du hvādi us+√ ar. 126 fsǝratū- fém. « contrôle, maîtrise » (PIRART, 2012a, p. 122 n. 6), contre « refection » (HUMBACH et FAISS, 2010, p. 99) ; « plénitude » (LECOQ, 2016, p. 745). 127 À moins que la séquence ārәmaitī.tәuuīšī[m] ne soit à considérer comme un dvandva, ce qui permettrait de faire du syntagme spəništā maniiū lʼinstrumental du premier tandem, mais ce serait alors tourner le dos aux hémistiches Y 34.11b2c1 ašā mat ārәmaitiš vaxšt V utaiiūitī.tәuuīšī. Mieux vaut donc faire de tәuuīšī[m] un duel elliptique. De toute façon, contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 98, ou LECOQ, 2016, p. 745, qui rangent spəništā maniiū avec b2 sans sʼexpliquer sur lʼabsence de coordination. 124

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du sacrifice offert (aša-) développe chez le grand dieu l’acharnement ou la contrainte (hazah-) ainsi que la capacité d’attaquer (ama-), en revanche, ne va pas de soi : le culte permet d’exercer un certain contrôle sur le grand dieu, mais il serait invraisemblable que ce dernier fût le blanc d’attaques menées par de pieux adorateurs. Nous devons donc penser que, parmi les effets escomptés des forces rituelles, en figurent tout à la fois d’objectifs et de subjectifs : il s’agit, selon le cas, de facultés que la divinité peut engranger ou de forces qu’elle peut déployer face à d’éventuels adversaires. Dans le cas de l’acharnement (hazah-), la situation est encore plus complexe puisque cette force d’insistance, ailleurs, est celle qui permet d’allumer le feu par friction et que la place que le grand dieu occuperait dans cette opération, en principe, n’est ni subjective ni objective. Je reste perplexe devant une telle variété. De surcroît, parmi les effets du culte rendu, il y en a dont, par ailleurs, les pieux adorateurs peuvent tout aussi bien attendre le bénéfice pour euxmêmes telle que « la bonne forme, l’entrain » (tәuuīšī-) qui flanque si souvent la jouvence dont rêvent les mourants. Remarquons enfin la bonne attestation en védique des seuls syntagmes correspondant à ceux que forment respectivement ici les deux premiers accusatifs tәuuīšīm et hazō avec la voix moyenne de √ dā128, comme si le poète, pour les suivants, avait donc extrapolé à partir des premiers qui auraient été les seuls à remonter à l’époque proto-indo-iranienne. *** La seule attestation du mot maniiu- dans la Yā.šiiaōθanā Hāiti (Y 34.2), la dernière des sept unités de l’Ahunauuaitī Gāθā, ne manque pas d’intérêt : nous y trouvons l’importante coordination des syntagmes maniiu- vaŋhu- et spәnta- nar- : Y 34.2 atcā ī tōi manaŋhā (7) maniiəušcā vaŋhəuš vīspā dātā (9) spәntaxiiācā nәrәš šiiaōθanā (7) yehiiā uruuā ašā hacaitē (9) pairigaēθē xšmāuuatō (7) vaē mazdā +garōibīš stūtąm (9) .·. 128 SCHMITT, 1967 ; SCHLERATH, 1968, p. 154. Exemples : RS 1.57.6d satrā víśvaṁ dadhise kévalaṁ sáhah « tu portes seul toute force ensemble » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 23) ; 1.35.4cd āsthād ráthaṁ savitā citrábhānuh V krsnā rájāṁsi távisīṁ dádhānah « D’éclat rayonnant et plein d’entrain, Savitár a pris son char sur les étendues noires » (voir RENOU, 1955-69, vol. XV p. 14) ; 5.32.2cd áhim... V jaghanvām̐ índra távisīm adhatthāh « À l’heure de frapper le serpent, Indra, tu t’es montré plein d’entrain ».

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Tu as fixé, en y pensant de façon respective [at ca it129 tai130 manahā... dātā], tous les gestes du bon Sentiment et de lʼhomme savant [manyauš ca vahauš visvā... spantahya ca nrš śyāuθnā]. L’âme-moi de ce dernier, votre adorateur, est accompagnée du (bon) Agencement [yahya ruvā rtā hacatai131 ...xšmāvatah132] lors du chant dont (il a) entouré le bétail, toi qui apportes la sagesse, avec la bienvenue des éloges [parigaiθai ...vahmai mazdā garbiš stuta’am133]. Sur base de la coordination de sa désignation avec celle de l’homme savant, l’idée d’une personnification du bon sentiment ne peut être repoussée. Le tandem en question s’apparente fort à celui qui rassemble Ahura Mazdā et l’homme qui avait fixé les modalités du culte mazdéen, Zaraθuštra, mais il convient de souligner que les deux syntagmes coordonnés relèvent de la troisième personne grammaticale, que leur coordination complète un seul et même mot, šiiaōθanā, et qu’Ahura Mazdā, interpellé à la deuxième personne grammaticale, est dit avoir procédé à la mise en place des gestes ainsi nommés. Il est donc tout à fait exclu de poser ici l’équation du Maniiu Vaŋhu et du grand dieu. Comme souvent ailleurs, le maniiu conditionne la qualité des gestes rituels : ceux-ci ne sont les bons que si le Sentiment qui en a suggéré l’exécution au pieux adorateur est le bon, mais il est ajouté que tous les gestes ne sont pas accomplis par le seul homme savant, et que le Sentiment lui-même en exécute d’autres, si bien que nous identifierons aussi un homme dans ce dernier : le Sentiment est un homme, et il est à distinguer de celui qui est appelé « homme savant ». Les deux personnages, comme le manifeste l’emploi du conglomérat particulaire ºcā īt, n’exécutent pas les mêmes gestes : chacun des deux accomplit les siens. En l’absence de tout complément de lieu, il est 129 Forcément tonique en raison de tōi. En réalité, nous devons reconnaître ici le fruit du sandhi de īt devant dentale et y voir le second élément du conglomérat particulaire ºcā īt (= av. réc. cōit). HUMBACH et FAISS, 2010, p. 100, ou LECOQ, 2016, p. 746, ignorent l’existence de ºcā īt et donnent de la strophe des interprétations très différentes. 130 Gén. agent de l’adj. verbal dātā. KELLENS, 2015a, p. 37, en fait plutôt un dat. : « Tous te sont donnés, d’une part par la pensée du bon mainiiu (avis/passion), d’autre part par l’acte de l’homme faste ». 131 Voir les notes concernant Y 33.9c2. 132 Pour moi, xšmāuuant-, comparable avec le védique devávant-, doit signifier « votre adorateur ». 133 Traduction fort libre chez KELLENS, 2015a, p. 37 : « quand le chant-d’adoration qui vous est dû, ô Mazdā, s’entoure des êtres-vivants, avec la bienvenue des éloges ». Les deux derniers mots du vers sont à l’origine du titre de l’un des sept livres gâthiques du grand Avesta, le Stut-gar Nask. Leur place dans le vers à la suite du vocatif mazdā et leur statut syntaxique font difficulté.

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à supposer que la mise en place des gestes n’est autre que leur fixation : Ahura Mazdā lui-même a déterminé ou fixé les gestes respectifs des deux hommes. Ceux-ci pourraient être deux officiants ou bien un sacrifiant secondé d’un officiant. L’homme savant, qualifié de yehiiā uruuā ašā hacaitē « ayant l’âme-moi accompagnée du (bon) agencement (rituel) », ce qui revient à dire ašauuan- « accompagné du (bon) agencement (rituel), pieux adorateur », et de xšmāuuant « qui vous rend un culte », est plus probablement le sacrifiant. Quant à lui, l’homme qui porte le nom de maniiu- « Sentiment », nous l’avions vu, pouvait être l’immolateur de la vache sacrificielle. Cette dernière, à n’en guère douter, figure parmi les bestiaux rassemblés à l’occasion des chants rituels évoqués par la plupart des mots du dernier vers de la strophe. *** La deuxième unité du Yasna Haptaŋhāiti, consacrée au Feu fils d’Ahura Mazdā, place le maniiu sur le même pied que la communauté des orants réunis autour du Feu et forme donc avec cette communauté un tandem qui n’est pas sans rappeler celui que nous venons d’examiner à l’occasion de l’analyse de la strophe Y 34.2 : Y 36.1 ahiiā θβā āθrō vәrәzənā pauruiiē (5+6) pairī.jasāmaidē mazdā ahurā (6+5) θβā θβā maniiū spəništā (7) yə ā axtiš aāi (6) yəm axtōiiōi daāŋhē (7) .·. 134

Avec le première communauté de ce Feu, nous te servons, Roi qui apportes la sagesse [ahya θvā āθrah vrzanā135 parvi’ā136 pari-jasāmadai137 mazdā ahura]. (Nous) te (servons) avec (notre) Sentiment que tu es très savant [θvā θvā manyū spaništā], lequel est pourtant une douleur

134 Y 36.1ab ≈ V 11.4.4 ahe θβā āθrō vәrәzāna paōiriie V pairijasāmaide mazda ahura .·.. 135 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 106 et 179, traduisent « with the custody of this fire » en vertu d’une hypothèse aventureuse qui rapproche gəuš vәrәzənē (Y 34.14) du védique vrajó góh (RS 3.30.10). 136 pauruiiē est interprété avec un sens adverbial chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 106, ou LECOQ, 2016, p. 754 : « First » ; « dʼabord ». 137 Indic. prés. de première personne exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 69. Place normale du verbe.

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pour celui [yah u axtiš138 ahmāi] que tu soumettras à la douleur [yam axtayai daʼahai139]. Cependant, il vaut peut-être mieux parler de triangle à propos de ceux qui honorent la divinité : en plus du sacrifiant qui est accompagné des siens et de son Sentiment de la grande science d’Ahura Mazdā, il y a ceux qui disent « nous ». J’ignore comment identifier de façon sûre qui est qui dans ce triangle, mais nous pouvons imaginer aisément que le sacrifiant est secondé par tout un personnel sacerdotal et qu’un officiant boucher est, comme eux, présent sur l’aire sacrificielle. Les gestes précis du « configurateur de la vache », pouvons-nous imaginer aussi, en plus d’assurer l’immortalité des victimes sacrificielles, plongent l’adversaire dans la souffrance. Je suis amené à le penser puisque la douleur avec laquelle le maniiu est identifié ici est devenue, dans l’Avesta récent, une force démoniaque, la diablesse Axti, mère du fameux Yātu Āxtiia auquel l’héroïque Tūra Friiāna dut se mesurer. Le Feu fils d’Ahura Mazdā est un feu domestique, le feu que voici (ahiiā). Il est ainsi le représentant de la communauté massée devant lui. Le tandem qu’il forme alors avec Maniiu se retrouve un peu plus loin dans ce même chapitre du Yasna Haptaŋhāiti : Y 36.3 ātarš vōi mazdaā ahurahiiā ahī (6+6) maniiuš vōi ahiiā spəništō ahī (5+5) hiiat vā tōi nāmanąm vāzištәm (9) ātarә mazdā ahurahiiā (9) tā θβā pairī.jasāmaidē (8) .·.

138 Il est exceptionnel de trouver un substantif comme attribut du sujet et encore plus si ce substantif n’est pas du même genre grammatical que le sujet. Pour résoudre cette difficulté, nous devons tenir compte de la capacité des dérivés en -ti- à se muer en noms d’agent : de « douleur » il est passé à « qui fait mal ». Un autre exemple de cette mutation est le substantif pir. *fráurti- « la (formule avec laquelle l’orant manifeste sa) préférence (pour l’offrande des sacrifices à Ahura Mazdā en suivant les recommandations de Zaraθuštra) » qui devint nom d’agent lorsque le père du fondateur de la dynastie mède en fit son nom : Φραόρτης « celui qui prononce la (formule manifestant sa) préférence (pour l’offrande des sacrifices à Ahura Mazdā en suivant les recommandations de Zaraθuštra) ». Exemple véd. : Indra, dieu du mánas, reçoit le nom de matí- « penseur » dans le vers RS 8.68.2b śácivo víśvayā mate. 139 Subj. aor. exprimant le futur : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 85. Place normale du verbe.

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Tu es pour sûr le Feu fils du Roi qui apporte la sagesse [ātarš vai mazdaʼah ahurahya ahi140]. Tu es pour sûr mon Sentiment quʼil est très savant [manyuš vai ahya spaništah ahi]. (Avec de tels noms) ou avec celui de très convoyeur parmi tes noms, Feu, nous te servons [141yat vā tai nāmnaʼam vāzištam ātar mazdaʼah ahurahya tā θvā pari-jasāmadai142]. Cette fois, le texte s’adresse directement au Feu plutôt qu’à Ahura Mazdā, et le Maniiu paraît bien coïncider avec lui au lieu de le seconder. Le Feu ne représente plus la communauté : appelé Maniiu143, est-il vu comme étant le boucher ? La troisième phrase, quant à elle, le donne pour ce messager, ce voyageur qui, courant au ciel au moyen de la fumée, apporte aux dieux la part abstraite des offrandes. *** La première unité de lʼUštauuaitī Gāθā (Y 43-46), l’Uštauuaitī Hāiti (Y 43) à l’examen approfondi de laquelle le chapitre III a ci-dessus été consacré, est sans nul doute le document le plus important pour notre connaissance du maniiu protozoroastrien. J’en résume ici les acquis, mais sans hésiter à en exprimer la teneur avec une générosité que dʼaucuns jugeront abusive. Il sʼagit dʼavancer dans lʼintelligence des rouages mentaux du protozoroastrisme, ce qui m’est impossible sans prendre des risques. Zaraθuštra expose les raisons de son sentiment (maniiu-) concernant le grand dieu dans une déclaration courant sur onze strophes de l’Uštauuaitī Hāiti (Y 43.5-15), mais deux strophes situées en dehors de cette déclaration mentionnent aussi le sentiment quʼAhura Mazdā est tout à fait spǝnta (Y 43.2 et 43.16). Il est précisé de la sorte, dʼune part, que ce sentiment permet au sacrifiant de comprendre lʼutilité quʼAhura Mazdā trouve dans le (bon) Agencement, dans la célébration des cérémonies sacrificielles (Y 43.2), et, dʼautre part, que le sentiment zoroastrien de la grande science dʼAhura Mazdā est à la source de la mise en place correcte des rouages rituels de la bonne obédience et génère de ce fait lʼexistence excellente (Y 43.16). 140 Indic. prés. d’emploi courant en indép. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place normale du verbe. 141 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 107, ne tiennent aucun compte de vā. LECOQ, 2016, p. 754, non plus : « car tu as le plus efficace des noms, ô Ātar, fils de Mazdâ Ahura, | avec lui nous nous approchons de toi ». 142 Indic. prés. de première personne exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 69. Place normale du verbe. 143 Sur l’assimilation du feu au maniiu, KELLENS, 2015b.

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La longue déclaration avec laquelle Zaraθuštra expose les raisons de son sentiment est divisée en six mouvements, mais ceux-ci sont émaillés de questions et de pétitions. Dans le premier (Y 43.5-6), Zaraθuštra affirme avoir ce sentiment du fait de voir quʼAhura Mazdā est à lʼorigine de la génération de lʼexcellente existence, quʼil est ainsi le père du bon Agencement, quʼil y veille en soumettant à une rétribution eschatologique la participation des hommes à cette génération et que le processus commence nécessairement ici-bas. Dans le deuxième mouvement (Y 43.7-8), Zaraθuštra expose que son sentiment de la grande science dʼAhura Mazdā lui vient de pouvoir sʼentretenir utilement avec les dieux : Tušnā.maiti, la déesse du silence préalable, lʼentoure dʼores et déjà, et il lui signifie son souhait dʼêtre à même de jouer un rôle effectif tant au secours des pieux adorateurs que dans lʼévincement des forces délétères. Zaraθuštra, avec le troisième mouvement (Y 43.9-10), explique avoir le sentiment de la grande science dʼAhura Mazdā pour avoir pu répondre aux questions de la déesse et pour avoir pu déterminer que lʼhommage rendu au Feu allait lui fournir une image du bon agencement rituel, une vue dʼensemble de la cérémonie sacrificielle, mais se pose néanmoins la question de savoir si la traduction de cette image dans la pratique sera couronnée de succès et si le feu rituel, par le biais de lʼhommage, donnera bel et bien à Ahura Mazdā les capacités d’exaucer ses souhaits. Dans le quatrième mouvement (Y 43.11-12), Zaraθuštra est amené à la conviction que le grand dieu est très savant pour avoir participé aux entretiens, appris que le penser bon était le premier des trois niveaux du comportement rituel du sacrifiant et compris quʼaucune confiance ne pouvait être accordée aux mortels pour ce qui est de sa mise en pratique sous la forme des gestes bons. La position debout paraît représenter le premier niveau de ce comportement : le penser bon, premier, se situe donc avant le verbe bon à la production duquel le dieu Sraōša participera avec lʼaide de la déesse Aši. Avec le cinquième mouvement (Y 43.13-14), Zaraθuštra justifie son sentiment quʼAhura Mazdā est très savant en disant être poussé à rechercher la vie éternelle et à être l’officiant bénéficiaire des cadeaux que les sacrifiants se feront un devoir de lui apporter ou des honoraires dont ils voudront s’acquitter. Le dernier mouvement (Y 43.15) permet à Zaraθuštra de révéler lʼidentité de la déesse qui lʼa amené à se forger pareille conviction concernant le grand dieu, mais, pour sʼassurer de son aide, adresse une prière à Ahura Mazdā. ***

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La deuxième unité de lʼUštauuaitī Gāθā, la Tat.θβā.pәrәsā Hāiti (Y 44), d’une grande homogénéité comme le souligne la présence d’un refrain faisant le premier vers de toutes ses strophes à l’exception de la vingtième et dernière, est faite d’une imposante série de questions que le poète soumet à Ahura Mazdā. Trois questions concernent le maniiu. La première, à la strophe Y 44.2, le mentionne dans une justification dont, malheureusement, la teneur m’est assez obscure : Y 44.2 tat θβā pәrәsā (4) әrәš mōi vaōcā ahurā (7)144 kaθā aŋhəuš (4) vahištahiiā paōuruuīm (7) ˟kāθū (< *kāt u*) sūidiiāi (4) yə ī paitišāt (7) huuō zī ašā (4) spәntō irixtәm vīspōibiiō (7) hārō maniiū (4) ahūm.biš uruuaθō mazdā (7) .·. Je te pose cette question [tat θvā prssā145]. Dis-moi de façon rectiligne (= en recourant à la diction continue), Roi qui apportes la sagesse [rš146 mai vauca147 ahura... mazdā] : qu’y a-t-il à l’origine de lʼexistence excellente [kaθā ahauš vahištahya parviyam148] et pour combien de temps (est-elle prévue) pour que prospère celui qui cherchera à apporter ce (...) [149kāt u150 sūdyāi yah ī151 paiti-īšaʼat152], car, lors de la Dédicace, l’(homme) savant, guérisseur de lʼexistence et observant les attendus rituels, se sert de son Sentiment à l’heure de surveiller ce qui Y 44.2a = 44.1a, etc. ; ≈ V 19.10.3 tat θβā pәrәsā arš mē vaōca ahura .·.. Indic. prés. de première personne exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 68. 146 Forme préverbiale du substantif nt. en -ah- tiré de pie. √ *H3reg « former une ligne droite ». 147 Impér. aor. 148 Possible emploi substantif comparable à celui rencontré dans le vers Y 30.4a. Interprétation semblable chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 120, ou LECOQ, 2016, p. 772 : « What about the foundation of the best existence? » ; « Comment est le début de la meilleure existence ? » 149 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 121, font du vers c une prop. rel. dont deux mots sont donnés bizarrement en anticipation, dans le premier hémistiche, et dont le pron. rel. introducteur se trouve en corrélation avec huuō de d : voir note suivante. LECOQ, 2016, p. 772, émet lui aussi dʼaventureuses conjectures. 150 GELDNER, 1886-96, vol. I p. 147, donne kāθə. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 183, y voient, moyennant l’hypothèse d’un sandhi devant sº, l’acc. plur. de kāθa-, un dérivé en -θa- de √ kan. Cela les conduit, p. 121, à donner un sens assez particulier au verbe paitišāt : « the one who, to (our) benefit/salvation, will restore this (conditions) wished for ». 151 J’ignore ce que représente ce pronom enclitique. 152 Exemple de subj. prés. donné pour inutilisable chez KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 82, mais une nuance d’éventuel est probable. 144

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leur a été laissé/ leur reste à tous [hah zi ārtā153 spantah rixtam154 visvaibyah hārah manyū155 ahu-biš156 vraθah]. En effet, comme je ne vois ce que sous-entendent ni paōuruuīm ni yə, l’opportunité de la justification de la question m’échappe complètement. De surcroît, la justification, phrase marquée par la particule zī, est dépourvue de tout verbe conjugué. Néanmoins, la comparaison avec le vers Y 31.13c nous apporte quelque information concernant maniiu-. Le rôle que joue la conviction que ce mot désigne l’apparente à un type de faculté oculaire, et ce qui est à voir est hors de la portée immédiate des yeux. L’opinion, la conviction, le sentiment remplace l’œil notamment à l’instant de voir les origines. Les mots qui, dans la dernière phrase de la strophe, ne figurent pas au nominatif sing., ašā, irixtәm, vīspōibiiō et maniiū, paraissent bien tous compléter hārō. Pour que la rection verbale soit possible pour ce mot, il faut impérativement le donner pour l’équivalent d’un adjectif en -ra- et rapprocher ce passage du vers Y 31.13c. Le pronom sujet de la phrase, huuō, représente très probablement le Spәnta Nar dont nous avons déjà parlé à l’occasion du tandem qu’il formait avec Spәnta Maniiu. L’identification de ce tandem dépend ici de l’interprétation que nous donnerons de l’instrumental du mot maniiu-, mais, cette fois-ci, le statut d’appellatif paraît bien lui coller à la peau et la pertinence d’un tandem de figures actives, s’évanouir aussitôt. La deuxième attestation du mot maniiu-, dans la Tat.θβā.pәrәsā Hāiti (Y 44.7), elle aussi, figure en marge de questions dont le sens est très incertain : Y 44.7 tat θβā pәrәsā (4) әrәš mōi vaōcā ahurā (7) kə bәrәxδąm tāšt (4) xšaθrā mat ārәmaitīm (7) kə uzәməm cōrәt (4) viiānaiiā puθrәm †piθrē (7) azəm tāiš θβā (4) fraxšnī auuāmī mazdā (7) spәntā maniiū (4)157 vīspanąm dātārәm (7) .·. 153 Comme l’absence de sa coordination avec maniiū serait injustifiable, mieux vaut renoncer à faire d’ašā l’instr. d’aša- en y voyant plutôt le locatif d’aši-. 154 Ce que sous-entend cet adjectif verbal en -ta- pourrait être aussi ce que le pronom enclitique ī de l’hémistiche c2 représente. 155 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 121 : « the one [...] retains by the spirit the outcome of all (thoughts, words, and actions) ». 156 Les deux autres attestations d’ahūm.biš- concernent resp. Aša (Y 31.19a2) et Sraōša (Y 44.16c2). 157 Y 44.7e1 = 45.6c1.

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Je te pose cette question [tat θvā prsā]. Dis-moi de façon rectiligne, Roi qui apportes la sagesse [rš mai vauca ahura... mazdā] : qui a recouru à lʼEnvoûtement pour configurer la Déférence saluée [kah brgdām tāxšt158 xšaθrā hmat aram-matim] ? Qui a recouru au souffle suspensif pour exhumer le fils... [kah us-zmam159 cart160 vi-anyā161 puθram piθrē162] ? Moi, je recours à ces (gestes), en sachant mʼorienter, pour te pousser [azam tāiš θvā163 fra-xšnī avāmi164] à mettre toutes les (bonnes choses) en place, du fait de (mon) Sentiment (que tu es) savant [spantā manyū visvānaʼam dātāram]. La détermination du statut de la phrase indépendante qui suit les deux questions dépend très clairement de notre compréhension du sarvanāman tāiš, laquelle, de prime abord, est nulle dès lors qu’elles ne contiennent aucun terme arborant le nombre pluriel. Cependant, comme tāiš est un instrumental pluriel et que ce cas est aussi celui de spәntā maniiū, nous pouvons avancer que tāiš165 représente šiiaōθanāiš ou, plus explicitement, manaŋhā vacaŋhācā šiiaōθanācā. Les deux compléments exprimés à l’instrumental, tāiš et spәntā maniiū, ne se situant pas au même niveau, ne sont pas plus coordonnés ici qu’ailleurs : le Sentiment que le grand dieu est savant conditionne le recours fait aux gestes bons dans la cérémonie dont la finalité est de faire en sorte que le grand dieu mette toutes les bonnes choses en place. Et, faut-il sans doute l’avancer, le souhait de cette mise en place était ce que revenait à signifier le fait de poser les questions qui précèdent. Parmi celles-ci, je relève que le poète s’interroge sur la relation devant exister entre xšaθra et ārmaiti : qui est donc son configurateur ? La réponse certes est toute trouvée : tout comme le grand dieu des Brāhmana prend à l’occasion le nom de Ka, Ahura Mazdā est reconnaissable dans l’interrogatif « qui ? », et le configurateur auquel le poète fait 158 Inj. prés. exprimant le réel du présent en interrogative : KELLENS et PIRART, 198891, vol. II p. 66. 159 Très conjectural. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 122 : « excellent ». 160 Inj. aor. exprimant le passé en interrogative : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 66. 161 Voir le commentaire de Y 29.6 : PIRART, 2018, p. 80-2. 162 Il est exclu de donner le sens de « père » à ce mot, contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 122, ou LECOQ, 2016, p. 773 : comme on sait, nous attendrions fәδrōi. 163 Enclitique de lʼinitiale nouvelle. 164 Indic. prés. de première personne exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 69. 165 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 123 : « With these (offerings) I prudently refresh you ».

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allusion, pour sûr, n’est autre que ce grand dieu, mais il est bien difficile de savoir ce qu’il est voulu dire par « configurer la déférence » (ārmaitīm √ taš). Si nous acceptons de faire usage de l’équation Ārmaiti = la Terre et si nous tenons compte du fait que le verbe « configurer », authentiquement, renvoie à l’action de tailler ou de retailler, nous sommes alors en mesure d’avancer l’existence d’un lien entre cette question et la suivante puisqu’il est allé de l’idée de tailler la Terre à celle d’exhumer un fils. Revenons alors au triangle de la première question : Ahura Mazdā, Xšaθra, Ārmaiti. Nous avons déjà rencontré ce triangle dans le vers Y 47.1d : mazdā xšaθrā ārmaitī ahurō .·.

Là-bas, Xšaθra assurait la jonction entre le grand dieu et la Terre, mais ici nous apprenons que cette jonction consiste pour Ahura Mazdā à configurer la Terre, à la tailler au point d’en tirer un fils (uzәməm cōrәt... puθrәm)166 : il s’agissait donc bien d’une hiérogamie du Ciel et de la Terre, mais l’énigme de piθrē sur laquelle nous butons ici nous empêche de poursuivre le raisonnement. Les manuscrits hésitent entre piθrē et piθrə. Cette dernière leçon, supérieure, a généralement été rejetée en raison de sa finale ºə impossible, mais cette impossibilité, précisément en fait aussi la lectio difficilior ; nous devons donc la retenir surtout que cette finale ºə peut constituer un ersatz pour ºī. En adoptant une lecture ˟piθrī, faut-il bien voir, nous offrons heureusement une clôture à la question ouverte avec le second interrogatif kə dont ce sera l’épithète : « Quel piθrin... ? » À tout hasard, je propose d’analyser ce mot comme le dérivé en -in- du substantif en -θra- tiré de la racine annexe du verbe « boire », pie. √ *pH3i  : pii. *pītrín- « possesseur du haōma prêt à être bu ». Si telle est la solution de l’énigme de piθrē, nous enregistrerons qu’Ahura Mazdā est un buveur de haōma comme il se doit pour un grand dieu. Le Véda nous informe que le sóma, le correspondant védique du haōma, était vu comme la semence du grand dieu. Avec la rapidité du raisonnement quʼil a été entrepris de mener, j’en déduis qu’Ahura Mazdā, pour féconder la Terre et y engendrer le Feu, boit le haōma dont il fera la pluie. Et Ahura Mazdā ne trouve à boire de haōma que dans le cadre d’une cérémonie sacrificielle au cours de laquelle les hommes, convaincus de son excellence, exerceront sur lui cette emprise rituelle qu’est son envoûtement, le xšaθra. La mécanique, par ses rouages, 166

Le védique *út KR n’est pas attesté.

