Les Romains en Wallonie [1 ed.] 2873865164, 9782873865160


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French Pages 624 [626] Year 2009

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Les Romains en Wallonie [1 ed.]
 2873865164, 9782873865160

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LES R O M A IN S Raymond Brulet

EN WALLONIE

Sous la direction de

Raymond Brulet

LES R O M A IN S EN WALLONIE

Préface de Jean-Claude Marcourt

C et ouvrage a é té publié avec le soutien d e l'Institut du Patrim oine wallon e t de la C o m m u n au té française de Belgique, Service du Patrim oine culturel. Il a bénéficié, en outre, de l'appui d o cu m en taire de la Région w allonne, Direction de l'Archéologie.

Toutes reproductions ou a d ap tatio n s d 'u n extrait quelco n q u e d e ce livre, par q uelque procédé q u e ce soit, réservées p o u r to u s pays.

© Éditions Racine, 2 008 52, rue Defacqz • B-1050 Bruxelles w w w .racine.be D. 2008, 6852. 41 D épôt légal : d écem b re 2008 ISBN 978-2-87386-516-0 Im prim é en Belgique

Préface

La Wallonie est terre d'ouverture et de brassage de cultures. L'identité forte ne s'y oppose pas aux idées venues d'ailleurs mais au contraire s'en nourrit. Cela fait partie intégrante de notre façon de vivre: est de Wallonie qui vit en Wallonie. À la lecture de ce passionnant ouvrage, on s'aperçoit que cette qualité des Wallonnes et des Wallons n'est pas seulem ent le fait des flux migratoires consécutifs à la révolution industrielle mais qu'elle puise ses racines bien plus loin dans notre histoire, au temps de nos ancêtres les Gaulois, comme l'enseignaient les vieux manuels scolaires. Cette plongée dans le passé m ontre aussi que la culture et l'économ ie, que certains veulent à tout prix isoler l'une de l'autre, sont au contraire intim em ent liées. Que l'expression de l'une rejaillit sur l'autre. Que c'est le dynamisme de l'une et l'autre qui fondent l'alchim ie d'une société. Les Romains de Belgique nous ont laissé leur langue, bien sûr, mais ils nous ont aussi légué des outils, des instrum ents, des méthodes, des principes d'organisation de la société. Malgré les siècles écoulés, malgré la succession des puissances dom inantes, malgré l'accélération de l'histoire, les Romains ont façonné de manière déterm inante notre mode de vie et de pensée. Au fil des sites gallo-romains de Wallonie, au fil des traces de la présence romaine en Wallonie, c'est en réalité à un voyage initiatique que nous invitent les auteurs. Un voyage au terme duquel on constate toute la relativité du temps: 2000 ans, c'est si proche et si loin à la fois. Jean-Claude Marcourt Ministre du Patrim oine

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LA METAMORPHOSE D'UN TERRITOIRE EN GAULE DU NORD: ACCULTURATION OU INTÉGRATION À L'EMPIRE ROMAIN? par Raymond Brulet

Introduction

LES ENJEUX D 'U N TERRITOIRE

La terre wallonne doit être considérée comme une marge de la frontière romaine. Elle constitue un arrière-pays à la zone frontalière dont les ressources seront inévitablement sollicitées tout au long de l'his­ toire romaine. Le couloir rhénan est marqué par une grande prospérité qui résulte de la présence de l'ar­ mée, des nombreuses villes qu'elle contribue à fon­ der, du commerce extensif que le trafic fluvial encourage. Le Rhin sert de limite d'Empire, mais la notion de frontière elle-même ne revêt qu'un sens très imprécis, sous le Principat. D'ailleurs, la vallée rhénane est plus une terre de contacts et d'échanges qu'une barrière défensive dont l'utilité n'a guère été pertinente avant le milieu du me siècle. Au Bas-Empire, le concept de frontière change. Les districts territoriaux, placés sous le commandement d'un Duc, doivent être organisés de façon telle à assurer la protection de l'intérieur du territoire, notamment parce qu'ils sont soumis à la pression des peuples germaniques. Les terres wallonnes font partie de quelques entités administratives, situées légèrement en retrait par rap­ port à la frontière, qui ont pour nom les cités des Ménapiens, des Nerviens, des Tongres et des Trévires. Cet éloignement relatif n'a pas encouragé la fonda­ tion de villes très nombreuses et le hasard de la géo­ graphie moderne a fait que les capitales régionales de l'Antiquité ne se trouvent pas sur notre sol, comme c'est le cas pour Cassel, Bavay, Tongres et Trêves. À l'inverse, les agglomérations de petite et moyenne importance y ont trouvé une terre d'élection privilé­ giée; elles participeront au développement écono­ mique du nord de la Gaule, au sein d'un réseau particulièrement dense. Les campagnes ne sont pas en reste puisqu'on y situe un phénomène que d'aucuns appellent un «paysage de villas», par opposition à l'as­ pect davantage indigène qui est représenté par les zones plus septentrionales. De fait, la terre est riche et propice aux cultures extensives, ou contrastée, autorisant de maintenir un juste équilibre dans les productions, entre élevage et agriculture et dans le développement d'autres activités du secteur primaire. Lorsque Jules César s'est emparé de nos territoires, il ne pouvait pas prévoir leur devenir aux plans écono­ mique et socio-culturel. En réalité, le chemin vers le succès est rythmé d'étapes longues et fastidieuses. Toute colonisation doit s'appuyer sur le substrat exis­

tant et tenir compte de ses résistances et de ses valeurs propres. Métamorphoser un territoire est une opéra­ tion qui se construit grâce à une volonté politique forte et avec des soutiens locaux. Proposer un nou­ veau mode de vie et façonner une mentalité nouvelle constituent une gageure, sauf à croire que le vaincu ait été rapidement enclin à «devenir Romain», de sa pro­ pre initiative. Le processus de la Romanisation est dis­ cuté dans les cénacles d'historiens. Se présente-t-il comme une assimilation ou une intégration des peu­ ples conquis à l'Empire romain, comme une fusion entre deux cultures, comme une acculturation?

HISTORIOGRAPHIE GALLO-ROMAINE Jean Lemaire de Belges (1473-1524) fait figure de pré­ curseur, dès la fin du Moyen-Âge, dans l'évocation de l'histoire ancienne. On lui doit un ouvrage consacré à l'illustration des Gaules qui n'est toutefois qu'une large fresque mythique. Dans un autre ouvrage, dénommé Anciennes pompes funeralles, il est même question de la description de fouilles archéologiques conduites en 1507. Le site est un tumulus localisé à Zaventem, à chambre carrée et coupole, qui fut démantelé en pré­ sence de Charles Quint, enfant.1 Un certain intérêt pour les sites et découvertes archéologiques commence à poindre au xviie siècle, avec Jean-Jacques Chifflet, notamment, non seulement parce qu'il a édité le célèbre ouvrage en rapport avec la découverte de la sépulture de Childéric à Tournai, mais aussi parce qu'il a laissé une notice descriptive et un schéma du tumulus de Billemont à Antoing. Lors des campagnes militaires de Louis XIV, il fut procédé à l'établissement de cartes sur lesquelles se trouvaient localisés les tumulus hesbignons, dont un certain nom­ bre ont été victimes de pillages de la part des armées françaises. À la fin du xvine siècle, le gouverneur des Pays-Bas saccage une partie du mur d'enceinte antique de la ville d'Arlon. Le souvenir des sculptures et des ins­ criptions disparues d'Arlon est toutefois conservé par les dessins exécutés par les frères Wiltheim.2 Le xixe siècle est d'abord caractérisé par la réalisation de répertoires archéologiques, comme ceux de J. de Bast (1808) et de A.G.B. Schayes (1858-1877).3

1 Page précédente: Joseph Mertens à Buzenol, devant la reconstitution du vallus trévire, en 1962 (2e à droite de la photo).

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Le fait marquant qui s'inscrit au milieu et dans la seconde moitié du xixe siècle est la création de socié­ tés savantes, promptes à lancer de grands programmes de fouilles afin de meubler les vitrines des musées qu'elles portent en même temps sur les fonts baptis­ maux. Elles s'appellent sociétés archéologiques; les plus anciennes sont celles de Namur (1845), Arlon (1847), Liège (1856), Charleroi (1863); beaucoup d'autres viendront par la suite. Dans la mesure où les rapports de fouilles sont régulièrement publiés dans leurs organes scientifiques respectifs, toute notre information dépend, pour cette période, presque exclusivement de leurs fouilles. Il faut dire que l'acti­ vité déployée par des chercheurs tels que Eugène del Marmol et Alfred Bequet en namurois, le comte Georges de Looz dans la région liégeoise, Joseph Kaisin à Charleroi, est très prolifique. C'est à eux que l'on doit notre connaissance des sites ruraux parmi les plus célèbres en Wallonie, comme ceux de Anthée, Jemelle, Mettet, Rognée ou de riches nécropoles, comme celles de Berzée, Flavion, Furfooz et Éprave. Les fouilles d’initiative gouvernementale sont rares à cette époque, mais on ne peut oublier l'action de Henri Schuermans.4 Au tournant du siècle, le premier Service des Fouilles voit le jour au sein des Musées royaux d'Art et d'Histoire à Bruxelles (1903). Le baron Alfred de Loë et surtout Edmond Rahir sillonnent le pays et procèdent

à des interventions limitées, notamment à Buzenol, Houdeng-Goegnies, Lustin, Saint-Mard, Vellereilleles-Brayeux. Lorsque E. Rahir succède à A. de Loë en 1925, il peut préparer un bilan de l'action entreprise, suivi par la publication en 1937 d'un catalogue rai­ sonné de la section Belgique ancienne du musée de Bruxelles.5 Au début du xxe siècle, l'activité des sociétés archéo­ logiques marque le pas. C'est l'heure des synthèses historiques, dont la plus pénétrante est de la plume de Franz Cumont qui s'interroge sur la manière dont la Belgique a été romanisée (1914). On note aussi des synthèses de niveau régional comme celle de J.-E. Demarteau sur l'Ardenne belgo-romaine (1911).6 Vient ensuite Jacques Breuer, connu pour son intui­ tion, dont le rayonnement s'est traduit, en 1946, par l'édition d'un petit opuscule sur la Belgique romaine. Il n'a, hélas, à sa disposition qu'une équipe de recher­ che assez modeste.7 Après la seconde guerre mondiale, l'institution se mue en Service des Fouilles de l'État, qui deviendra autonome en 1963, comme établissement scienti­ fique propre. Sous l'impulsion de Héli Roosens, son directeur, les chantiers archéologiques, bien que par­ fois liés à des situations d'urgence, répondent avant tout à la catégorie des fouilles de programme, qui ont le mérite d'être rapidement publiées, au sein de la célèbre collection des Archaeologia Belgica, totalisant

2 Alfred Bequet (1826-1912) succède à Eugène del Marmol comme Président de la Société archéologique de Namur en 1898. 3 Les fouilles de la Place Saint-Lambert à Liège en 1907.

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4 Jacques Breuer (revêtu d'une cape) à Brunehaut-Ubercbies, en 1931, sur le mur de la courtine du castellum. 5 Heli Roosens à Fontaine-Valmont, en 1959, au pied d'une tourelle en bois servant à la prise de vues verticales sur les fouilles carroyées de Germaine Faider-Feytmans. 6 Léonce Demarez en 1960, à Blicquy, devant un four de potier particulièrement bien conservé.

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plus de deux cent cinquante fascicules. Beaucoup de sites parmi les plus célèbres, comme Arlon, Tournai, Buzenol, Florenville (Chameleux), Saint-Mard sont analysés de manière exemplaire par Joseph Mertens, qui peut être considéré comme le père de l'archéolo­ gie gallo-romaine dans notre pays. D'autres établis­ sements scientifiques dont les centres universitaires, les Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles et le Musée royal de Mariemont engagent aussi des recherches de terrain. Dans ce dernier cas, c'est le site religieux de Fontaine-Valmont qui retient l'attention toute spéciale de Germaine Faider-Feytmans. À partir de ce moment, on ne compte plus les initia­ tives de nature à donner ses lettres de noblesse à l'archéologie gallo-romaine. Elles débutent par la réa­ lisation de cartes archéologiques et d'inventaires, qui se poursuivent encore aujourd'hui.8 On enregistre l'étude ponctuelle mais exemplaire de quelques sites particuliers d'un grand intérêt.9 C'est aussi l'heure de la production de quelques synthèses générales10 et d'études liées à une problématique de recherche pré­ cise, comme par exemple celles que André Dasnoy a consacré à l'Antiquité tardive.11 Un renouvellement marque aussi les sociétés d'ar­ chéologie qui fleurissent un peu partout dans la région; elles ont une vie très active sur le terrain. C'est aux associations de bénévoles ou à des archéologues privés que l'on doit un certain nombre de découvertes majeures en Région wallonne, à Tournai (Marcel Amand), à Liberchies (Pierre Claes), à Amay et Clavier, Vervoz (Jacques Willems). Dans le sillage de ce nou­ veau dynamisme imprimé à l'archéologie de terrain,

le moment est aussi venu de s'intéresser à la prospec­ tion, dont l’artisan le plus connu, ayant œuvré dans le Hainaut occidental, n'est autre que Léonce Demarez. Avec Charles Leva, la détection aérienne est érigée au rang de discipline scientifique. Ces associations sont par la suite stimulées par la fondation d'une fédéra­ tion wallonne.12 La confrontation des préoccupations archéolo­ giques avec celles bien contemporaines de l'urba­ nisme et de l'aménagement du territoire, tellement redoutée, finit par venir sur le tapis. La première alerte d'importance vise Liège et la place Saint-Lambert. D'autres difficultés seront enregistrées lors du creuse­ ment d'un canal, à Pommerœul. Les menaces se pré­ cisent un peu partout, mais les réponses n'offrent que des solutions limitées, dans un contexte où le patri­ moine demeure alors encore mal protégé. Après 1988, la compétence sur l'Archéologie est dé­ volue aux entités fédérées, ce qui aboutit finalement, en Région wallonne, en l'instauration d'un nouveau Service de l'Archéologie, au sein de la Division du Patrimoine, intégrée à l'aménagement du territoire, plutôt qu'à un Ministère de la Culture, comme c’est souvent le cas, à l'étranger. L'archéologie de programme n'est pas mise à mal pour autant; elle est poursuivie, grâce à des pro­ grammes pluri-annuels, sur des sites ou des théma­ tiques importantes.13 L'archéologie préventive fait une entrée remarquée à partir de 1988, dans le concert des actions de terrain. Les sollicitations deviennent tout à coup nombreuses : revitalisation des centres anciens urbains, zones

7 Fouilles en grand dégagement dans l'agglomération de Clavier, Vervoz: le complexe thermal (1956). 8 Vue aérienne ayant permis la découverte et la localisation du temple et de l'hémicycle du site-sanctuaire de Blicquy, Ville d'Anderlecht, en été 1976, année de grande sécheresse.

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11 Carte des grands sites archéologiques d'époque gallo-romaine en Wallonie, ayant fait l'objet de découvertes exceptionnelles ou de programmes de recherches de longue durée. Cortil-Noirmont (4) Glimes (5) Grand-Rosière-Hottomont (17) Basse-Wavre (19) Antoing (23) Meslin-L'Évêque (26) Pommerœul (31) Blicquy, Camp romain (58) Blicquy, Ville d'Anderlecht (59) Fontaine-Valmont (60) Liberchies, Bons-Villers (65) Liberchies, Brunehaut (66) Tournai (74) Amay (76) Braives (82) Clavier, Vervoz (87) Herstal (100) Liège (105) Haccourt (110) Theux (11 7)

Arlon (127) (128) Buzenol (136) Florenville (140) Habay-la-Vieille (147) Saint-Mard (163) Virton (165) Furfooz (175) Matagne (les) (176-177) Sauvenière (182) Hamois (185) Emptinne (186) Mettet (188) Namur (192) Anthée (197) Éprave (204)

Jemelle (205) Dourbes (207) Treignes (209) Rognée (212)

9 Les fouilles d'urgence de l'agglomération portuaire de Pommerœul en 1975, au milieu du canal en cours de creusement. À droite, joseph Mertens. 10 L'archéologie préventive moderne, dégagement extensif d'un site archéologique gallo-romain sur le tracé du TGV occidental par la Direction de l'Archéologie en Région wallonne: la villa de Bruyelle.

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urbaines en extension, nouveaux tracés ferroviaires, création de zones industrielles. Sans être dotée de toutes les garanties qui lui per­ mettent de fonctionner normalement, l'archéologie préventive permet de changer la vision des choses. Sur les sites reconnus depuis longtemps, on appréhende autrement les vestiges archéologiques. Sur les zones inconnues, la vue en aire ouverte permet de s'attaquer à des problématiques jusque là inaccessibles: la re­ constitution des paysages, la compréhension de grands ensembles construits. En ville, comme à Namur, qui mérite d'être citée en exemple, l'archéologie préven­ tive fournit la clé de l'accès à la connaissance de l'évo­ lution de la topographie urbaine.14 Les outils de travail nouvellement mis en oeuvre et la place qui est faite à l'archéologie paléoenvironne­ mentale viennent confirmer aujourd'hui le regain d'intérêt qui est porté à la période romaine dans notre région.15

LA ROMANISATION Assimilation, intégration, acculturation La Gaule est devenue davantage gallo-romaine que romaine. Qu'entend-t-on réellement par ce concept dont on voit à peu près bien ce qu'il représente mais dont les limites deviennent subitement floues dès qu'on tente de mieux le circonscrire? La «Romanisation» désigne un processus. A-t-il été engagé volontairement sous tous les angles? A-t-il été subi, ne fût-ce que d'une manière partielle? A-t-il fait l'objet de résistance? A-t-il été mené à son terme ou imparfaitement? Selon que l'on se place du côté du vainqueur ou du vaincu, la perception de ce processus sera forcément différente. Prise à la lettre, la «Romanisation» correspondrait à un processus de transfert linéaire d'idées et de culture du centre du pouvoir vers les provinces conquises, dans lequel les communautés locales tendent à deve­ nir romaines, en dehors de toute possibilité d'échan­ ges mutuels. Derrière cette définition par trop radicale, se cachent nombre de jugements préconçus qui avaient cours en d'autres temps : l'action de Rome,

puissance colonisatrice, s'offre à nous comme un modèle. Il suffit de considérer que la civilisation romaine est a priori meilleure que celle dont les socié­ tés indigènes sont dotées. Au tournant des xixe et xxe siècles, on n'est pas loin de promouvoir l'idée du triomphe de la culture classique sur les autres, car le progrès est une valeur qui en cache une autre, à cette époque: l'impérialisme. Il est incontournable dès le moment où il sous-tend une mission de civilisation. La tentation était donc grande de confondre romani­ sation avec l'action de civiliser, dénommée humanitas, qui vise comme objectif premier l'assimilation. L'assimilation des peuples conquis, qui suppose une perte totale d'identité, n'a pas eu lieu. En revanche, le concept de l'intégration offre plus d'intérêt. Il cor­ respond à une situation de maintien de son identité culturelle, dans un environnement qui affiche claire­ ment son obédience aux valeurs de la culture domi­ nante. Ce fut le cas, au moins partiellement, en Gaule. Mais cette vision de l'évolution du monde romain fait l'impasse sur la dynamique des peuples et des menta­ lités. La fusion des cultures romaine et gauloise a été conduite plus avant. Elle a dû aboutir à ce qu'on appelle le phénomène de l'acculturation. Il résulte du contact étroit et permanent entre deux cultures d'ori­ gine différente et débouche sur un produit de syn­ thèse original. S'il n'y a pas d'uniformisation dans la manière de «romaniser» les peuples conquis, il n'y a pas davantage de situation figée dans le phénomène de l'accul­ turation. Il se perçoit comme un mouvement continu, il n'atteindra pas des résultats identiques aux pério­ des augustéenne, flavienne et sévérienne. Il n'aura pas les mêmes caractères dans toutes les provinces de l'Empire.16

12 Les agglomérations gallo-romaines sont dotées de maisons allongées qui répondent à un plan stéréotypé pour ce genre d'habitat groupé: modélisation de l'architecture d'un vicus routier.

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Un concept controversé S'agissant d'évaluer le sens que l'on peut donner au concept de la «Romanisation», les historiens moder­ nes s'affichent bien souvent comme dépendants de l'époque ou du milieu dans lequel ils ont vécu. Ainsi en a-t-il été au xixe siècle pour Theodor Mommsen dont les idées ont influencé Camile Jullian. Au sein de l'école anglaise, c'est Francis Haverfield, en 1905, qui ouvre le débat. Pour lui, la Romanisation correspond à un processus par lequel les provinces romaines entrent dans la civilisation. C'est aussi un modèle de changement culturel provincial: les étrangers se voient donné une nouvelle langue, un art, une reli­ gion, un mode de vie urbain et une culture matérielle. Il y a derrière cela un objectif politique: mouler les divers peuples soumis à l'image de la métropole en créant de nouveaux Romains. Pour être en accord avec cette théorie, il faut mettre l'accent sur l'homogénéi­ sation culturelle qui représente le but de Rome plutôt que sur le développement de différences culturelles. On convient toutefois d'admettre que la Romani­ sation a pu être favorisée ou retardée en vertu de la qualité des structures politiques et économiques diffé­ rentes rencontrées dans les provinces. Dans les années trente du xxe siècle, une autre approche est proposée par R.G. Collingwood (1932). Le terme de fusion entre en jeu. Pour la GrandeBretagne, il atteste d'une civilisation mixte «romanobritannique ». Mais la fusion n'est pas réalisée de la même manière dans tous les secteurs. Il distingue la ville et les classes sociales supérieures d'une part et, d'autre part, les villages et les classes sociales pauvres. Dans ce dernier secteur, l'image de Rome est peu pré­ sente et s'il faut parler de civilisation fusionnée134

romano-celtique, la part de Rome n'y serait représen­ tée que par cinq pour cent. Entre 1970 et 1980, se développe l'école des «Natifs» qui se présente en rupture avec les conceptions tradi­ tionnelles. Pour quelques-uns, se dégage l'idée d'une résistance à la culture romaine, bien dessinée par exemple pour l'Afrique du nord par Marcel Benabou. Une nuance est introduite par l'école anglaise, pour la Grande-Bretagne, où la majorité des Bretons ne se considèrent de toute façon pas comme Romains, non par effet de résistance mais par ignorance de la culture romaine. Dans les années nonante du xxe siècle, Martin Millett fait retour à la thèse de Haverfield en la nuançant. Il réconcilie celle de Francis Haverfield et des «Natifs»: les provinces se donnent une civilisation nouvelle dans laquelle les populations indigènes jouent un rôle en acceptant ou en refusant la culture romaine, le moteur de ce processus étant clairement situé aux mains des élites autochtones. On compte sur l'émula­ tion, également présente dans les classes moyennes, mais on n'oublie pas que l'hétérogénéité des cultures provinciales peut dépendre davantage des situations antérieures que des choix postérieurs à la conquête. Avec ce chercheur, on met l'accent de manière sans doute un peu exagérée sur le rôle joué par les élites qui entrent en compétition parce qu'elle renforce leur position sociale. On espère sans en être convaincu que l'émulation, présente en milieu urbain, finit par gagner les classes sociales inférieures et les cam­ pagnes. L'aspiration à «devenir Romain» en Gaule est abor­ dée plus récemment par Greg Woolf dans un ouvrage célèbre (1998). Il perçoit la Romanisation comme une série de changements culturels qui ont aidé à créer

13 Le latin comme langue officielle: inscription funéraire de Sicinius et de sa famille à Namur (fin du Ie r siècle après J.-C.). 14 Le latin comme écriture cursive: inscription sur un mortier en terre sigillée, provenant d'un atelier argonnais (tne siècle après J.-C.). Le mortier est bien utilisé dans la cuisine romaine.

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une civilisation impériale dans laquelle à la fois les différences et les similitudes arrivent à propo­ ser un modèle cohérent. Le terme de «Romanisation» est car­ rément rejeté par Richard Hingley (2005). Il s'attaque au monde romain dont il globalise la culture, pour mieux opposer les caractères d'unité et de diversité qui le caractérise.17

Romanisation civile et acculturation sectorielle Un processus aussi complexe que celui de la Romani­ sation ne peut être correctement appréhendé que s'il est replacé dans une perspective spatio-temporelle et sectorielle. L'acculturation résulte d'un phénomène dyna­ mique dont les résultats sont largement imprévisibles, car la fusion entre deux cultures se construit tous les jours et de manière différente d'une région à l'autre et d'une époque à l'autre. Le nord de la Gaule, en parti­ culier, évolue dans une sphère régionale marginale à l'Empire, proche de nombreux peuples étrangers, où l'interculturalité est la norme, ce qui garantit le métis­ sage des cultures, la rapidité et la diversité des change­ ments. Pour ce qui regarde nos territoires, il reste à évaluer ce qu'une culture a apporté à l'autre et la manière dont les provinciaux conquis ont voulu vivre au dia­ pason des valeurs romaines. Qu'on documente ces questions au travers des sources littéraires, épigra­ phiques ou archéologiques, elle s’appréhende selon des perceptions très différentes. L'archéologie nous fournit les témoignages représentatifs d'une culture matérielle. Mais il s'agit alors pour le chercheur de dis­ criminer des traces et des objets, en repérant ceux qui sont des purs produits d'une culture autochtone ou d'une culture importée et ceux qui ressortissent à une polyculture, engendrée par des effets de synergie. Un examen des données sectorielles permet seul de répondre à ces questions. La Romanisation civile, eu égard aux institutions mises en place par le pouvoir romain, connaît un franc succès, y compris dans les franges septentriona-

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les de l'Empire. Dans cette perspective, on a beaucoup évoqué le phénomène de la provincialisation. En réa­ lité, les provinces comptent moins que les cités. L'État romain les reconnaît comme unités civiques et les organise autour d'une ville ou d'une colonie, qui contrôle un vaste territoire. Cette romanisation civile porte un nom: la municipalisation. Une certaine homogénéisation voit le jour, sans contredire la part d'autonomie qui est laissée à chaque entité, pour défi­ nir certaines compétences et certains choix, en matière de cultes par exemple. Retenons l'idée que, concernant les institutions municipales, il y a eu inté­ gration consciente et consentie de la part des popula­ tions locales.18 Le corollaire de la municipalisation est l'urbanisa­ tion. Si Rome joue un rôle central dans la diffusion du modèle de ville, les villes gallo-romaines se dévelop­ pent à leur propre rythme. On observe parfois des décalages entre le système urbanistique et l'habillage architectural des villes. L'émulation des élites les pousse à les embellir de manière un peu anarchique par rapport au modèle classique. À l'inverse du reste de la Gaule, le nord de celle-ci est peu concerné par le problème de la survivance de villes/oppida celtiques.19 La création des agglomérations secondaires résulte parfois de la volonté du pouvoir romain, notamment celles qui sont liées au réseau routier. Sans s'intégrer aux normes de l'urbanisme antique, elles sont ame­ nées à adopter assez rapidement les techniques de construction nouvelles et à servir de plate-forme au nouveau réseau économique gallo-romain. L'empreinte de Rome est d'ailleurs parfaitement claire lorsqu'il s'agit de considérer les grands travaux d'infrastructure, comme les routes, et la diffusion des techniques de construction: maîtrise de l'architecture de pierre, pièces chauffées par hypocauste, établisse­ ment thermal.20 La langue latine joue naturellement un rôle de pre­ mier plan dans le processus de la Romanisation. Elle prend un caractère officiel dans certaines circons­ tances, la cursive est représentée sur des documents mineurs. Mais, faute de preuves tangibles, la place occupée par la langue gauloise demeure malaisément quantifiable. L'onomastique peut venir à notre secours et témoigne de disparités. Les Nerviens et les peuples de Germanie Inférieure se distinguent de celui de la cité des Trévires qui connaît une onomastique plus

Le culte de la divinité égyptienne Isis est ici véhiculé en Gaule du nord, par exemple par une bague à intaille (ne siècle après J.-C.).

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mélangée d'éléments celtiques et d'éléments latins de constitution locale, ce qui est dû à leur passé histo­ rique. Dans les deux autres entités évoquées, les noms latins sont plus nombreux, avec peu d'assonances ger­ maniques.21 Le niveau de latinisation de nos régions et son rap­ port avec les classes sociales, fait penser qu'il existe une diversité des situations qui ne correspond pas à l'homogénéité institutionnelle. L'intégration sociale est une affaire également délicate à apprécier. On est mieux renseigné sur les élites, dont on peut évaluer le rôle dans la coopération avec le pouvoir romain et dans les actions d'évergétisme.22 La romanisation des cultes et la question de l'héri­ tage celtique est une question centrale. Des cultes pro­ prement romains existeront, il s'agit principalement du culte impérial. Pour le reste, on a souvent mis en avant le processus de Yinterprétatif), qui permet l'assi-

milation de certaines divinités indigènes avec les dieux romains. En réalité, on pense que, dans chaque cité, les magistrats ont choisi eux-mêmes les cultes principaux en puisant dans le panthéon indigène. Cette prétendue harmonie entre culture romaine et gauloise, si elle est bien réelle, ne tient pas compte du caractère dynamique et évolutif de la religion, comme la chose est normale dans tout polythéisme antique. Plutôt que de permanence des cultes, il faut les réétu­ dier dans le cadre de leur évolution à travers le temps. Enfin, pour illustrer la grande permissivité de Rome en la matière, il suffit de mesurer l'importance que peuvent prendre des cultes régionaux, tel celui d'Epona, mais aussi de voir l'accueil qui a été fait aux divinités orientales.23 En utilisant le témoignage infini des sources archéo­ logiques, on documente les questions de culture matérielle, qui plaident davantage en faveur de la théorie de l'acculturation. Ainsi en est-il des campagnes gallo-romaines. Elles ont été redessinées et redistribuées par le pouvoir romain. Elles sont émaillées de fermes et d'établisse­ ments ruraux très développés, qu'on appelle des villae. Le territoire wallon en renferme un très grand nombre, mais il est intéressant de noter qu'il se trouve à la limite d'une zone au-delà de laquelle, vers le nord,

16 Epona chevauchant un cheval, en amazone, représentée sur une sculpture du musée d'Arlon. Elle fait partie du répertoire des divinités ayant connu un succès populaire dans une sphère régionale. 17 Une organisation sophistiquée veille à la transmission du courrier et des plis officiels: boîtes à sceau en bronze, ornées de motifs émailllés. 18 Chez le drapier: bloc sculpté provenant de Buzenol, où l'on voit deux hommes tendant une pièce de tissu. Le personnage de droite est vêtu du célèbre manteau à capuchon (fin du IIe et début du ni* siècle).18

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LES ENJ EUX D ' U N TERRI TOI RE

s'étend un autre groupe d'exploitations rurales qui ne présentent plus les mêmes caractères sur les plans organisationnel, architectural et fonctionnel. La révolution lente qui aurait touché les campagnes, sous l'impulsion romaine, mérite d'être nuancée. Des transformations profondes affectent le monde rural dès La Tène finale, la nouvelle villa gallo-romaine innove surtout du point de vue de sa participation à une économie de marché, tandis que la ferme indivi­ duelle se maintient.24 Les sources archéologiques permettent aussi de toucher du doigt bien d'autres activités, comme la pro­ duction, le commerce et les biens de consommation.

L'artisanat gallo-romain se traduit par l'apport de tech­ niques nouvelles visant à la production extensive de biens manufacturés. La céramique, par exemple, connaît un essor exceptionnel et la vaisselle de qualité peut être commercialisée au loin. Dans un monde ouvert, les pratiques économiques insèrent nos régions septentrionales dans un réseau qui ne demande qu'à s'étoffer.25 Cette révolution de la consommation entraîne des attitudes nouvelles envers la mode, l'alimentation, la cuisine et les loisirs. L'un des faits les plus révélateurs des changements en cours nous est fourni par l'art de la table. S'il n'est pas aisé de quantifier ces mutations sur le plan de l'échelle sociale, les constatations archéologiques sont sans ambiguïté, parce qu'elles concernent toutes les catégories d'habitat. L'étude des céramiques met en évidence le recours à de nouvelles façons de préparer et de cuire la viande, avec le déve­ loppement de la cuisine mijotée au détriment du bouilli ou du grillé. Les mortiers, les bouilloires et les cruches font leur apparition. On sait ce qu'il en est des amphores reconnues sur les sites wallons en très grande quantité. Elles sont de provenance lointaine, mais ce type d'emballage pourra même être copié sous nos latitudes. Elles nous apportent le vin, l'huile et les sauces de poisson, ces deux derniers produits indiquant une cuisine et des mets nouveaux.26 Les populations gallo-romaines ont choisi l'intégra­ tion à l'Empire, sans renoncer à certaines des valeurs ancestrales, et ont subi, en retour, le phénomène de l'acculturation qui est propre à toute dynamique de l'Histoire.

19 Ensemble de chevilles osseuses de bœufs, accumulées dans une fosse, et pouvant être liées au travail de la corne, dans le complexe artisanal de Liberchies. 20 Variété de cruches dont l'usage est introduit par la culture romaine. 21 Les amphores correspondent à des emballages conservant un produit pouvant provenir de l'ensemble du monde romain. Ici une amphore d'Italie (a) et une amphore régionale (b), retrouvées sur des sites archéologiques wallons. L'amphore italienne à vin vient de l'Adriatique et a été retrouvée dans la villa de Froidmont.

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-58/51 Conquête de la Gaule -57 Guerre de Belgique Bataille de la Sambre Prise de Yoppidum des Aduatiques -54 Guerre d'Ambiorix Siège de Atuatuca, puis du camp de Quintus Cicéron -30/29 Soulèvement des Trévires -28 Guerre contre les Morins -12 Début des guerres germaniques -9 Mort de Drusus et interruption des opérations militaires

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La Gaule à Marc-Antoine Fondation de Lyon (colonie) -40 La Gaule à Octave -27 Auguste empereur -27/25 Séjour d'Auguste en Gaule -27/13 Les provinces: Belgique et districts militaires rhénans -19 Action d'Agrippa -16/13 Séjour d'Auguste en Gaule -15/10 Voie Bavay-Cologne, puis agglomérations routières -12 Autel de Drusus à Lyon

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Germanicus et opérations en Germanie 9 Désastre de Varus 14/16 Germanicus en Germanie 16 Arrêt des opérations en Germanie 21 Révoltes des Trévires (Florus et Sacrovir)

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Fondation de Cologne (colonie)

68-69 Guerre civile 69 Révolte de Civilis 70 Soulèvement de Classicus, Tutor et Sabinus 73-74 Conquête des Champs Décumates 84/85 Création de la province de Germanie Inférieure (+ civ. Tungrorum)

Pax romana Développement économique, urbanistique et architectural

162/174 Incursions germaniques

20

180

Soulèvement dans les provinces germaniques

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Bataille de Lyon

235/284 Période d'anarchie politique

253 Pressions barbares et premiers assauts

260/274 Empire gaulois autonome

270/280 Premières enceintes urbaines Premier système défensif de la voie Bavay-Cologne

293 Trêves, capitale impériale 297 Pressions barbares et premiers assauts

320/330 Second système défensif de la voie Bavay-Cologne

352 Grande invasion et destructions consécutives au déplacement de troupes par Magnence 358/359 Guerre de Belgique par Julien

350

Guerre civile entre Magnence et Constance 360 Installation de colonies barbares dans le nord de la Gaule 367 Trêves, à nouveau capitale impériale, sous Valentinien I et renforcement du limes

395 Partage entre un Empire d'Occident et d'Orient 406 Grande invasion dans toute la Gaule

425 Aetius en lutte contre les barbares 430 Installation durable des Francs en Gaule du nord

476 Fin de l'Empire d'Occident

481/482 Mort de Childéric à Tournai Au fil des siècles: les règnes principaux, les faits de guerre et de politique, entre 58 avant J.-C. (guerre des Gaules) et 481-482 après J.-C., année marquée par le décès de Childéric, qui suit de peu la chute de l'Empire romain d'Occident. En termes de chronologie, on s'appuie non seulement sur l'histoire événementielle rapportée par les écrits, mais aussi sur les découvertes archéologiques et notamment les monnaies qui se déclinent en périodes d'émissions monétaires (colonne 2) et sur la composition des ensembles archéologiques, au sein desquels figure souvent beaucoup de céramique, que l'on peut répartir en horizons chronologigues (colonne 5).

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Chapitre I

CONQUETE ET INTÉGRATION

23 La situation politique de la Gaule à l'époque de César Au-delà du territoire des provinces de Cisalpine et de Transalpine, se dessinent ceux de l'Aquitaine, de la Celtique et de la Belgique. Au sud-ouest du territoire occupé par les Belges, se trouve le Belgium de César, un espace politique spécifique. Localisation en Gaule des peuples les plus souvent cités en rapport avec les causes de l'intervention romaine: Helvètes, Séquanes, Éduens, Arvernes et Rèmes.

22 Page précédente: Aureus à l'effigie de Jules César frappé en 43 avant J.-C.

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C O N Q U Ê T E ET I NT É GR AT I ON I

LA GUERRE DES GAULES Les causes de l'intervention romaine Vers le milieu du Ier siècle avant notre ère, une menace sournoise plane sur le monde celtique. Quelques tri­ bus germaniques installées à l'est de la Gaule, sous la houlette de leur roi Arioviste, montrent une fâcheuse tendance à s'accaparer régulièrement des territoires placés sous le contrôle des Séquanes. D'une manière plus générale, les célèbres peuples de la Gaule cen­ trale, les Arvernes et les Éduens, nonobstant leurs propres rivalités, se trouvent aussi confrontés à la menace bien réelle de l'expansion germanique. La situation est décrite dans une supplique adressée aux Romains que César prête au druide éduen Diviciac: «Mais les Séquanes avaient eu plus de malheur dans leur victoire que les Éduens dans leur défaite, car Arioviste, roi des Germains, s'était établi dans leur pays et s'était emparé d'un tiers de leurs terres, qui sont les meilleures de toute la Gaule; et à présent il leur intimait l'ordre d'évacuer un autre tiers, pour la raison que peu de mois auparavant vingt-quatre mille Harudes étaient venus le trouver, et qu'il fallait leur faire une place et les établir. Sous peu d'années, tous les Gaulois seraient chassés de Gaule et tous les Germains passeraient le Rhin : car le sol de la Gaule et de la Germanie n'étaient pas à comparer, non plus que la façon dont on vivait dans l'un et l'autre pays». Un peu plus tard, le péril germanique prend une forme concrète, à partir du moment où les Helvètes conçoivent de déplacer des biens et des personnes vers la côte atlantique. Pour rétablir l'équilibre gaulois, en passe de se rompre, Rome décide d'intervenir. César rencontre sur le terrain les principaux protagonistes, les Helvètes et Arioviste. Ainsi débuta la guerre des Gaules.1 Jules César venait, en 58 avant J.-C., de prendre en charge la jeune province de Transalpine. Proche du théâtre des opérations, il gagne le nord-est de la pro­ vince pour juguler la menace et conçoit un projet d'intervention destiné à le couvrir de gloire. Toute­ fois, on n'oubliera pas de considérer qu'il y eut d'au­ tres motivations plus politiques et plus économiques dans le chef de Rome. La soif de conquêtes nouvelles taraude immanquablement un régime impérialiste. Le mythe de la frontière fluviale délimitant le territoire romain est dans toutes les pensées. On caresse notam­

ment l'idée qu'il faut repousser les frontières de l'Empire vers des rivages sûrs, le Rhin formant une frontière naturelle. De plus, il y a l'appât de la richesse qu'entraînent les marchés à conquérir. La Belgique forme une entité des plus mal connues: occupée par des populations de souche celtique et d'origine germanique, elle est encore peu sillonnée par des marchands étrangers dont la présence n'est guère tolérée par certaines peu­ plades, comme les Nerviens. L'ambition personnelle de César constitue une don­ née non négligeable. À suivre Suétone, Jules César aurait pleuré de n'être rien à l'âge où Alexandre avait conquis le monde. Quoi de plus normal à cette époque que de chercher à se forger un destin d'excep­ tion. La perspective de César aurait pu être celle de guerroyer dans les régions danubiennes. Le poste nou­ veau qu'il occupe en Cisalpine et les mouvements qui se déclenchent chez les Helvètes lui fournissent l'oc­ casion immédiate d'une guerre non planifiée mais qui pouvait servir sa popularité.2

La guerre à épisodes La guerre des Gaules a été relatée par Jules César dans ses Commentaires. En réalité, ce sont des récits annuels plus ou moins assimilables aux rapports qui étaient déposés chaque année et lus en séance du Sénat à Rome. La cohérence du texte semble montrer que ces rapports ont été réécrits par la suite. À chaque année de campagne césarienne, correspond un livre. Le premier des sept livres relate les opérations de Tan­ née 58, le septième, celles de Tannée 52. Hirtius, après la mort de César, achève l'œuvre et raconte les événe­ ments des années 51 et 50. La guerre des Gaules comprend de nombreux épi­ sodes, qui peuvent être regroupés en trois phases. La première phase se situe entre 58 et 54 avant notre ère et consiste plus à des escarmouches importantes qu'à des conquêtes systématiques. En 57, Jules César pénètre chez les Belges où les Rèmes jouent un rôle d'intermédiaire. Il obtient la soumission des Suessions et des Bellovaques, écrase les Nerviens et progresse vers la Manche. Les années 55 et 54 sont aussi marquées par des expéditions de reconnaissance spectaculaires au-delà du Rhin et en Bretagne insulaire.

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Jules César donne les Belges comme germaniques. Quelques tribus sont qualifiées de Germains cisrhénans. En réalité, il faut se méfier d'une assertion faite au sein d'un exercice littéraire lui permettant de grandir ses propres mérites aux yeux du peuple romain. On ne peut toutefois oublier le témoignage d'autres auteurs: pour Strabon, les Nerviens sont un peuple germanique et, pour Tacite, les Trévires et les Nerviens montrent une certaine prétention à revendiquer leur origine ger­ manique. On a pensé qu'entre les m e et IIe siècles avant J.-C., la région entre Meuse et Seine avait été envahie par les Belges, peuples belliqueux venus de la région rhé­ nane. Divisés en deux groupes, l'un aurait rejoint la Marne et l'Aisne puis l'ouest, soit l'espace du Belgium vrai. L'autre occuperait le nord, un territoire plus mitigé en terme d'occupation ethnique. Les Nerviens représentent la peuplade la plus farouche de cette phase d'immigration. L'origine des Aduatiques est plus mouvementée. Elle est liée à l'invasion des Cimbres et des Teutons, tribus germaniques qui ont ravagé les territoires septentrionaux vers la fin du ne siècle avant J.-C. Ils auraient laissé en territoire éburon, un groupe de six mille hommes qui devint le noyau des Les populations Aduatiques, supplantant finalement les Éburons. En définitive, on a tendance à considérer aujourd'hui Le nord de la Gaule est occupé par des populations que la plupart des populations belges sont davantage belges établies entre la Seine, la Marne et le Rhin. Le reliées à la culture celtique qu'à la culture germanique cours inférieur de la Seine sert de délimitation entre d'outre Rhin.5 les Celtes et les Belges. Le Rhin constitue une frontière Les sources anciennes évoquent aussi trop briève­ naturelle entre ceux-ci et les Germains, qui n’est pas ment l'existence, dans ce même espace géographique, nécessairement imperméable, à en juger par le carac­ de petites communautés appelées à disparaître ou à tère hétérogène des peuples qui habitent ce territoire. se fondre très rapidement au sein des peuplades majo­ Il faut se garder, par ailleurs, d'une confusion sou­ ritaires. Il s'agit des Ceutrons, Grudiens, Lévaques, vent opérée dès lors qu'il est question de désigner cet Pleumoxiens et Geidumnes, considérés par César espace géographique. Le terme de Belgica ne s'ap­ comme des clients soumis par les Nerviens. Les plique qu'à la province créée sous l’Empire et à la Condruses, Pémanes, Sègnes et Cérèses sont assujettis superficie qu'il englobe. Si le terme de Belgae désigne par les Trévires. bien toute la population concernée, Belgium est la Pour tenter d'expliquer leur éradication, on a sou­ dénomination réservée par Jules César pour désigner vent imaginé que ces populations étaient de souche un territoire spécifique à l'époque de l'indépendance, purement celtique à l'inverse des autres et qu'elles qui se trouve enclavé dans le nord-ouest de la Gaule.4 avaient été absorbées par les nouveaux-venus, à savoir La controverse la plus célèbre, amplifiée par Jules les Nerviens et les Trévires, lors d'une reconquête ger­ César lui-même, vise l'appartenance ethnique des manique de territoires cis-rhénans. L'hypothèse reste peuplades belges : sont-elles d'origine celte ou germa­ malaisée à vérifier si ce n'est lorsqu'un lien est avéré nique ou le résultat d'un mixage de populations plus avec les sources archéologiques. Ainsi, le groupe cel­ ou moins équilibré? tique du bassin de la Haine, reconnu pour les IVe et

Au cours de la seconde phase de la guerre des Gaules, qui s'étend de 54 à 52, il est surtout question de répondre à des révoltes qui affectent des régions somme toute non pacifiées, en Belgique tout d'abord puis en Gaule du centre, enfin d'assurer autant que faire se peut l'occupation des territoires conquis. Dès l'automne 54, en effet, la rébellion s'installe. Elle débute par les trois épisodes fameux où les Éburons d'Ambiorix anéantissent Atuatuca, les Nerviens assiègent le camp de Quintus Cicéron et les Trévires le camp de Titus Labiénus. L'échec des révoltes fait subir à la Belgique des représailles systématiques en 53 avant J.-C. Puis en 52, suit une insurrection géné­ rale qui éclate en Gaule celtique: à l'exception des Rèmes et des Lingons, tous les peuples de la Gaule se réunissent à Bibracte, la capitale éduenne pour affir­ mer leur résistance à l'envahisseur. Jules César y met­ tra fin avec le siège et la prise d'Alésia, en 52. La troisième phase évoque les années de guerre de 51 et 50, pendant lesquelles se situent les dernières campagnes militaires qui sont postérieures à la prise d'Alésia.3

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24 En haut: les peuples occupant le nord de la Belgique. 25 En bas: dispersion des oppida et des fortifications mineures à la période laténienne, dans le nord de la Gaule, a 50 ha b 50-15 ha c 15-8 ha d 8-5 ha e 5 ha.

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ine siècles avant J.-C., pourrait servir d'exemple à ce phénomène.6 Par ailleurs, on peut penser aussi que la disparition de ces communautés minoritaires n'inter­ vient qu'après la conquête césarienne. Quoi qu'il en soit, les tribus implantées à l'extrême nord de la Gaule sont les plus mal documentées au plan des sources historiques. Au nord-ouest, on situe les Ménapiens qui disposent d'un territoire dont les caractéristiques physiques sont relevées par Jules César : on y voit de grandes forêts, des marécages et un relief inexistant. 11 longe la Mer du Nord, s'étend de l'embouchure de la Meuse jusqu'à celle de l'Yser et intègre la vallée de l'Escaut, qui servirait de frontière avec la zone nervienne. Le territoire des Nerviens s'étend au nord de l'Oise et de la Sambre. Il est fortement boisé. Les Aduatiques occu­ pent le cours moyen de la Meuse. Ils disposent de places fortes et de petites fortifications, à commencer par celle qui fut assiégée par Jules César. Les Éburons se retrouvent plus au nord, dans un espace qui va de la Meuse inférieure au Rhin. Les Trévires, à l'est de la Belgique, disposent d'une vaste étendue limitée par la Meuse et la Moselle. Les populations vassales des Trévires, les Condruses, Pémanes, Sègnes et Cérèses occupent vraisemblablement la frange septentrionale du territoire. Les Sègnes et les Condruses se trouvent localisés dans la zone qui sépare les Trévires et les Ébu­ rons et les Cérèses, plus à l'est. Peu de grands habitats fortifiés, rattachés à ces peu­ ples, nous sont connus pour le nord de la Gaule. Jules César insiste lui-même sur l'inexistence d'oppida, chez les Ménapiens et chez les Éburons. Sur ce dernier ter­

ritoire, et au centre de celui-ci, il est question d'un castellum, celui à’Atuatuca. Le siège mené devant la for­ teresse des Aduatiques, rapporté par César, semble indiquer l'existence d'une grande place forte. Pour ce qui regarde les Nerviens, César leur laissa la jouissance de leur territoire et de leurs oppida. On sait l'importance que revêt l’oppidum, cette grande ville fortifiée, dans la culture celtique. Dans les sources anciennes, le terme n'est pas toujours utilisé à bon escient. On convient donc de ne prendre en compte le concept que pour des sites d'une superficie supérieure à 15 ha, revêtus de fonctions diversifiées au plan politique, religieux et économique. On doit bien constater que les régions du nord de la Belgique en sont dépourvues, ce qui n'a pas facilité la tâche straté­ gique de Jules César enclin à considérer que la soumis­ sion des peuples s'effectuait par la prise de leur oppidum central.7 En revanche, il existe en Gaule Belgique de très nom­ breuses fortifications de dimensions plus modestes qui n'ont rien en commun avec les grands oppida. Ce sont des sites de hauteur disposant d'une enceinte fortifiée en recourant à la technique du murus gallicus, un rem­ part armé de poutres en bois clouées, avec parement de pierres. Les recherches archéologiques ont permis d'en retrouver un certain nombre dans les zones à relief prononcé du sud des territoires nervien, aduatique et trévire, qui correspondent parfois à des sites ayant fait l'objet d'une restauration à la fin du second Âge du Ler. On peut citer notamment: le Castelet à Rouveroy, le camp romain de Lompret, le Bois du Grand Bon Dieu

26 La technique de construction du murus gallicus. 27 Topographie générale de Thuin. 1 La fortification préhistorique réaménagée à la fin de la période celtique, sur le plateau du Grand Bon Dieu, enserré par la Biesmelle; 2 La nécropole d'époque romaine du Petit Paradis.

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28 Le premier trésor de septante-trois statères en or, de Thuin, enfoui vers 60 avant J.-C.

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La distribution des statères en or, attribués aux Éburons. A de 1 à 5 pièces B plus de 20 pièces C Trésors monétaires. Certaines cartes de répartition du monnayage aident à établir les limites approximatives du territoire occupé par une nation gauloise.

29 Statère d'or à «l'epsilon» des Nerviens avec légende VIROS. 30 Potin «au rameau» attribué aux Nerviens. Le potin est un alliage de cuivre et d'étain. 31 Clochette gallo-romaine en or, à battant en bronze, provenant de Liberchies. Le répertoire décoratif est d'origine celtique.

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à Thuin, Hastedon à Saint-Servais, Le Vieux Château à Modave, le Chession à Cherain-Brisy, le Gros Cron à Bellefontaine, les Blancs Bois à Tavigny et Montauban à Buzenol. Des fiches en fer associées au murus gallicus ont été enregistrées à Rouveroy, Lompret et Modave.8 Dans le site de Modave, on note la découverte de deux monnaies en argent dont une datée entre 60 et 30 avant J.-C., d'une fibule du type Nauheim, des outils et des armes en fer. Le site de Thuin, même s'il est en usage dès le Néolithique, étonne par son impor­ tance. Le promontoire d'entre Sambre et Biesmelle, atteint une superficie d'une quinzaine d'hectares ; une reconstruction de son rempart prend place après 78 avant notre ère. Un premier trésor de septante-trois statères en or, enfoui vers 60 avant J.-C., illustre l'oc­ cupation des lieux, auquel s'ajoute un autre trésor de cinquante-et-un statères. Les Celtes commencent à frapper des monnaies en or dans le courant du me siècle avant J.-C. Vu la valeur de ces pièces, on ne considère pas qu'elles reflètent un phénomène de monétarisation qui ne sera effectif qu'avec l'apparition de monnaies en argent et en bronze au Ier siècle avant J.-C. À en juger par le mon­ nayage en or émis antérieurement ou de façon contemporaine à la guerre des Gaules, seuls les peu­ ples nervien, éburon et trévire frappent des statères. Ce n'est pas le cas des Ménapiens et des Aduatiques. Ces monnaies en or figurent rarement dans les sites archéologiques, en revanche, plusieurs trésors ont été mis au jour sur notre territoire. À Thuin, les deux cachettes comprenaient des statères d'or nerviens dénommés, d'après le décor, «à l'epsilon» et à Chapelle-à-Oie, il s'agit de statères unifaces. À Fraire, un autre trésor se signale à l'attention par ses nonante-cinq statères accompagnés d'un bracelet en or, trouvaille qui n'est pas sans rappeler celle du fameux bracelet de Frasnes-lez-Buissenal, conservé à New York. En principe, ces monnaies ne seront plus émises à la suite de la conquête romaine. Une autre série monétaire apparaît à cette époque. Il s'agit de pièces en potin représentées dans quel­ ques sites gallo-romains précoces ou dans des zones cultuelles, comme à Blicquy. Les potins les plus célè­ bres sont ceux des Nerviens, dénommés «au rameau». On s'appuie parfois sur les cartes de répartition de découvertes des trésors et des monnaies isolées pour aider à délimiter la surface occupée par les tribus gau­

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loises. L'information est utile, notamment en ce qui concerne les Éburons ou le monnayage «à l'epsilon» des Nerviens, mais on n'oubliera pas de considérer que la dispersion du monnayage est aussi le reflet du commerce entre les populations.9

La guerre de Belgique De nombreux épisodes lyriques émaillent le récit césarien lorsqu'il est question de la guerre conduite en Belgique, au sein d'un peuple que le proconsul évoque dans des termes flatteurs: «fortissimi sunt Belgae». La guerre débute en 57 avant J.-C. Des bruits de mobilisation et de conspiration des tribus belges par­ viennent à Jules César qui lève deux nouvelles légions en Cisalpine, rejoint son armée casernée pour l'hiver

Monument à Boduognat, Anvers, boulevard Léopold, par Joseph-Jacques Ducaju (1823-1891).

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en Gaule et met le cap sur la Belgique. Les Rèmes n'in­ tégreront pas l'insurrection belge mais, se plaçant sous la protection de César, ils lui communiqueront toutes les informations utiles. De même, les Trévires ne rejoignent pas le camp des Belges. La première bataille rangée se déroule en territoire bellovaque, sur l'Aisne. La victoire des Romains en­ traîne une reddition rapide des tribus voisines: les Suessions et les Ambiens. Des difficultés plus sérieuses attendent César dans les territoires septentrionaux de la Belgique. Il gagne le territoire nervien et s'attend à y rencontrer une nouvelle coalition faite de Viromanduens, d'Atrébates, d'Aduatiques et de Nerviens, sous la conduite de leur chef, Boduognat. La bataille qui s'engage n'est pas traditionnelle dans la mesure où l'armée romaine est surprise. César arrive avec six légions sur un emplacement que ses éclaireurs avaient désigné comme le site du camp à établir pour passer la nuit. C'est une colline qui des­ cend en pente douce vers un cours d'eau assez large, dont la profondeur devait se situer autour de 0,90 m.

Les forces ennemies sont tapies sur l'autre rive, dans les bois qui recouvrent le haut d'une pente identique. Elles attendent le moment opportun. Tout à coup, elles descendent au pas de course vers la rivière, la franchissent puis engagent le combat avec les mili­ taires romains œuvrant à la construction du camp. Dans le désordre d'un choc imprévu, le sort des armes reste longtemps indécis. Par hasard, la VIIIe et la XIe légion se trouvent au contact des Viromanduens au centre du champ de bataille, tandis qu'à gauche, contre les Atrébates, sont placées les meilleures troupes de César, la IXe et la Xe légion. Le problème viendra du flanc droit: les Nerviens affrontent deux corps dont l'un est moins bien entraîné, la VIIeet la XIIelégion, qui ne tardent pas à être débordées, tandis que le camp luimême est pris d'assaut. L'arrivée des deux légions de l'arrière-garde modifia le cours de la bataille. César rend hommage au courage des Nerviens, qui perdirent toute leur jeunesse dans cette bataille: «quand leurs premiers rangs furent tombés, les seconds rangs mon­ tèrent sur les cadavres et se présentèrent au combat». C'est ce que l'on appelle généralement la bataille de la Sambre. L'identification de cette rivière large (flumen latissimum) citée sous le nom de Sabis par César n'a guère été discutée jusqu'à la fin du xixe siècle. Par la suite, prenant en compte la problématique des lois de la phonétique, qui font évoluer Sabis en Savis ou Savus, cette identification est remise en question au profit de la Selle, un petit ruisseau, affluent de l'Escaut, dans le nord de la France. Cette thèse vient à s'imposer auprès des historiens entre 1925 et 1977.10 Toutefois la discussion doit tenir compte d'autres facteurs, notamment celui du déplacement des légions, qui d'après le texte césarien bien compris, auraient traversé le pays nervien en trois jours avant d'attein­ dre le Sabis. Au reste, la configuration du lieu de la bataille est assez précisément décrite par le général romain et ne peut venir en appui de la thèse de ceux qui accordent leur faveur à la Selle. Celle-ci coule du sud-est vers le nord-ouest, à peu de distance de Cambrai, soit à l'orée du territoire ner­ vien. Pour ceux qui soutiennent l'idée d'y localiser la bataille de la Selle, le site de Saulzoir a été présenté à ce titre, parce qu'il est traversé par la future voie romaine d'Amiens à Bavay. Le long de la Sambre, on trouvera volontiers plu­ sieurs sites pouvant répondre à la description qu'en a

34 Les forces en présence sur le champ de bataille de la Sambre. Proposition fictive, avec localisation au nord de Thuin du site de la bataille. Les dispositifs sont empruntés au dessin produit par Napoléon III, qui a choisi de retenir un site de même nature sur la Sambre, à Hautmont, en France.

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35 Le déroulement des opérations de la guerre de Belgique en 57 avant J.-C.: progression des armées de Jules César, localisation des peuples belges coalisés et situation approximative des lieux de bataille (sur l'Aisne, la 5ob/s/Sambre et le siège de l'oppidum des Aduatiques).

36 La guerre de Belgique et la révolte de l'année 54 avant J.-C., sous le commandement d'Ambiorix et de Indutiomar qui impliquent les Éburons, les Aduatiques et les Nerviens. La situation de guerre se poursuit en 53 avant J.-C., à l'initiative des Trévires et des Ménapiens Au moment de la reprise de la guerre, Jules César séjourne à Amiens, avec les contingents de C. Trébonius (1) et ses légions hivernent en différents lieux, sous le commandement de: C. Fabius (2); Quintus Cicéron (3); T. Labienus (4); Titurius Sabinus et Aurunculeius Cotta (5); M. Crassus (6); L. Munatius Plancus (7). Des combats violents se dérouleront à hauteur des camps de Q. Sabinus et L. Cotta (Tongres), Q. Cicéron (chez les Nerviens) et T. Labienus (sur la frontière entre les Rèmes et les Trévires).

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fait Jules César. Les propositions alternatives n'ont pas manqué, comme La Buissière, Hantes-Wihéries, Thuin et Presles. À la suite de Napoléon III et de ses études césa­ riennes, on avait convenu que le lieu de la bataille devait se trouver sur la Haute Sambre. Napoléon luimême a proposé le site de Hautmont, près de Maubeuge, et a dressé le plan du champ de bataille.11 Tenant compte de l'importance du site fortifié du Grand Bon Dieu à Thuin, une autre proposition a vu le jour récemment, à savoir le Bois du Courriau à Thuin. La configuration du site répond au témoignage des commentaires de Jules César mais la proximité du lieu avec la forteresse peut servir de contre-indication; cette fortification nervienne n'est pas signalée par César.12 Au cours de cette même campagne césarienne, les armées romaines poursuivent leurs déplacements dans la direction du territoire occupé par les Aduatiques. Ceux-ci auraient dû prendre part à la bataille de la Sambre, mais n'y étaient pas arrivés dans les temps. Comme le précise César, la zone qu'ils occupent se trouve entre celles des Éburons et des Nerviens. Ils se réfugient dans leur place forte princi­

pale, prêts à subir un siège en règle. Dans un premier temps, au vu des moyens mis en œuvre par César, ils font mine de se rendre et jettent leurs armes dans le fossé. Dans un second temps, nuitamment, ils assail­ lent les troupes romaines. La réplique de César à cette ruse fut de faire vendre toute la population aduatique qu'il a pu rassembler, soit cinquante-trois mille per­ sonnes. Le site de l'oppidum des Aduatiques est sou­ vent localisé sur la Meuse, à Namur ou à Huy.13 C'est à l'automne de l'année 54 que la guerre de Belgique reprend, dans le cadre d'une révolte généra­ lisée de la Gaule, qui se découvre un second souffle. Les porte-étendards de la révolution s'appellent en Belgique, Ambiorix, chez les Éburons, et Indutiomar, chez les Trévires. Trois camps qui avaient été construits en territoire belge pour caserner les troupes durant le même hiver font l'objet d'attaques à l'initiative des conjurés. Le plus exposé, commandé par Sabinus et Cotta, se trouve chez les Éburons, à Atuatuca, à Tongres sans doute; il n'entretient aucun rapport avec l'ancien oppidum des Aduatiques. Le siège du camp mené par Ambiorix se solda par un échec. En revanche, la ruse fut payante. Ayant effrayé le légat Sabinus, les troupes

37 À gauche: la statue d'Ambiorix à Tongres par Jules Bertin, 1868. 38 À droite: au sein des géants du cortège de la Ducasse d'Ath, existe depuis le xvme siècle, un personnage dénommé Tirant, qui s'est métamorphosé en Ambiorix en 1850.

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romaines acceptèrent de quitter le camp en toute quiétude. Mal leur en prit, car après avoir franchi une distance de 2 milles en pays découvert en direction du sud-ouest, les forces ennemies attendaient l'armée romaine dans un guet-apens. Le piège est tendu dans un large vallon bordé par des hauteurs boisées. On pense à la vallée du Geer.14Une légion et demie dispa­ rut à cette occasion. Ambiorix avait montré au monde, pour la première fois, que Rome pouvait être vaincue dans les terres septentrionales. Ambiorix vise alors le deuxième campement établi sous l'autorité de Quintus Cicéron, chez les Nerviens. En deux jours et deux nuits, il rallie le site militaire, non sans avoir, sur son passage, annoncé l'excellente nouvelle et rassemblé quelques bonnes volontés auprès des Aduatiques et des Nerviens qu'il rencon­ trait. César parle d'un appel de coopération lancé par les Nerviens aux tribus des Ceutrons, Grudiens, Lévaques, Pleumoxiens et Geidumnes, dont l'existence nous est pour la première et la seule fois révélée. Le camp de Quintus Cicéron fut assiégé pendant une longue période car la proposition rusée de quit­ ter le site fut ici refusée. Des travaux gigantesques furent entrepris dans le camp et autour du camp par les adversaires au cours des opérations de siège. Cicéron embellit la muraille de cent-vingt tours. Les assaillants établirent des lignes de défense avec fossé, murailles et tours. César lui-même vola au secours de Cicéron qu'il pu délivrer. La localisation de ce camp chez les Nerviens, a fait couler beaucoup d'encre. Pour tenter de le situer, on dispose d'un certain nom­ bre de distances notées par César qui concourent toutes à faire penser qu'il existait à cette époque un axe de déplacement entre Tongres et Amiens, d'où surgit Jules César. Le camp de Quintus Cicéron se trouve à environ 50 milles de Tongres, soit à 75 km de Atuatuca, si le calcul de distance n'est pas effectué en lieues gauloises.15 Quant au troisième camp, celui de Labiénus, il se trouvait à la frontière entre les Rèmes et les Trévires. Moins exposé, le meilleur général de César eut maille à partie avec les troupes d'Indutiomar. L'année 53 voit le développement d'un soulève­ ment général qui associe les Trévires et les Ménapiens; elle fut donc consacrée à une politique de répression : chez les Nerviens et les Ménapiens dont le territoire fut dévasté, chez les Trévires qui furent

encore combattus. Une traque gigantesque fut enfin organisée dans le but de capturer Ambiorix. On faillit le surprendre dans sa résidence à l'entrée d'une forêt, mais il s'échappa à cheval. Dans son plan de chasse à Ambiorix, César réfectionna le camp de Atuatuca, de sinistre mémoire, pour en faire le quartier général de la battue et appela les tribus voisines au sac de l'ensemble du territoire des Éburons. Le pillage de la zone fut tellement bien exé­ cuté que le camp romain lui-même n'y échappa que de justesse. Par contre, Ambiorix, passa entre les mailles du filet romain. Toutes les légions de César, après avoir très largement ratissé la Gaule du nord, durent déclarer forfait. Il est arrivé qu'on l'aperçoive au loin, fuyant à cheval, escorté par quatre cavaliers. Vers la fin de la guerre des Gaules, la chasse à Ambiorix reprit et cette fois encore, sans succès. La toponymie n'aide pas pour localiser une infinité de sites qui n'ont rien à voir avec des fortifications datant de l'époque de César. Ces camps, vu leur carac­ tère temporaire, n'ont guère laissé de traces. On n'en connaît aucun, avec certitude, en Belgique actuelle. Seuls les textes font référence à la présence de quatre légions sur le territoire des Belges et aux camps établis par Quintus Cicéron, chez les Nerviens, par Labiénus chez les Trévires, aux quartiers d'hiver d'Atuatuca où une légion et cinq cohortes stationnèrent, en 54, sous les ordres de Sabinus et Cotta et y périrent et à nou­ veau au camp d'Atuatuca où les bagages de l'armée étaient gardés par une légion, sous le commandement de Quintus Cicéron.

LA PÉRIODE AUGUSTO-TIBÉRIENNE Auguste témoigne d'un grand intérêt pour la Gaule et l'œuvre qu'il y accomplira est d'autant plus fonda­ mentale qu'elle touchera de nombreux secteurs: administratif, politique et militaire. Toutefois, la mise en œuvre de ce programme augustéen se fait quelque peu attendre.16 La période qui sépare la fin de la guerre des Gaules et le moment où Auguste prend l'ascendant sur ses concurrents politiques puis s'intéresse au sort des ter­ ritoires nouvellement conquis ressemble à une longue traversée du désert pour ceux-ci. Les sources

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Le nord de la Gaule à la période augustéenne Quelques oppida ont pu jouer un rôle au temps du triumvirat: A Le Titelberg B Le Pétrisberg (aussi La Chaussée-Tirancourt et Liércourt-Erondelle, hors carte). Camps et installations militaires liés aux guerres germaniques (12 avant à 16 après ).-C.). En rouge: camps de la période 12 à 9 avant J.-C. En vert: les camps de la période 1 à 9 après j.-C. En noir: les camps augustéens mal datés. Quelques camps militaires en Belgique peuvent être probablement rattachés à la période augustéenne: 1 Velzeke 2 Asse 3 Elewijt 4 Liberchies 5 Tongres 6 Tournai.

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écrites sont tristement muettes pour la Gaule du nord, les sources archéologiques produisent des témoins atypiques car ils relèvent d'un faciès très difficile à caractériser se rattachant encore à la période protohis­ torique et pas encore de manière très nette à la période romaine. Les chercheurs travaillent sur la base d'une faible représentation des sites de cette époque, sur un petit nombre d'ensembles clos et sur un nom­ bre réduit de sites présentant une continuité d'occu­ pation entre la période gauloise et romaine. Toutefois, deux pratiques nouvelles offrent les garanties d'abou­ tir à une meilleure connaissance de cette période de transition. Le regard porté sur ces questions par les protohistoriens incite les archéologues de la période gallo-romaine à repenser un peu leur approche et les opérations de l'archéologie préventive produisent des témoignages de plus en plus nombreux, notamment en milieu rural.17 Durant cette période de transition, au temps du trium­ virat, Octave ne peut prendre le temps de consacrer son énergie à la gestion des territoires nouvellement conquis. Le pays n'est pacifié que superficiellement et les insurrections guettent le nouveau pouvoir. En 30/29 avant J.-C., les Trévires causent quelques soucis de ce point de vue. La Gaule est gouvernée par des légats dont le plus connu se dénomme M. Vipsanius Agrippa. Selon Strabon, il s'attachera à jeter les pre­

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mières bases d'un nouveau réseau routier qui ne concerne que partiellement les territoires septentrio­ naux. La question de savoir où caserner les armées d'occu­ pation et d'intervention est alors préoccupante. Elle est souvent reliée à la problématique du devenir des oppida. On a observé que leur désaffectation ne prenait pas un effet immédiat. À l'inverse, ils peuvent être considérés un certain temps encore comme des points d'appui de la politique romaine. L'occupation mili­ taire de certains de ces oppida, dans les années 30 avant J.-C., paraît même bien établie depuis les décou­ vertes réalisées à l'intérieur des sites du Titelberg au Grand Duché du Luxembourg et du Pétrisberg, dans le voisinage de Trêves. Dans le Belgium occidental, quelques indications vont dans le même sens, pour les sites de La Chaussée-Tirancourt et peut-être LiércourtErondelle.18 Dans les territoires qui n'étaient guère dotés de ce type de place forte centrale ou pré-urbaine, la question d'une présence militaire et de la localisa­ tion des armées demeure énigmatique.19 La seconde période, traditionnellement désignée comme augustéenne ou post-républicaine, sera davantage bénéfique pour le nord de la Gaule. À la suite de plusieurs visites du nouvel empereur, en 27 et surtout de 16 à 13 avant J.-C., l'action de celui-ci com­ mence à produire ses premiers effets. Agrippa poursuit l'aménagement du réseau routier qui facilitera l'im­ plantation des villes-capitales dans des zones de plaine, pour transférer ou remplacer les anciens oppida. Auguste procède à la réorganisation adminis­ trative et parfois spatiale des territoires. Chez nous, cette intervention est plus que nécessaire si l'on en juge par la situation qui prévaut dans le territoire des Éburons et des Aduatiques : décimés pendant la guerre des Gaules, ces peuples doivent être regroupés et fédé­ rés avec d'autres afin de procéder à la création d'une nouvelle entité, celle des Tongres.20 C'est à partir de cette période que les traces archéologiques commen­ cent à être plus éloquentes. Elles concernent tant les installations militaires de la frontière que les villes et les agglomérations en émergence et quelques établis­ sements ruraux. Dans le même temps se met en place une politique ambitieuse et osée de nouvelle expansion militaire qui concerne cette fois la Germanie libre. Les thèses traditionnelles qui voulaient y voir une opération

As d'Auguste frappé à Nîmes entre 16 et 8 avant J.-C. Au droit, les portraits de l'empereur et d'Agrippa, ce dernier a joué un grand rôle dans l'organisation des Gaules.

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planifiée sont aujourd'hui remplacées par celles d'un processus incontrôlé dont le premier objectif était de sécuriser la Gaule. Drusus porte la responsabilité des premières actions à l'époque de son mandat entre 12 et 9 avant J.-C.21À sa mort, la direction des opéra­ tions est reprise par Tibère et Germanicus, non sans connaître des succès mais aussi des déboires impor­ tants qui vont entraîner Auguste, durant les dernières années de son règne, à renforcer la rive gauche du Rhin. Tibère, le nouvel empereur, lui emboîtera le pas. Après avoir caserné la plupart des troupes disponibles sur le Rhin, il renoncera au projet de conquête de la Germanie et confiera les districts de Germanie Inférieure et Supérieure de la rive gauche du Rhin à des légats. Pour ces époques troublées, on dispose de nombreux textes relatant les péripéties militaires mais aussi du témoignage archéologique précieux des camps élevés aussi bien en territoire ennemi que le long de la nouvelle frontière rhénane. Les bases de référence chronologiques les plus sérieuses proviennent de l'étude de ces camps mili­ taires en question, dont la durée d'occupation est parfois si courte, qu'on arrive à les rapprocher d'opé­ rations militaires connues et datées par les récits de l'historien Tacite. Toutefois, cette information n'est disponible que pour une période qui débute dans les quinze dernières années du Ier siècle avant J.-C. Au plan civil, et pour nos régions, la recherche archéologique offre maintenant quelques sites suscep­ tibles d'approcher cette première étape d'un dévelop­ pement romain précoce, à commencer par le réseau de villes qui se met en place. Pour l'essentiel, nos connaissances se renouvellent peu à peu dans le cadre de la fouille des agglomérations secondaires nouvelle­ ment créées. Il est même question de considérer que certains tronçons routiers et quelques agglomérations ont pu avoir été portés sur les fonts baptismaux avant le projet germanique, soit dans la décennie qui pré­ cède. Le secteur rural est encore sous documenté.

Le matériel archéologique Même si des progrès considérables ont été réalisés par les archéologues ces dernières années, de nombreuses difficultés subsistent pour l'étalonnage du matériel archéologique, dans une période comprise entre la fin

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de l'indépendance gauloise et le début du règne de Claude. Le monnayage et la céramique, en particulier, offrent des informations encore très réduites.

Le monnayage À l'époque de la guerre des Gaules, dans le centre-est et en suivant l'exemple des tribus de la vallée du Rhône, on utilise un monnayage d'argent basé sur le denier romain alors que dans le nord et le nord-est on utilise plutôt un monnayage d'or dérivé du type de Philippe de Macédoine. Dans les deux dernières décennies avant notre ère, la monnaie romaine fait son apparition régulière notamment pour le paie­ ment de la solde des militaires. C'est surtout après les campagnes de Drusus (12/11-9 avant J.-C.) que les bronzes frappés à Nîmes et à Lyon circulent en Gaule. En ce qui concerne le monnayage gaulois il perdure mais prend d'autres formes tout au long de la seconde moitié du Ier siècle avant J.-C. et dans les années qui suivent, avant de disparaître. Dans une période qui s'étend de la guerre des Gaules à 30/27 avant J.-C., on trouve des pièces gauloises en argent, des potins et des bronzes frappés. Dans un second temps, les monnaies gauloises continuent de circuler, mais on assiste à l'ar­ rivage des monnaies romaines de manière plus nette (30/27-12/11-9 avant J.-C.). Enfin, par la suite, on trouve associées les monnaies romaines et les mon­ naies gallo-romaines, c'est-à-dire des petites monnaies tardives d'imitation et de type gaulois (environ 5/1 avant J.-C. -15/16 après J.-C.). Dans la région des Nerviens, on enregistre la diffu­ sion de plusieurs séries de bronzes inscrits ou anépigraphes, par exemple avec la légende VERCIO ou VIROS ou reprenant le motif du rameau utilisé pour les monnaies en potin. L'iconographie du cheval est fréquente. Dans la région des Tongres, la monnaie indigène en bronze fait son apparition sous le règne d'Auguste avec les pièces à légende «Avaucia». Plus tardives sont les émissions des bronzes de Germanus Indutilli L, basées sur un denier d'Auguste, qu'on trouve sur les sites militaires rhénans de Xanten et de Neuss. Dans cette perspective, on a proposé de situer les monnaies de Germanus Indutilli L et au type AVAVCIA dans une période plus restreinte: entre 12 avant J.-C. à 5 après J.-C. et le type au Rameau A, de la conquête romaine ou peu avant, jusque dans la der­ nière décennie avant J.-C.22

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À gauche, monnaie du type «au rameau» en bronze, attribuée aux Nerviens. Au centre, monnaie en bronze du type «Viras», attribuée aux Nerviens. En bas, un ensemble de monnaies du type «Avaucia» en bronze. A droite, monnaie à la légende Germanus Indutilli L.

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La céramique Pour la terre sigillée de ces périodes, seule existe la vaisselle importée d'Italie, puis de l’atelier de Loyasse à Lyon, enfin d'une succursale italienne à Lyon aussi, dénommée La Muette. On y trouve des assiettes, des tasses; cette vaisselle a été regroupée en services, ce qui permet de mieux la situer dans le temps. Elle est rare mais très précieuse dans la mesure où elle auto­ rise à discriminer quatre horizons chronologiques dis­ tincts. Chacun d'eux a notamment été observé dans un camp militaire de la période augustéenne.

45 Quelques fragments de céramique sigillée italique provenant de la rive gauche de la Sambre à Namur. 46 Calice en terre sigillée ornée au moule de feuillages, provenant de la nécropole du Hochgericht à Arlon. 47 Gobelet à parois fines d'époque augustéenne, décoré, découvert à Liberchies. C'est le type même issu de la série dite d'ACO, produite au sein de l'atelier de Loyasse à Lyon. 48 Céramique belge de la nécropole de Péronnes-lez-Binche: bouteille en terra nigra et vases-tonnelets en terrra rubra.

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Le premier horizon, présent à Neuss et à Nimègue, est situé entre 30/25 et 15 avant J.-C.; il n'est pas encore bien attesté en Belgique actuelle. Le second horizon dit de Oberaden/Dangstetten, date de 15 avant J.-C. Le troisième horizon, dit de Haltern, cou­ vre la période 5 avant J.-C. - 10 après J.-C. ; il est bien représenté dans les agglomérations belges. Le dernier horizon correspond à la fin du règne d'Auguste et au début de celui de Tibère. La fin de cet horizon coïn­ cide aussi avec la fin des importations de terres sigil­ lées italiques dans nos régions. La plupart du temps, cette céramique de qualité n'est représentée que par des fragments de vaisselle non décorée, comme à Namur, à Tournai et dans quelques agglomérations routières précoces. On connaît toutefois, à Arlon, un beau calice décoré au moule.23 Les gobelets en céramique fine, parfois décorés au moule et dénommés «céramique d'Aco», du nom de l'un de ses fabricants les plus célèbres, sont produits dans les ateliers de Lyon et de Saint-Romain-en-Gal. Ils sont assez bien diffusés, pour la période augustéenne, en Gaule du nord. En ce qui concerne les importations plus volumineuses, on signale aussi des mortiers romains et surtout des amphores. Ces embal­ lages célèbres parviennent bien dans le nord de la Gaule mais leur contenu et leur origine sont appelés à changer au cours de la période augustéenne. En effet, si les amphores italiques renfermant du vin disparais­ sent assez brutalement des arrivages au début de l'époque concernée, elles laissèrent place à des impor­ tations d'amphores ibériques et de Taraconnaise, ren­ fermant surtout des saumures et de l'huile mais aussi du vin. L'arrivage de vin gaulois n'intervient qu'en phase finale de l'époque augustéenne. La céramique belge est considérée comme le produit phare des périodes précoces en Gaule du nord. Les potiers qui la fabriquent en très grande quantité s'ins­ pirent d'un double répertoire, celui des formes ita­ liques et celui des formes indigènes. Ses débuts s'inscrivent dans la période augustéenne; elle connaî­ tra une longue destinée durant tout le Ier siècle après J.-C. La question ici est de repérer les dates de son appa­ rition et de cerner les types de céramique qui remon­ tent spécifiquement à la période Auguste-Tibère.24 Par ailleurs, il existe aussi toute une gamme de céramiques communes, non tournées ou tournées, qui renvoient à la tradition indigène; elles perdureront très longtemps

et sans grande évolution morphologique, particulière­ ment chez les Ménapiens, ce qui en fait des indicateurs chronologiques de faible qualité.

Les établissem ents militaires Les sources historiques font état de toutes les péripéties événementielles qui illustrent la stratégie militaire déployée par l'empereur Auguste dans la seconde partie de son règne. D'une part, il est question d'installer les armées de manière plus permanente ou des casernes plus adaptées, le long du Rhin. Ensuite, l'empereur engage des projets ambitieux en Germanie libre, au départ des bases logistiques. Ceci entraîne la construc­ tion de nombreux camps outre-Rhin, qui auront une durée d'occupation limitée. Chaque camp n'est pas exactement contemporain et l'observation du matériel qui en provient est à même de nous proposer des four­ chettes chronologiques particulièrement étroites. Parmi les fortifications bâties à cette époque, on dis­ tingue les camps de la conquête en territoire ennemi, au-delà du Rhin, les camps d'occupation de la fron­ tière et les camps de l'intérieur qui participent encore aux nécessaires opérations de maintien de Tordre et de logistique dans des régions à peine pacifiées. Les campagnes de Drusus et Germanicus en Ger­ manie libre ont nécessité la construction de camps de marche ou d'ouvrages semi-permanents. Parmi les sites les plus anciens connus, on note la forteresse d'Oberaden sur la Lippe, le camp de ravitaillement de Rôdgen dans le Wetterau. Les sources littéraires mon­ trent que les camps d'Oberaden et de Rôdgen ne peu­ vent avoir été créés avant 11 avant J.-C. et qu'ils ont été évacués en 9 avant notre ère. Le camp d'Haltern sur la Lippe, avec ses installations sophistiquées, occupe une place importante dans la recherche archéologique pour la période qui suit le décès de Drusus. La date de fondation du camp est discutée et se situe entre 7 avant J.-C. et le début de notre ère et celle de son abandon est placée en 9 après J.-C. En s'appuyant sur ces informations précieuses, les camps en question, servent de point de repères commodes mais parfois un peu caricaturaux pour discriminer cette période en deux séquences : on parlera souvent d'un horizon chronologique de Oberaden et d'un horizon chronologique de Haltern.25

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C'est probablement entre 16 et 13 avant J.-C, que les légions furent stationnées pour la première fois et de manière permanente, sur le Rhin. Les fortifications de Xanten (Vetera I) et Mayence ont été érigées dans la seconde décennie avant J.-C., Nimègue a un camp légionnaire peu avant 9 avant J.-C. et à Neuss, on connaît l'emplacement de sept fortifications succes­ sives occupées d'Auguste à Tibère. Par le matériel qu'ils fournissent, ils corroborent les datations enre­ gistrées dans les camps de la Lippe. La reconnaissance de camps militaires situés à l'in­ térieur des territoires est problématique. On sait ce qu'il en a été pour la période triumvirale d'Octave, où quelques troupes ont séjourné à proximité ou à l'inté­ rieur des anciens oppida gaulois. Les informations manquent pour ce qui concerne la période suivante. À Tongres, les traces d'un fossé, en V, ont été repé­ rées à l'ouest, à l'est et nord de la ville romaine mais la connexion entre les tronçons n'est pas sûre; si c'était le cas, on serait en présence d'une superficie protégée de 140 ha. Le fossé est flanqué d'un rempart de terre et de bois; vers l'intérieur, on trouve des bâti­ ments en bois ayant révélé de la terre sigillée italique, des monnaies romaines et à légende AVAVCIA, le tout à placer vers 15 avant J.-C. Le site s'apparente donc à une base logistique militaire plutôt qu'à un camp. À Tournai, le site de La Loucherie a été le théâtre d'une occupation très ancienne, marquée par le creusement d'un fossé en pointe; il peut s'agir d'un établissement militaire augustéen. À Namur, la question se pose aussi, vu l'importance de la terre sigillée italique qui a été retrouvée rive gauche de la Sambre.26

Le réseau routier Un passage célèbre de Strabon nous indique que la première visée d'Agrippa fut d'établir un réseau rou­ tier minimaliste touchant quelques grandes routes stratégiques menant de Lyon à l'Océan et au Rhin. Cette politique fut poursuivie par la création d'in­ frastructures de complément, parmi lesquelles on cite toujours l'aménagement de la voie Bavay-Cologne qui, interconnectée avec le réseau originel évoqué, participait à relier l'Océan, c'est-à-dire Boulogne, au Rhin, en passant par Bavay pour se diriger vers Cologne. Cette dernière route est bien datée du règne d'Auguste, tant par les coupes stratigraphiques qui ont été pratiquées dans la chaussée, que par l'étude chro­ nologique des agglomérations qui l'émaillaient et qui, pour la plupart, sont nées avec elle.27

L'origine des villes et des agglomérations Un cas très fréquent, parmi les villes romaines des Trois Gaules, est celui de l'abandon de l'oppidum gau­ lois, dont la fonction de place forte ne se justifiait plus en temps de paix, au profit d'une ville nouvelle édifiée dans un site proche, d'accès plus aisé. Ces créations interviennent dans la seconde partie du règne d'Auguste, pour ce qui concerne le nord de la Gaule. On estime que la ville de Bavay est une création nouvelle à situer entre 20 et 10 avant J.-C. Quant aux origines de Tongres comme capitale de cité, on notera

49 À gauche: coupe d'un fossé militaire sur le site de La Loucherie à Tournai. La pointe du fossé est comblée puis recouverte par différents sédiments attribuables à l'agglomération du Haut-Empire. Le fossé pourrait matérialiser la présence d'un camp augustéen. 50 À droite: fragments d'assiettes en terre sigillée italo-gauloise découverts dans l'agglomération de Tournai: les formes relèvent des services classiques le. Il et III et constituent les témoins du premier développement du site sous les règnes d'Auguste et de Tibère.

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que la population locale constitue un groupement nouveau, prenant notamment la suite des Éburons et des Aduatiques; il est donc assez malaisé de cerner un éventuel processus de transfert à partir de plusieurs centres pré-urbains indigènes. La ville de Tongres en tant que telle a livré suffisamment de vestiges de la période augustéenne pour savoir qu'elle a été fondée au plus tard à l'horizon dit d'Oberaden, comme d'ail­ leurs toutes les villes importantes du nord de la Gaule. Les agglomérations secondaires les plus anciennes ne relèvent pas toutes d'un processus de fondation identique. Il y a d'ailleurs lieu pour elles de distinguer deux modèles. Le premier modèle est celui des agglomérations créées ex nihilo parce que le pouvoir romain en a res­ senti l'existence comme indispensable dans le cadre de ses programmes d'infrastructure. La genèse des agglomérations de type routier, comme celles de la route Bavay-Cologne, est liée à cette perspective. Les témoins archéologiques récoltés sur les sites de Waudrez, Liberchies et Braives le démontrent à suffi­ sance mais plaident en faveur d'une création qui ne se situerait pas avant l'horizon de Haltern. À Liberchies, la masse monétaire, d'environ deux cents monnaies gauloises ou dites «gallo-romaines», attribue à ce site un caractère particulier. Cette appréciation est encore renforcée par l'importance de la terre sigillée italogauloise. Le second modèle est celui des agglomérations qui ont leurs racines à la période laténienne et qui, de ce fait, bénéficient d'une continuité d'occupation entre la période celtique et la période augustéenne. Au nom­ bre de celles-ci s'inscrivent en priorité les sites baignés par un cours d'eau, comme Namur et Pommerœul. Ce dernier site est une bourgade dotée d'un habitat pré­ romain, mais la continuité d'occupation fait actuelle­ ment défaut jusqu'à la période flavienne.28

Le m onde rural On doit beaucoup, dans le nord de la France, aux pros­ pections aériennes de R. Agache qui ont mis en évi­ dence de nombreuses structures en rapport avec l'habitat indigène. Il s'agit de systèmes complexes de fossés constituant des enclos parfois emboîtés les uns dans les autres ou d'enclos accolés dans lesquels se

51 Réseaux de fossés à Tourpes; le site du Coron offre une superposition de fossés d'époque différente et des structures d'habitat.

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situe l'habitat rural de l'Âge du Fer, en bois et en terre; ce type d'habitat se maintiendra un certain temps après la fin de l'indépendance. Vu la longue utilisa­ tion de ces fermes, il n'est pas rare que ces fossés aient été rectifiés plusieurs fois, ce qui peut donner d'avion une vue de tracés assez enchevêtrés. Dans bien des cas, ces fermes gauloises sont entou­ rées de deux grands enclos; l'enclos interne cerne les bâtiments en bois et en terre de la ferme proprement dite; il s'inscrit à l'intérieur d'un enclos plus vaste, de forme plus irrégulière. À l'époque de la conquête romaine, ce double système de fossés constitue la règle générale pour les fermes isolées. Au plan interprétatif, trois types de fermes se distin­ guent: des ensembles très irréguliers et assez rares de plan ovalaire; des fermes à enclos interne régulier, rectiligne et ramassé et à enclos extérieur irrégulier et curviligne, type plus fréquent et d'ailleurs réutilisé par de petites villae romaines; des enclos emboîtés, de plan assez rectiligne et rectangulaire, souvent datés d'époque romaine. Ces grandes fermes isolées en bois et en terre ont été liées à ce que Jules César désigne sous le vocable d'aedificium. Les aedificia de César apparaissent comme des points de concentration des richesses agricoles, du bétail et des hommes. Elles sont aux mains de l'élite

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gauloise et subsisteront jusqu'à une période avancée du Ier siècle après J.-C. Chez nous, les témoignages les plus nombreux visent les cités des Ménapiens et des Nerviens, mais les ensembles cohérents font encore défaut. Seule l'archéologie préventive, de développe­ ment récent, est à même de nous révéler des struc­ tures fossoyées sur des espaces significatifs. Pour l'essentiel, on a enregistré la présence de fossés anciens sur des sites d'habitat du Haut-Empire, témoins d'une persistance ou d'une continuité d’ha­ bitat rural depuis la seconde moitié du Ier siècle avant J.-C. Le Hainaut a fourni quelques beaux exemples de ce type de structures : Bruyelle, Tourpes, Ladeuze.29 Les sépultures et les ensembles funéraires d'époque augustéenne demeurent assez peu fréquents en Gaule du nord. Si les meilleurs exemples figurent en pays trévire, à l'image des riches contextes de Wederath (Allemagne), Titelberg et Goeblingen (Grand-Duché de Luxembourg), on ne signale que quelques cas de découvertes archéologiques en relation avec cette époque et portant sur la région d'Arlon et le Hainaut, comme à Harmignies et Péronnes-lez-Binche. Quelques sanctuaires également peu nombreux, comme ceux de Blicquy {Ville d'Anderlecht) et de Mellet paraissent avoir connu une phase de construction pré­ coce, remontant à l'époque augustéenne.

Chapitre II

L'ADMINISTRATION DES TERRITOIRES OCCUPÉS

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La configuration politique des provinces en Gaule Situation au début du

Ie r siècle

après J.-C.: provinces gauloises et districts des Germanies.

L'organisation administrative de la Gaule septentrio­ nale procède d'un schéma bien éprouvé dans le monde romain. Le conquérant s'appuie sur les limites territoriales correspondant peu ou prou avec celles qui délimitaient les territoires des peuplades gauloises et il les coule en frontières de nouvelles entités adminis­ tratives émergentes, les cités ou civitates. Celles-ci sont bien entendu regroupées au sein d'espaces juridiques plus importants, c'est-à-dire les provinces.1 Les limites des unes et des autres sont malaisées à reconnaître. On s'appuie le plus souvent sur des textes anciens qui sont désespérément imprécis ou peu nom­ breux. Ils font parfois référence, comme Ptolémée, aux

rivières admises comme des tracés privilégiés de démar­ cation. On se sert aussi des limites des évêchés médié­ vaux qui, dans quelques cas, offrent une garantie de permanence, et de quelques découvertes épigraphiques et archéologiques relativement exceptionnelles. En outre, les territoires dont il est question, ont pu subir des modifications ou des amputations au cours du temps, dans le cadre de réformes administra­ tives. Celles qui ont pris place sous les règnes de Domitien et de Dioclétien sont les plus célèbres. Sous Dioclétien, la province de Belgique est éclatée en deux et la province de Germanie Inférieure devient celle de Germanie Seconde.

52 Page précédente: autel funéraire de Julius Maximinus, soldat émérite de la VIIIe légion, bénéficiaire d'un procurateur, Arlon (première moitié du I I I e siècle).

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Les situations organisationnelles sont variées au plan institutionnel et administratif et dépendent de la nature du statut octroyé dès après la conquête ou au cours de l'histoire, en vertu de la latinisation et de la romanisation des cités ainsi que du caractère militaire ou inerme de l'espace en question.2 Dans cette perspective, nos contrées peuvent être considérées comme des zones de l'intérieur du terri­ toire romain, localisées à peu de distance des fron­ tières. Le statut et l'histoire de la cité des Tongres, au demeurant assez complexes, sont directement liés à cette situation géographique particulière.

LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES La province S'il y a lieu, après chaque conquête, Rome crée de nouvelles provinces.3 L'érection en province de la Belgique remonte au plus tôt à 27 avant J.-C. ou plus tard, en 22, entre 16 et 13 avant J.-C. Les districts rhénans, dont l'un constituera le territoire de la Ger­ manie Inférieure, seront détachés de la province de Belgique, d'abord militairement sous Tibère puis administrativement, sous Domitien.

54 La situation politique des provinces en Gaule Situation du Bas-Empire, en 311. Deux diocèses sont organisés: au nord, le diocèse des Gaules (capitale: Trêves), au sud, le diocèse de Viennoise. La nouvelle configuration du diocèse des Gaules intègre les provinces de: Lyonnaise I et II, Grande Séquanie, Alpes Grées et Pennines, Belgique I et II, Germanie I et II. Les villes importantes des nouvelles entités administratives: 1 Tongres 2 Cologne 3 Mayence 4 Strasbourg 5 Boulogne 6 Amiens 7 Reims 8 Trêves 9 Metz 10 Rouen 11 Paris 12 Tours 13 Lyon.

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À la tête de chacune d'entre elles, Rome place un gouverneur, responsable d'une administration com­ pétente en matière politique, judiciaire et financière. Pour la Gaule Belgique, on en connaît au moins vingtquatre d'entre eux, des légats, attestés presque tou­ jours par la documentation épigraphique. Priscus, légat propréteur de la province de Gallia Belgica, sous les règnes d'Antonin-le-Pieux ou de Marc-Aurèle, est l'un des plus brillants.4 Le territoire de la Wallonie actuelle se trouve partiel­ lement superposé à deux provinces romaines, celle de Belgique et celle de Germanie Inférieure, durant le Haut-Empire. À la fin de l'époque romaine, il recou­ vre encore en partie ces mêmes espaces, qui ont changé d'appellation : la Belgique Première, la Belgique Seconde et la Germanie Seconde.

La civitas La cité ou civitas se compose de l'ensemble de son ter­ ritoire et de son centre urbain principal. Elle peut bénéficier de statuts divers. On distingue les cités fédé­ rées, comme celle des Rèmes, les cités libres comme celles des Nerviens et des Trévires et les autres, qui sont stipendiaires, c'est-à-dire qu'elles sont directe­ ment astreintes au droit romain, sans passer par un accord. C'est une entité spécifique qui peut avoir sa constitution, le droit de légiférer et ses cultes. Elle est dirigée par un conseil et dispose de magistrats.5

Quelques-unes d'entre elles intéressent le territoire wallon d'aujourd'hui: la cité des Nerviens, la cité des Ménapiens, la cité des Tongres, la cité des Trévires et dans une mesure infime la cité des Rèmes. Un magis­ trat, du nom de Vitorius Caupius, décurion de son état, est attesté pour les Tongres, dans une inscription retrouvée à Vaux-lez-Cherain, dans un tumulus. La cité des Tongres pose un problème spécifique d'appartenance, qui a longtemps été discuté. Les his­ toriens se querellent sur le fait de savoir si cette cité a émargé à la province de Gaule Belgique ou à la pro­ vince de Germanie Inférieure. En faveur de la pre­ mière hypothèse, quelques textes et inscriptions ont été pris à témoin : le texte de Ptolémée et une inscrip­ tion trouvée à Bulla Regia. À supposer que la cité des Tongres ait appartenu un petit moment à la Gaule Belgique, elle se trouvera rapidement rattachée au Haut-Empire à la province de Germanie Inférieure. L'argument principal utilisé, pour envisager le ratta­ chement des Tongres à la Germanie Inférieure est sérieux. On a découvert à Tongres un autel votif, qui ne semble pas pouvoir être daté d'avant le milieu du 11e siècle; il est porteur d'une information capitale, témoignant que la ville était un municipe, ce qui laisse normalement augurer de son appartenance à la Germanie Inférieure.6 Le cadre administratif de la cité bénéficie de deux entités de niveau secondaire dont le fonctionnement est encore assez peu connu: il s'agit du pagus et du vicus. Ces structures sous-jacentes pouvant servir de

55 Représentation géométrique et schématique du territoire des civitates dans le nord de la Gaule, selon la méthode des polygones de Thiessen. La localisation exacte du territoire des trois civitates les plus septentrionales est en fait peu connue (Frisiavons, Canninéfates et Bataves). 56 Épitaphe de Vitorius Caupius, décurion, découverte à Cherain. Il était membre du conseil municipal de Tongres à la fin du ne ou au I I I e siècle.

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relais à l'administration sont réclamées par la taille des cités. Elles sont nombreuses en Gaule, particuliè­ rement dans la province de Belgique où une quaran­ taine d'entre elles sont attestées. Néanmoins, la recherche nouvelle indique que l'on ne peut pas met­ tre sur le même pied le pagus et le vicus. En matière de mandats politiques, une inscription de Sens nous apprend par exemple que le cumul des représenta­ tions pouvait être accepté au milieu du me siècle après J.-C. : un certain Gaius Paterninus est tout à la fois édile de la cité des Sénons, représentant officiel du pagus Toutacus et édile des habitants du vicus de Sens.

On ne connaît bien ni la taille ni le nombre moyen de pagi par cité. En pratique, ils pouvaient être quatre ou cinq, si l'on se rapporte au témoignage de Jules César pour le territoire des Helvètes ou à la Bretagne pour laquelle un document épigraphique paraît expli­ cite. Mais puisque les civitates ont des superficies dif­ férentes, les pagi peuvent être aussi plus ou moins nombreux, selon les cas. Les pagi sont des instances de décision officielle et ont des organes administratifs assez semblables à ceux de la civitas, soit une assemblée et des institutions; ils prennent des décrets. Néanmoins ils ne sont pas indé­ pendants de la cité et prennent une part active dans certains domaines; on pense en particulier aux activi­ tés religieuses. C'est dans cet esprit que les pagi dispo­ sent peut-être d'un lieu de culte public bien entretenu et situé à la campagne, les fameux conciabula, mal dénommés. On connaît par les inscriptions un certain nombre de magistrats de pagi comme les magistri, praefecti, curatores.7 En ce qui concerne les pagi qui ont fait l'objet d'une reconnaissance, ils sont bien peu nombreux: un pagus Vennectis chez les Rèmes, quatre pagi chez les Trévires, dont un attesté à Arlon, deux pagi chez les Tongres: celui des Toxandres et celui des Condruzes. Le pagus du Condroz est, semble-t-il, réputé dans l'armée. Trois inscriptions en parlent, notamment celle de Birrens qui évoque un soldat appartenant à la IIe cohorte des Tongres, originaire du pagus Condrustis. Les sources médiévales attestent également

Le p a g u s Le pagus est un «pays», une région, une entité secon­ daire par rapport à la civitas, dont l'origine est variée. L'espace est délimité et borné. On a imaginé, sans cer­ titude, que le pagus pouvait correspondre à une struc­ ture gauloise de trop faible importance pour pouvoir être élevée au rang de cité après la conquête. Elle peut évoquer le nom d'un peuple indigène, une ressource ou des propriétés terriennes. Le Pagus Condrustis, le Condroz, qui dépend de la cité des Tongres, renvoie aux Condrusi cités par César, comme s'il y avait adéquation entre un groupe humain et une région politique réaménagée. Mais d'autres dénomi­ nations ne rappellent en rien une population.

57 Autel votif à Jupiter découvert à Tongres et attribuant à la ville le titre de municipe, [ I e siècle après J.-C. 58 Inscription provenant d'Arlon, de la seconde moitié du IIe siècle, honorant la maison impériale et le pagus local. Le nom de celui-ci ne nous est malheureusement pas connu, mais nous disposons d'une seule lettre pour le désigner: E.

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de l'existence de bien d'autres pagi, comme celui rela­ tivement ancien de Lomme, mais on ne peut se pro­ noncer sur leur antiquité réelle.8

Le vicus et les vicani Faire coïncider le terme de vicus avec une réalité archéologique, une grosse agglomération ou une petite bourgade, n'est pas chose facile, en l'absence de docu­ ments épigraphiques. Si l'on examine les dénominations issues de l'Anti­ quité, elles ne donnent pas satisfaction, parce qu'elles ne visent que le plan juridique ou administratif, rare­ ment révélé dans les sites archéologiques. Jules César mentionne les termes d’aedificia, oppida et vici mais il ne semble pas attribuer de valeur particulière à ces énumérations. Un autre texte d'Isidore de Séville met sur pied d'égalité vici, castella et pagi. La définition du terme vicus est aussi on ne peut plus vague. Pour le lexicographe Festus, le vicus est un pâté de maisons ou un quartier de la ville ou un village, un bourg en milieu rural avec réseau de voies et sans enceinte. Le vicus est une agglomération qui dispose d'une organisation administrative officielle, mais en Gaule

il n'y a pas de véritable relation hiérarchique entre le pagus et le vicus. Il sort du schéma traditionnel auquel on est habitué, à savoir que le vicus serait, avec son administration, le centre d'un pagus. Il semble que ce ne soit pas toujours le cas. Il y a beaucoup plus de vici que de pagi et l'on estime que les vici sont soumis à la civitas et non au pagus.9 Quoi qu'il en soit, le vicus est nécessairement une petite ville ou une grosse agglomération qui doit pou­ voir justifier d'obtenir un cadre et une vie administra­ tive. Elle est le plus souvent placée aux mains de ses habitants, les vicani, et ceci se déduit des inscriptions qu'ils font exécuter. Une soixantaine d'inscriptions sont connues en Gaule mentionnant le terme de vicus ou de vicani. Citons par exemple un monument à caractère votif retrouvé en 1997 à Jouars-Pontchartrain dont l'inscription men­ tionne le terme de «vicani», de manière complète. Si l'on se base sur l'épigraphie, on verra que ce n'est pas le vicus qui est important mais les vicani, les habitants d'un vicus, qui se constituent en collectivité, peuvent agir à ce titre au plan institutionnel, posséder des biens publics et les aliéner, décider de la construction de monuments publics. Ils se placent ou sont placés sous l'autorité de magistri vici, élus et de curatores vici.

59 Stèle figurant Apollon à la lyre, provenant d'Arlon. La pièce est moins intéressante du point de vue de la sculpture qui l'enrichissait, qui est d'ailleurs incomplète, mais elle vaut par l'inscription qui figure au bas de celle-ci. Il s'agit d'une dédicace des habitats d'Arlon ( Orolaunenses). 60 L'inscription d'Arlon figurant au bas de la stèle d'Apollon. 61 Inscription découverte à Theux qui constituait la dédicace d'un temple. Elle évoque les habitants du vicus: les [Te]ctenses (llle siècle).

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Une étude menée sur les nombreuses inscriptions du pays trévire ou rhénan à propos des vicani nous documente sur la nature des responsabilités et sur les motivations des dédicants. C'est la communauté des vicani pour 72%, qui fait exécuter les inscriptions contre un pourcentage réduit de personnes occupant une fonction officielle (magister vici, vicarius). Les ins­ criptions sont dédiées pour 57% à des divinités et elles sont liées à des édifices de culte pour 61 %, contre 20% dans le secteur des bâtiments civils et 7% dans le secteur funéraire.10 En Wallonie, seul les vici d'Arlon et de Theux sont attestés par une inscription, la dernière étant peu assu­ rée (Tectensium). Il y serait question d'une curatelle de viens. Les itinéraires anciens, qui ne prennent en compte que les établissements routiers, n'évoquent que rarement le qualificatif de vicus pour un site. C'est le cas pour Arlon (Orolauno vico) et Liberchies (Geminico vico). D'autres termes, qui sont à mettre en rapport avec une fonction plus spécialisée et mieux définie, inter­ viennent aussi dans le débat. Les canabae se rapportent à un petit bourg développé autour d'un camp mili­ taire. Le terme de conciabulum, utilisé en vue de dési­ gner des agglomérations à caractère religieux a été sorti de la littérature archéologique. En effet, il paraissait séduisant de relier à une dénomination antique des sites d'un aspect particulier, établis en pleine cam­ pagne, dépourvus de véritable habitat mais bénéficiant d'une parure monumentale démesurée: temples, thermes et théâtre. En réalité, il n'y a aucun témoi­ gnage épigraphique de l'emploi de ce terme, en Gaule. En Aquitaine, par exemple, tous les sites dénommés conciabula par les archéologues, ont livré des inscrip­ tions les qualifiant de vici.11

L'ÉVOLUTION DU CADRE ADMINISTRATIF ET GÉOGRAPHIQUE La Belgique indépendante Sous l'indépendance, le territoire situé au nord de la Seine et jusqu'au Rhin est occupé par les Belges parmi lesquels figurent aussi des populations germaniques immigrées, issues par exemple de l'installation de Germains cisrhénans.12

Au plan socio-culturel, ledit territoire est partagé en deux. Une partie de celui-ci méconnaît l'influence romaine à peu près totalement tandis que l'autre y est déjà fortement sensibilisée. Les tribus méridio­ nales ou occidentales, comme les Trévires, Rèmes, Ambiens, Suessions, Bellovaques, ont une organisa­ tion politique plus développée et des contacts écono­ miques avec le sud, traduits par le commerce des esclaves, du vin et une circulation monétaire diversi­ fiée. Les autres tribus, les Nerviens, les Éburons, offrent peu de prises à l'extérieur; elles vivent repliées sur elles-mêmes.13 En outre, il existe une région qui est plus spécifiquement considérée comme relevant de la nation belge: ce sont les territoires situés vers l'ouest de la zone et qui englobent les Atrébates, les Ambiens, les Bellovaques et peut-être les Suessions et les Viromanduens.14

Première organisation après la conquête Après la disparition de Jules César, la Gaule conquise sera administrée par un légat dont le plus déterminant pour le développement de ces pays sera M. Vipsanius Agrippa. La mise sur pied d'une nouvelle organisation administrative de la Gaule chevelue tarde à venir. Il faut attendre les séjours qu'y fera Auguste pour voir la chose se concrétiser.15 La première décision politique qui interviendra après la conquête vise à la séparation de la Gallia Narbonnensis de la Gaule Transalpine. Dès lors, il ne reste plus qu'à mettre sur pied une organisation qui prenne en compte les territoires gaulois restants, c'est-à-dire les Trois Gaules, à savoir la Lugdunensis, VAquitania et la Belgica. On hésite entre plusieurs dates : 27, 22 ou 16/13 avant J.-C. L'autel de Rome et d'Auguste élevé à Lyon, en 12, peut être regardé comme le symbole de cette nouvelle organisation. La Germanie cisrhénane ne fait pas partie inté­ grante des décisions prises. On la considère comme une entité propre, d'autant qu'elle est aux mains des militaires et qu'elle est proche d'une frontière que Ton souhaiterait reculer encore. On peut penser que vers 12/9 avant J.-C., sous l'impulsion de Drusus, la zone rhénane se voit détachée de la province de Belgique. À partir du règne de Tibère, qui renonce à la conquête de la Germanie libre, la zone rhénane

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62 La délimitation des frontières des civitates dans le nord de la Gaule, sous le Haut-Empire: la cité des Ménapiens (capitale: Cassel), la cité des Nerviens (capitale: Bavay), la cité des Tongres (capitale: Tongres). 63 La délimitation des frontières des civitates dans le nord de la Gaule, sous le Bas-Empire: la cité des Tournaisiens (capitale: Tournai), la cité des Cambrésiens (capitale: Cambrai), la cité des Tongres (capitale: Tongres).

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demeure un district détaché militairement de la Pro­ vince de Belgique. La décision politique d'Auguste aboutit donc à la création de la province de Belgique qui a Reims pour capitale et qui s'étend de la Mer du nord à la Seine et au Rhin. Elle a à sa tête un legatus pro praetore. Les cités qui la composent sont au nombre de dix-sept. Chaque cité a un chef-lieu, qui ne changera pas jusqu'au Bas-Empire. Aucun de ceux-ci n'est situé en Wallonie. En outre, le statut juridique de ces entités est déterminé à la suite des vicissitudes de la guerre des Gaules.

La réforme administrative de Domitien Peu avant la fin du Ier siècle après J.-C., il est temps de reconnaître que les districts militaires cisrhénans s'ap­ parentent désormais à des territoires comme les autres. En 84 ou 85, les Germanies sont constituées en provinces impériales consulaires. Il s'agit de la Germania Inferior, avec Cologne comme capitale et de la Germania Superior, avec Mayence dans la même fonction.16 La province de Belgique demeure inchan­ gée et s'appuie sur ses civitates. La cité des Tongres est rattachée à la Germania Inferior.

Les limites territoriales Les limites du territoire des cités, dont l'origine ren­ voie au moins en partie à celles des tribus de l'indé­ pendance, ne sont pas toujours aisées à circonscrire; elles font l'objet d'âpres discussions scientifiques continuelles. On fait souvent appel à la méthode his­ torique dite régressive qui consiste à utiliser les limites des évêchés médiévaux comme pouvant correspondre à des limites territoriales ayant dessiné les contours des cités du Bas-Empire. Cette façon de faire ne nous donne pas encore, si ce n'est en approximation, les délimitations des cités du Haut-Empire, qui ont pu évoluer d'une période à l'autre. Les limites de la cité des Nerviens paraissent à peu près bien définies. Vers l'ouest, c'est l'Escaut qui sert de démarcation avec les Ménapiens. Ceux-ci s'éten­ dent entre le fleuve en question et la Mer du nord et ont Cassel comme métropole. Vers le nord, les

Ménapiens confinent avec les Frisiavons. Cette entité administrative est très peu connue et ses limites terri­ toriales extrêmement problématiques. Seul le décou­ page automatique des polygones de Thiessen autorise à considérer que le nord-ouest de la Flandre, à l'ouest de l'Escaut ne dépendrait pas de la cité des Ménapiens, mais la chose est peu certaine.17 En ce qui concerne les Nerviens, dont la capitale est Bavay, leur limite méridionale se trouve aux sources de l'Oise. Vers l'est, la frontière avec la cité des Tongres est constituée par le cours de la Hantes, de la Sambre, du Piéton, de la Dyle et du Ruppel.18 Le territoire des Tongres apparaît comme anormale­ ment étendu. Cette situation particulière résulte de la guerre des Gaules. L'espace jadis occupé par les Aduatiques et les Éburons, voire par d'autres tribus clientes comme les Condrusi et les Paemani, n'a pu faire l'objet d'un découpage judicieux entre ces enti­ tés indigènes, faute de population. Elles ont été déci­ mées au point qu'il a fallu reconstituer une nation portant un nouveau nom. Cet espace est donc peu homogène tant au plan de ses nouveaux occupants que sous l'angle géographique qui regroupe la Hesbaye et les Ardennes. Cet élément a pu jouer dans les atermoiements ayant présidé au rattachement de cette nouvelle entité complexe à la province de Germanie Inférieure. La limite occidentale de la cité des Tongres coïncide bien évidemment avec celle des Nerviens qui a été décrite plus haut. La limite septentrionale de la cité vient buter contre le territoire des Bataves et des Frisiavons, pour lesquels nous n'avons pas suffisam­ ment d'informations. La limite orientale est plus pré­ cise. On envisage spontanément que la Meuse ait pu servir de ligne de démarcation naturelle entre les Tongres et leurs voisins orientaux, à savoir la popula­ tion de la civitas de Xanten. Mais ce n'est pas le cas. Il existe à cet endroit un pagus Catualinus, rattaché à Xanten et occupant partiellement la rive gauche de la Meuse. Un autre pagus attesté au Moyen-Âge, celui des Toxandres, figure aussi au sein de la civitas Tungrorum, dans sa frange septentrionale. La limite entre les cités des Tongres et de Xanten traverse ensuite la Meuse et se calque sur le tracé de la Gueule. On longe ainsi le territoire des Ubiens au sein duquel se placent proba­ blement à cet endroit les Sunuci, une petite commu­ nauté de population connue de Tacite. Le ruban

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la Gaume et le pays d'Arlon. L'existence de cinq pagi est assurée pour cette civitas. Celui qui se dénomme le pagus Vilcias, à la limite de la nation des Tongres, le pagus Carucum, au nord et plus à l'est, celui de Teucorias, non localisé et enfin deux autres dont on ne connaît que la ou les deux premières lettres. Parmi ceux-ci figure le pagus de E..., révélé par une inscrip­ tion d'Arlon, qui doit certainement correspondre avec le pagus abritant ce vicus romain. 20 Le territoire des Rèmes opère deux toutes petites «incursions» en Wallonie, dans la région de Momignies et au sud de la Semois, à Vresse-sur-Semois.

La réforme administrative de Dioclétien frontalier poursuit son chemin vers le sud en traver­ sant les Hautes Fagnes et l'Ardenne et les limites de la zone tongrienne pourraient bien correspondre à celle du pagus médiéval d'Ardenne. Un peu plus bas, nous disposons d'un repère matériel; il s'agit d'une bornefrontière du pagus Carucum, aux confins du territoire des Ubiens et des Trévires. La relation entre le nom de ce pagus et celui de la population des Cérèses citée par Jules César est alléchante. La frontière fait un coude pour rejoindre l'Ourthe. Pour la frontière méridionale de la cité des Tongres qui y confine avec celle des Trévires, la question est de savoir si la ligne de démarcation qui entoure les évê­ chés médiévaux peut être ou non adoptée. Dans ce cas-là, la limite frontalière passe très au sud de la val­ lée de l'Ourthe et englobe Bastogne dans la civitas Tungrorum. Des voix se sont élevées pour défendre une autre proposition tenant compte de l'existence d'un pagus, celui de Vilcias, inscrit dans la zone trévire. Du coup, ce sont l'Ourthe orientale et occiden­ tale qui auraient fait office de frontière naturelle entre les Trévires et l'Ardenne où la curia Arduennensium d'Amberloup sacraliserait le passage d'un pays vers un autre. Les auteurs allemands proposent une ligne intermédiaire et moins sinueuse passant au nord de Bastogne. Enfin, la frontière sud-ouest développe un tracé appuyé sur la route romaine de Reims à Cologne, la Semois, puis la Meuse, avant de cheminer le long de la frontière française actuelle jusqu'à la Wartoise.19 La cité des Trévires se localise donc au sud de la ligne de démarcation retenue plus haut et s'étend sur

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Peu avant le IVe siècle, prend place une réforme admi­ nistrative fondamentale qui affecte toutes les régions de l'Empire. Il n'est pas tant question de renommer les anciennes entités, que de les rassembler autrement et de les multiplier. Dans la nouvelle conception des chancelleries, la ville, c’est-à-dire la capitale de la cité, prendra le pas sur le territoire et en deviendra plus qu'auparavant le pôle d'attraction. La Gaule est organisée en deux diocèses: celui des Gaules et de la Viennoise. La province de Belgique est dédoublée en deux partitions qui s'appelleront désormais province de Belgique I et province de Belgique IL La Germanie Inférieure est rebaptisée en Germania Secunda. Au sein de la Belgique Seconde, des anciennes capitales de civitates disparaissent au profit de nouvelles, comme Cambrai qui remplace Bavay. C'est aussi l'heure de gloire pour Tournai, qui se substitue à Cassel. Il de­ vient le pôle de la cité des Tournaisiens qui remplace celui des Ménapiens. Toutes ces informations nous sont assez bien décrites par un document intitulé: Notitia provinciarum et civitatum Galliae. La province de Germanie Seconde ne compte plus que deux civitates, dont celle des Tongres. La province de Belgique Seconde, qui conserve Reims comme capitale, intègre notamment les entités suivantes : les civitates Remorum, Turnacensium, Camaracensium. La province de Belgique Première demeure très impor­ tante, notamment par le biais de sa civitas Treverorum, appelée plusieurs fois à abriter la cour impériale.21

Sur un autel votif aux déesses-mères, découvert en aval de Nimègue, le long du Waal, on trouve une inscription attestant l'existence d'un citoyen nervien, M. Liberius Victor, marchand de blé.

Chapitre III

LES VOIES DE COM M UNICATION

Dans l'Antiquité, le réseau de communication n'est pas exclusivement composé de chemins terrestres. L'itinéraire mixte eau-terre est souvent incontourna­ ble, d'autant que les voies fluviales ou maritimes auto­ risent des transports d'un tonnage plus élevé. On sait que des routes nombreuses sillonnaient déjà la Gaule avant l'arrivée de Jules César; les déplace­ ments éclairs du dictateur ne peuvent autrement être envisagés. Il signale d'ailleurs avoir vu des ponts sur la Loire. En revanche, on ne dispose pas d'informations plus précises sur la qualité des moyens de communi­ cation et sur l'importance de leur récupération à l'époque romaine. La longue période qui sépare la conquête césarienne de la Gaule et la mise en place d'une politique d'infra­ structure, déléguée par Auguste à Agrippa, n'a pas dû être propice aux réalisations importantes en la matière. Tout au plus découvre-t-on, à suivre Strabon, qu'une volonté politique s'est manifestée assez rapi­ dement: celle de relier de manière efficiente l'Italie au nord de la Gaule. C'est la première mouture d'un pro­ jet ambitieux. Les voies septentrionales d'Agrippa ne sont alors qu'au nombre de deux à partir de Lyon et en direction du nord: l'une atteint le Rhin et l'autre gagne l'Océan vers Boulogne; ces itinéraires ont d'ail­ leurs un tronçon commun au départ de la-dite capi­ tale des Gaules.1 Dans les décennies qui vont suivre, le projet de base sera complété. Ici encore la priorité est donnée aux grands axes militaro-économiques. La route la plus ancienne qui a traversé notre région est celle qui quitte Boulogne vers l'est pour rejoindre Cologne sur le Rhin. C'est la grande chaussée Brunehaut du nord des Gaules, dont on pense qu'elle fut bâtie entre 20 et 10 avant J.-C. ou à tout le moins viabilisée pour la pre­ mière fois, tenant compte du fait qu'un chemin en terre primitif a parfois été détecté sous l'assise de la voie romaine, comme à Waudrez. Deux autres chaussées parcourent aussi le territoire wallon, mais elles apparaissent plus tardivement. Il s'agit d'un axe qui joint Reims à Trêves, en passant par le sud Luxembourg et de celui qui relie Reims à Cologne. Peu avant le milieu du Ier siècle de notre ère, le réseau routier de base se complète, notamment à l'ini­ tiative de Claude, qui lui adjoint un certain nombre de voies de notoriété moins grande.

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Quant à la problématique des chemins secondaires ou privés, la question de leur localisation et de leur datation est souvent débattue, parce qu'ils ne sont pas cités dans les textes. Il faut ici mettre en oeuvre les res­ sources de la toponymie, de la photographie aérienne et de l'archéologie pour les ressusciter.2

LES SOURCES Lorsqu'il s'agit de reconnaître le tracé des routes antiques, les moyens d'enquête à notre disposition sont assez limités, à l'exception de la fouille archéolo­ gique qui autorise une localisation fiable de la voie, sans toujours pouvoir la dater avec précision, en l'ab­ sence fréquente de matériel archéologique aban­ donné à l'endroit où la fouille est entreprise. Les sources littéraires ne donnent que des informa­ tions assez vagues. En revanche, les données épigra­ phiques et les itinéraires anciens sont plus éloquents, mais ils passent naturellement sous silence beaucoup d'attestations de routes qu'on aurait voulu voir citées.

Les textes littéraires En relisant les auteurs classiques, on trouve une infi­ nité de passages qui ont trait de manière indirecte à la route romaine et qui nous donnent des renseigne­ ments sur le voyage, sur le mode d'utilisation des voies, sur la politique et les techniques d'aménage­ ment des routes. Pour l'essentiel, ces informations visent l'Italie et non pas la Gaule. Suétone, Pline le Jeune et Apulée nous content par le détail la manière dont on effectuait des voyages, en particulier les empereurs. Suétone nous livre aussi quelques infor­ mations sur les initiatives prises en matière d'aména­ gement du réseau routier. Mais les données les plus intéressantes nous viennent de deux auteurs auxquels on a souvent recours parce qu'ils nous offrent l'un des principes juridiques, l'autre des éléments techniques. Siculus Flaccus, un arpenteur du Ier siècle de notre ère, s'essaye sur un classement hiérachique des voies, qui est particulièrement intéressant. II distingue: les viae publicae, qui sont les voies publiques, construites aux frais de l'État; les voies vicinales ou secondaires

Page précédente: vue aérienne oblique de la chaussée romaine de Tongres à Bavay, à Liberchies. À i'avant-plan, le quartier de Brunehaut. Plus loin, dans les campagnes, le site de l'agglomération du Haut-Empire.

LES VOI ES DE C O M M U N I C A T I O N I

qui s'embranchent sur les grandes routes, entretenues par les pagi ; les viae privatae, qui traversent les domaines agricoles. Il faut y ajouter les viae militares, qui sont des routes stratégiques. Ce sont évidemment des chaussées publiques qui répondent à un moment de leur histoire à une sollicitation de l'armée. Stace, un poète, à propos de la via Domitiana en Italie, s'exprime sur la technique de construction uti­ lisée pour cette voie, sur un segment de son parcours. Le mode de construction décrit n'est pas sans parallèle avec ce qui a été observé à de nombreuses reprises lors de coupes stratigraphiques réalisées par exemple sur les tracés des routes de Bavay à Cologne et de Reims à Trêves, en Wallonie: on débute le travail en traçant des sillons de délimitation de l'emprise de la voie, on creuse aussi le sol au niveau de la future chaussée pour déchirer le sous-sol et on le remplace par des maté­ riaux qui permettront une assise meilleure. Strabon donne quelques informations sur les routes de Gaule. La Géographie de Ptolémée qui n'est qu'une compilation byzantine des x e-xie siècles fournit des manuscrits et des cartes qui ne sont pas utiles à consulter pour le nord de la Gaule. La même observa­ tion sera faite à propos de l'Anonyme de Ravenne. La Cosmographie est également une compilation réalisée au ix e siècle de documents du Ve siècle, elle donne une liste des stations routières, des hydronymes et des indications topographiques.3

Les itinéraires routiers Deux itinéraires remontent à l'époque romaine et, même s'ils ne fournissent pas une information sur toutes les routes antiques, ils s'avèrent être des docu­ ments d'importance capitale, constamment mis à contribution par les chercheurs. Il s'agit de la Table de Peutinger et de l'Itinéraire d'Antonin. La Table de Peutinger est une copie médiévale d'une carte antique, qui a pro­ bablement été dessinée dans la première moitié du Ve siècle mais qui se rat­ tache à un document officiel du début du me siècle. On sait qu'une carte similaire a été peinte auparavant sous un portique à Rome. Ce document a été retrouvé

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à la fin du xvesiècle à Worms et a été confié à Conrad Peutinger d'Augsbourg. C'est un rouleau de parche­ min de 0,34 m sur 6,80 m. L'Empire romain et la Méditerranée y occupent une configuration très irréa­ liste, les dimensions du document ont provoqué l'éti­ rement du dessin d'ouest en est, la distance entre les zones nord et sud de l'Empire est réduite et provoque un effet de tassement des espaces dans cette orienta­ tion. Mais qu'importe, le document poursuit un but utilitaire : proposer les distances entre deux points et montrer le parcours le plus commode pour les join­ dre. Pour l'essentiel, en effet, on y trouve le tracé de routes romaines et la localisation de sites qui y sont accrochés, avec un chiffre de distance entre chaque station. Pour quelques étapes routières de première importance, elles sont figurées par une vignette; le nom antique accompagne chaque désignation d'étape. Outre ces informations capitales, le document repré­ sente les rivages, les cours d'eaux principaux et quel­ ques éléments topographiques majeurs. L'Itinéraire d'Antonin correspond à une liste des routes avec, pour chacune d'elles, l'énumération des villes ou des stations qui la jalonnent sur ce parcours, en tenant note des distances entre elles. Le document semble renvoyer à l'époque de Caracalla pour sa constitution (212-217) mais dans l'état où on le connaît il est daté des règnes de Dioclétien ou Maximien (284-305). Il est moins visuel que la carte de Peutinger et en ce sens on ne s'étonnera pas de constater que certains tronçons de routes sont cités plusieurs fois, ce qui ne nous aide pas à savoir quel iti­ néraire peut l'emporter sur un autre, au plan de son importance et de sa fréquentation.4 Malgré l'intérêt avéré de ces deux sources, elles n'évoquent donc pas toutes les voies romaines qui ont traversé la Wallonie, loin s'en faut. En confrontant l'une et l'autre, on peut dresser un état de nos connaissances sur certaines voies et sur certaines sta­ tions qui les jalonnaient. Il va sans dire que les routes reprises sur ces documents sont évidemment les plus importantes ayant sillonné notre région et qu'elles peuvent être considérées comme des voies publiques, voire militaires, pour certaines époques troublées de l'histoire romaine. La première route, dûment attestée par les deux documents, est la chaussée Bavay-Tongres-Cologne, qui unit plusieurs capitales de cités. On y trouve

Extrait de la Table de Peutinger: vignette illustrant Bavay, la capitale des Nerviens, représentée par deux tours (fioco conervio).

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67 Le tracé de la chaussée romaine de Bavay à Tongres (Boco conervio - Atuaca), sur la Table de Peutinger, avec les étapes intermédiaires, sans doute Waudrez, Liberchies et Braives. 68 Le tracé de la chaussée romaine de Reims à Cologne (Durocortoro - Agripina), sur la Table de Peutinger, avec les étapes intermédiaires. 69 Le tracé de la chaussée romaine de Thérouanne à Bavay ( Tervanna - Baca conervio), sur la Table de Peutinger, avec les étapes intermédiaires, Wervik, Tournai et Escaupont.

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énumérées au titre de station routière, trois agglomé­ rations: Waudrez, Liberchies et Braives, si l'on veut bien identifier, comme on le fait désormais, les déno­ minations de Vodgoriacum/vogo Dorgiaco, Geminiacum/ Geminico vico et Perniciacum/Pernaco (I. Ant/Tab Peut.) avec les sites archéologiques correspondants qui sont en cours de fouilles. La seconde route unit Reims à Trêves. On n'y trouve qu'une seule agglomération mentionnée le long de son parcours belge: Arlon ou Orolauno vicus (I. Ant.). La troisième route joint Reims à Cologne. Son par­ cours pose problème et une station peut être localisée en Belgique : Meduanto (Tab Peut.). Cette route figurait sans doute sur la colonne centrale de l'indicateur de Tongres. Vers l'ouest, deux tronçons de route nous intéres­ sent aussi parce qu'ils aboutissent ou traversent la petite ville de Tournai ou Turnacum. En premier lieu, il est question de la prolongation de la voie romaine du nord des Gaules, de Cologne à Bavay, qui rejoin­ drait Boulogne par Tournai. Le second tronçon ne s'inscrit pas dans un itinéraire long puisqu’il n'est mentionné que pour un parcours joignant Tournai et Cassel. Il est enfin question d'un bout de route de Tournai à Estaires (?).s L'indication des distances qui accompagne les noms des stations débouche souvent sur des problèmes ardus d'interprétation. Les chiffres donnés n'apparaissent pas toujours identiques dans la version de l'Itinéraire d'Antonin et la Table de Peutinger et des fautes, dues aux différents copistes médiévaux, peuvent avoir été introduites au cours du temps. En outre, deux systèmes de calculs s'opposent. Celui du mille romain et celui de la lieue gauloise. Cette dernière vaut 2222 m environ et le mille romain correspond à une distance inférieure, de 1478 m. Il est bon de savoir que dans le nord de la Gaule toutefois, la distance n'est pas donnée en mille pas romains mais en lieues gauloises.

la présence de l'un d'entre eux à Tongres, découvert en 1817. Ce sont des colonnes octogonales en pierre qui figuraient au centre des grandes villes comme pour mieux marquer le point de départ de différents itinéraires à suivre, à partir des capitales. Sur chaque face du document de pierre figurent des colonnes de noms et de distances qui représentent autant de routes romaines. Dans le cas de Tongres, trois faces de cet indicateur n'ont été conservées que partiellement et pour notre malheur, elles renvoient à des chaussées qui n'intéressent pas le territoire belge. Toutefois, Tune des faces de la pierre donne confirmation de l'existence d'un trajet entre Cologne (?) et Reims. Il existe un autre indicateur retrouvé à Macquenoise en 1947, mais il s'agit d'un faux. C'est une dalle en terre cuite qui propose très curieusement un itinéraire reliant Marseille à nos régions. Les chercheurs les plus optimistes l'ont daté du xvT siècle et le document n'est donc pas authentique.6 Les témoignages épigraphiques les plus intéressants sont représentés par les bornes milliaires. Les routes étaient en effet jalonnées de hautes colonnes cylindri­ ques en pierre, placées à distance régulière en bordure de chaussée et donnant une indication de distance. On devait en trouver une tous les milles romains, soit tous les 1 478 m. Sur ces documents figuraient non seulement la distance entre le point d'implantation de la borne et le terme de la route mais aussi le nom

Les docum ents épigraphiques Les documents épigraphiques viennent régulièrement au secours de la littérature ancienne mais en Gaule du nord, ils ne sont pas légion. Les indicateurs routiers constituent des références de premier plan et il est heureux qu'on puisse signaler

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Sculpture d'Arlon représentant un attelage à côté d'une borne milliaire (fin IIe - début me siècle).

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du constructeur ou du réparateur de la voie au nomi­ natif, c'est-à-dire un empereur. Un bas-relief célèbre trouvé à Arlon montre cette borne en situation au bord d'une route. On ne connaît, en Wallonie, que deux exemplaires de ces bornes milliaires. Elles avaient été placées jadis le long des deux grandes routes dont l'existence est attestée par les itinéraires anciens. Le premier docu­ ment retrouvé à Buzenol a très probablement été dressé le long de la voie Reims-Trêves qui passe à proximité. L'autre a été retrouvé à Péronnes-lez-Binche, le long de la voie Bavay-Cologne, pratiquement en situation d'origine. La borne de Buzenol est datée d'une période située entre le 25 janvier 44 et le 24 janvier 45, sous le règne de l'empereur Claude et avait été posée à 54 milles de Trêves. La borne de Péronnes-lez-Binche est à mettre en relation avec une réfection de la route sous l'empereur Antonin-le-Pieux et fournit la distance du lieu à partir de Bavay (22 mille pas).7

À la recherche des voies romaines On ne peut se contenter de l'information qui nous est livrée par les itinéraires anciens et les documents épigraphiques, qui en l'occurrence, n'établissent l'exis­ tence que d'un petit nombre de routes, au regard de ce

que fut le réseau gallo-romain. D'autres routes nous ont été révélées par l'archéologie qu'elles soient importantes, secondaires ou vicinales. Pour se convaincre du silence dommageable des sources écrites, il suffira de s'en référer à titre d'exem­ ple au cas de Tongres. À s'en tenir aux seuls témoi­ gnages des documents évoqués, cette capitale de cité ne serait abordée que par trois voies, celle venant de Nimègue, et celles se dirigeant vers Cologne et Bavay. En réalité, Tongres est une étoile à huit branches qui donnent naissance à huit chaussées qui sont toutes attestées par la recherche archéologique. Avant de prendre en considération les résultats des fouilles et des prospections qui ont contribué à sur­ multiplier les indices conduisant à la découverte de voies romaines, on progresse déjà fortement lorsque l'on examine les cartes anciennes et les toponymes qui portent témoignage de l'existence de ces routes oubliées. Les toponymes que l'on recense sur les cartes et les plans cadastraux, pouvant désigner le passage d'une voie romaine, sont très répandus. Dans un certain nombre de cas, ils n'apportent guère qu'une confir­ mation de ce que l'on savait déjà, à propos d'une route romaine dont le tracé est connu. Les toponymes prennent toute leur valeur dès qu’ils peuvent nous mettre sur la piste d'une route dont le tracé ou l'anti­ quité ne sont pas avérés. Ces indications doivent natu­ rellement être corroborées par des enquêtes sur le terrain. La voie peut être associée à des noms : César, Brunehaut, Charlemagne, ou à un terme désignant la route, comme: chaussée, chaussée romaine, voie romaine, chaussée des Romains, via, voyette, strée, chemin vert, ou à une appellation qui propose une relation entre un relais et la route: Maison (mansio) rouge, Malmaison (mala mansio), Taverne (taberna). Quelques-uns de ces toponymes sont particulière­ ment remarqués en Wallonie: L'Voie de Chausse, la Vieille Voie, le Vieux Chemin, la Vieille Chaussée (Vervoz), La Chaussée, Cauchie, Pavé du Diable, Chaus­ sée Verte, la Haute Voie.8 Il existe, par ailleurs, un certain nombre de cartes anciennes (xvne et xvme siècles) qui reproduisent le tracé des routes antiques, sous une appellation qui les désigne clairement. Elles prennent en compte aussi la silhouette d'un certain nombre de tumulus, qui jalonnent encore les voies à cette période. On

71 Le milliaire de Péronnes-lez-Binche. Il mentionne le nom de l'empereur Antonin-le-Pieux et une distance de 22 mille pas (XXII), à partir de Bavay (Bag (aco)). Le titre de pater patriae, pour cet empereur, apparaît dans l'épigraphie à partir de 139 après J.-C. La borne a été retrouvée le long de la voie de Bavay à Cologne et la distance est bien donnée en milles et non en lieues gauloises. 72 Le milliaire de Buzenol. Il mentionne le nom de l'empereur Claude et une distance de 54 mille pas (Lllll), à partir de Trêves (Augusta). Une date nous est également fournie: la quatrième puissance tribunice de l'empereur, qui se situe entre le 25 janvier 44 et le 24 janvier 45 après J.-C. La borne était donc jadis élevée le long de la route de Reims à Trêves.

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pense à des cartes comme celles de Fricx (1712), de Jaillot (1747), du Chevalier de Beaurain (1755), du comte de Ferraris (1777). La photographie aérienne permet quelques fois de matérialiser des tracés peu connus. De la sorte, ont été révélés par exemple un tronçon de route à Sauvenière (Baudecet), un autre quittant la bourgade de Braives vers le sud, ou encore l'inflexion que fait l'axe ReimsTrêves à Autelbas (Wolberg). Les relations qu'entretiennent les routes avec le pay­ sage romain sont fondamentales; trois composantes s'inscrivent dans celui-ci: les routes, le parcellaire et l'habitat. Si les chemins privés intègrent bien souvent le découpage des propriétés en participant au mar­ quage de leurs limites, il n'en est pas de même des grandes chaussées qui peuvent n'avoir aucun rapport avec les cadastres, d'autant qu'ils sont généralement postérieurs. On préféra établir un axe bien rectiligne dans le cas des voies publiques, aux fins de relier par

la ligne la plus directe deux grandes villes entre elles. C'est ce qui a produit ces tracés de légende : des routes interminablement droites dont la rectitude se décou­ vre mieux, vu d'avion. Dans cette perspective, les ingénieurs romains construisent de préférence leurs routes sur des crêtes pour n'avoir pas à remblayer des portions d'itinéraire ou à franchir des zones humides. Quelques exceptions existent parfois. Ainsi, s'est-on étonné de voir la voie romaine Bavay-Tongres parfai­ tement rectiligne sur une grande partie de son par­ cours, puis offrir un tracé sinueux entre Gembloux et Braives, là où la route présente un changement d'orientation majeur. L'explication avancée a mis en avant le fait qu'un tronçon de chemin pré-romain aurait été emprunté sans rectification par les aména­ geurs de la route romaine. Au vrai, certains segments de la voie sont plus rectilignes qu'il n'y paraît, la sinuosité actuelle ne se superpose pas toujours au tracé antique.

73 Extrait de la carte du Chevalier de Beaurain, publiée en 1755, localisant les camps de Vinalmont durant la campagne du Maréchal de Luxembourg, en 1694, en Hesbaye. La route romaine de Bavay à Tongres y est désignée sous le nom de Grande chaussée de Brunehaut. Son tracé occupe une place importante dans le paysage, il est jalonné par des tumulus.

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74 Le tracé des voies romaines attesté par la toponymie, à partir de documents récents: les cartes topographiques, a La voie Bavay-Cologne à Waremme: À La chaussée des Romains (C.M. 41 /3-4). b La voie Tongres-Arlon-Metz, entre Herstappe et Kemexhe: les toponymes sont multiples et apparaissent dans les deux langues : Verte Chaussée, Groenstraat, Voie Romaine, Romeinse Steenweg (C.M. 41/3-4). c La voie Reims-Trêves à Izel : Chaussée Brunehaut (C.M. 67/7-8). d Une voie romaine non reconnue à Biercée: Chaussée romaine (C.M.52/1 -2).

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75 Quelques vues aériennes révélant un tronçon de voies romaines. À gauche: Sauvenière, trace d'un chemin antique embranché sur la voie Bavay-Cologne en direction de Tourinnes-Saint-Lambert. À droite: Autelbas, inflexion de la chaussée romaine Reims-Trêves, au Woiberg. En bas: Viesville: un champ en lanière a longtemps été cultivé dans un parcellaire moderne orienté sur la chaussée Bavay-Cologne.

La chaussée romaine de Bavay à Tongres, dans son parcours hesbignon. À partir de Cortil-Noirmont, la voie observe un coude et perd la rectitude qu'elle avait depuis son origine.

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LE RÉSEAU ROUTIER L'évolution de la recherche L'intérêt porté aux voies romaines a suscité un grand nombre de travaux généraux, à partir de 1850, date à laquelle un architecte et ingénieur des ponts et chaus­ sées, J. Van Der Rit, se voit confié la mission de locali­ ser les anciennes chaussées romaines de Belgique afin de déterminer celles qui seraient susceptibles d'être intégrées dans un réseau routier à moderniser. C. Van Dessel reprend, en 1877, une étude générale dans laquelle il tente de distinguer les voies de «premier ordre» et les voies secondaires. V. Gauchez, en 1882, recense, dans une topographie des voies romaines de la Gaule Belgique, toutes les routes supposées romaines sur la base de l'existence de sites archéologiques, à par­ tir de considérations historiques générales et par l'exa­ men de tronçons routiers anciens encore visibles à son

époque. Les résultats de ces travaux publiés et des cartes qui en résultent aboutissent à une vision très éloignée de la réalité et à une complexification abusive de celle-ci. La carte dressée par R. De Maeyer, relative aux villae romaines de Belgique, propose aussi des tra­ cés routiers qui sont créés de toutes pièces simplement parce qu'ils permettent de mettre en relation des éta­ blissements ruraux importants.9 L'approche qui va prévaloir à partir des années 1950 est très différente. Des enquêtes sont conduites sur le terrain, un lien direct est établi avec les sites routiers et l'objectif n'est plus de traiter de l'ensemble de l'in­ formation mais de fournir une image plus précise du réseau routier principal. Les cartes dessinées par J. Mertens, demeurent encore la référence adéquate dans ce domaine de recherche.10 Par la suite, des pré­ cisions ont été apportées et quelques révisions de tronçons routiers ont été opérées, grâce à de nom­ breux travaux de terrain.11

77 Extrait de la carte des voies romaines de Belgique de C. Van Dessel (1877). Les trouvailles diverses et les sites archéologiques sans lien avec le réseau routier antique y sont repris en trop grand nombre, tandis que le réseau secondaire proposé, trop dense, ne correspond pas à la réalité.

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Les réseaux La Wallonie romaine a été traversée par un nombre considérable de chaussées ou de routes et la difficulté principale des chercheurs consiste à opérer un tri entre elles pour aboutir à un classement hiérarchique. Comme de nos jours, toutes les routes n'offrent pas la même importance, au plan stratégique, politique et économique. Par ailleurs, l'intérieur du territoire était desservi par des chemins vicinaux, reliant fermes et agglomérations.

Le réseau principal On prendra d'abord en compte les itinéraires tels qu'ils nous sont proposés par les sources antiques; ils impli­

quent l'existence d'une ou de plusieurs routes corres­ pondantes. En comparant les données issues de l'Itinéraire d'Antonin et celles de la Table de Peutinger, on aboutira à reconnaître l'existence de trois grandes liaisons routières: celle de Boulogne à Cologne, celle de Reims à Trêves et celle de Reims à Cologne. S'y ajou­ tent deux itinéraires plus locaux et plus courts. L'itinéraire le plus long permet de rallier Boulogne à Cologne.12 Pour ce qui concerne l'Itinéraire d'Anto­ nin, les points de départ et d'aboutissement des routes citées ne sont pas toujours Boulogne et Cologne pour autant. Dès lors, il est plus commode de décomposer l'ensemble de ce périple en deux trajets distincts: celui qui va de Boulogne à Bavay et celui qui va de Bavay à Cologne.

78 Le réseau routier principal en Gaule du nord Les documents antiques nous font connaître un petit nombre de chaussées, mais d'autres peuvent être restituées selon le principe qu'il existe des liaisons entre les capitales de cités.

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À bien examiner la carte de Peutinger, on constatera que l'on peut gagner Bavay à partir de Boulogne par deux lignes de déplacements différents: la première passe par le nord, en suivant le parcours suivant: Cassel, Wervik, Tournai et Escaupont. La seconde passe par le sud et offre un parcours complexe: Thérouanne, Arras et Cambrai. Dans l'Itinéraire d'Antonin, plusieurs parcours sont également propo­ sés. Le premier se superpose assez bien avec celui de la Table de Peutinger, il part aussi de Boulogne et atteint Bavay, par Thérouanne, Cassel, Wervik, Tournai et Escaupont. Le second, de Cassel à Cologne, propose un parcours alternatif, par Estaires (?), Arras, Cambrai, Bavay, Waudrez, Liberchies, Braives et Tongres. En outre, dans l'Itinéraire d'Antonin, il est question de deux trajets plus réduits: celui qui unit Cassel à Tournai, par Estaires (?) et celui qui va de Thérouanne à Tournai, par Arras. Les grands itinéraires présentés plus haut transitent par Bavay, à l'exception du premier qui s'y arrête. On distinguera donc, en amont de cette métropole, une première section de route qui la joint à Boulogne, par le nord : la voie passe à Thérouanne, à Cassel, à Wervik, à Tournai et à Escaupont (via 1), une seconde route, par le sud, qui passe par Thérouanne, Arras et Cambrai, en dehors du territoire belge actuel (via 2). On parlera de raccourci à propos d'une autre route unissant Cassel à Tournai, par Estaires (?) (via 3), tandis que le trajet évoqué par Tltinéraire d'Antonin, joignant Thérou­ anne à Tournai, par Arras, est beaucoup plus long.

En aval de Bavay, se place la route légendaire de Bavay à Cologne, avec ses célèbres agglomérations routières, qui est donc reprise deux fois dans les docu­ ments anciens (via 4). Au sud de la Belgique actuelle prennent place deux grands itinéraires : celui qui met en connexion Reims à Trêves, transitant par Chameleux et Arlon (I. Anton.) (via 5) et la voie de Reims à Cologne, par Mose et Meduantum, dont le parcours en Wallonie pose moins problème (Table Peut.) (via 6). Pour l'essentiel, donc, les sources antiques mettent en exergue l'existence de quelques dorsales impor­ tantes, traversant les régions de la Gaule du nord, d'ouest en est. L'Itinéraire d'Antonin retient parfois des circuits de déplacements très indirects, qui n'ai­ dent pas dans la détermination des routes correspon­ dantes. En adoptant un autre point de vue, on s'accordera aussi à considérer que les routes les plus importantes de l'époque ont été celles qui reliaient les capitales de cités entre elles. On ne peut donc pas douter de l'existence de routes ayant relié Bavay à Cassel, Bavay à Tongres, Bavay à Trêves, Tongres à Cologne, Tongres à Metz, Tongres à Trêves. Le même raisonnement peut être retenu pour l'Antiquité tardive à propos de Tournai qui a dû aussi être relié à Cambrai et à Arras. Quelques-unes de ces routes sont d'ailleurs clairement attestées par les sources citées plus haut. Quant aux autres, c'est à l'ar­ chéologie qu'il échoit de les retrouver.

79 Le réseau routier principal en Gaule du nord: numérotation des voies 1 Boulogne-Bavay, par Cassel, Wervik, Tournai et Escaupont (via 1 ) 2 Boulogne-Bavay, par Thérouanne, Arras et Cambrai (via 2) 3 Cassel-Tournai, par Estaires et Bouvines (via 3) 4 Bavay-Cologne ( via 4) 5 Reims-Trêves (via 5) 6 Reims-Cologne (via 6) 7 Bavay-Dinant (via 7) 8 Dinant-Trèves (via 8) 9 Tongres-Metz (via 9) 10 Tongres-Trèves (via 10) 11 Amiens-Cologne, par Saint-Quentin (via 11) 12 Bavay-Blicquy (via 12) 13 Blicquy vers le nord-ouest (via 13) 14 Blicquy-VelzekeDestelbergen (via 14) 15 Bavay-Asse-Voorburg (?) (via 15).

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Il existe bel et bien une route qui unit Bavay à Trêves. Un tronçon de cette voie, la «Havette» se des­ sine parfaitement dans le paysage de l'Entre-Sambreet-Meuse. Elle est bien attestée jusqu'à Dinant (via 7), mais son tracé à travers le Condroz est enveloppé de beaucoup d'incertitude (via 8).13 La chaussée qui permet d'atteindre Metz au départ de Tongres ne pose aucun problème de reconnais­ sance. Son tracé est appuyé par les agglomérations d'Amay, de Vervoz et d'Arlon (via 9). La voie de Tongres vers Trêves, par Jupille, n'est connue que sur son parcours au nord de la Meuse (via 10). On a aussi envisagé la possibilité de l'existence d'une route joi­ gnant Amiens, Saint-Quentin et Cologne et traversant le sud de l'Entre-Sambre-et-Meuse, mais le parcours de celle-ci, si elle existe, pose problème (via 11). Tournai a été le siège d'un carrefour important. En dehors des routes signalées plus haut et menant à Cassel par Wervik (via 1), ou par Estaires (?) et Bouvines (via 3), une chaussée devait rejoindre Arras et Ton pense aujourd'hui que dans son premier tronçon elle devait se diriger vers Bouvines, avant d'obliquer vers le sud ou qu'elle pouvait prendre une autre direction, celle de Douai. La voie de Tournai à Cambrai qui relie deux capitales de cités au Bas-Empire demeure peu documentée.14 Au départ de quelques capitales, on trouve enfin des routes qui s'enfoncent dans le territoire gallo-romain mais dont le point d'aboutissement est inconnu ou mal assuré. Au départ de Bavay, on observe deux tronçons rou­ tiers qui ont pu être reconnus sur le territoire de la Wallonie. Il s'agit en premier lieu de la voie qui se dirige vers l'agglomération de Blicquy (via 12), où elle se ramifie ; la branche routière orientale prend la direc­ tion de l'Escaut et de la côte belge (via 13) ; la branche occidentale rejoint le vicus de Velzeke, transitant par celui de Flobecq, puis connaît un prolongement moins assuré vers le nord (via 14). L'autre route prend la direc­ tion générale du nord et a pu servir à relier Bavay à la cité des Frisiavons. Son parcours en Belgique est avéré depuis la capitale des Nerviens jusqu'à Asse; elle pour­ rait être plus ou moins suivie jusqu'à la frontière des Pays-Bas. Elle est bordée par une série d'aggloméra­ tions, comme Nimy, Kester, Asse (via 15). À partir de Tongres, on observe le départ d'une route en direction de l'ouest qui rejoint Tirlemont et

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se poursuit bien au-delà de cette bourgade. Toutefois, on ne peut pas affirmer qu'il s'agit d'une dorsale sup­ plémentaire, fût-ce-t-elle d'époque précoce, ayant eu comme objectif de relier Cassel à Tongres.15

Le réseau secondaire Un certain nombre d'autres routes importantes échappent assez régulièrement à l'enquête archéolo­ gique, pour des raisons matérielles. Il s'agit des voies situées dans les vallées qui longent les berges des fleuves. Elles sont pratiquement indécelables, vu les modifications successives qui ont affecté ces zones au cours de l'histoire. Ainsi, peut-on estimer qu'il devait exister au départ de Tournai, des routes lon­ geant les berges du fleuve, en direction du nord, vers Courtrai et vers Gand, avec un tronçon commun, et du sud, vers Antoing et Blaton. Le Vieux Chemin de Mons qui unirait Tournai à la région de Mons (Nimy?) n'est pas daté. La même supposition est faite, dans la vallée mosane, pour une route qui relie Bouvignes à Namur, et une autre qui irait de Liège à Maastricht. À Namur, l’échelonnement des nécro­ poles vers le sud de la bourgade, permet de restituer une route sur chaque berge du fleuve. À Virton, il est question de routes accrochées aux vallées du Ton et de la Vire. À tort ou à raison, on considérera que le réseau routier secondaire est constitué de voies unissant des agglomérations ou des sites d'envergure secondaire. Par ailleurs, le raisonnement s'avère sans doute plus correct encore lorsqu'il s'agit de voies clairement vicinales dont le point d'ancrage ne se situe pas au départ d'un carrefour multiple ou d'une aggloméra­ tion mais se fixe directement sur le tracé d'un axe routier plus important. Les routes vicinales qui nais­ sent au cœur d'une agglomération renommée ont peut-être plus de valeur que celles qui éclosent en dehors de tout contexte d'habitat. Toute la difficulté, alors, sera de les départager en deux catégories: celles qui correspondent à des jonctions entre agglo­ mérations et celles, plus locales, qui émaillent le paysage rural à des fins privées. Enfin, la recherche archéologique et les prospections aériennes nous mettent parfois en présence de tronçons de routes auxquelles il nous manque les tenants et les aboutis­ sants. Dans ce cas, la prudence est de mise et il ne faut pas tomber dans le travers des chercheurs du

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xixe siècle qui restituaient spontanément des itiné­ raires reliant systématiquement les sites archéolo­ giques entre eux. Quelques routes, relevant du réseau secondaire, ont été observées au départ des agglomérations fleurissant sur les voies principales. On les dénomme des diverti­ cules. Citons à titre d'exemple, le long de la voie de Bavay à Cologne : un chemin quittant l'agglomération de Braives, vers le sud; une voie au départ de Taviers vers le nord (Tirlemont) et vers le sud (Namur) ; une route quittant Baudecet vers Tourinnes-Saint-Lambert et vers Namur, une route quittant le vicus de Waudrez vers le sud, dont on a pensé qu'elle rejoignait la voie de Bavay à la Meuse.16 Certaines autres routes traversent les agglomérations comme à Tourinnes-Saint-Lambert ou les évitent, comme à Baudecet où une route a été repérée par pho­ tographie aérienne à l'extérieur du site habité, avec un tronçon vers le nord et un autre vers Namur. À Flobecq, sur la voie venant de Bavay, s'embranche un diverti­ cule, dénommé Heereweg, vers Etikhove. Sur la voie de Reims à Trêves, on connaît plusieurs embranche­ ments, dont celui qui quitte Étalle vers le vicus de Saint-Mard. Dans le Tournaisis, on a étudié un diverti­ cule à la voie de Bavay à Tournai, à hauteur de Hollain, qui gagne Bouvines et un autre vers Antoing.17 Les grosses agglomérations disposent aussi d'un réseau secondaire encore mal apprécié. Au départ de Tournai, il existe une chaussée qui prend la direction du territoire nervien (Frasnes) mais son tracé n'a pas été suivi sur une très longue distance.18 À Arlon, il est question de voies se dirigeant vers Waltzing, Digel et Virton. Namur paraît aussi être une plaque tour­ nante. On a restitué une route se dirigeant vers Baudecet, puis Tourinnes et Elewijt, une autre vers Taviers et Tirlemont et un diverticule prenant la direc­ tion de Temploux. La route principale qui quitte Namur vers le sud est peu assurée, d'autant qu'elle pose quelques problèmes de tracés malaisés à reconnaître et d'identification de croisements avec d'autres chaus­ sées. Parmi la longue liste de routes dont l'antiquité reste douteuse, indiquons encore celle qui relierait Huy à Dinant et d'autres très nombreuses qui sillonnent l'Entre-Sambre-et-Meuse, comme la «chaussée romai­ ne» à Biercée et celles à partir de Barbençon. Parmi les routes qui ont fourni des indices d'une appartenance probable à l'Antiquité, il y en a certaines

qui n'ont pas de destination avérée. Ainsi en est-il pour la route du Tige en Condroz et d'un chemin en Famenne, retrouvé à Dion et à Wancennes.

Les routes privées II est clair que des chemins très nombreux devaient relier les établissements ruraux entre eux ou les relier à une route secondaire. Ce sont des chemins de terre. En règle générale, ils ne sont attestés que sur des dis­ tances très courtes en vertu de l'une ou l'autre obser­ vation effectuée à hauteur de la fouille d'une structure précise. C'est le cas, par exemple, à Tourpes où un chemin de 3 m de largeur, avec fossés, a été enregistré.19

La chronologie des réseaux Après la mise en service par Agrippa des deux routes de base, qui au départ de Lyon, gagnent le front de Mer et le Rhin, il faut s'employer à relier l'ouest et l'est du nord de la Gaule par des routes transversales. En aménageant l'itinéraire de Boulogne à Cologne, on répond non seulement à cette initiative, mais on met en relation directe un certain nombre de centres politiques appelés à devenir de grandes villes, comme Thérouanne, Cassel, Arras, Bavay et Tongres. Nul doute que la chaussée de Bavay à Cologne ait été aménagée dès l'époque augustéenne, et plus précisément entre 20 et 10 avant J.-C. Les indices chronologiques accu­ mulés dans les sites ne manquent pas tout au long de la voie; ils ont été parfois recueillis sous l'assise de base de la voie elle-même ou dans les fossés-limites qui la bordent. À Braives, on a retrouvé une monnaie gauloise et un bronze d'Auguste (10-5 avant J.-C.) sous la route. À Liberchies, ce sont surtout les fossés-limites bordant la voie qui ont livré du mobilier ancien per­ mettant de dater l'initiative de construction sous Auguste. De toute manière, les stations qui jalonnent la chaussée Brunehaut ont été fondées à la même époque.20 Une série de sites plus septentrionaux, localisés au nord de la voie Bavay-Cologne, comme Velzeke, Asse et Elewijt, remontent à la même époque; ils sont reliés à la Chaussée Brunehaut par une série de routes moins importantes, les voies de Bavay-Velzeke, Bavay-Asse et Baudecet-Elewijt qui de ce fait peuvent prétendre à

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une haute antiquité. Une datation augustéenne de la voie de Bavay à Cassel, par Tournai, semble également probable.21 On pense que l'empereur Claude a joué un grand rôle dans la continuation de l'œuvre d'Agrippa. La voie de Reims à Trêves a été considérée comme claudienne. Il est vrai que le milliaire qui lui appartient date de 44-45 après J.-C. Quelques nécropoles pré­ coces, comme celles de Fouches et de Chantemelle qui apparaissent dans un paysage encore peu peuplé ont été attribuées à une petite communauté de travail­ leurs recrutés pour la construction de la route. On pense que la chaussée Reims-Cologne remonte au règne de Claude. À Amay, le tablier de la voie MetzTongres a révélé une monnaie de Néron, qui permet­ trait d'attribuer cette route à un réseau également plus récent. Si l'essentiel du réseau routier principal est en place dans le courant du 1er siècle après J.-C., le 11e siècle connaît surtout des travaux de réfection et d'entretien des voies. Un milliaire comme celui de Péronnes-lezBinche atteste du fait, sans compter les observations des archéologues à propos du rechargement de tron­ çons de routes.

LA TECHNIQUE DE CONSTRUCTION DES ROUTES Les arpenteurs romains recherchent le tracé le plus direct et pour maintenir le cap, ils situent souvent leurs constructions sur des plateaux ou des crêtes. On ne s'étonnera pas de la rectitude des voies romaines. Toutefois, ils ne peuvent faire face à tous les obstacles et, dans ce cas, ils peuvent opérer des déviations, comme celle qui contourne, sur la voie Bavay-Asse, les plaines marécageuses de la région de Mons. Des routes en lacet franchissent les dénivellations, comme dans la vallée de l'Ourthe à Wyompont pour la voie ArlonTongres. À Ombret, après le passage de la Meuse, la voie Tongres-Arlon chemine sur le versant et change de direction. À Leffe, une route a été creusée dans le rocher ou plus exactement des encoches ont été amé­ nagées pour accueillir un tablier de bois. Ce sont les célèbres degrés ou «Chéreau de Charlemagne», dont l'attribution à l'époque romaine plutôt que médié-

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Le «Chéreau de Charlemagne» à Leffe, examiné en 1906.

vale, reste à démontrer. Une autre voie taillée dans le rocher est connue à Lustin. Le passage des cours d'eau peut se faire à gué, comme à Liberchies pour la voie Bavay-Cologne et à Étalle pour la voie Reims-Trêves, franchissant la Semois et peut-être, primitivement, pour la Meuse à Amay, où l'on se résoudra à construire un pont. Pour faire suite aux repérages, le tracé de la route est ensuite jalonné. Cette opération peut se traduire, notamment, par le creusement d'un petit fossé axial. Ceci nous est évoqué dans les Silves de Stace où il ques­ tion d'un sillon central. Cette technique de marquage est bien avérée dans plusieurs sites belges, où des coupes au travers de la voie ont été réalisées pour en étudier le mode de construction, voire pour en situer l'origine chronologique. Le petit fossé en question a été observé par exemple sur la route Reims-Trêves, à Florenville, sur la route Bavay-Cologne, à Liberchies, à Braives et, sur la route Bavay-Dinant, à Strée.22

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Un certain nombre d'enquêtes ont été réalisées sur le terrain pour quelques tronçons de routes romaines en Wallonie et nous permettent de nous faire une idée de la technique de construction des voies. Malheu­ reusement, à l'occasion des coupes de chaussées effec­ tuées par les archéologues, on voit qu'il manque la surface carrossable antique. De très nombreux son­ dages ainsi menés sur les voies de Bavay à Tournai, de Bavay à Tongres, de Reims à Trêves, de Bavay à Trêves, de Tongres à Arlon, et de Bavay à Blicquy, apportent des informations de premier plan sur la technique de construction des routes. Dans l'aménagement de la route romaine deux objectifs sont poursuivis: celui de la stabilité et celui du drainage. Dans la majorité des cas, on recherche le terrain naturel: l'argile limoneux en Hesbaye, le schiste à Bonsin, le calcaire à Hargimont. Les décaisse­ ments pratiqués à l'occasion de l'établissement du chantier sont compensés par un remblai de terre rigoureusement damé. Vient en premier lieu une couche de préparation. À Braives, une petite couche de sable clair marque l'interface entre le terrain natu­ rel et le remblai en question. À Quevaucamps, on a

retrouvé également du sable, alors qu'à Strée et à Vervoz, il s'agit d'argile fm ou sablonneux. Ensuite, il est question d'aménager l'assiette même de la route. Elle est faite de cailloux ou de pierres assez volumineuses, posées à plat ou de chant, comme à Florenville, Strée et ailleurs. Dans d'autres régions, on utilise le grès ou le silex. Les matériaux employés sont de provenance locale, du schiste à Florenville, du silex à Braives, du calcaire à Liberchies. Dans certaines régions, notamment l'Entre-Sambre-et-Meuse, le recours à un lit de scories métallurgiques est aussi observé. Au-dessus de cette première assise, on installe par lits successifs des couches de cailloutis, ou de pierres concassées qui peuvent être très épaisses. Le dégage­ ment de larges tronçons de la route effectué à Chameleux, à Wyompont et à Liberchies, rend bien compte de ce phénomène. On prend soin de donner à la surface un aspect de dos d'âne pour permettre aux eaux de pluie de s'éva­ cuer latéralement dans deux petits fossés latéraux qui longent toujours la voie. La surface de circulation n'est généralement plus conservée. La finition de la voie a pu être réalisée en grosses dalles à hauteur des

81 Coupe de la route romaine Reims-Trêves, réalisée à Florenville. 82 La route romaine Bavay-Cologne à Villers-Perwin, à quelque distance de l'agglomération de Liberchies. La voie empierrée y a une largeur de 11,40 m et montre des ornières de roulement. Le fossé axial de traçage de la route a été enregistré lors de la réalisation de la coupe stratigraphique.

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83 La route romaine Reims-Trêves, lors de son passage dans l'agglomération de Chameleux à Florenville. La voie a été entièrement dégagée puis recoupée. 84 L'empierrement de la route romaine Bavay-Dinant, recoupé à Strée. Le recours à de grosses pierres pour l'assise de la voie est attesté. 85 La route romaine Tongres-Arlon, à hauteur du relais de Wyompont. 86 La route romaine Bavay-Cologne dans l'agglomération de Liberchies. La première assise est composée de grosses pierres. 87 Une route desservant le site religieux de Fontaine-Valmont. Au premier plan, l'assiette en pierre, à l'arrière-plan, coupe pratiquée au travers de l'empierrement.

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LES VOIES DE C O MMU N I C A T I O N I

88 La route romaine Bavay-Cologne dans l'agglomération de Liberchies, dans une zone humide. L'entablement de la route a été renforcé par des madriers. 89 Coupe schématique de la route romaine Bavay-Cologne à Liberchies. En haut, le fossé de traçage axial est bien visible, comme du reste les fossés latéraux de drainage. En bas, la localisation des fossés-limites à l'extérieur de la chaussée. 1 Terre arable 2 Empierrement de la voie 3 Première assise et fossé de traçage 4 Terrain naturel.

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agglomérations ; en rase campagne, les voies sont cou­ vertes de pierrailles compactées. L'assise de la voie peut être renforcée ou contrebutée par des bordures, comme à Wyompont ou des bandes d'argile, comme à Bruyelle, sur la Bavay-Tournai ou à Ramelot sur la Tongres-Arlon. Lors de la rencontre de la voie avec un terrain humide, les ingénieurs peuvent recourir à l'utilisation du bois. Même si la célèbre via Mansuerisca, dans les HautesFagnes, n'est plus rattachée à l'époque romaine, vu la nouvelle datation établie par le C14 et la dendrochronologie, pareils aménagements ont existé dans l'antiquité. Il s'agit de charpentes ajustées sur une fondation de fas­ cines fixées dans le sol par des pieux appointés. Dans l'agglomération de Liberchies, la voie romaine traverse une zone humide et un ruisseau; on y a observé une construction similaire. C'est la même chose à SainteMarie-Chevigny pour la voie Reims-Cologne.23 La vie de la route ne s'arrête naturellement pas à sa mise en œuvre initiale. On observe souvent qu'elle a fait l'objet de réfections ou de reconstructions com­ plètes au fil des siècles. Une coupe de la voie BavayCologne, aux portes de l'agglomération de Waudrez, a fourni des indications précieuses en ce sens. Les

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archéologues ont tout d'abord observé les traces d'une cuvette pouvant correspondre à un chemin creux non empierré, marquant un premier état. La chaussée a ensuite été réfectionnée ou réaménagée plusieurs fois. En portent témoignage le creusement de fossés latéraux à plusieurs reprises, le rechargement ou le réaménagement de l'assiette et la variabilité de la largeur de la route à chacune de ces opérations. Quant à la largeur des voies romaines, beaucoup de normes ont été fournies, par les documents adminis­ tratifs et les arpenteurs. Bien évidemment, il s'agit d'indications fort théoriques et dans la pratique, on voit que la surface de roulement peut être très diffé­ rente d'une section à l'autre de la même voie, lorsque l'on se situe au passage d'une agglomération ou dans les campagnes, à une époque ou à une autre, dans le cadre d'une route dont la nature est publique ou vici­ nale. On enregistre souvent, pour les routes impor­ tantes, une largeur minimum de 5,40 m, conforme aux prescriptions de Pline le Jeune (18 pieds). C'est principalement le cas pour les voies rayonnant de Bavay. La chaussée Reims-Trêves présentait une lar­ geur de 6 m à 8 m. Les quelques coupes réalisées au travers des voies secondaires indiquent une largeur

L'un des fossés-limites bordant la chaussée romaine Bavay-Cologne, dont le remblai a été recoupé dans l'agglomération des Bons-Villers à Liberchies.

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moindre, plus proche de 3 m (10 pieds), conseillée par l'auteur latin pour les voies vicinales. C'est le cas pour les routes Bouvines-Hollain (2,80 m à 5 m) et Baudecet-Elewijt (3 m). Une autre structure particulièrement intéressante et très ancienne a été retrouvée en plusieurs endroits de la route de Bavay à Cologne, à Givry, à Braives et à Liberchies. Il s'agit de petits fossés latéraux creusés parallèlement à la route, à une vingtaine de mètres de part et d'autre de celle-ci. Ils ont été très tôt refermés. Comme ils semblent appartenir à la période augustéenne, on les considère comme ayant fait partie du premier dispositif d'installation de la chaussée au moment de sa création. Ces fossés-limites matérialisent l'emprise publique sur une bande de terrain, avec inter­ diction d'y installer de l'habitat. L'habitat du début de l'époque romaine semble en effet respecter cette limite comme une interdiction de bâtir. Après le remblai de ceux-ci, la zone non aedificandi perd ses effets.

LES ROUTES Boulogne-Bavay, par Cassel, Wervik, Tournai et Escaupont (via 1) Le déplacement de Boulogne vers Bavay suit un itiné­ raire nord. Le tracé entre Wervik et Tournai n'a pas été matérialisé. Le tronçon au départ de Bavay est repéra­ ble jusqu'à la Scarpe et franchit l'Escaut à Escaupont. Celui de Bléharies à Tournai est conservé sous la route moderne. On dispose de toute une série d'observations réalisées sur la chaussée antique elle-même à Bléharies, Hollain, Bruyelle, Jollain-Merlin et Saint-Maur.24

Boulogne-Bavay, par Thérouanne, Arras et Cambrai (via 2) Cette liaison par le sud est attestée dans les sources et reprend des tronçons de routes rectilignes, bien reconnus en France et joignant les grandes capitales de l'ouest de la province de Belgique.25 Cassel-Tournai, par Estaires et Bouvines (via 3) La célèbre route du compendium (raccourci) entre les deux métropoles ménapiennes, passe par Minariacum. On identifie plus volontiers cette étape à Estaires plu­ tôt qu'à Merville. Partant d'Estaires, on pense généra­

lement que la route s'est prolongée jusqu'à Bouvines, où elle obliquerait vers Tournai.26

Bavay-Cologne (via 4) La grande voie romaine du nord des Gaules, souvent dénommée «Chaussée Brunehaut» traverse le terri­ toire de trois civitates, avant de rejoindre le Rhin. Elle est construite à la période augustéenne, mais a proba­ blement un antécédent gaulois. À certains moments de son histoire, on peut la considérer comme une voie militaire, en particulier au début du Bas-Empire, où son parcours est hérissé de fortifications. Elle est parfaitement rectiligne, si ce n'est dans une zone située au cœur de la Hesbaye occidentale où elle s'accroche à la ligne de crête du plateau, en opérant des coudes successifs. C'est la chaussée romaine la mieux étudiée de Belgique le long de laquelle figurent de nombreuses agglomérations en cours d'exploration, comme Givry, Waudrez, Liberchies, Baudecet, Taviers et Braives. On dispose de nombreuses coupes stratigraphiques pratiquées au niveau de la voie, tant en rase campagne qu'à l'intérieur des sites d'agglomérations. On y a retrouvé les structures de son traçage en différents endroits et la preuve qu'elle a existé primitivement sous une forme non empierrée. Deux coupes récentes, à Waudrez et à Ambresin documentent bien la struc­ ture de la voie et la manière dont elle a été rechargée et réfectionnée plusieurs fois, sans compter l'indica­ tion chronologique fournie par le milliaire d'Antoninle-Pieux découvert sur son parcours.27

Reims-Trêves {via 5) Elle ne figure pas sur la Table de Peutinger mais bien dans l'Itinéraire d'Antonin. Une borne milliaire re­ trouvée à Buzenol peut être mise en relation avec cette chaussée pour la période claudienne (milieu du Ier siè­ cle après J.-C.). En Wallonie, elle est accostée par deux sites routiers célèbres: celui de Chameleux à Florenville et la grosse agglomération d'Arlon, qui est aussi un carrefour puisque la chaussée de Tongres à Metz y croise la Reims-Trêves. Les indications toponymiques ne manquent pas. Il est question de la Chaussée Brunehaut, puis de la chaussée romaine, de Prouvy jusqu'à Étalle, de la tour Brunehaut à Izel, sans ignorer que le nom d'Étalle sug­ gère un rapprochement avec stabulum (écurie/auberge).

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Le tracé de cette voie romaine a été bien étudié et de nombreuses coupes ont permis d'en comprendre la structure, notamment à Chameleux, Florenville, Izel, Sainte-Marie-sur-Semois et Arlon. Après avoir quitté cette agglomération, la voie fait un coude très net, observé par photographie aérienne, pour contourner le site probablement sacré du Wolberg.28

Sur la rive droite de la Meuse, il existe en effet diverses propositions visant à la faire passer au nord, à Leffe, par le «Chéreau de Charlemagne», vers Gemechenne ou par un itinéraire qui oblique vers le sud. On dispose de plusieurs coupes très minutieuses qui ont été réalisées plus loin sur l'itinéraire pressenti, soit à Serinchmaps, Hargimont, Sibret.31

Reims-Cologne (via 6) Même si elle est attestée par la Table de Peutinger, cette chaussée demeure assez énigmatique tant au plan de l'identification des stations qui la jalonnent que de son tracé réel. Meduantum peut se situer en Wallonie, au-delà de Mouzon, mais aucun site avancé n'emporte la conviction. Les auteurs modernes ont proposé un très grand nombre de variantes d'itinéraire possible, à commen­ cer par celui qui mêlerait cette route avec celle de Reims-Trêves pour un parcours commun en France, avec un embranchement à Chameleux. Au vrai, on privilégie aujourd'hui l'existence d'un itinéraire propre au travers de l'Ardenne. Le trajet de SaintMarie-Chevigny jusqu'à Bastogne semble éclairci. Une coupe réalisée à Copon, où la route est dénommée Vi tchassée romaine, a révélé une assise importante de couches de pierres et des ornières. À Sainte-MarieChevigny, on a observé que la route reposait sur des madriers, au contact d'une zone marécageuse.29

Tongres-Metz (via 9)

Bavay-Dinant (via 7) La voie parcourt l'Entre-Sambre-et-Meuse où elle se dénomme la «Havette». Au plan toponymique, on trouve : Chemin de Bavay, Chemin des Romains ou des Diables, Chemin Cheminiau ou Chaussée Brunehaut. Sa structure est assez bien connue, à la suite de coupes réalisées à Strée (Strata), à Rognée, à Thy-leChâteau, à Morialmé et à Flavion. C'est dans cette par­ tie orientale de l'Entre-Sambre-et-Meuse que la présence de scories intervenant dans l'aménagement de l'assise de la route est la plus fréquente.30

La voie traverse des régions aux caractéristiques phy­ siques bien différentes. Elle existe encore de manière discontinue dans le paysage actuel et est émaillée de nombreuses agglomérations et de deux relais. Elle se dénomme Verte Chaussée entre Noville et Crisnée, Chaussée des Romains entre Ramelot et Strée, Chaussée romaine, entre Hollange et Flamisoul. Sur la longue distance qui sépare Tongres et Arlon, on connaît bien les agglomérations de Kemexhe, d'Amay, de Vervoz, les relais d'Outrelouxhe et d'Anlier, et les étapes de Strée, Wyompont et Tintange. Des coupes innombrables de la voie ont pu être réalisées à hauteur des agglomérations mais aussi en rase cam­ pagne. Une monnaie de Néron a été retrouvée sous la route à Amay.32

Tongres-Trèves (via 10) Le tracé de cette route est assez bien conservé entre Tongres, Herstal et Jupille-sur-Meuse et offre un par­ cours rectiligne. Elle devait probablement franchir la Meuse à hauteur de Coronmeuse. On l'appelle Chaus­ sée Brunehaut, entre Wihogne et Vottem et Chavée ou Havée, entre Paifve et Saint-Siméon. Au-delà de la Meuse, aucun itinéraire sérieux n'a été proposé.33

Amiens-Cologne, par Saint-Quentin (via 11) Les traces de cette route existent davantage sur le sol français que belge où elle suivrait la ligne de crête entre les vallées de l'Eau Noire et de l'Eau Blanche. Audelà de la Meuse, on la dénomme «Tige de César» à Poulseur.34

Dinant-Trèves (via 8)

Bavay-Blicquy (via 12)

La Meuse une fois franchie, le tracé de la voie romaine qui se dirige vers Trêves pose de multiples problèmes de reconnaissance. Quelques coupes stratigraphiques intéressantes ont été réalisées sur son parcours proba­ ble, à Serinchamps, Marche-en-Famenne et à Sibret.

La voie Bavay-Blicquy est rectiligne et se dénomme Chaussée Brunehaut. Des coupes ont été pratiquées à Bavay, à Quevaucamps où elle est très large, et à Blicquy. À partir de cette agglomération (Camp romain), elle se dédouble.35

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LES VOIES DE C O M M U N I C A T I O N I

Boulogne-Bavay

Bavay-Cologne

Dinant-Trèves

Tongres-Arlon

Bavay-Blicquy

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Coupes stratigraphiques effectuées sur quelques voies romaines. La nature des matériaux varie d'une région à l'autre. Certaines chaussées témoignent de rechargements successifs de lits de pierres, quelques-unes ont encore été utilisées après la période romaine et le tablier de la route antique est profondément enfoui sous des remblais modernes. De haut en bas: - Sur le tracé de - Sur le tracé de - Sur le tracé de - Sur le tracé de - Sur le tracé de

la voie Boulogne-Bavay, à Hollain la voie Bavay-Cologne, à Ambresin la voie Dinant-Trèves, à Serinchamps la voie Tongres-Arlon, à Ombret la voie Bavay-Blicquy, à Quevaucamps

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LES VOIES DE C O M M U N I C A T I O N I

92-93 Les routes romaines font encore partie intégrante du paysage de nos régions. De nombreux tronçons, souvent très rectilignes, sont conservés en Wallonie et ont parfois été convertis en chemins ruraux. D'autres, au contraire, ont été réaménagés au XXe siècle pour servir de route à caractère régional. a Un tronçon de la route Boulogne-Bavay, dans son parcours au sud de Tournai, à Saint-Maur. La route n'est pas orientée dans la direction du Mont Saint-Aubert, qui dessine sa silhouette sur l'horizon (via 1). b La chaussée romaine de Bavay à Cologne: son parcours est asphalté à Sombreffe, il contourne la ferme de Grainhez ( via 4). c Le parcours de la route Bavay-Cologne, vers Boneffe, transformée en chemin rural (via 4). d Un tronçon sinueux de la route Bavay-Cologne en Hesbaye, qui est réutilisé par la Nationale 40, à Villers-le-Peuplier (via 4). e La chaussée Reims à Trêves à Izel (via 5). f La chaussée Reims-Trêves à Jamoigne (via 5). g Un tronçon de la route Bavay-Dinant traversant Strée, dont le nom de la commune est lié à l'existence de l'axe gallo-romain (via 7). h Un tronçon rectiligne de la route Bavay-Dinant, à Thuillies (via 7). i Untronçon de la voie Bavay-Dinant, à Morialmé, qui se présente comme un chemin de campagne (via 7). j Untronçon de la voie Tongres-Arlon à Terwagne, dont le tracé se perd dans un bois (via 9). k Untronçon de ia voie Tongres-Arlon, à Clavier, non loin de l'agglomération routière de Vervoz (via 9). I Untronçon de la route Blicquy-Velzeke-Destelbergen, vers Flobecq (via 14). m Untronçon de la route Bavay-Asse, vers Elorrues (via 15).

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Blicquy vers le nord-ouest (via 13) Elle se dirige vers l'Escaut et peut-être vers la Mer du nord.36

Blicquy-Velzeke-Destelbergen (via 14) Cet embranchement prend la direction de l'agglomé­ ration ancienne de Velzeke.37

Bavay-Asse-Voorburg (?) (via 15) On peut penser que cette route conduit vers la cité des Frisiavons, comme destination finale. En attendant, pour son parcours belge reconnu, elle se dirige vers les bourgs de Kester et Asse.38

LES PONTS Le franchissement des rivières et des fleuves par un pont s'impose au moins dans le cas des routes à grand trafic. Il semble que la préoccupation première de l'homme aura été, au début, de rechercher des lieux de passage à gué. Nombre de tracés routiers ont dû être étudiés en tenant compte de l'existence de ces franchissements naturels. Dans certains cas, la chose est totalement impossible et l'organisation d'un trans­ fert par bac, d'une rive à l'autre, a rapidement été considérée comme un frein aux déplacements des hommes et des marchandises. Même si un passage à gué a primitivement invité le constructeur de la voie à l'utiliser pour son tracé, il n'est pas sûr que tôt ou tard, l'on n'ait pas finalement décidé d'y construire un pont, vu l'incommodité du franchissement en hiver. C'est probablement le cas de Tournai. Le choix d'y implanter une grosse agglomération n'est sans doute pas étranger à l'existence d'un gué qui permettait de traverser l'Escaut à cet endroit; par la suite, il est normal que Ton y ait bâti un pont reliant les rives ménapienne et nervienne le long desquelles s'étendait la ville. À Amay, des recherches récentes ont aussi conduit à la découverte, dans le lit de la Meuse, de sabots de fer et de pilotis ayant appartenu au pont qui équipait la route romaine de Tongres à Arlon. Deux dates dendrochronologiques nous sont offertes: 30-20 avant J.-C. pour les pieux les plus anciens et 98-118 après J.-C. pour les plus récents.39 À Jupille, on a retrouvé

aussi des sabots au passage de la route qui se dirige vers Trêves. Des gués aménagés semblent attestés à Pepinster pour la route traversant la Vesdre et à Wyompont, le gué de la voie Tongres-Arlon franchit l'Ourthe sur un dallage de pierres de schiste.40 Quant au bel ouvrage de Montignies-Saint-Christophe, qui n'est romain que d'aspect, il faudra le ranger défi­ nitivement dans les tiroirs de l'imaginaire. Il s’agit d'un barrage sur la Hantes, et non d'un pont, assez éloigné finalement du tracé de la voie romaine de Bavay à la Meuse.

L'ÉQUIPEMENT DES VOIES L'empereur Auguste crée le cursus publicus. Il dispose de voitures parquées à des distances moyennes le long des routes militaires. Sous Trajan, la poste devient un service administratif. Toutes ces initiatives requièrent la construction d'infrastructures spécialisées. Elles ont pour nom mansiones et mutationes.41

94 Le gué à Wyompont, livrant le passage à la voie Arlon-Tongres. 95 Le mal dénommé «pont romain» de Montignies-Saint-Christophe, situé en fait à une certaine distance de la chaussée de Bavay à Dinant.

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LES VOIES DE C O M M U N I C A T I O N I

La mansio désigne un lieu d'arrêt pour la nuit. En principe un jour de voyage sépare deux mansiones. La distance entre chaque mansio est de 30 à 36 km. La mutatio désigne un relais destiné au changement d'équipage. L'écartement de l'un à l'autre serait d'en­ viron 15 km. En pratique, bien évidemment, l'emplacement choisi est tributaire de contingences topographiques ou répond à une opportunité. Une situation idéale correspondra à un établissement humain préexistant, à une bourgade, à un croisement routier. La Table de Peutinger ne peut reprendre que les sites où a dû se trouver une mansio et non pas ceux dotés d'une muta­ tio qui sont trop rapprochés. Au plan archéologique, l'identification matérielle du relais est malaisée. S'il est bâti à l'intérieur d'une agglo­ mération routière, il tend à se confondre avec d'autres structures, même si on pense généralement qu'il pou­ vait se localiser de préférence, comme à Waudrez et à Vervoz, à l'entrée de la bourgade. Si, au contraire, le site habité est très peu développé, il se peut qu'il corres­ ponde dans son ensemble au relais en question. La mansio comporte en principe les structures et les ser­ vices suivants : cour à portiques à large entrée, écuries, chambres, taverne, thermes, ateliers de réparation. Quelques exemples pouvant correspondre à ce genre de structures peuvent être évoqués. À Chameleux, au cœur d'une petite bourgade routière, furent fouillés les restes d'un grand bâtiment quadrangulaire dont le plan fait songer à ce type de construction : une large porte d'entrée, dont le dallage montre les traces du passage des charrettes, mène à une vaste cour rec­ tangulaire, pouvant servir de parc à charroi et d'écu­

rie. Au fond de la cour se trouve un corps de logis, avec cellier.42 Deux établissements plus petits et isolés font figure de modèle, sur la même voie qui va de Tongres à Arlon. Le plan du site d'Anlier, construit à 13 km au nord d'Arlon, montre un volume quadrangulaire, ali­ gné contre la route, la façade est percée d'une porte charretière et donne accès à une grande cour encadrée par des pièces habitées. À Outrelouxhe, le relais d’Elmer est un bâtiment rectangulaire, affublé d'un petit établissement balnéaire et entouré par un fossé. La variété des voitures circulant sur les routes de la Gaule nous est bien connue, notamment par les reliefs funéraires. La stèle des voyageurs à Arlon nous donne la représentation d'un chariot. Le cisium, léger cabriolet à deux roues se déplace plus vite. Le relief figurant une borne milliaire montre un attelage spéci­ fique : un animal est placé dans les brancards, l'autre à l'extérieur.43

LES VOIES FLUVIALES On ne peut guère nier l'importance économique revê­ tue par les voies fluviales.44 Elles autorisaient le trans­ port sur de longues distances de matériaux lourds et encombrants. C'est pour cette raison, par exemple, que la plupart des carrières de pierre ont été logées aux bords des rivières à proximité d'une falaise, comme ce fut le cas pour la pierre de France en HauteMeuse et le calcaire du Tournaisis, transporté au loin par l'Escaut.

96 L'installation de bain froid du relais d'Anlier. 97 Voiture légère à deux roues (cisium) circulant sur les routes de la région d'Arlon. Elle est représentée sur le pilier funéraire du marchand de drap.

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D'autres pièces plus courantes ont aussi fait l'objet d'une commercialisation par le biais des cours d'eau; on pense aux récoltes, aux matériaux de construction, aux tonneaux et aux amphores.

Un certain nombre d'installations portuaires nous sont connues. À Tournai, une partie de la rive droite a été réservée à des activités de ce type: débarcadères, grands entrepôts témoignent, au Luchet d'Antoing, de l'importance de ce port. Il est question d'un établisse­ ment plus modeste à Ramegnies-Chin. Deux zones portuaires ont été partiellement explorées à Pommerœul. Accrochées à un bras aujourd'hui disparu de la Haine, elles témoignent du fait que des installations de ce type peuvent aussi avoir été implantées le long des rivières secondaires. Du site fouillé proviennent les célèbres barques et un chaland. À Hermalle-sousHuy, la grosse manufacture de tuiles se trouve en bor­ dure de Meuse. Routes et installations portuaires concourent à don­ ner un dynamisme sans cesse croisant à l'économie gallo-romaine.

98 Pommerœul, le port: quelques planches en place aménagées pour un débarcadère. 99 Le chaland de Pommerœul en cours de fouilles.

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Chapitre IV

LES AGGLOMÉRATIONS

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Localisation des agglomérations en rapport avec le réseau routier principal, en Belgique Villes: Thérouanne, Cassel, Arras, Amiens, Soissons, Reims, Saint-Quentin (Vermand), Cambrai, Tournai, Bavay, Tongres, Cologne, Trêves, Metz Agglomérations majeures: Liberchies, Namur, Arlon, Saint-Mard Agglomérations: 1 Wenduine 2 Oudenburg 3 Wervik 4 Courtrai 5 Waasmunster 6 Kruishoutem 7 Velzeke 8 Kontich 9 Rumst lOAsse 11 Rester 12 Elewijt 13 Grobbendonk 14Tirlemont 15 Flobecq 16 Blicquy {Camp romain) 17Pommeroeul 18 Givry 19Waudrez 20 Sauvenière (Baudecet) 21 Taviers 22 Braives 23 Dinant 24 Huy 25 Amay-Ombret 26 Clavier (Vervoz) 27 Jupille-sur-Meuse Stations routières: 28 Chapelle-lez-Herlaimont 29 Cortil-Noirmont (Pentevillé) 30 Bergilers 31 Kemexhe 32 Strée 33 Erneuville (Wyompont) 34 Tintange (Warnach) 35 Florenville (Chameleux) Relais: 36 Outrelouxhe 37 Anlier Agglomérations-sanctuaires: 38 Blicquy ( Ville d'Anderlecht) 39 Fontaine-Valmont Agglomérations artisanales 40 Ploegsteert 41 Howardries 42 Taintignies 43 Morville Sites à caractère indéterminé: 44 Destelbergen 45 Harelbeke 46 Ophoven 47 Bléharies 48 Nimy 49 Tourinnes-SaintLambert 50 Momalle 51 Vodecée 52 Theux.

100 Page précédente: le site de l'agglomération de Chameleux à Florenville en cours de fouilles.

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LES A G G L O M É R A T I O N S I

Rome entend remodeler les territoires qu'elle a conquis en favorisant la création, l'émergence et le développement de villes et d'agglomérations. L'urba­ nisation est ressentie en Gaule septentrionale comme une nouveauté dans la mesure où n'y existaient précé­ demment que quelques rares villes localisées sur des sites de hauteur fortifiés qu'on appelle oppida. Les villes romaines, dignes de ce nom, sont des fon­ dations coloniales. Il n'en existe d'ailleurs pas sur le territoire de la Wallonie. Il faut attendre le Bas-Empire pour voir, dans le cadre de nouvelles initiatives, deux agglomérations, Tournai et Arlon, mériter d'être qualifiées de castrum, un terme désignant une struc­ ture de nature urbaine. La première parce qu'elle bé­ néficiera d'un élargissement de ses responsabilités administratives, la seconde, parce qu'on jugera indis­ pensable de maintenir en place une structure liée à un carrefour routier au sein d'une région encore riche et densément occupée. Au Haut-Empire, les fondations urbaines demeu­ rent l'exception, surtout en Gaule du nord. Dès lors, le rôle qu'auront à jouer les agglomérations d’un rang inférieur est considérable. Elles peuvent être considérées comme le chaînon intermédiaire entre le monde urbain en tant que tel et les campagnes, qui font aussi l'objet du plus grand soin. Rome encoura­ gera la multiplication de ces centres habités. Outre le fait qu'ils concourent à dynamiser l'économie de l'Empire, ils pourront faire partie d’une structuration politique et administrative des régions conquises. Ils remplissent une infinité de fonctions. La dénomina­ tion qui leur est le plus communément appliquée en latin est celle de vicus. Toutefois, si Ton considère exclusivement la valeur juridique du terme, il est bien clair que toutes les agglomérations gallo-romai­ nes n'ont pas pu être gratifiées, dans l'Antiquité, de cette dénomination.1 Appréhender parfaitement cette réalité antique n'est pas une démarche aisée pour nos contempo­ rains. Tenter de se servir de la terminologie actuelle des géographes conduit à une impasse. En effet, agglo­ mération, bourg, bourgade, village, hameau, sont des concepts étrangers au phénomène antique. La ques­ tion du village est souvent posée. Le terme même entretient la confusion. Comme Ton sait, le village correspond à une appellation qui, dérivant du mot latin «villa», montre le lien privilégié qu'il entretenait

avec le domaine rural. S'il n'est pas faux de croire que des petites communautés agricoles regroupées au sein du village pouvaient exister au sein d'une grande pro­ priété foncière, la villa s'oppose néanmoins au village. Il n'y a pas lieu de réintroduire ici une différenciation culturelle qui avait cours par le passé et qui voyait dans cette bipartition deux mondes séparés coexister sans se mélanger, à savoir la villa d'obédience romaine et le village d'origine celtique. La différence ne réside qu'en termes de droits de propriété et d'objectifs éco­ nomiques.2 On ne sait à qui appartenait le village. Peut-être relevait-il souvent du domaine agricole dans lequel il se trouvait. Ses productions marquent le sec­ teur primaire de l'économie, alors que la plupart des agglomérations cumulent des fonctions diversifiées relevant des secteurs secondaires et tertiaires. Dans le monde gallo-romain, le village, à propre­ ment parler, demeure assez rare; on ne peut d'ailleurs citer aucun exemple archéologiquement attesté sur le territoire wallon. Pareilles structures sont beaucoup plus fréquentes aux marges septentrionales de l'Empire, de chaque côté de la frontière germanique.3 En revanche les agglomérations sont très nom­ breuses. Elles sont revêtues d'une dimension socio­ économique très nette mais ne répondent pas à un modèle unique. Le terme convient donc bien à une réalité contrastée. Il est neutre et imprécis et peut s'ap­ pliquer à toutes les structures d'habitat groupé, qui se situent hiérarchiquement entre la ville et l'exploita­ tion rurale. On a recours aussi aujourd'hui à l'appella­ tion d'«agglomération secondaire», pour désigner les sites en question. Le qualificatif ajouté maintient l'im­ précision. Si les agglomérations antiques présentent des phy­ sionomies extrêmement diverses, il faut alors évaluer ce qui les différencie: bénéficient-elles ou non d'un statut juridique même si cette dernière information n'est pas souvent disponible, ont-elles un caractère davantage urbanisé ou ruralisé, disposent-elles d'une fonction principale, spécialisée ou de fonctions mul­ tiples, offrent-elles des origines différentes et suiventelles un parcours historique distinct ? La recherche d'un classement ou d'une hiérarchisa­ tion de ces agglomérations est un objectif fréquem­ ment poursuivi, néanmoins l'archéologie ne répond que partiellement à ce souhait, faute de révéler par les fouilles l'ensemble de la documentation nécessaire.

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On notera toutefois d’emblée que la route ou la rivière constituent le plus souvent l'élément fort dans la nais­ sance, le développement et la structuration de l'agglo­ mération. 4

LA NATURE DES AGGLOMÉRATIONS GALLO-ROMAINES M orphologie, structuration et étendue L'agglomération est un habitat groupé ouvert dont le plan s'organise sur base de la topographie du site, autour d'éléments structurants ou en rapport avec la fonction principale du site. Un espace particulier est dédié aux activités écono­ miques et cultuelles; en revanche, on ne peut pas dire que toutes les agglomérations se soient dotées d'une aire à vocation politique. C'est rarement le cas. L'ha­ bitat se concentre dans une zone donnée, il devient plus lâche au fur et à mesure que l'on s'en éloigne.

Morphologie L'approche morphologique de l'agglomération galloromaine permet de définir quatre types de sites se développant autour du plan à habitat centré, du plan polynucléaire, du plan à village-rue et du plan à habi­ tat dispersé.5 Le plan centré se retrouve dans toutes les agglomé­ rations qui servent de carrefour à des routes reliant des destinations importantes ou qui sont desservies par des axes routiers ayant été prépondérants pour leur création ou leur développement, comme Arlon et Saint-Mard. Le plan polynucléaire s'accorde avec les sites qui se développent sur les deux rives d'un cours d'eau majeur, comme à Tournai, Namur, Amay-Ombret et Huy. Le village-rue montre un plan très allongé, au sein duquel s'étirent, parfois sur une distance d'un kilomè­ tre, l'habitat et les constructions. La plupart des agglo­ mérations routières sont bâties sur ce plan en ruban : Pommerœul, Blicquy (Camp romain), Braives, Vervoz, Taviers, Givry, Waudrez, Baudecet. Les connexions éventuelles à des routes secondaires sont ici margi­ nales et sans influence sur le développement des sites. La physionomie du village-rue peut avec le temps être

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modifiée en prenant de l'épaisseur. Ainsi Liberchies répond-il au modèle du village-rue au moment de sa création et durant le Ier siècle. Par la suite, vu les tra­ vaux d'aménagement importants qui y ont été exécu­ tés, il bénéficie d'un projet urbanistique élaboré qui étend son infrastructure en profondeur. À l'inverse, les petites agglomérations dont la fonc­ tion principale est celle de servir de station routière, offrent aussi un développement linéaire mais sur une courte distance, vu le petit nombre de bâtiments qu'elles contiennent. Dans cette catégorie, on énumé­ rera Chapelle-lez-Herlaimont, Bergilers, Kemexhe, Strée et Chameleux. L'habitat dispersé est typique des sites religieux comme Fontaine-Valmont et Blicquy (Ville d'Anderlecht) ou d’autres ensembles à caractère plus rural, davantage éloignés du réseau routier principal, comme Tourinnes-Saint-Lambert.

Structuration Les agglomérations sont normalement traversées par une route qui sert de plan à leur développement; dans le cas des agglomérations-carrefour, qui voient se croiser des voies d'à peu près égale importance, le schéma-directeur s'établit autour du croisement, comme à Arlon et à Saint-Mard. Dans cette dernière bourgade, deux routes obliques encadrent le projet de développement du site. Certaines agglomérations comme Liberchies et Saint-Mard, vont offrir une structuration interne plus fine. Les agglomérations qui bénéficient d'un développement moins sophisti­ qué se structurent autour de l'axe routier qui les tra­ verse, comme dans le cas des villages-rues. L'existence de chemins vicinaux qui s'y embranchent peut n'en­ traîner aucune modification à l'implantation générale de l'habitat, confiné exclusivement dans une zone linéaire le long de la voie principale : Blicquy (Camp romain), Braives, Taviers. Parmi les espaces de circulation qui aboutissent dans les agglomérations, il faut naturellement distin­ guer ceux qui sont des rues et n'ont qu’une fonction très locale, et ceux qui constituent le point de départ de chemins desservant la zone rurale ou de diverti­ cules régionaux. Au cœur même des agglomérations, les rues sont le plus souvent perpendiculaires à la voie principale. Le croisement entre celle-ci et les routes vicinales s'effectue rarement à angle droit mais plutôt

LES A G G L O M É R A T I O N S I

Liberchies

Braives

Saint-Mard

Amay/Ombret

Blicquy Ville d'Anderlecht

Blicquy Camp Romain

Clavier Vervoz

selon un angle inférieur à quarante-cinq degrés. À Liberchies, on voit un chemin vicinal oblique qui se prolonge vers le sud; à son embranchement avec la chaussée romaine, c'est une rue qui paraît avoir été empierrée dans le courant de la seconde moitié du Ier siècle après J.-C. mais elle fut précédée par un che­ min de terre. À Blicquy (Camp romain) et à Braives, le canevas est oblique. À Baudecet, la route secondaire qui prend la direction du nord, est perpendiculaire à la voie mais se trouve rejetée loin de la bourgade ellemême. Cette constatation, déjà opérée pour nombre d'agglomérations du nord de la Gaule, pose la ques­ tion du rapport qu'ont pu entretenir ces routes avec les formes du cadastre. Un autre point de vue est celui de la structuration des quartiers par fonctionnalités. Dans les grandes agglomérations, cette division de l'espace est per­ ceptible comme à Tournai, Liberchies, Saint-Mard; mais, elle peut changer avec le temps. On distingue les quartiers des sanctuaires, artisanaux, portuaires, résidentiels, commerçants et les zones funéraires. À Liberchies, les petites installations sidérurgiques, implantées au Ier siècle le long de la chaussée, disparaî­ tront plus tard au profit de l'habitat. Il en est de même à Braives où le quartier des potiers du Ier siècle a été réoccupé par la suite, tandis qu'à Vervoz, celui-ci se trouve rejeté assez loin à l'extérieur du site habité. À Arlon, la périphérie sud-est du bourg a accueilli un bâtiment spécifique pour des activités artisanales.

102 Morphologie des agglomérations gallo-romaines en Wallonie: à plan centré (Saint-Mard), à plan polynucléaire (Amay/Ombret), à village-rue (Blicquy, Camp romain, Clavier Vervoz), à habitat dispersé (Blicquy, Ville d'Anderlecht). 103 Plan de structure des agglomérations gallo-romaines de Liberchies et de Braives.

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À Saint-Mard, au contraire, un quartier entier de l'ag­ glomération, à savoir le plateau de Majeroux, a été le siège mixte d'un habitat et d'activités artisanales.

Étendue L'étendue de ces agglomérations porte sur 10 ou 25 ha, plus rarement 40 ha. Elle est souvent malaisée à estimer; elle dépend des conditions locales de conser­ vation des vestiges, d'accessibilité au terrain et de l'état de la documentation. Elle est liée aussi au mode d'oc­ cupation du sol de chaque bourgade. Le plus fréquem­ ment, l'implantation des constructions a été faite de manière rapprochée, au centre, particulièrement le long de l'axe routier dans les villages-rues, et elle se veut très lâche en périphérie de la zone occupée. Pour comparer l'étendue des agglomérations entre elles, il faut tenir compte de la manière dont les archéologues ont dressé le plan de dispersion des ves­ tiges. La comparaison du plan des agglomérations de Liberchies, Braives et Vervoz est révélatrice à cet égard. Dans les deux premiers cas, la zone retenue est maxi­ male, elle comprend, pour Liberchies, le secteur cul­ tuel nord, très excentrique et très isolé par rapport à l'habitat et le secteur artisanal méridional; pour Braives, les archéologues ont également intégré au site le quartier des potiers. À Vervoz, au contraire, seul le secteur d'habitat à l'exclusion de la zone artisanale très étendue et très dispersée, a été pris en compte. À Braives, les fouilles ont révélé que le quartier des potiers, du milieu du Ier siècle après J.-C., avait été peu urbanisé après son abandon; toutefois, quelques bâtisses y ont été érigées au cours des ne et ine siècles. Faute de recherches exhaustives, il n'est donc pas aisé de se faire une idée de la densité d'occupation des zones situées à la périphérie des agglomérations. Les variations de superficie peuvent donc être importantes, du simple au double pour Vervoz (10 ha) et Braives (25 ha) ou davantage pour Liber­ chies (30 ha), Tournai (40 ha).

