Les activités entrepreneuriales en Centrafrique: De l'époque coloniale à nos jours 2296125484, 9782296125483

L'auteur étudie la spécificité des activités entrepreneuriales en Centrafrique, dans une approche diachronique. Il

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French Pages 168 [160] Year 2010

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Les activités entrepreneuriales en Centrafrique: De l'époque coloniale à nos jours
 2296125484, 9782296125483

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LES ACTIVITÉS ENTREPRENEURIALES EN CENTRAFRIQUE

© L’Harmattan, 2010 5-7, rue de l’Ecole polytechnique, 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com [email protected] [email protected] ISBN : 978-2-296-12548-3 EAN : 9782296125483

Christophe OUAPOU

LES ACTIVITÉS ENTREPRENEURIALES EN CENTRAFRIQUE De l’époque coloniale à nos jours

L’Harmattan

AVANT-PROPOS “L’approche diachronique des activités entrepreneuriales en Centrafrique’’ est un thème que nous avons choisi à dessein. Il ne s’agit pas de revenir sur les approches théoriques de la définition des activités entrepreneuriales en générale, qui ont d’ailleurs été décrites, discutées, modélisées pour mieux comprendre l’importance du phénomène et la spécificité du concept, par des chercheurs tels que ; Thierry Verstraete, Bertrand Saporta, Emile-Michel Hernandez et bien d’autres, que nous recommandons au lecteur qui souhaiterait approfondir la question. Le but de cet ouvrage est de mettre l’accent sur la dimension praxéologique et structurale des activités entrepreneuriales en Centrafrique. C’est une approche diachronique qui s’étend de l’époque coloniale (genèse) jusqu’à nos jours (contemporaine). Loin de nous la prétention de mettre en exergue toute la dimension diachronique de l’acte entrepreneurial de l’Oubangui Chari, cette partie de l’Afrique Centrale devenue la République Centrafricaine. Des écrits d’historiens talentueux de l’économie de l’Afrique précoloniale tels que le Professeur Cheik Anta Diop confirment l’existence de l’acte entrepreneurial en Afrique depuis des temps. De l’Egypte ancienne au Royaume Ashanti en passant par la Bénoué pour l’Afrique Centrale, du Royaume du Bakongo au royaume Zandé dans l’espace de l’actuelle Centrafrique décrit par le Professeur Maurice Saragba. Notre étude porte sur une période où a commencé à se profiler la délimitation par le fait de la colonisation française de l’espace territorial de l’Afrique centrale dénommé l’Oubangui Chari et devenu République Centrafricaine après l’indépendance. Cette délimitation diachronique a le mérite d’user des données historiques et contemporaines accessibles. La collecte des informations à travers les diverses archives de l’époque coloniale et de l’après indépendance, avec une période de floraison de diverses activités entrepreneuriales qui faisaient déjà de l’Oubangui Chari et ensuite de la République Centrafricaine de 1960 à 1970 l’une des premières économies (en termes de PNB) de l’Afrique centrale, par la diversité des activités minières, agricoles, tissu industriel diversifié, ainsi que des activités commerciales filiales des grandes sociétés commerciales de

la métropole1 disséminées sur le territoire centrafricain qui constituaient de véritables pôles de développement ; ensuite ce fut le déclin pour diverses causes que nous tenterons de mettre en exergue dans cet ouvrage. Puisse cet ouvrage contribuer à une meilleure visibilité de l’Oubangui Chari ou de la République Centrafricaine, parmi les nombreuses publications d’éminents chercheurs. Mes remerciements à mes étudiants de maîtrise qui ont contribué aux collectes des données et mes collègues pour leur bienveillante relecture.

1

C. Ouapou, Stratégie d’implantation des multinationales en Afrique Francophone, Thèse de doctorat, voir sur Google (P D F).

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DÉDICACE

À mon épouse et mes enfants : Barbara, Bertrand, Martial, Tanya, Sabrina, Princia, Brayan, Christopher- Lee ‘‘Quoique tu puisses faire, ou rêver de faire, entreprends. L’audace a du génie, de la puissance et de la magie…’’ -Goethe-

INTRODUCTION L’actuelle République Centrafricaine, Ancien Oubangui- Chari, membre de la Fédération d’Afrique Equatoriale Française (AEF), doit son nom à des considérations à la fois géographique et historique. Sa position montre qu’elle est au cœur du continent africain. Limité à l’Ouest par le Cameroun, au Nord par le Tchad, à l’Est par le Soudan et au Sud par le Congo et la République démocratique du Congo (RDC), le pays couvre une superficie de 623.000 Km². Il est enclavé. Son économie, rendue fragile et totalement dépendante de l’aide extérieure, est incapable de décoller. Le fait que la RCA dépend des voies de communication de ses voisins, le Cameroun et le Congo, a des conséquences sur l’industrie, l’agriculture et le commerce. La distance qui sépare Bangui du port de Douala est de 2000 km par voie terrestre. Et celle qui sépare Bangui du port de Pointe noire est de plus de 1.500km par voie fluviale. 80% de la population pratique l’agriculture de subsistance. Par ailleurs, on peut noter certaines cultures d’exportations (coton, café, cacao, caoutchouc). Sur le plan des ressources minières, le sous-sol centrafricain, bien que très riche, est sous-exploité. Pour l’instant, seuls le diamant et l’or, extraits de manière artisanale, constituent la principale source d’exportation du pays. La RCA n’a jamais pu, en dépit de ses richesses potentielles réelles, atteindre un stade de développement encourageant, et sa situation économique et financière est en dégradation continue. L’histoire de l’Oubangui-Chari a montré que les dirigeants des sociétés concessionnaires avaient pour seul but, «l’exploitation anarchique » des richesses du pays. Ils avaient très vite opté pour une méthode de gestion inhumaine. Les hommes étaient soumis aux travaux forcés. Très souvent, femmes et enfants étaient pris en otages afin d’obliger les hommes à faire le portage. Certaines femmes supposées braves n’y échappèrent pas. Cent cinquante femmes et enfants privés de nourritures sont morts et leurs cadavres ont été découverts dans un camp d’otages le 23 Décembre 19012. La philosophie coloniale consistait à obliger les hommes à travailler dans les champs de caoutchouc de 4 heures du matin à 16 heures 2

Challaye, Le Congo français, Paris, Alcan, cité par Suret Canale, p. 4.

sans le moindre repos. Les durs travaux de construction du chemin de fer Congo-océan (CFCO) avaient également causé des pertes humaines considérables. Sur les 127.000 hommes recrutés de force pendant la période de 1921 à 1932, 25.000 moururent d’épuisement, de maladies ou de mauvais traitements. Il faut aussi noter l’injustice au niveau du salaire qui ne se payait qu’en nature. Il était difficile pour les travailleurs africains de cette époque d’évaluer les produits européens qu’ils recevaient en contrepartie de leur travail. Par exemple, une vieille chéchia constituait le salaire de plusieurs heures de travail. Tous les fruits des activités concessionnaires ne profitaient qu’aux Européens et les richesses étaient inégalement réparties. Les analyses des économistes classiques sur le traitement des classes ouvrières et la répartition des richesses mondiales, rejoignent la pensée de Karl Marx qui disait : « Nous pourrions nous demander d’où vient ce singulier phénomène qui fait qu’on trouve sur le marché un groupe d’acheteurs en possession du sol, de machines, de matières premières et des moyens de subsistance, toutes choses qui même, la terre dans son état primitif, sont des produits du travail, et, de l’autre côté, un groupe de vendeurs n’ayant rien à vendre que leur force de travail, leurs bras et leurs cerveaux agissants. Que l’un des groupes achète continuellement pour réaliser du profit et s’enrichir pendant que l’autre groupe souffre continuellement pour gagner sa vie… » 3.

Nous ne saurions oublier Proudhon quand il disait : «La société future idéale doit préserver la justice, la liberté et l’indépendance ; l’organisation économique doit être au service de ces objectifs…»4. L’étude de ces pensées permet de constater que les gestionnaires de ces sociétés concessionnaires ne respectaient pas les normes économiques et sociales. L’incohérence de la gestion coloniale à travers les sociétés concessionnaires laisse un terrifiant passif financier et humain, dont l’apurement reste problématique. Qu’en est-il de la situation économique de la période postcoloniale ? La RCA présentait un déficit de près de 4 millions de dollars dans son commerce extérieur en 1995. En 1994, sa dette extérieure totale était d’environ 890 3

Karl Marx, Prix, salaire et profit, éditions sociales.

4

M-M. Salort, Y. Katan, Les économistes classiques.

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millions de dollars et son PIB la classait en 4e position au niveau de la CEMAC5. Dans les pays en voie de développement, anciennes colonies de la France ayant acquis leurs indépendances dans les années 60, on constate que les initiatives viennent plus des agents étrangers que nationaux. Ces pays, pour la plupart riches en ressources minières et énergétiques, attirent les investisseurs étrangers à développer des activités industrielles ou commerciales, concourant ainsi à un début d’industrialisation de ces pays. Il s’agit, dans la plus grande majorité, des filiales des grands groupes de la métropole, suivies des entreprises familiales le plus souvent composées de la communauté d’un peuple installé sur le territoire et aussi de quelques nationaux et de l’État. C’est notamment le cas de la Centrafrique qui, après son indépendance, a vu le développement de plusieurs activités économiques et sociales dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Elle a enregistré des entreprises dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage, des usines pour la transformation de ces produits agricoles et d’élevage, l’industrie et d’autres dans le domaine commercial. Il faut surtout noter que l’environnement externe était très mouvementé sur le plan social. Ceci a considérablement influencé la vie de ces entreprises. Les périodes postindépendance sont très déterminantes pour toutes les nations et constituent une étape décisive dans la construction d’un tissu industriel, propulseur du développement économique et social. Les investisseurs sont plus que jamais attirés par les immenses ressources dont regorgent ces États. Ils y investissent en initiant des activités de transformation, de production et des activités commerciales (à l’exemple des filiales qui revendent les produits fabriqués par la maison-mère en Europe, …). Cela s’explique en partie par le fait qu’au lendemain des indépendances, les agents économiques nationaux, ne disposant pas de capitaux suffisants pour implanter des entreprises, laissèrent la place à ceux qui en détenaient (les investisseurs étrangers) pour animer la vie économique du pays. Mais à côté de ces grandes structures, se développèrent aussi d’autres activités de moindre importance, telles que l’artisanat, le petit commerce et bien d’autres encore partagées entre nationaux et étrangers. 5

Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle illustrée, réalités et grands projets en Afrique centrale.

11

Selon la théorie économique, il y a des périodes de croissance où les activités économiques s’intensifient et prennent une ampleur considérable, et les périodes de récession marquées par des crises provenant le plus souvent des événements imprévisibles qui chamboulent la vie économique d’une nation. En République Centrafricaine, ce phénomène de croissance s’est manifesté pendant un certain temps jusqu’à ce qu’on arrive à des périodes de crise qui ont bouleversé le circuit existant. Partant de ce constat amer, il est facile de comprendre que la RCA a traversé une difficulté énorme sur le plan économique. Et pourtant, pendant la période coloniale, elle pouvait rivaliser avec les autres pays de la sous-région. En 1924 par exemple, l’OubanguiChari était le premier producteur de café dans l’empire colonial français avec 360 tonnes de production annuelle en 1934, suivi de la Côte d’Ivoire. Dans le domaine minier, les premiers gisements d’or et de diamant étaient extraits en 1912 et 1914 en quantité considérable. L’étude des activités économiques de l’Oubangui-Chari de la période coloniale montre que cet État possédait un nombre assez important d’entreprises, lesquelles exerçaient dans presque toutes les branches d’activités. Dans le secteur minier, on notait déjà la présence des toutes premières sociétés telles que : La compagnie équatoriale des mines, la compagnie minière de l’Oubangui-Chari (CMOO). Le secteur agricole, notamment le coton, était exploité par la compagnie cotonnière équatoriale française (COTOUNFRAN), la compagnie cotonnière d’OUHAM-NANA (COTOUNA) et bien d’autres encore. C’est pour dire que chaque branche d’activité était exploitée au moins par une entreprise sinon plusieurs. Notre souci est d’analyser les caractéristiques des entreprises implantées en Oubangui-Chari de la période coloniale jusqu’à l’an 2000 D’où le choix du thème Approche diachronique des activités entrepreneuriales en Centrafrique. Cette étude nous amène à découvrir les différentes activités économiques exercées sur le territoire centrafricain depuis plus d’un siècle. Il n’est probablement pas possible de comprendre la réalité centrafricaine sans avoir à l’esprit le type de sociétés qui avait jadis existé dès les premiers contacts avec les explorateurs européens. Cela permettra de cerner, dans l’organisation économique et sociale actuelle, ce qui reste d’essentiel de ces sociétés d’antan. De nombreux Centrafricains, entrepreneurs ou non, n’ont pas une bonne connaissance des activités des sociétés coloniales et ne connaissent pas non plus les différentes mutations subies par certaines 12

pour être ce qu’elles sont aujourd’hui, et surtout les causes de la disparition d’autres. Cette méconnaissance du passé provient de la rareté des archives. Certaines ont été éparpillées, d’autres détruites ou pillées et transférées à l’étranger. À cela, s’ajoute le fait que certains documents d’archives en Centrafrique sont rarement datés et classés. Connaître les activités entrepreneuriales en Oubangui-Chari, implique les questions suivantes : Quelles étaient les véritables activités économiques des sociétés coloniales ? Quel était le mode de gestion mis en place par ces sociétés à travers les « cahiers de charges» pour leur fonctionnement ? L’incapacité de l’économie centrafricaine à dégager un excédent significatif ne serait-il pas un handicap hérité des sociétés coloniales ? Ce questionnement est nécessaire pour le traitement de ce sujet, mais il demeure toutefois insuffisant du fait qu’avant l’exploration européenne, il existait déjà une population autochtone en Oubangui-Chari. Ainsi, des questions complémentaires peuvent s’ajouter telles : Quel rôle jouait la population autochtone dans l’entrepreneuriat oubanguien ? Avait-elle une culture entrepreneuriale ? Les motivations exposées ici ne sont pas présentées dans toutes les formes du colonialisme, et quand elles le sont, toutes n’ont pas la même importance selon les pays et les époques concernés. De plus, le fait qu’une motivation soit présente dans un projet colonialiste ne signifie pas qu’elle soit traduite dans la réalité, ni que les opérations menées aient apporté le bénéfice escompté. Le colonialisme a souvent déçu les colonies, notamment sur les plans économique et politique. Plusieurs motivations stratégiques sont à l’origine de la colonisation économique. Ces motivations consistent pour les Européens à : • s’emparer des richesses des autres pays et assurer leur approvisionnement en matières premières ; • garantir les débouchées de leurs industries nationales en cas de surplus ; • libéraliser le commerce mondial ; • conquérir un espace de peuplement. La forte croissance de la population européenne a rendu nécessaire l’émigration. Un million de migrants européens au début du XXe siècle, a été absorbé par les colonies. 13

• contrôler les routes commerciales. Elles sont nombreuses et consistent à : ● augmenter la puissance et le prestige de la nation. ● accomplir une mission civilisatrice (un prétexte moral, les européens se croient investis d’une mission civilisatrice. Convaincus de la supériorité de la race blanche, ils s’attribuent comme mission d’éduquer la race inférieure.) ● établir la domination d’une race jugée supérieure sur d’autres jugées inférieures. ● répandre une religion. ● interdire l’esclavage. C’est la traduction pratique d’une philosophie de la subordination de l’économie du pays colonisé à la métropole, à travers deux règles principales : L’interdiction pour la colonie de posséder même une simple manufacture, et l’obligation pour elle de faire exclusivement son commerce avec la métropole. Selon cette règle, la manufacture étant perçue comme une ébauche d’industrie, interdiction ou restriction était faite à la colonie de travailler sa propre matière première. Le principe visait ainsi l’étouffement de la colonie, réduite à ne disposer en aucune période de son assujettissement, même pas d’une ébauche d’industrie. C’est ainsi que, parlant des États-Unis d’Amérique, alors encore colonie anglaise, Lord Chatam, disait au parlement britannique : « Les colonies anglaises du nord Amérique n’ont aucun droit à manufacturer même un clou ou un fer à cheval ». Selon ce principe, les activités commerciales de la colonie doivent rester le domaine exclusif de la métropole. C’est ainsi que les produits de la colonie étaient également frappés, soit d’interdiction, soit de restriction d’exportation vers des pays autres que la métropole. Ce principe était fondé sur une forme de légitimité, du fait que la métropole ayant consenti des investissements importants dans la fondation de la colonie, des compensations lui étaient dues sur les activités commerciales. La même interdiction restriction concernait également les articles en provenance de pays tiers vers la colonie. Par ce mécanisme, la métropole réservait à ses négociants, l’exclusivité du marché colonial. Le transport des marchandises vers la métropole ou vers la 14

colonie était également interdit ou restreint. Toutefois à titre de compensation à la colonie, la même interdiction et la même restriction étaient censées pénaliser l’importation de la métropole, les mêmes produits et matières premières que ceux produits par la colonie. Dans la philosophie du pacte colonial, le pays colonisé ne pouvait espérer aucun développement, mais devait rester un simple complément économique de la métropole. Il était dominé par d’énormes possibilités de la métropole. Cette politique économique coloniale tributaire selon les uns des théories mercantilistes, et selon les autres, des impérialismes nationaux, était pratiquée intensivement pendant des périodes relativement longues, par la quasi-totalité des puissances commerciales telles que la Grande Bretagne, la France et les Pays-Bas. Ce travail sera réalisé en deux parties : La première est intitulée l’émergence des activités économiques en Oubangui-Chari sera divisée en deux chapitres : Le premier chapitre traite des régimes concessionnaires. Il a pour but de nous donner les éléments essentiels pouvant nous permettre de bien connaître le champ d’étude. Il présente trois sections distinctes : La première section donne des éléments fondamentaux de l’émergence des entreprises ; La deuxième traite de la classification des entreprises La troisième, l’identité des opérateurs économiques. Le deuxième chapitre, donne des indications sur le fonctionnement des entreprises en Oubangui- Chari. Il sera également traité en trois sections : La première section s’intéresse à la localisation des entreprises sur le territoire. La deuxième traite de la situation agricole La troisième présente les autres situations. La deuxième partie s’intitule Les activités économiques postcoloniales. Elle comporte comme la première deux chapitres : Le premier chapitre décrit en trois sections les diverses activités entrepreneuriales de 1960 à 2000 :

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La première section traite des caractéristiques et de l’identité des opérateurs économiques ; La deuxième section traite des normes juridiques du fonctionnement des entreprises; La troisième section traite des entreprises sous les deux régimes ; Le deuxième chapitre fait une analyse du dépérissement des entreprises centrafricaines en trois sections : La première section relève les causes de ces dépérissements, La deuxième section traite de l’affaiblissement des entreprises. La troisième section s’inscrit dans une dimension spatiale : la délocalisation des entreprises et l’arrivée des nouveaux entrepreneurs.

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PREMIÈRE PARTIE ÉMERGENCE DES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES EN OUBANGUI-CHARI

L’une des préoccupations majeures de l’Europe, au milieu du XVIIIe siècle, était de conquérir l’Afrique toute entière. Cette colonisation avait un but économique : la recherche des produits bruts et agricoles nécessaires, et des matières premières pour la métropole. Il s’agissait de trouver des débouchés. C’est ainsi qu’à l’instar des pays de l’Afrique équatoriale française (Oubangui-Chari, Moyen-Congo, Tchad, Gabon), l’actuelle République Centrafricaine a été colonisée vers les années 1890. À cette époque, l’entreprise était difficile, le service de l’agriculture était inexistant et le tissu économique embryonnaire. Un an après la colonisation, c'est-à-dire en 1891, et plus précisément le 16 Juillet, dans le but de réaliser le projet de l’ « exploitation sauvage » de l’Oubangui-Chari, Etienne, secrétaire d’État aux colonies, avait préparé un projet de création des grandes compagnies concessionnaires qui devaient disposer de quatre vingt dix neuf ans dans chaque colonie de l’AEF. Pour des raisons de lenteur administrative et conformément aux dispositions de la conférence de Berlin (car la conférence stipulait l’interdiction faite aux puissances impérialistes de monter des affaires commerciales dans la région), les sociétés concessionnaires n’ont commencé à être opérationnelles qu’à partir des années 1900. C’est la naissance de véritables activités économiques en Oubangui-Chari. Vers les années 1924, dans le MBOMOU et dans le but de fournir aux villageois regroupés de nouvelles ressources qui leur permettront de s’acquitter de leur impôt de capitation, l’administrateur Félix Eboue avait inauguré la culture du coton, laquelle avait été introduite quelques années plus tôt sur la rive gauche par les Belges. Il était suivi par d’autres chefs de subdivision des zones riveraines de l’OubanguiChari. Malgré la protestation des sociétés concessionnaires, la culture du coton se développa. De 1929 à 1930, des sociétés ont été créées avec une participation importante de capitaux belges et hollandais, telles que l’Equatoriale française (COTONFRAN), la Société française des cotons africains (COTONAF), la Compagnie cotonnière d’OUHAM-NANA (COTOUNA).

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CHAPITRE I LES RÉGIMES CONCESSIONNAIRES Au milieu du XIXe siècle, lors de la colonisation européenne en Afrique, tous les pays du monde étaient entrés dans le mode de production capitaliste qui a entraîné la création des sociétés concessionnaires en Oubangui-Chari. Ces sociétés, reparties dans presque toute l’actuelle République Centrafricaine, ont exploité à outrance les richesses naturelles du pays. SECTION I ÉMERGENCE DES ENTREPRISES Les entreprises coloniales ont une longue tradition en Oubangui Chari. Leurs pénétrations se situent autour des années 1891 plus précisément lors des premiers temps de l’exploration française. La première opération de ces entreprises consistait à ouvrir des comptoirs de vente dont l’objet principal était de commercialiser les articles manufacturés et de procéder à l’achat des matières premières pour la métropole. Pour mieux connaître le processus de pénétration de ces entreprises, il est nécessaire de décrire les sociétés concessionnaires, leurs origines et processus de leur création. I.1 Les sociétés concessionnaires en Oubangui-Chari I.1.1 Les origines Deux maisons anglaises seulement opèrent de l’autre côte de la rive (l’actuelle République démocratique du Congo), quand le gouvernement français et les sociétés privées décident d’instaurer le régime concessionnaire. Ces deux maisons étaient Hatton et Cokson, John Holt et compagnie. Installées depuis longtemps sur le littoral congolais, ces maisons monopolisaient presque tout le commerce de traite. L’activité de l’import-export était assurée par la société allemande Woemans. Ces sociétés, greffées principalement sur l’économie de traite, ne répondaient plus aux conditions nouvelles. Il a fallu donc les transformer et créer des cadres nouveaux pour le capital, notamment une organisation étatique de type colonial. Le régime concessionnaire annonçait ces formes d’État et leur renforcement. Il convient de noter aussi que la zone intérieure des pays d’Afrique Centrale n’était commercialement connue que par quelques rares aventuriers portugais. Le 21

commerce local était réalisé par des commerçants ambulants locaux ou artisans, ou encore pendant des foires entre les grands villages et les grands centres. Les grandes maisons françaises de traite n’ayant pas de position économique acquise sur le terrain, comptaient sur l’intervention militaire de leur gouvernement. Ainsi, les fruits de la terre, de la chasse et de la pêche leur reviendraient gratuitement ; elles auraient sur les domaines, les droits de police et de justice, de lever des taxes et seraient libres de passer des traités avec les États voisins, avec l’accession à la pleine propriété. La condition prévalant était la mise en valeur des terres concédées : plantation de caoutchouc, café, cacao, élevage d’éléphants. Le projet qui avait traîné pendant longtemps en commission, fut repris deux ans plus tard pour être réalisé à la suite de nombreuses demandes. I.1.2 Création des sociétés concessionnaires L’État centrafricain actuel a fait l’objet d’un partage excessif de ses terres, il y a de cela plus d’un siècle par les Européens et précisément, l’administration française. Ce partage faisait suite à l’œuvre entreprise par le roi Léopold II quand il confisqua tout le Congo pour une exploitation personnelle. C’est ainsi que sur les 12 concessions accordées à l’Oubangui-Chari et sur les 40 accordées à toute l’Afrique équatoriale française, 1/ 10e, était réservé aux cultures vivrières, 1/10e (1/100e au total) à l’habitat. Les 9/10e des terres concédées étaient occupées par les sociétés concessionnaires en vue d’une exploitation personnelle. Cette portion (9/10e) était repartie entre 17 sociétés concessionnaires qui constituaient les toutes premières entreprises à exercer sur le territoire centrafricain. Cette répartition était faite selon les actionnaires et les régions : Cinq concessions avaient été attribuées dans toute la région du Haut-Oubangui : 1. Couvreux, Bouchard, Davos, Duchaney, Gauthey, Lemaire, Mante, Tourdonnet, Vallet-Uc,et Watel avaient obtenu l’immense concession de 140.000m² sur les trois sultanats du Haut-Oubangui. 2. Remy Martin, Boulet, Mathieu et Genestal avaient formé la Compagnie de la KOTTO avec une concession évaluée à 37.000km² et couvrant tout le bassin de la rive droite de la KOTTO. 22

3. La concession du bassin de Bangui, soit 8.000km², était attribuée à Emile Martin fondateur de la Compagnie de MOBAYE. 4. Le bassin de la rive droite du KOUANGO OUAKA, évalué à 15.300km², revenait à Sengui, Montserra et Brancion. 5. Le bassin de la rive gauche de la même rivière, soit 15.300km². Les deux concessions fusionnèrent sous le nom de la Compagnie du KOUANGO. Dans la région d’OMBELLA M’POKO et de la LOBAYE, quatre concessions avaient été attribuées aux concessionnaires suivants : 1. De Kergarion obtint le bassin de la rive gauche de l’OMBELLA, concession évaluée à 15.000km²et forma la Société Bretonne Congo. 2. Les associés Laroche et Robin obtinrent le bassin de la rive droite de la même rivière qui couvrait une superficie de 60.000km². Ils créèrent la Compagnie de l’OUBANGUI-CHARI-OMBELLA. 3. Jules Graty, homme d’affaires de Lille, passionnément intéressé par le Congo, s’était vu attribuer la concession du bassin de M’POKO, dans lequel se trouvait le poste de Bangui (actuelle capitale.) C’est la Compagnie de M’POKO évaluée à 13.900km². 4. Quatre autres commerçants et industriels du Nord : Convez, commerçant à Rennes, Albert Motte, industriel à Roubaix, Bossut et Cordonnier avaient obtenu le vaste bassin de la LOBAYE évalué à 32.400 km². Ils avaient appelé leur société la Compagnie des produits de la LOBAYE. Les descriptions enthousiastes à propos de la région de la HAUTE-SANGHA, quelques années auparavant, aussi bien par Brazza que Closel, ont attisé convoitises pour cette région. Aussi, sept concessions furent attribuées pour la seule partie centrafricaine du bassin de la rivière Sangha : 1. Normandin obtint une concession d’environ 5.000km² dans la région de KOUNDE, ville et relais commercial précolonial de MAMBERE-SANGHA. 2. Toujours sur l’ancienne voie commerciale KOUNDE-NOLA, Durand obtint dans la région de Gaza, 65.000 km² comme apport à la Compagnie de la HAUTE-SANGHA. 23

3. Nouzaret, un peu au sud, s’était vu attribuer 6.500 km² et forma la Société agricole et commerciale de la KADEI-SANGHA. 4. Au sud de la KADEI, jusqu’à la frontière dite Allemande, Gazendal obtint 12.000 km² et constitua une société qu’il nomma KADEI-SANGHA. 5. La rive gauche de la Sangha ou EKELA en BAKOTA, avait été concédée, surtout la région de BANIA étendue sur 5.040km², à William Guynet du conseil supérieur des colonies. Sa société fut baptisée EKELA Sangha. 6. Au sud de NOLA, à partir du petit affluent gauche de la SANGHA nommé LIPPA jusqu’à OUESSO, Nestoyer avait obtenu 20.000 km² sur la rive gauche où il fonda la Compagnie des produits de la SANGHA-LIPPA-OUESSO. 7. Le Nord de la HAUTE-SANGHA, région pratiquement inconnue, fut attribuée à la Compagnie française du Congo et des françaises. Dans la région du Nord d’OUHAM à la frontière du Tchad, une concession avait enfin été accordée aux membres du syndicat du Tchad et de l’Oubangui qui avaient subventionné les explorations de Bonnel, de Mezieres et de Beagle. L’un d’entre eux, Warel, fut l’un des bénéficiaires de la concession des sultanats du HAUTOUBANGUI. Victor Flachon, ami mandataire de Behagle et ses associés hollandais avaient obtenu 10.000 km² dans l’OUHAM. Ils formèrent avec les dirigeants de Brazzaville, filiale de la grande compagnie hollandaise, évincée du HAUT-OUBANGUI, la Société d’OUHAM et de NANA devenue plus tard OUHAME et Nana puis OUHAMNANA. Tous les actionnaires de ces dix-sept sociétés concessionnaires étaient des commerçants et des petits industriels originaires, pour une grande majorité, du nord de la France, de la Belgique et de la Hollande. Ce territoire, découpé depuis Paris, selon les premières cartes géographiques et partagé sous forme de propriétés privées entre les sociétés concessionnaires attendaient d’être « mis en valeur » par ces propriétaires lointains. L’attente fut brève car ces domaines privés étaient déjà cités à la bourse de Paris. 24

Tableau 1 : Les 17 premières entreprises ayant exercé sur le territoire centrafricain. ACTIONNAIRES

SOCIÉTÉS

RÉGIONS

SUPERFICIES

COUVREUX, BOUCHARD, DAVOS, DUCHANEY, GAUTHEY, LEMAIRE, MANTE, TOURDONNET, VALLETDUCWATEL

Compagnie de Haut –Oubangui

HAUTOUBANGUI

140.000m²

REMY MARTIN, BOULET, MATHIEU, ET GENESTAL

Compagnie de la KOTTO

KOTTO

37.000m²

EMILE MARTIN

Compagnie de la OUAKA

LA BANGUI

8.000m²

Compagnie de la SEVGUI, MONTSERRA, BRANCION, KOUANGO Société Bretonne SEVGUI, MONTSERRA, BRANCION, de Congo

15.300m² KOUANGOOUAKA KOUANGO-OUAKA OMBELLA MPOKO

1 .300m²

KERGARION

Compagnie de la M’POKO

- 15.00m²

JULES GRATY

Compagnie de OMBELLA l’Oubangui Chari- MPOKO OMBELLA

- 13.900km²

LA ROCHE ET ROBIN

Compagnie de Produit de la LOBAYE

OMBELLA MPOKO

- 60.000km²

COUVES, ALBERT MOTTE, BOSSULT ET CORDONNIER

Compagnie de la MAMBERESANGHA

OMBELLA MPOKO

- 32.400km²

NORMANDIN

Compagnie de la MAMBERESANGHA

KOUNDE VILLE

5.000km²

DURANT

Compagnie de la Haute -Sangha

6.5000km²

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NOUZARET

La Société Agrico- HAUTEle et Commerciale SANGHA de la KADERSANGHA

6.500km²

GAZENDAL

Kadei - Sangha

HAUTESANGHA

12.000km²

WILLIAM GUNET

Ekela- Sangha

EKELA

5.040km²

NESTOYER

VICTOR FLANCHON ET LES ASSOCIES HOLLANDAIS

Compagnie des NOLA Produits de la HAUTESANGHA – SANGHA LIPPA –OUESSO Compagnie Française du Congo et des Colonies Françaises

20.000km²

OUHAM-NANA

10.000km²

OUHAM

La première colonne du tableau montre les noms des différents actionnaires, propriétaires des concessions partagées, sur lesquelles ont été implantées les toutes premières entreprises en Oubangui-Chari. Le tableau fait ressortir clairement les noms des 17 premières sociétés implantées sur ce territoire, les régions et les superficies occupées par ces sociétés dites concessionnaires. Elles ont pris comme dénomination les noms des villes où elles se sont implantées. Le graphique suivant nous donne une vue de ces toutes premières sociétés.