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CHAPITRE V

remonte ainsi jusqu’au maniiu des pieux adorateurs, jusqu’à leur sentiment, jusqu’à leur conviction : Spәnta Nar → Spәnta Maniiu → Xšaθra/ Haōma →

Mazdā + Ārmaiti

> Ātar

La présence d’une phrase indépendante venant à la suite de l’ensemble interrogatif caractérise aussi la strophe Y 44.11 où se situe la troisième et dernière attestation du mot maniiu- dans la Tat.θβā.pәrәsā Hāiti : Y 44.11 tat θβā pәrәsā (4) әrәš mōi vaōcā ahurā (7) kaθā təng ā (4) vījəmiiāt ārǝmaitiš (7) yaēibiiō mazdā (4) θβōi vašiiete daēnā (6)167 azəm tōi āiš (4) pōuruiiō frauuōiuuīdē (7) vīspəng aniiəng (4) maniiəuš spasiiā duuaēšaŋhā (7) .·. Je te pose cette question [tat θvā prssā]. Dis-moi de façon rectiligne, Roi qui apportes la sagesse [rš mai vauca ahura... mazdā] : comment doit être la Déférence pour se répandre [kaθā... vi-jamyāt168 aram-matiš] vers les (mortels) devant lesquels ta fille la Doctrine ondule [tānh ā... yaibyah... θvai169 vaśyatai170 dainā] ? Quant à moi, (comme) je suis le premier/ Quant à moi, pour être le premier à les trouver toutes deux (= Déférence et Doctrine) avec les (orants) que voici (pour qui j’officie) [azam tai āiš parviyah fra-vaividai171], je regarde tous les autres (mortels) avec la haine que m’inspire le Sentiment (que tu me donnes) [visvānh anyānh manyauš spasyā172 dvaišahā]. 167

Déficit métrique dû à daēnā. Opt. aor. après kaθā « comment faire pour que » : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 90. Place licite du verbe. 169 « Ta fille » : nominatif féminin singulier de θβa-. 170 Indic. prés. d’emploi courant en prop. rel. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Place licite du verbe. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 124, expliquent cette forme verbale à partir de √ vac au lieu de √ vanc. Sur la relation qu’Ārmaiti entretient avec Daēnā, PIRART, 2012a, p. 124 n. 13. 171 Indic. prés. de première personne exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 69. Place normale du verbe. Contre toute vraisemblance grammaticale, LECOQ, 2016, p. 774, fait de tōi le locatif du pron. de 2e pers. sing. et tire frauuōiuuīdē de √ vid « connaître ». HUMBACH et FAISS, 2010, p. 124, ne font guère mieux : « By these (offerings) I present myself to you (as being) your foremost one ». 172 Indic. prés. de première personne exprimant le cas de coïncidence : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 69. Place licite du verbe. HUMBACH et FAISS, 2010, p. 124, considèrent que c’est un impér. : « Look upon all others with the hostility of (your) spirit ». 168

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De nombreuses incertitudes enveloppent les phrases de cette strophe, mais nous arriverons à les circonscrire : nous ignorons non seulement à quels êtres ou à quelles données les pronoms de la corrélation təng... yaēibiiō font allusion, mais aussi ce que signifient au juste les actions exprimées avec les verbes vī+√ gam et √ vanc : que veut dire le poète en parlant de la diffusion de la déférence ou de l’ondulation de la doctrine ? Nous pouvons tout au plus avancer que tōi, pour occuper une place tonique, celle de lʼinitiale différée, représente probablement les deux déesses nommées dans la question qui précède et penser que le démonstratif proche āiš qui occupe la place de l’enclitique de l’initiale différée renverrait à une partie d’un ensemble non identifié dont la locution vīspəng aniiəng désignerait alors le reste. Il ne me semble pas trop aventureux de décréter que les pronoms təng... yaēibiiō représentent les mortels et qu’une ségrégation est ensuite opérée entre bons et mauvais mortels avec les pronoms āiš et vīspəng aniiəng. Et, en l’absence de toute indication, je ne vois d’autre façon d’articuler les deux propositions des deux derniers vers, chacune des deux basée sur un verbe conjugué à la première personne du singulier, qu’en y voyant un diptyque tonal droit. La conviction du poète officiant sous-tend clairement la ségrégation des deux groupes humains auxquels il est fait allusion : le maniiu, pouvons-nous voir, se situe ainsi à la racine du dualisme gâthique. *** La troisième unité de lʼUštauuaitī Gāθā, lʼAt.frauuaxšiiā Hāiti (Y 45), contient quatre attestations du mot maniiu-. La première (Y 45.2) revient sur le motif du contraste des deux maniiu, mais qui n’a jamais été rencontré qu’avec la fameuse strophe des jumeaux (Y 30.3). La documentation concernant les premiers pas d’Aŋhra Maniiu, une figure qui sera centrale dans la mythologie avestique récente ou pehlevie, ainsi n’estelle guère fournie : Y 45.2 at frauuaxšiiā (4) aŋhəuš maniiū +pauruiiē (7) yaiiā spaniiā (4) +uitī mrauuat yəm angrǝm (7) 173 nō[it] nā manā (4) nō[it] sənghā nō[it] xratauuō (7) 173 Les vers Y 45.2cde sont cités dans Y 19.15, mais avec l’orthographe récente : nōit nā manā nōit saŋha nōit xratauuō V naēδa varәna nōit uxδa naēδa šiiaōθna V nōit daēnā nōit uruuąnō hacinte ºoº.

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na[ēd]ā varanā (4) nō[it] uxδā na[ēd]ā šiiaōθanā (7) nō[it] daēnā (3) nō[it] uruuąnō +hacintē (7) .·. Je vais alors proclamer les deux Sentiments fondamentaux de lʼexistence (que voici) [at fra-vaxšyā174 ahauš175 manyū parviyā176] entre lesquels (l’égaré) donnera pour plus savant le funeste que [yayāh spanyāh uti mravat177 yam ahram], pour rien/ en aucun cas, ni les pensées [178na nu manāh179] ni les définitions ni les performances [na sanhā na xratavah] ni les choix ni les hymnes ni les gestes ni les doctrines ni les âmes-moi ne suivent [na u vrnā na ugdā na śyāuθnā na daināh na ruvānah +hacantai180]. Donnés pour fondamentaux ou situés à l’origine de tout, l’un est qualifié de spaniiah- « le plus savant (des deux) » et l’autre, traité d’angra« funeste », mais la syntaxe exacte du deuxième vers est assez complexe en raison d’ellipses. À présent, il me semble que le sujet de mrauuat est à reprendre au dernier vers de la strophe Y 45.1, drǝguuā « l’égaré », et que le nominatif spaniiā, comme le signale la particule + uitī, est à placer entre guillemets et, de ce fait, a la valeur d’un second accusatif dans la rection de mrauuat. Ce nominatif fonctionne donc comme attribut de l’objet de ce verbe. Quant à lui, le premier accusatif est à reconnaître dans l’antécédent sous-entendu du pronom relatif yǝm qui introduit la subordonnée qui court jusqu’au terme de la strophe. L’objet de mrauuat ainsi est-il celui des deux Sentiments dont il est question dans la proposition relative. 174 Intentionnel. Place emphatique du verbe. Le refrain, limité au premier hémistiche des six premières strophes de l’unité, sauf la première fois, est intégré chaque fois à la syntaxe de l’ensemble, en ce sens que le second hémistiche du premier vers constitue chaque fois l’objet direct du verbe frauuaxšiiā. 175 L’existence en question, d’après Y 45.3a at frauuaxšiiā aŋhəuš ahiiā paōuruuīm et Y 45.4a at frauuaxšiiā aŋhəuš ahiiā vahištәm où aŋhəuš est accompagné du dém. ahiiā, est celle-ci, le monde. 176 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 128, prennent pauruiiē pour un loc. : « I will proclaim the two spirits (active) in the first (period) of (one’s) existence/life ». 177 Subj. prés. en prop. rel., théoriquement pour l’expression d’une action qui ne pourra s’accomplir qu’après l’accomplissement du procès principal : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 83. Cependant, chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 128, la structure de la phrase est radicalement différente : « I will proclaim [...] the more beneficent one of whom shall address the harmful one as follows: | “Neither our thoughts nor our sentences nor our intellects | [...] are in harmony.” » ; LECOQ, 2016, p. 778, fait de même. 178 Sur ce type d’énumération, PIRART, 2012a, p. 52. 179 Il serait mieux de trouver manā en d1 et varanā en c1. Une altération de lʼordre de succession des hémistiches nʼest pas à exclure. 180 Voir les notes concernant l’hémistiche Y 33.9c2.

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La comparaison avec le vers Y 33.9c analysé plus haut, malgré la présence d’une inconnue lexicale, confirme que l’objet sous-entendu du verbe hacintē est maniiūm, le Sentiment : aiiā {mańiuuā} ārōi hākurәnәm yaiiā hacintē uruuąnō .·.

Remarquons la négation, fortement affichée au moyen de nō[it] nā (< pii, *nā nu*) « pour rien, en aucun cas », de la relation qui est exprimée au moyen du verbe √ hac entre le mauvais maniiū et une énumération que clôture le tandem de la daēnā et de l’uruuan, l’âme féminine et la masculine de tout individu que sont respectivement sa doctrine et son âme-moi. L’énigme repose aussi, bien évidemment, sur notre ignorance de l’identité des individus aux âmes desquels il est ici fait allusion. Faute de précision, je ne puis exclure qu’il s’agisse de l’âme-moi des habitants de ce monde ou qu’il faille envisager la généralité. Dans ce cas, il serait fait état du fait que, par nature, les âmes-moi ne sont pas adverses ou que l’homme est fondamentalement bon. L’absence de cette relation avec le mal, sa négation pourrait être due à une qualité intrinsèque de l’âme-moi et de la doctrine qui lui fait côté, sans doute le signe positif (ciθra-). La méchanceté ne serait pas congénitale, mais l’identité de l’égaré (drǝguuant-) qui voudra dire le contraire reste mal définie : nous ne pouvons déterminer de façon claire s’il s’agit ou non d’un être surnaturel. La confusion, fréquente, est pourtant raisonnable puisque le démon (daēuua-), voir l’archidémon, n’est jamais que la forme paradigmatique du mouvais mortel tout comme les entités divines, de leur côté, représentent plusieurs aspects de l’homme pieux ou les multiples exigences rituelles que ce dernier se fait un devoir de réunir et de mettre en œuvre. Les silences de la strophe nous empêchent de répondre d’emblée à de telles questions. Dans le cas d’un frauuāka, une déclaration rituelle d’intentions —l’unité, avec sa répétition du verbe frauuaxšiiā, en est une—, il n’y avait probablement aucune nécessité de préciser les choses : il allait de soi que les âmes-moi auxquelles il était référé étaient celles des pieux adorateurs au nom desquels parlait le poète officiant. Le projet envisagé est tout naturellement celui d’un adorateur d’Ahura Mazdā, celui d’un homme qui, dès l’abord de la célébration sacrificielle, fait ouvertement part de louables intentions et expose son appartenance au bon camp. Rappelons que le maniiū est la conviction que l’homme se forge concernant le grand dieu et que l’hypallage en régit souvent l’expression : celui des deux Sentiments que l’égaré prétend être plus savant que l’autre est une façon de dire que le mauvais mortel se définit par son sentiment que l’archidémon est le dieu bon.

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En déclarant solennellement que leurs âmes ne suivent en rien le sentiment qu’il serait mauvais, cet officiant traduit devant le grand dieu la même idée que celle exprimée par les sacrifiants en des termes semblables à ceux reproduits dans un paragraphe du Haōm Staōt : Y 10.16 pancanąm ai pancanąm nōit ai .·. humatahe ai dušmatahe nōit ai .·. hūxtahe ai dužūxtahe nōit ai .·. huuarәštahe ai dužuuarәštahe nōit ai .·. sraōšahe ai asruštōiš nōit ai .·. ašaōnō ai druuatō nōit ai atcit aāt yaθa apәmәm mańiuuā aŋhat ńiuuāitiš ºoº « Je relève des cinq et suis sans relation avec les cinq (autres). Je relève de la bonne pensée et suis sans relation avec la mauvaise pensée. Je relève de la bonne parole et suis sans relation avec la mauvaise parole. Je relève de la bonne action et suis sans relation avec la mauvaise action. Je relève de Sraōša et suis sans relation avec Asrušti. Je relève d’Ašauuan et suis sans relation avec Druuant. (Et cela) jusqu’à ce qu’ait lieu le combat décisif des deux Maniiu »181.

Dans la déclaration faite avec la cinquième strophe de l’At.frauuaxšiiā Hāiti (Y 45.5), le dernier vers de la strophe n’apporte rien de nouveau : nous savions déjà à satiété que la valeur des gestes rituels et leur exécution effective dépendaient du signe que le Sentiment manifeste, mais il est ici recouru à de tels gestes en accompagnement d’une récitation : Y 45.5 at frauuaxšiiā (4) hiiat mōi mraōt +spǝntō.tǝmō (7) vacə srūidiiāi (4) hiiat marǝtaēibiiō vahištǝm (7) yōi mōi aāi (4) sǝraōšǝm dąn caiiascā (7) upā.jimǝn (4) hauruuātā.amǝrǝtātā (7)182 vaŋhəuš maniiəuš (4)183 šiiaōθanāiš mazdā ahurō (7) .·. Je vais alors proclamer que le très savant Roi qui apporte la sagesse me dit que le poème est à entendre avec les gestes du bon Sentiment [at fra-vaxšyā yat mai mraut184 spantatamah vacah srudyāi... vahauš manyauš śyāuθnāiš185 mazdāh ahurah], (le poème) excellent pour les mortels, qui qu’ils soient, qui [yat martaibyah vahištam yai... {cayah Sur ce texte, PIRART, 2004, p. 102. Y 45.5d2 = 51.7b1. 183 Y 45.5e1 = 45.8c1, 48.8d1. 184 Injonctif présent d’emploi courant en proposition relative, selon KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II 74, mais, actuellement, je fais de hiiat l’introduction d’une complétive. Place licite du verbe. 185 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 129, ou LECOQ, 2016, p. 779, contre toute vraisemblance, parviennent à faire du dernier vers de la strophe, une phrase indépendante, complète de surcroît. 181 182

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ca}186] lui (en) offriront mon Phrasé (= ma façon de le réciter) [yai mai ahmāi sraušam daʼant187] et, comme salaire (de cette offrande), obtiendront lʼIntégrité et lʼImmortalité [cayah ca upa-jimant hauruuātā+ amrtātā]. Les gestes dont le bon Sentiment dicte l’exécution tout comme la récitation d’un poème, est-il affirmé, conduiront les orants à l’immortalité. Le propos est de portée générale puisqu’il est question de mortels qui qu’ils soient, mais ajoutons-y une restriction : pour autant qu’il s’agisse de ceux pour lesquels nous officions, à savoir les bons. En effet, le terme utilisé pour leur désignation, marәta- au lieu de mašiia-, le sous-entend probablement. La strophe ne nous apporte pas grand chose de nouveau concernant le maniiu d’autant que le dernier vers où il est nommé tient du remplissage. Néanmoins, ce dernier vers, à ordonner avec le second hémistiche du premier, présente l’avantage d’indiquer de la sorte le caractère bel et bien subordonné de l’ensemble des troisième et quatrième vers ou de forcer à faire de marәtaēibiiō l’antécédent du pronom relatif yōi qui introduit cet ensemble. En outre, ce dernier vers apporte la précision que l’écoute du poème doit être accompagnée des gestes de la bonne obédience. Le poème seul ne se suffit donc pas : les sacrifiants s’assurent donc l’immortalité en payant pour que l’officiant régale les oreilles du grand dieu en récitant un poème excellent, mais, sa récitation a beau être exécutée, le poème, sans que les sacrifiants aient pensé, dit et fait ce que le bon Sentiment leur aura dicté, n’a aucune valeur. Dans la mécanique rituelle, le maniiu conditionne tout. La déclaration de la strophe suivante (Y 45.6) traite aussi du poème que le grand dieu est appelé à écouter, un éloge chanté : 186 Il est impossible de prendre caiiascā pour le nominatif plur. animé du pronom indéfini : la coordination nécessaire des deux subj. aor. dąn « donneront » et upā.jimәn « obtiendront » ferait inacceptablement défaut. Si ºcā est la conjonction de coordination attendue, caiiasº devra forcément être analysé comme l’accusatif d’un substantif et compléter upā.jimәn, mais il se pose dès lors la question de savoir quelle relation caiiasº analysé de la sorte entretient avec le dvandva hauruuātā.amәrәtātā. Si caiiasº est le dérivé nt. en -ah- de √ ci et signifie « prix, salaire », nous pourrons y voir une apposition faite au dvandva, mais, dans cette hypothèse, il me paraît pourtant raisonnable de songer à une haplologie de mots entre l’indéfini tonique et le substantif neutre suivi de ºcā. 187 Avec KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 87, dąn et upā.jimәn sont des subjonctifs aor. exprimant le futur en prop. rel., mais HUMBACH et FAISS, 2010, p. 129, assez gratuitement, considèrent que les vers cd forment un diptyque droit et doivent être placés entre guillemets comme discours annoncé par vacə : « «(All those) who show me obedience to it will attain integrity and immortality» ».

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Y 45.6 at frauuaxšiiā (4) vīspanąm mazištǝm (7) stauuas ašā (4) yə hudaā yōi hǝntī (7)188 spǝntā maniiū (4)189 sraōtū mazdā ahurō (7) yehiiā vahmē (4) vohū frašī manaŋhā (7) ahiiā xratū (4) frō mā sāstū vahištā (7) .·. Je vais alors proclamer, avec l’éloge et avec le bon Agencement, qu’il est le plus grand de tous (les dieux) [at fra-vaxšyā visvānaʼam mazištam stuvats rtā] et que c’est à lui que, parmi ceux qui sont, les offrandes sont bonnes à faire [yah hudaʼāh yai hanti190]. Que le Roi qui apporte la sagesse écoute (lʼhymne) en raison du (Sentiment qui le dicte, le) Sentiment quʼil est savant [spantā manyū srautu mazdāh ahurah] ! Que (le Roi qui apporte la sagesse), lors de lʼhymne duquel je me suis entretenu avec le Penser bon [yahya191 vahmai vahū fraši192 manahā], avec son efficace/ intelligence, mʼenseigne les meilleures (choses) [ahya xratū fra mā sāstu vahištā] ! L’ensemble des six premières strophes de l’At.frauuaxšiiā Hāiti avait démarré avec une série d’impératives au moyen desquelles le poète haranguait son auditoire : « Écoutez donc ! » (Y 45.1). Cette déclaration sur six strophes se referme semblablement, avec des impératives (Y 45.6cde), mais, cette fois-ci, le sujet des verbes conjugués à l’impératif ne relève plus de la deuxième personne du pluriel : « Qu’Ahura Mazdā écoute ! » La première des deux impératives qui clôturent la sixième strophe (Y 45.6c) forme l’écrin où le mot maniiu- est attesté, mais son emploi à l’instrumental est probablement extrapolable à la seconde (Y 45.6de) : il est ainsi demandé à Ahura Mazdā de tenir compte, lors de l’écoute, du sentiment donné aux orants de sa grande science, un sentiment qui, savons-nous par ailleurs, détermine le signe des trois niveaux de leur comportement rituel, mais aussi de tenir compte de ce sentiment à l’heure de guider efficacement l’officiant, le poète qui 188

Y 45.6b = 52.4.2, 61.5.4, 72.5.4. Y 45.6c1 = 44.7e1 ; voir aussi 51.7b2. 190 Indic. prés. d’emploi courant en prop. rel. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 73. Cette désignation des êtres surnaturels, attestée aussi en vieux perse, semble être refusée ou ignorée de HUMBACH et FAISS, 2010, p. 130 : « who (is) munificent toward the existing ». 191 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 130, range le vers d avec l’impérative de c plutôt qu’avec celle de e malgré la corrélation visible yehiiā... ahiiā. 192 Inj. aor. exprimant un passé en prop. rel. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 77. 189

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dit « je ». Le maniiu des orants formant son auditoire conditionne tout à la fois la valeur de leur comportement et la qualité des opérations sacerdotales assumées par le poète. Le bon sentiment que ce dernier affiche lui sert aussi d’argument à l’instant de demander au grand dieu de bien vouloir prêter l’oreille aux éloges qui lui sont adressés et, sans doute à titre de monnaie d’échange, de bien vouloir lui enseigner les meilleures choses. Les gestes dont le bon sentiment, au dernier vers de la cinquième strophe, commandait l’exécution sont à nouveau présent dans la huitième. À nouveau leur exécution est couplée à celles des hymnes : Y 45.8 təm nə staōtāiš (4) nǝmaŋhō +ā.vī.varǝšō (7) nū zīt (4) cašmainī viiādarǝsǝm (7) vaŋhəuš maniiəuš (4)193 šiiaōθanahiiā uxδaxiiācā (7) vīduš ašā (4)194 yəm mazdąm ahurǝm (7) at hōi vaəng (4) dǝmānē garō nidāmā (7) .·. Comme chacun de nous, en orant, lors de la (bonne) Dédicace du geste et du mot pour lesquels le bon Sentiment (nous suggère dʼopter) [vahauš manyauš śyāuθnahya ugdahya ca viduš195 ārtā196], sʼefforce de lʼentourer des éloges de lʼhommage [tam197 nah stautāiš namahah ā-vivaršah198] et, pour sûr, vient de voir de sa vue/ vient de se rendre 193

Y 45.8c1 = 45.5e1. L’hémistiche Y 45.8d1 a servi à fabriquer le nom d’un personnage héroïque dont il est question dans un passage du Mihr Yašt : Yt 10.16.3 aēšąm ˟gūnaōiti1 vәrәθraγnәm (8) yōi dim dahma vīduš.aša (8) zaōθrābiiō2 frāiiazәnte (7) .·. « (Miθra) intensifie les moyens de briser les obstacles pour ceux qui, compétents comme Vīduš.aša, lui rendent un culte avec les libations ». Notes : 1. Avec KELLENS, 1984a, p. 171 n. 10, contre GELDNER, 1886-96, vol. II p. 128, gūnaoti. ||| 2. Mis pour l’instr. 195 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 131, traduisent ce mot par « expert » alors que nous avions signalé le védique vidhú- (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 306). 196 Il faut sans doute y voir le loc. dʼaši- afin de justifier les gén. du vers précédent. 197 Explicité avec la fausse subordonnée relative yəm mazdąm ahurǝm. 198 Construit avec lʼabl. au sens de « avant », ā précède toujours son régime. Nous devons donc admettre, contre KELLENS et PIRART, 1988-91, que ā est ici le préverbe du désidératif +ā.vī.varǝša- tiré de ā+√ var « entourer, retenir » (HUMBACH et FAISS, 2010, p. 130 : « Trying to invite »). De toute façon, devant le suffixe du désidératif, la différence entre racines set et anit est toujours annulée. Pour ā+√ var (= véd. ā VR) construit avec lʼinstrumental dʼun terme technique tel que staōta-, nous pouvons tirer parti de la strophe RS 8.26.13ab yó vāṁ yajñébhir āvrtóVʼdhivastrā vadhūr iva « Celui de vous deux qui a été entouré des sacrifices comme la mariée lʼest dʼune robe ». Signalons une difficulté : sur base de contrastes tels que varǝzī ↔ vǝrǝzō ou hąm.varǝitiš ↔ hąm.vǝrǝtōiš, devant une syllabe contenant ō, jʼattendais ºǝrǝº au lieu de ºarǝº, que lʼétymon fût pir. *ºarº ou *ºrº. 194

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compte [199nu u zi it caxšmani200 vi-ā-darsam201] qu’il est le Roi qui apporte la sagesse [yam mazdaʼam ahuram], nous déposons dans la maison du chant les hymnes qui lui sont destinés [at hai vahmānh dmānai garah ni-dāma202]. Dans cette phrase fort contournée où la première personne du pluriel se marie à la troisième du singulier, il est fait état de la dédicace du geste et de la parole que le bon sentiment suggère de préférer et des éloges qui, lors de cette dédicace, sont adressés à la divinité, mais, faut-il penser, la ferveur du processus est telle que les mots des poèmes chantés, à le décrire, font voir le grand dieu aux adorateurs. La substance des hymnes est ensuite déposée dans ce hangar où, sur l’aire sacrificielle, les dieux sont accueillis, la maison du chant, celle qui, dans l’Avesta récent ou dans les livres pehlevis, donnera son nom à quelque étage du paradis. Cependant, j’ignore ce que signifie « déposer les hymnes dans la maison du chant ». *** La première unité de la Spǝntā.maniiu Gāθā, examinée en profondeur dans le chapitre IV, décrit le rôle ou les qualités du sentiment que le grand dieu est savant. Je reprends ci-dessous la substance des six strophes de lʼunité en question, la Spǝntā.maniiu Hāiti (Y 47), mais en cherchant à en offrir une compréhension généreuse, capable dʼy réduire le poids des apories. Dès lʼouverture de lʼunité (Y 47.1), il est, une fois de plus, affirmé que ce sentiment que le grand dieu est savant détermine la bonne triade rituelle grâce à laquelle le sacrifice atteint son but : donner santé et immortalité à Ahura Mazdā. Autrement dit : la conviction que lʼorant 199 Littéralement, cette incise devrait être rendue comme suit : « car, de visu, je viens de voir distributivement ceci ». 200 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 131 et 185, par refus forcené ou systématique de tenir compte des propositions que Kellens et moi nous avions faites, en sont encore à donner cette forme pour un locatif singulier. 201 L’indic. aor. n’existe pas (contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 79 et 177), tous les exemples d’augment étant aisément explicable d’une autre manière. La littérature sanscrite documente parfaitement bien vyā DRŚ. L’inj. aor. est employé avec la particule nū dans l’expression du passé récent. Place normale du verbe. Les stratagèmes de lʼindividualisation des sujets regroupés derrière « nous » sont de deux types dans la strophe, dʼabord une forme censée relever de la 3e pers. du sing. +ā.vī.varǝšō combinée avec nə, puis lʼersatz ºū ºīt du conglomérat ºcā īt construit avec la première pers. du sing. viiādarǝsǝm, avant dʼêtre résorbés dans nidāmā. 202 Sur cet emploi exceptionnel de l’inj. aor. de première pers., KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 70. Intentionnel ?

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sʼest forgée la concernant est à la base du bon fonctionnement de la cérémonie au cours de laquelle la divinité obtiendra les moyens de jouer son rôle. La deuxième strophe (Y 47.2) rapporte que Zaraθuštra, à recourir à la bonne triade avec la déférence des sacrifiants dont il est le chef de file, suit les conseils de son sentiment que le grand dieu est le père du bon agencement rituel. Selon la troisième strophe (Y 47.3), Ahura Mazdā, pour le lui donner, est dʼailleurs aussi le père du sentiment de Zaraθuštra quʼil est spǝnta. Et ce sentiment a collaboré ou, plus exactement, est que le grand dieu a collaboré avec le tašan à la configuration de la vache qui doit accompagner lʼâme-moi du pieux adorateur au-delà de la mort. En effet, lʼhendiadys est à envisager là aussi : le grand dieu, selon la conviction de Zaraθuštra, prend part avec lʼimmolateur à la reconstruction de la vache, et sa conviction le conduit aussi à penser que, là-bas, dans lʼau-delà de la boucherie, le dieu fournit le fourrage et la sauvegarde à la vache de concert avec Vohu Manah, le Penser bon, lʼentité qui, dans les livres pehlevis, patronnera la vache vue comme lʼun des sept éléments fondamentaux constitutifs du monde à côté de lʼhomme, du feu, du métal, de la terre, de lʼeau et des plantes. Ensuite (Y 47.4-5), Zaraθuštra se plaint du dédain délétère que dʼaucuns montrent envers le bon sentiment et surtout des conséquences fâcheuses de leur attitude : lʼhomme bon, malgré sa piété, et la vache, malgré sa bonté, subissent de façon inacceptable les conséquences de lʼimpiété des égarés. Lʼincitation au meurtre des adversaires est probablement sous-jacente à de telles réflexions. La réponse quʼAhura Mazdā dut donner à cet exposé, passée sous silence, se déduit du contenu de la sixième et dernière strophe : la répartition correcte des déclamations et des tirades entonnées au cours de la cérémonie sert de canevas ou de modèle à la déesse de la Terre à lʼinstant dʼopérer le tri entre pieux adorateurs et égarés. Elle pourra, dès lors, retenir ici-bas les impies qui chercheraient à rejoindre une excellente existence non méritée. *** La deuxième unité de la Spǝntā.maniiu Gāθā, la Yeziδā Hāiti (Y 48), elle aussi, exprime, dans sa huitième strophe, que les gestes rituels trouvent leur détermination dans le bon sentiment. Malheureusement, le contexte immédiat, celui d’une troisième question, comporte une difficulté lexicale :

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Y 48.8 kā tōi vaŋhəuš (4) mazdā xšaθrahiiā īštiš (7) kā tōi ašōiš (4) θβaxiiā maibiiō ahurā (7) kā θβōi ašā (4) ākā arədrəṇg išaiiā (7) vaŋhəuš maniiəuš (4)203 šiiaōθәnanąm jauuarō (7) .·. Quelle est lʼoffrande sacrificielle dont tʼ(honore) le bon Envoûtement, Roi qui apportes la sagesse [kā tai vahauš mazdā xšaθrahya ištiš204... ahura] ? Quelle est, en ma faveur, celle dont tʼhonore ta fille la Dédicace [kā tai ārtaiš θvahyāh maibya] ? Quand ta fille, invigoratrice avec le (bon) Agencement, (viendra-t-elle) au devant des détenteurs du succès [kat205 θvai206 rtā207 ākāh ardrānh išayā208] promouvoir les gestes que le bon Sentiment suggère dʼaccomplir [vahauš manyauš śyāuθnānaʼam *javarā] ? La difficulté de la troisième question est de concilier le nominatif féminin singulier de θβōi... išiiā avec jauuarō qui, à première vue, serait le nominatif masculin singulier du dérivé en -ara- de √ gu209. Comme je n’ai pu la résoudre et que le mot maniiu- figure précisément dans la troisième question, paraissant, de surcroît, dépendre de jauuarō en tant que complément déterminatif du propre complément déterminatif de ce dernier —il faudrait comprendre « le jauuara des gestes du bon sentiment »—, l’analyse du passage, limitée, ne pourra déboucher sur aucune certitude. La déesse Aši, protagoniste des quatre derniers vers de la strophe, sera implicitement présente aussi dans le premier dès lors que le tandem qu’elle forme avec Vohu Manah pourra être vu comme le fruit d’un hendiadys : « le Penser bon et la Dédicace » au lieu de « la Dédicace du Penser bon ». Comme les trois niveaux du comportement requis du sacrifiant présentent une relation, bien connue ou fréquente, avec le bon maniiu, que le premier de ces trois niveaux n’est autre que le penser 203

Y 48.8d1 = Y 45.5c1, 45.8c1. Dérivé en -ti- de √ yaz, contre HUMBACH et FAISS, 2010, p. 143, qui, le traduisant par « command », en font le dérivé de √ iš, ou LECOQ, 2016, p. 790, qui tire ce mot de √ is pour lui donner le sens de « possession ». 205 Cette 3e occurrence de la forme kā, suivie d’une dentale, est le fruit d’un sandhi pour *kat, car je vois mal comment la question pourrait porter sur l’identité ou la qualité de la fille d’Ahura Mazdā. Et tout aussi mal comment išiiā pourrait être un subst. comme le veut LECOQ, 2016, p. 790 : « Quelle est ta force [...] ? » 206 « Ta fille » : nominatif féminin singulier de θβa-. 207 Pour LECOQ, 2016, p. 790, ašā est un vocatif. Incroyable ! 208 Sur išiiā sous-entendant ašiš, voir Y 54.1d1-2 ašahiiā yāsā ašīm (7) yąm išaiiąm ahurō (7). 209 LECOQ, 2016, p. 790. Voir HUMBACH et FAISS, 2010, p. 188. 204

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bon et que ce dernier, au même titre que les deux autres niveaux, peut faire l’objet de la dédicace, force nous est d’envisager la possibilité que šiiaōθәnanąm complète θβōi {ašiš} au lieu de jauuarō, mais cette alternative ne nous apporte rien. À moins de corriger le mot en *jauuarā pour l’accorder avec {ašiš}210. Dans cette alternative volontariste, la personnification de la dédicace pourrait avoir gêné la détermination d’ašipar le génitif šiiaōθәnanąm et incité le poète à lui adjoindre cette épithète afin de faciliter la relation de son nom devenu théonyme avec le génitif du mot « gestes ». *** Dans la septième strophe de la Vohuxšaθrā Gāθā (Y 51.7), la distribution des deux compléments exprimés à l’instrumental par rapport aux deux dvandva est probablement artificielle, le fruit d’une sorte d’hendiadys puisqu’il est recouru au penser bon en fonction du sentiment que le grand dieu est très savant : Y 51.7 dāidī mōi yə gąm tašō (7) apascā uruuarāscā (7) amərətātā.hauruuātā (7)212 spəništā maniiū mazdā (7)213 təuuīšī.utaiiūitī (7) manaŋhā vohū +səŋhē (7) .·. 211

Toi qui as configuré la vache, les rivières et les végétaux [yah gām214 taxšah215 apah ca urvarāh ca], donne-moi, lors de la définition [dādi mai... sanhai], lʼImmortalité et lʼIntégrité en fonction de (notre) Sentiment de ta grande science, Roi qui apportes la sagesse [amrtātā+ harvatā spaništā manyū mazdā... ahura], la Bonne Forme et la Jeunesse nouvelle en fonction du Penser bon (auquel je recours à lʼinstant de tʼoffrir le sacrifice) [tavišī+uta-yūtī manahā vahū]. 210 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 144, recourent à l’astuce d’une apposition : « (serving as) compensation for the actions of good spirit », tandis que LECOQ, 2016, p. 790, traduit jauuarō comme si c’était un vocatif : « Ô promoteur des actions de Vohu Mainyu ». 211 Y 51.7 = 18.1.2, 65.15. La hāiti Y 18 rapproche la strophe Y 51.7 de l’ensemble de la hāiti Y 47. 212 Y 51.7b1 ≈ 45.5d2 hauruuātā.amǝrǝtātā (7). 213 Y 51.7b2 = 33.12b1. 214 Le contraste du nombre singulier affectant le nom de la vache face au pluriel marquant ceux des rivières et des végétaux, remarquable, fait de cette vache une entité paradigmatique. 215 Inj. aor. exprimant le passé en prop. rel. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 77. Place licite du verbe tašō dès lors que le seul complément du verbe, la coordination gąm... apascā uruuarāscā, ne le suit qu’en partie.

