L’amant resuscité de la mort d’amour: En 5 livres [[Reprint of the ed. Lyon 1558]. Reprint 2018] 9783111728063, 9783111051116


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French Pages 335 [336] Year 1971

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Table of contents :
INTRODUCTION de l'amant resuscité re la mort d'amour
DESCRIPTION du texte présenté
BIBLIOGRAPHIE de l'amant resuscité de la mort d'amour
Extrait du privilege
L'AVTHEVR A' SA MARGVERITE
LIVRE PREMIER de l'amant resuscité de la mort d'amour
LIVRE SECOND de l'amant resuscité de la mort d'amour
LIVRE TROISIE'ME de l'amant resuscité de la more d'amour
LIVRE QVATRIE'ME de l'amànt resuscité de la mort d'amour
LIVRE C INQVIE'ME de l'amant resuscité de la mort d'amour
TABLE DE L'AMANT resuscité de la mort d'amour
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L’amant resuscité de la mort d’amour: En 5 livres [[Reprint of the ed. Lyon 1558]. Reprint 2018]
 9783111728063, 9783111051116

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L'AMANT RESUSCITÉ DE LA M O R T D'AMOUR

FRENCH RENAISSANCE CLASSICS Series published under the editorship oj

M. A. SCREECH, D. LITT Professor of French Literature University College London

M O U T O N PUBLISHERS JOHNSON R E P R I N T CORPORATION S. R. PUBLISHERS LTD 1971

CLASSIQUES DE LA R E N A I S S A N C E EN F R A N C E Série d'éditions publiées sous la direction de

M. A. SCREECH, D. LITT Professeur de français University College London

MOUTON ÉDITEUR JOHNSON REPRINT CORPORATION S. R. PUBLISHERS LTD 1971

L'AMANT R E S U S C I T É DE LA MORT D'AMOUR En cinq livres par

THEODOSE VALENTINIAN FRANÇOYS

Introduction par

MARGARET HARRIS

MOUTON ÉDITEUR JOHNSON REPRINT CORPORATION S. R . PUBLISHERS LTD 1971

Reprinted 1971 by courtesy of the trustees of the Bibliothèque Nationale, Paris from the edition of Maurice R o y and Loys Pesnot printed in Lyon, 1558 Bibliothèque Nationale Press-mark Rés. Y 2 728

© 1971 Jointly by S. R . Publishers, Johnson Reprint Corporation, and Mouton & Co I S B N 0-85409-210-2 Library of Congress Catalog Card No. 72-114655

S. R . Publishers Ltd East Ardsley, Wakefield Yorkshire, England Johnson Reprint Corporation i n Fifth Avenue N e w York, N . Y . 10003, U.S.A. Mouton 7 rue Dupuytren, Paris-6, France 5 Herderstraat, The Hague, Netherlands Printed in Switzerland

I N T R O D U C T I O N DE l'amant resuscité de la mort d'amour L ' É D I T I O N D E 1558 D E L'AMANT RESUSCITÉ n'est pas la première de cette oeuvre mais c'est une des plus anciennes qui se trouvent dans une bibliothèque publique. La première édition du texte de base fut publiée par Maurice R o y et Loys Pesnot à Lyon en 1555. Ce texte reparut cinq fois de suite au cours des soixante-dix années qui suivirent. En 1626 on fit une dernière tentative pour en moderniser le titre. Mais, malgré tout, cette histoire des «angoisses d ' a m o u r » fut vite abandonnée par une nouvelle génération de lecteurs qui s'attachaient désormais aux complexités psychologiques du nouveau genre de roman propagé par d'Urfé et par Mme. de La Fayette. Il paraît cependant qu'il a existé avant 1555 un texte imprimé de L'Amant res[s]uscité et qui différait radicalement du texte de base. U n certain abbé du 18e siècle écrivant dans l'édition de 1779 de la Bibliothèque universelle des romans analyse un roman qu'il appelle L'Amant ressuscité de la mort d'amour. Celui-ci porte la date de 1538 (Cf. le premier chapitre de m o n ouvrage A Study of Théodose Valentinian's «Amant resuscité de la mort d'amour», Genève, 1966). D'après cette analyse il semble que le premier Amant ait été un simple récit, d'allure quasi espagnole, d'un amour déloyal, écrit pour distraire plutôt que pour instruire. Le fait que ce texte ait été composé si tôt dans le 16e siècle en constitue

VIII

INTRODUCTION maintenant le principal intérêt. Car ce petit roman, dont il ne reste actuellement plus de traces, représente, avec Les Angoysses douloureuses d'Hélisenne de Crenne (1538), la première tentative par un Français pour exploiter le nouveau genre du roman sentimental, récemment importé en France d'Espagne et d'Italie, en écrivant dans sa propre langue. *

Quant à l'auteur, le nom Théodose Valentinian est manifestement un pseudonyme. Tout examen pour découvrir l'identité de l'auteur doit s'appuyer sur deux faits : d'abord, le cadre anglais du roman d'un réalisme inhabituel, et, plus spécialement, la place que la famille Seymour y occupe. Ces faits m'ont conduite à croire que l'homme qui se cache sous ce pseudonyme est le célèbre Nicolas Denisot, ancien précepteur à Londres de Margaret, Anne et Jane Seymour, fdles du Protector Somerset: Nicolas Denisot, «le Conte d'Alsinois», favori de Marguerite de Navarre, portraitiste, poète, ami de la Pléiade et... espion audacieux. On ne peut rien conclure cependant sans considérer la propagande religieuse dans L'Amant res[s]uscité. Dans ses Cantiques du premier advenement de Iesu-Christ (1553) Denisot luttait déjà contre le paganisme de son siècle et essayait de convaincre la Pléiade de suivre son exemple. Ses Noëlz, au contraire, publiés en 1545, ne s'inspiraient que de Celle à qui suis de tout en tout voué, C'est ma très belle et gente Valentine. On verra bien que les deux variantes de L'Amant re[s]suscité suivent de près le cours de l'évolution religieuse

INTRODUCTION

IX

de Denisot reflété par ces œuvres poétiques. Le premier texte d'amour paien de 1538 et sa transformation en 1555 en un roman dévot, prônant l'amour chrétien et le mariage peuvent être considérés comme une extension logique de cette lutte religieuse, menée cette fois dans une œuvre d'imagination en prose. *

Bref, L'Amant, rest« [s] dit'nous offre une intéressante solution littéraire à l'un des problèmes qui inquiétaient les écrivains chrétiens du 16 e siècle. C e que Valentinian, alias Denisot, propose dans son roman est une synthèse du romanesque païen et de la moralité chrétienne. Dans son cas ce n'était pas une formule de chef-d'œuvre. «L'expérience de l'amour divin n'est pas du domaine du roman» dira plus tard Bernanos. Mais Valentinian, tout en justifiant le mot de cet autre romancier chrétien, eut le mérite cependant d'en faire le premier essai. M . A . HARRIS * *

*

DESCRIPTION du texte présenté

L ' A M A N T R E - // SVSCITE' DE LA // MORT D'A- // MOVR, [Fleuron] // En cinq Hures, // PAR THEODOSE VALEN-//TINIAN FRANCOYS.//Asseztost,si assez bien.// Devise de l'imprimeur, salamandre flanquée du texte : VIRTUTI SIC // CEDIT INVIDIA. // La devise se trouve sur la page de titre des éditions de 1555, 1557 et 1558; motif régulièrement utilisé par Senneton de Lyon. Maurice R o y et Loys Pesnot étaient associés à la maison de Senneton. (Voir Baudrier, III, pp. 135, 166, et VII, P- 367). A LYON, //Par Maurice R o y , & Loys Pesnot. // Auec Priuilege. // - // 1558. // In quarto, pp. viii + 292 + 20 (index). I,v°: Extrait du Privilège. P. 1 (signature b) : L I V R E P R E M I E R P. 40 (fiiii,v°) : L I V R E S E C O N D P. 98 (oi,v°) : L I V R E T R O I S I E ' M E P. 1 3 2 (sii,v°) : L I V R E Q U A T R I E ' M E P. 223 (Fiiii,v°) : L I V R E C I N Q V I E ' M E P. (293-Piii,r°): T A B L E D E L ' A M A N T R E - / / suscité de la mort d'à- // mour. * *

*

B I B L I O G R A P H I E DE l'amant resuscité de la mort d'amour OUVRAGES DE THEODOSE VALENTINIAN L'amant resuscité de la mort d'amour, Lyon, 1538. Aucun exemplaire connu en existence. Voir Bibliothèque universelle des romans, Paris, juillet 1779, pp. 87-126. L'amant resuscité de la mort d'amour. En cinq livres. Par Theodose Valentinian Francoys; à Lyon, par Maurice R o y , et Loys Pesnot, 1555. In quarto, pp. viii + 292 + 20 (index). Apparemment aucun exemplaire en bibliothèque publique mais indiqué dans la Bibliographie lyonnaise de Baudrier comme faisant partie de sa collection privée. Cet exemplaire appartient actuellement à Humbert de Terrebasse en Dauphiné. Comme ci-dessus, mais daté de 1557. In quarto, pp. 8 + 292 + 20 (index). Seule copie connue à la Bibliothèque de l'Arsenal* (Paris) sous la cote 4°S549. Comme ci-dessus; 1558. *British Museum, cote 12403. ff. 5. * Bibliothèque Nationale, à la Réserve Y 2 728. Copie également signalée à la Bibliothèque Municipale de Lyon. Histoire de l'amant resuscité de la mort d'amour. Paris, Claude Micard, 1572. 16 0 . Pp. v + 555 + v (index). * British Museum, cote 245 a 29.