Fonctions Au sein des agglomérations les plus développées, comme les petites villes, les fonctions sont souvent multiples. Plus bas dans la hiérarchie se trouvent celles qui bénéficient de plusieurs fonctions mais

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dont Tune d'entre elles au moins peut paraître pré­ pondérante. Plus loin, on trouvera les bourgades qui ne bénéficient que d'un seul rôle important. On devra faire remarquer, dans tous les cas, qu'un changement d'affectation des sites est toujours possible au fil des décennies, même si les activités liées à la route persis­ teront partout. Il est capital de voir aussi qu'une fonc­ tion particulière peut expliquer l'origine et le motif de l'implantation du site. Globalement les fonctions concernées peuvent être réparties en trois catégories.6 Le moins étudié est encore le secteur primaire ou plutôt la part exacte qui lui revient: production, auto­ subsistance, économie de marché et de redistribu­ tion? Les villages à fonctions rurales ne sont pas encore reconnus. Les activités secondaires sont toutes présentes dans les agglomérations. Certaines ont un éventail plus complet que d'autres. L'inconnue vient bien souvent de la nature des activités artisanales qui prédominent ou qui sont parfois exclusives, notamment dans le cas de bourgades spécialisées, sans compter qu'elles évo­ luent dans le temps. Nombre de sites disposent d'ateliers de céramique, de métallurgie, du travail de l'os. Par contre, il n'est pas toujours aisé de discriminer les activités modestes qui ne rencontrent que des besoins strictement locaux ou qui correspondent à une production destinée à être exportée. S'y ajoutent les fonctions commerciales liées à la route et aux rivières. L'artisanat le plus fréquem­ ment attesté est celui de la céramique: TourinnesSaint-Lambert, Waudrez, Blicquy (Camp romain), Liberchies, Tournai, Amay, Braives, Vervoz, Huy, Momalle, Arlon et Saint-Mard. Les agglomérations artisanales existent aussi. Elles se distinguent des autres par un plan très dispersé. Mais vouloir considérer qu'elles n'ont à chaque fois qu'une fonction unique de production demeure aléa­ toire, vu le peu d'informations dont nous disposons. À l'heure actuelle, on considérera que les sites de Howardries et de Taintignies correspondent à des «vil­ lages » de potiers et ceux de Vodecée et de Morville à des sites métallurgiques. L'attestation de la fonction tertiaire est liée aux textes qui manquent souvent. Les mentions épigra­ phiques, trop rares, sont essentielles pour l'approche du secteur, notamment en ce qui concerne le rôle juri-

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dique. En termes de dénomination, c'est le cas pour Liberchies (Geminico vico), Arlon (Orolauno vicus) et Theux, où l'évocation du vicus ou de ses habitants (vicani) est patente. La fonction religieuse des sites est plus aisée à reconnaître : par la découverte de temples, d'inscriptions ou de mobilier. Les grosses agglomérations prennent en compte les deux dernières fonctions. Les agglomérations de petite dimension ont pu s'inscrire dans un système de dépendance vis à vis du domaine rural, concentrer leurs activités dans le secteur de la redistribution, voire fournir de la main d'œuvre servile aux exploita­

tions agricoles environnantes. De toute évidence, les agglomérations dans lesquelles le secteur secondaire est attesté développent des activités multiples. Les agglomérations à fonction spécialisée comme les sites religieux n'échappent pas nécessairement à ce schéma ternaire. Il est en effet question de sites à plan dispersé, éloignés du réseau routier principal, et renfermant une parure monumentale exception­ nelle. C'est le cas à Blicquy (Ville d’Andelercht) et à Fontaine-Valmont. On les avait qualifiés de «conciabula», par référence à une dénomination d'époque républicaine. Mais cette assimilation hâtive doit être abandonnée, faute de pertinence. Dans les deux cas qui précèdent, il est maintenant question de les considérer comme des sanctuaires dépendant d'un pagus ou de la civitas. 7

Classifications

Chameleux

La nature des agglomérations gallo-romaines est com­ plexe si bien que la terminologie utilisée pour les dési­ gner et les différencier a fait l'objet de nombreux travaux. Beaucoup de classifications des agglomérations pro­ posées par les chercheurs modernes ont comme but avéré de les hiérarchiser. Mais on s'aperçoit que, pour y arriver, plusieurs points de vue doivent être associés et confrontés. Elles ont souvent les mêmes points fai­ bles : elles adoptent une seule famille de critères, sont obnubilées par l'aspect juridique; en finale, pour beaucoup de sites, nous ne possédons qu'une infor­ mation lacunaire.

Braives

104 Plan général des agglomérations de Chameleux à Florenville et de Braives.

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Liberchies

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Plan général de l'agglomération des Bons-Villers à Liberchies.

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Vervoz

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Plan général de l'agglomération de Vervoz à Clavier.

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Les premiers travaux des chercheurs allemands et anglais les ont conduits à donner le nom de «petites villes» à ces sites : Kleine stàdte ou Small Towns, en s'at­ tardant surtout sur le caractère urbanisé qu'ils offrent, par opposition aux structures de type plus rural.8 La dénomination latine de «viens» est aussi très large­ ment répandue; elle offre l'avantage d'être générique, mais il faut alors abroger la connotation administra­ tive ou juridique qu'elle renferme a priori. Le terme même décrié est encore utilisé, y compris dans des tra­ vaux récents.9 En France, le terme d'«agglomération secondaire» a succédé à celui de «ville secondaire». Il place l'établis­ sement dans une échelle de valeur, le second terme voulant dire que le site est secondaire et subordonné à la ville vraie ou à la capitale.10 Le concept n'aide en rien à une hiérarchisation plus poussée et il est d'au­ tant plus malaisé à retenir que les agglomérations n'ont pas nécessairement été toutes dans un état de dépendance à l'égard des villes, certaines ayant été plus proches des milieux ruraux. De la même manière, une terminologie similaire, celle des «centres secon­ daires», a aussi été retenue à la faveur de l'élaboration

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de la théorie des «places centrales». Il s'agissait aussi de situer l'agglomération au sein d'une hiérarchie ter­ ritoriale. Cette notion a été remplacée par celle des «centres ruraux», qui a l'avantage de mettre en avant le rôle de guide que peut avoir une agglomération dans une région, tout en ne lui niant pas les fonctions pri­ maires (agraires) qu'elle peut revêtir; cependant le concept laisse peu de place aux valeurs urbanistiques et routières.11 En Italie, on utilise le terme d'« habitats mineurs», ceux-ci peuvent prendre toutes les formes organisationnelles et fonctionnelles.12 D'autres classements tiennent compte de critères multiples: urbanistiques, fonctionnels, chronolo­ giques. Beaucoup de catalogues de sites récemment élaborés s'y réfèrent explicitement.13 On peut s'appuyer sur les valeurs urbanistiques des agglomérations, en tentant de distinguer celles qui offrent un caractère franchement urbain, celles qui ont aspect intermédiaire et celles qui sont peu ou nul­ lement urbanisées. Dans cette perspective, il est ques­ tion de tenir compte de l'existence d'un découpage urbain même sommaire et d'une place publique ou proto-forum, pour les distinguer.14

L'agglomération semi-urbaine de Namur: évocation de la physionomie du Grognon à Namur à la fin du me siècle, d'après les fouilles.

LES A G G L O M É R A T I O N S I

On a aussi classé les agglomérations sur la base du caractère principal offert par chacune d'entre elles : à fonctions complètes ou spécialisées, à fonction unique, religieuse, en rapport avec la vie de la route (stations) ou du monde rural (villages).15 L'approche liée à la chronologie des sites est égale­ ment fondamentale. Sous cet angle, on distinguera les agglomérations d'origine pré-romaine désertées avant la fin de l'Antiquité et celles qui ne seront pas aban­ données au début du Moyen-Âge, celles dont l'origine remonte à la période romaine qui seront ou non désertées avant la fin de l'Antiquité, enfin les agglo­ mérations de l'Antiquité tardive.16 Appliqué au nord de la Gaule, l'ensemble des cri­ tères évoqués peut permettre d'envisager une classifi­ cation au sein de laquelle on distingue les petites villes, les agglomérations semi-urbaines, les agglomé­ rations routières, les stations routières, les aggloméra­ tions-sanctuaires, les agglomérations artisanales, les agglomérations rurales ou villages. Le terme de petites villes peut désigner des agglomé­ rations importantes qui développent au moins par­ tiellement un aspect urbanisé, même s'il apparaît assez tard durant le Haut-Empire. Les petites villes ont un plan de structure avec des rues et des îlots, qui sans atteindre la régularité des villes classiques, y tend. En outre, on enregistre parfois l'existence d'une place publique, transformée en centre civique, et toujours les témoignages de la présence d'une architecture publique. Les sites ont des fonctions secondaires et tertiaires complexes. L'évolution de l'agglomération de Tournai, au 11e siècle, permet de la rattacher à cette catégorie. Quant aux agglomérations semi-urbaines, comme Liberchies (Geminiacum), Saint-Mard (Vertunum?) Arlon (Orolaunum) et Namur, ce sont des sites impor­ tants qui bénéficient d'un urbanisme et d'une parure monumentale limités, en dehors des monuments habituels que sont les temples et les thermes. Ces sites correspondent très probablement à des vici, qui sont revêtus d'un appareil juridique. Ils ont des activités secondaires complexes. Un urbanisme moins clas­ sique et un regroupement de l'habitat au sein d'îlots moins bien définis les différencient de la catégorie précédente. On trouvera à l'échelon inférieur, les aggloméra­ tions routières qui ne sont guère dotées d'une vérita­

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ble organisation urbanistique ou en disposent d'une manière tellement partielle qu'elle est peu significa­ tive. Les principaux monuments connus ne se regrou­ pent pas dans un centre civique; il s'agit le plus souvent de sanctuaires rassemblés soit le long de Taxe principal, soit en périphérie, les deux situations pou­ vant se cumuler. Le secteur secondaire est bien repré­ senté par des activités diverses. L'une des fonctions de type commercial peut être un port, si le site a été éta­ bli le long d'un cours d'eau, comme à Pommerœul. Les plus modestes développent le plan type du villagerue, comme Braives, Taviers, Givry, Blicquy (Camp romain). Les stations routières ont une fonction bien définie. Répondant au type du village-rue, les sites sont beau­ coup plus petits et les activités artisanales peu va­ riées, voire inexistantes. Il s'agit alors de sites aménagés

La petite ville de Tournai: l'élargissement de l'Escaut à hauteur du Luchet d'Antoing.

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ifti: 109 L'agglomération semi-urbaine de Saint-Mard: fouilles sur le plateau de Majeroux. 110 L'agglomération semi-urbaine de Liberchies: fouilles dans les zones humides. 111 Vue aérienne sur l'agglomération routière de Braives: fouilles dans le centre de la bourgade.

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surtout pour la vie de la route. On devrait pouvoir y localiser une matisio et d'autres bâtiments annexes. Les agglomérations-sanctuaires sont situées en milieu rural, c'est-à-dire quelque peu à l'écart des grandes routes, elles offrent un plan très dispersé. L'activité pré­ dominante est celle du culte et du spectacle; elle se tra­ duit par une parure monumentale peu banale: complexe de sanctuaires avec ou sans théâtre, établisse­

ments thermaux. Quelques fonctions supplémentaires peuvent s'y ajouter. L'habitat est peu développé. Les agglomérations artisanales affichent des activi­ tés ciblées, pour l'essentiel, sur une production. Les bourgades de potiers, les bourgades de métallurgistes appartiennent à cette catégorie. Mais elles peuvent offrir l'image de sites de petites dimensions, comme à Morville, à condition d'y reconnaître un établisse­ ment métallurgique, ou déconcentrés, comme à Howardries ou à Vodecée. La question de leur autono­ mie par rapport à une propriété domaniale n'est alors jamais établie. Les agglomérations rurales ou villages occupent le bas de l'échelle. Elles ont une superficie d'importance réduite et se présentent sous la forme d'un conglomé­ rat de maisons. Elles sont orientées pour l'essentiel vers le secteur primaire. Les rapports organisationnels et économiques qu'elles entretiennent avec les villae et les autres agglomérations doivent encore être détermi­ nés. De toute manière, on n'a pu en identifier aucune en Wallonie.

L'URBANISME VICINAL Un urbanisme élaboré a été enregistré à Tournai qui donne l'image, au 11e siècle, d'une petite ville au plan abouti. Il se structure autour d'une voie parallèle à l'Escaut et d'une autre perpendiculaire qui franchit le fleuve. Beaucoup de tronçons de rues empierrées et surtout des canalisations appuient l'hypothèse d'un canevas orienté 38° 0-52° E. Un aqueduc souterrain alimentait un quartier de la petite ville. Un urbanisme avéré ou élémentaire caractérise les agglomérations d'importance secondaire. Il est basé sur un réseau de rues internes et de dessertes d'habi­ tats qui peuvent servir à délimiter les îlots dans les­ quels on peut cerner l'une ou l'autre fois le tracé des propriétés. Si les rues sont dotées de caniveaux, un véritable réseau d'égouttage fait souvent défaut. De la même façon, les aqueducs demeurent l'apanage des petites villes. Dans quelques cas, on observe que des rues internes aux agglomérations se confondent avec des routes secondaires créées pour desservir le territoire voisin ou pour rejoindre d'autres itinéraires.

112 L'agglomération routière et portuaire de Pommerœul: fouilles de structures en bois. 113 L'agglomération de Amay ( Raussa), en cours de fouilles. 114 L'agglomération routière de Chameleux à Florenville: fouilles au centre de la bourgade.

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Les rues La circulation au sein des agglomérations est assurée de plusieurs manières. Elles disposent toujours d'une voie au moins qui tra­ verse le site, au titre de rue principale. Cette voie peut atteindre 6 m, ce qui correspond à environ 18 pieds, largeur préconisée par Pline l'Ancien. Son assiette est établie sur le sol vierge qui est parfois recreusé pour accueillir un remblai compacté. Des couches de cailloutis fins ou des scories métallurgiques prennent place dans cette construction. Le matériau utilisé est local. La route est bordée par des petits fossés de drai­ nage. Dans le parcours d'une agglomération, les chaus­ sées ont connu de nombreuses recharges. Au passage d'une zone humide, comme à Liberchies, on recourt à une fondation spéciale, faite de madriers placés per­ pendiculairement. Le rue principale, que ce soit dans les agglomé­ rations semi-urbaines et dans celles du type villagerue, cristallise certaines activités, de type commercial, sous des portiques accrochés à la façade de l'une ou l'autre maisons. La rue principale est rarement dou-

115 La rue principale traversant l'agglomération de Vervoz à Clavier, bordée d'habitations; cette rue coïncide avec la voie romaine de Tongres à Metz. 116 Vue sur l'espace d'un ambitus entre deux maisons à Liberchies.

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blée par une seconde artère parallèle. C'est peut-être le cas à Liberchies, où les fouilles anciennes ont pro­ posé l'existence d'une rue parallèle à la chaussée. Mais elle est située à une distance très éloignée de 200 m et son existence n'est pas entièrement démontrée. Des rues internes à l'agglomération, le plus souvent perpendiculaires ou presque perpendiculaires à la voie principale, ont été observées à Liberchies, Clavier, Amay et Braives. À Liberchies, une rue perpendiculaire donne accès à la source de la Fontaine des Turcs et longe des habitats du 11e siècle. À Clavier, la zone des sanctuaires se trouvant en retrait de la voie principale, est immédiatement accessible par une rue interne bordant le complexe thermal. À Amay, rive gauche, il existe une rue se dirigeant vers la Meuse et le long de laquelle s'étend un quartier artisanal. Ces rues offrent une largeur de 5 m en moyenne. L'orientation des bâtisses est parfois surprenante. À Saint-Mard, Majeroux, un ensemble de construc­ tions mitoyennes se trouvent parfaitement alignées sur la rue tandis que les deux habitats qui leur font face, de l'autre côté de la rue, sont placés en oblique pour se calquer sur l'orientation d'une rue secondaire. Des dessertes de maisons (ambitus), séparant les habitats, peuvent aussi participer au découpage des lotissements. Ces dessertes donnent accès à l'arrière des propriétés et aux cours et bâtiments annexes qui s'y trouvent. On a remarqué que ces dessertes, sou­ vent empierrées, conditionnent le regroupement des habitations en lots d'une à trois unités. On ne peut les confondre avec les servitudes d'intervalle qui sont beaucoup moins larges. Celles-ci n'excèdent pas 1 mètre et ont un rôle technique et sanitaire d'éva­ cuation des eaux de pluie.

îlots Dans les petites villes, se trouvent des quartiers bien découpés, quoique très irréguliers et de superficie non homogène. Il n'y a des portiques que du côté des rues principales, qui les délimitent. Ils s'appuient sur une ou plusieurs maisons. Dans les autres agglomérations importantes, les îlots existent aussi, mais sont encore plus irréguliers. Dans les bourgades modestes, surtout celles répondant au plan de village-rue, ce type d'îlot n'existe que rarement.

Le découpage en îlots ne concerne que la partie cen­ trale des agglomérations et, faute de l'existence de rues en très grand nombre, on les appréhendera davantage grâce aux dessertes ou ruelles (ambitus). La question des îlots est bien maîtrisée pour un certain nombre d'agglomérations récemment fouillées à Liberchies, Braives, Amay, Vervoz, Saint-Mard.17 À Liberchies, dans le quartier d'habitat, on observe au nord de la voie un découpage en deux îlots. Celui qui se trouve à l'ouest, est séparé des thermes par une ruelle et se trouve délimité, vers l'est par une rue. Trois maisons prennent place dans le premier lot. L'autre îlot n'a actuellement révélé que deux habitats séparés par une ruelle. Ses limites sont marquées par deux rues. De cette manière, on peut restituer les largeurs des îlots concernés à environ 50 m. Au sud de la voie, l'habitat s'organise en au moins trois lotissements, séparés par une desserte. On y retrouve deux ou trois maisons. À Clavier, le rythme imposé par les dessertes dans le découpage du sol est plus soutenu, car beau­ coup de maisons en disposent sur chaque face latérale. Les parcelles sont alors beaucoup plus étroites. La situation est moins claire à Amay, tandis qu'à Braives, les maisons sont aussi nettement séparées les unes des autres, selon un gabarit similaire. À Saint-Mard, les plans des maisons sont rarement conservés, tandis qu'à Arlon, le quartier de Neu a fourni quelques exem­ ples de maisons allongées séparées par des venelles.

Propriétés La propriété est découpée en lots, qui ont une forme s'allongeant vers l'intérieur du terrain. Le cas est plus net dans les agglomérations routières. Si l’on arrive bien à délimiter les propriétés en largeur, c'est rare­ ment le cas dans le sens de la profondeur des parcelles dont les limites demeurent imperceptibles. Dans le cas des petites villes, les propriétés sont imbriquées à l'image de l'échelle urbaine. Les murs latéraux des maisons sont alors mitoyens. Presque toujours en Gaule du nord, les agglomérations offrent des maisons assez grandes aux murs non mitoyens. À Bliesbruck (Lorraine), les deux situations peuvent coexister dans la même agglomération, pour des quar­ tiers distincts: certaines maisons sont accolées au sein d'un bloc, avec des murs latéraux mitoyens, d'au­ tres, plus nombreuses et plus grandes, ont des murs non mitoyens. On a pensé à deux origines différentes :

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Liberchies

117 En haut: le découpage des îlots et les dessertes viaires dans le centre de l'agglomération gallo-romaine des Bons-Villers à Liberchies. 118 En bas: découpage probable des parcelles bâties dans l'agglomération de Braives.

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les complexes mitoyens reprendraienl un ancien lotis­ sement du sol (ier siècle) et les ambitus correspon­ draient à des créations nouvelles. Pour des cas de mitoyenneté, on ne pourra citer que quelques exemples à Ombret et à Saint-Mard. Pour le reste, elles se trouvent le plus souvent isolées ou par deux ou par trois, au sein d'un même lot, comme à Liberchies. La séparation entre les lots est matérialisée par des ruelles étroites. Dans les agglomérations à caractère davantage rural, les maisons sont très éloignées les unes des autres, avec des propriétés qui ménagent de grands espaces entre chaque maison. Amay-Ombret Saint-Mard, phase 4

LA PARURE MONUMENTALE À l'inverse de la ville, l'agglomération dispose de peu de monuments publics, sauf dans le cas des petites villes. Celles-ci peuvent avoir une grande place, au centre du site, entre deux rues parallèles, parfois assi­ milée à un proto-forum. On peut imaginer que ce fut le cas à Tournai; si l'évidence manque, les nombreux éléments d'architecture retrouvés et le quadrillage urbain peuvent nous le faire penser. En ce qui concerne les monuments de spectacle, ils ne sont pas attestés dans les agglomérations de Wal­ lonie, à l'exception du théâtre de Blicquy, qui figure au sein d'une bourgade liée à des fonctions religieuses. Si les sanctuaires n'intègrent pas le centre civique, ils sont alors bâtis en périphérie ou, dans les agglomé­ rations routières, le long de l'axe routier le plus

important. Il s'agit le plus souvent de temples indi­ gènes à fanum. On connaît cette première situation à Liberchies et à Clavier, tandis que dans d'autres sites plus petits, le temple est directement accroché à la voie, comme à Baudecet. La présence de thermes plus ou moins monumen­ taux est constante au sein des agglomérations et constitue l'édifice classique le plus répandu. À Tour­ nai, on en connaît une dizaine. Ailleurs, ils sont beau­ coup moins nombreux et sont fréquemment adossés à la rue principale, comme à Waudrez, Liberchies, Braives, Clavier et Saint-Mard. Les dimensions varient, mais il n'y a aucune raison de penser qu'ils n'intè­ grent pas le domaine public. Quelques fois, des latrines voisinent les édifices ther­ maux. C'est le cas à Liberchies, à Ombret et à Arlon.

L'HABITAT ET L'ARCHITECTURE PRIVÉE Une grande place est réservée à l'habitat au sein des agglomérations. Divers plans trahissent soit une évo­ lution des maisons dans le temps, soit le recours à des traditions d'origine différente. L'habitat abrite enfin des activités artisanales ou commerciales; elles ne peuvent se déduire que d'un examen scrupuleux des bâtiments fouillés.

119 La piscine froide de l'établissement thermal de l'agglomération des Bons-Villers à Liberchies. 120 Plan des thermes de Saint-Mard et de Ombret.

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Au plan technique, on assiste à une évolution nota­ ble. Les premières maisons sont construites sur poteaux plantés. Par la suite, le solin, une poutre en bois placée horizontalement dans le sol, constituera une innovation. Celui-ci sera finalement remplacé par un mur bahut en pierres, avec fondations, qui servira de base à un mur en élévation, qu'il soit réalisé en tor­ chis et en pans de bois ou entièrement en pierres.

Les plans Maisons indigènes Dans les régions sableuses du nord de la Gaule, on trouve une maison allongée, construite en bois et en torchis qui est considérée comme indigène. Cet habi­ tat issu de la période protohistorique a la vie longue puisqu’on le rencontre indifféremment en milieu urbain, comme à Tongres, ou rural, au début de l'époque romaine. Il faudra attendre la période flavienne ou le début du IIe siècle pour le voir disparaître au profit de maisons plus élaborées. Ce type d'habitat connaît lui-même une certaine évolution. Au départ,

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il réunit sous un même toit les gens et le bétail, si bien qu'on l'a qualifié de maison-étable. Puis la zone réser­ vée à l'étable disparaît. Elle prend des formes nou­ velles en relation avec son mode de couverture qui connaît de nombreuses variantes. Il peut y avoir une rangée de poteaux au centre, une ou deux rangées de poteaux sur les côtés.18 À Liberchies, dans le quartier d'habitat, les construc­ tions anciennes en bois sont assez nombreuses. Une quinzaine sont attestées, sur poteaux plantés. Au nord de la voie, la plus grande bâtisse, large de 14 m et lon­ gue de 30 m, comporte deux ou trois travées internes. Deux petits celliers rectangulaires ont été aménagés dans l'angle nord-est de la maison. La situation est la même pour la zone située au sud de la voie où les habi­ tats sont nettement séparés les uns des autres.

Maisons gallo-romaines Dans les petites villes, apparaissent en nombre très limité des domus classiques, éventuellement à atrium, à l'instar de ce qui se passe dans les villes romaines et gallo-romaines. Le cas n'est pas attesté dans les agglo­ mérations d'un rang inférieur, en Wallonie.

Les maisons indigènes en bois du Ie r siècle dans l'agglomération gallo-romaine de Liberchies, dont les contours se dessinent d'après les alignements de trous de poteaux.

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122 Les plans de quelques maisons gallo-romaines, aux fondations de pierre, dans les agglomérations en Wallonie À gauche: à Florenville (Chameleux) et à Saint-Mard (Majeroux) - en haut à droite: à Amay et à Braives en bas à droite: à Clavier, Vervoz.

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On enregistre plutôt des maisons quadrangulaires stéréotypées, qui répondent à un modèle galloromain, connu sous le nom de «Streifenhàuser». Elles ont comme caractéristique principale d'offrir un petit côté aligné et ouvert sur la voie, le pignon en consti­ tue donc la façade et la toiture est en bâtière. La mai­ son est marquée par des divisions internes.19 Les éléments constitutifs de l'édifice sont les sui­ vants: en dehors de quelques pièces ouvertes sur la route et qui dans certains cas peuvent relever du domaine professionnel, on trouvera une partie priva­ tive: pièces de séjour, chambres, cuisine et une cave. Le local chauffé par hypocauste en hiver est souvent le résultat d'un agrandissement tardif. La maison contient enfin un espace un peu plus grand que les autres qui est interprété par les uns comme une cour à ciel ouvert et par les autres comme une aire de tra­ vail couverte. Selon les deux hypothèses, elle abrite les activités domestiques de la famille ou elle sert à des travaux professionnels. On constate souvent que ces habitations connais­ sent des remaniements dont les plus évidents se loca­ lisent à l'arrière du bâtiment et trahissent des ajouts successifs. À Saint-Mard, un local supplémentaire a été bâti pour servir d'entrepôt mais la plupart du temps, il s'agit de celliers ou d'hypocaustes. Un puits figure parfois dans la cour ou à l'arrière de la pro­ priété. Dans tous ces édifices, il peut y avoir interaction entre une fonction d'habitat et des activités diverses; il est souvent question de maisons d'artisans ou de commerçants. Pour les discriminer, on prendra en considération leurs plans à la lumière des fonctions supposées. Pour les maisons dites d'artisans, soit la zone privative est repoussée sur un côté de la pro­ priété, pour dégager de l'espace pour la cour ou l'aire de travail soit la zone privative s'intercale au milieu de la propriété entre deux espaces ouverts, de cours ou de jardin. Pour les maisons de commerçants, le plan est plus complexe : les propriétés sont plus vastes et com­ prennent davantage de locaux réservés au négoce. Souvent elles disposent d'une ou de plusieurs cours; des boutiques figurent naturellement à l'avant des édifices. Si l'on tente de comparer les plans de toutes ces mai­ sons, on distinguera: le plan ramassé simple, comme à Liberchies, le plan ramassé intégrant un cloisonne­

ment important de locaux, comme à Liberchies, le plan rectangulaire très allongé qui est le plus fréquem­ ment répandu dans les agglomérations. Parmi ces mai­ sons, on en connaît pour lesquelles il n'y a aucune subdivision et celles qui en ont le plus souvent dans le sens latéral, rarement dans le sens longitudinal.

123 Fondations de maison gallo-romaine à Liberchies, en cours de fouilles. 124 Vestiges d'une maison gallo-romaine à Ombret, en cours de fouilles. 125 Vestiges d'une maison gallo-romaine à Saint-Mard, en cours de fouilles.

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Quelques maisons montrent un aménagement en façade visant à ménager un accès au centre de la bâtisse, comme à Saint-Mard et à Chameleux ou laté­ ral, comme à Amay. Deux pièces encadrant la porte d'entrée font penser à leur utilisation comme taberna ou comme autre local de commerce.

A m énagem ent des espaces et distribution fonctionnelle Portiques, galeries et boutiques Dans les agglomérations, les édifices privés peuvent être précédés d'un portique. C'est assez fréquemment le cas le long de la voie principale. Comme les îlots n'offrent pas la même physionomie régulière qu'en milieu urbain, la présence de portiques reste excep­ tionnelle le long des voies secondaires. Alors qu'un portique urbain participe parfois à la monumentalisation d'un quartier, en site d'agglomération, il relève clairement de l'initiative privée ; autrement dit, il est lié au bâtiment qu'il longe, à sa technique de cons­ truction et à la hauteur de sa façade. Il en résulte une absence d'homogénéité qui est d'autant plus remar­ quée que nous avons affaire à des habitats non mi­ toyens. Pour qu'une maison puisse disposer d'un portique, il faut qu'elle ait été bâtie en retrait de la rue; beau­ coup de maisons s'étendent jusqu'en bordure de la voie ce qui ne leur permet pas de bénéficier d'une

telle infrastructure. Le caniveau qui borde la rue n'est pas souvent installé au pied des piles du portique, mais à une certaine distance de celui-ci, preuve de l'existence d'une toiture débordante. Le portique est un couloir ouvert sur la rue. Il est rythmé par des poteaux en bois, des colonnes ou des piliers maçonnés. On retrouve souvent le point d'im­ plantation de ces supports : des blocs de pierre ou des dés pour l'encastrement des colonnes. Lorsque le pilier est maçonné et conservé en élévation, on a tout lieu de penser que l'importance qui lui a été donnée reflète la construction d'un étage surplombant la gale­ rie. Cette situation a été rencontrée à Braives. Une forme plus rare de galerie est celle où la façade repose sur un stylobate ou sur un mur bahut. La fermeture totale de cet espace précédant l'habitat est rarement attestée. On parle alors d'une galerie, mais elle peut aussi résulter d'une transformation secondaire. Les galeries situées en bordure des rues peuvent être utilisées à des fins commerciales : boutiques ou tavernes. Les boutiques sont nombreuses. Elles peu­ vent d'ailleurs être liées à quelques pièces situées immédiatement en arrière, isolées des parties occu­ pées de la maison, avec sol aménagé : elles sont consi­ dérées comme réserves ou comme ateliers. Leur surface se situe autour de 25 m2. La notion générale de taberna ne recouvre pas seulement l'idée du débit de boisson, mais doit être étendue à d'autres activités de loisirs.

Espaces de vie Il y a souvent imbrication des fonctions d'habitat et de commerce. Quoi qu'il en soit, des pièces spéci­ fiques, qui ne sont pas toujours aisées à reconnaître, caractérisent un espace de vie privé qui conjugue locaux de séjour et activités domestiques. On énumé­ rera la cuisine, les chambres qui disposent d'un sol aménagé, les sous-sols, la pièce qui surmonte le soussol et l'hypocauste ou local de séjour chauffé. La cuisine n'est pas souvent très importante; la pré­ sence d'un foyer à même le sol permet de l'identifier. Lorsqu'une pièce est accolée à un sous-sol, elle sert normalement de cuisine. Le foyer a souvent été obser­ vé au centre de l'immeuble ou dans la cour centrale. Les sous-sols sont très nombreux mais aussi généra­ lement plus tardifs. On a souvent du mal à leur attri­ buer une fonction restrictive. Ils peuvent en effet être

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Reconstitution d'un portique, appuyé contre un habitat privé, dans l'agglomération de Braives.

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directement liés aux activités domestiques des habi­ tants de la maison, mais lorsqu'ils sont situés vers l'avant de la maison, en liaison avec des locaux à objet commercial, ils peuvent aussi avoir été utilisés au titre de lieu de stockage pour la vente de certains produits alimentaires, dans les boutiques voisines.

Espaces commerciaux Toute galerie ayant été utilisée comme salle commer­ ciale suppose l'existence d'une ou de plusieurs pièces en retrait dédiées à des activités de stockage et de manutention et liées à l'exercice de ce commerce. Ces pièces sont particulièrement malaisées à identi­ fier.

Espaces artisanaux La maison peut aussi comporter des espaces réservés aux activités artisanales dès lors que le métier exercé

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Foyer de cuisine Foyer de cuisine Cellier en bois à Cellier en bois à

par ses habitants les invitait à travailler sur place. Ici, on les localise plus facilement dès que des déchets, des outils ou une installation spécifique sont mis au jour. Les artisanats du fer, du bronze voire de type alimen­ taire occupent donc un local au moins, proche de la rue et, pour certains d'entre eux qui demandent plus de superficie, ils peuvent être exercés au centre de la maison ou dans une cour.

La cour intérieure Un espace assez grand situé souvent vers le centre de l'habitat est la plupart du temps interprété par les archéologues comme une cour intérieure non cou­ verte. La question mérite sans doute d'être réexami­ née. II est difficile de croire qu'une telle cour ne soit pas empierrée et ne bénéficie pas d'un système d'éva­ cuation des eaux de pluie. Or, ces deux éléments man­ quent généralement. Si ces locaux servent d'atelier ou

au centre d'une maison dans l'agglomération des Bons-Villers à Liberchies. au centre d'une maison dans l'agglomération de Chameleux à Florenville. Liberchies dont les parois sont protégées par un système de madriers horizontaux et verticaux. Braives, dont les montants de bois sont posés sur un alignement de pierres.

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ture des toitures en est affectée car celles-ci offrent alors des physionomies diverses et plus malaisées à mettre en œuvre. Dans les cas où un pavage ou un puits est attesté dans cet espace central, on peut admettre qu'il s'agit bien d'une cour ouverte.20

Sous-sols

d'habitat, on a du mal à penser qu'ils ne bénéficient pas d'une toiture. La largeur du charpentage, de 12 à 13 m, le permet. Le problème de l'existence d'une galerie entourant et protégeant partiellement cette cour ouverte ne peut être résolu que si des traces de poteaux alignés nous sont révélées par l'archéologie. Du même coup, toute la problématique de l'architec­

La cave apparaît, au iet siècle, comme une excavation de faible ampleur. Elle est simplement taillée dans le sol et les parois peuvent avoir été renforcées de pièces de bois, des planches assemblées horizontalement ou verticalement. Au 11e siècle, elle prend plus d'allure. Ses murs sont soignés avec des pierres de parement calibrées et des joints soigneusement dagués. Mais cette technique a dû être utilisée aussi pour une partie de l'élévation des murs de la maison qui nous échappe souvent. S'y ouvrent des niches, un soupirail, un escalier en pierre ou une cage d'escalier accueillant une échelle de meunier.

131 Cave en pierres dans l'agglomération des Bons-Villers à Liberchies. 132 Cave en pierres dans l'agglomération des Sarrazins à Braives.

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133 Cave en pierres dans l'agglomération de Vervoz à Clavier. 134 Cave en pierres dans l'agglomération de Saint-Mard. 135 Cave en pierres dans l'agglomération de Chameleux à Florenville. Un alignement de petites fosses circulaires se dessine dans le sol en terre battue du cellier: elles étaient destinées à recevoir des amphores. 136 Les puits figurent en grand nombre dans l'environnement proche des maisons, et plus particulièrement dans les espaces de jardins.

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On convient souvent de lui attribuer plusieurs fonc­ tions sans qu'elles ne soient exclusives: utilitaire, de séjour et religieuse. Tout sous-sol apparaît au premier abord comme un espace de stockage, qu'il soit utilisé à des fins domestiques ou commerciales. Des décou­ vertes archéologiques nous invitent à le croire, comme ces sous-sols aux murs parfaitement construits dont le sol en terre battue laisse apparaître des excavations ali­ gnées, rondes et en fond de cuve, destinées à y planter des amphores ou à y placer des jarres. Le cas est parti­ culièrement attesté à Saint-Mard et à Chameleux. La fonction de séjour qui découle par exemple de la découverte d'une table en pierre au milieu de la pièce ou de céramiques placées dans les niches, est parfois avancée. La fonction religieuse est plus rarement éta­ blie. Les sous-sols sont indifféremment placés à l'avant, à l'arrière ou au centre des maisons.

Jardins Lorsqu'il y a intégration de la maison dans un système d'îlots, comme en milieu urbain, il est très difficile de concevoir la présence d'un jardin privatif réservé dans l'aire du bâtiment. En revanche, en milieu d'agglomé­ ration, des espaces sont libérés à l'arrière de chaque parcelle; ils ont pu être délimités par une palissade ou une simple clôture. On y trouve presque toujours un puits, des dépotoirs et des constructions adventices de piètre qualité. Lorsqu'un puits est abandonné au pro­ fit d'un autre, il est souvent converti en latrines. On ne peut guère penser y trouver un jardin d'agré­ ment. En revanche, il est probable que cet espace ait été mis à profit pour des activités plus lucratives, à savoir un petit élevage de complément et l'entretien d'un potager.

gnement, structure qui est ici plus facile à enregistrer, même s'il s'agit de traces négatives. La poutraison des fondations, sous la forme d'un solin continu enfoui dans le sol, est plus rare et plus tardive. Lorsque apparaît l'usage de la pierre, celle-ci n'est pas pour autant devenue exclusive dans la construc­ tion. Elle peut ne concerner que les parties basses de la maison où un mur d'1 m de hauteur environ associe, dans sa maçonnerie, une poutre en bois hori­ zontale dans laquelle sera imbriqué un mur en colom­ bage pour les parties plus hautes. La pierre utilisée est locale; elle est taillée en petits moellons cubiques. Le recours systématique à la toiture de tuiles remonte à la deuxième moitié du Ier siècle après J.-C.

Toitures Pour appréhender la forme probable dessinée par une toiture, il faut tenir compte en premier lieu des conditions dans lesquelles ont été élevés les murs porteurs. S'ils sont mitoyens ou s'ils appartiennent en propre à une seule maison, la situation peut chan­ ger. S'il existe un ambitus entre deux maisons, il cor­ respond normalement à un espace de décharge des eaux de pluie, qui indique un toit en double pente parallèle à la maison dans le sens de sa longueur. Il faut aussi retrouver les évacuations d'eau qui confir­ ment cet état. Fréquemment, on utilise du gravier fin ou grossier pour ces évacuations. Vers l'avant de la maison, c'est aussi la présence de ce niveau de drai­ nage qui peut nous mettre sur le chemin de l'exis­ tence d'un toit en appentis, cette fois perpendiculaire à la toiture principale. La localisation de cette couche de gravier sablonneux peut enfin nous permettre de savoir si l'auvent ne dépasse pas la propriété ou s'il couvre aussi le trottoir.

Étages Éléments architecturaux Matériaux et techniques Les premières constructions seront édifiées en maté­ riaux périssables qui, par définition, ne nous parvien­ nent que très rarement conservées. L'argile pour les murs est allié au bois travaillé selon toutes sortes de techniques: colombage, madriers assemblés, plan­ ches. Dans la pratique, les maisons anciennes des agglomérations sont bâties sur poteaux plantés en ali­

La question de l'existence d'étages sur les habitats urbains ou d'agglomérations est souvent posée et les éléments de réponse sont souvent absents. À l'intérieur du bâtiment, pour qu'il y ait un étage, il faut pouvoir attribuer à un couloir étroit le rôle de cage d'escalier ou retrouver des supports intermédiaires répartis dans les pièces du rez-de-chaussée. D'autre part, certaines fon­ dations de maisons apparaissent comme radicalement plus épaisses que d'autres; encore faut-il bien voir que ces fondations ne supportent pas une maçonnerie très

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haute en élévation qui, dans le cas inverse, ne s'adresse qu'à des murs en colombage. En ce qui concerne l'existence d'un étage en encor­ bellement qui surplombe les boutiques, son existence peut se déduire de la force des piliers qui soutiennent la galerie. On a vu le cas à Braives.

L'ÉCONOMIE DE PRODUCTION Les productions des agglomérations se situent à hau­ teur de leur importance ou de leur niveau dans la hié­ rarchie administrative, de leur taux de spécialisation et de la région dans laquelle elles sont implantées eu égard aux ressources naturelles disponibles.

On n'oubliera pas aussi de considérer que ces bour­ gades connaissent une évolution dans le temps. Ce qui est considéré comme utile ou rentable à une période déterminée ne l'est plus par la suite. Quelques exemples peuvent témoigner du fait. La sidérurgie est pratiquée de manière assez généralisée dans tous les sites d'agglomérations vers le milieu du Ie r siècle; on en dira autant des productions céramiques de type gallo-belge. L'efflorescence de ces activités est directe­ ment liée à la demande et peu d'autres sites, à cette époque, se trouvent suffisamment équipés pour assu­ mer ces activités. Dans les décennies qui vont suivre, on assiste à une concurrence effrénée. Le travail de la sidérurgie se déplace vers des sites plus adaptés; la fabrication de céramique fine est mise à mal par l'arri­ vage sur les marchés de produits internationaux beau­ coup plus attrayants; il ne restera plus aux petites agglomérations que le marché de la céramique culi­ naire et de service. Dans le domaine de l'agro-alimen­ taire, les exploitations rurales développent leur capacité de production assez tardivement dans le cou­ rant du Ier siècle après J.-C. L'agriculture intensive qui y est pratiquée et qui débouche sur une commer­ cialisation vers l'extérieur modifie de manière durable tant le comportement que pouvaient entretenir les bourgades envers le secteur primaire que le rôle d'in­ termédiaire qu'elles auront à jouer.21

Les fonctions primaires Elles ne peuvent pas être dominantes si ce n'est dans les agglomérations rurales ou les villages davantage liés à la campagne. Ces centres ruraux orientés vers l'agriculture s'inscrivent dans des régions fertiles ou entretiennent avec les villae agricoles des relations qui ne sont pas encore clairement établies, notam­ ment du point de vue de l'implication de la main d'œuvre, saisonnière ou pas, que l'on pouvait y ren­ contrer. Dans les autres agglomérations, la fonction de pro­ duction agricole est absente, à l'exclusion de celle qui peut concerner les besoins courants; en revanche, il semble que l'élevage y soit représenté, comme le prouvent les études faunistiques. Certaines maisons des bourgades ont ainsi disposé d'une basse-cour et parfois même de quelques bêtes laitières. L'aggloméra-

137 Localisation des principales zones d'activités artisanales dans l'agglomération des Bons-Villers à Liberchies: le travail du fer, du bronze, du verre, des peaux et de la céramique.

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LES A G G L O M É R A T I O N S I

tion de Braives paraît avoir été à peu près la seule à avoir révélé des silos à grains, circulaires, creusés dans le sol.

Les fonctions secondaires Les fonctions de production artisanale sont représen­ tées dans tous les sites. La difficulté consiste à faire la distinction entre ce qui correspond à une activité modeste ou très limitée dans le temps répondant à des besoins locaux ou à un artisanat qui a l'ambition de toucher les marchés extérieurs. Les artisanats les plus souvent rencontrés sont la production de céramique et la sidérurgie. Cette der­ nière activité est conditionnée par une chaîne opéra­ toire à plusieurs stades qui ne sont pas toujours présents au même endroit (réduction du minerai, épuration, forge). Quant à la céramique, à partir du milieu du Ier siècle après J.-C., on s'est rendu compte que, pour survivre dans cette activité, il fallait s'ins­ crire dans des productions ciblées. Ainsi voit-on un atelier comme celui d'Amay se spécialiser dans la fabrication de mortiers, un atelier comme celui de

Braives dans la production de la céramique gallobelge. Ce phénomène ne touche évidemment pas la céramique commune qui répond exclusivement à un besoin local. Le travail du bronze et la verrerie sont présents dans les agglomérations mais de manière plus anecdotique, d'autant que le matériau de base utilisé est souvent un matériel que l'on recycle. La tabletterie, le travail de l'os et les fabrications de cuir sont plus rares ou ne débouchent que rarement sur des productions de masse. Liberchies offre l'exem­ ple d'une officine spécialisée dans le travail de rivière, Arlon, celui d'une foulerie-teinturerie.

138 Four de potier à Blicquy, Camp romain. 139 Vestiges d'un four métallurgique avec fragment de tuyère en terre cuite, à Liberchies. 140 Creusets à fondre le bronze à Braives.

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Vin Braives

Liberchies

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Braives

Liberchies

Huile

Huile

Poisson

Poisson

Datte

Datte Alun

Répartition quantitative des amphores vinaires et des amphores utilisées pour le conditionnement et le transport d'autres produits, retrouvées dans les agglomérations de Braives et de Liberchies. En termes de vin, la représentation des crus de Narbonnaise est écrasante. Pour l'huile, les produits espagnols de Bétique assurent l'essentiel du marché. Les amphores vinaires portent des désignations issues de typologies établies par les spécialistes: 1 Gauloise 1 (Narbonnaise) 2 Gauloise 4 (Narbonnaise) 3 Gauloise 5 (Narbonnaise) 4 Dressel 2/4 (origines diverses) 5 Camulodunum 184 (Rhodes) 6 Crétoise 4 (Crète) 7 Kapitan 2 (Orient) 8 Haltern 70 (Bétique) 9 Haltern 70 tardive (Bétique). Un certain nombre d'amphores correspondent à des emballages de produits divers: huile d'olive, sauces de poisson, dattes et alun. 10 Dressel 20 (Bétique) 11 Dressel 23 (Bétique) 12 Dressel 7/11 (Bétique) 13 Pélichet 46 (Bétique) 14 Dressel 9 similis (Lyonnaise) 15 Camulodunum 189 (Orient) 16 Richborough 527 (Lipari).

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LES A G G L O M É R A T I O N S I

L'ÉCONOMIE DE CONSOMMATION Ce sont les témoins matériels retrouvés au cours des fouilles qui nous éclairent sur la participation des sites à une économie de consommation. Il faut organiser ces témoins en deux catégories : ceux qui sont en rap­ port avec des productions locales sans grande enver­ gure et ceux qui témoignent du commerce et d'échanges extérieurs. La présence de quartiers d'artisans, de boutiques, d'entrepôts, de places de marché est le signe d'une économie de consommation qui touche le site ou sa région. Des échanges commerciaux, notamment issus du secteur primaire, sont aussi organisés pour la vente des denrées du terroir. On pense par exemple aux negotiatores en blé qui habitent en ville et, de manière plus anecdotique, à ces petits pots en céramique locale surtout fabriqués dans l'Entre-Sambre-etMeuse, commercialisés sur le Rhin, qui pourraient l’avoir été pour leur contenu, c'est-à-dire du pâté de grives. Un certain nombre de produits plus rares apparais­ sent sur quelques sites; ils peuvent être considérés comme des productions du bourg destinées à une exportation plus large que régionale. L'exemple de la tannerie de Liberchies, de son atelier de fabrication de bijoux, l’exemple des productions métallurgiques des sites spécialisés ou de certaines officines de potiers tra­ vaillant des vaisselles particulières le démontrent. Dans cette perspective, les agglomérations portuaires ou situées le long d'un fleuve, comme Tournai, Pommerœul, Namur et Amay, jouent un rôle d'inter­ médiaire dans la distribution, qui n'est pas négligeable. En ce qui concerne les échanges extérieurs, cer­ taines catégories de pièces aident à retracer des cou­ rants commerciaux lointains mais très importants. Il s'agit de céramiques fines comme la terre sigillée sud gauloise ou du centre de la Gaule, les huiles, vins et sauces de poisson parvenus chez nous dans des amphores de divers pays méditerranéens occidentaux comme orientaux. Les agglomérations livrent à cet égard une somme d’informations, au plan quantitatif tout à fait exceptionnel, que l'on ne retrouve pas sur les autres sites d'habitat.22

L'ÉVOLUTION CHRONOLOGIQUE DES AGGLOMÉRATIONS Origines Les agglomérations gallo-romaines qui ont une ori­ gine précoce peuvent en fait se rattacher au phéno­ mène de la continuité d'habitat ou surgir du néant. Parmi celles qui s'inscrivent dans la continuité, on a coutume de distinguer les agglomérations-oppida où la refondation romaine est établie dans le cadre d'un ancien site fortifié gaulois, comme Alésia et le Titelberg, puis les sites d'habitat gaulois qui offrent, en plaine, une continuité d'occupation non discuta­ ble entre la fin du La Tène III et le règne d'Auguste. Rome montre une aversion pour la maintenance des sites anciens fortifiés, vu les dangers qu'ils peuvent faire courir à la paix, en cas d'insurrection, et nous manquons en Wallonie d'exemples similaires. En revanche, un certain nombre de sites accrochés aux bassins fluviaux laissent entrevoir cette possibilité de continuité, comme à Namur et Pommerœul. Une autre série d'agglomérations relèvent de la poli­ tique impériale. Pour conforter les premières initia­ tives en matière d'installation du réseau routier, il importe d'en venir à des fondations originales. Le long des grandes chaussées, les sites apparaissent dans ce cadre en même temps que le réseau. Sous Auguste, seront établies, le long de la voie Bavay-Cologne, des agglomérations-relais sur un substrat vierge ou à peu près vierge. Le raisonnement se poursuivra par la suite avec la politique de Claude pour d'autres routes, comme la Tongres-Arlon. En ce qui concerne les motifs qui président au choix de l'emplacement de l'agglomération, plusieurs considérations entrent en jeu: localisation géogra­ phique, répartition échelonnée le long d'une route ou à proximité d'une frontière, ressources naturelles, cir­ constances économiques, origines militaires. L'aspect oro-hydrographique du lieu a pu néanmoins être déterminant. Ces agglomérations n'ont pas, dès leurs origines, un rayonnement bien important; elles jouent un rôle de pionnier dans la première aventure «romaine» et se présentent à nous comme de petits villages aux formes indigènes.23

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Entre le règne de Claude et l'époque flavienne, le réseau routier ayant été mis en place, les aggloméra­ tions commencent à compter dans le paysage poli­ tique et elles ne cesseront de prendre de l'essor. Celui-ci, naturellement, peut être différencié selon les facteurs locaux qui peuvent influer sur leur devenir. En règle générale, on voit se mettre en place, sous les Flaviens, un développement significatif des infra­ structures et de l'habitat dans les bourgades, en même temps que le commerce international fait sentir ses effets positifs dans le nord de la Gaule.24

Au-delà de ce temps, la crise économique s'installe progressivement et pour une longue durée. Les cher­ cheurs ont quelques difficultés à dater le mobilier archéologique du milieu du me siècle; ils préfèrent parler d'une période correspondant à l'horizon d'abandon des agglomérations. En effet, suite à une crise politique majeure et aux invasions germaniques des années 268 et 275, un coup d'arrêt brutal sera porté à l'occupation de ces bourgades. On estime à un tiers celles qui seront définitivement abandonnées pour un autre tiers d'agglomérations qui ne pourront plus vivre, au début du ive siècle, sans la protection d'une forteresse.25

Réaménagem ent

L'Antiquité tardive

À une date approximative, que l'on situe arbitraire­ ment au début du 11e siècle, mais qui pourrait aussi bien être la dernière décennie du siècle précédent, les agglomérations connaissent un peu partout une phase de réaménagement urbanistique. Beaucoup de sites montrent la possibilité de suivre, grâce à l'habitat, le passage de la maison sur poteaux plantés au bâtiment muni de fondations en pierres. Ces édifices s'allongent aussi et se dotent de tout le confort que peut procurer une architecture et les tech­ niques de la construction romaine qui finissent par s'imposer. Les ressources locales sont alors bien exploitées au service d'un capitalisme conquérant, tandis que les produits étrangers circulent et inondent les marchés.

Parmi les agglomérations créées au Haut-Empire, un tiers d'entre elles subsisteront donc. Si toutes les agglomérations routières ne disparaissent pas complè­ tement à la fin du me siècle, les reconstructions de grande importance demeurent exceptionnelles et les témoignages matériels sont à la fois très limités et ne dépassent pas souvent le milieu du ive siècle. Toutefois, on ne peut pas proposer un modèle unique d'évolution. Certaines régions seront davan­ tage favorisées que d'autres au Bas-Empire. C'est notamment le cas, en pays trévire, où les bourgs de Chameleux, Virton ne paraissent pas connaître un déclin aussi rapide. Enfin, il faut tenir compte du sort des agglomérations liées à une voie d'eau. Certaines d'entre elles, comme Namur, ne semblent montrer aucune interruption et d'autres, comme Huy, attestent d'un développement spécifique, précisément lié à la période de l'Antiquité tardive. Il s'agit de centres en émergence dont l'occupa­ tion ira croissante durant le début du Moyen-Âge. La ville de Tournai, quant à elle, confirme sa prépondé­ rance et fera l'objet d'une reconstruction presque com­ plète à l'intérieur de sa nouvelle enceinte.26

Développem ent

Les crises La crise politique de la fin du ne siècle après J.-C. est assez peu perceptible dans les agglomérations. Les moments d'insécurité qui se traduisent par l'en­ fouissement de quelques trésors, comme celui de Liberchies, ne semblent pas réellement occulter une situation économique qui reste stable au moins jusqu'à la fin de la dynastie des Sévères.

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Chapitre V

PAYSAGES RURAUX ET ÉCONOMIE RURALE

143 Carte de la répartition des établissements ruraux gallo-romains en Wallonie, en rapport avec les sous-régions agro-géographiques.

Le processus de l'occupation du sol doit tenir compte de paramètres variés, comme la configuration phy­ sique des terrains, ses ressources naturelles, la qualité des sols et les schémas de développement qui seront imprimés par l'homme à ces territoires.

LE PAYSAGE NATUREL Le territoire de la Wallonie, d'une superficie de 16844 km2, offre un relief assez contrasté qui s'articule en trois zones. La Basse Wallonie qui culmine à 50 m d'altitude, et qui intègre les vallées de l'Escaut, de la Haine et de la Dendre, se rattache à la plaine maritime bordant la Mer du Nord. La Moyenne Wallonie, qui s'élève de 50 m à 200 m, et qui est occupée par des bas plateaux, dans le Brabant, le Hainaut et la Hesbaye, se localise au nord du sillon Sambre-et-Meuse. La Haute Wallonie au sud-est, aux altitudes de 200 à 500 m, fait partie du massif schisteux rhénan. L'habitat à l'époque romaine pourra y prendre des formes différentes en fonction de son lien avec des configurations géomor­ phologiques et hydrographiques distinctes.

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À l'époque romaine aussi, les ressources naturelles qui fondent les premiers besoins de l'établissement humain ne manquent pas en matière d'accès à l'eau, au bois, à l'argile et à la pierre. Les vallées scaldienne et mosane deviendront des zones d'extraction de la pierre pour couvrir des demandes sorties de l'ordi­ naire. Au plan de la métallurgie du fer, les ressources ne sont pas davantage absentes, à commencer par l'Entre-Sambre-et-Meuse, qui passe pour être un dis­ trict important dans ce domaine. En revanche, les qualités de sols s'affichent comme différentes d'une sous-région à l'autre. Cette notion est importante car elle peut induire des comporte­ ments distincts de nature à favoriser, ici et là, les pro­ ductions agricoles, l'élevage ou les productions mixtes. Il n'est jamais facile de documenter ces questions sur la base de découvertes archéologiques. On observe, toutefois, que l'intensité de l'occupation antique n'est pas la même partout, si on se livre à l'exercice de super­ poser les sites de villae romaines à la carte des zones agro-géographiques de la région wallonne: les pla­ teaux de Hesbaye, du Condroz et la Lorraine belge émergent en matière de densité. Le pays de Herve, l'Ardenne, à l'exception de sa partie centrale, et la

Page précédente: pilier du cultivateur, bas-relief représentant une scène des champs: la bêche et le râteau (lle siècle après J.-C.).

PAYSAGES RURAUX ET É C O N O M I E RURALE I

Fagne sont moins peuplés. Bien entendu, l'environne­ ment de type agricole ou pastoral des sous-régions n'explique pas entièrement un constat archéologique; il faut y ajouter la dimension politique.

LE PAYSAGE HUMAIN Les territoires envisagés sont desservis par un réseau fluvial qui relie ces régions à la Mer du Nord. Par voie d'eau, à savoir l'Escaut et la Meuse, les déplacements s'envisagent plus volontiers selon un axe sud-nord; l'occupant sera vite préoccupé de compléter ce réseau naturel par un maillage de chaussées plus nombreuses selon l'axe ouest-est, les routes qui traversent le pays dans i'aurre sens sont hiérarchiquement moins importantes. Les territoires traversés et politiquement organisés ont pour nom la civitas des Ménapiens, des Nerviens, des Tongres et des Trévires. Ils n'ont pas été constitués sur une base de type agro-géographique, puisque chaque entité administrative peut être formée de zones aux caractères pédologiques bien différents. C'est en particulier le cas pour la cité des Tongres, dont la superficie est très étendue et qui rassemble des sols sablonneux, loessiques et rocheux.

La cité des Ménapiens La zone septentrionale de la cité des Ménapiens s'étend entre la côte maritime et les vallées de l'Escaut et de l'Aa. Ses sols sablonneux favorisent une écono­ mie mixte d'agriculture et d'élevage, sans oublier les métiers de la mer, bien attestés, comme la pêche et la saunerie. Les jambons ménapiens sont réputés à l'époque romaine. Le paysage de la partie méridio­ nale, limoneuse, est propice à l'agriculture et l'exploi­ tation de la pierre est pratiquée dans la région de Tournai. Le cadre géomorphologique a renforcé le caractère indigène de cette cité, qui se détecte bien par la décou­ verte de nombreux habitats en bois. Enfin, la plaine maritime est sujette à des modifications en ce qui regarde les terrains côtiers et les berges des rivières. Peu avant la fin de l'époque romaine, le tracé du litto­

ral se verra redessiné par les effets d'une transgression marine, qui aura des conséquences profondes sur l'oc­ cupation humaine et sur les activités.1 Le réseau fluvial joue un rôle déterminant dans cette région où l'accès à la mer est aisé. Le conquérant construit un dispositif routier qui s'articule sur la liai­ son principale unissant Boulogne à Tournai et Bavay, selon un itinéraire qui oblique vers le sud, sur la Lys. La prolongation de l'axe ouest-est vers la cité des Nerviens et vers Tongres est plus énigmatique ; quelques agglo­ mérations importantes et anciennes rythment un par­ cours encore peu reconnu, entre Wervik et Elewijt. Rayonnant de Bavay, des voies romaines, avec une direction sud-nord ou sud-est nord-ouest, atteignent en de nombreux endroits l'Escaut et la Lys. Le réseau secondaire est peu documenté. La ciré des Ménapiens commence à livrer ses secrets en particulier en matière d'habitat vernaculaire, dans la plaine du nord, ou grâce à des études micro-régio­ nales.2 Dans le sud, le Tournaisis a surtout été le théâ­ tre de prospections ou d'opérations ponctuelles.3

La cité des Nerviens À l'instar de la cité des Ménapiens, celle des Nerviens offre aussi des paysages différenciés, selon que l'on se situe au nord ou au sud de cette entité. Les sites ruraux septentrionaux montrent un carac­ tère similaire à celui qui a été reconnu pour le nord de la cité des Ménapiens. Ils se distinguent assez nette­ ment de ceux qui ont été bâtis au sud des affluents de l'Escaut. La place méridionale qu'y occupe Bavay est structu­ rante en ce qui concerne le réseau routier qui se déve­ loppe en étoile, en quadrillant de manière très étroite l'ensemble du territoire. On connaît de très nom­ breuses agglomérations implantées sur ce réseau, à distance régulière, au sein desquelles ont été créés des artisanats très nombreux. Une plus grande densité de l'habitat se marque autour de la capitale, cette situation se confirmant au cours du Bas-Empire. Le Haut-Escaut et la vallée de la Sambre ne sont pas étrangers à cette concentration des villae. Par ailleurs, la zone localisée au sud-est de la Sambre constitue une région agricole fertile qui a favorisé l'éclosion de grands établissements ruraux.

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Ménapiens

Nerviens

Tongres

144 Le territoire de la c iv ita s des Ménapiens 1 Domburg 2 Aardenburg 3 Wenduine 4 Oudenburg 5 Wervik 6 Courtrai 7 Waasmunster 8 Temse 9 Destelbergen 10 Kruishoutem 11 Harelbeke 12 Kerkhove 13 Ploegsteert 14 Estaires 15 Bouvines 16 Taintignies 17 Howardries 18 Bléharies. 145 Le territoire de la c iv ita s des Nerviens 1 Rumst 2 Elewijt 3 Asse 4 Hofstade 5 Kester 6 Velzeke 7 Flobecq 8 Blicquy (Camp romain) 9 Blicquy ( Ville d'Anderlecht) 10 Pommeroeul 11 Nimy 12 Chapelle-lez-Herlaimont 13 Waudrez 14 Givry 15 Escaupont 16 Bermerain 17Etroeungt. 146 Le territoire de la c iv ita s des Tongres 1 Grobbendonk 2 Kontich 3 Tirlemont 4 Tourinnes-Saint-Lambert 5 Bergilers 6 Braives 7 Taviers 8 Sauvenière (Baudecet) 9 Cortil-Noirmont (Penteville) 10 Fontaine-Valmont 11 Morville 12Vodecée 13 Dinant 14 Huy 15 Amay-Ombret 16 Momalle 17Kemexhe 18 Jupille-sur-Meuse 19 Outrelouxhe 20 Strée 21 Clavier (Vervoz) 22 Theux 23 Erneuville (Wyompont).

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PAYSAGES RURAUX ET É C O N O M I E RURALE I

La recherche en cours a bien mis en valeur l'habitat rural qui se présente sous des aspects différenciés que l'on se trouve au nord ou au sud de la civitas.4

La cité des Tongres L'étendue de la cité des Tongres lui confère un destin aux facettes multiples. Politiquement, il s'agit d'un territoire recomposé. Ballotté entre deux provinces, il se présente aussi comme une vaste interface entre la zone du limes et la Gaule. Il est traversé, presque en son milieu, par la Meuse. Entre Dinant et Maastricht, elle sert de points d'appui à des places de commerce et à de petits centres très actifs. Le réseau routier a été développé dans les deux orientations traditionnelles, celle de l'ouest vers l'est, et celle du sud vers le nord. On connaît actuellement assez bien les agglomérations implantées sur la route Bavay-Tongres et leur fonctionnement économique. La cité est également jalonnée de chaussées impor­ tantes, comme celles qui unissent Dinant à Trêves, Tongres à Metz, Reims à Cologne et de nombreux diverticules.5 L'étude des campagnes a beaucoup progressé et contribue à mettre l'accent sur les différences qui exis­ tent au niveau des sous-régions, tant en ce qui concerne la nature de l'habitat que des systèmes d'ex­ ploitation des établissements ruraux: la question de la proportion des activités agricoles, pastorales et arti­ sanales est maintenant abordée de manière perti­ nente, parce que mieux documentée, pour des zones, comme la Campine, la Hesbaye, le Condroz et les Ardennes.6 La campagne située au centre de cette cité a vu se développer une coutume funéraire particulière réser­ vée aux aristocrates et éminemment célèbre : celle des tombes sous tumulus.

La cité des Trévires Le développement précoce de cette entité et la proxi­ mité de Trêves, capitale d'Empire sous l'Antiquité tar­ dive, lui ont assuré un destin hors du commun. Le profil socio-culturel des populations a d'ailleurs été

forgé de longue date et les ressources régionales sont assez différentes de celles dont disposaient les zones du nord-ouest du pays. La Wallonie ne touche que partiellement le terri­ toire des Trévires. Une voie importante, celle de Reims à Trêves, par Arlon, traverse le sud de la province du Luxembourg et la Gaume. La région est réputée par son école de sculpture et par ses nombreuses villae dont le taux de survie au Bas-Empire est très élevé.7

LE PAYSAGE ORGANISÉ L'organisation du territoire rural constitue un objectif de première importance au plan politique. Non seule­ ment elle procure des outils de gestion, mais elle sert directement les intérêts de Rome qui considère que, en droit, la conquête transforme le territoire étranger en bien public. La conquête romaine débouche avant tout sur une gigantesque opération de transfert de propriété. L'Empire entend poursuivre les expériences républicaines : confisquer des terres et en déposséder les propriétaires, les redistribuer ensuite. Les assigner à qui? Une partie des terrains est donnée en toute pro­ priété aux colons; elle est dénommée ager privatus. L'autre, qui appartient désormais au peuple romain (iager publicus) est transmise aux citoyens qui peuvent exploiter les terres collectivement ou à des particuliers qui en ont l'usage, contre un loyer. Des rétrocessions sont toujours possibles : la loi Julia de 59 avant J.-C. évoque des distributions de terres à des civils pauvres. Par la suite, une préoccupation domine toutes les autres : le sort matériel des vétérans à l'issue de la grande période des guerres coloniales, à qui on concédera beaucoup de terres. À partir de 14-13 avant J.-C., Auguste relance un vaste programme d'as­ signation en Gaule. Le laboratoire privilégié pour réus­ sir cette tâche est la colonie ou le municipe. L'outil, c'est la cadastration centuriée.8 L'établissement d'un cadastre a pour but d'organi­ ser les paysages. Il règle de cette façon le rapport villecampagne en organisant le territoire de façon capil­ laire par un réseau relié à la ville. Il répartit le sol en catégories juridiquement définies qui assurent les cadres de la propriété individuelle et collective. Dans le document épigraphique célèbre d'Orange, on peut

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suivre le processus juridique de restitution de terres aux Tricastins. Après la fondation de la colonie d'Orange, sur le territoire de cette peuplade, des terres ont été attribuées aux vétérans, d'autres ont été louées par la colonie, d'autres enfin ont été remises à la dis­ position des Tricastins. Comme cette dernière portion de territoire est à peu près inculte, le système utilisé entraîne que le cadastre sert aussi à la mise en valeur de nouvelles terres. 11 a donc permis un accroissement substantiel de la superficie des terres exploitables. Il débouche enfin sur le recensement des ressources économiques de la région et fixe un cadre idéal pour la fiscalité. Ainsi, les terres assignées aux vétérans d'Orange sont exemptes de l'impôt, celles rendues aux Tricastins paient le tribut.9 L'étude des campagnes gallo-romaines évolue rapi­ dement ces dernières années parce qu'elle a étendu son champ de vision à d'autres disciplines : l'archéolo­ gie du paysage, la paléobotanique, pour ne retenir que les deux plus importantes. Trop longtemps, la recherche était seulement préoccupée de l'interpréta­ tion des textes juridiques ou techniques, ceux des arpenteurs romains, qui s'appliquent malaisément à nos régions. L'interprétation de la photographie aérienne a éga­ lement renouvelé l'étude de la structuration du pay­ sage rural. De nouvelles techniques de filtrage optique en lumière cohérente des photographies aériennes ou de repérage par grilles tracées automatiquement et appliquées aux cartes topographiques au 1:25000e,

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ont été élaborées. On repère les périodicités significa­ tives de lignes et les orientations identiques sur de vastes superficies par une technique qui prend en compte toute l'information. Il existe des logiciels basés sur des systèmes d'informations géographiques pour traiter les lignes pouvant appartenir à une grille du cadastre.10 En ce qui concerne l'intervention sur le terrain, on cherchera à découvrir des fossés, des limites qui par­ ticipent à un réseau plus ou moins étendu pour qu'il prenne toute sa signification. Il faut alors identifier ces traces et les dater, ce qui est rarement chose aisée. La mise en évidence de traces agraires est encore plus difficile, car il faut tenir compte de la dynamique des paysages.11L'archéologie préventive autorise l'accès à pareilles structures et quelques découvertes sembla­ bles ont notamment été réalisées en Wallonie, sur­ tout à l'occasion des études menées sur le tracé du TGV.

Le parcellaire Contrairement à une image reçue, les contours des terres ne pourront tous être redessinés pour intégrer un nouveau cadastre ; quant au cadastre centurié, il est encore moins répandu, surtout dans des territoires aussi éloignés que la Gaule septentrionale. La centuriation existe bel et bien, on ne peut pas exclure que certains territoires non coloniaux aient pu en disposer. Il peut aussi y avoir des parcellaires réguliers qui n'ont pas été centuriés. Quoi qu'il en soit, la découverte et l'interprétation de traces de par­ cellaires centuriés sont très délicates parce qu'elles ne correspondent que rarement à des éléments matériels. Beaucoup de propositions émises par différents auteurs demeurent aléatoires. Il existe, enfin, des indices pour dire que des formes de parcellaires celtiques ont perduré à l'époque romaine ou qu'il a pu exister un parcellaire que Ton dénomme romano-indigène, complètement étranger à l'initiative du conquérant.

La centuriation La centuriation correspond à une division des terres selon deux axes théoriquement orientés ouest-est (le decumanus) et nord-sud (le cardo). Les limites équidis-

Schéma théorique et composantes principales de la centuriation, notamment: la centurie, I’actus, le jugère et le saltus.

PAYSAGES RURAUX ET É C O N O M I E RURALE I

tantes étaient matérialisées par des chemins, des fos­ sés et des bornes. Les unités de mesures élémentaires telles qu'elles sont citées dans les sources sont 1’actus et le jugerum. L'actus est le plus petit sous-multiple de la centurie, tandis que le jugère correspond à 25,18 ares et vaut deux actus ; la centurie est constituée de 20 x 20 actus. Les centuries peuvent varier de 703 m à 710 m de côté et ces variations ont parfois une signification chrono­ logique dans la mesure où les cadastres plus petits paraissent plus anciens. Les réseaux centuriés peuvent adopter des modules très différents. La strigatio, comme on l'appelle, est un agencement de la centurie qui aligne les parcelles en lanières. Les informations issues des auteurs anciens, à pro­ pos de la centuriation, ne manquent pas et reposent surtout sur les arpenteurs, comme Hygin, Frontin et Siculus Flaccus. On y ajoutera les données révélées par les documents épigraphiques, tels le célèbre cadastre d'Orange; il s'agit de fragments de trois tables en mar­ bre placées sur un mur du forum d'Orange, à l'époque de Vespasien. L'une de ces tables mesurait 5,90 m sur 7,65 m. On y voit le dessin du cadastre gravé à l'échelle approximative du 1:5000e de zones voisines de la colonie.12 La centuriation, c'est d'abord reporter à la cam­ pagne une organisation urbaine. Les premières centuriations accompagnent la fondation de colonies: on organise l'arrière-pays de manière à procéder à des dis­ tributions de terres et à contrôler le terroir autour d'une ville. Dans certains cas, la centuriation perd de sa régularité ou n'est plus d'application dès qu'on dépasse une distance correspondant à une journée de marche de la ville. Le cadastre peut entretenir des relations paysagères avec la ville, la route et les villae. Dans quelques cas privilégiés, les axes de la centuriation constituent le prolongement du cardo et du decumanus de la ville, mais des cas nombreux d'indépendance totale exis­ tent entre les deux axes. Parfois, plusieurs centuriations d'orientation et d'époque différentes ont été restituées. Les cas de projection du cadastre sur les axes routiers principaux sont notés comme du reste le cas contraire. Quelquefois le cadastre et la villa possè­ dent la même orientation; cette dernière peut être située au milieu de celui-ci ou à la périphérie des zones cadastrées.

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Les recherches modernes ont abouti à proposer la restitution de divers parcellaires centuriés en Gaule du nord et notamment autour des villes de Reims, Cassel, Cologne et Tongres et dans la région condruzienne.13 Un parcellaire centurié est attesté chez les Ubiens, à l'ouest de Cologne. L'orientation majeure est sudouest nord-est mais offre des variantes. En Belgique, le lien entre la fonction politique de Tongres et la Hesbaye a été mis en avant pour restituer une ou plu­ sieurs centuriations dans cette région très agricole. Les cadastres présenteraient des orientations diverses nord-sud, ouest-est, la cadastration la plus nette pou­ vant être orientée sud-ouest nord-est, sur le cardo et le decumanus de la ville de Tongres mais aussi sur l'axe de la route Bavay-Cologne et non sur celui de la voie de Tongres à Tirlemont.

Grille théorique du cadastre romain à l'ouest de Cassel.

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149 Grille théorique des cadastres romains supposés à l'ouest de Tongres, avec la localisation des villae ou établissements ruraux (en rouge) et des tumulus (en vert). 150 Report des éléments des cadastres supposés de la cité des Tongres, dans la périphérie de l'agglomération de Braives. 1 Villa 2 Établissement rural 3 Temple 4 Tumulus 5 Nécropole ou sépulture 6 Substructions 7 Agglomération 8 Route 9 Traces de parcellaire 10 Villages actuels.

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PAYSAGES RURAUX ET É C O N O M I E RURALE I

On a sans doute exagéré l'importance des centuriations. Rechercher un cadastre sur photographie aérienne se réduit trop souvent à la mise en relation de lignes ou d'indices orthogonaux suffisamment denses pour paraître mériter le terme de cadastre. Mais la prudence en cette matière reste de mise pour les régions du nord de la Gaule.14

Le cadastre romano-indigène Dans la plus grande partie du territoire gallo-romain, éloigné des colonies et des villes, la politique du conquérant s'est nécessairement heurtée à des situa­ tions existantes, difficiles à modifier. En admettant qu'un changement radical aux pratiques anciennes n'a pu être opéré partout, quel fut le résultat d'une juxtaposition ou d'une intégration des différents mo­ dèles ? Les recherches en cours nous mettent en présence de solutions différenciées. C'est de cette manière qu'il est permis de parler d'un cadastre romano-indigène. Il serait alors question d'un cadastre réalisé par les popu­ lations locales. L'allure générale du réseau pourrait être régulière, ce dernier dessinerait de grandes unités quadrangulaires et serait encadré par un maillage de chemins vicinaux. L'unité de mesure, si elle existe, serait originale.15

Le finage Le finage correspond à un territoire dépendant d'une communauté, avec son habitat, ses jardins, ses espaces réservés à des activités agricoles et pastorales, ses bois et éventuellement ses zones humides. Les espaces cul­ tivés ont une morphologie, il s'agit de la forme des parcelles ou des champs. Derrière cette entité se cachent bien des réalités malaisées à appréhender, comme la superficie représentée, le système de ges­ tion, le statut de l'exploitation ou de l'exploitant. Pour l'Antiquité, on utilise plus souvent le vocable du domaine, qui s'appelle fundus, villa, saltus ou ager. Le saltus évoque souvent une mesure de superficie, soit un regroupement de vingt-cinq centuries. Le fun­ dus comme l'amer s'applique aux terres cultivées, mais désigne aussi les établissements ruraux qui y sont construits. Reste le latifundia, domaine assez vaste, fréquemment considéré comme de développement

plus récent, parce que plus courant au Bas-Empire. La plupart de ces définitions sont polyvalentes et restent discutées.16 Matérialiser sur le terrain les limites d'un domaine demeure une gageure, car on ne découvre qu'exceptionnellement les bornes ayant marqué le terroir; on en est réduit à des suppositions, sur base de l’exa­ men de la situation des monuments funéraires, par exemple, ou de la forme des champs explicitement associés à une villa. Du coup, établir la superficie d'un domaine, est aussi une opération risquée. Les estima­ tions proposées vont de quelques dizaines d'hectares, à une cinquantaine d'hectares exploités dans la Somme, moins d'une centaine d'hectares à l'ouest de Cologne.17 Une autre manière d'approcher, peu ou prou, l'importance du domaine rural est de travailler sur les superficies de l'enclos délimitant l'espace bâti de la villa; on aboutit à les classer par taille, avec des résultats très contrastés : 1,68 ha/7 jugères pour la villa de Hamois, Le Hody, 4 ha/16 jugères pour la villa d'Emptinne, 12 ha/49 jugères pour la villa d'Anthée.18 On ne doutera pas qu'il existe donc une très grande variété de domaines aux proportions bien diffé­ rentes, ce qui ne veut pas dire que les plus grands d'entre eux n'ont pu être le siège de plusieurs exploi­ tations agricoles associées. La véritable question est celle de la coexistence de fundi gallo-romains, aux mains d'un propriétaire qui n'en est pas l'exploitant direct et de fermes mises en exploitation de manière directe par une paysannerie libre. Les sources archéo­ logiques peinent à répondre à cette question fonda­ mentale, sauf à considérer que certaines petites rési­ dences, au plan simple, représentent cette seconde classe de la population et les résidences à plan très allongé, la première.

L'ÉCONOMIE RURALE Au sein des domaines ruraux prennent place des acti­ vités variées qui, pour l'essentiel, se rattachent à l'agriculture et à l'élevage; les auteurs anciens mettent en avant les capacités de la Gaule en la matière. Il existe aussi des activités artisanales non alimentaires, rarement destinées à l'exportation ou tout simple­ ment utiles à rencontrer des besoins locaux.19

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Sur le plan économique, il faut s'interroger sur l'équilibre qui pouvait caractériser les fermes galloromaines en termes de répartition des productions, mais aussi de voir, qu'en vertu de certains critères, elles pouvaient aussi opter pour une spécialisation. Si la polyvalence des exploitations est souvent de mise, il y a des cas où la monoculture ou l'élevage seront favo­ risés. La taille des fermes, le caractère des bâtiments annexes et la qualité des sols sont à prendre en compte. Une villa romaine située en Hesbaye mettra plus volontiers l'accent sur la polyvalence, à l'inverse de celles localisées en Campine ou en Famenne. On oppose, de la même façon, la culture intensive, dési­ gnant une intervention humaine lourde sur de petites parcelles, pour la production des légumineuses et la culture extensive du blé, de l'orge et du seigle, qui se pratiquent sur de grands espaces.20 Le fonctionnement économique des domaines retient de plus en plus l'attention et a remplacé peu à peu les préoccupations des archéologues centrées sur l'étude du bâti. Pour y arriver, il faut approfondir les approches paléoenvironnementales en ayant soin de croiser l'information que peuvent offrir les disciplines célèbres de la palynologie, de la carpologie et de l'étude des restes fauniques. La palynologie, qui vise la détermination des spores et des grains de pollen émis par les végétaux au cours de leur cycle de reproduction, aide à appréhender l'en­ vironnement d'un site, la répartition spatiale d'une végétation, les modifications apportées par l'homme au paysage, le taux de déboisement ou de mise en cul­ ture d'une zone, à une époque donnée. La carpologie, qui s’intéresse aux graines, permet d'identifier les rési­ dus d'une alimentation d'origine végétale, lorsque ceux-ci sont conservés dans un habitat ou un puits, mais peut aussi aider à restituer le paysage ambiant.21 L'étude des restes fauniques récoltés dans les établisse­ ments ruraux est porteuse d'informations variées qui touchent non seulement aux espèces animales concer­ nées, mais aussi aux produits de consommation.

Les produits de l'agriculture D'une manière générale, on peut observer que les céréales et les légumineuses exploitées à l'époque romaine en Gaule ne voient pas leur nombre grandir

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fortement par rapport à la période protohistorique. Il n'en est pas de même pour les espèces aromatiques et fruitières qui vont se multiplier à côté des espèces indigènes. Il faut être attentif à distinguer celles qui seront plantées de celles qui sont importées des régions méridionales pour être directement consom­ mées. La céréaliculture représente la base des produits de l'agriculture pour les sociétés anciennes et, du reste, des régions entières comme la Hesbaye ou d'autres zones limoneuses de Wallonie, en autorisaient spon­ tanément la pratique. Les espèces de céréales cultivées à la période romaine sont généralement celles qui étaient prépon­ dérantes au deuxième Âge du Fer. En ce qui concerne les blés, on citera: l'amidonnier, l'épeautre et le fro­ ment. Les variétés à grains nus, plus faciles à traiter, vont attirer l'agriculteur gallo-romain. L'orge à grain vêtu domine également. D'autres céréales persistent plus timidement: le millet commun, l'avoine et le sei­ gle, qui ne sont pas considérées par Pline comme des plantes nobles. Une attention soutenue est portée par les palynologues à ce qu'il est convenu d'appeler les plantes adventices des cultures et messicoles. Dans les échan­ tillons étudiés, on ne peut guère faire la distinction entre les variétés de blés sur la base des pollens. On piste alors les mauvaises herbes qui accompagnent ces cultures, comme la nielle des blés, le bleuet et le coquelicot. Quant à la culture des plantes oléagineuses, les espèces principales concernées sont le chanvre et le lin. Leur usage est surtout connu dans le textile, l'huile étant massivement importée d'Espagne durant le Haut-Empire. Pois, lentilles, féveroles et vesces sont les principales légumineuses rencontrées à l'époque romaine. Un certain nombre de plantes sont utilisées comme condiments, comme l'aneth, la moutarde noire, la co­ riandre, le fenouil, l'origan, la sarriette et la gui­ mauve. L'arboriculture compte beaucoup à la période romaine. À côté des arbres fruitiers existants locale­ ment, le conquérant introduira la pêche et le prunier domestique. Il exploitera également le noyer pour ses fruits et l'huile que l'on en extrait. La production de vin en Gaule se développe considérablement à la

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FRUITS SECS Noisettes CONDIMENTS Aneth Coriandre Céleri Ache odorante FRUITS Pêche Prune Prunelle Figue Fraise Cerise Poire Raisin

Waremme

Amay

Fexhe-le-Flaut-Clocher

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PLANTES TEXTILES Lin LÉGUMES Pois Lentille Féverolle Carotte



Estaimpuis

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Braives Puits Cl 3

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\/ILLA Bruyelle

PLANTES CULTIVÉES Amidonnier Épeautre Froment Orge Millet com Avoine Seigle

Liberchies 4

BOURGS Pommerœul

période romaine; dans le nord, c'est la Moselle, où l'on a retrouvé des pressoirs, qui a la cote. Les produc­ tions sont vantées par les auteurs de l'Antiquité tar­ dive. Pour toutes ces cultures, il reste à apprécier l'évolu­ tion qu'elles ont subie sur le long terme depuis la période protohistorique jusqu'à la fin de la période romaine. Celle-ci et les changements marqués par des choix nouveaux doivent aussi être évalués région par région. Beaucoup de facteurs peuvent, en effet, influer sur ceci : la qualité des sols, le climat micro-régional, les besoins spécifiques et les stratégies économiques propres à chaque domaine. Pour une région comme la France septentrionale où des recherches très élaborées ont été mises en œuvre dans cette perspective, on observe des disparités dans la répartition des cultures céréalières à propos du froment, de l'orge et du seigle.

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Représentation des plantes cultivées, des légumes, des condiments et des fruits dans quelques habitats gallo-romains de Wallonie.

Le blé tendre, marqueur de la romanisation, connaît un bel essor, dans les terroirs à substrat calcaire, le sei­ gle a plutôt le statut de fourrage.22 Pour ce qui concerne plus spécifiquement le terri­ toire de la Belgique actuelle, beaucoup d'informations de type paléoenvironnemental ont été enregistrées ces dernières années dans nos laboratoires, qui ont

151 Épis et grains de seigle, une céréale utilisée dans l'Antiquité pour la fabrication du pain et l'alimentation du bétail. 152 La palynologie autorise à reconnaître, sous microscope, les différentes catégories de plantes cultivées ou non. Ici, un grain de pollen de seigle (Seco/e cerealé).

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construit des banques de données utiles à l'appréhen­ sion des paysages et des cultures antiques. En Wallonie, par exemple, à Pommerœul, on a rencontré l'épeautre, l'amidonnier, l'orge, le froment, l'avoine et le seigle, par ordre d'importance, ainsi que les pois, les pêches, les prunes, des noisettes, quelques noyaux de cerises et des grains d'aneth et d'ache odorants. Pour la villa d'Emptinne, outre le fait que l'environnement paysager a été déterminé par la voie de la palynologie, la question des productions céréalières a de même été examinée minutieusement: la part du blé domine lar­ gement, mais il faut prendre en compte aussi une cul­ ture importante pour l'économie d'une ferme, à savoir les plantes fourragères, même si ce type d'activité reste difficile à appréhender. Les puits dans les aggloméra­ tions ou dans les villae constituent de bons contextes, où il est permis de confronter les données paysagères brutes enregistrées par la palynologie avec celles des plantes cultivées, mieux prises en compte par la carpologie, comme à Estaimpuis. Il faut se garder de penser que toutes les graines retrouvées dans un site archéolo­ gique ont été consommées; elles sont, partiellement, arrivées là sans intervention humaine.23

L'élevage La capacité d'un établissement rural à développer une activité d'élevage de grands troupeaux dépend aussi du nombre et de la qualité des pâturages, dont l'existence peut être révélée grâce à des études palynologiques.

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Les animaux domestiques sont appréciés parce qu'ils fournissent non seulement des produits aussi variés que le lait, la laine puis la viande, mais aussi des services, comme la traction. Finalement, à l'occasion de leur découpe, après la mort, on en tirera la matière première utile à l'exercice de nombreux métiers liés au travail de la peau et aux artisanats de l'os. La confrontation entre les données de l'élevage et de l'agriculture est aujourd'hui très en vogue, parce que la mise en perspective des espèces culüvées et des ani­ maux domestiques montre qu'il peut exister des concordances entre les choix d'élevage et de culture, représentant des spécificités régionales. Ainsi en est-il, par exemple, dans le nord de la France, où la prédomi­ nance des blés à grains s'accompagne d'une présence forte du bœuf, tandis qu'au sud de la Picardie, se dessine une autre association, celle du blé nu et du mouton.24 Les études consacrées à la reconnaissance des espèces animales, qu'elles soient domestiques ou sauvages, s'appuient sur la discipline qui s'appelle l'archéozoolo­ gie. Elle prend en compte les documents fauniques retrouvés en cours de fouilles, au sens large, à savoir les ossements, les dents, les écailles et les arêtes de pois­ sons. Les résultats qui suivent la détermination des espèces, de l'âge et du sexe des animaux représentés dans l'échantillon, concernent une approche taphonomique, à savoir les conditions de la mort de l'individu et la paléoécologie, soit le rapport qui existe entre les exigences des espèces et leur environnement naturel. Un autre objecüf majeur est celui qui s'intéresse aux aspects de la paléoéconomie. Ici, il sera question d'étu­ dier le mode d'exploitation de l'animal par l'homme et de l'amélioration des méthodes d'élevage.25 La domestication des espèces animales a eu comme effet principal, aux périodes protohistoriques, d'abou­ tir à une diminution de leur taille. À l'inverse, à l'époque gallo-romaine, on enregistre des bêtes nette­ ment plus grandes. Outre des changements dans la taille, les bovins ont des différences morphologiques qui font penser à l'importation d'une nouvelle espèce. Ce grand bœuf, d'origine italienne sans doute, n'évince pas le petit bœuf indigène, mais le supplante souvent. Le mouton voit sa taille se modifier dès la fin de La Tène finale et le porc suit le même chemin.26 Les mules et les mulets font aussi une entrée remarquée. Les poissons n'ont pas la même longévité de conser­ vation et la présence de poissons plats, comme à

Meule en pierre détritique découverte dans l'agglomération de Waudrez. La roche utilisée, pour fabriquer la pièce, n'est pas de provenance locale.

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Liberchies, tout en étant rare ne finit pas d'étonner. Par contre, le commerce d'huîtres est parfaitement célèbre à l'époque romaine et la dissémination de coquilles dans les habitats montre que des transports et des modes de conservation adaptés existaient. D'un autre point de vue, il faut tenir compte de la popula­ rité rencontrée par les sauces de poissons. Issues des régions méridionales et conditionnées dans les emballages spécifiques que sont les amphores, ces sauces seront rapidement produites dans les zones lit­ torales du nord; on en retrouve parfois les traces, sous la forme d'amas d'arêtes. L'étude des restes animaliers a bien progressé en Wallonie et s'articule sur une comparaison des contextes issus aussi bien des agglomérations, comme Tournai, Namur, Liberchies et Braives que des établis­ sements ruraux. On oppose grossièrement ces deux milieux, car les premiers sont dits consommateurs et les seconds producteurs, mais les petites aggloméra­ tions relèvent en fait des deux catégories, puisque le petit élevage y a aussi été pratiqué. Quoi qu'il en soit

les bourgades sont achalandées en bœuf qui est le plus important pourvoyeur de viande, tout au long du Haut-Empire. Des boucheries bovines se mettent en place dans les agglomérations, comme à Liberchies, suivies par un cortège d'artisanats de transformation de produits dérivés. La cervelle et la moelle de bœuf entrent dans la charcuterie. Lin ensemble d'au moins quarante-huit omoplates dans un même contexte représentent les restes de préparation de jambons d'épaule fumés. L'approvisionnement en viande change au Bas-Empire. La part du bœuf et, dans une moindre mesure, celle des ovicaprins, chute de ma­ nière spectaculaire au profit du porc.27 À cette triade traditionnelle constituée par le bovidé, le mouton/chèvre et le porc, s'ajoutent d'autres viandes, de manière très accessoire, comme les petits animaux de basse-cour et les produits de la chasse. Dans la sphère des animaux domestiques figure sou­ vent le chien, dont il est impossible d'identifier la race. Il y en a des grands et des petits. Le chat introduit chez nous par les Romains demeure plutôt rare; on ne l'a rencontré aujourd'hui que dans les agglomérations de Tournai, Namur, Braives et Liberchies. |

O IS E A U X E T M A M M IF È R E S

OISEAUX Oie Poule

1 11

MAMMIFÈRES SAUVAGES Lièvre Hermine Renard Cerf élaphe MAMMIFÈRES DOMESTIQUES Chat Chien Cheval Porc Boeuf Mouton Chèvre Ovicaprinés

1 1 2 5 2 239 148 1391 6988 86 70 1030

Exemple de décompte du nombre de restes fauniques effectué dans une zone d'abandon de l'agglomération de Liberchies, sur un échantillon d'environ 10000 ossements déterminables (me siècle après J.-C.).

154 L'évolution morphologique du bœuf, établie sur base de la taille au garrot, de la Préhistoire à la période contemporaine. 155 Le bœuf consommé et le bœuf à l'ouvrage: phalanges de bœuf présentant à gauche un développement pathologique très faible et à droite de sérieuses pathologies qui peuvent être associées au travail de traction.

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À gauche: 156 Les restes fauniques, constituant le résultat de découpes et de consommation de viande, se retrouvent en grande quantité dans les habitats: assemblage faunique provenant d'un quartier d'habitation de l'agglomération d'Arlon. 157 La volaille d'élevage figure dans les contextes fouillés des agglomérations et des fermes. Elle peut également apparaître dans des ensembles plus spécifiques: assemblage d'ossements de poules, provenant des rituels alimentaires dans le site-sanctuaire de Blicquy, Ville d'Anderlecht.

158 La présence du chat demeure encore très exceptionnelle dans les sites gallo-romains: mandibule attribuée à un chat sauvage dont le cadavre a été rejeté dans un puits au m" siècle après J.-C., à Tournai. À droite: 159 Parmi les animaux domestiques se distingue le chien, fréquemment attesté par des restes osseux: humérus illustrant la variation morphologique des chiens gallo-romains, dans l'agglomération des Bons-Villers, à Liberchies. 160 Soumise à l'influence méditerranéenne, la Gaule a été inondée de sauces appelées garum, conditionnées en amphores, avant de les préparer à son tour: détail de restes osseux correspondant à une sauce de poissons fabriquée en Gaule.

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L'outillage L'outillage, généralement en fer, retrouvé dans les sites archéologiques n'a rien pour nous surprendre et montre une certaine pérennité des formes, notam­ ment en ce qui concerne les objets les plus usuels, comme la fourche et la houe.28 Pour le labour, on utilise l'araire en bois, avec un soc en fer, qui est tracté par des bêtes de trait. La moisson est en principe effectuée à la main, à l'aide d'une fau­ cille. La grande faux, telle qu'on en connaît quelques exemplaires dans les villae de Emptinne, Philippeville et Froidmont, avec ses pierres à aiguiser, révèle une technique agricole plus évoluée pour les cultures four­ ragères. On a émis l'idée qu'elle pouvait aussi servir à couper la paille.29

161 Houe en fer provenant de la villa d'Anthée. 162 Soc d'araire découvert dans un habitat sur le site de la Tranchée des Portes à Étalle. La pièce en fer pèse 470 g et montre une longueur de 18,6 cm (mesiècle après ).-C.). 163 Deux grandes faux, destinées à couper le chaume, provenant de la villa de Froidmont.

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Dans certaines grandes fermes, on a eu recours à un instrument rendu célèbre par ses représentations sur des blocs sculptés, notamment à Buzenol et à Arlon et par les attestations de Pline l'Ancien et de Palladius. La moissonneuse gauloise, le vallus, est constituée d'une caisse en bois terminée par des dents et montée sur deux roues. L'engin est poussé par un mulet qui est dirigé par un homme dans un brancard, tandis qu'un autre s'ac­ tive à pousser les épis, avec un râteau, entre les dents de la machine pour qu'ils tombent dans la caisse.30 Toutes les questions techniques liées aux modalités des attelages, pour les travaux des champs comme pour

les transports, sont bien documentées. Le joug réunit par paires les bœufs, les chevaux sont attelés dans des brancards. Les équidés sont réservés aux transports les plus légers, alors que le bovin est utilisé pour les tra­ vaux lourds.31 La dynamique des paysages, l'intervention faite par l'homme sur ceux-ci, les visées économiques de l'Empire contribuent à un développement d'une éco­ nomie rurale très aboutie qui permet l'organisation de marchés et propose une circulation intensive des biens de consommation primaires, à propos desquels nous avons peu de connaissance.

164 La moissonneuse gallo-romaine ou vallus trévire. La mise en proportion de deux blocs sculptés, l'un découvert à Buzenol (à gauche) et l'autre à Arlon (à droite) autorise à restituer la physionomie de la machine.

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Chapitre VI

LES ETABLISSEMENTS RURAUX

Les campagnes gallo-romaines sont émaillées d'un nombre considérable d'établissements ruraux qui sont la plupart du temps dénommés «villas romaines» par commodité même si le terme consacré est peu approprié pour rendre compte des différences pou­ vant exister entre les installations campagnardes.1 En réalité la villa gallo-romaine développe un modèle de construction qui offre une certaine origi­ nalité. Elle puise son inspiration pour une part dans la tradition gauloise et, pour une autre, elle intègre les perfectionnements techniques proposés par le monde classique. Elle se développe souvent sur de grandes surfaces. En aucun cas, elle ne peut être comparée à la ferme romaine d'Italie qui est représentée par de petites unités de production au plan ramassé.2 L'utilisation même de l'appellation de «villa» pour tous les établissements ruraux pose problème. Jules César, en ce qui le concerne, n'utilise pas ce terme pour la Gaule indépendante mais celui d’aedificum. À lire le Digeste, un texte juridique tardif, la villa est un

établissement rural qui englobe toutes les construc­ tions implantées sur une propriété foncière, le fundus, et peu importe que son propriétaire ait eu le souci, s'il est riche, d'y afficher dans la partie résidentielle luxe et raffinement. C'est ici qu'entre en jeu la dichotomie socio-écono­ mique que les chercheurs ont toujours voulu intro­ duire à tort dans le débat: la villa ferait référence à l'élite, la ferme aux paysans, même si, en latin, villa doit se traduire par ferme.3 On notera aussi que pour l'Italie surtout, le mot peut désigner aussi bien une exploitation agricole qu'une demeure de plaisance. Pour la Gaule, on admet assez volontiers que le terme doit être réservé à un phénomène chronologi­ quement précis: l'occupation et la mise en valeur de la campagne par un réseau d'établissements ruraux organisé à l'initiative de Rome. Les auteurs latins, soit les agronomes et l'architecte Vitruve, précisent que la villa en question est norma­ lement composée de deux complexes : la pars urbana

PARS FRUCTUARIA

PARSXN URBANA"

PARS

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Page précédente: la grande villa gallo-romaine: évocation du paysage aménagé et des constructions regroupées au sein de deux cours attenantes. 166 La grande villa gallo-romaine à plan organisé et axial. On distingue une partie réservée à la résidence (pars urbana), une autre aux bâtiments d'exploitation du domaine {pars rustica) et une zone de vergers (pars fructuaria).

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ou la résidence principale et la pars rustica ou la zone d'exploitation, à quoi Columelle, au milieu du Ier siè­ cle après J.-C., s'empresse d'ajouter un troisième ensemble, la pars fructuaria. Les deux premières struc­ tures affichent clairement leurs différences. La pars urbana est un espace plus ou moins étendu réservé à l'habitat et aux loisirs. On y trouvera une construction pouvant aligner un nombre considérable de salles de séjour, un balnéaire et des aménagements de jardin comme des bassins. La pars rustica est un espace isolé du précédent, qui abrite des bâtiments aux fonctions techniques différentes en rapport avec les activités poursuivies dans la villa. Chacune de ces deux zones est souvent entourée par une enceinte, délimitant deux cours.4 L'établissement rural ne peut être abordé sans qu'un lien ne soit fait avec le territoire dans lequel il est inté­ gré (ager). Il n'est pas exclusivement doté du complexe évoqué plus haut, mais il peut renfermer aussi toute une série de bâtiments d'exploitation dispersés sur le domaine ainsi que des métairies qui en dépendent. Le même espace est enfin sillonné de routes privées, de champs cultivés et de pâturages. Il contient à l'un ou l'autre endroit un ou plusieurs cimetières pour ses propriétaires et ses exploitants et parfois même un sanctuaire. C'est dire si l'appréhension correcte du

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milieu rural est une affaire de longue haleine et qu'elle ne se réduit pas, comme ce fut le cas pendant des décennies, à l'investigation du corps de logis qui en constitue le pôle le plus spectaculaire. La villa romaine n'est pas exclusivement un centre d'agriculture et d'élevage; elle peut avoir la prétention de mener d'autres productions, soit pour ses besoins propres, soit en vue d'une commercialisation plus étendue. Tout ici est lié à la strate écologique et aux ressources naturelles disponibles de Taire dans laquelle elle a été implantée. Les zones agro-géogra­ phiques de la Hesbaye, du Condroz, de la Famenne et de l'Ardenne, ont évidemment leurs caractères pro­ pres à cet égard. Si l'organisation matérielle des domaines ruraux est assez bien révélée par l'archéologie, on ne peut en dire autant à propos des aspects juridiques. Qui en était propriétaire? Qui en avait la gestion? Y avait-il des petits propriétaires? Certaines terres étaient-elles louées? L'idée générale que le propriétaire est non résident et qu'il fait exploiter son domaine par des tra­ vailleurs serviles et non serviles, a fait son chemin. Mais on ne peut exclure qu'il y ait eu des exploitations intercalaires aux mains de paysans libres.5 On aurait tort de croire que les campagnes galloromaines n'accueillent qu'un seul type de structures

La petite résidence gallo-romaine reconstituée d'après l'exemple de Roly, La Crayellerie.

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d'exploitation, à savoir la villa organisée. Elles ont abrité aussi des habitats et des fermes plus modestes ; la question des villages agricoles et artisanaux, qui ne s'inscrivent pas dans le modèle classique, concerne peu la Gaule. Les recherches de terrain ne les révèlent que rarement. Enfin, deux modèles aux ascendances différentes enrichissent le débat: celui de la ferme indigène, un complexe qui renvoie à un héritage celtique, amené à perdurer durant une période plus ou moins longue au début de l'époque romaine, et le village germanique qui est enregistré aux confins de l'Empire romain, puis qui fera son apparition en force à l'intérieur de celui-ci à la fin de l'époque romaine.6 Beaucoup de villae romaines, au moins en ce qui regarde le corps de logis, ont été découvertes et fouillées dans le courant de la seconde moitié du xixe siècle sous l'auspice des sociétés savantes de l'époque. C'est à elles que l'on doit encore l'essentiel de nos connaissances à propos de villae telles que Basse-Wavre, Anthée, Jemelle, Maillen (Ronchinne), Mettet (Bauselenne),

Rognée, par exemple.7 La photographie aérienne mise en œuvre plus récemment a débouché sur des résul­ tats qualitativement et quantitativement de plus en plus significatifs.8 On a mis l'accent, fort heureuse­ ment depuis quelques décennies, sur l'étude des struc­ tures annexes de la villa ou sur la fouille extensive de certaines d'entre elles. Les exemples de fouilles systé­ matiques de grands établissements ruraux ne man­ quent plus en Wallonie: Bruyelle, Meslin-l'Evêque, Jemelle, Habay-la-Vieille, Gesves, Emptinne, Treignes, Hamois et Vezin. L'inventorisation des établissements ruraux au niveau d'une région constitue un enjeu d'importance primordiale pour la recherche historique visant à déterminer l'impact de la colonisation romaine. Cette démarche passe normalement par la réalisation de cartes de dispersion des établissements concernés, à l'image de celle établie, pour la Belgique, par R. De Mayer, actualisée en 1972. Dans la mesure où ces cartes ne sont pas hiérarchisées, leur valeur demeure particulièrement faible.9

168 Répartition des établissements ruraux gallo-romains en Wallonie La carte est le reflet des prospections et des fouilles archéologiques, mais ne prend pas en compte une distinction hiérarchique classant les établissements selon leur nature (grandes villae, résidences, annexes). Les points colorés en vert indiquent les établissements ruraux pour lesquels une occupation est encore attestée au ivs siècle.

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LES ÉTABLI S S E ME NT S RURAUX

Malheureusement, l'étude de l'occupation du sol et celle de la densité de la population rurale ne peuvent qu'être approchées ou extrapolées sur la base de ces cartes. On peut à tout le moins imaginer que les sites localisés sur celles-ci reflètent grossièrement l'occupa­ tion antique des campagnes aux 11e et me siècles, sans pouvoir satisfaire nos interrogations d'ordre chrono­ logique ou socio-économique. Une idée globale de la situation se dégage, même si des travaux plus récents, effectués sous-région par sous-région, aideront à nuancer les impressions générales. Au Bas-Empire, l'occupation du sol chute de manière vertigineuse, mais pas de la même manière partout.

DE LA FERME INDIGÈNE À LA VILLA GALLO-ROMAINE Le monde celtique est résolument rural et le dévelop­ pement tardif et spectaculaire des oppida n'entraînera pas un déplacement des élites vers ces nouvelles struc­ tures d'habitat. Villages et hameaux restent rares si bien que le paysage est dominé par des fermes isolées. Ces fermes indigènes évolueront peu au début de l'époque romaine. Par ailleurs, les modifications et les créations d'établissements ruraux dans les décennies qui suivent la conquête romaine sont parfois liées à des mutations amorcées antérieurement. L'apparition de la villa romaine, considérée comme un témoin majeur de la romanisation, ne doit pas occulter le phénomène dit de la continuité, même si beaucoup d'entre elles répondent, à partir du milieu du Ier siècle après J.-C., à un besoin économique nouveau.10 Si l'on suit cette évolution dans le temps, on trou­ vera, dans le nord de la Gaule, un certain nombre de structures rurales qui se démarquent les unes des autres de ce point de vue: la ferme indigène d'origine pré-romaine, la ferme gallo-romaine précoce et la villa gallo-romaine.11

fois palissadés. L'enclos dont il est question n'a pas de consonance spécialement défensive à la fin de l'époque gauloise mais représente un modèle de déli­ mitation de l'espace habité et une barrière de réten­ tion du bétail. La résidence est peu importante au regard des bâtiments d'exploitation. À partir de nombreux cas recensés par la photogra­ phie aérienne en Lrance, on est en mesure aujour­ d'hui de concevoir que la forme d'habitat la plus répandue dans les territoires celtiques traversés par Jules César, était constituée par ce qui a été appelé la ferme indigène. La question est de savoir si le terme utilisé par César pour les désigner, les «aedifïcia », leur correspond réellement, partant du fait que le procon­ sul ne pouvait comparer cette structure de ferme avec les modèles de villae qu'il connaissait en Italie. Ce sont des établissements agricoles composés de quelques bâtiments en bois enfermés dans un ou plu­ sieurs enclos. Le système de cours emboîtées et de forme très irrégulière remonte donc à cette époque. Ces partitions peuvent délimiter des zones à fonctions spé­ cialisées, habitat, activités agricoles, herbage, pacage. On peut distinguer les sites qui montrent une structu­ ration forte et une occupation intensive de ceux qui ont un habitat lâche et une physionomie extensive. En ce qui concerne les édifices liés à ces fermes, leur plan est tripartite avec une grande salle soutenue par deux rangées de piliers et des bas-côtés. Il correspond à un habitat aussi bien qu'à un bâtiment d'exploitation.

Fermes indigènes d'origine pré-romaine Le paysage rural de la période protohistorique est mar­ qué par des habitats ouverts et par d'autres qui sont insérés dans des enclos le plus souvent fossoyés et par-

Bruges

Ladeuze

169 Bruges et Ladeuze Les campagnes de la période protohistorique sont marquées par ce qu'il est convenu d'appeler des fermes indigènes. Ce sont des grandes exploitations composées par quelques bâtisses en bois clôturées par un ou plusieurs enclos. Ces établissements peuvent avoir la vie longue, particulièrement dans les plaines sablonneuses du nord.

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Ce type d'établissement demeure exceptionnel en Wallonie, faute de découvertes spécifiques. Néan­ moins, dans le cadre d'une continuité éventuelle, il faut être attentif à observer les systèmes fossoyés qui entourent bien souvent les villae romaines et qui peu­ vent représenter une phase d'occupation primitive à rattacher à une ferme indigène de ce type. L'observation de réseaux de fossés dans quelques sites ruraux hennuyers indique sans doute que nous avons affaire, primitivement, à une ferme indigène de la fin de la période gauloise. Une ferme indigène est attestée à Meslin-l'Évêque, avec fossés et bâtiments en bois comme à Velaines-Popuelles ; ailleurs il s'agit surtout de réseaux fossoyés comme à Bruyelle, Tourpes et peut-être Chièvres. Le site de Ladeuze est l'exemple type d'une implantation protohistorique importante, avec ses fossés et ses bâtiments aux for­ mats variés. Des réaménagements fossoyés y figurent à la période romaine et notamment ceux qui bordent un chemin vicinal.12

La ferme gallo-romaine précoce Le principe d'une continuité d'occupation des fermes gauloises au début de la période romaine ne peut être contestée, si l'on se réfère au mode de construction qui ne se modifie guère et au fait que les exploitants de ces domaines n'ont probablement pas été rempla­ cés. En revanche, il est intéressant de constater, comme on l'a fait plusieurs fois, que des bâtisses d'époque romaine finissent par être construites à l'in­ térieur d'un enclos relevant de ces fermes indigènes primitives. En admettant que l'organisation des cam­ pagnes romaines ne débute réellement que sous Claude ou plus tard, nous tenons là le principe illus­ trant non seulement la pérennité de l'habitat rural mais aussi des exemples de continuité d'exploitation dans cette époque de transition. Les premiers signes de changements apparaissent dans le cadre d'un établissement que l'on pourrait dénommer «ferme gallo-romaine précoce». Elle se situe dans la continuité des fermes indigènes et préfi­ gure l'organisation de la future villa gallo-romaine. Le site rural, composé d'un habitat et de constructions secondaires en bois, s'inscrit dans un enclos fossoyé qui tend à proposer un tracé de plus en plus régulier.

Cette filiation est plus fréquemment rencontrée dans les territoires occidentaux du nord de la Gaule que dans le sud de la cité des Tongres, où elle résiste à tout examen. Quant à apprécier la matérialité de ces change­ ments, il faut tenir compte aussi des caractères phy­ siques de la région. Dans la cité des Ménapiens, et spé­ cialement sur les terres sablonneuses, les traditions indigènes se poursuivent très longtemps ou ne se per­ dent jamais. La mise au jour de traces de bâtiments en bois à deux nefs, de type ancien, est assez rare, comme à Petit-Enghien et à Gesves, par exemple.13

La villa gallo-romaine La villa gallo-romaine fait irruption dans le paysage rural vers le milieu du Ier siècle et se caractérise par une structuration plus rigoureuse et par le recours à des techniques de construction plus élaborées. Ce n'est pas pour autant que les nouveaux matériaux qui la caractérisent mieux, comme la pierre, le mortier, le béton de sol et les tuiles, feront leur apparition immé­ diate. La villa gallo-romaine que l'on reconnaît sou­ vent est surtout celle du 11e siècle qui nous est propo­ sée dans un état de développement abouti. Deux questions sont souvent débattues. La première a trait à l'origine des grandes villae gallo-romaines. On connaît bien les deux cas de figure principaux: celui de la continuité et celui de la création. Dans des régions riches, amenées à participer au mouvement général du développement économique, il n'est pas rare d'assister à la fondation de nouveaux complexes

170 Bâtiment à trois nefs de Petit-Enghien. La ferme gallo-romaine précoce utilise les matériaux anciens, comme le bois et l'argile, mais développe des constructions nouvelles sur des sites marqués par une continuité d'occupation entre la période de l'indépendance gauloise et le début de l'époque romaine.

132

LES É TABLI S S E ME NT S RURAUX

ruraux. L'autre cas de figure est celui de l'évolution de la ferme gallo-romaine précoce pour se transformer en une véritable villa, qui adapte ses structures aux nouvelles conditions de croissance. Cette filiation est plus malaisée à établir, si l'on ne dispose pas des témoins matériels pour la valider. L'autre question est celle de la hiérarchisation de l'habitat rural. Il serait faux de croire que toutes les fermes suivront le même modèle de développement. À côté des grandes villae qui cristalliseront au mieux l'essor économique, subsistent des établissements de faible ampleur, aux mains d'une classe plus modeste de la population rurale.

L'établissement comprend donc une habitation, parfois des thermes, au moins une grange et quelques constructions supplémentaires, dont il faudrait s'assu­ rer qu'elles soient toutes synchrones, le tout réparti sur un espace de 40 m à 80 m de longueur, ou bien davantage comme à Saint-Gérard.

La v i l l a à plan organisé

LA VILLA GALLO-ROMAINE

Dans le nord de la Gaule, et dans les plaines loëssiques, il existe de nombreux exemples de villae romaines qui s'apparentent à de véritables unités de production rurale, sur le mode intensif. Elles dispo­ sent d'un plan type dans lequel leurs constructions sont ordonnées à l'intérieur d'un espace quadrangulaire très allongé. On distinguera un modèle vraisem­ blablement à cour unique et le modèle classique à deux cours, séparées par une clôture.

Organisation spatiale

La

La villa gallo-romaine offre deux modèles principaux du point de vue de la conception spatiale: l'établisse­ ment à plan dispersé et, le plus célèbre, l'établisse­ ment à plan organisé, qui lui-même connaît bien des variantes.14

La v i l l a à plan dispersé La villa à plan dispersé se caractérise par l'éparpille­ ment des bâtiments annexes, au demeurant assez peu nombreux, autour ou surtout devant le corps de logis. Dans les cas les moins élaborés, comme à Nobressart, la ferme ne comprend que quelques bâtisses. On trouve des modèles plus développés. Les annexes se répartissent de manière aléatoire dans l'espace; elles peuvent ne respecter aucun alignement, comme à Nivelles (La Tournetté) et à Latinne ou, au contraire, se trouver orientées de la même manière que la rési­ dence, comme à Saint-Gérard et à Wancennes. L'habitation est généralement unique et de dimen­ sions modestes ou moyennes. On ne la voit pas sépa­ rée des autres édifices par une délimitation significa­ tive telle une muraille. Il est même difficile de dire si le complexe rural était ceinturé par une clôture, qui est perceptible quand elle est au moins fossoyée, toute enceinte réalisée au moyen de plantations échappant souvent à la sagacité des archéologues; quand elle existe, la clôture est assez irrégulière.

171

villa à

c o u r u n iq u e

Les villae de Vezin et de Hamois, et peut-être celle de Maillen (Ronchinne), répondent au premier modèle, sous réserve de nouvelles observations. Tous les bâti­ ments sont regroupés dans un seul espace qui prend une forme allongée. La résidence, de dimensions moyennes, est élevée sur l'un des grands côtés de la cour et parfois au centre de celle-ci; elle est naturellement ouverte sur la cour. Les bâtiments d'exploitation en bois et plus rare­ ment aux fondations de pierre s'orientent grossière­ ment sur Taxe longitudinal de la villa, mais sont dispo­ sés sans ordre. Des traces assez nombreuses de fossés montrent que le complexe disposait d'un enclos. La villa de Bruyelle, offre une résidence décentrée et néanmoins un mur de séparation, avec porche, entre la zone d'habitat et la zone d'exploitation; elle parti­ cipe un peu de cette catégorie et de la suivante.

La résidence de la villa de Vezin, figurant dans une cour unique.

133

Nobressart

Nivelles

Wancennes

Hamois

172 La villa à plan dispersé: les exemples de Nivelles (La Tournetté), de Nobressart et Wancennes. 173 La villa à plan organisé et à cour unique: l'exemple de Hamois.

134

La

villa à

p la n a x ia l

Les édifices se rangent dans deux cours contiguës, l'une plus étroite réservée à la zone résidentielle, l'au­ tre plus longue servant de cour agricole et artisanale. Le corps de logis principal, ici généralement très déve­ loppé au milieu de sa cour privative, fait face à la cour agricole qui s'étend perpendiculairement à l'habitat. Les bâtiments d'exploitation apparaissent systémati­ quement alignés sur deux rangées le long du mur de clôture. Le prototype de cette villa a longtemps été celui d'Anthée, vaste établissement fouillé au xixe siècle. Ce modèle ne semble pas connu en Italie, en Bretagne, en Norique, dans les Champs Décumates. On la consi­ dère comme une réalisation propre au nord de la Gaule. On connaît plusieurs villae de ce type en Suisse, en Allemagne mais aussi en Picardie où la pho­ tographie aérienne nous en a révélé un nombre consi­ dérable d'exemples.15 En Wallonie, les villae de Anthée, Meslin-l'Évêque, Velaines-Popuelles, Haccourt, Emptinne et Habay-laVieille répondent à ce prototype, mais elles peuvent offrir des proportions très différentes les unes des autres.

174

En principe, la villa est entièrement ceinturée par une clôture qui dessine un vaste rectangle ou un tra­ pèze pouvant atteindre la distance exceptionnelle de 700 m de longueur à Anthée. La villa est dite bipartite parce que chacune des parties abrite des fonctions dif­ férentes qui sont traduites par les deux termes cou­ rants de «pars urbana» et de «pars rustica». Une clôture interne isole entièrement la partie urbana de l'autre. Les enclos dont il est question sont souvent matériali­ sés par un mur en pierre, tel qu'on peut le voir à Anthée. Il arrive toutefois que l'enclos ne soit pas réa­ lisé de manière aussi élaborée, comme à Emptinne où c'est un fossé et partiellement une palissade de bois qui le remplace. La délimitation entre «pars urbana» et «pars rustica» dans la même villa n'ayant pas été détec­ tée, on penche tout naturellement en faveur de l'exis­ tence d'une barrière naturelle, faite d'une haie et de plantations d'arbustes, ce qui, effectivement, a pu être souvent le cas. La première cour renferme la résidence principale. Celle-ci occupe le centre ou l'arrière de l'espace qui lui est assigné et ouvre son portique de façade vers l'inté­ rieur du site. Même s'il est très malaisé de le démon­ trer, la zone qui entoure la résidence est réservée à des

Vue reconstituée de la villa de Hamois: les bâtiments se regroupent dans une cour unique.

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175

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La villa à plan organisé, à plan axial : les exemples d'Anthée et d'Emptinne.

LES É TABLI S S E ME NT S RURAUX

plantations d'agrément ou utilitaires comme potager et verger. La façade est parfois longée par de grands bassins d'eau, comme à Haccourt, indiquant que le luxe dont disposaient ces résidences était bien réel. La maison se développe donc tout en longueur, selon des proportions variables mais néanmoins considérables. Elle est accostée par des bains privés. Lorsque la rési­ dence est très développée, elle peut disposer d'une autre galerie de façade vers l'arrière et sa cour privative peut être encadrée par des bâtiments en retour d'angle sur la façade principale. De l'autre côté du mur qui sépare cet espace privatif, s'étend la grande cour agricole et artisanale. Une porte monumentale peut exister, en forme de tour, aussi bien au centre de la clôture qui sépare la «pars urbana» de la «pars rustica» qu'à l'autre bout de la cour, vers l'extérieur de l'enclos d'exploitation. Ces portes mon­ trent l'itinéraire de déplacement à l'intérieur de la villa. On dispose de quelques exemples de porches séparant la «pars urbana» de la «pars rustica» à Meslinl'Évêque, Velaines-Popuelles. Dans la grande cour agricole, prennent place sur deux rangées parallèles des petits bâtiments bien espa­ cés les uns des autres. Dans certains cas, les bâtiments d'exploitation sont éloignés du mur de clôture, comme à Anthée, Bruyelle, Emptinne. Dans d'autres cas, en Suisse, ils sont accolés au mur d'enceinte: Oberentfelden, Seeb. C'est le cas à Habay-la-Vieille. À Jemelle, seuls les bâtiments secondaires de l'une de ces rangées sont alignés.

C'est parmi eux que l'on trouvera, à condition de pouvoir en déterminer la fonction exacte, des granges, des greniers, des écuries, des étables, des porcheries, des garages et des ateliers. Certains d'entre eux ont des fondations de pierre et les autres sont en bois sur poteaux plantés; les deux modes de construction peu­ vent coexister comme à Emptinne. La détermination des fonctions de chacun de ces petits édifices n'est pas chose aisée. On peut y arriver quelques fois sur la base d'éléments architecturaux ou à la faveur de la décou­ verte d'indices matériels. Parmi ces constructions modestes, se glissent aussi de temps à autre, un édifice résidentiel qui répond par exemple au modèle de la petite maison à cour ou hall. C'est le cas à Anthée et à Jemelle. Vu leur situation rapprochée de la «pars urbana», on a pensé les attri­ buer aux fermiers revêtus d'un certain nombre de res­ ponsabilités techniques dans la gestion du domaine.

176 La partie résidentielle de la villa de Mageroy, vue d'avion. 177 Hamois: annexe indépendante de la villa, recoupée ensuite par une extension du corps de logis. 178 Reconstitution d'un bâtiment annexe dans la cour de la villa de Jemelle, au sein de l'Archéoparc de La Matagne.

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Les recherches récentes ont aussi permis la décou­ verte de plus en plus fréquente d'une mare se situant à l'intersection des deux cours. Ce microcosme ren­ ferme parfois des indices fossiles particulièrement utiles pour éclairer l'environnement et certaines acti­ vités du site. On en connaît des exemples à Emptinne, Hamois, Vezin, Jemelle et Bierset, sans compter l'ex­ ceptionnel bassin en pierre de Habay-la-Vieille. La comparaison des superficies occupées par ces vil­ lae autorise à les situer dans une échelle de valeur liée à leur puissance économique. Même si le plan d'en­ semble est similaire, on observe de grandes variations, en ce qui concerne la pars rustica: Hamois: 1,68 ha; Habay-la-Vieille: 2,80 ha; Latinne: 2,84 ha; Emptinne: 4 ha; Anthée: 12 ha. La villa qui vient d'être décrite correspond-t-elle à un modèle de cité ouvrière ou de villa esclavagiste et quelles en sont les productions? La réponse à la pre­ mière question dépend du modèle socio-économique dans lequel on veut situer ce phénomène. Les explica­ tions historiques, notamment marxistes, ne sont pas bien convaincantes. Pour appréhender les produits émanant de ces complexes, il faut s'en référer à la loca­ lisation agro-géographique des sites, à leur superficie, aux détails du plan des annexes et, enfin, aux témoi­ gnages archéologiques recueillis sur place. Finalement, il faut se rendre compte que beaucoup de recherches anciennes ne nous offrent que des informa­ tions très incomplètes. Bon nombre de petits bâtiments appelés «villas romaines» dans la littérature archéolo­ gique ne sont que des bâtiments annexes; ils n'ont pas pu à l'époque être intégrés dans un contexte présentant une signification planimétrique d'ensemble. La

villa à

co u rs m u ltip le s

Des villae en nombre beaucoup plus rare émargent à une autre catégorie. Il s'agit de la villa à cours multi­ ples plus ou moins emboîtées, au sein de l'une des­ quelles figure la résidence. Elle est inscrite dans un enclos isolé et offre un développement qui confine au gigantisme. La villa de Bauselenne à Mettet en est un parfait exemple. Des habitats secondaires marquent les autres cours. La

villa à

p é r is ty le

Les villae à péristyle sont de très grands établisse­ ments. Les bâtiments sont ordonnés autour d'une cour

179 La villa à cours multiples: l'exemple de Mettet ( Bauselenne). La villa à péristyle: l'exemple de Rognée.

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LES ÉTABLI S S E ME NT S RURAUX

immense, bordée d'une colonnade; le modèle est hérité du monde méditerranéen.16 Les exemples sont rares en Gaule du nord. Le seul cas avéré en Wallonie est celui de Rognée. Les bâtiments qui accostent la cour ne paraissent pas avoir été uniquement réservés à l'habitat, ce qui indique que le complexe a aussi été engagé dans des activités lucratives. Au surplus, il est possible que la villa en question n'ait pas été conçue ainsi dès l'origine, mais soit le résultat d'un agrandis­ sement. La cour intérieure est très grande, elle mesure 65,45 m sur 70,80 m. On a mis au jour plusieurs tambours de colonnes. Le grand complexe des thermes de la villa est inséré dans l'aile nord de la cour; les autres faces de celle-ci sont occupées par des bâtiments de service et par des constructions artisanales.

Beaucoup d'éléments caractéristiques de la maison rurale gallo-romaine, qu'ils soient d'ordre architectu­ ral ou fonctionnel, peuvent intervenir dans chaque édifice relevant d'une catégorie ou d'un type diffé­ rent. Il convient donc de les évoquer en premier lieu. Par la suite, on passera en revue les plans des rési­ dences, de l'habitat le plus simple au plus développé. La petite résidence dispose d'un plan ramassé et d'un nombre limité de locaux; elle est très répandue. La grande résidence offre un plan très allongé, elle est dotée de très nombreuses pièces et n'est représentée qu'au sein des villae gallo-romaines à plan organisé.

Éléments constitutifs de la résidence rurale gallo-romaine L e h a l l o u c o u r i n té r ie u r e

Les bâtiments résidentiels Au sein du domaine et de l'établissement rural, le bâtiment d'habitation constitue la structure la plus significative et très souvent aussi la seule partie de la villa qui ait été donné de fouiller aux archéologues. Dès lors, de très nombreuses études typologiques lui ont été consacrées, avec des succès divers. L'étude typologique est une vue de l'esprit qui permet de pro­ poser un classement à partir du plan d'un habitat dans sa forme finale, sans qu'il ne soit nécessairement toujours tenu compte de son évolution, tant au plan architectural que fonctionnel. Beaucoup de plans et de fonctions supposées liées à des locaux varient dans le temps. Par ailleurs, on a souvent tort de considérer qu'un habitat connaîtra toujours, comme dans le cas célèbre de Mayen, une évolution linéaire, se tradui­ sant par un plan simple à l'origine et un plan plus développé en finale. L'évolution en question dépend des besoins de la communauté, qui peuvent être bien différents d'une époque à l'autre. Il faut aussi renon­ cer à construire des typologies qui font une trop grande place aux éléments d'architecture liés à la façade parce qu'ils sont fort récurrents. Les portiques, par exemple, qui sont l'expression même de l'archi­ tecture romaine, ne servent guère dans le cadre d'une analyse typologique; la meilleure façon de progresser est de procéder à une analyse des locaux selon leur mode d'agencement.17

Beaucoup de résidences de petite dimension dispo­ sent, à l'arrière ou au centre du bâtiment, d'une cour spacieuse ou d'une grande salle, un hall, selon que l'on accepte que cet espace ait été ouvert ou couvert. La destination réelle de cette construction reste en effet discutée. Un foyer au moins y est presque tou­ jours avéré. Cette grande pièce apparaît donc comme l'espace de vie principal de la résidence. Dans quelques cas, on doit admettre que cet espace se présentait à ciel ouvert. Par exemple, lorsqu'un préau reposant sur une rangée de poteaux, ceinture l'intérieur de la surface; il prend la forme d'un appen­ tis appuyé contre les murs latéraux. Les tenants de cette hypothèse relèvent souvent que la portée des charpentes n'autorisait pas à couvrir pareil espace; cette considération n'est certainement pas exacte pour les halls étroits qui ne dépassent pas une largeur de 6 m. Dans le cas de Gerpinnes, on peut penser que nous avons affaire à une cour intérieure ouverte, ce qui ne semble pas être la même situation pour la rési­ dence de Matagne-la-Petite (La Plaine de Bieure). Dans les deux cas de figure, cour ou hall, ce local présente une importance considérable dans l'architec­ ture des maisons rurales gallo-romaines parce qu'il constitue le coeur d'un type d'habitat bien caractéris­ tique de nos régions. Le p o r tiq u e

Si petit soit-il le portique, qui s'affiche en façade d'une habitation, renvoie à une architecture d'expression,

139

la fonction du portique étant de ménager un passage couvert entre les espaces principaux de la maison, pour celui qui y pénétrait. La porte d'entrée se trouve souvent située au centre de la galerie, surtout si face à elle, on trouve l'axe du hall ou la salle de réception, comme à Matagne-la-Petite (Aux Murets). Un décalage est aussi possible où il est tenu compte de l'asymétrie de la pièce principale. Très fréquemment, un portique peut également être élevé ou ajouté sur la façade arrière du bâtiment.

L e s p a v i l l o n s d ' a n g le

La construction de pavillons d'angle à chaque extré­ mité d'une galerie répond à un souci esthétique. Ils se présentent comme des tours quadrangulaires, mas­ sives et souvent symétriques, en saillie sur l'aligne­ ment du portique, comme à Soignies (La Coulbrié), Limerlé et Sesselich; ils dominent la galerie de façade rythmée par une colonnade en bois ou en pierre. Il arrive toutefois que les pavillons n'aient pas une forme strictement symétrique, comme à Serville. Dans d'au­ tres cas, ils sont affublés d'une rotonde, comme à Sainte-Marie-sur-Semois. Chacun des pavillons comporte une pièce essen­ tielle pour la maison. L'un des deux contient souvent une pièce chauffée par hypocauste et l'autre renferme en sous-sol un grand cellier et, au niveau supérieur, une pièce de séjour. On accédait à ces pièces par la galerie. Nombre de ces pavillons ont été reconstruits en vue d'en agrandir la surface. Beaucoup pensent qu'ils étaient dotés d'un étage mais pareille assertion est mal­ aisée à démontrer si ce n'est par le biais d'une fresque trouvée à Trêves qui reproduit cette situation. Il arrive enfin que la résidence connaisse un dédou­ blement de la façade, c'est-à-dire la construction à l'arrière de la maison d'un portique semblable à celui qui se trouve à l'avant. Dans ce cas là, la galerie sup­ plémentaire pourra être également dotée de pavillons d'angle. Cette situation nous fait découvrir quelques fois un plan final de la résidence qui est de toute part symétrique, comme à Sainte-Marie-sur-Semois, Rulles, Mont (Fin de Ville), Matagne-la-Petite (Plaine de Bieuré), Vodelée. L 'é ta b lis s e m e n t th e r m a l

Les habitations intègrent, souvent tardivement, une installation de bains.18 Toutes les pièces traditionnel­ lement liées à cet objet social y sont normalement représentées, soit la salle de bain chaude, tiède et froide, parfois même des latrines, comme à Habay-laVieille et à Jemelle. L'établissement thermal se localise toujours en marge de l'habitat. Nous avons plusieurs exemples de thermes bâtis sans connexion avec l'habitat: Limerlé, Dinant et Soignies (L'Espesse). Pour les petites rési­ dences, on le trouvera accolé à la cour, les salles pou­ vant être alignées en enfilade ou encore autour de l'un

180 Les éléments constitutifs de la résidence rurale gallo-romaine: le hall, le portique, les pavillons d'angle, d'après l'exemple de Serville. Implantation de l'établissement thermal, d'après l'exemple de Dinant, qui se trouve ici rejeté à l'extérieur de la résidence. On y trouve: Yapodyterium (A), le frigidarium (F), le tepidarium (T), le caldarium (C) et le praefurnium (Pr).

140

LES ÉTABLI SSEMENTS RURAUX I

181

Les zones thermales dans les résidences rurales: intégrées au corps de logis, comme à Ronchinne, dans un angle de la bâtisse, comme à Clermont-sous-Huy et à Étalle ou aménagées en dehors de l'emprise de la résidence, comme à Haccourt.

141

O thermes d’habitats ruraux (villa, corps de logis, résidence,...) O O • O

thermes d’habitats urbains (d o m u s ,...) thermes publics urbains (relais, agglomération secondaire) thermes de site sanctuaire indéterminé/à contrôler

182 La piscine chaude des thermes de la villa de Emptinne. On observe encore le plancher en béton suspendu sur des pilettes d'hypocauste et le système de tubulures dans les murs. 183 Reconstitution d'un établissement thermal. 184 La répartition des ensembles balnéaires publics et privés gallo-romains en Wallonie.

142

LES ÉTABLI SSEMENTS RURAUX

des pavillons d'angle transformé pour la circonstance, comme à Sainte-Marie-sur-Semois et à Vodelée. Dès que l'établissement thermal prend des propor­ tions un peu plus conséquentes, ce qui est toujours le cas dans les résidences sur plan allongé, il est élevé en dehors de la maison, de manière indépendante et un peu éloignée, quitte à ce qu'un corridor même très long joignant les deux structures soit édifié comme à Vellereille-les-Brayeux, Arquennes, Haccourt et Maillen (Al Sauvenièré). Les cas d'intégration à l'édifice principal existent bel et bien, comme à Basse-Wavre, Modave et Jemelle.

Les petites résidences L a m a i s o n e n b o is

Les premières maisons en bois, dont les origines s'en­ racinent dans la période protohistorique, disposent d'un plan quadrangulaire simple et sont bâties sur poteaux plantés. L'innovation technique principale, dans cette architecture, est le recours à un solin de bois, pour la fondation, mais le monde rural restera longtemps fidèle au premier mode de construction. Dans les marges septentrionales de l'Empire, cette technique ne sera jamais oubliée. Elle est dénommée la «maison-ferme de type nord-européen». Ce bâtiment a sa zone d'expansion dans les zones sablonneuses sep­ tentrionales, mais a gagné un peu d'influence dans la cité des Ménapiens et au nord de la cité des Nerviens et des Tongres. Quelques différences régionales existent

parmi elles néanmoins. Le modèle le plus célèbre est celui de la maison-étable de Alphen-Ekeren.19 Dans la zone méridionale dite «paysage à villas», qui est liée aux sols loessiques, et plus encore au sud, dans la zone des plateaux, les nouvelles constructions gallo-romaines empêchent la plupart du temps de retrouver les traces de ces maisons primitives et d'en valider l'existence. L a m a is o n r e c ta n g u la ir e

Le plan d'habitation le plus édulcoré prend la forme d'un rectangle allongé. Sa mise en œuvre est telle­ ment simple qu'il n'est pas toujours aisé de l'identifier

185 Maison-ferme en bois de type nord-européen, reconstitution d'après l'exemple de Sint-Denijs-Westrem, IIe siècle. 186 La répartition de la maison-ferme en bois (A) de type indigène nord-européen, représentée en Germanie libre et aux confins septentrionaux de l'Empire romain. Au sud de la zone sablonneuse, s'étend la zone, dénommée «paysage des villas», dans laquelle les résidences sont partiellement élevées en matériaux durs et adoptent un modèle de construction gallo-romain, à galerie de façade (B).

143

Soignies Ottignies

automatiquement à une résidence car il se confond avec des bâtiments d'exploitation. Il est sujet à l'organisation de divisions internes qui découpent l'espace en deux ou trois locaux, comme à Ottignies. Cette construction qui offre un plan simpli­ fié peut être amenée à se développer, comme cela a été observé à Vodelée. On assiste alors à des développe­ ments successifs de la bâtisse à partir d'un noyau de construction originel. Il est aussi question d'un plan rectangulaire, découpé en nefs. Ces bâtisses particulières, dites de plan basilical, sont rythmées par des rangées de poteaux, comme à Visé. Elles sont peu attestées.

Limerlé

L a m a is o n à h a ll c e n tr a l

Le plan le plus répandu de la petite résidence galloromaine correspond à un complexe bâti autour d'une cour ou d'une grande salle, dans laquelle on trouve presque toujours un foyer pour la cuisine. Sur les pourtours de celles-ci sont bâties des pièces couvertes qui se rassemblent en ailes longitudinales ou latérales. Vers l'avant, se détache une architecture de façade, qui peut être répétée sur l'autre face longue de la bâtisse. Dans les cas les plus simples, tels à Serville, qui est souvent cité comme modèle pour ce type de bâtisse, seule la façade sera ajoutée à la cour. Elle consiste en un portique encadré par deux pavillons d'angle se présen­ tant en saillie. Ce prototype a gardé toute sa rigueur pri­ mitive par exemple à Limerlé et à Le-Roux-lez-Fosses. Le modèle de base évoluera peut-être avec le temps. La cour peut être flanquée sur l'un des côtés latéraux, voire les deux, de petites pièces alignées réunies sous un même toit. Les exemples correspondants ne man­

quent pas, comme à Nadrin, Vesqueville, Sesselich, Sainte-Marie-sur-Semois, Roly et Sauvenière. À Vodelée, la résidence ne dispose, dans une première phase de construction, que d'une seule aile ainsi bâtie; on en construira une seconde plus tard. Avec le temps, le nombre et la taille de ces petits locaux péri­ phériques intégrant les ailes peuvent augmenter, mais quel que soit le développement que connaîtront ces résidences, la cour ou le hall demeurent le pôle cen­ tral de la maison.

187 La maison rectangulaire de plan simple, d'après l'exemple d'Ottignies. 188 La maison à hall central: le modèle de base, d'après les exemples de Soignies et de Limerlé. 189 Résidence gallo-romaine reconstituée dans l'archéosite d'Aubechies.

144

Nadrin

Vesqueville

Sainte-Marie-sur-Semois

Sesselich

Roly

Sauvenière

190 La maison à hall central: le modèle évolué, d'après les exemples de Nadrin, Vesqueville et Sainte-Marie-sur-Semois. 191 La maison à hall central: le modèle évolué, d'après les exemples de Sesselich, Roly et Sauvenière.

145

Mettet, Try-Salet

Mettet, Graux

Ce développement procède par l'adjonction de nou­ veaux locaux, au fil des années et des besoins. Il peut toucher toutes les parties de la villa. La façade avant peut être réaménagée ou agrandie, en même temps que les pavillons d'angle. La façade arrière peut rece­ voir une véranda ou un corridor continu. Les ailes côtoyant de part et d'autre la cour ou le hall d'origine peuvent subir nombre d'agrandissements, visant à multiplier les pièces déjà présentes, à leur ajouter un ou plusieurs locaux chauffés, voire un petit établisse­ ment de bains. La résidence d'Évelette entre dans cette catégorie. Par contre, il n'est guère pensable, comme on l'a jadis soutenu pour les résidences de Sauvenière, Gerpinnes et Limerlé, que les pièces rajoutées corres­ pondent à des étables. La plupart du temps, la présence de bains indique qu'il s'agit d'une initiative secondaire. Ils ont été ajou­ tés à l'édifice initial, par transformation ou adjonction. De manière un peu arbitraire, on a distingué deux modèles différents pour ce type de résidence, eu égard à la surface globale que la cour ou le hall représen­ taient. On distingue les types étroits qui sont détermi­ nés par des cours allongées de 6 m de large, comme à Serville et des cours plus étendues ou de forme plus carrée, de 9 m de large ou plus, comme à Vodelée, à Soignies (La Coulbrie) et à Sesselich. Les différences de proportions peuvent nous aider à établir si nous avons affaire à un hall fermé ou à une cour ouverte. Il arrive d'ailleurs que des traces de poteaux de bois soient rencontrées à l'intérieur de l'espace central, en enfilade, longeant à distance res­ pectable tous les murs ou seulement deux murs oppo­ sés. Ils matérialisent alors un appentis, induisant que nous sommes en présence d'une cour à ciel ouvert. Lorsque la cour ou le hall est divisé en deux, on ne peut exclure que cette bipartition témoigne de l'occu­ pation de la maison par deux familles distinctes. On voit à Vesqueville, le hall prétendre à une division très simple matérialisée par des piliers opposés qui suggè­ rent une délimitation. Ici, d'ailleurs, on observe la présence d'un foyer dans chaque angle de la pièce. Vesqueville représente aussi un cas où se trouve mélangé un morceau de cour ouverte avec un hall divisé.

Houdeng-Goegnies

192 La maison à hall central subdivisé en appartements, d'après les exemples de Mettet, d'après l'exemple de Houdeng-Goegnies.

146

T r y - S a le t

et Graux et la maison-bloc,

LES É T A B L I S S E M E N T S R U R A U X I

Beauvechain

Maillen-Ronchinne

Matagne-la-Petite, Aux Murets

Basse-Wavre

193 La résidence sur plan allongé, d'après les exemples de Beauvechain, Maillen (Ronchinne), Matagne-la-Petite ( A u x M u r e t s ) , Basse-Wavre. 194 La luxueuse résidence de Basse-Wavre offre une galerie particulièrement allongée dépassant la centaine de mètres. Cette architecture, vue de loin, renforce un sentiment de monumentalité.

147

La m a iso n co m p a cte

Les résidences sur plan allongé

Un troisième type de maison gallo-romaine qui s'ap­ plique à des habitations de petit format se définit par l'absence d'un vaste espace central, tel une cour ou un hall, et par la présence à cet endroit d'une ou de deux rangées de petites pièces en alignement. La difficulté consiste à bien voir si le plan en ques­ tion remonte aux origines de la villa ou s'il ne s'agit pas du résultat de transformations visant à une réap­ propriation de la cour centrale au profit de petits locaux qui se multiplient par subdivision de l'espace. Les résidences de Mettet (Graux), Mettet (Try-Salet), Évelette et Treignes correspondent à ce type. Ces pièces d'habitat sont interconnectées entre elles directement ou par l'intermédiaire de corridors. Quel­ ques vestibules peuvent se présenter à l'intérieur de la maison de manière transversale, comme à Mettet (Graux). Il peut y en avoir un autre qui la longe, sur la façade arrière, ménageant un accès à chacune des pièces. Le portique de la façade avant peut aussi aider au dispositif de circulation. Quelques exemples de corps de logis rattachés à cette catégorie montrent un développement planimétrique imposant des pavillons d'angle, qui sont euxmêmes ceinturés par une galerie. Il s’agit de la «mai­ son-bloc», telle qu'il y en a beaucoup en GrandeBretagne. On citera les cas de Houdeng-Goegnies.

Certaines résidences gallo-romaines se distinguent par la forme générale de l'édifice qui s'allonge consi­ dérablement par rapport aux modèles décrits anté­ rieurement et par le nombre de locaux qu'elles ren­ ferment. Le pôle central du bâtiment ne correspond plus à une cour ou un hall. Nous entrons dans la caté­ gorie des corps de logis d'un type nouveau, davantage reliés à la culture classique et parfois très luxueux. Au surplus, ils rassemblent de très nombreuses pièces, jusqu'à cent vingt dans le cas des grandes résidences. Par exception, on a montré que cette maison très développée pouvait trouver son origine dans une petite habitation ancienne, qui n'a cessé de grandir au fil du temps, comme à Haccourt. En outre, on a quelques exemples de corps de logis aux dimensions restreintes, comme à Beauvechain. Mais les principales occurences de ces villae correspondent à des édifices gigantesques, comme à Basse-Wavre, Meslin-l'Évêque, Haccourt, Anthée, Maillen (Ronchinne) et Mettet (.Bauselenne). La longueur de ces édifices évolue entre 60 m de façade environ (Matagne-la-Petite, Aux Murets) et 110 m (Meslin-l'Évêque), Maillen (Ronchinne) ou 130 m (Basse-Wavre). Une somptueuse colonnade en style toscan provincial rythme les façades. La grande résidence allongée peut se terminer, aux extrémités, par des locaux un peu plus grands, décentrés,

Jemelle

Maillen, Al Sauvenière

195

La résidence sur plan faussement allongé, par l'incorporation de structures d'origine différente. Dans les exemples de Jemelle, Maillen, et Arquennes, un établissement balnéaire ou une annexe accoste la résidence.

A l S a u v e n iè re

148

Arquennes

LES ÉTABLI SSEMENTS RURAUX I

faisant saillie sur la façade principale. Au point de vue planimétrique, on peut en distinguer deux: celle dont les locaux situés aux extrémités sont peu imposants et celle qui, à l'inverse, y développe de véri­ tables petites ailes de bâtiment, conférant à l'ensem­ ble un aspect de maison compacte et refermant la bâtisse sur une petite cour intérieure. C'est le cas de la villa d'Anthée et de Matagne-la-Petite {Aux Murets). Le plan général de la grande résidence s'articule autour de deux éléments structurants, à savoir les pièces d'habitat regroupées en enfilade et les espaces de circulation. Ces dernières sont généralement ali­ gnées selon une certaine axialité et sont ordonnées en une ou plusieurs rangées. Quelques résidences, comme celle de Maillen (Ronchinne), n'offrent qu'une seule rangée de locaux en alignement. D'autres produisent de deux à trois rangées de pièces habitées et répondent à un plan en profondeur. C'est le cas de la villa de Basse-Wavre. On y observe un rythme régulier de plusieurs petits locaux carrés alternant avec des pièces rectangulaires très allongées. La même situation se présente à Ambresin, quoique de manière moins étendue. À partir de l'exa­ men de villae comme celles-là, la question est posée de savoir si elles n'ont pas été divisées en unités d'habita­ tions distinctes ou découpées en appartements. Par ailleurs, les éléments organisationnels les plus importants sont les corridors et les vestibules. La galerie en façade peut naturellement servir de cor­ ridor. Il en existe souvent une autre sur la façade arrière, parfois même elle enveloppe complètement l'édifice. 11arrive qu'un corridor se dessine de manière axiale, comme à Maillen (Ronchinne). Il peut exister aussi des corridors transversaux pour mieux délimiter les zones d'habitat ou les secteurs d'activités. La ques­ tion des vestibules, servant d'antichambre de manière individuelle à un local, est plus difficile à résoudre. Lorsqu'une pièce n'occupe pas toute la longueur dis­ ponible dans l'espace imparti, il est possible qu'elle comporte une pièce jouant le rôle de vestibule. La reconnaissance de la fonction précise de chaque pièce dans des villae de ce type est un réel problème, de même que l'itinéraire de circulation entre les pièces, faute de repérer à chaque fois les baies et les ouvertures dans les murs, à l'exception des galeries, corridors ou vestibules, qui sont plus aisément identi­ fiables.

196

Seule la salle de réception ou la salle à manger (ioecus) se localise assez vite dans le puzzle des locaux de ces grandes demeures; elle occupe une position centrale et a une superficie importante qui peut cor­ respondre à toute la profondeur de la maison, quand elle ne déborde pas de l'axe parce qu'elle dispose d'une terminaison en excroissance, en guise de che­ vet. Le sol de ces locaux est d'ailleurs plus soigné. D'autres grandes résidences ont obtenu cette pers­ pective d'allongement par un subterfuge. La silhoue­ tte linéaire de la maison n'a pas été conçue dès l'ori­ gine, mais résulte de l'incorporation d'un bâtiment annexe dans l'aménagement final. Pour se faire, il a suffi de réunir les différentes bâtisses par un portique commun. Nous disposons de beaux exemples répartis dans une même région: Jemelle et Maillen {Al Sauvenière; Ronchinne). Jemelle montre deux éléments distincts associés puis unifiés. La partie nord corres­ pond à l'habitat proprement dit, la partie sud intègre des bains, des latrines et un petit bâtiment, dans un aménagement qui les soumet à l'habitat. À Maillen (Ronchinne), une bâtisse artisanale de même superfi­ cie est accolée à la partie occidentale faite de pièces d'habitation, le tout réuni par une galerie commune. À Arquennes, la réunion de l'établissement thermal avec la maison est réalisée grossièrement par un cou­ loir de forme irrégulière.

Les matériaux et les techniques de construction Les résidences gallo-romaines font appel, en vue de leur élévation, aux matériaux de construction tradi­ tionnels qui peuvent être alliés en bonne intelligence, au gré des disponibilités locales. Pour des raisons de

Couleurs et motifs d'un plafond peint restitué d'après les découvertes. Il s'agit de la voûte du bain froid de la résidence de Champion à Emptinne. La composition figurée évoque une toile fixée par des clous, avec fleuron central (première moitié du m5 siècle).

149

sécurité, les établissements thermaux sont entière­ ment bâtis en pierre et il n'est pas rare de les voir cou­ verts de voûtes pour fermer notamment les bai­ gnoires au plan en hémicycle. La construction des balnéaires, comme celle des pièces chauffées résiden­ tielles, est exigeante du point de vue de la mise en œuvre. On y a recours à toute la gamme des maté­ riaux en terre cuite fabriqués à l'époque romaine: carreaux et dalles d'hypocauste, tubulures, tuyaux et, finalement, tuiles au poids impressionnant pour les toitures. Que ce soit pour les bâtiments évoqués plus haut ou pour les habitats, la question de la circulation et de l'évacuation des eaux a souvent été étudiée de près. Les parties résidentielles non chauffées de la maison ont souvent été élevées en combinant l'utilisation de plusieurs matériaux: la pierre au moins pour les fon­ dations, le bois et le torchis pour certains murs. La décoration est assurée par des enduits peints colorés si souvent rencontrés par nappes dans des fosses de rejet. C'est dans le cadre de fouilles minutieuses que les archéologues arrivent parfois à dégager et à recons­ tituer des parois murales et des plafonds comme à

Emptinne, dont les décors peints ne subsistent plus qu'à l'état de tous petits fragments de plâtras. Pour les locaux les plus en vue, il est souvent question de les enrichir de décors de marbre, en plinthes et en moulures, qui sont d'origine locale ou exotique. Les décors de sols en mosaïques demeurent finalement

197 Du marbre étranger pouvait intervenir dans la décoration des résidences gallo-romaines comme le prouve la découverte réalisée dans le corps de logis de la Grande Boussue à Nouvelles. Les plaques, en forme de feuilles, ont été réalisées dans du Chemtou, provenant d'Afrique du Nord. 198 Sol mosaïqué dans la villa de Haccourt. Cette mosaïque est de style géométrique et occupait la pièce froide du complexe thermal de la première résidence. 199 Une cave d'une qualité exceptionnelle a été retrouvée à Neuville, Les Machenées. Des niches s'ouvrent sur deux rangs dans les murs longitudinaux; elles sont séparées par des cordons de tuiles. La première série de niches est à fond plat, l'autre en cul-de-four. 200 La cave de Neuville, Les Machenées: détail de construction des parois du cellier. On recourt à des matériaux différents, notamment pour les montants et les arcs des niches. On peut introduire dans le parement des pierres taillées, posées en rupture avec les lits de moellons, pour agrémenter la paroi d'un dessin géométrique.

150

LES ETABLI SSEMENTS RURAUX I

201

Variété de caves appartenant aux établissements ruraux. Elles disposent toutes de niches aménagées dans l'épaisseur des parois et un soupirail. Le couloir d'accès abrite le plus souvent un escalier de bois. Le sous-sol du cellier est parfois doté d'un système de drainage des eaux.

a b c d e

Torgny, Magerot Treignes, Les Bruyères Neuville, Les Machenées Vodecée, Crayats des Sarrasins Ave-et-Auffe, Bois d'Ave

151

assez rares en Wallonie (Basse-Wavre, Nouvelles, Gerpinnes, Haccourt, Liège, Modave, Limerlé, Anthée, Ways, Angre). Vu leur situation enterrée dès l'époque romaine, les celliers nous parviennent souvent dans un bon état de conservation et constituent souvent la pièce de la rési­ dence qui a le mieux résisté aux injures du temps. On peut alors y enregistrer un certain nombre d'informa­ tions variées, qui concernent les matériaux utilisés et leur provenance, la taille en petit appareil des moel­ lons de parement, la forme des joints et la nature du mortier. Très fréquemment, ces caves sont soignées dans leur mise en œuvre : on y observe une alternance dans l'emploi des pierres (sciées, taillées) et la pré­ sence de niches et d'un soupirail. Ce n'est qu'exceptionnellement qu'un cellier peut être enduit de peintures, comme on Ta observé tout récemment dans la villa de Merbes-Sainte-Marie.

Les installations de production et d'exploitation Au sein de la pars rustica de la villa romaine, s'étendent de très nombreux bâtiments d'exploitation, sans compter que, même si les plus importants sont regrou­ pés à l'intérieur de la cour de travail correspondante, il peut y en avoir d'autres qui se trouvent disséminés sur l'espace du domaine agricole. Il nous manque souvent

des appréciations fiables en termes de typologie ou d'approches paléoenvironementales pour pouvoir identifier la fonction de toutes ces bâtisses. A priori, on imaginera qu'une exploitation rurale renferme des bâtiments de stockage pour les récoltes, des étables et des écuries, des ateliers pour les équipe­ ments et pour des productions artisanales.20

Les bâtiments de stockage Les espaces de stockage sont les édifices, en bois ou en matériaux durs, qui sont les plus aisés à reconnaître. En dehors des silos et des greniers, plutôt inexistants ou rares à l'époque romaine, ce sont les granges qui apparaissent le plus souvent. On les reconnaît à leur forme ou à leur architecture. L'identification des den­ rées stockées dans ces bâtiments reste bien souvent une énigme, faute d'indices appuyés par des examens palynologiques ou de macro-restes végétaux.21 Le modèle primitif de grenier aérien sur poteaux plantés, si couramment construit à la période cel­ tique, ne se rencontre généralement plus dans la villa gallo-romaine. Sa présence a toutefois été enregistrée sur le site de Emptinne où il apparaît dans un très grand format: il s'agit d'un édifice de 36 m2 reposant sur quatre rangées de cinq gros poteaux. À défaut du recours au silo enterré qui, lui aussi, marque plutôt la culture celtique, le mode de stockage le plus répandu à la période romaine sera 1’horreum ou grenier sur vide ventilé. Vu son aspect monumental, il

Le Roux Emptinne

202

152

Saint-Gérard

Wolkrange

Les installations de production et d'exploitation dans les v il l a e gallo-romaines en Wallonie. Les bâtiments de stockage et les granges: sur vide ventilé dans la v illa de Le Roux-lez-Fosses, sur poteaux plantés à Emptinne; aux fondations en pierre, avec contreforts, à Saint-Gérard et à large ouverture à Wolkrange.

LES É T A B L I S S E M E N T S R U R A U X I

nombreux exemples similaires représentés aussi à Hamois et à Vezin. Un classement est alors opéré entre bâtiments à une ou deux nefs. Beaucoup de bâtiments quadrangulaires invitent, avec des portes de grand format sur les longs côtés, à être aussi considérés comme des granges: Étalle et Wolkrange. Le modèle classique de la grange claire­ ment identifiée comme telle dans le centre de la Gaule

intègre le plus souvent le monde urbain et confine au domaine public. À Emptinne, l'existence d'un tel édi­ fice à une époque tardive reste posée, tandis que deux bâtiments annexes de Houdeng-Goegnies et de Le Roux-lez-Fosses, avec de nombreux murs de refend parallèles, semblent pouvoir être identifiés comme tels. D'autres annexes ont des murs de refend peu rap­ prochés, comme à Cortil-Noirmont (La Jonquièré). Tout ceci ne nous offre finalement que peu d'exem­ ples assurés et Ton ne peut pas imaginer que le domaine agricole n'ait pas abrité un nombre bien plus significatif de greniers. Il faut alors se rabattre sur les innombrables petits édifices en bois ou en pierres qui figurent au sein des cours agricoles. Le problème essentiel viendra du fait que la plupart du temps, on manque d'indices suffisants pour les reconnaître et surtout pour les différencier des constructions ayant été le siège d'autres fonctions. Si Ton s'appuie sur des éléments particuliers d'architecture, on conviendra de considérer qu'une série de constructions en pierres, dotées de contreforts, peuvent parfois prétendre à la fonction de grange, comme à Nivelles (La Tournette) et à Saint-Gérard. Mais qu'en est-il de tous les édifices, si nombreux en milieu rural, qui ont été élevés en maté­ riaux légers? Un éclairage utile a été apporté récem­ ment à l'occasion de la fouille d'une grande bâtisse située dans la cour agricole de la villa d'Emptinne. Primitivement construite en bois, elle a été refaite en pierres; divisée en cinq travées par des contreforts, elle peut être identifiée à une grange, notamment au regard de sa localisation dans l'enceinte de la cour d'exploitation. L'étude des annexes en bois dans les villae a d'ailleurs été relancée par la découverte de très

Merbes-le-Château

Meslin-L'Évêque

Mageroy

203 Grange sur poteaux plantés à Hamois, S u r l e H o d y . C e bâtiment annexe est révélé à la suite d'un décapage minutieux du sol. 204 Les installations de production et d'exploitation dans les v i l l a e gallo-romaines en Wallonie. Les bâtiments de stabulation (d'après l'exemple de Merbes-le-Château), les ateliers (d'après l'exemple de Meslin-l'Évêque), les séchoirs (d'après l'exemple de Habay-la-Vieille, M a g e r o y ) .

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est exceptionnel en Wallonie: une annexe de LensSaint-Rémy y fait peut-être penser. Le dernier prototype de l'édifice de stockage est constitué par la tour-silo qui ne figure pas souvent dans la cour d'exploitation de la villa mais confine à la zone habitée. La construction est carrée ou rectangulaire et se distingue des autres locaux par des murs plus épais. Actuellement, on ne peut pas dire que cette fonction ait été ici définitivement démontrée. On en trouvera des exemples à Aiseau, Gerpinnes et Habay-la-Vieille.

Les bâtiments de stabulation Pour les bâtiments de stabulation, on doit aussi pren­ dre la précaution de s'interroger au préalable sur la nécessité qu'il pouvait y avoir à l'époque romaine de rentrer le bétail à l'abri au sein d'édifices construits. En l'absence d'un sol en pente et de rigoles d'éva­ cuation des urines, quand ils peuvent être déterminés, seul le plan allongé et étroit de la construction convient a priori à reconnaître un édifice ayant eu cette fonction, comme cela a été le cas tout récem­ ment à Merbes-le-Château. Quelques propositions ont été avancées pour les sites de Nobressart, Le-Roux-lezFosses, Jemelle et dans quelques bâtiments en bois, peut-être à Emptinne.

Les séchoirs Les activités de séchage et de fumage, fort impor­ tantes, se manifestent par des installations dont l'identification ne fait guère de doute. En effet, en dehors de la présence de fours domestiques, il existe aussi une grande variété de fours au plan spécifique comprenant une chambre haute ou basse, des canaux de chauffe et un foyer. On manque souvent d'indices matériels pour recon­ naître à chaque fois quel fut l'usage précis de ces séchoirs, à moins qu'ils ne desservent toutes les activi­ tés successivement: séchage des céréales, séchage ou fumage des viandes, des poissons et des légumes. On a des exemples à Braibant, Maillen (Ronchinne), Étalle et Habay-la-Vieille.22

205

Les bâtiments de production Toute zone d'exploitation rurale renferme des ateliers et des remises. Les ateliers peuvent être plus aisément reconnus d'après les vestiges archéologiques qu'ils livrent. Plusieurs bâtiments de la cour agricole d'Anthée étaient visiblement liés à la métallurgie. C'est aussi le cas de bien d'autres, comme à Nivelles (La Tournette), Braibant, Jemelle, Mettet, Roly, Le Roux-lez-Fosses. Un bâtiment de forge a été clairement détecté à MeslinTÉvêque, tandis que des constructions de bois à Froidchapelle abritaient une activité de forge. Au total, si des productions diverses sont effective­ ment attestées, comme le verre à Jemelle ou la céra­ mique à Bruyelle, elles demeurent peu importantes. La véritable question posée est celle du rôle joué par les villae et les domaines agricoles dans les produc­ tions artisanales pouvant dépasser le stade de l'auto­ suffisance. Les vues traditionnelles conféraient au monde rural un rôle strictement limité au domaine de l'agro-pastoral et des vues plus modernes tendent à lui confier des objectifs plus diversifiés. Quoi qu'il en soit du débat en cours, le monde rural intervient sans doute davantage dans les circuits économiques, mais il faut mesurer à sa juste valeur les stades de la chaîne opératoire qui l'occupent.23

L'un des séchoirs construit dans un bâtiment annexe de la villa de Habay-la-Vieille, Mageroy.

Chapitre VII

RELIGION ET SANCTUAIRES

207

Sanctuaires et sites majeurs ayant livré des documents archéologiques, épigraphiques ou iconographiques religieux en Belgique. Les sites de sanctuaires apparaissent en bleu clair sur la carte 1 Kruishoutem 2 Tournai 3 Blicquy ( Ville d'Anderlecht) 4 Momignies (?) 5 Kontich 6 Grobbendonk 7 Tirlemont 8 |euk 9 Sint-Huibrechts 10 Petit-Hallet 11 Liberchies 12 Mellet 13 Sauvenière (Baudecet) 14Taviers 15 Fontaine-Valmont 16 Namur 17Anthée 18 Furnaux 19Vodecée 20 Matagne-la-Grande 21 Matagne-la-Petite 22 Jupille-sur-Meuse 23 Flémalle 24 Vaux-sous-Chèvremont 25 Angleur 26 Theux 27 Strée 28 Clavier (Vervoz) 29 Tavigny 30 Amberloup 31 Noville 32 Martelange 33 Arlon 34 Izel 35 Saint-Mard 36 Autelbas.

206 Page précédente: temple gallo-romain du type fanum, reconstitué dans l'archéosite d'Aubechies en Hainaut.

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RELI GI ON ET SANCTUAI RES I

LA RELIGION Pour l'homme de l'Antiquité, tout agissement dans un cadre privé ou professionnel, s'insère dans une rela­ tion avec le divin. La religion se pratique sous des formes diverses et son premier trait de caractère est le polythéisme.1II est principalement question de cultes publics et de cultes privés. Les cultes publics donnent lieu à des cérémonies officielles organisées en faveur de divinités importantes; Rome y ajoutera rapidement le culte de l'Empereur divinisé, non sans objectif poli­ tique. Les cultes privés couvrent une gamme étendue de manifestations religieuses qui s'expriment régiona­ lement ou localement, voire à la maison où il s'agit alors de pratiques domestiques. Les croyances religieuses en Gaule sont innombra­ bles, éclectiques et d'origine variée. Les cultes qui en rendent comptent ne sont jamais uniques, mais ils se superposent. C'est ainsi que l'on peut dénombrer un peu partout des cultes classiques diffusés par le pou­ voir romain, des cultes régionaux bien ancrés dans la culture autochtone, des religions orientales importées du Proche-Orient et d'Égypte. Le succès d'une croyance religieuse est lié au secteur géographique, au niveau social des individus et à leur degré de romanisation.2 L'interaction entre influence romaine et croyances ancestrales est une question historique fort débattue. Si Rome instaure un certain nombre de cultes offi­ ciels, en fait, elle fera preuve d'une grande souplesse vis-à-vis des croyances indigènes. Au Haut-Empire, la

208

liberté des cultes est telle que les entités politiques auront le droit de choisir les leurs et de composer leur propre panthéon. Toutefois, Rome ne couvrira plus certaines pratiques comme les sacrifices humains et se montrera franchement hostile envers la caste des Druides. Elle va instaurer un culte officiel, celui de la Maison impériale, pour contrebalancer la situation qui prévalait auparavant. La tolérance de Rome en matière religieuse est illus­ trée par le célèbre processus de l'interprétation. Il s'agit d'intégrer une divinité locale dans le Panthéon romain, de sorte que finalement les Celtes puissent assimiler aux leurs certaines divinités romaines. Cette «interpretatio », relatée par Tacite, vise tant le vocabu­ laire que le mode de représentation de la divinité avec ses attributs propres. Néanmoins, la volonté affichée par l'Empire d'une certaine décentralisation reli­ gieuse rend malaisée la distinction trop systématique­ ment faite entre dieux romains et dieux indigènes.3 Il ne faut pas pour autant sous-estimer l'importance que Rome accordait à la religion romaine, qui peut jouer comme un élément clef d'intégration, notam­ ment en milieu urbain. À l'inverse, on a tout de même préservé la diversité et les usages locaux : les autorités régionales ont eu la possibilité de sélectionner et de privilégier les cultes qui convenaient le mieux à la communauté. Parmi les divinités romaines honorées en Gaule, il en existe un certain nombre qui ont une forte cote de popularité et d'autres qui sont assez peu évoquées dans les répertoires iconographiques. À côté des cultes réservés aux divinités majeures, il y en a une infinité d'autres, plus modestes ou à caractère privé, qui mar­ quent les habitations de leurs empreintes domes­ tiques. Pour le nord de la Gaule, nos sources de connais­ sance sont assez nombreuses, mais elles n'offrent pas la même valeur. Le critère majeur de localisation d'un culte est celui de la découverte d'un sanctuaire qui livre toute l'information sur la dénomination de la ou des divinités qui y sont honorées. Le fait est plutôt rare. On dispose toutefois de quelques indications épi­ graphiques éloquentes. C'est le cas à Noville où il est question de dédicaces au dieu Intarabus et à Theux où sont évoqués les cultes en faveur de la Maison impé­ riale et de Mithra. Quelques objets retrouvés dans l'enceinte d'un temple fouillé, à proximité ou dans

Monument dédicatoire et inscription à Jupiter en calcaire, provenant de Liberchies, Brunehaut.

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une favissa, peuvent fournir des indications précieuses. On prendra en compte, dans cette perspective, les sites de Baudecet à Sauvenière, Blicquy (Ville d'Anderlecht), Matagne-la-Grande et Matagne-la-Petite.4 Parmi la masse des inscriptions sur pierre, retrou­ vées en Belgique, certaines d'entre elles renvoient au nom d'une divinité précise, sans qu'un temple en relation avec elles n'ait été directement mis au jour. C'est le cas, par exemple, pour les inscriptions de Brunehaut à Liberchies (Jupiter), Vaux-sous-Chèvremont (Mercure), Flémalle (Jupiter, Junon, Minerve, Diane et des nymphes), Strée (Maison impériale et Viradechtis), Arlon (Maison impériale et Apollon) et Saint-Mard (.Lenus Mars).5 Certains reliefs sculptés fournissent une documen­ tation de base pour l'étude des divinités romaines. Ainsi en est-il pour les pierres à quatre dieux, supports d'une colonne au dieu cavalier, comme à FontaineValmont (J u n o n , Vénus, Jupiter, Apollon) et à Arlon (Apollon, Diane, Vulcain, Hercule) ou pour des divini­ tés topiques comme à Buzenol (divinité fluviale). Enfin, le territoire wallon livre régulièrement des objets de culte ou des représentations figurées de divi­ nités classiques, en particulier des statuettes en bronze ou en terre cuite. À leur propos, il n'est guère aisé d'éta­ blir s'il s'agit de pièces en relation avec un culte rendu sur place ou s'il s'agit de pièces commercialisées et importées pour leur valeur plastique. Parmi elles, les objets liés aux cultes domestiques ont le plus de chance de renvoyer à un culte authentique, quand ils sont retrouvés dans le cadre de la fouille d'une habitation.

Les divinités classiques Une initiative majeure du pouvoir romain en matière religieuse qui s'apparente à un acte politique a consisté en la création d'un statut particulier à l'empe­ reur et à sa famille. L'empereur en titre fera l'objet d'un culte. En 12 avant J.-C. fut édifié un autel à Lyon, dans cette perspective. Chaque année, le 1er août, les délégués des cités gauloises s'y rassemblent pour une fête religieuse. Sous le règne de Claude, un autel est également établi à Cologne pour célébrer le culte impérial dans les deux Germanies. Dans cette optique, le culte de la Maison impériale doit pouvoir être célé­ bré dans les grandes agglomérations qui disposeront

209 Représentation de divinité fluviale découverte dans le site de Montauban à Buzenol, sur un bloc sculpté. Le fleuve est symbolisé par l'eau qui coule de la poterie. 210 Dédicace à Apollon, gravée sur un autel votif provenant de l'agglomération de Taviers. Il y est question d'un puits restauré à l'époque romaine.

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donc d'une infrastructure spécifique à cet égard, c'està-dire un temple placé au centre de la zone urbaine. Dans la pratique, ce phénomène ne s'observe que dans les contextes urbanisés de premier rang. Les colonies et les villes bien organisées et urbanisées sont dotées d'un grand temple capitolin, situé en tête du forum. Ils peuvent être le siège d'un triple culte asso­ ciant Jupiter, Junon et Minerve.6 Dans la cité des Tongres, le culte de Jupiter occupe une place prépondérante. Son nom figure en relation avec l'autel offert au génie du municipe, il est repré­ senté sur nombre d'autres inscriptions. Chez les Nerviens, ce fut peut-être aussi le cas à Bavay où une inscription fait état d'un culte à Jupiter et au génie d'Auguste. Mars, divinité tutélaire des Trévires, est représenté à Arlon.7 Les divinités les plus en vue peu­ vent également avoir été honorées dans des sanc­ tuaires placés au centre des agglomérations secon­ daires, comme c'est le cas dans les villes, mais aucun

d'entre eux n'a été retrouvé alors que ceux qui figu­ rent en périphérie des bourgades sont davantage reconnus. Au sein du territoire, on découvre aussi de grands sanctuaires qui sont de la responsabilité des civitates et des pagi. Ils occupent souvent une situation fronta­ lière. La campagne est parsemée de petits édifices de culte. Il s'agit de sanctuaires de fundi qui sont reliés à un établissement rural. Si l'on s'en tient aux inscriptions découvertes en Wallonie qui font référence à une divinité classique, il est sûr que certaines d'entre elles se situent très large­ ment en tête des dévotions pour la Gaule du nord. Il s'agit de Jupiter, attesté à Liberchies, Matagne-la-Petite et Flémalle, de Mercure, à Liberchies et Vaux-sousChévremont, d'Apollon, à Liberchies, Taviers et Jupille. Ces données restent lacunaires et on n'ou­ bliera pas que les sanctuaires abritaient parfois plu­ sieurs cultes associés.

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En haut à gauche: applique en bronze en forme de buste féminin représentant sans doute Junon et provenant de l'agglomération de Liberchies. 212 En bas à gauche: statuette en bronze de Mars mise au jour dans l'atelier de bronziers, à Blicquy, Ville d'Anderlecht. 213 Au centre: statuette en bronze de Fortune trouvée rue de l'Ange à Namur, au centre de l'agglomération gallo-romaine. 214 À droite: statuette en bronze de Mercure, trouvée dans la Sambre à Namur.

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Concernant les trouvailles de statuettes, de tous les dieux du Panthéon romain, les deux plus en vogue sont Mercure et Mars. Le dieu de la guerre connaît ses représentations dans des statuettes en bronze trouvées à Blicquy, Liberchies, Givry, Maisières, Élouges, Rognée et Braives. Le dieu du commerce, de même, est maintes fois illus­ tré par des bronzes provenant de Tournai, Blicquy, Givry, Nimy, Namur, Anthée, Juslenville. Une facture de Mercure, très provinciale et maladroite, est connue à Martelange. La prédominance du culte de Jupiter est attestée par nombre de statuettes, comme celle de Givry et de Blicquy. Hercule est aussi bien représenté. Loin derrière s'affichent les représentations de Diane, Junon et Minerve (Blicquy). Vénus, Esculape et la déesse Fortune ont peu de dédicaces. On a retrouvé une très belle statuette de Cupidon en bronze à Virton. Bacchus demeure assez peu évoqué en Gaule du nord. Il faut appréhender différemment les beaux médail­ lons qui ornent le sarcophage en plomb de Tournai. Centaures marins et silène perché sur un âne relèvent d'une iconographie dionysiaque précise rattachée à une religion à mystère, telle qu'il en existe plusieurs à la fin de l'époque romaine. Dans le domaine domestique, les dieux Lares ont une belle cote de popularité. Ils se proposent de sécu­ riser la maison et la famille. La statuette de Taintignies nous en montre un exemple dans une bonne réalisa­ tion plastique. S'ils sont présents dans le milieu fami­ lial, ils sont aussi évoqués dans les sanctuaires, comme c'est également le cas pour les «Génies». Les amulettes phalliques en bronze, telles celles retrouvées à Amay, Blicquy et Liberchies, montrent enfin l'intérêt pour les questions sexuelles.

Les divinités régionales On a longtemps admis que le processus de Y«interpretatio» avait systématiquement débouché sur une fusion parfaite entre divinités gauloises et divinités romaines. Jules César a tout de suite dressé, par ouïdire ou de visu, la liste des divinités en question, sans en révéler la dénomination gauloise.8II s'appuie donc sur des fonctions qui lui paraissent communes: Mercure, Apollon, Mars, Jupiter, Minerve et Dis Pater. Le message est clair, mais il vient du monde romain.

215 Statuette en bronze de Diane provenant de Bonsin. 216 Statuette en bronze de Cupidon retrouvée dans le site fortifié du Château Renaud à Virton.

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La réalité est différente car le rayonnement de certains cultes gaulois ne dépasse pas une sphère régionale ou locale. Toutes les divinités ne seront pas de la sorte dédoublées et la symbiose n'est pas toujours finalisée, certaines représentations affichent ouvertement une influence gauloise prépondérante. Dans cette optique, trois divinités indigènes revien­ nent abondamment: Esus, Teutatès et Taranis. Le pro­ blème est qu'ils ne correspondent pas toujours et par­ tout à la même divinité romaine. Esus et Teutatès sont l'un et l'autre confondus tantôt à Mars, tantôt à Mercure. Taranis peut être Jupiter ou Dis Pater. Par ail­ leurs, beaucoup de désignations peuvent renvoyer à une épithète. Sous l'appellation d'Apollon s'identi­ fient plusieurs divinités gauloises du Soleil comme Belenus et Grannus. Hercule est également bien honoré en Gaule. Enfin, on considère aussi que la religion celtique différait considérablement des religions classiques, en ce sens que la démarche était davantage intériorisée et moins liée à une représentation de la divinité.9 Un certain nombre de cultes conserveront leur authenticité d'origine. Certaines dénominations ne semblent guère renvoyer à un «jumeau» romain, pas plus que leur figuration qui reste entièrement mar­ quée par l'art celtique. Il s'agit alors de divinités choi­ sies par une communauté locale qui ne seront pas automatiquement confondues avec une divinité du panthéon romain. Parmi ces divinités, certaines ont une notoriété qui dépasse les frontières d'une région. On connaît ainsi le succès â’Epona, la déesse aux chevaux, dont des statuettes en terre cuite d'équidés

ont été retrouvées à Élouges et à Taviers et pour laquelle il existe à Arlon une sculpture en pierre. Elle protège les écuries, le domaine agraire, elle inspire le cavalier militaire qui lui dédie sa stèle funéraire sur le limes. Vêtue le plus souvent d'une tunique longue et d'un manteau, elle monte à cru un cheval, assise en amazone.10 Les déesses-mères sont aussi très nombreuses au point qu'elles apparaissent comme l'un des pôles de la religion populaire. Elles ont été rendues célèbres par l'inscription de Hoeilaart qui évoquerait l'existence de matrones du Condroz. On les retrouve dans les habi­ tats, sous la forme de statuettes en terre cuite, fabri­ quées en argile blanchâtre provenant de l'Ailier, du Rhin ou de Trêves, avec des rehauts de peinture. Appelées Matres en Gaule centrale et Matronae en Germanie, elles sont bien indigènes comme ne l'in­ dique pas le nom latin qui leur est donné. Elles ne connaissent pas la même unicité de représentation. Elles peuvent être figurées seules, par deux ou par trois et peuvent porter un petit nom qui détermine leur appartenance à une tribu, une région ou une localité ou la vertu qui leur est particulièrement attribuée. Elles incarnent sous les dehors de la fécondité de grandes forces naturelles bénéfiques. On les voit le plus souvent assises et drapées, une corbeille débor­ dant de fruits sur les genoux. La déesse peut allaiter un ou deux nourrissons; elle peut siéger avec un chien, comme à Liberchies, ce qui indique une provenance rhénane ou mosellane.11 C'est probablement à un tel groupe de Matronae nommées IARAE que s'adresse une inscription gravée sur un autel votif retrouvé à Liberchies.

217 Statuette en terre cuite blanche de cheval, découverte dans l'agglomération de Taviers. Pareille figuration est parfois mise en rapport avec le culte ô'Epona. 218 Statuettes en terre cuite blanche produites dans un atelier trévire, retrouvées dans l'agglomération de Liberchies, représentant des déesses assises portant un chien. 219 Plaquette en or, gravée d'une inscription sur sept lignes, retrouvée dans le sanctuaire de Baudecet à Sauvenière. Elle a été rédigée en langue gauloise, mâtinée d'éléments latins, voire germaniques.

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Enfin, le monde celte s'est ouvert très largement à la nature. Comment expliquer autrement le bestiaire extrêmement riche de cette religion ? Les sources, les rivières et les arbres occupent une place de choix dans les cultes gaulois. Faut-il attribuer à Mercure et à Apollon un culte spé­ cifique pour la source qui baigne l'agglomération de Liberchies? C'est ce que donne à penser un fond de vase inscrit retrouvé sur place, qui est un ex-voto. À Taviers, on dispose d'un autel votif qui atteste de l'in­ tervention d'un citoyen pour restaurer le puits dans lequel cette inscription a été retrouvée. La Meuse est honorée telle une déesse, comme les Ardennes. Cette dernière divinité authentifiée par des inscriptions peut être représentée sous la forme de Diane avec arc et carquois.14

Le dieu au maillet intègre aussi le panthéon cel­ tique. Il est assimilé à Sucellus ou à Silvanus. D'autres divinités ne sont attestées qu'une seule fois ou dans le cadre d'un territoire déterminé. Il est alors difficile de juger de l'impact réel qu'elles ont pu avoir. Les exemples ne manquent pas. Le cas d’Intarabus est notoire. Il n'est avéré que dans la cité des Trévires, ce qui veut dire que son assimilation avec un Mars indi­ gène ne vaut que là. On dispose d'une inscription sur pierre trouvée dans le sanctuaire de Noville où il est question de la construction d'un portique et d'une belle statuette en bronze, avec un socle identifiant la même divinité.12 La déesse Viradechtis a quelque rapport avec le pays des Condruses, non seulement parce qu'une inscrip­ tion de Strée la mentionne dans cette zone par le biais d'une offrande votive privée mais aussi parce qu'elle est signalée dans une dédicace de soldats servant en Grande-Bretagne et originaire du pagus belge.13

220 Statuette en bronze du dieu tntarabus provenant du sanctuaire de Foy à Noville. Le socle désigne clairement la divinité. 221 Reconstitution de la colonne au géant d'Arlon, dans la Grand Rue. Elle a été découverte en 1972, dans le rue de Sesselich. La colonne supportait une représentation de Jupiter ou de Taranis dont le cheval piétine un monstre anguipède.

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Les cultes spécifiques Un ouvrage d'art particulier, qui fleurit en Gaule Belgique et en Germanie Inférieure, montre aussi la symbiose qui peut exister entre les influences clas­ siques et régionales. La colonne au géant, élevée comme un monument, propose un ensemble de décors sculptés assez hétérogènes. La base est un cube, souvent dénommée pierre à quatre dieux. On décou­ vre la représentation de divinités du Panthéon romain, dans une pose des plus classiques. Junon, Minerve, Mercure, Apollon, Vénus, Mars, Diane et Hercule y interviennent de manière préférentielle. Le sommet de la colonne porte un groupe sculpté: Jupiter à cheval se dressant sur un géant anguipède. Si ce type de monument paraît officiel, on a de la peine à le considérer comme d'origine romaine. Dans les régions frontalières, il est considéré comme le sym­ bole du triomphe sur les populations barbares. Dans les campagnes de la Gaule du nord, il est plutôt perçu comme une incantation à la protection des cultures et des communautés agraires.15

La vaisselle céramique offre une gamme très particu­ lière de réalisations dont la zone de production et de diffusion correspond assez bien avec le territoire de la Wallonie. Il s'agit des vases à bustes qui offrent sur leur pourtour des masques humains moulés en grand nom­ bre. La production majeure de ces récipients est réalisée en pâte saumon. Les effigies sont parfois les mêmes mais retravaillées de façon à leur donner un aspect légè­ rement différent à hauteur de la barbe ou de la coiffure; elles sont parfois entourées d'arcades. L'une d'entre elles est plus facilement identifiable à Mercure, qui est représenté sous une forme tricéphale ou avec ses attri­ buts. Dans le cas de Montignies-Saint-Christophe, on découvre Mercure en pied avec le caducée, la bourse, le coq et le bouc. Les autres masques demeurent imper­ sonnels. Le récipient peut être orné de sept bustes, comme à Tournai, à Jupille-sur-Meuse, Marcinelle et ailleurs. On a alors proposé d'y reconnaître un vase pla­ nétaire évoquant les jours de la semaine: Saturne, Sol, Luna, Mars, Mercure, Jupiter et Vénus. En fait, on trouve aussi des vases ne comportant que six ou trois bustes, notamment à Baudour, Liberchies et Blicquy.

222 Le vase à sept bustes de Jupille-sur-Meuse, site de Gît-le-Coq. 223 En bas, le vase à sept figures de la villa de Marcinelle: développement des images. Les masques sont issus d'un même moule, puis retravaillés au niveau des coiffures, des barbes et du vêtement. 224 Le vase à bustes de la villa de Montignies-Saint-Christophe, représentation de Mercure en pieds, avec ses attributs: le caducée, la bourse, le coq et le bouc. 225 Le vase à trois bustes de l'agglomération de Liberchies. Deux sont barbus et l'autre est imberbe.

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On les considère donc plus volontiers comme des vases reliés à un culte des divinités pro­ tectrices. On a décou­ vert de nombreux frag­ ments de pareille céra­ mique dans des sites d'habitat. La carte de répartition de ce genre de vaisselle montre une forte distribution dans les cités des Nerviens et des Tongres, avec une concen­ tration particulière dans la zone frontalière entre ces deux cités.16 Un moule pour ce type de décor a été retrouvé dans un four de potier de Liberchies. On ne peut confondre ces vases avec la vaisselle à trois masques également d'origine nervienne qui ont les paupières closes et qui évoquent plutôt un culte mortuaire. Le culte des divinités protectrices du foyer est égale­ ment matérialisé par la présence de chenets en terre cuite, que l'on retrouvera miniaturisés dans certaines sépultures du Hainaut, comme à Haulchin, Peissant, Strée, Chapelle-lez-Herlaimont et de chaudrons en terre cuite également en format réduit, représentés à Haulchin et Strée. Les chenets accompagnant les défunts ont une valeur apotropaïque.17

Les religions orientales Un certain nombre de cultes orientaux pénètrent en Gaule, de manière très progressive, à la faveur de la Paix romaine. Leur façon de cheminer vers des terri­ toires très éloignés de leurs lieux d'origine est malai­ sée à cerner; toutefois, il est peu probable qu'ils aient pu s'y développer sans la présence d'agents de propa­ gande comme les militaires et les commerçants.18 Issues des provinces orientales de l'Empire ou même de régions extérieures à celui-ci, notamment de Perse, les religions orientales vont connaître un grand succès dans les zones frontalières militarisées. C'est donc principalement l'armée qui leur sert de canal de diffusion, dans la mesure où elle abrite de nombreux légionnaires syriens et phrygiens qui véhiculent les cultes en question jusqu'aux confins de l'Empire. Il n'est donc pas étonnant d'enregistrer une forte concentration de pratiques religieuses orientales sur le Rhin et sur le Danube. Mais les marchands orien­ taux ont pu également contribuer à cette expansion. Il faut pouvoir expliquer les raisons de l'apparition de ces cultes de nature exotique. On sait que les cultes traditionnels ne parviennent pas toujours à combler les véritables aspirations des fidèles; ils sont en effet perçus comme des rites se limitant à solliciter les faveurs des divinités, qui ne répondent que très rare­ ment à la demande. Les religions orientales vont atti­ rer des adhérents parce qu'elles mettent volontiers l'accent sur l'homme et sur son salut. Elles prennent le contre-pied à la fois de la philosophie et des cultes antiques. On notera qu'il s'agit de religions révélées qui obligent les adeptes à une démarche volontaire qui débouche sur un véritable sentiment religieux. Les rituels engagent les intéressés à des épreuves initia­ tiques mémorables. Les souffrances physiques et le mystère confèrent à l'adepte un sentiment de posses­ sion divine. Parmi ces rites initiatiques, citons pêlemêle les tatouages, les marques au fer rouge, les absti­ nences alimentaires et sexuelles. Les religions orientales rassemblent un certain nombre de cultes d'origines diverses, qui peuvent pro­ poser des rites très différents. La plus ancienne est celle de Cybèle, la grande déesse-mère, à qui on associe son jeune amant Attis; elle est issue de Phrygie et se répand dans l'Empire à partir de Claude. Le culte de la déesse égyptienne Isis

226 Matrice en terre cuite destinée à la fabrication de masques pour l'ornementation des vases de type planétaire. Cette découverte a été réalisée dans un four de l'atelier de céramique de Liberchies. 227 Chenet de foyer en terre cuite. Cette pièce utilitaire est parfois reproduite en miniature dans les sépultures hennuyères évoquant ainsi un culte domestique. Ici, la pièce porte un décor gravé représentant deux personnages, les bras levés, Liberchies.

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se diffuse à la même époque. L'attrait pour Jupiter Dolichenus, culte attaché à un sanctuaire de Commagène, est à mettre en rapport presque exclusivement avec le monde militaire. Le culte de Sabazios, d’origine phrygienne, est un apport précoce des troupes mili­ taires. Enfin, la religion de Mithra est celle qui comptera le plus d'adeptes. Il faut attendre la fin du Ier siècle de notre ère pour que ce culte, issu de Perse, s'installe en Occident. Il pénètre par le biais des militaires et de la voie rhodanienne et son succès est notamment lié au fait qu'il intégra puis supplanta un certain nombre de croyances locales, comme le culte du Soleil. Sa force est de promettre aux adeptes l'espérance d'une vie éternelle et de défendre l'égalité de tous. L'ini­ tiation est réservée aux hommes et se pratique dans des sanctuaires nommés mithraeum ressemblant à une grotte pour rappeler l'origine du culte. De ce fait, le mithraeum est une crypte obscure semi-enterrée. Le rituel du taurobole consiste en l'aspersion de l'initié, placé nu dans une fosse, par le sang d'un taureau égorgé au-dessus de lui.19 Si les religions orientales trouvent un terreau favora­ ble à leur développement, dans le couloir frontalier, il n'en est pas de même à l'intérieur des terres galloromaines, en particulier en Gaule Belgique, où les témoignages demeurent ténus. Deux catégories de trouvailles permettent de renvoyer à ces croyances. Les sanctuaires liés à ces cultes, comme les mithraea, demeurent assez exceptionnels, on en signale un à Tirlemont. La plupart du temps, on doit se contenter de mobiliers spécifiques, en bronze ou en céramique, qui offrent une référence aux cultes orientaux. A Juslenville, deux inscriptions découvertes ancien­ nement prouvent la présence d'une petite commu­ nauté attachée au culte de Mithra. La trouvaille

d'Angleur, au confluent de la Vesdre et de l'Ourthe, est plus spectaculaire encore. Il s'agit d'un dépôt de bronzier constitué d'objets arrachés à une petite chapelle mithriaque dont on ne connaît pas l'emplacement. Vingt-deux pièces composent ce petit trésor, au nom­ bre desquelles on retiendra: un lion en ronde-bosse, deux statuettes féminines en marche, un jeune homme porte-balance, des appliques de bélier, de lion, de scorpion et de poisson, un masque de Méduse, des têtes de divinités des vents en applique, deux orifices de fontaine et des éléments de tuyauterie. L'ensemble de ces bronzes date de la fin du 11e siècle. Ils s'inté­ graient dans une composition décorative précise qui nous est connue dans certaines tables mithriaques sur le Rhin. Aux quatre angles, se trouvent les vents dont le souffle emmène les âmes. À droite et à gauche les jeunes femmes en robes flottantes évoquent les heures ou les saisons. Au centre se place la tête de Méduse entourée par les signes du zodiaque. D'autres témoignages plus isolés ont été retrouvés sur le sol belge. Un déversoir de fontaine apparenté à celui d'Angleur a été exhumé à Liberchies. La pierre aux quatre dieux de Fontaine-Valmont ou base de colonne offre un caractère mithriaque. Les poignées métroaques en bronze à représenta­ tion de Cybèle et d'Attis ne manquent pas, comme à Roisin, Chapelle-lez-Herlaimont et Anthée.

228 Tessère mithriaque de Liberchies, évoquant le Soleil. 229 Céramique fine à surface dorée criocéphale provenant de La Loucherie à Tournai : serpent dans le goulot.

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Parmi les offrandes votives qui caractérisent au mieux le culte de Sabazios, on retiendra la main votive en bronze, à l'index et le majeur dépliés; elle est couverte de serpents, de tortues, de têtes de bélier et de pommes de pin, les attributs les plus fréquents de cette divinité. Une trouvaille de ce type a été réalisée sur les rives du Ruppel, à hauteur d'un port militaire où mouillait la flotte germanique. Une autre main a été attribuée, sur le plan de la provenance, à la région de Tournai, mais il subsiste plus qu'un doute sur son authenticité. Le culte de Sabazios propose aussi des récipients de grande dimension, destinés au mélange de l'eau et du vin, portant un décor figurant des serpents enlacés autour des anses. Dans la région de Tournai et à Blicquy, il existe une vaisselle en céramique qui porte des décors apparen­ tés aux cultes orientaux. Il s'agit de décors mithriaques figurant sur certains vases où se dessinent des serpents criocéphales en relief. Les divinités d'origine égyptienne comme Isis et Sérapis sont moins populaires en Gaule. Deux dessins anciens renvoient à des bronzes d'Attis et d'Isis, pré­ tendument découverts dans la région de Tournai. On remarquera la présence d'une statuette de Sérapis sur l'enseigne décorée de Flobecq.

LES LIEUX DE CULTE Diversité Villes, agglomérations et campagnes ont leurs sanc­ tuaires montrant une grande diversité d'organisation et de construction.20 En milieu urbain, le centre monumental est notam­ ment réservé aux fonctions politiques et religieuses. C'est là qu'est élevé en plein forum un temple d'obé­ dience classique, dédié à des divinités romaines. Dans les zones périphériques de la ville, se trouvent égale­ ment des espaces sacrés où sont construits des temples de nature et d'origine diverse, parmi lesquels se glis­ sent en grand nombre des édifices consacrés aux cultes indigènes. Les agglomérations secondaires disposent toutes d'une zone sacrée dans laquelle s'élèvent un ou plu­ sieurs sanctuaires. On ignore bien souvent à quelle

divinité ils étaient consacrés ; toutefois, les édifices de culte en question répondent majoritairement à des plans simples trahissant des initiatives modestes. Dans ces agglomérations, il n'existe pas de véritables centres politiques, ayant entraîné l'édification d'un temple aux normes romaines. Il arrive parfois que la communauté des habitants se mobilise pour financer pareille construction : les ins­ criptions portent témoignage de cette coutume. La localisation des sanctuaires varie, dans les bour­ gades, selon l'importance de celles-ci. Si nous avons affaire à des agglomérations majeures, il arrive fré­ quemment que la zone sacrée soit installée légère­ ment à l'écart du noyau d'habitat. C'est le cas à Liberchies, où le temple a été rejeté en périphérie nord, à quelque 700 m de la rue principale. Dans les bourgades plus modestes, la zone sacrée se rapproche du site d'habitat. Elle est attenante aux habitations, soit légèrement en retrait comme à Vervoz, soit direc­ tement au contact de la rue principale comme à Sauvenière (Baudecet). Les agglomérations baignées par un fleuve ont plus de liberté de ce point de vue. On s'adapte à la topo­ graphie locale, qui peut être suggestive au plan symbo­ lique. C'est ainsi qu'à Namur, le confluent de la Meuse et de la Sambre a été notamment occupé par des tem­ ples. Les campagnes sont couvertes de sanctuaires, ce fait nous est régulièrement révélé par la photographie aérienne. La nature des édifices est extrêmement variée et la dissémination de ceux-ci ne répond à aucune règle générale. On les trouvera le long des routes, comme à Sau­ venière (Baudecet) et à Izel, au sein des domaines agri­ coles ou à l'entrée de ceux-ci, comme à Anthée. On en trouvera d'autres plus monumentaux qui n'entretien­ nent aucune relation avec une propriété privée, dans l'état actuel de nos connaissances; ce sont des sanc­ tuaires qui ont une vocation cultuelle spécifique, comme ceux de Foy, Furnaux, Grand-Hallet, Matagne-laPetite, Matagne-la-Grande, Mellet, Tavigny et Vodecée. À côté des temples de stature imposante, il existe dans le milieu rural, une infinité de petites chapelles et de petits édicules que l'archéologie ne parvient guère à nous restituer parce que ces édifices trop modestes échappent à la recherche. Ce sont les sacellae, petites potales, implantées le long et à un carrefour de routes.

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L'immatériel a de même une grande place dans la religion. Comme on le sait, les cultes en faveur de la nature sont très nombreux en Gaule. Ainsi voit-on des bois, des sources, des arbres faire l'objet d'une attention particulière, à tel point qu'il est question, à Blicquy (Ville d'Anderlecht), de la plantation d'un bois sacré arti­ ficiel. Ici, les mentions littéraires comptent plus que les découvertes archéologiques très improbables. En haut de l'échelle, il faut enfin relater l'existence de grands complexes cultuels organisés qui se situent en milieu rural et loin du réseau routier. On les confond de prime abord avec des agglomérations, tant la surface qui a donné lieu à des constructions est importante. La pièce maîtresse des sites en question paraît bien être

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Répartition des cultes principaux dans le nord de la cité des Ménapiens et des Nerviens et dans la cité des Tongres 1 Divinités classiques et cultes romains ou romanisés 2 Divinités et cultes régionaux 3 Cultes orientaux (d'après le mobilier).

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le sanctuaire, lui-même affublé de portiques ou de gale­ ries monumentales. Mais on s'aperçoit vite qu'il est environné par d'autres édifices, comme un théâtre ou des thermes imposants, dont la monumentalité en zone rurale a de quoi surprendre. On a convenu de les considérer comme des sites-sanctuaires liés à l'organi­ sation de grandes fêtes religieuses annuelles ou pluri­ annuelles. Les sites des Castellains à Fontaine-Valmont et de Blicquy, Ville d'Anderlecht, correspondent bien à ce modèle, qui a été baptisé un temps d'une dénomina­ tion particulière, celle de conciliabulum. Le terme sorti tout droit d'une citation latine a paru jadis adéquat, mais son utilisation dans les inscriptions n'a jamais été constatée. On parle aujourd'hui de sanctuaire de cité.21

RELI GI ON ET S ANCT UAI RE S I

Implantation Il faut aussi prendre en considération la probléma­ tique générale de l'implantation des sanctuaires en milieu rural. On a maintes fois observé qu'il pouvait exister une distribution privilégiée des sites sacrés dans un cou­ loir géographique correspondant aux limites entre deux provinces ou entre deux cités. Le cas de Fontaine-Valmont reflète d'ailleurs parfaitement bien cette hypothèse, dans la mesure où le complexe cul­ tuel rural a été élevé sur la frontière qui sépare deux cités. Dans cette même optique, quelle place faut-il faire à la curie? Nous connaissons l'existence d'une galerie liée à la curie d’Ollodagus, une confrérie religieuse, par l'inscription de Noville. On sait que nous ne sommes pas éloignés de la frontière de la cité des Trévires.22 Quant au choix du site, qui a été retenu pour la construction des temples, en dehors de ceux qui sont physiquement liés à une agglomération, on peut constater qu'aucune règle n'a été imposée du point de vue topographique. Au contraire, verra-t-on des implantations de nature très différente. Il existe des temples bâtis sur le sommet d'une colline, placés en position dominante, comme pour mieux les aperce­ voir. C'est le cas du site de Matagne-la-Grande et de Tavigny. Il existe des sanctuaires construits dans la plaine, comme à Matagne-la-Petite et d'autres qui jalonnent la voie romaine, comme à Izel.

Un modèle spécifique de temple est propre à la Gaule. Il se caractérise par un plan centré, avec une pièce principale, la cella, entourée par une galerie. L'édifice est cerné par un grand enclos sacré, le temenos, qui, lui, n'est pas caractéristique du monde gau­ lois. Presque toujours, les sanctuaires à plan centré sont quadrangulaires. Il en existe un petit nombre, sur plan rond ou polygonal, qui répondent au même principe de l'emboîtement d'une cella dans une gale­ rie périphérique, comme à Petit-Hallet. On a convenu d'adopter une appellation précise pour désigner cette construction originale: le fanum. Il faut savoir néanmoins qu'en termes de vocabulaire, cette dénomination reste ambiguë. En effet, en Gaule, l'épigraphie utilise aussi de manière indifférente d'au­ tres termes pour désigner les temples de tradition cel­ tique: aedes, templum. En réalité, les auteurs anciens recourent au terme de fanum pour toutes sortes de lieux consacrés. On a bien tenté d'utiliser un passage de Suétone, dans lequel il accuse Jules César, d'avoir pillé et détruit les «fana templaque», en vue de distin­ guer deux appellations portant témoignage de deux types de temples en Gaule. Mais en vain. Comme bien souvent, l'usage du mot qu'en font les archéologues ne correspond pas à une vérité philologique stricte. Durant l'Antiquité tardive, en revanche, les auteurs anciens utilisent plus systématiquement le terme de fanum lorsqu'ils mentionnent les lieux de culte païens en Gaule.23 Fanum est un mot qui connaît certaines résurgen­ ces dans la toponymie, comme Fanisys ou Fanisis à Momignies.

LES TEMPLES Le plan La terminologie Les temples de tradition gréco-romaine sont d'autant plus rares en Gaule du nord, qu'ils sont étroitement liés à la ville et à une initiative couverte par le pouvoir politique. Dans la cité des Tongres, on ne peut guère citer que le sanctuaire bâti au cœur de la capitale. Il y a aussi adoption, au moins partielle, de l'archi­ tecture classique lorsque le temple dispose d'un pro­ naos, vestibule ou auvent appuyé contre la façade de l'édifice, qui perd du même coup son plan carré. Pareille situation se retrouve à Mellet.

Le fanum se définit donc par un plan carré ou rectan­ gulaire, constitué par deux éléments: une pièce cen­ trale avec porte d'entrée, une galerie qui entoure cellelà, munie elle aussi d'un accès en vis-à-vis.24 La majorité des temples de la cité des Tongres ont des dimensions qui se situent entre 10 m et 15 m de côté. La cella renferme la statue de la divinité, la gale­ rie sert de déambulatoire. L'archéologue perçoit d'emblée le plan final du sanctuaire, dans la mesure où au ne et au me siècles, il a été édifié en matériaux durs et livre même parfois

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Mellet

Petit-Hallet

Martelange

Matagne-la-Petite

Fontaine-Valmont

231

Les temples gallo-romains en Wallonie, variété des plans rencontrés. Le plan à p r o n a o s à Mellet; le plan octogonal à Petit-Hallet; le plan rectangulaire à Martelange. 232 Les temples gallo-romains en Wallonie, les sanctuaires associés par deux à Matagne-la-Petite et à Fontaine-Valmont.

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Theux

Clavier, Vervoz

233

Saint-Mard

Tavigny

Izel

Matagne-la-Grande

Clavier, Vervoz

Liberchies

Blicquy, Ville d'Anderlecht

Furnaux

Anthée

Vodecée

Matagne-la-Grande

Les temples gallo-romains en Wallonie, variété des plans rencontrés. - Le fanum à galerie: Blicquy, Ville d'Anderlecht, Liberchies, Clavier (Vervoz), Theux, Izel, Tavigny, Saint-Mard, Matagne-laGrande, Fumaux, Anthée. - Le fanum sans galerie: Clavier (Vervoz), Matagne-la-Grande et Vodecée.

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quelques éléments architectoniques de valeur, comme des fûts de colonne, des chapiteaux et des morceaux d'entablement. Mais chaque édifice a lui-même sa propre histoire. Lors d'une phase de construction ancienne, il se peut que le temple ait disposé d'une galerie en bois, qui a été démontée. Sous les fondations du fanum en pierres peuvent être détectées les traces de structures en bois ayant appartenu à un édifice ancien bâti en matériaux périssables. C'est dans cette perspective que se pose fréquemment la question de la préexistence au même endroit d'un sanctuaire d'origine celtique ou d'un temple ancien de la période augustéenne. Les traces matérielles d'un édifice de culte précoce sont bien souvent malaisées à relever, vu leur dispari­ tion fréquente lors des réaménagements ultérieurs du temple. On en est souvent réduit à l'interprétation du

matériel archéologique contenu dans l'une ou l'autre fosse voisine qui, s'il est volumineux, peut attester d'une phase cultuelle primitive. C'est le cas à Blicquy 0Ville d’Anderlecht) et à Mellet. Généralement, on arrive à discerner quelques gran­ des périodes de construction ou de réaménagement des sites cultuels. C'est parfaitement le cas à Sauvenière.

234 Plan du sanctuaire de Baudecet à Sauvenière. Phase I (en brun foncé): enclos fossoyé et puits au centre. Phase II (en bleu clair): temple à cella, précédée d'un portique. Au nord de la cella (en brun clair): la favissa. 235 Le temple de Blicquy, Ville d'Anderlecht, en cours de fouilles. 236 Le temple à cella de Vervoz à Clavier en cours de fouilles. 237 Un temple à Vodecée en cours de fouilles.

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RELI GI ON ET S ANCT UAI RE S I

Les temples les plus anciens peuvent dater de la seconde moitié du Ier siècle avant J.-C. C'est sous le règne d'Auguste que l'on placera une autre période de construction ou de réaménagement, dévolue à l'archi­ tecture de bois. Le recours à l'architecture de pierre n'intervient pas avant le troisième quart du Ier siècle après J.-C., qu'elle concerne des édifices nouveaux ou la reconstruction de temples plus anciens. Beaucoup de temples peuvent encore avoir été reconstruit ou réaménagé au ive siècle; ils sont souvent très fréquen­ tés à la fin du Bas-Empire. Les temples à pronaos sont rares. On en connaît un exemple à Mellet. La cella est rectangulaire avec un podium, précédé de deux volées d'escaliers. Quelques sanctuaires peuvent comprendre deux cellae quadrangulaires attenantes ou juxtaposées, cer­ nées par une galerie commune. Il arrive aussi que la galerie soit absente, comme dans le temple des sources à Liberchies. Cette situation est compatible avec des temples de très petite dimension, mais ils sont alors construits en association avec un temple plus important. La plupart des temples disposent d'une orientation vers l'est. Dans la cité des Tongres et des Trévires, c'est le sud-est qui domine très largement.

L'architecture La recherche ancienne a été dominée par un long débat sur l'aspect architectural présenté par le fanum, en particulier sur le point de savoir si la cella s'élevait plus haut que la toiture de la galerie environnante. Dans la plupart des cas, les fondations de cette cella

sont en effet plus épaisses que celles du péribole, fait qui laisse peu de place à la discussion. Le cella domine bien la construction périphérique, elle est dotée d'une toiture à double pente et est per­ cée de baies d'éclairage. L'architecture de la galerie peut connaître davantage de variantes. Sa toiture s'ap­ puie sur la façade de la cella et sur les colonnes du por­ tique. Les colonnes en question, en bois ou en pierres, peuvent reposer sur un solin aménagé ou sur un murbahut quelque peu construit en élévation. On a aussi pensé que le mur du péribole a pu être, dans quelques cas, complètement fermé. Pour restituer la hauteur de ces édifices, on se réfère souvent au diamètre des colonnes et à la distance des entrecolonnements, si on se base sur les critères de l'architecture romaine. En ce qui concerne la hauteur de la cella, on a calculé, pour la région des Tongres et des Trévires, qu'elle outrepasserait la galerie de 1,50 m à 3 m en moyenne. La colonne toscane utilisée a une hauteur égale à sept fois son diamètre. Les dimensions de la cella varient entre 5 m et 10 m. Quant à la largeur de la galerie, elle est réputée représenter approximativement la moitié de la dimen­ sion de la cella. Les fondations sont exécutées en matériaux locaux : le calcaire à Fontaine-Valmont ou à Vervoz, les galets de rivière à Juslenville, le schiste à Tavigny. Ce sont des blocs ou des cailloux, jetés dans une tranchée, sur­ montés d'une assise nivelée par une petite couche de mortier à Matagne-la-Grande, des dalles de chant à Tavigny et à Izel. Les maçonneries sont en opus caementicium à Matagne-la-Grande et à Tavigny ou en

238 Reconstitution graphique du fanum gallo-romain. 239 Chapiteau toscan du temple de l'agglomération de Liberchies. 240 Le temple de Liberchies, petit fossé dans le temenos, contenant des éléments architectoniques liés à l'édifice démantelé.

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opus incertum le plus souvent, à Clavier, Matagne-laPetite, Izel, avec un rejointoiement propre. La présence d'un podium véritable est peu connue. Un escalier, des piliers soutenant un auvent et une aire dallée peuvent marquer l'accès au sanctuaire. À Vervoz, l'escalier se place au centre de la façade; à Fontaine-Valmont, il court sur toute la longueur de la façade des deux temples. En ce qui concerne les seuils, il faut distinguer celui qui donne accès au déambula­ toire et celui qui s'ouvre sur la cella. La porte du déam­ bulatoire, parfois monumentale, est généralement plus large que l'autre. Pour ce qui concerne les aménagements intérieurs, on retiendra que le sol en terre battue est de rigueur pour les constructions en bois, tandis que le sol bétonné est adopté pour les bâtiments en pierre ou un dallage en pierre comme dans le temple A de Matagnela-Petite. Une niche rehausse le mur arrière de la galerie d'un des deux temples de Matagne-la-Petite, tandis qu'une niche semi-circulaire est visible dans le temple d'Izel, à l'angle nord-ouest, où elle correspond peut-être à une petite chapelle. Des enduits peints décorent plus souvent les murs de la cella que ceux de la galerie. On connaît aussi des placages de marbre, notamment à Vervoz. On dispose pour Vervoz et Tavigny de fragments de corniche moulurée. À Vervoz et à Juslenville, des plinthes en marbre blanc rehaussaient les édifices.