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Le contenu de la proposition subordonnée relative épithète du sujet de dāidī, pour le sens, appartient aussi au sentiment du pieux adorateur : sa conviction qu’Ahura Mazdā est très savant va de pair avec l’idée qu’il a configuré la vache, les rivières et les plantes. Cependant, leur configuration, dans le cas précis, est probablement à comprendre comme une opération faisant suite à leur immolation plutôt qu’à identifier comme une création ou une mise en place dans le monde puisque le bénéficiaire cherche à obtenir l’immortalité pour son âme dans l’au-delà et que les configurations, pour les immortaliser, recomposent des êtres devant y accompagner son âme. Soulignons la proximité que présentent ici le maniiu et le tašan, une proximité qui nous rappellera l’équation brutale maniiu = tašan rencontrée à la strophe Y 31.9. Un détail, comme bien souvent dans les Cantates, vient pourtant flétrir l’intelligence de la strophe : j’ignore à quoi fait allusion le locatif səŋhē « lors de la définition »216. *** Dans la dernière Cantate, la Vahištōišti Gāθā (Y 53), la septième strophe est le fameux passage pornographique basé sur le jeu des deux mots maga-, « bénéfice » et « trou »217. Il y est fait mention du sentiment des égarés : Y 53.7 atcā və mīždəm aŋhat (7) ahiiā magahiiā (5) yauuat āžuš zarazdištō (7) būnōi haxtaiiā218 (5) para[cā] mraōcąs aōrācā (7) yaθrā maniiuš drəguuatō (7) anąsat parā (5) iuuīzaiiaθā magəm təm (7) at və vaiiōi aŋhaitī (7) apəməm vacō (5) .·. En effet, la récompense sera pour vous (une part) de ce bénéfice (de la cérémonie sacrificielle) [at ca vah miždam ahat219 ahya magahya220] 216 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 154 : « at the pronouncement (of your sentence) » ; LECOQ, 2016, p. 800 : « dans ta proclamation ». 217 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 161, ne reconnaissent pas ce jeu de mots. LECOQ, 2016, p. 809, non plus. 218 La correction +haxtiiā, inutile, ne tient pas compte de l’épenthèse en a de i sur i. 219 Je ne partage plus l’analyse donnée (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 81 et 84) de ce subj. comme appartenant à une prop. marquée par un ºcā subordonnant. 220 maga- n’est pas « le bienfait » comme nous l’avions avancé (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 190) et comme d’aucuns le pensent encore (HUMBACH et FAISS, 2010, p. 161 : « contribution/dedication » ; LECOQ, 2016, p. 809 : « offrande »). Il s’agit du bénéfice de la cérémonie sacrificielle, le bénéfice que les dieux aussi bien que les hommes

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(si)221, autant que l’āžu très confiant, allant et venant au profond des cuisses [yāvat āžuš222 srazdištah bunnai haxtiʼāh parā mraucants aurā223 ca], vous ouvrez le trou [vi-zayaθa224 magam tam] là où le Sentiment de lʼégaré trouvera (inévitablement) sa perte [yaθra manyuš drugvatah ānansat225 parā]226, mais (où), pour vous, à la fin, le mot sera « Victoire ! » [at vah vayai ahati227 apamam vacah]. La détermination de l’articulation des propositions de cette strophe en constitue la grande difficulté : le premier vers est-il à considérer comme une indépendante ou comme une principale ? La subordonnée comparative introduite par yauuat est-elle à ordonner avec le premier vers comme nous l’avions pensé, Kellens et moi228, ou avec le dernier229 ? Les deux derniers hémistiches de la strophe forment-ils une proposition devant contraster avec celle du premier vers230 ou avec celle qui est introduite par yaθrā ? Il faut y ajouter notre ignorance concernant le mot vaiiōi que j’ai rendu gratuitement par « Victoire ! »231 en retirent. Dans le Véda, les uns comme les autres, pour cette raison, sont des maghávan « bénéficiaires ». 221 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 190. 222 Sans doute est-ce la désignation du pénis : GERSHEVITCH, 1996. Cependant, faut-il bien voir, le mot présente phonétiquement une morphologie impossible si ž y est à considérer comme une alternative ou un ersatz pour j. En effet, devant la voyelle u, nous attendons g au lieu de j. 223 Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 122. 224 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 161, pour ce verbe, proposent « give up » ; LECOQ, 2016, p. 809, « renoncer à ». Kellens et moi, nous avions adopté la proposition que HUMBACH, 1952, p. 23, avait avancée il y a bien longtemps, vī+√ zi « piquer acc. », mais, actuellement, j’y préfère l’analyse de iuuīzaiiaθā par vī+√ zā « ouvrir » (= scr. ví HĀ). 225 Ce n’est pas un indic. aor. : contre KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 80. De toute façon, le vieil av. ignore totalement l’usage de l’augment. Si nous tenons compte de celle de 3e personne du singulier de la voix active de l’indic. pft. véd. ānáṁśa, la forme anąsat parā est clairement à analyser comme celle du subj. pft. de parā+√ nas. Le subj. pft. exprime un futur attendu ou prévu du fait même de la nature du sujet. Le poète, astucieux, clôture le vers comme il lʼa commencé, avec le même mot parā. 226 HUMBACH et FAISS, 2010, p. 161 : « where (his) spirit has faded away from the deceitful one ». 227 Subj. en vers conclusif de str. : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. II p. 81. 228 KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 190. 229 Chez HUMBACH et FAISS, 2010, p. 161, le dernier vers est interprété indépendamment et forme un diptyque droit : « If you give this contribution/dédication then «woe» will be your last word ». 230 C’est ce que nous avions pensé : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 190. 231 Nous l’avions rendu comme si c’était auuōi « hélas ! » : KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 190. Lʼalternative menant éventuellement au sens de « Victoire ! » sera dʼanalyser vaiiōi comme le locatif singulier de la variante vaiia- du substantif neutre en -ah- coïncidant avec le védique váyas- : « Dans la force ! ». Sur ce mot védique, voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 509.

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J’opte expérimentalement pour les alternatives que Kellens et moi, nous avions écartées puisque, de toute façon, le manque de parallèles fait que la traduction donnée résulte de décisions dépourvues d’arguments. Néanmoins, il est assez clair que la strophe atteste l’existence d’un maniiu appartenant à quelque impie232. Ceci dit, je ne sais ce qu’il faut entendre au juste par la perte du sentiment que l’égaré souffrirait. ***

Synthèse Arrivés au terme du passage en revue de toutes les attestations vieil-avestiques du mot maniiu-, nous sommes en mesure de dresser un tableau descriptif de ses emplois, du contenu des déclarations qu’il désigne et des rôles que sa notion, déifiée ou non, tient dans les réflexions et les mythes que les mages arrivèrent à développer ou à concevoir. L’emploi du mot maniiuL’emploi233 du mot, dans les textes vieil-avestiques, est très généralement prégnant ou spécifique en ce sens qu’il désigne presque toujours le sentiment qu’Ahura Mazdā donne à de pieux adorateurs d’être un dieu digne des sacrifices en ce sens quʼil leur est et sera dʼune grande utilité ou que sa science est exceptionnelle. Le poète, le personnage à qui le poète donne la parole ou celui dont il parle ne font pratiquement jamais allusion au sentiment que d’autres dieux pourraient leur donner. Le poète ne donne nulle part non plus son opinion sur les Daēuua ou les Draōjina de façon explicite. Les convictions exprimées concernent toujours Ahura Mazdā à de rares exceptions. Il est vrai que le grand dieu est le seul à propos duquel les hommes sont réduits à se forger une conviction ex nihilo, sur base de la réflexion, tandis que le Soleil ou d’autres Yazata offrent à leurs yeux une image préalable à partir de laquelle la réflexion prend aisément ou logiquement son envol. Les déesses Doctrine, Dédicace ou Présentation, pour n’être jamais que la déification de rouages ou de données rituelles, tombent sous le sens et, de ce fait, sont aussi envisageables que l’Aurore. Vohu 232 Pour le rendu duquel nous avions encore opté pour une solution védisante : « la fougue du partisan de la Tromperie » (KELLENS et PIRART, 1988-91, vol. I p. 190). 233 Je laisse de côté les quelques strophes Y 33.9, 47.2,6 et 48.8 en raison d’apories ou d’obscurités qui n’ont pu être dissipées.

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Manah lui-même est à la portée d’une constatation dès lors que le penseur affirme penser. En revanche, rien ne peut être avancé d’emblée à propos d’Ahura Mazdā, aucune preuve de son existence ne peut être produite dès le départ. Sans image, Ahura Mazdā, pour être là d’ores et déjà, ne représente rien non plus. Sa présence, dépourvue de situation concrète possible, se déduit de la seule mécanique rituelle : il est à sa source puisque le sentiment qu’il donne aux orants en détermine et valorise les rouages. La conviction porte toujours sur Ahura Mazdā à trois exceptions : dans le vers Y 31.7a, il est question de celle de Zaraθuštra que la lumière du jour représente la félicité de lʼâme des pieux défunts ; à la strophe Y 31.19, l’objet de √ man « avoir le sentiment, se forger la conviction que » est Aša, le bon Agencement ; à la strophe Y 43.4, le poète fait état de son sentiment que le tandem du Feu et de l’homme qui se tient fixe devant ce dernier sont tous deux spǝnta « savants, utiles ». Le personnage qui expose son sentiment concernant le grand dieu est généralement le poète, l’auteur anonyme du texte qui lui en adresse directement la manifestation (Y 28.1,11, 29.10, 31.3,8, 33.12, 36.1, 43.2, 44.7,11, 51.7). Il s’agit le plus souvent du « sentiment que tu me donnes », exprimé aussi bien au moyen du possessif de première personne (Y 32.9c1) qu’en recourant à celui de deuxième personne (Y 28.11b2, 36.1c, 43.2c1,6a2) : mon maniiu est ainsi l’idée que je me fais et ton maniiu, le sentiment que tu donnes. Le poète, auteur du maniiu, n’en manifeste pas les termes au grand dieu (Y 36.3, 45.5,6,8), mais, semble-t-il, à son auditoire. Il arrive que l’auteur du maniiu, anonyme, soit nommé à la troisième personne grammaticale (Y 31.21, 33.6, 47.5). Les auteurs dʼun maniiu sont, à lʼoccasion, de mauvais mortels auxquels le poète s’adresse : Y 32.5. Le poète parle deux autres fois d’égarés auteurs d’un maniiu (Y 47.4, 53.7). Un cas d’exception est à relever, celui de la strophe Y 47.1 où les auteurs du maniiu seraient les Yazata, mais l’exégèse fait difficulté. Au lieu du poète, l’auteur du maniiu, le personnage qui se prononce sur la qualité du grand dieu, est Zaraθuštra dans les strophes Y 31.7, 43.5-15 où il a la parole, dans les strophes Y 43.16 où elle ne lui est pas donnée. Le tandem que Spәnta Maniiu forme avec Spәnta Nar (Y 34.2) est le fruit d’un hendiadys dès lors que ce dernier n’est autre que l’auteur du maniiu en question (Y 44.2). Cependant, le maniiu est dit spәnta par hypallage puisqu’il s’agit du sentiment qu’Ahura Mazdā est spәnta.

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Comme le personnage qui se forge pareille conviction est le nar, l’épithète de spәnta- sert tout aussi bien à la qualification de ce dernier, déteint sur lui, mais nous devons probablement reconnaître Zaraθuštra sous cette étiquette de nar. Le phénomène par lequel l’épithète de spәnta- déteint sur le nar qui accompagne le maniiu apparaît aussi dans le vers Y 47.3a où Ahura Mazdā est dit être spәnta en tant que père dʼun Maniiu personnifié. L’identité de leurs auteurs n’est pas exposée dans les discours de portée générale traitant de l’opposition des deux maniiu, les sentiments antagoniques pouvant exister à propos du grand dieu (Y 30.3-5, 45.2). Cette identité ne l’est pas non plus à la strophe Y 31.12 où Ārmaiti est dite s’entretenir avec un Maniiu personnifié. Le contenu du mańiiu Le contenu du maniiu, par le biais de l’hypallage habituelle, est donné le plus souvent sous la forme d’épithètes. Parmi celles-ci, l’épithète de spәnta- dont les degrés de comparaison servent aussi est de loin la plus fréquente au point que toutes les autres font figures d’exceptions. Et, parmi ces raretés, nous trouvons même des hapax legomena : maniiu- positif employé sans épithète

vaŋhuvahištarafәδravāstriia-

31.3a1,12c2,21c2, 44.2e1,11e2 28.1b2, 44.7e1, 43.6a1, 45.6c1, 47.1a1,4b1,5a1,6a1 45.2b1 30.5b1, 33.12b1, 36.1c,3b, 43.2c2,16b2, 47.1a2, 51.7b2 45.e1,8c1, 48.8d1 33.6a2 28.1a2 33.6b2

hāma-

31.7c2

bon, divin excellent secourable qui sʼoccupe du fourrage égal à lui-même

53.7c2 45.2b2

funeste

spәntaspaniiahspəništa-

génial, savant, utile très savant

maniiu- négatif employé sans épithète angra-

LE MAŃIIU VIEIL-AVESTIQUE

akaaxtidrәguuant-

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32.5b2 36.1d 30.5a2

mauvais qui fait mal égaré

pauruiiē

30.3a1

yəmā xvafәnā

30.3a2

fondamendaux, initiaux songes jumeaux

Les 2 mańiiu

Pour lʼexhaustivité, signalons en outre deux épithètes incertaines : vairiia- (Y 27.13a1) et hākurәna- (Y 33.9c1). De toute façon, soulignons aussi lʼexistence de plusieurs subordonnées relatives épithètes, le plus souvent annoncées au moyen d’un corrélatif (Y 28.1, 30.3, 47.3) : — Y 28.1c2 : yā xšnәuuīšā gəušcā uruuānәm .·. « (le Sentiment) que tu accueilleras (mon âme) et celle de la vache » ; — Y 30.3a2 : yā yəmā xvafәnā asruuātәm « (les deux Sentiments) donnés pour songes jumeaux »  ; — Y 30.5b2 : yə xraōždištəng asənō vastē « (le Sentiment) vêtu des pierres les plus dures »  ; — Y 47.3b : yə aāi gąm rāniiō.skәrәitīm həm.tašat « (le Sentiment) qui lʼaide à se configurer une vache source de joie ». Seconds accusatifs dans la rection de √ man : — — — —

spәntәm « génial, savant, utile » : Y 43.5a1, etc. ; vaŋhəuš patarəm manaŋhō « père du Penser bon »  : Y 31.8b1 ; yazūm « le plus jeune » : Y 31.8a2 ; vaēdәm « fournisseur (du fourrage) »  : Y 29.10c2.

Le rôle du mańiiu Dans lʼhémistiche Y 28.1c2 yā xšnәuuīšā gəušcā uruuānәm, lʼinterprétation de lʼinstrumental du pronom relatif yā « avec lequel » est incertaine : sʼagit-il de la conviction que (ahiiā maniiəuš... yā) Mazdā accueillera les âmes ou de lʼidée que le Maniiu jouera un rôle dans lʼaccueil quʼil leur réservera ? La question vaut la peine dʼêtre posée puisque, dans les trois autres subordonnées épithètes, le pronom relatif figure au nominatif, que lʼaccueil de lʼâme de la vache suppose son immolation préalable et que la strophe Y 31.9 identifie Maniiu à Gəuš Tašan, le dieu boucher. Dans cette alternative, Ahura Mazdā ne pourra

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CHAPITRE V

accueillir les âmes que si Maniiu, au préalable, aura procédé à lʼimmolation de la vache. Je ne puis lʼexclure dʼautant que, dans le dernier des quatre exemples de subordonnées épithètes, il est traité précisément de cette immolation, mais Maniiu, cette fois, est présenté plutôt comme le collaborateur de Gəuš Tašan (Y 47.3b). Cependant, dans lʼhémistiche Y 28.1c2, Maniiu peut aussi former un tandem avec Ahura Mazdā pour lʼaccueil des âmes, et, avec lʼalternative de lʼhypallage, le doute surgit entre la figure dʼun Maniiu collaborant à la configuration de la vache ou la compréhension dʼun poète ayant le sentiment quʼAhura Mazdā y prend part. Le maniiu, savons-nous par les deux exemples de son instrumental employé comme complément de la locution verbale « donner lʼimmortalité », joue effectivement un rôle important dans lʼeschatologie individuelle (Y 47.1, 51.7). Et le choix que le maniiu effectue dʼAša (Y 30.5) se comprend dans cette optique : le bon agencement qui est celui du sacrifice offert guérit lʼexistence rituelle (Y 31.19), lʼexcellente existence dont, par la suite, jouiront les âmes des bienheureux. Le sentiment que Mazdā est à même de la garantir est ainsi la condition sine qua non de la réussite. Formes de Termes en relation avec Strophes 3 man / maniiu3 man ou maniiumantā

31.7

raōcəbīš rōiθβən xuvāθrā

mantā

31.19

ašәm ahūm.biš

məŋhī

31.8

θβā... paōuruuīm, yazūm, vaŋhəuš patarəm manaŋhō

məŋhī mənghāi

43.5, etc. spәntәm at θβā... 43.4 *θβəm... taxmәmcā *spәntā

{nom. sing.} nom. sing.

27.13 31.9

vairiiō gəuš tašā

nom. sing.

32.5

vā... yəng daēuuəng

Traduction des termes en question les bien-être naissent avec la lumière lʼAgencement guérit lʼexistence tu es le premier, le plus jeune et le père du Penser bon tu es savant ton fils et lʼ(homme) fixe sont savants recommandé le configurateur de la vache ils (font) de vous les Daēuua

LE MAŃIIU VIEIL-AVESTIQUE

nom. sing. nom. sing. acc. sing. acc. sing. acc. sing. instr. sing. instr. sing. instr. sing. instr. sing.

36.3 53.7 30.5 33.9 43.16 31.3 31.7 31.12 31.21

ahī anąsat parā varatā ? vәrәntē dā uxšiiō pәrәsaitē yə hōi maniiū šiiaōθanāišcā uruuaθō .·.

instr. sing. instr. sing. instr. sing. instr. sing. instr. sing. instr. sing. instr. sing.

33.12 36.1 43.2 43.6 44.2 44.7 45.6

dasuuā pairī.jasāmaidē + cīcīθβā jasō hārō ? sraōtū mazdā

instr. sing.

47.1

vahištācā manaŋhā... šiiaōθanācā vacaŋhācā... dąn... amәrәtātā.hº

instr. sing.

47.5



instr. sing.

47.6

dā... vīdāitīm

instr. sing.

51.7

dāidī mōi... amәrәtātā.hº

abl. sing. abl. sing. abl. sing. gén. sing. gén. sing.

28.11 33.6 47.4 28.1 32.9

gén. sing. gén. sing. gén. sing.

34.2 44.11 45.5

hacā... vaōcaŋhē (?) ā rārәšiieintī šiiaōθanā (instr. sing.) uxδā (acc. plur./ instr. sing.) šiiaōθanā (acc. plur.) duuaēšaŋhā šiiaōθanāiš

409 tu es il ira à sa perte il choisit il choisit tu donnes tu tʼaccroîs elle converse observant avec les gestes que lui suggère lʼidée quʼil se fait de lui dote-toi nous te servons comprenant tu vas qui surveille que Mazdā écoute ! pensers, mots et gestes excellents, feront lʼimmortalité tu donnes (la vache) tu répartis (les textes) donne-moi lʼimmortalité à dire ? sʼéloignent du geste les paroles les gestes de la haine des gestes

410

CHAPITRE V

gén. sing.

45.8

gén. sing. gén. sing. gén. sing. nom. duel

47.2 47.3 48.8 30.3

nom. duel acc. duel {acc. sing.}

30.4 45.2 45.2

gén. duel

30.5

šiiaōθanahiiā uxδaxiiācā {šiiaōθanāiš} ˟ptā šiiaōθәnanąm šiiaōθanōi hī vahiiō akәmcā həm... jasaētәm frauuaxšiiā yəm angrəm... nōit šiiaōθanā... +hacintē varatā

du geste et de la parole {des gestes} le père des gestes le bon geste et le mauvais se rencontrent je dirai le (maniiu) funeste que les gestes ne suivent pas il choisit

En effet, les strophes vieil-avestiques lʼindiquent souvent, le sentiment (maniiu-) que leur donne le grand dieu dʼêtre très savant détermine la qualité des gestes que les hommes exécuteront dans le cadre de la performance sacrificielle. Pour la facilité, dans le tableau ci-dessus, jʼai fait figurer chaque fois les gestes en gras, étant entendu que « gestes » est un terme générique pour « pensée, parole et geste ». La place de Mańiiu dans le panthéon protozoroastrien La mise à distance qui personnifie les entités et aboutit parfois à leur dédoublement, faisant quʼun culte est rendu au Penser bon en recourant au penser bon, abondamment employée, fait tout lʼart du poète. Jʼy ai déjà fait allusion plusieurs fois, mais il est à remarquer que le poète est, en cela, le père des dieux, pourrions-nous avancer, quoique certaines sources dʼinspiration soient clairement identifiables grâce à la mythologie comparée. Le maniiu, devenu Maniiu, tout à la fois est lʼexpression de la conviction du poète concernant la place que les entités divines occupent dans le panthéon protozoroastrien et lʼune de ces dernières. Le poète nʼhésite pas à brouiller les cartes, paradoxes, ellipses, synecdoques, hypallages et hendiadys faisant lʼessentiel de son jeu. Lʼeschatologie et la théogonie couronnent ainsi les spéculations ritualistes du poète. Le poète arrive à retourner les phrases et à faire de lʼobjet du verbe un sujet actif : lʼorant se forge une bonne opinion dʼAhura Mazdā, déclare avoir le sentiment que ce grand dieu est spǝnta et, pour cette raison,

LE MAŃIIU VIEIL-AVESTIQUE

411

choisit le bon agencement rituel. Lorsque lʼorant se décante pour la bonne opinion, le poète dit quʼil choisit un Maniiu, mais son choix dʼAhura Mazdā le conduit aussi à choisir Aša. Ce choix est celui des gestes bons à la tête desquels se situe le Penser bon : les 3 Šiiaōθana « gestes »

Manah « Penser » Vacah « Parole » Šiiaōθana « Geste »

Maniiu peut ainsi passer pour leur père. Et Maniiu peut aussi procéder au choix dʼAša. Le vers Y 44.6c indique la relation existant entre les Šiiaōθana, Ārmaiti et Aša : ašǝm šiiaōθanāiš dǝbązaitī ārǝmaitiš « La Déférence épaule le (bon) Agencement avec les gestes ».

Et, selon la strophe Y 47.4, la déesse nʼoffre donc de soutien à Aša quʼavec le concours de Spǝnta Maniiu. Nous la trouvons dʼailleurs former un tandem avec Maniiu à la strophe précédente, Y 47.3, ou dans le vers Y 31.12c. Comme Ārmaiti est assimilée à la Terre, que la phrase Y 36.3 donne Maniiu pour un nom dʼĀtar et quʼAši est la déesse qui, prenant la relève, propulse la triade des gestes, le schéma est assez semblable à celui du mythe grec dans lequel la Terre fécondée par le Feu engendre Ἐριχθόνιος et le confie à Ἀθηνᾶ et aux trois filles de Κέκροψ : Maniiu = Ātar + Ārmaiti

{



Manah Vacah Šiiaōθana

}

Aši

Jʼai ainsi le sentiment que le poète réutilise certains schémas préhistoriques dans la construction dʼun panthéon dont le caractère inachevé tient au peu de personnification des entités. Néanmoins, même discrète, cette personnification existe bel et bien dès lors quʼil est fait état des mains dʼAhura Mazdā (Y 43.4), de celles dʼĀrmaiti (Y 47.2), de celles dʼAša (Y 30.8, 44.14) ou même de celles de Gəuš Uruuan (Y 29.5), des oreilles des dieux (Y 30.2), de la bouche ou de la langue dʼAhura Mazdā (Y 28.11, 31.3). La présence dʼAhura Mazdā dans cette liste nʼa rien de surprenant : son théonyme ne correspondant à aucun appellatif, il était voué à être personnifié. Et lʼanthropomorphisme fut inévitable puisque, parmi les sept éléments fondamentaux qui constituent le monde, lʼhomme est celui quʼil patronne :

412

CHAPITRE V

Ahura Mazdā Vohu Manah Aša Vahišta Xšaθra Vairiia Spǝntā Ārmaiti Amǝrǝtatāt Hauruuatāt

lʼhomme la vache le feu le métal la terre lʼeau le végétal

Aucune doctrine bien définitive nʼest encore acquise avec les Cantates vieil-avestiques en matière de mythologie : certaines entités sʼaccommodent avec facilité de multiples équivalences, et cʼest le cas de Maniiu qui, sous son meilleur jour, nʼest autre quʼAhura Mazdā ou, dans le pire des cas, sʼavère être le pire démon, mais dont la facette positive est parfois assimilée au Feu fils du grand dieu (Y 36.3), à lʼallégorie de lʼimmolateur, Gəuš Tašan (Y 28.1, 31.9, 47.3), ou au meilleur geste (Y 30.5). Lʼauteur des Cantates avait donc mis tout son art poétique au service dʼune fusion du récit mythologique où règnent les théonymes avec le discours ritualiste construit autour des appellatifs correspondants. Une sorte de deux en un, mais sans jamais prendre complètement parti. Lʼarchidémon né du mauvais sentiment, Aŋhra Maniiu, nʼa pas encore pris place en tant quʼadversaire attitré du grand dieu. Le mauvais sentiment est encore celui que le grand dieu donne aux mauvais hommes et qui leur reviendra à la façon dʼun boomerang (Y 36.1). Le poète, pour en rendre compte, recourt au ślesa, axti- apparaissant dʼabord avec le sens adjectif « qui fait mal » pour prendre ensuite la valeur dʼun abstrait, « la douleur » : les mauvais hommes ont lʼidée quʼAhura Mazdā est mauvais ou fait mal, mais, en échange, le grand dieu les soumettra à la souffrance.