26

Graphique 1 : Vue synthétique des 17 premières entreprises en RCA

Ouham; 6% Nola; 6% Ekela; 6%

Haut Oubangui Haut Oubangui; 6% Kotto; 6% La Bangui; 6%

Haute Sangha; 17%

Kouango-Ouaka; 12%

Gaza; 6% Koundé; 6%

Ombella-Mpoko; 23%

Kotto La Bangui Kouango-Ouaka Ombella-Mpoko Koundé Gaza Haute Sangha Ekela Nola Ouham

Les entreprises coloniales fonctionnaient dans un cadre institutionnel largement inadapté dans lequel l’économie du pays pouvait raisonnablement se fondre. Notons que plusieurs textes régissaient les entreprises coloniales. Ces textes étaient rédigés par l’administration constituée essentiellement des colons français. Dans la rédaction de ces textes, l’intérêt de la métropole était privilégié. Ils régissaient les entreprises coloniales surtout les investissements et réinvestissements. I.1.3 Le code d’investissement. Le code d’investissement a été rédigé par des techniciens et entrepreneurs français, et adopté à la veille de l’indépendance par tous les pays de l’A.E.F. Il y a 3 régimes dans ce code d’investissement : A, B, C. Ces régimes permettent de se faire une idée du pillage économique. Le régime A concerne les entreprises ou établissements dont l’activité est limitée en Oubangui-Chari. Il est accordé par décret pris en conseil des Ministres pour une durée qui ne peut excéder dix ans. Ce régime accorde aux entreprises : 27

- des exonérations d’impôts sur les bénéfices pendant 5 ans renouvelables ; - la liberté de rapatrier les capitaux pendant cette période de 5 ans etc. Le régime B concerne les entreprises ou établissements dont le marché s’étend au territoire de deux ou plusieurs États de l’union douanière équatoriale. Ce régime est accordé par un acte du comité de direction de l’union douanière équatoriale, sur proposition du conseil des Ministres. Le régime B permet (article 29) l’admission des matériels d’installation et d’équipement aux taux de droit d’entrée et de taxe sur le chiffre d’affaires à l’importation par la législation douanière en vigueur. L’exonération de droits et taxes est perçue à l’entrée sur les matières premières et les produits essentiels utilisés en usine pour l’obtention des produits fabriqués dans leur forme de livraison au commerce. Celle-ci, dans les conditions définies par l’acte d’agrément de toutes taxes intérieures sur les produits ou marchandises fabriqués, s’applique aux matières premières ou produits essentiels d’origine locale qui entrent dans leur production. L’exemption de « la taxe unique » est faite sur les produits fabriqués sous ce régime et destinés à l’exportation hors des États de l’union douanière équatoriale. La détermination dans l’acte d’agrément du taux des droits de sortie qui peuvent être réduits ou annulés est applicable aux produits préparés, manufacturés ou industriels exportés par l’entreprise. (Article 30). Les entreprises agréees au régime B bénéficient de droit des dispositions touchant les contributions directes et les redevances domaniales valables pour le régime A. Notons que les taux des redevances foncières, minières et forestières peuvent être réduits ou annulés. Quant aux réductions de l’impôt sur les bénéfices, elles peuvent varier entre 20 et 50 % voire 100 % (Article 30). Le régime C concerne les entreprises d’une importance capitale pour le développement économique de l’Oubangui-Chari et qui mettent en jeu des investissements exceptionnellement élevés. Ce régime est accordé suivant la procédure applicable au régime A. Il comporte l’octroi d’un régime fiscal de longue durée selon les modalités suivantes (Article 34). La durée du régime C ne peut excéder 25 années majorées, le cas échéant, des délais normaux d’installation (Article 35) pendant la période d’application fixée à l’article 34, le régime fiscal 28

stabilisé, garantit à l’entreprise à laquelle il est accordé la stabilité des impôts, contributions, taxes fiscales et droits fiscaux de toute nature, qui lui sont applicables à la date de départ, dans leurs modalités de recouvrement. En outre, certains avantages fiscaux prévus à l’article 33 dans le cadre du régime A peuvent être étendus par décret d’agrément à l’entreprise bénéficiaire du régime C (Article 36). Aucun texte législatif ou réglementaire prenant effet à une date postérieure à celle de l’agrément d’une entreprise au bénéfice du régime C ne peut avoir pour conséquence de restreindre, à l’égard de ladite entreprise, des dispositions ci-dessus définies. I.1.4 Arrêté instituant l’impôt sur le chiffre d’affaires I.1.4.1 Des exploitations imposables Article 1er : Par mesure compensatrice des taxes additionnelles, sur le chiffre d’affaires à l’importation et à l’exportation, sont instituées en AEF en général et en Oubangui-Chari en particulier. Par arrêtés des 28 /12/1930 et 3/12/1938, il est établi un impôt sur le chiffre d’affaires, dû par les personnes ou sociétés se livrant à une activité commerciale, bancaire ou industrielle désignée ci-dessous : -

Armateurs ;

-

Cinématographes ;

-

Commissionnaires en entreprises ;

-

Compagnies de navigation ou leurs agents ;

-

Consignataires des navires ;

-

Entrepreneurs des travaux ;

-

Etablissement de crédit immobilier ;

-

Etablissement de banque ;

- Officiers ministériels, pour la quote-part de leurs émoluments perçus sur le public -

Transitaires ;

-

Transporteurs

Article 2 : L’impôt est dû sur le montant brut des affaires réalisées dans les entreprises existant en AEF, soit par des particuliers, soit 29

par des sociétés, alors même que le siège social de ces dernières serait dans une autre colonie française, dans la métropole ou à l’étranger. En ce qui concerne les sociétés ou les particuliers effectuant à la fois des opérations en AEF, d’autres colonies françaises, dans la métropole ou à l’étranger, seules les affaires réalisées en AEF seront assujetties à la taxe. Article 3 : Chaque personne ou société est imposable, pour l’ensemble des entreprises exploitées en AEF, au siège de la direction des entreprises. Article 4 : Toute personne ou société assujettie au présent impôt devra, si elle ne tient pas habituellement une comptabilité permettant de déterminer son chiffre d’affaires, avoir un livre aux pages numérotées sur lequel elle inscrira, jour par jour, sans blanc ni rature, chacune des ventes qu’elle a effectuées, commissions, recettes ou autres produits constituant la rémunération de ses services. I.1.4.2 Eléments d’imposition Article 5 : L’impôt est établi chaque année d’après le montant brut des affaires effectuées au cours de l’année précédent celle de l’imposition. Article 6 : Pour la liquidation de l’impôt, le chiffre d’affaires est constitué comme suit : 1) Montant des ventes et des travaux effectivement et définitivement réalisés ; 2) Montant des courtages, commissions, escomptes, agios encaissés ; 3) Autres produits définitivement acquis dans l’exercice des professions énumérées à l’article 1er. Article 7 : Si l’exercice clos au cours de l’année précédente s’étend sur une période de plus ou de moins de 12 mois, l’impôt est néanmoins établi d’après les opérations dudit exercice. Article 8 : Est admise en déduction, la fraction du chiffre d’affaires réalisé sur les transports administratifs qui a servi de base à la détermination de la contribution extraordinaire sur les bénéfices de guerre. 30

I.1.4.3 Des déclarations Article 9 : Les contribuables désignés à l’article 1er sont tenus de remettre contre récépissé, au contrôleur des contributions directes, avant le 1er avril de chaque année, une déclaration dûment signée du montant des affaires réalisées au cours de chaque année précédente. Article 10 : Les déclarations des contribuables sont vérifiées par le contrôleur des contributions directes. Le fonctionnaire peut demander des éclaircissements et se faire présenter les pièces comptables (copies des lettres, factures, inventaires, etc.) de nature à justifier l’exactitude de la déclaration. Il entend les intéressés lorsque leur audition lui paraît utile, ou lorsqu’ils demandent à présenter des explications. Il peut rectifier les déclarations, mais il fait alors connaître au contribuable la rectification qu’il envisage et lui en indique les motifs. Il invite en même temps l’intéressé à faire parvenir son acception dans un délai qui ne peut être supérieur à 30 ans. À défaut de réponse dans ce délai, le contrôleur fixe la base de l’imposition, sous réserve du droit de déclaration de l’intéressé après l’établissement des rôles. Si le contribuable n’accepte pas le chiffre qui lui a été notifié et si, de son côté, le contrôleur n’admet pas celui qui est proposé par l’intéressé dans ses observations, l’évaluation du chiffre d’affaires est faite par le chef de service des contributions directes. Son avis est notifié au contribuable par le contrôleur, qui l’informe en même temps du chiffre d’après lequel il se propose de le taxer. Le chiffre ainsi arrêté sert de base d’imposition. I.1.4.4 Des majorations d’impôt Article 11 : Les infractions aux dispositions qui précèdent sont sanctionnées ainsi qu’il suit : 1) Le montant d’impôt est majoré de 10% si le contribuable n’a pas souscrit sa déclaration dans le délai prévu par l’article 8 2) En cas d’insuffisance, dans la déclaration annuelle, les majorations d’impôt sont les suivants : a) Si le contribuable établit en bonne foi, 25 % sur la portion d’impôt correspondant au montant du chiffre d’affaires dissimulé b) Si le contribuable établit en mauvaise foi, 200% sur le droit s’appliquant à la fraction du chiffre d’affaires dissimulé. 31

I.1.4.5 Du calcul de l’impôt Article 12 : Pour le calcul de l’impôt, toute fraction du chiffre d’affaires n’excédant pas 1000 FCFA est négligée. Le taux de l’impôt est fixé conformément au tarif suivant : 1% sur la fraction du chiffre d’affaires compris entre 1 et 100.001 ; 1,25% sur la fraction du chiffre d’affaires compris entre 100.001 et 500.000 ; 1,50% sur la fraction du chiffre d’affaires compris entre 500.001 et 2%, au-dessus de 1.000.000F. I.1.4.6 Établissement et recouvrement des rôles Article 13 : Les rôles de l’impôt sur le chiffre d’affaires sont établis nominativement, et le recouvrement en est poursuivi comme en matière des contributions directes. Article 14 : Les héritiers du contribuable décédé dans le courant de l’année sont tenus de payer le montant des cotisations portées au nom du (de cujus) défunt. Article 15 : L’impôt est exigible en deux termes : la moitié dans les 30 jours qui suivent la mise en recouvrement du rôle, et l’autre moitié avant le 1er octobre de l’année de l’imposition. Faute de payement à l’échéance, la contribution devient exigible en totalité. I.1.4.7 Cession ou cessation d’entreprises Article 16 : Dans le cas de cession ou de cessation, en totalité ou en partie, d’une entreprise, l’impôt sur le chiffre d’affaires dû en raison des affaires qui n’ont pas encore été taxées est immédiatement établi. Les contribuables doivent, dans les 30 jours, aviser le contrôleur de la cession et lui faire parvenir les renseignements suivants : date à la quelle la cession a été ou sera définitive ; nom, prénoms et adresse du cessionnaire, ainsi qu’une déclaration du chiffre d’affaires réel. Si les contribuables ne produisent pas les renseignements visés au second alinéa du présent article, les bases d’imposition sont arrêtées d’office, 32

et il est fait l’application de la majoration des droits prévus à l’article 10. Les droits établis dans les conditions fixées par le présent article sont immédiatement exigibles pour la totalité. En cas de cession, qu’elle ait eu lieu à titre gratuit, qu’il s’agisse d’une vente forcée ou volontaire, le cessionnaire peut être rendu responsable, solidairement avec le cédant, du payement des impôts afférents au chiffre d’affaires réalisé par ce dernier pendant l’année de la cession jusqu’au jour de celle-ci, ainsi qu’au chiffre d’affaires qui n’a pas été déclaré par le cédant avant la date de cession. Toutefois, le cessionnaire n’est responsable que jusqu’à concurrence du prix de fonds de commerce, si la cession a été faite à titre onéreux, ou de la valeur retenue pour la liquidation du droit de mutation entre vifs, si elle a eu lieu à titre gratuit. Les dispositions du présent article sont applicables dans le cas de décès. Dans ce cas, les renseignements nécessaires pour l’établissement de l’impôt sont produits par les ayants droit du défunt dans les 6 mois de la date du décès. I.1.5 Arrêté fixant le salaire minimum des travailleurs Article 1er : Le minimum de salaire des travailleurs (manœuvres non spécialisés) engagés par le contrat est fixé, pour 1928, dans la colonie de l’Oubangui-Chari, ainsi qu’il suit : 1) Travailleurs employés dans la subdivision où ils ont été recrutés (Bangui excepté)………………..25F CFA par mois. 2) Travailleurs employés hors de la subdivision où ils ont été recrutés à Bangui-------35Fcfa par mois. Article 2 : Le salaire est indépendant de la ration journalière, qui doit être fournie aux travailleurs engagés, de quelque origine qu’ils soient. Ce texte est modifié par le décret du 21/07/1957 qui fixe le niveau de salaire pour la même année en francs CFA6.

6

J. Romeuf, p. 3.

33

Tableau 2 : Niveau des salaires suivant le décret du 21-07-1957 Catégories des salaires Afri- Salaires en FCFA par cains mois Manœuvre Ordinaire

95 à 100

Manœuvre Spécialisé

110 à 120

Ouvrier Spécialisé

130 ,5

Ouvrier qualifié

200 à 250

Source : Histoire de la Centrafrique, Alliance française de Bangui Pour les Européens, le service statistique de l’époque notait les chiffres suivant (FCFA) : Tableau 3 : Niveau des salaires des Européens Catégories des salaires Euro- Salaires en FCFA par péens mois Débutant dactylo secrétaire

95 à 100

Ouvriers

110 à 120

Techniciens

130 ,5

Personnel de Maîtrise

200 à 250

Personnel de Direction

80.000

Source : Histoire de la Centrafrique, Alliance française de Bangui Trois faits pèsent lourdement sur toute l’économie de l’OubanguiChari pendant l’époque coloniale :

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-

La quasi-inexistence de l’entreprenariat de type centrafricain ;

-

L’inégale répartition de l’activité productrice dans la colonie ;

- La prédominance des cultures de rente dans le mouvement des exportations. I.1.6 La quasi-inexistence de l’entreprenariat de type centrafricain Au départ, pendant l’époque précoloniale où on ne pouvait pas parler de la colonisation des pays africains, les Oubanguiens possédaient une culture d’entreprenariat. Cette culture s’expliquait par les petites activités commerciales que ce peuple exerçait pour des raisons de subside. À l’exemple des populations « riveraines » qui, depuis le XIXe siècle, descendaient et remontaient la rivière Oubangui à l’aide de leurs longues et spacieuses pirogues pour faire du commerce lequel est entré dans leurs mœurs. Ces activités étaient exercées sous forme de troc. C’est pour dire que s’il n’y avait pas eu la colonisation, ce peuple aurait pu développer cette culture, pour atteindre avec le temps l’entreprenariat proprement dit. En d’autres termes, l’entreprenariat de type capitaliste centrafricain. L’habitude coloniale, que W. Nzapayeke7 qualifie de « mal francophone », notamment le système colonial à travers le pacte colonial qui stipule « l’interdiction pour la colonie de posséder même une simple manufacture, et l’obligation pour elle de faire exclusivement son commerce avec la métropole », a fait disparaître complètement l’entreprenariat Oubanguien au profit de l’entreprenariat de la métropole. Dans ce système, toutes les tâches de création d’entreprises, de conception et de commandement ne pouvaient être réalisées que par des colons, réduisant ainsi les natifs, même les plus « instruits », à l’exécution des tâches essentiellement subalternes. Un tel système a contribué à l’inexistence de l’entreprenariat de type centrafricain et une déresponsabilisation des autochtones et développé chez eux une attitude de soumission, de dépendance, de servitude docile, seul moyen de bénéficier des faveurs du maître. Ainsi, les centrafricains ne pratiquaient presque pas d’activités productrices pendant toute l’époque coloniale, à l’exception d’un nombre négligeable qui constituait déjà la petite bourgeoisie vers la fin de cette période. Pour encourager et relancer l’entreprenariat de type centrafricain,

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Cité par J. B. Wago, L’économie centrafricaine. Pour rompre avec la logique de rente, Paris, Harmattan.

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le président fondateur de la RCA Barthélemy Boganda a initié des associations et coopératives vers les années 1950. I.2.7. Les coopératives et associations Oubanguiennes En 1950, deux coopératives apparaissent : la COEI, Coopérative d’import-export de Gandji Kobokassi, créée le 15 Avril 1950, et la TRANSCOOP, Coopérative de transport du conseiller Condomat, créée le 29 mai 1950. Aussi, probablement parce qu’elles éprouvaient des difficultés de fonctionnement, la COTONCOOP de G. Darlan et l’espoir Oubanguien de Jane Vialle, se regroupèrent le 13 avril 1950 en une Union régionale d’achat des coopératives de l’Oubangui (URACO). Malgré les efforts consentis par cet homme et beaucoup de centrafricains pour enrayer cette situation, elle demeure inchangée. I.1.8 L’inégale répartition de l’activité productrice Les Oubanguiens ne bénéficiaient pas des fruits de leur propre sol et de leur travail. Ils n’étaient presque pas payés pour le travail fourni et même s’ils l’étaient, ce n’était pas en espèce mais plutôt par des biens ou produits qui ne reflétaient même pas la valeur de l’effort engagé. Les opérateurs économiques de l’époque n’avaient qu’un seul but : investir dans leur pays d’origine au détriment de la colonie. Pour cela, accumuler toutes les richesses provenant de la colonie était leur priorité, sans pour autant penser à une répartition de ces richesses entre tous ceux qui ont participé à sa réalisation. I.1.9 La prédominance des cultures de rente À la recherche des matières premières, pour faire développer leurs industries, les entrepreneurs coloniaux ont obligé le peuple Oubanguien à la culture de rente constituée principalement du coton, du café, du caoutchouc, du tabac, au détriment de la culture vivrière composée en majeure partie du manioc, du maïs, de l’arachide du paddy, du sésame, culture nécessaire à la consommation locale La culture de rente tenait une place considérable dans le chiffre global des échanges internationaux ; elle se limitait à l’exportation des produits tropicaux tels que : le coton, le café, l’huile de palme pour la savonnerie de Marseille et les grumes souvent achetés à vil prix aux producteurs et à l’importation des produits finis qui se vendaient trop chers aux paysans. Ajoutons que la balance commerciale était toujours déficitaire durant cette longue période coloniale. 36

SECTION II CLASSIFICATION DES ENTREPRISES La taille, l’activité de l’entreprise ont des conséquences sur son fonctionnement et sur ceux qui travaillent avec elle. Il est possible de classer les entreprises en fonction de nombreux critères. Les classifications juridiques permettent d’analyser la répartition des pouvoirs au sein de l’entreprise, les rapports avec les tiers. Les classifications économiques quant à elles, visent surtout à établir des comparaisons entre les différentes entreprises. Les classifications ici concernent beaucoup plus les entreprises du type moderne. Elles nous permettent de mieux connaître le fonctionnement de ces entreprises, afin de voir un peu plus loin si les entreprises coloniales à travers leur fonctionnement, répondaient à ces critères, aussi bien importants dans la vie de l’entreprise. II.1 Les classifications juridiques - La propriété de l’entreprise constitue un premier critère de classement dans un système économique capitaliste. La propriété de l’entreprise type est repartie entre plusieurs associés qui apportent chacun une partie du capital. Mais les entreprises individuelles (y compris à expliquer l’EURL) sont gérées par un propriétaire unique, et conservent de ce fait des traits capitalistes. D’autres entreprises relèvent du secteur public et appartiennent majoritairement à l’Etat (entreprises publiques) ; enfin des entreprises unies font partie du secteur de réalisation des profits, ces entreprises n’obéissent pas à une logique purement capitaliste. - Les sociétés peuvent être classées en fonction du critère de la personnalité morale, qui les désigne à être titulaire de droits et d’obligations. La plupart des sociétés sont dotées de la personnalité morale : elles ont leur propre patrimoine et des organes de représentation susceptibles de les engager juridiquement. Certaines sociétés cependant ne bénéficient pas de personnalité morale. Il s’agit des sociétés créées de fait (groupements de personnes qui se comportent, sans avoir pleinement conscience, comme de véritables associés) et des sociétés en participation (sociétés qui ne sont pas soumises à l’obligation de publicité et qui n’existent donc juridiquement que dans les rapports associés). Parmi les sociétés commerciales, on distingue : 37

II.2 Les sociétés de personnes (ou par intérêts) Les sociétés de personnes sont constituées en considération de la personne des associés. (Exemple : la société en Nom Collectif). Les parts sociales ne sont cessibles qu’à certaines conditions précises et les associés sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes sociales sur leur patrimoine personnel. II.3 Les sociétés de capitaux Elles sont constituées en considération des capitaux apportés (exemple la société Anonyme SA). Les parts sociales (actions) sont librement négociables. Les actionnaires ne sont responsables des dettes que jusqu’à concurrence de leurs apports. II.4 Les Sociétés à responsabilité limitée (SARL) Dotées d’une nature juridique mixte, situées entre les sociétés de capitaux : si la personnalité des associés joue encore un rôle important, leur engagement est limité au montant de leurs apports. II.5 Les classifications économiques Plusieurs critères économiques permettent de regrouper les entreprises : II.5.1 La classification par secteurs et par branches Trois secteurs sont à distinguer : - Le secteur primaire qui correspond au domaine rural : pêche, chasse, agriculture (...). - Le secteur secondaire qui correspond à l’industrie et à toutes les activités de transformation ; - Le secteur tertiaire dans lequel on regroupe toutes les activités de service. Un secteur regroupe les entreprises ayant la même activité principale. Une branche d’activités regroupe les unités de production fabricant la même catégorie de produits. Cette notion permet une analyse plus fine. 38

Une entreprise diversifiée qui occupe, par exemple 40% de ses effectifs dans le domaine de fibres synthétiques, 35% dans celui du textile, et 25% dans celui du cuir, sera considérée, selon le critère du secteur, comme une entreprise de « chimie et fibres synthétiques ». L’analyse par branches d’activités conduit par contre à repartir son activité entre la branche « chimie, fibres synthétiques », la branche « textile, habillement» et la branche « cuire et chaussures ». II.5.2 Classement par la dimension de l’entreprise Elle peut être analysée à partir du nombre de salariés, du montant du chiffre d’affaires, de la valeur ajoutée ou des capitaux. II.5.2.1 L’effectif du salarié Même si les limites de chaque catégorie varient selon les auteurs, on admet que : - Les entreprises de moins de 50 salariés sont des petites entreprises (PE) ; - Les entreprises regroupant entre 50 et 500 salariés sont des moyennes entreprises (ME) ; - Les entreprises employant plus de 500 salariés sont des grandes entreprises (GE). - Au-delà de 1000 salariés, certains auteurs parlent de très Grandes entreprises (TGE). Le droit du travail attache plusieurs importances à l’effectif salarié : par exemple les entreprises d’au moins 50 salariés doivent créer un comité d’entreprise. À partir de 300 salariés, un bilan social doit être publié annuellement. Des seuils existent aussi en matière fiscale (taxe professionnelle). L’évolution de l’effectif des salariés affecte également l’organisation de l’entreprise. Ainsi des besoins de coordination s’accroissent avec le nombre de salariés et un système de « gestion prévisionnelle » est mis en œuvre dans la plupart des grandes entreprises. Avec le développement de la technologie et les gains de productivité qui en découlent, le critère de l’effectif des salariés s’avère cependant insuffisant pour classer certaines entreprises. Il en est ainsi 39

pour certaines grandes entreprises automatisées dont le fonctionnement ne nécessite que quelques salariés. II.5.2.2 Le chiffre d’affaires Le chiffre d’affaires représente le montant des ventes de produits ou des services effectués par l’entreprise au cours d’une année. On classe généralement dans la catégorie des petites et moyennes entreprises celles dont le chiffre d’affaires dépasse 100 millions de francs. Le critère du chiffre d’affaires est fréquemment utilisé dans la presse économique, qui publie chaque année un classement des 100 ou 200 premières entreprises d’après leur chiffre d’affaires. Il permet également de mesurer les degrés de concentration industrielle d’une branche de l’économie d’un pays. Mais ce critère est insuffisant pour évaluer la situation d’une entreprise. Malgré un chiffre d’affaires important, celle-ci peut en effet accuser des pertes, par exemple en raison des coûts d’exploitation trop élevés. II.5.2.3 La valeur ajoutée La valeur ajoutée à un produit d’entreprise est la différence entre la valeur de ce produit à la sortie de l’entreprise, et celle du produit, ou de ses composants, à l’entrée de l’entreprise. Elle permet de mesurer la richesse réelle créée au cours d’une période donnée et constitue de ce fait, un intéressant critère de comparaison des entreprises. II.5.2.4 Les capitaux propres Ils représentent l’ensemble des moyens financiers (capital social et réserves) qui appartiennent en propre à une entreprise. Ce critère de classement, souvent utilisé, reste relativement imprécis. Les entreprises n’adoptent pas, par exemple, les mêmes méthodes de constitution de réserves. En conclusion, il s’avère particulièrement délicat de classer les entreprises d’après leur dimension en raison de leur extrême diversité. Un classement rigoureux devrait tenir compte de ces quatre critères, et les combiner. Pour affiner les comparaisons interentreprises, des critères complémentaires notamment, les ratios, peuvent être utilisés.

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II.5.3 Classification par la nature de l’activité Cette classification fondamentale permet de regrouper les entreprises en 6 catégories plus où moins homogènes. • Les entreprises agricoles ; • Les entreprises industrielles ; • Les entreprises commerciales ; • Les entreprises prestataires de services ; • Les établissements de crédits ; • les entreprises d’assurances. Au sein de chaque catégorie peut s’insérer une distribution plus détaillée. Par exemple, P.F Walker8 classe les entreprises industrielles en fonction du processus technique d’élaboration du produit qui peut être : • Analytique, par fonctionnement ou sélection (exemple raffinage de pétrole) ; • Synthétique, par combinaison ou assemblage d’éléments (exemple : Construction mécanique, électrique…) ; • Transformateur, par modification de la forme ou des propriétés initiales (exemple : industrie chimique). En substance la colonisation a mis en place en RCA plusieurs types d’entreprises chacune ayant des caractéristiques spéciales sur tous les plans, mais qu’en est- il du régime concessionnaire ?

8

Alliance Française (AFB), Notions fondamentales de l’entreprise.