L'ESPACE SACRÉ L'aire sacrée L'aire sacrée renferme les édifices de culte et accueille les fidèles pour les cérémonies. On la dénomme temenos; pareille surface réservée apparaît dans le monde classique. Elle est tout naturellement délimitée par une clôture. Celle-ci peut-être un fossé, une palissade de bois, un mur maçonné. Il faut bien voir que les enceintes en matériaux périssables peuvent ne corres­ pondre qu'à un état primitif, vite oublié à l'occasion d'une reconstruction en pierres. L'enceinte sacrée existe tant pour les sanctuaires d'agglomération que pour les sanctuaires ruraux, à

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condition que ceux-ci aient une certaine importance et ne soient pas dépendants d'une propriété privée, dans laquelle on trouve souvent des édifices cultuels aux ambitions limitées. Le plan de ces enceintes peut être régulier ou non. À Liberchies, la clôture sacrée épouse les proportions de deux temples, même si un seul y a été découvert jusqu'à présent, comme à Fontaine-Valmont, où les deux temples géminés sont contenus dans une enceinte peu développée. Lorsque la clôture est irrégu­ lière, comme dans l'agglomération de Vervoz ou dans le site rural de Matagne-la-Petite, elle est générale­ ment très grande et autorise d'y accueillir des bâti­ ments ou des fidèles en très grand nombre. Les surfaces représentées par ces aires sacrées sont donc très différentes. Lorsqu'elle délimite le temple en le serrant de près, elle est peu importante : à Izel, 4,60 ares et à Fontaine-Valmont, 33 ares. Ailleurs, elle évolue autour de 70 ares (Liberchies, Matagne). Les temples se situent dans un angle de l'enceinte ou au centre. L'entrée du péribole est souvent placée face aux temples.

Les constructions secondaires Au sein de l'enceinte sacrée s'échelonnent diverses constructions qui n'ont pas toujours été reconnues en tant que tel. À peu de distance des temples, se localisent un ou plusieurs autels, dont la fondation est clairement visi­ ble. C'est le cas à Fontaine-Valmont et surtout à Blicquy. Plusieurs fois, on enregistre face au temple la présence de foyers qui ont servi à la crémation des offrandes, lors des manifestations religieuses. L'édifice le plus couramment rencontré est un por­ tique monumental. On pense qu'il sert à accueillir et à exposer les objets votifs déposés en grand nom­ bre par les fidèles. Il est souvent adossé à l'enceinte et s'ouvre du côté intérieur; il s'étend parfois de part et d'autre de la porte d'entrée. À Vervoz, le portique remplace aussi le mur d'enceinte défaillant à cet endroit. Les dimensions de ces portiques sont consi­ dérables. La belle inscription de Foy-lez-Bastogne fait expressément état de l'offre faite par un citoyen d'un portique au dieu Intarabus et à un Génie in­ connu.

R E L I G I O N ET S A N C T U A I R E S I

Matagne-la-Grande Blicquy

Izel

Vervoz

Matagne-la-Petite

241

Le développement des aires sacrées et des édifices annexes aux sanctuaires: Blicquy ( Ville d'Anderlecht), Izel, Clavier (Vervoz), Matagne-la-Grande et Matagne-la-Petite. 242 Une galerie du temple de Blicquy ( Ville d'Anderlecht) reconstituée dans l'archéosite d'Aubechies.

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L'intérieur de l'enceinte sacrée peut être meublée par toute une série de constructions adventices qui ne sont révélées que si les fouilles ont concerné l'ensem­ ble de la surface correspondante, ce qui est rarement le cas. On enregistre la présence de bassins, de fon­ taines ou de puits. À Matagne-la-Petite, le puits qui jouxte les temples a subi un traitement particulier dans la mesure où il a été placé dans un petit édicule construit, soulignant par là son rôle sacré. Un intérêt particulier est suscité par la découverte de fosses profondes pourvues de mobilier. Il s'agit des fameuses favissae, que l'on peut rencontrer en divers endroits du site sacré. Elles livrent toute une série d'objets de qualité qui sont en rapport avec un culte déterminé. On pense que pour faire face à l'engorge­ ment des portiques où se trouvaient exposées les offrandes, il a fallu à plusieurs reprises se résoudre à les enterrer sur place, plutôt que de s'en débarrasser au titre d'immondices. Beaucoup de sanctuaires abritent aussi une série de bâtiments spécifiquement réservés à l'accueil des fidèles et des pèlerins, comme des auberges et des hôtels. En règle générale, dans le cas des grands com­ plexes cultuels ruraux, ils ont été élevés à l'extérieur du temenos.

LES COMPLEXES CULTUELS RURAUX Un certain nombre de cas échappent à la règle nor­ male. En rase campagne et à distance des réseaux rou­ tiers de première importance, on voit apparaître des sites religieux qui, par leur développement spécifique, s'éloignent nettement des sites sacrés traditionnels. L'infrastructure qui les caractérise et la surface qu'ils occupent les a souvent fait identifier à des aggloméra­ tions. À y regarder de plus près néanmoins ils n'ont aucun point commun avec elles. Ils ne sont pas dotés d'une ossature urbanistique classique, les édifices sont dispersés dans un grand espace, souvent dans le désor­ dre. En termes d'habitat, on n'y trouve que des res­ sources très évanescentes, les seuls bâtiments attestant d'un habitat ressembleraient davantage à des infra­ structures de logement pour les voyageurs.25 À l'inverse, ils se caractérisent par des monuments luxueux de première importance; aux sanctuaires

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s'ajoutent des thermes monumentaux, comme à Fontaine-Valmont et parfois même un théâtre, comme à Blicquy, Ville d'Anderlecht. Si les témoins d'une activité économique n'en sont pas absents, ces activités viennent en appoint. On incline donc à y voir des agglomérations aux fonctions religieuses spécialisées, créées avec l'assenti­ ment du pouvoir politique romain, pour y organiser

Le complexe cultuel de Fontaine-Valmont, sur le plateau des Castellains: importance et dispersion des structures du site sacré relevées par photographie aérienne. 244 Le complexe cultuel rural de Blicquy (W//e d'Anderlecht), plan des trous représentant le «bois sacré» (?).

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des manifestations cultuelles voire culturelles, pério­ diquement. Il peut s'agir d'établissements gérés par le pagus ou la civitas qui, vu leur renom ou leur aspect ostentatoire, attirent les actes d'évergétisme. Sans doute n'est-ce pas un hasard qu'ils soient souvent bâtis aux confins de limites territoriales des cités. Les cas de Fontaine-Valmont et de Blicquy, Ville d'Anderlecht sont les plus clairs. Le site des Castellains à Fontaine-Valmont se localise à la frontière des cités des Tongres et des Nerviens. Durant le Ier siècle, l'occu­ pation des lieux révèle un artisanat du fer. Par la suite, on y implante un site sacré sur un espace considérable dans lequel les bâtiments sont très dispersés : temples géminés à enclos, sanctuaire d'Esculape douteux, thermes, nymphée. Les temples jumelés ont été élevés sous Claude. Les découvertes récentes réalisées à Blicquy sont assez impressionnantes. Le site n'est pas très éloigné de la frontière avec les Ménapiens, consti­ tuée par l'Escaut, et quelques indices montrent l'an­ cienneté du site religieux dont les racines plongent dans la période gauloise; il est question de dépôts rituels d'objets et d'armes. La période augustéenne y est exceptionnellement représentée. Durant le HautEmpire, le site poursuit son développement et attein­ dra un état monumental de première importance qui

est matérialisé par une architecture de galeries entou­ rant le temple et un théâtre. Précédemment, au cours de la première moitié du Ier siècle, on note aussi l'amé­ nagement de cet étonnant bois sacré artificiel.26

PRATIQUES DU CULTE La manière de conduire les cultes dans les sanctuaires gallo-romains est peu éclairée par les sources litté­ raires. Les pratiques sont nombreuses et le sens des rituels nous échappe à peu près totalement.27 Seules les offrandes abandonnées sur place nous livrent quelques indications. Dans le puits de Matagne-

245 Le complexe cultuel de Blicquy ( Ville d'Anderlecht): vue aérienne du théâtre. 246 Rouelle en étain provenant du puits du sanctuaire de Matagne-la-Petite, dédicacée à Jupiter. 247 Pied de calice en terra nigra découvert à la Fontaine des Turcs dans l'agglomération de Liberchies. Il porte une inscription constituant une dédicace à Apollon et à Mercure.

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la-Petite fut retrouvée une petite rouelle en étain portant une dédicace à Jupiter. Ceci nous autorise à identifier le destinataire du vœu émis par le fidèle. On en dira autant à propos du tesson de poterie découvert à côté d'une source à Liberchies et adressé à Mercure et Apollon.

Quant à connaître la nature du vœu émis à la divi­ nité, il faut pour cela que l'objet votif soit signifiant ou inscrit d'une légende. Cela peut être le cas dans les sites sacrés où sont honorées des divinités guéris­ seuses. On pense en particulier aux ex-votos figurant un phallus, des seins ou des yeux, tels que ceux retrou­ vés dans nombre de sanctuaires gallo-romains. À Matagne-la-Grande, il faut relever la découverte d'exvotos en forme de poitrine masculine et féminine. Mais la maladie n'est pas, loin s'en faut, la seule cir­ constance où le fidèle implore la divinité pour en obtenir une faveur. Une pratique courante consiste aussi en l'offrande d'outils miniaturisés, porteurs ou non d'une inscrip­ tion. C'est le cas pour des hachettes ou une faucille comme celle de Theux. Ces objets illustrent-ils un culte ou une prière adressée dans le cadre d'une acti­ vité professionnelle à la divinité? Il est bien difficile de trancher. Des rouelles en plomb ou en bronze cou­ lées en chapelet, réputées anciennes, se retrouvent également dans les sanctuaires. Quelques exemplaires proviennent du petit fanum de la Fontaine des Turcs à Liberchies, à Matagne-la-Petite et à Vodecée. Parmi les accessoires ayant servi à la pratique du culte, il en est un qui se retrouve de manière générali­ sée dans les sanctuaires; il s'agit d'un petit vase à encens en céramique. Il est galbé, sur pied et le bord est festonné. On en connaît de très nombreux exem­ plaires à Liberchies, Petit-Hallet, Matagne-la-Petite et Sauvenière, où on a retrouvé aussi des lampes. Les monnaies qui paraissent volontairement aban­ données sur place sont souvent très nombreuses. Elles figurent en grande quantité dans les cellae de Vervoz, Matagne-la-Petite et Matagne-la-Grande où elles sont concentrées, dans le temple B, autour de la base en pierre localisée au centre du lieu sacré. De même, on en trouvera dans le déambulatoire et dans le portique. Le puits de Matagne-la-Petite a, comme on peut s'y attendre, constitué un espace de choix pour ce genre de dépôt. Les sanctuaires témoignent, à leur façon, de la fusion des cultures.

248 Rouelles en plomb coulées en chapelet provenant du petit sanctuaire tardif de Liberchies. 249 Mobilier composant le remplissage de la favissa du sanctuaire de Baudecet à Sauvenière, avec vases à encens et lampes. 250 Vases à encens ou brûle-parfums découverts dans l'espace cultuel du temple de Petit-Hallet.

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Chapitre VIII

NÉCROPOLES ET COUTUMES FUNÉRAIRES

Tout individu mérite une sépulture décente et le légis­ lateur romain s'est attaché à ce que ce soit le cas. Au surplus, la société était soucieuse d'encadrer les funé­ railles par un culte, dit funéraire. En dehors des céré­ monies liées au jour de la mise en terre du défunt, le culte du mort se poursuivra bien des années durant.1 Toutefois, la mort ne se présente pas exactement de la même façon que Ton soit riche ou pauvre, que Ton appartienne au milieu urbain ou au milieu rural. Une autre question se pose d'emblée: dans quelle mesure, les habitudes romaines ont-elles pu influencer les pra­ tiques funéraires autochtones? Au iT siècle, en tout cas, on s'aperçoit que le rituel d'origine romaine a connu une intégration parfaite dans nos régions.2 Les cimetières romains retrouvés sur notre territoire sont extrêmement nombreux. On peut en relier un certain nombre avec le milieu urbain ou avec les agglomérations, certains autres, situés dans un cadre rural, peuvent plus malaisément être mis en relation avec tel ou tel habitat ou un domaine agricole. Il existe aussi des sépultures isolées, au nombre des­ quelles se trouvent souvent les tombes tumulaires éle­ vées dans les propriétés foncières ou en bordure du réseau routier principal ou secondaire.3 La normalisation des pratiques funéraires et l'éléva­ tion du taux de la population aux 11e et 111e siècles font que nous disposons de beaucoup d'exemples de cime­ tières pour cette époque. En revanche, le tableau est plus sombre en ce qui concerne la séquence de transi­ tion entre la fin de la période celtique et le début du Ier siècle après J.-C. Pour mieux appréhender ce pas­ sage d'une culture à une autre, nous nous appuyons encore souvent sur quelques exemples-phares. Pour le monde des Trévires, il s'agit d'un ensemble de nécro­ poles prestigieuses découvertes en Allemagne et au Grand-Duché de Luxembourg, comme celles de Wederath, Goeblingen-Nospelt, La Madeleine, Feulen et Bonnert (Gaichelknap), près d'Arlon. Pour les Nerviens, on se réfère à Péronnes-lez-Binche et à Harmignies. 4 Les coutumes funéraires constituent aussi un thème privilégié de la recherche. Certains travaux récents montrent tout l'intérêt qu'il y a de développer des études régionales où des particularités peuvent en effet apparaître.5

251

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LES NÉCROPOLES Les normes sont assez strictes du point de vue du choix du site funéraire. La loi romaine impose qu'il se trouve en dehors des zones habitées. Elle paraît bien avoir été suivie en Gaule du Nord. Seules les tombes de jeunes enfants ou de nourrissons peuvent faire exception parce qu'ils sont parfois inhumés, et non pas incinérés, dans la maison. On en trouve un bon exemple à Clavier, Vervoz, où quatre corps de nourris­ sons avaient été enterrés dans une galerie des thermes de l'agglomération ou dans une fosse. Elles remontent à la seconde moitié du iT siècle après J.-C.

Les nécropoles urbaines et d'agglomérations Les centres urbains sont dotés de plusieurs nécropoles implantées hors les murs. Elles s'étendent au-delà des portes de la ville, sur une distance d'autant plus consi­ dérable qu'elles sont accolées aux axes routiers qui quittent la cité. Le voyageur qui pénètre en ville longe donc, avant d'y arriver, une zone funéraire intermina­ ble. À Tongres, les nécropoles se situent pour l'essen­ tiel le long de la voie Bavay-Cologne, à Test et à l'ouest des remparts urbains. Les sépultures anciennes se trouvent bien à l'écart des murs, les tombes les plus récentes se rapprochent d'eux. En milieu d'agglomérations, la même situation pré­ vaut, si ce n'est que, faute de remparts, la limite à par­ tir de laquelle on peut recevoir le permis d'enterrer, nous paraît forcément plus floue. La situation péri­ phérique des cimetières est bien attestée pour un cer­ tain nombre de vici routiers, comme: Pommerœul, Waudrez, Flobecq, Blicquy (Camp romain), Amay, Clavier-Vervoz, Jupille-sur-Meuse, Theux et Saint-Mard. La multiplication des nécropoles rejetées à l'extérieur des grandes agglomérations est un fait bien avéré à Tournai, Arlon et Namur. Pour la région de Namur même, l'éloignement de certains cimetières n'aide pas à savoir s'ils peuvent tous être attribués à l'agglo­ mération ou à quelque établissement rural proche. Avec plus de cinq cents sépultures, l'agglomération de Blicquy (Camp romain), donne une bonne idée de l'importance de ces enfouissements et de celle de la population qu'ils représentent.

La tombe monumentale d'Hottom ont à Grand-Rosière-Hottomont, le long de la voie de Bavay à Cologne.

NÉCROPOLES ET COUT UMES FUNÉRAIRES I

252 Localisation des nécropoles reconnues autour de l'agglomération gallo-romaine de Namur. Les cimetières s'égrènent le long du réseau routier, mais ils doivent la plupart du temps dépendre davantage du milieu rural que du site urbain.

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D'une manière générale, aucune structuration pré­ cise des sites funéraires n'est réellement perceptible, si ce n'est que les abords directs de la voie sont souvent réservés à des tombes monumentales, en particulier des tumulus.

Les nécropoles rurales Lorsqu'il s'agit des cimetières mis en dépendance d'une propriété foncière, ils sont fréquemment rejetés en bordure de celle-ci. On aura tendance à choisir un lopin de terre aux qualités agronomiques mauvaises, situé entre 300 m et 700 m de l'habitat. Tout en étant installées à la limite du domaine, ces nécropoles peu­ vent aussi être liées aux chemins vicinaux ou privés qui les parcourent. Beaucoup de tumulus, en Hesbaye, ont été placés de la sorte, pour des raisons de visibi­ lité. L'établissement rural lui-même peut s'offrir deux cimetières distincts, qui se discriminent aisément d'après le nombre de sépultures qu'ils contiennent et la qualité des dotations funéraires. Il s'agit alors pour l'une d'une petite nécropole réservée aux propriétaires et exploitants du domaine et pour l'autre d'un cime­ tière plus pauvre, où a été enterré le personnel d'ex­ ploitation. On en connaît plusieurs cas, notamment à Rognée. Les sépultures des propriétaires de la villa sont

parfois aménagées en périphérie du domaine, à peu de distance de l'habitat, voire à l'intérieur de la cour pri­ vative. L'ordonnancement de ces petits cimetières ne paraît pas répondre à des règles fixes. Les cimetières à incinération du Haut-Empire ren­ ferment des sépultures selon un plan désorganisé. Leur étude permet de réunir de l'information sur les coutumes funéraires en usage, par exemple du point de vue du recours au bûcher commun ou privatif, de la présence de tombes avec cendres dispersées ou ras­ semblées, comme à Wanzoul, ou de l'aménagement physique des tombes, comme à Biesme. Quelques délimitations, sous la forme de fossés, sont parfois mises en évidence, ou ils se trouvent appuyés contre une limite de parcellaire, comme à Braffe et à Petit-Enghien.

LES RITES FUNÉRAIRES Dans l'Antiquité, on a pratiqué deux rites funéraires parfaitement opposés : l'incinération et l'inhumation. Pour ce qui concerne la Gaule du nord, on ne s'éton­ nera pas que la coutume de l'incinération s'impose d'elle-même au début de la période romaine. En effet, la zone en question est sous la coupe de traditions ou

O

O Sépulture en pleine terre ■ I Caveau en tuiles M l Caveau en pierres

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Dispersion des tombes à incinération dans une petite nécropole rurale, d'après l'exemple de la Plate Terre à Biesme, qui en contenait quatre vingt-deux, reconnues par les fouilles. En ce qui concerne les aménagements, on distinguera les situations suivantes: les sépultures en pleine terre, les caveaux en tuiles, les caveaux en pierres (deuxième moitié du ns siècle - début du me siècle).

NÉCROPOLES ET CO UT UM E S FUNÉRAIRES I

d'influences qui vont exactement dans le même sens. Le conquérant apporte dans ses bagages une habitude funéraire qui lui est ancestrale. C'est depuis les vne et VIe siècles avant J.-C. que l'incinération s'est diffusée à Rome; il est donc naturel qu'elle l'impose progressive­ ment aux pays conquis. En Gaule, le terrain avait été bien préparé car, au moment de la conquête, le rite de la crémation y était déjà très répandu. En effet, en Gaule septentrionale, la crémation est en usage pen­ dant toute la période de La Tène. En Gaule centrale et méridionale, les deux rites coexistent au La Tène II et l'incinération prédomine au La Tène III, mais l'évolu­ tion est très variable selon les régions. De la même manière, l'influence germanique a été déterminante, au moins en ce qui concerne le substrat de population qui occupait la rive gauche du Rhin et le futur territoire de la Gaule Belgique. La tradition germanique est en effet l'incinération. Les Germains d'Allemagne centrale et du bassin de l'Elbe ne pren­ dront l'habitude d'inhumer leurs morts qu'après le milieu du me siècle de notre ère. Dans le territoire qui nous concerne, le rite de l'inci­ nération est donc dominant aux deux premiers siècles après J.-C. Peu à peu, par la suite, l'inhumation appa­ raît à côté de la crémation pour la supplanter finale­ ment au cours de la seconde moitié du 111e siècle.5

L'incinération L'incinération est la mise à feu du corps du défunt, accompagné de ses vêtements et d'une dotation funé­ raire, sur le bûcher. On recourt généralement au bûcher public installé dans le cimetière. Il s'appelle Vustrinum. Les restes de l'individu sont transférés, après la crémation, dans une sépulture particulière qui a été construite pour lui. Il est assez rare de découvrir ce type d'infrastruc­ ture qui devait néanmoins exister à un endroit ou à différents endroits de chaque cimetière. Pour certai­ nes tombes, comme celle de Sombreffe, il peut avoir été question de la construction d'un bûcher privé, comme c'est d'ailleurs toujours le cas pour les enter­ rements sous tumulus. Certains défunts demandent qu'on leur réserve un bûcher particulier, qui est dit tombe à bustum. Dans ce cas, bûcher et sépulture ne feront qu'un. On creuse

une fosse en terre, on dispose au sommet de la fosse une plate-forme en bois qui est portée par des poutres assemblées en quinconce et des éléments organiques facilitant la propagation des flammes. On place le corps sur cette construction éphémère et on y met le feu. Après consumation des restes qui tombent au fond de la fosse, celle-ci est remblayée. Dans ce cas de figure, les matières incandescentes qui descendent

254 L'ustrinum de Sombreffe: autour de restes de charbon de bois et de clous se dessinent deux zones de combustion, l'une plus dense et l'autre plus éparpillée (période flavienne). 255 Reconstitution d'une tombe à bustum, avant la mise à feu. Des bois entrecroisés ont été placés au-dessus de la fosse. La dépouille mortelle sera posée au sommet du bûcher.

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lentement dans la fosse produisent une rubéfaction des parois de celle-ci. L'archéologue n'a donc aucune peine à identifier ce type de sépulture particulier, au fond de laquelle on retrouvera aussi une couche plus ou moins épaisse de charbon de bois, des ossements et des fragments d'objets dispersés dans le désordre. On pense avoir observé cette situation à Presles, Wanzoul, Jupille-sur-Meuse, Theux et Remagne. À l'examen des charbons de bois, on s'aperçoit que le chêne est souvent utilisé pour alimenter le bûcher, mais ceci n'exclut pas le recours à d'autres essences. Quant à la température atteinte pour la crémation, elle n'est pas très élevée et elle produit déjà ses effets à par­ tir de 300 °C, même si la norme a dû être de 820 °C à 900 °C.

me siècle après J.-C. Elle est d'abord enregistrée dans les milieux urbains. On peut donc considérer que le recours à cette pratique est un témoignage de romani­ sation, puisque le changement de rite funéraire s'est opéré déjà à Rome un peu plus tôt. En aucun cas, à cette époque, la modification de la mode ne peut être attribuée au Christianisme qui est trop peu répandu en Gaule à ce moment pour qu'il puisse avoir été le ferment de l'abandon du rite de la crémation. D'ail­ leurs, la pratique de la crémation n'est pas totalement oubliée, au IVe siècle, en particulier en milieu rural.

LA SÉPULTURE A m énagem ent de la sépulture

L'inhumation L'inhumation consiste, comme de nos jours, à la dépose du défunt dans une fosse creusée pour lui. La fosse est ajustée à la taille du défunt. Lorsque la cou­ tume se répand, à la fin du me siècle, d'ajouter un cer­ tain nombre d'offrandes et d'objets à la tombe pour accompagner le mort, celle-ci peut présenter des dimensions plus grandes. Elles sont plus longues que le corps, si le mobilier est disposé aux pieds ou à la tête; plus larges, si des banquettes sont aménagées pour recevoir le mobilier funéraire placé en ligne, sur le côté. Des cas similaires sont apparus fréquents dans la nécropole de la rue Perdue à Tournai. L'inhumation est aussi utilisée sporadiquement au début de la période romaine. Mais, elle ne fera réelle­ ment sa réapparition en Gaule, que vers le milieu du

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Les sépultures gallo-romaines ne présentent pas toutes un caractère monumental, les tombes sous tumulus ou liées à une construction architecturale demeurent exceptionnelles. La plupart du temps, elles consistent en un aménagement souterrain peu élaboré et sans luxe. Il s'agit de confier à la terre, à un emplacement désigné dans le cimetière, les restes incinérés du défunt et quelques dépôts votifs qui accompagnent ses ossements. Le tout ne prend pas une grande place et se résume en une fosse creusée à peu de profon­ deur, dans laquelle on disposera les éléments. La première question est celle qui concerne la manière dont on organisera le dépôt des ossements cal­ cinés. Celui-ci peut se faire par l'intermédiaire d'un récipient. On recourt alors à ce que Ton appelle une urne cinéraire. La plupart du temps il ne s'agit que d'un vase en céramique assez haut, qui fait l'objet d'une uti­ lisation secondaire. Beaucoup de ces urnes funéraires ne sont en fait que des vaisselles culinaires de remploi. Des vases en verre ou en bronze apparaissent plus rare­ ment pour cet usage. Ils figurent plus volontiers dans les tombes riches ou dans les tumulus, comme à Frizet. D'autres récipients, d'une matière plus élaborée, n'ont été conçus que pour cette seule destination, comme par exemple, l'urne en marbre de FontaineValmont, à Dansonspenne, ou des caissettes en plomb de forme ronde ou carrée, comme à Cortil-Noirmont, Penteville, Fontaine-Valmont, Bois-et-Borsu, Clavier, Bohan, Tirlemont.

Une sépulture à inhumation dans le cimetière de la rue Perdue à Tournai, des environs de 320 après J.-C., avec dépôt funéraire.

NÉCROPOLES ET COUT UMES FUNÉRAIRES I

On rencontre aussi couramment des sépultures dans lesquelles les ossements incinérés n'ont pas été placés dans un récipient. Ils se trouvent à même le sol, parfois en petits tas. Tout au plus peut-on penser qu'ils avaient été emballés, au moins primitivement, dans un sac de toile. Des cas où les ossements inciné­ rés ont été déposés mélangés aux charbons de bois de la crémation ont aussi été enregistrés. Ils témoigne­ raient d'un enterrement rapide et peu soigneux. La tombe dont il est question peut n'avoir été qu'une simple fosse creusée dans le sol, destinée à loger les ossements ou l'urne funéraire et diverses pièces de mobilier qui, après dépôt, a été immédiate­

ment emblayée. Dans certaines régions, on profite des anfractuosités du rocher, comme en Famenne ou à Cerfontaine. Souvent, toutefois, cette fosse a fait l'objet d'un aménagement plus ou moins élaboré. Il existe une série de sépultures à coffrage; dans le fond de la fosse a été construit un petit caveau dans lequel on logeait le dépôt. Il y a des modèles de caveaux en bois, faits de planches assemblées avec couvercle. Ce sont les clous qui permettent de restituer, d'après leur emplacement, la forme et les dimensions du réceptacle. Le caisson peut être en pierre : on assemble des moellons ou des dalles, sans liant ou fabriqué au moyen de tuiles plates. Il en faut au moins six, comme à Monceau-surSambre, pour construire ce type de caveau. On cite aussi les exemples de Waudrez, Bléharies, Blicquy, Amay, Thuin, Biesme, Flavion, Onhaye et Wépion. Il peut y avoir des usages régionaux. La sépulture aménagée dans un bloc de pierre n'est pas répandue, il s'agit alors de véritables caisses en pierre. Cette tech­ nique est souvent représentée dans les cimetières du sud du pays. En Thiérache, en Gaume, on recourt à des caveaux monolithiques; ce sont des blocs d'arkose ou de grès qui sont spécialement taillés de façon à ménager en leur centre une cavité apte à recevoir l'urne funéraire. Dans le cas de l'inhumation, les usages sont moins nombreux. Il s'agit de confier à la terre non seule­ ment le défunt mais aussi le mobilier qui peut l'ac­ compagner.

257 Le dépôt des ossements incinérés est organisé dans la tombe, soit par l'intermédiaire d'un récipient (urne cinéraire) (a), soit ils sont déposés à même le sol ou dans un emballage périssable (b). Les deux exemples proviennent de la nécropole du Hunenknepchen à Sampont, Hachy. Dans la première tombe, l'urne funéraire est un plat. Dans la seconde, la présence de clous sur le tas d'ossements incinérés laisserait à penser qu'ils était enfermés primitivement dans une caissette en bois. Ces deux sépultures datent du milieu du F siècle après J.-C. 258 L'urne en verre renfermant les ossements incinérés d'une sépulture sous tumulus de Frizet, à Vedrin (90-100 après J.-C.). 259 L'urne cinéraire en marbre blanc de Fontaine-Valmont, trouvée au hameau de Dansonspenne. La sépulture elle-même se situe au milieu du I I e siècle après J.-C. 260 Le coffre cinéraire en plomb de Penteville, à Cortil-Noirmont. Il a une forme carrée et a été fabriqué au moyen de deux tôles pliées à angle droit et soudées. Le couvercle est orné d'un cercle gravé, entourant un carré (160-190 après J.-C.).

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Dotations funéraires

Les inhumations en pleine terre ne sont pas rares, pas plus que les enveloppes prévues pour entourer le corps. Il peut s'agir d'un simple linceul. Le cercueil de bois, cloué, à la forme d'un parallélépipède régulier et non pas losangique, est très usité à partir de la fin du u ie siècle. Il est fait usage de manière exceptionnelle de sarcophages, qu’ils soient de pierre ou de plomb. À Tournai, rue Perdue, on ne connaît que deux sarco­ phages de plomb pour toute la nécropole fouillée; l'un d'eux était historié de scènes bachiques.7

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L'organisation des funérailles incombe le plus sou­ vent à la famille du défunt. Dans les tombes du HautEmpire, la très grande majorité des offrandes est livrée aux flammes du bûcher avec la dépouille, il en résulte une perte d'informations irréparable. On a coutume de distinguer quatre catégories de mobilier figurant dans les sépultures, cette répartition correspond bien à des actions parfaitement auto­ nomes : les effets personnels du défunt, les dépôts ali­ mentaires, les dépôts symboliques et les dépôts secon­ daires. 8 Le défunt a été habillé au jour de la cérémonie de ses funérailles selon ses vœux. Il emporte donc dans l'au-delà non seulement les vêtements et les objets de parure qu'on lui a mis, mais aussi un certain nombre d'objets personnels auquel il tenait. Il suffit de pren­ dre connaissance du fameux testament du Lingon pour se rendre compte de l'étendue et de la variété des objets que cela pouvait signifier: Je veux que tout mon attirail pour chasser et prendre les oiseaux soit brûlé avec moi, avec mes épieux, mes glaives, mes coutelas, ... mes litières de bain, ma chaise à porteurs, ... mon canot léger en vannerie... Toutes ces catégories d'objets peuvent donc se retrouver sur le bûcher et certains d'entre eux en total état de fusion, dans l'urne funéraire de la tombe. Il

L'aménagement de la sépulture à incinération. Une tombe en pleine terre dans la nécropole de Saint-Quentin à Tournai (a), un caisson en pierres à Thuin (b), un caveau en dalles de pierre à Liberchies (c) et un coffrage de tuiles à Thuin (d). 262 Reconstitution d'une sépulture au musée archéologique d'Arlon, constituée par un bloc de pierre évidé, découvert à Sainte-Marie-surSemois (Fratin). 263 Le sarcophage en plomb de la rue Perdue à Tournai, orné de motifs dionysiaques (vers 300 après J.-C.).

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NÉCROPOLES ET CO UT UM E S FUNÉRAIRES I

n'est pas rare, en effet, de relever la présence, dans l'urne, de perles en verre, de bagues, d'épingles en os, de boucles, de fibules ou de petits objets en métal déformés ou calcinés. Certaines pièces de vaisselle ou de nourriture peuvent également avoir été déposées sur le bûcher. À l'inverse, certains objets personnels ont été placés intacts dans des petits coffrets en bois, enfouis à côté des ossements, comme à Strée, Solresur-Sambre et Braffe. La question des sépultures renfermant une arme est aussi intéressante, même si cette situation n'est pas très fréquente durant le Haut-Empire.9 La seconde catégorie vise des dépôts alimentaires, de véritables quartiers de viande: de la vollaille, du porc, du bœuf, des fruits et des légumes, représentés par des pépins ou des noyaux. Dans les sépultures à inhumation, comme à Tournai, on observe que des pièces de viande ont souvent été placées dans des

assiettes ou des plats en céra­ mique ou en bois. La troisième catégorie d'objets est constituée d'ob­ jets à caractère symbolique, comme des monnaies, des lampes, des statuettes. La pièce de monnaie consi­ dérée comme une taxe de passage, le naulum, placée dans l'urne ou dans le cercueil fonde cette théorie. Certains squelettes, à Tournai, avaient reçu lors de la mise en bière une monnaie en bronze fichée dans la bouche, ce qui a eu l'effet de communiquer une coloration verdâtre intense, issue des oxydes du métal, à une partie des mâchoires. D'autres objets spécifiques placés en guise d'offrande relèvent plus nettement de la symbolique religieuse; on pense surtout aux lampes à huile apparaissant assez souvent dans les tombes et servant à guider l'âme dans les ténèbres ou à des statuettes en terre cuite, comme à Bovigny. Il y a beaucoup d'objets miniaturisés: che­ nets, petits bols, soucoupes. Il y a des statuettes ani­ males, comme à Courcelles, Strée, Rognée. En outre s'ajoute aussi le bris apparemment rituel de vaisselle comme pour marquer la fin du cycle. La quatrième catégorie d'objets que l'on repère immédiatement parce qu'ils se trouvent entiers ou en bon état est constituée par de la vaisselle, des pièces de monnaie ou autres objets, qui n'étant pas passés sur le bûcher, ont été glissés dans la tombe après l'opération de crémation et au moment de la cérémonie funèbre. C'est ainsi que l'on trouvera même dans les tombes à bustum, des objets entiers qui ont été déposés dans le fond de la fosse, après le refroidissement des cendres issues de la mise à feu et avant que Ton ne referme la fosse. A fortiori en est-il de même dans les sépultures à incinération et à inhumation, où Ton organise le dépôt d'un certain nombre d'objets qui n'apparte­ naient pas nécessairement au défunt. Comment interpréter ce dépôt secondaire? S'agit-il de dotations votives abandonnées par la famille pour accompagner le défunt dans l'éternité? S'agit-il du service de vaisselle utilisé sur place lors des libations funèbres, que la famille a offert au défunt? Beaucoup de donations ne sont pas à proprement parler de première fraîcheur. En revanche lorsque Ton retrouve des ossements d'animaux placés sur une

264 Dépôt funéraire d'une série de céramiques, d'une lampe et de disques en os qui ont été passés par le bûcher, dans une sépulture de la nécropole de Petit-Enghien. 265 Dépôt funéraire d'objets personnels enfouis à l'intérieur d'un coffret en bois dans une sépulture de Braffe. Il contenait des éléments de parure féminine: fibules émaillées, bracelets, collier. 266 Fréquence des offrandes alimentaires dans les sépultures de la nécropole urbaine de la rue Perdue à Tournai. Les pièces de volaille sont les mieux représentées, celles de porc et de bœuf sont plus rares.

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Dans le cadre de l'inhumation, l'étroitesse du cer­ cueil interdit d'y déposer des mobiliers volumineux. On y trouvera plus clairement des objets en rapport avec le vêtement du défunt: bijoux et fibules, colliers, accessoires de ceinture, qui occupent dans la tombe la place normale qu'ils occupaient sur le vêtement; les chaussures, en revanche, ont été enlevées des pieds et ont été déposées dans un angle du cercueil ou derrière la tête. Seule exception: la pièce de monnaie qui représente le naulum, voire une bourse de monnaies en bronze, qui, à la fin du me siècle, n'avaient plus guère de valeur. Le mobilier d'offrande, dans les tombes à inhuma­ tion, figure souvent à l'extérieur du cercueil. Il a donc été certainement déposé une fois la bière descendue dans la fosse et probablement à la fin des libations funèbres. Il sera disposé soit sur le couvercle du cer­ cueil, soit, si l'excavation est suffisamment grande, à ses côtés.10

Population Dans un certain nombre de cas, une étude anthropo­ logique des restes osseux a pu être conduite. Elle s'at­ tache à la paléopathologie, à la détermination du sexe et de l'âge du défunt, où l'on s'aperçoit que l'âge moyen de mortalité est de l'ordre de 45 ans. Quelques traces d'affections dont a souffert la personne sont plus facilement détectables, notamment la spondylarthrose. Malgré un taux de mortalité élevé, on a de la peine à retrouver les sépultures infantiles ou des nouveauxnés. Le comportement particulier qu'ont eu les Anciens à ce propos explique peut-être cette situation. Lorsqu'ils ne sont pas inhumés à proximité des habi­ tations, ils ont pu l'être dans des sites réservés ou à la périphérie des cimetières.11 assiette, on a tout lieu de croire qu'il s'agit de la part du mort qui, assistant au banquet final, ne pouvait qu'emporter sa ration outre-tombe sans y goûter. Le nombre de pièces de vaisselle, en céramique, en verre ou en métal, est parfois impressionnant. Cette situation dépasse une norme raisonnable lorsque nous avons affaire à des tumulus, où les dotations se regroupent par services entiers en céramique, en verre ou en bronze.

Signalisation La signalisation de l'emplacement de la tombe a dû retenir l'attention des Anciens. Le peu de sépultures qui se recoupent l'indique clairement. Pour la plupart d'entre elles, c'est le bois qui a été utilisé, ce qui entraîne que l'on n'en ait jamais conservé la trace.

267 Parmi les dépôts funéraires symboliques, les lampes sont souvent rencontrées, la flamme et la lumière jouissant d'une signification apotropaïque. 268 Dépôt funéraire secondaire rassemblé dans une tombe de Namur, place de l a Wallonie (seconde moitié du Ie r siècle).

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269 Le caveau en pierre du tumulus de Penteville à Cortil-Noirmont renfermait un coffret en plomb pour la conservation des cendres du défunt (28) et une dotation funéraire abondante, riche et variée. Parmi celle-ci se distingue de la céramique (en rouge), des pièces de verrerie (en bleu), de la vaisselle et une lampe en bronze (en vert), des objets en fer (en gris), en pierre (noir) et en os (jaune).

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L'inscription sur pierre est plus rare. Elle prend sou­ vent l'allure d'une stèle funéraire dressée à l'emplace­ ment de la tombe. Les stèles funéraires apparaissent plus volontiers dans les centres urbains. Les cippes sont des blocs de pierre destinés à couvrir les espaces où l'on avait placé l'urne cinéraire. Dans le cas des tombes plus monumentales sous tertre, il est clair que l'on s'attend à une signalisation d'autant plus évidente qu'elle concerne un person­ nage en vue. L'inscription en l'honneur du décurion Victorius Caupius trouvée dans le tumulus de Vauxlez-Cherain avait sans doute été placée primitive­ ment sur le tertre ou à sa base. À Herstal, une pierre conique en forme de masque tragique fut retrouvée sur place.12

LES M ONUM ENTS FUNÉRAIRES L'élite adopte des habitudes funéraires plus ostenta­ toires, qui donnent lieu à l'érection de monuments funéraires. À chaque région s'attachent des modes de construction bien différents. La Hesbaye est particu­ lièrement riche en tumulus, tandis que dans des zones propices au travail de la pierre, comme en Gaume ou dans le Hainaut, le choix des commanditaires se por­ tera plus naturellement vers l'exécution de monu­ ments sculptés. Parmi les monuments qui se trouvent rehaussés de sculptures ou d'une inscription, on retient les mauso­ lées, les piliers et les stèles funéraires. L'archéologie nous met, enfin, en présence de nom­ breux caveaux de grandes dimensions dont la super­ structure a disparu. Il n’est pas aisé, dans ce cas, d'ima­ giner quelle en fut la physionomie, même si on pense généralement qu'il s'agissait de mausolées ou de piliers funéraires. On sait que ces ensembles funéraires se retrouvent éparpillés le long des routes à la périphérie d'une agglo­ mération, dans un cimetière, en limite de domaine agricole ou à côté d'une résidence importante. Les monuments funéraires les plus grands peuvent matérialiser l'existence d'une concession funéraire réservée à une communauté familiale. Celle-ci re­ groupe ses morts dans un enclos au sein duquel figure un ou plusieurs monuments. Celui-ci peut être un

270 Courbes de l'âge de mortalité chez l'homme, la femme et l'enfant dans le cimetière de la rue Perdue à Tournai.

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tumulus, un mausolée ou un pilier. Un autel funéraire peut être associé au monument. Quelques cas illustres nous mettent en présence de pareils regroupements. À Antoing, Billemont, le tumulus est accosté par un enclos dans lequel figure un vaste caveau sans doute primitivement recouvert par un mausolée ou un pilier et quelques sépultures privilégiées à incinération. Un autre enclos funéraire à Antoing, Guéronde enfermait deux caveaux encadrant une base de monument. À Fontaine-Valmont, le site sacré a révélé deux caveaux voisins, certainement recouverts par un mausolée et disposant chacun d'une petite clôture, le complexe étant en outre doté d'une base de pilier funéraire et de sépultures à incinération modestes. À Grosage, on dénombre trois caveaux et deux bases carrées ayant pu servir de bases de pilier.

Les caveaux m onumentaux La fouille archéologique menée dans quelques nécro­ poles ou dans des complexes funéraires exceptionnels nous met en présence de structures souterraines

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Le caveau funéraire de Fontaine-Valmont, de plan circulaire, à l'avant-plan. La vue montre l'état de progression des fouilles dans le complexe religieux des Castellains. TJ2. L'un des caveaux funéraires de Guéronde à Antoing.

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constituées de caveaux, dont nous ne pouvons resti­ tuer à coup sûr la forme architecturale du monument qui a été érigé à la surface du sol. La province du Hainaut nous en a révélé un grand nombre. Outre les cas répertoriés plus haut d'Antoing, de Fontaine-Valmont et de Grosage, on retiendra aussi ceux de Ath, Maffle et Wadelincourt.13 Les caveaux en question peuvent être quadrangulaires ou circulaires dans leur mise en œuvre. Ils accueillent au centre de la maçonnerie une chambre carrée ou rectangulaire, parfois dotée de niches.

Les tumulus Les sépultures les plus en vue ont donné lieu à l'érec­ tion d'un tumulus ou tertre funéraire. Les tumulus les plus anciens se rattachent à des tra­ ditions ancestrales locales. Le territoire des Trévires abrite beaucoup de tertres regroupés au sein de nécro­ poles plus ou moins importantes dont les sépultures appartiennent tant à la fin de la période celtique qu'au début de l'époque romaine, comme à Hachy. À ce moment, elles n'offrent pas la monumentalité qu'elles vont acquérir par la suite, et, n'excédant pas une hauteur de 2 m, elles recouvrent les restes du bûcher funéraire, des ossements brûlés et un mobilier souvent limité. On en a quelques exemples dans diffé­ rentes régions.14 Un siècle plus tard, il est question d'un autre monu­ ment funéraire plus ostentatoire dont l'apparition est liée à la mise en place d'une nouvelle aristocratie ter­ rienne. Les grands tumulus, particulièrement nom­ breux en Hesbaye, émaillent alors le territoire de leur silhouette altière. Ils passent pour être les monuments les plus représentatifs de la romanisation de nos contrées.15 La période durant laquelle ont été mises en service ces sépultures privilégiées est assez courte, dépassant à peine un siècle. On admet qu'elles n'existaient pas avant le milieu de la période flavienne et que cette coutume fut progressivement abandonnée sous les Sévères. Le tumulus le plus ancien est celui d'Avennes, à côté de l'agglomération de Braives (80 après J.-C.), le plus récent, celui de Celles (dernier quart du IIe siècle). Quelques autres plus tardifs existent dans les régions voisines.

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Si le phénomène est avéré dans quelques provinces septentrionales de l'Empire, il est attesté dans nos régions de manière spectaculaire. La carte de réparti­ tion de ces monuments indique une forte concentra­ tion de ceux-ci dans la plaine hesbignonne et dans une mesure moindre sur les plateaux du Condroz et de l'Entre-Sambre-et-Meuse. Un lien très clair apparaît donc entre la cité des Tongres et cette habitude funé­ raire qui y a connu une grande popularité. Le territoire de la cité des Nerviens est moins concerné. Quant à la zone ménapienne, on ne lui connaît que ceux de Rumes et de Taintignies. Les tumulus sont implantés le long des voies princi­ pales, par exemple le long de la route de Bavay à Cologne et celle qui unit Tongres à Arlon. Ils ne sont pas toujours regroupés dans la proximité immédiate d'une agglomération, comme à Braives; ils s'égrènent également le long de la voie, sans relation avec un site d'habitat routier, comme à Omal, Villers-le-Peuplier et Grand-Rosière-Hottomont. On en trouve aussi le long des routes secondaires, comme à Taintignies ou dispersés dans la campagne, certains de ces monu­ ments ayant pu être implantés en limite de propriété foncière.

Plan de la nécropole de Hachy comprenant une douzaine de petits tertres, de la période de Caligula à Claude.

NÉCROPOLES ET CO UT UM E S FUNÉRAIRES I

274 Carte présentant la dispersion des tombes sous tumulus, dans les cités des Ménapiens, Nerviens, Tongres et dans le sud-ouest de la cité des Trévires. 275 Quelques toponymes en relation avec des tumulus gallo-romains sur les cartes topographiques de Hesbaye: Tombes, Tombes du Soleil, À la Tomballe, Au Tombu, La Tombe.

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Ils peuvent être isolés comme à Glimes, Grand-Rosière-Hottomont, Piétrain, Othée, Xhendremael, Avernas-le-Bauduin, Blehen, ou être groupés par deux, comme à Cortil-Noirmont, Tourinnes-Saint-Lambert, Thorembais-Saint-Trond, Waremme, Forville, Vedrin, voire par cinq, comme à Omal. Beaucoup d'entre eux nous échappent parce qu'ils ont été nivelés ou supprimés du paysage, depuis la période médiévale ou la mise en culture intensive de terrains qui, en Hesbaye, sont d'excellente qualité. Mais le dépouillement des cartes anciennes, comme celles du Chevalier de Beaurain, de Fricx, de Capitaine et de Ferraris permettent d'en ressusciter plus d'un, par le biais de l'enquête toponymique, comme ceux de Herstal, Antoing et Taintignies. Le recours à la pho­ tographie aérienne réserve aussi des surprises.16 En ce qui concerne l'apport de la toponymie à la localisation des tertres, il est effectif. Mentionnons quelques noms de lieux-dits significatifs à cet égard : le Champ des Tombes, à Cortil-Noirmont et le Champ de la Tombe, à Piétrain, Al Tombe, à Xhendremael, Thier à la Tombe, à Eben-Emael, Campagne des Tombes, à Latinne, aussi désignés Tombe d'Yve, sur les cartes anciennes, Tombe de l'Empereur, à Villers-le-Peuplier, Bois des Tombes, à Waremme et à Vedrin, Campagne de Tombal, à Ambresin et Al Tombe, à Herstal, qui est le site d'un tumulus arasé. La photographie aérienne peut nous restituer la forme et l'emplacement d'un tumulus

arasé, par le contraste de couleurs des terres remaniées. Ainsi en a-t-il été par exemple pour le tumulus arasé de la région de Tourinnes-Saint-Lambert. Le tumulus, avec sa masse de terre qu'il fallut dépla­ cer, représente un travail considérable. Ils ne sont pas loin de dépasser aujourd'hui encore une hauteur de 10 m pour un diamètre de 40 m. Le plus imposant d'entre eux est celui de Glimes, avec une hauteur de 15 m pour un diamètre de 52 m à 55 m. La tombe de Grand-Rosière-Hottomont culmine à 11 m, pour un diamètre de 50 m. Sous le tertre figure la tombe placée le plus souvent dans un caveau aménagé sous la surface du sol ancien. La profondeur de la fosse varie: 0,60 m à Glimes, 1,70 m à Piétrain et 2 m à Hodeige. Elle peut être plus ou moins centrée ou décentrée mais les modifications inévitables apportées par le temps au relief primitif du tumulus ne garantissent pas qu'on puisse localiser le caveau avec aisance. Les soldats des armées françaises des xviie et xvine siècles ont procédé plus d'une fois à un pillage du contenu de ces tombes mais il leur est aussi arrivé de passer à côté du caveau, comme en témoignent des galeries creusées au mauvais endroit. La même technique a prévalu pour les explorations conduites dans la seconde moitié du xixe siècle et au début du siècle suivant par les archéologues. Le caveau est en bois ou en pierres; il peut avoir des dimensions assez imposantes. Pour ce qui concerne

276 Vue aérienne prise dans la région de Tourinnes-Saint-Lambert révélant un tumulus arasé. 277 Reconstitution du tumulus de Billemont à Antoing : le tertre funéraire a été réédifié en 1983.

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les constructions en bois, on en connaît par exemple à Cortil-Noirmont, Aiseau, Blehen, Eben-Emael, Herstal et Vedrin. On a pu voir que celles correspon­ dant à un modèle plus étroit étaient de grands coffres cloués atteignant 2,50 m2 de superficie. Les autres sont coffrées sur place et certaines de ces chambres funé­ raires développent une surface de 15 m2. Les caveaux en pierres ne sont pas rares, comme à Glimes, CortilNoirmont (Penteville), Taintignies et Cherain. Celui de Penteville affiche des dalles épaisses et développe un caisson de 0,90 de hauteur pour une largeur et une longueur respectivement de 2 m et 2,50 m. Le défunt incinéré était accompagné d'une dotation funéraire non seulement très abondante mais aussi richissime. Pour donner un exemple de l'importance du contenu de ces tombes, citons la tombe de Herstal qui enfermait cent pièces de mobilier. On énumérera brièvement : huit vases en terre sigillée, huit pièces en céramique engobée à pâte blanche de Cologne, un pot à miel et une amphore à vin de Narbonnaise, de type Gauloise 4, pour la verrerie, quatre bouteilles à section carrée, trois tasses en verre blanc, deux gobelets, un grand plateau, un petit plat et une assiette, pour les accessoires, un matériel de bain complet composé d'un poêlon de bronze d'origine italique, de deux strigiles, d'un vase à onguent en bronze coulé, d'une ligula et d'une tablette à onguent, d'une œnochoé et d'une patère en bronze de production italique, un fragment de parazonium, des pions à jouer, des mon­ naies. Le tout était enfermé dans un caveau de bois de 2 m sur 4 m, doté d'un couvercle recouvert de tuiles. Une situation à peine moins luxueuse se rencontre dans le caveau du tumulus de Penteville, à CortilNoirmont. Si la vaisselle de table et de service occupe une place importante, on note des variantes dans la représenta­

tion des pièces de mobilier. Celles-ci sont essentielle­ ment en céramique à la fin du Ier et au début du IIe siè­ cles, alors que la vaisselle en verre s'impose par la suite. Toutefois, les récipients en métal ne manquent pas, comme des objets de la vie quotidienne et des ustensiles, des lampes et des accessoires personnels. Une recherche récente a permis de mettre l'accent sur la répartition organisée des objets au sein du caveau. L'enveloppe contenant les cendres du défunt n'occupe pas une place prédéfinie. En revanche, cer­ taines pièces de vaisselle sont regroupées dans un ordre qui renvoie à une image de la vie réelle. Les plats à aliments, les récipients à boire et les ustensiles de cuisine et de préparation, se trouvent répartis de manière cohérente.17 Une relation étroite peut exister aussi entre le bûcher et le tertre qui le recouvre: à ThorembaisSaint-Trond, à Omal et à Forville. Une enquête a aussi été menée en direction des cérémonies funèbres qui ont accompagné la crémation du défunt. À Glimes, les indices ne manquent pas pour retracer pareil événe­ ment. Un petit bûcher situé en bordure du tumulus a révélé la présence de fragments appartenant à une quarantaine de pièces de vaisselle et d'ossements cal­ cinés d'animaux. On peut penser, en effet, que le matériel de cérémonie, celui de la crémation, de la mise en terre, du repas funéraire et des commémora­ tions périodiques, était systématiquement cassé et enfoui sur place. On sait, en effet, par le biais des textes et des représentations iconographiques toute l'importance qui était accordée au banquet funéraire. La question importante est celle de l'identité des per­ sonnages ensevelis sous un tumulus. Il s'agit claire­ ment de sépultures privilégiées qui pouvaient abriter un homme ou une femme appartenant à l'aristocratie régionale. À côté de grands propriétaires de domaines

278 Mobilier remarquable provenant de dépôts tumulaires: bague et lézard en cristal de roche de la tombe féminine de Cortil-Noirmont. 279 Mobilier remarquable provenant de dépôts tumulaires: deux crochets de suspension de char et un passe-guide de la tombe de Thorembais-Saint-Trond.

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ruraux pouvaient figurer des responsables de l'admi­ nistration, comme tend à nous le faire croire l'inscrip­ tion du tumulus nivelé de Vaux-lez-Cherain évoquant un décurion, du nom de Victorius Caupius. Le plus grand nombre de tumulus érigés au cours de l'occupation romaine chez nous répond à un modèle simple qui comprend un tertre colossal recouvrant un caveau funéraire. Un second type, appelé à tambour, est beaucoup plus rare. Ce monument prend son ins­ piration dans un modèle classique, très répandu en Italie et appelé «mausolée». Un mur circulaire, le tambour, ceint la base du tertre. Dans quelques cas, on a affaire à des tambours élevés en grand appareil de blocs taillés comme à Antoing. D'autres compor­ tent un parement en petit appareil dont les fonda­ tions ont été repérées à sept occasions en Hesbaye, par exemple à: Cortil-Noirmont (Penteville), Glimes, Grand-Rosière-Hottomont, Avernas-le-Bauduin et Waremme. À Glimes, on a observé une double fonda­ tion dont le diamètre du mur extérieur atteint 50 m. ÀAntoing (Billemont), le tambour conservait sa fonda­ tion et une première assise de gros blocs cintrés sur la face extérieure; il offre un diamètre de 23 m.

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L'ensemble souterrain d'Antoing, Billemont, tumu­ lus aujourd'hui reconstruit à proximité de son lieu d'origine, est en outre percé d'un couloir conduisant au caveau. C'est une particularité assez rare. Le dromos en question a 11,75 m de long, 0,75 m de large et 1,75 m de haut. C'est donc un ouvrage monumental dont l'entrée est soulignée de piédroits.18 Dans de trop rares cas, on dispose de quelques infor­ mations précieuses sur l'environnement architectural immédiat du tumulus. Deux sites font ici figure d'ex­ ception. En ce qui concerne le tumulus de Penteville à Cortil-Noirmont, on sait qu'il était intégré à une enceinte basse rectangulaire, de 44 m de côté, et dotée d'un petit autel devant l'enclos, réservé au culte. À Antoing, le tumulus était accosté par un enclos funé­ raire renfermant un caveau et d'autres sépultures à loculus. La silhouette bien connue des tumulus rythme le paysage hesbignon et spécialement le nord de la pro­ vince de Liège. Beaucoup de ces tertres remarquables ont fait l'objet d'un classement et une politique volontariste de mise en valeur a été inaugurée récem­ ment. 19

Céramique de cérémonie enfouie dans les restes du bûcher du tumulus de Glimes.

N É C R O P O L E S ET C O U T U M E S FUNÉRAI RES I

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Les grands tumulus, richesse patrimoniale gallo-romaine de Elesbaye et de Wallonie. a La Tombe romaine, à Oleye b Le tumulus À la Tombe, à Vaux-et-Borset c Le tumulus isolé d'Omal, au sud de la voie romaine BavayCologne d Le tumulus du Thier à la Tombe à Eben-Emael e La Grosse Tombe, à Othée f Le tumulus du Champ de la Tombe à Glimes, en hiver g Les deux tumulus du Champ des Tombes, à Cortil-Noirmont h Les deux tumulus du Bois des Tombes de Frizet à Vedrin.

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282 Le tumulus à tambour d'Antoing, Billemont: le couloir d'accès. 283 La double fondation du tambour du tumulus de Climes. 284 Reconstitution volumétrique du tumulus de Penteville à Cortil-Noirmont.

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NÉCROPOLES ET CO UT UM E S FUNÉRAIRES I

Les monuments sculptés L'influence directe du monde classique a favorisé le développement d'un art funéraire monumental qui associe plusieurs démarches artistiques ; il est question d'une architecture funéraire au sein de laquelle appa­ raîtront des représentations sculptées qui, en outre, ont été enduites de polychromie. Les répertoires et les études consacrés à l'art et à la sculpture funéraire sont très nombreux.20 Les témoins de cet art funéraire subsistent sous diverses formes. De temps à autre, les traces matériel­ les de ces monuments sont conservées à leur emplace­ ment d'origine. Il ne s'agit plus alors que des fonda­ tions ou des blocs appartenant aux premières assises de ceux-ci, comme à Fontaine-Valmont ou à Givry. Le plus souvent, les blocs sculptés de ces édifices réappa­ raissent dans d'autres contextes: des murs plus récents comme à Arlon et à Buzenol, des fours à chaux, comme à Braives où ces matériaux ont été réutilisés à d'autres fins. Il est assez rare que nous puissions réunir un nom­ bre suffisant de ces blocs pour reconstituer l'ensemble du monument au plan architectural, à l'instar de ce qui a pu être fait pour le célèbre pilier funéraire d'Igel. Toutefois, les tentatives ne manquent pas et quelques reconstitutions ont ainsi été proposées pour les oeu­ vres d'Arlon, Buzenol, Grosage et Braives.21 On convient souvent de faire la distinction entre trois types de monuments. Le premier d'entre eux, le mausolée, le plus élaboré, est aussi le plus rare. Le second, le pilier funéraire, semble avoir connu une diffusion particulièrement remarquée au sein de la cité des Trévires. Le troisième monument relève d'un art mineur : la stèle funéraire est de petite dimension, elle comporte une inscription et plus rarement une représentation sculptée.

Les mausolées Les mausolées ont des dimensions imposantes et s'arti­ culent principalement autour de deux étages élevés audessus d'une base. Le premier étage incorpore en prin­ cipe une inscription et se termine par une moulure ou un entablement. Le second étage doit présenter le por­ trait du défunt. La couverture est pyramidale ou conique, elle est surmontée par un couronnement qui représente souvent une pomme de pin. La section des

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Restitution architecturale du mausolée nervien de Grosage. Le mausolée de Vervicius et de sa sœur Vervicia à Arlon (1 70-190 après J.-C.).

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premier et second étages peut diverger : quadrangulaire pour le premier et circulaire pour le second. À Ladeuze, le monument, dit pilier à baldaquin, est intégré à un enclos carré de 25 m de côté dans lequel figurent cinq tombes groupées de manière symétrique autour de ce monument central dont la hauteur peut être estimée à 12 m. Il date du 11e siècle après J.-C. Quelques restitutions, parfois contradictoires, ont été proposées pour les monuments nerviens de Ladeuze, Grosage et Sirault, montrant qu'il faut affi­ cher une certaine prudence en la matière. Dans le sud du pays, on dispose de quelques exem­ ples dont le plus connu, celui de Vervicius, prouve que ces mausolées pouvaient être de formes et de dimensions très différentes. La construction est tra­ pue; quatre piliers massifs prennent assise sur un socle quadrangulaire pour porter un entablement avec inscription, surmontée par une couverture pyra­ midale. La datation proposée se situe entre 170 et 190 après J.-C. Le monument de Vervoz à Clavier offre une struc­ ture complexe qui est malaisée à reconstruire. Le tam­ bour de colonne conservé est orné d'une figure d'Attis ; les acrotères ont la forme de sphinx.

Les piliers funéraires Le pilier funéraire présente un socle orné posé sur un soubassement de quelques marches. Plus haut, on trouve un édicule à pilastres d'angle flanquant une niche dans laquelle se dressent les défunts sculptés en pied dans la pierre. Un entablement, avec éventuelle­ ment architrave, frise et corniche, surmonte le dé et la couverture pyramidale ou concave est semée d'imbri­ cations et généralement couronnée par une pomme de pin. Les côtés de l'édicule sont également ornés de scènes mythologiques ou de la vie quotidienne. C'est la raison pour laquelle la plupart des blocs provenant de ce type de monument nous parviennent décorés. Quant à l'aspect architectural à proprement parler de cet intéressant monument, on peut en saisir toute la force grâce au pilier d'Igel, qui nous est parvenu dans un excellent état de conservation. Haut de 23 m, il est couvert de bas-reliefs sculptés montrant des épi­ sodes de la vie quotidienne. L'aire de répartition de ces piliers funéraires est essentiellement trévire, mais nous en trouvons dans les régions avoisinantes.

Dans le sud Luxembourg, la découverte de nombreux blocs sculptés à Arlon, à Saint-Mard et à Buzenol, a d'abord polarisé l'intérêt des chercheurs sur le décor lui-même. Mais il semble que beaucoup de ces blocs ont pu appartenir à ce type d'ouvrage. Ces piliers sont néanmoins assez modestes puisqu'ils ne devaient pas dépasser une hauteur de 6 à 7 m, d'après les restitu­ tions qui en ont été faites. À Arlon, on citera un certain nombre d'exemples dont le nom de baptême est issu du sujet principal de la sculpture qui décorait l'un des blocs : les piliers à la danseuse (deux), aux voyageurs, au cultivateur, aux

287 Reconstitution architecturale de piliers funéraires, d'après les restes de monuments provenant d'Arlon et de Buzenol. 288 Fondation carrée du pilier funéraire de Fontaine-Valmont, sur le site du complexe religieux des Castellains.

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NÉCROPOLES ET C OUT UMES FUNÉRAIRES I

jeunes époux, au cavalier, à Seccalus, au drapier, aux bucranes. À Buzenol: le pilier de Maius et de Lutussia Résilia, de l'homme à la bourse, aux griffons. La base de pilier retrouvée à Fontaine-Valmont est associée à la partie inférieure d'une statue féminine brisée tandis que l'agglomération de Braives a livré plusieurs blocs sculptés qui peuvent aussi être ratta­ chés à un pilier. Le cas de Clavier, Vervoz est aussi remarquable.22

Stèles et cippes funéraires Les stèles sont érigées pour des tombes de civils ou de militaires. Elles affectent la forme d'un rectangle plus haut que large; on trouve une inscription sur le fron­ ton. La formule latine utilisée est concise et abréviée; on y retrouvera presque banalement: les lettres D.M. {Dis Manibus, aux Dieux Mânes), suivies du nom du défunt au datif ou au génitif, des renseignements sur l'infortuné - sa profession, son âge -, le nom de la per­ sonne qui a fait ériger la stèle, au nominatif, enfin le vœu pieux qui clôture toute inscription de ce genre: V.S.L.M. (votum solvit libens merito). S'il y a représenta­ tion figurée, il s'agira du défunt le plus souvent en buste.

Il existe à Arlon une stèle monumentale dite «au satyre». Quatre personnes sont représentées dans la niche, tandis que d'autres personnages le sont sur les faces latérales. Les cippes, tels que l'on en connaît à Arlon, ont la forme d'une maison, avec toiture à double pente. Le cippe de Marcellinia Afra à Arlon affecte une forme semi-circulaire.

289 Cippe funéraire à rouleaux de Prusciallus Suarca, à Arlon. Il a été élevé pour son épouse et pour lui-même par lolsius Secundinus (vers la fin du 11e siècle ou au-delà). 290 Cippe funéraire de forme semi-cylindrique de Marcellinia Afra, élevé par son époux Cratinius Acceptus, tous deux citoyens romains d'origine indigène, à la fin du ne siècle.

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LES INSCRIPTIONS FUNÉRAIRES Beaucoup d'inscriptions funéraires ont été retrouvées dans un contexte de découverte qui ne permet pas de reconnaître la forme exacte du monument auquel elles ont appartenu. Il est fréquent que ces inscrip­ tions surgissent à l'occasion du dégagement ou du nettoyage d'un mur élevé à une époque bien posté­ rieure à celle du Haut-Empire romain. Pour ne s'en tenir qu'à des exemples, on citera les cas où l'inscrip­ tion figure comme bloc de remploi dans une fonda­ tion de muraille du Bas-Empire, comme de nom­

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breuses inscriptions funéraires d'Arlon, dans un mur d'église médiévale, comme à Nivelles ou dans la cour­ tine du château comtal à Namur, pour l'inscription de Sicinius. Mis-à-part les inscriptions religieuses très célèbres de Namur, les plus nombreuses d'entre elles provien­ nent de sites gaumais ou d'Arlon.23 Même mise au jour dans un contexte qui n'autorise pas de s'intéresser au monument funéraire lui-même, l'inscription n'en révèle pas moins une mine d'infor­ mations recadrées par les épigraphistes aux fins d'études sociologiques et onomastiques.24

Inscription funéraire de Placidinus et de Paterna, retrouvée à Namur (fin IIe - début me siècle). Inscription funéraire de Braruco et de son épouse Lifthina, retrouvée à Namur. Cette stèle atteste de la présence de pérégrins au nom indigène germanique à la fin du IIe siècle ou dans les premières années du in' siècle.

Chapitre IX

ARTISANAT ET PRODUCTIONS

Le rôle qu'a joué l'artisanat dans la vie économique du monde romain est considérable. À côté des produc­ tions agricoles dont l'importance ne peut être niée parce qu'elle caractérise au mieux les sociétés antiques, l'artisanat connaît un développement spec­ taculaire qui cadre bien avec les visées du pouvoir impérial. Si les communautés gallo-romaines locales jouent le jeu du développement durable en adoptant des comportements socio-économiques inspirés d'un modèle méditerranéen, c'est qu'en finale, elles y trou­ vent leur compte et un certain profit. La maîtrise de nombreux artisanats est bien assurée en Gaule et engendrera un commerce, une distribution des biens et une consommation de ceux-ci, sur une échelle jusqu'alors totalement imprévisible. Mais certaines questions n'ont pas encore trouvé de réponse défini­ tive. La plus lancinante d'entre elles est celle d'établir le rôle respectif que pouvait avoir l'agglomération et les campagnes dans le développement de l'artisanat. La villa romaine a été de ce point de vue un peu réha­ bilitée par rapport à la ville. Il n'en demeure pas moins que les témoignages en faveur d'une économie de type artisanal, en milieu rural, restent confinés à quelques productions choisies, au gré des circons­ tances locales.1

L'INDUSTRIE DE LA CONSTRUCTION La pierre Le sous-sol de la Wallonie est structuré en de multi­ ples entités géologiques qui fournissent une gamme étendue de roches carbonatées (calcaire, dolomie, craie, «petit granit» et marbre) et siliceuses (grès, arkose, quartzite, porphyre, silex). Les bâtisseurs de la période romaine ont fait appel à ces matériaux pour

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satisfaire leurs besoins au plan local que ce soit pour la construction des habitats ou l'aménagement de grandes infrastructures, comme le réseau routier. De cette façon, on trouvera normal que, dans cer­ taines régions, la même pierre serve dans la construc­ tion tant pour les fondations, les moellons de pare­ ment et le cœur des maçonneries, comme le calcaire à Tournai et le schiste en Ardenne. Des matériaux d'ori­ gine différente sont toutefois utilisés pour nombre de bâtisses gallo-romaines. L'association de la pierre à des cordons de briques ou de tuiles marque certains murs antiques où elle apparaît sur la face parementée. Parfois aussi il est fait appel à la conjonction de pierres différentes. Il s’agit alors d'utiliser un matériau spéci­ fique plus tendre, comme le travertin, pour des enca­ drements ou des finitions, qui concernent les angles d’une pièce, d'un soupirail, l'arc d'une niche voûtée. La combinaison de pierres différentes peut répondre à un souci de décoration, comme on le voit dans le cel­ lier de Philippeville, Les Machenées. Ces observations sont plus souvent effectuées dans les caves galloromaines, vu leur état de conservation. Dans beaucoup de cas, réunir les pierres nécessaires à la construction ne demande aucun investissement puisqu'elles sont accessibles dans des affleurements de surface. Il n'en est pas de même lorsqu'il s'agit de produire des blocs de grandes dimensions, notam­ ment pour l'érection de monuments. Il faut alors ou­ vrir des carrières d'extraction, mais les traces archéo­ logiques de celles-ci manquent en Wallonie. On peut penser que certaines d'entre elles ont été ouvertes à flanc de coteau dans les vallées de l'Escaut, en amont de Tournai et dans la vallée mosane, vu que le trans­ port de ces blocs a partiellement été assuré par voie d'eau.2 Le bassin carrier de Tournai s'étend sur une distance de 5 km entre la ville et la région de Bruyelle; il a l'avantage de proposer un calcaire carbonifère mis à nu par le cours de l'Escaut. Il est établi que le commerce de

Page précédente: le four de tuilier de Marilles, à La Terre aux Pannes. Le four quadrangulaire, qui mesure autour de 6 m de côté, offre encore une sole conservée, portée par cinq voûtes. 294 Variété de pierres utilisées comme moellons pour les constructions gallo-romaines en Wallonie. a Le calcaire, à Tournai b Le calcaire viséen, à Velroux c Le grès blanc, à Liberchies d Le schiste-phyllade, à Braives e Le tuf ou travertin, qui se forme dans les cours d'eau, sert surtout au montage des encadrements de niches, comme à Philippeville (Les Machenées).

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ARTI SANAT ET P R O D U C T I O N S I

la pierre de Tournai a été organisé sur une longue dis­ tance, vers Thérouanne, Oudenburg et les Pays-Bas.3 La gamme de pierres reconnues dans les bâtiments gallo-romains est très étendue : notamment le calcaire du Viséen, le grès du Landénien, le grès du Panisélien, le grès quartzitique du Landénien Supérieur, le pou­ dingue du Dévonien, le schiste et phyllade du Dévonien Inférieur. D’autres pierres interviennent de manière plus ciblée: il s'agit de roches plus tendres comme le travertin, le tuffeau du Landénien, de roches dures comme l'arkose qui servent aussi à la fabrication de meules, le silex auquel on a recours pour l'aménagement de l'assise des routes romaines, le calcaire bajocien en Gaume qui est aussi employé pour la sculpture. La pierre de Gobertange est un matériau local attesté dans les villae de Dongelberg, Jodoigne, L'Écluse, Saint-Jean-Geest.4 Le corollaire de l'exploitation du calcaire est aussi la fabrication de la chaux, à utiliser comme liant dans la construction. Des fours à chaux ont été fréquemment rencontrés dans les sites archéologiques. Le territoire de la Wallonie est également renommé par la variété de ses marbres. Les grandes résidences gallo-romaines livrent le témoignage très fréquent du recours à quelques pierres nobles pour l'embellisse­ ment des pièces habitées, sous la forme de moulures, de lames, de plinthes, de lambris ou de sols mosaï­ qués. Les décors plaqués sont réalisés en marbre poly­ chrome. Il ne fait aucun doute que les marbres de notre pays, ainsi que des pierres blanches, ont été exploités à cette fin. On a reconnu des marbres rouges et des marbres

bleus de l'Entre-Sambre-et-Meuse, le marbre noir belge provenant de Tournai, du sud du Hainaut ou de la province de Namur.5 Lorsque cela est possible, on fait appel à une pierre d'origine régionale. Ainsi en est-il pour la villa de Haccourt où les lambris de marbre, un gris uni ou veiné et tacheté de blanc se rattache au calcaire viséen, un rouge veiné et tacheté de gris et de blanc provient du Frasnien.6 Le marbre figure aussi dans les agglomérations.7 Pour faire face à une multiplication voulue de cou­ leurs, il est fait appel à des marbres de provenance étrangère. Ainsi en est-il pour les demeures de BasseWavre, Vellereille-les-Brayeux, Nouvelles, où les mar­ bres exotiques ne manquent pas. La confection des mosaïques impose parfois un recours à des pierres de couleur différente. À Anthée, le problème a été résolu en utilisant de la pierre régionale et de la terre cuite.8

Les tuileries Les manufactures de matériaux de construction en terre cuite produisaient principalement des tuiles, mais aussi tous les éléments intervenant dans l'amé­ nagement des pièces chauffées et des établissements thermaux.9 Les tuiles sont plates (tegulae) et courbes (imbrices); vu leur petit nombre, les tuiles faîtières, de profil tra­ pézoïdal, sont peu attestées. Parmi les productions réservées à la construction des locaux chauffés, on dis­ tingue les grandes dalles de terre cuite couronnant le

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Deux fours à chaux d'époque romaine, aménagés à l'extrémité de la cour agricole de la villa de Habay-la-Vieille, Mageroy. Le premier remonte à la seconde moitié du ir siècle; un autre, qui l'a recoupé, se situe au début de l'Antiquité tardive. 296 Mosaïque découverte dans la villa d'Anthée. Le décor est composé d'une rangée de rosaces. Il est dessiné au moyen de petits cubes de couleur différente. Les tesselles de teinte bleue sont en marbre de la région de Dinant, les autres sont en terre cuite.

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plancher suspendu, la suspensura, les carreaux plus petits carrés ou circulaires qui, une fois superposés, composaient les pilettes d'hypocauste, les tubulures et les canalisations. Les tegulae mammatae sont des tuiles à ergots placés contre les murs et pouvant servir à les isoler ou à assurer une faible circulation de la fumée provenant du sous-sol d'un hypocauste; elles n'ont pas la même efficacité que les boisseaux larges ou tubuli. Ces terres cuites architecturales sont produites dans de très grands fours, à l'image de ceux de Marilles et de Hermalle-sous-Huy. Souvent de plan quadrangulaire, ils disposent d'une large cuvette en sous-sol recouverte par une sole, portée par des arcs de voûtes transversaux. La gueule et les murets de soutènement, vitrifiés par endroits, témoignent de l'intensité de la chaleur subie par ces structures. À Marilles, la sole était conservée, à l'inverse du site de Hermalle-sousHuy, où ne subsistaient plus que les parties basses de l'édifice. Dans cette dernière manufacture, on a observé qu'une toiture abritait l'aire de chauffe, de plan carré, sur une surface de 25 m2. Quelques sites producteurs de terres cuites architec­ turales sont plus ou moins connus ailleurs en Wal­ lonie: Tournai (?), Howardries, Blicquy (?), Sirault, Houdeng-Goegnies, Temploux et Amay. La tuilerie d'Hermalle-sous-Huy apporte, vu le caractère quasi exhaustif de son exploration, des informations de premier intérêt notamment parce qu'elle témoigne des multiples étapes de la chaîne opératoire. Deux grands fours étaient logés dans une

construction protégée très vaste, de 650 m2. De part et d'autre s'étendaient des halles sur poteaux plantés, de 8 m de largeur pour une longueur minimale de 75 m. Il s'agit d'espaces de stockage et de séchage des tuiles. L'ensemble du complexe se complétait par des fosses d'extraction de l'argile. L'intérêt du site tient aussi au fait qu'il est adossé à la Meuse, ce qui offrait une faci­ lité de manutention et de transbordement aux ven­ deurs. Un autre intérêt réside dans l'identification d'un certain nombre d'estampilles portées par quelques tuiles ou fragments de tuiles plates.10 Une partie très réduite de ces productions était en effet marquée. Cela concerne la plupart du temps les tuiles plates, plus rarement les dalles ou les carreaux d'hypocauste. Un inventaire de ces estampilles a été dressé, à partir des trouvailles attestées dans les villae et les agglomérations. On s'est aperçu qu'il était bien difficile d'octroyer une région d'origine à chacun des

297 L'un des fours du complexe artisanal de Hermalle-sous-Huy, Campagne de la Gérée, vu depuis son aire de chauffe. La sole n'est plus conservée. 298 Plan de la tuilerie de Hermalle-sous-Huy, Campagne de la Gérée. 1 Chenal 2 Aire de cuisson avec les fours A et B 3 Ateliers de mise en forme des productions? 4 «Halles» 5 Fosses d'extraction 6 Constructions diverses 7 «Cave».

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A R T I S A N A T ET P R O D U C T I O N S I

Ateliers Groupe d’estampilles I Groupe d’estampilles II Groupe d’estampilles II I Groupe d’estampilles I V

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L'industrie de la terre cuite en Belgique: répartition des tuileries et des sites de production de matériaux de construction en terre cuite 1 Buizingen 2 Roeselare 3 Temse 4 Zommergem 5 Tournai (?) 6 Howardries 7 Blicquy (?) 8 Sirault 9 Houdeng-Goegnies, 10 Drogenbos (?) 11 Marilles 12Temploux 13Amay 14 Hermalle-sous-Huy. Les quatre groupes d'estampilles et leur aire de dispersion concomitante. I Groupe surtout constitué des estampilles: AAF, CC, CEC/CTEC/CETC, MHF/MHE 11 Groupe surtout constitué des estampilles: ADF/ADI, BP, CISSI, GFP, NEH, QVA/OVA III Ce groupe est massivement représenté dans une aire très large, au sein d'un triangle situé entre Bavay, Braives et le sud de l'Entre-Sambre-et-Meuse, par les sigles suivants: ATAB, ATII/ATIL, CVS/GVS, FAL, HAMSIT, ISFP, LCS, NSS, SABT, TRAVCPSB, TRP, TRPOIS/IRPOIS, TRPOS, TRPS, TRPOT IV Vers l'ouest, on trouve un groupe moins influent, encore peu connu, notamment: CANTI/CAVTI, GABIN.

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sigles, d'autant que plusieurs d'entre eux proposent des graphies très variées. Sans doute ces graphies montrent que le producteur de tuiles disposait de plu­ sieurs poinçons, à moins qu'il n'ait des succursales dans des zones géographiques très éloignées les unes des autres. Quoi qu'il en soit, il est préférable de réflé­ chir à partir de groupes d'estampilles qui apparais­ saient ensemble dans une zone cohérente. On arrive ainsi à distinguer quatre groupes : un premier groupe situé vers l'est de la Wallonie, constitué surtout des estampilles: AAF, CC, CEC/CTEC/CETC, MHF/MHE; un autre illustré, en Hesbaye et dans le Condroz, par les estampilles: ADF/ADI, BP, CISSI, GFP, NEH, QVA/OVA; un troisième massivement représenté dans une aire très large, au sein d'un triangle situé entre Bavay, Braives et le sud de l'Entre-Sambre-et-Meuse, par les sigles suivants : CVS/GVS, HAMSIT, TRAVCPSB, TRPS, avec des marques qui ont une audience moins large: ATAB, ATII/ATIL/ATIS, FAL, ISFP, LCMTRE, LCS, NSS, SABT, SERH, TRP, TRPOIS/IRPOIS, TRPOS, TRPOT; enfin, vers l'ouest de la Wallonie, on trouve un groupe moins influent, encore peu connu, notam­ ment: CANTI/CAVTI, GABIN.11

rage sur la chaîne en question pour pouvoir conduire à l'identification des structures et des déchets révélés par l'archéologie de terrain. La première étape du travail consiste en l'extraction du minerai et sa réduction dans des bas fourneaux. La seconde, dénommée cinglage, revient à transformer la loupe de fer obtenue précédemment en un lingot de métal; l'opération nécessite un foyer. Enfin, le for­ geron prend possession du lingot et lui donne un aspect définitif.12 La question posée est de savoir où se déroulaient ces différentes manipulations et si elles se trouvaient concentrées en un seul et même lieu. Dans la pra­ tique, on a observé que la première phase du travail se plaçait de préférence à proximité des gisements pour éviter le transport d'une masse importante de mine­ rais. Ceci amène à penser que les sites de l'extraction du métal, par définition mouvants, sont extrêmement malaisés à découvrir.13 En revanche, tant l'opération de seconde transfor­ mation du métal que celle de la forge sont des activi­ tés que l'on peut estimer avoir été organisées dans les agglomérations secondaires et dans les établissements ruraux, parce que le besoin s'en faisait sentir.

LA MÉTALLURGIE La métallurgie du fer La matière première est omniprésente en Gaule et l'importance en même temps que la variété de l'utili­ sation du fer dans l'Antiquité imposaient qu'on puisse y recourir aisément. Toutefois, la métallurgie est un travail de longue haleine qui se présente sous la forme d'une chaîne opératoire dans laquelle interviennent divers corps de métier. Il faut disposer d'un bon éclai-

300 Variété d'estampilles sur tuiles rencontrées en Wallonie: CEC, MHE, ISFP, NSS, QVA, ATM, CVS, SABT. 301 Reconstitution d'un bas fourneau métallurgique, avec localisation des éléments qui le structurent.

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A R T I S A N A T ET P R O D U C T I O N S I

Quelques régions sont spontanément concernées par le travail de la métallurgie et une cartographie des zones de production sidérurgique en Gaule est dispo­ nible. Il s'agit parfois de zones géographiques très étendues, équipées de gros ateliers, certains d'entre eux pouvant même, comme à la Montagne Noire, dans le sud de la France ou en Grande-Bretagne, avoir été contrôlés par l'État au sein de domaines impé­ riaux, comme il en existait pour l'extraction des métaux précieux.14 Deux zones en particulier renvoient à cette problé­ matique pour le nord de la Gaule: le pays de l'EntreSambre-et-Meuse et la Forêt de Soignes. Cette dernière zone est davantage reliée à la période médiévale. Quant à la vaste région géographique de l'EntreSambre-et-Meuse, il est sûr qu'elle fut importante sur

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le plan métallurgique à différentes périodes de l'his­ toire. Elle est actuellement considérée comme un dis­ trict à évaluer de ce point de vue, car si la présence romaine y est bien attestée, on manque de prospec­ tions déterminantes pour dater les sites reconnus. Nous connaissons l'existence de bas fourneaux à: Morville, Anthée, Bourlers, Romedenne, Sautour, Chastrès-lez-Walcourt, Macquenoise, Le Roux-lezFosses, Mettet et Matagne-la-Petite. Le postulat de l'importance de cette zone de produc­ tion a été posé dès le xixe siècle mais n'a guère été véri­ fié depuis lors. Il s'appuie, pour l'essentiel, sur la loca­ lisation à de nombreux endroits de ferriers, poétique­ ment appelés «crayats des Sarrasins». Les auteurs du xixe siècle rapportent qu'un million de tonnes de ces scories aurait été repris et refondu dans les hauts

Les grandes zones de production sidérurgique primaire en Gaule. La place exacte qu'y occupe l'Entre-Sambre-et-Meuse est encore très mal appréhendée.

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fourneaux de Charleroi sur une période de vingt-cinq ans. Que des crassiers remontent à la période ro­ maine, la chose a été démontrée, à plusieurs reprises, notamment à Bourlers et à Virelles. Mais dans la mesure où la région a fait l'objet d'une surexploita­ tion du fer aux périodes médiévale et moderne, on ne peut fixer la part romaine qui est représentée dans les ferriers entrevus au xixe siècle.15 Durant le XXe siècle, des trouvailles nouvelles ponctuelles se signalent à l'attention, notamment à Romedenne et à Sautour.16 Hors de cette zone, les découvertes relatives à des ateliers de réduction primaire se sont multipliées. Elles concernent tant quelques agglomérations rou­ tières, comme Blicquy, Liberchies et Amay que des vil­ lae. Dans l'agglomération de Liberchies, à l'entrée du bourg, au sud de la voie arrivant de Bavay, la batterie de foyers métallurgiques mis au jour, très proches les uns des autres, témoigne d'une activité de cinglage sous Tibère-Néron. Seuls subsistaient les vestiges de huit fours totalement ruinés, avec des éléments de parois mêlés à des scories, dans une excavation de 0,50 m de diamètre. Deux tuyères en terre cuite d'ali­ mentation en air des foyers, assurée par des soufflets, ont été récoltées parmi les débris. La villa de Vezin impressionne par ses installations: une batterie de 303

vingt-quatre fours organisés par paire, de plan circu­ laire ou piriforme le plus souvent.17 Après extraction, le minerai est mélangé à du char­ bon de bois, dans un fourneau. La combustion du char­ bon de bois est obtenue par un appel d'air et le métal est transformé. Comme une température suffisante n'est pas atteinte pour faire fondre le métal, il est dispo­ nible sous une forme solide, appelée loupe, tandis que les résidus, les scories, peuvent s'écouler. Les fours nécessaires à cette opération, construits en argile ou en pierre, ont un diamètre allant de 0,40 m à 1,20 m. Les scories ont une couleur gris métal et sont nom­ breuses et volumineuses. Elles sont rejetées à proxi­ mité et forment des amas connus sous le nom de fer­ riers ou crassiers. Les scories provenant des fours ne sont pas toujours abandonnées sur place, il arrive qu'on en réutilise une part pour des travaux de construction. Certains tronçons de voies romaines, comme la Bavay-Dinant, ont bénéficié, pour l'aména­ gement de leur assiette, de scories jetées en lits succes­ sifs; il aura alors fallu les acheminer. Il en est de même pour quelques villae. Ainsi, la résidence de Treignes at-elle eu des lits de scories placés sous les sols. La loupe de fer qui est issue de la première réduction ne se trouve pas dans un état totalement satisfaisant, il faut encore la débarrasser de scories résiduelles devant être évacuées au cours de l'opération de cin­ glage. Cette opération peut être conduite dans cer­ taines agglomérations et dans les établissements ruraux. Dans le bourg de Sauvenière (Baudecet), on a mis au jour un véritable complexe de ce type, com­ posé d'une quarantaine de foyers de forge se présen­ tant sous la forme de cuvettes de 1,50 m à 2,50 m de long, aux parois rougies. Cette forme d'activité a été enregistrée dans les villae de: Eben-Emael, Jemelle, Mettet (Bauselenne), Vezin et, pour la période du BasEmpire, Ciney (Braibant). Les travaux de forge qui terminent la chaîne opéra­ toire en vue de la fabrication des produits finis, c'està-dire des objets, s'organisent au départ d'un foyer et d'une enclume telle celle retrouvée à FontaineValmont. Des sites comme Nivelles (La Tournette), Meslin-l'Évêque et Treignes ont des forges.18 Les agglomérations secondaires sont aussi concernées: Tourinnes-Saint-Lambert, Fontaine-Valmont, Howardries, Liberchies, Taintignies, Ploegsteert, Waudrez, Amay, Braives, Clavier (Vervoz), Huy, Theux et Virton.

Matériel en rapport avec le travail métallurgique dans l'agglomération des Bons-Villers à Liberchies: tuyère en terre cuite, pince et petit marteau. 304 Loupe de fer ou éponge qui se forme au fond du bas fourneau et qui provient de la réduction du minerai, ce bloc de métal doit être épuré. L'élément a été retrouvé à Macquenoise. 305 Scories ou laitiers de fer, parfois dénommés «crayats des Sarrasins», retrouvés dans un quartier d'artisans de l'agglomération des Bons-Villers à Liberchies.

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ARTI SANAT ET P R O D U C T I O N S I

un hameau composé de treize bâtisses allongées et d'au moins six bas fourneaux. La grosse aggloméra­ tion de Vodecée, encore trop peu connue, émarge peut-être aussi partiellement à ce type de structure.

La métallurgie du bronze

Quelques villae paraissent avoir été liées à des produc­ tions sidérurgiques ou assurément à des travaux de forge, citons en plus des sites repris pour l'EntreSambre-et-Meuse : Bléharies, Meslin-1'Évêque, Nivelles, Maillen (Ronchinne, Al Sauvenièré), Halloy, Jemelle et Vezin. Certains établissements donnent l'impression d'avoir connu cette activité en préalable à leur déve­ loppement (Fontaine-Valmont, Le Roux-lez-Fosses et Matagne-la-Petite) et d'autres montrent à l'inverse qu'il s'agit d'un artisanat plus tardif (Mettet et Vezin). La question de l'existence de villages de sidérur­ gistes reste entièrement posée. Ces complexes ont pu effectivement exister. Pour en établir la réalité, on se réfère toujours à la fouille ancienne de Morville; c'est

À l'époque romaine, les principaux types d'alliages à base de cuivre sont le bronze, le laiton et le bronze au plomb. Le développement des techniques entraîne l'appari­ tion d'un artisanat spécifique et d'une classe d'arti­ sans bronziers qui produisent des pièces métalliques, mais touchent aussi à l'orfèvrerie. Les trouvailles de vestiges de la métallurgie du bronze ou d'alliages non ferreux sont courantes sur les sites gallo-romains, tant dans les agglomérations que dans les établissements ruraux. Les installations correspondantes ne sont pas très exigeantes en surface ou en moyens techniques et pour ce qui regarde la matière première, elle est parfois issue du recyclage de pièces cassées. Ce type d'activité est repérable sur la base de la découverte de creusets, de fragments de moules ou de gouttelettes de bronze fondues et abandonnées sur place. À ces témoins mobiliers, peuvent s'ajouter plus rarement des foyers et des petits fours. Une série d'étapes marquent cet artisanat. Le creuset est un petit récipient en céramique réfractaire, dont le fond est assez large et l'ouverture resserrée, qui est manipulé à la pince. Renfermant le métal en fusion, il durcit et se vitrifie au contact renouvelé du feu. Le moule apparaît comme le second élément indispensa­ ble; il s'agira d'un moule bivalve ou monovalve, en

306 L'un des foyers très allongés et creusés dans le sol, appartenant à la forge de la bourgade de Baudecet à Sauvenière (111e siècle après J.-C.). 307 Fragments de creusets de bronziers en céramique, destinés à contenir le métal en fusion.

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et une cache de fondeurs, soit un ensemble d'objets en bronze usagés, prêts à être refondus. Les traces d'autres officines ont été retrouvées ailleurs en Wallonie. À Nimy, on a une matrice en bronze, desti­ née à couler des masques de Méduse. L'agglomération de Liberchies a été le siège d'un centre bronzier et de fabrication de bijoux. L'attestation du travail du bronze en milieu rural est moins fréquente: Anthée, Braibant, Jemelle et Mettet.21 C'est à tort que l'on a voulu faire de la villa d'Anthée le siège de la production des célèbres fibules émaillées si répandues en Wallonie et en particulier dans l'Entre-Sambre-et-Meuse. En réalité, c'est l'apa­ nage des petites agglomérations.

LA VERRERIE

pierre, en argile cuite, ou même en bronze. Le moule accueille la forme et le décor gravé de l'objet à pro­ duire. Plusieurs creusets sont disposés sur des foyers pour la préparation de l'alliage, sachant que celui qui ren­ ferme le cuivre devra être maintenu à une tempéra­ ture supérieure à 1000 °C. Le coulage du bronze dans les moules est une opération délicate. Après refroidis­ sement dans le moule, l'objet est poli. Une technique radicalement différente consiste au martelage, effec­ tué à chaud.19 Les centres de fabrication des objets en bronze se situent assez normalement dans les milieux d'agglomé­ rations: Blicquy, Amay, Braives, Liberchies etTheux.20 Beaucoup de bourgades ont livré des fragments de creusets. Un atelier de la deuxième moitié du me siè­ cle, a été reconnu en tant que tel à Blicquy (Ville d'Anderlecht). Il est matérialisé par un four trapézoïdal

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Le recours à la technique du soufflage du verre, au milieu du Ier siècle avant J.-C., a entraîné un dévelop­ pement considérable de cet artisanat. Confinée à des productions fort limitées jusqu'alors, la vaisselle en verre devient très courante et l'objet d'une standardi­ sation à grande échelle. Malgré le nombre croissant d'ateliers découverts, on ne peut pas dire que nous soyons parfaitement ren­ seignés sur la manière dont se comporte la chaîne de production et l'idée de l'existence d'ateliers itinérants est souvent avancée.22 L'étape initiale consistant en la fabrication du verre brut, pose problème. En effet, d'après de nombreuses analyses, on sait qu'il s'agit d'une matière première de type sodique, produite grâce au natron qui existe en Orient, en Égypte et sur la côte syro-palestinienne.23 Les dalles en verre issues de ces ateliers primaires sont alors commercialisées sous la forme de lingots que l'on découvre parfois dans les ateliers secondaires ou dans la cargaison des épaves. L'Occident semble prin­ cipalement dépendant de l'Orient pour ce produit. Dans la mesure où Pline l'Ancien (Hist. Nat., 36, 66) mentionne la fabrication de verre brut en Gaule et en Espagne, on peut toutefois s'attendre à l'exis­ tence de quelques ateliers primaires dans nos régions, mais aucun d'entre eux n'a été révélé par la recher­ che archéologique et peut-être ne sont-ils pas très nombreux. Ils doivent, en effet, avoir été dotés de

Les fibules en bronze émaillé constituent un travail d'orfèvrerie, qui a plutôt été réalisé dans les agglomérations que dans les établissements ruraux. La grande représentation de ces bijoux dans l'Entre-Sambre-et-Meuse avait jadis laissé croire qu'ils avaient été fabriqués dans la villa d'Anthée.

ART I SANAT ET P R O D U C T I O N S I

structures très complexes: de grands fours rectangu­ laires et de vastes bassins, comme on en a retrouvé à Bonn, Autun et Bour­ ges. 24 Le verre, en tant que matière première, est donc une denrée rare. Le ramassage du verre brisé est une opération à laquelle les verriers devaient être attentifs puisqu'ils pouvaient de la sorte reconstituer eux-mêmes la matière pre­ mière de leur artisanat. Les fragments à disposition étaient donc refondus. Il est très prisé à l'époque romaine tant pour ce qui concerne la vaisselle et la parure que comme matériau de construction, où il intervient pour la fabrication de verre à vitre et de cubes de mosaïque. Le verre plat, qui n'est pas diffusé avant l'époque flavienne en Gaule du nord, était enchâssé dans des cadres en bois, en fer ou fixé au mortier, dans des fenêtres. Les panneaux en question pouvaient attein­ dre une dimension moyenne de 0,45 m de côté. La surface est inégale en épaisseur et offre une face lisse et brillante tandis que l'autre, qui a été en contact avec la plaque de coulage, est mate et rugueuse. Les bords sont plus épais que le centre de la vitre et peuvent rejoindre une épaisseur de 1 cm. Peu à peu se mettra en place une technique de soufflage du verre en cylin­ dre ou en manchon; ramolli à la chaleur, le verre est déroulé et mis à plat, il est ensuite recuit. Dans les éta­ blissements thermaux, le vitrage peut conserver la chaleur tout en apportant une certaine clarté aux locaux. Les grandes salles d'apparat peuvent recevoir plusieurs centaines de carreaux assemblés dans des châssis.25 Ce matériau n'est présent que sous la forme de frag­ ments dans les agglomérations et dans les villae et sur­ tout dans les établissements thermaux, notamment à Tournai, Liberchies, Braives et Emptinne, où les dimensions des vitres ne dépassent pas 0,30 m de côté. C'est aussi le cas pour une vitre retrouvée dans le castellum de Brunehaut-Liberchies, de teinte verdâtre très clair.26 Des cubes de mosaïque en verre ont été découverts dans les demeures de Vellereille-les-Brayeux et de Modave (Survillers).

Quant à la vaisselle en verre, elle se répandra dans les milieux les plus favorisés, selon un répertoire très étendu et une palette de couleur diversifiée. Importée dans un premier temps du bassin méditerranéen, d'ateliers orientaux ou italiens, voire aussi du sud de la Gaule, la verrerie restera chez nous un produit de luxe au moins jusqu'à fin du Ier siècle après J.-C. Les verres les plus anciens et très coûteux sont tantôt polychromes tantôt monochromes, colorés artificiel­ lement, moulés ou soufflés. Ces verres colorés vont être progressivement remplacés par une production massive de récipients en verre bleu vert, naturelle­ ment teintés par les oxydes métalliques. Dès la fin du Ier siècle après J.-C., l'essor des ateliers rhénans va per­ mettre de promouvoir la production et la commercia­ lisation sur nos marchés de cette vaisselle en teinte naturelle à usage domestique. Le goût d'une certaine élite sociale va se porter aussi vers des pièces de luxe en verre incolore à décor vermiculaire ou facetté. La fragilité du verre d'une part et la facilité de son recyclage d'autre part compliquent substantiellement l'estimation que l'on peut avoir de la consommation de la verrerie dans les sites d'habitat. Les dotations funéraires par contre sont particulièrement riches en informations sur la place que pouvait prendre le verre dans le vaisselier gallo-romain. Ainsi l'étude des dépôts issus des tumulus ou de tombes riches nous fournit des informations incontournables même si ces produits ne touchent que la couche aisée de la population.27 À la période flavienne, les tombes I et IV du petit cimetière familial de Vervoz à Clavier occupent une place particulière vraisemblablement due au statut

309 Verre à vitre bleu verdâtre se présentant sous la forme d'une plaque carrée à l'épaisseur variable. On peut en restituer sa largeur qui atteint 0,30 m de côté. Elle a été découverte dans le castellum constantinien de Brunehaut à Liberchies. 310 Les verreries découvertes dans le tumulus d'Avennes à Braives (époque flavienne).

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important du chef de famille. La dotation en vaisselle de table en verre y est particulièrement abondante et riche pour cette époque comme le montrent entre autres les deux canthares en verre ambré décoré d'un filet d'émail blanc. La vaisselle en verre des premiers tumulus se décline essentiellement sous la forme de récipients destinés à la consommation de boissons, mais les verres à boire restent rares. Il s'agit principa­ lement de buires et de bouteilles cylindriques lisses, comme l'illustrent les dotations des tumulus d'Avennes à Braives, de Blehen ou encore d'EbenEmael. Des bocaux sphériques destinés au stockage de denrées alimentaires ont été, par ailleurs, choisis comme urne cinéraire. La consommation du verre s'intensifie vers le milieu du 11e siècle pour atteindre son apogée au siècle suivant, avec un répertoire de formes plus étendu, gobelets et verres à pied, hautement décorés, service de plats et de coupes. Cette évolution est très nette­ ment suivie au sein des nombreux tumulus de Wallonie, à Herstal, à Cortil-Noirmont, Penteville, à Frizet, à Séron, au Bois de Buis, à Champion, à Hanret ou encore à Thorembais-Saint-Trond. Les bouteilles prismatiques, déjà présentes en quatre exemplaires dans la tombe II de Clavier, datée de l'époque flavienne, deviennent quasi omniprésentes dans les dotations funéraires où elles sont regroupées parfois dans un petit coffret en bois. Imprimées aux revers du

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fond de marques de cercles concentriques ou de motifs géométriques pour les plus récentes, certaines portent même les estampilles CC/AA et CC/PC, pro­ pres aux ateliers de Cologne. C'est à ces derniers que l'on attribue une grande partie de la production de cette vaisselle en verre transparent, extrêmement fin et à décor vermiculaire. À côté de la vaisselle, les vases à cosmétiques occu­ pent aussi une place non négligeable, aryballes, pots à onguent, unguentaria ou chandeliers marqués parfois d'une estampille nominale. Dans la bijouterie, le verre intervient énormément par le biais des perles de collier et des bracelets. Les couleurs utilisées sont variées et proviennent d'un mélange effectué à partir de tessons de verre d'origine diverse. Les perles sont produites à partir de bâtonnets coupés en pastilles, réchauffées et ensuite percées. Outre les gemmes en pâte de verre imitant les pierres naturelles, les objets de parure en verre se composent de bracelets annulaires en verre de couleur allant du jaune vert au noir en passant par le bleu ou encore le violet ainsi que de nombreuses perles. Portées en col­ liers ou en bracelets, les perles dont les plus fré­ quentes sont celles en pâtes de verre à côtes de melon, offrent une grande variété de formes et de couleur.

Canthare en verre ambré de Clavier, Vervoz, Fecheroux provenant d'un ensemble funéraire. Il est décoré de guirlandes blanches dans la masse (époque flavienne). 312 Œnochoé en verre décorée de filaments colorés et dorés, sans doute produite à Cologne et provenant d'un tumulus du Champ des Tombes, à Cortil-Noirmont (fin du 11e siècle - début du ine siècle).

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ARTI SANAT ET P R O D U C T I O N S !

Les déchets de fabrication constituent un indice précieux pour la reconnaissance d'un atelier. Des «masses de verre», des fils et des gouttes de verre figu­ rent au nombre des pièces retrouvées à Macquenoise, une officine probable mais non fouillée, dont on ne connaît pas le statut. Beaucoup d'ateliers ou de fours de verriers sont maintenant connus en Gaule. En ce qui concerne les installations liées à cet artisanat, il est question de petits fours et de foyers. Les fours sont de dimensions assez modestes et de forme circulaire, semi-circulaire ou rectangulaire. Pour l'outillage qui se trouve en rap­ port avec ce travail, on distingue la canne à souffler et des instruments en métal comme des pinces et des ciseaux. Les moules permettant d'obtenir une forme précise du vase en verre sont indispensables. On cite généralement le moule à décor de grappe de raisin de Macquenoise, qui est un faux contemporain.28 Le

creuset, un récipient destiné à recevoir le verre en fusion, est aussi représenté dans quelques sites. Le plus souvent, il s'agit de vases en céramique assez épais, dont la paroi interne est recouverte d'une épaisse couche vitrifiée; on ajoute parfois sur la paroi externe du récipient un enrobage d'argile pour proté­ ger celui-ci des flammes. Comme la découverte de ces fragments de creusets est la plupart du temps réalisée hors contexte d'atelier avéré, des auteurs les considè­ rent comme la preuve du travail du verre pour des réa­ lisations architecturales, mais on pourrait aussi les mettre en rapport avec la fabrication de bijoux. On a enregistré la présence de ce type de témoins dans divers sites d'agglomérations, comme Tournai, Amay, Braives et Liberchies, où dans ce dernier site, la fabri­ cation de gemmes en pâte de verre est attestée. Faut-il séparer la fabrication de pièces en verre souf­ flé de celle du verre plat? Le soufflage nécessite une température plus élevée et un mélange de coloris, à l'inverse du verre à vitre. Les principaux ateliers reconnus pour la vaisselle en verre figurent dans des quartiers artisanaux urbains, comme à Lyon, Autun, Avenches, Reims, Cologne, Bavay et Trêves ou plus rarement dans les agglomérations secondaires.29 Quant au milieu rural, la question d'un développe­ ment de cet artisanat est controversée. Les trouvailles disséminées dans les établissements ruraux, comme à Jemelle et à Aiseau, sont peu convaincantes, en de­ hors de celles réalisées, pour la période du Bas-Empire, à Hambach près de Cologne.30

LA CÉRAMIQUE La céramique est un produit de première nécessité, elle est destinée à des usages multiples, de la prépa­ ration des aliments au service de table, du transport au stockage des denrées. Le nombre d'ateliers de potiers révélés par l'archéologie tout comme la masse énorme de fragments de poteries, livrée habi­ tuellement par les sites d'habitat permettent de mesurer l'importance de sa consommation.31 Alors qu'à la période protohistorique la population locale se contentait de céramiques non tournées, le contact avec le monde romain va engendrer des catégories de céramiques nouvelles. Si les oppida et l'aristocratie trévire sont touchés par les importations d'amphores

313 Les perles en pâte de verre sont des productions émanant surtout des bijoutiers installés dans les agglomérations. Elles sont lisses ou côtelées et de teinte variée. Elles interviennent dans la fabrication des colliers ou des bracelets. 314 Fragments de creusets de verriers retrouvés dans l'agglomération de Liberchies. Ce sont des céramiques usuelles revêtues d'une épaisse croûte argileuse vitrifiée sur la paroi externe et d'un film de verre craquelé ou boursouflé sur la face interne du vase. Le second témoin de l'activité du verrier se traduit par la découverte de déchets de verre et de gouttelettes ou de coulures.

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républicaines et les vaisselles italiques en bronze et en céramique liées à la consommation du vin, il faudra attendre, dans nos régions, l'époque augustéenne, pour mieux ressentir ces premiers contacts avec la cul­ ture italique. À l'origine, les importations de céra­ miques sont mises en rapport avec les besoins de consommation des militaires casernés dans les camps et des populations urbaines.32 Pour mieux comprendre la réalité économique à laquelle correspond la vaisselle gallo-romaine, on peut la considérer du point de vue de la fonction. On distingue de la sorte assez aisément la vaisselle de table, la vaisselle de service, la vaisselle culinaire, la vaisselle de préparation, la vaisselle domestique, la vaisselle de stockage ou de transport. Quelques autres céramiques, beaucoup plus rares, sont produites à des fins cultuelles ou décoratives: il s'agit des vases por­ tant un décor spécifiquement religieux, des statuettes en terre cuite; on y ajoutera les pièces du luminaire. D'autre part, il faut aussi évaluer la part de la céra­ mique qui fait l'objet d'un commerce international, régional et local. Le grand commerce de la céramique vise des produits de qualité qui se confondent avec la vaisselle de table, quelques récipients domestiques réputés pour leur qualité, comme les mortiers, et les amphores dont le contenu intéressait les populations du nord de la Gaule. Le commerce de la céramique, et notamment le métier de négociant, est documenté par quelques inscriptions, telle celle de Lyon ou de Domburg. La céramique commune a rarement fait

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l'objet d'un commerce international et a très rapide­ ment été exécutée sur place, dans l'esprit de la culture autochtone, mais non sans adopter quelques modifi­ cations techniques dans le mode de tournage et de cuisson des vases, sensé avoir été perfectionné dès le début de l'époque romaine.33

La céramique com m e produit d'importation La vaisselle de table est fabriquée dans une pâte plus fine que les céramiques communes, elle peut être décorée et réalisée selon un certain nombre de tech­ niques spéciales qui en faisaient des produits de qua­ lité. La concurrence en ce domaine a été très rude et les corporations de marchands étaient parfaitement organisées pour encourager la création de véritables centres de potiers et acheminer les productions vers des destinations lointaines. Le produit-phare dans cette optique est la terre sigil­ lée qui, par sa couleur d'un rouge profond, son revête­ ment brillant et ses décors moulés, connaîtra, à partir de ses premiers centres de production situés en Étrurie, à Arezzo et à Pise, un succès énorme.34 Cette vaisselle est si répandue dans les sites gallo-romains, qu'il est difficile de continuer à la considérer comme une céra­ mique de luxe, le terme devant être réservé sans doute à la vaisselle métallique, en particulier en argent. La demande est telle pour l'approvisionnement du limes

La céramique importée. La terre sigillée correspond à une production de masse dont les formes stéréotypées, parfois signées, composent des services de table comprenant des plats ou assiettes, des coupes et des bols.

ARTI SANAT ET P R O D U C T I O N S !

316 La céramique importée. La terre sigillée offre aussi une gamme de vases ornés, le plus souvent des coupes, au décor moulé. Pour illustrer le champ décoratif, les potiers puisent leur inspiration dans un répertoire diversifié: géométrique, végétal, animalier et représentations humaines. Ces productions ont inondé le monde romain occidental et, en particulier le nord de la Gaule. Elles proviennent d'officines localisées dans le sud, le centre et l'est de la Gaule. a Décor en frise de rinceaux avec feuilles lancéolées (La Graufesenque, sous Claude-Néron), b Palissade de volutes et cheval ailé (La Graufesenque, sous Claude). c Feuilles en forme de hallebarde et médaillon cordé avec lapin (La Graufesenque, sous Néron-Vespasien). d Médaillon avec oiseau et Vénus (Lezoux, 11e siècle), e Personnage traînant un lièvre (Lezoux, IIe siècle), f Militaire et personnage en médaillon (Rheinzabern). g Personnages (Argonne). h Motifs géométriques (La Madeleine, Moselle).

rhénan et le nord de la Gaule, que des succursales gau­ loises sont créées notamment à Lyon.35 Au fur et à mesure d'une demande jugée croissante, se dévelop­ pent, dans le sud de la Gaule, deux grands pôles de production distincts avec les ateliers de potiers de La Graufesenque et ceux de Montans. Finalement, ces ateliers méridionaux perdront leur monopole com­ mercial au profit d'un groupe d'ateliers situés dans le centre de la Gaule et dont le plus important est loca­ lisé à Lezoux. Comme pour mieux se rapprocher des sites de consommation septentrionaux, se mettront en place, dès le milieu du Ier siècle pour les plus pré­ coces, des ateliers de céramiques en Gaule de l'Est. Dans le courant du 11e siècle de grands centres de pro­ duction vont ainsi voir le jour avec les ateliers argonnais, de Trêves ou encore de Rheinzabern.36 Chacun de ces centres se réserve une zone de monopole com­ mercial qui persistera durant le me siècle avant qu'ils ne périclitent. Au Bas-Empire, en effet, seules les pro­ ductions argonnaises vont véritablement durer, connaître un succès important et dominer les mar­ chés des régions situées entre la Loire et le Rhin. Aucun atelier de sigillée n'existe au sein de nos terri­ toires, qui sont donc marqués par une importation continue de ces produits. C'est une zone de libre concurrence, où les céramologues étudient les parts de marché prises par chacun de ces ateliers au cours des siècles. La vaisselle de table et de service ne se réduit pas à la seule terre sigillée, mais elle comprend aussi de la vaisselle fine destinée à la consommation des bois­ sons. Tout comme la terre sigillée, cette vaisselle se développe particulièrement à l'époque augustéenne à travers une série d'ateliers italiques et provinciaux. Les plus connus de ces vases sont les gobelets moulés dits d'Aco, potier signant sa production. Ce service va évo­ luer en formes, en styles et en techniques notamment dans les ateliers de Lyon, dont les vases recouverts d'un engobe foncé sont principalement destinés à l'exportation vers les zones militarisées, via l'axe Rhône-Saône-Rhin.37 La chute de la commercialisa­ tion à grand échelle des céramiques fines lyonnaises s'amorce dès l'époque flavienne. Tous les ateliers de sigillées se lancent également dans la production de cette vaisselle. Par ailleurs sur le Rhin, les ateliers de Cologne, vont développer une production de masse de vaisselles fines engobées dont les plus célèbres sont

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les gobelets à scènes de chasse, décorés à la barbotine sous l'engobe. Parallèlement, au sein de quelques offi­ cines de sigillées de Lezoux qui maîtrisent une tech­ nologie élaborée, naît dans le courant de la seconde moitié du 11e siècle, un nouveau produit de céramique fine à vernis noir aux reflets métallisés et baptisé pour cette raison métallescente. À nouveau, une étroite relation est établie entre les ateliers producteurs de sigillées et de métallescentes. En Gaule de l'Est, c'est l'atelier de Trêves qui développera la céramique métallescente durant le 111e siècle pour aboutir à la création d'un produit haut de gamme marqué par les fameux vases à devises, portant des inscriptions peintes et un décor de rinceaux et de grappes de rai­ sins invitant à la consommation du vin.38 Pour répondre rapidement à ce nouveau besoin de vaisselle de table, les potiers gaulois vont produire des céramiques imitant les formes méditerranéennes, les céramiques arétines puis les prototypes issus des ate­ liers de sigillée de Gaule méridionale. En même temps, ces mêmes potiers vont poursuivre la fabrica­ tion de quelques formes issues de prototypes indi­ gènes. Ce nouveau produit, dénommé céramique belge, montre toute l'habileté des potiers à fusionner dans leur artisanat deux cultures très différentes, l'une d'origine italique, l'autre celtique. Si au départ, cette vaisselle se scinde en deux catégories, l'une caractéri­ sée par une cuisson en mode oxydant, la terra rubra, livrant des copies assez réussies des terres sigillées ita­ liques, l'autre par sa cuisson en mode réducteur, la

terra nigra, cette dernière seule perdurera au-delà du siècle. La demande sera si importante que des offi­ cines vont proliférer à travers tout le territoire. Ces ate­ liers vont se répartir dans les agglomérations secon­ daires pour répondre au plus près à la demande de la clientèle potentielle ou, s'installer de manière plus isolée en zone rurale. Cette vaisselle est particulière­ ment révélatrice d'une société en mutation.39 II existe aussi d'autres céramiques fines à caractère régional comme la céramique dorée couverte d'un engobe micacé qui imite souvent les services à ablutions en métal ou la céramique peinte et marbrée dont le répertoire typologique est commun à certaines for­ mes en sigillée. D'autres catégories de céramique sont introduites dans nos régions sous l'influence de la cuisine ita­ lique: les cruches, les pots à provisions, les mortiers ou encore les plats à vernis rouge-pompéien. Cette dernière catégorie, dénommée ainsi en raison de l'en­ gobe de couleur rouge évoquant les fresques de Pompéi et recouvrant la paroi interne du plat, servait à la cuisson de galettes de pain.40 Un autre domaine de la céramique fort étudié con­ cerne la fonction d'emballages. Avec les amphores, nous atteignons le phénomène économique de la mondialisation. Elles sont commercialisées pour leur Ier

317 La céramique importée. La vaisselle fine de table et de consommation de boissons. Les ateliers les plus importants sont ceux de Cologne et de Trêves. Gobelets et coupe en céramique fine produits dans les grands ateliers du I I e siècle de Cologne et du m e siècle de Trêves. Les premiers à engobe mat portent souvent un décor sablé et, pour les plus célèbres, un décor de scènes de chasse où des molosses poursuivent lièvres et cervidés. Les seconds, à vernis brun noir, d'une qualité technique exceptionnelle avec des reflets métallisés, étaient destinés à la consommation du vin. 318 La céramique importée. La vaisselle fine est aussi représentée par des importations d'Argonne, en particulier de l'atelier de Lavoye. Ici: gobelet à boire avec scènes de chasse (deuxième moitié du 11e siècle après J.-C.).

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contenu: vin, mais aussi huile d'olive, garum ou encore autres produits exotiques acheminés dans des récipients produits dans la toute grande majorité des cas à proximité immédiate des exploitations viticoles, oléicoles ou encore des pêcheries. Témoins directs du commerce méditerranéen, ils sont également les marqueurs du changement des habitudes alimen­ taires.41

À partir des fragments d'amphores, dûment quanti­ fiés, retrouvés dans les agglomérations gallo-romaines situées en Wallonie, on obtient déjà une idée intéres­ sante des grandes tendances de l'arrivage des amphores en provenance d'Italie, de Lyon, de la Narbonnaise, de la Péninsule ibérique, d'Afrique et d'Orient, et de la nature des produits importés et consommés sur place.

La céramique gallo-belge représente un phénomène culturel de première importance, qui marque les débuts de la Romanisation et tout le Ie r siècle après J.-C. Il s'agit d'assimiler des formes de vaisselle créées en Italie et recopiées dans les provinces gauloises ou de produire des vases aux formes gauloises selon des techniques de cuisson évoluées. On connaît des productions en terre noire (la terra nigra) ou en terre rouge (la terra rubra). Céramiques en terra rubra retrouvées à Namur parmi le mobilier funéraire d'une tombe de la nécropole de La Motte-le-Comte (première moitié du Ie r siècle après J.-C.). 320 Les vases dont les formes ont été introduites sous l'influence de la cuisine italique: cruche, cruche-amphore et mortier. 321 Les amphores, un produit d'importation pour le vin, l'huile et le garum (sauce de poissons) qui représentent un commerce au plus haut point rentable. Des fragments d'amphores de provenance variée sont représentés dans beaucoup de sites gallo-romains de Wallonie. Les amphores les plus populaires en Gaule du nord: a Amphore à vin de Narbonnaise (dénommée Gauloise 4) b Amphore à huile de Bétique (Dressel 20). 319

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Les céramiques régionales L'étude des céramiques régionales conduit d'une part à mieux connaître l'importance des ateliers situés en Wallonie et les mécanismes de diffusion de leurs pro­ duits et d'autre part, de déterminer des faciès régio­ naux de consommation. Des groupes de productions caractérisés par les argiles de nature distincte, et le répertoire de formes précises permettent d'appréhender cet artisanat majeur en Gaule du Nord. L'absence d'argile calcaire dans nos régions a par ailleurs obligé les potiers à uti­ liser des argiles siliceuses pour l'ensemble de ces pro­ ductions. Comme l'argile calcaire supporte mal les chocs thermiques, elle sera par exemple réservée à la fabrication de vaisselle fine, de cruches, de mortiers, qui sont tournés dans une pâte dite savonneuse ou dans une autre de la région de Bavay. Les archéologues prennent en compte aujourd'hui la céramique sur le plan de sa réalisation technique; en les caractérisant par des méthodes de laboratoire, ils arrivent parfois à discriminer leur origine, sur base de la détermination de la pâte et de ses composants.42 Les grands groupes de production de céramique reconnus appartiennent aux bassins fluviaux de l'Escaut ou de la Meuse, à la zone limoneuse septen­ trionale de la Belgica et de la Germanie Inférieure, à la région lorraine. Toute la gamme de céramiques utili­ taires nécessaires aux besoins domestiques de la popu­ lation gallo-romaine de nos régions se retrouve au sein de ces groupes régionaux, de la vaisselle de table

à la céramique commune à vocation culinaire en pas­ sant par l'ensemble des récipients de service et de pré­ paration. Il existe une autre catégorie de vaisselle, dénommée commune, qui devait prioritairement répondre à un autre besoin récurent, celui de la cuisine, sans exclure l'existence d'une gamme de céramiques grossières pouvant figurer sur la table des pauvres ou des moins riches. Les fouilles archéologiques en révèlent des fragments par milliers. Il s'agit des pots à cuire ou des marmites, des plats à cuire, des bouilloires, des poê­ lons et des couvercles. On la considère avant tout sous un angle régional.43 Les céramiques culinaires représentent plus de la moitié de la vaisselle découverte en contexte d'habi­ tat. Au début de la période romaine, cette vaisselle perpétue les techniques des productions domestiques

322 Les céramiques locales et régionales conservent un aspect indigène au début de l'époque romaine. Un groupe de vaisselle d'époque flavienne typique de l'Entre-Sambre-et-Meuse: la céramique en pâte celluleuse est recouverte de bandes d'enduit noir luisant. Pot à cuire, plat, couvercles et récipient cultuel en forme d'outre, à têtes de bélier, issu de la nécropole des llliats à Flavion. 323 Les céramiques régionales, la céramique commune culinaire: variété de vaisselle attestée dans l'agglomération de Liberchies. On reconnaît une bouilloire et divers modèles de pots à cuire, avec couvercle. 324 Les céramiques régionales, la céramique commune culinaire mosane: vaisselle à pâte claire bien représentée dans cette région. Bouilloire, plat, marmite et couvercle.

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gauloises, on parle alors de céramique de tradition indigène. Cette batterie de cuisine adaptée à une ali­ mentation gauloise, va progressivement évoluer tant du point de vue technique que morphologique. Elle compte de plus en plus de formes ouvertes destinées à faire revenir les aliments avant de les mijoter au détri­ ment des formes fermées plus aptes à les faire bouillir. Les potiers gallo-romains se sont donc adaptés aux changements alimentaires de la population, ainsi qu'aux méthodes de préparation et de conservation des produits alimentaires.44

325 Les céramiques régionales, la céramique commune culinaire de Hesbaye. Produites dans les ateliers de l'agglomération de Tirlemont, ces pièces ont été largement diffusées dans les établissements ruraux du Brabant et du Namurois. 326 Les céramiques régionales. Ensemble représentatif de la production de céramique fine issu d'un four de l'agglomération de Saint-Mard.

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Les centres de production de la céramique en Wallonie En Wallonie, si l'officine de Momalle avec ses deux fours excavés et sa production de terra nigra remonte au début de l'occupation romaine, ce n'est qu'à partir du milieu du Ier siècle que se développe véritablement l'artisanat de la céramique au sein des nouvelles agglomérations gallo-romaines comme à Braives, à Clavier (Vervoz) ou à Saint-Mard. Les artisans-potiers de ce vicus, situé à l'écart des grands axes de circula­ tion, entretiennent par ailleurs des relations étroites avec les petits ateliers ruraux isolés de Huombois et d'Hambresart, proches de diverticules reliant SaintMard à la chaussée Reims-Trêves. Ils sont peut-être liés à un grand domaine agricole. Alors que la demande est tournée essentiellement vers la production de céramique belge, dès la fin Ier siè­ cle, les potiers de nos régions vont s'attaquer à pro­ duire, dans les limites de leur savoir-faire, toutes les principales catégories de céramique du nouveau

répertoire gallo-romain. C'est le cas de l'atelier de l'agglomération de Liberchies. L'organisation des ateliers de potiers reste à ce jour fort peu connue, en dehors de celui de l'aggloméra­ tion de Braives, où l'on a reconnu non seulement les fours, mais aussi des aires de préparation et de stockage. Le site a révélé une quinzaine de fours. C'est aussi le cas pour l'officine de Vervoz à Clavier. Six fours sont connus à Blicquy (Camp romain), cinq à Liberchies, plusieurs ont été repérés dans divers quar­ tiers de Tournai. Pour certaines officines occupant un vaste espace, comme à Howardries et à Taintignies, la question est posée de savoir si nous n'avons pas affaire à des complexes artisanaux spécialisés de grande envergure. En revanche, les fours mis au jour à Sirault, Petit-Enghien et Tillier semblent appartenir à de petits ateliers ruraux isolés et peut-être liés à un grand domaine agricole. Les fours répondent à un modèle standard, de forme circulaire le plus souvent, avec un diamètre qui varie de 0,60 m pour les petits et 2,40 m pour les plus

327 Carte des productions de la céramique gallo-romaine en Wallonie Sites de production: 1 Ploegsteert 2 Tournai 3 Taintignies 4 Howardries S Bruyelle 6 Blicquy (Camp romain) 7 Blicquy (Ville d'Anderlecht) 8 Waudrez 9 Sirault 10 Petit-Enghien 11 Liberchies 12 Tourinnes-Saint-Lambert 13 Tillier 14 Braives 15 Momalle 16 Huy 17 Amay-Ombret 18 Jupille-sur-Meuse 19 Clavier (Vervoz) 20 Arlon 21 Saint-Mard 22 Hambresart 23 Huombois 24 Villers-devant-Orval.

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328 Variété des fours de potiers découverts en Wallonie. a Bruyelle b Petit-Enghien c Clavier (Vervoz) d Braives e Sirault f Liberchies g Huombois.

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grands. Ils sont enterrés et construits à même le sol, sur deux niveaux. Dans la partie inférieure se trouve la chambre de chaleur qui communique avec un foyer. La sole ou plancher de terre cuite suspendu sépare la chambre de chauffe du laboratoire, où est placée la fournée à cuire. Maintenue en place par des structures de soutien de forme différente, la sole dispose le plus souvent d'un muret central et elle est percée de car­ neaux pour répartir la chaleur dans le laboratoire isolé de l'extérieur par une couverture légère. Un appentis en bois peut protéger le four ou la zone du foyer. À Sirault, à Petit-Enghien et à Tillier, les fours étaient destinés à la production de grands récipients à usage agricole, mortiers pour moudre les grains et dolia, pour le stockage. Ils sont donc de grandes dimensions et se singularisent par la présence de canaux longitu­ dinaux de chauffage qui viennent s'embrancher sur les canaux centraux.45 Enfin, cet artisanat se poursuit après les troubles de la fin du me siècle comme l'indique la découverte d'un four de potier installé dans la cour de la pars urbana de la villa de Bruyelle, ou, encore, en ville, à Tournai, où l'analyse du mobilier céramique révèle des indices d'une production locale, ou tout au moins régionale, de dérivées de sigillée tardive.

opératoire de la fabrication du tissu puis de celle de sa commercialisation. Parmi ces métiers, on en trouve une quinzaine, depuis la peseuse de laine jusqu'aux commerçants, en passant par le foulon et le fabri­ quant de capes. Un Nervien est installé à Saintes comme fabriquant de vêtements précieux.47 Par ailleurs, les représentations liées à cet artisanat ne manquent pas en territoire rême et trévire, sur les monuments funéraires. Citons pêle-mêle le pilier d'Igel qui devrait être mis en rapport avec une famille de commerçants de laine (Secundini), à Buzenol, un relief représentant un marchand de tissus et à Arlon, un autre bgurant une scène de vente de tissus.48

LES TEXTILES ET LES FOULONS Le lin et la laine sont les deux principales matières premières utilisées, dans l'Antiquité, en relation avec l'industrie de l'habillement. D'après Pline, la Gaule Belgique est une région réputée dans l'Empire pour ces productions. Selon l'Édit du Maximum, la laine des Nerviens et des Atrébates est une matière de luxe exportée au loin, pour partie brute, pour partie trans­ formée et tissée. La laine atrébate serait vendue quatre fois plus chère que les laines supérieures courantes. Le célèbre manteau à capuchon nervien (birrus), de cou­ leur fauve, vaudrait 15000 deniers alors que celui de Laodicée, qui lui ressemble, ne serait pas estimé à plus de 10000 deniers et le manteau typique des Trévires en vaudrait encore moins.46 Grâce à l'épigraphie, des épitaphes le plus souvent, on dispose d'une nomenclature des principaux métiers liés à cette industrie, qui donne une idée de la chaîne

329 La scène du marchand de drap sur un monument funéraire d'Arlon (autour de 250 après J.-C.). 330 Quelques éléments de l'outillage pour le travail du textile provenant de l'agglomération de Liberchies: navette en fer, fusaïole en terre cuite, aiguilles en os.

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En relation avec la chaîne opératoire décrite plus haut, il faut s'interroger sur la répartition du travail, en distinguant l'artisanat domestique d'une industrie spécialisée propre. De cette façon, il serait question de faire la différence entre le filage, pratiqué dans les fermes et le tissage qui relèverait de centres artisanaux organisés.49 Dans cette optique, les commandes mas­ sives passées pour équiper l'armée posent question. Au Bas-Empire, il existe quatorze procurateurs liés à des gynécées, dont celui de Tournai. Mais, pour satis­ faire les besoins militaires, il faut non seulement avoir accès à la matière première mais aussi envisager l'exis­ tence d'un artisanat organisé. D'une certaine manière, ces manufactures peuvent mettre à mal les petites officines privées ; à moins que les gynécées ne fassent appel à la sous-traitance.50 Le filage est représenté par des fusaïoles découvertes assez fréquemment dans les sites d'habitat, tandis que l'activité de tissage est illustrée par des pesons, une

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catégorie d'objets assez bien connus, généralement en terre cuite, et de forme pyramidale, qui, suspendus à la chaîne des métiers à tisser, assuraient la tension des fils. On n'oubliera pas, non plus, la présence fréquente dans les tombes, de forces ou ciseaux à tondre, en fer.51 Les pesons sont assez rares en Belgique. Toutefois ils apparaissent indifféremment dans les villae et les agglomérations. Comme c'est le cas pour le nord de la France, la différence entre le filage, spécialité rurale et le tissage, spécialité urbaine, n'apparaît pas en l'état de la documentation.52 Pour donner une suite utile à ces travaux de filage et de tissage, ceux-ci doivent être complétés par d'autres traitements. On pense, en particulier, au métier de fou­ lon dont on connaît, par l'Édit de Dioclétien, le salaire: pour un manteau à capuchon en laine de type nervien, il touchera la somme modique de 600 deniers. L'activité de foulonnerie est parfois représentée sur des blocs sculptés : à Arlon, un relief funéraire, perdu,

La foulonnerie d'Arlon: bassins en bois et en pierre, entourés par un plancher.

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montrait des teinturiers au travail, dans une cuve en bois.53 Il est plus rare de retrouver les installations matérielles liées à ce travail, caractérisées par des bas­ sins et des jarres contenant des pigments et des foyers pour chauffer le bain de teinture. La chance a souri aux archéologues arlonnais avec la découverte récente des vestiges d'un atelier. Il est établi dans un édifice qui ressemble, en plan, à une résidence de taille moyenne, avec galerie. L'eau circule, par des sys­ tèmes complexes, dans une succession de bacs étroits en planches et une cuve en pierre. On y a retrouvé les foyers nécessaires à la préparation des teintures. De nombreux restes végétaux associés à de la laine et du lin ont été rassemblés dans les échantillons prélevés dans les différents bassins. Construit au milieu du IIe siècle, l'atelier des foulons disparaîtra définitive­ ment après 275.54

LES CUIRS ET LA TANNERIE Le perfectionnement des techniques de l'artisanat du cuir à l'époque romaine va de pair avec une demande pressante qui provient tant du monde civil que du monde militaire.55 L'armée, en particulier, a des besoins qui peuvent apparaître comme illimités. À partir d'une découverte réalisée à Vindolanda en Grande-Bretagne, on peut estimer qu'une tente abritant huit soldats nécessitait plus de quatre-vingt peaux, représentant un poids total de 20 kg. Le cuir entre aussi dans la fabrication des boucliers qui disposent de housses de protection, comme nous le révèle Jules César à propos de la bataille de la Sambre; le dictateur indique que, pris de court, les soldats n'eurent pas le temps de les enlever. La selle, la bride, les sangles, les courroies, les lanières, les fourreaux sont aussi confectionnés en cuir. Au plan vestimentaire, on note le pourpoint réalisé en cuir souple, de chèvre ou de mouton, qui était porté sous la cuirasse, et la lorica, sans manches et en cuir de bœuf, les ceintures et les baudriers, sans compter les chaussures.56 Le monde civil n'est pas moins demandeur de pro­ duits finis en cuir. On pense surtout aux sacs, aux étuis et aux bourses, comme celle découverte à Pommerœul, réalisée à partir d'un seul morceau de

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cuir, de forme circulaire et fermée par un cordon. La variété des chaussures est très grande; quelques-unes d'entre elles sont cloutées, comme la solea qui est une sandale dont la semelle est revêtue, sur son pourtour, de quarante à cinquante clous, dont on observe l'em­ preinte accidentelle sur certaines tuiles avant cuisson. La caliga est une chaussure militaire à grosse semelle cloutée et lanières multiples enserrant le pied. Il y a aussi des bottines qui recouvrent tout le pied et des sabots en bois avec sangle de cuir portés dans les thermes pour protéger la plante des pieds de la cha­ leur, comme l'exemplaire retrouvé dans un puits à Braives. Il n'est pas rare de découvrir les restes ou la semelle de ces chaussures en cuir. On en connaît des exemplaires bien conservés à Velaines-Popuelles, Pommerœul et Liberchies, notamment. La chaîne de production des objets finis est très longue. Il faut d'abord assurer un bon approvisionne­ ment en peaux de bœuf qui servent à la réalisation des semelles de chaussure et des boucliers, plutôt réalisés en peaux de chèvre. Il s'agit alors de garantir une bonne planification entre l'éleveur, le boucher et le tanneur. Les peaux étaient généralement livrées avec les cornes et les pattes, si bien qu'un autre artisanat pouvait être mis en pratique à cette occasion, celui du travail de l'os et de la corne. Chaque ballot de peaux était marqué d'une inscrip­ tion comptable avant d'ar­ river à la tannerie, mais le tanneur estampillait lui aussi ses productions pour en garantir l'origine et la qualité; c'est probablement le cas à Liberchies.57

Chaussures en cuir et semelles cloutées qui correspondent à des modèles différents, provenant de l'agglomération de Liberchies.

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L'identification des sites de traitement des peaux est malaisée, car elle ne peut se fonder sur la découverte d'objets finis, comme des chaussures, ou de chutes et de découpes, qui attestent plutôt du travail du cordon­ nier ou d'artisan œuvrant au sein d'une manufacture de vêtement. Le tannage et le corroyage sont des métiers qui exi­ gent d'être conduits sur des sites étendus à caractère plus ou moins industriels. Pour le tannage, il faut dis­ poser de cuves multiples et d'une circulation d'eau courante; il est question de laver les peaux et de les plonger dans un jus tannant constitué, s'il est d'ori­ gine végétale, de plantes et d'écorces de chêne et d'aulne. Les peaux sont mises à tremper pendant plu­ sieurs mois. Le corroyage consiste à donner au cuir son apparence finale, en l'assouplissant; cette activité, bien que complémentaire de celle du tanneur, ne demande pas de grandes installations. À Liberchies, les restes d'une installation de ce type ont été mis au jour. Un terrain en pente traversé par de nombreux écoulements d'eau à partir d'une source aménagée par des bassins en bois à la Fontaine des Turcs et conduisant vers un ruisseau, constitue un lieu d'implantation idéal pour ces activités. Le ruisseau peut servir à diverses activités de rivière, comme le lavage des peaux. Sur la pente, on trouve des cuves en bois et en pierre, certaines reliées entre elles par un vaste réseau de canalisations. L'une des cuves avait les parois tapissées d'une couche d'écorces broyées, tan­ dis que les découpes de cuir ne manquent pas sur le site. L'installation a été en service de la fin du Ier siècle au milieu du 11e siècle. En Wallonie, un autre site peut être mis en rapport avec ce type d'activité. Il s'agit de

Pommerœul, admirablement connecté à une rivière navigable et à une route. Le milieu humide a favorisé la conservation des matériaux organiques, en particu­ lier des cuirs. C'est surtout la mise au jour d'une fosse comblée de cornes de bovidés qui laisse augurer de l'existence sur place d'une tannerie.58

L'ARTISANAT DE L'OS La rareté de l'ivoire n'exclut pas que certains petits objets ont pu être réalisés ou commercialisés dans cette matière à l'époque romaine. On va recourir plus volontiers à l'os, à la corne et au bois de cervidé qui sont disponibles sur place. Lorsque le choix est possi­ ble, on n'hésitera pas à utiliser le bois de cerf qui a des propriétés de résistance plus grandes que l'os. Il n'est pas toujours aisé de reconnaître l'un de l'autre à par­ tir des objets finis.59

333 Chaussure et objets en cuir, en cours de dégagement dans le niveau humide de l'agglomération de Pommerœul. 334 La tannerie de l'agglomération des Bons-ViHers à Liberchies : grand caniveau en pierre avec avaloir, structurant la pente de l'atelier. 335 La tannerie de l'agglomération des Bons-ViHers à Liberchies: petite cuve monobloc creusée à la gouge dans un demi-tronc de chêne.

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L'os long ou le bois de cerf sont découpés en tenant compte de la longueur et de la forme de l'objet que l'on veut fabriquer. Dans la plupart des cas, on vise une confection faite d'une pièce, comme les pions de jeux et les épingles à cheveux. D'autres objets sont plus sophistiqués et appellent à l'association de plu­ sieurs éléments entrant dans leur réalisation. Pour cette raison, la fabrication des peignes est générale­ ment assurée en bois de cerf. La variété des productions en os ou en bois de cervidé est très large. On peut distinguer les pièces utilisées à des hns vesti­ mentaires et de parure comme les épingles et les peignes, celles liées au service de la nourriture comme les cuillères et les manches de couteau, à des travaux ménagers comme les poinçons, les aiguilles et les fusaïoles, au jeu comme les pions et les dés, à l'ameu­ blement comme les gaines de charnière et les élé­ ments de placage. Ce type d'artisanat est dénommé tabletterie. La scie est l'outil qui caractérise le travail du tabletier et,

concernant l'os, c'est la diaphyse qui se révèle être la source la plus utilisée. Pour reconnaître un lieu d'exécution de cet artisa­ nat, il faut une concordance d'indices témoignant des différentes étapes de la production d'un objet, à savoir des ébauches, des rebuts, des déchets, des objets finis, voire des outils. Il semble que cet artisanat a sur­ tout été exécuté dans les agglomérations.60 Somme toute, l'artisanat gallo-romain représente l'une des facettes les plus caractéristiques de la culture matérielle qui définit cette période.

336 Peigne en os découvert dans l'agglomération des Bons-Villers à Liberchies. 337 Objets en os provenant des fouilles de la place du Marché-aux-Légumes à Namur: pions de jeu, aiguilles à chas et épingles à cheveux.

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Chapitre X

LA PÉRIODE TARDO-ROMAINE

Une crise importante, à plusieurs visages, a marqué le me siècle de notre ère. On attend désespérément le rétablissement politique et économique de la situa­ tion; après un début de reprise en main par les der­ niers empereurs de ce siècle, elle viendra plus nette­ ment avec les empereurs de la Tétrarchie. C'est en 293 après J.-C., avec l'instauration de la Tétrarchie, qu'est communément fixé le début d'un autre âge, dénommé «Bas-Empire romain». Le choix de cette délimitation historique repose, pour l'essen­ tiel, sur l'histoire institutionnelle en s'appuyant sur la

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réforme de l'État menée par Dioclétien. Un raisonne­ ment similaire conduit à fixer la fin de cette période à 476, année qui marque la chute de Rome et de l'Empire romain d'Occident. Le terme même de «BasEmpire» ajoute une connotation péjorative à cette époque troublée; pour parachever cette impression résolument négative, il ne reste plus qu'à la considérer comme une période de décadence, ce qui n'a pas manqué d'être le cas depuis le x v m e siècle. Le titre de l'œuvre maîtresse de l'historien Gibbon en avait donné le ton: Déclin et Chute de l'Empire romain. 1

Carte des trésors monétaires enfouis en Gaule et reliés à la période des règnes des Tétricus (270-273) et d'Aurélien (270-275).

Page précédente: reconstitution du castellum de Brunehaut à Liberchies, bâti à la période constantinienne (vers 330 après J.-C.).

LA PÉRIODE T A R D O - R O M A I N E I

Mais d'autres paramètres peuvent intervenir pour reconsidérer cette façon de voir, en particulier pour la Gaule. Les grandes incursions germaniques de 406, comme préludes à la colonisation franque de nos ter­ ritoires, et le remodelage des structures d'habitat qui marquent le ve siècle sont des facteurs qui sont sou­ vent pris en compte pour montrer que le Bas-Empire n'est pas une époque univoque et qu'elle est scandée par des ruptures et des changements. Pour atténuer cette vision pessimiste, les historiens ont changé de vocabulaire. Les grandes invasions de 406 sont désormais présentées comme des migrations et le terme de rupture a été remplacé par celui de mutation. Du coup, cette période considérée pour elle-même, dépouillée de ses accents négatifs, mérite de voir ses limites considérablement élargies. On lui associe volontiers, en Gaule, la hn du rae siècle et on ne lui propose plus de limites finales abruptes. Il est alors question de la notion d'Antiquité tardive qui empiète sur le Haut Moyen-Âge.2 Même si la seconde moitié du me siècle doit être rat­ tachée au Haut-Empire en tant que période de crise pré­ cédant le redressement de l'époque tardo-romaine, on ne peut totalement l'écarter de l'histoire du iv* siècle, en particulier en Gaule du nord. Cette région réagit d'elle-même à la crise, notamment sur le plan mili­ taire, dès les années 80 du me siècle. Peu à peu, durant le me siècle, l'équilibre qui caractérisait le système poli­ tique, militaire et économique de l'Empire romain va connaître de graves défaillances. Au plan militaire, c'est surtout le retrait du limes germanique, après le milieu du IIIe siècle, qui entraîne une prise de conscience de la gravité de la situation. L'insécurité est principalement engendrée par la crainte de voir se multiplier les raids barbares organisés à partir des territoires d'outre-Rhin. Mais elle s'installe aussi à l'intérieur de l'Empire où des bandes armées pillent la campagne. À partir de 260, en même temps que la menace bar­ bare se précise le long des frontières, la crise se géné­ ralise et touche tous les secteurs : le partage du pouvoir devient la règle, plusieurs tentatives de sécession voient le jour, dont la plus connue est celle de l'éta­ blissement d'un «Empire gaulois», dont l'existence s'achève avec Tétricus IL L'Occident s'illustre par un recul démographique très important, les productions agricoles connaissent une chute sans précédent. Les raids germaniques conduits à l’intérieur du territoire,

entre 268 et 275, parfaitement illustrés par l'enfouis­ sement de trésors monétaires, laisseront des traces indélébiles. Nombre d'établissements ruraux et d'ag­ glomérations seront abandonnés et ne seront plus jamais réoccupés. L'analyse de la composition des trésors permet de les répartir en plusieurs groupes chronologiques que l'on situera dans les fourchettes suivantes: 253-265, 265-270 et 270-280. Certains historiens s'engagent à y voir la preuve d'accidents violents et, pour d'autres, il ne s'agit que de circonstances liées à des dévaluations et réévaluations. La question de la non récupération par leurs propriétaires de ces trésors n'en finit pas d'étonner et ne s'explique pas entièrement par des volontés de thésaurisation pour éviter un mauvais taux de change.3 Quoi qu'il en soit, on aurait tort de croire à l'homogé­ néité de ces trésors. Les enfouissements de trésors monétaires en Gaule, pour la période de 259/260, sem­ blent refléter assez bien la situation de précarité entraî­ née par l'invasion des Alamans. Un petit groupe de tré­ sors, comme ceux de Howardries, Bras et Habay-laVieille se détachent nettement des autres (vers 263). La cachette récemment exhumée de Merbes-le-Château s'inscrit dans la période qui suit. Établir une relation automatique entre les invasions de 275/276 et la mise en terre de certains autres trésors est plus malaisée. Ceux-ci sont dotés de nombreuses pièces aux effigies des Tétricus mais, vu le fait qu'ils comportent surtout des imitations gauloises, parfois même une monnaie imitée de Probus, comme à Saint-Mard ou de Maximien (290/1) comme à Bruyelle, on est amené à considérer

340 Le trésor monétaire de Merbes-le-Château, contenu dans une bourse. Il est composé de cent vingt-deux monnaies en argent et de quatre en bronze dont les plus récentes ont été frappées au nom de l'empereur Gallien (253-268). Le dépôt était accompagné de cuillères en argent. La cachette a été aménagée dans un chaudron en laiton et un coffret en bois, dans les années troublées de 265 à 270 après J.-C.

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qu'ils ont été enfouis après les règnes des Tétricus et jusqu'en 280 ou au-delà. Une carte donne bien la mesure de l’importance des cachettes enfouies en Gaule, dont la composition monétaire s'achève avec les règnes des Tétricus et d'Aurélien.4 On situe au me siècle une transgression marine, dénommée Dunkerque II, qui a affecté la région côtière et les estuaires. Le Panégyrique de Constance décrit la plaine maritime flamande comme une zone de maré­ cages. Les mutations dans le tracé du littoral et dans les conditions de vie ont entraîné un abandon généralisé de la Zélande, de certains territoires côtiers des Polders et une réduction sensible de la superficie de la région correspondante, puisque le littoral s'est déplacé parfois de 10 à 30 km vers l'intérieur des terres.5 L'initiative de quelques empereurs énergiques comme Gallien, Probus, Aurélien, puis la fermeté des empereurs Dioclétien (284-305) et Constantin (307337), la longueur du règne de ces derniers et leur implication dans un programme de réformes systéma­ tiques, inaugurent une période de redressement puis de renaissance de l'État, qui, entre-temps, a définitive­ ment changé d'aspect. Dioclétien et Constantin ren­ forcent le pouvoir de l'administration et opèrent des réformes substantielles. Les provinces seront désor­ mais rassemblées au sein de grandes entités nouvelles, les diocèses. Pour ce qui nous concerne, il s'agit du Diocèse des Gaules. La multiplication des provinces et des civitates, sous la Tétrarchie, constitue le révélateur des grandes modifications administratives : partage de la province de Belgique en Belgica I et Belgica II, modification d'ap­ pellation de la province de Germanie Inférieure en Germania II, transfert de capitales de cités de Bavay vers Cambrai et de Cassel vers Tournai. Les civitates porteront plus volontiers le nom des habitants de leur capitale, plutôt que celui de la région qu'ils occupent, ce qui renforce la primauté urbaine. 341

Dans la province de Belgique I, on trouvera la cité des Trévires, en Belgique II, la cité des Rémois, des Cambraisiens et des Tournaisiens et, en Germanie II, la cité des Tongres. Une partie du territoire de chacune de ces civitates occupait le sol de la Wallonie. Les délimitations territoriales des civitates changent assez peu, au Bas-Empire. Mais, faute de document, on est réduit à en restituer les contours en s'appuyant sur celles que l'Église a adaptées à ses circonscriptions dès le Haut Moyen-Âge. Mais les frontières de ces diocèses ne nous sont connues, avec certitude, qu'à partir du xmesiècle et du xive siècle, dans la plupart des cas et les diocèses en question ont donc pu subir au cours du temps des amputations et connaître des extensions. À Test, la civitas Tungrorum confine avec la civitas Agrippinensium. La frontière septentrionale de la civi­ tas Tungrorum reste discutée. Au Bas-Empire, la Notitia provinciarum etcivitatum Galliae ne cite que deux cités faisant partie intégrante de la province de Germanie Seconde, celle des Tongres et des Agrippiniens. Vers l'ouest, la frontière entre cité des Tongres et cité des Nerviens ne semble pas avoir varié tandis que c'est toujours l'Escaut qui fixera la limite entre celle-ci et la cité des Tournaisiens. Les empereurs Dioclétien et Constantin vont opérer de grandes réformes militaires. Ils multiplient les effectifs de l'armée, restaurent la défense des fron­ tières et prennent en compte aussi la défense de l'in­ térieur du territoire. La modification la plus impor­ tante est celle qui consiste à mettre sur pied une armée de campagne qui remplira des missions adaptées aux circonstances. Plus mobile, elle peut se déplacer sur tous les fronts à la demande et appuyer une armée frontalière qui perd de plus en plus de son influence. Les grandes constructions constantiniennes enga­ gées à Trêves montrent aussi que le nord de la Gaule devient l'un des pôles majeurs de l'Empire. On n'ou­ bliera pas de se rappeler que Trêves, nouvelle capitale

Le monnayage de Tétricus I est pléthorique, mais il est représenté par des imitations d'antoniniens, de mauvaise facture, qui peuvent circuler assez longtemps, au moins jusqu'en 280 ou 300 après J.-C. 342 Monnayage diffusé vers la fin de la dynastie constantinienne. il s'agit d'un solidus de l'empereur Constant, frappé à Trêves en 342-343 et découvert dans la tranchée de fondation d'un mur de l'édifice antique de la place Saint-Pierre à Tournai. Le buste du prince est iauré, cuirassé et drapé. 343 Les protagonistes de la crise politique qui marque le milieu du IVe siècle: les empereurs Constance II (à gauche) et Magnence (350-353) (à droite).

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de Province, abrite le siège du préfet du Prétoire des Gaules et que la ville sert de résidence impériale à Constantin et à Valentinien. Cette période de restauration et d'efflorescence va connaître un brutal coup d'arrêt au milieu du IVe siècle, peu avant que ne sonne la fin de la dynastie constantinienne. Les nouvelles dissensions politiques donnent, en 351, l'occasion aux Francs et aux Alamans d'opérer des razzias en Gaule septentrionale. Le conflit qui anime Constance II (337-361) à l'usurpateur Magnence (350-353) se solde par la disparition d'une partie de l'armée, à Mursa. Les menaces germaniques ne cesseront dès lors de préoccuper les esprits. Un chef de l'envergure de Julien (360-363) s'épuisera à guerroyer sur les fron­ tières et ses successeurs en feront tout autant. On assiste aussi à ce moment à deux phénomènes conco­

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mitants qui sont de nature à influencer la physiono­ mie de l'occupation de la Gaule: la barbarisation de l'armée romaine, par le recours systématique de sol­ dats étrangers, et l'installation de plus en plus fré­ quente de groupes germaniques, dans des enclaves, à l'intérieur de l'Empire. Sous Valentinien I, c'est un franc Mérobaud, qui accède pour la première fois au poste de généralissime de l'armée d'Occident (375). Tout ceci n'empêche pas pour autant le nord de la Gaule de briller. Valentinien I (364-375) prend à nou­ veau Trêves pour capitale, alors que l'État se trouve définitivement divisé en deux empires: celui d'Occi­ dent et celui d'Orient. On s'appuie beaucoup sur les historiens Ammien Marcellin et Zosime pour retracer l'histoire événe­ mentielle du ive siècle. Pour la fin du siècle, on dispose d'un autre type de document, la Notitia Dignitatum, qui est un almanach officiel rendant compte de l'état de l'Empire sous le règne d'Honorius (395-423). Elle nous dresse un tableau très documenté des grands dignitaires de l'État, des unités militaires et des empla­ cements où elles ont été stationnées. Le nord de la Gaule est affecté par un épisode dra­ matique, en 406, à partir duquel découleront, qu'elles soient immédiates ou à effet induit, des conséquences majeures. Le transfert massif de populations étran­ gères au cœur du territoire consacre une habitude certes dans l'air du temps, mais qui n'en débouche pas moins sur une forme de rupture, dans l'organisation de l'administration et de l'armée romaine et qui ouvre la porte à des changements profonds dans le mode d'occupation du sol et du système économique.6

LE NOUVEAU PHÉNOMÈNE URBAIN

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La ville gallo-romaine de l'Antiquité tardive change de physionomie. Deux traits essentiels matérialisent très concrètement cette mutation: on assiste à une réduc­ tion parfois considérable de l'espace urbain occupé, on voit les villes se protéger par des remparts puissants. Mais la recherche en cours ne se satisfait plus désor­ mais de l'appréhension de ces seuls éléments. Bien d'autres aspects retiennent aujourd'hui l'attention comme le déplacement des centres urbains, l'évolu­ tion ou le renouvellement du canevas urbanistique, la

344 Planche de l'édition conservée à Paris (xve siècle) de la Notitia Dignitatum, représentant le décor porté sur les boucliers des unités militaires.

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Tournai

Arlon

345 Le nouveau phénomène urbain: les villes remparées. Tournai, castrum de plan quadrangulaire et Arlon, castrum de plan circulaire. 346 Arlon, Saint-Donat: la tour et la courtine de l'enceinte tardo-romaine, sous la Grand-Place. 347 Dans le centre urbain de Tournai, au Bas-Empire, figurait un grand édifice sur hypocauste à canaux rayonnants, retrouvé à la place Saint-Pierre. 348 Le quartier cathédral de Tournai abritait, à la fin du me siècle ou au début du I V e siècle, un établissement avec cuves. Il a été localisé à hauteur des cloîtres et sous la nef de l'église romane.

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naissance ou la récupération des quartiers suburbains, le devenir des monuments publics, la transformation de l'habitat, la présence militaire. Le phénomène de contraction de la ville a long­ temps été rapproché de celui de l'élévation de l'en­ ceinte tardo-romaine que l'on plaçait volontiers à l'époque des invasions germaniques des années 260 ou 275. Cette règle immuablement acceptée ne fait plus recette. On s'est aperçu que les restrictions spa­ tiales à l'occupation urbaine n'apparaissent pas d'un coup, mais s'étalent sur une longue durée au cours du me siècle.7 Les données en notre possession pour évaluer l'im­ pact des difficultés inhérentes à la situation désas­ treuse de la fin du me siècle sur les cités urbaines demeurent rares et difficiles à interpréter. Le site de La Loucherie à Tournai a subi un violent incendie qui peut être attribué à la même période. La ville a été presque entièrement reconstruite. La politique de redressement qui débute avec Probus et suit la séquence de l'Empire gaulois entraî­ nera l'érection d'enceintes urbaines. Globalement, les textes font état d'une véritable politique de construc­ tion des enceintes urbaines avant et sous les Tétrarques mais aussi plus tard. Un passage célèbre de Zosime sur le transfert par Constantin des soldats dans les villes, qui n'avaient pas besoin de protection, implique qu'elles étaient munies de remparts élevés par ses prédécesseurs. À la fin du IVe siècle, on connaît les recommandations d’Arcadius et d'Honorius en faveur des villes pour qu'elles érigent de nouveaux remparts ou renforcent les anciens. À la suite des réformes administratives du BasEmpire qui prévoient la multiplication des provinces et le remembrement de certaines civitates, les chefslieux de quelques cités septentrionales se trouvent

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déplacés, ce qui ne constitue pas un fait exceptionnel. Tournai supplante Cassel et Cambrai remplace Bavay; Tongres conserve ses prérogatives mais l'importance croissante que prend Maastricht, tout au long du ive siècle, aboutira peu après à l'effacement de Tongres. On constate que les nouveaux chefs-lieux de Tournai et de Cambrai, et plus tard la ville de Maastricht, sont excentriques par rapport au territoire de la civitas; on n'hésite pas à implanter deux chefslieux sur l'Escaut; Maastricht témoigne de l'impor­ tance prise par le fleuve mosan à partir de la fin de l'époque romaine. L'explication de ce déplacement tient à la primauté des voies d'eau sur les voies terres­ tres qui est un fait du Bas-Empire et à l'importance croissante prise par l'Escaut et la Meuse. Le passage de la ville ouverte à la ville fermée, qui s'opère dans toutes les agglomérations urbaines, à l'exception de Tongres qui disposait au préalable d'une enceinte, entraîne une réduction de la surface occupée, conférant aux cités une physionomie de citadelle ou de refuge. Tournai offre une superficie de 13 ha environ et s'inscrit au nombre des villes au développement moyen. Le dernier groupe d'agglomé­ rations fortifiées dont fait partie Arlon, se singularise par des superficies très réduites de 1,8 à 2 ha. La conception urbanistique de ces villes peut dépen­ dre de deux facteurs : les conditions topographiques et l'existence préalable de structures d'une importance particulière. À Arlon, le rempart entoure le sommet de la butte de Saint-Donat; il prend donc une forme ellip­ tique. À Tournai, la courtine occidentale prend appui sur le mur du grand édifice de La Loucherie, la ville s'étend entre lui et le fleuve. Elle devrait offrir un plan quadrangulaire. Les villes établies sur une rive fluviale montrent aussi une présence humaine sur l'autre berge, soit une tête de pont militaire, soit un habitat et des nécropoles, comme à Tournai. Une révision par­ tielle du canevas urbanistique a pris place à Tournai, en particulier dans le quartier cathédral. Il faut dire que la ville a été complètement réédifiée au IVe siècle, à l'inté­ rieur de ses nouveaux murs. Pour Arlon, on ignore à peu près tout de l'occupation de la zone interne. À l'examen des enceintes circonscrivant des villes de première importance comme celles de Tournai, on relève un certain nombre de caractéristiques com­ munes dans la technique de construction. Les tours qui flanquent le rempart sont circulaires, d'un diamètre de

Détail de l'enceinte urbaine de Tournai à La Loucherie. Elle a été appuyée, au moment de son élévation, contre un édifice public plus ancien, une basilique de marché.

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9 m à 9,50 m; elles ne sont pas massives et se présen­ tent selon la même disposition, dans l'axe de la muraille. Les tours rondes en saillie sur la muraille sont courantes à l'époque constantinienne ; le même modèle que celui de Tongres, de Tournai et d'Arlon se retrouve dans le castellum de Deutz. La courtine peut atteindre une épaisseur de 3,80 m comme à Arlon. Les fondements de l'enceinte sont souvent lourdement aménagés. Des blocs gigantesques récupérés à des monuments du Haut-Empire entrent dans cette construction. Arlon, avec ses blocs sculptés innombra­ bles récupérés à la base de la courtine, est un cas exemplatif. À Tournai, les fondations de la muraille urbaine paraissent avoir été moins massives. Le rôle militaire qu'ont pu jouer les villes et leur intégration dans un dispositif de défense méritent d'être envisagés. De prime abord, on distinguera les chefs-lieux de cités des agglomérations fortifiées de

superficie très réduite. Comme nous le rapportent les textes, des villes telles que Tongres et Tournai ont pu abriter, à un moment quelconque, des contingents militaires et des installations assimilées. La question à résoudre est celle d'appréhender la cohabitation de la population civile avec la milice à l'intérieur des murs et d'en détecter les témoignages archéologiques. Le cas est avéré à Arras, chez les Atrébates. Au plan économique, ces villes connaissent un essor non discuté. Les textes nous rapportent, en particu­ lier, l'existence d'une fabrique officielle de vêtements militaires à Tournai. L'intérieur de la ville est marqué par des quartiers importants, où ont été retrouvés des complexes d'habitat ou de thermes, comme à la place Saint-Pierre ou dans l'environnement de la cathédrale médiévale. À en juger par les produits de consommation qui y parviennent, le commerce est florissant. On suppose même l'existence à Tournai d'une officine de céra­ mique ayant proposé des séries diverses : dérivées de terre sigillée, céramique à enduit rouge pompéien tar­ dive, terra nigra tardive, commune claire et commune sombre.8

LE DESTIN CONTRASTÉ DES AGGLOMÉRATIONS Le destin des agglomérations est contrasté durant le Bas-Empire. La plupart des bourgades routières con­ naissent un recul généralisé quand elles ne disparais­ sent pas complètement. Les agglomérations liées au réseau fluvial se maintiennent et certaines d'entre elles sont même appelées à un développement inattendu.9 Ce sont les dévastations consécutives aux invasions de 275 qui signent l'abandon définitif de la plupart des bourgs routiers. Ils révèlent les témoignages extrê­ mement réduits d'une présence au Bas-Empire et lorsqu'elle connaît une continuité d'occupation, celle-ci ne dépasse généralement pas le milieu du ive siècle. Mais, au fait, de quelle occupation parle-ton? Au mieux, elle est limitée dans l'espace. À Braives et à Liberchies, elle n'a pas d'autre signification qu'un accompagnement de la fortification tardo-romaine par une communauté restreinte aux attributions mal définies. 350 Le sanctuaire tardif des Bons-Villers à Liberchies, situé à côté des sources de la Fontaine des Turcs. Il a été utilisé à la fin du me siècle et au ive siècle après ).-C. et réaménagé plusieurs fois. Comme l'indiquent les gravats qui l'environnent, il a été abandonné sans destruction massive. 351 L'agglomération tardive de Namur: fondations en pierre sèche ayant servi de soutènement à la galerie et au podium du fanum découvert sous l'Hospice Saint-Gilles (fin du me siècle - I V e siècle).

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Cette situation qui est le fait du territoire de la cité des Tongres ne peut être étendue à la cité des Trévires. Les établissements de Saint-Mard et de Chameleux, bien au contraire, sont épargnés et montrent une acti­ vité continue tout au long du ive siècle. Les agglomé­ rations fluviales, accrochées à l'Escaut et à la Meuse, prospèrent au Bas-Empire. Leur occupation tardive, dans la seconde moitié du IVe siècle et au Ve siècle paraît même se renforcer.

Agglomérations routières Les bourgades échelonnées le long de la route de Bavay à Cologne offrent toutes l'image désolante d'une occu­ pation modeste ou en régression : Waudrez, Liberchies, Taviers et Braives. On ne peut même parler pour elles de rétablissement. Les travaux assez étendus conduits à Liberchies mettent en évidence une présence margi­ nale et temporaire; les dépouilles de nombre d'édifices ont d'ailleurs été immédiatement mises à profit en vue de la construction du castellum constantinien. L'occu­ pation de l'ancien viens de Braives est limitée à la péri­ phérie proche du burgus tardif, mais les fouilles révè­ lent davantage de témoins mobiliers que de structures matérialisant la présence d'un habitat purement civil. Le déclin de la plupart des vici routiers entraîne la disparition d'un maillon important de la vie écono­ mique en Gaule septentrionale, comme centre de pro­ duction ou de redistribution, et ne va pas sans poser de problèmes de type juridique; leur réduction à la portion congrue empêche de les voir jouer un rôle quelconque dans l'administration des territoires régionaux. Quelques sites font la preuve d'un changement de statut. L'occupation tardive des vici de Clavier et de Blicquy ne concerne plus, assez étrangement, que la zone sacrée. On y voit une spécialisation de leur acti­ vité en lieu de culte ou de pèlerinage. En l'absence de témoins probants, aucune autre fonction ne peut leur être attribuée. Du reste, l'utilisation de ces sanctuaires jusqu'à la fin du IVe siècle constitue un phénomène bien connu dans le secteur rural. Le sanctuaire édifié aux Bons-Villers à Liberchies, à côté d'une source, témoigne du même phénomène. En Gaume, la situation favorable des aggloméra­ tions, à peu de distance de Trêves, les autorise à une

poursuite normale des activités au moins au ive siècle. À l'inverse de ce que nous connaissons pour les zones nordiques, le tissu économique paraît intact.

Agglomérations fluviales et villes en ém ergence La survie des bourgades liées aux axes fluviaux est bien établie et quelques-unes d'entre elles témoignent d'un véritable développement à la fin de l'époque romaine. Sur l'Escaut, les sites habités se succèdent à petite distance. Dans la vallée de la Meuse, Namur connaît un véri­ table essor au Bas-Empire. L'habitat se concentre sur les deux rives de la Sambre. Sur la rive gauche, une série de bâtiments du Haut-Empire ont été systémati­ quement réoccupés; quelques constructions adven­ tices pourraient même être datées de cette époque. Sur la rive droite, c'est tout un quartier qui a été habité au ive siècle. Le numéraire récupéré dans l'ancien lit de la Sambre, à un passage de la rivière, reflète bien la conti­ nuité. Les recherches récentes conduites à Huy et à Amay mettent en exergue des centres habités doublés d'uni­ tés de production artisanale : travail du fer, du bronze, de la céramique, petit artisanat, soit toute une gamme de petits métiers qui étaient jadis l'apanage, non exclu­ sif, des bourgades routières. La seconde caractéristique de ces sites mosans est le développement qu'ils n'ont cessé de connaître vers la fin de l'époque romaine, au Ve siècle et durant le Haut Moyen-Âge. Dans cette région, toute l'économie de redistribution s'appuie désormais sur les sites fluviaux et les vallées.10

LA DÉFENSE DU TERRITOIRE La chute du limes germanique, sous le règne de Valérien, au beau milieu du me siècle après J.-C., confronte le pouvoir à des difficultés inattendues. La perte de ces territoires aura des conséquences économiques préju­ diciables. Désormais, la Gaule doit vivre dans un contexte d'insécurité, provoqué par les très nombreux mouvements de populations barbares massées aux frontières.

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Pour le haut commandement militaire, il est temps de s'engager dans une stratégie défensive nouvelle à appliquer au territoire gaulois et de procéder à un remodelage de l'armée. Celle-ci va subir de profondes modifications tout au long du Bas-Empire. On crée des corps de cavalerie pouvant intervenir dans les zones intérieures. Dioclétien disperse la cavalerie mobile de Gallien et se préoccupe davantage de la pro­ tection des frontières. Constantin transforme l'armée en créant un corps de réserve, les comitatenses, préle­ vés sur les limitanei, les troupes de frontière; il les transfère à l'intérieur du pays en remettant à l'hon­ neur l'armée de mouvement. L'organisation militaire, mise au point par Constantin, demeurera efficace sous ses successeurs jusqu'au milieu du ive siècle. À partir de 369, Valentinien I entreprend un vaste programme de construction ou de restauration des forteresses du limes, sur le Rhin et sur le Danube; en revanche, le programme de mise en défense de l'hinterland sem­ ble négligé, du moins dans des secteurs assez éloignés de la frontière. Les princes de la dynastie théodosienne semblent davantage s'être intéressés à l'armée de mouvement. Quant à la stratégie militaire nouvelle, elle se base sur le constat que la politique de mise en défense des frontières n'est plus suffisante puisque devenue ineffi­ cace. À celle purement passive d'installation et de défense des frontières succédera une stratégie active de défense en profondeur. Cette stratégie est appli­ quée dans tout l'Empire. Mais au fait s'agit-il d'une stratégie conçue par les responsables politiques ou n'est-ce pas seulement une vue des historiens modernes? Une bonne part des réactions peut ne consister qu'à une adaptation aux circonstances du moment. Dans les faits, on peut néanmoins prendre

en considération qu'une mise en défense de l'inté­ rieur du territoire existe bel et bien.11 Au début du ive siècle, la frontière septentrionale de la Gaule, matérialisée par le Rhin, se trouve dotée d'un nouveau cordon protecteur. Dans le même temps, il faut agir sur les côtes de la Mer du Nord. Elles sont régulièrement infestées par des pirates saxons et francs. Le danger venu de la mer était au début du Haut-Empire à peu près inconnu. La réponse appro­ priée sera celle de la création d'un système défensif maritime. Protéger l'intérieur du territoire de la Gaule du nord veut dire échelonner quelques troupes dans le pays et, enfin, faire participer les milieux urbains, maintenant pourvus d'un rempart, à l'effort général. C'est la configuration générale de la Gaule septen­ trionale qui secrète les modalités de mise en défense qui lui seront appliquées. La défense du territoire en Gaule septentrionale se pose donc en termes de sec­ teurs qu'il convient de fortifier de manière concomi­ tante. On distinguera sur les bordures de l'Empire: le secteur frontalier rhénan, réorganisé lentement après 260 et le secteur maritime, constitué en front militaire

352 Embout en bronze de trompette militaire retrouvé dans le remblai d'un fossé défensif de la fortification des Bons-Villers à Liberchies (seconde moitié du me siècle après J.-C.). 353 Quelques pièces d'armement en fer provenant du comblement d'un fossé défensif de la fortification des Bons-Villers à Liberchies: pointe de javelot, pointes de flèche et boulet de fronde (seconde moitié du me siècle après J.-C.).

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ville ou agglomération fortifiées fort forteresse et burgus forteresse en tête de pont fortification de rivière tour réseau routier principal

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capitale de cité forteresse de hauteur refuge fortification rurale flotte préfecture des Lètes, Gentiles, Sarmates fabrica

Carte de l'organisation militaire en Gaule du nord au Bas-Empire Capitale de cités I Cologne 2 Tongres 3 Vermand 4 Arras 5 Cambrai 6 Tournai 7 Amiens 8 Thérouanne 9 Boulogne-sur-Mer 10 Trêves. Ville ou agglomération fortifiées I I Andernach 12 Bitburg 13Jünkerath 14Zulpich 15 Aix-la-Chapelle 16 Jülich 17Heerlen 18 Maastricht 19 Nimègue 20 Bavay 21 Famars 22 Cassel 23 Noyon. Fort 24 Brittenburg ? 25 Valkenburg 26W oerden? 27 Vleuten-De Meern? 28 Utrecht 29 Maurik 30 Rhenen? 31 Driel? 32 Meinerswijk? 33 Eluissen? 34 Rossum 35 Ewijk? 36 Kessel? 37 Cuijk 38 Qualburg 39 Kalkar/Altkalkar 40 Xanten 41 Calo 42 Krefeld-Gellep 43 Neuss 44 Dormagen 45 Deutz 46 Bonn 47 Remagen 48 Oostvoorne 49 Westerschouwen 50 Domburg 51 Aardenburg 52 Bruges 53 Oudenburg 54 Marquise 55 Étaples 56 Le Crotoy 57 Cap Hornu. Forteresse et b u r g u s 58 Eleumensoord 59 Monheim, Haus Bürgel 60 Lottum? 61 Blerick? 62 Heel? 63 Stokkem? 64 Brühl-Villenhaus 65 Elüchelhoven 66 Lich/Steinstrass 67 Oreye? 68 Braives 69 Taviers 70 Cortil-Noirmont 71 Liberchies I fx II 72 Morlanwelz I 73 Givry 74Bermerain? 75 Courtrai 76 Revelles. Tour 77 Asperden 78 Moers/Asberg 79 Hulsberg/Goudsberg 80 Braives 81 Cortil-Noirmont 82 Morlanwelz II. Fortification de rivière 83 Rheinbrohl 84 Engers.

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dénommé Litus Saxonicum. À l'intérieur du territoire, le secteur urbain est appelé à jouer un rôle, notamment celui de loger les troupes mobiles. Le secteur routier, qui a longtemps souffert des razzias barbares dès le milieu du 111e siècle, se voit offrir, au moins pour les grands axes de communica­ tion, des petits contingents militaires. Dans la cam­ pagne, des initiatives multiples et variées sont prises.12 Les établissements ruraux paraissent avoir rarement fait l'objet d'une protection spécifique, à quelques rares exceptions près, comme à Habay-la-Vieille. En revanche, il existe dans les régions accidentées du sud du pays tout un réseau de fortifications de hauteur, comme un second cordon protecteur de la Gaule du nord, s'étendant des plateaux de l'Eifel et de l'Hunsrück vers les Ardennes et le Condroz. Quelques-uns de ces sites ont assurément été investis par des petites unités militaires, au début du Bas-Empire ou dans un cadre plus tardif lorsque le haut commandement fait appel à des milices germaniques. D'autres sont des habitats fortifiés ou des refuges. Enfin, l'heure est au compromis. En installant sous le couvert d'un traité des groupuscules étrangers dans des zones peu habi­ tées de l'Empire, Rome y trouve non seulement l'avantage de veiller au repeuplement des territoires mais aussi d'en faire assurer la défense par personnes interposées, comme en Toxandrie. Les dispositifs militaires créés se répartissent généra­ lement sur plusieurs entités administratives diffé­ rentes, ce qui pose le problème de leur responsabilité. Entre 293 et 305, la défense des deux Germanies est probablement aux mains du Dux Valerius Concordius. Plus tard, au moins à partir de 325, le Duc régit un sec­ teur frontalier avec l'aide des limitanei ou ripenses regroupés en deux légions et auxiliaires. Un Duc a autorité sur la Germanie IL Un autre Duc commande le secteur du littoral sur toute la côte atlantique, soit le Tractus Armoricani et Nervicani. Dans la seconde moi­ tié du ive siècle, le commandement sur le littoral est fractionné et il existe alors un Dux Belgica II.13 Rapidement, à côté de ces troupes militaires de fron­ tières des limitanei, furent levées des armées de com­

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plément: les comitatenses, des unités de réserve appe­ lées armées de campagne, et des milices étrangères placées à l'intérieur du pays, sous le commandement direct du Magister comme les laeti. Les forces militaires casernées sur les frontières relèvent des limitanei. A quel type d'armée appartenaient les unités station­ nées le long des routes et celles réparties dans le sec­ teur des fortifications de hauteur? Leur appartenance semble avoir varié au cours du IVe siècle.14

Les centres urbains Les nouvelles villes du Bas-Empire, comme Arlon, Tournai, Bavay, Famars et Maastricht, disposent d'une enceinte élevée entre la fin du me siècle et la période constantinienne. Une cité comme Tongres réduit le tracé du rempart ancien. On peut admettre que ces agglomérations furent dotées d'une milice urbaine destinée à les protéger. La révélation de casernes à Arras et à Bavay et la construc­ tion à Tournai d'une fabrique de vêtements militaires montrent que les mondes civils et militaires étaient amenés à s'interpénétrer au Bas-Empire, d'autant que la ville sera sollicitée de plus en plus pour offrir le gîte à la troupe mobile. Nous ne connaissons l'existence de l'unité des Tungrecani et du Numerus Turnacensium que lorsque ces corps de troupes auront été déplacés vers l'étran­ ger. Il en va de même pour les contingents des Nervii et des Menapii, que Ton retrouvera dans l'armée de campagne. La question de supposer qu'ils étaient à l'origine attachés aux villes de Tongres, Tournai, Bavay ou Cambrai et la question de savoir par quelles unités ils ont été remplacés par la suite, restent mal­ heureusement énigmatiques. Les sépultures de guerriers de Tongres, Bavay et Tournai, de la fin du Bas-Empire, se reconnaissent aisément vu leur équipement de type germanique mais doit-on en tirer argument pour les lier aux contingents militaires ayant occupé la ville? Dans d'autres cas, au moins, la ville a servi à abriter le com­ mandement d'une unité de lètes, officiellement placé sous la dépendance du Magister peditum. Le fait que le Préfet des lètes nerviens ait choisi de résider à Famars, implique qu'il y ait été accompagné d'une garnison ou au moins d'une garde personnelle - de laeti.

Les fibules en bronze, en forme d'arbalète sont parfois considérées comme des décorations militaires ou des insignes civils (fin du m e siècle - I V e siècle après J.-C.).

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La mise en défense de la route de Bavay à Cologne Le chaînon le plus spectaculaire de la mise en défense du territoire est constitué par l'exemple de la chaussée romaine de Bavay à Cologne qui a fait l'objet sur tout son parcours d'un soin attentif de la part des mili­ taires. Cette initiative se prolonge même au-delà de Bavay sans doute, vers Amiens. Les fortifications échelonnées le long de la péné­ trante Bavay-Cologne composent, avec les aggloméra­ tions urbaines de Bavay, Tongres, Maastricht et Cologne, un véritable réseau défensif. Deux périodes principales caractérisent le fonctionnement de cet appareil militaire. Peu après le milieu du 111e siècle, entre 260 et 275, la route est dotée d'une série de postes routiers tels que ceux de Morlanwelz I et Hüchelhoven, et de burgi fossoyés et palissadés tels que ceux de Givry, Liberchies I, Taviers et Braives et sans doute Cortil-Noirmont. Ce programme de construction doit être attribué à Gallien ou aux empereurs gaulois et peut-être même aux princes Probus et Aurélien, dans le cadre de leurs efforts de mise en défense de l'hinterland. La préci­ sion chronologique concernant l'établissement de ce premier réseau est difficile à établir. Le fort de Liberchies I paraît exister au plus tard en 270; il témoigne de remaniements nombreux et a pu être occupé jusqu'au début du IVe siècle. On pourrait donc proposer de dater le dispositif des années 260-270 pour sa construction et les premières années du IVe siè­ cle pour son abandon. Le système se compose donc de burgi échelonnés tous les 16 à 17 km et logeant une cinquantaine d'hommes; de nouveaux sites restent à découvrir, notamment à Oreye, au passage du Geer. Le hiatus qui a été observé dans l'occupation de ces places fortes, au début du IVe siècle, s'explique vrai­ semblablement par la politique militaire suivie par Dioclétien qui abandonne le système de protection des axes routiers à l'intérieur du pays. Constantin, qui remet cette stratégie à l'honneur, doit être considéré comme le restaurateur des fortifi­ cations de la route Bavay-Cologne. Le nouvel appareil militaire qu'il met en place comprend une série de tours de garde: Givry (?), Morlanwelz II, CortilNoirmont, Braives, Hulsberg et une fortification plus importante, le castellum de Liberchies IL Les tours y

ont une mission de contrôle et servent de base à des patrouilles mobiles. Ce dispositif de l'époque constantinienne fonctionnera normalement durant toute la première moitié du ive siècle et tombera en désuétude aux périodes Valentinienne et théodosienne parce que ces princes se préoccupent davan­ tage de la défense des frontières. La rupture du sys­ tème est perceptible dans presque toutes les installa­ tions routières par la carence de matériel archéolo­ gique postérieur au milieu du ive siècle et très nette­ ment à Braives par une couche d'incendie recouvrant la tour de garde qui ne sera jamais reconstruite. Deux forts font peut-être exception, ceux de Taviers et de Liberchies IL Ils sont encore occupés dans la seconde moitié du ive siècle. Le contingent des Geminiacenses, cités par la Notitia Dignitatum, a probablement pris ses quartiers dans le castellum de Liberchies II, à l'époque constantinienne; on peut supposer que la même unité avait dans ses attributions l'occupation - et sans doute en premier lieu la construction - d'une série de tours de garde voisines, le castellum de Liberchies, constituant en quelque sorte un camp de base. Un rôle identique a pu être dévolu aux villes de Bavay (unité : Nerviï), Tongres (unité: Tungrecanï) et au fort de Deutz (unité: Divitenses). Lorque la Notitia Dignitatum cite le contin­ gent des Geminiacenses, à la fin du ive siècle, il se trouve incorporé à l'armée mobile. On a supposé que l'entretien de ces fortins de l'hinterland s'est avéré rapidement trop coûteux et, à une époque où ils ne se révélaient d'aucune utilité pratique, on peut admettre que les unités ont rejoint l'armée mobile pour partici­ per à des expéditions au loin. À partir de la période Valentinienne, les fortins de la pénétrante Bavay-Cologne n'ont plus été occupés que de manière très sporadique, par des unités mobiles et lorsque la situation le commandait. Le castellum de Liberchies II semble néanmoins avoir été réoccupé après 380 et jusqu'à une date avancée du premier quart du Ve siècle. Les motifs de l'existence du dispositif militaire évo­ qué tiennent à l'importance économique revêtue par cette route, qu'on peut considérer comme une voie militaire, à sa situation au sud de territoires abandon­ nés, et à la nécessité de garder une liaison entre les secteurs à défendre, de l'ouest et de l'est de la Gaule du nord. Cette importance particulière a été mise en

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Les fortifications de la voie Bavay-Tongres de la première génération (fin du m' siècle après J.-C.). Postes routiers et burgi: 1 Morlanwelz I 2 Liberchies I ( Bons-Villers) 3 Taviers I 4 Braives I.

LA PÉRIODE T A R D O - R O M A I N E I

357 Les fortifications de la voie Bavay-Tongres, de la seconde génération (ive siècle après J.-C.) : burgi et tours: 1 Morlanwelz II 2 Cortil-Noirmont 3 Taviers II 4 Braives II 5 Le castellum de Brunehaut-Uberchies.

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exergue par les historiens à un point tel qu'il avait été question, dans les années 30 du xxe siècle, d’en faire un «Limes Belgicus».

Le « L i m e s

B e lg ic u s »

Le concept du «Limes Belgicus» est né des préoccupa­ tions d'historiens à la recherche d'une explication sur l'origine de la frontière linguistique en Belgique. L'idée d'une ligne fortifiée traversant d'ouest en est le pays fut proposée par A. Wauters, L. Vanderkindere et G. Kurth et retenue par H. Pirenne. Le lien entre frontière lin­ guistique et abandon de territoires par Rome au nord de la Belgique pouvait paraître évident à condition de prouver que la ligne de démarcation avait été fortifiée par un limes au Bas-Empire. La route Bavay-Cologne allait servir de point d'appui à cette hypothèse. Les installations militaires matérialisant cette fron­ tière temporaire furent recherchées dans un premier temps par le biais d'une approche toponymique. L'examen de la documentation archéologique ne débute réellement qu'en 1925 par les soins de J. Breuer. En 1930-1931, il fouille les forts de Morlanwelz I et Liberchies II et apporte du même coup des éléments matériels à l'existence d'une ligne fortifiée au IVe siè­ cle, le long de l'axe routier de Bavay à Cologne, sans qu'elle s'apparente à une frontière. Le débat d'idées persista néanmoins chez les his­ toriens tels L. Van der Essen, F. Pétri, H. Draye, C. Verlinden, J. Stengers, M. Gysseling, J. Dhondt et J. Heurgon. J. Vannérus, en publiant en 1943 son enquête toponymique sur le limes et les fortifications de Belgique, a brossé un état de la question très cir­ constancié, tout en fournissant aux archéologues matière à exploration prometteuse notamment en épinglant le site du Châtillon à Braives, où fût par la suite mise au jour une tour de garde du Bas-Empire, et d'autres lieux-dits dont les chercheurs de terrain firent leurs choux gras. La voie Bavay-Cologne a donc servi de point d'appui à un dispositif de contrôle qui fait partie intégrante des défenses frontalières mais elle n'a jamais servi de limes à proprement parler.15

Braives, et aux Pays-Bas et en Allemagne: Hulsberg, Streinstrass-Lich et Hüchelhoven. Ce dispositif était naturellement complété par les agglomérations forti­ fiées que l'on trouve de loin en loin sur la même route: Bavay, Tongres, Maastricht, Heerlen et Jülich. La dispersion de ces fortins s'effectue selon un plan préconçu, à distance régulière, soit tous les 16 à 17 km. Dans la pratique, beaucoup d'entre eux ont été placés au cœur d'une agglomération secondaire en déclin. Les forts relèvent d'une typologie variée. Il y a les postes routiers, comme celui de Morlanwelz I, les forts routiers comme ceux de Liberchies I, Cortil-Noirmont, Taviers et Braives, les tours de garde de Morlanwelz II, Cortil-Noirmont et Braives, des castella comme ceux de Liberchies II et de Maastricht. Le poste routier de Morlanwelz I est tout petit et ne dépasse pas une superficie interne de 6 à 7 ares. Un fossé d'une dizaine de mètres de largeur l'entoure en plus d'une enceinte matérialisée par une excavation continue de 0,50 m de largeur, destinée à recevoir des pièces de bois verticales. Elle logeait des pieux, servant d'appui au rempart de terre, posé contre la face exté­ rieure du fort. On peut exclure la présence d'une tour de garde, élevée en bois, au milieu de l'ouvrage. Des

Les fortifications routières L'archéologie a révélé une dizaine de fortifications implantées le long de la voie Bavay-Cologne: Givry, Morlanwelz, Liberchies, Cortil-Noirmont, Taviers,

358 Les portes des burgi en bois et en terre de Liberchies I (Bons-Villers) et Braives I. 359 Encoche taillée dans le terrain naturel destinée à recevoir des demi-rondins calés par des pierres et formant une palissade, dans le burgus de Liberchies I.

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fondations plus ou moins nettes de baraquements ont été enregistrées le long des côtés du site. Les forts routiers ont en commun un plan carré, couvrant une superficie globale de 72 à 81 ares, et offrent des structures défensives similaires, en bois et en terre. Toutefois, elles trahissent plusieurs remanie­ ments. On indiquera que ces forts font partie de la première génération des fortifications de la route. La première phase de construction montre une for­ tification entourée par un fossé de 5 m de largeur, à pointe trapézoïdale de 0,50 m de largeur. Un mur de terre enferme la fortification. Il est armé de gros poteaux verticaux, sur deux rangées espacées de 2 m, à Taviers et peut-être à Cortil-Noirmont, et apparem­ ment d'une seule rangée à Liberchies I et à Braives. L’agger, rejeté au sein de la construction en bois ou à l'intérieur, délimite une superficie interne de 16 à 24 ares. Jusqu'à présent, on ne connaît pas la physio­ nomie des édifices qui meublaient l’intérieur de la forteresse et on ne peut savoir si la pièce maîtresse du fort était constituée par une tour en bois, précédant celles qui existeront au ive siècle. Les portes sont pla­ cées au sud, à Taviers et à Braives; deux portes s'ou­ vrent sur les flancs ouest et est du fort de Liberchies, qui se trouve donc traversé par la voie romaine. Ensuite, la fortification est agrandie. En même temps que se trouve creusé un autre fossé, on édifie une palis­ sade continue qui entoure la nouvelle fortification. 360 361 362 363 364

Deux pointes de fossés militaires entourant le burgus de Liberchies I. Pointe de fossé à Braives. Elle a été remblayée naturellement par strates successives, à la suite des effets de la pluie et du vent. Un trou de poteau massif appartenant au mur de terre du burgus de Braives I. La porte du burgus de la fortification de Braives I, aménagée dans le rempart, matérialisée par des alignements de blocs de fondation. Plan de la tour de garde de Braives II, qui a brûlé au milieu du I V e siècle après J.-C. Les murs sont très épais et l'intérieur du bâtiment est garni de bases de piliers pour renforcer le plancher du niveau supérieur.

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L'encoche du premier fossé a pu être réutilisée pour y asseoir la palissade en question, au moins sur une partie de son parcours. Les fossés antérieurs ayant été remblayés, un ou plusieurs fossés plus imposants sont creusés en dernier lieu vers l'extérieur du site, ce qui permet de porter la surface utile de la fortification

à 31 ou 36 ares; ils présentent une largeur d'une dizaine de mètres. Ces derniers travaux remontent au ive siècle dans les sites de Taviers et de Braives. On parlera de la seconde génération de fortifications. Les fortifications avec tours de garde se caractérisent par des tours carrées ou plus souvent rectangulaires (11,50 m x 14 m; 8,80 m x 12,20 m), avec piliers de soutènement internes, enfermées par un enclos fossoyé entourant une superficie réduite. Un accès est ménagé vers le sud. À Braives, la tour figure au centre d'une superficie fortifiée de 36 ares. Un fossé avec palissade entoure cet espace. Le castellum de Liberchies II a été bâti sur une légère éminence dominant la voie et en tenant compte d'une zone très humide qui cernait l'élévation de ter­ rain sur un tiers de son périmètre, qui offrait une pro­ tection naturelle au site. Cette prédisposition du ter­ rain permet de comprendre pourquoi les éléments de défense furent reportés très en avant de la muraille du castellum. En revanche, vers l'ouest, ces mêmes défenses constituées par un grand fossé, se trouvent également et anormalement placées à une distance de 74 m de la courtine. Le projet initial fut sans doute très ambitieux. Un petit fossé palissadé de 4 m d'ouver­ ture, vers le nord-ouest du site, et des baraquements appartiennent peut-être à une première phase d'occu­ pation militaire du lieu, au début du IVe siècle. À ce moment, la fortification a dû offrir une superficie irré­ gulière considérable de 1,5 ha. La même surface est conservée lors de l'édification du castellum. Elle fut mise à profit pour la construction d'un certain nom­ bre d'annexes au fort, servant notamment de thermes. Le castellum lui-même répond à un plan très courant, évoquant les quadriburgia, soit un rectangle rhombiforme presque carré de 45 m sur 56,50 m, déli­ mité par une courtine de 2,70 m de largeur, sur laquelle se greffent quatre tours d'angle circulaires de 6,50 m de diamètre. Le fossé principal qui entoure la fortification est très large. En ce qui concerne la chronologie des postes rou­ tiers, leur construction et leur occupation s'inscri­ vent dans le courant de la seconde moitié du me siè­ cle, au plus tôt entre 260 et 275, même si les témoins de datation manquent pour le site de Morlanwelz I. Les burgi de Liberchies I, Taviers et Braives ont été éri­ gés sur le point culminant d'agglomérations préexis­ tantes.

365 La courtine et la tour d'angle nord-ouest du castellum de Brunehaut-Liberchies (vers 330 après J.-C.). 366 Le massif du rentrant de la porte du castellum de Brunehaut-Uberch'ies. On distingue un bloc architectonique de remploi qui a servi de seuil. 367 Un certain nombre d'annexes ont été construites à l'extérieur du castellum de Brunehaut-Liberchies. L'une d'entre elles, avec ses exèdres, représente un établissement balnéaire réservé aux militaires.

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La construction des tours de garde peut être placée dans le courant de la première moitié du IVe siècle. Le castellum de Liberchies II, dans sa phase emmuraillée est à situer à l'époque constantinienne, comme d'ail­ leurs le rempart de Maastricht aux Pays-Bas. À l'exclusion des sites de Liberchies II et de Taviers, toutes les fortifications de la voie Bavay-Cologne ne nous livrent pas de matériel archéologique postérieur au milieu du IVe siècle. Cet abandon de nombre de for­ teresses routières, vers le milieu du IVe siècle, n'entre pas en contradiction avec les faits enregistrés dans le castellum de Liberchies II, où une réduction d'activités est manifeste et anormale dans le troisième quart du ive siècle. En revanche, la réoccupation du castellum apparaît clairement durant les deux dernières décen­ nies du ive siècle, de la même manière que Taviers témoigne peut-être d'une présence à cette période.16

Sites de hauteur et fortifications rurales Beaucoup de sites de hauteur anciennement utilisés à l'époque protohistorique font l'objet d'une remise en état à la fin de l'époque romaine ou durant le Haut Moyen-Âge. Le contexte général d'insécurité y pousse tout naturellement. Toutefois, les sites de hauteur réin­ vestis ne s'inscrivent pas tous dans la même relation fonctionnelle avec le territoire proche. Parmi eux se glissent des fortifications, des habitats perchés et des refuges. Les uns et les autres ne remontent pas automa­ tiquement au Bas-Empire. La recherche récente a mon­ tré, par exemple pour le site célèbre de Buzenol, que nonobstant la présence d'un mur élevé avec des blocs romains de remploi, la fortification n'avait pas été réinvestie avant la période carolingienne. Parmi les fortifications aménagées ou réaménagées au Bas-Empire, il faut donc distinguer celles qui paraissent avoir été occupées de manière plus ou moins continue par un contingent militaire et les refuges temporaires servant d'abri à la population civile campagnarde. Un autre phénomène apparaît assez clairement dans d'autres régions géographiques: celui de l'habitat perché qui dessert une petite com­ munauté. Ils sont nombreux en territoire d’outreRhin, aux Ve et vie siècles. Ces habitats de hauteur livrent les traces de maisons en clayonnage et d'activi­ tés artisanales, notamment le travail du bronze, de

l'os et du bois de cerf. En Wallonie, les sites de Falaën et du Château Renaud à Virton, s'inscrivent dans cette série.17 À l'examen de la carte de répartition des fortifica­ tions rurales, on constate que la cité des Tongres est la seule à avoir été dotée d'un ensemble important de redoutes campagnardes. L'explication de cet état de fait est aussi simple que possible : la région présente un réseau hydrographique ménageant un nombre illi­ mité de sites dont la topographie favorise l'implanta­ tion de forteresses. Les vallées de la Meuse, de la Lesse, de la Lomme, de l'Ourthe, de l'Eau Noire et de l'Eau Blanche sont les plus favorisées. Quelques fortifica­ tions isolées, également, doivent être signalées le long de la Sambre ou de ses affluents, et le long de la Molignée. Sur les reliefs de la région qui s'étend de la Moselle à la Sambre se trouvent disséminés de très nombreux sites dont le matériel archéologique abondant permet de préciser quelque peu la chronologie d'occupation de ceux-ci : ils ont été utilisés à la fin du me siècle et à l'époque constantinienne jusqu'au milieu du IVe siècle puis, une seconde fois, à la période théodosienne. Les séries monétaires volumineuses qui en provien­ nent peuvent aider à dégager des tendances chronolo­ giques générales. Le hiatus marqué dans l'arrivage du

368 Vue aérienne du site de Hauterecenne à Furfooz. On distingue en contrebas du plateau fortifié, l'emplacement du petit établissement thermal, aujourd'hui reconstitué sur place.

369 Quelques sites de fortifications de hauteur en Wallonie, ayant été le siège d'une occupation importante au Bas-Empire romain. Ils sont admirablement localisés sur des buttes ou des éperons dominant un cours d'eau, ils constituent souvent aussi des sites naturels et patrimoniaux, a Dourbes (La Roche à tomme) b Furfooz ( Hauterecenne) c Falaën (Montaigle ) d Thon (Samson) e Éprave ( Tienne de la Roche) f Pry (Al Rotche).

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numéraire, qui se dessine à l'époque Valentinienne alors que la circulation monétaire s'effectue de manière normale dans nos contrées, trahit sans équi­ voque possible un abandon des lieux. Certaines forte­ resses comme celles de Pry et Vieuxville n'ont été occupées que durant la seconde période, à la fin du ive siècle, alors que celles de Ben-Ahin, Lustin, Nismes I, ont été abandonnées à la fin de la première période, soit au milieu du IVe siècle, au plus tard. La recherche archéologique a bien montré que le milieu du IVe siècle a constitué une période charnière dans l'histoire de ces redoutes campagnardes. Dans les fortifications de Dourbes, d'Éprave, de Furfooz, se des­ sine la même évolution: la première phase de construction des organes de défense doit être située avant 350 et les difficultés survenues au moment de l'usurpation de Magnence, semblent avoir laissé des traces à Éprave, Furfooz et Vireux-Molhain, en France. Le caractère présenté par les contingents ayant occupé ces places fortes au début du Bas-Empire est difficile à établir à moins qu'il ne s'agisse, à l'époque constantinienne, de troupes de réserve. En tout cas, l'existence de thermes à Furfooz et la bonne qualité des ouvrages plaident en faveur d'un corps de troupes régulières. Les unités qui s'installent dans les sites de hauteur vers 370-380 sont bien différentes. On peut s'en apercevoir à l'aide du matériel archéologique retrouvé tant sur les forts que dans les nécropoles proches. À cette période de l'histoire, il ne manque pas de possibilités d'accord entre l'Empire romain et les peuples étrangers pour recourir à l'emploi de milices germaniques, sans compter que l'armée régu­ lière elle-même accueillait des soldats de toute natio­ nalité. Dans le courant du Ve siècle, les sites de hauteur servent encore de point d'accrochage à ces milices ger­ maniques. Entre-temps, des petites communautés rurales se sont développées dans la proximité même des forts, comme le trahissent les grandes nécropoles d'Éprave et de Vieuxville. L'initiative privée, celle émanant des grands proprié­ taires fonciers et des agriculteurs de souche galloromaine, a peut-être entraîné la construction d'un cer­ tain nombre de refuges leur servant d'abri, ainsi qu'au bétail, durant les époques troublées. Elle est malaisée à démontrer parce que ce type de forteresses, par défini­ tion, ne produit aucune infrastructure matérielle et très peu d'objets autorisant une datation fiable.

370 Quelques plans de fortifications de hauteur en Wallonie: a Furfooz ( Hauterecenne) b Dourbes (La Roche à Lomme) c Ortho (Le Cheslain) d Éprave ( Tienne de la Roche) e Virton ( Château Renaud).

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La dernière série de sites se différencie des autres par la présence de structures d'habitat et par l'exercice de plusieurs artisanats. Pour être sûr de ce fait, il faut naturellement que l'intérieur de ces établissements ait été fouillé, ce qui est rarement le cas. Ils apparaissent tardivement, soit vers la fin du IVe siècle et peuvent connaître une utilisation prolongée dans le ve siècle, voire au début de la période mérovingienne. Sans exclure que ces sites aient pu endosser un rôle mili­ taire, on les met plus volontiers en relation avec une initiative locale. Les élites se reconstituent. Avec son architecture ostentatoire et ses activités, le cas du Château Renaud à Virton est exemplatif à cet égard. Il se relie plus au besoin d'affirmation d'une famille aristocratique qu'à un souci militaire. D'autres sites sont en discordance avec ce schéma. Ils peuvent avoir joué un rôle important sur le plan mili­

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taire jusqu'au début du Ve siècle. Petit à petit, la popu­ lation qui s'est fixée à proximité du site n'entretient plus avec lui qu'un rapport symbolique. À deux reprises, dans la région d'Éprave et dans la région de Dourbes, on enregistre, autour des fortifications, une concentration sensible de sites d'habitat ou de nécro­ poles qui ne peut être l'effet du hasard et qui témoigne de l'occupation relativement dense des environs, appelée à se poursuivre à la période mérovingienne. Le plan de la fortification rurale est étroitement lié à la configuration naturelle du terrain utilisé. Le plus souvent, il s'agit d'éperons barrés comme à Falaën, Thon, Nismes; on trouve des buttes isolées comme à Dourbes, Couvin, des éperons barrés inversés comme à Furfooz, des fortifications de bord de plateau comme à Éprave et Pry. Pour le choix du site, il a toujours été tenu compte du relief déterminé par le passage d'une

Carte de localisation des sites de hauteur dans l'organisation militaire du Bas-Empire Occupation attestée aux ive-ve siècles après J.-C., sur les sites wallons. 1 Couvin (Aux Roches) 2 Nismes I (Sainte-Anne) 3 Nismes II (La Roche Trouée) 4 Dourbes (La Roche à Lommé) 5 Pry (Al Rotche), 6 Falaën (Montaigle) 7 Ben-Ahin (Lovegnée) 8 Thon (Samson) 9 Vieuxville (Logne) 10 Lustin (Rochers de Frênes) 11 Furfooz (Hauterecenné) 12 Éprave (Tienne de la Roche) 1 3 Ortho (Le Cheslain) 14 Virton (Château Renaud). Occupation non attestée aux I V e - v e siècles après J.-C. ou refuges. 15Angleur 16 Ciergnon 17 Falmignoul 18 Hotton 19 Houffalize 20 Huy 21 La Roche-en-Ardenne 22 Lompret 23 Mont 24 Rochefort 25 Sars-la-Buissière 26 Vogenée.

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rivière en contrebas de versants très escarpés comme à Éprave et à Pry, par la boucle que dessine un cours d'eau, comme à Furfooz et à Ortho, par la confluence de deux cours d'eau comme à Falaën. Elles offrent des superficies échelonnées entre 1,4 ha et 0,35 ha: Ortho (1,4 ha, pour le plateau supérieur), Furfooz (0,80 ha), Pry (0,50 ha), Éprave (0,37 ha), Dourbes (0,35 ha). Dans la civitas Tungrorum, les fortifications à caractère militaire ont de 0,35 ha à 0,80 ha; les sites les plus étendus sont souvent des refuges ou des forteresses utilisés antérieurement ou postérieurement à l'époque romaine. Les fortifications de hauteur de plus petit module (inférieures à 0,30 ha) livrent toujours du ma­ tériel archéologique du Bas-Empire (Couvin, Nismes). Il arrive que les fortifications se décomposent en deux parties : un plateau sommital auquel se trouve accolée une terrasse allongée, en contrebas, comme à Dourbes, Falaën, Ortho.18 Au nombre des organes de défense, constituant la forteresse de hauteur, figurent le mur de barrage, l'en­

ceinte, les tours ou bastions qui peuvent y avoir été greffés et les fossés défensifs. Les murailles qui protègent ces redoutes présentent rarement une technique de tradition romaine. Éprave, Furfooz, Château Renaud peuvent être considérés comme les seules forteresses où la technique typique­ ment romaine survit: les murs sont constitués de parements réguliers et d'un blocage de matériaux posés de chant, disposés en couches horizontales et noyés dans un niveau très épais de mortier compact. Le mur de barrage I de Furfooz peut être comparé à l'enceinte d'Éprave: le mode d'érection de ces murailles est parfaitement identique. Ailleurs, la tech­ nique de construction est plus fruste. On utilise le matériau local, mais on ne le taille pas avec régularité. On fait appel, quelquefois, au mortier pour lier les pierres, mais il est de mauvaise qualité et on l'utilise avec parcimonie. À Virton (Château Renaud), on note la coexistence d'un rempart et d'une enceinte consti­ tuée de pièces de bois.

372 Le mur de barrage de l'éperon de Hauterecenne à Furfooz. 373 Le mur non maçonné du couloir d'entrée de la fortification de La Roche à Lomme à Dourbes. 374 La muraille de la fortification rurale du Château Renaud à Virton. Le petit appareil prend appui sur une assise de blocs de récupération, dont certains sculptés, proviennent de monuments funéraires de la région. 375 Les fondations du bastion d'entrée à la fortification rurale du Château Renaud à Virton.

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Des tours ou des bastions, adossés au rempart, sont connus à Furfooz, à Dourbes et à Château Renaud. À Furfooz, les tours rectangulaires sont maçonnées. À Dourbes et à Ortho, des bastions quadrangulaires commandent la porte. Enfin, des fossés défensifs com­ plètent les enceintes d'Éprave, de Furfooz, d'Ortho, de Nismes et de Pry. À noter que le site d'Ortho a été considérablement réaménagé au Haut Moyen-Âge. Les sites militaires livrent un échantillonnage consi­ dérable d'objets: des armes, de la céramique, des pièces de monnaie et des petits objets en bronze et en os,

comme à Ben-Ahin, Dourbes, Éprave, Falaën, Furfooz, Lustin, Nismes II, Pry, Thon et Virton. La richesse du matériel d'époque romaine tardive contraste générale­ ment avec l'exiguité des sites qui n'autorise pas d'y affecter une population considérable. Pour saisir la densité de population qui a été le fait de la région d'Éprave, par exemple, on fera appel aux nombreux champs funéraires qui entourent la forte­ resse du Tienne de la Roche. À l'époque de Constance Chlore et de Probus, il est souvent question de barbares et de laeti servant en qualité de soldats. Les données archéologiques dispo­ nibles pour la fin du me siècle et le début du ive siècle ne permettent pas d'en reconnaître la localisation sur base des sépultures, d'une part, et d'autre part, les for­ tifications rurales indiquent la présence de contin­ gents d'origine plutôt gallo-romaine, à en juger par exemple par la technique de construction des murail­ les et des thermes d'Éprave et de Furfooz. Les enfouissements funéraires qui accompagnent certaines fortifications rurales avalisent le fait qu'elles logeaient des milices germaniques au cours de leur deuxième séquence d'occupation, à partir des années 370-380. Mais l'appartenance de ces dernières milices au groupe des laeti est loin d'être prouvée. Toute la question est de savoir sous quel aspect on considère ces groupements, soit sous un point de vue social, soit sous un point de vue juridique. La Notitia Dignitatum, qui localise à la fin du ive siècle et au début du ve siècle,

376 Quelques pièces de mobilier en bronze retrouvées dans la fortification rurale du Château Renaud à Virton : fibules et accessoires de ceinture. 377 Fréquence du numéraire émis entre 260 à 402 après J.-C., retrouvé dans les sites de hauteur de Dourbes, Éprave, Falaën, Furfooz et Nismes II. L'exemple proche fourni par la fortification de Vireux-Molhain (Ardennes françaises) a été ajouté.