CHAPITRE VI LE MANYÚ VÉDIQUE

Étymologiquement, lʼavestique maniiu- coïncide bien évidemment avec le védique manyú-1, mais ce dernier, dʼaprès les Nighantu2 et dʼaprès les dictionnaires3, en diverge pour le sens. Il convient donc de vérifier la divergence et, si elle existe, de lʼexpliquer. Étymologie Il est malaisé de tirer des informations de la morphologie du mot védique manyú- parce que les substantifs montrant un suffixe primaire -yú-4 sont assez rares. Pour la seule Rgvedasaṁhitā et lʼensemble des textes avestiques, je ne relève que 14 exemples, la plupart dʼétymologie incertaine ou inconnue. Il peut être constaté que les racines sont en ºan anit (tanyú-, manyú- = avestique maniiu-), en ºan set (cāyú- [?], jāyú- [?]), en ºā (tāyú- = tāiiu-, dhāyú-, pāyú- = pāiiu-, 1māyú-, 2māyú- = māiiu-, vāyú- = vaiiu-), en ºuº (druhyú-, bhujyú-, śundhyú-) ou en ºrº (avestique daršiiu-). Lʼhapax legomenon tanyú- « qui tonne » sʼexplique par le divādi TAN / STAN śabde  :: tányati. Sāyana, dans un premier temps, glose tanyávah par visrtā raśmayah « rayons répandus », mais, dans un second, en fait une désignation des Marut : RS 5.63.2d dyāvāprthivī ví caranti tanyávah « À travers ciel et terre circulent les tonnerres »5 ; RS 5.63.5c rájāṁsi citrā ví caranti tanyávah « Les tonnerres éclatants 1

Le présent chapitre nʼest exhaustif que pour la RS. manyúh figure parmi les krodhanāmāni « noms de la colère » (Nigh 2.13). 3 GRASSMANN, 1872-5, col. 1005 : « manyú, m., erregter Sinn, Gemüthsbewegung, [von 1. man], daher 1) Eifer, besonders religiöser Eifer, der Menschen; 2) Eifer, Muth, Thatendrang, der Götter; 3) brünstiges Verlangen; 4) Unmuth, Zorn, Wuth; 5) Ungestüm, heftiger Andrang, auch im plur.; 6) Eifer, Zorn als Gottheit personnificirt » ; STCHOUPAK, NITTI et RENOU, 1932, p. 553b : « manyu- m. colère, fureur ; chagrin ; Colère personnifiée ; état lamentable (?) » ; PUJOL RIEMBAU, 2005, p. 710 : « manyú- [...] m. a esperit, ment RV, TS, B; entusiasme, zel, temperament RV +. b *ira, còlera, ràbia, furor RV +. c dolor, pena, aflicció ép. +. d MIT Manyu (nom de la Còlera personificada) ». 4 DEBRUNNER, 1954, p. 842-3. Sont à exclure les ādyudātta (dásyu-, yájyu-, sáhyu-) et gavyú- (dont le suffixe +yú- est secondaire). 5 Trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 79. 2

414

CHAPITRE VI

traversent les espaces »6. Lʼalternative peut être avancée que, dans tanyú- comme dans le divādi, la racine, au lieu du degré plein, présente le degré zéro, ºanº étant le traitement régulier de *n devant i. Le substantif védique manyú- = avestique maniiu- est à expliquer par le divādi de MAN  :: mányate7. La racine, dans mányate comme dans manyú-, présente très probablement le degré zéro8. cāyú- est un hapax legomenon de la strophe védique RS 3.24.4 ágne víśvebhir agníbhir V devébhir mahayā gírah | yajñésu yá u cāyávah « O Agni, avec tous les Agni, (tous) les dieux, magnifie (mes) chants,/ (et avec eux tous) qui dans les sacrifices sont à lʼhonneur ! »9. Renou10 rapproche le mot de RS 7.18.8 cāyamānah « honoré », mais lʼétymologie par CI « remarquer », du fait de lʼincertitude qui entoure lʼorigine de la voyelle longue radicale, nʼen est pas assurée11. Pour sa part, Sāyana traduit cāyávah par pūjakāh « adorateurs ». Le mot jāyú- est attesté trois fois dans le premier mandala de la Rgvedasaṁhitā, mais aucun des trois contextes nʼest décisif à lʼinstant de décider de son sens : — RS 1.67.1a vánesu jāyúr mártesu mitráh « Conquérant dans les bois, (égal à) Mitra pour les mortels [Agni] »12. En conformité avec la traduction donnée, Renou13 explique le mot par JI « vaincre », mais Sāyana le rend par jāyamānah « naissant »  ; — RS 1.119.3ab sáṁ yán mitháh pasprdhānāso ágmata V śubhé makhā ámitā jāyávo ráne « Dès que les Makha (= les Marut ?) immenses et victorieux, qui rivalisent entre eux pour la beauté et le plaisir (?), se sont rassemblés »14, mais la traduction de jāyávah remontait à Sāyana qui lʼavait rendu par jayaśīlāh. Jʼai souligné15 la difficulté de la voyelle longue en raison du contraste montré avec jayús- de RS 1.117.16c ví jayúsā16 yayathuh sānv ádreh « Avec votre (char)

Trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 79. Nir 10.29 manyur manyater dīptikarmanah krodhakarmano vadhakarmano vā. 8 MINARD, 1949-56, vol. II §102a. 9 Trad. RENOU, 1955-69, vol. XII p. 66. 10 RENOU, 1955-69, vol. XII p. 124. 11 MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 531. 12 Trad. RENOU, 1955-69, vol. XII 14. 13 RENOU, 1955-69, vol. XII p. 88. 14 Trad. PIRART, 1995-2000, vol. I p. 247 ; cf. RENOU, 1955-69, vol. XVI p. 20. 15 PIRART, 1995-2000, vol. I p. 248. 16 La quantité brève de la première voyelle du mot, même si le mètre ne la soutient pas, est confirmée par RS 6.62.7a ví jayúsā rathiyā yātam ádrim. 6 7

LE MANYÚ VÉDIQUE

415

vainqueur, vous êtes ceux qui passent à travers le dos du rocher »17, un mot pour lequel Sāyana donnait jayaśīlena rathena « avec un char dʼhabitude victorieux » ; — RS 1.135.8abc átrāha tád vahethe mádhva āhutiṁ V yám aśvatthám upatísthanta jāyávoVʼsmé té santu jāyávah « Cʼest bien ici que vous êtes convoyés, vers lʼofferte du doux (soma) ; le figuier sous lequel se sont installés les (jus de soma) victorieux, que ces (jus) soient victorieux pour nous ! »18. Sāyana rendait ici jāyávah par jetārah « vainqueur ». Le nom du voleur, védique tāyú- (RS 5.15.5c, etc.) = avestique tāiiu(Y 9.21, etc.), est à expliquer à partir du divādi hittite ta-a-i-iz-zi19. Lʼhapax legomenon védique dhāyú- est enregistré comme « nicht klar » chez Mayrhofer20 : RS 7.36.4ab girā yá etā yunájad dhárī ta V índra priyā suráthā śūra dhāyū « (Lʼhomme) qui par la parole est apte à atteler ces deux alezans bien-aimés de toi, ô Indra, (attelés) dʼun beau char, riches en dons, ô héros, (quʼil vienne à nous !) »21. Sāyana, en donnant dhārakau « qui soutiennent », ne convainc pas. Il sʼagit peutêtre du même mot que dans lʼavestique gaōdāiiu- (Vr 2.11, Y 29.2) « qui se nourrit de lait »22. Le verbe correspondant à ce dernier est plutôt un bhvādi : DHE pāne  :: dháyati « sucer ». Une solution hardie à question de lʼétymologie de dhāyú- est proposée dans Vaches et taureaux23. Le « (feu) protecteur » porte le même nom dans le Veda et dans lʼAvesta : pāyú- RS 1.31.13a, etc. ; pāiiu-24 Y 42.2, 46.7, 57.2, Yt 1.2, mais le verbe correspondant est lʼadādi PĀ raksane  :: pāti « défendre »25. Lʼhapax legomenon māyú- « mugissement », qui nʼest pas un nom dʼagent, sʼexplique à partir de MĀ   :: mímāti « mugir »26 et entre dans la formation des composés gómāyu- et ajámāyu- : RS 7.103.2cd gávām áha ná māyúr vatsínīnām mandūkānāṁ vagnúr átrā sám eti « alors le cri des grenouilles se combine avec le beuglement des vaches ayant leur veau »27, Sāyana : gavāṁ śabdah ; RS 7.103.6a 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27

Trad. PIRART, 1995-2000, vol. I p. 219. Trad. RENOU, 1955-69, vol. XV p. 103. Voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 643. MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 788. Trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 42. PIRART, 2012b, p. 41 ; 2018, p. 66 n. 47 ; p. 118. PIRART, 2018, p. 304. PIRART, 2007b, p. 87 ; 2010a, p. 77. MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 112, 121. MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 341. Trad. RENOU, 1956, p. 45.

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CHAPITRE VI

gómāyur éko ajámāyur ékah « Lʼune mugit comme une vache, lʼautre (bêle) comme une chèvre »28. Un autre mot māyú- figure dans le composé durmāyú- « der üble Macht anwendet »29 : RS 3.30.15cd durmāyávo durévā mártiyāso V nisaṅgíno ripávo hántuvāsah30 « Les mortels aux mauvais artifices, au mauvais comportement, les trompeurs avec leurs carquois (sont) propres à être tués »31. Sāyana : dustam āyudhāni minvanti praksipantīti durmāyavah « le nom de durmāyu leur vient de projeter méchamment de menaçantes armes ». Ce mot serait attesté à lʼétat isolé en avestique : māiiu- « fähig, kräftig, gewandt »32 figure comme épithète de Nairiia Saŋha dans le vers Yt 10.52.1f nairiiō.saŋhasca33 yō māiiuš (9) .·., mais, pour ma traduction générale des Yašt, jʼy ai plutôt vu un emploi adjectif du premier de ces homophones : « et le mugissant Exposé masculin »34. Le théonyme védique vāyú- coïncide avec lʼavestique vaiiu- « espace libre, vide »35 et sʼexplique sans difficulté à partir de VĀ  :: vāyati « être vide, manquer, faillir »36. Les héroonymes védiques druhyú- « *nuisible » et bhujyú- « *fugitif, *rescapé » peuvent être expliqués sans difficulté respectivement à partir du divādi de DRUH  :: drúhyati « causer du tort » et du latin fugiō. śundhyú- « purificateur » (RS 7.97.7b, etc.) qui dérive de ŚUDH śaucakarmani  :: śúndhati « purifier » (Sāyana : śundhyuh sarvesāṁ śodhayitā)37 présente un infixe nasal, mais aucun divādi connu ne permet dʼen justifier le suffixe -yú-. La plupart des formes de lʼadjectif avestique daršiiu- « intrépide, agressif » sont altérées38 : Vr 7.4.3 = Y 42.3.2 vātǝm daršīm (< *dhršiúm) mazdaδātǝm yazamaide .·. ; Yt 8.33.3b = 18.7.1b vātō daršiš (< *dhršiúš) mazdaδātō  ; Yt 8.34.1e vātasca yō ˟daršiš (mss. darǝšiš) ; Yt 14.2.1c vātahe kǝhrpa ˟daršiiaōš39 ; Yt 18.5.3b hāmō vātō daršiš mazdaδātō. Le Trad. RENOU, 1956, p. 46. MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 349, qui ne rapproche pas le mot de MĀ māne  :: mímīte « mesurer ». 30 La solution métrique va à lʼencontre de lʼétymologie du suffixe. 31 Trad. RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 70. 32 MAYRHOFER, 1992-2001, vol. II p. 349, qui renvoie à GERSHEVITCH, 1959, p. 205-6. 33 Mis pour nairiiasca saŋhō dʼaprès Vr 11.16.1 et Yt 11.8.2 (= 11a.2.2). 34 Trad. PIRART, 2010b, p. 134. 35 Les zand sont tuhīgīh et višādagīh. 36 Contre Yāska (Nir 10.1) pour qui vāyur vāter veter vā syād gatikarmanah | eter iti sthaulāsthīvir anarthako vakārah. 37 Cʼétait déjà lʼopinion de Yāska (Nir 4.16) pour qui śundhyuh ... śodhanāt. 38 PIRART, 2012a, p. 94 n. 119. 39 GELDNER, 1886-96, vol. II p. 206 : daršiiōiš. 28 29

LE MANYÚ VÉDIQUE

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divādi permettant de justifier lʼemploi du suffixe -yú- est indirectement attesté par le védique anādhrsyá- « inabordable, inattaquable ». La plupart des dérivés primaires en -yú- fonctionnent comme noms dʼagent ou comme adjectifs, mais manyú- et vāyú- sont plutôt des substantifs abstraits. Deux constructions Le manyú, confondu parfois même avec le désir (kāma-), est une pensée dirigée vers le futur. Plusieurs textes en font une divinité à part entière : AS 9.2.23 jyāyān nimisatò’asi tísthato40 V jyāyānt samudrād asi kāma manyo | tátas tvám asi jyāyān viśváhā mahāṁs V tásmai te kāma náma ít krnomi « Tu es supérieur à celui qui cligne debout. Tu es supérieur à l’océan, Kāma Manyu. Tu leur es supérieur, toi, à jamais grand. Voilà pourquoi je te rends hommage, Kāma »41.

Élan portant les dieux à agir, engouement, courroux ou motivation, le manyú apparaît çà et là en tant quʼhypostase dʼun grand dieu tel quʼÍndra ou Váruna, au point dʼêtre honoré de deux grands hymnes du dixième mandala de la Rgvedasaṁhitā, mais, pour nous en tenir à sa seule valeur abstraite, disons que, comme la corde de l’arc ou les chevaux du char, le manyú se tient prêt : AS 5.13.6 asitásya taimātásya V babhrór ápodakasya ca | sātrāsāhásyāhám † manyór 42 V áva jyām iva dhánvano V ví muñcāmi ráthām̐ iva « Du (serpent) noir, du Taimātá, du brun et du Sātrāsāhá sans-eau, moi, je relâche la tension comme (on relâche) la corde d’un arc (ou) comme (on dételle) les (chevaux d’un) char »43 ; AS 5.18.9 tīksnésavo brāhmanā hetimánto V yām ásyanti śaraviyā̀ṁ ná sā msā 44 | anuhāya tápasā manyúnā coVutá dūrād áva bhindanty enam45 « Les brāhmana ont des flèches acérées et des projectiles. La salve qu’ils tirent ne rate pas son but. (Et,) sʼy étant préparés avec ascèse et ferveur, même de loin, ils parviennent à mettre le(ur adversaire) en pièces »46. 40

Pour la métrique, les premier et troisième vers sont déficients. Semblablement WHITNEY, 1905, vol. II p. 525. Sur la juxtaposition des vocatifs kāma manyo, MALAMOUD, 1989, p. 188. 42 À corriger en ˟manyúm sur base de la PS. 43 Semblablement WHITNEY, 1905, vol. I p. 243. 44 Dodécasyllabe. 45 PS bhindanti te tayā. 46 WHITNEY, 1905, vol. I p. 251, traduisait le troisième vers comme suit : « pursuing (anu-hā) with fervor and with fury ». Sur l’association du tápas et du manyú, MALAMOUD, 1989, p. 192. 41

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Cependant, comme nous lʼavons vu avec lʼétymologie, le manyú est fondamentalement une pensée. Il y a deux types de pensées en fonction du temps : dʼune part, celle qui, concernant des faits connus, sʼappuie sur la mémoire et, dʼautre part, celle qui, concernant des faits non encore connus, les envisage, les prévoit ou les construit sous forme de projets. Comme l’écrit Charles Malamoud, « plus encore que l’intention, le manyú est la tension originelle, qui porte à vouloir et à agir »47. Le manyu est donc une pensée du second type. Le manyu est une pensée de ce qui va être, une prévision, une imagination, une capacité dʼanticipation, une velléité, une intention ou un projet pouvant concerner autrui ou celui-là même qui la contracte. L’Avesta illustre davantage la première alternative ; le Véda, plutôt la seconde. Le mazdéen est mazdéen pour avoir la conviction quʼAhura Mazdā est très savant et que les conseils de ce grand dieu, partant, seront les meilleurs. Cette conviction porte le nom de maniiu-. Le mazdéen pense que Mazdā lui soufflera ce qu’il y a de mieux à faire et accueillera son âme au-delà de la mort. Le mańiiu avestique est une pensée du futur. Dans le Véda, le penseur se confond avec la divinité puisque ce n’est plus l’orant le penseur, mais la divinité elle-même qui contracte une pensée la concernant elle-même : Índra pense être à même de détruire son adversaire ou de le soumettre, l’envisage, en forge le projet. En réalité, les deux emplois reflètent les deux rections du verbe √ man : + nominatif « A penser être A’ » et + accusatif « A penser que B est B’ ». La seconde est attestée notamment dans les phrases suivantes : RS 5.9.1c mánye tvā jātávedasam « À mon avis, tu connais la naissance (de chacun des dieux) »48 ; RS 8.96.4 mánye tvā yajñíyaṁ yajñíyānām V mánye tvā cyávanam ácyutānām | mánye tvā sátvanām indra ketúm V mánye tvā vrsabháṁ carsanīnām « À mon avis, tu es (le plus) adorable des adorables. À mon avis, tu es à même de bouger lʼinamovible. À mon avis, Indra, tu es lʼétendard des guerriers. À mon avis, tu es le taureau des campagnes ».

Pour une étude centrée sur le mańiiu avestique, il fallait, en les passant en revue, rechercher dans lʼensemble des attestations du védique manyú- la possibilité de lʼinterpréter çà et là de la même façon et de faire lʼexpérience du sens premier dans les traductions. Dans cette perspective, le lien ou le parallélisme que la strophe RS 10.73.10 établit entre MALAMOUD, 1989, p. 190. Voir PIRART, 1995-2000, vol. I p. 94-5, mais RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 25, fait du second accusatif un nom propre : « Je crois que tu es le Jātavedas ». 47 48

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MAN et manyú- est certes à relever, mais le contexte est trop maigre pour nous garantir lʼinterprétation du substantif : áśvād iyāyéíti yád vádantiy V ójaso jātám utá manya enam | manyór iyāya harmiyésu tasthau V yátah prajajñá índro asya veda « Ils le disent issu du cheval, mais je le crois plutôt né de l’Autorité. Il est issu de (ma) conviction et se tient dans les palais. Quelle est sa naissance, Indra le sait »49.

Par contre, la strophe RS 2.23.12 illustre assez bien le sens de manyú correspondant à MAN construit avec un second nominatif « se croire tel » dans le cas d’adversaires : ádevena mánasā yó risanyáti V śāsām ugró mányamāno jíghāṁsati | bhaspate mā prának tásya no vadhó V ní karma manyúṁ durévasya śárdhatah « Celui qui, dʼun penser nʼhonorant pas les Deva, (nous) cause du dommage (ou qui,) se croyant le plus doté dʼautorité parmi les commandants, cherche à (nous) frapper, Brhaspati, (nous te demandons) que son arme de mort nous rate ! Rabattons le caquet à l’insolent qui se comporte mal ! »50

Dans la strophe RS 1.24.6, les penseurs, à mes yeux, sont les oiseaux, et leur pensée concerne la divinité. Interprétation nouvelle et risquée : nahí te ksatráṁ ná sáho ná manyúm V váyaś canāmī patáyanta āpúh | némā āpo animisáṁ cárantīr V ná yé vātasya praminántiy ábhvam « Jamais les oiseaux volant là-haut ne purent avoir dʼinfluence [ksatra] sur toi/ tʼenvoûter, (Varuna,) ni te contraindre [sahas] à rien, ni prévoir tes (actions) [manyu]51. Ni les rivières ici-bas qui nʼont de cesse (ne le purent) ni ceux qui commandent à lʼénigme du vent »52.

Il n’est pas rare que nous puissions hésiter entre les deux constructions de MAN à l’instant d’interpréter le mot manyú- : RS 2.24.2 yó nántvāniy53 ánaman níy ójasoVutādardar manyúnā śámbarāni ví | prācyāvayad ácyutā bráhmanas pátir V ā cāviśad vásumantaṁ ví párvatam « Ayant courbé, avec autorité, les (montagnes)54 quʼil est nécessaire de courber ou, ayant pourfendu les Śambara en vertu de son projet/

49 CALAND et HENRY, 1906-7, vol. II p. 303, traduisaient comme suit : « On dit quʼil est issu du cheval, | et moi je te crois fils de la vigueur : || il est issu de la fougue irritée, il sʼest dressé en [ses?] demeures ; | dʼoù il est né, Indra le sait ». 50 Semblablement RENOU, 1955-69, vol. XV p. 54. 51 Emploi comparable à celui de maniiu- dans Yt 10.19. 52 Ce nʼest lʼavis ni de RENOU, 1955-69, vol. V p. 94, ni de MALAMOUD, 1989, p. 182-3 n. 18, pour qui le manyú est ici la fureur de Váruna. 53 Ou ˟’ánantvā[niy] « quʼil est impossible de courber ». 54 Dʼaprès RS 3.56.1d ná párvatā nináme tasthivāṁsah « non plus que les montagnes qui se tiennent-debout ne sauraient être courbées » (trad. RENOU, 1955-69, vol. V p. 17).

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pensons-nous, Brahmanaspati a ébranlé les (rochers) inébranlables et pénétré dans la montagne regorgeant de richesses »55 ; RS 6.16.43 (= VSM 13.36) ágne yuksvā hí yé távāVáśvāso deva sādhávah | áraṁ váhanti manyáve « Deva Agni, attelle donc les chevaux que tu as et qui, allant droit au but, assurent un transport conforme à tes attentes/ aux attentes (des dieux)/ conforme aux prévisions (des adorateurs) »56 ; RS 6.46.4 bādhase jánān vsabhéva manyúnā V ghŕ sau mīlhá rcīsama | asmākam bodhiy avitā mahādhané V tanūsuv apsú sūriye « Tu chasses les gens avec lʼidée dʼêtre un taureau / (leur) idée que tu es un taureau, Rcīsama (Indra), lors de la ravissante récompense ! Sois en notre faveur quand il est question de la grande richesse, des personnes, des rivières et du Soleil ! »

L’hypallage Nous ne pouvons écarter que l’habitude védique fût le fruit d’une évolution qui, à partir d’un emploi du type avestique, se serait produite à la faveur d’une hypallage. Les quelques strophes ci-dessous illustrent ce vieil usage. Pour le premier exemple, la strophe 2.23.12 citée ci-dessus, faut-il souligner, a beau contenir le syntagme verbal correspondant ugró mányamānah « se croyant doté dʼautorité », je ne puis exclure de recourir à lʼautre construction de MAN pour son interprétation. Lʼêtre humain, selon cette alternative, a la conviction que les Marut disposent de lʼautorité : RS 1.37.7 ní vo yāmāya mānuso V dadhrá ugrāya manyáve | jíhīta párvato giríh « Lʼêtre humain se tient prosterné devant votre course, (ô Marut,) ou à lʼidée de votre autorité. La montagne de ses replis sʼest affaissée »57 ; RS 10.34.8cd †ugrásya58 cin manyáve ná namante V rājā cid ebhyo náma ít krnoti « Les (dés) ne se plient pas même devant celui qui, (chez eux,) passe pour détenir lʼautorité, et même le roi leur rend hommage ».

55 Pour RENOU, 1955-69, vol. XV p. 56 (« avec sa pensée-furieuse »), comme pour MALAMOUD, 1989, p. 183, le manyú est ici une force du dieu. 56 Pour RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 51 et 137, exceptionnellement, le manyú nʼest pas ici une force divine : « O Agni, attelle donc, ô dieu, tes chevaux qui vont-droit,/ (qui) convoient (les offrandes) conformément au zèle (des hommes) ! » 57 Ni pour RENOU, 1955-69, vol. X p. 13, qui traduit manyáve par « devant (votre) passion formidable » ni pour MALAMOUD, 1989, p. 183, qui sʼest penché sur la fréquence du lien unissant ce mot à ugrá- ou à ójas-, le manyú dont il est ici question ne désigne lʼidée que lʼêtre humain se fait des Marut. 58 Fautif pour ˟ugrāya dʼaprès RS 1.37.7, mais MALAMOUD, 1989, p. 183 n. 22, ne sʼéloigne guère de lʼinterprétation de RENOU, 1956, p. 67-9, pour qui manyú- représente ici « la colère du puissant ».

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La même analyse se recommande aux strophes RS 1.80.11 et 14 si nous voulons justifier le recours que le poète fait à la forme tonique du pronom de la deuxième personne : imé59 cit táva manyáve V vépete bhiyásā mahī | yád60 indra vajrinn ójasā V vrtrám marútvām̐ ávadhīh V ... « Les deux magnifiques que voici (= Terre et Ciel), même eux, tremblent de peur à lʼidée quʼils se font de toi lorsque lʼautorité, Indra porteur du gourdin, vous a permis, à toi et aux Marut, de frapper Vrtra » ; abhistané te adrivo V yát sthā jágac ca rejate | tvástā cit táva manyáva V índra vevijyáte bhiyā V ... « Quand tu tonnes, porteur du rocher (= porteur du gourdin), lʼinerte et le vivant tremblent. Même Tvastar à lʼidée quʼil se fait de toi, Indra, est secoué de peur »61.

Le choix quʼil convient dʼopérer entre les deux constructions ne me paraît donner lieu à aucun doute dans le cas de lʼhypallage présente dans le vers RS 10.34.14c où, avec « lʼidée avare », il est voulu dire « lʼidée dʼêtre avare » : ní vo nú manyúr viśatām árātih « (Vous, les dés,) corrigez donc mon sentiment que vous ne donnerez rien/ votre projet de ne rien donner ! »62

Ce passage est à rapprocher des strophes où le manyú- paraît bien, à la manière dʼun pronom, reprendre le mot árāti- : RS 8.71.1-2 tuváṁ no agne máhobhih V pāhí víśvasyā árāteh | utá dvisó mártiyasya || nahí manyúh páuruseya V īśe hí vah †priyajāta63 | tuvám íd asi ksápāvān « Agni, avec tes puissances, protège-nous de toute avarice ou de (toute) haine du mortel ! Ce nʼest certes pas lʼhomme de bien qui a lʼidée (de ne rien donner) : il a pouvoir sur vous, cher (nouveau) né, et, (grâce à lui,) tu es bien le protecteur de la Terre »64.

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Au duel, le féminin lʼemporte sur le masculin. La conjonction yát « lorsque » nʼest guère loin de prendre la valeur de lʼintroduction dʼune complétive que nous rangerions à la suite de manyáve comme si ce fût à la suite dʼune forme du propre verbe MAN « penser que ». 61 MALAMOUD, 1989, p. 187, non plus que RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 28-9, qui en rend le datif par « devant ta fureur », ne reconnaissent dans le manyú du sūkta RS 1.80 lʼidée que Ciel et Terre se font dʼIndra. 62 Afin dʼéviter lʼasyndète de deux substantifs, il vaut mieux faire dʼárāti- un adjectif bahuvrīhi épithète de manyú-, contre RENOU, 1956, p. 69, qui traduit comme suit : « Que sʼapaise votre colère et votre défaveur ! » 63 Fautif pour +priya jāta+ en deux mots ? 64 La répétition de hí ne permet pas de faire des deux premiers vers une seule proposition, contre RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 77, qui, en outre, ne semble ni avoir vu quʼune opposition était ici ébauchée entre mártya et púrusa ni que ce dernier se différenciait par son absence dʼavarice : « Toi, ô Agni, protège nous avec tes puissances contre toute disgrâce/ et contre lʼinimitié du mortel ! Car la passion (émanant) de lʼêtre humain nʼa 60

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Un autre exemple assez clair dʼhypallage est le suivant : RS 9.97.8ab prá haṁsāsas trpálam manyúm áchā V ... ayāsuh « À la pensée quʼil est source de joie, les cygnes se sont avancés vers (le Soma) »65.

Dʼautres constructions Charles Malamoud66 attire lʼattention sur la variante bráhmanā de manyúnā dans AS 7.70(73).4-5 : ápāñcau ta ubháu bāhū V ápi nahyāmy āsyàm | agnér ghorásya manyúnā67 V téna teʼvadhisaṁ havíh68 « Je t’attache les deux bras dans le dos et tʼattache la bouche avec le manyú/ avec ce qui est pensé/ avec la formule décrivant le terrible Agni. Avec cela, j’ai frappé l’offrande que tu fais »69.

Pareille variation est à rapprocher du statut de verbe déclaratif que √ man montre en avestique. De fait, le vieil-avestique maniiu-, formulation dʼun sentiment, est lui-même la désignation dʼune déclaration. Et, comme pour maniiu- dans certains passages des Gāθā, nous pouvons envisager la possibilité dʼune construction de manyú- avec un discours direct non marqué par la particule íti70 : RS 10.89.6 ná yásya dyāvāprthivī ná dhánva V nāntáriksaṁ nādrayah sómo aksāh | yád asya manyúr adhinīyámānah71 V śrnāti vīlú rujáti sthirāni « (Indra par rapport) à qui ni (le couple) Ciel-Terre ni la plaine ni lʼespace ni les rochers ne (font le poids), Soma a coulé vers (lui), pour avoir pensé “Entraîné, il fend le ferme et brise le dur” »72. pas barre sur vous (autres dieux), ô (Agni) dʼespèce chère :/ toi seul es le protecteur de la terre ». 65 Contre RENOU, 1955-69, vol. IX p. 46 et 106, qui fait de trpála- manyú- un nom propre. 66 MALAMOUD, 1989, p. 192. 67 TB agnér devásya bráhmanā. 68 TB sárvaṁ teʼvadhisaṁ krtám. 69 WHITNEY, 1905, vol. I p. 435, traduisait comme suit : « Turned away [are] both thine arms ; I fasten up thy mouth ; with the fury of divine Agni — therewith have I smitten thine oblation ». MALAMOUD, 1989, p. 192, attire lʼattention sur variation manyúnā / bráhmanā. 70 Il est malaisé de savoir si manyú- est construit avec un discours direct signalé par íti dans le sūkta RS 5.7, car les vers 10ab y sont grevés dʼune inconnue lexicale, lʼhapax legomenon adhríjah : íti cin manyúm adhríjas V tvādātam ā paśúṁ dade « Ainsi ai-je pris (à la fois) la pensée-mauvaise du riche (concurrent et) le bétail donné par toi, ô Agni » (trad. RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 24 ; voir MALAMOUD, 1989, p. 184). 71 Le verbe ádhi NĪ « enseigner » dont adhinīyámāna- « étant entraîné » est le participe présent passif sert probablement de causatif à ádhi+I moyen « apprendre ». 72 Ici aussi, pour lʼexpérience, je mʼoppose à Sāyana qui fait de manyú- la colère dʼIndra : dyāvāprthivī dyāvāprthivyau yasyendrasya pratimānabhūte na bhavatah | na dhanvodakam api pratimānabhūtaṁ na bhavati | nāntariksam antariksam api pra-

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Comme pour le vieil-avestique maniiu- dans certains passages des Gāθā, nous pouvons envisager la possibilité dʼune construction de manyú- avec une complétive introduite par yát « la pensée que » à la strophe RS 10.113.6 : índrasyātra ... araṁhayanta manyáve | vrtráṁ yád ugró víy ávrścad ójasāVapó bíbhrataṁ támasā párīvrtam « À ce propos, (les Marut) accoururent à la pensée que, plein dʼautorité, Indra, par son autorité, avait arraché Vrtra qui tenait les rivières encerclées de ténèbres »73.

De lʼidée à lʼhypostase Dans la strophe AS 7.93.1, índrena manyúnā74 vayám75 V abhí syāma76 prtanyatáh | ghnánto77 vrtrāny apratí « Nous, avec lʼidée quʼIndra (est notre allié), puissions-nous avoir le dessus sur nos adversaires à l’instant de frapper leurs immenses barrières ! »

il est malaisé de savoir si lʼasyndète surprenante índrena manyúnā que la Taittirīyasaṁhitā ne confirme pas et qui plonge Charles Malamoud78 dans lʼhésitation est à enregistrer comme témoignage de la fusion qui aurait été opérée entre Indra et son hypostase ou si nous devons nous en tenir à une lecture ancienne du syntagme en faisant dʼíndrena qui, fondamentalement, est un adjectif, lʼépithète de manyúnā. Dans cette seconde alternative, il serait parfaitement admissible de donner à ce syntagme le sens « avec la pensée que (ce dieu) est au maximum79 ». Cependant, la variante sayújah au lieu de manyúnā nous invite à faire dʼ índrena un instrumental sociatif : « avec lʼidée que (nous sommes) avec Indra »80.

timānabhūtaṁ na bhavati | nādrayah parvatāś ca pratimānabhūtā na bhavanti | tasyendrasya somo aksāh ksarati | kiṁ ca yad yadendrasya manyuh krodho ʼdhinīyamānah śatrūnām upari prāpyamāno bhavati tadānīm ayam indro vīlu drdhaṁ śrnāti hinasti | sthirāni rujati bhinatti ca. 73 MALAMOUD, 1989, p. 183, relève la proximité dʼugrá-. 74 TS sayújo. 75 MS yujā. 76 TS sāsahyāma  ; MS áva bādhe. 77 MS ghnatā. 78 MALAMOUD, 1989, p. 187 : « avec Indra, avec (son) manyú [ou bien avec Indra pour manyú ?] puissions-nous l’emporter sur les adversaires ! » 79 Sur lʼétymologie et le sens premier du mot índra-, PIRART, 2010a, p. 70. 80 Contre WHITNEY, 1905, vol. I p. 456, qui traduisait comme suit : « With Indra, with fury may we overcome them that play the foe, smiting Vritras irresistibly ».

