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French Pages 244 Year 1977
B E I H E F T E ZUR ZEITSCHRIFT FÜR ROMANISCHE PHILOLOGIE BEGRÜNDET FORTGEFÜHRT
VON G U S T A V
GRÖBER
VON W A L T H E R VON
HERAUSGEGEBEN
VON K U R T
B A N D 159
WARTBURG
BALDINGEB
ANNEGRET BOLLÉE
Le Créole Français des Seychelles Esquisse d'une grammaire — textes — vocabulaire
MAX N I E M E Y E R V E R L A G T Ü B I N G E N 1977
Als Teil einer Habilitationsschrift auf E m p f e h l u n g der Philosophischen F a kultät der Universität Köln gedruckt mit Unterstützung der Deutschen Forschungsgemeinschaft
C I P - K u r z t i t e l a u f n a h m e der Deutschen Bibliothek
Bollée, Annegret Le créole français des Seychelles : esquisse d'une grammaire, textes, vocabulaire. - 1. Aufl. - Tübingen : Niemeyer. 1977. (Zeitschrift f ü r romanische Philologie : Beili. ; Bd. 159) I S B N 3-484-52064-7
ISBN 3-484-52064-7 © Max Niomeyer Vorlag Tübingen 1977 Alle Rechte vorbehalten. Ohne ausdrückliche Genehmigung des Verlages ist es auch nicht gestattet, dieses Buch oder Teile daraus auf photomochanischom Wege zu vervielfältigen. Printed in Germany Satz u n d D r u c k : Allgäuer Zeitungsverlag G m b H , K e m p t e n E i n b a n d : Heinr. Koch, Tübingen
TABLE D E S M A T I E R E S
AVAVT-PROPOS
IX
A.
INTRODUCTION
1
1. 2. 3. 4. 5. 6. 6.1. 6.2. 6.3. 7. 8. 8.1. 8.2. 9. 10.
Géographie Histoire La population L'origine du créole seychellois Conditions socio-historiques de la genèse du créole La situation linguistique actuelle L'anglais Le français Le créole Vers une orthographe du seychellois La transcription phonémique Les phonèmes d u seychellois La transcription phonémique Le découpage des unités lexicales Variantes lexicales
1 1 4 6 8 12 12 13 13 16 18 18 20 21 22
B.
E S Q U I S S E D ' U N E GRAMMAIRE
25
1. 2. 2.1. 2.2. 2.3. 2.4. 2.5. 2.6. 2.7. 2.8. 2.9. 3. 4. 4.1. 4.1.1. 4.1.2. 4.1.3. 4.1.4. 4.1.5. 4.1.6. 4.1.7. 4.1.8. 4.2. 4.2.1. 4.2.2.
Avant-propos Les classes syntagmatiques Le nom L e verbe L'adjectif et l'adverbe Le pronom Le d é t e r m i n a n t Les morphèmes prédicatifs La préposition L a conjonction L'interjection La phrase Le syntagme nominal Les déterminants L'article indéfini Le d é m o n s t r a t i f / (article) La m a r q u e d u pluriel Le duel Les q u a n t i t a t i f s Autres déterminants Les adjectifs déterminatifs Le possessif L'adjectif qualificatif (épithète) L'adjectif qualificatif antéposé L'adjectif qualificatif postposé
25 26 26 28 32 33 34 34 34 34 35 35 35 36 36 36 37 38 38 41 41 42 42 43 45
VI
Table des Matières
4.3. 4.4. 4.5. 4.6. 4.6.1. 4.6.2. 5. 5.1. 5.1.1. 5.1.2. 5.1.3. 5.1.4. 5.1.6. 5.1.9. 5.1.11. 5.1.12. 5.2. 5.3. 5.3.1. 5.3.2. 5.3.3. 5.3.4. 5.3.5. 5.4. 5.5. 6. 7. 8. 9. 9.1. 9.2.
Le SN déterminatif ou qualificatif La relative Le nom propre Les pronoms Pronoms personnels Autres pronoms Le syntagme verbal Les morphèmes prédicatifs Zéro fajpe ti /in/i'n/n pu et a/va/ava fek L'impératif Le gérondif La reprise du sujet Les classes do verbes Les verbes transitifs Les verbes intransitifs Les verbes copulatifs Les verbes réfléchis Constructions impersonnelles Les adverbes Le syntagme prépositionnel La phrase négative La phrase interrogativo La phrase exclamative Conjonctions et locutions conjonctives Conjonctions de coordination Conjonctions de subordination
C. 1.
TEXTES Avant-propos Stanley Barbé: Napa met ki pa war sô met Le trompeur trompé Myriam Payet: Frer Sûgula ek frer Torti Frère Soungoula ot frère Tortue Georgie Morel: Ljô ek Sûgula Lion et Soungoula Henri Savy : Sûgula avek kôper Kok Soungoula ot compère Coq Ameda Azemia: Zurit avek Sûgula Hourite et Soungoula Samuel Accouche: E màbuluk L'escroc André Didon: Zako o krokodi! Le singe et lo crocodile Henri Savy: Frer Torti ek frer Zako Frère Tortuo et frère Jacquot François Finesse : Bonom ek serpà L'homme et le serpent Madam Clément Delpech : Tizà avek làgaz zanimo
I. I. II. II. III. III. IV. IV. V. V. VI. VI. VII. VII. VIII. VIII. IX. IX. X.
46 47 47 48 48 49 53 54 54 54 55 56 57 59 60 60 61 62 62 64 64 65 66 68 73 77 78 81 82 82 83 88 88 92 93 112 113 118 119 124 125 126 127 130 131 144 145 148 149 156 157 160
Table de» Matieres X. XI. XI. XII. XII. XIII. XIII. D. 1. 2.
VII
Tijean et le langage des animaux Samuel Accouche: Sabotaz àt de ser Tricherio entre deux sœurs Fernando Ally: Frekàtasjô dà lavi marjaz i d&zere Joséphine, la commère Samuel Accouche: Mor vjej-fij Un mariage raté
161 166 167 180 181 188 189
VOCABULAIRE Créole - français Français - créole
198 198 217
BIBLIOGRAPHIE
232
AVANT.PROPOS
En 1970, lors d'une conférence donnée à l'Université de Cologne, Robert A. Hall Jr. attira notre attention sur les langues créoles, spécialement sur le créole français de l'Océan Indien, fort peu connu à l'époque. Dès lors, les parlers créoles de cette région, qui étaient presque tombés dans l'oubli depuis les études de C. Baissac, de H. Schuchardt et de quelques linguistes amateurs vers la fin du XIX e siècle, suscitèrent un regain d'intérêt chez un nombre croissant de chercheurs. De tous les travaux entrepris, nous ne signalons ici que les études d'ensemble qui ont été publiées jusqu'à l'heure actuelle: les descriptions du mauricien de Chris Corne (1970) et de Philip Baker (1972) et la thèse de Robert Chaudenson sur Le lexique du parler créole de la Réunion (1974), dont le titre modeste ne laisse pas soupçonner la richesse de la documentation sur les autres dialectes de la zone (mauricien, rodriguais, seychellois). L'introduction du présent ouvrage et les commentaires qui accompagnent les textes montreront combien notre travail a tiré profit de ce livre admirable. C'est M. Chaudenson qui a dirigé notre intérêt vers le créole des Seychelles en mettant à notre disposition, en 1972, une bande magnétique de contes populaires seychellois, ce qui nous a permis d'apprendre les éléments de ce parler avant notre première visite aux Seychelles en 1973. En même temps que nous, Robert Papen et Chris Corne ont entamé des recherches approfondies sur le créole seychellois. Maintes discussions avec M. Papcn en 1973 et avec M. Corne en 1974 dans la maison Rassool à Victoria/Mahé, poursuivies par une correspondance abondante surtout avec M. Corne, ont été très fructueuses pour notre travail. M. Corne a continué à prêter son concours en lisant le manuscrit de ce livre ; ses observations judicieuses nous ont amenée à formuler d'une manière plus précise certains passages et nous le remercions sincèrement de son obligeance. Il va sans dire que le présent ouvrage n'aurait pu être sans la collaboration bienveillante de nos amis aux Seychelles. M. Gilbert Confait nous a permis de copier manuscrits et bandes des archives de Radio Seychelles. M. Samuel Accouche a enrichi nos connaissances du créole en nous expliquant ses contes, pièces de résistance de notre corpus. MM. Bertrand Rassool et Dawson Sinon étaient parmi nos témoins les plus infatigables. Dans la maison de la famille Sadec Rassool, nous n'avons pas seulement joui d'une hospitalité chaleureuse, mais aussi de leur entière disponibilité à, répondre à nos questions. Le concours des Rassool s'est prolongé jusqu'en Europe : Mlle Danielle Rassool et M. Bertrand Rassool ont ac-
X
Avant-Propos
cepté notre invitation en Allemagne afin de nous servir d'informateurs. Que tous nos amis seychellois trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude. Nous sommes également en dette de reconnaissance à l'égard d'amis et collègues des universités de Bonn et de Cologne qui, d'une façon ou d'une autre, nous out aidé dans l'élaboration de ce livre. Mlle Martine Bernardin a assité dans la rédaction de l'Introduction et de la Grammaire; Mme Colette Dégoutté-Kléman a marqué les traductions des contes de l'empreinte de son style; l'établissement du Vocabulaire est dû aux soins de Mlle Ingrid Neumann ; Mme Danielle Knabe-Le Piouf a accepté la corvée de lire les épreuves. MM. Hans Dieter Bork, Artur Greive, Harri Meier et. Wilhelm Pötters ont aimablement mis leur temps et leur science à notre disposition: le manuscrit a été soumis à leur critique et nous les remercions des nombreuses corrections et modifications qu'ils ont suggérées. Enfin, nos remerciements vont à la Deutsche Forschungsgemeinschaft qui nous a accordé deux bourses en 1973 et en 1974 et qui a subventionné deux voyages à la Réunion et à l'Ile Maurice en 1972 et aux Seychelles en 1974, ainsi qu'À M. Kurt Baldinger pour avoir accueilli le présent volume dans la série des Beihefte zur Zeitschrift für Romanische Philologie. Cologne, novembre 1976
Annegret Bolléc
A. I N T R O D U C T I O N
1.
Géographie1
La République des Seychelles, ancienne colonie britannique dans l'Océan Indien, comprend 86 îles dispersées sur une surface de 640000 km*. 37 d'entre elles constituent le groupe principal des îles granitiques, qui, montagneuses et couvertes d'une végétation luxuriante, se Bituent entre le 4ème et le 5ème degré Sud, à environ 1600 km de Mombasa. Les 49 autres sont des îles coralliennes, qui dépassent à peine la surface de l'eau ; parmi elles, les Amirantes forment le groupe le plus important. La plupart des îles coralliennes sont inhabitées ou mises en valeur par quelques habitants temporaires; la majorité des Seychellois réside dans les îles granitiques. La plus grande de celles-ci, Mahé, avec une surface de 145 km', est longue de 27 km, large de 5 à 10 km, et ses montagnes s'élèvent jusqu'à une altitude de presque 1000 m. Plus de 80 °/o de la population des Seychelles (58000 habitants au total) se concentrent sur Mahé, dont 14000 dans la capitale Victoria, seule ville et port principal de l'archipel. Praslin, 5000 habitants, et La Digue, 2000 habitants, situées respectivement à 34 et 38 km au nord-est de Mahé, sont les seules îles liées à la capitale par des communications maritimes et aériennes régulières. Depuis la construction d'un grand aéroport en 1971, les Seychelles, auparavant relativement isolées, sont desservies par un nombre croissant de lignes aériennes internationales. L'aéroport a rendu possible le développement récent du tourisme, qui prend la relève du coprah et de la pêche comme base économique du pays'. 2.
Histoire'
2.1. Les Arabes doivent avoir connu les Seychelles au moyen âge, les Portugais leur donnèrent leur premier nom: Sete Irmanas (1501)*, mais People of the Seychelles, 2 ; G . L I O N N E T , The Seychelles, 13-15; Information for Visitors to Seychelles, Department of Tourism. Pour les références détaillées v. la bibliographie. ' Interview : James Mancham [à l'époque Chef Ministre, actuellement Président de la République des Seychelles] in: Newsweek, June 10, 1974, 56: •Our fishing industry has fantastic potential. But our major resource is, of course, tourism.« * L I O N N E T , A Short History of Seychelles; L I O N N E T , Seychelles-, A . A . F A U V E L , Unpublished Documents of the History of the Seychelles Islands anterior to 1810-, B E N E D I C T . * L I O N N E T , History, 1 5 . 1
V . B . BENEDICT,
2
2.
Histoire
une expédition anglaise qui y débarqua en 1609 ne trouva aucune trace de colonisation 5 . Au 18ème siècle, la rivalité entre la France et l'Angleterre dans l'Océan Indien amena Mahé de Labourdonnais, Gouverneur des Iles de France et de Bourbon (aujourd'hui Maurice et la Réunion), à s'intéresser à ces îles situées sur la route des Indes. E n 1742 et en 1743, il y envoya deux expéditions de reconnaissance sous le commandement de Lazare Picault - la baie où il toucha terre sur Mahé porte encore son nom : Baie Lazare. Picault nomma l'île principale Mahé en l'honneur de Labourdonnais. En 1756, le capitaine Morphey prit formellement possession de l'archipel et lui donna le nom des Iles Seychelles, d'après le Vicomte Moreau de Séchelles (ou Seychelles), Contrôleur Général des Finances sous Louis XV*. 2.2. La première tentative de colonisation ne fut entreprise qu'en 1770. Avec l'autorisation de l'Intendant de l'Ile de France, Pierre Poivre, qui, après plusieurs échecs dans cette île, cherchait des régions propices à la culture des épices afín de rompre le monopole hollandais, Brayer du Barré, »a colourful adventurer« (LIONNET), envoya les premiers colons aux Seychelles: »15 blancs, 7 esclaves, 5 malabars, 1 négresse7.« Leur »établissement« à l'île Sainte-Anne, tout près de Mahé, fut au début couronné de succès, ce qui encouragea Poivre à fonder, sur la demande de Brayer du Barré, un deuxième établissement à l'île Mahé. En 1771, il y envoya l'Officier Antoine Nicolas Benoît Gillot avec 40 ouvriers blancs et noirs. Ce deuxième établissement ne réussit pourtant pas, et les colons remplacèrent bientôt ceux de l'île Sainte-Anne qui devaient retourner aux Mascareignes avec Gillot. Ce dernier rapporta à Poivre qu'il avait trouvé un endroit favorable à un jardin d'épices. A partir de ce moment, les difficultés se multiplièrent pour Brayer du Barré, et le navigateur français La Pérouse, de passage aux Seychelles en 1773, trouva la petite colonie dans un état déplorable. En 1775, Brayer du Barré fut condamné à rembourser les frais du premier établissement ; ses tentatives de colonisation se soldèrent par une évacuation totale de Sainte-Anne 8 . 2.3. Entretemps, Gillot avait, en 1772, commencé un nouvel établissement 9 dans le sud de Mahé, dans la baie qui s'appelle aujourd'hui Anse Royale, où il apporta des plants d'épices: muscade, poivre, girofle et cannelle, dont seule la cannelle s'est maintenue aux Seychelles; elle est • »You cannot discern that ever any people had been there before us*, J. Jourdain, cité par L I O N N E T , Seychelles, 60. • FAUVEL 104; BENEDICT 7
8.
malbar est le terme créole pour désigner un Indien. » L I O N N E T , History, 2 1 - 2 2 . • Le bicentenaire de ce début de la colonisation fut célébré par le »Seychelles Festival» en 1972. F A U V E L 115;
2. Histoire
3
devenue par la suite un produit d'exportation très important. L'établissement de Gillot ne prospéra pas, les plants d'épices se développaient mal, et ce qui restait du Jardin d'épices fut détruit en 1780 à cause d'un malentendu. En 1778, le Lieutenant de Romainville fut envoyé de l'Ile de France avec 15 soldats pour assurer la possession des Seychelles à la France. Romainville, le premier commandant militaire de la colonie, fonda I'»Etablissement du Roi« (aujourd'hui Victoria10), centre administratif des îles. Avec un de ses successeurs, Jean Baptiste Philogène de Malavois, ingénieur géographe, qui arriva en 1788, commença une période de prospérité. C'est à partir de l'arrivée de ce gouverneur capable et consciencieux que la population, 250 en 1788 (20 blancs, 9 noirs »libres* et 221 esclaves), s'accroît rapidement: 593 habitants en 1791 (69 blancs, 32 libres, 487 esclaves et 5 soldats), 3467 en 1810 (317 blancs, 135 libres et 3015 esclaves) et 6963 en 1825 (582 blancs, 323 libres et 6058 esclaves) 11 . 2.4. Après maintes capitulations des Français devant les Anglais entre 1794 et 1806, les Seychelles devinrent définitivement colonie anglaise en 1810, ensemble avec l'Ile de France - que les Anglais nommèrent à nouveau Mauritius12 - dont elles étaient une dépendance. Quéau de Quinssy, le commandant des Seychelles qui avait signé les diverses capitulations, y resta au service des Anglais. Les Anglais avaient occupé l'île Maurice et les Seychelles pour des raisons purement stratégiques et ne s'intéressaient pas du tout au développement de ces colonies, envers lesquelles ils pratiquèrent ce que L I O N N E T a appelé une sorte de »passive impérialisme : »As a resuit, under the British rule the Seychelles entered into a period of long, peaceful, semi-oblivion13.« En 1903, l'archipel devint colonie de la Couronne, en 1948, il y eut un premier conseil législatif, élu par la classe des propriétaires; le suffrage universel ne fut introduit qu'en 1967. 2.5. En avril 1974, le Parti Démocratique (SDP = Seychelles Démocratie Party), au pouvoir depuis 1967, gagna les élections de l'Assemblée Législative avec le programme d'accepter l'indépendance offerte aux Seychelles par le gouvernement travailliste anglais en mars 1974. Les négociations avec l'Angleterre commencèrent en 1974, et le 28 juin 1976 les Seychelles ont accédé à l'indépendance. »But we will want to retain some ties to Britain«, précise le président de la jeune république, 10
La ville reçut ce nom en 1841, mais le vieux nom Tablismâ, aujourd'hui rare, subsiste encore dans le parler créole.
11
BENEDICT 1 0 - 1 1 .
11
Les Hollandais, qui occupèrent l'île entre 1598 et 1710, lui avaient donné ce nom en l'honneur du Prince Maurice de Nassau.
" LIONNET, Seychelles,
96.
3. La
4
population
M. James Mancham. »As for foreign affairs, we have decided to join the Organization of African Unity. But we would like to avoid getting involved in big-power confrontations and we hope we will not have to bargain away our territory to foreign powers just because we need money for development14.« 3 . La
population14
3.1. Nous sommes très bien renseignés sur l'origine des premiers colons qui se sont installés aux Seychelles. Les premières expéditions étaient & peu près uniquement formées de »créoles«, c'est-à-dire de blancs et de quelques Indiens qui venaient de l'Ile de France et de Bourbon avec leurs esclaves - mais la plupart d'entre eux, nous l'avons vu, ne se fixèrent pas dans l'archipel. En dépit du conseil du Ministre en 1778 de »favoriser le passage >d'habitants des îles de France et de BourbonAutant que faire se pourra< les concessions ne devaient plus être accordées >qu'à des créoles des isles de France et de Bourbon et à ceux des Isles Seychelles, lesquels seront de bonne vie et mœurs, mariés ou enfans de colons, ou gens de métiers utiles à la navigation et à l'agricultureu
(ibid.).
3.2. Entre 1791 et 1810, c'est surtout l'île Bourbon qui va fournir une grande partie des nouveaux colons des Seychelles. Selon W A N Q U E T , trois raisons expliquent le courant d'immigration en provenance de cette île, qui aboutit vite à un essor démographique dépassant les limites du nombre d'habitants proposées par Malavois en fonction de l'exiguïté des terres cultivables de la colonie : 1° »La libéralité et la bonhomie des administrateurs«, surtout de Quéau de Quinssy, qui accorda bon nombre de concessions »provisoires« pendant la guerre avec l'Angleterre (21-22); 2° »le surpeuplement des Mascareignes, particulièrement de Bourbon, que les conditions difficiles de l'époque révolutionnaire rendirent plus aigu encore« (22); 14
Newsweek, loc. cit. " C. WANQUET, »Le peuplement des Seychelles«; ALSDORF-BOLLÏE/CHAUDENSON, »Deux contes populaires seychellois«.
" "
WANQUET 10. WANQUET 11 et 18.
4. L'origine du créole seychellois
6
3° le fait que, à partir de 1798, l'archipel devint »un lieu de déportation politique«. Entre autres, 14 meneurs d'insurrection ainsi que 11 autres condamnés furent renvoyés de la Réunion après le »grand soulèvement du Sud«. Ils commencèrent la colonisation de l'île La Digue, auparavant inhabitée, assistés de leurs parents et amis auxquels les autorités réunionnaises donnèrent la permission de rejoindre les déportés (24-26). 3.3. E n ce qui concerne l'origine des esclaves qui représentent, dans les premières décennies de la colonisation, plus de 85 % de la population des Seychelles, les renseignements des archives sont »minces et décevants« ( W A N Q U E T 36). Sans doute, les colons venus des Mascareignes amenèrent avec eux leurs esclaves qui étaient eux-mêmes créoles. Les effectifs de la population servile s'augmentèrent ensuite d'esclaves en provenance du Mozambique; W A N Q U E T cite d'un document de l'an X I I : »presque tous les esclaves de cette colonie sont africains, de la côte de Mozambique« (36). A la suite de l'abolition de l'esclavage en 1835, la marine anglaise débarqua aux Seychelles un nombre considérable d'esclaves africains qu'on avait saisis sur les vaisseaux négriers qui continuaient à pratiquer la traite. Entre 1861 et 1872, environ 2400 Africains furent ainsi »libérés« dans l'archipel 1 '. Ils contribuèrent à l'accroissement de la population, qui se poursuivit pendant tout le 19ème et le 20ème siècle, et qui entraîna de graves problèmes économiques et sociaux. L'immigration africaine du 19ème siècle a marqué de son empreinte la population seychelloise, parmi laquelle l'élément africain est aujourd'hui prédominant. 4. L'origine du créole seychellois 4.1. L'histoire du peuplement des Seychelles que nous venons de retracer suggère de se diriger vers les Mascareignes pour trouver l'origine du créole seychellois. En effet, la comparaison des parlera créoles de l'Océan Indien établie par Robert C H A U D E N S O N dans les chapitres de sa thèse magistrale (Le lexique du parler créole de la Réunion) consacrés à la genèse du créole 1 ' montre avec netteté que »réunionnais, mauricien, seychellois et rodriguais sont [. . .] tous quatre issus d'une souche unique: le créole >bourbonnais< parlé à Bourbon au début du XVIII e siècle«. ( C H A U D E N S O N désigne »ce >proto-créole< commun du nom de >bourbonnais< pour le distinguer du >réunionnais< moderne avec lequel il présente de notables différences«; 446.) Nous ne pouvons ici résumer que très brièvement la "
BENEDICT 12.
" Spécialement IV: »Conditions historiques et sociologiques de la genèse d'un créole: le réunionnais«, 441-465, et »La relation génétique«, 11061143.
6
4. L'origine du créole seychellois
genèse et l'histoire de la diffusion de ce parler, sur lesquelles les recherches historiques et linguistiques de C H A U D E N S O N ont fourni tous les éclaircissements souhaitables. 4.2. C'est en 1665 que la France commença la colonisation de l'île Bourbon, jusqu'alors inhabitée. Le peuplement de l'île ne fut pas fait au hasard : on prit soin »d'éviter la constitution d'une population servile homogène«, parce que les risques de révolte ou de complot étaient considérablement réduits si les colons possédaient des esclaves d'origines différentes10. A cause de la proximité de Madagascar, les esclaves malgaches étaient les moins chers, et c'est pour cette raison qu'ils formaient au 17ème siècle la part la plus importante de la population servile21. A côté des Malgaches, il y avait dans les premières années de la colonisation un pourcentage assez important d'Indiens et d'Indo-Portugais (24% des esclaves en 1709), et à partir de 1690, on commença à importer des noirs de différentes parties d'Afrique, surtout du Mozambique. Dans le désir de mêler constamment les ethnies, et afin d'éloigner autant que possible les esclaves de leur pays natal, on fit même quelques voyages jusqu'en Guinée (453, 464). n'a pas seulement analysé d'une manière très précise les conditions historiques et sociologiques de la formation du »bourbonnais« - nous reviendrons plus loin sur ce point - , mais il a aussi pu faire une découverte qui, pour l'histoire du créole indo-océanien, est d'une importance primordiale. Il a montré que le créole réunionnais n'est pas »le résultat d'une longue et lente évolution qui s'étale sur plus de trois siècles« ( 4 4 4 ) , mais qu'il s'est, au contraire, constitué très rapidement. C H A U D E N S O N a trouvé, dans les archives de Saint-Denis, un document avec une citation en créole qui prouve que dès 1715, c'est-à-dire un demi-siècle après l'installation des Français à Bourbon, le créole avait atteint sa structure quasi-définitive. Des recherches analogues dans d'autres pays, notamment celles de L. L. E. RENS sur le créole anglais de Surinam", ont mené à des résultats comparables: le Negro English de Surinam s'est même constitué dans un espace de 30 ans seulement
4 . 3 . CHAUDENSON
(444-6).
4.4. En 1721, lorsqu'on entreprend la colonisation de l'Ile de France, le »bourbonnais* s'est donc déjà formé. »Or, l'Ile de France est peuplée d'abord et surtout à partir de l'Ile Bourbon. Les esclaves introduits dans l'île, en plus grand nombre, après 1730, se trouvent donc en présence CHAUDENSON 452, cf. aussi 392-3. " 26,5% de la population totale en 1686 (464, 457). " The historical and social background of Surinam's Negro English, dam 1953. "
Amster-
I. L'origine du créole seychellois
7
d'une colonie homogène sur le plan linguistique, puisque maître et esclaves déjà installés y parlent une seule langue : le créole >bourbonnais< « (446). En ce qui concerne les Seychelles, nous avons vu que leur population s'est constituée en grande partie d'émigrants des Mascareignes, surtout de Bourbonnais. Les colons venant de ces îles avec leurs esclaves, continuaient à parler, dans leur nouveau domicile, le créole issu du »bourbonnais« qu'ils avaient parlé à l'Ile de France et à Bourbon. Les esclaves recrutés plus tard et les Africains qui arrivèrent aux Seychelles au cours du 19ème siècle, apprirent ce créole tel quel, sans y apporter d'autres modifications que quelques rares emprunts lexicaux. 4.5. Bien qu'ils soient tous issus d'une souche commune, les parlera créoles de l'Océan Indien présentent aujourd'hui maintes divergences dans la grammaire et le vocabulaire. Le rodriguais est très proche du mauricien, étant donné que l'île Rodrigues a été colonisée à partir de l'Ile de France, et que les liens entre les deux îles ont toujours été très étroits. Le degré de conformité entre le mauricien et le seychellois est moins grand, mais l'intercompréhension entre locuteurs des deux idiomes ne présente néanmoins aucune difficulté. Parmi les différences phonétiques, ce qui frappe surtout, c'est la dénasalisation en mauricien de nasales qui se sont maintenues en seychellois, et la nasalisation progressive et régressive du seychellois : soych. [mô] / maur. [mo] >je; mon, ma, mes< [i ànà] / [ena] >il y a< [simï] / [sime] >chemin< [zàmê] / [zame] >jamaisexotiques< n'atteint pas le nombre de 250 [sur 3500 mots analysés], soit moins de 10% du lexique total.« " CHAUDENSON 1112. Sur le rôle des dialectes do l'Ouest de la France et d u f r a n ç a i s p o p u l a i r e , v . CHAUDENSON 6 4 3 - 8 9 4 ,
1100-5,
1120-43,
spé-
cialement 1101-2: »L'étude du peuplement permet do définir avec une assez grande précision l'origine provinciale des colons durant le premier demi-siècle d'occupation do l'île [Bourbon]. Rappelons-en seulement les conclusions; avant 1715, si on laisse do côté les colons dont l'origine n'est pas connue, plus do 60% des chefs de famille sont nés à l'ouest d'une ligne Bordeaux-Paris. On peut donc assez facilement en déduire les dialectes qu'ils parlaient. Nous avons pu constater dans la section consacrée aux survivances dialectales que les résultats de la recherche linguistique corroborent tout à fait ceux do l'enquête historiquo en montrant le rôlo essentiel des parlers de l'Ouest. On ne peut soutenir, comme l'ont fait autrefois certains linguistes, que le normand a joué un rôlo majeur dans la formation dos créoles; sans que ce parler doive être négligé, il n ' a sans doute pas été plus important que les parlers saintongeais ou picard.« " P. ex. la tendance à la prédétermination, qu'on observe en français (cf. IÎALOINGEK, »Post- und Prädeterminierung im Französischen«) s'est manifestée dans lo développement du système verbal et a conduit à la substitution des formes flexionnelles du français par des syntagmes qui consistent en une base verbale invariable précédée de morphèmes temporels, aspectuels et modaux.