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SECTION III IDENTITÉ DES OPÉRATEURS ÉCONOMIQUES III.1 Profils Au début, ce sont des « explorateurs scientifiques », parmi lesquels des officiers du génie civil militaire, qui avaient un goût d’aventure pour la découverte, non seulement pour une simple découverte, mais aussi le goût de s’inscrire dans l’histoire. Cette première vague s’emploie activement et utilement à documenter le pays à conquérir. En fait, elle constitue la tête de pont de la conquête déjà en marche. Ainsi, pourrait-on dire, le premier acte de domination coloniale est bien la connaissance du terrain. Les explorateurs, considérés comme des éclaireurs, ont réalisé les travaux préliminaires de la colonisation. À partir de 1876, date de la conférence internationale de Bruxelles, il est remarqué que le profil des colons en Afrique a changé. Ce sont désormais des militaires qui sont à la tête des expéditions. Cette deuxième vague coïncide avec celle des intérêts stratégiques. Elle aura à prendre pied durablement sur le terrain, à concrétiser la conquête mais sous forme de fait accompli, avant la lettre des traités internationaux. Les explorateurs de ce type constituent en fait le fer de lance de la colonisation classique. Après 1885, date de la conférence de Berlin, s’installe la colonisation classique. Pour ce qui concerne l’Oubangui-Chari, le cadre juridique international fait d’elle une colonie française. La phase exploratoire cède rapidement la place à la phase d’exploitation. Des fonctionnaires au service des compagnies et les missionnaires au service de l’Église, ont contribués aux systèmes de colonisations. III.2 Nationalité L’Oubangui-Chari, une colonie française, devait avoir nécessairement des personnes de nationalité française. En effet, avant d’évoquer d’autres nationalités européennes, abordons d’abord la pénétration française en Oubangui Chari.

42

III.2.1 La pénétration française Albert Dolizie et le docteur Ballay, membres de la mission de Brazza, ont été les premiers à visiter l’Oubangui-Chari. En 1890, Pnel franchit les rapides de Bangui, fonde un poste et remonte le fleuve jusqu’à KOUANGO. Crampel, reprend la même route, dans le but d’essayer d’atteindre le Tchad et de là, l’Algérie. Il est viré dans le Dar El Kouti en avril 1891, sur l’ordre de Rabath, par les hommes de Senoussi. Dybowski, à la recherche des assassins, explore la région de KEMO. Maistre, partant de Bangui, remonte la KEMO, traverse le pays « Sara » et se dirige vers le Cameroun. Liotard, Decazes explorent les pays de la KOTTO et du MBOMOU. Dès 1894, Liotard commande tout le HAUT-OUBANGUI, de Bangui à EL-FACHER (Soudan.) Avec ses collaborateurs : Bobichon, Cureau, Bruel, il pénètre le plus loin possible pour faciliter la route à la mission marchande. En mars 1897, cette mission arrive à Bangui et suit les cours de l’Oubangui, puis du MBOMOU, pour arriver le 10 Juillet 1898 à FACHODA, sur le Nil. Quant à Emile Gentil, il a essayé de réaliser comme le désirait Crampel, la réunion du Tchad à l’Algérie. Dès 1895, il remonte l’Oubangui et le KEMO, fonde le poste de KREBEDJE (Fort CRAMPEL) et poursuit la route jusqu’à GRIBINGUI. Il est accueilli avec joie par les populations razziées et ruinées par les hordes de Rabah. En 1898, le gouvernement français décide de l’envoi d’une mission confiée à l’administrateur Bretonnet. Rabah attaque cette mission en 1899 et la détruit. Finalement, les forces françaises, sous l’autorité du commandant Lamy, mettent fin aux exploits de Rabah, dans le combat de KOUSSEU, le 22 Avril 1900, les populations de l’Afrique centrale en particulier la RCA, étaient débarrassées du joug du plus sanguinaire des sultans. Ainsi, la RCA est devenue une colonie française à part entière et plus encore patrimoine français depuis cette pénétration. Toutes les activités économiques exercées tant par les nationaux que par les étrangers, étaient contrôlées et mesurées par les Français. Ils avaient le droit de mener toutes les activités dans le pays et jouissaient d’une pleine autorité sur le peuple Oubanguien pendant cette époque. Ils tenaient l’administration du pays et rédigeaient tous les textes qui régissaient tant les domaines économiques que sociaux. Les administrateurs français, quand ils voulaient prendre des décisions qui touchent à l’intérêt économique du pays, étaient obligés de demander l’avis de 43

l’Etat Français, pour ne pas être tenté de prendre une décision qui pourrait favoriser le développement économique de l’Oubangui-Chari. III.2.2 Autres nationalités La pénétration française montre que la toute première nationalité européenne qui s’est installée sur le territoire Oubanguien est française. Mais, elle n’est pas la seule à assurer l’exploitation du pays. À en croire le mot, le pays de l’Oubangui-Chari (situé au cœur du continent Africain) est synonyme d’appétits internationaux. Des recherches sur la nationalité des européens permettent de relever plusieurs nationalités parmi les entrepreneurs de ce pays à partir de 1886 : Belge, Anglaise, Portugaise, Allemande, Grecque et certainement bien d’autres. Qu’ils aient servi parfois sous la bannière d’un pays autre que le leur, signifie que les explorateurs sont, avant tout, des aventuriers, des potentiels mercenaires suivant les intérêts du moment. L’importance de leur nombre dit combien le pays intéressait l’occident. Le fait que ce pays était l’objet de la conquête par les occidentaux en matière d’exploitation et de commerce, indique sans doute qu’il demeurera pour longtemps encore un terrain d’affrontement entre puissances selon les époques. Les Français s’étaient plus consacrés dans l’administration coloniale. Ils s’intéressaient très peu au commerce. Les autres nationalités notamment les Portugais, les Hollandais et bien d’autres faisaient du commerce et d’autres activités. III.3 Le comportement Le comportement des dirigeants des sociétés concessionnaires était totalement indigne envers les autochtones. Ils considéraient les ouvriers africains notamment les travailleurs Oubanguiens comme des indigènes qu’il fallait châtier chaque fois afin de les obliger à bien travailler. La classe ouvrière n’avait aucune valeur humaine, elle était confondue à un simple moyen de production. Cette classe travaillait tous les jours sous le soleil dans les champs de caoutchouc, de coton, de café rendus cultures obligatoires par les colons. Des travaux champêtres étaient effectués totalement pour le compte des colons. Pour ces dirigeants, l’ouvrier africain était sans droit, et surtout qu’à cette époque, il n’existait aucune organisation syndicale pouvant défendre les intérêts de ces derniers. Les ouvriers 44

récalcitrants étaient maltraités voire tués devant leurs semblables, pour servir d’exemples aux potentiels récalcitrants qui se verront réserver le même sort pour les mêmes causes. Pour ces colons, les mêmes causes doivent conduire aux mêmes effets. Le comportement bestial de ces dirigeants, était toujours dénoncé par les grands hommes de l’époque coloniale, notamment le président Fondateur de la République Centrafricaine, Barthélemy Boganda lors de son discours à Brazzaville. Il disait : « La colonisation est un besoin d’expansion économique, intellectuel et moral. Ce n’est donc pas contre la colonisation que cette volonté de nous élever, mais contre l’humiliante subordination coloniale et la discrimination qui en est la conséquence immédiate ». Il ajoutait : « il ne faut plus que l’homme soit tout simplement une machine à produire, mais il faut produire avec l’homme et pour lui ». À ce propos, disait-il : « Savez-vous Messieurs qu’officiellement l’Africain n’a aucune place dans l’économie du pays ? Une entreprise régulièrement constituée peut comprendre au moins 80% d’employés étrangers, elle doit comprendre au moins 20% de français ; mais les Africains ne comptent, dans ce calcul, ni comme étrangers, ni comme français : Ainsi une société ayant comme employés 75 Africains, 20 Portugais et 5 français de la métropole n’est pas en règle….. Voilà un exemple type de la mentalité "coloniale″ » Il continuait : « jusqu’ici, le paysan Africain a travaillé, non pas pour vivre, mais pour payer l’impôt de capitation pour les frais de colonisation. On a beaucoup parlé de nos produits, jamais on a parlé de l’homme. Combien y en avait- il, il y a cinquante ans ? Comment vivent-ils, comment mangent-ils ? Comment sont-ils habillés, logés, soignés, instruits ? » Tous ces propos, montrent combien les traitements infligés aux oubanguiens étaient injustes, humiliants et dégradants. Pour ces colons, la terre Oubanguienne, même dans son état primitif n’appartenait pas à sa population. La concentration et la distribution des terres étaient effectuées par les colons et à leurs profits. C’est ainsi que dans son livre sur l’histoire de la RCA, Yarisse Zoktizoum a écrit : « En Oubangui-Chari, lorsqu’un colon arrive nouvellement ou non dans la propriété des familles, clan ou tribu, il adresse alors une demande à l’administration et, autour d’un apéritif, tout se règle ; quant au propriétaire, il est le dernier averti, on ne lui demande pas

45

son avis lorsqu’il y a une habitation sur la propriété visée, on pousse parfois la condescendance jusqu’à lui donner une somme dérisoire. Cette somme est appelée en Oubangui-Chari "l’indemnité de déguerpissement″ ; bien souvent, elle est accompagnée de menaces et de coups quand ce ne sont pas les miliciens qui démolissent les habitations ».

Les entrepreneurs coloniaux étaient protégés par le pacte colonial et possédaient un droit absolu sur tous les produits de la terre, la chasse et la pêche. Ce système a provoqué le dépeuplement de la population qui fuyait les mauvais traitements pour se réfugier en brousse.

46

CHAPITRE II FONCTIONNEMENT DES ENTREPRISES EN OUBANGUICHARI Le classement des entreprises coloniales étant fait selon les régions, leur fonctionnement tient compte de celles implantées à Bangui, la capitale de l’ex Oubangui- Chari ainsi que celles implantées dans les préfectures. Afin de mieux comprendre le fonctionnement de ces entreprises, il faut identifier sur la carte, les villes où sont exercées des activités commerciales et industrielles.

SECTION I LOCALISATION DES ENTREPRISES SUR LE TERRITOIRE Bangui, depuis sa création a connu un développement des petites activités commerciales. Ces activités étaient exercées par la population autochtone et visait plus à satisfaire les besoins alimentaires, et donc de substance. Vers les années 1900, après le partage des terres 47

oubanguiennes au profit des sociétés dites concessionnaires par les colons français, ont commencé les véritables activités économiques. Quelques années plus tard, des sociétés commerciales et industrielles ont vu le jour avec des capitaux français, portugais, hollandais, allemands et belges. Ces entreprises étaient en majorité concentrées au bord du fleuve Oubangui. Ceci du fait de la pénétration française, qui s’était effectuée par la voie fluviale afin de faciliter les différents échanges. Ces unités de production seront classées dans les tableaux et seront étudiées en fonction de leurs activités. Les analyses tiendront compte des différents critères possibles dans le classement de ces sociétés. I.1 Les entreprises du secteur primaire Ce secteur correspond au domaine rural : pêche, chasse, agriculture, sylviculture. Les entreprises coloniales implantées dans ce secteur sont présentées dans le tableau ci-dessous : Tableau 4 SECTEUR ENTREPRISES SOCIÉTÉS SOCIÉTÉS D’ACTIVITÉS INDIVIDUELLES CAPITAUX NOM COLLECTIF Secteur maire Entreprises

PriBELAN Y.

Agricoles Frederick RIGOLARD WILLEMS

48

APPELLATION

C.V.O NIHAM (Mme) SOCOA (RUSSO)

GALLO (N’GOLA SAKA-LA

Culture Vivrières de l’OubanguiChari

Société CommerBOUROUBA) ciale et Agricole De l’OubanguiMAISON et Chari BERGER MARTINEAU VIOLLAND MAZARS IGNOL

I.2 Les entreprises du secteur secondaire Le secteur secondaire regroupe les activités industrielles ainsi que toutes les activités de transformation. Les entreprises qui exerçaient dans ce secteur pendant l’époque coloniale à Bangui se trouvent dans ce tableau : Tableau 5 SECTEUR ENTRESOCIÉD’ACTIVI PRISES TÉS CATÉS INDIVIPITAUX DUELLES

SOCIÉTÉS NOM COLLECTIF

APPELLATION

Secteur Secondaire Bois Industrie en Gros (Exploitations) J.C.B

E.G.T.B

TAVARES S.AB.E GONET

S.E.F.I

Entreprises Gles du Travail du Bois Société Ancienne des Bois Equatoriaux Société d’Exploitations forestières et industrielles

Boulangerie

BLEGENT (Planification Industrielle)

Boulangerie Française

B.F DIMITRA

Etablissement Industriels Africains 49

ETINAF Le Pain de Provence Huileries Savonneries

ESTINAF PAVICA

Etablissements Industriels Africains

PALMA SGIA Industries Alimentaires

Industrie Textiles

BLEGENT (Glace, Biscuiterie) le Beau Glace

ETINAF MOCAF

CITEX COTEX ICOT SGIA Tissus (KM)

50

Etablissements Industriels Africains Motte Cordonnier en Afrique Centrale

Compagnie de Textile

I.3 Les entreprise du secteur tertiaire Ce secteur regroupe toutes les activités de services ainsi que d’autres activités de commerce. Les entreprises enregistrées dans ce secteur sont classées dans le tableau suivant : Les tableaux ci-dessous permettent un dénombrement des entreprises qui exerçaient pendant l’époque coloniale en Oubangui-Chari. Tableau 6 SECTEURS

SECTEUR PRIMAIRE Entreprises Agricole TOTAL I

Entreprises Individuelles

Sociétés de Capitaux

Sociétés en Total Nom Collectif

5

3

4

12

5

3

4

12

SECTEUR SECONDAIRE Bois industries

3

3

6

Du bois Ventes en gros

5

1

6

Boulangeries

4

6

Huileries savonneries

2

Industries Alimentations

2

4

5

4

Industries textiles

1

2

5

Entreprises de BTP

3

1

3

Constructions métalliques Matériaux de construction

1

6

7

51

Total II

SECTEUR TERTAIRE Assurance Banques et établissements Financiers et de crédit Transit Manutention Entreposage Transports maritimes et Fluviaux Vente de matériel Alimentation générale

20

1

10

6

2

9

9

3

12

4 1 3 1

41

4 2 1

5 3

6

7

Armes et munitions

3

3

Ateliers de grosses réparations Automobiles

2

2

1

7

Carrosserie tôlerie

2

1

3

Garages et réparations

4

5

9

Bijouterie et horlogeries

1

2

3

Blanchisseries et teintures Ebénisterie Menuiseries

1

2

3

2

6

Charcuteries

1

1

Cafés Bars Dancing attractions Chaussures Cordonneries Cinéma

5

5

1

1

1

1

2

Coiffures parfumeries beauté Mode

6

4

10

4

1

5

Cycle Moto Scooters

2

2

4

Droguerie

52

9

1

2

2

10

10 2

1

2

Essence et pétrole

8

2

Hôtels Restaurants Imprimeries

5 2

2

Import & Export

6

15

Ventes jouets

1

2

Librairies Ventes Machines à coudre Matériel de bureau Meubles Métallique et coffres forts Ventes matériels industriels Mécanographique Pâtisseries Peinture Pharmacies produits pharma plomberies Presse publicité Radio phonos disque Vente de tabacs Sociétés de coiffures Vente des vins

2

3 3 1 3

Total III

76

TOTAL GENERAL

90

1

1

1

11

2

7 4

5

26 3

2

3 6

4 6 3 3 3 3

2

2

2 1 2 2 2 4

106

20

202

129

34

253

1 2 1 2

4

Ce tableau fait ressortir clairement un nombre insuffisant d’entreprises du secteur primaire (12/253, soit 5%) dans la ville de Bangui. Cela s’explique par le fait que les activités de ces dernières sont basées essentiellement sur le secteur agricole. Les activités exercées sont, pour la plupart, en provinces, et la ville de Bangui n’est pas appropriée, d’où leur rareté dans cette ville. Le secteur tertiaire, par contre, comptait quelques industries opérationnelles pendant l’époque coloniale. 53

Ces industries étaient composées essentiellement des industries alimentaires dont la plus grande fut la Motte- Cordonnier en Afrique Française (MOCAF), ainsi que quelques boulangeries et huileries. Il faut signaler aussi la présence d’une petite industrie de confection (ICOT) ainsi que l’Union électrique coloniale (UECO). Le secteur tertiaire était le secteur le plus exploité dans la ville de Bangui (202/253, soit 80%). Ce chiffre indique que presque toutes les entreprises implantées à Bangui pendant l’époque coloniale étaient des entreprises de services ainsi que des entreprises qui exercent des actes de commerce. Les entreprises très connues de ce secteur étaient notamment SCKN, Dias et Frères, Cattin et Compagnie, Mecaburo, Mourra et Gouveia et bien d’autres encore. D’où le graphique suivant :

54

Graphique 2 : Répartition des entreprises par secteur Repartition des entreprises selon les secteurs Entreprise Industrielles Sociétés de Capitaux Sociétés en nom collectif

Sociétés en nom collectif 33%

Entreprise Industrielles 42%

Sociétés de Capitaux 25%

Le calcul fait état d’un décompte répétitif, c’est pourquoi une entreprise peut être comptée autant de fois selon son exercice dans la capitale ou dans les régions. Voici plus exactement le nombre des entreprises implantées en Oubangui-Chari pendant l’époque coloniale. Tableau 7 : Comptabilité des entreprises en RCA à l’époque coloniale

PERIODE

De

De

AVANT

1951

1956

1950

à 1955

à 1960

BRANCHES

TOTAL

Secteur primaires, produits végétaux et animaux

12

4

10

26

Industries manufacturières des produits organiques et de caoutchouc

4

5

4

13

Industries Extractives

1

0

1

2

Industries manufacturières des produits minéraux et de caout-

2

1

4

7

55

chouc Bâtiments et travaux publics

1

3

7

11

Electricité + eau

1

0

0

1

Institutions financières assurances agences immobilières

3

4

9

16

Transports, entrepôts et communications

2

3

2

7

Les services : Restaurants, Bars, cinémas, Cabinets Comptables, SAFARI

1

1

2

4

Commerce : Impôt, Gros et Détail

23

16

14

53

TOTAL

50

37

53

140

Le graphique ci-dessus donne une bonne visibilité des sociétés coloniales selon les années. Graphique 3 : Dispersion des entreprises coloniales en Oubangui-chari Dipersion des entreprises coloniales en Oubangui- Chari

AVANT à 1950 36%

1956 à1960 38%

1951 à 1955 26%

AVANT à 1950

1951 à 1955

1956 à1960

Les activités économiques exercées en Oubangui- Chari, n’étaient pas seulement limitées à Bangui. Elles étaient également réalisées dans les différentes régions qui composent l’actuelle République Centrafricaine. Les régions présentées dans les tableaux suivants sont composées des chefs-lieux de sous-préfectures dans lesquelles on pouvait noter un nombre assez important d’entreprises. 56

Cette partie consiste à montrer les différentes entreprises coloniales implantées dans les provinces. Mais avant de procéder à leur classification, il serait judicieux de relever les différentes productions de la RCA pendant l’époque coloniale. I.4 La production d’OMBELLA M’POKO Tableau 8 REGION

CHEFSLIEUX

DISTRICTS

PRODUCTION

BIMBO

Agricole : huile de palme, manioc, arachide, riz

BOSSEMBELE

Industrielle : Huile de palme

OMBELLA M’POKO BANGUI

Agricole : Manioc, arachide, riz Industrielle : Huile de palme DAMARA

Agricole : Riz, manioc, coton, café, arachide, sésame Artisanale : Tuiles de Bambou

I.5 La production de BOUAR-BABOUA Tableau 9 REGION

CHEFSLIEUX

DISTRICTS

PRODUCTION Minière : Or

BOUARBABOUA

BOUAR

Agricole : Maïs, Sésame, Coton Café, arachide, tabac

57

Elevage : 20.000 Bovins

BOUAR

Forestières : Miel, cire Minière : Or BABOUA

Agricole : Maïs, manioc, mil, Pommes de terre, ananas, arachide Elevage : Bovins

I.6 La production de KEMO-GRIBINGUI Tableau 10 REGION

CHEFSLIEUX

DISTRICTS

PRODUCTION

Fort- Sibut

Agricole : Manioc, arachide, coton, mil, riz

KEMOGRIBINGUI Fort- Sibut DEKOA

Industrielle : Usine d’égrenage du coton (COTONAF) Agricole : Manioc, arachide, maïs, coton Industrielle : Huile de palme Agricole : Riz, manioc, coton Elevage : Caprins Forestière : cire

FORTCRAMPEL

58

Agricole : manioc, Maïs, arachide, coton, paddy, mil

I.7 La production BASSE KOTTO Tableau 11 REGION

CHEFS- LIEUX DISTRICTS

PRODUCTION

Agricole : Maïs, Manioc, MOBAYE arachide, Sésame, paddy, coton

BASSE KOTTO

Industrielle : Huile de palme, savon

MOBAYE ALINDAO

Agricole : Manioc, arachides, riz Forestière : cire

KEMBE

Agricole : manioc, Maïs, sésame, arachide, coton, palmeraie naturelle Elevage : Bovins

I.8 La production de HAUTE KOTTO Tableau12 REGION

HAUTE KOTTO

CHEFSLIEUX

BRIA

DISTRICTS

BRIA

PRODUCTION Industrielle et Minière : Huile de palme, diamants Agricole : Manioc, arachide, Coton Café, Maïs, Sésame, Forestières : Cire Industrielle : diamants

YALINGA

Agricole : Café, Coton Elevage : Bovins, Caprins

59

I.9 La production de la LOBAYE Tableau 13 REGION

CHEFSLIEUX

DISTRICTS

PRODUCTION

MBAÏKI

Industrielle : Huile de Palme Agricole : Coton, Café

LOBAYE MBAÏKI

Elevage : Coton, Café MONGOUMBA BODA

I.10 La production de MBOMOU Tableau 14 REGION

MBOMOU

60

CHEFSLIEUX

DISTRICTS

PRODUCTION

Industrielle et Minière : Huile de palme Agricole : Manioc, Bananes, arachides, BANGASSSOU Café, Coton, (usine BANGASSOU d’égrenage de la COTONA) Sisal, Elevage : Bovins, porcins Agricole : Arachides, sésame, Maïs, Coton BAKOUMA Café, Sisal Elevage : Bovins, porcins et Caprins

I.11 La production autonome de BIRAO Tableau 15 REGION

CHEFSLIEUX

Autonome de BIRAO

DISTRICTS Autonome de BIRAO

PRODUCTION Agricole : Mil, Manioc, Oignon, Maïs, Sésame. Forestière : Cire

I.12 La production autonome de NDELE Tableau 16 REGION

CHEFSLIEUX

DISTRICTS

PRODUCTION Industrielle : Cire

Autonome de NDELE

Autonome de Agricole : Manioc, Maïs, NDELE Arachide Sésame, Miel Artisanale : Nattes Nattes de rôniers

fines,

61

I.13 L a production d’OUHAM Tableau 17 REGION

CHEFS- LIEUX DISTRICTS PRODUCTION

BOSSANGOA OUHAM

BOSSANGOA

BATANGAFO

BOUCA

Agricole : Manioc, arachides, coton (usine d’égrenage de COTONAF) Tubercules, Sésame, Cire, Mil Elevage : Ovins et Caprins Agricole : Mil, Coton, Manioc, Tubercules, Sésame, Cire, Mil Elevage : Ovins et Caprins Artisanale : Cire Agricole : Mil, Manioc, Maïs, Tubercules, Miel, Arachides Elevage : Bovins et Caprins Forestières : Ivoire, Cire

I.14 La production d’OUHAM –PENDE Tableau 18 REGION

CHEFS- LIEUX DISTRICTS

PRODUCTION Industrielle : Or

62

BOZOUM OUHAMPENDE

Agricole : Manioc, arachides, Pommes de terres, Sésame, Coton, (usine d’égrenage de la COTONAF.

BOZOUM Elevage : Ovins et Caprins BOCARANGA

Agricole : Mil, Manioc, Sésame,

Coton,

Elevage : Ovins et Caprins Agricole : Manioc, Mil, Arachides, Coton, Sésame PAOUA

Elevage : Ovins

I.15 La production d’OUAKA Tableau 19 REGION

CHEFSLIEUX

DISTRICTS

BAMBARI OUAKA

BAMBARI BAKALA

PRODUCTION Agricole : Manioc, Riz, Arachides, Sésame, Coton, Courges Agricole : Manioc, Riz, Arachides, Mil, Sésame, Coton, café, Cire, Miel, Elevage : Ovins, Bovins

SECTION II SITUATION AGRICOLE II.1 Le coton La culture rationnelle et industrielle du coton en pays oubanguien date de l’époque coloniale. En effet, c’est en 1918 que le gouverneur Lamblin organisa sa culture et sa production dans la région de BAN63

GASSOU. Son but était de doter l’Oubangui- Chari, menacé alors par la cueillette du caoutchouc, d’un produit négociable à l’extérieur. Des variétés américaines ont été introduites et des usines d’égrenage créées. Dans le même temps, se sont constituées des sociétés susceptibles de financer l’opération : la Société cotonnière française (COTOFRAN), la Société française des cotons africains (COTONAF), la Compagnie coloniale cotonnière OUHAME-NANA (La COTOUNA) et la Société cotonnière du Haut Oubangui (la COTOUBANGUI). Créées vers 1930, ces sociétés ont passé des conventions avec la puissance publique aux termes desquelles ces quatre sociétés se partagèrent la commercialisation, l’égrenage et le pressage du coton, chacune possédant dans son secteur le monopole de l’achat du coton-graine et le droit à 80% de la production sur les terres domaniales. Tableau 20 : Statistique de la production cotonnière de l’Oubangui-chari LA PRODUCTION COTONIÈRE DE L’OUBANGUI-CHARI COMPAGNIES

64

NOMBRES DE PLANTEURS

SUPERFICIES

RENDEMENT A L’HECTA CULTI RE VEES (HA)

PRIX D’ACHAT (KG)

1925- 1926

2.073

282

1

1929-1930

9.456

202

1

1934-1935

50.391

180

0,60

1939-1940

18.432

294

1,40

1944-1955

366.059

121.118

287

2

1949 -1950

333.054

125.892

290

12

1954-1955

346.853

158.844

272

20

1955 -1956

319.819

144.192

286

20

1956-1957

306763

137.034

279

20

1957-1958

296.406

132.345

284

2020

1958-1959

295.550

175.815

248

20

1959-1960

281.111

166.798

200

20

Source : Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle, Chambre de Commerce de Bangui (CCB) II.2 L’arachide L’arachide est une culture traditionnelle du paysan de l’Oubangui. Cette culture a été surtout développée à partir de 1952 en assolement avec le coton. Tableau 21 : Données de la production d’arachide de l’Oubangui-Chari PRODUCTION ET COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE ANNEE

DECORTIQUE

EN CO- QUANQUES TITÉS EN TONNE

1947

209

116

58

1950

110

312

46

1955

VALEUR EN 1000FCFA

PRODUCTION D’HUILE LOCALE (EN TONNE)

5,06

105

4158

300

1956

614

5,793

2371

90349

435

1957

401

1,917

4122

166386

262

1958

2192

80712

1959

2096

85762

Source : Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle. Chambre de commerce de Bangui (CCB).

65

II.3 Le sésame Le sésame occupe dans l’économie traditionnelle du pays une importance égale à celle du mil. Sa commercialisation est demeurée, excepté le boom de 1956, très réduite. En fait, un trafic clandestin s’est établi le long de l’Oubangui avec l’ancien Congo Belge qui consistait à traquer du sésame en graines contre des objets manufacturés d’importation européenne. Tableau 22 : Données de la production de sésame de l’Oubangui-Chari LA CONSOMMATION ET LA COMMERCIALISATION DU SÉSAME ANPRODUCTION COMMERCIALISÉE NEE CONSOMMATION LO(EN TONNE) CALE 1947

190

31

1950

179

119200

1954

175

442

175

1955 1956

200 158

300 126 7

200 150

1957

160

158

Source : Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle, Chambre de Commerce de Bangui (CCB) II.4 Le sisal Le programme de production de sisal espérait porter la production de 2500 à 15.000 tonnes en 1953. Comme le montre le tableau cidessus, les chiffres escomptés n’ont pu être atteints. Cet échec était dû à la concurrence de la culture cotonnière administrative et la baisse des cours mondiaux annoncée dés 1952.

66

Tableau 23 : Données de la production de sisal en Oubanguichari LA PRODUCTION OUBANGUIENNE DU SISAL ANNÉES

Programme

Exportations

(En tonne

En quantité (Tonne)

En valeur (1000FCFA)

1945 1950 1953 1954

2500 3500

2080 2026

27719 75858

1955

5000

1978

45088

1956

7500

1919

1322

1957

10000

703

483

1958

15000

522

1486

1939

Source : Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle. Chambre de commerce de Bangui (CCB) II. 5 Le caoutchouc La culture de l’hévéa a supplanté la cueillette du caoutchouc sauvage en Oubangui-Chari, en 1941, lors de la pénurie mondiale de ce produit. Cette introduction a été réalisée grâce à la station de l’État camerounais spécialisée dans l’hévéaculture. La seule exploitation importante fut celle de la société des terres rouges dans la région de MBAÏKI où 1.100 hectares étaient en production. Le tableau cidessous donne une idée sur la commercialisation du caoutchouc de l’époque coloniale.