* Dénote un exemplaire effectivement consulté

XII

BIBLIOGRAPHIE

La ré-édition* du dix-septième siècle (Les angoisses d'amour, Lyon, 1626, in quarto) est beaucoup plus largement accessible dans un grand nombre de bibliothèques, y compris le British Museum et la Bibliothèque Nationale. Ouvrages se référant à l'Amant resuscité: Abbé, C., «L'amant ressuscité de la mort d'amour» in Bibliothèque universelle des romans. Paris, juillet 1779. Ce résumé essentiel de la vers ion de 1538 du roman est intégralement reproduit dans mon étude figurant dans la liste ci-dessous. Baudrier, H. L., Bibliographie lyonnaise: recherches sur les imprimeurs, libraires, relieurs et fondeurs de lettres de Lyon au seizième siècle par le Président Baudrier, publiées et continuées par J. Baudrier, 12 volumes. Lyon, 1895-1921. Tables par G. Tricou, Genève, 1950 (-1952). Green, F. C., French novelists; Manners and Ideas jrom the Renaissance to the Revolution. Londres (et Toronto), 1928. Grente, G. F. X . M., Dictionnaire des lettres françaises, publié sous la direction de G. Grente, A. Pauphilet, L. Pichard, etc., (XVIe s.) Paris, 1951. Harris, M . A., A Study of Théodose Valentinian's «Amant resuscité de la mort d'amour». A Religious Novel oj Sentiment and its Possible Connexions with Nicolas Denisot du Mans. (Travaux d'Humanisme et Renaissance, L X X X I X ) . Genève, 1966. Matulka, B., The Novels of Juan de Flores and their European Diffusion; a Study in Comparative Literature. N e w York, 1 9 3 1 . Reynier, G., Le roman sentimental avant l'Astrée. Paris, 1908.

BIBLIOGRAPHIE

XIII

Screech, M. A., The Rabelaisian Marriage. Londres, 1958. Techener, Vicomte de Gaillon, article sur «L'Amant resuscité de la mort d'amour» de Valentinian, in Bulletin du Bibliophile. 1857, N ° 143, p. 292. * *

*

L'AMANT RESUSCITÉ DE LA M O R T D'AMOUR

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En cinqliures, *T> A

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FRANCOYS.

AíTcz toft,fiaíTczbicn.

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Far Maurice Pxoy,&: Loys Pcfhor,

cs4uec Priudege.

TJT%.

Extrait du priuilege, IL E S T D E F E N D V atous Imprimeurs êz libraires,de nô imprimer ou faire imprimer,n'y expofer en vente ce prefent liure,in titulé Vamant refit/citéde la mort ci'amour, &cc iufques au temps & terme de dix ans prochaine ment venante, à conter du i o u r & d a t e que la premiere imprefsion dudit liure fera paracheuée d'imprimer.finon par le cogé &permifsion de Loys Pefnot libraire de Lyon , fur les peines côtenucscs lettres fur ce depechces audit Lyon ledoufiéme de Septembre, mil cinq censquarante huit,& de notre regne le deuxième. Signe par le R o y lcfeigncur Iean laques, maitre des requêtes prtfent. Cocfier. Et scellées de cire iaune à fimple queue.

L'AVTHEVR A* M A R G V E R I T E.

SA

E "NE C\or TAS, M Adame,que ce nom de Marguerite, quant d é f i donné aux fillespar le baptême nefa ce fur elles quelque celefte influece.En pre mier heu,de bonié d efprit. Secondement d'affection aux lettres. En tiers heu,de quelque gradef* turc fàpience,^ doctrine./e H'abuferày point icy, ne du pa pier,ne de ¿ancre ,ne de la plume, moins du temps, qui efî encores plus cher,pour-uottsfaire en cefle page un calcul ou defeription de celle ouuer ce quelle(çaytfaire f i efl- ce qu'ayant e>le (à.-i a dteeur comme cefi à dire defleur 1 que,ou de motzjtjtermes riches tp precieux,qui efl ce qui ne trouueroit bonne ïadreflè qui en eflfaitte à mous? Vous dtsie,qumon feulement de nom, ains aufside faici elles am au ^ *z>ne Marguerite pleine de ¿Marguerites. Car (come l'on de U uictL dit par d'iccu\cl; aux autres dé-ftrci preme, lectablefieplaifantcivoircsque les matières douloureuiesScrcen 4l.t Lacan,-. lamentables font trop plus aptes ¡ni propres a la voluptc des lecteurs qucMuillesautres,iay voulu me vamcremovmehne, prenant plaiïir de ce mien deplaifir.fic forçant ma paf»ion, pour vous dreJler aumoins-mal qu'il me fera po^ible celte Jcchire.Qtieiila recordatiôaileinéedesmaux pailczeit ioycu ie S< recreatiueà ceux qui les ont fentizic cfchapez : de coin- " rf biem penfez vous,que les autres peuuenc clerc- elpris dev olub

t,

L'AMANT R E S V S C I T E DE L A pté, regai' dans lescalamitezd'autruy, fans aucuncleurpafsce douleur,fans aucune leur prefente,ouencorescuifante perte ou fortune? AufqueJz certes,la mefmecommifcration Se pitié cil folatieufe.Car qui cft celuy (ic vous prie)d'cntre nous, tpùmluonjai auquelceil Empereur deThebcsEpaminondas mourant en la ville deMancume, ne donne par vn mefmcmoyen,&com pafsion & plaiiir. Qmlors feulement commanda luy elhe tirée du corps la morcelle fagette,quand il entendit que fon bouclier n'eiloitdemeuré au pouuoir desennemysià fin,que voiresau milieu des douleurs Se angoifles de fa play.c,il fcfcn tic coiuanc Se iàtisfait, mourant auec honneur 8c loiiangc. Qui cft cckty qui iic fe treuue comme iauy ou tranfportéen Themisiocks, cfpnt,lifanr,ouj'afuytcdeThcmiftocles, oulamifetable decôfiture de CaiusManus,ou après fou rctour.la terriblecruaut mïcr du tiers ^ ^ bocherie énorme qu'il feit à Rome.Qui peut lirefans t! liuredelora°Pd'ardeui-Januitation delà rcpublicque de ccfte niefme teur. viliedcRommccntnannyciLesoppref.ions.profcnptions, Cice.cn repu parricides, inhuniauitez, de ces trois mefehans Anthonius, jlrei o¿{au. Lepidus&Odlauiii';, par k'fquelz fut généralement buriné AppianeulU tour le monde entier? Qui lie la déflation desltnfzja deres cfuiUs™*ftn^'onde leursfoinfteville, lefaccagcmét de leur temple: lofcphm en U Entant tenu & retenu aucc trop dilhideen ceftelcttuguerre des re.& toutefois de l'autre part i. vous coniidcrez loi dre des luifz. annales,les marques & dillin£honsdestcmps,&:aucrcsroca tions faites és croniques, telles choies certes ne nous recicnntec'rmr nentqucmcdiocrcmenr.Manaucnant que nous foyentpreU fentez en icelles croniques & annales aucuiishazarciz&rpcii ([c„ l.uies auenturcs de quelque grand ou excellant perfonnage, nous fommes frapezen noz tocurs de maintes pafsions &c afcttionsjtcnuzen fufpcns:maintcnantd'admnation:maintc nant d'atrentcitantoft deioyeitantoitdc rriftifle,d'cfpcrance,dccraint?.QiK Îi telles liai rations à lafinviennent à vnc periode 8C cccluiicn de quelque notableiifue,font adoncles efprit2dcsl:£leurscommegorgez&:rempliz d'une volupté extrême. Non j. oui tant ma-dame vousfaysieccdifiours, queie meveullecncc commencement vanter, ou vous mettre cnc< itcixpcdatiôjquci'hiiloirefuiuantvcusdoyucjca puirtl- donner tant de plaiiir. Sachant bien que mon peu d'cipricne peun-oyc pas refj qiidie à vcflïc grand iiigemer.r. A', v i.:

M O R T

D'AMOVR.

L I V . I.

3

M a y s i c v o u s p u y s b i e n p r o m e t t r e , d c f a i r e e n ccft e n d r o i t t o u t ce q u i fera e n m a p u i i T a n c e . f o i t e n v o f t r e f a u c u r , f o i t pourvoftrccibat.

A u temple d e D i e u chacun faitoblation

d e ce q u ' i l peut: les v n s ' d o r & d ' a r g e n n a u c i m s d c p i e r r e s p r e s m é t j t r o m . ciculcs:ies a u t r e s de d r a p s d c f o y c , d c i c a t l a t e , d c p o u r p r e , i e s

ptp^rr^r dc

p a o u u r c s e f t i m e n t c f t r e b r a u e s , & : cft b i e n a i i " e z , v o y r c b e a u c o u p p o u r e u x q u a n t à l a m c f u r c de leurs facilitez, iiz p r e f e n t e n t q u e l q u e p e a u x , o u des p o i l z d c c h i c u r c : & t o u t e f o i s i o u u e n t les c h o f e s c o n t c m p t i b l c s le t r o u tient ies p l u s n e c e i fanes & profitables.Dont v o u s v o y e z que toute celle beauté

^ ^ ^

^

^ ' - ¿ ^ a .

excellante du tabernacle,S: l a d : f t i n c l i o n p a r c h a c u n c s c f p c c e s r c p r c f c n t é e c n iceluy d M V g ! i f ? p r c f e n t c S : d c l a future,cjr c o m i e r t e d e p e a u x & d e g r o i T e s t o i l e s , S i f o n t les c h o i e s exee! L u e s ( a u u é c s ^ d c l'ardeur d u loi

il.Kderiniuredclapluye.

p a r 1? benefice d e c c l l c s . q u i f o n t v i l e s . C c f t e p a o u u r c v e f u e niet feulemét a u t r o n c d : u x p r t i z deniers,3£ c i l proférée a u x n c h e i l j s des p l u s g r a n d i .

A m f î m a - d a m c vous me par-

TLÎÎÎIÉT.

d o n n e r e z , li p o u r la g r a n d e o p i n i o n q u e l a y c u c d e v o l l r e b o u t e & modcftiiM:av pensé,que m ' c x c u i a n r . plus v o u s reg a r d e r e z la d e u o t i o n de c c l u v , q u i a u r a v o u l u taire v u e o f r a n d e à v o f t r c b o n n e g r a c c , q u e le m e r i t e d e la c h u f e prcPentée. O r p o u r y c o m m e n c e r , i l v o u s peut f o u u c n i i \ q u e l'une d c c c s a n n é e s p a f s e c s fur la fin d e l ' l u n e r , i c p r i n s d e l i b c i a t i o n , d e p e r e g r i n e r p a r l e s c o n t r é e s Se n a t i o n s e f t r a n ^ c s .