5. Conditions
socio-historique»
de la genèse du créole
9
du lexique, nous devons réfuter toute hypothèse selon laquelle les créoles de l'Océan Indien seraient des langues mixtes". Comment alors expliquer la créolisation, ce bouleversement linguistique qui, comme il a été démontré, s'est produit en quelques dizaines d'années ? 5.2. Les recherches les plus récentes dans ce domaine, notamment celles de CHAUDENSON et de l'africaniste Bernd H E I N E " , ont montré qu'il faut chercher les causes de la créolisation d'une langue dans la situation sociohistorique dans laquelle le créole prend naissance. H E I N E et CHAUDENSON ont pu isoler les facteurs suivants : 1° Un créole se développe toujours à partir d'une langue parlée. Si la langue de base possède, comme dans le cas du français, un code oral et un code écrit, ce dernier n'a aucune importance dans le contexte social ou géographique où la créolisation se produit. Dans tous les cas que l'on a pu observer jusqu'à présent, le créole est né dans une société où les illettrés ont eu la prépondérance. Notons à ce propos que jusqu'à l'heure actuelle les créoles n'ont, sauf de rares exceptions, pas atteint le statut de langues écrites®0. 2° La société au sein de laquelle une langue se créolise est caractérisée par ce que H E I N E appelle »soziales Gefalle« (64), c'est-à-dire un écart considérable qui sépare la classe dirigeante (les blancs, les Européens) de la classe servile (les gens de couleur, les esclaves). C'est, d'ailleurs, dans le domaine des colonies européennes, toujours la langue européenne, la langue de la classe dominante, qui est créolisée. Tandis que H E I N E considère cet écart social comme fait concomitant qui n'a pas d'influence décisive sur le procès de la transformation linguistique 91 , il nous semble " Cf. la définition du Petit Robert : »Parlers créoles: langues mixtes provenant du contact du français, de l'espagnol, du portugais avec des langues indigènes ou importées.« Le nouveau Dictionnaire de linguistique de J. D U B O I S affirme que »leur origine mixte différencie les créoles des dialectes d'une langue«, et A. M A R T I N E T fait ressortir le caractère do mixité des créoles en disant : »on ne s'étonnera pas de retrouver dans la structure des différents créoles, qu'ils soient de vocabulaire anglais, français, espagnol, hollandais ou portugais, une foule de traits communs qui rappellent l'Afrique plus que l'Europe.« (Eléments de ling. générale, Paris 1070, § 5-24.) En ce qui concerne la genèse de langues pidgin, H E I N E (V. infra) a pu constater »daß Sprachmischung als Erklärungsgrundlage für den Pidginisierungsprozeß [. . .] ohne Bedeutung ist« (50). " Pidgin-Sprachen im Bantu-Bereich, 1 9 7 3 . H E I N E traite la pidginisation de diverses langues africaines, mais plusieurs de ses explications nous semblent également applicables aux procès de la créolisation du français à l'île Bourbon. Cf. aussi Sidney W. M I N T Z , »The socio-historical background to pidginization and creolization«, in: H Y M E S , Pidginization, 481-496. ,0
H E I N E 6 1 - 2 ; CHAUDENSON
1142.
" 65: »Vielmehr scheint es sich hierbei um einen häufigen Begleitumstand
10
5. Conditions
socio-historiques
de la genèse du créole
que, dans la créolisation du français, il a pu jouer un rôle assez important. Les blancs, nous supposons, n'auront jamais fait le moindre effort pour corriger le »français« que leurs esclaves recevaient d'eux dans une forme imparfaite et qui commençait vite à se transformer. Ils n'avaient aucun intérêt à élever des gens considérés comme inférieurs à leur propre niveau linguistique. Au contraire, il ne nous paraît pas exclu qu'ils voyaient dans l'usage de deux codes - français entre eux, créole avec les esclaves un moyen de discrimination qui leur venait à propos. 3° La formation d'un créole n'est jamais liée à la rencontre de deux systèmes linguistiques, mais ce sont toujours -plusieurs groupes linguistiques qui entrent en c o n t a c t " - rappelons qu'à Bourbon la population so composait de Français, de Malgaches, d'Indiens, d'Indo-Portugais, et d'Africains ethniquement disparates. Il est aisément concevable que le besoin subit d'intercompréhension entre ces groupes hétérogènes a mené à l'adoption de la langue des maîtres de la part des esclaves, qui évitaient d'introduire dans cette langue nouvellement apprise 33 des éléments de leur langue maternelle que leurs co-esclaves n'auraient pas compris. 4° Les créoles sont nés pour la plupart des cas dans des îles, inhabitées avant la colonisation ou dont la population indigène avait refusé d'accepter la vie ser vile 3 '. Toutes les ethnies qui s'intégraient à la »société de plantation« (CHAUDENSON 392) étaient donc importées et se trouvaient dans un endroit relativement isolé. Quant aux colons, »tous issus des couches les plus modestes de la société, ils se trouvèrent brusquement coupés de toute l'infrastructure culturelle qui pouvait agir sur leur parler : privés d'école et d'enseignement de quelque sorte que ce soit, ils perdirent aussi contact avec la langue des couches supérieures de la population qui constitue le modèle le plus stimulant« (1133-4). Il manquait alors tous les facteurs qui normalement ralentissent le développement interne d'une langue qui, en lui-même, n'a rien de surprenant. 5.3. Le concours des conditions sociales énumérées a donc provoqué une accélération démesurée de l'évolution interne du français 15 . Pour
"
bei der Pidgin-Genese zu handeln, der selbst vermutlich keinen direkten Einfluß auf den Pidginisierungsprozeß besitzt.« C H A U D E N S O N 4 6 1 - 2 , 3 9 2 ; cf. Keith W H I N N O M , »Linguistic hybridization and the >special case< of pidgins and creoles«, in : H Y M E S , Pidginization, 104.
Et ajoutons qu'elle était apprise très vite, puisque »les esclaves importés sont presque toujours jeunes ; les individus trop âgés (plus de trente ans) sont regardés comme irrécupérables tandis que les jeunes sont beaucoup plus capables de se >franciserjamais< [zàmê], Icône >savoir< [kônë], ana >avoir< [ànà], 8.2. La transcription phonémique Dans l'article que nous avons cité à plusieurs reprises, CORNE propose »a rational orthography, which [. . .] allows an adequate representation of the morphology and syntax of the dialect« (1). Son orthographe utilise les graphèmes suivants (11): a, â, b, e, ê, f, g, i, k, 1, m, n, n, q, o, ô, p, r, s, t, u, v, j, z. Le système orthographique dont nous nous servons dans ce livre est inspiré de l'orthographe de CORNE, mais s'en distingue en plusieurs points: 1° Nous préférons le tilde pour marquer la nasalité, dont l'usage est consacré par l'A.P.I. 2° Nous distinguons, graphiquement, entre u voj'elle et w consonne (ou semi-voyelle), qui, nous le reconnaissons, ne sont que des variantes combinatoires d'un même phonème. 3° g au lieu de y a été choisi pour des raisons pratiques (v. supra), j au lieu de n (N chez CORNE) parce que nous voulons insister sur le caractère particulier de ce son, nettement différent de n espagnol, par exemple. "»• Ibid. 40 Cf. C O R N E , Workbook, 9: »Word-finally after a nasal consonant, thecontrast nasal vs. oral vowel is unstable. The contrast 6 [ô] : o is generally retained : mâ >1, mv< vs. mo >\vordcoup de piedparole d'honneurfruit à painenceinteà cause de, pourquoi, adrwai >à droiteà la finprès deau lieu dede lointout de suiteouen bascn hauten dessousgrandtrès jolicau8erpas encorequelqu'un; personne n.< DS: »Dimun is most common, dimon very refined.» B R : »Normal creole form: dimun-, when people are trying to ameliorate their creole: dimon.* SP préfère dimon. *l Kreol. A Description
of Mauritian
Creole, 61.
" Cf. PAPEN 18, n o t e 1. " Cf. BAKER 6 0 .
•• Il va sans dire que d'autres enquêtes de ce genre avec un plus grand nombre de témoins s'imposent.
10. Variantes lexicales
23
demi ¡dime >demain< DS dit demi. »Very rarely you will hear somebody who has been to school say dime. Dime is very low.« B R dit normalement demê, rarement dimë. Considère dimê comme forme emphatique : dimê mem mO pu fer li ! D R : »Dime is really broad Creole.« SP dit demê. La même distinction s'observe entre devâ/divâ >devant< et semé/aimé >chemin, routeeau< DS dit delo. »Dilo is very low, lower class.« B R use des deux formes et pense qu'il y a une différence sémantique : delo >l'eau qu'on boitl'eau de la mer, de l'eau saledevoir, il faut< DS dit bezwè ou bizwê. B R dit bizwê plutôt que bezwè. D R : »Bizwê is better Creole than bezwè, which is more French.« SP dit bezwè. nobu/nabu »capable, parvenir à< DS dit nobu. »A minority says nabu, maybe people from a certain region ?« B R dit nobu plutôt que nabu. SP dit nobu. kât-mem/ Icâ-mem >quand même, bien que< DS dit kà-mem. B R : »Kât-mem is more Creole than kd-mem.t SP dit kât-mem. dvale/avale >avaler< DS et SP disent âvale, BR use des deux formes. âfame/afame >avide, vorace< DS et B R disent âfame, SP afame. kom sa/kum sa >ainsi, comme ça< DS dit kom sa, tkum sa is very popular«. B R dit kom sa, considère kum sa comme bas, »it would be funny if I said hum sa*. SP dit kom sa. akôte/rakôte >raconter< DS et SP préfèrent akôte, B R emploie les deux formes. amase ¡ramose >ramasser< DS: »interchangeable.« B R conjugue : mô, u, i, nu amase, zot ramose. SP dit : mô pe amas mô zafer. blijeIublije >oublier< DS emploie les deux, »maybe blije is more common and vblije more refined«. B R : »interchangeable, but I wouldn't use ublije at the beginning of a sentence.« SP use des deux formes.
24
10. Variantes
lexicales
Dans tous ces cas, nous avons employé tantôt l'une, tantôt l'autre forme, en suivant les graphies des manuscrits ou la prononciation des speakers qui ont enregistré les textes I et X I I . Quand les manuscrits ne fournissaient pas d'indication (p.ex. demi, semé, sont toujours écrits demain, chemin), nous avons choisi la forme préférée par nos témoins.
B. E S Q U I S S E D ' U N E
I.
GRAMMAIRE
Avant-propos
Nous n'envisageons pas d'entreprendre, dans le cadre de cette anthologie, une analyse grammaticale exhaustive du créole seychellois, qui serait, d'ailleurs, prématurée dans l'état actuel de nos connaissances et de nos recherches. Il nous a pourtant semblé indispensable à l'intelligence des textes de décrire ici, pour sommairement que ce soit, les structures de base de la phrase simple 1 et les principales conjonctions et locutions conjonctives. Cet exposé nous a été grandement facilité par les travaux sur les créoles de l'Océan Indien, existants ou en préparation : la description du mauricien de Philip BAKER*, les »Notes grammaticales* de la thèse de Robert CHAUDENSON
(329-381), l'Essai de grammaire du créole mauricien de
Chris CORNE5, et, a v a n t t o u t , les grammaires du seychellois que pré-
parent CORNE et Robert P A P E N et dont les auteurs ont aimablement mis à notre disposition les manuscrits 4 . 1.1. L'analyse qui suit se base sur - les textes publiés dans ce livre (chiffres romains), - la traduction de l'Evangile selon Saint Marc (Marc)4, - une trentaine de contes de Samuel ACCOUCHE, dont nous publions trois dans cette anthologie et huit dans le petit volume Ti anan en foi en Soungoula (SA), 1
Cette tentative sera suivie d'études syntaxiques plus détaillées. Pour un premier essai v. ALSDORF-BOIXÉE/CHAUDENSON. * Kreol. A Description of Mauriiian Creole, 1972. ' 1970. En outre, M. COKNE nous a obligeamment donné le manuscrit de son article »Tense and Aspect in Mauritian Creole«, paru maintenant dans Te Reo 16. 4 La Grammaire du créole français des Seychelles do CORNE est encore en voio d'élaboration; la Short Grammar of Seychellois Creole de PAPEN paraîtra comme numéro spécial du Journal of the Seychelles Society. ' V. A. 7.2. Nous avons assisté à la rédaction finale du texte par les Pères Michael COUNSELL et French CHANQ HIM. Ces sessions nous ont permis l'éclaircissement de nombreux points douteux, et nous tenons à remercier les deux pasteurs de la patience avec laquelle ils ont répondu aux questions du linguiste. Nous transcrivons les citations de l'Evangile selon le système orthographique employé pour les textes de ce volume. La traduction créole de l'Evangile a été faite à partir du texte grec. Nous donnerons parfois une traduction française très proche du texte créole, qui peut s'écarter considérablement du texte français de l'Evangile.
26
1.
Avant-propos
- un rapport manuscrit du même auteur sur la participation des Seychellois à la Seconde Guerre mondiale (SA), - contes inédits d'autres auteurs, des archives de Radio Seychelles (RS), - Debovlire, pièce radiophonique inédite d'Antoine ABEL, Anse Boileau* (AA),
- trois discoure électoraux, radiodiffusés pendant la campagne en mars/ avril 1974 (v. A. 6.3) (DE), - des observations faites lors de nos séjours aux Seychelles en 1973 et 1974. Tous les exemples formés par nous-même ont été vérifiés par Bertrand Rassool ou Dawson Sinon. Il n'est pas exclu - et même probable, à en juger des expériences faites par P A P E N , COBNE et nous-même - que l'une ou l'autre phrase citée soit rejetée par d'autres locuteurs. Nous avons cependant tâché d'éliminer autant que possible les cas douteux où les témoins hésitaient à accepter un énoncé. 2. Les classes syntagmatiques Nous allons essayer de déterminer les classes syntagmatiques du créole seychellois selon la méthode de l'analyse distributionnelle, en nous référant aux principes exposés dans la Grammaire structurale du français d e J . DUBOIS7 e t à l ' a r t i c l e d e R . A. HALL, »The D é t e r m i n a t i o n of F o r m -
Classes in Haitian Creole«'. 2.1. Le nom (N) La classe des noms ou substantifs est constituée par les lexèmes auxquels peuvent s'ajouter certains déterminants comme ë, sa, më ou adjectifs comme pti, grà : ë zom >un hommei, sa sat >ce/le chat< mtf ptilgri3 frer >mon petit/grand frère
rat< lotel >hôtel< lipje >piedœil< lakaz >maison< dipë >pain
eau< zami >ami< zanimo >animalnous irons de porte en porte, de maison en maison< Quelques rares m o t s qui possèdent u n l initial ( < V agglutiné) p e u v e n t a p p a r a î t r e sans ce l a p r è s u n m o t qui se t e r m i n e p a r u n e nasale (ë, bô, etc.): Sa ë bô ide [bânide]. >C'est une bonne idée.< mais: Mô ana lide . . . >J'ai l'idée . . .< N o t o n s encore: lespes >espèce< (dans le sens biologique), m a i s ê espes [inespes] >une sorte d e e SA : u ë espes lesklavaz >tu es une sorte d'esclave< 2.1.2. C o m m e d a n s les a u t r e s langues créoles issues d u français, la catégorie d u genre g r a m m a t i c a l n ' e x i s t e p a s en seychellois; il y a p o u r t a n t , c o m m e en français, p a r m i les n o m s d e la classe [-f- a n i m é ] , des paires comme : zom - fam >homme, femme< garsô - pti fi) >garçon, fille< bonom - bonfam >homme, femme< tôtô - tdtin >oncle, tante< kôper - komer >compère, commère< Quelques locuteurs d i s t i n g u e n t e n t r e • Mais pje >pied (unité de mesure)arbrerègneEt je vous assure: Il vaut cent fois mieux avoir affaire aux aviateurs allemands qu'à leurs femmes, quand elles viennent bombarder quelque chose . . . les aviatrices . . .< Les formes féminines n'existent qu'à l'intérieur de la classe des noms [ + humain], on n'observe pas de paires parmi les noms d'animaux: sot >chat, chattechien, chiennebœuf, vacho< 11 : R S : Al tir dile avek sa bef nuar e bld ki apel Sarlin. >Va traire la vache noire ot blanche qui s'appelle Charline.< 2.2. Le verbe (V) Les verbes occupent la deuxième place dans la phrase minimale à deux constituants, avec la fonction de prédicat (v. § 3). Ils se distinguent des autres catégories de segments par le fait qu'ils peuvent être précédés du morphème (a)pe qui indique l'aspect progressif 1 6 : i pe dormi >il dort, il est en train de dormir< tandis que la combinaison de (a)pe avec un segment appartenant à une autre classe serait agrammaticalc :
*i pe andà >il est dedans< *t pe azé >il n'a pas bu
il est en haut< *i pe âfame >il est avide< u
2.2.1. La morphologie du verbe Les verbes du créole seychellois - comme ceux du mauricien 1 7 - se répartissent en deux classes : A - verbes à deux formes, à savoir une forme courte à désinence zéro, et une forme longue à désinence -e; B - verbes qui n'ont qu'une seule forme.
"
V. X I I , 7 et 21, où le speaker à la radio distingue entre vwazé et vwazin, tandis que le manuscrit de l'autour ne présente qu'une seule forme voisin. C f . P A F E N 14.
Cf. CHAUDENSON 222: »[bèf] désigno à la fois le >bœuf< et la >vache< (seuls les éleveurs usent, parfois, du mot [vas] >vache< qu'ignore le langage courant).« 15 Cf. HALL, »Form-classes«, 173. " Il y a, pourtant, une exception : pe peut se combiner avec quelques adjectifs qui deviennent alors on quelque sorte des verbes inchoatifs, v. § 5.1.2: i pe âkoler >il devient furieux, il se fâcheapporter< bat/bate >battre< kupllcupe >couper
penser, réfléchir< rod/rode >chercher< tajjtaje >courirtomberentendreLe/ce garçon tomba à terre.< Ce phénomène de »liaison« ne s'observe que d a n s le »refined creole«; pour plus d e détails v. § 2.2.3.e. Il n'existe q u ' u n seul verbe à alternance zéro¡4: vin/vini >venir, devenirfinir, terminer< a t o u j o u r s la forme longue. Les a u t r e s verbes en -i a p p a r t i e n n e n t à la classe B. 2.2.3. L a classe B comprend : a) Les verbes en -e, lorsque celui-ci est précédé d ' u n groupe de consonnes, sauf r + c o n s o n n e " : aste/- >acheter< môtrel- >montrer, enseigner< promnej- >se promoner< etidjej- >étudier
fermer< marsjmarse >marcher< dbark/abarke >embarquer
ensembleépouserpariervouloir< et, naturellement, les verbes monosyllabiques en -e (ne >naîtresciermettrebattre< (v. § 2.2.2). e) Sont également issus de verbes français en -re, plus exactement de verbes en -dre : defan >défendre< desan >descendre< fan" >fendre< pen >peindre< pon >pondre
vendre< zwen >rencontrer
Je vais te rencontrera Mô ti defâd u. >Je voub ai défendu.< Dans le parler de plusieurs témoins que nous avons interrogés, les formes en -b/-d n'apparaissent jamais. Les locuteurs qui appartiennent à une couche socio-culturelle plus élevée disent, en général, repôd, râd, vàd, etc., devant le pronom u", mais très rarement dans d'autres contextes. D'un même témoin nous avons entendu: Mô van ë kâtite legim. >Je vends beaucoup de légumes.< I deman ë ver. >11 demande un verre.< Mô ti zwëd ë vje tôtô. >J'ai rencontré un vieux bonhomme.< Mô lob ater a été qualifié d'affecté par un locuteur qui, néanmoins, le disait spontanément à un autre moment. Il ne faisait pourtant pas toutes " Variante sii-re/- >suivreêtre debout< lapes >pêcher< kasjet >se cacher< sek, mir >sécher, mûrir< loger >lutter< travaj >travailler< drajv" >conduire (une voiture)< < angl. to drive
2.2.4. En ce qui concerne la distribution des formes longues et courtes
des verbes de la classe A, nous n'avons que peu de choses à ajouter aux règles formulées par P A P E N ( 2 6 ) " . La forme courte est employée à l'intérieur du mot phonétique, c'est-àdire: - devant le complément (nominal ou pronominal, »direct« ou »indirect«) : VIII, 107-8: zot a don mwa lame rod l trezor. >vous m'aiderez à chercher un trésor.«
- devant l'attribut: SA: Sô lekor in vin kuler ruz. >Son corps est devenu rouge.
quand ses servantes allaient chercher de l'eau, . . .
Ils allaient et venaient.« alime taje >bombe< (mot à mot : >allumer et courir«) a noté drajv et draj, »The latter being >more creole«, I think«, lettre du 1er décembre 1974. " V. aussi PAPEN, »Nana k nana, nana k napa«. Pour la distribution des deux formes en mauricien, v. GOODMAN 61-62 et 64; CORNE, Mauricien, " CORNE
18.
32
2. Les classes
aynlagmatiques
- devant un adverbe : I, 69: Zot ariv la-ba )Ils arrivent là-bas< L'emploi des deux formes est facultatif devant les syntagmes prépositionnels. Dans la plupart des cas, on trouve la forme courte devant les S P de but ou de lieu : I, 9: I ana de amen mô pe sers apre u.
>11 y a deux semaines que je te chercher
XII, 12: I esej apros kot sô lakur . . .
>Elle essaie de s'approcher de sa cour . . .
fou, folle< a deux formes à tous les niveaux du langage. Des féminins figés se sont maintenus dans des expressions toutes faites comme bon-volôte (au lieu de bô lavolôte) et
vjej-fij.
2.4. Le pronom (Pron)
Nous appelons pronoms les substituts qui peuvent prendre la place du syntagme nominal dans la fonction de sujet ou de complément" : Sa triva zom pe rod ë zanimo. >Ces trois hommes sont en train de chercher un animal.< Zot pe rod li. >11« sont en train de le cherchera Tu lezot pa dir narjè. >Tous les autres ne disent rien.< " Pour cette raison nous ne sommes pas d'accord avec Marguerite S a i n t J a c q u e s F a u q u e n o y 102, note 38: »Pouvant commuter on seconde position des deux formes de l'énoncé minimum avec les monèmes du type malad >maladelointardlàAïe, aïe, ma dent, zut!< 3. La phrase (P) Nous décrirons d'abord la structure de la phrase minimale affirmative, c'est-à-dire de la phrase à deux constituants obligatoires : un syntagme nominal SN, qui a la fonction de sujet, et un syntagme verbal SV, qui a la fonction de prédicat; ces constituants obligatoires sont suivis de constituants facultatifs, de l'adverbe Adv et/ou du syntagme prépositionnel SP: P
S N + SV + (Adv) + ( S P ) "
Pour les phrases dans lesquelles le verbe est transitif, P peut être réécrit P
S N + Vt r + (SN) + (SN) + (Adv) + (SP)
Si V est un verbe copulatif, la structure de P est P -»• S N + V c o p +
SN SAdj Adv SP
+ (Adv) + (SP)
ce qui signifie que le verbe copulatif est suivi d'un syntagme nominal, adjectival ou prépositionnel, ou d'un adverbe. 4. Le syntagme nominal (SN) La structure du SN est la suivante : SN SN
(D) + (Adjdit) + (Adj» n t) + N + (Adjpost) + (SN) + (Rel) Pron
S N -> N p r 0 p
autrement dit, le SN peut être formé a) d'un constituant obligatoire N, le nom, et de plusieurs constituants facultatifs, à savoir - le déterminant D et l'adjectif déterminatif Adj d i t , - l'adjectif qualificatif antéposé Adj ant et postposé A d j ^ , - un syntagme nominal SN, - une phrase relative Rel ; b) d'un pronom Pron; c) d'un nom propre N prop . " L'ordre des deux derniers constituants peut aussi être (SP) + (Adv).
36
4. Le ayntagme nominal
4.1. Les déterminants Nous avons vu que le constituant D est facultatif, le nom seul peut donc former le SN (ou, autrement dit, D peut être zéro en créole) : Banan in mir. >Les bananes ont mûri (sont mûres).< I X , 19: Serpà i fer ë sel dvale. >Le serpent avala tout d'un coup.
Tous les autres rats répondent« mais tu postposé se trouve beaucoup plus fréquemment après un pronom, v. § 4.6.1. A côté de tu, il y a une variante tu-le >tous, toutes, chaque« : tu-le de lasjet »toutes les deux assiettes< tu-le maté >chaque matin< tu-le merkredi swar >tous les mercredis soir< employé devant numéraux, devant des expressions temporelles, et dans l'expression â tu-le lca >en tout cas
La liste qui suit n'est certainement pas exhaustive.
40
4. Le ayntagme nominal
dektvali >assezdans n'importe quel magasin
quelque< I, 158-9: mô sâti kek ti loder par la. >je sens quelque petite odeur par là.
propre< : zot prop no >leurs propres noms« lot >autre< (sing.) : ê lot zurlfwa >u» autre jour/une autre fois
autres< (plur.): lezot plÂtasjô >les autres cultures< serten »certain, -eune certaine époque< divers >divers< : 3700 plâter divers nasjô >3700 planteurs de diverses nationalités< diferâ >différent< : SA : tu sa ban diferâ kalite fier >toutes ces différentes sortes de fleurs
dernier< prose >prochainnotre, nos< zot >votre, vos< zot >leur(s)
mon, ma, mos< u >ton, ta, tes< sö >son, sa, see
Jacquot prépare toutes ses affaires. < Lera ek sö ban gardjë >Le rat avec ses gardiens« RS : Tu-le zur sa u bonfam i dir .. . >Tous les jours t a femme te dit . . .< SA: Tu-le de sö pti garsö >Ses deux petits fils< Le possessif se place donc après tu (et sa, mais cette combinaison est rare) et après tu-le + numéral cardinal ; avant ban et les autres déterminants. Parfois, des formes »françaises« s'observent dans des apostrophes: via fij >ma fillemes amisPendant tout le temps que nous sommes mariés . . .< I, 112: Sùgula sö vät ti'n plè >le ventre de Soungoula était plein< SA: Zot prâ sö nô sa solda. >Ils prennent le nom de ce soldat.< Sö est souvent employé avec des expressions de t e m p s : sö lanmé >le londemain< (très courant) sö zedi prose >jeudi prochain< Marc 16, 2: S i dimâs lo solej leve . . . >Le dimanche, au lever du soleil . . .< 4 . 2 . L'adjectif qualificatif
(épithète)
»The descriptive adjective in some cases précédés and in other follows the noun it qualifies. In this respect French is usually a safe guide.« Cette remarque de T A Y L O R concernant le créole de la Dominique" est également valable pour le créole des Seychelles, mais tâchons de donner quelques précisions:
" Cité in GOODMAN 2 2 . Cf. S A I N T J A C Q U E S F A U Q U E N O Y 1 0 4 : »Comme déterminant. d'un nom, l'adjectif se place avant ou après le nom. E n ceci, le guyanais suit assez fidèlement le modèle français.« Cf. aussi C H A U D E N S O N 369.