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des groupements de laeti en territoire nervien et tongres, placés sous les ordres du Magister peditum, ne désigne pas les mêmes groupes évoqués un siècle plus tôt par les Panygéristes et ne permet pas de les identi­ fier ipso facto aux communautés qui gèrent les fortifi­ cations rurales. On voit davantage dans ces groupes de la seconde moitié du ive siècle des communautés fédé­ rées, distinctes des lètes davantage romanisés, mieux assimilés à la culture romaine depuis la fin du me siè­ cle, et liés à Rome sous une forme moins contrac­ tuelle.

LES CAMPAGNES SOUS L'ANTIQUITÉ TARDIVE Les textes font état de razzias barbares incessantes au milieu du me siècle et sous le règne de Postume. La période concernée s'étend grossièrement de 260 à 280. L'invasion décisive, celle de 275/276, relatée par l'Histoire Auguste, aura des conséquences négatives sur l'économie des agglomérations et des campagnes. L'archéologie ne peut saisir l'impact de ces évène­ ments que par le biais de quelques informations de nature différente: les trésors monétaires très nom­ breux enfouis sur l'ensemble du territoire, des traces d'incendie dans les sites et la détermination du taux d'abandon des établissements ruraux. Les relations anciennes des fouilles archéologiques produisent le témoignage de couches d'incendie obser­ vées dans les villae pour le me siècle et surtout la fin de ce même siècle. C'est le cas par exemple à : Dongelberg, Wavre, Nouvelles, Haccourt (Froidmont), Lixhe, SaintGeorges-sur-Meuse, Habay-la-Vieille, Nadrin, Hives, Robelmont, Wolkrange, Torgny, Wancennes, Braibant, Dinant, Vodelée, Haltinne et Neuville. Les archéo­ logues demeurent largement impuissants, dès qu'il s'agit d'attribuer une date absolue à chacun de ces niveaux de destruction. Pour mieux appréhender cette situation de crise, il faut aussi s'interroger sur le taux de survie des établis­ sements ruraux au début du ive siècle. Dans le nord de la Gaule, le taux est globalement faible. En tout état de cause, c'est un petit nombre qui montre les traces d'une occupation continue ou d'une réoccupation à l'aube du Bas-Empire. Généralement, le mobilier

archéologique est limité à quelques tessons de céra­ mique et à quelques monnaies et les témoins architec­ turaux d'une reconstruction ou d'une nouvelle construction demeurent exceptionnels. Inversement, il faut tenir compte de la plus grande érosion qui a pu affecter les niveaux archéologiques les plus récents des sites concernés.19 À la lumière des recherches conduites depuis quel­ ques dizaines d'années, les idées traditionnelles à pro­ pos de la déprime des campagnes, ont été nuancées et révisées et les problématiques abordées d'une toute autre façon. Sans mésestimer l'importance des des­ tructions et des abandons à la fin du me siècle, on ne peut plus accepter, comme par le passé, l'image d'une rupture totale qui ait affecté le monde rural. En outre, on prend en compte aujourd'hui d'autres aspects: le maintien de l'habitat rural sous une forme dispersée, l'étalement du processus d'abandon des villae sur le long terme, le phénomène de différenciation régio­ nale, le recours de plus en plus systématique à partir du milieu du ive siècle à une architecture de bois.20 À l'inverse de ce que nous feraient croire les textes, le processus de regroupement des domaines n'est pas avéré en Gaule du nord. L'habitat rural conserve la physionomie dispersée qu'il avait au Haut-Empire. Le phénomène d'abandon de la villa ou de la ferme gallo-romaine doit être approché sur une longue période qui débute dans le courant du me siècle et qui est marquée par des étapes successives tout au long du ive siècle et jusqu'au début du ve siècle. En outre, on évitera de raisonner en termes de modèles généraux: chaque région montre des évolutions tout à fait diffé­ rentes. Enfin, si l'architecture de bois aura tendance à devenir la norme au Ve siècle, partiellement à l'initia­ tive des groupes germaniques, elle fait aussi son appa­ rition plus tôt, au IVe siècle dans des contextes de souche gallo-romaine. La villa gallo-romaine du Bas-Empire offre une phy­ sionomie de moins en moins stéréotypée. Dans ces conditions, le regroupement des exploitations indivi­ duelles au sein d'entités plus grandes, la concentra­ tion des domaines agricoles et le rattachement de tous à des propriétaires influents, attestés par les textes, paraissent difficiles à admettre, au regard des témoi­ gnages archéologiques. La concentration foncière, dont nous entretiennent les sources antiques, a pris d'autres formes sans doute, comme par exemple le

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regroupement dans certaines régions privilégiées ou stratégiques, du potentiel humain et d'exploitation. La restructuration agraire du Bas-Empire qui a parfois été placée très tôt, après un abandon des terres, reste difficile à cerner. La réalité archéologique va plutôt dans le sens du démantèlement des domaines, du morcellement et de la régression des grandes proprié­ tés. De cette façon, le mythe du regroupement des propriétés en latifundia a vécu et l'existence de terres désertées (agri desertï) évoquées dans les textes ne constitue pas le meilleur indicateur de la paupérisa­ tion du monde rural au Bas-Empire. L'économie agraire n'évolue pas à cette époque sur la base de ces normes.21 La nature des établissements ruraux d'époque romaine tardive constitue le champ de recherche le plus fécond. En principe, on devrait pouvoir rencon­ trer trois cas de figure. Le premier montre une conti­ nuité d'occupation de la villa. Le second atteste de cette pérennité sous une forme différente: les bâti­ ments antiques de la villa sont totalement ou partiel­ lement abandonnés et le site fait l'objet de nouvelles constructions en matériaux périssables. Le troisième cas correspond à la fondation d'un nouvel habitat en bois sans relation topographique avec un site antique. La notion de mutation a été mise en avant; néan­ moins elle ne correspond pas à une réalité linéaire.22 On observe des situations très différentes d'une région l'autre. Les territoires du nord de la Gaule se trouvent, de ce point de vue, partagés en trois.23 Au nord, dans les zones sablonneuses, l'habitat indi­ gène en bois n'a jamais cessé d'être prédominant pen­ dant toute la période romaine. On ne voit pas de rai­

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son à ce qu'il n'en soit pas de même au Bas-Empire, d'autant que ces territoires sont rapidement abandon­ nés aux immigrants germaniques, qui construisent selon la même technique. Mais les attestations sont assez rares, avant le ve siècle. Au centre, dans la zone limoneuse des villae, on ne manque pas d'exemples d'établissements qui conti­ nuent d'être occupés au moins une partie du ivesiècle. Les fouilles récentes nous révèlent qu'une trentaine de sites ruraux renferment du matériel archéologique du Bas-Empire. Mais aucun de ces sites n'a été construit à l'époque romaine tardive sur un emplace­ ment neuf. La permanence d’occupation topogra­ phique semble la règle. Il y est souvent question de réaménagements légers ou de réoccupation partielle de la villa ancienne. Cet état de fait vaut surtout pour les territoires situés au sud de la voie de Bavay à Tongres. Quelques cas célèbres, situés en dehors du sol wallon, dans la vallée mosane, servent de révéla­ teurs à la modification qui se met en place. Dans l'en­ ceinte des villae anciennes, dont l'infrastructure est largement abandonnée, prend place une occupation d'un type nouveau: une petite communauté renoue avec le site antique et y établit des grandes maisons de bois et des fonds de cabane; le mobilier qui est lié à cette nouvelle initiative date de la seconde moitié du ive siècle et est apparenté au style germanique, tant du point de vue de la céramique que des objets en bronze. Les traces d'habitat de cette nature demeurent rares sur le sol wallon, c'est aussi vrai pour les zones méridionales que pour le no maris land hesbignon localisé au nord de la voie Bavay-Tongres. Au sud, on trouve les Ardennes, une région qui a été peu occupée durant le Bas-Empire. Pour le Condroz et les plateaux ardennais, on évitera de ne retenir que le seul témoignage évanescent des habitats; les refuges et les fortifications de hauteur, indiquent une certaine présence humaine. Enfin, la Gaume, qui, avec ses découvertes importantes rattachées à l'Antiquité tar­ dive, sert de contrepoint à l'analyse développée plus haut. L'ouest de la cité des Trévires ne connaît pas le même recul immédiat. L'habitat gallo-romain tradi­ tionnel s'y maintient plus longtemps et certains des établissements ruraux bénéficient même de transfor­ mations et d'agrandissements substantiels. En Wallonie, la dispersion générale des établisse­ ments ruraux ayant révélé l'un ou l'autre élément de

Les petits foyers domestiques se rencontrent fréquemment sur les sites d'habitat du Bas-Empire.

LA PÉRIODE T A R D O - R O M A I N E I

La question des villae fortifiées du type de celles dont nous entretient Ausone reste posée. La villa de Habayla-Vieille, avec sa transformation en une sorte de réduit fortifié et sa tour-silo, demeure un cas isolé. C'est dans ce contexte qu'il faut considérer les rares effets d'équi­ pement militaires de la seconde moitié du ive siècle retrouvés dans les établissements ruraux. Ils reflètent davantage la diffusion du mobilier germanique qu'une militarisation complète de nos campagnes.

LES SANCTUAIRES l'époque romaine tardive s'établit autour de l'axe Sambre-et-Meuse et au sud de la voie romaine de Bavay à Tongres. La vallée scaldienne révèle petit à petit quelques traces d'implantation tardive; elle s'il­ lustre aussi depuis peu comme une zone densément occupée au Haut Moyen-Âge. La vallée du Viroin et les vallées de la rive droite de la Meuse constituent des régions très habitées durant le Bas-Empire. Il est clair que les villes antiques de Tournai, Tongres et Trêves ont servi de catalyseurs à la survie de l'habitat rural. Les structures et les matériaux employés changent de nature le plus souvent. On dispose d'études mon­ trant bien dans certaines régions le recours à une architecture plus légère ; une distinction peut être faite entre les constructions sur poteaux plantés, à une ou plusieurs nefs, et d'autres moins nombreuses dans les­ quelles interviennent des solins. Le fond de cabane, structure excavée caractéristique du Haut Moyen-Âge, se signale à l'attention, mais de manière peu répan­ due, dès la fin du ive siècle ou au début du Ve siècle.24 Faute de découvertes significatives, la question du développement et des activités économiques de ces sites reste floue, surtout en ce qui concerne le secteur primaire. On dispose de quelques données relatives à des greniers, des séchoirs à grains comme à Braibant et à Maillen. Des foyers et fours domestiques apparais­ sent très fréquemment à la période de l'Antiquité tar­ dive, comme à Lixhe. L'artisanat n'y est pas pour autant exclu. On connaît un four de potier à Herstal, une production métallurgique à Vezin, Ben-Ahin et à Bourlers. C’est dans le bassin mosan qu'il faut cher­ cher les édifices à caractère plus industrieux. La villa de Bruyelle a aussi produit de la céramique au début du IVe siècle.

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Habay-la-Vieille,

M a g ero y:

À l'époque tardo-romaine, en même temps que le Christianisme s'enracine dans le nord de la Gaule, religion notamment soutenue par Constantin, le polythéisme se maintient assez fermement. Il est effectivement licite sous Valentinien et Gratien.25 Au regard d'une occupation somme toute peu expli­ cite des campagnes gallo-romaines, les temples ruraux, du type fanum, sont encore largement fré­ quentés au Bas-Empire. Ils trahissent même une cer­ taine renaissance des cultes, enregistrée à de nom­ breuses reprises. Dans le cas de Matagne-la-Petite, l'utilisation du site sous la Tétrarchie y est bien éta­ blie. En ce qui concerne le site sacré de Matagne-laGrande, des monnaies postérieures à 350, prises dans la maçonnerie de la bâtisse, témoignent en faveur d'une reconstruction de l'édifice à une époque assez tardive. De nombreuses trouvailles mobilières sur les sites sacrés en question démontrent une ferveur païenne retrouvée et un nouvel élan de vénération envers les divinités classiques. Les offrandes moné­ taires se multiplient au ive siècle. Le fait se confirme à la lumière du devenir de cer­ tains sanctuaires établis au sein des agglomérations du Haut-Empire. Les cas de Vervoz et de Liberchies sont éclairants à cet égard puisque les seuls secteurs de ces bourgades encore réellement occupés au ive siècle sont ceux qui correspondent aux zones sacrées, comme si, la bourgade n'existant plus, le sanctuaire se muait en site acquérant une fonction nouvelle, celle de pérenniser une présence et de maintenir un culte de l'Antiquité païenne. La question de l'identification des cultes développés dans ces sanctuaires n'est aucu­ nement documentée.

les fondations de la tour massive d'époque tardive, bâtie contre la résidence principale de la

v illa .

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Ces pratiques polythéistes sont au moins théorique­ ment acceptées jusqu'à la promulgation de l'édit de 391 par lequel Théodose essaye de s'y opposer.

LES NOUVELLES COUTUMES FUNÉRAIRES Sous l'Antiquité tardive, les centres urbains sont dotés de riches cimetières répartis autour de la ville, comme c'est le cas à Tournai, Tongres, Trêves, notamment. Ils peuvent être occupés sans discontinuer du HautEmpire au début du Ve siècle. Dans le cimetière princi­ pal de Tournai (rue Perdue), toutefois, les enfouisse­ ments paraissent s'arrêter dans le courant de la seconde moitié du IVe siècle et des cimetières plus tar­ difs seront implantés ailleurs comme à la Citadelle, à Saint-Martin et à Saint-Brice. À Namur, six nécropoles du Bas-Empire se trouvent en rapport avec le noyau de l'agglomération.26 Les nécropoles dépendant du secteur rural sont plus mal connues, sauf celles qui entretiennent des liens avec les sites de hauteur et qui n'apparaissent pas avant une période avancée du ive siècle. Leur réparti­ tion est aléatoire: on découvre une forte concentra­ tion de sépultures ou de nécropoles dans le bassin mosan et autour de l'axe Sambre et Meuse. Les nécro­ poles apparaissent également très groupées autour des fortifications de hauteur de la cité des Tongres et des Trévires. D'un point de vue chronologique, cette dis­ persion géographique est assurée pour les me et IVe siè­ cles. Au Ve siècle, en revanche, les sépultures se regrou­ pent plus volontiers dans le bassin mosan.27 La comparaison des cartes de l'habitat et des nécro­ poles indique une concordance générale dans l'occu­ pation du sol : primauté de la vallée mosane, concen­ tration autour des villes comme à Tournai, Cambrai et Tongres, importance des plateaux condruziens de la Civitas Tungrorum. Les zones qui n'ont livré que des témoignages très réduits concernant les établisse­ ments ruraux n'ont pas davantage révélé de grands ensembles funéraires, comme c'est le cas dans la plaine maritime, la Campine, le plateau ardennais, la vallée de la Sambre.28 On peut globalement opposer les sépultures qui appartiennent à la première moitié du ive siècle et

380 Plan du cimetière à inhumation de la rue Perdue à Tournai, avec indication des sépultures masculines et féminines, quand le mobilier de celles-ci permet de procéder à cette discrimination.

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celles que l'on verra fleurir un peu partout en Gaule du nord à partir de la période Valentinienne. Les pre­ mières sont peu nombreuses ou à tout le moins peu connues et peuvent surgir dans des cimetières du Haut-Empire, comme à Flavion et à Treignes. À partir du dernier tiers du ive siècle, les enfouissements funé­ raires comportent un mobilier trahissant une double appartenance culturelle; à côté de pièces de vaisselle d'origine gallo-romaine figure du mobilier de type germanique.29 Beaucoup de ces cimetières d'un type nouveau sont accrochés à des sites de hauteur fortifiés, comme à Éprave, Furfooz, Pry, Thon, Vieuxville, Vireux-Molhain. Ces forteresses ont été occupées précédemment, à la fin du me siècle et à la période constantinienne, on s'étonnera donc de voir les enfouissements funéraires contemporains briller par leur absence. Les cas d'Éprave, Furfooz sont éclairants à ce sujet où aucune sépulture n'est antérieure à 370-380 alors que les sites fortifiés ont été réellement investis dès la fin du me siè­ cle. L'explication de ce phénomène tient sans doute à la qualité différente de la milice ayant eu en charge ces places fortes au début du Bas-Empire ou à son carac­ tère moins sédentaire.

Incinération et inhumation Au Bas-Empire, le rite de l'inhumation prédomine lar­ gement sur celui de la crémation. L'inhumation, loin d'avoir jamais cessé d'être pratiquée dans le nord de la Gaule, s'est imposée progressivement entre le 11e siè­ cle et le milieu du me siècle. Néanmoins, le rite de l'incinération persiste au Bas-Empire selon de faibles proportions, comme une survivance entre la fin du me siècle et le milieu du ve siècle. Dans les agglomérations, le rite de l'incinération est vivace au ive siècle. À Tournai (rue Perdue), une sépul­ ture à crémation remonte au plus tôt à l'année 307. Dans la campagne, le même rite a été constaté dans la cité de Cambrai comme dans la cité des Tongres, dans le courant de la seconde moitié du me siècle, dans la première moitié du IVe siècle, au milieu du ive siècle et de la fin du IVe siècle jusqu'au début du Ve siècle. Dans le bassin de l'Escaut, on observe une permanence du rite de la crémation jusqu'au Haut Moyen-Âge, en rap­ port avec les traditions autochtones davantage qu'avec des influences d'outre-Rhin.30 Les nécropoles groupées autour des fortifications rurales en ont livré de nombreux exemples : il y en a de la fin du ive siècle

381 Le plan de quatre tombes à inhumation du cimetière de la rue Perdue à Tournai, avec emplacements des dotations funéraires dont les plus volumineuses, comme la vaisselle, sont rarement déposées dans le cercueil, mais plutôt à l'extérieur de celui-ci.

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à Furfooz et à Han-sur-Lesse, du début du Ve siècle à Vieuxville, du milieu du Ve siècle à Pry ou même plus tard, à Éprave (Sur le Mont). On trouve ce mode d'en­ fouissement associé à du mobilier traditionnel (Tour­ nai) ou germanique (Jambes, Jamiolle, Treignes, Vieuxville), au cours de la première moitié du IVe siècle déjà et au début du Ve siècle.31 Les inhumations sont très souvent révélées par l'in­ termédiaire d'un cercueil de bois cloué, de forme rec­ tangulaire, placé dans une fosse qui est légèrement plus longue ou plus large si Ton a l'intention de dépo­ ser du mobilier en offrande qui ne peut accompagner la dépouille elle-même. De nombreux cas ont été reconnus à Tournai.

Orientation Une disposition parfaitement ordonnée des sépul­ tures ne caractérise pas les nécropoles romaines du Bas-Empire, contrairement à ce que Ton est habitué d'observer pour la période mérovingienne. Toutes les orientations existent, dans les villes particulièrement. Des variations considérables se voient d'une tombe à l'autre ou d'un cimetière à l'autre, sans compter que pour les sites importants, il est normal d'avoir affaire à plusieurs groupes d'orientation différente. À Tournai, rue Perdue, il y a néanmoins un axe d'en­ fouissement dominant: il correspond à l'orientation Nord-Est Sud-Ouest ou Est-Ouest. L'axe Ouest-Est est l'orientation à proprement par­ ler, la tête regardant vers le levant. Cette disposition apparaît au cours de la deuxième moitié du ive siècle en milieu urbain et se lie assez vite à la suppression du mobilier funéraire. Dans les ensembles du Namurois, une disposition particulière à la région mosane, l'orientation NordSud, a été clairement mise en évidence. L'orientation Nord-Sud est connue à Éprave, Flavion, Furfooz, Haillot, Han-sur-Lesse, Merlemont, Pry, Rochefort, Surice, Thon, Tongrinne et Vieuxville. L'importance régio­ nale de cette orientation est confirmée par la persis­ tance de cette habitude dans nombre de cimetières mérovingiens du Namurois, où cette disposition n'est pas nécessairement liée à des facteurs topographiques. Pour les cimetières qui offrent une continuité d'en­ fouissement entre le Bas-Empire et le Haut Moyen-

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Âge, on peut observer un changement d'orientation dans certains cas: le site du Corbois à Rochefort, où Taxe Nord-Sud est remplacé progressivement vers la fin du Ve siècle ou le début du v i e siècle, par la direc­ tion Ouest-Est et celui de Vieuxville qui a révélé trois groupes chronologiques d'inhumation au sein des­ quels une orientation différente caractérise chacun de ceux-ci.32

Les dotations funéraires Les faciès funéraires du Bas-Empire et de l'époque mérovingienne s'opposent en matière de constitution des dotations et du mobilier des sépultures. L'impor­ tance accordée aux offrandes alimentaires et aux pièces de vaisselle différencie nettement les enfouisse­ ments de l'époque romaine tardive de ceux de la période mérovingienne. Dans les sépultures de type traditionnel que Ton rencontre durant la première moitié du IVe siècle, en milieu urbain et notamment à Tournai, les effets per­ sonnels du défunt qui l'accompagnent dans le cer­ cueil sont assez réduits. Il est tout au plus question de chaussures ou de bijoux. Les offrandes consistent principalement en vaisselle et en pièces de viande déposées à l'extérieur du cercueil, sauf dans les cas où les récipients sont de petite dimension. Les offrandes monétaires accompagnent le plus souvent le corps luimême. Cette coutume funéraire est avérée à partir des dernières années du me siècle et si elle tend à disparaî­ tre à la fin de la période Valentinienne en ville, l'exem­ ple d'une tombe de Bergilers à Oreye, aménagée après 388, tend à nous faire croire qu'elle peut persister assez longuement. Pour cette période, les dotations funéraires sont peu luxueuses et consistent principalement en quelques vases en céramique ou en verre, de qualité moyenne. Une modification fondamentale s'observe dans la constitution des dépôts funéraires, à partir de la période Valentinienne et dans des milieux influencés par une autre culture. Tant en ville qu'à la campagne apparaissent alors des sépultures renfermant non seu­ lement des pièces de vaisselle, mais aussi toute une panoplie d'objets personnels qui étonnent par leur richesse et leur diversité. Si le mobilier céramique est encore marqué du sceau de la culture gallo-romaine, il

LA PÉRIODE T A R D O - R O M A I N E I

382 La tombe 6 du cimetière de la rue Perdue à Tournai renfermait deux vases et deux monnaies à l'intérieur du cercueil; les autres pièces de vaisselle sont placées dans la fosse, vers les pieds ou derrière la tête (datation: à partir de 307 après J.-C.). 383 La tombe 124 du cimetière de la rue Perdue à Tournai renfermait trois monnaies dans le cercueil et cinq vases placés hors de celui-ci, devant les pieds (datation: à partir de 332 après J.-C.). 384 Une tombe de la nécropole du Pont de Malpas, à Bergilers. La vaisselle, composée d'un gobelet en verre et de quatre céramiques, a été placée dans une encoche creusée sur le côté de la fosse, tandis que le cercueil ne renfermait que trois pièces de monnaie et une pince à épiler en bronze (datation: à partir de 388 après J.-C.).

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n'en est pas de même des armes et des pièces d'habil­ lement de style germanique qui accompagnent les défunts. À ce moment apparaissent des bijoux nou­ veaux dans les sépultures féminines et des ceinturons chargés d'éléments ciselés en bronze dans les tombes masculines, portant des décors géométriques et ani­ maliers.33 La coutume funéraire change, la mode aussi, mais l'empreinte est germanique. Cette situation amorcée à la bn du ive siècle connaîtra de plus amples développe­ ments au cours du siècle suivant.

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Le mobilier traditionnel rencontré dans les sépultures de la première moitié du I V e siècle à Tournai. Il est alors surtout composé de vaisselle en verre et en céramique: 1 Verrerie 2 Cruche 3 Cruche peinte 4 Terra nigra tardive ou céramique fine 5 et 6 Bols en céramique commune sombre. 386 A partir de l'époque Valentinienne, les accessoires du vêtement apparaissent de plus en plus nombreux. À Furfooz, la tombe masculine 3 a révélé une fibule en arbalète en bronze et les éléments d'une ceinture à décor de style germanique (dernier tiers du I V e siècle et premières années du V e siècle après J.-C.). 387 Le mobilier à caractère germanique d'une sépulture de la nécropole de Roupée à Vieuxville se caractérise, au Ve siècle après J.-C., par la présence d'accessoires de ceinture et par des pièces d'armement en fer.

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Chapitre XI

VERS LE HAUT MOYEN-ÂGE

Le ve siècle représente une période de mutation et connaît bien des avatars, dont les péripéties sont sou­ vent mal documentées, y compris par les sources archéologiques.1 De manière inéluctable, au cours de cette époque, aura lieu l'affrontement final entre deux cultures, la gallo-romaine et la germanique, qui se préparait depuis la fin du me siècle. L'affrontement en question est direct, lorsqu'il s'agit de conquérir le territoire ou de réduire à néant le pouvoir politique de Rome. Il est plus feutré lorsqu'il s'agit d'installer, dans l'Empire, des enclaves de populations germaniques, avec l'ac­ cord des responsables civils gallo-romains. Une autre façon d'écrire l'histoire consiste à remplacer le terme d'affrontement des cultures par celui de superposi­ tion. Le Ve siècle est, en effet, une longue période au cours de laquelle le pouvoir change de main et les modes de vie se transforment. Par ailleurs, les dyna­ miques économiques connaîtront aussi des modifica­ tions profondes. Enfin, nombre d'historiens préfèrent utiliser le terme de «fusion» romano-germanique, permettant de mettre l'accent sur les apports conjugés de l'une et de l'autre cultures.2 L'apport de Rome subsiste très clairement. Quatre siècles et demis de présence romaine ont laissé beau­ coup de traces. Même les souverains francs avaient subi l'influence de Rome; elle demeure perceptible dans leur conduite des affaires politiques en Gaule du nord. Il y a une aspiration à l'unification des terri­ toires de la part des monarques mérovingiens et caro­ lingiens. Charlemagne reprendra à son compte l'idée d'un empire unitaire dont le fondement vient de Rome.

PERTE DE CONTRÔLE Les Francs constituent une menace réelle pour l'Empire qui se trouve malmené par eux depuis des siècles. Au début de leur histoire, les Francs se présen­ tent comme une coalition de peuples germaniques. Grâce à l'historien Ammien Marcellin, on sait que l'empereur Julien est obligé de les combattre en janvier 358, en vue de la reconquête de deux forteresses sur la Meuse, dont les Francs s'étaient emparés lors d'une attaque massive l'année précédente. Malgré la signa­

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ture d'un traité de paix conclu à cette occasion, l'in­ quiétude reste de mise à en juger par les sièges qu'au­ ront à subir la ville de Cologne en 386 et celle de Trêves, à plusieurs reprises, entre 388 et 420 après J.-C. À la fin du ive siècle, la pression des Germains sur la frontière rhénane devient subitement plus âpre. La cour impériale est transférée à Arles en 392 après J.-C. ; c'est le signe de la décomposition de l'Empire. En 402, lorsque Honorius doit replier ses troupes du limes vers l'Italie, la frontière devient ouverte, ce qui conduit à la catastrophe de l'hiver 406-407. On rapporte que durant la nuit du nouvel an, les Germains submergent le territoire romain dans un raz-de-marée, près de Mayence; l'assaut est donné par une coalition de Vandales, Suèves, Burgondes et Alamans. Toutefois, il n'est pas encore question d'une appropriation défini­ tive des territoires par les barbares. La trouvaille monétaire de Suarlée est contemporaine de cet événe­ ment. Par la suite, la Bretagne est abandonnée sous Constantin III et l'armée s'enfonce dans l'immobi­ lisme; les derniers forts le long de la voie BavayCologne sont évacués, du moins ceux qui n'avaient pas été définitivement détruits au milieu du ive siècle, comme la tour de garde de Braives. Les Francs se déplacent vers le sud et prennent possession des terres libres. Cette situation nouvelle entraîne une certaine désorganisation du pouvoir en Gaule du nord. Au cours de la première moitié du V e siècle, les chefs de guerre francs étendent leurs actions de manière plus systématique à l'ensemble de la région, visant à atteindre la Somme et à contrôler toute la province de Belgique IL Clodion se pose en conquérant. Il s'em­ pare des villes de Tournai, Cambrai et Arras, peu après 443. Le général romain Aetius, avec l'aide de Majorien, réagit et obtient une victoire à Vicus Helena, qui débouchera sur un traité de paix, autorisant probable­ ment Clodion à conserver Tournai, mais pas les villes d'Arras et de Cambrai. Les décennies qui vont suivre seront le théâtre d'un véritable chassé-croisé pour la possession du territoire qui se trouve localisé entre l'Escaut et la Seine.3 Au début de la deuxième moitié du Ve siècle, les acteurs politiques en présence ont pour nom Egidius et Syagrius, représentant le pouvoir officiel et Childéric. On invente un compromis bien utile: Childéric, roi franc, se voit confier la charge de l'administration de la

Page précédente: quelques éléments conservés de l'épée longue du roi Childéric, soit la poignée, les plaques de garde et l'entrée du fourreau, en or. À l'époque de Childéric, décédé en 481-482 et enterré à Tournai, le décor d'orfèvrerie cloisonnée est très à la mode. Il s'agit de grenats sur paillons gaufrés, pour mieux refléter la lumière, insérés dans des cloisons en or.

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province de Belgique II par le pouvoir impérial, même s'il étend parfois son influence plus au sud. Après la chute de l'Empire romain d'Occident en 476, les acteurs en présence, à savoir Childéric dans le nord et Syagrius dans le sud, se retrouvent à la tête de ces régions sur lesquelles le pouvoir central a perdu toute juridiction. Mais les relations vont se détériorer entre les deux hommes et la mainmise définitive par les Francs sur l'ensemble du territoire de la Belgique II n'est plus qu'une question de temps. En principe, Syagrius réside à Soissons qui se trouve en Gaule Belgi­ que. Le conflit est latent. Le successeur de Childéric, Clovis (482-511) assujettit, en 486, différentes popula­ tions franques, franchit la Somme et prend possession du royaume gallo-romain de Syagrius, le Rex Romanorum. Il installe son siège à Paris.4

LA COLONISATION FRANQUE Pour bien prendre la mesure de la colonisation franque de nos régions, il faut situer ce phénomène dans son évolution sur le long terme.5 Dès le iiic siècle, il est question d'infiltrations systé­ matiques et de l'établissement de populations germa­ niques dans les zones de contact. À l'époque de Postume (258-268), les barbares sont expulsés mais certains groupes sont incorporés dans l'armée romaine. Probus (276-282) fait servir des prisonniers comme

389 La trouvaille de Suarlée. SoM de Valentinien I, Valens, Gratien, Valentinien II, Théodose, Arcadius et Honorius. La dernière pièce du petit dépôt de monnaies en or se rattache à l'empereur Honorius et est située dans la fourchette chronologique de 402 à 408. Il doit s'agir d'un contexte funéraire qui est trahi par la présence d'une hache et de deux bagues en or de qualité. 390 Carte de la situation politique et étapes de la colonisation franque en Gaule du nord, au cours du V e siècle après J.-C. Les limites graduelles de l'extension germanique sont assez incertaines.

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esclaves de la même façon que Constance Chlore (293-306) place de nombreux prisonniers comme laeti dans le secteur des grandes rivières et dans les régions d'Amiens, Beauvais, Troyes, Dijon et Langres. Ces soldat-laboureurs se mélangent à la population décimée, mais sont aussi les premiers acteurs de la ger­ manisation du nord de la Gaule. Un accord est passé avec les Francs qui reçoivent la mission de défendre la zone rhénane et le droit de s'établir en Toxandrie à partir de 358 après J.-C. D'une manière générale, les Francs peuvent être considérés comme des alliés. À partir de ce moment, des enclaves germaniques sont systématiquement créées à l'inté­ rieur de l'Empire. Elles renforcent considérablement l'importance numérique de l'élément germanique dans le nord de la Gaule, déjà occupé par les laeti. Les Germains fédérés sont amenés à jouer un rôle primordial dans l'évolution générale qui marque la société au début du Ve siècle. Accélérant la lente fusion des cultures gallo-romaine et germanique, les mili­ taires de cette dernière origine, les gentiles et les lètes y participent pleinement.6

LE SIÈCLE DE TRANSITION La documentation historique qui permet d'aborder le siècle, souffre d'indigence. On est un peu mieux renseigné sur le devenir des milieux urbains et sur le rôle qu'ils s'apprêtent à jouer au plan religieux. Quelques sites proto-urbains émergent aussi, comme Huy et Namur. Pour les campagnes, le dossier reste peu

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fourni. En revanche, le phénomène de l'expansion franque peut être suivi, pas à pas, par l'intermédiaire des témoins funéraires, particulièrement bien docu­ mentés en Wallonie. En milieu urbain, on assiste à une bipolarisation de la construction et de l'occupation du sol. Dans certains quartiers, les maisons de maître se maintiennent ou des initiatives nouvelles fleurissent, en particulier dans les zones épiscopales. Ailleurs, des sites d'habitat ou des monuments sont abandonnés, on y poursuit une activité artisanale diversifiée. Ce phénomène est bien mis en exergue par la découverte de fours dans l'édifice du IVe siècle de la place Saint-Pierre à Tournai.7 Ces activités artisanales, comme la métallurgie ou le travail de l'os et du bois de cerf, sont aussi bien attes­ tées dans quelques grosses agglomérations, comme Huy et Namur, appelées à se développer fortement au Ve siècle. Il est vrai que le système économique change radicalement à cette époque. Une ville comme Tournai dispose, au Ve siècle, d'un grenier aménagé sur les ruines d'un édifice en pierres plus ancien. La pénétration progressive des populations germa­ niques à l'intérieur de l'Empire entraîne une appro­ priation des terres par celles-ci, une modification profonde du mode d'exploitation des sols et, partant, de tout le système agro-pastoral. C'est à l'archéologie qu'il échoit de retrouver les traces matérielles de

Dans le quartier Saint-Pierre de Tournai, le grand bâtiment à hypocauste du I V e siècle après J.-C. a été partiellement désaffecté au cours du V e siècle. Au sein d'une couche de «terres noires» furent implantés de manière successive de nombreux foyers, témoins d'une activité artisanale. 392 Le travail du bois de cerf représente une activité artisanale importante dans les contextes du V e siècle après J.-C. et de la période mérovingienne. On a retrouvé à Namur, dans les fouilles de l'Hospice Saint-Gilles, de nombreux témoins de cette occupation sous la forme de rebuts de fabrication et d'objets finis.

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l'installation des nouveaux-venus, même si peu d'exemples sont disponibles en Wallonie.8 De-ci de-là, on observe en Gaule du nord la pré­ sence d'ensembles de construction de tradition ger­ manique. Ils peuvent avoir été bâtis sur des établisse­ ments ruraux gallo-romains ou dans leur voisinage. Maisons-étables, habitats en bois, cabanes à fond excavé caractérisent l'architecture nouvelle. Il est plus souvent question de fermes isolées que de vil­ lages germaniques organisés, même si le dossier en question doit encore être étoffé par des découvertes nouvelles.9 Dans le domaine funéraire, l'interprétation des enfouissements demeure délicate tout au long d'un siècle qui voit se multiplier les changements en teriges de peuplement. En raisonnant de manière théorique, il faudrait pouvoir discriminer les sépul­ tures relevant de milieux très différents: celles qui appartiennent aux militaires gallo-romains, tout au moins aussi longtemps que l'armée subsiste; celles qui sont en relation avec les habitats urbains et ruraux; celles qui sont reliées aux envahisseurs francs pour la première moitié du Ve siècle.

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Le mobilier funéraire du Ve siècle est marqué par la présence de vaisselles issues de la tradition galloromaine et d'effets personnels - armements et bijoux - de style germanique. Cette situation ne permet pas d'emblée de suivre le schéma évoqué plus haut, en ce qui concerne la reconnaissance de classes de popula­ tion différentes.10 Toutefois, l'établissement de chronologies assez fines pour cette époque, tend à montrer que des groupes cohérents peuvent être aisément distingués. Les premiers changements apportés aux usages funé­ raires sont notamment le fait des communautés milita­ risées d'origine germanique qui sont apparues sur notre territoire et dans les fortifications de hauteur, au IVe siècle, entre la période Valentinienne et les années 420 après J.-C. Le deuxième groupe s'insère dans une phase rattachée au second tiers du Ve siècle. Le troi­ sième groupe couvre la deuxième moitié du Ve siècle et le début du vT siècle, mais les archéologues médiévistes subdivisent cette dernière période en deux séquences, à savoir de 440/450 à 470/480 et 470/480 à 520/530, la charnière entre les deux correspondant à la fin du règne de Childéric et au début de celui de Clovis.11

À l'emplacement des cloîtres médiévaux voisins de la cathédrale de Tournai, les archéologues ont enregistré le plan d'un grenier bâti en «opus africanum», au vs siècle après J.-C., sur les restes d'un bâtiment plus ancien.

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394 Le petit cimetière de Haillot renferme des contextes funéraires typiques du milieu du V e siècle après ).-C. Les sépultures de guerriers sont accompagnées de pièces d'armement comme une francisque et des pointes de flèches, l'équipement personnel du défunt avec ceinturon, une dotation de vaisselle en verre et en céramique.

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D'une manière globale, durant les premier et second tiers du Ve siècle, on observe des dépôts d'armes asso­ ciant la hache profilée avec l'angon et le bouclier ainsi que les baudriers, les fourreaux et les épées, les plaques-boucles réniformes. On voit aussi le maintien de la dotation multiple de vaisselle en céramique et de l'obole monétaire, la présence de pièces de verrerie, dans un style renouvelé, le dépôt sélectif de vaisselle métallique, la disparition des offrandes alimentaires, ainsi que l'importance croissante de la parure fémi­ nine et des accessoires vestimentaires. Dans l'orfèvre­ rie, la mode du grenat cloisonné fait fureur.12 Par la suite, se met en place une nouvelle culture qui témoigne de modifications importantes, échappant à l'Antiquité. À partir du troisième quart du Ve siècle, les contacts se multiplient entre les Germains occidentaux,

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Le mobilier des tombes de la nécropole de Samson à Thon est extrêmement riche pour la période du ve siècle après J.-C. Ici, le défunt était accompagné de pièces d'armement de grand apparat comme l'épée, avec la chape d'entrée et la bouterolle décorative du fourreau (1), l'angon (2), le bouclier représenté par sa partie métallique centrale, l'umbo (3), une boucle de ceinture (4) et une perle en pâte de verre (5). Le thème traité sur la bouterolle du fourreau, un masque humain flanqué de deux têtes de rapaces, illustre la mythologie germanique. 396 Fibule en argent doré et niellé provenant d'une sépulture féminine de la nécropole de Saint-Brice à Tournai, qui trahit, de par sa provenance Scandinave, des relations avec le Jutland. La plaque de tête est circonscrite par une rangée de petits triangles niellés et une rangée d'ocelles. La zone intérieure de la plaque comporte un décor animalier. Au centre, la fibule dispose d'un médaillon avec masque humain. Le pied de la pièce est très décoré: masques humains de profil, médaillons et animaux rampants à bec. La sépulture dont provient l'objet a été datée de 490-500 après J.-C.

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orientaux et des groupes asiatiques. La présence des femmes d'auxiliaires alains et wisigoths, les relations entre les élites germaniques et l'alliance de Childéric avec le roi ostrogoth Odoacre, contribuent à diffuser la mode danubienne dans nos régions. Il semble y en avoir d'autres avec la Scandinavie et les Saxons. Un certain faste peut encore présider à l'enterrement d'un prince. C'est le cas pour Childéric, inhumé à Tournai en 482, dans une chambre funéraire en bois, sous un vaste tumulus, au pied duquel furent sacri­ fiées des montures de son élevage privé. Quelques nécropoles d'un intérêt majeur, autori­ sant à suivre pas à pas l'évolution des coutumes funé­ raires à travers le Ve siècle, figurent sur le sol wallon, en particulier en région mosane. Haillot, est représentatif d'une communauté du milieu du ve siècle. Toute une série d'autres sites, comme Éprave, Pry, Thon, Vieuxville, Spontin, également reliés au Ve siècle, consti­ tuent, avec leurs tombes plus tardives, des exemples parfaits de la continuité de peuplement germanique dans certaines régions.13

PAGANISME ET CHRISTIANISME C'est Théodose, en 391, qui tente de s'opposer plus ou moins fermement aux cultes polythéistes. Dans les sanctuaires ruraux figurent fréquemment et en grande quantité du monnayage contemporain de la dernière période d'émission monétaire ayant circulé en Gaule du nord (394-402) ; on ne peut donc pas croire à un abandon immédiat de ces structures religieuses. À l'inverse, le Christianisme se fraye un chemin en Gaule septentrionale, par étapes successives qui, en

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dehors de Trêves, ne se traduisent pas directement par la construction d'édifices monumentaux. L'impact de la religion nouvelle ne se fait guère sentir avant la fin du Ve siècle, si ce n'est dans les grands centres urbains. Les premières initiatives chrétiennes sont de l'ordre du spirituel. On veille d'abord à pourvoir les sièges épiscopaux. Au me siècle et bien avant les persécutions commandées par Dioclétien, Eucharius accède à la fonction d'évêque à Trêves. Durant la dynastie constantinienne, favorable à la religion chrétienne, il est déjà question d'un cinquième puis d'un sixième évêque qui ont pour nom Maximin et Paulin. Dans le nord de la Gaule, les autres sièges épiscopaux seront pourvus beaucoup plus tard. C'est le tour de Tongres, en 349, avec saint Servais, à condition qu'il soit réelle­ ment le premier de la liste; il n'y résidera que peu de temps, avant de se déplacer à Maastricht. Pour Cambrai, on note l'existence d'un évêque en 346, qui a pu être itinérant: Superior. La ville de Tournai semble n'être pourvue d'un siège épiscopal que sur le tard, soit à la fin du Ve siècle si l'on valorise saint Eleuthère, dans son rôle de premier ou de second évêque de Tournai et, en tous cas, au milieu du vie siècle, si Ton s'en tient aux textes écrits non contestables.14 Les témoins les plus significatifs de l'empreinte chrétienne se situent dans les villes de Tongres et de Tournai. On peut voir sous l'église Notre-Dame de Tongres les restes d'une petite construction avec abside, qui remonte au Bas-Empire. À Tournai, une grande basilique paléochrétienne et une église du début du Haut Moyen-Âge viennent d'être mises au jour, confirmant l'existence d'un siège épiscopal dès la fin du Ve siècle au moins.15 Le domaine funéraire apporte l'un ou l'autre élément en faveur de la diffusion du christianisme. À Tongres,

Restitution du tertre élevé au-dessus de la tombe royale de Childéric. Le fond de la tombe a été creusé dans le rocher où l'on a aménagé le caveau funéraire en bois (481 -482 après J.-C.).

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398 Les fouilles sous la cathédrale Notre-Dame de Tournai ont révélé les murs et le dallage liés à la première basilique paléochrétienne. 399 Coupes à décor chrétien, en verre soufflé, retrouvées dans les nécropoles du bassin mosan ( V e siècle après J.-C.). Le symbole commun à ces coupes est celui du chrisme placé au centre de l'ornementation, parfois encadré par les lettres désignant l'alpha et l'oméga. À Haillot, le chrisme est formé par les deux lettres grecques X et P pour Christos (a); à Namur, place Saint-Aubain, on lit un X et un R (b); à Pry, l'oméga est bien visible, mais l'alpha est moins perceptible (c); à Thon ( Samson), le décor est plus original, deux colombes font face à des palmiers et à des corbeilles, au surplus, on trouve une petite croix latine (d).

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on a fait grand cas de plusieurs tombes à inhumation sans mobilier et orientées Ouest-Est, d'une double sépulture à enduits peints et d’une autre contenant un anneau en argent avec monogramme chrétien, passé à la main droite d'un individu adulte. À Tournai, la nécropole de Saint-Brice a livré une sépulture avec une coupe en verre à décor chrétien du ve siècle. Quelques coupes en verre célèbres dans les cimetières du Namurois ou mosans portent aussi des symboles chrétiens.16 Dans le même temps apparaissent, pro­ duites dans l'officine argonnaise de Châtel-Chéhéry, des séries de coupes en terre sigillée dont la paroi est ornée à la molette d'un décor chrétien. Ces coupes sont diffusées dans toute la vallée mosane.17 Dans les zones rurales, l'influence du Christianisme reste diffi­ cile à percevoir, pour ce siècle de transition. Le passage d'une culture à une autre s'exécute donc très lentement et non d'une manière brutale. Toutes les valeurs de la romanité ne tombent pas en désué­ tude. Loin s'en faut. Quelques-unes d'entre elles impré­ gneront le Haut Moyen-Âge.

400

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Fragments de coupes en terre sigillée tardive avec ornementation à la molette, découverts à Huy. L'atelier de Châtel-Chéhéry en Argonne a produit, au V e siècle après ).-C., ce genre de vaisselle décorée de symboles chrétiens, comme des croix et des colombes.

ATLAS TOPOGRAPHIQUE DES SITES ARCHÉOLOGIQUES

Réalisation L'initiative de la réalisation de l'atlas revient à l'association anciennement dénommée «Commission de l'Aménagement et de la Protection du Sous-sol archéologique wallon»; elle a été poursuivie par la «Commission du Sous-sol archéologique wallon», qui a bénéficié du soutien du Centre de Recherches d'Archéologie nationale de l'Université catholique de Louvain et du Ministère de la Région wallonne, Division de l'Emploi et de la Formation professionnelle, dans le cadre des projets PRIME et APE. La mise en oeuvre de l'atlas topographique des sites archéologiques a reposé sur une équipe composée de Marie-Jeanne Ghenne à l'origine, puis essentiellement d'Anne-Michel Herinckx et de Raymond Brulet. La réalisation technique de l'atlas est l'œuvre de Véronique Jonet, Véronique Dury, Cindy Dassy, Martine Jacobs, puis de Véronique Clarinval et Raphaël Barthelemi pour la finalisation des documents cartographiques et planimétriques.

Auteurs Cécile Ansieau (C. A.), Archéologue, Attachée, Ministère de la Région wallonne, Service de l'Archéologie, Mons. Karine Bausier (K. B.), Archéologue-conservatrice de l'Espace gallo-romain, Ath. Raymond Brulet (R. B.), Professeur ordinaire à l'Université catholique de Louvain & Directeur du Centre de Recherches d'Archéologie nationale de l'UCL. Catherine Coquelet (C. C.), Assistante de recherches à l'Université catholique de Louvain, Centre de Recherches d'Archéologie nationale de l'UCL. Éric De Waele (E. D.W.), Archéologue, Ministère de la Région wallonne, Responsable du Service de l'Archéologie en Brabant wallon. Sylvie de Longueville (S. d.L.), Assistante de recherches à l'Université catholique de Louvain, Centre de Recherches d'Archéologie nationale de l'UCL. Christian Frébutte (C. F.), Archéologue, Attaché, Ministère de la Région wallonne, Direction de l'Archéologie, Namur. Marie-Jeanne Ghenne (M.-J. G.), Archéologue, Responsable du Secrétariat de la Commission royale des Monuments, Sites et Fouilles de la Région wallonne, Chambre provinciale du Hainaut. Michèle Gustin (M. G.), Archéologue, Attachée, Ministère de la Région wallonne, Service de l'Archéologie, Liège. Frédéric Hanut (F. H.), Docteur en Histoire de l'Art et Archéologie. Denis Henrard (D. H.), Archéologue, IPW / Service de l'Archéologie, Liège. Anne-Michel Herinckx (A.-M. H.), Collaboratrice scientifique au Centre de Recherches d'Archéologie nationale de l'UCL. Sophie Lefert (S. L.), Service de Jeunesse Archéolo-J, Rixensart. Claire Massart (C. M.), Conservateur des collections gallo-romaines, Musées royaux d’Art et d'Histoire, Bruxelles. Ingrid Nachtergael (I. N.), Service de Jeunesse Archéolo-J, Rixensart. Jean Plumier Q. P.), Archéologue, Premier attaché, Ministère de la Région wallonne, Direction de l'Archéologie, Namur. Jean-Luc Schütz Q.-L. S.), Conservateur de la Section Archéologie du Musée Le Grand Curtius, Liège. Pierre Van Der Sloot (P. V.D.S.), Archéologue, IPW / Service de l'Archéologie, Liège. Laurent Verslype (L. V.), Chercheur qualifié au Fonds national de la Recherche scientifique et professeur à l'Université catholique de Louvain, Centre de Recherches d'Archéologie nationale de l'UCL. Fabienne Vilvorder (F. V.), Collaboratrice scientifique au Centre de Recherches d'Archéologie nationale de l'UCL. Laetitia Zeippen (L. Z.), Archéologue, Asbl Arc-Hab.

Cartes topographiques et plans Véronique Dury Cindy Dassy Véronique Clarinval Martine Jacobs Dimitri Radoux

272

SYMBOL E S DES CARTES ET DES PLANS |

Symboles des cartes ------- - ^ ■ I ■

_

Symboles des plans ■■

Chaussée romaine

■■

Hypocauste

Agglomération, relais routier

A

Apodyterium

C

Caldarium

Villa : résidence et dépendance Villa : résidence



Etablissement rural ou habitat (mal défini)

,

T

Tepidarium

B

Bâtiment rural d'exploitation

F

Frigidarium

A

Substructions ouconstructions

i

L

T, Labrum

Pr

Praefurnium

Le

Laconicum

Aqueduc

S

Sudatorium

Fortification routière

R D

„ • Baignoire

P

Piscine

Lt

Latrines

Cv

Cave

Thermes [■1

Temple

@

Puits

....... IH fl I

Æk

Fortification de hauteur (éperon barré) Tumulus Tumulus arasé

+++

Nécropole

+

Sépulture isolée F

§

Métallurgie, sidérurgie

X

Four de potier

£

Four de tuilier

X

Four à chaux

,T u u,"n T

,, Fosse

Four de verrier ^ T T T TT

iu n

Carrière ri

Fossé

273

Abréviations bibliographiques Périodiques et collections AALM AAS AB AB, N.S. ABS AC ACAAth ACAM ACARenaix ACHSBA AF AFAHB AH AHu AHOActes AJAW AIAL AIALx AK ALUB Amphora AnnuSAB Arch. Archaeologia Mediaevalis Archéologia Arc-Hab Archéophil Archéo-Situla ASAB ASAN ASANiv ASOS BAB BCAHC BCRAA BCRMS BCW BIAL BIALx BJ BMRAD BMRC BMRAH BRGK 274

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ABRÉVI ATI ONS BI BL I OGRAP HI QUE S

BSAB BSAHW BSAP BSTGPA CAJM CAP CAPL CCC CGRASB CIRA CU CAW CHAM CM COB DAF DAG DAR DARN DMAA DCRMSF De Leiegouw Dossiers Archéologie DRSPAC

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Bulletin de la Société royale d'archéologie de Bruxelles, Bruxelles. Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de Waremme et environs, Waremme (devient: Bulletin de la Société d'archéologie et d'histoire de Waremme et Hesbaye, Waremme). Bulletin de la Société royale belge d'anthropologie et de préhistoire (1932-1952), Bruxelles. Bulletin de la Société tournaisienne de géologie, préhistoire et archéologie, Tournai. Collection d'archéologie Joseph Mertens, Louvain-la-Neuve. Cahiers archéologiques de Picardie, Amiens. Chronique archéologique du pays de Liège, Liège. Cercle culturel cinacien: histoire locale, archéologie, Ciney [Publications de]. Cahiers du Groupe de recherches aériennes du Sud belge, Arlon [Publications de]. Bulletin du Centre interdisciplinaire de recherches aériennes (CIRA), Bruxelles. Les Cahiers de l'urbanisme, Namur. Chronique de l'archéologie wallonne, Namur. Cercle d'histoire et d'archéologie de Marcinelle (CHAM), Marcinelle [Publications de]. Les Cahiers de Mariemont, Morlanwelz. Coup d'œil sur Belœil, Quevaucamps. Documents d'archéologie française, Paris. Dissertationes Archaeologicae Gandenses, Brugge. Documents d'archéologie régionale, Louvain-la-Neuve. Documents inédits relatifs à l'archéologie de la région namuroise, Namur. De la Meuse à l'Ardenne, Lavaux-Sainte-Anne. Dossiers de la Commission royale des monuments, sites et fouilles, Namur. De Leiegouw, Kortrijk. Les Dossiers d'archéologie, Dijon. Documents et rapports de la Société paléontologique et archéologique de l'arrondissement judiciaire de Charleroi, Charleroi (devient: Documents et rapports de la Société royale paléontologique et archéologique de l'arrondissement judiciaire de Charleroi, Charleroi). Les Études classiques, Namur. Études et documents : fouilles, Namur (devient : Études et documents : archéologie, Namur). Études et recherches archéologiques de l'Université de Liège, Liège. Annales du Cercle archéologique et folklorique de La Louvière et du Centre, La Louvière (devient: Études régionales: annales du Cercle..., La Louvière). Helinium: revue consacrée à l'archéologie des Pays-Bas, de la Belgique et du GrandDuché de Luxembourg, Wetteren. Jahrbuch des Rômische-Germanischen Zentralmuseums Mainz, Mainz am Rhein. Kôlner Jahrbuch für Vor- und Frühgeschichte, Kôln. Latomus: revue d'études latines, Bruxelles. Bulletin de la Société royale Le Vieux-Liège, Liège. Académie royale de Belgique. Classe des beaux-arts. Mémoires. Collection in-8° & in-4°, Bruxelles. Monographies d'archéologie nationale, Bruxelles. Meer schoonheid: hagelands tijdschrift voor heem-, kunst- en natuurschoon, Heverlee. Metinus, Mettet [Publications de], Musée royal de Mariemont. Monographies, Morlanwelz. Messager des sciences historiques de Belgique, Gent. Mémoires de la Société d'histoire de Comines-Warneton et de la région, Comines. Namurcum, Namur. Recherches et études archéologiques. Office de recherches archéologiques, Mettet [Publications de]. Le pays gaumais : la terre et les hommes, Virton. Parcs nationaux: bulletin trimestriel de l'Association Ardenne et Gaume, Bruxelles. Publications d'histoire de l'art et d'archéologie de l'Université catholique de Louvain, Louvain-la-Neuve. Revue archéologique du Centre de la France, Tours. Revue archéologique de l'Est et du Centre-Est, Dijon. 275

RAHA RAHAL RAP RBA RBN RBPH RCRF RN ROCO Segnia SFECAG TZ VA WAV

Recherches d'archéologie et d'histoire de l'art (Antiquité), Louvain (Travaux de la Faculté de philosophie et lettres de l'Université catholique de Louvain. Section d'archéologie et d'histoire de l'art, 1). Revue des archéologues et historiens de l'art de Louvain, Louvain-la-Neuve. Revue archéologique de Picardie, Amiens. Revue belge d'archéologie et d'histoire de l'art, Anvers = Belgisch tijdschrift voor oudheidkunde en kunstgeschiedenis, Antwerpen. Revue belge de numismatique et de sigillographie, Bruxelles. Revue belge de philologie et d'histoire, Bruxelles. Rei Cretariae Romanae Fautorum. Revue du Nord : archéologie de la Picardie et du Nord de la France, Villeneuve d'Ascq. Romana Contact, Braine-l'Alleud. Segnia, Houffalize [Publications de]. Société française d'étude de la céramique antique en Gaule. Actes du Congrès, Marseille. Trierer Zeitschrift für Geschichte und Kunst des Trierer Landes und seiner Nachbargebiete, Trier. Vie archéologique, Bruxelles. Wavriensia, Wavre.

Colloques et expositions AEA Archéolo-f ASC AW1 AW2 Hainaut 1 Hainaut 2 Hainaut 3 Liège 1

Liège 2

Liège 3

Liège 4 Mertens, Houffalize

276

Remy Hélène (dir.). Archéologie en Ardenne: de la Préhistoire au xvuie siècle, Bruxelles, Crédit Communal, 1991. Archéolo-J: 15 années, 15 chantiers, Rixensart, Archéolo-J, 1984. Lambert Gérard (dir.), Archéologie entre Semois et Chiers, Bruxelles, Crédit communal, 1987. Cahen-Delhaye Anne (dir.), L'archéologie en Wallonie: découvertes récentes des cercles d'archéologie, Nivelles, Exposition organisée par la Fédération des archéologues de Wallonie, 1980. Cahen-Delhaye Anne (dir.), L'archéologie en Wallonie 1980-1985: découvertes récentes des cercles d'archéologie, Namur, Fédération des archéologues de Wallonie, 1987. Première fournée d'archéologie hennuyère, Mons 14.10.1995, Mons, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du logement et du patrimoine. Direction de Mons. Service de l'archéologie, 1995. Deuxième Journée d'archéologie hennuyère, Mons 11.10.1997, Mons, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du logement et du patrimoine. Direction de Mons. Service de l'archéologie, 1997. Troisième Journée d'archéologie hennuyère, Mons 23.10.1999, Mons, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du logement et du patrimoine. Direction de Mons. Service de l'archéologie, 1999. Léotard Jean-Marc & Coura Geneviève (dir.), Actes de la Journée de réflexion. Place Saint-Lambert à Liège. Cinq années de sauvetage archéologique, Liège 1.12.1995, Liège, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du logement et du patrimoine. Service des fouilles, 1996. Léotard Jean-Marc & Coura Geneviève (dir.), Actes de la [deuxième] Journée d’archéolo­ gie en province de Liège, Amay 7.12.1996, Liège, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du logement et du patrimoine. Service des fouilles, 1996. Léotard Jean-Marc (dir.). Actes de la [troisième} Journée d'archéologie en province de Liège. Méthodes d'analyse de la terre cuite, Ocquier 28.11.1998, Liège, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du logement et du pa­ trimoine. Service de l'archéologie, 1999. Léotard Jean-Marc (dir.), Actes de la [quatrième] Journée d'archéologie en province de Liège, Liège 27.11.1999, Liège, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'amé­ nagement du territoire, du logement et du patrimoine. Service de l'archéologie, 2000. Mertens Joseph, «La période romaine », dans Art religieux, histoire et archéologie au Pays de Houffalize: exposition réalisée par le Cercle Segnia, au Prieuré Sainte-Catherine à Houffalize, 17 août - 22 septembre 1985, Houffalize, Cercle d'histoire et d'archéologie SEGNIA, 1985, p. 77-89.

ABRÉ VI ATI ONS B I B L I O G R A P H I Q U E S |

Namur 1 Namur 2 Namur 3 Namur 4 Namur 5 Namur 6 Namur 7 Problèmes de chronologie

Romeinendag 2003 Romeinendag 2004

Première Journée d'archéologie namuroise, Namur 27.02.1993 : actes, Namur, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du loge­ ment et du patrimoine. Service de l'archéologie en province de Namur, 1993. Deuxième Journée d'archéologie namuroise, Namur 26.02.1994 : actes, Namur, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du loge­ ment et du patrimoine. Service de l'archéologie en province de Namur, 1994. Troisième Journée d'archéologie namuroise, Namur 24.02.1995 : actes, Namur, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du loge­ ment et du patrimoine. Service de l'archéologie en province de Namur, 1995. Quatrième Journée d'archéologie namuroise, Namur 24.02.1996 : actes, Namur, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du loge­ ment et du patrimoine. Service de l'archéologie en province de Namur, 1996. Cinquième Journée d'archéologie namuroise, Namur 22.02.1997 : actes, Namur, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du loge­ ment et du patrimoine. Service de l'archéologie en province de Namur, 1997. Sixième Journée d'archéologie namuroise, Gembloux 28.02.1998 : actes, Namur, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du loge­ ment et du patrimoine. Service de l'archéologie en province de Namur, 1998. Septième Journée d'archéologie namuroise, Namur 20.02.1999: actes, Namur, Ministère de la Région wallonne. Direction générale de l'aménagement du territoire, du loge­ ment et du patrimoine. Service de l'archéologie en province de Namur, 1999. Fleury Michel & Perin Patrick (dir.), Problèmes de chronologie relative et absolue concer­ nant les cimetières mérovingiens d’entre Loire et Rhin: actes du IIe Colloque archéologique de la IVe section de l'École pratique des hautes études (Paris, 1973), Paris, H. Champion, 1978. (Bibliothèque de l'École des hautes études. IVe section. Sciences historiques et philologiques, 326). Journée d'archéologie romaine = Romeinendag, Leuven 08.02.2003, Leuven, Katholieke Universiteit Leuven, 2003. Journée d'archéologie romaine = Romeinendag, Namur 24.04.2004, Namur, Facultés uni­ versitaires Notre-Dame de la Paix, 2004.

Travaux de référence Agglomérations secondaires ANRW Brulet, Gaule septentrionale Cabuy, Temples Delplace, Peintures De Maeyer, Villa's De Maeyer, Overblijfselen Deru, Bains Deru, Céramique belge Faider-Feytmans, Bronzes Forts romains ILB Instrumentum 9 Lambert, Luxembourg Mariën, Brunehaut Massart, Tumulus Mosa Nostra PAW Pennant, Topographie Plumier, Tumuli PMW Rahir, Vingt-cinq années Van Doorselaer, Répertoire des nécropoles Van Ossel, Établissements Wankenne

= Petit & Mangin 1994a. = Temporini & Haase 1973 & 1975. = Brulet 1990a. = Cabuy 1991. = Delplace 1991. = De Maeyer 1937. = De Maeyer 1940/1979. = Deru 1994. = Deru 1996. = Faider-Feytmans 1979. = Brulet et al. 1995. = Deman & Raepsaet-Charlier 2002. = Polfer 1999a. = Lambert 1990. = Mariën 1967. = Massart 1994. = Plumier 1999. = Corbiau 1997. = Pennant 1986. = Plumier 1986. = Joris et al. 1993. = Rahir 1928. = Van Doorselaer 1964. = Van Ossel 1992. = Wankenne 1972.

277

Glossaire ARCHITECTURE ET MATÉRIAUX Ambitus: servitude d'intervalle entre deux maisons non mitoyennes, pouvant aussi servir de desserte à l'arrière de l'immeuble. Area : sol de la chambre de chaleur sur lequel repo­ saient les pilettes de l'hypocauste. Apodyterium (A) : vestiaire non chauffé situé à l'en­ trée des bains. Balneum: désigne initialement le bain chaud, puis par extension, le bâtiment qui l'abritait et enfin les bains publics ou privés. Bessales: briques plates carrées de deux tiers de pied de côté, utilisées pour la construction des pilettes d'hypocauste. Caldarium (C) : pièce chauffée comprenant une aire de circulation et une ou plusieurs baignoires aména­ gées dans des absides ou exèdres. Cavea : hémicycle formé de rangées concentriques de gradins dans un édifice de spectacle. Cubiculum (cubicula) : petites salles, parfois des cham­ bres à coucher, réparties autour d'un espace central. Cuneus: section de gradins d'un édifice de spectacle délimitée par deux escaliers. Culina : cuisine. Domus : maison urbaine de type classique, réservée à l'aristocratie. Extra-muros: hors des murs (de la ville). Se dit égale­ ment des mesures d'un bâtiment, prises à l'extérieur des maçonneries. Frigidarium (F) : pièce non chauffée pouvant disposer d'une baignoire d'eau froide. Horreum (horrea) : grenier, présentant des cloisonne­ ments, destiné au stockage des produits agricoles. Gre­ nier à blé. Hypocauste: système de chauffage par le sol, utilisé tant dans les thermes que dans certaines pièces d'ha­ bitation. Imbrex (imbrices) : tuile semi-cylindrique, qui sert de couvre-joint à deux tuiles plates. Intra-muros\ dans les murs (de la ville). Se dit égale­ ment des mesures d'un bâtiment, prises à l'intérieur des maçonneries. Labrum (L) : vasque d'eau froide aménagée dans une abside du caldarium. Laconicum (Le) : étuve sèche, dans les thermes. Oecus: salle de réception ou salon d'apparat. Opus africanum: mur chaîné verticalement par des blocs de grand appareil qui alternent avec des pierres plus petites. Opus caementicium : mode de construction d'un mur dont la partie centrale, comprise entre deux pare­ ments, est élevée au moyen d'un mélange de mortier et de matériaux divers, qui offre la résistance d'un béton. Opus incertum: appareillage constitué d'éléments de maçonnerie ou dallage aux contours irréguliers, assem­ blés sans aucune recherche de régularité. 278

Opus m ixtum : appareillage qui alterne des lits de moellons réguliers en pierre à des lits de briques. Opus reticulatum : appareillage constitué de moellons carrés posés sur pointe de manière à imiter les mailles d'un filet. Opus signinum: couche de mortier utilisée pour l'aménagement d'un sol d'habitat ou de circulation. Opus vittatum : appareillage où les parements de mur présentent des assises régulières de moellons quadrangulaires. Orchestra : partie semi-circulaire d'un théâtre située entre la cavea et la scène qui accueillait primitivement le chœur, puis les dignitaires. Praefurnium (Pr) : foyer de l'hypocauste. Dans cet ou­ vrage, nous n'avons pas fait de distinction entre le foyer proprement dit et le local qui l'abrite, appelé chambre de chauffe. Sudatorium (S) : étuve à chauffage direct, où la tempé­ rature très élevée entraîne la sudation. Summa cavea: partie supérieure de la cavea. Suspensura: sol suspendu d'une pièce chauffée par hypocauste. La suspensura était constituée de grandes dalles posées sur des pilettes, recouvertes d'une épaisse couche de béton, parachevée par un revête­ ment final de mortier, de dalles ou de mosaïque. Tegula (tegulae): tuile plate à rebords. Tegula mammata : tuile plate présentant sur l'une de ses grandes faces des appendices disposés aux quatre coins. Les tegulae mammatae étaient utilisées dans les bains pour couvrir certaines cloisons, dans lesquelles circulait l'air chaud. Tepidarium (T): pièce tempérée et sèche, chauffée de manière indirecte; dans le parcours du baigneur, elle sert de jonction entre le bain chaud et le bain froid. Triclinium : salle à manger abritant trois banquettes disposées en U sur lesquelles prenaient place les convi­ ves. Tubulus (tubuli) : brique creuse de section carrée ou rectangulaire, ouverte aux deux extrémités et dont les deux petits côtés latéraux étaient percés d'un orifice. Empilées les unes sur les autres et accolées aux parois de la pièce, ces briques formaient des cheminées dans lesquelles circulait l'air chaud. Tuileau: des tuiles broyées étaient mêlées à de la chaux grasse afin de constituer le mortier de tuileau. Ce dernier était principalement utilisé comme enduit en raison de ses qualités thermiques et hydrauliques. a ADMINISTRATION, ROUTES ET AGGLOMÉRATIONS Civitas (civitates) : circonscription administrative orga­ nisée autour d'une ville capitale. Cursus publicus : service de poste. Lieue (leuga) : la lieue romaine correspond à un mille et demi, soit environ 2222 m.

GL OS S AI RE |

Mille (milliarium) : le mille romain équivaut à mille pas ou à cinq mille pieds, c'est à dire environ 1478 m. Milliaire: borne cylindrique en pierre disposant d'une base quadrangulaire, située en bordure de voie. Le milliaire mentionne le nom de l'empereur qui a fait construire ou restaurer la route ainsi que la distance qui sépare cette borne de la ville la plus proche. M ansio (mansiones) : étape permanente située en bor­ dure des voies romaines. M u tatio (mutationes) : station et relais de poste sur les routes. Pagns (pagi, pagani) : division administrative au sein d'une cité. Le pagus peut avoir un rôle politique et re­ ligieux. Pas : un pas équivaut à cinq pieds, c'est-à-dire 1,4785 m. Pied: le pied romain mesure plus ou moins 29,57 cm. Viens iyieus, vicani): petite agglomération pouvant disposer d'un statut juridique.

Collegia ju v e n u m : collège de jeunes gens issus des

classes les plus élevées de la population affectés au culte de l'Empereur. Pronaos: partie du temple située devant la cella. Fanum: temple gallo-romain de tradition celtique à plan centré, constitué le plus souvent d'une cella car­ rée, entourée d'une galerie ou déambulatoire. Favissa: fosse dans laquelle étaient enfouis les objets sacrés ou les offrandes hors d'usage afin de les sous­ traire à la profanation. M ithraeum : lieu où était célébré le culte de Mithra. Temenos : aire sacrée d'un sanctuaire délimitée par un mur d'enceinte. Tholos : monument funéraire ou religieux de plan cir­ culaire.

LES COUTUMES FUNÉRAIRES B u stu m : sépulture dont le bûcher funéraire est direc­

tement construit au-dessus de la fosse.

LES CAMPAGNES

Drom os: allée d'accès à une tombe ou à une chambre

funéraire. A edificium (aedificia): terme utilisé par Jules César

Loculus : un petit caveau sommaire fait de dalles ou de

pour désigner les fermes indigènes. Établissement rural: terme général pour désigner toute construction rurale, qu'il s'agisse d'un habitat ou d'une ferme. Fundus (fundi) : domaine d'une villa comprenant les bâtiments ainsi que les terres. Viager désigne le plus souvent les terres cultivées et le saltus, les terres non cultivées (élevage). L atifu n diu m (latifundia) : grand domaine agricole. Villa (villae) : le terme est ici utilisé dans un sens pré­ cis; il désigne un établissement rural pour lequel sont attestés à la fois des bâtiments d'habitat (résidence ou corps de logis) et des constructions liées à l'exploita­ tion rurale. Pars fructuaria : d'après les agronomes antiques, cette partie de la villa désignait les granges et les greniers. Zone de vergers. Pars rustica : en Gaule septentrionale, le terme de pars rustica est utilisé pour désigner les logements du per­ sonnel, la cour d'exploitation et les bâtiments an­ nexes qui la bordent. Pars urbana : partie résidentielle de la villa occupée par les propriétaires ou résidents du domaine.

tuiles. En Ardenne, petit caveau réalisé à l'aide de dalles de schiste. N au lu m : la monnaie utilisée comme obole funéraire. U strin u m : emplacement temporaire ou permanent où se pratiquait l'incinération des défunts.

RELIGION ET SANCTUAIRES

FORTIFICATIONS Burgus : petite structure militaire liée à la défense des

routes au Bas-Empire. Il peut s'agir d'une simple tour ou d'un petit fort. C a stellu m : désigne au Bas-Empire, une fortification emmuraillée d'importance moyenne. C astrum : la ville emmuraillée au Bas-Empire. Limes: frontière de l'Empire, protégée par un réseau de fortifications. M unis gallicns: rempart de tradition gauloise, armé de poutres en bois clouées, avec parement de pierres. O ppidum : site fortifié à la période celtique, souvent élevé sur une colline, offrant parfois des caractères pré-urbains. P arazoninm : glaive court d'apparat, porté au ceintu­ ron, appartenant à un tribun ou à un officier supé­ rieur de l'armée romaine. Umbo: pièce bombée en métal, placée au centre du bouclier.

Asclépéion : temple dédié à Esculape, le dieu de la mé­

decine. Calathos: corbeille en jonc ou en osier évasée vers le haut. Le calathos deviendra par la suite la coiffure de certaines divinités. Cella : partie centrale du temple qui abrite la statue de la divinité. Conciabulum : terme anciennement utilisé pour dési­ gner les grands complexes religieux ruraux (sites-sanc­ tuaires).

279

Province du Brabant wallon

Tête féminine en pierre blanche de l'époque sévérienne découverte à Céroux-Mousty

Brabant wallon

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20

282

L'Écluse N odebais Chastre-Villeroux-Blanm ont C ortil-N oirm ont Glimes D ongelberg Jodoigne Piétrain Saint-Jean-Geest Nivelles Nivelles Nivelles Thines Marilles O ttignies Thorem bais-Saint-Trond G rand-R osière-H ottom ont T ourinnes-Saint-Lam bert Basse-Wavre W avre

P R O V I N C E DU BRABANT WA L L O N |

1 1 Beauvechain, L'Écluse L a r é s id e n c e d u

Leckbosch

Découvert en 1938 et partiellement fouillé en 1946, le site du Leckbosch fut investigué de manière systématique de 1971 à 1978 par le Service de Jeunesse Archéolo-J, en collaboration avec le Cercle Historique et Archéologique de Wavre, sous la direction technique du Service des Fouilles de l'ULB. Il s’agit d'un bâtiment résidentiel construit en pierre de Gobertange très endommagé par les labours succes­ sifs. Le plan de l'édifice s'étend sur une longueur de 51,50 m. Il est bordé au sud-est par une galerie longitu­ dinale. L'accès au logis est marqué par un portique axial, s'ouvrant sur une salle de réception coiffée d'une exèdre. La distribution des locaux de part et d'autre de la pièce principale est régulière. Seule une salle était munie d'un hypocauste; des fragments d'enduits peints y ont été recueillis. Le matériel témoigne d'une occupation au cours des

ainsi que deux niveaux de sol damé qui pourraient ap­ partenir, en toute hypothèse, à la galerie d'un logis. Le matériel archéologique n'offre pas de solution de datation mais permet de situer au mesiècle l'abandon du site.

iicet

M.-j. G.

me siècles.

L'étendue de l'exploitation domaniale n'a pu être éva­ luée. En outre, la villa se trouve à faible distance de l'ag­ glomération secondaire de Tirlemont. L es tu m u lu s d u

Fig. 2 Nodebais: la cave en cours de fouilles

B ibliographie: Van Ossel R, 4505, 1, 1980, 70-73.

Cave rom aine à Nodebais,

Bois de Wahanges

On peut admettre un lien entre la résidence et les deux tumulus, implantés au sud-ouest du site et datés de la première moitié du ne siècle. Le corps de logis, les tombes, les prés et les bois avoisi­ nants sont classés comme site depuis 1994. M.-J. G.

3 1 Chastre, Chastre-VillerouxBlanmont L ' h a b i t a t d e V i lle r o u x

Le site gallo-romain de Villeroux fut révélé par des tra­ vaux agricoles au lieu-dit Wauthier à mi-hauteur du ver­ sant sud-est d'une colline dominant à l'est le ruisseau de l'Houssière, affluent de l'Orne. Les fouilles menées durant les années 1968-1969 ont mis en évidence, outre une fondation de mur, une fosse ou une cave dont le comblement livra un matériel ar­ chéologique particulièrement riche, daté des deux der­ niers tiers du ne siècle et peut- être même de la première moitié du me siècle. M.-J. G.

Fig. 1 L'écluse, Leckbosch: plan du corps de logis B ibliographie: Massart, Tumulus, n° 1 ; Van Ossel P., La villa belgo-rom aine du Leckbosch à l'Écluse, Archéolo-J, 5-10; Van Ossel P., La villa belgo-rom aine du Leckbosch à l'Écluse, WAV, 29, 1980, 2, 1-27.

2 1 Beauvechain, Nodebais C ave

Des vestiges gallo-romains sont connus à Nodebais de­ puis le xixe siècle puisque certains d'entre eux affleu­ raient dans le talus d'un chemin creux. Le site n'a pas fait l'objet de fouilles systématiques bien que la cellule occidentale du Service SOS Fouilles y ait effectué une in­ tervention. Àcette occasion, une cave avec soupirail, construite en pierre de Gobertange, a pu être partiellement dégagée

Fig. 3 Chastre-Villeroux-Blanmont: 1. Habitat de Villeroux; 2. Tombes de Noirmont à Cortil-Noirmont B ibliographie : Claeys P.-J., Vestiges belgo-rom ains à ChastreVilleroux-Blanmont, Archéolo-J., 29-37; Claeys P.-J., Chastre. Vestiges belgo-rom ains à Villeroux, WAV, 32, 1983, 1, 1-29; Dejaegere A. & Longrée D., Villeroux (Chastre, Bt), Arch., 1983,

2 , 112 .

283

4 1 Chastre, Cortil-Noirmont L es d eu x tu m u lu s d e N o ir m o n t

Deux tertres jumelés, connus sous le nom de Tombes de Noirmont, sont situés à quelque distance de l'établisse­ ment rural de Villeroux et à environ 4,5 km au nord de la chaussée antique Bavay-Cologne et du tumulus arasé de Penteville. Ils sont très érodés et déformés par les ma­ chines agricoles qui en ont entamé les bords. Le tertre nord-est a conservé une élévation de plus de 6 m pour une base de 22 m sur 24 m, tandis que l'autre n'a plus que 4,50 m de hauteur et des axes de 18 m. Le tumulus nord-est fut exploré en 1874 à l'initiative d'A. Fossé. L'emplacement de la fosse tombale se signa­ lait par la consistance plus meuble de la terre, que les ou­ vriers entreprirent de creuser. À 2,50 m de profondeur, sous un amas de débris de fer et de fragments de céra­ mique sigillée, quatre fosses allongées apparurent, cein­ turant un quadrilatère. Remplies de cendres et d'os­ sements calcinés, elles furent identifiées à des tombes. Les recherches, arrêtées prématurément à cause d'un différend entre les fouilleurs et le propriétaire du terrain, ne furent jamais poursuivies. Il est important de souli­ gner que C. Van Dessel, auteur du rapport de la fouille

ne s'est pas rendu sur le terrain et a dressé le plan des «tombes» d'après les indications orales d'A. Fossé, car un tel aménagement est tout à fait inhabituel et très douteux. Le remplissage de cendres, l'absence de mobi­ lier funéraire et la disposition font plutôt songer aux es­ paces comblés avec les résidus du bûcher, entre les pa­ rois de la fosse et un caveau en bois central dont le fond n'a pas été atteint. Ce rituel de rejet de cendres par-dessus la sépulture est largement répandu. Parmi les quelques objets recueillis, figurent un bassin en bronze et des monnaies à l'effigie d'Antonin-lePieux. Leur lieu de conservation ne nous est pas connu. En 1875, des recherches furent menées dans le tumu­ lus sud-ouest, pour le compte du Gouvernement et sous la direction de C. Van Dessel, décédé avant d’en avoir publié un rapport. Aucune information n'a été conser­ vée à propos de ces fouilles qui livrèrent un luxueux mo­ bilier funéraire, conservé aux Musées royaux d'Art et d'Histoire à Bruxelles. Peu fourni en céramique, ce mo­ bilier est, par contre, richement doté en vaisselle en bronze comptant un service à vin, un service de toilette de table et un bassin. Parmi les verreries, on mention­ nera une œnochoé en verre décorée de filaments colorés et dorés, très probablement produite dans les ateliers de Cologne. Les ossements n'ont pas été conservés mais une fibule, des perles en ambre et une bague en cristal de roche permettent d'attribuer cette sépulture à une femme qui emporta également avec elle des petits objets à valeur symbolique. Il s'agit d'un lézard taillé dans le cristal de roche et d'un coquillage sculpté dans l'ambre sur lequel figure un capricorne ailé à queue de pois­ son, portant une urne. La tombe a livré cinq monnaies,

Fig. 4 Chastre et Gembloux: 1. Voie romaine BavayCologne; 2. Villa de La jonquière à Cortil-Noirmont; 3. Grange de La Ionquière à Cortil-Noirmont; 4. Site de Penteville avec deux bâtiments le long de la voie à CortilNoirmont; S. Habitat à Cortil-Noirmont; 6. Habitats de La Campagne de Bertinchamps à Grand-Manil; 7. Sépultures à Cortil-Noirmont

Fig. 5 Cortil-Noirmont, Champ des Tombes: les deux tumulus (2006)

284

Fig. 6 Cortil-Noirmont, Champ des Tombes: œnochoé en verre du tumulus sud-ouest

P R O V I N C E DU BRABANT WA L L O N |

émises entre les années 73 et 162/163 après J.-C. mais les objets eux-mêmes suggèrent plutôt une datation entre 220 et 250 après J.-C. Les tumulus sont classés comme monuments et sites depuis 1972. C. M. Voie r o m a in e e t h a b ita ts à

Penteville

Rectiligne depuis son origine, la voie romaine de Bavay à Cologne abandonne en Hesbaye, et plus précisément à hauteur de Cortil-Noirmont, son tracé régulier au profit d'un dessin sinueux. Cette modification prend place au lieu-dit Penteville ou La Gatte, couronné par la silhouette d'un grand tumulus. Le toponyme lui-même de Penteville évoque d'ailleurs une maison peinte (picta villa). Dans cette région agricole, les habitats ruraux ne man­ quent pas, comme l'établissement de Jonquière mais la voie romaine elle-même est bordée par des bâtiments. Deux d'entre eux ont été localisés à Penteville, assez ré­ cemment. On peut imaginer qu'ils participent à une sta­ tion routière, encore peu connue. L e tu m u lu s d e

Penteville

Localisé à l'extrémité nord-est de Cortil-Noirmont, le tu­ mulus de Penteville se dressait jadis sur l'une des trois crêtes qui dominent le plateau occidental de Gembloux. Une déclivité de terrain marque encore l'emplacement de ce tertre arasé.

Fig. 7 Cortil-Noirmont, Penteville: situation et plan de la tombe: 1. Voie romaine Bavay-Cologne; 2-3. Habitats; 4. Tambour du tumulus; 5. Caveau en pierre; 6. Mur de l'enclos; 7. Fossés du Bas-Empire

La fouille du tumulus, menée en 1921, a permis la mise au jour d'un caveau funéraire, d'environ 2 m sur 2,40 m, constitué de neuf grandes dalles de schiste. L'axe de cette chambre funéraire respecte une orientation estouest. Un tambour de 39 m de diamètre qui ne subsiste plus qu'à l'état de traces négatives, ceinturait le tertre. De plus, le tumulus s'inscrit dans un vaste enclos carré qui s'aligne parfaitement sur le tracé de la voie romaine. Repéré par photographies aériennes, puis fouillé en 1982, il est constitué de gros blocs de pierres qui attei­ gnent 1,50 m de long, 0,70 m de large et 0,60 m de haut. L'assemblage de ces blocs forme un périmètre de 200 m. Les ossements du défunt ont été placés après créma­ tion dans un petit coffret presque cubique en plomb.

Cinq pièces de monnaies étaient mêlées aux ossements calcinés tandis que quatre autres avaient été déposées sur le couvercle du coffret. Elles datent des règnes de Galba, Titus, Vespasien, Trajan, Hadrien et Antonin-le-Pieux. Le mobilier funéraire se caractérise notamment par l'abondance de la verrerie et le petit nombre de céra­ miques où ne figure aucune terre sigillée. La vaisselle en verre est constituée d'un service de trois bouteilles cylin­ driques et de huit coupes, de quatre bouteilles carrées abritées dans un coffre de bois et d'un bol de forme assez rare. La richesse de la tombe se traduit également au travers de trois objets en bronze de facture vraisem­ blablement italique. Il s'agit d'une œnochoé, d'une pa­ tère et d'un poêlon de bain de qualité exceptionnelle. La dotation funéraire se complète d'une petite lampe et de son support en bronze, d'une cruche et d'un strigile en fer, d'un dé en ivoire, de perles et de pions de jeu en pâte de verre, et de deux défenses de sanglier. Il semble qu'il y ait également eu des offrandes alimentaires. Les quelques céramiques, de même que le bol et les coupes en verre permettent de dater la tombe de 160 à 190 après J.-C. La monnaie d'Antonin-le-Pieux (138-161 après J.-C.) fournit également un terminus post quem pour l'enfouissement. A.-M. H. L a f o r tif ic a tio n d u B a s-E m p ire à

Penteville

La situation du tumulus de Penteville, en bordure de la chaussée romaine et probablement à peu de distance d'un établissement fonctionnel lié à la route, a été mise à profit durant le Bas-Empire. Le site a tout naturelle­ ment été réutilisé pour l'édification d'une tour de garde en pierre, dans le cadre du programme militaire de dé­ fense routière. C'est ce que laissent croire les indications issues du rap­ port des fouilles de 1921, relatives au tumulus. Sur la butte figuraient de puissantes maçonneries qui sont en­ trées dans la composition des fondations d'un édifice mi­ litaire qui ne peut être qu'une tour de surveillance du tra­ fic. Des recherches plus récentes, menées entre 1963 et 1980, ont permis de conforter cette vue, notamment avec la découverte de fossés défensifs cernant le tumulus. L'ouvrage militaire était de forme carrée et s’étendait sur 80 ares environ. La zone des fossés peut atteindre une largeur de 18 m. Une interruption de ce fossé, sur le milieu du côté sud, montre l'emplacement de la porte. La défense du fort est assurée, en outre, par un rempart de terre quadrangulaire d'environ 50 m de côté, matéria­ lisé par une double rangée de poteaux. Il a été établi par­ dessus le soubassement en pierre qui avait jadis appar­ tenu au mur d'enceinte extérieur du tumulus. L'utilisation du site militaire n'est pas précisément datée; on peut penser qu'elle couvre la fin du mesiècle et la première moitié du IVe siècle. R. B. La

villa d e La Jonquière

À 700 m au nord-ouest du tumulus de Penteville et de la voie menant de Bavay à Cologne, le Service de Jeunesse Archéolo-J a fouillé un établissement rural comportant deux édifices situés de part et d'autre du ruisseau de La Jonquière. 285

Le premier, localisé au lieu-dit La Jonquière, corres­ pond à un habitat maintes fois remanié. Le logis le plus ancien paraît avoir été doté d'une galerie. Le bâtiment le plus récent témoigne de deux phases de construction: au rectangle primitif furent ajoutées une galerie ainsi qu'une cave bien construite. Il est vraisemblable qu'il y ait eu une occupation du site pendant deux siècles, de la seconde moitié du Ier siècle à la deuxième moitié du m e siècle. Le second édifice, découvert à la faveur de travaux agricoles, est implanté au lieu-dit Champ de La Jonquière. La fouille de 1979 a permis de dégager partiellement un bâtiment de 29 m de long, divisé en cinq comparti­ ments, par quatre murets soutenus par des contreforts. Le bâtiment peut correspondre à une grange utilisée aux 11e et me siècles. M.-J. G.

Fig. 9 Glimes, Champ de la Tombe: le tumulus, après nettoyage (2005)

Fig. 8 Cortil-Noirmont, jonquière: plan de la grange

fouilles de 1926. Si ce dernier, qui atteint 50 m de diamè­ tre a effectivement été retrouvé, les fondations d'un se­ cond mur ont été mises au jour à l'intérieur des terres du tumulus. Elles correspondent à une première tentative de construction d'un tambour abandonnée pour des rai­ sons de stabilité. Dans le sondage est, les restes d'un bûcher contenant quelques os animaux calcinés et de la vaisselle de table brisée en menus fragments sont à mettre en relation avec les rites de sacrifice et de repas. La céramique date ce dépôt entre 120 et 140 après J.-C. Depuis 1971, le tertre est classé et figure sur la liste du Patrimoine exceptionnel de Wallonie. A.-M. H.

C a rto g ra p h ie : voirfig. 3.2. Tombes de N o irm o n t B ibliographie: Claeys P.-j.( B âtim ent rom ain « La jonquière il» , Archéolo-j, 17-20; Forts romains, 50-52; Lefrancq Les tombes de N oirm ont (Inventaria archaeologica, Belgique, fasc. 4 ens. B 13-14), Bruxelles, 1989; Massart, Tumulus, n ° 2 ; Plumier, Tumuli, 71-96; Van Dessel C., Fouilles dans un tum ulus à CortilN oirm ont, BCRAA, 13, 1874, 446-466; Van Ossei P., Un établis­ sem ent gallo-rom ain à C ortil-N oirm ont, Archéolo-I, 11-14.

C a rto g ra p h ie : voir fig. 10.2. B ibliographie: Massart, Tumulus, n° 3; Massart C. et al., Fouilles au tum ulus de Glimes (In co u rt; Prov. de B rabant w allon), Romeinendag 2003, 49-52; Massart C., Céramiques des rites et du repas funéraires. La céram ique cultuelle et le ritu el de la céra­ m ique en Gaule du Nord, Louvain-la-Neuve, 2004, 31-37 ( CA]M, 15); Massart C., Preud'H om m e D. et al.. In c o u rt/ Glimes: ra pport prélim inaire des fouilles au tum ulus, CAYJ, 11, 2003, 12-15; Rahir, V ingt-cinq années, 243.

5 | Incourt, Glimes 6 1Jodoigne, Dongelberg L e tu m u lu s d u

Champ de la Tombe

Le tumulus du Champ de la Tombe est localisé au sudouest de la localité de Glimes. D'une hauteur de 15 m et d'un diamètre qui varie de 52 m à 55 m, il constitue le plus grand tumulus conservé de Belgique. L'exploration du tertre entreprise en 1926 par le Service des Fouilles avait révélé l'existence d'un tam­ bour conservé sur une hauteur de 0,80 m qui ceinturait la butte de terre. Un caveau, de 1,15 m sur 1,40 m, construit en dalles de pierre occupait la partie centrale du tumulus. Surmonté d'un couvercle constitué de deux dalles scellées aux pa­ rois verticales au moyen de crampons en fer, il était vide de tout contenu. En vue de l'aménagement touristique du site, le tumu­ lus a fait l'objet en 2002 de quatre sondages. Ceux-ci ont été pratiqués sur le pourtour de la butte de terre. Ils vi­ saient notamment à recouper le tambour repéré lors des 286

La

villa Derrière la Ville

Le Service de l'Archéologie en province de Brabant wal­ lon a réalisé des fouilles en 1995 et 1996 à Dongelberg, au lieu-dit signifiant Derrière la Ville. Celles-ci ont révélé la présence d’un établissement gallo-romain qui s'éten­ dait peut-être vers l'est, sous un chemin et dans une prairie qui n'ont pas été fouillés. L'occupation s'éche­ lonne au plus tard de la première moitié du ne siècle au IVe siècle et se répartit en trois périodes. Le site domine le fond d'une vallée où coule l'Orbais, un affluent de la Gette. Le niveau de sol de l'époque a complètement dis­ paru. La première occupation est représentée par une série de trous de poteaux. Quatre d'entre eux dessinent le plan d'un bâtiment rectangulaire orienté nord-sud. D'autres, situés au nord, pourraient correspondre à une deuxième construction. Plusieurs trous de poteaux

P R O V I N C E DU BRABANT WA L L O N |

Fig. 11 Dongelberg, Derrière la Ville: plan schématique du corps de logis: 1. Première occupation; 2. Premier état du corps de logis en maçonnerie; 3. Aménagement postérieur de l'hypocauste

Fig. 10 Jodoigne, Dongelberg et Incourt, Climes: 1. Villa de Derrière la Ville à Dongelberg; 2. Tumulus du Champ de la Tombe à Glimes

contenaient des agglomérats de torchis rubéfié et du charbon de bois en abondance. La céramique retrouvée dans le comblement de l'un d'eux était en partie brûlée et comprenait quelques vases entiers; elle permet de si­ tuer la fin de cette période dans la deuxième moitié du IIe siècle. Lors de la deuxième période d'occupation, des constructions en maçonnerie ont remplacé celles en bois. Le secteur sud-est du chantier de fouilles était très érodé et des travaux de construction et de drainage mo­ dernes ont fait disparaître tout vestige à l'est. Les fonda­ tions des murs étaient à peine conservées, souvent à l'état de traces négatives. Tel qu'il se définit dans l'em­ prise fouillée, le plan de la villa, à façade orientée au sud, se compose d'une grande pièce carrée flanquée d'une salle rectangulaire à l'ouest et probablement d'une autre à l'est, ainsi que d'une cave en pierres et d'un hypocauste, construits en hors d'œuvre et situés respective­ ment à l'ouest et au nord. La cave, maçonnée en moel­ lons soigneusement appareillés, était pourvue d'un soupirail dans le mur ouest et d'une niche en plein cin­ tre dans les trois autres murs; son angle sud-ouest était raidi par un contrefort. Le quartzite local, majoritaire­ ment, mais aussi la pierre de Gobertange, le travertin et

Fig. 12 Dongelberg, Derrière la Ville: la cave située à l'ouest du corps de logis

exceptionnellement le tuffeau, ont été utilisés pour la construction de ses murs qui étaient conservés sur une hauteur variant entre 1,35 m et 2,10 m. L'escalier, qui de­ vait être en bois, s'élevait le long du mur sud et prenait appui contre le mur est. La pièce chauffée par hypocauste a été ajoutée lors d'une deuxième phase. Huit car­ reaux en terre cuite, bases d'autant de pilettes, étaient encore en place sur un radier de pierres et fragments de tuiles à revêtement de béton rose. Trente pilettes, à l'ori­ gine, supportaient la suspensura. Le praefurnium se trou­ vait au sud de la pièce. Le remblai de la cave témoigne d'un violent incendie que la céramique, abondante et variée, permet de situer durant le troisième quart du IIIe siècle. La troisième pé­ riode correspond à une réoccupation au IVe siècle qu'il est difficile d'apprécier, mais qui n'en est pas moins at­ testée par la découverte de quelques fragments de céra­ mique. E. D .W .

B ibliographie: De Waele E., jo d o igne /D onge lberg: villa ro­ maine, CAW, 4-5, 1997, 7-8; Verdickt M. & Volon H., Dongel­ berg. Établissement gallo-rom ain, WAV, 35, 1986, 5, 152-153.

287

7 1Jodoigne, Jodoigne L es

Fonds de Jodoigne

Le territoire de la commune de Jodoigne renferme de très nombreux témoignages de la période romaine parmi lesquels se distinguent deux logis assez bien connus répartis sur les deux rives de la Grande Gette, des traces d'établissements ruraux ou des substructions, un tumulus arasé et des sépultures. C'est en 1915-1916 que J. Breuer entama des fouilles sur les deux sites principaux: l'un à Jodoigne (Les Fonds de Jo­ doigne), l'autre à Saint-Jean-Geest (La Seigneurie). L'ensem­ ble des résultats a été révisé et publié par H. Remy en 1977.

développée; elle est rehaussée d'une pièce rectangulaire pavée et d'un hypocauste, probablement plus tardif, doté d'un praefurnium au nord-ouest. Des traces d'en­ duits rouges ont pu être observées sur les parois des murs de la pièce située dans l'aile nord-est. La villa pourrait s'étendre vers le nord-ouest. D'après la terre sigillée, l'édifice peut avoir été occupé du 11e siècle au milieu du me siècle. R. B. Bibliographie: Remy H., Les villas romaines de /odoigne et Saint-jean-Geest, (AB, 195), 1977, 5-16.

8 1Jodoigne, Piétrain L e tu m u lu s d 'H e r b a is

Fig. 14 Jodoigne, Les Fonds de jodoigne: plan de la galerie de façade du corps de logis

Au lieu-dit Les Fonds de Jodoigne, se situe un corps de logis incomplètement fouillé duquel nous conservons pour l'essentiel une longue galerie de 24,20 m dont le mur sud indique l'emplacement d'un passage. La galerie est prolongée de part et d'autre par des constructions en saillie, plus larges. L’aile ouest est plus particulièrement

Le tumulus se situe à la sortie d'Herbais, en bordure du chemin vers Piétrain, au lieu-dit Champ de la Tombe. Le tertre, haut de 3,20 m, affecte une forme pyramidale de 28 m de long, sur 14 m de large. La Société archéologique de Bruxelles y entreprit des fouilles en 1897, par une tranchée creusée à ciel ouvert qui dégagea un caveau probablement en bois, de 2 m de côté, et surmonté d'un couvercle en bois. Cette tombe, déjà partiellement pillée à une époque ancienne, renfer­ mait quatorze pièces de vaisselle en céramique, une épingle en bronze et un couteau fragmentaire, ainsi qu'un manche d'épée ou de poignard en ivoire, conser­ vés aux Musées royaux d'Art et d'Histoire. Les fragments de plusieurs verreries, des débris de bronze et de fer n'ont pas été conservés. La sépulture peut être datée vers le milieu du ne siècle.

Fig. 13 Carte de la région de Jodoigne et Orp-Jauche à l'époque romaine. 1. Villa du Fonds de jodoigne à Jodoigne; 2. Villa de La Seigneurie à Saint-jean-Geest; 3. Établissement rural de Chasselon à Jodoigne; 4. Sépultures; 5. Substructions; 6. Tumulus nivelés de l'Arbre à Jodoigne et sépultures; 7. Tracé présumé d'une voie antique reliant Taviers à Tirlemont; 8. Villa de la Campagne d'Herbais à Piétrain; 9. Tumulus du Champ de la Tombe à Piétrain; 10. Sépultures de la Chapelle d'Herbais à Piétrain; 11. Substructions; 12. Fours de tuiliers à Marilles

288

P R O V I N C E DU BRABANT WA L L O N |

Fig. 15 Piétrain, Herbais: le tumulus du Champ de la Tombe (2006)

Une habitation repérée à quelque 500 m du tumulus, au lieu-dit Campagne d'Herbais, fut partiellement fouil­ lée à la même époque. On y trouva des éléments d'hypocauste et des fragments de peintures murales. Dans les environs existait un autre tumulus, au lieudit Pré des Vaches. Il aurait livré de la céramique et des objets en bronze lors de son arasement vers 1856. C. M.

R. B. C a rto g ra p h ie : voir fig. 13.2. B ibliographie: Remy H., Les villas romaines de jo do igne et

C a rto g ra p h ie : voir fig. 1 3.8 et 9. B ibliographie: de Loë A. St Poils J., Exploration d 'u n tum ulus b e lg o -ro m a in appelé «La Tombe d'H e rb a y s » à P iétrain (B rabant), ASAB, 1 3, 1899, 201-209; Massart, Tumulus, n° 6.

9 1Jodoigne, Saint-Jean-Geest La ré sid e n c e d e

Le second s'apparente à un petit établissement bal­ néaire dont le plan de fouilles demeure énigmatique. Plusieurs locaux y apparaissent sans lien, ce qui ne faci­ lite pas leur interprétation. Deux locaux terminés par une abside semi-circulaire disposent d'un foyer de chauffage. La présence d'un hypocauste dans le local occidental laisse penser qu'il s'agit d'un caldarium. Celui-ci est équipé d'une chambre de chaleur avec pilettes carrées sur lesquelles repose une suspensura formée de grandes dalles de terre cuite, recou­ vertes d'une couche de béton servant à la pose d'une mosaïque blanche. Les nombreux fragments de tubu­ lures et les tronçons de canalisations montrent à l'évi­ dence la fonction de balnéaire réservée à cet édifice. L'interprétation du grand édifice quadrangulaire situé à proximité, de 5,80 m sur 6,70 m, est plus délicate. Il comportait des piliers circulaires et il n'est guère possi­ ble de savoir si nous avons affaire à un bâtiment de stockage.

La Seigneurie

À 850 m au nord-ouest du logis des Fonds de Jodoigne, sur la rive opposée de la Grande Gette, un habitat important situé au lieu-dit La Seigneurie fut fouillé en 1916. 11 oc­ cupe un terrain légèrement en pente, orienté vers le sud. Deux bâtiments y furent dégagés, distants d'une ving­ taine de mètres l'un de l'autre. Le premier édifice correspond à un corps de logis in­ complètement exploré dans lequel s'inscrit notamment une belle cave avec escalier, soupirail et niche.

Saint-jean-Ceest, (AB, 195), 1977, 5-16.

101 Nivelles, Nivelles La

villa d e Clarisse

Au xixe siècle, le percement de la tranchée du chemin de fer au lieu-dit Clarisse, au sud-est de Nivelles, a endom­ magé une villa romaine fouillée à cette occasion par la Société archéologique de Nivelles. D'après un plan lacu­ naire, au moins une des pièces était chauffée par hypocauste. En 1968, une cave d'environ 3,60 m sur 3,75 m, très mal conservée, a été dégagée. Plus tard, en 1975-1976, des fouilles de sauvetage furent entreprises dans le même secteur. Cette opération a permis d'exhumer à proximité de ce cellier, une deuxième cave carrée de 5 m de côté ouverte à l'est sur un couloir en plan incliné. Elle présentait des murs en pierres blanches soigneusement équarries et couvertes d'un enduit; les joints étaient tirés à la dague. Des enduits peints, notamment des bandeaux multicolores imitant le marbre, ont été trouvés dans le remblai de la cave. À une centaine de mètres au sud, une fosse a livré de la céramique et des tuiles en abondance. Plusieurs autres dépotoirs ont été découverts de même que des trous de poteaux délimitant un bâtiment annexe. L'étude de la terre sigillée et des monnaies autorise la mise en évidence de deux phases d'occupation du site. La première commence à la période flavienne et s'éteint dans le courant du nesiècle tandis que la seconde se situe dans le courant du IIe siècle, jusqu'en 260-270 après J.-C. M.-J. G. B ibliographie: Dewert J.-P. St Severs L., Vestiges d'établis­ sem ent ru ra l d'époque rom aine à Nivelles, ASANiv, 24, 1982,

Fig. 16 Saint-Jean-Geest, La Seigneurie: plan du corps de logis

Fig. 17 Saint-|ean-Geest, La Seigneurie: plan de l'établissement balnéaire

37-65.

289

Fig. 19 Nivelles, C l a r is s e : plan de la résidence de la v illa (xixe siècle, sans orientation)

Fig. 20 Nivelles, de la v illa

C l a r is s e :

la seconde cave

Fig. 18 Carte de la région de Nivelles à l'époque romaine. 1. V illa de C la r is s e ; 2. Établissement rural de la F o s s e L e v r e t t e ; 3. V illa de la V ie ille C o u r à Thines; 4. V illa de C u e n e t t e ; 5. Substructions de G r a n d - P e i n e .

111 Nivelles, Nivelles L 'é ta b lis s e m e n t r u r a l d e la

Fosse Levrette

La S ociété d 'a rc h é o lo g ie e t le M u sée c o m m u n a l de N ivelles o n t e n ta m é des fo u ille s e n 1974-1975 e t e n 1980-1981 a u lie u -d it Fosse Levrette à p ro x im ité d u Bois de N ivelles. U n e n s e m b le de q u a tre b â tim e n ts ag rico les a é té d é ­ gagé. U n seu l é d ific e é ta it m u n i d 'u n e cave. Le c o rp s de logis p rin c ip a l n 'a p as e n c o re é té rep éré. L 'o c c u p a tio n d u site s 'é te n d d u ne a u nie siècle. P arm i le m a té rie l d é c o u v e rt fig u re u n o b je t lé g è re m e n t tro n c o n iq u e , e n b ro n z e é m a illé à d é c o r flo ral. m.-j. G. Cartographie: voir fig. 18, 2. Bibliographie: De Boe G., Une rem arquable pièce émaillée d'époque romaine à Nivelles, ASANiv, 24, 1982, 109-118; Hubert F., Annexes. Quelques considérations esthétiques, ASANiv, 24, 1982, 119-121.

121 Nivelles, Nivelles La

villa d e La Tournette

L o calisée a u n o rd - o u e s t d e N iv elles, la villa de La Tournette a é té im p la n té e su r le v e rs a n t su d -e st d 'u n p la ­ te a u . Au bas, ja illissa it u n e so u rc e . En 1988 e t 1989, les fo u ille s m e n é e s p a r le M u sée de N ivelles e t SOS fo u ille s e n c o lla b o ra tio n avec l'ULB o n t

290

Fig. 21 Nivelles, F o s s e l'établissement rural

L e v r e tte :

plan de

p e rm is la m ise a u jo u r d 'u n vaste co m p le x e a g rico le c o n s titu é d e h u i t b â tim e n ts d isp e rsé s s u r q u e lq u e c in q h e c ta re s. Ces d iffé re n te s c o n s tru c tio n s p ré s e n ta ie n t des fo n d a tio n s e n m o e llo n s b ru ts de sable e t d e m a rn e m ê lé s d 'a rg ile . T o u rn é v ers le su d -est, le c o rp s d e logis A, de 20 m su r 38 m , é ta it de p la n tr a d itio n n e l à g alerie d e façad e e t p a ­ v illo n s d 'a n g le sa illa n ts. À l'a rriè re , six p ièce s g ro u p é e s d e u x p a r d e u x é ta ie n t desserv ies p a r d e u x c o u lo irs d is p o ­ sés p e rp e n d ic u la ire m e n t à la façade. U n e cave situ é e so u s la p iè c e d 'a n g le su d -o u e st, p ré ­ s e n ta it des m u rs d e m o e llo n s s o ig n e u s e m e n t a p p a re illé s e t liés a u m o rtie r. Le p a r e m e n t d es m u rs c o n s e rv a it e n ­ c o re des tra c e s d 'e n d u it rose ta n d is q u e les jo in ts é ta ie n t so u lig n é s à la d a g u e . É clairé p a r u n so u p ira il, le cellier é ta it p e rc é d e c in q n ic h e s c in tré e s . S ur le sol re v ê tu d 'u n e fin e c o u c h e d e m o r tie r rose, s u b s is ta ie n t des frag ­ m e n ts d 'e n d u its p e in ts, d e rn ie rs té m o in s de la d é c o ra ­ tio n m u ra le des pièce s de c e t h a b ita t. Au n o rd -o u e s t d u c o rp s de logis, u n b â tim e n t B de 10,5 m su r 24 m d isp o sé, e n «U » a u to u r d 'u n e c o u r é ta it c o n s titu é d e d e u x ailes reliées p a r u n e g alerie. L 'irré­ g u la rité d u p la n a in s i q u e des v a ria tio n s d a n s l'é p a is s e u r

P R O V I N C E DU BRABANT WA L L O N |

Le b â tim e n t F q u i o ffra it u n p la n in c o m p le t a liv ré des tra c e s d e foyer e t d e n o m b re u s e s scories. Im p la n té e e n c o n tre b a s d u site, c e tte c o n s tru c tio n c o u v e rte d 'u n to it d e tu ile p o u rr a it av o ir a b rité u n e forge. S itués a u su d -est d u c o rp s de logis, les b a in s G, d e p la n lo n g itu d in a l c o n s e rv a ie n t les traces d 'u n praefurnium e t les fra g m e n ts d 'u n e suspensura. D eu x des p iè c e s p ré s e n ­ ta ie n t e n c o re u n ra d ie r e n b é to n ja u n e . La fo u ille a liv ré re la tiv e m e n t p e u d e m a té rie l. Il est to u te fo is p o s s ib le d e d a te r l'o c c u p a tio n d e la villa d e p u is le d é b u t d u ne siècle ju s q u 'a u tro is iè m e q u a rt d u me siècle. Le m a té rie l c é ra m iq u e le p lu s p ré c o c e , c o n s ti­ tu é d e te rre sig illée d e G au le d u Sud, p ro v e n a it d u b â ti­ m e n t B. A.-M. H.

Fig. 22 Nivelles, La Tournette: plan général de la villa

B ibliographie: Dewert j.-P., Osterrieth M. et al., Nivelles. Sauvetage d 'u n dom aine agricole gallo-rom ain à «La Tournette», PAW, 342-344; Dewert J.-P, Osterrieth M. & Severs L., Nivelles et sa région. De la préhistoire à l'histoire, Nivelles, 1992, 34-37.

131 Nivelles, Thines La

Fig. 23 Nivelles, La Tournette: la cave du corps de logis de la villa

villa d e

la

Vieille Cour

D é c o u v e rte e n 1977 p a r le M u sée de N ivelles, la villa g a llo -ro m a in e de la Vieille-Cour à T h in e s est b â tie su r u n te r ra in s a b lo n n e u x a u su d -e st d e N ivelles. T rès m a l c o n se rv é e , elle n 'o ffr e p lu s q u 'u n p la n la c u n a ire o ù se d is tin g u e n t e n c o re tro is p ièce s a llo n g é e s o u galeries (?) d isp o sé e s e n «U ». À l'a n g le de l'u n e d 'e lle s se g re ffe n t q u e lq u e s p e tite s p ièce s re c ta n g u la ire s. Il fa u t n o te r qu e les m u rs n e s o n t p as c o n s tru its d 'é q u e rre . C e tte b â tisse d a té e des Ier e t ne siècles n 'e s t p as a n té rie u re à l'é p o q u e fla v ie n n e . L 'in té rê t p rin c ip a l d u site ré sid e d a n s le fa it q u e la c o n s tru c tio n ro m a in e su c c è d e à u n h a b ita t p ro to h is to ­ riq u e d e l'Âge d u Fer. C elui-ci est a tte sté p a r la p ré s e n c e de tro u s d e p ie u x e t d 'u n e fo s se -d é p o to ir c o n te n a n t des d é c h e ts d e c u is in e e t d e la c é ra m iq u e . C ette d e rn iè re , a p ­ p a re n té e a u « G ro u p e de la H a in e » se ca ra c té rise p a r des p ro d u c tio n s d a ta b le s d e La T è n e IB e t de La T è n e III. A.-M. H.

Fig. 24 Nivelles, La Tournette: les thermes de la villa

des m u rs tr a h is s a ie n t d e u x p h a se s d ’a m é n a g e m e n t d is­ tin c te s . Il s 'a g it v ra is e m b la b le m e n t d u b â tim e n t le p lu s a n c ie n de l'é ta b lis s e m e n t ag rico le. L 'éd ifice C, b â ti à l'o u e s t des d e u x p ré c é d e n ts , se c o m ­ p o s a it d 'u n e v aste salle re c ta n g u la ire greffée su r u n e ga­ le rie de façade. O rie n té e a u sud-est, c e tte d e rn iè re é ta it e n c a d ré e d e d e u x pièce s d 'a n g le e n saillie. D e p la n re c ta n g u la ire , la c o n s tru c tio n D, é p a u lé e p a r d e so lid es c o n tre fo rts, é ta it b o rd é e a u su d -e st d 'u n e g ale­ rie. Ce b â ti m e n t d e g ra n d e s d im e n s io n s - 10,50 m su r 2 0 ,3 0 m - av a it p ro b a b le m e n t u n e f o n c tio n d e g ra n g e . La b â tisse E, d e 10,50 m su r 12 m , c o n n u e u n iq u e m e n t p a r des tra c e s n é g a tiv e s d e m u rs s 'a p p u y a it é g a le m e n t su r des c o n tre fo rts.

Fig. 25 Thines: plan de l'habitat

291

C a rto g ra p h ie : voir fig. 18, 3. B ibliographie: Dewert ].-P., H a b ita t préhistorique et villa gallo-rom aine de la « Vieille-Cour» à Thines, Nivelles (Bt), Arch. 1979, 2, 9-10; Severs L., L'occupation rom aine dans la région de Nivelles: éta t des questions, ASANiv, 25, 1985, 9-12.

141 Orp-Jauche, Marilles F o u rs d e tu ilie r s D é c o u v e rts e n 1966 p a r J. e t L. M e rc e n ie r, les fo u rs à m a ­ té ria u x de c o n s tru c tio n d e M arilles s o n t situ é s a u s u d de la lo c a lité , a u lie u -d it La Terre aux Pannes, e n b o rd u re d 'u n p e tit c h e m in q u i relie N o d re n g e à Ja u c h e . Les vestiges s o n t c o n s titu é s d e d e u x fo u rs de ta ille s d iffé re n te s p lacé s p e r p e n d ic u la ire m e n t l 'u n à l'a u tr e e t d isp o sé s su r d e u x d es c ô té s d 'u n e aire d e c h a u ffe q uad ra n g u la ire . Les d e u x a u tre s c ô tés de celle-ci s o n t ferm és p a r des m u re ts de p ie rre s calcaires. U n e tro is iè m e s tru c ­ tu re , b â tie à c ô té d u p e tit fo u r, c o m p lè te le to u t. Les d e u x fo u rs s o n t d u ty p e re c ta n g u la ire à flu x c e n ­ tra l e t à c a n a u x tra n sv e rsa u x . O u v e rt a u n o rd -o u e s t, le g ra n d fo u r q u i m e s u re 5,85 m su r 6,2 5 m est p ré c é d é d 'u n foyer b o rd é d e d e u x m u re ts . La c h a m b re de c h a u ffe est c e in tu ré e de q u a tre m u r s s e m i-e n te rr é s d o n t l'é p a is s e u r a t t e i n t p a rfo is 1,50 m . Le p a re m e n t d e ces m u rs est fa it d 'u n e a lte r­ n a n c e d e tu ile s p o sé e s d a n s le se n s de la lo n g u e u r e t de la larg eu r ta n d is q u e le rem plissage est c o n stitu é de débris de c o n s tru c tio n liés à l'arg ile . Percée de c in q u a n te e t u n c a rn e a u x , la sole, d e 3 ,30 m de cô té, est s u p p o rté e p ar c in q v o ûtes. Ces d e rn iè re s, p o sées su r des m u re ts d e tuiles, c o iffe n t le c a n a l de ch au ffe cen tral, large de 1,10 m e t h a u t de 1,20 m , e t d é lim ite n t six p e tits c a n a u x tra n sv e rsa u x . U n d ra in a ss u ra it l'é v a c u a tio n d e l'h u m id i té lors de la m ise à feu d u four. Le p o id s d es ch arg es e n fo u r n é e s a n é c e ss ité assez ra p i­ d e m e n t d es tra v a u x d e c o n s o lid a tio n . La c a p a c ité d e ce fo u r d e tu ilie rs a p u ê tre é v a lu é e à au m o in s 1 5 0 0 o u 2 0 0 0 imbrices, g râce a u x tra c e s q u e celles-ci o n t laissées su r le re v ê te m e n t d ’arg ile e t d e sable d e la sole.

S itué a u n o rd -e st d u p ré c é d e n t, le s e c o n d four, creu sé d a n s le sol d isp o se d 'u n e c h a m b re de c h a u ffe de 1,30 m su r 1,50 m . Seul u n m u r d e celle-ci est c o n s tru it à l'a id e de tu ile s, les tro is a u tre s é ta n t c o n s titu é s p a r les p a ro is de l'e x c a v a tio n . V oûté, le c a n a l d e c h a u ffe d e 0 ,5 0 m de h a u t e t d e large d e ss e rt tro is p e tits c a n a u x tra n sv e rsa u x . La so le q u i coiffe ce d is p o s itif est p e rc é e d e tro is ran g ées d e c in q c a rn e a u x . La fo n c tio n d e ce fo u r reste m a l c o n n u e . Au v u des n o m b r e u x tubuli e x h u m é s à p ro x im ité , il est p o ssib le q u e ce fo u r a it servi à le u r c u isso n . U n e a u tre c o n s tru c tio n q u a d ra n g u la ire , p o r ta n t les tra c e s d 'u n e très fo rte c h a le u r, p o u rr a it c o rre s p o n d re à u n tro is iè m e four. La m ise au jo u r d e g ra n d s tro u s d e p o te a u x re m p lis de ro g n o n s d e p ie rre a u x q u a tre c o in s d u g ra n d fo u r e t à p ro x im ité des m u rs d e l'a ire d e c h a u ffe su g g ère q u 'u n e to itu re p ro té g e a it l'e n s e m b le . D es p h o to g r a p h ie s a é rie n n e s e t des so n d a g e s m a g n é ­ tiq u e s in d iq u e n t la p ré s e n c e d 'u n a u tre fo u r situ é à e n ­ v iro n 2 0 m a u n o rd -e s t des p ré c é d e n ts vestiges. A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voir fig. 13, 12. Bibliographie: Leva Ch., Un four de tuilier rom ain à Marilles, BCAHC, 6, 1986, 113-114; Thys M., De romeinse pannenoven in M arilles en de dakpannenproduktie in noordwest-Gallië, De Leiegouw, 29, 1987, 227-236.

151 Ottignies, Ottignies L 'é ta b lis s e m e n t r u r a l d e

D es fo u ille s m e n é e s e n 1983 p a r les F acultés u n iv e rs i­ ta ire s S aint-L ouis o n t p e rm is de m e ttre a u jo u r les ves­ tiges d 'u n p e tit é ta b lis s e m e n t g a llo -ro m a in . Il o c c u p e u n te r ra in e n faib le d é c liv ité vers l'e s t d o m i n a n t la v a llé e d u Ri A n g o n , u n a fflu e n t de la D yle. Il s ’a g it d 'u n b â tim e n t re c ta n g u la ire , d e 9,75 m su r 2 0 ,5 0 m , c o n s tru it se lo n u n axe lo n g itu d in a l n o rd -n o rd o u e st su d -su d -e st e t d iv isé p a r d e u x m u rs d e re fe n d p a ­ rallèles, d é fin is s a n t a in s i u n e g ra n d e p iè c e fla n q u é e de d e u x p iè c e s la té ra le s o b lo n g u e s . Les f o n d a tio n s e n sc h iste liées à l'a rg ile p ré s e n te n t, à in te rv a lle s rég u liers, des re n f le m e n ts s u r la face in te r n e des m u rs. Il p o u rr a it s 'a g ir d e sim p le s c o n tre fo rts o u de so u b a s s e m e n ts p o u r les p o te a u x p o rte u rs de la c h a rp e n te . U n to it de tu ile s c o iffa it l'é d ific e . U n e cave c reu sée d a n s l'a rg ile à l'a n g le n o rd -o u e s t d u b â tim e n t o c c u p a it u n e g ra n d e p a rtie de la p iè c e s e p te n ­ trio n a le . Le p la n c h e r e n b o is, l'e s c a lie r d 'a c c è s e t le s o u ­ p ira il o n t p u ê tre id e n tifié s. Le m a té rie l a rc h é o lo g iq u e , re la tiv e m e n t p a u v re , p e r­ m e t d e p la c e r l'o c c u p a tio n d u site e n tre le m ilie u d u L' siècle e t le d é b u t d u me siècle d e n o tr e ère. L a n é c r o p o le d u

Fig. 26 Marilles, La Terre aux Pannes: plan général du complexe des fours

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Franquenies

Bois des Étoiles

Au c o u rs des a n n é e s 1961 e t 1962, u n e série de to m b e s à in c in é ra tio n fu t m ise a u jo u r e n tr e la tra n c h é e d u c h e ­ m in d e fer B ru x e lle s-N a m u r e t l'a n c ie n c h e m in a lla n t de B iocri à C o u rt-S a in t-E tie n n e . Le site se tro u v e a u su d d 'O ttig n ie s , d a n s le Bois des Étoiles, à l'e x tré m ité occi-

P R O V I N C E DU BRABANT WAL L ON |

Fouilles d 'un e villa gallo-rom aine à Franquenies, WAV, 34, 2, 1985, 183-200; Osterrieth M. & W eber Ph., Ottignies. Nécro­ pole g a llo-rom aine au Bois des Étoiles. Fouilles de G. Baggerman, WAV, 33, 2, 1984, 33-80.

161 Perwez, Thorembais-Saint-Trond L e s tu m u l u s d u B o is d e B u is

Fig. 27 Ottignies, Ottignies: 1. Établissement rural de Franquenies; 2. Nécropole du Bois des Étoiles

Fig. 28 Ottignies, Franquenies: plan de l'établissement rural d e n ta le d ’u n p r o m o n to ire s a b lo n n e u x q u i d o m in e à l'o u e s t, la rive d ro ite d e la D yle, e t a u s u d le Ri A ngon. C ette n é c ro p o le q u i c o m p te au m o in s c in q to m b e s est im p la n té e à e n v ir o n 750 m au n o rd -o u e s t d u site de F ra n q u e n ie s. Les fosses creu sées e n p le in e te rre à u n e p ro f o n d e u r de 0 ,8 0 m à 1 m a b rita ie n t l 'u r n e c in é ra ire e t la d o ta tio n fu ­ n é ra ire p r in c ip a le m e n t c o n s titu é e d 'u n p e tit n o m b r e de c é ra m iq u e s . U n e s é p u ltu re , c e p e n d a n t, c o n te n a it v in g td e u x o b jets. La p é rio d e d 'e n fo u is s e m e n t d a te d u m ilie u d u IIe siècle a u d é b u t d u HT siècle. M .-J. G.

B ibliographie: Amand M. & Leuxe Fr., Croupe de sépultures à incinération d'époque rom aine à Ottignies (Bt), VA, 9, 1983, 53-68; Baggerman G., O ntdekking van een Gallo-rom eins g ra f te Ottignies, M eer Schoonheid, 1, 1962, 21-25; De Ruyt CL,

L ocalisés a u lie u -d it Les Trois Frères à T h o re m b a is-S a in tT ro n d , les tu m u lu s arasés d u Bois de Buis s o n t situ é s au x c o n fin s m é rid io n a u x d u B rab an t, à la lim ite de la p ro ­ v in c e d e N a m u r. Ces d e u x te rtre s, d is ta n ts de 2 0 m , é ta ie n t im p la n té s e n b o rd u r e de la v o ie a n tiq u e BavayC o lo g n e . Le p lu s p e tit des d e u x , situ é à l'o u e s t, a tte ig n a it e n c o re lo rs de la fo u ille e n 1899, 12 m de d ia m è tre e t 1,50 m de h a u t ta n d is q u e le s e c o n d p ré s e n ta it u n d ia m è tre de 35 m e t u n e h a u te u r de 3 ,5 0 m . E n 1982, d e u x a lig n e ­ m e n ts d e grosses p ie rre s calc aires d isp o sé e s e n arc de cercle fu r e n t d é c o u v e rts à p ro x im ité de l'e n d r o it o ù se d re s s a ie n t jad is les d e u x tu m u lu s . Il p o u rr a it s 'a g ir de m u re ts e n to u r a n t la b a se d e c h a c u n des d e u x tertre s. L eu r d ia m è tre a tte in d r a it p lu s o u m o in s 42 m . Le p lu s g ra n d des d e u x tu m u lu s a b rita it u n caveau, de 0 ,9 0 m d e c ô té e t d e 0 ,6 0 m de p ro fo n d e u r, e n p ie rre de B la n m o n t. E n te rré à faib le p ro fo n d e u r, il re n f e rm a it u n e u r n e ci­ n é ra ire e n v e rre d o n t le co l a v a it é té b risé in t e n ti o n n e l­ le m e n t. C elle-ci c o n te n a it les restes d 'o s s e m e n ts calc i­ n é s a in s i q u 'u n e é p in g le à c h e v e u x . La d o ta t io n fu n é ra ire é ta it c o m p o s é e de q u e lq u e s c ru c h e s , de p e tits b o ls o v o ïd es e t de co u v ercles e n c é ra m iq u e c o m m u n e m a is é g a le m e n t d e q u e lq u e s b o u te ille s carrées e n v erre. U n e c o u c h e c e n d re u s e m ê lé e de c h a rb o n de b o is, de te s so n s divers e t d 'u n e m o n n a ie d 'E Ia d rie n a é té m ise au jo u r a u c e n tre d u p e tit te rtre , ta n d is q u e le c av eau de b o is é ta it situ é d a n s la p a rtie o c c id e n ta le . Ce d e rn ie r, e n ­ fo n c é d a n s le sol à u n e p ro f o n d e u r d 'e n v ir o n 0 ,8 0 m , m e s u ra it p lu s o u m o in s 0 ,7 0 m su r 1 m . Le m o b ilie r é ta it d is p o sé a u to u r d 'u n dolium q u i o c c u p a it le c e n tre d u coffre de b o is. Y fig u ra ie n t de la c é ra m iq u e sig illée d u su d d e la G aule, u n g o b e le t c a ré n é e n terra nigra, des g o ­ b e le ts e n c é ra m iq u e e n g o b é e , des c ru c h e s, d e la c é ra ­ m iq u e c o m m u n e , u n e b o u te ille c y lin d riq u e e n v erre, u n e fib u le e n b ro n z e e t u n d e n ie r e n a rg e n t de N erva fra p p é à R om e e n 97 ap rès J.-C. L 'é tu d e des m o b ilie rs p e r m e t de s itu e r les d e u x t u m u ­ lu s d a n s la se c o n d e m o itié d u IT siècle d a n s u n e fo u r­ c h e tte c h ro n o lo g iq u e a lla n t de 150 à 175 ap rès J.-C. m ê m e si c e rta in s o b je ts s o n t p lu s a n c ie n s. Au v u des tro u v a ille s diverses réalisé es à u n e q u in ­ z a in e de m è tre s à T est des d e u x te rtre s, il est p ro b a b le q u 'il y a it e u là u n e p e tite n é c ro p o le a u H au t-E m p ire. L a to m b e d u

Long-Pont

La to m b e d u Long-Pont est situ é e , à m i-p e n te d 'u n p ro ­ m o n to ir e , à l'e x tré m ité m é rid io n a le de la c o m m u n e de T h o re m b a is-S a in t-T ro n d e t à la lim ite des p ro v in c e s de B ra b a n t e t N a m u r. D ista n te d 'e n v ir o n 1 5 0 0 m des t u m u ­ lu s d u Bois de Buis, elle est é g a le m e n t é lo ig n é e d e la vo ie a n tiq u e B avay-C ologne q u i passe à q u e lq u e 8 5 0 m p lu s

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Fig. 29 Carte de la région de Gembloux et Thorembais-Saint-Trond, à l'époque romaine. 1. Voie antique Bavay-Cologne; 2. Voie secondaire vers Elewijt; 3. Agglomération de Baudecet; 4. Villa de Sauvenière; 5. Habitats; 6. Tumulus du Bois de Buis à Thorembais-Saint-Trond et probable nécropole du Haut-Empire; 7. Tombe du Long-Pont à Thorembais-Saint-Trond

a u n o rd . Il e st v ra is e m b la b le q u 'u n h a b ita t im p o r t a n t a it ex isté d a n s les e n v iro n s . La d é c o u v e rte d e la s é p u ltu re re m o n te à 1977 lo rs ­ q u 'e lle est p a rtie lle m e n t é v e n tré e p a r d es tra v a u x a g ri­ coles. D an s u n p re m ie r te m p s, u n e p a rtie d u m o b ilie r fu ­ n é ra ire est re c u e illie p a r les in v e n te u rs d u site a v a n t q u e les M usées ro y a u x d 'A rt e t d 'H isto ire , ale rté s, n 'e n t r e ­ p r e n n e n t des fo u ille s p lu s a p p ro fo n d ie s . U n e fosse d e 1,01 m à 1,05 m d e la rg e s u r 1,24 m à 1,26 m d e lo n g a b rita it u n co ffre e n b o is d e m ê m e lo n -

Fig. 30 Thorembais-Saint-Trond, Long-Pont: plan de répartition du mobilier funéraire dans le coffre en bois

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g u e u r m a is p lu s é tr o it p u is q u 'il n 'a tt e ig n a i t q u e 0 ,6 5 m d e large. L 'espace resté lib re e n tre les c ô té s la té ra u x d u coffrage e n b o is e t les p a ro is d e la fosse a é té c o m b lé avec des d é ­ c h e ts d e c o n s tru c tio n . Les o s s e m e n ts c a lc in és é ta ie n t sa n s d o u te re n fe rm é s d a n s u n c o ffre t c in é ra ire e n p lo m b . Le co ffre e n b o is, re n fo rc é a u x a n g le s p a r des fe rru re s, a b rita it la ric h e d o ta tio n fu n é ra ire c o n s titu é e d e v a is­ selle e n c é ra m iq u e m a is é g a le m e n t e n b ro n z e , d e v e rre ­ rie e t d e to u te u n e g a m m e d 'o b je ts e n b ro n z e p a r m i les­ q u e ls fig u re n t des accesso ires d e h a r n a c h e m e n t, des é lé m e n ts de m o rs d e ch ev al, d e jo u g e t d e s u s p e n s io n d e ch ar. U n e m o n n a ie e n b ro n z e d 'A n to n in -le -P ie u x e t u n g ra n d b ro n z e fru ste o n t é g a le m e n t é té d é c o u v e rts. Si la c é ra m iq u e e st très p e u re p ré s e n té e d a n s ce m o b i­ lie r fu n é ra ire , la v e rre rie e st assez a b o n d a n te e t v a rié e : b u ire , œ n o c h o é à a n se e n c h a în e tte , fla c o n carré, balsam a ire , b o u te ille s g lo b u la ire s, d iv erses fo rm e s d e g o b e ­ lets, v e rre s à p ro tu b é ra n c e s , p la te a u avec u n a n n e a u de base. C e rta in s d e ces ré c ip ie n ts o n t su b i u n e a lté ra tio n lo rs q u 'ils o n t été re c o u v e rts p a r les c e n d re s c h a u d e s d u b û c h e r. La v a isselle e n b ro n z e se ré s u m a it à u n e p a tè re e t à u n m a n c h e d e p o ê le . P a rm i les trè s n o m b re u s e s p iè c e s d e h a r n a c h e m e n t e t d e m o rs de c h e v a l fig u re n t des a p p liq u e s e n fo rm e d e c o q u ille , u n e tr e n ta in e d e b o u to n s h é m is p h é riq u e s e t u n e v in g ta in e d 'a n n e a u x . Pas m o in s d e tre iz e é lé m e n ts d e jo u g o n t é té ré p e rto rié s. Q u a tre é lé m e n ts de s u s p e n s io n à d o u ille p ro v e n a n t d 'u n c h a r é ta ie n t c h a c u n o rn é d e d e u x p ro to m é s d e cy g n e. Si tro is d e ces e x e m p la ire s s o n t s e m b la b le s m ais n o n id e n tiq u e s , le q u a triè m e e st de fa c tu re d iffé re n te e t les d é ta ils n e s o n t p a s réalisé s avec le m ê m e so in . Il s 'a g it trè s p r o b a b le m e n t d ’u n e p iè c e d e re m p la c e m e n t q u i a é té u tilis é e su ite au b ris d e l'é lé m e n t d 'o rig in e . T ous ces o b je ts e n b ro n z e q u i se tr o u v a ie n t d a n s la p a rtie su p é-

P R O V I N C E DU BRABANT WA L L O N |

rieure de la tombe n'ont pas été altérés par les cendres chaudes du bûcher. L'étude du mobilier permet de dater la tombe du nie siècle de notre ère. Vu la richesse du mobilier, la présence d'éléments de char et d'attelage, l’isolement de la tombe dans le pay­ sage, la structure du caveau de bois et la légère dénivel­ lation de terrain à cet endroit, on peut émettre l'hypo­ thèse qu'il s'agissait d'une tombe sous tumulus.

B ib lio g r a p h ie :

G henne-D ubois M.-J. & De Waele E.,

R a m illies, G ra n d -R o siè r e . Le tu m u lu s d it T o m b e d 'H o tto m o n t, PM W ,

49-50; Mariën,

Rahir,

V in g t-c in q a n n é e s ,

B ru n e h a u t,

41 ; Massart,

T u m u lu s,

n° 7;

218-219.

181 Walhain, Tourinnes-SaintLambert

A.-M. H. L 'a g g lo m é r a tio n d e la De Pierpont E., Les tu m u lu s d u B ois d e Buis. A S A N , 24, 1900, 44-56; Mariën M.-E., Q u a tr e

B ib lio g r a p h ie : L e z C r a n d -L e e z , to m b e s

r o m a in e s

O verh esp en ,

du

me s iè c le .

T h o r e m b a is - S a i n t- T r o n d

Bruxelles, 1994, 9-36; Plumier,

Tum uli,

et

45-69.

171 Ramillies, Grand-Rosière-Hottomont L e tu m u lu s

d'Hottomont

Localisée au sud-est de Grand-Rosière-Hottomont, la Tombe d'Hottomont est implantée le long de la chaussée romaine Bavay-Cologne. Ce tumulus se caractérise, comme celui de Glimes, par sa monumentalité bien affirmée. D'une hauteur de 11,30 m et d'un diamètre de 50 m, il était entouré d'un muret de soutènement de 0,80 m de large et de 0,70 m de haut. Si la face extérieure de ce mur présentait un parement en moellons équarris, le côté in­ térieur consistait en un simple blocage de rognons de silex et de fragments de grès. Fouillé en 1921 par le Service des Fouilles de l'État, ce tertre avait été pillé lors d'explorations antérieures. La fouille a cependant mis en évidence la présence sous le niveau antique, de plusieurs concentrations en char­ bons de bois. L'une d'elles contenait une urne cinéraire datant de la première moitié du Ier siècle après J.-C. Il semble que ce tumulus ait partiellement recouvert une nécropole à incinération plus ancienne d'où provien­ draient également les quelques objets découverts aux environs de la levée de terre. Le tumulus et ses abords ont été classés comme monu­ ment et site en 1971. 11 appartient aussi au Patrimoine exceptionnel de Wallonie. M.-J. G. & A.-M. H.

Fig. 31 Ramillies, Grand-Rosière-Hottomont: 1. Chaussée Bavay-Cologne; 2. Tombe d'Hottomont

Ville des Sarrasins

Mis à part plusieurs toponymes, dont celui de Ville des Sarrasins, et quelques tumulus, la documentation arché­ ologique proprement dite sur l’agglomération de Tourinnes-Saint-Lambert est très ténue. Les fouilles per­ mettent seulement d'attester la présence d'un diverti­ cule, de trois bâtiments, d’un four de potier, d'une fosse interprétée comme favissa et d'un cimetière. Quant aux prospections de surface, elles représentent une source importante de la connaissance du site, mais, partielles, peu systématiques ou inédites, elles n'ont pas donné lieu à une topographie précise. Les seuls documents publiés à ce sujet sont une carte archéologique générale de C. Dens et J. Poils, et un extrait de plan cadastral avec de nouveaux gisements de Heldenbergh, auxquels il faut ajouter un essai de synthèse cartographiée par J. Plumier. Si l'appellation de viens s'est imposée dans la littéra­ ture, il ne s'agit toutefois, dans l'état actuel de nos con­ naissances, que d'une petite agglomération dont l'habi­ tat, semble-t-il, était dispersé et dont l'étendue est estimée à environ 10 ha. Sa situation bien desservie par une et probablement deux liaisons routières avec la grande chaussée Bavay-Cologne ainsi que son apparte­ nance à une région agricole prospère contribuent à défi­ nir le contexte géo-économique général. Quant aux dé­ couvertes archéologiques, elles attestent une vocation artisanale, plus précisément de production de céra­ mique commune et de métallurgie. Sur le plan chrono­ logique, le matériel recueilli jusqu'ici couvre le ne siècle et la première moitié du me siècle. Le bourg se situe directement au nord de l'échangeur n° 10 de l'autoroute E411. Il est traversé du sud au nord par le chemin du Pont Valériane qui, passant sous l'autoroute, relie le village de Tourinnes-Saint-Lambert à la

Fig. 32 Grand-Rosière-Hottomont: la tombe d'Hottomont

295

N 243 e n tre C h a u m o n t-G is to u x e t T h o re m b a is-S a in tT ro n d . Il s 'é te n d su r u n p la te a u lim o n e u x e n légère p e n te vers le sud, e n tre 140 m e t 150 m d 'a ltitu d e . À l'o u e s t, il est b o rd é p a r le ru isse a u Le N il ja lo n n é de so u rces. Au sud, il est d é lim ité p a r d es fo n d s h u m id e s e n c o re m a rq u é s il y a u n siècle, p a r la p ré s e n c e d 'u n é ta n g ; u n e c o u c h e de c o llu v io n s de 1,50 m s 'e s t d é p o sé e d a n s c e tte z o n e d e p u is l'é p o q u e ro m a in e . C ette b o u rg a d e d u H au t-E m p ire se s itu a it d a n s la p a r­ tie o c c id e n ta le d e la cité d es T o ngres, à 5 k m a u n o rd de la p e tite a g g lo m é ra tio n ro u tiè re d e B au d e c e t im p la n té e d e p a r t e t d 'a u tr e de la c h a u ssé e B avay-C ologne. Elle se­ ra it lo n g é e à l'o u e s t p a r la ro u te se c o n d a ire N am u rE lew ijt-R um st. Elle é ta it e n to u t cas d esserv ie p a r u n d i­ v e rtic u le q u i s 'e m b ra n c h a it s u r la g ra n d e c h a u ssé e à l'e s t d u b o u rg de B audecet. À T o u rin n e s-S a in t-L a m b e rt, en effet, ce d iv e rtic u le a é té re p é ré su r d e u x tro n ç o n s d 'o r ie n ta tio n n o rd -su d , l 'u n d a n s la b o u rg a d e m ê m e , l'a u tre au s u d d e celle-ci. U n e c o u p e d a n s le p re m ie r tr o n ç o n a rév élé u n e ro u te e m p ie rré e d 'u n e la rg e u r de 3 ,5 0 m e t d 'u n e é p a isse u r m a x im a le de 0 ,2 5 m , d o n t l'a ssise q u i a tte ig n a it a u m a x im u m 0 ,3 0 m d 'é p a is s e u r est c o n s titu é e de sa b le gris. L 'au tre tr o n ç o n a été d é c o u ­ v e rt e n 1995 p a r le S ervice de l'A rc h é o lo g ie de la D ire c tio n d e W avre, lo rs d e so n d a g e s p ré a la b le s à la c o n s tru c tio n d e l'é c h a n g e u r n ° 10 d e l'a u to r o u te E411. Le d iv e rtic u le , ici, est e n te rre . D e u x p h a se s d e c o n s tru c ­ tio n o n t é té re c o n n u e s . D a n s la d e u x iè m e , q u i se m a rq u e p a r u n im p o r ta n t re c h a rg e m e n t d û à sa trav ersée d 'u n e z o n e m a récag eu se, il p ré s e n te u n e la rg e u r d 'e n v i­ ro n 6 m e t e st b o rd é d e larges fossés. S 'il est c o n n u d e p u is le m ilie u d u xixe siècle, le site de T o u rin n e s -S a in t-L a m b e rt a s e u le m e n t fa it l'o b je t de d e u x c a m p a g n e s d e fo u ille s a u x o b je c tifs lim ité s e t d o n t

Fig. 33 Carte de la région de Walhain et Perwez, à l'époque romaine. 1. Agglomération gallo-romaine de Tourinnes-SaintLambert; 2. Diverticule axial; 3. Tracé probable de la route Namur-Baudecet-Elewijt; 4. Les deux tumulus de Libersart à Tourinnes-Saint-Lambert; 5. Tumulus nivelé ou Tombe de la Huernette à Tourinnes-Saint-Lambert; 6 à 8. Tumulus à NilSaint-Vincent; 9. Tumulus arasé à Tourinnes-Saint-Lambert; 10 à 12. Sépultures à Tourinnes-Saint-Lambert; 1 3. Villa de Lérines à Tourinnes-Saint-Lambert; 14. Villa d'Orbais

296

Fig. 34 Tourinnes-Saint-Lambert, Libersart: le tumulus oriental (2006) les ré s u lta ts n e p o r te n t q u e su r q u e lq u e s vestiges d is p a ­ rates ; e n 1908-1910 p a r C. D en s et J. Poils e t d a n s les a n ­ n é e s 1960 p a r G. et R. H e ld e n b e rg h . O u tre u n e m o d e s te c o n s tru c tio n b â tie e n m a té ria u x p érissa b le s à l'e x c e p ­ tio n d u to it de tu ile s, d e u x b â tim e n ts s e u le m e n t o n t été fouillés. Ils se s itu e n t a u lie u -d it Champ de la Sainte c o n sid é ré c o m m e le c e n tre d u b o u rg . L '« h a b ita tio n d u p o tie r» , c o m m e l 'o n t d é n o m m é e les fo u ille u rs d u d é b u t d u xx e siècle, a u x d im e n s io n s in té rie u re s de 4,35 m su r 12,15 m , est e n tiè re m e n t p o sé e su r h y p o c a u ste e t fla n ­ q u é e d 'u n a v a n t-c o rp s e n façad e m é rid io n a le , celle-ci é ta n t lo n g é e p a r u n c h e m in s o ig n e u s e m e n t e m p ie rré ; o n p o u rr a it y v o ir u n e in s ta lla tio n th e r m a le p lu tô t q u 'u n e h a b ita tio n . En ce q u i c o n c e rn e le se c o n d b â tim e n t, se u l le m a té ­ riel a rc h é o lo g iq u e a été p u b lié e t s o n o c c u p a tio n est d a té e de 125 à 175 ap rè s J.-C. D a n s la m ê m e z o n e , u n fo u r d e p o tie r (et n o n d e b o u la n g e r) e t u n e fo sse -d é p o ­ to ir in te rp ré té e c o m m e favissa o n t é g a le m e n t été fo u il­ lés. Les re b u ts de cu isso n s re tro u v é s e n q u a n tité a u to u r d u fo u r illu s tre n t la p ro d u c tio n lo cale au se in de la q u e lle les c ru c h e s e t les g o b e le ts a p o d e s s e m b le n t a v o ir te n u u n e g ra n d e place. La « favissa» c o n te n a it tro is m o n n a ie s , n e u f fib u le s e t d e la c é ra m iq u e p a rm i la q u e lle il fa u t si­ g n a le r de n o m b r e u x fra g m e n ts d e c o u p e s à re b o rd fes­ to n n é a y a n t p u serv ir de calices à e n c e n s. Le d é c o r in c isé d e l 'u n d ’eux, fig u ra n t u n c erf face à u n e b ra n c h e , té ­ m o ig n e de su rv iv an ces c u ltu e lle s in d ig è n e s ju s q u 'a u d é b u t d u m e siècle. À p ro x im ité d e la « favissa » se tro u v e ­ ra it u n p e tit fanum, m a is c e tte a ss e rtio n rep o se se u le ­ m e n t s u r les d ires d 'u n c u ltiv a te u r. Au su d -est d u site, au lie u -d it Puits des Turcs, u n e c o n c e n tra tio n de fra g m e n ts de tu ile s laisse su p p o s e r la p ré s e n c e d 'u n b â tim e n t e t u n p u its y est e n c o re v isib le a u jo u r d 'h u i. À la p é rip h é rie su d -o u e st, au lie u -d it La Ladrie, se situ e u n c im e tiè re . S uite à la d é c o u v e rte d 'u n e tr e n ta in e de vases p a r u n c u ltiv a te u r, C. D e n s et J. Poils y o n t m is au jo u r u n ustrinum d 'u n e su p e rfic ie d 'e n v ir o n 100 m 2 et tro is to m b e s à u n e p r o f o n d e u r de p rès d e 2 m . L es tu m u lu s d e L ib e r s a r t Q u a tre tu m u lu s m é r ite n t d ’être m e n tio n n é s . U n tu m u ­ lus arasé se tro u v e à p ro x im ité d u c im e tiè re , e n tre celui-ci e t l'a g g lo m é ra tio n . Les tro is a u tre s se s itu e n t à

PROVI NCE DU BRABANT W A L L O N

p lu s ie u rs c e n ta in e s de m è tre s au n o rd -o u e s t de la b o u r ­ gade. Au lie u -d it Les Tombes, les d e u x tu m u lu s de L ibersart, d is ta n ts l'u n d e l'a u tre d 'u n e c e n ta in e d e m è ­ tres, s o n t e n c o re v isib les. Le te rtre o u e s t est h a u t d 'e n v i­ ro n 4 ,5 0 m e t s o n d ia m è tre a tte in t u n e v in g ta in e d e m è ­ tres. Le te rtre o rie n ta l p ré s e n te u n e h a u te u r d e 6 ,2 0 m e t ses axes à la b a se s o n t de 15 m e t 16 m . Ils o n t é té fo u il­ lés sa n s ré s u lta t p a r C. D en s e t J. Poils. Le q u a triè m e t u ­ m u lu s , la Tombe de Huernette, situ é a u n o rd des d e u x p ré c é d e n ts, e st arasé. Q u e lq u e s villae, d o n t les p lu s p ro c h e s s o n t situ é e s à O rb ais e t L érines, d é p e n d a ie n t d 'u n e m a n iè re o u d 'u n e a u tre de l'a g g lo m é r a tio n d e T o u rin n e s-S a in t-L a m b e rt. E. D. W.

La

villa

d e L é rin e s

R epérée e n 1971-1972, a u su d de T o u rin n e s-S a in t-L a m ­ b e rt, su r la ro u te vers B audecet, u n e villa a é té p a rtie lle ­ m e n t fo u illé e e n 1984-1985 p a r les F acultés u n iv e rs i­ ta ire s S aint-L ouis. D eu x éd ifices c o n tig u s, im p la n té s su r u n te rra in e n lé­ g ère d écliv ité, o n t é té re c o n n u s . Ils d o n n e n t l'im p re s ­ s io n d 'u n d é v e lo p p e m e n t d a n s le se n s d e la lo n g u e u r d u c o m p le x e d 'h a b it a t s e lo n u n e o rie n ta tio n n o rd -e s t sudo u e st. Au n o rd , le b â tim e n t m u n i d 'u n h y p o c a u ste à c a n a u x d iv e rg e n ts e t d 'u n foyer p o u rr a it c o n s titu e r les th e r m e s de l'e n s e m b le . Au su d -o u e st, se d é v e lo p p e le c o rp s d e logis p rin c ip a l d o n t seu les les lim ite s n o rd -e s t o n t p u ê tre rep érées. M .-J. G.

Bibliographie: Dens C. & Poils )., b e lg o - r o m a in s .

C om m une

de

H a b ita tio n s e t c im e tiè r e

T o u r in n e s -S a in t-L a m b e r t.

La

v ille

25, 1911, 281-305; De Ruyt CL, U n e v i l l a g a l l o - r o m a i n e à T o u r i n n e s - S a i n t - L a m b e r t , ( A B , N.S., Il, 1), 1986, 65-68; De Spiegeleire M.-A., T o u r i n n e s - S a i n t - L a m b e r t . L e s r e s t e s d ' a n i m a u x d u s i t e g a l l o - r o m a i n , W A V , 31, 1982, 4, 100108; Hanut F., A m p h o r e s m é d i t e r r a n é e n n e s e t r é g i o n a l e s d u M u s é e d e W a v r e , W A V , 48, 1999, 6, 1 76-195; Heldenbergh G., d e s S a r r a s in s , A S A B ,

T o u r in n e s -S a in t-L a m b e r t. U n v ic u s g a llo - r o m a in . D é c h e t s d e c u is ­ son

p roven an t

d 'u n

fo u r

Heldenbergh G. & R., r o m a in . W AV,

F o u il le d ' u n

de

p o tie r ,

C IR A ,

1984, 3, 41-50;

T o u r in n e s -S a in t-L a m b e r t. U n v ic u s g a llo -

h a b ita t d u

IIe s iè c le . R a p p o r t p r é lim in a ir e ,

20, 1971, 4, 81-123; Heldenbergh G. & R.(

V ic u s g a l lo -

r o m a in d e T o u r in n e s -S a in t-L a m b e r t. D é c o u v e r te d 'u n e « f a v i s s a » , W AV,

24, 1975, 3-4, 45-84; Heldenbergh G. & R.,

S a in t-L a m b e r t,

U n v ic u s g a llo - r o m a in .

V ase à b u s te

T o u r in n e s et à

décor

1976, 520-532; Mariën, B r u n e h a u t , 63-66; Massart, T u m u l u s , 46-47; Plumier, T u m u l i, 46, fig. 23, 50; Plumier ]., T o u r i n n e s - S a i n t - L a m b e r t . M a t é r i e l a r c h é o l o g i q u e d u c i m e t i è r e e t d u v i c u s g a l l o - r o m a i n s , W A V , 35, 1986, 4, 112-126; Van Heesch J., W a l h a i n / T o u r i n n e s - S a i n t L a m b e r t : m o n n a i e s r o m a i n e s , C A W , 2, 1994, 17-18. z o o m o r p h iq u e ,

L a to m u s ,

35,

191 Wavre, Basse-Wavre La

villa d e L'Hosté

Q u o iq u e se u l le c o rp s de logis a it fait l'o b je t des fo u illes m e n é e s e n 1 904 p a r la S o c ié té d 'A rc h é o lo g ie d e B ruxelles, la villa de L'Hosté fig u re sa n s d o u te p a rm i les é ta b lis s e m e n ts ru ra u x g a llo -ro m a in s les p lu s im p o rta n ts d e B elgique.

S itu ée a u n o rd de W avre, à Basse-W avre, elle é ta it im ­ p la n té e su r le v e rs a n t n o r d de la D yle d is ta n te d 'e n v ir o n 700 m e t b é n é fic ia it d 'u n e e x c e lle n te e x p o s itio n a u sudest. Le c o rp s de lo g is c o m p ta it u n e c in q u a n ta in e d e pièces, d o n t d ix c h a u ffé e s p a r h y p o c a u ste , d e u x caves e t p lu ­ sie u rs c o u rs in té rie u re s. D u ty p e à galerie e n fa ç a d e fla n ­ q u é e d e p ièce s d 'a n g le , il se sig n a le p a r ses d im e n s io n s e x c e p tio n n e lle s, sa lo n g u e u r to ta le é ta n t de 130 m e t la g a lerie m e s u ra n t 110 m . S o n p la n , a d a p té à la to p o g ra ­ p h ie , se c o m p o s e p rin c ip a le m e n t de tro is tra v é e s lo n g i­ tu d in a le s ré p a rtie s de p a rt e t d 'a u tr e d u m a ître -lo g is situ é a u c e n tre e t divisées e n u n e série de p ièce s p o u r la p lu p a r t b a rlo n g u e s. U n c o m p le x e d e b a in s se greffe e n o b liq u e à l'e x tré m ité o c c id e n ta le e t u n e v aste salle fai­ s a n t p a rtie d 'u n a p p a rte m e n t d it d e ré c e p tio n se tro u v e e n h o rs d 'œ u v r e à l'e x tré m ité o rie n ta le . Si la d e s tin a tio n de n o m b re u s e s p ièce s n e p e u t être d é ­ fin ie , l'o r g a n is a tio n g é n é ra le d u p la n p e rm e t d e d is tin ­ g u e r des espaces de c irc u la tio n e t des e n s e m b le s de pièce s. La c irc u la tio n s 'o rg a n ise à p a rtir de la g alerie de façad e q u i d e sse rt p re s q u e to u t le b â tim e n t, des accès de service é ta n t e n o u tre a m é n a g é s à l'a rriè re . Le m a ître -lo g is se c o m p o s e p rin c ip a le m e n t d 'u n e salle c a rré e p ré c é d é e d 'u n v e stib u le e t su iv ie d 'u n e p iè c e , la se u le q u i s o it e n saillie su r la façade a rriè re d u b â tim e n t; le v e stib u le est fla n q u é de d e u x c o u rs in té rie u re s ; la salle c a rré e e t d e u x p ièces c o n tig u ë s s o n t c h a u ffé e s p a r h y p o ­ cau ste. L 'a p p a rte m e n t d it de ré c e p tio n e st c o n s titu é e n tre a u tre s d 'u n e e n fila d e de tro is p iè c e s b a rlo n g u e s s u r le m o d è le d u m a ître -lo g is e t d 'u n e vaste salle carrée s u r h y p o c a u ste , la p lu s g ra n d e d u co rp s de logis. Le co m p lex e th e rm a l, o rg a n isé a u to u r d 'u n e étro ite cour, c o m p o rte u n apodyterium, p e u t-ê tre u n sudatorium, u n caldarium te r m in é p a r u n e n ic h e e n abside, u n frigida­ rium de p la n re c ta n g u la ire très a llo n g é é q u ip é d 'u n e v aste p is c in e e n h ém icy cle, ain si q u 'u n e p iè c e p o sé e su r h y p o c a u ste . Les m u rs é ta ie n t p o u r la p lu p a r t m a ç o n n é s e n b lo cag e d e p ie rre s b ru te s avec p a r e m e n t de m o e llo n s é q u a rris de q u a rtz ite o u d e grès fe rru g in e u x local. Le calc a ire c a rb o ­ n ifè re a au ssi été u tilisé , n o ta m m e n t p o u r l'e n c a d r e ­ m e n t des baies. Des p la q u e s d e m a rb re d é c o ra ie n t ce r­ ta in s m u r s d e l'a p p a r t e m e n t d e r é c e p t io n e t d u frigidarium. P a rm i les d o u z e v a rié té s d e m a rb re re tro u ­ vées, six o n t p u ê tre id e n tifié e s : m a rb re ro u g e d e T E ntreS a m b re -e t-M e u s e , g n e is s d e s A lpes, b rè c h e d'A sie M in e u re , m a rb re d e P ro c o n è se , d io rite v e rte d 'É g y p te e t fle u r d e p ê c h e r d 'A lb an ie. L 'o rig in e lo in ta in e d e ces m a r­ b re s su ffit à d o n n e r u n e id é e d u luxe e t de la ric h e sse de la villa de L'Hosté. D 'a u tre s p iè c e s é ta ie n t o rn é e s d e p e in ­ tu re s m u ra le s à d é c o r d e b a n d e a u x e t filets n o irs, rouges, ja u n e s o u v e rts d é lim ita n t des p a n n e a u x b la n c s o u ro u g e s à l'i m i ta t io n d u m a rb re . O n n o te la p ré s e n c e d 'u n e p li n th e avec th y rse s croisés. Les re v ê te m e n ts de so l é ta ie n t a d a p té s à la f o n c tio n des lo c a u x : te rre b a ttu e , p la n c h e r d e b o is, b é to n d e m o r tie r e t tu ile a u , d alles de te rre cu ite , d e c alc aire o u de m a rb re e t m o s a ïq u e s à tesselles d e m a rb re e t de te rre cu ite. Les p ro b lè m e s liés à l'é v o lu tio n d u b â ti m e n t e t à sa c h ro n o lo g ie n e p o u r r o n t ê tre ré s o lu s q u e p a r u n e re ­ p rise des fo u ille s. T o u te fo is, la le c tu re d u p la n e t l'é tu d e d u m a té rie l a rc h é o lo g iq u e p e r m e tte n t d 'a p p o r te r des p ré c is io n s a u x q u e lq u e s in f o rm a tio n s liv ré e s p a r les

297

Fig. 35 Wavre: 1. Villa de L'Hosté à Basse-Wavre; 2. Cave des Templiers à Wavre

fo u ille u rs d u d é b u t d u xxe siècle. L 'o c c u p a tio n d ate d u m ilie u d u iel siècle au m ilie u d u mc siècle. Au ne siècle, l'e x tré m ité o rie n ta le d u co rp s de logis e st ravagée p a r u n in c e n d ie e t l'a p p a r te m e n t d e ré c e p tio n y est a m é n a g é . L 'in s ta lla tio n th e r m a l e e s t p r o b a b l e m e n t c o n t e m ­ p o ra in e de c e tte p h a s e de re c o n s tru c tio n . U n in c e n d ie in te rv e n u e n tre 2 5 4 e t 276 ap rès J.-C. m e t u n te rm e à l'o c c u p a tio n d e la villa. Les re c h e rc h e s s 'é ta n t c o n c e n tré e s su r le b â tim e n t p rin ­ cipal, la villa d e L'Hosté fu t lo n g te m p s co n sid érée, en ra i­ s o n de ses d im e n sio n s e t de s o n luxe, c o m m e la ré sid en ce d 'u n h a u t d ig n ita ire ro m a in . A u jo u rd 'h u i, il a p p a ra ît que n o u s so m m e s p lu tô t e n p ré se n c e de la d e m e u re d u m a î­ tre d 'u n e vaste e x p lo ita tio n agrico le c o m m e il y e n e u t des c e n ta in e s à travers to u te la G aule. En effet, des c a m ­ p a g n e s de p ro s p e c tio n s m e n é e s au co u rs d e l'a u to m n e 1987 p a r l'ULB o n t p e rm is de relever d a n s les la b o u rs h i­

Fig. 36 Basse-Wavre, L'Hosté: plan du corps de logis principal de la villa

298

v e rn a u x p ro fo n d s, su r u n e surface de q u e lq u e 4 0 0 0 0 m 2, u n e série de b â tim e n ts a n n e x e s liés a u x activités agricoles et p ro b a b le m e n t aussi artisa n a le s de la villa. C e rta in e s lim ite s d u d o m a in e a n tiq u e s o n t p e u t-ê tre e n c o re id e n tifia b le s d a n s les stru c tu re s p aysagères ac­ tu e lle s. La su p e rfic ie to ta le p e u t a in si ê tre e stim é e e n tre 2 5 0 h a e t 3 0 0 h a . Ses lim ite s p o u rr a ie n t b ie n ê tre d é fi­ n ie s à l'e s t p a r le ra v in de Pappendael e t les c o llin e s de Laurensart, a u n o rd p a r le Bois des Hayettes, à l'o u e s t p ar l'e s c a rp e m e n t d u Rond-Tienne e t a u su d p a r la D yle. La villa de L'Hosté e x p lo ita it a in si u n te rro ir m ix te , le fundus, c o n s titu é de te rre s ag rico les su r le v e rs a n t e t de p ra i­ ries h u m id e s e n b o rd s d e rivière, d o n t l'a c tu e lle fe rm e d e L'Hosté est l'h é ritiè re . P lu sieu rs to m b e s d é c o u v e rte s a u xixe siècle p rès d u Bois du Bock p o u rr a ie n t a v o ir été celles des o c c u p a n ts de la villa.

PROVI NCE DU BRABANT W A L L O N |

C lassée c o m m e site e n 1961, la villa de L'Hosté est re ­ p rise, d e p u is 1992, su r la liste d u P a trim o in e e x c e p tio n ­ n e l d e W allo n ie. E. D. W. & M.-J. G. Bibliographie: Delplace, P e i n t u r e s , 11-12; Dens Ch. & Poils J., L ' H o s t é . V illa b e l g o - r o m a i n e , à B a s s e - W a v r e , A S A B , 19, 1905, 303-343; Faider-Feytmans, B r o n z e s , n° 261 ; Ghenne-Dubois M.-J. & De Waele E., W a v r e , B a s s e - W a v r e . L a v i l l a r o m a i n e d e L ' H o s t é , P M W , 63-65; Martin J., L a v i l l a r o m a i n e d e B a s s e W a v r e , W A V , 18, 1969, 5, 135-152; Raepsaet G., L ' a r c h é o l o g i e d e l a H a u t e - D y l e , W A V , 33, 1984, 4, 11 3-124; Raepsaet G., L a v illa r o m a i n e d e L 'H o s té à W AV,

B a sse -W a v re .

36, 1987, 6, 1 73-1 74; Severs L.,

P e r s p e c tiv e s n o u v e lle s ,

L a v illa b e l g o - r o m a i n e d e

B a s s e -W a v r e . É tu d e d u m a té r ie l a r c h é o lo g iq u e e t e s s a i d 'in te r p r é ­ ta tio n

c h r o n o lo g iq u e ,

W AV,

29,

P e tite n é c r o p o le g a llo - r o m a in e à

1980, 4, 89-126 ; Severs L., B a s s e - W a v r e , W A V , 30, 1981,

3, 56-68.

2 0 1 Wavre, Wavre C ave a u

Champ des Templiers

L ocalisée su r la h a u te u r au n o rd -e st d e W avre, la cave d u Champ des Templiers a é té fo u illé e a u c o u rs des a n n é e s 1970. Il s 'a g it d 'u n c e llie r d e 3 ,25 m su r 3,75 m d o n t les m u rs, p arfo is co n se rv é s ju s q u 'à 2 m de h a u t, é ta ie n t c o n s tru its e n m o e llo n s de grès fe rru g in e u x e t d e p ie rre d e G o b e rta n g e . C ette d e rn iè re é ta it t a n t ô t a p p a re illé e e n assises rég u lières, t a n t ô t d isp e rsé e p a rm i les m o e llo n s de grès. Les jo in ts é ta ie n t tiré s à la d ag u e. U n s o u p ira il éc la i­ ra it la cave au su d -est ta n d is q u 'u n e n ic h e é ta it creu sée d a n s le m u r n o rd -o u e s t. Le so l é ta it e n te rre b a ttu e . S itué a u n o rd -o u e st, u n c o u lo ir lo n g d e 3,75 m d o n ­ n a it accès à la cave. U ne p e tite n ic h e c in tré e av a it été a m é n a g é e d a n s le m u r su d -o u e st alo rs q u e d e u x s o u p i­ raux, e n vis-à-vis, p e rç a ie n t les m u rs s u d -o u e st e t n o rd -

Fig. 37 Wavre, Champ des Templiers: la cage d'escalier de la cave

est. S e lo n les fo u ille u rs, u n e d iffé re n c e d a n s l'a p p a r e il­ lage d u m u r su d -o u e st e n tr e la n ic h e e t le so u p ira il, ac­ c e n tu é e p a r u n e n e tte césure, p o u rr a it in d iq u e r l'e m p la ­ c e m e n t de la p o rte d 'o rig in e . C ette d e rn iè re a u ra it e n s u ite é té c o m b lé e lors d e l'a m é n a g e m e n t d 'u n e cage d 'e s c a lie r à l ’e x tré m ité d u m u r n o rd -e st. Lors d e ces tr a ­ v a u x u n e p a rtie d e ce m u r fu t d é m o lie e t le s o u p ira il d é ­ m a n te lé . S eules les d e u x assises in fé rie u re s d u m u r fu ­ r e n t c o n se rv é e s a fin d e serv ir de b a se à la p re m iè re m a rc h e d e l'escalier. U n se u il de p ie rre a in s i q u e d es c h a rb o n s d e b o is ag­ g lo m é ré s à des fra g m e n ts m é ta lliq u e s tra h is s a ie n t l'e x is ­ te n c e d 'u n e p o rte de b o is s é p a ra n t le c o u lo ir d u cellier. La cave se m b le a v o ir é té o c c u p é e a u c o u rs d u ne siècle e t a u d é b u t d u m e siècle a v a n t d 'ê tr e d é tru ite p a r u n i n ­ c e n d ie . A.-M. H. Cartographie: voir fig. 35, 2. : Bibliographie: Nyns C.-H., C a v e r o m a i n e d e T e m p l i e r s » à W a v r e , A S O S , 2, 1981, 111-116.

la « F e r m e d e s

299

Province de Hainaut

Statue de divinité féminine en pierre blanche du 11e siècle découverte dans les fondations d'un bâtim ent du Bas-Empire, à Brunehaut-Liberchies

Hainaut

21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 31 32 33 34 35 36 37 38 39 40 41 42 43 44 45 46 47 48

302

Aiseau Presles Antoing Bruyelle Ath e t Maffle Meslin-l'Évêque Strée Thirim ont Aubechies W adelincourt Pom m erœ ul Péronnes-lez-Binche W audrez Bléharies Hollain Howardries Velaines-Popuelles Chapelle-lez-Herlaimont M archienne-au Pont Marcinelle M onceau-sur-Sam bre Grosage Ladeuze Ploegsteert Élouges Petit-Enghien M ontignies-Saint-Christophe Estinnes-au-M ont e t Estinnes-au-Val

49 50 51 52 53 54 55 56 57 58 59 60 61 62 63 64 65 66 67 68 69 70 71 72 73 74 75

Haulchin Rouveroy Vellereille-les-Brayeux Flobecq Froidchapelle Boussu-lez-Walcourt Gerpinnes Houdeng-Goegnies Mellet Blicquy Blicquy Fontaine-Valmont Macquenoise Momignies Nouvelles Morlanwelz Liberchies Liberchies Givry Taintignies Sirault Arquennes Soignies Froyennes Ramegnies-Chin Tournai Willemeau

P ROVI NCE DE HAI NAUT [

21 ] Aiseau-Presles, Aiseau La

villa

Localisée au sud-ouest de la commune, la villa d'Aiseau fut fouillée, en 1875, par la Société royale d'Archéologie et de Paléontologie de Charleroi. Les substructions, en calcaire, de trois bâtiments distincts groupés autour d'une cour, furent ainsi dégagées. La villa, construite au bas d'une colline, était implantée à moins de 400 m à l'ouest de la Biesme. La fouille partielle de l'édifice principal a permis la mise au jour d'une galerie de façade sur laquelle ve­ naient se greffer de vastes pièces, une installation de bains ainsi qu'une aile en retour d'équerre vers le sud. À l'est, les bains de plan resserré étaient équipés d'un cal­ darium à triple exèdre, d'un frigidarium et de sa bai­ gnoire, d'un tepidarium et d'un apodyterium ; ces deux derniers jouxtant le caldarium. Il est possible d'envisager la présence d'une baignoire dans chacune des deux exè-

Fig. 39 Aiseau: plan de la villa

dres semi-circulaires et celle d'un labrum dans l'exèdre rectangulaire. Une autre possibilité serait l'existence dans la première exèdre semi-circulaire d'une baignoire, d'un labrum dans la seconde tandis que la troisième de forme rectangulaire serait un tepidarium. Au sud, un petit corps de logis s'ouvrait vers la cour in­ térieure. La façade, longue d’une vingtaine de mètres, était dotée de deux pièces d'angle qui encadraient vrai­ semblablement une galerie. La pièce d'angle occidentale était chauffée par un hypocauste desservi par un praefurnium situé à l'ouest. Une cave pavée, aux murs percés de quatre niches et d'un soupirail, avait été aménagée sous l'autre pièce d'angle. Un escalier de bois parallèle à la fa­ çade donnait accès à cette cave. À 16 m à l'est de cet habitat, se dressait une petite ins­ tallation de bain. À l'est, le praefurnium alimentait deux pièces posées sur hypocauste : le caldarium situé au sudouest et ce qui pourrait être un tepidarium au nord-ouest. Le caldarium était vraisemblablement équipé de deux baignoires aménagées dans les exèdres latérale et axiale. Le frigidarium et sa baignoire occupaient la partie nordouest des bains. Sur le flanc sud-ouest du complexe se trouve un petit local rectangulaire de 3,20 m sur 4,90 m, isolé du corps de logis, qui pourrait représenter un grenier en forme de tour. D'après le matériel, cette villa date des IIe et IIIe siècles. La

Tombe du Chef

Aux confins sud-ouest de la commune d'Aiseau, la Tombe du Chef, un tumulus de 40 m de diamètre atteignait en­ core, à la fin du xixc siècle, une hauteur de 1,80 m. Ce tertre, pillé dès avant la fouille de 1896, n'abritait plus qu'un double caveau de bois de 2,60 m sur 2,70 m en­ touré de cendres mêlées de tessons de céramique. Des monnaies d'Antonin-le-Pieux et d'Hadrien furent trou­ vées à proximité de la chambre funéraire tandis qu'une monnaie de Commode fut découverte au sommet de la levée de terre. N é c r o p o le s à i n c i n é r a t i o n Fig. 38 Aiseau-Presles: 1. Villa d'Aiseau; 2. La Tombe du Chef à Aiseau; 3. Nécropole du Trou Renard à Aiseau; 4. Nécropole de Delle Croix à Presles; 5. Refuge (?) du Trou des Nutons à Presles

Une petite nécropole à incinération située au lieu-dit Trou du Renard, à environ 150 m au nord-ouest de la villa, a été détruite au xixe siècle. Quelques tessons de 303

terre sigillée et une monnaie d'Antonin-le-Pieux y furent trouvés. En 1878, quarante-deux tombes à incinération furent mises au jour au lieu-dit Delle Croix à proximité du ha­ meau Les Binches. Les fosses contenaient des urnes ciné­ raires ainsi qu'une dotation funéraire constituée de quelques céramiques de la seconde moitié du IIe siècle. Certaines tombes ont, en outre, livré des fibules et des épingles ainsi que des monnaies des règnes d'Hadrien, d'Antonin-le-Pieux et de Marc-Aurèle. Ces objets sont conservés au Musée archéologique de Charleroi. A .-M . H.

B ibliographie: Deru, Bains, n° 2; Kaisin J., La villa belgo-romaine d'Aiseau. Rapport de la fouille, DRSPAC, 9, 1878, 145234; Van Bastelaer A., Le cimetière de Prestes au lie u -d it: Les Binches. Fouilles, description des objets trouvés et études archéo­ logiques, ASAB, 11, 1897, 119-149 et 302-322.

Si certains objets tels que marmites, bouteilles et bra­ celets datent du Ier siècle de notre ère, la plupart, princi­ palement des gobelets métallescents et de la terre sigil­ lée d'Argonne, remontent au i u e siècle. Quelques-uns, bijoux, monnaies et pièces métalliques, témoignent en­ core d'une présence au ive siècle. Notons parmi les divers bracelets trouvés au Trou des Nutons, la présence d'un bracelet en jais et or orné d'un médaillon à l'effigie de Caracalla et de deux appliques en forme de tête de lion. Soixante-cinq pièces de monnaies en bronze et en ar­ gent ont été découvertes. La plus ancienne date du règne d'Auguste et la plus récente est un follis de Licinius. Un peu moins du tiers de ces monnaies sont frappées sous les Antonins. Les autres datent du Ier siècle ou du 111e siè­ cle. Des monnaies de la première Tétrarchie, rares dans nos régions, sont présentes dans la grotte. La grotte a pu servir de refuge aux périodes troublées. A.-M . H.

C a rto g ra p h ie : voir fig. 38, 5.

2 2 1 Aiseau-Presles, Presles Le

Trou des Nutons

Au nord de Presles, les fouilles effectuées dans une série de grottes ont révélé les traces d'une occupation hu­ maine intermittente qui s'étend depuis la Préhistoire jusqu'au Moyen-Âge. L'une de ces grottes, le Trou des Nutons, a livré, en 1904, du matériel d'époque romaine: céramiques, verres, objets en métal et en os.

Fig. 40 Presles, Trou des Nutons: bracelet en jais avec fermoirs en or

304

B ibliographie: Lefrancq J., Le contexte archéologique belgorom ain de la « g ro tte des N utons» à Presles, DRSPAC, 60, 19861 9 8 8 ,9 -3 8 .

2 3 1 Antoing, Antoing T u m u lu s d u

Trou de Billemont

Les fouilles effectuées, entre 1954 et 1980, au lieu-dit Trou de Billemont au nord-est d'Antoing permirent la dé­ couverte d'un enclos funéraire et des vestiges d'un tumu­ lus. Celui-ci avait déjà fait l'objet de deux explorations en 1624 et 1654. Si le tumulus était pratiquement arasé, ses infrastructures en pierre telles que dromos, caveau et tam­ bour périphérique étaient encore conservées. Reposant sur un hérisson de fondation, le tambour, dont seule la première assise subsistait, était constitué de gros blocs de pierre cintrés sur la face extérieure. D'une longueur de 10,75 m, le dromos orienté nord-est sudouest était délimité par deux parois hautes de 1,75 m édi­ fiées au moyen de grands blocs de pierre, atteignant jusqu'à 2 m de long, posés sur le pavement. Ce couloir couvert de grandes dalles donnait accès à un caveau rec­ tangulaire assez étroit de 1,25 m de large, 7 m de long et 1,75 m de haut disposé perpendiculairement au dromos. Les murs de la chambre funéraire constitués de gros blocs de pierre reposaient également sur un pavement et étaient surmontés de grandes dalles rectangulaires. Trois niches rectangulaires perçaient deux des murs du caveau. La tombe était complètement pillée. Les quelques tes­ sons trouvés, datés du milieu du 11e siècle, provenaient d'un remblai. Reconstituée en 1983, la levée de terre couvre à nou­ veau la tombe transformée, depuis lors, en musée de plein air. Au nord-est du tumulus, un vaste enclos funéraire rec­ tangulaire de 26 m sur plus de 30 m, délimité par des murs en pierre soigneusement parementés et liés au mortier, fut partiellement dégagé. À l'ouest du mur qui divisait l'enclos en deux parties inégales, un caveau de 1,25 m sur 1,50 m était construit en dalles de pierre as­ semblées avec des mortaises. Il était aligné sur le caveau

P R O V I N C E DE HAI NAUT

culairement au couloir d'accès. Ce dernier respectait la même orientation que le dromos du tumulus. Les parois intérieures étaient faites de gros blocs de calcaire équarris. Cette sépulture ne recelait aucune dotation funéraire. Des squelettes de chevaux ont également été exhumés à proximité de l'enclos mais ils pourraient être beaucoup plus récents et dater de la bataille de Fontenoy en 1745. Un tel ensemble constitué d'un tumulus à tambour et à dromos implanté à proximité d'un enclos funéraire est le seul cas connu à ce jour dans nos contrées. E n c lo s fu n é r a ir e d e

Fig. 41 Antoing, Billemont: plan du tumulus et de l'enclos funéraire

Guéronde

À 900 m au nord-ouest du tumulus de Billemont, un vaste enclos funéraire localisé au lieu-dit Guéronde fut fouillé à deux reprises en 1914 et 1954. Il recelait une aire dallée qui pourrait être une base de monument, flanquée de deux caveaux carrés d'environ 3 m et 5 m de côté. Tous deux constitués de gros blocs de pierre, s’ou­ vraient au sud-est. Outre une petite sépulture de 0,50 m de côté, située au nord-est de l'ensemble, sept tombes mérovingiennes et un squelette de cheval furent encore mis au jour dans l'enclos. Menacé par l'extension de la carrière d'Antoing, l'en­ clos funéraire de Guéronde a été déplacé à Billemont. A.-M. H. B ibliographie: Amand M., Ensemble funéraire à A n to in g : les fouilles de 1954 à 1978, (AB, 213), 1979, 88-92; Amand M., Ensemble funéraire des époques rom aine et m érovingienne à A ntoing-C uéronde (H t), VA, 1983, 8, 28-35; Amand M., Le tu ­ mulus d'A ntoing-B illem ont: historique de la recherche, Amphora, 55, 1989, 1 -16; Ghigny A.-C., A n to in g : interventions archéolo­ giques sur l'extension de la carrière d'A ntoing, AHOActes, 2003, 39-41.

2 4 1 Antoing, Bruyelle La

Fig. 42 Antoing, Billemont: le caveau en pierre du tumulus

du tumulus. Aucun autre vestige ne fut trouvé si ce n'est un squelette de cheval. En 2002-2003, de nouvelles fouil­ les ont été réalisées à cet endroit suite à une demande d'extension de la carrière. La seconde partie de l'enclos fut ainsi mise au jour. Les murs nord et ouest dont il ne subsistait plus que le hérisson de fondation en pierres calcaires de Tournai atteignaient 27 m et 33 m de long. Dans la petite partie précédemment fouillée, sept sépul­ tures à incinération ont été mises au jour. Ces petits loculi en dalles calcaires mesurant plus ou moins 0,40 m de côté et de 0,20 m à 0,40 m de profondeur renfermaient des céramiques de la fin du nesiècle. Ces dernières conte­ naient encore des restes d'ossements calcinés. L'autre partie de l'enclos abritait en son centre un caveau de 5 m sur 5,20 m en calcaire de Tournai. Sur trois côtés, trois as­ sises de gros blocs grossièrement taillés étaient conser­ vées; elles reposaient sur un dallage de pierres calcaires. La disposition intérieure du caveau était en T c'est-àdire que la chambre sépulcrale était aménagée perpendi-

villa d e Haute Éloge

La villa de Haute Éloge est implantée au nord nord-est de la localité de Bruyelle, sur un versant exposé au sud. Elle est située entre l'Escaut et une voie antique menant à Tournai dont elle n'est distante que de 5 km. Quelques sondages avaient déjà été menés par J. Baudet en 1931 et 1934, au cours desquels des bains avaient pu être repérés. En 1991, une cave est localisée grâce à des sondages du Centre régional de recherches archéo­ logique et historique d'Antoing. Les importants travaux d'aménagement des voies du TGV ont entraîné des fouil­ les de sauvetage en 1993 limitées à l'emprise du chan­ tier. On mit au jour les bains de la villa, quelques pièces du corps de logis ainsi que des constructions apparte­ nant à la pars rustica de l'établissement. Ces recherches ont également montré l'existence de structures en maté­ riaux périssables antérieures à l'époque romaine. En prévision des travaux d'extension du cimetière actuel, le Service de l'Archéologie a entrepris des fouilles de sauvetage, en 1997-1998, au sud-est du site. Outre des structures pré-romaines, les fouilleurs ont mis au jour un puits et des fosses d'époque romaine. Construite et aménagée en plusieurs phases, la villa, lors de son extension maximale, couvrait une superficie 305

couches les plus profondes. Une terre sigillée décorée à la molette, une monnaie de Victorin (269 après J.-C.) et une autre de Constantin I (316 après J.-C.) y ont été trouvées. La pars rustica

Fig. 43 Bruyelle, Haute Éloge: plan général de la villa

d'environ 3,5 ha. Un mur précédé d'un fossé bornait l'établissement du côté occidental. Un autre mur, ponc­ tué par un porche, séparait la pars arbana (A) de la pars rustica (B). Toutes deux s'organisaient autour d'une vaste cour rectangulaire. Initialement en bois, ce mur de sépa­ ration et le porche seront ensuite édifiés en pierre. La pars urbana

Du corps de logis ne subsiste plus que l'aile des bains au sud-ouest, le reste ayant vraisemblablement disparu lors de l'extension de la carrière voisine. La fouille de ce petit ensemble thermal orienté est-ouest, a permis la mise au jour de cinq hypocaustes et de deux baignoires froides (C). Quatre des cinq hypocaustes sont contigus tandis que le dernier est séparé des autres par une pièce non chauffée et par les deux baignoires. L'existence de plusieurs phases d'aménagement et d'agrandissement a pu être mise en lumière. La première est antérieure au début du IIe siècle et contemporaine de la construction du mur de séparation des deux cours. Durant cette phase, les bains étaient approvisionnés en eau grâce à une source située au nord-ouest et à un puits de 1,60 m de diamètre et 16,15 m de profondeur. Celuici était doté d'un cuvelage de pierres sèches fait de moel­ lons bruts. En profondeur, des maçonneries en moel­ lons équarris destinées à obturer des diaclases sont apparues. Il sera remblayé dès la première moitié du me siècle. Ce puits jouxtait un puits naturel qui sera uti­ lisé comme dépotoir. Les eaux usées quant à elles étaient évacuées par deux fossés dans lesquels ont été trouvées des traces de tuyaux en bois. Les thermes sont agrandis dans la seconde moi­ tié du IIe siècle voire au début du me siècle. Si le puits est comblé dès le me siècle avec des débris de construction, les bains ne seront définitivement remblayés qu'au iv e siècle. Le matériel du me siècle n'apparaît dans le rem­ blai des bains que de manière résiduelle et dans les 306

Plusieurs bâtiments en dur appartenant à la pars rustica mais situés en dehors de l'emprise du chantier du TGV n'ont jamais été fouillés. Seule la zone orientale de la cour agricole a fait l'objet d'un décapage qui a permis la mise au jour de trois bâtiments annexes. Deux petits édi­ fices, presque carrés, abritaient des restes de foyers do­ mestiques (D et E). L'une de ces deux annexes, la plus pe­ tite, construite sur un fossé romain comblé avant l'époque flavienne-début nc siècle, est utilisée dans le courant du ne siècle, l'autre ne sera construite près du mur d'enceinte qu'à partir du milieu du IIe siècle. Le grand bâtiment rectangulaire constitué de plusieurs pièces est édifié dans la seconde moitié du ne siècle voire au début du nie siècle (F). Située au sud-est des bâtiments exhumés, la cave fouil­ lée en 1991 s'intégre également dans la pars rustica (G). Les parois de ce cellier de 2,66 m sur 3,45 m étaient en­ core conservées sur une hauteur de 1,27 m. Les murs construits en moellons calcaires du Tournaisis liés au mortier gris blanc étaient percés du côté ouest de deux niches, d'une niche du côté nord et d'un soupirail du côté oriental. Alignées le long d'un mur, trois traces cir­ culaires sur le sol en terre battue montrent l'endroit où étaient entreposés les pots de stockage. Un escalier, situé au sud-ouest, donnait accès au cellier. Une petite sta­ tuette de Fortuna en pierre calcaire beige clair a été mise au jour près de l'avant-dernière marche. Un sesterce d'Hadrien daté de 118-121 après J.-C., trouvé dans les fondations de l'escalier fournit un terminus post quem pour la construction de la cave. Une couche d'incendie de la fin du ne siècle, comprenant tegulae, imbrices et poutres calcinées jonche le fond du cellier. Des frag­ ments de bas-reliefs en marbre y ont également été ob­ servés, de même qu’un sac d'environ 30 kg de clous oxy­ dés qui était posé sur le sol au centre de la cave. Si le matériel trouvé dans cette couche de destruction appar­ tient au IIe siècle, le trésor monétaire mis au jour dans la couche supérieure du remblai couvre une période allant de Gallien (264-266 après J.-C.) à Maximien (290-291 après J.-C.). Cette couche de 0,80 m d'épaisseur, consti­ tuée d’argile compacte et de chaux, contenait en outre de nombreux tessons de céramique, des ossements d'animaux, des épingles en os et des fibules.

Fig. 44 Bruyelle, Haute Éloge: les bains de la villa

P R O VI NC E DE HAI NAUT |

Fig. 45 Bruyelle, Haute Éloge: la cave

À l'extrémité sud-ouest de la zone fouillée de la cour agricole, se trouvait un puits creusé dans l'alignement du porche. D'un diamètre de 2 m et profond de 10,75 m, il disposait d'un cuvelage en moellons équarris de di­ mensions variables liés à l'argile. Le fond du puits était couvert d'un tapis de végétaux épais de 0,60 m mon­ trant que le puits est resté longtemps à ciel ouvert avant d'être comblé avec des débris de construction. Des restes fauniques ont été trouvés à différents niveaux, notam­ ment des crânes de bovidés et un squelette complet d'ovicaprin. La céramique était représentée par des im­ portations de sigillées d'Argonne, par des dérivés de terre sigillée tardive, par des marmites, jattes et assiettes en céramique commune sombre et par des cruches. Cer­ taines céramiques ont été produites dans la v illa - même. Un fragment de gobelet métallescent décoré à la barbotine et deux tessons de céramique d'Urmitz complé­ taient l'ensemble. Deux vases en bronze - une cruche et un chaudron sans anse -, une monnaie de Tetricus (273274 après J.-C.), ainsi que deux lourdes haches en fer ma­ gnifiquement conservées ont été découverts. Le puits a également livré des fragments de pierres cal­ caires blanches sculptées assez intéressantes. L'un d'eux représente une main grandeur nature, en ronde-bosse, le second un torse masculin et le troisième une petite tête féminine. Ces deux derniers étaient en haut-relief. L'ensemble est complété par quelques fragments archi­ tectoniques. Grâce à la céramique, il est permis de dater le com­ blement du puits du début du ive siècle. De la terre sigil­ lée tardive argonnaise Chenet 320 et une monnaie de Constantin II (335-341 après J.-C.) ont été trouvées dans le comblement d'un fossé voisin.

contenait de la céramique à enduit rouge pompéien, de la terre sigillée du sud de la Gaule, de la te rra r u b r a , de la te rra n ig ra coquille d'œuf et de la céramique commune sombre. Les autres contextes datant de l'époque flavienne et du début du IIe siècle ont livré notamment des terres sigillées du sud, du centre et de l’est de la Gaule, des pots en terra n ig ra , un gobelet engobé de Cologne, des assiettes à enduit rouge pompéien, de la vaisselle en verre dont un fragment de milléfiori et une statuette en terre cuite blanche représentant Vénus anadyomène. Selon les datations fournies par l'étude de la céra­ mique, il apparaît que le site est fréquenté dès la pre­ mière moitié du Ier siècle même si aucune structure de cette époque n'a été retrouvée. L'occupation réelle ne commence donc qu'au début de la seconde moitié du Ier siècle. Au 11e siècle, la v illa est à son apogée, tandis que le iiic siècle est marqué par l'abandon d'une partie de la v illa . Au ive siècle, le site est toujours occupé mais aucun bâtiment n'est lié à cette période. L'artisanat

Dans le courant du me siècle, suite à l'abandon du corps de logis, une zone artisanale est implantée dans la cour de la p a r s u r b a n a à proximité du porche. Pas moins de quatre fours ont ainsi été fouillés. Le plus grand est un four de potier circulaire, à tirage vertical, à sole suspen­ due constituée de rayons prenant appui sur une colonne centrale. L'alandier partiellement conservé aboutissait à une aire de chauffe excavée. La fosse de travail était quant à elle protégée par un appentis. Seul ce four té­ moigne de l'existence d'un atelier de potiers à Bruyelle, les autres structures liées à cette activité ayant sans doute disparu lors des importantes destructions en profondeur dont cette zone a fait l'objet. La fonction des trois autres fours reste inconnue. En effet, il s'agit de fours en fer à cheval d'un diamètre de plus ou moins 1,30 m, à tirage horizontal. D'après les tessons de céramique rejetés dans l'un des fours, il est possible de se faire une idée de la céramique produite à Bruyelle. Il s'agit de céramique commune sombre, de céramique commune claire mais également de céramique fine sombre. Il est permis de dater cette production de la fin du me siècle et du début du ive siè­ cle. Cette céramique locale se retrouve également dans les remblais d’abandon des bains, de la cave et des deux puits.

Les fosses

De très nombreuses fosses s'éparpillaient sur l'ensemble du site. Les différents contextes mis au jour couvrent une période allant de la première moitié du Ier siècle jusqu'à la première moitié du ivc siècle, mais la plupart remonte à l'époque flavienne et au début du IIe siècle. Certaines fosses perturbées par des occupations ulté­ rieures ont néanmoins livré du matériel très précoce comme de la sigillée italo-gauloise, des assiettes en terra r u b r a et un as d’Auguste daté entre 7 et 3 avant J.-C. Il s’agit de matériel résiduel qui témoigne d'une présence sur le site à cette époque. Le plus ancien ensemble clos mis au jour, remonte à l'époque flavienne et peut-être même à son début. Il

Fig. 46 Bruyelle, Haute Éloge: four de potier

307

L'étude de restes fauniques concerne quelque douze mille ossements prélevés dans les deux parties de l'éta­ blissement agricole et principalement dans les deux puits. Ces restes ont été classés en cinq phases chronolo­ giques qui vont de l'époque flavienne à la première moi­ tié du ive siècle; les échantillons prélevés dans les deux puits appartenant à cette dernière période. L'étude ar­ chéozoologique a tenté de distinguer les différences de consommation de viande entre la pars u rb a n a et la pars ru stica . Jusqu'à la fin du 11esiècle, les proportions sont les mêmes: 50% de porcs, 30% d'ovicaprins et 20% de bœufs. Ensuite, si dans la p a rs u rb a n a la consommation demeure inchangée dans la pa rs ru s tic a , les ovicaprins (58%) sont prédominants par rapport au porc (24%). Il n'a pas été possible de déterminer l'alimentation de la dernière période. Il apparaît seulement que le bœuf a été abondamment consommé. La présence de six chats sauvages et domestiques est tout à fait remarquable puisque le chat domestique n'est introduit dans nos régions qu'à l'époque romaine et qu'il n'apparaît en nombre significatif que dans des con­ textes du IVe siècle. Le trésor monétaire

Fig. 47 Bruyelle, Haute Éloge: statuette de Fortuna en calcaire

Deux autres petits fours isolés fortement arasés ont été trouvés, l'un dans la partie occidentale de la pars u rb a n a et l'autre dans la p a rs ru s tic a . Des restes fauniques attestent également l'existence d'un artisanat du bois de cerf. Les enduits peints

Les bains, les différentes fosses et remblais ont livré de nombreux fragments d'enduits peints. L'étude macro­ scopique des mortiers a permis d'identifier pas moins de dix-neuf groupes de peintures murales. Dans la plupart des cas, il s'agit d'enduits à motifs géométriques mais des décors à mouchetis imitant le marbre ont également été recueillis, de même que quelques motifs végétaux. La plupart de ces enduits peints ornaient les plinthes des murs, bien que l'étude de l'envers des enduits donne à penser que certains ont pu décorer des plafonds, au vu des techniques d'accrochage qu'ils révèlent. Les données carpologiques et faunistiques

Des prélèvements de terre ont été effectués principale­ ment dans la p a rs ru s tic a . On a trouvé dans les fosses-dé­ potoirs des coquilles d'œufs, des restes de mollusques consommés, des ossements d'animaux, de très nombreu­ ses écailles de poissons dont énormément de perches. Parmi les végétaux consommés figurent: l'avoine, le fro­ ment, l'orge, l'épeautre-amidonnier, les lentilles, les pois. Des restes de bouillie ont également été identifiés. Les restes carpologiques étant malheureusement car­ bonisés, il demeure malaisé de définir le paysage. Des graines de sureau noir confirment la rudéralité du site tandis que la présence de nielle des blés en bordure d'oc­ cupation et de chénopode blanc suggère des cultures cé­ réalières. 308

Le trésor trouvé à hauteur du soupirail de la cave était constitué à 64% de monnaies d'imitation dont les pro­ totypes sont les antoniniens de Tétricus (271-274 après J.-C.). La pièce la plus ancienne remonte au règne de Gallien (264-266 après J.-C.) tandis que la plus récente a été frappée sous celui de Maximien (290-291 après J.-C.). La présence de cette dernière fournit de précieuses infor­ mations quant à la durée de circulation des monnaies d'imitation radiées de ce type. Outre le trésor monétaire mis au jour dans le comble­ ment de la cave, le site a livré quatre-vingt quatre mon­ naies antiques isolées. Les plus anciennes sont gau­ loises: un potin et une monnaie en laiton. Notons également la présence de monnaies d'Auguste, de Caligula et de Claude. Le monnayage du mesiècle est par­ ticulièrement abondant. La pièce la plus récente appar­ tient au règne de Valens (364-375 après J.-C.). Un cimetière vraisemblablement contemporain de l’occupation de la v illa a été mis au jour en 1897 lors de l'extension d'une carrière située à l'est de la v illa . A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voir fig. 152, 10. Bibliographie : Ansieau C., A ntoing (Bruyelle). Le site de la «H aute Éloge». Travaux d'extension du cimetière, H ainaut 3, 3337; Ansieau C., Bausier K. St Pigière F., Bruyelle (A n to in g ): le site de la «Haute Éloge», VA, 49, 1998, 21-34; Ansieau C. St Urbain C., Antoing/Bruyelle: découverte de vestiges protohisto­ riques et gallo-romains sur le site de la «Haute-Éloge» lors de tra­ vaux d'extension du cimetière, CAW, 6, 1998, 33; Bausier K., La villa romaine et des traces d'occupation antérieures à «Haute Éloge», PAW, 319-322; Bausier K., Antoing/Bruyelle: «Haute Éloge», villa romaine et occupation antérieure, CAW, 2, 1994, 3940; Bausier K., A n to in g / Bruyelle: La villa romaine de la «Haute Éloge», (EDF, 2), 1996, 67-73; Champeaux J., Statuette de Fortuna trouvée à Bruyelle, VA, 43, 1995, 5-12; Ghislain F., Une cave du 11e siècle mise au jo u r à Bruyelle (Antoing, Ht), VA, 37, 1990-1991, 62-64; Kahn C. St Bausier K., Antoing/Bruyelle: le décomblement du puits de la villa romaine de la «Haute Éloge», CAW, 3, 1995, 32-33; Laurent C., A ntoing/B ruyelle: villa de la «H aute Éloge», données micro-archéologiques et carpologiques,

P ROVI NCE DE HAI NAUT |

CAW, 9, 2001, 44-46; Laurent C., Antoing/Bruyelle, M o rts/ Morts, Péruwelz/Wasmes-Audemez-Briffœil: préparation alimen­ taire à base de céréales, CAW, 10, 2002, 67-69; Pigière F. & Bausier K., A ntoin g (Bruyelle). Le site de la «H aute éloge», Hain a u t 3, 39-50; Pigière F., Lentacker A. et al., A ntoing/B ruyelle: étude archéozoologique de la villa rom aine de la «H aute Éloge», CAW, 9, 2001, 42-43; Van Fleesch J., Les trouvailles monétaires de la villa rom aine de la « Haute Éloge» à Bruyelle (H.), RBN, 146,

Dufrasnes J. & Risselin J.-J., A th /M a ffle : vestiges d'un e vaste construction g allo-rom aine découverts lors de prospections, CAW, 8, 2000, 36-37.

2 6 1 Ath, G hislenghien et Meslin-l'Évêque

2000, 197-217. La

2 5 1 Ath, Ath et Maffle C a v e a u x fu n é r a ir e s

En 1899, F. Wincqz et G. Delhouze mettent au jour, au lieu-dit Couture du Bois de Chièvres à l'extrémité sud-est de la commune d'Ath, un caveau funéraire rectangu­ laire. Ses parois en maçonnerie de moellons suppor­ taient sans doute à l'origine une voûte en tuf. Chacun des murs était creusé en son centre d'une niche de plan rectangulaire. Deux marches situées à l'est donnaient accès à cette sépulture profonde de 1,50 m qui mesurait 2,10 m sur 2,80 m. Pillée, elle n'a livré qu'un maigre mobilier, conservé aux Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles et constitué de quelques tessons de céramique, de deux monnaies en bronze et d'une applique en bronze ornée d'une tête de lion. Mis au jour en 1876 et 1896, les trois caveaux de Maffle étaient implantés, non loin de celui d'Ath, à la limite nord-est de la localité, au lieu-dit Bois de Chièvres sur un versant exposé au sud. Ouvert à l'est, le premier de 6 m de côté, présentait un plan carré avec pilier central quadrangulaire. Le pavement, le pilier et les murs étaient réa­ lisés au moyen de grands blocs de pierre bleue liés au mortier. Àl'origine, le pilier dont la partie supérieure des quatre faces avait été taillée en chanfrein supportait vrai­ semblablement une voûte. Cette tombe bien que pillée dès avant sa découverte a néanmoins fourni quelques tes­ sons de céramique ainsi qu'une monnaie de Commode. Situés à quelque 35 m au nord-est du premier, les deux autres caveaux également ouverts à l’est présentaient des murs en moyen appareil de pierre bleue sur lesquels re­ posait sans doute une voûte. Le plus grand des deux, de plan carré, était précédé d'un couloir d'accès tandis que l'autre n'excédait pas 2 m de long et 0,80 m de large. Tous deux ont livré un abondant matériel où figurent de la céramique en terre sigillée, des vases miniatures en cé­ ramique commune, une statuette en terre cuite, un cou­ teau en fer et quinze monnaies appartenant aux règnes d'Hadrien, d'Antonin-le-Pieux, de Marc-Aurèle et de Commode. Les trois caveaux de Maffle dont le mobilier est con­ servé au Musée d'Ath sont datés de la fin du n° siècle. Signalons encore sur le territoire de Maffle la présence d'un vaste bâtiment d'époque gallo-romaine, qui n’a pas encore fait l'objet de fouilles.

villa d e Preuscamps

Entre 1984 et 1993, le site gallo-romain situé au lieu-dit Preuscamps, a fait l'objet de prospections débouchant sur la collecte de nombreux petits objets en bronze, des monnaies dont cinq gauloises et des matériaux de construction, comme des fragments de plaque de marbre. Il s'agit d'une grande villa romaine, qui s'étend sur plus de 1,6 ha de superficie mais qui a été en partie dé­ truite. Un vaste établissement résidentiel, muni de ses an­ nexes, a été très récemment révélé par des fouilles de prévention en grand décapage dont la Région wallonne a assuré la responsabilité à partir de 1993 dans le cadre de l'extension de la zone industrielle de Meslin-l'Évêque et de Ghislenghien. Même si les vestiges découverts se limitent souvent à des traces de murs, l'importance des recherches entre­ prises mérite d'être soulignée, car celles-ci ont produit le plan détaillé d'un vaste corps de logis distinct d'une pars rustica clairement identifiée. Dans les années qui suivirent, d'autres secteurs de fouilles furent ouverts ailleurs dans le même parc écono­ mique. Les principaux enseignements que l'on a pu en tirer concernent l'occupation ancienne des lieux, qui prend la forme de divers vestiges du La Tène III, ainsi que d'une ferme indigène et de réseaux fossoyés. Une tombe à incinération du IIe siècle a été retrouvée au Hameau du Diable.

A.-M. H. B ibliographie: Bertrand C.-J., Découverte d'antiquités belgorom aines au ha m eau de Ponchau, com m une de M affles (H ain aut), ACAM, 27, 1896-1897, 293-305; de Loë A., Découverte d'un e sépulture belgo-rom aine à Ath, au lieu-dit «C outure du Bois de Chièvres», ASAB, 16, 1902, 25-27;

Fig. 48 Meslin-l'Évêque, Preuscamps-, plan de la villa

309

La ferme indigène

Les fouilles ont laissé entrevoir que le site était fréquenté beaucoup plus tôt, dès l'époque pré-romaine: des fosses et fossés se rattachent au La Tène III, de même que des petites cabanes en matériaux légers. Les pieux conservés à proximité de la Sille offrent par ailleurs une date dendrochronologique qui situe cet établissement entre 40 et 10 avant J.-C. En 1994, dans le zoning nord de Ghislenghien, furent retrouvés les restes d'une intéressante ferme indigène qui existe enfin au Ier siècle. Elle se développe sur le flanc nord de la Sille, à mi-pente. Elle est matérialisée par un édifice et des annexes. Le bâtiment principal en matériaux légers, d'environ 20 m sur 30 m, est ceinturé par un enclos. Au-delà se des­ sine un parcellaire délimité par des petits fossés. Ils en­ tourent des greniers, des ateliers, des étables sans doute. Cette ferme, bâtie en matériaux légers, paraît aban­ donnée à la fin du Ier siècle après J.-C., lorsque la villa est mise en activité.

Le milieu humide a entraîné la conservation des pieux qui devaient soutenir le tablier du pont enjambant la ri­ vière à hauteur du porche. Cette passerelle devait repo­ ser sur deux piliers maçonnés dans le porche d'entrée de la cour d'habitat. Une berge en bois faite de pieux et de planches a été observée en bordure de l'annexe artisanale sud. Deux lits successifs de ce petit cours d'eau ont été re­ levés, le second étant d'époque romaine. À ce moment, l’environnement paysager de la villa consiste en vastes prairies et en cultures de céréales, comme en témoi­ gnent les études palynologiques. Les bois soumis à l'analyse dendrochronologique of­ frent une grande variété au plan de la datation. Pour la plus ancienne, il est question de 33 après J.-C. Les poteaux de la berge se situent après 84 et les pieux de la passerelle relèvent de deux époques différentes: entre 91 et 111 et après 135 après J.-C., dates qu'il faut souvent considérer dans le cadre de la période d'abattage des arbres. La pars rustica n'a été que partiellement fouillée, ce­ pendant les sondages ont permis de voir qu'elle s’éten­ dait au moins sur une distance de 200 m vers l'est. On y a étudié deux bâtiments de 600 m2, placés aux extrémi­ tés d'un second mur de clôture, de 70 m de long, orienté nord-sud. Le bâtiment le mieux conservé, au sud, paraît avoir été une forge, à en juger par les nombreuses scories de fer ré­ coltées. Il est doté d'une cour intérieure qui renfermait des soles de fours. La villa romaine a été construite dès la seconde moitié du Ier siècle après J.-C., elle aurait été occupée jusqu'à la fin du IIe siècle. R. B.