Moinsie

v o u s aiTeurcCcc q u e p e u t e l l r c p l u s v o u s p e n f e r i e z ) p o u r c n uiequci'cniTe d c paiitrc S i contenter m e s v e u x d e l à v e i i e d e c h a f t c a u x , v i l l e s , p l a c e s Se b o u r g a d c s r q u r p o u r p a r ce

mové

c i l a b l i r e n m o v facilité de c o m p l c x i o n s , m o d e r a t i ô d ' c l p r i r , oc q u e l q u e p e u d e p r u d e n c e .

S a c h a n t q u e les p i n s f o i z l'ont

côtraintz d'cftrcfuges,les plus infolcns p a r n c c e f s i t é a p r e n n e n t m o d e f t i e , S i les p l u s dificiles e n m e u r s p a r f o r c e f o r c é e deuiennenr ayfez & d o u x , eux t r o u u a n s en p a y s c l l o n g n e z d u l i e u d c leur n a i f s â c c x ô m c c e u x q u i a u c c p e u p l e s c i h ' â g e r s n c t r o u u e n t f u p o r t 11c f.uicur a u c u n e , il n o n d : t a n t ,

qu'eux

m c f m c s s'en p c u u c n t g a i g n e r p a r leur r a i l b n fie prouidem-«.-, I'elloispareillement c f p r i s d ' u n dciîr i n c r o y a b l e , d c c o n n o r ftrclcs

h o m m e s à m o v inccmuz.Si d'apreiuire leurs

& tacons d c viurc.

nururs

N o u s l i f o n s es a n c i e n n e s l i i l l o i r c s , a u -

c u n s a u o i r c o u r u les p r o u m c c s , c i h c a l i e z à n o u u e a u x p e u -

b

ij

KV;nt

-

4 en l'pi/lre à Paulinut, de tous let liur. de la Bille. Pitagous. vhtoti. Archittt.

Tite Une.

Apoloniur.

Hiitredt. Tantaluf.

L'AMANT

RESVSCITE'

DE

LA

ples,auoir pafsé les mers à celle fculcfin,qu'ilzveifïcntcnfa ccccux,Iefquc!z feulement ilzconnoiilbyent parliures. D e cefte façon cegrandphilofophe Pitagcrasalla veoir les pre lires de Memphis. Platon s'achemina en Egiptc,vifita Ar~ chitas de T a r é te, &: pafla auecgrâdz labeurs 8c trauaux cefte part des Italcs, laquelle ia-dis s'appelloit la grand Grccc, afin que luy quicftoitgrand maiftre&puiiTant en Athènes,&de Il d o f t r i n c duquel toutes les cfcoles de i'acaderriye retentiffoyent, fut djfciple entre les eftrangiers. Brief comme par toute la terre il cherchoit&pouuchaifoit les bonnes lettres,il fiitprinspar les cour fair es Si efeumeurs de m e r , vendu par •euXjfcruitvn cruel tiran , mené captif, enchaîné, ferf. Et neantmoins d'autant qu'il cftoit philofophe, il cftoit trop plus grand que le R o y qui l'achetoit. N o u s lifons quedes extremites,8ides Efpaignes,Sides Gaules pluiicursnoblcs&C grans feigneursfont venuz viiiterTitcliue,dela plume duquel, (tant eftoirgrande la grace de fes eferits) on difoit liTir vn flcuuedclaift,chofccertcmcrucillcufe,Sc que ceux lefquelzla ville d e R o m m c lors dominatrice Se emperiere de toutle monde n'auoit cibranilczpour l'a venir veoii, vinffent en icclle pour larcnômée d'un feul homme. Et qu'entrez en vnetelle villeycherchaient autre chqfequelaville. Apoloniuscemagiciem (comme le vulgairel'apelle) ou plu ftoftphilozophe (comme les Pytagoriciens lalTeurcnt) entra auxPerfes.paifa la montaignc deCaufafe, les Albanois, les Scites , les Maflagcttes ¡pénétra les riches royaumes desIndes: en fin ayant pafsé ce grand lac 8c fluuc de Phif o n , paruint aux Bragmanes : à ce qu'il ouyt Hiarcas feant en vntrofnedor,8£ beuuantdela fontaine de Tantalus, faifant leçon entre peu dedifciples des meurs de la nature du cours des aftrcs, 8c de la fuite des iours. Puis par les Elamites, Babiloniens, Caldées, Mcdcs, Afsiricns, Partes, Siriens, Pheniciens, Arabes,8c Palcftins, reuenu en Alexandrie,print encores chemin en Ethiopie: voulât oi.yr les G i m nofophiftes, &auoir la veiie de cefte tant renommée 8c fa meufetable du Soleil,qui cftoit en iaable. T r o u u a p a r t o u t cepcrfonnage à aprendre: trouua par tout à profiter. Et ne fut en part en laquelle la bonté qu'il y auoit poitée:il n'adJoutaft quelque Jflduftrie, quelque Icauoir, quelque v e r r a nouuclie

M

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nouuellc.

R

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C i c e r o a y a n t

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D ' A M O V R .

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Cicero.

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tel b i u i t , q u ' o n n ' e f t i m a f t p o i n t , q u ' j l y e u t

ue, q u e d'icclle line fut

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capable,s'en

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C

n o u u e l a

r c f t u d c d c p h i l o f o p h i c . L a q u e l l c o n q u c s n c á t m o i n s

il n ' a u o i t i n t c r m i f e , l ' a y á t d c s l a p r e m i e r c &

depuis toufiours a u g m e n t é e . A u

m e

adolefcéce

m ê m e t e m p s , &

ville,il r e p r i n t les i c o l a f t i q u c s . 8 c v m b r a t i l e s

D e m c t n u s T y r u s a n t i q u e & l m o y s p a l l e z

q u c c e & m ê m e

il v o y a g e a

g r a n d e

d c E l c l u l u s lors

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A u f s i

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à R h o d e s , f e f a i i a n t e n

cité

le plus

par

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à m a r q u e r

h o m m e s , q u ' i l

reprint ce de

d e u x

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citant

Pierre, ( n o n

M o l l o n

à înitituer.

M a i s q u e

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Se

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l o u i î o u r s e n

d e m o u r a

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les A p o l t r e s a l'auenir

e n v ai a i l 11Y u t c o u r u p a r l e p a i s e .

A m i i d o n c a ces e x c p l e s , v o u l a n t

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a b f c n -

q u ' a p r è s le v o y a g e

c u a n g i l c q u ' i l p r c f c h o i r . d e p e u r q u ' i l 11c c o u r u l t

en v a m : o u

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M

fort

c l t o i t n e c e i l a i r e e n l a p r e d i c a t i ô d e s n a t i ô s . à l a q u e l l e i l e l t o i t

B a r n a b e , &

X M r f l V ;

i n f i n i m e n t d e fa b o u c h e n o

m 1 I t e r e ) ¡1 r e c e i u

après,

¿™nitav.a.

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d e f a m t f des

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de

p e r f o n n a g e s

r c c h c f

nlonir''\'-

M a g n e s ,

p r i n c i p a l e m e n t

auec luy q u i n z c i o u r s

d c f t i n é . P i u s q u a t o i 2 e a n s

ra.

&c d i f e r t p c r f o n

de l'Arabie,il m ô t a en I c r u f a l c ' p o u r v e o i r

certes f a n s g r â d

T)c;>;cim;Ty

fie

O r a t e u r s :

P u i s ces c h o f e s

d'clc¿tion,

p a r l'organe &

m é

e n c o r e s e n f a n t , il a u o i t

I e f u s C h r i l l p a r l a l M e i l

de D a m a s &

de

ville de

c h e m i n à R o m m e

a n s e n t i e r s.

qui bien qu'il fut

cxcellens

m i

traitée,

X e n o c l e s , qui p o u r

l e s v i c e s 8C m a u u a i f e s

a u o i t

C i c e r o f o n

8C

'" •

Antbiocus.

r c t h o r i c i e n . C e s

D y o n i f i u s

c o n t a n t

iccllc

auditur à R o m m c . C e r t u y

excellent

f a c o n d de

d c A d r a m i t e n u s

E n c o r e s

M o l l o n , d u q u e l

nes

M e t i p u s

les plus f a m e u x

la G r e c e .

i g n o b l e

t o u t e l'Aiic

r s

exercitatiôs

depluficursilluftres

p r o u i n c e .