4.2. L'adjectif qualificatif
(épithitt)
4.2.1. L'adjectif qualificatif antéposé
43
(Adj^J
Le nombre des adjectifs antéposés est plus restreint en créole qu'en français. BAKER en a enregistré 17 en mauricien (84-85) ; PAPEN en relève
13 pour le seychellois (mais ne prétend pas que sa liste soit complète47), à savoir: bel >grand, imposant, beau«" : ê bel bonfam »une femme de belle apparence< s6 pli bel fotej >son plus beau fauteuil
bon< : ê bô distâs >une bonne distance< grâ >grand< : ë grâ motaj >une haute montagne< gro >gros< : ë gro divâ >un vent fort< log »long, de grande taille< : ë log bug >un homme grand< move >mauvais< : u niove labitid >tes mauvaises habitudes« nuvo >nouveau< : ë nuvo lepok >une nouvelle époque< pov >pauvre< : ë pov vev >une pauvre veuve< pov djab! >pauvre diable!, le pauvre!
petit< ; sô pti larzd Ici reste >le peu d'argent qui lui reste< X I , 66-67 : A be, ma fi), mô bjê kôtd u pti marjaz. »Vraiment, m a fille, je suis très contente de ton petit mariage.
vieux< : ë vje lëz >un vieux vêtement< mô vje gâte >mon chéri, m a chérie«"
zâti >gentil
jeune< : sa ban zen agogo40 >ces jeunes gens, ces gommeux« zoli >beau, joli< : ë zoli zom >un bel homme« zot zoli pti pei »votre joli petit pays
défunt< : u defë frer »votre défunt frère< faj >mauvais< : ë faj bug >un sale type«®1 fo >faux< : 10: »TYPE TWO adjectives include t h e following . . .« Le sens de ce m o t est difficile à définir. L'adjectif allemand stcUtlich nous parait u n bon équivalent. P A P E N donne >big (and strong). . . quelle un tout petit pays«.
44
4.2. L'adjectif qualificatif
4.2.2. L'adjectif
qualificatif
45
(épithète) postposé
(Adjpost)
Il se peut que la classe des A d j t soit une classe fermée en créole seychellois" ; la classe des A d j p o s t , par contre, est, comme en français, une classe ouverte de qualificatifs qui »indique[nt] une qualité distinctive de ce dont on parle«", p. ex.: a n
ê pul blâ >une poule blanche< ê rob nef >une robe neuve« lavjan ¡cri >la viande crue
eau chaude< larivijer kre >la rivière profonde< làgaz kreol >la langue créole
bientrèsasseztropun peuune question trop difficile« è pwa bjè lur >un poids bien lourd< ê lca bjë-bjë serje >un cas très sérieux«
4.2.3. D'après le témoignage de notre corpus, l'adjectif seychellois semble avoir tendance à rester à sa place »naturelle«. Nous n'avons trouvé aucun exemple de l'antéposition d'un Adjpost pour des fins stylistiques. Parmi les A d j a n t , quelques-uns sont parfois mis après le nom (nous avons relevé for, log, pov et tris dans cette position), sans qu'on puisse, dans la plupart des cas, observer un changement de sens (sauf pour pov, qui, postposé, ne peut pas signifier >à plaindre«): lamds log >manches longues« - u log vizit >votre longue visite« sa tria nuvel >la triste nouvelle« - ê dezer tris >un désert triste«
4.2.4. Si plusieurs adjectifs accompagnent un nom, ils sont mis à leurs places habituelles: c bô pti nuvel >une bonne petite nouvelle« c vje grd rob nwar >une vieille grande robe noire«
Deux adjectifs coordonnés sont, en principe, postposés : SA : ê dezer tris e terib >un désert triste et terrible«
mais nous avons aussi noté : XI, 126: dâ ê grd e zoli bato kom sa >dans un beau et grand bateau comme ça«
57
Nous no nous dissimulons pas que cette conclusion est, pour le moment, prématurée, elle devrait être vérifiée par de futures recherches. Toutefois, la manière dont s'exprime B A K E R indique qu'il a conclu dans le même sens: »Group Two Adjectives (A 2). There are seventeen adjectives in this group [ . . . ] « (84). Grammaire Larousse, § 315.
4. Le syntagme nominal
46 4.3. Le SN déterminatif
ou qualificatif
(SNdét)
Le n o m en t a n t que n o y a u d u SN p e u t être suivi d ' u n SN déterminatif ou qualificatif: lakaz mô frer >la maison de mon frèrec è zom ê bô laz >un homme d'un certain âge< qui est, t r è s f r é q u e m m e n t , u n nom seul : biro lêformasjô >le bureau d'information< è grâ, sapo lapa] >un grand chapeau de paille< è lalàp petrol >une lampe à pétrole< mô larzâ legim >l'argent pour mes légumes< sa nuvo guvernmà Lâgleter >le nouveau gouvernement de l'Angleterre< Le SN ou N déterminatif correspond a u x divers compléments d e détermination qui, en français, se joignent a u nom à l'aide d ' u n e préposition, s u r t o u t à ou de (qui, tous les deux, ne subsistent pas en créole), et, comme en français, ils indiquent des r a p p o r t s très variés e n t r e le nom principal et le n o m déterminatif, p . e x . 5 ' : - sujet (nom d'agent) - complément d ' o b j e t : sâzer larzâ >changeur d'argent< voler koko >voleur de noix de coco< - nom d ' a c t i o n - complément d ' o b j e t : netojaz lasam >nettoyage de la chambre< - possession : lerwa zàs Zwif >le roi des Juifa< zistwar Sesel >l'histoire des Seychellos< lagel sa sak >l'ouverture de ce sac< - espèce, genre: lavjan pid >viande de poulet< delwil koko >huile de coco< lekol kolcz >collège, lycée< - matière : è grò bui fer >une grande boule do fernous deux, frère J a c q u o t ot moi, nous forons du bon travail.« X I I I , 63-4: Papa, si zot de Mâza zot kôtd, mwa osi mô a kôtà. >Papa, si vous deux, m a m a n et toi, vous êtes contents, moi aussi, je serai contente.«* 3 4.6.2.
Autres
pronoms
sa >ce, ceci, cela, ça, celui, celle, ceux, celles«: Sa i bjè. >C'est bien.« I, 38: pa koz sa ek person. >ne le dis à personne.« 1, 51 : pa kas sa ki mir, zis sa ki ver*1. >ne cueille pas les mûres, cueille les vertes seulement.« SA: I kôtije don bwar sa ki swa-dizâ sô bô zami. >11 continue de donner à boire à celui qui prétend être son bon ami.« Sa-mem, sa-la, sont des formes emphatiques, avec une valeur démonstrative plus forte : sa-la, dans notre corpus, ne se trouve qu'après tu, qui peut également précéder sa : " Cf. GBEVISSK, § 471, 5°, R e m a r q u e : »Les tournures Nous deux mon frère, nous l'avons fait; nous l'avons fait avec mon frère appartiennent au français populaire ou familier.« Cf. aussi GUIRAUD, Le français populaire, 79: *Nou8 deux mon chien.« •4 Cette construction est souvent préférée à un adjectif substantivé.
50
4. Le syntagme
nominal
I, 87-8: sa-mem ki'n aulaz mwa è pe. >cela m'a soulagé un peu.< I, 36-7 : tu sa ki u mazine dâ u lavi. >tout ce que tu peux imaginer dans ta vie.< AA: » ti dir mwa bril tu sa-la. >il m'a dit de brûler tout cela.< Remarque: sa à la place d'un pronom personnel de la troisième personne peut avoir une valeur péjorative" : SA : Me sa in bwar plia ki mwa, sa ? >Mais celui-là, il aurait bu plus que moi, ce type ?< SA: Mô ana swa-dizâ è bonom, sa i parej ê zomba, e mô pa tro Iwè pu mwa kit li. Sa i sovaz, i sd-kôprâ viv, e i ana lipje log. >J'ai un soi-disant mari, c'est une sorte de pantin, et je ne suis pas loin de le quitter. Il est sauvage, il n'a pas de savoir-vivre, il aime vagabondera sen-la, sel-la (plus rare") >celui(-là)Qui peut pardonner les péchés ?< en >un, une, l'un, l'une< : VIII, 13: i dir ek en sô piti . . . >il dit & un de ses fils . . .< I, 61 : mô don u zis en, demë gaj lespri. >je t'en donne juste une, tâche d'être plus malin demain.< SA: Dâ sa festé ti napa en ki vo plis ki mwa. >A ce festin, il n'y avait personne qui valait plus que moi.< En d e v a n t un adjectif ou une relative remplace un nom qu'on ne veut pas répéter pour des raisons stylistiques (cf. one en anglais) : I, 230-1 : i don Sûgula è bléket ruz, i don Torti en ver, >il donne une couverture rouge à Soungoula, il en donne une verte (a green one) à TortueRegarde ces singes là-haut sur le manguier! Regarde, le plus grand est en train de monter et descendre dans les branches.< X I , 40-1 : bonfam ti'n al aste ë friiez parski sô en avà kdkrela ti'n komâs beke >la femme était allée acheter un châle parce que les cancrelats avaient commencé à manger celui qu'elle avait« en/lot >l'un/l'autre< •* Cf. G R E V I S S E , § 5 3 5 : »Cela, ça peuvent, dans la langue familière, désigner des personnes; dans ce cas, ils traduisent parfois le mépris, la tendresse ou quelque autre mouvement affectif.« •• Nos témoins préfèrent ki sen-la, DS (v. A. 10) : *Ki sen-la is most common, ki sel-la doesn't sound good to me.«
4.6. Le» pronom»
51
Marc 10, 37 : Ler u âtre dd u laglwar, permet nu asize, en lo u drwat e lot lo u go». >Quand tu entres dans t a gloire, accorde-nous de siéger, l'un à t a droite et l'autre à ta gauche.< kamarad >l'un l'autre, les uns les autres, l'un avec l'autre, etc.< de dimun ki kOtd kamarad >deux personnes qui s'aiment< SA : Zot in atrap lamë kamarad. >Ils se tenaient par la main.< SA : Tu metje i bjê êportd, e napa ki pli ëportd ki kamarad. >Tous les métiers sont très importants, et il n'y a pas un qui soit plus important que les autres.< Marc 13, 2: Pa pu reste ë sel ros lo kamarad. >11 ne restera pas pierre sur pierre.< (tu) lezot >(tous) les a u t r e s c Marc 15, 31 : I ti sov lezot, i pa nobu sov sO prop lekor. >11 a sauvé les autres, et il ne peut pas se sauver lui-même.< (tu) leres >les autres, le reste< : leres sô ban frer >ses autres frères< (mot à mot : >les autres de ses frères. . . et ce que tu peux me donner encore.< dimun''' >quelqu'un, les gens, on< kek dimun >quelqu'un< ë dimun >quelqu'un< (aussi : >une personnetout le monde< (kelkë >quelqu'unJe cherche quelqu'un qui puisse m'apprendre le créole.< SA : ban fri ki dimun i kase lo ban pje ki bjê o >les fruits que les gens cueillent sur les arbres qui sont très hauts« AA : Dimun i respekte u. >On vous respecter SA: Eski u ti bizwë war kek dimun isi? >Vous vouliez voir quelqu'un ici ?< Ê dimun (kelkë) pe tap mô laport. >Quelqu'un frappe à ma porte.< X I I , 96-7 : pu tu dimun »a i natirel. >pour tout le monde, c'est naturels kek-soz, ket-soz•• >quelque chose< c kek-soz/ket-soz >quelque chose< (aussi : >une chosequiconque, n ' i m p o r t e qui/quoielles seront toutes mûres« I, 107 : lPie fer tu kek-soz dà u-mem >Tu ne veux en faire qu'à t a tête«
ban11 >ceux, celles« I, 97 : Ban komà u, mô aste e revan è miljô. >Des gens comme toi, j'en achète et j'en vends des millions.« I I I , 45-6: laren ek sô fij i dà ban ki Ljô in tuje. >la reine et sa fille sont parmi ceux que Lion a tués.« ê ban/lezot, ê ban/ë ban >les uns/les autres« Marc 12, 5: . . . apre, lezot ki i âvoje, è ban zot bate, lezot zot tuje. >. . . puis il envoya plusieurs autres, ils battirent les uns, ils tuèrent les autres.« VI, 106-7 : E ban plàter i kupaj dibwa, ê ban i fuj tru, e è ban i plâte. V . C H A U D E N S O N 685: réun. »[aryë] Rien. Maur., rod., seycli.: [naryêj >rienayen: rien« (J) >id.< (D). Guyan.: [àyë]: >rienarien: rien; je veux arien« (D). [. . .] >Arrien< apparaît encore dans les parlera du Sud-Ouest (>Périg., land.« F E W , X, 285, b). L ' F E W , en revanche, ne mentionne pas une attestation intéressante pour notre propos: >arrien: rien« Boul. Deseille.« " Quelques locuteurs distinguent entre nèport ki (personnes) et néport kwa (choses), mais c'est probablement une interférence du français. Pour m'importe quoi«, on dit le plus souvent nèport ki kek-soz: Sa lisjè i mâz nèport ki kek-soz. >Ce chien mange n'importe quoi.« " P A P E N 16, a aussi noté ban-la: »ban(-la) is used t o refer to a group of people or things which the speaker considers to be some kind of unit as in: Ban-la pa pu vin travay ozordi. >Those people/they aren't going to come to work today.«« Ban-la, pourtant, ne figure pas dans notre corpus et nous avons l'impression qu'il n'est pas grammaticalisé en seych. comme il l'est en mauricien, v. B A K E R 72. ,0
4.6. Les pronoms
53
>Quelques planteurs déboisent le terrain, d'autres creusent, d ' a u t r e s plantent.< ë ban, en-de, de-trwa >quelques-uns, quelques-unes< plizjer >plusieurs< AA : Parmi zot ti ana de-trwa ki ti kôtd sof nu rob ê pe. >Parmi elles, il y en avait quelques-unes qui aimaient nous donner des coups.< ki (interrogatif et relatif) >qui, que, etc.< Ki zot pe rode ? >Qu'est-ce qu'ils cherchent ?< kwa >quoi< I, 104-5: Avek kwa u ti tuf pu u? >Avec quoi as-tu couvert les tiennes ?< lekel >lequel, laquelle, lesquels, lesquelles< Lekel ât zot de in aie? >Lequel des deux est parti ?< (sa ki) pu mwa, pu u, etc. >Ie mien, le tien, etc.< I, 103-4: Zako i dekuver pu li, e i dir: *Mô dalô, tu pu mwa i âkor ver.* >Jacquot ouvre son sac et d i t : »Mon ami, toutes les miennes sont encore vertes. «< SA : Sa move lespri ki u ana dà u latet, me mwa, mS napa dà sa ki pu mwa. >Ce8 mauvaises idées que vous avez dans la tête, moi, je ne les ai pas d a n s la mienne.< SA : Saken ti pe pretan ki sô metje i pli êportd ki pu sô kamarad. >Chacun prétendait que son métier était plus important que celui des autres.< 4.6.3. Les pronoms qui indiquent un nombre, défini ou indéfini, de personnes ou de choses, peuvent être suivis d'un S N déterminatif: plizjer sô ban travajer »plusieurs de ses travailleurs« oken sa ban metje teknik >aucun de ces métiers techniques« en sô piti >un de ses enfants< Après lekel, c'est un S P au lieu d'un S N : X I I I , 22: lekel dà mô de fij »laquelle do mes deux filles« lekel àt zot de >lequel d'entre les deux< lekel parmi zot tu »lequel parmi eux tous< 5. Le syntagme
verbal (SV)
Le SV est constitué de l'auxiliaire Aux et du groupe verbal GV : SV -> Aux + GV [V + (SN) + (SN) GV SN ' -f (Adv) + (SP)» SAdj SAdv SP " Nous ne distinguons pas, dans cette grammaire sommaire, entre le Adv/SP constituant de GV et le Adv/SP constituant de P.
5. Le ayntagme verbal
54
Cf. supra, § 3. Le constituant Aux se compose de morphèmes prédicatifs de temps, d'aspect et de mode 74 . 5.1. Les morphèmes
prédicatifs
5.1.1. Zéro. La forme non-marquée du verbe - base verbale sans particule temporelle, aspectuelle ou modale - possède la valeur du présent français75, c'est-à-dire qu'elle désigne: - le présent actuel : Komela tnó tir mô marmit lo dite. >Maintenant j'enlève ma marmite du feu.< La i la! >Le voici !
Les Seychelles sont un beau pays.< Ban fam seseluia zot lav zot lëz larivjer. Seychelloises lavent le linge dans la rivière.
LOH
- le présent »historique« ; un regard rapide sur les textes de notre anthologie montrera que le présent est le temps narratif par excellence du conte créole7'. Après une brève introduction au passé, le reste du récit se déroule au présent77, cf. I, 4 sqq., II, 3 sqq., III, 3 sqq., etc. - le futur immédiat (plus rarement qu'en français) I, 32 : Mô vini, mô frer >J'arrive, mon frère
• T p s + (Parf) + (M) + (Parf) [temps, personne, nombre, parfait, modal], v. 93. " Cf. Grammaire Larousse, § 4 7 3 - 4 7 9 . Cf. aussi les contes de BAISSAC, Folk-lore. 77 Ceci n'est pas tout à fait exact: le passé réapparaît souvent au début d'un nouveau paragraphe. ~> Cf. Q U I R K et al. 9 2 : »Progressive aspect: indicates temporariness - an action in progress instead of the occurrence of an action or the existence of a stato.« - E. H E R M A N N a proposé les termes komplexiv : kursiv, qui nous semblent bien choisis, cf. H E O E R 2 3 , note 4 3 : »>Der Unterschied zwischen kursiv und komplexiv (wofür icli in diesem Aufsatz imperfektiv und perfektiv gebrauche) ist, bildlich ausgedrückt, so, daß man sich beim kursiven (imperfektiven) Verb gewissermaßen in das Innere der Handlung [. . .] hineinversetzt, während man sie beim koinplexiven (perfektiven) von außen betrachtet.«!
5.1. Les morphèmes
prédicatifs
55
Mö ser i sût bjè, i kôtâ sâte. >Ma sœur chant« bien, elle aime chanter.< Mö »er f i ) (a)pe säte. >Ma sœur est en train de chanter.< Lapli pe tôbe. >11 pleut.< Si le prédicat se constitue du verbe copulatif 0 et d'un adjectif (v. § 5.3.3), (a)pe peut prendre un sens inchoatif, c'est-à-dire qu'il exprime un état commençant ou en progression : Mö pe âkoler. >Je me fâche.< - Mo âkoler. >Je suis furieuse.< Mö pe lafë. >Je commence à avoir faim.< - Mö lafê. >J'ai faim.< (>I am getting hungry.I am hungry.Je commence à m'accorder avec lui.< Nit pe bjè ek kamarad >NO8 relations s'améliorent, deviennent amicales.< Ape est une variante libre de pe (ce dernier étant plus courant), qui rappelle la base étymologique du morphème: après,0. Ape se trouve surtout après ti. 5.1.3. ti81 exprime le passé, défini ou indéfini; il est comparable au past tense de l'anglais : D E : Parti demokratik ti gaj eleksjö â 1967 e âkor à 1970. >Le Parti Démocratique a gagné les élections en 1967 et en 1970.< D E : Ler kestjô lëdepâdâs Sesel ti leve dd Nasjöz-ini lane pose, Larisi e Lasin kominis ti vot wi, e Lamerik, olje dir nö, ti préféré pa vote. >Quand la question de l'indépendance des Seychelles f u t levée aux Nations Unies l'année passée, la Russie et la Chine communiste votèrent oui, et les E t a t s Unis, au lieu de dire non, s'abstinrent.< II, 1-2: Ti ana ë fwa ti ana ê rwa ki ti reste dd è pei kot delo ti rar. I ti'n fer li ê base, me sö basé pa ti kuver. >11 était une fois un roi qui habitait dans un pays où l'eau était rare. Il s'était fait construire un réservoir d'eau, mais son réservoir n'était pas couverte Pour exprimer l'aspect progressif du passé, ti se combine avec (a)pe ; cette forme se traduit souvent par l'imparfait en français : " Bjè, dans cet exemple, doit être considéré comme adjectif. ,0 Le morphème aspectuel est issu du tour être après à, ou être après, v. C H A U D E N S O N 684: »la langue classique offre surtout le premier: Littré: >après à suivi d'un infinitif: être occupé àêtre aprèsc Ang. [. . .] >être après: être on train de< [. . .] Norm. [ . . . ] : >Etre après: id.être à + infinitifs II est, aujourd'hui encore, d ' u n emploi constant en français régional réunionnais et apparaît très souvent dans les documents anciens«.
S. Le syntagme
56
verbal
Marc 1, 16: Ler Zezi ti pe pas lo bor lamer Galile, i ti tcar de peser, Simô ek Adre sô frer, ki ti pe pas lasen dd lamer. >Comme J é s u s passait le long de la mer de Galilée, il vit deux pécheurs, Simon et André, frère de Simon, qui jetaient un filet d a n s la mer.< A A : Mô ti ape komàs trakase. >Je commençais à m'inquiéter.< 5.1.4.
finjin/n"
sert à désigner l'aspect accompli:
Dezene in pare. >Le déjeuner est prét.< I, 60 : tu pu mtva i'n mir! >toutes les miennes sont mûres !< I , 173: mô pa'n fini ek uf m'en ai-je pas fini avec toi ?< ou, comme le passé composé du français (code écrit) et le present de l'anglais, un passé »with current relevance« 8 ':
perfect
D E : Seselwa ki sorti deor i reste ebete pu war sa ki nu'n kapab akôpli pàdà trivaz-à. Nu'n uver premje erport ëternasjonal, e nu'n kôstri ë nuvo por. Nu'n atir kàtite kapital sorti deor pu lëdistri turis, i'n fer don kâtite djob e ë mejer lavi pu nu pep'*. >Les Seychellois qui reviennent d'outrc-mer sont étonnés de voir co que nous avons pu accomplir en trois ans. Nous avons ouvert le premier aéroport international, et nous avons construit u n nouveau port. Nous avons attiré des capitaux étrangers pour l'industrie touristique, ce qui a créé beaucoup d'emplois et procuré un meilleur niveau de vie à notre peuples La variante fin appartient, selon toute apparence, au code écrit. N o u s l'avons relevée dans beaucoup de manuscrits de divers auteurs, dans une pièce de propagande électorale, dans un avis (dactylographié) de la police", mais nous ne l'avons pas entendu", pas m ê m e dans les discours électoraux à la radio, dont le débit était beaucoup moins rapide que le débit normal. M. A C C O U C H E en use souvent par écrit, mais jamais dans un conte qu'il nous a raconté spontanément. In est donc la forme »normale«, elle est toujours élidée après mô, u, i, nu, pa, H, a, pu, ki, si: mô'n, u'n, etc., parfois, dans un débit rapide, aussi après d'autres m o t s
" »Sans aucun doute, le tour est issu de >finir deAprès que Jean eut été emprisonné, Jésus vint en Galilée.
Tu viens à la boutique (dans quelques minutes) ?< U pu vin Pralê? >Tu viens à Praslin (la semaine prochaine) ?< 17
Mais un témoin nous a précisé: >it should be dezene in pare, zot in aie*. " Pu découle du tour français être pour, qui, au 16ème et au 17ème siècles^ équivaut souvent à un vrai futur, v. CHAUDENSON 839 : «La construction est courante dans les parlera de l'Ouest«, et GREVISSE, § 6 5 6 , 6 ° . A, va, ava, se rattachent à va(s), du verbe aller, cf. CHAUDENSON 979-81. " V. PAFEN 22.
" Ibid. : »va ia considered to be somewhat >Frenchified< and occurs more raroly than the other variants.« "
QUIRK/GREENBAUM 4 7 .
•* Un informant nous a donné l'explication suivante: u pu arive >you will come, any time in the futureyou will come, more spécifié, at a fixed time, pretty soonJe serai riche un jour (c'est certain, puisque mes affaires vont très bion).< Les arive sa Ici pu arive. >Arrive ce qui peut arrivera Marc 6, 22-3: Alor lerwa i dir ek sa zen fij, »Deman mwa nèport kwa Ici u ule, mô a don u/« I fer sermà, i dir, »Nèport kwa ki u pu deman mwa, mem lamwatje mô rwajom, mô a don u.« >Le roi dit à la jeune fille: »Demande-moi ce que tu voudras, et je to le donnerai.« 11 ajouta avec serment: »Ce que tu me demanderas, je te lo donnerai, fût-ce la moitié de mon royaume.« Naturellement, il peut y avoir superposition des deux oppositions. Remarque: Ki u a fer? >Qu'est-ce qu'on peut faire ?on dirait, on croiraitTu vois, chaque fois qu'il raconte quelque chose, on dirait que c'est la première fois qu'on l'entend.< Les combinaisons pu pe, ava pe, pour exprimer le futur progressif, sont rares. 5.1.7. Pu/afva) + in (pu'n/a'n/ava'n) sont employés pour l'aspect accompli du futur, plus ou moins équivalent du futur antérieur français : I, 26: 1er aiz-er i a sone, nu o'n fini arive. >quand six heures auront sonné, nous serons arrivés.< Marc 14, 30: Krwar mwa 1er mô dir u, ki ozordi mem, tâto, avd ki kok i a'n aât de fwa, u a'n renje trwa fwa ki u kon mwa. >Crois-moi quand je te dis qu'aujourd'hui même, ce soir, avant que lo coq ne chante deux fois, tu nieras trois fois que tu me connais.< 5.1.8. La combinaison de ti et pu/a(va) tionnel présent français, c'est-à-dire - le futur du passé (valeur temporelle)
remplit les fonctions du condi-
Marc 14, 44: Alor Zida, ki ti pu trai Zezi, ti'n aràz pu don zot ê sijal. >Alors Judas, qui devait trahir Jésus, leur avait donné un signe.< - le conditionnel (valeur modale) JVÎô ti a kôtà kone . . . >Je voudrais savoir . . .< I, 27 : Be frer Zako, ti a pli bô si u ti a dormi kot mwa tâto. >Ben, frère Jacquot, ce serait mieux si tu couchais chez moi ce soir.< " Chris CORNE, tout en admettant que »Seychellois is still obscure to me on this point«, nous signale que ta can be stressed: nu a fer sa!, to indicate certainty of intention« (lettre du 1 er juillet 1974).
5.1. Les morphèmes
prédicatifs
59
Au conditionnel passé correspond la combinaison des morphèmes ti pNotre gouvernement aurait pu rester au pouvoir pour encore plus d ' u n an.< D E : Avek sa larzd ki ti fer nuvo por, ti a'n kapab fer ose lakaz pu tu Seselwa ki napa lakaz, ti a'n kapab fer ë nuvo lopital, ti a'n kapab fer ë kolstor avek de-trwa bato lapes. >Avec l'argent que le nouveau port a coûté, on aurait pu construire assez de maisons pour tous les Seychellois qui n'en ont pas, on aurait pu construire un nouvel hôpital, on aurait pu faire une glacière et quelques bateaux de pêche.< 5.1.9. fek" a le même sens que la périphrase venir de + infinitif en français: Bertrà (i) fek mdze. Bertrd in fek mdze. >Bertrand vient de manger.< X I I , 1 : Alors ë zur ti ana de zen dimun ki ti'n fek marje. >11 était une fois deux jeunes gens qui venaient de se marier.< Dans les deux derniers exemples, fek pourrait être analysé non comme morphème prédicatif, mais comme adverbe de temps", de même lorsqu'il se combine avec d'autres morphèmes. Il a, dans ces cas-là, la même distribution comme par exemple les adverbes deza, osi nek, zis, etc.". Bertrà i a'n fek mdze. - B. i a'n deza mdze. B. ti a'n fek (fini) mdze. - B. ti a'n osi (fini) B. ti fek pe mdze. - B. ti nek pe mdze. E t c .
màze.
