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French Pages [1269] Year 1960
TOME 11
1676- 1684 É D T 10 N t J O lJ V f I L E C O M P O Rl I\ N T r OMBREU X fRAGMENlS INfDllS ET R STITU IIOtlS DE lr.XIES T / B L E / V ~ C U ~l 1 1~l I RO 1) U C 1 1. Je vous envoie ce que m'écrit Corbinelli de la vie de notre cardinal et de ses dignes occupations. M. de Grignan sera bien aise de voir cette conduite. Vous aurez trouvé de mes lettres à Lyon, 1,ma bonne,. J'ai vu le Coadjuteur : je ne le trouve changé en rien du tout; nous parlâmes fort de vous : il me conta la folie de "l"os bains, et comme vous (craignez, d'engraisser; la punition de Dieu est visible sur vous; après six enfants, que pouviezvous craindre ? Il ne faut plus rire de Mme de Bagnols après une telle vision. J'ai été à Saint-Maur avec Mme de Saint-Géran et d'Hacqueville : vous fûtes célébrée; Mme de La Fayette vous fait mille amitiés. * Dites un mot à La Troche sur ce qu'elle vous écrivit dans ma lettre2. J'espère que vous aurez écrit un mot au Cardinal, dont le soin et l'inquiéta.de n'est pas médiocre'. Monsieur de Grignan, je crois que vous m'aurez répondu. Comment notre poitrine se porte-t-elle? Le sang court-il toujours trop vite dans notre cœar ? Avons-nous de la chaleur ? Sommes-nous oppressée ? Le ton de notre voix est-il étouffé? Dormons-nous? Mangeons-nous ? N'amaigrissons-nous pas ? Je vous assure qu'en vous disant ceci je vous ai parlé de mon unique affaire. J'en ai de petites, misétables, qui nfarrêtent encore quelques jours. Après cela, je baise la main à la Princesse& et à la :Marbeuf, je m'en vais à Livry : j'en meurs d'envie. J'étois un peu échauffée, les fraises m'ont entièrement rafraichie et purgée : si elles vous étoient aussi bonnes, il ne faudroit pas y balancer. Vous êtes bien aise de voir les petits garçons, et
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Pauline'. Parlez-moi d'eux et de la santé de Montgobert, qui m'est très-chère. * Monsieur et Madame sont à une de leurs terres, et iront (à l')autre'; tout leur train est avec eux. Le Roi ira les voir; mais je crois qu'il aura son train aussi. La dureté ne s'est point démentie 7 : trouvera-t-on encore des dupes sur la surface de la terre ? On attend les nouvelles d'une bataille à sept lieues de Commercy : M. de Lorraine voudroit bien la gagner au milieu de son pays, à la vue de ses villes; M. de Créquy voudroit bien ne la pas perdre, par la raison qu'une et une sont deux8 • Elles sont à deux lieues l'une de l'autre; non pas la rivière entre-deux, car M. de Lorraine l'a passée : je ne hais pas l'attente de cette nouvelle; le plus proche parent que j'y ai, c'est Boufflers'. Adieu, ma très-chère (bonne petite bonne) : profitez de vos réflexions et des miennes; aimez-moi, et ne me cachez point un si précieux trésor. Ne craignez point que la tendresse que j'ai pour vous me fasse du mal; c'est ma vie. * Croyez (aussi), ma bonne, que je suis très-parfaitement contente de (la vôtre); demandez à (monsieur) d'Hacqueville, nous en parlions hier : il trouva que j'étais persuadée de ce que je dois l'être. Le bien Bon vous salue. Le baron est toujours par voie et par chemin 10 • Pour ma bonne et très-chère.
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493 - A MADAME DE GRIGNAN A Paris, vendredi 188 juin [1677].