Guidius,S£

c l l o y e n t

toute alla

c o m p a g n y e

d'un n o m m é

nage,qui fut e n

11011

p a r

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lire-

e n l a

d ' e l o q u c n c c , a y a n t p o u r d o & c u r eii ceit e n d r o i t , v n

fix

f X C l

C r J t c

m o y s entiers a u e c A n t h i o c u s h ó m c p r u d é t & p h i l o f o p h c f a l a n c i c n n e a c a d c m i c : e n la c o m p a g n y e d u q u e l

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f o y s p o u r a l l e r e n A t h è n e s e n l a q u e l l e v i l l e il f e i t f e i o u r d e f i x

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L ' A M A N T RESVSCITE* DE L A gcrs,dcfiram lesouyr parler 8£ confercr aucc eux,ie vouluz cxccurer celt; mienne ciurcpnnfc l'cité fuyuant , de fa:t ayant encomnnicé mon voyage, & depuis le continuant feiz chemin par vng grand -'omSre de région s, villes & lieux dont quant à prefent le neferay en ce papier aucun difeours, n'eftant propreau propoz,pour lequel principalement l'ay prins la plume. Seulement ie vousauiferay delordtc que ic vouluztenir.Etdela maniéré dont l'ufay en ccftcmicnncpe regrinarion. Arnué en vue ville,la premiere chofeque ie taifois,eftoit d'intenoguerccux.chez lcfquclz ie m'e(tois,logé fi entre les habitansdelaville,y en auoit point aucuns,qui euffent reputation d'cflrefcauas&do&cs.S'aucuns m'eftoyent nommezjcfaifoisvoluntiersfeiour.Et m'nprochantd.ux ce pendant peu à peu ie gaignois leur familiarité. Le tout de telle fâconqu'ilz nefedoutoyent bonncmétdema cuno/ité. Mefmement ie les inuitois Se menois.fi pofsible m'eltoir,dif11er oufouperauecmoyenmonlogis;auqucliclcsrr2iitoJs.i part,leur faiiant toute la meilleurcchere,Sda plus côformc A leurs dignitez.dontie mcpouuoisauifer.MaisalTeurczvous, que ce n'eftoit fans prédre d'eux le fruitt, pour lequel ie les auoiichcrchez.Notantdiligementleurd'cuis.furla natur: de laregion,fur la qualité &condition des habitans,aufsi furies fcieces efqu elles ie les trouuois verfez.Encorcs ce ne m'eftoit aiTez.-ainsàfinde plus nayfucmcnt entendre les meurs du pays,nôfeul:m?nt deshorn-"nes,mai>aufsid:s femmes, l'afeftoisauoircntréc csmaifons bourgcoiïes des citadins, cf. quelles apre^auoir tenu propozaux homes,ieprcnois grand plaiiïr d'acoft :r les femmes, mefmement colles, qui me femblnyct auoir l'cfprit bô8i getil.En quoy certes iccôiuiz,queïï ccfluymiéplaiiirclloit grâd,moindren'cftoit le rccucil&rhô nefte chere,quemcfaifoyct en la plus part des lieux ces eftrâgers hômes & femmes.Et trouuay par cxpenéce qu'en toute narion,rcgio'i, Sfciméeil yatouiiours nôbrcdepcrfonncs de bon ne volonté,qui me tournoie levons .1 fleure, à m cru cil lctix foulag'Mnrt&rrrpoz.encciluv mien l.iboi:cux voyage.

Apr:-s auoir en ceft ' forme voyage vu bien long temgs par ferre, ie me misfiir mer le printempscnluyuant, qui eltoit prefoucs vn an depuis mon chemin cncommencé. Grande ait celle traictemanne,Sttcllequ'a]aifi.'zpciide temps, elle îucfait

M O R T

D'AMO VR.

LIV.

I.

7

m e feie vco ir vne g r a d e partie du leuant.Mais par t r o p cherc m e t elle me vedoit certe vifitation.Vousafleurât que t a n t f u rcnc grades &. fréquentes les tormétes.d'efquclles fur laincr nous fuîmes agitcz:tant nous furet pcrillcufes les incurfions dcscourfaires:tâcdagcrcuxlesvifaigcsdcs Barbares:tat d o u teufes les ren cotres d'une infinité de monrtres,qui f o n t o r d i naires en telles côtrees, que le plus^fouuét ie ne m e r e p é t o i s m o i n s d ' e n aueir enrreprins l'entrée,que e'l n dcfirois l'ilfue. E n c o r e s q u e douleurs fe prefentafset par chachiï iour (Iugula r i t : z inniimerables dignes d'eft re vciies, Se telles que m a n n e nant, cil.it grâces à Dieu hors des dagers,iencvoudiois p o u r p r i s d e c e m ô d e n'en auoireulaconnoiiTance. P a r a i n û m'en nuyant fortdctâtdctrauauxcômençay à d e m e f u r é m é t l o u haitcrlarctraitte, n'ayant autre chofe déliât m ô e f p r i t p a o u urc Sf aHige,qu'un perpétuel delir de noftrc Frâce,de ma mai f o n , d j m e s a m y s . P a r q u o y t o u r n â t bride,me mettât en retour,i^ feiz voile vers n o f t r e p o n a n r . • Mais ie vous p i o m c r z que la môtée de leuat ne me fut q u ' i l pur Se vray îcu, en e r p a raiiondes calami téz qui nou? f u r e t prefeue fans intermiision occurrantes.cn ladcfcctc du p o n â t , t i n t o l i fur la mer,caroli fur la terre. l e v o n s feray feulement le récit de la derniere, qui fot telle,quelle mefeit lerieufement peler iL'la fin, dilpof : r c o m m e p o u r l a d : r n i e r e fois.des afaires de ma conlcicnc c . e l l a ï u i a f o r t auanccen ce retour après longues nauigatioiis.nouscommençafmesd'cftrc.igitéz d'une f o r t e & vehc mente remporte, & t r o p plus crucile Se f u r i u i f c q u e nulles des autres,que par le palic nous euf, ions eiies. P a r l o n s lours nous la fourtinmes, Se tant nous pourfuiuit le malhe ur,quelque dcuoir que les n a u t o n m e r s feeuflent faire,qu'ilz c o m menceront à perdre l i c o n n o i i l a n c e de la part que nous ten o s , pour la varieté des ventz&: vagues horribles,Se p o n i l a diucrlité d e s c n d r o i t z a u f q u e l z n o t i s e l i l ô s g c t t e z tropelh'.Îgc-ment. E n vneccrtainc nuict, laquelle pour quelques heures fe t i o i i u o i t c f i l a r c y c ^ ' u n d e r . o z n a t H o n n i c r s citoïc t o u t au plus-haut d e i ' a i b r e d u n a u i r c , regardant de tenues partz s i! pourroit point aperccuoir quelque terre. A d o n e conir.icca loflc-yer c e n r u t o i ' . r i c r v n c f p h c r c & r o t ê d i t é r c u r e de h u. c i. u |} v n 1 g n c ri y 11 é p ou r tre (h : r v.v a i s & t r. Il e lui la. ® , c r l ; ' u H le feu ù l fu)!:u,ab crt.a/c d o u b l e , la f gp •

S

L'AMANT

RESVSCITE'

DE

L A

cft eftimée heurcufe,comme eilans ces deux f e u x , C a i l o r 8C P o l u x , ainfi que l'antiquité à touiiourscreu,&: à fembléaux poètes. L e patron 5c mai !l rc du »auirc,quitcnoitle guberna cle,voyant celte lphere 8£rotòduc de fcu,apellacc marinier, q u i c l l o i t a u m a t z , H o o compagnon (dit il) ne v o y t u point quelle c o m p a g n y c te î o i n t a u collé? O u y bien refpondit le marinier, i c p n c quelle foitheureure. Soudain ce globcdc feu gliflant par les cordes, fe vint rendre au patron .-lequel ( c o m m e l c s m a r i n i e r s font acouilumcz aux monflres) n'en eutaucuiie frayeur. Puis ayant ce feu fait demeure quelque peu de temps { t es du patron,il fe roulla par les bordz du nauircfii s'efuanouyt. Sur le midy latempcile c ô m c n c a à (aigrir, Se de plus en plus. Veilles vous jamais les Alpesriecroy que non, mais vousenauez ouy parler pour le moins,ou leu. C e s montaignes ne font que petit/ bouiilons ou bcisics en comparaifondesvndes d e l a m e r . T o n t c s l c s f o i s q u c p a r v n e vnde nous ciliés elcuc2 en haut,il nous eft oi t loyfiblc de toucher l a l u n e d u d o i t . D e i ' a u t r e p a i t t o u t c s l c s fois qu'dlions abaifsez,il nous f e m b l o i t d c i c c n d r e d r o i t a u x enfers. Les m a riniersia de l o n g t e m p s en vainrefillâs à l a t e m p c i l e , à la fin le patron tout pale vint vers nous. A h mes amys (ditt il) îe ne fuis plusmaillre d é m o n nauire:les v e n t z l'ont gaigné:rei l e q u e n o u s mettons toute noilrc efperancc en Dieu,&: que chafcum fe preparea la fin. E t en premier lieu faut decharger le nauire , ainfi le commande la necefsité, laquelle certes eli bien d u r e . M a i s i k l l trop meilleur pourucoir au fauuement de n o z vies,par la perte de noz biens,que pour cuider efparg n c r l c s ( b i c n s , p c r d r c p a r v n mcfmc m o y e n enfemblc, Se les biens 8c. la vie. Et cóme ce nautonnier difoit la v e n t e , i l nous p c r i u a d a . P a r a m i i f u r c n t g c t t c z c n la mer plulicursvaiUcaux pleins de prccicuies marchandifcs Se hardcs.EHoit en la côp a g n y e v n I t a l i e n , qui auoitelle ambafîadcur vers le grand feigneur. Ilauoit vnbahuplein dcvaill'ellcdargét,anneaux bngucs,draps&: habits defoye.Ilfaifoitmal a ce perfonnage d'apointer ainii a u c c l a m c n a i n s e f t o i t e n c c d c f i i v u i d e m o u n r auec l'es b i e n - a y m e c s richelles , o i f c i l r e lauuc auec elles. A qui le patron de n o i l r c part d : t l : Il vous feroit bien loyiiMe.ii vous citiez Lui,d'attendi e le h.-z.ud auec v o z richeJÎes,tantquebon v o u i i e m b l c r o i u i i a i s i l n c i u ' c i t raiJon î.able

MORT

D'AMOVR.

L I V . I.