5.1.10. Il n'est pas aisé de déterminer lesquelles des combinaisons de morphèmes prédicatifs sont acceptables et lesquelles ne le sont pas", étant donné que le locuteur créole moyen évitera des formes très complexes comme i ti a'n fek pe mâze (notre corpus n'offre rien de semblable). " De ne faire que (de), qui »sert à exprimer un passé rapproché [. . .] Au X V I I e siècle, la distinction [entre ne faire que de et ne faire que, qui, aujourd'hui, signifie >ne faire autre chose queDis-moi ce que tu veux; dites-moi ce que vous voulez.< La première personne du pluriel de l'impératif est formée à l'aide du morphème anu" : Anu aie! >Allons-nous en!; Allons-y!< I, 66: anu prd nu gadjak. >prenons notre petit déjeuner.< Anu seul peut servir d'impératif du verbe al(e)1'0 : Marc 1, 38: Anu dd ban lavil pre ek isi . . . >Allons dans les bourgades voisines . . .< et il p e u t signifier >viens, venez (avec moi)Venez avec moi, vous tous!< 5.1.12. Le gérondif Le gérondif est la seule forme verbale à désinence, il est identique au gérondif français, et d ' u n emploi assez fréquent dans les textes de notre corpus. Notons que devant un verbe à initiale vocalique, â se prononce t o u j o u r s [an]: RS : A arivd [ànarivâ] kot li, i dir avek sô bonfam: >En arrivant chez elle, il dit à sa femme< : X I , 132: Madam Lamur i dir d plerâ: >Madame Lamour dit en pleurante
"
Cf. PAPEN 21.
" Maur. rod. id., réun. aussi alO, anô, < allons, v. CHAUDKNSON 680: »Le changement de >1< en >n< [. . .] parait résulter de l'existence de deux tours français proches : >allons + inf.< et >à nous de . . .Soungoula dit à Jacquot . . .< Au futur formé avec a(va) et aux temps formés avec des combinaisons de morphèmes dont a(va) est le premier élément, i est employé presque toujours (des exemples sans i v. I, 199 et 267; II, 70). I n'est pas employé devant ti et devant pa (là aussi, il y a de rares exceptions, v. I, 258 et 260). Devant pe et fek, l'emploi de i est facultatif, les formes sans i sont cependant beaucoup plus courantes que celles avec i. On ne saurait dire ai le pronom apparaît devant in, parce que i + in donne nécessairement i'n, la forme phonique [in] peut donc être analysée comme in ou i + n: Ler in arive ou Ler i'n arive. >Le temps est venu.< Dans la transcription de nos textes, nous avons opté pour la première solution, PAPEN a choisi la seconde101. Les graphies du texte I portent à croire que i est facultatif devant in (fin) aussi ; on y lit Zaco y fine (I, notes 32 et 40) d'une part, Zaco fine aller, dejeuner fine parré, laporte cazeau fine cassé (notes 35, 36, 51 )103 d'autre part. Un autre argument en faveur de la reprise facultative du sujet devant in est fourni par l'emploi de zot au pluriel, p.ex. III, 46: La Sûgula ek Ljô zot in komàs . . . (pour le pluriel v. le paragraphe suivant). I se trouve également après des pronoms [ - personnels] : I, 52: tu i a'n fini mir. >elles seront toutes mûres.< I, 40: ça sera bon pour moi
on voit . . .
chacun plonge son petit bol lui-même« 101
Cf. en français populaire: Ma sœur il chante.
"* PAPEN 23, 2.8.6., et passim. Cf. 21 : »It is impossible to déterminé whether a form like Zâ in vini >John has come< is to be analyzed Zâ + i + n -f vini.« >" Cf. aussi X , 21, note 1.
5. Le syntagme verbat
62
mais il n'est pas utilisé après sa présentatif (v. § 5.3.5.1) : Sa è tre bô lide. >C'est une très bonne idée.< I, 47: tu aa-la u lafot. >tout ça, c'est de ta faute.
De fait, la bonne et Monsieur vont dans la case de S. et de J.
quand les servantes allaient chercher de l'eau
le8 soldats regardent . . . les soldats retirent . . .
Petit Roger prend lo livre.
M. Lejeune aime Mlle Cécile.< Les verbes transitifs affectés du trait [ + attr] admettent soit un objet »direct«, soit un objet »indirect«, ou bien les deux : Mo gràmamà i rakât é ziatwar. >Ma grand-mèro raconte une histoire.« X, 58: mô va rakôt u >je te le raconterai« ,Je donnerai cette robe à Marie-France.
il raconte l'histoire d ' A d a m et E v e à frère Jacquot.< 4. SN . dir Pron 1 deman
SN SN Pron (»direct«) (»indirect«) VII, 31 : rakôt u madam zistwar sa zako »raconte à t a femme l'histoire du singe
Ça va rendre votre femme plus malade encore.< X I , 181 : Sa garsô pe prà nu pu i èbesil. >Ce garçon nous prend pour des imbéciles.< I, 83 : I lav lasjet bjê prop. >11 lave les assiettes bien propres.
Le chien court.< I sifU komà i arive. >11 siffle quand il arrive.
La pêche était son passe-temps favori.
Je suis très malade.< I, 150: Sa i a bô mem. >Ce sera vraiment bien.< Sa zerb i bô pu mwajpu
mal-o-dd.
>Cette herbe est bonne pour moi/contre le mal aux dents.< SAdj
Adv d c g r t [ + comp] 1 " + Adj + (ki + SN)
Advdegrf [ + comp] ->• pli, mwê, osi X I , 6 : S es il ti pli mje (bô) ki
Fij. »Cécile était une fille plus gentille que Fifille.< I pa osi grà ki mwa. >11 n'est pas aussi grand que moi.
. . . ici dans la cour . . .< Zot fek dd lakur.
5.3.3.1. La copule >être< est, comme le montrent les exemples du paragraphe précédent, zéro en créole dans des phrases simples affirmatives. Elle prend la forme ete dans des phrases interrogatives et relatives : Mari ti âvil. Kot Mari ti ete? >Marie était en ville. Où était Marie ?< D'autres verbes qui peuvent servir de copule sont: vinj-i, ariv/-e >devenir(commencer à) devenir«, paret »paraître*, sable >semblerje serai malade, j'étais malades'ennuyers'appelers'arrêters'envolerse débattre^ lev/-e >se réveiller, se lever«, pour ne citer que quelques exemples, n'ont normalement pas cette construction : Ki majer u apelef >Comment t'appelles-tu ?< X I I , 6: sô madam ti okip lakaz. >sa femme s'occupait du ménages 10
: »On pourra voir [. . .] que plusieurs verbes pronominaux français ont été réduits à la forme simple en créole par disparition du pronom.«
' CHAUDENSON 951
66
5. Le syntagme verbal
E n créole, il y a deux possibilités d'exprimer le caractère réfléchi d'une action : 1 ° On peut se servir des pronoms personnels objet, soit à la forme simple, soit renforces par -metn : 1, 44 : si u sàti u pli bjê demé . . . >si t u te sens mieux demain . . .< SA: I tom li la-mem. >11 se laisse tomber là-même.< I dir (dd) li-mem . . . >11 se dit . . .< Avec dir, on use souvent du tour i dir dâ li-mem, ou i dir dâ sô leker >il se ditil se parle à lui-même< : 2° La construction typique du créole est V + mô lekor, u lekor, etc. 108 : D E : ë pep ki respekte sô lekor >un peuple qui se respecte< SA: Mô a servi mô lekor dernje. >Je me servirai le dernier.* SA: I'n ëvit sô lekor li-mem. >Elle s'était invitée elle-même.< D E : I neseser . . . pu nu deman nu lekor ki Parti Demokratik in fer . . . NO, Seselwa, anu frd avek nu lekor . . . >11 faut que nous nous demandions en que le Parti Démocratique a fait . . . Non, Seychellois, soyons francs avec nous-mêmes . . .< 5.3.4.1. Le pronom de la réciprocité est kamarad
(v. § 4.6.2):
Zot ti apel kamarad par zot nô gâte. >Ils s'appelèrent entre eux par des diminutifs.« 5.3.5. Constructions
impersonnelles
5.3.5.1. Présentatifs qui introduisent un SN: - i ana, ti ana, pu ana, etc. >il y a, il y avait, il y aura< napa, ti napa (aussi: pa ti ana), pu napa >il n'y a pas, il n'y avait pas, il n'y aura pasHop, mon ami, il y a presque trois semaines que je te chercher IV, 1 : È zur ti ana ë kok bjë malè-bug. >11 était une fois un coq bien malin.< I, 134: Msje, napa bujô ozordi. >Monsieur, il n'y a pas de bouillon aujourd'hui.< " " V. G O O D M A N 5 7 : »reflexive marker (le) C O R P S « , et C H A U D E N S O N 7 3 3 - 4 »les dialectes de l'Ouest usaient encore au X V I I e siècle de la locution >son corps< comme substitut du pronom réfléchi«. P A P E N 5 4 , note aussi mô latet, que nous n'avons relevé qu'une seule fois dans un conte où un roi, qui avait mal à la tête, »i al repoz sô latet fer-mal lo sô lili*. Réun. [éna], [na], [nana]/[na pa]; maur. [éna]/[pena]; rod. [éna]/[napa]. v. C H A U D E N S O N 9 6 3 - 4 . De U y en ajil n' (y) a pas.
5.3. Les classes de verbes
67
Ana/napa remplissent aussi la fonction du verbe >avoirVous avez un joli jardin.
Ton papa est un paresseux, il n'a rien à manger.
c'est< (souvent répété à la fin de la phrase) sa-mem (saj>c'est< (forme emphatique), tu sa-la >tout cela< Sa ë tre bô lide. >C'est une très bonne idée.< Sa ë bô lide sa. >C'est une bonne idée, ça.
C'est mon métier avec lequel je gagne ma vie.
Ça, c'est ma place.< I, 47 : tu sa-la u lafot >tout ça, c'est de ta faute
voici, voilà< Marc 3, 34 : I ti dir zot: »La mô mamà ek mô frerht >Voici, dit-il, ma mère et mes frères.
voil& Soungoula qui se met à crier
il faut< I, 198-9: Selmâ, pa bezwè tus sa ki mir
>Seulement, il ne faut pas toucher celles qui sont mûres
il ne faut pas pleurer< Le présentatif bezwè ne figure, dans nos textes, que dans des phrases négatives, mais M. CORNE nous communique 111 la phrase suivante: i bezuê u vini >il faut que vous veniezil faut que tu fermes les yeux< VIII, 60: e fodre ki u al lâtermâ >et il faut que tu ailles à l'enterrement
Qu'est-ce qui est arrivé ?< ki sen-la ki, si le sujet est [ + humain] : Seychellois, 29: »L'emploi de eski 1 serait une tournure française«, 44 : »Some Creole speakers consider the use of eski as somewhat >Frenchified< and thus not >real< Creole ; others feel that the use of eski should be restricted to questions addressed to one's superiors (i.e. one's boss, teacher, pastor etc.). In any case, the use of eski is well attested in Creole.« Peut-être se rattache-t-il à la »particule ti (ou i lorsque le mot précédent finit par un »t«) [qui] marque l'interrogation« dans le français populaire, CORNE, PAPEN
1,7 128
v . BAUCHE 134 e t FREI
159.
Lettre du 1er juin 1974. Cf. C O R N E , Seychellois, 29 sqq. ;
PAPEN
45 sqq.
T. La phrase
80
interrogatice
Marc 16, 3: Ki sen-la ki pu rul sa ros ki bar laràtre kavo pu nu? >Qui nous roulera la pierre loin do l'entrée du sépulcre ?
Qui a gagné les élections ?
quel, quelle sorte deoùToi. où dors-tu ?< kâ >quanddepuis quandjusqu'à quand< Depi kà i gaj sa maladi? >Depuis quand u-t-il cette maladie ?< kobjen-tà >combien de temps< Marc 9, 19: Kôbjen-tâ mô pu siport zot? >Combien de temps devrai-je vous supporter '!
à quelle heure* ki majer, komâ >commentComment t'appelles-tu ? I, 85: Ki majer u sâti u, mô frer? »Comment te sens-tu, mon frère ?< I, 8-9: Be ki majer, mô frer? >Eh bon, comment ça va, mon frère ?
avec qui/quoisur quipour quipourquoipour quoi faire, pourquoi Marc 4, 40: Akoz zot per kom sa? Akoz zot napa lafwa? >Pourquoi avez-vous ainsi peur ? Pourquoi n'avez-vous point de foi !< Marc 14, 4: Akfer gaspij sa bô lesâs kom sa? >A quoi bon gaspiller ce parfum ?< Marc 14, 63: Ferkvoa nu bezwè oken lezot temwê âkor? >Qu'avons-nous encore besoin d'autres témoins ?
7.2.5. Si l'interrogation vise à un attribut, c'est-à-dire un constituant (SN, SAdj, Adv, SP) d'un groupe verbal qui, dans la phrase affirmative, contient le VCop zéro, la copule apparaît sous la forme ete dans la phrase interrogative 1 " (v. § 5.3.3.1): Kote u ti ete? >Où as-tu été ?< XI, 146: Mamzel, ki nasjô u ete, s'il vous plaît? Mademoiselle, vous êtes de quelle nationalité, s'il vous plaît ?
Où est . . .Où sont . . .où est ma boîte ? . . . Mon petit, où est la boîte de papa ?
ah!oh< ajaja ! >o là là< be >ben, eh bieneh bienmais oui< 07070/ >aïe!< zot! >zut!( zut alors!, mon Dieu!, parbleu!< I, 76: Ajojo, ajojo, mô ledd, zot! >Aïe, aïe, aie, ma dent, zut alors !< e; e u la! >hé, hep; eh, vous!, eh, toi!< XI, 73 : E ula Fij, mô a fu u taler! >Eh, toi, Fifille, je vais t'envoyer une gifle tout à l'heure !< o >ôFrère Tortue!< grâ-mersi! >Dieu merci !< me u zom! >tu es formidable !< I, 37 : Mô dalô, me u zom ! >Mon ami, tu es vraiment formidable !< 9. Conjonctions et locutions
conjonctives
Dans cette esquisse d'une grammaire, nous nous sommes limité à décrire les constituants de la phrase simple, toutefois il nous paraît utile pour la lecture des textes d'énumérer encore rapidement les principales conjonctions que nous avons relevées dans notre corpus. Nous les groupons d'après la classification de G R E V I S S E , § 9 5 6 . 9.1. Conjonctions de coordination e >et< (av)ek >et< ne sert qu'à joindre des constituants de phrase, il ne peut pas relier des phrases : Frer Sûgula ek frer Torti >Frère Soungoula et frère Tortue< ni, e ni >ni< SA : Zot in tro eksite ki zot pa kôprâ ni mwa ni mô ban zofisje, e ni âtre zotmem zot napa ë kôtrol. >Ils étaient tellement excités qu'ils ne comprenaient ni moi ni mes officiers, et même entre eux ils ne se contrôlaient plus.< epi >(et) puis(et) alors, ensuiteet même< komâ icomme, tel que< : » • Cf. PAPEN 3 7 .
9.2. Conjonction» de subordination
83
VIII, 6-7: Dd sô zardë ti ana tu ras ¡colite legim, komà pti pwa, zariko, tripaedom, kSbar . . . >Dans son jardin il y avait t o u t e s sortes de légumes, comme des petits pois, des haricots, des ignames . . .
ainsi que< DE : Lafrik àkôtà ban zil obor Lafrik
»L'Afrique ainsi que les îles près de l'Afrique
maismais seulement«, selmâ >seulement« V, 8 : RcUre, selmd pa fer dd mô sak. >Entre, seulement ne fais pas d a n s mon sac.
mais< I, 166-7 : MB ti krwar mô'n vin isi ek êbô travajer, sa 1er mô'n vin ek ê bô voler. >Je croyais que j'étais venu ici avec un bon travailleur, meus je suis venu avec u n bon voleur.«
okôtrer >au contraire«, tu-d-mem >toutefoisau lieu« sa-mern >c'est pourquoi, pour cette raison« AA : Ti napa boku ter sa lepok, sa-mem zot ti bizwê fer sa.
>11 n ' y avait pas beaucoup de sœurs à l'époque, c'est pourquoi elles devaient faire cela.«
kom sa >ainsi< sâ kwa, sâ sa >sinon, autrement« V, 3-4 : Nô, mô pa pu amen u avek mtoa, sd sa Umar i a sove. >Non, je ne t'emmènerai pas, sinon H o m a r d se sauverait.«
VIII, 77-8: e fodre mô gaj mô larzd ozordi, sd kwa i a kone ki mwa.
>et il f a u t que je reçoive mon argent aujourd'hui, autrement il apprendra qui je suis.«
ubjé, u&wa >ouou même« 9.2. Conjonctions de subordination ki >que< introduit, comme en français, les propositions complétives. En créole, pourtant, l'emploi de la conjonction n'est pas obligatoire1'1: I, 135-6: i war laport kazo in kase, e i remarke ki ti ana trwa pul bld, e tu-le trwa pa la. >elle vit que la porte d u poulailler était cassée et elle remarqua que les trois poules blanches qui y étaient avaient disparu.«
I, 174: Alor i ti krwar ki Zako in kit sâ vilê mani >11 avait cru que J a c q u o t s'était défait de ses mauvaises manières«
I, 166-7: MO ti krwar mô'n vin isi ek ê bô travajer . . . >Je croyais que j'étais venu ici avec »m bon travailleur . . .< m
Cf.
CORNE,
SeycheUois,
41; PAPEN
67.
9. Conjonctions
84
et locutions
conjonctives
si >si11 dit au roi qu'il ne croyait pas que quelqu'un soit capable de voler la clé de la gueule d ' u n ogre.< SA : . . . si u fin torn la-dà, pa bezwë mazine si u pu gaj lavi âkor >. . . si on y tombe, ce n'est pas la peine de s'imaginer qu'on puisse en sortir v i v a n t e Nous avons relevé assez souvent le tour pu dir avec la valeur de >que< : X I I I , 69 : Si mô'n deza dir u pu dir mô kôtà Mimi >Si je voua ai déjà dit que j'aime Mimi . . .
Mais il ne dit pas que son ventre commençait à diminuer de volume< 9.2.1. Conjonctions
alcoz (ki),
qui indiquent
la cause
par ski >parce que
11 ne pouvait pas partir parce que l'affaire n'était p a s encore finie.< Jcomâ, kom si (plus rare) >comme< I X , 25-6 : Bonom, la kom si mô pli lafê, mô pa pu kapab les u aie, mô pu mdz u. >Bonhomme, m a i n t e n a n t , comme j'ai encore plus faim, je ne peux pas te laisser partir, je vais t e manger.< etâ ki, kôtâ (plus rare) >puisque, étant donné que< dewar ki, vi ki >vu que< 9.2.2. Conjonctions
qui indiquent
le but
pu >pour que< X I , 81-2: Pu mwa pa fer u dimal avek ë kek-soz, olje mô sorti la mô aie. >Pour ne pas te faire mal avec quelque chose, je vais sortir, je m'en vais.< ê fasô (ki),
ë majer (ki)
>afin que
Fifille ne pouvait presque pas parler, t a n t son cœur était plein de honte.< 9.2.4. Conjonctions kâ(t)-mem
qui indiquent
la concession,
l'opposition
>quand m ê m e , bien quemalgré que
bien qu'il eût un peu peur, il s'approcha d ' u n pied.< olje >au lieu queplutôt quesans que< VI, 75-6: nu ana pu nu fer nu debruj, sâ ki nu bizwë deman permis]6 avek per son. mous n'avons q u ' à nous débrouiller sans demander la permission à qui que co 8oit.< 9.2.5. Conjonctions
qui indiquant
la condition,
la
supposition
si >sisi j'avais un copain, je ferais le travailsi, au cas où< SA : Sa pô zot ti êstale âka si lenmi ti a kôtije mem zot grâ pus ziska la. >Ils avaient installé ce pont pour le cas où l'ennemi aurait poursuivi son avance jusque là.< amwë ki >à moins que< Le t o u r est issu d u français >prends garde< ; si la valeur interjective existe déjà dans cette langue, l'emploi conjonctif paraît propre aux créoles. H n'est pas exclu toutefois qu'il puisse y avoir là u n trait de la langue parlée ancienne, car il se rencontre également en haïtion.«
86
9. Conjonctions et locutions
9.2.6. Conjonctions
qui indiquent
conjonctives
le temps
1er, lcâ >quand< (1er est plus fréquent et plus »créole«); aussi, rarement, zur (Ici) >quand< I, 74-5: Ler Sùgula i tan sa nenen fer tapaz avek lasjet, i kone la pre pu 1er mâze. >Quand Soungoula entendit la bonne remuer les assiettes, il sut q u e le repas était presque prét.< omomà (ki) >au moment oùque< parej »comme«, majer »comme«, degre »comment, à quel point< D E : Parej zot in tâde dd nuvel . . . Sô Ekselâs ozordi in anôse dâ gazet . . . »Comme vous l'avez entendu aux nouvelles . . . Son Excellence a aujourd'hui annoncé dans la gazette . . .< I I I , 58: Sûgula i fer Ljô fer parej i ti fer premje ku. »Soungoula fit faire à Lion la même chose que la première fois.< D E : Zot kapab servi liberte demokratik majer zot vie. »Vous pouvez vous servir de la liberté démocratique comme vous voulez.< Marc 3, 5: i ti sagrê war degre zot ti ana leker dir. »il était affligé de voir à quel point leur cœur était dur.< 9.2.8. On remarque assez souvent une tendance du créole à l'emploi redondant d'une conjonction de subordination et d'une conjonction de coordination dans une même phrase complexe. Ainsi, nous avons noté: SA: Maigre ki larme britanik ti bjê for dâ Mojë Orjâ, me larme almà ki ti komâde par zeneral Rommel ti bjë for osi.
9.'2. Conjonctions
de subordination
87
>Bien que l'année britannique f û t très forte au Moyen Orient, l'armée allemande sous le commandement du général Roinmel était, elle aussi, très forte. SA: Akoz u'n swiv mô ban kôsej, sa-mem ki u war ozordi nu âkor pe viv bjë dakor âsam. >Puisque t u as suivi mes conseils, tu vois q u ' a u j o u r d ' h u i nous nous entendons encore bien.< I, 154-5: Nô msje, mwa ki pli prop ki pu li, sa-mem i >Non, Monsieur, c'est moi couverture est plus propre c'est sa place.
jet de r > w (cf. I, 76 et II, 38-40). 1.3. Dans bon nombre de contes, l'antagoniste de Soungoula est Zalco, le singe. L'étymologie de son nom pose des problèmes, probablement estil issu d'un mot répandu dans des dialectes de l'Ouest de la France, d'où venaient la plupart des colons de l'Océan Indien (cf. A. 5.1). C H A U D E N S O N , qui discute l'étymologie en détail (887-8), cite le FEW 6, 9 a : »Nfr. Jacquet >niais< Oud 1656 [. . .] maug. jaquot >niaisimbécileje + marque du futurje + marque de l'aspect progressif^ mot allé pour mô aie >je vaisde fauteuil« (Salazie), lo compagnon du scieur de long, l'équipier dans un groupe de coupeurs de cannes« ( 1057-8) ; ces acceptions s'accordent bien avec l'étymologie proposée par B O R K . ' >Nous deux, frère Jacquot et mon, v. B. 4.6.1, et, pour l'origine du mot zako >singeJournaljournaux< (1734, Montesquieu) [. . .] Serk papi«; en ce qui concerne ce dernier, le FEW précise: »Nicht etwa aus e. paper entlehnt« (594a, note 14). Néanmoins,
I LE T R O M P E U R
TROMPÉ
Il était une fois un Soungoula, et Soungoula exerçait de nombreux métiers, c'était une sorte de Jack oj ail trades. Un jour, il entendit qu'un monsieur, à Anse Royale, cherchait quelqu'un pour scier du bois chez lui. Quand Soungoula entendit cela, il réfléchit qu'il pourrait scier ce bois, mais qu'il n'avait pas de copain pour scier avec lui. Alors, il se dit en lui-même: »Ben chouette alors, ce sera de l'argent vite gagné; si j'avais un copain, je ferais le travail ; mais, ce n'est pas possible tout seul ; je connais un vieux copain, frère Jacquot, je suis sûr que, à nous deux, nous ferions du bon travail.« En effet, Soungoula fit de son mieux pour rencontrer frère Jacquot. Il lui dit: »Eh ben, comment ça va, mon frère? Il y a deux semaines que je te cherche. J'ai lu dans le journal qu'il y a un monsieur à Anse Royale qui cherche un bon scieur, il paye bien, et je connais tes qualités de travailleur - je suis convaincu que, à nous deux, nous travaillerons tellement que ce blanc n'aura peut-être pas assez d'argent pour nous payer. Qu'en dis-tu, mon frère?« Frère Jacquot lui dit: »Mon ami, il y a trois mois que je n'ai pas vu un sou, moi. Si mon vieux copain Tortue ne m'avait pas donné un peu à manger, peut-être tu aurais entendu à la radio: Parents, amis et connaissances . . . Tout de même, quand as-tu décidé de commencer ?« Soungoula dit: »Demain même, j'irai là-bas pour discuter les conditions. Tu me connais, je vais discuter âprement la chose afin que nous soyons à l'abri de tous soucis quand nous aurons fini.« Frère Jacquot lui dit: »Mon ami, tu sais vraiment y faire.« pour le mot seych. un calque de l'anglais ne semble pas exclu. Le mot papje pour >journal< n'est, d'ailleurs, pas très courant, on préfère zurnal. * Dans le manuscrit : y fine. 10 Formule qui introduit les avis de décès à la radio (pratiquement le seul médium qui publie de tels avis aux Seychelles). 11 Lea säte, expression très familière, ici »commencer, se mettre illaisse aller, laissons faire, ne t'occupe pasaller de la ville de Victoria à n'importe quel endroit de l'île Mahé< (même si cet endroit se trouve au bord de la mer et que, pour s'y rendre, on doit monter et redescendre vers la côte). Souvent aussi >rentrer chez soialler en villePrêtprêt à faire qque manoeuvre ou à se battre< (seit Aubin 1702), boul. >prét< Ds, mal. Dol, Blain, malestr. nant. Ancenis, saint. SeudreS. kan. Louis, m. id.«. V. aussi 636a, note 7: »Die geographie dieses wortes macht es wahrscheinlich, daß es diese bed. in der matrosensprache erhalten hat.«
94
I Napa met Ici pa war sô met
Vremá, so lanme 14 Sügula i mot Las Rwajal e i war sa msje. I raet 20 drwat tu so zafer, e tu kodisjo i bo, i pu gaj ládrwa dormi, máze, tu zafer. Ler i returne, i zwen frer Zako lo sten 15 pe esper li, frer Zako i deman li: »Be ki i dir, mo dalo?« Sügula i dir: »Mo dalo, nu al tu 18 . Nu pu al komáse dime bomate. Selmá, nu napa tráspor, fodre nu tap apat 17 , e fodre ki nu komás bje boner. Nu a lev trwaz-er bomate e nu a -5 t a p dusmá-dusmá, ki u dir ?« Frer Zako i dir: »Be wi, mo dald, e faso ki ler siz-er i a soné, nu a'n 18 fini arive.« Sügula i dir: »Ala i la.« Sügula i kotije: »Be frer Zako, ti a pli b5 si u ti a dormi kot mwa tato1*, e nu a buz asam gramate.« Frer Zako i dir: »Be sa i bje.« Vremá, aswar zot t a p de pti lapire 20 , zot met zot sak pare pu gramate, tu zafer korek. so Zis trwaz-er bomate Sügula i lev Zako. i dir li: »Dalo, lav u figir, prá u sak, anu bate21.« Vremá, Zako i fer tu so zafer fini, e i prá so sak e i dir Sügula: »Anu bate.« Sügula i dir li: »Mo vini, mo frer, mo pe met mo diary meteorologique dá mo sak.« Frer Zako i ekut sa, i dir: »Me premjc fwa m5 tan sa mo dá mo lavi.« Sügula i dir: »Mo pa pu dir u no, 35 parski sa zis ban zom male ki servi sa. La-dá i motre u solej, lalin, zetwal, diva, lapli, volé, kote, ler máze, ler dormi, ler malad, tu sa ki u mazine dá u lavi.« Zako i dir ek li: »Mo dalo, me u zom! Ki majer u ' n " fer pu gaj sa ?« Sügula i dir li: »Dalo, pa koz sa ek person. En fwa mo ti pe pen abor é jot, rao war sa pti liv, prezá mwa, mo kon gete, u kone 40 u-mem, mo dir a-ja-ja, sa i a bo pu mwa, zis mo glis li dá mo pos. Mem zur, mo deklar malad abor pu mwa kapab ale, ek sa u kon mwa ek sa plizjer no, mo ti'n don li mo no Jackson Johnson. Sa kapten i dir mwa: >U ana e zoli no.< Oke, les sa pase. Ler kapten i dir mwa: >Be Jackson, ale. si u sáti u pli bje, demé u a returneoke kapten«. 45 Dalo, sa ler dokimá 2 ' i dá mo pos!« Zako i dir li: »Be dalo, u kone i trwaz-er e dmi ?« Sügula, bje ákoler, i dir: »U war, u tro kotá deman boku kestjo, tu sa-la u lafot. La pa dir mwa narje ákor, anu osi, e vit!« Zot prá zot sak e zot ale. 14 15
17
"
50
>Le l e n d e m a i n s v. B. 4.1.8. < angl. stand, station do taxis et t e r m i n u s des cars (kamjô) au centre do Victoria. Nu al tu >tout va bien, rien no p e u t nous reteniraller à piodCe soir (c'est-à-dire, après la tombée de la nuit)l'après-midi< ( C H A U D E N S O N 15), c o m m e d a n s plusieurs dial. de l'Ouest de la France, v. FEW 13,2,119a, où se t r o u v e n t aussi des parallèlos à l'acception seych., p. ex. b m a n c . tàtq: >dans la soirée, plus tardeau-de-vie locale, faite do toutes sortes d'ingrédientsVous avez un joli nom!< O.K. laissons cela. Quand le capitaine me dit: >Bon, Jackson, allez-vous en; si ça va mieux, revenez demain0. K., capitaines Copain, alors le document était déjà dans ma poche!« Jacquot lui dit: »Mais copain, tu sais qu'il est trois heures et demie ?« Soungoula, très en colère, lui dit: »Tu vois, tu aimes trop poser des questions, tout ça, c'est de ta faute. Maintenant, ne me dis plus rien, allons-nous-en, et vite!« Ils prirent leurs sacs et partirent.