67

Tableau 24 : Données de la production de Caoutchouc COMMERCIALISATION DE LA PRODUCTION DU CAOUTCHOUC ANNÉES

Quantités (En tonne)

1941

332

1945

1307

1948

15

1950

21

1953

17

1955

140

1956

237

1957

446

Source : Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle. Chambre de commerce de Bangui (CCB) II.6 Le cheptel Exploité à 10% et pratiquement dépourvue de cheptel bovin, la RCA disposait pendant l’époque coloniale d’un troupeau que l’on pouvait estimer à 350.000 têtes et presque entièrement composé de zébus Mbororos à grandes cornes, bien charpentés, dont le poids, chez les bons sujets, atteint 450 à 500kg. Le mode dominant dans ce secteur est le système pastoral transhumant en saison sèche. Il fut introduit dans les années 19209 en Oubangui-Chari, grâce à une politique d’accueil volontariste, qui a permis d’attirer et de fixer les pasteurs Mbororo et Foulbé en provenance du Cameroun (région de l’Adamaoua) sur le territoire centrafricain. Pratiqué dans les préfectures d’OUHAM, d’OUHAM-PENDE, de NANA-MAMBERE, d’OMBELLA-MPOKO, d’OUHAM-PENDE, de la Basse KOTTO, ce type d’élevage représente 98% de la production nationale bovine, 9

J. B. Wago, L’économie Centrafricaine, op. cit., p. 39.

68

100% de la production laitière et 34% de la production ovine. Son introduction et sa multiplication devaient constituer un grand progrès, mais encore très insuffisant pour pourvoir aux besoins de la population. Il faut dire que dans de nombreuses régions, les mouches tsé-tsé de la forêt posent un barrage à son implantation. Aussi est-il cantonné le long de la frontière camerounaise, où sont venus les nomades, peuls Mbororo, et vers Bambari où la maladie du sommeil n’a point fait parler d’elle. Mais si cette zone d’élevage est presque à saturation de nos jours, de belles perspectives de développement du cheptel bovin se sont ouvertes notamment dans l’Est où les pâturages disponibles peuvent permettre, à eux seuls, de nourrir plusieurs centaines de milliers de têtes. Afin de remplir ces espaces, le service de l’élevage a entrepris d’introduire du bétail Baoulé et Ndama, résistant à la trypanosomiase, parasite qui décime le cheptel. Il s’attache également à promouvoir le développement du troupeau bovin, à créer des noyaux d’élevage sédentaire et à améliorer le zébu Mbororo par croisement avec des races de bovins européennes. En dehors de son troupeau de bovins, l’Oubangui-Chari ne possédait vers les années 1955 que 90.000 ovins et 380.00010 caprins et une douzaine de milliers de porcs, 250 chevaux et un nombre limité de volailles. Ces animaux appartiennent à la race guinéenne, excepté les porcs et les volailles qui, dans une certaine mesure, ont fait l’objet de quelques élevages modernes et ne sont pratiquement l’objet d’aucun soin. C’est donc sur le développement du cheptel bovin qu’il faut compter pour assurer le ravitaillement du pays en viande. Pour promouvoir cet élevage et sélectionner le bétail, des établissements spécialisés ont été installés là où il était possible de pratiquer un élevage relativement important. Tel est le cas des fermes de BAMBARI, de BOUAR et l’établissement de M’passa près de MINDOULI.

10

Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle illustrée, réalités et grands projets en Afrique équatoriale.

69

SECTION III AUTRES SITUATIONS III.1 Le sous-sol La RCA n’a pas jusqu’ici généré de grandes ressources minières. Seul l’or, le diamant et aujourd’hui l’uranium sont exploités. III.1.1 L’or Les premiers gisements d’or n’étaient découverts qu’en 1928 à ROUANDJI et à POULOUBOU, leur exploitation a commencé en 1930. Par la suite, d’autres gisements filoniens et alluvionnaires ont été inventoriés notamment dans la région de la LOBAYE-SUD, dans la HAUTE-SANGHA-OUEST et dans la région de BOUAR. Parmi les sociétés aurifères, il faut citer la compagnie équatoriale des mines qui a extrait 4,8 tonnes des gisements de POUROUBOU et de ROUANDJI, la compagnie minière de l’Oubangui oriental qui a extrait 3 tonnes des gisements de SOSSO, POLIPO, BOUAR-BABOUA et la Société de prévoyance de BABOUA qui a une section spécialisée dans l’orpaillage. L’évolution de la production aurifère en OUBANGUI-CHARI se présente ainsi que suit: Tableau 25 : Données de la production d’or PRODUCTION DE L’OR EN OUBANGUI-CHARI

70

ANNEÉS

Quantités (En tonne)

1920

2,8

1935

867

1940

797,7

1943

670,9

1946

408,2

1949

231,9

1952

66,1

1954

10

1956

10,3

1957

19,1

1958

28,7

1960

30

Source : L’Afrique équatoriale française, économique et social (1929-1958) III.1.2 Le diamant Découvert, pour la première fois à BRIA en 1913, le diamant a commencé à être exploité en 1927 par la compagnie équatoriale des mines. Dix ans plus tard, la compagnie minière de l’Oubangui Oriental prospectait les régions de la HAUTE-SANGHA. En 1947, la Société africaine des mines découvrait les gisements de l’Est du pays. La qualité des diamants centrafricains est généralement excellente. Les diamants de 10 à 40 carats sont nombreux mais les exploitations devaient se heurter, dès 1953, à la concurrence des diamants industriels. L’exploitation diamantifère, devait par ailleurs, connaître les lourdes difficultés financières dues à la mécanisation des chantiers dont l’amortissement a grevé sévèrement les entreprises, au cubage important des graviers à traiter, au manque de la main-d’œuvre expérimentée dont l’accroissement a de fâcheuses répercussions sur l’agriculture. La production diamantifère de l’Oubangui-Chari est précisée par les chiffres suivants : Tableau 26 : Données sur la production de diamant ANNÉES

CARATS

1931

1509

1935

157

1940

31566

1945

80707

1950

106404

1955

133058

71

1956

143058

1957

108 244

1958

85667

1959

86519

Source : l’Afrique équatoriale française, économique et social (1929-1958) III.2 Les transports III.2.1 Le réseau routier Exploité par l’Union africaine des transports, la Société des transports de l’Oubangui-Chari et le Transport équateur, le réseau routier intérieur de l’Oubangui-Chari était pourtant assez développé. Il comprenait 7.000 km de routes classées et plus de 9.000 km de route non classées, dont 4.600 pistes cotonnières et près de 750 km de pistes de chasse. Tableau représentant quelques chiffres du transport routier de l’Oubangui-Chari. Tableau 27 ANNÉES

72

TONNES DEBARQUÉES

TONNES EMBARQUÉES

1952

81000

23600

1953

64400

22200

1954

85700

27700

1955

78450

30600

1956

84900

39500

1957

80100

36600

1958

95800

42800

1959

97900

44800

1960

8000

45000

Source : L’Afrique équatoriale française, économique et social (1929-1958) Pour les sept premiers mois de 1960, les principaux produits exportés et importés ont été les suivants (en tonnes) : Tableau 28 : Données sur les produits exportées et importés PRODUITS ENTRÉS Pour Alimentation la RCA 4698 Boissons Matériaux de construction Hydrocarbures Véhicules et Machines Divers TOTAL

Pour le Tchad 6657

PRODUITS SORTIS Venant Venant du Tchad de RCA

3137 7145

273 961

Produits locaux Dont : Coton

7641 1328

4 61

Café Arachide

7444 31393

1004 8960

17411

11101

11476

10371

2919 677

700

32483

22172

Source : Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle. Chambre de commerce de Bangui (CCB) Les tableaux font ressortir le rôle capital que joue le port de Bangui dans l’Oubangui-Chari. Il draine toute l’activité économique, mettant ainsi en lumière son importance pour la commercialisation des productions tchadiennes qui, il y a quelques années à peine, se faisait par le Nigeria et le Cameroun. Cette évolution qui a doublé le trafic du port de Bangui, s’est opérée grâce aux aménagements routiers entrepris depuis 1947 pour améliorer les relations et les transports entre Fort-Lamy et le port de transit de Bangui. III. 2.2 Le transport aérien Il n’est pas étonnant que dans un pays comme l’Oubangui-Chari, les distances séparant les centres de production soient considérables et les voies de communications terrestres insuffisantes. Ce qui pose ainsi un sérieux problème de transport des personnes et de certaines produc73

tions entrant. Depuis l’époque coloniale, l’avion reliait la plupart des centres de production à la capitale de l’Oubangui-Chari. Le réseau intérieur comprenait les centres de production suivants : -

BANGUI-BOUAR

-

BANGUI-BERBERATI

-

BANGUI-BERBERATI-BOUAR

-

BANGUI-BAMBARI-BANGASSOU

La ligne BANGUI-BOUAR était desservie par deux services hebdomadaires dans chaque sens. Les trois autres lignes dans chaque sens une fois par semaine. L’infrastructure aérienne de l’Oubangui-Chari comprenait un aérodrome de classe B à Bangui, et seize aérodromes secondaires dont cinq desservis par les lignes régulières exploitées d’abord en « J.U. », puis en « D.C. 3 », et quelques années après en « D.C.4 ». Dans le sens ascendant (de Bangui vers l’intérieur), ils transportaient des marchandises périssables ou fragiles, ainsi que toutes celles qui avaient une valeur élevée par rapport à leur poids : pièces de rechange, objets manufacturés, produits pharmaceutiques et alimentaires. À ces articles s’ajoutaient souvent un volume considérable de frets pondéreux qui faisaient momentanément défaut sur place et devaient être acheminés rapidement : ciment, bois de constructions, tôles, etc. Ce sont les produits locaux qui constituaient le fret descendant : viande et coton du Tchad, café et caoutchouc du nord de l’Oubangui-Chari. Tableau 29 : Données sur le trafic aérien de Bangui Avion (arrivées et départs) Passagers Arrivées Départs Frets Arrivées Départs Poste (arrivées et départs)

74

1955 2679

1956 2502

1957 2507

1958 2783

1959 2704

4846 7660

8227 8746

8441 8805

9155 9158

9802 10100

2598,8 2107 88,1

2154,7 1404,5 89,9

2031,1 1215,6 104,2

2567,1 1691,7 125,2

2408,9 1644,5 96,8

Sources : Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle. Chambre de commerce de Bangui (CCB) III.3 L’industrie L’économie centrafricaine est dominée par l’agriculture pendant toute l’époque coloniale, l’industrialisation réelle de type capitaliste n’ayant débuté qu’à partir de 1953. Les principales industries exerçant à cette époque sont notamment : - L’Union électrique coloniale (UNELCO) : l’installation de cette centrale hydroélectrique en 1942 était le commencement d’une pure activité industrielle en Oubangui-Chari. Cette société a installé dans la ville de Bangui une modeste centrale thermique à la suite d’un contrat avantageux de concession, et en 1949, des groupes diesels étaient mis en place avec une puissance théorique de 1160 KW et une puissance réelle de 750 KW. Ce n’est qu’entre 1953-1954 que quatre groupes de 1750 KW (puissance théorique 7000 KW, puissance réelle 5250 KW) sont installés. La ligne d’alimentation a été construite entre BOALI et Bangui car des usines venaient de naître dans la région de Bangui. L’UNELCO avait alors le monopole de la production et la fixation du prix d’énergie qui était très élevé. Tableau 30 : Données sur l’évolution de la production énergétique PRODUCTION D’ÉLECTRICITÉ ANNÉES

MILLIERS DE KW

ANNÉES

MILLIERS DE KW

1945

163

1952

1775

1946

363

1953

1947

489

1954

1948

624

1955

1949

740

1956

5287

1950

804

1957

5522

1951

1308

1958

6158

1959

7941

Source ; Perspective d’Outre-mer, Revue mensuelle. Chambre de commerce de Bangui (CCB) 75

Il faut ajouter l’installation en 1950 d’une centrale thermique (puissance théorique 1600 KW, réelle 250 KW seulement) utilisée autrefois par l’armée française basée à BOUAR. - L’industrie cotonnière de l’Oubangui-Chari (ICOT). Spécialisée dans la filature-tissage, la construction de l’usine textile avait été acceptée par les sociétés cotonnières conventionnées afin d’obtenir le renouvellement des conventions. Un projet de Boussac comportant une usine de grande importance a été refusé afin de préserver les intérêts des sociétés commerciales exportatrices. En 1957, la production de l’ICOT en tissus de petite longueur, américains et drills, ne dépassait guerre 143 tonnes soit environ 22 millions de mètres par an. D’ailleurs le matériel d’occasion installé dans l’usine devait compromettre la rentabilité. L’ICOT est créée par des groupes de textiles du Nord et de l’Est de la France, des banques et diverses sociétés d’Outre-mer en collaboration avec les quatre sociétés cotonnières. Elles détenaient le monopole de l’achat du coton graine dans toute l’Afrique équatoriale. Des groupes de textiles rivaux comme Boussac, risquaient de mettre en cause leur monopole. L’ICOT n’avait débuté qu’avec 250 millions de capital social porté à 300 millions de FCFA en 1954. Elle n’avait acheté que de vielles machines avec peu de capitaux. C’est encore sur le dos des paysans qu’elle devait développer son capital social en retranchant 300 millions de FCFA de la caisse de soutien au coton qui auraient dû revenir normalement aux paysans. Le bénéfice s’élevait à un cinquième du chiffre d’affaires annuel qui atteignait 19 millions en 1955, 27 millions en 1956, 30 millions en 1957. À partir de 1958, le bénéfice s’élevait au tiers de la valeur d’un chiffre d’affaires en hausse constant : 69 millions en 1958, 75 millions en 1959 et 99 millions en 1960. - Une société de brasserie fut créée par Motte-Cordonnier (MOCAF), filiale de la brasserie française Motte-Cordonnier d’Armentières fondée depuis 1650, la brasserie MOCAF était la première industrie alimentaire implantée sur le territoire Oubanguien. Le capital parti de 20 millions FCFA en 1951, atteignait 150 millions en 1959 uniquement par incorporation des réserves. La production de bières atteignait alors 12.500 hl en 1955, 14.300 hl en 1956 et 20.500 hl en 1959. Elle devint la première consommatrice d’électricité avec 250 KW en 1957. Son chiffre d’affaires s’élevait à 147 millions en 1956, 192 millions en 1958, 520 millions en 1962 avec un bénéfice net annuel de plus de 60 millions de FCFA. 76

- Dès cette époque la transformation des oléagineux était le fait de quelques huileries et savonneries dont l’implantation avait un caractère artisanal. L’ensemble des investissements comptabilisés de ce secteur industriel n’atteignait pas 150 millions de FCFA ; donc plus de 90% revenait aux huileries alimentaires. Cependant la valeur du mouvement d’affaires annuel du secteur atteignait 370 millions de FCFA et le secteur employait plus de 400 salariés centrafricains. - En 1949, les frères Chaudeurge créèrent, à SARKI près de BOUAR, une laiterie fromagerie avec l’aide du fonds d’aide à la coopération (FAC). Cette entreprise à caractère artisanal traitait encore à peine un millier de litres de lait par jour. Telles étaient, parmi les sociétés enregistrées avant l’indépendance, les principales sociétés industrielles à caractère capitaliste. Les autres étaient des sociétés de traite ne produisant rien sur le territoire, mais leur fonction consistait à drainer les produits locaux vers le marché capitaliste mondial. III.4 La balance commerciale Deux traits caractérisent le commerce extérieur de l’OubanguiChari. D’une part la grande lenteur de la progression des exportations et la stagnation des importations, d’autre part l’existence d’une balance commerciale sérieusement déficitaire. Ces traits ressortent bien dans le tableau suivant donnant depuis 1951, l’évolution en tonnage et en valeur du commerce extérieur de l’Oubangui-Chari. Tableau 31 : Données sur l’évolution du commerce extérieur ANNÉES

1951 1952 1953 1954 1955 1956 1957

IMPORTATIONS TONNAValeur GE (Millions (100 TonFCFA) nes)

67,8 70,4 56,2 64,6 65,8 73,4 59

3700 4600 3000 3900 3850 4050 4100

EXPORTATIONS Tonnage Valeur (100 Ton(millions nes) CFA)

19,6 18,8 17,1 23,7 20 25,9 26,9

2850 2800 3500 3600 2900 3250 3100

Balance

-850 -1800 -500 -300 -950 -800 -1000

77

1958 1959

67,2 63,7

4640 4287

26,8 34,9

3400 3000

-1240 -487

Source : Perspective d’Outre-mer, Revue mensuelle. Chambre de commerce de Bangui (CCB) La majeure partie de l’activité était entre les mains de 5 grandes maisons d’importation. Ces firmes et les autres moins importantes, travaillent moins à l’exportation. Le principal produit exporté est en effet commercialisé par les sociétés cotonnières. Il en est de même pour le diamant, le bois et le caoutchouc. La plupart de maisons de commerce pratiquaient tous les stades de l’importation en gros et la vente en détail. En consultant le tableau suivant donnant les principales importations et les exportations en qualité et en valeur, on constate que le coton reste loin, l’exportation principale. Il représente plus de la moitié de la valeur totale. Depuis l’entrée en vigueur du marché commun, l’Allemagne a acquis le monopole des importations d’article métalliques à l’exception des fers, des fontes et l’acier que se partagent les importateurs des produits chimiques. De même la Belgique et les Pays bas se partagent les importations des produits alimentaires et l’Italie est presque seule importatrice de textiles. Le graphique suivant donne des détails sur les importations et les exportations de la RCA pendant l’époque coloniale. Tableau 32 1951

Café vert Ara chi des Sésa me s Ca out

78

3905

195 2

195 3

195 195 4 5 En tonne

195 6

195 7

195 8

195 9

343 1

225 3

445 6

338 7

563 9

417 3

514 2

586 9

87

105

51

142 0

331 9

213 5

209 6

115

20

219

448

102 1

137 2

88

175

445

459

691

2 24

31

91

54

38

cho uc Boi s ron ds Boi s scié s Coton Dia ma nts Or

654

767

519

153 4

382

25

664

967

185

963

115 8

344

964

909

176 9

266 6

1218 4 1428 55

118 66 146 128

117 12 128 880

141 75 144 848

121 37 146 873

139 19 144 545

125 87 109 296

111 74 104 72

140

65

11

34

Café vert Ara chi des Sésa me s Ca out cho uc Boi s ron ds Boi s scié s Coton

5840 31

485 977

40 14 13 11 En millions de francs 375 889 476 707 269 081 06 376

574 565

869 396

928 713

371 4

Dia

2155

52

636 5

161 60 897 58

415 8

193 5

599 90

134 32

860 14

857 62

306 9

785

831 9

152 39

192 45

583 14

864 9

211 22

517 67

438 07

112 333 565 81

691

115 4

1141 2

553 2

199 7

1949

324 2

208 0

700 9

176 1

105

237 5

645 0

1910

127 02

142 27

418 8

135 03

115 44

248 86

416 47

1696 979

180 329 0 303

163 904 6 326

191 260 6 453

161 449 0 516

164 687 2 473

164 262 3 414

174 135 2 350

201 138 8 324

79

ma nts

06

240

315

604

222

Or

2522 2

128 23

865 8

264 3

253 9

647 229 6

476

290

260 0

603 8

590

Source : Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle. Chambre de commerce de Bangui (CCB)

80

DEUXIÈME PARTIE LES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES

La période de 1960 à 1979 a été très marquante dans l’histoire des activités économiques en République Centrafricaine. En effet, les conditions favorables créées par l’État ont permis la mise en place de plusieurs activités entrepreneuriales d’où la présence des sociétés industrielles, commerciales et des services. Ainsi, convient-il d’avoir une vue sur les entrepreneurs qui ont animé la vie économique, sur les normes juridiques régissant le fonctionnement des entreprises et sur celles des régimes des présidents Dacko et Bokassa. Cette analyse constitue l’objet du premier chapitre. Le second sera axé autour de la répartition des entreprises qui se sont implantées sur le territoire centrafricain au cours de cette période postindépendance.

83

CHAPITRE III LES DIVERSES ACTIVITÉS ENTREPRENEURIALES DE 1960 à 1979 Après l’indépendance, les anciennes structures économiques héritées de la colonisation ont été complétées par de nouvelles qui ont des caractéristiques spécifiques. Il faut noter l’identité des nouveaux opérateurs économiques, les normes juridiques qui régissent le fonctionnement des entreprises de cette époque et leur état sous les régimes de Dacko et de Bokassa. SECTION I IDENTITÉ DES OPERATEURS ÉCONOMIQUES Pour mieux appréhender l’étude entrepreneuriale allant de la période de l’indépendance à 1979, il serait judicieux de savoir ce qui a poussé les entrepreneurs à créer des entreprises en République Centrafricaine, c'est-à-dire, connaître leurs caractéristiques, la logique recherchée par ces entrepreneurs et enfin savoir pourquoi ils ont exercé leurs activités en Centrafrique. Pour qu’une entreprise soit créée, il doit y avoir un ou plusieurs individus qui expriment l’idée, puis la matérialisent par la création proprement dite de l’entreprise. Le problème du capital reste et demeure encore une affaire qui préoccupe celui ou ceux qui doivent créer l’entreprise. S’il dispose d’un capital au départ, il pourra créer l’entreprise ; s’il est déficitaire, il est obligé de s’associer à d’autres individus pour pouvoir constituer leur entreprise. Ces personnes qui sont à l’origine de la création de l’entreprise sont en fait les propriétaires. Ce sont eux qui décident de l’avenir de l’entreprise. Mais avant d’être créateurs d’entreprise, ces personnes, le plus souvent, sont marquées par des événements ou élevées dans une communauté où l’on apprend à être autonome. Elles sont par ailleurs caractérisées par de multiples comportements qui les poussent à créer leur propre entreprise. C’est dans cette ligne d’idées qu’est né le concept de l’entrepreneuriat. Selon le professeur Verstraete11, « le processus entrepreneurial comporte trois dimensions : 11

Thierry Verstraete, Professeur à l’IAE de Bordeaux.

85

-

la dimension cognitive ;

-

la dimension structurale ;

-

et la dimension praxéologique. »

• La dimension cognitive Elle est caractérisée par la motivation qui pousse un individu à créer son entreprise. C’est en fait la naissance de l’idée de création d’entreprise. Cette idée peut lui être venue soit de l’opportunité du marché, soit de la culture d’entreprendre que l’individu incarne, soit que l’individu a été frustré par les agissements de son chef lorsqu’il travaillait encore sous l’autorité de celui- ci. Il décide, de créer sa propre entreprise pour être indépendant. • La dimension structurale On entend par structure, l’organisation logique d’une entité donnée. L’individu qui a l’idée de créer une entreprise se préoccupe de son organisation. S’agissant d’une entreprise individuelle, il en sera lui-même le chef, il aura besoin en plus d’un comptable, d’un chef de vente et d’un gardien. La dimension structurale s’intéresse aussi à la mise en place de l’entreprise, c’est-à-dire de son emplacement. Son lieu d’implantation doit être stratégique, en tenant compte de tous les facteurs qui peuvent permettre à l’entreprise d’atteindre son ou ses objectifs : c’est ce que les mercaticiens appellent la zone de chalandise. • La dimension praxéologique La décision d’un individu de créer une entreprise peut venir de l’opportunité qu’offre l’environnement (législation : code d’investissement, code de commerce, taux d’impôt favorable ; absence d’un produit dans un milieu particulier, …). Dans un pays, la législation en vigueur peut provoquer un effet de synergie poussant l’agent économique à investir, c’est-à-dire développer les activités industrielles, commerciales ou la prestation de service. D’une manière générale, l’idée de création d’entreprise est en effet l’œuvre d’un individu ou d’un groupe d’individus motivés par des intentions diverses. L’entrepreneur peut avoir plusieurs fonctions. 86

I.1 Les différentes fonctions des créateurs d’entreprise Il existe trois principales fonctions qui caractérisent les créateurs d’entreprise. Ce sont ces fonctions qui orientent leurs idées jusqu’à la mise en place effective de l’entreprise. I.1.1 La fonction de prise de risque Le plus souvent, le créateur d’entreprise est considéré comme celui qui a une faible aversion du risque. C’est un joueur, car il peut gagner comme il peut perdre. Théoriquement, le risque peut être défini comme le degré de probabilité attaché à l’échec. On peut exprimer le problème du risque de la façon suivante : si l’entrepreneur avait placé son argent en lieu sûr tel que la banque ou tout autre établissement de crédit, il pourrait bénéficier d’une rémunération (les intérêts) correspondant au loyer normal de l’argent ; si les risques qu’il prend sont orientés vers la création d’une entreprise, il escompte un revenu qu’il juge supérieur aux intérêts qu’il aurait perçus sur le revenu qu’il a placé à la banque. Il existe donc plusieurs types de risque : - Le risque financier : il est supporté par les capitaux engagés dans l’entreprise conformément aux dispositions qui régissent le fonctionnement des entreprises. L’entrepreneur engage ses propres capitaux et sa responsabilité s’étend jusqu’à ses biens personnels ou familiaux. Compte tenu de ses capacités limitées en apport de capital et à l’ampleur des activités qu’il veut développer, l’entrepreneur peut s’associer à d’autres personnes (amis, banque, institution,…..) en faisant appel à des capitaux extérieurs. Le principal risque est alors celui du non remboursement. S’agissant des emprunts, l’entreprise est tenue de les rembourser dans les délais par différents moyens qu’elle va définir ; les actionnaires dans ce cas sont tous responsables ; le risque financier peut s’analyser en trois points : 1. Le risque de non- rentabilité : les activités ne rémunèrent pas suffisamment les capitaux ; 2. Le risque de non-solvabilité : les résultats dégagés ne permettent pas de rembourser les emprunts contractés ; 3. Le risque de liquidité ; la situation de la trésorerie actuelle de l’entreprise ne permet pas de faire face aux différentes échéances, plus précisément aux dettes des fournisseurs (dettes d’exploitation) ; 87

- Le risque stratégique quant à lui est supporté par l’entrepreneur seul (dans le cas d’une entreprise individuelle) ou par les associés ou actionnaires (dans le cas des sociétés de personnes ou de capitaux). Ce risque est lié au choix des activités en fonction des aptitudes de l’entrepreneur, des ressources mises en œuvre (humaines, matérielles, financières) et du fonctionnement du marché. Une mauvaise définition de la stratégie se traduit pour la plupart des cas par la cessation des activités ou la faillite. L’entrepreneur doit bien orienter sa stratégie, c’est-à-dire qu’il doit être apte, capable d’établir une vision lointaine, cohérente, réelle de son entreprise ; il doit élaborer un plan d’action et un compte d’exploitation prévisionnelle. - Les risques opérationnels sont constitués de tous les dysfonctionnements constatés dans la gestion des ressources. Ces risques sont liés à la gestion quotidienne des ressources dont dispose l’entreprise, par exemple une panne survenue suite à une mauvaise manipulation de la machine par l’ouvrier. I.1.2 La fonction d’innovation Innover c’est introduire une chose nouvelle en remplacement de quelque chose d’ancien. En effet, la paternité de cette fonction entrepreneuriale est attribuée à Schumpeter. Pour lui, « l’entrepreneur est la persona-causa, le moteur du développement économique et sa fonction principale est l’innovation ». Ainsi, on peut distinguer plusieurs types d’innovation : - L’innovation de produit qui est l’introduction d’un nouveau bien ou service ou encore l’amélioration de la qualité du produit existant ; - L’innovation de la qualité du produit existant ; - L’innovation des procédés : c’est l’introduction d’autres moyens d’écouler rapidement sa production. C’est donc la création de nouveaux canaux ou de nouveaux circuits de distribution et la conquête de nouveaux marchés et débouchés.

88

I.1.3 La fonction d’organisation Cette fonction peut être assimilée à la dimension structurale de Verstraete. En effet, l’entrepreneur est au centre de toute initiative visant la création d’entreprise. Il rassemble des ressources nécessaires en vue de créer et de faire fonctionner une entreprise. Il est donc considéré comme celui qui organise et oriente une entreprise vers la création d’un gain personnel. Il a la charge d’assurer les consommations intermédiaires de l’entreprise, d’acheter le terrain qu’il utilise, de rémunérer les services des personnes qu’il emploie et les capitaux dont il a besoin. Il met son savoir-faire, son talent et son habileté à la disposition de l’entreprise. Enfin, il doit planifier, organiser et administrer son entreprise. I.2 Les types d’entrepreneurs en Centrafrique entre 1960 à 1979 Le système capitaliste fondé sur l’initiative privée et individuelle est le mode économique adopté par l’Etat centrafricain au lendemain de l’indépendance. Cette période d’après-indépendance a vu plutôt l’arrivée massive des entrepreneurs étrangers que des entrepreneurs nationaux. Ainsi, on a pu noter la présence des entrepreneurs français, des entrepreneurs portugais et grecs, des entrepreneurs libano-syriens et autres, et enfin la présence des nationaux et de l’État. I.2.1 Les entrepreneurs français Installés depuis la période coloniale, les Français contrôlaient la plupart des activités économiques en Centrafrique. Leur présence était marquée par la création de quelques industries et de plusieurs entreprises commerciales et de service. Certains entrepreneurs français s’étaient introduits sur le marché centrafricain après l’indépendance ; ils avaient couvert une bonne partie du marché par leurs produits. Les jeunes États africains qui venaient à peine d’acquérir leur indépendance avaient pour priorité la mise en place des structures capables de favoriser le décollage économique, et il revenait à la métropole de fournir les instruments qui pouvaient permettre de jeter la base du développement ; d’où la nécessité d’investir massivement dans ces pays.