5

nable,quepour voftrcbahu nous foyonstous en danger: autrement nous vous précipiterons auec voftre bahucnlamcr. Ainii ce paouure Italien fut contraint de getterfonbahu.Mais ce ne fut Tans grandes deteftations &c imprecanôsàlamode du pays,d'une infinité de maux, 8c aux dieux,& aux diables, de ce qu'il s'eûoitfié delà vie à vn elemet fi barbare.Pcu après les venez n'eft ans de rien plusgracieux pour les preièns que nous leur auions fait, 1 ompirenc les cordes:iettcrent ça & laies voiles. Lors reuinc vers nous le ¡patron. Amys (di& il.) le temps amo-r nefte que chafcun fe recommande à Dieu , & fe préparé à lamort.Et comme luy fut demâdépar aucuns,pour quan les heures il pourroit reipondredu nauire : il dit qu'il ne pouuoitrien aiTeurer repromettre:maisqueplusde trois heures il n'eftoit plus pofsible le pouuoir tenir. A l'heure vous eufsiez peu veoirvneface miferable détourés chofcs:troubles,cryz,8cgemiiTeniens.lcs paouures nautonniers chantoyent Saluereginamifericordia:-imploransla vierge Marie, l'appellans eiloille delamer , les aucuns eux profternans fur les'aiz du nauire,adoroyentlamer verfans del'huillc furies vndes, leursblandiifans ne plus ne moins que nous foulons faireàvnprinceou grand feigneur courroucé. O mermifencordieufe (difoyent îlz.) Orner genereufe,0 mer trefnche, O mer tresbelle adou ciflczvous, gardez nous. Innumerables autres parolles crioyentilzàlamerfourde. Quelques vus ne faifoyent que vomir. La plufpart des autres promettoyent voeux à fainttz&.à fain&es.Entreautres l'ouyz vnbon côpagnô voiiantàfainfrCriilophledefi bonne grâce, qu'au milieu de fi grande triftefle, il me contraignit à rire. Criant tant qu'il pouuoit(depeur volontiers quefain& Chrifto phle ne l'ouy t) luy promettoitvn cierge de cireaufsi grâd qu'ileltàPariscnlagrandcglifc:auquellieuileft de telle grandeur,queplus vraycmcntonlepeut dire montaigne qucilatuc. Etcommeceboncompagnonrcpecoitfouucc, êcà haute voix.cciluyfien vc-u.ccluy quidefortunceftoit leplus proche deluy qui le connoilloit le frapant du coude,levoulut amonefter,luy diiant qu'il côlideraft ce qu'il promettoit. Car(didil) ^itorci que vous védifsiez tout

y A M A N T RESVS C I T E ' D E L A voftre bien,vous ne feriez foluable. Aquoy l'autre,d'une voyx baffe, cefl>affauoir àfinqu'il ne fut lors entendu de faind Chnllofle,tays roy(dift il)fat,penfes tu queiedic à bonefeient? Si vne fois ie touche la terre,ic ne luy donne roispasvnc petite châdelle de fuif.Tous les autres ciloyet fort religieux, l'aflidîion les rendant à ccfte raifon. Car certes les afaircs feportansbien , ne Dieu n'aucunsdcfcs fain&z ou faillites ne nous viennétcnrcfprit.Demapart voyât 8dc péril prcfcnt,&le tourmctquefedônoyét tous ceux qui elîoyent au nature,ie n'en mentiray point, ledewnsbié efploré,penfantdemon afaircieme retiray vers Dieu, luy difantl'oraifon , laquelle luy mcfmes il nous à baillée Si laifsée, Pater nofter qui esin ca'lis,&c.Et enco les que nu confcience me troublait aucunnemcnt,&que i'eulîe quelque honte d'appeller mon pere ccluy , auquel par tanrdcinefchancctez,i'auois fait tant d'oftences, toutefois iercprcnoisfoudain courage:pcnfant amfi en moy mcfmes, vray cmét,difois ie, il nya pere tant courroucé à fonfilz,qucs'il le voyoit péricliter en vn torrent ou lac, il ncJcprmt pluitolt par lcscheucux,qu'il nelcgettaflcn la nue. Eiloitpareillement en la mellée vne femme, ayant en fon fein vn enfant quelle alaittoir. Laquelle feule en toute la compagnyenecrioyt, neplomoit, n'autrement fetourmentoit,feulement tout bas faifoit prières &: oiaifons en foymclmcs. Cepcndantle patron preuoyant la diiTolution prochaine do tout le nature , le feignit 5c enuironna entièrement de groffes cordes depuis 1« proiieiufquesà la poupe. Sur ces entrefaites fe mift en place vn grand vieillard preitre, nommé mefsire Adam, aagéenuiron defoixante ans,lequel s'eltant deueltu de tous habitz uifquc à ia chemifc, ayantaufsi olté chauffes & fouliers.nous côfeilloit d'aitrii nous préparer pour nager. Et fe tenant en celte forme au milieu du nauire,nous teit vne petite prardication de l'utilité de la côfefsion.Admonneitât vn chacu 11 de foy préparer à la vie la mort. accpreltre,& àvn autre religieux y c'ftant ,feconfeffcrct ceux qui peinent 8i eurent le loilir. Comme ces cliofes fc faifoyent,le patron retournaànous difanten abundancc de larmes & pleurs,que chacun fe tint prelt.Car (difoit il) le na; lire

MORT

D'AMOVR.

LIV.

I.

Icnauire ne nous fcruirapas encores v n quart d'heure. Puis aprcsilnous vint aporter nouuellcs,qucdeloinil voyoit vn clocher: nous priant que quiconques eftoit le f a i n â d u lieu,nousl'implorifsions à noitre ayde. Aufsi tort chacu fc met à genoux, chacû prie fe fai n& incônu.Le patron tât qu'il peut tiré droit la,&adrcflevers ce clocher le nauire deiia rompu fie cntrouuert de toutes partz puifant lcauc:grandc fut,8c fort à propos l'jnduilrie du pa t r o n , & telle qu'il feeut conduire le nauire iîauant,que les habitansdccelieu nous defcouurans, connurent noitre péril, lefquelz courans à foulles iufquesau dernier bortc du riuage, leuans fur lances 8c grandes gaules leurs robes Schabitz,nousfaifoyent iigncdevcnir à eux ,efpandans aufsi 8c gettans les bras au ciel.Bien nous d o n n o y e n t connoiiTancc,qu'ildeploroycnt noftrc fortune. Deiia la nier auoitocupe 5c remply la fabourre du nauire, en manière que de riens plus feur il ne nous eiloit.que la mer mêmes. Les nautonniers defehargerent Icfquifcftâr lyé au nauire delcaucquiciloitdcdâs.En ceftcfquifchacunàfon pouuoir entrcprcnoitdefoy getter,quelque rciiilâce que feif fcntleî mannicrs.crias auecgrad tumulte,l'efquifn'crtre capable de ii grande multitude.L'a faire ne permettoit pas d'vfer dclcntesoulonguescôfultationsjfoudainrun pre noir vn auiron,l'autre vn feau.l'autrc vn aiz, l'autre vn au t r c i n f t r u m e n t d u nauirc.Scs'abandonnercntphiiîcursdc cefte façon aux flotz,ne leur reftant que le rcmede de nager. A l'heure i'apcrccuz celle paouurc femme dcrncrc les autres,laquelle tâtpour l'infirmité féminine,que pour l'enfant quelle tenoit entre fes bras ,ne faifoit aucun deu o i r p o u r fafaluation, encores quelle fut iafort gaignée de leaue,cn laquelle eftoitiufqucs au girôrdontenvn m o u ment ic fus furprins&. faify de compafsion fi grande,quel le me fit perdre la mémoire de mô propre danger, Si coin m e f i i c n ' e u i f c c l U d e m a p a r t en péril aucun,iefeuz pour v n temps,qu'il ne me fouucnoit que de ccftc femme.Eitim a n t qu'il fut impofsiblc,ou fort malaisé,quellefefauuaft. Toutefois il aduint le contraire. Car elle fut toute la première,quiparuint au p o r t , d e lagraccpremicrcmcnt dcnoftrc feigneur, puis par l'aydc moyen que ic luy c

lj

L'AMANT

RES VSCITE'

DE

LA

donnay.Ielamis deflus vnegrade tablc.ficfur icelle la liay de telle façon, qu'il eftoit peu facile quelle peu chcoir. E t luy mettant vnaizalTezlong en lamain,duquel elle vfail en lieu d'auiron,la recommâday à Dieu :& la mis à la fortune desvndes,lapouçantauec grades gaulesleplusloin dunauire qneiepeu, près duquel eftoit le péril pour le branfie & agitation d'iceluy , cefte femme tenant de la main fenextre fon enfât,ramoit de la dextre.il y eut vn au tre,qui par grande deuotion qu'il auoitàla vierge Marie, choifiten toutlenauire vne vieille ymage d'icelle,qui eftoit de boys, défia pourrie, toute crcufc, Se mangée des ratz Se. founs, 8c embraçant cefte ymage commença à na ger. Quant cft del'efquif, trente s'elloyentgettezen iccluy, lefquelz tous en ma prefenceperirent,auât qu'il peuf fents'eloigner du grand nauire,par la vacillation duquel leur barque fut mife à fondz. O le dur & cruel fpc&aclc: pour lequel fi à l'inftantiefuz faify de douleur grande, ic vouslelaiiTcàiuger.Toutcsfoys il eftoit queftion depenfer demoy, quice pédantqucjcpouruoyois au fauucmec desautresjcrtoismoymcfmcspicfqucpcry, nereftant en tout le nauireinftrument aucun apte pour nager. Icctans les yeux partout, àla fin l'apcrccu la partie exrremc de larbre. Et d'autant quefeul le ne lapouuoys auoir,i'appelay vn compagnô,à ce bout delarbre:tous deux nous cftanspris,cntrafmcsen plaine mer,hiy tenant lecofté gauche, moy le dextre. Comme ainii nous cômencions anouseiibranlcr,ce bon vieil preftre noftre predicateur, duquel cy deflus l'ay parlé,fe ietta pour tiers fur noz cfpau lcs,or eftoitilgrand& puilfant. Nous nous efcrionsjqui cft ce tiers? Il nous fera tous pei ir. Luy au contraire d'une voix paiiiblc. Ayczboncouraige(di£hl)mcsamys,ilya aflez de place, Dieu nous aydera. Le plus fort eftoit de nousdloigner du nauire.mais auant que nous peufsions gaignercepoint, ce mien compagnon qui tenoïc le cofté fenextre,rencontrant par l'inipctuofité d'une vaguelc gu bernacl e du nauire,perdit à ccftc rccôtre l'une des ïambes laquelle luy futrompucrparainiîncfcpouuât plus tenir, perdant aufsi le cueur& force,par la grandeur de la doulcui,&cfuiiondcfonfang,cheut en la mer. 'Lepreftrc le c»ii::r..vfl.iiu

MORT

D'AMOVR.