21 21 îs
>cidre< [. . .] mfr. purée du raisin >vin< AncThéât [. . .] aimer mieux la purée que les pois >préféror lo vin aux raisins< (fam., Trév 1743-Lar 1875)«. >Allona-ysnack< pour maur. gadyak, 67. 2t Dana tous les dial, de l'O.I.: »>pièce de terre cultivée, champ< [. . .] peut s'employer pour un morceau de terrain qui porte des arbres«, C H A L D E N S O N 723. Nos informants nous précisent qu'un karo ne contient que des plantea d'une même espèce bitasjô, v. VI, note 7). Pour l'origine, mfr. nfr. carreau >planche du jardin potagerBonne, bonne d'enfantbonne d'enfantnourricenourrice< [. . .] Morv. nénin >nourricedentLit grossies, aussi, fam. >au revoirlitplumer< (plim/-e en créole) »Couverture de lit< < angl. blanket.
I Le trompeur
trompé
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dit: »Mon ami, toutes mes bananes sont encore vertes.« Soungoula dit: »Mais toutes les miennes sont mûres ! Avec quoi as-tu couvert les tiennes ? « Jacquot dit: »Avec des feuilles de bananier.« Soungoula dit: »Mon frère, hier nous étions le huit, hier c'était le jour de la feuille de bananier. Aujourd'hui nous sommes le neuf, aujourd'hui il faut prendre des feuilles de bilimbi. Regarde les miennes, elles sont toutes mûres. Tu ne veux en faire qu'à ta tête, tu ne me demandes même pas ce qu'il faut mettre aujourd'hui. Ben voilà, tu mangeras tes bananes vertes, tâche d'être plus futé la prochaine fois.« Eh bien, voilà, notre Jacquot sans petit déjeuner. Quand ils arrivèrent à Anse Royale, Soungoula dit: »Mon frère Jacquot, maintenant nous allons travailler sérieusement afin de gagner un peu d'argent.« Jacquot lui dit : »Ben oui, mon ami.« Rien que le premier jour ils avaient déjà scié quatre morceaux de bois, et Soungoula, dont le ventre était plein, n'alla même pas chercher le déjeuner. Avant que la nuit ne tombe, Soungoula dit: »Mon ami, nous ne sommes pas chez nous ici. Quand nous aurons fini de manger, nous irons nous laver un peu avant de nous coucher à cause de cette odeur de transpiration qui nous colle à la peau.« Jacquot dit: »D'accord, mon ami, mais seulement moi, je suis habitué à me laver un peu avant de manger.« Soungoula dit: »Comme tu veux, mon frère.« Alors frère Jacquot alla se laver un peu. Pendant qu'il était en train de prendre son bain, la bonne servit le dîner. Soungoula pensa: »Tant mieux«, et à la bonne il dit: »Donne-m'en aussi pour mon copain, il viendra tout à l'heure.« Alors Soungoula prit les deux assiettes et mangea tout. Quand il eut fini, il lava les deux assiettes, les rangea et attendit frère Jacquot. Lorsque Jacquot arriva, Soungoula lui dit : »Mon copain, si tu ne fais pas attention, tu vas mourir de faim, toi. Tu prétends te laver un peu, tu t'en vas et qui plus est, tu restes là-bas. Maintenant, la vaisselle est faite, et bien que j'aie dit à la bonne de me donner à manger pour mon copain, elle m'a dit non, elle ne donne à manger qu'à ceux qui sont là. Quand elle m'a dit ça, je me suis mis en colère et je lui ai dit: »Bon, moi aussi, je ne vais pas manger.« Et il dit à frère Jacquot: »Allons plutôt dormir.« Jacquot dit: »Eh bien, qu'est-ce qu'on peut faire, mon ami?« Mort de fatigue, frère Jacquot tomba à sa place et s'endormit. Pendant que Jacquot dormait avec sa fatigue, avec sa faim, Soungoula se leva, il alla dans le poulailler de ce monsieur, il vola encore quelques poules et les pluma. Il avait l'habitude de manger la viande crue, donc il mangea les poules telles quelles. Il prit les plumes et les cacha sous la couverture de Jacquot, puis il tomba à terre et s'endormit. Le lendemain matin, ils se levèrent et se mirent au travail. Pendant qu'ils travaillaient, la bonne dit à son maître : »Monsieur, il n'y a pas de bouillon aujourd'hui.« Monsieur lui répondit: »Bien, va chercher deux poules dans le poulailler.« Eh bien, quand la bonne arriva devant le poulailler, elle vit que la porte du poulailler était cassée et elle remarqua que les trois
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I Napa mei hi pa war s6 mei
13S kazo.« Vremà, ler nenen i ariv kot kazo, i war laport kazo in 51 kase, e i remarke ki ti ana trwa pul bla, e tu-le trwa pa la. I returne e i raport sa ek msje. Msje deswit i al war e i dir : »Sa i bezwè kek voler. Me isi zame n u ' n " deza perdi narjè. Pagar sa de sjer ki'n komàa sa trik isi, anu al vizit zot lakaz. Kek-fwa zot ana zot ti kastrol apar ki zot kwi 140 zot màze, si sa ki nu don zot pa ase.« Vremà, nenen ek msje zot al dà lakaz SGgula ek Zako, zot komàs rode partu, zot pa war narjè. Me nenen i dir ek msje : »M5 sàti loder pul par la.« Zot rod àkor, e la nenen ki lev è blèket i war t u sa ban d e p u j à b a blèket. Prezà zot pa kone pu ki, si pu Sfigula uswa pu Zako. Msje 145 i àvoj nenen apel tu-le de. Ler nenen i dir zot msje i apel zot, SQgula i gaj è sok, i dir: »Be nenen, ki'n ari ve àkor ?« La nenen i dir: »M6 pa kone, zis msje i bezwè war zot kot zot lakaz.« Prezà Sügula i dir ek Zako: »Kek-fwa msje i ule don nu è pti lili, i kone nu t r a v a j dir e nu dormi dà dir, zis Io è blèket lo sa plàs pir. Nu lekor i dwatet fer-mal, i 150 mazine, alor sa i a bò mem.« Zako i dir: »Mwa osi, mò mazin sa-mem, sa blà i prà nu zètere.« Ler zot ariv kot lakaz, sa msje i deman SGgula: »Kote u dormi, u ?« SGgula i mòtre kot pías Zako, i dir: »La-ba, msje.« Zako i repon i dir: »Nò msje, mwa ki dormi la, sa-mem sa mò plas, akoz mò blèket i pli 155 prop ki pu li, sa-mem i ule dir sa sò plas.« Msje i dir : »Be bò, Sügula, u dakor ki sa pa u plas e plas Zako?« SGgula i dir: »Wi msje, eskiz mwa.« Zako i dir: »Wi msje, kum sa-mem i ete li, tu kek-soz pli bò i dir pu li.« La msje i dir: »SGgula, lev u blèket parski mò sàti kek ti loder par la.« SGgula i lev pu li e i dir : »Mwa mò prop, msje.« Msje i dir ito ek Zako: »Lev pu u.« Zako i lev sò blèket, e i war è ban depuj pul àba la. Zako i deklar koz-pa 53 ek sa sok ki i'n gaje. SGgula li, i get sa msje kom si li osi i'n gaj è sok, i dir: »Be, be, be msje, be ki'n arive àkor ?« Msje i dir li : »Jer swar mò'n perdi mò trwa pul blà dà mò kazo ki'n kase. La mò'n war laprev kòviksjò, sa ki'n volé.« Zako i dir: if5 »Be msje, pa mwa.« SGgula i dir li: »Be i kapab pa u ? U fer mwa g a j grò l a t e t " ! Sa pa è kek-soz pu fer! Mò ti krwar mò'n vin isi ek 8 bò travajer, sa ler mò'n vin ek è bò voler. Be la u a demerd u ek msje. Mò koz ek u tu-le zur, Zako, mò kon u depi Iòta. U move labitid u pa ule kite, la prezà u bjè.« Zako i esej debat pu dir pa li, me pov djab, líe laprev kòviksjò i àba sò blèket. La msje i fer k a t zom atrap Zako e amar li, fer de seval tren li letur propriete e deplis-deplis" li parej i ti deplis sa trwa pul, ziska i mor. " "
Dana le manuscrit: fine. D . l . m n o u s fine. 53 >11 devient muetmuetMuetAvoir hontecasser en deuxQui n'est p a s mûr, vert, qui n ' a p a s terminé s a croissance< (se dit do fruits) < tendre, cf. C H A U D E N S O N 8 7 2 - 3 . ,0 A côté de la couleur >roseparfait, à point, formidable, extraordinaire, jolibien cuit, doré; mûr (d'un fruit)Alocasia indicac, plante dont les tubercules sont donnés aux cochons, < malg. viha (communication personnelle de G u y L I O N N E T ) . 7 1 >Je ne sais pas konf-e en créole, v. VII, note 4. Cf. en maur. mo aipas 'je ne sais pas', B A I S S A C Folk-Lore, 5. '* 'Sida rhombifolia', herbe médicinale. " Dans le manuscrit: pa fine. " Dans le manuscrit: y fine.
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I Napa
met Ici pa toar sô met
Zot repoz ë pti pe, e zis komâ pti laklos màze i sone, ala-la Sûgula ki komâs gele: »H-a-ar, har-ar, m5 jedâ! Mo jatizan!« Torti i dir: »Oke, mô al gete.< Komâ Torti i sorti dâ lakaz, nenen i âtre ek de lasjet £35 màze, i met andà. Ler i sorti, Torti i âtre ek sô de pje lerb dir, i dir: »La-la mô frer, mô'n arive.« Zot, Sûgula in baj-baj-baj", i dir: »La-la, bur tu, la u lizje in sorti komâ u ' n " war sa mâze. U pa i kone kot blà u pa fer malelve ?« Torti i dir li : »Be u ledâ i fer-mal, u pa pu kapab mâze. Taler mô a met trâpe u latizan, don mwa u lasjet.« Sûgula pa 240 kapab dir narjë, e Torti i mâz tu. Ler i fini, i larg ë gro divâ. I dir : »Sa wi, sa mâze blâ i normal, mô dalô. U osi fer tir sa ledâ e met c patelje, se-pa lotelje 7, ) se-pa ki majer zot dir.« Zot, Sûgula i bwi. Tu sa lafiS ek li, i dormi osi. Letâ i ape dormi, Torti i al kot nenen e i dir li ki ledâ sô dalô i ë pti pe 145 fer-mal, alor bwi sa lerb dir pu li. Taler i a vin serse. Vremâ, nenen i fer sa, e ler i'n pare i amene, i don Torti. Torti i kasjet 90 sa latizan. Ler siz-er, laklos i sone pu dine, Sûgula i get Torti par kote. Torti i dir li : »Mô dalô, u lerb dir in pare, la-la. Kek-fwa u a dormi bjë.« Zot, Sûgula i gele, i pa gel ledâ fer-mal li, me i gel lafS ek lakoler. Mâze i arive, Torti 2so i mâz tu. La Sûgula dâ sô leker i dir : »Be u Torti, dernje fwa ki u fer sa ek mwa.« Avâ dormi Torti i dir li : »Mo al mars-marse ë pti ku, prâ 1er, fer desan sa meni.t Vremâ, Torti i mars-marse e i al rod de lakok birgo ; ler i returne, i al dâ sô plas, i dormi e i met sa de lakok birgo en lo sak kote sô lizje. 255 Ah - dâ pti minwi" Sûgula i leve, i al dâ kazo, i prâ li de gro sâter82, i deplis li, i kup-kup li âde-âde, i âvale e i vini ek sô ban depuj pu met âba plas Torti. Ler i ariv kot Torti, i war sa de lakok birgo i klate, i krwar Torti i pa dormi. »Aj-aj-aj, Torti dormi, u pa ase ësijifjâ" ? Pa se u la, u kot dimun, Torti dormi !« Sa ler Torti i dormi, selmâ sa de lakok 260 birgo i klate, Sûgula i krwar ki Torti i pa dormi. Sûgula in la ek sô depuj, lizur pe fer - ki pu arive ? I prâ sa ban depuj i met âba sô blëket pu li-mem. "
L a plupart de nos témoins ne connaissent qu'un adjectif baj supérieur (se dit de personnes qui surpassent les autres par leurs connaissances, leur valeur, leur mérite) < < bail, FEW s.v. bajulus, 1,207 a ? D'autres donnent à ce mot dans notre contexte le sens de >fâché, courroucée On pourrait rapprocher un adj. de ce sens au verbe réun. [bayé] -faire des reproches à quelqu'un (en criant)commencement de jour< (FEW 8, 343 a), communication de H. D . BORK. >Coqfaire route à bonno vitesse (t. de marine)« [. . .] kreol. taillé >courir< R 20,272« (FEW 13,1,41a. cité par C H A U D E N S O N 872). " Il s'engage à travailler dans l'île lointaine de Saint-Pierre (Providence Group) et touche un paiement d'avance. " Sainte-Anne, petite île t o u t près do Mahé, face au port do Victoria.
I Le trompeur
trompé
111
ses plumes, le jour commence à poindre - qu'est-ce qui pourrait bien arriver ? Il prend les plumes et les cache sous sa propre couverture. Cinq heures sonnèrent, Tortue se réveilla. Il dit: »Eh bien, mon ami, comment ça va ?« Soungoula se leva, il commença à invectiver Tortue quel tapage ! »Tu ne veux donc pas perdre tes mauvaises manières ? Toute la nuit tu n'as pas dormi du tout, juste pour écouter ce qui se passait chez les blancs î Qu'est-ce que ça veut dire, tout cela ? Cela ne se fait pas!« En même temps il attendait le moment favorable pour transférer les plumes du côté de Tortue quand Tortue sortirait. Tortue aussi l'invectiva, il lui demanda : »Et comment sais-tu que je n'ai pas dormi de la nuit ? C'est donc que tu m'as observé î« La bonne aussi se réveilla de grand matin, elle entendit la dispute des deux copains, elle s'approcha et écouta ; ils continuèrent à se disputer. La bonne alla dire à Monsieur que les deux copains étaient en train de faire du bruit, qu'ils se disputaient, qu'ils se querellaient là-bas. Monsieur s'approcha de leur case et dit: »Ouvrez la porte!« Soungoula dit: »Non, Monsieur, ce n'est rien, ce n'est qu'une petite blague.« Monsieur dit: »Non, ouvrez!« Alors Soungoula ouvrit la porte. Quand Monsieur entra, il demanda ce qui était arrivé. Voilà Soungoula qui saute dehors en disant: »Je me sauve!« Alors Tortue, Monsieur et la bonne étaient stupéfaits. Monsieur dit: »Mais pourquoi?« La bonne souleva la couverture de Soungoula, et là, elle vit les plumes. Elle courut au poulailler, et quand elle revint, elle dit : »Monsieur, les deux grands coqs ont disparu!« Monsieur dit: »Alors, l'autre fois, c'était bien lui! Il m'a laissé torturer Jacquot jusqu'à ce qu'il soit mort.« Tortue dit: »Alors, Jacquot est mort ? J e ne savais pas!« Monsieur raconta à Tortue l'histoire de Soungoula et de Jacquot, et Tortue lui raconta sa propre aventure avec Soungoula. Puis Monsieur dit à Tortue: »Eh bien, qu'est-ce que tu vas faire? Tu vas chercher une autre personne, tu vas te charger de l'ouvrage maintenant ?« Tortue dit: »Non, Monsieur, je regrette beaucoup, mais je vais partir. Un jour, je rejoindrai Soungoula; si vous êtes encore là, je viendrai vous dire ce que moi, Tortue, j'ai fait de lui.« Ensuite, Tortue prit son sac, il dit au revoir et partit. E t Monsieur dit seulement: »Bon, rienàfaire, c'est Soungoula.« Dès que Soungoula fut arrivé en ville, il prit l'avance de Saint-Pierre et changea de nom, il dit qu'il s'appelait Samuel Samsen. Quand il arriva à Saint-Pierre, un bateau norvégien vint y charger, et quand ce bateau repartit, Samuel Samsen s'y était introduit clandestinement. J e pensais qu'il était en Norvège, mais voilà que l'autre jour, j'entends à la radio qu'il est à île Sainte-Anne, qu'il y vit comme un prince. Eh bien, je crois que Tortue n'a pas encore entendu cette nouvelle, que Soungoula est là, tout près, à Sainte-Anne.
II MYRIAM
PAYET
F R E R SÛGULA EK F R E R
TORTI
Ti ana è fwa ti ana è rwa 1 ki ti reste dà ë pei kot delo ti rar. I ti'n fer li è base, me sô basé pa ti kuver. Tu-le mate, 1er so ban servàt i al sers delo, zot war delo sai. Ti napa tijo parej aprezà, zot ti bezwë al prà delo dà base, e tu-le matë delo i sai. Zot al dir lerwa, lerwa i dir: 5 »Mô a bezwë met vej mô base as war.« Lerwa i met è solda veje. Ler Sûgula i vini pu li vin beje, i war solda pe veje. Sûgula i pa beje i returnc, i dir: »Mô kone ki mô pu fer.« Sûgula i mot dà bwa i al tir dimjel, i fer ë kalbas baka 3 dimjel, i les li bjë for; 1er sô baka in for, Sûgula i met sô kalbas lo sô latet i desan avek sô tàbur dà sô lamë, i 10 komàs bat sô tàbur i sàte: »Pen-pë-den, pen-pë-den, kaimà in al plôze, kaimà; mô amen latizan pu don fij lerwa ki zame i pu mor.« Sûgula i sàte mem à desàdà. Sa solda ki ti ape vej basë i ekut sa sàte i dir: »Me ki sen-la ki pe sàt sa ? U a dir mwa ë bô latizan ! Mô bezwë al rod è pe, i a àpes mô a mor.« i® Sûgula i sàt« mem. Solda i aie, i war frer Sûgula i dir: »Bôzur, frer Sûgula. U van sa latizan ? Van mwa ë pe!« Sûgula i dir: »Sa jatizan' i zis pu fij jerwa, me si u'je, mô kapab don u ë pe, u a gute.« Solda i dir: »Frer Sûgula, don mwa ë pe, mwa osi mô pa pu mor.« Sûgula i vid 6 pti kaful 4 , i don li—frer Sûgula ti mars avek sô kaful dà sô pos. Pa bezwë 20 dir u, baka frer Sûgula ti bô, ti du e i ti for osi. Ler sa solda i gut sa i dir : »Frer Sûgula, don mwa àkor ë pe.« Solda i bwar trwa-kat kaful. Latet i komàs vire, i komàs don frer Sûgula ku-d-më s sàte. Ë pti momâ solda in su, bjë su, i tom ater i dormi. Frer Sûgula i amar sô lamë ek sô lipje, i les li dormi ; i àtre dà basë i komàs beje, i fer delo bjë sai. Apre i prà 25 sô semë i aie.
Manuscrit de l'auteur. Pour la version mauricienne de ce conte v. B A J S S A C , Folk-Lore, 3: »Zistoire iève av tourtie dans bord bassin léroi«. 1 Normalement lerwa. Outre dans le syntagme mô rwa (1. 31,34), la formo française se trouve parfois dans la formule introductive des contes. * >Boisson alcoolisée locale, ordinairement jus fermenté de la canne à sucre< (mais peut aussi être fabriqué & partir d'autres ingrédients, comme ici do miel). Origine inconnue. s = latizan, v. C. 1.2. 4 >Ecale de la noix de coco ; petit bol fait de la moitié d'une coque do cocoPenaud, honteux, embarrassé, gênéinterloqué, interdit, penaudfam.< Ac 1835-Rob)«. 7 >Animal quelconque, surtout grand animalresprit, le démonAttraper, saisir< < tiens bon, cf. G O O D M A N 6 9 - 7 0 et C H A U D E N S O N 8 8 2 - 3 . Le mot est considéré comme vieux par la jeune génération et tend à être remplacé par atrapl-e. ' >Attendre, espérerattendre, s'attendre à< (ca. 1120-Sév [. . .] >provincial< seit Lar 1870)«. 10 >Vêtements, linge< dans tous les parlera créoles de l'O. I. et aussi dans ceux de la zone américaine, v. C H A U D E N S O N 790 et FEW 6, 357a. n >Sac (de jute), toile de sac< < hindi gon, goni >sacintelligence, bon sens, raison< (p. ex. I, 92), cf. FEW 12,194b: »Gondc. espri intelligence, bon sensintelligencesavoir, science«. 14 /Tromper, dupercajoler, entraîner par des paroles trompeuses à ce que l'on désire< (seit 1808)«; 343b, note 22: »So auch kreol. embêter >cajoler< R 20,270.« " 'Penser (à), se rappeler', aussi 'réfléchir', comme en réun., v. C H A U D E N S O N 805, qui cite FEW 4,563a: »Fr. imaginer [. . .] >réfléchir< (Froias-Comm, Li ; Mich 1466) ; [ . . . ] >se représenter vivement par la pensée une chose, un fait< (seit Est 1538)«.
II
Frire
Soungoula
et frère
Tortue
117
crier: »Moi, je ne veux pas épouser la fille du roi. Moi, je ne peux pas manger les os.« Litounoune écouta ces mots, il se dit: »Ah, si on mange les os, on va donc épouser la fille du roi.« Il s'avança vers le sac de frère Soungoula et dit : »Qui est là-dedans ? Frère Soungoula lui dit : »C'est moi, frère Litounoune, le roi m'a dit que si je mangeais les os, j'épouserais sa fille, et si je ne pouvais pas les manger, il me brûlerait.« Frère Litounoune dit: »Mais frère Soungoula, ce serait bon pour moi, j'aime les os.« Frère Soungoula dit: »Détache-moi, mon frère, et je vais te mettre à ma place.« Alors frère Litounoune détacha frère Soungoula et entra dans le sac. Frère Soungoula ferma le sac en le serrant avec deux nœuds, de peur que frère Litounoune n'en sorte. Frère Soungoula dit à frère Litounoune : »Rappelle-moi le jour de tes noces!« E t frère Soungoula s'en alla sans se retourner. Les soldats revinrent, bien gais, ils entendirent quelqu'un chanter, c'était frère Litounoune qui chantait, il était si content d'épouser la fille du roi ; ils dirent entre eux : »Frère Soungoula est complètement fou, il est sur le point de mourir et il chante.« Quand ils arrivèrent, frère Litounoune leur dit: »Détachez-moi, je vais manger les os, et après je vais épouser la fille du roi.« Un soldat dit: »Mais c'est idiot!« Litounoune dit: »Je ne suis pas fou; moi, Litounoune, j'ai pris la place de Soungoula pour manger tous ces os.« Les soldats qui étaient presque soûls, prirent le sac qui contenait Litounoune et le jetèrent au feu, ils n'écoutaient même pas ce que Litounoune disait. Entretemps, Soungoula était arrivé bien loin, et jamais plus il ne rencontra le roi. Et à frère Tortue le roi donna un grand champ de giraumons comme récompense, et jusqu'à aujourd'hui les tortues aiment le giraumon.
III GEOBGIE
LJO EK
MOREL
SÜGULA
Alors ë zur ti ana Sûgula ek Ljô, zot ti de grâ zami. Sûgula ti ë garsô tu sel, me Ljô ti ana sô fam ek duz piti. Si Ljô i atrap ë pti kabri maro 1 , i pa ase pu li, parski i bizwë partaz sa pti kabri ek sô fam ek sô duz piti; me Sûgula, sa ki i atrape, i ase pu li màze, parski Sûgula i ë 5 garsô t u sel. Alors ë zur, Ljô i vin kot Sûgula, i dir ek li : »Mô frer, i ana ë mwa mô pa gaj màze pu mwa don mô ban piti ek mô fam, zot ape mor lafë. Fer majer don mwa ë plà ki mô a kapab fer pu mwa gaj màze pu mwa don mô fam ek mô ban piti.« Sûgula i dir Ljô: »Mô zami, ekute, mô a don u è bô plà, me sa ki nu a 10 gaje, nu a partaz à de.« Ljô i dakor. »Mô zami, nu ava arâze pu nu don ë bal dimàs prose, nu ava ëvit lerwa, laren, sô fij, ek âkor ô kàtite dimun. Mô a dir zot ki bal pu komàs wit-er diswar, epi mô a dir zot osi ki mô pu bizwë ferm tu laport akoz i ana zanimo feros. U frer Ljô, de ki i apepre katr-er, u a vini, u a àtre dà sak, mô a kud lagel, epi 15 mô a met u dà lasal ki pu don bal la-dà. U ava reste tràkil dà sak ziskà 1er minwi i a sone, mô a kup lagel sak, la u a sorti, u a komàs tuj* zot.« Zot tu-le de zot in bjë dakor pu zot zafer ki zot in aràze pu dimàs prosë. Sûgula i al kot lerwa, i ëvit li, sô laren, ek sô fij, epi i pas kot ë kàtite 20 dimun, zot tu zot dakor. Dimàs n'arive. Frer Ljô, olje vin katr-er pu li àtre dà sak, depi wit-er bômatë i'n arive pu li àtre dà sak, parski li, sô fam ek sô ban piti pe mor lafe. Sûgula i deman li si i'n pare pu li àtre dà sak, i dir i'n pare. Sûgula i dir ek li: »Mô frer Ljô, i âkor tro bômatë pu u àtre dà sak.« Ljô i dir '-¡s li i'n 1er pu li àtre, alor Sûgula i fer Ljô àtre dà sak. I kud lagel, i met dà kwë lasal ki pu don bal la-dà. Ljô dà sak pe prije kel-er minwi pu arive pu li gaj lavjan. Manuscrit de l'auteur. 1 >Chèvre sauvagechevreaumaron< >marron>. Lo terme qui s'applique A l'origine aux esclaves fugitifs est employé pour désigner aussi bien des animaux domestiques devenus >sauvages< [sat mard] >chat sauvageTuerDécrocher, enlever le crochet qui f e r m e la p o r t e , ouvrir la portequi vient d ' ê t r e s a l é et qui e s t encore t o u t moite< ( F u r 1 6 9 0 T r é v 1771), m o r u e verte >qui n ' a p a s é t é séchée< (seit Ac 1718)«.