Fig. 49 Meslin-l'Évéque, Preuscamps: le corps de logis en cours de fouilles

La pars urbana

La pars urbana de la villa a été parfaitement appréhen­ dée. Située à l'ouest du complexe, elle se compose d'une grande résidence, d'une cour et de thermes. Le corps de logis atteint une longueur exceptionnelle de 110 m en façade, sur une largeur de 22 m. Une dou­ ble rangée de locaux subdivise l'aile principale de la bâ­ tisse qui est entourée par deux galeries à colonnade. Des ailes en retour sont perceptibles aux angles occidentaux. Une cour rectangulaire se développe devant la façade orientale. À l'est, un mur d'enceinte, orné d'un porche axial monumental délimite cette cour. Dans l'aile nord-est du corps de logis, se trouve un édi­ fice thermal au plan ramassé, bâti en léger décrochage sur la galerie, vers la cour intérieure. Les thermes ont été reconstruits. À la première époque, appartient une ab­ side en hémicycle vers l'ouest; à la seconde, deux exèdres rectangulaires au sud. On peut restituer l’emplace­ ment des séquences froides, tièdes et chaudes, des hypocaustes et des foyers. La pars rustica

La particularité de la villa de Meslin-l'Évêque tient à ce qu'un cours d'eau coule devant le mur d'enceinte du corps de logis, isolant en quelque sorte celui-ci de la pars rustica. 310

B ibliographie: De Braekeleer R., A th/M eslin-l'évêque: tom be à incinération, CAW, 2, 1994, 44; Defgnée A. & M unaut A.-V., Étude palynologique de défrichements protohistoriques et gallorom ains à Meslin-l'Évêque (Ath), H ainaut l , 29-33; Deramaix I., Ath, Chislenghien et Meslin-l'Évêque. De l'im p la n ta tio n gauloise à la villa rom aine, PAW, 3 1 1 -3 1 4 ; Deram aix I., A th / G hislenghien: parc économique, secteur 1 1, CAW, 6, 1998, 3435; Deramaix I., Meslin-I'évêque, imposante villa hainuyère, Dossiers Archéologie, 315, 2006, 64-67; Deramaix I. St Sartieaux P.-P., Ath, Meslin-l'Évêque. La villa romaine, PAW, 315318; Deramaix I. St Sartieaux P.-P., Ath, Meslin-l'Évêque: sauve­ tage d'un e villa rom aine inédite dans un zoning industriel, CAW,

2, 1994, 42-43; Deramaix I. St Sartieaux P.-P., A th/G hislenghien et M eslin-l'évêque: occupation sur le site de la villa ro ­ m aine dans le parc économique, CAW, 4-5, 1996-1997, 50; Dufrasnes J., A th/M eslin-l'É vêque: prospections sur la villa de «Preuscamps», CAW, 2, 1994, 41 ; Houbrechts D. St Zam bon |.-M ., A th, M e slin -l'É vê que : analyse de ndro chro nolog ique d'échantillons provena nt de la fouille d'un e villa romaine, CAW,

2, 1994, 43.

2 7 1 Beaumont, Strée V o ie r o m a i n e

La chaussée romaine de Bavay à la Meuse sert de limite entre les anciennes communes de Fontaine-Valmont et de Strée, où elle conserve un tracé parfaitement recti­ ligne. L'appellation de Strée n'est pas étrangère à cette si­ tuation.

P R O VI NC E DE HAI NAUT J

Prelle. Toutefois, on n'a remarqué aucune continuité entre les deux ensembles funéraires. Deux autres cimetières romains sont également connus dans la commune. Celui du Champ des Cailles a été découvert à proximité de l'ancienne gare de Strée. R. B.

Bibliographie: Van Bastelaer D.A., Le cimetière belgo-rom ano-franc de Strée, DRSPAC, 8, 1876, 95-401 ; Van Bastelaer D.A., Cimetière belgo-rom ain du «Cham ps des Cailles» à Strée, DRSPAC, 17, 1891, 421-428.

2 8 1 Beaumont, Thirim ont La Fig. 50 Strée: 1. Voie romaine de Bavay à la Meuse; 2. Villa de Donstiennes; 3. Aqueduc; 4. Nécropole de la Terre dell'Prelle; 5. Nécropole du Champ des Cailles

La

villa d e

D o n s tie n n e s

On sait peu de choses à propos des vestiges de la grande villa de Donstiennes. Un aqueduc souterrain aboutissant à la villa a été repéré. N é c r o p o le s

Une importante nécropole romaine fut fouillée au xixe siècle à environ 300 m au nord de la chaussée, au lieu-dit Terre delT Prelle. Cent quinze sépultures furent explorées. Elles étaient disposées assez régulièrement. La plupart étaient de simples fosses creusées dans le sol; quelques-unes étaient construites avec des pierres ma­ çonnées ou seulement avec des dalles de pierre. Plusieurs tombes avaient dû contenir un coffret funéraire en bois dans lequel étaient déposés l'urne avec les ossements et le mobilier funéraire. Celui-ci était particulièrement abondant : outre les habituels récipients en terre cuite et en verre, les monnaies qui s'échelonnent de Néron à Marc-Aurèle, il faut mentionner des fibules en bronze émaillé, des colliers, des miroirs, des appliques de coffret en métal, plusieurs lampes, des chenets funéraires et un oiseau en terre cuite. On peut dater l'ensemble de la se­ conde moitié du Ier et du IIe siècles après J.- C. À la période suivante, les Mérovingiens établirent une nécropole au sud et contre le cimetière de la Terre dell’

villa d e Saint-Rémy

La villa romaine de Thirimont est située au lieu-dit La Campagne de Saint-Rémy ou Ancienne ville de Saint-Rémy, sur un plateau orienté vers le sud-est. Les substructions reconnues anciennement semblent couvrir une vaste superficie mais les fouilles se sont limi­ tées à l'exploration de trois pièces chauffées par hypocauste dont le sol présentait deux bétons superposés. Des traces d'enduits peints, notamment de plafond décoré de feuillages, un tambour de colonne et d'autres éléments d'architecture indiquent l'importance de la ré­ sidence. Une adduction d'eau solidement construite aboutis­ sait à la villa. Elle a servi par la suite de lieu de sépulture à de nom­ breux enfouissements funéraires du Haut Moyen-Âge. Une tombe particulièrement soignée a été aménagée dans l'hypothétique baignoire. N é c r o p o le s

Le territoire de la commune de Thirimont recèle aussi des nécropoles romaines d'importance moyenne. La première se localise à 1 km au nord-est de la villa, dans le Bois des Menus, le long de la chaussée romaine de Bavay à la Meuse. La seconde au lieu-dit Sartiau n'est pas davantage éloignée de l'établissement rural. Les sépultu­ res datent du Haut-Empire et n'ont révélé qu'un mobi­ lier peu significatif. R. B.

Cartographie: voirfig. 106, 5. Bibliographie: X, La villa belgo-rom aine de Saint-Remy, DRSPAC, 17, 1891, 372-395; Delplace, Peintures, 23.

2 9 1 Belœil, Aubechies La

Fig. 51 Aubechies: enduits peints, reconstitution d'un panneau

villa d ' A u b e c h i e s

Le site d'Aubechies localisé sur une pente douce orien­ tée au nord-ouest, est bordé par un petit affluent de la Dendre, non loin de nombreuses sources et s'inscrit dans la proximité des complexes gallo-romains de Blicquy, à 800 m de la voie romaine, à un peu plus de 1 km au sud de la bourgade routière du Camp romain, à environ 2 km à Test du site sanctuaire de la Ville d'Anderlecht. 311

Dans la crypte de l'église Saint-Géry fut découvert un petit bassin hexagonal, décoré de marbre. La structure mise au jour en 1968 est conservée en place. Le conduit d'évacuation a été repéré bien au-delà de l'emprise de l'église. Elle a, à tort, été identifiée à un nymphée. Le site est marqué par de nombreuses traces de construction, révélant qu'il fut le siège du corps de logis d'une grande villa plutôt que d'un établissement bal­ néaire isolé. En témoignent un hypocauste retrouvé contre l'église, deux autres pièces sur hypocaustes, avec foyer et plus loin au nord un cellier. Le remblai de celui-ci a d'ailleurs livré un ensemble exceptionnel de peintures murales. On dénombre deux groupes: l'un à fond blanc avec bordures de couleur bleu, vert et rouge, vases et candélabres; l'autre notam­ ment orné d'éléments architecturaux, de médaillons sus­ pendus et de motifs végétaux, décor postérieur à la fin du Iersiècle après J.-C. R. B. C a rto g ra p h ie : voirfig. 98, 6. B ibliographie: Belot E. St V anbrugghe N., Les peintures m u­ rales romaines d'Aubechies en Belgique, RN, 67, n° 264, 1985, 79-100; Delplace, Peintures, 15-16; Demarez L. St Barrais N., Synthèse des différentes découvertes archéologiques d'Aubechies. Un siècle de découvertes archéologiques dans l'entité de Belœil, Belœil, 1995, 110-113. Fig. 52 Wadelincourt: plan du caveau funéraire et disposition de la dotation funéraire

3 0 1 Belœil, W adelincourt C a v e a u f u n é r a ir e e t n é c r o p o le

Repéré dès 1985, le caveau funéraire de Wadelincourt dont le diamètre atteint 2,70 m fut fouillé en 1994 par R. De Braekeleer. Un dromos orienté nord-ouest sud-est et légèrement décentré, donne accès à une chambre funé­ raire rectangulaire de 1 m sur 1,30 m. Ce tombeau qui présente des murs en moellons de grès soigneusement équarris conservés sur deux ou trois assises, s'inscrit dans une maçonnerie en pierres bleues de Basècles. Les cendres du défunt dispersées sur le sol de la tombe étaient accompagnées d'un abondant mobilier funé­ raire. Celui-ci était notamment composé d'un plat à ver­ nis rouge pompéien, de deux bouteilles en terra nigra, de quatre céramiques dorées dont une patère et une oenochoé, d'un bol en verre translucide, de deux fibules identiques ornées d'émaux cloisonnés, d'une monnaie de Nerva (96-98 après J.-C.) et d'un élément de serrure appartenant à un coffre en bols. Ce caveau peut être daté, grâce au matériel archéologi­ que, de l'extrême fin du r siècle ou du début du iie siècle. Cette chambre sépulcrale appartient à une nécropole plus vaste dont plusieurs tombes ont malheureusement été éventrées par des labours profonds. Ces sépultures peuvent être mises en relation avec un habitat proche, vraisemblablement une villa, repéré à la Fontaine du Gard sur le territoire de la commune de Basècles. A.-M. H. B ibliographie: De Braekeleer R., Belœ il/W adelincourt. Le caveau funéraire rom ain, PAW, 374-376; De Braekeleer R., W adelincourt. Découverte d'u n caveau funéraire gallo-rom ain. Un siècle de découvertes archéologiques dans l'e n tité de Belœil,

312

Belœil, 1995, 165-173; De Braekeleer R., Les récentes décou­ vertes archéologiques à Basècles et leur devenir, VA, 49, 1998, 97-104.

3 1 1 Bernissart, Pom m erœul A g g lo m é r a tio n e t s ite p o r tu a ir e

Le site gallo-romain de Pommerœul est une révélation récente de l'archéologie belge; c'est aussi l'un des sites les plus importants du pays. Trois éléments contribuent à sa juste célébrité. Une partie significative des décou­ vertes se trouve en zone humide, ce qui a produit des vestiges dans un état de conservation inégalé. Le site ar­ chéologique, localisé à la croisée d'une rivière et d'une route romaine, cumule automatiquement la double fonction de site d'agglomération et de port. Une occupa­ tion des lieux avant l'époque romaine, soit au La Tène Illb y est avérée, ce qui est un phénomène rare. Les grands travaux de percement du canal HensiesPommerceul ont abouti, en 1975, à la découverte de ce site. Une campagne de fouilles d'urgence a pu être mise en place assez rapidement par les soins du Service natio­ nal des Fouilles. De cette manière, 3 ha du site ont été explorés dans de bonnes conditions scientifiques. Malheureusement, il fut très rapidement livré à luimême et des interventions privées se succédèrent par la suite durant une très longue période, la plupart exercées sans contrôle. On peut déplorer que le site, devenu la proie des chercheurs d'objets, ait livré un mobilier ar­ chéologique très varié, qui est aujourd'hui dispersé dans de nombreuses collections particulières.

P R O VI NC E DE HAI NAUT |

L'existence du site était totalement insoupçonnée. Malgré le fait qu'il se situe le long d'une voie, on igno­ rait tout du cours ancien de la Haine, une rivière au par­ cours sinueux, qui jadis développait à cet endroit l'un de ses bras. Le site de Pommerœul bénéficie d'une situation ex­ ceptionnelle. Il est placé sur la chaussée qui quitte Bavay en direction de Blicquy et du nord de la cité des Nerviens, à 20 km de la capitale et à l'endroit où cette route fait un coude. L'une des raisons d'être de Pommerœul a donc été le fait de servir d'agglomération routière. On le sait maintenant, le site a été implanté au croise­ ment de la route évoquée et d'un bras ancien de la Haine, au confluent de la Petite et de la Grande Haine, offrant la possibilité d'y placer un établissement por­ tuaire. Il n'est pas sûr, toutefois, que notre appréhension de la bourgade soit correcte dans la mesure où la partie cen­ trale de celle-ci a été peu examinée, à l'exception de quelques habitats en pierres aperçus occasionnellement vers le sud. En fonction du tracé du canal dessiné par les ingénieurs, seules deux zones ont été un tant soit peu exploitées au plan archéologique. La première des deux se localise à peu de distance de la bourgade et se caracté­ rise par un site portuaire bâti entre un chenal et un fossé. Dans la seconde, dégagée en 1976, un autre bras

de rivière a été mis en évidence. II a pu aussi abriter un petit port, site qui a fait l'objet de nombreux pillages. Enfin, il est aussi question de l'existence d'une grande nécropole comprenant au moins une centaine de tombes et d'un autre site funéraire où l'on a fouillé cinq sépultures. Caractéristiques géomorphologiques

Du point de vue géomorphologique, le cas est intéres­ sant. Les eaux, dans les bras de rivière en question, ont circulé suivant de nombreux lits creusés dans un bassin alluvionnaire, sans cesse en mutation. Les dépôts les plus anciens sont constitués de tourbe à l'inverse des plus récents faits de sables. Le bassin alluvionnaire a été occupé assez fortement dès l'Âge du Bronze, semble-t-il. Les alluvions romaines limitent un grand chenal amé­ nagé à l'époque romaine. Au nord-est du site, on a trouvé un fossé raccordant deux boucles de la rivière entre elles, ce qui pourrait indiquer l'existence d'un moulin. Occupation gauloise

Au cœur des alluvions les plus anciennes, on a pu déter­ miner une occupation protohistorique. Pour l’essentiel, les objets remontent au La Tène III et sont d'usage do­ mestique ou militaire; on note la présence d'épées et de fers de lance, d'un demi-torque en or et d'un petit trésor

Fig. 54 Pommerœul: structures en bois et plancher

Fig. 55 Pommerœul: chaland en cours de fouilles

Fig. 53 Pommerœul: la chaussée romaine de Bavay à Blicquy, l'agglomération et les zones portuaires: 1. Voie romaine de Bavay à Blicquy; 2. Emprise générale de l'agglomération et des zones portuaires; 3. Zone des fouilles d'urgence dans le port nord (1975); 4. Découverte d'une pirogue dans le port sud; 5. Puits; 6. Artisanat du bronze; 7. et 8. Nécropoles

313

de dix pièces nerviennes en potin du type Rameau A, da­ tant de la seconde moitié du Ier siècle avant J.-C. Cette va­ riété d'objets fait penser que le site est contemporain de la guerre des Gaules. Zones portuaires et embarcations

Les structures en bois dominent les installations de la période romaine. Elles consistent en aménagements de berges et en appontements. La première zone portuaire est établie au nord du site, à l'ombre du coude de la rivière, là où elle se décompose en deux bras. Les rives du plus grand bras avaient été so­ lidifiées par une rangée de pieux reliés par des fascines. Comme les rives se déplaçaient, ces ouvrages ont dû être refaits plusieurs fois. Le bras le plus étroit abritait le port, au nord. C'est ici qu'apparaissent des quais. Un débarcadère disposait d'un plancher en chêne sur pieux appointés et durcis au feu. Sous celui-ci furent retrouvées deux épaves, tandis que trois autres étaient échouées sur les rives proches. Il s'agit de pirogues et de chalands. La pirogue devait atteindre 11 m à 12 m de longueur, sa largeur de moins d'un mètre évoque un tronc de chêne ancien. La coque n'a pas plus de 5 à 6 cm d'épaisseur. Les chalands, à fond plat, sont plus sophistiqués. Ils peuvent atteindre une longueur de 20 m pour une largeur de 3 m. Ils sont amé­ nagés dans un tronc d'arbre scié en deux, comme pour une pirogue, mais le tronc ne fait que constituer les pa­ rois de l'embarcation, des planches les réunissent, avec des traverses clouées, disposées tête-bêche. Le chaland le mieux conservé disposait d'une cabine assise sur toute la largeur de la poupe. La mise en œuvre de la restauration et de la présentation de ces bateaux représente une longue histoire, aujourd'hui aboutie, puisqu'on peut les découvrir au musée d'Ath. Les analyses dendrochronologiques pratiquées sur les embarcations de Pommerœul ont donné d'excellents ré­ sultats. Un chaland a vu ses planches fabriquées après 197-217 après J.-C., un autre bateau, après 192 après J.-C., le coffre retrouvé dans la pirogue, après 115 de notre ère. Au sud, un autre bras de rivière a été observé en 1976. Il semble y avoir eu des aménagements divers qui font penser à un second port. On y aurait vu un quai en pierres, une pirogue de 15 m de longueur et on y aurait récolté beaucoup d'objets. Mobilier et artisanat

Nombre de pièces archéologiques découvertes sont en­ tières ou particulièrement bien conservées, vu leur pré­ servation dans un milieu humide. On note des chau-

Fig. 56 Monnayage nervien en potin du type Rameau A

314

drons en bronze, des objets en bois, en cuir, comme un gobelet en bois, des dizaines de chaussures. La terre sigil­ lée provient essentiellement du Centre de la Gaule. Comme on peut s'y attendre, beaucoup d'objets en fer rappellent le métier de marinier: la gaffe à simple cro­ chet, à pointe et crochet. Des prospections menées de 1985 à 1989 permirent de recueillir dans les déblais du canal des objets en bronze de grande valeur : des statuettes en bronze de Minerve, de Génie. Diverses trouvailles réalisées dans la zone sud confir­ ment l'existence d'une activité métallurgique du bronze: creuset, couvercle de creuset, gouttelettes.

Fig. 57 Pommerœul : chaudrons en bronze

Fig. 58 Pommerœul: terminaisons en fer de gaffes de mariniers

Le paléoenvironnement

Le paysage local a été restitué par l'examen des restes carpologiques retrouvés lors des fouilles de 1975-1976. Il est humide, comme le montrent les espèces typiques de ri­ vages rencontrés. On peut aussi envisager la proximité d'une forêt de feuillus. Des restes alimentaires sont aussi observés: pour les céréales carbonisées, on note par ordre d'importance: l'épeautre, l'amidonnier, l'orge, le froment et le seigle. Fruits et légumes sont aussi pré­ sents: noyaux de pêches, de prunes, de griottes, noi­ settes, pois, graines d'aneth odorant, ache odorante. Des milliers de cornillons avec leur os frontal font penser à une activité de tannerie, comme c'est souvent le cas, en bord de rivière. Le matériel archéologique trahit une occupation du site entre environ 40 après J.-C. et le milieu du ine siècle. Le site est abandonné au Bas-Empire. R. B.

P R O VI NC E DE HAI NAUT

B ibliographie: Barrois N. & Demarez L., À propos de deux statuettes de Mercure découvertes à Pommerœul, COB, 1987, 222-226; Bodart L., Fouilles et trouvailles gallo-rom aines à Pommerœul, exposition des 25 et 2 6 ja n v ie r 1980, Publication du Cercle d'H istoire et d'Archéologie de l'E ntité de Bernissart, 5, 1981, 1-4; Cahen-Delhaye A., Passoire gallo-rom aine, BMRAH, 59, 1988, 181-182; De Boe G. & Hubert F., Binnenhafen und Schiffe der Rômerzeit von Pommerœul in Hennegau (Belgien), AK, 6, 1976, 227-234; De Boe G. & Hubert F., Fouilles de sauve­ tage à Pommerœul, (AB, 186), 1976, 62-66; De Boe G. & H ubert F., Une insta lla tio n po rtua ire d'époque rom aine à Pommerœul, (AB, 192), 1977; De Boe G. & Hubert F., Un p o rt gallo -ro m ain sur la Haine à Pommerœul, Colloque p o u r une géo­ graphie commerciale de la Gaule, Paris 1976, Caesarodunum, 12, 1977, 312-325; De Braekeleer R., Objets en bronze décou­ verts sur le vicus de Pommerœ ul (suite et fin), COB, 1995, 68-70; Demory A. & Huysecom E., Pommerœul V: ensemble m onétaire (1 9 6 -2 5 8 ) dispersé sur le sol d'une pièce d 'h a b ita tio n , Helinium, 24, 2, 1984, 53-67; De Witte E., Terfve A. & Vynckier J., La consolidation du bois gorgé d'eau des bateaux gallo-rom ains de Pommerœul, Les bois gorgés d'eau. Étude et conservation, Actes de la 2 e conférence du G roupe de travail «Bois gorgé d'eau», de l'ICOM, G renoble, 1985, 3 3 9 -3 4 6 ; Dufrasnes )., Bernissart/Pommerœ ul : découverte d'une statuette de Minerve, CAW, 1, 1993, 33; Dufrasnes J., Petit matériel, d'époques di­ verses, mis au jo u r à l'occasion du creusement d 'u n canal à Pommerœul en 1975, VA, 55-56, 2001, 27-48; Houbion F., Q ua nt à l'existence d'une industrie m étallurgique à Pommerœul, COB, 1988, 4 4 -5 1 ; H oubrechts D. & Z am bon J.-M., Bernissart/Pom m erœ ul: analyses dendrochronologiques des em ­ barcations mises au jo u r à Pommerœul, CAW, 2, 1995, 37-38; Hubert F., Site po rtua ire de Pommerœul I. Catalogue du m atériel pré- et p ro to h is to riq u e , (AB, 248), 1 9 8 2 ; Laurent C., Bernissart/Pommerœ ul : résultats carpologiques des analyses ef­ fectuées sur les échantillons prélevés lors des fouilles archéolo­ giques des années 1975-1 976 , CAW, 6, 1998, 19-20; Pomme­ rœ ul 2 0 ans après. Bilan et perspectives 1975-1 995 , Actes de la journée d'étude du sam edi 21 octobre 1995, Ath, 1997; Plumier J., Pour un inventaire g lo b a l des collections archéologiques de Pommerœul : essais et perspectives, Pommerœul 2 0 ans après. Bilan et perspectives 19 75-1 995 , AHOActes, 1995, 29-32; Vanderhoeven M., Terre sigillée de M atagne-la-Petite, Pommerœul et S aint-M ard, (AB, 243), 1981, 13-29.

.CAS LIO.HAD IANO.N ONINO.AVG PIO.P.P.ABA C.NER.M.P.XXII Ce qui a été traduit par: À l'Empereur César Titus Aelius Hadrianus Antonin Auguste le Pieux, père de la patrie: de­ puis Bavay des Nerviens, 22 mille pas. Plusieurs éléments laissent penser que ce milliaire a été trouvé à l'endroit où il se dressait jadis ou tout au moins aux abords immédiats. La distance qui sépare Bavay du lieu de la découverte est d'environ 32,5 km ce qui correspond effectivement aux 22 milles romains mentionnés. La situation au nord de la voie explique également les traces d’érosion davantage marquées sur le côté gauche de la borne, partie qui aurait ainsi été ex­ posée aux vents dominants de l'ouest. En outre, le mil­ liaire a été découvert au point culminant de ce tronçon de voie. Érigée sous Antonin-le-Pieux, la borne témoigne vrai­ semblablement d'une réfection de la chaussée à cette

3 2 1 Binche, Péronnes-lez-Binche M illia ir e r o m a in

Le milliaire de Péronnes-lez-Binche a été trouvé, en 1979, aux confins orientaux de la commune, à 10 m au nord de l'actuelle route de Binche à Morlanwelz qui suit, à cet endroit, le tracé de la voie antique Bavay-Cologne. Cette borne de 2,10 m de haut, taillée d'une pièce dans un bloc de calcaire blanc est constituée d'une colonne cylindrique de 0,52 m de diamètre reposant sur une base presque cubique de 0,62 m de côté. Si ce milliaire est en­ tièrement conservé, la nature friable du calcaire utilisé a entraîné une détérioration de l'épiderme de la pierre et donc de ce qui y était inscrit. Les milliaires indiquent outre le nom de l'empereur qui les a fait ériger, la distance qui les sépare de la ville la plus proche, dans ce cas Bavay, la capitale de la cité des Nerviens. Écrite en grandes capitales dont la hauteur varie de 6 à 9 cm, l'inscription lacunaire s'étend sur six lignes gra­ vées sur la partie supérieure du fût de la colonne.

Fig. 59 Péronnes-lez-Binche: le milliaire d'Antonin-le-Pieux

315

époque et pourrait être datée des premières années du règne d'Antonin c'est-à-dire vers 139 après J.-C. Cette découverte est exceptionnelle car il s'agit de l'un des deux milliaires mis au jour sur le territoire de la Belgique actuelle ; le premier étant celui de Buzenol. De plus, il semble avoir été trouvé à sa place originelle contrairement à celui de Buzenol qui était réemployé dans une fortification du Bas-Empire. Le milliaire de Péronnes-lez-Binche est conservé au Musée royal de Mariemont. N é c r o p o le p r é r o m a in e e t r o m a in e

Fortuitement découverte en 1911, la petite nécropole à incinération de Péronnes-lez-Binche est localisée à envi­ ron 2 km au nord de la chaussée antique Bavay-Cologne. Aucune fouille n'y fut pratiquée ; seules vingt-quatre cé­ ramiques et un couteau à douille y ont été recueillis puis déposés au Musée de Mariemont. En l'absence de notes et de plan, il est impossible de connaître le nombre de tombes ou de reconstituer les différents mobiliers funé­ raires. Tout au plus, sait-on que certaines céramiques abritaient les cendres des défunts. Parmi les céramiques, quelques terrines et gobelets à col tronconique, de tradition laténienne peuvent être rattachés aux formes les plus tardives du «Groupe de la Haine». Les productions romaines représentées par de la céramique belge principalement des terra rubra et par de la céramique dorée au mica remontent à l'époque augustéenne. La nécropole de Péronnes-lez-Binche marque la tran­ sition entre la période laténienne et l’époque galloromaine. A.-M . H.

. Bibliographie: Cession-Louppe j. & Donnay G., Un m illiaire rom ain à Péronnes-lez-Binche, CM, 13, 1982, 28-33; FaiderFeytmans G., La nécropole de Péronnes-lez-Binche, AC, 16 , 1947, 79-104; ILB, n° 136; Mariën M.-E., La période de La Tène en Belgique. Le Croupe de la Haine, (M AN, 2), 1961, 137-141.

3 3 1 Binche, Waudrez A g g lo m é r a tio n d e

Vodgoriacum

Située au sud du bas plateau hennuyer, la bourgade gallo-romaine s'est installée dans le vallon de la Prin­ cesse, petite rivière non navigable, affluent de la Haine. La chaussée romaine en ligne droite depuis Bavay em­ prunte le sommet du plateau avant d'entrer dans ce lieu d'étape situé à XII Leugae de la cité des Nerviens, à envi­ ron 28 km. Elle descend en pente douce jusqu'au nord du confluent des deux ruisseaux qui forment la Princesse pour franchir un passage à gué. Aujourd'hui, la route, toujours connue sous le vocable chaussée Brunehaut est obligée de contourner une butte abrupte dé­ nommée Mont de la Justice. Dans l'Antiquité, la chaussée romaine serpentait vraisemblablement pour atteindre le sommet avant de reprendre son trajet rectiligne en direc­ tion de Liberchies. L'identification avec le Vodgoriacum renseigné sur l'Itinéraire d'Antonin ne fait plus aucun doute, de même que le Vodgoriacum de la table de Peutinger. 316

Les traces d'une occupation anté-romaine peu déve­ loppée existent bel et bien, notamment sous la forme de fossés à mettre en rapport peut-être avec un parcellaire du La Tène finale, de la céramique et des monnaies. La voie romaine

La chaussée a été recoupée à plusieurs endroits, à l'occa­ sion de travaux. La traversée de la petite rivière était as­ surée par un passage à gué. À cet endroit, le sous-sol est formé d'un socle crayeux très résistant. Son mode d'aménagement a été observé à plusieurs endroits. L'établissement d'un carrefour a nécessité l'entreprise de fouilles préventives par le Service de l'Archéologie qui a retrouvé la voie antique et des niveaux de circulation successifs. Il est question d'un aménagement primitif, sans doute attribuable à la période augustéenne, com­ prenant un terrassement général du sous-sol et le creuse­ ment de fossés-limites. Par la suite, la voie est structurée par des fossés latéraux. On pense que, à cet endroit, la chaussée n'est empierrée que tardivement, soit durant la première moitié du iT siècle. Plus tard, la route a été légèrement déplacée ce qui a permis la construction d'une petite bâtisse ouverte sur celle-ci. Les structures

Le plan lacunaire de l'occupation du vicus est le reflet des fouilles sporadiques pratiquées depuis le xixe siècle. Sur base de l'ensemble des vestiges dégagés, la superficie minimale du vicus est estimée à 15 ha. Les structures sont révélées par les fouilles, sondages, photographies aériennes ou prospections. Les recherches se sont essen­ tiellement portées au nord de la route actuelle où les parcelles sont cultivées et où les prospections sont les plus fructueuses. La zone située au sud de la chaussée est couverte de prairies au relief accidenté. Le village actuel, remontant à l'époque mérovin­ gienne s'est installé à environ 250 m au sud de la route romaine, sur le versant nord de la Bruille. Des structures typiquement romaines telles que caves, bâtiments fondés, un four de potier et plusieurs puits en grès sont connus depuis le xixe siècle. Au nord de la chaussée, les vestiges d'un habitat ont été dégagés à Test du confluent des cours d'eau. La fouille partielle a livré un petit bâtiment carré, semi-enterré. Les seules recherches menées au sud de la voie ro­ maine sont localisées dans la boucle actuelle du ruisseau de la Samme où un vaste complexe a été dégagé. Des ves­ tiges de chauffage par hypocauste ainsi que la disposi­ tion de petites pièces, dont une abside témoignent sans doute de la présence de thermes. La proximité de l'eau plaide en faveur de cette interprétation. Cet ensemble est complété au sud par un agencement de longues pièces plus étroites. La position de ce complexe au cen­ tre du vicus laisse à penser qu'il s'agit d'un bâtiment à fonction officielle. Les différents niveaux de sol, les ma­ tériaux de construction variés, la stratigraphie complexe de même que le matériel archéologique découvert attes­ tent de plusieurs remaniements depuis l'époque augus­ téenne jusqu'au Bas-Empire. Dans une dernière phase d'occupation, une cave avec niche a été installée avec un soupirail ouvert sur une petite cour intérieure.

P R O VI NC E DE HAI NAUT |

Fig. 61 Waudrez: maçonneries et sols superposés dans le bâtiment supposé des thermes

Fig. 60 Carte de la région Binche et Estinnes à l'époque romaine. 1. Voie antique Bavay-Cologne; 2. Agglomération de Waudrez; 3. Nécropole de Waudrez; 4. Villa de Terre-à-Pointes à Estinnes-au-Val; 5. Substructions d'Estinnes-au-Mont; 6. Substructions de Mont des Pierres à Estinnes-au-Mont; 7. Établissement du Champ des Agaises à Haulchin; 8. Habitat et nécropole du Cabaret à Haulchin; 9. Tumulus de la Motte

Artisanat

Un four de potier a été mis au jour au xixe siècle. Seul un document manuscrit atteste de sa découverte en donnant les distances par rapport à deux chemins. La confu­ sion entre sentier et chemin nous offre deux possibilités de localisation. La plus probable se situe à environ 500 m du centre présumé du vicus, sur la hauteur, le long de la chaussée. Toutefois, les prospections n'ont ré­ vélé aucun raté de cuisson ni de restes de structures de combustion à cet endroit. Une série importante de vases caractéristiques et peu représentés sur d'autres sites de consommation a été retrouvée dans le comblement d'un puits. Bien qu'il ne s'agisse nullement de ratés de

cuisson, la quantité et la particularité plaident en faveur d'une production locale. Ces fins vases à piédestal en terra nigra tardive, sont attribuables à la fin du ne et au IIIe siècle de notre ère. Toujours au nord de la chaussée, en redescendanl la pente vers l'est, un dépôt d'objets en fer et en bronze a été mis au jour dans une structure assimilable à une cave. À quelques dizaines de mètres, des scories de fer ont été récoltées. Bien qu'aucune trace de carrière n'ait encore été re­ cherchée ni retrouvée, le grès landénien, principal cons­ tituant du sous-sol des deux plateaux de même que les craies du secondaire que Ton retrouve au confluent des deux rivières, ont été exploités et utilisés comme maté­ riaux de construction des bâtiments. Puits

Plusieurs puits ont été vidés au xixe siècle sans que la lo­ calisation ne puisse être précisée. Ils se situent vraisem­ blablement au nord de la chaussée dans les parcelles cul­ tivées. Un grand puits de 3 m de diamètre a été fouillé en 1983. Il a livré un grand nombre d'objets divers: mon­ naies, mobilier métallique et céramique ainsi que de très nombreux squelettes d'animaux. Plusieurs vases archéo­ logiquement complets tant en terre sigillée qu'en céra­ mique métallescente ou engobée, de même qu'une im­ portante série de vases en terra nigra tardive ont été retirés de son comblement formé de différentes couches dont Tune contenait les restes de la margelle et de la toi­ ture qui coiffait le puits. L'étude préalable du matériel permet de situer son comblement final vers le milieu du me siècle. Nécropole Fig. 62 Waudrez: sépulture à incinération 8 de la nécropole située à l'ouest de l'agglomération

À l'occasion de la construction de nouvelles habitations le long de la chaussée d'Estinnes, quelques tombes à 317

incinération ont été mises au jour à 1,2 km du vicus, en direction de Bavay. Les fouilles de sauvetage n'ont pu être menées de manière exhaustive, toutefois, les quelques dizaines de m2 explorés ont livré un peu plus de dix tombes. Le mobilier céramique appartient essen­ tiellement à la catégorie de céramique commune et de terra nigra, imitant parfois les formes de céramique sigil­ lée. Des monnaies et des fibules parfois émaillées ac­ compagnent les vases. Les tombes sont creusées en pleine terre, une seule présentait peut-être les restes d'un coffrage en tuile. L'étude du mobilier permet de les situer de la fin du Ier siècle au milieu du IIe siècle. Les traces d'un chemin en direction du nord-ouest semblent marquer la limite ouest de cette nécropole dont l'étendue vers l'est n'est plus vérifiable. Croyances religieuses et niveau de vie

Le site a livré bon nombre d'objets variés et d'une cer­ taine qualité. Plusieurs fragments de statuettes de Vénus en terre blanche ont été retrouvés ainsi que d'autres morceaux de figurines à représentation humaine ou ani­ male. Deux poignées en bronze fragmentaires ayant appar­ tenu à un coffret, représentent Cybèle et son compa­ gnon Attis. Il s'agit dans ce cas d'objets utilitaires déco­ rés de sujets mythologiques. Un tesson particulier de vase à piédestal en terra nigra a été découvert en 1957. Il comporte un alphabet gravé à la pointe sèche, dont il reste les seize dernières lettres. Cette inscription insolite témoigne d'un certain niveau d'éducation sur le site au me siècle. La découverte d'un encrier en terre sigillée est un autre témoin éloquent de l'éducation sur le site. La grande quantité de céramique de luxe, sigillée ou vases métallescents, de même que les objets en bronze tels que les fibules émaillées, les poignées de coffrets éla­ borées, delphiniformes ou métroaques, les intaUles en cornaline traduisent très bien la période de prospérité des 11e et IIIe siècles en Gaule. Origine et relation avec l'arrière-pays

Bien que l'hypothèse d'une origine gauloise du site ait été soulevée, aucune preuve tangible ne plaide en fa­ veur de celle-ci; l'origine du vicus est à mettre en rela­ tion avec la création du réseau routier au Ier siècle avant J.-C. La présence de tessons de céramique sigillée augustéenne et de monnaies précoces, issus des fouilles du bâti­ ment situé dans la boucle du ruisseau au sud de la chaus­ sée, témoigne d'une première occupation du site malgré le fait qu'aucun bâtiment ne puisse encore être mis en relation avec ces objets. Les principaux vestiges découverts sur le site à l'heure actuelle datent essentiellement des ne et me siècles. Une occupation au Bas-Empire du vaste complexe est attestée par des monnaies ainsi que par de la céramique sigillée argonnaise décorée à la molette. Grâce à sa position sur la chaussée Bavay-TongresCologne, le vicus a pleinement joué son rôle économique. Les produits importés du reste de l'Empire s'y retrouvent de même que les productions de la région. Une balance à fléau en fer accompagnée de son lourd poids bico318

Fig. 63 Waudrez: alphabet gravé sur un gobelet en céramique belge

nique retrouvé au fond d'une cave témoigne du com­ merce pratiqué. Dans un rayon d'une dizaine de kilomètres autour du vicus, la campagne environnante recèle de nombreux vestiges depuis l'époque augustéenne jusqu'au BasEmpire. Des nécropoles datées des premières décennies du Ier siècle ont été mises au jour, toutefois aucune occu­ pation ne leur est associée. À partir du milieu du Ier siè­ cle apparaissent les villae dont la période faste s'étale sur les IIe et m e siècles de notre ère. Si certaines restent de modestes exploitations à vocation agricole, d'autres prospèrent et s'insèrent dans des vastes domaines dont les bâtiments sont nombreux et luxueux. C. A.

B ibliographie: Ansieau C., Waudrez (Binche), Agglom é­ rations secondaires, 253-254; Ansieau C., Vicus gallo-rom ain de Vodgoriacum à Waudrez (Ht). Fouilles 1989, VA, 33-34, 1989, 27 ) Ansieau C., Le vicus gallo-rom ain de Waudrez, Structures a r­ chéologiques au nord de la voie antique, DAR, 3, 1990, 8-37; Ansieau C. St Urbain C., Binche/W audrez: suivi de chantier le long de la Princesse et de la Bruille, CAW, 8, 2000, 40-41 ; Ansieau C. St Polet C., Découverte de sépultures à incinération de la nécropole du vicus de Waudrez (Hainaut, Belgique): analyse du m obilier et étude anthropologique, VA, 60, 2003, 119-151; Dekegel P. St Ansieau C., Vicus rom ain de Vodgoriacum à Waudrez, 1987; Deramaix I., Binche, Waudrez. Chaussée ro­ maine, constructions riveraines et nécropole, (EDF, 11 ), 2006 ; Deramaix I. St Sartieaux P.-P., Binche, Waudrez. Coupes dans la chaussée rom aine Bavay-Cologne, PAW, 277-279; Deramaix I. St Sartieaux P.-P., Binche/W audrez: chaussée d'Estinnes, CAW, 8, 2000, 39-40; Hanut F. St Capers P., Un puits à com blem ent cul­ tuel gallo-rom ain du vicus de Waudrez Vodgoriacum (Hainaut, Belgique): étude du m atériel archéologique et interprétation chro­ nologique, VA, 60, 2003, 5-103; Massart C. St Dekegel P., Trouvailles pro ve n a n t du vicus de W audrez (Collection de Gennaro), Waudrez, 1983.

3 4 1 B runehaut, Bléharies Divers travaux d'aménagement et de construction ont permis la découverte de substructions romaines dissémi­ nées sur le territoire de la localité de Bléharies. Parmi celles-ci se distinguaient quelques structures plus signifi­ catives : un dépotoir de fonderie et une nécropole. Dans la mesure où les traces d'occupation se répartissent le long de la route de Bavay à Tournai, elles peuvent peut-être ap­ partenir à une petite agglomération peu structurée.

P R O VI NC E DE HAI NAUT |

L 'h a b ita t d e

Les Zelvas

Entre 1953 et 1973, G. Courtine et H. Delerive mettent au jour, au hameau de Espain au nord de Bléharies, les substructions de deux bâtiments en pierre et un fossé, au lieu-dit Les Zelvas. Ces constructions se dressaient à quelque 200 m à l'ouest de la voie romaine BavayTournai. Le premier bâtiment construit selon un axe longitudi­ nal est-ouest atteignait encore 8 m sur 20 m. Doté d'une pièce annexe au sud, il présentait des fondations en cailloutis de grès qui reposaient au sud-est sur un dépo­ toir rempli de matériel du 1er siècle. Le second édifice, de 5,25 m sur 6,25 m, aménagé au sud-ouest du premier révéla l'existence de plusieurs phases d'occupation représentées par trois types de fon­ dations: grès, pierre bleue et cailloutis. À l'intérieur, le sol était jonché de tuiles calcinées et de fragments de torchis dont certains peints en blanc et rouge. D'après le matériel trouvé, le bâtiment aurait été construit vers la moitié du Ier siècle et occupé jusqu'à la fin du m e siècle. Orienté nord-ouest sud-est, le fossé peu profond a été suivi sur une longueur de 65 m. Il a livré un abondant matériel céramique constitué de terre sigillée de Lezoux, de Rheinzabern et d'Argonne, de céramique engobée de Cologne, mais également de céramique de tradition laténienne et des productions d'Howardries. Quelques fragments de statuettes en terre blanche ainsi qu’un as d'Antonin-le-Pieux et un sesterce de MarcAurèle y furent également trouvés. Si la plupart de ces objets remontent aux IIe et m e siècles, un certain nombre de tessons datent du ive siècle. Quelques substructions, notamment des vestiges d'hypocauste, furent encore découvertes au sud de cet ensemble. Le matériel archéologique trouvé sur le site est conservé au Musée d'Archéologie de Tournai. D é p o to ir d e fo n d e rie

Vers le milieu des années 1950, H. Delerive mit au jour, lors de fouilles de sauvetage, un dépotoir de fonderie situé à Espain à l'ouest de la route Valenciennes-Tournai. La fosse était comblée de terre noire à laquelle étaient mêlés des mâchefers, des objets en bronze, de la céra­ mique. Cependant, aucune trace de bas fourneau n'y fut repérée.

Ce dépotoir était environné de quelques vestiges d'ha­ bitat marqués par la présence de matériaux de construc­ tion. La céramique date l'occupation du site de la fin du Ier à la fin du IIe siècle. N é c ro p o le

La nécropole romaine de Bléharies localisée aux confins septentrionaux de la commune fut fortuitement mise au jour en 1972, sur un terrain situé entre la chaussée romaine Bavay-Tournai et la ligne de chemin de fer Tournai-Valenciennes. Lorsque H. Delerive entreprit les fouilles, trois quarts de la nécropole avaient déjà été saccagés. Seules seize tombes subsistaient: cinq à incinération, onze à inhu­ mation. D'après le plan fragmentaire de la nécropole, quatre des cinq sépultures à incinération étaient regroupées dans une zone de dispersion de cendres encadrée au nord et au sud par deux ensembles d'inhumation. Aucun ordre apparent ne régissait la disposition des tombes, c'est ainsi que certaines d'entre elles se chevau­ chaient. Au moins deux types d'inhumation semblent avoir co­ existé : les enfouissements en pleine terre et les inhuma­ tions dans un cercueil de bois ou dans un caveau en tuiles. En ce qui concerne les incinérations, les cendres et la dotation funéraire étaient le plus souvent déposées sur le fond de la fosse. L'une des sépultures se distinguait des autres puisqu'elle était constituée de deux comparti­ ments séparés par une tuile, l'un abritant l'urne ciné­ raire et quelques céramiques, l'autre les vestiges du bû­ cher. Le mobilier, assez pauvre, se trouvait essentiellement dans les fosses à incinération tandis que certaines tom­ bes à inhumation ne contenaient aucun objet. La dota­ tion funéraire était constituée principalement de céra­ miques, notamment des bouteilles en terra nigra et des plats à enduit rouge pompéien. Une monnaie de Faustine frappée après 141 après J.-C. fut également mise au jour dans l'une des tombes à incinération. Cette nécropole semble avoir été utilisée au cours du in c siècle, voire dès la fin du i f siècle. A.-M. H. B ibliographie: Delerive H., La pa rtie A .288 à Bléharies, BSTCPA, 30, 1975, 46-68; Delerive H., Le cimetière gallo-rom ain du village de Bléharies, BSTCPA, 37, 1978, 165-192; Delerive H. & Lefebvre G., D épotoir d'une fonderie à Bléharies/Espain, BSTCPA, 12, 1966; Pennant, Topographie, 26-42.

3 5 1 Brunehaut, H ollain H y p o c a u ste s

Fig. 64 Brunehaut: 1. Habitat de Les Zelvas à Bléharies; 2. Dépotoir de fondeur de Espain à Bléharies; 3. Nécropole de Bléharies; 4. Hypocaustes du Bas de Bléharies à Hollain

Dès 1952, trois hypocaustes ont été mis au jour au lieudit Bas de Bléharies au sud-ouest de la localité de Hollain. Quelques vestiges de murs étaient associés à ces struc­ tures mais aucun plan d'habitat n'a pu être dressé. Le premier hypocauste, quadrilatère irrégulier dont la longueur des côtés varie de 3,30 m à 4,80 m, est éloigné des deux autres d'une cinquantaine de mètres. Seuls subsistent le niveau de béton rose coulé sur un radier de 319

petits cailloux, et quelques pilettes carrées. Au nordouest, un petit bâtiment en pierres grossièrement équarries, couvert jadis d'un toit de tuiles, abrite le praefurnium. Au sud-est, le second hypocauste de 3 m sur 3,60 m présente encore des murs parementés à l'intérieur et des pilettes dressées sur un pavement de béton. Le troisième hypocauste qui atteint 3 m sur 4,60 m n'est distant du deuxième que de 2,80 m. Ses vestiges s'inscrivent dans un ensemble de substructions où se distinguent encore du côté oriental, les contours de deux pièces et, a l'ouest deux murets enclavés entre l'hypocauste et un caniveau. Le béton rose sur lequel se dresse encore une dizaine de pilettes rectangulaires est partiellement conservé. Des fragments de tubuli et d'en­ duits peints aux motifs linéaires ocre, verts, rouges et bruns jonchaient le sol de la pièce chauffée. Diverses substructions ont encore été découvertes à proximité de ces hypocaustes: un puits à double cuvelage de pierre et de bois, deux murs se coupant à angle droit, les prémices d'un mur de fondation, ainsi que de nombreux dépotoirs. Le matériel trouvé sur le site consiste le plus souvent en céramiques où l'on relève la présence de terres sigil­ lées, de céramiques à vernis rouge pompéien, et de céra­ miques à pâte savonneuse. Il semble indiquer que le site, occupé dès la fin du I e r siècle, est abandonné au siècle suivant. Cependant, la présence de terres sigillées d'Argonne ornées à la molette et d'une monnaie constantinienne permet de suggérer une réoccupation au Bas-Empire. A .-M . H.

C a rto g ra p h ie : voirfig. 64, 4. B ibliographie: Amand M., N ouveaux aspects de la ro m ani­ sation en Pévèle belge, Latomus, 58, 1962, 104-122; Delerive H. & Simon C., Bléharies: fouilles gallo-rom aines. M atériel céra­ mique, BSTGPA, 4, n° 7, 1990, 97-128.

3 6 1 B runehaut, Howardries A te lie rs d e p o tie r s

Le Planti

Eau, argile plastique et bois ont favorisé l'éclosion au Ier siècle d'une vaste industrie de la poterie, à une dizaine de kilomètres au sud de Tournai. Les territoires voisins de Howardries, de Taintignies et de Rumegies (F) ont ré­ vélé un complexe artisanal très étendu implanté princi­ palement sur la rive gauche de l'Elnon. Au nord-ouest d'Howardries, dix fours de potiers gallo-romains situés au lieu-dit Le Planti dans le Bois de Flines ont été fouillés entre 1954 et 1969 par M. Amand et M. Sutherland. Il s'agit de fours ovales à sole soutenue par une lan­ guette ou par un pilier central, à foyer simple et à tirage vertical. Le diamètre des fours oscillait entre 1,10 m et 1,60 m. La fouille a permis d'observer, dans un cas, la succession au même emplacement de deux fours : le plus récent était légèrement décalé vers le nord-est. Outre ces fours, une fosse de préparation de l'argile en vue du tournage a été dégagée. Elle recelait encore sous une couche de charbon de bois quelques boulettes d’ar­ gile prêtes à être tournées. 320

Fig. 65 Howardries, Le Planti: plan du four n° 6: 1. Première phase; 2. Réaménagement

Les céramiques trouvées dans les dépotoirs et à proxi­ mité des fours se composent en majorité de formes en céramique commune culinaire cuite en atmosphère ré­ ductrice: plats, jattes, marmites, couvercles et bouil­ loires. Le répertoire se compose également de quelques céramiques de table dont des vases s'inspirant de formes connues en terra nigra. À côté de vases cuits en atmo­ sphère réductrice, on signalera plusieurs formes tour­ nées dans une pâte brique ou orange, cuite en atmo­ sphère oxydante: quelques jattes à décor mouluré et coupes carénées, des cruches à une anse, à lèvre en en­ tonnoir multilobé, des dolia à lèvre arrondie et saillante et quelques types marginaux d'amphores régionales ap­ parentées aux récipients scaldiens. Il conviendrait de situer la production des fours dans la seconde moitié du Ier siècle voire au début du IIe siècle. Les céramiques d'Howardries, tout comme celles de l'atelier voisin du Rû Faluche à Taintignies, présentent un caractère propre à la région située à l'ouest de l'Es­ caut et à la limite entre les cités des Ménapiens et des Atrébates. Les substructions très lacunaires, d'un bâtiment de 8 m sur 12 m constitué d'au moins deux pièces, étaient localisées à proximité des fours. À 6 m au sud de l'un des fours, la fouille d'un hypo­ causte de 4,70 m sur 9,80 m a livré quelques pilettes ainsi que des fragments de tubuli, de suspensura et d'en­ duits peints. Recouvrant l'un des dépotoirs de l'atelier de potiers, ils témoignent de l'existence d'un habitat postérieur. Les vestiges d'un four de tuilier ont également été mis au jour sur le territoire de la localité. A.-M. H. & F. H.

T résor m o n é ta ir e

En 1953, un trésor monétaire de deux cent quarantedeux antoniniens contenus dans une urne, fut décou­ vert par M. Sutherland, au sud des fours de potiers. La plus ancienne de ces monnaies avait été frappée sous Élagabale tandis que les plus récentes, qui constituent plus des deux tiers de la trouvaille, l'ont été sous Postume. Quatre-vingt-trois pour cent de ces pièces pro­ venaient de l'atelier de Cologne. L'étude des deux

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Fig. 67 Velaines-Popuelles. Le Moreux: la cave de la villa

Fig. 66 Velaines-Popuelles. Le Moreux: plan de la villa. 1. Première période; 2. Seconde période

dernières émissions d'antoniniens de Postume trouvées à Howardries date l'enfouissement du milieu de l'année 263. Les monnaies sont conservées au Musée d'Archéologie du Tournaisis à Antoing. A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voirfig. 143, 4. B ibliographie: Amand M., L'industrie de la céramique dans le site du Bois de Fîmes, à Howardries, (AB, 127), 1971 ; FaiderFeytmans G., Trésor d'A ntoniniens à Howardries (Élagabale Postume), RBN, 106, 1960, 61-80.

3 7 1 Celles, Velaines-Popuelles La

villa Le Moreux

Les substructions d'une importante villa du HautEmpire ont été mises au jour entre 1967 et 1977 au lieudit Le Moreux ou Le Maureux aux confins des localités de Velaines et de Popuelles. Les fouilles entreprises avec

l'aide du Service national des Fouilles révèlent une occu­ pation du site depuis la Protohistoire jusqu'à l'époque romaine. Les fondations de la villa dont seules les premières as­ sises sont conservées, recoupent partiellement les ves­ tiges d'un vaste bâtiment de bois d'époque laténienne. La partie méridionale de la villa est fortement endom­ magée par l'érosion naturelle et les labours profonds tandis qu'une route contemporaine traverse le site selon un axe nord-ouest sud-est. Les structures mises au jour s'étendent sur une lon­ gueur de 106 m et une largeur de plus de 60 m. La villa s'organise autour d'une vaste cour délimitée au sud par le corps de logis, à l’est et à l'ouest par des bâtiments an­ nexes. Elle est fermée au nord par un grand portique. Une cave, de 4 m sur 5 m, creusée à l'angle du grand portique et de l'aile orientale, présente des murs en moellons soigneusement appareillés. Un large escalier de pierre y donne accès. Le grand portique est agrémenté en son milieu d'un porche d'entrée monumental composé de plusieurs piè­ ces. Quelques-unes d'entre elles sont en saillie de part et d'autre du portique. Une pièce chauffée par hypocauste occupe l'extrémité occidentale du portique. Le plan des bâtiments annexes de la villa témoigne de leur aménagement en deux phases au moins. Celles-ci sont notamment marquées par une légère modification intervenue dans l'orientation des murs. De même, on constate une différence dans le choix des pierres utili­ sées pour la construction: grès local pour le premier état, calcaire du Tournaisis pour le second. Lors de cette deuxième phase, il semble que les annexes aient partiel­ lement été reconstruites et reliées au corps de logis par des portiques. Le site a également livré des fosses à chaux, deux puits à coffrage en bois ainsi que des bas fourneaux. Ces der­ niers ne sont probablement pas contemporains de la villa. Des prospections effectuées en 1996 ont peut-être permis de localiser l'aile des bains. Le matériel archéologique mis au jour sur le site per­ met de dater l'occupation de la villa du Ier au me siècle après J.-C. A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voir fig. 152, 11.

321

de 13 a v a n t J.-C. ta n d is q u e la p lu s ré c e n te est u n a n to n in ie n d e P o stu m e é m is e n 263. La n a tu re d e ces d é c o u v e rte s, de m ê m e q u e la d ista n c e de 44,5 k m , s o it 30 m ille s ro m a in s o u 2 0 lieu es g a u ­ loises, q u i sép are ce t é ta b lis s e m e n t ro u tie r de la v ille de B avay la is s e n t p e n s e r q u e C h a p e lle -le z - H e r la im o n t p o u rr a it avoir été u n relais de p o ste, u n e mansio o u u n p o ste fro n tiè re . A.-M. H.

Fig. 68 Velaines-Popuelles. Le Moreux : sandale en cuir trouvée dans le puits de la villa a B ibliographie: Lambert H., Vestiges superposés d'une villa gallo-rom aine en m atériaux durs et d'une h a b ita tio n en bois à Velaines-Popuelles, (AB, 133), 1971, 5-14; Lambert H., Villa ro­ maine à Velaines-Popuelles, (AB, 177), 1975, 45-49; Lambert H., La villa gallo-rom aine de Velaines-Popuelles, (AB, 206), 1978, 51-54 ; Soleil P., Celles/Velaines: bains (?) de la villa de Popuelles, CAW, 4-5/1996-1997, 21.

C a rto g ra p h ie : voir fig. 120, 4. B ibliographie: Cumont F., Poignées de bronze décorées de bustes de Cybèle et d'Attis, ASAB, 22, 1908, 219-228; Darquenne R., Chapelle-lez-Herlaimont, son histoire, ses gens, Chapelle-lezHerlaimont, 1981 ; Mariën, Brunehaut, 38-40.

3 9 1 Charleroi, Marchienne-au-Pont T h erm es a u

3 8 1 Chapelle-lez-Herlaimont, Chapelle-lez-Herlaimont L a s ta t io n r o u tiè r e d e

Fontenelle

Im p la n té d e p a rt e t d 'a u tr e d e la c h a u ssé e ro m a in e B avay-C ologne à l’e n d ro it o ù elle fra n c h it le P iéto n , l'é ta b lis s e m e n t de C h a p e lle -le z -H e rla im o n t e st lo calisé à l'e s t de la c o m m u n e ac tu e lle , au lie u -d it Fontenelle o u Ville de Verviers, su r la fro n tiè re d e la c ité des N e rv ie n s et de celle d es T ongres. Le site est d é c o u v e rt e t b riè v e m e n t ex p lo ré e n 1878 p a r J. Fiévet a v a n t q u e R. W a ro c q u é n 'y e n tr e p re n n e e n 1907 u n e c a m p a g n e d e fo u illes m e n é e s su r les d e u x b erg es e t d a n s le lit d e la rivière. L 'o ccu ­ p a tio n ro m a in e à C h a p e lle -le z -H e rla im o n t reste n é a n ­ m o in s très m a l c o n n u e . D es m u rs de fo n d a tio n s e n b lo c s d e grès, des m a té ­ ria u x d e c o n s tru c tio n tels q u e fra g m e n ts de tu ile s avec sigle e t c a n a lisa tio n s e n b o is s o n t a in s i m is au jour. Ces d é c o u v e rte s s 'a c c o m p a g n e n t d e c é ra m iq u e e t de v e rre ­ rie, d e n o m b r e u x o b je ts e n fer e t e n b ro n z e , d e p ièce s de h a rn a c h e m e n t, de p o in te s de lan ce , de b ijo u x , d 'u n strigile e t d 'u n e trè s b e lle p o ig n é e d e co ffre e n b ro n z e m o u lé o rn é e d ’u n b u s te de C ybèle. C e tte d e rn iè re é ta it e n c a d ré e de d e u x lio n s e t d e d e u x p e tits b u ste s d'A ttis s u r m o n ta n t u n e p o m m e de p in . D ix -sep t m o n n a ie s d o n t u n aurais de T itu s o n t é g a le m e n t é té rec u e illie s. La p lu s a n c ie n n e , u n d e n ie r à l'e ffig ie d'A uguste, est d até e

Pachi al Cave

U n é ta b lis s e m e n t th e r m a l a été c o n s tru it d a n s u n q u a r­ tie r de M a rc h ie n n e , d u n o m d e Pachi al Cave. M ê m e si o n ig n o re l'e m p la c e m e n t de la villa ro m a in e d o n t les th e r m e s p o u v a ie n t d é p e n d re , ceux-ci s o n t a d m ira b le ­ m e n t situ é s: le c h o ix d u lie u s 'e x p liq u e p a r la p ré s e n c e de l'E a u d 'H e u re , à l'é p o q u e b e a u c o u p p lu s ra p p ro c h é e q u 'a u jo u r d 'h u i d e l'é d ific e r o m a in ; e n o u tre , il d o m in e la S am b re q u i e n tre e n c o n flu e n c e avec l'E au d 'H e u re à 3 0 0 m vers le n o rd .

Fig. 70 Charleroi : 1. Établissement portuaire de la jambe de Bois à Monceau-sur-Sambre; 2. Nécropole du Gué d'Hameau à Monceau-sur-Sambre; 3. Nécropole de la Carrière Duliière à Monceau-sur-Sambre; 4. Établissement thermal de Pachi al Cave à Marchienne-au-Pont

Fig. 69 Chapelle-lez-Herlaimont, Fontenelle: poignée en bronze figurant Cybèle et Attis

322

D es fo u ille s d 'u rg e n c e o n t été c o n d u ite s e n 1981 ru e de la G e n d a rm e rie . L 'é ta b lisse m e n t th e r m a l m is a u jo u r c o u v re u n e s u p e r­ ficie d e 110 m 2. O n a p u y o b se rv e r q u a tre pièce s fo r­ m a n t d e u x e n s e m b le s : u n praefurnium e t u n e an n ex e, u n caldarium, u n frigidarium, v o ire u n tepidarium.

P R O VI NC E DE HAI NAUT |

Fig. 71 Marchienne-au-Pont, Pachi al Cave: la piscine froide et la banquette de l'établissement thermal

Fig. 73 Marcinelle: plan partiel de la villa

Les murs sont construits en pierres calcaires liées au mortier gris. Leur épaisseur varie de 0,40 m à 0,80 m. La piscine froide mesurant 3 m sur 4,80 m est particu­ lièrement bien conservée. Le béton de sol est rehaussé d'une banquette de fin mortier rose; elle est cernée par des quarts-de-rond d'étanchéité. Des restes de peinture murale ont été relevés en place sur le mur qui surmonte la banquette ; on y voit un motif de touffe végétale en plinthe. Outre cette découverte, d'autres fragments d'enduits peints ont été récupérés dans la zone des bains froids, à savoir des éléments de fond noir sur lesquels se détache une guirlande schématique jaune ou verte. R. B.

Fig. 74 Marcinelle: la cave du corps de logis de la villa

B ibliographie: Delplace, Peintures, 19-21; De Waele E., Bains romains et deux caves médiévales à M archienne-au-Pont,

s'étend sur une distance de 20 m à 24 m. Parmi les diffé­ rentes salles figurent au nord-ouest, une cave bien conser­ vée et au sud-ouest, deux pièces chauffées par hypocauste qui appartiennent vraisemblablement à un complexe de bains. En effet, le plus grand des deux hypocaustes dispo­ sait d'une baignoire aménagée dans une exèdre. La cave, de 3,55 m sur 3,75 m, présente encore des murs hauts de 2 m, édifiés au moyen de moellons cal­ caires gris clair et gris bleu soigneusement appareillés. Ses murs sont percés de sept niches cintrées et de deux soupiraux construits en blocs de tuffeau. Le sol en terre battue est drainé au moyen de caniveaux aménagés le long des murs qui se déversent dans un égout traversant la cave de part en part. Une cave isolée de 3,80 m de côté, a été découverte à 40 m au sud du corps de logis. Ce cellier dont le sol est recouvert de béton rose, est percé de quatre niches et d'un soupirail. Un petit vase à bustes presque complet a été trouvé dans la première cave. Orné de six masques barbus et d'un vi­ sage imberbe, il date de la seconde moitié du I I e siècle.

ASOS, 3,

1984, 200-232.

4 0 1 Charleroi, Marcinelle La

villa

Les travaux d'aménagement du ring sud de Charleroi amenèrent en 1973 à la mise au jour des substructions d'une villa, au sud-ouest de Marcinelle. Localisé sur la rive occidentale du Bataille, cet établissement rural est construit sur un terrain en légère pente orienté sud-est nord-ouest.

T u m u lu s

Fig. 72 Marcinelle: 1. Villa', 2. Tumulus

Les fouilles de sauvetage entreprises par le Cercle d'Histoire et d'Archéologie de Marcinelle ont exhumé une partie - soit une dizaine de pièces - du corps de logis qui

À quelque 400 m au sud de la villa se dresse un tumulus, actuellement classé, qui présentait encore au siècle der­ nier un diamètre de 35 m et une hauteur de 8 m. Exploré par A. Cador en 1863, il a livré les restes du bûcher, des ossements calcinés ainsi qu'une dotation funéraire for­ tement endommagée. A.-M. H.

323

B ibliographie: Brulet R., Un vase à masques à Marcinelle, Helinium, 17, 1977, 1, 56-70; Janti G., La villa rom aine (La tombe). Résultat des fouilles menées sur le site (73 -75), CHAM, décembre 1975; Lejeune B., Découverte d'une villa rom aine à Marcinelle, DRSPAC, 56, 1972-1973, 117-120.

4 1 1 Charleroi, Monceau-sur-Sambre L e p o r t d e la

Jambe de Bois

Les sites d 'é p o q u e ro m a in e im p la n té s su r les berges d e la S am b re s o n t assez n o m b re u x , le co u rs d 'e a u é ta n t p ra ti­ cab le ju s q u 'à h a u te u r de La B ulssière. Les vestiges très é te n d u s relevés su r la rive g a u c h e de la S am b re p la id e n t e n fav eu r d e l'e x iste n c e d 'u n e s ta tio n p o rtu a ire , e n to u ré e d 'u n h a b ita t. C 'e st e n 1924 q u e fu re n t d é c o u v e rts les vestiges d 'u n e in s ta lla tio n su r les b o rd s de la S am bre, lors de la c o n stru c ­ tio n de la n o u v e lle écluse de la Jambe de Bois. À ce t e m p la ­ c e m e n t se tro u v a ie n t d e u x ran g ées de p o te a u x situ és à 0 ,4 0 m o u à 0 ,5 0 m l 'u n de l'a u tre . C e rta in s é ta ie n t en hêtre, la p lu p a r t e n b o u le a u . Leur se c tio n c ircu laire é ta it d e 0,10 m e t les d e u x ran g ées é ta ie n t d ista n te s d 'e n v iro n 5 m . Les a u te u rs d u ra p p o rt n e p ré c ise n t p as la d ire c tio n de ces ran g ées de p ie u x m ais o n p e u t e n d é d u ire q u 'ils d e v a ie n t être placés p a ra llè le m e n t au co u rs de la rivière. Les p iq u e ts é ta ie n t a p p o in té s e t fichés d a n s le gravier sa m b rie n . Lors de cette d é co u v erte, de n o m b re u x o b jets d 'é p o q u e ro m a in e o n t é té ra m e n é s au jour, n o ta m m e n t des outils, de la céra m iq u e , u n e sa n d a le e n cuir, des frag­ m e n ts de vases à p e rfo ra tio n s m u ltip le s o u nasses. Des re­ ch e rc h e s o n t été e n tre p rise s sous l 'u n des b â tim e n ts d e la c e n tra le é le c triq u e de M o n c e a u (ICDI). Ces fouilles o n t d o n n é lieu à la d é c o u v e rte de p lu sie u rs foyers associés à d u m a té rie l c é ra m iq u e : te rre sigillée, c é ra m iq u e e n g o b é e à d é c o r de chasse e t c é ra m iq u e c o m m u n e .

Fig. 76 Monceau-sur-Sambre, G u é d ' H a m e a u : collier en bronze avec pendentif en forme de rouelle issu de la nécropole La n é c ro p o le m a rq u e b ie n la fin d u ne e t le d é b u t d u m e siècle e t fo u r n it u n é v e n ta il d u m o b ilie r c é ra m iq u e ré ­ g io n a l. Q u e lq u e s fib u le s ém a illé e s n e d é p a re n t p as d a n s ces o ffra n d e s. À n o te r aussi u n c o llie r e n b ro n z e avec p e n d e n tif à ro u e lle p la c é a u to u r d u col d 'u n e u rn e c in é ­ raire. U ne a u tre n é c ro p o le p lu s m a l c o n n u e se tro u v e lo c a li­ sée vers le sud, à p e u de d is ta n c e d u c h e m in de halag e . Les d é c o u v e rte s o n t été réalisé es d a n s le cad re de l'e x te n ­ sio n d e la c a rriè re D u llière. À l'e x c e p tio n d e q u e lq u e s té ­ m o ig n a g e s p lu s a n c ie n s, re m o n ta n t au La T è n e fin ale, les sé p u ltu re s d e la c a rriè re D u lliè re s o n t c o n te m p o ­ ra in e s d e celles e x h u m é e s au Gué d’Hameau. R. B. C a rto g ra p h ie : voirfig. 70, 1-3.

Fig. 75 Monceau-sur-Sambre, la nécropole sur le coteau

G u é d 'H a m e a u :

fouille de

N é c r o p o le s La n é c ro p o le d u Gué d'Hameau a été im p la n té e à fla n c d e c o te a u à m o in s d 'u n e c e n ta in e d e m è tre s d e la rive g a u c h e a c tu e lle de la S am bre. U n e q u a ra n ta in e de sé p u ltu re s m o d e s te s à in c in é ra ­ tio n o n t p u être e n re g istré e s à p a rtir d e 1955. Le p lu s s o u v e n t les fosses fu n é ra ire s se tr o u v a ie n t p ro té g é e s p a r u n caveau de p ie rre s sch isteu ses o u d e tu ile s.

324

B ibliographie: Arnould M.-A., Les découvertes archéolo­ giques de la «ïam be de Bois», DRSPAC, 42, 1937, 174-177; Brulet R., La nécropole gallo-rom aine du Cué d'H am eau à M onceau-sur-S am bre, DRSPAC, 55, 1970-1971, 25-85; Debaille E. & Wattez L., Les vestiges belgo-romains trouvés à Monceau-sur-Sambre, DRSPAC, 38, 1927-1931, 15-19.

4 2 1 Chièvres, Grosage La

villa

Au su d -e st de G rosage, u n é ta b lis s e m e n t ru ra l b â ti su r le fla n c n o rd d 'u n e c o llin e s 'é te n d su r p lu s ie u rs h e c ta re s. R epéré a u d é b u t des a n n é e s 1970, il a fa it l'o b je t de fo u illes e t d e so n d a g e s d e 1975 à 1985. Les p ro s p e c tio n s a é rie n n e s o n t é g a le m e n t p e rm is de d resser u n p la n d e ce

PROVI NCE DE H AI N AU T

co m p le x e a g rico le q u i se p ré s e n te so u s la fo rm e d 'u n v aste q u a d rila tè re im p la n té e n b o rd u re d e ru isse a u . Les divers b â tim e n ts de la villa s o n t c o n s tru its a u to u r d 'u n e v aste c o u r d o n t le c e n tre est o c c u p é p a r u n e m are. Le co rp s d e logis e t ses q u e lq u e s pièces c h a u ffé e s p a r hyp o c a u ste o c c u p e n t la z o n e o c c id e n ta le ta n d is q u e le c ô té o rie n ta l est fe rm é p a r u n lo n g b â tim e n t é tr o it au sol b é ­ to n n é . L 'aile n o rd se ra it c o n s titu é e d 'e n tr e p ô ts e t d 'a te ­ liers, la p a rtie m é rid io n a le se ra it q u a n t à elle fo rm é e d 'u n b â tim e n t u n iq u e v o ire de p lu s ie u rs c o n s tru c tio n s isolées. Les fo u ille s o n t révélé l'u s a g e de p la q u e s d e sc h iste q u i p o u rr a ie n t a v o ir servi d e c o u v e rtu re p o u r les to its o u de p a re m e n ts m u ra u x . N é c r o p o le e t c a v e a u x fu n é r a ir e s L ocalisé à p ro x im ité d u h a m e a u de La B iderie, su r u n te r­ ra in b a ig n é p a r le D o m issa rt, le c im e tiè re g a llo -ro m a in de G rosage est m is au jo u r e n 1985, à e n v iro n 3 0 0 m au su d -o u e st des su b s tru c tio n s de la villa. C ette n é c ro p o le se d is tin g u e p a r la p ré s e n c e de m o n u ­ m e n ts p lacé s e n a lig n e m e n t s e lo n u n axe n o rd -s u d ; o n y v o it tro is cav eau x circ u la ire s éd ifiés e n g ra n d a p p a re il e t d e u x stru c tu re s carrées. Q u a tre de ces c o n s tru c tio n s b â tie s e n p ie rre calcaire o n t été d é m a n te lé e s a fin d 'a li­ m e n te r des fo u rs à c h a u x situ é s n o n lo in et n e s u b s iste n t d o n c p lu s q u 'à l'é t a t d e traces n ég ativ es. Seul su b siste l 'u n des caveaux, le p lu s se p te n trio n a l, d e 2,95 m d e d ia m è tre , éd ifié e n m o e llo n s de tu ffe a u . U n c o u lo ir o rie n té n o rd -o u e s t su d -est d o n n e accès à u n e c h a m b re fu n é ra ire c a rré e de 0 ,9 0 m d e côté, d o té e de tro is n ic h e s . Le sol est c o n s titu é d 'u n e ép aisse c o u c h e de b é to n gris ta n d is q u e l'e n s e m b le d u caveau d e v a it être c o u v e rt d 'u n e v o û te . Pillé c o m m e les d e u x a u tre s ca­ veau x , il n 'a livré q u e q u e lq u e s te sso n s de c é ra m iq u e et u n as d e M arc-A urèle, d a té de 164-165 ap rès J.-C. Les d e u x stru c tu re s carrées, d e 3 m d e cô té p ro f o n d é ­ m e n t e n fo u ie s d a n s le sol, p o u rr a ie n t a v o ir servi d 'a ssise à des p ilie rs fu n é ra ire s. Au n o rd des tro is caveaux, u n e to m b e e st c o n s titu é e d 'u n dolium q u i re n fe rm e o u tre les o ss e m e n ts c alc in és d u d é fu n t m êlés a u x c e n d re s d u b û c h e r, la d o ta tio n fu ­ n é ra ire e t u n e m o n n a ie d 'A n to n in -le -P ie u x .

U n e s e p ta n ta in e de to m b e s à in c in é ra tio n o n t été m ises au jo u r d a n s la p a rtie o c c id e n ta le d u c h a m p de rep o s. D ivers ty p e s de sé p u ltu re s c o e x is te n t: e n fo u isse ­ m e n ts e n p le in e te rre avec d is p e rsio n o u n o n des c e n ­ d res s u r le fo n d de la to m b e , o ss e m e n ts calc in é s re c o u ­ v e rts d 'u n e tu ile , c e n d re s d ép o sées d a n s u n e u r n e o u d é p ô t fu n é ra ire a b rité p a r u n loculus e n tu ile s. Les fo u ille s o n t é g a le m e n t révélé la p ra tiq u e de c e rta in s ri­ tu e ls fu n é ra ire s tel le b ris in te n tio n n e l de céra m iq u e s, les o ffra n d e s a lim e n ta ire s e t m o n é ta ire s. A c ô té de la c é ra m iq u e , p ré s e n te à ra is o n d 'u n e m o y e n n e d e tro is vases p a r to m b e , le m o b ilie r fu n é ra ire est c o n s titu é d e fib u le s e n b ro n z e e t e n fer, d e p erles, de p a le tte s à o n g u e n ts , d 'u n c o ffre t e n bois, de c h e n e ts et d e m iro irs à m a n c h e o u à couvercle. La p é rio d e d 'u tilis a tio n d e la n é c ro p o le se situ e e n tre la fin d u Ier siècle d e n o tr e ère e t la fin d u n ‘ siècle. La lim ite o rie n ta le de la n é c ro p o le , m a té ria lisé e p a r u n fossé, a é té re c o u p é e e n d e u x e n d ro its. D e m ê m e , des fosses n o irâ tre s localisées e n tre c e tte lim ite e t l'a lig n e ­ m e n t d e cav eau x c o rr e s p o n d e n t é v e n tu e lle m e n t à l'a ire d 'in c in é ra tio n . A .-M . H.

B ibliographie: Houbion F., La nécropole gallo-rom aine et ses caveaux funéraires, PAW, 371-373; Houbion F., La villa gallo-ro­ m aine de Grosage, COB, 1971, 5-9; Houbion F., Grosage (H t): nécropole à incinération et monum ents funéraires, Arch., 1988, 193-194; Houbion F., La nécropole gallo-rom aine de Grosage, COB, 1989, 231-244; Houbion F., Grosage (Chièvres). Nécropole gallo-rom aine, AHOActes, 1993, 84-86; Hus J. & Houbion F., Archéométrie du fou r à chaux F II de la nécropole de Grosage (Chièvres), COB, 1995, 71-77.

4 3 1 Chièvres, Ladeuze L es

villae

La lo c a lité de L adeuze recèle to u te u n e série de vestiges g a llo -ro m a in s p lu s o u m o in s b ie n c o n n u s. A insi, e n 1912, les s u b s tru c tio n s d 'u n e villa fu r e n t p a r­ tie lle m e n t ex p lo rées a u lie u -d it Tiripré. Ces fo u ille s a u ­ r a ie n t p e rm is de re c o n n a ître u n b â tim e n t d 'u n e lo n ­ g u e u r de 4 0 m . U n e se c o n d e villa a u ra it été re p é ré e au n o rd d e L adeuze, à p ro x im ité d e la H u n e lle . E n c lo s fu n é r a ir e

Fig. 77 Grosage: plan de l'un des caveaux de la nécropole

N o n lo in de la villa de Tiripré, l'e n c lo s fu n é ra ire de L adeuze, localisé au lie u -d it Courtil Gras a u n o rd -o u e st d u h a m e a u de Ladeuze, fu t m is au jo u r e n 1912 lors de tra v a u x d 'e x tra c tio n d 'arg ile. C o n s tru it e n m o e llo n s de pierre, de 26 m de côté, il e n to u ra it c in q to m b e s à in c in é ­ ra tio n disposées a u to u r d 'u n p ilie r fu n éraire. D eux des sé­ p u ltu re s p ré s e n ta ie n t e n c o re u n caveau d o n t les parois é ta ie n t faites p o u r l'u n e de galets et p o u r l'a u tre d e tuiles. Seuls d o u z e g ra n d s b lo c s de grès la n d é n ie n e t de ca l­ c aire gris b le u â tre té m o ig n a ie n t e n c o re de l'e x is te n c e d u p ilie r fu n é ra ire . C e rta in s d 'e n tr e eu x é ta ie n t c in tré s. Les tra c e s d 'u n e m p ie rr e m e n t fu r e n t é g a le m e n t rep érées e n tre le m o n u m e n t e t l'u n e des fosses. T rois des to m b e s o n t liv ré u n m o b ilie r fu n é ra ire c o n s­ titu é d e c é ra m iq u e s , de p e tits vases e n v erre, d e fibules, d 'é lé m e n ts d 'h u is s e rie , d e q u e lq u e s m o n n a ie s à l'e ffig ie

325

Fig. 78 Chièvres, Ladeuze: 1. Villa de Tiripré; 2. Villa (?); 3. Enclos et tombes du Courtil Gras à Ladeuze; 4. Sépultures et fossés; 5. Fosses; 6. Réseau de fossés; 7. Fonds de fosses et des trous de poteau au lieu-dit Goulouff

de D o m itie n , d 'H a d rie n , d 'A ntonin-le-P ieux, de F austine I e t de L ucius V erus. A illeurs e n tre les lie u x -d its Tiripré e t Ferme Lafosse, le suivi des tra v a u x d 'in f ra s tru c tu r e d u TGV a m is l'a c c e n t su r des fossés, u n e v o ie ru ra le et des sé p u ltu re s à in c in é ­ ra tio n . D es fosses o n t été m ise s au jo u r a u su d d u Bois Dérodé, d es ré se a u x de fossés d a té s d u d é b u t d e la ro m a ­ n is a tio n e t d u Ier siècle e n tre la G a re n n e d 'A u d e n a e rd e et la ru e S t-U rsm er les B ailles, des fo n d s d e fosses et des tro u s d e p o te a u au lie u -d it Goulouff. A.-M. H. ii B ibliographie: Amand M., Piliers à baldaquin chez les Nerviens du H ainaut occidental , VA, 29, 1988, 17-36; Demeuldre P., Histoire de Ladeuze, ACAAlh, 12, 1925, 42-55; Dens C. & Poils J., La pyram ide cinéraire de Ladeuze. IIe siècle de l'ère chré­ tienne, ASAB, 27, 1913, 305-319; Frébutte C., Chièvres/ Ladeuze, (EDF, 2), 1996, 121-124; Frébutte C. & Henton A., Présentation des structures funéraires gallo-rom aines rencontrées sur le tracé hennuyer du TGV, VA, 49, 1998, 47-73.

4 4 1 Com ines-W arneton, Ploegsteert R iche e n argile, le so u s-so l d e la ré g io n d e P lo eg steert, su r la rive g a u c h e d e la Lys, est e x p lo ité p a r d e n o m ­ b re u se s b riq u e te rie s. Les tra v a u x d 'e x c a v a tio n d e l'u n e d 'e n tr e elles, «Les B riq u eteries d e P lo eg steert» , o n t e n ­ tra în é la m ise au jour, d e p u is la fin d es a n n é e s 1970, d 'u n e n é c ro p o le à in c in é ra tio n a in si q u e de fosses, de fossés e t de p u its. É parpillés su r to u t le site q u e lq u e s o b ­ jets d o n t n o ta m m e n t des m e u le s e n p ie rre , des p ie rre s à aiguiser, des c h e n e ts, té m o ig n e n t d 'u n e ac tiv ité a rtisa ­ n a le . E n re v a n c h e , a u c u n e tra c e d e b â tim e n t n e fu t re p é ­ rée p a r les m e m b re s d e la S ociété d 'H is to ire de C o m in e sW a rn e to n q u i o n t su iv i les tra v a u x d 'e x p lo ita tio n .

326

Fig. 79 Ploegsteert: coupe d'un puits à double cuvelage de la zone artisanale: 1. Premier puits; 2. Second puits Z o n e a r tis a n a le S ituée à p ro x im ité d 'u n p u its, u n e vaste fosse à fo n d p la t e t p a ro is o b liq u e s a tte ig n a n t u n e v in g ta in e de m è tre s de lo n g , 2 m d e large et 2 m de h a u t, p o u rr a it ê tre u n e argilière d 'é p o q u e ro m a in e . D 'a p rè s le m a té rie l a rc h é o lo ­ g iq u e q u i e n fu t e x trait, elle a u ra it été c o m b lé e à la fin d u IIe o u au d é b u t d u me siècle. D es fosses re m p lie s d 'a r ­ gile p u re fu r e n t é g a le m e n t m ise s a u jour. En 1988, les fo u ille u rs o n t dégagé u n p u its d o n t le co f­ frage q u a d ra n g u la ire , de 0 ,8 0 m su r 1 m , é ta it c o n stitu é

PROVI NCE DE H A I N A U T |

d e p la n c h e s de b o is. Au fo n d d e celui-ci, les c o u c h e s r e n ­ fe rm a ie n t de n o m b r e u x te sso n s d e vases jetés d a n s le p u its a u m o m e n t d e s o n a b a n d o n ; ce re m b la ie m e n t est d a ta b le de la se c o n d e m o itié d u IIe siècle. Au se in d e la v aisselle d 'u sa g e re s so rt u n lo t im p o r ta n t de c ru c h e s et de c ru c h e s -a m p h o re s q u i se ré p a rtis s e n t e n d e u x fa­ b riq u e s de vases à c u is so n o x y d a n te . La p re m iè re re ­ g ro u p e des ré c ip ie n ts à p â te b la n c h e à b eig e v ra is e m b la ­ b le m e n t im p o rté s d 'u n e a u tre ré g io n d u n o rd d e la G aule. La se c o n d e , p a r c o n tre , ra sse m b le la p lu s g ra n d e p a rtie des c ru c h e s e t c ru c h e s -a m p h o re s e t se c aractérise p a r u n e p â te b r u n gris. L 'im p o rta n c e q u a n tita tiv e des c ru c h e s d u s e c o n d g ro u p e , de m ê m e q u e la p ré s e n c e de ratés d e c u is s o n d a n s c ette fa b riq u e , fo n t so n g e r à u n e p ro d u c tio n d e l'a r tis a n a t local. U n ty p e d e c ru c h e se ré ­ v èle p a rtic u liè re m e n t a b o n d a n t: les c ru c h e s p irifo rm e s au c o l d ro it m u n i d 'u n e lèv re a n n e lé e . D es tra c e s d 'a c tiv ité s sid é ru rg iq u e s tels q u e scories, lo u p e s e t fra g m e n ts d 'u n bas fo u rn e a u , o n t é g a le m e n t été rep érées. P lu sie u rs p u its, p ro fo n d s de 5 m , d o n t le d ia m è tre o s­ c illa it e n tre 0 ,6 0 m e t 1,20 m , d o iv e n t ê tre m is e n ra p ­ p o r t avec les activ ités a rtisa n a le s d é v e lo p p é e s s u r le site. Ils d is p o s a ie n t d 'u n cuvelage c irc u la ire e n b o is tressé l'e s se n c e la p lu s u tilisé e é ta n t le sa u le - m a in te n u p a r des p iq u e ts v e rtic a u x p o in tu s fo r te m e n t a n c ré s d a n s le sol. T rois d e ces p u its d a te n t des i f e t me siècles. La n a tu r e des d é c o u v e rte s - traces d 'a c tiv ité s a rtisa ­ nales, n é c ro p o le à m o b ilie r p a u v re - et le u r d is p e rsio n su r le site in c ite à p e n s e r q u 'il s'a g it d 'u n e z o n e a rtisa ­ n a le situ é e e n p é rip h é rie d 'u n e a g g lo m é ra tio n . D 'a p rè s le m a té rie l c é ra m iq u e , l'o c c u p a tio n d u site s 'e s t s u r to u t d é v e lo p p é e a u c o u rs des IIe e t in e siècles m ais n e se m b le pas a v o ir c o n tin u é au iv e siècle. Les é lé m e n ts les p lu s a n c ie n s tro u v é s à P lo e g ste e rt n e s o n t pas a n té ­ rie u rs à l'é p o q u e fla v ie n n e .

N é c r o p o le Si e n v iro n tre n te to m b e s fu re n t m ises au jour, d ep u is 1975, u n e q u a ra n ta in e de fosses a v a ie n t d éjà été d é tru ite s p ré c é d e m m e n t p a r l'e x p lo ita tio n des g is e m e n ts d 'arg ile. Les fosses, le p lu s so u v e n t rectan g u laires, a b rita ie n t des o sse m e n ts calcinés e t les vestiges d u b û c h e r auxquels s 'a jo u ta it parfois u n e d o ta tio n fu n é ra ire assez p au v re c o n stitu é e des fra g m e n ts de céra m iq u e c o m m u n e . Q uatre to m b e s c o n te n a ie n t des céram iq u es, te rre sigillée, v ern is ro u g e p o m p é ie n et c é ra m iq u e en g o b ée, d atab les des IIe et IIIe siècles. Le cim e tiè re n 'a livré a u c u n e m o n n a ie . A .-M . H. & F. H.

B ib lio g rap h ie: Bourgeois j., Le vicus g a llo -ro m a in de Ploegsteert (Comines), AHOActes, 1978, 39-51 ; Bourgeois j., Le vicus ga llo -ro m ain de Ploegsteert (Comines-Warneton, prov. de H a in a u t): un bilan provisoire, AHOActes, 1983, 71-100.

4 5 1 Dour, Élouges La

villa d e s Monts d'Élouges

Au c o u rs d u xixe siècle, les s u b s tru c tio n s d 'u n e im p o r­ ta n te villa ro m a in e o n t été m ise s au jo u r au lie u -d it Monts d'Élouges, à e n v iro n 3,5 k m à l'e s t d e la v o ie ro ­ m a in e Bavay-Blicquy. D e ces vestiges très m a l co n serv és, im p la n té s s u r u n e c o llin e b o rd é e a u su d e t à l'o u e s t p a r le ru isse a u d 'É lo u g es, n e s u b s ista ie n t p lu s q u e q u e lq u e s m u rs d e fo n d a tio n , des traces d e m u rs e n n é g a tif ain si q u e des d é b ris d e m a té ria u x de c o n s tru c tio n ép a rp illé s s u r u n e su p e rfic ie de 8 6 0 m 2. Le co rp s d e logis d o n t il n 'y av ait p lu s q u 'u n e d iz a in e d e pièce s re c ta n g u la ire s s 'o u v ra it san s d o u te vers le sud. D es restes d 'h y p o c a u s te s e t de foyers y o n t été tro u v é s.

Fig. 80 Élouges: plan général des vestiges de la villa

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Les vestiges d 'u n e p e tite p iè c e c h a u ffé e p a r h y p o c a u ste à p ro x im ité de la q u e lle d é b o u c h a it u n a q u e d u c o rie n té n o rd -e st su d -o u e st o n t été m is a u jo u r à l'e s t d u site. D eu x a u tre s a q u e d u c s o n t été re p é ré s p lu s au s u d ; l 'u n é ta it o rie n té n o rd -s u d ta n d is q u e l'a u tre su iv a it u n axe su d -est n o rd -o u e st. D e s e c tio n carrée, ces tro is c a n a lisa ­ tio n s e n te rre c u ite é ta ie n t c o u v e rte s de tu ile s e t e n to u ­ rées d e b é to n rose. Au v u des é lé m e n ts d é c o ra tifs m is au jo u r, p la q u e s de m a rb re b la n c v e in é d e ro u g e, e n d u its p e in ts a u x m o tifs lin é a ire s b le u s e t ro uges, pavés e n p ie rre b le u e , e t frag­ m e n ts de p o rp h y rite v ert, la villa se m b le a v o ir été ric h e ­ m e n t déco rée. Le site a liv ré d e n o m b r e u x o b je ts p a rm i le sq u e ls fig u ­ r e n t d e u x sta tu e tte s d e b ro n z e , l'u n e de V énus, l'a u tre de M ars, u n e d e m i-p o ig n é e m é tro a q u e e t des fra g m e n ts de vase à b u stes. Le m a té rie l a rc h é o lo g iq u e , et p lu s sp é c ia le m e n t le n u ­ m é ra ire , in d iq u e n t q u e l'o c c u p a tio n d e c e tte villa d u H au t-E m p ire n e se p ro lo n g e p as a u -d e là d u rè g n e de P o stu m e. Au su d d u co rp s de logis, au lie u -d it Monceau, fu re n t re p é ré e s les su b s tru c tio n s d 'u n p e tit h a b ita t ro m a in . S itué n o n lo in d 'u n des a q u e d u c s e t d 'u n e c ite rn e , il é ta it relié à la villa p a r u n c h e m in e m p ie rré . Il se ra it p o s ­ té r ie u r à la c o n s tr u c tio n d u b â ti m e n t p rin c ip a l e t c o n te m p o ra in d e l'a m é n a g e m e n t de l'a q u e d u c . A.-M . H. Bibliographie: Debove C., A ntiquités gallo-rom aines et franques trouvées à Élouges, ACAM, 6, 1865, 114-127; Debove C., Élouges, ses antiquités et son histoire, I. Archives souterraines d'Élouges, ACAM, 12, 1875, 289-309.

4 6 1 Enghien, Petit-Enghien H a b ita t e t a r tis a n a t à

Grand Champ

La c o m m u n e de P e tit-E n g h ie n a livré, d e p u is 1948, des vestiges g a llo -ro m a in s situ é s n o ta m m e n t à p ro x im ité de la chaussée Brunehaut q u i p o u rr a it re p re n d re le tra c é de la c h a u ssé e a n tiq u e Bavay-Asse. Il fa u t a tte n d re le d é b u t des a n n é e s 1990 e t les fo u illes p ro g ra m m é e s le lo n g d u tra c é d u T.G.V. p o u r d é c o u v rir, d a n s c e tte lo ca lité , des

traces c o n sé q u e n te s d 'o c c u p a tio n ro m a in e . Ces fouilles o n t e n effet p e rm is la m ise a u jo u r à Warelles et à Grand Champ d 'u n e série d e stru c tu re s d e n a tu r e diverse tels q u e h a b ita t, n é c ro p o le e t fo u r de p o tie r. T ous ces v e s­ tiges s o n t im p la n té s su r u n p la te a u lé g è re m e n t in c lin é vers le ru isse a u de la B o u rlo tte au su d -o u e st. H a b ita t L 'h a b ita t de Warelles est d é lim ité au n o rd p a r d e u x fossés p a ra llè le s o rie n té s n o rd -o u e s t sud-est, b if u rq u a n t e n ­ su ite vers le sud. Des q u a tre m u rs de la c o n s tru c tio n e n m a té ria u x p é rissa b le s c o n s tru ite se lo n u n axe n o rd o u e st su d -est n e s u b s is te n t p lu s q u e q u in z e tro u s de p o ­ te a u x espacés les u n s des a u tre s d 'e n v ir o n 3 m , su r les g ra n d s cô tés e t d e 4 m , su r les p e tits. Les tra c e s de n e u f a u tre s p o te a u x q u i s o u te n a ie n t sans d o u te la c h a rp e n te o n t été rep érées à l'in té r ie u r d e la b â tisse . C ette d e rn iè re se p ré s e n te so u s la fo rm e d 'u n éd ifice b a silic a l d o té de d e u x n efs la té ra le s e t v ra is e m b la b le m e n t c o u v e rt d ’u n to it à d e u x v ersan ts. D 'a u tre s tro u s d e p ie u x , les restes d 'u n foyer d e m ê m e q u e des fosses e t u n fossé p ro b a b le m e n t p a lissa d é o n t été re m a rq u é s à l'o u e s t de l'h a b ita t. F our d e p o tie r U n fo u r de p o tie r de 2 ,2 0 m de d ia m è tre p a rtic u liè re ­ m e n t b ie n c o n se rv é a été m is au jo u r au lie u -d it Grand Champ. Seul le d ô m e d u la b o ra to ire de ce fo u r à d e m ie n fo u i, à foyer sim p le e t à tira g e v e rtic a l est d é tru it. Au s o rtir d e l'a la n d ie r, l'a ir c h a u d se p ro p a g e a it d a n s la c h a m b re de c u is so n p a r d e u x g ra n d s c o n d u its su r les­ q u e ls v e n a ie n t se g reffer d e u x a u tre s de m o in d re s d i­ m e n s io n s . Des re b u ts de c u is so n - m o rtie rs e t dolia - o n t été d é ­ c o u v e rts à p ro x im ité d u fo u r e t su r la sole. Il se m b le q u e la p ro d u c tio n c é ra m iq u e r e m o n te à la fin d u i“ siècle o u au iie siècle. N é c r o p o le La fo u ille d e la p e tite n é c ro p o le d e Warelles lo ca lisé e à T est de l'h a b i ta t a p e rm is de re p é re r d e u x des fossés lim i­ t a n t le c h a m p d e re p o s e t a ré v é lé l'e x iste n c e de six to m ­ b es à in c in é ra tio n . C in q d 'e n tr e elles s o n t ré p a rtie s e n

Fig. 81 Enghien, Petit-Enghien: 1. Voie antique Bavay-Asse et substructions; 2. Habitat de W a r e lle s ; 3. Four de potier de G r a n d C h a m p ; 4. Nécropole de W a r e lle s ; 5. Structures de combustion et fossés

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Fig. 82 Petit-Enghien, G r a n d C h a m p : le four de potier

PROVI NCE DE H A I N A U T |

d e u x ra n g é e s p a ra llè le s à l 'u n des fossés. T rois sé p u ltu re s re c ta n g u la ire s d e 0 ,8 0 m su r 1,50 m , d e d im e n s io n s plus im p o rta n te s q u e les au tres, s o n t é g a le m e n t m ie u x c o n ­ servées. Les o ss e m e n ts ca lc in é s des d é fu n ts a c c o m p a ­ g n é s d 'u n e d o ta tio n fu n é ra ire e t m êlés a u x restes d u b û ­ c h e r s o n t é p a rp illé s su r le fo n d des fosses. P a rm i le m o b ilie r fu n é ra ire p rin c ip a le m e n t c o n s titu é de vaisselle e n c é ra m iq u e fig u re n t é g a le m e n t u n e n c rie r e n te rre si­ gillée, u n e la m p e à h u ile , des fra g m e n ts de fib u le s et des je to n s à jo u e r e n os. L 'o c c u p a tio n d e c ette n é c ro p o le se situ e au ier o u a u 11e siècle d e n o tr e ère. A.-M. H. B ibliographie : Frébutte C., Enghien/Petit-Enghien (H t). «Warelles» et «G rand Cham p», vestiges gallo-rom ains, (EDF, 2), 1996, 151-154; Frébutte C. & Henton A., Présentation des structures funéraires gallo-romaines rencontrées sur le tracé hennuyer du TGV, VA, 49, 1998, 47-73.

4 7 1 Erquelinnes, Montignies-SaintChristophe L e p o n t « r o m a in » La v o ie a n tiq u e Bavay-Trèves trav erse le te rrito ire de M o n tig n ie s-S a in t-C h risto p h e e t fra n c h it la H a n te s à gué à q u e lq u e 100 m e n a m o n t de ce q u i a lo n g te m p s été c o n sid é ré c o m m e le «pont romain» d e M o n tig n ie s-S a in tC h ris to p h e .

Fig. 84 Montignies-Saint-Christophe, fouilles de 1971/1972

T e rre d ' A u V illa g e :

plan de la

v illa ,

r e n t au jo u r d e n o m b r e u x m u rs e t six lo c a u x re c ta n g u ­ laires d o n t tro is avec h y p o c a u ste s. Elle a fa it l'o b je t d e n o u v e lle s re c h e rc h e s e n 1971 et 1972. T o u jo u rs p a rtie lle s, celles-ci d o n n e n t l'im a g e d 'u n b â tim e n t ré s id e n tie l très d é v e lo p p é . O n n o te d e u x h y p o ­ cau stes c o n tig u s d o n t u n te rm in é p a r u n e e x è d re e t u n e cave r e m a rq u a b le m e n t co n serv ée, u n e p iè c e c a rré e e n saillie, jo u x té e p a r u n e g alerie d e façade e t u n e c o n d u ite d 'é v a c u a tio n des eau x . P lu sieu rs lo c a u x p ré s e n ta ie n t e n ­ co re su r le u rs m u rs les traces d 'u n e n d u it p e in t p o ly ­ c h ro m e re le v a n t n o ta m m e n t d e p a n n e a u x ro u g e s o u b la n c s d é lim ité s p a r des b a n d e s e t filets. La cave re c ta n g u la ire m e su re 3 ,8 0 m su r 10,50 m . C ette p iè c e c o m p re n a it au m o in s tro is s o u p ira u x e t u n e scalier ta illé d a n s la ro ch e. Q u e lq u e s c u b e s de m o s a ïq u e n o irs e t b la n c s p ro v ie n ­ n e n t de c e tte fo u ille. U n re m a rq u a b le vase à m a s q u e s a é té re tro u v é d a n s le re m b la i de la cave. Le ré c ip ie n t s 'in s c rit d a n s la série des vases im p ro p re m e n t d é n o m m é s p la n é ta ire s p a rc e q u 'ils s o n t cen sés re p ré s e n te r les d iv in ité s de la se m a in e ce l­ tiq u e . Le vase p ré s e n te u n d é c o r c o n s titu é d e fig u rin e s m o u lé e s, p a rm i le sq u elles o n re c o n n a ît la re p ré s e n ta ­ tio n d u d ie u M ercu re, e n p ie d e t fla n q u é d e ses a ttrib u ts c o u tu m ie rs : la b o u rse , le cad u cée, le c o q e t le b o u c . R. B. B ibliographie: Brulet R., Un vase à masques à M ontigniesSaint-Christophe, Helinium, 13, 2, 1973, 174-190; Delplace, Peintures, 21.

Fig. 83 Erquelinnes, Montignies-Saint-Christophe: 1. Voie antique Bavay-Trèves; 2. V illa de T e rre d ' A u V illa g e ; 3. L e p o n t « r o m a i n »

4 8 1 Estinnes, Estinnes-au-Mont et Estinnes-au-Val La

Le p o n t-b a rra g e est p lu s ré c e n t e t s o n a rc h ite c tu re n e c o rre s p o n d pas à u n m o d è le ro m a in . Il est c e p e n d a n t re ­ p ré s e n té su r u n e g o u a c h e d e l'a lb u m d u d u c d e C roÿ, e n 1597. La

villa d e

la

Terre d'Au Village

À 2 5 0 m a u n o rd de la ro u te ro m a in e , o n p e u t lo c a lise r u n vaste é ta b lis s e m e n t au lie u -d it Terre d'Au Village. La d é c o u v e rte de la villa r e m o n te à 1878. D es so n d a g e s effectu és p a r la S ociété d 'A rch éo lo g ie d e C h a rle ro i m i-

villa d e Terre-à-Pointes

La villa d e Terre-à-Pointes, lo ca lisé e au su d -est d e la lo c a ­ lité d'E stinnes-au-V al, fu t p a rtie lle m e n t fo u illé e e n 1860. C et h a b ita t q u i c o m p ta it u n e v in g ta in e d e p iè c e s é ta it a m é n a g é a u b as d 'u n e c o llin e , à 2 0 0 m a u su d de la c h a u ssé e B avay-C ologne, su r u n te r ra in e n lég ère d é c li­ v ité, p a rc o u ru p a r d e n o m b r e u x ru isseau x . La fo u ille m e n é e p a r T. L eje u n e p o u r le c o m p te d u C ercle a rc h é o lo g iq u e d e M o n s a rév élé l'e x iste n c e de fo n d a tio n s e n grès ro u g e local, d 'u n h y p o c a u ste , d e sols b é to n n é s e t d ’u n e cave. P a rm i les vestiges de d é c o ra tio n

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s u b s is ta ie n t des p la q u e s d e g ra n it e t d e m a rb re b la n c o u b le u v e in é d e b la n c , des é lé m e n ts d e c o lo n n e s , d es frag ­ m e n ts d 'e n d u its p e in ts ro u g es e t b lan cs, a in si q u 'u n e frise de p ie rre s b la n c h e s. Les m o n n a ie s tro u v é e s su r le site in d iq u e n t u n e p re ­ m iè re o c c u p a tio n d u site a u ier siècle, a in si q u 'u n e se­ c o n d e à la fin d u m e siècle e t au ive siècle. S u b s tr u c tio n s Des tra v a u x de v o irie s réalisés e n 1847 su r l'a n c ie n c h e ­ m in d u R oeulx à M au b e u g e , au su d d 'E stin n e s-a u -M o n t, p e rm ire n t la m ise a u jo u r des fo n d a tio n s d 'u n b â tim e n t g a llo -ro m a in . Q u e lq u e s a n n é e s p lu s ta rd , d e la c é ra ­ m iq u e e t tro is m o n n a ie s d e T itus, de M a x e n c e e t de C o n s ta n tin I y fu r e n t e x h u m é e s. D 'a u tre s vestiges ro m a in s d o n t u n h a b ita t ru ra l e t u n e a n n e x e de villa fu r e n t é g a le m e n t d é c o u v e rts a u x lieuxdits Mont-des-Bergers e t au Champ au-dessus des Vaux.

Fig. 85 Haulchin,

C h a m p d e s A g a is e s - ,

la cave

Fig. 86 Haulchin, céramique

C h a m p d e s A g a is e s :

chaudron nervien en

A.-M. H.

C a rto g ra p h ie : voir fig. 60, 4. B ibliographie: Lairein L., Découvertes d'antiques aux Estinn e s e tà Waudrez, ACAM, 12, 1875, 377-383; Lairein L., Décou­ vertes faites à Estinnes-au-Mont et à Haulchin, ACAM, 12, 1875, 532-534; Lejeune T., Rapport sur la découverte de substructions gallo-rom aines à Estinnes-au-Val, ACAM, 3, 1862, 157-168; Lejeune T., Les Estinnes, ACAM, 12, 1875, 12-21.

4 9 1 Estinnes, Haulchin La

villa d u Champ des Agaises

Les vestiges d 'u n e villa ro m a in e s o n t dégagés, e n 1911, au lie u -d it Champ des Agaises, à q u e lq u e 9 0 0 m a u n o rd de l'a n tiq u e v o ie B avay-C ologne. O u tre des m u rs d e fo n ­ d a tio n e n m o e llo n s d e grès, des fra g m e n ts de c o lo n n e s e t d e stucs p o ly c h ro m e s, C. F o n ta in e m e t au jo u r u n p u its d e 2 2 m d e p ro fo n d e u r, a in si q u 'u n e cave, d o n t les m u rs s o ig n e u s e m e n t a p p a re illé s s o n t creu sés d e c in q n ic h e s c in tré e s . U n escalier d 'u n e d iz a in e d e m a rc h e s d o n n e accès à c e tte cave. À c ô té d es ciseaux, forces e t a u tre s o u tils tr a d itio n n e ls e n fer, fig u re n t u n umbo de b o u c lie r à b a se h e p ta g o n a le , u n p la t en b ro n z e , des c lo c h e tte s p o u r b e stia u x . D iverses m o n n a ie s des rè g n e s de T ibère, V espasien, M arc-A urèle, G o rd ie n III et C o n s ta n tin I y o n t é g a le m e n t été re c u e il­ lies. D ’ap rès le m a té rie l, cet h a b ita t a u ra it été o c c u p é ju s q u 'a u d é b u t d u ive siècle. S u b s tr u c tio n s e t n é c r o p o le

A

la fin d u xixc siècle, q u e lq u e s s u b s tru c tio n s de b â ti­ m e n ts o n t é té m ise s au jo u r a u lie u -d it Le Cabaret le lo n g de la c h a u ssé e B avay-C ologne à q u e lq u e 3 k m à T est de Givry. D eu x p u its d 'u n e p ro f o n d e u r d e 2 ,5 0 m à 3 m , à cuvelage de p ie rre s asse m b lé e s san s m o r tie r o n t ég ale­ m e n t été d é c o u v e rts. U ne p e tite n é c ro p o le assez p a u v re se ré s u m a n t à q u e lq u e s u rn e s cin é ra ire s d é p o sé e s e n p le in e te rre , é ta it lo calisée à p ro x im ité de l'h a b ita t. S eule u n e to m b e é ta it fo rm é e d 'u n cav eau de p e tite s d im e n s io n s c o n s titu é de p ie rre s asse m b lé e s à sec. Le site a livré q u e lq u e s m o n -

330

n a ie s des rè g n e s de T rajan, H a d rie n , A n to n in -le-P ieu x , F au stin e, A u ré lie n e t C aracalla. P a rm i u n e série d 'o b je ts tro u v é s h o rs c o n te x te fig u re u n p e tit c h a u d ro n e n c é ra m iq u e , à fo n d a rro n d i, de tr a ­ d itio n n e rv ie n n e , d o n t l'é p a u le est d o té e de d e u x a n ­ n e a u x d e p ré h e n s io n m o b ile s. Ce ty p e d 'o b je t q u i se re n c o n tre g é n é ra le m e n t e n c o n te x te fu n é ra ire , c o n s ti­ tu e u n e im ita tio n e n ré d u c tio n d 'u n c h a u d ro n c e ltiq u e e n m é ta l. P arfois, associé e n m ilie u fu n é ra ire à d es c h e ­ n e ts m in ia tu re s , v o ire à des p e tits grills, il té m o ig n e de la p e rs ista n c e d u c u lte c e ltiq u e d u foyer d a n s la cité des N e rv ie n s au co u rs des Ier et IT siècles ap rès J.-C. A.-M. H.

C a rto g ra p h ie : voir fig. 60, 7 et 8. B ibliographie: De Loë A., Haulchin, BMRAH, 10, 1911, 91; De Loë A. & Rulot A., Substructions et cimetière belgo-romains à Haulchin, A nnu SAB, 1894, 5, 20-22; Mariën, Brunehaut, 12-

13 .

5 0 1 Estinnes, Rouveroy F o r tific a tio n d u

Castelet

Le site fo rtifié d u Castelet, lo calisé su r u n e h a u te u r de la rive d ro ite de la T ro u ille à l'e x tré m ité o c c id e n ta le d e la c o m m u n e de R ouveroy, est e n to u r é su r tro is cô tés p a r

P R O VI NC E DE HAI NAUT [

la Trouille et deux de ses affluents les Petit Rigneux et Grand Rigneux. Les défenses naturelles insuffisantes ont été renforcées par l'édification d'un rempart précédé à certains endroits par un fossé. Cet ouvrage défensif se situe à 2 km au sud de la voie Bavay-Cologne. En 1981, les coupes pratiquées par le Service national des Fouilles à travers le rempart ont démontré que le Castelet de Rouveroy, attribué au Bas-Empire depuis les fouilles de L. De Pauw et E. Hublard en 1902, était en réalité une fortification protohistorique du type tmunis gallicus. Toutefois, la mise au jour en 1902 d'une série de ves­ tiges gallo-romains tels que substructions, pavement, foyers, tuiles, tessons de céramique ainsi qu'une mon­ naie de Lucius Verus montre que le site a été réoccupé à l'époque romaine. En outre, un puits cuvelé en pierres sèches creusé à l'extérieur de l'enceinte a livré deux pointes de javelot, des morceaux de meules et un frag­ ment de vase à bustes. Parmi ces vestiges romains aucun n'est attribuable au Bas-Empire. Le site du Castelet est classé depuis 1936. A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voir fig. 141, 5. B ibliographie: Cahen-Delhaye A., Découverte d'u n «m urus gallicus» à Rouveroy, (AB, 247), 1982, 55-59; De Pauw L. & Hublard E., Notice sur le Castelet de Rouveroy (H ainaut), ACAM,

nale du site, le corps de logis dont il ne subsiste que quelques pièces et une cave, dominait l'aile des bains bâtie au bas de la pente. L'une des chambres de l'habitation se distinguait des autres par la qualité de son aménagement. Posée sur hypocauste, elle présentait un dallage de plaques de mar­ bre noir séparées les unes des autres par un cordon de petites pierres blanches. Ses murs semblent avoir été dé­ corés de mosaïques en verre coloré. L'aile des bains édifiée à l'une des extrémités du por­ tique était constituée d'une série de salles alignées paral­ lèlement à l'axe de la galerie. La première pièce munie d'une exèdre latérale et chauffée par hypocauste pour­ rait être le caldarium. Le frigidarium contigu était équipé d'une baignoire à revêtement de marbre, aménagée dans une abside de 2,80 m de côté. L'usage des autres salles reste malheureusement indéterminé en raison du peu d'information dont on dispose. La seconde abside, qui abritait peut-être une piscine, a livré des vestiges d'hypocauste tels que pilettes, tubuli et cendres mais également un quart de rond qui soulignait le bas des murs. Une troisième pièce à abside semble avoir été ra­ joutée à l'ensemble thermal. Un bâtiment annexe muni de contreforts ainsi que les restes d'un four de tuilier ont été trouvés à 68 m au nordest de la cave de la villa. A.-M. H.

3 6 ,1 9 0 6 -1 9 0 7 ,1 -4 2 . B ibliographie : de Loë A., Fouilles à Vellereille-le-Brayeux, BMRAH, 10, 1911, 45-46; Rahir, Vingt-cinq années, 132-136.

5 1 1 Estinnes, Vellereille-les-Brayeux La

villa d e Pincemaille

La villa du Bois de Pincemaille, localisée au lieu-dit Bois de la Ville, était bâtie à l'extrémité sud-ouest de Vellereille-les-Brayeux, à quelque 5,5 km au sud de la chaussée Bavay-Cologne. Les vestiges mis au jour entre 1909 et 1911 par les fouilleurs des Musées royaux du Cinquantenaire étaient implantés sur le flanc nordouest d'une colline. Les fouilles ont révélé l'existence de deux bâtiments distants d'une trentaine de mètres, reliés entre eux par un portique. Ces deux structures couvraient une superfi­ cie de 55 m sur 75 m. Construit dans la partie septentrio-

5 2 1 Flobecq, Flobecq L 'a g g lo m é r a tio n d u

Puvinage

Flobecq est situé à 17 km au nord de Blicquy, le long de la chaussée dite Brunehaut qui relie ces deux aggloméra­ tions à Bavay via Pommerœul au sud, et à Velzeke au nord. La présence protohistorique est très importante sur les sommets voisins de la région, surtout à QiiatreVents (Ellezelles), au Muziekberg (Renaix), ainsi qu'aux confins d'Opbrakel. Des vestiges gallo-romains côtoient des tombelles de La Tène notamment, au Pottelberg et au Mont-de-Rhodes. Voies romaines et occupations contiguës

Fig. 87 Vellereille-les-Brayeux, Pincemaille: plan de la villa (sans orientation)

Depuis 1812, beaucoup de découvertes datées de la pé­ riode romaine ont été signalées dans la localité. Elles sont plus nombreuses le long de la chaussée romaine, à l'exception du site du Pottelberg. Les trouvailles les plus significatives sont concentrées autour du Puvinage, site d'une large agglomération rou­ tière localisée entre le Paillard, au pied du Pottelberg, et le Marais-à-l'Eau. La voie en provenance de Bavay y franchit le ruisseau d'Ancre dans une zone jadis très marécageuse qui s'étend sur plus de 3 km vers l'est, perpendiculaire­ ment à la voirie. La chaussée est légèrement détournée au niveau du gué, et gravit la côte â'Hurdumont où elle reprend son cours rectiligne vers Velzeke. Entre son tracé à Flobecq-Bois et le hameau Sainte-Anne, on a retrouvé des concentrations de matériaux de construction anti­ ques et un cimetière romain mal documenté, au lieu-dit Champ des Tombes. La chaussée a été précisément mise 331

en évidence au hameau de Lumen en 1883. À 1,80 m sous le pavé de la route, on y a enregistré une couche caillouteuse épaisse de 0,03 m, noyant un radier de blocs de grès ferrugineux locaux épais de 0,04 m, pro­ bablement extraits dans le voisinage du Mont-de-Rhodes distant de 1 km environ. Un tronc de chêne évidé de 0,75 m de diamètre permettait de canaliser le cours du Sterpebeek qui traversait la voie pour rejoindre le ruis­ seau d'Ancre, plus de 70 m en contrebas. La connaissance de cette chaussée a récemment été augmentée de coupes réalisées à Lahamaide, à 5 km au sud du Puvinage. À la limite méridionale du site antique flobecquois, le hameau de La Planche s'étire le long d'une voie secondaire qui conduit vers les pentes du Pottelberg. Il prend ensuite l'appellation de Heereweg en direction d'Etikhove. Des vestiges archéologiques sont rencontrés sur plusieurs kilomètres le long de son tracé, du hameau de La Planche au lieu-dit la Cocambre (Ellezelles). Agglomération roxxtière du Puvinage et camp militaire ?

Sur base de la fréquence et de la nature des découvertes, l'identification d'une mansio militaris à Flobecq avait déjà été proposée par M. Cornelissen en 1838. E. Delvaux réfuta catégoriquement cette hypothèse en 1888, tandis que l'hypothèse d'un burgus fut encore émise en 1981 par A. Vandersande et H. Verbecelte. Dans l'état actuel des recherches, l’absence de structures claires empêche de déterminer le caractère de l'agglomération routière. Néanmoins, la densité des découvertes anciennes con­ firme l'importante du site. Les vestiges reconnus en font remonter la datation au Ier siècle après J.-C., à la suite d'une longue occupation préalable, attestée du Hallstatt au La Tène finale. Un complexe de fossés découverts par photographie aérienne au Champ Papiel, en 1976, puis fouillés de 1978 à 1982, pose néanmoins un problème spécifique d'iden­ tification. L'hypothèse d'un camp militaire du HautEmpire ne doit pas être exclue. Des tronçons de ces fos­ sés parallèles, distants d'environ 25 m, mesurent au moins 50 m à 80 m de long. Ils possèdent un profil en V, et sont orientés nord-ouest sud-est. Ils semblent constamment profonds de 1 m et larges de 2 m. Un d'en­ tre eux au moins est dédoublé à un endroit. Un réseau de piquets ronds de 0,20 m de diamètre, taillés en pointe, équidistants de 0,60 m et conservés sur un peu plus de 1 m de profondeur, longe le fossé occidental de part et d'autre de ses flancs. La structure la mieux connue est un puits localisé à 60 m à l'est de la chaussée principale, dans l'emprise des deux fossés. Cette structure est profonde de 7,20 m. Elle est partiellement parée de moellons de grès diestien, landénien et yprésien régionaux, jusqu'à 5,90 m de pro­ fondeur, où un cuvelage quadrangulaire préfabriqué en bois a été posé. D'une hauteur de 1,30 m, il a été réalisé à l'aide de chêne, d'érable et de hêtre. Sa datation par la technique du Carbone 14 fournit une fourchette chro­ nologique d'environ 80 à 50 avant J.-C. La date d'abat­ tage des arbres n'est pas connue. La structure est désaf­ fectée dans le courant du ne siècle. Ce sont donc les fossés décrits et ce puits qui cernent la chronologie de l'occupation, entamée à la fin de La Tène, et bien attestée entre 50 et 190 après J.-C. La conti­ 332

nuité de l'occupation jusque dans le dernier quart du me siècle est évidente, mais son importance demeure in­ connue. La première période abondamment documen­ tée remonte à la première dynastie flavienne, notam­ ment représentée par des importations de sigillée de Gaule du sud, de Gaule centrale, de céramique à enduit rouge pompéien, de verrerie, et par l'utilisation de pro­ duits régionaux comme la céramique dite de Blicquy. La céramique importée de Gaule de Test caractérise plutôt l'occupation des iT et HT siècles. Marquant la fin de l'oc­ cupation qui précède l'abandon du puits, les monnaies trouvées au Puvinage sont deux grands bronzes des règnes d'Antonin-le-Pieux, trois sesterces de Marc-Aurèle et un de Commode. Enseigne d'éphébie

Une enseigne en laiton se démarque résolument du mo­ bilier habituel. Durant le troisième quart du rae siècle, cet objet exceptionnel a été sciemment précipité dans le puits abandonné et déjà remblayé sur 2,20 m environ. Une paire de meules protégeait le dépôt. L'enseigne est montée sur une tige quadrangulaire axiale en laiton doré de 31 cm de long. Elle est surmon­ tée d'un chapiteau composite de 3,2 cm et d'un gland, lui-même doté d'un bouton. Une douille tronconique creuse en laiton est rivée à la base de la tige. Trois an­ neaux rehaussés d'un épais godron cantonné de listels la cerclent à intervalle régulier, sur des hauteurs allant de 3,2 cm à 2,4 cm de bas en haut. Un anneau mobile est fixé au sommet de la douille, sur la face de l'enseigne. Deux échancrures longitudinales symétriques dans la tige permettent de sertir les éléments d'une feuille de laiton ajourée de peltas de chant et ocellées, ainsi que de deux champs composés de deux rangs de huit cercles, alternés avec deux rangs en cuivre rouge apportés et rivés. Deux grandes alvéoles circulaires de 13 cm de diamètre sont bordées d'un ruban en laiton, monture destinée à accueillir des médaillons interchangeables. Les effigies de l'empereur et de son héritier présomptif, princeps juventutis, y étaient très vraisemblablement insérées. Dans chaque écoinçon dessiné par la taille des tôles, un médaillon biface de 2,8 cm de diamètre figu­ rant des masques de lion en bronze doré, était inséré dans un cercle alvéolaire, ocellé et incisé. Les motifs ob­ tenus par découpe représentent de grands dauphins à œil incisé et queue bifide, encerclant les médaillons dis­ parus. La légèreté de la composition obtenue grâce à 1’opus interrasile et le lustre que lui confère la polychro­ mie des ocelles ourlées de cuivre rouge, caractérisent une production soignée. La fabrication peut être datée du courant du Tr ou du IIe siècle après J.-C. Son attribu­ tion à un atelier anatolien, syrien ou alexandrin est éga­ lement admissible. L'adjonction simultanée de quatre statuettes de pan­ thères en bronze doré, dont deux sont conservées, et d'une divinité masculine sous le chapiteau sommital, a pu être effectuée dans le courant du uT siècle après J.-C. Le dieu barbu coulé en bronze doré, est malhabilement réalisé et fixé. Son épaisse chevelure, le calathos qui la coiffe ainsi que son attitude permettraient d'identifier Sarapis. L'usage de ce type d’enseigne est généralement mis en relation avec le fonctionnement des collegia juvenum créés par Auguste, et répandus dans toutes les provinces

P R O VI NC E DE H AI N AU T

Fig. 88 Carte de la région de Flobecq à l'époque romaine. 1. Voie antique Bavay-Velzeke dit chaussée Brunehaut; 2. Voie secondaire vers Etikhove; 3. L'agglomération du Puvinage (Champ Papiel); 4. Nécropole du hameau de La Planche; 5. Nécropole du Pottelberg; 6. Emplacement du trésor situé à la limite de Flobecq et de Wodecq; 7. Emplacement du trésor du Grand-Plada

Fig. 89 Flobecq, Puvinage: l'enseigne d'éphébie

impériales dès le milieu du Ier siècle après J.-C. Princi­ palement vouée au culte de l'empereur, cette institution ne trouverait un siège proche et plausible qu’à Blicquy, dont l'importance du sanctuaire est largement attestée par le complexe cultuel et le vicus à caractère artisanal qui le dessert. Le rôle éventuellement militaire du site du Puvinage reste cependant méconnu. Nécropoles

Quatre tombes sont signalées aux abords du hameau de La Planche, entre le diverticule qui conduit vers Etikhove et la voie principale. Un caveau en pierre y a par exemple été découvert en 1904, doté de six vases et de cinq monnaies dont deux moyens bronzes, à une douzaine de mètres de la chaussée principale. Il possé­ dait un revêtement de sol de grands carreaux de terre cuite. E. Joly signale encore de nombreuses tombes à in­ cinération au Pottelberg, au Mont de Rhodes, et à FlobecqBois. La chambre funéraire d'une de ces sépultures, en pierre locale, était aménagée dans le flanc d'un tumulus de l'Âge du Fer, localisé au sud-ouest du Pottelberg. Deux vases y étaient déposés. Au nord du même site, une tombe recelait des instruments en bronze. Trésors

En 1877, «au pied du versant méridional du Pottelberg», on a découvert nonante-six sesterces dans un petit vase pro­ tégé par une pierre plate et identique aux céramiques dé­ couvertes dans les caveaux du hameau de La Planche. Les frappes sont comprises entre 68 et 211 après J.-C., il­ lustrant quasiment tous les règnes de Vespasien à Septime

Sévère. Un trésor de deux cent quatre-vingt-six pièces a été retrouvé en 1900 aux abords de la chaussée, à l'ex­ trême sud de la commune. La pièce la plus récente est de Postume (260 après J.-C.). D'autres découvertes moné­ taires importantes sont documentées aux confins de la localité. Mais le trésor le plus intéressant, quoique dis­ paru, est sans conteste le coffre découvert le 19 février 1867 lors d'un défrichement, dans la taille du GrandPlada, sur le versant sud-ouest du Pottelberg. La diversité de son contenu, intact, est surprenante. Le coffre en bois possédait encore ses garnitures en bronze. Il recelait notamment des dizaines d'outils en fer pour le travail du bois - de l'abattage au défonçage, du façonnage à la fixation -, de pierres à aiguiser, d'ou­ tils agricoles et sylvicoles en fer de toutes les sortes, d'éléments d'huisserie, de charpenterie et d'ameuble­ ment, d'autres instruments à usage domestique et artisa­ nal ainsi que de pièces de harnachement et d'attelage, tant en fer qu'en bronze. Un casque et une cuirasse en­ dommagés en bronze auraient également été identifiés, tandis que de nombreuses armes et instruments de chasse ou de nature militaire complétaient l'ensemble. Enfin, deux statuettes en bronze figuraient une Victoire mi-nue, debout sur un globe, les ailes attachées aux épaules, ainsi qu'un Cupidon à la tête laurée, un car­ quois sur l'épaule et tenant une torche. L. V. Bibliographie: Deconinck )., Quelques mots sur les docu­ ments d'Édouard Joly ACARenaix, 12, 1963, 43-45 et 50-57; Delvaux E., Essai d'une carte anthropologique, préhistorique de la Belgique, à l'échelle 1/2 0 .0 0 0 e. Exposé de la m éthode et des

333

procédés adoptés, BSAP, 6, 1886-1887, 305-319 et 7, 18881889, 22-164; Faider-Feytmans G., Enseigne rom aine décou­ verte à Flobecq (H ainaut), Helinium, 20-1, 1980, 3-43; Joly E. (t), éd. J. Deconinck, Découverte rem arquable d'outillages galloromains au Pottelberg, territoire de Flobecq (H ainaut), le 19 fé­ vrier 7867. Copie de l'auto gra phe n° 3 7 de M r Ed. )oly, conservé au Musée de Préhistoire de Mons et Découverte d'u n dépôt de monnaies impériales à Flobecq, province du H ainaut, le 2 6 mars 1877; Roolant A., M atériel rom ain exhumé lors de fouilles ré­ centes à Flobecq (H t), ACAAth, 49, 1982-1983, 81-116; Vandersande A., Fouilles 1981 à Puvinage. Faisons le point, Quatre Vents, 27, décem bre 1981, 45-57.

5 3 1 Froidchapelle, Froidchapelle Forge d e

La Fontaine aux Planes

Lors des travaux d'entretien au barrage de l'Eau d'Heure nécessitant une baisse du niveau des eaux, des prospec­ tions de surface ont été effectuées en 1999, au lieu-dit Fontaine aux Planes habituellement immergé. Elles ont révélé la présence d'une forge d'époque romaine. Le site localisé aux confins des provinces de Hainaut et de Namur fut ensuite fouillé par le Service de l'Archéologie de Namur. Les substructions sont implantées sur un terrain en lé­ gère pente vers le nord-est. L'occupation continue pro­ bablement sous les prairies qui délimitent la fouille du côté sud. Distants de 50 m, deux bâtiments construits en maté­ riaux périssables ont été fouillés. Le plus méridional, de plan rectangulaire de 8 m sur 15 m, présentait deux phases de constructions. À la pre-

mière appartenaient encore quatre trous de pieux quadrangulaires et deux ovales plus petits. Ces derniers en­ cadraient le pignon nord-est qui était ouvert. Après l'abandon de la bâtisse, les trous de pieux ont été com­ blés avec des scories. Pour la seconde phase, avec un plan identique à l'état précédent, il est question d'un ht de pierres sèches sans doute destiné à supporter une sa­ blière basse. À l'intérieur, une zone rubéfiée pourrait in­ diquer la présence d'un bas fourneau ou d'un foyer de forge. Le second bâtiment, de plus ou moins 6 m sur 8 m, situé plus au nord n'était plus délimité que par quelques alignements de pierres, disposés sur trois côtés seule­ ment. Au centre, une zone rubéfiée était dotée d'une paroi consolidée par une double rangée de pierres. Trois trous de pieux entouraient le foyer qui était probable­ ment couvert d'une structure légère. Une fosse de 2,40 m de côté avait été creusée à l'ouest de ce bâtiment. Les environs de cet édifice ont livré de multiples frag­ ments de meules en grès ou en poudingue. Les traces d'une activité sidérurgique étaient nombreuses : concen­ trations de scories de réduction de fer, déchets de limonite, scories de coulée, scories de fond de four, des massiots et des scories en gouttelettes. D'après le matériel trouvé en place, l'occupation du site est datée de la fin du Ier siècle et du courant du IIe siè­ cle après J.-C. A.-M . H.

B ibliographie: Plumier J., Robinet C. St Dupont C., Froid­ chapelle: sauvetage d'un e forge gallo-rom aine dans le lac de l'Eau d'Heure, CAW, 8, 2000, 44-45.

Fig. 91 Boussu-lez-Walcourt, logis

C h a m p d e s M e tz :

plan du corps de

5 4 1 Froidchapelle, Boussu-lez-Walcourt La

Fig. 90 Froidchapelle, L a F o n ta i n e a u x P l a n e s : plan de la forge: 1. Emprise supposée des constructions; 2. Bas fourneaux ou foyers de forge; 3. Concentrations de scories

334

villa d u Champ des Metz

La villa de Boussu-lez-Walcourt a été explorée très par­ tiellement en 1888 par la Société d'Archéologie de Charleroi. Elle est située entre les lieux-dits Champ des Metz et Champ du Grand Marché, un peu à Test de la route de

P ROVI NCE DE HA I NAUT |

Boussu-lez-Walcourt à Cerfontaine, le long du ruisseau des Vivrets. Une cave et un ensemble de pièces avec hypocauste et bains ont surtout retenu l'attention des chercheurs. La cave mesurait 3,85 m de côté. Ses murs nord et est pré­ sentaient deux niches en cul-de-four. Un long couloir avec palier pavé de grandes dalles y donnait accès. Un drain formé de deux tuiles courbes disposées l'une sur l'autre évacuait les eaux de cette cave dont le remblai a révélé des fragments de bases et de chapiteaux de co­ lonnes en pierre. Deux hypocaustes étaient alimentés par une chambre de chauffe commune. Le dernier hypocauste a été équipé d'une baignoire placée dans une exèdre latérale, une autre baignoire était peut-être placée dans la niche axiale. La salle elle-même était dallée de carreaux de marbre blanc et noir de 0,20 m sur 0,20 m, disposés en échiquier et placés sur la suspensura. Tous ces locaux ont livré des fragments d'enduits peints. R. B. Bibliographie: Bayet L., Villa belgo-rom aine de Boussu-lezWalcourt, DRSPAC, 18, 1891, 53-69; Deru, Bains, n° 11.

5 5 1 Gerpinnes, Gerpinnes La

villa d'Augette

La célèbre villa de Gerpinnes est située au lieu-dit Augette, sur une pente orientée au sud et aboutissant au ruisseau du même nom. Il n'est pas sûr que les fouilles du siècle dernier nous aient livré le plan complet des constructions. Deux édifices sont à distinguer dans cette villa. Ils sont orientés de la même manière et les fouilleurs n'ont apparemment pas vu de liaison entre eux. Le premier édifice semble présenter des traces nettes de reconstructions ou d'agrandissements. Les locaux s'articulent autour d'un espace rectangulaire large de 15,10 m. Le noyau primitif de construction pourrait bien avoir été cet ensemble rectangulaire prolongé par deux pavillons angulaires en saillie, une cave et une pièce à rotonde, ainsi que Ta restitué R. De Maeyer. Du reste, cet ensemble a pu être précédé d'une galerie. Une entrée située au sud-est et large de 6,40 m donnait accès à l'espace central. La cave est remarquablement conservée et toujours visible à l'heure actuelle. Elle me­ sure 5,50 m sur 6,15 m. L’escalier qui y mène possède sept marches puis un palier. Ses murs en petit appareil sont interrompus par des cordons de tuiles rejointoyés avec du mortier rougeâtre. Un soupirail s'ouvre vers l'ex­ térieur de la villa, face à l'escalier. Onze niches voûtées en plein cintre, profondes de 0,30 m et mesurant 0,70 m de hauteur sur 0,45 m de largeur, se répartissent dans les murs du cellier; de chaque côté des niches, il arrive que Ton trouve dans les murs quatre pierres blanchâtres composant un ornement en forme de croix. La première niche que Ton voit à droite en entrant et qui est placée dans le mur sud est ornée, de part et d'autre, de pilastres faisant saillie. Dans la construction de ces derniers, alter­ nent des pierres bleues, des pierres blanches et des tuiles. Une partie de la base et le chapiteau, décoré de feuilles d'acanthe, sont également en pierres blanches.

Fig. 92 Gerpinnes: 1.

V illa d ' A u g e t t e ; 2 .

Sépulture

Il est important de faire remarquer l'existence de deux bétons successifs dans le fond de la cave, dont le second correspond simplement à un rehaussement du niveau, jusqu'à hauteur du palier de la cage d’escalier. Parmi les déblais emplissant la cave, des fragments de plâtras peints ont été retrouvés; l'un de ceux-ci révèle un nom correspondant peut-être à une signature: LVCIV[S]. Le second édifice de la villa, entamé par le lit du ruis­ seau, comprend principalement des hypocaustes et un établissement de bains. Ils occupent essentiellement la zone nord-ouest de la bâtisse. Le frigidarium est constitué d'une petite pièce séparée de la baignoire par un muret. Le bain a un orifice de vidange, avec tuyau en plomb, pour évacuer l'eau. Ces pièces possédaient un revête­ ment de carreaux recouverts de béton rose; elles étaient munies, aux angles, de joints en quart-de-rond. Des élé­ ments de revêtement en marbre ont également été re­ trouvés. Le premier hypocauste avait son praefurnium à l'ouest. De petites cheminées destinées à faire circuler l'air chaud ont été observées aux angles de la pièce. Il peut s'agir du caldarium. Deux hypocaustes ont encore été mis au jour, l'un au sud du frigidarium, l'autre, de 3,80 m sur 4,15 m, situé dans l'aile opposée orientale. Le plan général de cette seconde bâtisse s'ordonne de même autour d'une grande cour intérieure. Entre les deux corps d'habitat, nous trouvons une zone empierrée et les fondations relativement épaisses d'une tour, sans doute une remise à blé. S é p u ltu re

Située à 440 m au sud de la villa, une sépulture isolée, comportant un matériel assez riche, mérite d'être signa­ lée. Elle se présentait sous la forme d'un caveau conte­ nant de la céramique ordinaire, un bol en sigillée déco­ rée de Lavoye, des fibules et des monnaies. L'enfouissement de cette tombe, appartenant peutêtre à l'un des propriétaires de la villa, date d'après 161. R. B.

335

Fig. 94 Gerpinnes, Augette : la cave de la villa

Fig. 93 Gerpinnes, Augette: plan de la villa Bibliographie: Brulet R., Gerpinnes: sépulture gallo-rom aine, Helinium , 8, 1968, 269-276-, De Glymes L., Henseval L. & Kaisin )., R apport de fouille de la villa belgo-rom aine de Gerpinnes, DRSPAC, 7, 1875, 93-140; Delplace, Peintures, 1718; De Maeyer, Villa's, 85.

5 6 1 La Louvière, Houdeng-Goegnies La

villa d u

B o is d e L a L o u vière

En 1889, R. Warocqué mit au jour les substructions d'une villa romaine dans le Bois de La Louvière au nordest de la localité d'Houdeng-Goegnies. Cet établisse­ ment, de près d'une quarantaine de mètres de long et d'une vingtaine de mètres de large, construit en moel­ lons de grès et de calcaire soigneusement appareillés était implanté sur un terrain tourné vers le sud. Les pièces du corps de logis étaient disposées à l'arrière d'une galerie de façade sur laquelle venaient se greffer deux pièces d'angle. Ce bâtiment orienté au sud était en outre entouré d’un portique. Deux caves avaient été amé­ nagées à l'ouest, l'une sous la pièce d'angle tandis que l'autre située sous la galerie occupait toute la largeur du pignon. Desservie par un escalier contigu au portique mé­ ridional, cette seconde cave éclairée par quatre soupiraux conservait encore les logements des solives du plancher. A. de Loë signale également, sans autre précision, la présence de carreaux d'hypocauste, de conduits souter­ rains en brique et en tuile ainsi que l'existence de deux pavements superposés dont un assez fruste fait de tegulae. De même, il affirme l'existence, dans les environs immédiats de la villa, d'une dizaine de bâtiments qu'il qualifie d'annexes. Un second corps de logis fut partiellement mis au jour par R. Warocqué à environ 80 m du premier. De dimen­ sions assez similaires à celui-ci, il comptait de nom­ breuses pièces ainsi qu'une cave. Sa situation en bordure du bois actuel ne permit pas d'étendre les fouilles en di­ rection du sud. D’après le plan, l'une des pièces était subdivisée en cinq compartiments parallèles. Le site a livré de la céramique des ne, me et ive siècles et de la verrerie des Ier, ne et 111e siècles. 336

F our d e tu ilie r

?

Les fouilles de R. Warocqué amenèrent également la mise au jour d'un four romain entouré de constructions et situé à 300 m au nord-est de la villa. Conservé sur une longueur de 2,75 m, il présentait une sole épaisse rectan­ gulaire reposant sur une chambre de chauffe voûtée en ogive qui atteignait une hauteur maximale de 1,32 m et une largeur de 1,10 m. Le laboratoire quant à lui était

Fig. 95 Houdeng-Goegnies, Bois de La Louvière: plan du corps de logis de la villa

Fig. 96 Houdeng-Goegnies, Bois de La Louvière: plan du second corps de logis

P R OVI NC E DE HAI NAUT |

complètement détruit. Les parois de la chambre de chauffe, vitrifiées en surface, étaient en argile tandis que la sole était constituée de tuiles imbriquées les unes dans les autres, disposées de manière à créer entre elles des carneaux. Cette sole avait malheureusement disparu lors des fouilles de sauvetage pratiquées en 1981 par le Ser­ vice SOS Fouilles. La fonction de ce four n'a pu être clairement détermi­ née mais il est probable qu'il ait servi à la cuisson de ma­ tériaux de construction. Les résultats préliminaires de l'analyse paléomagné­ tique du four datent sa période d'activité entre 70 et 100 de notre ère. A.-M. H. B ibliographie : de Loë A., Les fouilles de M. Warocqué, BMRAD, 4, 1905, 57-58; et 6, 1906, 45-46; Faider-Feytmans G., Les verreries des époques rom aine et mérovingienne au Musée de M ariem ont, RBA, 10, 4, 1940, 218, n. 29; Geeraerts R., Analyse paléom agnétique du fou r d'Houdeng-Coegnies. Résultats préliminaires, ASOS, 4, 1986, 23-24; Jurion-de Waha F., Four ro ­ m ain au Bois de La Louvière à Houdeng-Coegnies, 4505, 3,

1984,5 6 -5 9 .

5 7 1 Les Bons-Villers, Mellet Le s a n c tu a ir e ru ra l d e la

aux trois arbres

Chapelle

Implanté à quelque 700 m au sud de la voie antique Bavay-Tongres, le sanctuaire de Mellet est localisé au lieudit Chapelle aux trois arbres. Élevé en bordure de plateau, il domine le vallon s'étendant jusqu'à la chaussée à la­ quelle il était sans doute relié par un chemin secondaire. En 1991-1992, deux temples successifs y ont été déga­ gés par la Direction des Fouilles de la Région wallonne. Orientés approximativement sud-ouest nord-est, ils s'ouvraient au nord-est. Les fondations du premier tem­ ple ont été partiellement réutilisées lors de la construc­ tion du second. Si le premier temple se résume à un simple bâtiment rectangulaire d'environ 6,25 m sur 7,25 m de côté, le second constitué de deux rectangles inscrits atteint 17,50 m sur 19,50 m. Il pourrait s'agir d'un temple à pro­ naos et galerie à colonnade ouverte dont le porche aurait pu être surmonté d'un fronton. La cella, quant à elle, oc­ cupe un espace interne de 7,70 m sur 9 m. L'érosion du site n'a malheureusement pas permis d'établir si cet édi­ fice avait été construit sur un podium surélevé par rap­ port au terrain environnant. Le niveau d'arasement des fondations rend également difficile la détermination de l'époque de fréquentation du bâtiment qui précéda la construction du grand tem­ ple. S'agit-il d'une petite structure pré-romaine, comme l'indiquerait la présence d'une monnaie républicaine remontant à 67 avant J.-C. ou plutôt d'un temple galloromain à simple cella ? Il aurait ensuite été rénové com­ plètement et transformé en temple à cella, déambula­ toire et porche à l'instar du grand temple de Tongres, dans sa première phase de construction. Ce type de tem­ ple marqué par l'adjonction au plan initial d'un porche se rapproche ainsi du temple classique à pronaos in­ fluencé par Rome et par l'architecture romaine.

Fig. 97 Mellet, L a C h a p e l l e 1. Phase 1; 2. Phase 2

a u x tro is a r b r e s :

plan du sanctuaire:

Comparées aux dimensions moyennes des temples de tradition indigène de nos régions, celles du grand tem­ ple de Mellet sont relativement imposantes. Faut-il dès lors le mettre en relation avec la bourgade proche des Bons-Villers à Liberchies ? La distance de 2 km qui le sé­ pare de cette agglomération donne plutôt à penser qu'il s'agit d'un sanctuaire rural qui pourrait néanmoins avoir entretenu des relations suivies avec la bourgade. L'absence de niveau de sol ainsi que la pauvreté du matériel rendent malaisée la datation du site. La pré­ sence de traces d'un bâtiment annexe et de fosses, les dimensions et la pérennité du lieu encore visité, semblet-il, au ive siècle après J.-C., en font un sanctuaire rural important à la limite de la cité des Tongres. F. V. C a rto g ra p h ie : voirfig. 123, 9. B ibliographie: Brulet R. et al., Liberchies entre Belgique et Cermanie, Morlanwelz, 2002, 69-71 et 121-122; De Waele E., Sartieaux P.-P. St Soumoy M., Les Bons Villers/M ellet: découverte d'u n temple gallo-rom ain, CAW, 1, 1993, 35; De Waele E., Soumoy M. St Sartieaux P.-P., Sanctuaire de fundus à Mellet, Dossiers Archéologie, 315, 2006, 98-99; Soumoy M., Décou­ verte d 'u n temple gallo-rom ain à M ellet (Bons-Villers), AFAHB, 8, I, Liège, 1992, 58.

5 8 1 Leuze-en-Hainaut, Blicquy L 'a g g lo m é ra tio n d u

Camp romain

La commune de Blicquy est traversée par un axe routier important venant de Bavay et se dirigeant au nord vers la bourgade de Velzeke. Elle est aussi le point de rencontre d'une autre voie qui s'embranche sur le premier pour se diriger en oblique vers le nord-ouest. On y a enfin relevé les traces d'un diverticule orienté ouest-est et prenant la direction du site-sanctuaire de la Ville d'Anderlecht. C'est au croisement de ces voies que s'est développée la petite agglomération routière du Camp romain, en ter­ ritoire nervien. Mais l'occupation romaine ne se limite pas à ce seul site. On a enregistré deux autres complexes indépendants. Le plus célèbre est l'ensemble de la Ville d'Anderlecht, à caractère artisanal et religieux; il se trouve à une distance de 2 km à l'ouest. Le troisième noyau, sur Aubechies, a été le siège d'un établissement rural. Il se lo­ calise à 500 m au sud-ouest de la bourgade routière. 337

Les trois sites évoqués avaient été, dans un premier temps, considérés comme le reflet d'une agglomération polymorphe très éclatée. On pense aujourd'hui qu'ils sont totalement distincts. L'agglomération routière du Camp romain

L'agglomération routière se signale par un plan de forme triangulaire accroché à la route de Bavay. Ses ves­ tiges sont encore peu connus. On y a retrouvé néan­ moins des traces d'habitat représenté par une cave, un hypocauste, des puits, un important atelier de céra­ mique gallo-belge, un four de tuilier, un bas fourneau à fondre le fer et une nécropole très étendue de plus de cinq cents tombes. Les fours ont été utilisés au Ier siècle et une grande quantité de céramiques, du type terra nigra, a été récol­ tée. On en dénombre au moins dix-sept repérés par pros­ pection magnétique. Trois d'entre eux ont été fouillés. Le premier a conservé sa sole et le début des parois. Un autre est de plan plus ovale avec une banquette centrale développée. La nécropole de Blicquy

La nécropole fut découverte en 1959, à l'occasion de l'exécution de travaux de rectification d'une route, ce qui incita notamment le cercle local puis l'Université de Gand à entamer la fouille systématique du site sur une superficie de plus de 8 ares. Même si l'intégralité du ci­ metière n'a pu être reconnue, on considère qu'il s'agit là d’un site exceptionnel puisqu'il a livré plus de cinq cents tombes.

Fig. 99 Blicquy, Camp rom ain : four de potier

Elles ne sont pas réparties avec une égale densité mais dans certains secteurs, on a continué d'enfouir des sépul­ tures avec une telle proximité qu'elles ont dû être mar­ quées à la surface du sol. Les tombes sont constituées de simples fosses creusées dans le sol ou délimitées par un coffrage en bois. Les plus sophistiquées disposent d’un ca­ veau en pierres ou en tuiles plates. Le rite pratiqué est l'in­ cinération; on a recours à différents modes d'enfouisse­ ment des os calcinés : ils sont placés à même le sol ou dans le fond du caveau, ou dans un récipient en céramique. Un tel nombre de sépultures a permis d'enregistrer un lot impressionnant de dotations funéraires allant des monnaies, aux pièces de verrerie et de céramique, des lam­ pes aux bijoux, aux armes et aux offrandes alimentaires.

Fig. 98 Belœil et Leuze-en-Hainaut: 1. Chaussée Brunehaut de Bavay à Velzeke; 2. Chaussée vers le nord-ouest; 3. Diverticule; 4. Agglomération du Camp romain à Blicquy; 5. Site sanctuaire de la Ville d'Anderlecht à Blicquy; 6. Villa d'Aubechies

338

P R OVI NC E DE HAI NAUT |

5 9 1 Leuze-en-Hainaut, Blicquy Le s ite -s a n c tu a ir e d e la

Fig. 100 Blicquy, Camp romain-, sépultures en cours de fouilles de la nécropole

Un certain nombre de catégories de céramique sont merveilleusement illustrées à Blicquy, tant et si bien que les études qui leur ont été consacrées ont véritablement marqué un tournant scientifique dans cette matière, en caractérisant plus précisément un faciès régional ou des produits d'importation, comme la céramique belge à pâte gris clair, la céramique savonneuse, tendre au tou­ cher, la céramique à enduit rouge pompéien, la céra­ mique culinaire locale. La première période d'utilisation du cimetière est à si­ tuer vers les règnes de Tibère et Claude; à l'époque flavienne, le nombre de tombes augmente considérable­ ment (21 %) pour stagner durant la première moitié du 11esiècle, le milieu du siècle suivant marquant l'abandon du site funéraire. R. B.

Fig. 101 Blicquy, Camp rom ain : tête de fillette en bronze exhumée d'une des sépultures de la nécropole B ibliographie: Amand M., Blicquy, Arch., 1959, 144; De Laet S. J., Blicquy. Nécropole romaine, Arch., 1961, 513-514; De Laet S. )., Van Doorselaer A., Spitaels P. & Thoen H., La nécropole gallo-romaine de Blicquy, (DAC , 14), 1972; Van Doorselaer A., Blicquy: nécropole romaine, Arch., 1962, 54-55.

Ville d'Anderlecht

Le site sacré et artisanal de la Ville d'Anderlecht offre une superficie plus étendue et une implantation plus lâche des structures qui le composent, au regard de celles de l'agglomération routière. Au rang des qualifications religieuses et publiques du site, on énumérera la découverte d'un temple inscrit dans un complexe de portiques et d'un théâtre. Pour le reste, on a reconnu aussi des traces d'habitat, des hypocaustes, probablement des thermes, un puits, une instal­ lation de bronzier. Il est un peu curieux de voir ainsi coexister des fonc­ tions très différentes sur un site qui se présente de plus en plus comme l'un des sites sacrés les plus importants de Belgique. Le sanctuaire a peut-être provoqué le déve­ loppement de métiers artisanaux entre la fin du ne siècle et les premier et deuxième tiers du me siècle (atelier de bronzier, fours de potiers). On parle même de dérive de la fonction cultuelle initiale du site vers une dimension plus commerciale, le théâtre étant abandonné plus tôt. Même si des recherches locales y sont effectuées dès les années 1950, il faut attendre l'été 1976 et ses condi­ tions climatiques exceptionnelles pour voir surgir du site, par le biais d'une photographie aérienne, un temple gallo-romain associé à un grand hémicycle et pour pren­ dre ainsi la mesure d’un grand complexe cultuel. Si le site antique a fait l'objet de très nombreuses cam­ pagnes de fouilles depuis 1978, ces dernières années il fait l'objet d'enquêtes complémentaires de la part du Centre de Recherches Archéologiques de l’ULB, en vue de conduire à une publication de synthèse. Le temple

En 1978 puis à partir de 1997, le site d'un fa n u m fut mis à l'étude. Les fondations ne subsistaient plus que sous la forme de larges tranchées composées de pierrailles de grès mé­ langées à du limon brun et des déchets de tuiles. L'élargissement du négatif des fondations, provoqué par la récupération systématique des pierres de construc­ tion, rend malaisée l'estimation précise des dimensions des assises dans leur état initial. La cella formait un rec­ tangle d'environ 9 m sur 9,80 m. Quant à la galerie, elle mesure un peu plus de 20 m sur chaque côté. Dans l'axe de la façade nord-est du temple, on observe la fondation d'un perron. Devant celui-ci se trouvent trois creusements. Les deux plus grands, placés de chaque côté du seuil, montrent l'existence de quatre trous de poteau à leur base. L'un d'eux présentait égale­ ment la trace d'une planche de bois posée sur chant. On pense donc tout naturellement à des fosses cultuelles, destinées peut-être à contenir des offrandes. En outre, quelques tronçons appartenant à un fossé encerclant l'angle sud du temple ont révélé une canalisation en bois matérialisée par des frettes disposées à distance ré­ gulière de 2 m et des empreintes ligneuses figurant sur ces anneaux en fer. Vers le sud aussi, on a observé les dalles d'un chemin, le long duquel furent découvertes deux fondations rec­ tangulaires en calcaire appartenant vraisemblablement 339

à des autels. Une fondation en fragments de tuiles d'un troisième autel a également été localisée à 11,50 m face au seuil d'entrée du fanum. Par la suite, les fouilles ont révélé la présence d'une douzaine de ces bases d'autels. Un dépôt rituel avec des restes humains, un dépôt de potins mais aussi beaucoup de monnaies précoces lais­ sent augurer de la fondation très ancienne de ce site re­ ligieux, qui pourrait trouver ses origines, à la période augustéenne ou à la fin de la période protohistorique. Parmi les trouvailles récentes remontant à la fin du deuxième Âge du Fer, se signalent des lames d'épée, des fers de lance comportant des traces de bris intentionnel.

De plus beaucoup d'autres petites annexes aux galeries ont été nouvellement enregistrées. À l'angle nord-est de l'hémicycle, on signale une construction étanche en briques, reliée à un bassin ovale inscrit dans un local rectangulaire de 7,5 m sur 10 m. Ce bassin a été revêtu de plaques de marbre. On y a d'ailleurs retrouvé des fragments de plaques à inscription. Le tracé d'un grand aqueduc a aussi été enregistré, le long de Fhémicycle; il court sur une distance de 800 m. 11 conserve de belles chambres de visite. L'espace fouillé a livré beaucoup de monnaies de l'époque républicaine à Trajan et de la céramique laténienne, preuve d'une utilisation précoce du site.

Le monument à portiques

Le fanum s'inscrit dans un vaste monument quadrangulaire, dans l'axe de celui-ci et en regard d'une vaste exèdre. Côté est, la limite de ce monument est matérialisée par un mur de clôture au milieu duquel prend place un portail traditionnel. Côtés nord et sud se développent des galeries de 80 m de long sur 6 m de large. Les fonda­ tions détruites n'en étaient pas pour autant superficiel­ les car elles ont une profondeur de 1,30 m pour 1,20 m de largeur. Dans les tranchées de démolition des murs fi­ gurent des fragments de colonnes en pierre de France, preuves de l'existence d'une colonnade ouverte vers l'intérieur du monument. La galerie sud est flanquée de trois petits locaux de 3 m sur 7 m. Côté ouest, le mur de délimitation est bordé par un gi­ gantesque hémicycle de 52 m de diamètre décomposé en deux murs curvilignes; celui de la face externe ap­ puyé sur des contreforts est doté d'une annexe rectangu­ laire sommitale de 5 m sur 5 m. Des données nouvelles montrent que le mur d'en­ ceinte affectait la forme d'un trapèze rectangle et non d'un rectangle parfait, comme dessiné antérieurement.

Le théâtre

Le théâtre de Blicquy a été découvert en 1993 par L. Demarez, puis mis au jour en décapage extensif avec le soutien financier de la Région wallonne. Il offre quelques particularités telles la réduction du bâtiment de scène, la disposition de la cavea et de l'orchestra en arc de cercle outrepassé et finalement le recours massif au bois pour la construction des gradins.

Fig. 103 Blicquy, Ville d'Anderlecht: la fouille du théâtre en 1995

Fig. 102 Blicquy, Ville d'Anderlecht: plans différenciés du complexe à galeries et du théâtre

340

P R O VI NC E DE HAI NAUT |

Fig. 105 Blicquy, Ville d'Anderlecht: masque en bronze provenant du sanctuaire

Fig. 104 Blicquy, Ville d'Anderlecht: statuette de Mars mise au jour dans l'atelier de bronziers

La construction de l'édifice sur un terrain pratique­ ment plat aurait nécessité l'apport d'un gros volume de remblais. Le recours à une architecture de bois a apporté une solution pratique en éliminant celle, plus coûteuse, d'un transport de pierres. Le théâtre se présente sous la forme d’un arc de cercle légèrement outrepassé de 70,60 m de diamètre. Seule la base des fondations, composée de moellons de grès sans mortier, était conservée, à l'exception de quelques por­ tions d'assises. Le mur circonscrivant la partie supérieure supportant les gradins est consolidé à distance régulière par des contreforts. On dénombre onze paires de murs rayon­ nants, placés perpendiculairement au mur curviligne. Ces doubles murs ne sont distants que de 1,50 m, ce qui empêche de les assimiler à des couloirs de circulation. Ces murs rayonnants sont liés au mur de circonférence extérieur et au double de celui-ci que l'on a enregistré du côté interne. Ce second mur curviligne correspond à une séparation horizontale du niveau de gradins. Pour le reste, comme indiqué plus haut, le théâtre de Blicquy repose surtout sur une structure de bois : elle a laissé son empreinte dans le sol sous la forme d'une multitude de trous de poteaux. Plus d'un millier d'entre eux furent aperçus sur l'ensemble de la cavea ainsi que sur la zone centrale. On a même pu y voir des aligne­ ments de type rayonnant et concentrique qui témoi­ gnent du mode de construction utilisé. Dans le secteur de la summa cavea, trois alignements curvilignes se distinguent bien clairement, avec un espa-

cernent moyen de 0,75 m. Ils peuvent dépendre de la disposition des gradins par rang à l'intérieur de chaque cuneus. La partie centrale présente une suite de trous de po­ teaux concentrée mais désordonnée. Dans l'axe du théâtre, on voit une construction rec­ tangulaire de 8,75 m sur 14 m faisant office de scène, avec des fondations mal conservées et un mur de refend. Un mur de clôture de la cavea rejoint le bâtiment de scène. La céramique retrouvée dans les fossés de drainage sous-jacents et antérieurs au théâtre situe son établisse­ ment au second quart du IIe siècle. Bâtiment sur hypocauste

Le bâtiment exploré en 1981, 1985 et 1986 est marqué par une grande pièce rectangulaire sur hypocauste au­ tour de laquelle d'autres murs délimitent des espaces plus restreints. Les murs conservent encore cinq assises de moellons réguliers surmontés de deux lits de briques en terre cuite rouge. Le praefurnium possède trois conduits d’alimentation en air chaud. Les alentours du bâtiment sont connus pour avoir ré­ vélé des fosses avec un matériel archéologique abon­ dant. Auparavant, on y a retrouvé un buste féminin en pierre de France et une statuette en bronze de Jupiter posée sur un socle coulé dans le même alliage. Se signa­ lent aussi à l'attention une statuette de Jupiter et un lion zodiacal en bronze coulé de 7 cm de long. L'animal est représenté bondissant et rugissant, la queue enroulée autour de la patte gauche. Sa musculature est rendue de façon fort réaliste; sa crinière est finement ciselée. Les monnaies sont très nombreuses, soit plus de six cents. Tout ce mobilier date des IIe et m e siècles. Une plaque en marbre blanc paraît particulièrement intéressante puisqu'elle porte une inscription: «ONI AESTI». Quartier artisanal

Ce sont les fouilles de 1968 exécutées par le Service na­ tional des Fouilles, puis de 1982 et 1983 qui ont révélé, à proximité du sanctuaire, un complexe artisanal des IIe et IIIe siècles de notre ère. Trois bâtiments rectangu­ laires le déterminent. 341

Les matériaux attestant le travail du métal sont nom­ breux: des blocs de torchis provenant de bas fourneaux destinés à la fonte du minerai de fer et des scories. En 1968, déjà, il avait été question d'un atelier de bronzier et de témoins du travail de chaudronnerie. Un fond de tonneau rassemble un matériel hétéroclite en fer et en bronze, parmi lequel une statuette de Mars et un buste de Minerve, qui constitue un dépôt de bron­ zier. On a récupéré également des creusets et des résidus de la fonte du bronze. L'artisanat s'étend aussi à la céramique, puisqu'on si­ gnale une batterie de trois fours de potier, avec des frag­ ments de cruches des 11e et me siècles. Enfin, la décou­ verte de fragments de vases à visages et à décor zoomorphe retient l'attention. R. B.

C a rto g ra p h ie : voir fig. 98, 5. B ibliographie: Barrois N. St Demarez L., Le sanctuaire gallorom ain de Blicquy: première approche, AHOActes, 1983, 59-69; Demarez L., Gillet E. & Henton A., Leuze-en-Hainaut/ Blicquy: « Ville d'Anderlecht» : un sanctuaire... et un théâtre, CAW, 2 , 1994, 47-49; Faider-Feytmans, Bronzes romains, n° 16 e t 251 ; Gillet E. St Demarez L., Un théâtre gallo-rom ain, Archéologia, 338, 1997, 36-42; Gillet E. & Demarez L., Leuze-en-Hainaut/Blicquy: nou­ velles recherches à l'intérieur de l'enceinte cultuelle du sanctuaire, CAW, 8, 2000, 47-48; Gillet E., Demarez L. & Deroissart D., Un édifice de spectacle gallo-rom ain sur le site du sanctuaire de la « Ville d'Anderlecht», CAW, 4-5, 1996-1997, 23-25; Gillet E., Demarez L. & Deroissart D., Leuze-en-Hainaut/Blicquy, le sanc­ tuaire de Blicquy, nouvelles recherches sur le fanum, CAW, 6 ,1 9 9 8 , 21-24; Gillet E., Dem arez L. St H enton A., Leuze-enH ainaut/Blicquy: suite des recherches à l'intérieur de l'enceinte du sanctuaire gallo-rom ain de la « Ville d'Anderlecht», CAW, 9, 2001, 50-51 ; Gillet E., Paridaens N. St Dem arez L., Leuze-enH ainaut/Blicquy: fouilles menées sur la pa rtie nord-ouest du sanc­ tuaire de la «Ville d'Anderlecht», CAW, 12, 2004, 44-47; Paridaens N., Gillet E. & Demarez L., Bilan des fouilles menées sur la partie nord-ouest du sanctuaire de la «Ville d'Anderlecht» à Blicquy (Prov. Hainaut), Romeinendag 2004, 67-69; Paridaens N., Gillet E. St Demarez L., La «Ville d'A nderlecht » à Blicquy: sanc­ tuaire de cité. Dossiers Archéologie, 315, 2006, 90-93.

Depuis un siècle, les trouvailles furent nombreuses sur le sol des Castellains, ce qui incita à faire procéder à des photos aériennes du plateau. Les résultats de celles-ci sont célèbres et ont donné lieu très tôt à des interpréta­ tions préalables aux recherches. Des fouilles ont été en­ treprises, sous la direction de G. Faider-Feytmans, de 1955 à 1962 et de 1970 à 1983; quelques travaux ont été poursuivis après son décès. On enregistre un certain nombre de bâtiments mis au jour: des temples probablement dédiés à Apollon medicus, une colonne au cavalier à l'anguipède ponctuant l'angle nord-ouest du plateau, les traces d'une construc­ tion sacralisant la Fontaine Claus, peut-être un Asclépiéion, le tout érigé à l'époque de Domitien, sauf la co­ lonne datée de la fin du IIe siècle; des monuments funéraires de l'époque de Trajan: pilier, mausolées en­ tourés de petites sépultures; des thermes, alimentés par un aqueduc; cinq zones d’habitat séparées les unes des autres, dont deux sont reliées entre elles par une rue. Certains de ces habitats furent construits sous Domitien, les autres sous Antonin-le-Pieux. L'ensemble du site a été pillé et démantelé au cours du deuxième tiers du ine siècle. Ce site, dont le nom antique ne figure sur aucune ins­ cription, aux bâtiments érigés à grands frais, en grande partie sous Domitien, à la limite de deux provinces, pré­ sente toutes les caractéristiques d'un site-sanctuaire. Manque, à l'heure actuelle, un théâtre dont l'existence est habituelle dans ce genre d'agglomération. Il faut ajouter qu'il fut aussi probablement le siège d'une acti­ vité économique primitive. Centre sidérurgique

Entre le début de l'occupation du site et l'édification de la plupart des bâtiments sous le règne de Domitien, des forges étaient en activité sur le site. Les restes d'une de ces officines sont situés sous la partie méridionale de l'esplanade d'un mausolée, l'autre, qui a livré une en­ clume, sous les thermes. Les monuments religieux

6 0 1 M erbes-le-Château, Fontaine-Valmont Le s ite -s a n c tu a ir e d e s

Castellains

Le lieu-dit Les Castellains domine le village de FontaineValmont. C'est un plateau triangulaire d'une superficie totale de 56 ha situé sur la rive droite de la Sambre. À l'écart des grandes voies de communication an­ tiques, le site romain des Castellains est cependant d'un accès aisé. En effet, situé à 450 m de la Sambre, il est longé, par un diverticule qui l'unit, au sud, à la voie Bavay-Meuse-Trèves, à hauteur de Montignies-SaintChristophe. Vers le nord, on a souvent considéré qu'un autre diverticule franchissait la Sambre à La Buissière à l'endroit où elle devient navigable. En principe, Les Castellains relèvent de la Civitas Tungrorum, à la limite de celle-ci et de la Civitas Nerviorum. Toutefois, cette appartenance est peut-être tardive puisque le monnayage gaulois retrouvé sur le site lui confère plutôt un caractère nervien. 342

• Les temples Les photographies aériennes, prises en avril 1955, ont permis de déceler deux sanctuaires, l'un entouré d'un péribole, l'autre qui semblait se limiter à une simple cella; le tout cerné par un mur d'enceinte quadrangulaire. Or, il s'agit en fait de temples jumelés à cella et péribole entourés chacun d'un mur limite, le tout situé dans un temenos quadrangulaire. La cella du temple I, le plus méridional et le mieux construit, mesure extérieurement 7,40 m sur 8,85 m soit trente pieds romains. La cella du temple II, légèrement désaxée, mesure 7,50 m sur 8,40 m. Une première enceinte règne autour des deux temples et les sépare l'un de l'autre. Si cette première enceinte cerne presque complètement le temple II, elle n'en­ toure le temple I que de trois côtés, ce qui s'explique par le fait des larges gradins qui donnaient accès à son côté oriental. Enfin les dimensions du mur d'enceinte du temenos ou aire sacrée sont: mur est, 66,26 m; mur ouest, 65,96 m; les murs nord et sud ont respectivement 49,70 m et 49,60 m. La forme de l'ensemble est donc tra­ pézoïdale, à la suite d'une erreur évidente de mesure.

P R O VI NC E DE El Al N AUT |

Fig. 106 Carte de la région de Merbes-le-Château, Fontaine-Valmont à l'époque romaine. 1. Voie romaine de Bavay à la Meuse; 2. Site-sanctuaire des Castellains; 3. Aqueduc; 4. Villa de Saint-Rémy à Thirimont; 5. Villa de Terre d'Au Village à Montignies-Saint-Christophe

Le temple 1est orienté vers l'est. Sa façade est décorée de marbre blanc jaunâtre, dont de nombreux fragments ont été retrouvés. On y accède par de larges gradins dallés. Entre le temple I et le mur oriental du temenos ont été mises au jour les bases de quatre autels. Les trouvailles les plus anciennes remontent toutes au règne de Claude. Le temple I a certainement été incen­ dié au me siècle.

• L'Asclépiéion Une structure trapézoïdale de 25 ares, implantée à 150 m des autres temples, a été identifiée comme un Asclépiéion. Dans l'angle sud-ouest du trapèze, forme adoptée par tout le sanctuaire, a été mise au jour l'infrastructure, très perturbée, d'un temple relativement exigu, car sa sur­ face se réduit à 7,80 m sur 11m. Quelques éléments ar­ chitecturaux ont pu y être recueillis, dont un fragment de chapiteau. • La Fontaine Claus La résurgence d'eau qui apparaît à l'heure actuelle, à en­ viron 250 m à l'est du site, a dû remplir très tôt un rôle que souligne son hydronyme. Si aucune preuve d'utili­ sation ou de vénération dont cette fontaine aurait été l'objet avant la romanisation n'a pu être relevée, la chose paraît probable.

Fig. 107 Fontaine-Valmont, Les Castellains: plan général du site. 1. Temples; 2. L'Asdépiéion (?); 3. La Fontaine Claus; 4. La colonne au cavalier à l'anguipède; 5. Les mausolées; 6. Le pilier funéraire; 7. Les thermes; 8. Édifice. 9. Habitat. 10. Complexe de trois bâtiments; 11. Cellier; 12. Vestiges d'habitat

• La colonne au cavalier à l'anguipède Un monument élevé à la fin du ne siècle, à l'angle nordouest du plateau, à l'endroit précis où la limite de la cité des Nerviens touche à celle des Tongres, éclaire le pro­ blème des cultes à Fontaine-Valmont: il s'agit d’une co­ lonne du cavalier au géant anguipède. Inconnue en Nervie, elle est implantée ici dans la partie la plus occi­ dentale de la cité des Tongres, où les restes de quelques monuments du même type ou apparentés ont été re­ cueillis. Elles sont surmontées d'un cavalier portant cuirasse dominant de son cheval cabré un géant dont le corps se termine en queue de serpent. La base de la 343

Fig. 108 Fontaine-Valmont, Les Castellains: plan des temples

Fig. 109 Fontaine-Valmont, Les Castellains: la pierre aux quatre dieux, Vénus

colonne est formée d'une pierre dite aux quatre divini­ tés qui est parfois surmontée d'une pierre octogonale où figurent les dieux de la semaine, plus, sur la huitième face, une dédicace ou, plus rarement, une autre divinité. 344

La colonne elle-même est surmontée d'un chapiteau, décoré de feuillages avec parfois des personnages en re­ lief. Des éléments de la colonne du cavalier au géant anguipède furent découverts en 1725 à proximité de l'an­ gle nord-ouest du plateau des Castellains. Il s'agit d'une «pierre aux quatre divinités» brisée en deux. En 1726, le même endroit livra un tambour de colonne à décor ba­ chique. Enfin dans le courant du XIXe siècle fut recueillie une tête de cheval «grandeur nature» en pierre. À l'emplacement où fut édifiée la colonne étudiée et sur son infrastructure se dresse actuellement une potale dédiée à saint Guidon, patron des palefreniers et surtout des chevaux. Ceux-ci ont fait l'objet, jusqu'il y a peu, d'élevages célèbres dans la région. En 1972, des fouilles furent poursuivies sous la potale actuelle. Sous le socle médiéval fut repéré le socle romain. Le tambour de colonne conservé atteint une hauteur de 0,84 m. Il est décoré en relief d'une ménade vue de dos. Elle danse en agitant un thyrse de la main gauche. Elle boit, la tête à la longue chevelure renversée, le vin coulant d'un rhyton qu'elle maintient de la main droite. Un putto vendangeur ailé, portant sur les épaules une corbeille de raisins, tend la main gauche vers une grappe qui pend au-dessus de la ménade. Le tambour de colonne est conservé aux Musées royaux d'Art et d'Histoire à Bruxelles; il en va de même de la partie principale de la «pierre aux quatre divini­ tés»; l'autre fragment semble avoir été égaré et son décor n'est connu que par des dessins dus à Jean Duvivier, artiste liégeois. La pierre complète présentait sur chaque face une divinité: Junon, Vénus, Jupiter, figuré par un aigle, et Apollon. La face de la pierre représentant Junon est brisée. La déesse est représentée debout, de face, dans une niche. Elle est vêtue d'une ample robe aux plis profonds et peut-être d'un manteau qui couvre le haut du bras droit. La face représentant Vénus est la seule restée intacte. La déesse se dresse nue, de face, déhanchée vers la gauche, le pied droit posé sur un tabouret. Elle élève, de la main droite, un ample manteau à franges dont les plis gonflés pendent dans le dos presqu'à la hauteur des genoux. Elle le maintient de la main gauche, légèrement écartée, qui semble s'appuyer sur un pilastre. Elle porte les cheveux relevés formant un haut chignon, des mèches légère­ ment ondulées retombant sur les épaules. C'est sous un aspect céleste qu'apparaît l'évocation de Jupiter sur la troisième face de la pierre. Y figure un aigle déployé dressé sur un globe maintenu fortement par ses serres. Le globe est coupé en diagonale par deux bandes circulaires obliques qui s'y croisent. Quant à la quatrième face également brisée de la pierre découverte aux Castellains, il s'agit cette fois de l'image d'Apollon. Les monuments funéraires

• Les mausolées En 1959 furent mis au jour, au sommet du site des Castellains, deux mausolées à enclos, voisins d'une es­ planade. Les deux mausolées appartiennent à des types différents : le premier se présente avec un massif central cubique, à caveau, édifié au centre d'un enclos rectangu-

P R O VI NC E DE HAI NAUT |

6,70 m. Au centre, fut dégagé un caveau quadrangulaire de 0,90 m de hauteur. Il est limité par un mur de pierres de petit appareil, fort bien rejointoyées, recouvertes de mortier rose. Le caveau avait été vidé. • Les sépultures Dix sépultures à incinération furent mises au jour à l'ex­ térieur de l'enclos du mausolée I. Elles contenaient un mobilier courant datant du IIe et du début du IIIe siècle : urnes funéraires recouvertes ou entourées de tuiles, cruches, assiettes, parfois une fibule, plus rarement une bouteille de verre ou des objets en fer. Dix-neuf sépultures à incinération, creusées à même le sol, ont été mises au jour tout autour de l'enclos du mausolée IL Une tombe du même type était enfouie à l'intérieur de l'angle nord de l'enclos, une autre à l'inté­ rieur de l'angle sud.

Fig. 110 Fontaine-Valmont, Les Castellains\ plan des mausolées et du pilier funéraire

laire; le second, également entouré d'un mur formant enclos, qui affecte les mêmes dimensions que le pre­ mier, présente la forme absolument ronde d'une tholos à caveau quadrangulaire central. Le mausolée I est soutenu par une énorme base de ma­ çonnerie quadrangulaire, accusant 2,20 m de profondeur et de côté. Elle est formée de grosses pierres calcaires iné­ gales. En son centre, un caveau profond, mais vide, fut dégagé. Ce mausolée a été édifié au centre d'un enclos, li­ mité par un muret de maçonnerie sèche. Celui-là mesure, à l'extérieur, 27,20 m de longueur et 16,40 m de largeur. Le mausolée II révèle une exécution nettement plus raffinée. Les dimensions de l'enclos qui l'entoure sont sensiblement les mêmes que celles du premier mauso­ lée. Il possède une tholos centrale, d'un diamètre de

• Le pilier funéraire Un pilier funéraire se dressait à 15 m environ au nord-est des mausolées. Le pilier et son infrastructure constituent, en fait, un socle rectangulaire de 3 m sur 3,60 m. À l'angle est du socle fut creusée une favissa d'une profondeur de 0,92 m. Le soubassement du pilier était constitué, comme celui des bâtiments voisins, de moellons de calcaire en­ gagés, par place, dans un épais mortier fait de chaux et de sable. Cette infrastructure est recouverte, sur son pourtour, de larges dalles de pierres bleues. Les installations thermales

Les thermes, ainsi que l'aqueduc qui les approvisionnait en eau, appartiennent à un ensemble architectural construit sous le règne de Domitien. Les éléments qui les composent, y compris la vaste esplanade s'étendant à l'ouest des bains proprement dits, couvrent une surface totale de 1500 mz. La façade principale des thermes est orientée vers le sud-est. Règne le long de celle-ci, une galerie de 8 m sur 23,50 m. À son angle est ont pu être déterminés deux pe­ tits réduits dont le premier pourrait avoir fait office d'ac­ cueil et le second de latrines. Les bâtiments chauffés se localisent dans l'angle sudouest, ce qui permettait de bénéficier de la chaleur du

Fig. 111 Fontaine-Valmont, Les Castellains: plan des thermes

345

Fig. 112 Fontaine-Valmont, Les Castellains: plan de l'habitat 9

soleil couchant. Ce secteur de l'édifice consacré aux bains occupe une surface de 187 m2. Unpraefurnium allongé et étroit permettait de chauffer deux pièces quadrangulaires dont la plus grande peut être considérée comme le tepidarium. Le caldarium propre­ ment dit couvrait une surface de 32 m2. Deux baignoires semblent l’encadrer des côtés sud-est et sud-ouest. Beaucoup de locaux de grandes dimensions, localisés vers le nord et le nord-est peuvent être associés à la pa­ lestre et à des bassins froids. Les traces d'un aqueduc ont été extrêmement pertur­ bées par les labours. Le radier du conduit principal, d'un diamètre de 0,45 m, est constitué d'un béton très solide et la base de ses parois est recouverte d'un enduit hy­ draulique très fin. Zones d'habitat

• Édifice 8 Les fouilles de 1983 et 1984 ont permis de mettre au jour les vestiges d'un bâtiment, au nord-ouest du plateau et à l'ouest des temples. Il fut implanté selon la direction générale du diverti­ cule antique longeant les Castellains mais est contourné vers l'est par un chemin empierré. Six murs perpendiculaires forment cinq salles proba­ blement ouvertes sur la rue. Dans la première d'entre elles, située au nord-est de l'édifice, fut mise au jour la base d’un foyer, formée de quatre tuiles renversées. Du côté nord se développe une longue galerie contre la­ quelle figurent les restes probables d'un réceptacle d’eau. La structure bâtie autour d'une grande cour fait penser à un relais ou à un gîte d'étape. • Habitat 9 À l'ouest des mausolées, un petit habitat affecte un plan caractéristique ordonné autour d’une grande cour rec­ tangulaire non couverte mais dont le sol est partielle­ ment revêtu de galets. Elle présente des dimensions in­ térieures de 8,80 m sur 17,30 m de côté. Deux pavillons, flanquant symétriquement les angles du mur nord-ouest de la cour, étaient couverts d'une toi­ ture de tuiles. Leur sol est pavé de carreaux de céramique. 346

Fig. 113 Fontaine-Valmont, Les Castellains: plan du complexe de trois bâtiments 10

À l’angle sud-est se greffe une aile composée de trois pièces. L'une de celles-ci est un cellier avec escalier ou­ vert vers la cour. Une niche rectangulaire était creusée dans la paroi méridionale et portait des traces de fumée. Un soupirail de forme trapézoïdale a été ménagé dans le mur septen­ trional de la cave. Deux niches quadrangulaires à fond plat ont été creusées dans les murs faisant face à l'esca­ lier et au soupirail. Elles sont constituées de pierres ten­ dres disposées en claveaux, superposées en alternance avec des carreaux de terre cuite. • Complexe de trois bâtiments 10 Ces édifices, très proches l'un de l'autre, se situent sur un plateau dominant de 30 m le site de la fontaine. Leur implantation semble remonter au règne de Domitien. Le plan du bâtiment principal est très caractéristique avec une salle rectangulaire de 17,50 m de longueur sur laquelle se greffent des pavillons d'angle reliés par une galerie. Des latrines ont été localisées sur la façade ar­ rière. Les autres bâtiments voisins peuvent être considérés comme des annexes. • La zone d'habitat 11 et le cellier Un cellier a été reconnu à proximité des thermes. L'édifice, de construction très soignée, est peu étendu. Sa superficie se réduisait à 15,20 m2. La cave proprement dite est recouverte d'une voûte de gros moellons équarris, de pierre calcaire. L'escalier d'accès, à volée unique, est constitué de qua­ tre marches dallées de pierre bleue. Le sol de la cave est en terre battue. Les murs sont construits en moellons rectangulaires strictement alignés. Onze rangées s'éle­ vant sur 1,10 m ont été conservées.

P R O VI NC E DE HAI NAUT |

Deux niches quadrangulaires dont la base est dallée de pierres bleues étaient creusées l'une face à l'escalier, l'autre dans le mur septentrional. Deux niches en culde-four, se faisant face, sont aménagées dans chacun des murs principaux. De plan semi-circulaire, elles ont une paroi de quatre rangs de pierres superposées, surmon­ tées d'un double chaînage de carreaux de céramique. Un carreau posé de chant épaulait chaque côté de la niche. Du côté sud-est fut ménagé un important soupirail. La zone d'habitat est aussi marquée par deux bâti­ ments annexes. Dans l'un de ceux-ci a été mise au jour, la sépulture à inhumation d'un sujet masculin armé qui pourrait être un guerrier germanique. Il remonte peutêtre à la deuxième moitié du ive ou au tout début du ve siècle. La tombe était orientée vers le nord-ouest, accolée à l'infrastructure du mur et limitée sur trois côtés par des tuiles romaines posées de chant. À droite du corps étaient déposées ses armes: à hauteur de l'épaule, une francisque, à celle de la taille, des restes ferreux qui pour­ raient provenir d'un manipule de bouclier, à celle des pieds, un fer de lance dirigé la pointe vers le bas.

À la limite de La Buissière et de Solre-sur-Sambre, une très grande villa a été découverte en 2005, au Champ de Saint-Éloi. Le corps de logis est implanté en bordure de Sambre; il s'agit d'un édifice de 19 m sur 65 m doté de vingt-quatre locaux. Une cave a conservé ses enduits peints sur les quatre murs. Deux bâtiments annexes ont été étudiés, dont l'un a pu servir d'étable. On note la dé­ couverte d'un riche dépôt: chaudron, cuillères en argent cuivreux, fiole en verre et trésor monétaire dont les pièces les plus récentes sont à l'effigie de Gallien. R. B. B ibliographie: Synthèse, dans: Faider-Feytmans G., Le site ga llo -ro m ain des Castellains à Fontaine-Valmont, (M M R M , 7), Morlanwelz, 1995; Authom N. & Mathieu S., Un trésor archéo­ logique à Merbes-le-Château/Erquelinnes, CAU, 62, 2006, 64-

66 .

6 1 1 M omignies, M acquenoise T h erm es e t a r tis a n a t

Le plateau sud-est de Fontaine-Valmont

Le plateau qui constitue le secteur sud-est de la com­ mune de Fontaine-Valmont est limité, en sa partie méri­ dionale, par la chaussée de Bavay à la Meuse. Deux fermes médiévales dominent le site: celle de Dansonspenne et celle de la Loge. Il va de soi que l'ori­ gine romaine de ces fermes a été proposée plus d'une fois, mais aucune preuve de cette hypothèse n'a été re­ cueillie. Toutefois au lieu-dit Le Castia situé au nord de la chaussée romaine, entre les lieux-dits Fonds de nos bois ou Culot du bois d'une part et Bois de la Loge de l'autre, des substructions antiques furent découvertes. Une fouille partielle y fut pratiquée en 1960, sous les auspices du Musée de Mariemont. Des nombreux tessons recueillis, quelques-uns ont permis une chronologie d'occupation s'étendant de l'époque flavienne au début du 111e siècle. C'est à proximité de cet endroit qu'a été découverte une sépulture d'un caractère exceptionnel. Elle consis­ tait en un coffre de pièces de marbres assemblées et sou­ tenues par une dalle de granit de 0,60 m sur 1 m. Celuici contenait une urne funéraire de marbre blanc, taillée en côtes, un couvercle plat dont la poignée, disparue, qui le recouvrait représentait probablement une pomme de pin. Cinq monnaies ont été recueillies à côté de l'urne et sept autres dans l'urne même. Ces monnaies s'échelonnent de Domitien à Hadrien. L'enfouissement de cette sépulture remonterait donc au plus tard au mi­ lieu du hcsiècle. Ce serait également au lieu-dit Fonds de nos bois que fut recueilli en 1883, non loin de la tombe signalée, un dépôt important, de monnaies romaines d'argent, qui n'a pu faire l'objet d'aucune publication. Il semble que des sépultures à incinération de type courant, furent mises au jour au Bois de la Loge. En 1893, fut découverte à proximité de la ferme de Dansonspenne, une sépulture; en plus d'ossements et de clous, elle contenait trois fibules du I e r siècle. Ce même site de Dansonspenne a livré un dépôt monétaire dont une partie fut donnée au Musée de Charleroi en 1946. Le lot consiste en vingt pièces d'argent, deniers et antoniniens s'échelonnant d'Élagabale (218-222) à Gallien (259-260).

Les travaux anciens tendent à prouver qu'une route ro­ maine secondaire traversait la Thiérache et les Fagnes d'ouest en est. Prenant naissance sur la chaussée de Reims à Bavay, elle pénètre dans la cité des Nerviens à hauteur de Macquenoise, au lieu-dit Maison-rouge et se dirige ensuite vers Chimay et Dourbes. Son tracé de­ meure néanmoins fort hypothétique. Les sites archéologiques de Macquenoise se localisent dans la botte sud-est de la cité des Nerviens, aux confins de celle-ci et de celles des Rêmes et des Tongres, le cours de l'Oise et de la Wartoise servant de délimitation admi­ nistrative. On peut imaginer que l'importance de l'établissement gallo-romain soit liée à sa situation frontalière. Mais la région de Macquenoise se singularise aussi par la ri­ chesse de son sous-sol ayant autorisé, depuis l’époque romaine, le développement de deux industries : celle de l'extraction de la pierre et celle du travail du fer. Un im­ portant banc d'arkose affleure sur la rive droite de l'Oise. On signale aussi l'existence de plusieurs veines parallèles de minerai de fer. La taille de l'arkose et la fabrication de meules ne fait aucun doute; cet artisanat a fait l’objet d'un commerce important et les fouilles récentes en ont livré des ébauches. Le travail du fer est de même incontestable­ ment attesté dans la région par le biais de crassiers et de fourneaux renfermant du matériel archéologique d'époque romaine. Les endroits probables d'extraction ont été reconnus le long de l'Oise. Des investigations menées en 1973 et 1974 ont eu pour résultat de mettre en évidence un site d'habitat couvrant une vaste superficie d'environ 6 ha, sur une terrasse en bordure de l'Oise. Les bâtiments se présentent de manière dispersée. Une cave bâtie en blocs d'arkose, un atelier de travail du fer et un petit établissement thermal constituent les seules structures étudiées jusqu’à présent. Les thermes offrent un plan quadrangulaire ramassé de 11,50 m sur 17,50 m. Il comprend les trois éléments classiques du balneum: bains chaud, tiède et froid. Les deux premiers sont attenants à une grande pièce chauffée 347

Fig. 115 Macquenoise: plan des thermes

Fig. 114 Momignies, Macquenoise: 1. Établissement galloromain: atelier sidérurgique et thermes; 2. Exploitation d'arkose à l'époque romaine; 3. Fours de verrier au hameau Formathot; 4. Sépultures à incinération; 5. Chapelle de La Rouillie

6 2 1 M om ignies, M om ignies Fanum ?

Fig. 116 Macquenoise: les thermes

par le même hypocauste, à partir d'un seul foyer. D'au­ tres pièces ont été greffées sur le bâtiment principal; il s'agit de locaux quadrangulaires et de galeries. L'appareil des murs est entièrement composé de blocs d'arkose de grande taille. La baignoire chaude aménagée sur la face occidentale du bâliment est le résultat d'un agencement tardif. L'établissement thermal a été aban­ donné à l'époque de Postume. L'atelier sidérurgique a livré une loupe en fer, un mar­ teau de forge et des fragments de tuyères en terre cuite. Le territoire de Macquenoise a peut-être été le siège d'une importante officine de verriers. Le fait semble établi pour la période mérovingienne mais elle n'est pas vérifiée pour la période romaine. Les verriers anciens se sont ins­ tallés le long d'un petit ruisseau au hameau Formathot. Sur la berge de l'Oise opposée à celle de l'établisse­ ment thermal, furent rencontrées au siècle dernier, des substructions et des sépultures d'époque romaine. Une vingtaine de tombes du Haut-Empire avaient été placées dans de petits caveaux taillés dans des blocs d'arkose. R. B. B ibliographie: Brulet R., Établissement ga llo -ro m ain à M ac­ quenoise: thermes et centre sidérurgique, DRSPAC, 59, 19821985, 27-55.

348

À la limite des communes de Momignies et de Macquenoise et à environ 2 km au nord-est des thermes de Macquenoise se situe un toponyme intéressant. L'appel­ lation de Fanisys ou Fanisis qui remonte au début du XVIIIe siècle évoque l'emplacement d'un fanum qui a pu exister sous les restes de la chapelle de La Rouillie. Des arguments en faveur de la reconnaissance d'un lieu de culte localisé à la limite de trois civitates, celles des Rêmes, des Nerviens et des Tongres, ont été avancés jadis sur base de la découverte à cet endroit du célèbre indicateur routier en terre cuite de Macquenoise. Il porte une inscription lue comme Fanum Finis. Malheureuse­ ment, l'authenticité du document est plus que contro­ versée. R. B. C a rto g ra p h ie : voirfig. 114, 5. B ibliographie: Cham bon R., À propos d 'u n m onum ent rela­ tif aux voies de la Gaule romaine, Chimay, 1947; Vannérus J., L'indicateur ro utier de Macquenoise, Bull, de la Classe des Lettres et des Sciences morales et politiques, Académie royale de Belgique, 5 e série, 37, 1951, 468-498.

6 3 1 M ons, N ouvelles La

villa d e Grande Boussue

La villa de Nouvelles, localisée au lieu-dit Grande Boussue ou Petit Bavay, aux confins des communes de Nouvelles, d'Harveng et d'Asquillies a fait l'objet de fouilles ponc­ tuelles entre 1888 et 1894. De nouvelles fouilles y sont menées depuis 1964 par Ch., Y. et E. Leblois. Situés sur une éminence, les vestiges de ce grand bâtiment tourné vers l'est ainsi que ceux d'au moins quatre constructions annexes sont dispersés sur quelque 6 ha. À ce jour, une septantaine de salles, corps de logis, et dépendances confondus, ont été fouillées.

P R O V I N C E DE HAI NAUT |

Fig. 119 Nouvelles, Grande Boussue: décor de feuilles découpées dans du Chemtou provenant d'Afrique du Nord

Fig. 117 Nouvelles, Grande Boussue: plan du prolongement oriental de l'aile sud de la villa

Disposées sur trois côtés d'une vaste cour de plus de 100 m de large, les salles dont cinq au moins sont chauf­ fées par hypocauste constituent le corps de logis. Il est à noter que les bains se situent dans l'aile nord-est, en contrebas du reste de l'habitation. Cette dernière bien que mal connue se distingue par la richesse des éléments ornementaux de certaines pièces comme en témoigne la décoration de trois pièces posées sur hypocauste. La pre­ mière s'agrémentait d'une mosaïque de sol en marbre à motif géométrique tandis que les murs s'ornaient de lambris avec des motifs floraux découpés dans le marbre et de moulures en pierre. Pas moins de vingt-cinq variétés de roches locales ou étrangères y ont été utilisées. Parmi celles-ci notons la présence de calcaire cristallin, de marbre blanc, de cipolin, de porphyre, de marbre rouge belge, de calcaire gris bleu originaire de la région de Roisin-Bavay voire de l'Entre-Sambre-et-Meuse, et de Chemtou provenant d'Afrique du Nord. Le second hypocauste était décoré d'une mosaïque en pâte de verre dont la couleur dominante était le vert. Des enduits peints à motifs floraux, géométriques et imitant le marbre ont été mis au jour dans la troisième pièce chauffée par hypocauste. La villa éloignée de tout cours d'eau était alimentée en eau grâce à un aqueduc orienté sud-ouest nord-est, dont

l'origine se situe sans doute aux environs du ruisseau d'Asquillies distant d'environ 1,5 km. Cette canalisation de béton contenant des débris de terre cuite repose sur une assise de pierres schisteuses. Le chenal d'adduction d'eau, à fond plat, dispose de parois latérales en béton rose à la base desquelles court un quart-de-rond. La dis­ tribution de l'eau à l'intérieur de la villa s'effectuait grâce à des canalisations de bois. L'occupation de la villa se situe depuis le milieu du Ier siècle jusque dans la seconde moitié du m e siècle. Vers 250-275, la villa est détruite par un incendie. Une mon­ naie de Constantin trouvée dans une zone de dépotoirs et une autre de Constance II constituent les seuls témoi­ gnages du i v e siècle. A .-M .

H.

B ibliographie: Delplace, Peintures, 23; Hanut F., Leblois Ch. & Y., Une pièce rem arquable de la villa gallo-rom aine de Nouvelles (H ainaut), Latomus, 25, 1966, 805-823; Leblois Ch. & Y., Fouilles à la villa ga llo-rom aine de Nouvelles, ER, 6, 1968, 57-80; Leblois Ch. & Y., Une cam pagne de fouilles à Nouvelles (1 9 6 8 -1 9 6 9 ), ER, 8, 1970, 11-46; Leblois Ch. & Y., La cam ­ pagne de fouilles à Nouvelles (1 9 6 9 -1 9 7 0 ), ER, 9, 1972, 7-44; Leblois Ch. & Y., C inquante fibules de Nouvelles, ACAM, 72, 1986, 1 -23; Leblois E., M ons/N ouvelles: nouveaux vestiges de la villa, CAW, 4-5, 1996-1997, 26; Leblois E. & Y, Étude et inte r­ p ré ta tio n chronologique du m obilier d 'un e fosse-dépotoir de N ou­ velles (M ons, Province du H ainaut), RN, 82, n° 338, 2000, 93113; Van Ossel, Établissements, n° 83; Willems D., Q uévy/ Asquillies: une section de l'aqueduc associé à la villa rom aine de Mons/Nouvelles, CAW, 4-5, 1996-1997, 33-34.

6 4 1 M orlanwelz, M orlanwelz F o r tif ic a t io n s d u B a s -E m p ir e

Fig. 118 Nouvelles, Grande Boussue: la reconstitution de la mosaïque

Deux fortifications ont été construites à la fin de l'époque romaine sur un promontoire situé au nord de la voie antique et surplombant celle-ci de 4 m à 5 m, au lieu-dit Enceinte des Turcs ou Château des Sarrazins. Au xixe siècle, les deux fortifications furent respective­ ment identifiées à une villa romaine et à un tumulus. Le burgus de Morlanwelz I a été fouillé de manière systéma­ tique par J. Breuer en 1930. On dispose d’un plan approximatif de l'autre struc­ ture militaire publiée comme une villa en 1881. 349

Fig. 120 Morlanwelz: 1. Voie antique Bavay-Cologne; 2. Première fortification; 3. Seconde fortification; 4. Relais routier de Fontenelle à Chapelle-lez-Herlaimont

La fortification de Morlanwelz I

La fortification de Morlanwelz II

D'une superficie totale de 16 ares, la première fortifica­ tion correspond à un poste routier carré, fossoyé et palissadé, de petites dimensions; il est situé à 60 m de la route et son orientation n'a pas été calquée sur la voie mais vers le nord. La superficie intérieure correspond à un carré de 24 m de côté. Elle a révélé les traces de plusieurs bases de bâti­ ments en bois qui ne se trouvent pas au centre de l'ou­ vrage. Un fossé l'entoure sur les quatre faces; la largeur de celui-ci pouvait atteindre 7 m à l'origine et sa profon­ deur environ 2 m. Entre 2,50 m et 5 m du bord intérieur du fossé, se trouve une excavation continue de 0,50 m de largeur et de profondeur, ayant servi de fondation à des pièces de bois disposées verticalement. On note parmi l'équipement militaire retrouvé un fer de lance et un trait de catapulte. Le site remonte probablement à la seconde moitié du 111e siècle. Une seule phase de construction a pu être ob­ servée.

La fortification respecte la même orientation que la route. Les recherches conduites en 1878 sont dues à l'instiga­ tion d'A. Warocqué. L'ouvrage correspond à une tour en pierre, de 30 m de côté, avec des murs d'environ 3 m d'épaisseur à la base. Des piliers de soutènement centraux renforçaient la ma­ çonnerie. La fortification paraît avoir été entourée par un fossé, partiellement examiné.

Fig. 121 Morlanwelz, Enceinte des Turcs: plan de la fortification du poste routier de Morlanwelz I

Fig. 122 Morlanwelz, Enceinte des Turcs: plan de la tour de garde de Morlanwelz II

350

P R O VI NC E DE HA I NAUT |

Le matériel archéologique retrouvé est caractéris­ tique : sigillée ornée à la molette, céramique de l'Eifel, fibule cruciforme en bronze, fer de lance, fer de flèche, trait de catapulte, monnaies de la première moitié du ive siècle. La construction de la tour remonte probablement à la première moitié du IVe siècle. R. B. B ibliographie: Breuer )., Recherches à M o rlanw e lz exécutées p a r le Service des Fouilles des Musées royaux, BSAB, juillet 1928, n° 7, 7-9; Breuer J., Service des Fouilles de l'État. Fouille d 'u n for­ tin du IV e siècle à M orlanw elz , BMRAH, 2, 1930, 3e sér., n°4, 110-111; Brulet R., La to u r de garde du Bas-Empire rom ain de M o rlanw e lz (Belgique), Studien z u den M ilitargrenzen Roms, II, (Vortrage des 10. Internationale Limeskongresses in der Cerm ania Inferior), Koln, 1977, 109-114; Brulet R., Les fo rtifi­ cations routières du Bas-Empire rom ain de M orlanw elz, DAR, 1, 1986, 70-87; Forts romains, 33-37.

6 5 1 Pont-à-Celles, Liberchies L 'a g g lo m é r a tio n d e s

Bons-Villers

Une route d'importance vitale traverse Liberchies à l'épo­ que romaine. Retenue par la légende sous la dénomina­ tion de chaussée Brunehaut, il s'agit de la voie BavayCologne. On peut y localiser deux établissements gallo-romains distincts, aussi bien dans l'espace que dans le temps. Ils sont échelonnés sur cette route et distants l'un de l'autre

de 600 m. Le premier, Les Bons-Villers, vaste zone de culture à l'époque actuelle, a vu s'élever sous le HautEmpire, une agglomération routière de grande impor­ tance, probablement le Geminiacum des itinéraires an­ ciens. Le second, le hameau de Brunehaut, correspond essentiellement à une fortification maçonnée, remon­ tant au Bas-Empire. Elle a été édifiée après l'abandon de la bourgade des Bons-Villers. Les deux sites sont classés comme patrimoine excep­ tionnel de Wallonie. La chance de Liberchies réside dans le fait que la presque totalité de sa superficie est enfouie sous des terrains agricoles et des pâtures. Évaluée globalement à la fin du xixe siècle, puis redé­ couverte en 1954 par R Claes qui la rendit célèbre par la mise au jour en 1970 d'un somptueux trésor de trois cent soixante-huit aurei des Ier et IIe siècles, l'aggloméra­ tion des Bons-Villers est aujourd'hui systématiquement étudiée depuis plus de quarante ans par diverses associa­ tions d'archéologie. Pour l'heure, la société Pro Géminiaco concentre ses efforts sur l'exploration de la zone ouest du bourg, de part et d'autre de la voie antique et le Musée de Nivelles s'attache à l'examen des prairies humides, au bord du ruisseau qui baigne le site et y a mis au jour une exceptionnelle installation d'activités de rivière. Ces recherches coordonnées par l'UCL et la Région wallonne succèdent à d'autres initiatives comme celles de la Société royale d'Archéologie et de Paléontologie de Charleroi et la Société Romana.

Fig. 123 Pont-à-Celles, Liberchies: 1. Voie Bavay-Cologne; 2. Agglomération des Bons-Villers (Haut-Empire); 3. Thermes; 4. Sanctuaire du Trou de Fleurus; 5. La Fontaine des Turcs et sanctuaire tardif; 6. Atelier de potiers; 7. Burgus du me siècle; 8. Castellum du ive siècle; 9. Sanctuaire de la Chapelle aux trois arbres, à Mellet

351

Fig. 124 Liberchies, Les Bons-Villers: plan général de l'agglomération gallo-romaine de Liberchies. 1. La voie BavayTongres; 2. Les thermes; 3. Le temple du Trou de Fleurus; 4. La Fontaine des Turcs et temple du Bas-Empire; 5. Zone d'activités de rivière; 6. L'atelier de potiers

Statut

La Table de Peutinger évoque l'existence d'un Geminico vico, ce qui peut mettre sur la voie du statut du site re­ connu explicitement comme vicus. On incline au­ jourd'hui à identifier Liberchies comme le bourg de Geminiacum même s'il n'existe pas de preuve formelle, sauf à penser que le contingent des Geminiacenses n'est pas étranger à la forteresse de Brunehaut-Liberchies. La distance de 51 km entre l'agglomération et Bavay, cor­ respond assez bien à celle qui sépare d'ordinaire les sitesétapes. Topographie

L'agglomération est bâtie sur les deux versants d'un petit ruisseau. La chaussée romaine fait office de rue princi­ pale mais une trame de rues internes à l'agglomération a été proposée par les chercheurs du xixesiècle. Elles sont tantôt obliques, tantôt perpendiculaires à la chaussée. Le tracé de certaines d'entre elles a été vérifié, d'autres de­ meurent très incertains. L'une de ces rues descendant en oblique vers le sud est un diverticule qui se prolonge bien au-delà du vicus. Pour l'essentiel, l'agglomération de Liberchies connaît deux évolutions radicalement différentes. À ses débuts et jusqu'à la période flavienne, elle se présente comme une bourgade d'importance moyenne, répondant à la mor­ phologie du village-rue. L'urbanisme y est absent; l'habi­ tat, essentiellement en matériaux périssables, s'étire le long de l'axe principal. Par la suite, un plan de réaména­ gement est arrêté: l'agglomération est dotée d'une infra­ structure étoffée de rues, de monuments publics et l'ha­ bitat se développe aussi en périphérie. Elle se présente 352

résolument sous la forme d'une petite ville, dont l'évolu­ tion sera finalement stoppée à la suite de la période de ré­ cession économique du ine siècle. Elle est organisée en différents quartiers occupant 30 ha dont un tiers est plus ou moins reconnu. Il n'est pas sûr qu'il y ait eu une occupation du site, antérieure à l'époque romaine. La fondation est précoce, comme l'attestent les traces d'habitat augustéen, l'étude de l'infrastructure de la route et de ses fossés-limites. Le matériel archéologique précoce est anormalement élevé et fait penser à la présence d'un camp militaire, non lo­ calisé, qui serait à l'origine de la création de l'agglomé­ ration. Mais la question de savoir si l'armée romaine en a été l'initiatrice ou si elle a coopéré n'est pas claire. Si la fondation de la bourgade est purement civile, le besoin d'une route et de points de chute le long de celle-ci a pu s'avérer nécessaire dans le cadre des projets militaires augustéens visant la Germanie libre. Au Haut-Empire, l’habitat est très serré le long de la voie et plus lâche en périphérie. Ce sont de longues bâ­ tisses alignées, munies de caves. On note de nombreux puits, hypocaustes et canalisations. La construction publique est représentée par des thermes et par un sanctuaire. Ainsi, un établissement balnéaire pourvu de latrines a été élevé à front de rue sur une terrasse à peu de distance des points d'eau. Deux bassins en bois ont été aménagés autour d'une source appelée Fontaine des Turcs où a été retrouvée une dédicace à Apollon et Mercure. Un temple à fanum a été reconnu dans un large temenos, à l'écart du centre de la bourgade. Un second tem­ ple dont on a tout lieu de penser qu'il fut en usage au ive siècle a été récemment enregistré en contrebas de la Fontaine des Turcs. Par ailleurs, un autre sanctuaire a été découvert à Mellet, au sud de la voie romaine. La dis­ tance qui le sépare de l'agglomération nous fait penser qu'il s'agit d'un sanctuaire rural, même s'il a pu entrete­ nir des relations suivies avec la bourgade. L'agglomération est également marquée par de nom­ breux artisanats et le développement de véritables zones d'ateliers de production. Après une brutale destruction qui fut fatale au vicus, dans la seconde moitié du mesiècle, un fortin de terre fut établi, à cheval sur la chaussée. Il bouleverse par ses larges fossés tout le centre de l'agglomération. Jalons chronologiques

• Les origines Les trouvailles abondantes de sigillées italiques et de monnaies gauloises à Liberchies, permettent de faire re­ monter à l'époque augustéenne la création d’une bour­ gade le long de la chaussée établie concomitamment. L'horizon de fondation de Liberchies correspond à la phase d'occupation du camp militaire d'Haltern (- 7 à +9). Pour l'horizon qui précède, soit celui d’Oberaden (-11 à + 7/8), d'après le camp éponyme antérieur à celui d'Haltern, aucun ensemble qui puisse y être rattaché n'a été enregistré. Néanmoins, quelques trouvailles ar­ chéologiques isolées se signalent à l'attention, comme cette estampille du potier arétin L. GELLIVS QVADRATUS, absente à Haltern et retrouvée à Liberchies sous l'assise de la route. On prendra aussi en considération de la céramique à parois fines de l'atelier de Loyasse à

P R O VI NC E DE HAI NAUT

Lyon et l'abondance de monnaies gauloises qui sont an­ ciennes. Aux côtés d'un bon nombre de monnaies républi­ caines s'inscrivent les monnaies gauloises qui s'élèvent à plus de trois cent cinquante. Elles sont attribuées aux Nerviens, aux Éburons, aux Trévires et bien entendu aux Tongres, le type Avaucia étant majoritaire. On signale aussi quelques trouvailles monétaires en or. Dans la partie orientale du viens fut étudié un bâtiment en bois qui se caractérise par une abondance de témoins remontant à la période d'Auguste-Tibère, dont une ran­ gée de pieux encastrés dans une tranchée de fondation d'un mur en torchis, flanqué de part et d'autre de petits piquets. On hésite à y voir un baraquement militaire. La découverte de structures très anciennes dans le quartier occidental est venue confirmer cette occupa­ tion précoce: deux puits carrés en bois proches de la chaussée, de même qu'une grande fosse à fond plat, ont été explorés dans la zone comprise entre l'empierrement de la chaussée et le fossé-limite sud de celle-ci, structures aussi anciennes que la chaussée elle-même. Le mobilier exhumé dans le comblement de ces puits est typique de l'époque augusto-tibérienne, par ses fibules et sa céra­ mique où se mêlent à la sigillée arétine d'importation, des objets de tradition celtique: tonnelets en terra nigra ou en terra rubra à bords peints en rouge, bouteilles et dolia à surface «éclaboussée». La récupération au fond d'un de ces puits d'une dizaine de madriers du cuvelage parfaitement conservés dans la nappe phréatique a per­ mis une analyse dendrochronologique qui a confirmé l’abattage de ces troncs de chênes dans la dernière dé­ cennie précédant notre ère. • Développement précoce C'est dans le secteur occidental du site que l'occupation préflavienne a été le mieux observée. Elle se caractérise par un nombre considérable de fosses comblées le plus souvent de débris organiques, de céramiques et de restes de constructions en bois et torchis.