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commandant à Dieu encra en fa place m'enhortant que auec grand courageietinfle bon de mon cofté, & quever tucufcmcnticrcmuaiTelespicdz. Cependant Dieu icaitii largement nousbcuuions deleaue falcc, encores que ce preftreen cel.-. vfaft de bonremede. Lequel toutes les fois qucla vague nous eftoit occurrantes,luy mei. toit à la rencontre le deuant de la tefte,tenant labouchc bien fermée. Tant fceufîries faire de deuoir cebon vicllart 8C moy,que nous nous vciÎmes aduancéz. Ectant queluy qui eftoit grande hautàmcrucilles,m'efcria. Bon courage (dift il) ic fens la terre de ma part,n'ofant fi toft eiperer tât d'heur. Vrayemcnt (di-ic) nous ne fommes fi proches du port, que nous puifsionsefprrerfitoft le fondz. Au contraire (refpôdit il) pour tout feur ic fens& egratignela terre des petitz doigtz. Apres'que nouscufmesquelquepeu'd'aduâ tage encores nagé,ccpreftreperfeueranten fon premier propos, faites (di& il) quanta vous ce qu'il vous plaira, de ma part ie vous quitte tout le matz. Cedifant après qu'il euft entendu. Le retour des flotz, fe mift à pied, courant lc'plus royde qu'il pouuoit. De rechef les vagues reuenans au port,de toutes les deux mains ambrailbit fes ge noux,8c reliftoitaux flotz,fe cachant foubz lcaue:ncplus ne moinsquefondes canarz ôc autres oyfeaux de riuiereacoutumezauplyngeon. Cefaift, s'enalJans encores les vagues appareiToit,& couroit vers le port. D é m o n cofté voyâteefte façon luyfuccedcr,ie vouluz l'imiter,6C me mis à faire comme luy. il y auoit fur l'araine vn grand nombre de gens de bien,lefquelz tenans enfcmble de Ion gués piques ou lances,fe fouftcnoycni virilement contre fimpctuofité des vagues,hommes fortz robuftes, acou tumézà la marine. Et prefentoyent aux nageans iccllcs leurs lances ou piques:puisles ayans prinfes les tiroyent feurcment. Nous eftions au nauii e îufqucs au nombre de cinquante hui£h Nousfeumes feulement trouucz fept au port. Encores à deux eftans prefentez au feu, fe rel'olurent les nerf,par trop de moitteur 8C humidité marine. O cruelle mer ,8c du tout indignedcs tiltres Se appellations, defquellcs(commc l'ay di& cy dciTus,t'hônoroyent ceux aufquelzpar trop cftrangc recompcnfctuas oilc la

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L ' A M A N T R E S V S C I T E ' DE L A vie. Co.nav.-iu? d'unii grand nombre as turendu fi peu de pcrfonc5?Au nioins.iicutcfcuirccôtantLcdcladifme, laquelle ailleurs cil fufiQnt.- aux preftres. Mais ie perdz le temps, de faire apoftroHv.: à dément (comme difojc ritalien)tantbarbare. Icrcuicnsà nolhepou,auquel arriuez nous troiuiames vue luimanitc incroyable es hubitans,qui nous feftoyoyent d'une gayetc S£ ouucrturcfi grade que mcrueille,nous fournillans plus que rrop libéralement,maifon,feu, viandes,habirz. Aufsi toit que je fuz mis à mon aife,à caufe (comme ie croy) des rrauaux precedens,froidures Si. humiditez marines,craintes Se frayeurs ie fuz furprins d'une griefue maladie. Toutefois pour le bon traitemét qui me fut faidï, en peu de ioui s ierecouuray toute fanté. Reucnuainii.\moy,icdcmanday en quel pays i'eftois.mes hofteî me dirent, que c'eftoit l'illc Se royaumede la grand Breraignc. Dont icfuz fort eibahy.n'eftimanteftre defeendu tant à propos, & fi conformément au chemin que i'auois à tenir en noftre France. M'eftant donc ainfi par fortune trouuc, au royaume d'Angleterrcjie vouluz,comme continuant ma première cnrrcprinfe,faircen iceluy vifiration.femblableaux prccc dentes. Venu à Londres,qui eft la première Si principale ville du royaume,Se en laquelle pour lors leRoy failbit fa rciidcnce, (y ayant ia au parauant faitt feiour d'un long temps) ie vcys pour le premier Si le plus digne, la magniiî ccncc,l'cftat de ce Roy,&. de famaiibn,icvcizfacourt,lcs princes &grandz fcigneurs du royaume,(les dames Se damoiielles. Ou certes ieconnuz tant de brauerye, qu'il feroit impofsible vous le pouuoir maintcn.it raconter fans trop de prolixité. Puis vfanc de mon acouftunuc façon, ie cherchay les hommes de fournir. En tiers lieu ie voulu conuerfer aucc les bourgeor?&: citadins ,cequc merueilleufements'acorda a mon iouhait ,&c trop plus propiementqu'en nulautrdiaioiiparauanti'cuflc efte. Car au quartier ou i'auois prias logis,eftoyent pluiïcurs bonnes maifons Se familes des principaux de la ville. Efquclles, outre le fçauoir dont eftoyent pourueuzles inaiftres 8c fcigneurs d'icelleSjilzauoyentdauantagc aucc leurs fem mes Se enfans par vnc cunolité honnefte, apr is noftre lan gaigeFivu-«

MORT

D'AMOVR.

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gaige Françoys l'ayant en grand cftime. Q u i fut vue caufe , pour laquelle de mon cofté ic feiz cftat de plus faire en cefte ville de feiour, &: plus fréquenter ¡auec ces habitans , qu'autrement ic n'euiTe f a i û . Pourlaqucllcaufsicuxdelcurpart,plus eftoyent contans de m'auoir en leurs compagnies. Grande fut la familiarité en laquelle l'entray auec ces bourgeoys,&tclk^qu'ilzncfajfoycntbonnemcntfeftin,banquet, ou repas honncfte,qu'ilz ne m'y conuyailcnr. Et leplus-fouuent faifoyent airemblées pour moy, lcfquelles autreme t ilzn'euirent faiftes. Dieu içaic li ieleur fçauois faire de beaux recitz & long narrez de nollre France. A quoy ilzprenoyent,comme ic ptuiuois aparceuoir, trcfgrand plaiiir. V n i o u r entre ancres ic f u z i n u i t c à v n f e f t i n , q u c laville ccluyiourtouslcsansfajfoiEcnrhoftcld'iccllc.par vnc grande folcmnité. A ce banquet auoycnt cfte priez plu/icurs grandzfeigneurs,&: gentilzhommes,dames Se damoifellcs de la court,à loccalion que pour lors (comme i'ny dift) le R o y eftoit en la VJIIC. Aufquclz auoyt efté parnculjcrcmcnt drciséevne table,en laquelle eux commençans à fc feoir, félon lordre de leurs dignitez, m'auiferent en la troupedescitadins: adonc 8C aux habitz, lefquclznouuellcment l'auois faitt tailler à la m o d e F r a n çoy fc,8c à la côtenance connoiflans que l'eftois Françoys entrèrent pourlccommcccmcnt engrand eÎbahiiTemct, ne fachansle moyen qui m'uuoitamené en telle compagnie. Dont aducrtjz par aucuns des principaux officiers de la ville, eux mêmes qui m'auoyent fai£t v e n i r , m'enuoyerent prier de vouloir fouper auec eux. S o u d a i n e ment pour mVxcufcr enuers ceux auec lefquelz l'eftois, ie leur diz : Mcfsicurs ce ne m'eltoit peu d'honneur ne moindre plaiiir de faire ce repas cnvollre compaignye. Toutes-foyspuisqueces feigneurs 8c dames q u i o i u p o u uoir (comme fçaucs)de commander m'appcllct : il cil ncceilai^e'ice me femblc) que pour le moins l'aille vers eux pour leur faireUreucrancc,qu'ilz méritent. Apres laque 1 le l'cfpcrc retourner à vous/achant ne nVapcrtenir de tenir reng encre telz perfonnages. Vous iupliant ncantmoins humblement de m'exculcr,liic vous faufe compa-

L'AMANT RESVSCITE' DE LA gnyc pourccftefoys, auenant que contre monvoloirilz mereticnncnr. A ce mot leur donnant le bon foir, m'en allay vers ces feigneurs. Lefqudz ayans receu de moy la reuerance,qui leur apertenoit,me ialucrcnt gratieufement,medifans aucc fort bonsvifages,queie fcuiTelc bien venu en ceRoyaume. Mais (diû le premier d'eux) vous citiez mal entre ces gens de ville,8c en trop depreiTe, vous Couperez s'il vous plaît,"auec nous. Mcfsicurs (leur refpô dit te) encoresquelc bien &la faneur que me fafoyent ces bons citadins me fut plus que trop fufifante,5£.queie fâche fort bien ne m'apartenir tenir place entre telz feigneurs que vous eftes: ii eftv de bien 5c de bonne volonté, lcfquelz toute^foys nont le don de iùpience. Demapart ie veux que ces miens amans foyent pourueuz de ce don de fapience de laquelle la première partie ceft la crainte de Dieu. Ayant donc mes amans en premier lieu la crainte de Dieu deuant les yeux , il ne faut point que iamais ilz la JailÎent , que iamais ilz la perdent de veùc.Aycnt v negrandc dcuotion, charité, amour efperance, attente Se confiance aiTc-urée en Dieu. le ne veux point qu'ilz foyent gens qui fc tournientent pour afaire qui leur vienne, moins qui fe donnent afliilion, pour les chofes qui leur font à auenir h

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ieTami. Cice.au i.lius.