Ill
Lion et Soungotda
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Eh bien, voilà, il commence à faire nuit; le roi, la reine, sa fille, et beaucoup d'autres gens arrivent, mais Soungoula n'est pas encore là. Un petit moment après, ils voient arriver Soungoula avec son violon ; tous, ils applaudissent, t a n t ils sont contents d'écouter la musique de Soungoula. Quand Soungoula fut arrivé, il appela le roi, la reine, sa fille et tous les gens qui étaient là, il leur dit: »Messieurs, Mesdames, avant que le bal ne commence, je dois vous dire que je dois fermer toutes les portes parce qu'il y a des animaux féroces.« Tout le monde était d'accord, ils étaient tous contents de cette précaution et félicitèrent Soungoula. Songoula ferma toutes les portes, là-dessus il prit son violon, se posta près du sac qui renfermait Lion, et se mit à jouer: »A minuit nous verrons le miracle . . .« Il joua continuellement la même chose, il ne changea pas de chanson. Les gens voyaient le sac, mais ils croyaient que dans ce sac il y avait un grand violon et que Soungoula jouerait de ce violon à minuit. Ils regardaient tous leurs montres et priaient que minuit arrive pour qu'ils puissent écouter ce grand violon. A ce moment-là, ils ne savaient pas que leur malheur était dans ce sac. Le roi regarda sa montre et dit à Soungoula que minuit sonnerait bientôt. Soungoula profita de ce moment et joua un twist, tout le monde se mit à twister. Soungoula prit son canif, il coupa l'ouverture du sac, et Lion en sortit et commença à les tuer. Ceux qui purent enlever les crochets qui fermaient les portes, se sauvèrent, mais Lion tua 50 personnes; le roi, la reine et sa fille étaient parmi ceux que Lion tua. Ensuite, Soungoula et Lion commencèrent à transporter les morts dans le bois, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. Ils les partagèrent, ils en eurent 25 chacun. Lion prit les siens, il les porta chez lui, mais Lion avait une femme et bon nombre de petits, sa viande ne suffisait que pour une semaine. Soungoula, cependant, était tout seul, presque toute sa viande y était encore; il en avait salé une partie, il l'avait suspendue pour qu'elle soit fumée ; l'autre partie, il l'avait mangée. Lorsque la viande de Lion fut terminée, il alla chez Soungoula. Quand il vit toute cette viande grasse qui pendait pour être fumée, cela lui fit de la peine, il demanda à Soungoula de lui en donner un petit bout. Soungoula lui dit : »Pour que je te donne un morceau de viande, il faut que tu fermes les yeux et que tu ouvres la bouche, alors je vais mettre la viande dans t a bouche.« Lion était d'accord, il ferma les yeux, ouvrit la bouche, Soungoula mit un gros morceau de lard dans la bouche de Lion et Lion rit. A cet instant, Soungoula avait mis une grosse boule de fer au feu pour la faire rougir, il voulait la mettre dans la gueule de Lion. Soungoula fit faire à Lion la même chose que la première fois. Lion pensa au morceau de lard que Soungoula avait mis dans sa gueule la première fois, il ouvrit la bouche. Alors Soungoula prit la boule de fer chaude et la jeta dans sa gueule, le fer chaud descendit dans le
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I I I Ljô ek Sûgula
La Sûgula i dir ek li kum sa: »M5 a va amen u, ë lot fwa u pa a tuj dimun âkor.« La mô pas kot Sûgula, mô dir li pa bô ki majer i'n fer ek sô zami, i tap mwa ë ku-d-pje, i zet mwa dà lakur*.
• Fin typique d u conte créole, cf. aussi BAISSAC, Folk-Lore, 25, 145, 179, 215. Le contour rejoint lo protagoniste pour exprimer son opinion, et le (les) protagoniste (s) le renvoie(nt) chez lui d ' u n e façon violente.
HI
Lion et Soungoula
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ventre de Lion, le voilà mort. Là-dessus Soungoula lui dit: »Je vais t'enlever, tu ne tueras plus de gens.« Alors je suis passé chez Soungoula, je lui ai dit que ce n'était pas bien, ce qu'il avait fait à son ami, il m'a donné un coup de pied si violent qu'il m'a propulsé chez moi.
IV H e n b i
S a v y
SÜGULA AVEK KÖPER
KOK
E zur ti ana ë kok bjë malè-bug 1 .1 ti reste pre ek lakaz Sugula. Ë zur i ti ëvit Sügula pu vin dezene avek Ii. Kok i dir avek so madam, Pul : »Ler Sügula i vini, dir Ii mö pa la. Mo latet in al lapes, mô lekor i derjer lakwizin.« s Ler Sügula i arive, i dir: »Bözur, bözur, köper Kok!« Madam Pul i repon: »Kok pa la, so latet in al lapes, so lekor i derjer lakwizin.« Ler Sugula i al get Kok, i war zis so lekor derjer lakwizin. Sügula i bjê krwar; sa 1er la Kok in zis met so latet äba so lezel. Ë ti ku apre, Sügula i atan: »Kokoriko! Köper Kok in arive!« Alor zot dezen bjê 10 träkil. Aprezä Sügula osi pu al fer parej. I ëvit Kok pu vin dezen avek Ii dimäs prosë. Sügula i dir avek so madam : »Ler Kok i vini, kup mö liku; zet mö latet da dilo sale ; prä mö lekor, met derjer lakwizin.« Sö madam pa ti lile kupe, i dir avek Sügula: »U a mor.« Sügula i dir: »Nö, kupc, kö15 per Kok osi ti fer parej lot zur.« Madam Sügula i bjë bizwë prà sö grä kuto, met liku Sügula lo ë bijo ... tok! Pov Sügula i débat dà sö disà. Alor, kä Kok i arive, i demädc: »Oli Sügula?« Madam Sügula i raköt Ii tu sa ki Sügula in dir Ii fer. Alor Kok i dir: »Me Madam, Sügula i'n mor! Me mö pa ti fer kom sa. so Mö pa ti kup mö latet; mö ti met mö latet äba mö lezel.« Pov Sügula. Kom sa ki mö aràz malë-bug.
Manuscrit de l'autour; texto dactylographié de Radio Seychelles. 1 Bug < bougre »>individu, hommc< (le terme n'est pas péjoratif). [ . . . ] Le mot a le même sens en maur. et en rod. ; on le rencontre également en Haïti [. . .] comme en Martinique [. . .]. Cette signification du terme n'est pas propre aux parlers de l'Ouest, mais apparaît néanmoins surtout dans cette zone«, Chaudenson 711-2. - Malè-bug >homme malin, finaucU, v. B. 4. 2. 1.
IV S O U N G O U L A E T C O M P È R E COQ
Il était une fois un coq bien malin. Il habitait près de la maison de Soungoula. Un jour, il avait invité Soungoula à déjeuner chez lui. Coq dit à sa femme, Poule: »Quand Soungoula viendra, dis-lui que je ne suis pas là. Ma tête est allée à la pêche, mon corps est derrière la cuisine.« Lorsque Soungoula arriva, il dit: »Bonjour, bonjour, Compère Coq!« Madame Poule lui répondit : »Coq n'est pas là, sa tête est allée à la pêche, son corps est derrière la cuisine.« Quand Soungoula alla regarder Coq, il ne vit que son corps derrière la cuisine. Soungoula le crut, mais à ce moment-là, Coq avait seulement mis la tête sous les ailes. Un petit moment après, Soungoula entendit: »Cocorico! Compère Coq est arrivé!« Alors ils déjeunèrent, bien tranquilles. Ensuite, Soungoula aussi voulut faire la même chose. Il invita Coq à venir déjeuner chez lui dimanche prochain. Soungoula dit à sa femme: »Quand Coq viendra, coupe-moi le cou ; mets ma tête dans de l'eau salée, prends mon corps et mets-le derrière la cuisine.« Sa femme ne voulait pas lui couper la tête, elle dit à Soungoula: »Tu vas mourir!« Soungoula dit: »Non, coupe-la, Compère Coq a fait pareil l'autre jour.« Madame Soungoula dut donc prendre son grand couteau, elle mit le cou de Soungoula sur un billot . . . toc ! Pauvre Soungoula se débattait dans son sang. Alors, quand Coq arriva, il demanda: »Où est Soungoula?« Madame Soungoula raconta tout ce que Soungoula lui avait ordonné de faire. Alors Coq dit: »Mais Madame, Soungoula est mort! Moi, je n'ai pas fait comme ça. Ma tête n'était pas coupée, je l'avais mise sous mes ailes.« Pauvre Soungoula. C'est comme ça qu'on traite un vieux finaud.
V AMEDA AZEHIA ZURIT AVEK
SÜGULA
Alors ê zur ti ana ê Sügula avek frer Zurit 1 . Sügula i dir avek Zurit : »Prêt mwa u vjolô. I ana ê ti parti kot Umar 2 .« Zurit i dir avek Sügula : »Amen mwa ek u.« Sügula i dir : »Nô, mô pa pu amen u avek mwa, sa sa Umar i a sove.« Zurit i dir li : »Be, mô pa pu prêt u mô vjolô, u pa 5 ule amen mwa avek u.« Sûgula i dir avek Zurit: »Kote mô pu met u ?« Zurit i dir : »Met mwa dà u sak.« Sügula i dir : »Mô zoli sak ? Me u fu !« Zurit i dir li : »Frer Sügula, sa pa ê zoli sak, ë kapatja 3 , met mwa la-dâ.« Sügula i dir: »Ratre, selmà pa fer dà mô sak.« Zurit i dir: »U komàse, frer Sügula, mô pa pu prêt u mô vjolô.« Alor Sügula i dir avek Zurit: 10 »Bô, anu aie.« Ler zot ti ariv dà bal, Sügula i dir avek mamzel Umar: »Don mwa c pti ver.« Umar i don li ë ver. Sügula i dir: »Oli en pu mô sak?« Alor zot don li àkor ë ver. Sügula i prà sô vjolô, i zwe : . . . tu lu tu lu . . . f j ô f j ô fjô . . . maj be ; tu lu tu lu . . . maj be-a-ka, lamer desan, nu a 15 bjê ere . . . lamer môte, nu a pas mizer. Zurit i gaj làvi dàse. I dir avek Sügula : »Mô frer, mô a sorti pu mwa dàse mwa osi.« Sügula i dir: »Nô, pa sorti, u a fer Umar sove.« Alor Sügula i deman ë ver. Umar i don li. I dir: »Napa en pu mô sak ?« Umar i dir li wi, i don li ë ot ver. Sügula i prà, i vid dà sô kapatja. 20 Zurit in fini su. I sorti dà kapatja, tu umar i sove. Àfe, sa ki ti arive, Sügula ti'n fini àkoler. I prà sô batô, i don Zurit S ku. La Zurit i glis agos. I gaj àkor ë ku-d-batô, i glis adrwat. La Sügula i don ë ku lo latet. Zurit pre pu li mor, i prà sô lapat, i maj 4 dà 1ère Sügula. Sügula i dir li: »U maje? U maje? La u mor aprezà!« La
T e x t e dactylographié de Radio Seychelles. 1 >Poulpe, pieuvre (octopus)id.< < malg. horita ou orita, C H A U D E N S O N 535. 1 >Langouste>, en réun. maur. rod. [zuma: r ] [uma: r ], v. C H A U D E N S O N 8 9 2 - 3 : »le créole a conservé une forme dialectale qu'on retrouve dans les parlers do l'Ouest: FEVV X V I , 264, b: >Norm. houmar »homanis vulgaris« (Goub 1532-Fur 1690), [. . .] mfr. nfr. homard (seit 1547), houmart (1612), Bernières-sur-mer romar, Alençon houmard, Aurigny id., nant. houmar (schon 1820).< [. . .] dans la langue des marins et des pêcheurs de l'Atlantique, >homard< (ou >houmardSac tressé de feuilles de cocotierManquerpauvresouffrir< (v. V, 15). Cf. CHAUDENSON 812, qui ne connaît pourtant pas de verbe mizer. ' >Assez< < de quoi, FEW 2,1467b sq.: »Mfr. nfr. avoir de quoi >avoir une large aisance< (seit QJoyes, pop.) [. . .] havr. ave de quoi >avoir de l'aisance« Pt. Aud. dequoi m. >ce qu'on possèdes Alençon de d'quai, nant. avoir de quoi >avoir u n e certaine aisance« [. . .] saint, avoir de quoué, avoir du dequoi, S e u d r e S . k a n . avoir de quoi*, e t c .
VI L'ESCROC
Il était une fois deux planteurs qui étaient de bons amis, ils s'appelaient >frère< entre eux, tellement, depuis leur enfance, ils s'entendaient bien. Ces deux amis étaient frère Chat et frère Rat. Un jour, frère Rat dit à frère Chat : »Mon frère !« Rat répondit : »C'est moi, frère Rat!« Rat lui dit: »Vois donc comme la vie est dure maintenant, tout est cher, surtout la nourriture dont nous avons besoin tous les jours. Pourquoi ne pas nous associer ? Nous allons faire beaucoup de plantations, ainsi, nous ne manquerons pas de nourriture, et nous pourrons même vendre les récoltes que nous aurons en trop, comme ça nous gagnerons assez d'argent pour acheter autre chose.« Frère Chat lui dit: »C'est une très bonne idée que tu as eue, mon frère, mais, d'après toi, combien de plantations devrons-nous faire pour avoir assez de gros manger pour notre propre consommation et aussi afin de pouvoir acheter les autres choses dont nous avons besoin?« Frère Rat lui répondit et dit: »Une plantation de manioc serait certainement meilleure que toutes les autres cultures, parce que je pense qu'avec cela nous gagnerions plus d'argent, et ici le manioc réussit mieux que les autres cultures.« Chat posa encore d'autres questions, il demanda à R a t : »Mais & peu près combien d'arpents devrons-nous cultiver pour avoir une abondance de gros manger et aussi pour vendre le surplus afin d'acheter les autres choses dont nous aurons besoin?« Rat lui répondit: »Le plus possible, même si ce sont six ou sept arpents, parce que, plus nous planterons, plus nous récolterons.« Chat dit à R a t : »Oui, frère Rat, j'approuve tout à fait ta suggestion, mais comment ferons-nous, rien que nous deux, pour planter cette grande quantité de manioc dont tu m'as parlé ?« Rat lui dit : »Mais c'est très facile à faire, frère Chat ; nous allons préparer une grande quantité d'eau-de-vie de 'pellette, et quand elle sera très alcoolisée, nous inviterons tous les bons planteurs, nous organiserons un grand festin, et nous leur donnerons à boire pendant qu'ils planteront.« Rat continua : »Je connais plusieurs très bons planteurs, tels que : Loup, Chien, Renard, Lapin, Singe, Chat, etc.« Frère Chat lui dit: »Ah oui, 4
Gro mâze: nom collectif pour désigner les fruits à pain, manioc, bananes, patates, igname, qui servent tous à suppléer le riz. • >Eau-de-vie faite de nourriture pour les poulesbouletteFourche qui sert à bêcher< < angl. fork ; mot intégré. " Mot à mot : >le dernier son (du carillon) la dernière chose à considérer, ce qui no pose pas de problèmes 14 A côté de >vendre au détailMagasinier< < angl. store-keeper. Il n'y a pas d'autre désignation pour ce métier aux Seychelles.
VI
L'escroc
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Le lendemain matin, Rat fit venir tous ses amis les rats et leur dit: »Ecoutez-moi bien. Vous tous, vous savez que nous, la famille des rats, nous sommes braves, et que, d'après notre religion, nous avons le droit d'aller prendre tout ce dont nous avons besoin, là où nous le trouvons, sans que nous soyons obligés de demander la permission à qui que ce soit?« Tous les autres rats répondirent: »Oui, nous le savons.« Alors le chef des rats leur dit: »Nous avons besoin d'une grande quantité de pellette, de sucre, et de beaucoup d'eau pour faire une grande quantité de baca pour un festin. Alors, je voudrais que ceux qui sont ici présents se divisent en trois groupes, un groupe ira chercher de la pellette dans n'importe quel magasin, le plus près possible, l'autre groupe ira chercher du sucre, et le troisième groupe de l'eau.« Deux vétérans parmi les rats posèrent des questions au chef, l'un lui demanda : »Mais nous n'avons rien pour transporter l'eau, comment ferons-nous?« Le chef leur répondit: »Ce n'est pas un problème trop difficile - ah oui, nous n'avons rien pour transporter l'eau ? Ce que vous devriez faire, c'est monter sur n'importe quel cocotier où vous voyez des noix avec de l'eau dedans, coupez la calotte, percez la noix et transportez l'eau dans la calotte, jusqu'à ce que tous les barils qui contiennent la pellette et le sucre soient pleins.« L'autre vieux rat, qui était très intelligent, demanda au chef: »Mais, au cas où, pendant que nous sommes en train de transporter toutes ces choses, les propriétaires arrivent pour nous attraper, n'allons-nous pas y laisser la vie ? Est-ce que nous avons un moyen de défense pour être à même de nous protéger contre la mort ?« Le chef lui dit: »Voyons, tonton, la religion des rats est la suivante: nous n'avons rien à faire avec les propriétaires, nous n'avons pas d'ordres à recevoir de qui que ce soit en ce qui concerne nos repas et notre boisson. Tout ce que nous trouvons, bon à manger ou à boire, nous n'avons qu'à nous débrouiller sans demander la permission à qui que ce soit. Tout ce que nous avons à faire, c'est seulement être sur nos gardes quand nous sommes dans les magasins ou sur les cocotiers, parce que les propriétaires aussi, ils sont sur leurs gardes pour nous tuer, ils coupent nos queues qu'ils vendent au gouvernement pour vingt sous.« Alors le chef des rats dit : »Bon, les enfants, commencez votre besogne, comme je vous l'ai dit, et je vous promets que vous serez bien récompensés plus tard, en plus du festin auquel vous êtes invités.« Alors les rats y mirent toute leur ardeur, et en une seule journée, ils apportèrent assez de matériaux pour préparer leur eau-de-vie; ils mirent tout dans les barils, et le baca se mit à fermenter. Le lendemain, les magasiniers commencèrent à se plaindre qu'il n'y avait pas pire animal que les rats. Ils avaient horriblement pillé leurs magasins. Quelques-uns achetèrent du poison pour le mettre dans les magasins et sur les cocotiers, d'autres posèrent des pièges pour attraper les rats,
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VI
Ëmâbiduk
pu met dà zot stor ek lo zot pje koko, 5 lot ban i met latrap pu atrap ban lera, me sa ler la i'n tro tar, lapire pelet pe fermate. Ler ti'n pas kèz zur, sa sef lera i al gete ki pozisjò baka in arive, i gute »0 e i al kot so frer Sat i dir: »M5 frer! Sa ban baka in sek-sek-sek 1 ', si u bwar trwa butej u'ie àkor, u voras.« Frer Sat osi i gute i dir: »Me pa zuzu, mò frer, sa wi i'n lo la10. Zame mò ti mazine si ban lafamij lera ti kapab fer baka terib kom sa.« Lera i dir li : »He, avek pelet ek disik ki u a fer sa betiz ?« Sat i gut àkor è pti kaful, i bat so labus i dir: »La i 95 deman mwa è bò sigaret taba dipej bjè for.« Lera i dir li : »Me malerezmà mò pa fìme, mò frer, mò sik taba.« Sat i dir: »Kà-mem mò napa labitid sik taba, me mò a forse prà è pris parski i deman mwa è taba.« Alor lera i prezàt frer Sat sò pti tabatjer ki ti è pti koko sek, e i prà è bò pris, i dir: »Ah! La aprezà mò sàti mwa è pti pe mje.« ìoo La tu-le de pu fer fini zot prà àkor saken de pti kaful, e zot aràz feste pu samdi le 5z avril, e zot fer dir tu ban pli bò-bò plàter, àtu zot ti'n gaj trwa-mil-set-sà plàter divers nasjò, àkòtà tran-sèk sùgula, plizjer sàten tag", sat, è lapè, lera, zako, lisjè, renar, lulu, èsi ki plizjer lezot nasjò, eksepte torti-d-ter ki pa ti gaj èvite dà sa feste akoz zot mars tro ios làtmà, parski bitasjò ti lwè avek bor lamer. Alor samdi le òz avril i arive; feste i komàse. È ban plàter i k u p a j " dibwa, è ban i f u j tru, e è ban i piate. Letà ki zot pe travaj, ban sfigula i komàs krije avek zot pti lavwa : »Larg delo ! « La sa sef lera ek sa sef sat zot komàs larg baka pelet brit 23 . Ler zot latet ti pe komàs turne, no saken i al plòz sò pti kaful li-mem, sà ki zot ti bizwè gaj lord. È lisjè ki ti apel Barbo, età ki sò latet ti'n komàs turne, par maler i'n al tap è ku-d-pjos lo lake sa sei lapè ki ti dà festè e kup sò lake ora tojo 24 , e ti reste zis sò pti but tojò. Nu tu nu kone ki lapè zot lake ti log lòtà, me depi ki sa lisjè ti sot sò but lake avek pjos, depi sa kom si è malediksjò lis ki lake lapè pa vin pli log ki nu truve komela, i reste è pti but tojò mem, e tu lezot lapè ki ne komela zot lake i reste tojò mem.
" 20 21 22
22 24
>Fortsoc; furieuxje n'ai pas d'argentid.c'est parfait, c'est à pointTanrec (ericaneus setosus)Couper, déboisers'amuser à couper< Journ Gonc 1870, kan. id., ang. >couper maladroitement^, Varennes >couper avec de mauvais outilsEn grande quantité< < brute. Le FEW n'offre pas de parallèle sémantique. >Moignon, tronçon; coccyxce qui reste de la tige quand on a coupé les feuilles (des légumes, surtout des choux)< (1393), mfr. nfr. trongnon [. . .] trognon (seit Oud 1660), troignon >milieu des fruits à pépin, quand on a retiré ce qui se mange
festin< commença. Un groupe de planteurs déboisa le terrain, un autre groupe creusa, d'autres plantèrent. Pendant qu'ils étaient en train de travailler, les soungoulas se mirent à crier de leurs petites voix: »Envoyez la boisson!« Alors, le chef des rats et le chef des chats commencèrent à verser le baca de pellette en grandes quantités. Quand les têtes se mirent à tourner, chacun plongea son petit bol et se resservit tout seul. Un chien qui s'appelait Barbot et dont la tête avait commencé elle aussi à tourner, donna un coup de pioche malencontreux sur la queue de l'unique lapin qui prenait part au > festin«, il lui coupa la queue, il en resta juste un petit bout, une sorte de moignon. Nous savons tous que les lapins avaient une longue queue autrefois ; mais depuis que ce chien coupa la queue avec la pioche, depuis cette époque, c'est comme une malédiction, la queue du lapin ne devient pas plus longue que ce qu'elle est maintenant, ce n'est plus qu'un petit tronçon, et tous les lapins qui naissent maintenant, n'ont que des tronçons de queue. [. . .] saint, torgnon«. Phonétiquement, le mot seych. se rattache à cette dernière forme dialectale.
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VI Ë màbul uk
Alor festé ti finí zis minwi, et zot ti'n plat plis ki set arpa majok. K a feste ti'n ñni, sef sat ek sef lera don lord bwar tu baka ki ti ákor reste, zot dir i fodre fer finí. Ban plater, § ban zot in bwar ziska lanm§, e 120 ban in dormi la-mem da lafreser tu lanwit, e ban ti kapab driv-drive" ziska se zot bj§ su, e a sata. Alor de-trwa zur apre, majok i komas puse. Ler ti'n gaj wit mwa apre, sa sef lera i al fer e tes asekre aba later pu war si majok p'ákor bo pu komas gute. Á ariva aba de-trwa pje, i war ki majok in komás bo pu 125 maze, i sorti aba later, i bus bje sa tru ki i ti desan aba later la-da, e i al kot frer Sat. I dir avek lir »Frer Sat o!« Frer Sat i repon li: »La mwa, frer Lera!« Lera i dir li: »Mwa mo ana e pe plis lea perjas ki u. Si mo a don u e bo kosej, eski u a ekut mwa ?« Frer Sat i deman avek li: »Lekel kosej ki u pu don mwa, mo frer Lera ?« Lera i dir li: »Mazine 130 nu'n fer e gra fre pu nu plat tu sa katite majok, e i pa pu g u " si ban voler demé i a vin vol tu sa ki nu'n gaje. Pa ti a bo si nu ti a fer e bo larazma, nu ti a gaj é bo katite gardjS, nu ti a met vej nu platasjo pagar voler i a volé ?« Frer Sat i dir li: »Wi frer Lera, u lide i bo, me kote nu pu gaj larza pu 135 nu pej sa ban gardjS ? Nu p'akor rekolte nu majok pu nu van pu nu gaj larza. Ki sel-la ki pu pret nu zot larza pu nu pej sa ban gardj§ ki u dir mwa ?« Lera i dir li: »Gete, frer Sat, anu fer § bo larazma da nu-mem malgre nu napa larza, pa zis avek larza tu sel ki zom i kapab fer zafer. U, u ana 6 katite u ban zami sat, e mwa osi mo ana e katite mo ban 140 zami lera. Anu koz bjé avek zot, nu va fer e bo larazma avek zot, nu a dir zot vin vej nu píatasj 5 majok, e ka nu va rekolte nu majok, nu va van, e nu va bje rekopas zot, e nu a osi don zot saken é bo pe majok pu zot amen kot zot lakaz, e mo plis ki sir ki zot va bje dakor avek sa bo larazma.« i « Alor lanme mate frer Lera ek frer Sat, tu-le de zot fer saken so kote pu zot al fer larazma avek zot nasjo pu zot gaj gardjS. Apre-midi, tu-le de zot returne, e Sat i dir avek frer Lera ki i pa ti pe ekspekt« si i ti a kapab gaj S si gra katite voloter ki ule vin gardjé kom sa, c frer Lera i dir: »Mwa da mo kote mo'n gaj sa pursa mo ban zami ki ule vi ni, zot 150 dir ki ka-mem pa don zot majok pu amen kot zot lakaz, sa pa fer narj§.« Lanme bjS bomate tu-le de kote ban gardje in arive pu zot komas travaj. Frer Sat i deman avek frer Lera: »Ki majer nu pu pías nu ban 15
"
>Chanceler, aller de droite ot de gauche en marchant< < mfr. nfr. driver >dériveril ne marche p a s droit< (d'un ivrogne), CHAUDENSON 93. >Bon, beaula vie est belletrouver d u plaisir à , aimer««, CHAUDENSON 781, qui cite FEW 4 , 3 4 2 b : »nfr. goût >plaisir que procure qch< (1688-1746, B r u n o t 6) [. . .] Q u i m p o r goût t.