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Le syntagme svá- manyúLe syntagme svá- manyú- est attesté dans trois strophes. Charles Malamoud81 fait remarquer que, dans les deux dernières, « le poète, qui sʼadresse à Indra, use des formes de la deuxième personne pour nommer le vájra (te ... vájrāt) ou la tvís du dieu (táva tvisáh), mais de svá pour son manyú (svásya manyóh) ». Malamoud prend alors le risque de poser la question de savoir sʼil faut « en conclure que le manyú se réfère à la substance même de la divinité, tandis que la tvís ou le vájra nʼen sont que des attributs ». La première strophe met le manyú des dieux et les yeux des orants sur un même pied, mais ceux-là partagent leur manyú avec Daksa tandis que ceux-ci voient aussi avec les propres yeux de Soma. Sans doute devons-nous comprendre que les jumeaux Mitra et Varuna se rangent à lʼavis de Daksa et que lʼivresse nous aide à repérer lʼendroit où ces dieux siègent lors des sessions sacrificielles. Pour moi, lʼemploi de svá- ne fait jamais quʼajouter de lʼemphase puisque les propres yeux des orants imbibés finissent par être ceux de Soma : RS 1.139.2 yád dha tyán mitrāvarunāv rtād ádhiy V ādadāthe82 ánrtaṁ svéna manyúnā V dáksasya83 svéna manyúnā | yuvór itthādhi sádmasuv V ápaśyāma hiranyáyam | dhībhíś caná84 mánasā svébhir aksábhih V sómasya85 svébhir aksábhih « Depuis que, de votre propre initiative, Mitra-Varuna, vous avez retiré anrta de rta86 et que cʼétait aussi le projet de Daksa, lors des sessions, nous nʼavons pu voir votre (trône) dʼor à tous deux en aucune vision des propres yeux de (notre) pensée [*mánasah] (ni en aucune) de ceux du Soma (que nous avons bu). (Quand le pourrons-nous donc ?) »87 ; MALAMOUD, 1989, p. 187. Littéralement : « vous avez reçu ». 83 Le concept de dáksa- faisant lui-même difficulté (voir MALAMOUD, 1989, p. 188 n. 56), il est périlleux de chercher à débrouiller la relation quʼil entretient avec manyúdans les vers RS 7.86.6ab ná sá svó dákso varuna dhrútih sā V súrā manyúr vibhīdako ácittih « Varuna, (si) tel est son propre dakṣa et que tel est le forfait, (cela signifie que) lʼalcool, le jeu ou le manque de jugeote font (son) manyu » et RS 8.48.8c álarti dáksa utá manyúr indo « Se tient en alerte la pensée-agissante et la passion, ô suc-de-soma » (trad. RENOU, 1955-69, vol. IX p. 69). Pour moi, manyúh dans le premier de ces deux passages est plutôt sujet de la proposition nominale que membre de lʼénumération, contre RENOU, 1955-69, vol. V p. 70, qui traduit comme suit : « La malice nʼa pas été (le fait de) ma propre volonté, ô Varuna ; ce furent la liqueur, la colère, le dé, lʼétourderie ». 84 Louis RENOU, 1955-69, vol. V p. 8, nʼinterprète pas caná comme une négation. Inacceptable. 85 Sóma comme alternative au mánas ! 86 Lʼagencement rituel correct devant être exempt de toute impiété. 87 RENOU, 1955-69, vol. V p. 8, cité par MALAMOUD, 1989, p. 187 n. 53, traduit comme suit : « Depuis, ô Varuna-Mitra, que vous avez placé ainsi le Désordre hors de lʼOrdre, grâce au zèle propre de lʼEfficace, grâce à (son) zèle propre,/ dorénavant nous 81 82

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RS 4.17.2 táva tvisó jániman rejata dyáu V réjad bhūmir bhiyásā svásya manyóh | rghāyánta subhúvàh párvatāsa V ārdan dhánvāni saráyanta āpah « Le ciel trembla à lʼétincelle de ta naissance, (Indra,) la Terre trembla de terreur du seul fait dʼy penser, les montagnes importantes furent agitées, les rivières de leur cours inondèrent les déserts/ les plaines » ; RS 6.17.9ab ádha dyáuś cit te ápa sā nú vájrād V dvitānamad bhiyásā svásya manyóh | « Le seul fait dʼy penser plonge même dans la panique la déesse du Ciel qui se replie alors devant ton gourdin, (Indra) ».

La colère La fougue de Rudra en vient à se confondre avec la colère divine que ce dieu représente : VSM 16.1 námas te rudra manyávaʼVutó taʼisáve námah | bāhúbhyām utá te námah « Hommage, Rudra, à ta fougue, mais aussi à ton dard comme à tes bras ! »

Le sens sanscrit classique de « colère » provient sans doute aussi de l’emploi illustré avec les strophes RS 1.25.2 et 1.101.2 : mā no vadhāya hatnáve V jihīlānásya rīradhah | mā hrnānásya manyáve « (Varuna,) ne nous livre ni à lʼarme de mort de lʼirrité ni au projet du courroucé ! »88 ; yó víyàṁsaṁ jāhrsānéna manyúnā V yáh śámbaraṁ yó áhan píprum avratám | índro yáh śúsnam aśúsaṁ níy āvrnaṅ V marútvantaṁ sakhiyāya havāmahe « Lui qui, en conformité avec le projet que la colère lui avait suggéré, a frappé Vyaṁsa, Śambara et Pipru qui ne se pliaient à aucune observance, Indra qui a écrasé Śusna qui ne..., nous lʼappelons à notre rescousse avec les Marut »89.

Lʼassociation du manyú et de la colère, dans les formules du Yajurveda : VSM 18.4b manyúś ca me bhāmaś ca me « and my wrath and my angry passion »90 ; VSM 20.6 jihvā me bhadráṁ vāṅ máho V máno manyúh svarād bhāmah | módāh pramodā aṅgúlīr V áṅgāni mitrám me sáhah « My tongue be bliss, my voice be might, my mind be wrath, my rage self-lord! / Joys be my fingers, and delight my members, conquering strength my friend! »91 ; avons vu dans vos sessions à tous deux (le trône) dʼor,/ (nous ne lʼavons vu il est vrai) quʼen intuition, en pensée, grâce aux propres yeux de Soma, grâce à (ses) propres yeux ». 88 Contre RENOU, 1955-69, vol. V p. 66, qui traduit comme suit : « à la fureur de (toi) courroucé ». 89 Contre RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 35, qui donne la traduction suivante : « de sa fureur violemment-excitée ». 90 Trad. GRIFFITH, 1973, p. 177. 91 Trad. GRIFFITH, 1973, p. 204.

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CHAPITRE VI

VSM 30.14ab manyáve ʼyastāpáṁ V kródhāya nisaráṁ « For Passion an iron-smelter; for Anger a remover »92.

ou dans la strophe RS 10.83.4 du premier hymne à Manyu93 débouchera, dans de nombreuses strophes de l’Atharvavedasaṁhitā, sur un emploi du mot quasi au sens de « colère », mais il nʼest pas toujours assuré quʼil faille écarter le sens archaïque de « sentiment, avis, conviction » : RS 10.87.13 (= AS 8.3.12, 10.5.48) yád agne adyá mithunā śápāto V yád vācás trstaṁ janáyanta rebhāh | manyór mánasah śaravíyā jāyate yā V táyā vidhya94 hdaye yātudhānān « Agni, la malédiction que le couple va lancer aujourdʼhui, Agni, la soif de la parole que se génèrent les bardes, la pluie de flèches de la colère du mental, avec elle(s), pique les sorciers au cœur ! »95 ; AS 1.10.1-2 ayáṁ devānām ásuro ví rājati V váśā hí96 satyā várunasya rājñah | tátas pári bráhmanā śāśadāna V ugrásya manyór97 úd imáṁ nayāmi || námas te rājan varunāstu manyáve V víśvaṁ hy ùgra98 nicikési drugdhám | 99sahásram anyān prá suvāmi sākáṁ V śatáṁ jīvāti śarádas távāyám « Voici le Roi des Deva resplendir. Comme les volontés du souverain Varuna ne sont pas vaines, je m’illustre dès lors en prononçant la formule de façon à mettre celui-ci à l’abri de la colère du puissant100. Hommage soit rendu, souverain Varuna, à ta colère ! Car aucun méfait ne t’échappe, Puissant. (Tandis que) je pousse les mille autres ensemble, (veille à ce) que celui-ci (qui est) à toi vive cent automnes ! »101 ; Trad. GRIFFITH, 1973, p. 282. Ci-dessous en fin de chapitre. 94 PS viddhi. 95 Semblablement, RENOU, 1955-69, vol. XIV p. 21, et WHITNEY, 1905, vol. II p. 584. 96 PS viśāya. 97 La place syntaxique du complément exprimé au génitif nʼest pas claire. Et nous ne pouvons exclure complètement quʼil soit ici fait état de « lʼidée de celui-ci que tu détiens lʼautorité ». Dʼautant que lʼhypallage est à envisager sur base des autres attestations du syntagme ugrá- manyú-. Bizarrement, MALAMOUD, 1989, p. 189 n. 63, traduit tátas pári ... manyóh « Hors de sa portée, loin de lui » comme si manyóh fût un ablatif. 98 Var. lect. ugram ou ugrám. 99 PS śataṁ sahasram pra suvāmy anyān ayaṁ no jīvāṁ śarado vyapāye. 100 WHITNEY, 1905, vol. I p. 10, en donnait la traduction suivante : « This Asura bears rule over the gods; for the wills (váça) of king Varuna [come] true; for him, prevailing by my worship (bráhman), from the fury of the formidable one (ugrá) do I lead up this man ». MALAMOUD, 1989, p. 183 n. 23, souligne ici aussi l’affinité de manyú avec les dérivés de UJ. 101 La traduction de Victor HENRY, 1904, p. 210, est la suivante : « Hommage, ô roi Varuna, à ta colère ! O puissant, nul méfait ne tʼéchappe. Mille autres hommes, je te les abandonne en masse : prends celui-ci sous tes auspices, et quʼil vive cent automnes ! » ; celle de WHITNEY, 1905, vol. I p. 10 : « Homage be to thy fury, O king Varuna; for, O formidable one, thou dost note (ni-ci) every malice (drugdhá). A thousand others I impel (prá-sū) together; a hundred autumns of thee shall this man live ». 92 93

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AS 2.7.2 yáś ca sāpatnáh śapátho V jāmyāh śapáthaś ca yáh | brahmā yán manyutáh śápāt V sárvaṁ tán no adhaspadám « La malédiction que lance l’adversaire ou celle qu’une parente décoche, les mots de la malédiction que la colère dicte au brahmán, (place) tout cela sous nos pieds ! »102 ; AS 6.40.2 asmái grāmāya pradíśaś cátasra V ūrjaṁ subhūtáṁ [suvastí]103 savitā [nah]104 krnotu105 | aśatruv106 índro ábhayaṁ [nah]107 krnotuv V anyátra rājñām abhí yātu manyúh108 « Pour ce village, les quatre orients, le plaisir, la prospérité [(ou) le rétablissement] Savitar doit [nous] apporter. Indra doit [nous] apporter la sécurité et l’absence d’ennemi. Le courroux des Rois doit avoir d’autres cibles »109 ; AS 6.43 ayáṁ darbhó vímanyukah110 V svāya cāranāya ca | manyór † vímanyukasyāyám†111 V manyuśámana ucyate112 « Voici le brin dʼherbe darbhá désarme-courroux autant à notre propre usage quʼà celui d’autrui. Voici le désarme-courroux du courroux auquel on donne le nom dʼApaise-courroux » ; ayáṁ yó bhūrimūlah V samudrám113 avatísthati | darbháh prthivyā útthito114 V manyuśámana ucyate115 « Le brin dʼherbe darbhá qui a dʼabondantes racines, le voici plonger dans lʼOcéan, lui qui s’était dressé sur la terre. On lui donne le nom dʼApaise-courroux » ; 116ví te hanavyāṁ śarániṁ V ví te múkhyāṁ nayāmasi | yáthāvaśó ná vādiso V máma cittám upāyasi « Nous t’ôtons la protection des mâchoires et de la bouche de façon que tu ne puisses plus t’exprimer sans contrôle et que tu te conformes à ma façon de voir les choses »117 ;

102 Semblablement, WHITNEY, 1905, vol. I p. 47 : « Both the curse that is a rivalʼs, and the curse that is a sisterʼs, what a priest (? brahmán) from fury may curse — all that [be] underneath our feet ». 103 Interpolation. 104 Interpolation. 105 PS subhūtaṁ savitā dadhātu. 106 Comm. aśatruh ; PS aśatrum. 107 PS om. Interpolation. 108 PS madhye ca visāṁ sukrte syāma. 109 WHITNEY, 1905, vol. I p. 310, traduisait comme suit : « For this village [let] the four directions — let Savitar make for us sustenance, well-being, welfare; let Indra make for us freedom from foes, fearlessness; let the fury of kings fall on (abhi-yā) elsewhere ». 110 PS vimanyakah. 111 Fautif pour ˟vímanyuko ayám˟ ? PS vimanyako. 112 PS manyuśamanoʼstu me. 113 PS prthivyām. 114 PS nisthitas. 115 PS sa ceʼstu vimanyakah. 116 La troisième strophe est absente dans la PS. 117 WHITNEY, 1905, vol. I p. 312, traduisait comme suit : « We conduct away the offense (? çaráni) of thy jaws, away that of thy mouth, that thou mayest not speak uncontrolled, mayest come unto my intent ».

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AS 6.42 áva jyām iva dhánvano118 V manyúṁ119 tanomi te hrdáh | yáthā120 sámmanasau bhūtvā V sákhāyāv iva sácāvahai121 « Je relâche, comme la corde de l’arc, le courroux de ton cœur de façon que, sur la même longueur d’onde, nous nous fassions côté comme deux associés »122 ; sákhāyāv iva sacāvahā123 V áva manyúṁ tanomi te124 | adhás te áśmano manyúm125 V úpāsyāmasi yó gurúh126 « De façon que nous nous fassions côté comme deux associés, je te relâche le courroux, et nous te jetons le manyú dessous la pierre qui est lourde »127 ; abhí tisthāmi te manyúm V pārsnyā prápadena ca128 | yáthāvaśó ná vādiso129 V máma cittám upāyasi130 « J’aborde ton courroux du talon et de la pointe du pied de façon que tu ne puisses plus t’exprimer sans contrôle et que tu te conformes à ma façon de voir les choses »131 ; AS 6.65.1 áva manyúr ávāyatāVava bāhū manoyújā | párāśara tváṁ tésām V párāñcaṁ śúsmam ardayāVadhā no rayím ā krdhi132 « Que le courroux descende ! Que les deux bras que la pensée contrôle descendent ! Destructeur, désarme leur fougue extrême, et offre-nous la richesse ! »133 ; AS 7.78(74).3 tvāstrénāháṁ vácasā134 V ví ta īrs[y]ām amīmadam | átho yó manyús te pate V tám u te135 śamayāmasi « La parole de Tvastar m’a 118

PS dhanvinaś. PS śusmaṁ. 120 PS adhā. 121 PS sakhikeva sacāvahe. 122 Le manyú, comme le projectile, est orienté, est lancé vers une cible. Ce courroux fait donc figure de projet. WHITNEY, 1905, vol. I p. 311, traduisait comme suit : « As the string from the bow, do I relax (ava-tan) fury from thy heart, that, becoming like-minded, we (two) may hold together (sac) like friends » ; HENRY, 1904, p. 128 : « Comme une corde de l’arc, je détache de ton cœur la colère » ; MALAMOUD, 1987, p. 190 : « J’ôte de ton cœur le manyú, comme on supprime la tension de l’arc quand on relâche la corde ». 123 PS vi te manyuṁ nayāmasi. 124 PS sakhikeva sacāvahai. 125 PS aśmanā manyuṁ gurunā-. 126 PS -pi ni dadhmasi. 127 WHITNEY, 1905, vol. I p. 312, traduisait comme suit : « We (two) will hold together like friends; I relax thy fury; we cast in the fury under a stone that is heavy » ; HENRY, 1904, p. 128 : « enterrer la colère sous une pierre ». 128 PS pārsnibhyām prapadābhyām. 129 PS parā te dastyāṁ vadham. 130 PS parā manyuṁ suvāmi te. 131 WHITNEY, 1905, vol. I p. 312, traduisait comme suit : « I trample upon (abhi-sthā) thy fury, with heel and with front foot, that thou mayest speak not uncontrolled, mayest come unto my intent ». 132 PS arvāñcaṁ rayím ā krdhi. 133 WHITNEY, 1905, vol. I p. 330, traduisait comme suit : « Down (áva) [be] the fury, down the drawn [arrow], down the two mind-yoked arms. O demolisher (parāçará), do thou vex (ard) away the vehemence (çúsma) of them; then get us wealth » ; MALAMOUD, 1989, p. 190 : « (fais) se baisser le manyú, la (flèche) pointée (contre nous), les deux bras que l’intention attelle ensemble (dans une tension unique) ». 134 La vrddhi justifie peut-être le défaut métrique. 135 La répétition de ce pronom est anormale. 119

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permis dʼadoucir ta jalousie, mais nous calmons aussi, maître, le courroux qui sʼempare de toi »136.

Le sens de « colère, courroux » peut certes convenir ou suffire à lʼinterprétation de nombreuses strophes de lʼAtharvavedasaṁhitā ou du dixième mandala de la Rgvedasaṁhitā, mais ailleurs dans cette dernière collection, comme le dit Charles Malamoud137, pareille traduction ne se justifie jamais, sinon, à titre de commodité. Même dans lʼAtharvavedasaṁhitā, certaines occurrences existent du mot manyú- pour lesquelles la traduction « colère » ne convient pas : AS 6.116.3 yádīdám mātúr yádi vā pitúr nah V pári bhrātur putrāc cétasa éna āgan | yāvanto asmān pitárah sácante V tésāṁ sárvesāṁ138 śivó astu manyúh « Si le crime de pensée que voici provient de notre mère ou de notre père, de notre frère ou de notre fils, quel que soit le nombre des parents qui nous accompagnent, (il faut que) d’eux tous le manyú soit salutaire ! »139

Il est même parfois possible dʼenvisager une interprétation radicalement différente en recourant au sens premier, lorsque manyú- désigne lʼidée que lʼon se fait de soi-même ou dʼautrui. Lʼinitiative, le projet À moins que le premier soit à prendre pour une épithète, les lois qui, dans les deux strophes RS 8.82.3 et 8.84.4, régissent la liberté de lʼasyndète de várāya avec manyáve ne sont pas bien connues, mais la synonymie ne doit pas y être étrangère : RS 8.82.3 isā mandasvaād u téVʼáraṁ várāya manyáve | bhúvat140 ta indra śáṁ hrdé141 « Réjouis-toi de la vigueur (que te donne le Soma) ! Et que cela soit conforme à tes attentes, à ton projet, Indra, et ravisse ton cœur ! » ;

136 WHITNEY, 1905, vol. I p. 440, traduisait comme suit : « With the spell (vácas) of Tvashtar have I confounded thy jealousy ; also the fury that is thine, O master (páti), that do we appease for thee ». 137 MALAMOUD, 1989, p. 182. 138 Métrique tardive. 139 WHITNEY, 1905, vol. I p. 366, traduisait comme suit : « If from [our] mother or if from our father, forth from brother, from son, from thought (cétas), this sin hath come to [us] — as many Fathers as have fastened on (sac) us, of them all be the fury propitious [to us] ». 140 Subjonctif consécutif ou de but. 141 Le troisième vers est à rapprocher de RS 8.17.6c sómah śám astu te hrdé et de RS 8.79.7c bhávā nah soma śáṁ hrdé.

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CHAPITRE VI

RS 8.84.4 káyā te agne... ... úpastutim | várāya deva manyáve « Quel usage, Deva Agni, (devons-nous observer) pour ton éloge annexe de façon à rencontrer tes attentes et ton projet ? »142

Ces prémices de synonymie143 suggèrent que, dirigé vers le futur tout comme la volonté, le mot manyú- en vient à prendre le sens de « projet » ou dʼ« initiative », car celui qui sʼen croit capable est aussi celui qui cherche la victoire : RS 2.24.14ab bráhmanas páter abhavad yathāvaśáṁ V satyó manyúr máhi kármā karisyatáh | « Effectif fut le projet de Brahmanaspati qui, en toute liberté, sʼétait préparé à la réalisation dʼun grand acte »144 ; RS 4.17.10 ayáṁ śrnve ádha jáyann utá ghnánn V ayám utá prá krnute yudhā gāh | yadā satyáṁ145 krnuté manyúm índro V víśvaṁ drlhám bhayata éjad asmāt « Le voici qui se fait connaître en conquérant et en frappant, le voici à nouveau prendre part au combat pour les vaches. Quand Indra met son projet à exécution, tout ce qui était fixe se met à bouger tant il est effrayant » ; RS 4.30.7 kím ād utāsi vrtrahan V mághavan manyumáttamah | átrāha dānum ātirah « En tout cas, tu es, Vrtrahan Maghavan, encore le plus motivé. Cʼest ainsi que tu as bel et bien foudroyé le Dānava » ; RS 4.31.6 sáṁ yát ta indra manyávah V sáṁ cakrāni dadhanviré | ádha tvé ádha sūriye « Comme tes projets et les roues de ton char roulent de concert, alors (...) en toi et dans le Soleil » ; RS 7.56.22 sáṁ yád dhánanta manyúbhir jánāsah V śūrā yahvīsuv146 ósadhīsu viksú | ádha smā no maruto rudriyāsas V trātāro bhūta ptanāsuv † aryáh147 « Lorsque, dans leurs plans, les peuples se heurtent avec force pour des cadettes, pour des plantes ou pour des clans, soyez alors, Marut fils de Rudra, nos pieux protecteurs lors des combats ! »148 ; 142 La traduction de RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 80, est la suivante : « De quelle (manière), [...] (allons-nous) te (présenter) la louange,/ (en sorte quʼelle soit) à (ton) gré, ô dieu, (conforme) à (ta) pensée ? » 143 Signalée MALAMOUD, 1989, p. 187-8. 144 Lʼemploi du participe futur karisyánt- est tout à fait parlant dans la recherche du sens du mot manyú-. MALAMOUD, 1989, p. 189, explique que « le manyú nʼest pas seulement la propension à désirer ou à concevoir, il est lʼélan qui porte un être à réaliser ses désirs, à faire aboutir ses desseins, à traduire en œuvres ses pensées », mais, pour moi, il y a doute quant à savoir si le manyú de Brahmanaspati est une pensée que les adorateurs contractent à son propos ou si cʼest lʼidée que ce dieu se forge de lui-même et qui le porte à agir. RENOU, 1955-69, vol. XV p. 59, traduit les deux vers comme suit : « La penséeardente de Brahmanaspati se réalisa à son gré quand il se disposa-à-exécuter un grand acte ». 145 Sur satyá- épithète de manyú-, MALAMOUD, 1989, p. 189. 146 Ce mot et les deux suivants forment un dvandva. Locatif de lʼenjeu. 147 Fautif pour ˟aryāh ? Participe en ºá- de AR  :: áryati. Sur ce verbe rare qui nʼest attesté quʼavec le préverbe ā, voir MAYRHOFER, 1992-2001, vol. I p. 172. 148 Contre RENOU, 1955-69, vol. X p. 43, qui traduit le premier vers comme suit : « Quand les peuples se heurtent avec furies ». Le moyen souligne le subjonctif de saṁ

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RS 7.61.1 úd vāṁ cáksur varuna suprátīkaṁ V †deváyor149 eti sūriyas tatanvān | abhí yó víśvā bhúvanāni cáste V sá manyúm mártiyesuv ā ciketa « Votre œil, (Mitra-)Varuna, beau à voir, le Soleil se lève étendant (ses rayons protecteurs) sur lʼhomme pieux. À regarder tous les mondes, il est à même de savoir ce qui se mijote chez les mortels »150 ; RS 8.78.6 sá manyúm mártiyānaām V ádabdho ní cikīsate | purā nidáś cikīsate « Comme on ne peut le tromper, il devine ce que mijotent les mortels et le fait avant quʼil y ait nuisance » ; RS 7.104.3 (= AS 8.4.3) índrāsomā duskto vavré antár V anārambhané támasi prá vidhyatam | yáthā151 nātah152 púnar ékaś canódáyat V tád vām astu sáhase manyumác153 chávah « Indra-Soma, plongez les malfaisants dans la profondeur, dans la ténèbre sans remontée, de façon quʼaucun dʼeux nʼen ressorte plus. Les moyens [śavas-] dont votre projet est doté doit avoir pour but de forcer cela »154 ; RS 8.4.5ab prá cakre sáhasā sáho V babháñja manyúm ójasā « Avec contrainte, il remporte la force de contrainte et, avec autorité, il brise le projet » ; RS 8.6.4 sám asya manyáve víśo V víśvā namanta krstáyah | samudrāyeva síndhavah « Toutes les contrées se recroquevillent devant le projet de son clan comme les fleuves devant lʼocéan (suscitent des mascarets) » ; RS 8.6.13 yád asya manyúr ádhvanīd V ví vrtrám parvaśó ruján | apáh samudrám aírayat « À peine Indra eut-il fait retentir son intention que Vrtra était mis en pièces et que les rivières étaient poussées vers lʼocéan »155 ; RS 8.99.6 (= VSM 33.67) ánu te śúsmaṁ turáyantam īyatuh V ksonī śíśuṁ ná mātárā | víśvās te spdhah śnathayanta manyáve V vrtráṁ yád indra tūrvasi « Les deux prairies comme deux mères lʼenfant suivent la fougue avec laquelle tu surmontes (lʼadversité). Toutes les forces adverses se lézardent devant ton projet de surmonter lʼobstacle/ à lʼidée que tu surmontes lʼobstacle, Indra » ; RS 10.147.1 śrát te dadhāmi prathamāya manyávéVʼáhan yád vrtráṁ náriyaṁ vivér apáh | ubhé yát tvā bhávato ródasī ánu V réjate śúsmāt HAN, manyúbhih pouvant alors faire le régime de ce verbe, à moins dʼindiquer que le procès est réciproque, auquel cas manyúbhih pourrait servir de complément libre. 149 Le pronom vām, de la deuxième personne, et deváyoh, qui relève de la troisième, sont incompatibles. Force nous est donc de considérer que deváyoh, le génitif duel de devá-, est le fruit de la corruption ou de la retouche de *devayáu, le locatif singulier de devayú- « qui rend un culte aux dieux », contre RENOU, 1955-69, vol. V p. 86, qui traduit les deux premiers vers comme suit : « Œil de vous les deux dieux, beau à contempler, ô Varuna(, ô Mitra), le soleil se lève tendant (ses rayons) ». 150 Sur le manyú des mortels, MALAMOUD, 1989, p. 186. 151 Corrélation yáthā ... tát ? 152 AS yáto náisām. 153 AS manyumá. 154 « O Indra-and-Soma, pierce ye the evil-doers within their hiding-place (vavrá), in untenable darkness, whence there shall not come up again any one soever of them; be that your furious might unto over-powering » (trad. WHITNEY, 1905, vol. II p. 486). 155 MALAMOUD, 1989, p. 187.

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prthivī cid adrivah « Jʼai confiance en ton premier projet, (celui qui tʼa mené) à frapper le mâle Vrtra et à libérer les rivières. / en toi à lʼidée que tu es le premier à avoir pu frapper le mâle Vrtra et libérer les rivières. Les deux mondes te suivent. Même la Terre tremble à cause de ta fougue, toi qui portes le rocher ».

Les Aurores, déesses des instants initiaux de toute lʼactivité diurne, elles qui patronnent donc les projets ou les motivations bien plus que dʼautres dieux, reçoivent, en toute logique, lʼépithète de manyumáttamāh à la strophe AS 7.22.2 : bradhnáh samīcīr usásah sám †airayan156 | arepásah sácetasah suvásure V manyumáttamāś cité góh157 « Le brunâtre a rassemblé les Aurores intactes et unanimes dans la même étable, les plus riches en projets158, ... »159.