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L ' A M A N T R E S V S C I T E ' D E LA le veux qu'en toutes leurs afeires,8c prdcn$,&foreurs ilz fcra ortcnt tfîïïîk P à D i c u r i l z f e r e p o f e n t fur lny:ilzl'enlaiflent ^ ' forr.Euxtoate^foysfaifantenleurendroitleurdcuoiricy Sm(t Luc ti. bas, de vaquer fans oyiîueté aux ocupations qui feront A (tes des apo propres,chacun en fon fexe,ou à l'eftat dont ilz feront,ou Jlres lo.cbap. à leurvie 8C qualicé Je veux qu'ilz deuétent,qu'ilz depouilfurlafin. j c n t touresafFc&ions, toutes volontez, toutespafsions, Utebi& its t o u s fouhaitz„tousdefirs,qu'ilzayent cefte feulevolonCorint. 4. ch. k'1e de Dieu. Q u e fi d'auanture il auiét ertn la i.des qu'ilzayent quelque: fortes paisions, comme fouuent il ». n'y afibon qui n'en ayt.Ilz diront à Dicu.Seigneur ne faicha.crenlai. tes point ce que ie veux,faites feulement ce que vousvouj.cha. lcz.Bricfces miens futurs amans mettront enti cles mains de Dieu,& leurs perfonnes,& toutcsleurs negoccs Se afai rcs,fans euxobftinerneformalifer aucunemét,nc relifter Sainfi Luc « a u clptit.par quelque defir,afeâiô,ou pafsion qu'ilz ehap. puiflcntauoir.Quoy fait ilz fepourront bien aflcurer.Car ileft vray, & plus que vray, quechofe aucune ne leur auicndraen ce monde,tant qu'ilzperfcuererontcnfeproDauidaupfe. poz foitgrande,foit petite,foit mediocre» que Dieuparti1. cr cr culicrcmentluymcmes,neleiirenfoit,& l'authcur,&. le MoyftenGts. moyen, ilz feront commepetitzenfanseftansencoves en la mamelle.Tout ainfiquelcs nourriiTes font fogneufes de Moyje au j acoutrer, remuer à leurs heures, leuer, pourmencr, Deutarono.u , ... „ , 1 « - -i c n ¡fa* bailler atcfter,pluscncores cent mu 6c cet mil foys Dieu feracuricuxdefaireafesperfonnageslestraitemâs à eux Dauidau tfe n c c e ^ a ' r c s - ^ ' c s prendracommeparlamain,ilz ne feront " vn fcul pas fans fa côduite,foit en auant foit en arriéré,foit 79< à deftre foit à feneftre. A la rencontre d'une pierre,ou paffage d'un ruiiTeau, ou d'une fange, il les fouzleuera de .. - peur qu'ilz ne s'ofenfent,&leur trouflcraleui s habitz (par " ' manière de parler (de paour qu'ilz ne iecrottet ou fouiller. 01abonneguyde,Iabonneconduite. Comment pour. royent ilzbruncherî Commet pourroyent ilzpar lesche mins cheoir en incoueniant aucun eilans fi bien acompagnez?mémcment furie propoz particulier auquel nous iommes.qui cft delà conion£hon d eux,&de leur mariage a cnl y dit à Dieu chacun a part & en ton endroit. Seigncurvouseilesnoftrepcre. Nous fommes voz enfans faitz,cngcii Thefaloni.

MORT D'AMOVR. LIV. IL 53 faitz, engendrez, & procrées pat vous immédiatement, les peres Se nleres quenousauonsen cemôde,neiontque putatifz,qu'inftrumëtaires.onIespéfes,onlcsditperechar nelz,meres charnclles.-maislaverité eft^que de ia charmé mesilzncfontneperesnemerbs. Enrôutè leur inuétion en toute leur induftrie,'en tout leur pouuoir n'a point efté nous bailler,ne defoireen no'la moindre ongle que nous ayons aux dois, le moindre poil ou chcucU que nous'portons en téce. DccombiendoncmoinseufTentilz peufaireou penfërfeulement,ceftemiraculeufeSC diuinecôpoii iion&coagmétation de tbucesL's parties de noftre corps, auquel y a pourlegouuernemetSc entretien d'iceluy»«! d'organes,tât de nuftcfes&fecrccz,quela ehofe en eft mcô prehefible aux cerueaux des homes JIOUS nepefens point donc auoir fur terre neperes ne meres. Vousfeuleftesno- îalnâ Mittb. ftrepere,quieftcsaux cieux.Voz mains feigneuryvozpro ^ cha. près mains particulieremét 8c immediatemét no 9 ont fait cecorps,nousontfai& nofttechair,nozôZinrtftrepeâu,& lot ic.rfr. toutes les autréi parties intérieures. Vous aaez procrée tout celadelameme opecariôn*dë laquelle vousfeifteslcs cieux,la terre, 8c toute la machine decemondcidc laquelle aufsivousfeift.es le premier homme» qui nauéic nepere nemere.Puis donc que vouseftes noftre pereêc que rious fommes voz enfans, Se encores de fi près, pouriioycz nousxeft à vous à no9 fairepredre noftreply. A«jui éft-oe qu'ilapertiér,iînonaux peres&merés depourucoir leurs enfans?de marierleurs filles ?Seigneur cherchez nousdôc party,trouuezle nous,baillezle nous Geftà vous à faire: nousl'atendons de vous:nous n'en voulons point que de voftremain.Voilale propoz& ladeliberacion,en laquelle i'entendz que ceux defquclzie veux faire des vraœ amans, foycntnô feulement de parolles,ains aufsi.de fàifr. Vous pouuant aiTeurcr la vérité n eftre point plusvraye,qu'il cil vray,que toutes les perfon nés qui furent onques par lepaf fé en ces termes,qui y font à prefent,8c qui dorefnauant y ferôtjont cfté,font,ou feront prouenuzen Iaconionttion de mariage,immediatemet & particulieremét de ia main de Die u;Quat telles perionesfe trouuécmariées.cllespcu uétbié s afleurcr de touteslcs certitudes du mode,8c duc:

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L'AMANT RE5VSCITE DE LA C e n t fotitponu les hommesqui ont fait ce mariage, ceft Dieu. O Jcs ht'aiix Se bons mariages qui font faitz de la maindcDièu.Sont ceux cfqiu Iz piopremcc habite Sciait iàxismbtfe la vfayC&Juvf^itc amitié dciaquelleieparle. Iizfo'wpJaHisdçcoftt ntement en toiues choies, remplis de toutes fdkitczyGÔblezdcbeatitude.Paintvousny trou itecrcgiie regretif Onu de rcpcntancc, nuJlc-plainte, nulle fotweiiace,4'autrcs âmouirsjnullcfraude,nulle deceptiou, comme trop fouuent nous voyons es mariages,qui faitz ont cité par les hommes, 6C entre les perfonces,lcfqucJcs en ceft endroit ne iéfont du tout rapottez & attenduziDieu.A presont diâ que telzmariages ont cfté faitz aucjffi. O le blaipheme:non,non.Dieu nefe trouuepoint aux menfopgesjuy qui tftla vérité mêmes : 11e aux deceptiQiis,luyéuitf laiuÂicepropre^'ala.couuerturcSacncbresdefimulationjeftatku'Tayelumierc &c couucrturede tQuçfbÔté.Iln'eftpointJuitheuraux meçhâs,pour les faire attaiadre à partir ce quelque longue abfence: Ci quelque grande fcaufe ne le forfe au contraire. - amityc ¿.so Car tout amfi que çc deuoir de yifitierv c o u r a i t meryei- phodts en U leufoment lesamitiez:auf$i Lcsabfcqces tbop longues les. tragédie d'une g r a n d e & nayuc(implicitel'un cnCie an tf e liure

liers 1 autrc.Entrceux n'aura point de lieu allentation.Laqiiellecerfescftadiutriccdetouteméchâccté. Laquelle cil iiïdigne,non feulement d'un atnyrainsaufsi de tout h o m m e h o n n e f t e Se libérai.Car d'autre façon vit on aucc vn ti rant,d'autreaiicc vnamy.Les Communs amans ordinaire m e n t feflatcnr.fegfatétdc p r o p o s a u a n t a g e u x , f c l o u e n t J'un l'autre,s'atribuâsmutuelleiTiétplufieurslouangcs encores quMz fâchent bien la verité n'eftre telle. T o u t cela ne vaut ricn.Ic veuxau contranc,que mêmes en ccfte premiere poiTcfjion d'amitié , cncorcs que toutes les choies

M O R T D'AMOVR, LTV. I l 71 f&ycr cncicresj&qu'ilz ne puHTent e â r e f errains de Fyfiue & futur eucnemét:querourefoisilzioyentiîlibres,iiamitcurs de verké,tât familiers 8t pnuezcnfemblc, quequelque fois ilz s'amoneiler,quelque foisilzfe reprenne! m u ruelcmet,auenât que l'un coaoiilc en l'autre chofc digne ou d'amomtiô.ou dereprehcfion.Car encorcs quecy def fus ic les ayed ccritz,fivertueux 8c iagesifin'ya Ufibô>que aucu nefois par quelquefragilité ou erreur humaine ne s'é dorme & oblye. Adcc faut que ccluy quieft amôneftéou f ' ' 7 ° replis,lcpréncàbôncpart.Voyâtqu'jlfefaitparbjéueuil ' m y t i c lancc.Mais ic ne fçay cômcnt par trop eft vray ce que di- T ( r t n c t foit Terécc,d'obey£sâce vcr.ir am ié,de venté hay nc.La vérité dôc eft facheufe&molc fte,puis qu'elle engédrehay ne,qui tft Ja poifon d'amuyé.Majs ic vo 9 puis ailcurer que la totale obciffîcc eft de beaucoup plus molette,côme cel le,laquelle indulgêcc aux fautes,erreursSCpechez, laiiIeSc permet rëucrfcr la persôneaymée à perditiô J ) e f a i d mes amâsen quelquedeuoir d'obeifsic.: q u j l z f e metter,nriaif ferôt à fe dire mutuellcmet leurs veritez.Mais ferôt leurs cice.au mrme amonitiôsôc rctnôtrances gcacieufes,douces ,¿clansri- foire, gueur aucune,&quât aux obiurgatiôsou tcprehcfiôs^IIes ferôt fans côtumelye,fans iniu.e,n'oprobrc.Esperfonnes certes defquelles les aureilles font fermées, à la vérité il n'y a aucune efperancc de fclut.Car quelle c hofe plusabfur dé pourriez vous vcoir, que çeux aufquelz on remôcre ne prédre point fâcherie qu'ilzdcuroyéc, &; predre celle de laquelle ilz ne deuroyét nullemet eftre touchez? Car d'à« uoir péché,erré 8c failly ,ilz ne fe côtriftet. Mais quant on leurremontre leurs fautes, ilzfefachëc,quieft tout le rebours de ce qu'il faudroit qu'ilz feifient:ctiKafcauoir eux snclécolier dé leurs fautes,rçioy r des remôitrances. Mais coutainfiqu'amoneftcrôceftre amonefté eft le propre de toute vraye atnityé,8c faire le premier nô apremcc,&prc di e le fecôd paciément. Aufsi n'ya il pelle pire en l'amour . quel adulaciô,lesblâdilTcs,lafsétatiô.Ceviceapartict pro prement aux perfonnes legeres & falacicufcs, tournans tous leurs propos au plaifir 8c volonté d'autruy, nulle ment à la vérité. Et combien qu'en toutes chofcs 8cmaticres la fimulation foit pernitieufe ,car elle o f t c & corrompt le iugcmcnc d'entre le vray 8C le faux : fi eft