89

I.2.2 Les entrepreneurs portugais et grecs Leur présence a été remarquée après l’indépendance. Ils intervenaient dans le domaine commercial, notamment par les activités d’import-export et de commerce général. On les retrouve peu dans le secteur industriel. Le marché centrafricain étant encore vierge, et surtout que les petites industries déjà existantes ne fournissaient pas tout ce dont la population avait besoin, ces entrepreneurs assuraient la distribution des produits finis fabriqués par les grands groupes de leurs pays. I.2.3 Les entrepreneurs libano- syriens Moins importants par rapport à ceux cités précédemment, les entrepreneurs libano-syriens ont développé aussi quelques activités importantes. On les retrouve aussi bien dans le commerce, les bâtiments et travaux publics,…. Ils se sont affirmés progressivement sur le marché centrafricain à partir des années 80, période au cours de laquelle les activités économiques ont commencé à connaître des difficultés et ou certains entrepreneurs français et autres ont commencé à quitter le pays. I.2.4 Les nationaux et l’État Les nationaux Le risque n’est pas du ressort du Centrafricain. Pour lui, le seul moyen de réussite est d’aller à l’école. Cet état d’esprit lui a été inculqué par l’autorité coloniale qui, au lieu de lui apprendre à se débrouiller seul, lui présentait l’école comme la seule voie de réussite. L’État centrafricain compte plusieurs entrepreneurs repartis dans l’industrie, le commerce et le service. Ainsi, l’Etat Centrafricain a procédé à la nationalisation de quelques entreprises privées tenues par les étrangers ; dans certains cas, il devient même l’actionnaire majoritaire dans les sociétés d’économie mixte, et va jusqu’à récupérer certaines entreprises dites stratégiques. Les entreprises stratégiques sont des entreprises dont l’implantation nécessite une grande mobilisation de ressources et qui exercent leurs activités dans des domaines spécifiques. Il s’agit par exemple des branches d’activités suivantes : la production en commun, etc.

90

En définitive, la création d’entreprise est à la fois l’œuvre des entrepreneurs privés et de l’État. I.2.5 Les autres entrepreneurs Il s’agit notamment des entrepreneurs israéliens, yougoslaves, américains, etc. qui ont investi leurs capitaux dans le pays ; on les retrouve plus dans le secteur minier pendant l’époque de l’empereur Bokassa. En somme, entre 1960 et 1979, on a constaté une disparité d’entrepreneurs qui se sont illustrés sur le marché Centrafricain. I.2.6 Répartition des capitaux investis entre les entrepreneurs Le tableau suivant donne l’origine des capitaux ainsi que le capital social par type d’entrepreneurs : Tableau 33 Origine des capitaux

Français

Portugais

Libanosyriens

Etat nationaux

Divers

Total

Capital social (en millions de francs CFA)

24652

4884

2809

597

2325

35267

Fréquence relative en pourcentage

69

14

8

2

7

100

Source : Christian Prioul, « Les industries et commerce en RCA », Les Cahiers d’Outre-mer, octobre –décembre 1969. 91

ni Fréquence relative fi =

ni x 100 ; fi =

N

=24.652 x 100 = 69 N

35.267

Graphique 4 Répartition des capitaux entre les entrepreneurs

0%

7%

2%

8% 14%

69%

Français

Portugais

Lbano-syrien

Etat nationaux

Divers

- Les capitaux français occupent la plus grande proportion des capitaux investis en République Centrafricaine. Ce qui montre que les entrepreneurs français ont plus investi par rapport aux autres ; - Les capitaux portugais s’élèvent à 14% ils suivent directement les capitaux français ; - Les libano-syriens font également partie des trois grands types d’entrepreneurs reconnus en République Centrafricaine. Leur part est estimée à 8% ; - Les capitaux investis par l’État centrafricain et les nationaux sont plus faibles. Il convient de noter que pendant cette période, l’Etat ne détient qu’une seule société et des participations dans les sociétés d’économie mixte ; - Les capitaux divers regroupent les autres types d’entrepreneurs : israéliens, yougoslaves, africains, etc. on estime leur part à 7%. 92

On entend par objectif un résultat qui doit être atteint et dans un délai et avec les moyens déterminés, le plus souvent quantifiables en valeur absolue ou en valeur relative. Il peut être de nature qualitative : c’est un but ; il doit être daté et chiffré. À travers l’entreprise qu’il crée, l’objectif d’un entrepreneur peut être assimilé à celui de l’entreprise. Quant aux buts poursuivis par celui-ci, ils peuvent être réduits à la mission assignée à l’entreprise. I.2.6.1. L’objectif général Il s’agit ici de la finalité de l’entreprise considérée comme celle du créateur d’entreprise, c’est-à-dire sa raison d’être. Il va sans dire que le profit constitue la principale finalité de l’entreprise, car sans lui, aucune action ne peut être envisagée, et l’entreprise ne peut prétendre s’accroître ni se développer. En fait, c’est le profit (bénéfice) qui permet à l’entreprise de réaliser des investissements, de rémunérer le capital de l’entrepreneur ou des actionnaires (cas des sociétés de capitaux). Il est donc d’une importance primordiale pour toutes perspectives définies par toute organisation à but lucratif. C’est un stimulant pour le créateur d’entreprise car il exprime ce qui guide sa décision d’investissement. Mais de nos jours, avec l’intensification de la concurrence entre les unités de production, la tendance n’est plus à la recherche du profit. On parle plutôt de la survie de l’entreprise, c’est-à-dire sa pérennité, sa capacité à résister aux concurrents, à durer le plus longtemps possible, son maintien sur le marché. Cependant, la notion de survie n’exclut pas la réalisation d’un bénéfice par l’entreprise. De ce point de vue, le profit devient la condition d’existence comme la semence que le paysan prélève sur sa récolte. I.2.6.2 Les objectifs particuliers Ce sont des objectifs qui concernent l’organisation de l’entreprise, ainsi que les différents responsables à chaque niveau de l’entreprise. Ils s’appliquent aux individus (Force de vente, les différents opérationnels…) ou aux groupes d’individus (département, atelier, section, ….).C’est un contrat passé avec sa direction pour chaque responsable. Ils peuvent se présenter sous la forme d’un programme (de vente, de production ou d’approvisionnement) ou d’un ratio, ou encore d’un quota. Les objectifs particuliers sont indispensables pour une entreprise. Ils concourent à la réalisation des objectifs généraux. Par exemple, 93

un objectif particulier fixé par un chef de vente dans le domaine commercial ; il peut être fixé en quatre points : - La cible : augmenter les ventes de 8 à 10% par rapport à l’année précédente ; - Délai : il va du 1er janvier au 30 juin ; - Moyen (campagne publicitaire par voie de message radio ou par un budget de X francs) ; - Formation : dans la même période, formation des représentants sur telle technique de vente par les experts du domaine commercial. I.2.6.3 Les buts recherchés par les créateurs d’entreprise Comme nous l’avons évoqué ci-haut, les buts sont considérés comme des objectifs de nature qualitative. Le but de l’entrepreneur lorsqu’il crée son entreprise est de répondre aux attentes de la population qui constitue sa clientèle potentielle, c’est-à-dire de satisfaire les besoins et les désirs de la clientèle en offrant des biens et des services adaptés. Ce but représente la mission assignée à l’entreprise. SECTION II NORMES JURIDIQUES REGISSANT LE FONCTIONNEMENT DES ENTREPRISES Au lendemain de l’indépendance, la législation centrafricaine en vigueur concernant les entreprises était favorable aux entrepreneurs. Les accords de coopération signés avec la métropole ont favorisé l’établissement de plusieurs entreprises. Aussi, la République Centrafricaine est un pays immensément riche en ressources naturelles et minières. Ce sont ces aspects qui ont justifié le choix de plusieurs entrepreneurs (étrangers) à s’établir en Centrafrique. II.1 Les dispositions relatives au code des investissements après l’indépendance La loi n°62.355 du 19 février 1963 portant organisation du code d’investissement de la République Centrafricaine prévoit essentiellement trois régimes (A, B, C). Cette loi a repris textuellement le contenu de celle de la période coloniale déjà développée dans la première partie de cet ouvrage.

94

II.1.1 Le régime A Le régime A concerne les entreprises ou établissements dont l’activité est limitée à la République Centrafricaine. Il est accordé par décret pris en conseil des Ministres pour une durée qui ne peut excéder dix ans. Ce régime A accorde aux entreprises : - Les exonérations de droits de douane sur les matières premières et les emballages ; - Les exonérations d’impôts sur les bénéfices pendant 5 ans renouvelables ; - La liberté de rapatrier les capitaux pendant cette période de 5 ans, etc. II.1.2 Le régime B Le régime B concerne les entreprises ou établissements dont le marché s’étend au territoire de deux ou plusieurs États de l’Union douanière équatoriale. Ce régime est accordé par un acte de comité de direction de l’Union Douanière Equatoriale, sur proposition du conseil des Ministres. Le régime B permet (article 29) l’admission des matériels d’installation et d’équipement aux taux de droit d’entrée et de taxe sur le chiffre d’affaires à l’importation par la législation douanière en vigueur : - L’exonération de droits et taxes perçus à l’entrée sur les matières premières et les produits intermédiaires essentiels utilisés en usine pour l’obtention des produits fabriqués dans leur forme de livraison au commerce ; - L’exonération dans les conditions définies par l’acte d’agrément de toutes taxes intérieures sur les produits ou marchandises fabriqués ainsi que sur les matières premières ou produits d’origine locale qui entrent dans leur processus de production ; - L’exemption de « la taxe unique » sur les produits fabriqués sous ce régime et destinés à l’exportation hors des États de l’Union douanière équatoriale ; - La détermination dans l’acte d’agrément du taux des droits de sortie qui peuvent être réduits ou nuls, sont applicables aux produits préparés, manufacturés ou industriels exportés par l’entreprise. 95

Les entreprises agréées au régime B bénéficient de droit des dispositions touchant les contributions directes et les redevances domaniales valables pour le régime A. Notons que les taux de redevances foncières, minières et forestières peuvent être réduits ou nuls. Quant aux réductions de l’impôt sur les bénéfices, elles peuvent être de 20 à 50 % voire 100 % (Article 30). II.1.3 Le régime C Le régime C concerne « les entreprises d’une importance capitale pour le développement économique de la République Centrafricaine et qui mettent en jeu des investissements exceptionnellement élevés ». Ce régime est accordé suivant la procédure applicable du régime A. Il comporte l’octroi d’un régime fiscal de longue durée selon les modalités précisées ci-après : - (Article 34). La durée du régime « C » ne peut excéder 25 années majorées, le cas échéant, des délais normaux d’installation. - (Article 35). Pendant la période d’application fixée à l’article 34, le régime fiscal stabilisé, garantit à l’entreprise à laquelle il est accordé la stabilité des impôts, contributions, taxes fiscales et droits fiscaux de toute nature, qui lui sont applicables à la date de départ, tant dans leurs assiettes et dans leurs taux que dans leurs modalités de recouvrement. - Dans l’article 36, on peut lire ce qui suit : « Aucun texte législatif ou réglementaire prenant effet à une date postérieure à celle de l’agrément d’une entreprise au bénéfice du régime C ne peut avoir pour conséquence de restreindre, à l’égard de ladite entreprise, des dispositions ci-dessus définies ». Il est donc clair qu’une entreprise étrangère implantée en République Centrafricaine peut demeurer pendant des années sans payer un impôt, se permettre de rapatrier tous ses bénéfices. II.2 Les accords de coopération Franco-Centrafricaine Ce sont des accords qui ont été signés le jour même de l’indépendance à Bangui, c'est-à-dire le 13 août 1960. Ils comprennent des accords bilatéraux et des accords multilatéraux avec le Congo, la République Centrafricaine et le Tchad. 96

II.2.1 Les bilatéraux Ils concernent la France et la République Centrafricaine. Ils prévoient des accords en matière de politique étrangère, d’assistance militaire et technique, d’aide de coopération culturelle et des conventions d’établissement à propos des emplois publics, des activités privées, des droits civils, des impôts, des sociétés commerciales. II.2.2 Les accords multilatéraux Ils s’étendent aux problèmes de défense commune, de coopération en matière monétaire, économique et financière et à l’enseignement supérieur. II.3 Les opportunités naturelles de la Centrafrique La République Centrafricaine jouit de beaucoup d’atouts naturels qui pourraient inciter les entrepreneurs tant nationaux qu’étrangers à implanter des entreprises sur place. Sur le plan de l’agriculture, le sol centrafricain est naturellement fertile, accompagné d’un régime pluviométrique largement au-dessus de la moyenne et qui couvre la quasi-totalité du territoire. Le sous-sol centrafricain est extrêmement riche en diamant, or, fer, calcaire, et autres minerais. Ces potentialités naturelles offrent à la République Centrafricaine d’énormes possibilités d’investissement par les agents étrangers. De même, le code des investissements ainsi que les accords de coopération sont des exemples pragmatiques des opportunités qui s’offrent aux entrepreneurs pour mener à bien leurs affaires et se créer des richesses. SECTION III LES ENTREPRISES SOUS LES DEUX RÉGIMES La préoccupation majeure des chefs d’État centrafricain qui ont hérité du système économique colonial était le développement de ce pays. Chacun de ces deux régimes était caractérisé par une politique économique spécifique.

97

III.1 Les entreprises sous le régime de Dacko David Dacko, président de la République Centrafricaine entre août 1960 à décembre 1965 avait une grande orientation qui jeta la base de toute une action de développement comme l’a constaté Pierre Kalck : « Dacko réalisait que le salut économique du pays ne dépendait pas de la seule houe du paysan centrafricain, mais et surtout de l’abaissement du coût des transports, de la diminution du prix de l’énergie, de la valorisation des produits par leur transformation sur place, de l’allégement de la masse des importations par la création de fabriques de biens de consommation ou par la multiplication d’atelier de montage, … Il réalisait que la seule activité d’importexport, à laquelle se livraient les sociétés coloniales étaient loin de permettre le développement du pays »12.

La République Centrafricaine a connu pendant cette période un essor, notamment dans plusieurs domaines d’activités économiques. La diversité des entreprises Dans une économie capitaliste où l’accent est mis sur l’initiative privée, les individus quels qu’ils soient et où qu’ils soient ont la possibilité de créer leur entreprise, développant ainsi des activités dans des domaines bien déterminés. Selon leur capacité financière, ils peuvent, à eux seuls, mener plusieurs activités : on parle alors de la diversification des activités. Le Classement des entreprises selon leurs secteurs d’activités Un secteur se définit à partir de l’activité principale exercée par l’entreprise. Il regroupe donc des entreprises qui ont la même activité principale, bien que chacune d’elles ait des productions secondaires variées. Depuis les auteurs comme Jean Fourastie et Colin Clark, les entreprises sont classées dans trois secteurs :

12

-

secteur primaire : entreprises agricoles et d’élevage ;

-

secteur secondaire : entreprises industrielles ;

-

secteur tertiaire : entreprises de services et de distribution.

P. Kalck, Histoire centrafricaine des origines à nos jours, Paris, l’Harmattan, 1992, P. 320.

98

Un découpage des entreprises en tenant compte des secteurs d’activité rencontrés en Centrafrique est pertinent dans un tableau. III.1.1 Les entreprises commerciales et de services III.1.1.1 Les entreprises commerciales Tableau 34 Branches Commerce (divers produits)

Exportateurs de produits Importateurs spécialistes Commerce (confection et matériels)

Distribution

Activité principale Arme et munition, articles de sport, cycles, disques, instruments de musique, boucherie, câbles et matériel téléphonique, chaussure, droguerie, quincaillerie, maroquinerie, institut de beauté parfumerie, librairies, jouets, vins vivres frais, fruits de mer Arachides et sésame, bois, café, caoutchouc, cire, huile de palme, palmistes, peaux, piments, plantes médicinales, pointes d’éléphants, poivre, sisal, fleurs. Matériel industriel Tissus alimentation, confection, appareil électroménagers, machines à coudre, matériel agricole, de bureau et autres ventes.

Electricité et hydrocarbures

Nombre d’entreprises

32

9 11 15

5 TOTAL : 72

Source : Moi-même à partir de la revue RCA en 1965 publiée par la chambre de commerce et de l’agriculture. Parmi ces entreprises, on peut citer les grandes sociétés reconnues dans la diversification de leurs activités. Il s’agit notamment de Moura et Gouveia, Gb Ollivant et Compagnie, SCKN, CCSO, CFAO, Branquinho-Morgado, Cattin et Compagnie, CRAF, Chrstinger, SHO Centrafrique, etc. III.1.1.2 Les entreprises de services Tableau 35 Branches

Activité principale

Nombre d’entreprises

Service

Assurances

6

Banques

6

Cabinets fiduciaires et comptabilité

7

99

Cinémas Hôtels

4

Restaurants bars

5

Transitaires

10

Transports aériens

4

Transports fluviaux

4

Transport routier

3 30 Total : 79

Source : Moi-même à partir de la revue RCA en 1965 publiée par la chambre de commerce et de l’agriculture. Les entreprises spécialisées dans la prestation de services ont un effectif plus important par rapport à celles qui sont spécialisées dans la distribution. Le sous-secteur de transport regorge à lui seul près d’un tiers des entreprises de services. C’est un sous-secteur qui est en émergence. On rencontre aussi des sociétés d’assurance, des banques, des cabinets d’étude, des restaurants-bars, etc. III.1.2 Les entreprises industrielles Tableau 36 Branches Transformation (peaux) Transformation de produits agricoles et d’élevage

Activité principale Fabrique de chaussures

Nombre d’entreprises 2

Sisal

1

Coton

4

Café

2

Brasseries

1

Tabac

1

Savonneries

5

Laiterie

1

Casseroles alu

1

Meubles métalliques

2

Carrosserie

3

Transformation de métal

Transformation de fer

100

Boulangeries

Bâtiment et travaux publics

Cycles

1

Fabrique de pains et gâteaux

3

Construction et travaux publics

20

Construction d’habitat

7

de

maisons

2 Travaux divers

Imprimerie

Total : 56

Source : Moi-même à partir de la revue RCA en 1965 publiée par la chambre de commerce et de l’agriculture. Les industries centrafricaines de l’époque de Dacko se sont orientées, dans leur majeure partie, vers le domaine des bâtiments et des travaux publics. Il faut noter la présence des industries de transformation des produits agricoles et d’élevage (coton, café, sisal, brasserie,…). À côté de ces industries de transformation, on retrouve des industries textiles comme CIOT, ICCA, ICOT, l’usine de filature de M’Poko et surtout l’arrivée de l’UCCA avec ses 20 usines d’égrenage, qui étaient les plus importantes en termes de chiffre d’affaires et de personnel. Sont comptées parmi ces entreprises industrielles, les entreprises artisanales qui sont considérées comme des entreprises spécialisées dans la fabrication d’un objet. Elles sont importantes en nombre et viennent en appui au secteur industriel. À côté de ces unités légalement répertoriées, il faut aussi souligner l’influence des petites unités artisanales comprises dans le secteur informel. III.1.3 Les autres entreprises Cette partie concerne les entreprises exerçant dans le domaine d’exploitation forestière et celles spécialisées dans la production du diamant et de l’or.

101

III.1.3.1 Les entreprises d’exploitation forestière Tableau 37 Secteur Forêt

Activité principale

Nombre d’entreprises

Exploitation forestière (bois et scieries)

8

Source : Moi-même à partir de la revue RCA en 1965 publiée par la chambre de commerce et d’agriculture. La République Centrafricaine a une forêt énorme qui constitue une forte potentialité. En 1960, 16 permis d’exploitation concernant 88.500 hectares ont été délivrés. Pour l’année 1961, 14 permis concernant 83.500 hectares ont été délivrés. L’année 1962 voit délivrer 15 permis couvrant une superficie de 100.500 hectares. Ainsi, d’année en année, l’État délivre de nouveaux permis d’exploitation à des entreprises (anciennes et / ou nouvelles). III.1.3.2 Les entreprises spécialisées dans la production du diamant et de l’or Ce secteur regroupe seulement deux entreprises (de 1960 à 1965) qui ont le monopole de l’achat du diamant artisanal et de l’or. Il s’agit de : - La société mixte israélo-centrafricaine (ICAD) et la société Diamond Distributors Inc qui est une grande compagnie de production de diamant. Cette société a la charge de faire la prospection des grands cours d’eaux réputées riches en diamant. III.1.4 Les entreprises agricoles et d’élevage III.1.4.1 Les entreprises agricoles Elles sont constituées des sociétés et entreprises individuelles orientées vers la culture de rente (café, coton, sisal, hévéa, cire,…). Les autorités coloniales ont mis un accent particulier sur les activités agricoles ; le sol centrafricain étant fertile dans sa quasi-totalité avec un régime pluviométrique qui dépasse de loin la moyenne, les plantations se retrouvent sur toute l’étendue du territoire. Ainsi, on a dé102

nombré jusqu’en 1965, environ 153 plantations réparties sur l’étendue de la République Centrafricaine. III.1.4.2 Les entreprises d’élevage L’élevage reste encore un secteur informel. C’est une activité pratiquée le plus par un seul individu. On compte neuf éleveurs ayant fait leur déclaration. III.2 Les entreprises sous le régime Bokassa Il est celui que les Centrafricains appellent le « bâtisseur du pays ». L’empereur Jean Bedel Bokassa a dirigé la République Centrafricaine (devenue empire en 1976) de janvier 1966 à septembre 1979. Cette période est non seulement marquée par la naissance et l’ampleur de plusieurs activités économiques mais aussi par les recensements des entreprises de 1967 et de 1975. Ainsi, une présentation des différentes entreprises et leurs chiffres d’affaires, leur évolution et les personnes qui y travaillent, semble importante. III.2.1 La situation entrepreneuriale À partir de 1966, on a constaté un début d’accroissement rapide du nombre d’entreprises. Ces entreprises s’ajoutent à celles qui existaient déjà à l’époque de Dacko. Un recensement des entreprises a été effectué en 1967 pour connaître la situation réelle de toutes les unités de production et de commerce, ainsi que leur évolution. III.2.1.1 Les entreprises implantées en Centrafrique en 1967 Ces études seront faites par branches d’activités. Pour besoin de simplification, les branches d’activité sont ainsi réparties : -

0 = secteur primaire, produits végétaux et animaux ;

-

1 = industries extractives ;

-

2 = industries manufacturières de produits organiques ;

- 3 = industries manufacturières des produits minéraux et du caoutchouc ; -

4 = bâtiments et travaux publics ;

-

5 = électricité et eau ; 103

-

6 = institutions financières, assurances, agences immobilières ;

-

7 = transports, entrepôts et communication ;

- 8 = les services : restaurants-bars, cinémas, cabinets comptables, safari ; -

9 = commerce : import, gros- détail.

Cette classification par branches se justifie par le fait que la plupart des entreprises ont opté pour la diversification de leurs activités. Tableau 38 Forme juridique Branches 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Total

SA

ARL

16 4 16 11 14 1 15 14 10 57 158

12 6 2 5 8 3 4 21 61

Sté d’éco. mixte 1 1 1 1 4

Sté D’Etat 1 1

En/se indiv. 17 2 3 1 1 1 6 11 42

ND

Total

4 1 1 4 1 1 4 16

49 4 26 17 22 2 28 20 21 93 282

Source : Recensement des entreprises commerciales et industrielles de 1967. NB : ND = non déclarées. Comme le montre le tableau, la branche 9 (commerce : import, gros et détail) est plus importante. Cela s’explique par le fait que la majorité des entreprises à structure coloniale (elles représentent encore 50% du total des entreprises) se retrouvent dans ce secteur. À cela, il faut ajouter la présence des entrepreneurs portugais et grecs qui se sont spécialisés dans le commerce. Il convient aussi de noter que les formes juridiques les plus fréquentes des sociétés en République Centrafricaine sont la SA et la SARL. En effet, 80% de petites et moyennes SA ont leur siège en Centrafrique, les plus importantes ont par contre leurs sièges à l’étranger. Les capitaux sont presque tous étrangers, excepté la parti104

cipation de l’État dans quatre sociétés d’économie mixte et une seule société d’État. Pour mieux situer l’évolution du nombre d’entreprises en République Centrafricaine, le tableau sera scindé en deux (secteur industrie et secteur commerce et services) afin de faciliter la représentation graphique. Tableau 39 : Évolution des entreprises du secteur de l’industrie Forme juridique Branches 0 1 2 3 4 5 Total

SA

ARL

Sté D’Etat 1 -

En/se indiv. 17 2 3 1 -

ND

Total

12 6 2 5 -

Sté d’éco. mixte 1 1 1 -

16 4 16 11 14 1

4 1 1

49 4 26 17 22 2

62

25

3

1

23

6

120

Secteur commerce et services : branches 6, 7, 8, 9 Tableau 40 : Évolution des entreprises du secteur du commerce et services Forme juridique

Branches 6 7 8 9 Total

SA

ARL

Sté D’Etat -

En/se indiv. 1 1 6 11

ND

Total

8 3 4 21

Sté d’éco. mixte 1 -

15 14 10 57

4 1 1 4

28 20 21 93

96

36

1

-

19

10

162

Graphique 5 : Répartition des entreprises du secteur du commerce Secteur industrie Secteur commerce et services Nombre d’entreprises

105

1009590858075706560555045403530252015-105_ SA

SARL

Eco. Mixte

d’Etat

En / se indiv

ND

Forme juridique Comme le montre le graphique, les entreprises commerciales sont plus importantes en effectif par rapport aux entreprises industrielles, et la plupart de ces entreprises sont des sociétés anonymes (SA). On constate cependant qu’au niveau des entreprises individuelles, les entreprises industrielles dépassent les entreprises commerciales.

106

III.2.1.2 Les entreprises implantées en Centrafrique en 1967 réparties par tranche de chiffre d’affaires a- Secteur industriel : Branches 0, 1, 2, 3, 4,5 Tableau 41 Entreprises par chiffres d’affaires CA (en millions)

Branches

0-10 10-25 25- 50 50- 100 100 et +

ND

Total

0

25

14

4

1

3

2

49

1

-

1

-

1

1

1

4

2

1

6

4

6

9

-

3

8

2

-

26

2

3

2

4 5

1 -

5 -

7 -

5 -

4 -

-

17 22 -

Total

29

29

17

21

21

3

120

Source : Recensement des entreprises commerciales et industrielles de 1967.

107

Le tableau ainsi présenté nous permet de dresser le graphique suivant : Graphique 6 : Répartition des entreprises par tranche de chiffre d’affaires

30

25

20 15 10 5 0

10 20

30 40 50

60 70 80 90 100 110 120

Les entreprises industrielles qui ont un chiffre d’affaires allant de 0 à 50 millions de francs CFA sont plus nombreuses par rapport aux autres ; celles dont les chiffres d’affaires sont compris entre 50 à 100 millions et de 100 millions et plus sont moins nombreuses. Parmi les 120 entreprises, celles non déclarées sont au nombre de trois ; ce qui rend difficile leur catégorisation dans les tranches de chiffre d’affaires considérées. 108

b- Secteur commerce et services : branches 6, 7, 8,9 Tableau 42 CA (millions) Branches

0-25 25- 50 50100

6 7 8 9

20 5 15

7 3

100-500 500- + ND

-

4

-

17

-

3

1 -

-

12

-

4 3

15

Total 28 20

13

21

36

93 Total

57

29

20

43

13

-

162

Source : Recensement des entreprises industrielles et commerciales de 1967. Les entreprises qui se situent dans le secteur de commerce et services sont plus nombreuses que celles qui se trouvent dans le secteur industriel. Les chiffres d’affaires réalisés par ces entreprises témoignent de la prospérité du secteur commercial par rapport au secteur industriel. Cela s’explique par le fait que les entreprises commerciales et de services se sont implantés depuis très longtemps en République Centrafricaine. L’arrivée des portugais a accru davantage l’essor de ce secteur. III.2.1.3 Dispersion des entreprises par régions géographiques Tableau 43 Régions Branches

Ban- Hau- Logui te baye sang ha

Oua ka

Basse Kotto, Mbomou et Haut Mbomou

Autres

Total

0

11

17

17

2

12

2

49

1

-

2

-

-

1

1

4

109

2

26

-

-

-

-

-

26

3 4 5

17 20 2

1

-

-

1 -

-

17 22 2

6

27

-

-

1

-

-

28

7

19

1

-

-

-

-

20

8

19

-

-

-

-

2

21

9

77

8

2

4

2

-

93

Total

218

29

7

7

16

5

282

Source : Recensement des entreprises commerciales et industrielles de 1967. Afin d’en esquisser le graphique, nous regroupons les données dans le tableau suivant : Tableau 44 : Régions

Bangui

Haute Sangha

Lobaye

Nombres d’entre prises Fréquence relative en pourcentage

218

29

7

7

78

10

2

2

110

Oua- Basse- Kotto, ka Mbomou et Haut Mbomou

Autres

Total

16

5

282

6

2

100

Calculs annexes : ni ni 218 fi ------- x 100 ; fi = ----- x100 = ------ x 100 = 78 N N 282

Graphique 7 : Répartition des entreprises par région Répartition des entreprises selon les régions 10%

78%

2% 2%

6%

2%

Bangui Haute Sangha Lobaye Ouaka Basse-Kotto, Mbomou et Haut-Mbomou Autres

Comme évoqué dans le cas précédent (section 2), la plupart des entreprises sont implantées à Bangui (capital de la République Centrafricaine) en raison des conditions favorables qui s’y trouvent (énergie notamment). Les autres, par contre, sont installées dans les zones réputées riches en ressources naturelles (diamant, or forêt, ….) qui nécessitent la création même de ces activités. La région de la Haute Sangha (aujourd’hui Mambéré–Kadéi), regorgeant d’énormes potentialités, suit directement Bangui avec10% d’entreprises sur un total de 282 entreprises enregistrées. Dans les autres régions, il s’agit de l’implantation des usines de transformation (égrenage, exploitation forestière, torréfaction du café, …) et des établissements de commerce concentrés notamment au Centre-Est, à l’Ouest et au Sud- Ouest.