Les velléités, le caquet Le mot, lorsqu’il s’agit d’adversaires, paraît prendre le sens de « velléités, arrière-pensées » dans les strophes suivantes : RS 1.100.6 sá manyumīh160 samádanasya kartāVasmākebhir nbhih sūriyaṁ sanat | asmínn áhan sátpatih puruhūtó V marútvān no bhavatuv índra ūtī « Lui qui amoindrit les velléités (des adversaires), le fomenteur du combat, il va gagner le Soleil avec nos hommes ce jour-ci, lui le maître du monde que beaucoup appellent. Accompagné des Marut, Indra doit nous venir en aide » ; RS 1.104.2 ó tiyé nára índram ūtáye gur V nū cit tān sadyó ádhvano jagamyāt | devāso manyúṁ dāsasya †ścamnan161 V té na ā vaksan suvitāya 156

À corriger dʼaprès SV 1.458c airayat  ; PS īraya. SV manyumántaś citā góh ; PS manyumattamāś citayo goh. 158 Voir le commentaire de MALAMOUD, 1989, p. 186. 159 Sāyana et ses émules du XXe siècle se perdent en conjectures concernant le syntagme de sens obscur cité góh. WHITNEY, 1905, vol. I p. 404, traduisait comme suit : « The ruddy one sent together the collected dawns, faultless, like-minded, most-furious, in the gathered stall of the cow ». 160 Ce mot, chez RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 34, est traduit comme suit : « Lui qui annihile la fureur (de lʼennemi) ». 161 ścamnan est un hapax legomenon que ni les notes de GELDNER, 1951, vol. I p. 135 (« Die Götter sollen den Grimm des Dāsa unschädlich machen »), ni celles de WITZEL et GOTŌ, 2007, p. 185 (« Die Götter sollen die Wut des Dāsa beschichtigen »), ne signalent, mais, dʼaprès leurs traductions ou celle de RENOU, 1955-69, vol. XVII p. 39 (« Que les dieux apaisent la fureur du dāsa [...] ! »), nous devons considérer quʼils ont adopté lʼidée de GRASSMANN, 1872-5, col. 1414, pour qui la métrique démontre que la forme est fautive pour ˟śamnan, la troisième personne du pluriel de la voix active de lʼinjonctif présent de ŚAM, un verbe que les Nighantu rangent parmi les vadhakarmāni (Nigh 2.19), mais cette correction nʼapporte pas de solution complète aux difficultés métriques du vers concerné. LUBOTSKY, 1997, col. 1412a, accompagne dʼailleurs la racine ŚCAM dʼun point dʼinterrogation, et Sāyana y voyait une variante de CAM adane  : devāsah sarve devā dāsasyo157

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várnam « Les hommes en question sont venus trouver à nouveau Indra afin quʼil les aide. Puisse-t-il donc parcourir les chemins tout de suite ! Les Deva ont englouti/ neutralisé les velléités du Dāsa. Ils conduiront notre couleur au bonheur ! » ; RS 2.23.4 sunītíbhir nayasi trāyase jánaṁ V yás túbhyaṁ dāśān ná tám áṁho aśnavat | brahmadvísas tápano manyumīr asi V bhaspate máhi tát te mahitvanám « Tu as de bonnes conduites pour la conduite et la protection de lʼhomme qui tʼhonore en disant «Pour toi !»162 si bien que la détresse ne lʼatteint pas. Brûlot de ceux qui font du tort aux brahmanes, tu amoindris les velléités (de ses adversaires), Brhaspati, et grande est alors ta grandeur »163 ; RS 6.25.2ab ābhi spdho mithatīr árisanyann V amítrasya vyathayā manyúm indra « Indra, pour (nous) mettre à lʼabri du dommage, déconcerte avec ces (aides)-ci les guerriers avec lesquels nous sommes en conflit et place sous contrôle les velléités de lʼimpie ! » ; RS 7.18.16cd índro manyúm manyumíyò mímāya V bhejé pathó vartaním pátyamānah « Indra qui amoindrit toujours les velléités de celui qui pense le détruire se fraie un chemin en maître des routes » ; RS 7.36.4cd prá yó manyúṁ ríriksato164 minātiy V ā sukrátum aryamánaṁ vavrtyām « Lui qui amoindrit les velléités de celui qui cherche à (le) détruire, puissé-je tourner en ma faveur lʼintelligent Aryaman ! »165 ; RS 7.60.11cd síksanta166 manyúm maghávāno aryá V urú ksáyāya cakrire sudhātu « Les bénéficiaires du sacrifice cherchaient à forcer le manyu de

pakspayitur asurasya manyuṁ krodhaṁ ścamnan bhaksayantu hiṁsantv ity arthah (voir VISHVA BANDHU, 1942-63, vol. V p. 3151 n. e). Lʼerreur pourrait bien reposer sur lʼexistence dʼune variante authentique ŚCAM de la racine CAM, précisément celle par laquelle nous pourrons expliquer la forme avestique ašamāt de la P 8.1b paōiriiehe miθōhitahe θrī maēsmą šamąn ašamāt (paoiriiehe ˟miθōxtahe θrī +maēsma.šamąn ašamāt « beim ersten falschen Wort soll er drei Schluck Harn schlucken » [BARTHOLOMAE, 1904, col. 1705-6] ; paoiriiehe ˟miθō.uxtahe ˟θriš maēsmą ˟šāmąn ašamāt « For the first falsehood, he shall sip three sips of urine » [JAMASPASA et HUMBACH, 1971, vol. I p. 18-9]), habituellement corrigée en ˟ašamāt (KELLENS, 1984a, p. 108 et 109 n. 25 ; CHEUNG, 2007, p. 39-40) ou en ˟āšāmāt (GOTŌ, 1987, p. 136-7), pour autant que, sur base de la similitude des ductus, nous en admettions la correction ˟āscamāt (ou ˟ascamāt avec abrègement de la voyelle initiale devant deux consonnes). Le maintien du timbre ºaº de la voyelle radicale de cette dernière forme est dû à sa longueur étymologique : *ā ścāmaHat*. 162 Sur cette construction de DĀŚ, PIRART, 1986b. 163 RENOU, 1955-69, vol. XV p. 52, qui en rapproche RS 7.18.16 et 7.36.4 (cf. MALAMOUD, 1989, p. 186 n. 46), traduit les deux derniers vers de RS 2.23.4 comme suit : « Brûlant (lʼennemi), tu démolis la pensée-mauvaise de (lʼhomme) hostile à la Formuledʼénergie ». 164 Partic. présent du désidér. de RIS hiṁsāyām  :: rísyati. Le vers RS 1.189.6c documente l’adjectif correspondant ririksú-. 165 La traduction de RENOU, 1955-69, vol. V p. 42, est la suivante : « Puissé-je tourner à moi tout dʼabord Aryaman au bon conseil, lui qui rend inane la fureur de lʼhomme visant à détruire ! ». 166 Désidératif de SAH ?

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CHAPITRE VI

l’impie/ cherchaient à tenir tête face aux velléités de l’impie. Ils se sont taillé un vaste domaine pour y habiter »167 ; RS 8.19.15 tád agne dyumnám ā bhara V yát sāsáhat sádane káṁ cid atrínam | manyúṁ jánasya dūdhíyàh « Agni, apporte-nous la chance que, lors de la session (sacrificielle), nous arrivions à bout de toute idée de lʼhomme mal intentionné que (nous serions) sans protection (?) ! »168 ; RS 8.32.21 átīhi manyusāvínaṁ V susuvāṁsam upārane169 | imáṁ rātáṁ sutám piba « Passe outre/ Méprise celui qui pressure le soma dans un but bien précis et le fait toujours de façon litigieuse ! Bois le pressuré qui vient dʼêtre offert ! »170 ; RS 10.35.4cd āré manyúṁ durvidátrasya dhīmahi V suvastíy agníṁ samidhānám īmahe « Puissions-nous nous tenir à lʼécart (des) velléités de celui qui... Nous demandons le bonheur à Agni lorsque nous lʼavons allumé ! »171 ; RS 10.128.6ab (= AS 5.3.2ab) ágne manyúm pratinudán páresaām V ádabdho gopāh pári pāhi nas tuvám « Agni, en repoussant les velléités des autres et en tant que vacher que personne ne peut tromper, protège-nous donc ! » ; RS 10.152.3 (= AS 1.21.3) ví rákso ví mdho jahi V ví vrtrásya hánū ruja | ví manyúm indra vrtrahann V amítrasyābhidāsatah « Élimine le raksas ! Élimine les négligents ! Fracasse les mâchoires de Vrtra et, Indra Vrtrahan, la velléité de celui qui néglige l’échange avec les dieux et cause un blocage ! » ; RS 10.152.5 ápendra dvisató mánoVʼápa jíjyāsato vadhám | ví manyóh śárma yacha V várīyo yavayā172 vadhám « Indra, é(carte de nous) la pensée venant de qui (nous) porte préjudice [dvisant-] et lʼarme de qui cherche à (nous) déposséder (de nos biens) ! Contre (leur) projet, étends ta protection plus largement (sur nous) ! Dévie (leur) arme ! »

Les hymnes à Manyu Hypostase dʼun grand dieu, Manyu accède parfois au statut de divinité à part entière, complètement personnifiée comme le montre notamment les vers AS 11.8.1ab :

167 La traduction de RENOU, 1955-69, vol. V p. 85-6, est la suivante : « les patrons-généreux doivent-chercher-à-dominer la pensée-mauvaise de lʼÉtranger ». 168 Concernant la tentative de traduction dʼatrín- par « sans protection », PIRART, 1998b, p. 558. La traduction de RENOU, 1955-69, vol. XIII p. 66, est la suivante : « Ainsi, ô Agni, apporte (nous) lʼéclat (de toi apte) à lʼemporter en sa demeure sur un Atrin quel quʼil soit,/ (sur) la pensée-mauvaise de lʼhomme mal-intentionné... ». 169 Sur cet hapax legomenon, MALAMOUD, 1989, p. 186 n. 42. 170 Ici, MALAMOUD, 1989, p. 186, identifie correctement « celui qui presse le soma dʼune manière qui prête à litige (?) et avec une arrière-pensée (mauvaise) ». 171 RENOU, 1955-69, vol. V p. 50 : « Puissions-nous être placés loin (de) la fureur de (lʼhomme) funeste à rencontrer ! ». 172 Lʼaccentuation fait défaut.

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yán manyúr jāyām āvahat V sakalpásya grhād ádhi « Lorsque Manyu ramena en char son épouse de la maison d’Inventif »173.

Le dixième mandala contient deux sūkta adressés à Manyu dont lʼauteur se dissimule sous le nom de Manyu Tāpasa174. En voici le texte et la traduction, mais je rejette en bas de page mes notes et commentaires : RS 10.83 (= AS 4.32) yás te manyó ʼávidhad vajra sāyaka V sáha175 ójah pusyati víśvam ānusák | sāhyāma dāsam āryaṁ tváyā yujā176 V sáhaskrtena sáhasā sáhasvatā « Qui tʼhonore, Manyu (qui es aussi) gourdin ou arme de jet177, ne cesse de renforcer sa poigne et son autorité. Puisse ton concours nous aider à tenir bon contre le Dāsa (ou) lʼĀrya, une poigne faite de poigne avec la poigne ! » manyúr índro178 manyúr evāsa devó V manyúr hótā váruno jātávedāh | manyúṁ víśa īlate179 mānusīr180 yāh V pāhí no manyo tápasā sajósāh « Indra est Manyu ; Deva ne fut autre que Manyu ; le hótar181, Varuna, Jātavedas sont Manyu182. Les clans des humains implorent Manyu : Protège-nous, Manyu, de concert avec Tapas ! » abhīˋhi manyo tavásas távīyān V tápasā yujā ví jahi śátrūn | amitrahā vrtrahā dasyuhā ca V víśvā vásūniy ā bhara183 tuváṁ nah « Attaque, Manyu, pour être plus fort que le fort ! Le concours de Tapas doit te permettre de tuer les ennemis ! Frappeur de lʼimpie, frappeur de Vrtra, frappeur du tyran, toi, apporte-nous tous les biens ! » tuváṁ hí manyo abhíbhūtiyojāh V svayambhūr bhāmo abhimātisāháh | viśvácarsanih sáhurih sáhāvān184 V asmāsuv ójah ptanāsu dhehi « Manyu, comme tu as lʼautorité pour tʼimposer, que tu es la colère spontanée qui force lʼagresseur et que, dominateur honoré dans toutes les contrées, tu es celui auquel toutes les tribus font appel, apporte-nous lʼautorité dans les batailles ! »

173 Semblablement WHITNEY, 1905, vol. II p. 647. MALAMOUD, 1989, p. 188 n. 60, signale la traduction et le commentaire de RENOU, 1950, p. 181-2 et 266. 174 RENOU, 1955-69, vol. XV p. 172-5, les a traduits et commentés ; dans son examen du manyú, MALAMOUD, 1968, p. 493-507 (≈ 1989, p. 179-94), en a brillamment tiré parti. La Brhaddevatā les renseigne comme suit : BD 7.117c mānyave yas ta ity ete « Les deux sūkta à partir des mots «Qui te» concernent Manyu » : voir TOKUNAGA, 1997, p. 132. 175 Une haplologie avec sáhah peut avoir gommé le corrélatif sá de yáh. 176 AS yujā vayáṁ. 177 < toi qui penses être gourdin et arme de jet ? 178 Cf. AS 7.93.1 (ci-dessus). 179 AS īdate. 180 Ceux des humains qui sont connotés positivement passent pour les disciples ou les héritiers de Manu. 181 = Agni ? 182 < Il pense être Indra... ? 183 AS bharā. 184 AS sáhīyān.

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CHAPITRE VI

abhāgáh sánn ápa páreto asmi V táva krátvā tavisásya pracetah | táṁ tvā manyo akratúr jihīlāháṁ185 V svā tanūr baladéyāya méhi186 « Sans avoir reçu de part, me voici mis à lʼécart, Dieu prévoyant, avec ta force de frappe. Dès lors, moi qui suis sans force, Manyu, je dois tʼavoir irrité. Viens donc à moi en personne en vue de me donner de la force ». ayáṁ te asmiy úpa méhiy187 arvāṅ V pratīcīnáh sahure viśvadhāyah188 | mányo vajrinn abhí mām ā189 vavrtsva V hánāva dásyūm̐r190 utá bodhiy āpéh191 « Me voici à toi. Descends me trouver, dominateur qui trouves à te nourrir partout, du côté de lʼouest ! Manyu porteur du gourdin, tourne-toi vers moi / range-toi à mon côté ! Que nous frappions tous deux les tyrans, sois mon allié ! » abhí préhi daksinató bhavā mé192 Vʼádhā vrtrāni jaṅghanāva bhūri | juhómi te dharúnam mádhvo ágram V ubhā193 upāṁśú prathamā pibāva « Fonce sur (eux) ! Sois à ma droite ! Ainsi pourrons-nous (toi et moi) bousculer les multiples obstacles. Je verse pour toi (tout le récipient) de madhu, depuis le bord jusques au cul194, que nous buvions tous deux en silence avant les autres ! » RS 10.84 (= AS 4.31) tváyā manyo sarátham ārujánto V hársamānāso dhrsitā marutvah195 | tigmésava āyudhā saṁśíśānā V abhí196 prá yantu náro agnírūpāh « Manyu, eux qui partagent le même char que toi pour briser (les rochers) et se réjouir des succès, toi que les Marut accompagnent, eux qui, disposant de flèches pointues, aiguisent leurs armes, les seigneurs qui ont la forme du feu doivent aller affronter (les ennemis) ». agnír iva manyo tvisitáh sahasva V senānīr nah sahure hūtá edhi | hatvāya śátrūn ví bhajasva véda V ójo mímāno ví mdho nudasva « Manyu, étincelant comme le feu, force ! Dominateur, sois à lʼappel notre conducteur dʼarmée ! Frappe les ennemis et partage (avec nous) le butin ! Donne-toi lʼautorité et repousse les négligents ! » sáhasva manyo abhímātim asmé V ruján mrnán pramrnán préhi śátrūn | ugráṁ te pājo nanúv ā rurudhre V vaśī váśaṁ nayasa197 ekaja tvám « Manyu, force lʼagresseur (venu) chez nous (à se retirer) ! Fonce sur les ennemis en brisant et en écrasant tout (sur ton passage) ! Ils ne peuvent

185 186 187 188 189 190 191 192 193 194 195 196 197

AS jīhīdāháṁ. AS baladāvā na éhi. AS na éhy. AS viśvadāvan. AS na ā. AS dásyūṁr. *āpíh  ? AS nó. AS ubhāv. dharúnam... ágram « depuis le bord jusques au cul » : trad. conjecturale. AS hársamānā hrsitāso marutvan. AS úpa. AS nayāsā.

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rien face à lʼautorité de ta masse. Enfant unique, toi qui es libre, tu les soumets à ton bon vouloir ». éko bahūnām198 asi manyav īlitó199 V víśaṁviśaṁ yudháye200 sáṁ śiśādhi | ákrttaruk tváyā yujā vayáṁ V dyumántaṁ ghósaṁ vijayāya krnmahe201 « Tu as beau être seul, Manyu, nombreux sont ceux qui tʼont imploré. Prépare-toi à combattre clan après clan ! Toi qui romps lʼinsécable, nous, avec ton concours, nous poussons un cri auspicieux en vue de la victoire totale ». vijesakd índra ivānavabravó202 V ʼasmākam manyo adhipā bhavehá | priyáṁ te nāma sahure grnīmasi V vidmā tám útsaṁ yáta ābabhūtha « Artisan de la victoire totale comme Indra, tu ne reviens pas sur ta parole. Manyu, sois ici notre souverain protecteur ! Dominateur, nous chantons que tu as un nom propice. Nous connaissons la source de laquelle tu es issu ». ābhūtiyā sahajā vajra sāyaka V sáho bibharsiy abhibhūta úttaram | krátvā no manyo sahá medīy èdhi V mahādhanásya puruhūta saṁsji « Né avec ce succès, toi (qui es aussi) gourdin et arme de jet, tu portes la force extrême, toi qui as le dessus sur (les adversaires) [abhibhūti-]. Manyu, mets ton pouvoir à notre service, toi que beaucoup appellent, pour la production de la grande richesse ! » sáṁsrstaṁ dhánam ubháyaṁ samākrtam V asmábhyaṁ dattāṁ203 várunaś ca manyúh | bhíyaṁ204 dádhānā hdayesu śátravah V párājitāso ápa ní layantām « La double richesse produite et versée, Varuna et Manyu doivent nous la donner. Les ennemis, le cœur plein de terreur, dans la défaite, doivent se terrer ».

198 Je fais de bahūnām lʼagent de īlitáh malgré la remarque de RENOU, 1955-69, vol. XV p. 174. 199 AS manya īditā. 200 AS yuddhāya. 201 AS krnmasi. 202 AS ivānavabravò3smākam. 203 AS dhattāṁ. 204 AS bhíyo.

ABRÉVIATIONS

Abl. = ablatif. Acc. = accusatif. Adj. = adjectif. Aor. = aoriste. Av. = avestique. Col. = colonne. Coord. = coordination. Corrél. = corrélatif. Dat. = datif. Dém. = démonstratif. Désidér. = désidératif. Éd. = éditeur. Fém. = féminin. Fut. = futur. Gén. = génitif. Impér. = impératif. Indic. = indicatif. Inf. = infinitif. Inj. = injonctif. Instr. = instrumental. Loc. = locatif. Masc. = masculin. Nom. = nominatif. Nt. = neutre. Opt. = optatif. P. = page. Partic. = participe. Pers. = personne. Pft. = parfait. Phl. = pehlevi. Pie. = proto-indo-européen. Pii. = proto-indo-iranien. Pir. = proto-iranien. Plur. = pluriel. Prés. = présent. Pron. = pronom. Rel. = relatif. Resp. = respectivement. Scr. = sanscrit. Sing. = singulier. Subj. = subjonctif. Subst. = substantif. Subord. = subordonnée. Véd. = védique. Voc. = vocatif. Vol. = volume. V.-p. = vieux-perse.

SYMBOLES

→ = ≈ ≠ ↔ + >
, { } entourent resp. ce qui, dans les traductions, est à supléer pour la bonne compréhension, ce qui, dans les textes, constitue des interpolations, ce qui doit être restitué et les mots à considérer comme des gloses ou des sous-entendus.

INDICES

Index locorum A = Āfrīnagān 1.11 13 4.3 133, 202 AB = Aitareyabrāhmaṇa 1.1 60 Aog = Aōgәmadaēcā 25 102 69 56 AS = Atharvavedasaṁhitā de Śaunaka 1.10.1-2 426 1.21.3 434 2.7.2 427 4.31 436-7 4.31-32 7 4.32 435 5.3.2 434 5.13.6 417 5.18.9 417 6.40.2 427 6.42 428 6.43 427 6.65.1 428 6.116.3 429 6.117.3 265 7.22.2 432 7.70.4-5 422 7.78.3 428 7.93.1 423, 435 8.3.12 426 8.4.3 431 9.2.23 417 10.5.48 426 11.8.1 434-5 ĀśvGS = Āśvalāyanagrhyasūtra 1.20.10 286 AVN = Ardāy Vīrāz Nāmag 4.5 146 10.3 149 BD = Brhaddevatā 7.117 435

DD = Dādestān ī Dēnīg 30.8 149 Dk = Dēnkard 3.210 62 9 18 9.12 146 9.31.3 366 9.31.4 365 9.35,48 146 9.57 146 9.58.27 218 Eudème de Rhodes 7 FiO = Frahang ī Ōīm 77 374 303 275 504 28 536 299 FrA = Fragments avestiques d’Anklesaria 10 376 G = Gāh 4.9 132 H = Fragments du Haδaōxt Nask 1.1 21 1.15 178 2 138, 146, 150 2.2 131, 146 2.4 131, 146 2.6 131, 146 2.10 186 2.11 30 2.16 149, 162 2.34 149 Hérodote, Histoires 1.137 113 Homère, Iliade 11.670 285 MX = Dādestān ī Mańiiaōi Xrat 1.1 183 1.3 183

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INDICES

2.186 149 N = Nērangestān 32.5 229 32.11 18 Nigh = Naighaṇṭuka 2.13 413 2.19 432 Nir = Nirukta de Yāska 4.16 416 10.1 416 10.29 414 Ny = Niyāyišn 5.1-3 379 5.12 13 P = Pursišnīhā 8 433 27 238 Platon 94 RPDD = Rivāyat pehlevie accompagnant le Dādestān ī Dēnīg 23.2 30, 145-6 23.14 149 RS = Rgvedasaṁhitā de Śākalya 1.17.1 29 1.20.4 95 1.24.6 419 1.25.2 425 1.27.1 271 1.31.2 83 1.31.13 415 1.35.4 380 1.36.3 29 1.37.7 420 1.46.14 92 1.57.6 380 1.61.2 111 1.61.5 271 1.64.7 65 1.65.3 83 1.67.1 414 1.67.5 96 1.71.3 99 1.74.1 95 1.77.1 364 1.80 421 1.80.11 421 1.80.14 421 1.94.8 1

1.100.6 1.101.2 1.104.2 1.112.13 1.117.16 1.119.3 1.135.8 1.139.2 1.140.2 1.140.8 1.146.2 1.152.2 1.156.3 1.162.22 1.173.6 1.173.11 1.185.1 1.189.6 1.189.7 2.15.4 2.20.1 2.23.4 2.23.12 2.24.2 2.24.14 2.35.2 2.39.7 2.43.3 3.4.3 3.19.1 3.24.4 3.29.11 3.30.10 3.30.15 3.32.3 3.41.7 3.50.2 3.53.8 3.56.1 3.62.10 4.2.11 4.7.7 4.17.2 4.17.10 4.25.3 4.30.7 4.31.6 4.43.6

432 425 432 344 414 414 415 424 89 176 270 96 1 67 377 186 195 433 195 186 167 433 419-20 419 430 95 275 220 271 29 414 268 382 416 270 288 65 30 419 120 346 197 425 430 29 430 430 186

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INDICES

5.1.9 5.6.8 5.6.10 5.7.10 5.9.1 5.15.2 5.15.5 5.20.3 5.32.2 5.41.9 5.45.4 5.53.2 5.54.15 5.58.7 5.63.2 5.63.5 5.64.1 5.86.5 6.2.7 6.13.3 6.15.6 6.16.42 6.16.43 6.17.9 6.18.8 6.25.2 6.26.1 6.46.4 6.51.7 6.51.9 6.62.7 7.4.6 7.4.8 7.10.2 7.18.8 7.18.16 7.36.4 7.52.2 7.56.22 7.60.11 7.61.1 7.76.4 7.83.2 7.86.6 7.88.2 7.88.6 7.93.6 7.97.7

127 57, 60 65 422 418 99, 156 415 29 380 333 364 343 338 65 413 413 185 86 127 377 127 127 420 425 62 433 52 420 113 85 414 250 102 196 414 433 415, 433 113 430 433 431 95 52 424 175 113 366 416

7.100.1 7.103.2 7.103.6 7.104.3 8.2.36 8.4.5 8.6.4 8.6.13 8.6.23-24 8.7.13 8.8.11 8.17.6 8.19.8 8.19.15 8.26.13 8.27.18 8.31.18 8.32.21 8.39.8 8.40.6 8.40.12 8.48.8 8.67.13 8.68.2 8.71.1-2 8.74.9 8.78.4 8.78.6 8.79.7 8.82.3 8.84.4 8.94.8 8.96.4 8.99.6 8.67.13 9.97.8 9.97.13 9.98.7 10.2.2 10.2.5 10.12.5 10.23.2 10.29.4 10.31.2 10.31.4 10.34.8 10.34.14 10.35.4

339 415 415-6 51, 431 338 431 431 431 65 259 81 429 329 434 397 364 65 434 329, 344 328 344 424 83 383 421 151, 160 343 431 429 429 430 29 418 431 83 422 32 185 344 199 196-7 275 167 366 330 420 421 434

444

INDICES

10.37.2 338 10.64.15 333 10.71.6 251 10.73.10 418 10.81.4 186 10.83 435-6 10.83.4 426 10.83-84 7 10.84 436-7 10.87.13 426 10.88.17 196 10.89.6 422 10.92.4 333 10.106.9 86 10.113.6 423 10.121.10 316 10.128.6 434 10.137.7 238 10.147.1 431 10.152.3 434 10.152.5 434 10.177.2 111 S = Sīh-rōzag 1.7 61 2.7 61 ŚBM = Śatapathabrāhmaṇa des Mādhyandina 4.1.5 50 SrB = Sraōš Vāz 3.4 82 V = Vīdaēuu-dāt 1.15 351 2.1 120 2.3 60, 134, 237, 278 2.4-5 181 2.18C 81 3.7 341 4.51 108 5.9 110 5.59 331 5.62 70 7.22 70 7.53 341 8.36-39 30 8.40 30 9.31 30 10 144, 229, 234 10.4 229

10.5 30 11.4 382 16.7 30 18.34 230 18.51 310 18.55 82 18.68 281 19 146 19.4 255 19.10 386 19.30 343 19.39 369 20.8 67 Vr = Vīsp-rat 2.5 132 2.11 415 3.4 132 7.4 416 10.1 369 11.1 181 11.16 416 12.1 134 13.1 13 15.2 21, 310 16.3 93 19.1 169, 183 19.2 52 VSM = Vājasaneyisaṁhitā des Mādhyandina 132 13.36 420 16.1 425 18.4 425 20.6 425 30.14 426 33.67 431 Vyt = Vīštāsp Yašt 3.3 181 8 138 8.1 94, 131, 146 8.2 131, 146 8.10 149 Xerxès Ier à Persépolis XPh 354 Y = Yasna 1.5 61 1.7 208 1.11 60, 61, 104 2.5 61

INDICES

2.11 4.4 4.5 8.3 9.1 9.11 9.14 9.20 9.21 9.25 9.28 9.29 9.31 10.2 10.7 10.12 10.13 10.16 11.1 11.3 11.9 11.18 11.19 12.1 12.4 12.7 13.2 13.4 16.1 16.2 16.5 16.7 18 19.13 19.14 19.15 19.17 19.18 19.19 19.20 19.75 21 21.3 27 27.6 27.8-12 27.13

60-1 343 69 83 186 299 170 202 415 154, 191 331 371 309 162 364 162 345 56, 248, 394 104 107 309 30, 198 231 68, 230 118, 365 264 127 18, 198 181 264 343 26, 152 229-31, 401 70 21 264, 391 132 351 52 21 345 146-7 131, 146 349 134 379 18, 70, 85, 119, 143, 325, 349-54, 407

27.14 27.15 28 28.0 28-34 28.1 28.2 28.4 28.5 28.6 28.6-7 28.7 28.10 28.11 29 29.1 29.2 29.5 29.6 29.9 29.10 29.11 30 30-31 30.1 30.2 30.3 30.3-5 30.3-6 30.4 30.5 30.6 30.8 30.9 30.10 30.11 30.12 31 31.2 31.3 31.4 31.5 31.6 31.7 31.7-10 31.8

445 13, 27, 138, 231, 349 93, 231, 349 2, 31, 354 229 2, 143 66, 85, 105, 354-5, 405, 407-8, 412 116 199, 226 26 192 156 70, 91, 156 70 36, 68, 355, 405, 411 2, 355 107, 109, 171 415 298, 411 85, 200, 353, 388 241 57, 175, 352, 355-6, 405, 407 8, 19-20, 31, 46, 57, 372 8, 11-66, 349 356 21, 152 146, 238, 372, 411 93, 378, 391, 407 356, 406 5 11, 178, 386 21, 224, 352, 407-8, 412 306, 357-8 67, 411 89, 90, 112, 140 75, 106 8, 75, 77-9, 81, 92, 140 129 8, 67-129, 349, 358 28 87, 209, 358, 405, 411 12, 58, 157 11, 271, 309 68 155, 231, 358, 405 5 31, 99, 175, 359, 405, 407

446 31.8-10 31.9 31.10 31.12 31.13 31.14 31.19 31.21 31.22 32 32.3 32.3-5 32.4 32.5 32.6-11 32.7 32.8 32.9 32.9-11 32.10 32.11 32.12 32.15 33.1 33.2 33.3 33.4 33.5 33.6 33.9 33.11 33.12 33.13 33.14 34.1 34.2 34.6 34.9 34.10 34.11 34.12 34.14 34.15 35.4

INDICES

177, 359 239, 359, 402, 407, 412 360 62, 361, 406, 411 387 23 87, 209, 210, 361, 387, 405, 408 361, 405 127 139, 143, 361 85, 366-7, 372 362 70, 363, 371 364-5, 405 370 372 221 370, 405 362, 370 371-2 326, 350, 372-4 12, 306, 372 70 140 127, 238 70 12 60, 70, 163, 376 375-6, 405 62, 377-8, 381, 392-3, 404, 407 29 131, 161, 163, 171, 200, 379-80, 401, 405 70, 90-1, 120 198 229 168, 368, 378, 380-2, 405 62 372 99, 103 270, 379 87 181, 382 56, 140 240, 271

35.9 36.1 36.3 37.4 39.1 39.3 40.1 40.2 41.4 42.2 42.3 43 43-46 43-51 43.0 43.1 43.2 43.3 43.4 43.5 43.5-15 43.6 43.7 43.9 43.11 43.12 43.13 43.15 43.16 44 44.1 44.2 44.3 44.4 44.6 44.7 44.8 44.10 44.11 44.13 44.14 44.16 45 45.1 45.1-6

199 68, 382-3, 405, 412 383-4, 405, 411-2 25 374 374 310 26 202 134, 415 416 2, 3, 5, 131-227, 349, 384-5, 405 151, 385 2 229 18, 27, 30, 87, 91, 99, 140, 191, 349 68, 239, 379, 384, 405 60, 118 38, 162, 405, 411 31, 36, 103, 355, 407 384, 405 68, 405 31, 109 31 31 87-8, 243, 248 31, 162 31 39, 110, 140, 142, 352, 384, 405 386 114, 271, 378, 386 113, 386-7, 405 94 104 21, 135, 243, 411 200, 387-8, 396, 405 271, 309, 344 181 390-1, 405 12, 200, 298 12, 55, 92, 411 43, 48-9, 148, 387 391 21-3, 28, 309, 396 21

INDICES

45.2 45.3 45.4 45.5 45.6 45.8 45.9 45.10 46.1 46.2 46.3 46.4 46.7 46.11 46.12 46.13 46.14 46.15 46.18 46.19 47 47.1 47.2 47.3 47.4 47.4-5 47.5 47.6 48 48.1 48.2 48.3 48.4 48.6 48.7 48.8 48.12 48.13 49.2 49.3 49.4 49.5 49.8 49.9

108, 264, 378, 391-2, 406 36, 95, 392 392 48-9, 394, 397, 400-1, 405 343, 387, 396, 405 103, 394, 397, 400, 405 221 229, 235, 270 42, 140 213, 371 48, 155 365 200, 415 127 54, 181 181 372 21 28 94, 140 5, 349, 398 389, 398, 405, 408 162, 399, 404, 411 399, 406-8, 411-2 405, 411 399 68, 405 22, 87, 88, 183, 209-10, 404 399 92, 367 207 60 11, 264 176, 345, 370 168 289, 345, 394, 400-1, 404 110 231 240, 326 79, 131, 160 365 345 125 108, 205