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L'AMANT R E S V S C r T E D E L A cc que phiseft elle encores repugnante à l'amour,d'autant quelle efac : la vérité,fans laquelle le nó de laVraye amour ne peut demeurer. Car fi le vray point de 1 amitié eft,à ce que deux ames foyent vnycs & rendues à vne : comment eft il pofsible que te po nt ibit renconrré,fil'efprit de l'un des amans ncfetüouucvii,maispluralifte,diuers,variable, muablcî Quelle chofe cft plusflexible,plusdeuoyce, que lefpritdeceluyquife couine à tous ventz : non feulement àlavolonté d'unauftre:mais aufsi au moindre branlemenc defon viiâgc,aumoindreiigne de fes yeux? S'il nye,ie nye aufsi:afcrme il, i'aferme aufsi. Brief i'ay fait vne loy, vneordonnanceen moymémes deflateren toutes choTtrtwt. fes(commedit Terence) mais îlle dit en la perfonned'un esornifleurjdequcllefaçon&imanieredegens feroit grade legcreté&fotife faire amy ou amye. Mais combien (que commeuy dit) l'adulation &ailënratiô foit fort per nitieuiè,ii nepeutelle nuyre.finon à celuy qui la reçoit, SC quifephift 8¿ deleft eenicelle. Qui eftla raifon, pour la quelle ceux principalement qui eux mêmes feflatent,prefur ftcncv°l°ncicrs laiureille auxflareurs.La vertu fans point £r!2. depute eft fort amoureufe de foymêmes. Mais eUc fc coneoift fort bien, & entend combien elle eft ay mable. Mais il n'yapoint tant d'hommes qui s'eftudiét à la vraye vertu,que à en ruoir & gaigner la reputación. A ces perfionnagcscftagreablelaflaterie.íicnleurprefcnceon tiét d eurpar faintife Se fundación quelques propos, qui par aparenceextericurelcurfoit honorifique -.ilzpenfent incontinent cepropoz vaw.eftrevn vray 8c certain tefmoi g nage de leur s louanges, Ai nfi il n'yapoint en cefte parc Cierro Mit» d'amitié,quant l'un ne veut point ouyr la vérité,fie l'autre dcfaptir. eft prcft&aparcillé à toutes menfonges. L'une des choieslefquellcs plus font propres à labóneamitye.delaquel le ieparle,eft laconftáceíc fermeté. De laquellcaufsi mes amans pendant le temps fufdift»pourront faire experience l'un fur l'autre. Car il ne fera pas cependantque quelques trauer fes ne furuiennent d'une part ou dautre,par lciquclJesccfte côftance pourra bien eftrcapcrceüe. Mais com Cieenummc bicn eft rare &. petirlenombredcspcrfonliurc.

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conftantes, combien encotts il eft malaisé & dificilc, depouuoir

M O R T

iyAMOVR.

LIV. IL

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drpouuoiriugerdela confiance,ûns l'expericnce prealablc. Helas nous en voyons touslesiours qui ¿vans cflc par vn lo ng temps reputez fermes,pour bien peu de choièapresdecouurent leur legereté. Aucuns autres qui par Jepafsé n'auoycnt pour peu de chofeeilé ébranlez, iêlaiÊfemalerpour vne grande.ayansccleurfcjnble exeufe le* gitime.dautantquenon fansgradecaufeiC raifooilzont clc.^umermt rompuie lien d amitié. Aumoyendequoy ileiltropdificilc de trouuervrayesamiciez,en perfonnages amateurs de leur profit:commede richefles,d'auancemens, d'hoaneurs:conime ceux qui pour quelque nouucl profit,auancernent,ou honneur,ne fontconfciencede faufervnepremiereamour,pourcnfairevtie fécondé,à eux comme ilz efliment,plusauantageufe.Ma s il n'ya rien pire enccinô cie.du mefme de que telles perfonnes. Celuydonc qui à l'experience, Hure* & a la rencôtre des chofes plus aparctes,aura eiléirouué en l'amour confiant 8c flable:pous le pouuôs bien iuger ellred'un genre d'homme bien rare,8c prefque diuinrmais f-"'*" m t ' m tou r le fo ndz de celle flab ilité 8C côflance efl la foy.Quelle * confiance,quelle fermeté pourriez vous trouuer en vne perfonnequi n'a point de foy,point de loy? I'ay dit que mes vraiz amans dcuoyen tertre Amples,ouuers,&confentans aiséement.&d'un naturel qui fe touche de mêmes chofes. O r tout cela apartient à la fidélité Se loyauté. E t mefcmble impofsible qu'un efpritdiuers&. tortieux foit feal.Aufsi nepeutla perfonneeflreny loyalle ne collante quinefetouchedemémeschofcs,& qui naturellement ne confent pas. Efl pareillement du mêmes propos de confiance, que ne doiucnt mes amans eflrc d'une nature harcellarite ne doiucnt predi e plaifir à eux acufer l'un l'au trede quelques fautes. Faut auGi que bien ilz fi gardent, decroirc de léger les raportz qui leur peuuent eftre faitz Cic.au mefnte mutuellement. C a r c'ell l'officedegensdcbien,lcfurc • aufsi nous pouuons dite fagcs&piudcns, de tenir en l a meur principalement ccflc main, que nonfeoirment ilz ferment laportcà mauiuisraport rains aufsi qu eux mêmes ne foyent point d'une nature foubfonneufc, doutans coufiours quelque thofe avoir cflé fausée,ou violée d'un coilc ou d'autre. Au contraire îlzdouicntauoirvncgtâdc

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L'AMANT R E S V S C I T E ' D E L A

dcfuccur &fuauitc de la parolle,&de toutes m œ u r s , côme pour don ner gouft à ramour,ainfiqueIes faufes font aux C/c. au mefme viâdcs,doiuent oftcr toute triftciTc&fcuerittdeface.Bicn liure. a cllcvcirirablement cefte mfteiTe 8c feuerité, quclquegra uiccMaislamour doit eftre plus remife,plus douce, plus libre,plus endine&adonnéeà toute hônefteté fiteourtoi iie.tteft temps déformais que nous traittiôs de la conionâ i o n Kmariagc denoz amans. Apres donc qu'ilzauront vécu par vne aifez bon efpace de temps en ccftc tacite & f e crectecômunicatiô d'amour :aprcs toute cônoiflauceprcu ue 8c expérience,ieveux que ccftc couuer te amour àla fin aparoiflefiefe môtre:nô tou tefoisfigrande, ne lï particulière, nefipriuée& famiere qu'elle en : ains feulement que par quelques côie&ur es les homes entédent,quc ces deux pcrfonnagcsfeportentquclque faucur ficarnuyé. A ccftc occafion ie veux que les pares en entret en propoz. Et que comme ceux qui fort bien cônoiftront les facultez d'une >art 8c raoure gueres après l'au cre en ccft.: paoure ÔC folitaire v K Car depuis quecharité 8c biéueuillâcc cft feparéc,toute la ioyc,toute la lyefledc la vie cft océe.Les philofophes 8Cme pfaton decins defendet aux hommes d'eux marier deuant l'aa- , 4 . ¿; a i n , ue gede tranteans,aux filles deuant l'aage de dixhuit. Et 4.dt; lon.xé dicntqueraagedctrâteansàrhomme,feraporteà l'aage nophon çrcè de dixhuit àlafemm?, cftâtrhommeàtrarcansaufsjieu- ,l! ceux,qui ont faute de boutehors en abundancede fçauoir &dedo£hine. Mais encoress'ilfailloitchoilir l'un ou l'au ,



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uceroau 1.11

trc,i ameray trop mieux la prudence non cloquantc,que m j.flM l'eloquccc non fagc.Car quelle plus grande fureur pourriezvous imaginer que le fon vain dclaparollc,tant ibit el le bonne Se aornécen diûiôs& termes, n'ayant fuget aucun ne de fcntccc ne de lcieiicc. Mais pour retourner aux careiTesdesmaris &ferames,ietreuuefur tout cftrc giand vicc en ceux, qu'en tous lieux, en toutes compagnies, en tous temps,fans difcretion, fans iugement, iansmefure, ne font point de cefle deux baifer Se acoller comme lien leurs niaifons &C aparr, îlzauoyent pas aiTezloilir de faire tout cequ'ilzvcullcnt. Mais direz vousJlz nefc baiferoyct point ainiùilz ne s acoleroyent point fans amour, ie vouslacorde.Mais ceftc amour doit cftrc atrempée de quelque prudence & iugement, à ce que par icellc, on ne tumbe point en léger été &c ineptie. Viccsccrtes terfgrandz,& qui proprement apertienent aux perfonnes de M