Fig. 125 Liberchies, Les Bons-Villers: statère en or nervien «à l'epsilon». I e r siècle avant J.-C. Revers: cheval à droite surmonté d'une roue

Ces structures indiquent une occupation réelle pen­ dant la période de Claude à Néron, mais aucune évi­ dence archéologique ne prouve que l'occupation de ce secteur du site de Liberchies a été interrompue entre les règnes d'Auguste et de Claude. À cet endroit, on a localisé aussi le siège d'une indus­ trie métallurgique dont les traces ont été observées au sud de la chaussée : on y a trouvé pas moins de sept bas fourneaux ruinés, dont les fragments de parois d'argile cuite étaient mêlés à des scories de fer et à du charbon de bois. • La période flavienne Durant la fin du Ier siècle et jusqu'au début du IIe siècle, l'occupation du quartier ouest du vicus est significative. L'architecture est de bois et d'argile. Les bâtiments de di­ mensions déjà considérables sont établis sur de très gros pieux de bois retrouvés en nombre important dans ce secteur. Il s'agit de poteaux de 0,50 m de diamètre envi­ ron profondément enfouis. Les constructions compor­ tent aussi, en sous-sol, des petits celliers ou des caves plus grandes, entourés de parois de bois. Seules les recherches menées dans le secteur occiden­ tal du vicus de Liberchies ont livré les données suffi­ santes pour aborder l'organisation générale d'un quar­ tier d’habitat en bois. L’interprétation des unités dévoile le plan d'ensemble de constructions alignées sur la chaussée - aucune d'entre elles, sauf exception, n'appa­ raît mitoyenne - et laisse présumer l'existence d'un sys­ tème de découpage parcellaire relativement constant du terrain bordant la voirie. Au nord de la voie, une série importante de trous de pieux permet de proposer la restitution de quatre grands bâtiments à parois de torchis. La plus grande bâtisse, large de 14 m et longue d'environ 30 m, comporte deux ou trois travées internes. Deux petits celliers rectangu­ laires ont été aménagés dans l'angle nord-est. La façade semble avoir été précédée d'un portique. En se basant sur la superposition des bâtiments en dur et sur l'alignement des trous de pieux, il est possible de restituer trois autres maisons présentant un plan rec­ tangulaire allongé d'environ 12 m de large sur 21 m de long. Deux petites caves avaient été creusées sur Taxe médian de la dernière habitation. Une dizaine de bâtisses en bois a été repérée au sud de la chaussée. On y reconnaît un ensemble de maisons al­ longées alignées sur la voie. Plusieurs d'entre elles sont équipées de petits celliers creusés à des emplacements variables. • De la période antonine au ur siècle Vers la fin du Ier siècle et au début du n c siècle, l'occupa­ tion du vicus subit de profondes transformations tant sur le plan urbanistique qu'architectural. En effet, c'est à cette période que les premières constructions en dur font leur apparition dans l'agglomération, alors que ce type d'habitat est couramment employé dans le chef-lieu de la cité depuis l'époque flavienne. L'amélioration des tech­ niques de construction se fait aussi sentir dans la concep­ tion de la voirie et des systèmes de circulation encadrant les lotissements, qui sont désormais empierrés. Le renou­ vellement architectural de l'agglomération accompagne la densification de l’habitat, limité jusqu'alors, au noyau 353

fra stru c tu re s p riv ées tels q u e d es co u rs, des ja rd in s, des p u its o u d e p e tits b â tim e n ts a n n e x e s. Ces d essertes c o n d it io n n e n t le re g r o u p e m e n t des h a b ita tio n s e n îlo ts a lla n t ju s q u 'à tro is u n ité s . D u ra n t ce tte lo n g u e p é rio d e d e d é v e lo p p e m e n t u rb a ­ n is tiq u e , u n e é p o q u e d e ré c e ssio n est re s se n tie ap rès le m ilie u d u 11e siècle. C ette crise se tr a d u it p a r l'a b a n d o n de c e rta in s b â tim e n ts c o m m e ce u x e n to u r a n t la Fontaine des Turcs, d é tru its p a r u n in c e n d ie o u e n c o re p a r des ré ­ a m é n a g e m e n ts c o m m e c e lu i q u i a m a rq u é le b â tim e n t « a u tré so r» . C 'e st d a n s ce c o n te x te q u e p re n d r a fin l'a c ­ tiv ité a rtis a n a le liée a u tra v a il d e rivière, le lo n g d u ru is ­ seau d e M o n p la isir. • Fig. 126 Liberchies, Les Bons-Villers: quelques pièces en or du trésor monétaire de Liberchies, abandonné par son propriétaire à la fin du 11e siècle d u viens greffé su r la c h au ssée. D e n o u v e a u x q u a rtie rs, c o m m e celu i d e la Fontaine des Turcs, se d é v e lo p p e n t a in si le lo n g des d iv e rtic u le s, ta n d is q u e la b o u rg a d e se p a re d 'u n im p o rta n t é q u ip e m e n t p u b lic . Les d o n n é e s to p o g ra p h iq u e s v o n t c o n d itio n n e r le c h o ix d u lie u d 'im p la n ta tio n des d iv erses in fra s tru c tu re s re f lé ta n t l'e s s o r é c o n o m iq u e d e c e tte p e tite v ille. Le c o m p le x e th e r m a l est a in si b â ti à fr o n t d e ru e , su r u n e te rra ss e d o m i n a n t le ru isse a u d e M o n p la isir a fin d e faci­ lite r l'é v a c u a tio n des e a u x u sé e s vers la z o n e h u m id e si­ tu é e e n c o n tre b a s. Les te rra in s m a ré c a g e u x q u i s 'é te n ­ d e n t p lu s e n aval, de l'a u tre c ô té d e la c h a u ssé e ro m a in e , s o n t p e u p ro p ic e s à la c o n s tru c tio n ; ils a c c u e ille ro n t u n e a c tiv ité de tra v a il de rivière, san s d o u te p o llu a n te e t n é ­ c e s s ita n t le re c o u rs à d e l'e a u c o u ra n te . P o u r les m ê m e s ra iso n s, u n a te lie r d e p o tie rs est im p la n té e n p é rip h é rie d u viens, à u n e m p la c e m e n t s u ffis a m m e n t élevé p o u r é lo ig n e r les fu m é e s n o c iv e s ré s u lta n t d e c e tte activ ité. C 'e st le p o in t c u lm in a n t au c e n tre d e l ’a g g lo m é ra tio n q u i sera c h o is i p o u r l'é d ific a tio n d e la fo rtific a tio n d e la fin d u 111e siècle. L 'a p p a ritio n des b â tim e n ts e n d u r c o n sa c re le d é v e lo p ­ p e m e n t de l'a g g lo m é r a tio n e t s 'a c c o m p a g n e d 'u n e ré g u ­ la ris a tio n d e l'u r b a n is m e . C ette o rg a n is a tio n se tr a d u it e n p re m ie r lie u p a r u n e h ié ra rc h is a tio n d es accès e t des espaces n o n b â tis e n tre les p ro p rié té s p riv ées. Ces z o n e s de c irc u la tio n se ré p a rtis s e n t e n tro is c a té g o rie s p rin c i­ pales, les ru es, les d e sse rte s e t les se rv itu d e s d 'in te rv a lle . Si la v o ie B avay-C ologne c o n s titu e l'a x e c e n tra l de l’a g g lo m é ra tio n , l'o r g a n is a tio n d u p la n d u viens de L iberchies re p o s e su r u n ré se a u d e d iv e rtic u le s o b liq u e s o u p e rp e n d ic u la ire s le lo n g d e sq u e ls l'h a b i ta t se d é v e ­ lo p p e . Les ru e s in te rn e s , e n g é n é ra l p e rp e n d ic u la ire s à la c h au ssée, re lie n t les q u a rtie rs p é rip h é riq u e s o ù se s o n t in s c rits des h a b ita ts e t des éd ifices p u b lic s. D 'u n e la r­ g e u r m o y e n n e de 5 m , c e rta in e s s o n t e m p ie rré e s e t se p ro lo n g e n t a u -d e là d e l’a g g lo m é ra tio n p o u r d e v e n ir des d iv e rtic u le s se d irig e a n t vers les c a m p a g n e s. C e p e n d a n t, l'o c c u p a tio n n 'e s t p as lim ité e a u x seu ls a b o rd s de la ch au ssée, c o m m e le p r o u v e n t les sa n c tu a ire s érigés su r u n e p e tite é m in e n c e e n re tra it d e la z o n e c e n tra le . Les d essertes, m o in s larges, é v e n tu e lle m e n t e m p ie r­ rées, s u b d iv is e n t les q u a rtie rs e n lo tis s e m e n ts . Elles assu ­ re n t u n e c irc u la tio n d ire c te e n tr e la c h a u ssé e e t l'a rriè re des p a rc e lle s d o n n a n t su r u n esp ace o u v e rt p o u rv u d 'i n ­

354

La période d'insécurité

Les p re m ie rs in d ic e s d 'u n e ré c e s sio n é c o n o m iq u e se m a ­ n ife s te n t p lu s c la ire m e n t vers le m ilie u d u 111e siècle m ais la vie c o n tin u e ju s q u 'e n 260, c o m m e e n té m o ig n e n t le m o n n a y a g e e t la c é ra m iq u e . S ous l'E m p ire g au lo is, c o m m e u n e te n ta tiv e d é se s p é ­ ré e d 'a u to d é fe n s e , les h a b ita ts q u i s o n t e n c o re o c c u p é s à la fin d u tro is iè m e q u a rt d u 111e siècle s 'o rg a n is e n t m a in ­ te n a n t a u to u r d 'u n e p e tite fo rte re sse ro u tiè re , élevée p ar n é c e ssité . La fin de celle-ci m a rq u e ra l'a b a n d o n d u site, liv ré a u x ré c u p é ra te u rs de m a té ria u x , les p re m ie rs d 'e n ­ tre e u x é ta n t les m ilita ire s d u castellum de B ru n e h a u t érig é au IVe siècle. Les té m o ig n a g e s ta rd ifs s o n t a n e c d o tiq u e s, c o m m e c e lu i fo u rn i p a r u n e to m b e à in h u m a tio n a b a n d o n n é e a u b o rd d e la ro u te . Les restes d u s q u e le tte d 'u n h o m m e d 'u n e tr e n ta in e d 'a n n é e s é ta ie n t a c c o m p a g n é s d 'u n e très b e lle b o u c le de c e in tu re e n a rg e n t m assif. Elle est de ty p e g e rm a n iq u e e t d a te d u d é b u t d u ve siècle.

La chaussée romaine La v oie stra té g iq u e d e Bavay à C o lo g n e tra v e rse la b o u r ­ gad e et lu i se rt d e ru e p rin c ip a le . Elle a é té re c o u p é e en p lu s ie u rs e n d ro its . La b a n d e e m p ie rré e d e 8 m à 10 m de la rg e u r est c e rn é e de fossés d e d ra in a g e et, fa it p a rtic u ­ lier, est acco stée d e fossés p lu s im p o rta n ts creu sés à e n ­ v iro n 15 m d e p a r t e t d 'a u tr e de celle-ci. D é lim ita n t u n e b a n d e de 4 0 m d e largeur, ces c re u se ­ m e n ts s o n t d é n o m m é s fo ssés-lim ites car ils s e m b le n t a v o ir m a té ria lisé u n e e m p rise ré se rv é e d o n t la sig n ific a ­ ti o n é c h a p p e m a is q u i est lié e à la c ré a tio n d e la ro u te et à la fo n d a tio n d u b o u rg . Le m o b ilie r re tro u v é so u s l ’in ­ fra stru c tu re d e la c h a u ssé e e t d a n s le fo n d d u re m b la i des fossés-lim ites, q u i s o n t restés o u v e rts fo rt p e u de te m p s, o rie n te la d a ta tio n d e ces o u v rag es vers la p é rio d e a u g u s té e n n e . D ans sa trav ersée de la z o n e m arécag eu se b o rd a n t le ru isse a u de M onplaisir, la c h au ssée p ré s e n te u n a m é n a g e ­ m e n t p a rtic u lie r: su r le sol in s ta b le de la p e n te , l'assise de base est c o n s titu é e d 'u n assem b lag e de p o u tre s de c h ê n e s re c o u v e rt d 'u n lit de m o e llo n s e t d 'u n e c o u c h e d 'a rg ile . U n a lig n e m e n t d e m a d rie rs p o sés su r le sol m arécag eu x fo rm e la b o rd u re de la ch au ssée. Des tro n c s d 'a rb re s é q u arris, d 'u n e la rg e u r de 0 ,3 0 m , placés p e rp e n d ic u la ire ­ m e n t à l'a x e ro u tie r v ie n n e n t b u te r to u s les 0 ,5 0 m su r les m a d rie rs. Les in te rstic e s e n tre les tro n c s s o n t c o m b lés d 'u n c aillo u tis d e grès c a rb o n ifè re concassé. L 'a ffa isse m e n t d e la c h a u ssé e d a n s ce te rra in s p o n ­ g ie u x a n é c e ssité u n é la rg is s e m e n t e t u n re h a u s s e m e n t

P R OVI NC E DE HAI NAUT |

de l'a ssise fo r m a n t u n v é rita b le c o n tr e fo rt d e 3 m de large c o n s tru it su r le m ê m e p rin c ip e . Les m a d rie rs s o n t fixés p a r u n sy stè m e de calage de gros p ie u x e n fo n c é s d a n s le te rra in . Il n e su b siste a u c u n e tra c e d 'u n é v e n tu e l d allag e de la ch au ssée.

Les thermes Le c o m p le x e th e r m a l c o u v re u n e su p e rfic ie de 4 0 0 à 6 0 0 m 2; il est acc o sté a u n o rd p a r u n e v aste in s ta lla tio n de la trin e s p u b liq u e s . C et é ta b lis s e m e n t th e r m a l a é té b â ti à f r o n t de c h a u ssé e , su r u n e te rra sse d o m in a n t le ru is s e a u q u i b a ig n e le site. Les vestiges assez m u tilé s e t a m p u té s de le u rs p a rtie s p ro c h e s de la ch au ssée, n e s o n t p as faciles à lire, d 'a u ta n t q u e des b â tim e n ts d 'a u m o in s d e u x é p o q u e s s e m b le n t se su ccéd er. L 'é ta t d e c o n s e rv a tio n de ceu x -ci e t l'a b s e n c e de m a té rie l a rc h é o lo g iq u e re tro u v é d a n s des c o n te x te s a n té rie u rs à sa fo n d a tio n n e p e r m e tte n t g u è re d 'é ta b lir la c h ro n o lo g ie de c e t éd ifice. T o u t a u p lu s p e u t- o n faire re m a rq u e r q u e s o n o r ie n ta tio n ta n t celle d u balneum q u e celle des la trin e s d iffère lé g è re m e n t d e celle des h a ­ b ita ts de l'a g g lo m é ra tio n . Le b â ti m e n t c o m p r e n d u n caldarium situ é a u su d o u e st a u q u e l s u c c è d e n t le tepidarium a u c e n tre , p u is le frigidarium e t sa p is c in e a u n o rd -e st. C ette d e rn iè re a t­ te i n t u n e su p e rfic ie de 25 m 2. S o n d allag e e n p la q u e s de sc h iste s o ig n e u s e m e n t a sse m b lé e s re p o s e su r u n é p ais lit d e b é to n rose ta n d is q u 'u n e b a n q u e tte c o u rt le lo n g des m u rs.

Fig. 128 Liberchies, Les Bons-Villers: la piscine d'eau froide des thermes

Fig. 129 Liberchies, Les Bons-Villers: les latrines re p o s a it su r des fo n d a tio n s e n p ie rre s calc aires m a is rie n n e p e r m e t d e d é te r m in e r si, d a n s le u rs p a rtie s a é rie n n e s, les m u rs é ta ie n t e n m a ç o n n e rie o u e n b o is e t to rc h is. Il se m b le to u te fo is q u e l'é d ific e d e v a it ê tre éc la iré p a r des fe n ê tre s v itré e s e t c o u v e rt d 'u n to it d e tu ile s. Q u e lq u e s v estig es d 'e n d u its m u r a u x b la n c s f o n t p e n s e r q u e la d é ­ c o ra tio n é ta it trè s sim p le. À l'in té rie u r, u n é g o u t a m é n a g é a u b a s des m u rs é ta it s u rp lo m b é d e b a n q u e tte s , sa n s d o u te e n b o is, p ercées d 'o rific e s ré g u liè re m e n t espacés. C et é g o u t d o n t l'e x u ­ to ire d e v a it d é b o u c h e r su r le ru isse a u , ré c u p é ra it les e a u x usées p r o v e n a n t d es th e r m e s p o u r le n e tto y a g e des la trin e s. P a rm i les q u e lq u e s b e a u x o b je ts d é c o u v e rts fig u re u n p e n d a n t d 'o re ille e n o r f in e m e n t trav aillé, d é c o ré de p e rle s e t d e c a b o c h o n s e n p â te d e v e rre co lo ré e .

Sanctuaires

Fig. 127 Liberchies, Les Bons-Villers: plan des thermes et des latrines au ne siècle, situés au nord de la voie romaine U n e g ra n d e c o u r in té rie u re a p u sé p a re r les b a in s des la trin e s q u i n e s o n t d is ta n te s q u e d e 25 m . Les la trin e s p u b liq u e s é ta ie n t a b rité e s d a n s u n b â ti­ m e n t re c ta n g u la ire s itu é n o n lo in des th e rm e s . D 'u n e su p e rfic ie d e p lu s de 40 m 2, c e tte in s ta lla tio n d e d im e n ­ sio n s to u t à fa it e x c e p tio n n e lle s p o u r n o s ré g io n s, p o u ­ v a it a c c u e illir s im u lta n é m e n t v in g t à tr e n te p e rs o n n e s sa n s q u 'a u c u n c lo is o n n e m e n t n e p ré se rv e le u r in tim ité . Le b â ti m e n t re c ta n g u la ire d e 6 ,5 0 m su r 9 m extra-muros,

Le te m p le p rin c ip a l o c c u p e u n e p o s itio n d o m in a n te au n o rd de la b o u rg a d e e t à 3 6 0 m e n v iro n d e la c h a u ssé e ro m a in e . C 'e st in te n tio n n e lle m e n t, sem b le-t-il, q u e l 'o n é d ifia le sa n c tu a ire à u n e c e rta in e d is ta n c e d u c e n tre de l'a g g lo m é r a tio n . U n c h e m in s o m m a ire m e n t e m p ie rré y c o n d u is a it. Le te m p le s'é le v a it su r u n e p e tite é m in e n c e d é n o m ­ m é e Trou de Fleurus, là o ù u n e tr a d itio n p o p u la ire situ e u n e a n c ie n n e église ru in é e . La b u tte q u i c u lm in e à l 'a l ­ titu d e 150 o ffra it u n esp ace re la tiv e m e n t é te n d u , vierge d 'h a b ita tio n s p riv é e s. O n c e in tu ra l'e n s e m b le d 'u n m u r d e p ie rre s b la n c h e s b o r n a n t T aire sacrée o u temenos. C et e n c lo s q u a d ra n g u la ire e st trè s v aste p u is q u e la m u ra ille q u i l'e n s e rre n e m e s u re p as m o in s d e 76 m s u r 100 m .

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U n a u tre lie u d e c u lte a ré c e m m e n t é té d é c o u v e rt au su d -o u e st de la Fontaine des Turcs. Il s 'a g it d 'u n p e tit te m p le o c c u p é au B as-Em pire.

L'habitat

Fig. 130 Liberchies, Les Bons-Villers: autel en grès portant une inscription votive à des divinités locales, les larae

Le sa n c tu a ire a é té im p la n té d a n s la p a rtie n o rd -e st d u

temenos. Il est ty p iq u e m e n t g a llo -ro m a in . Le p la n de la cella est n e tt e m e n t carré de

13 m d e côté. Le b â tim e n t est o rie n té e st-o u e st avec accès à l'e s t se lo n la règ le in d ig è n e . Le sol de la cella e t d e la g a lerie se m ­ b la it b é to n n é à l'o r ig in e e t d e n o m b r e u x fra g m e n ts de p lâ tra s p e in ts e n ro uge, v e rt e t b la n c d o n n e n t u n e id ée d e la d é c o ra tio n in té rie u re d u te m p le . La galerie de c irc u la tio n , large de 4 m , é ta it b o rd é e d 'u n e c o lo n n a d e d e p ie rre s re p o s a n t su r u n so u b a s se ­ m e n t large, le sty lo b a te . Le n o u v e a u q u a d rila tè re ain si c o n s titu é p ré s e n ta it é g a le m e n t u n p la n c a rré d e 23 m de côté. Le ry th m e des c o lo n n e s c o n s titu a n t le p é risty le n e n o u s e st p as c o n n u m a is la b o n n e fo r tu n e a v o u lu n o u s liv re r q u e lq u e s é lé m e n ts d e ces s u p p o rts c y lin d riq u e s. M ais c 'e s t u n p e tit fossé, d o n t la d e s tin a tio n est in c o n ­ n u e , creu sé d a n s l'a ire c u ltu e lle , q u i a re te n u l'a tte n tio n . S on re m b la i c o n te n a it u n c e rta in n o m b r e d 'é lé m e n ts a r­ c h ite c to n iq u e s re m a rq u a b le s : il y av a it là, p êle -m ê le , tro is ta m b o u rs de c o lo n n e s , d e u x bases p ro filé e s et u n m a g n ifiq u e c h a p ite a u to s c a n . U n so cle e t u n fra g m e n t de sta tu e a u x d im e n s io n s d 'u n to rse h u m a in o n t rev u le jo u r p a r la m ê m e o c c a sio n . S ur la b ase d es é lé m e n ts ra sse m b lé s, o n a p u re c o n s ti­ tu e r l'u n e d e ces c o lo n n e s c y lin d riq u e s e n to u r a n t la ga­ lerie de c irc u la tio n d u te m p le . Elle p o ssè d e u n e h a u te u r d e 2 ,3 0 m ; le m a té ria u u tilisé est la p ie rre d e F rance. Les é lé m e n ts f o n t d é fa u t p o u r d a te r la c o n s tru c tio n de ce s a n c tu a ire . T o u t a u p lu s, d o it-o n faire re m a rq u e r l'a b ­ sen ce d e m a té rie l a rc h é o lo g iq u e a ttrib u a b le a u p re m ie r siècle. L 'é p o q u e d 'a b a n d o n d e ce lie u d e cu lte , e n re v a n c h e , n o u s se m b le d e v o ir ê tre su g g é ré e p a r d es m o n n a ie s de P o stu m e e t de T étricu s. Elles se tr o u v a ie n t associées au x ta m b o u rs d e c o lo n n e et au x éclats de ta ille p ro v e n a n t de le u r é q u a rrissa g e e t d u d é m a n tè le m e n t d u te m p le , d a n s le re m b la i d u p e tit fossé cre u sé à l'in té r ie u r d u temenos. La d iv in ité h o n o ré e d a n s ce te m p le est to ta le m e n t i n ­ connue. H o rs l'e n c e in te , u n p e tit b â tim e n t fu t é g a le m e n t lo c a ­ lisé p a r p h o to g r a p h ie a é rie n n e su r le c ô té s u d -o u e st d u temenos: p e u t-ê tre s'a g it-il d 'u n a u tre sa n c tu a ire ?

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P lu sieu rs h a b ita ts o n t é té fo u illés m é th o d iq u e m e n t ces d e rn iè re s a n n é e s. O n p o ssè d e à l'h e u r e a c tu e lle les p la n s p lu s o u m o in s c o m p le ts d 'u n e d iz a in e d e c o n s tru c tio n s . À l'é p o q u e d e C lau d e, N é ro n e t V espasien, la te n d a n c e est à la c o n s tru c tio n e n m a té ria u x p érissab les. Les b â ­ tisses e n p ie rre s a p p a ra is s e n t g é n é ra le m e n t p lu s ta rd à la fin d u Ier siècle o u a u d é b u t d u IIe siècle, au c o u rs d e la p é ­ rio d e de ré a m é n a g e m e n t. Les p la n s des éd ifices q u e l'o n c o n n a ît le m ie u x s o n t d o n c tard ifs e t ils r e p r é s e n te n t s o u v e n t le d e rn ie r é ta t d 'u tilis a tio n de ceux-ci. Au reste, il s 'a g it de c o n s tru c ­ tio n s le p lu s so u v e n t im p la n té e s e n b o rd u re de la chaus­ sée Brunehaut. Les éd ifices dressés à la p é rip h é rie d u viens o u m ê m e p lacé s le lo n g des d iv e rtic u le s o n t été m o in s é tu d ié s. G é n é ra le m e n t, n o u s a v o n s affaire à des b â tim e n ts de p la n re c ta n g u la ire c o m p r e n a n t p lu s ie u rs lo c a u x d is­ tin c ts . U ne galerie d e façad e q u i d o n n e accès à la ru e les p ré c è d e . La cave est b â tie a u c e n tre o u p lu s so u v e n t à l'a rriè re d e l'h a b ita tio n . U n p u its à cuvelage de p ie rre a p ­ p a ra ît fré q u e m m e n t à l'a rriè re des lo cau x . La p h y s io n o m ie c a ra c té ristiq u e d e l'h a b i ta t à L iber­ c h ie s c o rre s p o n d a u x m a is o n s a llo n g é e s d u ty p e « Streife n h â u se r» . L im itées à u n espace re c ta n g u la ire re p re n a n t d a n s de n o m b r e u x cas le p é rim è tre des c o n s tru c tio n s e n b o is au x q u e lle s elles su c c è d e n t, ces m a iso n s allo n g é e s se ré p a rtisse n t e n d e u x c a té g o ries p rin c ip a le s basées su r la d iv ersité des a m é n a g e m e n ts in té rie u rs e t extérieurs. La p re m iè re re g ro u p e les b â tim e n ts à p la n re c ta n g u ­ laire sim p le. Le v o lu m e in té rie u r n e c o m p o rte a u c u n e su b d iv isio n im p o rta n te e n d u r, à l'e x c e p tio n de la p a rtie a rriè re so u v e n t p a rta g é e e n d e u x o u tro is p e tits locaux, d o n t l'u n se rt de cellier. L 'é q u ip e m e n t des façades est très s o m m a ire p u is q u e les m a is o n s s o n t s o u v e n t c o n s ­ tru ite s e n b o rd u re de la c h au ssée, sa n s g alerie d e façade. O n p e u t o b se rv e r q u e c e rta in s b â tim e n ts , c o n s tru its lé ­ g è re m e n t e n re tra it de la v o irie, é ta ie n t p o u rv u s d 'u n tr o tto ir e m p ie rré . La s e c o n d e c até g o rie, p lu s rare, c o m ­ p r e n d des b â tim e n ts re c ta n g u la ire s à p la n trip a rtite é la ­ b o ré d 'a p rè s u n sy stèm e de d iv isio n in te rn e . La p lu s g ra n d e p iè c e o c c u p e g é n é ra le m e n t le c e n tre d e l'h a b ita -

Fig. 131 Liberchies, Les Bons-Villers: une cave en bois dont les traces de poutres verticales sont encore visibles

P R O VI NC E DE El Al NAUT |

tio n ta n d is q u e la p a rtie a v a n t s 'o u v re s o u v e n t su r u n p o rtiq u e . Les m u rs de c e rta in e s p ièce s é ta ie n t p e in ts e t le c h a u ffa g e p a r h y p o c a u ste é ta it c h o se c o u ra n te . P a rm i le n o m b r e im p re s s io n n a n t d e caves q u i o n t été e x p lo ré e s c es d e r n iè r e s a n n é e s d a n s le vicus d e L iberchies, p lu s ie u rs se d is tin g u e n t p a r le u r b o n é ta t d e c o n s e rv a tio n . La m a ç o n n e rie est g é n é ra le m e n t fo rt so i­ g n é e . Les p ie rre s s o n t re jo in to y é e s e t re c o u v e rte s d 'u n e n d u it ro sâ tre . D es n ic h e s e n p le in -c in tre e t u n s o u p ira il s 'o u v r a n t d a n s l'é p a is s e u r des m u rs o n t é té c o n sta té s p lu s ie u rs fois.

P lus d e v in g t p u its, creu sés d a n s le so u s-so l d u vicus, s o n t a c tu e lle m e n t c o n n u s . L 'u n d e ceu x -ci av ait p lu s de 6 m d e p ro f o n d e u r e t é ta it é d ifié e n p ie rre s b la n c h e s avec cuv ela g e in fé rie u r d e b o is. Q u a tre b lo c s d e c h ê n e s 'e m b o îta n t p a rf a ite m e n t d o n n a ie n t u n e assise de p re ­ m iè re v a le u r à c e tte c o n s tru c tio n . Au m o m e n t o ù les a r­ c h é o lo g u e s o n t v id é ce p u its, ils o n t e u la s u rp ris e d 'e n s o rtir d es restes h u m a in s e t d es sa n d a le s c lo u té e s. Les fo u ille s d u viens o n t livré au ssi q u e lq u e s a u tre s o b ­ jets re m a rq u a b le s. D 'u n e cave a é té e x tra ite u n e stèle v o ­ tiv e p o r t a n t u n e in s c rip tio n e x p rim a n t les re m e rc ie ­ m e n ts d e d e u x h a b ita n ts d u vicus a u x déesses-m ères lo cales p o u r u n v œ u exaucé. O n s 'in te rro g e su r la s ig n i­ fic a tio n d u p re s tig ie u x tré s o r m o n é ta ir e e n fo u i après 166 d e n o tr e ère so u s le sol d 'u n h a b ita t.

La Fontaine des Turcs

Fig. 132 Liberchies, Les Bons-Villers: escalier de cave en pierre D an s c e rta in s cas, le so l é ta it d e te rre b a ttu e , d ’a u tre s celliers se tr o u v a ie n t d allés. L 'u n e d e ces caves p ré s e n ta it m ê m e a u x a n g le s q u a tre p e rfo ra tio n s d a n s le p a v e m e n t, d e stin é e s à re c e v o ir u n e a m p h o re . A illeurs, u n c e llie r av ait é té v is ib le m e n t in c e n d ié e t le to it d e l ’h a b ita tio n s 'é ta it é c ro u lé d a n s le fo n d d e la cave. D es p o u tre s c a lc in é e s y re p o s a ie n t, e n c h e v ê tré e s p a rm i u n im p o r ta n t m a té rie l a rc h é o lo g iq u e a b a n d o n n é là à la fin d u me siècle san s d o u te . U n e cave, de p la n carré, d a n s u n é ta t de c o n s e rv a tio n re m a rq u a b le , é ta it b â tie e n m o e llo n s d e grès alo rs q u e des b lo c s d e tu ffe a u a v a ie n t é té u tilisé s p o u r re n fo rc e r les an g le s des m u rs . C in q n ic h e s e n p le in -c in tre e t u n large s o u p ira il a v a ie n t é té m é n a g é s d a n s les p a ro is. L'es­ c a lie r e x té rie u r à la p iè c e é ta it m a ç o n n é . A illeurs, u n e g ra n d e cave av a it des p a ro is de b o is m a in te n u e s p a r des p o u tre s v e rtic a le s esp acées d e 0 ,3 0 m e t r e p o s a n t su r u n so lin .

L 'a g g lo m é ra tio n d u H au t-E m p ire est a rro sé e p a r u n ru is ­ se a u q u i tra v e rse la c h a u ssé e ro m a in e à l'o u e s t d u vicus. Ce ru is s e a u se tro u v e e n p a rtie a lim e n té p a r u n e so u rce q u i ja illit n o n lo in d e là d a n s le c re u x d 'u n v a llo n v e r­ d o y a n t à l'o m b r e d e je u n e s saules. C e p o in t d 'e a u a u c h a rm e agreste p o rte la d é n o m in a ­ tio n év o catrice d e Fontaine des Turcs. Le d é b it est im p o r­ ta n t e t n e ta r it jam ais. O n p e u t im a g in e r q u e l rô le p ré d o ­ m i n a n t il a p u jo u e r dès le d é b u t de l'o c c u p a tio n ro m a in e . C ette p e tite oasis d e v e rd u re fu t v ite tra n s fo r­ m é e e n fo n ta in e p u b liq u e . P lus tard, u n c h e m in e m p ie rré la relia e n d ro ite lig n e à la ch au ssée ro m a in e elle-m êm e. L 'é tu d e stra tig ra p h iq u e e n tre p ris e d a n s le c re u x d u v a llo n a rév é lé q u 'il fu t o c c u p é sa n s in te r r u p tio n , de l'é p o q u e p ré -c la u d ie n n e ju s q u 'à la fin d u me siècle. M ais l'a m é n a g e m e n t d é fin itif d u c a p ta g e e t sa tr a n s fo r m a tio n e n ré se rv o ir d 'e a u n e d a te n t q u e de la fin d u Ier siècle o u d u d é b u t d u IIe siècle ap rès J.-C. O n y c o n s tru is it d e u x b a ssin s d ire c te m e n t a lim e n té s p a r la so u rc e . Ils s o n t re c ta n g u la ire s e t p r é s e n te n t des p a ­ ro is fo rm é e s d e p ièce s d e b o is s u p e rp o sé e s h o r iz o n ta le ­ m e n t e t m a in te n u e s e n p la c e p a r des p ie u x v e rtic a u x . Le p re m ie r b a ss in b â ti a u to u r d u p o in t d 'e a u est p a r­ v e n u ju s q u 'à n o u s e n trè s b o n é ta t; il m e s u re 3 ,5 0 m su r 5 ,5 0 m . U n e g ra n d e p o u tr e e n c h ê n e d e p rè s de 3 m de lo n g u e u r c o n s titu e la p a ro i o u e st. La so u rc e e lle -m ê m e fu t p e u t-ê tre l'o b je t d 'u n c u lte à u n e d iv in ité in d ig è n e des eaux, assim ilé e à l 'u n o u l 'a u ­ tre d ie u c lassiq u e. U n p ie d de v ase p o r t a n t le graffito APOL ET M E n e laisse p as d 'é v o q u e r u n e o ffra n d e à A p o llo n e t M ercu re. M ais l'a m é n a g e m e n t d u site n e se lim ite p as à la so u rc e . U n e m p ie rr e m e n t d e 20 à 30 m 2 e n to u r e celle-ci. Le site sera relié à la c h a u ss é e r o m a in e p a r u n e v o ie e m ­ p ie rré e le lo n g d e la q u e lle se d é v e lo p p e u n q u a rtie r d 'h a b it a t g ro u p é . Elle s 'é la rg it a u n iv e a u d u p re m ie r b a s­ sin e t se p o u rs u it a u -d e là d e l'a g g lo m é ra tio n . U n e m ­ p ie r r e m e n t b o rd é d 'u n c a n iv e a u relie le v a llo n à la ru e. D es fo n d a tio n s d e m u rs m a té ria lis e n t ces h a b ita ts . D an s la m u ra ille d e l 'u n d 'e u x s 'o u v ra it u n e n ic h e sem ic irc u la ire e t la p ré s e n c e d 'u n so u p ira il a m ê m e é té e n re ­ g istrée.

Activités de rivière Le M u sée de N ivelles a e n ta m é , d e p u is 1991, l'é tu d e ex­ h a u stiv e e n aire o u v e rte d 'u n se c te u r lo c a lisé a u sud-

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b risé e s d 'o rig in e d iv erse q u i c o n s titu e n t u n é c h a n tillo n ­ n a g e a p p ré c ia b le v is a n t à é c la ire r la c irc u la tio n de la vaisselle. Les é lé m e n ts d e fa u n e , de m ê m e , m o n t r e n t u n e im ag e réaliste de la c o n s o m m a tio n d e v ia n d e .

La métallurgie

Fig. 133 Liberchies, Les Bons-Villers: plan des structures du secteur artisanal consacré au travail de rivière. 1. Tracé de la chaussée romaine; 2. Empierrements; 3. Habitat; 4. Cuves, bassins et canalisations du travail de rivière o u e s t d u b o u rg , d a n s les z o n e s b asses e t m a ré c a g e u se s si­ tu é e s a u su d de la c h a u ssé e ro m a in e , le lo n g d u ru isse a u d e M o n p la isir e t se p ro lo n g e a n t ju s q u 'à la Fontaine des

Turcs. Le te r ra in a é té d o té dès l'é p o q u e ro m a in e d 'u n sys­ tè m e de c ap ta g e e t d e d ra in a g e des e a u x d e so u rc e d é v a ­ la n t vers le ru isse a u . C ette c o n fig u ra tio n p a rtic u liè re a to u t sp é c ia le m e n t favorisé l'in s ta lla tio n d 'a c tiv ité s a rti­ sa n a le s q u i n é c e s s ite n t l'u tilis a tio n d 'e a u c o u ra n te . Le c œ u r m ê m e de la z o n e a rtisa n a le est im p la n té à l'a r­ rière d 'u n g ra n d b â tim e n t c o m p re n a n t q u a tre pièces et u n e cour. Il a livré u n e n se m b le assez d e n se de cuves de n a tu re diverse reliées à u n systèm e co m p lex e de captage et de c irc u la tio n des ea u x d e la n a p p e p h ré a tiq u e e t d 'é v a ­ c u a tio n des e a u x usées vers le ru isseau . O n y a re c o n n u to u te u n e série de c o n d u its e n p ie rre o u e n bois. U ne g ra n d e cuve circulaire taillée d a n s le sol n a tu re l, au x p a ­ rois e n c o re tapissées d 'éco rces broyées, d ev a it être d irecte­ m e n t liée à u n e activité de ta n n e rie . D e vastes e m p ie rre ­ m e n ts e n c a d re n t ces stru c tu re s. Ils fo rm e n t des sols am én a g és p e rm e tta n t à la fois d 'o b te n ir des aires de travail et d e c irc u la tio n et c o n tr ib u e n t à a ssain ir la z o n e h u m id e . L 'u tilis a tio n d e l'e a u c o u ra n te , d e cuves e t de diverses m a tiè re s o rg a n iq u e s e n tr e d a n s la c h a în e o p é ra to ire d 'a c tiv ité s sp é c ifiq u e s. A insi c e tte v aste z o n e , situ é e e n re tra it d u n o y a u u rb a in , a p u serv ir c o n jo in te m e n t à d i­ vers c o rp s d e m é tie rs : é q u a rrisse u rs, b o u c h e rs , ta n n e u rs , fo u lo n s, te in tu rie rs , c o rd o n n ie rs . E n o u tre , l'é tu d e fa u ­ n is tiq u e a rév élé les té m o in s d e p lu s ie u rs activ ité s a rtisa ­ n a le s : le tra v a il de l'o s , d e la c o rn e , d e la fo u rru re , de la p e a u e t la p r o d u c tio n d e colle. Au IIIe siècle, le site a rtis a n a l a é té a b a n d o n n é et a servi de d é c h a rg e p u b liq u e . Les s é d im e n ts q u i re c o u v re n t les stru c tu re s o ffre n t u n ré p e rto ire très v a rié d e c é ra m iq u e s

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À L ib erc h ies, à l'e n tr é e d u b o u rg , au su d d e la ch a u ssé e a rriv a n t d e Bavay, il est v ra ise m b la b le q u e la b a tte rie de foyers m é ta llu rg iq u e s m is a u jo u r, très p ro c h e s les u n s des a u tres, té m o ig n e d ’u n e a c tiv ité de cin g lag e q u i s'e st d é v e lo p p é e à l'é p o q u e de T ib è re -N é ro n . Seuls su b sis­ ta ie n t des vestiges des h u it fo u rs to ta le m e n t ru in é s , des é lé m e n ts de p a ro is m ê lé s à des scories d a n s u n e excava­ tio n de 0 ,5 0 m d e d ia m è tre . D eu x tu y è re s e n te rre cu ite d 'a lim e n ta tio n e n a ir des foyers p a r des so u fflets, o n t été ré c o lté e s p a rm i les d éb ris. L 'a p p ro c h e des activ ité s d e tr a n s fo rm a tio n , d u c in ­ glage a u forgeage de p iè c e , se lim ite à la d é c o u v e rte de p e tits fra g m e n ts e n fer p o u v a n t c o n s titu e r des é b a u c h e s d 'o b je ts d e stin é s à ê tre forgés. La fo rte é ro s io n d u te rra in à c e t e n d ro it n e p e rm e t pas, p a r a illeu rs, d e d é te r m in e r les s tru c tu re s d a n s le sq u e lle s d e v a it s 'in té g re r c e t a rtis a ­ n a t. L 'activité, d a n s ce secteu r, a é té a b a n d o n n é e d a n s le c o u ra n t de la s e c o n d e m o itié d u Ier siècle ap rès J.-C. p o u r faire p la c e a u d é v e lo p p e m e n t u rb a n is tiq u e , ce q u i n 'e x ­ c lu t p as q u 'e lle se so it d é p la c é e ailleu rs, e n p é rip h é rie de l'a g g lo m é ra tio n . La m é ta llu rg ie d u b ro n z e e st a tte sté e a u trav ers d 'u n e d iz a in e de c reu sets fra g m e n ta ire s , e t d e divers d é c h e ts de g o u tte le tte s e t de c o u lé e s d e b ro n z e e n fu sio n . Les traces d 'u n a m é n a g e m e n t a rtis a n a l se lim ite n t to u te fo is à q u e lq u e s vestiges d e so les de fo u rs re c o u v e rte s de p ro je c ­ tio n s cu iv reu ses.

L'artisanat du verre et la fabrication d'intailles L 'ex isten ce d 'u n a rtis a n a t d u v e rre d a n s l'a g g lo m é ra tio n de L ib erc h ies est p r in c ip a le m e n t a tte sté e p a r la d é c o u ­ v e rte de c reu sets d e stin é s à la fu s io n d u v erre. Ces ré c i­ p ie n ts e n c é ra m iq u e to u r n é e d a n s des argiles réfractaires siliceuses, d o n t u n e d e n a tu r e k a o lin itiq u e , o ffre n t u n e fo rm e o u v e rte , avec o u sa n s b o rd e x te rn e ép aissi e t u n fo n d p lat. D 'a u tre s in d ic e s, tels u n e p la q u e c irc u la ire e n v erre b le u , e n p a rtie fo n d u e avec des tra c e s d e p in c e s, des a m a s d e v e rre m o n o c h r o m e , des g o u tte s, des c o u lu re s a in s i q u e des fra g m e n ts v itrifié s de p a ro is de fours, c o n f ir m e n t u n e re la tiv e im p o rta n c e de c e t a rtis a n a t d a n s le viens. La ré p a r titio n des tro u v a ille s m o n tre q u e ce tra v a il a été p ra tiq u é p rin c ip a le m e n t a u c o u rs d u 111e siècle d a n s divers se c te u rs d ’h a b ita t. La d é c o u v e rte d 'u n e p la q u e e n p lo m b p o r t a n t q u a ­ to rz e e m p re in te s ovales d 'in ta ille s a p p o rte c e p e n d a n t des in d ic e s d e fa b ric a tio n d e sc e a u x e n p â te de verre.

Le quartier des potiers Il se situ e a u su d -est de l'a g g lo m é r a tio n à 2 3 0 m d e la c h a u ssé e ro m a in e e t le lo n g d 'u n d iv e rtic u le q u i p re n d la d ire c tio n d e G osselies, s u r u n e m p la c e m e n t assez élevé, là o ù les v e n ts d o m in a n ts p o u v a ie n t é lo ig n e r d u b o u rg les fu m é e s p o llu a n te s ré s u lta n t des fours. C in q d 'e n tr e e u x o n t é té ex p lo rés, les tro is p re m ie rs s o n t g ro u p é s e n b a tte rie , les d e u x a u tre s s o n t isolés. L 'u n

PROVI NCE DE El AI N AU T |

Fig. 134 Liberchies, L e s B o n s V ille r s : four de potier. Au premier plan, le canal de chauffe; à l'arrière plan, le laboratoire et la sole

Fig. 135 Liberchies, L e s B o n s V ille r s : orifice de fontaine en bronze

des fo u rs se d é v e lo p p e s e lo n u n e d im e n s io n assez rare d e 2 ,5 0 m de d ia m è tre ; u n a u tre est p a rtic u liè re m e n t b ie n c o n se rv é avec sa so le e n p lace . La te c h n iq u e p e r ­ m e t t a n t d e s o u t e n ir la s o le e s t f o r t d iv e rs ifié e à L iberchies. D an s c e rta in s cas, ce s o n t des b riq u e tte s q u i f o r m e n t u n e v o û te ; d a n s d 'a u tre s , des c é ra m iq u e s u s a ­ gées d e g ra n d fo rm a t o n t é té re tro u v é e s p o u r a id e r a u s o u tie n d u p la n c h e r. U n e sp a c e d é lim ité p a r u n m u r e t p e u t c o rre s p o n d re à u n e aire d e séch ag e o u d e to u rn a g e ; o n y a re tro u v é des réserv es d e te rre p la stiq u e . La p r o d u c tio n d e ces fo u rs est assez ta rd iv e p u is q u ’o n p e u t la c o n s id é re r c o m m e ty p iq u e d e la fin d u IIe siècle o u d u d é b u t d u IIIe siècle. Il s 'a g it de c é ra m iq u e c o m ­ m u n e . U n e m a tric e e n te rre c u ite r e tie n t l'a tte n tio n . C 'e st u n m o u le à visage, d e stin é à o r n e r le fla n c des vases p la n é ta ire s o u à m a sq u e s.

Burgus du me siècle Le burgus des Bons-Villers a

é té d é c o u v e rt e n 1957-1958 p a r la S ociété a rc h é o lo g iq u e Romana. D e p u is lors, il fait ré g u liè r e m e n t l'o b je t d e re c h e rc h e s c o m p lé m e n ta ire s . D ’u n e su p e rfic ie to ta le de 7 5 ,2 0 ares, il p o ss è d e u n e su p e rfic ie in te r n e d e 24 ares. Le burgus, d e p la n re c ta n ­ g u la ire , m e s u re 80 m su r 94 m h o rs -to u t. La v o ie ro ­ m a in e tra v e rse l'o u v ra g e . Le sy stè m e d é fe n s if c o m p r e n d u n e z o n e de fossés large d e 13,40 m à 14 m o ù l ’o n p e u t d is c e rn e r p lu s ie u rs exca­ v a tio n s d 'é p o q u e d iffé re n te . Vers l'in té rie u r, le f o r tin est

Fig. 136 Liberchies, L e s B o n s - V i l l e r s : plan du et terre, de la fin du 111e siècle

burgus

en bois

p ro té g é p a r u n re m p a rt de te rre e t p a r u n e p alissad e, c o u r a n t a u b o rd m ê m e des fossés. Les d e u x p o rte s o n t é té é tu d ié e s d a n s le p r o lo n g e m e n t d u re m p a rt. T rois c o u p e s c o m p lè te s e ffectu ées s u r la face o u e s t e t des c o u p e s p a rtie lle s o n t p e rm is de re c o n n a ître le tra c é d es fossés. O n p e u t d is c e rn e r tro is o u v rag es fossoyés d is­ tin c ts . Vers l ’in té rie u r d u fo rtin , se tro u v e u n p re m ie r fossé, a u v e rs a n t in té rie u r raid e, à p o in te p la te e t tra p é z o ïd a le , d e 0 ,2 0 m de la rg e u r à la base, d o n t le re m b la i in fé rie u r e st assu ré p a r des s é d im e n ts c o llu v io n n a ire s. Le se c o n d fossé, a u n fo n d p lat. Il est sim p le su r la face n o rd . S ur la face o u e st, il se d é c o m p o s e e n d e u x e n c o c h e s c o n te m p o ­ ra in e s. Le fossé e n q u e s tio n se m b le ê tre le se u l à avoir été a m é n a g é à h a u te u r des d e u x p o rte s de la fo rte re sse . Le tro is iè m e fossé, creu sé e n d e rn ie r lieu , est p lu s larg e e t p lu s p r o f o n d q u e les a u tre s. Il est à fo n d a rr o n d i; il est larg e d e 7,50 m . Il s 'in te r r o m p t à h a u te u r des p o rte s de l'o u v ra g e . U n re m p a rt de te rre , re te n u p a r d es p o te a u x a é té m is e n é v id e n c e à 4 m de la p re m iè re e n c o c h e , vers l 'i n t é ­ rie u r d u fo rt. Les p ièce s de b o is, carrées, de 0 ,3 3 m de cô té, a v a ie n t é té p la c é e s à e n v ir o n 1,70 m les u n e s des a u tre s e t d isp o sé e s e n u n e se u le ra n g é e a fin de c lô tu re r le m u r d e te rre e t d e le m a in te n ir su r sa face e x té rie u re . Le re m p a rt a é té lo calisé à p lu s ie u rs re p rise s su r le fla n c o u e st, à 3 m o u 4 m de la z o n e des fossés. U n e p a lissa d e a été assise e n b o rd u re d e la z o n e des fossés. Elle é ta it c o m p o s é e d e p ièce s d e b o is, p lu s e x a c te ­ m e n t des d e m i-ro n d in s , de 0,15 à 0 ,2 0 m de d ia m è tre , d isp o sé e s b o r d à b o rd , la face p la n e vers l'e x té rie u r, ca­ lées p a r des p ie rre s e t s o u te n u e s , v ers l'i n té r ie u r d u fo r­ tin , p a r des p ie u x fic h é s o b liq u e m e n t e n terre. La p a lissa d e a é té re tro u v é e , su r les q u a tre fla n c s d u fo rt. Vers l'o u e s t e t vers le n o rd , elle a é té im p la n té e d a n s le p re m ie r fossé, re c re u sé à c e tte o c c a sio n . Vers l'e s t e t le su d , elle a é té p la c é e d a n s u n e e n c o c h e é tro ite d is tin c te d e ce fossé. Le fo rt a été élevé à l'é p o q u e d e l'E m p ire g a u lo is e t a p e u t-ê tre su rv é c u a u x d iffic u lté s des a n n é e s 2 70, p o u r ê tre a b a n d o n n é , a u p lu s ta rd , à l'a u b e d u IVe siècle. R. B. & F. v.

Bibliographie: Une bibliographie générale a été publiée en 1990-1991, dans VA, 36, 66-80. Bailleux G., Graff Y. et al., Trente ans de Fouilles à Liberchies, ROCO, sd., 81 p.; Brulet R., Liberchies gallo-rom ain. Rempart de la Romanité, (collection Wallonie, Art et Histoire, 30), Gembloux, 1975; Brulet R. et al., Liberchies I, Vicus g a llo -ro­ m ain. B âtim ent m éridional et la Fontaine des Turcs, ( PHAA, 54), 1987; Brulet R. & Demanet J.-C., Liberchies II. Vicus g a llo -ro­ m ain. Sondages. Zone d 'h a b ita t au sud de la voie antique, (PHAA, 82), 1993; Brulet R. & Demanet J.-C., Liberchies III. Vicus gallo-rom ain. Les thermes. Zone d 'h a b ita t au nord de la voie antique, (PHAA, 97), 1997; Brulet R., Dewert J.-R & Vilvorder F., Liberchies IV. Vicus gallo-rom ain. Travail de rivière (PHAA, 101), 2001 ; Brulet R. et al., Liberchies entre Belgique et Cermanie, Catalogue d'exposition, Mariemont, 2002; Cabuy, Temples, 224-226; Demanet J.-C., Le vicus des Bons-Villers à Liberchies, L'archéologie en région wallonne, (DCRMSF, 1), 5155; Demanet J.-C., Dewert J.-R & Brulet R., Pont-à-Celles, Liberchies. Le vicus des Bons-Villers, PAW, 280-284; Faider Feytmans, Bronzes, n ° 9 et A8; Forts romains, 38-44; Graff Y. et al., Le fo rtin rom ain (iih siècle) de Liberchies I (Les Bons Villers), ROCO, 15, 1991; ILB, n° 160; Thirion M., Le trésor de Liberchies, Bruxelles, 1972.

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6 6 1 Pont-à-Celles, Liberchies Le

castellum d u

B a s -E m p ir e d e

Brunehaut

Le te rrito ire d e L ib erc h ies e st m a rq u é p a r u n se c o n d site d 'im p o rta n c e m a je u re , c o n sid é ré c o m m e p a tr im o in e e x c e p tio n n e l de W a llo n ie . Il o ffre u n c a ra c tè re e x clu siv e­ m e n t m ilita ire e t se tro u v e lo c a lisé d a n s le p e tit h a m e a u d e B ru n e h a u t, à 6 0 0 m à l'o u e s t d e l'a g g lo m é r a tio n se­ c o n d a ire d es B ons-V illers a u m ilie u d e la q u e lle s 'é le v a it aussi u n e p e tite fo rteresse te m p o ra ire , a b a n d o n n é e a u p ro fit d u n o u v e a u castellum. C elui-ci a é té im p la n té p lu s ta rd iv e m e n t e t a b é n é fic ié d e c o n d itio n s to p o g ra p h iq u e s m e ille u re s. Le castellum d e B ru n e h a u t relève, p o u r l'e s se n tie l, de la p o litiq u e m i­ lita ire des e m p e re u rs d e la d y n a stie c o n s ta n tin ie n n e . Le site c h o isi o c c u p e u n e p e tite é m in e n c e , a u n o r d d e la v o ie ro m a in e ; il est n a tu r e lle m e n t p ro té g é p a r u n vaste m arécag e, s u r ses fla n c s n o rd e t o u e st. Le castellum de B ru n e h a u t-L ib e rc h ie s a é té re p é ré e n 1868. Il a fa it l'o b je t d e fo u ille s sy s té m a tiq u e s e n 1931, e n 1955, de 1968 à 1971, e n 1981-1983 e t 1995.

La fortification Le site d u castellum o c c u p e u n e su p e rfic ie d e 2 h a e n v i­ ro n e t c o m p re n d des o u v rag es d iffé re n ts. O n d is tin g u e s u r to u t la fo rtific a tio n e n p ie rre de 2 5 ,4 0 ares e t u n e e n ­ c e in te d é fe n siv e b e a u c o u p p lu s vaste. La fo rtific a tio n e m m u ra illé e , c o n s tru ite à u n e tr e n ­ ta in e d e m è tre s d e la ro u te , p ré s e n te u n p la n q u a d ra n g u laire lé g è re m e n t rh o m b o ïd a l de 45 m su r 5 6 ,5 0 m . Les m u rs o n t u n e la rg e u r de 2 ,8 0 m ; ils s o n t re n fo rc é s, a u x angles, d e to u rs c irc u la ire s de 6 ,5 0 m de d ia m è tre h o rs œ u v re . R é c e m m e n t, R e m p la c e m e n t de la p o rte d u fort, lo c a li­ sée au c e n tre d e la c o u rtin e su d , a é té m is e n lu m iè re et fo u illé. D an s les fo n d a tio n s d u castellum, se tr o u v e n t des b lo cs taillé s ré c u p é ré s de m ê m e q u e des ta m b o u rs d e c o lo n n e e t u n b lo c à in s c rip tio n d é d ié e à Ju p ite r.

Fig. 138 Liberchies, Brunehaut : courtine sud, parement interne du castellum

À l'in té r ie u r d u fort, s u b s is te n t les tra c e s de p lu s ie u rs b â tim e n ts a p p u y é s c o n tre la m u ra ille . Vers le n o rd e t vers l’est, le fo r tin é ta it p ro té g é p a r le m a ré c a g e ; vers le su d e t v ers l'o u e s t, p a r u n fossé large de 12 m à 15 m . À l'a n g le n o rd -o u e s t d u site, le g ra n d fossé p a ra ît s 'i n ­ te rro m p re su r u n e d is ta n c e de q u e lq u e s d iz a in e s de m è ­ tres. Q u e lq u e p e u e n arrière, o n e n re g istre à c e t e m p la ­ c e m e n t l'e x is te n c e d 'u n p e tit fossé p a lissa d é . Il o ffre u n e la rg e u r d e 4 m . Sur le fla n c o u e st, le fossé se situ e à 74 m d es m u ra ille s e t la p e n te m a ré c a g e u se o rie n ta le se tro u v e à u n e c in q u a n ta in e d e m è tre s de celles-ci. C ette situ a ­ tio n to p o g ra p h iq u e a é té m ise à p ro f it p o u r é ta b lir su r la terrasse, des b â tim e n ts e x te rn e s au fo rt m a is liés à lui.

Les annexes Vers l'est, d e u x b â tim e n ts a n n e x e s au castellum, d o n t u n é ta b lis s e m e n t th e r m a l, o n t été im p la n té s d a n s la z o n e laissée lib re e n tre le m a ré c a g e e t l'e n c e in te e m m u ra illé e . Vers l'o u e s t, il s 'a g it d 'u n b a ra q u e m e n t e n b ois. Le c o m p le x e le p lu s im p o r ta n t a été lo g é d a n s la b o u ­ cle n o rd -e s t d u p la te a u e n to u r é p a r la p e n te h u m id e . Il est c o m p o s é de d e u x b â tim e n ts d o n t le p re m ie r a tro is

Fig. 137 Liberchies, Brunehaut: plan du castellum: 1. Structures en bois; 2. Structures en pierres

360

P R OVI NC E DE HAI NAUT

Évolution chronologique

Fig. 139 Liberchies,

B r u n e h a u t:

abside d'un bâtiment annexe au

c a s te llu m

Fig. 140 Liberchies, B r u n e h a u t: inscription dédicatoire à Jupiter, en grès carbonifère bleu. I I e siècle p ièce s d is tin c te s e t p ré s e n te u n e te c h n iq u e de c o n s tru c ­ tio n très so ig n é e . Le s e c o n d c o m p re n d u n e a b sid e m a ­ ç o n n é e jo u x ta n t u n é d ific e e n b ois. La p re m iè re b â tisse p e u t ê tre c o n sid é ré e c o m m e u n é ta b lis s e m e n t th e r m a l. C h a c u n e des tro is p ièce s re c ta n ­ g u laires est so m m é e p a r u n p e tit ré d u it e n saillie, b é ­ to n n é o u c arrelé. L 'é ta t d u te rra in a n é c e ss ité des m e ­ su re s p a r tic u liè r e s d e c o n s t r u c ti o n : d a n s la p a r tie o c c id e n ta le de l'é d ific e , le sol a été p la n té d e p ie u x sta ­ b ilis a n t le sa b le n a tu r e l; su r celui-ci a é té jeté u n b lo c a g e d e m o e llo n s de grès b la n c s. La p lu p a r t des m u rs s o n t en o u tre b â tis su r p ilo tis o u re n fo rc é s de ra d ie rs d e p o u tre s h o riz o n ta le s . Les p ie u x v e rtic a u x c o u v re n t l'e s p a c e à ra i­ s o n de 5 à 6 p a r m 2. Il s 'a g it de je u n e s arb res a p p o in té s, c o n se rv é s su r u n e lo n g u e u r de 1,50 m . L 'a u tre é d ifice p a ra ît in a c h e v é . D es so lin s d e b o is c o n s u m é d é te r m in e n t u n p la n q u a d ra n g u la ire irré g u ­ lier. L’u n e d es tro is p ièce s e st c o u ro n n é e p a r u n e ab sid e e n p ie rre s o lid e m e n t élevée, d e 6 m de d ia m è tre . Des b lo c s de ré c u p é ra tio n o n t é té d isp o sés d a n s to u te l'a ire de l'h é m ic y c le p o u r lu i serv ir d 'a ssise . Ici au ssi fi­ g u re n t des ta m b o u rs de c o lo n n e , des c h a p ite a u x e t u n e g ra n d e sta tu e de d é e sse -m è re e n d e u x m o rc e a u x . E n d e s­ sous, u n sy stè m e de p o u tre s e n c h ê n e c o m p lè te c e tte fo n d a tio n p e u c o m m u n e .

La d is ta n c e c o n sid é ra b le d e 74 m , q u i sép are la m u ra ille d u castellum d e la z o n e d u fossé e x té rie u r o c c id e n ta l, p o s e p ro b lè m e . Le site a p u faire l'o b je t d 'u n p ro je t d 'a m é n a g e m e n t in itia l b e a u c o u p p lu s vaste, d e 2 h a de su p e rfic ie . Il a p e u t-ê tre p rim itiv e m e n t a b rité u n ca m p e n m a té ria u x p é rissa b le s de g ra n d e s d im e n s io n s , a v a n t d e se ré d u ire à l'e s p a c e d u castellum e m m u ra illé . D a n s to u te s les h y p o th è s e s, u n e p h a se d e c o n s tru c tio n p rim itiv e est a tte sté e p a r la p ré s e n c e d u p e tit fossé d o n t le tra c é a é té e n g ra n d e p a rtie rep ris p a r la su ite lors du c re u s e m e n t du g ra n d fossé. D a n s l'u n des b â tim e n ts a n n e x e s au castellum, u n e m o n n a ie de C o n s ta n tin I (332-333) p e r m e t d e fix er u n terminus post quem à s o n é d ific a tio n . Le g ra n d fossé d é ­ fen sif, q u a n t à lui, c o n n a ît d e u x é ta p e s d a n s s o n u tilis a ­ tio n , la s e c o n d e p o sté rie u re à 341. La c o n s tru c tio n d u castellum r e m o n te à l'é p o q u e c o n s ta n tin ie n n e ; o n assiste à u n a b a n d o n te m p o ra ire o u à u n e o c c u p a tio n ré d u ite d u r a n t le d é b u t de la s e c o n d e m o itié d u IVe siècle. Le site e st o c c u p é assez fa ib le m e n t ju s q u e d a n s le c o u ra n t d u v* siècle. Le m a té rie l a rc h é o lo g iq u e re tro u v é est trè s a b o n d a n t. O n p e u t s ig n a le r u n gros m illie r d e m o n n a ie s d a ta n t p re s q u e e x c lu s iv e m e n t d u ivr siècle, d e la c é ra m iq u e im ­ p o rté e e t g e rm a n iq u e , des p ièce s d 'é q u ip e m e n t m ili­ ta ire : p a r a g n a th id e de casq u e, b o u c le s, fib u le c ru c i­ fo rm e , é p e ro n , tra its de c a ta p u lte , c o u te a u . L 'étu d e des restes fa u n iq u e s a p p o rte so n lo t d 'in f o rm a ­ tio n s a u p la n d e la p a lé o -é c o n o m ie . La p a rt p rise p a r le p o rc est la rg e m e n t p lu s élevée q u e celle d u b œ u f. C o m m e il est difficile d 'a d m e ttre q u ’u n c h a n g e m e n t de l'e n v iro n ­ n e m e n t n a tu re l d u site e n so it la cause, o n p e n se q u e le s ta tu t des o c c u p a n ts d u castellum y jo u e u n rôle. E n effet, la situ a tio n est to u te d iffé re n te p o u r l'a g g lo m é ra tio n ci­ vile p ro c h e , o ù la p ro p o rtio n de la c o n s o m m a tio n de v ia n d e est inversée. Le site a p u a b rite r le c o n tin g e n t des Geminiacenses, m e n tio n n é p a r la Notitia Dignitatum. R. B. C a r t o g r a p h ie :

voirfig. 123, 8.

B ib lio g r a p h ie : L ib erch ies, BMRAH,

Severs L.,

Breuer ]., Le fo rt r o m a in d e B ru n e h a u t3, 1931, 3e sér., 98-103; Dewert J.-P. &

C o u p e d a n s le g r a n d fo s s é d é f e n s if d u c a s te llu m d e

L ib erch ies, A S A N iv.,

Gautier A.,

24, 1982, 163-172;

Forts r o m a in s ,

45-49;

Un d e u x iè m e a s s e m b la g e d 'o s s e m e n ts a n im a u x d u

fo s s é d u c a s te llu m d e B ru n e h a u t (L ib erch ies, H a in a u t, B elg iq u e), VA,

28, 1988, 23-32.;

c a s te llu m

ILB,

n° 31 ; Lallemand J., Les m o n n a ie s d u RBN, 120, 1974, 35-72;

d e B ru n e h a u t-L ib e rc h ies,

Mertens J. & Brulet R.,

Le c a s te llu m d u B a s-E m p ire r o m a in d e

B ru n e h a u t-L ib e rc h ies, (AB,

163), 1974.

6 7 1 Quévy, Givry A g g lo m é r a tio n La c o m m u n e de Givry, situ é e à 19 k m au n o rd -e st de Bavay, a é té le siège a u H a u t-E m p ire d 'u n e p e tite a g g lo ­ m é r a tio n ro u tiè re im p la n té e su r les d e u x rives de la T ro u ille . L 'o c c u p a tio n d u site à l'é p o q u e ro m a in e reste très m a l c o n n u e , e n d é p it d es d iv erses tro u v a ille s effec­ tu é e s d e p u is le siècle d e rn ie r le lo n g d e la v o ie a n tiq u e

361

B avay-C ologne. Seuls des p u its, des s u b s tru c tio n s d e b â ­ tim e n ts e t d u m a té rie l a rc h é o lo g iq u e d u H au t-E m p ire, d isp ersés su r q u e lq u e 10 h a té m o ig n e n t d e l'e x iste n c e d 'u n e b o u rg a d e .

La s itu a tio n to p o g ra p h iq u e d u site, la p ré s e n c e de b lo c s sc u lp té s d e ré e m p lo i e t de m a té rie l a rc h é o lo g iq u e d u B as-E m pire d o n n e à p e n s e r q u e les fo n d a tio n s m ises a u jo u r s o n t celles d 'u n e p e tite fo rtific a tio n ro u tiè re d u B as-Em pire.

S ite m i l i t a i r e d u B a s -E m p ir e D es fo u ille s e n tre p rise s e n 1893 au se in m ê m e d e l'a g ­ g lo m é ra tio n d u H au t-E m p ire, à l'e n d r o it o ù la ch a u ssé e fra n c h it la T ro u ille , o n t e n tr a în é la m ise au jo u r d ’u n e assise de fo n d a tio n ép aisse de 9 ,6 0 m , q u i a é té su iv ie su r u n e lo n g u e u r de 14,20 m . Elle é ta it c o n s titu é e d 'u n p re ­ m ie r lit o ù a lte r n e n t c o u c h e s d e p ie rra ille s e t n iv e a u x de m o e llo n s de grès, su r le sq u e lle s re p o s a ie n t d e g ra n d s b lo c s d e p ie rre b le u e . C e tte s tru c tu re e st situ é e à u n e so ix a n ta in e de m è tre s a u n o rd d e la c h a u ssé e ro m a in e . U n b lo c de ré e m p lo i sc u lp té p ro v e n a n t sa n s d o u te d 'u n m o n u m e n t fu n é ra ire d é m a n te lé au B as-E m pire fu t ég a­ le m e n t re p é ré à p ro x im ité . Des p ro s p e c tio n s é le c triq u e s effe c tu é e s e n 1977 e t de n o u v e lle s fo u ille s m e n é e s e n 1987 o n t p e rm is de re c o u ­ p e r e t de p ré c ise r la d é c o u v e rte d u siècle d e rn ie r. À cette o c c a sio n , u n fossé situ é e n b o rd u re d e la v o ie ro m a in e fu t e x a m in é , de m ê m e q u e des fosses e t des tro u s d e p o ­ te a u x . Le m a té rie l a rc h é o lo g iq u e e x h u m é re m o n ta it au B as-E m pire: c é ra m iq u e e n te rre sigillée d o n t q u e lq u e s te s so n s o rn é s à la m o le tte , c é ra m iq u e d e l'E ifel, m o n ­ n a ie s d e la fin d u me siècle e t d u ive siècle.

M o n u m e n t fu n é r a ir e À e n v iro n 2 k m a u su d -o u e st de la p e tite a g g lo m é ra tio n se c o n d a ire , d o u z e b lo c s m o n u m e n ta u x o n t été d é c o u ­ v e rts e n 1996, à l'in te rs e c tio n d e la ch a u ssé e BavayC o lo g n e e t d u ru isse a u de Prés à R ieux. Ils a p p a rte n a ie n t p r o b a b le m e n t à u n m o n u m e n t fu n é ra ire à b a se c irc u ­ laire, san s d o u te u n p ilier, d o n t seu ls les b lo c s d e la base s o n t e n c o re e n place. T réso r m o n é ta ir e U n tré so r m o n é ta ire c o n s titu é p rin c ip a le m e n t de d e n ie rs a é té m is a u jo u r a u c o u rs des a n n é e s 1980. Les so ix an ted e u x p ièces recu eillies d o n t u n p e u p lu s d e la m o itié a p p a r t ie n n e n t a u x rè g n e s d 'É la g a b a le e t d e S évère A lexandre, o n t to u te s été frap p ées à R om e à l'e x c e p tio n d 'u n e q u i p ro v ie n t d 'u n a te lie r d 'O rie n t. Il est à n o te r q u e ce tré s o r re c e la it u n aureus de l'e m p e re u r M acrin. Le terminus post quem d e l'e n f o u is s e m e n t est fo u rn i p a r u n a n to n in ie n à l'e ffig ie d e V alérien d a té d u d é b u t d u rè g n e , c'e st-à -d ire p e u ap rès le m ilie u d u nie siècle.

Fig. 141 Quévy: 1. Voie Bavay-Cologne; 2. Agglomération secondaire du HautEmpire à Givry; 3. Fortification routière du Bas-Empire à Givry; 4. Monument funéraire à Givry; 5. Site du Castelet de Rouveroy à Estinnes

362

Fig. 142 Givry, Champ de la Bruyère: statuette de Mercure en bronze

PROVI NCE DE H A I N A U T |

C h a m p d e la B r u y è re Au siècle d e rn ie r, q u e lq u e s sta tu e tte s e n b ro n z e à l'e f fi­ gie d e Ju p ite r, de M ars e t de M e rc u re o n t été d é c o u v e rte s a u x lie u x -d its Vieille Bruyère e t Champ de la Bruyère à l'e x ­ tré m ité m é rid io n a le d e la c o m m u n e de G ivry. C elle de M ercu re, tro u v é e d a n s u n e sablière, est re m a rq u a b le p a r ses q u a lité s e sth é tiq u e s e t s o n e x c e lle n t é ta t de c o n se rv a ­ tio n . D e la vaisselle e n b ro n z e fu t é g a le m e n t d é c o u v e rte e n 1948 a u m ê m e e n d ro it. A .-M . H.

B ibliographie: Bauffe M., Rapport de fouilles 1996, inédit, 1997; Brulet, Gaule septentrionale, 122-125; Brulet R., Nouvelles fouilles archéologiques à Givry, CM, 18-19, 19871989, 82-85 ; de Loë A., S tatuette de Mercure trouvée à Givry, ASAB, 13, 1899, 373-376; De Pauw L. & Hublard E., Légende de la carte préhistorique de Givry, ACAM, 36, 1907, 26-40; Doyen J.-M., Le trésor de Givry (H a in a u t): aureus, deniers et antoniniens de Septime Sévère à Valérien, Helinium , 24, 1984, 3, 247-263; Forts romains, 31-32.

6 8 1 Rumes, Taintignies L 'é ta b lis s e m e n t r u r a l d e

Clairmaie

L ocalisées au h a m e a u d e C la irm a ie , a u x c o n fin s m é r i­ d io n a u x de T a in tig n ie s, les s u b s tru c tio n s d 'u n p e tit é d i­ fice fu re n t m ise s a u jo u r e n 1956. Seules su b s is ta ie n t les fo n d a tio n s larges de 0 ,8 0 m à 1 m , e n ro g n o n s d e silex asse m b lé s à sec, a in si q u e çà e t là les p re m iè re s assises des m u rs e n é lé v a tio n . A tte ig n a n t u n e la rg e u r d e 0 ,7 0 m , ces d e rn ie rs é ta ie n t p a re m e n té s avec des m o e llo n s e n c alc aire taillé s e n p o in te ta n d is q u e le b lo c a g e é ta it c o n s ­ titu é de ro g n o n s d e silex. C ette c o n stru c tio n , d 'u n e v in g ta in e de m è tre s de long, to u rn é e vers le n o rd -o u e st p ré s e n ta it c in q pièces d o n t deux, de m o in d re s d im e n sio n s, faisaie n t saillie su r la fa­ çade. C elle-ci s'a g ré m e n ta it d 'u n p e tit a u v e n t de 2 m de large s u p p o rté p a r q u e lq u e s co lo n n e s. Les trois pièces p rin c ip a le s é ta ie n t desservies p a r u n c o u lo ir c o u d é sur le­ q u el v e n a it se greffer, à l'est, u n lo n g m u r p e rp e n d ic u la ire . P arm i la vaisselle tro u v é e su r le site fig u ra ie n t de la cé­ ra m iq u e à v e rn is rouge p o m p é ie n , de la terra nigra, de la te rre sigillée, de la c é ra m iq u e d 'H o w a rd rie s e t des p ro d u c ­ tio n s de tra d itio n la té n ie n n e . D eu x m o n n a ie s de N é ro n et de C lau d e fu re n t d é co u v ertes d a n s les tra n c h é e s de fo n d a ­ tio n ta n d is q u e d e u x au tres d 'H a d rie n et de F austine se tro u v a ie n t d a n s les d é p o to irs q u i a v o isin a ie n t la bâtisse. La c o n s tru c tio n de l'é d ific e re m o n te a u d é b u t d e la se­ c o n d e m o itié d u Ier siècle ta n d is q u e s o n o c c u p a tio n se p ro lo n g e ju s q u 'a u x e n v iro n s d u rè g n e d e C o m m o d e .

Fig. 143 Rumes et Brunehaut: 1. Habitat rural de à Taintignies; 2. Atelier de potiers de la Déroderie et de R û F a lu c h e à Taintignies; 3. Tumulus arasé à Taintignies; 4. Fours de potiers et de tuiliers du Bois de Flines ou du P l a n ti à Howardries C le r m a ie

L 'o ffic in e d e p o tie r s d e la D é r o d e r ie Les tra c e s d 'u n e im p o rta n te o ffic in e d e c é ra m iq u e re ­ tro u v é e à T a in tig n ie s, à la D é ro d e rie e t a u Rû Faluche, s 'in té g re n t de fa it à u n c o m p le x e a rtis a n a l très é te n d u q u i s'e s t d é v e lo p p é su r la rive g a u c h e de l'E ln o n e t d o n t les vestiges p rin c ip a u x o n t é té re n c o n tré s su r le te rrito ire des c o m m u n e s v o isin e s, n o ta m m e n t à H o w ard ries. La m a jo rité des céra m iq u e s o n t été cuites e n a tm o ­ sp h è re ré d u c tric e d a n s le c o u ra n t d u Ier siècle de n o tre ère. O n d is tin g u e a u m o in s tro is p ro d u c tio n s. La p re m iè re

Fig. 144 Taintignies,

C l a ir m a ie :

plan de l'habitat rural

363

c o n c e rn e u n e v a rié té d e c é ra m iq u e g allo-belge c o m ­ p r e n a n t des assiettes e n te rre n o ire e t des h a u ts g o b e le ts o v oïdes e n te rre ro u g e avec d é c o rs in cisés. U n se c o n d g ro u p e o ffre des p ro d u its lissés e t e n fu m é s , de te rre g ri­ sâtre. Le d e rn ie r e n s e m b le relèv e de la c u is in e : ce s o n t des ré c ip ie n ts p lu s g ro ssiers à g ros d é g ra issa n ts. Le site se m b le avoir é g a le m e n t liv ré q u e lq u e s p ro d u c ­ tio n s tels q u e d es assiettes à p a ro i m o u lu ré e e t des p o ts e n terra rubra. U n p e tit d ie u la re e n b ro n z e fu t d é c o u v e rt e n 1959, au h a m e a u d e la D é ro d e rie . C ette s ta tu e tte d e q u a lité é ta it a c c o m p a g n é e d 'a u tre s o b je ts e n b ro n z e . T u m u lu s a ra sé Le tu m u lu s arasé d e T a in tig n ie s, lo calisé a u su d -e st d e la c o m m u n e e n b o rd u re d 'u n e v o ie a n tiq u e , fu t fo u illé e n 1956 p a r M . A m a n d . D u te rtre p illé n e su b s ista it p lu s q u 'u n cav eau e n p ie rre s calcaires c o n s titu é de q u a tre g ra n d e s d alles v e rtic a le s p o sé e s su r u n d allag e e t s u r­ m o n té d 'u n c o u v ercle. C ette c h a m b re fu n é ra ire a tte i­ g n a it intra muros u n e lo n g u e u r d e 1,30 m , u n e la rg e u r de 1,10 m p o u r u n e p ro f o n d e u r d e 0 ,9 0 m . Q u e lq u e s traces de c h a rb o n d e b o is y fu r e n t o b servées. A.-M. H. B ibliographie: Amand M., Fouille d'un e h a b ita tio n d'époque rom aine à Taintignies (H ainaut), Latomus, 17, 1958, 723-730; Amand M., Nouveaux aspects de la rom anisation en Pévèle belge, Latomus, 58, 1962, 11 7 et 120; Deru, Céramique belge, 309; D udant A. 8t Trobec A., Céramiques gallo-rom aines du Rû Faluche à Taintignies (Prov. de Flainaut), VA, 7, 1982, 20-38; Faider-Feytmans, Bronzes, n° 70.

6 9 1 Saint-Ghislain, Sirault F our d e p o tie r

Le Happart

Au lie u -d it Le Happart à l'o u e s t de S irault, les tra v a u x de p la c e m e n t d 'u n e c o n d u ite de gaz o n t e n tr a în é la d é c o u ­ v e rte d ’u n fo u r de p o tie r à d o u b le flu x d e c h a le u r. P a rtie lle m e n t e n fo u i d a n s le sol, ce fo u r c irc u la ire à ti­ rage v e rtic a l a tte in t u n d ia m è tre in te r n e d e 2 ,2 0 m . Si la p a rtie in fé rie u re d u fo u r est co n se rv é e , il n e su b siste p lu s q u e la b ase de la su p e rs tru c tu re d u la b o ra to ire c o n s ti­ tu é e de tu ile s. Le fo u r o u v e rt au n o rd -e st é ta it p ré c é d é d 'u n a la n d ie r d e 1,05 m d e lo n g , su r 0 ,6 5 m de large, c o u v e rt d 'u n e v o û te a u n iv e a u d u g u e u la rd . À l'e n tr é e d u four, l'a la n d ie r d é b o u c h e d a n s d e u x ca­ n a u x d e c h a u ffe lo n g itu d in a u x , sép arés p a r u n m u r e t de tu ile s. C h a c u n d 'e u x d e ss e rt d e u x p e tits c a n a u x tr a n s ­ v ersau x . T ous s o n t v o û té s s a u f le c a n a l lo n g itu d in a l de d ro ite q u i est c o u v e rt d e tu ile s p o sé e s à p la t. Les p a ro is d e la c h a m b re de c h a u ffe s o n t faites d e frag ­ m e n ts de tu ile s liés à l'a rg ile . La so le d u fo u r e st faite de to rc h is. D 'u n e é p a is se u r d e 6 à 12 cm , elle est p e rc é e de d ix -se p t c a rn e a u x e t re p o se su r des m assifs d e tu ile s liées à l'a rg ile . La d e rn iè re c u isso n , c o n s titu é e p r in c ip a le m e n t de dolia é ta it to u jo u rs d a n s le fo u r; c e rta in s é ta ie n t à p e in e cu its, d 'a u tr e s p ré s e n ta ie n t u n d é b u t d e v itrific a tio n . U n e fosse d e tra v a il a é té tro u v é e à p ro x im ité d u four, de m ê m e q u e d e u x tro u s de p o te a u x . C eux-ci p o u rr a ie n t a v o ir servi p o u r la c o u v e rtu re d u four.

364

Fig. 145 Sirault, Le Fiappart: plan du four de potier Les c é ra m iq u e s e x h u m é e s à p ro x im ité s o n t d atée s de 50 à 150 après J.-C. En 2 0 00, des p ro s p e c tio n s e ffectu ées à l'o u e s t d u te r ri­ to ire de S ira u lt o n t rév élé u n e fo rte c o n c e n tra tio n de fra g m e n ts de dolia. V u la c u is so n in te n s e q u 'ils o n t su b ie, il p o u rr a it s 'a g ir d e re b u ts de c u is so n tra h is s a n t l'e x iste n c e d 'u n fo u r de p o tie r d a n s les e n v iro n s. C a v e a u x e t p ili e r fu n é r a ir e s Les vestiges d e d e u x c a v eau x fu n é ra ire s o n t été m is au jo u r e n 1882 au n o rd - o u e s t d e S irau lt, a u lie u -d it Romecamp-Trieux Bouleux. Le p re m ie r c o n s titu é d e q u a ­ tre d alles carrées e n p ie rre , d e 0 ,5 5 m de cô té, e t re c o u ­ v e rt d 'u n e c in q u iè m e a b rita it e n c o re q u a tre c é ra m iq u e s e t les c e n d re s d u d é fu n t. Le se c o n d , d e m ê m e s d im e n ­ sio n s, fait de d alles de grès d e S ta m b ru g e s a liv ré u n e u r n e c in é ra ire re c o u v e rte d 'u n m iro ir e n b ro n z e é ta m é e t d 'u n e c é ra m iq u e c o m m u n e . Le site a é g a le m e n t livré c in q g ra n d s blocs e n grès de S tam b ru g es a p p a rte n a n t à u n p ilie r fu n é ra ire d o n t la base é ta it circulaire. Les au tre s blocs, p ré c é d e m m e n t e x h u m é s a v a ie n t é té réu tilisés p o u r la c o n s tru c tio n d 'u n e m a iso n . T rois a n té fix e s o n t é té d é c o u v e rte s a u su d -e st des ca­ v e a u x fu n é ra ire s . La p re m iè re , u n e p la q u e c in tré e , é ta it d é c o ré e d 'u n e tê te c h e v e lu e e t b a rb u e s u r m o n té e d 'u n e p a lm e tte . La s e c o n d e d e fo rm e tria n g u la ire e st o rn é e de d e u x m o n s tre s , d 'u n visage h u m a i n e t d 'u n e ro se tte . La tro isiè m e très fra g m e n ta ire é ta it é g a le m e n t tria n g u la ire . O n y d is tin g u a it e n c o re la ja m b e d 'u n p e rs o n n a g e ain si q u 'u n e p a rtie d 'in s c r ip tio n [SA] [PO]. A.-M. H.

P ROVI NCE DE HAI NAUT |

B ibliographie: Amand M., Piliers à baldaquin chez les Nerviens du H aina ut occidental, VA, 29, 1988, 1 7-36; Breuer J., Antéfixes romaines trouvées à Sirault (H ainaut), AC, 8, 1, 1939, 21-40; Dufrasnes J., S aint-C hislain/S irault: un nouveau fou r de p o tie r gallo-rom ain?, CAW, 10, 2002, 4 9 ; Haubourdin E., ACAM, 28, 1897-1898, 73-80; Haubourdin L., ACAAth, 25, 1939, 112; W ibaut T. & Mathieu S., S aint-C hislain/S irault: dé­ couverte d 'u n four de p o tie r gallo-rom ain, CAW, 7, 1999, 37-38.

7 0 1 Seneffe, Arquennes La

villa d e Maleville

Des fouilles conduites en 1871 et 1872, au lieu-dit Maleville à Arquennes ont débouché sur la mise au jour

d'un corps de logis situé dans le vallon de la Samme. Tourné vers le sud-est, il offre un plan peu habituel dans son état final. L'établissement, d'une cinquantaine de mètres de long, comprend deux bâtiments distincts reliés par un couloir. À l'origine, un logis isolé, à galerie de façade et pavillons d’angle, s'organisait autour d'un espace cen­ tral. Plus tard, cette construction fut remaniée, agrandie et notamment dotée d'un couloir permettant un accès couvert au second édifice qui abritait les bains. Posés sur des fondations en pierres bleues cimentées ou posées à sec, les murs aux parements régulier à l'inté­ rieur, irrégulier à l'extérieur, présentaient un blocage de moellons noyés dans du mortier. Dans sa phase primitive, le corps de logis s'agrémen­ tait sans doute d'une galerie de façade tournée vers le sud-ouest et encadrée par deux pièces d'angle en saillie sur les façades latérales. À l'arrière, une vaste salle cen­ trale était entourée, à droite et à gauche, par deux pièces. Les aménagements ultérieurs supposés voient le ren­ forcement des murs de la galerie, la destruction du pa­ villon d'angle oriental au profit d'un couloir reliant les bains au corps de logis et le creusement de deux caves. La première d'entre elles (Cvl) est située sous le por­ tique, la seconde (Cv2) au sud-ouest du bâtiment. Les murs de ces deux celliers sont en petit appareil allongé en moellons de pierres bleues ou de granit liés au mor­ tier. La seconde cave présentait un mur en moellons de

pierres bleues divisé horizontalement par deux lits de tegulae, l'un simple, l'autre double. Cette même cave était percée de quatre niches cintrées et d'un soupirail. En dépit des traces de deux hypocaustes - pilettes, béton rose et tubuli - et de leur praefurnium trouvées dans le se­ cond édifice, seule la pièce froide, le frigidarium a pu être identifiée. Celui-ci comportait une baignoire dotée d'un petit escalier d'accès. Le revêtement de sol de la baignoire était constitué de carreaux de terre cuite posés sur un épais béton rose tandis que ses parois étaient formées d'une alternance de couches de mortier et de dalles de terre cuite. Un quart-de-rond avait été disposé à la base des murs de la baignoire. La vidange de celle-ci s'effectuait par une canalisation en plomb située dans l'angle nord. Quelques fragments d'enduits peints ont été trouvés notamment dans l'une des pièces chauffées par hypocauste; ils étaient décorés, dans ce cas, de feuilles. Aucune datation bien précise ne peut être avancée pour la construction du corps de logis ou pour ses rema­ niements. Tout au plus, une monnaie d'Antonin-lePieux trouvée dans une couche de destruction, ellemême recouverte d'un béton de sol, fournit-elle un terminus post quem pour le remaniement de cette pièce. De même, une monnaie de Constantin I, une autre de Constance, et de la céramique d'Argonne témoignent d'une occupation sporadique du site au cours de la pre­ mière moitié du ivL'siècle. T réso r m o n é ta ir e

En 1985, un trésor monétaire de quelque neuf cent sept aurei a été mis au jour au Bois de Bernissart à l'est de Seneffe. Les monnaies les plus anciennes qui remontent au règne de Néron sont postérieures à la réforme moné­ taire de 64 après J.-C. tandis que les plus récentes qui da­ tent du règne de Septime-Sévère sont antérieures à 207. Toutes ont été frappées à Rome à l'exception de vingttrois qui proviennent de Lyon et de Tarragone. Les empereurs les plus représentés sont Néron (117), Vespasien (144), Trajan (103), Hadrien (119) et Antoninle-Pieux (212). Certaines pièces sont très rares comme celles de la série de restitutions de Trajan, les pièces de Manlia Scantilla et de Didia Clara (règne de Didius Julianus).

Fig. 146 Arquennes, Maleville'. plan du corps de logis. 1. Phase primitive; 2. Seconde période

365

Le trésor a été dispersé dans le commerce dans le cou­ rant de l'année 1987. A.-M. H. B ibliographie: Cloquet N., Rapport sur la villa belgo-rom aine à Arquennes, prov. du H ainaut, DRSPAC, 6, 1873, 69129; Cloquet N., Rapport sur la villa belgo-rom aine à A r­ quennes, prov. du Hainaut. Seconde fouille, DRSPAC, 7, 1875, 55-77; Delplace, Peintures, 14-15; Van Heesch J. & HackensT., Seneffe/Arquennes: trésor m onétaire ro m ain d'A urei (Néron Septime-Sévère), CAW, 2, 1994, 53-54.

7 1 1 Soignies, Soignies L a v illa d e

la Coulbrie

Au sud de Soignies, la résidence de la Coulbrie est im­ plantée sur la rive septentrionale du Saussois. Distante de l’établissement thermal de l'Espesse de plus ou moins 800 m, elle présente un plan traditionnel à gale­ rie de façade et pièces d'angle saillantes, tourné vers le sud-est. Les trois autres salles de la bâtisse bordent deux des côtés de l'espace central tandis qu'une cave est amé­ nagée sous la pièce d'angle occidentale. Ce bâtiment de 10 m sur 22 m s'appuie sur des murs de fondation larges de 0,60 m en calcaire crinoïdique et en dolomies cristallines. Deux phases de construction ont été constatées notamment au nord-ouest où les fon­ dations ont été élargies et renforcées au moyen de moel­ lons de grande taille. Les pièces d'angle sont également datées de ce second état d'aménagement. À la fin du troisième quart du ne siècle, un violent in­ cendie détruit la villa dont le premier état datait du mi­ lieu du Ier siècle. Un empierrement de la fin du IIe siècle, situé à 40 m au sud du bâtiment, traduit une présence humaine postérieure à la destruction. Le b a ln é a ir e d e l'E spesse

Localisé au sud-est de Soignies, le balneum de L'Espesse orienté nord-ouest sud-est, occupe un terrain en légère pente vers le nord et le ruisseau du Saussois. Fouillé à partir de 1984, ce petit bâtiment rectangulaire isolé, doté de trois exèdres atteint une longueur de plus ou moins 10 m et une largeur d'environ 6 m. Seules les trois premières assises des murs sont conser­ vées. La première ou hérisson de fondation consiste en blocs de grès famennien posés de chant. La deuxième présente un noyau interne de pierrailles coulé entre deux parements de blocs de grès également mis sur chant. Le troisième niveau est constitué de moellons

Fig. 148 Soignies, L'Espesse: plan du balneum

équarris posés à plat et soigneusement parementés. Dans les angles, la base des murs est consolidée au moyen de gros blocs de pierre. Les thermes de Soignies comprenaient un caldarium et un frigidarium. Tous deux étaient équipés d’une exèdre latérale qui pourrait avoir abrité une baignoire ou dans le cas du caldarium, un labrum. Le caldarium était en outre doté d'une baignoire axiale vidangée par un cani­ veau situé à l'est. L'hypocauste est fortement détérioré, et le sol de la chambre de chaleur partiellement conservé ne présente aucune trace de pilette. Cependant, la présence de bessales, de tubuli, de dalles de suspensura, de même qu'une différence de niveau de sol entre le frigidarium et la chambre de chauffe confirment la présence d’un hypocauste. Deux traces de poteaux quadrangulaires situées à l’ouest, dans le prolongement de la baignoire axiale, sont peut-être les vestiges d'un auvent abritant le praefurnium. Il ne semble pas y avoir eu de tepidarium à moins que ce dernier n'ait été aménagé dans le caldarium et séparé de celui-ci par un mur de tubuli. Le bâtiment a été construit d'une seule traite et n'a ap­ paremment pas subi de transformation ultérieure. Il pourrait s'agir de bains domestiques dépendant d'une villa située au nord. Le matériel assez pauvre n'est pas antérieur au début du iie siècle, ni postérieur à la fin du me siècle. A.-M. H. B ibliographie: Bavay G., Scholl G., & Van den Abeele J.-P., Soignies (H ainaut). Villas de la Coulbrie et du Saussois, AFAHB,

47, II, Nivelles, 1984, 147-153; Deramaix I. & Sartieaux P.-P., Soignies: «Espesse», fouilles de prévention au balneum , CAW, 3, 1995, 50-51; Deru X., Soignies, «L'Espesse» : ra pport de fouilles, VA, 37, 1990-1991, 5-10; Van den Abeele J.-P., Fouilles de la villa de «La Coulbrie» à Soignies, en 1991, VA, 37, 19901991, 53-54.

7 2 1 Tournai, Froyennes La

Fig. 147 Soignies, La Coulbrie: plan de la résidence

366

villa

Localisée au nord-ouest de Tournai, au croisement de l'autoroute de Wallonie et de la chaussée de Courtrai, la villa de Froyennes fut partiellement dégagée en 1966 par la Société tournaisienne de Géologie, de Préhistoire et Archéologie.

P ROVI NCE DE HAI NAUT |

7 3 1 Tournai, Ramegnies-Chin D é b a rc a d è re a u

Fig. 149 Froyennes: plan de la résidence

Il s'agit d'un corps de logis qui présente un plan lacu­ naire de 22 m de long sur 17 m de large. Les différentes pièces de l'habitat dont il ne subsistait plus que des murs en négatif s'agencent autour d'un vaste espace central. Une galerie de façade entourée de deux pavillons d'angle ferme le bâtiment au nord-est. Située sous la pièce d'an­ gle nord-ouest, la cave aux murs soigneusement parementés est dotée d’un soupirail. Des fragments d'en­ duits peints aux motifs linéaires donnent un aperçu de la décoration de certaines salles. Deux pièces rectangulaires situées dans la partie sudest de l'habitat étaient chauffées par hypocauste comme en témoignent les quelques pilettes posées sur le sol en béton. Il était coulé sur un radier de moellons posés de chant. Plusieurs phases de remaniement ont pu être relevées; il semble notamment que la bâtisse se soit au fil du temps étendue vers l'est. L’un de ces aménagements da­ terait du Ier siècle. La céramique était notamment représentée par des productions de tradition laténienne, de la céramique belge et de la céramique dorée à décor zoomorphe. Quelques objets usuels en métal furent également mis au jour, de même que deux pièces de monnaies, un ses­ terce de Marc-Aurèle et un denier de Septime-Sévère, trouvées près des hypocaustes. Quatre autres structures furent dégagées à quelques di­ zaines de mètres au sud-est du corps de logis : un petit bâtiment carré de 2 m de côté soigneusement dallé considéré comme un silo, un édifice de 8 m de côté qui pourrait être une grange, une citerne et un puits à dou­ ble cuvelage de bois et de moellons en pierre de Tournai. A .-M .

Trou Bolus

Un empierrement d’époque romaine a été mis au jour au lieu-dit Pont-à-Chin, dans un ancien méandre de l'Escaut. Orienté sud-est nord-ouest, cette portion de méandre ap­ pelée Coupure Bolus et localisée à Ramegnies-Chin, à 4 km au nord de Tournai, se présente sous la forme d'un fossé long de 200 m et large de 30 m, bordé à Test par une digue artificielle et à l'ouest par l'ancienne berge. En 1978, un effondrement de terrain, emportant le fond de l'ancien lit de l'Escaut et une partie de la rive oc­ cidentale, a créé un vaste puits naturel, le Trou Bolus, dans la paroi méridionale duquel est apparu l'empierre­ ment, au sommet d'une couche d'alluvions fluviatiles. Il est disposé perpendiculairement à l'ancien cours du fleuve. Suite à cette découverte, la coupe opérée dans la berge occidentale par une équipe du service SOS Fouilles a mis en évidence l'existence de deux niveaux archéologiques distincts. La couche inférieure est constituée de sable au­ quel s'ajoute une série d'éléments charriés par les eaux du fleuve : coquillages, tuf calcaire, pierres, ossements, éclats de silex et tessons de céramique de l'Âge du Fer. Le niveau supérieur révèle un empierrement.

H.

» C a rto g ra p h ie : voir fig. 152, 12. B ibliographie: Coulon G., «Froyennes: substructions rom ai­ nes», Arch., 1977, 15-16; Pennant, Topographie, 32 et 38, pl. 5.

Fig. 150 Tournai, Ramegnies-Chin: 1. T ro u B o lu s et pirogue; 2. Ancien méandre de l'Escaut; 3. Cours de l'Escaut avant la canalisation; 4. Cours actuel de l'Escaut

367

D'une longueur de 8 m au moins, il est constitué de pierres de tailles diverses et de petits moellons et se pro­ longe vers le milieu du lit du fleuve par une couche de sable mêlé d'argile et de quelques grosses pierres. Ces dernières étaient probablement destinées à stabiliser les abords de la rive. Cette fouille a livré relativement peu de matériel ar­ chéologique. Signalons quelques tessons d'époque flavienne trouvés immédiatement sous l'empierrement ainsi que des planches, des chevilles en bois, des mor­ ceaux de cuir, des objets métalliques et des tuiles recueil­ lis dans la couche de sable. La céramique était principa­ lement représentée par des céramiques communes sombres bien cuites, à fin dégraissant. Les fouilleurs situent la construction de cet empierre­ ment dans le dernier tiers du Ier siècle et constatent une fréquentation importante du site au cours de la première moitié du 11 e siècle. Il pourrait s'agir d'un gué mais la profondeur du cours d'eau, estimée à cet endroit à 1,25 m, semble trop im­ portante pour un tel aménagement. La présence de clous, d'une gaffe, d'une hache, d'une clavette, de planches, laisse penser qu'il pourrait s'agir d'un débar­ cadère où venaient s’amarrer les barques. Cependant l'absence de pieux, de trous de pieux ou de tout autre aménagement en bois ne permet pas de l'affirmer. P iro g u e

En 1986, les ultimes recherches effectuées avant le com­ blement définitif du Trou Bolus ont permis la mise au jour d'une pirogue monoxyle gallo-romaine, dans la paroi occidentale du puits naturel. Cette embarcation dont le fond plat se relève aux deux extrémités, mesurait approximativement 5,03 m de long, 0,27 m de haut pour une largeur maximale de 0,40 m. Cet esquif taillé dans un tronc de chêne présentait une proue en forme de pyramide tronquée et une poupe plate. L'épaisseur de la coque variait suivant les endroits de 3 cm pour le fond, à 2 cm pour les flancs et 8 cm pour la poupe et la proue. Deux membrures réservées dans le tronc d'arbre renforçaient la pirogue à la jonction du fond plat et des extrémités relevées. Cependant, l'embar­ cation demeurait fragile et une longue fissure apparue dans le fond a dû être réparée au moyen d'une grande pièce de fer maintenue par des clous. Cette pirogue, peu adaptée à de lourds chargements, a vraisemblablement été utilisée pour la pêche. Deux fragments de pagaie en chêne ainsi que trois fer­ rures de gaffe ont été trouvés à proximité, dans des alluvions contenant du matériel romain. A.-M. H.

Fig. 151 Ramegnies-Chin, Trou Bolus: la pirogue

368

B ibliographie: De Boe G. & Bernard J.-P., Une pirogue gallorom aine à Ramegnies-Chin, (AB, NS, II, 1), 1986, 69-73; de Heinzelin J. fs Osterrieth M., Deux niveaux archéologiques dans un ancien lit de l'Escaut, à Chin (Belgique), RAP, 4, 1983, 2-14; Osterrieth M., Coupe au travers de l'ancien lit de l'Escaut à Ramegnies-Chin, 4505, 1, 1980, 57-66.

7 4 1 Tournai, Tournai A g g lo m é r a tio n e t c a p ita le d e c ité

L'agglomération gallo-romaine de Tournai naît au tour­ nant de l'ère chrétienne et ne semble pas faire suite à une fondation gauloise de grande ampleur. Tournai constitue l'exemple caractéristique d'une bourgade qui connaît une montée en puissance progressive de son rôle et de son développement tout au long de l'Anti­ quité, avec un essor abouti aux périodes tardives. C'est le site d'un carrefour fluvio-routier particulière­ ment judicieux qui polarisera les initiatives. L'Escaut, la faculté d'y installer une zone portuaire et l'extraction de la célèbre pierre bleue, en amont, ont constitué des res­ sorts économiques de premier plan. Tournai se situe en aval d'un bassin carrier long de plusieurs kilomètres, du moins aux époques récentes. Sa position par rapport aux gisements susceptibles d'avoir été exploités à la période antique en fait le point de convergence tout désigné du trafic lié à l'exercice de cette activité. Se croisent aussi sur le site deux routes romaines conduisant de Bavay vers le nord du territoire des Ménapiens et une autre voie en provenance d'Arras. En re­ vanche, on ne peut être sûr de considérer Tournai comme un site aisé pour le franchissement de l'Escaut, notamment à gué ; un pont ou un service de bacs se sont rapidement avérés obligatoires. L'Escaut y a une rive nervienne et une autre ménapienne, au plan strict de la géopolitique. C'est sur la rive ménapienne que la bourgade a pris ses marques. Il n'em­ pêche que la rive droite a tout de même été concernée par les projets des aménageurs; un habitat et des instal­ lations spécifiques y ont été construits, notamment une zone d'entrepôts. Durant le Haut-Empire, l'aggloméra­ tion offrira une superficie totale occupée de 40 ha, ré­ partie sur les deux rives de l'Escaut, à raison de 25% seu­ lement pour la rive droite. Les grandes étapes du développement du site sont bien reconnues. L'agglomération connaît un premier état assez modeste, avant de se muer en petite ville urba­ nisée. Sous l'Antiquité tardive, le site change radicale­ ment d'aspect. C'est aussi le moment pour Tournai de

P R O VI NC E DE HAI NAUT |

Fig. 152 Tournai et sa région à l'époque romaine. 1. Voie de Bavay à Tournai; 2. Voie de Tournai à Cassel; 3. Voie de Tournai à Arras par Bouvines; 4. Voie vers Estaires (c o m p e n d iu m ); 5. Voie pénétrant le territoire nervien; 6. Voie du sud du Tournaisis; 7. L'agglomération de Tournai; 8. Habitat groupé de Bléharies-Hollain à Brunehaut; 9. Débarcadère de Ramegnies-Chin à Tournai; 10. V illa de Bruyelle à Antoing; 11. V illa de Velaines-Popuelles à Celles; 12. V illa de Froyennes à Tournai; 1 3. V illa de Willemeau à Tournai; 14. Complexe artisanal de Howardries à Brunehaut; 15. Complexe artisanal de Taintignies à Rumes; 16. Bâtiment rural de C la ir m a ie à Taintignies, Rumes; 17. Tumulus arasé à Taintignies, Rumes; 18. Tumulus du T ro u d e B ille m o n t à Antoing; 19. Enclos funéraire de G u é r o n d e à Antoing

s'affirmer, à la faveur de sa promotion au rang de capi­ tale de cité puis d'épicentre chrétien et mérovingien. Les recherches systématiques qui furent organisées à Tournai, dans le cadre de la reconstruction de la ville à la suite de la seconde guerre mondiale, ont jeté quelques éclaircissements sur le centre urbain. Depuis lors, les fouilles de programme et de prévention se sont multi­ pliées à l'initiative des établissements scientifiques, le Service national des Fouilles (M. Amand; J. Mertens) puis le Ministère de la Région wallonne, l'UCL et la Société Tournaisienne de Géologie, Préhistoire et Archéologie (STGPA). Géomorphologie La présence d'un fleuve suscite l’établissement d'une oc­ cupation humaine pour autant que le site choisi rem­

plisse certaines conditions d'opportunité. La première communauté des Tournaisiens sera confrontée à un en­ vironnement dynamique du point de vue de la géomor­ phologie et de l'hydrographie. La vallée de l'Escaut est asymétrique à Tournai, avec une rive gauche plus escarpée à l'altitude de 50 m et une rive droite culminant à 25 m. Le noyau d'habitat sera donc implanté, pour l'essentiel, sur une légère émi­ nence, en pente douce vers le cours du fleuve, rive gauche. Un phénomène géologique particulier fait la ré­ putation de Tournai : le site est traversé par la faille de Gaurain-Ramecroix, transversalement à l'Escaut. Ceci permet de savoir qu'au niveau de l'effondrement corres­ pondant, les calcaires sont de nature et de profondeurs différentes. Il s'en suit des conséquences énormes en re­ lation avec le cours de l'Escaut. Au-delà d'un encaisse369

Fig. 154 Tournai: canalisation à la rue de la Tête d'Or Fig. 153 Tournai: plan de la petite ville urbanisée, au IIe siècle

ment relatif, en amont de Tournai, il s’élargit brutale­ ment en plaine alluviale, à hauteur du nord-ouest de la ville. Celle-ci, avant la canalisation de l'Escaut au xviie siècle, se trouve donc plus largement baignée par l'eau, à l'endroit où sera créé le quartier portuaire de Saint-Pierre. Tournai romain a donc été implanté au débouché d'un couloir fluvial étroit, juste là où le fleuve s'ouvre sur un vaste plan d'eau, donnant corps à un paysage agréable et des potentialités aux diverses activités flu­ viales. Par ailleurs, on a vu que le niveau d'occupation du site urbain n ’a cessé d'être rehaussé. C'est une préoccupa­ tion constante qui marque l'Antiquité et le Moyen-Âge mais qui est aussi liée à la physionomie du fleuve. Le ni­ veau primitif et hypothétique des rives se situait à l'alti­ tude d'environ 11 m, pour un lit placé à la cote de 9 m à 10 m. Le rehaussement progressif des quais est une résul­ tante de l'augmentation de la circulation fluviale. Rive gauche, il existe des différences d'altitude qui ont eu des conséquences sur l’implantation de l'habitat. Le repérage des enrochements des lieux de débarcadères et ceux qui ont été vus sous la cathédrale, indiquent un dé­ nivelé de 6 m à 7 m. Est-on intervenu pour radicaliser la pente générale afin de construire la ville en terrasse ? Rive gauche, une partie de la zone est inondable, notam­ ment au Luchet d'Antoing. Tournai dans les documents Le nom antique de Turnacum nous est connu par les iti­ néraires anciens. La Table de Peutinger représente l'axe routier de Cassel à Bavay en passant par Tornaco sur son trajet entre Wervik et Escaupont. L'Itinéraire d'Antonin met davantage en relief son rôle de nœud routier puisqu'il ne le cite pas moins de trois fois. Tournai y fi­ gure comme une étape entre Boulogne et Bavay. On cite aussi un itinéraire de Thérouanne à Tournai, par Arras. La ville est reliée à Cassel par Minariacum. 370

Quelques textes donnent la mesure de l'importance de la ville pour le Bas-Empire. La Notitia Galliarum re­ cense bien entendu Tournai, en Belgique Seconde. Dans la Notitia Dignitatum, il est question d'un gynécée et d'un Numerus Turnacensium. Pour ce qui est du temps de misère, saint Jérôme nous présente la ville comme «dé­ portée» en Germanie. Un gobelet en sigillée barbotiné produit à Rheinzabern porte une belle inscription après cuisson «Genio Tvrnacesiv», mais l'authenticité du graffite a été mise en cause. Il est en effet surprenant que le Génie d'une ville sans grand statut au Haut-Empire soit honoré. L'implantation romaine L'Escaut qui baigne le site, marque aussi la délimitation théorique entre le territoire des Nerviens et des Ménapiens, peuples dynamiques avant la conquête de César. Le fleuve a donc été, comme de coutume, un espace de contact privilégié. Il faudra attendre le IVesiècle pour que la ville s'affirme davantage ménapienne que nervienne, avec son rôle administratif accru. Aucune structure d'habitat ne caractérise Tournai pour les temps de l'indépendance. Les trouvailles mobi­ lières en rapport avec cette période sont dispersées et ex­ trêmement ténues. La situation n'est guère plus enviable pour l'époque augustéenne, durant laquelle les témoi­ gnages sont tellement exceptionnels, par contraste par exemple avec ce qui se passe à Arras ou à Bavay, qu'on ne peut admettre qu'il s'y fut développé un noyau d'habi­ tat de grande ampleur. Avec ses deux monnaies en argent et ses douze mon­ naies en cuivre ou potin connues, Tournai apparaît comme marginale de ce point de vue. Les découvertes sont particulièrement rares en matière de monnayage augustéen et de terre sigillée arétine. Les témoins relatifs à la céramique modelée précoce sont plus abondants mais il faut tenir compte du fait que cette tradition tech­ nique a eu une vie particulièrement longue chez les

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Ménapiens. Ces trouvailles se répartissent plus spécifi­ quement le long des deux axes routiers traversant le site, soit sous Saint-Piat, rue de la Tête d'Or, rue des Clarisses, rue de Courtrai, rue des Orfèvres, dans les jardins de l'évêché et rue de Pont, sur la rive droite. À cet égard, c'est le site de La Loucherie qui paraît avoir servi d'épicentre à l'occupation précoce. En dehors de traces de huttes en bois et torchis, de découvertes mobi­ lières, notamment de monnaies attribuées aux Nerviens, aux Atrébates et aux Trévires et de céramique précoce, la structure la plus significative retrouvée, pour les débuts de l'occupation du site, est constituée par un fossé de type militaire. Il a longtemps été question d'un double fossé mais le recalage sur le parcellaire de deux fouilles différentes montre que les deux coupes effectuées par la suite appartiennent au même fossé. Il a été suivi sur une longueur de 55 m, avant qu'il ne fasse un coude vers le sud. Son profil dessine un V. Sa largeur est peu régulière puisqu'elle oscille entre 2,20 m et 5 m. L'orientation de l’ouvrage n'est pas conforme à la structuration posté­ rieure des rues. Le remblai contient les indices chrono­ logiques les plus anciens du site et le creusement de ce fossé est stratigraphiquement antérieur à toutes les traces de construction locale. On ne peut plus maintenir l'idée d'y voir un camp de la conquête de la Bretagne sous Claude, puisque le mobilier du remblai de ce fossé est bien antérieur à cette période. L'infrastructure corres­ pondante doit être augustéenne et militaire ou corres­ pond à une initiative de défense indigène encore plus ancienne. En tout état de cause, l'intérêt stratégique du lieu est évident puisqu'il domine l'Escaut à quelque 320 m en retrait de sa rive ménapienne. Le premier état de l'agglomération À partir du règne de Claude, la bourgade de Tournai prend un essor certain comme le prouve la masse de do­ cuments mobiliers qui ont été découverts lors de fouilles très ponctuelles organisées dans la cité. Celles-ci néan­ moins ne permettent pas d'offrir une image très précise de l'organisation structurelle de l'habitat. Tout ce que Ton peut établir est l'anarchie d'orientation des bâti­ ments en bois mis au jour, qui ne s’organisent pas selon une axialité évidente. À La Loucherie, les découvertes relatives à l'époque ro­ maine ancienne sont assez ponctuelles et situées dans une fourchette chronologique comprise entre la période claudienne et le début du iT siècle. Leur examen permet de les attribuer à deux périodes distinctes: Tune est an­ térieure à la généralisation du bâti en dur du iT siècle, la deuxième est associée aux maçonneries de la seconde moitié du Cr siècle, voire du ic siècle. Elles sont matéria­ lisées par de l'habitat en bois, par des fosses et par de la céramique variée. Les sites répertoriés, rue des Clarisses, rue de la Tête d'Or, rue de Courtrai, rue des Orfèvres, se situent principalement le long d'un axe qui va de la rue des Clarisses à la rue du Curé Notre-Dame, au centre de l'agglomération. Le sous-sol de l'église Saint-Piat révèle des traces de planchers du Tr siècle. Une première phase d'occupation fut identifiée à la rue de Pont et datée du Ier siècle. Les structures légères et éparses consistaient en un assemblage de poutres en chêne, un plancher carbonisé fondé sur une couche de marne tassée, ainsi que de pieux de section variable. Au

Luchet d'Antoing, les bâtisses en bois pour lesquelles la

montée progressive des eaux a rythmé les phases de re­ construction furent assimilées à un habitat groupé du milieu du T1siècle, en bordure des berges. La petite ville urbanisée La seconde période d'essor de Tournai se situe dans le courant du iT siècle. Dotée d'un urbanisme de base et de monuments, elle prend définitivement l'allure d'une petite ville sans en avoir le statut officiel. L'urbanisme dont a été dotée la cité est encore peu connu, notamment parce que le tracé des rues péné­ trantes a rarement été approché. Tout au plus est-on sûr que deux rues principales desservent la ville, qui prolon­ gent dans le bourg, les voies venant de Bavay et d'Arras, qui devaient se croiser à la perpendiculaire, à hauteur de la rue de la Tête d'Or. La voie d'Arras pénètre dans la cité à hauteur de la Porte des Primes, ouverte plus tard dans l'enceinte communale. Le tracé de la rue que nous ap­ pellerons décumane, n'est pas connu, mais des traces d'empierrements ne manquent pas à hauteur de La Loucherie. Elle longe le fleuve à 240 m de celui-ci. La ligne exacte du cardo demeure imprécise mais sur la rive droite, la voie a été formellement reconnue sous la rue de Pont, dans sa section prolongeant immédiatement le point de passage du fleuve et jusqu'à Saint-Brice. On a aperçu par bribes quelques tronçons d'empierre­ ments de rues secondaires, comme à la rue des Clairisses et à la rue des Carliers. En revanche, les canalisations et les évacuations d'eau retrouvées semblent participer d'un schéma général. En se fondant sur le fait qu'une ca­ nalisation d'eau devait longer les rues, il est permis de restituer une organisation urbanistique comprise entre la rue Madame et le Vieux-Marché-aux-Jambons. Du sudouest au nord-est, on a une distance de 480 m et du VieuxMarché-aux-Jambons au fleuve, une distance de 240 m. Les canalisations ne manquent pas, elles sont parallèles et perpendiculaires au fleuve. Les découvertes, tout en plaidant en faveur d'une or­ ganisation orthogonale de la petite ville, sont insuffi­ santes pour en déduire la physionomie du quadrillage urbain, qui devait être orienté 38° ouest -52° est. On constate en effet une certaine régularité dans la disposi­ tion des constructions sur l'ensemble de l'aggloméra­ tion du Haut-Empire, qui est surtout illustrée par le bâti­ ment de La Loucherie, à l'exception d'un quartier, celui de la cathédrale. La dispersion des vestiges des constructions publiques et privées connues à ce jour, de même que l'évaluation de l'extension des nécropoles permet de cerner les li­ mites présumées de la ville, et d'en déduire son étendue maximale. La superficie proposée est de 40 ha, à raison de trente pour la rive gauche et de dix pour le dévelop­ pement annexe de l'agglomération sur la rive droite. En ce qui concerne les travaux hydrauliques, on se ré­ férera surtout à la trouvaille spectaculaire du Grand Bazar, d'un tronçon d'aqueduc souterrain alimentant la ville. Large de 0,45 m, avec des murs de 1,45 m de hau­ teur, l'intérieur des parois était revêtu de mortier rose. L'orientation est de 65° nord. Sans doute s'agit-il du sys­ tème d'adduction d'eau principal de l'agglomération. D'autres canalisations puissantes ont été localisées à la rue de la Tête d'Or, rue Madame, à l'ancien Théâtre, à 371

Saint-Piat. Il s'agit parfois de conduites de redistribution de l'eau, comme le montre leur taille plus petite de 0,30 m de largeur en moyenne. Les fouilles de la rue de Pont livrent bien des informations à ce sujet: la voie est bordée sur chacun de ses flancs d'une canalisation dont la pente orientait l'écoulement des eaux. L’une se dirige vers l'Escaut, il s'agit d'une évacuation; l'autre servait à l'arrivée d'eau, régulée par une pierre plate faisant office de vanne, à l'entrée d'un embranchement perpendicu­ laire précédé d'un réservoir. En ce qui concerne les structures qui monumentalisent la ville, elles sont bien représentées par le grand édi­ fice public de La boucherie et par des blocs architecto­ niques du plus bel effet retrouvés dans le cloître roman et sous la cathédrale, qui doivent aussi être mis en rap­ port avec un temple ou la construction d'une colonnade entourant une place publique. Le dossier thermal est aussi très dense. S'il n'est pas toujours aisé de les associer à des initiatives publiques plutôt que privées, les thermes existent en si grand nom­ bre qu'ils contribuent à donner au bourg un caractère monumental. Le cas du Vieux-Marché-aux-Jambons té­ moigne de l'existence d'un ensemble balnéaire, détruit à la fin du 11e siècle. Une baignoire a été retrouvée dans le programme primitif de l'édifice à hypocauste de la place Paul-Émile Janson, antérieur au milieu du 11esiècle. Un frigidarium assez vaste a aussi été fouillé rive droite, au quai Vifquin. Au Luchet d'Antoing, on signale plu­ sieurs baignoires et, proche de là, un autre frigidarium dans le périmètre de l'ancien couvent des Récollets. Quant aux citernes du quartier Saint-Piat, on peut les as­ socier sans doute à des thermes. • Rive droite La Loucherie

Le site de La Loucherie, qui avait déjà été marqué par des occupations antérieures importantes, est élu au 11e siè­ cle, pour y ériger un édifice monumental de grande am­ pleur. Le plan adopté s'apparente à celui d'un monu­ ment public, à l'instar d'une basilique de marché. De 50 m de longueur, il se compose d'une grande cour cen­ trale, entourée d'une colonnade à six colonnes sur les longs côtés; il est flanqué de deux grandes salles laté­ rales. La cour centrale est dallée. L'édifice est relative­ ment fermé sur lui-même. Les murs offrent un beau pa­ rement de petits blocs taillés en calcaire entrecoupés d'arases de deux assises de terres cuites d'hypocauste. Le mortier est gris blanc. Deux pilastres ornent le centre du mur extérieur. Les colonnes sont en pierre de France, d'un diamètre de 0,42 m, avec un entrecolonnement va­ riable, de 3 m à 3,70 m. Les bases sont à double tore. Un fragment d'inscription monumentale provient du site mais il ne comporte plus que trois lettres difficiles à in­ terpréter: SE[]D et la partie inférieure d'un mollet gauche, ayant appartenu à une statue en pierre, gran­ deur nature, ainsi qu’une main. Des transformations ont modifié quelque peu le plan initial du bâtiment; elles concernent au moins deux campagnes de remaniement: la cour centrale a été ré­ duite et ses colonnades renouvelées. Un passage dallé plus étroit et non axial vient se superposer au premier. Les traces d'enduits peints sont nombreuses; certains fragments sont historiés, comme celui qui représente un 372

Fig. 155 Tournai, La Loucherie : l'édifice public dallé, avec colonnade

personnage ailé. Une belle statuette en bronze provient du site; il s'agit d'un Mercure tenant une bourse de la main droite. Quartier oriental

Entre La Loucherie et l'Escaut, se localisent plusieurs sites incomplètement fouillés. La construction la plus importante du Vieux-Marchéau-Beurre est légèrement trapézoïdale, de 5,50 m de côté, aux murs soigneusement appareillés au mortier rose, avec un double sol en béton. Son angle ouest recoupe une citerne carrée, à peu de distance d'une canalisation. On y observe un bel hypocauste. Au Grand Bazar, on a noté un habitat matérialisé par une cave et un grand hypocauste. L'endroit était aussi occupé par un four de tuilier. On signale un poids cur­ seur en bronze représentant un buste d'aurige, avec une coiffe de cuir décorée de volutes. Rue de la Tête d’Or, on a vu une canalisation maçon­ née appuyée contre un mur d'habitat. Rue des Clarisses, les trouvailles sont assez nombreuses mais diversifiées au plan chronologique. Rue Madame, on signale un complexe important de bâtiments comprenant au mini­ mum trois pièces dont deux sur hypocauste. Centre ville

Le centre ville a été peu examiné, faute de projets impor­ tants. Place Saint-Pierre, sous les structures du bâtiment d'époque romaine tardive, ont été retrouvés des lam­ beaux d’occupation antérieure, arasés pour les besoins des reconstructions du iv1 siècle. On signale trois élé-

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ments de murs dont l'état de conservation ne permet pas de reconstituer le plan d'un bâtiment et une batterie de cuisine ou de fours à pain.

Quartier cathédral Le quartier de la cathédrale a été approché ancienne­ ment; il continue de faire l'objet de fouilles dans le cadre du projet de restauration de celle-ci. À l'emplacement de l'ancien Hôtel de Cordes, on loca­ lise les traces d'un bâtiment ayant précédé un autre, tar­ dif, mieux connu. En face, Place Paul-Émile Janson, sans que l'on puisse établir un rapport entre les structures, on a fouillé un complexe, dont un angle d'hypocauste. Les pilettes carrées reposent sur un béton, les dalles de la suspensum, de 0,60 m de côté, accueillaient une couche de tuileau. Sous la cathédrale et aux abords immédiats, c'est-àdire au niveau du cloître canonial médiéval, les re­ cherches en cours montrent que les vestiges des occupa­ tions romaines classiques ont été fort perturbés par les aménagements de l'Antiquité tardive et du Moyen-Âge. Quelques niveaux des IIe ou mesiècles ont été enregistrés. On note, en particulier, un puits à cuvelage quadrangulaire, dont le remblai a révélé un assemblage de céra­ miques du IIIesiècle. Peut-être faut-il le mettre en rapport avec un niveau témoignant de l'existence d'un bâtiment en bois. De nombreuses pièces de bois enchevêtrées et abandonnées sur place relèvent de bois d'œuvre: char­ pentes, madriers, pans de toiture et planchettes de cou­ verture associées, poteaux porteurs, pieux de cloison.

Fig. 156 Tournai, Cathédrale, cloître: éléments de pièces de bois, planches et charpentes datées du IIIe siècle

Fig. 157 Tournai, Cathédrale: corniche avec décor sculpté provenant des fouilles de la cathédrale

Les essences sont variées: l'aulne, le peuplier, le frêne et le saule semblent avoir surtout servi à l'élaboration de structures en clayonnage. Le chêne a servi aux pièces maîtresses, des planchettes ont été réalisées en pin. Un site similaire est recensé rue du Curé Notre-Dame. Un élément capital pour comprendre la vocation du site consiste en une série impressionnante de blocs ar­ chitectoniques en grès taillés et retrouvés comme pièce de remploi dans des constructions du v e siècle. Les blocs taillés dans le même matériau portent des traces d'an­ crage; l'un d'entre eux est un élément d'entablement. Ils ont appartenu au même monument ruiné. Dans cer­ tains murs de la basilique du Haut Moyen-Âge, on trouve de même, en remploi, un bel élément de corniche. Il est question d'un portique monumental ou d'un temple classique, ce qui fait renaître l'hypothèse déjà ancienne de l'existence d'un temple élevé à peu de distance de la porte du Capitole de la future cathédrale.

Quartier occidental Entre la cathédrale et le Vieux-Marché-aux-Jambons on enregistre des indices nombreux d'occupation romaine. À la rue des Orfèvres, on note un habitat sur hypocauste. Rue de Courtrai, les traces très démolies de murs et de bétons de sol et d'un angle de bâtiment ont été mis au jour. Rue des Choraux, les découvertes anciennes sont assez denses; on y a vu deux caves à proximité des­ quelles furent retrouvées des céramiques, comme une tête de figurine chauve, deux gobelets métallescents de Trêves, avec inscription. L'une de ces caves avait encore son entrée voûtée en tuiles plates liées au mortier rose. Pour partie, la zone de la rue des Choraux y a vu aussi se développer une activité artisanale de production de céramiques dont la nature n'est pas connue. On signale un four de potier. La rue des Choraux a enfin été le théâtre de la découverte d'éléments architectoniques exceptionnels, soit huit tambours de colonne en pierre blanche de 0,40 m de diamètre, une base et un chapi­ teau et, finalement, une inscription funéraire évoquant un certain Caius Domitius. Les structures les mieux connues se trouvent un peu plus loin, vers l'ouest, Vieux-Marché-aux-Jambons. Une installation complexe y a été partiellement fouillée. Elle comprend des bains avec deux pièces sur hypocauste, une baignoire ovale de 1 m sur 1,87 m, une baignoire rectangulaire, de 1,42 m sur 2,53 m, tapissée de plaques de marbre blanc et surmontée d'une frise peinte, une pièce bétonnée et deux puits. Le site paraît avoir été dé­ truit à la fin du IIe siècle.

Fig. 158 Tournai: l'hypocauste du Vieux-Marché-aux-Jambons Fig. 159 Tournai, Vieux-Marché-aux-Poissons: enduits peints

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• Rive gauche Quartier de la voie nervienne La voie nervienne qui structure la rive droite a été parti­ culièrement bien étudiée, entre l'Escaut et le quartier Saint-Brice, là où débutent les aires cémétériales mises en service à différentes périodes sur cette même rive. La me, large de 9 m, était bordée de chaque côté de bâti­ ments d'habitat allongés, eux-mêmes précédés de porti­ ques et équipés d'un système d'égouttage. Les canalisations ont de 0,30 m à 0,40 m de largeur. Les ouvrages précités ont été étudiés sur une distance appréciable de 55 m. En ce qui concerne les habitats, une cave, toujours visitable sur demande, est remarquablement conservée. Elle est couverte d'une voûte en berceau à double assise de tuiles plates liées au mortier rose, comme à la rue des Choraux. L'un des murs est garni de trois niches à fond plat, un autre d'un soupirail ébrasé. On note aussi un es­ calier en pierres. La cave est intégrée à un habitat avec hypocauste. De l'autre côté de la voie, on a vu une autre cave. Thermes Vifquin Localisés à l'angle de la voie nervienne et de l'Escaut, des thermes ont été mis au jour assez partiellement. Le bal­ néaire disposait d'une piscine froide. Le Luchet d'Antoing C'est l'élargissement de l'Escaut en 1964 qui entraîna la disparition de l'ancien quai du Luchet d'Antoing où fut étudiée une vaste zone occupée à l'époque romaine par des activités diverses. Des baraques en bois du Ier siècle peuvent sans doute être mises en rapport avec un débar­ cadère. Elles furent réaménagées plusieurs fois, le niveau se trouvant remonté. Les planchers sont fixés sur des so­ lives; les parois sont constituées de planches. Elles fu­ rent remplacées par des bâtiments en pierres. Les bara­ quements du Luchet d'Antoing sont considérés comme des entrepôts. L'existence de deux fours de tuiliers signa­ lés n'est pas assurée. Le site est aussi marqué par des ac­ tivités domestiques. Un complexe thermal avec piscine a été mis au jour. La ville réduite du Bas-Empire La fin de l'Antiquité correspond, pour les Tournaisiens, à une période de mutation positive. Disposant d'une lo­ calisation privilégiée dans le nord de la Gaule et de bons moyens de communication, la ville connaît une promo­ tion administrative importante. À l'image de Cambrai, également située sur l'Escaut, la primauté se portant sur les voies d'eau durant cette époque, Tournai devient le siège d'une civitas. Détrônant Cassel, la ville endosse la tutelle sur la cité des Ménapiens, d'ailleurs rebaptisée pour l'occasion cité des Tournaisiens. Accrochée au fleuve, la nouvelle capitale est aussi curieusement un chef-lieu placé sur une frontière puisque le fleuve marque la limite entre les anciennes entités des Ménapiens et des Nerviens. Cette promotion lui vaut d'autres honneurs: notam­ ment celui d'abriter un gynécée de fabrication de vête­ ments militaires; elle porte le nom d'une unité, le Nu­ méros Turnacensium, qui, au moment où les textes nous en révèlent l'existence, se trouve caserné sur la côte de Bretagne, au ve siècle. Tôt ou tard, le développement ex­ ceptionnel de la cité constituera un atout pour sa pro­ 374

motion comme siège d'un évêché. La montée en puis­ sance de la ville ne se démentira pas à l'époque mérovin­ gienne, puisque l'on sait que le roi franc Childéric, pour des raisons toujours obscures, a été inhumé aux portes de la cité tournaisienne. Le passage de la ville ouverte à la ville fermée s'accom­ pagne d'un remodelage urbanistique très profond. Comme l'on peut s'y attendre, la surface d'habitat est réduite. Sur le long terme, cette situation est mise à pro­ fit pour rapprocher les nécropoles du centre urbain ou pour voir se créer de nouveaux cimetières aux portes mêmes de la ville, là où se dressaient précédemment des bâtiments du Haut-Empire. Le corollaire du choix d'une ville réduite est l'édifica­ tion d'une enceinte de protection, qui a été retrouvée, mais dont le tracé est loin d'avoir été reconnu dans sa to­ talité. La nouvelle surface habitée fait l'objet d'un réaména­ gement systématique. Cette décision va de pair avec le passage à un nouveau statut qui entraîne la petite ville vers un destin plus prestigieux. Mais la topographie lo­ cale, l'enceinte, les voies de circulation et les activités contraignent ses habitants à une large reconstruction de la cité. À de nombreux endroits de Yintra muros, les ar­ chéologues ont été confrontés à des bâtiments du HautEmpire pratiquement arasés sur lesquels ont été refon-

Fig. 160 Tournai, Rive droite: structures alignées sur la voie nervienne

Fig. 161 Tournai, Rive droite: cave

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Fig. 162 Tournai: la ville fermée du Bas-Empire et les nécropoles

dés des édifices aux murs encore conservés sur une hau­ teur impressionnante. Tous les quartiers de l'intérieur de la ville n'ont probablement pas fait l'objet d'une recons­ truction immédiate à l'aube du Bas-Empire. Le quartier épiscopal, récemment examiné, montre aussi des initia­ tives davantage liées à la fin de l'Antiquité tardive, mais il est vrai que son édification est partiellement liée au Ve siècle.

• Topographie La ville du Bas-Empire se répartit donc entre un noyau urbanisé, localisé rive gauche, au centre d'une couronne de cimetières et une occupation humaine mal perçue, et funéraire, rive droite. Des accumulations de mobilier, en particulier des monnaies de la fin du rne siècle, ont été observées dans le lit du fleuve, dont le cours n'a pas changé mais qui a fait l'objet de pose de madriers pour protéger les quais, à plusieurs reprises, à hauteur du Marché aux Poissons. Les rives droite et gauche restent intimement liées et le pont qui les joint ne change pas de place. La voie vers l'intérieur du territoire nervien qui l'enjambe demeure l'axe structurant de l'occupation humaine de la rive droite. Les nécropoles tardives de cette même berge au­ ront tendance à se rapprocher d'elle. Rive gauche, la même chaussée coupe le castrum mais n'apparaît pas comme axiale dans le plan urbain hypothétique du BasEmpire. Des perturbations engendrées sur le tissu urbain de la rive gauche par la nouvelle enceinte, nous ne savons pra­ tiquement rien. Toutefois, les monuments édifiés au ive siècle, Place Saint-Pierre et à l'emplacement du cloî­ tre canonial respectent les orientations des construc­ tions antérieures, ce qui nous permet de croire au main­ tien en service des rues anciennes situées à l'intérieur du

castrum.

Fig. 163 Tournai, Saint-Pierre: l'édifice du Bas-Empire, avec son hypocauste à canaux rayonnants

Les éléments constitutifs de la ville de la rive gauche, en rapport avec la topographie locale, sont les suivants : une petite éminence, au sud-ouest à La Loucherie, qui do­ mine Yintra muros, un quartier portuaire et artisanal, le long de l'Escaut, à hauteur du quartier Saint-Pierre, un espace monumental, à l'angle nord-ouest du castrum, transformé à la fin de l'Antiquité tardive, en espace reli­ gieux. Le quartier du port du Luchet d'Antoing, sur la rive droite, est abandonné. L'emprise exacte du castrum tardif demeure malaisée à restituer, parce que l'enceinte urbaine n'a été formelle­ ment reconnue qu'à un seul endroit à La Loucherie. Dès lors, on s'assure le témoignage très parlant des nécro­ poles pour envisager une délimitation approximative du fait urbain tardif.

• Le castrum de la rive gauche Spontanément, la délimitation de l'espace urbain nous est suggérée, vers le sud par la présence des nécropoles de Saint-Piat et de le rue d'Espinoy; vers l'ouest par l’en­ ceinte urbaine elle-même dont un tronçon a été fouillé à La Loucherie; au nord-ouest par la nécropole de la GrandPlace. Seule la face nord du site urbain ne bénéficie pas de repère précis pour en fixer les limites. De ce qui précède, on se représentera la ville emmuraillée comme un quadrilatère d'une superficie de 13 ha minimum. C'est à La Loucherie que Tunique tronçon de l'enceinte urbaine a pu être enregistré. Long de plus de 85 m, il est renforcé de deux tours circulaires. Toute cette partie de la courtine a été appuyée contre le mur de façade sudouest de l'édifice monumental ancien. La largeur du mur d'enceinte est de 2,60 m maximum mais on peut y ajouter l'épaisseur du mur ancien, l'ensemble pouvant alors atteindre une largeur de 3,25 m. La courtine ne présente d'ailleurs pas une épaisseur constante car elle 375

n'est pas strictement parallèle au bâtiment antérieur. Elle dispose d'un parement régulier, lié au mortier jaune, les fondations sont faites d'un conglomérat de moellons, de tuiles et de blocs de mortier rose reposant sur une assise de plaquettes posées de chant. Les tours ont un diamètre de 9 m à 9,50 m. Leurs murs parementés à l'intérieur et à l'extérieur sont conservés sur une hauteur de 1,14 m; le sol est dallé. Les deux tours retrouvées se localisent à une distance de 51,75 m. Elles sont véritablement incrustées dans les angles du bâtiment monumental du Haut-Empire. Ce grand intervalle pose problème. Comme les archéo­ logues le font remarquer, il est possible qu'une tour sup­ plémentaire ait été construite entre les deux autres, ra­ menant l'intervalle à une distance plus normale d'environ 25 m. Cette partie médiane de l'enceinte n'a pu être explorée. Étant donné que nous nous trouvons dans l'axe du cardo de la ville, le problème de l'existence d'une porte urbaine à cet endroit reste posé. Si elle a existé, elle se trouverait à hauteur du centre du bâtiment ancien, ce qui constitue une hypothèse plausible. Pour le reste, le tracé exact de l'enceinte romaine a fait l'objet de nombreux essais de restitution qui se fondent le plus souvent sur une cascade d'hypothèses peu claires. Pour le tracé nord de la courtine, on prendra néanmoins en compte l'étonnante découverte réalisée rue des Choraux, constituée de huit tambours de colonne, d'une base, d'un chapiteau en pierre et d'une stèle funéraire qui auraient pu faire l'objet d'une réutilisation dans les fon­ dations d'une construction évoquant une enceinte. • Les quartiers La Loucherie Il est traversé par l'enceinte tardive. Cette volonté de pla­ cer l'enceinte à cet endroit tient compte de la puissance du bâtiment primitif mais aussi de la topographie favo­ rable. L'édifice ancien a été abandonné. Il a connu un ou plusieurs incendies au mesiècle, puis un démantèlement à l’exception de la façade sud-ouest contre laquelle se lo­ gera l'enceinte tardive. Les témoins immobiliers qui pro­ viennent du site relèvent de l'occupation habituelle intra-muros du castrum. Saint-Pierre Localisé au cœur de la ville, le site est marqué par un vaste édifice bien conservé et daté de la période constantinienne. Comme le révèlent les dimensions des locaux et le caractère monumental de la porte principale, celuici a pu jouer un rôle public au sein de la cité. Les fouilles n ’ont été conduites que dans la surface occupée par l'église médiévale; elles ne donnent pas une idée défini­ tive de l'emprise globale du bâtiment. Pour l'essentiel, on a reconnu un local très vaste de plan quadrangulaire, de 32 m de longueur sur 24 m de largeur, divisé en deux parties. Un hypocauste à six canaux rayonnants caracté­ rise l'une des pièces. Le béton de sol est partiellement conservé. Un sou d'or de Constant (342-343) a été re­ trouvé dans la tranchée de fondation de la bâtisse. Place Paul-Émile Janson Lors de la démolition de l'ancien Hôtel de Cordes, un édifice monumental à la fonction indéterminée a été ré­ vélé. Un local rectangulaire dallé, de 7,15 m de largeur, s'ouvre vers un espace plus large, par l'intermédiaire 376

Fig. 164 Tournai, Cathédrale: la salle chauffée par canaux dans le cloître roman : mur nord et reconstruction en o p u s a f r ic a n u m d'un grenier

Fig. 165 Tournai, Cathédrale: bassin enduit de mortier de tuileau, retrouvé sous la cathédrale

d'un seuil monumental, de 3,75 m de largeur, qui a gardé les traces des crapaudines. Il témoigne de plu­ sieurs périodes d'aménagement. Le site bien en vue à l'époque romaine connaît des transformations multi­ ples sous l'Antiquité tardive. Place Paul-Émile Janson, un hypocauste est probablement réaménagé tardivement. Sous les cloîtres canoniaux, un édifice allongé monu­ mental plaide aussi en faveur d'une destination collective. Quadrangulaire, la salle principale de 15 m sur 20 m, est chauffée par un système de canaux parallèles ouverts vers un conduit axial. Sous la cathédrale elle-même se dessine le plan d'un vaste édifice du me siècle ou du début du siècle suivant. Il s'articule sur une longue galerie dans laquelle prennent place plusieurs locaux dont quelques-uns disposent d'un béton de tuileau rose et des évacuations d'eau en plomb. Un bassin quadrangulaire aux angles renforcés de quarts de rond en béton a été inséré dans cette bâtisse. Les indices d'une réoccupation de Vintra rmiros ne manquent pas, comme au Vieux-Marché-au-Beurre, avec la présence d'un double pavement en béton dans une pièce carrée. À l'extérieur de l'aire fortifiée ou à ses marges septen­ trionales, quelques habitats montrent soit des ruptures de continuité, soit offrent quelques objets mobiliers du IVe siècle, à la Rue de Courtrai, des Orfèvres, des Choraux. En liaison avec les grands travaux de reconstruction de la ville tardo-antique, on peut penser que le quartier ca­ thédral au moins a vu son orientation modifiée à 48°

P R OVI NC E DE HAI NAUT |

ouest. La topographie de cette zone bénéficie d'une réor­ ganisation complète, matérialisée par l'alignement des nouvelles constructions sur une trame orientée diffé­ remment de celle du Haut-Empire. L'édifice monumen­ tal sous l'Hôtel de Cordes, ainsi que les bâtiments du début du Bas-Empire dégagés sur le site des Cloîtres res­ pectent cette orientation. La régularisation imposée dès le début du Bas-Empire au développement urbanistique du quartier cathédral illustre l'importance qu'il acquiert dans le tissu urbain de la ville fortifiée. La ville du Ve siècle La ville du ve siècle se développe à l'ombre de l'enceinte urbaine du vic siècle, dont l'utilisation est encore très clairement attestée, au vie siècle, au moment où Chilpéric y est assiégé. La ville bénéficiera d'un grand développement poli­ tique, notamment parce qu'elle sera placée sous la dé­ pendance d'une famille mérovingienne mais aussi parce qu'elle sera appelée à y abriter un évêque. L'érection d'une basilique funéraire à Saint-Piat, au début du vie siè­ cle au plus tard, témoigne de ce renouveau, y compris dans un quartier hors-les-murs. La ville offre toutefois une image très contrastée du­ rant ce Ve siècle. Vers le milieu du siècle, des habitats connaissent une régression majeure. Le bâtiment du quartier Saint-Pierre témoigne du fait. L'une des pièces voit son sol démonté et l'hypocauste voisin remanié et réduit. On y implante à ciel ouvert une activité artisa­ nale : des batteries de structures circulaires ou quadrangulaires, en pierre ou en tuiles posées de chant, se succè­ dent au cœur d'épaisses «terres noires». Elles sont mises en relation avec le travail de la chaux. Le quartier de la cathédrale connaîtra, avant la fin du siècle, un réaménagement fondamental. Les bâtiments nouveaux adopteront une autre orientation: 40° ouest 50° est. Transformé en chantier permanent, le site se prépare à y accueillir des initiatives constructives di­ verses liées au monde paléochrétien. Dès le troisième tiers du Ve siècle, le site se présente un peu comme la nouvelle ville haute où seront bâtis sanctuaires et rési­ dence de l'évêque. On voit s'y développer des édifices, habitats, hypocaustes et une basilique paléochrétienne. Plus tard, au VIe siècle, les maçonneries antiques de la grande salle retrouvée sous les cloîtres, seront surélevées et affublées d’un système de supports parallèles, mais les murs eux-mêmes seront désormais dépendants d'une technique de construction mettant en oeuvre la pierre sèche, le lutage à l'argile et 1’opus africanum. On pense tout naturellement à un grenier à blé, entouré par un portique reposant sur des alignements de blocs de rem­ ploi, d'autant que figure non loin de là, un séchoir à grains.

Durant le Haut-Empire, les nécropoles occupent de vastes espaces et sont donc peu nombreuses. Les plus importantes se trouvent rive gauche sous la Grand-Place et, rive droite, à la rue de Monnel. La nécropole de la rue de Monnel fut rapidement et incomplètement étudiée à la fin du x i x e siècle. On y a dé­ nombré septante sépultures, la plupart en pleine terre, réparties entre le milieu du Ier siècle et la fin du ne siècle. Sur la rive ménapienne, l'autre cimetière, tout aussi étendu, continuera d'être utilisé au Bas-Empire, ce qui en fait le plus grand champ funéraire tournaisien, fouillé à différentes reprises. Les tombes les plus anciennes semblent se limiter à la Grand-Place. Beaucoup d'entre elles datent du IIIe siècle. La grande nécropole de la Grand-Place/rue Perdue, qui s'étend sur 2,2 ha minimum, connaît une utilisation ac­ crue durant le Bas-Empire. Les découvertes les plus signi­ ficatives offrent un échantillonnage particulièrement re­ présenté pour la période charnière des me et ive siècles, puis des trois premiers quarts du IVe siècle. Le développe­ ment du site funéraire s'est effectué selon un schéma centrifuge. On trouve beaucoup de tombes à incinéra­ tion au niveau de la Grand-Place; les sépultures des abords de l'église Saint-Quentin datent plutôt du IIIe siè­ cle et celles, majoritaires de la fin de ce même siècle et du siècle suivant, sont localisées à la rue Perdue. Les tombes à inhumation y dominent clairement. On en a étudié récemment plus de deux cents. Hormis le recours à une orientation nord-est sud-ouest prépondérante (44%), d'autres dispositions sont très courantes et on peut dégager l'impression générale d'un grand désordre qui a présidé au choix des emplacements funéraires. Certaines zones de mort-terrain apparentes peuvent avoir correspondu à des plantations. D'autres sont sur­ chargées de sépultures qui s'enchevêtrent, donnant au­ tant de renseignements précieux en matière de chrono­ logie relative. 11 peut s'agir de concessions familiales. Les corps apparaissent dans des cercueils en bois, cloués le plus souvent. L'adjonction d'offrandes est la règle. Il peut s'agir de dotations alimentaires, matériali­ sées par des ossements de volaille ou par des quartiers de viande de bovidés ou de porc. Le mobilier personnel des

Les nécropoles Deux inscriptions sont connues pour le domaine funé­ raire tournaisien. La première trouvaille égarée vient de la Grand-Place et évoque un monument : Ulpius Iustus a

commencé ce monument pour lui-même de son vivant. L'autre, une inscription ne pouvant être antérieure à l'époque flavienne, indique: à Gants Domitius, fils de Gains. Elle a été découverte hors contexte à la rue des Choraux.

Fig. 166 Tournai: inscription funéraire de la rue des Choraux, à Gaius Domitius

377

défunts est très limité. Les offrandes consistent le plus fréquemment en céramique et verrerie. Les vaisselles sont répétitives, il s’agit de bols, écuelles, assiettes et cruches. Les offrandes monétaires sont particulièrement nombreuses. Deux sarcophages en plomb ont servi d'enveloppes à des défunts plus en vue. L'un des sarcophages, retrouvé avec son couvercle, dans un état de conservation remar­ quable était historié de motifs dionysiaques: un cen­ taure marin et, en médaillon, un silène chevauchant un âne, sous les yeux d’un satyre. Un homme d'environ cinquante ans y a été placé avec un petit mobilier funé­ raire des dernières années du me siècle. La nécropole a été réservée à la population civile, dont l'âge moyen de mortalité se situe entre 40 et 45 ans. À proximité du tracé probable de l'enceinte tardo-romaine, on trouve un petit ensemble de sépultures à inci­ nération et à inhumation, connu entre la place Reine Astrid et les rues des Filles-Dieu et d'Espinoy, puis, dans le quartier Saint-Piat, des tombes sans mobilier présu­ mées du Bas-Empire. Une basilique funéraire, forcément placée hors-les-murs, y existe sous le règne de Clovis ; la restitution, à cet endroit, d’une cella memoriae du ive siè­ cle, ayant précédé la construction de la basilique, de­ meure très conjecturale. À une grande distance du castrum, on trouve, toujours au sud de la ville, une vaste nécropole bien structurée, à l'ancienne citadelle. Les sépultures à inhumation sont orientées sud-nord et on y a récolté du mobilier d'habil­ lement germanique du Ve siècle. La nécropole du sud-ouest du Parc de l'Hôtel de Ville est intéressante parce qu'elle montre une continuité d'enfouissement entre la fin du IVe siècle et la période mérovingienne. Le mobilier germanique et les armes ca­ ractérisent une population plus tardive et distincte de celle rencontrée dans les cimetières proches de la ville. Rive droite, on distingue un petit champ funéraire de peu d'importance au hameau Allain. C'est la nécropole mérovingienne de Saint-Brice qui retient l'attention, non seulement parce qu'elle a accueilli le corps de Childéric mais parce qu'elle était déjà en usage au milieu du Ve siècle. Tout se passe comme si le noyau de la rue de Monnel, daté du Haut-Empire, se développait en direc­ tion du sud, de l'Escaut et de la voie romaine, avec un point d'ancrage de tombes du IVe siècle entre ces deux zones et une extension centrifuge, à la période mérovin­ gienne, sous l'église Saint-Brice.

Fig. 167 Tournai, Rue Perdue: sépulture à inhumation du iv' siècle

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Fig. 168 Tournai, Rue Perdue: le sarcophage décoré en plomb de la fin du me-début du I V e siècle, avec décors dionysiaques

Religion En dehors de l'hypothèse formulée à propos de l'existence d'un temple classique à hauteur de la cathédrale, la maté­ rialité des sanctuaires identifiés continue de manquer. On doit se contenter d'enregistrer un certain nombre de découvertes mobilières pour illustrer les croyances lo­ cales. Plusieurs trouvailles anciennes de représentation de divinités orientales sont réputées provenir de Tournai mais aussi de sa région; elles ne sont pas sans évoquer des faux: une main de Sabazios, des statuettes d'Attis et d'Isis. Un modèle de céramique de fabrication indubitable­ ment locale fait aussi référence à des cultes. Ces fragments de vases proviennent de La Loucherie. En terre rouge et à couverte dorée, ils portent sur le col un feston, comme celui des calices et deux goulots; sur la panse, on trouve un riche décor estampé : serpent buvant dans l'entonnoir, bacchante, coq, bouc et pins imprimés, eux, au poinçon. En plus de cette vaisselle particulière à Tournai et à sa région, dénommée «vase cultuel au serpent», les frag­ ments de vases à bustes ne manquent pas. Les productions L'importance de la ville, de ses entrepôts attestés et de ses quais non encore véritablement fouillés, a entraîné beaucoup de supputations à propos des produits manu­ facturés et exportés à partir de la cité et du fleuve. Si les artisanats de la céramique, de la tuile et de la chaux sont attestés par des fours, bien d'autres sont da­ vantage pressentis que prouvés, comme le commerce de la pierre et le tannage. L'utilisation de la pierre de Tournai sur place semble une évidence.- On y ajoutera aussi l'activité des chaufour­ niers qui est bien attestée à plusieurs endroits de la ville. L'importance du commerce de la pierre vers des sites ex­ térieurs, parfois lointains, a fait couler beaucoup d'encre parce que la situation exceptionnelle de Tournai à cet égard peut nous en convaincre. Néanmoins, les cas avérés de l'utilisation du calcaire tournaisien, dans l'Antiquité, sont rares, faute d'analyses pétrographiques appropriées. Plusieurs sites ont abrité des fours de potiers : à SaintPiat, à la rue des Choraux, notamment. Pour la céramique, on reconnaît un vaste répertoire an­ cien de céramiques modelées puis faites au tour, de faciès ménapien, mais produites sur place. Beaucoup de vaisselle utilisée comme dotations funéraires, comme les cruches cuites en atmosphère oxydante, est aussi de fabrication lo­ cale. Pour le Bas-Empire, on a reconnu des productions en pâte rosâtre à gros dégraissants de chamotte qui relèvent soit de dérivées de sigillée tardive soit de céramiques gros­ sières à enduit rouge pompéien contemporaines. En matière de céramique spécialisée, on note l'abon­ dance de céramique dorée de type cultuel. R. B. & c . c.

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B ibliographie : La bibliographie sur Tournai antique est très abondante, voir l'inventaire: Lesenne M., Répertoire bib lio ­ graphique des trouvailles archéologiques à Tournai, Bruxelles, 1981. (Répertoires archéologiques, Al 2). Amand M., Les véritables origines de Tournai. Travaux pré-ro­ mains à La Loucherie, Helinium, 3, 1963, 193-204; Amand M., Un nouveau q u artier rom ain à Tournai. Les fouilles du Luchet d'A ntoing, (AB, 102), 1968; Amand M., Les débuts du christia­ nisme à Tournai, EC, 40, 1972, 311-327; Amand M. & EykensDierickx I., Tournai rom ain, (DAC, 5), 1960; Amand M. & Lambert H., Le sous-sol archéologique de l'église Saint-Piat à Tournai. I. Vestiges rom ains et édifices religieux, (AB, 222), 1980, 9-43; Brulet R., Le développement topographique et chronolo­ gique de Tournai, Les villes de la Caule Belgique au Haut-Empire. Actes du Colloque tenu à Saint-Riquier (Somme), RAP, 3-4, 1984, 271-282; Brulet R., Le sarcophage ga llo-rom ain de Tournai, (PHAA, 74), 1990; Brulet R., La céramique du Bas-Empire à Tournai: im portations et vaisselle locale, Tuffreau-Libre M. & Jacques A., La céramique du Bas-Empire en Caule Belgique et dans les régions voisines, (RN, H.S., 4), 1994, 81-94; Brulet R., La nécropole du Bas-Empire rom ain de la Rue Perdue à Tournai, (PHAA, 91 ), 1996; Brulet R. et al., Les fouilles du q u a rtie r SaintBrice à Tournai. L'environnem ent de la sépulture de Childéric, 1, (PHAA, 73 et 79), 1990 et 1991; Brulet R. & Brutsaert A., Tournai. Campagne 2 0 0 0 de reconnaissance des fondations de la cathédrale N otre-D am e. Résultats archéologiques, CAW, 9, 2001, 83; Brulet R., Brutsaert A. St Verslype L., Étude de la sta ­ b ilité de la cathédrale N otre-D am e de Tournai. Reconnaissance archéolo gique des fo n d a tio n s et to p o g ra p h ie ancienne. Campagne 2 0 0 0 -2 0 0 1 , CAW, 10, 2002, 90-91; Brulet R., Coquelet C. et al., Tournai. Fouilles sous les anciens cloîtres de la cathédrale N otre-D am e de Tournai. Campagne 1998-1 999 , CAW, 8, 2000, 80-82; Brulet R. & Coulon G., La nécropole gallo-rom aine de la rue Perdue à Tournai, (PHAA, 7), 1977; Brulet R., Deckers M. St Verslype L., Tournai. L'accompagne­ m ent des travaux de pose de canalisations à grande profondeur sur les rives de l'Escaut, CAW, 8, 2000, 82-83; Brulet R. St Delcourt-Vlaeminck M., Tournai: fouilles dans le site de La Loucherie, CAW, 2, 1994, 54-55; Brulet R. St Verslype L., (éd), La place Saint-Pierre de Tournai. Archéologie d 'u n m onum ent. Archéologie d 'u n quartier, ( CAjM, 1 3 = PHAA, 99), 1999, 252 ; Brulet R. & Verslype L., Naissance et Évolution de la ville: an a­ lyse du b â ti antique à Tournai, Lodewijckx M. (éd.), Belgian Archaeology in a European Setting. II. A lbum am icorum joseph Remi Mertens, I, (AALM, 13), 2001, 105-115; Coulon G. St Vlaeminck J., Childéric-Clovis, 1500e anniversaire, 482-1982,

Catalogue d'exposition. Tournai, 1982; H ennebert M. & Verslype L., Géologie et archéologie. La genèse du paysage u r­ b a in tou rna isie n et les va ria tio n s de l'Escaut à Tournai, Hydrosystèmes, Paysages et territoires. Colloque du Laboratoire

Géographie des milieux anthropisés. Université des Sciences

et technologies Lille 1, CNRS FRE 21 70. 6-8 septem bre 2001, Lille, 2002; Hubert F., Cimetière du Parc de l'H ô te l de Ville de Tournai, (AB, 68), 1963; ILB, n° 1 à 3; Kazanski M. St Périn P., Le m o bilier funéraire de la tom be de Childéric Ier. État de la ques­ tion et perspectives, RAP, 1988, 3-4, 13-38; Mertens J. St Remy H., La nécropole antique sous l'église S aint-Q uentin à Tournai, (AB, 137), 1972; Mertens j. & Remy H., Tournai. Fouilles à La Loucherie, (AB, 165), 1974; Roosens H., Les sépultures paléoch­ rétiennes de Saint-Piat à Tournai, (AB, 222), 1980, 45-69 ; Verslype L., Tournai. Sondage au Q uai Vifquain. Un ensemble therm al public du Haut-Empire sur la rive droite de l'Escaut?, CAW, 4-5, 1996-1997, 66-67; Verslype L., La topographie du h a u t m oyen-âge à Tournai. N ouvel État des questions archéolo­ giques, RN, Archéologie, 81, 1999, 143-162.

7 5 1 Tournai, W illemeau Villa e t

s tr u c tu r e s d 'h a b ita t

La commune de Willemeau a livré une série de vestiges gallo-romains parmi lesquels figurent deux structures d'habitat distantes d'environ 125 m. Ces deux sites loca­ lisés au nord de la commune ont fait l'objet de fouilles partielles qui ont notamment permis la mise au jour de pièces chauffées par hypocauste et d'installations ther­ males. De la villa découverte en 1955 par M. Sutherland ne subsistent plus que les fondations en rognons de silex de dix pièces dont deux chauffées par hypocauste. Ces ves­ tiges s'étendent, selon un axe nord-est sud-ouest, sur une longueur d'une trentaine de mètres et une largeur d'une dizaine de mètres. Les pièces chauffées par hypo­ causte dont l'une est dotée de deux exèdres présentent un mur intérieur parementé en moellons de calcaire qui devait à l'origine être recouvert d'enduits peints de di­ verses couleurs. Les fouilles menées en 1987, au sudouest de la villa contribuèrent à localiser les fondations d'un bâtiment quadrangulaire qui présentait trois états de construction. De nombreuses monnaies principale­ ment du Bas-Empire y furent recueillies. Accostée au mur méridional du second hypocauste, une baignoire de 1,80 m sur 3 m présente plusieurs phases d’aménagement. C'est ainsi qu'aux dalles de marbre initialement utilisées se substituent des revête­ ments de béton rose. La vidange de cette baignoire s'ef­ fectue au sud-est au moyen d'une canalisation faite de tegulae et de moellons. Une vaste pièce était contiguë à la baignoire. Deux structures annexes aux fondations en rognons de silex noyés dans du mortier sont localisées au sud-est des bains. Toutes deux étaient composées d'au moins deux pièces. Une monnaie en bronze de Constantin II et des frag­ ments de sigillée d'Argonne trouvés dans un dépotoir in­ diquent que le site était encore occupé au Bas-Empire. D é p ô t d 'o b je ts en b ro n ze

Fig. 169 Willemeau: plan du corps de logis découvert en 1955

En 1861, un dépôt de plusieurs dizaines d'objets en bronze a été mis au jour à Willemeau, au sud-ouest des vestiges de la villa fouillée en 1955 par Sutherland. Cette trouvaille rapidement dispersée dans le commerce fut partiellement acquise par les Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles. 379

cartel d'anse orné d'un masque tragique ainsi que deux anses, l'une décorée d'un enfant ailé, d'un ours, d'un masque et d'un gobelet, l'autre d'un motif végétal. Notons également la présence de deux éléments d'un pied de lit, de poignées de clef ainsi que d'un petit réci­ pient en forme de chaussure montante. Ce site a livré une nouvelle série d'objets en bronze re­ cueillis lors de prospections de surface effectuées en 1986 et 1987. Parmi ceux-ci figurent entre autres une ap­ plique ornée d’un masque de Méduse, des fibules émail­ lées ainsi que le pied d'une statuette finement ouvragée. A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voir fig. 152, 13. B ibliographie: Amand M., C ontribution à l'étude de la voirie antique au sud-ouest de Tournai, Hommages à W aldém ar Déonna, Latomus, 28, 1957, 4 9 ; Amand M. & Duplouys Y., Fig. 170 Willemeau: récipient en bronze en forme de chaussure

La plus célèbre d'entre elles, une statuette figurant un Hermès cultuel dionysiaque mieux connue sous le nom de «Pan de Willemeau» serait d'origine délienne et date­ rait de l'époque hellénistique. La vaisselle en bronze était particulièrement bien représentée avec notamment une buire à bec tubulaire, un fragment d'aiguière, un

380

Willemeau, ha u t lieu de l'archéologie gallo-rom aine et franque dans le Tournaisis, VA, 32, 1989, 85-100; Amand M. & Soleil P., Willemeau, ha u t lieu de l'archéologie gallo-rom aine et franque dans le Tournaisis, VA, 29, 1988, 37-52; Delerive H., Recherches archéologiques dans le Tournaisis, AC, 25, 1956, 436; FaiderFeytmans, Bronzes, 58 et 219; Mariën M., Pied de lit et bronzes romains de Willemeau, BMRAH, 58, 2, 1987, 79-109; Pennant, Topographie, 32-33; Soleil P., Willemeau (T ournai): 1985 bains d'u n h a b ita t gallo-rom ain, AHOActes, 1988, 62-70.

Province de Liège

Bloc sculpté représentant un personnage nu, portant sur le bras gauche un tissu drapé, provenant de Amay ( 11e siècle après J.-C.)

Liège

76 77 78 79 80 81 82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01

382

A m ay-O m bret Amay X hendrem ael O thée Boirs Eben-Emael Braives Fallais Latinne O te p p e Bois-et-Borsu Clavier Kem exhe Clerm ont-sous-H uy Herm alle-sous-Huy Celles Vieuxville Om al Avem as-le-Bauduin Blehen Lens-Saint-Remy M erdorp Petit-Hallet Villers-le-Peuplier Herstal Ben-Ahin

102 103 104 105 106 107 108 109 110 111 112 113 114 115 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126

Huy A ngleur |upille-sur-M euse Liège Strée O utrelouxhe M odave Bergilers H accourt Heure-le-Romain H odeige M om alle Saint-G eorges-sur-M euse Saint-G eorges-sur-M euse Polleur Theux Verlaine Vaux-et-Borset Villers-le-Bouillet W arnant-D reye Lanaye Lixhe Oleye W arem m e Ambresin

P R O VI NC E DE LI EGE

761 Amay, Amay-Ombret L 'a g g lo m é r a tio n r o u tiè r e e t f lu v ia le

Le franchissement de la Meuse à Amay par la voie ro­ maine de Tongres à Arlon entraîne le développement particulier d'une bourgade fluviale sur les deux rives du fleuve. Le territoire d'Amay recèle aussi, à proximité du cours d'eau, une villa, située à hauteur de la collégiale, et une nécropole à Chapelle à Rémont. La dénomination d’Amanio est attestée dans le testament d'Adelgise dès 634. S'il existe quelques témoins du second Âge du Fer, la bourgade d'Amay semble surtout s'être développée après la construction de la voie romaine que l'on situe vers 40 de notre ère; l'agglomération a pris son essor vers le mi­ lieu du IIe siècle comme l'attestent les importations de terre sigillée d'Argonne. Vers 270, plusieurs habitats sont détruits mais le site continue d'être occupé, comme en témoignent la céramique argonnaise du iv° siècle ornée à la molette de même que de nombreuses monnaies de Constance 1et II et de Constantin. Dès 1900, les substructions de quelques bâtiments de l'agglomération sont mises au jour sur les deux rives de la Meuse, aux lieux-dits Rorive (Amay) et Rausa (Ombret), à l'endroit où la voie Tongres-Arlon traverse le fleuve. Il faut cependant attendre les années 1960 pour que des fouilles plus systématiques soient organisées par le Cercle archéologique Hesbaye-Condroz. Ces recherches ont été poursuivies depuis 1995 par l'association Archéo­ logie hutoise et la Région wallonne.

Malheureusement, la densité de l'habitat urbain ac­ tuel ne permet que des fouilles très ponctuelles effec­ tuées lors de travaux d'aménagement, ce qui rend diffi­ cile toute vue d'ensemble du site gallo-romain. La voie romaine Tongres-Arlon

La voie romaine venant de Tongres longe le fleuve dans la courbe qu'il négocie à l'est d'Amay, traverse le site de Rorive puis oblique en direction du pont permettant de rejoindre Ombret, qui se situe à quelques dizaines de mètres en aval du pont actuel. À hauteur de l'agglomération de la rive gauche, la voie romaine a été étudiée en plusieurs endroits. Sa relation avec des structures d'habitat a permis de la dater du début du règne de Néron. La route a connu divers re­ chargements sur une infrastructure de blocs de grès et de calcaire placés de chant. À Rausa, la voie romaine partiellement recoupée pré­ sentait deux assises, l'une constituée de deux à trois ni­ veaux de blocs de calcaire et de grès posés à même le sol en place tandis que l'assise supérieure était formée de gravier damé. La chaussée était longée par un fossé de 2 m à 2,30 m de large et 0,50 m de profondeur, distant de 2,40 m. Le tracé exact de la voie romaine au sud-ouest de l'ag­ glomération de Rorive est mal connu, notamment aux abords de la zone de franchissement du fleuve. Pont

La Meuse est peu profonde à Ombret et son cours est ralenti par des îlots. Un gué utilisé dès la préhistoire et

Fig. 171 Carte de la région de Amay/Ombret à l'époque romaine. 1. Voie romaine de Tongres à Arlon; 2. Agglomération de Rorive à Amay, rive gauche; 3. Agglomération de Rausa à Ombret, rive droite; 4. Nécropole de la Chapelle à Rémont; 5. Villa romaine d'Amay; 6. Les tuileries de Hermalle-sous-Huy

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Fig. 172 Amay-Ombret: plan général de l'agglomération sur les deux rives de la Meuse. 1. Voie romaine de Tongres à Arlon; 2. Zone de gué; 3. Pont; 4. Agglomération de Rorive à Amay; 5. Agglomération de Rausa à Ombret

situé en aval du pont actuel permettait de franchir le fleuve. L'hypothèse d'un pont romain liant les deux rives du bourg et desservant la voie antique a été évoquée à diffé­ rentes reprises. Si, au fil des siècles, les travaux d'aménagement de la Meuse et les reconstructions successives du pont actuel ont fortement perturbé les couches archéologiques, ils ont néanmoins permis la mise au jour de divers élé­ ments du pont romain qui se trouve en aval du pont mo­ derne. Ainsi en 1992-1993, quatorze sabots de pieux, de même que sept poutres en chêne et les vestiges de deux piles s'ajoutaient aux découvertes antérieures consti­ tuées en grande partie d'éléments métalliques. Des prospections subaquatiques récentes ont confir­ mé cette probabilité. En outre, un bloc sculpté représen­ tant deux bustes drapés a été retiré de la Meuse. Rive gauche : le quartier de Rorive

La bourgade couvre une superficie de 10 ha et s’étend sur une longueur de 500 m pour une largeur de 85 m.

Fig. 173 Amay-Ombret: sabots de pieux de pont découverts dans le lit de la Meuse

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Lovée dans une courbe du fleuve, elle est structurée par la chaussée romaine qui longe le cours d'eau à une dis­ tance de 150 m environ et qui lui sert de rue principale. Pour l'essentiel, on a localisé des bâtisses allongées, le petit côté ouvert sur la route. Les îlots d'habitat, avec ou sans cave, peuvent être séparés par des ruelles qui don­ nent accès à des bâtiments construits en retrait. Les puits sont très nombreux. La zone septentrionale du bourg a été étudiée sur une superficie appréciable. On y voit six ou huit bâtisses ac­ crochées à la voie, avec quelques caves placées à l'avant. Ces édifices aux fondations de pierres ont été précédés d'une occupation plus ancienne, traduite par des trous de poteaux et des dépotoirs. Cette zone est aussi marquée par des activités artisa­ nales, au Ier siècle notamment, révélées par trois fours de potiers. Dans la zone centrale, des recherches plus récentes ont permis la mise au jour d'un empierrement, probable­ ment une ruelle perpendiculaire à la chaussée, le long de laquelle s'étendent des bâtiments, de nombreux foyers domestiques et de deux puits. Une troisième zone a été appréhendée vers le sud, peu avant que la voie ne se courbe pour prendre la direction de la Meuse. On y a retrouvé des bâtiments. Un fossé de 6 m d'ouverture et de 1,80 m de profondeur longe la voie antique sur plusieurs mètres mais ni son profil ni son remplissage n'indiquent une fonction militaire. Les matériaux de construction utilisés sont le grès et le calcaire, disponibles de manière différenciée de chaque côté du fleuve. On recourt au tuffeau d'Andernach pour certains encadrements. Quelques tesselles cubiques per­ mettent de reconstituer un décor mosaïqué montrant une fleur à cinq pétales rouge brun inscrite dans un cer­ cle jaune. On notera la découverte de quelques pièces de valeur: un cachet de l'oculiste Fatalis, une amulette phallique et une applique de tête de Méduse. La sculpture en pierre n'est pas inexistante, avec un fragment de tête et surtout la belle représentation d'un homme nu portant sur le bras gauche un tissu drapé, provenant de l'église SainteCatherine.

Fig. 174 Amay-Ombret, Rorive: plan de l'agglomération de la rive gauche

P R OVI NC E DE LI ÈGE |

Fig. 175 Amay-Ombret, Rausa: plan des bâtiments de la rive droite. 1. Vestiges du I e r siècle; 2. Première phase des bains (première moitié du I I e siècle); 3. Seconde phase des bains et bâtiments des ne et me siècles; 4. Fosses

Rive droite : le quartier de Rausa

A proximité du pont actuel apparaissent les substruc­ tions d'une partie des bains publics mis au jour en 1970 et 1985. Implantés sur une forte pente en direction du nord-ouest, les thermes, orientés nord-est sud-ouest, ont connu au moins deux phases de construction et une de réfection. Cette dernière concerne principalement les fa­ çades sud-ouest et nord-ouest du caldarium. De l'instal­ lation primitive ne subsistent plus que quelques murs à l'état de traces et des fragments de tubuli et de tegulae mammatae. Le plan de la seconde phase des bains est fort proche de celui du premier état de construction mais, à une exception près, il n’y a pas de réutilisation des premières fondations. Le praefurnium situé au sudouest chauffait le caldarium doté de deux exèdres, l'une axiale, l'autre latérale - cette dernière disposait d'un petit praefurnium d'appoint - toutes deux équipées d’une baignoire. Un tepidarium complétait vraisembla­ blement l'alignement à l'ouest tandis que le frigidarium se trouvait sans doute au sud-est du caldarium. La première phase des bains daterait de la première moitié du IIe siècle tandis que la seconde ne serait pas an­ térieure au milieu du ne siècle. Il n'est actuellement pas possible de préciser la date exacte d'abandon des

thermes qui doit se situer vers le milieu du mesiècle bien qu'aucune destruction majeure ne survienne avant le dernier quart du IVe siècle. Au Bas-Empire, le bâtiment qui est réoccupé semble avoir changé de fonction. Au nord-ouest de l'installation thermale, des fouilles de sauvetage pratiquées en 1969 ont permis la mise au jour des substructions d'un bâtiment rectangulaire bâti en bordure de chaussée. À cet endroit, le flanc de colline a été entaillé et aplani tandis que la zone ainsi créée était protégée par un mur de soutènement. De construction grossière, les murs de l'édifice étaient longés à l'inté­ rieur par un caniveau. L'implantation de ce bâtiment à proximité des thermes, en bordure de chaussée dans un secteur consacré aux édifices publics, de même que les particularités de son plan laissent supposer qu'il s'agit de latrines publiques. En 1990, des fouilles de sauvetage pratiquées au centre de la commune d'Ombret ont mis au jour, en bordure de chaussée romaine et à flanc de colline, des structures à fonctions artisanales et un habitat en matériaux périssa­ bles, tous d'époque flavienne ainsi que trois bâtiments plus récents. Du petit habitat en bois, de 4,50 m sur 6 m, ne subsistent plus que quelques trous de poteaux et le sol en terre battue. Les traces d'activité artisanale quant à elles se résument à un four à destination inconnue, à un bas fourneau et à une fosse. Tous ces éléments qui re­ montent au Ier siècle sont abandonnés au début du ne siè­ cle lorsque les trois bâtiments mitoyens furent construits. Ceux-ci ont nécessité un aménagement préalable du site qui se traduit par une entaille dans la colline et le creuse­ ment d'un drain afin de les protéger des eaux de ruissel­ lement. La relative petite taille des bâtisses s'explique également par l'espace restreint disponible entre la col­ line d'une part, la chaussée et la Meuse d'autre part. Les trois édifices, bâtis de biais mais cependant alignés sur la voie, empiètent sur le fossé remblayé qui longeait la chaussée. Deux d'entre eux qui sont de plan allongé, présentent des soubassements en pierre soigneusement appareillés sur lesquels reposaient des murs en torchis. Le troisième intercalé entre les deux maisons est un petit bâtiment en bois à vocation utilitaire (entrepôt?), mar­ qué par des trous de poteaux posés sur une maçonnerie à sec. À cette époque, ce type de construction se rencon­ tre plus rarement car on lui préfère les bâtiments avec soubassements en pierre et murs en torchis. L'ensemble est détruit vers le milieu du me siècle par un violent in­ cendie.

Fig. 176 Amay-Ombret, Rausa: vue sur les fouilles, rive droite, zone du four

385

A rtis a n a t •

Métallurgie

La r é d u c tio n e t le forgeage d u fer, e s s e n tie lle m e n t, s o n t a tte sté s ta n t à A m ay q u 'à O m b re t. D es lin g o ts , des lo u p e s, des sco ries d e m ê m e q u 'u n c re u s e t o n t é té re ­ tro u v é s su r la rive d ro ite e t d a n s le lit d e la M euse. S ur la b e rg e g a u c h e , e n b o rd u r e de la v o ie ro m a in e , au m o in s d e u x a teliers d is tin c ts, to u s d e u x situ é s d a n s la p a rtie o rie n ta le de l'a g g lo m é r a tio n se c o n d a ire , o n t é té re p é ré s : scories, tu y è re s d e b as fo u rn e a u , m in e ra is d e fer, creu set. C e p e n d a n t, a u c u n b as fo u rn e a u n 'a é té re tro u v é e n p lace . L 'activ ité m é ta llu rg iq u e à A m ay s e m b le s 'ê tre d é v e lo p ­ p é e à p a rtir de la se c o n d e m o itié d u Ier siècle e t a p e rd u ré ju s q u 'a u x in v a s io n s d u IIIe siècle. •

Céramique

Au n o rd -e s t d u viens d e Rorive e n re tra it d 'u n e série d 'h a b ita tio n s , au m o in s tro is fo u rs d e p o tie rs e t tro is foyers d o n t la d e s tin a tio n est in c e r ta in e o n t é té d é c o u ­ v e rts au c o u rs de diverses c a m p a g n e s d e fouilles. Les tro is fo u rs d isp o sés e n b a tte rie s o n t circulaires, à sole s u s p e n ­ d u e, foyer u n iq u e e t tirag e v ertical. D es fo u illes effectuées e n 1999 à p ro x im ité de ces fours, o n t e n tr a în é la m ise a u jo u r de d e u x fosses d e tr a ite m e n t d e l'a rg ile c o m b lé e s de te rre gris n o ir, de c h a rb o n de b o is, de la m b e a u x d e te rre p la s tiq u e e t d e re b u ts de p ro d u c tio n . L 'activité d e c e t a te ­ lie r q u i fa b riq u a it de la v aisselle fin e d e ta b le e t de la cé­ ra m iq u e c o m m u n e à v o c a tio n c u lin a ire e n p a s s a n t p a r des a m p h o re s, des c ru c h e s -a m p h o re s e t des c é ra m iq u e s d o m e s tiq u e s, se situ e vers la fin d u 1er e t le d é b u t d u ne siè­ cle. La p ro d u c tio n la p lu s c o n n u e est celle des m o rtie rs q u i p e u v e n t ê tre sig n és p a r SVNREBVS o u ADIVTOR. Ce d e rn ie r p o tie r est b ie n c o n n u p a r ailleurs, s u r to u t d a n s la ré g io n de Bavay. L 'a rtisa n a m a y to is n 'e s t p as ce lu i q u i a fa b riq u é la p lu p a r t des vases re tro u v é s le lo n g de la vo ie B avay-C ologne. P o u r ce q u i c o n c e rn e les a m p h o re s e t les c ru c h e s -a m ­ p h o re s les p o tie rs o n t e u re c o u rs à l'a rg ile m o s a n e b la n c h e . C 'e s t à p a r tir des tro u v a ille s d 'A m ay q u 'o n a p u re c o n n a ître u n e p e tite a m p h o re ty p iq u e d u tro is iè m e q u a rt d u 11e siècle, trè s ré p a n d u e d a n s u n ra y o n de 4 0 k m a u to u r de T o n g res. D e p e tite s s é p u ltu re s a b rita n t des in h u m a tio n s de n o u v e a u -n é s e t d 'e n f a n ts âgés de q u e lq u e s se m a in e s fu ­ r e n t é g a le m e n t m ises a u jo u r d a n s u n e z o n e d 'h a b it a t si­ tu é e à p ro x im ité d e l'a te lie r d e p o tie r. •

Tuileries

À Chapelle à Réjnont, au n o rd -e s t d'A m ay, à p ro x im ité d e la voie, u n e c o u c h e de fra g m e n ts de tu ile s su rc u ite s, ép aisse de 20 à 3 0 cm , q u i s 'é te n d su r u n e lo n g u e u r de 2 0 m e t u n e la rg e u r d e 6 m , in c ite à p e n s e r q u 'il y av ait à c e t e n d ro it des ate lie rs d e tu ilie rs. C e rta in s d é b ris p o r­ t e n t le sigle des tu ilie rs NEH e t BP d o n t la p r o d u c tio n se situ e vers la fin d u IIe e t le d é b u t d u me siècle. M ais l 'i n ­ c e rtitu d e d e m e u re car, à ce jo u r, a u c u n fo u r n 'a é té d é ­ c o u v e rt d a n s ce secteur.

Nécropole D ep u is 1904, u n e c in q u a n ta in e d e to m b e s à in c in é ra ­ tio n o n t é té m ise s au jo u r, au lie u -d it Chapelle à Rémont,

386

Fig. 177 Amay-Ombret: bloc sculpté représentant un personnage nu à l'e s t d 'u n c h e m in s e c o n d a ire re lia n t H u y à la ch a u ssé e T ongres-A rlon, à e n v iro n 8 0 0 m d e l'a g g lo m é ra tio n se­ c o n d a ire . C e rta in e s fosses d is p o s e n t d 'u n caveau de p ie rre s o u de tu ile s ta n d is q u 'a u m o in s d e u x d ’e n tre elles c o n te n a ie n t u n coffre e n b o is. Les to m b e s o n t livré u n m o b ilie r e s s e n tie lle m e n t c é ra m iq u e : te rre sigillée, c é ra ­ m iq u e s d o ré e e t à e n d u it ro u g e e t v aisselle d e fa b ric a tio n ré g io n a le . P a rm i les q u e lq u e s o b je ts e n v erre fig u re u n g o b e le t p e u u sité d e te in te n o ire e n fo rm e de calice. D 'a p rè s les d o ta tio n s fu n é ra ire s, le c im e tiè re p e u t ê tre d a té d e p u is l'é p o q u e fla v ie n n e ju s q u 'à la fin d u me siècle. U ne seu le to m b e a b rite d e u x p ro d u c tio n s e n te rre sig il­ lée a rg o n n a ise d o n t u n e o rn é e à la m o le tte , u n e c ru c h e e n c é ra m iq u e ru g u e u s e de l'E ifel a in s i q u 'u n c o rn e t e n v erre d é c o ré d ’u n fin c ô te lé p é rip h é riq u e h é lic o ïd a l ré a ­ lisé a u m o u le v ra is e m b la b le m e n t d a té d u Ve siècle. R. B.

B ibliographie: Agglom érations secondaires, 324; Amand M., Willems j. & Docquier J., Une officine de p o tie r belgo-rom ain à Amay, BIAL, 75, 1962, 5-36; AW2, 167-169; Brulet, Gaule septentrionale, n° 9; de Bernardy de Sigoyer S.( A m ay: le vicus rom ain, CAW, 8, 2000, 103-106; Dejaive P., A m ay: dépotoirs de p o tiers d 'ép oqu e flavienne, CAW, 8, 2000, 103; Deru, Céramique belge, 265; Docquier j. & Bit R., C ontribution à l'étude des ateliers à céramique à A m ay le long de la voie rom aine Arlon-Tongres, BCAHC, 20, 1987-1988, 55-108; Docquier j., Bit R., Ligot A., C ontribution à l'étude de l'éventuel atelier de tu i­ lier d'Amay, BCAHC, 20, 1987-1988, 13-26; Gava G. & Witvrouw J., A m ay: p o n t rom ain, CAW, 2, 1994, 79; janssens P.A. & Willems J., Le cachet de l'oculiste g a llo -ro m ain trouvé à Amay, BCAHC, 17, 1981-1982, 135-140; Lehance H. & Willems J., Le cimetière belgo-rom ain d'Amay. Les tombes mises au jo u r en 1986, VA, 24, 1987, 46-64; Willems J., Le vicus belgo-rom ain d 'A m ay et l'occupation médiévale. Plan de situa­ tion des découvertes, BCAHC, 8, 1968; Willems J., Le cimetière belgo-rom ain d'Amay, Latomus, 29, 1970, 497-502; Willems ).,

PROVI NCE DE LI ÈGE |

Im p la n ta tio n des tuiliers gallo-rom ains N.E.H. et B. P. à Amay, BCAHC, 14, 1975-1976, 217-225; Willems J. & Dejaive P., La voie rom aine Tongres-Arlon à son passage dans le vicus de la rive gauche à Amay, VA, 53-54, 2000, 27-35; Willems Dejaive P. & Momber F., Le vicus belgo-rom ain d'Amay. Les fouilles de 1995 à 1997, AHu, 12, s.d.; Willems J., Docquier-Huart J. & Lauwerijs E., Notes sur le vicus belgo-romain d'Amay, BCAHC, 2, 1962, 69-83; Willems J., Docquier j. & Lauwerijs E., Inhum ations d'enfants nouveaux-nés dans les agglomérations gallo-romaines d'A m ay et de Clavier-Vervoz, BCAHC, 18, 1983-1984, 215-228; Willems J. & Thirion E., Quelques documents inédits trouvés dans les agglomérations gallo-romaines d'Amay, Braives et ClavierVervoz, BCAHC, 18 , 1983-1984, 197-213; Witvrouw J., Amay, Le p o n t rom ain sur la Meuse, PAW, 300-303; Witvrouw j., La chaus­ sée romaine Tongres-Arlon en Condroz liégeois, BCAHC, 18 , 19831984, 87-109; Witvrouw J., Les thermes du vicus gallo-rom ain d'Amay-Ombret, BCAHC, 19, 1985-1986, 83-115; W itvrouw]., Gava G. et al., Un quartier de l'agglom ération gallo-rom aine d'Amay-Ombret, BCAHC, 23,1993-1995, 59-106; Witvrouw J. St Lehance H., Le franchissement de la Meuse entre Am ay et Om bret à l'époque romaine. Vestiges archéologiques recueillis en 1986, VA,

Fig. 178 Amay, Collégiale: l'hypocauste de la

v illa

27,1987,41-61.

7 7 1 Amay, Amay La

villa d e

la c o llé g ia le

S ous la c o llég iale, des fo u illes très p a rtie lle s o n t rév élé l'e x iste n c e d 'u n e villa. D es vestiges d 'h y p o c a u s te s o n t é té m is a u jo u r so u s la sacristie e t d a n s u n e z o n e situ é e à p ro x im ité d u c lo ître q u i c o rre s p o n d à la p a rtie su d -est d 'u n h a b ita t. L’u n des h y p o c a u ste s, v ra is e m b la b le m e n t d e p la n c ru c ifo rm e , p ré s e n te e n c o re tre n te -six p ile tte s d e se c tio n s carrée, ro n d e o u m ix te e t té m o ig n e d e d i­ verses p h a se s d e tra n s fo rm a tio n . Au su d su d -e st d e cet h y p o c a u ste , de n o m b r e u x fra g m e n ts d 'e n d u its p e in ts o n t é té d é c o u v e rts, d o n t q u e lq u e s -u n s p o r ta ie n t u n d é c o r p a rtic u liè re m e n t in té re s s a n t. Il s 'a g it p e u t-ê tre de la re p r é s e n ta tio n d 'u n e scèn e de cirq u e, ca r o n a re ­ c o n n u l'a v a n t-tra in d e d e u x c h e v a u x au g alo p d a n s les to n s ro u g e b r u n e t la s ilh o u e tte d 'u n c o n d u c te u r de c h a r te n a n t fo u e t e t rê n e s. Le site a rév élé des g ra in e s d e n o m b re u s e s esp èces cé­ ré a liè re s, c o m m e l'é p e a u tr e /a m id o n n ie r , l'a v o in e et l'o rg e . U n m o u le e n te rre c u ite s e rv a n t à la fa b ric a tio n d e m é ­ d a illo n s d 'a p p liq u e p ro v ie n t aussi d e la fo u ille . Le d é c o r a p p a rtie n t à l'ic o n o g ra p h ie d u c u lte de C ybèle e t d'A ttis. D 'a p rè s les o b je ts e x h u m é s d o n t n o ta m m e n t o n z e m o n n a ie s , la c o n s tru c tio n de la villa se situ e a u c o u rs de la p re m iè re m o itié d u IIe siècle. L 'édifice est ré o c c u p é d u ­ r a n t le IVe siècle; to u te fo is a u c u n e s tru c tu re o u p h a se d ’a m é n a g e m e n t d e c e tte é p o q u e n 'a p u ê tre id e n tifié e . Les fo u ille s des a n n é e s 1994 e t 1995 o n t m is e n é v id e n c e de n o m b re u s e s traces d e foyers avec d u m a té rie l de La T è n e II et III. Le site g a llo -ro m a in a la rg e m e n t é té p e rtu r b é p a r les tra v a u x d e c o n s tru c tio n des églises successives d o n t la p lu s a n c ie n n e e st situ é e à la fin d u VIe siècle e t illu stré e p a r le sa rc o p h a g e d e C h ro d o a ra . A q u e lq u e 2 0 0 m à l'o u e s t de ce b â tim e n t, o n t é té d é ­ c o u v e rts les vestiges de ce q u i p o u r r a it ê tre u n e des a n ­ n ex es d e la villa. A .-M . H.

Fig. 179 Ans et Awans: 1. Tumulus d'A l T o m b e à Xhendremael; 2. Tumulus L a G ro s s e T o m b e d'Othée

Fig. 180 Xhendremael,

Al Tom be:

le tumulus (2006)

387

C a rto g ra p h ie : voir fig. 1 71, 5. B ibliographie: Brulet, Gaule septentrionale, n° 80; Delplace, Peintures, 25-26; Laurent C., A m ay: cam pagne de fouilles 1995 au pied de la collégiale, résultats micro-archéologiques et carpologiques, CAW, 7, 1999, 80-81 ; Renard M., Deroux C. & Thirion E., Un im po rtan t tém oin du culte d'A ttis trouvé sous la Collégiale Saint-Georges d'Amay, BCAHC, 17, 1981-1982, 99-133; Thirion E. St Crahay D., A m ay: l'église Saint-Georges, CAW, 4/5, 19961997, 113-114; Thirion E. St Dandoy M., Quelques recherches aux environs de la Collégiale d'Amay, BCAHC, 6, 1966, 35-45; Van Ossel, Établissements, n° 84; Willems J., Dandoy M. St Thirion E., La villa ga llo -ro m aine de la collégiale d'Amay, BCAHC, 9,

1969, 41-57.

7 8 1 Ans, Xhendremael L e tu m u l u s d 'A l

Tombe

Appelé Li tombe di Hên'Mâl, le tumulus de Xhendremael repris comme site archéologique sur le plan de secteur est localisé, au sud de la localité, au lieu-dit Al Tombe. Ce tertre dont le diamètre oscille entre 20 m et 25 m sem­ ble avoir été fouillé à deux reprises, la première par G. de Looz, en 1875, qui y aurait trouvé quelques tessons de céramique, la seconde, sans résultat, de 1942 à 1944. A.-M. H. B ibliographie: Herbillon J., La Tombe de Xhendremael, Le Vieux-Liège, 1, 169-170, 1970, 492-493; Massart, Tumulus, n° 10; Peuskens N., Une voie rom aine et ses «villae», BCW, 25, 1980-1982, 435-440.

7 9 1 Awans, Othée L e t u m u l u s d e la

Grosse Tombe

Au nord-est d'Othée se dresse un tumulus classé, la Grosse Tombe, qui atteint une quinzaine de mètres de haut et dont la surface au sol est estimée à 900 m2. Un séjour de Louis XV dans la région, en 1747, aurait peut-être été à l'origine d'une exploration de ce tertre. Fouillé en 1901 par Fr. Huybrigts, il ne livra aucun maté­ riel.

8 0 1 Bassenge, Boirs T h erm es

Situés sur le flanc droit de la vallée du Geer dont ils sont distants d'environ 230 m, les thermes de Boirs ont été fouillés en 1955 par D. Tilkin et N. Peuskens. Au sudouest des bains, les vestiges d'une villa furent détruits au cours de la première guerre mondiale, lors de l'aména­ gement de la voie ferrée Tongres-Aix-la-Chapelle. Certains de ses murs ont néanmoins été suivis lors de la fouille du complexe thermal. Cette villa était probable­ ment adossée à la colline tandis que les bains, isolés de l’habitat, se trouvaient en contrebas. Ceux-ci mesuraient approximativement 18 m de long et 12 m de large. Dans la partie méridionale des thermes, certains murs atteignent encore 1,20 m de haut alors qu'au nord, ils ne dépassent parfois plus 0,20 à 0,30 m. Leur largeur oscille entre 0,50 et 0,60 m. Le parement des murs en moellons équarris de silex, de tuffeau, de sable, ou de calcaire po­ reux, soigneusement appareillés s'appuie sur un blocage en silex lié avec de la chaux, du gravier ou du sable. De plan resserré, le balneum s'organise autour d'un double axe nord-nord-ouest sud-sud-est : le caldarium et le frigidarium occupent la zone occidentale, le tepida­ rium et une autre salle à usage inconnu, la partie orien­ tale. La façade ouest est ponctuée par trois absides dont une plus saillante que les deux autres. Une grande pièce carrée chauffée par hypocauste est accolée au mur méri­ dional du complexe balnéaire. Le frigidarium conserve les traces d'un pavement à mo­ tifs géométriques, de carreaux sur pointe, en marbre gris et blanc et en pierre bleue veinée de blanc. Deux plaques en pierre bleue, seuls vestiges d’une bordure, ont été dé­ couvertes le long d'un mur. Ce même matériau a été uti­ lisé pour les lambris. Une abside abritait vraisemblable­ ment une baignoire semi-circulaire. Deux portes larges de 0,90 m à 1 m donnent accès au tepidarium et au caldarium. Le caldarium chauffé par hypocauste est flanqué à l'ouest de deux absides semi-circulaires. Une baignoire

A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voir fig. 1 79, 2. B ibliographie:

Massart,

Tumulus, n° 11.

Fig. 181 Othée, La Grosse Tombe: le tumulus (2006)

388

Fig. 182 Boirs: plan des therm es

P R O VI NC E DE LI ÈGE

8 1 1 Bassenge, Eben-Emael H a b i t a t d e la M o n ta g n e S a in t-P ie r r e Les s u b s tru c tio n s d 'u n h a b ita t o n t été d é c o u v e rte s en 1979 p a r F. C lose a u c e n tre d u v illag e d 'E b e n -E m a e l, au lie u -d it Guizette. U ne cave re c ta n g u la ire d e 4 ,2 0 m sur 4 ,8 5 m c o n se rv é e su r u n e h a u te u r de 2,75 m e t d o té e de q u a tre n ic h e s c in tré e s e t d 'u n so u p ira il e n c o n s titu a it le p rin c ip a l vestige. Le p a r e m e n t de ses m u rs é ta it e n m o e l­ lo n s de tu ffe a u s o ig n e u s e m e n t a p p areillés, ta n d is q u e des m o e llo n s d e silex n o y é s d a n s d u m o r tie r ja u n e a ssu ­ r a ie n t le b lo cag e . La cave a b rita it d e n o m b r e u x d é b ris de tu ile s, des te s­ so n s d e c é ra m iq u e e t d es o b je ts e n os. U n e so ix a n ta in e d e fra g m e n ts d e fre sq u e a u x c o u le u rs vives, p ro v e n a n t d e b â tim e n ts v o isin s, y fu r e n t é g a le m e n t d é c o u v e rts: m o tifs flo ra u x stylisés, cadres avec des b o rd u re s c o lo ­ rées, su rfaces u n ie s b la n c h e s o u ro u g e b o rd e a u x o u e n ­ c o re im ita tio n s d e m a rb re . La c h ro n o lo g ie fo u rn ie p a r le m a té rie l a rc h é o lo g iq u e situ e l'o c c u p a tio n d u site dès le Ier siècle; les fresq u es q u a n t à elles r e m o n te n t a u me siècle. C et h a b ita t a été ré o c c u p é a u ive siècle c o m m e l'a tte s te la p ré s e n c e d e cé­ ra m iq u e sig illée d 'A rg o n n e lisse o u o rn é e à la m o le tte , d e c é ra m iq u e c o m m u n e d u IVe siècle e t d 'u n e m o n n a ie d e V a le n tin ie n I (370-375).

Fig. 183 Bassenge et Visé: 1. Voie Liège-Maastricht; 2. Habitat de G u i z e t t e à la Montagne Saint-Pierre à Eben-Emael; 3. Tumulus du T h i e r à l a T o m b e à la Montagne Saint-Pierre à Eben-Emael; 4. Tumulus arasé d e H e i js e à Eben-Emael; S. Substructions de S o T P i r e û à Eben-Emael; 6. Nécropole à incinération de S u r le s j a r d i n s à Eben-Emael; 7. Atelier métallurgique de la V o ie d ' T m a e l à Lanaye

av ait été a m é n a g é e d a n s la p re m iè re ex èd re q u i e st ég ale­ m e n t la p lu s p e tite des d e u x ta n d is q u e l'a u tre c o n te n a it p e u t-ê tre u n labrum. B ien q u e le praefurnium n 'a i t p as été re tro u v é , il se m b le q u e l 'o n p u isse le situ e r au n o rd d u

caldarium. Le tepidarium é ta it c h a u ffé in d ire c te m e n t p a r le calda­ rium grâce à u n c o n d u it cre u sé d a n s le m u r m ito y e n des d e u x p ièces. Lors d 'u n e p h a s e p o sté rie u re , u n e g ra n d e p iè c e c arrée sa n s accès a u c o m p le x e th e r m a l est v e n u e se g reffer su r la façad e m é rid io n a le de ce d e rn ie r. Elle é ta it c h a u ffé e p a r u n h y p o c a u ste a lim e n té p a r u n praefurnium situ é au m ilie u d u m u r su d . Les d é b ris d 'e n d u its p e in ts tro u v é s à l'o u e s t d e c e tte salle la isse n t p e n s e r q u e ses m u rs é ta ie n t d é c o ré s d e m o tifs lin é a ire s e t flo ra u x b r u n , ro u g e, ja u n e et b le u e t de p a n n e a u x u n is ro u g e e t b la n c . Le m a té rie l m is a u jo u r su r le site e st p e u a b o n d a n t e t re m o n te a u iie-me siècle. D e la c é ra m iq u e sigillée d 'A rg o n n e o rn é e à la m o le tte , d a té e d u ive siècle, a été tro u v é e d a n s les e n v iro n s des th e rm e s .

A.-M. H. B ibliographie: Deru, Bains, n° 9; Peuskens N. & Tromme Fr., Deux balnea belgo-rom ains: Boirs «village» et Heure-leRomain «S ur les M oulins», BCW, 24, 1977-79, 381-414.

Fig. 184 Eben-Emael,

T u m u lu s a u

La G u iz e tte :

la cave

Thier à la Tombe

L ocalisé e n b o rd u re de la v o ie L iège-M aastricht, a u Thier à la Tombe, s u r la M o n ta g n e S ain t-P ierre, le tu m u lu s d 'E b e n -E m a e l co n se rv e u n e h a u te u r d e 4 ,2 0 m e t u n d ia ­ m è tre d e 21 m . Ce te rtre classé a v a in e m e n t é té fo u illé au d é b u t d u xxe siècle, p a r F. H u y b rig ts p o u r le c o m p te de la S ociété s c ie n tifiq u e e t litté ra ire d u L im b o u rg . T u m u lu s a ra sé U n lég er re n f le m e n t c ircu laire, d 'e n v ir o n 30 m de d ia ­ m è tre , sig n a le e n c o re l'e m p la c e m e n t, a u lie u -d it de Heijse, d 'u n tu m u lu s arasé. S ituée à la lim ite des lo c a lité s d 'E b e n -E m a e l e t de K anne, la to m b e a é té fo u illé e , e n 1967-1968, p a r le Service n a tio n a l des F ouilles. Au c e n tre d u te rtre , les rejets d u b û c h e r e t q u e lq u e s te s so n s m êlés à d u c h a rb o n d e b o is o n t é té d é c o u v e rts so u s u n a m a s de p ie rre s. C o m m e l'a tte s te n t les n o m b r e u x c lo u s e t les

389

B ibliographie: Lange A.-M., V illa

A W 2,

161-166; Delplace,

P e in tu r e s ,

26;

r o m a i n e d e C u i z e t t e à E m a e l, P a l é o e n v i r o n ­

n e m e n t d e la M o n t a g n e S a in t-P ie r r e . A r c h é o lo g ie e n t r e M e u s e e t

Ge e r , Visé, 1981, 54-57; Massart, T u m u l u s , n° 12; Roosens H. & Lux G.V., E e n g a l l o - R o m e i n s e t u m u l u s t e E b e n - E m a e l - K a n n e ( A B , 121), 1970.

8 2 1 Braives, Braives L 'a g g lo m é r a tio n r o u tiè r e d e s

Fig. 185 Eben-Emael,

T h ie r à l a T o m b e :

le tumulus

traces d e b o is, le m o b ilie r fu n é ra ire e t l 'u r n e a b r ita n t les c e n d re s d u d é f u n t é ta ie n t d isp o sé s d a n s u n c o ffre carré e n b o is, d e 1,40 m d e cô té. U n e tra c e de p ie u d e se c tio n ca rré e e t u n e fosse c irc u la ire c o n te n a n t des p ie rre s, d u c h a rb o n de b o is e t d es te s so n s o n t é g a le m e n t é té m ises au jour. La d o ta tio n fu n é ra ire p e r m e t d e d a te r ce tu m u lu s d u p re m ie r q u a rt d u 11e siècle. P lu sie u rs o b je ts é ta ie n t d is p o ­ sés p a r p a ire s : p o ts g lo b u la ire s e n c é ra m iq u e d o ré e , as­ siettes e t c o u p e s e n te rre sigillée, p o ts e n c é ra m iq u e c o m m u n e , unguentaria e n v erre. D 'a u tre s p ièce s c o m ­ p lé ta ie n t ce m o b ilie r: u n e b u ire d e c o u le u r b le u v ert, u n e la m p e e n te rre cu ite, u n g o b e le t e n terra nigra, u n as d e D o m itie n , u n strig ile e n fer e t des riv e ts de b ro n z e . A.-M. H.

Sarrasins

L 'a g g lo m é ra tio n r o m a in e est situ é e a u c œ u r de la z o n e lim o n e u s e d e la H esb ay e liég eo ise, su r la lig n e de crête s é p a ra n t la v a llé e d e la M é h a ig n e d e la v a llé e d u G eer, af­ flu e n ts de la M euse. L 'h in te rla n d é c o n o m iq u e de la b o u rg a d e p e u t être es­ tim é à e n v iro n 2 0 0 k m 2, espace à v o c a tio n e ss e n tie lle ­ m e n t a g rico le a u se in d u q u e l a p p a ra is s e n t des g ra n d s éd ifices ré s id e n tie ls e t des b â tim e n ts de p lu s p e tite taille, se ré p a rtis s a n t e n c o u ro n n e a u to u r d u b o u rg . Les to m b e s sous te rtre é m a ille n t le p ay sag e ru ra l ta n d is q u e les bases d 'u n e d iv isio n p a rc e lla ire o n t é té re stitu é e s su r les cartes p a r les a rc h é o lo g u e s. Le c a d a stre o ffre des a lig n e m e n ts s 'a p p u y a n t e s s e n tie lle m e n t su r le tr o n ç o n n o rd -e s t sudo u e st de la c h a u ssé e B avay-C ologne, q u i c h a n g e de d ire c ­ tio n à la so rtie d e l'a g g lo m é ra tio n , vers l'est.