VI L'escroc
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Alors, le >festin< se termina à minuit pile, ils avaient planté plus de sept arpents de manioc. Quand le >festin< fut fini, le chef des chats et le chef des rats donnèrent l'ordre de boire tout le baca qui restait, ils dirent qu'il fallait le finir. Certains planteurs burent jusqu'au lendemain, d'autres dormirent là-même, dans la fraîcheur, toute la nuit; d'autres furent encore capables de rentrer chez eux, mais en chancelant, en chantant et fin-soûls. Alors, quelques jours après, le manioc commença à pousser. Huit mois plus tard, le chef des rats alla faire un test en secret sous terre pour voir s'il ne pouvait pas déjà goûter le manioc. E n descendant sous terre de quelques pieds, il vit que le manioc commençait à être comestible; il remonta, boucha bien le trou par lequel il était descendu et alla chez frère Chat. Il lui dit: »Frère Chat!« Frère Chat lui répondit: »Me voici, frère Rat!« R a t lui dit: »Moi, j'ai un peu plus d'expérience que toi. Si je te donne un bon conseil, est-ce que tu vas m'écouter?« Frère Chat lui demanda: »Quel conseil veux-tu me donner, mon frère?« R a t lui dit: »Figure-toi que nous avons fait beaucoup de frais pour planter toute cette quantité de manioc et que ce ne serait pas bien si des voleurs venaient demain pour nous voler. Ne vaudrait-il pas mieux bien s'organiser, prendre beaucoup de gardiens et faire surveiller notre plantation de peur que des voleurs s'y infiltrent ?« Frère Chat lui dit: »Oui, frère Rat, ton idée est bonne, mais d'où tireronsnous l'argent pour payer ces gardiens ? Nous n'avons pas encore récolté notre manioc pour le vendre et pour gagner de l'argent. Qui va nous prêter de l'argent pour que nous puissions payer les gardiens dont tu me parles?« R a t lui dit: »Ecoute, frère Chat, organisons-nous nous-mêmes, bien que nous n'ayons pas d'argent. Ce n'est pas seulement avec de l'argent qu'on peut faire ses affaires. Toi, tu as beaucoup d'amis-chats, nous allons leur proposer quelque chose de bien, nous leur dirons de venir surveiller notre plantation de manioc, et quand nous aurons récolté notre manioc, nous le vendrons et nous les récompenserons bien, et nous donnerons aussi à chacun d'eux une bonne quantité de manioc à emporter, et je suis plus que certain qu'ils accepteront cet arrangement.« Alors, le lendemain matin, frère Rat et frère Chat s'étaient partagé le travail pour proposer cet arrangement à leur propre race afin de trouver des gardiens. L'après-midi, ils revinrent tous les deux, et Chat dit à frère Rat qu'il ne s'était pas attendu à pouvoir trouver tant de volontaires désireux de garder la plantation. E t frère R a t dit: »Moi, de mon côté, j'ai eu 100% de mes amis qui voulaient venir; ils ont dit que, même si nous ne leur donnons pas de manioc pour emporter chez eux, ça ne fait rien.« Le lendemain, de très bon matin, tous les gardiens des deux races arrivèrent pour commencer à travailler. Frère Chat demanda à frère R a t : »Comment allons-nous poster nos gardiens ? Est-ce que nous les mettons
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VI Ê mâbuluk
gardjS ? Eski nu va met zot tu melaz ásam ? Ubjé nu a met sat so kote, i&5 e lera so kote ?« Mesa moma la, frer Lera so lide in komas sal, so move labitid in pas da so latet, i dir avek frer S a t : »Anu pa fer kum sa, anu les tu sat gardjS lo later, e tu lera aba later, parski nu pa kapab met vej zis lo later tu sel, parski aba later osi i ana ban move voler, tel ki tag, k a r j a " , gro furmi magwat".« Me parmi sa ban voler aba later i pa 180 nom ditu lera. Á tu ka frer Sat in torn bj§ dakor avek frer Lera ki ban lera a gardje aba later, e sat lo later, i dir: »Sa S bo lide sa, frer Lera, ki u ' n mazine.« Alor sa sef sat i al detaj so ban gardjS saken lo so pos lo later tu dilo bitasjo, e sef lera i pra so larme, e zot desan aba later. Á ariva aba i«5 later, sa sef lera i dir avek s5 ban lera: »Zafa! La mo dir zot, fer zot debruj zot-mem, pa bizwo esper kamarad pu vin met maze da zot labus. La katite majok, maz katite ki zot kapab, pu napa oken lapej pu Ba t r a v a j ki zot in vin fer. Sa i kom si e piknik ki mo'n amen zot fer. Les sef sat avek so ban gra z o r e j " vej pje majok, e zot, anu maz majok no da nu lapeti. Ler tu pje i a'n vid, nu va al se nu, me selma ekut mwa bje: ler zot maze, pa maz tu ban pti rasin ki fe, les sa ban pti rasin fe pu kapab tini ban pje debut. K u m sa, ler sat a mazine pu vin rekolte da de mwa, zot va rekolte zis bato 5 0 ek lakok majok.« Ah! Ban lera koma zot in fini gaj lord maze par zot s e f " , zot pa na demade ki per i dir' 3 , nek zot komas maz majok brit. Sa sef osi i maz so bo katite, so vát bje pié, e i mot e ku lo later. I al dir avek S a t : »Frer Sat! Me ki majer u truve ? Tu zafer i mars bje ?« Frer Sat i repon li a a g l e " : »All correct, brother.« Lera d a so leker i d i r : »All correct? D a
de mwa ki u a war bje so korek.« Lera i dir avek S a t : »Ban m a r m a j osi 180 pe t r a v a j bjé serje aba later, zot tu zot a kota akor da de mwa.« Me pov frer Sat pa kopra mem ki lera pe dir li. Okotrer i rije. Lera i dir li: »Mo desan, mo frer, mo a al get marmaj, parski duty is duty.« Sa ler i pa dir pu dir so vat pe komas dimije e i pe al rapli akor. Á ariva aba later i dir: »Zafa, lapli pe don S das sa ban sat gra zorej lo 185 later. Pa bizwe kras lo majok, maz katite ki zot kapab, e faso ki zur pu arase tu pje i a'n vid, e nu al saken se nu. Ler sat i a rekolte, i va rekolte lakok, epi zot a gaj bato pu zot al plate, pu pli tar zot a gaj zot majok a
" >TermitotermiteEspèce de fourmiIls n'attendent pas ce que le prêtre dit, la permission du prêtremanguemanguior< [. . .] [kôkô] >noix de cocococotierpied< d'une façon analogue [. . .] Il en est de même en Haïti«. Une autre acception de pied, »unité (en parlant d'arbres, de plantes) < (seit Pom 1671)«, FEW 8,297a, se retrouve également en seych., v. I, 226 ot 235; VI, 170 et 198. * >Regarderaller voir< 1 FEW 13,2,319b.
VII LE SINGE ET LE
CROCODILE
Il était une fois un singe qui s'appelait Monyet et un crocodile qui s'appelait Buaya. Monyet n'aimait pas Buaya, et Buaya ne l'aimait pas non plus. Un jour, comme Monyet était assis sur une branche d'arbre tout seul au bord de la rivière, il regarda de l'autre côté de la rivière et vit beaucoup de fruits. Il se dit en lui-même : »Comment ferai-je pour avoir ces fruits là-bas?« Il regarda dans l'eau et aperçut Buaya qui dormait. Monyet dit: »Ah, je sais ce que je vais faire!« E t il descendit de la branche et marcha au bord de la rivière jusqu'à ce qu'il arrive à l'endroit où Buaya dormait. Il dit: »Hé! mon ami!« Buaya ouvrit les yeux et Monyet dit encore une fois : »Hé ! mon ami ! « Alors Buaya lui dit: »Comment est-ce que tu m'appelles?«, parce qu'ils n'étaient pas amis du tout, lui et Monyet. Monyet répondit : »Je t'appelle imon ami< parce qu'aujourd'hui c'est mon anniversaire, et dorénavant nous serons amis.« Buaya lui dit »merci« et pensa que Monyet lui jouerait un mauvais tour. Buaya se dit en lui-même : »Je verrai quel mauvais tour il me jouera maintenant.« Le crocodile dit à Monyet: »Qu'est-ce que je peux faire pour toi ?« Le singe répondit: »Je ne suis pas venu te demander quelque chose, mais puisque tu te proposes, dis-moi si tu iras de l'autre côté de la rivière.« - »Oui, mais si tu veux venir toi aussi, monte sur mon dos, je t'amènerai de l'autre côté.« Monyet monta sur le dos du crocodile et le crocodile se mit à aller de l'autre côté de la rivière. En arrivant au milieu de la rivière, Buaya dit : »Maintenant, je t'ai attrapé, frère singe!« Frère singe, qui avait peur, lui dit: »Qu'est-ce que tu vas faire de moi ?« Buaya lui répondit: »Je t'amènerai à la maison, parce que ma femme est malade, elle ne mange pas. J e lui ai demandé ce qu'elle voulait que je lui apporte et elle m'a dit de lui apporter le cœur d'un singe qu'elle avait envie de manger. Maintenant, je peux donner à ma femme quelque chose de bon à manger.« Monyet répondit: »Ah, mon ami, ça va lui faire du mal, ça va rendre ta femme plus malade encore.« Buaya lui dit: »Oh non, au contraire, ça lui fera du bien, elle en sera contente.« Monyet lui répondit: »Ça lui fera du mal, mais maintenant je veux bien t'aider, mais je ne peux pas.« Buaya lui 4
>SavoirMô piti, al kot frer Zako, dir li kum sa: bôzur, bôzur, kôper Zako, e i a repôd u: bôzur mô piti, e u a dir kum sa: Mô frer Zako, mô lafe, van mwa ë pe legim ki i ana dà u zardë, komà kàbar, pti pwa, pipàgaj ; demë bjë bômatë mô a amen u larzâ.< Pti Torti i aie kot frer Zako. Ler i ariv la-ba kot frer Zako, i dir: »Bôzur frer ZakoBôzur, mô frer Torti.< Frer Torti i 20 dir: >Frer Zako, mô lafë, van mwa ë pe u ban legim ki u ana dà u zardë, komà kàbar, pti pwa, pipàgaj, e leres ki u kapab don mwa. E demë bômatë mô a amen u larzà.< Kôper Zako i repon li e i dir li : >U papa i ë torti pares, i napa narjë pu 11 màze, akoz i pa travaj parej mwa ? Get dà mô zardë, mô piti, mô 2B travaj tu-le zur la-dà, bômatë ziska aswar, akoz ? Pu mwa gaj kek-soz. Si mô don u sa legim ki u demàde, mô a fer sir ki u a pej mwa.< Pti Torti i dir: >Wi, papa i dir mwa dir u ki i a don u u larzà demë bjë bômatë. < Alors Zako i don pti Torti ë bô kàtite sa ban legim ki i'n demàde, pu Manuscrit de l'auteur.
>Sorte de haricot long et finVariété d'igname< < malg. kambarre >ignameLuffa acutangula< (sorte de courge, appelé courge torchon aux Seychelles), réun. maur. id., mot indien < tam. pirkangaille, CHAUDENSON 5 7 0 - 1 . 4 >Espèce do grande tortueParesseuxparesseuseMon petit, va chez frère Jacquot et dis-lui ceci: bonjour, bonjour, compère Jacquot, et il te répondra: bonjour, mon petit; ensuite tu lui diras: Mon frère Jacquot, j'ai faim, vends-moi un peu des légumes que tu as dans ton jardin, par exemple les ignames, les petits pois, les courges; demain, de bon matin, je t'apporterai l'argent. < Petit Tortue alla chez frère Jacquot. Quand il arriva chez frère Jacquot, il dit: >Bonjour, frère JacquotBonjour, mon frère TortueFrère Jacquot, j'ai faim, vends-moi un peu des légumes que tu as dans ton jardin, Ie8 ignames, les petits pois, les courges, et tout ce que tu peux encore me donner. Et demain de bon matin je t'apporterai l'argent.« Compère Jacquot lui répondit: >Ton papa est un paresseux, il n'a rien à manger, pourquoi ne travaille-t-il pas comme moi ? Regarde mon jardin, mon petit: tous les jours j'y travaille du matin au soir - et pourquoi ? Pour récolter quelque chose. Si je te donne les légumes que tu me demandes, il faut que je sois sûr d'être payé.< Petit Tortue lui dit : >Oui, papa m'a dit de te dire qu'il te donnera l'argent demain de très bonne heure.< Alors le singe donna à Petit Tortue une bonne quantité des légumes qu'il avait demandés, l'équivalent de 20 roupies. >Et je viendrai chercher mon argent demain de bon matin!« Petit Tortue cria: >Bor bor!< Ça veut dire: renonce à l'argent, mon ami, tu l'auras à la saint-glinglin.
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Vili
Frer Torti ek frer Zako
so lavaler ve rupi. >E mô a vin sers mô larzà demè bômatè!< Pti Torti i krije: >Bor bor!< Sa ve-dir: blije larzà, mô zami, kot Dinu lari bazar*. Lanmë bjë grâmatê frer Zako i al kot frer Torti. Ler i'n ariv kot frer Torti, i war frer Torti asize deva laport pe gele : >Eeee, eeee !< Frer Zako i dir: >Mò frer Torti, mô'n arive.< Frer Torti i repon: >Eeee, eeee, mô 35 grà frer in mor, li-mem mô grà frer ki ti pli bô pu mwa, eeee, eeee.< Frer Zako i dir: >Be, la majer mò war, mô a bizwè vin demè, mò war u pe gele, u fer mwa lapen. Mô a vin demë.< Frer Torti i krije derjer li : >Bor bor!< Sa ve-dir: blije larzà, mò zami. Sa 1er la frer Zako pa kôprà ditu ki sa ve-dir, bor bor. 40 Dezjem zur, frer Zako i al àkor kot frer Torti. Â arivà la-ba kot frer Torti i tap laport: pà pà. Pti Torti i taje i vin gete ki sen-la ki tap laport. I war frer Zako. Pti Torti pa tarde, i t a j kot sô papa e i dir: >Papa, frer Zako in arive!< Sô papa i dir li : >A1 dir avek li mô malad, vin demë.< Pti Torti i ale, i dir : >Mô frer Zako, eh, sh sh sh, pa fer tapaz, 45 papa i malad i pe dormi lo sô lili spring7.< Frer Zako i dir ek pti Torti : >Pa fisa u-mem, sa 1er mô ti bjë bizwè war li, pu mwa gaj mô larzà legim.< - >Eh, sh sh shpapa i malad.< Frer Zako i dir avek frer Torti : >Be bô, mô a vin demë.< Pti Torti i krije >bor borOzordi fodre ki mô gaj mô larzà!« À arivà kot lakaz frer Torti, i war frer Torti pe met sô paltò nwar ek sô sapo-d-fet. Avà frer Torti i dir bôzur frer Zako, frer Zako i dir avek li: >Mô frer Torti, kôdisjô se kôdisjô, kut ki kut u a don mwa mô larzà avà u a ale, sà kwa sa ki 55 u a gaje u pa pu kôtâ.< Frer Torti i dir ek frer Zako : >A be, mô frer, mô gràmamà i gaj sàt-à ozordi, fodre mô al war li. Me mô promet u ki mô a returne tato uswa demè mate. Frer Zako i dir: >Ki si-sa, u'n prà mô legim kat zur pase, tu-le zur mô vin sers mô larzà, u komàs sàt 8 mwa. U grà frer ki ti pli so bô pu u i'n mor e fodre ki u al làtermà, dezjem zur u dir mwa ki u malad lo u lili spring, e la u dir mwa ki u gràmamà i gaj sàt-à ozordi e u bizwè al war li. Me kà u pu don mwa mô larzà ?< Pov frer Zako in telmà àkoler ki i bizwë vin sô lanmë, e sô lanmë, 1er frer Zako i pe vin kot frer Torti, frer Torti i dir ek sô piti : >Ale dir frer 65 Zako ki mô'n al war en mô ser.< Sa 1er la, frer Torti pa'n al oken par, me i'n degiz li komà ë bwat rô, i'n met sô kat lapat ek sô liku andà • Deenu est le nom d'un magasin dans Market Street, Victoria. L'expression, aujourd'hui désuète, signifie >ce que l'on cherche ne se trouve nulle partEeee, eeee.< Frère J a c q u o t lui dit: >Mon frère Tortue, je suis arrivé.< Frère Tortue répondit: >Eeee, eeee, mon grand frère est mort, lui qui était si bon envers moi, eeee, eeee.< Frère Jacquot lui d i t : >Ben, comme je vois, il v a u t mieux que je revienne demain, je vois que t u es en train de pleurer, tu me fais pitié. J e reviendrai demain. < Frère Tortue cria derrière lui: >Bor bor!< Ça veut dire: renonce à l'argent, mon ami. Mais frère Jacquot ne comprit pas du t o u t ce que ça voulait dire, ce bor bor. Le deuxième jour, frère Jacquot alla encore une fois chez frère Tortue. En arrivant là-bas chez frère Tortue, il frappa à la porte: pan pan. Petit Tortue accourut vite pour voir qui c'était qui frappait à la porte. Il vit frère Jacquot. Petit Tortue ne t a r d a pas, il courut chez son père et lui dit : >Papa, frère Jacquot est arrivé !< Son père lui dit: >Va lui dire que je suis malade et qu'il revienne demain.< Petit Tortue y alla, il dit: >Mon frère Jacquot, eh, chut, chut, ne fais pas de bruit, papa est malade, il dort sur son beau lit à springA Frère Jacquot dit à Petit Tortue: >Tu es agaçant, maintenant il f a u t vraiment que je le voie pour avoir l'argent de mes légumes.< - >Eh, chut, chut, lui dit Petit Tortue, papa est malade.< Frère Jacquot dit à frère Tortue: »Eh bien, je reviendrai demain.< Petit Tortue cria: >Bor bor!< Ça veut dire: renonce à l'argent. Le troisième jour, frère Jacquot alla encore une fois chez frère Tortue, il se dit en lui-même : >11 faut que j'aie mon argent aujourd'hui !< E n arrivant à la maison de frère Tortue, il vit frère Tortue qui était en train de mettre son veston noir et son chapeau de fête. Avant que frère Tortue ne lui dise bonjour, frère J a c q u o t lui dit: >Frère Tortue, ce qui est dit, est dit, coûte que coûte, tu vas me donner mon argent avant de partir, autrement tu ne seras pas content de ce que je te réserves Frère Tortue dit à frère Jacquot: >Eh bien, mon frère, ma grand-mère aura 100 ans aujourd'hui, il faut que j'aille la voir. Mais je te promets que je reviendrai ce soir ou bien demain matin.< Frère Jacquot lui d i t : >Qu'est-ce que ça veut dire ? Tu as pris mes légumes il y a quatre jours, tous les jours je suis venu chercher mon argent - tu commences à te moquer de moi. Ton grand frère qui était si bon envers toi est mort et il faut que tu ailles à l'enterrement ; le deuxième jour tu me dis que tu es au lit, malade ; et maintenant tu me dis que ta grand-mère aura 100 ans aujourd'hui et que tu dois aller la voir. Mais quand me donneras-tu mon argent ?< Pauvre frère Jacquot, il était tellement en colère d'être obligé de revenir le lendemain, et le lendemain, quand il vint chez frère Tortue, frère Tortue dit à son fils : > Va dire à frère Jacquot que je suis allé voir une de mes sœurs.< Mais à ce moment-là, frère Tortue n'était allé nulle part, il s'était déguisé en boîte ronde, il avait rentré ses quatre pattes et son cou, il s'était retourné ventre en l'air, et Petit Tortue avait pris quelques grains de blé qu'il avait semés sur le ventre de frère Tortue.
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Vili
Frer Torti ek frer Zako
li e i'n vir li vàtr-àler, e pti Torti in prà è pe legrè dible', i'a sem lo vàt frer Torti. Kà frer Zako ti arive i war frer Torti vàtr-àler, pti Torti pe sem legrè 70 dible partu lo so vàt. Frer Zako i deman avek pti Torti : >01i u papa ?< Pti Torti i dir: >Papa in al war so ser, me i reste lwè avek nu, i pu return nek demè swar.< Zako i dir avek pti Torti : >La telmà mò àkoler, mò àvi balàs sa bwat dà sa pje mag reelmà.< Frer Zako pa tarde, i tjòbo sa bwat, i balàs àler dà bràs mag. Bwat i kole dà bràs. Sa ler la 75 frer Zako pa kone si sa bwat frer Torti. Frer Zako ek so laraz ki i ti ana i tom ater i asize i komàs fer so rezò 10 , i dir ek pti Torti : >M6 pu asiz la ziska ler u papa i a returne, e fodre mò gaj mo larzà ozordi, sà kwa i a kone ki mwa, si i pa don mwa mò larzà.< Pti Torti i dir avek frer Zako : »Papa pu vin nek demè swar.< Frer Zako so i dir : >Mò frer Torti, mò pa kon narjè, ler i ti àvoj u vin deman mwa aste è pe mò ban legim, i pa ti dir mwa tu sa ban kòdisjò, me mo pu esper li ziska zur i pu returne, parski mò ule gaj mò larzà ozordi.< E pti momà apre pti Torti i krije : >Ala papa pe vini !< Frer Zako pa tarde, i vir so latet e i war frer Torti pe vini a gràd vites 11 . Frer Torti i dir : 85 >Bòzur mò frer Zako!< Frer Zako i dir: >Mò pa bizwè u bòzur, me mò bizwè mò larzà !< - >Larzà mò anaM6 piti, oli bwat papa ?< Pti Torti i dir: >Mò pa kone mwa.< M Frer Zako i dir avek frer Torti : >Mo'n balàs li àler dà bràs mag.< Frer Torti i dir: >U kone kote i'n kole ?< - >Nò, mò pa kone, me telmà mò ti àkoler, mò'n àvoj u bwat àler dà bràs mag.< Frer Torti i komàs gele: >Eeee, eeee, eeee. Sa u zafer, u va al rod mò bwat, mò pa kon narjè. La-dà ti ana tu mò larzà, sa u zafer, mò pa ti »5 dir u zete, mwa. Eeee, eeee, eeee.< Frer Zako in tu kami, i dir avek frer Torti: >Mò a esej al rode, si mò a war, mò a desan avek.< Pov frer Zako i mot lo pje mag, i komàs travers lo tu sa ban bràs, i komàs rode, i rode, i rode mem, i pa war narjè. Sa ler ater frer Torti pe krije: >Bor bor, bor bor!< Sa ve-dir: ioo blije larzà, mò zami. Pov Zako i dir avek frer Torti : >Mò frer, mò ape rode mem.< Frer Torti i dir avek frer Zako : >Mò bwat ti pie avek larzà, sa u zafer, u a don mwa mò larzà ozordi.< Frer Zako i fer sò rezò, i dir: >Be la fer-nwar pe fer, ki majer mò pu
• L'apparition de ce mot dans ce texte est assez surprenante parce que le blé est totalement inconnu aux Seychelles. 10 Fer sô rezô: expression très courante pour >réfléchirOù est ton papa ?< Petit Tortue répondit : »Papa est allé voir sa sœur, mais elle habite loin de chez nous, il ne rentrera que demain soir.< Jacquot dit à Petit Tortue: >Je suis vraiment si furieux que j'ai envie de lancer cette boîte dans ce manguier.< Frère Jacquot ne tarda pas, il saisit la boite et la lança dans le manguier. La boîte s'empêtra dans les branches. Mais frère Jacquot ne savait pas que cette boîte était frère Tortue. Frère Jacquot, en rage, se laissa tomber à terre, s'assit et commença à réfléchir ; il dit à Petit Tortue : >Je resterai assis ici jusqu'à ce que ton papa revienne, et il faut que je reçoive mon argent aujourd'hui ; autrement il apprendra qui je suis, s'il ne me donne pas mon argent.< Petit Tortue dit à frère Jacquot: >Papa ne viendra pas avant demain soir.< Frère Jacquot lui dit: >Mon frère Tortue, ça m'est égal; quand il t'a envoyé chez moi pour acheter un peu de mes légumes, il ne m'a pas parlé de toutes ces conditions ; je vais l'attendre jusqu'à ce qu'il revienne, parce que je veux avoir mon argent aujourd'hui.< Un petit instant plus tard, Petit Tortue cria: >Voilà papa qui vient.< Frère Jacquot ne tarda pas, il tourna la tête et vit frère Tortue qui arrivait à toute allure. Frère Tortue lui dit: >Bonjour, mon frère Jacquot!< Frère Jacquot dit: >Je n'ai pas besoin de ton bonjour, mais j'ai besoin de mon argent !< - L'argent, je l'ai, dit frère Tortue à frère Jacquot, c'était là dans ma boîte ronde, je mets toujours mon argent dans cette boîte ronde qui était là par terre - où est ma boîte ?< Frère Jacquot ne répondit pas. Frère Tortue demanda à son fils: >Mon petit, où est la boîte de papa?< Petit Tortue lui dit : >Je ne sais pas, moi.< Frère Jacquot dit à frère Tortue : >Je l'ai lancée en haut dans les branches du manguier.< Frère Tortue lui dit: >Tu sais où elle s'est empêtrée ?< - >Non, je ne le sais pas, j'étais tellement en colère, j'ai envoyé ta boîte tout en haut dans les branches du manguier.< Frère Tortue se mit à crier: >Eeee, cccc, cccc! C'est ton affaire, tu vas aller chercher ma boîte, moi, je n'en sais rien. Là-dedans il y avait tout mon argent, c'est ton affaire, je ne t'ai pas dit de la jeter, moi. Eeee, eeee, eeee!< Frère Jacquot, tout penaud, dit à frère Tortue : >Je vais essayer d'aller la chercher, et si je la trouve, je descendrai avec.< Pauvre frère Jacquot, il monte dans le manguier, il se met à grimper sur toutes les branches, il commence à chercher, il cherche, il cherche vraiment, il ne voit rien. En même temps frère Tortue criait: >Bor bor, bor bor!< Ça veut dire: renonce à l'argent, mon ami. Le pauvre singe dit à frère Tortue: >Mon frère, je suis vraiment en train de cherchera Frère Tortue dit à frère Jacquot: >Ma boîte était pleine d'argent, c'est ton affaire, tu vas me donner mon argent aujourd'hui.
Mo ban dalo, grëp àler lo sa pje mag par u lake, zot a don mwa lame rod ê trezor.< Pa bizwë dir u, pti zako i komàs grëpe, en derjer lot. Ä arivà âler zot komâs rode, zot rode, zot rode mem, zot pa war narjë.« 110 Grâmamâ David i dir avek David: »Prezâ u war, mô piti, akoz sa ban zako ti pe mòte desan lo pje mag.« David i dir avek so grâmamâ: »U zistwar ti bjë zoli, kum sa-mem ki malë-bug i arâz so kamarad.«
"
>Appelerappeler de loin< Chastell, nfr. id. (Mon 1635-Pom 1715), boul. id., Gondc. krie après qn, hag. saint. [. . .] crié qn«.
Vlll
Frère Tortue et frère Jacquot
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Frère Jacquot réfléchit, il dit : >Eh bien, il commence à faire nuit, qu'est-ce que je vais faire?< Il pensa: >Si par exemple j'appelais mes copains, ils m'aideraient à chercher, ce ne serait pas mal.< Effectivement, frère Jacquot siffla: doudourrrrr. Un petit instant après, regardez quelle quantité de petits singes arrivèrent l'un après l'autre ! Frère Jacquot dit : >Mes copains, grimpez là-haut sur ce manguier et accrochez-vous y par la queue, vous m'aiderez à chercher un trésor.< Inutile de vous le dire: les petits singes se mirent à grimper, l'un après l'autre. En arrivant en haut, ils commencèrent à chercher, ils cherchèrent, ils cherchèrent beaucoup, mais ils ne trouvèrent rien.« La grand-mère de David dit à David: »Maintenant, mon petit, tu vois pourquoi ces singes montaient et descendaient dans le manguier.« David dit à sa grand-mère : »Ton histoire était très jolie, c'est comme ça qu'un vieux malin traite son camarade.«
IX FBANÇOIS B O N O M
E K
F I N E S S E S E R P À
Alor ë zur t i a n a ë bonom avek sô b o n f a m ki ti reste d à grâ bwa. Z o t t i t u z u r fer g r â p l â t a s j ô m a j o k , b a n a n , t u sa ki zot ti k a p a b plate. Zot b i t a s j ô sa-mem zot burzwa 1 . Ë zur bonfam t i ' n grij ë bô pe galet', i arâz d â ë grâ p a j e e m e t de-trwa lame* b a n a n g a b u 4 . I d i r : »Bonom, u s al bor lamer, al v a n sa m a j o k ek sa b a n a n , aste pwasô, aste ë pe k a f e , a m e n de f e j t a b a pu m w a . Al vit, m ô esper u k a t r - e r pu m w a grij m ô kafe, akoz d e m ë d i m â s m ô pu al lames.« T ô t ô i d i r : »Wi, taler m ô a fini d é b i t sa, d à pti katr-er m ô arive.« T ô t ô i p r â sô paje, i desan. Ê 1er i'n fatige, i m e t sô p a j e lo ê ros, i poz ë 10 pe. I get d à kote li, i war ë grâ t r u . I leve i al get dà sa t r u , i war ë gro serpà, i vire pu li aie. Serpâ i dir : »Pa aie, tir m w a d â sa tru®, i ana t r w a zur depi m ô la-dà!« Bonom i prâ sô pti k u t o , i al k u p de b u t lakord laljan, i a z u t âsam i fer ë l a ' d â but, i m a j sa serpâ ziska d à sô lerë. I p r â lot b u t , i a m a r avek ë gro pje kanel. Aprezâ bonom i k o m â s is-ise ziska 15 serpâ i a r i v ater. Sa 1er la, t a r pe fer, bonom i koste obor ros pu lev sô p a j e . Serpà ti âkor t r o f e b pu mâz li, i d i r : »Don m w a de galet ek ë lamë b a n a n , m ô a m â z m ô laie, t r w a zur m ô pa mâze.« Bonom i bjë per sa gro serpâ, i bizwë done. Serpâ i fer ë sel avale, i'n fini ; âpre i dir avek bonom : '-'0 »Asiz la obor mwa, u a kôsol m w a ë pe ziska m ô a k a p a b aie, e don m w a âkor t r w a galet, m ô àkor laie.« Bonom i dir : »Mô pa p u k a p a b , m ô b o n f a m i a t r o âkoler.« Serpà i dir : »Mô pa kon u b o n f a m , m ô lafe.« P o v t ô t ô i bizwë done. Serpâ i d i r : »Prezâ ki m ô lafe, don m w a tu sa ki reste.« I r â t r e d à p a j e li-mem. Manuscrit do l'autour. 1 »Maître, patron, chef de la famille< ; le mot désigne le maître d'une maison, d'une propriété, tandis que le patron d'une firme ost appelé se/. Cf. FEW 1,634b: »nfr. bourgeois >patron< (seit Ac 1694) [. . .] norm. borgeoia >maître, patron, propriétaire«, Pipriac buritva >maître de la maison< ABret 16,518, renn. bourgeois >métayermaître de la maison, chef de la famillemaître de la maison, patron«. ! >Espèce de gâteau plat, d'environ 1 cm d'épaisseur, fait de farine de manioc«. 3 Un groupe (une »main«) de 8-10 bananes. 4 >Espèce do bananegrosse banane, très commune«, v. C H A U D E N S O N 214 et 1014: »elle semble tirer son nom de celui d'uno famille de l'Ile [de la Réunion].« s >De ce trouNœud coulant< < lacs, v. C H A U D E N S O N 782: »Lo mot figure dans le Lar., mais le créole [la] est, par la prononciation, d'origine dialectale.« Cf. FEW 5,180a.