111

III.2.1.4 Chronologie d’implantation des entreprises en Centrafrique Tableau 45 Périodes Branches

Avant 1950

0

12

1951 à 1955 4

1956 à 1960 10

1961 à 1963

1

1

-

1

-

-

-

2

4

2

4

5

4

3

5

4

1

26

3

2

1

4

5

4

1

-

17

4

1

3

3

5

2

1

22

5

1

-

1

-

-

-

2

6

3

4

8

1

2

1

28

1

7 -

1964 1966 à à 1965 1967 1 3

ND

Total

18

49

9 7

2

3

2

8

2

3

-

20

8

1

1

2

3

5

8

1

21

9

23

16

14

13

9

9

9

93

33

282

Total

50

37

53

45

32

32

Source : Recensement des entreprises commerciales et industrielles de 1967 Il y a en tout 65 entreprises (industrielles, commerciales et de services) qui ont été créées depuis l’arrivée au pouvoir de l’empereur Bokassa jusqu’en 1967. Les autres, par contre, continuent leurs activités jusqu’à l’année du recensement (1967). Ainsi, de la période coloniale à l’indépendance, on compte 140 entreprises ; de l’indépendance jusqu’en 1965, on a pu dénombrer 77 entreprises nouvellement créées. Celles non déclarées sont au nombre de 33. 112

III.2.1.5 Les personnes travaillant dans les entreprises Il existe trois grandes catégories de personnes qui travaillent dans les entreprises implantées en Centrafrique. Il s’agit des expatriés, des Africains et des nationaux. ● Les expatriés Ce sont principalement des Européens qui occupent des hautes fonctions de responsabilité au sein des entreprises. Ils sont souvent de simples ou des cadres supérieurs. ● Les nationaux et les Africains Ils sont constitués de Centrafricains et des ressortissants des pays de la sous-région (UDEAC) et des personnes des autres pays africains. a- L’effectif des différentes catégories de personnes travaillant dans les entreprises en 1967 Le tableau suivant donne une idée précise sur l’effectif des personnes occupées. Tableau 46 Effectif Branches

Nationaux et africains 1966

Expatriés

1967

1966

1967

Nombre

Nombre

Nombre

Nombre

0

5335

6275

73

103

1

1604

906

47

30

2

3497

3429

146

165

3

648

873

50

61

4

1636

1764

95

79

5

150

159

20

18

6(1)

-

161

67

7(1)

-

1069

68

113

8(1)

-

354

50

9(1)

-

3662

462

Total

-

18652

-

1103

Source : Recensement des entreprises commerciales et industrielles de 1967. (1) Les données sur l’effectif des employés du secteur commerce et service ne sont pas disponibles. En 1967, le nombre des nationaux et Africains du secteur industriel (branches 0 à 5) est de 13.406 employés contre 5.246 du secteur commerce et services (branches 6 à 9). Cet effectif important du secteur industriel s’explique d’une part par le fait que ce secteur emploie la main-d’œuvre ouvrière non qualifiée abondante, et d’autre part, la mise en place d’une entreprise industrie nécessite l’emploi de plusieurs personnes. Les expatriés du secteur industrie sont au nombre de 456, inférieurs à ceux du commerce et services (647). Cet écart est simple à expliquer : les entreprises commerciales sont, pour leur grande majorité des filiales de grands groupes européens implantés en République Centrafricaine ; c’est pour cette raison qu’elles sont dirigées par des européens. b- Répartition de l’effectif des nationaux et africains par catégorie de personnel Tableau 47 Branches Cat. de pers 0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

Total

Cadres supé- 3 rieurs Cadres 91

-

5

-

3

2

4

3

1

6

27

Agents maîtrise

892 715

34

90

303

73

104 6

4352

114

de 441

154 604

Opérationnels : Employés et 574 ouvriers non 0 qualifiés

Total

-

246 2

702 114 3

122 59

754

273 254 4

1379 9

627 906 342 873 176 159 161 106 354 366 1865 5 9 4 9 2 2

Nous reprenons le total des effectifs en vue de présenter le graphique : Tableau 48 Branches

0

Effectif

1

2

3

4

5

6

7

8

9

Total

6275 906 3429 873 1764 159 161 1069 354 3662 8.652

Fréquence relative en pourcentage

33

5

18

5

9

1

1

6

2

20

100

Calculs annexes : ni fi =

6275 x 100

N

fi =

x 100 = 33 18652

115

Graphique 8 Répartition des nationaux et africains selon les branches d' activité

2%

5%

6%

33%

9%

18% 20%

1

2

3

4

5

6

7

8

On constate que les nationaux et autres Africains ont un effectif assez important au niveau de la branche 0, c'est-à-dire le secteur primaire. Leur population est plus grande par rapport aux autres branches. Ainsi, la majorité de la population est plus grande par rapport au secteur de l’agriculture et de l’élevage. La branche 9 (commerce : import-export) suit la branche 0 avec 20% ; la branche 2 (industries manufacturières) tend à égaler la branche de commerce. En dehors de celles-ci, les autres branches emploient moins de nationaux et Africains, leur proportion varie de 2 à 9 %.

c- Répartition de l’effectif des expatriés par catégorie de Personnel Tableau 49 Branches Cat. de pers

0

Cadres supé- 71 rieurs Cadres 31

1

2

3

4

5

6

7

8

9

Total

27

93

21

29

2

35

32

25

144

479

2

48

25

37

15

6

34

6

136

340

Agents de 1 1 24 15 13 1 26 2 19 182 284 maîtrise Total 103 30 165 61 79 18 67 68 50 462 1103

116

Nous regroupons ainsi les données : Tableau 50 : Données regroupées sur la répartition des expatriés catégorie de personnel Branches Effectif

0 103

Fréquence relative en pourcentage 9

1

2

3

4

5

6

7

30 165 61 79

18 67 68

33 15

2

8

9

Total

50 462

1103

5

100

6 6

7

6

41

Dans le secteur de commerce et services, plus précisément au niveau de la branche 9, on note une importante présence des expatriés. Ils sont aussi nombreux au niveau des industries manufacturières (branches 2). En ce qui concerne les catégories de personnel, on constate que les expatriés n’occupent que les postes de haute responsabilité au sein des entreprises (cadres supérieurs : total 479 pour toutes les branches). Un expatrié peut être employé au minimum comme agent de maîtrise ; ils sont considérés comme les plus qualifiés et nantis de grandes capacités de conception. Ils ne sont pas représentés dans la catégorie des opérationnels. Plusieurs raisons expliquent cela : - D’une part, les expatriés représentent les apporteurs de capitaux à la constitution de la plupart des sociétés, et à cet effet, ils doivent occuper les hautes fonctions de responsabilité au sein desdites sociétés ; - D’autre part, au lendemain de l’indépendance, les nationaux (principalement) et les Africains ne sont pas suffisamment formés et préparés pour diriger les entreprises nouvellement créées ; c’est d’ailleurs ce qui explique le nombre important des employés et ouvriers non qualifiés. 117

Il faut cependant noter que la création de l’UCCA (Union cotonnière centrafricaine) et de l’ICCA (Industrie cotonnière centrafricaine) en 1964, employant chacune près de 5000 personnes, a bouleversé le monde du travail. Dans les zones provinciales, beaucoup de personnes ont pu être embauchées comme ouvriers dans les usines d’égrenage. III.2.1.6 Les salaires versés par les entreprises au personnel pendant l’exercice clos en 1967 Tableau 51 Sal. versés Branches

Nationaux et Africains

Expatriés

Total des Salaires

Salaire annuel moyen

Total des salaires

Salaire annuel moyen

0

215.670

34

207.485

2.014

1

77.961

86

76.841

2.561

2 3

361.780 95.203

106 109

297.542 101.954

1.803 1.671

4

181.459

103

180.244

2.282

5

41.330

260

44.860

2.492

6

56.805

353

110.338

1.647

7

154.569

145

128.053

1.883

8

38.027

107

53.868

1.077

9

529.854

145

807.445

1.748

Total

1.752.658

94

2.008.630

1.821

Source : Recensement des entreprises commerciales et industrielles de 1967. Le total des salaires perçus par les nationaux et les Africains du secteur industriel (branches 0 à 5) s’élève à 973.403.000 contre 908 926.000 pour les expatriés. Le salaire annuel moyen pour les nationaux et Africains de ce secteur est de 73.000 (973.403.000/13.406) contre 1.993.259 (908.926.000/456). 118

Il apparaît un écart considérable entre les salaires moyens des expatriés et ceux des nationaux et Africains, soit environ 1.920.259. Le total des salaires perçus par les nationaux et Africains pour le secteur commerce et services (branches 6 à 9) s’élève à 779.255.000 contre 1.099.704.000 pour les expatriés. Le salaire annuel moyen des nationaux et Africains est de 148. 543(779.255.000/5.246) contre 1.699.697(1.099.704.000/647). L’écart ici est aussi important que celui du secteur industriel, soit 1.551.154. Ainsi, pour les deux secteurs, les salariés nationaux et Africains perçoivent un salaire misérable malgré la quantité et la qualité de travail qu’ils fournissent, bien qu’ils ne soient pas qualifiés ou suffisamment formés. On constate par ailleurs que ces employés (nationaux et africains) ne sont pas associés au processus de la prise de décision dans leurs entreprises. Le pouvoir de décision ne relève que des Européens dirigeants qui sont au sommet stratégique de l’entreprise. Ce système de gestion est fondé sur la théorie classique des organisations, où les hommes au travail sont considérés comme des « machines » et dont le rôle est limité à l’exécution des tâches. Dans de telles organisations, le seul objectif est la maximisation de profit. Ainsi, convient-il de souligner que dans ces organisations, on ne tient pas compte de la nature humaine au travail ; c’est ce qui est exprimé par le terme « spleen industriel », c’est-à-dire la mélancolie, le manque de joie de vivre, l’abattement moral et la perte d’intérêt pour le travail. Cependant, le coût de la vie en République Centrafricaine à l’époque permettait à ces personnes (ouvriers) de subvenir à leurs besoins. III.2.2. La situation entrepreneuriale en 1975 La relative stagnation du développement industriel et les situations de crise sociale ont poussé les autorités centrafricaines à faire un recensement de toutes les entreprises industrielles, commerciales et artisanales le 17 Septembre 1975 par le décret numéro 75-328. Conformément à ce recensement, les entreprises sont classées en quatre catégories :

119

III.2.2.1 Classification par secteur d’activités et par catégorie d’entreprises Cette classification se fait en deux secteurs à savoir : le secteur commercial (regroupant les entreprises commerciales et de services) et le secteur industriel. a- Secteur commercial Tableau 52 Catégorie

Classification (selon la taille)

Nombre

Première

Grandes entreprises

11

Deuxième

Moyennes entreprises

12

Troisième

Petites entreprises

46

Quatrième

Entreprises artisanales

117

Cinquième

Petits commerces

2147

Total = 2.333

Source : Recensement des entreprises industrielles et commerciales de 1975 Les critères de tailles ici choisis sont relatifs aux effectifs employés, considérés comme le critère le plus utilisé. En effet, il existe plusieurs critères de détermination de la taille d’une entreprise (le chiffre d’affaires, la valeur ajoutée, le capital, les résultats et l’effectif des employés). Ainsi, en France par exemple, les petites entreprises sont celles qui comptent moins de 10 salariés ; les moyennes emploient entre 10 et 50 salariés ; une entreprise est grande si elle emploie plus de 500 salariés. Ce critère est presque identique à celui de la République Centrafricaine, puisque le critère de taille des entreprises ne dépend que de leur destinée à vendre des objets d’art et autres ; pour les petits commerces, il s’agit du secteur informel (détaillants, marchands ambulants,…). 120

b- Secteur industriel Tableau 53 Catégorie

Classification (selon la taille)

Nombre

Première

Grandes entreprises

11

Deuxième

Moyennes entreprises

11

Troisième

Petites entreprises

23

Quatrième

Entreprises artisanales

38

Cinquième

Artisans de petits métiers

210

Total = 293

Source : Recensement des entreprises industrielles et commerciales de 1975. Les critères de détermination des entreprises artisanales sont mal définis et cela profite le plus souvent aux entrepreneurs. Les artisans de petits métiers relèvent eux aussi du secteur informel, c’est-à-dire ils échappent au contrôle de l’Etat. Si l’on ne tient pas compte des artisans de petits métiers, on totalise 83 entreprises industrielles. Lorsque nous faisons la comparaison avec le nombre des industries de 1967, nous constatons très vite qu’il y a une nette régression (soit un écart de 37entreprises). Ceci est le fait de la reconversion de certaines entreprises en entreprises artisanales ou d’une faillite simulée qui leur permet de vendre le fonds de commerce (après plusieurs années sans payer d’impôt).

Tableau 54 Catégorie

Classification (selon la taille)

Nombre

Première

Grandes entreprises

22

Deuxième

Moyennes entreprises

23

121

Troisième

Petites entreprises

69

Quatrième

Entreprises artisanales

155

Cinquième

Artisans de petits métiers

210

Sixième

Petits commerces

2147

Total = 2.626

Source : Moi-même à partir du recensement des entreprises industrielles et commerciales de 1975 Au total, le nombre d’entreprises (commerce, industrie et artisanat) s’élève à 2.626, y compris certains établissements relevant du secteur informel. Si l’on ne tenait pas compte du secteur informel, le nombre d’entreprises serait réduit à 269, inférieur évidemment à l’effectif des entreprises de 1967. III.2.2.2 L’effectif des employés Cette partie est réservée à la présentation du nombre d’entreprises qui emploient plus de 100 personnes. Bien évidemment, l’ossature telle que nous l’avons décrite dans le point (I.E) est maintenue, c’està-dire les personnes employées comprennent les expatriés, les nationaux et les Africains.

122

Tableau 55 Personnes employées Nombre d’entreprises

Source :

100 à 200

24

200 à 300

4

300 à 400

3

400 à 500

4

500 à 600

1

600 à 700

1

700 à 800

1

800 à 900

1

900 à 1000

1

1000 à 2000

2

2000 à 3000

1

3000 à 4000

1

4000 à 5000

1 Total = 45

Recensement des entreprises industrielles et commerciales de 1975. Au total 45 entreprises sur 2.626 emploient plus de 100 personnes. Il s’agit des entreprises industrielles qui emploient le plus de personnes. La plus grande entreprise, l’UCCA (Union cotonnière centrafricaine), société d’économie mixte dont l’Etat est l’actionnaire majoritaire, emploie plus de 4.000 personnes, tandis que la FCAT (Francocentrafricaine des tabacs), société d’économie, emploie, en 1975, environ 3.561 personnes.

123

● Calcul de la moyenne Tableau 56 Employés

Xi

Effectif

nixi

[100 ; 200[

150

24

3600

[200 ; 300[

250

4

1000

[300 ; 400[

350

3

1050

[400 ; 500[

450

4

1800

[500 ; 600[

550

1

550

[600 ; 700[

650

1

650

[700 ; 800[

750

1

750

[800 ; 900[

850

1

850

[900 ; 1000[

950

1

950

[1000 ; 2000[

1500

2

3000

[2000 ; 3000[

2500

1

2500

[3000 ; 4000[

3500

1

3500

[4000 ; 5000[

4500

1

4500

45

24.700

Total

1 Xi =

1 ∑ nixi =

N

(24.700) = 548,88 = 549 45

Donc, dans la catégorie des grandes entreprises, une entreprise emploie en moyenne 549 personnes. Les 45 entreprises qui emploient plus de 100 personnes représentent 1,7% de l’effectif total (2.626). Ce qui signifie que l’effectif des grandes entreprises est très faible par rapport à celui des entreprises de taille moyenne.

124

III.2.2.3 L’évolution du chiffre d’affaires Compte tenu des difficultés de la disponibilité des informations sur le secteur de commerce, le secteur de l’industrie sera le seul à être présenté. a- Chiffres des entreprises industrielles de 1974 à 1975 Tableau 57 Banches d’activité

Chiffre d’affaires (en million de franc) 1974

1975

3.500

3.700

3.300

3.650

Ind. Alimentaire

1.000

1.200

Ind. Boissons

1.620

1.700

665

412

2.300

2.200

Ind. Articles Chaussures

420

572

Ind. Chimiques

260

272

35

50

600

760

1.300

1.420

15.000

15.936

Agro- industrie Ind. Transformation du bois

Ind. Tabac Ind. Textiles

Ind. Matériaux de construction Ind. Mécaniques Energie et Eau Total Général estimé

Source : Service des statistiques du Ministère de l’économie, 1975. Les branches telles que l’agro-industrie, les industries de transformation du bois, les industries textiles, l’industrie de boisons, l’énergie et l’eau ont réalisé les plus importants chiffres d’affaires. On remarque d’autre part que pour chaque branche, le chiffre d’affaires évolue de manière croissante entre 1974 et 1975, excepté les industries de tabac et les industries qui ont enregistré une légère baisse. 125

b- Les quinze premières entreprises industrielles classées selon leur chiffre d’affaires Tableau 58 Entreprises

Branches

Chiffre d’affaires (en million de franc) 1974 1975

UCCA MOCAF SICPAD ENERCA ICAT FCAT

Agro -industrie Ind. Boissons Ind. Alimentaire Ener. Electrique Ind. Textile Agro. industries

2.500 1.620 1.500 1.300 1.300 1.100

2.600 1.690 1.500 1.420 1.200 1.250

RFA- RCA

Ind. Transformation bois

1.240

1.300

794 485 624 420

800 652 640 572

SOCEFI SLOVENIA CIOT BATA SCAD SOCACIG SEPIA EFBACE Total

Ind. Textile Ind. Article chaussants Ind. Transformation 646 bois Ind. Tabac 665

428 412

Ind. Mécanique 342 Ind. Transformation 255 bois

374 270 14.791

15.108

Source : Service des statistiques du Ministère de l’économie, 1975. Les quinze premières entreprises industrielles ont atteint en 1974 un chiffre d’affaires de 14 milliards 791millions et en 1975, 15 milliards 108 millions. En général, le chiffre d’affaires des entreprises industrielles progresse d’année en année en dépit de la crise économique mondiale qui frappe directement tous les pays. Entre 1967 et 1975, on a constaté une régression du nombre d’entreprises implantées en République Centrafricaine. En effet, 13 entreprises au total ont disparu (282 en 1967 et 269 en 1975). Cepen126

dant, il faut noter qu’à partir de 1967, l’Etat a participé massivement dans les capitaux des grandes entreprises, détenant parfois 60% d’actions ; c’est le cas des sociétés comme ICCA, CATES, FINIWAX, EFBACA, SICPAD, FCAT, etc. De 1976 à 1979, on a enregistré la naissance de plusieurs entreprises commerciales (commerce général : import-export), de services (banques : Banque pour le commerce extérieur créée en 1979 ; transport aérien : Centrafrique Air créée en 1976, etc.) et de quelques entreprises industrielles parmi lesquelles Ditex (industrie textile créée en 1978). La multiplication des activités économiques durant la période d’après l’indépendance jusqu’à 1979 a contribué d’une manière directe à l’amélioration du niveau de vie de la population et de l’économie centrafricaine, mais aussi et surtout, elle a permis un début d’industrialisation qui a rendu excédentaire la balance commerciale du pays à un moment donné. Il faut savoir que les quelques industries centrafricaines fabriquaient et vendaient leurs produits aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, et principalement dans les pays de la sous-région et en Europe. La culture du café, de l’hévéa, du coton, a favorisé l’implantation de plusieurs unités industrielles qui s’attellent à la transformation des produits bruts avant de les commercialiser sur le marché (national et international. Les chiffres d’affaires concernant l’exportation ont été satisfaisants ou tendaient à le devenir ; ce qui bien évidemment montre que le pays disposait d’une cellule économique capable de mettre en valeur ses potentialités naturelles. Les difficultés de trésoreries auxquelles devraient faire face toutes les colonies de l’AEF (Afrique équatoriale française) étaient moins ressenties en République Centrafricaine du fait du nombre croissant d’entreprises. Les salariés du secteur public étaient presque régulièrement payés. Il convient de noter que les fonctionnaires de l’État étaient plus importants en effectif que les salariés du secteur privé (ceci est d’autant vrai car tous les jeunes diplômés cherchaient à se faire intégrer dans la fonction publique). Le paiement régulier des salaires tant du secteur public que privé a eu un double impact sur le niveau de vie de la population centrafricaine : d’une part les ménages disposaient d’un pouvoir d’achat qui leur permettait de faire face à leurs besoins, d’autre part les entreprises n’avaient guère de difficultés de mévente, tout ce qui se produisait était facilement écoulé sur le marché. 127

Ce schéma que nous venons de décrire justifie l’implantation de plusieurs entreprises en Centrafrique, marché prometteur et vierge, tant convoité où tout le monde s’affronte pour le conquérir. La période de 1960 à 1979 est marquée par l’ « abondance d’emplois » : on s’est rendu compte que les entreprises étaient à la recherche d’une main d’œuvre qualifiée et qu’on était arrivé à la situation où la quasi-totalité des Centrafricains diplômés étaient soit intégrés à la fonction publique soit recrutés dans les entreprises privées. Le taux de chômage était presque négligeable, car ceux qui étaient à la recherche de l’emploi le trouvaient facilement. Cela se justifie par le fait que le République Centrafricaine est un jeune État qui a donc besoin, pour son décollage économique, de la main d’œuvre qualifiée et dynamique. Comme souligné dans la section précédente, les travailleurs centrafricains qualifiés étaient peu nombreux, et parmi eux, ceux qui avaient l’opportunité d’être formés dans des grandes universités ou écoles étaient très rapidement récupérés par les entreprises. Mais, dans la réalité, la majeure partie des Centrafricains optaient pour le secteur public au détriment du secteur privé, parce que, selon eux, devenir fonctionnaire de l’État offre plus de garanties au travailleur. C’est dans ce sens que les jeunes diplômés, au lieu de se valoriser dans les entreprises privées, préféraient plutôt se réaliser dans le secteur public. Parallèlement, l’État, pour faire face à ses différentes charges et obligations doit disposer des ressources suffisantes. En République Centrafricaine, les trois quarts des ressources de l’État proviennent des recettes fiscales, c’est-à-dire des impôts, taxes et cotisations diverses imposables aux personnes physiques et morales. En dépit de quelques faveurs accordées par l’État à certaines entreprises, on est amené à comprendre que les recettes fiscales ont permis à l’État de couvrir ses charges et obligations ; cela résulte du nombre important des entreprises dans le pays.

128

CHAPITRE IV LE DECLIN DES ENTREPRISES CENTRAFRICAINES À partir de 1980, les entreprises se sont trouvées véritablement dans un environnement instable induit par les nombreux évènements : tentatives de coup d’État, mouvements de grèves des fonctionnaires de l’État, mutineries, etc. Les opportunités dont bénéficiaient les entreprises à l’époque ont commencé à disparaître progressivement. La vente n’est plus aisée comme cela se faisait avant, et il suffit de peu pour que la population se mette à casser et piller les entreprises (les cas rencontrés au niveau des entreprises industrielles sont ceux de la SOCACIG, de la MOCAF, …). Cela a conduit à une régression considérable du nombre d’entreprises. Dans la période de 1980 à 2000 SECTION I LES CAUSES Il s’agit de tous les évènements et informations provenant de l’environnement externe de l’entreprise. On entend par environnement tout ce qui entoure l’entreprise. Il est principalement constitué de l’ensemble des éléments externes susceptibles d’influencer directement ou indirectement l’activité de l’entreprise. Ces éléments peuvent être : - l’État ; - des individus : clients, fournisseurs, etc. - des institutions : banques, syndicats, État, organismes de sécurité sociale ; - des informations ou données économiques tels que le taux d’inflation, d’intérêt, de chômages, etc. - des phénomènes culturels comme la mode, les modèles de consommation importés de l’étranger, (…). En République Centrafricaine ; la turbulence de l’environnement sociopolitique a eu un impact direct sur l’avenir des entreprises.

129

I.1 Les causes endogènes Elles sont constituées des évènements et mouvements qui ont leur source dans le pays. I.1.1 Les mouvements de grève L’accumulation des arriérés de salaires des fonctionnaires a été à l’origine d’incessants mouvements de grève. Depuis que l’État a commencé à enregistrer quelques mois d’arriérés de salaires, de plus en plus des voix ont commencé à s’élever pour appeler à une mobilisation générale. Une tension sociale relative est née et s’est généralisée sur toute la couche sociale. Les syndicats ont appelé à une grève générale ; ces mouvements ont duré plusieurs jours, voire plusieurs mois, et cela est toujours marqué par des incidents de tous ordres : répression des manifestations par les forces de l’ordre, arrestation des leaders syndicaux, violences entre manifestants et éléments de la sécurité publique, et parfois des arrestations de leaders politiques accusés d’avoir poussé aux manifestations violentes, (…). Les syndicats peuvent appeler à un boycott total du travail dans l’administration ; c’est le cas des mouvements de grève de la période 1990 et 1993 qui ont conduit à l’organisation des élections générales en 1993. Les conséquences de cette cessation des activités sont directes : baisse du pouvoir d’achat des ménages, baisse du chiffre d’affaires des entreprises, accumulation des arriérés de salaires des fonctionnaires de l’État, baisse de niveau dans les écoles à cause de la démotivation des enseignants, et surtout pendant cette période beaucoup d’écoles et l’Université ne fonctionnaient pas normalement (année blanche). Les entreprises n’ont pas été épargnées par cette période difficile. Celles qui n’ont pas résisté à la conjoncture ont été obligées de déposer leur bilan (déclaration de la faillite) et procéder à la liquidation des actifs de l’entreprise (fonds de commerce). D’autres, par contre, disposant des capitaux propres suffisants, ont continué leurs activités en définissant une nouvelle stratégie de maintien et de diversification des biens et des services.

130

I.1.2 Les crises militaro-politiques et les mutineries a- Les crises politiques Elles sont essentiellement constituées des tentatives de renversement du pouvoir en place. C’est le cas en 1982 d’une tentative de putsch qui a été déjouée. Ces évènements sont le plus souvent accompagnés de vols, de pillages, de destructions qui n’ont épargné aucune structure. Il convient de rappeler que la genèse de ces pillages se situe au mois de septembre 1979, lorsque David Dacko, avec l’appui de l’armée française, avait renversé l’empereur Bokassa 1er. En effet les forces de l’ordre voulaient disperser les pilleurs mais le président Dacko s’y était opposé, disant qu’il fallait laisser le peuple (qui a trop souffert) se défouler. Ainsi les produits de ces pillages avaient reçu l’appellation de grâce à Dacko. b- Les mutineries En 1996, une série de mutineries des militaires a bouleversé la vie économique du pays. La première, intervenue le 18 avril, la deuxième le 18 mai et la troisième le 15 novembre 1996, ont causé d’énormes dégâts. Les militaires aussi bien que les populations s’en sont pris à des biens particuliers et collectifs. Lors de ces trois mutineries, des dégâts considérables ont été commis, soit par les soldats mutinés indisciplinés, soit par la population devenue plus pauvre. De nombreux établissements industriels et commerciaux ont été mis à sac, anticipant ainsi l’arrêt définitif de plusieurs activités des entreprises implantées en République Centrafricaine. Les conséquences de la disparition de ces entreprises sont évidentes : - sur le plan social: perte d’emploi de milliers de Centrafricains, accroissement du niveau de pauvreté, misère sociale, etc. - sur le plan économique et financier: baisse de la croissance économique, baisse du pouvoir d’achat, baisse du niveau de vie, baisse de la production nationale, baisse du niveau des recettes fiscales, balance commerciale devenue déficitaire, etc.