Le site archéologique D is ta n t d e 28 k m de T o ngres, le site est v o lo n tie rs id e n ­ tifié à l'é ta p e Perniciacum-Pernaco cité e p a r les itin é ra ire s a n tiq u e s . À la s o rtie d u b o u rg , la c h a u ssé e ro m a in e , q u i lu i s e rt d e ru e p rin c ip a le , o b liq u e d o n c trè s n e tte m e n t vers le n o rd -e s t o ù s o n p a rc o u rs d e v ie n t p lu s re c tilig n e

Fig. 186 La région de Braives à l'époque romaine. 1. Voie romaine; 2. Agglomération de Braives; 3. V illa ; 4. Établissement; 5. Habitat; 6. Temple; 7. Tumulus; 8. Tumulus arasé; 9. Nécropole; 10. Tombe isolée; 11. Substructions

390

P R O V I N C E DE LIÈGE [

Fig. 187 Braives: 1. Voie romaine Bavay-Cologne; 2. Agglomération des Sarrasins à Braives; 3. Bâtiment isolé à Braives; 4. Bâtiment d'exploitation de Lens-Saint-Remy à Hannut; 5. Villa aux Grandes Pièces à Latinne; 6. Tombe d'Avennes à Braives; 7. La Tomballe à Braives; 8. Tombe de Marneffe à Latinne; 9. Tumulus arasé de Hosdent à Latinne; 10. Nécropole du MontSaint-Sauveur à Fallais

en prenant la direction de la capitale des Tongres. Le plan de fouilles montre une implantation de divers bâti­ ments axés de part et d'autre de la chaussée antique et s'étirant sur une distance de plus de 1 km. L’agglomération des Sarrasins a donné lieu à des projets de fouilles très étendues, surtout au xxesiècle. Avant 1973, ce fut pour l'essentiel la Société archéologique HesbayeCondroz qui assura les premières explorations. Àpartir de cette date, l'initiative a été reprise par la Société d'Archéologie de Waremme et l'UCL, pour une vingtaine d'années, dans le cadre de recherches pluridisciplinaires débouchant sur des résultats étoffés et diversifiés. En l'absence de camp militaire avéré de la période augustéenne, tout indique que la fondation de la bourgade de Braives est assez tardive et qu'elle est contemporaine de l'aménagement du réseau routier, sous le règne d'Auguste. Sa fonction première a sans doute été de ser­ vir de relais routier, sur le parcours de la grande voie qui conduit à Tongres. Peu à peu, avec le développement de l'habitat, d'au­ tres fonctions ont dû voir le jour mais le rôle qu'aurait pu jouer Braives, au plan administratif, comme centre de pagus par exemple, est improbable durant la première moitié du Ier siècle. Comme on peut l'observer dans toute une série d'ag­ glomérations de ce type, la fonction artisanale devient vite prépondérante et conditionne le mode de vie des ha­ bitants du bourg. Ce rôle est parfaitement rempli par Braives, avec l'installation, à la période de Claude-Néron, d'une très vaste officine de céramique spécialisée. Au IIe siècle, l'économie du vicus, tout en se dévelop­ pant, se diversifie. Même si l'atelier de céramique dispa­ raît à ce moment, l'exercice d'autres petits métiers est at­ testé, comme le travail du fer et du bronze. Tout se passe comme si la diversification remplaçait la haute spécialité.

Un autre problème essentiel, à partir du IIe siècle, est celui de l'approvisionnement alimentaire des habitants du viens et de leur rapport avec le monde rural proche. La bourgade a-t-elle fonctionné comme le siège d'un marché journalier ou à délai régulier et de ce fait, dépen­ dait-elle totalement de la campagne ? A-t-elle au contraire investi dans une économie mixte, associant artisanat, commerce, élevage et productions de la terre ? Quelques éléments de réponse se dégagent des trou­ vailles archéologiques. La présence de silos pourrait lais­ ser penser que l'alimentation, voire la revente des den­ rées céréalières, correspondaient à des besoins et à des fonctions de la petite agglomération. Les analyses palynologiques et carpologiques mettent en évidence la proximité de terres cultivées et l'exercice de travaux de jardinage dans le bourg, autorisant un approvisionne­ ment local en plantes cultivées. La consommation de viande y est naturellement om­ niprésente, de même que les traces de boucherie. En outre, quelques indices semblent témoigner de l'exis­ tence sur place d'un élevage plus ou moins développé. La découverte dans un puits désaffecté de nombreux restes d'animaux domestiques prématurés, appartenant au gros bétail, va dans le sens de cette interprétation. Les habitants du vicus ont eux-mêmes assuré, par la va­ riété des métiers qu'ils entreprenaient, une économie mixte assez développée. Les origines

L'établissement de la première communauté coïncide avec la construction de la voie. La datation de cet événe­ ment est bien cernée par la fouille, l'horizon chronolo­ gique correspondant se situant dans le courant de la der­ nière décennie du Ier siècle avant J.-C. On signale la présence de deux fossés de délimitation anciens. Si le matériel archéologique reflétant la période augustéenne est présent sur le site et témoigne donc d'une occupation des lieux, aucune structure d'habitat de cette époque n'a été relevée. Les monnaies gauloises qui ont été retrouvées sont assez nombreuses mais elles ont été émises vers la fin du règne d'Auguste et sont donc de loin postérieures à l'époque de l'indépendance. L'habitat en bois et en torchis se généralise au premier siècle de notre ère. La zone périphérique occidentale a livré plusieurs structures remontant à cette époque et qui pour la plupart sont liées à l'artisanat de la céramique. Le quartier des potiers

Une série d’installations dispersées, établies de part et d’autre de la chaussée, forme le quartier des potiers, où une quinzaine de fours connus a fonctionné durant le deuxième tiers du Ier siècle après J.-C., répartis sur une superficie de plus d'un hectare et demi. Plusieurs alignements de trous de poteaux ont permis de cerner un atelier subdivisé en deux pièces dont une donne sur un four. À côté, un auvent protège l'artisan lors de la mise en chauffe du four. Dans l'officine se trouvaient aussi des cuves aménagées à même le sol, des­ tinées au stockage, au pourrissage et au malaxage de la pâte argileuse de même que des dépotoirs. Tous les fours découverts répondent à la même mor­ phologie : tirage vertical et foyer unique. Ils ont une aire de chauffe excavée communiquant par un canal avec 391

Fig. 188 Braives, Les Sarrasins: plan général de l'agglomération

Fig. 189 Braives, Les Sarrasins: plan du quartier des potiers. 1. Fours; 2. Argilières et fosses de stockage; 3. Dépotoirs; 4. Habitats en sous-sol

l'alandier; au-dessus de celui-ci est bâti le laboratoire où sont disposées les céramiques à cuire; la chaleur leur parvenait par l'intermédiaire de nombreux carneaux. La forme des fours est circulaire ou oblongue. Ils sont construits en pleine terre, les parois sont lutées à l'argile qui prend une consistance au moment de la première mise à feu, une banquette centrale sert de support à la sole. Le diamètre moyen des fours oscille entre 1,20 m et 1,50 m. Quelques-uns de ceux-ci se trouvaient dans un excellent état de conservation, présentant notamment une sole ou des parois toujours en place. Il est question d'une officine avérée et d'une autre non certifiée. La première fut une entreprise performante 392

parce qu'elle s'est spécialisée dans la production de quelques types de vases seulement. Elle a donc dû as­ seoir sa réputation par une intransigeante politique de qualité. Il s'agit d'une céramique fine peinte en rouge ou d'aspect noir, la terra riigra: tonnelets, coupes et bou­ teilles. Des cruches à une ou deux anses proviennent également de ces ateliers. Si tous ces fours cessent d'exister vers les années 60, on ne peut exclure une seconde implantation d'ateliers, au sud de la chaussée, spécialisés dans la production d'une vaisselle fine à couverte dorée. Daté de l'époque flavienne, le remblai d'un dépotoir situé à 7 m de la voie romaine, a livré une trentaine de vases de ce type. Le

P R O VI NC E DE LI ÈGE |

Fig. 190 Braives, Les Sarrasins: deux fours de potiers en cours de dégagement

sigle estampillé sur la face externe du pied de certains de ces vases évoque un potier belge du nom de EMIMO ou IMIMO. Toutefois, les fours correspondants manquent et ces productions sont aussi attribuées à un autre atelier du nord de la France.

Données environnementales La précision avec laquelle certaines données du paysage et les témoignages laissés par les restes osseux ont été ex­ ploités par les laboratoires des sciences de la nature, au­ torise une bonne restitution du cadre naturel de l'époque romaine. Dès le milieu du Ier siècle après J.-C., le paysage a déjà été considérablement modifié par l'homme. L'impor­ tance de l'aulne a été notée; aux alentours, on rencontre principalement des zones herbagères et les cultures cé­ réalières sont peu importantes. Plus tard, au ine siècle, une autre image du site nous est donnée subreptice­ ment, autour duquel on voit se maintenir une activité d'élevage, impression qui repose sur l'importance des graminées observées. À la fin de l'époque romaine, la pression anthropique diminuerait sur le paysage, on as­ siste à une réinstallation d'arbustes comme le charme et le noisetier. La majorité des ossements d'animaux retrouvés pro­ vient d'animaux consommés dont la variété nous aide à établir un schéma en terme d'approvisionnement en nourriture du site. Le transport de produits alimentaires des régions côtières vers Braives est attesté par les décou­ vertes de coquilles d'huîtres. On n'a pas pu retrouver des déchets de poissons de mer mais le remblai d'un puits a révélé les traces du célèbre garum romain. Cette sauce de poisson, à usage culinaire, a été importée à grande échelle, surtout d'Espagne. Mais ici, les chercheurs ont remarqué les restes de petits poissons marins qui ne se rencontrent que dans l'océan Atlantique, comme l'esprot, l'éperlan, le merlan et l'épinoche, mettant en évi­ dence une préparation d'origine occidentale. Les restes d'animaux de basse-cour, dont la poule était le plus important représentant, n'ont pas été fréquem­ ment découverts. Leurs os sont fragiles. La présence de quelques rares éléments squelettiques d'animaux sau­ vages témoigne que la chasse ne représentait pas une grande part de l'approvisionnement en nourriture, sans compter l'intéressante découverte de restes d'un au­ rochs. On chassait bien de temps en temps des oiseaux, le lièvre, le sanglier, le chevreuil et le cerf. De certains

animaux, on n'utilisait éventuellement que la peau; ce sont l'hermine, la belette, le blaireau et le renard. Les dé­ couvertes de plusieurs pièces travaillées démontrent l'utilisation de bois de cervidés comme matière pre­ mière pour la fabrication de différents types d'objets. Les plus importants pourvoyeurs de viande sur le vicus de Braives étaient le bœuf, le porc, le mouton et la chè­ vre. Dans toutes les structures de chaque période, les restes de bœuf dominent, la part des porcs et moutons/chèvres est toujours à peu près égale. Les bovins n'étaient pas uniquement importants pour leur apport en viande mais également pour la production laitière. En témoignerait le grand nombre d'animaux abattus alors qu'ils avaient déjà atteint un âge avancé. À l'époque romaine, on utilisait aussi les bœufs comme animaux de trait. On élevait les cochons exclusivement pour leur viande. C’est pourquoi on les abattait principalement à un âge jeune, et on entretenait un certain nombre de truies et quelques verrats plus âgés pour la reproduction. En ce qui concerne le petit cheptel, le mouton est large­ ment plus important que la chèvre. Ces animaux sont non seulement importants pour leur viande, mais aussi pour leur lait et leur laine. L'importance des études qui ont été consacrées par plusieurs équipes de chercheurs à l'analyse de la faune a permis d'enregistrer aussi des restes d'animaux plus rares, comme le chien, le cheval et le chat. La population des chiens du bourg de Braives présente une grande va­ riété. La hauteur au garrot des animaux du vicus varie entre 0,20 m et 0,76 m. Il y avait donc aussi bien des pe­ tits chiens que des chiens de grande taille, bien que l'énorme majorité fût de taille moyenne. On a aussi dé­ couvert les restes d'une race à pattes courbées, compara­ ble au teckel actuel. On observe aussi une grande variété au sein de la po­ pulation des chevaux du vicus. À côté d'animaux assez petits, ayant une taille au garrot aux alentours de 1,25 m à 1,30 m, se retrouvent aussi des chevaux assez grands. La présence du chat dans le vicus de Braives n'est pas très fréquente. Cet animal domestique n'a été importé dans nos régions qu'à partir de la conquête romaine.

Fig. 191 Braives, Les Sarrasins: aspect de l'agglomération et de sa rue principale

393

Fig. 192 Braives, Les Sarrasins: quelques plans de celliers

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P R O VI NC E DE LI EGE

Morphologie de la bourgade La bourgade couvre une superficie approximative de 12 ha mais la dispersion des vestiges peut s'étaler sur 25 ha. Elle présente les caractéristiques d'un habitat de type village-rue, avec en son centre, la répartition dense du bâti qui s'étiole sensiblement à la périphérie. Le site n'a pas une fonction de carrefour important. Dès lors, la zone construite a tendance à coller à la route et à s'allon­ ger sur une grande distance, de chaque côté de la voie ro­ maine. Les structures archéologiques repérées s'étalent sur une distance de 800 m, entre la limite territoriale d'Avennes, vers l'ouest et les premières maisons modernes de Braives, vers l'est. En profondeur, le vicus ne s'étend guère au-delà d'une distance de 100 m, de chaque côté de la voie.

Urbanisme, parcellaire L’aspect sinueux de la chaussée romaine dans le viens n'a pu favoriser un découpage régulier des terrains. La première trace d'aménagement, attribuable à la pé­ riode augustéenne, consiste en un double fossé creusé le long de la voie, à une distance d'une vingtaine de mètres du centre de celle-ci. La route possède une largeur de 8 m à 10 m et est constituée d'une assise inférieure en ro­ gnons de silex sous laquelle se trouve une couche de sable de préparation ayant livré du matériel de la période d'Auguste. Au moins deux rues empierrées se greffent sur la chaussée. L'agglomération, comme toutes les autres, connaît des zones à fonction spécifique. D'une manière générale, l'habitat se regroupe le long de la voie qui fait office de rue principale. Orientés vers la route, les bâtiments sont allongés et présentent sou­ vent une galerie en façade. L'habitat à proprement parler est placé vers l'arrière de l'édifice et comporte une pièce en sous-sol et peut-être un hypocauste. À ce jour, seul un hypocauste a été mis au jour à Braives. Des puits ou des silos assez nombreux existent également en liaison avec ces bâtiments et à l'arrière de ceux-ci. Pour l'essentiel, ces constructions abritaient des petits artisans et des commerçants. En périphérie, furent placées les aires de service comme le quartier des potiers, découvert vers l'ouest et une zone de l'artisanat du fer, vers l'est. Mais cette situa­ tion fait abstraction de la donnée chronologique: l'offi­ cine des potiers existe au Ier siècle; au siècle suivant, l'ha-

bitat aura tendance à se développer davantage et à colo­ niser cette zone. Au sud-ouest, on mentionnera la présence d'un ou de plusieurs tumulus, appartenant au domaine des morts. Les zones sacrées et les bâtiments publics ne nous ont pas encore été révélés par la photographie aérienne ou par la recherche. Au Ier siècle de notre ère, l'agglomération est marquée par des bâtisses en bois et en torchis. Deux modifications importantes interviennent dans le courant du ne siècle, à la faveur du renouveau de l'époque antonine. La première est d'ordre urbanistique. Le parcellaire de la bourgade est redessiné et l'on tente d'imposer une répartition du terrain sous forme de lan­ guettes de terre dans lesquelles prennent place des bâ­ tisses au plan allongé, perpendiculaires à la chaussée. La seconde consiste dans le mode de construction : les bâti­ ments sont portés par des fondations de pierre.

L'habitat La plupart des habitations répondent à un plan stéréo­ typé. Les édifices sont allongés perpendiculairement à la route. Leur longueur est de deux à trois fois supérieure à leur largeur. Deux modules ont été rencontrés : un plan de plus de 30 m de longueur environ sur 13,50 m de largeur et un plan de 26 m de longueur pour une largeur de 12 m. Le module le plus petit figure au centre et au centreouest du vicus; en revanche le module le plus grand se retrouve dans la périphérie occidentale du bourg. Au total, la parcelle individuelle moyenne s'étend sur une profondeur de 70 m au moins pour 12 m à 13 m en façade, ce qui revient à situer le découpage du terrain ré­ servé à un particulier ou à une famille, à environ 10 ares.

Les sous-sols Les sous-sols en maçonnerie ont été construits avec un soin particulier. Une vingtaine d'entre eux nous sont connus. Ce sont des caves de plan rectangulaire d'envi­ ron 16 m2 de superficie; un cellier fait exception de par son allongement excessif, sa longueur atteint 10,5 m et sa largeur 3,50 m. Les murs sont parementés exclusive­ ment vers l'intérieur; l'appareil est fait de petits blocs cu­ biques de phyllade locale alternant parfois avec des lits de tuiles; les joints ont été couverts d'un crépi repassé à la dague. La plupart des structures en sous-sol du type cellier ont néanmoins été construites en matériaux plus légers. Dans ce cas, on peut observer au vu de leur profondeur, qu'elles devaient se trouver en partie enterrées, c'està-dire que la partie supérieure de leur élévation devait dépasser du niveau de circulation d'époque gallo-ro­ maine. Une grande variété est présente dans le mode de construction des caves.

Les puits

Fig. 193 Braives, Les Sarrasins: cave en pierres

Les puits permettant l'approvisionnement en eau pota­ ble sont assez nombreux dans le vicus. La plupart possè­ dent un cuvelage en pierre de bonne facture, dans la par­ tie supérieure. L'ouverture a un diamètre de 1,20 m environ. La maçonnerie qui les délimite est construite à l'aide de blocs de schiste disposés selon des assises de 0,10 m d'épaisseur. 395

et des indices fondamentaux permettant de reconstituer l'environnement du site, notamment en ce qui concerne la faune. Les thermes

La célèbre technique du chauffage par air chaud a été ob­ servée à Braives. Un foyer d'hypocauste a pu être ex­ ploré. La situation du bâtiment de même que l'épaisseur inhabituelle des murs pourraient indiquer qu'il s'agit de thermes; ces vestiges correspondraient alors à la partie arrière du caldarium des bains, avec son exèdre axiale. Les espaces funéraires et les monuments sculptés

Dans la région immédiate du vicus, figure un certain nombre de tertres funéraires, les uns conservés, les au­ tres arasés. Le plus célèbre d'entre eux est la Tombe d'Avennes, localisée au sud-ouest de la bourgade. De nombreuses pierres sculptées ont été recueillies en remploi à l'intérieur de la forteresse du Bas-Empire. Ils appartenaient à l'origine à des monuments funéraires, érigés à l'extérieur du bourg, le long de la voie. Plusieurs blocs, dont un fragment du portrait d'un homme placé dans une niche et des motifs végétaux peuvent être attri­ bués à un pilier funéraire. La pierre blanche calcaire uti­ lisée est originaire des côtes de Meuse. La fortification du Bas-Empire

Au Bas-Empire, le vicus subit des difficultés écono­ miques et est intégré dans le système de défense mili­ taire de la Gaule septentrionale. Dès la fin du IIIe siècle, sur le point culminant du site, la chaussée et un de ses diverticules sont déviés pour les besoins de la construction d'un ouvrage militaire qui connaîtra au moins une réfection sous Constantin au premier tiers du IVe siècle. Une superficie de 30 ares est nivelée et entourée de fossés défensifs. Palissades et

Fig. 194 Braives, Les Sarrasins: coupe au travers d'un puits profond de plus de 36 m. Cuvelage (1); Remplissage au niveau du loess (2) et du substrat crayeux (3); Remblais anciens (4 à 5); Nappe phréatique (6)

La grande profondeur à laquelle ils ont dû être creusés pour atteindre la nappe aquifère ne laisse pas d'étonner. L'un d’eux a été systématiquement vidé de son comble­ ment jusqu'à une profondeur de plus de 36 m. Le cuvelage en pierre de ce puits n'a été assuré que sur les trois ou quatre premiers mètres lorsque le creuse­ ment est établi au travers du limon. Au-delà et sur une épaisseur de 10 m, il a été creusé au travers du lœss, ce qui a entraîné des éboulements dès l'époque de son uti­ lisation. Plus loin, il est taillé dans un sol heureusement plus stable, constitué de craie. Une logette de protection avait été aménagée au bas du puits pour le puisatier. Outre les informations importantes recueillies à pro­ pos du mode d'aménagement de ce puits, il a livré un mobilier très varié: objets usuels en fer, en bois, en cuir 396

Fig. 195 Braives, Les Sarrasins: plan de la fortification du Bas-Empire. Les deux états sont superposés. Au dernier état appartiennent le grand fossé et la tour de garde utilisée jusqu'au milieu du iv* siècle

P R O VI NC E DE LI EGE

Fig. 196 Braives, La Tombe d'Avennes: le tumulus

murs de terre derrière chaque fossé taillé en pointe et large de 5 m à 9 m viennent renforcer l'accès au fortin. On y pénètre par une porte méridionale, matérialisée par des tranchées de fondations. Au centre de la fortifi­ cation une tour de garde de 11,50 m sur 14 m, bâtie sur des fondations massives domine toute la région avant d'être incendiée au milieu du ive siècle. L'édifice militaire lui-même n'est pas homogène; entre le milieu du IIIe siècle et le milieu du siècle suivant, il a changé plusieurs fois de physionomie, il a évolué et a été reconstruit. Pour l'essentiel, deux phases chronologiques bien dis­ tinctes peuvent être soulignées. On constate que l'em­ prise de la fortification a été notablement agrandie d'une phase à l'autre. Dans son premier état, la fortification dessine un rec­ tangle de 60 m sur 62 m et occupe une superficie de 37 ares. Elle se compose alors d'un petit fossé, d'un mur de terre et sans doute d'un bâtiment central. Dans son état final, la fortification offre un plan plus irrégulier de 90 m de côté environ et s'étend sur une su­ perficie de 81 ares. Elle est constituée par des fossés plus profonds, un mur de terre élargi, une porte d'entrée mo­ numentale et une tour de garde en pierre. La date exacte de la construction militaire est malaisée à établir. On sait aujourd'hui que les bourgades ont été, à plusieurs reprises, entre la fin du IIe et le milieu du IIIe siècle, les victimes de récessions profondes. Le point culminant de cette évolution se situe peu après 260. C'est dans ce cadre politique qu'est construite la pre­ mière redoute. La reconstruction finale du fort se place vraisembla­ blement au ive siècle et devrait être le résultat de la poli­ tique de renforcement conduite par les empereurs de la dynastie constantinienne. Deux fours à chaux aménagés en bordure du fossé oc­ cidental, révèlent la récupération de matériaux pour la construction hâtive de la tour. À l'arrière de celle-ci un horreum, grenier à céréales, as­ sure en cas de coup dur les besoins alimentaires des ré­ fugiés. Le tumulus d'Avennes

Au nord-ouest de Braives, au lieu-dit Campagne de la Tombe, se dresse un tumulus classé en 1978, la Tombe d'Avennes, qui tire son nom de l'ancienne commune li­ mitrophe. Situé à la limite méridionale de l'aggloméra­

tion secondaire romaine, le tertre conserve une hauteur de 8 m pour un diamètre de 34,5 m à 42 m. Fouillé en 1873 par G. de Looz, il abritait un caveau de bois de 2 m sur 2,10 m qui renfermait un riche mobilier funéraire. Outre des pièces plus rares comme un enton­ noir en verre, un bol en verre de teinte blanc laiteux, une bouteille basse cylindrique en verre de teinte verte et une œnochoé «Blechkanne» de bronze peu courante dans le nord de la Gaule à cette époque, figuraient plu­ sieurs services en céramique ou en verre. À côté d'un ser­ vice en terre sigillée constitué de douze pièces, huit tasses bilobées, trois assiettes et un plat, se trouvaient des ensembles en céramique dorée, deux urnes à bossettes et quatre tripodes, en céramique à enduit rouge pompéien, quatre assiettes en verre, deux bouteilles cy­ lindriques hautes, de teinte verte, et quatre bouteilles coniques à panse nervurée. Notons également la pré­ sence d'une urne cinéraire en verre à panse côtelée, d'un dolium et d'une pièce de monnaie de Vespasien. La particularité de la dotation funéraire réside dans le nombre relativement important d’objets en fer parmi lesquels figuraient un siège pliant, une pelle à feu, une pincette, des lames de couteau et des forces. Le mobilier, conservé au Musée Curtius, date de l'époque flavienne et vraisemblablement du règne de Domitien. Un autre lieu-dit La Tomballe, au nord de la commune de Braives, en bordure de la chaussée romaine, évoque peut-être un ancien tumulus disparu. Il y en a un autre avec le même toponyme, au sud de la Tombe d'Avennes. R. B. & F. v.

B ibliographie: Brulet R. et al., Braives gallo-rom ain. I à V, (P H AA, 26, 37, 46, 77 e t 83, 1981, 1983, 1985, 1990 et 1993); Brulet R. et al., Braives-la-Romaine. Bilan de v in g t ans de recherches archéologiques dans l'agg lo m ération gallo-rom aine de Braives, 1973-1992, ( C A jM , 9, 1 9 9 4 ); Brulet R., Laubenheim er F., & Vilvorder F., Les amphores de Braives, un vicus de Gaule Belgique, Laubenheim er F. (dir.), Les am phores en Gaule. Production et circulation. Annales Littéraires de l'Université de Besançon, 474, 1992; Brulet R. & Vilvorder F., Braives (Braives), A gglom érations secondaires, n° 323; Charlier J., Fesler R. et al., Braives/Avennes: sondages et prospections géophy­ siques sur le site du vicus, CAW, 9, 2001, 112-113; CordyJ.-M ., Udrescu M. & Yernaux G., Étude ostéologique des restes d 'a n i­ m aux du vicus ga llo -ro m ain de Braives (prov. de Liège, Belgique), Hom m e et a n im a l dans l'a n tiq u ité romaine, Actes du colloque de Nantes 1991, Caesarodunum, Tours, 1995; de Looz G., Fouilles dans la tom be d'Avennes, B!AL, 12, 1, 1874, 196-228; Gueury M.-C. & Vanderhoeven M., Les tombes sous tum ulus au Musée Curtius (II). Braives (Avenues), B!AL, 106, 1994, 5-76; Massart, Tumulus, n° 1 3.

8 3 1 Braives, Fallais L a n é c ro p o le d u

Mont-Saint-Sauveur

Implanté sur la rive gauche de la Méhaigne, au sud-est du village de Fallais, le site classé de la butte du MontSaint-Sauveur a livré de nombreux objets appartenant à une nécropole datée du Haut-Empire romain et de l'époque mérovingienne. Les tombes romaines étaient creusées au pied de la colline du côté occidental, ainsi que dans la partie inférieure des versants. Les tombes 397

Fig. 197 Fallais, Le Mont-Saint-Sauveur: terres sigillées tardives à décor chrétien provenant de la nécropole

mérovingiennes étaient localisées au sommet et sur les flancs sud et ouest. Les premières tombes fortuitement mises au jour vers le milieu du xixe siècle ont été détruites. L'Institut ar­ chéologique liégeois entreprend au cours des années 1871 à 1875 l'exploration du site mais se contente d'une simple récolte d'objets. Enfin, le Service de Jeunesse Archéolo-J reprend la fouille du site entre 1974 et 1976.

L'étude récente des deux cent septante objets conservés au Musée Curtius, a permis de dégager trois grands en­ sembles de matériel. Le premier, constitué par les dotations du HautEmpire, se caractérise par un grand nombre de terres si­ gillées lisses principalement issues du Centre Gaule ainsi que par une abondante verrerie. Dans le mobilier du Bas-Empire qui forme le second ensemble, les céramiques se font plus rares tandis que les objets en bronze tels que vaisselle, appliques de seaux et plaques de coffret décorées prédominent. Le troisième groupe englobe les tombes des Ve et viesiè­ cles dans lesquelles la céramique sigillée à molette, par­ fois à motifs chrétiens, est relativement importante. La verrerie est également représentée par quelques coupes et gobelets apodes. Ces sépultures ont aussi livré des élé­ ments de parure. A.-M . H.

C a rto g ra p h ie : voir fig. 187, 10. B ibliographie: Van Ossel P., La nécropole du Mont-SaintSauveur à Fallais, B!AL, 94, 1982, 143-231.

8 4 1 Braives, Latinne La

Fig. 198 Latinne, Les Grandes Pièces : plan de la villa, les trois bâtiments et les zones d'épandage de matériaux

398

villa d e s Grandes Pièces

Bâtie sur un plateau élevé de la Hesbaye liégeoise, la villa de Latinne est localisée au lieu-dit Grandes Pièces au nord-est de la localité. Le point d'eau le plus proche se situe à environ 500 m au sud-ouest. Une première exploration du site est entreprise en 1903 par l'Institut archéologique liégeois qui met au jour deux bâtiments sans cependant en dresser les plans. En 1970, la Société d'Archéologie et d'Histoire de Waremme y fouille un hypocauste, mais il faut attendre 1979 pour que le Service de Jeunesse Archéolo-J y entreprenne quelques campagnes de fouilles. Plusieurs bâtiments dont un corps de logis au nord-est et des zones de concentration de débris ont été décou­ verts de part et d'autre d'une vaste cour.

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bœuf prédomine, le choix s'est ici davantage porté vers l'élevage porcin. De même, l'étude biométrique a mon­ tré une différence de race entre les bœufs de Braives et ceux de Latinne qui sont de plus grande taille. La

Fig. 199 Latinne, Les Grandes Pièces: l'hypocauste à abside du bâtiment résidentiel de la villa

Long de 43 m, le corps de logis à galerie de façade flan­ quée de deux tours d'angle, est orienté nord-est sudouest. Plusieurs phases d'aménagement ont pu y être constatées. Parmi les quelques pièces reconnues figurent une cave située au nord-est et trois salles chauffées par hypocauste. La première vient se greffer devant la galerie de façade sud-est. Les deux autres hypocaustes sont loca­ lisés dans l'aile ouest, l'un équipe une pièce à abside si­ tuée au sud-ouest, l'autre assure le chauffage d'un calda­ rium. Ce dernier est doté de deux baignoires, l'une axiale, l'autre aménagée dans une petite niche latérale. Le frigidarium devait se trouver au sud-est. Une longue canalisation faite de tegulae dessert les hypocaustes. À environ 30 m à l'ouest, se trouve un deuxième édi­ fice dont il ne subsiste plus qu'une pièce chauffée par hy­ pocauste et bordée par une grande cave percée d'un sou­ pirail. Celle-ci témoigne de deux aménagements successifs. Initialement carrée et de petites dimensions, elle est agrandie vers le sud-est et équipée d'un nouvel es­ calier. En bordure de la cour agricole, un bâtiment annexe rectangulaire présente, appuyés contre les murs, des sup­ ports de piliers destinés à supporter la charpente. Située à proximité, une fosse a livré du matériel de la fin du IIe siècle et du début du IIIe siècle après J.-C. La villa est occupée depuis le IIe siècle jusqu'au début du IIIe siècle. Cependant, des découvertes de surface lais­ sent entrevoir une présence sur le site dès le Ier siècle et une éventuelle réoccupation au cours du IVe siècle. L'examen des restes d'animaux a permis de mettre en évidence, outre la diversité faunique, l’élevage et la consommation de mammifères tels que porcs, capridés et bœufs. Il apparaît que contrairement à ce qui avait été observé dans le viens voisin de Braives où l'élevage du

Tombe de Marneffe

Classée comme patrimoine exceptionnel, la Tombe de Marneffe ou Tombe poilue se situe au sud sud-ouest de la commune de Latinne au lieu-dit Campagne des Tombes. Fortement entamé par les labours, ce petit tumulus, de 15 m à 16 m de diamètre et 3,10 m de haut, fut fouillé, en 1876, par G. de Looz mais il avait été pillé antérieurement. Le lieu-dit La Tombe, au nord du tumulus de Latinne, conserve le souvenir de la Tombe de Hosdent un tumulus arasé au début du xixe siècle dont J. Desoer sortit quel­ ques objets perdus depuis lors. A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voirfig. 187, 5 et 8. B ibliographie: Cordy J.-M. & Rapaille A., Villa de Latinne: archéozoologie, Archéolo-j, 63; de Loë A., Examen d 'u n tertre à Latinne (province de Liège), ASAB, 1 7, 1903, 124 ; Massart, Tumulus, n° 14; Moureau G., Hypocauste et cave belgo-rom aine à Latinne, BSAHW, 10, 1979, 14-21 ; Plumier J., La villa gallorom aine des «Grandes Pièces» à Latinne, Archéolo-j, 69-82; Renard L., Exploration d'un e villa belgo-rom aine à Latinne, BIAL, 32, 1903, 89-94.

Fig. 201 Oteppe, La Tombe de Vissoul: le tumulus (2006)

8 5 1 Burdinne, Oteppe La

Tombe de Vissoul

La Tombe de Vissoul se dresse, au lieu-dit Campagne de la Tombe, au nord-est du hameau de Vissoul, au nord d'Oteppe, le long de l'actuelle route Vissoul-Braives. Ce tu­ mulus, classé comme patrimoine exceptionnel, qui conserve un diamètre de 26,60 m à 28 m et une hauteur de 7 m fut exploré sans succès, en 1873, par G. de Looz. Un deuxième tertre, déjà arasé à cette époque, fut fouillé à ciel ouvert et livra les vestiges d'un bûcher de 2,50 m de côté. Deux autres tumulus, aujourd'hui disparus, furent fouillés par Tihon en 1891 au lieu-dit Trou sauvage, Champ de la Tomballe, ils contenaient l'un les restes d'un bû­ cher, l'autre un caveau. Fig. 200 Latinne, La Tombe de Marneffe: le tumulus (2006)

A.-M. H.

399

B ibliographie: de Looz G., Les tombes de Vissoul, BCRAA, 27, 1888, 394-396; Massart, Tumulus, n° 15; Tihon E.( Les tombes de Burdinne, 1891, ASAB, 14, 1900, 64-80.

8 6 1 Clavier, Bois et Borsu Les to m b e s d e B o is-et-B o rsu

De remarquables mobiliers funéraires ont été découverts dans le hameau de Borsu, par F. Hénaux, entre 1895 et 1910. Dans leur voisinage, des substructions, partielle­ ment fouillées au lieu-dit Thier-Laurent, ont livré des pilettes d'hypocauste, un fragment de chapiteau et des re­ vêtements en marbres variés. Malheureusement, plusieurs contradictions dans les rapports publiés ou inédits de ces trouvailles ont suscité un dossier d'expertise et jeté le doute sur la provenance de certains objets. La seule sépulture photographiée au moment des fouilles est celle conservée au Grand Curtius de Liège, connue dans la littérature archéologique sous le nom de «tombe 2 de Borsu». Un trépied et un candélabre en bronze, une lampe en fer et une monnaie de Trajan en sont les premiers objets trouvés lors du creusement des fondations d’une habitation, en 1902. De nouvelles recherches furent entreprises sous la maison en 1907 et révélèrent le reste du mobilier comp­ tant un bassin, une patère et une œnochoé en bronze, des ustensiles en fer, un pendentif en or, une coupe et un balsamaire en verre, ainsi que vingt récipients en cé­ ramique qui permettent de situer le dépôt dans le der­ nier tiers du ne siècle. Les ossements incinérés étaient rassemblés dans un coffret en plomb. À côté de cette tombe, un second ensemble «tombe 3 » aurait été découvert en 1907 ou 1908, rassemblant un mobilier assez semblable, avec trépied, candélabre et lampe, patère et œnochoé en bronze. Une sépulture «tombe 1», située au lieu-dit Haut Thier, se présentait sous la forme d'une fosse de 2 m de diamè­ tre, taillée dans le schiste. Elle contenait des débris de cé­ ramiques et de verres et quelques pièces entières dont un gobelet en verre noir datable de la fin du ne ou du début du iiie siècle.

Fig. 203 Bois-et-Borsu: trépied en bronze trouvé dans la tombe 3

Enfin, un vase à onguent, en bronze étamé, provien­ drait d'une tombe découverte fortuitement en 1867. Le reste du mobilier, composé d'un bassin en bronze, d'ob­ jets en verre et en céramique, a disparu. La panse du vase en bronze est rehaussée d'un décor en haut relief, de belle qualité, représentant des Amours vendangeurs. Toutes ces trouvailles étant proches les unes des au­ tres, on se trouverait ici en présence d'un petit cimetière familial, comme celui de Vervoz, lié à un fundus des en­ virons du vicus de Clavier-Vervoz. C.M. & J.-L . s.

B ibliographie: De M ot ]., Le vase de Bois-et-Borsu, BMRC, 13, 1914, 1-4; Hénaux F., La tom be belgo-rom aine de Borsu, BIAL, 37, 1907, 321-336; Renard L., Candélabre et trépied en bronze de l'époque belgo-rom aine découverts à Borsu, BIAL, 32, 1902, 335-348.

8 7 1 Clavier, Clavier L 'a g g lo m é ra tio n ro u tiè re d e V ervoz

Fig. 202 Bois-et-Borsu : balsamaire en bronze aux Amours vendan­ geurs

400

Au sud-est de Clavier, le hameau de Vervoz a livré de très nombreux vestiges archéologiques d'époque romaine. Une agglomération Vervigium s'étendait, à l'ouest de Vervoz, le long de l'ancienne voie romaine TongresArlon, à proximité des sources du Néblon. Une zone de sanctuaires était implantée à l'est de l'agglomération tandis que des fours de potiers furent mis au jour au nord-nord-ouest. À l'ouest de l'ancienne voie, au lieu-dit Fecheroux, des fouilles révélèrent un ensemble funéraire unique en Belgique. Fin xixe-début xxe siècle, quelques bâtiments de l'ag­ glomération romaine de Vervoz furent mis au jour. Il faut cependant attendre les années 1960 avant que les

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fours de potiers et le noyau du vicus, représentant une vingtaine de bâtiments, ne soient repérés et fouillés par les membres du Cercle archéologique Hesbaye-Condroz. L’agglomération se présente sous la forme d'un villagerue dont les bâtiments allongés, qui disposent le plus sou­ vent d'une cave et parfois d'une galerie en façade, s'ali­ gnent de part et d'autre de la voie romaine TongresArlon. L'habitat est bien desservi par des ruelles empierrées et perpendiculaires à la voie qui permettent de percevoir clairement les découpages d'îlots. Un lotissement com­ plet était occupé par le complexe thermal. L'îlot contigu regroupe deux maisons allongées, et un troisième, face aux thermes, en comporte au moins trois. L'implantation de l'agglomération de Vervoz n'est pas antérieure à la construction de la voie c'est-à-dire à la pé­ riode Claude-Néron. Elle se développe essentiellement au cours des 11e et me siècles et connaît vers 250-270 de nombreuses dégradations. Le vicus semble complète­ ment abandonné au ivesiècle alors que des travaux de ré­ aménagement sont effectués dans l'enceinte du sanc­ tuaire.

Thermes et monument absidial Au centre du bourg, un vaste complexe thermal, assez bien conservé, s'étendait sur plus d'une quarantaine de mètres de long. Quelques pièces d'accueil en façade pré­ cédaient les bains proprement dits et la palestre qui était fermée à l'est et au sud par un mur. Le frigidarium ovale était suivi d’un tepidarium séparé du caldarium par des tubuli posés en boutisse sur la suspensura. Le plan longi­

tudinal où les pièces sont disposées en enfilade s'ap­ plique aux thermes de Vervoz. Des fragments de fresques polychromes, retrouvés dans le frigidarium, témoignent de la décoration primi­ tive des bains. Les plus célèbres appartiennent à une plinthe à panneaux d’imitation de marbre. Le panneau central est encadré d'un filet blanc, d'une bande marbrée verte, d'un filet blanc, d'un bandeau rouge, d'un filet noir. La décoration consiste en des traits ondulés et des cercles de couleurs rouge et jaune pâle sur fond jaune. Un portique, appuyé sur le mur sud de la palestre, s'ouvrait sur le chemin menant au sanctuaire. En 1970, quatre inhumations de nouveaux-nés ont été mises au jour à l'emplacement de ce portique. Elles remontent à la seconde moitié du Ier siècle et à la première moitié du 11e siècle. Un petit buste de Bacchus provient de cette zone. À proximité des thermes, mais indépendante de ceuxci, une petite construction de plan basilical, fermée par une abside était chauffée par hypocauste. Celui-ci oc­ cupe la partie orientale de l'édifice et communique avec des canaux obliques. Vu son plan basilical, on a été à plusieurs reprises tenté de reconnaître dans cette bâtisse une curie. Cet édifice serait contemporain de la deu­ xième phase des bains publics.

L'habitat De l'autre côté de la voie se trouvent les vestiges d'un bâ­ timent plus élaboré. Les fouilleurs y ont découvert, au pied d'une base de pilier, un trésor monétaire de seize cent quatre-vingts pièces d'argent, deniers et antoni-

Fig. 204 Clavier: 1. Voie Tongres-Arlon; 2. Agglomération; 3. Atelier de potiers; 4. Sanctuaire du Grand Palais; 5. Ensemble funéraire de Fecheroux

Fig. 206 Clavier, Vervoz: plan des thermes

Fig. 205 Clavier, Vervoz: plan de l'agglomération

401

Fig. 207 Clavier, Vervoz: vue panoramique sur la fouille des thermes et de l'édifice au plan basilical

niens, contenu dans une œnochoé en bronze. Ce trésor enfoui entre 254 et 257 est conservé au Musée Curtius. Au sud de l'agglomération, un édifice initialement quadrangulaire présente un plan en forme de T suite à l'ajout d'un hypocauste, de pièces annexes et d’une cave. Il a parfois été considéré, à tort, comme un relais. La plupart des autres édifices, à caractère privé, se re­ groupent de chaque côté de la rue. Ils sont dotés de caves et de galeries en façade. Au sein de leur plan quadrangu­ laire, des divisions internes sont parfois reconnues. On aperçoit des bâtiments rectangulaires simples et à plan tripartite. Dans l'un des cas, une infrastructure en maté­ riaux légers devait vraisemblablement rattacher une cave maçonnée et une pièce sur hypocauste au corps de logis, ouvert sur la chaussée.

Le sanctuaire Au lieu-dit Grand Palais, à 50 m à l'est de la chaussée Tongres-Arlon, un peu en retrait de la zone d'habitat, les fouilleurs du Cercle archéologique Hesbaye-Condroz mirent au jour, en 1970-1971, les fondations d'un vaste sanctuaire. Implanté sur le flanc sud d'une colline, il do­ mine la vallée du ruisseau d'Ocquier, le principal af­ fluent du Néblon. Disposés perpendiculairement l'un par rapport à l'au­ tre, les deux fana orientés nord-ouest sud-est étaient en­ tourés d'une enceinte fermée par un portique. De ces deux temples, seules les fondations sont conservées qui témoignent de deux phases distinctes. Le fanurn A, de type classique, était dans sa première phase un édifice presque carré d'environ 14 m de côté, reposant sur des fondations en calcaire et couvert d'un toit de tuiles blanches et rouges. Une galerie large de 2,80 m dont le stylobate était construit en moellons de tuffeau, entourait une cella ornée de fresques à décor li­ néaire. Lors de la deuxième phase, le temple, qui atteint désormais 14,95 m à 15,60 m de côté, semble avoir été surélevé sur un podium auquel un escalier situé au sudest donnait accès. Seule la première marche subsiste; elle est interrompue par une structure qui pourrait corres­ pondre à l’emplacement d'un autel. Les fondations pri­ mitives du mur extérieur du déambulatoire furent cein­ turées par un mur de grès et de calcaire. Elles furent, en outre, traversées par des bases de piliers en maçonnerie 402

semi-cylindriques sur les côtés, et triangulaires dans les angles sud-est et sud-ouest. L'intérieur du bâtiment était orné de plinthes en marbre blanc et de mosaïques en marbre de couleur blanche, verte et rouge. Le temple B, un fanum à cella, légèrement trapézoïdal et de dimensions moindres - 6,80/7 m sur 8,90 m - se dressait à 7,50 m à l'ouest du temple A. La présence de nombreux clous et de charbon de bois laisse supposer que les murs de l'édifice étaient charpentés et reposaient sur un solin de blocs calcaires. Les fondations des murs est et ouest étaient interrompues, en leur milieu, par une fosse dans laquelle était vraisemblablement plantée une poutre en bois soutenant le toit à double pente, couvert de tuiles. Un perron ou un escalier de bois, reposant sur une assise de pierres, précédait l'entrée au sud-est. Pendant la deuxième phase, les deux grandes poutres de soutènement sont enlevées, les fosses comblées et l'en­ trée sud-est condamnée. L'aire sacrée était délimitée, au sud, en bordure du pla­ teau, par un portique de 5,90 m sur 29,70 m, couvert d'un toit de tuiles, qui donnait accès à l'est à un bâti­ ment rectangulaire formé d’une seule pièce de 10,20 m sur 14,30 m. Un chemin empierré menait de la voie Tongres-Arlon à l'entrée ouest du portique. Ce dernier s'ouvrait au nord sur l'aire sacrée par deux larges portes surmontées d'une arcade construite en bloc de tuffeau. De nombreuses traces de foyer ont été retrouvées, no­ tamment dans le portique et dans le bâtiment oriental.

Fig. 208 Clavier, Vervoz: plinthe à panneaux imitant le marbre, du frigidarium

P R O V I N C E DE LIÈGE |

Le mur d'enceinte, un polygone de forme irrégulière, reliait l'angle nord-ouest du portique à l'angle nord-est du bâtiment D. Si la partie sud-ouest du mur est relative­ ment bien conservée, des sondages ont révélé qu'il ne subsiste plus qu'à l'état de fondation à l'est, et qu'il a dis­ paru au nord. À ce jour, aucune statuette ou inscription qui permet­ trait d'identifier la divinité honorée dans ce sanctuaire n'a été découverte. Une fosse située entre les deux temples fournit de précieuses informations ar­ chéologiques et chronologiques, hn effet, dans le fond de celle-ci, deux niveaux de charbon de bois conte­ nant de la céramique et du numé­ raire datés du r 1siècle sont sépa­ rés par une couche constituée de fragments de fresques poly­ chromes. Un dépôt d'argile isole ce remblai de destruction des débris de matériaux et de céramiques des 11e et me siècles, eux-mêmes recouverts par le ni­ veau des me et ive siècles qui com­ blait définitivement la fosse. La construction du sanctuaire débute vers le milieu du ier siècle par l'édification des deux fana qui seront détruits par un incendie à la fin du iel ou au début du 11e siè­ cle. Très peu d'éléments archéo­ logiques témoignent de la survie du culte durant le IIe siècle et la première moitié du me siècle. Après 270, le sanctuaire connaît Fig. 209 Clavier, Vervoz: un second essor: les fana sont re­ petit buste en bronze de construits, le portique et le bâti­ Bacchus, sur colonne can ment rectangulaire édifiés et une nelée, provenant des enceinte clôture le site. Au début thermes du IVe siècle, le portique est forte­ ment endommagé, tandis que les autres bâtiments perdu­ reront tout au long du siècle sans modification.

Fig. 210 Clavier, Vervoz, Grand Palais: plan d'ensemble du sanctuaire

Fig. 211 Clavier, Vervoz, Grand Palais: plan des deux phases d'aménagement du fanum A. 1. Première phase de construction; 2. Seconde phase de construction

L'artisanat de la céramique

Au nord de la zone d'habitat, une quinzaine de fours de potiers furent mis au jour et fouillés sans que l'on ne re­ trouve la moindre trace d'autres infrastructures propres à ce type d'artisanat. Si la production locale a fourni des assiettes et des pots en terra nigra, elle consistait princi­ palement en céramique claire : cruches et pots à miel. L'apogée de la fabrication de céramique à Vervoz se situe à la fin de la première moitié du Ier siècle et vers le milieu de ce siècle. Les plus anciens fours datent des règnes de Claude et Néron, tandis que le plus récent est de la fin du IIe siècle. Zone funéraire

Localisée à environ 200 m au sud-ouest de l'aggloméra­ tion secondaire, une zone funéraire a été implantée sur une pente à faible déclivité vers l'est. Dès 1866, de très nombreux débris architecturaux gallo-romains, parmi lesquels un fût de colonne canne­ lée orné d'une figuration en relief d'Attis, furent décou-

verts au lieu-dit Fecheroux. En 1893, C.-J. Comhaire y en­ treprit des fouilles et découvrit trois cent quarante-sept débris de pierre sculptée, ainsi qu'une tombe contenant un mobilier exceptionnellement riche, notamment en verre. Ce dernier est conservé aux Musées royaux d'Art et d'Histoire. En 1905, F. Hénaux fouilla au même endroit et mit au jour un ensemble funéraire de six tombes à incinération et une centaine de débris architecturaux appartenant à un monument funéraire. Deux des trois tombes conte­ nant du mobilier funéraire ont livré un matériel particu­ lièrement riche qui est conservé au Musée Curtius. On peut distinguer deux monuments principaux. La tombe I, présente une architecture rare. Un caveau circulaire, de 3,20 m de diamètre, ceinturé dans sa moi­ tié supérieure par un mur en calcaire du pays, était par­ tiellement recouvert par une voûte cintrée en tuf de plan rectangulaire. Les restes d'un coffre sépulcral contenant le mobilier furent retrouvés sous cette voûte. Un examen 403

Fig. 212 Clavier, Vervoz: Le temple A à cella

anthropologique des ossements calcinés a établi que le défunt était un enfant âgé de 6 à 8 ans. Par ailleurs, on trouve un autre monument quadrangulaire de 3,80 m sur 5,20 m. D'après les fragments architecturaux et décoratifs re­ trouvés - corniches, colonnes cannelées, frises d'armes, frises en treillis schématisé, draperies appartenant à des personnages grandeur nature, sphinx et Attis -, on peut envisager qu'il s'agisse d’un pilier funéraire monumen­ tal, couvert par un toit à quatre pans incurvés, et entouré de quatre petits tertres. Selon les informations fragmentaires et un plan im­ précis, le monument en question aurait été entouré de quatre grandes tombes disposées symétriquement. Deux autres sépultures (V et VI), de 0,60 m de côté, étaient creusées en pleine terre au pied du monument. À 4 m au nord du monument, la tombe II, de 1,50 m sur 2,10 m, disposait d'un coffre de bois déposé sur les vestiges de la crémation. Comme dans la première sépul­ ture, une urne cylindrique contenait des ossements cal­ cinés appartenant à une femme âgée de 25 à 30 ans. La tombe III située à l'est n'a livré aucun matériel. À 5 m (?) à l'ouest du monument, la sépulture IV possé­ dait probablement un caveau circulaire si l'on se réfère à

Fig. 213 Clavier, Vervoz, Fecheroux: plan de l'ensemble funéraire

404

la description des restes du bûcher fournie par C.-J. Comhaire. Ce dernier mentionne également la présence de clous et de deux pentures qui indiqueraient l'exis­ tence d'un coffre de bois. En finale, trois grandes tombes ont livré un abondant mobilier funéraire : bronzes, verres et terres sigillées, qui était, chaque fois, placé dans un coffre orienté nord nord-ouest sud sud-est. La richesse du matériel réside également dans la diversité de la provenance des arte­ facts : céramique rhénane, locale, de Gaule du sud, bron­ zes de type italique, etc. Chacune de ces sépultures contenait également un ou plusieurs services complets en verre ou en terre sigillée. Il s'agit d'une des plus an­ ciennes attestations du regroupement de pièces iden­ tiques dans les riches tombes de Belgique. Notons une impressionnante proportion d'objets en verre: qua­ rante-deux sur un total de quatre-vingt-cinq, qui se re­ trouvent pour la plupart dans les tombes I, vingt sur trente-six, et IV, dix-sept sur vingt-deux. La sépulture II, quant à elle, présentait un mobilier de vingt-six objets comparable à celui de la tombe I mais constitué princi­ palement de terres sigillées dont notamment un service provenant de Gaule du sud. Parmi les objets en bronze plus rares figurent un ser­ vice composé d'une œnochoé portant le sigle ASPAF et d'une patère, de même que les cerclages, goulot et at­ taches d'une gourde en bois et une œnochoé à bec tréflé semblable aux productions du Bas-Empire. La verre­ rie offre également quelques objets tout à fait exceptionnels tels une bouteille ornée d'un décor à ré­ sille en bronze et deux canthares en verre ambré décorés de guirlandes blanches en forme de plume d'oiseaux. L’ensemble funéraire a pu être daté de l'époque flavienne, essentiellement grâce aux verres des tombes I et IV qui remonteraient aux années 60 à 75 de notre ère et à la sigillée de la tombe II attestée vers les années 70 à 80 après J.-C. La richesse du matériel retrouvé, de même que la di­ versité de provenances des objets, incitent à penser qu’il s'agit de la sépulture familiale d’un riche propriétaire

Fig. 214 Clavier, Vervoz, Fecheroux: canthare mis au jour dans la tombe IV de l'ensemble funéraire

Fig. 215 Crisnée et Remicourt: 1. Voie antique Tongres-Arlon; 2. Agglomération routière de Kemexhe; 3. Fours de potiers de La Croix Emoux à Momalle

P R O VI NC E DE LI EGE

Fig. 216 Clermont-sous-Huy, des bâtiments annexes

A rvy:

plan de la v illa , résidence et localisation

terrien ayant beaucoup voyagé - un militaire ou un commerçant - ou qui serait d'origine étrangère. A.-M. H. B ib lio g ra p h ie : A g g lo m é ra tio n s secondaires, 2 5 7 -2 5 8 ; Cabuy, Temples, 199-204; Delplace, Peintures, 29-30; Deru, Bains, n° 16; Deru, Céramique belge, 277-278; Deru X., Les «fours» 8 à 1 1 et la production de céramique à Clavier-Vervoz: nouvelle approche, BIAL, 106, 1994, 109-1 37; Gueury M.-C. & Vanderhoeven M., La tom be gallo-rom aine de Vervoz aux Musées royaux d 'A rt et d'Histoire, BMRAH, 60, 1989, 107-124; Gueury M.-C. & Vanderhoeven M., L'ensemble funéraire gallorom ain de Vervoz (com m une de Clavier), BIAL, 102, 1990, 61278; Willems J., La terre sigillée du vicus belgo-rom ain de Vervoz à Clavier, BCAHC, 17, 1981-1982, 27-82; Willems J. & Lauwerijs E., Le vicus belgo-rom ain de Vervoz à Clavier, (AB, 154), 1974, 155-1 74; Witvrouw J. & D., Le sanctuaire Belgo-ro­ m a in de Clavier-Vervoz, BCAHC, 14, 1975-1976, 147-216.

8 8 1 Crisnée, Kemexhe A g g lo m é r a tio n ro u tiè re

Lors des travaux d’aménagement de l'autoroute BruxellesLiège en 1969, G. Destexhe a repéré à Kemexhe, le long de la Verte Chaussée, les traces d'une petite aggloméra­ tion routière, ainsi qu'un tronçon de la voie romaine Tongres-Arlon. Cet habitat groupé s'étendait sur plu­ sieurs centaines de mètres de part et d'autre de la chaus­ sée antique. Le matériel trouvé témoigne d'une occupa­ tion du site depuis le Ier siècle jusqu'au IIIe siècle. A.-M. H. ; B ibliographie: Destexhe G., Fouilles de sauvetage au site belgo-rom ain de Kemexhe, BCW, 23, 1974-1976, 137-155.

8 9 1 Engis, Clermont-sous-Huy La

villa d 'Arvy

La villa romaine est localisée au lieu-dit Arvy, sur la rive droite de la Meuse, au sud-est de Clermont-sous-Huy et à l'ouest d'Ehein. Elle était bâtie sur un terrain en pente orienté au sud tandis qu'en contrebas un petit ruisseau, le Pont des Vaches, sillonne une zone marécageuse riche en sources. Les fouilles de G. Lawarée et A. Nelissen en 1966 et celles de J. Witvrouw en 1972 révèlent l'existence d'une

Fig. 217 Clermont-sous-Huy, A r v y : plan des bains de la v illa , greffé sur le corps de logis

résidence allongée à galerie de façade, pavillon d'angle et bains rajoutés, bâtie selon un axe nord-est sud-ouest. Cet habitat, dont une partie de la zone centrale et l'ex­ trémité nord-est nous restent inconnues, devait attein­ dre une centaine de mètres de long pour une largeur maximale conservée d'environ 15 m. Les prospections effectuées aux alentours ont permis de repérer quelques bâtiments annexes. Greffés sur le pavillon d'angle occidental, les bains de plan resserré constituent les vestiges les mieux conservés de la villa. Orientés nord-ouest sud-est, ils s'étendent sur une longueur de 16,10 m et une largeur de 14,20 m. Les murs en petits moellons de calcaire équarris, liés avec un mortier brunâtre, reposaient sur des fondations grésocalcaires. L'accès s'effectuait au sud-est par 1'apodyterium bordé au sud par le frigidarium et au nord-ouest par le te­ pidarium; le caldarium quant à lui occupait toute la par­ tie occidentale des thermes. La baignoire du frigidarium, aménagée dans une exèdre, conservait les traces d'un pavement en carreaux de terre cuite posé sur un sol en béton. Des fragments de plaques de marbre, qui pourraient être les restes d'un lambris, ont été mis au jour dans les remblais de la pis­ cine. Le tepidarium et le caldarium chauffés par hypocauste disposaient chacun de leur propre praefurnium situé dans la partie septentrionale des bains. Celui du tepida­ rium, après transformation, assurait également le chauf­ fage de la baignoire latérale du caldarium. Les murs du tepidarium étaient vraisemblablement couverts de fresques de couleur rouge et jaune, comme en témoi­ gnent les quelques éléments trouvés dans les remblais. Les deux niches du caldarium, l'une axiale, l'autre la­ térale, abritaient des baignoires. L'une d'entre elles a livré un important fragment de suspensura constituée de carreaux de terre cuite et de deux couches de béton rose. Plusieurs phases de construction peuvent être déce­ lées: au noyau initial de la grande résidence vient s’ajou­ ter la galerie de façade et le pavillon d'angle au sudouest. Ces deux étapes d'aménagement se situent entre la fin du Ier siècle et le milieu du ne siècle. Vers le milieu du iie siècle, l'édification des bains entraîne le démantè­ lement de quelques pièces de l'aile occidentale. Enfin, le caldarium est complètement reconstruit, comme l'atteste la présence de mortier jaunâtre et non plus brunâtre comme pour le reste de l'édifice. La fin de l'utilisation des bains remonte au milieu du IIIe siècle, tandis que le corps de logis tombe peu à peu en ruine. Quelques 405

Fig. 218 Clermont-sous-Huy, Arvy : l'installation des bains de la villa

tessons de céramique commune, datée de la fin nieou du début du ive siècle, laissent supposer une présence sur le site au Bas-Empire. Ces fouilles ont également contribué à la mise au jour, sous les bains, de quelques structures qui appartenaient probablement à un habitat en bois antérieur à la villa. En effet, non loin de quelques trous de poteaux alignés selon un axe nord-sud, les vestiges d’un foyer domes­ tique et un dépotoir recelant de la céramique locale de la seconde moitié du Ier siècle ont été trouvés. Ce bâtiment aurait été détruit par un incendie vers la fin du 1er ou au début du 11e siècle. A.-M. H. B ib lio g r a p h ie : Deru, Bains, n° 1 7; Witvrouw j., La villa ro ­ m aine d 'A rvy à Clermont-sous-Huy, BCAHC, 20, 1987-1988, 27-

*

53.

9 0 1 Engis, Hermalle-sous-Huy T u ile r ie e t a te lie r d e m a té r ia u x d e c o n s tr u c tio n

Entre 1974 et 1976, le Cercle archéologique HesbayeCondroz met au jour à Hermalle-sous-Huy, en bordure de Meuse, les vestiges de deux fours de tuilier au lieu-dit Campagne de la Gérée, dans une zone aujourd'hui dévo­ lue à l'activité économique et industrielle. En 2003, des sondages réalisés par l'asbl «Les Cher­ cheurs de la Wallonie» précisent notamment l'exten­ sion de l'occupation. Dans le cadre d'une vaste opéra­ tion d’archéologie préventive, la fouille est totalement reprise en 2004 grâce à la collaboration établie entre le Service de l'Archéologie (Direction de Liège 1) et la Direction de l'Archéologie du Ministère de la Région wallonne. Elle s'est terminée en août 2006. Elle a permis la mise au jour, notamment, d'un important atelier de fabrication de matériaux de construction. L'atelier antique s'étend sur une superficie d'environ 1,5 ha et comporte deux secteurs principaux, l'un méri­ dional, l'autre septentrional. L'ensemble obéit à une orientation principale nord-nord-ouest sud-sud-est et se caractérise par une remarquable symétrie. La disposition des divers bâtiments respecte un agencement rigoureux qui semble avoir tenu compte des contraintes qu’impose la chaîne opératoire propre à ce type d'artisanat. 406

L'atelier stricto sensu occupe le secteur septentrional. Le noyau du complexe artisanal consiste en une aire rec­ tangulaire de 650 mz que ceinturent des fossés de drai­ nage. Cet espace contient les deux fours, distants l'un de l'autre de près de 7 m et alimentés par une aire de chauffe individuelle. Seul le four oriental a été fouillé. Il est de plan rectangulaire et mesure, au niveau de l'arase­ ment, 6,50 m de longueur sur 5,50 m de largeur. L'alandier et le canal de chauffe sont larges de 0,90 m et longs, respectivement, de 2,60 m et de 3,80 m. La gueule s'ou­ vre au sud-est. La sole était soutenue par deux ban­ quettes latérales construites en tegulae; elle a complète­ ment disparu ainsi que les arcs de voûtes transversaux qui s'appuyaient sur les banquettes. L'aire de chauffe, de plan carré, couvre une superficie de 25 m2 protégée par une toiture; elle est drainée par un sol de galets. Une structure, probablement en bois, devait supporter un toit destiné à préserver l'ensemble de l'aire de cuis­ son des intempéries; elle reposait sur de nombreux gros poteaux alignés et disposés à intervalles réguliers, cer­ tains poteaux prenant appui eux-mêmes sur de volumi­ neux blocs en pierre calcaire. Cinq constructions quadrangulaires d'une superficie d'environ 25 m2 chacune sont disposées à l'est, au nord et à l'ouest des fours. Elles sont construites sur poteau, pourvues d'un plancher et devaient être abritées par une toiture. Leur fonction pourrait être liée à la mise en forme des matériaux produits dans l'atelier. Plus loin encore, de part et d'autre de ces construc­ tions quadrangulaires, s'élèvent deux bâtiments de plan très allongé, également fondés sur poteau. Ces vastes «halles», larges de 8 m et longues d'au moins 75 m, ont pu répondre à de multiples besoins: entreposage du combustible pour l'alimentation des fours, séchage et stockage des matériaux, ... L'espace compris entre «halles» et fours est creusé de nombreuses fosses de diverses formes et dimensions. Cer­ taines d'entre elles ont servi à l'extraction du substrat ar­ gileux, d'autres ont pu être utilisées pour la préparation de l'argile. Quelques-unes étaient surmontées de tuilières. Le matériel archéologique collecté dans l'ensemble de l'atelier se compose presque exclusivement de maté­ riaux de construction le plus souvent fragmentaires : des tegulae pour la plupart, mais aussi des imbrices, des car­ reaux, des éléments de pilettes d'hypocauste, des tubuli. D'abondants rebuts de cuisson et débris de parois de

Fig. 219 Hermalle-sous-Huy, Campagne de la Gérée: vue du four oriental

P ROVI NCE DE LI ÈGE |

la zone d'activité économique, CAW, 13, 2006, 159-161; Frébutte Ch. St Gustin M., La tuilerie d'Hermalle-sous-Huy, Dossiers Archéologie, 315, 2006, 104-107; Frébutte Ch. & Gustin M., Engis/Hermalle-sous-Huy: fouille d'une installation protohistorique et d'une tuilerie gallo-rom aine à la «C am pagne de la Gérée», CAW, 14, 2007, 129-131; Gustin M., Engis/ Herm alle-sous-Huy: sondage d'évaluation rue des Tuiliers, CAW, 12, 2004, 110-111 ; Marchai j.-Ph. & Loicq S., Engis/Hermallesous-Huy: sondages d'évaluation dans le parc industriel, CAW, 12, 2004, 141-143; Renoir P., Vestiges belgo-romains à Hermallesous-Huy, BCAHC, 5, 1965, 63-64.

9 1 1 Faimes, Celles La

Fig. 220 Hermalle-sous-Huy, Campagne de la Gérée: sigles sur tegulae: CFP, NEH et QVA

fours ont été recueillis. Cent douze tegulae sont estampil­ lées d'un sigle, CFP, NEH, QVA, ou d'une marque anépigraphe en forme de fer à cheval. Le secteur méridional comporte notamment trois pe­ tites constructions quadrangulaires sur poteau, de super­ ficie variée, ainsi qu'une structure dont le plan évoque celui d'une petite cave. Le mobilier archéologique, de la céramique essentiellement, est ici nettement plus abondant et caractéristique du IIesiècle et du début du IIIe siècle. Un chenal traverse les deux secteurs. Il suit la pente naturelle sud-nord du terrain, s'infléchit pour rejoindre les fossés qui drainent la zone de cuisson puis semble se diriger vers la Meuse. À l'extrême nord, le point de contact entre la Meuse et l'atelier n'a pu être examiné. C. F. & M. G. » C a rto g ra p h ie : voirfig. 1 71, 6. * B ibliographie: Delarue Th., L'Im plantation du tuilier à la marque QVA à Hermalle-sous-Huy, BCAHC, 13, 1974, 89-92; Delarue Th., Officine et marques de tuiliers gallo-rom ains à Hermalle-sous-Huy, AFAHB, 44, 1976, 55-59; Frébutte Ch. St Gustin M., Intervention archéologique en 2 0 0 4 dans la zone d'activité économique de Hermalle-sous-Huy, premiers résultats, AJAW, Amay, 26-27 novem bre 2004, 113-115; Frébutte Ch. St Gustin M., Engis/Hermalle-sous-Huy : fouille de prévention dans

Tombe de Saives

Le tumulus de Celles, classé comme patrimoine excep­ tionnel, appelé Tombe de Saives se dresse dans un bois, au nord-ouest de la commune, au lieu-dit À la Tombe, à 1,4 km au sud-est de la voie Bavay-Cologne. Ce tertre qui faillit disparaître au début du xxc siècle conserve néan­ moins un diamètre de 42,50 m à 46,50 m et une hauteur de 6 m.

Fig. 222 Celles, Saives: La Tombe (2006)

Il recouvrait un grand caveau trapézoïdal. En 1874, G. de Looz y découvrit notamment deux harnachements de chevaux, constitués de deux mors et de lanières de cuir rehaussées de décoration en bronze. Cette trou­ vaille, exceptionnelle pour la Belgique en raison de l'ex­ cellente conservation du cuir, est conservée aux Musées royaux d'Art et d'Histoire, tandis que le reste du matériel funéraire a été déposé au Grand Curtius. A.-M. H.

Fig. 221 Faimes, Celles: 1. Chaussée romaine Bavay-Cologne; 2. Etablissement de Labia; 3. Tumulus de Saives, à la Tombe

407

de Loë A., La «Tombe de Saives», com mune de Celles (Province de Liège), ASAB, 17, 1903, 111-116; Massart, Tumulus, n° 17; Massart C., Éléments de chars et de harnachements dans les tum ulus tongres du IIIe s. Les deux ha r­

a B ib lio g r a p h ie :

nachements du tum ulus de Celles (W aremme), K), 33, 2000,

509-522.

9 2 1 Ferrières, Vieuxville L e s ite d e h a u te u r d e L o g n e

Le château de Logne a été construit sur un éperon ro­ cheux, occupé à l'époque romaine tardive, qui dominait les vallées encaissées de l'Ourthe et de son affluent la Lembrée. Quelques monnaies du Bas-Empire, de même que des tessons de terre sigillée ornée à la molette, y ont été trouvés. L a n é c r o p o le ta r d iv e d e

Roupéc

En 1938, fut découverte une sépulture à inhumation très richement dotée d'un mobilier enfoui après 411 de notre ère. Le site, au lieu-dit Roupée devait révéler par la suite une nécropole de très grand intérêt, typique du Ve siècle et des siècles suivants. Le champ funéraire est localisé au nord-ouest du village et à 1 km au nord-est de la fortification tardive. 11 a été exploré par le Service national des Fouilles, de 1980 à 1985. Il compte cent nonante sépultures. Au cours de son occupation, qui s'étend du Ve au v n e siècle, le cimetière s'est développé, du nord vers le sud, en trois grands groupes qui se distinguent par l'orienta­ tion et l'agencement des tombes. Les fosses des zones

septentrionale et centrale suivent un axe nord-nordouest sud-sud-est, tandis que plusieurs tombes du sec­ teur méridional sont orientées d'est en ouest. Cette oc­ cupation ininterrompue du site durant trois siècles permet de voir l'évolution formelle du matériel déposé dans les sépultures et celle des rites d'enfouissement. Nous n'évoquerons ici que les sépultures du groupe sep­ tentrional. Les tombes à inhumation soigneusement disposées en rangées ont leur chevet au nord. Les plus anciennes, au nombre de sept, vraisemblablement celles des fonda­ teurs de la nécropole, caractérisées par leurs grandes dimensions, se situent à l'extrême nord. Dans les tombes plus importantes, le défunt occupe une partie de la fosse - la moitié occidentale - tandis que l'autre est réservée à la dotation, parfois accompagnée d'offrandes alimentaires. Des pièces de monnaie trou­ vées dans la bouche de certains défunts attestent que le rite de l'obole à Charon était pratiqué à Vieuxville. De même, on constate la présence, dans quelques tombes masculines, d'un ceinturon dégrafé déposé à côté du mort, prémices d'une pratique fort répandue au cours de la période mérovingienne. Le mobilier funéraire est principalement constitué de vaisselle : verres, bassins de bronze à bord perlé ou cô­ telé, plats, cruches en terre rugueuse de Mayen, bols et assiettes en terre sigillée. Parmi les verres souvent asso­ ciés par deux ou trois, des bols carénés et des gobelets ovoïdes à pied annulaire, des coupes à dépressions et des cornets apodes. Les tombes masculines contiennent également des armes - haches, couteaux à lame flammée -, des articles de buffleterie de production régionale, notamment des

Fig. 224 Vieuxville, Roupée: la nécropole en cours de fouilles

Fig. 225 Vieuxville, Roupée: dotation funéraire en bronze (ceinture) et en fer (armement) d'une sépulture du V e siècle Fig. 223 Ferrières, Vieuxville: 1. Site de hauteur de Logne; 2. Nécropole de Roupée; 3. Substructions

408

P ROVI NCE DE LIÈGE

boucles ou plaques-boucles, d'une grande qualité tech­ nique ornées d'animaux stylisés. Les tombes féminines recèlent, à côté d'objets de la vie quotidienne, des élé­ ments de parures, à l'exception des fibules qui y sont ra­ rement attestées. Une tombe à incinération a notamment livré une plaque-boucle exceptionnelle en bronze coulé dont l'iconographie fait songer aux Dioscures et à leur mon­ ture: deux figures humaines, coiffées d'un petit bonnet pointu, encadrent deux têtes de cheval fortement styli­ sées, deux autres animaux, la gueule ouverte, sont égale­ ment représentés. Les monnaies provenant de l'extrémité septentrionale du site fournissent de précieux renseignements en vue de la datation de la fondation de la nécropole qui serait vraisemblablement postérieure à 407 : un sou en or d'Arcadius (383-408), trois siliques d'argent dont deux de Constantin (407-411) et un de Jovin (411-413). Les autres pièces trouvées dans la bouche des défunts datent pour la plupart du V e siècle. Les dotations trouvées à Vieuxville sont comparables, même si elles sont parfois d'une qualité supérieure, à celles provenant des cimetières de garnison d'Éprave, Furfooz, Samson, ce qui incite à penser qu'il s'agit du ci­ metière d'une petite milice d'origine germanique dont le niveau social était relativement aisé. A.-M. H. B ibliographie: Alénus-Lecerf j., Ferrières-Vieuxville. La nécro­ pole de Vieuxville, ultim e reflet de trois siècles d'histoire en milieu rural, PAW, 414-416; Alénus-Lecerf J., Découverte d 'un cime­ tière des V -v f siècles à Vieuxville, (AB, 238), 1981, 59-63; Alénus-Lecerf J., Le cimetière de Vieuxville, Varia III, (AB, 246), 1982, 18-23; Alénus-Lecerf J., Le cimetière de Vieuxville, (AB, 247), 1982, 104-108; Alénus-Lecerf J., Le cim etière de Vieuxville, (AB, 253), 1983, 74-77; Alénus-Lecerf)., Le cimetière de Vieuxville. 4e cam pagne de fouilles, (AB, 258), 1984, 88-93; Alénus-Lecerf )., Le cimetière de Vieuxville. Bilan des fouilles 19 80-1 984 , (AB, N.S., I, 1), 1985, 121-139; Alénus-Lecerf J., Le cimetière de Vieuxville (corn, de Ferrières). 6e cam pagne de fouilles, (AB, N.S., Il, 1), 1986, 75-80; Alénus-Lecerf )., Trois siè­ cles de verrerie à Vieuxville, Alénus-Lecerf J., Trésors de Wallonie. Les verres mérovingiens, Comblain-au-Pont, 1993, 136-155; Breuer J. & Roosens H., Le cimetière franc de Haillot. Annexe VIL La trouvaille de Vieuxville, (AB, 34), 1957, 343-359.

Fig. 226 Geer: 1. Voie antique Bavay-Cologne; 2. Tumulus d'Omal; 3. Habitat rural de Sainte-Marie-Vau à Omal; 4. Habitat rural de Colia à Darion; 5. Tumulus arasé de Ligney

9 3 1 Geer, Omal L es T u m u lu s d 'O m a l

Les cinq tumulus d'Omal, situés de part et d'autre de la chaussée romaine Bavay-Cologne, au sud de la com­ mune appartiennent depuis 1993 au Patrimoine excep­ tionnel de Wallonie. Quatre d'entre eux, d'une hauteur de 4 m à 5 m, sont alignés au nord de la route tandis que le cinquième, de 5,20 m, se dresse au sud de la voie. Le premier tumulus, à partir de l'ouest, qui est égale­ ment le plus petit, 17,50 m à 21 m de diamètre, a été fouillé en 1876, par G. de Looz qui mit au jour un caveau trapézoïdal de 1,50 m sur 2,05 m et 2,65 m. Une banquette

Fig. 228 Omal: parazonium et son fourreau trouvés dans le tumulus occidental Fig. 227 Omal: les quatre tumulus situés au nord de la voie antique Bavay-Cologne, en 1902

409

était aménagée autour de la fosse sépulcrale, tandis que les vestiges du bûcher furent retrouvés un peu plus au sud. Le matériel qui comprenait entre autres un chande­ lier en argent, un parazonium dont la garde et le fourreau étaient en ivoire, a été partagé entre les Musées royaux d'Art et d'Histoire et le Musée Curtius. Le deuxième tertre exploré par A. Schayes, en 1850, présente un diamètre de 23 m à 24 m. Il abritait un ca­ veau quadrangulaire contenant quelques objets, de même qu'une couche de terre mêlée de charbon de bois et de cendres. Sous le troisième tumulus, de 23 m à 24 m de diamè­ tre, G. de Looz découvrit un caveau carré de 3,25 m de côté dont au moins deux des parois disposaient de ban­ quettes. Le mobilier retrouvé, dont un fragment de go­ belet en bronze étamé, a été déposé aux Musées royaux d'Art et d'Histoire et au Musée Curtius. En 1850, A. Schayes entreprit de fouiller le quatrième tertre, qui atteint aujourd’hui 23 m à 26 m de diamètre, mais il dut y renoncer en raison des risques d'éboulement. Le cinquième tumulus, d'un diamètre de 20 m à 22,80 m, exploré par Tihon, en 1889, livra une fosse vide et les traces du bûcher funéraire. À 150 m au sud de ce site, une riche tombe, qui était peut-être à l'origine recouverte par un tertre, fut mise au jour en 1862. La commune de Geer recelait encore d'au­ tres tumulus, notamment celui de Ligney qui fut arasé en 1847 et dont le mobilier est conservé au Musée Cur­ tius. Les environs livrèrent également des traces d'habi­ tats parmi lesquels le site de Sainte-Marie-Vau à Ornai ou celui de Colia à Darion à 700 m au nord des tumulus. a.-m . H. s B ibliographie: Massait, Tumulus, n° 18; Meuse (Schuermans), Les tombes d'O m al, MSH, 1876, 223-230; Schayes A.G.B., Sur les fouilles archéologiques faites à O m al et à M omalle, province de Liège, BAB, 1 7, 1850, 541 -544.

9 4 1 H annut, Avernas-le-Bauduin La

Grande Tombe

La Grande Tombe, tumulus classé d'Avernas-le-Bauduin comme patrimoine exceptionnel, se dresse au lieu-dit À la Tombe, au nord-ouest du hameau. D'un diamètre de 28 m à 32 m et d'une hauteur de 6,30 m, le tertre n'a livré aucun caveau ni dépôt funéraire. H. Schuermans, qui le fouilla en 1863-1864, découvrit cependant un mur circulaire enfoncé de 1,20 m dans les terres rapportées du tumulus. Ce tambour devait vraisemblablement at­ teindre 26,40 m de diamètre. Les tumulus à tambour, assez fréquents en pays trévire, sont rares en Hesbaye. En effet, seuls six des très nombreux tertres hesbignons ont livré les traces d'un tel mur. La photographie aérienne a permis de déceler, entre le chemin de Lincent et le tumulus, la fosse d'extraction des terres utilisées pour l'édification de celui-ci. L'étude pédologique réalisée par K. Fechner montre qu'une par­ tie des terres utilisées pour le tertre pourrait en effet pro­ venir de cette fosse. Au sud d'Avernas-le-Bauduin, un deuxième tumulus La Tomballe fut arasé vers le milieu du xixe siècle. Cette 410

Fig. 229 Hannut, Avernas-le-Bauduin: 1. Habitat des Gallossis; 2. Tumulus de la Grande Tombe; 3. Tumulus arasé La Tomballe

destruction amena à la mise au jour d'un caveau qui contenait, selon H. Schuermans, un bassin de bronze, quatre flacons à anse et un balsamaire, tous en verre, le goulot d'un récipient, des lampes, un mortier et une cruche en pierre (?) ainsi que onze petits objets en os. Ces derniers, qui sont également attestés dans des tombes plus modestes et sur des sites d'habitat, pour­ raient avoir été utilisés dans la confection de meubles. Avant l'acquisition, en 1862-1863, de quelques objets par le Musée Curtius et le Musée royal des Antiquités de Bruxelles, le mobilier funéraire fut dispersé dans diffé­ rentes collections privées, et mélangé à des pièces de di­ verses provenances. C'est ainsi que survint la confusion entre ce tumulus et celui de Héron, qui donna naissance à une appellation erronée que l’on retrouve chez cer­ tains auteurs : tumulus du Héron à Avernas-le-Bauduin. Au nord-est de la Grande Tombe, au lieu-dit GaUossis, les substructions d'un habitat étendu furent mises au jour tandis qu'à La Croix Lacave à 150 m au sud de la Tombale, on signale des fragments de tuiles et des moellons. A.-M. H.

B ibliographie: Fechner K., Etude pédologique d'une fosse d'extraction adjacente au tum ulus rom ain d'Avernas-le-Bauduin, BMRAH, 64, 1993, 259-270; Massart, Tumulus, n° 19; Massart C., Tumulus et occupation d'époque rom aine à Avernas-leBauduin, BMRAH, 64, 1993, 241-257; Schuermans H., Explo­ ra tion de quelques tum ulus de la Hesbaye (3e article), BCRAA, 4, 1865, 384-402 et 436-440.

Fig. 230 Avernas-le-Bauduin, La Grande Tombe: le tumulus (2006)

P ROVI NCE DE LI ÈGE |

9 5 1 H annut, Blehen L e tu m u lu s d e la

Campagne de la Tombe

Le tumulus classé au patrimoine exceptionnel de Blehen se situe au nord-est du village, à la Campagne de la Tombe, et à moins de 500 m des vestiges d'un habitat im­ planté au lieu-dit Fond de Spimé, sur un terrain en pente exposé au sud. Cette résidence, dont seules une cave et quelques assiettes de fondation de murs sont connues, aurait été occupée de l'époque flavienne à la fin du 11e siècle. En dépit de leur proximité, aucun lien n'est at­ testé pour l'instant entre les deux sites. Le tertre se présente actuellement sous la forme d'un vaste bombement gazonné de 35 m à 36 m de diamètre et d'une hauteur maximale de 4,80 m. Les fouilles de A. Kempeneers en 1874, pour le compte de l'Institut archéologique liégeois, révélèrent les traces d'un caveau trapézoïdal à coffrage en bois, orienté du sud-est au nord-ouest. Le fouilleur, qui mentionne la présence d'un trou de pieu, n'a trouvé aucune trace d'wstrinum. Le mobilier funéraire, dont quatorze pièces sont conservées au Musée Curtius, comprenait: une amphore à panse piriforme en bronze, deux buires de type peu courant et un gobelet en verre, dix pièces en céramique, une hache et des forces (?). La vaisselle en terre sigillée, deux assiettes, un plat et trois tasses, provient des ateliers de La Graufesenque. Les deux buires en verre translucide de teinte verte présentent une panse ornée de côtes verticales en relief et une anse dont la face externe est nervurée. Notons encore la présence d'un gobelet caréné en terra nigra et de deux pièces en céramique fine : un vase doré, à pâte fine brunâtre, à panse ronde ornée de huit rangées de boutons en relief et un couvercle. L'essentiel du matériel semble dater le tumulus du dernier quart du r r siècle ou peut-être encore des envi­ rons de l'année 100. Cette datation fait de la tombe de Blehen l'un des plus anciens tumulus de Hesbaye.

venaient se greffer au nord-ouest deux pièces saillantes entre lesquelles se situait vraisemblablement l'entrée principale. L'ensemble était complété d’une longue pièce en «L» qui bordait le flanc nord-est du bâtiment et une partie de sa face arrière. Certains murs probable­ ment construits en matériaux périssables s'appuyaient sur des contreforts. Le matériel archéologique trouvé près de cette construction se limitait à quelques outils en fer et à de la céramique commune datée de la seconde moitié du iie siècle et de la première moitié du me siècle. Les fondations de deux murs formant un angle, un empierrement grossier fait de blocs de schiste, de frag­ ments de tuiles et de rognons de silex ainsi que deux concentrations de rognons de silex signalaient l'exis­ tence du second bâtiment. Ses dimensions peuvent être estimées à plus ou moins 8,50 m de large sur 11,50 m de long. Son occupation remonte au Haut-Empire sans qu'il ne soit possible de préciser davantage. Cependant, son orientation et sa technique de construction simi­ laires à celles du premier édifice laissent penser qu'ils appartiennent tous deux à un même ensemble. La fertilité du terrain, le mode de construction peu soigné des murs, l'absence de tout confort dans les dif­ férentes pièces et le caractère fruste du matériel qui y a été retrouvé donnent à penser qu'il s'agit d'annexes agricoles.

A .-M . H.

A.-M . H.

B ibliographie: Gueury M.-C. & Vanderhoeven M.,

Les

tombes sous tum ulus au Musée Curtius (I). Blehen - Hodeige, Villers-le-Peuplier (M oxhe), BIAL, 104, 1992, 203-275; Massart, Tumulus, n° 20.

Fig. 231 Blehen, C am pagne de la Tom be: le tumulus, en 1993

C a rto g ra p h ie : voir fig. 187, 4. B ibliographie: Van Ossel P., Recherches sur l'h a b ita t ru ral d'époque rom aine à Lens-Saint-Remy, Archéoio-j, 65-68; Van Ossel P., Un p e tit établissement proche du vicus à Lens-SaintRemy, Brulet R. et al., Braives gallo-rom ain, III, La zone périphé­ rique occidentale, ( PHAA, 46), 1985, 149-160.

9 6 1 H annut, Lens-Saint-Remy A n n e x e s a g r ic o le s

À moins de 1 km au nord de l'agglomération de Braives, le Service de Jeunesse Archéolo-J mit au jour entre 1978 et 1982, des constructions agricoles sur le territoire de la localité de Lens-Saint-Remy. Elles se composaient de deux bâtiments isolés, distants d'une trentaine de mè­ tres, implantés sur un terrain en légère pente tourné vers le nord. Seules subsistaient quelques fondations en ro­ gnons de silex liés à l’argile et des traces négatives de murs. Le premier édifice, orienté nord-est sud-ouest, attei­ gnait 18 m de large pour 21,50 m de long. Il était cons­ titué d'une grande salle rectangulaire sur laquelle

Fig. 232 Lens-Saint-Remy: plans des deux annexes agricoles

411

9 7 1 H annut, Merdorp L es tu m u lu s

aux Tombes

Deux tumulus classés comme patrimoine exceptionnel se dressent à 150 m de la voie antique Bavay-Cologne, au sud de Merdorp, au lieu-dit Aux tombes. Ces tertres qui semblent n'avoir jamais été fouillés présentent une hau­ teur de 4 m pour des diamètres de 28 m à 43,50 m et 31 m à 40 m. A.-M. H.

Cartographie: voir fig. 286, 5. Bibliographie : de Loë A., Rapport sur la situation actuelle de la Société et sur ses travaux de l'exercice 1898, AnnuSAB, 10, 1899, 37; Massart, Tumulus, n° 21.

Fig. 235 Petit-Hallet, Sart M eunier: plan du temple octogonal

Fig. 233 Merdorp, Aux Tom bes: les tumulus en 1993

9 8 1 H annut, Petit-Hallet L e s a n c tu a ir e d e

Sart-Meunier

Dominant les villages de Petit-Hallet et Wansin, à l'ex­ trémité méridionale de l'ancienne commune de GrandHallet, le site de Sart Meunier occupe la partie supérieure du plateau qui s'étend vers Thisnes et Hannut. Une an­ cienne route, dite la vieille voie, borde le site.

Fig. 234 Hannut: 1 . Sanctuaire de Sart Meunier à Petit-Hallet; 2-5. Traces d'occupation d'époque gallo-romaine à Wansin

412

Après la Seconde Guerre Mondiale, des sondages effectués par l'Abbé Peuskens et par A. Bouchoms à Sart Meunier révélèrent des traces d'occupation romaine en deux endroits: les vestiges d'un bâtiment et d'une construction de plan octogonal. J. Breuer fouilla com­ plètement ce deuxième site dès 1947. D'après les traces dé cinq fondations de murs en silex, les fouilleurs ont pu établir qu'il s’agissait d'un édifice de plan octogonal dont les côtés, larges de maximum 0,60 m, mesuraient 6 m à 6,50 m de long. L'espacement entre deux angles opposés atteignait 16,50 m extra muros. Au sud sud-est de l'octogone, les restes d'un mur perpen­ diculaire à l'un des côtés ont été interprétés comme étant soit les vestiges d'une entrée soit ceux d'une petite annexe. Le matériel découvert provient essentiellement de l'octogone ou de sa proche périphérie. Il comprenait no­ tamment quelques pièces de monnaie d'Auguste, Néron et Septime-Sévère, de nombreuses céramiques et une in­ taille représentant Jupiter assis. Parmi les céramiques, se signalent des calices à encens et dix-sept bouteilles montées à la main, d'aspect peu soigné et dont certaines présentent des traces de lus­ trage. Cette céramique peut être rapprochée de certaines productions de l'époque La Tène Illb et se retrouve éga­ lement dans la phase de transition du début de la pé­ riode romaine. La construction de Sart Meunier offre de nombreux parallèles avec des temples octogonaux de France, d'Angleterre et d'Allemagne dont les premiers témoi­ gnages remontent au début du Ier siècle de notre ère. Des traces d'occupation romaine allant du 11e au ivesiècle furent encore repérées dans les environs de Sart Meunier. Des prospections menées sur les parcelles voi­ sines révélèrent un alignement de pierres de silex et li­ vrèrent quelques fragments de terre sigillée du IVe siècle. Des sondages pratiqués à Wansin, non loin de Sart Meu­ nier, aboutirent à la découverte de quatre squelettes hu­ mains incomplets, mélangés à de la céramique com­ mune et sigillée du ive siècle, au lieu-dit Hottia, de nombreux tessons datant du nesiècle au vesiècle, au lieudit Al Bardouche, et des fragments de céramique com­ mune et sigillée du ive siècle au lieu-dit El'Touer. A.-M. H.

P ROVI NCE DE LI EGE

B ib lio g r a p h ie :

Cabuy,

T em ples,

353-354; Remy H.,

V estig e s

r o m a in s à C ra n d -H a lle t. Fouilles d e j. Breuer, d e l'A b b é N . P eu sk e n s e t A. B o u c h o m s e n 1 9 4 7 - 1 9 4 8 , (AB,

214), 1979, 5-23.

9 9 1 H annut, Villers-le-Peuplier L e t u m u l u s d e la

Campagne de la Tombe

sées. La première passait entre le plateau hesbignon et la Meuse et se dirigeait vers Maastricht, la seconde partait de Tongres en direction du sud. L'occupation romaine s'est concentrée sur deux pôles distants de quelque 3 km. Le premier, situé au sud, sous le centre urbain actuel, était baigné par le Patar tandis que le second, plus septentrional, était localisé en bor­ dure du «Grimbérieu» au lieu-dit Pré Wigy ou Wigier.

de l'Empereur Le tumulus est situé à l'extrémité sud-ouest de la com­ mune de Villers-le-Peuplier, en bordure de la chaussée romaine Bavay-Cologne, au lieu-dit Campagne de la Tombe de l'Empereur. Il a été exploré par l'Institut archéo­ logique liégeois en 1873. Ce tertre, classé au patrimoine exceptionnel, présente aujourd'hui un diamètre de 18 m à 20 m pour une hauteur de 4,80 m. Lors de l'exploration, G. de Looz découvrit le mobilier funéraire dans les terres rapportées du tumulus, à un mètre au-dessus du niveau du sol. Il est impossible de dire si le matériel était en place ou s'il a été déplacé lors d'un pillage. En outre, deux objets isolés, un bronze et une céramique engobée à pâte blanche, furent trouvés à des niveaux différents. G. de Looz mentionne la trace d'un trou de pieu rectangulaire. Le matériel assez pauvre et apparemment incomplet permet néanmoins de dater le tertre du troisième quart du iie siècle.

L e tu m u lu s a ra sé d e

La Barrière

En 1901, l'Institut archéologique liégeois a fouillé une importante sépulture à incinération, localisée au lieu-dit La Barrière ou Barrière des Hoyoux, au sud-ouest de Herstal sur le plateau de Foxhalle. Cette tombe était vraisembla­ blement recouverte d'un tumulus qui a été arasé à une époque indéterminée. Un caveau de bois de 2 m sur 4 m, doté d'un couver­ cle recouvert d’imbrices et de tegulae, renfermait le mo­ bilier funéraire mêlé à de la terre noirâtre et à du char­ bon de bois. Parmi les nombreux objets mis au jour, se trouvait un matériel de bain complet composé d'un poêlon de bronze d'origine italique, de deux strigiles, d'un vase à onguent en bronze coulé, d'une ligula et d'une tablette à onguent. Le vase à onguent, plus connu sous le nom de «vase hédonique de Herstal», est orné de personnages

A.-M . H.

Fig. 236 Villers-le-Peuplier, La C am pagne de la Tombe de l'Empereur: le

tumulus (2006)

C a r to g r a p h ie :

voir fig. 286, 6.

B ib lio g r a p h ie :

de Looz G.,

E x p ir a t io n d e la to m b e d ite d e

l'E m p e re u r p r è s d u v illa g e d e M o x h e ,

Gueury M.-C.

&

Vanderhoeven M.,

8141, 12, 1874, 495-507 ; Les to m b e s s o u s tu m u lu s a u

M u sé e C u rtiu s (I), B lehen, H o d e ig e , V illers-le-P eu plier (M o x h e ), BIAL,

104, 1992, 203-275; Massart,

Tu m ulu s,

n° 22.

1001 Herstal, Herstal Herstal, sur la rive gauche de la Meuse, a livré depuis le siècle dernier de nombreux témoignages d'époque ro­ maine. Malheureusement, ces découvertes sont fort ponctuelles, et peu ont fait l'objet de relevés archéolo­ giques. Dans l'Antiquité, Herstal se trouvait au croisement de deux voies qui n'ont qu'approximativement été locali­

Fig. 237 Herstal: 1. Habitat; 2. Tumulus arasé de La Barrière; 3. Nécropole à incinération du Bas-Empire; 4. Habitat de Rovillers au Pré Wigier

413

nées de décors animaliers. Un cimetière d'époque méro­ vingienne était implanté au nord-est des tombes ro­ maines. Des sondages, pratiqués en 1973 entre les deux sites funéraires, ont permis d’établir qu'il s'agissait de deux cimetières distincts. Le mobilier de la nécropole ro­ maine est conservé au Musée Curtius. Le

Fig. 239 Herstal, La B a r r i è r e : figure tragique mise au jour dans les environs du tumulus arasé

Fig. 238 Herstal, L a B a r r i è r e : vase hédonique faisant partie du mobilier funéraire du tumulus arasé

en haut-relief répartis sur deux niveaux. Les ébats éro­ tiques de quatre couples, formés chacun d'un vieillard et d'un adolescent, sont représentés au registre supérieur, tandis qu'au registre inférieur, quatre philosophes de­ bout sont figurés avec leurs attributs. Le mobilier se complétait d'une cenochoé et d'une pa­ tère de bronze de production italique du Ier siècle, d'un fragment de parazonium, de pions à jouer en pâte de verre, d'un grand bronze de Domitien frappé en 85 après J.-C., ainsi que de vaisselle en céramique et en verre. La céra­ mique était notamment représentée par huit vases en terre sigillée, huit pièces en céramique engobée à pâte blanche produite à Cologne, un pot à miel et une am­ phore de type gauloise 4. La verrerie était assez impor­ tante : quatre bouteilles à section carrée, trois tasses en verre blanc, deux gobelets, un grand plateau, un petit plat et une assiette. Ce mobilier, qui permet de dater la tombe de la se­ conde moitié du IIe siècle, est conservé aux Musées royaux d'Art et d’Histoire. La parcelle voisine a livré une tête tragique en pierre, surmontée d'une haute coiffure, tandis que les restes d'un dallage et des disques d'hypocauste, vestiges d'un habitat, avaient été mis au jour en 1898, à 200 m à l'est de la tombe.

Pré Wigier

Ce site a notamment livré une nécropole mérovin­ gienne, ainsi que quelques vestiges romains dont les plus intéressants remontent au Bas-Empire. Depuis le début du XXe siècle, le Pré Wigier a fortement été endommagé par l'exploitation d'une briqueterie et l'érection d'un terril, avant d’être détruit par les travaux d'aménagement du Canal Albert et de l'autoroute. Depuis 1910 et la découverte d'un four, plusieurs fouilles ponctuelles y furent menées, de 1961 à 1966 puis en 1970, tant par des fouilleurs locaux que par le Service national des Fouilles. Une cave située à Rovillers avait des murs en moellons rectangulaires de grès houiller et deux d'entre eux étaient creusés d'une niche. À l'est de ce cellier, un mur a été suivi sur une vingtaine de mètres; des fragments d'enduits peints et des vestiges d'hypocauste, tubulures, pilettes et béton sont signalés. D’après la nature des dé­ couvertes, il semble que les substructions d'une grande résidence aient été recouvertes par le terril du charbon­ nage d'Abhooz. Le matériel trouvé, principalement de la céramique, date le bâtiment de la fin du Ier siècle à la se­ conde moitié du iiic siècle. Au sud de la cave, deux fours furent mis au jour à proximité du canal. 11 ne s'agit probablement pas de fours de potiers mais de foyers domestiques, voire de bas fourneaux, vu la présence de nombreuses scories. Le site se caractérise par un important matériel tardif: terre sigillée du Bas-Empire, céramique commune des ive et ve siècles. Un quart des nombreux tessons ornés à la molette présentait des motifs chrétiens. Deux types de céramique commune peuvent être distingués: la vais­ selle rugueuse de l'Eifel, de la fin du ive siècle et du Ve siè­ cle, ainsi qu'une céramique à pâte orange à dégraissants fins. Produite dans la deuxième moitié du ive siècle et la première moitié du ve siècle, elle est essentiellement re­ présentée par des formes fermées telles des pots à cuire à fond plat et lenticulaire. Cet ensemble de céramiques, trouvé au sud des ves­ tiges d'une résidence du Haut-Empire abandonnée dans la seconde moitié du me siècle, atteste une réoccupation du site aux IVe et ve siècles. De même, les tessons des vie et vne siècles découverts dans la nécropole mérovin­ gienne voisine, démontrent la continuité d'occupation du site jusqu'au Haut Moyen-Âge. A.-M . H.

N é c r o p o le d e la f i n d u B a s -E m p ir e

Une dizaine de tombes à inhumation du Bas-Empire sont mises au jour en 1904, lors de travaux d'aménage­ ment de la gare de Herstal. Parmi le matériel relative­ ment abondant, trouvé dans les quelques tombes fouil­ lées par l'Institut archéologique liégeois, signalons la présence de terre sigillée des ive et Ve siècles, de la céra­ mique rugueuse de tradition Eifel, de vases en verre, de quelques armes ainsi que de garnitures de ceinture or­ 414

B ibliographie: Alénus-Lecerf J., Sondages dans un champ d'urnes à Herstal, (AB, 157), 1974, 7, 51-53; Alénus-Lecerf )., L'occupation de Herstal aux époques romaines et mérovin­ giennes, (AB, 213), 1979, 117-120; Amand M. & Mariën M.E., La tombe de Herstal, (Inventaria Archaeologica, Belgique fasc. 2 - B 11), Bruxelles, 1976; Lensen J.-P. & Van Ossel P., Le pré Wigy à Herstal, (ERAUL, 20), 1984; Herstal avant l'an Mil, Herstal, 1972; Van Ossel, Établissements, n° 87; Van Ossel P., Céramique de la fin de l'époque romaine et du haut moyen âge à Herstal (Pré Wigy), (ERAUL, 22), 1986, 261 -265.

PROVI NCE DE LIEGE

1011 Huy, Ben-Ahin S ite d e h a u te u r d e

Lovegnée

L’éperon rocheux où se dressait jadis le château médié­ val de Beaufort à Lovegnée était le siège d'une fortifica­ tion rurale au Bas-Empire. Aucun ouvrage défensif n’a été révélé par les sondages mais un abondant matériel y a été mis au jour. Deux cents monnaies ont été trouvées éparpillées sur toute l'étendue du site. Frappées pour la plupart à Trêves, elles appartiennent à deux périodes comprises entre les règnes de Gallien et Tetricus et ceux de Constance Chlore et Constance II. Parmi le matériel divers, signalons de la terre sigillée ornée à la molette, de la céramique com­ mune, une statuette de Minerve en bronze et des frag­ ments de vases en verre. Une grande partie du sol était recouverte de scories de fer. À l'extrémité orientale de l'éperon, les restes d'un four, dont la voûte était consti­ tuée de tegulae mises à plat, ont été découverts. Au nord-est de l'éperon rocheux et en bordure de Meuse, C. de Looz a fouillé, en 1874, un établissement qui a livré les vestiges de deux caves et de cinq bas four­ neaux, des scories de fer et des monnaies notamment de Dioclétien et de Licinius I. Une nécropole du Bas-Empire souvent confondue avec la nécropole mérovingienne de la Sarte à Ben-Ahin a été découverte à Lovegnée. Parmi les objets conservés au Musée de Huy figurent des vases en terre sigillée et des parures en bronze d'influence germanique. S u b s tr u c tio n s a u

Trou Manto

Le site archéologique de la grotte du Trou Manto a livré, outre des vestiges d'époques pré- et protohistoriques, quelques objets romains : des monnaies de Néron et de Hadrien, de la céramique, une lampe et une statuette en terre cuite.

Fig. 241 Huy, Ben-Ahin: 1. Habitat rural du C h a m p d e B o u z a l le ; 2 . Habitat rural de S o liè r e s ; 3. Les tumulus de B o is d e C i v e s H a b i t a t s r u r a u x d e S o liè r e s

Diverses traces d'occupation romaine ont été repérées à Solières depuis le milieu du siècle dernier. Il semble que l'on puisse reconnaître, au Champ de Bouzalle au nordouest de Solières, un habitat rural comme en témoi­ gnent les nombreux fragments de céramique et de tuiles qui y ont été trouvés. Un autre établissement serait loca­ lisé à l'est du hameau. T u m u lu s d u

Bois de Gives

En 1899, L. Renard a fouillé trois tumulus peu élevés qui se dressaient sur un plateau. Le plus grand des trois conservait une hauteur de 2,75 m pour un diamètre de 13 m. Un cercle de pierres entourait les vestiges du bû­ cher, parmi lesquels figuraient quelques tessons, ainsi que des clous et des fragments de fer. L'exploration du second, atteignant 6 m de diamètre et 1 m de haut, resta vaine tandis que le troisième, haut de 1,25 m pour 7,50 m de diamètre, également doté d'un mur circulaire, livra les traces du bûcher et de la céramique. Toujours au Bois de Gives, un trésor monétaire de quelque deux cent soixante-quatre pièces a été décou­ vert au siècle dernier. Les monnaies dont les plus an­ ciennes datent de Septime-Sévère et les plus récentes de Postume, ont vraisemblablement été enfouies vers 268. A.-M. H B ibliographie: de Looz C., Fouilles exécutées à Lovegnée, BCRAA, 15, 1876, 196-213; Renard L., Exploration des tum ulus du bois de Gives (Com mune de Ben-Ahin), B!AL, 29, 1900, 1-20 ; Vincinaux H., A. Ben et B. Solières, Arch., 1962-1, 9-10.

1021 Huy, Huy A g g lo m é r a tio n r o u tiè r e e t f lu v ia le

Fig. 240 Huy, Ben-Ahin: 1. Fortification de hauteur du Bas-Empire à L o v e g n é e -, 2. Habitat rural et atelier de métallurgiste à L o v e g n é e ; 3. Substructions au T rou M a n to

L'agglomération romaine de Huy est une création assez tardive puisqu'il faut attendre le Bas-Empire avant d’en­ registrer une installation significative sur les berges de la Meuse et du Hoyoux. L'occupation de Huy commence alors que l'agglomération voisine d'Amay est en déclin. Faut-il y voir un déplacement de la population d'un site de plaine vers une position mieux défendable durant les troubles politiques et guerriers du Bas-Empire ? Le vérita­ ble essor de Huy ne commence cependant qu'à la pé­ riode mérovingienne. 415

Au Haut-Empire, on observe une fréquentation du site que l'on ne peut qualifier d'agglomération vu le peu de structures mises au jour pour cette époque. La bourgade romaine était desservie, indépendamment des cours d'eau, par des voies terrestres secondaires dont une qui reliait Huy à Amay en longeant le fleuve sur la berge gauche. Sur la rive droite, une voie venant de Bavay rejoi­ gnait une autre menant à Strée, petite agglomération rou­ tière desservie par la voie Tongres-Arlon. Les deux chaus­ sées se dirigeaient vers l'embouchure du Hoyoux, point de convergence également des voies sur la rive gauche. Actuellement, l'agglomération est essentiellement connue au travers de ses zones artisanales situées dans les quartiers des Augustins, de l'Hôpital, de Saint-Séverin sur la rive droite et Batta sur la rive gauche. La Meuse et le Hoyoux délimitent aussi sur la rive droite un éperon rocheux important, le Mont Picard, qui surplombe le bourg mais aucune trace de fortification n'y a été mise au jour.

Rive droite • Quartier des Augustins Lors de fouilles de sauvetage pratiquées en 1985, de nombreux tessons de terre sigillée ornée à la molette, avec entre autres des motifs chrétiens, ont été retrouvés. • Rue sous le Château Une fouille de prévention menée entre 1993 et 1996 apporte des indices de fréquentation du site au me siècle sous la forme d'une fosse isolée contenant de la céra­ mique commune et de la sigillée. L'installation du Ve siè­ cle est particulièrement intéressante, avec ses fours do­ mestiques circulaires et des sols livrant l'une ou l'autre terre sigillée argonnaise à décor chrétien ainsi que de la céramique commune provenant de Mayen et de la céra­ mique rugueuse d’origine locale. Les sols mis au jour se trouvent à l'intérieur ou à l'extérieur de structures cou­ vertes ou de cabanes. Ils sont constitués d'un lit d'éclats

Fig. 242 Huy, l'agglomération: 1. Quartier des Augustins; 2. Rue Sous le Château; 3. Quartier de l'Hôpital; 4. Place Saint-Séverin; 5. Fort de Huy; 6. Quartier Batta; 7. Aux Ruelles; 8. Nécropole Saint-Victor

416

de pierres et de fragments de tuiles sur lequel une chape d'argile jaune a été posée. • Quartier de l'Hôpital En 1989, des déchets d'une activité sidérurgique du rve-ve siècle ont été découverts à proximité des rues de la Fortune et de l'Hôpital, sous une forge utilisée jusqu'aux xie-xinesiècles. Deux fosses situées sous cette officine ont livré du matériel romain et du Haut Moyen-Âge. Quelques mètres plus loin, des tessons du Bas-Empire étaient associés à ces déchets sidérurgiques. • Place Saint-Séverin Dans les couches les plus anciennes, les fouilleurs ont mis au jour quelques trous de pieux, trois fours en forme de poire et une fosse qui remonteraient au Ve siècle. Parmi le matériel figuraient d'infimes fragments de si­ gillée ou de dérivées. • Fort de Huy Quelques monnaies du ive siècle, aujourd'hui dispa­ rues, semblent avoir été trouvées au sommet du Mont Picard.

Rive gauche • Batta En 1970, menacé par la construction d'un centre com­ mercial, le site de Batta est immédiatement fouillé par le Cercle archéologique Hesbaye-Condroz qui y découvre des substructions et un matériel archéologique célèbre, principalement mérovingien avec, cependant, quelques éléments romains du ive siècle. Ces premières fouilles livrent des vestiges de trois murs, de quatre fours tardifs et d'un petit foyer domestique. En 1972, un four de potier romain est mis au jour sous un four mérovingien. Fortement endommagé, il abritait néanmoins quelques productions communes rugueuses tardives, des me et ive siècles.

Fig. 243 Huy, Batta: quartier artisanal: fragments de terre sigillée décorée à la molette de motifs chrétiens (V e

s.)

PROVI NCE DE LIEGE

Fig. 244 Huy, Mont Falize: plan de situation de la fortification du Bas-Empire

Parmi les nombreux tessons récoltés sur le site, il faut souligner la présence de terre sigillée du vesiècle ornée à la molette, avec parfois des motifs chrétiens tels que chrisme, calice et oiseaux. • Aux Ruelles Des fouilles pratiquées au lieu-dit Aux Ruelles ont per­ mis la mise au jour d'une structure qui pourrait être in­ terprétée comme un fumoir ou un séchoir. Le matériel archéologique qui y a été trouvé remonte au HautEmpire. À cet endroit, il semble y avoir un hiatus entre l'occupation romaine et l'occupation mérovingienne. • Nécropole Saint-Victor Depuis sa découverte en 1904, la nécropole mérovin­ gienne Saint-Victor a subi de nombreux dommages dus à divers travaux de construction. Des cent cinquantetrois tombes répertoriées, seules septante-cinq ont pu être fouillées dont quelques-unes récemment. Environ dix pour cent de ces sépultures remontent à la deuxième moitié du ve siècle, tandis que les autres sont mérovin­ giennes. Les inhumations du Ve siècle sont délimitées par de gros galets de rivière et recèlent une dotation funéraire relativement peu abondante qui ^'appauvrit encore au fil du temps. Parmi la vaisselle trouvée dans la nécropole figurent quelques vases en terre sigillée ornée ou non à la mo­ lette et de la céramique commune. La verrerie y est très peu représentée. Les accessoires de buffleterie sont assez bien répandus tout au long de l'utilisation du cimetière alors que les armes sont plutôt rares. Si le mobilier connaît encore quelques réminiscences gallo-romaines, surtout dans la vaisselle, le développe­ ment de l'art animalier dans les bronzes traduit une in­ fluence germanique. F o r tific a tio n d u

Mont Falize

Sur la rive gauche de la Meuse en aval du confluent de la Méhaigne, un promontoire dominant un méandre du fleuve, le Mont Falize, a été fortifié dès l'Antiquité. L'éperon rocheux est barré aux deux tiers de sa hauteur

par une levée de terre, longue initialement de 275 m qui ne subsistait plus, en 1983, que sur une longueur de 145 m, une largeur de 16 m et une hauteur de 3 m. Ce rempart convexe vers l'extérieur était érigé à l'ouest de la place fortifiée, tandis qu'au nord et au sud, les flancs abrupts du plateau assuraient une défense naturelle suf­ fisante. Le barrage est constitué de trois couches de limon peu caillouteux alternant avec deux strates de galets roulés mêlés à de la terre, le tout étant recouvert d'une couche de terre très compacte et dure. Les fouilles n'ont pas per­ mis de déceler l'éventuelle existence d'un mur ou d'une quelconque palissade. Le matériel contenu dans la levée de terre date princi­ palement de l'Âge du Fer, témoin de l'occupation du site à cette époque. Cependant, la céramique romaine qui y a été trouvée, en diverses profondeurs, permet de dater ce rempart du Bas-Empire. A.-M. H. « B ibliographie: Cahen-Delhaye A., Coupe du rem part du M o n t Falize à Huy, (AB,

258), 1984, 83-88; Docquier J. & Bit

R., La nécropole de Saint-Victor à Huy-Petite (V - viF s.), BCAHC, 21, 1989-1990; Mosa Nostra, 31-35; Péters C., Bilan des fouilles de la DCATLP à Huy et dans la région, Liège 2, 1996, 6770; Péters C., Recherches archéologiques à Huy de 1993 à 1998, ACHSBA, 52, 1998, 11-35; Tilkin-Péters C., Huy. La rue Sousle-C hâteau: la vie quotidienne au bord du Hoyoux à p a rtir du V siècle, PAW, 402-404; Willems J., Huy (Huy), Agglom érations secondaires, nD 327; Willems J., Le qu artier artisanal gallo-ro­ m ain et mérovingien de «B atta» à Huy, (AB, 148), 1973; Willems )., Fours de potiers du Bas-Empire et M érovingien à Huy «B atta», VA, 12, 1984, 48-51 ; Willems )., Découvertes récentes en archéologie hutoise, ACHSBA, 45, 1991, 195-210; Willems )., Rapport sur les fouilles archéologiques entreprises au qu artier de l'H ô p ita l à Huy en 1989, VA, 40, 1992-1993, 5-28.

10 3 1 Liège, Angleur S a n c tu a ir e d é d ié à M ith r a

En 1882, vingt et un objets en bronze appartenant sans doute à un dépôt de fondeur ont été mis au jour, à 417

Angleur, dans une poche d'argile dont la localisation n'est pas précisée. Ce lot était constitué de statuettes et d'appliques anthropomorphes ou zoomorphes, d'élé­ ments de fontaine et d'un fragment de canthare. Selon G. Faider-Feytmans, cette série de bronzes pour­ rait provenir d'un mithraeum non localisé. En effet, toutes ces représentations, à l'exception d'une tête de Méduse, appartiennent au répertoire iconographique du culte du dieu Mithra ou se retrouvent sur les reliefs de «Mithra taurobole». Ainsi, sur ces tables mithriaques ap­ paraissent notamment, autour d'une tauroctonie, quatre têtes masculines ailées, un zodiaque, et parfois des jeunes filles représentant les Heures ou les Saisons. Audessous figure une scène dionysiaque d'un lion s'abreu­ vant à un cratère en présence d'un serpent. À Angleur, plusieurs éléments du zodiaque sont pré­ sents sous forme d'applique: le lion, le bélier, le scorpion, le poisson tandis qu'un jeune homme en ronde-bosse, les bras tendus vers l'avant illustre vraisem­ blablement la balance. Trois appliques au visage mascu­ lin ailé - une quatrième jugée trop mal conservée n’a pas été recueillie lors de la trouvaille - se rattachent sans doute au symbolisme mithriaque de l'air et du souffle. Les statuettes de deux jeunes femmes dont la robe on­ doie au vent pourraient être des allégories des Heures. La statuette de lion s'associerait au fragment de canthare, bien qu’il n’y ait nulle trace de la tauroctonie qui devrait compléter la scène. Il n'est pas étonnant que parmi les objets exhumés apparaissent sept éléments de fontaine, orifices, tuyaux et clef, car l'eau jouait un grand rôle dans le culte de Mithra. Notons la présence de deux ori­ fices à masque léonin dont un parfaitement conservé. Tous ces objets constituent un même ensemble tant par leur facture homogène que par le répertoire icono­ graphique mithriaque auquel ils appartiennent. Si diffé­ rentes techniques de travail du bronze ont été repérées, il existe une similitude dans le traitement des détails des costumes et des chevelures de même que dans le mode de fixation des tenons des appliques. Situé dans une région rocheuse, escarpée et boisée de la rive gauche de l'Ourthe, le territoire d'Angleur recèle une série de grottes dont l'une pourrait avoir abrité un mithraeum. Conservés au Musée Curtius, ces bronzes re­ monteraient à la fin du 11esiècle ou au début du nie siècle. A.-M. H. Bibliographie: Faider-Feytmans, Bronzes, 188-192; FaiderFeytmans G., Les bronzes m ithriaques d'Angleur, BMRAH, 46, 1977, 71-91.

Fig. 245 Angleur: applique en bronze représentant la divinité des vents Fig. 246 Angleur: applique en bronze représentant le lion zodiacal

418

1041 Liège, Jupille-sur-Meuse A g g lo m é r a tio n f lu v ia le

La localité de Jupille-sur-Meuse est située au nord-est du centre de Liège, sur la rive droite de la Meuse. Les vestiges d'époque romaine sont dispersés sur plusieurs hectares. Dès la fin du xixe siècle et dans le courant du xxe siècle, ils ont été l'objet de quelques fouilles mais aussi de nom­ breux pillages. Depuis 1999, un programme de re­ cherches est mené par le Foyer Culturel de JupilleWandre en collaboration avec le Service de l'Archéologie, Ministère de la Région wallonne, Direction de Liège 1.

Fig. 247 jupille-sur-Meuse: 1. Tracé hypothétique de la voie Tongres-Trèves; 2. Superficie supposée de l'agglomération au ir siècle; 3. Habitats; 4. Sanctuaire; 5. Ateliers de potiers et de métallurgistes; 6. Nécropole de la fin du Ier au me siècle

Voirie

La chaussée romaine venant de Tongres abordait la Meuse à Herstal, sur la rive gauche. Sur la rive opposée, elle traversait la petite agglomération de Jupille où son parcours n'a pas été identifié avec certitude. En re­ vanche, plusieurs tronçons appartenant au réseau viaire de la bourgade ont été mis au jour. Des fouilles de sauve­ tage entreprises en 1995 et en 1997 dans des terrains si­ tués rues Charlemagne et Pépin le Bref ont permis de suivre ou de recouper à plusieurs reprises, sur une dis­ tance de 35 m environ, une petite voie empierrée chemi­ nant nord-nord-ouest sud-sud-est. En 1999, place des Combattants, un tronçon routier orienté nord-est sudouest a été découvert; la semelle, établie sur un nucléus de couches drainantes superposées aux limons excavés, comporte de nombreuses recharges constituées princi­ palement de scories compactées et d'un empierrement en gros blocs et dalles de grès houiller; des traces de l'orniérage sont encore visibles dans le dernier sol de char­ roi conservé. En 2002, un chemin empierré a été identi­ fié au sud de l'agglomération; il traverse la nécropole des Trixhes du sud au nord. En 2003-2004, puis en 2005 encore, un tronçon de voie large de 5 m et creusé de nombreuses ornières a été dégagé sur une longueur de 55 m aux abords des rues Gît-le-Coq et Pépin le Bref; il

P R O VI NC E DE LIÈGE |

Fig. 248 |upille-sur-Meuse, Cît-le-Coq: la mosaïque de l'habitat

borde l'aire sacrée du temple et se dirige du nord-nordest vers le sud-sud-ouest. Habitat

Au lieu-dit Gît-le-Coq, près de l'actuelle brasserie Interbrew, les vestiges d'un habitat ont été partiellement fouillés en 1872 par les membres de l'Institut archéolo­ gique liégeois. Une cave avec niches, quelques murs, les vestiges d'un hypocauste et l'angle d'un pavement en mosaïque furent dégagés. La bordure de la mosaïque était constituée de frises de triangles superposés, de champignons, de losanges et de cercles centrés d'une croix; la représentation stylisée d'un petit vase occupait l'angle du champ de la composition. Cet habitat a été détruit par un incendie. Parmi le matériel céramique dé­ couvert se trouvaient quelques fragments d'un vase cul­ tuel, à couverte lisse orange et ardoise, orné de sept bustes estampés et retouchés à l'ébauchoir. Les bustes de six divinités masculines, imberbes ou barbues, étaient partiellement conservés tandis que le septième, un tricéphale, est l'œuvre du restaurateur du vase. Les fouilles entreprises en 1997 et en 2000 dans deux propriétés privées de la rue Pépin le Bref ont mis en évi­ dence une série de niveaux d'occupation, datés de la fin du Ier siècle au mesiècle de notre ère. Quatre foyers super­ posés ont été mis au jour. Le plus ancien consiste en une sole rectangulaire constituée de grands carreaux de terre cuite; les trois autres foyers présentent unejsole circu­ laire. Un puits, un silo et les vestiges d'un petit habitat mal défini ont également été dégagés. Le matériel ré­ colté, de la céramique essentiellement, est particulière­ ment abondant. En 1999, rue Charlemagne, la fouille a révélé la pré­ sence de deux bâtiments superposés de plan allongé, conservés seulement en fondation. Le bâtiment le plus récent mesure 9,50 m de largeur et a été suivi sur une longueur de plus de 20 m. Ces constructions sont asso­

Fig. 249 )upille-sur-Meuse, sanctuaire: bassin à libation en pierre

ciées à une série de trous de pieu et de poteau, à des aires de combustion, à un petit foyer ainsi qu'à des fosses dont l'une contenait des matériaux de construction et des fragments de parois de four vitrifiées. Le matériel re­ cueilli permet de faire remonter l'occupation du secteur à la fin du r siècle de notre ère. À la fin du xixe siècle et au début du xxe siècle, des ves­ tiges d'époque gallo-romaine ont été découverts égale­ ment en d'autres endroits éloignés du centre de l'actuelle localité. Des «substructions» furent dégagées aux Bruyères lors de la construction du mur d’enceinte du cimetière. D'autres encore furent exhumées lors de la démolition de la ferme de La Wache, non loin de la place de Meuse. Sanctuaire

De 2003 à 2005, un complexe sacré comportant un fanum a été mis au jour entre les rues Pépin le Bref et Abbé Genten. Le fanum couvre une superficie totale de 210 m2. Son plan est proche du carré; la cella mesure 6,20 m sur 7 m et est entourée d'une galerie extérieure large de 2,40 m. L'entrée n'est pas conservée, mais devait se situer sur la façade nord-est si l'on se base sur l'axe d'orientation de l'édifice. Le sanctuaire est localisé sur le flanc nord d'une voie empierrée. Dès l'origine, il s'agit d'un complexe sacré, composé d'au moins deux édifices distincts en relation spatiale l'un avec l'autre. Deux étapes majeures de construction ont été décelées, complétées de réfections, d'ajouts et d'aménagements moins importants. À une première phase appartiennent le fanum et un bâtiment rectangulaire dont la façade principale présente un res­ saut en avancée centré sur l'entrée du temple. Dans une deuxième phase de construction, le sanctuaire comporte le temple proprement dit, un mur d'enceinte et une série de petites pièces annexes. Deux édicules sont acco­ lés à la façade du fanum, de part et d'autre de l'entrée. Le mur d'enceinte est élevé en bordure immédiate de la route ; il longe le sanctuaire sur une distance de plus de 55 m. Des petites pièces contiguës, de superficie variable et au nombre de quatre au moins, sont construites contre le mur d'enceinte. Des centaines de fragments sculptés en pierre, dont certains représentent des personnages, des éléments de colonnes ainsi que d'abondants débris de fresques colo­ rées attestent de la décoration du fanum. Artisanat

À l'emplacement de l'actuelle place des Combattants, l'existence d'un quartier artisanal est avérée depuis la découverte de fours de potiers en 1981, lors de la cons­ truction de bâtiments communaux. On ignore l'impor­ tance réelle des installations dévolues à l'activité céra­ mique; un four de potier a été partiellement préservé mais est aujourd'hui inaccessible. Sur cette même place, un atelier de travail du métal a été fouillé en 1999-2001. Il est implanté sur les vestiges de quelques sépultures à incinération préalablement désaffectées. Quatre phases d'occupation se succèdent rapidement durant le IIe siècle. La phase 3 est la plus re­ présentative du fonctionnement de l'atelier. Trois pièces de plan rectangulaire, dont il ne subsiste que les fonda­ tions des murs ou des solins de pierre, s'ouvrent sur une large voie. Elles comportent des aires de combustion et 419

Trésor monétaire

Un trésor monétaire a été découvert lors de travaux de ter­ rassement à la fin du xixe siècle, rue Gît-le-Coq. Estimé à deux mille cinq cents - trois mille pièces - deniers et antoniniens - il fut rapidement dispersé. Il semblerait que la monnaie la plus ancienne ait été frappée sous le règne d'Auguste, les plus récentes sous celui de Philippe (244249). Ce dépôt relativement riche en deniers antérieurs aux Sévères a vraisemblablement été constitué sous le règne de Philippe et enfoui quelques années plus tard.

Fig. 250 Jupille-sur-Meuse, Cit-le-Coq: le vase à bustes

des fosses contenant d'abondants rebuts liés au travail du métal. Quatre foyers de forge de forme étroite et al­ longée ont été retrouvés dans la plus grande des trois pièces. À l'extérieur des bâtiments, entre les murs, s'étendent de grands «dépotoirs» de scories. Au cours de la seconde moitié du ne siècle, une cons­ truction est élevée à l'emplacement de l'atelier, peutêtre un grenier à grains ou horreum. Vingt-deux bases de poteau ou de pieu en blocs de grès ou de tuffeau, desti­ nées à soutenir la structure, ont été dégagées. Nécropoles

Une nécropole à incinération comprenant au moins cent soixante et une sépultures est établie au sud de l'ag­ glomération, au lieu-dit Les Trixhes, actuellement place Belgo-Romaine. Cent vingt-quatre sépultures ainsi qu'un ustrinum ont été fouillés en 1916 et vingt-huit tombes furent encore mises au jour en 1922. Le mobilier funéraire date de la fin du Ier siècle au nr siècle de notre ère. En 2002, la fouille d'une parcelle située à la limite septentrionale de la nécropole a permis la découverte de neuf tombes supplémentaires, coffrages de dalles de grès ou simples fosses en pleine terre; elles remontent à la fin du Ier siècle et au ne siècle de notre ère. Ce sont des inci­ nérations secondaires, les ossements sont déposés en amas dans le fond de la tombe. Un chemin empierré longeait les sépultures et devait faciliter les déplace­ ments au sein de la nécropole. Place des Combattants, quelques tombes à incinéra­ tion furent repérées puis hâtivement fouillées en 1944. Elles ont livré quelques céramiques de la fin du Ier siècle et du début du ne siècle. En 2001, douze nouvelles tombes à incinération furent mises au jour à proximité des vestiges d'un probable ustrinum. Ces sépultures sont toutes de simples fosses en pleine terre. Dans la première moitié du ne siècle, elles sont scellées par un apport de limon sur lequel va se développer l'atelier de travail du métal. Une trentaine de vases en céramique, de menus objets en bronze et en fer ainsi que de nombreux osse­ ments calcinés ont été récoltés. 420

Fig. 251 Jupille-sur-Meuse, Place Belgo-Romaine: inscription funé­ raire trouvée en remploi dans une tombe de la nécropole

Inscriptions latines

Lors des recherches effectuées en 2002 dans la nécropole située place Belgo-Romaine, une stèle funéraire fut dé­ couverte en remploi dans une tombe en coffrage de grès du IIe siècle. Il s'agit d'une dalle en grès houiller portant gravée sur trois lignes l’inscription suivante: DIS MANIBVS / MVRRANO / BILAVCI FILIO. Aux dieux mânes. Pour Murranus, fils de Bilaucus. Cette inscription, d'excel­ lente facture, remonte au dernier tiers du Ier siècle de notre ère. Deux grands fragments d'un bassin de purification en calcaire ont été recueillis à l'extérieur du fanum, dans les couches préparatoires d'un sol. Une dédicace à Apollon est gravée sur la tranche, dans une tabula ansata: APOLL(INI) SMERTVRIGI EXSVPER MANSVETI F(ILIVS): Pour Apollon Smerturix, Exsuper, fils de Mansuetus (a offert ce bassin). L'écriture suggère une datation dans la deuxième moitié du ne siècle. M. G.

Bibliographie: Geubel A., Découvertes archéologiques à Jupille, CAPL, 34, 2, 1943, 43-48; Gustin M., Liège/jupiUe: ves­ tiges romains, CAW, 6, 1998, 94; Gustin M., Liège/jupille-surMeuse: vicus gallo-rom ain, fouilles rue Pépin le Bref, CAW, 9, 2001, 113-114; Gustin M. & Vanguestaine M., Liège/jupillesur-Meuse: fouilles archéologiques, CAW, 8, 2000, 109-110; Gustin M. & Vanguestaine M., Occupations rom aine et postm é­ diévale à Jupille, Liège 4, 119-123; Gustin, M. & Vanguestaine M., Uège/jupille-sur-M euse: vicus gallo-rom ain, fouilles sur la place des C om battants, CAW, 10, 2002, 113-115 ; Josse M., Le dom aine de jup ille des origines à 1297, (Pro Civitate, Collection Histoire, 14), 1966, 5-10; Lallemand )., Le trésor de Jupille (1 8 9 5 ): deniers et antoniniens d'Auguste à Philippe, RBN, 113, 1967, 31-55; Léotard J.-M. & Gustin M., Liège/jupiUe: struc-

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tures gallo-romaines, CAW, 4-5, 1996-1997, 98; RaepsaetCharlier M.-Th., Liège/lupille-sur-M euse: nouvelle inscription fu­ néraire latine, CAW, 13, 2006, 113-115; Raepsaet-Charlier M.Th., Liège/lup ille -sur-M eu se: inscrip tion sur un bassin de purification trouvé dans le sanctuaire gallo-rom ain, CAW, 15, à paraître; Schuermans H., Fouilles faites à lu p ille près de Liège, BIAL, 11,1872, 469-496; Servais ]., Compte-rendu som maire et prélim inaire des fouilles exécutées dans le cimetière belgo-rom ain de jupille, p a r l'In s titu t archéologique liégeois en 1922, CAPL, 14, n° 2, 1923, 29-32; Thisse-Derouette Notes à propos de l'existence d 'un nouveau cimetière rom ain à lupille (Liège), AFAHB, 1, Antwerpen, 1947 (1950), 73-77; Vanguestaine M. & Gustin M., Liège/lupille-sur-Meuse : vicus g allo-rom ain, fouilles sous la M aison de la Laïcité, CAW, 9, 2001, 143; Vanguestaine M. & Gustin M., Liège/lupille-sur-Meuse : fouilles au sein de la nécropole du vicus, CAW, 11, 2003, 103-105; Vanguestaine M. Si Gustin M., Liège/lupille-sur-Meuse: agglom ération gallo-ro­ maine, fouilles rues Pépin le Bref et Abbé Centen, CAW, 12, 2004, 111-112; Vanguestaine M. & Gustin M., Liège/lupille-surMeuse: sanctuaire gallo-rom ain et sépultures du H aut Moyen Âge, CAW, 13, 2006, 167-169; Vanguestaine M. & Gustin M., Liège/lupille-sur-Meuse: le sanctuaire gallo-rom ain, CAW, 14,

2007, 113.

1051 Liège, Liège Villa d e

la P la c e S a in t - L a m b e r t

La villa de la place Saint-Lambert occupe un emplace­ ment topographique-clé. Elle est située sur la rive gauche

d'un large méandre de la Meuse, 2 km en aval de la confluence du fleuve avec les vallées de l'Ourthe et de la Vesdre. Au nord, le ruisseau la Légia échancre le plateau de la Hesbaye avant de longer le bâtiment; il est proba­ ble que la présence d'un de ses bras, à l'est, ait déterminé l'orientation de la villa. Le site, localisé sur une proémi­ nence de la plaine alluviale en légère pente vers le sud et l'ouest, apparaît extérieur à la dynamique fluviatile de la Meuse. Il reste cependant assujetti aux épisodes torren­ tiels de la Légia. Le substrat pédologique est par moment très humide. Les recherches archéologiques sur la place SaintLambert débutent dès 1907. À cette occasion, le noyau central de la villa est mis au jour. De 1977 à 1984, l'Uni­ versité de Liège mène diverses interventions sur le site. Des fouilles de sauvetage sont entreprises entre 1990 et 1995 par le Service de l'Archéologie, (MRW, Direction de Liège 1). Ces recherches permettent de compléter partiel­ lement le plan de l'édifice. Depuis 2003, une partie des vestiges est mise en valeur au sein d'un espace scénographique, l'Archéoforum. C'est dans ce cadre qu'une étude est entamée en 2005 afin de réévaluer et de compléter l'état de connaissance du site. Le plan de la villa apparaît aujourd'hui complet. Il ré­ pond à une formule architecturale standardisée. Deux modules de pièces sont répartis de part et d’autre d'un grand espace central, tandis que deux galeries en façades est et ouest sont pourvues de pavillons d'angle saillants. Les façades sont régies par un axe de symétrie rigoureux.

Fig. 252 La région de Liège à l'époque romaine. 1. Tracé hypothétique de la voie Tongres-Trèves; 2. Villa de la Place Saint-Lambert; 3. Villa de Herstal, tumulus arasé et nécropole; 4. Agglomération de Jupille-sur-Meuse

421

Fig. 253 Localisation topographique de la villa romaine de Liège, Place Saint-Lambert, dans son environnement fluvial contemporain. Le tracé des cours de la Meuse et de la Légia se rapporte à une situation antérieure à l'industrialisation de la région

La galerie occidentale possède un pavillon axial en sail­ lie faisant écho à une probable rampe d'accès monumentalisée en façade orientale. Les infrastructures sani­ taires et thermales occupent le pavillon d'angle nord-ouest, avec hypocauste à pilettes rondes, praefurnium et canal de chauffe, baignoire, sols en tuileau, ca­ naux d'adduction et d'écoulement des eaux. La villa est construite «en podium». Les niveaux de sols intérieurs sont exhaussés par de puissants terrasse­ ments qui peuvent atteindre 2 m d’épaisseur dans le bas de pente. Seules les deux pièces jouxtant le pavillon sudouest demeurent de plain-pied avec l'extérieur, offrant ainsi la possibilité d'un étage supplémentaire. Cet inves­ tissement important ne semble pas avoir été mis en oeu­ vre afin d'échapper à un sol saturé en eau, mais pourrait répondre à une volonté d'imposer le bâtiment dans le paysage. Outre des fragments d'enduits peints, la fouille a livré de nombreux éléments de décoration intérieure en pierre: baguettes, plaques et moulures en calcaire, en marbre blanc d'origine méditerranéenne, ainsi qu'en porphyres étrangers rouge et vert. Le décompte du mobilier par tranche chronologique indique une présence sur le site de la villa à partir de la fin du Ier siècle après J.-C., avec un pic d'occupation du­ rant la seconde moitié du 11e siècle et le début du siècle suivant. Le développement architectural de l'édifice au cours de cette période est encore mal appréhendé. Seules l'incorporation des infrastructures thermales au sein du pavillon nord-ouest ainsi que l'adjonction d'annexes sur le flanc nord du bâtiment sont clairement documentées. L'existence d'infrastructures annexes aux abords de la villa n'est pas encore vérifiée. 422

Le devenir du site dans le paysage socio-économique du Bas-Empire n'est pas connu. Le corpus mobilier des IVe et Ve siècles est assez réduit mais reste significatif d'une occupation non anodine. Quel que soit son statut, l'édifice romain reste un élément directeur dans la cris­ tallisation du tissu urbain durant le Haut Moyen-Âge. En effet, les premiers bâtiments construits à cette époque respectent encore l'orientation de la villa. D. H. & P. V.D.S.

Fig. 254 Liège, Place Saint-Lambert: plan de la villa. 1. Maçonneries romaines; 2. Murs supposés; 3. Béton de sol; 4. Aqueducs

P R O VI NC E DE LIÈGE |

Fig. 255 Liège, place Saint-Lambert: l'hypocauste lors des premières fouilles (1907)

B ibliographie: Gustin M., La villa gallo-rom aine de la place Saint-Lam bert à Liège. Première approche, AFAHB, 52, II, Herbeum ont, 1996, 77-80; Henrard D., Place Saint-Lam bert à Liège, l'occupation gallo-rom aine. Recherches menées dans le cadre de l'am énagem ent de l'Archéoforum, Le Vieux-Liège, 312, 2006, 6-17; Henrard D. & Van Der Sloot P., Liège/Liège: re­ cherches relatives à l'édifice gallo-rom ain de la place SaintLambert, CAW, 14, 2007, 113-115 ; Henrard D., Van Der Sloot P. & Léotard J.-M., Liège, site de la place Saint-Lambert. Plan et im pla ntatio n dans la topographie locale de l'édifice romain, Romeinendag 2007, 29-34; Henrard D., Van Der Sloot P. & Léotard J.-M., Liège/Liège: site de la place Saint-Lambert, la villa gallo-rom aine. Techniques de construction et indices de chronolo­ gie, CAW, 15, à paraître; O tte M., (dir.). Les fouilles de la place Saint-Lam bert à Liège. 2. Le Vieux Marché, ( ERAUL, 23), 1988; O tte M., (dir.). Les fouilles de la place Saint-Lam bert à Liège. 3. La villa gallo-rom aine, (ERAUL, 44), 1990.

1061 Modave, Strée

Fig. 256 Modave, Strée: 1. Voie antique TongresArlon; 2. Dispersion des traces de l'agglomération routière; 3. Le relais d'Outrelouxhe

Le site n'a livré que très peu de matériel archéolo­ gique : quelques tessons de céramique commune des iT et me siècles, de même que trois monnaies d'Hadrien, Antonin et Marc-Aurèle. A.-M. H. B ibliographie: Corbiau M.-H., Nouvelles découvertes dans l'agg lo m ération routière romaine de Strée, (AB, N.S., I, 2), 1985, 71-72; Corbiau M.-H., L'agglom ération routière rom aine de Strée (corn, de Modave), (AB, N.S., Il, 1), 1986, 57-58.

10 7 1 Modave, Outrelouxhe c/T.lmer

P e tite a g g lo m é r a tio n r o u tiè r e

L e r e la is

Dès 1979, les fouilles menées par M.-H. Corbiau, au nord de Strée, de part et d'autre de la route de StréeRawsa, appelée «Voie romaine», ont abouti à la décou­ verte des vestiges d'une petite agglomération routière. Les limites septentrionale et méridionale du site qui s'étend, en bordure de la voie, sur une longueur de 145 m ont été atteintes. Les fouilleurs ont également repéré à cet endroit le tracé de l'antique voie Tongres-Arlon qui est lé­ gèrement décalé vers l'est par rapport à la route actuelle. L'assiette de la chaussée, conservée sur une largeur de 4,50 m, était constituée de diverses pierres, calcaires, grès, cailloux de rivière. Elle reposait sur un lit d'argile dure étalé sur le sol vierge. Un fossé peu profond, large de 0,45 m, courait le long du bas-côté nord de la route. Les vestiges d'un hypocauste, d'une petite pièce et d'une canalisation appartenant à un bâtiment, orienté est-ouest et aligné sur la chaussée, ont été découverts au nord-ouest du site au lieu-dit Enclos du Tilleul. Un puits cuvelé au moyen de gros moellons de grès avait été creusé de l'autre côté de la voie. Deux caves appartenant à des habitations ont été mises au jour au lieu-dit Germeuse terre et à l'extrémité méridionale de l’agglomération. Un puits et des traces de constructions en matériaux périssables ont été repé­ rés entre les deux celliers.

À environ 500 m au nord de l'habitat groupé de Strée, le Cercle archéologique Hesbaye-Condroz a mis au jour entre 1996 et 2001, un établissement routier localisé au lieu-dit Elmer. Cet édifice, de 15 m sur 21 m, bâti en bor­ dure orientale de la chaussée Tongres-Arlon et orienté est-ouest est organisé autour d'un vaste espace central. Au plan rectangulaire initial, s'ajoute ensuite au sudouest un cellier et un petit balneum composé d'une pièce partiellement chauffée par hypocauste et d'une baignoire froide vidangée par un caniveau à ciel ouvert. Dotée de deux niches et d'un soupirail, la cave de 2,70 m sur 4 m, était construite en moellons de calcaire et de tuffeau et équipée d'un système de drainage. On y accé­ dait par un escalier qui prenait naissance dans le vaste espace central. Le bâtiment qui est relié à la voie par un empierre­ ment est entouré d'un fossé circulaire de 50 m de diamè­ tre tangent à la chaussée. Présentant un profil en cu­ vette, il s'interrompt, à Test et à l'ouest, sur une longueur de 4 m, selon un axe perpendiculaire à la chaussée. À l'intérieur de ce périmètre, outre le bâtiment décrit cidessus, quatre fosses-silos et une quarantaine de trous de poteaux ont été mis au jour. Une série de ceux-ci pour­ rait avoir appartenu à une palissade tandis que les autres pourraient avoir servi de soutènement à un talus. 423

Fig. 257 Outrelouxhe, Elmer: plan général du relais: 1. Bâtiment primitif; 2. Cellier et balneum; 3. Fosses et silos anciens

Plusieurs phases d’occupation et d'aménagement du site ont été repérées. Les premières traces, vraisembla­ blement antérieures à la période romaine, se marquent par un chemin creusé de profondes ornières qui courent parallèlement à la chaussée antique et dont l'écartement correspond à la longueur des essieux des chars gaulois. À l'époque romaine, il est possible de distinguer deux grands aménagements successifs; le fossé et les trous de poteau appartiennent au premier, le bâtiment en pierres au second. Plusieurs éléments laissent penser que les structures mises au jour sont celles d'un petit relais routier. En effet, elles sont localisées en bordure d'une importante voie. De plus, ce bâtiment apparemment isolé, organisé autour d'un vaste espace central présente un certain confort puisqu'il est équipé de bains. Enfin, plusieurs fragments d'hipposandales et de garnitures d'attelage y ont été découverts. D'après le matériel archéologique trouvé sur le site, les vestiges en bois et le fossé seraient contemporains de l'aménagement de la voie et remonteraient à la seconde moitié du Ier siècle après J.-C. tandis que le bâtiment en dur serait occupé au cours des ne et me siècles.

1081 Modave, Modave L a r é s id e n c e d e S u r v ille r s

Au sud de Modave, sur le plateau de Survillers, M. Godelaine et I. Braconnier fouillent en 1889, pour le compte de l'Institut archéologique liégeois, les vestiges d'un corps de logis orienté au sud. Celui-ci a connu au cours de son occupation quelques développements essentiellement vers l’ouest pour at­ teindre, dans sa phase maximale, une cinquantaine de mètres de longueur. Le plan de la résidence initiale est assez simple : un en­ semble de pièces se structure autour d'une cour centrale précédée au sud par une galerie de façade flanquée de deux pavillons d'angle. Plus tard, un bloc d'une dizaine de pièces dont deux chauffées par hypocauste vient s’ad­ joindre à l'ouest. Les bains se trouvent reportés plus loin encore. Ils se composent d'une antichambre qui relie la résidence aux thermes, et d'une série de locaux en enfilade : le frigida-

A.-M. H. g C a rto g ra p h ie : voir fig. 256, 3. B ibliographie: Witvrouw D. & J., M o dave/O utrelouxhe: ves­ tiges au lieu-dit «Elmer», CAW, 4-5, 1996-1997, 98-99; Witvrouw D. & J., Un relais ro utier rom ain à Outrelouxhe (M odave), BCAHC, 24, 1996-1999, 27-30; Witvrouw D. & )., M odave/O utrelouxhe : vestiges gallo-rom ains, CAW, 6, 1998, 94-95; Witvrouw D. & J., Un relais ro utier ro m ain à O utre­ louxhe, Liège 4, 1999, 105-108. Fig. 258 Modave, Survillers: plan de la résidence

424

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rium, avec une baignoire, le caldarium doté d'une exèdre et le praefurnium. Des pilettes d'hypocauste ont également été décou­ vertes dans le pavillon est. A.-M . H.

B ibliographie: Deru, Bains, n° 44; X, Villa belgo-rom aine de Survillers, BIAL, 25, 1896, 179-189.

1091 Oreye, Bergilers L 'é ta b lis s e m e n t r o u tie r d e

Malpas

À quelque 13 km au sud-ouest de Tongres, le site encore mal connu de Bergilers a livré, répartis sur les deux rives du Geer, divers vestiges d'occupation romaine qui pour­ raient correspondre à un petit relais. Au lieu-dit Malpas, sur la rive sud du Geer, MM. Thill et Lowette ont mis au jour, en 1953, les substructions d'un établissement, à proximité duquel la voie Bavay-Cologne franchissait la rivière. Dans le prolongement d'un mur de fondation constitué de silex non appareillés, les fouilleurs ont découvert, un peu plus au nord, les vestiges d'un hypocauste, de même que des traces d'enduits peints rouge foncé. Les quelques tessons de céramique re­ trouvés ont été datés principalement des IIe et m e siècles. L 'o c c u p a tio n d u B a s-E m p ire

Les fouilles de J. Alénus-Lecerf, en 1974 et 1977, au lieudit Pont de Malpas sur la rive nord du Geer, révélèrent l'existence d'un petit cimetière à inhumation, d'un fond de cave et d’un fossé palissadé, en forme de U. Les sept tombes de la fin du IVe siècle ou du début Ve siècle, orien­ tées pour la plupart nord-ouest sud-est, ne contenaient qu'un mobilier assez pauvre comprenant entre autres des monnaies de Théodose I et d'Arcadius (388-395), de Valens et de Valentinien. La dotation funéraire de la tombe 1, constituée de cinq objets dont un bol en terre sigillée et un gobelet en verre, était déposée dans une pe­ tite niche excavée dans l'une des parois de la tombe. L'existence d'un fortin routier du Bas-Empire, érigé sur la hauteur, est probable mais aucun élément maté­ riel ne la confirme à ce jour; il s'agirait de l'un des maillons du dispositif militaire routier tardif. La

Fig. 259 Oreye et Waremme: 1. Voie antique Bavay-Cologne; 2. Relais routier de Malpas à Bergilers; 3. Nécropole à inhumation du Pont de Malpas à Bergilers; 4. Villa de Basse Voie à Bergilers; 5. Tumulus d'OIeye B ibliographie: Alenus-Lecerf j.. Sondages dans une nécro­ pole du Bas-Empire, (AB, 177), 1974, 54-57; Alenus-Lecerf )., Seconde cam pagne de fouilles à Bergilers, (AB, 206), 1978, 7781 ; Delplace, Peintures, 26-28; Thill J., Un relais à Bergilers sur la chaussée rom aine Bavai-Cologne, BCAHC, 8, 1968, 47-52.

1101 Oupeye, Haccourt La

villa d e

H accou rt

Les vestiges d'un très grand corps de logis ont été mis au jour à Haccourt. Le bâtiment est implanté au sud-est du village, à l'extrémité du plateau qui domine les vallées de la Meuse, du Beaurieu et de son affluent l'Aaz. Le site est connu dès 1913-1914, grâce à des sondages effectués par Ch. J. Comhaire mais il faut attendre les an­ nées 1960 pour que des fouilles y soient menées. Entre 1962 et 1966, J. Paquay explore les bains de la grande v illa du IIe siècle. Quatre campagnes de fouilles dirigées par G. De Boe, de 1967 à 1970, permettent de dégager complètement le corps de logis et ses installations ther­ males. Ces fouilles ont mis en lumière la superposition de deux corps de logis distincts. Le plan de la première rési­ dence révèle une construction en trois étapes (phases I à III) tandis que la seconde connaît un aménagement en deux phases (IV et V).

villa d e Basse Voie

Dès 1945, des fouilles ponctuelles d'une villa furent me­ nées à Basse Voie, à l'est de Bergilers, par MM. Lowette. On mit au jour deux salles mitoyennes dont une dotée d'une abside, les vestiges d'un hypocauste ainsi qu'une salle située à 50 m de ce groupe. Toutes ces pièces ont livré des fragments d'enduits peints qui ont contribué à donner un aperçu fragmentaire de la composition de la fresque. Ainsi, la plinthe rose mouchetée de l'un des murs de la pièce contiguë à la salle à abside est surmon­ tée de bandes horizontales noires, vertes et blanches. Au-dessus de celles-ci, vient se greffer un décor vertical, alternant les champs et bandeaux jaunes ou rouges sépa­ rés les uns des autres par des filets blancs. Les tessons de céramique ont permis de situer l'occu­ pation du bâtiment au ue siècle. A.-M . H.

Fig. 260 Oupeye: 1. Villa romaine de Haccourt; 2. Établissement rural au lieu-dit Froidmont à Haccourt; 3. Bains domestiques de Sur les Moulins à Heure-le-Romain

425

Les bains de la villa, ainsi que quelques caves ont fait l'objet d'un classement comme site en 1976. Première résidence

Succédant à un habitat en bois du milieu du Ier siècle de notre ère, la première résidence est érigée selon un axe longitudinal nord-ouest sud-est, en trois phases. Seuls subsistent des fondations en rognons de silex noyés dans du mortier beige jaune, et des murs en négatif. L'érosion du plateau au nord-est et les travaux d'aména­ gement de la seconde résidence au sud-est ont entraîné la disparition complète de certaines parties de l’édifice, qui n'est plus conservé que sur une longueur de 55 m et une largeur de 21 m. • Phase I Une cave située au sud-est, à l'écart des autres vestiges, constitue le seul témoin du premier état du bâtiment construit vers les années 70 après J.-C.; il devait attein­ dre une trentaine de mètres de long. • Phase II À la fin du Ier siècle, cet édifice est agrandi: à l'arrière d'une galerie de façade orientée au nord-est, vient se greffer le corps de logis, constitué d'une douzaine de pièces et de couloirs. Son aménagement reste assez sim­ ple: le sol des différentes pièces est en terre battue et seuls quelques murs sont couverts d'enduits peints. À une dizaine de mètres plus à l'est, des thermes, de plan longitudinal, s'étendent sur une longueur de 24 m et une largeur maximale de 11,5 m. Au frigidarium, doté d'un pavement en mosaïque à motifs géométriques,

s'ajoutent deux pièces chauffées par hypocauste: le tepi­ darium et le caldarium. Ce dernier disposait vraisembla­ blement de deux baignoires, l'une axiale, l'autre laté­ rale, ainsi que d'un labrum. Les salles étaient décorées d'enduits peints aux motifs floraux et géométriques, no­ tamment un décor d’hexagones noirs et ocre, avec ou sans motif floral stylisé central en noir et vert. Les traces d'une annexe en bois, vraisemblablement à trois nefs, ont été découvertes à 120 m au sud-ouest des bains. • Phase III Au début du IIe siècle, la villa subit quelques change­ ments importants. Les hypocaustes sont démantelés tan­ dis qu'une galerie encadrée d'une pièce d'angle à l'ouest, et d'un nouveau complexe balnéaire à l'est est ajoutée à l'arrière du corps de logis. Si, dans ces bains, les pièces chauffées par hypocauste sont disposées en enfilade, le frigidarium est accolé à l'ouest du tepidarium. Un apodyterium sera par la suite aménagé dans la prolongation de la galerie. D'après les débris trouvés dans le caldarium, la baignoire et le sol étaient agrémentés d'une mosaïque. Deux phases de dé­ coration des bains ont été repérées. La première, consti­ tuée de panneaux peints imitant le marbre et de pan­ neaux de couleurs unies; la seconde, de panneaux rouges et blancs séparés et divisés par des bandes et des traits noirs et rouges. Cette première résidence a livré un matériel peu abon­ dant, mais riche en informations chronologiques. L'es­ sentiel de la vaisselle en terre sigillée vient de La Graufesenque et remonte aux époques de Claude, Néron et

Fig. 262 Haccourt: la première résidence, la mosaïque du frigidarium de la première installation des bains

Fig. 261 Haccourt: plan des phases I à III d'aménagement de la résidence

426

Fig. 263 Haccourt: la première résidence, les pièces chaudes de la deuxième installation thermale

P RO VI NC E DE LIÈGE |

Fig. 264 Haccourt: la première résidence, enduits peints

Vespasien. La céramique belge, surtout datée du troisième quart du Ier siècle, est attestée par une centaine de tessons en terra nigra et une soixantaine en terra rubra. Parmi les autres catégories représentées figurent: la céramique dorée, celle à enduit rouge pompéien, l'engobée et la cé­ ramique commune. Seconde résidence

L'ampleur du projet architectural de la seconde rési­ dence, construite vers le milieu du 11e siècle ou peu avant, a nécessité outre l'arasement de la première, de grands travaux de terrassement afin d'égaliser le terrain. Ainsi, les déblais anciens ne suffisant pas à combler les différences de niveaux entre les côtés septentrional et méridional du plateau, les terres excédentaires du sud furent amenées au nord après que les murs de fondation de ce secteur aient été construits en élévation sur le sol en place. Les couches inférieures des fondations sont constituées d'un simple empilement de rognons de silex déposés dans des tranchées. Les murs en élévation sont en opus vittatum, avec un parement de calcaire bleu noir viséen. Le sol de la plupart des pièces est en terre battue, à l'exception de quelques-unes qui disposaient d'un re­ vêtement de béton ou de mosaïque. Un petit nombre de salles étaient chauffées soit par hypocauste soit au moyen de cheminées d'angle. Le plan de la grande résidence et des bains tel qu'on le connaît dans son extension maximale, est le résultat de deux phases d'aménagement. Une grande partie des tra­ vaux du dernier état ne peut être datée avec précision; certains ont probablement eu lieu à la fin du 11esiècle ou au début du 111e siècle. Le site est abandonné au cours de la seconde moitié du 111esiècle suite à l'incendie du corps de logis. Un antoninien de Postume daté de 263, trouvé dans les bains, pourrait fournir un terminus post quem à la désaffectation des lieux. Les vestiges d'une enceinte ont été mis au jour à quelques mètres de la façade principale et du mur nordouest du corps de logis. • Phase IV

Orienté nord-ouest sud-est, le corps de logis, long de 103,20 m pour une largeur maximale de 61,75 m, se compose d'une galerie de façade à portail saillant, en­ tourée de deux avant-corps symétriques et d'une série d'appartements. Ces derniers, qui forment trois secteurs distincts, s'organisent autour de cours intérieures dotées

de portiques, et reliées entre elles par des couloirs. La to­ pographie du lieu incite à penser que la galerie de façade et son portail saillant ne constituaient pas l'accès princi­ pal à l'édifice, mais servaient de point de vue sur la val­ lée de la Meuse. Les dix-huit salles et couloirs du secteur sud, destinés à la vie domestique, sont disposés sur trois côtés d'une cour à portique. Située dans l'axe de cette dernière, la pièce principale était chauffée par hypocauste et agré­ mentée d'une mosaïque de sol noire et blanche à motifs géométriques. Sous l'une des chambres se trouvait une cave aménagée de plusieurs niches cintrées. La zone centrale, probablement réservée à la vie so­ ciale et publique du propriétaire, est constituée de la grande salle principale dont le sol était initialement re­ couvert d'une mosaïque, d'une vaste cour entourée d'un portique sur trois de ses côtés, et de deux petites pièces carrées situées aux extrémités nord-est et sud-est du por­ tique. L'une d'entre elles était chauffée par hypocauste et décorée d'enduits peints aux motifs floraux. La zone nord, plus développée que les deux autres sec­ teurs et en saillie sur la façade arrière, était sans doute consacrée au logement. La disposition des pièces y est dé­ terminée par la présence de deux cours à péristyle autour desquelles s'organise une vingtaine de pièces. La plus grande des deux cours est un hémicycle à la base duquel se greffe un espace rectangulaire. Au sud-ouest, six cham­ bres avaient été aménagées de manière plus luxueuse. Les murs étaient revêtus de crépis peints et le sol était en béton. Entourée de couloirs et de cours, une petite pièce cir­ culaire inscrite dans un espace carré et dotée de quatre petites niches semi-circulaires, était chauffée par un hy­ pocauste. 11 s'agit peut-être d'un laconicum. De part et d'autre de la galerie, longue de 72 m et large de 4,40 m, les deux avant-corps constitués de plusieurs locaux rectangulaires encadrent un grand bassin d'agré­ ment. Le pavillon oriental abrite une grande salle rec­ tangulaire, rétrécie au sud-ouest et dotée d'une abside en arc surbaissé. Cette pièce donnait accès à une cave cruciforme dont chaque bras était voûté en plein cintre. Un second bassin d'agrément était disposé le long de la façade latérale sud-est du corps de logis. Au sud, les bains construits à l'écart du corps de logis, dont ils sont contemporains, s'étendent sur une lon­ gueur de 36,65 m et une largeur qui varie de 5,40 m à 23,65 m. De plan longitudinal, ils présentent trois pièces - caldarium, tepidarium et sudatorium - chauffées par hypocauste. Le caldarium (C) était subdivisé en deux parties dont une, la plus proche du praefurnium axial (Prl), était dotée de deux baignoires. Le tepidarium (T) et le sudatorium (S), alimentés par un praefurnium laté­ ral (Pr2) situé à l'est, encadraient le frigidarium (F). À l'ouest de celui-ci était accolée une grande piscine (P) d'eau froide ceinturée par une banquette, tandis qu'un vaste apodyterium (A) était aménagé à l'est du sudato­ rium. Un petit vestibule (V) terminait l'alignement au nord-est. • Phase V

Quelques petites transformations sont apportées au corps de logis; la principale étant l'aménagement, à l'ar­ rière de l'habitat, d'une galerie coudée dotée d'un por­ tail décentré par rapport à la grande cour. Ce portique 427

long de 92,60 m et large de 4,90 m, qui relie désormais la résidence aux bains, constitue l'accès principal au corps de logis. La pièce principale du secteur méridional est agrandie par une abside chauffée par hypocauste tandis que celui du laconicutn de la zone nord est démantelé. Le revête­ ment en béton des deux bassins d'agrément est rem­ placé par un dallage en calcaire bleu noir, similaire à celui utilisé pour couvrir l'espace situé entre la façade principale et le grand bassin. Les bains sont quant à eux considérablement agrandis et transformés ; c'est ainsi que les fouilleurs ont pu déce­ ler deux étapes au cours de cette phase de réaménage­ ment. Une galerie, qui borde la façade des thermes et qui se prolonge vers l'est, est construite perpendiculaire­ ment au grand portique. Une cave rapidement désaffec­ tée est accolée à l'est du caldarium (C). La construction d'une grande piscine chauffée par hypocauste (P2) et de

son praefumium (Pr3), à l'est du tepidarium (T), entraîne la suppression du praefumium (Pr2), du tepidarium et du sudatorium (S). Ce dernier possède désormais son propre foyer (Pr4) tandis que le tepidarium est d'abord chauffé indirectement par le caldarium et ensuite par un foyer (Pr5) situé à l'est. Le caldarium subit également quelques modifications, qui nécessitent la suppression de sa bai­ gnoire axiale au profit d'un bassin (B) situé à l'ouest, qui dispose d'un praefumium (Pr6). Les différentes salles de bains étaient revêtues de plaques de calcaire viséen et de peintures murales à mo­ tifs floraux ou imitant le marbre. L'ampleur de ces bains et de leurs nombreuses pis­ cines a dû nécessiter de grands travaux d'adduction d'eau depuis des sources situées à plus de 1,5 km à l’ouest et au sud-est du site. La circulation de l’eau dans les thermes s'effectuait dans des canalisations de bois dont quelques joints en fer ont été trouvés.

Fig. 265 Haccourt: la seconde résidence, plan de la phase V d'aménagement

428

P R O V I N C E DE LIÈGE |

Peu de temps avant l'abandon de la villa, on relève des traces d'activités artisanales, et plus particulièrement du travail du fer, dans les bains. É ta b lis s e m e n t r u r a l à

Froidmont

À environ 1850 m à vol d'oiseau au nord-ouest de cette importante résidence se localise l'établissement rural de Froidmont totalement détruit par l'exploitation d'une carrière. Devant l'urgence de l'avancée de la zone d'extension de la carrière, le Cercle archéologique de la Basse-Meuse entama des fouilles partielles menées entre 1972 à 1974. L'angle nord-est d'un bâtiment est dégagé ainsi qu'une cave située au sud-ouest. Une fosse de La Tène Finale est également explorée. Quelques fosses sont fouillées par la suite entre 1981 et 1985. Trois d'entres elles ont livré du matériel romain. Un puits profond de 77 m, est encore dégagé en 1985 sur le front de taille de la carrière. Il a livré un abondant ma­ tériel archéologique resté inédit à ce jour. On signalera en particulier la découverte d'une amphore italique à vin de Forlimpopoli, d'une amphore à huile de Bétique Dressel 20 et d'une amphore régionale Gauloise 13. De nombreux objets en fer très bien conservés ont été dé­ couverts à même le fond. Parmi ceux-ci se trouvaient plusieurs éléments appartenant de toute vraisemblance au mécanisme de puisage, un soc de charrue et une faux brisée. Une seconde faux de même type a également été retrouvée au pied de l'escalier de la cave. L'établissement rural remonte à la fin du Ier siècle après J.-C. ou au début du ne siècle. Aucune continuité n'a été établie avec l'occupation pré-romaine matériali­ sée par quelques fosses. Le site est abandonné au cours de la seconde moitié du IIIe siècle. A.-M. H. B ibliographie: De Boe G., Une villa rom aine à Haccourt (Liège). R apport provisoire des fouilles 19 67 -1 9 7 0 , (AB, 132), 1971 ; De Boe G., Haccourt I. Vestiges d 'h a b ita t et premières périodes de la villa rom aine, (AB, 168), 1974; De Boe G., H accourt II. Le corps de logis de la grande villa, (AB, 1 74), 1974; De Boe G., Haccourt III. Les bains de la grande villa, (AB, 182), 1976; Delvaux R., Descamps G. & Lensen J.-P., Haccourt, site de Froidmont, VA, 3, 1981, 4-5; Descamps G., H accourt: site archéologique de «Froidm ont» - Fouille d'un e villa belgo-romaine. Paléoenvironnem ent de la M o ntag ne Saint-Pierre, Arché­ ologie entre Meuse et Geer, Visé, 1981, 57-62; Descamps G. & D udant A., Haccourt (Lg): Villa, AW1, 92-93; Lensen j.-P., Site protohistorique et gallo -ro m ain de Haccourt «Froidm ont», AW2,

Les substructions affleurantes des bains n'atteignaient plus qu’une hauteur de 0,15 m à 0,20 m au-dessus du ni­ veau du sol des hypocaustes. Les murs, appareillés de pe­ tits blocs de silex et de tuffeau, se dressaient sur des fon­ dations de pierres sèches. Les trois pièces traditionnelles des bains étaient dispo­ sées en enfilade selon un axe nord-est sud-ouest. Le frigi­ darium situé au nord-est, n'était plus conservé, à l'excep­ tion d'une abside latérale de 1,25 m sur 1,95 m, plus récente. Elle devait, sans doute, abriter une baignoire. Le sol de cette exèdre était constitué d'un fin mortier rose coulé sur des couches de tegulae posées sur un béton et un radier. Le tepidarium, de 1,60 m sur 2,20 m, était indirecte­ ment chauffé grâce à une ouverture pratiquée dans le mur du caldarium. Ce dernier de petite dimension, 3,12 m sur 3,30 m, disposait de deux baignoires, l'une axiale, l'autre située dans une niche aménagée au nord-ouest. Dans le praefurnium, une partie du sol du canal de chauffe constitué de trois rangs de neuf dalles mises de chant, était conservée, tandis qu'à l'embouchure, quelques tegulae étaient posées à plat. D'après la céramique trouvée dans les bains, l'utilisa­ tion de ces derniers remonterait aux neet mesiècles. Cinq fosses, peut-être creusées lors de l'édification de la villa, ont fourni un matériel céramique très abondant: deux d'entre elles remontaient à la période Claude-Vespasien, deux autres dataient de la fin du Ier siècle jusqu'au règne d'Hadrien et la dernière était contemporaine des thermes. Un puits situé à proximité de la villa fit l’objet de fouilles de sauvetage en 1967 et 1968. D'une profondeur estimée à environ 18 m et d'un diamètre de 1,60 m, il avait été creusé dans le limon, le gravier de Meuse et la craie. La partie supérieure du cuvelage de ce puits était une maçonnerie sèche constituée de blocs de tuffeau équarris à la scie et au hachereau. Lui succédait un cuve­ lage de moellons de grès houiller, taillés régulièrement et assemblés à sec, qui reposait sur un cuvelage en bois. Ce dernier était fait de longues planches de chêne dispo­ sées verticalement. Ce puits a livré de la céramique qui peut être datée du IVe siècle : terre sigillée d'Argonne décorée à la molette, céramique rugueuse, et céramique germanique montée à la main. Ce matériel atteste d'une occupation du site au Bas-Empire. A.-M. H.

159-160.

1111 Oupeye, Heure-le-Romain B a in s d o m e s tiq u e s

Sur les Moulins

Au sud d'Heure-le-Romain, les thermes d'un habitat ont été mis au jour, en 1956, par N. Peuskens et D. Tilkin au lieu-dit Sur les Moulins, à proximité d'une zone baignée par de nombreuses sources et par le ruisseau de Grand Aa. D'après les sondages effectués dans la périphérie de ces bains, ils étaient isolés de l'habitat. Une cave, située à 9,25 m à l'ouest du praefurnium, constituait l’unique vestige conservé de la résidence.

Fig. 266 Heure-le-Romain, Sur les Moulins: plan des bains

429

Fig. 267 Remicourt: 1. Voie antique TongresArlon; 2. Tombe de Noville à Momalle; 3. Tumulus du Fond de la Tombe à Hodeige

Fig. 268 Momalle, La Croix Ernoux: plan schématique des deux fours de potiers et échantillonnage de leur production

C a rto g ra p h ie : voirfig. 260, 3. B ibliographie: M arcolungo D. & Close F., Puits rom ain à H eure-le-Romain (Oupeye, Lg), VA, 33-34, 1989, 13-23; Peuskens N. & Tromme Fr., Deux balnea belgo-rom ains: Boirs «Village» et Heure-le-Romain «S ur les M oulins», BCW, 24, 1977-1979, 381-414; Peuskens N. & Tromme Fr., Le balnéaire belgo-rom ain de Heure-le-Romain, «Sur les M o u lin s ». Étude du matériel, BCW, 24, 1980-1982, 441-502.

1121 Remicourt, Hodeige L e tu m u lu s d e H o d eig e

Le tumulus se dresse à la limite des communes de Hodeige et Fize-le-Marsal, au lieu-dit Fond de la Tombe. Classé au patrimoine exceptionnel, il se présente sous la forme d'un trapèze de 16,80 m sur 19 m et 29 m de côté, sa hauteur n'excédant pas 3 m. Deux voies antiques pas­ saient à proximité du site: à 2,5 km à l'est, la Verte Chaussée qui suit la voie romaine Arlon-Tongres, et à quelque 4 km à l'ouest, la chaussée Bavay-Cologne. En 1891, G. de Looz fouilla le tumulus pour l'Institut archéologique liégeois et atteignit un caveau décentré de 3,25 m de côté et de 2 m de profondeur. La présence de clous semble attester l'existence d'une chambre sépul­ crale en bois, ou tout au moins d'un coffre, dans lequel le matériel funéraire aurait été rangé. Des restes d'osse­ ments humains incinérés ont été retrouvés, de même que des fragments d'os de porc. Le matériel archéologique comprenait un chandelier en bronze étamé, identique à celui mis au jour dans l'une des tombes de Tirlemont, deux jetons de jeu en pâte de verre noire, cinq pièces en terre sigillée - dont une coupe rarement produite - provenant d'ateliers de l'est de la Gaule, cinq céramiques engobées à pâte 430

blanche, probablement produites à Cologne, un vase ovoïde en céramique fine, et cinq pièces en céramique commune. Enfin de petits fragments de plaques en fer ont également été découverts. Il pourrait s'agir d'élé­ ments d'applique d'un petit coffre en bois, Le matériel permet de dater le tumulus de Hodeige du troisième quart du ne siècle. A .-M . H.

B ibliographie: Gueury M.-C. & Vanderhoeven M., Les tombes sous tum ulus au Musée Curtius (I), Blehen, Hodeige, Villers-le-Peuplier (M oxhe), BIAL, 104, 1992, 203-275; Massart, Tumulus, n° 23.

1131 Remicourt, M omalle L 'a te lie r d e p o tie r s à la

Croix Ernoux

À environ 1,5 km au sud de l'agglomération secondaire de Kemexhe, G. Destexhe met au jour, en 1982, deux fours de potier au lieu-dit La Croix Ernoux à Momalle, en bordure de la voie romaine Tongres-Arlon. Il s'agit de fours ovales à double foyer, à plate-forme avec canal cen­ tral et tirage vertical. Quelques tessons en terra nigra, bou­ teilles et tonnelets, à décor incisé furent trouvés dans le laboratoire de l'un des deux fours. Cette production est à dater de l'époque augustéenne et plus précisément du premier quart du Ier siècle. Aucune structure d'habitat n’a été découverte dans les environs immédiats de cet atelier. Le tu m u lu s d e

Noville

Aux confins méridionaux de Momalle, la Tombe de Noville, se dresse en bordure de la Chaussée Verte qui épouse le tracé de la voie antique Tongres-Arlon.

P R O V I N C E DE LIÈGE |

Fig. 269 Momalle, Noville: le tumulus, en 1994

Ce tertre classé comme monument et site en 1976, conserve une hauteur de 7,50 m pour un diamètre qui varie de 31 m à 33 m. G. de Looz qui le fouille vainement en 1875, note ce­ pendant la présence d'un trou de pieu en son centre. A.-M. H.

atteint 46 m à 47 m. Ce tertre, aujourd'hui classé au pa­ trimoine exceptionnel, est surmonté d'une chapelle édi­ fiée en 1856. Il semblerait que G. de Looz y ait entrepris des fouilles, en 1881, mais le résultat de celles-ci demeure inconnu. Lors d'explorations privées, durant l'entre-deux-guerres, les traces d'un caveau de bois auraient été aperçues. La Tombelle, un tumulus oblong, de 30 m sur 60 m, qui se dressait à 800 m au nord de la Tombe de Yernawe, a été arasé en 1985 afin de faciliter la plantation de pom­ miers. Après destruction, les archéologues dépêchés sur place n'ont pu observer que la présence de quelques moellons de grès, de mortier à la chaux et d'une lampe à huile cassée, produite vraisemblablement à Cologne au IIe siècle. Sur la carte de Ferraris, à l'emplacement de la Tombelle, figurent deux tertres distincts appelés Les Tomballes, dont les remblais auraient fusionné par la suite pour former une seule éminence. A.-M. H.

C a rto g ra p h ie : voir fig. 215, 3 et fig. 267, 2. B ibliographie: Deru, Céramique belge, 298; Destexhe G., Deux fours de potiers belgo-rom ains à M om alle (Mesbaye lié­ geoise), AH, 1, 1982, 1-23; Massart, Tumulus, n° 24.

1141 Saint-Georges-sur-Meuse, Saint-Georges-sur-Meuse

B ibliographie : Gob A., Un tum ulus rom ain dé tru it à SaintGeorges-sur-Meuse, La Tombelle, 4505, 4, 1986, 230; Massart, Tumulus, n° 25; Seret R., La chaussée rom aine Arlon-Tongres et la rom anisation de la Hesbaye, AIALX, 92, 1961, 61-73.

1151 Saint-Georges-sur-Meuse, Saint-Georges-sur-Meuse

H a b i t a t g ro u p é d e Y errtaw e

Au nord de la Tombe de Yernawe, des traces d'habitat groupé ont été repérées sur le côté gauche de la Verte Chaussée qui suit à cet endroit le tracé de la voie romaine Tongres-Arlon. Les substructions s'étalent sur une dis­ tance d’environ 700 m. Deux habitations quadrangulaires de 4 m sur 5 m ont été fouillées. Leurs murs de bois reposaient sur des fondations en pierres sèches et étaient surmontés d'un toit de tuiles. T ertres fu n é ra ire s

Localisée en bordure de la voie romaine Tongres-Arlon, au nord-ouest de Saint-Georges, la Tombe de Yernawe est un tumulus conique de 10 m de haut dont le diamètre

La

villa d e

W a rfé e

La villa de Warfée, localisée sur la rive gauche du Bailesse, au lieu-dit Dessus les Tréats ou So l'Bosket, au nord-est de la commune, est bâtie sur un terrain en lé­ gère pente vers le sud-est. La chaussée romaine TongresArlon passe à environ 1,5 km du site. Les fouilles débutent en 1946 par la découverte de substructions appartenant à des bâtiments annexes, et se poursuivent durant vingt-cinq ans. Ruinés par les la­ bours, les murs de 0,60 m de large en moellons de grès soigneusement appareillés, n'étaient plus conservés qu'à l'état de fondation. D'après le plan de fouilles, la résidence à galerie de fa­ çade, d'une trentaine de mètres de long, orientée au sud-

Fig. 270 Saint-Georges-sur-Meuse et Verlaine: 1. Voie antique Tongres-Arlon; 2. Habitat groupé de Yernawe; 3. La Tombe de Yernawe; 4. La Tombelle ou Les Tomballes; 5. Villa de Dessus les Tréats à Warfée; 6. Résidence de la Campagne

Fig. 271 Saint-Georges-sur-Meuse, Yernawe: le tumulus en 1993

du Vivier

431

Fig. 272 Saint-Georges-sur-Meuse, Warfée: plan du corps de logis

ouest, est constituée de treize pièces. À l'arrière de la ga­ lerie, la salle principale était chauffée par hypocauste et décorée d'enduits peints de couleur rouge. Des frag­ ments de marbre provenant d'Italie, des pavés en pierre bleue y ont également été découverts. Deux grandes constructions rectangulaires sont accolées aux pavillons d'angle, tandis que du côté sud-est, une pièce carrée en forte saillie sur la façade rompt la symétrie de celle-ci. Des traces d'activités artisanales, métallurgie et travail de l'os, ont été découvertes dans le pavillon d'angle sudouest et dans la pièce adjacente. Situé au nord-ouest du corps de logis, un puits cuvelé au moyen de pierres sèches, atteignait une profondeur de 9,30 m. D'après le matériel trouvé, essentiellement de la céra­ mique, l'abandon de la v illa dévastée par un incendie se situe au cours du me siècle. A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voirfig. 270, 5. Bibliographie: Destexhe G., La villa belgo-romaine de Warfée (commune de St Georges), BCW, 22, 1971 -1973, 63-211.

Fig. 273 Polleur, Brixhe Espines: passe-guides de char, en bronze

d'époque romaine. Malheureusement les fouilles du xixe siècle, notamment à Juslenville, se sont effectuées sous forme de sondages et de récoltes très sélectives des objets, extraits de leur contexte archéologique. Certaines pièces cédées à l'Institut archéologique liégeois ont par la suite été endommagées ou mélangées avec des objets provenant notamment de Tongres. L'occupation romaine remonte essentiellement au Haut-Empire, même s'il existe quelques maigres témoi­ gnages du Bas-Empire, comme le trésor monétaire de Constantin trouvé dans le cimetière de l'église de Theux. Il semble qu'il y ait eu au IIe siècle des exporta­ tions de marbre noir, extrait d’une carrière située à proximité du Wayot, à 125 m de l'église de Theux. Données épigraphiques

De nombreuses inscriptions sont connues, tant religieu­ ses que funéraires. La plus importante d'entre elles fait ré­ férence au génie des habitants du viens (genio vicanorum Tectensium) qui, si elle désigne le site en question, nous en révèle aussi le statut. Il s'agit de six petits fragments qui proviennent vraisemblablement de l'architrave d'un temple. S'ils peuvent être mis en rapport avec le sanc­ tuaire découvert, l'inscription pourrait être interprétée,

1161 Theux, Polleur Le tu m u lu s d e

Brixhe Espines

Un umbo de bouclier, un tesson de céramique sigillée à scène de chasse, et deux passe-guides de bronze à tête d'aigle provenant d'un char ont été découverts, en 18631865, à Brixhe Espines, à l'est de Theux. La topographie du site, parcelle circulaire et surélevée, laisse penser qu'il y avait peut-être jadis à cet endroit une tombe sous tu­ mulus. A.-M . H .

B ibliographie: Bertholet P., Lausberg P., M arcolungo D. & Pirnay L., Le tem ple ga llo -ro m ain de Juslenville et l'occupation antique de Theux, Verviers, 1983, 60-63.

1171 Theux, Theux A g g lo m é ra tio n e t s a n c tu a ir e d e fu s le n v ille

Le territoire de la commune de Theux a livré depuis le xvme siècle de nombreux vestiges archéologiques 432

Fig. 274 Theux: 1. Sanctuaire de Sur les Borsus ou El Fohail au hameau de Juslenville à Theux; 2. Nécropole à incinération de Sur les Minières au hameau de Juslenville à Theux; 3. Nécropole à incinération de Pierreuchamp à Theux; 4. Nécropole à incinération de Pouillou-Fourneau à Theux

P R O V I N C E DE LIÈGE |

selon M.-Th. Raepsaet-Charlier et A. Deman, comme une commémoration de la restauration de cet édifice effec­ tuée sous Gordien (238-243). Malheureusement aucune divinité n'est nommée dans cette inscription. Il est aussi question de deux inscriptions dédiées à «Mithra dieu invincible» qui ont été découvertes en 1557, sur le territoire de la commune et d'autres inscrip­ tions funéraires. Sanctuaire de Juslenville

Le site est découvert lors d'une prospection de L. Pirnay, en 1974, au lieu-dit Sur les Borsus ou El Fohail au nord de Theux. Les fouilles qui y sont entreprises entre 1974 et 1979, par les membres de l'Association scientifique pour la Recherche archéologique, révèlent l'existence d'un fanum et d'une annexe, implantés sur un terrain en pente vers l'ouest qui domine la vallée de la Hoëgne. Relativement peu étendues, les recherches n'ont pas per­ mis de déterminer l'existence éventuelle d'un péribole. Les murs conservés en élévation ne dépassent pas 0,50 m, tandis que la partie occidentale des deux édifices n'existe plus qu'à l'état de fondation, ou a complète­ ment disparu suite au nivellement du terrain. Le fanum, dont les dimensions atteignent 9,62 m selon un axe nord-sud et 10,10 m d'est en ouest, est de type classique, avec une cella rectangulaire de 4,90 m sur 5,60 m et un déambulatoire large de plus ou moins 1,85 m. Les murs construits en moellons calcaires équarris liés avec du mortier de chaux, reposent sur des se­ melles de fondation en galets de rivière posés à plat et as­ semblés à sec. La toiture pourrait avoir été de forme pyramidale comme semblent l'indiquer les éboulis de tuiles sur les côtés sud et est du temple. Il ne subsiste plus aucune trace du revêtement de sol de la cella, arra­ ché avant l'incendie du bâtiment. Une petite fosse peu profonde, tapissée de fragments de tuiles, était creusée au centre de la cella. Les murs du déambulatoire, en raison de leur moindre épaisseur, devaient vraisemblablement être moins éle­ vés et supporter une charpente assez légère, surmontée d'une toiture de tuiles. Le sol quant à lui est constitué d'un béton lissé. Des traces de jambages dans les murs sud de la cella et du déambulatoire laissent supposer que l'entrée se fai­ sait de ce côté, contrairement à la plupart des fana qui sont orientés à l'est. Aucun vestige de podium ni de marche n'a été mis au jour. Quelques éléments décoratifs ont été trouvés: des traces d'enduits peints dans la cella et quelques frag­ ments de dalles et de plinthes, en calcaire gris bleuté, dans le déambulatoire est et à l'extrémité sud. Au nord du temple, deux pièces accolées, d'époques différentes, constituaient une annexe rectangulaire, orientée est-ouest, dont la longueur totale conservée at­ teint 13,20 m. Des moellons de grès appareillés en opus vittatum et liés avec du mortier de chaux ont été utilisés pour l'édi­ fication des murs de la première salle, tandis que la se­ melle de fondation est en petits moellons calcaires posés à sec. Des restes d'un dallage en plaques de grès ont été retrouvés dans l'angle sud-est de la pièce. Un caniveau desservait une fosse circulaire qui a livré une épaulière de gladiateur ou galerus.

Fig. 275 Theux, Juslenville: plan du fanum et de son annexe

Les murs en torchis de la seconde pièce reposaient sur des semelles de fondation en galets de rivière, posés à sec. Au centre de cette salle, les fouilleurs ont découvert les vestiges d'un atelier métallurgique antérieur ou contem­ porain de l'édifice. Ce sanctuaire a livré un mobilier assez traditionnel, comprenant de la vaisselle en céramique et en verre, des épingles, des fibules, un buste d'homme en bronze, une figurine de serpent en fer, des clefs, une faucille minia­ ture. Si la céramique sigillée est abondante, plus de sept cents tessons, et surtout datée du ne siècle, peu de vases sont ornés. Il s'agit principalement de productions de Gaule de l'est avec toutefois, au iel siècle, des importations de Gaule du Sud. Le reste de la vaisselle, céramique fine métallescente, engobée, dorée ou fumée, et céramique commune, date de la deuxième moitié du IIe siècle et du début du me siècle. À l'exception de deux as du Ier siècle, les monnaies trouvées dans le fanum ou à proximité re­ montent aux 11e et me siècles: Trajan, Antonin-le-Pieux, Marc-Aurèle, Postume et une imitation de Tétricus. Une petite favissa, située dans le coin nord-est de la cella, recelait une statuette de bronze, d'une belle qualité technique, figurant un sanglier debout, un fruit dans la gueule. Tout le corps est stylisé, à l'image des soies de l'échine schématisées par quelques stries. L'occupation du site s'effectue en plusieurs phases. La première correspond à l'édification, au cours du iel siè­ cle, de la partie occidentale de l'annexe. La seconde, à placer au plus tôt à l'extrême fin du Ier siècle, voit la construction de la pièce orientale de l'annexe et du fanum, la salle occidentale perdant de ce fait sa fonction religieuse. L'apogée du sanctuaire se situe au nesiècle. La troisième phase est celle de réfection du temple au cours du me siècle, à la fin duquel le fanum est définitivement ravagé par un incendie. Trésor monétaire

Une soixantaine de monnaies en bronze, ainsi qu'une pièce en or, frappées sous les règnes de Magnence et Décence, et apparemment neuves, ont été mises au jour en 1868, au sud-ouest du hameau de Juslenville. D'après douze pièces conservées, les monnaies auraient été émises à Trêves en 351 ou au début de 352 et proba­ blement enterrées vers 352, par crainte des troubles de cette époque. 433

Les nécropoles

• Nécropole à incinération Sur les Minières Depuis la mise au jour, en 1825, d'une nécropole à in­ cinération au lieu-dit Sur les Minières, environ une cen­ taine de tombes ont été fouillées. La plupart datent du 11e siècle avec toutefois quelques tombes de la deuxième moitié du Ier siècle et du début du Ille siècle. Quelques indices d’une présence au ivesiècle ont été repérés : deux fragments de terre sigillée ornée à la molette, et trois pièces de verre dont la production se place entre le début du IVe et le début du Ve siècle. Dès le règne de Domitien apparaissent les tombes à caveau de pierres, doté d'un couvercle, alors que les enfouissements les plus anciens sont effectués en pleine terre. Les os calcinés, parfois mêlés aux vestiges du bûcher, étaient le plus souvent déposés dans une urne, tandis que dans certaines tombes, la présence de clous en fer laisse supposer l'existence d'un cercueil brûlé ou d'un coffret de bois abritant les cendres du défunt. Les tombes contenaient un abondant mobilier où l'on relève la présence de céramique en terre sigillée princi­ palement du 11esiècle, de couteaux, de quelques verres et de monnaies dont un peu plus de la moitié est frappée entre les règnes d'Auguste et de Commode. Trois figu­ rines en terre cuite, une Vénus sortant du bain et deux déesses-mères, y ont également été découvertes. La dota­ tion funéraire, trouvée dans les tombes en pleine terre, était entourée de pierres. • Nécropole à incinération de Pierreuchamp Un cimetière à incinération, fortement perturbé, a été mis au jour, en 1881, à Pierreuchamp, au bord d'un pla­ teau en pente orienté d'est en ouest. L'estimation du nombre de tombes découvertes oscille entre trente-sept et soixante-six. D'après les quelques éléments de mobilier funéraire trouvés, notamment de la céramique, le début de l'occu­ pation de ce cimetière est plus tardif que celui de Juslenville. En effet, les premières crémations remon­ tent au règne de Domitien, mais sa désaffectation, en revanche, date également de la fin du 11e ou du début du IIIe siècle.

• Nécropole à incinération de Pouillou-Fourneau Initialement fouillé par Ph. de Limbourg en 1891, le petit cimetière de Pouillou-Fourneau qui serait à mettre en relation avec un habitat rural assez modeste à So les Villers, comptait une dizaine de tombes datées de la se­ conde moitié du IIe, voire de la première moitié du ine siècle. a .- m

. H.

B ibliographie: Bertholet P., Lausberg P., M arcolungo D. St Pirnay L., Le tem ple g a llo -ro m ain de juslenville et l'occupation antique de Theux, Verviers, 1983; Cabuy, Temples, 241-247; ILB, n“ 45-50.

1181 Verlaine, Verlaine L a ré sid e n c e d e la

Campagne du Vivier

En 1990, quelques rares substructions d'une résidence et un puits ont été mis au jour, au nord-ouest de Verlaine, au lieu-dit Campagne du Vivier, en bordure de la route qui relie Verlaine à Saint-Georges. Le site fouillé jusqu'en 1995 par G. Destexhe a livré quelques pans de murs en moellons de calcaire, des éléments d'hypocauste, des fragments d'enduits peints et du matériel archéologique surtout localisé dans le puits. Ce puits de 2,50 m de diamètre, dispose d'un cuvelage circulaire en pierres calcaires qui repose au niveau de la nappe phréatique sur un cuvelage à section carrée, luimême supporté par un coffrage en planches de bois. Parmi les fragments d'enduits peints retrouvés figu­ rent deux motifs de décor linéaire simple sur fond blanc tandis qu'un troisième pourrait représenter un candéla­ bre végétalisé. Le site est abandonné sans avoir connu de destruction violente probablement avant les premières invasions. Le matériel céramique trouvé dans le puits et dont les formes les plus récentes remontent au milieu du me siè­ cle est légèrement postérieur à celui mis au jour dans la résidence. Le tu m u ln s d e la

Campagne de la Tombe

Surmonté d’une pierre dressée, le petit tertre classé de Verlaine comme patrimoine exceptionnel est localisé au nord-ouest de la commune. Situé au lieu-dit Campagne de la Tombe, il se dresse à droite de la route qui mène à Waremme. La dépression qui marque le sommet de ce tumulus, de 19,50 m à 20,70 m de diamètre et de 3,40 m de haut, semble indiquer qu’il a fait l'objet d'une explo­ ration ancienne pour laquelle on ne dispose d'aucune information. A .-M . H .

C a rto g ra p h ie : voirfig. 270, 6.

Fig. 276 Theux, Juslenville: statuette de sanglier en bronze provenant du sanctuaire

434

B ibliographie: Delplace C., Rapport sur les peintures de la villa de Verlaine, AH, 12, 1994, 93-96; Destexhe G., Tombes belgo-rom aines isolées à Saint-Georges, Verlaine et Warzée. Le ci­ metière belgo-rom ain de Noville, BCW, 21, 1969-1970, 5-53; Destexhe G., La villa ga llo -ro m aine de la « Campagne du Vivier» à Verlaine, AH, 12, 1994, 23-101 ; Destexhe G., Un rem arqua­ ble puits ga llo -ro m ain à Verlaine, AH, 14, 1996, 3-91 ; Massart, Tumulus, n° 26.

P R O V I N C E DE LIEGE

1191 Villers-le-Bouillet, Vaux-et-Borset H a b ita ts

Plusieurs sites d'habitat furent repérés sur le territoire de Vaux-et-Borset, notamment les restes de deux corps de logis. Les substructions d'un premier établissement fu­ rent découvertes au sud de la localité, au lieu-dit A vî Chesia, sur un plateau dominant le Narméa. Les fouilles du Cercle archéologique Hesbaye-Condroz, en 1961, ré­ vélèrent un hypocauste en croix relativement bien conservé. Une présence sur le site est attestée jusque dans la seconde moitié du ive siècle. Au nord de Vaux-etBorset, une douzaine de fosses-dépotoirs qui conte­ naient des tessons de céramique furent mises au jour aux alentours d'un second établissement qui reste mal connu.

Fig. 277 Villers-le-Bouillet et Faimes: 1. Habitat d 'A vî Chesia à Vaux-et-Borset; 2. Habitat de Vaux-et-Borset; 3. Tumulus d 'A la Tombe à Vaux-et-Borset; 4. Tumulus d'A la Tombe ou Bois de la Tombe à Aineffe

Le tu m u lu s

À la Tombe

Le tumulus classé comme patrimoine exceptionnel de Vaux-et-Borset se situe au nord de la commune, au lieudit A la Tombe, à 150 m à l'ouest du second corps de logis. G. de Looz fouilla, en 1874, ce tumulus de 3,20 m de haut, dont le diamètre varie de 17 m à 24,50 m. Il dé­ couvrit dans le caveau trapézoïdal un mobilier funéraire incomplet qui se trouve actuellement aux Musées royaux d'Art et d'Histoire et au Musée Curtius. A.-M. H.

Fig 278 Vaux-et-Borset: le tumulus A la Tombe (2006)

B ibliographie: de Looz G., Exploration de quelques villas ro­ maines et tum ulus de la Hesbaye, BCRAA, 1889; Docquier J. & Bit R., Notes prélim inaires au sujet de la villa I de Vaux-et-Borset, BCAHC, 18, 1983-1984, 153-162; Docquier J. & Bit R., La villa II de Vaux-et-Borset. N ote prélim inaire, BCAHC, 18, 1983-1984, 163185; Massart, Tumulus, n° 27.

1 2 0 1 Villers-le-Bouillet, Villers-le-Bouillet Voie r o m a in e e t o c c u p a tio n riv e ra in e

En 1999, des travaux d'aménagement d'un centre logis­ tique médical dans le zoning industriel, au nord-est de la localité de Villers-le-Bouillet, ont entraîné la mise au jour de vestiges gallo-romains. Les fouilles de sauvetage, réalisées par le Service de l'Archéologie en collaboration avec les Chercheurs de la Wallonie, ont révélé la pré­ sence d'un tronçon de voie antique, ainsi que celle d'une occupation riveraine implantée principalement du côté nord de la chaussée. Cette dernière était bordée de deux fossés. L'un d'eux, situé au nord, s'interrompait à hauteur de l'occupation. La largeur de la voie oscillait entre 4,30 m et 4,80 m voire jusqu’à 6 m à hauteur de l'occupation riveraine. Celle-ci est caractérisée par la présence de deux puits à cuvelage de pierres disposés de chaque côté de la voie, ainsi que par une série de fosses et de trous de poteaux. Grâce à ces fouilles, il a été possible de repérer l'axe de la route sur environ 150 m. C o rp s d e lo g is à

Vî Tchestia

Les substructions mal conservées d'une grande rési­ dence romaine ont été découvertes vers 1935, au nord de Villers-le-Bouillet et à l'est de Warnant-Dreye, au lieu-dit A Vî Tchestia ou Bois du Troue. Fouillée en 1937 par A. Geubel pour le Service national des Fouilles, elle était implantée sur une pente orientée au sud. En 1970, le Cercle archéologique Hesbaye-Condroz et le Service national des Fouilles explorèrent le secteur est de la zone qui se trouvait sur le tracé de l'autoroute de Wal­ lonie. Deux blocs de bâtiments, orientés selon un axe longi­ tudinal est-ouest et séparés d'une trentaine de mètres, s'étendent sur une longueur de 120 m et une largeur de 25 m. Le bloc de bâtiments occidental appartient au type courant de la résidence avec galerie de façade, pavillons d'angle et appartements en retrait de la galerie. L'aile ouest accuellait les bains qui pourraient avoir été consti­ tués de trois pièces orientées nord-sud: le caldarium et son praefurnium, le tepidarium et le frigidarium. À l'ouest du caldarium, une annexe entièrement tubulée abritait peut-être une baignoire. Au centre, une vaste cour cuisine était entourée de plusieurs pièces parmi lesquelles, à l'est, une cave très bien conservée, témoin des différentes phases d'occupa­ tion de la résidence. Un puits a été creusé à proximité de l'angle sud-est du cellier. L'aile orientale conserve égale­ ment les vestiges d'un hypocauste cruciforme. Le bloc oriental est composé de trois structures indé­ pendantes: des locaux disposés sur trois côtés d'une 435

Fig. 279 Vïllers-le-Bouillet, V7 Tchestia: plan des bâtiments occidental et oriental de la résidence

cour, un cellier rectangulaire et une grande construction de 10 m de côté, posée sur hypocauste. Le matériel retrouvé et conservé au Musée Curtius semble attester que le site était encore occupé au ive siè­ cle.

ments d'os ouvragés ainsi que des monnaies d'Antoninle-Pieux et de Marc-Aurèle. Le mobilier funéraire, conservé aux Musées royaux d'Art et d'Histoire, permet de dater le tertre de la fin du ne siècle.

A.-M. H.

A.-M. H.

B ibliographie: Dandoy M. & Willems )., La villa rom aine au lieu-dit «A Trou» à Villers-le-Bouillet, VA, 44, 1995, 28-35; Deru, Bains, n° 59; Geubel A., Notes sur la fouille d'une villa rom aine à Villers-le-Bouillet, AFHAB, 31, 4, Namur, 1938, 226-235; Marchai J.-P., Villers-le-Bouillet/Villers-le-Bouillet, voie rom aine rue de la M étallurgie, CAW, 9, 2001, 114; Marchai J.-P. & Gustin M., Voie rom aine et occupation riveraine à Villers-leBouillet, BCW, 39, 1999, 83-101; Marchai J.-P. & Gustin M., Villers-le-Bouillet, Voie rom aine et occupation riveraine à Villers-leBouillet, CAW, 8, 2 0 0 0 ,1 1 0 -1 1 2 ; Willems J., La villa rom aine de Villers-le-Bouillet, BCAHC, 12, 1972, 118.

B ibliographie : de Loë A., Rapport sur la situa tion actuelle de la Société et sur ses travaux de l'exercice 1900, AnnuSAB, 12, 1901, 22-24; Massart, Tumulus, n° 28.

1211 Villers-le-Bouillet, Warnant-Dreye La

Tombe de Saint Gilles

Localisé au sud sud-ouest de la localité, le tumulus classé de Warnant-Dreye, connu sous le nom de Tombe de Saint Gilles est situé au lieu-dit A la Tombe ou Aux Morts. Il ne présente plus qu’une hauteur de 1,80 m et un diamètre de 12 m à 16 m. Lors de fouilles pratiquées en 1876, G. de Looz mit au jour un caveau funéraire qui contenait un très riche mo­ bilier, composé notamment d'un brûle-parfum en bronze, en forme de fleur, trente-huit vases en céra­ mique, sept lampes, un plateau en verre, quarante frag-

Fig. 280 Warnant-Dreye, Tombe de Saint Gilles: le tumulus (2006)

436

12 2 1 Visé, Lanaye A te lie r m é ta llu r g iq u e

Les vestiges d'un atelier métallurgique ont été repérés, dès 1961, par J. Massin, au nord-ouest de Lanaye, au lieu-dit Voie d'Emael, sur la Montagne Saint-Pierre, un plateau de la rive gauche de la Meuse, qui s'étend jusqu'à EbenEmael. Une voie romaine qui relierait Namur à Maastricht via Huy passait à environ 250 m à l'ouest du site. Entre 1983 et 1987, les substructions d'un bâtiment de plan basilical qui atteignait une longueur minimale de 13 m pour une largeur de 9,10 m furent mises au jour. Cet édifice était divisé en deux nefs par un alignement d'au moins quatre piliers massifs, de section carrée ou rectangulaire, en silex et pierres de sable. Les fondations de trois d'entre eux ont été dégagées, tandis que le qua­ trième a seulement été repéré. Selon J.-P. Lensen, cette officine abritait deux foyers rectangulaires de grillage du minerai (A), quatre bas fourneaux (B) ovales ou en forme de losange, deux forges (C) ; la plupart de ces éléments étaient concentrés autour du pilier septentrional de l'atelier. Trois des bas fourneaux étaient disposés en batterie tandis que le qua­ trième, de plus grande dimension, était aménagé de l'autre côté du pilier. Des objets métalliques et du minerai furent retirés des différents foyers: une centaine de clous, deux outils dont un fragment de lame de faux, une masse de plomb, un peu de houille et quelques scories. Ces trouvailles étaient accompagnées de tessons surcuits de céramique, de pierres éclatées, et d'une tuyère découverte sur la sole du grand bas fourneau. Réparties en trois zones, huit fosses ont livré un maté­ riel assez diversifié. L'une d'elles contenait, outre de la sigillée, un creuset pour le bronze. La présence de ce der­ nier laisse supposer que le bronze et le fer étaient travail­ lés conjointement dans cet atelier.

P R O V I N C E DE LIÈGE |

Fig. 281 Lanaye, Voie d'Emael: plan de l'atelier métallurgique

Fig. 282 Visé, Lixhe: 1. Établissement rural du Buisson du Maréchal au hameau de Loën; 2. Sépulture isolée

À l'est du bâtiment, on signale une vaste fosse-dépo­ toir du IIe siècle et du début du mesiècle, qui contenait de la céramique, principalement des mortiers et des d o lia , mais aussi des matériaux de construction, des outils en métal et des ossements d'animaux. Les traces d'une zone de travail agricole furent également repérées à l'est de cette fosse. Le matériel trouvé date l'exploitation du site de la fin du Ier jusqu'à la fin du IIIe siècle. A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voir fig. 183, 7. B ibliographie: Lensen j.-P., Site ru ral ga llo-rom ain à Lanaye « Voie d'Emael», AW2, 1 70-1 71 ; Lensen J.-P., Bilan des trois pre­ mières cam pagnes de fouilles sur le site gallo -ro m ain de Lanaye «Voie d'Emael» (1 9 8 3 -1 9 8 7 ). Le site et les structures, VA, 35, 1990-1991, 30-43.

12 3 1 Visé, Lixhe L 'é ta b lis s e m e n t r u r a l d u

Buisson du

Maréchal Les substructions de l'établissement romain du Buisson du Maréchal, au hameau de Loën, se situent sur la rive gauche de la Meuse. Dès 1966, G. Lawarée et F. Close y entreprennent des sondages qui ont révélé une occupa­ tion du site depuis l'Âge du Fer jusqu'au ve siècle. Le site romain était implanté sur une terrasse fluviale séparée de la Montagne Saint-Pierre et du plateau hesbignon par une petite rivière, la Loën, aujourd'hui dispa­ rue. Les substructions de plusieurs édifices et de nom­ breuses fosses y ont été trouvées. Des bâtiments du Haut-Empire ne subsistent que quelques fondations en blocs de silex assemblés à sec. Les traces d'occupation du

Fig. 283 Lixhe, Buisson du Maréchal: plan général de l'établissement rural, des fosses et des dépotoirs au hameau de Loën : 1. Fosses et dépotoirs du Haut-Empire; 2. Fosses et dépotoirs du Bas-Empire

site au Bas-Empire sont perceptibles au travers du maté­ riel récolté dans les caves et dans les fosses. Le bâtiment A se présente sous la forme d'une grande pièce rectangulaire, de 13,60 m sur 27 m, divisée en trois nefs par deux rangées de piliers en maçonnerie. Cet édi­ fice ne semble pas avoir été construit avant la fin du Ier siècle. Au nord-est, une pièce d'angle carrée fait saillie sur le pignon ; le mauvais état de conservation des fon­ dations ne permet pas d'affirmer s'il en existait une autre au sud-est. Au sud-ouest, un escalier en bois don­ nait accès à un petit cellier carré pourvu de trois niches et d'un soupirail. Une cave B a été mise au jour, au nordest, de même que les fondations d'un bâtiment C en forme de «U», à l'est. À proximité de l'établissement, les fouilleurs ont dé­ couvert plusieurs fosses et dépotoirs qui contenaient des céramiques des IIe et me siècles, principalement de la cé­ ramique commune. L’une de ces fosses a livré sous un remblai du Haut-Empire, des traces de deux foyers, des scories de fer et des mâchefers. L'édifice A est abandonné à la suite d’un incendie sur­ venu au cours du ine siècle; le cellier isolé est également déserté. Au ive siècle, les caves sont réoccupées et on constate la présence de nombreux foyers domestiques qui s'y superposent. Des fosses à fond plat empierré, si­ tuées dans les environs, ont livré des vestiges de foyers domestiques parfois disposés en batterie, et du matériel du IVe siècle : monnaies, terre sigillée d'Argonne décorée à la molette et céramique rugueuse de l'Eifel. Ces fosses étaient souvent en relation avec des puits dont le cuvelage en pierre reposait sur un encadrement de bois. Le ter­ minus post quem d'abandon du site, qui se situerait entre la fin du ive et la première moitié du Ve siècle, pourrait être fourni par une monnaie frappée entre 388 et 402. Ce type de construction à plan basilical est assez peu courant dans notre région. On lui attribue souvent une 437

fonction d'annexe: grange ou lieu de production artisa­ nale. Actuellement, les sondages et prospections n'ont pas révélé la présence d'une grande villa dont cet établis­ sement pourrait être une dépendance. S é p u ltu r e s o u s tu m u lu s ?

À l'ouest de Loën, à la limite des communes de Lixhe et Haccourt, les vestiges d'une tombe isolée de la première moitié du me siècle, ont été fouillés par N. Peuskens et M.J. Nijs. Elle contenait, outre des ossements calcinés et les restes du bûcher, un bol en verre à décor vermiculé, un chandelier en bronze étamé et quelques objets en cé­ ramique, parmi lesquels une cruche-amphore mosane et un gobelet en céramique métallescente. La présence de clous en fer ainsi que de fragments de bois laisse suppo­ ser l'existence d'une chambre funéraire, peut-être recou­ verte d'un tertre.