IX L'HOMME ET LE S E R P E N T
11 était une fois un bonhomme et sa bonne femme qui habitaient dans le grand bois. Ils faisaient toujours de grandes cultures de manioc, de bananes, et de tout ce qu'ils pouvaient planter. Ils étaient dévoués, corps et âme, à leurs plantations comme à de véritables seigneurs et maîtres. Un jour, la bonne femme avait fait cuire une bonne quantité de galettes, elle les arrangea dans un grand panier et y mit aussi quelques bananes. Elle dit : »Bonhomme, tu iras à la côte, vends ce manioc et ces bananes, achète du poisson, achète un peu de café et apporte deux feuilles de tabac pour moi. Va vite, je t'attends à quatre heures pour griller mon café, parce que demain, dimanche, j'irai à la messe.« L'homme répondit: »Oui, j'aurai vite fait, vers quatre heures je serai de retour.« L'homme prit son panier et descendit vers la ville. Quelque temps après, il était fatigué, il mit son panier sur une pierre et se reposa un peu. Il regarda à côté de lui et vit un grand trou. Il se leva et alla regarder dans le trou, il vit un gros serpent; il se retourna pour partir. Le serpent lui dit: »Ne pars pas, retire-moi de ce trou, il y a trois jours que je suis là-dedans!« L'homme prit son couteau, alla couper deux bouts de corde de liane, il les attacha et fit un nœud coulant au bout, il fit glisser la corde sur le corps du serpent jusqu'aux reins. Il prit l'autre bout et l'attacha à un grand cannelier. Puis l'homme se mit à tirer, jusqu'à ce que le serpent arrive au niveau de la terre. Petit à petit, il se faisait tard, l'homme s'approcha de la pierre pour reprendre son panier. Le serpent était encore trop faible pour manger l'homme, il lui dit : »Donne-moi deux galettes et quelques bananes, je vais manger à ma faim, il y a trois jours que je n'ai pas mangé.« L'homme avait peur de ce gros serpent, il fallait absolument lui donner quelque chose. Le serpent avala tout d'un coup, il avait fini de manger ; après il dit à l'homme : »Assieds-toi là près de moi, tu vas me consoler un peu jusqu'à ce que je sois capable de marcher, et donne-moi encore trois galettes, j'ai encore faim.« L'homme dit: »Je ne peux pas, ma femme se fâchera.« Le serpent dit: »Ta femme, je m'en fiche; moi, j'ai faim.« Le pauvre bonhomme dut lui donner les galettes. Le serpent dit: »Maintenant, puisque j'ai faim, donne-moi tout ce qui reste.« Et il entra tout seul dans le panier. Quand il en sortit, il dit: »Bonhomme, maintenant, comme j'ai encore plus faim, je ne peux pas te laisser partir, je vais te manger.« L'homme lui dit : »Mais avant que tu ne me manges, nous devons aller faire juger notre cas chez sept animaux.« Le serpent lui dit : »Oui, mais je ne marcherai pas, tu vas me porter sur ton dos!« Que faire ? - Le bonhomme prit la grande
158
IX
Bonom ek serpà
25 Ler i sorti i dir: »Bonom, la kom si mô pli lafë, mô pa pu kapab les u aie, mô pu màz u.« Bonom i dir: »Me avà u màz mwa, nu bizwê al zize kot set zanimo.« Serpà i dir: »Wi, me mô pa pu marse, u pu amen mwa lo u ledo!« Ki u a fer, tôtô i prà sa gro latet serpà, i met lo sô zepol obor sô figir. Apen si i ti kapab marse, è grâ but pe tren ater. Ë 30 lisjê i war zot pe vini, i met lake lo ledo7, wap wap wap, i aie dâ lapaj 8 . Bonom i krije: »Frer lisjê, esper mwa, i ana ë zafer pu u zize!« Lisjë i dir : »U a larg mwa, u âvi fer mwa gaj devore ek sa gro serpà ? Si u'ie, koz la-ba mem, pa koste obor mwa!« Bonom i komàs rakôte, lisjë i dir: »Vivà* sa, màz li, i amar mwa dà lasen tu lazurne nev-er diswar. 35 I don ë pti morso mâze, pa ni ase pu mwa, e mô bizwê vej lakur tu lanwit sà ë lapej. Màz li!« Serpà i dir: »U tàde ?« Ë pti momà zot zwen bef, pli move àkor; i dir: »Màz li, i amar mô piti t u lazurne, i tir 10 tu mô dile, i van. Màz li mem !« Ë ler zot in zwen sis kalite zanimo, person pa prà zëtere vivà, tu i dir: »Màz li mem!« «> Bonom in fini fatige tu sa zafer ki pe pase. Frer Sûgula i tàde, ban zanimo i rakôt li ; frer Sûgula i fer kom si i pe al lasas avek sô fizi, bjê abije, ë pake liv àba sô lebra, kat fawntenpen 1 1 dà sô pos semiz. I pas lwë la-ba, bonom i krij li : »Frer Sûgula, esper mwa ë pti momà pu ziz mô zafer!« - »Mô pa kapab retard mô vojaz, i pros dez-er, mô bizwë al 45 zize grà lakur. Ki i ana àkor ?« Bonom i komàs rakôte. Met Sûgula i dir: »Me sa mirak depi mô lavi. Zame dimun ti deza amen ë gro serpà vivà lo sô ledo. Me ki majer mô pu kapab ziz ë zafer parej ?« I pas lamë dà sô latet, i get ë ku dà sô mot ki ti ë bwat mentholatum.11, kà-mem i ti ë pe per i koste ë pje pli pre, i dir avek sa serpà: »Desan ater deswit, 50 napa ë lalwa ki dir fer lesklavaz ! E u bonom, sorti obor sa serpà e rakôt mwa u zafer, e u serpà, rakôt mwa pu u, e degaze osi.« Komà serpà i komàs rakôte, met Sûgula i t a p sô fizi bàbu ater, i dir avek sa bonom : »U pa ti kone serpà fodre les li mor dâ sô tru ? Komà u kapab bet ! U ti napa luvraz ? « I t a p àkor ë ku sô fizi ater, serpà i 55 tràble. I pa kapab aie akoz zafer pa ti àkor fini. Sûgula i dir: »Sorti devà mwa deswit! Si mô lakoler i mot àkor, mô pu t u j u avek mô fizi!« Serpà i fer sek 13 kot i aie, bonom i return se li bjê pir 14 , grà-mersi Sûgula. 7
Met lake lo ledo: une des expressions fam. pour >courir viteBroussaillesquitter le chemin pour se cacher, prendre la tangenteEtre humaintrairetraire< (1530-DG [. . .]), [. . .] norm. tirer [. . .] nant. Maine, ang. poit. saint, kan. [. . .] tirét. Cf. Chaudenson 875-6. 11 >Stylo< < angl. fountain-pen, mot intégré comme bolpen < ballpen >bicbloc-notesDents canines supérieures«, v. FEW 7,313b: »Mfr. nfr. dent œillère (seit 1530, Palsgr 234), Bray, Pt-Aud. id., St-Victor dent uière, saint, dent œillère«. 11 Dans le manuscrit : La sa. " D.l.m. : Sa coq y dire. " Ku-d-labek est rejeté par quelques témoins qui diraient ku-d-bek. Le mot pour >bec< est labek. " D.l.m.: et li y ti a prend. " Fer sermà implique toujours qu'on promet de ne pas faire telle ou tello action, mais la négation n'est presque jamais exprimée. " D.l.m.: La ti Jean y envoye.
X
Tijean et le langage des animaux
165
est bête, regarde combien de poules je commande ici. S'il arrive que quelques-unes se querellent, je leur donne un seul coup de bec, et tout est fini. Lui, il a juste une femme et il se laisse dominer par sa femme! Quand sa femme lui a demandé pourquoi il riait, il n'avait qu'à prendre son bâton de rotin, il aurait dû lui donner quelques coups, et la femme aurait juré de ne plus lui poser cette question.« Alors Tijean rit, il dit grand merci. Il tendit la main pour prendre son bâton et il dit à sa femme: »Viens, je te dirai pourquoi j'ai ri.« Tijean commença à lui donner une fessée avec son bâton de rotin. La femme cria, elle demanda pardon et dit qu'elle ne demanderait plus jamais pourquoi il riait. E t après cela, quand ils se promenaient ensemble et que Tijean riait, elle n'a jamais plus questionné Tijean, parce qu'elle savait ce qu'elle récolterait.
XI SAMUEL ACCOÜCHE SABOTAZ ÄT DE
SER
Ti ana S bonom ki ti apel Lamur, i ti marje avek è fij ki ti apel Zistin, me telmä ki zot ti'n kötä kamarad, zot pa ti kapab apel saken zot prop nò, zot ti bezwè rod saken è nò gate pu zot apel kamarad. Lamur ti apel Zistin »Titin«, e Zistin ti apel Lamur »Mumu« pu zot nö gate. 5 Alor apre sek-ä marjaz, Zistin i gaj de fìj äsam 1 . En ti apel Sesil e lot ti apel Fij, me Sesil ti pli mje ki Fij. Ler sa de fij ti'n gaj laz ve-katr-ä, ki ti laz marjaz pu è fij Iòta, biro leformasjö i resevwar è let sorta Lafräs, ävoje par è garsò nome Msje Lezen ki ti ana tràt-à, ki ti ule g a j portre è fij seselwaz ki dà so gu pu li io marje avek. Me kom sa zofisje biro leformasjö ti kon bjS Msje ek Madam Lamur, e ki i ti kone ki zot ana de fij ki'n ne àsam, alor i gaj e kösiderasjö dà li-mem ki sa preferàs ti a bò pu sa famij Lamur, e àmem-tà ki i a debaras en parmi sa de fij ki'n ne àsam ki i a vin è grà ed pu Msje ek Madam Lamur. 15 Alor sa zofisje i al war Msje ek Madam Lamur e i èform zot sa bò nuvel, e i dir zot ki fodre zot àvoj portre tu-le de fij è fasò ki sa Msje frase i a deside li-mem lekel ki i kötä àt le de pu li marje avek. Alor bonom ok bonfam tu-le de in bjè kötä pu sa ki sa zofisje in fer pu zot. Zot remerei li boku pu sò böte ä dizä : »Mersi, Msje, pu sa ki u'n fer pu nu, petet nu 20 pa pu kapab ran u u bjèfe ki u'n fer àver nu, me u a gaj u reköpäs dà lesjel.« Komà sa zofisje i fini dir zot orevwar, i ale. Isi derjer bonfam i maj bonom da sö liku, i dir avek li: »Mumu, mö vje gate, mö äbras u pjok pjok - telmà ki mö kötä ki en parmi nu de pti fij pe al marje avek 25 è Leropeè, ki è bö Fràse. Me ki sàs ki nu ana, mö vje dudu ? Get sa zofisje in nabu 1 kit so biro pu li vin fer è bö fa ver kom sa pu nu!« Bonom Lamur i dir avek Ii: »Titin, i ana dcler sa pa vin zis par lasas, me fodre osi ki u fij i ana figir pu garsö war zot e à-mem-tà pu tàt lamitje è garsö, sä kwa si u fij i malgol-malgol 3 , zot a mor vjej-fij mem.« 30 Titin ti'n tap de lapiritif, i dir: »Selmä sa i vre ki u pe dir, mö v j e susu.« Manuscrit de l'auteur. 1 Le seych. possède le mot zimojzimel >jumeau/jumelleconfusion, jumblcto make a
XI TRICHERIE
ENTRE
DEUX
SŒURS
Il était une fois un homme nommé Lamour et qui était marié à une fille qui s'appelait Justine. Ils s'aimaient tellement qu'ils ne pouvaient pas s'appeler par leurs noms, il leur fallait toujours chercher un diminutif. Lamour appelait Justine >TitineMoumoudésordre négligé, malpropre, salopé, laid< ne présente pas de difficulté, mais nous ne nous expliquons pas le changement de forme. Le maur., selon CHAUDENSON 1118, connaît un mot golmal, mais CHAUDENSON n'en mentionne pas la signification.
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XI
Sabotaz St de ser
Alor lanmë maté Madam Lamur i amen so de fij kot ë photographer e fer frap zot foto. Â ariva se li i môtre sa de foto sô bonom, sô bonom i dir : »1 tre bjë tu-le de.« Alor i met no sak fij derjer zot foto, i poste à 35 Fràs lo no Msje Lezen. Ler sa msje i resevwar sa de foto, i truv pli kôtà Mamzel Sesil ki Mamzel Fij. Alor i ran repos Msje ek Madam Lamur ki i kôtà Mamzel Sesil, e àvoj li par premje lokazjô pu li marjo avek li. Zur ki fakter i al amen sa let kot Msje e Madam Lamur, zis Mamzel Fij «0 ki ti la dà lakur. Bonom Lamur ti'n al pej so p a t à t kalu 4 , bonfam ti'n al aste ë frilez 6 parski so en ava kàkrela ti'n komàs beke', e Mamzel Sesil ti'n al àsam avek so mamâ pu al aste ë korse pu li ek en pu sô ser Fij. Komà Fij i war sa fakter arive, i t a j e i al zwen li dà lari, e i prà sa let avek li, i al dà lasam i ferm laport i dekaste sa let pu war lekel « parmi zot de ser ki'n g a j laviktwar marjaz. Komà i uver, i war ki so ser Sesil ki'n resi 7 laviktwar e ki sô prêta i dir fer li môte oplito posib. Fij i àkoler, i koz tu sel i dir : »Ki si-sa ? U Sesil u a m a r j e avà mwa ? U pa bet u, mô a aràz u zafer, e u a war marjaz ek mwa.« Alor Mamzel Fij i al prà lagom i efas bjë nô Mamzel Sesil lo sa let, e i met sô nô, Mamzel Fij. I kol bjë sa let i depoz lo latab dà lavarag 8 e i al dà lasam i fer kom si i dà grà lokipasjô netojaz lasam. Ler so papa, sô mamà ek sô ser i arive à sortà àvil, premje kek-soz ki lizje Madam Lamur i frap lo la se sa let lo latab dà lavarag. I krij Fij i deman avek li : »1 ana kek fakter ki'n amen let isi ?« Fij i dir : »Wi mamà, i ana ë fakter i'n amen 55 ë let, i'n deman mwa si u la, mô'n dir li ki u'n sorti, alor depoz sa let la-mem lo latab dà lavarag parski mô lamë ti sal avek cardinal*, e alor mô'n les sa let la-ba mem lo latab.« Madam Lamur i uver sa let i lir. Ler i fini lir i dir avek Fij : »Ma10 fij ! U boner i la-mem avek u, u pa kone ?« Fij i dir: »Ki in arive, ë, mamà ?« 60 Sô mamà i dir li : »Tu-le zur, ki mô dir zot ? Mô pa i ti tuzur dir zot ki fodre pa ki zot fij, zot fer bonavini 11 dâ zot lavi, e ki i vaut mieux tenir 1 >Licence de faire du vin de cocotiers Le mot kalu est, d'après C H A U D E N S O N 1056, »sans doute d'origine indienne«. La seule référence que nous avons pu trouver dans Hobson-Jobson se trouve s.v. toddy, 927b, dans une citation de »Bp. Caldwell, Lectures on Tinnevelly Mission«: »[. . .] a sweet,
intoxicating drink called >kal< or >toddySorte de châle à franges, porté sur la têtecoiffure de femme, en laine tricotée, pour l'hiver« (seit Lar 1877), bmanc. friloez >coiffe de laine des paysannes«.« ' >Mordre, mangor< < fr. dial, (pic., norm., havr., etc.) béquer >béqueterto flirt aroundSe moquer, so railler de, bafouerLa Chaussée«, le nom officiel est aujourd'hui Long Pier; embarcadère du port de Victoria.
XI
Tricherie entre deux sœurs
173
- Non maman, j'ai compris tout ce que tu m'as expliqué. - Bon, alors, maintenant il faut préparer les affaires pour ton départ, parce que ce monsieur là-bas a dit de t'envoyer le plus vite possible. Alors elles préparèrent tout pour le mariage de Fifille, pour que Fifille puisse embarquer à bord du paquebot de la British India dimanche. Dimanche, de très bon matin, le paquebot siffla en arrivant. M. Lamour dit : »Avez-vous fini de tout préparer ? Parce que le bateau a sifflé, ça veut dire que nous sommes pressés.« Titine, sa femme, lui dit: »Ne t'inquiète pas, mon chéri, tout est prêt, nous n'avons qu'à attendre le poussepousse qui nous amènera à La Chaussée.« Un petit instant après, l'homme arriva avec le pousse-pousse, il dit : »Bonjour, bonjour, Monsieur, Madame, Mesdemoiselles!« Ils répondirent: »Bonjour, >pousseurRetenir, réserver une place (pour un vol, un voyage)< < angl. to book ?
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XI
Sabotaz át de ser
zame.i Bonom Lamur i dir: »Napa litilite u prese pu al marje, ma fij, parski ban zen fij Iota zame zot ti prese pu zot marje, zot ti ana pasjas e i ana petet alaz sékát-á umem plis ki zot sas marjaz i mote.« Sésil i dir li: »Papa, mo pa pe plere akoz mo a vi marje mwa, me mo plere 140 akoz mo abitje avek mo ser e ki ozordi i pe kit mwa ki mo pa kone si nu pu gaj sas war kamarad akor.« Bonom Lamur i dir: »A bo, mo ti krwar ki u pe plere akoz u ser in marje ava u, mwa.« Alor Mamzel Fij á ariva Bombej, so pasaz ti'n bukte par avjo pu Lafrás. Á ariva lo e r p o r t " Pari, i war é garso ki pe get-gete partu kom H5 si i ana kek dimun ki i pe rodé, epi i war sa garso i vin kot li i deman avek li: »Mamzel, ki nasjo u ete, s'il vcms plait?« Mamzel Fij i dir: »Mwa e Seselwaz.« Sa garso i deman avek li: »Napa akor Seselwaz ki'n vin avek u ?« - No. iso - Pa u-mem Mamzel Fij ki u ser i apel Sésil ? - Wi, mwa-mem. - Me oli u ser Sésil ki mo ti fer tu fre pu fer li vin isi á Fras pu li marje avek mwa ? - Me mwa ki u ti dir vini, pa Sésil! Petet u'n trope, olje met no Sésil 155 u'n al met Fij ? - Mwa, mo pa fu mwa, mo plis ki sir ki Mamzel Sésil ki mo ti dir fer vini isi, no pa Mamzel Fij. - Be prezá mo'n fer mo depás mo'n ariv isi, marje avek mwa-mem!« - No, mo bje regrete, ma fij, ki pa u ki mo kota pu mwa marje avek, me loo u ser Sésil. E koma zot lafamij Lamur zot in fer mwa depás mo larza initilmá par zot sa-kopra 20 , alor mo pa deside aprezá pu mwa marje avek person da zot famij, ni u, e ni Mamzel Sésil no pli, pagar pli tar mo a gaj plis difikilte ki sa.« Mamzel Fij i deman avek Msje Lezen: »Be garso, ki mo pu fer aprezá ? 165 Ki majer mo pu fer pu mwa kapab return da mo pei Sesel?« Msje Lezen i dir avek li: »Vin avek mwa kot biro imigrasjo e mo a fer zot fer é larázma avek guvernma u pei, pu fer u return da u pei.« Alor Mamzel Fij i al kot biro imigrasjo avek Msje Lezen. Msje Lezen i esplik sa zofisje á sarz tu sa ki'n arive. Alor biro imigrasjo i fer t u neseser ki ti no bezwe, e fer Mamzel Fij return Sesel avek é gro latet pti liku. Koma i debark lo Lasóse i pa ni gaj la vi pu li get ni agos ni adrwat, i nek pra so pti valiz truso marjaz, i dir: »Mo lipje amen mwa da lakur!« A ariva da lakur i nek zet sa pti valiz truso marjaz la-mem deva laport, i pas da salo avek e vites, i al dormi bje bude lo lili. So papa, so mainü 175 ek so ser Sésil tu-le trwa in ebete e sezi, zot zis get kamarad. É moina apre, so mama i al kot i ti pe dormi lo lili i deman avek li: »Me Fij, ki in " >Aéroport< < angl. airport. " >Stupidité; stupide, imbécileMalchanceZot, mô kerdu, mô regrete mô'n marje, me â tu-le ka, i zame tro tar pu fer dibjë.< Mijot ti repon li â dizâ: >Zot, susu, si u pa met mwa dà u lakaz, kâ-mem nu â menaz", mô pu fol, e mô a forse ë oo zur môte se u e fer lâse sa vje susuri.< Apre Siraz ti azute ki ler u mari e Mijot ti'n aie, i ti âtan u mari dir: >Bye-bye, sweethearU, Mijot ti dir: >1 love you0h mon cœur, je regrette d'être marié, mais en tout cas, il n'est jamais trop tard pour bien faire.< Mignotte lui répondit : >Oh mon chou, si tu ne m'amènes pas chez toi, quand même en tant que ta maîtresse, je deviendrai folle, et je serai forcée d'aller chez toi un jour et de flanquer la vieille chauve-souris à la porte !< Après ça, Cyrase a ajouté que quand votre mari et Mignotte sont partis, il a entendu votre mari dire: )Bye-bye, sweetheart/ love youInfidèledérèglement des mœurs< (seit 1535, OlivSap 14,26).« Expression fam. qui signifie >rendre la pareille, rendre le mal pour le maltout d'un coup«. 55 >Se cacher, guetter< < »mfr. nfr. madré [. . .] >qui sait toutes sortes de ruses< (seit 1591, L'Estoile; Cotgr 1611)«, FEW 16,539a. " >Chauffeur, chauffeur de taxi< < angl. driver, cf. drajv < to drive »conduire (une auto)chauffeur< et >conduiremon cher, ma chère< !« Il leur dit : »N'essayez pas de me faire prendre des vessies pour des lanternes!« Ensuite M. Jasmin demanda à Akonor: »Mais mon garçon, qu'est-ce que vous êtes venu faire dans ma maison ?« Akonor lui dit : »J'ai l'intention de demander en mariage votre fille Mimi que j'aime beaucoup.« M. Jasmin demanda à sa femme: »Est-ce que tu es contente que Monsieur Akonor demande notre fille en mariage ?« Sa femme lui dit : »Mais oui, mon chou, cela nous soulagera d'un grand fardeau.« M. Jasmin demanda à Mimi: »Mimi, est-ce que tu aimes Monsieur Akonor?« Mimi dit: »Papa, si vous deux, maman et toi, vous êtes contents, moi aussi, je suis contente.« Jasmin lui dit: »Mais ce n'est pas nous qui nous marions, ma fille; toi, tu dois voir si tu es contente, oui ou non.« E t il ajouta : »Bon, peut-être tu es un petit peu timide, mais tu nous le diras plus tard.« M. Jasmin demanda à Akonor: »Monsieur, est-ce que vous aimez notre fille de tout votre cœur?« Akonor lui dit: »Monsieur Jasmin, je ne suis pas une horloge qui répète continuellement la même chose. Si je vous ai
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X I I I Mor vjej-fij
promet u ki mo a fer Mimi erez parej e lera da e ratjer.« Madam Zasme i repon i dir: »M5 garso, koma e lera da e ratjer i kapab ere ?« Akonor i dir: »1 ere parski i da é lakaz ki i pa pe pej lokasjo, e osi pars75 ki i pe maz-maze sa peje.« Msje Zasme i dir: »Msje Akonor, u pe fer fars u. Anu koz serje.« Akonor i dir: »Pa bizwé per, Msje Zasme, mwa é zom parol, mwa. E sa ki mo a fer pu Mimi, zot a kota.« Msje Zasme i dir li: »Bo alor, mo garso, u kapab ale. Da kez zur nu va eform u si u va kapab avoj u let deman, ubje no. Les nu al fer nu so kosej-d-famij ava.« E Madam Zasme i dir avek Akonor: »Msje Akonor. nu pa pus u, me sek-er diswar in soné, nu pa pu kapab sutir 7 u ziska pli tar ki sa se nu. Ler u va deman marjaz Mimi. u a kapab reste ziska sék-er e dmi.« Alor i dir zot boswar e i al se li. Obut kSz zur apre ki kosej-d-famij ti'n fini, Akonor i resewar e let ki i 85 kapab deman Mamzel Mimi a marjaz. Akonor i das tu sel i dir: »Pa zuzu, zafer in b5, mo a marje e ku mwa osi sa lañe.« E Akonor i ávoj so let deman. E i gaj repos da kez zur apre, ki zot aksepte, e á-mem-ta Msje e Madam Zasme i eform li ki i kapab avoj so aplikasjo pu li komas vin ran vizit. Akonor i aste é kart vizit e i fer so aplikasjo, á demada oo ka i va kapab vin ran so premje vizit Mimi. Apre dis zur i gaj repos ki da e mwa i kapab vin komas ran so premje vizit. Pov Akonor i bizwe ekut lord. Zur lamur in arive. Akonor i ariv kot lakur Mimi avek so de pos palto sarze avek draze, sa ban pti draze ki nu ti apel sa kakalera. Koma «5 Akonor i arive kot lakur i dir: »Bozur Msje Madam Mamzel!« E i don zot tu e poje-d-me. Pa bizwé dir u: Madam Zasme in met tu so lavwal lo li, plis so frilez lo so latet, e Msje Zasme osi pa blije li osi in met so grá lesarp ruz da so lere, avek so palto" ki i'n buton ziska da liku. Madam Zasme i dir: »Átre, Msje Akonor.« Msje Akonor i atre da lakaz, íoo e i war Mamzel Mimi da so rob barjar®, lamas log ziska da pwaje, da so leba 10 , i ti pe asize lo é sez, da e but latab-a-máze da salo, avek e pom-d-amur 11 da e pti sukup omiljc latab. Madam Zasme i dir avek Akonor: »Msje Akonor, u asiz lo sa sez ki la-ba da lot but latab.« La Madam Zasme i dir avek so msje: »Zuzu, ozordi u va bizwe al fer ;
»Tolérer, gardersoutenir ou protéger quelqu'un qui, en général, ne le mérite pas (se dit en particulier de parents qui donnent systématiquement raison à leurs enfants)attirerattirer chez soi avec line intention frauduleuses ; ibid. 418a: »ang. sourtirer >soutirer, attirer, séduire«. • >VesteRobe longue avec jupe à godetsBasTomateLe mariage n'est pas un voyage< (Il dure longtemps)«. 14 >Epuiaé, éreintémalado à mourir