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pense aujourd'hui à vous, (ma bonne), comme étant à Lyon, arrivée d'hier au soir, assez fatiguée, ayant
peut-être besoin d'une saignée pour vous rafraîchir. Vous avez dû être incommodée par les chemins d'une incommodité très-incommode; j'espère que vous m'aurez mandé de vos nouvelles de Châlon, et que vous m'écrirez aussi de Lyon. La difficulté est de recevoir mes lettres; j'ai envoyé à la poste : on ne répond que des extravagances; je m'y en vais moi-même, et chercher
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des Grignans; car je ne puis vivre sans en avoir pied ou aile. J'irai au salut en ce quartier-là. Je passerai chez la marquise d'Uxelles et chez Mlle de Méri: enfin il me faut de vos nouvelles. Vous avez reçu des miennes à Châlon et à Lyon. Voici la seconde à Montélimar; et le plaisir de l'éloignement, c'est que vous rirez de me voir (encore) parler de Lyon et du voyage: cependant j'en suis encore là aujourd'hui; mais pour me transporter tout d'un coup au temps présent, comment vous portez-vous (ma bonne) dans votre château ? Le Rhône vous a-t-il portée a la seconda 1 ? Avez-vous trouvé vos jolis enfants dignes de vous amuser ? Votre santé est-elle comme je la desire ? Les jours passent, (ma chère bonne), comme vous dites; et au lieu d'en être fâchée comme je la suis quand vous êtes ici, je leur prête la main pour aller plus vite, et je consens de tout mon cœur à leur rapidité, jusqu'à ce que nous soyons ensemble. Je me fie à La Garde pour vous mander les nouvelles, et le dégoût qu'a eu Mérinville2 • On l'a trouvé (un) paresseux, un homme haïssant le métier, ce qui s'appelle le contraire d'un bon officier. ~•a-t-on fait ? On a taxé sa charge, achetée quarante-cinq mille écus, à cent mille francs, et il a été obligé de prendre pour la moitié la charge de Villarceaux•. Sa femme a crié aux pieds du Roi : il lui a dit que ce n'étoit pas aussi pour lui faire plaisir qu'on l'ôtoit du service. On va chez M. de Louvois : il dit que le Roi remercie des services à venir; qu'il est content des passés, et qu'il n'en veut plus de cette sorte; enfin la mortification est complète, et fait voir qu'il n'y a plus de péché mortel présentement qui soit si sévèrement puni que celui de paresse : il y a des accommodements à tous les autres; à celui-là point de pardon. Le bel abbé vous contera comme on a encore soupçonné nos pauvres frèrest de vouloir ravauder quelque chose à Rome sur le relâchement', et comme ils ont été repoussés, et l'ordre qu'on a donné à tous les évêques de ne point entrer dans cette pensée : ils l'ont tous promis, et fa probabilité est une des moindres opinions qui va s'établir. Je vous quitte pour aller faire un tour de ville.
* J'ai été à la poste, ma bonne. Je n'y ai point trouvé de vos lettres. J'ai pris des mesures pour les avoir plus
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tôt qu'à l'ordinaire. On ne veut pas que je sois en peine de n'avoir pas reçu celle que vous m'avez écrite de Châlon. Dieu me donnera la paix du cœur, quand il lui plaira, sur votre chapitre; je l'en conjure de toute mon âme; cette tranquillité ne me peut venir que par le meilleur état de votre santé. * Me voilà de retour. J'ai entendu le salut avec la bonne marquise d'Uxelles; je voulais voir ensuite Mlle de Méri; elle (est) allée avec Mme de Moreuil•. J'ai été chercher des Grignans, car il m'en fallait. Le Coadjuteur venait de r.artir pour venir ici; j'ai recouru après lui, et le voilà; il vous écrit. Je vous conjure, ma fille, si vous m'aimez, de ne point loger dans votre appartement à Grignan; le Coadjuteur dit que le four est sous votre lit; je connais celui qui est au-dessus; de sorte que si vous ne vous tirez de tous ces fours, vous serez plus échauffée que vous ne l'étiez ici : contentez-moi là-dessus. J'ai appris que le Roi fut à Saint-Cloud; il était seul, et la belle7 était au lit. On vous mandera si les dames ne furent pas le trouver; je n'en ai rien ouï dire jusqu'à présent. * Adieu, ma très-chère et très-aimable. Si je vous disais toutes les tendresses que j'ai pour vous, ma lettre serait trop longue et vous me gronderiez. Monsieur le Comte, dites-moi un mot et souffrez que je vous embrasse.*
* DE
MONSIEUR [JEAN-BAPTISTE DE GRIGNAN, COADJUTEUR D'ARLES]
J'arrive des plus grands emplois de la guerre 8 • Je venais ici pour vous écrire amplement et vous demander de vos nouvelles. Mme de Sévigné me presse si fort qu'à peine ai-je le temps de vous dire que jamais personne n'y prendra tant d'intérêt que moi; et si, par bonheur, vous n'en étiez persuadée d'ailleurs, je serais inconsolable *·
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494 - A MADAME DE GRIGNAN A Paris, ce [mecredi] 23 8 juin [1677].