131

I.2 Les causes exogènes Il s’agit ici de la dévaluation du franc CFA intervenue en janvier 1994. Cette dévaluation de la monnaie locale a entraîné, d’une manière subite, une hausse spectaculaire des prix. L’augmentation généralisée des prix a eu un impact direct sur les entreprises qui ne s’y étaient pas préparées et a réduit considérablement leur marge de manœuvre. Le pouvoir d’achat des ménages étant déjà faible, cette situation nouvelle n’a fait que l’accentuer. En plus, ce sont les entreprises qui verront leur chiffre d’affaires baisser d’année en année, les consommateurs ne disposant plus de revenus suffisants pour acheter les biens et les services devenus de plus en plus chers. Si les entreprises n’arrivent pas à vendre ce qu’elles produisent, il est clair que celles-ci seront amenées à disparaître. L’augmentation brutale du taux d’inflation induit par la dévaluation du franc CFA n’a pas permis aux entreprises centrafricaines d’être plus compétitives sur le marché national et international, et n’a fait que les rendre plus fragiles. Les conséquences des évènements sociopolitiques ont été sévères pour les entreprises centrafricaines. La crise économique qu’a traversée le pays a fait ralentir ou même affaiblir le rythme des activités entrepreneuriales industrielles et commerciales. Les données économiques ne sont plus les mêmes ; la conjoncture économique devenue plus dure pour les entreprises, leurs dirigeants sont amenés à modifier profondément la philosophie de gestion de leurs entreprises. Les objectifs fixés par ces entreprises ne pouvaient pas être atteints. I.2.1 Le recul du chiffre d’affaires global des entreprises Par comparaison à l’époque de l’empereur Bokassa, on a enregistré une baisse notable du chiffre d’affaires des entreprises pour toutes les branches. À l’origine, les difficultés économiques et financières ont bouché l’État centrafricain. Le paiement de salaires des fonctionnaires n’est plus régulier ; or, ce sont ces mêmes personnes qui sont les chefs de ménages. En République Centrafricaine, c’est le chef de ménage seul qui rapporte de l’argent à sa famille. Si ceux-ci en sont incapables, alors, il serait difficile d’effectuer des dépenses pour les besoins des familles. Les achats ne pouvant plus être assurés, une situation de misère s’installe très rapidement rendant ces familles vulnérables à tout mouvement. Si nous étendons cela à plusieurs chefs de 132

familles, nous serons tentés de dire que finalement c’est l’entreprise vendeuse qui souffrira d’un problème de mévente, et si cette situation s’étend sur une longue période, c’est le chiffre d’affaires des entreprises qui sera affecté. En baissant de plus en plus son chiffre d’affaires, l’entreprise ne peut plus assumer ses frais généraux de fonctionnement, et cela pourrait entraîner à la longue sa disparition. Mais, il convient également de signaler que le seul client de l’entreprise n’est pas l’individu ; les autres entreprises peuvent aussi acheter les biens et les services vendus par l’entreprise. Il peut s’agir de l’achat des biens de consommation intermédiaire entrant dans le processus de production des entreprises industrielles, ou simplement des consommables (papiers, stylos,….). Or, ces entreprises (clients de l’autre) sont aussi confrontées à d’énormes difficultés qui ne leur permettent pas d’honorer leur engagement, c'est-à-dire régler à l’échéance leur dette à court terme devenue exigible. Cela est essentiellement dû au ralentissement des activités économiques. L’entreprise qui vend à l’autre à crédit n’arrive pas à entrer à l’échéance en possession de ses fonds (créance transformée en liquidité). Nous savons que le résultat d’une entreprise à un moment donné s’obtient par la différence entre la somme de ses ventes (produits) et la somme de ses charges (dépenses). Si les produits n’excédent pas les charges, le résultat est déficitaire. Une telle entreprise sera dans une situation de cessation de paiement si les pertes enregistrées au cours des exercices suivants s’accumulent, elle sera appelée à disparaître. Cela ne reste pas sans conséquence : c’est un manque à gagner pour l’État et pour toute la communauté, car des hommes perdent leur emploi et l’impôt que payait cette entreprise ne pourra plus être recouvré. I.2.2. La baisse du pouvoir d’achat Le pouvoir d’achat est défini comme étant la quantité de biens ou de services qu’une somme d’argent permet d’obtenir. On a constaté un recul de la consommation du bien à la baisse du pouvoir d’achat des ménages centrafricains. La quantité des produits habituellement consommé n’est plus la même, faute de disposer de revenus suffisants et réguliers pour pouvoir se les procurer. On est arrivé à la situation où les entreprises sont obligées de vendre à perte, c'est-à-dire le prix du produit vendu est inférieur à son coût de revient. Ce phénomène illustre bien le cas de certaines entreprises qui, ne vou133

lant pas continuer leurs activités, attendent d’écouler leur dernier stock avant de tout arrêter. La cessation des activités des entreprises entraîne la perte de milliers d’emplois. Les personnes en chômage ne peuvent plus disposer de revenus qu’ils avaient lorsqu’ils étaient en poste. C’est donc la baisse du pouvoir d’achat qui s’en suit. I.2.3. Le durcissement fiscal Les privilèges fiscaux dont bénéficiaient certaines entreprises après l’indépendance ont commencé peu à peu à être compliqués. Les difficultés de trésorerie de l’État devenues très importantes font que les recettes fiscales constituent désormais sa principale. Il faut dorénavant que toutes les entreprises sans distinction paient leurs impôts et taxes pour permettre à l’État de faire face à ses obligations. On assiste presque constamment à une variation du taux d’impôt fixé annuellement par la Loi des Finances. C’est ainsi que l’impôt sur les sociétés par année est le même pour certaines taxes. Les régimes d’exonération qui étaient jadis moins difficiles à obtenir se sont endurcis compte tenu des énormes difficultés que connaît l’tat. Certaines entreprises qui bénéficient des subventions (d’exploitation ou d’investissement) de l’État sont obligées d’assurer elles- mêmes leur cycle d’opérations courantes ou d’investissements. L’augmentation du taux d’impôt alourdit les charges fiscales des entreprises. Or celles-ci cherchent toujours, selon la logique des affaires, à minimiser leurs charges pour faire plus de profits. SECTION II LA DÉLOCALISATION DES ENTREPRISES ET L’ARRIVÉE DE NOUVEAUX ENTREPRENEURS À partir de 1980, certaines entreprises perturbées par les évènements militaro-politiques ont décidé de cesser leurs activités en République Centrafricaine pour s’établir dans d’autres pays de la sousrégion. D’autres, par contre, ont vendu leur fonds de commerce aux nouveaux entrepreneurs qui viennent d’arriver.

134

II.1 Situation paradoxale : croissance des entreprises commerciales et de services Pendant que l’on constate un affaiblissement général des entreprises, de nouvelles entreprises commerciales et de services se sont implantées en République Centrafricaine, augmentant ainsi l’effectif des entreprises dans ce secteur. Le commerce et les services sont un secteur qui évolue de manière croissante en Centrafrique. Ainsi, pour simplifier le classement, un découpage par branches s’impose : - Branche a : institutions financières, assurances ; - Branche b : transport, communication et télécommunication ; - Branche c : les services : restaurants-bars, cinémas, cabinets comptables, juridiques et architectes, cliniques privées, safari, autoécoles, autres services ; - Branche d : commerce : import-export, commerce général, vente gros et détail. - Tableau 59 : Classement des entreprises par branches Branches

Nombre d’entreprises

A

9

B

35

D

65

D

129

Total

238

Source : Moi-même à partir du répertoire des entreprises commerciales et de services publié par la CCIMA en 1985. En plus de ces 238 entreprises identifiées, il y en a qui ne se sont pas encore fait déclarer auprès de la Chambre de commerce, de l’industrie, des mines et de l’artisanat (CCIMA).

135

Ces entreprises sont toutes ou presque de petite taille et emploient moins de personnes que les entreprises industrielles. Il ne faut pas oublier la place qu’occupe le petit commerce dans le pays : c’est un secteur difficilement contrôlable qui prospère de plus en plus et parvient à s’imposer du fait du volume de ses activités. Ce secteur, il faut le rappeler, va jusqu’à faire concurrence avec les grands établissements commerciaux détenus par les opérateurs étrangers. En faisant un recul, nous nous apercevons qu’en 1967 l’effectif des entreprises commerciales et de services était de 162, tandis qu’en 1975 le total des entreprises commerciales et de services, en dehors du secteur informel, était de 186 entreprises. Donc, de 1967 à 1985, on note une croissance des entreprises du secteur commercial. Pourquoi cette croissance ? À quoi est-elle due ? Plusieurs raisons sont à relever : D’abord, il faut rappeler que les entreprises de l’époque coloniale étaient dans leur majeure partie des entreprises commerciales. Les pays africains constituaient un nouveau débouché pour les Européens via leurs marchandises. Les produits manufacturés fabriqués par les industries européennes via leurs filiales implantées en Afrique étaient les seuls biens (produits finis) qu’on pouvait retrouver dans ces pays. Les filiales de ces grands groupes d’Europe étaient extrêmement puissantes et ont été mêmes amenées à créer de petites unités de transformation. Aussi, n’oublions pas que l’implantation d’une industrie n’est pas chose aisée. Les industries sont le plus souvent des sociétés qui exigent plusieurs personnes et un capital. Or il n’est pas toujours facile de mettre plusieurs personnes d’accord en vue de constituer une société industrielle ; et encore moins en République Centrafricaine, les conditions favorables pour l’implantation des sociétés industrielles ne sont limitées qu’à Bangui, et qu’en dehors de cette ville, les risques sont plus importants (essentiellement l’énergie électrique qui est seulement distribuée dans la zone de Bangui). Ce qui n’est pas le cas pour les sociétés commerciales et de services. Leur implantation n’exige pas trop de préalables comme pour les sociétés industrielles. Les risques sont limités et le nombre florissant. 136

Les Centrafricains aiment mieux consommer les produits étrangers que ceux qui sont fabriqués localement. Cette culture qui s’est implantée depuis la période coloniale perdure encore et aboutit à une négligence des produits locaux. Après l’indépendance, avec l’arrivée des portugais, de nouvelles entreprises de commerce ont été créées, s’ajoutant à l’effectif déjà existant et provoquant bien sûr une croissance des entreprises de ce secteur. Cette croissance a continué son chemin jusque dans les années 80 avec l’arrivée des entrepreneurs libano-syriens qui, eux aussi, se sont affirmés dans le commerce et les services. II.2 Les entreprises des années 96 et 97 Les années 96 et 97 ont été marquées par des troubles avec des conséquences néfastes sur les activités économiques. Beaucoup d’entreprises ont été touchées par ces évènements, notamment le pillage et/ou la destruction. II.2.1 Les entreprises commerciales et de services Pour le classement de ces entreprises, la même démarche est utilisée. Tableau 60 Branches

Nombre d’entreprises

A

8

B

30

C

41

D

74

Total

153

Source : Moi-même à partir de la revue International Business Guide. Opportunités, investissements et développements, publiée en 1998. Par rapport à la croissance des entreprises commerciales et de services de 1985, les années 96 et 97 n’ont pas été bonnes pour toutes les entreprises se trouvant sur le territoire centrafricain. Les entreprises du 137

secteur commercial et de services qui avaient l’habitude de croître en dépit des situations difficiles, n’ont pas été épargnées par les évènements. Comme souligné précédemment, en 1985, on dénombrait 238 entreprises commerciales et de services ; en 1997, seulement 153 entreprises existaient encore. Donc, en l’espace de douze ans 85 entreprises ont disparu. Il s’agit, pour la plupart, des entreprises d’origine portugaise pillées lors des récentes mutineries. Parmi ces entreprises, il faut signaler la disparition des géants comme Mourra et Gouveia (société représentée dans presque tous les domaines commerciaux), Branquinho, Morgado, et bien d’autres encore. De même, certaines filiales ne pouvant plus résister à la conjoncture ont décidé de se délocaliser et cesser leurs activités en République Centrafricaine. II.2.2 Les entreprises industrielles Nous retiendrons toujours le même critère de classement par branches. Ainsi nous aurons : - Branche e : industries chimiques, des minerais et métaux ; - Branche f : industries de transformation de produits agricoles et d’élevage ; - Branche g : industries de transformation de bois ; - Branche h : industries de textiles et de confection ; - Branche i : industries du bâtiment et annexes Tableau 61 : Récapitulatif des branches avec les effectifs correspondants Branches

138

Nombre d’entreprises

E

22

F

13

G

10

H

4

I

12

Total

61

Source ; Moi-même à partir de la revue International Business Guide. Opportunités, investissements et développement, publié en 1998. En faisant la comparaison avec les entreprises industrielles de 1967 et 1975, on voit une nette régression des industries centrafricaines. La reprise des activités économiques en 1994 après les grèves a vu également celle des activités industrielles. Malheureusement, les mutineries de 1996, avec leurs énormes conséquences, ont précipité la fermeture de plusieurs unités industrielles. Les entreprises comme UCCA, ICCA, FCAT qui, à elles seules, employaient la majorité des travailleurs du secteur privé n’existent plus, réduisant ainsi le nombre des industries textiles et de tabacs. Les énormes potentialités dont disposaient ces entreprises sont quasiinexistantes pour les nouvelles entreprises, puisque la conjoncture économique et l’environnement sociopolitique sont plus que jamais instables. Au niveau des industries de transformation des produits agricoles, on a noté la disparition des géants comme SICPAD (Société industrielle centrafricaine de produits alimentaires et dérivés), des importantes boulangeries comme Calvo, Boulangerie centrale, etc. Les industries de bois ne sont pas épargnées par la situation. Les sociétés comme SEFI (Société d’exploitations forestières et industrielles). SABE (Société anonyme des bois équatoriaux), SAFA (Société africaine forestière agricole), EGTB (Entreprise générale du travail du bois), SIFAC (Société industrielle forestière en Afrique centrale), l’Établissement LEROY, SIRCA (Société industrielle de la RCA) ont disparu. Au niveau des industries chimiques et de minerais, nous avons par exemple URBA (Compagnie d’uranium de Bakouma), COMECA (Construction métalliques de Centrafrique), SITRAM (Société industrielle de transformation des métaux), CETRAMET (Compagnie équatoriale pour la transformation des métaux), la société FREMEAUX, HORCEN (Horlogerie centrafricaine), n’existent plus en 1997. 139

Les industries de bâtiment et annexes ont été également touchées. On note la disparition de CENTRA, BRICERAM (Société centrafricaine de briques et de céramiques), SNCT (Société nationale centrafricaine de travaux), SETH (Société d’études et de travaux hydrauliques), SOFRA-TP (Société française des travaux publics), SNC (Société nationale de construction), EEC (Entreprise électrique centrafricaine). Toutes ces entreprises industrielles, importantes pour le développement de la Centrafrique, ont disparu au cours des périodes de trouble qu’a connues le pays. Certaines d’entre elles auraient pu continuer leurs activités, mais leur disparition a été précipitée surtout par le pillage et plus particulièrement par la destruction des bâtiments qui servaient de lieu d’exploitation à ces entreprises. C’est évidemment le cas de la SOCACIG (Société centrafricaine des cigarettes). Certaines de ces entreprises se sont délocalisées pour s’implanter dans les pays de la sous région ; il s’agit des pays comme le Cameroun, le Gabon, le Tchad, le Congo, etc. II.3 Conséquences de la disparition de ces entreprises En 1997, beaucoup de personnes ont perdu leur emploi à cause des troubles militaro-politiques. Cela est dû à la cessation des activités de plusieurs entreprises de la place. Une misère sociale sans précédent commence à s’installer dans le pays. La pauvreté gagne du terrain. Selon le rapport sur le développement humain (RDH) publié en 1997 par le programme des nations unies pour le développement (PNUD) en Centrafrique, un Centrafricain consomme moins d’un dollar américain par jour. C’est dire que le Centrafricain consomme moins de 500 francs par jour. Le niveau de vie, au lieu de s’améliorer, se détériore davantage, ce qui accroît le taux de mortalité. Le phénomène des enfants délinquants qui se promenant dans la rue a pris de l’ampleur. La performance économique du pays depuis cette période est en chute libre. La disparition des entreprises a fait baisser les recettes fiscales qui, faut-il le rappeler, constituent la principale ressource de l’État. Devant ces faits, l’État n’arrive plus à faire face à ses charges et obligations habituelles. Toutes les politiques allant dans le sens du développement n’ont pu aboutir parce que les ressources ne sont pas suffisantes pour les finances ; l’État n’a plus les moyens de financer par ses propres res140

sources les grands chantiers du développement du pays (les grands travaux : construction des routes, d’écoles, des hôpitaux,…). II.4 L’arrivée de nouveaux entrepreneurs Vers les années 80, de nouveaux entrepreneurs autres que les Français et les Portugais ont commencé à s’établir sur le marché centrafricain. Pendant cette période difficile, les entrepreneurs français et portugais, ne pouvant plus endurer la turbulence de l’environnement, n’ont plus eu d’autres solutions que de vendre leurs entreprises. C’est dans ce contexte que les entrepreneurs libano-syriens ont fait leur apparition, achetant les entreprises laissées par leurs prédécesseurs et créant d’autres. Pourquoi donc cette arrivée massive d’entrepreneurs ? Dans quel secteur d’activité les retrouve-t-on ? Il faut savoir que dans tous les autres pays de la sous-région (Congo, Gabon, Ex Zaïre, Cameroun, …..) les Libanais ainsi que les Syriens sont présents et cherchent à étendre leur puissance dans toute l’Afrique centrale. C’est ce qui les a poussés à venir massivement en Centrafrique. Le petit nombre qui existait avant a fini par persuader les autres à les rejoindre sur place. On les retrouve essentiellement dans le domaine commercial et de services. D’un côté, les Centrafricains, n’ayant pas la culture entrepreneuriale, ne sont donc pas intéressés par l’offre des Français et des Portugais qui voulaient céder leurs entreprises. Cette opportunité a permis à l’ensemble de la communauté libano-syrienne de s’implanter en Centrafrique. De l’autre, les nombreuses richesses naturelles dont regorge le pays attirent les nouveaux entrepreneurs qui veulent bien y mener leur aventure. Mais en dehors de toutes ces raisons, il y a d’une manière générale des logiques autres que celles citées qui poussent un entrepreneur à créer une entreprise. En général, les créateurs d’entreprises sont guidés par les trois logiques13 suivantes : - la logique économique : √ gagner de l’argent ; √ encouragement du banquier ; 13

M. Marhesnay et C. Fourcade, Gestion de la PME/ PMI, Paris, Nathan, 1997, p. 220-221.

141

√ créer pour revendre ; √ exploiter une idée de produit (produit nouveau, bien ou service). La logique économique est principalement ce qui pousse un individu ou un groupe d’individus à créer une entreprise. - la logique sociale : √ continuer une tradition familiale ; √ convoiter un statut social. Un individu qui cherche à obtenir une position sociale ou celui qui veut assurer la succession des activités après la disparition du titulaire peut passer à l’acte de création dans des circonstances généralement favorables. - la logique personnelle : √ être son propre patron ; √ être indépendant ; √ bénéficier pour son propre compte d’une expérience professionnelle ; √ encouragement des parents, amis, etc. √ encouragement des futurs clients, fournisseurs ; √ aide de l’entreprise où travaillait le créateur ; √ créer pour créer ; √ travailler dans une communauté plus humaine. Certains individus ne voulant pas travailler sous l’autorité d’autrui créent leur propre entreprise en vue d’être indépendant. L’idée de création d’entreprise peut être encouragée par son entourage le plus proche. Ces mobiles, bien que positifs, peuvent générer un décalage avec la création et entraîner une création dans des circonstances plus ou moins favorables. Cette logique personnelle des créateurs d’entreprise s’accompagne aussi des mobiles négatifs que sont : - insatisfaction prolongée dans le travail ; 142

- ne pas supporter d’avoir un patron ; - possibilités de bénéficier de primes et subventions de l’État ; - refus de quitter la région ; - trouver un emploi après le licenciement ; - développement d’origine ;

d’un

climat

maussade

dans

l’entreprise

- pas d’autres solutions (immigration, âge, sexe, sans diplôme ou sans diplôme reconnu ….). Le créateur mettra toute son énergie pour arriver au succès. Guidée par ces mobiles négatifs, la création d’entreprise sera pour lui la seule et unique chance par laquelle il peut réussir. Cependant, il est évident que les gens poussés par de tels mobiles apparaissent moins bien préparés psychologiquement pour affronter la compétition. De ce fait, les circonstances de la création ne sont pas toujours les plus favorables. Dans ce cas, les créateurs doivent profiter ou créer des opportunités. En rapprochant cette logique à la situation dans laquelle se trouve le marché centrafricain, nous pouvons dire que les entrepreneurs libano-syriens sont déterminés à prendre le risque, car ils ne sont pas ignorants des difficultés auxquelles font face les entreprises en Centrafrique. Nous estimons qu’ils sont guidés par la logique économique et sociale. La logique personnelle, bien que présente dans l’esprit, occupe une place moins importante. Les Centrafricains n’ont pas contribué d’une manière générale à l’épanouissement des entreprises. Bien au contraire, pour le moindre événement qui se produit, ils sont prêts à casser, voler et détruire. Or, pour peu, ils oublient que ce sont ces établissements qui leur donnent à « manger ». Un tel comportement est qualifié de « barbare » vis-à-vis des entreprises. Sous d’autres cieux, la population protège les entreprises considérées comme leur deuxième « maison » contre de pareils comportements si de tels événements surviennent ; nous pouvons citer le cas du Tchad longtemps plongé dans une guerre civile, les deux Congo, etc. Dans ces pays, contrairement à ce qui se passe en Centrafrique, pendant les moments de trouble, les belligérants tout comme la population, mettent tout en œuvre pour épargner les entreprises contre 143

toute action visant au pillage et à la destruction de celles-ci. Nous avons vu qu’outre ces situations de conflit, les populations n’ont pas songé à détruire leurs entreprises ; ils sont conscients de l’importance de ces entreprises pour eux-mêmes et pour la nation. La situation de pauvreté grandissante qui touche la majeure partie de la population centrafricaine peut aussi justifier ce type de comportement à l’égard des entreprises. Pour le Centrafricain, s’il détruit une entreprise aujourd’hui, l’État pourra créer une autre demain. C’est une erreur puisque nous avons constaté qu’aucune entreprise n’a été créée et aucune subvention n’a été accordée par l’État à ces entreprises pillées. Les entreprises industrielles implantées, pour la majorité d’entre elles, dans la zone industrielle située dans la périphérie de Bangui ont presque toutes été mises à sac ou carrément détruites. Il s’agit essentiellement des sociétés qui emploient un nombre important de personnes et qui ont un rôle prépondérant à jouer dans l’économie nationale. Cette mentalité tournée vers le pillage et la destruction ne peut faire avancer le pays, sinon, reculer par rapport aux autres. Comme disent les économistes, une politique bien orientée vers le secteur secondaire (c’est-à-dire un accent mis sur les entreprises industrielles) et accompagnée par des mesures concrètes peut permettre d’accéder au développement économique et social voulu par toutes les nations du monde ; l’exemple éloquent est le cas des pays de l’Asie du Sud-Est (Corée du Sud, Singapour, Taiwan, …) qui ont su exploiter leur potentiel industriel pour arriver au stade actuel que nous admirons tous. Les produits manufacturés fabriqués par les entreprises industrielles peuvent être exportés, et rapporter en contrepartie, des devises au pays et rendre excédentaire la balance commerciale pour une performance économique souhaitée. Or, la disparition de ces entreprises occasionnée par les Centrafricains eux-mêmes a fait régresser les performances économiques. Le tableau suivant donne une idée précise sur la performance économique de la République Centrafricaine de 1980 à 1993, en ce qui concerne le commerce extérieur.

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Quantité en 1000 tonnes – Valeur en million de francs CFA Tableau 62 : Performance économique de la RCA de 1980 à 1993 en ce qui concerne le commerce extérieur Période

Importation Quantités Valeur

1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986 1987 1988 1989 1990 1991 1992 1993

57,6 105,8 127,6 102,7 110,6 132,7 163,0 ND 137,4 141,4 ND ND ND ND

17.009 25.646 41 .306 25.951 38.193 50 .686 57.841 ND 42.002 47.994 42.050 50.400 43.700 41.000

Exportation Quantités Valeur 166,4 87,2 114 74,6 109,5 85,7 65,0 ND 50,4 81,3 ND ND ND ND

24.384 21.323 35.461 28.405 37.022 41.217 22.975 ND 19.769 42.866 32.770 35.440 32.700 36.600

Balance Commerciale Valeur +7.375 - 4.323 -5.846 +2.454 -1.171 -9.469 ND -34.866 ND -22.233 5.128 -9.270 -14,960 -4,400

Source : BEAC : Études et statistiques n°208- janvier 1994 NB : ND = non disponible De 1980 à 1993, la balance commerciale a été excédentaire par deux fois : en 1980 et 1983. Cela explique les difficultés auxquelles sont confrontées les entreprises, principaux artisans du développement économique et social. La balance commerciale excédentaire pour l’année 80 se justifie par le fait que les entreprises industrielles et commerciales de l’époque de l’empereur Bokassa continuaient encore à être opérationnelles. En 1983, l’implantation de nouvelles entreprises et la relative stabilité politique expliquent l’excédent de la balance commerciale. Mais, au cours des années suivantes, les situations n’ont pas été bonnes, et cela jusqu’en 1993 ; les balances commerciales enregistrées ont été toutes déficitaires et traduisent de ce fait le niveau économique du pays. 145

En définitive, le mauvais comportement des citoyens centrafricains a tourné à la « catastrophe » pour les entreprises et pour l’économie centrafricaine. Cela a durement atteint les performances du commerce extérieur centrafricain. Les importations ont été plus importantes que les exportations ; cela s’explique par le fait que les entreprises commerciales qui continuent d’ailleurs de croître importent plus de l’étranger que les entreprises industrielles qui commencent peu à peu à disparaître ne vendent à l’étranger. Aussi, les structures dynamiques en charge de l’encadrement des cultures d’exportation telles que le coton, le café, l’hévéa, etc. ont commencé à s’affaiblir. Les performances en termes de quantité pour ces produits sont en baisse. Une négligence commence à s’installer et les cultivateurs ne sont plus motivés comme avant. Les principaux exportateurs de ces produits se confrontent à des difficultés qui ont même contribué à leur reconversion. Ce sont ces aspects qui ont profondément affecté le commerce extérieur centrafricain.

146

CONCLUSION GÉNÉRALE L’économie de l’Oubangui-Chari a connu des moments difficiles pendant la colonisation. Cette longue période qui a duré plus de 60 ans, a laissé un passif humain, économique et financier dont l’apurement reste problématique. Elle a été marquée par le délaissement de l’entrepreneuriat oubanguien en vue de renforcer les économies occidentales. Les activités productrices étaient essentiellement basées sur les cultures obligatoires de coton, du caoutchouc, du café, imposées par les sociétés concessionnaires aux autochtones. Ces cultures furent imposées afin de fournir des matières premières rendues nécessaires pour les industries occidentales. Les industries, en contrepartie des matières fournies, vendent des produits finis à des prix excessivement chers que les matières premières collectées dans la colonie. Après la création et le système pratiqué par ces sociétés dites concessionnaires, d’autres sociétés ont été créées avec des capitaux portugais, hollandais, belges, et autres. Ces sociétés, au lieu de favoriser la relance de l’entrepreneuriat centrafricain, en donnant la possibilité aux Oubanguiens d’avoir leur autonomie et surtout de susciter en eux la volonté d’un avenir harmonieux par l’idée créatrice, ont plutôt opté pour les mêmes systèmes des concessionnaires. Ces systèmes considèrent le peuple oubanguien, comme un peuple malheureux, sousalimenté, et qui travaille péniblement avec de pauvres moyens. Ce peuple a perdu tout espoir d’un développement économique interne, faute de contribution de ses fils aux activités productrices de leur propre terre. Malgré le développement du secteur économique centrafricain, avec la création de quelques industries vers les années 1951, la balance commerciale est demeurée déficitaire pendant toute la période coloniale. Les sociétés étrangères installées en Oubangui-Chari, bénéficiant du code d’investissement en vigueur à l’époque, sont restées des années sans payer l’impôt et se sont permis de rapatrier tous leurs bénéfices. Presque toutes les sociétés étrangères installées, même les plus anciennes, ont utilisé les mains-d’œuvre possibles pour profiter de ce code ; ce qui a vraiment fragilisé l’économie centrafricaine. En effet, la structure intégrée de certaines firmes multinationales ou mono-nationales leur permet de fréquentes manipulations comptables en majorant gratuitement les prix de revient à payer à l’extérieur. Elles 147

pratiquent souvent le système dit « de coups de chèque » qui consiste à demander à leurs vendeurs de majorer les prix des marchandises et de leur établir une facture en conséquence. La différence entre les prix réels et les prix fictifs fait alors l’objet d’un avoir, payé obligatoirement par chèque encaissé sur une place étrangère. Ainsi le transfert peut échapper au contrôle du fisc dont le personnel est complice de ces manipulations comptables. Avec l’obtention de l’indépendance, les Centrafricains doivent eux-mêmes prendre leur destin en main. Mais cette indépendance non préparée, caractérisée par l’absence de moyens, l’insuffisance des sociétés nationales, le nombre insignifiant de cadres qualifiés, ne fait que dégrader la situation économique centrafricaine. Malgré les efforts entrepris par les différents gouvernements, les résultats escomptés n’ont pas été atteints. L’environnement socio politique dans lequel évoluent les entreprises centrafricaines à partir de 1980 a fragilisé une bonne partie des grandes entreprises industrielles et commerciales. Les entreprises souffrent d’un malaise général qui engage même leur survie. La création d’entreprises n’est plus chose aisée comme cela se faisait à l’époque précédente. Les tracasseries administratives concernant la mise en activité de l’entreprise empêchent certaines personnes qui manifestent leur ferme volonté d’entreprendre. Le durcissement fiscal est devenu l’un des facteurs de blocage aux investissements (création des entreprises). Le rôle négatif qu’exerce la population vis-à-vis des entreprises mérite d’être analysé. L’heure n’est plus au pillage ou à la casse mais il s’agit de contribuer efficacement au développement du pays. De nouvelles conditions propices à l’investissement doivent être définies en vue de relever le niveau de l’économie nationale. Dans une nation, les entreprises représentent le poumon de l’activité économique ; elles sont créatrices d’emplois et distributrices de revenus. S’il y a moins d’entreprises dans un pays, des difficultés de tous ordres s’installent et il sera incontestablement difficile de répondre aux attentes de la population. D’abord, la croissance économique qui traduit le niveau de la richesse créée dans le pays sera durement affectée. Les conséquences sur le plan social sont multiples, s’il n’y a pas d’emploi : 148