49.10 49.11 49.12 49.13 50.1-2 50.3 50.5 50.8 50.9 50.11 50.12 51.0 51.3 51.6 51.7 51.8 51.9 51.10 51.16 51.17 51.20 51.21 51.22 52.4 53 53.0 53.2 53.4 53.5 53.6 53.7 54.1 55.3 56.3 57.2 57.19 57.25 57.30-32 58.7 59.30-31 59.31 60.1 60.5 60.11-12 60.12 61.5

447 355 12, 127 142, 205 231 160 160, 231 250, 338 344 191 140 231 229 60, 237, 277 36, 164, 178 131, 161, 163, 270, 379, 394, 396, 401-2, 405, 408 21, 99, 119, 149, 155 79, 87, 187, 209, 251 200 11, 30 200 271, 320 70, 168 93, 183 396 402 229 42 70, 200 309 12 2, 402-3, 405 18, 400 181 208 415 61 43, 341 369 191 164 131 131 92, 208, 248 26 185 396

448 62.6 13 62.8C 168 65.1 181 65.12 61 65.15 401 68.23 132 68.24 229-31 71.14 36 71.15 178-9 71.16 150 71.17 274 72.5 396 Yt = Collection des Yašt 1.2 415 1.15 117 1.18 255 1.26 11, 36, 355 1.28 21, 92 3.1 26 4.4 30 4.7 376 4.9 120 5.6 117 5.17 103 5.58 229 5.73 229 5.85 104 5.86 65 5.87 229 5.91 310 5.98 65 6.1 181 8.13 98 8.20-21 342 8.33 416 8.34 416 8.56 299 10.3 65 10.15 369 10.16 397 10.19 419 10.20 368 10.25 60 10.31 183, 353 10.52 416 10.65 158 10.68 170 10.71 299

INDICES

10.78 10.113 10.133 10.136 10.145 11.4 11.5 11.8 11a.2 12.15 13.3 13.17 13.29 13.40 13.57 13.67 13.72 13.81 13.85 13.87 13.91 13.95 13.105 13.106 13.112 13.113 13.114 13.115 13.117 13.118 13.120 13.134 13.135 13.139 13.140 14.2 14.9 14.28 14.46 14.48 15.40 15.43 15.45 16.1 16.3 17.7 17.19 17.26

60 61 369 255 60 342 299 416 416 369 42 56 285 286 342 169 255 98, 215 168 70, 306 350 70 327 331 52, 158 238 158, 221-2, 225 246, 253 52 310 152 345 163 219 158 416 120 21 120 299 229 372 119 344 21 150 375 185

449

INDICES

18.5 18.7 19.11 19.35 19.40 19.41 19.47 19.49 19.52

416 416 56 60 299 83 342 342 61

19.67 142 19.75 345 19.76 163 19.89 56 19.95 92 ZA = Zand-āgāhīh 5.2 369 30.8 146

Index verborum Anatolien hassu- 350 ta-a-i-iz-zi 285, 415 Avestique (les mots du lexique des unités Y 30, 31, 43 et 47 ne sont pas repris) aēnah- 79, 124, 362 aōxtō.nāmana 353 akō.dā- 365 akōiiā 149 aθā 351, 353 apā+√ yam 370, 372 aipī+√ ah 366-7 aŋhu-/ ahu- 37, 349-51 2 aŋhu-, aŋvhī- 350, 373-4 anąsat 403 aiiō.asti- 52 auuascastō.frauuaši- 331 auuā.manah- 376 auuōi 36, 149, 253, 403 *auui.miθra- 368 asānasca, asānō 255 asnąm, asńiia- 255 aspin- 134 asrušti- 56, 248 aša- 15, 21, 100, 155, 351, 367, 380, 387 ašaōxšiiaṇtā 377 aša.º, ašō.paōiriia- 52 ašauuan- 92, 94, 264, 382, 394 ašasairiiāṇc- 222 aša.šiiaōθna- 222, 225 ašāunī- 144 ašāt hacā 354

ašāhura- 238 ašǝmaōγa- 374 aši- 52, 170, 259, 360, 401, → Dédicace aši- :: ašā 20, 376, 387, 397 ašiuuaṇt-, ašiia- 207-8 ašnō 255 ahū 350, 353 ahuna-, ahunauuaitī- 143 ahūm.biš- 43, 386-7 ahura- 16, 57-61, 104, 107, 350 ahu ratušca 350 ātar- 161, → Feu ādā- 379 √ āp 372, 375 ā+√ var 397 āuuarǝnā 21 āuuōiia 149 + ā.və.gəuš.ā 60, 237, 277 + ā.vī.varәša- 397 ārǝiti- 52, 259 ā+√ stā 166 āsna- 255 √ āz  :: iziia- 376 ā.zaiṇti- 1 āžuš 403 ąnman- 50 ąs 92 әrәzu- 376 әrәš 386 imǝm 267 iziiāi 376 īš- 165 išiiā- 400 īšti- 371, 400

450

INDICES

uzārǝšuuā 379 uzәməm 388 uštatāt- 151 uštatāitiia 147 uštauuaṇt- 151 ušti- 138, 149, 172 kaēnā- 49, 53 kaθā 390 kamǝrǝδa- 345 kaiiā 376 √ kar 42 karšuuan- 369 kāθē 386 xratu- 183, 354, 364 xšaθra- 352, 365, → Envoûtement xšaθrī-, xšaθriia- 61 xšaiia-, xšaiiaṇt- 365 xšī- 366 xšmāuuaṇt- 382 gaēθā- 109, 187 gaēiθiia- 6, 105, 177 gaōtәma-, gaōmaṇt- 151 gaiia- 47, 266 gaiiō.dā-, gaiiaδāsti- 158 gāθrō.raiiaṇt- 327 √ gu 397, 400 caiiascā 394 ºcā 26, 394 ºcā īt, cōit 381, 398 cāxšnōiš 221 √ ci 365, 375, 395 cikōitәrәš 372, 374-5 cixšnuša- 222, 226 ciθra- 366, → Signe cīm 146, 147 √ ciš 365 jauuara- 289, 400 tašan- 354 tāt 365 tāiiu- 285, 413, 415 tәuuīšī- 379-80, → Pétulance tušnā.maiti- 219-20, 385 θβa- 68, 390, 400 daēnā- 70, 124, 109, 200, 390-1, → Doctrine daēuuō.zušta- 364 √ dab 366-7 daŋhu.paiti- 61

darǝγō.rąrōmanō 286 darǝsata- 26 daršiiu- 413, 416 dazdā 352 dazdiiāi 271 √ dā moy. 380 dąmi- 103-4, 178 duš.sasti- 373 duždaēna- 12 daibitāna- 367 dəjīt.arәta- 218, 289 dǝbązaitī 243 *dәmąnō.paiti-, dәmąnō.paθnī- 374 duuaēšah- 390 draōman- 43, 341 drәguuaṇt-, druuaṇt- 56, 374, 394, 403 druj- 12, → Erreur paiti.paršti- 146 paitišāt 386 paθ- 374 para+√ ciš 366 parā+√ nas 403 pairī.gaēθa- vaa- 381 pairī.maiti- 369 pāiiu- 413, 415 pōuruiia- 32, 35, 52, 102, 109, 176-7, 194, 204, 351, 354-5, 386, 392 piθrē 389 pištra- 332 fraōrәiti-, frauuaši- 21, 29, 107, 264, 300, 383, → Préférences frasrūiti- 170 fәraša- 140 fraša 300 frašna- 255 frā+√ cit 365 frā+√ ciš 365-6 frā+√ dis 120 frā+√ mā 363 fšah- 108, 300 fšuiiaṇt- 39 ˟baxšaitē 231 √ bar  :: barǝtū 377 barǝšnu- 255 nar- 406 √ nas  :: nasiia- 364

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nidāmā 398 nimraōmna- 151 *nu 398 maēθā 62, 310, 377 maga- 402 √ man 356, 375 manah- 102 manaxiia- 351 manaōθrī- 375 mańiiaōiia- 6, 105 mańiiauua- 105, 177 marәta- 47, 395 marǝtan- 47, 306 maz- 366, 372, 375, → Tyran + mazdā.tәm 377 mašiia- 365, 395 māiiu- 413 māzańiia- 368 məṇg+√ dā 22 mǝrǝtar- :: mәrәtō 134, 237, 277 √ mąz 372 mošu 366 √ miθ, miθ- 62, 310, 377 *mīždušī- 177 √ mrū 392-3 yaθā aθā 353 yaθrā 403 yauuat 403 yasna- 255 yāt 363 yātu- āxtiia- 283 yāna- 316 yәuuīnō 134 vaēda- 372, 407 √ vac  :: vaxšiia- 20, 364 √ van 67, 92, 320 vaŋhō 164 vaŋhu 105 vaŋhu- mańiiu- 368 √ vaṇc 390-1 vaiiōi 403 vaiiu- 413, 416 vairiia- 224, 349, 351, 407 varәz- 41, 397 vasō.xšaθra- 154 vasnā 255 vāstriia- 39, 376 vāzišta- 383-4

451 vǝrǝzəna- 382 vohu- manah- 367, 399 vī+√ gam 391 vīθušī- 200, 230 vīdu- 397 vīduš.aša- 397 vīduuanōi 323 vīs- 117 vī+√ sar 237, 277 vīspa- daēuua- 369 vī+√ zā, vī+√ zi 403 viiādarәsәm 398 viiānaiiā 388 raēθβaiia- 145 raēθβiškara- 145 raōcōŋhuuaṇt- 25 ratu- 132, 325, 350-3, → Élément raθβiia- 353 √ ram 286 rašnu- 255, → Rigoureux rāman- 240, 356 rāšnąm 255 rąrǝma- 286 uruuaθa- 386 uruuan- 393, → Âme uruuānē 298 uruuāzǝman- 328 saōka-, saōkā-, sūka- 28 saōšiiaṇt- 58 √ sar 237, 277, 367 sarǝδǝm 377 sarәidiia- 377 səṇghana- 373 səŋhē 402 skəṇdō.aipi.jaiti- 332 stijan- 300 spańiiā 393-3 spānah- 333 spәṇta- 406 spәṇta- nar- 368, 387, → Homme savant sraōša- 46-9, 148, 248, → Phrasé srauuah- 362, → Énoncé srūtat.fәδrī- 29 šiiaōθana- 264 √ hac 393 hanarǝ 79 haṇjamana- 202

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hamǝrǝθāδa 300 hazah- 379-80 hākurәna- 378, 393, 407 hāra- 387 *hō 370 hąm+√ i 237, 277 hąm+√ gam 357 hąm.paršti- 146, 188 hąm.varәiti- 41, 397, 300 hizuxδa- 229 hīš 122 hujiiāiti- 365 hudāh- 396 humāiiā- 219 huuāuuōiia 165 huuō 370 huuō.mā.nā 371 xvaētumaitī- 361 xvanuuaṇt- 26, 152 xvarǝnah- 166, → Aliment xvāθra- 161 Grec ἀάω 253 Ἀθηνᾶ 411 ἀνάγκη 266 Ἀρειμάνιος 7-8 βίη 285 γέρων 335 ἕπω 339 Ἐριχθόνιος 411 Ζωροάστρου τοῦ Ὡρομάζου 94 ἥβη 285 Ἡρακλῆς 66 Θάνατος 356-7 Κέκροψ (filles de) 411 κῆδος 330 μῆτις 309 Νέμεσις 53 πλῆθος 299 Τόπος 7-8 Ὕπνος 356-7 Φραόρτης 21, 383 Χρόνος 7-8 Ὡρομάσδης 7-8 Pāzand rāspī

98, 145, 227, 349

Pehlevi abestāg 1 āškārag 338 gytyy 6, 105 hvʼ(h)lyh 161 kadag-xvadāy 374 mynvd 6, 105 ptkʼltʼlʼn| 209 spynʼk 333 škastan 331 šyvn 275 tan ī pasēn 49, 63 yān ī zaraθušt 155 zand 1 Védique et scr. áṁśa- 86 agnídh- 269 átithi- 127, 255 atrín- 434 adrúh- 250 ádhi NĪ 422 anādhrṣyá- 417 anyávrata- 83 ápama- 251 ápara- 250 ápy AS 80, 251 apsumánt- 143 abhí DHĀ 251 amŕta- 252 áyas- 252 AR  :: áryati 430 áram 201 arámati- 265 árāti- 421 aryá- 430 avaghoṣa- 237, 277 ava MAN 376 avratá- 83 áśman- 254 aśvínā 59, 163 ásu- 252 ásura- 260 ā JÑĀ 1 ātmán- 262 ā DĀ 262 ādāna- 263 ānáṁśa 403

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ānuṣák 263 ārti- 52, 259 ā YUJ 65 ā VR̄ 29 ā ŚRU 32 itáūti- 270 índra- 423, → Índra íṣ- 165 iṣídh- 269 iṣmín- 247 īhe 377 u u 104 UC 217, 289 ūrj- 26, 41 ūrjáya- 41 ūrdhvá- 162, 328 rjú- 266 rtá- 42, 83, 99, 126, 257, 325 rtāyú- 208 rtāvan- 92, 258 rtú- 351 ŕṣi- 93, 267 ójas- 247 óhāna- 270 KAN 376 kí- 280 KṢṆU 275 gáya- 276 gavyú- 413 gāyatrī- sāvitrī- 349 gótama-, gómant- 151 gvahmana- 185 cákṣus- 278 caná 51, 108, 282, 424 cáno DHĀ 277 CAM 433 cāyú- 413-4 CI 375 cikitvāṁs- 281 citrá- 281 cyautná- 336 CHAD 330 CHAND 329-30 CHĀ 330 jayúṣ- 414 jāyú- 413-5 jīvātu- 282 tákṣan- 284

TAÑC 284 tanyú- 413 táviṣī- 270, 380 tāyú- 285, 413, 415 tūṣṇīm 217, 286 tvāyú- 288 tvāvant- 167, 288 dásyu- 291, 413 DĀŚ 433 devá- 289 devayú- 288, 431 devávant- 288, 381 dyumná- 294 dravará- 289 DRU 341 drúh- 83, 295 druhyú- 413, 416 drúhvan- 294 dhatte 291 dhāyú- 413, 415 DHU 250, 292-3 dhénā- 289 DHRU / DHVR 341 nanú 221, 303 NAŚ 364 nŕ- 167 PAN, pánīyasī-, panitápári GAM 296 pári MAN 366 paśú- 296 pāyú- 413, 415 pāśa- 300 purā 295 prkṣá- 298 prajñātár- 299 prativādin- 209 pravŕt 297 prá VRˉ 29 prá ŚAṀS 329 priyá- 127, 213 *priyātithi- 128 báṁhiṣṭha- 294 bhujyú- 413, 416 BHŪṢ 301 BHR 377 maṁhayádrayi- 309 maghávan- 402 mate 383

333

454 MAN 6, 102, 175, 199, 303 mánas- 158, 162, 383, 424 manótar-/ manotár- 375 mántra- 309 mandhātár- 307, 344 manyú- 5-6, 413-37 máyas- 311 mártya- 308 mātaríśvan- 268 māyā- 162, 309 māyú- 413, 415-6 MITH, mitháḥ 310 mithū 62 mīḷhá- 311 MR̄  :: mūrchati 306, 345 mrtyú- 282 médhātithi- 307 médhira- 344 yátkāma- 316 yatna- 315 yathāvaśám 153 rájas- 266 raṇakt- 327 RAP 326 1-2-3 RĀ 326-7 rírikṣa- 433 VAKṢ 316 VAN 318 vandádhyai 271, 320 VABH 317 váyas- 403 váreṇya- 319 váśa- 320 váśā ánu 153 vásu- 317 vāyú- 413, 416 vāhiṣṭha- 128, 322 VID yáthā 162 vidhú- 397 ví VID 195-7, 324 viśvāhā 163 vīrá- 325 vrtrahátyāya 218 VR 319 vŕdh- 323

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VR̄ 29, 318 vedhás- 320 vyā DRŚ 398 vratá- 75, 83, 328 vratáti- 328 ŚAS 330 ŚAṀS 330 ŚĀS 331 śuná- 333 śundhyú- 413, 416 ŚCAM 432 śrád DHĀ 336 śrávas- 334 ŚRUṢ 334 śleṣmán- 171 satyá- 338 satyámantra- 95 satrāñc- 339 sanutár 339 SAP 339 samá- 340 sáhas- 171, 339, 380 sáhyu- 413 SĀ 339 sudās- 343 sumedhás- 344 SŪ 343 sūnára- 343 SKAND, SKANDH 331 stí- 332 spindārmadā- 157 SPHĀ / SPHĪ 332 sma 201, 308 SMR 344 svapatyá- 346 2 SVAR 293 sváru- 360 svásara- 289, 322 svā- tanū- 30 Vieux perse rtāt haca brazmani xšāyaθya- 61 hašya- 338

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Index général

Ablatif ― Avec ā 64-5, 106, 125, 237, 242, 376, 397 ― Avec parā 30 ― 2 abl. avec hanarә 79-80, 116 ― Avec ciθra- 366 ― Avec √ dab 365 ― De cause 242 ― Dʼéloignement 364, 372 Abrègement vocalique 117, 433 Absence de récitation (asrušti-), lʼune des Daēuuī 207-8 Accord, concordance ― Avec le plus proche 88, 90, 350 ― En genre 189, 198 ― En genre avec l’attribut 33 ― Du verbe au sing. avec un sujet nt. plur. 114 ― En nombre 188, 353 ― En nombre avec le complément gén. 378 ― En personne 353 ― Avec le plus proche 88, 90, 350 ― Évité 88, 158 Accusatif ― 2 acc., attribut de l’objet 6, 31, 81-2, 102, 168, 175-7, 356, 365, 367-8, 418-9 ― + instr. en série 379 ― Interne 243, 370 ― Régime dʼəǝānū 237, 238 ― De temps ou de relation 110, 195 ― Avec √ xšā moyen 134 ― Avec √ dā moyen 389 ― Acc. + loc. avec √ dā 159 ― Avec dąmi- 99, 103 ― Avec paitī+√ bud 30-1 ― Avec frā+√ var 107 ― Mis pour lʼinstr. 45 Acharnement (hazah-), contrainte, nom dʼun Daēuua 379-80

Achéménides, Perses, Persépolis, Darius, Xerxès 1, 4, 99, 113, 177, 354 Acolyte ou satellite (Divinité) 52, 187, 195 Ādā : → Présentation Ādityá, groupe de dieux védiques 102 Adorables (yazata-, yazatā-), désignation des dieux bons 8, 32, 58, 60-1, 63, 65, 77, 79, 82-3, 85, 135, 208, 221, 234-5, 238, 240, 353, 404-5, voir aussi Immortels Savants Adverbial (emploi) de lʼacc. de vasah- 123, 153-4, 191 Aēšma : → le Furieux Agencement (aša-), lʼun des Amǝša Spǝṇta ― Dʼéléments 84 ― < Ahura Mazdā 359 ― Objet du Sentiment 405 ― = le premier 52 ― = cérémonie sacrificielle 15-6, 20-1, 25-6, 40-1, 96, 128, 144, 200, 207, 235, 351, 357, 361, 384 ― ↔ Druj 53, 61, 63, 82, 89, 92, 357 ― ↔ gestes mauvais 41-2 ― Voir Aša ou sʼen faire une idée 26-7, 141, 184, 185, 197201, 203-4 ― Choisir Aša 40, 408, 411 ― Soutenir Aša 155-6 ― Guérit l’existence 122, 408 ― < Mańiiu 358 ― < Zaraθuštra 359 ― Avec Ahura Mazdā 89-90, 367 ― Avec Ahura Mazdā et Spǝṇta Mańiiu 38 ― Avec Ahura Mazdā, Ārmaiti et Vohu Manah 63, 65 ― Avec Amǝrǝtatāt et Hauruuatāt 94-5, 125

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― Avec Ārmaiti 243 ― Avec Ātar 170, 197, 200, 203 ― Avec Ātar et Mańiiu 86-7, 358 ― Avec Uruuan 381 ― Avec Vohu Manah 20, 46, 355, 372 ― Ses plaisirs ensoleillés 26, 152 ― Diurne 26, 97, 152, 358 ― Ses troupeaux 82-3, 181-2 Agent (complément d’) ― À l’instr. 45, 341, 367 ― Au datif 23 ― Au génitif 381, 437 Ahura Mazdā : → Roi qui apporte la sagesse Aire sacrificielle 180-1, 187, 358, 398 Aka Manah : → Penser mauvais Aka Mańiiu : → Aŋhra Mańiiu Aliment (xvarǝnah-), lʼun des Yazata 166 Allitération 79, 83, 103 Altération des textes ― Voir aussi Fausse coupe, Graphie, Interpolation, Lacune, Phrase incomplète, Retouche diascévastique, Sandhi, Univerbation ― Corrections automatiques 9 ― akōiiā < *auuōiiā 149 ― azə < azəm 215 ― ašāicā < *ašā.yecā 370-1 ― ašīm < +ašәm 135, 225 ― ahurāi < ˟ahurā 23-4 ― ārmaitī[m] 230 ― [ə]mauuatąm 202 ― ºā < ˟ºaiiā 132, 169, 246, 253 ― ºō < *ºā 134, 209, 237-8, 364, 401 ― ºīº < ºaēº 147 ― ºē/ ºə < ˟ºī 237, 389 ― ºtē < ºtī 156-7, 231, 364 ― īš < *hīš 121-2 ― tanušiº < ˟tanuuiº 188 ― pǝrǝsācā < *pǝrǝsatcā 201 ― tā < ˟ptā 230 ― deváyoḥ < ˟devayóḥ < *devayáu 431

― para < *frā 374 ― frāxšnәnәm < ˟frāxšnәnē 214 ― frąštiº < *frąš frāštiº* 311 ― mā < *mōi 370, 372 ― mā [m]ašā 20 ― vāstrāi < *vāstrē/ *vāstrōi 230 ― vīsaheca < *vīsasca 117 ― səṇghahiiā < *səṇghāi 215 ― spǝṇtǝm < *spǝṇtā 168 ― apaiieitī 372 ― kāθē < ˟kāθū 230, 386 ― hizuxδō < ˟hizuua.uxδō 229 ― huuō.mā.nā < *hamānā 371 ― 229 ― huuō < *apō 370 ― Nominatif mis pour le génitif 222 ― Altération de l’ordre de succession des hémistiches ou des strophes 362-3, 370, 392 ― Désorganisation du texte 221 ― Inversion des cas 120 ― Persévération 281 ― Strophe endommagée 55 Ama : → Combat Ambiguïté 201, 357, 374 Âme (uruuan-) ― DʼAhura Mazdā 98, 215 ― De Zaraθuštra 193 ― Masculine de lʼhomme 13, 17, 26, 37, 42, 46, 49-50, 53, 63-6, 98, 110, 139-40, 142-3, 145, 147, 149-51, 153, 158, 163-4, 176, 179, 212, 216, 244, 354, 358, 374, 378, 381-2, 393, 399, 402, 405, 407-8, 418 ― De la Vache (gəuš uruuan-), lʼun des Yazata 106, 354, 374, 399, 407 ― Féminine de lʼhomme : → Doctrine Amǝrǝtatāt : → Immortalité Amәša Spәṇta : → Immortels Savants Áṁśa, dieu védique 86 Āmreḍita 30 Anaptyxe a/ǝ 76 Ancrage : → Vocatif Aŋhra Mańiiu : → Sentiment Funeste

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Anonymat, identité énigmatique 38, 50, 76, 100, 140, 150, 168, 174, 182, 185, 191, 234-5, 242, 405 Anomalie 232 Antécédent du pronom relatif (Remarques sur lʼ) 23, 26-7, 35-6, 40, 55, 58-9, 66, 84, 85-6, 90, 93-4, 96, 99, 115-6, 126, 170, 181-2, 205, 242, 299-300, 367, 376, 395 Anthropomorphisme ― Bouche dʼAhura Mazdā 89, 355, 411 ― Langue dʼAhura Mazdā 88-9, 411 ― Mains dʼĀrmaiti, dʼAša ou dʼAhura Mazdā 53, 55, 142, 168-9, 171, 174, 179, 191, 238, 411 ― Mains de Gəuš Uruuan 354, 411 ― Oreilles des dieux 27-8, 411 ― Absence dʼanthropomorphisme 360 Aōjah : → Ascendant Aōjaŋvhaṇt, nom dʼun héros 59 Apąm Napāt : → Bәrәzaṇt Apories, obscurités des textes 3, 6, 57, 61, 203, 221, 377-8, 393, 398 Appellatif et théonyme, dédoublement 6, 27, 102, 208, 235, 401, 410, 412 Arithmologie 4, 45, voir aussi Cinq, Dix, Hendécatropisme, Seize, Sept, Six, Triade Ārmaiti : → Déférence Aša : → Agencement Ašauuan, aṣ̌āunī 79, 114, 124, 144, 151-2, 155, 190, 231, 382, 394, voir aussi Sacrifiant Aša.šiiaōθna, nom dʼun héros 142, 152, 222, 225-6 Ašәm.yeŋhe.raōcā, º.varәza et Ašәm. yaāi.ušta, noms de héros 142, 152 Ascendant, autorité (aōjah-), lʼun des Yazata 50-1, 90-1, 352-3, 356 Aši : → Dédicace Asrušti : → Absence de récitation

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Astō.vīδōtu : → Désordre des os Astuuat.әrәta, fils eschatologique de Zaraθuštra 42, 59, 90, 139, 142, 170, 225-6 Asyndète : → Coordination absente Ātar : → Feu Attendus (uruuata-), observances 16, 75-79, 81, 83-4, 93, 1289, 361 Au-delà 17, 26, 37, 49, 63, 140, 161, 164, 176, 179, 184, 206, 212, 216, 239, 355-6, voir aussi Existences, Paradis Auditoire du poète 76, 101, 396-7 Augment 32, 105, 398, 403 Auliques (convenances) 202 Aurore 371 (vache), 404 Avesta 1, 4 Avesticisme 6, 161, 328 Avyayībhāva 153 Axti : → Douleur Āxtiia, nom dʼun adversaire 383 Aiiah Xšusta : → Fer rouge Bahuvrīhi 82, 95, 154, 316, 338 Bénéfices, bénéficiaires de la cérémonie 118, 145, 163, 165, 235, 357, 385, 402 Bәrәzaṇt : → Haut Bétail : → Troupeaux Biens : → Troupeaux Bišāmrūta Vac 144, 234 Boucher : → Configurateur Boutefeu 172, 269 Branle (uštāna-), faculté du mouvement 109-10, 198, 225 Bravoure masculine (nairiiā- hąm. varǝiti-), lʼune des Yazatā 300 Calendrier 4 Calme (rāman-), lʼun des Yazata 240, 356 Cantates (gāθā-) 2-4, 17, 412 Cascade syntaxique 127, 142, 352 Causatif ― Sens de NĪ 423 ― Sens de substantifs en -ti- 170 ― Présent en -aiia- 40-1

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― Racine sigmatisée 192, 365-6 Chantage, menace 23, 34, 156, 191-3 Chanteur : → Exécutant Chemin 60, 106-7, 165-6, 374 Chevaux rapides 64-5 Cheville métrique ― Eżāfe 142 ― Étoffement avec dәbązah- 243 ― Étoffement avec vәrәdā 91 ― Étoffement avec xratu- 109, 183, 364, 371 ― Hendiadys comme cheville 126 Choix 39-41, 43-4, 86, 105-7, 110, 224, 357, 408, 411 Ciel 42, 236, 357, 389 Cinq 2, 394 Citation d’un passage, d’un syntagme ou d’un mot 92, 99, 119-20, 350, voir aussi Nom citation Ciθra : → Signe Cixšnuša, nom dʼun héros 221-2, 226 Clarté (saōkā-), lʼune des Yazatā 28 Clausule 173, 231 Clôture ― De la onzième strophe avec asti- 127 ― De l’unité 66, 127, 139-40, 226-7, 244 ― Dʼune première partie de strophe 105 ― Dʼune proposition par un nominatif 57, 59, 62, 89-90, 126, 389 ― Et ouverture du vers par le même mot 403 ― Du mańiiu 226 ― Avec un vocatif : → Vocatif Cohérence et décousu 16 Colère 424-6, voir aussi Furieux Collage 17, 32, 44, 55, 58, 76, 173, 358, 361 Combat, attaque, force offensive (ama-), nom dʼun Adorable 200, 202, 379 Commandement : → Conseil

Commentaire (paiti.paršti-) 146, voir aussi Exégèse Communauté des orants 87, 101, 382-3 Compétition 222 Complément commun à deux termes 28, 30-1, 352 Complétive 37, 162, 190, 218, 224, 313, 315-6, 394, 421, 423 Composés nominaux ― Voir aussi Avyayībhāva, Bahuvrīhi, Dvandva ― Faux 364 ― Avec premier terme simplifié 339 ― Type vrtrahátyāya 218 Compositionnelle (forme) 259, 296, 300 Compréhension (cisti-), nom dʼune Yazatā 236, 239 Concaténation lexicale 32, 44, 75, 141, 167, 172, 178, 181, 207, 211, 216, 223, 373 Concordance : → Accord Configurateur (tašan-), boucher, immolateur, immolation 238-9, 251, 254, 360, 362, 368, 381, 383, 392, 399, 402, 407-8, 411, voir aussi Configurateur de la Vache Configurateur de la Vache (gəuš tašan-), immolateur de la vache, lʼun des Yazata 239, 242, 359-61, 374, 382, 399, 401-2, 407-8 Conjectures 215, 362, 367, 368, 391, 403 commandeConseil (mąθra-), ment 95-6, 98 (mąθra- spǝṇta-), 121, 215, 237-8, 399 Constance de l’étendue divine 358-9 Conviction : → Mańiiu Coordination ― Avec ºcā inverse 33, 365 ― A Bºcā 87, 177, 201, 352, 394-5 ― A B Cºcā 96 ― A B C Dºcā 65 ― A Bºcā Cºcā 125 ― Aºcā Bºcā 23-4, 36, 380-1

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― A B vā C vā 112 ― A *u B *u 104 ― Absente, asyndète 28, 54, 88, 110, 124, 155, 157, 163, 165-6, 181, 212, 225, 236, 373, 379, 387-8, 393 ― Elliptique 23-5, 352, 362, 365, 367 ― Spéciale 177 ― De schéma complexe 198 ― D’infinitifs 155 ― Sexuée 350, 373-4 ― Types vāyav índraś ca et índraś ca vāyo 58 Copule invisible 149-50, 376 Cordes 107-8, 360-1 Corps (kәhrp-), forme, apparence 49-50, 63 Correction, corruption : → altérations, graphies Corrélations secondaires 78 Course de chars 17, 161 Création 402 Crime (aēnah-), faute, exaction, tort 362 Daēnā : → Doctrine Daēuua, Daēuuī : → Hasardeux Dahmā Āfriti : → Experte Propitiation Daivismes ― aŋhu- 350, 372, 374 ― xšaiia- 366 ― daxšta- 188 ― mašiia- 395 ― səṇghana- 370, 373 Dákṣa, dieu védique 102, 359, 424 Datif ― Avec √ gam 46 ― Avec √ dā 46, 125, 148 ― Avec √ saṇd 31 ― Avec √ saŋh 82 ― Avec auuōi ou uštā 149 ― Avec √ vac 22-3 ― Avec √ vas 149 ― Complément d’agent 23 ― Compl. de lʼadj. 241 ― De lieu 127, 160