Fig. 284 Oleye,

La T o m b e r o m a in e :

le tumulus (2006)

A.-M. H. B ibliographie: Mariën M.-E., Partie de m obilier funéraire dé­ couvert à Lixhe (prov. de Liège), BMRAH, 43-44, 1971 -1972, 71 80; Van Ossel P., L'établissement rom ain de Loën à Lixhe et l'o c­ cup ation rurale au Bas-Empire dans la Hesbaye liégeoise, Helinium, 23, 2, 1983, 143-169; Van Ossel P., Le m atériel ar­ chéologique de la villa de Loën à Lixhe (prov. de Liège), BIAL, 96, 1984, 22-58.

1241 Waremme, Oleye La

Tombe romaine

Au nord du village d'Oleye se dresse un tertre classé en 1991 comme monument et site et repris à l’inventaire du patrimoine exceptionnel; il est connu sous le nom de Tombe romaine. Son diamètre atteint encore 42 m à 48 m et sa hauteur 4,20 m. Ce tumulus fut jadis fouillé mais le résultat de cette exploration reste inconnu. A.-M. H. C a rto g ra p h ie : voir fig. 259, 5. Bibliographie: de Loë A., Examen d 'u n tum ulus à Oleye (Pro­ vince de Liège), ASAB, 17, 1903, 123; Massart, Tumulus, n° 31.

1251 Waremme, Waremme

Fig. 285 Waremme: 1. Voie antique Bavay-Cologne; 2. Les deux tumulus du B o is d e s T o m b e s ; 3. Tumulus de la P l a t e T o m b e

Cologne. Fouillée en 1876 par G. de Looz, la tombe qui avait déjà été explorée auparavant ne livra aucun mobilier. A.-M. H. B ibliographie: Amand M., Considérations sur nos grands tu­ mulus. IV, VA, 32, 1989, 37-41 et 52; de Loë A., Rapport géné­ ral sur les recherches et fouilles exécutées p a r la Société pendant l'exercice 1903, ASAB, 9, 1905, 151 ; Massart, Tumulus, n° 30.

1 2 6 1 Wasseiges, Ambresin villa d ' A m b r e s i n

T u m u lu s

La

Au sud-ouest de Waremme, deux tumulus classés comme patrimoine exceptionnel se dressent au Bois des Tombes à 30 m de la voie romaine Bavay-Cologne. Les fouilles de M. Amand en 1944 révélèrent que le tertre sud, d'un diamètre oscillant de 50,70 m à 56 m et d'une hauteur de 11,90 m, était ceinturé par un muret circulaire. Il abritait un caveau carré, déjà pillé, de 3 m de côté. Le tumulus nord, d'un diamètre de 52,50 m à 54,25 m et d'une hauteur de 11,55 m, n'a livré aucun ca­ veau bien que son centre fût atteint par la galerie de fouilles. Au sud-est de Waremme, un petit tumulus presque carré de 3 m de haut et de 18,50 m à 19 m de diamètre, la Plate Tombe, se dresse en bordure de la chaussée Bavay-

G. de Looz découvre en 1873, au nord de la Méhaigne, une villa bâtie sur un terrain en pente, exposé au midi. La résidence se compose d'une dizaine de pièces dont un hypocauste de plan circulaire et, à l'ouest, d'une ga­ lerie de façade flanquée de deux pavillons d'angle. À ce corps de logis barlong, - la longueur atteint 18 m tandis que la largeur n'excède pas 11,10 m -, viennent se gref­ fer, au nord-est, trois pièces dont une en saillie sur l'ex­ térieur. Accolée à l'est de l'habitation, une grande cour, de 60 m de long et 18 m de large, est ceinturée d'un mur percé au nord d'une porte de grande dimension. Le fouilleur signale la présence, dans différentes salles, d'enduits peints : bandes et filets bleus, verts, rouges sur fonds jaunes, blancs et bruns.

438

PROVI NCE DE LI ÈGE |

Fig. 286 Hannut et Wasseiges: 1. Voie antique Bavay-Cologne; 2. Villa d'Ambresin; 3. Établissement de la Waloppe à Ambresin; 4. Les tumulus de la Campagne de Tombal à Ambresin; 5. Les tumulus d 'Aux Tombes à Merdorp; 6. Tumulus de la Campagne de la Tombe de l'Empereur à Villers-le-Peuplier

Parmi les quelques débris de verrerie trouvés, deux fragments d'un bol en verre blanc gravé, datant vraisem­ blablement du Bas-Empire, représentent une scène ani­ malière. Sur l'un des deux tessons figure l'inscription ]ON[. Le reste du matériel archéologique remonte prin­ cipalement aux ne et me siècles. Au bord de la Méhaigne et à 600 m de la villa, au lieudit La Waloppe fut également repéré en 1977 un établis­ sement encore occupé au Bas-Empire. Les

Tombes du Soleil

Les Tombes du Soleil se dressent en bordure de la voie ro­ maine Bavay-Cologne, au lieu dit Campagne de Tombal Situés dans un bois au nord-ouest d'Ambresin, ces deux tumulus accolés ont été classés comme monument et site en 1974 et insérés dans la liste du patrimoine excep­ tionnel. Le tertre ouest présente un diamètre de 28 m à 36 m et une hauteur de 6,80 m, tandis que le tumulus est, de 30 m à 36 m de diamètre, culmine à 8 m. Ils furent explorés en 1873 par G. de Looz qui mit au jour les vestiges d'un bûcher funéraire sous le tertre ouest. Des risques d'éboulement le contraignirent à abandonner ses recherches dans le tumulus oriental alors que quelques tessons y avaient été découverts.

Fig. 287 Ambresin: plan de la villa

A.-M. H B ibliographie: de Looz G., Exploration de quelques villas ro­ maines et tum ulus de la Hesbaye (1 ). Fouilles exécutées dans la villa rom aine d'Embresin, BCRAA, 15, 1876, 253-267; de Looz G., Exploration de quelques villas romaines et tum ulus de la Hesbaye, BCRAA, 27, 1888, 386-391 ; Massart, Tumulus, n° 32; Renard L., Fragments de bol en verre gravé de l'époque belgo-romaine, CAPE, 3, 1908, 99-100.

Fig. 288 Ambresin, Les Tombes du Soleil: les tumulus en 1993

439

Province de Luxembourg

Frise décorative d'un m onum ent funéraire représentant des voyageurs em barqués dans un véhicule, provenant d'Arlon (vers 170-180 après J.-C.)

Luxembourg

127 128 129 130 131 132 133 134 135 1 36 137 1 38 1 39 140 141 142 143 144 145 146

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Arlon Arlon Autelbas Bonnert Nobressart Noville Longvilly Izel Étalle Buzenol Sainte-Marie-sur-Semois Sainte-Marie-sur-Semois Tintange Florenville Lacuisine Bovigny Cherain Limerlé Anlier Habay-la-Neuve

147 148 149 150 151 152 153 154 155 156 157 158 159 160 161 162 163 164 165

Habay-la-Vieille Rulles M ont Nadrin Tavigny Hives Ortho Bras Waha Martelange Robelmont Wolkrange Torgny Hatrival Vesqueville Erneuville Saint-Mard Virton Virton

PROVI NCE DE L U X E MB OURG |

1 2 7 1 Arlon, Arlon Arlon-la-Romaine, perle du pays trévire, offre une his­ toire contrastée illustrée par deux sites clairement dis­ tincts. Une agglomération importante s'est développée dans la plaine, au contact de la Semois durant le HautEmpire. Sous l'Antiquité tardive, le vicus d'Arlon n'est pas totalement abandonné, mais on érige un castrum, solidement emmuraillé, sur la colline de Saint-Donat. A g g lo m é r a tio n e t c a r r e fo u r r o u tie r ci' Orolaunum

La première agglomération s'étend donc au pied de la butte de Saint-Donat, à l'ouest, sud-ouest et sud de la ville actuelle. Ses limites ne sont pas cernées avec grande précision, si ce n'est en s'appuyant sur la localisation des trois vastes nécropoles qui entourent l'habitat, celles du

Hochgericht, de La Spetz et du Galgenberg. Toutefois, elles sont relativement éloignées du centre urbain et ne ser­ vent pas réellement à nous fixer sur cette question. Notre manque d'informations sur la physionomie de l'agglomération d'Arlon est lié à des raisons diverses. Au xixe siècle, l'attention a surtout été focalisée sur les dé­ couvertes essentielles et innombrables de pierres sculp­ tées et de fragments de monuments. La plaine de la Semois n’a guère été explorée et cette zone a connu une urbanisation contemporaine très rapide. Au xxe siècle, les fouilles de sauvetage ont été peu nombreuses et par­ fois exécutées dans des conditions très difficiles. En outre, on a souvent observé que les vestiges conservés ne concernaient que les structures bâties en dessous du ni­ veau de sol de la période antique. Quelques découvertes importantes, dont l'interpréta­ tion reste malaisée, sont signalées à partir de 1840. Il est notamment question en 1896 d’un temple à proximité

Fig. 289 La région d'Arlon à l'époque romaine. 1. Voie vers Reims; 2. Voie vers Trêves; 3. Voie vers Metz; 4. Voie vers Tongres; 5. Limites de l'agglomération du Haut-Empire d'Arlon ( O r o l a u n u m ); 6. C a s t r u m du Bas-Empire de Saint-Donat; 7. Le sanctuaire (?) du W o lb e r g à Autelbas; 8. L'habitat du F o l m ü lh e n b e r g à Bonnert; 9. La v illa de Sesselich à Wolkrange; 10. Le bâtiment agricole A u f d e m L o c h à Wolkrange; 11. La nécropole de L a S p e t z à Arlon; 12. La nécropole du H o c h g e r i c h t à Arlon; 13. La nécropole du G a l g e n b e r g à Arlon; 14. La nécropole du S c h a m f e l d à Autelbas; 15. La nécropole de Weyler à Autelbas; 16. La nécropole de Viville à Bonnert

443

Fig. 290 Arlon: 1. Voie de Reims à Trêves; 2. Voie de Metz à Tongres; 3. Agglomération du HautEmpire; 4. C a s t r u m du Bas-Empire; 5. Nécropole à incinération de L a S p e t z ; 6. Nécropole à incinération du H o c h g e r i c h t ; 7 . Nécropole du G a lg e n b e rg

de la Semois et, en 1899, d'un portique. En 1907, un éta­ blissement balnéaire a été mis au jour à proximité de l'église Saint-Martin. La reconnaissance de latrines à cet endroit a été confirmée en 1966. Des programmes plus récents ont permis de sauver des informations pré­ cieuses liées au vicus d'Arlon. En 1983 et 1984, le Service national des Fouilles a exploré une zone consacrée à l'habitat, dans la partie septentrionale de l'aggloméra­ tion. À partir de 2003, le Service de l'Archéologie a inau­ guré des programmes de fouilles de prévention, notam­ ment dans le quartier de Neu, occupé par de l'habitat et des installations artisanales.

Statut D'après le témoignage de l'Itinéraire d'Antonin, le nom antique et le statut de l'agglomération nous ont été ex­ plicitement transmis. Nous avons affaire à YOrolauno vicus. Cette information se trouve recoupée par la décou­ verte en 1938, dans le Vieux cimetière, d'une inscription religieuse précisant que les habitants du vicus d'Arlon ont élevé un monument à Apollon. La pierre comprend le texte évoqué et la représentation partielle d'un per­ sonnage assis identifié comme Apollon, dont on ne s'étonnera pas de trouver la figuration en relation avec les sources de la Semois. Un autre document un peu oublié concerne une ins­ cription religieuse évoquant un monument élevé et une dédicace au génie du pagus. Arlon a pu être intégré au territoire d'un pagus.

Fig. 291 Arlon: l'inscription aux

v ic a n i

d'Arlon et à Apollon

réseau voyer plus régulier. En fait, on ignore tout de l'état d'urbanisation de l’agglomération. Deux tron­ çons de routes, celles venant de Reims et de Metz ont été enregistrés au nord-ouest et au sud de la bourgade, au contact avec celle-ci. Il est aussi question de routes secondaires en direction de Waltzing, Digel et Virton.

Les thermes de la Semois Le site de Saint-Martin et du Vieux cimetière présente un intérêt historique considérable. Siège d'une église pa­ roissiale détruite et désaffectée au xvie siècle, celle-ci a notamment été précédée par un édifice ancien qui a été, à tort, considéré comme une basilique paléochrétienne. En fait, le bâtiment primitif a abrité une riche nécropole mérovingienne dont les tombes les plus anciennes se rattachent au début du vie siècle. L'occupation antique du site, aux abords de la Semois, est caractérisée par un établissement thermal, découvert en 1907. Il se présente sous la forme d'un édifice quadrangulaire régulier de 12 m sur 14 m, composé de qua­ tre locaux. Le plus grand d'entre eux est un hypocauste. Une pièce est bétonnée, une autre est carrelée. En rupture d'orientation, on trouve tout à côté et de manière imbriquée une piscine rectangulaire, de 3,40 m

Topographie Quatre routes principales rejoignent Arlon, à partir des capitales de Reims, Trêves, Metz et Tongres. Même si le tracé de ces voies n'a guère été reconnu localement, sauf en amont de la gare et au moulin de Lampach, on a tout lieu de penser aujourd'hui qu'elles se sont croi­ sées dans la bourgade et non en dehors d'elle. À l'intérieur du périmètre bâti, elles ont pu d'ailleurs connaître des aménagements visant à organiser un canevas du 444

Fig. 292 Arlon: plan des thermes en bordure de la Semois. 1. Bâtiment des thermes; 2. Piscine; B. Latrines

PROVI NCE DE L U X E MB O U R G |

sur 4,50 m, aux murs plus épais et des latrines, commu­ niquant avec le bassin par une conduite d'évacuation des eaux. Le site thermal est sillonné de conduites d'eau et la piscine est dotée d'un tuyau en plomb à clapet. L'évolution chronologique de l'ensemble balnéaire est imprécise. Tout au plus, peut-on observer que de nombreux blocs de récupération émaillaient cette construction, qui est globalement datée du ine siècle. Quelques sculptures parmi les plus célèbres d’Arlon pro­ viennent du site ou de ses murs: la pierre sculptée du «maître d'école», la sculpture du «combat des dieux avec les géants». On y a retrouvé, enfin, une inscription en vers évoquant l'usage des bains: nous sommes reçus dans les thermes, ceux-ci enlèvent les souillures du corps...

Fig. 293 Arlon: les thermes en bordure de la Semois: la piscine, avec tuyauterie en plomb

Débris architectoniques Ils sont assez nombreux mais leur découverte très an­ cienne les a fait attribuer trop fréquemment à des struc­ tures monumentales dont la nature reste énigmatique. Ainsi en est-il d'un monument carré situé derrière le pont de Sesselich ayant livré des bases de colonnes et qui a été attribué, sans preuves, à un sanctuaire. Un bâtiment à portique et colonnes a été découvert en 1895 à la périphérie sud de l'agglomération. On signale aussi diverses pièces de grande qualité, souvent issues des remparts du Bas-Empire, comme des colonnes, chapiteau corinthien, fragments d'architrave, entablement et corniche. La pièce maîtresse est consti­ tuée par la colonne au dieu-cavalier, d'une hauteur d'en-

Fig. 294 Arlon: fragment de corniche du

IIe

siècle

viron 7 m, reposant sur une base cubique. Une sculpture au dieu-cavalier, couronnant pareille colonne, figure aussi dans les collections du musée arlonais.

Zone d'habitat du secteur nord La construction du nouveau complexe administratif du Gouvernement provincial, en bordure du square Albert Ier a été l'occasion, pour une équipe réunie autour de A. Cahen-Delhaye, de pratiquer des fouilles d'urgence sur une superficie de 11 ares, en 1983 et 1984. Nous nous trouvons là en périphérie septentrionale de l'ag­ glomération. Une vingtaine de structures profondes furent exami­ nées: des caves, des puits et des citernes. Elles bénéfi­ cient pour la plupart d'une orientation similaire. Les celliers n'ont pas de parois ou celles-ci sont tapis­ sées de planches ou revêtues d'un parement à sec. Les structures les plus nombreuses sont constituées par des captages d'eau. Il s'agit de puits et de citernes, souvent quadrangulaires pouvant être coffrés. Les cuvelages en chêne sont assemblés à mi-bois ou maintenus par des montants verticaux. Le matériel archéologique retrouvé est abondant mais permet de limiter l'occupation de la zone au Ier siècle après J.-C. Il consiste en terra nigra, en sigillée du sud de la Gaule, en céramique commune et en verrerie. Une telle proportion de structures de captage ferait penser à leur utilisation dans le cadre d'une activité arti­ sanale, qui n'a pu être démontrée, vu la disparition des niveaux de sol antiques.

Zone d'habitat du secteur sud Depuis 2003, le Service de l'Archéologie de la Région wallonne a conduit plusieurs programmes de fouilles préventives dans le sillage de projets de revitalisation liés

Fig. 295 Arlon: la colonne au dieu-cavalier du mesiècle

445

Fig. 296 Arlon: zone d'habitat du secteur nord: puits coffré et mode d'assemblage des planches (sans échelle)

Fig. 297 Arlon: la foulerie: plan général du bâtiment. Aires d'activités A, B, C et D

à la ville basse d'Arlon à la périphérie sud et sud-ouest du vicus. C'est le site de Neu, une friche industrielle qui re­ tient ici l’attention. Un quartier d'habitat a été exploré sur une surface de 1200 m2. Les maisons sont alignées perpendiculaire­ ment à la route Tongres-Metz. Elles ont une physiono­ mie allongée et sont séparées par des venelles. Certaines de ces constructions sont élevées en pan-de-bois sur un solin en pierre. On note la présence de très nombreux foyers allongés, une quarantaine, qui dénotent l'exercice d'un artisanat du métal. Les étapes chronologiques sont clairement rythmées par des couches de tourbe, car le site n'est guère éloigné de la Semois. Il a fait l'objet de modifications successives et l'Antiquité tardive y est encore représentée par des monnaies de Constantin.

La foulerie Une foulerie a été mise au jour également à quelques mètres du cours actuel de la Semois. Cette activité a été implantée sur le pourtour d'un bâtiment qui répond à un plan traditionnel en milieu rural. Il s'agit d'un édi­ fice de plan quadrangulaire à galerie, de 19,50 m sur 27 m. Le centre est dégagé et prend la forme d'une cour ouverte; la bâtisse connaît une phase d'agrandissement, au sein de laquelle prend place notamment un hypocauste. Les structures liées à l'activité artisanale sont représen­ tées par un plancher, des cuves et des bassins. Pour l'essentiel, on distinguera trois zones d'activités. La première concerne la zone méridionale dans laquelle on trouve, à chaque extrémité de la galerie, deux bassins carrés, de 2 m de côté, construits en tuiles et enduits de mortier de tuileau: Aet B. Ils sont enterrés, des tuyaux de bois puis de plomb assurent l'évacuation des eaux vers la Semois. Il s'agit de bassins servant au lavage des étoffes. À l'extrémité nord-ouest du bâtiment figure une autre aire de travail C et à son angle nord-est un complexe plus élaboré avec bassins et plancher D. Les bacs sont en bois ou en pierre. 446

Les réseaux de circulation d'eau nécessaires à la pour­ suite des activités de cet établissement sont clairement attestés. Il y en a d’ailleurs deux qui correspondent cha­ cun à un état de fonctionnement de l'atelier. Les canali­ sations sont réalisées en troncs de chêne perforés qui of­ frent une date dendrochronologique des années 130-140. Le contenu organique des cuves a été examiné. La pré­ sence de laine de couleur blanche, brune et noire, de poils teintés en bleu ou en rouge, plaide en faveur d'une activité de teinturerie. L'atelier, construit au milieu du ne siècle, disparaît avant la fin du me siècle et est enseveli sous une couche épaisse de tourbe.

L'école de sculpture Le patrimoine archéologique majeur d'Arlon est sans conteste celui qui est représenté par un lot d'innombra­ bles pièces sculptées de grande qualité, conservées au Musée luxembourgeois. Si la plupart des blocs ont été récupérés dans les fondations de l'enceinte tardo-romaine de Saint-Donat, les monuments qui les abri­ taient primitivement sont en fait issus de l'aggloméra­ tion du Haut-Empire, de ses nécropoles et des cam­ pagnes environnantes.

Fig. 298 Arlon: la foulerie, aire d'activité D : cuve monolithe en pierre entourée de planches

PROVI NCE DE L UXE MB OURG

Fig. 299 Arlon: le pilier au cavalier. Ce dernier est habillé d'une longue tunique à manches et d'un large manteau (vers 175-185 après J.-C.)

Fig. 300 Arlon: autel funéraire de Julius Maximinus, soldat émérite de la vme légion (première moitié du me siècle) Fig. 301 Arlon: cippe funéraire de Pruscia Losuarca (fin du ne ou mesiècle)

La variété et la richesse de ces sculptures, documenta­ tion de premier plan pour apprécier les gestes de la vie quotidienne, trahissent l'existence d'une école artistique. Celle-ci a subi des influences diverses et s'est finale­ ment dotée d'un style régional. Durant le Ier siècle, la sculpture arlonaise est ancrée dans un style classique, dit militaire, parce qu'elle prend en compte des figurations spécifiques liées à la réalisation de monuments funé­ raires similaires à ceux qui étaient exécutés pour des sol­ dats en territoire rhénan. Les oeuvres arlonaises de ce type ne manquent pas: «les cavaliers romains», la «stèle d'Attis». Au ne siècle se développe un art régional qui est carac­ térisé par l'emploi de certains motifs particuliers. La sculpture rehausse des monuments de nature diverse: piliers, cippes, stèles, autels, qui sont pour la plupart à vocation funéraire. Quant aux thèmes traités, il s'agira de portraits, de scènes mythologiques, de divinités et de scènes de la vie quotidienne. Le mausolée de Vervicius suit l'inspiration classique. On lui préférera peut-être un certain nombre de réalisa­ tions davantage liées au cadre de vie : les voyageurs, le marchand de drap, le relief au contribuable, le pilier au cavalier. Il faut tenir compte aussi de l'originalité des décou­ vertes réalisées à Arlon en matière de pierres à inscrip­ tion. Celles-ci, primitivement liées à une zone funéraire ou à une autre zone, nous documentent de manière ap­ profondie sur les noms de personnes ou les familles ayant habité sur place. Dans ce cadre, parmi tant d'au­ tres, on citera l'autel funéraire de Julius Maximinus et le beau cippe funéraire de Pruscia Losuarca.

Localisé sur la rive gauche de la Semois, ce champ funé­ raire qui est longé par la route de Sesselich fut endom­ magé entre 1906 et 1909 par des militaires qui en préle­ vèrent les plus beaux objets, avant d'être complètement saccagé par la construction d'une école en 1923. Selon les quelques rapports publiés, principalement des descriptions d'objets, les tombes, au nombre de cent soixante-trois, étaient alignées et contenaient des urnes cinéraires ainsi que du mobilier funéraire. Certaines de ces sépultures semblent avoir été entourées de pierres. Les fosses les plus richement dotées se situaient dans la partie nord-est du site. Parmi le matériel, actuellement conservé au Musée d'Arlon et aux Musées royaux d'Art et d'Histoire de Bruxelles, figurent notamment deux calices en terre si­ gillée Drag. 11 ornés, l'un d'un rinceau à feuilles polylo­ bées, l'autre d'une danse macabre, mais aussi des objets en verre : fioles, ampoules à parfums ornées de fil blanc opaque, balsamaires et gobelets. Quelques monnaies fu­ rent également mises au jour, de même que des parures, des objets de toilette en bronze et des lampes à huile. L'occupation du cimetière remonte au Iersiècle après J.-C. Une colonne jovienne datée du IIe siècle de notre ère fut découverte à proximité de la nécropole. Le fût était orné d'un décor bachique, surmonté d'un motif de feuilles imbriquées, tandis que les bustes en relief des quatre saisons agrémentaient le chapiteau. Une statue de Jupiter terrassant le monstre anguipède devait surmon­ ter l'ensemble. La colonne figure actuellement parmi les collections du Musée d'Arlon.

R. B.

Les nécropoles • Nécropole du Hochgericht La nécropole à incinération du Hochgericht, au sud d'Arlon, est le plus ancien cimetière d'époque romaine situé dans la périphérie de l'antique agglomération.

Fig. 302 Arlon : la nécropole du

H o c h g e r ic h t:

miroirs

447

• Nécropole de La Spetz Àl'est d'Arlon, la nécropole de La Spetz se situe sur une hauteur, à proximité du croisement des routes de Longwy et de Luxembourg. De nombreuses découvertes fortuites y furent faites de la fin xixe siècle au début du XXe siècle, ainsi qu'au cours des années 1960 et 1970. Les fouilles de 1936 aboutirent à la mise au jour d'une cin­ quantaine de tombes contenant un maigre mobilier. Au total, une soixantaine de sépultures et un ustrinum sont ainsi fouillés. En 1965, un tronçon de voie romaine fut recoupé à quelques dizaines de mètres au nord-ouest de la nécropole, au cours de travaux d'égouttage. Selon J. Noël, la nécropole devait atteindre une super­ ficie de 1,5 ha à 2 ha et compter environ six cents à sept cents tombes. La concentration d'enfouissement est plus dense dans la partie méridionale du cimetière. Les fosses circulaires abritaient les ossements humains calcinés qui avaient été déposés le plus souvent dans une marmite ou dans une cruche dont le col avait été brisé au préalable. Les sépultures à ossements dispersés étaient rares. Le mobilier funéraire assez pauvre, d'une à quatre piè­ ces par tombe, était constitué presque exclusivement de céramique. La nécropole se caractérise par l'abondance des cruches à panse plus ou moins sphérique qui étaient présentes dans chaque fosse; certaines en comptaient jusqu'à trois exemplaires. L'étude du mobilier a permis de dater le cimetière du iiesiècle avec toutefois quelques enfouissements de la fin du Ier siècle. Cette nécropole prendrait le relais de celle du Hochgericht. • Nécropole du Galgenberg Au lieu-dit Galgenberg, le long de la route de Viville, des tombes à incinération, disposées en rangées, furent mises au jour entre 1847 et 1849. Peu d'informations nous sont parvenues sur cette nécropole située au nord-ouest de l'ancienne agglomération secondaire d'Arlon. A.-M. H.

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13, 2006, 202-205; Henrotay D.,

U n a te lie r d e

f o u lo n s e t d e te in tu r ie r s à A r lo n , D o s s ie r s A r c h é o lo g ie ,

108-111 ; Lefèbvre L.,

315, 2006,

L e M u s é e l u x e m b o u r g e o i s d 'A r lo n ,

haut

lie u d e n o t r e r o m a n i t é , M é l a n g e s d ' a r c h é o l o g ie n a t i o n a l e o f f e r ts a u R.P. A n d r é W a n k e n n e S .j. p o u r s o n 7 5 e a n n i v e r s a i r e , E C ,

1985, 91-110; Lefèbvre L.,

p lu s a n c ie n n e s a g g lo m é r a tio n s d e n o tr e p a y s ,

448

53, 1,

H is to ir e d 'A r lo n - la - R o m a in e . U n e d e s

Barbason-Bihet D.

(coord.). L e s G a l l o - R o m a i n s - L e s g e s t e s d e t o u s l e s j o u r s , Minis­ tère de la Communauté Française, 1986-1987, 29-30; Lefèbvre L., L e M u s é e l u x e m b o u r g e o i s A r l o n , M u s e a N o s t r a , Bruxelles, 1990; Lefèbvre L., G r a n d s t r a v a u x d a n s l a G r a n d P l a c e d ' A r l o n e n 1 9 9 1 , B IA L x, 67, 3-4, 1991, 42-53; Loes F., D é c o u v e r t e s r o m a i n e s f a i t e s à A r l o n e n 1 9 0 7 , A F A H B , 21, Liège, 1909, 253-268; Massait C., A r t , c r o y a n c e s e t r i t e s f u n é r a i r e s d a n s l ' A r d e n n e d ' a u t r e f o i s , L e s v i v a n t s e t l e u r s m o r t s , Bastogne, 1989, 36; Noël J., C o n t r i b u t i o n à l ' é t u d e d u c i m e t i è r e g a l l o - r o ­ m a i n d e l a S p e t z ( A r l o n ) , B IA L x, 53, 1977, 1-2, 3-20; Seret A., L a n é c r o p o l e d e l ' é p o q u e r o m a i n e à l a S p e t z - A r l o n , A lA L x , 93, 1962, 9-68; Sibenaler J.-B., T r o u v a i l l e d ' o b j e t s d e l ' é p o q u e g a l l o - r o ­ m a i n e à A r l o n , A lA L x , 41, 1906, 1 71 -1 74 et 277-281 ; Sibenaler j.-B., L e c i m e t i è r e r o m a i n d ' A r l o n , A lA L x , 44, 1909, 322-328; Wankenne, 163-185.

12 8 1 Arlon, Arlon Le

castrum d u

B a s -E m p ir e d e S a in t- D o n a t

La butte naturelle de Saint-Donat a été choisie pour l'érection d’un castrum doté de murailles puissantes. Réaménagée à l'époque médiévale, elle a encore été ra­ dicalement modifiée par la construction de la citadelle au xvne siècle. On ne connaît que partiellement le tracé du rempart dont les soubassements ont constitué, dès le xvie siècle, un véritable gisement pour les amateurs d'antiquités. En effet, les fondements du mur sont souvent aménagés à l'aide de blocs sculptés, récupérés aux édifices et aux monuments funéraires qui embellissaient Arlon et sa ré­ gion durant le Haut-Empire romain. Cette opportunité particulière a fait que ce sont principalement les rem­ parts qui ont attiré l'attention, au détriment des struc­ tures et habitats figurant à l'intérieur du castrum, sur les­ quels on ne sait à peu près rien. En fait, on peut croire qu'une partie des remparts an­ tiques a été démolie en 1065 puisque la comtesse d'Arlon, Adélaïde, a fait don de matériaux, pierres sculp­ tées, colonnes, gisant au pied des murs, en vue de bâtir la crypte et le cloître de l'église abbatiale de SaintHubert. Dès le xvie siècle, le gouverneur de Luxembourg emporte une série de blocs sculptés révélés dans le cadre de travaux liés à différents sièges. Il en est de même à la fin du xvme siècle, le gouverneur des Pays-Bas détruit quelques tronçons de la muraille pour en récupérer les blocs dont la mémoire sera conservée grâce aux dessins des frères Guillaume et Alexandre von Wiltheim. Au xixe siècle, la découverte de blocs sculptés se poursuit à l'oc­ casion de travaux dont les résultats seront consignés par Ch. Dubois en 1946. Des fouilles plus méthodiques se­ ront entreprises à partir de 1936 par A. Bertrand et J. Breuer. Après la seconde guerre mondiale, de nom­ breuses fouilles, à l'implantation limitée, se signalent à l'attention, entre 1951 et 1990. Il s'agit des interventions suivantes: au niveau de la Grand-Place, en 1951-1952 (J. Breuer) et 1963-1967 (J. Mertens), à l'angle des rues du Marquisat/Hospice et des Carmes, en 1955 (R. Borremans), sous l'Athénée, en 1969 (L. Lefèbvre), à l'angle de la Grand-Place et de la ruelle de la Breck / Pont-Levis, en 1979-1981 (L. Lefèbvre), dans la ruelle de la Breck, en 1986 (A. Cahen), à hauteur de la rue des Remparts, en 1989 et 1990 (E. De Waele, G. Lambert) et à la rue des Capucins, en 1988.

PROVI NCE DE L UXE MB OURG

Fig. 303 Arlon, Saint-Donat: plan du tracé de l'enceinte romaine sur la butte

Les remparts du castrum ont été construits à mi-pente de la colline Saint-Donat et l'entourent. Leur parcours peut être globalement restitué comme suit: on les trouve dans la partie supérieure de la rue des Remparts, puis en contrebas de la rue du Bastion. À la Place des Chasseurs ardennais, l'enceinte fait un coude pour proposer un tracé aujourd'hui localisé derrière l'Hôtel de Ville, elle croise la petite rue des Carmes à peu près en son milieu, elle poursuit son itinéraire parallèlement et à mi-distance entre les rues du Marché au Beurre et la Grand Rue. Située sous la face occidentale de la Grand-Place, elle y propose un nouveau coude, croise la rue des Capucins, enfin rejoint la zone de la rue des Remparts. La forme générale proposée par le castrum est ellip­ tique. La courtine enferme une superficie de 4 ha à 5 ha. Elle développe un périmètre long de 780 m. La muraille a une épaisseur de 3,80 m. Elle est munie de tours circu­ laires de 9,50 m de diamètre à la base et de 8,50 m en élé­ vation, disposées tous les 30 m. On peut estimer leur nombre total à vingt-six. Seules deux tours ont été formellement reconnues, en 1952 et en 1963. Les éléments de courtine mis au jour apparaissent au niveau ou sous les caves des habitations modernes du côté de la Grand-Place. Lors de la démolition du Château Tremblant, à l'angle de l'Hospice et des Carmes, la der­ nière assise de la muraille a été découverte à une profon­ deur de 1,75 m à 1,92 m sous le niveau d'une cour mo­ derne. Rue des Remparts, le radier de fondation est ap­ paru à 3,50 m sous le niveau actuel du terrain. Il faut sa­ voir que le mur en élévation n'a pas souvent survécu du fait que, situé sur une pente, il s'est détaché de la fonda­ tion et a glissé le long de celle-ci.

Fig. 304 Arlon, Saint-Donat: la tour et la courtine de la Grand-Place

La technique de construction de l'enceinte est intéres­ sante. La courtine, rarement conservée en élévation, a une maçonnerie en appareil régulier et un blocage bien comprimé étendu par couches horizontales de pierres et de fragments de tuiles noyés dans un mortier rosâtre ou jaune. La muraille repose sur un premier niveau de fon­ dations constitué, sur 0,50 m à 0,75 m, de blocs taillés ou sculptés de récupération. Ceux-ci ont été déposés sur une assiette de moellons de chant assemblés à l'argile au sein d'une tranchée de fondations creusée dans le sol vierge. On a pu observer que ce premier fondement pou­ vait atteindre une hauteur de 0,70 m. Les découvertes les plus spectaculaires en terme de blocs sculptés, figurant dans l'assise du mur, ont été

Fig. 305 Arlon, Saint-Donat: coupe effectuée sur la courtine en 1965. 1. Enceinte maçonnée et parementée; 2. Rang de blocs taillés ou sculptés de récupération; 3. Tranchée de fondation et assiette

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réalisées du côté de la Grand-Place, au sud de la rue Marché au Beurre et dans la ruelle de la Breck. Une cen­ taine de blocs ont été récupérés lors des fouilles de 1963 à 1967 et plus de vingt, en 1979-1980. Il s'agit de pièces en calcaire de Longwy ayant appartenu à des stèles funéraires, à des piliers ou à des monuments. Les blocs les plus célè­ bres sont les suivants : la stèle à la danseuse, le relief aux voyageurs, une scène de combat, un fragment de cor­ niche, une inscription et le mausolée de V erv ic iu s / V ervicia. Un sous-sol archéologique, accessible par la GrandPlace et inauguré en 1954, abrite une section de la cour­ tine romaine et une portion de tour que l'on peut visiter. Les structures liées à l'occupation interne du castrum demeurent très largement méconnues. Comme le mon­ tre l’inventaire établi par Ch. Dubois, les trouvailles an­ ciennes sont très imprécises. On signale l'existence d'une construction indéterminée, rue Marché au Beurre, dé­ couverte en 1896 et deux bassins à enduit de tuileau. Quelques traces antérieures à l'érection du castrum ont été enregistrées. La datation de celui-ci reste impré­ cise, on la situe, par habitude, à la fin du me siècle ou à l'époque constantinienne.

À Weyler, la calotte était en fer forgé ciselé tandis que le bandeau et les paragnathides étaient en laiton. À ce jour, seuls deux casques de ce type ont été trouvés en Gaule, alors qu'il est particulièrement bien attesté en Germanie Inférieure. Le casque a été exhumé, en 1981, d’une tombe aux di­ mensions modestes et au mobilier ordinaire composé d'un rasoir en fer, d'une cruche blanche, d'un bol en terra nigra et d'une fibule en fer. Au total, la nécropole comptait une quinzaine de tom­ bes qui ont livré un mobilier funéraire abondant parmi lequel figuraient une tasse en céramique italique et une pièce de monnaie gauloise attribuée aux Suessions. Neuf tombes à incinération du Ier siècle après J.-C. fu­ rent également mises au jour à Autelbas, à l'embranche­ ment de l'autoroute E 9 et de la route Arlon-Longwy. Elles livrèrent, entre autres céramiques, de la terra rubra et de la terre sigillée. A.-M. H.

R. B. * C a rto g ra p h ie : voir fig. 290, 4. - Bibliographie: Borremans R., Notes sur l'enceinte gallo-ro­ m aine d'Arlon. Fouilles de 1951-1952, Grand-Place, BIALx, 34, 1958, 77-81 ; Borremans R., Notes sur l'enceinte romaine d'Arlon. Fouilles de 1955, au coin des rues de l'Hospice et des Carmes, BIALx, 36, 1960, 10-14; Breuer J., Le sous-sol archéologique et les remparts d'Arlon, PN, 8, 1953, 98-102; De Waele E., A rlon: le ra­ dier du rem part rom ain rue des remparts, CAW, 1, 1993, 79-80; Dubois Ch., Orolaunum, bibliographie et documents sur l'Arlon romain, AlALx, 77, 1946, 7-68; Ghenne-Dubois M.-J., Arlon, Atlas du sous-sol archéologique des centres urbains anciens, Namur, 1992; M ignot Ph., Arlon. Le rem part romain, PAW, 395397; Mertens J., Nouvelles sculptures romaines d'Arlon, (AB, 103), 1967, 147-160; Mertens )., Le rem part romain d'Arlon,

Bruxelles, 1973 (ABS, 7); Wankenne, 163-185.

Fig. 306 Autelbas, Weyler: casque de cavalier romain du ie M o n t -

383, 384, 386, 400, 401, 402, 404, 405,

À la T om be 4 3 5 Bois d e la T om b e 4 3 5

-

416, 423, 430, 431, 441, 4 42, 443, 4 44, 445, 4 46, 447, 448, 4 49, 4 50, 451, 452, 453,

A is e a u 1 5 4 , 1 9 5 , 2 1 5 , 3 0 2 , 3 0 3

D e lle Croix 3 0 3 , 3 0 4 - T om be d u C h e f 3 0 3 - Trou du R enard 3 0 3 -

-

- B a s t io n ( r u e d u ) 4 4 9

A is e a u - P r e s le s 3 0 3 , 3 0 4

- B r e c k ( r u e l l e d e la ) 4 4 8

A iw isses -+ A c o s s e

- C a p u c in s ( r u e d e s ) 4 4 8 , 4 4 9

A ix - la - C h a p e lle 2 3 9 , 3 8 8

- C a rm e s (ru e d e s) 4 4 8 , 4 4 9

Al Al Al Al Al Al

- C h a s s e u r s a r d e n n a is ( p la c e d e s ) 4 4 9

B ardouche -*■ G r a n d - H a l l e t Ronce G ra u x Rotche - * P r y Sauvenière - * M a i l l e n T om be - > H e r s t a l T om be X h e n d re m a e l

- C h â te a u T r e m b la n t 4 4 9 -

G algenberg 4 4 3 , 4 4 4 , 4 4 8

B B aca conervio ( B a v a y ) 5 7 , 5 8 B aconia ( B e h o g n e ) 5 7 4 Bagaco ( B a v a y ) 6 0 B a n a lb o is - > H a t r i v a l

- G ra n d R ue 163, 4 4 9

B a rb e n ç o n 67, 5 6 6

- G r a n d - P la c e 2 3 4 , 4 4 8 , 4 4 9 , 4 5 0

A l l a i n ( h a m e a u ) —> T o u r n a i

- H o s p ic e ( r u e d e

B arcenne - > L e i g n o n Barrière / Barrière des H oyou x (La) —*■H e r s t a l Bas d e B léharies - » H o l l a i n

A llie r 162, 4 9 8

- H ô te l d e V ille 4 4 9

B a s è c le s 3 1 2

A lp h e n - E k e r e n 1 4 3

~ M a rc h é a u B e u rre (ru e d u ) 4 4 9 , 4 5 0

A m a n io ( A m a y ) 3 8 3

- M a r q u is a t ( r u e d u ) 4 4 8

- F on taine d u G ard 3 1 2 Basse Voie - * B e r g ile r s

A m a y 13, 14, 6 6 , 6 8 , 74, 7 8 , 8 2 , 8 4 , 8 5 , 8 6 ,

- M o u lin d e L a m p a c h 4 4 4

B a s s e - E n h a iv e - * J a m b e s

9 3 , 9 5 , 97, 9 9 , 101, 107, 1 0 9 , 114, 1 2 1 , 161,

- N eu 95, 444, 446

Bassenge 3 8 8 , 3 8 9

180, 185, 206, 207, 210, 212, 215, 2 2 2 , 237,

- P o n t - L e v is 4 4 8

B a s s e -W a v re 14, 1 3 0 , 1 4 3 , 147, 1 4 8 , 14 9 , 15 2 ,

381, 3 8 2 , 3 8 3 , 384, 385, 3 8 6 , 387, 415,

- R e m p a rts ( r u e d e s ) 4 4 8 , 4 4 9 , 4 5 0

416, 587, 588

- S a in t- D o n a t 2 3 4 , 2 3 5 , 4 4 3 , 4 4 6 , 4 4 8 , 4 4 9

-

-

- S a in t- H u b e r t 4 4 8

C h apelle à R é m o n t 3 8 3 , 3 8 6

- S e s s e lic h ( r u e d e ) 1 6 3

Rorive 3 8 3 , 3 8 4 , 3 8 6

-

- S a i n t e - C a t h e r in e 3 8 4

S p etz (La) 4 4 3 , 4 4 4 , 4 4 8

A m b e r lo u p 5 4 , 1 5 6

- S q u a r e A l b e r t I er 4 4 5

A m b r e s in 7 3 , 7 5 , 1 4 9 , 1 9 4 , 3 8 2 , 4 3 8 , 4 3 9 , 5 8 7

- V ie u x C im e tiè r e 4 4 4

205, 2 82, 297, 2 98, 590

Bois des H a yettes 2 9 8 Bois d u Bock 2 9 8 - H o sté (U ) 2 9 7 , 2 9 8 - L a u ren sa rt 2 9 8 - P a p p en d a el 2 9 8 - R on d-T ienne 2 9 8 B a s t io n ( r u e d u ) - * A r l o n -

- S a in t- M a r tin 4 4 4

- C o llé g ia le 3 8 3 , 3 8 7 -

H ochgericht 4 0 , 4 4 3 , 4 4 4 , 4 4 7 , 4 4 8 Y) 4 4 8 , 4 4 9 , 4 5 0

-

A r m e s ( p la c e d ' ) - » N a m u r

B a s to g n e 5 4 , 7 4 , 4 5 2 , 4 5 3 , 4 5 4

-

A rq u e n n e s 148, 149, 3 0 2 , 3 6 5 , 3 6 6

B âte rage N is m e s B a tta - * H u y

C am pagn e de T o m b a l 1 9 4 , 4 3 9 T om bes du Soleil 1 9 3 , 4 3 9 - W aloppe (La) 4 3 9 A m ie n s 3 2 , 3 3 , 3 5 , 4 7 , 4 8 , 5 2 , 6 4 , 6 5 , 6 6 , 74, 82, 168, 239, 241, 2 6 3 , 2 6 4 , 587 A n c i e n c o u v e n t d e s R é c o lle t s - » T o u r n a i A n c ie n H ô te l d e V ille

- B o is d e B e r n is s a r t 3 6 5 -

A m é e —> J a m b e s

Nam ur

A n c ie n T h é â tr e - * T o u r n a i

A n cien n e Ville d e S a in t-R ém y

T h ir im o n t

A n d e n n e 505, 506, 507, 5 08, 553

M a le v ille 3 6 5

B a u d e c e t - » S a u v e n iè r e

A rra s 4 8 , 5 2 , 6 4 , 6 5 , 6 6 , 67, 7 3 , 8 2 , 114, 168,

B a u d o u r 164

236, 239, 240, 262, 263, 368, 369, 370,

B au selenne

371, 586

B a va y 10, 2 0 , 21 , 3 2 , 4 2 , 4 3 , 4 8 , 5 2 , 5 3 , 54 ,

M e tte t

A s p e rd e n 2 3 9

5 6 , 57, 5 8 , 5 9 , 6 0 , 61, 6 2 , 6 4 , 6 5 , 6 6 , 67,

A s q u illie s 3 4 8 , 3 4 9

6 8 , 6 9 , 7 0 , 71, 7 2 , 7 3 , 74, 7 5 , 77, 78 , 82 ,

A sse 3 6 , 6 5 , 6 6 , 6 7 , 6 8 , 77, 7 8 , 8 2 , 114, 3 2 8 , 587, 589

1 0 9 , 1 1 3 , 1 1 4 , 1 1 5 , 117, 1 5 6 , 1 5 9 , 1 6 8 , 1 8 0 , 1 9 2 , 197, 2 0 7 , 2 0 8 , 2 1 0 , 2 1 5 , 2 2 0 , 2 3 2 , 2 3 5 ,

A n d e rn a c h 2 3 9 , 284

Assesse 5 0 9 , 511

237, 239, 2 40, 241, 2 42, 2 43, 2 44, 247,

A n g e (ru e de T ) -» N a m u r

Assois (Les) -* F u r n a u x

254, 255, 262, 284, 285, 293, 294, 295,

A n g le u r 1 5 6 , 1 6 6 , 2 5 0 , 3 8 2 , 41 7 , 4 1 8

A th 192, 3 0 2 , 3 0 9

2 9 6 , 3 1 0 , 311, 3 1 3 , 3 1 5 , 316, 317, 3 1 8 , 319,

A n g re 152

-

C ou ture d u Bois d e C hièvres 3 0 9

3 2 2 , 327, 3 2 8 , 329, 3 3 0 , 331, 333, 337,

A tte r t 451

3 3 8 , 342, 3 4 3 , 347, 3 4 8 , 349, 350, 351, 3 52, 354, 3 58, 361, 362, 368, 369, 370,

1 3 8 , 148, 149, 152, 154, 1 5 6 , 161, 1 6 6 , 167,

A tu a c a ( T o n g r e s ) 5 8 A tu a tu c a ( T o n g r e s ) 2 0 , 2 6 , 2 8 , 3 4 , 3 5 Au Prieuré -*■ M e e f f e Au Tom bu 193

171, 2 0 5 , 2 0 9 , 21 2 , 5 0 4 , 5 61, 5 6 2 , 5 6 3 ,

A u b e c h ie s 1 4 4 , 1 5 6 , 1 7 5 , 3 0 2 , 3 1 1 , 3 3 7 , 3 3 8

A n lie r 74, 7 9 , 8 2 , 4 4 2 , 4 6 8 -

C orne d u Bois des P endus 4 6 8

A ns 387, 3 8 8 A n t h é e 1 1 , 14, 1 1 9 , 1 2 5 , 1 3 0 , 1 3 5 , 1 3 6 , 1 3 7 ,

564, 588, 589 -

C h apelle S ain t-R em y 5 6 4 F on d S ain t-R em y 5 6 2 F on taine A l T avien ne 5 6 1 F on taine des N o isettes 5 6 1 G ran d Bon D ieu 5 6 1 , 5 6 2 , 5 6 3

A n to in g 10, 14, 6 6 , 67, 8 0 , 9 1 , 191, 1 9 2 , 194, 196, 198, 302, 3 04, 3 05, 321, 3 69, 590 -

B ille m o n t 1 0 , 1 9 1 , 1 9 4 , 1 9 6 , 1 9 8 , 3 0 4 ,

305, 369, 590

G u éronde 1 9 1 , 3 0 5 , 3 6 9 - Trou d e B ille m o n t 3 0 4 , 3 6 9 -

610

- S a in t - G é r y ( é g lis e ) 3 1 2

371, 386, 390, 391, 407, 4 0 9 , 412, 413, 416, 4 2 5 , 430, 4 3 8 , 439, 4 8 3 , 515, 516, 525, 526, 528, 529, 551, 5 5 3 , 562, 565, 581, 582, 586, 587, 588, 589, 591 B e a u m o n t 3 1 0 , 311

A u fd e m Loch -*■ W o l k r a n g e A u g ette - * G e r p in n e s

B e a u r a in g 511

A u g s b o u rg 57

B e a u v e c h a in 1 4 7 , 1 4 8 , 2 8 3

B e a u v a is 2 6 4

A u gu sta ( Treverorum ) ( T r ê v e s ) 6 0

B eez 181, 5 5 2

A u g u s t in s ( q u a r t i e r d e s )

B e h o g n e 574

Huy

A u t e lb a s 6 1 , 6 2 , 1 5 6 , 4 4 2 , 4 4 3 , 4 5 0 , 4 8 6 -

S ch a m feld 4 4 3 , 4 5 0 , 4 8 6

- W e y le r 4 4 3 , 4 5 0 , 4 8 6 -

W oîberg 6 1 , 6 2 , 7 4 , 4 4 3 , 4 5 0

Belgica 2 6 , 5 1 , 2 2 0 , 2 3 2 B e lg o - R o m a in e ( p la c e ) - » J u p ille - s u r - M e u s e B e lle fo n ta in e 31 -

Gros Cron 31

A u tu n 2 13, 2 1 5 , 5 9 0 , 591

B e lœ il 3 1 1 , 3 1 2 , 3 3 8

A u x A iw ets —> H iv e s

B e lv a u x 5 6 8

I NDEX T OP OGRA P HI QUE [

B e n - A h in 2 4 9 , 2 5 0 , 2 5 2 , 2 5 5 , 3 8 2 , 4 1 5

C h a m p d e B ou za lle 4 1 5 - Lovegnée 2 5 0 , 4 1 5 - Sarte (La) 4 1 5 -

- S o liè r e s 4 1 5 -

B o n n e rt 180, 4 4 2 , 4 4 3 , 4 5 0 , 451, 5 9 0

F olm ü lhenberg 4 4 3 , 4 5 0 , 4 5 1 G aich elk n a p 1 8 0 , 5 9 0

-

- V iv ille 4 4 3 , 4 4 8 , 4 5 0 , 451 B o n s in 6 9 , 161, 5 8 7

Trou M a n to 4 1 5

Bons-Villers (Les) - * L i b e r c h ie s

B e r g ile r s 8 2 , 1 1 4 , 2 5 8 , 2 5 9 , 3 8 2 , 4 2 5

Basse Voie 4 2 5 - M alpas 4 2 5 - P o n t d e M a lp a s 2 5 9 , 4 2 5 B e r la c o m in e s - * V e d r in -

B o s s iè r e s - » S a in t - G é r a r d B o u g e 181, 5 5 2 B o u lo g n e - ( s u r - M e r ) 4 2 , 4 7 , 4 8 , 5 2 , 5 6 , 5 9 , 6 4 , 6 5 , 67, 7 3 , 7 5 , 77, 11 3 , 114, 1 6 8 , 2 3 9 , 370, 587

C am p a g n e C am p a g n e C am p a g n e C am p a g n e C am p a g n e C am p a g n e

de de de de de de

Flèm e H a illo t la Gérée — H e r m a l l e - s o u s - H u y la T o m b e - * B le h e n la T o m b e - * B r a iv e s la T o m b e -> O te p p e la T o m b e d e l'Em pereur -*

V ille r s - le - P e u p lie r

C am p a g n e C am pagne C am pagne C am p a g n e C am p a g n e

d e S a in t-R ém y - * T h i r i m o n t d e T o m b a l —* A m b r e s i n des T om bes - * L a t i n n e d'H erbais -* • P i é t r a i n d u V ivier -*• V e r la in e

B e r m e r a in 1 1 4 , 2 3 9

B o u rc y

B e r n is s a r t 3 1 2 , 3 6 5

B o u rg e s 2 1 3

C a m p in e 1 1 5 , 1 2 0 , 2 5 6

B e rz é e 11, 5 8 1 , 5 8 3

B o u r le r s 2 0 9 , 2 1 0 , 2 5 5

C ap H o rn u 239

B o u s s u - le z - W a lc o u r t 3 0 2 , 3 3 4 , 3 3 5

C a p i t o l e ( p o r t e d u ) —> T o u r n a i

-

Villés 5 8 1 , 5 8 3

B é tiq u e 1 0 8 , 2 1 9 , 4 2 9 , 5 9 1

-

Beuleu - * B o v i g n y

-

-* L o n g v illy

C h a m p d es M e tz 3 3 4 C h a m p d u G ra n d M arch é 3 3 4

C a p u c in s ( r u e d e s ) - > A r l o n C a r lie r s ( r u e d e s ) - » T o u r n a i

B ib e r is t 5 8 9

B o u v ig n e s 6 6

C a r m e s ( r u e d e s ) —*■ A r l o n

B ib r a c te 2 6

B o u v in e s 6 5 , 6 6 , 6 7 , 7 3 , 1 1 4 , 3 6 9

C a rm e s (ru e d e s ) - * N a m u r

B i d e r i e ( L a ) -*■ G r o s a g e

B o v ig n y 187, 4 4 2 , 4 6 5 , 4 6 6

Carrière D u llière —> M o n c e a u - s u r - S a m b r e Carrières (Les) - * W a h a

B ie r c é e 6 2 , 6 7

Beuleu 4 6 5 , 4 6 6 - Bois des Concessions 4 6 5 - Concessions 4 6 5 - H a ie d e Jardin 4 6 5 -

B ie r s e t 1 3 8 B ie s m e 1 8 2 , 1 8 5 , 3 0 3 , 5 4 7 , 5 4 8 , 5 4 9 - P la te Terre 1 8 2 , 5 4 7 , 5 4 8 B ille m o n t —> A n t o i n g

C a sse l 117, 1 5 6 , 1 6 8 , 2 3 2 , 2 3 5 , 2 3 9 , 3 6 9 , 3 70, 374, 587, 588

B in c h e 3 1 5 , 3 1 6 , 3 1 7 , 5 8 6

B r a ffe 1 8 2 , 1 8 7

C a ste le t (Le) - * R o u v e r o y C a stella in s (Les) - * F o n t a i n e - V a l m o n t C a stia (Le) - > F o n t a i n e - V a l m o n t

B ir r e n s 4 9

B r a ib a n t 1 5 4 , 2 1 0 , 2 1 2 , 2 5 3 , 2 5 5 , 5 0 4 , 5 1 3 ,

C a t h é d r a l ( q u a r t i e r ) / C a t h é d r a le ( q u a r t i e r

- H a lc o n r e u x 4 6 5

B itb u r g 2 3 9

514

B lancs Bois^Les) - > T a v i g n y

-

B la to n 6 6

- H a llo y 5 1 3 , 514

B lé h a r ie s 7 3 , 8 2 , 1 1 4 , 1 8 5 , 2 1 1 , 3 0 2 , 3 1 8 , 319, 3 6 9

B r a iv e s 1 4 , 4 3 , 5 8 , 5 9 , 6 1 , 6 5 , 6 7 , 6 8 , 6 9 , 7 3 , 8 2 , 8 4 , 8 5 , 8 6 , 87, 91, 9 2 , 9 5 , 9 6 , 97, 9 9 ,

- E s p a in 3 1 9 -

d e la ) - » T o u r n a i

C h estia s u r les T u ila s 5 1 3 , 5 1 4

C am pagn e d e la T o m b e 4 1 1 - Fond d e S pim é 4 1 1 -

- À la T om be 4 0 7 L a b ia 4 0 7 - T om be d e Saives 4 0 7 -

101, 1 0 2 , 1 0 3 , 1 0 6 , 107, 1 0 8 , 114, 118, 121,

C e r fo n ta in e 1 8 5 , 3 3 5

1 2 3 , 161, 1 9 2 , 1 9 9 , 2 0 1 , 2 0 4 , 2 0 7 , 2 0 8 , 2 1 0 ,

C é ro u x -M o u s ty 281

212, 213, 214, 215, 222, 2 2 3 , 2 2 6 , 236,

C h a m e le u x - » F l o r e n v i l l e

237, 239, 241, 242, 243, 244, 245, 246,

C h a m p a u -dessus d es Vaux - * E s t in n e s - a u -

Z elvas (Les) 3 1 9

B le h e n 1 9 4 , 1 9 5 , 2 1 4 , 3 8 2 , 4 1 1

C e lle s 1 9 2 , 3 2 1 , 3 6 9 , 3 8 2 , 4 0 7

262, 382, 390, 391, 392, 393, 394, 395,

M ont

B le r ic k 2 3 9

396, 397, 3 9 8 , 399, 411, 528, 585, 586,

B lic q u y 1 2 , 13, 14, 3 1 , 4 4 , 6 5 , 6 6 , 6 9 , 74, 7 5 ,

587, 5 8 8 , 591

Cham p Cham p Cham p Cham p

C am p a g n e d e la T o m b e 3 9 7

77, 7 8 , 8 2 , 8 4 , 8 5 , 8 6 , 8 7 , 9 1 , 9 7 , 1 0 7 , 114,

-

1 2 4 , 1 5 6 , 1 5 8 , 1 5 9 , 161, 1 6 4 , 167, 168, 171,

- C h â t illo n (L e ) 2 4 4

1 7 2 , 174, 1 7 5 , 176, 177, 1 8 0 , 1 8 5 , 2 0 6 , 2 0 7 ,

-

210, 212, 222, 237, 302, 311, 313, 327, 331,

395, 396

332, 333, 337, 338, 339, 340, 341, 585,

-

587, 590 -

C am p rom ain 1 4 , 7 4 , 8 2 , 8 4 , 8 5 , 8 6 , 9 1 ,

107, 114, 180, 2 2 2 , 311, 337, 3 3 8 , 3 3 9 -

C h aussée B ru n eh a u t 3 3 8 Ville d'A nderlecht 1 3 , 1 4 , 4 4 , 8 2 , 8 5 , 1 1 4 ,

1 2 4 , 1 5 6 , 1 5 8 , 1 5 9 , 1 6 8 , 171, 1 7 2 , 1 7 5 , 176, 177, 2 1 2 , 2 2 2 , 3 3 7 , 3 3 8 , 3 3 9 , 3 4 0 , 341

Sarrasins (Les) 3 9 0 , 3 9 1 , 3 9 2 , 3 9 3 , 3 9 4 ,

T o m b a lle (La) 3 9 1 , 3 9 7 - T o m b e d'A vennes 1 9 2 , 2 1 3 , 2 1 4 , 3 9 1 , 3 9 6 , 397 B ra s 2 3 1 , 4 4 2 , 4 8 2 - B ra s -H a u t 4 8 2 -

Fonçue-Virée 4 8 2 Troray 4 8 2

B ra s -H a u t

B ra s

B lie s b r u c k 9 5 , 5 8 7 , 5 8 8

B r e c k ( r u e l l e d e la ) - * A r l o n

B io c r i - * O ttig n ie s

Breden Felder - * W o l k r a n g e

B o h a n 184

B re ta g n e 2 5 , 4 9 , 1 3 5 , 2 6 2 , 3 7 1 , 3 7 4

B o ir s 3 8 2 , 3 8 8 , 3 8 9 , 4 3 0

B r itte n b u r g 2 3 9

Bois d'Ave

Brixhe Espines - * P o l l e u r

A v e -e t-A u ffe

B o is d e B e r n i s s a r t - » A r q u e n n e s

B ru g e s 131, 2 3 9

de de de de

B ou zalle —* B e n - A h in la Bruyère - * G i v r y la Jonquière - * C o r t i l - N o i r m o n t la S a in te - * T o u r in n e s - S a in t -

L a m b e rt

C ham p C ham p C ham p C ham p C ham p C ham p C ham p C ham p C ham p C ham p C ham p C ham p

d e la T o m b a lle O te p p e d e la T o m b e - * G lim e s d e la T o m b e - * P i é t r a i n d e Saint-É loi —> F o n t a i n e - V a l m o n t des Agaises - * H a u l c h i n des C ailles -*■ S tré e ( B e a u m o n t ) des M e tz - * B o u s s u - le z - W a lc o u r t d es M o n ts - * H a t r i v a l d es Tem pliers - * W a v r e d es T om bes - * C o r t i l - N o i r m o n t d es T om bes -* • F lo b e c q d u G rand M arché - * B o u s s u - le z -

W a lc o u r t

C h a m p H a y a t - » S a in t - M a r d C h a m p P apiel - » F lo b e c q C h a m p ea u - * N a m u r

B o is d e B u is - * T h o r e m b a is - S a in t - T r o n d

B r ü h l- V ille n h a u s 2 3 9

Bois d e C h arn eu x H iv e s Bois d e Chièvres - * M a f f l e B o is d e F lin e s - * H o w a r d r ie s B ois d e H ayveau - * V e z in - N a m ê c h e B ois d e la Loge -> F o n t a i n e - V a l m o n t

B rûlins (Les) - * H a t r i v a l B ru n eh a u t -+ L i b e r c h ie s

C h a m p io n - » E m p tin n e

B ru n e h a u t 318, 319, 320, 363, 369

C ham ps 20, 135, 586

B r u y e l l e 14 , 4 4 , 7 2 , 7 3 , 1 2 1 , 1 3 0 , 1 3 2 , 1 3 3 ,

C h a n te m e lle 6 8

137, 154, 2 0 4 , 2 2 2 , 2 2 3 , 2 2 4 , 2 3 1 , 2 5 5 ,

B o is d e L a L o u v i è r e - * H o u d e n g - G o e g n ie s

Bois d e la T om be - * A i n e f f e B ois d e la V ille -> V e lle r e ille - le s - B r a y e u x B o is d e P i n c e m a i l l e

V e l l e r e ille - le s -

B ra y e u x

Bois d e W ahanges - * L 'É c lu s e Bois D érodé —» L a d e u z e Bois des Concessions B o v ig n y Bois des D a m e s - * M o r v i l l e Bois des Étoiles - * O t t i g n i e s Bois des H a ye tte s - * B a s s e - W a v r e Bois des M en u s -> T h i r i m o n t B ois des N oël - * M a t a g n e - la - G r a n d e Bois des T om bes -*■ V e d r i n Bois des Tom bes - * W a r e m m e

302, 305, 306, 307, 308, 369 - H a u te Éloge 3 0 5 , 3 0 6 , 3 0 7 , 3 0 8 Bruyères -*• J u p i lle - s u r - M e u s e Bruyères (Les) —*• T r e ig n e s Buisson d u M a réch a l -> L ix h e B u iz in g e n 2 0 7

N am ur

C h a p elle S a in t-R em y - » A n t h é e C h a p e lle - à - O ie 3 1 C h a p e lle - le z - H e r la im o n t 8 2 , 114, 1 6 5 , 1 6 6 , 302, 322, 350 -

158, 199, 2 0 0 , 201, 2 2 4 , 247, 316, 442,

-

F ontenelle 3 2 2 , 3 5 0 V ille d e Verviers 3 2 2

458, 459, 460, 499, 501, 590

C h a r le m a g n e ( r u e ) -*■ J u p i lle - s u r - M e u s e

- M o n ta u b a n 31, 158, 4 5 8 , 4 5 9 , 4 6 0 , 4 9 9

C h a r le r o i 2 1 0 , 3 2 2 , 3 2 3 , 3 2 4 , 5 8 6

C hasselon - * J o d o i g n e C h a s s e u r s a r d e n n a is ( p la c e d e s )

c

-* A r lo n

C h a s tre 2 8 3 , 2 8 4

Bois d u Bock - » B a s s e -W a v re

C a le s t ie n n e 5 7 0

B o is d u C o u r r i a u - * T h u i n

C a lo 2 3 9

Bois d u Troue -*• V i l l e r s - l e - B o u i l l e t

C a m b ra i 3 2 , 5 2 , 5 4 , 6 4 , 6 5 , 6 6 , 7 3 , 8 2 , 114,

B o is - e t - B o r s u 1 8 4 , 3 8 2 , 4 0 0 , 5 7 3

168, 2 3 2 , 2 3 5 , 2 3 9 , 2 4 0 , 2 5 6 , 257, 262,

H a u t T h ier 4 0 0 - T hier-Lau rent 4 0 0 B ôlich t - * T i n t a n g e

263, 268, 374

B o n e ffe 7 7

C h a p e lle S a i n t - M a r t i n

B u z e n o l 10, 11, 13, 14, 18, 3 1 , 6 0 , 7 3 , 1 2 6 ,

C a b a re t (Le) H a u lc h in C a illo u x d e M o u sn y - » O r t h o

B o n n 213, 239

C h a p elle à R é m o n t -*■ A m a y C h a p elle au x trois arbres —*■ M e l l e t C h a p elle d 'H erbais -+ P i é t r a i n

B u r d in n e 3 9 9 , 4 0 0

B o is d 'É t a l l e -*■ É t a lle

-

C h a m p i o n —> N a m u r

C a m p ro m a in - » B l i c q u y C a m p ro m a in -> L o m p r e t C am p a g n e à la T o m b e —> V e r la in e C a m p a g n e d e B ertin ch a m p s G r a n d - M a n il

C h a s tr è s 5 0 4 , 5 7 9 , 5 8 0

G au 5 7 9 , 5 8 0 - Puceneveau 5 7 9 , 5 8 0 - Pum ont 5 7 9 -

C h a s t r è s - le z - W a lc o u r t 2 0 9 C h a s tr e - V ille r o u x - B la n m o n t 2 8 2 , 2 8 3 - V ille r o u x 2 8 3 , 2 8 4 -

W a u th ie r 2 8 3

C h â te a u d e s C o m te s / C h â te a u c o m ta l “ ►N a m u r

C h â tea u d es Sarrasins - » R o b e l m o n t

611

Château des Sarrazins - » M o r l a n w e l z Château Renaud - » V i r t o n C h â te a u T r e m b la n t - » A r lo n C h â t e l- C h é h é r y 2 7 0

Châtelet - »

H a b a y - la - N e u v e

C h â t illo n (L e )

Chaumont

■ B r a iv e s

- » R u lle s

C h a u m o n t- G is to u x 2 9 5

Chaurnet - » W a n c e n n e s Chaussée (de) Brunehaut

5 6 , 6 1 , 6 2 , 67,

7 3 , 74, 3 2 8 , 3 3 3 , 3 3 8 , 3 5 1 , 3 5 6 , 5 5 4 , 587

Chaussée verte 6 0 , 4 3 0 Chemin des Ponts - » L o n g v i l l y Chemin du Pont Valériane ■ G r a n d

R o s iè r e -

H o tto m o n t C h e r a in 4 8 , 1 9 5 , 4 4 2 , 4 6 5 , 4 6 6

Devant le Beuleu

-

465, 466

- R e ttig n y 4 6 5 , 4 6 6 -

V alenth ier 4 6 6

C h e r a in - B r is y 31 - Chession 31 Chéreau de Charlemagne ■ L e ffe Cheslain (Le) —- O r t h o Chession - » C h e r a in - B r is y Chestia sur les Tuilas - » B r a ib a n t Chiantes - » D i n a n t C h iè v r e s 1 3 1 , 3 2 4 , 3 2 5 , 3 2 6 C h im a y 3 4 7 C h in y 4 5 5 C h o ra u x (ru e des) -» T o u rn a i C ie r g n o n 2 5 0 C in e y 2 1 0 , 5 0 4 , 5 1 2 , 5 1 3 , 5 8 7 - D in a n t (ro u te d e ) 513 - E n H a u t ( p o r te d ') 5 1 2 , 5 13 - M a rc h é (p o rte d u ) 5 12 - M o n s e u (c o u r) 513 - N a m u r (p o rte d e ) 512

Corenne 562

E

- Pied des M ontas 562 C orne d u Bois des Pendus -» Anlier

Eben-Emael 194, 195, 197, 210, 214, 382, 389, 390, 436 - G u ize tte 194, 389 - H eijse (de) 389 - M ontagne Saint-Pierre 194, 389, 436, 437 - Sol'Pireû 389 - Sur les Jardins 389 - T h ie r à la T om be 194, 197, 389, 390 Echternach 589 Éghezée 525 Ehein 405 Eifel 240, 351, 362, 386, 414, 437, 459, 556, 591 El Fohail -» Theux Elewijt 36, 67, 73, 82, 113, 114, 294, 296, 587, 589 Ellezelles 331, 332 - C ocam bre 332 - Q u atre-V ents 331 E lly -» Ave-et-Auffe E lm er -» O utrelouxhe Élouges 161, 162, 302, 327 - M onceau 328 - M onts d ’Élouges 327 Elscht -» Martelange EI'Touer -» Grand-Hallet Em ptinne 14, 119, 122, 125, 130, 135, 136, 137, 138, 142, 149, 150, 152, 153, 154, 213, 504, 513, 540, 541, 542, 543, 544, 545 - C ham pion 149, 513, 540, 541, 542, 543, 544, 545 - R osdia 540, 541, 542, 544, 545 En Haut (porte d') -» Ciney E nceinte des Turcs -» Morlanwelz Enclos des Sarrasins -* Gesves E n d o s du T illeu l -» Strée (Modave) Engers 239 Enghien 328 Engis 405, 406 Entre-les-Trois-Bois -» Sainte-Marie-surSemois Entre-Sambre-et-Meuse 66, 67, 69, 74, 109, 112, 192, 205, 207, 208, 209, 211, 212, 220, 297, 349, 515, 551, 556, 561, 587, 590 Éprave 11, 14, 248, 249, 250, 251, 252, 257, 258, 268, 409, 504, 518, 568, 569, 570 - À M a ï b e 569, 570

Coronm euse 74 Corria ■Gesves C ortil-N oirm ont 14, 62, 82, 114, 153, 184, 185, 189, 194, 195, 196, 197, 198, 214, 239, 241, 243, 244, 245, 282, 283, 284, 285, 286 - C h a m p d e la Jonquière 286 - C h a m p des T om bes 194, 197, 214, 284 - Gaffe (La) 285 - Jonquière (La) 153, 284, 285, 286 - P e n te v ille 82, 114, 184, 185, 189, 195, 196, 198, 214, 284, 285 - Tom bes de N o irm o n t 283, 284 C ou lbrie (La) -» Soignies Coupure Bolus -» Ramegnies-Chin Courcelles 187 C o u rtil Gras ■Ladeuze Courtrai 66, 82, 114, 239 Courtrai (rue de) -» Tournai Court-Saint-Étienne 292 C ou ture d u Bois de C hièvres -* Ath C ou turelle (La) -* W ancennes Couvin 250, 251, 504, 515, 576 - A ux Roches 250, 515 - Trou B odet 515 - Trou Bodet (ruelle du) 515 Crayats des Sarrasins Vodecée C rayellerie (La) -» Roly Creu Pire C a m o n -» O rtho Crisnée 74, 404, 405 Croix E m o u x (La) -» Momalle Croix Lacave (La) -» Avernas-le-Bauduin Cuijk 239 C u lo t d u bois -* Fontaine-Valmont Curé Notre-Dame (rue) -» Tournai

- U n i v e r s ( r u e d e 1 ') 5 1 3 C it a d e lle ( L a ) - » N a m u r C it a d e lle (L a )

D

T o u rn a i

C la ir is s e s ( r u e d e s ) - * T o u r n a i C la ir m a ie ( h a m e a u d e ) - * T a in tig n ie s

Clarisse - »

N iv e lle s

C la r is s e s ( r u e d e s )

■- T o u r n a i

C l a v i e r 1 3 , 14, 7 7 , 8 2 , 8 5 , 8 9 , 9 4 , 9 5 , 9 7 , 9 9 , 104, 114, 156, 171, 172, 174, 1 7 5 , 180, 184, 2 0 0 , 2 0 1 , 2 10, 21 3 , 214, 2 2 2 , 2 2 3 , 237, 282, 400, 401, 4 0 2 , 403, 404, 587, 588, 590 -

Fecheroux 2 1 4 , 4 0 0 , 4 0 1 , 4 0 3 , Grand Palais 4 0 1 , 4 0 2 , 4 0 3

404

- V e rv o z 13, 14, 6 0 , 6 6 , 6 9 , 74, 77, 7 9 , 8 2 , 8 4 , 8 5 , 8 6 , 8 9 , 9 4 , 9 5 , 9 9 , 10 4 , 114, 1 5 6 , 167, 171, 1 7 2 , 173, 174, 175, 178, 180, 2 0 0 , 201, 210, 213, 214, 222, 2 2 3 , 255, 400, 401, 402, 403, 404, 588, 590 C le r m o n t- s o u s - H u y 141, 3 8 2 , 4 0 5 , 4 0 6 -

Arvy 4 0 5 ,

406

C l o c h e t t e ( r u e d e la ) - » S a in t - M a r d C lo îtr e s - » T o u r n a i

Cocambre

- » E lle z e lle s

C o g n e lé e 1 8 1 , 5 5 2

Colebi - * F a l m i g n o u l Colia —■ D a r i o n C o llé g ia le - » A m a y C o lo g n e 2 0 , 2 1 , 4 2 , 4 3 , 4 7 , 4 8 , 5 2 , 5 3 , 5 4 , 56 , 57, 58 , 59 , 6 0 , 6 2 , 6 4 , 6 5 , 6 6 , 67, 68 , 6 9 , 7 0 , 71, 7 2 , 7 3 , 74, 7 5 , 77, 8 2 , 10 9 , 114, 1 1 5 , 11 7 , 1 1 9 , 1 5 6 , 1 5 8 , 1 6 8 , 1 8 0 , 1 9 2 , 1 9 5 , 197, 214, 2 1 5 , 217, 2 1 8 , 2 3 7 , 2 3 9 , 2 4 1 , 2 4 4 , 247, 262, 263, 2 8 4 , 285, 293, 294, 295, 2 9 5 6 , 3 0 7 , 3 1 5 , 3 1 6 , 317, 319, 3 2 0 , 3 2 2 , 329, 330, 331, 350, 351, 354, 362, 386, 390, 391, 407, 4 0 9 , 412, 413, 414, 425, 4 3 0 , 431, 4 3 8 , 4 3 9 , 4 5 3 , 4 5 4 , 4 6 6 , 467, 482, 491, 525, 526, 528, 529, 551, 553, 581, 5 8 6 , 587, 591 C o m b a t t a n t s ( p la c e d e s ) - * J u p ille - s u r M euse C o m in e s - W a r n e to n 3 2 6

Concessions

- » B o v ig n y

C o n d ro z 4 9 , 6 6 , 67, 112, 115, 1 2 9 , 162, 192, 208, 240, 254, 383, 391, 401, 402, 406, 416, 4 2 3 , 4 3 5 , 513, 5 3 5 , 551, 5 8 6 , 587, 588, 589 C o p o n 74

Corbois (Le)

612

- > R o c h e fo rt

Dangstetten 41 D ansonspenne -» Fontaine-Valmont D arion 409, 410 - C olia 409, 410 D elle Croix -» Aiseau Déroderie (La) -* Taintignies Derrière la Croix Sainte-B arbe -» Noville Derrière la Ville -> Dongelberg D errière-le-M ont ■Éprave D essus les T réats -» Saint-Georges-sur-Meuse Destelbergen 65, 77, 78, 82, 114, 587 Deutz 236, 239, 241 D e v a n t le Beuleu -» Cherain D e v a n t M aulin - Éprave D e v a n t-le -M o n t -» Éprave Diable (ham eau du) -» Meslin-1'Évêque Dietikon 589 Digel 67, 444 Dijon 264 D inant 65, 66, 67, 68, 70, 74, 75, 77, 78, 82, 114, 115, 140, 205, 210, 253, 504, 515, 516, 517, 553, 561, 566, 587 - C h ia u tes 516, 517 - Fonds d e Leffe 515, 516 - G em echenne 515, 516, 517 - Grande (rue) 515 - Leffe 68, 74, 516 - Saint-M artin (rue) 515 D inant (route de) -* Ciney Dion 67 Doische 520, 521, 523, 524 Dom burg 114, 216, 239 Dongelberg 205, 253, 282, 286, 287 - Derrière la Ville 286, 287 D onstiennes -* Strée (Beaumont) Dormagen 239 Douai 66 Dour 327 Dourbes 14, 248, 249, 250, 251, 252, 347, 504, 575, 576, 586 - Roche d L o m m e (La) 248, 249, 250, 251, 575, 576 Driel 239 Drogenbos 207 Durocortoro (Reims) 58

-

D errière-le-M on t 5 6 9 , 5 7 0 D e v a n t M a u lin 5 6 9 , 5 7 0 D e v a n t-le -M o n t 5 6 9 , 5 7 0 M o n t (Le) 5 6 9 Rouge Croix 5 6 9 , 5 7 0 Sur-le-M ont 2 5 8 , 5 6 9 , 5 7 0 T ien n e d e la Roche 2 4 8 , 2 4 9 , 2 5 0 , 2 5 2 ,

568, 569 -

Tige 5 6 9 , 5 7 0 Trou d e l'A m bre 5 7 0

E r n e u v ille 8 2 , 114, 4 4 2 , 4 9 1 - W y o m p o n t 6 8 , 6 9 , 70 , 7 2 , 7 8 , 8 2 , 114, 491 E r q u e lin n e s 3 2 9 E s c a u p o n t 5 8 , 6 5 , 7 3 , 114, 3 7 0 E s p a in - > B lé h a r ie s

Espesse (U ) - * S o ig n ie s E s p in o y ( r u e d ' ) -* • T o u r n a i E s t a im p u is 1 2 1 , 1 2 2 E s ta ir e s 5 9 , 6 5 , 6 6 , 7 3 , 1 1 4 , 3 6 9 E s t in n e s 3 1 7 , 3 2 9 , 3 3 1 , 3 6 2 E s t in n e s - a u - M o n t 3 0 2 , 3 1 7 , 3 2 9 , 3 3 0 -

C h a m p a u -d essu s des Vaux 3 3 0 M ont-des-Bergers 3 3 0

E s t in n e s - a u - V a l 3 0 2 , 3 1 7 , 3 2 9 -

M o n t des Pierres 3 1 7 Terre-à-Pointes 3 1 7 , 3 2 9

Étalle 67, 68, 73, 125, 141, 153, 154, 442, 456, 457, 458, 459, 460, 462, 493 - Aux C h a m p s d e Pierres 457, 458 - Bois d'Étalle 457, 459 - Ha rie des Portes 456 - Lenclos 457 - Sciery 457 - Sivry 457, 458 - Tranchée des Portes 125, 456, 458 Étaples 239 Ethe 460 - Aux M asures d u B eau Frêne 460

I NDEX T OP OGRA P HI QUE |

C u lo t d u bois 3 4 7

G o u lo u ff - * L a d e u z e

E t ik h o v e 6 7 , 3 3 2 , 3 3 3

-

E tro e u n g t 114

- D a n so n sp e n n e 184, 185, 347

G o u v y 465, 466, 467, 4 79

Fonds d e nos b o is 3 4 7 - F on taine C la u s 3 4 2 , 3 4 3

G r a n d B a z a r —*■ T o u r n a i

Évêché

—*■T o u r n a i

É v e le t t e 1 4 6 , 1 4 8 , 5 0 4 , 5 1 3 , 5 5 9

R é sim o n t 5 1 3 , 5 5 9

-

-

F o rê t d e R u s s o n 5 8 6

G rand G ra n d G ra n d G ra n d G ra n d

F o r ê t d e S o ig n e s 2 0 9

G r a n d R u e —» A r l o n

- L o g e (L a ) 3 4 7

E y n a tte n 5 8 7

F on tenelle - * C h a p e l l e - l e z - H e r l a i m o n t

E w ijk 2 3 9

F o n te n o y 3 0 5

Bon D ieu - * A n t h é e Bon D ieu - » T h u i n C h a m p -*■ P e t it - E n g h ie n Palais C la v ie r P lada —» F lo b e c q

F

F o r lim p o p o li 4 2 9

G ra n d V évi - * L o n g v i l l y

F a g n e (s ) 1 1 3 , 3 4 7 , 5 2 1 , 5 2 3

F o r m a t h o t ( h a m e a u ) —* M a c q u e n o is e

G r a n d e ( r u e ) -*■ D i n a n t

F a im e s 4 0 7 , 4 3 5

F o r t d e H u y -*■ H u y

F a la ë n 2 4 7 , 2 4 8 , 2 5 0 , 2 5 1 , 2 5 2 , 5 0 4 , 5 6 4

F o r tu n e ( r u e d e la ) - * H u y

G ra n d e B oussue —*■N o u v e lle s G ra n d e T om be - * A v e r n a s - le - B a u d u in G randes Pièces - » L a t i n n e

- M o n ta ig le 2 4 8 , 2 5 0 , 5 6 4 F a lla is 3 8 2 , 3 9 1 , 3 9 7 , 3 9 8

M on t-S ain t-S a u veu r 3 9 1 , 3 9 7 , 3 9 8

-

F a lm ig n o u l 2 5 0 , 5 16

C olebi 5 1 6

F o r v ille 1 9 5 , 5 0 4 , 5 2 6 , 5 2 7

A ux T om bes 5 2 6 , 5 2 7

-

- H e m p tin n e 5 2 6 - S é ro n 2 1 4 , 5 2 6 , 5 2 7

G r a n d - H a lle t 167, 4 1 2

A l Bardouche 4 1 2 EVTouer 4 1 2 H o ttia 4 1 2

-

F a m a rs 2 3 9 , 2 4 0

T om be B a y e t 5 2 7 Fosse L evrette - * N i v e l l e s

F a m e n n e 67, 1 2 0 , 1 2 9 , 185, 5 1 2 , 5 9 0

F o s s e s - la - V ille 5 2 8

Fanisys / F anisis - * M o m i g n i e s

Fouches 68

G r a n d 'P la c e -*■ N a m u r

-

-

-

G r a n d - M a n il 2 8 4

C am pagne d e B ertin ch a m p s 2 8 4

-

F a u v ille r s 4 6 2 , 4 6 3

F o x h a lle ( p l a t e a u d e ) - * H e r s t a l

G r a n d - P la c e —* A r l o n

Fayala - > O r t h o Fecheroux - * C l a v ie r F e n a l -* F u rn a u x

F o y - * N o v ille

G r a n d - P la c e

F o y - le z - B a s t o g n e 1 7 4

G r a n d - R o s iè r e - H o tto m o n t 14 , 1 8 0 , 1 9 2 , 1 9 4 ,

-> T o u r n a i

F r a ir e 3 1

196, 282, 2 9 5

F e rm e d e G r a in h e z - * S o m b r e ffe

F ra n c e ( p o n t d e ) - » N a m u r

-

Ferm e Lafosse -> L a d e u z e x

F ra s n e s 6 7

-

F e r n e lm o n t 5 2 6 , 5 2 7

F r a s n e s - le z - B u is s e n a l 3 1

F e r r iè r e s 4 0 8

F r a t i n —> S a in t e - M a r ie - s u r - S e m o is

-

F e u le n 1 8 0 , 5 9 0

Frégivaux - * V ille r s - D e u x - É g lis e s

-

F i l l e s - D i e u ( r u e d e s ) —> T o u r n a i

F r iz e t - * S a in t - M a r c

Fin d e V ille / F in-de-V ille - * M o n t

F r iz e t

F i z e - le - M a r s a l 4 3 0

F r o id b is e - » S a in t- S e r v a is

- * V e d r in

C h em in d u P o n t V alériane 2 9 5 T om be d 'H o tto m o n t 2 9 5

G ra u x 146, 148, 5 0 4 , 547, 5 4 9 , 5 5 0

A l Ronce 5 4 7 , 5 4 9 , 5 5 0 T o m b o is 5 5 0

G ro b b e n d o n k 8 2 , 114, 156 G ro g n o n -* N a m u r Gros Cron - * B e l l e f o n t a i n e Gros Stoc - * H iv e s

F la m is o u l 74

F r o id c h a p e lle 3 0 2 , 3 3 4

F la v io n 11, 74, 1 8 5 , 2 2 0 , 2 5 7 , 2 5 8 , 5 6 2 , 5 7 9

- F on taine a u x P lanes 3 3 4 F ro id m o n t - * H a c c o u r t

G ro s a g e 1 91, 1 9 2 , 1 9 9 , 2 0 0 , 3 0 2 , 3 2 4 , 3 2 5

F ro y e n n e s 3 0 2 , 3 6 6 , 3 6 7 , 3 6 9

Grosse T o m b e - * O t h é e

F t e r - * S e r v ille

G r u m e la n g e - » M a r t e la n g e

F u rfo o z 11, 14, 2 4 7 , 2 4 8 , 2 4 9 , 2 5 0 , 2 5 1 , 2 5 2 ,

G u é d 'H a m e a u - » M o n c e a u - s u r - S a m b r e G u éronde - * A n t o i n g G u ize tte -> E b e n - E m a e l

Ilia ts 5 6 2

-

F lé m a lle 1 5 6 , 1 5 8 , 1 5 9 F lo b e c q 6 6 , 6 7 , 77 , 8 2 , 1 1 4 , 1 6 7 , 1 8 0 , 3 0 2 , 331, 332, 333

C h a m p des T om bes 3 3 1 C h a m p P apiel 3 3 2 , 3 3 3 C h aussée d e B ru n eh a u t 3 3 3 Flobecq-Bois 3 3 1 , 3 3 3 G ran d P lada 3 3 3

-

- H e e re w e g 67, 3 3 2

H u rdu m on t 3 3 1

-

2 5 7 , 2 5 8 , 2 6 0 , 4 0 9 , 5 0 4 , 5 0 5 , 5 1 6 , 517, 518, 519, 5 7 0 -

H a u te R acine 5 1 7 H a u terecen n e 2 4 7 , 2 4 8 , 2 4 9 , 2 5 0 , 2 5 1 ,

516, 517, 5 1 8 , 5 1 9 , 5 2 0 F u rn a u x 1 5 6 , 167, 171, 5 0 4 , 547, 5 4 9 - A s s o is

(Les) 5 4 7

- L a P la n c h e ( h a m e a u d e ) 3 3 2 , 3 3 3

- Fenal 547

- L u m e n (h a m e a u d e ) 3 3 2

-

M arais-à-l'E au 3 3 1 M ont-de-R hodes 3 3 1 , 3 3 2 - P aillard 3 3 1 - P ottelberg 3 3 1 , 3 3 2 , 3 3 3 - Puvinage 3 3 1 , 3 3 2 , 3 3 3 - S a in te - A n n e ( h a m e a u ) 3 3 1

Flobecq-Bois

F lo b e c q

F lo r e n n e s 5 6 2 F lo r e n v ille 13 , 14, 6 8 , 6 9 , 7 0 , 74, 8 2 , 8 7 , 9 3 ,

G aichelkn ap B o n n e rt Galgenberg - * A r l o n G allossis - * A v e r n a s - le - B a u d u in

M ageroy 1 3 7 , 1 5 3 , 1 5 4 , 2 0 5 , 2 5 5 , 4 6 9 ,

470, 471, 472, 473, 474 152, 2 0 5 , 2 5 3 , 3 8 2 , 4 2 5 , 4 2 6 , 427, 4 2 8 -

G a tte (La) - * C o r t i l - N o i r m o n t G au - * S a in t - G é r a r d G a u r a in - R a m e c r o ix 3 6 9 G e m b lo u x 6 1 , 2 8 4 , 2 9 4 , 5 2 8

463, 464

G em echenne

-* D in a n t

F olm ü lhenberg - * B o n n e r t Fonçue-Virée - * B ra s Fond d e la T om be -> H o d e ig e Fond d e S pim ê B le h e n F ond d u Fayé - * S a in t e - M a r ie - s u r - S e m o is Fond S ain t-R em y - * A n t h é e Fondri des C hiens -> N is m e s Fonds d e fo doign e (Les) - * J o d o ig n e Fonds d e Leffe - * D i n a n t Fonds d e nos bois - » F o n t a i n e - V a l m o n t F on taine A l Tavien ne - * A n t h é e F ontaine a u x Planes - * F r o id c h a p e lle F on taine C lau s - * F o n t a i n e - V a l m o n t F on taine des N oisettes —> A n t h é e F on taine des Turcs -> L ib e r c h ie s F on taine d u G ard B a s è c le s

G em in ia c u m ( L ib e r c h ie s ) 5 9 , 9 1 , 3 5 1 , 3 5 2 G em in ico vico ( L ib e r c h ie s ) 5 8 , 5 9 , 8 7 , 3 5 2

F o n t a i n e - S a i n t - P ie r r e —» T r e ig n e s

3 4 6 , 347, 585, 5 9 0

-

H a c c o u r t 14, 1 3 5 , 137, 141, 14 3 , 1 4 8 , 1 5 0 ,

G a r e n n e d 'A u d e n a e r d e - * L a d e u z e

9 3 , 9 9 , 101, 1 0 2 , 1 0 4 , 105, 110, 237, 4 5 5 ,

210, 211, 302, 310, 342, 3 4 3 , 344, 345,

C h â te le t 4 6 8 , 4 6 9

H a b a y - la - V ie ille 1 4 , 1 3 0 , 1 3 5 , 1 3 7 , 1 3 8 , 1 4 0 ,

G and 66, 338

- C h a m e le u x 1 3 , 6 9 , 7 0 , 7 3 , 74 , 8 2 , 8 4 , 87 ,

176, 177, 184, 1 8 5 , 191, 1 9 2 , 1 9 9 , 2 0 0 , 2 0 1 ,

H a b a y - la - N e u v e 4 4 2 , 4 6 8 , 4 6 9

469, 470, 471, 473, 474

G a u m e 54, 115, 185, 190, 2 0 5 , 237, 2 5 4 , 455

114, 1 5 6 , 1 5 8 , 1 6 6 , 1 6 8 , 16 9 , 1 7 0 , 1 7 3 , 174,

H abay 452, 468, 469, 475

153, 154, 205, 231, 240, 253, 255, 442,

G

99, 102, 104, 4 4 2 , 455, 4 6 3 , 4 6 4 , 4 6 5 , 587

F o n ta in e - V a lm o n t 1 2 , 1 3 , 14 , 7 0 , 8 2 , 8 4 , 87,

H -

Viye Tchestia / Vi Tchestia 5 4 9 , 5 5 0

-

- B id e r ie ( L a ) 3 2 5

F ro id m o n t 1 9 , 1 2 5 , 2 5 3 , 4 2 5 , 4 2 9

H a c h y 185, 192, 4 5 2 -

H unenknepchen 1 8 5 N assenbusch 4 5 2

- S a m p o n t 185

H a ie d e Jardin

B o v ig n y

H a illo t 2 5 8 , 2 6 6 , 2 6 8 , 2 6 9 , 5 0 4 , 5 6 0 , 5 6 9 -

C am p a g n e d e F lèm e 5 6 0

- M a ta g n e 5 6 0

G é n i m o n t - * V ille r s - s u r - L e s s e

H a lc o n r e u x - > B o v ig n y

G erm eu se terre —» S tr é e ( M o d a v e ) G e r n y ( p la t e a u d u ) - * J e m e lle

H a llo y - * B r a ib a n t

G e r p in n e s 1 3 9 , 1 4 6 , 1 5 2 , 1 5 4 , 3 0 2 , 3 3 5 , 3 3 6

H a lls ta tt 3 3 2

-

A u g ette 3 3 5 , 3 3 6

G esves 130, 1 3 2 , 5 0 4 , 5 1 3 , 5 3 1 , 5 3 2 , 5 3 3 ,

H a llo y 211 H a lte r n 4 1 , 4 3 , 1 0 8 , 3 5 2 H a ltin n e 2 5 3 , 5 0 4 , 5 3 5

Piroy 5 3 5

534, 535

-

Corria 5 1 3 , 5 3 1 - Enclos des Sarrasins 5 3 1 - Sur le Corria 5 3 1 , 5 3 2 , 5 3 3 , 5 3 4

- S tru d 5 3 5

-

G h is le n g h ie n 3 0 9 , 3 1 0

H a m b a c h 215, 591 H a m b re s a rt - * V ir to n H a m o is 14, 1 1 9 ,1 3 0 ,1 3 3 , 1 3 4 , 1 3 5 , 137, 1 38,

G ît le C oq —*■J u p ille - s u r - M e u s e

153, 504, 513, 535, 536, 537, 538, 539, 540

G î t le C o q ( r u e ) - » J u p ille - s u r - M e u s e

-

G iv e t 5 7 3

-

G iv r y 7 3 , 8 2 , 8 4 , 91, 114, 161, 1 9 9 , 2 3 9 , 2 4 1 ,

539

H o d y (Le) 1 1 9 , 5 3 5 , 5 3 6 , 5 3 7 , 5 3 9 Sur le H o d y 1 5 3 , 5 1 3 , 5 3 5 , 5 3 6 , 5 3 7 , 5 3 8 ,

244, 302, 330, 361, 362, 363

H a n n u t 391, 410, 411, 412, 413, 4 3 9

C h a m p d e la B ruyère 3 6 2 , 3 6 3 - Vieille B ruyère 3 6 3

H a n re t 214

-

G lim e s 1 4 , 1 9 4 , 1 9 5 , 1 9 6 , 1 9 7 , 1 9 8 , 2 8 2 , 2 8 6 , 287, 295

C h a m p d e la T o m b e 1 9 7 , 2 8 6 , 2 8 7

H a n -s u r-L e s s e 2 5 8 , 5 6 9 , 5 7 0 H a n t e s - W ih é r ie s 3 4

H a p p a rt (Le) - * S i r a u l t H a r e lb e k e 8 2 , 1 1 4

Bois d e la Loge 3 4 7 - C astellain s (Les) 1 6 8 , 1 7 6 , 1 7 7 , 1 9 1 , 2 0 0 ,

G o b e rta n g e 2 0 5 , 2 8 3 , 2 8 7 , 2 9 9

H a r g im o n t 74, 5 8 7

342, 343, 344, 345, 346

G o e b lin g e n 4 4

H a r m ig n ie s 4 4

C astia (Le) 3 4 7 - C h a m p d e Saint-É loi 3 4 7

G o e b lin g e n - N o s p e lt 1 8 0

H a rn o n c o u rt 498

G o s s e lie s 3 5 8

H a rv e n g 3 4 8

-

-

-

613

Hastedon -» Saint-Servais Hastière 573 Hatrival 442, 489, 490 - Banalbois 490 - Brûlins (Les) 489 - Champ des Monts 489, 490 - Roumont 489, 490 H aulchin 165, 302, 317, 330 - Cabaret (Le) 317, 330 - Champ des Agaises 317, 330 Haut du Payé -» Sainte-Marie-sur-Semois Haut Thier -» Bois-et-Borsu Haute Éloge -» Bruyelle Haute Racine ■Furfooz Haute-Enhaive -* Jambes Hauterecenne -» Furfooz Hautes-Fagnes 54, 72 H autm ont 32, 34 Havelange 546 Hebeindje -» Limerlé Heel 239 Heereweg -» Flobecq Heerlen 239, 244 Heijse (de) -» Eben-Emael Heiligenberg 464 Heinsch 451 H em ptinne Forville Herbais - Piétrain Hermalle-sous-Huy 80, 206, 207, 382, 383, 406, 407, 590 - Campagne de la Gérée 206, 406, 407 Hermitage -» Leignon Héron 410 Herrenberg -» Tintange Herstal 14, 74, 190, 194, 195, 214, 255, 382, 413, 414, 418, 421 - Al Tombe 194 - Barrière / Barrière des Hoyoux (La) 413, 414 - Foxhalle (plateau de) 413 - Pré Wigy / Wigier 413, 414 - Rovillers 413, 414 Herstappe 62 Hesbaye 53, 61, 69, 73, 77, 112, 115, 117, 120, 129, 182, 190, 192, 193, 194, 196, 197, 208, 221, 285, 383, 390, 391, 398, 401, 402, 406, 410, 411, 416, 421, 423, 435, 528, 551, 553, 587, 588, 590, 592 H eum ensoord 239 Heure-le-Romain 382, 425, 429 - Sur les Moulins 425, 429 Hives 253, 442, 479, 480 - Aux Aiwets 480 - Bois de Charneux 480 - Gros Stoe 480 - Lavaux 480 - Mémont 479, 480 - Saint-Thibaut 480 - Vieux Chemin 480 Hochgericlit -» Arlon Hodeige 194, 382, 430 - Fond de la Tombe 430 - Verte Chaussée 430 Hody (Le) -* Hamois Hoeilaart 162 Hofstade 114 Hohdoor -» Martelange Hollain 67, 73, 75, 302, 319, 369 - Bas de Bléharies 319 Hollange 74 Hollogne -* Waha Hôpital (quartier de F) -* Huy Horlé des Portes -» Étalle Horrues 77 Hosdent -» Latinne Hospice (rue de 1') -» Arlon Hospice Saint-Gilles -» Namur Hosté (L!) -» Basse-Wavre Hôtel de Cordes -* Tournai Hôtel de Ville -* Arlon Hôtel de Ville (Parc de 1') -» Tournai Hottia -» Grand-Hallet H otton 250, 573 Houdeng-Goegnies 11, 146, 148, 153, 206, 207, 302, 336 - Bois de La Louvière 336 Houffalize 250, 476, 478, 479 - Vieux Château 476

614

Howardries 82, 86, 93, 114, 206, 207, 222, 231, 302, 319, 320, 321, 363, 369, 591 - Bois de Flines 320, 363 - P la n ti (Le) 320, 363 H üchelhoven 239, 241, 244 Huissen 239 Hulsberg / Goudsberg 239, 241, 244 H u n en kn epch en - Hachy H unsrück 591 H u o m b o is -» Sainte-Marie-sur-Semois H u r d u m o n t -» Flobecq Huy 34, 67, 82, 84, 86, 110, 114, 210, 222, 237, 250, 264, 270, 382, 386, 415, 416, 417, 436, 553 - Augustins (quartier des) 416 - Aux Ruelles 416, 417 - B attu 416 - Fort de Huy 416 - Fortune (rue de la) 416 - Hôpital (quartier de 1’) 416 - M o n t Falize 417 - M ont Picard 416 - Saint-Séverin (place) 416 - Saint-Séverin (quartier de) 416 - Saint-Victor 416, 417 - sous le Château (rue) 416

K K a lk a r / A l t k a l k a r 2 3 9 K anne 289 K e m e x h e 6 2 , 74, 8 2 , 8 4 , 114, 3 8 2 , 4 0 4 , 4 0 5 , 430 -

Verte C haussée 4 0 5

K e r k h o v e 1 14 K essel 2 3 9 R e s te r 6 6 , 7 8 , 8 2 , 1 14

Kiel Biisch - » N o b r e s s a r t K o n tic h 8 2 , 114, 156 K r e f e ld - G e lle p 2 3 9 K r u i s h o u t e m 8 2 , 11 4 , 1 5 6

L L a B u is s iè r e 3 4 , 3 2 4 , 3 4 2 , 3 4 7 L a C h a u s s é e - T ir a n c o u r t 3 6 , 3 7 La G ra u fe s e n q u e 217, 411 L a L o u v iè r e 3 3 6 L a M a d e le in e 1 8 0 , 2 1 7 L a P la n c h e ( h a m e a u d e ) - » F lo b e c q La R o c h e -e n -A rd e n n e 2 5 0 , 4 7 9 , 4 8 0 , 481

Labia - » C e lle s L a c u is in e 4 4 2 , 4 6 4 , 4 6 5 - M a rtu é 4 6 4 , 4 6 5 L a d e u z e 4 4 , 131, 132, 2 0 0 , 3 0 2 , 3 2 5 , 3 2 6 -

Bois D érodé 3 2 6 C o u rtil Gras 3 2 5 , 3 2 6 Ferme Lafosse 3 2 6

I

-

Ig e l 1 9 9 , 2 0 0 , 2 2 4

-

M a ts - * F la v io n ïm B a u lich t - * M a r t e la n g e Im d e r Laasch - * M a r t e la n g e In L a ven d —*• M a r t e la n g e

- G a r e n n e d 'A u d e n a e r d e 3 2 6

In c o u rt 2 8 6 , 2 8 7 Iz e l 6 2 , 7 3 , 74, 77, 1 5 6 , 167, 1 6 9 , 171, 173,

G o u lo u ff 3 2 6

- S a in t - U r s m e r le s B a ille s ( r u e ) 3 2 6 - Tiripré 3 2 5 , 3 2 6 Ladrie (La) - » T o u r i n n e s - S a i n t - L a m b e r t L a h a m a id e 3 3 2

174, 1 7 5 , 4 4 2 , 4 5 5 , 4 5 6 , 5 8 7

L a - M o t t e - le - C o m t e 2 1 9 , 5 5 5 , 5 5 6 , 5 5 7

-

C h aussée B ru n eh a u t 6 2 - M o n ta g n e d u Fâ 4 5 5

Lanaye 382, 389, 436, 437

- P in 4 5 5 , 4 5 6

Voie d 'E m a el 3 8 9 , 4 3 6 , 4 3 7 Lançon - * R o g n é e Langevaulx - * R o g n é e

-

J

-

T our B ru n eh a u t 7 3 , 4 5 5

ïambe de Bois -» M onceau-sur-Sambre Jambes 181, 258, 552, 554, 556 - Amée 552 - Basse-Enhaive 552 - Haute-Enhaive 552 - Pierre du Diable 552 - Trieux de Dave 552 - Velaine 552 Jamiolle 258 Jam oigne 77 Jardins (Les) -» Nadrin Jauche 292 Jemelle 11, 14, 130, 137, 138, 140, 143, 148, 149, 154, 210, 211, 212, 215, 504, 550, 570, 571, 572, 573 - Gerny (plateau du) 570, 573 - Malagne (La) 137, 570, 571, 572, 573 - Neufchâteau 570, 573 - Vî Tchestia 573 - Vieux-Château 571, 573 Jeuk 156 Jodoigne 205, 282, 286, 287, 288, 289 - Arbre (L') 288 - Chasselon 288 - Fonds de Jodoigne (Les) 288, 289 Jollain-M erlin 73 Jonquière (La) -* C ortil-N oirm ont Jouars-Pontchartrain 50 Jülich 239, 244 Jiinkerath 239 Jupille-sur-Meuse 66 , 74, 78, 82, 114, 156, 159, 164, 180, 184, 222, 382, 418, 419, 420, 421, 587 - Abbé G enten (rue) 419 - Belgo-Romaine (place) 420 - Bruyères 419 - Charlem agne (rue) 418, 419 - C om battants (place des) 418, 419, 420 - G it le Coq 164, 419, 420 - Gît le Coq (rue) 418, 420 - Pépin le Bref (rue) 418, 419 - Trixhes 418, 420 - Wache (La) 419 Juslenville -* Theux

- M o n t a g n e S a in t - P ie r r e 3 8 9 , 4 3 6 , 4 3 7 -

L a n g re s 2 6 4 L a tin n e 13 3 , 1 3 8 , 19 4 , 3 8 2 , 3 9 1 , 3 9 8 , 3 9 9 -

C am p a g n e des T om bes 1 9 4 , 3 9 9 G randes Pièces 3 9 1 , 3 9 8 , 3 9 9

- H o s d e n t 391, 399

T o m b e d e M arneffè 3 9 1 , 3 9 9 T o m b e d ’Yve 1 9 4 - T om be p o ilu e 3 9 9 L a u ren sa rt - » B a s s e -W a v re -

-

Lausanne 588 L a v a c h e r ie 5 8 6 L a v a u x - » H iv e s L a v a u x - S a in t e - A n n e 5 6 8 , 5 7 4 Lavoye 218, 335 Le C r o to y 2 3 9

Leckbosch

■ L ’ É c lu s e

L 'É c lu s e 2 0 5 , 2 8 2 , 2 8 3 -

Bois d e W ahanges 2 8 3 Leckbosch 2 8 3

L e ffe - » D în a n t L e ig n o n 5 0 4 , 51 4 , 515

Barcenne 5 1 4 , 5 1 5 H erm itage 5 1 4 - Tronnois 5 1 4 Lenclos ■ É t a lle -

L e n s - S a in t - R e m y 3 8 2 , 3 9 1 , 4 1 1 L é r in e s - » T o u r i n n e s - S a i n t - L a m b e r t L e - R o u x - le z - F o s s e s 1 4 4 , 1 5 2 , 1 5 3 , 1 5 4 , 2 0 9 , 211, 5 0 4 , 5 2 8 -

V igetaille 5 2 8

Le s B o n s - V ille r s 3 3 7 L e u z e - e n - H a in a u t 3 3 7 , 3 3 8 , 3 3 9 L e z o u x 217, 2 1 8 , 319, 4 6 4

U to m b e d i H èn 'M âl - » X h e n d r e m a e l L i b e r c h ie s 1 2 , 1 3 , 14, 1 9 , 3 0 , 3 6 , 4 0 , 4 3 , 5 1 , 56 , 58 , 5 9 , 6 5 , 67, 6 8 , 6 9 , 7 0 , 71, 7 2 , 73 , 8 2 , 8 4 , 8 5 , 8 6 , 87, 8 8 , 91, 92 , 9 4 , 9 5 , 9 6 , 97, 98 , 1 0 0 , 1 0 2 , 1 0 3 , 1 0 6 , 10 7 , 1 0 8 , 1 0 9 , 1 1 0 , 114, 1 2 1 , 1 2 3 , 1 2 4 , 1 5 6 , 1 5 7 , 1 5 8 , 1 5 9 , 161, 1 6 2 , 1 6 3 , 1 6 4 , 1 6 5 , 1 6 6 , 167, 1 7 1 , 1 7 3 , 174, 17 7 , 178, 186, 2 0 4 , 210, 2 1 2 , 213, 215, 2 2 0 , 2 2 2 , 223, 224, 226, 227, 228, 230, 236, 237, 238, 2 3 9 , 24 1 , 2 4 2 , 2 4 3 , 2 4 4 , 2 4 5 , 2 4 6 , 247, 25 5 , 3 01, 3 0 2 , 316, 337, 351, 3 5 2 , 3 5 3 , 3 54, 3 55, 3 5 6 , 357, 3 5 8 , 3 5 9 , 3 6 0 , 361, 5 2 8 , 5 5 2 , 55 3 , 5 8 5 , 5 8 6 , 587, 5 8 8 , 591

I NDEX T O P O G R A P H I Q U E

Bons-Villers (le s ) 1 4 , 7 2 , 8 8 , 9 6 , 9 7 , 1 0 2 ,

-

M arais-à-l'E au - * F lo b e c q

103, 106, 124, 210, 227, 2 2 8 , 2 3 6 , 237,

M a r c h é ( p o r t e d u ) —* C i n e y

238, 242, 244, 337, 351, 352, 353, 354,

M a r c h é a u B e u r r e ( r u e d u ) —»• A r l o n

355, 356, 357, 358, 359, 360

M a r c h é - a u x - L é g u m e s ( p la c e d u )

B ru n eh a u t 1 2 , 1 4 , 5 6 , 1 5 7 , 2 1 3 , 2 3 0 , 2 4 3 ,

-

M onceau -*■ É lo u g e s M o n c e a u -s u r-S a m b re 185, 3 0 2 , 3 2 2 , 3 2 4

Carrière D u llière 3 2 2 , 3 2 4 Gué d 'H a m ea u 3 2 2 , 3 2 4 - Ja m b e d e Bois 3 2 2 , 3 2 4

N am ur

-* T o u rn a i -> N a m u r

M a r c h é a u x P o is s o n s

-

2 4 6 , 301, 351, 352, 354, 360, 361, 591

M a r c h é S a in t - R e m y

C h aussée B ru n eh a u t 3 5 1 , 3 5 6 - F on taine des Turcs 9 5 , 1 7 7 , 1 7 8 , 2 2 7 , 2 3 6 ,

M a rc h e -e n -F a m e n n e 4 8 3

M o n n e i ( r u e d e ) -* • T o u r n a i

M a r c h e - le s - D a m e s 5 0 5

M o n s 66, 68, 329, 348

350, 352, 354, 356, 357, 358

M a r c h ie n n e - a u - P o n t 3 0 2 , 3 2 2 , 3 2 3

M o n s e u ( c o u r ) - * C in e y

-

Trou d e F îe u ru s 3 5 1 , 3 5 2 , 3 5 5

-

L ib e r s a r t

T o u r in n e s - S a in t - L a m b e r t

L ib r a m o n t- C h e v ig n y 4 8 2 L i c h / S t e in s t r a s s 2 3 9 , 2 4 4 L iè g e 11, 1 3 , 1 4 , 6 6 , 1 5 2 , 3 8 2 , 3 8 9 , 4 0 5 , 4 1 7 ,

Pachi a l C ave 3 2 2 , 3 2 3

-

M o n h e im , H a u s B ü rg e l 2 3 9

M o n t 140, 2 5 0 , 44 2 , 476, 477, 4 78

M a r c in e lle 1 6 4 , 3 0 2 , 3 2 3

-

M a r ille s 2 0 4 , 2 0 6 , 2 0 7 , 2 8 2 , 2 8 8 , 2 9 2

-

Terre a u x Pannes 2 0 4 , 2 9 2

-

A chouffe 4 7 8 Fin d e V ille / F in-de-V ille 1 4 0 , 4 7 6 , 4 7 7 ,

478

M eresval 4 7 8

M a r q u i s a t ( r u e d u ) —» A r l o n

-

418, 421, 422, 423

M a r q u is e 2 3 9

- S o m m e r a in 4 7 6 , 4 7 7

- S a i n t - L a m b e r t ( p la c e ) 4 2 1 , 4 2 2 , 4 2 3

M a r s e ille 5 9

L ié r c o u r t- É r o n d e lle 3 6 , 3 7

M a r t e la n g e 1 5 6 , 1 6 1 , 1 7 0 , 4 4 2 , 4 8 4

L ig n e y 4 0 9 , 4 1 0

- E ls c h t 4 8 4

L im e r lé 1 4 0 , 1 4 4 , 1 4 6 , 1 5 2 , 4 4 2 , 4 6 6 , 4 6 7 ,

- G r u m e la n g e 4 8 4

H ohdoor 4 8 4 Im B a u lich t 4 8 4 , 4 8 5 - Im d e r Laasch 4 8 4 - In L avend 4 8 4 , 4 8 5

468, 479

-

H ebein dje 4 6 6 , 4 6 8 - R ouvroy 4 6 6 , 4 6 7 , 4 7 9

-

-

- S te in b a c h 4 6 7 L in c e n t 4 1 0

- R a d e la n g e 4 8 4

L ix h e 2 5 3 , 2 5 5 , 3 8 2 , 4 3 7 , 4 3 8 —

B uisson d u M aréchal 4 3 7

-

- Loë n 437, 438 L o ë n —> L i x h e

M o n ta g n e N o ir e 2 0 9

M o n ta n s 217

M a t a g n e - la - G r a n d e 1 5 6 , 1 5 8 , 1 6 7 , 1 6 9 , 1 7 1 ,

M o n ta u b a n - * B u z e n o l

L o g n e - * V ie u x v ille

-

Bois des N oël 5 2 0 , 5 2 1

M a t a g n e - la - P e t it e 1 3 9 , 1 4 0 , 1 4 7 , 1 4 8 , 1 4 9 ,

L o m p re t 28, 31, 2 5 0

1 5 6 , 158, 1 5 9 , 167, 16 9 , 1 7 0 , 174, 175, 176,

C am p rom ain 2 8 Long P on t - * T h o r e m b a is - S a in t - T r o n d

177, 17 8 , 2 0 9 , 2 1 1 , 2 5 5 , 5 0 4 , 5 2 0 , 5 2 1 , 522, 523, 524

L o n g v illy 4 4 2 , 4 5 3 , 4 5 4

-

A ux M urets 1 4 0 , 1 4 7 , 1 4 8 , 1 4 9 , 5 2 0 , 5 2 3 ,

- B o u rc y 4 5 3 , 4 5 4

524

C h em in des P onts 4 5 4 - G rand Vévi 4 5 3 , 4 5 4 - M agiets 4 5 4

-

-

H uy

M o ntagne d u Fâ -»• I z e l

M a t a g n e —* H a i l l o t 173, 175, 178, 2 5 5 , 50 4 , 52 0 , 521

-

M o n t P ic a r d

M o n t a g n e S a in t - P ie r r e —> E b e n - E m a e l

L o g e (L a ) - » F o n ta in e - V a lm o n t L o m m e 50, 586

-

R am eîsberg 4 8 4 - R am esch 4 8 4 M a r t u é - * L a c u is in e -

L ip a r i 1 0 8

Sur Vii / ViUy 4 7 6 , 4 7 7 Vieux C h â tea u 4 7 6 M o n t (Le) - * É p r a v e M o n t d e la Justice —> W a u d r e z M o n t des Pierres —> E s tin n e s - a u - V a l M o n t Falize —> H u y -

P laine d e Bieure 1 3 9 , 1 4 0 , 5 2 1 , 5 2 2 , 5 2 3

M a t i g n o l l e - * T r e ig n e s M aubeuge 34, 330

M o n t a g n e S a in t - P ie r r e —> L a n a y e M o n t a i g l e - * F a la ë n

M ont-de-R liodes -*■ F lo b e c q M ont-des-Bergers E s t in n e s - a u - M o n t M o n tig n ie s - S a in t- C h r is to p h e 7 8 , 1 6 4 , 3 0 2 , 329, 342, 343 - P o n t r o m a in 7 8 , 3 2 9 - Terre d'Au Village 3 2 9 , 3 4 3 M o n ts d'Élouges -> É lo u g e s M o n t- S a in t- A u b e r t 77

M ont-S a in t-S a u veu r —*■F a lla is M oreux (Le) / M aureux (Le) - * V e la in e s P o p u e lle s

L o n g w y 448, 450, 459

M a u r ik 2 3 9

M o r ia lm é 74, 7 7 M o r la n w e lz 2 3 9 , 2 4 1 , 2 4 2 , 2 4 3 , 2 4 4 , 2 4 6 ,

L o r r a in e 9 5 , 2 2 0 , 4 5 5 , 4 6 9 , 5 8 8

M a y e n 139, 4 0 8 , 416, 589

L o r r a i n e b e lg e 1 1 2 , 5 9 1

M a y e n c e 4 2 , 47, 5 3 , 2 6 2

3 0 2 , 315, 349, 3 5 0

L o ttu m 2 3 9

M ed u a n to 5 8 , 5 9

-

Loucherie (La) - * T o u r n a i Lovegnée —> B e n - A h in

M e e ffe 5 2 7

-

C h â tea u des Sarrazins 3 4 9 E n ceinte d es Turcs 3 4 9 , 3 5 0

- A u Prieuré 5 2 7 M éharée —> M a i l l e n

M o r v ille 8 2 , 8 6 , 9 3 , 114, 2 0 9 , 2 1 1 , 5 6 2

L uchet d'A ntoing - » T o u r n a i L u m e n ( h a m e a u d e ) - * F lo b e c q

M e in e r s w ijk 2 3 9

M o se 58, 65

M e ix - d e v a n t- V ir to n 4 8 5

M o s e lle 1 2 1 , 2 1 7 , 5 9 0

L u s tin 11, 6 8 , 2 4 9 , 2 5 0 , 2 5 2

M e lle t 4 4 , 1 5 6 , 167, 1 6 9 , 1 7 0 , 1 7 2 , 1 7 3 , 3 0 2 ,

Loyasse -» L y o n

Rochers d e Frênes 2 5 0

-

337, 351, 3 5 2

-

Bois des D a m e s 5 6 2

M o tte (La) V e lle r e iile - le - S e c M o tte-le-C o m te (La) N am ur

C h a p elle au x trois arbres 3 3 7, 3 5 1 M é m o n t - * H iv e s

M o u l i n d e L a m p a c h —** A r l o n

215, 216, 217, 219, 3 5 3 , 3 6 5 , 5 8 6 , 591

M e r b e s - le - C h â t e a u 1 5 3 , 1 5 4 , 2 3 1 , 3 4 2 , 3 4 3

M u e tte (L a ) - » L y o n

- Loyasse 4 0 , 3 5 2

M e r b e s - S a in t e - M a r ie 1 5 2

M u rs a 2 3 3

- M u e tte (L a ) 4 0

M e rd o rp 382, 412, 4 39

M uziekberg —■> R e n a ix

L u x e m b o u rg 4 4 8 , 4 87 L y o n 2 0 , 3 8 , 4 0 , 41, 4 2 , 47, 51, 5 6 , 67, 158,

-

M o u z o n 74, 5 8 6

L y o n n a is e 4 7 , 1 0 8

A ux Tom bes 4 1 2 , 4 3 9 M eresval - * M o n t M e r le m o n t 2 5 8

N

M

M e r v ille 73

N a d r in 14 4 , 14 5 , 2 5 3 , 4 4 2 , 4 7 8

M a a s tr ic h t 6 6 , 1 15, 2 3 5 , 2 3 9 , 2 4 0 , 2 4 1 , 2 4 4 ,

M e s l i n - l 'É v ê q u e 14 , 1 3 0 , 1 3 2 , 1 3 5 , 1 4 8 , 1 5 3 , 210, 211, 3 0 2 , 309, 310

- Jardins (Les) 4 7 8 N am ucum ( N a m u r ) 5 5 4

M achenées (Les) -> N e u v i l l e

- D ia b le ( h a m e a u d u ) 3 0 9

N a m u r 14 , 1 5 , 1 6 , 3 4 , 4 0 , 4 1 , 4 2 , 4 3 , 6 6 , 6 7 ,

M a c q u e n o is e 2 0 9 , 2 1 0 , 2 1 5 , 3 0 2 , 3 4 7 , 3 4 8 ,

-

2 4 7 , 2 6 8 , 3 8 9 , 4 1 3 , 4 3 6 , 487, 5 5 3 , 591

-

Preuscam ps 3 0 9 , 3 1 0

8 2 , 8 4 , 9 0 , 91, 1 0 9 , 110, 114, 1 2 3 , 15 6 , 159,

587

M essancy 486

1 61, 1 6 7 , 1 8 0 , 1 8 1 , 1 8 8 , 2 0 2 , 2 1 9 , 2 2 8 , 2 3 6 ,

- F o rm a th o t (h a m e a u ) 3 4 8

M e t t e t 11 , 1 4 , 1 3 0 , 1 3 8 , 1 4 6 , 1 4 8 , 1 5 4 , 2 0 9 ,

237, 25 6 , 26 4 , 26 9 , 29 2 , 29 6 , 4 3 6 , 504, 505,

M aison-rouge 3 4 7

210, 211, 212, 5 0 4 , 516, 547, 54 8 , 5 4 9 , 55 0 ,

5 2 5 , 5 2 8 , 551, 5 5 2 , 5 5 3 , 5 5 4 , 5 5 5 , 5 5 6 , 557,

M a d a m e (ru e ) - * T o u rn a i

567

558, 585, 586, 588, 591

M a ffle 19 2 , 3 0 2 , 3 0 9

-

B au selenne 1 3 8 , 2 1 0 , 5 4 7 , 5 4 8 , 5 4 9 , 5 5 0 - T ry-S a let 1 4 6 , 1 4 8 , 5 4 7 , 5 4 8 , 5 4 9

- A n c ie n H ô te l d e V ille 5 5 5

-

Bois d e Chièvres 3 0 9 M agenot -■» S a in t e - M a r ie - s u r - S e m o is M agerot / M agerou -> T o r g n y M ageroy - * H a b a y - la - V ie ille M agiets —* L o n g v i l l y -

M a ille n 1 3 0 , 1 3 3 , 1 4 3 , 147, 1 4 8 , 149, 154, 211, 2 5 5 , 5 0 4 , 5 0 9 , 510, 511, 5 4 9 -

A l Sauvenière 1 4 3 , 1 4 8 , 1 4 9 , 2 1 1 , 5 1 0

M e tz 47, 4 8 , 6 2 , 6 4 , 6 5 , 6 6 , 6 8 , 7 3 , 74, 8 2 ,

- A n g e (ru e de P ) 159, 55 4 , 5 5 7 - A r m e s ( p la c e d ' ) 5 5 4 , 5 5 5 , 5 5 6 , 5 5 7

9 4 , 115, 168, 3 3 4 , 4 4 3 , 4 4 4 , 4 4 6 , 4 5 0 , 4 8 6 ,

- C a rm e s (ru e d e s) 5 5 6

586, 587

-

C h a m p ea u 5 5 1 , 5 8 6

M ié c r e t 5 0 4 , 5 1 3 , 5 4 6

- C h a m p io n 1 81, 2 1 4 , 5 5 2 , 5 5 3

- S a in t-D o n a t 5 1 3 , 5 4 6 M in a ria cu m 3 7 0

- C h a p e lle S a i n t - M a r t i n 5 5 6

M o d a v e 31, 143, 152, 213, 382, 4 2 3 , 4 24

- C h â te a u d e s C o m te s / C h â te a u c o m ta l 202, 553, 554, 556 -

C h aussée B ru n eh a u t 5 5 4

- A rc h e 511, 5 4 9

- S u r v ille r s 2 1 3 , 4 2 4

M éharée 5 0 9 , 5 1 1 - Pachis a u x H aies 5 1 1

-

M o e rs / A s b e rg 2 3 9

- F ra n c e ( p o n t d e ) 5 5 5

- R o n c h in n e 1 3 0 , 1 3 3 , 141, 147, 1 48, 149,

M o ëssia t - * T r e ig n e s

- G r a n d 'P la c e 5 5 6

154, 211, 5 0 9 , 510, 5 5 0

M o m a lle 8 2 , 8 6 , 114, 2 2 2 , 3 8 2 , 4 0 4 , 4 3 0 , 4 3 1

- G ro g n o n 90, 554, 55 5 , 557

-

M a is iè r e s 1 6 1

M aison-rouge - * M a c q u e n o is e M a je r o u x

S a in t - M a r d

M alagn e (La) J e m e lle M aleville - * A r q u e n n e s M alpas - * B e r g ile r s

Vieux C h â tea u (Le) 3 1

C h aussée verte 4 3 0 - Croix E m o u x (La) 4 0 4 , 4 3 0 - T o m b e d e N o v ille 4 3 0 , 4 3 1

-

M o m ig n ie s 1 5 6 , 1 6 9 , 3 0 2 , 3 4 7 , 3 4 8 , 5 8 7 -

Fanisys / Fanisis 1 6 9 , 3 4 8 R o u illie (La) 3 4 8

- C it a d e lle ( L a ) 5 5 2 , 5 5 4 , 5 5 6

- H o s p ic e S a in t - G ille s 2 3 6 , 2 6 4 , 5 5 4 , 5 5 6 - M a r c h é - a u x - L é g u m e s ( p la c e d u ) 2 2 8 , 554, 557 - M a r c h é S a in t - R e m y 5 5 6 -

M o tte-le-C o m te (La) 2 1 9 , 5 5 5 , 5 5 6 , 5 5 7

- N o tre -D a m e 5 5 3

615

- P ie d - d u - C h â t e a u ( p la c e ) 5 5 5

O te p p e 3 8 2 , 3 9 9

C a m p a g n e de la T o m b e 3 9 9 - C h a m p de la T o m b a lle 3 9 9 - T om be d e Vissoul 3 9 9 - Trou sauvage 3 9 9

- P la n t e ( L a ) 5 5 2 , 5 5 6

-

- S a i n t - A u b a i n ( p la c e ) 2 6 9 , 5 5 5 , 5 5 6 - S a i n t - H i l a i r e ( p la c e ) 5 5 5 , 5 5 6 - S a in t - J e a n - B a p t is t e 5 5 5 - S a in t- M a r tin 5 5 2 , 5 5 6

O th é e 1 9 4 , 197, 3 8 2 , 3 8 7 , 3 8 8

- S a lz in n e s 5 5 2 - S a r r a s in s ( q u a r t i e r d e s ) 5 5 6 -

-

Vieux M urs 5 5 6

- B io c r i 2 9 2

- W a l l o n i e ( p la c e d e la ) 1 8 8 N a m u r ( p o r te d e ) - » C in e y

Grosse T o m b e 1 9 7 , 3 8 7 , 3 8 8

O ttig n ie s 14 4 , 2 8 2 , 2 9 2 , 2 9 3 -

Bois des Étoiles 2 9 2 , 2 9 3

O u d e n b u r g 8 2 , 114, 2 0 5 , 2 3 9

N a m u r o is 11, 2 2 1 , 2 5 8 , 2 7 0 , 5 7 3 , 5 8 5

O upeye 425, 429

N a r b o n n a is e 1 0 8 , 1 9 5 , 2 1 9 , 5 8 7 , 5 9 1

O u tr e lo u x h e 7 9 , 8 2 , 114, 3 8 2 , 4 2 3 , 4 2 4

N assenbusch

- H achy

-

Elm er 7 9 , 4 2 3 , 4 2 4

N e r v ie 3 4 3

Pré des W ez -■ S e r v i lie Pré W ig y / W igier - » H e r s t a l P re s le s 3 4 , 1 8 4 , 3 0 2 , 3 0 3 , 3 0 4 - Trou des N u to n s 3 0 3 , 3 0 4 Preuscam ps - » M e s l i n - I ’ É v ê q u e P r im e s ( p o r t e d e s ) - » T o u r n a i P ro u v y 73 P ry 2 4 8 , 2 4 9 , 2 5 0 , 251, 2 5 2 , 257, 2 5 8 , 26 8 , 269, 504, 579, 580, 592

A l Rotche 2 4 8 , 2 5 0 , 5 7 9 , 5 8 0 T om bois 5 5 0 , 5 7 9 , 5 8 0 Puceneveau - * C h a s tr è s Puits des Turcs - * T o u r i n n e s - S a i n t - L a m b e r t P u m o n t - * C h a s tr è s P uvinage - » F lo b e c q -

N e u - * A r lo n

N e u fch âteau - » J e m e lle

P Pachi a l C ave - » M a r c h i e n n e - a u - P o n t Pachis a u x H aies - » M a i l l e n

Q

P a ifv e 74

Q u a lb u r g 2 3 9

P aillard - » F lo b e c q P appendael ■ B a s s e -W a v re

Q u e v a u c a m p s 6 9 , 74, 75

N il- S a in t- V in c e n t 2 9 6 N im è g u e 4 2 , 5 4 , 6 0 , 2 3 9 , 5 5 3

P a ris 4 7 , 2 3 3 , 2 6 3 , 5 8 7

N îm e s 37, 3 8 , 5 6 7

P a u l- É m ile J a n s o n ( p la c e ) - » T o u r n a i

N euss 38, 41, 42, 2 39 N e u v ille 1 5 0 , 151, 2 5 3 , 5 0 4 , 5 6 5 , 5 6 6

M achenées (Les) 1 5 0 , 1 5 1 , 2 0 4 , 5 6 5 , 5 6 6 N évro n sa rt - » N is m e s -

N im y 6 6 , 8 2 , 114, 161, 2 1 2 N is m e s 2 4 9 , 2 5 0 , 2 5 1 , 2 5 2 , 5 0 4 , 5 7 6 , 5 7 7 -

B âte rage 5 7 6 Fondri des C hiens 5 7 6 N évron sart 5 7 6 Roche Sain t-A n n e 5 7 6 Roche Trouée (La) 2 5 0 , 5 7 6 , 5 7 7 S ainte-A nn e 2 5 0

N is r a m o n t - » O r th o N iv e lle s 1 3 3 , 1 3 4 , 1 5 3 , 1 5 4 , 2 0 2 , 2 1 0 , 2 8 2 ,

P a ys d e H e r v e 1 1 2

R

P e is s a n t 1 6 5

R a d e la n g e - » M a r t e la n g e R a m e g n ie s - C h in 8 0 , 3 0 2 , 3 6 7 , 3 6 8 , 3 6 9 -

P e p in s t e r 7 8

-

P e rd u e (ru e ) - * T o u r n a i

Pernaco ( B r a iv e s ) 5 8 , 5 9 , 3 9 0 P ern icia cu m ( B r a iv e s ) 5 9 , 3 9 0 , 5 8 6 P é r o n n e s - le z - B in c h e 4 0 , 4 4 , 6 0 , 6 8 , 1 8 0 , 302, 315, 316, 587, 590

P éruw elz

Clarisse 2 8 9 , 2 9 0 - Fosse L evrette 2 9 0 - T ou rn ette (La) 1 3 3 , 1 3 4 , 1 5 3 , 1 5 4 , 2 1 0 ,

P e rw e z 2 9 3 , 2 9 6

290, 291

P etit B a va y - » N o u v e lle s P etit Paradis - » T h u i n P etite Fin - » T o r g n y

-

K iel Büsch 4 5 1 , 4 5 2 Villa H ecksang 4 5 1 , 4 5 2

N o d e b a is 2 8 2 , 2 8 3 N o d re n g e 2 9 2 N o r iq u e 1 3 5 N o tre -D a m e - * N a m u r N o tre -D a m e - » T o u rn a i

C oupure Bolus 3 6 7 P o n t-à -C h in 3 6 7 - Trou Bolus 3 6 7 , 3 6 8

P é p in le B r e f ( r u e ) - » J u p ille - s u r - M e u s e

-

-

Q u é v y 361, 362

P en teville - » C o r t i l - N o i r m o n t

289, 290, 291, 351, 357

N o b re s s a rt 133, 134, 154, 4 4 2 , 45 1 , 4 5 2

Q u atre-V ents - » E lle z e lle s

>R ognée

P e t lt - E n g h ie n 1 3 2 , 1 8 2 , 1 8 7 , 2 2 2 , 2 2 3 , 2 2 4 , 302, 328

C haussée B ru n eh a u t 3 2 8 - G ra n d C h a m p 3 2 8 - W arelles 3 2 8 -

P e tit- H a lle t 1 5 6 , 16 9 , 1 7 0 , 1 7 8 , 3 8 2 , 4 1 2

S a rt M eunier 4 1 2 - Vieille Voie 4 1 2 -

R a m e lo t 7 2 , 74

Ram elsberg - » M a r t e la n g e R am esch ■ M a r t e la n g e R a m illie s 2 9 5 , 5 2 5

Rang - > T in t a n g e Rausa - » O m b r e t R e im s 4 7 , 4 8 , 5 3 , 5 4 , 5 6 , 5 7 , 5 8 , 5 9 , 6 0 , 6 1 , 6 2 , 6 4 , 6 5 , 6 7 , 6 8 , 6 9 , 7 0 , 7 2 , 7 3 , 7 4 , 77, 8 2 , 1 1 5 , 117, 1 5 6 , 1 6 8 , 2 1 5 , 2 2 2 , 3 4 7 , 4 4 3 , 4 4 4 , 450, 451, 453, 454, 455, 457, 459, 4 6 0 , 461, 462, 463, 465, 466, 467, 482, 485, 491, 493, 499, 587 R e in e A s t r i d ( p la c e ) - * T o u r n a i R em agen 239 R em agne 184 R e m ic o u r t 4 0 4 , 4 3 0 R e m p a r ts ( r u e d e s ) - » A r l o n

N o t r e - D a m e ( é g lis e ) - » T o n g r e s

P é t r is b e r g 3 6 , 3 7

R e n a ix 3 3 1

N o u v e lle s 1 5 0 , 1 5 2 , 2 0 5 , 2 5 3 , 3 0 2 , 3 4 8 , 3 4 9

P ic a r d ie 1 2 2 , 1 3 5 , 5 8 9

Pied des M o n tis - » C o r e n n e

- M uziekberg 3 3 1 R é sim o n t - » É v e ie tte

P i e d - d u - C h â t e a u ( p la c e ) - » N a m u r

R e ttig n y - » C h e r a in

Pierre d u D ia b le ■J a m b e s Pierreucham p - » T h e u x

R e v e lle s 2 3 9

P ié tr a in 19 4 , 2 8 2 , 2 8 8 , 2 8 9

R h e in z a b e r n 2 1 7 , 3 1 9 , 4 9 6

G rande B oussue 1 5 0 , 3 4 8 , 3 4 9 - P e tit B avay 3 4 8 -

N o v ille 74, 1 5 6 , 157, 1 6 3 , 16 9 , 4 4 2, 4 5 2 , 4 5 3 , 454 -

Derrière la Croix Sainte-B arbe 4 5 2 , 4 5 3

- F o y 1 6 3 , 167, 4 5 2 , 4 5 3 , 4 5 4 , 5 8 9 , 5 9 0 N o yo n 239

O

R h e in b r o h l 2 3 9

C am p a g n e d'H erbais 2 8 8 , 2 8 9 - C h a m p d e la T om be 1 9 4 , 2 8 8 , 2 8 9 - C h apelle d'H erbais 2 8 8

R h é n a n ie 5 8 8 , 5 8 9 , 5 9 0 , 5 9 1

- H e r b a is 2 8 8 , 2 8 9

R o b e lm o n t 2 5 3 , 4 4 2 , 4 8 5

-

-

Pré des Vaches 2 8 9

R henen 239 R hodes 108

O h e y 559, 560

P is e 2 1 6

O le y e 1 9 7 , 3 8 2 , 4 2 5 , 4 3 8

P laine de Bieure - » M a t a g n e - la - P e t it e

- C h â tea u des Sarrasins 4 8 5 Roche à L o m tn e (La) - » D o u r b e s Roche B a b elet - » T r e ig n e s Roche Sa in t-A n n e - * N is m e s Roche Trouée (La) - * N is m e s

P la n t e ( L a ) - » N a m u r

R o c h e fo rt 2 5 0 , 2 5 8 , 5 6 8 , 5 6 9 , 5 7 0 , 571, 5 7 3 ,

P la n ti (Le) - » H o w a r d r ie s P late Terre - * B ie s m e Plate T om be —> W a r e m m e

Corbois (Le) 2 5 8 , 5 7 1 , 5 7 3 , 5 7 4 Rochers de Frênes - » L u s t i n

P lo e g s t e e r t 8 2 , 1 1 4 , 2 1 0 , 2 2 2 , 3 0 2 , 3 2 6 ,

R ô d g e n 41

O b e ra d e n 41, 43, 3 5 2

P in - » I z e l

O b e r e n tfe ld e n 137, 5 8 9

Piroy - » H a l t i n n e

-

T om be rom ain e 1 9 7 , 4 3 8

O rn a i 192, 194, 195, 3 8 2 , 4 0 9 , 4 1 0 -

Sainte-M arie-V au 4 0 9 , 4 1 0

O m b r e t 6 8 , 7 5 , 8 2 , 8 4 , 8 5 , 9 7 , 1 0 0 , 11 4 , 2 2 2 , 382, 383, 384, 385, 386 -

R au sa 3 8 3 , 3 8 4 , 3 8 5

327

574 -

R o e s e la e r e 2 0 7

O n h a y e 185, 561, 562, 564, 565

P o ld e r s 2 3 2

R œ u lx ( L e ) 3 3 0

O o s tv o o rn e 2 3 9

P o lle u r 3 8 2 , 4 3 2

R o g n é e 11, 14, 7 4 , 1 3 0 , 1 3 8 , 1 3 9 , 16 1 , 1 8 2 ,

O p b ra k e l 331 O p h o ve n 82 O ra n g e 115, 116, 117 O r b a is 2 8 6 , 2 9 6 , 2 9 7

-

Brixhe Espines 4 3 2

P o m m e r œ u l 1 3 , 14, 4 3 , 8 0 , 8 2 , 8 4 , 9 3 , 1 0 9 , 114, 121, 1 2 2 , 180, 2 2 6 , 2 2 7 , 3 0 2 , 3 1 2 , 313, 314, 331, 588

187, 5 0 4 , 5 8 0 , 5 8 1 , 5 8 2 , 5 8 3

Lançon 5 8 1 Langevaulx 5 8 1 , 5 8 2 , 5 8 3 - P éruw elz 3 0 9 , 5 8 0 , 5 8 1 , 5 8 2 , 5 8 3 -

O rb e -B o s c é a z 5 8 9

P o m p é i 218

R o is in 1 6 6 , 3 4 9

O re y e 2 3 9 , 2 4 1 , 2 5 8 , 4 2 5

P o n d rô m e -» W a n ce n n e s

R o ly 1 2 9 , 1 4 4 , 1 4 5 , 1 5 4 , 5 0 4 , 5 6 6

O rfè v re s ( ru e d e s ) - » T o u r n a i

P o n t (ru e d e ) -» T o u rn a i

O rolauno vicus ( A r l o n ) 5 9 , 8 7 , 4 4 4 O rolau n u m ( A r l o n ) 9 1 , 4 4 3

P o n t de M alpas - » B e r g ile r s

- Crayellerie (La) 1 2 9 , 5 6 6 R om ecam p-Trieux Bouleux - » S ir a u lt

P o n t r o m a in - * M o n tig n ie s - S a in t- C h r is to p h e

R om edenne 209, 210

O rp -J a u c h e 2 8 8 , 2 9 2

P o n t - à - C e lle s 3 5 1 , 3 6 0

R o n c h in n e - » M a ille n

O rth o 2 4 9 , 2 5 0 , 251, 2 5 2 , 4 4 2 , 4 8 0 , 481

P o n t-à -C h in - » R a m e g n ie s - C h in

R on d C h ên e - » V e d r in R ond-Tienne - » B a s s e -W a v re Rorive • A m a y R osdia E m p tin n e

C ailloux de M ou sn y 4 8 1 , 4 8 2 - C h eslain (Le) 2 4 9 , 2 5 0 , 4 8 0 , 4 8 1 - Creu Pire C an ton 4 8 2 - Fayala 4 8 1 , 4 8 2

P ottelberg * F lo b e c q Pouillou-F ourneau - » T h e u x

- N is r a m o n t 4 8 1 , 4 8 2

P o u ls e u r 74

R ouen 47

Pré des Vaches - » P ié t r a in

Rouge Croix - » É p r a v e

-

-

Vieux C h âteau 4 8 0 , 4 8 1

616

P o n t - L e v is - » A r l o n P o p u e lle s 3 2 1

R ossum 239

I NDEX T O P O G R A P H I Q U E |

R ou iîlie (La) M o m ig n ie s Roum ont H a tr iv a l R oupée - * V i e u x v i l l e

S a in t - P ie r r e

R o u v e ro y 2 8 , 31, 3 0 2 , 3 3 0 , 3 31, 3 6 2

S a in t- Q u e n tin - > T o u r n a i

C astelet (Le) 2 8 , 3 3 0 , 3 3 1 , 3 6 2 R ou vroy - * L i m e r l é

S a in t-R ém y - » T h i r i m o n t

R o u v ro y 4 8 7

S a in t - R o m a in - e n - G a l 4 1

Rovillers H e rs ta l Rû Fahiche - * T a i n t i g n i e s

S a in t - S e r v a is 3 1 , 1 8 1 , 2 6 8 , 5 5 2

-

R u lle s 1 4 0 , 4 4 2 , 4 7 5

S a in t - P ie r r e ( q u a r t i e r )

T o u rn a i

S a in t- Q u e n tin 6 5 , 6 6 , 74, 8 2 , 114

- F r o id b is e 5 5 2 ~

- À la Vieille Église 4 7 5 - Chaum ont 4 7 5

T o u rn a i

S a in t - P ie r r e ( p la c e ) - » T o u r n a i

H astedon 3 1

Sur Sur Sur Sur Sur Sur Sur Sur Sur

le Corria —> G e s v e s le H o d y - > H a m o is le M o n t -*• É p r a v e l'église —* S a in t - M a r c les Borsus - » T h e u x les Jardins - * E b e n - E m a e l les M inières - * T h e u x les M oulins - * H e u r e - le - R o m a in Vii / V illy M ont

S u r ic e 2 5 8

S a in t - S é v e r in ( p la c e ) - > H u y

S u r v ille r s —> M o d a v e

S a in t - S é v e r in ( q u a r t i e r d e ) —*• H u y

R u m e g ie s 3 2 0

S a in t - S im é o n 74

R um es 192, 3 6 3 , 3 6 9

S a in t-T h ib a u t

R u m s t 8 2 , 114, 2 9 6

S a in t - U r s m e r le s B a ille s ( r u e )

R u s s o n ( fo rê t d e ) 5 8 6

S a in t- V ic to r

T

H iv e s

-> L a d e u z e

-*■ H u y

210, 2 2 2 , 302, 320, 3 6 3 , 364, 36 9

S a lz in n e s - * N a m u r Sam pont

s

T a in tig n ie s 8 2 , 8 6 , 114, 161, 1 9 2 , 1 9 4 , 1 9 5 , - C la ir m a ie ( h a m e a u d e ) 3 6 3 , 3 6 9

-* H a c h y

- D é r o d e r ie ( L a ) 3 6 3 , 3 6 4

S a b el Feld —> W o lk r a n g e

Sa m so n Thon Sarrasins (Les) - * B r a iv e s

S a i n t - A u b a i n ( p la c e ) - * N a m u r

S a r r a s in s ( q u a r t i e r d e s )

S a in t- B r ic e - * T o u r n a i

S a r s - la - B u is s iè r e 2 5 0

162, 163, 237, 2 3 9 , 241, 2 4 2 , 2 4 3 , 2 4 4 ,

S a i n t - D o n a t -*> A r l o n

245, 246, 247, 288, 504, 525, 526, 528,

S a in t-D o n a t - * M i é c r e t Sainte-A nn e N is m e s

S a rt M eu n ier P e tit- H a lle t 5 a rte (La) - > B e n - A h i n S a rtia u T h ir im o n t

S a i n t e - A n n e ( h a m e a u ) -*■ F lo b e c q

S a u lz o ir 3 2 , 5 8 5

S a i n t e - C a t h e r i n e —* A m a y

S a u to u r 2 0 9 , 2 1 0 , 5 9 0

442, 479

S a i n t e - M a r i e - C h e v ig n y 7 2 , 74

S a u v e n iè r e 14 , 6 1 , 6 2 , 8 2 , 1 1 4 , 1 4 4 , 1 4 5 , 1 4 6 ,

-

1 5 6 , 1 5 8 , 16 2 , 167, 1 7 2 , 1 7 8 , 2 1 0 , 2 1 1 , 2 9 4 ,

-

S a in t e - M a r ie - s u r - S e m o is 7 4 , 1 4 0 , 1 4 3 , 1 4 4 ,

504, 52 8 , 5 2 9 , 53 0 , 531

Entre-les-Trois-Bois 4 6 1 - Fond du Fayé 4 6 0 , 4 6 1

-

- F r a tin 1 8 6 , 4 6 0 , 4 6 1 -

H a u t d u Fayé 4 6 0 , 4 6 1

- H u o m b o is 2 2 2 , 2 2 3 , 4 6 0 , 4 6 2 , 4 9 5

M agenot 4 5 7 , 4 6 0 Sainte-M arie-V au -> O m a l -

N am ur

T e n n e v ille 4 9 1

Terre Terre Terre Terre

-

S e n e ffe 3 6 5 Sens 49

-

S e r in c h a m p s 7 4 , 7 5 , 5 8 7

-

-> F o r v i l l e

- F te r 5 6 5

- B o s s iè r e s 5 4 7

G au 5 4 7 - T ry-H a llo t 5 4 7 , 5 5 0 , 5 5 1 -

S a i n t - G é r y ( é g lis e ) -*■ A u b e c h ie s S a in t- G h is la in 3 6 4

T ê t e d ' O r ( r u e d e la ) —» T o u r n a i 114, 168, 2 0 5 , 2 3 9 , 3 7 0

W o lk r a n g e

S e s s e lic h ( r u e d e )

A r lo n

T h e u x 14, 5 0 , 51, 8 2 , 8 7 , 114, 1 5 6 , 157, 171, 178, 180, 184, 210, 212, 3 8 2 , 4 3 2 , 433, 4 3 4

El Fohail 4 3 2 , 4 3 3

S ib r e t 74

-

S in t - D e n ijs - W e s t r e m 1 4 3

- J u s le n v ille 161, 1 6 6 , 1 7 3 , 174, 4 3 2 , 4 3 3 ,

S in t- H u ib r e c h ts 1 5 6

434

S ir a u lt 2 0 0 , 2 0 6 , 2 0 7 , 2 2 2 , 2 2 3 , 2 2 4 , 3 0 2 ,

-

364 -

P ierreucham p 4 3 2 , 4 3 4 Pouillou-Fourneau 4 3 2 , 4 3 4 - So les Villers 4 3 4 - Sur les Borsus 4 3 2 , 4 3 3 - Sur les M inières 4 3 2 , 4 3 4 -

H a p p a rt (Le) 3 6 4 R om ecam p-T rieux B ou leux 3 6 4

S iv r y N am ur

Terre d e l M ê - * S a in t - M a r c Terre d e ll' Prelle - * S tré e ( B e a u m o n t ) Terre-à-Pointes - > E s tin n e s - a u - V a l Tervanna ( T h é r o u a n n e ) 5 8

T h é ro u a n n e 4 8 , 5 2 , 5 8 , 6 4 , 6 5 , 67, 7 3 , 8 2 ,

Pré d es W ez 5 6 5

S e s s e lic h

a u Sa b le S a in t - M a r c au x Pannes - * M a r i l l e s a u x Pierres - * T a v ie r s d'Au V illage - * M o n t i g n i e s - S a i n t -

T e rw a g n e 77

S e r v ille 1 4 0 , 1 4 4 , 1 4 6 , 5 0 4 , 5 4 9 , 5 6 5 -

A u x n eu fB o n n iers 5 5 0 A ux six Bonniers 5 5 0

S a i n t - H i l a i r e ( p la c e )

S é ro n

T e m p lo u x 67 , 2 0 6 , 2 0 7 , 5 5 2

C h r is to p h e

-

551

Blancs Bois (Les) 31 S a in t-M a rtin 4 7 9 - T o m b a lles 4 7 9

15 6 , 1 5 8 , 16 2 , 167, 1 7 2 , 1 7 8 , 2 1 0 , 2 1 1 , 2 9 4 ,

Seeb 137, 5 8 9

S a in t- G é r a r d 1 3 3 , 1 5 2 , 1 5 3 , 5 0 4 , 5 4 7 , 5 5 0 ,

Terre a u x Pierres 5 2 5 , 5 2 6

2 9 6 , 297, 528, 529, 530, 552, 553

Savipré -*■ T i n t a n g e S ch am feld - * A u t e lb a s Sciery - * É t a lle Seigneurie (La) - * S a in t- J e a n - G e e s t

- Y e rn a w e 4 3 1

552, 553, 589 -

T e m s e 114, 2 0 7

S a in t e s 2 2 4

- W a rfé e 4 3 1 , 4 3 2

T a v ie r s 6 7 , 7 3 , 8 2 , 8 4 , 9 1 , 1 1 4 , 1 5 6 , 1 5 8 , 1 5 9 ,

A rla n sa rt - B a u d e c e t 61, 67, 7 3 , 8 2 , 8 4 , 8 5 , 97, 114,

S a in t- G e o r g e s - s u r - M e u s e 2 5 3 , 3 8 2 , 4 3 1 , 4 3 2

D essus les T réats 4 3 1 So VBosket 4 3 1 T om balles (Les) 4 3 1 - T om be d e Yernawe 4 3 1 - T om belle (La) 4 3 1 - Verte C h aussée 4 3 1

Rû Faluche 3 2 0 , 3 6 3

T a v ig n y 31 , 1 5 6 , 167, 1 6 9 , 171, 1 7 3 , 174,

145, 186, 4 4 2 , 4 6 0 , 4 6 1 , 4 6 2 -

-

T a rra g o n e 3 6 5

É t a lle

S a in t- H u b e r t - * A r lo n

So l'B osket —* S a in t- G e o r g e s - s u r - M e u s e So les Villers Theux

T h ie r à la T o m b e - * E b e n - E m a e l

S a in t- H u b e r t 4 8 2 , 4 8 9 , 4 9 0 , 4 9 1

S o ig n ie s 1 4 0 , 1 4 4 , 1 4 6 , 3 0 2 , 3 6 6

T h ié r a c h e 1 8 5 , 3 4 7

S a in t - J e a n - B a p t is t e - * N a m u r

-

S a in t - J e a n - G e e s t 2 0 5 , 2 8 2 , 2 8 8 , 2 8 9

-

-

Seigneurie (La) 2 8 8 , 2 8 9

C ou lbrie (La) 1 4 0 , 1 4 6 , 3 6 6 Espesse (L') 1 4 0 , 3 6 6

S o is s o n s 4 8 , 6 4 , 6 5 , 8 2 , 1 6 8 , 2 6 3

S a i n t - L a m b e r t ( p la c e ) - * L iè g e

S o liè r e s

S a in t- M a r c 1 8 1 , 5 0 4 , 5 5 2 , 5 5 7 , 5 5 8

Sol'Pireû - * E b e n - E m a e l

B e n - A h in

- W ayot 432

T hier-Lau rent —* B o is - e t - B o r s u Thiers D estrée - * V a u x - le z - C h e r a in T h in e s 2 8 2 , 2 9 0 , 2 9 1 -

- F r iz e t 1 8 1 , 5 5 2 , 5 5 7 , 5 5 8

S o lr e - s u r - S a m b r e 3 4 7

-

- S a in t- M a r tin 5 5 7 , 5 5 8

S o m b re ffe 77, 183

-

- S u r l'église 5 5 7 - Terre a u S ab le 5 5 8 - Terre d e l M ê 5 5 2 , 5 5 8

S o m m e r a i n -* • M o n t

- F e rm e d e G r a in h e z 7 7 s o u s le C h â t e a u ( r u e )

-* H u y

Vieille C ou r 2 9 0 , 2 9 1

T h ir im o n t 3 0 2 , 311, 3 4 3

A n cien n e Ville d e S a in t-R ém y 3 1 1 Bois des M enus 3 1 1 - C am p a g n e d e S a in t-R ém y 3 1 1 - S a in t-R ém y 3 1 1 , 3 4 3

T h o n 2 4 8 , 250, 252, 257, 2 5 8 , 267, 268, 269,

S p etz (La) -> A r l o n

504, 505, 592

9 2 , 9 5 , 97, 9 9 , 100, 101, 1 0 4 , 1 0 5 , 156,

S p o n tin 2 6 8

-

158, 171, 180, 2 0 0 , 221, 2 2 2 , 231, 237, 442,

S q u a r e A l b e r t I er -*■ A r l o n

-

462, 492, 493, 4 9 4 , 495, 4 9 6 , 497, 498,

S ta ffeld - * W o lk r a n g e

4 9 9 , 587, 5 8 8 , 591

S ta m b ru g e s 3 6 4

293, 294, 590

S t e in b a c h - » L i m e r l é

- B o is d e B u is 2 1 4 , 2 9 3 , 2 9 4

S a in t - M a r d 11 , 1 3 , 14 , 6 7 , 8 2 , 8 4 , 8 5 , 8 6 , 9 1 ,

-

C h am p H ayat 4 9 2 , 4 9 8

- C l o c h e t t e ( r u e d e la ) 4 9 2 , 4 9 8

S to k k e m 2 3 9

- M a je r o u x 8 6 , 9 2 , 9 5

S tra s b o u rg 4 7

- S a in t- M a r tin 4 9 3 , 4 9 4

S tr é e ( B e a u m o n t ) 6 8 , 7 0 , 7 4 , 7 7 , 1 6 5 , 1 8 7 ,

- V ie u x - V ir to n 4 9 3 , 4 9 4 , 4 9 7 , 4 9 8 S a in t- M a r tin - » A r lo n S a in t- M a r tin

-* N a m u r

S a i n t - M a r t i n - * S a in t - M a r c S a i n t - M a r t i n - * S a in t - M a r d

3 0 2 , 3 1 0 , 311 -

C h a m p des C ailles 3 1 1

- D o n s t ie n n e s 3 1 1 -

Terre d e ll' Prelle 3 1 1

S tr é e ( M o d a v e ) 6 9 , 7 4 , 8 2 , 8 4 , 1 1 4 , 1 5 6 , 1 5 8 ,

S ain t-M artin -*■ T a v i g n y

163, 38 2 , 416, 42 3

S a in t- M a r tin - * T o u r n a i

-

S a in t- M a r tin (ru e ) - * D in a n t

E n d o s d u T illeu l 4 2 3 - G erm eu se terre 4 2 3

S a in t - M a u r 7 3 , 7 7

S tru d - * H a ltin n e

S a in t- P ia t - * T o u r n a i

S u a r lé e 2 6 2 , 2 6 3

Sam son 2 4 8 , 2 5 0 , 2 6 7 , 2 6 9 , 4 0 9 , 5 0 5 Vieux M urs 5 0 5

T h o r e m b a is - S a in t - T r o n d 1 9 4 , 1 9 5 , 2 1 4 , 2 8 2 ,

-

L ong P o n t 2 9 3 , 2 9 4 Trois Frères (Les) 2 9 3

T h u illie s 7 7 T h u in 2 8 , 2 9 , 31, 3 2 , 3 4 , 185, 186 - B o is d u C o u r r i a u 3 4 -

G ra n d B on D ieu 2 8 , 3 4 P e tit Paradis 2 8

T h y - le - C h â t e a u 7 4

T ienne d e la Roche —* É p r a v e Tige —* É p r a v e T illie r 2 2 2 , 2 2 4 T in ta n g e 74, 8 2 , 4 4 2 , 4 6 2 , 4 6 3 -

B ô lich t 4 6 2 , 4 6 3

617

-

H errenberg 4 6 2 R an g 4 6 2 , 4 6 3 - Savipré 4 6 2 , 4 6 3

- C la r is s e s ( r u e d e s ) 3 7 1 , 3 7 2

V

-

- C lo î t r e s 3 7 7

V a le n c ie n n e s 3 1 9

- C o u r tr a i (ru e d e ) 3 7 1 , 3 7 3 , 376

V alenth ier

- W a rn a c h 82, 4 62

■C h e r a i n

- C u ré N o tre -D a m e (ru e ) 3 7 1 , 3 7 3

V a lk e n b u r g 2 3 9 , 5 9 1

Tiripré - » L a d e u z e

- E s p in o y ( r u e d ') 3 7 5 , 3 7 8

V ance 457

T i r l e m o n t 6 6 , 6 7 , 8 2 , 1 1 4 , 117, 1 5 6 , 1 6 6 , 1 8 4 ,

- É vêché 371

V a u x -e t-B o rs e t 197, 3 8 2 , 4 3 5

221, 283, 288, 4 30, 525, 587

- F ille s - D ie u ( r u e d e s ) 3 7 8

T ite lb e r g 3 6 , 37, 4 4 , 1 0 9 , 4 9 3 , 5 8 6

- G ra n d B azar 371, 3 7 2

T om balle (La) - » A v e r n a s - le - B a u d u in T om balle (La) - * B r a iv e s T om balles - » T a v i g n y T om balles (Les) - » S a in t - G e o r g e s - s u r - M e u s e T om be (La) 1 9 3 T om be B ayet - » F o r v i l l e T om be d ’A vetm es -■ B r a iv e s T om be d e la H u ern ette ■T o u r in n e s - S a in t -

- G r a n d - P la c e 3 7 5 , 3 7 7

L a m b e rt

T om be T om be T om be T om be T om be T om be T om be

de de de de de de de

l'Em pereur - » V il l e r s - l e - P e u p l i e r M arneffe - » L a t i n n e N oville -■ M o m a l l e Saint-G illes ■ W a r n a n t - D r e y e Suives - » C e lle s Vissoul - * O t e p p e Yernawe - » S a in t - G e o r g e s - s u r -

M euse

T om be d 'H o tto m o n t

- H ô te l d e C o rd e s 3 7 3 , 3 7 6 , 3 7 7 - H ô t e l d e V i l l e (P a rc d e 1’ ) 3 7 8

Loucherie (La) 4 2 , 1 6 6 , 2 3 5 , 3 7 1 , 3 7 2 ,

-

375, 376, 378

Thiers D estrée 4 6 6

-

V a u x -s o u s -C h è v re m o n t 156 V e d r in 1 8 1 , 1 8 5 , 1 9 4 , 1 9 5 , 1 9 7 , 5 0 4 , 5 5 2 , - B e r la c o m in e s 5 5 2 , 5 5 8 , 5 5 9

Bois des T om bes 1 9 7 , 5 5 2 , 5 5 8 , 5 5 9

374, 375

-

- M a d a m e (ru e ) 371, 3 7 2

- F r iz e t 1 8 1 , 1 8 4 , 1 8 5 , 19 7 , 2 1 4 , 5 5 2 , 5 5 3 ,

- M a r c h é a u x P o is s o n s 3 7 3 , 3 7 5

558, 559

- M o n n e l (ru e d e ) 377, 3 7 8

-

- N o tre -D a m e 2 6 9

-

- O rfè v re s (ru e d e s) 3 7 1 , 3 7 3 , 3 7 6

Rond C h ên e 5 5 2 , 5 5 8 , 5 5 9 Vi C liestia 5 5 8

V e la in e - » J a m b e s

- P a u l- É m ile J a n s o n ( p la c e ) 3 7 2 , 3 7 3 , 3 7 6

V e la in e s 3 2 1

- P e rd u e ( r u e ) 1 8 4 , 1 8 6 , 187, 19 0 , 2 5 6 , 257,

V e la in e s - P o p u e lle s 1 3 2 , 1 3 5 , 1 3 7 , 2 2 6 , 3 0 2 ,

258, 259, 377, 378, 5 9 2 - P o n t (ru e d e ) 371, 3 7 2 - P r im e s ( p o r t e d e s ) 3 7 1

- G r a n d - R o s iè r e -

V a u x - le z - C h e r a in 4 8 , 1 9 6 , 4 6 6

553, 557, 558, 559

L u ch et d 'A n to in g 8 0 , 9 1 , 3 7 0 , 3 7 1 , 3 7 2 ,

-

- À la T om be 1 9 7 , 4 3 5 , 4 3 6 À Vi Chesia 4 3 5

-

321, 322, 369 -

M oreux (Le) / M aureux (Le) 3 2 1 , 3 2 2

V e l le r e ille - le s - B r a y e u x 11, 1 4 3 , 2 0 5 , 2 1 3 ,

- R e in e A s t r i d ( p la c e ) 3 7 8

3 0 2 , 331

- S a in t - B r ic e 2 5 6 , 2 6 7 , 2 7 0 , 3 7 1 , 3 7 4 , 3 7 8

-

T om be du C h e f - * A is e a u T om be d'Y ve - » L a t i n n e T om be p o ilu e - * L a t i n n e T om be rom ain e - * O le y e Tom belle (La) - * S a in t - G e o r g e s - s u r - M e u s e T om bes 1 9 3 T om bes (Les) - » T o u r i n n e s - S a i n t - L a m b e r t T om bes de N o ir m o n t ■ C o r t i l - N o i r m o n t T om bes du Soleil - » A m b r e s i n T om bais - » G r a u x T om bois - » P r y

- S a in t- M a r tin 2 5 6

- B o is d e P i n c e m a i l l e 3 3 1

- V ie u x - M a r c h é - a u x - J a m b o n s 3 7 1 , 3 7 2 , 3 7 3

V e r m a n d 5 2 , 8 2 , 11 4 , 2 3 9

T o n g re s 10, 3 3 , 3 4 , 3 5 , 3 6 , 37, 4 2 , 4 3 , 47, 4 8 ,

- V ie u x - M a r c h é - a u x - P o is s o n s 3 7 3

Verte C h aussée 6 2 , 7 5 , 4 0 5 , 4 3 0 , 4 3 1 V ertunum ( S a in t - M a r d ) 4 9 2 Vervigium ( C la v ie r ) 4 0 0

H o tto m o n t

4 9 , 52 , 5 6 , 57, 58 , 5 9 , 6 0 , 61, 6 2 , 6 4 , 6 5 , 6 6 , 67 , 6 8 , 6 9 , 70 , 7 2 , 7 3 , 74, 7 5 , 77, 78 ,

- S a in t - P la t 3 7 1 , 3 7 2 , 3 7 5 , 3 7 7 , 3 7 8 - S a in t - P ie r r e 3 7 5 , 3 7 6

Bois de la Ville 3 3 1

V e lle r e ille - le - S e c 3 1 7 -

M o tte (La) 3 1 7

- S a in t - P ie r r e ( p la c e ) 2 3 2 , 2 3 4 , 2 3 6 , 2 6 4 ,

V e lr o u x 2 0 4

372, 375

V e lz e k e 3 6 , 6 5 , 6 6 , 6 7 , 7 7 , 7 8 , 8 2 , 1 1 4 , 3 3 1 ,

- S a in t - P ie r r e ( q u a r t i e r ) 2 6 4 , 3 7 0 , 3 7 5 ,

333, 337, 338, 587

377, 5 9 2

V e rd u n 4 9 3

- S a in t- Q u e n tin 1 8 6 , 3 7 7

V e r la in e 3 8 2 , 4 3 1 , 4 3 4

- T ê t e d ' O r ( r u e d e la ) 3 7 0 , 3 7 1 , 3 7 2

-

- V ie u x - M a r c h é - a u - B e u r r e 3 7 6

-

- V i f q u i n ( Q u a i) 3 7 2 T o u r n a is is 7 9 , 1 1 3 , 3 2 1 , 3 6 9 , 5 8 7 , 5 8 8

C am p a g n e à la T o m b e 4 3 4 C am p a g n e du Vivier 4 3 1 , 4 3 4

7 9 , 8 2 , 9 4 , 9 8 , 1 0 9 , 1 1 3 , 1 1 4 , 1 1 5 , 1 1 7 , 11 8 ,

T o u rn ette (La) - * N iv e lle s

V e r v o z - * C la v ie r

168, 180, 192, 2 3 5 , 2 3 6 , 2 3 9 , 2 4 0 , 241,

T o u rp e s 4 3 , 4 4 , 67, 1 3 2 , 5 8 7

V e s q u e v ille 1 4 4 , 1 4 5 , 1 4 6 , 4 4 2 , 4 9 0

242, 243, 244, 254, 255, 256, 263, 268,

T o u rs 4 7

318, 337, 352, 383, 3 8 4 , 386, 3 8 8 , 390,

Tranchée des Portes

- T ron qu y 4 9 0 , 4 9 1 Vetera ( X a n t e n ) 4 2

391, 400, 401, 402, 404, 405, 413, 416,

T r e ig n e s 1 4 , 1 3 0 , 1 4 8 , 1 5 1 , 2 1 0 , 2 5 7 , 2 5 8 ,

418, 421, 423, 425, 430, 431, 4 3 2 , 443,

504, 577, 578

444, 446, 453, 462, 463, 468, 4 8 0 , 491,

-

■ É t a lle

Bruyères (Les) 1 5 1 , 5 7 7 , 5 7 8

5 2 8 , 5 8 6 , 587, 5 8 8 , 591, 5 9 2

- F o n t a in e - S a in t - P ie r r e 5 7 8

- N o t r e - D a m e ( é g lis e ) 2 6 8

- M a tig n o lle 5 7 7

V e z in 1 3 0 , 1 3 3 , 1 3 8 , 1 5 3 , 2 1 0 , 2 1 1 , 2 5 5 , 5 0 4 , 505 V e z in - N a m ê c h e 5 0 5 , 5 0 6 , 5 0 7 , 5 0 8

255, 256, 262, 263, 268, 329, 342, 373,

- Bois d e H ayveau 5 0 5 , 5 0 6 , 5 0 7 , 5 0 8 Vi C liestia ■ V e d r in Vi Tchestia - » V i l l e r s - l e - B o u i l l e t Vi Tchestia - » J e m e lle Viens H elena 2 6 2 Vieille Bruyère - G i v r y Vieille C ou r - » T h in e s Vieille Terre au C o u ve n t - » V o d e lé e Vieille Voie 6 0 , 1 4 2

114, 1 9 4 , 2 1 0 , 2 2 2 , 2 8 2 , 2 9 5 , 2 9 6 , 2 9 7 , 5 2 8

415, 418, 421, 433, 443, 4 4 4 , 450, 451,

V ie s v ille 6 2

C h a m p d e la S ain te 2 9 6 - Ladrie (La) 2 9 6

4 5 5 , 457, 459, 4 6 0 , 461, 462, 463, 465,

- L é r in e s 2 9 6 , 2 9 7

583, 587, 589

Vieux Vieux Vieux Vieux Vieux

T o n g r in n e 2 5 8 T o r g n y 151, 2 5 3 , 4 4 2 , 4 8 7 , 4 8 8 , 4 8 9

M agerot / M agerou 1 5 1 , 4 8 7 , 4 8 8 P etite Fin 4 8 9 Tornaco ( T o u r n a i ) 3 7 0 Tour B ru n eh a u t Iz e l -

T o u r in n e s - S a in t- L a m b e r t 6 2 , 67, 8 2 , 8 4 , 8 6 , -

M oëssiat 5 7 7 , 5 7 8 - Roche B a b elet 5 7 8 -

T rê v e s 10, 2 1 , 37, 47, 4 8 , 5 2 , 5 6 , 57, 5 9 , 6 0 , 61, 6 2 , 6 4 , 6 5 , 6 6 , 67, 6 8 , 6 9 , 70 , 72 , 73, 74, 7 5 , 77, 7 8 , 8 2 , 114, 115, 140, 1 5 6 , 162, 168, 2 1 5 , 217, 2 1 8 , 2 2 2 , 2 3 2 , 2 3 3 , 2 3 7 , 2 3 9 ,

4 8 3 , 4 8 5 , 4 9 3 , 4 9 6 , 4 9 9 , 515, 516, 556,

8 0 , 8 2 , 8 3 , 8 4 , 8 5 , 8 6 , 91, 9 3 , 97, 1 0 9 , 110,

Trieux d e D a ve - » J a m b e s Trixhes ■ J u p ille - s u r - M e u s e Trois Frères (Les) ■ T h o r e m b a i s - S a i n t - T r o n d Tronnois - » L e ig n o n T ronquy - » V e s q u e v ille Troray - » B ra s Trou B odet — C o u v i n

1 1 3 , 1 1 4 , 1 2 3 , 1 2 4 , 1 5 6 , 1 6 1 , 1 6 4 , 1 6 6 , 167,

T r o u B o d e t ( r u e lle d u ) - * C o u v in

1 6 8 , 1 8 4 , 1 8 6 , 187, 1 9 0 , 2 0 4 , 2 0 5 , 2 0 6 , 2 0 7 ,

- L ib e r s a r t 2 9 6 , 2 9 7

Puits des Turcs 2 9 6 - T om be d e la H u ern ette 2 9 6 , 2 9 7 - T om bes (Les) 2 9 7 -

T o u r n a i 10, 13, 14, 21 , 3 6 , 4 1 , 4 2 , 5 2 , 5 4 , 5 8 , 5 9 , 6 4 , 6 5 , 6 6 , 67, 6 8 , 6 9 , 7 2 , 7 3 , 77, 78 ,

591, 592

Trou Trou Trou Trou Trou Trou Trou Trou

- A lla in (h a m e a u ) 3 7 8

T ro y e s 2 6 4

- A n c i e n c o u v e n t d e s R é c o lle t s 3 7 2

T ry-H a llo t - » S a in t - G é r a r d Try-S alet - » M e t t e t T u rn a cu m ( T o u r n a i ) 5 9 , 3 7 0

213, 215, 222, 224, 225, 232, 234, 235, 236, 239, 2 4 0 , 255, 256, 257, 258, 259, 260, 262, 263, 264, 265, 267, 268, 269, 2 7 0 , 3 0 2 , 3 0 5 , 318, 3 19, 3 2 0 , 3 6 6 , 367, 368, 369, 370, 371, 372, 373, 374, 375, 3 7 6 , 3 7 7, 3 7 8 , 3 7 9 , 5 8 5 , 5 8 7, 5 8 8 , 5 9 0 ,

- A n c ie n T h é â tr e 3 7 1 - C a p ito le ( p o r te d u ) 3 7 3

Bolus - » R a m e g n ie s - C h in de B ille m o n t - » A n t o i n g d e Fleurus - » L ib e r c h ie s d e l'Am bre - » É p ra v e des N u to n s ■ P re s le s d u R enard - » A is e a u M a n to - » B e n - A h i n sa u vage - » O t e p p e

- C a r lie r s ( r u e d e s ) 3 7 1 - C a t h é d r a l ( q u a r t ie r ) / C a t h é d r a le

C h â tea u - » H o u f f a l i z e C h â tea u - » M o n t C h â tea u - » O r t h o C h â tea u (Le) ■ M o d a v e C h em in - * H iv e s

V i e u x C im e t i è r e - » A r l o n

Vieux M urs - » N a m u r Vieux M urs - » T h o n V ieux-C hâteau - J e m e lle V ie u x - M a r c h é - a u - B e u r r e - » T o u r n a i V ie u x - M a r c h é - a u x - J a m b o n s - » T o u r n a i V ie u x - M a r c h é - a u x - P o is s o n s - * T o u r n a i V ie u x v ille 2 4 9 , 2 5 0 , 2 5 7 , 2 5 8 , 2 6 0 , 3 8 2 , 4 0 8 , 409, 592 - Logne 250, 408 -

Roupée 2 6 0 , 4 0 8

V ie u x - V ir to n

- S a in t - M a r d

V i f q u i n ( q u a i) - * T o u r n a i

V igetaille - » L e R o u x - le z - F o s s e s Villa H ecksang — N o b r e s s a r t Ville d'A nderlecht ■ B l i c q u y Ville de Verviers ■C h a p e l l e - l e z - H e r l a i m o n t Ville des Sarrasins — T o u r i n n e s - S a in t - L a m b e r t V ille r o u x - » C h a s tr e - V ille r o u x - B la n m o n t V ille r s - D e u x - É g lis e s 5 6 5

( q u a r t i e r d e la ) 2 3 4 , 2 3 5 , 3 7 1 , 3 7 3 , 3 7 6 , 3 7 7

U

- C h o ra u x (ru e des) 3 7 3 , 374, 376, 377,

U n iv e r s ( r u e d e 1’ ) - » C in e y

V ille r s - d e v a n t- O r v a l 2 2 2

378

U r m itz 3 0 7

V ille r s - le - B o u ille t 3 8 2 , 4 3 5 , 4 3 6

- C it a d e lle (L a ) 2 5 6 , 3 7 8

U tre c h t 2 3 9

- C la ir is s e s ( r u e d e s ) 3 7 1

618

-

-

Frégivaux 5 6 5

Bois d u Troue 4 3 5 Vi Tchestia 4 3 s , 4 3 6

I NDEX T O P O G R A P H I Q U E |

V ille r s - le - P e u p lie r 77 , 1 9 2 , 1 9 4 , 3 8 2 , 4 1 3 , 439 -

-

C am pagn e d e la T om be d e l'Em pereur 4 1 3 ,

439 -

W aha 442, 483

W ille m e a u 3 0 2 , 3 6 9 , 3 7 9 , 3 8 0

Carrières (Les) 4 8 3

- H o llo g n e 4 8 3 W a lc o u r t 5 7 9 , 5 8 0 , 581

T om be d e l'Em pereur 1 9 4

W illie r s 4 6 3 , 4 6 4 W odecq 333 W o e rd e n 2 3 9

W a lh a in 2 9 5 , 2 9 6

W olberg — A u t e lb a s

V ille r s - P e r w in 6 9 , 5 8 7

W a l l o n i e ( p la c e d e la ) - * N a m u r

W o lk r a n g e 1 5 2 , 1 5 3 , 2 5 3 , 4 4 2 , 4 4 3 , 4 8 6 , 4 8 7

V ille r s - s u r - L e s s e 5 0 4 , 5 7 4

W a lo p p e (La)

- G é n im o n t 5 7 4

Villés -*• B e r z é e

A m b r e s in

-

W a ltz in g 67 , 4 4 4

-

W a n c e n n e s 67, 133, 134, 5 0 4 , 511, 5 12

-

C h a u rn e t 5 1 1 , 5 1 2 C ou turelle (La) 5 1 1

V i n a l m o n t 61

-

V in dolan da 2 2 6

-

V ir e lle s 2 1 0

- P o n d r ô m e 511

A u fd e m Loch 4 4 3 , 4 8 6 , 4 8 7 Breden Felder 4 8 6 Sabel Feld 4 8 6

- S e s s e lic h 1 4 0 , 1 4 4 , 1 4 5 , 1 4 6 , 4 4 3 , 4 4 5 , 447, 486, 487 -

S taffeld 4 8 6

V ir e u x - M o lh a in 2 4 9 , 2 5 2 , 2 5 7

W a n s in 4 1 2

W o rm s 57

V ir o in v a l 5 7 5 , 5 7 6 , 5 7 7

W a n z o u l 182, 184

W y o m p o n t - » E r n e u v ille

V ir t o n 14, 6 6 , 67, 11 0 , 161, 2 1 0 , 2 4 7 , 2 4 9 , 250, 251, 252, 442, 444, 459, 460, 485, 4 9 2 , 493, 4 9 4 , 497, 498, 499, 500 -

C h â tea u R e n a u d 1 6 1 , 2 4 7 , 2 4 9 , 2 5 0 , 2 5 1 ,

252, 460, 499, 500 - H a m b re s a rt 2 2 2 , 4 6 0 , 49 5 , 4 9 9

W arelles - * P e t it - E n g h ie n W a re m m e 6 2 , 121, 194, 196, 3 8 2 , 3 9 1 , 4 2 5 , 434, 438

X

Bois des T om bes 1 9 4 , 4 3 8 - P la te T o m b e 4 3 8

X a n te n 3 8 , 4 2 , 4 8 , 5 3 , 2 3 9

-

X h e n d re m a e l 194, 3 8 2 , 387, 3 8 8

W a r f é e - > S a in t- G e o r g e s - s u r - M e u s e

-

V is é 1 4 4 , 3 8 9 , 4 3 6 , 4 3 7

W a r n a c h - * T in t a n g e

-

V iv ille

W a rn a n t-D re y e 3 8 2 , 4 3 5 , 4 3 6

B o n n e rt

Viye Tchestia / Vi Tchestia - * F u r n a u x

-

V le u te n - D e M e e r n 2 3 9

-

V o d e c é e 8 2 , 8 6 , 9 3 , 114, 151, 1 5 6 , 167, 1 71,

-

172, 178, 211, 50 4 , 56 5 , 56 6 , 567 -

Crayats des Sarrasins 1 5 1 , 5 6 6 , 5 6 7

V o d e lé e 1 4 0 , 1 4 3 , 1 4 4 , 1 4 6 , 2 5 3 , 5 0 4 , 5 2 4 , 525

À la T o m b e 4 3 6 A ux M orts 4 3 6 Tom be de Saint-G illes 4 3 6

A l Tom be 1 9 4 , 3 8 7 , 3 8 8 Li to m b e d i H ên 'M â l 3 8 8

Y Y e r n a w e - » S a in t - G e o r g e s - s u r - M e u s e

W a s s e ig e s 4 3 8 , 4 3 9 , 5 2 7 W a u d re z 4 3 , 56, 5 8 , 5 9 , 6 5 , 67, 7 2 , 7 3 , 79, 8 2 , 8 4 , 8 6 , 97, 114, 1 2 2 , 1 8 0 , 1 8 5 , 2 1 0 , 2 2 2 ,

Z

3 0 2 , 316, 317, 318, 581, 5 8 7

Z a v e n te m 10

Vieille Terre a u C o u ve n t 5 2 4 , 5 2 5 Vodgoriacum ( W a u d r e z ) 5 9 , 3 1 6

M o n t d e la Justice 3 1 6 W a u th ie r - * C h a s t r e - V i l l e r o u x - B l a n m o n t

Z elvas (Les) - * B lé h a r ie s

Vogenée 250

W a v re 2 5 3 , 2 8 2 , 2 8 3 , 2 9 6 , 2 9 7 , 2 9 8 , 2 9 9 ,

Z o m m e rg e m 2 0 7

vogo D orgiaco ( W a u d r e z ) 5 8 , 5 9 Voie d'E m ael Lanaye

W a y o t —* T h e u x

V o o rb u rg 6 5 , 78, 587

W ays 152

-

-

589

Z é la n d e 2 3 2

Z u lp ic h 2 3 9

V o tte m 74

W e d e ra th 4 4 , 18 0

V r e s s e - s u r - S e m o is 5 4

W e n d u in e 8 2 , 114 W é p io n 18 5 , 5 5 0 W e r v ik 5 8 , 6 5 , 6 6 , 7 3 , 1 1 3 , 114, 3 7 0

w

W e s te rs c h o u w e n 2 3 9

W a a s m u n s te r 8 2 , 114

W e t t e r a u 41

W ache (La)

W e y le r

J u p ille - s u r - M e u s e

W a d e lin c o u r t 1 9 2 , 3 0 2 , 3 1 2

A u t e lb a s

W i h o g n e 74

619

Remerciements La mise en œuvre de l'atlas des sites archéologiques, pour lequel on a visé à sélectionner puis à décrire les sites gallo-romains de Wallonie présentant un caractère d'exception et porteurs d'informations topographiques pré­ cises, a été confiée à une équipe scientifique, encadrée dès la première heure par Marie-Jeanne Ghenne, ensuite et essentiellement par Anne-Michel Herinckx, avec l’aide de Véronique Jonet. L'objectif topographique avéré de l'ouvrage a nécessité le recours à une équipe très étoffée pour réaliser les documents planimétriques et cartogra­ phiques: Véronique Dury, Cindy Dassy, Martine Jacobs, Dimitri Radoux et Véronique Clarinval. Raphaël Barthelemi a contribué en finale avec Véronique Clarinval à la saisie infographique des cartes et des illustrations. Pour la rédaction des notices archéologiques qui commandaient de s'ouvrir à l'actualité récente des découvertes, voire à des informations inédites, nous avons pu compter aussi sur l'aide de: Cécile Ansieau, Karine Bausier, Catherine Coquelet, Éric De Waele, Sylvie de Longueville, Christian Frébutte, Michèle Gustin, Frédéric Hanut, Denis Henrard, Sophie Lefert, Claire Massart, Ingrid Nachtergael, Jean Plumier, Jean-Luc Schütz, Pierre Van Der Sloot, Laurent Verslype, Fabienne Vilvorder, Laetitia Zeippen. Précédemment, la préparation d'un dossier sur la Belgique romaine, paru à Dijon en 2006, a favorisé la présente initiative. Beaucoup de collaborateurs à ce men­ suel ont ouvert la voie, par l'exposé de leurs idées, à la finalisation de ce livre et de ses chapitres de synthèse. Citons notamment: Johan Van Heesch, Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier, Marie-Hélène Corbiau, Fabienne Pigière, Wim Van Neer, Jean-Claude Demanet, Isabelle Deramaix, Philippe Mignot, Nicolas Paridaens, Évelyne Gillet, Denis Henrotay, Jean-Pierre Dewert, Ann Defgnée, Anne Cahen-Delhaye. En ce qui concerne plus précisément les travaux entrepris par le Service de l'Archéologie en Région wallonne, nous remercions très vivement André Matthys, alors Inspecteur Général, de nous avoir octroyé son accord en vue de l'utilisation de toute l'illustration nécessaire et, en particulier, de quelques beaux documents produits par Guy Focant. D'autres photos ont été aussi recherchées à notre intention par Marie-Hélène Corbiau, Hélène Remy et Jean Plumier que nous remercions particulièrement. Relativement aux chapitres qui composent la première partie de cet ouvrage, nous sommes grandement redeva­ bles à quelques personnalités du monde scientifique qui nous ont aidé de leurs conseils au moment de la rédac­ tion de ce livre: Fabienne Vilvorder, Johan Van Heesch (chap. I), Marie-Hélène Corbiau (chap. III), Laurent Verslype (chap. XI), Catherine Péters (Huy), Joseph Charlier (Braives), Jacques Willems et Jacques Witvrouw (Amay, Vervoz), Claire Massart (les tumulus), Jean Plumier, Alain Vanderhoeven, Armand Desbat. Comme on en jugera à la consultation de la liste des crédits des illustrations, qu'il s'agisse de vues de sites, de plans, relevés et documents graphiques, de photographies de mobilier archéologique, notre dette est immense envers les prêteurs d'images que nous remercions bien vivement. Il peut s’agir d'institutions, de musées, de cher­ cheurs privés, mais aussi des photographes eux-mêmes. Notre dette est la plus grande envers les fournisseurs d'illustrations émanant des institutions suivantes: la Région wallonne (Cécile Ansieau, Isabelle Deramaix, Christian Frébutte, Grégory Hardy, Philippe Mignot, Denis Prud'Homme, Pierre-Philippe Sartieaux, Martine Soumoy), l'Institut royal du Patrimoine artistique, les Musées royaux d'Art et d'Histoire (Anne Cahen-Delhaye, Nicolas Cauwe, Claire Massart), le Cabinet des Médailles Oohan Van Heesch, Yves Landrain), le Musée royal de Mariemont (Jacqueline Cession, Michel Lechien), la Ville de Namur (Jacques Leurquin) et le Musée archéologique de Namur, collections de la Société archéologique de Namur (Jean-Louis Antoine, Laurence Baty), le Musée archéologique luxembourgeois (Valérie Peuckert, David Colling), le Musée gaumais à Virton (Anne-Marie Bradfer), l'association Archéolo-J (Joël Gillet et ses collaborateurs), le fonds Joseph Mertens (UCL). D'autres établissements ont également répondu à l'appel: l’Archéoparc de Rochefort Malagne (Christian Limbrée), l'Archéosite d'Aubechies (Évelyne Gillet), l'Espace gallo-romain à Ath (Karine Bausier), la Fondation Roi Baudouin (Anne De Breuck), le Foyer socio-culturel d'Antoing (Philippe Soleil), le Gallo-romeins Muséum, Tongeren (Guido Creemers, Guido Schalenbourg), la Maison des Géants à Ath (Laurent Dubuisson, Jocelyn Flament), le Musée archéologique régional d'Orp-le-Grand, le Musée d'archéologie de Tournai, le Musée d'histoire et d'archéologie de Nivelles (Jean-Pierre Dewert), le Musée d'histoire, d'archéologie et des arts décoratifs de Tournai, le Musée de la Porte, à Tubize, le Musée d’Eben (Freddy Close), le Musée Le Grand Curtius à Liège (Jean-Luc Schütz), le Musée régional de Visé (Jean-Pierre Lensen), les Musées communaux de Verviers (Marie-Paule Deblanc-Magnée, Jacques Spitz), le Muséum het Toreke, Tienen. Pour l'obtention d'illustrations parfois inédites, les contacts ont souvent été personnels avec beaucoup de chercheurs que nous remercions: Pierre Cattelain (CEDARC), Christiane Delplace, Jean-Claude Demanet 620

REMERCI EMENTS |

(Pro Geminiaco), Guy Destexhe, Jean-Marc Doyen (Amphora), Guy Fairon (GRASB), Jacques Willems (Archéologie hutoise et CAHC), Eugène Thirion, Jacques Witvrouw, Giani Gava (CAHC), Evelyne Gillet (CTRA), Henri Gratia, Benoit Halbardier & Denis Kemp (ARC-HAB), Éric & Yves Leblois, Christian Malburny (ARCHEOPHIL), Nicolas Paridaens (CReA), Marie-Thérèse Raepsaet-Charlier (ULB), Hugo Thoen (RUG), François Tromme (CHWL) et Antony Kropff. Quelques belles restitutions cavalières de sites ou de monuments archéologiques émaillent aussi l'ouvrage. On les doit notamment à: Patrick Lahaye (Christrick), Benoît Clarys, Maggy Destrée, Marco Querciq, Claude Robert, Laurence Baty, E. Legrand. L'ouvrage composé avec soin par les Éditions Racine, à l'initiative d'Emmanuel Brutsaert, sort de presse avec l'aide financière de l'Institut du Patrimoine wallon. Nos remerciements s'adressent plus particulièrement au Ministre Jean-Claude Marcourt et à Freddy Joris. Une aide nous a été aussi consentie par la Communauté française de Belgique, Service du Patrimoine culturel. Nos remerciements s'adressent à la Ministre Fadila Laanan et à Patrice Dartevelle. i

621

Table des matières

PRÉFACE par Jean-Claude Marcourt

5

LA MÉTAMORPHOSE D'UN TERRITOIRE EN GAULE DU NORD : ACCULTURATION OU INTÉGRATION À L'EMPIRE ROMAIN? par Raymond BRULET INTRODUCTION: LES ENJEUX D'UN TERRITOIRE Historiographie gallo-romaine La Romanisation

9 10 15

I

CONQUÊTE ET INTÉGRATION La guerre des Gaules La période augusto-tibérienne

23 25 35

II

L’ADMINISTRATION DES TERRITOIRES OCCUPÉS Les structures administratives L'évolution du cadre administratif et géographique

45 47 51

III

LES VOIES DE COMMUNICATION Les sources Le réseau routier La technique de construction des routes Les routes Les ponts L'équipement des voies Les voies fluviales

55 56 63 68 73 78 78 79

IV

LES AGGLOMÉRATIONS La nature des agglomérations gallo-romaines L'urbanisme vicinal La parure monumentale L’habitat et l'architecture privée L'économie de production L'économie de consommation L'évolution chronologique des agglomérations

81 84 93 97 97 106 109 109

V

PAYSAGES RURAUX ET ÉCONOMIE RURALE Le paysage naturel Le paysage humain Le paysage organisé L'économie rurale

111 112 113 115 119

VI

LES ÉTABLISSEMENTS RURAUX De la ferme indigène à la villa gallo-romaine La villa gallo-romaine

127 131 133

VII RELIGION ET SANCTUAIRES La religion Les lieux de culte Les temples

155 157 167 169

L'espace sacré Les complexes cultuels ruraux Pratiques du culte

174

176 177

VIII NÉCROPOLES ET COUTUMES FUNÉRAIRES Les nécropoles Les rites funéraires La sépulture Les monuments funéraires

179 180 182 184 190

IX

ARTISANAT ET PRODUCTIONS L'industrie de la construction La métallurgie La verrerie La céramique Les textiles et les foulons Les cuirs et la tannerie L'artisanat de l'os

203 204 208 212 215 224 226 227

X

LA PÉRIODE TARDO-ROMAINE Le nouveau phénomène urbain Le destin contrasté des agglomérations La défense du territoire Les campagnes sous l'Antiquité tardive Les sanctuaires Les nouvelles coutumes funéraires

229 233 236 237 253 255 256

XI

VERS LE HAUT MOYEN-ÂGE Perte de contrôle La colonisation franque Le siècle de transition Paganisme et Christianisme

261 262 263 264 268

ATLAS TOPOGRAPHIQUE DES SITES ARCHÉOLOGIQUES Réalisation Auteurs Symboles des cartes Symboles des plans Abréviations bibliographiques Glossaire

272 272 273 273 274 278

PROVINCE DU BRABANT WALLON PROVINCE DE HAINAUT PROVINCE DE LIÈGE PROVINCE DE LUXEMBOURG PROVINCE DE NAMUR

281 301 381 441 503

NOTES BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE CRÉDITS DES ILLUSTRATIONS INDEX TOPOGRAPHIQUE REMERCIEMENTS

585 592 606 610 620

LISTE DES SITES ARCHEOLOGIQUES DE L'ATLAS TOPOGRAPHIQUE 1

B e a u v e c h a i n , L 'É c l u s e

71

S o ig n ie s , S o ig n ie s

142

2

B e a u v e c h a in , N o d e b a is

72

T o u r n a i, F ro y e n n e s

143

G o u v y , B o v ig n y G o u v y , C h e r a in

3

C h a s tre , C h a s t r e - V ille r o u x - B la n m o n t

73

T o u r n a i, R a m e g n ie s - C h in

144

G o u v y , L im e r lé

4

C h a s tre , C o r t i l - N o i r m o n t

74

T o u r n a i, T o u r n a i

145

H a b a y , A n lie r

5

in c o u r t , G lim e s

75

T o u r n a i, W ille m e a u

146

H a b a y , H a b a y - la - N e u v e

6

J o d o ig n e , D o n g e lb e r g

76

A m ay, A m a y -O m b re t

147

H a b a y , H a b a y - la - V ie ille

7

J o d o ig n e , J o d o ig n e

77

A m ay, A m a y

148

H a b a y , R u lle s

8

J o d o ig n e , P ié t r a in

78

A ns, X h e n d re m a e l

149

H o u ffa liz e , M o n t

9

J o d o ig n e , S a in t- J e a n - G e e s t

79

A w a n s , O th é e

150

H o u ffa liz e , N a d r in

10

N iv e lle s , N iv e lle s

80

B a s s e n g e , B o ir s

151

H o u ffa liz e , T a v ig n y

11

N iv e lle s , N iv e lle s

81

B assenge, E b e n -E m a e l

152

L a R o c h e - e n - A r d e n n e , H iv e s

12

N iv e lle s , N iv e lle s

82

B r a iv e s , B r a i v e s

153

La R o c h e -e n -A rd e n n e , O r th o

13

N iv e lle s , T h in e s

83

B r a iv e s , F a l l a i s

154

L ib r a m o n t- C h e v ig n y , B ra s

14

O rp -J a u c h e , M a r ille s

84

B r a iv e s , L a t i n n e

155

M a rc h e -e n -F a m e n n e , W a h a

15

O t tig n ie s , O t t ig n ie s

85

B u r d in n e , O te p p e

156

M a r te la n g e , M a r t e la n g e

16

P e rw e z , T h o r e m b a is - S a in t - T r o n d

86

C la v ie r , B o is - e t - B o r s u

157

M e ix - d e v a n t - V ir t o n , R o b e lm o n t

17

R a m illie s , G r a n d - R o s iè r e - H o t t o m o n t

87

C la v ie r , C la v ie r

158

M e s s a n c y , W o lk r a n g e

18

W a lh a in , T o u r in n e s - S a in t - L a m b e r t

88

C r is n é e , K e m e x h e

159

R o u v ro y , T o r g n y

19

W a v re , B a s s e -W a v re

89

E n g is , C l e r m o n t - s o u s - H u y

160

S a in t - H u b e r t , H a t r i v a l

20

W a v re , W a v re

90

E n g is , H e r m a l l e - s o u s - H u y

161

S a in t - H u b e r t , V e s q u e v ille

21

A is e a u - P r e s l e s , A i s e a u

91

F a im e s , C e l l e s

162

T e n n e v ille , E r n e u v ille

22

A is e a u - P r e s l e s , P r e s le s

92

F e r r iè r e s , V i e u x v i l l e

163

V ir t o n , S a in t- M a r d

23

A n to in g , A n t o in g

93

G e e r, O r n a i

164

V ir to n , V ir t o n

24

A n to in g , B r u y e lle

94

H a n n u t, A v e r n a s - le - B a u d u in

165

V ir to n , V ir t o n

25

A th , A th e t M a ffle

95

H a n n u t, B le h e n

166

Andenne, T h o n

26

A th , G h is le n g h ie n

96

H a n n u t , L e n s - S a in t- R e m y

167

A n d e n n e , V e z in

27

B e a u m o n t, S tré e

97

H a n n u t, M e r d o r p

168

Assesse, M a ille n

28

B e a u m o n t, T h ir im o n t

98

H a n n u t, P e tit- H a lle t

169

B e a u r a in g , W a n c e n n e s

29

B e lœ il, A u b e c h ie s

99

H a n n u t, V ille r s - le - P e u p lie r

170

C in e y , C in e y

30

B e lœ il, W a d e l i n c o u r t

100

H e r s ta l, F le r s t a l

171

C in e y , B r a ib a n t

31

B e r n is s a r t, P o m m e r œ u l

101

H u y , B e n - A h in

172

C in e y , L e ig n o n

32

B in c h e , P é r o n n e s - le z - B in c h e

102

H uy, H u y

173

C o u v in , C o u v in

33

B in c h e , W a u d r e z

103

L iè g e , A n g l e u r

174

D in a n t, D in a n t

34

B r u n e h a u t, B lé h a r ie s

104

L iè g e , J u p i l l e - s u r - M e u s e

175

D in a n t , F u r fo o z

35

B ru n e h a u t, H o lla in

105

L iè g e , L i è g e

176

D o is c h e , M a t a g n e - la - G r a n d e

36

B r u n e h a u t, H o w a r d r ie s

106

M o d a v e , S tré e

177

D o is c h e , M a t a g n e - la - P e t it e

37

C e lle s , V e la in e s - P o p u e lle s

107

M o d a v e , O u tr e lo u x h e

178

D o is c h e , V o d e lé e

38

C h a p e lle - le z - H e r la im o n t, C h a p e lle - le z -

108

M odave, M odave

179

É g h e z é e , T a v ie r s

H e r la im o n t

109

O re y e , B e r g ile r s

180

F e r n e lm o n t, F o r v ille

39

C h a r le r o i, M a r c h ie n n e - a u - P o n t

110

O upeye, H a c c o u rt

181

F o s s e s - la - V ille , L e R o u x - l e z - F o s s e s

40

C h a r le r o i, M a r c in e lle

111

O u p e y e , 1l e u r e - l e - R o m a i n

182

G e m b lo u x , S a u v e n iè r e

41

C h a r le r o i, M o n c e a u - s u r - S a m b r e

112

R e m ic o u r t, H o d e ig e

183

G esves, G esves

42

C h iè v r e s , G r o s a g e

113

R e m ic o u r t, M o m a lle

184

G esves, H a ltin n e

43

C h iè v r e s , L a d e u z e

114

S a in t- G e o r g e s - s u r - M e u s e , S a in t -

185

H a m o is , H a m o is

44

C o m in e s - W a r n e t o n , P lo e g s t e e r t

G e o rg e s -s u r-M e u s e

186

H a m o is , E m p t in n e

S a in t- G e o r g e s - s u r - M e u s e , S a in t -

187

H a v e la n g e , M i é c r e t

G e o rg e s -s u r-M e u s e

188

M e tte t, M e tte t

45

D o u r , É lo u g e s

46

E n g h ie n , P e t it - E n g h ie n

115

E r q u e lin n e s , M o n t ig n ie s - S a in t -

116

T h e u x , P o lle u r

189

M e tte t, F u r n a u x

C h r is t o p h e

117

Theux, T h e u x

190

M e tte t, G ra u x

E s tin n e s , E s t i n n e s - a u - M o n t e t

118

V e r la in e , V e r la in e

191

M e tte t, S a in t - G é r a r d

E s tin n e s - a u - V a l

119

V ille r s - le - B o u ille t, V a u x - e t- B o r s e t

192

N a m u r, N a m u r

49

E s tin n e s , H a u l c h i n

120

V ille r s - le - B o u ille t, V ille r s - le - B o u ille t

193

N a m u r , S a in t- M a r c

50

E s tin n e s , R o u v e r o y

121

V ille r s - le - B o u ille t, W a r n a n t - D r e y e

194

N a m u r, V e d r in

51

E s tin n e s , V e l l e r e i l i e - l e s - B r a y e u x

122

V is é , L a n a y e

195

O h e y , É v e le tte

52

F lo b e c q , F lo b e c q

123

V is é , L i x h e

196

O h e y , H a illo t

53

F r o id c h a p e lle , F r o id c h a p e lle

124

W a r e m m e , O le y e

197

O n h a y e , A n th é e

54

F r o id c h a p e lle , B o u s s u - le z - W a lc o u r t

125

W a re m m e , W a re m m e

198

O n h a y e , F a la ë n

55

G e r p in n e s , G e r p in n e s

126

W a s s e ig e s , A m b r e s i n

199

O n h a y e , S e r v ille

56

L a L o u v iè r e , H o u d e n g - G o e g n ie s

127

A r lo n , A r lo n

200

P h ilip p e v ille , N e u v ille

57

L e s B o n s - V ille r s , M e l l e t

128

A r lo n , A r lo n

201

P h ilip p e v ille , R o ly

58

L e u z e - e n - H a in a u t, B lic q u y

129

A r lo n , A u te lb a s

202

P h ilip p e v ille , V o d e c é e

59

L e u z e - e n - H a in a u t, B lic q u y

130

A r lo n , B o n n e r t

203

R o c h e fo rt, A v e -e t-A u ffe

60

M e r b e s - le - C h â te a u , F o n t a i n e - V a l m o n t

131

A tte rt, N o b re s s a rt

204

R o c h e fo rt, É p ra v e

61

M o m ig n ie s , M a c q u e n o is e

132

B a s to g n e , N o v ille

205

R o c h e fo r t, J e m e lle

62

M o m ig n ie s , M o m ig n ie s

133

B a s to g n e , L o n g v i l l y

206

R o c h e fo r t, V ille r s - s u r - L e s s e

63

M o n s , N o u v e lle s

134

C h in y , I z e l

207

V ir o in v a l, D o u rb e s

64

M o r la n w e lz , M o r la n w e lz

135

É ta lle , É t a lle

208

V ir o in v a l, N is m e s

65

P o n t- à - C e lle s , L ib e r c h ie s

136

É ta lle , B u z e n o l

209

V ir o in v a l, T r e ig n e s

66

P o n t- à - C e lle s , L ib e r c h ie s

137

É t a lle , S a in t e - M a r ie - s u r - S e m o is

210

W a lc o u r t, C h a s tr è s

67

Q u é v y , G iv r y

138

É t a lle , S a in t e - M a r ie - s u r - S e m o is

211

W a lc o u r t, P r y

68

R u m e s , T a in tig n ie s

139

F a u v ille r s , T in t a n g e

212

W a lc o u r t, R o g n é e

69

S a in t - G h is la in , S i r a u l t

140

F lo r e n v ille , F lo r e n v ille

70

S e n e ffe , A r q u e n n e s

141

F lo r e n v ille , L a c u is in e

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48

Mise en pages: Véronique Lux Impression: Chauveheid, Stavelot Reliure: Delabie, Marke Cet ouvrage a été achevé d'imprimer en Belgique le 24 décembre 2008

Scindé en deux parties, l'ouvrage offre un double éclairage sur la période romaine en Wallonie. La première partie présente la métamorphose qu'a connue cette région depuis la guerre des Gaules jusqu'à l'aube du Moyen-Âge. Le processus de la Romanisation des peuples soumis par Rome est un phéno­ mène historique complexe qui offre d'autant plus de particularités qu'il touche ici un territoire situé aux confins de l'Empire dont les occupants sont écartelés entre des traditions culturelles d'origine variée. Prudemment, Rome intégrera cette région et ses populations à l'Empire, mais on ne peut concevoir cette intégration comme une assimilation complète qui aurait débouché sur un abandon de l'identité culturelle régionale. Dans cette mesure, on préfère parler d'acculturation, un processus dynamique dans lequel s'engage une culture évoluant sous l'influence d'une autre. L’héritage laissé par Rome est toutefois considérable, et ce malgré la disparition de son système politique au début du Haut Moyen-Âge. Nombre de valeurs intellectuelles subsisteront, comme la langue latine. D'autres plus tangibles se rattachent à la culture matérielle, continuellement révélée par les découver­ tes archéologiques. Ces valeurs matérielles font l'objet du présent ouvrage, richement illustrées par les recherches conduites sur le territoire wallon par plusieurs générations d'archéologues. Les traces laissées par Rome amènent à évaluer l'importance de l'œuvre accomplie: les travaux d'infrastructure, la municipalisation et l'urbanisation de nos contrées, l’organisation d’une écono­ mie de production nouvelle au sein du monde rural et à travers l'implantation d'artisanats divers. La seconde partie, quant à elle, propose un atlas topographique des sites archéologiques gallo-romains en Wallonie, recensant les plus importants d'entre eux, sélectionnés en fonction de leur état de connaissance. Deux cent douze notices ont été rédigées par une équipe de scientifiques qui produisent un travail collectif. Appuyé par de nombreuses illustrations, cartes et plans, qui ont été réaménagés ou empruntés aux différents acteurs de l'archéologie, il constitue une source documentaire de première importance pour écrire l'histoire de notre région à la période romaine.

Racine É D IT I0N S