- une pauvreté accompagnée d’une misère sociale s’installe dans toutes les couches sociales ; - la criminalité, la délinquance, la prostitution, sont les suites logiques d’une économie qui enregistre peu d’activités économiques. En République Centrafricaine, à un moment donné, le nombre d’entités économiques a considérablement diminué ; cela est dû en partie au mauvais comportement de citoyens à l’égard des entreprises. Tout le monde se plaint aujourd’hui qu’il y a rareté d’emplois. Or jusqu’à une période récente, nous avons constaté que le travail était facile à trouver et que les entreprises elles-mêmes venaient à la rencontre des potentiels employés. Il est évident que, plus il y a d’entreprises, plus le nombre de personnes en quête d’emploi diminue. À l’heure actuelle, le pays connaît un taux de chômage extrêmement élevé, le manque d’entreprises en est la principale cause. Aujourd’hui, tout le monde doit reconnaître le rôle primordial que jouent les entreprises dans un pays. Un nombre élevé d’entreprises conduit à une croissance économique positive, traduisant ainsi le niveau de richesses créées par la nation ; elle est rendue possible par les activités de divers appareils de production qui se trouvent dans le pays. Cette croissance se traduit aussi par une amélioration du niveau de vie de la population. Les consommateurs centrafricains pourront être en mesure de s’approprier la quantité de biens et services dont ils ont besoin, car un pouvoir d’achat conséquent leur permettra d’acheter les produits disponibles. Chaque Centrafricain doit s’interroger sur le fait qu’après les malheureux événements qui ont conduit à « un retour en arrière », l’heure n’est plus à penser à cette culture de destruction mais à développer un climat qui puisse pousser les agents économiques à revenir investir dans le pays. Les Centrafricains ont désormais intérêt à copier l’exemple de leurs voisins congolais ou tchadiens qui ont eu cette conscience de protéger les entités économiques dans des moments de trouble. Les entreprises sont comme des patrimoines qu’il faut préserver pour leur garantir une longue vie. La survie d’une entreprise dépend aussi de l’environnement dans lequel elle évolue. Si cet environnement ne lui prête pas les garanties nécessaires à son fonctionnement, il est certain que ce même environnement peut précipiter sa disparition sur le marché. 149

Les économistes s’accordent à dire qu’il « n’y a pas d’évolution sans révolution ». Les situations de crise que vient de traverser la République Centrafricaine doivent non seulement servir de leçon mais aussi conduire au développement d’un état d’esprit orienté vers le progrès. Il ne suffit donc pas pour un individu de disposer d’un capital énorme pour démarrer une activité d’entreprise. Le récit de certains patrons comme Jack Welch, Bernard Tapie respectivement patrons de General Electric et de Piles Wonder en est une véritable illustration. On peut aussi rechercher l’importance des entreprises dans la relation de réciprocité qu’elle entretient avec son environnement externe. Nous remarquons que cette relation de réciprocité que chacun des acteurs exerce sur l’autre peut être réduite au rôle ou à la mission de chaque entité. Cette relation met en évidence l’importance de l’entreprise dans la communauté (son environnement.). Ces éléments sont interdépendants de sorte que si l’un d’eux ou la relation entre eux est modifiée, les autres éléments le sont aussi et l’ensemble du système en est affecté. En faisant un rapprochement avec notre schéma, nous pouvons conclure que si l’entreprise ou l’un des éléments de son environnement externe est modifié ; cela a des répercussions sur l’ensemble du système. C’est exactement ce qui s’est produit lorsque les entreprises ont été mises à sac, ceci a détérioré l’image et l’appareil économique du pays. Depuis l’indépendance jusqu’à nos jours, on a constaté avec amertume que les nationaux (Les Centrafricains) sont quasi-inexistants dans le monde des affaires. Mise à part les quelques sociétés d’État, les nationaux centrafricains ne sont pas actifs sur la scène économique du pays. Les opérateurs étrangers sont omniprésents dans tous les domaines d’activités. Les entreprises centrafricaines sont tributaires de l’étranger. Cela peut constituer un danger pour le pays ; le fait que les entrepreneurs se regroupent en communauté pour créer une synergie de travail peut provoquer une situation de crise ou de pénurie de certains produits considérés comme de première nécessité. La pénurie récurrente de la farine par exemple peut engendrer une situation de crise. Souvent, il y a une hausse brutale de prix du produit qui en résulte. Il s’agit en fait d’une entente car ces produits sont le monopole de certaines catégories d’opérateurs. La culture entrepreneuriale est presque absente dans l’esprit du Centrafricain. Il convient de relever que la population centrafricaine est composée de plusieurs ethnies ; cependant, nous déplorons le fait qu’aucune impulsion vers l’initiative privée ne soit pas à relever parmi 150

toutes ces ethnies, excepté l’ethnie Yakoma reconnue plus entreprenante que les autres. La majeure partie des entrepreneurs nationaux sont à rechercher dans cette ethnie et la plupart d’entre eux sont dans le secteur informel. Mais à l’heure actuelle, une prise de conscience timide commence à s’installer et les jeunes centrafricains cherchent à intégrer de plus en plus le monde des affaires. Nous les retrouvons dans le petit commerce et l’artisanat ; plus loin encore, on note que certains Centrafricains nantis détiennent des actions dans certaines grandes sociétés de la place : il s’agit principalement du secteur forestier et de diamant, activités florissantes en République Centrafricaine. En général, l’initiative privée est rarement signalée parmi les nationaux ; même si l’on se hasarde à interroger les étudiants centrafricains sur la question : «qu’allez-vous devenir après l’obtention de votre diplôme ?», il est certain que la plupart d’entre eux répondront qu’ils souhaitent être intégrés dans la fonction publique, ou simplement il souhaitent travailler dans un endroit où les conditions de travail sont réunies, c’est-à-dire dans un bureau ; un nombre négligeable optera pour l’initiative privée, pour la création d’une petite entreprise. Cette manière de penser a été toujours présente dans l’esprit depuis plusieurs décennies, si bien qu’il est difficile de l’enrayer de leur mentalité. C’est une entrave au développement d’une culture tournée vers la création des entreprises dans le milieu des nationaux. Les nationaux doivent maintenant se réveiller pour prendre en main la destinée du pays en matière d’entreprises. Une politique particulière d’encouragement doit être envisagée par l’État en faveur des agents nationaux pour qu’ils s’investissent davantage dans le monde des affaires. Cette politique peut par exemple consister à faciliter aux nationaux les démarches relatives à la création d’entreprises ; nous constatons malheureusement que c’est à ce niveau que beaucoup de futurs entrepreneurs centrafricains sont bloqués dans leur projet. À côté, il faut associer une campagne d’informations axée sur l’entrepreneuriat au niveau de toutes les couches sociales (à l’école, au quartier,..). Le marché centrafricain de l’emploi étant saturé, il faut donc informer les jeunes diplômés ainsi que la population sur la nécessité de créer une activité génératrice de revenus (entrepreneuriat). Les jeunes constituent l’avenir du pays, il leur appartient donc de relever le défi en faisant face aux puissants hommes d’affaires étrangers. Nous invitons à cet effet les entrepreneurs centrafricains à se mettre en associa151

tion en vue d’envisager de grands projets qui puissent contribuer à l’extension des activités. En associant leurs capitaux, force et énergie, ils peuvent arriver à créer ou à récupérer de grosses structures de production dont le pays a tant besoin pour son développement et se hisser au même rang que les autres pays de la sous-région. Cela est évidemment une question de conscience nationale et de volonté personnelle pour chaque individu soucieux du développement économique et social de la Centrafrique. Nous constatons aussi que beaucoup de Centrafricains orientent leurs activités dans les restaurants-bars, activités trop volatiles ; nous recommandons d’innover ou de diversifier leurs activités ou encore de centrer leurs efforts sur d’autres secteurs d’activités plus rentables. Le secteur de l’industrie est aujourd’hui peu développé à cause de tous les problèmes que nous avons évoqués précédemment. Il n’est pas question de créer tout de suite une grande industrie mais seulement d’initier de petites unités de transformation qui, à la longue, pourront grandir et devenir un géant national comme nous le voyons dans d’autres pays. L’exemple patent est le Cameroun avec les grands entrepreneurs Bamilékés qui animent l’activité entrepreneuriale de ce pays. La République Centrafricaine avait à un moment donné un nombre important d’entreprises commerciales et industrielles qui animaient la vie économique de la nation. Mais brusquement, des perturbations de tous genres ont entaché la continuité des activités de ces entreprises. L’économie centrafricaine a beaucoup souffert de la disparition de ces entreprises. Il appartient aux pouvoirs publics de définir non seulement des stratégies mais aussi d’avoir, plusieurs axes concernés par les mesures de facilité.

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BIBLIOGRAPHIE Archives et documents officiels 1. Annuaire des entreprises industrielles et commerciales de la République, Archives nationales, 1967. 2. Archives nationales, Afrique équatoriale française (AEF), série 2B, correspondance générale section d’Outre-mer, Aix en Provence (ANSOM). 3. Archives nationales l’AEF (Economie et Social) 1947-1958. 4. Archives nationale, Outre-mer (1958). 5. C.A.R (Central African Republic), Opportunités, investissements, développement, International Business Guide (IBG). 6. Oubangui-Chari, rapports politiques, rapports annuels d’ensemble des années 1908 à 1934, ANSOM, AEF, série 4 (3). 7. Journal de la mission Saint-Paul des rapides (Bangui), Archives privées de la congrégation des pères du Saint-Esprit, ChevillyLarue, volume1 (1894-1901). 8. Journal de la Mission Saint-Paul des Rapides (Bangui), Archives privées de la congrégation des pères du Saint-Esprit, ChevillyLarue, volume1 (1901-1917). 9. Journal de la mission Saint-Paul des rapides (Bangui), Archives privées de la congrégation des pères du Saint-Esprit, ChevillyLarue, volume1 (1917-1927). 10. Bulletin de la chambre de commerce (B.B.C), 1944 à 1958 11. Journal officiel des possessions du Congo français et dépendance du Moyen-Congo, année 1906-1907. 12. Journal officiel de l’Afrique équatoriale française (JOEF) à partir de 1910 jusqu’à 1960. 13. Perspectives d’Outre-mer, Revue mensuelle illustrées, réalités et grands projets en Afrique équatoriale.

153

Ouvrages généraux et spécifiques 1. ALLEGRET, M. Carnets du Congo, voyage avec GIDE. Paris, Presses du CNRS, 1987. 2. ARNAUD, M. Notes sur l’extension de Bangui. AFB, SMUH, 1962. 3. BAYE DES HERMENS, R. De. Recherches préhistoriques en RCA. Recherches Oubanguiennes, N°3, 1975. 4. – DORE-AUDIBERT, A. Une décolonisation pacifique, chronique pour l’histoire, Paris, Karthala, 1999. 5. BIGO, D. Pouvoir et obéissance en Centrafrique, Paris, Karthala, 1989 6. BOULVERT, Y.-A. L’occasion d’un centenaire, Bangui 1889 – 1989. Points de vue et témoignages. Paris, Ministère de la Coopération, 1889. 7. BOULVERT, Y.-A. Aperçu Bibliographique sur l’évolution de la population de la Centrafrique et de la capitale Bangui. Bulletin de la liaison UDEAC., Département études de la population (Bangui), n°26, janvier 1986. 8. BOUQUIAUX, L. et Thomas, J.M.C. « Le peuplement Oubanguien, hypothèse de reconstruction des mouvements migratoires dans la région Oubanguienne, d’après les données linguistiques, ethno-linguistiques et de tradition orale » in L’Expansion Bantu. Actes du colloque international de Vivriers, 4-16 Avril 1977, Recherches centrafricaines, N° 16, 1982. 9. CHALLAYE. Le Congo Français, Paris, Alcan, par Suret Cavale. 10. COTEL, P. Sur le Haut Oubangui (Afrique Equatoriale), de Bangui à Rafaï, Les missions catholiques, Tome 4, 1912. 11. DECRAENE, P. L’Afrique Centrale, Notes africaines, asiatiques et caraïbes (AFB). 12. EBOUE, F. Les peuples de l’Oubangui. Bulletin du commerce de l’Afrique française (AFB), 1933. 154

13. GERMAIN, E. La Centrafrique et Bokassa 1965-1979, force et déclin d’un pouvoir personnel, Etudes Africaines, Paris, Harmattan. 14. GIDE, A. Voyage au Congo, carnets de route. Paris, Gallimard, 1927. 15. GOUMBA, A. Les mémoires et les réflexions politiques du résistant anti-colonial, démocrate et militant panafricaniste. De la loicadre à la mort de B. Boganda. Volume 1, 1999. 16. GUERNIER. Afrique Equatoriale Française (AEF). Paris, 1950. 17. KALCK, P. Histoire Centrafricaine des origines à nos jours. Thèse de doctorat, Université de Paris Sorbonne, 1970. 18. KALCK, P. Histoire de la Centrafrique des origines préhistoires à nos jours. Paris, Berger-Levranet, 1974. 19. KALCK, P. Barthélemy Boganda, Tribun et visionnaire de l’Afrique Centrale. Paris, 1977. 20. KALCK, P. La République Centrafricaine, Notes et Etudes documentaires, Paris, 1971. 21. MARSEILLE, J. Empire colonial et capitalisme français. Paris, Albin Michel. 22. MARX, K. Prix, salaire et profit, Edition Sociales. 23. OUAPOU, C. Contribution à l’étude de la stratégie d’implantation des entreprises françaises dans les Etats de l’Afrique Centrale, Thèse de doctorat, Université de Lille, 1985. 24. PENEL, J D. Ecrits et discours, Barthélemy Boganda, 19461951 : la lutte décisive, Paris, Harmattan. 25. PIGEON, P. Les activités informelles en République Centrafricaine, Etudes Africaines, Paris, Harmattan, 1998. 26. PRIOUL, C. Entre Oubangui et Chari vers 1890. Recherches Oubanguiennes, N°6, 1981. 27. PRIOUL, C. Les cultures maraîchères à Bangui, Cahiers documents, Paris, 1971. 28. SALORT, M .M et KATAN, Y. Les économistes classiques, Paris, Hâtier. 155

29. VILLIEN, F et al. Bangui, Capitale d’un pays enclavé d’Afrique Centrale, Etude historique et géographique, Universités de Brazzaville et de Bangui, Col. « Pays Enclavés » n°4. 30. WAGO, J. B. N. L’économie centrafricaine, Pour rompre avec la logique de rente, Etudes Africaines, Paris, Harmattan. 31. ZOCTIZOUM, Y. Histoire de la Centrafrique, 1879-1959, violent en développement, domination et inégalités, Paris, Harmattan, Tome 1. 32. ZOCTIZOUM, Y. Histoire de la Centrafrique, 1959-1979, violent en développement, domination et inégalités, Paris, Harmattan, Tome 2. WEBOGRAPHIE 33. WWW.abre-ca: Pensée empirique sur la colonisation. 34. WWW.Bibliothèque.refer.org : Centre de Documentation. 35. WWW.espritimperial.free.fr: École coloniale. 36. WWW.idc.com/France/research.crm.06 : Centre français de recherches. 37. WWW.sanonet.com;reform-eco-rca-q-html: Site de recherches sur la République Centrafricaine. 38. WWW.unesco.org : Site UNESCO de recherches.

156

LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 : Le tableau récapitule les 17 premières entreprises qui ont exercé sur le territoire centrafricain ................................. 25 Tableau 2 : Le décret du 21/07/1957 qui fixe le niveau de salaire pour la même année en francs CFA........................................

34

Tableau 3 : Pour les Européens, le service statistique de l’époque notait les chiffres suivant (FCFA).......................................... 34 Tableau 4 : Les entreprises du secteur primaire .....................

48

Tableau 5 : Les entreprises du secteur secondaire..................

49

Tableau 6 : Les entreprises du secteur tertiaire ......................

51

Tableau 7 : Une comptabilité des entreprises de l’époque coloniale en Oubangui-Chari ............................................................. 55 Tableau 8 : La production d’OMBELLA M’POKO ..............

57

Tableau 9 : La production de BOUAR-BABOUA.................

57

Tableau 10: La production de KEMO-GRIBINGUI ..............

58

Tableau 11 : La production BASSE KOTTO.........................

59

Tableau 12: La production de HAUTE KOTTO ....................

59

Tableau 13 : La production de la LOBAYE ...........................

60

Tableau 14 : La production de MBOMOU.............................

60

Tableau 15 : production autonome de BIRAO .......................

61

Tableau 16 : La production autonome de NDELE .................

61

Tableau 17 : L a production d’OUHAM ................................

62

Tableau 18: La production d’OUHAM–PENDE ...................

62

Tableau 19 : La production d’OUAKA ..................................

63

Tableau 20 : La statistique de production...............................

64

Tableau 21: L’arachide ...........................................................

65

Tableau 22: Le sésame............................................................

66

Tableau 23: Le sisal ................................................................

67 157

Tableau 24: Le caoutchouc .....................................................

68

Tableau 25 : Production d’or en Oubangui-Chari ..................

70

Tableau 26 : La production diamantifère de l’Oubangui-Chari 71 Tableau 27 : Transport routier de l’Oubangui-Chari ..............

72

Tableau 28 : Données sur les produits exportés et importés .

73

Tableau 29 : Le trafic aérien de Bangui..................................

74

Tableau 30 : Évolution de la production énergétique .............

75

Tableau 31 : L’évolution en tonnage et en valeur du commerce extérieur de L’Oubangui-Chari .............................................. 77 Tableau 32 : Les importations et les exportations de la RCA pendant l’époque coloniale .......................................................... 78 Tableau 33 : Origine des capitaux et montants du capital social par type d’entrepreneurs………………………………………...91 Tableau 34 : Entreprises commerciales en RCA……………..…99 Tableau 35 : Entreprises de service en RCA……………………99 Tableau 36 : Entreprises industrielles en RCA………………..100 Tableau 37 : Entreprises d’exploitation forestière………….…102 Tableau 38 : Entreprises par branche implantées en RCA en 1967 en RCA………………………………………………………...104 Tableau 39 : Evolution des entreprises du secteur de l’industrie ..........………………………………………………105 Tableau 40 : Evolution des entreprises du secteur du commerce et service…………………………………………………………105 Tableau 41 : Entreprises par chiffre d’affaires……………...…107 Tableau 42 : Entreprises du secteur de commerce et service….109 Tableau 43 : Dispersion des entreprises par régions géographiques……………………………………………………………109 Tableau 44 : Dispersion des entreprises par régions géographiques……………………………………………………………110 Tableau 45 : Chronologie d’implantation des entreprises 158

en RCA …..……………………………………………………112 Tableau 46 : Effectif des personnes travaillant en 1967 en RCA ……………………………………………..…………113 Tableau 47 : Effectif des nationaux et africains par catégorie de personnel ……………………………………………………...114 Tableau 48 : Effectif total des nationaux et africains par catégorie de personnel…...........................................................................115 Tableau 49 : Répartition des expatriés par catégorie de personnel ……………………………………………………..116 Tableau 50 : Données regroupées sur la répartition des expatriés par catégorie de personnel…......................................................117 Tableau 51 : Salaires versés par les entreprises au personnel pendant l’exercice 1967...................................................................118 Tableau 52 : Entreprises du secteur de commerce en 1975…...120 Tableau 53 : Entreprises du secteur de l’industrie en 1975…...121 Tableau 54 : Effectif des entreprises en 1975 selon la taille et catégorie…………………………….……………………………121 Tableau 55 : Nombre d’entreprises en fonction de l’effectif des employés ……………………………………………………...123 Tableau 56 : Moyenne des quinze premières entreprises industrielles classées selon leur chiffre d’affaires…..………………124 Tableau 57 : Chiffre d’affaires des entreprises industrielles de 1974 à 1975……………………………………………………125 Tableau 58 : Les quinze premières entreprises industrielles classées selon leur chiffre d’affaires………………………….…...126 Tableau 59 : Classement des entreprises par branches………..135 Tableau 60 : Classement des entreprises par branche d’activité……………………………………………………….137

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Tableau 61 : Récapitulatif des branches avec les effectifs correspondants……………………………………………………….138 Tableau 62 : Performance économique de la RCA de 1980 à 1993 en ce qui concerne le commerce extérieur........................................145

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TABLE DES MATIÈRES AVANT-PROPOS................................................................................ 5 DÉDICACE.......................................................................................... 7 INTRODUCTION................................................................................ 9 PREMIÈRE PARTIE ÉMERGENCE DES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES EN OUBANGUI-CHARI .................................... 17 CHAPITRE I LES RÉGIMES CONCESSIONNAIRES.................. 21 SECTION I ÉMERGENCE DES ENTREPRISES............................ 21 I.1 Les sociétés concessionnaires en Oubangui-Chari ....................... 21 I.1.1 Les origines ............................................................................ 21 I.1.2 Création des sociétés concessionnaires.................................. 22 I.1.3 Le code d’investissement. ...................................................... 27 I.1.4 Arrêté instituant l’impôt sur le chiffre d’affaires ................... 29 I.1.4.1 Des exploitations imposables.......................................... 29 I.1.4.2 Eléments d’imposition .................................................... 30 I.1.4.3 Des déclarations .............................................................. 31 I.1.4.4 Des majorations d’impôt................................................. 31 I.1.4.5 Du calcul de l’impôt........................................................ 32 I.1.4.6 Établissement et recouvrement des rôles ........................ 32 I.1.4.7 Cession ou cessation d’entreprises.................................. 32 I.1.5 Arrêté fixant le salaire minimum des travailleurs.................. 33 I.1.6 La quasi-inexistence de l’entreprenariat de type centrafricain ........................................................................................................ 35 I.2.7. Les coopératives et associations Oubanguiennes.................. 36 I.1.8 L’inégale répartition de l’activité productrice ....................... 36 I.1.9 La prédominance des cultures de rente .................................. 36 SECTION II CLASSIFICATION DES ENTREPRISES .................. 37 II.1 Les classifications juridiques....................................................... 37 II.2 Les sociétés de personnes (ou par intérêts).................................. 38 II.3 Les sociétés de capitaux............................................................... 38 II.4 Les Sociétés à responsabilité limitée (SARL) ............................. 38 II.5 Les classifications économiques.................................................. 38 II.5.1 La classification par secteurs et par branches....................... 38 II.5.2 Classement par la dimension de l’entreprise ........................ 39 II.5.2.1 L’effectif du salarié........................................................ 39 II.5.2.2 Le chiffre d’affaires ....................................................... 40 II.5.2.3 La valeur ajoutée............................................................ 40 II.5.2.4 Les capitaux propres ...................................................... 40 161

II.5.3 Classification par la nature de l’activité ............................... 41 SECTION III IDENTITÉ DES OPÉRATEURS ÉCONOMIQUES . 42 III.1 Profils ......................................................................................... 42 III.2 Nationalité .................................................................................. 42 III.2.1 La pénétration française ...................................................... 43 III.2.2 Autres nationalités............................................................... 44 III.3 Le comportement........................................................................ 44 CHAPITRE II FONCTIONNEMENT DES ENTREPRISES EN OUBANGUI-CHARI......................................................................... 47 SECTION I LOCALISATION DES ENTREPRISES SUR LE TERRITOIRE..................................................................................... 47 I.1 Les entreprises du secteur primaire............................................... 48 I.2 Les entreprises du secteur secondaire ........................................... 49 I.3 Les entreprise du secteur tertiaire ................................................. 51 I.4 La production d’OMBELLA M’POKO........................................ 57 I.5 La production de BOUAR-BABOUA .......................................... 57 I.6 La production de KEMO-GRIBINGUI ........................................ 58 I.7 La production BASSE KOTTO .................................................... 59 I.8 La production de HAUTE KOTTO .............................................. 59 I.9 La production de la LOBAYE ...................................................... 60 I.10 La production de MBOMOU...................................................... 60 I.11 La production autonome de BIRAO ........................................... 61 I.12 La production autonome de NDELE .......................................... 61 I.13 L a production d’OUHAM.......................................................... 62 I.14 La production d’OUHAM –PENDE........................................... 62 I.15 La production d’OUAKA ........................................................... 63 SECTION II SITUATION AGRICOLE........................................... 63 II.1 Le coton ....................................................................................... 63 II.2 L’arachide .................................................................................... 65 II.3 Le sésame..................................................................................... 66 II.4 Le sisal ......................................................................................... 66 II. 5 Le caoutchouc............................................................................. 67 II.6 Le cheptel..................................................................................... 68 SECTION III AUTRES SITUATIONS ............................................. 70 III.1 Le sous-sol.................................................................................. 70 III.1.1 L’or...................................................................................... 70 III.1.2 Le diamant........................................................................... 71 III.2 Les transports ............................................................................. 72 III.2.1 Le réseau routier.................................................................. 72 III. 2.2 Le transport aérien.............................................................. 73 162

III.3 L’industrie .................................................................................. 75 III.4 La balance commerciale............................................................. 77 DEUXIÈME PARTIE LES ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES ........... 81 CHAPITRE III LES DIVERSES ACTIVITÉS ENTREPRENEURIALES DE 1960 à 1979 ............................ 85 SECTION I IDENTITÉ DES OPERATEURS ÉCONOMIQUES .... 85 I.1 Les différentes fonctions des créateurs d’entreprise ..................... 87 I.1.1 La fonction de prise de risque ................................................ 87 I.1.2 La fonction d’innovation........................................................ 88 I.1.3 La fonction d’organisation ..................................................... 89 I.2 Les types d’entrepreneurs en Centrafrique entre 1960 à 1979...... 89 I.2.1 Les entrepreneurs français ..................................................... 89 I.2.2 Les entrepreneurs portugais et grecs...................................... 90 I.2.3 Les entrepreneurs libano- syriens .......................................... 90 I.2.4 Les nationaux et l’État ........................................................... 90 I.2.5 Les autres entrepreneurs......................................................... 91 I.2.6 Répartition des capitaux investis entre les entrepreneurs ...... 91 I.2.6.1. L’objectif général........................................................... 93 I.2.6.2 Les objectifs particuliers ................................................. 93 I.2.6.3 Les buts recherchés par les créateurs d’entreprise .......... 94 SECTION II NORMES JURIDIQUES REGISSANT LE FONCTIONNEMENT DES ENTREPRISES.................................... 94 II.1 Les dispositions relatives au code des investissements après l’indépendance.................................................................................... 94 II.1.1 Le régime A .......................................................................... 95 II.1.2 Le régime B .......................................................................... 95 II.1.3 Le régime C .......................................................................... 96 II.2 Les accords de coopération Franco-Centrafricaine ..................... 96 II.2.1 Les bilatéraux........................................................................ 97 II.2.2 Les accords multilatéraux ..................................................... 97 II.3 Les opportunités naturelles de la Centrafrique ............................ 97 SECTION III LES ENTREPRISES SOUS LES DEUX RÉGIMES . 97 III.1 Les entreprises sous le régime de Dacko.................................... 98 III.1.1 Les entreprises commerciales et de services ....................... 99 III.1.1.1 Les entreprises commerciales....................................... 99 III.1.1.2 Les entreprises de services ........................................... 99 III.1.2 Les entreprises industrielles .............................................. 100 III.1.3 Les autres entreprises ........................................................ 101 III.1.3.1 Les entreprises d’exploitation forestière .................... 102 163

III.1.3.2 Les entreprises spécialisées dans la production du diamant et de l’or...................................................................... 102 III.1.4 Les entreprises agricoles et d’élevage ............................... 102 III.1.4.1 Les entreprises agricoles ............................................ 102 III.1.4.2 Les entreprises d’élevage ........................................... 103 III.2 Les entreprises sous le régime Bokassa ................................... 103 III.2.1 La situation entrepreneuriale ............................................. 103 III.2.1.1 Les entreprises implantées en Centrafrique en 1967.. 103 III.2.1.2 Les entreprises implantées en Centrafrique en 1967 réparties par tranche de chiffre d’affaires................................. 107 a- Secteur industriel : Branches 0, 1, 2, 3, 4,5.......................... 107 b- Secteur commerce et services : branches 6, 7, 8,9............... 109 III.2.1.3 Dispersion des entreprises par régions géographiques109 III.2.1.4 Chronologie d’implantation des entreprises en Centrafrique.............................................................................. 112 III.2.1.5 Les personnes travaillant dans les entreprises............ 113 a- L’effectif des différentes catégories de personnes travaillant dans les entreprises en 1967 ..................................................... 113 b- Répartition de l’effectif des nationaux et africains par catégorie de personnel .............................................................. 114 c- Répartition de l’effectif des expatriés par catégorie de Personnel .................................................................................. 116 III.2.1.6 Les salaires versés par les entreprises au personnel pendant l’exercice clos en 1967 ............................................... 118 III.2.2. La situation entrepreneuriale en 1975 .............................. 119 III.2.2.1 Classification par secteur d’activités et par catégorie d’entreprises ............................................................................. 120 a- Secteur commercial .............................................................. 120 b- Secteur industriel.................................................................. 121 III.2.2.2 L’effectif des employés .............................................. 122 III.2.2.3 L’évolution du chiffre d’affaires ................................ 125 a- Chiffres des entreprises industrielles de 1974 à 1975 .......... 125 b- Les quinze premières entreprises industrielles classées selon leur chiffre d’affaires................................................................ 126 CHAPITRE IV LE DECLIN DES ENTREPRISES CENTRAFRICAINES ..................................................................... 129 SECTION I LES CAUSES .............................................................. 129 I.1 Les causes endogènes.................................................................. 130 I.1.1 Les mouvements de grève.................................................... 130 I.1.2 Les crises militaro-politiques et les mutineries.................... 131 164

a- Les crises politiques ............................................................. 131 b- Les mutineries ...................................................................... 131 I.2 Les causes exogènes.................................................................... 132 I.2.1 Le recul du chiffre d’affaires global des entreprises............ 132 I.2.2. La baisse du pouvoir d’achat .............................................. 133 I.2.3. Le durcissement fiscal......................................................... 134 SECTION II LA DÉLOCALISATION DES ENTREPRISES ET L’ARRIVÉE DE NOUVEAUX ENTREPRENEURS..................... 134 II.1 Situation paradoxale : croissance des entreprises commerciales et de services ........................................................................................ 135 II.2 Les entreprises des années 96 et 97 ........................................... 137 II.2.1 Les entreprises commerciales et de services ...................... 137 II.2.2 Les entreprises industrielles................................................ 138 II.3 Conséquences de la disparition de ces entreprises .................... 140 II.4 L’arrivée de nouveaux entrepreneurs ........................................ 141 CONCLUSION GÉNÉRALE .......................................................... 147 BIBLIOGRAPHIE ........................................................................... 153

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