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été cinq jours, ma chère (bonne), sans avoir de vos lettres : ce temps m'a semblé rude et ennuyeux. Enfin j'ai reçu votre lettre de Chagny et de Châlon. (Vous aurez reçu des miennes dans cette dernière ville). Mon Dieu ! ma (bonne), que vous avez eu raison d'être (atiguée de cette montagne de la Rochepot 1 ! je la hais comme la mort : que de cahots ! et quelfe cruauté, qu'au mois de juin les chemins de Bourgogne soient impraticables ! * Je suis affiigée de la mauvaise santé de Montgobert: c'eAf une fille où j'ai mis mon amitié et ma confiance. * Vous me dites des merveilles de votre santé; (Dieu sait comme je la souhaite) ! Mais pourquoi M. de Grignan ne (me) dit-il pas un mot ? après de si cruelles journées, il falloit me rassurer. La Saône vous aura été d'un grand secours avec sa tranquillité. * Ma chère enfant, que vous m'êtes chère, et que mon cœur eAf vif et tendre pour vous ! Je voudrois que vous vissiez comme on me crie en rentrant ici : « Il y a des lettres de Madame la Comtesse ! » Tous mes gens sont bien inAfruits de ce qui me tient au cœur. Vous les nommez tous, vous faites fort bien, il n'y en a pas un qui ne soit plus à vous qu'à moi. * (Hélas ! vous vous souvenez) de cet adieu triAfe et cruel que nous fîmes dans ces champs ? Il eAf encore bien présent à mon imagination, et je ne puis y tourner ma pensée sans me retrouver quasi au même état : ceux qui demeurent ont leurs maux, et tous les endroits où l'on a vu ce que l'on regrette, sont marqués bien triAfement, quoi qu'on se puisse dire pour se consoler. Je prends de l'espérance tout autant que je puis; votre santé, ma (bonne, c')eAf un des fondements sur lesquels je l'appuie: vous savez les autres. La fatigue et la longueur des voyages me font une peine incroyable. Ne parlons plus de Vichy, à moins que vous ayez besoin d'un dragon à point nommé : je ne sais ce que j'aurois fait, si j'avois entrepris ce voyage, voyant la quantité (de petites) affaires que j'ai ici; je n'y pensois pas quand je vous 'AI
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avois; enfin je n'ai pas encore pu aller à Livry. Mme de La Fayette est revenue de Saint-Maur fort malade; sa fièvre est augmentée, avec une colique dans les boyaux très-sensible (et qui lui fait faire du sang) : elle a été saignée; si sa fièvre augmentoit, elle ne seroit pas longtemps malade : ses amis sont occupés de ce nouveau mal. Monsieur le Duc fait des merveilles : il me sera aisé de lui faire (mes) plaintes de ces diantres de chemins 2 • Je laisse à mon fils (à) répondre sur le poëme épique et sur les bonnes leB:ures que vous faites. Je ferai vos compliments à tous ceux que vous nommez; ce sont des souvenirs précieux. La Tarente (se veut pendre) de ne vous avoir plus trouvée; dites-m'en un mot, et de la bonne Marbeuf, qui vous adore parce que je vous aime. J'envoie avec plaisir vos petits billets. Le Coadjuteur vous dira comme son compliment extraordinaire au Roi a bien réussi, et comme il peut demeurer ici tant qu'il (voudra)3 • L'abbé de Grignan chasse les autres, en attendant qu'on le chasse quelque jour. L'abbé de Noailles n'a point voulu de l'évêché de Mende' : le père et la mère disent que (c')est leur consolation, que cet éloignement les tue; eh bien ! on leur en donnera un plus proche. Pour moi, j'eusse pris pour une vocation ce qui me serait venu sans le demander; ils sont bons et sages. Nous avons dîné chez M. d'Harouys, le cardinal d'Estrées, la case de Brancas5, Mmes d'Uxelles, de Coulanges et moi. Vous ne fûtes point du tout oubliée : le maître du logis est reconnoissant de votre souvenir. J'ai dit des douceurs à la Gargan. Dites un (demi-)mot à cette bonne d'Escars, qui se met si bien en pièces quand il est question de vous servir : je vous tourmente, mais c'est que je n'aime point qu'on se plaigne de ma fille. Ne me grondez point.