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― Du pronom enclitique 3e sing. 160 ― Triple 31 ― Morphologie du datif singulier des thèmes féminins en ºā- ou en ºī- 200, 298 Debout (position) 161, 207, 385, 405 Déclamateur : → Exécutant Dédicace, fortune (aši-), conduite des offrandes, lʼune des Yazatā ― Fille dʼAhura Mazdā 400 ― Lʼun des rouages des rites 185, 404 ― *Miždušī à Persépolis 177 ― Aurige du char de Miθra 170, 174 ― Fortunes des ašauuan et des drәguuaṇt 167, 170, 177, 179 ― Locatif : → ašā ― Propulsion ou dédicace des gestes 158, 198, 210, 226, 360, 400-1, 411 ― Avec Ārmaiti 90-1, 157, 360, 406 ― Avec Sraōša 207-10, 385 ― Avec Vohu Manah 400 Dédoublement : → appellatif et théonyme Déesses : → Adorables Déférence (ārmaiti-), lʼune des déesses du groupe des Amǝša Spǝṇta ― Déesse abstraite ou concrète 91, 404 ― Sa personnification 49, 91 ― Fille de Mazdā 101, 359, 390 ― Spǝṇtā 9, 333 ― Dévouée 263 ― = Hušiti 64, 66, 356 ― = Ἥρα 66 ― = os 104, 359-60 ― = Terre 112, 236, 238-39, 244, 389, 399, 412 ― Épouse dʼAhura Mazdā 236, 240, 356, 388-90 ― Avec Aša 244, 411 ― Avec Aša, Mazdā et Vohu Manah 64-5 ― Avec Aši 90-1, 157, 360, 406

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― Avec Ātar 390, 406 ― Avec Daēnā 390 ― Avec les gestes 397, 399 ― Avec Gəuš Tašan 104-5, 239, 359-1 ― Avec Mańiiu 104-5, 112, 3601, 406 ― Avec Utaiiūiti 46, 48, 50, 52, 63, 379 ― Donne le souffle (ąnman-) 46, 48, 50, 52, 63 ― Avec la vache 104-7, 129 ― Avec Xšaθra 225, 229, 388 ― Xšaθra lʼunit à Ahura Mazdā 234, 236, 389 ― Avec Zaraθuštra 201, 360 ― Chargée d’une basse besogne 182-3, 244 Démonstratif (adj.-pron.) ― Voir aussi Pronoms ― Cataphorique 111, 195 ― Proche 105-6, 160, 240, 382-3, 391-2 ― Résomptif 93, 371, 373 Dénominatif (verbe) 41, 98, 191, 254, 300, 322, 325-6 Derbices 107, 361 Désinences ― De 3e sing. impér. moy. 198 ― D’indic. parfait 374-5 Désordre des os (astō.vīδōtu-), lʼun des Daēuua 43 Destructeur (mahrka-), lʼun des Daēuua 43 Dharma 156 Dialectologie 1-3, 9, 82, 178 Dialogue 20, 210 Diascévases, diascévastes 4, 17, 24, 32, 35, 44-5, 78, 80, 138, 168, 283, 300, 302, 346, 359, 363, → Hendécatropisme Diathèse ― Voir aussi Passif ― De √ dā 178, 380 ― De məṇg+√ dā 22 ― De pairī+√ gam 185 ― Lexicalisée (moyen tantum) 371 ― Moyenne de √ i 52

― Emploi de la voix moy. 115, 119, 215, 352 Diction 205, 209, 361, 376, 386 Dieux avestiques bons (→ Adorables) et mauvais (→ Hasardeux) 32, 34, 357 Dīkṣā, rituel védique 176 Diptyque ― Étendu sur 2 strophes 104, 111, 362-3 ― Droit 53, 124 ― Désespéré ou impossible 57 ― Inverse 240, 378 ― Tonal 32, 34 (ºcā... nōit), 36-8, 41, 43, 48-9, 121 (zī... aθā), 225, 240, 391 Disciple, adepte 93-4, 103, 200, 202, → Fils Discours direct : → Guillemets Dix 219 Doctrine (daēnā-) ― Âme féminine de lʼindividu 46, 49, 120, 124 ― Fille de Mazdā 390 ― Psychopompe 123, 393 ― La mémoriser 134, 216 ― Transmise par Zaraθuštra 211 ― Métrique de sa désignation 70, 124, 390 ― Nombre grammatical 124 ― Déification 124, 186, 391, 404 ― Posant des questions 186 ― Avec les troupeaux 109 ― Avec Ārmaiti 390-1 ― Avec Aši et Ādā 404 ― Avec Uruuan 46, 392 Douleur (axti-), nom dʼune Hasardeuse 382-3, 412 Do ut des 154 Doute, hésitation 111-2, 120, 361 Draōjina : → Menteurs Druj : → Erreur Dualisme 6, 56, 79-81, 391 Duel ― Elliptique 59, 240, 350, 379 ― Morphologie 33, 35, 169, 198, 229-30, 240, 253, 350, 377-8, 390-1

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Dumézilien (schéma trifonctionnel) 373 Dvandva 60, 155, 240, 369, 377, 379, 394-5, 401 Échange entre les dieux et les hommes ; Échange (miθra-), lʼun des Yazata 60-1, 127, 154, 158, 170, 300, 353, 397 Ego 215 Élément (ratu-) dʼun ensemble structuré, insertion 84-5, 93, 127, 180, 182-3, 325-6, 349-53 Éléments fondamentaux 399, 411-2 Ellipse : → Sous-entendu Éloge : → Hymne Enclencher le processus rituel 207 Enfers 140 Énoncé (srauuah-), ce qui est entendu des dieux, verdict 63-4, 66, 122, 155, 183, 209, 362, 371, 373 Ensevelissement : → Inhumation Ensorceleur (yātu-), génie malfaisant 82-3 Entendement (xratu-), performance mentale, intelligence, nom dʼun Yazata 183, 396 Entretien (hąm.paršti-), conversation 112, 146, 188, 191, 193-4, 202, 221, 361, 376, 385, 396 Énumération, liste 46, 91, 95, 101, 107-8, 110, 125, 128, 184, 233, 351, 353, 392-3 Envoûtement recommandé (xšaθravairiia-), lʼun des Amǝša Spǝṇta ― Ses acolytes 52 ― Le premier 46, 51 ― Source de longévité ou de vie heureuse 163, 211-2, 216, 365 ― Unit Ahura Mazdā avec Ārmaiti 236, 388-90 ― Avec Aōjah 90-1, 352-3, 356 ― Avec Ārmaiti 388 ― Avec Ātar 202 ― Avec Aiiah 51-2 ― Avec les Gestes 127, 234 ― Avec Haōma 389

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― Avec les offrandes sacrificielles (īšti-) 400 Envoûtement mauvais 365 Épenthèse 62, 64, 402 Épithète détachée 371 Épithètes de mańiiu 406-7 Épouses 219 Erreur (druj-), lʼune des Daēuuī ― Détruit les troupeaux 82 ― ↔ Aša 63, 68, 82, 91-2, 357 ― ↔ Saōšiiaṇt 59 ― ↔ Xšaθra 67 ― Avec Aka Manah et Pairī.maiti 366, 369 ― Ses attendus 80-1 Eschatologie 17-8, 34, 36-7, 49, 58, 63, 128, 139-40, 143, 150, 158, 161, 163-4, 170, 178-9, 184, 212, 216, 244, 355, 358, 385, 399, 402, 405, 408, 410, voir aussi Au-delà, Parachèvement Espace (vaiiu-), divinité 7 Étymologie (fausse) 92, 121 Exécutants (rāna-), le déclamateur et le chanteur 86-8, 144-5, 184, 20910, 243, 358, voir aussi Officiant Exégèse, interprétation 3, 119, 146, 150, 152, 154, 162, 166, 182, 217, 244, 351-2, 381, voir aussi Commentaire, Sémantique volontariste, Zand Exhaustivité (hauruuatāt-), intégrité, déesse de la catégorie des Amǝša Spǝṇta 96 Exhumation 388-9 Existences (aŋhu-) excellente, fondamentale, matérielle, mentale, osseuse, appartenant à la pensée, première, rituelle, très mauvaise) 26, 31, 36-7, 47, 51, 97, 153, 158, 165, 176-9, 182, 244, 350-5, 385-6, 392, 399, 408, voir aussi Génération de l’existence Experte Propitiation (dahmā- āfriti-), lʼune des Yazatā 126 Explicative (subordonnée) 169 Explicitation partielle ― Du duel elliptique 59, 240, 350

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― Du pluriel elliptique 56-9, 157 Eżāfe ou faux relatif 39-40, 96, 142, 147-8, 397 Faculté du mouvement : → Branle Failles dans le système 242 Fausses coupes ― ašā.yecā, ašā.yācā 24, 198, 371 ― ā.və.gəuš.ā 237 ― +ā.vī.varǝšō 397 ― īt.ārǝm 133, 201, 268 ― gat.tōi 131, 276 ― daxšat.ušiiāi 217-8, 289 ― dəjīt.arǝta- 218, 289 ― +mazdā.tǝm 377 ― +rafǝnō.xiiəm 191-2 ― +hizuuā.uxδāiš 237 ― +huuō.mā.nā 371 Fer rouge, métal en fusion (aiiahxšusta-), ordalie 46-7, 51-2, 187-9 Feu (ātar-), lʼun des Yazata ― Dans YH 382-4 ― Allumage 167, 171-2, 379, 380, voir aussi Boutefeu ― Chaleur 171 ― Convoyeur d’offrandes 127-8, 384 ― Feu domestique 383 ― Explique le nom du bien-être (xvāθra-) 161 ― Frauuaši du Feu 168 ― = roi, ahura 60, 166-7 ― = celui-ci 159-60 ― Son ubiquité 60 ― = image de l’agencement rituel 203-4, 385 ― = image dʼAhura Mazdā 60 ― = Mańiiu 383-4, 411 ― Spәṇta 168-9, 405 ― Fils dʼAhura Mazdā 60, 168, 170, 194, 197 ― Fils dʼĀrmaiti et dʼAhura Mazdā 389-90 ― Fils de la Terre 389 ― Avec la communauté 383 ― Avec le sacrifiant 87, 168, 213, 405

― Avec Mańiiu et Aša 358, 383 ― + Ārmaiti > Aši 411 ― Son importance 203 ― Consume les os et lʼuštāna 110 ― Contrôle de la diction 123 Filles 142-3, 219-20, 400 Fils 60, 92, 94, 105, 168, 183, 359, 388, voir aussi Disciple Flèche 114-5, 269 Fourrage (vāstra-) 240, 356, 373, 377, 399, 407 Fraōrәiti : → Préférences Frašō.kәrәiti : → Parachèvement du monde Frašō.carәtar : → Parachèvement du monde (en charge du) Frauuāka : → Projet Frauuaši : → Préférences Frīnā, fille de Zaraθuštra 142 Friiāna, famille de héros 27, 152-3, 220, 383 Fsǝratū : → Maîtrise Furieux (aēšma-), lʼun des Daēuua : 357, 369-70, 419 ― Son culte 116 ― ↔ Sraōša 43, 369 ― Archidémon ↔ Ahura Mazdā 43, 45, 357-8 ― Avec Aŋhra Mańiiu 45, 36970 ― Rend malade 43 Futur vaxšǝṇtī 364 Gaēθā : → Troupeaux Gāθā : → Cantates Gaiia Marәtan, nom dʼun héros 47, 51, 306 Généalogie divine : → Théogonie Généalogie entre les textes 138 Génération, genèse de l’existence rituelle 176, 351, 384-5 Génitif ― Dans lʼexpression de la filiation 93-4 ― D’appartenance 24, 214 ― Avec le sens de lʼinstrumental 125 ― Avec √ man 199

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― Complément d’agent 381, 437 ― Double 125, 166, 212, 237, 243, 352 ― Réparti entre la principale et la subordonnée 212 Genres grammaticaux ― Voir aussi Accord en genre ― Genre des textes déifiés 19 ― Changement de genres 240 Genres littéraires : → Frauuāka, Frauuaši, Mańiiu, Ušti, Yāna Gestes, les trois niveaux du comportement rituel du sacrifiant ― Voir aussi Aka Manah, Vohu Manah ― Pensée + parole + geste 31, 33, 42, 104, 118, 127, 177-8, 180-2, 204, 232, 234-5, 237, 349, 353, 355, 360-1, 364, 367, 381-2, 385, 388, 391-2, 394-8, 400, 409-11 Gesticulations (šiiaōman-) 366 Gəuš Tašan : → Configurateur de la Vache Gəuš Uruuan : → Âme de la Vache Gloire (sti-) 212, 300 Glose 51-2, 103, 146, 208, 370-1, 373 Graphie ― Voir aussi Sandhi ― Ersatz graphique 338 ― Pehlevie 18, 222, 328 ― Récente 132, 133, 382, 391 ― Incertitudes graphiques 41, 43 ― Apparence trompeuse dʼuzārǝšuuā 379 ― Anaptyxe ºθәnº / ºθanº 71 ―  305 ― ºaēº < pir. *i 318 ― ºaōº / ºāuº 12, 264, 337 ― ºaēsº / ºaxšº 120 ― ºtē / ºtī 157, 300, 363-4 ― ºarәº < pir. *ara 377 ― ºarәº / ºәrәº 41, 306, 345, 397 ― ºāº < *ºaiº (ligature) 45, 46, 237, 277, 298, 319, 341 ― ºā < *ºu 62, 64, 104-5, 133, 201, 221, 230

463

― ºәº < pii. *ºiaº 45, 237, 341 ― ºə < *ºī 237, 277, 389 ― ºō < *ºā 134, 209, 237, 238, 256, 277, 287, 364, 370, 400-1 ― maiiā < *mōi ā* 377 ― š < *xš 300 ― ºθuº < *ºt.uº 230 ― ºiiəm < pie. *ºio-iH-m 192 ― gәrәzē / gәrәzōi 371 ― yezi, yeiδi zī < yat zī 114 ― *cyhšnvš 222 ― daxšat.ušiiāi < *daxšta.uº, dəjīt. arǝta- Ārmaiti 101, 104-5, 359-60 ― > Aša 101, 359, 385, 399 ― > Aši 400 ― > Ātar 383-4, 390 ― > Gəuš Tašan 101, 105 ― > Mańiiu 101, 105, 239-40, 384, 399, 406 ― > le poète 93-4 ― > Vohu Manah 101, 102-3, 359, 407 ― > Zaraθuštra 359 ― + Ārmaiti 359, 389-90 ― + Ārmaiti grâce à Xšaθra 236, 388 ― Avec Ārmaiti, Vohu Manah et Aša 64-5 ― Avec Tašan 399 ― Avec Zaraθuštra 381 Rupture syntaxique : → Hétérogénéité Sacrifiant, orant, adorateur 63, 86-9, 103, 106, 124, 128, 158, 165-6, 168-9, 177, 180, 209-10, 213, 216, 234-5, 239, 241-2, 355-6, 358, 360, 362, 373, 381-3, 385, 387, 394-5, 397, 399-400, voir aussi Homme Savant Salaire (mīžda-), récompense 177, 402 Sandhi, saṁhitāpāṭha ― Sandhi et diascévase 4, 309 ― Analysé 35, 177 ― Interne 254-5, 291, 344 ― adā < at + ā 64 ― adāiš < at + āiš 92 ― ī < *īt 381

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― kā < *kat 409 ― ˟kāθū < *kāt ū* 230 ― tā < *tat 114, 365, 376 ― tā < *tāt 365 ― tušnā.maiti- < *tušnīm.maiti- 217 ― θβā < *θβəm 167-8 ― mašīm < *mašiiəṇg 364-5 ― mā < *mōi 370 ― yā < *hiiat 98-9, 162, 177 ― yācā < *hiiatcā 177 ― pәrәsācā < *pәrәsatcā 201 ― yā̃ < *yā ā* < pir. *iā u* 201 ― yā zī < *hiiat + zī 114 ― mąθrā < *mąθrәm 215 ― vasasә.xšaθra- 191 ― *mąscā 68, 309 ― Dans humązdra- 344 Sandhi mal défait ― xratū[m] manaŋhō 354 ― aēšәmә[m] həṇº 45 ― spәṇtә[m] mazdā 167-8 ― Interne bafoué 219 ― Manipulé 309-10 Saōkā : → Clarté Saōšiiaṇt : → Invigorateurs futurs Satellite (Divinité) : → acolyte Sauuah : → Renfort Savitár, dieu védique 120 Ségrégation des mortels 391 Seize 139, 142, 233 Sémantique volontariste 9, 79, voir aussi Interprétations Semence divine 389-90 Sentiment (mańiiu-), avis, convictions ― Voir aussi Aŋhra Mańiiu, Spǝṇta Mańiiu ― Fils dʼAhura Mazdā 399 ― Déclaration, expression dʼune conviction 1, 138-9, 410 ― ≈ faculté oculaire 387 ― Conviction ex nihilo 404 ― Les deux mańiiu 32, 39-41, 45, 198, 357, 392, 406 ― Choix 39-40, 41, 224 ― Définition 6 ― Mańiiu des impies 404-5 ― Déification, personnification 40, 87, 411

― Clé du système de pensée des Gāθā 5 ― Genre littéraire 31 ― Importance 4, 242 ― Sens premier 113 ― = Ahura Mazdā 5-6, 412 ― ≠ Ahura Mazdā 40, 381, 408 ― = Ātar 383-4, 411-2 ― = Axti 412 ― = Cisti 239 ― = geste, šiiaōθana 32, 34, 357, 410-2 ― = homme 381 ― = Tašan 238-40, 354, 359, 382, 402, 407, 412 ― Vāstriia 376-7 ― ↔ os 105 ― Avec Ārmaiti 240, 406 ― Avec Ātar et Aša 86 ― Père dʼAša 358 Sentiment Funeste (aŋhra- mańiiu-) ― Voir aussi Sentiment ― Origine 391, 412 ― = Θάνατος 357 ― = archidémon 6 ― ≠ archidémon 357 ― Dans l’Avesta récent 9, 391 ― ↔ Ahura Mazdā 6, 412 ― ↔ Spәṇta Mańiiu 5-6, 9, 3578, 367, 391, 393 ― Aka Mańiiu et Maz 367-8 ― Avec Aēšma 369 Sentiment que Mazdā est savant (spǝṇta- mańiiu-) ― Sa désignation comme liṅga du Y 47 233 ― Sa personnification 42 ― Chapeaute diverses entités 379 ― Avec Spǝṇta Nar 368, 381, 387, 390, 405-6 ― De Zaraθuštra 100, 143 ― Dans l’Avesta récent 6 ― Dans Y 47 5 ― ↔ Aŋhra Mańiiu 5-6, 357, 392-3, 406-7 ― = Ὕπνος 357 ― = Ratu Y 27.13bc 349-53 ― = Ahura Mazdā 6

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― ≠ Ahura Mazdā 38, 40, 42 Sept ― Voir aussi Amәša Spәṇta ― Sept éléments fondamentaux 399, 412 ― Sept karšuuan 367, 369 ― Sept livres gâthiques 381 ― Ensemble de sept unités 2, 354 Session sacrificielle 215 Signe (ciθra-) positif ou négatif 15, 23, 31, 126, 366, 393, 394-6 Silence préalable 385 Six 233, 385 Śleṣa : → Jeux linguistiques Soleil 26-7, 93, 113, 152-3, 225, 338, 371, 404 Songes jumeaux 32, 356, 407 Souffrance 412 Souhait : → Prière, Volonté Sous-entendu ― Voir aussi Coordination Bºcā, Duel elliptique, Pluriel elliptique, Préverbe sous-entendu ― Ellipse 160, 410 ― Dans yā.šiiaōθana- 118 ― De l’antécédent du pron. rel. 106, 126, 367-8 ― Du compl. déterminé par un gén. 374, 378, 393, 400-1 ― Du dat. compl. du verbe 46 ― De l’objet du verbe 119, 393 ― Du sujet du verbe 43, 46-50, 185, 235, 350, 353, 393 ― Du verbe 49, 115, 197, 365, 367, 376 ― Du préverbe 243 ― Du substantif auquel se rapporte l’adjectif 163 ― De la première personne 214 ― De la protase 168 Spǝṇtā Ārmaiti : → Ārmaiti Spǝṇta Mańiiu : → Sentiment que Mazdā est savant Spǝṇta Nar : → Homme savant Sraōša : → Phrasé Srauuah : → Énoncé Sti : → Gloire Stut-gar Nask 18, 146, 381

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Subjonctif ― Aoriste 53, 64, 97, 173, 430 ― Consécutif 392, 430 ― Parfait 403 ― Désinences 51-2 Subordonnées ― En ºcā 280, 402 ― Antéposée 115 ― Relative épithète 40, 116, 407 ― Relative secondaire 78, 363-4 ― Conjonctive de but 51 Suc (haōma-), lʼun des Yazata 61, 107, 108, 145, 154, 162, 186, 345, 360, 362, 389-90 Suffixes ― -ata- 26 ― -atu- 273, 351 ― -aθa- 23, 297, 308, 328 ― -aθra- 273 ― +an- (suffixe de Hoffmann) 47, 306 ― -ara- 289, 400-1 ― -ah- 395 ― -in- 389 ― -tan- 47, 306, 336-7, voir aussi Infinitifs ― -tar- sur hvādi ou svādi 374-5 ― +tāt- 151, 282 ― +tāitiiaº 147 ― -ti- 1, 21, 170, 208, 248, 282, 310, 383, 400 ― -tiia- 210 ― -θra- 332, 389 ― +na- 143, 271 ― -mán- 50, 170-1 ― -ia- 217, 285 ― +ia- 208 ― ºaiθiia- 338 ― -uan- 268-9, 323, voir aussi Infinitif ― +uaṇt- 118, 143, 151, 202, 208, 288, 305, 381-2 ― -ra- 387, 273, 340, 344, 387 Sujet interne 115 Sukanyā, héroïne védique 50 Synecdoque 39, 54, 65, 103, 236, 360 Synonymie 239, 364

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Tabou 12, 182 Tan ī pasēn 49, 63 Tašan : → Configurateur Temps (zruuan-), divinité 7 Terre 60, 179, 234, 236, 238, 244, 356, 367, 369, 389, 399 Tǝuuīšī : → Pétulance Textes déifiés 13, 18-9, 349 Théogonie 176-7, 240, 358-9, 410 Titre des Gāθā et de leurs unités 20, 143, 233, 361 Tournant 181, 183 Traductions 9, voir aussi Sémantique Trca 16, 20, 45, 63, 68, 70, 76, 101, 128-9, 356-7, 360, 362, 370, 372-3 Triade 46, 96, 358, 360, 398-9 Triangle de personnages 140, 161, 164, 168, 189, 195, 202, 367, 383, 389 Triple science 120 Troupeaux (gaēθā-), bétail, biens ― Essentiel de la Gloire 212 ― Réserve de victimes sacrificielles 381 ― = richesse 192 ― Les voler 222 ― Avec Daēnā 108-9 ― Avec la personne (tanū-) de leur propiétaire 187, 191 Tūra Brāθrō.raēša, nom dʼun opposant 368 Tušnā.maiti : → Pensée silencieuse Tyran (maz-), adversaire 365-9, 374 Tyranniques (māzańiia-), groupe de Daēuua 368-9 Unité littéraire des textes vieil-avestiques 4 Unités du Yasna (hāiti-) 1, 4, 8, 17, 18-9, 22, 75, 97, 138-9, 143, 233, 242, 349, 354-6, 358, 361, 375, 380-1, 383, 386, 391, 398-401 Univerbations ― āat pour +ā at+ 374 ― āitē pour ˟ā itē˟ 68, 262 ― ābūštīš pour +ā būštīš+ 191

― ašaōxšiiaṇtā pour *ašā uxšiiaṇtā* 377 ― frąštā pour +frąš tā+ 134, 214 ― yūštā pour +yūš tā+ 363 ― maiiā pour *mōi ā* 377 Upaniṣad 2, 158 Uruuan : → Âme masculine Uruuata : → Attendus Uštāna : → Branle Uštauuaitī (Cantate, héroïne ou rivière) 142-4, 219-20 Ušti : → Volonté Utaiiūiti : → Jouvence Vache 16, 107, 192, 198, 231, 23940, 242, 353-56, 360, 371-2, 374, 382, 399, 401-2, 407-8, voir aussi Âme, Configurateur Vahišta 206 Varәšt-mąθr Nask 146 Vāstriia : → Pâtre Vaiiu : → Espace Véda 5, 158 Védique 6 Vengeance (kaēnā-), lʼune des Daēuuī, punition, châtiment (maēini-) 49, 53, 115 Verdict : → Énoncé Victime sacrificielle (→ vache) 187, 356, 360, 383 Vie 357 Vie heureuse (hujiiāiti-), lʼune des Yazatā 365 Vigueur (īš-) 110, 165-6 Viṣṇu, dieu védique 60 Vīštāspa ― Disciple 94, 192 ― Son épouse 219-20 ― Ses filles 143, 219-20 ― = Sraōša 207 Vocatif ― Ancrage du voc. 22-5, 57, 75, 81, 94, 166, 214, 372 ― Avec ºca 26 ― Voc. comme clôture 22, 54, 78, 85, 105, 116, 118, 122-3, 168, 181, 224, 372

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― Voc. incroyable 400 Vohu Manah : → Penser bon Volonté (ušti-), déclaration, expression d’un souhait 158, 173 Voyage des âmes 63 Voyageur : → Hôte Vrddhi 336-7 Xratu : → Entendement, Cheville métrique Xšaθra Vairiia : → Envoûtement recommandé Xvarәnah : → Aliment Yāna : → Prière Yasna 1-2, 4 Yasna Haptaŋhāiti 2, 4, 19, 382-4 Yazata, Yazatā : → Adorables Yima, héros avestique 134 Zand 1, 47, 51, 54, 61, 90, 94, 8, 155, 157, 170, 185, 188, 200, 207, 209, 217-8, 226, 288, 333, 338, 341, 344 Zaōtar : → Libateur Zaraθuštra ― Biographie 191, 193-4 ― Généalogie 222 ― Son épouse 219-20 ― Ses filles 142, 219-20 ― Père des Saōšiiaṇt 28, 170 ― ↔ Maz 368 ― = Spǝṇta Nar 406

145192, 264,

139,

473

― Sa plainte 370, 399 ― Fondateur 97, 99, 103, 358 ― Messager 191 ― Auteur de Y 43.5-15 2, 139, 140, 174, 405 ― Disciple d’Ahura Mazdā 31, 211 ― Graphie de son nom 230 ― Sa pensée 100, 384 ― Prière pour Zaraθuštra 172, 213 ― Posant des questions (→ entretiens) 186 ― Expose son programme 190-1, 194, 385 ― Son rôle 86, 184, 200 ― = anonyme 76, 100, 118, 161, 242 ― = moi 213 ― = Ārmaiti, Mańiiu, Tašan 360 ― Avec des anonymes 140 ― Homme dʼexception 172, 211 ― Zaōtar 376 ― Sacrifiant, sacrifiant paradigmatique, Spǝṇta Nar 39, 164, 166-7, 169, 368, 405-6 ― ↔ impie 183 ― Avec Ātar 167-8, 172, 174, 194, 197, 199, 200, 405 ― Identifié in extremis 175 ― Avec le poète 172, 174 ― Avec Tušnā.maiti 186-90 Zruuan : → Temps

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET TEXTUELLES

Ābān Yašt = Yt 5. Āfrīnagān (A) : → GELDNER, 1886-96. Ahuna Vairiia = Y 27.13. Ahunauuaitī Gāθā = Y 28-34. Ahiiāsā Hāiti = Y 28. Aitareyabrāhmana (AB) : → AUFRECHT, 1879. Marcos ALBINO, « Avestisch auuaxiiāi, rafәnō.xiiāi », dans Historische Sprachforschung 114, Göttingen, 2001, p. 66-72. Tahmuras Dinshaw ANKLESARIA, Dânâk-u Mainyô Khard. Pahlavi, Pazand, and Sanskrit Texts, The Fort Printing Press, Bombay, 1913. Behramgore Tahmuras ANKLESARIA, Zand-Ākāsīh. Iranian or Greater Bundahišn. Transliteration and Translation in English, Rahnumae Mazdayasnan Sabha, Bombay, 1956. Behramgore Tehmurasp ANKLESARIA, Zand î Vohûman Yasn and Two Pahlavi Fragments with Text, Transliteration, and Translation in English, Union Press, Bombay, 1957. Peshotan Kavashah ANKLESARIA, A Critical Edition of the Unedited Portion of the Dādestān ī Dīnīk. Thesis submitted to the University of London, London, 1958. Abraham Hyacinthe ANQUETIL DU PERRON, Zend-Avesta, ouvrage de Zoroastre, Contenant les Idées Théologiques,... Tome premier. Seconde partie, qui comprend le Vendidad Sadé ..., Tilliard, Paris, 1771. Aōgǝmadaēcā (Aog) : → JAMASPASA, 1982. Hari Narayan APTE [Hari Nārāyana Āpate], Taittirīyabrāhmanam śrīmatsāyanācāryaviracitabhāsyasametam, 3 vol., Ānandāśrama, Poona, 1898. Ardāy Vīrāz Nāmag (AVN) : → GIGNOUX, 1984 ; VAHMAN, 1986. Ašǝm Vohū = Y 11.19.2 ou Y 27.14. Āśvalāyanagrhyasūtra (ĀśvGS) : → VIDYÁRATNA et VEDANTAVAGISA, 1869. At.frāuuaxšiiā Hāiti = Y 45. Atharvavedasaṁhitā de Śaunaka (AS) : → ROTH et WHITNEY, 1966 ; WHITNEY, 1905. At.tāuuaxšiiā Hāiti = Y 30. Theodor AUFRECHT, Das Aitareya Brāhmana. Mit Auszügen aus dem Commentare von Sāyanācārya und anderen Beilagen herausgegeben, Marcus, Bonn, 1879. Baγān Yašt = Y 19-21. Baγ Nask (BN) : voir Dk 9. Christian BARTHOLOMAE, Die Gāθāʼs und heiligen Gebete des altiranischen Volkes (Metrum, Text, Grammatik und Wortverzeichniss), Niemeyer, Halle, 1879.

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RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ET TEXTUELLES

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