(Réponse à la lettre d11 bateau:,. Ma très-chère : je n'écris point mes lettres tout d'une haleine; je les reprends; et bien loin de me donner de la peine, c'est mon unique plaisir. Voilà où l'absence nous réduit : écrire et recevoir des lettres, (voilà tout), voilà ce qui tient la place (de voir et de jouir) de la vue et de la société d'une personne qu'on aime plus que soi-
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même. Vous m'avez écrit de votre bateau et de Thézé (ma chère bonne)6 ; vous pensez à moi partout, (et je reçois sans cesse de nouvelles marques de votre véritable et sincère amitié). Du moins, je ne vous fais pas d'injustice sur la reconnaissance et la sensibilité que j'en dois avoir. J'avais bien pensé que vous seriez incommodée pendant votre voyage : le bateau est venu tout à propos. J'approuve vos résolutions de préférer toujours l'eau à la terre; mais n'allez pas pour cela vous embarquer au voyage des Sevarambes : je ne vous en trouve pas trop éloignée'. Je vous remercie de la fable de la Mouche; elle est divine : on ne trouve en son chemin que des occasions de penser à elle : oh, que je fai4 de poudre! Eh! mon Dieu, que cela est plaisant ! la Gi/lette ne doute point que ce ne soit elle qui fasse le tourbillon. Il y en a d'autres qui ressemblent à cette autre Mouche de La Fontaine, et qui pensent toujours avoir tout fait : (elle était sur un chariot embourbé et voltigeait fort pendant qu'on le tirait d'affaires. Q.!!and ce fut fait, elle s'en vint toute échauffée. J'ai tant fait que nos gens sont enfin dans la plaine);
on trouve à tout moment de quoi faire ces applications•. * Mais enfin, ma bonne, parlons de votre santé. Vous me dites que vous vous portez mieux. Puis-je le croire sur votre parole, vous, ma bonne, qui ne pensez qu'à me dire tout ce qui me peut consoler ? Vous savez ce que m'est votre santé; puis-je m'imaginer que jamais vous me disiez autres choses que des merveilles ? M. de Grignan ne songe plus guère à moi, en s'éloignant; il oublie mes douleurs et mes craintes; la pauvre Mongo est malade; c'est donc vous qu'il faut que je croie; c'est à Dieu qu'il faut que je recommande cette santé qui m'est si intime et si chère 1 Je voudrais, ma bonne, que vous écrivissiez moins, et que vous ôtassiez de votre esprit les soins• de ma santé : vous ne la sauriez souhaiter meilleure qu'elle est. * Vos instruétions du Mont-d'Or sont un peu extrêmes : à moins que d'être paralytique, on ne hasarde pas un bain de cette horrible chaleur; et pour guérir des mains qui ne sont de nulle conséquence, on gâterait toute une santé et une machine qui se porte parfaitement bien.
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Je vous (envoirai) l'avis de M. Vesou 10 : soyez en repos, ma (bonne), et croyez que pour l'amour de vous, je ferai tout ce que l'on m'ordonnera. * Je ne trouve point mon écriture méchante. QEand j'écris mal, c'est bien souvent la faute (de) plumes. Enfin, ma bonne, j'en reviens toujours là : plût à Dieu (et) plût à Dieu que vous vous portassiez aussi bien que moi ! * Vous allez donc, cherchant toujours mes lettres, jusques à Grignan. Je vous crois ce soir à Valence : si (je) compte juste, (vous le savez); vous aurez eu mes lettres de Lyon : (je vous les avais adressées chez le chamarier 11 • En voilà déjà beaucoup à Montélimar). J'ai vu de quelle sorte vous me recommandez à M. de La Garde; il en fait très-bien son devoir, parce qu'il sait que vous m'aimez, et que c'est vous faire plaisir : vous m'en faites beaucoup à moi. Je ne puis être longtemps sans quelque Grignan; je les cherche, je les veux, l"'en ai besoin. Ils vous disent toutes les nouvelles. La be le Isü est au Bouchet 12 : le repos de la solitude lui plaît davantage que la Cour (ou) Paris. Elle passa une nuit dans les champs, en faisant ce petit voyage, par un carrosse rompu, et tout ce qui arrive quand on est en malheur. Le petit garçon 11 vous répondra sur ma santé; vraiment, ma (bonne), il a bien d'autres affaires qu'à me mitonner : rien n'est si occupé qu'un homme qui n'est point amoureux; il représente en cinq ou six endroits, quel martyre ! Ne me grondez point (de voir ma) lettre si longue : ce n'est pas l'ouvrage d'un soir, ma chère (bonne); que puis-je faire qui me touche davantage? (Je ne dis rien à M. l' Archevêque). * J'embrasse la bonne Montgobert, je suis en peine d'elle. Madelon n'est-elle pas toujours la meilleure fille du monde? Mandez-moi quel régime vous garderez, et si l'eau de poulet ne vous est pas aussi bonne qu'à toutes celles qui s'en trouvent parfaitement bien. Adieu, ma très-chère et très-bonne. QEelque soin que j'aie de gouverner mon imagination, elle me fait des peintures bien tristes; mais il faut fortement détourner sa pensée, et songer que vous reviendrez avec plus de santé que vous n'en avez emporté. Du moins je l'espère et le souhaite plus que nulle autre chose au monde. * Mme de La Fayette se porte mieux. Mme de Schomberg vous dit cent mille amitiés.
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495 - A MADAME DE GRIGNAN A Paris, vendredi 25• juin [1677).
êtes à Grignan, ma fille. Le chaud, l'air, la bise, V ousle Rhône : premièrement, tout cela vous a-t-il été favorable? Je vous demande ensuite des nouvelles du petit marquis et de Pauline. Je serai satisfaite sur toutes ces questions avant que vous receviez cette lettre; mais il est impossible de ne pas dire ce que l'on pense dans le moment qu'on écrit, quoiqu'on en connaisse l'inutilité. Je suis fort contente des soins de tous vos Grignans : je les aime, et leurs amitiés me sont nécessaires par d'autres raisons encore que par leur mérite. M. de La Garde n'a pas balancé à croire que c'est moi, plutôt que Mme Gargan, que vous lui recommandez dans cette rue. Je fus hier, avec Mme de Coulanges, au Palais-Royal : oh, que je faù de poudre! n'est-ce pas une de vos applications? elle est fort juste et fort pfaisante. Nous fûmes très-bien reçues. Monsieur étoit chagrin, et ne parla qu'à moi, à cause de vous et des eaux. Madame me fit des merveilles d'abord; mais quand l'abbé de Chavigny fut entré1, mon étoile pâlit visiblement : je dirois volontiers sur cet abbé comme les laquais : « Il faut qu'il ait de la corde de pendu. ,, La duchesse de Valentinois 2 est favorite de Madame; elle n'en met pas plus grand pot au feu pour l'esprit ni pour la conversation. Je regardais cette chambre et ces places de faveur, si bien remplies autrefois. Mme la princesse de Tarente étoit auprès de Madame; elles avaient eu de grandes conférences : le petit de Grignan profiterait beaucoup à les entendre•. Ma fille, je me porte très-bien, et je dirai toujours :